1. A4: NUTUR NON ONE RRS SHARE LAN I Ua LA) ft At \ À AN NU à d ti UNS HU CERTA L n i] ll 4 i == LS ji | MAN ra 1 CNE DEN DA DFA TR OR ES AE CE 1 He nt HR HALLE EPA EU AU At LOL EE HE AR AT HE \ À RON AR EN SN URTEE Het QU HAN LAURE A D SN Nb Là ï nt nl LA jh xhù 1 \ Vins (HAN j ; A 1° #5 re # rs HOUR CRE CCE 4 Fan be j Nan Je ; LM } FAUNE | DATI MANS mie AO «*2 fa AA EE au (EEE 1 D. ll a À LA à 4° | We RUN | j A ATEN 14h ts Je ( NM A NOeN ne) a | } 1? à h ww | [ ptit A 4 sou v 1] DNEE À HDI MAR 1) rt DE pa LHC TRE FA mA 17 À j t ñ 1 1 AIS # JA RARE t ' ! 7 EN TP) 1 Pen # def y < 2 ” aie À 7 D” sf Library of the Museunr | LC OF COMPARATIVE ZOOLOGY, AT HARVARD COLLEGE, CAMBRIDGE, MAS. Houndeù bp private subscription, in 1861, Er 0e hat. 583- Mon, 18/82 en) EE \ 1 LOFICEARN ANNALES SCIENCES NATURELLES SIXIÈME SÉRIE ZLOOLOGIE Imprimeries réunies, À, rue Mignon. 2, Paris. ANNALES DE SCIENCES NATURELLES ZOOLOGIE PALÉONTOLOGIE COMPRENANT L’ANATOMIE, LA PHVSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION ET L’HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE MM. H. er ALPH. MILNE ED WARDS TOME XVI PARIS G. MASSON, ÉDITEUR LIBRAIRE DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE #oulevard Saint-Germain et rue de l’Éperon En face de l'École de médecine 1883 F . \ ; / 4 | | + ï 4 LA M Ï SEE à *} : o : Ï 144 GYI | Qu s RECHERCHES ANATOMIQUES SUR L'ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES Par M. F. MOCQUARD. Le squelettetégumentaire des Arthropodes, si remarquable par les propriétés de la substance chitineuse dont il est formé, par le dépôt de matières calcaires dont il peut être le siège, par son renouvellement périodique, par sa division en segments mo- biles les uns sur les autres, qui en font un appareil non seule- ment de protection, mais encore de locomotion, présente, en outre, cette particularité de se continuer dans l’intérieur des organes par les orifices au moyen desquels ceux-ci communi- quent avec l’extérieur. À ce point de vue, le tube digestif est, de tous ces organes, le plus remarquable. En général, la por- tion antérieure de ce conduit est tapissée intérieurement par une membrane de nature cuticulaire comme le squelette externe, avec lequel elle est en continuité, sujette comme lui à des mues périodiques et fréquemment armée sur sa face interne de saillies capables de faire subir aux aliments une division complémentaire. Chez les Crustäcés en particulier, cette membrane peut se caleifier par places et donner nais- sance à de nombreuses pièces squelettiques ayant l’aspect de petits osselets articulés entre eux, dont l’ensemble forme un véritable squelette, mis enmouvement par des musclespropres. Plusieurs de ces pièces font saillie dans la cavité stomacale et constituent un puissant appareil de trituration, tandis que des imvaginations membraneuses donnent lieu à un système valvu- laire plus ou moins compliqué. C’est chez les Crustacés décapodes que le squelette gastrique atteint le plus haut degré de perfection et depuis longtemps il a attiré l'attention des observateurs. Cependant, si l’on ANN. SC. NAT., ZOOL., AOUT 1883. XVI. 1. — ART. N° {. 2 F. MOCQUARD. excepte les descriptions qui en ont été faites par Cuvier, Meckel et M. H. Milne Edwards, les mémoires auxquels il à donné lieu se rapportent en général à une espèce déterminée, le plus souvent l’Écrevisse, et jusqu’à ces dernières années on ne possédait aucun travail d'ensemble sur ce sujet. Sur les indications de M. le professeur Alph. Milne Edwards, je me suis proposé de faire, chez les Crustacés podophthalmaires, une étude comparative du squelette gastrique et, dans les prin- cipaux groupes, des systèmes musculaire et nerveux qui en dé- terminent les mouvements. Chacune des parties de mon sujet sera traitée dans un chapitre particulier. L'étude des mouvements de lappareil stomacal sera le complément naturel de celle des muscles. Les recherches dont je publie aujourd’hui les résultats ont été faites au Muséum dans le laboratoire de zoologie anato- mique dirigé par MM. les professeurs H. et Alph. Milne Edwards. Elles ont porté sur des genres nombreux, que je dois, pour la plus grande partie, à la bienveillante libéralité de M. Alph. Milne Edwards ; je le prie de recevoir l'expression de ma plus vive gratitude. J'ai recueilli moi-même à Concarneau un certain nombre d'espèces qui m'ont servi surtout pour l'étude des parties molles, étude qu’il estdifficile de poursuivre autrement que sur des animaux frais ou conservés dans des liquides convenable- ment choisis. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 3 CHAPITRE PREMIER. SQUELETTE GASTRIQUE HISTORIQUE La première mention qui soit faite de dents stomacales chez les Crustacés podophthalmaires remonte à l’année 1709. Geof- froy (1), à qui elle est due, ayant répété les observations de Van Helmont sur le renouvellement de l'estomac de l’Écrevisse au moment de la mue, constata, dans le nouvel organe, la pré- sence de trois dents semblables à celles de l’ancien. Quelques années après (1712), Réaumur (2) ajoute que les trois dents stomacales, toujours chez l’Écrevisse, sont soute- nues par trois cartilages et il en donne une figure, qui, à la vérité, laisse à désirer sous le rapport de l’exactitude. Roesel (3) ne s'étend pas davantage sur la conformation de ces dents, ni sur les « côtes rigides situées autour de l’esto- mac » ; il considère les premières comme très propres à opérer une trituration ultérieure des aliments. Vient ensuite Herbst (4), qui décrit et figure les dents sto- macales du Homard ; mais l'imagination du naturaliste alle- mand à joué un certain rôle aussi bien dans la description que dans la représentation de ces dents. « Der Mittelzahn, dit-il, und die Seitenzähne geben einen artigen Anblick, und man vergleicht denselben mit dem Pabst, der mit seinen Kardinälen im Chor sitzt. » Cette même dent médiane a aussi l'aspect d’une tête recouverte d’un capuchon ; Herbst marque par des points la place de yeux, du nez et de la bouche, et 1l trouve (1) Geoffroy (le jeune), Observations sur les Écrevisses de rivière (Mém. de l’Académie des sciences, 1709, p. 309). (2) Réaumur, Sur les diverses reproductions qui se font dans les Écre- visses, etc. (Mém. de l’Acad. des sc., 1712, p. 239, pl. 12, fig. 11e). (3) Roesel, Insecten-Belustigungen, t. I, p. 325, pl. LVIII, fig. 13 (1755). (4) Herbst, Versuch einer naturgeschichte der Krabben und Krebse, Zwei- ter Band, p. 205, fig. 6 à 8 (1790-1804). 4 F. MOCQUARD. que l’ensemble de la figure représente assez bien un buste sur son piédestal. Il est sans doute inutile de faire remarquer que toutes ces comparaisons manquent de justesse. Dans la première édition de ses Leçons d'anatomie comparée, Cuvier (1) décrivit succinctement, chez les Crustacés déca- podes en général, les principales pièces du squelette gastrique, les «trois grandes dents stomacales » et « deux petites dents latérales », dont il indique le rôle. Il vérifia tous les points concernant cette charpente sur divers Macroures, l’Écrevisse, le Homard, le Bernard-l’ermite, et sur des Crabes, le Poupart, l'Étrille, le Crabe vulgaire, etc. Dans la deuxième édition du même ouvrage (2), il étendit ses observations à d’autres genres (Paqure, Langouste, Scyllare, Palémon, Maïa), et entra dans de plus grands développements. Mais déjà à cette époque M. H. Milne Edwards avait déerit avec plus de détails l’appa- reil stomacal du Crabe commun. En comparant «les grandes dents latérales » et « le tubercule dentaire moyen » dans les divers genres qu’il avait examinés, Cuvier conclut que les dif- férences qu'on y observe « fourniraient, au besoin, de bons caactères génériques ou spécifiques suivant leur impor- tance ». Suckow (3) s’est également occupé de l’appareil triturant de l'Écrevisse, qu’il décrit d’une manière conforme aux pre- mières observations de Guvier. De même que Cuvier, Meckel (4) étudie très superficielle- ment, chez les Palémons, les Squilles (Sg. mantis) et quelques autres Crustacés podophthalmaires, les pièces principales du squelette gastrique, mais sans les désigner par des noms parti- euliers : ce qui rend ses descriptions assez difficiles à suivre. C'est chez les Scyllares que ces pièces étaient à leur minimum (1) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, 1e édit., t. IV, p. 125 (1805). (2) Cuvier, Leç. d'anat. comparée, 2° édit., t. V, p. 215 (1837). (3) Suchow, Anatomisch-physiologisch Untersuchungen der Insekten und Krustenthiere, 1818, p. 52, pl. 10, fig. 11 et 12. (4) Meckel (J.-F.), Traité général d’anat. comparée, trad. française. t. VIF, p. 254 (1836). ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. s) de développement. Les plus fortes et les plus grosses relative- ment, lui ont. semblé être celles du Bernard-lermite. Gette dégradation du squelette gastrique, observée par Meckel chez les Scyllares, lui fait dire que « les Palinoures forment d’une manière très curieuse la transition aux Squilles ». Mais, comme on le verra, il y a un grand nombre d’intermédiaires entre les Squilles et les Palinurides. Sans approfondir davantage le sujet, Brandt et Ratze- burg (1), de Baer (2) décrivent encore et successivement l'appareil stomacal chez l'Écrevisse. Les figures dont les pre- miers de ces naturalistes ont accompagné leur description ne sont pas meilleures que celles de Réaumur et de Roesel. On remarquera cependant que Brandt et Ratzeburg signalent pour la première fois cette sorte d’émail brun qui recouvre les dents stomacales, et que de Baer adopte, dans la désignation des pièces de l'appareil, une nomenclature, qui, pour être très incomplète, n’en constituait pas moins un progrès. Jusqu'ici, comme on le voit, à l'exception de Cuvier et de Meckel, tous les naturalistes qui se sont occupés du squelette gastrique des Crustacés décapodes l’ont étudié à peu près exclusivement chez l'Écrevisse. Ce n’est pourtant pas là qu’il faut en chercher le type le plus complet. Au moment où de Baer décrivait l'appareil stomacal de ce Macroure, M. H. Milne Edwards, dans son Histoire naturelle des Crustacés (3), donnait de celui du Crabe commun une des- cription beaucoup plus méthodique et plus complète que toutes cellés qui avaient paru jusqu’alors. Dans cette descrip- tion, accompagnée de figures claires, les diverses pièces de l'appareil sont désignées par des noms pour la plupart simples, adoptés ensuite par MM. Huxley et Parker. M. Milne Edwards compara ce squelette à celui d’autres Crustacés décapodes et, (1) Brandt et Ratzeburg, Medizinische Zoologre, t. IN, p. 62, pl. XI, fig. 11 et 12 (1829). (2) K.-E. von Baer, Ueber die sogenannte Erneuerung des Magens der Krebse (Müller’s Archiv für Anat., etc., 1834, p. 514). (3) H. Milne Edwards, Hist. nat. des Crustacés, t. 1, p. 67, pl. IV (1834). 6 F. MOCQUARD. de cette comparaison, il tira cette conclusion importante, que chez tous ceux qui avaient été soumis à son observation, « la disposition de l'appareil osseux de l'estomac est essentielle- ment la même ». Dans ses Leçons sur la Physiologie et l’Ana- tomie comparée (1), éminent naturaliste indique les princi- pales dispositions de l’armature stomacale et la compare à une « pince à trois branches, que les aliments sont obligés de tra- verser pour arriver au pylore ». Plusieurs naturalistes, Oesterlen, Huxley, Parker, revien- nent encore sur l’étude particulière du squelette gastrique de l’Écrevisse. Oesterlen (2), dans un long mémoire, étudie avec le soin le plus minutieux les moindres particularités de l’esto- mac de ce Macroure. Une analyse de ce travail, le plus complet qui ait été publié sur ce sujet et suivi de figures en général exactes, serait sans utilité; J'aurai d’ailleurs l’occasion d’y revenir dans la suite. Je ferai seulement remarquer qu'Oester- len n’a pas compris les conditions mécaniques de l'appareil stomacal, d’où résultent un certain désordre dans sa descrip- tion et cette conclusion, dont on peut s'étonner avec M. Huxley, que les dents stomacales ne sont nullement destinées à triturer les aliments (p. 428). Pour ne pas interrompre l’ordre chronologique, je signa- lerai une description de l’estomac de la Caridina Desmarestii par M. Joly (3) et de celui du genre Mysis par Frey et Leuckart (4). J’y reviendrai ultérieurement ; je me bornerai à constater ici que ces naturalistes ont complètement méconnu, chez ces Crustacés, l'existence d’une armature stomacale nor- male, bien qu’elle existe chez l’un comme chez l’autre, frappée il est vrai, de dégradation. A)T. V, p. 553. (2) Oesterlen, Ucber den Magen des Flusskrebses (Müller’s Archiv für Anat. und Phys., 1840, p. 387). (3) Joly, Études sur les mœurs, le développement et les métamorphoses d’une petile Salicoque d’eau douce (Ann. des sc. nat., Zoologie, 2° série, t. XIX, p. 74, pl. 3, 1843). (4) Frey et Leuckart, Beiträge zur Kenntniss wirbelloser Thiere, p. 118 (1848). ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 7 M. Huxley (1), en 1857, décrit sommairement, mais claire- ment, chez l’Écrevisse, les pièces les plus importantes du squelette gastrique; il insiste sur diverses parties de la région pylorique et examine très brièvement les mouvements qu’exé- cutent les dents stomacales lorsque l’appareil est en activité. Il reproduit cette description à peu près textuellement dans le Manuel de l'anatomie des animaux invertébrés (2) qu’il a publié il y a quelques années et, sous une forme plus pittoresque, dans un dernier ouvrage, l’Écrevisse (3), renfermant de bonnes figures. La conclusion est que l’appareil stomacal est compa- rable à un #oulin (gastric mill), la portion pylorique de l’esto- mac à un filtre. Récemment, M. T.-J. Parker (4) insista encore sur le même sujet, à l’occasion d’une description qu’il fit des muscles de l’estomac chez l’Écrevisse, sans y ajouter autre chose qu’une analyse plus complète, mais en quelques points inexacte, des mouvements de l’armature stomacale. J'avais à peine commencé mes observations, quand parut un mémoire étendu de M. E. Nauck, sur l'appareil masticateur des Brachyures (5). Je me suis tout d’abord demandé si l'étude à laquelle je me livrais ne devenait pas ainsi sans objet; mais après avoir pris Connaissance du travail dont je viens de par- ler, je n’ai pas hésité à continuer mes recherches. M. Nauck ne décrit, en effet, le squelette gastrique que chez les Bra- chyures, et encore ne s’occupe-t-1l que d’une manière tout à fait accessoire et dans les généralités seulement, des pièces de la région pylorique. Or c’est surtout chez les Macroures que cet appareil se présente sous les types les plus divers, et la division pylorique de l’estomac offre de nombreuses particu- (1) Thomas H. Huxley, Lectures on general natural History (Medical Times and Gazette, 1857, p. 255). (2) À Manual of the Anatomy of invertebrated Animals, p. 318 (1877). (3) Huxley (T. H), L'Écrevisse, trad. franc., p. 40 (1880). (4) Parker (T. J.), On the stomach of the fresh-water Crayfish (Journal of Anatomy and Physiology, oct. 1876, p. 54). (5) Nauck (Ernst), Vas Kaugerüst der Brachyuren (Zeitschrift für wissent schaftliche Zool. Vierunddreissigster Band, Erstes Heft, 1880). S F. MOCQUARD. larités pleines d'intérêt. M. Nauck n’étudie ni les muscles, ni les nerfs de l’estomac, et il est impossible de bien comprendre les mouvements de cet organe sans connaître exactement la disposition des premiers. D'un autre côté, les figures que l’au- teur a jointes à son mémoire sont en petit nombre et ne repré- sentent, en général, que des pièces isolées; elles donneraient difficilement une idée nette d'un appareil aussi compliqué, et l’exactitude n’en est pas toujours irréprochable. Enfin quelques erreurs m'ont paru devoir être relevées, soit dans les faits, soit dans la manière de les interpréter. Voici, au surplus, une analyse aussi succincte que possible du mémoire de M. Nauck. Après quelques détails bibliographiques assez incomplets (ni Geoffroy, ni Réaumur, ni Guvier, ni Meckel n’y sont men- tionnés), l’auteur s'occupe d’abord de la nomenclature. Il trouve que celle de M. H. Milne Edwards « pèche par une grande pesanteur » ; qu'Huxley l'ayant adoptée et y ayant fait quelques additions, «a malheureusement accru la confusion terminologique qui existait déja ». Il en propose donc une nouvelle, que l’on trouvera dans le mémoire cité, en regard de celles de von Baer, d’Oesterlen, de MM. Milne Edwards et Huxley, et d’après laquelle chaque pièce tire son nom de la situation qu’elle occupe. Le reproche que M. Nauck adresse à la nomenclature de M. Milne Edwards pourrait, ce semble, avec beaucoup plus de raison être renvoyé à la sienne. Je donne plus loin, dans la description générale que je fais des pièces du squelette gastrique, les dénominations qu’elles ont successivement reçues : on peut comparer et juger. Mais on n'aurait encore ainsi qu'une idée incomplète de la termino- logie proposée par M. Nauck : les pièces de la division pylo- rique y reçoivent, en effet, les mêmes noms que celles de la région cardiaque : d’où la nécessité d'ajouter à chaque nom un nouveau terme, pour ne pas confondre les pièces d’une ré- gion avec celles de l’autre, absolument comme si, chez les Mammifères, par exemple, ls os des membres inférieurs por- taient les mêmes noms que ceux des membres supérieurs. ARTICLE N° {. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 9 L'emploi de ces dénominations serait à peu près impossible dans notre langue. Quant à la confusion dont parle M. Nauck, il est à craindre qu’elle n’ait existé que dans son esprit. Il a confondu effective- ment les unes avec les autres plusieurs des pièces du squelette gastrique décrites par M. Milne Edwards (a). Avant d'aborder l'étude de l’armature stomacale, M. Nauck en décrit les mouvements; aussi la manière dont il les com- prend est-elle, à mon avis, absolument erronée : ce que j'es- sayerai de montrer dans la suite. Passant à une description générale du squelette gastrique, M. Nauck trouve dans quelques parties de l'appareil des carac- tères assez importants pour établir une nouvelle division des Brachyures en groupes secondaires. Je reviendrai sur cet essai de classification, qui ne me semble pas heureux, lorsque nous possèderons les éléments nécessaires pour pouvoir l’apprécier. M. Nauck décrit ensuite les parties du squelette gastrique qui se rapportent à la division cardiaque de l’estomac et spéciale- ment les pièces de l’armature stomacale, d’abord d’une ma- mère générale dans chacun des groupes qu’il vient d'établir, puis dans chaque genre en particulier. Il passe ainsi en revue près de soixante-dix genres, et il termine par quelques consi- dérations sur la marche présumée du développement de la partie cardiaque de l'appareil stomacal chez les Brachyures. A côté d’une terminologie défectueuse, d’une classification qui ne repose peut-être pas sur des bases solides et de plusieurs erreurs assez graves que je relèverai dans le cours de ce tra- vail, on trouve dans le mémoire de M. Nauck un grand nom- bre de particularités signalées pour la première fois. (a) Ainsi M. Milne Edwards n'a pas décrit de pièce ptérygocardiaque, comme le croit M. Nauck; le mot se trouve bien dans le texte de l’ouvrage de M. Milne Edwards, mais on voit clairement que c'est par suite d’une erreur typographique et qu'il faut y substituer celui de ptérocardiaque. — Ainsi encore la pièce cardiaque latérale inférieure de M. Milne Edwards correspond à celle que M. Nauck a désignée sous le nom de Vorderes inferolaterale et non à l’Unteres Zwischenstück. 10 F. MOCQUARD. Je décrirai le squelette gastrique successivement dans les divers groupes de Crustacés podophthalmaires où j'ai pu lob- server, c’est-à-dire chez les Décapodes, les Schizopodes et les Stomapodes, en suivant autant que possible l’ordre zoologique, et je renverrai, pour les caractères histologiques et la genèse du tissu constitutif de cet appareil, aux travaux spéciaux, particulièrement à ceux de Hæckel, de Braun et de Vitzou (1). Avant d'entrer en matière, J'appellerai encore l’attention sur les points suivants. En premier lieu, il n’est peut-être pas hors de propos de dire quelques mots sur les précautions à prendre pour isoler la membrane chitineuse de l'estomac sans la déchirer ni la dégrader. On sait que les solutions alcalines, même à l’ébullition, sont sans action sur la chitine et qu’elles dissolvent au contraire les autres tissus. Cette inaltérabilité n’est cependant pas absolue, et, lorsque la chitine constitue de très minces membranes elle se désagrège sous l’influence des alcalis. C’est ce qui arrive en particulier pour les valvules membraneuses superficielles qui terminent la division pylo- rique de l'estomac. {l importe donc, lorsqu'on a recours à ce procédé de préparation, de se servir de solutions alcalines suffisamment étendues et de ne pas prolonger l’ébullition. J'employais une solution de potasse caustique au dixième ; je la maintenais pendant quelques minutes à une douce ébullition et Je laissais refroidir lentement. Après ce traitement, il reste ordinairement encore des débris de la couche musculaire qui n'ont pas été dissous ; on les enlève avec un pinceau fin. D'un autre côté, l’estomac est fréquemment rempli d’un résidu alimentaire qui résiste à l’action dissolvante de la liqueur alcaline ; on s’en débarrasse en faisant passer un cou- rant d’eau à travers la cavité stomacale au moyen d’une se- (1) E. Hæckel, Ueber die Gewebe des Flusskrebses (Müller’s Archiv, p. 514 et 521, 1857). Max Braun, Ueber die histolog. Vorgänge bei der Häutung von Astacus flu- vialilis (Arbeiten aus dem z0ol.-30ot. Inst. in Würtzhurg, 1875, Bd II, p. 128). A. N. Yitzou, Sur la structure et la formation des téguments chez les Crustacés décapodes, 1882, p. 81. ARTICLE N° f{. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 41 ringue à injections, dont on introduit la canule dans l’œso- phage. Les pièces du squelette gastrique se détachent en général avec beaucoup de netteté sur la couche chitineuse stomacale ainsi préparée; il en est de même des enfoncements et des saillies que présentent ses faces mterne et externe. Cependant, sur les individus conservés depuis longtemps dans l'alcool, on trou ve parfois cette membrane racornie, les pièces squelet- tiques mal délimitées et en partie décalcifiées ; l'étude en de- vient alors très difficile. Enfin, dans la désignation des pièces du squelette gastrique, J'ai suivi, en la complétant et la modifiant légèrement, la nomenclature due à M. H. Milne Edwards. ORDRE DES DÉCAPODES. Le squelette gastrique des Décapodes présente des carac- tères différentiels importants chez les Brachyures et les Ma- croures; mais il n’y en a aucun qui soit spécial à la division des Anomoures. Par la disposition de l’appareil stomacal, une partie de ce groupe se rattache aux Brachyures, l’autre aux Macroures, et ce partage s'effectue précisément comme l’a indiqué M. Alph. Milne Edwards dans son Histoire des Crusta- cés podophthalmaires fossiles (1) : les Anomoures aptérures se rattachent aux Brachyures les Anomoures ptérygures, aux Macroures. Le genre Lithode seul fait exception et se place parmi ces derniers à côté des Paguriens. Les Décapodes se diviseront donc, comme l’a proposé M. Alph. Milne Edwards, en deux grandes sections, les Brachyures et les Macroures, comprenant chacune un groupe typique ou normal et un groupe satellite ou anormal. (1) Alph. Milne Edwards, Histoire des Crustacés padophthalmaires fossiles (Ann. sc. nat., 4° série, Zool., t: XIV, p. 175). 19 F. MOCQUARD. {re SECTION. DÉCAPODES BRACHYURES. CARACTÈRES GÉNÉRAUX DU SQUELETTE GASTRIQUE Je rappellerai d’abord que non seulement chez les Bra- chyures, mais chez tous les Crustacés podophthalmaires, l’es- tomac est divisé par un étranglement en deux parties : une antérieure cardiaque et une postérieure pylorique, beaucoup plus petite que la première et dirigée en bas et en arrière. La portion antérieure de la division cardiaque est membra- neuse, développée à des degrés très variables dans les divers groupes de Brachyures; l’œsophage s’y ouvre sur sa paroi inférieure. Pour éviter des longueurs, elle sera désignée sous le nom de sac cardiaque (fig. 1, 2, se). Dans la portion posté- rieure on trouve, au contraire, un grand nombre de pièces calcifiées, articulées entre elles au moyen d’épaississements membraneux élastiques. Celles qui en occupent la paroi supé- rieure et la partie supérieure des parois latérales constituent, avec quelques pièces pyloriques, un appareil de trituration, l'armature stomacale où moulin gastrique, suivant l'expression de M. Huxley. L'ensemble de tous les épaississements calcifiés ou de con- sistance cartilagineuse distribués dans la région cardiaque et la région pylorique recevra le nom de squelette gastrique. Il semblerait rationnel de décrire d’abord les pièces de la division cardiaque de l’estomac, puis celles de la division pylorique ; mais de cette manière l’étude de l’armature stoma- cale serait scindée, puisque les pièces qui la composent appar- tiennent à l’une et à l’autre de ces deux divisions. Il est donc préférable de décrire en premier lieu l’armature stomacale, puis les autres pièces du squelette gastrique successivement dans chacune des deux régions cardiaque et pylorique. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 13 $ I. — Armature stomacale. L’armature stomacale (H. Milne Edwards) existe chez tous les Brachyures et, à part queiques cas en très petit nombre de soudure ou de fusion, elle se compose de dix pièces. Huit d’entre elles forment un octogone articulé, qui occupe la paroi dorsale de l'estomac, et elles sont ainsi réparties : trois sont situées en avant, trois en arrière et deux sur les côtés (fig. À, 14, 18, etc.). Les trois pièces antérieures ainsi que les deux latérales appartiennent à la région cardiaque ; les trois posté- rieures à la région pylorique. Des trois pièces antérieures, l’une est médiane et impaire : c’est la pièce mesocardiaque (fig. 1, mc); les deux autres, pla- cées symétriquement de chaque côté et dirigées à peu près transversalement, sont les pièces ptérocardiaques (pc). Les trois pièces postérieures sont disposées d’une manière analogue : sur la ligne médiane, une pièce impaire, la pièce pylorique (p), et en dehors, une de chaque côté, deux pièces fisgurées, mais non dénommées par M. Milne Edwards, et que je désignerai sous le nom de pièces exopyloriques (ep). Quant aux deux pièces qui constituent les côtés latéraux de l’octogone, ce sont les pièces dentaires latérales (H. Milne Edwards); elles ont reçu de M. Parker, chez l’Écrevisse, le nom de zygocardiaques (2c), dénomination dont je ferai usage, comme étant plus simple et plus en harmonie avee celle des autres pièces de l’armature. L'armature stomacale est complétée par deux pièces im- paires qui relient les deux pièces médianes de loctogone et s’articulent entre elles bout à bout sous un angle aigu, dont le sommet, dirigé en bas et en arrière, est situé au-dessous de la pièce pylorique. L'une, antérieure et inférieure, est la pièce urocardiaque (fig. 1, 32, 53, uc); l’autre, postérieure et supé- rieure, la pièce pylorique antérieure (Milne Edwards) ou pre- pylorique (Huxley) (pp). J’emploierai de préférence cette der- nière appellation en la changeant, pour plus de régularité, en celle de propylorique. ANN. SC. NAT., ZOOL., AOUT 1883. XVI. 2. — ART. N° f. 14 F. RHCQUAERD. Toutes les pièces de l’armature stomacale seront ainsi dési- gnées par un seul terme, relativement court et d'un emploi très commode. Étudions actuellement chacune de ces piècesen particulier. Pièce mésocardiaque (A. Milne Edwards; Querbalken und Decke, von Baer; Decke, Oesterlen; Cardiac plate, Huxley:; vor- deres Superomedianum, Nauck).— Cette pièce (fig. 1,5,7, etc., mc) a la forme d’un triangle, dont le sommet, dirigé oblique- ment en bas et en avant, est le plus souvent arrondi, parfois tronqué (Leucosiens, fig. 85); la base, tournée en arrière et en haut, d’une étendue très variable et toujours en continuité avec la pièce urocardiaque chez les Brachyures, est échancrée en son milieu et bordée par une côte épaisse, fortement calei- fiée, saillante sur la pièce urocardiaque. Gette côte se pro- longe souvent en avant sur la ligne médiane jusque près du sommet du triangle et prend une forme en fer de flèche (Gyclo- métopes, Oxyrhynques, Oligorhynques, fig. 1, 14, etc.). Tantôt les bords latéraux de la pièce mésocardiaque, dirigés ohlique- ment en avant et en dedans, s’articulent sur toute leur longueur avec les bords adjacents des pièces ptérocardia- ques (quelques Cyclométopes et quelques Catométopes, les Oxyrhynques, les Oligorhynques, fig. 4, 35, 48, 58, etc.); tantôt les deux pièces sont en continuité, excepté à leur bord postérieur, où l’on remarque une scissure dirigée en avant et en dedans, qui permet la flexion des pièces l’une sur lautre (le plus grand nombre des Cyclométopes, les Grapsiens, fig. 7, 9,18;-etc:): Pièces ptérocardiaques.—A droite et à gauche de cette pièce médiane se trouve une pièce ptérocardiaque (H. Milne Ed- wards; Seitenpfoiler, von Baer; S.-formiger Knochen, Oester- len; Péerocardiac ossicle, Huxley; vorderes Superolaterale, Nauck) qui s’étend de dedans en dehors à peu près transver- salement ou un peu obliquement en arrière (fig. 4, 7, 19, 14, etc., pe). Cette obliquité varie chez différents individus d’une même espèce, particularité due sans doute à ce que les muscles gastriques antérieurs, qui tirent en avant la pièce ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES, 15 mésocardiaque et l'extrémité interne des pièces ptérocar- diaques, sont contractés à divers degrés au moment de la mort de l'animal. Étroites dans leurs deux tiers externes, ces pièces s’élargissent en dedans sur leur bord antérieur, qui devient convexe et dépasse en général de chaque côté le sommet de la pièce mésocardiaque (fig. 1, 7, 18, 58, etce.). Elles sont incli- nées en bas et en avant comme cette dernière pièce; leur bord postérieur, très épais et presque rectiligne, est ordinairement un peu concave dans sa partie moyenne. Par leur extrémité externe, elles s’articulent lâchement avec les pièces zygocar- diaques, et cette articulation se fait constamment au moyen d’un ligament plus ou moins développé, le ligament antéro- latéral (fig. 1, 18, etc., /g), qui offre, chez les Catométopes, des caractères particuliers. La pièce mésocardiaque et l’extrémité interne élargie des pièces ptérocardiaques présentent, sur leur face externe, des inégalités, qui servent à l'insertion des muscles gastriques an- térieurs (fig. À, em). L’axe d’articulation autour duquel s'effectuent les mouve- ments de ces pièces l’une sur l’autre se dirige obliquement d’arrière en avant, en dedans et en bas. Pièces zygocardiaques. — La partie supérieure de la paroi latérale de l’estomac est occupée, de chaque côté, par une pièce dont les dimensions sont considérables et qui relie les pièces de la région pylorique à celles de la région cardiaque : c’est la pièce zygocardiaque (Parker; pièce dentaire latérale, Milne Edwards; Seitenwandknochen, von Baer ; postero-lateral os- sicle, Huxley; mittleres Superolaterale, Nauck) (fig. À, 2, 4, SEC). Par les dents dont sont armés leurs bords internes, les pièces zygocardiaques sont les plus importantes de larmature stomacale. Articulées en avant avec les pièces ptérocardiaques, comme on vient de le voir, en arrière avec les pièces exopyloriques, elles forment les côtés latéraux de l’octogone articulé men- tionné précédemment. Elles sont constituées par une lame 16 F. MOCQUARD. en général quadrilatère, falciforme chez les Grapsiens, très irrégulière, épaisse el fortement chargée de sels calcaires, dont le plan est incliné en bas et en dedans, et dont l’angle antéro-externe s’avance le plus souvent en dehors et en avant sous la forme d’une grosse baguette. Elles forment la paroi supérieure d’une large invagination de la paroi cardiaque latérale. Leur face supérieure est en général concave transversale- ment, mais elle peut présenter des bosselures ou même se soulever dans sa partie postérieure en un épais repli longilu- dinal (Grapsiens, fig. 34, rp). Le bord antérieur (ba), régulièrement concave, a une direction oblique en dehors, en avant et en haut. [se renverse en bas pour se continuer avec la membrane stomacale. En dehors, il s’unit au bord supéro-externe ordinairement à une assez grande distance de l’extrémité antérieure de celui-ci et sous un angle très variable. Le bord postérieur (bp) présente dans son tiers externe une échancrure arrondie, qui reçoit le bord adjacent de la pièce exopylorique (fig. 4, 34); en dedans, il se recourbe en arrière en décrivant une large concavité, et va rejomdre le bord supé- rieur de la dent latérale, dont il atteint rarement l’extrémité postérieure (fia. 4, 8, 10, 79, 75, etc..). Renflé en un épais bourrelet, le bord supéro-externe (bs) se dirige d'avant en arrière et de dehors en dedans, en s’incli- nant d’abord en bas et en se relevant dans sa partie posté- rieure, de sorte qu'il présente, en général un peu au delà de sa partie moyenne, une large concavité tournée en dehors et en haut ; toutefois, chez les Catométopes, il est plus réguliè- rement convexe, et la concavité dont je viens de parler est peu accusée et se trouve rejetée près de son extrémité postérieure (fig. 18, 84). Du côté interne, il fait saillie sur la face supé- rieure de la pièce zygocardiaque et limite, en dehors, un sillon au fond duquel se fixe la membrane dorsale. Par son côté inférieur, il s’unit au bord antérieur, le plus souvent sous un angle très aigu (Gatométopes, Oxyrhynques, fig. 18, 34, 59); ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 1% mais chez beaucoup de Cyclométopes, cet angle est plus consi- dérable, et chez la plupart des Oligorhynques et chez les Leu- cosiens 1l est droit (fig. 77, 87). Toute la partie de la pièce zygocardiaque.située en avant du point où ces deux bords se réunissent a la forme d’une grosse baguette fortement calcifiée. qui continue le bord supéro-externe et s’atténue légèrement à son extrémité libre; elle sera désignée sous le nom de #anu- brium (fig. 4, 40, 77, ete., m). Enfin le bord interne, dirigé obliquement en arrière et en dehors, constitue la dent latérale, non en s’épaississant consi- dérablement comme le dit Huxley (1), mais en se renversant d’abord en bas, puis en dehors, de manière à former une large saillie longitudinale qui s’avance dans la cavité stomacale, et qui est relevée sur sa face interne de crêtes ou de côtes trans- versales d'épaisseur variable, et, sur son bord inférieur, de denticules plus ou moins saillants dirigés en bas et en dedans, parfois presque horizontalement (fig. 4, 8, 10, 20, etc., dl). Ces saillies, et en général toutes les parties du squelette gas- trique qui agissent directement sur les aliments pour en déter- miner la trituration, sont revêtues d’une substance chitineuse brune, transparente, très dure, sorte d’émaii, dont fa transpa- rence même peut donner lieu à de singulières illusions de forme, contre lesquelles il est bon d’être prévenu. À la saillie interne de la dent correspond, à l'extérieur, une dépression longitudinale, au fond de laquelle on remarque des sillons transversaux, qui reproduisent en creux les côtes et les denticules de la surface masticatrice de la dent (fig. 2, 3). C’est une sorte de moule, dans lequel se dépose, à chaque mue, la dent de renouvellement. J'ai, en effet, fréquemment con- Staté la présence d’une dent en voie de formation, se moulant exactement sur la face externe de celle qui bientôt doit être rejetée et en reproduisant fidèlement toutes les inégalités. Ainsi constituée, la dent latérale diffère d'un genre à l'autre par sa Configuration générale, par le nombre, la forme et la (1) Huxley, À Manual of the Anatomy, elc., p. 319. 18 FM. MOCPUARBH. puissance des denticules et des côtes dont est relevée sa face interne. Chez tous les Gyclométopes et tous les Oligorhynques que j'ai observés, ainsi que chez un certain nombre d’Oxyrhyn- ques, elle se termine à son extrémité antérieure par un gros tubercule très saillant, convexe en avant et Concave sur sa face interne, qui est inclinée obliquement en dehors et en arrière (fig. 4, 8, 10, 11, etc., f). Ce tubercule est bordé par une crête mousse, rarement tranchante, ayant la forme d’un fer à cheval ouvert du côté postérieur; 1l occupe environ le tiers de la longueur de la dent, et il est séparé de la partie postérieure par une scissure profonde du bord inférieur. Comme on le retrouve avec les mêmes caractères chez la plu- part des Brachyures, il portera le nom de #wbercule antérieur de la dent latérale. Au delà, la face interne de la dent a géné- ralement la forme d’un ovale très allongé, un peu concave transversalement, relevé dans sa partie supérieure de côtes ou de crêtes transversales plus ou moins nombreuses, et dont le bord inférieur est découpé en denticules en nombre également très variable. Fréquemment ces crêtes se prolongent en pointe à leur extrémité supérieure (fig. 20). Chez les Catométopes et quelques Oxyrhynques, le tubereule qui occupe lextrémité antérieure de la dent est peu étendu et peu différent des crêtes qui le suivent (fig. 20, 34, 45). Pièces exopyloriques (hinteren Superolateralia, Nauck). — Elles ont été décrites pour la première fois par M. Nauck. De forme très irrégulière (fig. 1,3, 48, etc., ep), elles peuvent être comparées à une lame quadrilatère à peu près verticale et parallèle au plan médian, plus étendue dans le sens de la hauteur, et dont la moitié antérieure se replierait en dehors autour de la diagonale qui joint l’angle antéro-inférieur à langle postéro-supérieur. Dans ce mouvement, le bord anté- rieur de la lame devient oblique en bas, en dedans et en avant; il s'articule avec la partie externe du bord postérieur de la pièce zygocardiaque. En même temps, le bord supérieur ou supéro-exlerne, épaissi et en général un peu recourbé en S$, s'incline obliquement en bas, en dehors et en arrière ; il em- ARTICLE N° Î. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 19 brasse en dehors l'extrémité postérieure du bord externe de la pièce zygocardiaque (fig. 3, 99) et donne insertion, par sa partie antéro-interne, au faisceau latéral du muscle cardio- pylorique. Dans certains cas (quelques Oxyrhynques, presque tous les Oligorhynques), il se prolonge en dedans en passant en avant des angles antéro-latéraux de la pièce pylorique et s'articule directement par son extrémité interne avec la pièce propylorique. Quant aux deux autres côtés de la lame, le postérieur, dirigé en bas et un peu en arrière, s'articule avec le bord latéral de la pièce pylorique et l’inférieur se continue avec les parties membraneuses de la paroi stomacale. Au repli que présente en avant et en dedans la pièce exopy- lorique, repli dont le bord est concave et non rectiligne comme je l’ai supposé pour plus de simplicité, correspond, en dehors et en arrière, un profond sillon. Enfin l’angle pos- téro-inférieur se prolonge en une pointe (fig. 3, 20, 59, pe) - qui atteint ordinairement le bord supérieur de la dent la- térale. Chez les Grapsiens, la pièce exopylorique se replie sur elle- même au point que son bord supéro-externe, au lieu de se rapprocher de la direction transversale, devient presque pa- rallèle à la ligne médiane (fig. 18). Elle se meut sur la pièce zygocardiaque adjacente autour d'une droite oblique en bas, en avant et en dedans, et sur la pièce pylorique, autour d’un axe dirigé en bas et en arrière. Sa mobilité sur la pièce zygocardiaque est toujours très res- treinte et dans quelques cas les deux pièces sont soudées (genres Thelphuse, Elamène) ou même fusionnées (Leuco- siens). Sur sa face externe, rugueuse, s’insère le faisceau externe du muscle gastrique postérieur. Pièce pylorique. — A la partie antérieure de la région pylo- rique, entre les deux pièces exopyloriques avec lesquelles elle s’articule de chaque côté, est une pièce médiane, qui ferme en arrière l’octogone articulé de l’armature stomacale : c’est 20 F. MOCQUARD. la pièce pylorique (H. Milne Edwards ; Joch, von Baer ; Sattel, Oesterlen ; Pyloric ossicle, Huxley; vorderes Superomedianum, Nauck) (a). Bien que chez les Brachyures cette pièce soit composée de deux moitiés distinctes séparées par un intervalle membra- neux plus ou moins étendu (fig. 1, 18, ete., p), cependant je la considèrerai comme simple et impaire, d’abord pour rendre la description plus rapide, et en outre parce que, fréquemment chez les Macroures, la division de la pièce en deux parties ne persiste pas. La pièce pylorique consiste en une large bande transversale qui se recourbe en bas sur les côtés, de manière à former un demi-cylindre servant de voûte à la partie antérieure de la région pylorique et dont l’axe est obliquement dirigé en arrière et en bas. Membraneuse sur la ligne médiane, elle se calcifie sur les côtés, en se recouvrant d’inégalités qui servent à l’in- sertion du faisceau interne du muscle gastrique postérieur. La partie latérale de son bord antéro-supérieur est toujours un peu renflée en bourrelet. Par ses bords latéraux, elle s'articule avec les pièces exopy- loriques. Le plus souvent, cependant, celles-ci s’amincissent et deviennent continues dans leur partie postérieure avec la pièce pylorique. Le même degré de continuité s’établit aussi entre les pièces zygocardiaques et exopyloriques. Excepté chez le plus grand nombre des Oligorhynques, les angles antérieurs de la pièce pylorique, toujours fortement calcifiés, se recourbent plus ou moins en dedans et embras- sent, en passant en dessous, les extrémités du bord supérieur de la pièce propylorique, avec lesquelles ils s’articulent (fig. 3, 18). Dans l'intervalle qui les sépare, la pièce pylorique s’unit par son bord antérieur concave avec le bord supérieur de la (a) On voit ici les inconvénients de la nomenclature adoptée par M. Nauck. Il est évident qu'il faut joindre à cette dénomination l’épithète de pylorique, pour distinguer cette pièce de la pièce cardiaque qui porte le même nom; la pièce pylorique devient alors, dans la nomenclature de M. Nauck, la pièce pylo- rique antérieure supéro-médiane, et ainsi des autres. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 21 pièce propylorique. Quant au bord postérieur, 1l décrit une courbe convexe très régulière, presque en demi-cercle, etse continue avec les parois membraneuses dorsale et latérales du conduit pylorique, sur lesquelles 1l est très sallant. L'armature stomacale, füt-elle réduite à la charpente octo- gonale qui vient d’être décrite, constituerait déjà un appareil puissant de trituration ; mais elle est rendue bien plus par- faite par l'addition des deux pièces wrocardiaque et propylo- rique. Pièce urocardiaque. — La pièce urocardiaque (H. Milne Ed- wards; vierechkiger Knochen, von Baer ; Pars quadrata, Oester- len ; wrocardiac ossicle, Huxley; nittleres Superomedianum, Nauck) est en continuité avec la pièce mésocardiaque, sur laquelle cependant elle est en général flexible dans une cer- taine mesure ; elle se termine en arrière par une proéminence de forme très variable, qui fait corps avec elle et constitue une troisième dent, la dent médiane (fig. 1, 5,9, 19, etc., uc, dm.) Elle a la forme d’une longue lame irrégulièrement rectan- gulaire, qui se dirige en arrière et en bas, depuis la pièce mé- socardiaque jusqu’à l’extrémité inférieure de la pièce propylo- rique, avec laquelle s'articule la dent médiane. En avant, elle a la même largeur que la base de la pièce mésocardiaque ; elle présente ensuite le plus souvent, mais non constamment, un rétrécissement marqué (fig. 13, 18, 31, etc.) (il manque dans les genres Elamène, Dorippe et chez les Leucosiens), puis s’élargit de nouveau, de manière que la partie antérieure de ses bords latéraux est concave et la postérieure convexe. Enfin, un peu en avant de la dent médiane, apparaît fréquem- ment un élargissement brusque, dont les angles antérieurs portent, de chaque côté, une pointe conique dirigée en dehors et en avant (Oxyrhynques, Oligorhynques, Leucosiens, fig. 65, 66, 80, 83, etc., g) et qui parfois se convertit en mamelon (Maia, Eurypode, Hépate, fig. 71, 76, etc.). Ces saillies, quelle qu'en soit la forme, recevront le nom d’éminences urocardia- ques. Les bords latéraux sont toujours relevés, mais dans des 29 F. MOCQUAREH. proportions très variables. Ce caractère est le plus accentué chez les Catométopes (fig. 18), où ces bords non seulement se redressent, mais se renversent même en dedans. On le re- trouve presque aussi développé chez beaucoup d’Oxyrhyn- ques, chez quelques Cyclométopes et Oligorhynques. Dans tous ces cas, la pièce urocardiaque est creusée en gouttière et devient plus étroite (fig. 48, 31, 98, 63, 66, etc.). Inverse- ment, dans toutes ces familles on rencontre des genres chez lesquels la pièce urocardiaque est sensiblement plane. Sur sa face supérieure, immédiatement en arrière du bord postérieur de la pièce mésocardiaque, on observe fréquem- ment des rugosités sur lesquelles s’insère l'extrémité anté- rieure du muscle cardio-pylorique (fig. 4). Chez les Grapsiens, quelques autres Catométopes (g. Gé- lasime, Macrophthalme), quelques Pinnothériens (g. Ostraco- (heres) et certains Oxyrhynques (Naæia diacantha), la pièce urocardiaque présente, sur sa face inférieure, un peu en arrière de son extrémité antérieure, à peu près au niveau de son point le plus étroit, un nn très accusé sur lequel j’au- rai à revenir (fig. 49, 31, O2 MP) Chez le plus grand Fe e de. Cyclométopes, des Oxyrhyn- ques, des Olygorhynques et chez les Leucosiens, la dent mé- diane est fort simple et consiste en un tubercule quadrangu- laire à bord postérieur très saillant (fig. 5, 9, 19, etc., dm). On peut la comparer parfois à une ns de à 6e carrée, dont le sommet arrondi est dirigé en bas et ordinairement un peu recourbé en avant, et dont la face postérieure est creusée en une goutüuère longitudinale (quelques Gyclométopes, fig. 5,7). Mais dans quelques genres appartenant aux familles que je viens de citer (Kanthe, Pise, Naxie et chez beaucoup de Cato- mélopes (Grapsiens), elle se compose de bourrelets transver- saux en nombre pics ou moins élevé, qui en occupent toute la largeur (fig. 13,19, 31, 39, ete.). Chez d’autres Catométopes, ces bourrelets ou côtes sont interrompus sur la ligne mé- diane et associés à des saillies de forme particulière (Gélasi- mes), qui peuvent mème exister seule (Macrophthalmus de- ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 93 pressus), de sorte que la dent médiane peut affecter les formes les plus diverses (fig. 44, 46, 49, 50). À la saillie interne de la dent répond, à l'extérieur, une cavité dans laquelle s'engage légèrement l'extrémité inférieure de la pièce propylorique, pour s’y articuler. D'après les caractères de complexité ou de simplicité de la dent médiane, M. Nauck a cru pouvoir diviser les Brachyu- res en deux grands groupes: les Hétérodontes, chez lesquels « la dent médiane ne se compose jamais de lamelles transver- sales simples (a) », et les Cyclodontes, où « ces lamelles sont le plus souvent en arc de cercle (4) ». Dans le premier groupe il range une partie des Ocypodiens (genres Macrophthalme, Héloecie, Gélasime, Mycüre) et les Pinnothériens; dans le second, le reste des Catométopes, auxquels il conserve ce nom, les Oxyrhynques, les Oxystomes et les Cyclométopes. Mais les divisions secondaires dont se compose chaque groupe principal sont en partie dépourvues des caractères distinctifs du groupe : on chercherait vainement des « lamelles transver- sales », simples ou non, dans la dent médiane du Myctiras longicarpis (fig. 46, dm) aussi bien que des Pinnothériens (fig. 50), et des « lamelles en arc de cercle » dans celle de la plupart des Cyelométopes, des Oxyrhynques et des Oxystomes, c'est-à-dire dans la majeure partie des « Gyclodontes ». Bien qu’en général la dent médiane soit disposée sur un mème type dans chaque groupe naturel, elle peut cependant présenter des caractères semblables dans des groupes différents et différer dans les divers genres d’un même groupe. Ainsi, chez tous les Grapsiens, auxquels l’épithète de Cyclodontes conviendrait parfaitement, elle est composée de bourrelets transversaux (a) Je ne sais quel sens M. Nauck attache à l’expression de « lamelles ». Il lemploie pour désigner toutes les saillies transversales de la dent médiane et des dents latérales, quelle qu’en soit la forme. Cependant ces saillies n’ont pas toujours les mêmes caractères : ce sont parfois des lamelles, dans le sens propre du mot, mais le plus souvent des crêtes, des arêtes, des côtes ou des bourrelets. Je me suis efforcé, dans les descriptions, d'observer ces distinctions, dont M. Nauck ne tient aucun compte. (1) Nauck, loc. cit., p. 9, 17 et 24. 94 F. MOCQUARDB. simples, mais il en est de mème chez certains Oxyrhynques (Pise, Naxie, et sans doute beaucoup d’autres) et quelques Cyclométopes (Xanto floridus) (a) ; et tandis que chez le plus grand nombre des Gyelométopes, des Oxyrhynques et des Oxystomes, elle se compose d’un simple tubercule, elle est disposée sur un type particulier et sensiblement le même chez les Neptunes, l'Hepatus fasciatus et la Droma vulgaris. Au contraire, dans le groupe des « Hétérodontes », dont la plu- part des genres ont entre eux des affinités incontestées, la dent médiane n’a de commun que ce caractère négatif, qui ne convient même qu'à une partie du groupe, de « n’être pas composée de lamelles transversales simples ». La conforma- üon de la dent médiane ne saurait donc servir de base à une classification des Brachyures, et le système proposé par M. Nauck ne peut être adopté. M. Nauck ne semble pas avoir été plus heureux en divisant son groupe des Cyclodontes en Coelostylides et en Platystyli- dés, suivant que la pièce urocardiaque est étroite et a ses bords fortement relevés, ou qu’elle est large proportionnelle- ment à sa longueur avec des bords peu ou point saillants (1). La première division comprend les Catométopes et les Oxy- rhynques ; la seconde, les Oxystomes et les Cyclométopes. S'il est exact, en effet, que chez la plupart des Catométopes la pièce urocardiaque est très étroite et a des bords très relevés et même renversés en dedans, cependant, chez les Telphusiens et les Trichodactyliens, elle a des caractères différents, ana- logues à ceux qu’on lui rencontre chez les Cyclométopes, c’est- à-dire qu’elle est relativement large et que ses bords sont fort peu relevés. Il en est de même dans trois genres sur six que j'ai observés dans la famille des Oxyrhynques : ce sont les genres Sténorhynque, Eurypode et Lambre. On rencontre des faits opposés chez les Gyclométopes et les Oxystomes. M. Nauck cite en particulier le Neptunus pelagicus (a) M. Nauck cite lui-même le Xantho occidentalis comme faisant exception et ayant une dent médiane qui rappelle celle des Gélasimes. (DLoc cit, p8. ARTICLE N° 1. ha ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 95 et le Lupocyclus philippinensis, chez lesquels la pièce urocar- diaque est profondément excavée (p. 62). On en peut dire autant du Neptunus diacanthus, de l'Hepatus fasciatus et sans doute de beaucoup d'autres genres, si l’on à égard au petit nombre de ceux qui ont été étudiés à ce point de vue. Ainsi, les caractères fondamentaux des Coelostylidés se retrouvent chez de nombreux Platystylidés et réciproquement. Cela suffit, ce sembie, pour juger le système de classification proposé par M. Nauck. Pièce propylorique (Dreiechiger Knochen, von Baer; pièce pylorique antérieure, H. Milne Edwards; Pars triangularis, Oesterlen; Prepyloric ossicle, Huxley, hinteres Superome- dianum, Nauck).— Cette pièce s'étend comme une diagonale d’arrière en avant et en haut, de l'extrémité postérieure de la dent médiane au bord antérieur de la pièce pylorique, avec laquelle, comme avec la pièce urocardiaque, elle fait un angle aigu dans l’état de repos de l’appareil (fig. 1, 6, 93, 39, etc, pp). À son extrémité Imférieure elle est toujours bifurquée. Immé- diatement au-dessus, elle est très étroite, et, à partir de ce point, tantôt elle s’élargit graduellement jusqu’à son extré- mité supérieure sans acquérir une grande longueur, en restant sensiblement dans un même plan et prend la forme d’un X, dont les branches inférieures sont les plus courtes (la plupart des Catométopes, fig. 23); ou bien elle reste étroite jusqu’à son bord supérieur, étendu comme une barre transversale, et alors elle a la forme d’un T (Elamène, Naxie, fig. 57, 65). Enfin, elle peut s’élargir à mesure qu’elle s'élève, en devenant concave à la fois dans le sens longitudinal et dans le sens transversal; dans ce cas, qui est le plus fréquent, selon que son bord supérieur est plus ou moins excavé, elle a la forme d’un Y ou d’un triangle posé sur son sommet (fig. 6, 73 et 69). On peut facilement, comme l’a fait M. Nauck, ramener à cette dernière forme toutes celles qui précèdent. Les bords latéraux de la pièce propylorique sont très épais et renflés en bourrelet du côté antérieur; mais l'intervalle 26 F. MOCQUARD. qui les sépare est mince el parfois membraneux dans une certaine étendue (Grapsiens, fig. 23). Le supérieur se renverse en arrière pour s'unir avec le bord antérieur de la pièce pylo- rique. La membrane interposée entre ces deux pièces, assez mince dans sa partie moyenne, devient, sur les côtés, un épais ligament. On voit fréquemment s'élever, sur le milieu du bord supé- rieur de la pièce propylorique, une crête lamelleuse étendue transversalement, dont le bord libre est à peu près horizontal et sur la surface antérieure de laquelle s’insère le faisceau moyen du muscle cardio-pylorique. Cette crête (fig. 6, 62, 67, etc., cpr) portera le nom de crête propylorique. Elle manque chez la plupart des Catométopes. Des bords latéraux de la pièce propylorique, la membrane de l’estomac se continue avec ceux de toutes les autres pièces de l’armature stomacale, la pièce mésocardiaque exceptée. La portion de la paroi dorsale de l’estomac étendue entre les pièces cardiaques antérieures et les pièces pyloriques de lar- mature et toujours profondément invaginée en arrière, sera la voûte cardio-pylorique (fig. 1, 14, Ve). Au niveau du point le- plus étroit de la pièce propylorique, immédiatement au-dessus des branches de bifurcation de son extrémité inférieure, la partie membraneuse de cette voûte s’invagine et donne nais- sance à deux saillies coniques, souvent effilées, qui sont cou- vertes de longues soies et se dirigent en bas et en arrière, l’une à côté de l’autre, sur la face postérieure de la dent médiane (fig. 19, ppr). A raison de leur forme et de leur situation, elles méritent le nom de pénicilles propyloriques. Ainsi que l’a déjà observé M. Nauck, elles s’écartent l’une de l’autre lorsque la pièce propylorique se meut d’avant en arrière sur la pièce urocardiaque, et se rapprochent dans le mouvement contraire. D'autres invaginalions également garnies de soies se dévelop- pent encore sur les côtés de la dent médiane et de la pièce urocardiaque (fig. 19, j). La manière dont la pièce propylorique s’articule par ses deux extrémités, d’une part avec la dent médiane, de l’autre ARTICLE N° 1. i ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 97 avec la pièce pylorique, mérite d’être remarquée. À son extré- mité inférieure, ses branches de bifurcation, qui acquièrent leur plus grande longueur chez les Grapsiens (fig. 23), se diri- gent en bas et en dehors et s'engagent dans la cavité de la dent médiane, immédiatement en avant des parties latérales de la paroi postérieure; en même temps, un ligament élastique, inséré, non sur leur bord inférieur, mais en arrière et un peu au-dessus, les unit au bord libre échancré de cette paroi. Il en résulte que le seul mouvement que la pièce propylorique puisse effectuer sur la pièce urocardiaque est un mouvement angulaire d'avant en arrière, autour d’un axe transversal pas- sant au-dessus des extrémités des branches de bifurcation; et la disposition du ligament interarticulaire, en prévenant toute distension exagérée, est singulièrement favorable à lampli- tude de ce mouvement. Cette articulation joue un rôle des plus importants; qu'il me suffise actuellement de dire qu’elle permet aux pièces de l’octogone articulé de se mouvoir les unes sur les autres comme si elles existaient seules. La seconde articulation n’est pas moins remarquable. Les angles antérieurs de la pièce pylorique, dirigés comme on l’a vu, en avant et eï haut, se recourbent en dedans, de manière à présenter de chaque côté une econcavité qui regarde en haut et un peu en arrière et dans laquelle repose la pièce propylo- rique par les extrémités de son bord supérieur, comme le ferait, sur des coussinets, un corps oscillant autour d’un axe horizontal. Sous les extrémités de ce bord se fixe le ligament interarticulaire; de là il s'étend en rayonnant et en descen- dant presque verticalement, un peu obliquement en dehors, jusqu'aux bords adjacents concaves de la pièce pylorique. On voit facilement que les mouvements de la pièce propylorique, à son extrémité supérieure, sont semblables à ceux qu’elle exécute sur la pièce urocardiaque, et comme d’ailleurs l’arti- culation est très lâche, ils pourront être très étendus. Telle est la composition de l’armature stomacale chez les Brachyures; on verra dans la suite quel en est le mode d'action. Passons aux autres pièces du squelette gastrique. 28 F. MOCQUARD. $ IT. — Pièces de soutien. Sur les parois latérales de la division cardiaque de l’esto- mac, au-dessous des pièces qui font partie de l’armature sto- macale, s’en trouvent un certain nombre d’autres qui ont paru à M. Milne Edwards servir à soutenir les parois de l’organe et à les empêcher de retomber sur l’œæsophage. Elles me semblent en outre destinées à mettre en mouvement diverses saillies internes, dontlerôleest d'amener les aliments, à la portée des dents stomacales. Elles seront désignées sous le nom de pièces de soutien. Pièce pectinée et peignes. — La plus importante de ces pièces squelettiques, celle qui paraît remplir de la manière la plus efficace le rôle dont je viens de parler et que les pièces voisines sont chargées de mettre en mouvement, est située un peu en avant et au-dessous de l'extrémité antérieure des dents laté- rales. Elle a, en général, la forme d’un demi-anneau ouvert en haut (Gyclométopes, Oxyrhynques, Oxystomes, fig. 2, 59, po), plus rarement celle d’un anneau complet, irrégulier (Grap- siens et la plupart des Ocypodiens, fig. 22); elle soutient les bords d’une invagination à laquelle correspond, à l’intérieur de la cavité stomacale, un bourrelet allongé dans le sens ver- tical ou une saillie conique, dont les parois ont une consis- tance cartilagimeuse et qui porte une série de denticules en nombre très variable, ordinairement spiniformes, comprimés à la base, dirigés en dedans et un peu en arrière et rangés sur une ligne verticale arquée à concavité postérieure (fig. 4, &, 15, 34, etc., pq). J’ai donné à cette formation le nom de peigne (petite dent latérale, Cuvier; infero-lateral cardiac tooth, Huxley; mitilerer Aufsatz, Nauck); la pièce qui lui sert de Support Sera la pièce pectinée (pièce cardiaque latérale, H. Milne Edwards ; mitileres Ziwischenstück, Nauck (a). (a) Les peignes ne constituent pas, comme le dit M. Nauck, p. 12, les «brosses » et les « râpes» de M. H. Milne Edwards; dans le passage auquel M. Nauck fait allusion ils sont simplement signalés comme un « petit tubercule ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 29 _ C’est chez les Grapsiens que les peignes sont le plus déve- loppés et qu'ils comptent le plus grand nombre de dents (dix- huit chez le Cardisoma carnifex) ; is n’en ont qu’une seule chez la plupart des Oligorhynques, chez les Leucosiens, les Elamènes, la Ranina dentata. Entre ces deux extrêmes, on trouve tous les intermédiaires. Ordinairement, sur le même individu, le nombre de ces dents diffère légèrement à droite et à gauche. Dans sa partie postéro-inférieure, la pièce pectinée n’est pas régulièrement arrondie, mais anguleuse, et son bord posté- ro-supérieur émet une apophyse dirigée en dehers, en haut et en avant, particulièrement développée chez les Grapsiens, l’apophyse pectinée (fig. 2, 29, 59, apt). Deux pièces longues et grêles s’articulent, l’une avec ie bord antérieur de la pièce pectinée, l’autre avec l’apophyse de son bord postérieur et lui impriment le mouvement ainsi qu'aux peignes. Je les ai désignées respectivement sous les noms de pièce prépectinee et de pièce postpectinée (a). Enfin le bord inférieur de la pièce pectinée s'articule avec une large lame d'apparence cartilagineuse située au-dessous, la plaque cardiaque latérale postérieure. J'aurai énuméré toutes les pièces de la paroi, si j'ajoute qu’en arrière de la pièce postpectinée se trouve la pièce car- dhaque latérale inférieure, qui lui est parallèle, et qu'entre l’extrémité supérieure de celle-e1 etle bord inférieur de la dentiforme » (pièce cardiaque latérale) qui se soude à une « grande plaque cartilagineuse », sur la face interne de laquelle sont précisément les « brosses » et les « râpes » en question (*). (a) Je regrette de m'écarter ici de la nomenclature adoptée par M. Milne Edwards. Mais la pièce squelettique avec laquelle s'articule l’apophyse de Ja pièce pectinée n’a pas été décrite par l’éminent professeur : la nécessité de lui donner un nom, les rapports étroits, au point de vue fonctionnel, qui existent entre la pièce pectinée et celles avec lesquelles elle s’articule en avant et en arrière, enfin l’avantage de se servir de noms plus courts, telles sont les raisons qui m'ont déterminé à employer de nouveaux termes pour désigner ces pièces de la paroi cardiaque latérale. (*) H. Mine Edwards, Hist. nat. des Crust., t. 1, p. 69. ANN. SC. NAT., ZOOL., AOUT 1883. XVI. 3. — ART. N° {. 30 F. MOCQUARD. dent latérale s’étend la pièce cardiaque latérale postérieure, ou plus simplement la pièce subdentaire. À Pièce prépectinée (pièce cardiaque latérale accessoire, H. Milne Ewards; oberes Zwischenstück, Nauck). — Cette pièce s'étend depuis la pièce pectinée jusque vers l’extrémité anté- rieure de la pièce zygocardiaque (fig. 2, 4, 8, etc., prp); elle se dirige d’arrière en avant ei de dedans en dehors, puis se recourbe en haut et, à son extrémité antérieure, un peu en dedans. Elle est toujours très grêle chez les Brachyures, ordi- nairement un peu élargie dans sa partie moyenne, au point où elle se recourbe en haut. Chez les Grapsiens, elle devient beaucoup plus large dans son tiers postérieur (fig. 22, 34), en même temps qu’elle s’amincit, excepté à son bord supérieur. Son extrémité antérieure s’unit au lHigament antéro-latéral (Catométopes, Dromie, Homole, fig. 21, 35, 89) ou à un cor- don tendineux (/f) qui va se fixer sur la pièce zygocardiaque, soit à son extrémité antérieure (la plupart des Gyclométopes et des Oligorhynques, fig. 2), soit plus en arrière, près de l’ex- trémité postérieure du manubrium (Oxyrhynques, fig. 59). Pièce postpectinde. — En forme de longue baguette, la pièce postpectinée (unteres Zwischenstück, Nauck) se dirige d’abord en arrière et en bas (fig. 2, 29, 59, etc., p{p), puis, arrivée au niveau de l’extrémité supérieure de la pièce cardiaque latérale inférieure, elle se recourbe en bas et en avant, en devenant rectiligne. Changeant de nouveau de direction à son extrémité inférieure, elle se porte directement en avant, puis en haut et en dedans, immédiatement en arrière d’une invagination étroite et profonde de la paroï cardiaque (mêmes figures, p'æ'). Chez les Grapsiens, on voit nettement cette extrémité s’étaler sur la paroi interne de l’invagination (fig. 29). À son extrémité supérieure, la pièce postpectinée s’articule avec le côté postéro-externe de l’apophyse pectinée. L'axe d’articulation est dirigé obliquement en bas, en arrière et un peu en dedans. | Sur toute l’étendue de sa partie rectligne, elle donne inser- tion, à l’intérieur de la cavité stomacale, à une bandelette mem- ARTICLE N° de ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 3L braneuse (fig. 93, bds), dont le bord interne est garni d’une rangée simple de soies très longues et serrées, dirigées trans- versalement en dedans et un peuen haut, au-devant de la paroi cardiaque postéro-inférieure (fig. 4, 8, 92, 95, etc., spl). Ces soies sont bien distinctes de celles qui revêtent la face interne de la plaque cardiaque latérale postérieure et présentent cette particularité d’être plumeuses. Sur leur bord inférieur, les barbes sont longues, fines et très rapprochées, tandis que sur le bord opposé elles sont épineuses, en général plus courtes et moins serrées, quelquefois largement espacées (fig. 94) ou même absentes. J’ai rencontré ces soies avec les mêmes caractères chez tous les Crustacés podophthalmaires, excepté dans les deux genres Pasiphæa et Mysis, où je ne les ai pas trouvées plumeuses, malgré un grossissement de 400 diamètres. On remarquera toutefois que les soies qui garnissent la plaque cardiaque laté- rale, surtout les postérieures, qui sont les plus longues, ont une tendance à le devenir elles-mêmes, mais seulement vers leur extrémité ; et les barbes, lorsqu'elles existent, sont tou- jours extrêmement courtes, à de rares exceptions près, comme par exemple, chez l'Homole, le Maia. Plaques cardiaques latérales. — En avantde la pièce précé- dente, au-dessous des peignes et de la pièce prépectinée, la paroi cardiaque s’épaissit en une large lame de consistance car- tilagineuse, irrégulièrement quadrangulaire, la plaque car- diaque latérale (H. Mine Edwards) ou plutôt plaque cardiaque latérale postérieure (fig. 2, 4, 8, etc., pcp), pour la distinguer d’une seconde située en avant. Son bord antéro-inférieur, le plus long, obliquement dirigé en bas et en arrière, est ordi- nairement surmonté d’une crête calcifiée, qui lui est parallèle et qui parfois s’élargit en T à son extrémité antérieure (fig. 9, DO: SCT)E Son bord postérieur, uni à la pièce postpectinée par l’in- termédiaire d’une bande membraneuse, se projette dans l’in- térieur de la cavité stomacale sous la forme d’un long bourre- let, qui fait saillie, de chaque côté, sur les bords de la paroi 39 F. MOCQUARD. cardiaque postéro-inférieure (fig. 4,8, etc.), et auquel corres- pond, à l'extérieur, un angle rentrant toujours très accusé. Ce bourrelet est garni de soies épaisses, longues et rudes, diri- gées en arrière et en dedans, plumeuses dans quelques cas, comme on vient de le voir, et qui s’étendent en avant sur toute la face interne de la plaque cardiaque, mais en devenant plus courtes et moins serrées. La partie antérieure du bord supérieur de cette plaque s'articule avec le bord adjacent de la pièce prépectinée, et la postérieure avec le bord mférieur de la pièce pectinée (fig. 9, 59). Gette dernière portion de l'articulation se voit nettement chez le plus grand nombre des Brachyures, en particulier chez les Grapsiens (fig. 22); mais parfois elle est moins évidente (Towteau, Eriphin spinifrons, Maia, Matuta victor et quelques autres) ou même disparaît complètement, la pièce pectinée se fusionnant avec la plaque latérale postérieure (Carpilius macu- latus et surtout Homola Cuvierti, fig. 90). C’est ce qui explique comment M. Milne Edwards, en décrivant le squelette gas- trique du Crabe commun, a pu considérer la plaque cardiaque latérale comme terminée à son extrémité supérieure par un tubercule dentiforme (les peignes) et lui donner le nom de plaque dentaire accessoire (1); comment aussi, chez l’Écre- visse où la même fusion s’est opérée, MM. Huxley (2) et Par— ker (3) ont pris les peignes pour une dent ( « infero-lateral cardiac tooth » } portée par cette plaque. Mais cette disposi- tion est exceptionnelle chez les Brachyures, et toutes les fois qu'on la rencontre les peignes sont toujours plus ou moins dégradés, si ce n’est cependant chez l'Homole, où la fusion est complète et Les peignes bien développés (fig. 90, 99). Au-dessous de l’extrémité inférieure anguleuse et tronquée de la plaque cardiaque latérale, se trouve l’invagination étroite et profonde déjà signalée, formant intérieurement, en arrière -(1) H. Milne Edwards, Leçons sur la physiologie et l'anatomie comparée de l'Homme el aes Animaux, t. V, p. 555. Note. (2) Huxley, À Manual, etc., p. 322. (3) Parker, loc. cit., p. 56. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 7) de l’orifice œsophagien supérieur et de chaque côté, une saillie conique, étroite et allongée, dirigée en haut et en dedans et couverte de soies ayant la même direction. Ges saillies seront désignées sous le nom de pémicilles post-æsophagiens (fig. 4, 8, 34, 92, pæ) (untere Aufsülze, Nauck). Je les ai observés chez tous les Brachyures, à l’exception des Leucosiens. Leur longueur n’est pas en rapport avec la taille des indi- vidus; ils sont relativement petits chez le Maïa, le Tourteau (fig. 4), et acquièrent des dimensions considérables chez les Grapsiens (7 millimètres chez le Cardisoma carnifex). Leurs parois épaissies les rendent rigides. Dépourvus de mouve- ments propres, ils suivent ceux de la plaque cardiaque posté- rieure et ne paraissent pas pouvoir Jouer d’autre rôle que celui de retenir les aliments et de les empêcher de retomber sur lœsophage. En avant de la plaque latérale postérieure est un autre épaississement de la paroi, de forme variable, allongé dans le sens vertical et que par opposition j'appellerai plaque cardiaque latérale antérieure (Gig. 2, 29, etc., pa). Cette seconde plaque n'a en général aucune importance; mais chez le plus grand nombre des Gatométopes (les Grapsiens et la plupart des Ocy- podiens) et chez les Pinnothériens, elle s’invagine à son extré- mité inférieure et donne naissance à une paire de valvules sus- œsophagiennes (fig. 35, væ) (æœsophageal Klappen, Nauck), dont l'étude sera faite dans la suite. Pièce cardiaque latérale inférieure ou inféro-latérale (H. Milne Edw.; vorderes Inferolaterale, Nauck). — Cette pièce descend presque verticalement le long des bords de la paroi cardiaque postérieure, en arrière et en dehors de la pièce post- pectinée, jusqu’au point où celle-ci se recourbe en avant (fig. 2, 29, etc., ci). Toujours très grêle à son extrémité infé- rieure, elle s’élargit en haut sur une longueur variable, en même temps que son bord postérieur s’épaissit, et elle s’arti- cule avec la pièce subdentaire suivant une ligne oblique en bas et en avant, soit par son extrémité un peu étranglée (la plu- part des Catométopes, quelques Oxyrhynques), soit par l’angle 34 F. MOCQUARD. antérieur de cette extrémité, angle qui est alors saillant, éga- lement étranglé à sa base et tronqué (Cyclométopes, la plupart des Oxyrhynques, Oligorhynques) (fig. 22 et 3). Elle donne insertion, sur toute sa face externe, à de nom- breux faisceaux musculaires. Pièce cardio-pylorique latérale. — Par la face interne de son extrémité supérieure, la pièce cardiaque inféro-latérale s’arti- cule encore avec une pièce très courte, arquée (fig. 3, 69, cl), qui se dirige d’abord en haut, puis se recourbe en arrière pour s’articuler d'autre part avec la partie antérieure du bord auri- culaire de la valvule cardio-pylorique, dont on verra la dispo- sition un peu plus loin. À cause de sa situation à côté de la base de cette valvule, elle portera le nom de pièce cardio-pylo- rique latérale (hinteres Inferolaterale, Nauck). Quoique de faibles dimensions, elle est cependant fort dis- tincte chez les Gyclométopes, les Oxyrhynques et les Oligorhyn- ques ; mais au lieu d'atteindre, comme le dit M. Nauck, des dimensions considérables chez les Catométopes et la partie des Ocypodiens qui correspond à ses Hétérodontes, elle y devien: très petite et se soude à la base de la valvule cardio-pylorique. Je reviendrai sur ce sujet dans un instant. Pièce subdentaire. — Articulée comme je lai dit plus haut avec l'extrémité supérieure de la pièce cardiaque inféro-laté- rale, la pièce subdentaire (pièce cardiaque latéro-postérieure, Milne Edw.; hinteres Zwischenstück, Nauck) se dirige en haut et en avant, en faisant avec cette pièce un angle généra- lement obtus (fig. 2, 59, sd). Cependant, chez les Grapsiens, la plupart des Ocypodiens et les Pinnothériens, ces deux pièces sont en ligne droite ou légèrement obliques l’une sur l’autre (fig. 22) (a). À son extrémité supérieure recourbée en crochet, elle s'applique sur le bord inférieur de l’invagination de la dent latérale, un peu en arrière de l’extrémité antérieure de celle-ci. Sa forme est celle d’une baguette parfois aplatie (a) Suivant M. Nauck (p. 13), l'extrémité inférieure de la pièce suhdentaire s’unit à la pièce cardiaque latérale inférieure, ou à la pièce cardio-pylorique latérale. Je n’ai pas rencontré cette dernière disposition. ARTICLE N° f. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 39 (Grapsiens), un peu élargie à ses extrémités et le plus souvent légèrement recourbée en S, de telle sorte que son bord anté- rieur est concave dans sa moitié inférieure, convexe dans l’autre moitié (fig. 2). L’angle antérieur de son extrémité inférieure se prolonge en une apophyse styliforme ou conique, de longueur variable, qui se dirige en bas et en avant et se place dans l’angle que forme la pièce cardiaque inféro-latérale avec la pièce postpectinée (ne22, 3 71;etcs). En arrière des peignes, dans l’angle compris entre la pièce subdentaire et l'extrémité supérieure de la pièce postpectinée, est un enfoncement membraneux, qui détermine à l’intérieur de la cavité stomacale une saillie ovoïde couverte de soies et située immédiatement au-dessous de la dent latérale (fig. 4, 8, 94, OV). Valoule cardio-pylorique. — La paroi cardiaque postéro- inférieure a reçu de M. Milne Edwards le nom de plaque car- diaque postérieure; mais la description de cette paroi ne sau- rait être séparée de celle de la prèce ou valvule cardio-pylorique (EHuxley; Mütze ou müulzenformige Klappe, Oesterlen ; Infero- medianum, Nauck), dont elle forme la paroi antérieure. Cette valvule est constituée par une invagination très pro- fonde, qui occupe presque toute la largeur de la paroi stoma- cale inférieure, entre les deux divisions cardiaque et pylorique de lestomac. Sa forme générale est celle d’une mitre ou d’un sac renversé, comprimé d'avant en arrière, dont l’ouverture regarde en bas et qui s'élève obliquement en haut et un peu en arrière, pour se terminer au-dessous de l'extrémité posté- rieure de la dent médiane (fig. 4, 8, etc., vc). Elle offre donc à étudier deux parois, une antérieure et une postérieure, deux bords latéraux, un sommet ou extrémité supé- rieure, et une base ou orifice externe. La paroi antérieure, ordinairement moins épaisse que la postérieure, se termine en haut par un bord convexe, tronqué ou échancré, et se creuse sur sa face antérieure en une large gouttière, profonde chez la plupart des Catométopes (fig. 29), 36 F. MOCQUARD. beaucoup moins chez les autres Brachyures. Elle s’étend vers le bas, au delà de la base de la valvule, en un prolongement qui se rétrécit graduellement et offre constamment à son extré- mité une échancrure anguleuse surmontée, sur la face anté- rieure, d’un sillon médian longitudinal, sur la face postérieure, d’une côte correspondante calcifiée, servant à des insertions musculaires (fig. 26, 68, ct). C’est ce prolongement qui forme la paroi cardiaque postéro-mférieure et que bordent, de cha- que côté, les pièces cardiaques inféro-latérales. La paroi opposée n’est pas, comme on pourrait le croire, parallèle à celle que nous venons d’examiner. Elle se décom- pose en deux surfaces quadrilatères presque planes, un peu convexes transversalement, qui se coupent en arrière suivant une arête médiane (fig. 26, 68, 69, ar) etse dirigent en dehors etenavant pour se continuer avec les bords externes de la paroi antérieure et former les bords latéraux de la valvule (bl). Ceux-ci se projettent en avant, en faisant une saillie plus ou moins prononcée, d’où dépend la profondeur de la gouttière antérieure de la valvule. Dans leur partie inférieure, qui est toujours la plus saillante, ils sont à peu près parallèles et s'élèvent verticalement; ils s’inclinent ensuite en arrière en se recourbant en dedans, pour aboutir au sommet de la valvule. Dans cette dernière portion de leur trajet, ils sont garnis de soies fines, dirigées en haut et en arrière. Le fond de l’invagination, ou le sommet de la valvule cardio- pylorique (st), a le plus souvent des limites nettes. Il est géné- ralement formé par une surface triangulaire dont le sommet, tourné en arrière et en bas, est situé à l'extrémité supérieure de l’arête médiane postérieure signalée ci-dessus, et dont la base, tantôt concave, tantôt convexe, s’unit au bord supérieur de la paroi valvulaire antérieure (fig. 26, 68). Cette surface, presque plane ou un peu bombée, parfois, au contraire, dépri- mée sur la ligne médiane (Maïa, Lambre, Eurypode, Pseudo- carcinus, Dorippiens), est inclinée en bas et en arrière et prend, dans certains cas (Grapsiens et la plupart des Ocypodiens), une direction voisine de la verticale. Ses bords latéraux, légère- ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. oi ment convexes, sont toujours garnis de soies épaisses (s) en parties épineuses, dirigées en arrière et en dehors, fréquem- ment plus longues au sommet du triangle, où elles forment une sorte de houppe (Maïa, par exemple). Lorsque la valvule cardio-pylorique est membraneuse, et c’est ce qui à lieu chez le plus grand nombre des Brachyures, la base de ce triangle se continue avec le bord supérieur de la paroi valvulaire antérieure sans rien offrir de particulier. Mais chez les Catométopes et quelques Oxyrhynques, la valvule, au lieu de rester molle, flexible, a des parois épaisses, calcifiées, et son sommet, pourvu sur la partie moyenne de son bord antérieur d’un tubercule revêtu de la substance brune qui recouvre les dents proprement dites, constitue une quatrième dent, la dent médio-inférieure (Mine Edw.). Le plus souvent, dans ce cas, le sommet de la valvule est quadrangulaire (fig. 26) ; une de ses diagonales est dirigée d'avant en arrière, très obliquement en bas, et c’est à l’angle antérieur, saillant à divers degrés de cette surface, que se trouve la dent ci-dessus mentionnée (fig. 25, dm). La valvule cardio-pylorique, dressée entre les extrémités pos- térieures des dents latérales, au-dessous de la dent médiane, a évidemment pour effet de diriger les aliments entre ces or- : ganes pour y être divisés, en s’opposant à leur passage direct de la partie cardiaque de l'estomac dans la partie pylorique. Dans le plus grand nombre des cas, elle est membraneuse, flexible à son sommet et incapable d'exercer une action triturante quel- conque; même dans ceux où elle se termine par une dent médio-inférieure, les mouvements des pièces de l’armature stomacale sont tels, qu’elle ne saurait contribuer d’une ma- mère efficace à une action de ce genre. Mais je reviendrai sur ce sujet. La base de la valvule, ou son orifice externe avec les bords qui le limitent, présente encore diverses particularités à signaler. En général, cet orifice consiste en une fente trans- versale ayant la forme d’un croissant dont la concavité est tournée en avant (Cyclométopes, Oxyrhynques, Oxystomes) ; 38 F. MOCQUARD. cependant, chez les Grapsiens et la plupart des Ocypodiens, elle se réduit à une fente presque linéaire, arquée, s’élargis- sant un peu à ses extrémités (fig. 27, 0). Son bord antérieur est mince, et, comme on l’a déjà vu, se continue en bas et en avant pour constituer la paroi cardiaque postéro-inférieure ; les autres bords, au contraire, sont fortement calcifiés. Le postérieur se renverse en arrière et devient très saillant sur les côtés; mais, dans sa partie moyenne, il présente une large concavité, dont le fond est toujours un peu convexe, et qui est destinée à recevoir la pièce pylorique antéro-inférieure a (fig. 27). Quant aux bords latéraux, ils se renversent non seulement en dehors, mais encore en haut; ils se prolongent en arrière, où ils forment, en se réunissant avec le bord précédent, une saillie styliforme, anguleuse ou tronquée (fig. 27, ag), dont la face externe ou inférieure sert à des Insertions musculaires. Dans leur partie antérieure, ces bords s’articulent, comme on l'a vu, avec les pièces cardio-pyloriques latérales. Chez le plus grand nombre des Catométopes, chez quelques Oxyrhynques (Pisa tetraodon, Naxia diacantha), 1s s’étalent en une large lame triangulaire à angles arrondis, fortement calcifiée, située dans un plan vertical un peu oblique en dehors et en arrière, et dont le sommet est tourné en avant et en haut (fig. 22, a). J’ai donné à ces lames le nom d’auricules cardio-pyloriques, et aux bords sur lesquels elles prennent naissance, celui de bords auriculaires. Ges auricules ont un développement en rapport avec la puissance des muscles qui s’insèrent sur leur face externe ; on en trouve le plus souvent des traces (fig. 2, 3, 59), mais c’est chez les Grapsiens qu’elles acquièrent les dimen- sions les plus considérables (fig. 29, 27). M. Nauck les a prises pour les pièces cardio-pyloriques latérales. Il est facile de se convaincre, cependant, que ces pièces et les auricules peuvent exister simultanément et que leurs dimensions varient même en sens inverse, si on les examine successivement, par exemple, chez les Gyclométopes, chez les Thelphusiens (Boscia serrata, Thelphusa fluviatilis), ou certains Oxyrhynques, tels ARTICLE N° {. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 99 que les Pises, les Naxies, et chez les Grapsiens. Chez les pre- miers, les auricules sont rudimentaires (Tourteau, fig. 2, Pseu- docarcinus Rumphii, etc.) ; elles ont déjà acquis un développe- ment assez considérable chez les Thelphusiens, plus marqué encore chez la Pisa tetraodon (fig. 69) et la Naxia diacantha, tandis que les pièces cardio-pyloriques latérales ont subi une réduction sensible et sont moins prolongées en arrière que chez les Cyclométopes. Enfin, chez les Grapsiens et un grand nombre d’Ocypodiens, les auricules ont acquis tout le développement dont elles sont susceptibles (fig. 22, 27), et les pièces cardio- pyloriques latérales, devenues très petites, s’y sont soudées; la partie inférieure de ces pièces seule est libre, saillante et styliforme (fig. 25, c/), comme on le voit chez la Pisa tetraodon (fig. 69), et articulée normalement avec la pièce cardiaque latérale inférieure. Il n’est peut-être pas inutile d'ajouter, ce que M. Nauck ne semble pas avoir remarqué, que les auricules font corps avec la base de la valvule cardio-pylorique et qu’il n’y a entre ces parties aucune trace d’articulation ou de sou- dure. $ IL. — Région pylorique. La division pylorique de l’estomac offre encore à étudier un grand nombre de pièces squelettiques. En outre, des saillies membraneuses invaginées et couvertes de soies se projettent dans sa cavité ; plusieurs sont situées autour de son orifice pos- térieur et, par leur disposition, s'opposent évidemment au reflux dans l’estomac des aliments déjà parvenus dans l’intes- tin : elles jouent le rôle de valvules. Pour suivre avec ordre toutes les particularités que présente cette région, J'en examinerai successivement la paroi supé- rieure ou dorsale, la parot inférieure et les parois latérales. Püroi supérieure. — En arrière de la pièce pylorique, dont le bord postérieur surplombe les parois pyloriques dorsale et latérales, on voit d’abord sur la ligne médiane un renflement longitudinal étroit, supportant deux paires de petites calcifica- æ 40 EF. MOCQUARD. tions, les pièces mésopyloriques (Milne Edw.) (fig. 1, 3, 14, 18, etc., ma, mp); puis, au delà, un élargissement soutenu par une pièce transversale arquée, la poèce uropylorique (up) (Milne Edw.). La partie antérieure de cette paroi, toujours très étroite et très saillante, convexe transversalement, a, lorsqu'on l’exa- mine par sa face inférieure, l'aspect d’une gouttière profonde dont les bords sont garnis de soies (fig. 28, g). Les pièces mésopyloriques antérieures (ma) sont comprises dans les parois latérales de cette gouttière et la maintiennent. Elles ont généralement la forme de deux lames placées de champ, de chaque côté de la ligne médiane, dans des plans à peu près parallèles; mais fréquemment elles s’écartent l’une de l’autre, tantôt du côté antérieur, tantôt du côté opposé. Toujours elles sont un peu convexes transversalement en de- hors, comme les parois qu’elles soutiennent. Leur bord supé- rieur, épaissi et plus fortement calcifié, reçoit les insertions d'un faisceau musculaire intrinsèque; en bas, elles se prolon- gent sur la paroi interne d’une invagination valvulaire conique qui borde en arrière la gouttière dorsale dont je viens de parler (fig. 28, ma). Immédiatement en arrière, et séparées de ces pièces par un intervalle articulaire très étroit, se trouvent les pièces m6s0- pyloriques postérieures (mp). Celles-ci, très rapprochées sur la ligne médiane, s'étendent d’abord horizontalement, puis, au niveau du bord externe de la paroi dorsale, elles se replient brusquement eu bas à angle droit et même un peu en dedans. Chacune des deux parties de la pièce est généralement qua- drangulaire ; mais la partie horizontale prend fréquemment la forme d’un triangle, dont le côté antérieur peut être transver- sal, rectiligne (Tourteau, Boscia, fig. 1, 35) ou concave (Naxie, Pise, etc.), ou bien se diriger très obliquement d’arrière en avant et en dedans, comme chez les Grapsiens, par exemple (fig. 18); elle est parfois très courte et beaucoup plus étendue dans le sens transversal (Pseudocarcinus Rumphii, Eriphia spünifrons, Hepatus fasciatus). La partie verticale, plus régu- ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. A1 lièrement quadrangulaire, s'articule par son bord inférieur, ordinairement plus court que le bord opposé, avec une des pièces squelettiques de la paroi pylorique latérale (fig. 3, 59). L’arête externe, saillante en dehors, est rarement parallèle à la ligne médiane (Eurypode) ; elle se dirige le plus générale- ment d'avant en arrière et un peu en dedans (la plupart des Cyclométopes et des Oxyrhynques), mais elle peut aussi s’in- cliner en sens contraire (le plus grand nombre des Catomé- topes, quelques Oxyrhynques). Les pièces mésopyloriques postérieures donnent insertion, par leur face supérieure, à un faisceau musculaire extrinsèque et, par leur face externe, à plusieurs faisceaux intrinsèques. Située un peu au delà des précédentes, la pièce uropylorique (fig. 1,3, 18, etc., up) s'étend transversalement en décrivant un arc concave en arrière et se recourbe généralement en dehors à ses extrémités. Toujours fort grêle, elle s’élargit un peu en avant sur la ligne médiane, en devenant plus saillante ; en ce point s’insère une paire de faisceaux musculaires extrin- sèques. Latéralement, elle soutient un long repli, le repli uropylorique (ru), qui déborde de chaque côté la paroi pylo- rique latérale et se continue jusqu’à l’extrémité du conduit pylorique. En arrière de cette pièce, la paroi pylorique dorsale est ordinairement mince au milieu (excepté chez les Grapsiens), plus épaisse sur les côtés, notamment le long des bords du repli uropylorique; souvent on y remarque une paire de ban- delettes dirigées longitudinalement et recourbées en dedans à leur extrémité postérieure. Dans quelques cas (Naxia diacan- tha, Sesarma tetragona et cinerea, Maïa, Homole), j'ai pu constater qu’à sa terminaison, la paroi, devenue extrêmement mince, se replie sur elle-même en haut et en avant, de manière à produire un large cul-de-sac aplati, dirigé en arrière et en bas (fig. 59, 89, 90, vd). Cette disposition est beaucoup plus manifeste chez les Macroures, particulièrement chez les Pagu- riens, les Astaciens, les Pénées. Dans ces groupes, le cul-de- sac dont je viens de parler, est une invagination profonde 49 F. MOCQUARD. donnant naissance à une valvule pylorique dorsale terminale très allongée (fig. 114, 116, 122, etc., vd). Il est probable que cette valvule existe partout et que si chez le plus grand nombre des Brachyures elle semble faire défaut, la raison doit en être attribuée à l'extrême délicatesse de la membrane qui la con- stitue et qui se conserve difficilement intacte. Paroi inférieure. — On trouve sur cette paroi deux pièces impaires, l’une antérieure, l’autre postérieure, et, entre elles, les ampoules pyloriques. La pièce antérieure ou pièce pylorique antéro-inférieure (pièce pylorique inférieure, Milne Edw.) a la forme d’un triangle dont la base, large, ordinairement un peu concave sur la ligne médiane et convexe sur les côtés, s’articule avec le bord postérieur excavé de la base de la valvule cardio-pylorique et dont le sommet, tourné en arrière et plus ou moins tronqué, est articulé avec le bord antérieur épaissi de la gouttière inter- ampullaire (fig. 27, ai). Sa face inférieure, en général con- cave transversalement, surtout en avant, est relevée dans le même sens, excepté chez les Catométopes, d’une côte située près de son bord postérieur. Une paire de longs muscles extrin- sèques s’y insère. De chaque côté de la pièce pylorique antéro-inférieure est une lame rubanée, bien distincte seulement dans quelques cas (Tourteau, Waïa, surtout Cardisoma carmfex, fig. 27, pa), qui se dirige transversalement en dehors et un peu en arrière, immédiatement en avant des ampoules pyloriques, et va s’unir, en s’amincissant, au bord externe saillant de la pièce sus- ampullaire moyenne du même côté, pièce que je décrirai plus bas. Elle tend horizontalement la paroi pylorique au-devant de chaque ampoule et peut recevoir le nom de pièce préampul- laire. , Gette paroi présente ensuite une conformation singulière, dont j'ai déjà signalé les principales particularités (1). Épaisse et de consistance cartilagineuse, elle se creuse extérieure- (1) Comptes rendus de l'Académie des sciences, avril 1882. ARTICLE N° À. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 43 ment, sur la ligne médiane, en une gouttière étroite et très profonde, la gouttière interampullaire (fig. 27, gi); puis, de chaque côté, elle se recourbe en dehors et se relève de ma- nière à constituer une sorte de demi-cylindre longitudinal dont la concavité regarde en haut (fig. 3, 27, 209, ap). Toute- fois les surfaces ainsi formées ne sont pas régulièrement cylindriques : elles sont convexes non seulement dans le sens transversal, mais aussi dans le sens longitudinal. En avant, elles sont arrondies, tandis que du côté postérieur elles sont coupées transversalement, un peu obliquement en dehors et en arrière. Ce sont les ampoules pyloriques (Milne Edwards ; Wulst, Œsterlen). Chez les Catométopes, l'Homole, je les ai trouvées plus larges que longues ; mais dans les autres familles de Brachyures, on observe fréquemment le contraire (Tour- teau, Maïa, Naxie, etc.). Cette particularité ne paraît d’ail- leurs être d'aucune importance, puisqu'on la rencontre en sens inverse dans des genres voisins (exemples : Pise et Naxie). Tandis que les bords externes des ampoules pyloriques se continuent avec la paroi pylorique latérale dirigée, en ce point, à peu près horizontalement de dehors en dedans, épaissie et appliquée exactement dans la concavité des ampoules (voûte aïnpullaire), leurs bords internes se redressent, s’adossent l’un à l’autre, s'unissent et constituent intérieurement un repli longitudinal très saillant, le repli interampullaire (fig. 209, 219, ri). Ge repli se dresse au-dessus de la gouttière de même nom, à laquelle il correspond, comme une cloison verticale au milieu du conduit pylorique. Son bord libre, garni de soies courtes et très épaisses (fig. 212), est généralement entier, exceptionnellement pourvu d’un appendice (Sésarmes, fig. 209, d, Gélasimes). Mince chez tous les Brachyures normaux, il devient épais chez les Brachyures anormaux, excepté dans le genre Ranin«. De la concavité des ampoules pyloriques, ainsi que des faces latérales de ce repli, s’élèvent perpendiculairement un grand * nombre de crêtes longitudinales parallèles et très saillantes, semblables à de minces cloisons, dont le bord libre se renverse 44 F. MOCQUARD. en dedans et envoie dans la même direction une rangée de soies extrêmement fines et très serrées, sensiblement paral- lèles à la paroi de l’ampoule, mais éloignées de cette paroi de toute la hauteur des crêtes (fig. 209 à 214, ca). Il en résulte un nombre considérable de petits canalicules prismatiques rectangulaires parallèles, dirigés d’avant en arrière et placés côte à côte dans la concavité des ampoules, ainsi que sur les faces latérales du repli interampullaire. C’est une véritable filière, qui ne communique avec la cavité pylorique que par la paroi à claire-voie formée par les sotes dont je viens de parler et sur laquelle est appliquée la voûte ampullaire (fig. 210, 241). Le bord libre de chacune des cloisons ampullaires se con- tinue à son extrémité postérieure, là où débouchent les cana- licules, en une grosse soie dirigée en arrière (fig. 209, 210, 915 à 217, stm), au-dessus de la membrane qui unit le bord postérieur des ampoules à la pièce pylorique postéro-inférieure (fig. 27, mb). Ces soies portent, comme les cloisons elles- mêmes, des soies extrêmement fines (sb/), dont les plus posté- rieures deviennent fort longues. Chez l’'Homole, ces prolon- sements ont la forme d’une lame triangulaire très allongée (fig. 215). Les crêtes qui naissent sur les faces latérales du repli imter- ampullaire sont toujours un peu moins saillantes que celles qui se développent dans la concavité des ampoules. Ce qu'il y a de remarquable, c’est que non seulement les ampoules pyloriques existent chez tous les Décapodes et les Stomapodes que j'ai pu observer, mais encore qu’elles y sont constituées exactement de la même manière. On constate sim- plement, suivant les groupes, une légère différence dans la hauteur des crêtes, la distance qui les sépare et dans la saillie que forme le repli interampullaire au-dessus du point où s’u- nissent les bords internes redressés des ampoules (fig. 212 à 214) ; en outre, les prolongements postérieurs des crêtes sont extrêmement réduits ou même ont disparu chez les Macroures les plus inférieurs et chez les Stomapodes. Les crêtes ampullaires ont été signalées chez l’Écrevisse ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 45 d'abord par Oesterlen, qui les a prises pour des soies (1), et ensuite par M. Huxley (2); mais pas plus qu'Ocsterlen, le savant anglais n’a dû les observer sur des coupes transversales et le système des canalicules lui a échappé. Il semble aussi que « les lamelles empilées les unes sur les autres » dont parle M. Joly (3), chez la Carina Desmaresti, ne soient autre chose que les crêtes ampullaires. Derrière le repli interampullaire, et dans un plan perpendi- culaire, s’élève obliquement, en arrière et en haut, une large saillie linguiforme, due à une invagination de l'extrémité pos- iérieure de la gouttière interampullaire et couverte de soies peu serrées, fines et longues : c’est la valvule intérampullaire postérieure (fig. 27, 209, vip). (Je [ui donne ce rom par oppo- sition à une seconde valvule qui se développe de la même ma- mière chez un nombre assez considérable de Macroures à l'extrémité antérieure de la gouttière interampullaire, fig. 140, via.) Chez tous les Brachyures et ia plus grande partie des Macroures, où elle existe également, cette valvule est toujours fort large, très saillante et semble bien propre, en se redres- sant, à fermer inférieurement l’orifice postérieur du conduit pylorique et à s’opposer au reflux, dans ce conduit, des ma- tières alimentaires déjà parvenues à l'intestin. Elle peut aussi jouer un autre rôle, comme on le verra plus loin. La pièce pylorique postéro-inférieure ferme, du côté posté- rieur, la gouttière interampullaire et s’étend à droite et à gauche derrière les ampoules (fig. 27, p2). Elle à la forme d’un arc à concavité tournée en avant et dont les extrémités se recourbent en dehors parallèlement au bord postérieur des ampoules. Elle présente ainsi, du côté antérieur et en son milieu, une forte concavité, du côté opposé, une saillie corres- pondante, souvent épaissie, sur les bords latéraux de laquelle (1) Oesterlen, loc. cit., p. 417. (2) T. H. Huxley, À Manual of the Anatomy of invertebr. anim., p. 322. — L'Écrevisse, trad. franc. p. 45 (3) Joly, loc. cit., p. 74, fig. 39, ANN. SC. NAT., ZOOL., AOUT 18383. XVI. 4. — ART. N° 1 46 F. MOCQUARD. s'articule l'extrémité inférieure d’une pièce squelettique ap- partenant à la paroi pylorique latérale, la pièce sus-ampullaire postérieure. Sur le bord libre de cette saillie médiane se fixe la partie terminale de la membrane pylorique, qui s’invagine et donne en à une courte valvule pylorique inférieure (fig. 3, 59, 90, wi). Pur où : a — La paroi pylorique latérale est fort com- pliquée. Elle se décompose naturellement en deux parties faisant entre elles un angle sensiblement droit. L’une horizon- tale, recouvrant les ampoules pyloriques, sera la paroi sus- ampullaire, bien qu’elle s’'étende en avant jusqu’à l’étrangle- ment cardio-pylorique; la portion de cette paroi appliquée directement sur les ampoules sera la voüte ampullaire. La seconde partie, verticale, présentant des saillies et des dépres- sions nombreuses et formant à proprement parler la paroi latérale du conduit pylorique, sera appelée paroi pleuropylo- rique. Sur chacune de ces parois on distingue trois pièces squelet- tiques paires, qui seront désignées respectivement sous les noms de pièce sus-ampullaire antérieure, moyenne et posté- rieure, pour la première, et de pièce pleuropylorique anté- rieure, moyenne et postérieure, pour la seconde. a. Paroi sus-ampullaire. — La pièce sus-ampullaire anté- rieure (fig. 2, 3, 59, sa), rubanée et légèrement creusée en gouttière sur sa face supérieure, soutient, de chaque côté, le bord amérieur de la paroi sus-ampullaire. Par la partie anté- rieure de son bord externe, elle s'articule lâchement avec Île bord supérieur des auricules chez les Grapsiens et la plupart des Ocypodiens, et dans les autres groupes, avec la pièce cardio-pylorique latérale ainsi qu'avec la portion postérieure du bord auriculaire. Elle se dirige d'avant en arrière et en dedans à la rencontre de sa congénère, de manière à décrire ensemble un demi-cercle à concavité antérieure, interrompu sur la ligne médiane, et qui embrasse la paroi postérieure de la valvule cardio-pylorique. Elle étrangle ainsi transversale- ment le conduit pylorique, et la saillie épaisse que détermine ARTICLE N° 1. | | | ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 47 en dedans son extrémité interne est le point de départ d'un long bourrelet longitudinal placé en face de celui du côté opposé, au niveau du bord supérieur du repli mterampullaire et sur lequel je reviendrai (fig. 4, 1928, b). Son bord antéro-interne concave s'articule, un peu en dedans de sa partie moyenne, avec une apophyse de la pièce pleuropylorique antérieure (fig. 3,59, 90, d”). La pièce sus-ampullaire moyenne, également rubanée et arquée (fig. 3, 99, etc., sm), se dirige de dehors en dedans et un peu en avant et s'articule par son bord antérieur concave avec le bord postérieur de la pièce précédente. Étroite en dedans, elle s’élargit du côté opposé, surtout au niveau du bord antérieur de la voûte ampullaire. Son extrémité externe, épaissie et unie, ainsi que je l'ai déjà dit, avec l'extrémité adjacente membraneuse de la pièce préampullaire (fig. 3, pu, sm), fait saillie de chaque côté, immédiatement au-devant des ampoules; elle donne insertion à plusieurs faisceaux mus- culaires intrmsèques. Chez les Catométopes, et en particulier chez les Grapsiens, elle est très étroite, plus épaisse, concave en haut, et la direc- tion en est sensiblement transversale. Par la partie moyenne de son bord postérieur, la pièce sus- ampullaire moyenne s’unit à la voûte ampullaire. Cette portion de la paroi sus-ampullaire a une forme ovale, une consistance cartilagineuse et une grande épaisseur (fig. 28, V). Sa face supérieure est ordinairement un peu concave transversale- ment, parfois plane ou faiblement bombée (fig. 3, V). En dehors, elle est bordée par un cordon saillant, en dedans du- quel est un sillon qui lui est parallèle, et elle se relie au bord externe des ampoules au moyen d’une bandelette très mince. Du côté interne, elle est longée par un ruban calcifié, situé à la limite des deux parois sus-ampullaire et pleuropylori- que. Enfin, en arrière, un intervalle membraneux peu étendu la sépare de la pièce sus-ampullaire postérieure. Sa face inférieure, convexe et appliquée dans la concavité des ampoules, est recouverte de soies courtes et extrèmement 48 F. MOCQUARD. serrées, dirigées en dedans (fig. 28, V), et présente l'aspect d’un coussin, comme l'a remarqué M. Huxley chez l’Écrevisse. Près de son extrémité postérieure, le conduit pylorique se rétrécit dans sa partie inférieure et s’y trouve encadré, en bas par la pièce pylorique postéro-mférieure, sur les côtés par la . pièce sus-ampullaire postérieure (fig. 3, 27, sp). Celle-ci, toujours fortement calcifiée, a la forme d’un demi- anneau dont la concavité regarde en dedans et un peu en arrière. À son extrémité supérieure, ordinairement élargie et très irrégulière, elle se soude, en bas et en avant, avec l’extré- milé postérieure de la pièce pleuropylorique moyenne (fig. 3) el se perd, en arrière et en haut, sur la paroi pleuropylorique. À partir de ce point, elle se dirige en dehors et en bas; elle émet d’abord et presque immédiatement une apophyse styli- forme ou conique (fig. 3, 59, #), qui se dirige directement en bas et aboutit à l’angle interne de l’extrémité postérieure de la voûte ampullaire; puis, au niveau du bord externe de cette voûte, une seconde apophyse qui se porte en dehors en se recourbant un peu en arrière. Cette dernière (#), tantôt trian- gulaire (Oligorhynques), tantôt très saillante et digitiforme (la plupart des Oxyrhynques et des Gyclométopes), donne insertion à plusieurs faisceaux musculaires intrinsèques. Dans toute cette partie de son trajet, la pièce sus-ampullaire postérieure se dresse comme un mur en arrière de la voûte ampullaire, Elle se recourbe ensuite en bas, en dedans et en arrière en devenant plus grêle, et se place sur les côtés de la saillie médiane de la pièce pylorique postéro-inférieure avec laquelle elle s'articule (fig. 27, sp, pi). En général, cette der- nière courbure est très régulière et c’est exceptionnellement quele bord antérieur de l’are décrit présente un angle saillant, comme on le voit chez le Cardisoma (fig. 27). Immédiatement en arrière de cette partie de la pièce sus-ampullaire postérieure s'ouvrent, de chaque côté, les conduits biliaires. Une membrane extrêmement mince, continue avec la val- vule pylorique inférieure, se fixe, en arrière, sur le bord externe des pièces sus-ampullaires postérieures; elle donne ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 49 également naissance, au niveau de la partie supérieure de ces pièces, à une invagination valvulaire courte, trianguiaire, à sommet arrondi, portant quelques soies sur sa face interne et située à l'extrémité postérieure de l’angle dièdre formé par les parois sus-ampullaire et pleuropylorique (fig. 3, vis). Ces valoules pyloriques latérales ne se rencontrent pas con- stamment; mais, à cet égard, on peut leur appliquer mot pour mot ce qui a été dit plus haut de la valvule pylorique dorsale. Nous connaissons donc déjà quatre valvules pyloriques ter- minales, une supérieure ou dorsale, une inférieure et deux latérales. Les trois dernières en recouvrent d’autres situées plus profondément ; on peut donc les appeler superficrelles. Parmi les valvules pyloriques terminales profondes, l'une inférieure, la valvule interampullaire postérieure, à déjà été décrite; les autres se rattachent à la paroi pleuropylorique, dont nous allons nous occuper. b. Paroi pleuropylorique. — La paroi pleuropylorique . | QI \ABrachyuresimierocéphalés MA PEN OPEN Leucosiens. : Dromiens. Brachyures anormaux (Anomoures aptérures de M. H. Milne Edwards)... Homoliens. ( Raniniens BRACHYURES NORMAUX. I, — MACROCÉPHALES, Série des Eusitomés. ire TRIBU. — CYCLOMÉTOPES. ESPÈCES ÉTUDIÉES : — diacanthus (Latr.), — Thalamila crenata (Ruppell, Edw.), Sumatra. Portunus puber (Linn.), Concarneau. — plicatus (Risso), — Carcinus mœænas (Linn.), — Polybius Henslowii (Linn.), — ! Cancer pagurus (Linn.), — Carpilius maculatus (Linn.), Honolulu. Cancériens....{ Xantho floridus (Montagu), Concarneau. | Eriphia spinifrons (Herbst), Méditerranée. \ Pseudocarcinus Rumphii (Fabr.), Rio-de-Janeiro. Neptunus sanguinolentus (Herbst.), Rio-de-Janeiro. Portuniens .. R L'appareil stomacal des Cyclométopes ne possède aucun caractère qui lui appartienne exclusivement et qui ne se retrouve dans celui des autres tribus. Toutefois, le fait de la continuité entre les pièces mésocardiaque et ptérocardiaque, bien qu'il fasse défaut dans certains genres (Tourteau et, sui- ARTICLE N° {. : ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 61 vant Nauck, quelques autres Gancériens) et qu’on l’observe également chez les Grapsiens, a une valeur incontestable, puisqu'on ne le rencontre qu'exceplionnellement chez les Oxyrhynques et les Oligorhynques, les seuls groupes dont le squelette gastrique pourrait être confondu avec celui des Cyclométopes. Le grand développement du sac cardiaque (fig. 1, 14, sc), qui s’étend à droite et à gauche en un large cul-de-sac, se rencontre de même chez quelques autres Bra- chyures (Thelphusiens, Ocypodes, Oligorhynques, Ranine). Ce même appareil ne présente non plus aucune particula- rité importante spéciale à l’une ou à l’autre des deux familles qui composent cette tribu, et 1l en est de même à fortiori pour les groupes secondaires dans lesquels chaque famille a été divisée. M. Nauck a donné chez un grand nombre d’espèces, et pour chacune d'elles en particulier, une description des pièces de la région cardiaque (1); je me contenterais d’y renvoyer le lecteur, si je ne devais établir entre les mêmes pièces, dans les divers genres de la tribu, un parallèle que la marche suivie par M. Nauck ne rendait guère possible. En général, les différences que présentent les pièces méso- cardiaque et ptérocardiaques sont si fables qu’il n’y a aucune uülité à s’y arrêter (fig. 1, 7,9, 13, mc, pe). On remarquera seulement que chez les Neptunes, les dernières sont sensible- ment inclinées en arrière du côté externe et que leur bord antérieur décrit une courbe presque régulièrement convexe (fig. 14). Partout le ligament antéro-latéral est entièrement chitineux et s'étend simplement entre les extrémités adjacentes des pièces ptérocardiaques et zygocardiaques (fig. 1, lg). Chez les Portuniens, le bord antérieur des pièces zygocur- diaques S’unit en dehors au bord supéro-externe sous un angle assez considérable et le manubrium est nettement limité (fig. 8, 10, 15, x). Il paraît en être de mème chez la plupart des (1) Nauck, loc. cit, p. 50 à 63. ANN. SC. NAT., ZOOL., AOUT 1883. XVI, 5, — ART. N° 1. 62 F. MOCQUARD. Cancériens ; toutefois, chez le Tourteau et le Carpilius macu- latus, les deux bords s'unissent sous un angle beaucoup plus aigu (fig. 2, ba, bs). La dent latérale se termine constamment à son extrémité antérieure par un large tubercule creusé en cuillère sur sa face postéro-interne et dont les bords sont relevés d’une crête mousse (fig. #, 8, 10, 11, 15, t); mais la partie postérieure de la dent est assez variable dans les divers genres. Chez les Neptunes et la Thalamite, le bord inférieur est découpé, en arrière du tubercule antérieur, en une série de denticules qui décroissent rapidement en épaisseur et dont les derniers sont spiniformes (fig. 15, 8). Dans tous les autres genres, excepté chez le Tourteau, où il est divisé en huit ou neuf denticules en forme de festons (fig. #4, dl), ce bord n’en présente que deux ou trois larges et tranchants (fig. 10, 11). La dent latérale des Neptunes se distingue d’ailleurs de celle de la Thalamite par les caractères suivants : la partie postérieure de la dent se relève en formant un coude (fig. 15); les deux et même les trois premiers denticules du bord inférieur s’avancent sur la face interne de la dent et ne diffèrent du tubercule antérieur que par leurs dimensions qui sont de plus en plus faibles. Dans tous les genres, le bord dentaire supérieur est découpé comme par des traits de scie parallèles en un nombre élevé (le plus souvent dix à douze, environ dix-neuf chez le Tour- teau) de denticules triangulaires, à sommet dirigé en haut et un peu en dedans et qui descendent sous forme de crêtes ou de côtes transversales jusqu’à une distance plus ou moins grande du bord inférieur (mêmes figures). J’ajouterai que la dent laté- rale est semblable dans les deux espèces Neptunus sanqui- nolentus et N. Diacanthus. La même remarque est appli- cable à la dent des Portunes; cependant les deux derniers denticules du bord inférieur ont plus de netteté chez le P. pu- ber (fig. 10). La pièce urocardiaque (uc), que les figures 5, 7,9, 12, 13,16 me dispenseront de décrire longuement, est creusée sur sa face externe en une gouttière assez profonde chez le Neptunus ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 63 dhacanthus, le Xanthe, le Pseudocarcinus Rumphii et le Tour- teau. Chez ce dernier, on trouve parfois sa face inférieure exca- vée sur un espace ovalaire à grand axe longitudinal (fig. 59), comme on l’observe plus en arrière chez le Neptunus sanqui- nolentus (fig. 16), le Portunus puber, le Carcinus mœnas (fig. 7) et la Polybie de Henslow. Dans quelques cas (Thala- mite, Portunus plicatus, Garcinus mænas, Xanthe), il existe des éminences urocardiaques petites et arrondies (fig. 9, 7, 13, g), jamais coniques ou spimiformes. Excepté chez les Neptunes et le Xanthe, la dent médiane consiste en une saillie tuberculeuse affectant la forme d’une pyramide quadrangulaire plus ou moins déformée. Chez les Portunes, le Tourteau (fig. 5, dm), le Carcinus mænas (fig. 7), cette pyramide a une base carrée, un sommet arrondi et dirigé en bas, des arêtes mousses, les postérieures renflées en bour- relet ; les faces latérales sont convexes transversalement; mais tandis que l’antérieure est oblique en arrière et en bas, un peu concave dans le sens longitudinal et convexe dans ie sens transversal, la postérieure se rapproche de la direction verti- cale et a des courbures opposées, c’est-à-dire qu’elle est con- vexe longitudinalement et concave transversalement, ou creu- sée en gouttière. De la courbure inverse, dans le sens longitu- dinal, des deux faces antérieure et postérieure, résulte une légère direction en avant du sommet de la dent. Par l’allongement de la face antérieure de la pyramide, cette forme passe à celle d’un simple tubercule quadrangu- Jlaire [Polybie, Carpilius (fig. 12), Thalamite (fig. 9)] de lon- gueur variable, à bord postérieur très saillant, parfois tran- chant et, excepté chez l’Ériphie, toujours un peu projeté en avant sur la ligne médiane. C’est chez le Pseudocarcinus Rumphii que la dent médiane était le plus allongée. Dans le genre Neptune, la surface triturante de la dent ne s'incline que fort peu sur l’horizontale. Chez le N. sanguino- lentus cette surface est carrée; son bord postérieur est relevé d’une crête tranchante qui se continue sur les deux tiers adja- cents des bords latéraux (fig. 16) et en avant de laquelle s’en 64 F. MOCQUARD. trouve une autre en demi-cerele, à peu près concentrique à la première. Les angles antérieurs de la dent sont occupés par deux saillies arquées, convexes en dehors et distinctes des crêtes précédentes. La disposition est la même chez le N. dia- canthus ; seulement, la dent s’allonge et devientrectangulaire, la crête interne en demi-cercle est moins accusée et les saillies des angles antérieurs font défaut. Chez le Xantho floridus, la dent médiane se rapporte à un autre type et se compose de deux bourrelets transversaux à peine concaves en avant, qui en occupent toute la largeur (fig. 13). M. Nauck regarde la dent médiane des Cyclométopes comme «régulièrement composée de deux lamelles arquées, souvent réunies latéralement (1) »; mais cette manière de voir manque d’exactitude, comme le montre ce qui précède. Excepté chez les Portunes, où elle est triangulaire, et chez le Carpilius, où elle est en T, la poèce propylorique (pp) a partout la forme d’un Y (fig. 6), dont les branches, généralement longues, se recourbent fortement en avant (fig. 1, 14). La crête propylorique (fig. 6, 14, cr) existe partout et se trouve particulièrement développée chez le Carpilius et la Tha- lamite. Le cordon tendineux qui continue en avant la poèce prépes- tinée va se fixer, chez les Portuniens, à l'exception du Carcinus mænas, sur la partie moyenne du bord inférieur du manu- brium, ou même plus en arrière, à l’union des deux tiers anté- rieurs avec le tiers postérieur (Neptunes et Thalamite) (fig.15, 8, (t). Au contraire, chez tous les Gancériens que j'ai observés et chez le Carcinus mænas, il s'unit à l’extrémité antérieure du même bord (fig. 2, 4). Chez le Tourteau, ce cordon est çal- cifié dans sa moitié ee et supérieure (fig. 2) et parait ainsi divisé en deux parties. | Très variable est le nombre des dents dont se composent les peignes (fig. 4, 8, 15, pg), aussi bien chez les Portuniens (1) Nauck, loc. cit., p. 50. (OS 1É5 ARTICLE N° Î. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 65 que chez les Cancériens, ainsi qu’on le voit par le tableau suivant : Thalamita crenata et Pseudocarcinus Rumphir........ 9 dents. Portunus plicatus et Eriphia spinifrons..... ÉER à 7-8 — POTUNUSDUDER... VERRE PR AA SERRE ne 6 — Neptunes et Xanthe...................... PU CE RER 4-5 — RCI MNEN AS Se dede ce bille ef 6. 36 , — Carpilius maculatus............................. Le 4 — Tourteau et Polybie de Henslow...................... 8 — En général spiniformes, ces dents sont courtes el coniques chez le Tourteau (fig. 4). Ordinairement les plus inférieures décroissent rapidement en longueur. Les autres pièces de soutien présentent les caractères géné- raux décrits précédemment. On remarquera seulement que la pièce postpectinée, au niveau de l’extrémité supérieure de la pièce cardiaque inféro-latérale, envoie en arrière et en haut une courte apophyse conique, bien développée chez le Tour- teau et le Carpilius maculatus, rudimentaire dans les autres espèces. En avant de l’extrémité inférieure de la paroi cardiaque postérieure se voit, chez le Tourteau (fig. #, k), une saillie conique invaginée, à sommet arrondi, couverte de soies très courtes, et que nous retrouverons beaucoup plus développée chez quelques autres Brachyures (Myctire, Maïa). Région pylorique. — Chez les Neptunes et la Thalamite, les pièces mésopyloriques antérieures sont fort grêles et se coudent à angle droit (fig. 1%, #4) comme les postérieures, tandis qu’elles sont disposées normalement chez les autres Cyclomé- topes. En avant de ces pièces on observe, mais seulement chez les Neptunes, une mince calcification transversale arquée dont la concavité regarde en bas (fig. 14, à). Quelques autres pièces pyloriques offrent encore des carac- ières particuliers dans les deux genres qui viennent d’être nommés. Ainsi, la saillie que fait en avant la partie moyenne de la pièce uropylorique est beaucoup plus prononcée que chez les autres Cyelométopes; la pièce pylorique antéro-inférieure est 66 F. MOCQUARD. plus régulièrement triangulaire et a une étendue transversale plus considérable ; enfin la pièce pleuropylorique antérieure est notablement modifiée dans sa forme. Au lieu de décrire un arc à peu près régulier comme chez les autres Portuniens et la plupart des Cancériens, ou de se renfler à son angle supéro- externe en un épais bourrelet comme chez le Tourteau (fig. 2 et 3, pla), cette pièce émet, au point que je viens d’in- diquer, un fort prolongement rectangulaire dirigé en dehors, en haut et en avant (fig. 17,r). bi e anguleuseou ar Ronde que l’on rencontre fréquemment en ce point, acquiert ici des proportions considérables, particularité que je n’ai retrouvée que chez le Myctiris longicarpis parmi les Ocypodiens et, à un moindre degré. chez l’Hepatus fasciatus et le Matuta victor, chez les Oligorhynques. Dans ces cas, le bord externe de la pièce prend une courbure opposée à celle qu’il a ordinairement et de convexe devient légèrement concave. Les genres Neptune et Thalamite, par la conformation des dents D par celle des pièces pylorique antéro-inférieure, mésopylorique antérieure, uropylorique et pleuropylorique anté- rèeure, semblent donc avoir entre eux des affinités plus étroites qu'avec les autres genres de la tribu. 2% TRIRU. — CATOMÉTOPES. Chez les Catométopes, le squelette gastrique se présente sous des types assez nombreux qui, tout en ayant entre eux des affinités évidentes, sont cependant bien caractérisés, et répon- dent en général exactement aux divisions établies dans cette tribu par M. H. Milne Edwards, et dont je vais donner une idée. M. H. Milne Edwards (1) a divisé les Gatométopes ou Ocy- podides (famille) en deux tribus principales, les Ocypodiens et les Grapsiens, et en deux petits groupes aberrants, les Pinnothé- riens et les Hyménosomiens. Comme tribus satellites se ratta- (1) H. Milne Edwards, Mélanges carcinologiques, p. 97. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 67 chent, à la première tribu principale, les Carcinoplaciens, à la seconde, les Thelphusiens et les Trichodactyliens. J’étudierai le squelette gastrique successivement dans chacun de ces groupes. Pour mettre cette division des Gatométopes en harmonie avec la classification générale des Brachyures que J'ai adoptée, il suffit d’y changer la dénomination de famille en celle de tribu et réciproquement ; c’est ce que je ferai dans le cours de cette description. Dans chacune des deux familles principales dont se com- pose la tribu des Catométopes, l'appareil stomacal revêt des caractères particuliers, mais qui s’écartent moins dans la fa- mille des Grapsiens que dans celle des Ocypodiens de ceux qu'il offre chez les Cyclométopes. C’est pourquoi je l’examinerai d’abord chez les Grapsiens. J'ai représenté dans le tableau suivant, avec l’indication des principaux genres que chaque groupe renferme, la manière dont M. H. Milne Edwards a subdivisé cette famille et ses deux familles satellites ou de transition (1). Les genres dont les noms sont écrits en 1taliques sont ceux que j'ai étudiés. FAMILLES. AGÈLES. GENRES. Gonjopsis. Metopograpsus. IMOTADSAC Eee ee Le ee ce no sie Grapsus. Leptograpsus. \ Nautilograpsus. Agèle satellite : Varunacæa............ orne | Eriochirus. Grapsinæ BAGUSIAC RARES. en. Nate ete Fée (Grapsiens). / ! Acanthopus. Sesarma. Metagrapsus. | Helice. Pseudograpsus. Cyclograpsus;,etc. Gecarcinus. ‘) Gardisoma, etc. — ocypodoïdes. | Uca. SESADMAC AN 2 le Le Lio ele OVCIOSRANSACHAN EN EE EE erie «| : écarcinacés ordinaires. . Gecarcinacæa .: ÉEteme E (4) H. Milne Edwards, Mél, carcinol., p. 129. 68 HW. MOCQUARD. Familles satellites : ; GANTS 0 ddooodosodauaue NÉS | Boscia. TRephte { Thelphusa (Fhelptoene) Thelphusacæa: et POECENEeEE RE lParathethhusa { Tri lus. Trichodactilinæ (Trichodactyliens) CPE EEE NE \ INT EUET Fe $ | Dilocarcinus. FAMILLE DES GRAPSIENS. ESPÈCES ÉTUDIÉES : ( Grapsus cruentatus (Latr.), Rio-de-Janeiro. Grapsacés..... Leptograpsus marmoratus (Fabr.), Concarneau. Nautilograpsus minutus (Linn.), Ste-Marie de Madagascar. Plagusiacés....| Plagusia depressa (Herbst), Pondichéry. ; ' ç Sesarma tetragona (Oliv.). Nouvelle-Calédonie. SÉésarmacés. .. . x k £ ( — cinerea (Bosc), Rio-de-Janeiro. Cyclograpsacés.| Cyclograpsus punctatus (Edw.), Pondichéry. Gécarcinacés.. .| Cardisoma carnifeæ (Herbst), Nouvelle-Calédonie. L’homogénéité de cette famille se trouve confirmée d’une manière remarquable par l'étude du squelette gastrique. Get appareil y présente en effet une configuration extérieure spé- ciale, caractéristique (fig. 18), due à une forme particulière de chacune des pièces qui entrent dans sa composition ; partout on trouve des valvules sus-æsophagiennes et des val- vules pleuropyloriques; dans toutes les espèces, les peignes comptent un grand nombre de dents; chez toutes, la valvule cardio-pylorique a des parois solides, résistantes, des auricules très développées, et son sommet, plus ou moins imprégné de cette sorte d’émail brun qui recouvre la face triturante des dents latérales et de la dent médiane, est transformé en dent médio-inférieure. C’est sans contredit dans cette famille que l’armature stomacale des Brachyures offre Le plus de puis- sance et de développement, eu égard à la taille des mdividus. Le sac cardiaque (sc), au contraire, est extrêmement réduit. Armaiure stomacale. — Les pièces mésocardiaque et ptéro- cardiaque (fig. 18, 19, 31, mc, pe) affectent entre elles les mêmes rapports que chez les Cyclométopes; mais elles sont beaucoup plus inclinées en bas et en avant. Concave et très épais, le bord postérieur de la première regarde presque di- ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 69 rectement en haut, et l’extrémité externe des pièces ptérocar- diaques, sensiblement plus large que chez les Cyclométopes et coupée obliquement d’arrière en avant et de. dehors en dedans, se relie aux pièces zygocardiaque et prépectinée du même côté par l'intermédiaire d’un ligament antéro-latéral disposé d’une manière particulière. Toutefois, on le retrouve avec quelques modifications chez la plupart des autres Cato- métopes. Ce ligament (fig. 18, 21, /g) part de l'extrémité ex-. terne de la pièce ptérocardiaque, se dirige en dehors et un peu en haut en s’élareissant et se divise en deux branches. une #- terne et une externe. La première (bi), la plus considérable, épaisse et très fortement calcifiée chez le Cardisoma et la Sesarma tetragona (1), se dirige en arrière et en dehors en se rétrécissant et s’unit à l'extrémité libre du manubrium. La branche externe (be), plus étroite et rubanée, naïît de l’angle antéro-externe du ligament, se dirige en dehors, puis se re- courbe en arrière, et va se fixer sur l’extrémité antérieure de la pièce prépectinée; elle représente évidemment le cordon tendineux par lequel se termine en avant cette dernière pièce dans les autres tribus. Sur toute la longueur du bord antérieur du ligament antéro-latéral s’étend un filet calcifié, brisé au point où se sépare la branche externe. Large à son extrémité antérieure, la pièce urocardiaque s’étrangle ensuite (fig. 18, 19, 31, wc) pour s’élargir de nou- veau graduellement jusqu’à une faible distance de la dent médiane, en même temps que ses bords latéraux se rélèvent et se renversent en dedans. En outre, dirigée d’abord en arrière eten bas, elle change brusquement de direction pour se porter à peu près directement en arrière, tandis que sa face inférieure, qui était fortement convexe transversalement, s’aplatit dans ce sens et devient un peu concave dans le sens longitudinal. Ce changement dans la direction de la pièce et dans ses courbures se produit à son point le plus étroit et y détermine un coude ou angle sallant arrondi, qui existe également chez une partie des (1) M. Nauck (p. 11 et 25) a considéré à tort cette portion calcifiée du liga- ment comme une pièce distincte. 70 F. MOCQEARD. Ocypodiens, mais que je n’ai retrouvé, en dehors des Gatomé- topes, que chez la Naxia diacantha, parmi les Oxyrhynques (fig. 19, 31, 32, #). Suivant M. Nauck (1), ce coude, qu’il ap- pelle improprement un «tubercule », ne serait pas situé, chez les Grapsiens autres que les « Cardisomacés » (Gécarcinacés), au point le plus étroit de la pièce, mais en avant, et c’est un des caractères qui les distingueraient, d’après lui, de ces derniers. Je n’ai constaté aucune différence de ce genre; au contraire, le coude est manifestement situé un peu en arrière de ce point chez la Plagusia depressa, le Cyclograpsus punclatus, etc. (a). Le rétrécissement que présente dans sa partie antérieure la pièce urocardiaque est beaucoup moins accentué chez le Cyclograpsus minutus que chez les autres Grapsiens. La dent médiane est partout composée d’épaisses côtes transversales ou bourrélets en nombre variable. Les plus anté- rieurs sont concaves en avant; les plus postérieurs ont une direction à peu près transversale; les moyens sont ordinaire- ment les plus longs. Parfois ils sont disposés en gradins, cha- cun d'eux faisant saillie sur le précédent (Cardisoma carnifex, Leptograpsus marmoratus). I y en a eimq chez le Cardisoma (fig. 19, dm), précédés d’un petit tubercule médian, qui n’est autre chose qu'un bourrelet de très faibles dimensions. Les trois premiers sont concaves, les deux derniers convexes en avant. Leur longueur dans le sens transversal va en croissant Jusqu'au troisième et décroît ensuite ; toutefois, le dernier se prolonge sur les côtés pour constituer l’extrémité postérieure élargie de la dent. Même disposition chez la Sesarma tetra- gona; seulement il n’y a que quatre bourrelets, dont les deux premiers seuls sont en gradins, le second étant le plus large. On n’en compte que trois chez la Sesarma cinerea, dont le premier est le plus court, le second le plus long ; trois égale- ment chez le Leptograpsus marmoratus (fig. 32), bien disposés (1) Nauck, loc. cit., p. 27. (a) Peut-être est-ce ce qu’a voulu dire M. Nauck : comme dans ses figures il renverse toutes les pièces, ce qui est en avant se trouve en arrière et récipro- quement. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 71 en gradins et allant en augmentant de longueur du premier au dernier ; trois aussi chez le Grapsus cruentatus (fig. 31), mais moins saillants, plus écartés l’un de l’autre et précédés d’une saillie médiane arrondie. Chez le Cyclograpsus puncta- tus et le Nautilograpsus minutus, on n’en trouve que deux, très saillants et de dimensions à peu près égales. Chez la Pla- gusia depressa il y en a trois, mais effacés et dont le premier est à peine distinct. De chaque côté de la dent médiane se voit constamment une invagination ovoide, parfois très peu développée (Sesarma tetragona), couverte de soies dirigées en dehors et en avant (fig. 19, j). La forme en X de la pièce propylorique (fig. 23) s’observe chez tous les Grapsiens, comme aussi chez le plus grand nombre des Ocypodiens et chez les Pinnothériens. Elle est particulière aux Catométopes. Les pièces zygocardiaques sont partout falciformes (fig. 18, 30, 33, 34, zc). Leurs bords supéro-externes décrivent ensem- ble une courbe en demi-cerele qui donne à l'appareil stoma- cal un aspect caractéristique (fig. 18). Le bord antérieur présente, un peu en dehors de la dent latérale, un gros tuber- cule très développé chez le Cardisoma (fig. 18, T), la Sesarma tetragona (fig. 34), le Nantilograpsus minutus, beaucoup moins chez la Sesurma cinerea, le Cyclograpsus punctatus, la Plaqusia depressa. Directement en arrière de ce tubercule, la face supérieure se soulève en un repli longitudinal très saillant (fig. 34, rp), sur le bord postérieur duquel s’articule la pièce exopylorique. Les bords antérieur et supéro-externe se Joi- gnent sous un angle très aigu et le #anubrium n’a pas de li- mites nettes, bien qu’il soit généralement assez long (fig. 20, 30, 33, m), excepté chez les Sésarmes (fig. 34) ; il est toujours un peu recourbé en dedans à son extrémité antérieure (fig. 18). Chez tous les Grapsiens, la dent latérale est solidement constituée. Chez le Cardisoma, les Sésarmes, le Cyclograpsus, genres qui appartiennent respectivement aux agèles des Gecar- cinacæa, des Sesarmacæa et des Cyclograpsacæa, elle est ter- 72 F. MOCQUARD. minée-en avant par une arête semblable aux arêtes transversa- les qui suivent, mais plus épaisse, arrondie sur sa face antérieure, un peu concave du côté opposé (fig. 20, 34, 6). Il en est de même, d'après M. Nauck, chez l’Helice Leachii, le Platynotus depressus, la Varuna litterata et le Pachystomun Philippinense. Au contraire, chez le Grapsus cruentatus (fig. 30), le Leptograpsus marmoratus (fig. 33), le Nautilo- grapsus minutus, la Plagusia depressa, qui se rangent dans les deux premiers agèles (Grapsacæa et Plagqusiacæa), la dent se termine, à son extrémité antérieure, par un tubereule le plus souvent mousse, qui s’avance plus ou moins sur le bord infé- rieur, et alors elle se rapproche davantage de celle des Gyclo- métopes. La surface triturante de la dent est relevée de crêtes transversales en général fortes et tranchantes, dont les anté- rieures, plus épaisses, sont plutôt des arêtes et les postérieu- res des lamelles ; elles peuvent en occuper à peu près toute la largeur sur toute la longueur de la dent (Sesarma tetragona, fig. 34), ou seulement dans sa moitié antérieure (Cardisoma carnifez, fig. 20), ou être limitées au bord supérieur (Cyclo- grapsus punctatus, Leptograpsus marmoratus, fig. 33). À leur extrémité supérieure, elles font toujours sur ce bord une saillie prononcée ; mais chez le Cardisoma, comme l’a remar- qué M. Nauck, elles se prolongent, à partir de la septième, en une grosse soie recourbée en dedans et dont la longueur peut atteindre jusqu'à deux fois celle des crêtes elles-mêmes (fig. 20). Les denticules qui arment le bord dentaire inférieur sont très épais, coniques et quelquefois inégalement saillants (Cardisoma, fig. 20) ; le nombre en est très variable, comme celui des crêtes transversales, et l’on peut ajouter que les rap- ports qu'ils ont avec ces crêtes sont tout aussi inconstants. J'ai figuré les dents latérales chez diverses espèces de Grapsiens (fig. 20, 30, 33, 84, dl) et je m’abstiendrai d’entrer dans de plus longs détails. On connait la forme caractéristique des pièces evopylori- ques (fig. 18, ep) ; on remarquera de plus qu’elles sont entiè- rement distinctes des pièces zygocardiaque et pylorique. ARTICLE N° Î. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 73 Cette dernière (p) se compose de deux moitiés fortement épaissies, renflées en bourrelet sur leur bord antérieur et sé- parées l’une de l’autre par un intervalle membraneux linéaire. Les angles antéro-latéraux envoient en dedans une apophyse exceptionnellement saillante, qui s'étend au-devant de Pangle correspondant de la pièce propylorique et s’y unit par un épais ligament. Pièces de soutien. — Ces pièces, comme celles qui composent l'armature stomacale, présentent chez les Grapsiens des ca- ractères d’une remarquable uniformité, mais qui se retrouvent chez la plupart des Ocypodiens et chez les Pinnothériens. J'en compléterai rapidement la description déjà ébauchée dans les généralités. Unie en avant au ligament antéro-latéral (fig. 2, prp), la pièce prépectinée s'articule, par son éxtrémité postérieure élar- gie et suivant une ligne sensiblement droite et verticale, avec le bord antérieur de l’anneau peciiné (fig. 22, prp, pt). Celui-ci est fermé, ovalaire, à grand axe oblique en bas et en arrière, partout indépendant de la plaque cardiaque posté- rieure et pourvu d’une apophyse fort longue (apt), particulië- rement chez le Cardisoma , les Sésarmes, le Grapsus cruenta- tus et la Plaqusia depressa. Toujours nombreuses et ordinairement longues et spinifor- mes, les dents des peignes sont, par exception, relativement courtes chez la Sesarma cinerea. La ligne suivant laquelle elles sont rangées offre cette particularité, propre aux Grap- siens, qu'elle se recourbe, excepté chez le Grapsus cruentatus, en arrière et en bas à son extrémité supérieure (fig. 34, pg). Le tableau suivant indique le nombre de ces dents pour cha- une des espèces observées : Cardisoma carnifex.............. 18 dents. SESARIMONELANONT Re Eee 15 — TN CNET EAU LIN TS ENRE 9 — Lepiograpsus marmoratus......... 13-15 — Grapsus cruentatus............... 13-14 — Cyclograpsus punctatus........... 11-12 — ETOAUS NA EpRESS As eerenieee 10 —- Nautilograpsus minutus.......... Di 247-000 74 F. MOCQUARD. Cachée en partie par la pièce cardiaque inféro-latérale (fig. 29, pp), la pièce postpectinée se distingue par la brièveté de sa partie supérieure recourbée en avant et en haut, et qui s'articule sur presque toute sa longueur avec le côté postéro- externe de l’apophyse pectinée. À son extrémité inférieure, la plaque cardiaque latérale ante- rieure se projette dans la cavité stomacale (fig. 22, 34, væ) et détermine de chaque côté une invagination rectangulaire aplatie, dont elle forme la paroi supérieure, et qui se dirige en dedans et un peu en haut, en se recouvrant sur ses deux faces, et surtout sur son bord libre, de longues soies. J’ai donné à ces saillies le nom de valvules sus-æsophagiennes. Elles s’avancent à droite et à gauche au-dessus de l’orifice supérieur de l’œso- phage, de manière que leurs bords internes (dont la lon- gueur atteint 6 mill. chez le Cardisoma) soient parallèles entre eux. Si ces valvules s’écartent évidemment l’une de l’autre au moment de la contraction des muscles dilatateurs latéraux de l'estomac, il est tout aussi évident qu’elles se rapprochent pendant le mouvement contraire, ou sous l’action des muscles constricteurs. La pression interne qui accompagne cette con- striction abaisse leurs bords libres et amène l’entre-croisement des soies dont ils sont garnis. L’orifice œsophagien supérieur se trouve ainsi fermé par un treillis à mailles serrées, retenant les aliments solides contenus dans l’estomac, tout en laissant passer les liquides qui leur ont servi de véhicule au moment de la déglutition. Les valvules sus-æsophagiennes fonctionnent donc comme un fültre. Elles ont été vues par M. Nauck (1), à l'attention duquel elles avaient d’abord échappé, ce qui explique qu’il n’ait pas remarqué leurs relations avec la plaque cardiaque latérale antérieure et qu'il les ait consi- dérées comme de simples invaginations membraneuses. Sui- vant ce naturaliste, elles existent « chez beaucoup de formes, particulièrement chez les Catométopes ». (On voudra bien remarquer que les Catométopes tels que les entend M. Nauck, (1) Nauck, loc. cit., p. 14. ARTICLE N° 1, ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 19 ne comprennent que les Grapsiens de M. H. Milne Edwards, les familles satellites de ce groupe principal et les Ocypodes). Je les ai trouvées exclusivement, dans la division des Brachyu- res normaux (on verra qu’elles existent également chez quel- ques Macroures), chez tous les Grapsiens, chez les Pinnothé- riens, chez les Ocypodes et tous les Ocypodiens que M. Nauck a rangés dans le groupe des Hétérodontes et chez lesquels il ne les mentionne pas. Quant au rôle rempli par cet appareil valvulaire, le naturaliste allemand l’a considéré comme in- certain et a essayé de l’expliquer par deux hypothèses vague- ment formulées, dont la première cependant se rapproche assez des idées exprimées plus haut sur ce sujet. Non seulement chez les Grapsiens, mais encore chez la plupart des Ocypodiens et les Pinnothériens, la pièce cardia- que inféro-lutérale s’élargit dans ses trois quarts ou ses deux tiers supérieurs et non pas simplement à son extrémité, comme chez les autres Brachyures (fig. 22, ci). La pièce subdentaire en continue à peu près la direction chez le Cardisoma (fig. 22, sd), le Cyclograpsus punctatus, les Sésarmes et le Nautilograpsus minutus ; elle est un peu plus oblique chez les autres Grapsiens, surtout chez la Plagusie. Chez cette dernière elle est recourbée en $, tandis que dans toutes les autres espèces, elle présente seulement une légère concavité du côté interne. L’apophyse, dirigée en bas et en avant, qu'émet l’angle antérieur de son extrémité inférieure, est courte, conique ; mais de l’angle postérieur part en haut et en arrière un prolongement plus développé, de forme triangu- laire, dont le bord inférieur, convexe et épaissi, déborde en dehors l’extrémité supérieure de la pièce cardiaque inféro- latérale. J’ai donné précédemment une description très détaillée de la valvule cardio-pylorique et des caractères particuliers qu’elle revêt chez les Grapsiens. Elle diffère peu dans les di- vers genres de cette famille et je n’y reviendrai pas ; mais la dent médio-inférieure, qui en forme le sommet, nous arrêtera un instant. 70 F. MOCQ@UARD. Cette dent consiste, chez le Cardisoma, en un gros tubercule arrondi, strié transversalement et situé sur la ligne médiane au point le plus élevé de la valvule (fig. 25, dm). En avant et sur un plan plus inférieur, on remarque une arête transversale qui limite en haut la face antérieure de la valvule et qui est revêtue, comme ce tubereule, d’émail dentaire, tandis qu’en arrière se trouvent deux mamelons (##7) séparés par une rai- nure et portant quelques soies très courtes. Ces mamelons sont calcifiés, mais non émaillés, si ce n’est en avant, dans le voisinage du tubercule médian. Cette particularité montre, sans doute possible, que la dent médiane n’exécute pas, comme le dit M. Nauck (1), de mouvement alternatif dans la rainure qui les sépare. Effectivement, les pièces squelettiques destinées à effectuer un travail de trituration ne sont jamais simplement calcifiées ; leurs surfaces frottantes sont constam- ment revêtues de cet émail brun dont je viens de parler et qui a évidemment pour effet d’en accroître la résistance et d’en diminuer la fragilité. Chez les Sésarmes la dent médio-inférieure est disposée comme chez le Cardisoma. Chez le Grapsus cruentatus, le Leptograpsus marmoratus, le Nautilograpsus minutus (Grapsacés) et la Plagusia depressa, elle se compose d’une arête transversale en fer à cheval, dont la convexité est tournée en avant. Les mamelons situés en arrière sont plus larges et plus écartés l’un de l’autre que dans les genres précédents. Ces mamelons font défaut chez le Cy- clograpsus punctatus, etla saillie médiane qui constitue la dent médio-inférieure est très étroite, un peu allongée d'avant en arrière. Entre l’extrémité inférieure de la paroi cardiaque posté- rieure et l’extrémité supérieure de l’œsophage, se trouve un repli médian, à bord libre convexe, couvert de fines soies. Rudimentaire chez la Sesarma tetragona, peu développé chez le Cardisoma, 1l est très saillant dans toutes les autres espèces, (1) Nauck, doc. cit. p. 14. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 71 particulièrement chez le Cyclograpsus punctatus, où 1l se pro- longe en une pointe conique. Les diverses particularités qu'offrent, chez les Grapsiens, les pièces de la région pylorique, ont été suffisamment indi- quées dans la description générale qui a été donnée du sque- lette gastrique des Brachyures, et je ne m'arrêterai ici que sur le fait suivant. . En arrière de la branche supérieure de division (fig. 24, c) de la pièce pleuropylorique moyenne se trouve, chez les Grap - siens et la plupart des Ocypodiens, parmi les Brachyures nor- maux, l’orifice triangulaire (or) d’une invagination à laquelle correspond une valvule latérale que j'ai déjà désignée sous le nom de valvule pleuropylorique, et dont la forme est très va- riable. Chez le Cardisoma (Gg. 28, vp), le Cyclograpsus punctatus et les Sésarmes, elle est rectangulaire et a sa face interne con- cave transversalement, comme la paroi pleuropylorique sur laquelle elle est appliquée. Son bord inférieur (1), recourbé en dedans et légèrement relevé, est garmi de soies dirigées en arrière, tandis que le bord postérieur (P) porte une rangée de longs filaments et que l’angle inférieur de ce bord se prolonge en une lamière (/) beaucoup plus longue encore, qui se termine en pointe, et dont les bords sont profondément découpés en dents rapprochées et très acuminées (fig. 29). Chez le Leptograpsus marmoratus, le Nautilograpsus minu- tus, la Plaqusia depressa, la valvule pleuropylorique est très étroite, allongée et presque réduite à la lanière terminale. Elle à une forme encore différente chez le Grapsus cruenta- tus. Large en avant, elle émet à l’angle supérieur de son bord postérieur un prolongement conique couvert de soies, presque aussi long que la lanière qui part de l’angle inférieur. Cette valvule, comme la valvule pylorique latéro-dorsale, pourrait sans doute s’opposer à la marche rétrograde des ali- ments; mais l’une et l’autre me paraissent avoir plutôt pour but de diviser la masse alimentaire, de l’agiter dans toute son ANN. SC. NAT., ZOOL., AOUT 1883. XVI. 6. — ART, N° 1 78 F. MOCQUARD. épaisseur, de prévenir ainsi l’engorgement du conduit pylo- rique, et peut-être surtout de favoriser la séparation des parties alibiles qui doivent s'engager dans les canalicules am- pullaires. Je ferai remarquer, en terminant, que les Gécarcimacés, qui sont, de tous les Brachyures, ceux dont l’armature stoma- cale acquiert le plus de puissance, ont un régime essentielle- ment végétal. FAMILLE DES THELPHUSIENS. Boscia serrata (Desm.), Antilles. Thelphusa fluviatilis (Belon), Chypre. L'appareil stomacal des Thelphusiens diffère beaucoup de celui des Grapsiens. Il en rappelle cependant la puissance et s’en rapproche par quelques caractères, pour la plupart atté- nués, que l’on retrouve également chez les Trichodactyliens. Par certains côtés 1l se rattache à celui des Cyclométopes et constitue ainsi un type particulier intermédiaire entre l’un et l’autre, toutefois plus voisin de ce dernier. On remarquera d’abord que le sac cardiaque (fig. 35, sc) s'étend à droite et à gauche en un profond cul-de-sac, et que la pièce mésocardiaque (inc), très large, tronquée en avant chez la Thelphuse et moins imclinée que chez les Grapsiens, s'articule avec les pièces ptérocardiaques sur toute la longueur de ses bords latéraux, ce qui n’a lieu ni chez les Cyclométopes, ni chez les Grapsiens. Le ligament antéro-latéral, épais et nacré, mais non cal- cifié, à branche interne extrèmement courte (fig. 35, /g), n’est qu'une réduction de celui des Grapsiens. Les pièces zygocardiaques ont un aspect falciforme moins marqué que dans la famille précédente (fig. 35, 36, ze); leurs extrémités antérieures ne se recourbent pas en dedans et restent proportionnellement plus écartées l’une de l’autre, d’où résulte, chez les Thelphusiens, une plus grande éten- due en largeur de la partie antérieure du squelette gastrique. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 79 Une particularité assez singulière s’observe chez la Thel- phusa fluviatilis : la pièce exopylorique, tout en conservant sa forme, est si intimement unie à la pièce zygocardiaque du même côté, qu'il ne reste entre ces deux pièces aucune trace d’articulation. Incomplètement divisée en deux moitiés chez le Boscia (fig. 35, p), la pièce pylorique est semblable pour le reste à celle des Grapsiens. Au contraire, la paèce urocardiaque (uc), large, avec des bords latéraux peu élevés, dépourvue de coude sur sa face inférieure (fig. 37), rappelle celle des Gyclométopes. Chez le Boscia seulement, 1l existe des éminences urocar- diaques, qui sont extrêmement petites et pointues (q). Par la concavité de son bord supérieur, la pièce propylo- rique a une forme intermédiaire entre celle du T et celle de V'Y. La crête propylorique est très courte chez la Thelphuse et fait défaut chez le Boscia. Cest surtout par la disposition de la dent médiane et des dents latérales que le squelette gastrique des Thelphusiens se rattache à celui des Grapsiens. La première se compose, chez la Thelphuse, de deux bour- relets transversaux fort épais; il y en a quatre chez le Boscia, dont les deux antérieurs sont très étroits, avec un petit tuber- cule arrondi entre les deux derniers (fig. 37, din). Ce tubercule est le point le plus saïllant de la dent. La dent latérale est robuste et disposée sur le même type que chez les Grapsiens (fig. 36, d/). Les denticules du bord inférieur, au nombre de trois chez le Boscia, de deux chez la Thelphuse, sont épais, coniques, arrondis au sommet. Du bord supérieur partent dix ou onze crêtes transversales, dont les moyennes sont les plus saillantes. Les pièces de soutien ont la même disposition que chez les Cyclométopes. Cependant, de même que chez les Grapsiens, la pièce prépectinée (1) s’unit en avant à la branche externe (1) Suivant M. Nauck (p. 33), cette pièce se fixerait, chez les Thelphusacés 80 F. MOCQUARD. du ligament antéro-latéral (fig. 35, prp); en outre, chez la Thelphuse, la pièce cardiaque inféro-latérale s’élargit sur une longueur notable, et la pièce subdentaire, qui en continue à peu près la direction, émet à son extrémité inférieure une large apophyse dirigée en arrière. Cette apophyse est rudimen- taire chez le Boscia. Les peignes ne se composent que de cinq ou six dents spmiformes, très courtes chez la Thelphuse. On peut signaler encore l'existence d’une dent médio -unfe- rieure analogue à celle des Grapsiens, mais en même temps le développement beaucoup moindre que dans cette famille, des auricules cardio-pyloriques. Rien d’important ne distingue les pièces de la région pylo- rique des mêmes parties chez les Cyelométopes. On remar- quera seulement que les pièces mésopyloriques antérieures, bien distinctes chez la Telphuse, s’unissent sur la ligne mé- diane dans leur moitié antérieure chez le Boscia (fig. 35, ma); que la branche antérieure de division de la pièce pleuropylo- rique moyenne est presque aussi longue que la supérieure chez ce même Boscia (fig. 38, c), tandis que chez la Thelphuse elle est extrêmement réduite; que les valvules pyloriques latéro- dorsales sont très courtes, ovoides, et qu’il n'existe pas de val- vules pleuropyloriques, si constantes chez les Grapsiens. Ainsi, par la puissance de l’armature stomacale, par la forme des pièces zygocardiaques, des dents latérales, de la dent médiane, du ligament antéro-latéral et de la pièce pylo- rique, par l'existence d’une dent médio-inférieure, les Thel- phusiens ont des affinités avec les Grapsiens; mais par les autres caractères du squelette gastrique, ils s’en éloignent pour se rapprocher des Cyclométopes. et les Ocypodes, sur l’extrémité antérieure de la pièce zygocardiaque. Mais cette assertion est en contradiction avec les faits, et dans ces deux groupes secondaires, comme chez tous les autres Catométopes, à part quelques excep- tions (genres Gonoplace et Elamëne parmi ceux que j'ai étudiés), et exclusive- ment dans cette tribu, la pièce prépectinée s’unit à la branche externe du liga- ment antéro-latéral. ARTICLE N° !. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 81 FAMILLE DES TRICHODACTYLIENS. Dilocarcinus spec. ? Rio-de-Janeiro. Les rapports de discontinuité entre les pièces mesocardiaque et péérocardiaques (fig. 39, me, pce), aussi bien que les carac- ières offerts par le ligament antéro-latéral (lg), les dents laté- rales, la dent médiane, la pièce pylorique, les auricules, sont les mêmes dans le genre Dilocarcinus que chez les Thelphu- siens. Mais en opposition avec ce que l’on observe chez ces derniers, le sac cardiaque (sc) est peu développé, la pièce mé- socardiaque et, par conséquent, la poèce urocardiaque sont très étroites (me, uc); eten même temps que le bord postérieur de la première est profondément échancré, la seconde est pourvue d’éminences wrocardiaques coniques et très saillantes (fig. 41, 4). Comme je viens de le dire, les dents latérales (fig. 40, dl) sont voisines, par leur conformation, de celles du Boscia; elles sont seulement moins massives et le nombre des arêtes trans- versales ne dépasse pas cinq ou six. La dent médiane (fig. #1, dm) présente également une grande analogie avec celle du Boscia et se compose de trois bourrelets transversaux qui croissent en épaisseur d'avant en arrière, et dont le second est interrompu par un mamelon ovoïde mé- dian, avec lequel le premier est en continuité. On a vu qu’un semblable mamelon existe chez le Boscia; mais il se place entre les bourrelets sans les interrompre. Dans l’un et l’autre cas, la dent fait sur la pièce urocardiaque une saillie considé- rable. Rien ne mérite une mention spéciale parmi les pièces de soulien, Si ce n’est que ces pièces sont d’une grande minceur et que les peignes se réduisent à une pointe conique très courte, presque cachée sous le bourrelet membraneux et couvert de soies qui se trouvent en arrière. Par son épaisseur, la valvule cardio-pylorique est intermé- diaire entre celle des Thelphusiens et celle des Gyclométopes. 82 F. MOCQUARD. FAMILLE DES OCYPODIENS. Comme je l’ai fait pour la famille des Grapsiens, j’aiindiqué dans le tableau suivant les subdivisions établies par M. H. Milne Edwards dans celle des Ocypodiens (1). FAMILLES. AGÈLES. GENRES. Ocypoda. { Ocypodiacés aire. Gelasimus. Acanthoplax. Doto. Scopimera. ÉlociAces AE CE Helæcius. Ocypodinæ Agèles satellites) son APRES "HIECE Myctiris. (Oexpadiens); | Macrophthalmus Ocypodiacés..... Ocypodiacés globuleux , Gonoplacés vigils...... Euplax. , Cleistostoma. \ Gonoplacés ..... Gonoplaz. Gonoplacés cancéroïdes.ÿ Ommatocarcinus. Prionoplax. Famille satellite : { Pseudorhombila. | Carcinoplax. Groupes aberrants rattachés à la tribu des Catométopes : Carcinoplacinæ (Carcinoplaciens)....................... ( Pinnotheres. ( Ostracotheres. Hymenosoma. Elamene. Einnotherinæ, (PInnothéMiens) 222 PC EP EEE. Hymenosominæ (Hyménosomiens)...... TÉÉGOTIRIRL..89 Dans la famille des Ocypodiens, le squelette gastrique se présente sous trois types bien distincts, mais qui ne répondent pas aux divisions établies dans le tableau précédent. À un pre- mier type se rapporte le genre Ocypoda; sous un second se rangent les genres Gelasimus, Helæcius (Nauck), Myctiris, Macrophthalmus, ainsi que les Pinnothériens (genres Pinno- theres et Ostracotheres); enfin un troisième type se rencontre dans le genre Gonoplax, et probablement chez les autres Gonoplacés cancéroïdes et les Carcinoplaciens. Les deux pre- (1) Mélanges carcinologiques, p. 98 et 104. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 89 miers ont des affinités incontestables avec le type propre aux Grapsiens; le troisième, au contraire, s’en sépare complète- ment et est identique avec celui que nous avons rencontré chez les Cyclométopes. Premier type. Ocypoda ceratophthalma (Pallas), Sandwich. On retrouve dans l’appareil stomacal des Ocypodes les ca- ractères principaux de celui des Grapsiens; mais outre le grand développement du sac cardiaque (fig. 42, sc), diverses parti- cularités dans la conformation de la plupart des pièces sque- lettiques permettent de l’en distinguer. Ainsi, au lieu d’être continu, le bord antérieur des pièces mésocardiaque et ptérocar- diaques présente, de chaque côté de la ligne médiane, une petite échancrure anguleuse (fig. 42) qui indique la limite de ces pièces ; Le coude formé par la pièce urocardiaque (uc), aussi bien que l’étranglement que cette pièce éprouve au point cor- respondant, est beaucoup moins marqué que chez les Grap- siens, et ses bords, moins relevés, ne se renversent pas en dedans ; l’aspect falciforme des poèces zygocardiaques (ze) est moins prononcé ; la pièce propylorique plus allongée ressemble à un T; très réduites sont les auricules cardio-pyloriques, étroites et convexes sur leur bord libre les valvules sus-œso- phagiennes; enfin l’extrémité supérieure de la valvule cardio- pylorique, moins résistante que chez les Grapsiens, est régu- lièrement arrondie dans le sens transversal et dépourvue de mamelons latéraux. Je n’ajouterai que peu de mots. La dent médiane des Ocypodes se compose d’un tubercule postérieur très saillant et en forme de bourrelet transversal ; en avant est une saillie un peu plus longue que large, qui semble n’être qu’un bourrelet aplati, analogue à ceux que j'ai signalés chez la Plaqusia depressa. À son extrémité antérieure, la dent latérale présente un court et fort tubercule, concave du côté postérieur, en arrière duquel 84 F. MOCQUARD. la surface triturante de la dent est relevée d’un grand nombre de crôtes transversales (environ 22), lamelleuses et flexibles, dont le sommet se prolonge en haut en une pointe très aiguë. Le bord dentaire inférieur est pourvu de deux ou trois dentt- cules en demi-cercle, peu saillants et suivis de quelques fines dentelures. Enfin, les peignes comptent onze à quatorze dents épineuses très grêles, rangées comme chez le Grapsus cruentatus, et la valvule pleuropylorique est semblable à celle du Cardisoma. Deuxième type. Le second type de squelette gastrique offert par la famille des Ocypodiens se rencontre dans les genres énumérés plus haut, c’est-à-dire dans une partie des Ocypodiacés ordinaires (et probablement chez les Ocypodiacés globuleux), les Hélæ- ciacés (Nauck), les Myctiroïdés, les Gonoplacés vigils, en un mot dans toute la famille des Ocypodiens, les Ocypodes et les Gonoplacés cancéroïdes exceptés, et en outre chez les Pinno- thériens. Il présente des caractères tellement particuliers et en général si constants dans tous les genres où 1} a été étudié, qu'il semble impossible de ne pas considérer ceux-ci comme formant un groupe naturel. Pour plus de clarté et pour éviter l'emploi de périphrases, je les rangerai provisoirement sous le nom de Gélasimiacés (Hétérodontes de M. Nauck) dans un agèle parallèle à celui des Ocypodiacés, ce dernier étant peut- être réduit au seul genre Ocypode. ESPÈCES ÉTUDIÉES : Gelasimus palustris (Edw.), Rio-de-Janeiro. Myctiris longicarpis (Latr.), Nouvelle-Hollande. Macrophthalmus depressus (Ruppell), Chine. Pinnotheres pisum (Bast), Concarneau. Ostracotheres tridacnæ (Ruppell), Suez. À côté de caractères propres, l’appareil stomacal des Géla- simiacés en possède d’autres qui lui sont communs avec celui des Grapsiens. ARTICLE N° f. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 89 De même que chez ceux-ci, le sac cardiaque est peu déve- loppé (fig. 43, 48, sc); de même, le ligament antéro-latéral (lg) est divisé en deux branches à son extrémité externe ; la pièce urocardiaque (uc) a ses bords fortement relevés, parfois renversés en dedans (Pinnothériens) et sa face inférieure présente un coude très manifeste dans les genres Gélasime (fig. 44, £), Macrophthalme et chez les Pinnothériens (fig. 50) ; il existe des valvules sus-æsophagiennes et, excepté chez ces dermiers, des valvules pleuropyloriques ; la pièce subdentaire est placée sur le prolongement de la pièce cardiaque inféro- latérale, qui est très large; la pièce pectinée forme un anneau complet pourvu d'une apophyse très saillante; les auricules cardio-pyloriques sont très développées, excepté cependant chez les Pinnothériens, où elles sont modérément longues; le sommet de la valvule cardio-pylorique devient une dent médio- inférieure; enfin la pièce propylorique est en X. Les caractères suivants sont propres aux Gélasimiacés : 1° L'aspect que présente l’ensemble des deux pièces zygo- cardiaques, et qui attire tout d’abord lattention, est celui d’un argecroti ssant dont la concavité est tournée en avant. Il est dû à l’élargissement de ces pièces dans le sens transversal et surtout à ce que leur bord supéro-externe, régulièrement con- vexe et un peu recourbé en dedans à son extrémité antérieure, est très sensiblement situé, de chaque côté, sur le contour d’une ellipse dont le grand axe serait transversal et passerait un peu en avant de l’extrémité antérieure des dents latérales. D'autre part, la concavité plus ou moins régulière de leur bord antérieur complète la forme mentionnée, qui est caractéris- tique. 2° Les prèces ptérocardiaques éprouvent dans le sens trans- versal une réduction considérable. Elles consistent, chez le Gelasimus palustris (fig. 43, pc), en un ruban très étroit, parallèle au côté latéral adjacent de la pièce mésocardiaque, avec lequel il s'articule par son bord interne. 86 F. MOCQUARD. … Elles diffèrent, chez le Myctiris longicarpis, en ce qu’elles s’élargissent légèrement dans leur moitié antérieure et vien- nent s’articuler entre elles sur la ligne médiane, en avant de la pièce mésocardiaque (fig. 47, pe, mc). Chez le Macrophthalmus depressus (fig. 48), elles sont inter- médiaires par leurs dimensions transversales entre la forme allongée que l’on rencontre chez les autres Brachyures et la précédente, et se dirigent obliquement en dehors et en avant. Enfin, chez les Pinnothériens (fig. 50), elles ont la forme d’un triangle dont le sommet est dirigé en avant et en dedans et dont la base regarde en dehors et un peu en arrière, comme le côté postérieur de la pièce dans l'espèce précédente. La forme des pièces ptérocardiaques est done très variable ; mais elles ont partout, avec la pièce mésocardiaque et le liga- ment antéro-latéral, les mêmes rapports que chez les Grap- siens. Suivant M. Nauck (1), elles seraient situées en avant de la pièce mésocardiaque dans tout le groupe. On peut s’assurer facilement que cela n’a lieu que chez le Myctire et que dans les autres genres la situation relative de ces pièces est normale; leur bord postérieur devient seulement très oblique en dehors eten avant, ou même latéral, comme l’a vu d’ailleurs M. Nauck (il peutmême devenir antéro-latéral : Gélasime, Myctire), mais c'est une simple conséquence du raccourcissement de ces pièces (a). 3° Le ligament antéro-latéral (mêmes figures /g) a des di- mensions considérables, qui compensent la brièveté des pièces ptérocardiaques. Son bord antérieur, calcifié, s'étend trans- versalement de dedans en dehors, parfois un peu en avant (Gélasime, Myctire, fig. 43, 47), ce qui contribue à donner à l'appareil stomacal un aspect particulier. L’extrémité posté- rieure de sa branche interne est également un peu épaissie. On (1) Loc. cit., p.8, 17. (a) La seule figure que M. Nauck donne des pièces ptérocardiaques chez les & Hétérodontes » est inexacte et en contradiction avec la description correspon- dante, qui est beaucoup plus conforme à la réalité (*). (*) Loc. cit., p. 22, fig. 7. Comparez avec la figure 47 du présent mémoire, qui représente les mêmes pièces chez la même espèce (Myctiris longicarpis). ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 87 peut remarquer en outre que ce ligament subit une sorte de tor- sion, l’angle antérieur de son extrémité interne s’abaissant for- tement, particularité qui estmoins accusée chezles Grapsiens. 4° La base de la pièce mésocardiaque (fig. 43, 47, 48, mo) est très large et pourvue d’une crête tranchante, Imterrompue sur la ligne médiane par une échancrure anguleuse profonde. Cette crête se dirige, de chaque côté, de dedans en dehors et un peu en arrière chez le Gelasimus palustris (fig. 43), un peu en avant chez le Myctire (fig. 47), transversalement dans les autres genres. D° La dent médiane est construite sur des types très divers. Elle se compose, chez le Gelasimus palustris (fig. 44, dm), d’un large tubercule convexe transversalement, à peu près en ligne droite dans le sens longitudinal, et dont les fac:s laté- rales sont relevées de côtes transversales au nombre de six. En avant de ce tubercule se trouvent deux saillies, de forme particulière, situées à la suite l’une de l’autre, et dont l’anté- rieure est la plus courte et la plus étroite. Chacune d’elles présente une arête médiane longitudinale, de l’extrémité anté- rieure de laquelle part de chaque côté une arête transversale, oblique en haut et en dehors. Chez le Macrophthalmus depressus, elle consiste en deux saillies denticulaires, une postérieure en forme d’ancre, une antérieure en fer de flèche, dont la deposion est indiquée par la figure 49. Différente encore chez le Myctire, la dent médiane (fig. 46) est constituée dans ce genre par une large et courte saillie ayant à peu près la forme d’un demi-cylindre longitudinal incliné en bas et en arrière, et dont les bords latéraux se ren- versent en dehors en s’étalant, de manière que la largeur de la dent l'emporte sur sa longueur. Son bord postérieur, un peu plus large que le bord opposé, est légèrement convexe; ses angles antérieurs sont arrondis et dépassent en avant la saillie médiane. La dent que M. Nauck (1) a décrite et figurée (1) Loc. cit., p. 29, fig. 5. pe 88 F. MOCQUARD. chez le même Myctire est toute différente ; mais 1l est probable que ces divergences sont dues aux illusions produites par la transparence de l’émail dentaire, et contre lesquelles J'ai déjà mis en garde. Cette dent est absolument simple, et si l’on devait classer le Myctire d’après les caractères qu’elle fournit, ce n’est pas parmi les « Hétérodontes » qu’on le ran- gerait. Elle diffère peu chez les Pinnothériens; seulement, les angles antérieurs se projettent de chaque côté sous la forme d'une pointe conique courte et robuste (fig. 90), semblable à celle que lon observe plus en avant chez de nombreux Brachyures (Oxyrhynques, Oligorhynques, etc.}, et dont elle est sans doute l’homologue. La dent médiane est sensiblement la même dans les genres Ostracotheres et Pinnotheres (a). 6° Rubanée dans la plus grande partie de son étendue, avec un bord supérieur épaissi, la pièce prépectinée S'élargit notablement près de son extrémité antérieure, au point où elle se recourbe en haut, en même temps que son bord an- téro-Imférieur se renverse en dehors et en arrière. Je n'ai rencontré celte disposition dans aucun autre groupe de Bra- chyures. Quelques autres particularités doivent encore être men- tionnées. En premier lieu, chez le Macrophthalme et le Myctire (fig. 49 et 46), la pièce urocardiaque s’élargit brusquement sur sa face inférieure, un peu en arrière de sa partie moyenne chez le premier, un peu en avant chez le second, pour diminuer ensuite graduellement jusqu’à la dent médiane. Les bords latéraux redressés de la pièce ne participent pas à cet élargis- sement, qui manque dans les autres genres. (a) Les « Hétérodontes » sont ainsi caractérisés par M. Nauck à la page 17 de son mémoire : « Die Mittelzähne bestehen nie ans einfachen Querlamellen. Die cardiacalen Superolateralia liegen vor dem superomedianum (Gelasimiden und Pinnotheriden). » Le premier de ces caractères est en défaut chez le Myc- tire et chez les Pinnothériens, et l'on a vu plus haut que le second l’est dans tous les genres, excepté chez ce même Myctire. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 89 La dent latérale est beaucoup moins puissante que celle des Grapsiens, et se rapporte au même type; mais le bord infé- rieur en est entier. Les crêtes transversales sont minces et nombreuses, particulièrement chez le Gélasime et le Myctire (fig. 45, dl); la plus antérieure ne devient épaisse et tubercu- leuse que chez le Macrophthalme. Partout les peignes sont composés d’épines assez nom- breuses et très grèles. Le repli médian que nous avons observé chez les Grapsiens, en arrière de l’orifice supérieur de l’œsophage, se transforme, chez le Myctire, en une longue valvule triangulaire qui se creuse en gouttière sur sa face antérieure et s'élève vertica- lement au-devant de la valvule cardio-pylorique, dont elle atteint presque le sommet. Dans ce mème genre, les pièces mésopyloriques antérieures s'unissent sur la ligne médiane dans la moitié postérieure de leur bord supérieur en formant un angle dièdre très aigu; vues du côté dorsal, elles ont l'aspect d’une crête longitudinale bifurquée à son extrémité antérieure. Remarquons également que, chez le Myetire, la pièce pleu- ropylorique antérieure s'étale, à son angle supéro-externe, en une large apophyse rectangulaire très saillante, dirigée en haut, en dehors et en arrière, et que, chez le Gelasimus palus- tris, le repli interampullaire porte, près de son extrémité anté- rieure, un appendice analogue à celui que nous avons observé chez les Sésarmes, mais situé plus en avant et beaucoup plus grêle. La valvule pleuropylorique est disposée de la même manière que chez le Curdisoma, mais plus complexe. À l'angle supé- rieur de sa base se développent, en effet, une (Gélasime et Myctire) ou plusieurs (deux chez le Macrophthalme) invagina- tions secondaires plus courtes et plus étroites, garnies sur leur bord postérieur de longs filaments disposés en panaches, comme ceux que Jai figurés chez la Thalassina anomala (fig. 157, vp). Sur la paroï interne de ces saillies valvulaires s'étale l’extrémilé supérieure d’une calcification: accessoire 90 K, MOCQUARD. parallèle à la pièce pleuropylorique antérieure, en arrière de laquelle elle est située. De l'angle postéro-inférieur de la val- vule part, comme chez les Grapsiens et les Ocypodes, etexclu- sivement dans ces groupes, une lanière profondément décou- pée sur ses bords, très longue chez le Macrophthalme et le Myctire, courte chez le Gélasime. On peut conclure de cette description que, si la plupart des pièces de l’armature stomacale diffèrent par leur conforma- tion, d’une part chez les Gélasimiacés, de l’autre chez les Grapsiens et les Ocypodes, cependant tous les caractères énu- mérés au début de ce chapitre (p. 85) se retrouvent presque exactement, et j'ajouterai exclusivement les mêmes dans les trois groupes. Le démembrement que M. Nauck a fait subir à la tribu des Catométopes n’a donc pas de raison d’être. Troisième type, Gonoplax angulata (Fabr.), Concarneau. — rhomboîdes (Fabr.), — L'appareil stomacal des Gonoplaces, sans aucune différence appréciable dans les deux espèces où Je lai étudié, est absolu- ment dépourvu des caractères particuliers que présente celui des Macrophthalmes et des genres voisins. La configuration extérieure en est toute différente (comparez les fig. 51 et 48), aussi bien que la conformation de la plupart des pièces sque- lettiques et la disposition du ligament antéro-latéral; il n’y a ni valvules sus-æsophagiennes, ni valvules pleuropyloriques, ni dent médio-inférieure, ni auricules cardio-pyloriques. Ge troisième type s'éloigne donc considérablement des deux pre- miers. Mais, d’un autre côté, il est facile de voir qu’il repro- duit fidèlement celui que nous avons rencontré chez les Cyclométopes : même configuration extérieure, même déve- loppement du sac cardiaque, même forme des pièces squelet- tiques et mème mode d’articulation entre elles, même système valvulaire (fig. 51 à 53). ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 91 Je ne m’arrèêterai done pas à décrire cet appareil chez les Gonoplaces, et je ferai simplement remarquer: que la dent médiane (fig. 53, dm) a la même forme que chez l’Eriphia spinifrons; que la dent latérale (fig. 52, di) se rapporte au même type que celle des Cyclométopes; que les peignes (fig. 52, pg) se composent de sept à huit longues épines ; que le ligament qui continue en avant la pièce prépectinée se fixe près de l’extrémité antérieure du manubrium, et que la pièce cardiaque inféro-latérale s'élargit dans presque toute sa moi- tié supérieure, comme chez quelques Cancériens. Le genre Gonoplace me parait done devoir être rangé parmi les Cyclométopes; toutefois, les caractères du squelette gas- trique ne permettent pas de décider s’il doit appartenir aux Cancériens plutôt qu'aux Portuniens, par la raison que dans la tribu dont je viens de parler, ce squelette ne présente au- cune particularité qui soit propre à l’une de ces deux familles à l'exclusion de l’autre. Mais on sait que les Gonoplaces ont avec les Cancériens des caractères communs, décrits depuis longtemps par M. Milne Edwards, et qui ont valu au petit groupe dont ce genre fait partie l’épithète de cancéroïde. GROUPE ABERRANT DES HYMÉNOSOMIENS. Elamene pilosa (A. Mil. Edw.), Nouvelle-Calédonie. Le squelette gastrique des Élamènes s’éloigne considérable- ment de celui des Pinnothériens, ainsi que de celui des divers groupes de Gatométopes. Il semble même, d’après la forme des pièces ptérocardiaques, urocardiaque et propylorique, par la fusion des pièces exopyloriques avec les pièces zygocar- diaques, par l’absence de pièces mésopyloriques postérieures et par divers autres caractères moins importants, constituer un type particulier. La pièce mésocardiaque (fig. 54, mc), assez fortement incli- née en bas et en avant, a sa base large, légèrement concave et renflée en un épais bourrelet transversal, à chacune des 92 F. MOCQUARD. extrémités duquel on voit une petite échancrure qui reçoit l'angle postéro-interne des poèces plérocardiaques. Concaves sur leur bord antérieur et convexes sur le bord opposé, celles-ci dépassent de beaucoup en avant par leur angle antéro-interne le sommet de la pièce précédente (pe) ; en outre, elles sont creusées, sur leur face interne et dans le sens de leur longueur, d’une large gouttière anguleuse, à laquelle correspond à l'extérieur une arête transversale située un peu en avant de leur bord postérieur. La dent latérale diffère peu de celle de la plupart des Cyelo- métopes (fig. 55, dl), et, de mème que chez les Thelphuses, il y a soudure entre les pièces exopyloriques etles pièces zyqocar- diaques (fig. 54, ep, 2e); mais les premières sont bien distinctes de la pièce pylorique, dont les angles antérieurs, très épais el fortement calcifiés, se recourbent en crochet autour des extré- mités du bord supérieur de la pièce propylorique (Gg.54,p, pp). Large et sensiblement plane, dépourvue de rétrécissement dans sa partie antérieure, la pièce urocardiaque (Gg. 96, uc) diminue graduellement de largeur jusqu’à une faible distance de la dent médiane, où elle s’élargit de nouveau; et Les bords de cet élargissement, obliques en dehors et en arrière, portent de chaque côté, au lieu d’une pointe unique comme chez beaucoup de Brachyures, trois ou quatre épines courtes et fortes, dirigées en avant et en dehors. Beaucoup plus étroite que l’extrémité postérieure de cette pièce, la dent médiane (dm) est très courte et peu différente de celle de l’Eriphia spi- nifrons. La pièce propylorique (fig. 57) figure un T dont la branche horizontale, légèrement concave en haut et en avant, est beaucoup plus longue que la verticale, particularité qui est en rapport avec la forme aplatie des Élamènes. Par un autre effet de cet aplatissement, la pièce prépectinée, qui est longue et grêle, se trouve très rapprochée de la pièce zygocardiaque. Elle s’unit en avant avec l'extrémité externe de la pièce ptérocardiaque du même côté, sans que l’ou dis- tingue de ligament antéro-latéral. ARTICLE N° {. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 93 Les peignes n’ont qu’une seule dent. Les auricules cardio- pyloriques font défaut, et les bords auriculaires eux-mêmes sont très courts, mais la saillie de leur extrémité postérieure est styliforme et particulièrement développée (fig. 54, ag). Ainsi que je l’ai dit plus haut, les pièces mésopyloriques pos- térieures manquent, et la pièce uropylorique (fig. 54, up), oc- cupant la place qui leur est réservée, s’avance en décrivant un arc étroit entre les extrémités supérieures des pièces pleu- ropyloriques antérieures (pla). Je signalerai encore l'absence de valvules sus-æsophagiennes et de valvules pleuropyloriques ; la forme en croissant à con- cavité antérieure de la pièce pylorique antéro-inférieure et la largeur exceptionnelle de la gouttière interampullaire, qui est presque égale à celle de chaque ampoule. Comme on le voit, le squelette gastrique des Élamènes ne se rattache par aucun caractère à celui des autres Catomé- topes. TROISIÈME TRIBU. — OXYRHYNQUES. ESPÈCES ÉTUDIÉES : D edene. À Stenorhynchus phalangium (Penn.), Concarneau. t Eurypoda spec. ? Magellan. Naxia diacantha (de Haan), Nouvelle-Calédonie. Pisa tetraodon (Penn.), côtes de France. Maïa squinado (Rond.), Concarneau. Lambrus laciniatus (de Haan), Japon. Parthénopiens . Le type suivant lequel est disposé l’appareil stomacal des Oxyrhynques est mal défini, et les différences qu'il présente dans les divers genres ne répondent pas aux caractères diflé- rentiels qui ont conduit à diviser cette tribu en deux familles, celle des Inachoïdiens et celle des Parthénopiens. Il ne peut être confondu cependant avec les divers types observés chez les Catométopes, et il se sépare de celui des Cyclométopes par un développement moindre du sac cardiaque (fig. 58, sc), par la disjonction des pièces mésocardiaque et plérocardiaques ANN. SC. NAT., ZOOL., AOUT 1883. XVI, 7. — ART. N° 1. 94 ETAT F. MOCQUARD. (me, pc) (a), et par ce fait que les bords antérieur et supéro- extérne de la pièce zygocardiaque s'unissent constamment sous un angle très aigu, ce qui est exceptionnel chez les Gyclo- métopes et les Oligorhynques, et qu'un peu en avant de son extrémité postérieure le #anubriuwm porte, sur son bord inféro- externe, une courte apophyse (fig. 59, w) qu’on n’observe dans aucune autre tribu et sur laquelle se fixe l’extrémité anté- rieure tendineuse de la poèce prépectinée (l6). Mais on remar- quera que chez le Lambre, où cette apophyse manque, l'union se fait avec l'extrémité antérieure du manubrium, comme chez les Cancériens, et que la disjonction entre les pièces mésocar- diaque et ptérocardiaques s’observe également chez les Oli- gorhynques. Ordinairement, comme l’a vu M. Nauck, l'angle antéro- interne des pièces ptérocardiaques s’avance de chaque côté au-devant de la pièce mésocardiaque (fig. 58, 61, 63, 66, pe, mc), encore ce caractère est-il en défaut chez le Lambre, tandis qu’on le rencontre chez les Elamènes et chez un certain nombre d’Oligorhynques (Hepatus fasciaius, Gorystiens). On ne trouve dans les autres pièces du squelette gastrique rien qui soit spécial à la tribu des Oxyrhynques; mais dans chaque genre ces pièces offrent en général des différences marquées, dont je signalerai seulement les plus importantes, renvoyant, pour plus de détails, au mémoire de M. Nauck (1). La dent latérale est disposée, chez le Wuia et le Lambre, comme chez les Gyclométopes. En arrière d’un large tubercule antérieur se trouvent, sur le bord inférieur, deux denticules tranchants au-dessus desquels la face interne de la dent est complètement lisse chez le Maïa (fig. 60, dl), et présente chez le Lambre cinq côtes transversales. Dans les autres genres, elle a plus d’analogie avec celle des Grapsiens : le tubercule antérieur y est court et les denticules du bord inférieur, au (a) Je n'ai rencontré aucun cas de continuité entre ces pièces chez les Oxy- rhynques, et M. Nauck (p. 44) ne cite qu'une seule espèce (Parthenope horrida) où la séparation ne soit pas évidente. (1) Nauck, loc. cit., p. 35-44. : ARTICLE N° i. ESTOMAC DES. CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 95 nombre de deux chez l’Eurypode, de trois chez le Sté- norhynque, de cinq et six respectivement chez la Pise et la Naxie, sont le plus souvent coniques, un peu aplatis en dedans. Les saillies transversales dont est relevée la surface triturante de la dent sont larges, irrégulières et peu nombreuses chez l’'Eurypode (3 ou 4)et le Sténorhynque (2). Chez la Naxia dia- cantha, ce sont des arêtes tranchantes (fig. 64), dont le nombre s’élève à dix environ et dont la première part de la concavité du tubercule antérieur. De petites saillies tuberculeuses se voient aussi entre les quatre premiers denticules du bord infé- rieur, un peu au-dessus de leur base. Chez la Pisa tetraodon, ce sont aussi des arêtes, mais peu saillantes, au nombre de six, à peu près toutes de mêmes dimensions et très inclinées en bas et en avant. Une particularité, que nous retrouverons chez la plupart des Oligorhynques, est à remarquer chez le Stenorhynchus pha- langium et le Lambrus laciniatus : l'angle supérieur et interne de la pièce exopylorique s'articule directement avec la branche correspondante de la pièce propylorique. Dans les cas de ce genre, les angles antérieurs de la prèce pylorique sont rejetés en arrière de cette articulation et à pee calcifiés. | On a déjà vu (p. 24) que les caractères de la pièce urocar- diaque sont loin d’être uniformes. Les saillies latérales de son extrémité postérieure sont le plus souvent des pointes coniques (fig. 63, 66, g), parfois de simples mamelons (Waïa, Eury- pode, fig. 61). Le coude que présente cette pièce chez les Grapsiens et qui, d’après M. Nauck, existerait avec plus ou moins de netteté chez tous les Oxyrhynques, ne s’est rencontré que chez la Naxia diacantha (g.63, k). Dans la mème espèce, depuis ce coude jusqu’à la dent médiane, la pièce urocar- -diaque porte, sur les bords latéraux de sa face inférieure, une étroite bordure de soies dirigées en dehors et en avant, que je n’ai retrouvée que chez la Dromia vulgaris. En général, la dent médiane est très simple et consiste, comme chez les Cyclométopes, en un tubercule quadrangu- Jaire dont le bord postérieur, convexe (fig. 61, d#) ou étendu 96 F. MOCQUARD. transversalement en ligne droite, est très saillant, non tran- chant, ni projeté en avant. Chez la Naxie et la Pise, elle se rapproche davantage de celle des Grapsiens et se compose, dans ces deux genres, d’une arête transversale postérieure très épaisse, arquée, à concavité antérieure, en avant de laquelle se trouve, chez la Naxie, un gros tubercule arrondi (fig. 63), chez la Pise, une seconde arête plus étroite (fig. 66). Très variable dans sa forme, la peèce propylorique est trian- gulaire chez l'Eurypode (fig. 62), le Maïa, la Pise (fig. 67), en Y chez le Lambre et le Sténorhynque, en T chez la Naxie (fig. 65). Chez cette dernière, elle est dépourvue de crête sur le milieu de son bord supérieur. Les peignes ne comptent qu’un petit nombre de dents, com- pris, dans les espèces que J'ai étudiées, entre 3 et 6 (3 ou 4 chez le Maia, le Lambre et le Sténorhynque, 5 chez la Naxie et l’Eurypode, 6 chez la Pise). Ces dents sont grosses et courtes chez le Maria, spiniformes dans les autres genres. Suivant M. Nauck (1), « la pièce postpectinée (unteres Zvi- schenstück) pénètre dans le creux circonscrit par la pièce pec- tinée, comme la pièce subdentaire dans l’enfoncement de la dent latérale. » Je l’ai toujours vue s’articuler normalement avec l’apophyse pectinée, qui est extrêmement courte chez les Oxyrhynques. Les pémicilles post-æwsophagiens sont généralement compri- més de dehors en dedans, courts et pourvus de longues soies. Chez le Sténorhynque ct l’Eurypode seulement, ils ont une forme conique comme chez les Cyclométopes. On voit entre eux, chez le Maia, une grosse saillie conique invaginée, ana- logue à celle que nous avons rencontrée chez le Tourteau et divers Camétopes (2). Chez le Maïa également, il existe des rudiments de valvules sus-æsophagiennes, et chez la Pise et la Naxie, des awricules bien développées (fig. 69, a), ainsi qu’une (1) Loc. cit., p. 36. (2) Gette saillie à été figurée par M. H. Milne Edwards dansla grande édition du Règne animal de Cuvier (Crust., pl. 5, fig. 4%, b'). ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 97 valvule cardio-pylorique transformée jusqu'à un certain point en dent médo-inferieure (fig. 6S, di). Je mentionnerai encore ce fait que chez le Mara et le Lambre la pièce pleuropylorique antérieure décrit une courbe assez régulière (fig. 59, pla), tandis que les bords supérieur et externe se rencontrent suivant un angle droit dans les quatre autres genres soumis à mon observation. Comme on a pu le remarquer, l'appareil triturant de l’esto- mac est beaucoup plus puissant chez la Pise et la Naxie que dans les autres genres. On peut se demander à quoi tiennent ces différences. Je n’ai rencontré aucune indication relative au régime de ces Oxyrhynques; mais les deux estomacs de Pisa tetraudon que j'ai eus à ma disposition étaient remplis de pa- quets d’Algues filamenteuses. Il est donc possible que les Pises, et sans doute les Naxies, se nourrissent de végétaux, comme les Gécarcinacés, et que la puissance de leur armature stoma- cale tienne précisément à ce fait. Série des Oligorhynques L'appareil stomacal ne présente de type bien caractérisé dans aucune des tribus dont se compose la série des Oli- gorhynques. Je me bornerai donc à l’étudier d’une manière générale dans cette série et non successivement dans chaque tribu, comme je l’ai fait pour celle des Eustomés. ESPÈCES ÉTUDIÉES : À Matuta victor (Fabr.), océan Indien. Hepatus fasciatus (Latr.), Antilles. Calappa spec. ? Sandwich. Dorippiens..... | Dorippe lanata (Lin.), rade de Stora Corystes dentatus (Fabr.), la Rochelle. Atelecyclus cruentatus (Desm.), — Hépatiens...... Corystiens ..... Les deux particularités suivantes, sans être spéciales aux Oligorhynques, ne se rencontrent cependant qu’accidentelle- ment dans la série précédente : 98 F. MOCQUARD. - 4° Excepté chez l’Afelecyclus, les pièces exopyloriques s’arti- culent par l'extrémité interne de leur bord supérieur avec la branche correspondante dé la pièce propylorique (fig. 70, ep, pp), qu’elles embrassent parfois légèrement en passant en avant et en dessous (Hepatus fasciatus, Matuta victor). Mais cette disposition, que nous avons déjà observée chez le Steno- rhynchus phalangium et le Lambrus laciniatus parmi les Oxy- rhynques, se retrouve, il importe de le remarquer, chez la plupart des Brachyures anormaux (Dromie, Homole, Ranine) ainsi que chez un grand nombre de Macroures. ® L’angle sous lequel se réunissent les bords antérieur et supéro-externe de la pièce zygocardiaque est droit (Hepatus,' Matuta) (fig. 77, ba, bs) où très voisin d’un angle droit (Cu- lappa, Dorippe, Atelecyclus) ; d'où il suit que la limite posté- rieure du manubrium (#) est nettement indiquée. Le genre Corystes seul fait exception. Il est vrai que cet angle est égale-- ment droit chez les Leucosiens et assez élevé chez un certain nombre de Gyclométopes; mais il est toujours très aigu chez les Catoméropes et les Oxyrhynques. - Hn’est aucune autre particularité de l'appareil stomacal des Oligorhynques qui ne soit spéciale à une espèce déterminée du groupe, ou qui ne se retrouve avec la même fréquence soit chez les Oxyrhynques, soit chez les Cyclométopes. de Le sac cardiaque a le même développement que dans cette dernière tribu (fig. 70, 78, 89, sc), et, comme chez les Oxy- rhynques, les pièces ptérocardiaques sont distinctes de la pièce mésocardiaque; toutefois, chez la Calappe et le Matuta victor, la partie antérieure de l’articulation de ces pièces entre elles manque de netteté. Les premières ne dépassent en avant la seconde que chez l’Hepatus fasciatus et les Corystiens (fig. 76, 82, pe, mc); dans les autres genres, elles ont une forme plus régulièrement triangulaire (fig. 70), et chez les Dorippiens leur bord interne est sensiblement parallèle à la ligne médian (fig. 78). | | En forme d’Y, si ce n’est dans les genres Calappe et Dorippe, ARTICLE N° 4. ESTOMAC DES.CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. ! 99 où.elle est plutôt en T, la pièce propylorique à ses branches fortement incurvées en avant et recourbées en dehors à leur extrémité (fig. 70, 73, pp). L’° à antérieur de la pièce urocardiaque fait dé- faut chez le Dorippe (fig. 80, wc) et il est peu accusé chez l’Até- lécycle (fig. 83), d’où résulte, dans ces deux genres et surtout chez le premier, une grande étroitesse de la pièce mésocar- diaque. Des éminences wrocardiaques existent partout et, comme chez les Oxyrhynques, ont tantôt la forme de mamelons très petits (Matuta victor, Hepatus fasciatus) (fig. 71, 76, q), tantôt celle de pointes courtes et coniques (toutes les autres espèces) (fig. 74, 80, 83). Semblable à aie de la plupart des Cyclométopes et des Oxyrhynques, la dent snédiane (fig. 74, 80, dm) est en général un simple tubercule quadrangulaire ou carré, plus ou moins convexe latéralement, dont le bord postérieur est très saillant, tranchant et, chez les Corystiens, un peu projeté en avant dans sa partie moyenne (fig. 83. Chez le Matute vainqueur, on voit sur la ligne médiane une crête très courte en continuité avec le bord postérieur et, près de l'extrémité antérieure des bords latéraux, une petite saillie denticulaire (fig. 71). Chez l Hepatus fasciatus, la dent médiane est plus allongée, en fer. à cheval (fig. 76), et en son milieu s'élève un tiberule très saïllant, à bords relevés et parallèles à ceux de la dent, disposition voisine de celle que l’on observe chez les Neptunes. Courte et massive chez le même Hépatien, la dent latérale esL plus grêle et relativement plus allongée chez les autres Oli- gorhynques. Le tubercule qui la termine en avant et dont les bords sont généralement tranchants, émoussés cependant chez l’Hepatus fasciatus, en occupe au moins le tiers de la longueur (fig. 72, 75, 79, 84, t). Les denticules du bord inférieur sont minces, jamais coniques ; il n’y en a qu’un seul chez le Dorippe lanata (fig. 79), deux chez les Calappes et le Corystes dentatus (fig. 75, 84), trois chez l’Hepatus fusciatus, six chez l’Atélé- cycle et huit à dix chez le Matute vainqueur (fig. 72). Chez ce dernier, la dent latérale a une grande analogie avec celle des 400 F. MOCQUARD. Neptunes, parmi les Cyclométopes (fig. 15); seulement, le coude qu’elle forme est moins prononcé, le tubercule anté- rieur est plus large et plus court et les crêtes transversales, au nombre de onze ou douze, sont plus longuement prolongées à leur extrémité supérieure; mais sur le bord inférieur, les denticules sont sensiblement disposés de la même manière. Il est aussi à remarquer que la dent latérale du Dorippe lanata est dépourvue de crêtes transversales et qu'elle se ter- mine en arrière par un bourrelet membraneux allongé, cou- vert de soies courtes et très serrées (1). Au nombre de six chez l’Hepatus fasciatus et le Corystes dentatus, ces crêtes sont deux à trois fois plus nombreuses chez les Calappes et l’Atélécycle. Les pièces de soutien sont disposées comme chez les Cyclo- métopes et les Oxyrhynques et n’offrent à mentionner que les particularités suivantes : La pièce prépectinée se fixe sur le manubrium un peu en arrière de sa partie moyenne chez le Matute vainqueur, et à son extrémité antérieure chez les autres Oligorhynques. Les peignes sont dégradés et réduits à un petit nombre de dents, fort grêles en général, longues et très pointues chez ce même Matutien; on en compte une seule chez le Dorippe lanata et l'Afelecyclus cruentatus, deux chez l’Hepatus fasciatus, trois à cinq dans les autres espèces. Chez l’Hepatus fasciatus, l'apophyse que la pièce subdentaire émet à l’angle antérieur de son extrémité inférieure égale pres- que la moitié de la longueur de la pièce (fig. 77, sd); elle est sensiblement plus courte chez le Matute vainqueur, plus encore dans le genre Calappe et ne présente rien de particulier ni chez les Dorippiens ni chez les Corystiens. Partout la valvule cardio-pylorique a son sommet membra- neux et des auricules rudimentaires ; le bord postérieur de sa (1) L’armature stomacale du Dorippe quadridentata a été décrite par M. Nauck (p. 49); aucune différence sensible ne la distingue de celle äu D. lanata. ARTICLE N° {. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 401 base, au lieu d’être largement concave comme d'ordinaire, est presque rectiligne chez le Matuta victor etun peu convexe chez l’Hepatus fasciatus. Je ne reviendrai pas sur les caractères qu'offre la prèce pleuropylorique antérieure dans la tribu des Hépatiens (voy. plus haut, p. 50), et aucune des autres pièces pyloriques ne mérite une mention spéciale. II. — BRACHYURES MICROCÉPHALÉS FAMILLE DES LEUCOSIENS. Leucosia neocaledonica (A. Mil. Edw.), Nouvelle-Calédonie. Ilia punctata (Herbst.), Trinité. L’estomac offre dans ces deux espèces, et sans doute dans toute la famille, un ensemble de caractères qu’on ne ren- contre dans aucun autre groupe de Brachyures. Le sac cardiaque est très développé, allongé d’avant en arrière (fig. 89, sc) et l’&sophage, dirigé presque horizontale- ment, s’y ouvre à son extrémité antérieure et non sur sa paroi inférieure comme chez les autres Brachyures, où ce conduit est vertical. Très courte et sensiblement rectangulaire, la pièce méso- cardiaque (mc) a uu bord postérieur faiblement concave et s'articule obscurément avec les prèces ptérocardiaques (pc). Celles-e1 ont également une direction et une forme parti- culières. Minces et assez fortement inclinées en bas et en avant, elles s’atténuent graduellement de dedans en dehors en se recourbant en arrière et décrivent avec la pièce médiane un arc de cercle très régulier. Suivant M. Nauck (1), ce caractère s’observe aussi dans les genres Myra, Philira et Persephona. La disposition, déjà signalée chez la plupart des Oligorhyn- ques, du bord antérieur de la pièce zygocardiaque se retrouve chez les Leucosiens, où elle est aussi accentuée que chez (1) Loc. cit., p. 48. 102 en f _ F. MOCQUARD. l'Hepatus fasciatus (Gg. 87, ba); mais le manubrium (m), au heu de continuer comme chez cet Hépatien la direction du bord supéro-externe (bs) de la pièce, se coude sur ce bord en haut et en avant. En arrière d’un tubercule antérieur excavé sur sa face in- terne, la dent latérale (fig. 86, dl) présente sur son bord infé- rieur deux denticules dirigés en dedans, tranchants et en demi-cerele, plus saillants chez la Leucosia. Mais tandis que chez l’Ilia punctatu, au-dessus et au delà de ces denticules, des crêtes transversales nombreuses et très minces relèvent la sur- face triturante de la dent, ces crêtes manquent chez la Leucosia et la dent se termine, comme chez les Dorippes, par un bour- relet membraneux couvert de fines soies (même figure). Il en est de même chez la Leucosia pallida (Nauck). Un caractère important, qui ne paraît pas avoir attiré lat- tention de M. Nauck, non plus que la forme particulière de l'estomac et la direction de l’œsophage, c’est l’absence de pièces exopyloriques. Entre l'extrémité postérieure de la pièce zygocardiaque et la pièce propylorique, il n’y a qu’une pièce étroite, qui s’amincit rapidement en se dirigeant en arrière et se recourbant en dedans, de manière à rencontrer celle du côté opposé sur la ligne médiane (fig. 85, p) : c’est donc bien la pièce pylorique. Les pièces exopyloriques font défaut, ou bien leur fusion avec les pièces zygocardiaques est tellement complète qu'il n’en reste aucune trace. Ceci est à rapprocher des cas de simple soudure qui se sont présentés chez la Thel- phusa fluviatilis et l'Elamene pilosa. Mince et aplatie, lapièce urocardiaque (fig. 88, uc) se rétrécit graduellement d'avant en arrière et se termine de la même manière que chez les Dorippiens, les Corystiens, etc. - La dent médiane consiste en un simple tubercule, quadran- gulaire chez la Leucosia, fortement convexe sur les côtés chez l’Ilia (fig. 88, dm); le bord postérieur en est tranchant, beau- coup plus saillant que dans les groupes qui viennent d’être nommés, un peu projeté en avant sur la ligne médiane chez l'Ilia. | ARTICLE N° d. ESTOMAC DES GRUSTACÉS PODOPHTIIALMAIRES. 103 On peut encore mentionner : la forme en Y de la pièce pro- pylorique; l'union de la pièce prépectinée avec extrémité anté- rieure du manubrium au moyen d’un long ligament ; la réduc- tion des peignes à une seule grosse épine conique, comme chez les Dorippiens, l’Atelecyclus cruentatus et quelques autres; l'absence de pénicilles postæsophagiens; enfin le développe- ment particulier que prend, chez la Leucosia, la pièce pylorique postéro-inférieure, qui est triangulaire, très allongée et creusée en gouttière sur sa face inférieure. Ainsi, l'allongement du sac cardiaque dans le sens longitu- dinal, la direction très oblique en haut en arrière du conduit æsophagien, la forme rectangulaire de la poèce mésocardiaque et la régularité de l’arc décrit par cette pièce et les pièces ptéro- cardiaques, l'union à angle droit des bords antérieur et supéro- externe de la pièce zygocardiaque (observé aussi chez l’He- patus fasciatus et le Matuta victor) et le coude formé par le manubrium sur ce dernier bord, l'absence de pièces exopylo- riques et de pénicilles postæsophagiens, sont des caractères propres aux Leucosiens ou qui ne se rencontrent qu’excep- tionnellement chez un petit nombre de Brachyures macro- céphalés. Il est impossible de ne pas remarquer ici combien est faible le nombre des types bien caractérisés suivant lesquels est disposé le squelette gastrique chez les Brachyures normaux, et ce fait paraît révéler, entre les différentes tribus de ce groupe, et surtout entre les Cyclométopes, les Oxyrhynques et les Oligorhynques, des affinités beaucoup plus étroites que ne le ferait supposer la grande diversité des formes extérieures. BRACHYURES ANORMAUX. Dans ce groupe, le squelette gastrique se présente sous trois types différents: l’unest commun aux genres Dromie et Homole ; un second se rencontre chez les Lithodes et le troisième dans le genre Ranine. Celui-ci et le premier ont plus d’affinités avec 104 F. MOCQUARD. le type général propre aux Brachyures normaux, le second avec celui des Macroures, en particulier avec celui des Birqus. Je réunirai donc les Homoliens aux Dromiens, après en avoir distrait les Lithodes, et, pour éviter un double emploi, je dé- crirai l'appareil stomacal de ces dernières en même temps que celui du Birgus, lorsque je m'occuperai de la tribu des Paguriens. DROMIENS ET HOMOLIENS Dromia vulgaris (Lam.), Méditerranée. Homola Cuvierii (Risso), _— De même que chez la plupart des Macroures, le sac car- diaque dépasse fort peu sur les côtés, les pièces antérieures du squelette gastrique. Les caractères de ce squelette concordent pleinement avec les nombreuses particularités d'organisation que l’on remarque chez les Dromiens et les Homoliens, pour faire considérer ces groupes comme établissant le passage entre les Brachyures normaux et le Macroures. En premier lieu, les pièces mésocardiaque et ptérocardia- ques sont intermédiaires par leur forme et leurs dimensions entre les mêmes pièces chez les Brachyures d’une part, chez les Macroures de l’autre. Bien que la première conserve encore la forme triangulaire chez l’'Homole, elle a une étendue transversale considérable (fig. 89, 96, mc), et son bord postérieur, renflé en un épais bourrelet, n’est légèrement échancré que chez la Dromie. Chez l’'Homole, ce bord est sensiblement rectiligne et envoieenavant et en arrière quelques côtes logitudinales épaisses et courtes (fig. 89). Au lieu de s’étendre horizontalement sur la voûte cardiaque comme chez les Brachyures proprement dits, les pièces ptéro- cardiaques (mêmes figures, pc), plus courtes que chez ces der- niers et distinctes de la pièce précédente, s’inclinent fortement en bas du côté externe et se rapprochent de la situation latérale ARTICLE N° Î. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 105 qu’elles prennent habituellement chez les Macroures. Leur bord antérieur, de beaucoup le plus long, est concave chez la Dromie ; mais chez l’'Homole, il présente un angle rentrant très ouvertet la moitié externe de la pièce semble avoir tourné, en s’abaissant, autour d’une droite qui Joindrait le sommet de cet angle à l’extrémité postérieure du bord interne. Egalement chez l’Homole (fig. 89), le bord postérieur est très épais, di- rigé obliquement en dehors, en bas el en avant, convexe dans sa partie moyenne et concave à ses extrémités. En avant de la pièce mésocardiaque et de la moitié interne des pièces ptérocardiaques se trouve, dans les deux genres, une étroite calcification (cf) qui se dirige presque transversalement en dehors et en arrière, en devenant un peu plus large, et qu'on n’observe chez aucun Brachyure normal. Un ligament antéro-lutéral rubané (lg) relie les pièces pté- rocardiaque et prépectinée du même côté ; il passe immédia- ment en avant de l'extrémité antérieure de la pièce zygocar- diaque en s’y unissant (fig. 89, 90), et se calcifie fortement en ce point chez la Dromie. En second lieu, diverses pièces de la région pylorique su- bissent aussi des modifications importantes. Après avoir émis dans sa partie inférieure (ou antéro-infé- rieure) les trois branches ordinaires (fig. 90, d, d', d''}, laprièce pleuropylorique antérieure (pla) se continue par son bord ex- terne en bas, en dehors et en avant, pour se terminer par une extrémité anguleuse un peu au-dessus de l'extrémité inférieure de la pièce subdentaire. Cette disposition, que nous rencon- trons pour la première fois, se retrouve chez les autres Bra- chyures anormaux (fig. 101) ainsi que chez tous les Macroures normaux, à l'exception des Salicoques. Les pièces mésopyloriques antérieures ne sont pas distinctes. Chez l’'Homole, la portion de la paroi pylorique dorsale com- prise entre la pièce pylorique et les pièces mésopyloriques postérieures s’épaissit uniformément (fig. 89, m4), tandis que chez la Dromie, il existe une très petite calcification médiane, et en avant, deux paires de lames de consistance cartilagi- 106 F. MOCQUARD. neuse, dont l’antérieure, la plus considérable, semble corres- pondre à l’épaississement que je viens de signaler chez l'Homole et représente peut-être les pièces mésopyloriques anté- rieures. La pièce uropylorique est beaucoup plus étendue d'avant en arrière que chez les Brachyures normaux. Régulièrement convexe sur son bord antérieur et concave sur le bord opposé chez l'Homole (fig. 89, wc), elle a, chez la Dromie, la forme d’un triangle à côtés latéraux concaves et dont le sommet, tourné en avant, est très épais et en relief sur le corps de la pièce (fig. 97). Sur la paroi pylorique inférieure, on trouve, chez l'Homole, une pièce pylorique antéro-inférieure très étendue transversale- ment, dont le bord postérieur est convexe, et dont l’antérieur, concave, est pourvu sur la ligne médiane d'une courte saillie rectangulaire. Chez la Dromie, elle affecte une forme à laquelle la précédente sert comme de passage et que nous retrouverons fréquemment chez les Macroures anormaux (par ex. chez le Birqus, fig. 1938, a) : c’est celle d’un trapèze dont la base an- térieure, la plus large, porte une apophyse médiane plus ou moins longue, à peu près carrée chez la Dromie. Dans les deux genres qui nous occupent, le repli interam- pullaires’épaissit graduellement d’arrière en avant jusque près de son quart antérieur, puis se rétrécit à partir de ce point, comme on le voit sur la figure 124 (ri). Il est à remarquer que cette modification, dont je n'ai trouvé aucun exemple chez les Brachyures proprement dits, se reproduit, en s’exagérant le plus souvent, chez la plupart des Macroures normaux ou anor- maux. d) xt En résumé, par la forme des pièces mésocardiaque et ptéro- cardiaques, par celle des pièces plewropylorique antérieure, wropylorique et pylorique antéro-inférieure, par la dégradation des pièces mésopyloriques antérieures, par l'épaisseur du repli ‘interampullaire, les Dromies et les Homoles s’écartent des: Brachyures normaux pour se rapprocher des Macroures et ser- vent de passage entre les deux groupes. ARTICLE N° Î. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 107 Malgré mon désir d’être court, je ne puis cependant passer sous silence les particularités suivantes : Comme nous l’observerons chez la presque totalité des Ma- croures, les pièces 2ygocardiaques (fig. 92, zc) sont dépourvues de manubrium. Un épais tubercule antérieur, excavé sur sa face interné, termine en avant la dent latérale. Il en occupe environ le quart de la longueur chez l’'Homole (fig. 99, £), près de la moitié chez la Dromie, et il est séparé de la partie postérieure de la dent par une scissure profonde du bord inférieur. La crête mousse qui le borde, après en avoir parcouru le côté supérieur, se recourbe en bas et en arrière, traverse obliquement la face interne de la dent, immédiatement en arrière de la scissure et gagne le bord inférieur, sur toute la longueur duquel elle se continue en s’atténuant graduellement. Du bord supérieur, et presque limitées à ce bord, partent quatre ou cinq côtes trans- versales, courtes, épaisses et peu saillantes, inclinées en bas et en avant. La dent latérale est conformée de la même manière chez la Dromie et l’'Homole; mais chez celle-ci, elle est étroite à son extrémité antérieure et s’élargit naiatlement dans sa partie moyenne, tandis que chez la Dromie, c’est le tubercule anté- rieur qui en est la partie la plus D. Les figures 89 à 91 et la figure 96 indiquent suffisamment la forme et les rapports des pièces exopyloriques, pylorique et urocardiaque. J'ajouterai que la pièce propylorique est en T, et que, chez la Dromie, la face inférieure de la pièce urocardia- que présente, près de son extrémité antérieure, un gros tuber- cule ovoïde (fig. 96, 4), au delà duquel elle devient concave transversalement jusqu’à une faible distance de la dent mé- diane ; les soies, déja mentionnées (p. 95), qui garnissent les bords latéraux de cette face, naissent. par touffes serrées (même figure). | Chez la Dromie, la dent médiane (dm) est notablement plus longue que large, légèrement étranglée dans sa partie moyenne et-bordée par une crête mousse en forme d'U, qui entoure un 108 F. MOCQUARD. tubercule concentrique très saillant. Elle diffère peu, comme on le voit, de celle de l’Hepatus fasciatus et des Neptunes. Celle de l’'Homole (fig. 91), est un simple tubercule qua- drangulaire, comme chez beaucoup de Gyclométopes. Seule- ment, la crête qui en relève le bord postérieur est mousse, épaisse et se continue latéralementjusqu’au bord antérieur de la dent, en décroissant graduellementen saillie et en épaisseur; ce dernier bord lui-même est renflé en un bourrelet transver- sal, plus épais et plus saillant sur la ligne médiane, et relié par ses extrémités à la crête des bords latéraux. Lespièces de soutien sont disposées chez l’'Homole de lamême manière que chez les Brachyures normaux, à cela près que la pièce pectinée n’est pas distincte de la plaque cardiaque laté- rale postérieure (fig. 90, pé, pep) et que la pièce postpectinée (plp).dans toute sa portion contiguë à la pièce cardiaque inféro- latérale, est parcourue extérieurement par un sillon longitu- dinal, comme si cette pièce était composée de deux baguettes accolées l’une à l’autre. Mais chez la Dromie, la pièce postpec- tinée est rudimentaire, et les peignes, au lieu de se composer de dix à treize dents fortes et pointues comme chez l'Homole (fig. 92, pq), n’en comptent que einq ou six extrèmement courtes, masquées en avant el en arrière par une épaisse bor- dure de soies. Enfin, chez la Dromie aussi bien que chez l’'Homole, les soies quigarnissent la face interne de la plaque cardiaque postérieure (fig. 92, pcp) naissent par touffes sur de petits mamelons aux- quels correspondent, sur la face opposée, des dépressions cir- culaires (fig. 90, dp), dont les plus antérieures sont puncti- formes ; le sommet de la valvule cardio-pylorique (Gg. 99, ve) est résistant, parcouru par une rainure longitudinale plus pro- fonde chez la Dromie; les auricules sont très distinctes (fig. 90, a), les pièces cardio-pyloriques latérales très petites et sembla- bles à celles des Brachyures normaux (fig. 90, cl). Je signalerai, pour finir, l’existence d’une valvule pleuropy- lorique conique, plus allongée chez l'Homole et occupant la même situation que celle des Grapsiens (fig. 95); elle est ARTICLE N° {. ESTOMAC DES : CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 109 couverte de soies très longues dirigées en arrière et garnies elles-mêmes d’une rangée de barbes sur Le côté opposé à la valvule. RANINIENS Ranina dentata (Latr.), Honolulu. Pour la description des pièces de l’armature stomacale de la Ranine, je renverrai au travail de M. Nauck (1), ainsi qu'aux figures98 à 101 du présent mémoire, et J'appellerai seulement l'attention sur certaines particularités qui ont quelque impor- tance au point de vue des affinités zoologiques de la Ranine et qui ont été passées sous silence par le naturaliste allemand. Il suffit de jeter les yeux sur la figure 98 (sur laquelle on peut remarquer en même temps le grand développement du sac cardiaque) pour se convaincre que les Raniniens, par l’as- pect général de l'appareil stomacal aussi bien que par la forme particulière des pièces mésocardiaque et ptérocardiaques (mc, pe), sont plus voisins des Brachyures normaux que les Dro- miens et les Homoliens. Ils s’en écartent cependant par plusieurs caractères. Ainsi, les pièces mésopyloriques antérieures, que l’on rencontre chez tous les Brachyures normaux, font défaut chez la Ranine. Nous avons déjà vu ces pièces se dégrader chez les Dromies et les Homoles; bientôt nous constaterons que les Macroures normaux on anormaux en sont fréquemment dépourvus. Les pièces mésopyloriques postérieures sont au contraire bien développées et presque en contact sur la ligne médiane dans leur tiers antérieur ; au delà, elles se rétrécissent subite- ment (fig. 98, m»p) aux dépens de leur bord interne, et dans l'intervalle qui les sépare s'engage l'extrémité antérieure très étroite de la pièce wropylorique (up). Celle-ci a la forme d’un Y, dont les branches sont rapprochées et dirigées en arrière, tan- dis que la tige prend la position que Je viens d'indiquer. Ges (4) Nauck, loc. cit., p. 47, fig. 17 et 18. ANN. SC. NAT., ZOOL., AOUT 1883. XVI, 8. — ART. N. f. 410 F. MOCQUARD. rapports méritent d’être remarqués. Jusqu'à présent nous avons vu, excepté dans le groupe aberrant des Élamènes, la pièce ur Opior que située en arrière des pièces mésopyloriques postérieures; nous la verrons fréquemment, chez les Ma- croures, chevaucher sur ces dernières pièces, qui se trouvent ainsi placées latéralement entre l’extrémuté supérieure de la pièce pleuropylorique antérieure et la partie antérieure de la pièce uropylorique (fig. 116, 137, etc., mp). Il serait diffi- cile de ne pas reconnaitre, dans la situation relative de ces pièces chez la Ranine, un état intermédiaire entre ces deux derniers. Enfin la pièce pleuropylorique antérieure a la même confor- mation (fig. 101) que chez les Dromiens et les Homoliens. Comme le font en général les naturalistes allemands, M. Nauck range les Raniniens parmi les Oxystomes à côté des Leucosiens; mais l’absence de pièces mésopyloriques anté- rieures, la situation relative des pièces mésopyloriques posté- rieures et de la pièce wropylorique, la conformation de la pièce pleuropylorique antérieure, mdiquent une déviation du type brachyure normal et iNrSuIen la position assignée aux Ranines dans la classification que j'ai adoptée. Je présenterai encore l'observation suivante : M. Nauck né décrit ni ne figure les fins denticules dont est pourvue la par- tie postérieure du bord inférieur de la dent latérale (fig. 100, dl); et, d’après lui, les deux larges denticules qui les pré- cèdent, les seuls qu’il signale sur ce bord, se recourberaient en haut. Ces différences, qui sont beaucoup plus accusées encore sur la figure que M. Nauck donne de cette dent (1), si elles étaient réelles, supposeraient, dans la conformation des dents latérales d'individus appartenant à une même espèce, une variabilité telle que l’étude de ces organes perdrait toute importance. Ce fait serait d’ailleurs unique, et peut-être doit- on l’attribuer plutôt à une observation incomplète et surtout aune infidélité du crayon. (1) Nauck, loc, cit., fig. 18. Comparez avec la figure 100 du présent mémoire. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 111 22 SECTION : DÉCAPODES MACROURES. Si, chez les Brachyures, le squelette gastrique ne présente qu’un très petit nombre de types dans lesquels, à part quel- ques rares exceptions, on retrouve constamment les mêmes pièces ne différant que par leur forme, il en est autrement chez les Macroures. Chez ceux qui, par leur organisation, sont les plus rapprochés des Brachyures, ce squelette est presque aussi compliqué que chez ces derniers; mais chez un grand nombre de Macroures normaux il subit une dégradation pro- sressive telle que l’armature stomacale finit elle-même par disparaitre et qu'il se trouve réduit aux parties suivantes qui, seules, ne font jamais défaut, savoir : la valvule cardio-pylo- rique, la plaque cardiaque latérale, les pièces cardiaques laté- rales inférieures, les ampoules pyloriques et la pièce pylorique postéro-inférieure (beaucoup de Salicoques). Il revêt, dans les divers groupes de Macroures, des caractères différents, propres à chacun d’eux, et le nombre des types sur lesquels il est disposé est considérable. Enfin, il ne se distingue chez les Macroures anormaux et les Macroures proprement dits par aucun caractère différentiel important; de sorte que, sous ce rapport, ces deux divisions pourraient se réunir en une seule, dont les Lithodes elles-mêmes feraient partie. En le comparant à celui des Brachyures, chez les Macroures où l’armature stomacale persiste, nous en ferons ressortir en même temps les caractères généraux les plus saillants. Chez les Macroures, la direction de la division pylorique de l'estomac est ordinairement moins inclinée en bas et moins rapprochée de la verticale que chez les Brachyures (fig. 103, 4137, 143, etc.) ; dans quelques cas même elle est voisine de l'horizontale (Paguriens, Pénées) (fig. 116, 170). En même temps, le sac cardiaque devient plus étroit, la.division car+ 112 F. MOCQUARD. diaque s’allonge et l'estomac, en général plus étendu dans le sens longitudinal, peut acquérir, comme dans les derniers groupes que je viens de citer, une longueur remarquable. La pièce mésocardiaque, que nous avons vue étroite et trian- gulaire chez tous les Brachyures normaux, déjà plus étendue transversalement chez les Dromiens et les Homoliens, occupe, chez les Macroures, toute la largeur de la paroi cardiaque dorsale et la dépasse même sur les côtés (fig. 102, 114, 199, etc., nc). Ge caractère, qu’on rencontre également chez les Lithodes (fig. 127), fait toutefois défaut chez quelques Ma- croures (Langouste, Scyllare, Pénées, Pasiphaé), chez les- quels la pièce mésocardiaque est étroite comme chez les Bra- chyures (fig. 142, 147, 149). Les pièces ptérocardiaques (pc) suivent un développement inverse, et chez tous les Macroures, à part les exceptions que je viens d'indiquer, ainsi que chez les Lithodes, elles sont très courtes et dirigées à peu près verticalement sur la paroi car- diaque antérieure ou antéro-latérale, et non horizontalement comme chez les Brachyures (fig. 116, 137, etc.). Tandis que constamment chez ceux-ci la pièce wrocardiaque fait corps avec la pièce mésocardiaque et la dent médiane, chez les Macroures, au contraire, elle est fréquemment distincte de la première (Albunée, la plupart des Paguriens, Astaciens, Thalassiniens, Pénéens) (fig. 112, 122, 159, etc, wc) et le plus souvent articulée avec la seconde. Ainsi que nous l’avons déjà observé chez les Brachyures anormaux, le bord antérieur des poèces zygocardiaques s’unit, en dehors, avec l'extrémité antérieure du bord supéro-externe de ces mêmes pièces et, à part quelques exceptions, le #anu- brium fait défaut ou est extrêmement court. Le bord supérieur des pièces exopyloriques, partout où ces pièces existent, continue, excepté chez lPAlbunée parmi les Hippiens, la courbure du bord supéro-externe des pièces zygo- cardiaques et a une direction sensiblement transversale, un peu oblique en dedans et en arrière. Il s'articule, par son extré- mité interne, tantôt avec la pièce propylorique (Albunée, ARTICLE N° f{. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 113 Paguriens, etc.), tantôt avec la pièce pylorique (Lithodes, Por- cellaniens, Galathéides, Thalassiniens). Excepté chez la Langouste, la pièce propylorique est dépour- vue de crête sur son bord supérieur. Le plus souvent elle s’ar- ticule avec la dent médiane non échancrée et sans se bifurquer comme chez les Brachyures (Hippiens, Lithodes, Paguriens, Porcellaniens, Galathéides, Thalassiniens, quelques Asta- ciens); dans les autres cas, elle est en continuité avec cette dent. Chez tous les Macroures, les peignes sont dégradés ou man- quent complètement (la plupart des Palinurides, les Sali- coques); il en est conséquemment de même des pièces pectinée, prépectinée et postpectinée. Et ici se présente une particularité assez curieuse : la pièce postpectinée paraît s'être scindée en deux parties, une supérieure très courte et très grêle ou nulle, en rapport, quand elle existe, avec les peignes (fig. 103, 116, 155, etc., ptp), et une inférieure (pn), contiguë à la pièce cardiaque inféro-latérale et que celle-ci coiffe ordinairement à son extrémité supérieure (mêmes figures). J’ai déjà fait remarquer que chez l’'Homole on observe, sur la face externe de la pièce postpectinée, une sorte de suture longitudinale qui s'étend sur toute la longueur de sa portion contiguë à la pièce cardiaque inféro-latérale ; on la voit également chez quelques Brachyures, entre autres le Tourteau, et l’on arrive même à diviser la pièce suivant cette suture. La partie qui touche à la pièce cardiaque inféro-latérale porte la rangée de soies plu- meuses décrites antérieurement et se termine en haut par Papophyse que j'ai signalée, chez les Cyclométopes, sur la pièce postpectinée au niveau de l’extrémité supérieure de la pièce cardiaque inféro-latérale. Il se peut donc que cette pièce, telle que je l’ai décrite chez les Brachyures, se compose de deux baguettes intimement soudées l’une à l’autre et qui se sépareraient chez les Macroures. L’antérieure, en rapport avec la pièce pectinée et s’atrophiant en même temps que les pei- gnes, serait la pièce postpeclinée proprement dite; la posté- rieure (ou inférieure), située entre la première et la pièce éar- 414 F. MOCQUARD. diaque inféro-latérale, peut recevoir le nom de pièce pennée, à raison de la bordure des soies plumeuses qu elle porte. Quel que soit d’ailleurs le procédé suivant lequel s'opère cette divi- sion, chacune des parties sera désignée comme je viens de li indiquer, chez les Macroures où on les observe. Ce qui précède ne s'applique pas aux Salicoques, chez les- quelles il est difficile ou impossible de retrouver l'équivalent des peignes et de la pièce postpectinée. Dans beaucoup de cas (Hippa, Lithodes, Paguriens, Por- cellaniens, Galathéides, Thalassiniens), une bandelette plus ou moins épaisse, étroite et assez fortement calcifiée chez les Porcellaniens et les Galathéides, part de l'angle postéro-supé- rieur des peignes, se dirige en arrière et va se fixer sur le côté interne de la pièce nn. à peu près au niveau de sa partie moyenne (fig. 137, 155, bd). | Chez les mêmes Macroures, la pièce subdentaire envoie en arrière, un peu au-dessus de son extrémité inférieure, une apophyse généralement courte et pointue, large chez les Tha- lassiniens, avec laquelle s'articule l’angle externe de l'extrémité. inférieure de la pièce pleuropylorique antérieure (fig. 108, 116, 137, 155, x). Au même niveau chez l’Hippa, immédiate: ment au-dessous du bord inférieur de la dent latérale dans les. autres groupes, on voit une seconde apophyse, conique et très saillante chez les Lithodes, le Birqus et les Cénobites, styli- forme chez l’Hippa (fig. 103, +’), triangulaire chez les Thalassi- niens, rudimentaire chez les Pagures, qui se dirige en dedans, masquée sous le corps de la pièce, et sur laquelle se fixe la bandelette dont il vient d’être question. Cette dernière apo- physe manque chez les Porcellaniens et les Galathéides. L’une et l’autre font constamment défaut chez les Brachyures. | On n'observe de plaque cardiaque latérale antérieure que. chez les Thalassiniens et de pièce cardio-pylorique latérale que. chez les Lithodes Les dégradations successives qu’éprouve le squelette gas- tique chez les Macroures paraissent se manifester en premier ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPITHALMAIRES. 115 lieu par la disparition de la paire antérieure des pièces mésopy- loriques, fait déjà constaté chez les Brachyures anormaux. Celles de la seconde paire subissent des modifications variables : tantôt elles sont très réduites, et la pièce uropylo- rique s’avance au-dessus, ainsi que je l'ai dit à propos de la Ranine (voy. p. 110) (Paguriens, Galathéides, Porcellaniens); tantôt elles se soudent sur la ligne médiane, en même temps que s’atrophie la pièce uropylorique (Hippiens) (fig. 102, 108, mp). Dans quelques cas, cependant, persistent les pièces mésopyloriques antérieures (Porcellanes, Galathéides, Palinu- rides, Thalassiniens) (fig. 129, 136, 143, ma) ; et même, dans cette dernière famille, toutes ces pièces pyloriques dorsales sont très développées et le chevauchement de la pièce uropy- lorique sur les pièces mésopyloriques postérieures est peu pro- noncé. Ghez les Astaciens, et plus encore chez les Salicoques, elles sont très déviées du type observé chez les Brachyures ou font défaut pour la plupart. De même que chez les Brachyures anormaux, la péèce pleuro- pylorique antérieure se prolonge, en général, par son bord externe en bas et en avant, jusque près de l'extrémité infé- rieure de la pièce subdentaire. Dans ces cas, sa partie infé- rieure s'étale en une lame triangulaire située dans un plan dirigé obliquement en bas et en avant, en dedans et en arrière. Le côté externe, ordinairement un peu convexe de ce triangle, continue le bord externe de la pièce elle-même et s’articule le plus souvent par son extrémité avee l’apophyse postérieure de la pièce subdentaire (fig. 103, 116, 137, pla); le côté interne, concave, suit le contour de la moitié inférieure de la paroi pleu- ropylorique ; enfin le côté inférieur, concave également et dirigé en dedans et en arrière, s'étend au-dessus de l’extrémité anté- rieure de la paroi sus-ampullaire. C’est de l’angle inférieur et interne de ce triangle que part la branche inférieure de divi- sion, qui était terminale chez les Brachyures, la seule qui persiste à peu près constamment chez les Macroures (figures précédentes et 191, d”). Presque toujours la pièce pleuropylorique antérieure fait 416 F. MOCQUARD. défaut chez les Salicoques et ce que je viens de dire ne leur est pas applicable. La branche supérieure émise par la pièce pleuropylorique moyenne près de son extrémité antérieure semble avoir pris, chezla plupart des Macroures (Paguriens, Porcellaniens, Gala- théides, Thalassiniens), un développement considérable aux dépens des autres parties de la pièce (fig. 116, 137, 155, plm); après s'être recourbée en arrière, elle présente d’abord, dans quelques cas (Pagures, Thalassines), une apophyse dirigée en dehors (y) et s'étend au-dessus de l'orifice externe d’une inva- gination de la paroi pleuropylorique analogue à celle que nous avons rencontrée chez de nombreux Catométopes, ainsi que chez les Dromiens et les Homoliens. Il existe donc, chez les Macroures que je viens de citer, des valvules pleuropyloriques. Excepté chez la plupart des Salicoques, la paroi pylorique inférieure est disposée comme chez les Brachyures; seulement, la pièce pylorique antéro-inférieure est en général moins étendue dans le sens transversal (fig. 117, 123, ai). Je n'ai rien à ajouter à ce que J'ai dit antérieurement des ampoules pyloriques. Quant au repli interampullaire, il est fréquemment très épais, ovoide (Hippiens, Paguriens) (fig. 124, via), ou même étalé à son extrémité antérieure en une valvule plus ou moins large (Porcellaniens, Galathéides, Thalassiniens) (fig. 140, 157, via). Ce n’est guère que chez les Palinurides, les Astaciens et les Salicoques qu’il est mince comme chez les Brachyures normaux. Le système valvulaire terminal est exactement le même que chez ces derniers Décapodes, avec cette différence que la val- vule dorsale et les latérales superficielles y sont presque tou- jours mieux développées et même dans quelques cas acquiè- rent une longueur remarquable (Paguriens, Pénéens) (fig. 114, 170, vd, vls). De même que les Brachyures, les Macroures se compose- ront de deux groupes: les Macroures anormaux, ou Anomoures ptérygures de M. H. Milne Edwards, et les Macroures nor- ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 117 maux. Pour chacun d’eux, j’adopterai les divisions établies par M. H. Milne Edwards dans son Histoire naturelle des Crus- Laces. MACROURES ANORMAUX. Les Macroures anormaux ont été divisés de la manière sui- vante par M. H. Milne Edwards : I. Hippiens (genres Albunea, Remipes, Hippa). II. Paguriens (genres Pagurus, Cenobita, Gancellus, Birgus). IT. Porcellaniens (genres Porcellana, Æglea). Depuis, un certain nombre de genres ont été ajoutés à ceux qui précèdent; parmi ces derniers le genre Cancellus est le seul que je n’aie pu observer. ÏJ. — HIPPIENS. ESPÈCES ÉTUDIÉES : Albunea spec. ? océan Pacifique. Remipes testudinarius (Edw.), île Maurice. Hippa emerita (Lin.), Mexique, Chez les Hippiens l'estomac est court ; le sac cardiaque (fig. 102, 108, 111, sc), plus développé transversalement que chez les autres Macroures, à lexception du genre Pentacheles, présente sur sa paroi antérieure, mais seulement chez le Re- mipes et l’Hippa, deux petits disques ovalaires à grand axe vertical séparés l’un de l’autre par un intervalle de 4 à 5 milli- mètres. Le squelette gastrique est très différent dans les divers genres de cette tribu. Armaturestomacale. — Chez l’Albunée, la pièce mésocardia- que est formée d’un are transversal fortement calcifié, con- cave en avant, convexe sur le bord opposé et dont les extré- mités un peu élargies sont coupées obliquement d’arrière en avant et de dehors en dedans (fig. 111 mc). En avant de cet arc, la paroi cardiaque est mince, transparente, mais non plissée, et bordée de chaque côté par un ruban un peu épaissi et en forme de croissant, concave sur son bord interne. Cette 118 F. MOCQUARD. partie de la voûte cardiaque donne insertion aux muscles gas- triques antérieurs et doit être rattachée à la pièce mésocar- diaque. Chez le Remipes, cette pièce consiste en une large lame pentagonale un peu bombée, à bord antérieur légèrement échancré et, particularité à remarquer, eo te d’arête transversale sur son bord postérieur (fig. 108). Elle est encore différente chez l’Hippa emerita et présente une arête transversale très saillante, déprimée sur la ligne médiane, en avant et en arrière de laquelle elle s'incline for- tement en bas comme le feraient deux plans obliques se cou- pant suivant l’arête dont je viens de parler (fig. 102, 103). Immédiatement en avant de son bord antérieur est une lame pentagonale, dont l’un des angles, tourné en arrière et limité par les côtés les plus longs, se place dans une échancrure médiane de ce bord (fig. 102, /p). Chez l’Albunée, elle se miles en arrière en se rétrécissant très rapidement et s'articule nettement avec l'extrémité anté- rieure de la pièce urocardiaque (fig. 111). Nous rencontre- rons une disposition assez semblable chez d’autres Macroures (Paguriens, Astaciens). Dans ces cas, l’arête transversale saillante que présente la pièce mésocardiaque n’en est donc pas la limite postérieure. Il doit évidemment en être de même lorsqu'il y a continuité entre les pièces mésocardiaque et uro- cardiaque ; par conséquent, la côte qui a été considérée chez les Brachyures comme formant le bord postérieur de la pre- mière n’est pas à la rigueur la limite de cette pièce, et ce qui a été pris pour un élargissement de la pièce urocardiaque est en réalité un rétrécissement de la pièce mésocardiaque. Sans que ces deux pièces soient articulées entre elles chez lHippa emerita, la limite en est cependant assez nettement in- diquée à une certaine distance en arrière de l’arête mésocar- diaque (fig. 102, 104), ce qui confirme ce que je viens de dire. Elles sont en continuité chez le Remipes testudinarius. Toute différente également est la pièce urocardiaque dans les trois genres A/bunea, Remipes et Hippa. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 119. Dans le premier, elle est sensiblement plane. Étroite à son extrémité antérieure, elle s’élargit graduellement jusqu’au niveau de son quart postérieur, ses bords latéraux devenant concaves; elle se rétrécit ensuite beaucoup plus rapidement et s'articule avec la dent médiane (fig. 112, wc). | Chez le Remipes elle est très courte, et, un peu en avant de son extrémité postérieure, elle présente un élargissement brusque, qui porte sur sa face inférieure, à chacun de ses an- gles, une saillie large et arrondie (fig. 110, q). La pièce urocardiaque est beaucoup moins simple chez lHippa emerita. Plus large que l’extrémité postérieure rétré- cie de la pièce mésocardiaque, elle a la forme d’une gouttière. dont les bords, convexes en dehors, sont plus relevés dans leur partie moyenne (fig. 102). Sa face inférieure présente une bande médiane longitudinale lisse, plus large à ses deux extré- mités, et de chaque côté, une série de lamelles très minces, dirigées transversalement et dont l'étendue dans ce sens va en augmentant de l'extrémité antérieure de chaque série jusqu’au milieu, pour décroitre ensuite (fig. 104). Terminée par la dent médiane, elle en est séparée par un sillon transversal qui permet une certaine mobilité des deux pièces l’une sur l’autre. Des différences considérables séparent encore les poéces ptérocardiaques. Chez l’Hippa emerita, elles sont triangulaires et dirigées à peu près transversalement dans un plan vertical (fig. 102, 104, pc). Leur base, tournée en haut, concave au milieu et un peu convexe à son extrémité postéro-externe, s'articule, de chaque côté, sur le bord antérieur de la pièce mésocardiaque, jusqu’à la pièce médiane supplémentaire. Le bord inférieur et interne, très oblique en bas et en dehors, est concave dans ses trois quarts supérieurs, convexe dans le reste de son étendue. Plus court que le précédent et oblique en sens inverse, le bord externe est presque rectiligne et ne devient concave qu’à son extrémité inférieure. Le sommet du triangle se re- courbe un peu en dehors et s'articule avec l'extrémité anté- 420 F. MOCQUARD. rieure de la pièce zygocardiaque, en dedans de laquelle il est placé. Ges pièces ont la même forme triangulaire chez l’Albuneu; mais la base en est beaucoup moins étendue et le plan dans lequel elles sont situées, moins rapproché de la direction transversale que chez l’'Hippa (fig. 112). Chez le Remipes, au contraire, elles consistent en une lame étroite et allongée, terminée en pointe à son extrémité anté- rieure, dirigée d’abord d’arrière en avant et de dehors en de- dans, puis, dans ses deux tiers antérieurs, presque directe- ment en avant (fig. 108). Cette lame est plus épaisse sur les deux tiers postérieurs de son bord interne, et le plan dans lequel elle est située est oblique en bas et en dehors. Une ba- guette très grêle, longitudinale, est interposée entre son extré- mité postérieure et la pièce zygocardiaque du même côté. Les pièces ptérocardiaques ne m'ont offert une semblable forme dans aucun autre genre. Nous retrouvons des caractères différentiels aussi accusés dans les pièces zygocardiaques. Très allongées chez l’Albunea (fig. 113, zc), elles sont courtes et dépourvues de #manubrium dans les deux autres genres et y seraient assez semblables si, chez le Remipes, leur bord supéro-externe ne présentait une concavité telle que ces pièces semblent déformées (fig. 109). En dehors de la dent latérale, le bord antérieur porte, chez le mème Remipes, un fort denticule conique, dirigé en avant et recourbé en dedans; l'extrémité en est très pointue et émaillée. Ge denticule reste fort éloigné de son congénère lorsqu'on amène au contact les extrémités antérieures des dents latérales. Au même point, chez l’Hippa, on observe une saillie mem- braneuse de même forme, couverte de soies sur son bord externe et à son extrémité (fig. 105). Les pièces exopyloriques sont disposées, chez l’Albunea, à peu près comme chez les Oligorhynques; mais la direction de leur bord supérieur est plus voisine de la transversale (fig. 151, ep). Elles ne sont pas distinctes chez le Remipes (fig. 108). ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 491 tandis que chez l'Hippa elles sont très développées, mais en continuité avec les pièces zygocardiaques (fig. 102, 103); leur bord supérieur convexe et obliquement dirigé de dehors en dedans et d'avant en arrière (obliquité inverse de celle que Von rencontre chez les Brachyures et chez l’Albunea), se ren- verse fortement en avant et en dedans ; il donne insertion à une partie du muscle cardio-pylorique. Nous retrouverons la même disposition chez les Porcellanes et les Thalassiniens. La dent latérale a la mème conformation dans les genres Albunée et Rémipède. Elle se termine en avant par un den- ticule recourbé en dedans, excavé sur sa face interne, en fer à cheval chez l’Albunée (fig. 113, dl), très étroit à son extré- mité libre chez le Rémipède (fig. 109). En arrière, à une dis- tance un peu plus grande chez l’Albunée, le bord inférieur est armé d’un denticule triangulaire qui, chez cette dernière, se relie au bord supérieur du tubercule terminal par une crête très oblique. Tout le reste de la dent est occupé par des crê- tes transversales (15-17 chez lAlbunée, 7-8 chez le Rémi- pède) disposées comme le montrent les figures. Chez le Ré- mipède, ces crêtes sont épaisses, rigides ; au contraire, chez l’Albunée, elles restent flexibles et sont assez longuement pro- longées à leur extrémité supérieure. La dent latérale est beaucoup plus simple chez l’Hippa. De son bord inférieur épaissi partent des côtes verticales qui crois- sent en longueur d'avant en arrière et se terminent, à leur extrémité supérieure prolongée en pointe, par une touffe de soies très fines et très courtes, qu'on ne distingue bien qu’au microscope. PresquecomplètementmembraneusechezlAlbunée(fig.114, p), la pièce pylorique a l'aspect d’un mince cartilage dans les deux autres genres (fig. 102, 108). Chez l’Hippa, elle est com- plètement divisée en deux moiliés par une fissure médiane qui descend jusque près du bord postérieur. La pièce propylorique est triangulaire (Albuneu, Remipes) ou en forme de T (Hippa). Articulée avec la pièce urocardiaque chez l’Albunea seule- 499 F. MOCQUARD. ment, la dent médiane est fort simple, mais différente dans chaque genre. Excepté chez l’Hippa, elle a la forme d’un tu- bercule quadrangulaire; mais tandis que chez l’Albunée elle est allongée, dirigée en bas et en arrière et terminée par une crête très saillante, à peu près triangulaire (fig. 119, dm), elle est très courte, trapue chezle Rémipède et se termine par une crête rectiligne transversale (fig. 110). Elle affecte une confi- ouration toute spéciale chez l’Hippa. Le bord antérieur de sa base est convexe et assez étroit; mais le postérieur, beaucoup plus large, présente des angles latéraux très saillants, que l’on voit de chaque côté de la dent sur la figure 104. À partir de cette base, la dent médiane se rétrécit considérablement et prend la forme d’un cylindre dirigé en bas et en arrière, ar- rondi ou même légèrement renflé en sphère à son extrémité libre. Pièces de soutien. — Les peignes manquent partout, et, chez l'Hippa seulement, 1l existe une pièce postpectinée et la pièce prépectinée est distincte de la plaque cardiaque latérale. La figure 113 mdique suffisamment la disposition irrégulière de ces pièces chez l’Albunée. Elles n’offrent rien à signaler chez le Rémipède ; mais chez l’Hippa emerita, la pièce prépec- tinée, étroite en avant, s’élargit considérablement dans sa moitié postérieure et se creuse en cuiller sur sa face externe, au-dessous de lextrémité antérieure de la dent latérale (fig. 103, prp), en même temps qu’elle devient presque mem- braneuse, excepté à son bord inférieur qui reste épais. À cet enfoncement externe correspond, intérieurement, une large saillie recouverte de soies très fines et qui représente évidem- ment les peignes. Non seulement, en effet, elle en occupe la place, mais elle s’articule en arrière et en bas avec la pièce postpectinée (p{p) et de son angle postéro-supérieur part, en arrière, un étroit ruban qui va s’unir à l’apophyse antéro-in- terne de la pièce subdentaire. | Chez tous les Hippiens, un ligament très étroit joint la pièce prépectinée à l'extrémité antérieure de la pièce zygocardiaque. Chez l'Hippa, la plaque cardiaque latérale est étroite et très ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 193 irrégulière, concave transversalement sur sa face interne, sur- tout à son extrémité antérieure (fig. 103, pcp). Les pémicilles postæsophagiens, larges, comprimés et pourvus de longues soies chez l’Hippa, sont courts et grêles chez l’A/- bunea (Gg. 113, pæ) et manquent chez le Remipes. La pièce: pennée est brisée à son extrémité inférieure chez l’Hippa (fig. 103, pn). Courte et très large chez le Remipes, la valvule cardio-pylo- rique est assez fortement creusée en gouttière sur sa face anté- rieure chez l’Hippa (fig. 106). Son sommet, membraneux, est légèrement concave, excepté chez cette dernière, où il est pro- fondément échancré (fig. 106, 107). Chez l’Albunée, il porte de chaque côté une rangée de touffes de soies courtes et très serrées ; chaque rangée, partant de la ligne médiane, se dirige en dehors et en avant. Des soies réunies en minces pinceaux garuissent également, chez l’Hippa, les bords de l’échancrure du sommet ainsi que les bords latéraux épaissis de la valvule ; les premières sont longues et très fines, les dernières naissent sur une série de petits mamelons. Les awricules (a) sont bien développées chez l’Hippa etle Remipes. Région pylorique. — On ne trouve nulle part de pièces mé- sopyloriques antérieures. Les postérieures, qui semblent man- quer chez l’Albunea, sont lamelleuses, articulées normalement avec la pièce pleuropylorique antérieure, mais en continuité sur la ligne médiane, chez le Remipes et 'Hippa (fig. 102, 103, 108, mp). Elles sont plus étendues et situées l’une à côté de Pautre dans des plans verticaux sensiblement parallèles au plan médian chez l’Hippa; elles passent sur la voûte pylorique en décrivant une courbure régulière chez le Remipes (fig. 108). Dans ces deux genres, le repli uropylorique n’est soutenu que par une lame peu épaisse comprise de chaque côté dans la paroi inférieure du repli. Un léger épaississement de la partie antérieure de ce repli semble, chez l’Albunée, tenir lieu de pièce uropylorique. Il existe une valvule pylorique latéro-dorsale dans les genres Remipes et Hippa. Simple et sacciforme chez le premier, elle 124 F. MOCQUARD. se compose, chez le second, de deux poches comprimées, un peu concaves sur leur face interne, convexes sur la face oppo- sée et appliquées l’une contre l’autre sur la paroi pleuropylo- rique. L’externe, la plus grande, acquiert des dimensions considérables et on la prendrait pour une valvule pleuropylo- rique, à raison de la situation qu'elle occupe, si l’orifice de l’invagination à laquelle elle est due ne se trouvait sous l'extrémité antérieure du repli uropylorique. Elle fait saillie sur les côtés de l’orifice pylorique sous la forme d’une large lame verticale à bord arrondi (fig. 103, v/d). Sa paroi externe et la paroi interne de la poche interne sont soutenues par une lame de consistance cartilagineuse. Chez l'Hippa, la pièce pylorique antéro-inférieure a sensible- ment la forme d’un pentagone plus étendu dans le sens trans - versal et dont l’un des angles, situé en avant sur la ligne médiane, est largement ouvert. Elle est étroite d’avant en arrière et allongée transversalement chez le Remipes; chez l’Albunée elle à une forme analogue à celle qu’on lui voit chez le Brrgus (fig. 193, ai). Des pièces préampullaires distinctes existent chez l’Aippa. Le repli interampullaire, mince chez l’Albunée, s’élargit d’avrière en avant dans les deux autres genres, plus encore que chez les Dromies et les Homoles et devient ovoïde. Je mentionnerai encore ce fait que chez l’Albunée et le Rémipède la pièce pleuropylorique antérieure a la même forme que chez les Brachyures; seulement elle ne se divise qu’en deux branches à son extrémité inférieure, comme chez le Dorippe lanata (fig. 81). À son angle supéro-externe elle porte, chez le Rémipède, une large apophyse lamelleuse, comme chez l’Hepatus fasciatus. Chez l’Hippa, au contraire, elle présente la conformation qui a été décrite antérieurement et qui est propre aux Macroures (fig. 103, pla). Le système valvulaire terminal est partout bien développé, mais n'offre rien de spécial. On voit, d’après la description qui précède, que le squelette ARTICLE N° Î. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 125 gastrique diffère considérablement dans chacun des trois genres que Jai étudiés parmi les Hippiens. A la vérité, les dents latérales sont à peu près semblables chez l’Albunea et le Remipes; les peignes font partout défaut, ainsi que les pièces mésopyloriques antérieures, et les postérieures sont en conti- nuité chez le Remipes et l’Hppa; partout la pièce wropylorique est indistincte et enfin, dans ces deux derniers genres, le repli interampullaire se renfle et devient très épais. Mais les carac- tères les plus importants du squelette gastrique, ceux qui résultent de la conformation des pièces de l’armature stoma- cale et qui sont presque identiques dans les groupes reconnus homogènes, comme on l’a vu, par exemple, chez les Grap- siens, les Leucosiens et comme on le verra chez les Paguriens, les Palinurides, les Thalassiniens, les Astaciens, elc., cescarac- tères, dis-je, diffèrent absolument. La tribu des Hippiens semble donc essentiellement hétérogène. M. E. Miers (1) en a récemment passé en revue les espèces connues, au nombre de vingt-deux et les a divisées en Hippide (genres Remipes, Mastigochirus, Hippa) et en Albuneiddæ (genres Al/bunea, Lepidops, Blepharopoda). Mais ce classement laisse dans la même famille les genres Remipes et Hippa et, dans aucun groupe naturel, je n'ai observé des différences semblables à celles qui séparent le squelette gastrique dans ces deux genres. Peut-être une nouvelle revision des Hippiens est-elle encore nécessaire. Il. — LITHODES ET PAGURIENS. Lithodes Japonica (De Haan), Japon. — verrucosa (Dana). Pagurus granulatus (Oliv.), Rio-de-Janeiro. — Bernhardus (Linn.). Concarneau. Cenobita compressa (Guérin): — spinosa (Edw.), mers d’Asie. — spec. ? mers d'Asie. Birgus latro (Herbst), mers d’Asie. (1) E. Miers, Journal of the Linnean Society, Zoology, 1878, vol. XIV, p- 312. ANN. SC. NAT., ZOOL., SEPTEMBRE 1883. XVI. 9. — ar N° 1. 1426 F. MOCQUARD. Je réunis dans une description commune le squelette gas- trique des Lithodes et celui des Paguriens, qui se rapportent à un même type. Le premier se reconnait d’ailleurs immédiate- ment à la direction de la division pylorique de l’estomac, qui, au lieu d’être horizontale, ainsi que cela a lieu chez les Pagures, ou seulement un peu inclinée comme chez les Génobites et le Birgus, a une obliquité notablement plus grande. L’estomac est très allongé, particulièrement chez les Pagures (fig. 114, 116, 129, 197). Le sac cardiaque (mêmes figures, sc) estétroit transversale- ment, régulièrement arrondi lorsqu'il est distendu, un peu dé- primé en avant sur la ligne médiane et présente sur sa paroi antérieure deux disques, les disques cardiaques, d'apparence cartilagineuse, un de chaque côté, plus ou moins invaginés (mêmes figures, de). De longues soies en garnissent le bord inférieur chez les Pagures; elles naissent par touffes sur des pointes grèles et peu longues au nombre de sept ou huit chez les Génobites et sont situées plutôt sur la partie inférieure du bord interne. Ces disques prennent des caractères particuliers chez le Birqus (fig. 124), où je les ai déjà décrits (1), ainsi que le rôle qu'ils me paraissent devoir remplir et sur lequel je re- viendrai dans la suite. Je rappellerai seulement ici que, chez ce Pagurien, ils ouvrent et ferment alternativement l’orifice œsophagien supérieur et méritent le nom de valvules sus-æso- phagiennes. Armature stomacale. — L’armature stomacale est fortement constituée chez les Paguriens aussi bien que chezles Lithodes; chez le Birqus surtout, elle acquiert des dimensions et une puissance remarquables. Dans les deux groupes, excepté le Pagurus granulatus, parmi les Paguriens que j'ai étudiés, la pièce mésocardiaque est sem- blable à celle de l’Albunea, mais l'arc transversal calcifié qui en forme la partie postérieure est plus épais et ressemble à un large bourrelet ; il est également plus étendu et, par ses extré- (1) Ann. sc. nal., Zool., 6° série, t. XII, art. n° 3. ARTICLE N° {. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPIITHALMAIRES. 197 mités élargiesentriangle,débordesur les côtés la paroicardiaque latérale (fig. 122, 197, mc). La convexité de son bord posté- rieur croit du Birqus aux Lithodes en passant par les Cénobites et le Pagurus Bernhardus. En avant de cet arc, la pièce mé- socardiaque est mince, ridée longitudinalement et se continue sans ligne de démarcation nette avec la membrane stomacale, comme on le voit chez le Berqus (fig. 129), ou est limitée par un simple replicomme chez les Lithodes(fig. 127). Son prolon- gement postérieur est épais, calcifié et se sépare nettement de la pièce urocardiaque, qui est semi-transparente (fig. 129, 127). Chez le Pagurus granulatus, la pièce mésocardiaque con- siste en une lame plane, à peu près quadrilatère, dont le côté postérieur, le plus long, est convexe et épaissi, modérément saillant sur la pièce urocardiaque (fig. 114, 115). Les pièces ptérocardiaques ont la forme que nous avons déjà observée dans les genres Hippa et Albunea, parmi les Hip- piens, et que nous retrouverons presque constamment chez les Macroures. Elles sont fortement calcifiées ; la base en est assez étroite et offre, ainsi que les autres bords, les mêmes courbures que chez l’Hippa, mais accusées à des degrés va- riables (fig. 115, 120, 195, pc). Un ligament antéro-latéral aplati s'étend du sommet à l’extrémité antérieure de la pièce zygocardiaque et à l’angle supérieur tronqué de celle de la pièce prépectinée (fig. 116, /g). La pièce zygocardiaque a la forme d’une large lame irrégu- lièrement losangique, concave transversalement sur sa face supérieure et dont la grande diagonale est dirigée d'avant en arrière et un peu en dedans (fig. 118, 122, 124, 198, zc). On lui retrouve une forme à peu près semblable chez tous les Ma- croures qui suivent, à l’exception des Palinurides, des Eryo- nides et des Salicoques. Le bord supéro-externe en est très épais et tordu sur lui- mêre autour d’un axe longitudinal chez le Birqus et les Céno- bites ; il s'étale et devient fort large dans sa partie postérieure chez les Pagures et les Lithodes. Ce bord, que nous avons vu 198 F. MOCQUARD. jusqu'ici se diriger très obliquement d’arrière en avant et de dedans en dehors a, chez les Lithodes et les Paguriens, une direction longitudinale qui contribue, avec la forme de la pièce mésocardiaque et la direction de la région pylorique, à donner au squelette gastrique de ces Macroures un aspect particulier. Chez les Lithodes, la dent latérale se termine en avant par un tubercule allongé, un peu excavé sur sa face interne, bordé, excepté en arrière, par une arête épaisse qui, chez la Lithodes Japonica, est mousse et comme usée (fig. 128, dl). Une se- conde arêle, également peu accusée dans l’espèce que je viens de citer, mais tranchante et irrégulière chez la L. verrucosa, traverse obliquement la face interne de la dent et en gagne le bord inférieur; elle y détermine, seulement chez cette der- nière, une large saillie en forme de cône comprimé. Au delà, dans sa moitié postérieure, la face interne de la dent porte une série de crêtes transversales, peu saillantes chez la L. Japonica {11 à 13), mais qui deviennent, dans l’autre espèce (17 à 19), des lamelles triangulaires don t le sommet est fortement pro- longé vers le haut. Chez les Pagures, le tubercule antérieur de la dent est dis- posé comme chez les Lithodes ; il est seulement moins étendu, plus étroit, à bords plus tranchants, et limité en arrière par une scissure assez profonde du bord inférieur (fig. 118). 1, arête oblique qui le suit se prolonge sur le bord inférieur de la dent, en prenant la forme d’une crête tranchante à bord libre convexe. Les crêtes transversales, plus nombreuses chez le P. Bernhardus, n'offrent rien de particulier. On remarquera que cette forme de la dent latérale des Pagures est peu éloi- onée de celle de la dent des Dromies et des Homoles (comp. les fig. 92 et 118). Je n'insisterai pas sur la dent latérale du Birgus (fig. 124), que j'ai décrite dans tous ses détails (1), et quant à celle des Cénobites, elle est semblable à celle du Birgus moins le nie cule antérieur (a). (1) Ann. sc. nat., Zool., €e série, t. XIIL, art. n° 3. (a) Cuvier décrit de la manière suivante l’armature stomacale du Birqus ARTICLE N° f. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 199 En arrière de l’extrémité postérieure de la dent latérale, on voit, chez les Lithodes (fig. 128), une saillie conique ter- minée par une ou deux pointes aiguës, dirigées en dedans et en arrière. Cette saillie est remplacée, chez les Paguriens, par un ou deux replis plus saillants, plus ou moins recourbés et garnis de soies en partie épineuses (fig. 118, 124). Chez les Paguriens, les pièces exopyloriques sont très épaisses, larges, presque losangiques et à double courbure ou en selle (fig. 116, 122, ep). La surface externe en est très iné- gale chez le Bérgus et les Cénobites ; la courbure en selle est moins accusée chez les Pagures. Par l'angle interne de leur bord supérieur, elles s’articulent avec la pièce propylorique, excepté cependant chez le Paqurus Bernhardus. Ghez les Lithodes (fig. 127) elles sont plus étroites et ont une forme plus voisine de celle qu’on observe chez les Brachyures ; comme chez le P. Bernhardus, elles S’articulent en dedans avec la pièce pylorique seulement. La pièce pylorique diffère peu chez les Lithodes et les Pagures; elle s’épaissit comme d’ordinaire à ses angles anté- rieurs, qui embrassent, excepté chez le Pagurus granulatus, latro (Pagurus latro, Fabr.) (1) : « Dans le Pagurus latro, l’apophyse car diaque (pièce urocardiaque) a une base large (la pièce mésocardiaque); sa surface non triturante est unie et jaune. Sa surface triturante est brune et relevée d’une carène mitoyenne dentelée. L’extrémité de cette apophyse est arrondie en bourrelet, avec une pointe mitoyenne terminale. La grande dent latérale à trois ou quatre tubercules en arrière, et en avant des lames trans- versales formant des dentelures le long du bord interne, effacés au milieu, qui est creux, et au bord externe. La petite dent (le peigne) est considérable et formée de deux parties réunies à angle, l’interne en forme de fuseau, plus grande, cannelée en travers; l’externe ayant des lames obliques. » Cette brève description manque d’exactitude. La dent médiane présente laté- ralement des côtes transversales obliques dont Cuvier ne parle pas. En ce qui concerne la dent latérale, il est probable que les mots « en arrière » et « en avant > qui indiquent la situation des « tubercules » et des « lames transver- sales » ont été intervertis par suite d’une erreur typographique. Quant aux peignes, ils ne se composent pas de deux parties et les « lames obliques » dont serait pourvue la partie externe ne sont peut-être que celles de la valvule cardio-pylorique. (1) G. Cuvier, Leg. d'anat. comp., 2 édit, t. V, p. 218. 130 EL. MOCQUARD. les extrémités externes du bord supérieur de la pièce propylo- rique (fig. 114, 127, p). Chez les Cénobites et le Birgus, ces angles sont occupés par une sorte de disque très épais, ova- laire et à grand axe transversal, un peu excavé sur sa face externe chez le Birqus et le Cenobita compressa et sur lequel s’insère, de.chaque côté, le faisceau interne des muscles gas- triques postérieurs (fig. 122). De la partie externe du bord supérieur de chaque disque, il part un court prolongement triangulaire qui se dirige en avant et se place dans la partie postérieure de l’intervalle que laissent entre elles les pièces propylorique et exopylorique. La pièce pylorique reste mem- braneuse entre les deux disques; mais au lieu de se terminer en arrière par un bord convexe semi-circulaire, ainsi que nous l’avons toujours observé, elle se prolonge en une bande médiane de consistance cartilagineuse, en continuité avec les disques et dont les bords relevés et épaissis sont concaves laté- ralement (fig. 122). On observe la même disposition chez les Lithodes et les Pagures (fig. 127, 114). Ge prolongement est creusé sur sa face externe, chez le Pagurus granulatus et le Birgus, en une gouttière longitudinale assez profonde et il aboutit partout à un enfoncement arrondi (e), suivi lui-même d’un second plus petit chez le Paqurus granulatus. Sur ses côtés se trouve un large disque presque régulièrement circu- laire, un peu invaginé, convexe en dehors et dont les bords, saillants à l’intérieur, sont garnis de soies; on le rencontre également chez les Porcellanes, les Æglées et les Galathées (fig. 114, etc., dg). Excepté chez le P. granulatus, la pièce urocardiaque est, comme on la vu, distincte de la pièce mésocardiaque. Elle n'offre rien de particulier chez le Birqus (fig. 199, 195, wc) et les Cénobites; mais elle est très large en avant chez le P. gra- nulatus (fig. 114, 115), et chez le P. Bernhardus et les Li- thodes, on voit, sur sa face interne, à son extrémité postérieure élargie, deux saillies ovalaires aplaties et fort peu accusées (fig. 120, q), les éminences urocardiaques. La dent médiane, qui termine la pièce urocardiaque, est ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 131 très simple chez les Lithodes ainsi que chez les Pagures et ne diffère guère que par sa longueur, qui l’emporte sur sa largeur chez la L. Japonica, et le P. Bernhardus, tandis que le con- traire à lieu chez le P. granulatus (fig. 190, 115, dm). Le bord qui en limite la surface triturante a la forme d’un U dort les branches, dirigées en avant et en haut, divergent légère- ment; il est relevé en arrière et sur les côtés d’une crête à laquelle se relie une saillie médiane longitudinale. Toute autre est la dent médiane chez le Birgus et les Céno- bites. Très saillante et très large, elle égale à peu près en lon- gueur la pièce urocardiaque et se trouve disposée sur un type que nous n’avons pas encore rencontré. Je renverrai, pour celle du Birqus (fig. 195), à la deserip- tion que j'en ai donnée récemment (1). Celle du Cenobita spinosa est semblable, seulement la côte médiane est plus courte et 1l n’y a de chaque côté qu’une côte transversale oblique ; puis viennent trois autres côtes étendues d’un bord à l’autre de la dent et qui augmentent d’épaisseur d'avant en arrière. Elle diffère chez le C. compressa en ce que la côte mé- diane est convexe dans le sens longitudinal et plus saillante, presque tranchante et en forme de crête, et que la dernière côte transversale, située au bord postérieur de la dent, est interrompue en son milieu par une échancrure. [ei, la forme de la dent est nettement celle d’un coën épais, dont le tran- chant est oblique en bas et en arrière et dont les faces se diri- sent en haut et en dehors. Mais ces faces ne sont pas planes; elles se gauchissent de telle sorte que dans leur partie anté- rieure elles se renversent en dehors en se rapprochant de la direction horizontale, sans cependant l’atteindre, tandis qu’en arrière et par une transition graduelle, elles se relèvent et deviennent sensiblement verticales près de leur bord supérieur. Une section transversale de la dent, à son extrémité posté- rieure, a sensiblement la forme d’un cœur de carte à jouer, (14) Ann. sc. nat., Zool., 6° sér., t. XIIL, art. n° 3. 132 F. MOCQUARD. abstraction faite du bord supérieur. La dent médiane est éga- lement cunéiforme chez le Birqus et le C. spinosa, mais ce caractère y est moins accusé. Chez un autre Cénobite (spec.?), la côte médiane de la dent est rectiligne ; les latérales, au nombre de deux, sont rudi- mentaires, et des deux côtes transversales qui suivent, la pre- mière est en V, tandis que la postérieure, située sur un plan supérieur et par conséquent moins saillante, embrasse la pré- cédente et décrit une demi-circonférence à peu près régulière. Chez les Pagures, une lame épaisse et triangulaire, concave sur sa face antérieure, occupe, de chaque côté, l’espace com- pris entre les bords latéraux de la pièce propylorique à son extrémité inférieure, la dent médiane et l'extrémité posté- rieure de la pièce urocardiaque. Son bord externe, convexe et dirigé obliquement en bas et en avant, est armé, à l’intérieur de l’estomac où il fait saillie, d’une rangée d’épines courtes et grêles, dirigées en dehors et un peu en avant (fig. 115, /pg). Ce bord se continue avec la voûte membraneuse cardio-pylo- rique. Ces lames existent aussi chez les Lithodes; mais elles ne s'étendent pas jusqu’à la pièce propylorique et ne portent qu'un petit nombre d’épines (fig. 120). Elles sont encore plus réduites chez les Cénobites et manquent chez le Birqus. La pièce propylorique a la forme d’un T, dont la tige s’élar- git notablement vers le haut. Son bord supérieur, assez forte- ment concave en haut et en avant chez les Lithodes et les Pagures, l’est beaucoup moins chez les Cénobites et très fai- blement chez le Birgus (fig. 126). Elle est particulièrement épaisse chez ces derniers Paguriens. La gouttière longitudinale que présente sa face antérieure est coupée, chez le Birqus, à sa partie supérieure par une barre transversale. Bien développés chez les Pagures, mais garnis de soies très courtes (fig. 115, ppr), les pénicilles propyloriques sont rudi- mentaires chez les autres Paguriens et les Lithodes. Pièces de soutien. — Diverses particularités doivent être mentionnées. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 133 La pièce prépectinée est aplatie et non en forme de baguette (fig. 116, 124, 198, prp); elle s’élargit à son extrémité anté- rieure et se continue en arrière avec la pièce pectinée et la plaque cardiaque latérale. Les peignes offrent encore une forme normale chez les Pagures et en particulier chez le P. granulatus, où ils comptent cinq ou six petites dents coniques, régulièrement rangées (fig. 118, pg). Chez les Lithodes, les dents sont encore plus petites, irrégulièrement réparties près du bord antérieur d’une large saillie aplatie, allongée dans le sens vertical et à parois très épaisses (fig. 128). Chez les Cénobites et le Birgus, les peignes ne se composent plus que d’une série assez nombreuse d’ drnnes courtes et très grêles (fig. 124). La plaque cardiaque latérale se distingue par sa grande lon- gueur (fig. 116, 124, 128, pcp) et par les touffes de soies qu’elle porte sur sa face interne et qui naissent, comme chez l’'Homole, sur des mamelons invaginés, mais très petits, excepté chez le Berqus (fig. 124) et le P. granulatus. Les pénicilles post-æsophagiens se font remarquer par des dimensions considérables et leur forme rectangulaire (mêmes figures, pæ). L’orifice externe de l’invagination correspon- dante est étroit, allongé d’avant en arrière et entouré d’une sorte de cadre articulé par son angle postérieur avec l’extré- mité adjacente de la pièce pennée (fig. 116, cd). Chez le Birgus, l'articulation se fait avec la base d’une calcification triangu- laire allongée, qui semble s’être séparée de la pièce pennée (Mig M9 ce): On remarquera aussi que chez les Paguriens, et particuliè- rement chez les Cénobites et le Birqus, l'extrémité inférieure de la pièce subdentaire se place, non au-dessus de l’extrémité adjacente de la pièce cardiaque inféro-latérale, mais en arrière, et qu'elle s’articule plus étroitement avec l’extré- mité antéro-externe de la pièce sus-ampullaire antérieure (fig. 116, sd). Enfin, la valvule cardio-pylorique présente, chez les Li- thodes et les Paguriens, des caractères que nous n’avons pas 134 F. MOCQUARD. encore observés. Le sommet de cette valvule est composé de deux triangles unis sur la ligne médiane par le côté le plus court et formant ensemble un V largement ouvert en avant (fig. 118, 124, 198, vc). Sur chacun de ces triangles s'élève verticalement une rangée de lamelles transversales très sail- lantes et en général flexibles, de couleur brune, et qui dimi- nuent graduellement d’étendue de dedans en dehors. Ces lamelles sont à peu près rectangulaires chez les Paguriens, triangulaires chez les Lithodes. Chez le Birqus, elles adhèrent les unes aux autres par leur base et deviennent ainsi moins saillantes et rigides, excepté les plus postérieures, qui restent libres. Il en résulte une dent médio-inférieure bien caracté- risée, dont l’existence a déjà été signalée par M. H. Milne Edwards chez le P. granulatus (1). Toutefois, je l’ai trouvée constamment composée de lamelles et non simplement striée, comme l’a vue l’éminent professeur. On la rencontre avec les mêmes caractères chez les Porcellaniens et les Galathéides. Les bords auriculaires de la base de la valvule s'étendent horizontalement et ne sont pas relevés ; il n’y a donc pas d’au- ricules (fig. 116, 193, ba). Des pièces cardio-pyloriques latérales bien distinctes existent chez les Lithodes, tandis qu’elles font défaut chez tous les Paguriens. Région pylorique. — Aux caractères généraux décrits à la page 115 j'ajouterai les particularités suivantes : La pièce uropylorique a des dimensions considérables et un bord antérieur profondément concave (fig. 114, 199, 127, up). Chez les Lithodes, la pièce pylorique antéro-inférieure est pentagonale, et chez les Paguriens elle a la même forme que chez la Dromie et l’Albunée (fig. 117, 193, ai). En arrière de la pièce pylorique postéro-inférieure peu sail- lante, les pièces sus-ampulluires postérieures se recourbent directement en dedans (également chez l’Hippa emerita) pour (1) H. Milne Edwards, Leçons de phys. et d’anat. comparée, etc., t. V, p. 555, note (a). ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 135 s’articuler entre elles chez les Paguriens (fig. 117, 123, sp) et s'unir bout à bout chez les Lithodes. La valvule pleuropylorique consiste en un long et épais bour- relet couvert de soies et divisé par un sillon longitudinal en deux parties à peu près égales prolongées en arrière en une courte saillie conique (fig. 124, vp). Enfin, les valvules terminales dorsale et latérales superfi- celles acquièrent chez les Paguriens, et surtout chez les Pagures, une longueur extraordinaire (fig. 114, 129, vd, vs). Un cul-de-sac valvulaire se développe exceptionnellement chez les Lithodes entre la valvule dorsale et les latérales super- ficielles (fig. 127, cv). La description précédente confirme d’abord ce fait que les Cénobites sont plus voisins des Birgus que les Pagures. Elle montre, de plus, qu'il existe certaines affinités entre les Lithodes et les Paguriens (a). Non seulement, en effet, le sque- lette gastrique y présente la même configuration générale, mails 1l y a encore similitude dans les détails ; c’est ainsi que les pièces de l’armature stomacale, la valvule cardio-pylorique, les pénicilles post-æsophagiens, la pièce uropylorique, les val- vules interampullaire antérieure et pleuropylorique, pour ne citer que les particularités les plus importantes, sont sem- blables dans les deux groupes. (a) « Les Lithodes, dit M. H. Milne Edwards dans son Histoire naturelle des Crustacés (1), ont été rangées jusqu'ici parmi les Oxyrhynques, à cause de la forme de leur rostre, mais ce n’est point là leur place, et c’est évidemment à la division des Anomoures qu’elles appartiennent. C’est avec les Aptérures et sur- tout avec les Homoles qu’elles ont le plus d’analogie; mais elles établissent le passage entre ces Crustacés et les Birgus. » Mieux que toute autre particularité d'organisation, l'appareil stomacal montre combien les Lithodes sont éloignées des Oxyrhynques et combien, en même temps, elles se rapprochent des Birqus. (1) Tome II, p. 184. 136 F. MOCQUARD. [IT. — PORCELLANIENS. Porcellana platycheles (Penn.), Concarneau. — violacea (Guérin), Chili. — spec. ? Rio-de-Janeiro. Æglea lœvis (Latr.), Montevideo. Les caractères qui rapprochent le squelette gastrique des Æglées de celui des Porcellanes sont en général tirés des pièces de moindre importance, et n’ont par conséquent qu’une valeur secondaire. Au contraire, ceux que fournissent les pièces de l’armature stomacale diffèrent notablement. C'est pourquoi j’étudierai séparément chacun de ces genres. Genre PORCELLANE. L’estomac est court, le sac cardiaque peu développé (fig. 129). L'appareil stomacal est relativement puissant, et, par cer- tains côtés, se rapproche de celui de l’Hippa. Ainsi, les pièces mésocardiaque, ptérocardiaques et exopyloriques ont les mêmes caractères dans les deux genres (fig. 129, mc, cp, ep); seule- ment, au lieu d’une échancrure sur le bord antérieur de la première, comme chez l’Hippa, c’est une saillie convexe plus ou moins large que l’on observe chez les Porcellanes ; de plus, chez celles-ci, il y a continuité entre cette pièce et la pièce urocardiaque. Chez la P. violacea, l’arête mésocardiaque est sensiblement convexe en arrière et non directement transver- sale comme dans les autres espèces; elle est aussi moins saillante. Mais ce qui caractérise surtout le squelette gastrique des Porcellanes, c’est la conformation particulière de la pièce pylorique. Gette pièce est fortement calcifiée sur toute sa lar- geur, sans division médiane; ses angles antérieurs, recourbés directement en avant, embrassent étroitement l'extrémité supérieure de la pièce propylorique (fig. 129, p) et s’articulent ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 137 en dehors avec le bord interne des pièces exopyloriques. Le bord postérieur est convexe chez les P. violacea et platycheles, et présente dans l’autre espèce une courte saillie anguleuse médiane. Quant aux bords latéraux, ils se prolongent par leur angle postérieur en une apophyse styliforme dirigée en dehors et légèrement recourbée en arrière (as), plus courte et plus large à la base chez la P. violacea. Elle sert, de chaque côté, à l’insertion du faisceau interne du muscle gastrique postérieur. Ges apophyses, que je n’ai rencontrées dans aucun autre genre de Décapodes, donnent au squelette gastrique des Porcellanes, conjointement avec les pièces mésocardiaque et exopyloriques, un aspect caractéristique. Le Zigament antéro-latéral est disposé comme chez les Pa- guriens ; mais sa portion externe, unie à la pièce prépectinée, est épaisse et calcifiée. Il en est de même chez les Galathées (fig. 137, /g), tandis que chez l’Æglée cette partie du liga- ment est tellement mince qu'elle se distingue difficilement de la membrane stomacale. Le bord supéro-externe des pièces zygocardiaques est presque parallèle à la ligne médiane (fig. 129, bs) ; toutefois, il est beaucoup plus oblique de dedans en dehors et d’arrière en avant chez la P. violacea. Un tubercule antérieur allongé, convexe transversalement, occupe, chez la P. violacea, presque la moitié de la longueur de la dent latérale (fig. 139, db) ; il est sensiblement plus court dans les autres espèces. Le bord inférieur de ce tubercule se prolonge en arrière en une crête tranchante, légèrement con- cave, qui se termine vers le tiers postérieur de la dent par un denticule triangulaire au delà duquel la dent devient plus étroite. Quatre ou cinq crêtes transversales surmontent la pré- cédente et sont suivies d’un grand nombre d’autres de plus en plus minces. Courte et aplatie, rétrécie dans sa partie moyenne, la pêèce urocardiaque (fig. 131, uc) s'articule à son extrémité posté- rieure avec la dent médiane. Chez les espèces platycheles et violaceu, la dent médiane est 138 F. MOCQUARD. très allongée, près de deux fois plus longue que large, un peu concave sur sa face inférieure dans le sens longitudinal, et présente un rétrécissement marqué à l’union de son tiers antérieur avec ses deux tiers postérieurs (fig. 131, dm). Les bords latéraux de sa surface triturante sont faiblement relevés, et son extrémité postérieure, peu saillante, est limitée par un bord convexe. Chez cette espèce, venant de Rio-Janeiro, et que je regrette de n'avoir pu déterminer, le rétrécissement est moins sensible et le sommet de la dent est divisé par un sillon longitudinal qui le rend bifide. Remarquablement étroite, la pièce propylorique se termine par un bord supérieur rectiligne (fig. 134, pp). En avant de l'extrémité inférieure de cette pièce, au-dessus de l'extrémité postérieure de la dent médiane, est une pointe spiniforme dirigée en dehors etun peu en arrière, et qui repré- sente vraisemblablement les pénicilles propyloriques. On l’ob- serve également, simple ou multiple, chez les Galathéides, mais non chez l’Æglée. Pièces de soutien. — À l'exception de la pièce postpectinée, qui est très courte et très grèle, et de la pièce pectinée, qui n’est pas distincte, les pièces de soutien sont bien développées. Large comme chez les Paguriens, la pièce prépectinée S'ar- ticule en arrière avec les peignes, tandis que son extrémité antérieure, renversée en dehors pour donner insertion à un faisceau musculaire, s’unit par son angle supérieur au liga- ment antéro-latéral. Les peignes sont constitués par une invagination large et profonde, dont la paroi antérieure est une lame épaisse, de consistance cartilagineuse, située dans un plan vertical oblique en dedans et en arrière et faisant, avec le plan médian, un angle d'environ 45 degrés. Cette lame est triangulaire, son sommet tourné en dehors, s’articule avec l’extrémité posté- rieure de la pièce prépectinée; le côté interne ou la base du triangle, un peu concave dans sa partie supérieure et convexe inférieurement, est incliné en bas et en dehors et armé d’une rangée de pointes robustes au nombre de dix chez la P. pla- ARTICLE N° {, ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 139 tycheles (fig. 150), de quinze chez la P. violacea. La plus supérieure et en même temps la plus longue se divise en plu- sieurs grosses soles à son extrémité. Les peignes ont la même conformation chez les Gala- théides. Toutes les autres pièces de soutien sont exactement dispo- sées comme on le voit chez la Galathea strigosa, fig. 137. Les pénicilles post-æsophagiens et la valvule cardio-pylo- rique ont les mêmes caractères que chez les Paguriens, avec cette différence que les lamelles que celle-ci porte à son sommet sont rangées sur un arc de cercle et non sur les branches d’un V. Ceci s'applique également aux Æpglées et aux Galathées; mais chez les dernières les lamelles ont la partie antérieure de leur bord libre déchiquetée. Les auricules sont assez développées et la crête médiane que présente sur sa face postérieure la paroi antérieure de la valvule cardio-pylorique se divise longitudinalement en deux parties, distinctes chez les espèces platycheles et violacea, réu- nies à leur extrémité supérieure par un arc transversal à con- cavité inférieure dans l’autre espèce. Région pylorique. — En arrière des pièces mésopyloriques antérieures, dont l’existence a été signalée, on trouve une lame médiane sensiblement rectangulaire, à grands côtés lon- gitudinaux, concave transversalement sur sa face supérieure et articulée étroitement d’une part, en arrière, avec l'arc uro- pylorique sur lequel elle fait saillie (fig. 129, wp); d'autre part, sur les côtés, avec deux pièces latérales fort grèles occu- pant la même situation et affectant les mêmes rapports que celles que jai regardées, chez les Paguriens, comme des pièces mésopyloriques postérieures. On peut remarquer, sur la paroi inférieure, que la pièce pylorique antéro-inférieure à une forme pentagonale comme chez les Lithodes; que les ampoules pyloriques sont très étroites d'avant en arrière et beaucoup plus étendues dans le sens transversal; que la pièce pylorique postéro-inférieure s'articule avec les pièces sus-ampullaires postérieures de la 140 F. MOCQUARD. même manière que chez les Brachyures et non comme chez les Paguriens, et qu'enfin il existe une valvule interampullaire antérieure large et très courte. Les pièces sus-ampullaires etpleuropyloriques n’offrent rien de particulier à mentionner. La valvule pleuropylorique se divise en quatre ou cinq replis parallèles superposés recou- verts de fines soies. Normales et relativement très développées sont les valvules pyloriques terminales. Genre ÆGLÉE. Dans ce genre, le sac cardiaque est globuleux, plus déve- loppé que dans le précédent (fig. 133). La pièce mésocardiaque (mc) n’a aucun des caractères que nous lui avons reconnus chez les Porcellanes, et ressemble à celle des Paguriens. Il en est de même des pièces plérocar- diaques (pc). On connaît la disposition du ligament antéro- latéral. Beaucoup plus que chez les Porcellanes, le bord supéro- externe des pièces zygocardiaques est oblique en dehors et en avant (bs). Des épines courtes, assez larges à la base et recour- bées en dedans à leur extrémité libre, garnissent la moitié interne du bord antérieur de ces pièces (fig. 135). La dent latérale diffère également de celle des Porcellanes. Le tubercule antérieur est court, très saillant et arqué, à con- cavité postérieure ; 1l est suivi d’un petit nombre de crêtes transversales, dont les deux premières sont très fortes et dont la seconde se prolonge en bas en un denticule triangulaire à bord tranchant, au delà duquel la dent se rétrécit brusque- ment (fig 135, dl). Différentes aussi les pièces exopyloriques, qui sont étroites et dont le bord supérieur rectiligne est dirigé en dedans et un peu en arrière, mais non renversé en avant (fig. 133, cp); dif- férente la pièce pylorique (p), qui est dépourvue d° apophyses latérales et présente sur la partie moyenne de son bord supé- ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 441 rieur une concavité à court rayon très accentuée; différente enfin la pièce propylorique, qui s’élargit dans sa partie supé- rieure beaucoup plus que chez les Porcellanes et se rapproche de la forme triangulaire (pp). La pièce urocardiaque est large et plane comme chez les Porcellanes (fig. 134, uc); mais à son extrémité postérieure elle porte de chaque côté, sur sa face inférieure, une pointe conique dirigée en avant et en dehors (g), qui manque chez les Porcellanes et les Galathées. Sensiblement plus courte que chez les Porcellanes, la dent médiane est relevée en son milieu d’une crête longitudinale très saillante dont le bord libre, à peu près rectiligne, est incliné en bas et en arrière (fig. 134, dm). De chaque côté de cette crête se trouvent deux légères saillies, une antérieure très petite, une postérieure arquée, à bord tranchant, situées sur chacun des angles de la dent. Pièces de soutien. — Bien que les pièces de soutien soient assez semblables aux mêmes pièces chez les Porcellanes, elles présentent cependant quelques caractères différentiels qu’il est bon de signaler. Toutes sont fort grêles, en particulier la pièce prépectinée et la plaque cardiaque latérale. Les pièces pennée et cardiaque latérale inférieure décrivent une courbure régulière, et la seconde coiffe la première à son extrémité supérieure, ce qui n’a lieu ni chez les Porcellanes, ni chez les Galathées (fig. 137, pn, ci). Les peignes consistent en une courte saillie en forme de bourrelet portant quelques soies épineuses disposées irré- gulièrement (fig. 135, pq). Enfin il n’y a pas d’auricules, et la crête médiane située sur la face externe de la paroi cardiaque postéro-inférieure est simple et non divisée comme chez les Porcellanes. Région pylorique. — Les pièces mésopyloriques antérieures, si bien développées chez les Porcellanes et les Galathées, manquent chez l’Æglea lœvis. Les postérieures, ainsi que la pièceuropylorique, sont disposées comme chez les Porcellanes; seulement, les premières sont très minces, parfois indis- ANN. SG. NAT., ZOOL,, SEPTEMBRE 1883. XVI. 10.— ART. N° 1, 142 F. MOCQUARD. tinctes, et l’arc uropylorique (fig. 133, up), de forme triangu- laire, se soude, par son sommet tronqué et tourné en avant, à la lame rectangulaire qui le précède. Toutes les autres parties de la région pylorique offrent sen- siblement les mêmes caractères que chez les Porcellanes, si ce n’est que chez l’Æglée la valvule pleuropylorique ne se com- pose que de deux replis. On admet généralement que le genre Æglée établit un pas- sage entre les Porcellanes et les Galathées; l'étude du sque- lette gastrique ne confirme pas cette manière de voir. C’est ce qui résultera de la description suivante de cet appareil chez es Galathées. MACROURES NORMAUX. Les Galathéides, qui commencent la série des Macroures normaux, possèdent un squelette gastrique très voisin de celui des Porcellaniens, par lesquels se termine celle des Macroures anormaux ; et ceci montre une fois de plus combien sont arti- ficielles les limites que nous assignons aux divers groupes dans les classifications. Les Macroures proprement dits ont été divisés par M. H. Milne Edwards en quatre familles (1) : les Macroures cuirassés, les Thalassiniens, les Astaciens et les Salicoques. La famille des Macroures cuirassés a été à son tour subdi- visée en quatre tribus : les Galatheides, les Eryons, les Scylla- rides et les Langoustiens. Mais le squelette gastrique des Ga- lathéides n’a rien de commun avec celui des autres Macroures cuirassés ; en outre, dans la tribu des Eryons, qu’on ne con- naissait d’abord qu'à l’état fossile et qui renferme aujourd’hui divers genres actuellement vivants, entre autres le g. Pen- tacheles, 11 s'éloigne sensiblement de celui des Scyllarides et des Langoustiens, et enfin, dans ces deux dernières tribus, il se rapporte à un même type. Nous sommes donc conduits à at) H. Milne Ewards, His. nat. des Crust., t. Il, p. 269. ARTICLE N° 1, ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 143 subdiviser les Macroures cuirassés en trois groupes, qui sont d’ailleurs admis par les naturalistes, savoir : les Galathéides, les Eryonides et les Palinurides (Loricata), ce dernier compre- nant les Scyllarides et les Langoustiens. Ï. — GALATHÉIDES Galathea strigosa (Lin.), Concarneau. Munida rugosa (Fabr.), — — subrugosa (Dana), île Stewart. Grimothea spec. ? (a), Port-Famine. On ne relève dans l'appareil stomacal des trois genres : Gala- thea, Munida et Grimothea, que des différences très faibles, ne dépassant guère les limites de celles qu’on observe dans les diverses espèces d’un même genre. Par son développement, le sac cardiaque (fig. 136, 137, sc) est intermédiaire entre celui des Porcellanes et celui de l’Æglée. Armature stomacale. — La pièce mésocardiaque et les pièces ptérocardiaques ont la même conformation que chez l’Æglée ; toutefois la première (fig. 136, mc) est plus étroite d'avant en arrière, et la ligne suivant laquelle elle s'articule avec les pièces ptérocardiaques est plus rapprochée de la direction transversale (comparez les figures 138 et 134). Par tous les autres caractères du squelette gastrique et en particulier par ceux de armature stomacale, les Galathéides se rapprochent plus des Porcellanes. Ainsi, pour ne signaler que les faits les plus saillants, le igament antéro-latéral est disposé exactement de la même manière dans les deux groupes (fig. 137, lg); la direction du bord supéro-externe de la pièce zygocardiaque y est à peu près la même et moins oblique sur la ligne médiane que chez l’Æglée; la dent latérale est sem- blable; les pièces exopyloriques ont leur bord supérieur ren- (a) Cette Grimothée est considérée par M. Filhol, à l’obligeance duquel je la dois ainsi que la Munida subrugosa, comme différente de la Gr. gregaria. 144 F. MOCQUARD. versé en avaut, moins cependant chez les Galathéides ; l’ex- trémité supérieure de la pièce propylorique est étroitement embrassée par la pièce pylorique; la dent médiane à la même conformation; enfin les peignes et toutes les pièces de soutien sont presque identiques. Quelques développements sont nécessaires. La dent latérale chez la Munida subrugosa et la Grimothea diffère peu de celle de la Porcellana violacea; le tubereule antérieur est seulement moins allongé, plus saillant du côté interne et la crête qu'il envoie en arrière est un peu moins concave sur son bord inférieur (fig. 141, d{). Cette légère con- cavité devient, chez la Munida rugosa, une large échancrure anguleuse, en arrière de laquelle est un fort denticule trian- gulaire. Chez la Galathée, le tubercule antérieur est très allongé, concave sur son bord supérieur, convexe sur le bord opposé. La crête qu'il émet en est séparée par un sillon dirigé très obliquement en bas et en arrière (fig. 139). Chez tous ces Galathéides, les crêtes transversales de la dent latérale ont la même disposition et sont en même nombre (environ 17) que chez la Porcellana violacea. Simple comme chez les Porcellaniens, la pièce pylorique n’est fortement calcifiée qu’à son bord supérieur. Ses bords latéraux sont concaves (fig. 4136, p) et font saillie, à peu près comme chez les Paguriens, sur les deux disques invaginés déjà signalés à la partie antéro-supérieure de la paroi pleuro- pylorique. La pièce urocardiaque a sensiblement les mêmes caractères que chez les Porcellanes; toutelois, chez la Galathée, elle subit, comme chez le Pagurus granulatus, un rétrécissement brusque un peu au delà de sa partie moyenne (fig. 136, uc), et l’articulation de son extrémité postérieure avec la dent mé- diane manque de netteté. La dent médiane se rapporte au même type que celle des Porcellanes; comme celle-ci, elle est très allongée et rétrécie dans sa partie moyenne. ARTICLE N° Î. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 145 Chez la Galathea strigosa (fig. 138, dm), le rétrécissement se trouve, comme chez la Porcellana violacea, à l'union du tiers antérieur avec les deux tiers postérieurs ; mais à ce niveau la dent est fortemet pincée latéralement, d’où résulte une épaisse côte médiane rectiligne qui en relève la surface triturante et qui s’unit en arrière au bord postérieur convexe de la dent. Celui-ci se continue de chaque côté avec les bords latéraux, dont la saillie décroit peu à peu jusqu’au rétrécissement an- térieur. La dent médiane a la même conformation chezla Grimothée ; seulement, c’est au niveau de sa partie moyenne qu’elle est le plus étroite. Chez les Munida, le rétrécissement a lieu plus en avant, à peu près comme chez la Galathée; mais il ne s’étend pas sur toute la hauteur de la dent; il n’en atteint pas la base : c’est plutôt un simple pincement. De plus, l’extrémité postérieure de la dent est étroite et se recourbe en bas pour se terminer par une saillie arrondie. La seule différence que l’on observe dans les deux espèces rugosa et subrugosa, c’est que chez la première cette saillie est plus faible et par suite la concavité longitudinale de la surface triturante moins prononcée. Chez la Galathée, au niveau du rétrécissement que présente la dent est une lame triangulaire, située dans un plan trans- versal très oblique en bas et en avant et dont le bord externe est armé de soies épineuses (fig. 138, /p). Cette particularité, que nous avons déjà rencontrée chez les Paguriens et les Li- thodes, ne s’observe pas dans les genres Munida et Grimothea. La pièce propylorique (fig. 138, pp) ne diffère de celle des Porcellanes que par une plus grande largeur de son extrémité supérieure. Pièces de soutien. — Elles ont exactement la même disposi- tion que chez les Porcellanes, disposition qui est suffisam- ment indiquée par la figure 137. Elles ne diffèrent d’ailleurs que par leurs dimensions chez les diverses espèces de Gala- théides. Je ne m’y arrêterai donc pas et je ferai seulement remarquer : 146 F. MOCQ@UARD. 4° Que le bord interne des peignes, qui est très étroit dans les genres Munida et Grimothea, comme chez les Porcellanes, s’élargit chez la Galathée et prend la forme d’un triangle dont le sommet est dirigé en bas et dont les bords postérieur et supérieur sont garnis de soies grosses et longues, divisées à leur extrémité (fig. 139, pg); 2° Que l’arête médiane, située sur la paroi cardiaque postéro- inférieure, a la forme d’un V à branches très courtes, à sommet arrondi et tourné en bas. Région pylorique. — 1] existe chez les Galathéides, comme chez les Porcellanes, des pièces mésopyloriques antérieures (fig. 136, 137, ma). Les postérieures (fig. 137, mp) ainsi que la pièce uropylorique (fig. 136, 137, up) sont disposées de la même manière que chez les Paguriens; mais la dernière est convexe et non concave sur son bord antérieur et correspond manifes- tement aux deux pièces médianes que nous avons rencontrées chez les Porcellanes, et que nous avons déjà vues fusionnées chez l’Æglea lœvis. La valvule interampullaire antérieure est particulièrement développée chez la Galathea strigosa, où elle est triangulaire et s'étend au-dessus du repli interampullaire jusqu’au niveau de la base de la valvule postérieure (fig. 140, via). Elle est moins saillante et plus étroite chez les autres Galathéides. Je mentionnerai encore cette particularité que la valvule pleuropylorique se compose de cinq replis chez la Galathée, de deux chez la Grimothée et d’un seul peu saillant chez les Munida. D’après cette description du squelette gastrique chez les Galathéides, et d’après celle qui en a été donnée précédem- ment chez les Porcellanes et l’Æglée, il résulte que des affinités étroites rapprochent les deux premiers groupes, et que si l’Æglée en est peu éloignée, rien dans la conformation du squeleite gastrique n’indique qu’elle serve de passage entre l’un et l’autre. Avant de commencer l’étude d’autres types, je signalerai ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 147 encore ce fait que, chez les Lithodes, les Paguriens, les Por- cellaniens et les Galathéides, les disques cardiaques, Va valoule cardio-pylorique, les pénicilles postæsophagiens, la valvule in- terampullaire antérieure, la pièce pleuropylorique moyenne et la valvule pleuropylorique ont des caractères communs, qu’on ue retrouve avec le même ensemble dans aucun autre groupe. IT. — PALINURIDES. Palinurus vulgaris (Latr.), Concarneau. Scyllarus latus (Fabr.), Méditerranée. Ibacus antarcticus (Latr.), Nouvelle-Calédonie, Thenus orientalis (Fabr.), — On s'accorde généralement, peut-être faudrait-il dire una- nimement, à ranger, dans les classifications, les Palinurides à côté des Galathéides. Ces rapports de position dans la série carcinologique ne sont guère justifiés par la comparaison du squelette gastrique dans ces deux groupes. Tandis que chez les Galathéides ce squelette atteint presque le même degré de complexité et de perfection que chez les Brachyures, chez les Palinurides, au contraire, il est mamfestement dégradé et dis- posé sur un type spécial, qui est le même chez les Langous- tiens et les Scyllarides et qui ne se rapproche par aucun caractère des types voisins, si ce n’est de celui des Eryonides, en dehors duquel ce type serait tout à fait isolé. On est tout d’abord frappé du grand développement du sac cardiaque et de l’exiguité de l’espace occupé par le squelette gastrique, dont la plupart des pièces sont fort grêles et de faibles dimensions (fig. 143, 146). Globuleux chez la Langouste (fig. 142, 143, sc), très allongé verticalement chez les Scyllarides (fig. 146), le sac cardiaque preud, chez ces derniers, une forme ovoide lorsqu'il est gonflé avec de l'air; mais revenu sur lui-même, comme le montre la figure 146 chez le Scyllarus latus, 1 présente des replis dont la disposition est assez singulière et que la contraction des 148 F. MOCQUARD. muscles dilatateurs latéraux de l’estomac a évidemment pour effet de faire disparaitre. Armalure stomacale. — Chez la Langouste, la pièce mésocar- diaque est triangulaire comme chez les Brachyures (fig. 142 mc) ; mais elle est beaucoup plus large et se dirige horizontale- ment en avant; elle en diffère surtout par une échancrure anguleuse qu’elle présente de chaque côté, immédiatement en avant des extrémités externes de son bord postérieur épaissi, échancrure dans laquelle se place l'extrémité interne des pièces ptérocardiaques (pc). Gelles-e1 sont très étroites et en forme de baguette, dirigées horizontalement en dehors et légèrement recourbées en arrière à leur extrémité. Excepté chez le Thenus orientalis, la disposition de ces pièces est la même chez les Scyllarides; seulement la pièce mésocar- diaque, plus étroite chez le Seyllare, aun bord antérieur large- ment convexe, non anguleux, et la côte qui la limite en arrière ne se prolonge pas en avant sur la ligne médiane (fig. 147, 150). Chez le Thène les pièces ptérocardiaques font défaut. On remarquera que ce mode d’articulation entre elles des pièces cardiaques antérieures conformées selon le type bra- chyure est propre aux Palinurides, et que si l’on suppose les échancrures latérales de la pièce mésocardiaque plus pro- fondes et réunies sur la ligne médiane, on sera conduit à ure disposition encore plus anormale que nous observerons ulté- rieurement chez les Pénées. Un peu plus large chez les Scyllarides, avec un manubrium très court (fig. 146, 147, zc), la pièce zygocardiaque se réduit, chez la Langouste, à la dent latérale et à un long manubrium un peu élargi à la base (fig. 145), dirigé en dehors, en avant et en haut, et recourbé directement en avant à son extrémité (fig. 149). La dent latérale est conformée de la même manière chez tous les Palinurides. A son extrémité antérieure est un tuber- cule très saillant, dirigé en dedans et en avant, excavé sur sa face postéro-interne et occupant environ le quart de la lon- gueur de la dent. Simple chez la Lanoouste (fig. 145) et RTICLE N° f. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 149 l’Ibacus, mais plus étroit et recourbé en crochet chez ce der- nier, ce tubercule se divise plus ou moins profondément en deux, parfois trois (Thène) denticules triangulaires chez les autres Palinurides (fig. 149). Il est suivi d’une nombreuse série de lamelles très minces et flexibles, en général très déve- loppées, prolongées en triangle à leur extrémité inférieure chez la Langouste (fig. 145), déchiquetées chez le Thène, et ayant chez le Scyllare (fig. 149) et l’Ibacus la forme de demi-disques rangés parallèlement sur un axe commun. -Indistinctes chez l’Zbacus et le Thène, peu épaisses chez la Langouste (fig. 142, ep), les pièces exopyloriques sont assez fortement calcifiées chez le Seyllare (fig. 146, 147). La pièce pylorique est presque complètement membraneuse, sillonnée transversalement chez le Scyllare (fig. 147, p). La pièce urocardiaque se rétrécit graduellement d'avant en arrière jusqu’à la dent médiane chez la Langouste (fig. 144, uc) et s'élargit de nouveau dans sa partie postérieure chez les Scyllarides (fig. 148, 150). La concavité transversale de sa face supérieure est très accentuée, excepté en avant. Partout la face inférieure est parcourue par des sillons transversaux qui séparent des côtes chez la Langouste, des crêtes peu sail- lantes, légèrement imbriquées d’avant en arrière chez les Seyllarides (fig. 144, 148, 150). Ces crêtes, dont les figures indiquent la disposition et qui occupent en général environ la moitié postérieure de la pièce urocardiaque, sont reléguées, chez le Thène, à l'extrémité de la pièce; au nombre de quatre seulement de chaque côté et rangées sur les branches d’un V ouvert en avant, elles sont très étroites dans le sens trans- versal, plus saillantes que chez les autres Scyllarides et res- semblent à de petites écailles qui s’imbriquentsans se toucher. La pièce urocardiaque porte la dent médiane ; mais elle est suffisamment amincie à son extrémité postérieure pour per- mettre des mouvements de flexion étendus. Chez tous les Palinurides, la dent médiane est très saillante et a la forme d’un crochet recourbé en bas et en avant, bifide à son extrémité, excepté chez le Seyllare. Comprimée d’avant 150 F. MOCQUARD. en arrière avec des bords latéraux un peu déjetés en avant chez la Langouste (fig. 144, dm), elle a la forme d’une pyramide triangulaire chez le Scyllare (fig. 148 et le Thène, quadran- gulaire chez l’Ibacus (fig. 150). Si l’on considère que dans leurs trois quarts postérieurs les dents latérales sont garnies sur leur face interne de lames minces et flexibles, incapables par conséquent de diviser des aliments offrant quelque résistance, on reconnaitra que l’ap- pareil triturant stomacal des Palinurides a peu de puissance et qu'il consiste essentiellement en une pince à trois branches formée par la dent médiane et les tubercules antérieurs des dents latérales. On a vu que la dent médiane est en continuité avec la pièce urocardiaque ; elle ne s'articule pas davantage avec la pièce propylorique chez la Langouste, et cette articulation est très imparfaite chez les Scyllarides. Dans tous les cas, lorsqu'on tre en arrière la pièce propylorique, la dent médiane se meut en avant, comme si elle faisait corps avec cette pièce. Vues de profil, elles forment ensemble un are dont la concavité très accentuée regarde en avant et en bas (fig. 144). Chez la Langouste, la pièce propylorique est en Y (fig. 144, pp). Elle est plus large à son extrémité inférieure chez les Seyl- larides, mais les différences qu’on y observe sont trop peu im- portantes pour nous y arrêter. Pièces de soutien. — Chez le Scyllare, il existe une pièce pré- pectinée grêle, presque rectiligne (fig. 146, prp) et des peignes réduits à une pointe spiniforme très petite, située sur l’angle antéro-supérieur de la plaque cardiaque latérale. On trouve même en arrière de cette plaque une bandelette très étroite qui se recourbe en avant à son extrémité supérieure et qui parait être la pièce postpectinée (ptp). Chez les autres Scylla- rides, 1l existe seulement une pièce prépectinée rudimentaire et toutes ces pièces font défaut chez la Langouste (fig. 143). Cependant on lit dans Cuvier (1) : « Dans les Langoustes… (}GACuvier, loc.tciL-, MN p 28; ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 451 les petits tubercules dentaires latéraux portent deux ou trois très petites dents. » Il s’agit des peignes. J’ai examiné un nombre assez considérable d’estomacs de Langouste com- mune sans Jamais rencontrer sous l’extrémité antérieure de la dent latérale autre chose qu’un bourrelet membraneux cou- vert de soies, et Cuvier ne nomme pas les espèces sur les- quelles ont porté ses observations. La plaque cardiaque latérale à la forme d’un triangle allongé, à sommet tourné en bas (fig. 143, 146, pcp). En arrière de l’orifice supérieur de l’œsophage s’élève, chez l’Ibacus, une saillie membraneuse conique aussi longue que celle qui a été signalée précédemment chez le Myctrris longi- carpis. Dans les autres espèces, c’est un simple repli médian un peu plus saillant chez le Thène. Les pénicilles postæsophagiens manquent chez tous les Palinurides. La pièce pennée et la pièce cardiaque inféro-latérale sont grèles et relativement très courtes (fig. 143, 146, pn, ci). Chez la Langouste, la dernière coiffe la pièce pennée à son extré- mité supérieure (fig. 143) et s'articule étroitement avec la pièce sus-ampullaire antérieure; mais chez les Scyllarides, les extrémités contiguës de ces trois pièces s'unissent entre elles en même temps qu’elles s'amincissent, ce qui permet des mouvements de flexion. Si, chez les Palinurides, la plupart des pièces de l'appareil stomacal se font remarquer par une réduction dans leurs dimensions, la pièce subdentaire se distingue par une longueur exagérée. Affectant avec la dent latérale les rapports ordi- naires, elle ne s'articule pas à son extrémité inférieure avec la pièce cardiaque inféro-latérale, comme chez les Brachyures, ni, comme chez quelques Macroures (Paguriens), avec la pièce sus-ampullaire antérieure, pièces en dehors desquelles elle est située et dont elle est séparée par un large espace, mais seulement avec l’angle inférieur et externe de la pièce pleuro- pylorique antérieure; elle détermine, de chaque côté de l’étranglement cardio-pylorique, une forte saillie anguleuse 152 F. MOCQUARD. dirigée en bas, en dehors et en arrière (fig. 142, 143, 146, 447, sag) et sur laquelle s’insère un faisceau musculaire. Cette disposition est propre aux Palinurides. La valvule cardio-pylorique est membraneuse, linguiforme, comprimée d'avant en arrière et creusée en une gouttière anguleuse peu profonde sur sa face antérieure, excepté chez le Thène, où cette face est sensiblement plane. Les bords latéraux de la base, qui est à peine calcifiée, ne se renversent pas en dehors et 1l n’y a aucun vestige d’auricules. Région pylorique. — À l'exception de la pièce plewropylo- rique postérieure, qui manque chez tous les Palinurides, et de la pièce uropylorique, qui est indistincte chez les Scyllarides, on retrouve dans cette région les pièces accoutumées. Elles présentent les particularités suivantes : Les pièces mésopyloriques antérieures, distinctes et très orêles chez le Scyllare (fig. 146, 147, ma) et l’Ibacus, sont réunies chez la Langouste (fig, 142, 143) et le Thène en une lame médiane rectangulaire, allongée d'avant en arrière et échancrée en V sur son bord antérieur. Les postérieures sont disposées comme chez les Galathéides (fig. 143, 146, mp). Au delà, la voûte du conduit pylorique est uniformément épaissie chez les Scyllarides, tandis que chez la Langouste la pièce uropylorique semble représentée par deux lames ovalaires situées sur les parties latérales de la paroi (fig. 142, up). La pièce pylorique antéro-inférieure est étroite et pentago- nale; mais elle est beaucoup plus allongée que dans les groupes précédents. La postéro-inférieure offre ceci de parti- culier qu’elle est en continuité avec les pièces sus-ampullaires postérieures. Contrairement à ce qui a lieu chez les Galathéides, les ampoules pyloriques sont longues et étroites, le repli interam- pullaire mince sur toute sa longueur. On remarquera encore qu’il n’existe pas de valvule pleuro- pylorique et que la pièce pleuropylorique moyenne, grêle et en forme de baguette, s’élargit à son extrémité postérieure et ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 453 remonte jusque sous le repli uropylorique, en se recourbant un peu en avant (fig. 143, 146, plm). Les valvules terminales superficielles sont peu développées; toutefois, la valvule dorsale, qui est très courte chez la Lan- gouste, est notablement plus longue chez le Scyllare (fig. 146, 147, vd) et encore plus chez l’Ibacus. Au contraire, les valvules latérales profondes acquièrent de grandes dimensions (fig. 148, vlp). Si les affinités naturelles qui rapprochent les Langoustiens et les Scyllarides n’étaient mises en évidence par des carac- tères communs de divers ordres, elles ressortiraient de la ma- mère la plus nette de la comparaison du squelette gastrique de ces deux groupes. Mais une semblable comparaison nous montre en même temps la distance considérable qui sépare les Palinurides des Galathéides. En résumé, le squelette gastrique des Palinurides est essen- tellement caractérisé : par le mode d’articulation de la pièce mésocardiaque avec les pièces ptérocardiaques; par la confor- mation de la pièce urocardiaque, de la dent médiane et des dents latérales; par la saillie de l’extrémité inférieure de la pièce subdentaire et par la continuité entre les pièces sus-am- pullaire postérieure et pylorique postéro-inférieure. III. — ERYONIDES. Pentacheles validus (A. Milne Edw.), Petites Antilles. L'appareil stomacal du Pentacheles validus offre des carac- tères de dégradation encore plus marqués que chez la plupart des Palinurides. Un plus grand nombre de pièces font défaut, et celles qui persistent, en général presque complètement dé- calcifiées, sont grêles et de faibles dimensions; la surface tri- turante des dents latérales et de la dent médiane est à peu près dépourvue de émail brun dont elle est habituellement 154 F. MOCQUARD. revêtue, et dont l’épaisseur est en rapport avec la puissance de ces dents. Le sac cardiaque, au contraire, acquiert un développement relativement énorme (fig. 151, sc). Cet appareil est caractérisé : par la forme triangulaire de la pièce mésocardiaque et la forme allongée correspondante des pièces ptérocardiaques; par la disposition singulière de la pièce prépectinée, la direction anormale des peignes et l’allon- gement considérable de la pièce subdentaire. Comme chez les Brachyures, la pièce mésocardiaque est triangulaire, peu étendue transversalement (fig. 151, mc). Très mince, un peu plus épaisse sur une bande étroite en forme de V ouvert en arrière, elle ne se distingue de la mem- brane stomacale, sur son bord antérieur, que par l’absence de plis. Ses bords latéraux ne sont pas échancrés comme chez les Palinurides et se continuent, sans s’y articuler, avec les pièces ptérocardiaques, qui sont également très minces et flexibles, triangulaires et allongées comme chez les Bra- chyures (pc). Ges pièces se dirigent horizontalement en dehors et en arrière pour aller, par une disposition spéciale, s’unir directement avec l'extrémité antérieure de la pièce prépec- tinee. Celle-ci a la forme d’une longue baguette sensiblement rec- tiligne et assez fortement calcifiée. Élargie et articulée en arrière avec le bord supérieur des peignes, elle s’épaissit à son extrémité antérieure et se recourbe en dedans à angle droit, en avant de l’extrémité adjacente de la pièce zygocar- diaque, qu’elle embrasse, et s'articule avec la pièce ptérocar- diaque du même côté (fig. 151, prp). Les peignes consistent en un bourrelet longitudinal arqué, concave en haut, qui se prolonge en avant en une grosse saillie conique aplatie. Ginq ou six pointes très courtes et largement espacées sontrangées sur ce bourrelet et la saillie qui le termine (fig. 159, pg). On remarquera que cette direction horizontale des peignes est tout à fait anormale et sensiblement perpendi- culaire à celle qu'ils prennent ordinairement. Enfin, la pièce subdentaire affecte une forme caractéristique, ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 455 mais toute différente de celle qu’on observe chez les Palinu- rides. Du bord inférieur de la dent latérale, elle se dirige comme d'habitude en arrière et en bas en présentant des cour- bures très légères; puis, au niveau de l'extrémité supérieure de la pièce pennée, elle se coude brusquement et descend verticalement au-devant des deux tiers supérieurs de cette pièce, en devenant de plus en plus grêle et effilée (fig. 153, sd). Avant de changer de direction, elle envoie en arrière une apo- physe styliforme extrèmement grêle, qui se termine un peu au-dessus de l'extrémité supérieure de la pièce cardiaque inféro-latérale. Cette apophyse à part, la pièce subdentaire a, chez le Pentacheles, la forme qu’elle prendrait chez les Bra- chyures si l’apophyse signalée sur l'angle antérieur de son extrémité inférieure se prolongeait outre mesure, comme on l’a vu chez l’Æepatus fasciatus. À côté de ces caractères propres, le squelette gastrique du Pentacheles en présente d’autres qui lui sont communs avec celui des Palinurides. Ainsi, la dent médiane, qui est simple comme chez le Scyllare, la pièce pennée et la pièce cardiaque inféro-latérale, sont disposées comme chez les Scyllarides; la plaque cardiaque latérale est triangulaire; la pièce propylo- rique est semblable à celle de l’bacus, avec un bord supérieur toutefois plus étendu, et les pénicilles postæsophagiens man- quent comme chez tous les Palinurides. Par la similitude de leur forme, et bien qu’elles s’articulent différemment chez les Palinurides et les Eryonides, les prèces mésocardiaque et ptérocardiaques témoignent aussi des affinités qui existent entre les deux groupes. Je mentionnerai encore les particularités suivantes : Beaucoup plus larges que chez les Palinurides et dépour- vues de manubrium, les pièces zygocardiaques se font remar- quer par un bord supéro-externe très aminci (fig. 152, bs) et par les rapports ci-dessus indiqués de leur extrémité anté- rieure avec la pièce prépectinée. Elles portent une dent laté- rale différente de celle des Palinurides et armée, sur sa face interne, de trois ou quatre denticules coniques, dont les 156 F. MOCQUARD plus antérieurs sont un peu recourbés en crochet (fig. 152, dl); ils décroissent d'avant en arrière et les postérieurs sont très petits. La pièce exopylorique (tig. 151, ep) n’est indiquée que par un léger épaississement de l’extrémité externe de son bord supérieur; elle se continue avec la pièce pylorique, qui est complètement membraneuse (p). On n’observe sur la face inférieure de la pièce urocardiaque aucun des sillons transversaux que l’on rencontre chez tous les Palinurides, mais seulement une dépression ovalaire très allongée. La valvule cardio-pylorique diffère également de celle des Palinurides et se distingue par la brièveté de ses bords laté- raux. Pour lui restituer en quelque sorte ce qu’elle perd ainsi en hauteur, sa paroi postérieure épaissie se prolonge vers le bas, comme l’antérieure, mais beaucoup moins. Cette paroi, qu’au premier abord on prendrait pour la pièce pylorique an- téro-imférieure, est creusée sur sa face antérieure d’un sillon longitudinal auquel correspond, sur la face opposée, une crête membraneuse. La dégradation de la portion pylorique du squelette gas- trique est portée plus loin que chez les Palinurides. En effet, les pièces pleuropyloriques manquent, à lexception de la moyenne, et, sur la paroi dorsale, les pièces mésopyloriques antérieures paraissent seules représentées. Celles-ci consistent en un demi-anneau transversal très petit (fig. 151, ma), au del duquel la paroi s’épaissit uniformément, devient extrê- mement étroite, tout en débordant légèrement de chaque côté la paroi pleuropylorique, et s’élargit à son extrémité posté- rieure en s’amincissant et formant un repli uropylorique court et peu saillant (ru). Les pièces sus-ampullaires ont une disposition normale. Il en est de même des pièces pyloriques antéro-inférieure et postéro-inférieure; la première est sensiblement carrée, et la postérieure, en forme de fer à cheval étroit, concave en avant, est distincte des pièces sus-ampullaires adjacentes. Mais les ARTICLE N° Î. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 457 ampoules pyloriques, beaucoup plus étroites encore que chez les Palinurides, sont trois fois plus longues que larges et incli- nées en bas et en dehors. Cette obliquité, que nous n’avons pas encore observée, est ordinaire chez les Salicoques et les Stomapodes. Enfin, tandis que chez les Palinurides les valvules termi- nales profondes sont particulièrement développées, les laté- rales manquent chez les Pentacheles et l’'inférieure, ou la valvule interampullaire postérieure, est rudimentaire. Il y aurait intérêt à rechercher si, chez les autres Eryonides (genres Polycheles et Willemeæsia), le squelette gastrique se rapporte au même type. IV. — THALASSINIENS. Thalassina anomala (Herbst), Batavia. Gebia littoralis (a) (Risso), Concarneau. Dans cette famille, l’appareil stomacal est remarquable par l'épaisseur, la puissance de ses pièces squelettiques, par la réduction considérable du sac cardiaque et par le développe- ment exagéré de la région pylorique, dont les dimensions en hauteur égalent (Gébie) ou surpassent (Thalassine) celles de la région cardiaque. Get appareil, trapu, massif, surtout chez les Thalassines, d’où les parties membraneuses ont presque disparu, ne semble guère destiné à broyer les petits animaux qui, suivant Claus (1), tomberaient dans l’entonnoir que ces Macroures creusent dans le sable et qui serviraient à leur nourriture. (a) La Gébie riveraine n’a pas encore été signalée, que je sache du moins, sur les côtes de l’ouest de la France; cependant J’ai recueilli à Concarneau une Gébie dont les caractères répondent exactement à ceux que M. Milne Edwards, dans son Histoire naturelle des Crustacés, t. 11, p. 313, assigne à la Gebia littoralis de la Méditerranée. Je la considère en conséquence €ômme identique avec cette espèce. (1) Claus, Traité de Zoologie, trad. franç., p. 486. ANN. SC. NAT., ZOOL., SEPTEMBRE 1883. XVI, 11. — ART. N° 1. 158 F. MOCQUARD. Tandis que chez la Thalassine la région pylorique est courte, sensiblement inclinée sur l’horizontale, chez la Gébie, au contraire, elle est plus allongée, dirigée à peu près direc- tement en arrière, comme chez les Pagures. Le sac cardiaque, moins développé que dans tout autre groupe (fig. 155, sc), présente sur sa paroi antérieure deux lames allongées verticalement, analogues aux disques signalés en ce point chez les Galathéides, les Porcellanides, etc. Armature stomacale. — Les pièces mésocardiaque, ptéro- cardiaques et exopyloriques ont la même conformation que chez l’Hippa et les Porcellanes. Toutefois, la première a un bord antérieur rectiligne (fig. 156, mc), et l’arête transversale qu’elle présente sur sa face supérieure est beaucoup plus sail- lante et s’élève à pie sur le bord postérieur (fig. 155). En second lieu, le sommet des pièces ptérocardiaques, plus forte- ment recourbé en dehors, reçoit dans sa concavité l'extrémité antérieure de la pièce zygocardiaque et s’y unit au moyen d’un ligament épais et court. Enfin, les pièces exopyloriques envoient en avant et en dedans une large lame triangulaire à sommet arrondi (fig. 154, 157, ep), particulièrement déve- loppée chez la Thalassine. La pièce urocardiaque, qui fait corps avec la pièce mésocar- diaque, est très épaisse, fortement calcifiée, de sorte que tout mouvement de flexion de ces deux pièces l’une sur l’autre est impossible. Courte, modérément large en avant, où elle est creusée d’une gouttière profonde sur sa face supérieure, elle s’élargit en arrière, graduellement chez la Gébie, brusque- ment chez la Thalassine, et s'articule par son bord postérieur concave avec la dent médiane, qu’elle déborde de chaque côté (fig. 154, 156, uc). Cette articulation est une consé- quence nécessaire de la rigidité absolue de la pièce urocar- diaque. | D'une longueur qui dépasse celle de la pièce urocardiaque elle-même, gt d’une hauteur également considérable, la dent médiane affecte une forme qui n’est pas sans analogie avec celle de la dent du Birqus et des Génobites. Cette forme, chez ARTICLE N° Î. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 159 la Thalassine, est celle d’un coin épais dont le tranchant, sensiblement rectiligne et oblique eu bas et en arrière, fait avec la verticale un angle d'environ 45 degrés, et dont les faces latérales se dirigent en haut et en dehors (fig. 156, dm). Ces faces se gauchissent de la même manière que chez le Ceno- bita compressa; elles sont plus larges en arrière qu’en avant, et sont relevées d’une série de crêtes parallèles très serrées et nombreuses (j'en ai compté 27) qui, partant de l’arête mé- diane, se dirigent de chaque côté, les antérieures en avant et en haut, les postérieures, par une transition ménagée, direc- tement en dehors et en haut, en suivant la courbure des faces. À leur extrémité supérieure, ces crêtes émettent chacune un petit prolongement flexible débordant à droite et à gauche la base de la dent. Convexe et presque hémisphérique, la face postérieure de la dent médiane a son bord supérieur rectiligne et articulé avec l'extrémité inférieure, également rectiligne, de la pièce pro- pylorique. Vue par sa face postérieure (fig. 156), comme sur une coupe transversale, la dent médiane de la Thalassine à, plus encore que celle des Cénobites, la forme d’un cœur de carte à jouer. Celle de la Gébie riveraine a la même conformation ; seule- ment, l’arête médiane, au lieu d’être tranchante, est mousse, arrondie, beaucoup moins saillante et présente une concavité longitudinale très accentuée, qui est peu marquée chez la Thalassine. En outre, sur les faces latérales, le nombre des crêtes ne s'élève qu’à onze ou douze. Les pièces zygocardiaques sont assez semblables à celles du Birgus (fig. 157, 2). Elles offrent cette particularité que leur bord supéro-externe se dirige obliquement d’arrière en avant et de dehors en dedans (fig. 154, bs), de sorte que, contraire- ment à ce qui a lieu chez tous les autres Crustacés podophthal- maires, le squelette gastrique acquiert sa plus grande largeur au niveau de l’extrémité postérieure de ces bords. Dépourvue de tubercule antérieur proprement dit, la dent latérule a quelque analogie avec celle de l'Hippa. Sa surface 160 F. MOCQUARD. triturante est ovalaire, très allongée, rétrécie à son extrémité antérieure et un peu tordue sur son axe longitudinal. Elle est ar- mée de crêtes transversales serrées (environ 20 chez la Thalas- sine, 19 chez la Gébie), dont les postérieures deviennent lamel- leuses et se prolongent à leur extrémité inférieure en une pointe triangulaire, finement dentée sur son bord interne. A leur extrémité supérieure, ces crêtes se terminent, à l’exception des quatre ou cinq premières, par une petite lamelle membra- neuse semi-circulaire portant une pointe flexible, dirigée en haut et en dehors (fig. 157, dl), en regard des pointes sem- blables qui terminent les crêtes latérales de la dent médiane. Nous avons vu, chez les Palinurides, l’armature stomacale constituer une pince à trois branches ; chez les Thalassiniens, elle mérite, et à plus juste titre que chez l’Écrevisse, le nom de moulin gastrique (Huxley) : les larges surfaces triturantes des dents latérales et de la dent médiane, avec leurs crêtes transversales étroites et serrées, le mouvement de celle-ci sur les premières rappellent bien, en effet, la disposition et le mode d'action des meules de moulin. Très épaisse et sans aucun indice de division sur la ligne médiane, la poèce pylorique (fig. 154, p) présente un bord supérieur très régulièrement arqué, un peu élargi à ses extré- mités. Au-dessous de ce bord, elle projette en avant, dans sa partie moyenne, un bourrelet transversal rectiligne sur lequel s'articule la pièce propylorique. En opposition avec ce qui a lieu chez les autres Crustacés décapodes, quelques Salicoques exceptées, la pièce propy- lorique a une extrémité inférieure un peu plus large que la supérieure chez la Thalassine (fig. 154, 156, pp). A partir de cette extrémité, dont le mode d’articulation avec la dent mé- diane à été indiqué plus haut, elle se rétrécit graduellement jusqu’à sa partie moyenne, et conserve ensuite la même lar- geur jusqu’à son bord supérieur, qui s'étend modérément et horizontalement de chaque côté. Elle a, en un mot, la forme d'un T dont la tige deviendrait très large à son extrémité infé- rieure. Ses bords latéraux sont fortement renversés en avant. ARTICLE N° fÂ. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 161 Elle à une forme semblable chez la Gébie; mais l'extrémité inférieure en est beaucoup moins élargie. Les saillies internes qui se eos par invagination sur la voûte membraneuse cardio-pylorique sont, pour la plupart, calcifiées chez les Thalassiniens (fig. 156, ). Pièces de soutien. — La fusion est complète, chez les Tha- lassiniens, entre la pièce prépectinée, les peignes et la plaque cardiaque latérale postérieure (fig. 155, prp, pcp). L'ensemble constitue une large plaque, triangulaire chez la Thalassine, rectangulaire chez la Gébie, concave sur sa face externe, dont l'angle antéro-supérieur se recourbe en dehors presque à angle droit et se continue par une grosse baguette très courte et dirigée en haut, la prèce prépectinée. Le bord postérieur de cette plaque fait saillie à l’intérieur de l'estomac et émet une rangée de pointes triangulaires simplement chitineuses, dirigées en arrière, analogues à celles qui terminent les crêtes transversales des dents latérales et de la dent médiane (fig. 157, pg). Ge sont là sans doute les peignes, qu’une nou- velle métamorphose a modifiés de cette manière. Il existe, chez les Thalassiniens, une plaque cardiaque laté- rale antérieure et des valvules sus-æsophagiennes disposées exactement comme chez les Grapsiens (fig. 157, væ). La pièce pennée et la pièce cardiaque inféro-latérale se font remarquer par leur brièveté (fig. 155, pn, ct). Large et rubanée dans sa portion verticale, la première est bordée de soies par- ticulièrement longues (fig. 157, spl). La seconde est également très large, mais son bord postérieur se renverse, excepté en haut, directement en dehors, de sorte qu’elle semble se placer dans un plan transversal; son extrémité supérieure, de forme rectangulaire, presque carrée (fig. 155, c), s'articule, par son angle postéro-supérieur avec la pièce subdentaire (sd), par son angle postéro-inférieur avec l’extrémité antérieure du bord auriculaire (ba) (elle paraît même s’y être soudée), et dans l'intervalle, par son bord postérieur concave, avec la pièce sus-ampullaire antérieure (sa). 169 F. MOCQUARD. Une simple saillie filiforme et allongée représente les péni- cilles postæsophagiens (fig. 157, pœ). On remarquera encore que la pièce subdentaire (fig. 155, sd) a une courbure en S fortement accusée; que son apophyse postérieure (x) est exceptionnellement large, plus saillante relativement chez la Gébie; que son apophyse interne est éga- lement plus développée que chez les autres Macroures, et que la bandelette que nous avons vue chez l’Hippa, les Pagu- riens, etc., S'étendre entre cette apophyse et l’angle postéro- supérieur des peignes, devient ici une large lame triangulaire, dont la face interne bombée est couverte de longues soies. Enfin, le sommet membraneux de la valvule cardio-pylorique présente, sur le milieu de sa partie antérieure, une dépression profonde, largement évasée (fig. 157, ve), dans laquelle se loge l’extrémité postérieure de la dent médiane. Sur tout son pourtour chez la Gébie, naissent de longs filaments rayon- nants, semblables à des soies rudes et de grandes dimensions, au nombre de quinze environ et divisés à leur extrémité en cinq ou six fines soies ; ils sont moins nombreux chez la Tha- lassine et partent de la ligne médiane pour se diriger en arrière (fig. 157, sf). Quant à la base de la valvule, elle a des bords latéraux fortement calcifiés, renversés en dehors et étendus horizontalement; ils se relèvent même un peu à leur angle postéro-externe, mais sans former d’auricules (fig. 155, bar). Région pylorique. — Pourvue de toutes les pièces squelet- tiques normales, fortement épaissie sur lés parties des parois latérales qui habituellement restent membraneuses, la région pylorique, outre son développement extraordinaire, se distin- gue, chez les Thalassiniens, par les caractères suivants : 1° La pièce uropylorique a la forme d’un triangle situé dans un plan presque vertical, un peu oblique en arrière, dont le sommet tourné en haut, très saillant et tronqué, porte deux larges apophyses rectangulaires, une de chaque côté de la ligne médiane (fig. 154, au), relativement plus saillantes chez la Gébie. Ces apophyses, qui s’articulent étroitement par leur base avec les pièces mésopyloriques postérieures (fig. 154, ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 163 155, mp), sont évidemment les homologues des deux saillies latérales par lesquelles se termine en avant la pièce uropylo rique chez les Paguriens. Cette pièce, sur les côtés, ne se sépare pas nettement du repli uropylorique (ru). Celui-ci se renfle à droite et à gauche en un bourrelet cylindrique, à parois épaisses, dirigé presque itransversalement en dehors, en bas et un peu en arrière, et auquel correspond intérieurement une gouttière convertie en un canal presque complet par le rapprochement de ses bords. Chaque bourrelet se termine derrière la pièce pleuropylorique postérieure (fig. 155, plp), après avoir émis près de son extré- mité, d’abord une apophyse lamelleuse dirigée presque hori- zontalement en dehors (t), puis, un peu au-dessous, une seconde apophyse styliforme oblique en arrière (#). 2° La valvule interampullaire antérieure s'étale en une large surface à peu près semi-circulaire chez la Thalassine (fig. 157, via), plus étroite en avant chez la Gébie, garnie de soies sur ses bordset dont la face supérieure estassez profondément excavée. Sur cette face s’élève, en avant de son bord postérieur, légè- rement échancré chez la Thalassine, une crête médiane mem- braneuse peu saillante, couverte de soies fines et serrées (cm). 3° Chez la Thalassine, l’orifice externe de l’invagination valvulaire pleuropylorique (fig. 155, or), au lieu d’être longi- tudinal et très allongé comme chez les Paguriens, les Porcel- laniens et les Galathéides, est ovalaire, à grand ax? oplique- ment dirigé en haut et en arrière. La poèce pleurunulorique moyenne (plm), qui affecte avec cet orifice les mêmes rapports que dans lesgroupes cités, s’élève donc d’abord à peu près ver- ticalement en en suivant le contour antérieur; elle se recourbe ensuite sur le bord supérieur et envoie en dehors et un peu en arrière une apophyse épaisse, triangulaire (y), beaucoup plus saillante que chez tous les autres Macroures. La saillie qui correspond intérieurement à cette invagination a sa face interne triangulaire, un peu excavée (fig. 157, vp); son sommet arrondi et tourné en avant se place en face de celui du côté op- posé, au-dessus de la valvule interampullaire antérieure. De sa 164 F. MOCQUARD. paroi postérieure partent des prolongements en forme de sacs aplatis, plus ou moins étendus et saillants, disposés assez régulièrement sur trois plans superposés de dedans en dehors (ils sont sectionnés sur le côté gauche de la figure 157). Ces sacs ne tardent pas à se diviser, sur leur bord postérieur, en panaches composés de filaments souples et très longs, hérissés de soies excessivement fines (fig. 158). Enfin un quatrième plan de filaments se trouve en dehors des précédents et con- siste en une série de petits panaches (fig. 197, côté gauche) rangés les uns au-dessous des autres contre la paroi pleuro- pylorique. Le plus inférieur, toutefois, se distingue par une longueur considérable, et 1l émet des filaments tout le long de son bord supérieur. Des sillons longitudinaux parallèles, un peu arqués et concaves en haut, leur correspondent à l’ex- térieur (fig. 159, sl). Sous l'influence de la macération, le simple frottement d’un pinceau fin enlève de ces filaments une mince couche externe portant les fines soies dont j'ai parlé et laisse un axe parfaite- ment lisse. Cette valvule pleuropylorique, si compliquée, existe égale- ment chez la Gébie ; mais le nombre des panaches y est moins élevé et l’orifice externe de l’invagination correspondante est allongé d’avant en arrière. Ces particularités sont propres aux Thalassiniens. Toutes les autres parties de la région pylorique mériteraient une mention spéciale; mais pour ne pas trop étendre cette des- cription je me bornerai à ajouter : que la pièce pleuropylori- que antérieure (fig. 155, pla) a un bord externe très allongé et très oblique sur la verticale, pourvu, chez la Thalassine, près de son extrémité postéro-supérieure, d’une apophyse aplatie dirigée en dehors (7), qui manque chez la Gébie ; que la pièce pylorique antéro-inférieure a la forme d’un trapèze étendu transversalement, la base la plus longue étant tournée en ar- rière; que les ampoules pyloriques sont courtes, presque hémi- sphériques (ap); qu’enfin, comme chez les Lithodes, les piè- ces sus-ampulluires postérieures se continuent entre elles sur ARTICLE N° {. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 169 la ligne médiane en arrière de la pièce pylorique postéro-in- férieure, en suivant une direction sensiblement transversale, en même temps que leur apophyse externe, styliforme, ac- quiert une longueur considérable (x). Système valvulaire terminal. — Les valvules terminales superficielles sont larges et bien développées (fig. 154, 155, vd, vls, vw). Les latérales profondes sont constituées par une bordure membraneuse étroite, nettement striée et qui porte une rangée de soies très courtes (fig. 157, v/p). Le squelette gastrique des Thalassiniens se trouve donc caractérisé par sa charpente massive ; par la direction du bord supéro-externe des pièces zygocardiaques ; par l'articulation de la dent médiane avec la pièce urocardiaque ; par la confor- mation des dents latérales et de la dent médiane, par celle de la pièce uropylorique, des valvules cardio-pylorique, pleuropy- lorique et interampullaire antérieure; par la forme des prèces pulorique et propylorique; par la fusion des peignes avec la pièce prépectinée et la plaque cardiaque latérule postérieure ; enfin par ses valvules sus-æsophagiennes. On remarquera que ce squelette diffère considérablement de celui des Palinurides et qu’en revanche il a de nombreux rap- ports avec celui de l’ÆHippa, des Paguriens, des Porcellaniens et des Galathéides. Ces rapports ont été signalés dans le cours de la description qui précède ; cependant je rappellerai que chez les Thalassiniens, les pièces mésocardiaque, ptérocardia- ques et exopyloriques ont la même conformation que chez l’Hippa et les Porcellanes ; que la dent médiane est construite sur le même type que celle des Bergqus et des Cénobites ; que parmi les pièces de soutien, les pièces postpectinée, pennée, cardiaque inféro-latérale et subdentaire sont sensiblement dis- posées comme chez les Porcellanes et les Galathées ; qu’enfin il existe, comme dans tous ces groupes, une valvule pleuro- pylorique et une valvule interumpullaire antérieure, affectant, ilr t 1, des caractères spéciaux chez les Thalassiniens (on . «e chez l’Hippa les valvules pleuropyloriques sont sup- 166 F. MOCQUARD. plées par la valvule pylorique latéro-dorsale). Aucun de ces caractères communs ne se rencontre chez les Palinurides, et ceux-ci me paraissent avoir usurpé, à côté des familles dont Je viens de parler, une place qui appartient aux Thalassiniens. V..— ASTACIENS: Astacus fluviatilis (var. nobilis) (Rond. Gesner), France, Cambarus acutus (Girard), Nouvelle-Orléans. — virilis (Hagen), Texas. Nephrops Norwegicus (Lin.), Concarneau. Homarus vulgaris (Edw.), — Il peut paraître superflu de s’occuper encore du squelette gastrique de l'Écrevisse, quand un si grand nombre de natura- listes tels que Geoffroy, Réaumur, Rœsel, Suckow, Brandt et Ratzeburg, Cuvier, de Baer, Oesterlen, Huxley, Parker, en ont parlé avec plus ou moins de détails. Toutefois, on l’a peu comparé à celui des autres Astaciens et encore moins à celui des autres Macroures. L'appareil stomacal est d’ailleurs con- struit sur le même type dans tous les genres appartenant à la famille des Astaciens ; je pourrai donc passer rapidement sur les caractères communs à tous ces genres et qui auront été décrits chez l'Écrevisse, pour appeler principalement l’atten- tion sur les caractères généraux de cet appareil, sur ses carac- tères différentiels dans chaque genre, ou sur quelques particu- larités qui n’auraient pas encore été signalées. Chez les Astaciens, la division cardiaque de l'estomac est très développée, ovoïde et allongée dans le sens longitudinal (fig. 199, 160) ; le sac cardiaque est presque globuleux (sc), et la direction de la région pylorique fait avec l'horizontale un angle plus considérable que chez les autres Macroures (fig. 160). Sans être massif comme chez les Thalassiniens, l’appareil stomacal est cependant fortement constitué. Il est caractérisé : par les grandes dimensions en longueur de la pièce mésocar- diaque, par la brièveté de la pièce wrocardiaque et la faible distance qui sépare la pièce pylorique de la pièce mésocardia- ARTICLE N° {. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 167 que, par la conformation des dents latérales et de la dent me- diane, par la disposition des peignes et des pièces adjacentes, enfin par l’enroulement en spirale des ampoules pyloriques. La forme de la pièce mésocardiaque est trop connue pour y insister (fig. 199, 163, 165, 167, mc) ; mais on remarquera que son étendue d'avant en arrière est plus considérable que dans tout autre groupe de Macroures, notamment chez le Ho- mard et le Néphrops. Sur sa face externe et en avant, se voient, surtout chez le Homard (fig. 159, em), les surfaces d’insertion en forme d’ellipse des muscles gastriques antérieurs. La pièce urocardiaque est courte, large et plane, à bords la- téraux concaves (mêmes figures, #c). Par suite de la brièveté de cette pièce, brièveté qui n’est pas compensée, comme chez les Thalassiniens, par la longueur de la dent médiane, le bord antérieur de la pièce pylorique se trouve très rapproché de la pièce mésocardiaque (fig. 159, 167, mc, p), particulièrement chez le Homard et le Népbrops, et le bord supéro-externe (bs) des pièces zygocardiaques se dirige très obliquement de de- dans en dehors et d’arrière en avant. Quelques autres particularités de la pièce urocardiaque doivent être mentionnées. Tandis que chez l’Ecrevisse et les Cambarus le bord antérieur de cette pièce est concave (et non en ligne droite, comme le dit Oesterlen, p. 392) et très élargi (fig. 165, 167), il est convexe et plus étroit chez le Homard et le Néphrops (fig. 162, 163). À cette extrémité, la pièce est mince, semi-transparente, flexible et se sépare nettement de la pièce mésocardiaque. En arrière elle est plus épaisse, calci- fiée et se termine par un bord droit articulé avec la dent mé- diane. Immédiatement en avant de ce bord, elle présente, sur sa face inférieure, deux saillies aplaties et allongées transver- salement dans les deux premiers genres (fig. 165, 166, g), ru- dimentaires et reléguées près des bords latéraux chez le Ho- mard et le Néphrops (fig. 162, 163). Décrites et figurées par Oesterlen (1), ces saillies ont reçu de M. Huxley (2) le nom de (1) Œsterlen, loc. cit., p. 394. (2) Huxley, The medical Times and Gazette, ann. 1857, t. I, p. 255. 168 F. MOCQUARD. dents cardiaques, de M. Parker (1) celui de dents accessoires, chez l’Écrevisse. Rien ne justifie ces dénominations : des saillies analogues ont été observées chez quelques autres Ma- croures (Rémipède, Lithode, Pagurus Bernhardus) et elles sont évidemment les homologues de celles en forme de pointes coniques ou de mamelons (éminences urocardiaques) que nous avons rencontrées chez un assez grand nombre de Brachyures (Oxyrhynques, Oligorhynques, Leucosiens) ; mais nulle part elles ne correspondent à une surface triturante sur laquelle elles puissent agir et ne revêtent le caractère des dents. On verra plus tard quel peut en être l’usage. Chez tous les Astaciens, la dent latérale est très robuste et caractérisée par la présence, sur son côté inférieur, d’un den- ñcule accessoire (Parker) qu’on n’observe dans aucune autre famille et dont la situation et la forme sont assez variables. Disposée comme l’indique la figure 165, d{, la dent latérale de l’Écrevisse a été décrite avec soin par Oesterlen (2) ; je ne m'y arrêteral pas. Celle du Cambarus acutus est semblable à celle de l’Écre- visse; seulement, les trois gros denticules antérieurs sont un peu plus étendus en hauteur ; les crêtes transversales qui sui- vent, et dont les deux ou trois premières occupent toute la largeur de la dent, sont plus longues, plus saillantes et plus régulières ; la torsion de la dent sur son axe longitudinal est moins accusée et le denticule accessoire est comprimé et non conique comme chez l’Écrevisse. Elle diffère davantage chez le Camburus vérilis. Il n’y a, en effet, dans cette espèce que deux gros denticules antérieurs ; les crêtes transversales sont plus nombreuses (11 ou 19) et également très régulières ; la portion élargie de la dent est plus étendue ; enfin le denticule accessoire est situé plus en avant que chez le Cambarus acutus et que chez l’Écrevisse, au niveau du deuxième denticule. Ainsi, la dent latérale du Cam- (1) Parker, loc. cil., p. 55. (2) Œsterlen, loc. cit., p. 397. ARTICLE N° 4. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 169 barus virihis diffère de celle du Cambarus acutus plus que cette dernièrene diffère de celle de l’Écrevisse. Chez le Homard, la dent latérale est plus massive et décrit un arc assez régulier, concave en haut. Sa surface masticatrice s’élargit progressivement jusqu’au quart postérieur pour di- minuer ensuite rapidement. Elle est armée, en avant, de trois grosses arêtes transversales arquées, à concavité postérieure, suivies d'une quatrième fortement échancrée au milieu (fig. 161) ; au delà, elle se creuse en cuillère, tandis que ses bords se découpent en un petit nombre de denticules, dont les premiers seuls sont bien distincts. La dent latérale du Néphrops, plus allongée proportionnel- lement que celle du Homard, avec des contours semblables, a une surface triturante sensiblement plane, un peu convexe transversalement dans sa moitié antérieure (fig. 163, dl). Mais chez le Néphrops, comme aussi chez le Homard, le den- ticule accessoire (da) a la forme d’une crête; 1l est plus rap- proché de la surface triturante de la dent et reporté plus en avant, au-dessous et un peu en arrière de la première côte ou arête transversale, dont il continue la courbure. Je renverrai également, pour la description de la dent mé- diane, chez l’Écrevisse, au travail d'Oesterlen (1) et aux figu- res 166 et 168 du présent mémoire. La forme en est la même chez les Cambarus ; toutefois, les branches de bifurcation du sommet sont moins divergentes, et, chez le Cambarus virilis, sensiblement plus courtes (fig. 168). Beaucoup plus simple est la dent médiane chez le Homard et le Néphrops. Elle consiste dans ces deux genres en un gros tubercule irrégulièrement conique, arrondi au sommet et dont la surface triturante, inclinée en bas et en arrière, est aplatie (fig. 169, 163, dm). Cette surface présente sur la ligne mé- diane une épaisse côte longitudinale, qu’un sillon, plus large et plus profond chez le Homard, sépare des bords latéraux. (1) Œsterlen, loc. cit., p. 394. 170 F. MOCQUARD. La manière dont la dent médiane s’unit à la pièce propylo- rique a été comprise très différemment par les naturalistes qui se sont occupés de la question chez l’Écrevisse. M. Par- ker (1), qui a relevé les erreurs commises à cet égard par Oesterlen (2) et Huxley (3), a considéré la dent médiane comme formée par l’extrémité inférieure de la pièce propylo- rique. M. Nauck (4), de son côté, remarqua que chez l’Écre- visse la pièce propylorique est mobile sur la dent médiane en avant de sa position de repos, et 1l en conclut que ces deux pièces s’articulent entre elles. Cette mobilité ne prouverait rien, puisque fréquemment deux pièces en continuité se meu- vent l’une sur l’autre par flexion (pièces mésocardiaque et ptéro- cardiaques chez les Cyclométopes et les Catométopes; pièces mésocardiaque et urocardiaque €hez la plupart des Décapodes). Mais chez les Cambarus, où la dent médiane et la pièce propy- lorique ont exactement la même conformation que chez l’Écrevisse, l'articulation est évidente (fig. 168, dm, pp), et en examinant attentivement la face postérieure de la dent mé- diane chez l’Écrevisse, on aperçoit à sa base un sillon transver- sal coincidant avec l’axe autour duquel s’exécutent les mouve- ments de la pièce propylorique et qui répond précisément à la ligne d’articulation des deux pièces chez les Cambarus. En résumé, la dent médiane s'articule avec l’extrémité inférieure de la pièce propylorique, nettement chez les Cambarus, obscu- rément chez l’Écrevisse. Chez le Néphrops et le Homard, ces mêmes parties forment un tout absolument indivisible, malgré l’assertion contraire de M. Nauck en ce qui concerne le Néphrops (5). Quoique très dégradés, les peignes sont bien distincts des pièces prépectinée et postpectinée, et, plus que chez les autres Macroures, la disposition de ces pièces se rapproche de (1) Parker, loc. cit., p. 55. (2) Œsterlen, loc. cit., p. 394. (3) Haxley, Medical Times and Gazette, ann. 1857, p. 255. (4) Nauck, loc. cit, p. 9. (5) Nauck, Loc. cit., p. 10. ARTICLE N° Î, ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 171 celle qu’eiles affectent chez les Brachyures (fig. 160, prp, p'q', ptp). En particulier, la pièce postpectinée, qui ordinairement est rudimentaire, se trouve ici bien développée. Les peignes ont même gardé leur indépendance chez le Néphrops et le Homard, et ils consistent, dans ces deux genres (fig. 161, pg), en une très petite saillie presque hémisphérique, à parois épaisses, pourvue de deux à quatre pointes grêles et très courtes, rangées sur une ligne verticale. Extérieurement, ils ont l’aspect de deux petites cupules profondes, une de chaque côté (fig. 160, p'7'), dont le bord antérieur s’articule avec la pièce prépectinée et le bord inférieur avec la pièce postpec- tinée. Chez l’Écrevisse et les Cambarus; ils naissent à l’angle antéro-supérieur de la plaque cardiaque latérale et forment intérieurement une saillie étroite, triangulaire, terminée par une pointe conique dirigée en haut (fig. 165, pg) ; le bord pos- téro-interne, vertical et un peu concave de cette saillie, porte en outre deux à quatre pointes spiniformes très petites. Dans ces mêmes genres, les peignes offrent encore cette particula- rité qu'ils sont rejetés en arrière, directement au-dessous du denticule accessoire de la dent latérale (fig. 165, pg, da); et c’est par erreur que Cuvier (1) les place, chez l'Écrevisse, «un peu en avant et au-dessous de l’extrémité antérieure de cette dent. » MM. Huxley (2) et Parker (5) ne semblent avoir aperçu chez l’Écrevisse que la pointe terminale des peignes, qu'ils ont considérée comme une dent (énfero-lateral cardiac tooth, Huxley). Mais chez cet Astacien, les peignes sont disposés sur le même plan général et remplissent évidemment le même rôle que chez les Brachyures ; armature stomacale, de même que chez tous les autres Décapodes où elle est complète, n’y compte que trois dents proprement dites, une médiane et deux latérales, et c’est en exagérer le nombre que de le porter à sept, comme le fait M. Huxley (4). (1) G. Cuvier, op. cit., t. V, 2° édit., p. 215. (2) et (4) Huxley, À Manual of the Anatomy, etc., p. 322, (3) Parker, loc. cit., p. 56. 172 F. MOCQUARD. Une autre rectification trouve ici sa place : la pièce prépec- tinée ne part pas de l’extrémité antérieure de la pièce zygo- cardiaque, come le dit Oesterlen (1); mais elle s'articule, à son extrémité antérieure atténuée, sur le sommet de la pièce ptérocardiaque, en avant et en dehors (fig. 160, pe, prp), dis- position qui est particulière aux Astaciens. Enfin, comme dernier caractère du squelette gastrique dans cette famille, les ampoules pyloriques sont très courtes (beau- coup plus que ne l’indique Oesterlen, fig. 7), plus obliques en dehors et en arrière que chez tous les autres Décapodes, et décrivent un demi-tour de spire (fig. 160, ap). Quelques mots encore sur diverses particularités offrant quelque importance. Étroites et triangulaires comme chez l’Albunée et les Pagu- riens, plus massives chez le Homard, les pièces plérocar- diaques ont le sommet fortement recourbé en arrière (fig. 169, 163, 165, pc). Dans les genres Asfacus et Cambarus, au point où le bord antérieur se coude en dedans, se trouve, dirigée en haut et en dehors, une apophyse très courte chez l’Écre- visse, plus saillante chez les Cambarus (fig. 167, apc). Dans toutes les descriptions qui ont été données de l’appa- reil stomacal de l’Écrevisse, les pièces exopyloriques ont été passées sous silence; toutefois, elles ont été figurées par M. Huxley (2). Étroites et sensiblement rectangulaires dans les genres Astacus et Cambarus (fig. 165, 167, ep), elles sont triangulaires chez le Homard et le Néphrops (fig. 160, 163). Chez ces derniers, leur angle antérieur et supérieur est sail- lant et recourbé en dehors sur l'extrémité adjacente du bord supéro-externe de la pièce zygocardiaque. Chez tous les Asta- ciens, elles sont en continuité avec les pièces voisines dans leur partie postérieure. La pièce pylorique (fig. 159 à 167, p) est uniformément (1) Œsterlen, loc. cit., p. 400. (2) Huxley, L'Écrevisse, fig. 9. ARTICLE N° {. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 173 épaissie, de consistance cartilagineuse chez le Homard et le Néphrops, transparente et comme cornée dans les autres genres ; son bord antérieur seul se renfie en un cordon calcifié interrompu sur la ligne médiane. Convexe dans sa partie moyenne, le bord postérieur devient concave sur les côtés, immédiatement en avant d'un enfoncement (fig. 159, ef) au- quel répond à l’intérieur un épais bourrelet couvert de soies (fig. 161, b'). Oesterlen (1) à comparé la pièce pylorique à une selle (Sat- tel); mais cette comparaison manque de justesse : chez les Aslaciens comme chez les autres Décapodes, la pièce qui nous occupe est une simple surface cylindrique et non une surface à double courbure. Oesterlen se trompe également en lui assi- gnant pour rôle de protéger contre les pressions extérieures la pièce propylorique et la dent médiane, qu’elle recouvre (2). Ces parties sont, en effet, très épaisses, calcifiées, et, moins que beaucoup d’autres saillies internes de l'estomac, auraient besoin d'être protégées contre des pressions qui me paraissent d’ailleurs imaginaires. La pièce pylorique remplit un tout autre rôle, qu’on peut formuler ainsi : elle ferme en arrière l’octogone articulé de l’armature stomacale; elle fournit une ligne d'articulation à l’extrémité supérieure de la pièce pro- pylorique, et une surface d'insertion aux faisceaux internes du muscle gastrique postérieur. Des pémicilles postæsophagiens conformés comme chez les Galathées, les Pagures, etc., mais moins saillants et à parois membraneuses, existent chez le Homard (fig. 161, pæ). Ils sont rudimentaires chez le Néphrops et manquent chez l’Écre- visse et les Cambarus. De grosses saillies ovoides invaginées et en forme de bouil- lons entourent, sur les côtés et en arrière, l’orifice supérieur de l’œsophage (fig. 161, Lo). Deux autres saillies de même na- ture, garnies de soies courtes et très épaisses, se développent, (1) Œsterlen, loc. cit., p. 392. (2) ŒÆsterlen, loc. cit., p. 395. ANN. SC. NAT., ZOOL., SEPTEMBRE 1885. XVI. 42 — ART. N° Î. 474 F. MOCQUARD. chez le Homard et le Néphrops, l’une en avant du bord anté- rieur de la pièce zygocardiaque, l’autre au-dessous de la dent latérale entre les pièces postpectinée et subdentaire (fig. 161, ot, ov). La dernière existe seule chez l’Écrevisse et les Camba- rus (comme aussi chez les Brachyures et les autres Macroures, les Salicoques exceptées), et elle est beaucoup plus étroite relativement que chez le Homard. La crête médiane, ordinairement simple, que l’on observe extérieurement sur la paroi cardiaque postéro-inférieure, a été décrite et figurée par Œsterlen chez l’Écrevisse (4). Chez cet Astacien et les Cambarus, elle a la forme d’un V allongé, ouvert en haut et en arrière, plus régulier et à branches plus grêles chez l’Écrevisse, et dont le sommet est plus ou moins prolongé vers le bas. Au contraire, chez le Homard et le Né- phrops, elle se compose de deux filets extrêmement grêles qui s'élèvent presque parallèlement et vont se réunir en haut sur un tubercule médian calcifié et assez épais. Beaucoup de choses seraient encore à dire sur les pièces squelettiques de la région pylorique, dont la plupart sont minces, peu distinctes, et ont passé inaperçues chez l’Écre- visse. Je constaterai simplement les faits suivants : les pièces pyloriques inférieures, les pièces sus-ampullaires et pleuropylo- riques ont la disposition normale, avec cette restriction, que la poèce sus-ampullaire moyenne (fig. 160, sm) s’élargit considé- rablement dans sa portion externe, en même temps qu’elle se recourbe en bas et en arrière; que la pièce pleuropylorique antérieure (pla) est très atténuée à son extrémité inférieure ; que la moyenne, grêle chez le Homard (plm) et le Néphrops, s’élargit en arrière chez les autres Astaciens, et que la posté- rieure (plp), large, lamelleuse et assez saillante chez les pre- miers, est rudimentaire chez l’Écrevisse et les Cambarus. Enfin, dans ces derniers genres seulement, il existe une val- vule pleuropylorique, triangulaire et de faibles dimensions, garnie de soies sur ses bords libres. (1) Œsterlen, loc. cit., p. 400, ARTICLE N° 1, ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 175 La paroi pylorique dorsale s’écarte davantage du type ordi- naire. Toutefois, les pièces mésopyloriques postérieures, qui sont très petites chez le Néphrops et le Homard (fig. 160, mp), plus larges et moins distinctes dans les autres genres, ont avec la pièce pleuropylorique antérieure les rapports accoutu- més. Mais à partir de ces pièces jusqu’au repli uropylorique, la paroi dorsale épaissie forme, chez le Néphrops et le Homard, un cylindre étroit (fig. 159, wp), un peu arqué, à convexité tournée en haut (fig. 160), bordé de chaque côté par une gouttière et terminé en arrière par un court cul-de-sac. Ce cylindre, qui est beaucoup plus large et moins régulier chez l’Écrevisse et les Cambarus, semble n’être que la pièce uropy- lorique démesurément allongée. Par contre, le repli uropylo- rique (fig. 159, 167, ru) se fait remarquer par sa brièveté. Les sept valvules terminales sont bien développées, parti- culièrement la valvule dorsale, cheztous les Astaciens (fig. 139, 160, 167, vd, vis, vi). Elles ont été pour la plupart signalées et figurées par M. Huxley chez l’Écrevisse (1) ; mais, à l’excep- tion des deux valvules latérales profondes, elles ont toutes une double paroi, comme d'ordinaire, et sont produites par inva- gination. Le savant naturaliste anglais ne parait pas avoir remarqué cette particularité, tout au moins il ne le dit pas. Elles ne diffèrent pas chez les autres Astaciens; la valvule dor- sale est seulement plus étroite chez le Homard et le Néphrops. Cette description montre : 1° Que le squelette gastrique des Astaciens est disposé, comme dans chacune des autres familles naturelles de Ma- croures, sur un type particulier; 2% Que le Homard et le Néphrops ont entre eux des affinités plus étroites qu’avec les autres Astaciens ; 3° Que le squelette gastrique est presque identiquement le même chez l’Écrevisse et les Cambarus, et que les différences qu’on y observe sont de même ordre que celles qu'il présente (1) Huxley, À Manual of the Anatomy, ete: np: EE — L'Écrevisse, trad. franc., p. 45, fig. 11. 176 F. MOCQUARD. dans les diverses espèces d’un même genre. En s'appuyant sur d’autres considérations, M. Brocchi (1) est déjà arrivé à celte conclusion, que la création du genre Cambarus par Erichson était au moins inutile. L'étude du squelette gas- trique ne fait que confirmer cette manière de voir. VI. — SALICOQUES. Dans la famille des Salicoques, le squelette gastrique est toujours frappé d’une dégradation marquée, parfois profonde. Presque toutes les pièces de soutien, dans la région car- diaque, et la plupart des pièces pyloriques ont disparu ; l’ar- mature stomacale elle-même manque totalement dans quel- ques groupes. Partout où elle existe, la pièce mésocardiaque est étroite comme chez les Brachyures, et dans aucun cas je ne l’ai vue s'étendre sur toute la largeur de l'estomac, ainsi que cela a lieu dans toutes les autres familles de Macroures, celles des Palinurides et des Eryonides exceptées. Les types sous lesquels se présente le squelette gastrique, chez les Salicoques, ne répondent pas exactement à la divi- sion, établie par M. H. Milne Edwards, de cette famille en quatre tribus : les Crangoniens, les Alphéens, les Palémoniens et les Pénéens. Rangés par ordre de dégradation croissante, ces types, avec les genres chez lesquels ils se rencontrent, forment la série suivante : 1% type. Genres : Penœus, Solenocera, Aristeus. 2% — — Pasiphæu. 3 _— — Atya, Caridina. Æ — — Rhynchocinetes. D — — Alphens, Athanas, Hippolyte. 6 — — Palæmon. To — — Crangon, Nika. C’est dans cet ordre que je les décrirai. (1) P. Brocchi, Recherches sur les organes génitaux mâles des Crustacés décapodes (Ann. sc. nat., Zool., VIe série, t. IL, art. n° 2). ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 477 a Type : PÉNÉENS. ESPÈCES ÉTUDIÉES : Penœus monoceros (Fabr.), Malabar. — affinis (Edw.), — — styliferus (Edw.), Bombay. — brevicornis (Edw.), — — crassicornis (Edw.), — — lamellatus (de Haan), Japon. — caramole (Desm.), Méditerranée. — monodon (Fabr.), Batavia. — seliferus (Edw.), Nouvelle-[rlande. — indicus (Edw.), côte de Coromandel. — semisulcatus (de Haan), Japon. — brasiliensis (Latr.), Brésil. — canaliculatus (Oliv.), île Maurice. —— bocagei (John.), Portugal. Aristeus antennatus (Duv.), Alger. Solenocera membranacea (Edw.), Naples. — Philippi (Lucas) (a). Si l’armature stomacale, telle que nous la connaissons, n’est pas par elle-même un imdice de supériorité organique, l’ob- servation montre cependant qu’elle ne se rencontre que chez les Crustacés les plus élevés et que sa complication est en rap- port avec le degré d'organisation de ces animaux. A ce point de vue, les Pénéens se placent à la tête de toutes les autres Sali- coques. Ils sont, en effet, pourvus d’une armature stomacale construite sur le même plan que celle des Décapodes supé- rieurs, armature qui manque ou qui est beaucoup plus impar- faite dans tous les autres genres de Salicoques énumérés plus haut, à l'exception du genre Pasiphæa. Chez les Pénéens, lestomac a une forme très allongée (fig. 169, 170), comme chez les Paguriens, et, en général, la (a) Je dois toutes ces espèces à l’extrême bienveillance de M. Alphonse Milne Edwards. La plupart d’entre elles ont servi de type aux formes décrites par M. H. Milne Edwards dans son Histoire naturelle des Crustacés. Récemment M. Spence Bate en a vérifié et reconnu l’identité, excepté pour le P. stylife- rus (*). (*) Spence Bate, On the Penaeidea (The Annals and Magazine of Natural History, 5° sér., vol. VIII, p. 169-196, 1881). 178 F. MOCQUARD. direction de la région pylorique fait avec l’horizontale un angle très aigu (fig. 170, 178). Cet angle est plus considérable chez les espèces indicus, semisulcatus et setiferus, et il se rapproche d’un angle droit chez les Solenocera. L’œsophage s’élève verticalement et s’ouvre sous l’extrémité antérieure un peu élargie de l'estomac (fig. 170, &), plus en arrière chez l’Aristeus antennatus (fig. 178). J’étudierai d’abord le squelette gastrique chez les Pénées, en laissant de côté le Penœus Bocagei, puis je signalerai les caractères différentiels qu’il présente dans cette espèce et dans les genres Aristeus et Solenocera. Genre PENÆUS. Armature stomacale. — La position occupée par la pièce mésocardiaque est caractéristique. Cette pièce, bien distincte de la pièce urocardiaque, dont elle est séparée par un inter- valle relativement considérable (fig. 169, me, uc), est située en avant des pièces ptérocardiaques (pc), qui s’articulent elles-mêmes, fait également caractéristique, avec la pièce uro- cardiaque. Nons avons constaté chez les Palinurides une sorte de passage à cette disposition. La pièce mésocardiaque consiste en une lame courte, trian- gulaire (P. monoceros, — affinis, — styliferus, ete.), ou ova- laire (P. setiferus, semisulcatus), ou grossièrement rectangu- laire (P. caramote), située dans un plan très oblique en bas et en avant, presque vertical. Elle est convexe transversalement sur sa face antérieure ; dans quelques cas, on observe en outre sur la même face une concavité dans le sens longitudinal : elle est alors en selle (P. semisulcatus). En arrière de cette pièce médiane se trouvent, sur les côtés, les pièces ptérocardiaques, peu différentes de celles des Palinu- rides, dirigées en général de dedans en dehors et un peu en avant, avec une légère concavité postérieure. Elles s’articulent, par leur extrémité interne, lâchement avec les pièces méso- cardiaque et urocardiaque, par leur extrémité externe, avec ARTICLE N° Î. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 179 les pièces zygocardiaques au moyen d’une pièce supplémen- taire fort grêle (fig. 170, 178, ps), de forme variable. Tantôt l’invagination qui donne naissance à la dent latérale se développe comme à l’ordinaire, tantôt elle fait défaut. Dans le premier cas, les pièces zygocardiaques et les dents latérales ont la forme habituelle. Dans le second, au contraire, les pièces zygocardiaques, sans limites distinctes, se continuent par un amincissement graduel avec la membrane de l'estomac, et les dents latérales sont simplement constituées par une rangée de denticules naissant, non sur une saillie longitudi- nale qui les porte tous, mais indépendamment les uns des autres sur la paroi stomacale épaissie et convexe à l'extérieur. Il n’y a pas alors, à proprement parler, de surface mastica- trice. Les pièces zygocardiaques et les dents latérales sont donc constituées, chez les Pénées, selon deux types différents. Le premier se rencontre chez les espèces monoceros, styliferus, affinis, brevicornis, crassicornis, lamellatus (et les Solenocera) ; les autres espèces comprises dans la liste donnée plus haut (et l’Aristeus antennatus) présentent le second. Les Pénées peu- vent ainsi se diviser en deux groupes, caractérisés par la pré- sence ou l’absence de pièces zygocardiaques et de dents latérales normales. Examinons brièvement ces parties de l’armature stomacale dans chaque groupe. Dans les espèces appartenant au premier, les pièces zygo- cardiaques sont conformées comme chez les Décapodes supé- rieurs, à cela près qu’elles sont tout à fait dépourvues de manubrium (fig. 174,175). La pièce supplémentaire au moyen de laquelle elles s’articulent avec les pièces ptérocardiaques est très courte, arquée et embrasse dans sa concavité, qui regarde en arrière, les extrémités adjacentes de ces pièces. Les dents latérales, ou bien ont leurs deux bords armés de denticules, avec un tubercule antérieur occupant toute la largeur de la dent (P. monoceros, — styliferus, — affinis, — brevicornis) ; ou bien elles n’en sont pourvues que sur leur 180 F. MOCQUARD. bord supérieur, en même temps que l’extrémité antérieure de la dent en présente deux l’un au-dessus de l’autre (P. crassi- cornis, — lamellatus, ainsi que les Solenocera). La dent du P. monoceros (fig. 174) peut être prise pour type du premier mode de répartition de ces denticules; celle du P. cras- sicornis (fig. 175) pour celui du second. Lorsque le bord inférieur porte des denticules, ordinaire- ment les trois ou quatre premiers sont coniques et robustes, les suivants spiniformes. Le bord supérieur est-il seul armé, les deux denticules antérieurs sont coniques ou aplatis ; ceux qui viennent ensuite sont beaucoup plus petits, au nombre de deux seulement chez le P. lamellatus, de sept ou huit chez le P. crassicornis. On à vu précédemment comment sont constituées les dents latérales chez les Pénées du second groupe. Les denticules isolés dont elles se composent sont rangés sur une ligne courbe dont la concavité, le plus souvent très accentuée, regarde en dedans et en haut. Ils sont coniques, très saillants chez le P. caramote (6) (fig. 171, al), beaucoup plus petits, plus serrés et à peu près tous de même grosseur, à l’exception du pre- mier, chez les espèces monodon (9-11), setiferus (8-10), indicus (12-13), semisulcatus (6-7), brasiliensis (7-8), canaliculatus (4-5). Leur nombre, que je viens d'indiquer entre parenthèses, varie dans des limites assez étendues chez les différentes espèces du groupe (a). En arrière de cette série, on trouve (a) Dans le mémoire cité plus haut de M. Spence Bate, on lit, p. 178 : «I am induced, from the great resemblance in the form of the ventral plates in the females, to accept the conclusion the P. indicus (Edw.), P. monodon (Fabr.), P. sémisulcatus, etc., are varieties of this species (P. monodon). » Ces espèces sont en effet plus voisines entre elles que des espèces caramote, canaliculatus et à plus forte raison de toutes celles qui font partie du premier groupe. Ce- pendant elles paraissent distinctes. Ainsi, le P. semisulcatus se sépare nettement de l’espèce monodon par ses dents latérales, dont les denticules sont moins ser- rés et en nombre moins élevé; au contraire, ces denticules sont plus nombreux chez le P. indicus, en même temps que la dent médiane est triangulaire plutôt qu’en forme de fer à cheval comme dans les espèces monodon et semisulcatus. L’inclinaison de la région pylorique est en outre moindre chez le P. monodon. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 181 encore plusieurs saillies en forme de pointes très petites, dis- posées irrégulièrement (fig. 171). Quant à la pièce zygocardiaque, elle est constituée par un simple épaississement légèrement calcifié de la partie postéro- supérieure de la paroi cardiaque latérale (fig. 170, 2c). Bien que son bord supérieur soit seul nettement limité, l’antérieur cependant est indiqué à l’extérieur par une gouttière dirigée en arrière et qui se recourbe en bas pour aboutir au tubercule antérieur de la dent ; c’est le point de départ de l’invagination dont la saillie interne devait former la dent latérale et qui a avorté. Au niveau de l’extrémité antérieure de cette gouttière, le bord supérieur de la pièce zygocardiaque est surmonté d’une pièce supplémentaire longue et grêle, effilée en avant et dont l'extrémité postérieure, un peu élargie, s’articule, par l’inter- médiaire d’un ligament relativement épais, avec la pièce ptérocardiaque du même côté (fig. 170, ps). On a vu que la disposition de cette pièce est toute différente chez les Pénées du premier groupe. Chez tous les Pénées, la pièce zygocardiaque se continue en avant avec une longue bande de consistance cartilagineuse située sur la paroi latérale de la région cardiaque, qui se rétrécit graduellement d’arrière en avant et se termine par une extrémité anguleuse un peu au-dessus de l’œsophage; elle porte sur sa face interne, près de son bord inférieur, une rangée de pointes très courtes, largement espacées, dirigées en dedans et en haut, au nombre de quinze à trente, suivant les espèces, et qui naissent chacune sur un petit mamelon conique invaginé (fig. 171, pg). Ces pointes semblent faire suite en avant à la série des denticules des dents latérales. Elles sont excessivement petites chez les Pénées du premier groupe, en même temps que la bande sur laquelle elles se développent est très mince et très étroite. On ne peut voir là que des peignes déviés de la forme typique. Si ce n’est peut- être chez les Atyens, on ne rencontre rien de semblable chez les autres Salicoques. 182 F. MOCQUARD. Entre la partie postérieure du bord supérieur de la pièce zygocardiaque et l’angle antérieur de la pièce pylorique se place un ruban long et étroit, terminé en pointe en avant et qu’on peut assimiler à la pièce exopylorique (fig. 170, ep). Il est surtout développé chez les Pénées du second groupe. De consistance cartilagineuse dans sa partie antérieure, la pièce pylorique a la forme d’un triangle dont le sommet, tourné en arrière, se prolongerait en une bande étroite, calcifiée, un peu élargie à son extrémité postérieure (fig. 169, p). Ce pro- longement est arqué, convexe en haut; il est coupé transver- salement à son extrémité postérieure, qui s’articule avec la pièce uropylorique. De chaque côté de la pièce pylorique se trouve, sur la face pylorique dorsale, une gouttière resserrée à ses extrémités (fig. 169, gd); le bourrelet qui lui correspond intérieurement porte, chez les Pénées du second groupe, un peu au delà de sa partie la plus large, une saillie denticulaire comprimée latéra- lement et fréquemment accompagnée de quelques soies épi- neuses (fig. 171, s6). La pièce urocardiaque est rubanée et sensiblement plane; les extrémités en sont un peu‘élargies. L'antérieure est angu- leuse et, par exception, s’élargit brusquement en triangle chez le P. crassicornis; la postérieure s'articule, le plus souvent avec beaucoup de netteté, avec le bord antéro-supérieur de la dent médiane (a). Contrairement à ce que nous avons presque toujours ob- servé, la pièce propylorique est plus étroite à son extrémité supérieure qu'à l’extrémité opposée. Partout elle est en gout- tière sur sa face antérieure, avec un bord supérieur légèrement concave. Elle se termine en bas par la dent médiane, comme chez toutes les Salicoques pourvues d’une armature stomacale. Cette dent a la forme d’un triangle dont le sommet arrondi est dirigé en bas et en arrière (P. setiferus, — styliferus, — (a) Suivant M. Nauck, cette articulation ferait défaut (p. 10) ; mais c’est une erreur. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 183 indicus, — affinis, — monoceros), ou celle d’un fer à cheval, si les côtés latéraux du triangle deviennent plus convexes (fig. 172, dm) (P. caramote, — monodon, — crassicormis, — semisulcatus, — brasiliensis, — brevicornis, — lamellalus, — canaliculatus). Ses bords sont découpés en longs denticules, dont les plus antérieurs sont toujours spiniformes et qui aug- mentent d'épaisseur d'avant en arrière; le plus large, situé sur la ligne médiane au sommet de la dent, a son bord libre ordinairement tranchant, comme celui d’une incisive, et pourvu de quelques fines dentelures. Le nombre des denti- cules varie entre quatre et huit de chaque côté. Il n’ya pas de pémicilles propyloriques. Pièces de soutien. — Sur les parois cardiaques latérales, on ne rencontre, à côté de ce qui m'a paru représenter les peignes, que la plaque cardiaque, qui s’étend sur toute la lon- gueur de la portion inférieure de la paroi (fig. 170, pep); la pièce pennée, longue et grêle, recourbée en dedans à son extré- mité postérieure (px) où elle étrangle le conduit pylorique, et la pièce cardiaque inféro-latérale, en général imdistincte, très courte et facile à observer cependant chez le P. cara- mote (ci). Les pénicilles post-æsophagiens font défaut. Mince, étroite et très allongée, la paroi cardiaque postéro- inférieure (fig. 171, cp) présente à son extrémité postérieure un léger soulèvement, qui forme la valvule cardio-pylorique; toutefois, chez le P. crassicorms, cette valvule est triangulaire et mieux développée. Région pylorique. — En arrière de la pièce pylorique, et articulée avec cette pièce suivant une ligne transversale, se trouve, sur la ligne médiane, une pièce allongée, un peu élar- gie à son extrémité postérieure (fig. 169, up) et qui se dirige en arrière en se recourbant en bas. Elle donne insertion à une paire de muscles extrinsèques et peut être considérée comme la pièce uropylorique. Immédiatement au delà, la paroi dorsale devient très large, plane et forme de chaque côté le repli uro- pylorique (ru). 184 F. MOCQUARD. Sur la paroi opposée, on observe d’abord une pièce pylorique antéro-inférieure très petite, triangulaire, à sommet dirigé en avant (fig. 173, ai), puis des ampoules pyloriques allongées (ap), très obliques en bas et en dehors et dont la concavité est peu prononcée. Les ampoules présentent cette particularité que les crêtes qui s'élèvent de leur concavité s’arrêtent à une distance assez considérable du bord libre du repli interampul- laire et se trouvent remplacées, à partir de ce point, par des soies très longues et très serrées (fig. 213, ca). Il existe une valvule interampullaire postérieure triangu- laire plutôt que linguiforme, de grandes dimensions (fig. 173, vip); mais on ne distingue pas de pièce pylorique postéro-infe- rieure et la gouttière interampullaire est fermée en arrière par la paroi postérieure épaissie de la base de la valvule. Cette anomalie en entraine une autre relative à la disposi- tion des pièces sus-ampullaires postérieures. Ces pièces se bi- furquent à leur extrémité inférieure recourbée en dedans (fig. 173, sp) : la branche antérieure s’unit à celle du côté op- posé, en décrivant un arc dont la concavité regarde en arrière, tandis que la postérieure est séparée de sa congénère par une languette mem braneuse sur laquelle se développe la valvule pylorique inférieure. Dans cette partie de leur trajet, les pièces sus-ampullaires postérieures appartiennent en réalité à la pa- roi pylorique inférieure; elles se comportent normalement dans le reste de leur étendue. La paroi pylorique latérale est presque uniformément épais- sie. La pièce pleuropylorique moyenne est cependant assez bien représentée (fig. 470, plm) et l’on reconnaît les saillies laté- rales de la pièce sus-ampulluire moyenne (fig. 169, 173, sm). Au lieu d’être épaisse, en forme de coussin et couverte de soies disposées irrégulièrement, comme chez les Brachyures et la plupart des Macroures, la voûte ampullaire est mince et apla- tie, non seulement chez les Pénées, mais chez toutes les Sali- coques, et les soies qu’elle porte sur sa face interne, dirigées en dedans et en haut, naissent par files sur des lignes longitu- dinales parallèles (fig. 190). Chez les Pénées en particulier, ARTICLE N° 1, ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 185 ces soies sont longues et très serrées et les lignes sur lesquelles elles naissent, beaucoup plus rapprochées que chez toutes les autres Salicoques, le genre Rhynchocinète excepté. Par leur développement extraordinaire, les valvules pylo- riques terminales rappellent celles que nous avons rencontrées chez les Pagures. Leur longueur varie avec les espèces. Dans toutes celles qui appartiennent au premier groupe, les latérales superficielles sont courtes et dépassent à peine la valvule dorsale; elles sont très longues et s'étendent beaucoup au delà de cette dernière dans toutes celles du second (fig. 169, 170, vis. vd). Quant aux valvules latérales profondes, toujours invaginées et en forme de sac, tantôt elles sont longues et coniques, comprimées latéralement et terminées en une pointe effilée (P. affinis, — monoceros, — brevicornis), tantôt larges et très courtes, à bord libre convexe (P. caramote, — mono- don, — setiferus, — indicus, — semisulcatus), ou rudimen- taires (P. styliferus, — brasiliensis, — canaliculatus), ou même absentes (P. crassicornis, — lamellatus). Chez le P. Bocager et dans les genres Aristeus et Solenocera, le squelette gastrique reproduit exactement le type qui vient d’être décrit. Cependant, il présente dans chacun d’eux quel- ques caractères différentiels que je passerai brièvement en revue. Chez le Penœus Bocagei, la pièce urocardiaque s'élargit à son extrémité antérieure (fig. 176, wc) en un triangle sem- blable à la pièce mésocardiaque des Brachyures, mais dé- pourvu de crête postérieure. Terminées en T à leur extrémité interne, les pièces ptérocar- diaques (pc) se dirigent en dehors et en avant en faisant avec une ligne transversale un angle d'environ 45 degrés et en s’é- largissant un peu jusqu’au tiers de leur longueur; là, elles émettent une apophyse courte et grêle, dirigée en avant et en dedans, puis se recourbent en dehors et en arrière, en deve- nant de plus en plus étroites. Elles se terminent derrière une petite pièce supplémentaire par une extrémité en pointe re- courbée en avant. 186 F. MOCQUARD. Ce sont là les deux caractères différentiels les plus impor. tants du squelette gastrique du Penæus Bocagei. On peut ajou- ter que la pièce mésocardiaque est moins inclinée en bas que chez les autres Pénées, que la dent médiane est plus massive, que les pièces zygocardiaques ainsi que les dents latérales ont une conformation intermédiaire entre les deux types que nous ont offerts ces mêmes Pénées, enfin que la partie postérieure de la pièce pylorique est courte et très étroite (fig. 176, p). Le squelette gastrique de l’Aristeus antennatus se distingue aussi par quelques caractères propres. Ainsi, l'estomac s'étend en avant en un profond cul-de-sac (fig. 178, sc); la pièce sup- plémentaire (ps) avec laquelle s'articule l’extrémité externe des pièces plérocardiaques est particulièrement longue ; la valvule cardio-pylorique est très saillante, à base triangulaire. Les pièces zygocardiaques et les dents latérales sont conformées sur le mème type que chez le P. caramote, mais la dent me- diane s'éloigne sensiblement par sa forme de celle des Pénées, bien qu’elle en dérive évidemment. Le denticule médian, épais et longuement prolongé en arrière et en bas (fig. 177, dm), se creuse en une gouttière profonde et étroite dont les bords très relevés simulent deux robustes denticules. En avant et sur les côtés, se trouvent quatre ou cinq denticules très petits, précé- dés eux-mêmes de quelques épines très courtes. La pièce pylorique s'éloigne aussi de la forme qu’on lui voit chezles Pénées : elle est moins longue (fig. 178, p), beaucoup plus large dans sa partie postérieure, et les gouttières qui la bordent sont remplacées, comme aussi chez les So/enocera, par un simple amincissement de la paroi. Je signalerai enfin une particularité qui ne s’est rencontrée chez aucun autre Pénéen. En arrière de la dent latérale, à l'extrémité antérieure de la paroi pleuropylorique, on re- marque, à l’extérieur, un sillon dirigé d’abord presque direc- tement en haut, puis obliquement en arrière et en haut et qui se termine au-dessous de l'extrémité postérieure de la pièce pylorique (fig. 178, ss). À ce sillon correspond intérieure- ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 187 ment un mince repli calcifié, saillant, pourvu sur son bord libre d’une rangée de dents spiniformes un peu comprimées (fig. 179), qui lui donnent l'aspect d’une scie. Dans le genre Solenocera, la direction de la division pylo- rique de l’estomac est beaucoup plus rapprochée de la verti- cale que chez les Pénées. À leur extrémité externe, les pièces ptérocardiaques sont légèrement bifurquées ; la branche posté- rieure, la plus longue, est concave en avant. La pièce acces- soire intermédiaire entre ces pièces et les pièces zygocar- diaques est petite, triangulaire ; son sommet, dirigé en haut et en dedans, se recourbe en arrière et se place dans la conca- vité de la branche postérieure de bifurcation de la pièce ptéro- cardiaque adjacente, en s’y articulant étroitement. Plus encore que chez le Penœus Bocagei, la pièce urocardia- que S’élargit en triangle à son extrémité antérieure. Les dents latérales sont constituées comme chez le P. crassicornis (a), et la partie postérieure de la pièce pylorique, déjà si étroite dans le Penœus Bocagei, a disparu chez les Solenocera. Toutes les autres parties du squelette gastrique dans les deux genres Aristeus et Solenocera sont les mêmes que chez les Pénées. D’après M. Spence Bate (1), le Solenocera Philippi ne difté- rerait pas du S. membranaceu. Le seul estomac de cette espèce que j'aie pu examiner était trop mal conservé pour pouvoir être comparé dans tous ses détails à celui du S. membranacea. J'ai seulement pu constater que les dents latérales sont les mêmes dans les deux espèces et armées sur leur bord supérieur de sept denticules; mais la dent médiane est plus étroite et plus al- (a) M. Spence Bate, dans le mémoire cité plus haut, range le P. crassicornis parmi les Solenocera. Le squelette gastrique présente effectivement chez cette espèce de Pénée, les mêmes particularités que chez le Solenocera membr ana- cea : même élargissement triangulaire de la pièce urocardiaque à son extré- mité antérieure, même forme des dents latérales, des pièces ptérocardiaques et de la pièce pylorique; l’inclinaison de la région pylorique sur l’horizontale est seulement moindre chez le P. crassicornis. (1) Spence Bate, loc. cit., p. 184. 188 F. MOCQUARD. longée chez le S. Philippi, en même temps que son denticule moyen est pourvu de dentelures très accusées, qui manquent chez le S. membranaceu. | On remarquera enfin que les particularités par lesquelles se distingue le squelette gastrique chez le P. Bocagei ont sensi- blement la même valeur que celles qu'il offre dans les genres Aristeus et Solenocera ; à ce titre, cette espèce pourrait, tout aussi bien que ces derniers Pénéens, servir de base à une nou- velle coupe générique. 2° Type : Genre PASIPHÆA. Pasiphæa, spec.? océan Indien. Ce genre est le dernier, parmi ceux que J'ai observés chez les Salicoques, qui possède une armature stomacale complète, dis- posée sur le plan général que nous avons jusqu'ici rencontré. Région cardiaque. — La division cardiaque de l’estomac, allongée d’avant en arrière et comprimée latéralement dans sa portion antérieure, a des dimensions considérables (fig. 180) relativement à celles de la région pylorique. À l'exception des pièces exopyloriques, toutes les pièces nor- males de l’armature stomacale sont présentes; mais elles ne sont pas calcifiées et ont simplement une apparence cornée. La pièce mésocardiaque est triangulaire, comme chez les Bra- chyures, et se continue en arrière avec la pièce urocardiaque, que l’on distingue à peine (fig. 180, me, uc). Elle s’articule laté- ralement avec les pièces ptérocardiaques (pc), qui se dirigent en dehors et un peu en arrière, en devenant plus étroites. Moins transparentes et plus épaisses que les précédentes sont es pièces zygoc ardiaques (fig. 180, 181, zc). La dent latérale est fortement constituée (fig. 181) et armée de denticules co- niques très pointus, placés sur les bords supérieur et inférieur de la dent et qui vont en diminuant d'épaisseur d’avant en arrière. Ginq ou six garnissent le bord supérieur, dont ils n’oc- cupent qu'une partie; l’inférieur en présente sur toute sa lon- sueur, mais les derniers sont très petits. Comme le montre la ARTICLE N° f. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 189 figure, l’extrémité antérieure de la dent porte trois denticules un peu moins robustes que ceux qui les suivent immédiate- ment et rangés sur une ligne dirigée obliquement en bas et en arrière. La pièce pylorique (fig. 180, p) est transparente et sans limites distinctes; mais la pièce propylorique (fig. 189), très large et concave transversalement, est beaucoup plus épaisse. Elle a la direction ordinaire et se termine par une dent médiane presque rectangulaire, un peu creusée en gouttière sur sa face anté- rieure et échancrée à son extrémité. Cette dent n’est mobile que sur la pièce urocardiaque. Telle est l’armature stomacale dans le genre Pasiphæa. La situation des pièces mésocardiaque, urocardiaque et ptérocar- diaques les unes par rapport aux autres y est la même que chez les Brachyures ; comme on l’a vu, elle est toute différente chez les Pénées. À l’exception de la plaque cardiaque latérale et des pièces cardiaques latérales inférieures, toutes les autres pièces que l’on observe sur les parois latérales de l'estomac chez les Déca- podes supérieurs font défaut. On remarque cependant, en avant et un peu au-dessous de la dent latérale, un enfoncement (fig. 180, pq) auquel correspond à l’intérieur un repli saillant qui, peut-être, représente les peignes, mais qui porte seulement quelques soies extrêmement fines. Parallèlement au bord inférieur de la plaque cardiaque laté- rale, qui est très allongée (pcp), s’étend un liséré garni d’une rangée de soies semblables par leur longueur et leur direction à celles de la pièce pennée, mais non plumeuses. La paroi cardiaque postéro-inférieure, longue et étroite comme chez les Pénées, bordée par des pièces cardiaques in- féro-latérales grêles (ci), se termine en arrière par une valvule cardio-pylorique arrondie, modérément saillante. Région pylorique. — Cette région (fig. 180) présente des ca- ractères de dégradation beaucoup plus accusés que chez les Pénées. On y distingue seulement : la pièce sus-ampullaire moyenne (sm), dont la saillie est très prononcée et qu'on ne ANN. SC. NAT., ZOOL., OCTOBRE 1883. XVI. 13. -— ART: N° f. 190 F. MOCQUARD. rencontre plus chezles Salicoques suivantes ; les ampoules py- loriques (ap), dont les dimensions sont très faibles ; un repli interampullaire très saillant, et une pièce sus-ampullaire posté- rieure (sp) peu développée. La paroi pylorique dorsale, un peu élargie au niveau de l'extrémité postérieure des ampoules, se termine par une lan- guette membraneuse, qui joue sans doute le rôle de valvule ; toutefois je n’ai pu constater si elle est formée par invagina- tion, comme c'est le cas habituel. Ces caractères, si différents de ceux que présente le squelette gastrique chez les Pénéens, montrent que le genre Pasiphæa ne saurait être maintenu parmi ces derniers. En s’appuyant sur des caractères d’un autre ordre, M. Spence Bate (1) est arrivé à la même conclusion, et c’est avec raison que Claus (2) fait du genre qui nous occupe le type d’une sous-famille dis- tincte. 3e type : ATYENS. Atya scabra (Leach), La Martinique. Caridina longirostris (Edw.), Algérie. Le squelette gastrique des Atyes et celui des Caridines sont disposés sur le même type, et bien que la description suivante vise plus particulièrement le premier, elle s'applique égale- ment au second. Ainsi que je l’ai dit page 6. celui de la Cari- dina Desmarestii a été étudié par M. Joly; mais la description fort incomplète que ce naturaliste en a donnée manque d’exac- ttude et repose tout entière sur des erreurs d'observation. D’un autre côté, comme l’importante question des homologies a été entièrement passée sous silence par l’auteur, on pourrait croire que ce squelette n’a rien de commun avec celui des Dé- capodes plus élevés et qu’il est construit sur un plan spécial, ce qui n’est pas (a). | (1) Spence Bate, loc. cit., p. 171, 192. (2) Claus, loc. cit., p. 488. | (a) Je n'ai pas observé l'estomac de la Caridina Desmarestii ; mais, d’après les figures et la description, même inexacte, qu'en donne M. Joly, on peut pré- sumer qu'il ne diffère pas sensiblement de celui de la C. longirostris. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 191 L’armature stomacale persiste chez les Atyens, mais elle y esttrès imparfaite; aussi la mandibule est-elle pourvue, comme dans les genres Palémon, Alphée, Athanase, etc., qui sont privés de cette armature, d’une branche supérieure ou œso- phagienne. On verra plus loin que cette armature a tout à fait disparu chez les Alphées; d’où l'impossibilité de laisser ce genre dans le même groupe que les Atyes et les Caridines. Chez les Atyens, l'estomac est allongé (fig. 183, 199), mais beaucoup moins que chez les Pénéens; les deux divisions car- diaque et pylorique sont séparées inférieurement par une pro- fonde scissure, qui résulte de la direction à peu près verticale et parallèle que prennent les pièces cardiaques inféro-laté- rales et les bords auriculaires de la valvule cardio-pylorique. La division pylorique est remarquable par son grand dévelop- pement. Sac cardiaque. — Ghez l’Atye épineuse le sac cardiaque est globuleux (fig. 183, 184, sc) et divisé pour ainsi dire en deux lobes par un large sillon médian; il est plus étroit et plus étendu en hauteur chez la Caridinu longirostris (fig. 199) et il a été pris pour l’œsophage par M. Joly, chez la Car. Desma- restit. : | Armature stomacale. — Les pièces de la division cardiaque de l’estomac, à l'exception des pièces cardiaques inféro-laté- rales, se réduisent à des épaississements lamelleux dont, au premier abord, il semble difficile d'établir les homologies. Quelques pièces de l’armature stomacale sont cependant im- médiatement reconnaissables et en partant de là comme d’un point de repère, on peut retrouver toutes les autres. Sur la face dorsale de l'estomac, on voit, en effet, un enfon- cement au fond duquel est une lame. médiane longitudinale, mince, semi-transparente, dont les bords sont un peu concaves et qui, à son extrémité antérieure, est coupée obliquement de chaque côté, comme chez les Pénées : c’est la pièce wrocar- diaque. Elle est moins nettement limitée chez la Caridine. En arrière, cette pièce se creuse profondément, d’où résulte sur sa 192 F. MOCQUARD. face inférieure une saillie longitudinale terminée, du côté pos- térieur, par deux longues pointes divergentes, flexibles, une de chaque côté, en avant desquelles se trouve, chez l’Atye, une lamelle transversale un peu convexe sur sa face antérieure (fig. 183, 185, uc, dm) et qui m'a paru se convertir en une pointe très petite chez la Caridine (fig. 193). On reconnait la dent médiane. À l'extrémité postérieure de cette dent, s'élève une pièce plus épaisse, la pièce propylorique, qui a la forme d'un T, dont la barre transversale, plus longue que la tige, est concave en avant. Sur la partie moyenne de son bord supérieur on voit, chez l’Atye, une crête propylorique courte et étroite. La pièce pylorique (fig. 183, p) déborde de chaque côté les parois latérales du conduit pylorique, qui, en ce point, sont poussées en dedans. On ne distingue pas de pièces exopyloriques. La pièce zygocardiaque consiste en une longue lame située à la partie supérieure de la paroi cardiaque latérale et étendue depuis la pièce pylorique jusqu’au sac cardiaque (fig. 184, 192, ze). Elle présente du côté postérieur une portion plus épaisse, de forme sensiblement rectangulaire, dont le plan est oblique en bas et en arrière et dont le bord antéro-supérieur limite en dehors l’enfoncement cardio-pylorique dorsal; le bord opposé fait saillie à l’intérieur de lestomac au-devant de l’extrémité supérieure de la pièce pleuropylorique antérieure et porte, dans sa partie interne, une bordure de soies, sur sa partie externe, une rangée de pointes spimformes dont les postérieures sont les plus courtes (fig. 186,193, d{). Telle est la dent latérale. Elle ne peut évidemment servir, comme aussi. la dent médiane, qu’à déchirer ou à désagréger les aliments, mais non à les triturer. Deux lames ovalaires allongées, plus courtes et plus larges chez la Caridine, à grand axe longitudinal, bombées en dehors et inchinées en bas et en dedans de manière à former entre elles une gouttière anguleuse médiane, représentent les pièces ptérocardiaques (fig. 183, 193, pc). Vers la partie moyenne de ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 195 leur bord externe on voit, chez l’Atye, un épaississement qui s'articule avec la pièce zygocardiaque du même côté. En avant est une lame impaire, plus étendue transversale- ment, creusée d’un sillon médian, échancrée au milieu de son bord antérieur, et dont les angles antéro-externes se recour- bent en dehors. Son bord postérieur est recouvert par un repli transversal. Par sa situation, cette lame correspond à la pièce mésocardiaque (fig. 183, mc). On remarquera que la situation relative des pièces méso- cardiaque, urocardiaque et ptérocardiaque est la même que chez les Pénées. En dehors des pièces que je viens de décrire et qui compo- sent l’armature stomacale, le squelette gastrique des Atyens ne renferme rien qui puisse être considéré comme un organe de trituration, et cette armature, dont l’homologie avec celle des Décapodes supérieurs ne saurait être mise en doute, a com- plètement échappé à M. Joly chez la Caridina Desmarestii. Pièces de soutien. — De toutes les pièces de soutien, il ne reste que la plaque cardiaque et les pièces cardiaques inféro- latérales. En avant de celles-ci est un sillon profond, anguleux, sq, (fig. 184, 199), qui est limité en avant par une lame rubanée, étroite à ses extrémités et située dans un plan transversal. Cette lame se recourbe directement en arrière à son extrémité supérieure, comme les pièces cardiaques inféro- latérales, et se dirige en bas dans le reste de son étendue, en décrivant un arc à concavité postérieure. Son bord interne, saillant à l’intérieur de l’estomac, est pourvu d’une rangée de soies grosses et longues, qui se dirigent en avant et en dedans en se recourbant en haut; elles se divisent à leur sommet, chez l’Atye, en plusieurs branches très courtes et épineuses (fig. 187 et 188). Ces soies rappellent, par leur situation, les rangées de pointes que j’ai décrites chez les Pénées et que j'ai considérées comme des peignes. Peut-être ont-elles la même signification. La paroi postérieure du sillon forme également une bande 194 F. MOCQUARD. étroite et épaissie couverte intérieurement de fines soies et qu'on peul regarder comme la plaque cardiaque latérale. En arrière est une rangée de soies plumeuses, celles de la pièce pennée, pièce qui cependant n’ést pas distincte. Vient enfin la pièce cardiaque inféro-latérale (fig. 184, 192) qui n'offre rien de particulier et que M. Joly (1) a regardée à tort, ainsi que les lames précédentes, comme soutenant les parois de l’œsophage. Au-dessous de l’extrémité antérieure de la pièce zygocar- diaque est une saillie interne triangulaire, invaginée (fig. 184, 192, v'œ'), située dans un plan presque transversal, qui se dirige en dedans et un peu en avant, et dont les bords sont garnis de longues soies, en général bifurquées à leur extrémité. À part les valvules sus-æsophagiennes ou les pénicilles post- œsophagiens, je ne vois, chez les Décapodes plus élevés, rien qui puisse être assimilé à ces saillies. La valvule cardio-pylorique s’écarte aussi de la forme nor- male pour se rapprocher de celle qu’elle affecte chez les Sali- coques dont l'appareil stomacal est le plus dégradé. Ainsi, sa paroi antérieure, au lieu de présenter en avant une large gouttière, est convexe transversalement dans sa partie supé- rieure et suit, dans le sens longitudinal, la courbure des pièces cardiaques inféro-latérales. La paroi postérieure est courte. Les bords auriculaires (bar) sont fortement prolongés vers le bas, surtout chez l’Atye; ils laissent entre eux, comme d’ail- leurs chez toutes les Salicoques dont il me reste à parler, une échancrure anguleuse dans laquelle se loge l'extrémité anté- rieure des ampoules pyloriques. Ils se renversent en arrière et déterminent ce large bourrelet vertical que l’on voit en avant des ampoules, en même temps qu'ils s'unissent à une lame ovalaire, bien distincte chez l’Atye, située dans un plan à peu près transversal et qui ne e peut être que la pièce sus-ampullaire antérieure. | | Le sommet de la valvule regarde un peu en arrière; il est (1) Joly, loc. cit., p. 73. ARTICLE N° f. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 195 très étendu dans le sens transversal, un peu bombé dans sa partie moyenne et couvert de soies courtes. Région pylorique. — La paroi pylorique dorsale présente des particularités qu'on ne rencontre dans aucun autre groupe. Chez l’Atye, immédiatement en arrière de la pièce pylorique est une large lame polygonale plus étendue d’avant en arrière, un peu convexe dans le sens transversal, la pièce wropylorique (fig. 183, up). Ses côtés latéro-antérieurs sont relevés et elle se creuse sur toute sa longueur d’un sillon médian très profond (sn), un peu resserré en avant de sa partie moyenne, plus étroit à son extrémité postérieure et limité en arrière par un demi- anneau calcifié dont le plan fait avec celui de la lame un angle obtus (fig. 183 et 184, an). Ge sillon est dû à la formation par invagination d’un repli médian vertical, qu’on ne saurait mieux comparer qu’à une cloison longitudinale à double paroi et qui dépasse à ses deux extrémités les bords antérieur et pos- térieur de la pièce uropylorique. Le bord antérieur de ce repli, fortement calcifié, convexe, caréné et ayant, au premier abord, l'aspect d’un rostre arqué, se dirige en bas, en se recourbant en arrière et se termine par une troncature à son extrémité inférieure (fig. 189, rt). Sur ses parois latérales naissent, tou- jours par invagination, quatre paires de replis longitudinaux membraneux, qui remplissent toute la cavité du conduit pylo- rique au-dessus du repli interampullaire. Celui de ces replis qui est situé immédiatement au-dessous de la lame uropylo- rique est beaucoup plus étendu en largeur que les autres; la partie antérieure de sa paroi supérieure est épaissie et cal- cifiée, et sur le bord postérieur de cet épaississement on remarque cinq ou six plissements d’où partent autant de petits replis secondaires. On en observe également sur les autres replis, où ils sont naturellement moins nombreux. Tous ces replis sont formés par une membrane très mince, dépourvue de soies et présentant une apparence de division en cellules losangiques. Ils sont analogues aux replis dont se com- posent les valvules pleuropyloriques de la Galathée et doivent jouer le même rôle que ces valvules (p. 77). 196 F. MOCQUARD. En arrière de la pièce uropylorique, et séparée de celle-ci par un intervalle membraneux, est une seconde lame, étroite et rubanée (fig. 183, /m), qui l’encadre dans sa moitié posté- rieure et qui s’y unit latéralement sur un espace très étroit. Sur la ligne médiane, le plan de cette lame est modérément incliné en bas et en arrière, mais il devient vertical à ses extré- mités. Celles-ci sont épaisses et saillantes (fig. 184, plp) et paraissent tenir lieu de pièces pleuropyloriques postérieures, qui se seraient prolongées en arrière et unies sur la ligne mé- diane. L’intervalle membraneux qui sépare cette bande de la pièce uropylorique s’invagine et donne naissance à deux val- vules triangulaires, dirigées en arrière, une de chaque côté, et dont l’extrémité arrondie dépasse un peu le bord postérieur de la lame (fig. 183, 189, vd). La pièce uropylorique est disposée chez la Caridine de la même manière que chez l’Atye (a), avec le même sillon sur sa face supérieure, correspondant à un repli médian d’où partent les mêmes replis latéraux. M. Joly a considéré ce sillon comme (a) Voici la description qu’en donne M. Joly (1) : « Que l’on se figure deux long tubes en cône renversé (fig. 27, m, n), paral- lèles et logés dans l’intestin, excepté à l'endroit qui correspond à leur sommet. Que l’on suppose qu'ils se prolongent à leur base de manière à former un disque membraneux très mince (h), transparent, de figure elliptique, et percé dans son milieu d’une ouverture très allongée (*), tournée vers la face posté- rieure de la double boite stomacale (il s’agit des ampoules pyloriques). Enün, imaginons une autre ouverture oblongue et très étroite, séparant deux plaques cartilagineuses (i) munies sur leur face supérieure de petits mamelons velus, et placées au-dessus de deux plaques plus grandes, mais à peu près semblables et disposées de la même manière. Enfin représentons-nous une troisiême paire de plaques (4) situées au-dessous des deuxièmes, et admettons que toutes ces plaques soient comme retenues ensemble par une membrane très élastique, pouvant par des allongements et des raccourcissements successifs, rapprocher et éloi- gner les pièces mamelonnées que nous venons de faire connaître. Nous aurons ainsi une capsule communiquant avec deux longs boyaux, et renfermant un appareil de mastication très énergique, probablement analogue aux dents que l’on observe dans l’estomac de l’Écrevisse. » On devine que l’auteur à eu en vue la pièce uropylorique avec ses replis, mais, à part le fait de l'existence de « deux longs boyaux », toute cette descrip- tion est erronée. (1) Joly, loc. cit., p. 74. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 197 « une ouverture très allongée », et ce qu'il a pris pour des « mamelons velus » sont probablement les figures polygonales que l’on aperçoit sur la membrane qui forme ces replis; je ne les ai pas observées chez la Caridina longirostris, tandis qu’elles ont des dimensions assez considérables chez l’Atya scabra. On trouve également, en arrière de la pièce uropylorique, une lame rubanée qui l’encadre dans sa moitié postérieure ; mais les deux valvules formées par invagination de la membrane par laquelle elle s’y unit, sont beaucoup plus longues que chez l’Atye (fig. 192, vd). Ce sont là sans doute les « deux longs boyaux coniques » dont parle M. Joly; seulement, ils ne com- muniquent pas avec l’intestin. Je les-regarde comme les homo- logues de la valvule pylorique dorsale, ordinairement très développée chez les Macroures et qui, chez les Atyens, devien- drait double. Tous les détails de la pièce uropyiorique se montrent nette- ment chez l’Atye, où certaines parties de cette pièce sont calcifiées, d’autres de consistance cartilagineuse et où toutes ont des dimensions relativement considérables. Chez la Cari- dine il en est autrement : la pièce uropylorique y est extrême- ment petite et transparente, et ce n’est qu'en l’examinant sous toutes ses faces, au moyen d’un microscope muni d’un prisme redresseur, alternativement à la lumière réfléchie (plus exac- tement à la lumière diffuse) sur un fond noir, et à la lumière transmise dans une cellule ouverte, ou encore à un plus fort grossissement sur une lame porte-objet et recouverte d’une lame mince, que l’on finit par en reconnaitre toutes les parti- cularités et par s'assurer qu’elle est en tous points semblable à celle de l’Atya scabra. « L'appareil de mastication » que M. Joly à cru découvrir dans la paroi pylorique dorsale de la Caridina Desmarestu n'existe donc pas. Sur la paroi pylorique inférieure, on n’observe que les am- poules pyloriques et la pièce pylorique postéro-inférieure. Les ampoules pyloriques sont sensiblement planes et situées dans des plans verticaux; une fente très profonde les sépare. 198 F. MOCQUARD. « L'espèce de boîte en ovale aplati », décrite par M. Joly, d’une manière très obscure d’ailleurs, correspond aux am- poules pyloriques. Le repli interampullaire présente, chez l’Atye, un peu au- dessous de son bord libre, une rangée longitudinale de pointes très rapprochées, qui forme en haut la limite des crêtes am- pullaires. La pièce pylorique postéro-inférieure a sensiblement la forme d'un V dont le sommet, un peu arrondi, est tourné en arrière. On a vu en quoi consiste la pièce sus-ampullaire antérieure ; la moyenne manque et la postérieure est disposée comme chez les Décapodes supérieurs. La voûte ampullaire (fig. 194, 192, V) est parallèle à l’am- poule correspondante. Un épaississement situé à la partie antérieure de son bord supérieur porte, sur sa face interne, mais seulement chez l’Atye, une rangée de lamelles foliacées, serrées l’une contre l’autre, étroites à la base et très saïllantes (fig. 190, 191, /). Elles ont la même direction que les soies qui garnissent la voûte ampullaire ; elles deviennent de plus en plus étroites d'avant en arrière et se transforment en de simples soies. Quant aux pièces pleuropyloriques, l’antérieure, de con- sistance cartilagineuse, est située à la place ordinaire (fig. 184, pla): la moyenne (plm) est constituée par une ba- guette grêle occupant la moitié antérieure du bord inférieur de la paroi pleuropylorique, et l’on a vu précédemment (p. 196) ce qui semble représenter la postérieure. Comme je l’ai dit plus haut, au-dessous du bord externe de la pièce pylorique, les parois latérales de l'estomac sont repous- sées en dedans. De ce point, part un sillon qui se dirige obli- quement en arrière et en bas, et se continue jusqu’à l’extré- mité postérieure du bord supérieur de la voûte ampullaire. Son bord supérieur fait saillie sur l’inférieur et il est formé par une baguette calcifiée, très grêle dans sa partie antérieure et garnie intérieurement d'une rangée de longues soies dirigées en dedans et en arrière. Elles sont fines et très serrées jusqu’au ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÈS PODOPHTHALMAIRES. 199 niveau de la pièce pleuropylorique postérieure ; mais à parüur de là, elles deviennent plus fortes et plus espacées. Il n'existe pas de valvules pyloriques terminales profondes ; les superficielles (fig. 184, 199, vis, vi) n’offrent rien de parti- culier et on connait la disposition de la valvule dorsale. Le squelette gastrique des Atyens, comme celui des Pénéens, est donc disposé sur un type spécial, caractérisé par la confi- guration extérieure de l’ensemble de l'appareil, par l'énorme développement de la partie pylorique, par la conformation des pièces ptérocardiaques, des pièces zygocardiaques, de la dent médiane, des dents latérales et des peignes, enfin par les replis valvulaires de la poèce uropylorique. 4° type : Genre RHYNCHOCINETES. Rhynchocinetes typus (Edw.), océan Indien. Le genre Rhynchocinète s’éloigne considérablement, par son squelette gastrique, des Palémons et des Hippolytes, à côté desquels il a été placé jusqu'ici, et tandis que chez les uns lParmature stomacale a complètement disparu, dans l’autre, au contraire, elle persiste en partie. - Région cardiaque. — De même que chez les Pénées et les -Pasiphaés, la division cardiaque de l'estomac est très allongée d’avant en arrière. Sur sa paroi dorsale on aperçoit deux larges lames ovalaires presque elliptiques, semblables à celles que nousavons observées chez l’Atya scabra. Comme ces dernières, elles sont bombées à l’extérieur et inclinées, quoiqu’à un moindre degré, de dehors en dedans et en bas (fig. 195, pc); mais elles sont parcourues par un sillon transversal auquel correspond intérieurement un bourrelet peu saillant couvert de soies et ne sont pas en contact sur la ligne médiane comme chez l’Atye. Entre elles se trouve, en effet, une lame médiane longuement prolongée en arrière, un peu creusée en gouttière sur sa face externe dans sa moitié postérieure, et qui s'articule avec la dent médiane : c’est la pièce urocardiaque (uc), qui est 200 F. MOCQUARD. ici beaucoup mieux dessinée que chez l’Atye. En avant, celte pièce s’élargit graduellement jusqu’à une faible distance de l'extrémité antérieure des lames décrites plus haut, puis elle se rétrécit de nouveau pour prendre, à son extrémité, la forme d’un triangle à sommet arrondi (me). Cette longue pièce lamel- leuse présente diverses inégalités sans importance; mais on remarquera que sa moitié postérieure est sur un plan moins élevé que lantérieure (le contraire a lieu sur la figure 195, qui représente la pièce vue par sa face inférieure) et qu’elle en est séparée par une saillie transversale que l’on peut assi- miler à l’arête qui, chez les Décapodes supérieurs, limite en arrière la pièce mésocardiaque. Toute la partie de la lame médiane située en avant de cette saillie représenterait done la pièce mésocardiuque (mc). Les deux lames ovalaires, articu- lées de chaque côté avec la lame médiane, seraient les pièces ptlérocardiaques, comme chez l’Atye. Si cette manière de voir est exacte, la situation relative de ces diverses pièces est diffé- rente, chez le Rhynchocinète, de celle que nous avons recon- nue chez les Atyens et les Pénéens et rappelle celle que l’on observe chez les Langoustiens. À son extrémité postérieure, la pièce urocardiaque s’articule avec la dent médiane (dm), dont le bord libre, arqué, est découpé en denticules comme chez les Pénées, et qui fait corps avec la pièce propylorique. De toutes les pièces de l’armature stoma- cale celle-ci est la plus robuste. La forme en est triangulaire. La pièce pylorique, très mince et transparente, devient très étroite dans sa partie postérieure. De même que chez les Pé- nées, l’Atye, au-dessous de ses bords latéraux, la paroi pylo- rique forme un repli longitudinal saillant à l’intérieur et recouvert de soies serrées (fig. 195, rl). Ge repli, obliquement dirigé en bas et en arrière, se continue jusqu’à l’extrémité postérieure du conduit pylorique, avec une interruption au niveau du bord antérieur de la pièce uropylorique. Bien que pourvue d’une dent médiane fortement constituée, l’armature stomacale du Rhynchocinète manque de dents laté- rales normales. Il n'existe aucune formation contre laquelle la ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 201 dent médiane puisse exercer un frottement; cette dent ne peut donc servir à triturer les aliments, mais simplement à les brasser. Toutefois, un peu au-dessus du bord supérieur de la plaque cardiaque latérale, et parallèlement à la moitié posté- rieure de ce bord, se trouve une grosse baguette calcifiée (fig. 194, zc), bifurquée à son extrémité postérieure. Dans l'angle de bifurcation se développe, par mvagination, une sail- lie interne triangulaire, située dans un plan horizontal au- dessus du sommet de la valvule cardio-pylorique. Ces saillies peuvent sans doute se mettre en contact pendant les mouve- ments de l'estomac, mais elles offrent si peu de résistance qu’elles sont incapables d’agir comme organes de trituration. Elles portent, au-dessous de leur bord libre, des soies rudes et de longueur médiocre, qui se continuent sur toute l'étendue de la baguette ci-dessus mentionnée. On peut voir, dans ces parties, des dents latérales et des pièces zygocardiaques consi- dérablement déviées de la forme ordinaire. Les parois cardiaques latérales sont partout épaissies, à l'exception d’une bande étroite qui longe le bord supérieur de la plaque cardiaque. Une saillie interne invaginée, en forme de cône comprimé, dirigée en dedans et garnie de soies rares et courtes, sy développe un peu au-dessus de l’œsophage (fig. 194, v'æ') et semble, mieux que chez les Atyens, corres- pondre aux valvules sus-æsophagiennes. De même que chez les Pénées, la plaque cardiaque latérale et la paroi cardiaque postéro-inférieure sont longues et étroites. Les soies de la pièce pennée, serrées et neltement plumeuses, sont particulièrement rudes, comme d’ailleurs celles qui recouvrent les plaques cardiaques et même les pa- rois latérales de la portion antérieure de l'estomac. La valvule cardio-pylorique est étroite et peu saillante, les bords auriculaires très développés (bar), moins cependant que chez l’Atye épineuse. Région pylorique. — La brièveté de cette région est tout d’abord à remarquer (fig. 194). Sur la paroi inférieure, on trouve des ainpoules pyloriques 202 F. MOCQUARD. courtes et larges, légèrement concaves, et une pièce pylorique postéro-inférieure très grêle, fort peu saillante en arrière sur la ligne médiane. Sur la paroi opposée, la pièce uropylorique, ovalaire, à grand axe longitudinal, est creusée, comme chez les Atyens, d’un sillon médian auquel correspond intérieurement un épais repli (fig. 195, up, rm); mais là s'arrête l’analogie, les replis latéraux manquant complètement. Les parois sus-ampullaire et pleuropylorique n’offrent au- cune pièce bien distincte; la pièce sus-ampullaire postérieure seulement est représentée par une étroite bandelette qui, en arrière, borde la première de ces parois. Outre une valvule pylorique inférieure (fig. 194, vi) longue et effilée et deux valvules latérales superficielles (v/s), que j'ai trouvées ouvertes à une courte distance de leur base, disposi- tion accidentelle sans doute, il existe deux valvules latérales profondes assez larges et très courtes. De la valvule dorsale, 1} ne restait que la paroi supérieure. En résumé, le squelette gastrique du genre Rhynchocinète, tout en étant disposé sur un type spécial très éloigné de celui des Palémons, présente cependant quelques points de contact avec celui des Atyens. 5°, &° et 2° types : ALPHÉENS, PALÉMONIENS, CRANGONIENS. Alpheus ruber (Rafinesque, Edw.), Alger. ALPHÉENS .....: nn Athanas nitescens (Leach), Concarneau. ( Hippolyte aculeatus (Othon), Groenland. / Palæmon Jamaïcensis (Oliv.), Rio-de-Janeiro. Spinimanus (Edw.). | ob — ornatus (Oliv.), Rio-de-Janeiro. | — forceps (Edw.), = — serratus (Fabr.), Concarneau. re squilla (Lin.), côtes de France (a). ç Crangon vulgaris (Fabr.), — À Nika edulis (Risso), Algérie. PALÉMONIENS .. « e CRANGONIENS.... (a) L’appareil stomacal offre, chez le Pandalus borealis, la même conforma- tion que chez les Palémons. ARMICPENONC ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 203 Chez les Alphéens, les Palémoniens et les Crangoniens, l’ap- pareil stomacal subit une dégradation de même ordre et se réduit à quelques pièces appartenant à la paroi postéro-infé- rieure de la région cardiaque et à la région pylorique. Il ne reste aucune trace de l’appareil masticateur interne (a). Mais tandis que chez les Palémoniens et les Crangoniens la région cardiaque de l’estomac s’avance en un vaste cul-de-sac mem- braneux au-dessus de la région pylorique, elle est courte, ovoide ou globuleuse chez les Alphéens (fig. 196 à 198). Un autre caractère sépare immédiatement l’estomac des Alphées de celui des Crangons et des Palémons : la direction de la région pylorique forme avec la paroi cardiaque postéro- inférieure un angle sensiblement droit chez les Alphées, très ouvert dans les deux autres groupes. Get angle est également obtus chez les Hippolytes, dont l'estomac est globuleux comme celui des Alphées. D'autre part, l’estomac des Crangons se distingue tout d’abord de celui des Palémons par la saillie considérable des bords auriculuires de la valvule cardio-pylorique (fig. 197, bar). Région cardiaque. — Excepté sur sa paroi postéro-inférieure, la région cardiaque paraît entièrement membraneuse chez les Crangoniens. Chez les Alphéens, on trouve, sur les parois dor- sale, antérieure et latérales, un assez grand nombre d’épaissis- sements triangulaires ou ovalaires de peu d'importance ; mais chez les Palémons, sur la paroi dorsale de la partie antérieure de l’estomac est une lame médiane allongée, terminée en ar- rière par un angle arrondi, plus large à son extrémité anté- rieure, où elle donne insertion à une paire de faisceaux muscu- laires, les muscles gastriques antérieurs. Cette lame ne serait done autre chose que l’ensemble des pièces mésocardiaque et urocardiaque. (a) Chez les Crangons, les mandibules sont simples et non divisées en deux branches comme chez les Palémons, les Alphées, etc.; mais elles ont la forme de molaires et sont Situées à la partie inférieure de l’œsophage, comme la branche mandibulaire supérieure des Palémons. C’est donc la branche inférieure ou externe qui manque. 204 F. MOCQUARD. Un peu en avant, toujours chez les Palémons, à la partie supérieure de la paroi antérieure verticale de l’estomac, se trouve une autre lame discoïde plus épaisse, sur les bords de laquelle s’insèrent les fibres longitudinales de la couche mus- culaire intrinsèque de l’estomac. Comme ces deux lames sont situées dans des plans perpendiculaires l’un sur l’autre, le pre- mier horizontal, le second vertical, l’extrémité antérieure de l’estomac présente en haut une arête vive transversale, qui fait complètement défaut chez les Crangons et les Alphées. Dans les trois groupes, la paroi cardiaque postéro-inférieure est creusée en bateau sur sa face externe (fig. 196 à 198 cp) ; elle estencadrée par la pièce cardiaque latérale inférieure (ci) et la plaque cardiaque latérale (pcp), qui se recourbent en dedans et en bas à leur extrémité antérieure et viennent rencontrer sur la ligne médiane la pièce correspondante da côté opposé. Étroite et calcifiée, la plaque cardiaque latérale se coude en dedans à angle droit à son extrémité postérieure et étrangle le conduit pylorique, comme le fait la pièce sus-ampullaire antérieure chez les Décapodes supérieurs; en se recourbant de nouveau, elle envoie en arrière un prolongement grêle, qui maintient le bord inférieur de la paroi pleuropylorique en face de celui du côté opposé, immédiatement au-dessus du repli interampullaire. Ces détails sont faciles à observer chez le Palémon de la Jamaïque. La communication de l’espace com- pris entre les parois ampullaires avec la partie supérieure du conduit pylorique s'établit donc, comme chez les autres Déca- podes, par deux fentes étroites perpendiculaires entre elles, l’une transversale, l’autre longitudinale (fig. 199, fé, f0). En dedans de la plaque cardiaque latérale et ne dépassant pas en arrière le point où celle-ci se recourbe en dedans, est un liséré très étroit, membraneux, portant les soies caractéris- tiques de la pièce pennée (fig. 199, spl). La pièce cardiaque latérale inférieure (ci) s'étend parallèle- ment au bord interne de la plaque cardiaque latérale, dont elle est séparée à l’extérieur par un profond sillon ; atténuée à son extrémité antérieure, elle s’épaissit à l’extrémité opposée ARTICLE N° f. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 205 et se recourbe en dedans en crochet, pour se fixer derrière l’angle supérieur du bord auriculaire de la valvule cardio- pylorique (fig. 198). Cette valvule (fig. 199, vc) est large et courte; les bords au- riculaires ne dépassent pas le bord inférieur des ampoules pylo- riques chez les Palémons ; 1ls sont très saillants au contraire chez les Crangoniens, un peu moins chez les Alphéens (fig. 196: à 198, bar). Par exception, cette saillie fait défaut dans le genre Hippolyte. Région pylorique.— Le faible développement de cette région: contraste avec l’amplitude de la région cardiaque. On n’y ren- contre qu’un petit nombre de pièces squelettiques. Chez les Palémons et les Crangons, la voûte du conduit pylo- rique, plissée dans sa moitié antérieure, est soutenue en ar- rière par une lame assez épaisse, étendue transversalement, bombée sur sa face externe et qui fait saillie de chaque côté sur les parois latérales (up). On peut la considérer comme une: pièce uropylorique. Au delà de cette lame, se produit une inva- gination à laquelle correspond intérieurement une large saillie conique un peu aplatie, dirigée en avant et recouverte d’un duvet très fin (fig. 199, sv). Elle manque chez les Al- phéens. Dans ce dernier groupe, en avant de la lame dorsale dont je viens de parler, on en observe une seconde qui s’avance un: peu sur la partie postérieure de la région cardiaque et s’y ter- mine par une extrémité arrondie. Longues et assez élroites, les ampoules pyloriques (ap) ont leur concavité tournée en haut et en dehors et ne sont pas apla- ties comme chez les Atyens. Il existe deux valvules interampullaires chez les Alphées. L’antérieure, dirigée d’avant en arrière est longue et aplatie, terminée en pointe à son extrémité libre; la postérieure a la forme d’un cône étroit et allongé, à sommet arrondi, à parois minces et transparentes. Ces valvules existent également chez. l’Athanas nitescens; toutefois l’antérieure est extrêmement réduite; cette même valvule manque chez l’Hippolyte acu- ANN. SC. NAT., ZOOL., SEPTEMBRE 1855. XVI. 14, — ART. N° 1. 206 F. MOCQ@UARD. leatus et la postérieure y est rudimentaire. Elles font défaut l’une ét l’autre chez les Crangoniens et les Palémoniens. La pièce pylorique postéro-inférieure (pi) présente les carac- tères ordinaires. Sur la paroi sus-ampullaire on ne distingue que les pièces postérieures. Elles consistent chacune en une lame placée transversalement dans un plan presque vertical, un peu incliné en bas et en avant. Leur forme peut être comparée à celle d’un triangle rectangle dont l’hypothénuse, convexe, regarde en haut et en dehors. Par leur angle externe, elles s’articulent avec l'extrémité adjacente de la pièce pylorique postéro-infé- rieure et, de même que chez les Décapodes supérieurs, cet angle sert à des insertions musculaires. Mais, tandis que chez les Crangons ces pièces laissent entre elles et la pièce pylorique postéro-inférieure une fente transversale un peu inclinée en bas du côté externe (comme on le voit sur la droite de la figure 200) et qui n’est autre que l’orifice postérieur de l’es- pace compris entre la paroi sus-ampullaire et celle de lam- poule, cette fente, chez les Palémons et les Alphées, est fermée de chaque côté par une seconde lame peu calcifiée, à peu près de même forme que la pièce sus-ampullaire postérieure, à l’hypothénuse de laquelle elle s’unit par son bord supérieur fig. 200, lv). Des deux autres bords, l’inférieur s’unit au bord postérieur des parties latérales de la pièce pylorique postéro- inférieure, et l’interne, hibre et vertical, limite à droite et à gauche la partie inférieure de lorifice pylorique, au milieu duquel, lorsqu'on le regarde du côté postérieur, on voit s’éle- ver le repli interampullaire. Vainement, chez les Crangons, J'ai cherché cette disposition, qui s’observe également chez le Rhynchocmète. À la partie postérieure et supérieure de la paroi pleuropylo- rique est une lame épaisse, dont le plan est oblique en bas et en dedans et qui s’unit par son bord externe avec le bord adja- cent, de la lame uropylorique ; elle est très irrégulièrement eal- cifiée et se prolonge en pointe en avant chez le Palæmon Jamaïcensis (fig. 198, /s). Les soies qui naissent sur la saillie ARTICLE N° {. ESTOMAC DES. CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 207 interne qu’elle détermine (fig. 199) sont très longues chez les Alphées, excessivement fines et courtes chez les Crangoniens. Dans ce dernier groupe, tout le reste de la paroi pleuro- pylorique est uniformément épaissi; mais chez les Palémons, on remarque le long du bord inférieur de la paroi une bande- lette qui fait suite au prolongement postérieur de la plaque cardiaque latérale et correspond, par sa situation, à la pièce pleuropylorique moyenne (fig. 198, pli). Cette bandelette est située sur un plan plus élevé chez les Alphéens (fig. 196). Les valvules pyloriques latérales superficielles, ainsi que la valvule inférieure, se présentent, chez les Crangons (fig. 197, vls, vi), avec une netteté qu'on observe rarement chez les autres Salicoques, les Pénées exceptés. La valvule dorsale est “bien développée chez les Alphées (fig. 196); ordinairement, chez les Palémons, la valuule inférieure seule est intacte. Je n’ai constaté, dans les diverses espèces de Palémons que j'ai étudiées, que des différences tenant à la taille même des individus, en particulier une grande variation dans le degré de calcification des pièces squelettiques. C’est ainsi que ces pièces ont un aspect osseux chez le Palémon de la Jamaïque, simple- ment corné chez le P. Spinimane, intermédiaire entre ces deux états extrêmes dans les autres espèces. Parmi les Alphéens, le genre Athanase est plus voisin du genre Alphée que le genre Hippolyte, chez lequel la direction de la région pylorique est très oblique sur la paroi cardiaque postéro-inférieure et où manque la saillie des bords auriculaires, ainsi que les valvules interampullaires. Il est assez remarquable que la division généralement ad- mise aujourd’hui des Salicoques en Crangonide, Pasiphæide, Atyide, Alpheidæ, Palæmonidæ, Penæidæ, Sergestidæ, con- corde presque exactement avec celle que l’étude du squelette gastrique m'a conduit à suivre. Je n’ai pas eu l’occasion d’ob- server les Sergestes, ni le genre Gnathophylle, que Claus prend également pour type d’une sous-famille distincte (1) ; (1) Claus, loc. cit., p. 488. 208 F. MOCQUARD. mais si l’on fait abstraction du genre Rhynchocinète, qui doit être séparé des Palémons parmi lesquels il est encore rangé, l'accord est complet entre les deux modes de division, bien qu’ils reposent sur des bases toutes différentes. L'ordre même dans lequel les groupes se succèdent, d’après leurs affinités naturelles, est conservé, avec cette restriction cependant, que les Pénéens prennent la place des Crangoniens et récipro- quement. ORDRE DES SCHIZOPODES. Frey et Leuckart, ainsi que je l’ai dit, ont décrit le squelette gastrique du genre Mysis, le seul que j'aie pu étudier parmi les Schizopodes. Mais ces naturalistes mentionnent simple- ment deux paires de lames osseuses disposées obliquement dans la portion élargie de l’estomac, une partie en forme de bourrelet située au passage dans la portion étroite et, sur ces pièces squelettiques, des soies et des épines nombreuses. Ils n’ont pas vu les dents latérales, ni recherché les homologies des pièces dont ils parlent. La question reste donc entière. Chez les Mysis, l'estomac est très allongé et la division car- diaque a des dimensions considérables comparées à celles de la région pylorique (fig. 201). Les pièces ordinaires de l’arma- ture stomacale y sont méconnaissables; cependant il existe deux dents latérales, dont la situation est normale. Chacune d'elles consiste en une saillie triangulaire dirigée en dedans, convexe sur son bord postérieur, un peu concave sur le bord opposé et qui se termine par quatre ou cinq pointes acérées, denticulées en avant (fig. 202). Le faible pouvoir triturant de ces dents est suppléé par une branche mandibulaire œsopha- gienne. La dent médiane fait défaut; mais il y a une sorte de prépa- ration à sa formation, comme à celle des pièces pylorique et propylorique, dans un commencement d'invagination de la partie de la paroi dorsale qui répond à la voûte cardio-pylo- rique (fig. 201, Vc). ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 209 Dirigée obliquement en bas et en avant, large et débordant les parois latérales, la paroi cardiaque antérieure est encadrée sur les côtés et en arrière par une étroite bandelette en fer à cheval qui en soutient les bords (fig. 201, ëx); elle s’épaissit de chaque côté de la ligne médiane en une lame ovalaire allongée, comparable aux disques décrits chez les Galathées, les Pa- gures, etc. Gette paroi est, en effet, invaginée à un certain degré lorsque l'estomac est revenu sur lui-même; si on la tire en dehors, l'organe acquiert une hauteur et par conséquent une capacité beaucoup plus considérables. On peut donc ad- mettre que ces deux lames remplissent le même rôle que Îles disques dont je viens de parler. Comme chez beaucoup de Salicoques, les plaques cardiaques latérales (pcp) sont fort longues; elles portent sur leur face interne des soies peu serrées, dont quelques-unes sont grosses et épineuses. Leur extrémité postérieure est armée de pointes dirigées en dedans, légèrement arquées, denticulées sur leur bord antérieur et disposées irrégulièrement (fig. 203). À l’aide d’un fort grossissement, on distingue au niveau de la partie moyenne de ces plaques et près de leur bord inférieur, une rangée longitudinale de soies grosses et courtes, en forme de bâtonnets, serrées l’une contre l’autre, au nombre de vingt environ et formant, en ce point, une sorte de peigne. De même que chez les Pénées, etc., la paroi cardiaque pos- téro-inférieure est longue et étroite. Outre des soies ordinaires, on voit sur sa face interne, dans les deux tiers antérieurs de la ligne médiane, une série de longues soies spiniformes, dirigées en arrière et pour la plupart trifurquées à leur extrémité. Les pièces cardiaques latérales inférieures (ci) sont aplaties et comme cornées. Un liséré membraneux tient lieu de pièce pennée ; mais les soies qu’il porte ne sont pas plumeuses. On n’observe dans la région pylorique aucune pièce squelet- tique distincte, n1 valvule cardio-pylorique, ni ampoules pylo- riques, n1 par conséquent de repli interampullaire. A la place occupée ordinairement par les ampoules, se trouve, de chaque côté, une lame d'apparence cornée, mais dépourvue de crêtes ; 210 F. MOCQUARIMR. entre ces lames, près de lorifice du conduit pylorique, est une saillie valvulaire étroite portant des soies peu nombreuses. Au niveau de l'extrémité postérieure des plaques cardiaques latérales, la paroi pylorique dorsale s’élargit et fait, de chaque côté, une saillie anguleuse (fig. 204, wp), qui est peut-être un vestige de la pièce uropylorique. En arrière, cette paroi se relève un peu en crête sur la ligne médiane et s’épaissit sur les côtés, où elle est garnie intérieurement de soies dirigées en arrière. Les parois pyloriques latérales forment, au-dessus des lames qui correspondent aux ampoules pyloriques, un repli longitu- dinal saillant à l’intérieur et couvert de très longues soies ayant la même direction que les précédentes. La région pylorique semble se terminer, comme chez les Décapodes, par une pièce qui fait saillie à droite et à gauche et qui répond par sa situation à l’apophyse externe de la pièce sus-ampullaire postérieure. Enfin, 1l existe un prolongement membraneux dorsal et deux latéraux, un de chaque côté, représentant sans doute les valvules dorsale et latérales, sans que j'aie pu constater cependant que ce sont bien des inva- ginations de la paroi (fig. 201, vd, vls). D’après cette description, et malgré l'absence d’ampoules pyloriques, il est impossible de méconnaïitre les rapports qui existent entre le squelette gastrique des Mysis et celui des Décapodes inférieurs. La division cardiaque de l’estomac en particulier, par sa forme, par les dents latérales, les plaques cardiaques, les pièces cardiaques latérales inférieures et les rudiments de pièce pennée dont elle est pourvue, rappelle exactement ce qu’on observe chez beaucoup de Salicoques. Je ne sache pas que de semblables homologies aient été aussi sûrement établies chez les Edriophthalmes, même dans le travail de Lereboullet (1), et il semble difficile de partager (1) Lerebonllet, Mémoire sur les Crustacés de la famille des Cloportides (Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Strasbourg, t IV, p. 90, 1853). ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 914 la manière de voir de Frey et de Leuckart (1), qui considèrent le squelette gastrique des Mysis comme rappelant, par son faible développement, celui des Isopodes, des Amphipodes et des Læmodipodes, plutôt que celui des Décapodes. ORDRE DES SROMAFODES. L'ordre des Stomapodes, qui, dans la classification de M. Milne Edwards, comprenait les Caridioïdes, les Bicuirassés et les Unicuirassés, se trouve réduit aujourd’hui à un petit nombre de genres appartenant à la tribu des Squilliens (Squilla, Gonodactylus, Coronis) de la famille des Unicuirassés. La plu- part des genres dont se composait la famille des Caridioïdes ont en effet pris place parmi les Schizopodes ; les Bicuirassés ont été reconnus n'être que des larves de Langoustes et de Scyllares (Phyllosomes), et la tribu des Erichthiens (genres Squillerichtus, Erichthus et Alima), qui formait avec celle des Squilliens la famille des Unicuirassés, semble, d’après les re- cherches de Claus, ne renfermer que des formes larvaires de Gonodactyles et de Squilles. ESPÈCES ÉTUDIÉES : Squilla maculata (Lamk), Batavia. Squilla, spec.? Rio-de-Janeiro. Gonodactylus chiragrus (Fabre.), Ile Bourbon. Chez les Stomapodes, l'estomac est divisé, comme chez les Décapodes, en deux régions, une antérieure cardiaque et une postérieure pylorique; mais la première affecte une forme sin- gulière, caractéristique (fig. 205), qu’on n’observe chez aucun Décapode et qu’on peut comparer à une pyramide quadrangu- laire dont le sommet serait dirigé en avant. La base, qui re- garde en arrière et un peu en bas, s’appuie sur l’orifice supé- rieur de l’œsophage et la paroi cardiaque postéro-inférieure, dirigée 1er verticalement. Les quatre faces sont creusées d’une (1) Frey et Leuckart, loc. cit., p. 118. 219 K. MOCQUARD. gouttière anguleuse longitudinale, formée par un angle dièdre rentrant. La face supérieure a des côtés sensiblement horizon- taux et se termine en arrière par un repli transversal relevé, un peu déprimé sur la ligne médiane. Sur la paroi inférieure et près du bord inférieur des parois latérales se trouvent quelques épaississements rubanés, servant sans doute à des insertions musculaires (fig. 205). Comprimé sur les côtés, l’æsophage (æœ) est large et extrè- mement court, oblique en avant et en haut; sa paroi posté- rieure, refoulée en dedans comme l’antérieure, présente exté- rieurement une gouttière longitudinale étroite et profonde très régulière. Des vestiges d’armature stomacale, déjà signalés par M. Milne Edwards (1), se rencontrent chez les Squilles. Sur la paroi la- térale de la région cardiaque, un peu au-dessous de la partie moyenne de la plaque cardiaque latérale, est une lame courte, rubanée, dirigée en bas et en arrière, bien distincte chez la Squilla maculata, où elle tranche par sa couleur blanche sur la transparence de la membrane stomacale (fig. 205, 2c). Elle s’élargit en s’amincissant à son extrémité postérieure et abou- tit à une gouttière peu profonde, parallèle au bord postérieur de la paroi et dont la saillie interne porte trois à six denticules membraneux, parfois bifurqués au sommet. Cette lame peut- être considérée comme une pièce zygocardiaque et les saillies armées de denticules comme des dents latérales. Ges parties manquent chez le Gonodactylus chiragrus. Les pièces qui bordent latéralement la paroi cardiaque pos- térieure sont disposées à peu près comme chez les Palémons, les Crangons; mais elles décrivent une courbure beaucoup plus prononcée. Dirigées d’abord en avant, elles se recourbent en bas, puis en arrière, en formant un demi-cerele presque complet, dont la convexité regarde en avant et un peu en haut (fig. 205, pcp, ci). Elles offrent encore ceci de particulier que lantérieure (pcp) (plaque cardiaque latérale) porte la rangée de (1) H. Milne Edwards, Hist. nat. des Crustacés, t. 1, p. 72. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 07 soies plumeuses qui naissent ordinairement chez les Salicoques sur une bandelette distincte, et que la postérieure (ci) (pièce cardiaque latérale inférieure), comprimée latéralement et creusée en gouttière sur sa face interne, se réunit à celle du côté opposé, à son extrémité inférieure, par l’intermédiaire d’un petit arc calcifié, concave en bas et en arrière, et à partir duquel commence la gouttière postérieure de l’œsophage. L’extrémité inférieure de la première pièce s'arrête, de chaque côté, sur les bords de cette gouttière. La paroi cardiaque postérieure, sur laquelle la pièce car- diaque inféro-latérale est très saillante, est concave sur sa face externe, tendue, fortement épaissie sur ses bords. Elle s’inva- gine à son extrémité postéro-supérieure pour former une val- vule cardio-pylorique conique, plus sailiante que chez les Pa- lémons, à parois épaisses et dépourvues de soies (fig. 207, wc). La région pylorique est fort peu développée, assez semblable à celle des Décapodes inférieurs. La paroi dorsale, très étroite comme chez le Pentacheles va- lidus, est uniformément épaissie, sans aucune pièce distincte (fig. 204, pd). Sur la paroi inférieure, au contraire, nous retrouvons les mêmes parties que chez les Décapodes les plus élevés. Le bord postéro-inférieur de la valvule cardio-pylorique s’articule très étroitement avec une lame rectangulaire longitudinale, un peu plus large en arrière (fig. 205, 207, pr) et paraissant n'être qu’un prolongement de la paroi postérieure de la valvule, ana- logue à celui que nous avons observé chez le Pentacheles vali- dus, mais qui, chez les Stomapodes, se serait renversé sous la paroi. Cette lame s’articule elle-même par son bord postérieur avec le bord supérieur d’une seconde lame rectangulaire, étendue transversalement dans un plan presque vertical, un peu oblique en bas et en arrière (fig. 207, ai). Cette dernière, située immé- diatement en avant des ampoules et parcourue sur sa face antéro-inférieure par un sillon médian peu profond, ne peut représenter que la paèce pylorique antéro-inférieure. 914 F. MOCQUARD. Les ampoules pyloriques sont semblables à celles de la plupart des Salicoques. Il n’y a pas de vaivules interampul- laires. On trouve également, en arrière des ampoules, une pièce pylorique postéro-inférieure, comme chez les Décapodes (fig. 205, pi). Peu concave en avant, elle s’étend presque en ligne droite transversalement et se continue par ses extrémités avec le bord postérieur épaissi de la paroi latérale. Cette dernière paroi est renforcée par quelques bandelettes peu épaisses et se réduit à peu près à la vote ampullaire (fig. 205, V), qui est garnie sur sa face interne, comme chez les Salicoques, de soies disposées par rangées longitudinales. La seule pièce squelettique normale que l’on rencontre sur cette paroi est la pièce sus-ampullaire postérieure. Au point que l’on peut considérer comme l'extrémité interne du bord pos- térieur de la paroi sus-ampullaire, elle envoie en bas une apo- physe courte et très grèle, qui s’articule sur les côtés de la partie médiane, saillante en arrière, de la pièce pylorique postéro-inférieure. Gette articulation est peu mobile. Le système valvulaire terminal se compose de quatre valvules superficielles, coniques, très étroites, qui prennent naissance comme chez les Décapodes (fig. 208). Cuvier, qui a décrit l'estomac des Squilles (1), le considérait comme étant construit sur un tout autre plan que celui des Décapodes. Cela serait vrai si l’on n’avait égard qu’à la forme de la région cardiaque et à la couche musculaire dont elle est enveloppée; mais, comme on vient de le voir, les pièces sque- lettiques qui persistent sont presque identiquement les mêmes que chez les Salicoques où le squelette gastrique est le plus dégradé (Atyens, Palémoniens, Crangoniens). CONCLUSIONS. Je me suis surtout efforcé, dans la description de l'appareil Stomacal des Crustacés podophthalmaires, de mettre en relief (1) G. Cuvier, op. cit., 2 édit., t. V, p. 231. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 215 les caractères particuliers qu’il présente dans les diverses fa- milles de ce groupe carcimologique. Je les résumerai rapide- ment ici; Jinsisterai sur ce fait que, dans chaque famille natu- relle, Pappareil stomacal est en général disposé sur un type spécial, caractéristique pour chacune d’elles, et je recherche- rai les conséquences que l’on peut en tirer au point de vue des affinités zoologiques. On doit tout d’abord remarquer que, dans l’ordre des Déca- podes, une distinction s'établit entre les Brachyures et les Ma- croures, d’après la seule considération de l'appareil stomacal. Tandis que chez les Brachyures, en effet, la pièce mésocardiaque est étroite, triangulaire, et que les pièces plérocardiaques, ou parfois le ligament antéro-latéral (Gélasimiacés) (voy. p. 86), sont allongées et dirigées horizontalement, la première occupe, chez les Macroures, toute l’étendue transversale de la paroi cardiaque supérieure, el les secondes, ordinairement plus courtes que chez les Brachyures, sont situées à peu près ver- ücalement sur la paroi cardiaque antérieure ou antéro-latérale. Ces caractères des pièces mésocardiaque et ptérocardiaques, comme aussi quelques autres de moindre importance, sé- parent les Brachyures des Macroures et permettent de ratta- cher les Anomoures en partie aux Brachyures, en partie aux Macroures : les Anomoures ptérygures, ainsi que les Lithodes, passent dans la section des Macroures (4); les Anomoures aptérures, moins les Lithodes, se rattachent aux Brachyures et servent de transition entre les deux groupes. Dans aucun cas, ces pièces n’ont offert, chez les Brachyures, les caractères qu'elles possèdent chez les Macroures. Toutefois, la propo- sitlon inverse n'est pas vraie, et dans quelques genres appar- tenant à ce dernier groupe et chez lesquels le squelette gas- (a) D’après Claus (1), les Hippiens et les Porcellaniens se rattacheraient plu- tôt aux Brachyures, et, suivant Spence Bate (2), si les Anomoures devaient disparaître comme sous-ordre, ils passeraient tous aux Macroures. (1) C. Claus, Untersuchungen zur Erforschung der genealogischen Grundlage des Crustaceen- Systems, p. 61 (1876). (2) Spence Bate, Report of the british Association for the advancement of science, ann. 1878, p. 203. 216 l. MOCQUARD. trique a subi une dégradation manifeste, eomme la Langouste, le Seyllare, le Pentacheles et les Salicoques où persiste l’arma- ture stomacale, ces pièces ont à peu près les mêmes rapports de forme et de grandeur que chez les Brachyures ; mais chez les Palinurides que je viens de citer et chez les Pénéens, le mode d’articulation de ces pièces entre elles est tout dif- férent. Je ne reviendrai pas sur les autres caractères différentiels de l’appareil stomacal chez les Brachyures et les Macroures (voy. p. 112-116) et je signalerai seulement cette particula- rité, qu'à l'exception de la Thelphusa fluviatilis, où la pièce exopylorique est soudée à la pièce zygocaraiaque du même côté, de l’Elamene pilosa, où a lieu également la soudure de ces pièces et où manquent les pièces mésopyloriques posté- rieures, enfin des Leucosiens, où les pièces exopyloriques font défaut, le squelette gastrique, chez tous les Brachyures nor- maux que j'ai observés, est constitué par les mêmes pièces. Chez les Macroures, au contraire, par suite des dégradations successives qu'éprouve cet appareil, le nombre des pièces squelettiques est très variable d’une famille à l’autre. C’est ce qui explique, en partie du moins, que le nombre des types sur lesquels il est disposé soit fort restreint chez les Brachyures et beaucoup plus élevé chez les Macroures. Ce n’est, en effet, que dans les familles de la tribu des Cato- métopes et dans celle des Leucosiens, parmi les Brachyures normaux, que le squelette gastrique se présente sous des types bien caractérisés, tandis que dans les autres tribus il n'offre, de l’une à l’autre, que des caractères différentiels peu accusés, sans aucune particularité importante spéciale à l’une ou à l’autre des deux familles dont chacune d’elles se compose (voy le tableau de la page 60). | C'est ainsi que, chez les Cyclométopes, la continuité entre les pièces mésocardiaque et ptérocardiaques est le seul carac- tère différentiel de quelque valeur, encore fait-il défaut chez le Tourteau (et, suivant M. Nauck, chez quelques autres Can- cériens), tandis qu’on l’observe également chez les Grapsiens ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 917 et quelques Oligorhynques. Le grand développement latéral du sac cardiaque peut être pris en considération ; mais il a lieu de même chez les Thelphusiens, les Ocypodes, les Oligorhyn- ques, la Ranine. Les autres caractères de l'appareil stomacal sont d'ordre secondaire et ne peuvent servir à caractériser les familles, mais seulement les genres. Cet appareil n’est guère mieux caractérisé, dans la tribu des Oxyrhynques, par la disjonction des pièces mésocardiaque et ptérocardiaques, qui s’observe également chez les Oligorhyn- ques; par l’union sous un angle très aigu des bords antérieur et supéro-externe de la pièce zygocardiaque, particularité exceptionnelle chez les Cyclométopes (Tourteau, Carpilius maculatus), et les Oligorhynques (g. Corystes), et par l’exis- tence sur le bord inféro-externe du manubrium, un peu en avant de son extrémité postérieure, d’une courte apophyse, qui manque cependant chez le Lambre, mais que je n’ai ren- contrée dans aucune autre tribu. Les deux premiers de ces caractères s’observent aussi chez beaucoup de Catométopes; mais l’appareil stomacal est si nettement caractérisé chez les diverses familles de cette tribu que toute confusion est impos- sible. On peut ajouter que, chez les Oxyrhynques, le sac car- diaque est moins développé latéralement que chez les Cyclo métopes et les Oligorhynques. Enfin dans la série des Oligorhynques, les deux caractères suivants, sans être spéciaux à la série, ne se rencontrent cepen- dant qu’exceptionnellement chez les Eustomés : 1° l’articula- tion directe, excepté chez l’Afelecyclus, des pièces exopylo- riques avec la pièce propylorique ; 2° l’union sous un angle droit (genres Hepatus, Matuta) ou très voisin d’un angle droit, des bords antérieur et supéro-externe de la pièce zygocardiaque, avec exception pour le genre Gorystes. Il faut remarquer, en effet, que le premier de ces caractères s’observe chez le Sfeno- rhynchus phalangium et le Lambrus laciniatus parmi les Oxy- rhynques, comme aussi chez la plupart des Brachyures anor- maux et chez beaucoup de Macroures; en outre, que le second se rencontre également chez les Leucosiens et à un degré moins 918 F. MOCQUARD. accusé chez les Gyclométopes, excepté le Tourteau et le Car- pilius maculatus. La série des Oligorhynques ne se laisse pas diviser en tribus d’après les caractères fournis par le squelette gastrique, et si l'on tient compte de ce fait, elle semble constituer simplement un groupe parallèle à ceux des Oxyrhynques et des Cyclomé- topes. Dans les diverses familles de Catométopes, contrairement à ce qui a lieu dans celles des tribus précédentes, le squelette gastrique offre plusieurs types bien caractérisés. Cependant, même en laissant de côté les Carcinoplaciens, que je n’ai pas observés, les Hyménosoniens et les Gonoplacés cancéroïdes, dont l'appareil stomacal s'éloigne absolument de celui des autres Catométopes, cet appareil ne présente d’autre caractère commun à toute la tribu et lui appartenant à l’exelusion de tous les autres groupes de Brachyures normaux, que la bifur- cation du ligament antéro-latéral et l’union de sa branche externe avec l’extrémité antérieure de la prèce prépectinée, cette pièce s’unissant avec le manubrium dans tous les autres cas. Mais si l’on ne considère que les deux familles principales, celle des Grapsiens et celle des Ocypodiens, on reconnait que cet appareil présente de nombreux caractères communs aux deux familles, ainsi que des caractères propres à chacune d’elles ou à ses divisions secondaires et que ceux-ci s’effacent ou dis- paraissent dans les familles satellites ou de transition (Thel- phusiens et Trichodactyliens). Dans les deux familles principales, le ligament antéro-late- ral se divise en deux branches à son extrémité externe ; excepté dans le genre Myctire, la pièce urocardiaque présente un coude sur sa face inférieure ; le bord inférieur de la dent latérale est dépourvu de scissure profonde en arrière du tubercule anté- rieur ; la pièce pectinée forme un anneau complet et porte une apophyse très saillante; la pièce subdentaire est sensiblement placée sur le prolongement de la pièce cardiaque inféro- latérale, qui est élargie sur la plus grande partie de sa lon- gueur; la valoule cardio-pylorique est transformée en dent ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS POIDOPHTHALMAIRES. 219 médio-inférieure et les auricules sont très développées, si ce n’est cependant chez les Ocypodes et les Pinnothériens, où elles le sont beaucoup moins; la pièce propylorique est en X, excepté également dans le genre Ocypode, où elle est en T; enfin, 1l existe partout des valvules sus-æsophagiennes et, excepté chez les Pinnothériens, des valoules pleuropyloriques, que termine une longue lanière profondément découpée sur ses bords. À part le coude signalé sur la pièce urocardiaque et que je n'ai d’ailleurs rencontré que chez la Naxia dia- cantha (voy. p. 95), et la dent médio-mférieure, qui existe aussi chez cet Oxyrhynque et chez la Pisa tetraodon, tous ces caractères sont propres aux Catométopes. Les suivants sont particuliers à la famille des Grapsiens : le bord supéro-externe des pièces zygocardiaques décrit une courbe convexe en dehors sensiblement régulière, et par suite l’octogone articulé de larmature stomacale prend une forme en demi-cercle caractéristique, et non celle d’un triangle à sommet postérieur tronqué, comme chez les Gyclométopes, les Oxyrhynques et les Oligorhynques ; la direction du bord supé- rieur et externe des pièces exopyloriques est antéro-postérieure ; linclinaison de la pièce mésocardiaque est considérable et voi- sine de la verticale; les pièces zygocardiaques sont falciformes ; la dent médiane se compose constamment d’épais bourrelets transversaux, que l’on rencontre toutefois chez les Thelphu- siens et les Trichodactyliens et exceptionnellement chez quel- ques Oxyrhynques (Naxia diacantha, Pisa tetraodon) et quelques Cyciométopes (Xantho floridus), où ils sont généralement moins nombreux ; en dernier lieu, les dents des peignes sont toujours en nombre élevé et, excepté chez le Grapsus cruentatus, la ligne suivant laquelle elles sont rangées se recourbe en arrière et en bas à son extrémité supérieure. On peut encore remar- quer que c’est dans la famille des Grapsiens que le sac car- diaque offre le moins de développement. Quant à l’appareil stomacal des deux familles satellites des Grapsiens, les Thelphusiens et les Trichodactyliens, par la conformation des dents latérales et de la dent médiane, par la 290 F. MOCQUARD. disposition du lgament antéro-latéral, il se rapproche de celui des Grapsiens; par tous les autres caractères il rappelle celui des Gyclométopes, sauf cependant le fait de la disjonction des pièces mésocardiaque et ptérocardiaques, qu’on n’observe qu’exceptionnellement chez ces derniers. L'appareil stomacal n’affecte pas, dans la famille des Oey- podiens, des caractères aussi uniformes que dans celle des Grapsiens et se présente sous trois types, dont le mieux carac- térisé se rencontre aussi Chez les Pinnothériens, ce qui conduit à rattacher ce groupe aberrant aux Ocypodiens. Le type observé chez les Gonoplacés cancéroïdes (Gonoplax angulata et G. rhomboïdes) est le même que chez les Cyclomé- topes, ainsi que Je l’ai montré page 90, et n'offre aucun carac- tère propre. Le second type, qui semble particulier au genre Ocypode, est voisin de celui des Grapsiens; mais il s’en distingue par le grand développement du sac cardiaque, par la forme en T de la pièce propylorique, par la réduction des auricules, par une union incomplète de la pièce mésocardiaque aux pièces plérocardiaques, par un étranglement moins marqué de la pièce urocardiaque, en général, par une atténuation des carac- tères des pièces squelettiques. Quant au troisième type, qui se rencontre chez les genres que J'ai réunis dans un même groupe sous le nom de Gélasi- miacés, il possède au contraire des caractères propres bien tranchés, en dehors de ceux qu’il offre en commun avec celui des Ocypodes et celui des Grapsiens. L’aspect en forme de large croissant à concavité antérieure et à contour externe elliptique que présente, vu d’en haut, l’ensemble des deux pièces zygocardiaques; la brièveté des pièces ptérocardiaques dans le sens transversal et l'allongement correspondantdu liga- ment antéro-latéral; la présence sur le bord postérieur de la pièce mésocardiaque d'une crête très sallante et tranchante, interrompue sur la ligne médiane par une échancrure angu- leuse profonde, sont des particularités absolument caracté- ristiques de ce type et qui apparaissent à première vue. Par- ARTICLE N° 1, ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPIITHALMAIRES. 294 fois très complexe, la dent médiane semble affecter une conformation spéciale dans la plupart des genres; mais elle est dépourvue de caractère particulier appartenant au groupe tout entier. Je n’ai étudié, dans le petit groupe aberrant des Hyménoso- miens, que le genre Elamène. L'appareil stomacal, sans carac- tère commun avec celui des Grapsiens ou des Ocypodiens, s’y trouve assez bien caractérisé par la concavité du bord an- térieur et la disposition en gouttière des pièces ptérocardiaques ; par la diminution graduelle en largeur de la pièce wrocardiaque et les pointes, au nombre de trois ou quatre, portées sur un élargissement de son extrémité postérieure ; par la brièveté de la pièce propylorique, dont la largeur, à son bord supé- rieur, surpasse la hauteur; par la fusion des pièces exopylo- riques avec les pièces zygocardiaques et par l'absence de pièces mésopyloriques postérieures. Il resterait à voir si ces Ccarac- tères sont communs à tout le groupe. Enfin, des caractères particuliers distinguent l'appareil sto- macal des Leucosiens ; le résumé en a été donné à la page 105, le lecteur voudra bien s’y reporter. En passant des Brachyures normaux aux Anomoures ap- térures ou Brachyures anormaux, on constate immédiate- ment, dans l’appareil stomacal, un certain nombre de ca- ractères intermédiaires entre ceux qu'il possède chez ces Brachyures d’un côté et les Macroures de l’autre, ou qui sont particuliers à ces derniers; et il est vraiment remar- quable que, par la seule considération de ces caractères, les Anomoures aptérures, à l'exception cependant des Lithodes, prennent, dans la série carcinologique, la place qui leur est oénéralement assignée aujourd’hui entre les Brachyures et les Macroures. Chez les Dromies et les Homoles, qui paraissent devoir être réunies dans une même famille, les pièces mésocardiaque et ptérocardiaques présentent avec évidence ces caractères mixtes. En même temps, la forme de la prèce pleuropylorique anté- ANN. SC. NAT., ZOUL., OCTOBRE 1883. XVI. 15, — ART. N° 1 299 K. MOCQUARD. rieure, dont le bord externe se prolonge en bas et en avant, comme chez les autres Brachyures anormaux et tous les Ma- croures normaux où anormaux, les genres Al/bunea et Remipes exceptés et les Salicoques mises à part; la présence d’une saillie rectangulaire médiane sur le bord antérieur de la poèce pylorique antéro-inférieure; la dégradation des pièces méso- pyloriques de la première paire et l’épaisseur du repli interam- pullaire, rapprochent les Dromies et les Homoles des Ma- croures. La Ranine semble également un Brachyure anormal, plus voisin cependant des Brachyures proprement dits que les genres Dromie et Homole. Les pièces mésocardiaque et ptéro- cardiaques y affectent en effet le type brachvure, le sac car- diaque acquiert un développement transversal considérable, et ce n’est que par l’absence des pièces mésopyloriques de la première paire; par la conformation de la pièce plewropylo- rique antérieure, qui est la même que chez la Dromie et l'Homole; enfin, par la tendance au chevauchement de la pièce uropylorique sur les pièces mésopyloriques postérieures, que cet appareil, chez la Ranine, se rapproche de celui des Macroures. Parmi les Hippiens, le genre Remipes est le seul chez lequel les caractères des pièces mésocardiaque et ptérocardiaques ne se rapportent pas franchement au type Macroure, abstraction faite des exceptions signalées ci-dessus (p. 216) ; mais ils s’é- cartent tout autant du type brachyure. J'ai déjà insisté sur ce fait que, dans la famille des Hip- piens, l'appareil stomacal n’est pas disposé sur un type uni- forme, et qu’à l'exception des dents latérales, qui sont à peu près semblables ; des peignes qui font défaut, ce qui n’a jamais lieu, il est vrai, chez les Brachyures, soit normaux, soit anor- maux; qu'à l’exception des pièces mésopyloriques antérieures qui manquent également, et des postérieures qui sont en con- tinuité chez le Remipes et l'Hippa; enfin de la pièce wropylo- rique, qui n’est pas distincte, les autres pièces de cet appareil, en particulier celles de l’armature stomacale, ont des carac- ARTICLE N° {. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 223 tères absolument différents dans les trois genres d’Hippiens sur lesquels ont porté mes observations. Chez les Lithodes et les Paguriens, au contraire, l'appareil stomacal est immédiatement caractérisé par sa longueur, qui est considérable relativement à sa largeur; par la faible incli- naison, excepté chez les Lithodes, de la région pylorique ; par la forme de la pièce mésocardiaque, dont le bord postérieur est renflé en un épais bourrelet et qui déborde fortement sur les côtés la paroi cardiaque latérale; par la direction sensible- ment longitudinale du bord supéro-externe des pièces zygocar- diaques; par le grand allongement de la plaque cardiaque laté- rale et la direction presque horizontale des pièces pennée et cardiaque inféro-lutérale. À côté de ces caractères, d’où ré- sulte une configuration extérieure particulière de l'appareil stomacal dans les groupes sus-mentionnés, on en observe d’autres d'ordre secondaire qui permettent d'établir une dis- timction facile de cet appareil, non seulement chezles Lithodes et les Paguriens, mais encore chez les Birgus et les Cénobites d’une part, chez les Pagures de l’autre. Chez les Lithodes, en effet, l’appareil est moins allongé; linclinaison de la région pylorique sur l'horizontale est plus considérable ; Les pièces exopyloriques sont plus étroites et ont une disposition moins éloignée de celle qu’on observe chez les Brachyures; comme chez ceux-ci, 1l existe des pièces cardio- pyloriques latérales qui manquent chez tousles Paguriens ; les pièces sus-apullaires postérieures s'unissent inférieurement sur la ligne médiane au lieu de s’articuler entre elles comme chez les Paguriens, et les valvules pyloriques terminales sont moins longues. En second lieu, chez le Birqus et les Génobites, les bords inférieurs des disques cardiaques sont armés de pointes termi- nées par une touffe de soies; la dent latérale est tout à fait dépourvue de scissure sur son bord inférieur ; la dent médiane est cunéiforme et porte sur ses faces latérales des côtes trans- versales obliques ; les pièces exopyloriques ont une courbure en selle fortement accusée, et les angles antérieurs de la pièce 9294 F. MOCQUARD. pylorique sont renflés en un disque ovalaire très épais. Aucun de ces caractères ne s’observe n1 chezles Pagures, ni chez les Lithodes. Comme on le verra plus bas par l’énumération de quelques caractères communs, l'appareil stomacal des Paguriens est plus éloigné de celui des Hippiens que de celui des Porcellanes. Ce dernier est caractérisé par la présence d’une arête trans- versale sur la face supérieure de la pièce mésocardiaque; par le renversement en avant du bord supérieur des prèces exo- pyloriques ; par la direction presque antéro-postérieure, sensi- blement plus oblique en dehors et en avant chez la Porcellana violacea, du bord supéro-externe des pièces zyqocardiaques; surtout, par l’apophyse styliforme, dirigée transversalement et légèrement recourbée en arrière, qu'émet sur chacun de ses côLés la pièce pylorique. I est vrai que les deux premiers de ces caractères se rencontrent aussi, toutefois avec quelques différences, chez l'Hippa et les Thalassiniens ; mais le dernier est spécial aux Porcellanes, et leur ensemble donne à l’appa- reil stomacal de ce groupe un cachet particulier. Tous font défaut chez l’Æglée. Dans ce genre, d’ailleurs, aucune des pièces de l’armature stomacale n’offre des carac- tères semblables à ceux qu’elles possèdent chez les Porcellanes (voy. p. 140); quelques pièces de soutien présentent même des différences importantes, notamment dans la disposition des peignes et dans les rapports de la poèce cardiaque inféro- latérale avec la pièce pennée (voy. p.141); celles de la région pylorique diffèrent aussi, par l’absence chez l’Æglée, de pièces mésopyloriques antérieures. Il en est autrement chez les Galathéides, et si l’on excepte la pièce mésocardiaque, qui a la même conformation que chez l’Æglée; la pièce pylorique, qui est dépourvue d’apophyses sur les côtés; les pièces exopyloriques, dont le renversement en avantest moins prononcé, toutes les autres parties du sque- lette gastrique sont identiques ou ne présentent que des diffé- rences légères chez les Porcellanes et les Galathéides. Pour éviter des répétitions inutiles, je ne reviendrai pas sur la com- ARTICLE N° {. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES, 229 paraison de ces caractères ni sur la conclusion que j'ai cru pouvoir en tirer touchant les affinités réciproques des Porcel- lanes, de l’Æglée et des Galathéides (voy. p. 143-146); mais je rappellerai que chez ces derniers, chez les Lithodes et tous les Macroures anormaux, les Hippiens exceptés, on trouve des disques cardiaques, une dent médio-inférieure composée d’une double série de lamelles parallèles, des pénicilles post-æsopha- gens de grandes dimensions, comprimés et de forme rectan- gulaire, ainsi qu'un repli interampullaire ovoïde (Lithodes, Paguriens) ou étalé, à son extrémilé antérieure, en une expansion valvulaire (Porcellaniens, Galathéides). Tous ces caractères ne se trouvent réunis dans aucun autre groupe de Macroures, bien qu’il existe cependant des disques cardiaques et un repli interampullaire ovoïde chez le Remipes et l’Hippa, une valvule interampullaire antérieure chez les Thalassiniens, et des pénicilles post-æsophagiens rectangulaires chez le Homard. En passant de l'appareil stomacal des Galathéides à celui des Palinurides, on tombe sans transition sur un type très dif- férent, déjà fort dégradé et présentant un ensemble de par- ticularités propres, dont une seule suffirait à le caractériser. Chez les Palinurides, en effet, les pièces mésocardiaque et ptés< rocardiaques retournent à la forme qu’elles affectent chez les Brachyures ; mais les dernières s’articulent, excepté chez le Thène où elles font défaut, dans une échancrure latérale de la première ; la dent latérale est constituée par un tubercule an- térieur très saillant, simple (Langouste, Tbacus) ou divisé en deux, parfois trois (Thène) denticules triangulaires, suivi d’une série de lamelles également très saillantes, très minces et flexibles; la pièce urocardiaque est parcourue sur sa face inférieure par des sillons transversaux qui séparent des côtes (Langouste) ou des crêtes légèrement imbriquées (Scyllarides); la dent médiane es grèle, très saillante, recourbée en crochet; la pièce subdentaire, d’une longueur exagérée, s’articule seu- lement, à son extrémité inférieure, avec l’angle inféro-externe de la pièce pleuropylorique antérieure, et détermine de chaque 296 F. MOCQUARD. côté une forte saillie anguleuse dirigée en bas, en dehors et en arrière; enfin, les pièces sus-ampullaires postérieures sont en continuité avec la pièce pylorique postéro-inférieure. Quelques caractères différentiels s’observent en outre chez la Langouste et les Scyllarides. Chez ceux-ci le sac cardiaque est particulièrement allongé dans le sens vertical et non globu- leux, un peu lobé sur les côtés, comme chez la Langouste, et la côte qui limite en arrière la pièce mésocardiaque ne s'avance pas en avant sur la ligne médiane et ne prend pas la forme en fer de flèche. On remarque aussi que la pièce zygocar- diaque est étroite, avec un #anubrium très court chez les Scyllarides, tandis que chez la Langouste le corps de la pièce est extrêmement réduit et le manubrium extrêmement long. On constate chez les Eryonides (g. Pentacheles) une dégra- dation plus grande encore de l'appareil stomacal, un dévelop- pement énorme du sac cardiaque, et, comme chez les Palinu- rides, un retour au type brachyure des pièces mésocardiaque et plérocardiaques; mais ces pièces sont très minces, flexibles, sans articulation distincte, particularité que Je n’ai rencontrée chez aucun autre Décapode. La disposition de la pièce prépec- tinée, qui est très longue et dont l'extrémité antérieure, assez fortement épaissie, est recourbée en dedans en avant de l’ex- trémité adjacente de la pièce zygocardiaque et articulée avec la pièce ptérocardiaque du mème côté; la direction horizon- tale des peignes ; le long prolong sement que la pièce subdentaire envoie au- devant de la pièce pennée, sont autant de carac- tères propres à l’appareil stomacal du genre Pentacheles. On peut ajouter que la pièce pleurop Mode antérieure à disparu ce que je n'ai observé que chez les Salicoques parmi les Déca- podes possédant une armature stomacale normale. Quant aux caractères de l’appareil stomacal communs aux Eryonides et aux Palinurides, et qui paraissent rapprocher ces deux familles, ils ont été indiqués précédemment a p. 155). L'appareil stomacal reprend, chez les Thalassiniens, ses caractères normaux. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 997 Le contraste est frappant entre les dimensions du sac car- diaque et celles de l’espace occupé par l'appareil squelettique dans cette famille et les deux précédentes. Contrairement à ce qui a lieu chez celles-ci, le sac cardiaque est extrêmement réduit chez les Thalassiniens, tandis que la région pylorique a acquis des dimensions considérables, en même temps que la charpente stomacale est devenue massive et que les diverses pièces dont elle se compose ne sont séparées que par des intervalles membraneux très étroits. Les pièces mésocardiaque et exopyloriques sont conformées comme chez l’Hippa et les Porcellanes, avec des caractères plus fortement accusés; en outre, le bord antérieur de la première est droit et n'offre, sur la ligne médiane, ni échancrure comme chez l’Hippa, ni saillie comme chez les Porcellanes. De même que dans ces deux genres, la ligne d’articulation de cette pièce avec les pièces ptérocardiaques est très rapprochée de la direction transversale. La pièce uro- cardiaque, par son extrémité postérieure élargie, concave et fortement calcifiée, s'articule avec la dent médiane plus nette- ment que dans tout autre groupe. Cette dent elle-même est caractéristique : cunéiforme comme chez le Brrqus et les Gé- nobites, elle a une longueur et une hauteur relativement plus considérables encore que chez les Paguriens, et les crêtes qu’elle porte sur ses faces latérales sont beaucoup plus nom- breuses. La direction oblique d’arrière en avant et de dehors en dedans du bord supéro-externe des pièces zyqgocardiaques, d’où résulte ce fait unique que le squelette gastrique acquiert sa plus grande largeur au niveau de l’extrémité postérieure de ces bords; l'élargissement de la pièce propylorique à son extré- mité inférieure et le renversement en avant de ses bords laté- raux; l'articulation de l’extrémité supérieure de cette pièce avec un bourrelet transversal de la pièce pylorique; la fusion des peignes avec la pièce prépectinée et la plaque cardiaque latérale postérieure ; la présence de deux apophyses rectangu- laires sur le bord antéro-supérieur de la pièce uropylorique, sont encore des particularités propres aux Thalassimiens. Le 998 F. MOCQUARD. système valvulaire, les valvules terminales à part, offre lui- même des caractères spéciaux. Ainsi, il existe des valvules sus-æsophagiennes disposées comme chez les Grapsiens, ce qu’on n’observe dans aucune autre famille de Macroures; Île sommet de la valvule cardio-pylorique est pourvu de longues soies rudes et creusé sur le milieu de sa partie antérieure d’une dépression profonde, largement évasée, destinée à loger l'extrémité postérieure de la dent médiane; la valvule inter- ampullaire antérieure S'étale en une large expansion excavée sur sa face supérieure, et les valvules pleuropyloriques se com- posent de plusieurs plans de panaches superposés de dehors en dedans, formés eux-mêmes de filaments souples et très longs, hérissés de pointes extrêmement fines. Des panaches semblables, mais en moins grand nombre et à filaments lisses, ne se sont rencontrés, parmi tous les Décapodes, que chez quelques Brachyures appartenant à la famille des Ocypo- diens (genres Gélasime, Myctire, Macrophthalme). L'appareil stomacal des Thalassiniens n’a aucun des carac- tères de celui des Palinurides et des Eryonides; mais, ainsi qu’on la vu à la page 165, il a des rapports assez nombreux avec celui de l’Hippa, des Paguriens, des Porcellaniens et des Galathéides. Cet appareil se présente, chez les Astaciens, sous un type bien différent des précédents, ! auxquels il n’emprunte aucun de ses caractères. La région cardiaque est très développée, ovoide, à grand axe longitudinal; la région pylorique, au con- traire, est courte et étroite et beaucoup plus inclinée sur l’ho- rizontale que chez les autres Macroures. La pièce urocardiaque est très courte et les prèces exopyloriques très étroites, d’où 1l résulte que la distance qui sépare la pièce mésocardiaque de la pièce pylorique est très faible, que l'extrémité postérieure des pièces zygocardiaques ést relativement plus rapprochée de la ligne médiane que dans les autres familles, et que lobli- quité par rapport à cette ligne, de dedans en dehors et d’ar- rière en avant, du bord supéro-externe des pièces zygocar- diaques, est portée au plus haut degré, notamment chez le ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 299 Homard et le Néphrops. Ces particularités, jointes aux grandes dimensions antéro-postérieures de la pièce mésocardiaque, donnent à l’appareil stomacal des Astaciens une configuration extérieure spéciale. Mais la présence d’un denticule accessoire sur la dent latérale ; la forme conique simple (Homard et Né- phrops) ou pyramidale et à sommet bifurqué (Écrevisse, Cam- barus) de la dent médiane ; l'articulation de la pièce prépectinee avec la pièce ptérocardiaque en avant et en dehors de son sommet; l’aspect cupuliforme des peignes vus en dehors, excepté cependant chez l’Écrevisse et les Cambarus, avec leurs dents épineuses et en petit nombre; l’enroulement en spirale des ainpoules pyloriques, caractérisent également cet appareil. On peut ajouter que la disposition de la paroi pylorique dorsale qui forme, chez le Homard et le Néphrops, en arrière des pièces mésopyloriques postérieures, un cylindre étroit, arqué et convexe en haut, bordé de chaque côté par une gout- tière et terminé en arrière par un court cul-de-sac, est propre à ces Astaciens. Chez les familles de Macroures dont j'ai parlé jusqu'ici, à part celle des Eryonides, les modifications survenues dans l'appareil stomacal se sont surtout manifestées par des chan- gements dans la forme ou les rapports des pièces squelettiques entre elles ; et si lon excepte les pièces mésopyloriques anté- rieures qui manquent fréquemment (Hippiens, Paguriens, Æglée, Astaciens), la pièce uropylorique qui est parfois indis- tincte (Hippiens, Seyllarides, Astaciens), comme aussi la pièce pleuropylorique postérieure (Palinurides, Écrevisse, Camba- rus) ; les pièces de soutien qui se fusionnent à divers degrés (Paguriens, Thalassiniens, Écrevisse, Cambarus) ou dispa- raissent en partie, comme les peignes chez les Hippiens et la Langouste, et en outre, chez celle-ci, les pièces prépectinée et postpectinée, toutes les pièces du squelette gastrique dé- erites chez les Brachvures se retrouvent chez ces Macroures, bien qu’elles ne soient pas touJours aussi faciles à distinguer. Chez les Salicoques, au contraire, la plupart des pièces de la 230 F. MOCQUARD. région pylorique, à l’exception de la pièce pylorique postéro - inférieure, qui manque cependant chez les Pénéens et dans le genre Pasiphæa, disparaissent immédiatement pour ne plus reparaitre ; 1l en est de même des peignes, avec une exception peut-être pour les Pénéens et les Atyens, et des pièces sque- lettiques avec lesquelles ils sont en rapport; la pièce subden- taire, Si constante chez tous les autres Macroures, ne se ren- contre chez aucune Salicoque; enfin l’'armature stomacale elle- même ne tarde pas à se dégrader (Atyens, Rhynchocinète), puis à ne plus laisser de traces (Alphéens, Palémoniens, Cran- goniens). Dans ce dernier cas, l'appareil squelettique se réduit aux pièces qui encadrent la paroi cardiaque postéro-inférieure, à la valvule cardio-pylorique, aux ampoules pyloriques et à la pièce pylorique postéro-inférieure. Une particularité est à remarquer, c’est que chez toutes les Salicoques où elle est distincte (Pénéens, Pasiphaé, Atyens, Rhynchocinète), la pièce mésocardiaque est étroite comme chez les Brachyures. Chez les Pénéens, l’appareil stomacal est immédiatement caractérisé par ce fait que la pièce mésocardiaque est séparée de la pièce urocardiaque par un large intervalle membraneux et que les pièces ptérocardiaques S'articulent de chaque côté avec l'extrémité antérieure de celle-ci, disposition qui parait absolument spéciale aux Pénéens. Il en est de même de l’exis- tence, sur la paroi cardiaque latérale, d’une longue bande de consistance cartilagimeuse en continuité avec la pièce zygocar- diaque, et qui porte sur sa face interne une rangée de pointes courtes, largement espacées, au nombre de quinze à trente et représentant peut-être les peignes. La dent médiane, avec son bord libre découpé en denticules toujours nombreux (quatre à huit de chaque côté) et très sail- lants, constitue également un caractère différentiel important, puisqu'il ne s’est rencontré, en dehors des Pénéens, que dans le seul genre Rhynchocinète. On à vu que la pièce zygocardiaque et la dent latérale sont disposées sur deux types différents. Gelui de ces types dans ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 231 lequel les pièces zygocardiaques sont sans limites distinetes est également caractéristique. Excepté chez les Pénéens, en effet, je n'ai observé chez aucun Décapode une dent latérale dont les denticules naissent sur la paroi cardiaque simplement épaissie et non invaginée. Comme chez les Paguriens, l'estomac est très allongé et la région pylorique, terminée le plus souvent par des valvules superficielles fort longues (Penœus curamote, monodon, seti- ferus, indicus, semisulcatus, brasiliensis, canaliculatus), est faiblement inclinée sur l'horizontale, excepté cependant chez les espèces indicus, semisulcatus, setiferus, et surtout chez les Solenocera. Dans Le genre Pasiphæa, la division antérieure de lesto- mac est allongée comme chez les Pénéens ; mais la postérieure est au contraire fort courte. De même aussi, il existe une armature stomacale normale dans laquelle seulement les pièces exopyloriques sont indistinctes ; la pièce mésocardiaque y est étroite comme chez les Pénéens, mais elle affecte avec la pièce urocardiaque et les pièces ptérocardiaques des rapports différents, les mêmes que chez les Brachyures. Les Atyens sont intermédiaires entre les Salicoques pour- vues d’une armature stomacale et celles qui en sont privées. Une armature stomacale existe effectivement encore dans ce groupe ; mais elle est très imparfaitement constituée : les dents latérales aussi bien que la dent médiane sont impropres à la trituration des aliments, les pièces exopyloriques manquent, la pièce mésocardiaque est peu distincte et les pièces ptérocar- diaques s’écartent absolument des formes habituelles. Chez les Atyens, l’appareil stomacal est caractérisé par de nom- breuses particularités : le développement énorme de la région pylorique; la forme ovoïde, presque globuleuse du sac car- diaque ; la direction sensiblement verticale des pièces cardia- ques inféro-latérales et des bords auriculaires de la valvule cardio-pylorique, d’où résulte une seissure profonde séparant inférieurement les divisions cardiaque et pylorique de l’esto- tomac, communiquent à l’ensemble un aspect spécial. De 292 F. MOCQUARD. plus, un certain nombre de pièces squelettiques, réduites pour la plupart à de simples épaississements lamelleux, offrent des caractères propres. Telles sont les poèces ptérocardiaques, dont la forme ovalaire, à grand axe longitudinal, ne se retrouve que dans le genre Rhynchocinète; la dent médiane avec ses deux pointes divergentes; telles, les pièces zygocardiaques, constituées par une simple lame sans limites bien nettes, ni enfoncement pour la dent latérale, laquelle consiste en une rangée nombreuse de pointes spiniformes naissant sur la partie postérieure du bord inférieur de cette pièce; telle enfin, la pièce uropylorique avec son repli dorsal médian et ses replis latéraux. L'existence d’une gouttière anguleuse située en avant de la plaque cardiaque latérale, et dont la paroi anté- rieure porte sur son bord interne une rangée de soies rudes et fort longues (les peignes?), est aussi une particularité propre aux Atyens. Un degré de plus dans la dégradation de l'appareil stomacal se manifeste dans le genre Rhynchocinète, chez lequel, à côté d'une dent médiane assez robuste, les dents latérales ne parais- sent plus représentées que par une simple saillie membraneuse supportée par une pièce zygocardiaque en forme de baguette bifurquée à son extrémité postérieure. Ce seul fait est carac- téristique. Les pièces plérocardiaques (?) sont bien ovalaires comme chez les Atyens, mais elles sont parcourues extérieu- rement par un sillon transversal, et, au lieu d’être en contact, elles sont séparées l’une de l’autre par les pièces mésocar- diaque et urocardiaque. Gomme chez les Atyens également, la pièce uropylorique présente un repli médian, mais 1l est moins saillant et dépourvu de replis latéraux. La division cardiaque de l'estomac est d’ailleurs beaucoup plus allongée que chez les Atyens, tandis que le contraire a lieu pour la région pylo- rique. Le dernier degré de dégradation de l’appareil stomacal est atteint chez les Alphéens, les Palémoniens et les Crangoniens. À part quelques épaississements lamelleux dont les homolo- gies seraient difficiles à établir, tout vestige d’armature sto- ARTICLE N° Î. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 233 macale a disparu, et les parties de l'appareil squelettique énumérées ci-dessus (p. 230) persistent seules, tout en se distinguant dans chaque groupe par quelques caractères diffé- rentiels. | Partout la région pylorique est très courte, peu développée en hauteur, et contraste avec l’amplitude de la division car- diaque. Chez les Alphéens, l'appareil stomacal est caractérisé par la forme globuleuse de cette dernière portion de l’estomae et la direction perpendiculaire de la région pylorique sur la paroi cardiaque postéro-inférieure. Toutefois, dans le genre Hippo- lyte, comme chez les Palémoniens et les Crangoniens, celte direction est très oblique. Dans ces deux derniers groupes, la région cardiaque est allongée, particulièrement chez les Palé- mons, et se prolonge en un vaste cul-de-sac au-dessus de la région pylorique; mais chez les Crangons les bords auricu- laires de la valvule cardio-pylorique sont très saillants sur le bord mférieur et externe des ampoules pyloriques, ce qui n’a pas lieu chez les Palémoniens. En outre, seulement chez ceux- ci, les parois cardiaques antérieure et supérieure, soutenues chacune par une lame épaisse, se rencontrent en formant une arête vive transversale; enfin, chez les Palémoniens et les Alphéens, mais non chez les Crangoniens, une lame verticale ferme de chaque côté, à l'extrémité postérieure du conduit pylorique, la fente transversale comprise entre la pièce sus- ampullaire postérieure et la pièce pylorique postéro-inférieure. La division de l’estomac en deux régions, l’une cardiaque, l’autre pylorique, s’observe chez les Schizopodes et les Stoma- podes comme chez les Décapodes. Dans ces deux ordres, aucun élément nouveau n’apparaït dans la constitution du squelette - gastrique, qui est sensiblement réduit aux mêmes pièces que chez les Salicoques dont 1l vient d’être parlé en dernier lieu. Bien que les Schizopodes (g. Mysis) soient moins élevés en organisation que ces Salicoques, lappareil stomacal y est 234 I. MOCQUARD. cependant, sous certains rapports, moins dégradé. Effective- ment, il est pourvu de deux dents latérales assez robustes, bien qu’on n'y distingue aucune pièce de l’armature stomacale et qu’il n’y existe pas de dent médiane, fait qui ne s’est rencontré que chez les Squilles, où les dents latérales sont d’ailleurs rudimentaires. Mais labsence d’ampoules pyloriques et de toute pièce pylorique distincte sont des particularités propres aux Schizopodes. On retrouve dans le squelette gastrique des Stomapodes, et, plus complètement que chez les Mysis, les mêmes parties que chez les Alphéens, les Palémoniens et les Crangoniens, sans autre particularité qu'une courbure plus accentuée des pièces cardiaques inféro-latérales et l’existence d’une pièce pylorique antéro-inférieure, qui manque chez ces Macroures. Mais la forme pyramidale de Ta division cardiaque de l'estomac, avec ses faces creusées en gouttière, est spéciale aux Stomapodes. Il existe aussi chez les Squilles seulement, et non chez les Go- nodactyles, des vestiges de pièces zygocardiaques et de dents latérales, dont la situation immédiatement en avant et un peu au-dessus de la partie moyenne des pièces qui bordent la paroi cardiaque postéro-inférieure est à remarquer. Tels sont les caractères particuliers que présente l'appareil stomacal dans les diverses familles, ou autres groupes définis, de Crustacés podophthalmaires. Malgré les nombreuses différences qu'il offre dans les divers groupes et les dégradations successives qu'il éprouve, on a pu constater que le squelette gastrique ne se modifie jamais que par des changements dans la forme ou les rapports des pièces, par leur coalescence ou leur disparition, sans que dans aucun cas il s’y en ajoute de nouvelles, et, même dans les appareils les plus dégradés, l’homologie de ces pièces a presque tou- Jours pu être établie avec certitude. On peut donc conclure que: Chez tous les Crustacés podophthalmaires, le squelette gastrique est construit sur un même plan. Quelques conséquences importantes au point de vue des ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 239 affinités zoologiques me paraissent aussi se dégager de l'étude précédente. L'observation a montré, en effet, que dans tous les genres qui composent un groupe naturel et dont les affinités ont été exactement reconnues par descaractères tirés d'organes autres que le squelette gastrique, ce squelette est disposé sur un même type; 1l présente une configuration extérieure spéciale ou, S'il est permis de s'exprimer ainsi, une physionomie parti- culière, constante et caractérisque (Grapsiens, Gélasimiacés, Leucosiens, Paguriens, Palinurides, Thalassiniens, Astaciens, Pénéens, Atyens, etc.). De plus, un type de squelette gastrique observé dans un groupe naturel ne se retrouve dans aucun autre également naturel et différent du premier. En consé- quence, si dans un groupe donné, le squelette gastrique ne peut être rapporté à un même type, c’est que ce groupe n’est pas homogène ; el réciproquement, si un même type de ce squelette se rencontre dans des genres appartenant à des groupes différents, ces genres doivent être rapprochés dans une classification naturelle. Appliquons ces données à quelques cas particuliers relatifs à la famille des Ocypodiens. M. H. Milne Edwards, dans son Histoire naturelle des Crus- tacés (1), S’exprime ainsi en parlant des Pinnothériens : «Nous rangeons dans ce petit groupe les genres Pinnothère, Doto, Mycüre, Hyménosome et Elamène, etc.; mais nous ne nous dissimulons pas que cette tribu n’est pas aussi naturelle qu’on pourrait le désirer et par la suite on sentira peut-être la néces- sité de la subdiviser. » Ceci nous montre d’abord, en laissant de côté les genres Hyménosome et Elamène, qu’il y a sans doute quelques affinités naturelles entre les genres Pinnothère, Doto et Myctire. Plus tard l’éminent naturaliste que je viens de citer donna des Catométopes (Ocypodides) une nouvelle distribution, que j'ai résumée précédemment, et dans laquelle les genres Myctire et Doto se trouvent rapprochés avec raison (1) Tome IE, p. 28. 9226 F. MOCQUARD. des genres Gélasime, Hélæcie et Macrophthalme. Mais les Pinnothères auraient dû les suivre dans ce mouvement. On à vu effectivement que dans tous ces genres, le squelette gas- trique est disposé sur un même type absolument spécial, qui fait de tous un groupe essentiellement homogène. Je dois ajouter que M. Nauck a déjà reconnu cette homogé- néité ; mais dépassant toute mesure et méconnaissant les affi- nités qui relient ces genres aux Grapsiens et aux Ocypodes, 1l les a séparés de la tribu des Catométopes pour en former le groupe des Hétérodontes, qu'il a divisé en Gelasimidæ et Pinnotheridæ (1). Le genre Gonoplace nous offre un cas inverse du précédent. Ge genre (et il en est probablement de même des-autres Gono- placés cancéroïdes et à fortiori des Carcinoplaciens), qu’on a pu croire voisin des Macrophthalmes, s’en sépare nettement par son squelette gastrique et se rattache aux Cancériens, comme Je Pat déjà montré. La famille des Ocypodiens (Ocypodinæ) semble donc devoir être modifiée de la manière suivante. Elle se diviserait en deux agèles : les Ocypodiucés et les Gélasimiacés, le premier renfer- mant le genre Ocypode, le second, le genre Gélasime, les Oey- podiacés globuleux (probablement), les Hélæciacés, les Myeti- roïdés, les Gonoplacés vigils et les Pinnothériens. Quant aux Gonoplacés cancéroïdes, en admettant qu’ils se comportent tous comme les Gonoplaces, ils se rangeraient à côté des Can- cériens. En s'appuyant sur les mêmes faits, on reconnait que les Lithodes doivent être séparées des Homoliens et rapprochées des Birgus; que le genre Æglée, que l’on a rangé tantôt parmi les Galathéides, tantôt parmi les Porcellaniens, ne se rattache intimement n1 à l’un ni à l’autre de ces groupes, quoiqu'il en soit très voisin ; que la tribu des Hippiens est essentiellement hétérogène; que la position occupée actuellement par Îles Palinurides et les Eryonides entre les Galathéides et les Tha- (1) Voy. ci-dessus, p. 23. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 237 lassiniens n’est pas naturelle ; enfin, que les genres Pasiphœeu et Rhynchocinetes doivent être distraits, le premier des Pénéens, le second des Palémoniens, et servir l’un et l’autre de type à une sous-famille distincte. À un point de vue plus général, on peut dire que les divi- sions établies parmi les Décapodes sont beaucoup mieux défi- nies et ont des limites plus nettement tranchées dans la section des Macroures que dans celle des Brachyures. En dernier lieu, l’idée de rattacher les Anomoures en partie aux Brachyures et en partie aux Macroures se présente, ainsi qu'on l’a vu, comme une conséquence naturelle de l’étude du squelette gastrique. J'ajouterai encore un mot sur la famille des Notopodes éta- blie par Latreille et dans laquelle ce naturaliste avait placé les genres Dromie, Dorippe, Homole et Ranine. Rejetéé par M. H. Milne Edwards (1), cette famille a été conservée par Claus (2), au en a retranché les Ranines et y a ajouté les Porcellanes et les Lithodes. Mais, ainsi modifiée, elle n’en devient pas plus naturelle, et la comparaison du squelette gastrique dans les divers genres qu’elle renferme montre, au contraire, qu'elle est une des plus artificielles que l’on puisse concevoir (comparez les fig. 78, 89, 199, 197). L'importance que semble prendre l’appareil stomacal dans l'appréciation des affinités naturelles des Crustacés podophthal- maires entre eux me parait pouvoir être expliquée de la manière suivante. Cet appareil n'étant pas directement soumis aux influences du dehors est, beaucoup moins que les organes externes, exposé aux changements résultant d’adaptations à des conditions variables d'existence. Des genres que des affi- nités naturelles manifestes rapprochaient à une certaine époque, ont donc pu ,par le fait de ces adaptations successives, se modifier extérieurement et ne laisser ensuite que difficile- ment reconnaitre, par les procédés ordinaires, une parenté que (1) Milne Edwards, Hist. nat. des Crust., 1. IE, p. 98. (2) CG. Claus, Traité de Zool., trad. franc., p. 492. ANN. SC. NAT., ZOOL., OCTOBRE 1883. XVI. 16.,— ART. N° 1. 238 F. MOCQUARD. continue à mettre en évidence la similitude des caractères offerts par le squelette gastrique. CHAPITRE IL. MUSGLES DE L'ESTOMAC. L'appareil squelettique décrit dans le chapitre précédent est mis en mouvement par un grand nombre de faisceaux muscu- laires, dont les uns s’y insèrent par leurs deux extrémités, tandis que les autres s'étendent de l’un de ses points aux parties voi- sines de la carapace ; ils se divisent ainsi en deux groupes, les muscles intrinsèques et les muscles extrinsèques. Tous sont composés de fibres striées. Les premiers forment la couche musculaire où moyenne de l’estomac, dont l’existence a été signalée par Cuvier, M. H. Milne Edwards, Meckel, chez les Décapodes supérieurs, par de Baer chez l’Écrevisse en particulier, puis chez d’autres Crustacés par divers anatomistes ; mais l’étude n’en à jamais été faite que par M. Parker chez l’Écrevisse et encore très sommairement. Parmi les muscles extrinsèques, ceux qui, au nombre de deux paires, déterminent les mouvements de Farmature sto- macale sont au contraire assez bien connus depuis la descrip- tion qu’en a d’abord donnée Suckow (1) chez l’Écrevisse. Il est juste de dire cependant que les postérieurs avaient été vus par Roœæsel (2) chez le même Macroure. M. H. Milne Edwards, dans son Histouwre naturelle des Crustacés (3), les a décrits ensuite chez le Crabe commun et les a désignés dans un ouvrage plus récent (4) sous le nom de muscles gastriques antérieurs et gastriques postérieurs. (1) Suckow, loc. cit., p. 54, pl. IX, fig. 1. (2) Rœsel, loc. cit., p. 323, pl. LVIIT, fig. 9. (3) Tome I, p. 70. (4) H. Milne Edwards, Leçons sur la physiologie et l'anatomie comparée, t. V, p. 550. ARTICLE N° Î, ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 939 Dans la seconde édition de ses Leçons d'anatomie comparée, Cuvier (1) les décrit également chez l'Écrevisse et, avec moins d’exactitude, chez le Tourteau, en même temps que le muscle intrinsèque cardio-pylorique et un autre muscle extrinsèque pair, très-mince, qu'il appelle dermo-pylorique antérieur, muscle qui ne me parait pas exister. Ni Meckel (2) chez les Décapodes en général, ni Oesterlen (3) chez l’Écrevisse, n’ajoutent rien à la description donnée par M. H. Milne Edwards des deux paires de muscles gastriques ; seulement, Meckel les regarde comme des dilatateurs de l'estomac, dont les antagonistes seraient les muscles intrin- sèques, manière de voir qui est inexacte. Effectivement, si d’un côté, par leurs contractions, les muscles gastriques allongent l’estomac, de l’autre, ils l’étranglent latéralement, puisque cés contractions ont pour effet d'amener au contact les dents portées par les pièces zygocardiaques, et il n’est guère douteux que la résultante de ces deux actions ne soit une diminution de capacité de l’organe. L’estomac est pourvu de muscles dila- tateurs ; mais on ne saurait considérer comme tels les muscles gastriques, dont le rôle est uniquement de mouvoir les pièces de l’armature stomacale. M. Huxley (4) a précisé, chez l’Écrevisse, les insertions de la première paire de ces muscles, et M. Parker (5) a décrit en outre, chez le même Macroure, neuf autres paires de muscles extrinsèques qu'il divise en antérieurs, latéraux, supérieurs et inférieurs. Parmi ces muscles, seuls, les dilatateurs antérieurs avaient été signalés par Rolleston (6) et une paire de dilata- teurs inférieurs par M. H. Milne Edwards (7). Mais il existe, chez l’Écrevisse, des muscles intrinsèques et (1) Tome V, p. 221 et suiv. (2) Op. cit., t. VIE, p. 258. (3) Loc. cit., p. 407. (4) Huxley, Lectures on general natural History (The Med. Tim. and Gaz. ann. 1857, t. 1, p. 255). (5) Parker, loc. cit., p. 97. (6) G. Rolleston, Forms of animal Life, p. 100. (7) H. Milne Edwards, Hist. nat. des Crustacés, t. 1, p. 71. 240 K. MOCQUARD. des museles extrinsèques qui ont échappé à M. Parker. L’ap- pareil musculaire de l'estomac varie d’ailleurs, chez les Crus- tacés podophthalmaires, avec la composition du squelette gas- rique et, comme lui, atteimt son plus haut degré de com- plexité chez les Brachyures ; cependant, les modifications qu’il subit ne deviennent profondes que dans la famille des Salicoques, chez les Schizopodes et les Stomapodes. Il semble même être disposé, dans ce dernier ordre, sur un plan abso- lument spécial. La description de cet appareil dans tous les ordres de Crustacés podophthalmaires m’entrainerait beaucoup trop loin, et je me bornerai à l’étudier dans celui des Décapodes, chez les Brachyures et les Macroures supérieurs. Les espèces que J'ai pu me procurer à l’état frais et sur lesquelles cette étude a été faite, comme aussi celle du système nerveux stomato-gastrique, sont : parmi les Brachyures, le Tourteau, le Mara, le Carcinus mœnas, les Portunus puber et plicatus, la Polybie de Henslow, le Leptograpsus marmora- tus, la Gonoplax angulata ; parmi les Macroures, les Porcel- lanes, la Galathée, le Pagurus Bernhardus, la Langouste, la Gébie riveraine, le Homard, le Néphrops et l’Écrevisse. De plus, il m’a été possible d'observer les muscles intrmsèques et même quelques muscles extrinsèques chez la plupart des espèces qui m'ont servi pour l'étude de l'appareil stomacal. L'étude des muscles intrinsèques n’offre en général aucune difficulté ; mais, au moindre tiraillement, les muscles extrin- sèques se séparent de leurs insertions sur la carapace : la liqueur de Müller, l'alcool ordinaire, l’acide picrique en solu- tion aqueuse, en donnant aux muscles plus de fermeté, ren- dront plus facile la recherche de ces insertions. Les deux derniers liquides offrent cet avantage qu’une action de vingt- quatre heures suffit pour que les muscles prennent une consistance convenable ; avec la liqueur du Müller, il faut au moins deux mois. Je décrirai, dans trois paragraphes successifs, les #uscles ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 941 extrinsèques, les muscles intrinsèques et le fonctionnement de l'armature stomacale. $ [. — Muscles extrinsèques. A. — Muscles gastriques ou muscles moteurs de l’armature stomacale. Muscles gastriques antériewrs. — Longs et rubanés chez les Brachyures (fig. 218, ga), généralement plus larges, plus épais et plus courts chez les Macroures (Paguriens, Porcellaniens, Galathéides, Astaciens, Thalassiniens) (fig. 220, 293, 298), les muscles gastriques antérieurs s’insèrent en avant sur les apophyses procéphaliques (apr); ils se dirigent en arrière, en convergeant, pour se fixer d'autre part sur la pièce mésocar- diaque et en même temps, chez les Brachyures, sur l'extrémité interne des pièces ptérocardiaques. Chez ces derniers Décapodes, les apophyses procéphaliques se dirigent directement en haut; elles sont courtes, plus éten- dues dans le sens transversal, fréquemment rectangulaires et à bord interne oblique en bas et en dehors, comme on le voit chez le Tourteau (fig. 218). Chez le Maia, elles ont la forme de petits disques portés sur un court pédoncule. Elles sont beau- coup plus développées chez les Astaciens (fig. 228), un peu concaves en dessous et très obliquement dirigées d’avant en arrière et en haut. Chez les Galathées, les Porcellanes, la Lan- gouste, elles consistent en une sorte de bourrelet aplati, allongé transversalement, peu saillant (fig. 250) et occupant, chez la Langouste, l’angle interne de la base des grandes cornes de la carapace. C’est sur la face postérieure ou postéro- inférieure (Astaciens) de ces apophyses que s’insèrent, en avant, les muscles gastriques antérieurs. Chez les Brachyures, ces muscles se divisent à leur extré- mité postérieure en deux faisceaux, l’un interne, l’autre externe. Le premier ({), le plus étroit, se fixe sur la pièce méso- cardiaque de chaque côté de la ligne médiane, en avant de la côte qui la limite en arrière ; le second (/e), en dehors du pré- cédent, sur l'extrémité interne élargie de la pièce ptérocar- diaque. 249 l', MOCQUARD. Cette division en deux faisceaux n’a pas lieu chez les Ma- croures et le muscle s’insère sur la partie antérieure amineie de la pièce médiane, en avant de l’arc cardiaque, partout où cette pièce à une grande étendue transversale. Chez la Lan- gouste (fig. 230) et le Scyllare, les muscles gastriques sont longs et rubanés comme chez les Brachvures, et leur insertion postérieure est semblable à celle du faisceau interne dans ce dernier groupe. | On remarquera aussi que les surfaces d'insertion sont par- courues par de fines crêtes sinueuses ; qu’elles sont situées, chez les Astaciens, près du bord antérieur de la pièce et que, chez le Homard en particulier, elles ont une forme régulière- ment ovalaire (fig. 159, em). Muscles qustriques posterieurs. — En général, les muscles gastriques postérieurs, au lieu d’être simples, comme on les a toujours décrits, sont composés chacun de deux faisceaux, lun interne, l’autre externe, constituant en réalité deux muscles distincts, tantôt parallèles et contigus (Porcellanes, Galathées, Paguriens, Thalassines), tantôt divergents et séparés l’un de l’autre par un angle de grandeur variable (Brachyures, Palinu- rides, Homard, Néphrops). Par exception, les deux faisceaux sont confondus en un seul chez l’Écrevisse, Ils ont été figurés par M. H. Milne Edwards chez le Homard, dans un mé- moire sur La circulation des Crustacés (1), etc’est la seule indi- cation que j'aie rencontrée sur la duplicité des museles dont il s’agit. Le faisceau interne (fig. 218, 219, 220, 293, etc., gpi) est ordinairement le plus large, sinon le plus épais (Brachyures, Palinurides, Homard, Néphrops) ; il est le plus faible chez le Birgus, les Pagures, les Porcellanes et même les Galathées, Il nait, en avant, de la face supérieure rugueuse de la pièce pylo- rique de chaque côté de la ligne médiane et se dirige en arrière et un peu en dehors. Du côté opposé, il se fixe, chez les Bra- chyures (au moins chez ceux où la division de la carapace en (1) Ann. sc. nat., 1827, t. XI, pl. 98, fig. 1 et 2, ARTICLE N° 4, ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 243 régionsest nettement indiquée, comme chez le Curcinus mænas, par exemple) en avant du bord postérieur et de la partie adja- cente du bord externe des lobes métagastriques et, chez les Macroures, en général immédiatement en avant du sillon cer- vical, mais quelquefois à une distance de ce sillon assez consi- dérable (environ 9 millimètres chez la Langouste). Dans un grand nombre de cas, à l’extrémité interne de la surface d’in- sertion, au niveau du sillon qui sépare le lobe urogastrique des lobes métagastriques, la carapace est pourvue de deux apophyses triangulaires très étroites, parfois spiniformes, qui se dirigent en bas et en arrière et sur la face antérieure des- quelles se fixe une partie du muscle. J'ai rencontré ces apo- physes chez le Neptunus diacanthus, le Portunus plicatus, le Carcinus mœnas (chez lequel, ainsi que chez la Galathée, elles ont été signalées par M. Huxley) (1), la Polybie de Henslow, le Carpilius maculatus, le Xantho floridus, l'Eriphia spinifrons, le Pseudocarcinus Rumphii, le Maïa squinado, le Cardisoma carnifezæ, le Grapsus cruentatus, le Leplograpsus marmoratus, la Plagusia depressa, la Thelphusa fluviatilis, les Ocypodes, le Matuta victor, la Ranina dentata, les Porcellanes, l’Æglée, les Galathées, le Homard ; elles manquent chez le Tourteau, la Pise, la Naxie, les Sésarmes, l’Elamene pilosa, la Leucosia neocaledonica, les Lithodes, les Pagures, la Langouste, l’Écre- visse et sont rudimentaires chez le WMacrophthalmus depressus, le Néphrops. Elles étaient le plus développées chez la Ranine, le Maïa, les Ocypodes, le Matute vainqueur et atteignaient une longueur d'environ # millimètres. Leur distance à la base varie de 14 à 3 millimètres, suivant la taille des individus ; mais le plus souvent elles sont obliques en dedans, particulièrement chez l’Eriphie, et se rapprochent par leur extrémité libre, Entre elles passe l'artère céphalique. Le second faisceau (gpe) s’insère, d’une part, sur la face externe de la pièce exopylorique, de l’autre, sur la carapace, immédiatement en dehors et en avant du faisceau interne (1) Huxléey, À Manual of the Anatomy of invertebrated amimuils, P. 516. 244 F. MOCQUARD. lorsque les deux faisceaux sont contigus, plus en dehors s'ils s’écartent l’un de l’autre en faisant entre eux un angle plus ou moins considérable. Dans ce dernier cas, le faisceau externe traverse le muscle adducteur interne des mandibules (fig. 228) et son insertion se fait immédiatement en dehors de celle de ce muscle. C’est chez le Tourteau, la Langouste et le Seyllare que l'angle formé par les deux faisceaux s’est trouvé le plus élevé (fig. 218, 230) ; il dépasse, dans ces espèces, 45 degrés et il est entièrement occupé par la partie postérieure et mterne de l’adducteur mandibulaire, disposition qui est à remarquer. Il est très faible et les muscles sont peu distincts et rayonnants chez le Maïa, le Carcinus mœnas, Y'Étrille. On verra plus loin quelle est l’action des muscles gastriques. B. — Muscles dilatateurs de l’estomac. Tous les autres museles extrinsèques de l’estomac sont des dilatateurs. Geux de l’æsophage et du labre s’y rattachent trop étroitement pour qu'il soit possible de les en séparer et je les décrirai en mème temps. Ces muscles dilatateurs sont pairs et peuvent être divisés en antérieurs, latéraux, postérieurs, supérieurs et inférieurs. l. Dilatateurs antérieurs. — Is comprennent de nombreux faisceaux musculaires ; mais ils peuvent être ramenés à deux dilatateurs de l'estomac, deux dilatateurs et un élévateur de l’æsophage et aux muscles moteurs du labre. Des deux dilatateurs antérieurs de l’estomace l’un est supé- rieur, l'autre 2nférieur. Îl en est de même de ceux de l’æœso- phage. Dilatateur antéro-supérieur de l’estomac. —Excepté chez les Galathées, les Paguriens et sans doute quelques autres Déca- podes voisins, ce muscle se compose de faisceaux grêles et dis- joints, souvent au nombre de cinq à sept, qui s’insèrent sur les parties supérolatérales de la paroi antérieure du sac car- diaque sur une ligne courbe à peu près circulaire (fig. 218, 919, 230, gas). Partant de là et isolés les uns des autres, ils se dirigent en avant en convergeant et vont se fixer, après ARTICLE N° 1, ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHAELMAIRES. 245 avoir croisé en dessus le nerf tégumentaire qui naît des gan- glions cérébroïdes, près du bord interne de la région orbitaire sur une surface ordinairement un peu excavée et rugueuse. Chez les Brachyures, les apophyses procéphaliques sont très rapprochées, et l'insertion de ces muscles est située en dehors et à une assez grande distance de celle des muscles gastriques antérieurs (fig. 218). Chez les Macroures au contraire (Gala- thées, Palinurides, Astaciens), ces apophyses sont plus larges, plus écartées l’une de l’autre et l'insertion se fait immédiate- ment au-dessous et un peu en dehors de celle de ces mêmes muscles (fig. 2350). La distance qui sépare leurs insertions postérieures varie également et dépend de l'étendue transver- sale du sac cardiaque; il en résulte que chez les Macroures, où cette étendue est toujours fort restreinte, les muscles dila- tateurs antéro-supérieurs de l’estomac sont recouverts par les muscles gastriques antérieurs (fig. 230), tandis qu’ils en sont largement séparés chez les Brachyures (fig. 218). On irouve en outre, chez le Homard et le Néphrops, mais non chez l’Écrevisse, non plus que chez la Langouste et les Brachyures (Tourteau, Maïa, Crabe enragé, Portunus puber, Gonoplax angqulata), sur un plan inférieur et plus en dehors, un faisceau musculaire qui se dirige en avant et en haut et va se fixer à côté des précédents sur un mamelon aplati situé un peu en dehors de la base des apophyses procéphaliques. Chez un Homard de taille moyenne, l'insertion postérieure de ce muscle, distante de la ligne médiane de près de 7 millimètres, avait lieu sensiblement au niveau d’une ligne horizontale pas- sant par le bord inférieur des gastrolithes. Chez les Galathées (fig. 293, 224), le muscle dilatateur an- téro-supérieur de l’estomac a une forme différente et se com-— pose, de chaque côté, de deux faisceaux distincts, qui se fixent : en arrière, l’un au-dessous de l’autre, l’inférieur un peu plus en dedans, sur les disques cardiaques ; en avant, au-dessous du muscle gastrique antérieur, près de son bord externe. Ce muscle était formé, chez le Pagurus granulatus, d’un seul faisceau inséré sur le milieu des disques cardiaques (fig. 221) ; 246 . MOCQUARD. mais chezle Birqus, on retrouvait la même disposition que chez la Galathée. L’un des deux faisceaux, assez large et rubané, s’insérait à la partie supérieure et externe des disques car- diaques, l’autre très épais, sur la partie antérieure du bord inférieur de ces disques, à l'extrémité du diamètre passant par l'insertion du premier ; ils se dirigeaient en avant, un peu en dehors et en haut et se fixaient sans doute dans le voisinage de l'insertion des muscles gastriques antérieurs. Toutefois, ainsi que je lai dit ailleurs (1), je n’ai pu vérifier le fait, n’ayant pas eu l'animal entier à ma disposition. Ces muscles sont les dilatateurs les plus importants de l’es- tomac, et j'ai montré, dans Particle que je viens de rappeler, le rôle particulier que remplissent, sous leur action, les disques cardiaques chez le Birqus. Muscles dilatateur antéro-inférieur de l'estomac et dilatateur antéro-supérieur de l’æsophage. — Ge sont les « Anterior dila- tor muscles » de M. Parker (2), les seuls dilatateurs antérieurs que ce naturaliste ait décrits chez l’Écrevisse. Ils ont une in- sertion antérieure commune sur l’épistome, soit sur le milieu de son bord postérieur, immédiatement en arrière de l’extré- mité inférieure d’un appareil musculo-tendineux dont je par- lerai dans un instant (Langouste, Homard), soit de chaque côté de cette extrémité (Écrevisse), soit un peu en avant (Tour- teau). Ils se dirigent en arrière et un peu en haut, chacun d’eux faisant avec son congénère un angle très aigu, et vont se fixer de chaque côté de la ligne médiane, le premier (fig. 219, 221, gai) à la partie inférieure de la face antérieure de l’esto- mac, le second (mêmes figures et fig. 232, œas) au-dessous, sur l'extrémité supérieure de l’œsophage. Celui-ci est fréquem- ment divisé en plusieurs faisceaux situés dans un plan ver- tical. La racine paire supérieure du nerf stomato-gastrique passe entre les deux muscles, l’inférieure sous le second. Dilatateur antéro-inférieur de l'œsophage. — Ge muscle (1) Ann. sc. nat., Zool., 6e série, t. XIIE, art. n° 3. (2) Parker, loc. cit., p. 57. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 247 s'étend longitudinalement de chaque côté de la ligne médiane, du bord supérieur et antérieur de l’endostome à l'extrémité inférieure de l’æsophage, un peu au-dessus du labre (fig. 224, 299, œai). Chez l'Écrevisse (fig. 227), les muscles de cette paire sont beaucoup plus écartés à leur extrémité antérieure et vont en convergeant du côté opposé ; chacun d’eux se divise en deux faisceaux situés dans un plan vertical et dont les inser- tions sur l’œsophage sont distantes l’une de l’autre de 2 mil- mètres. Élévateur de l'œsophage. — 1] existe encore, chez le Homard et le Néphrops, en avant de l’estomac, une paire de muscles longs et grêles, élévateurs de l’œsophage. Ghez le Homard, ces muscles se fixent, par une insertion commune, en avant et en haut (fig. 229, elæ) un peu au-dessus de la partie moyenne d’un appareil musculo-tendineux allant de l’épistome à la partie antérieure de la carapace (a); ils se dirigent en arrière (a) Cet appareil (fig. 229, mic), dont j'ai récemment indiqué la disposition générale (‘), et auquel on peut appliquer l’épithète de musculo-tendineux cé- phalique, se rencontre chez tous les Brachyures et chez tous les Macroures supé- rieurs et ne présente dans les divers groupes que des différences légères. 11 se fixe à son extrémité inférieure par une sorte de trépied, sur une pointe conique médiane dirigée en haut et en arrière, qui s’élève sur le bord postérieur de l’épistome, immédiatement en avant de l’endostome. Cette saillie manque chez l'Écrevisse ; elle est rudimentaire chez le Maïa, très courte chez le Néphrops, un peu plus longue chez le Homard et plus encore chez le Tourteau, la Polybie de Henslow, le Carcinus mœnas, le Portunus puber et le P. plicatus. Elle est remplacée chez la Langouste par une lame médiane très saillante qui occupe toute la longueur de lépistome. La partie inférieure de cet appareil est le plus souvent simple (Tourteau, Maïa, Langouste, Écrevisse), mais chez le Homard et le Néphrops (fig. 229) elle se divise en deux cordons contigus formant une longue boutonnière à travers laquelle passe la racine cérébroïde du système nerveux stomato-gastrique. Les insertions des deux branches de bifurcation de sa portion supérieure (tig. 228, 229, 930 brs) ont lieu sur la voûte de la carapace un peu en arrière du bord frontal (ou de la base du rostre quand il existe), à une distance l’une de l’autre égale à 3 millimètres chez le Homard, mais ordinairement moindre. Elles sont fréquemment indiquées à l’extérieur par deux dépressions d’une teinte plus pâle que les parties voisines. Du point où se réunissent ces deux branches partent, en dehors et un peu en (*) Bulletin de la Société philomatique, 1883, 7 série t. VIT, p. 58, note 1. 248 F. MOCQUARD. et en bas, au-dessus des connectifs œsophagiens, en faisant entre eux un angle très aigu, croisent en dehors près de leur extrémité postérieure les dilatateurs antéro-supérieurs de l’æsophage et s'insèrent un peu au-dessous sur la paroi anté- rieure de ce conduit. Ils diffèrent, chez le Néphrops, en ce qu'ils prennent nais- sance, à leur extrémité antérieure, plus bas et séparément sur chacun des branches inférieures de l'appareil tendineux dont il vient d’être parlé. Ces muscles, que Je n’ai rencontrés dans aucun autre genre, ürent l’æsophage en haut et en avant. Muscles du labre. — Le labre des Crustacés décapodes est pourvu de muscles puissants, qui ne semblent avoir été décrits, très incomplètement d’ailleurs, que par M. Lemoine (1) chez le Homard. Je rappellerai d’abord que la paroi inférieure du labre est renforcée par plusieurs paires de calcifications disposées en rangées longitudinales. Il en existe trois paires chez l’Écre- visse ; mais celles de la paire postérieure sont rarement aussi distinctes que chez ce Macroure, et celles de l’antérieure paraissent être en continuité sur la ligne médiane chez tous les haut, deux expansions rubanées, une de chaque côté (er), qui se fixent à leur extrémité externe, chez le Homard, sur les bords latéraux du cadre dans lequel est compris l’anneau ophthalmique. Elles semblent destinées à protéger les ganglions cérébroïdes, qui sont situés immédiatement en avant et un peu au- dessous. Au même point, sur la face antérieure de l'appareil, naissent deux muscles dirigés en haut et en avant et qui vont s’insérer soit sur le bord postéro-supé- rieur du sternum ophthalmique (Langouste), soit sur le premier article des pédoncules oculaires (Homard). Chez le Homard et le Néphrops, ces museles (mo) prennent naissance sur presque toute la longueur des branches supé- rieures de l’appareil, de sorte que les fibres supérieures se dirigent en avant et un peu en bas, les inférieures en avant et en haut. Du côté postérieur, et immédiatement au-dessous des expansions latérales s’insérent, chez le Homard, les muscles élévateurs de l’œsophage (elæ). Au lieu de muscles, chez la Galathée et les Pagures, c’est un ruban tendineux dirigé en bas et en arrière, qui ne tarde pas à se diviser en deux branches ; celles-ci se fixent sur la paroi antérieure de l’estomac et vont s'épanouir sur la partie supé- rieure de l’œsophage. (1) Lemoine, loc. cit., p. 167, pl. 6, fig. 11. ARTICLE N° 1. _ ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 249 Brachyures. Elles donnent insertion aux muscles du labre, qui ont la disposition suivante chez l’Écrevisse : Sur le bord antéro-supérieur de l’endostome, au-dessous du dilatateur inférieur de l’œsophage (que M. Lemoine a pris pour un musele du labre), se fixent deux muscles pairs, l’un interne, l’autre externe. Celui-ci (fig. 227, rel) est très épais et se dirige obliquement en arrière, en dedans et en bas, pour aller s’insé- rer dans la concavité du labre, sur les pièces squelettiques de la seconde et de la troisième paire; l’autre faisceau (ril), plus court et légèrement plus oblique en dedans, se fixe, à son extrémité postérieure, de chaque côté de la ligne médiane, sur une lame cartilagineuse qui relie entre elles les deux pièces antérieures. Ces muscles sont réfracteurs et élévateurs du labre. Du point où s’insère l’extrémité postérieure des rétracteurs internes partent deux faisceaux très grêles (rm) quise dirigent côte à côte en arrière et s'insèrent d'autre part sur l'angle antéro-interne des pièces de la troisième paire. [ls raccour- eissent le labre. Un large faisceau transversal bride en dessus ce dernier muscle ainsi que le rétracteur externe et se fixe, à ses extré- mités, au niveau de l’angle antéro-externe des pièces squelet- tiques de la seconde paire, sur un épaississement des parois latérales du labre. En se contractant, il rapproche ces parois, rétrécit l'organe et par conséquent le rend plus saillant. Un autre muscle pair, long, assez grèle et arrondi, prend naissance sur l'extrémité inférieure de l’œsophage, en dehors et un peu en arrière du dilatateur antéro-inférieur de ce con- duit (ell) ; il se dirige en bas, en dehors et en avant et va s’in- sérer sur l'extrémité interne des pièces antérieures. Il est élévateur du labre. Tous ces muscles ont sensiblement la même disposition chez les autres Astaciens; mais chez les Brachyures (Tourteau, Maïa, Carcinus mœnas) et mème chez la Langouste, le labre est plus étroit, plus allongé, et les muscles, très développés et plus rapprochés, sont moins distincts. 250 F. MOCQUARD. | IF. Dilatateurs latéraux. — Ges muscles sont au nombre de quatre de chaque côté : les deux supérieurs sont des dilata- leurs de l'estomac, les deux inférieurs des dilatateurs de l'œso- phage. Les deux premiers et le dilatateur latéral supérieur de l’œæsophage ont été exactement décrits et figurés par M. Parker chez l’Écrevisse (1) ; toutefois leur insertion externe n’est pas indiquée avec une précision suffisante. Chez les Brachyures et les Macroures supérieurs chez lesquels je les aï observés (Paguriens, Galathées, Langouste, Astaciens), ils sont très allongés, ordinairement rubanés et offrent partout la même disposition. | Des deux dilatateurs latéraux de l’estomac, l’un est posté- rieur, Vautre antérieur. Le premier (fig. 219, 991, 294, 939, glp) se fixe, du côté interne, sur la paroi latérale de la région cardiaque un peu en avant et au-dessus de l'extrémité infé- rieure de la pièce cardiaque inféro-latérale, le second (gla), à une faible distance en avant et sur un plan un peu plus élevé. En général le postérieur est le plus puissant ; cependant chez la Langouste il est très grêle (fig. 251), tandis que l’antérieur est beaucoup plus épais et se compose d’un assez grand nombre de faisceaux disjoints à leur origine. Ce sont les plus longs de tous les dilatateurs latéraux. L'insertion interne des deux dilatateurs œsophagiens est sensiblement située sur une ligne verticale qui passerait par Le dilatateur latéral antérieur de l’estomac, celle du supérieur (æls), au niveau du point où l’œsophage s'ouvre dans l’esto- mac, immédiatement au-dessus du collier œæsophagien, celle du second (æl), vers la partie moyenne de la paroi latérale de l’œsophage. Ge dernier, de beaucoup le plus puissant, émerge entre les deux racines paires du nerf stomato-gastrique. Fré- quemment, comme on le voit chez la Galathée (fig. 224), une partie du muscle passe entre la racine supérieure de ce nerf en dessous et le collier œsophagien en dessus. Ces quatre muscles se dirigent en convergeant, en dehors, (1) Parker, loc. cit., p. 57. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 251 un peu en bas et en avant, de manière que le dilatateur latéral postérieur de l'estomac soit à peu près parallèle à l’abducteur mandibulaire, qui est situé en arrière; ils croisent en avant la mandibule et vont se fixer sur la voûte du canal efférent de la chambre respiratoire, les deux dilatateurs de l'estomac tout à fait en dehors, l’un au-devant de l’autre, puis, en dedans et successivement, le dilatateur supérieur de l’œsophage et le dilatateur inférieur. Conjointement avec les dilatateurs antérieurs, les dilata- teurs latéraux de l’estomac déterminent, en se contractant, une amplification considérable de la cavité stomacale et une aspiration énergique à lorifice buecal : la déglutition doit se faire par succion. IIT. Dilatateurs postérieurs. — 1] n’y en a que deux, un de chaque côté, que M. Parker a rangés, chez l’Écrevisse, parmi les dilatateurs latéraux; mais ce sont les dilatateurs postérieurs de l’œsophage. Ordinairement larges et aplatis (fig. 291, 232, œp), compo- sés parfois de deux faisceaux situés l’un au-dessus de Pautre (fig. 224), ils se fixent en avant sur les parties latérales et supérieures de la paroi postérieure de l’œsophage, se dirigent en arrière et en dehors, croisent obliquement en dessus les connectifs œsophagiens, en dedans le tendon du muscle adducteur des mandibules et vont s’insérer, chez les Macroures (Langouste, Galathée, Astaciens), sur Papophyse qu’émet de chaque côté le bord antérieur de Ia voûte formée par les méso- phragmes des apodèmes intermaxillaires, chez les Brachyures, sur l’angle interne libre du même apodème. Ces deux muscles, en se contractant en même temps que les dilatateurs latéraux et les dilatateurs antérieurs de læœso- phage, ouvrent largement ce conduit ainsi que l’orifice buceal. Comme les muscles du labre, les dilatateurs de l’œsophage sont nécessairement soumis à l’influence de la volonté. IV. Dilutateurs supérieurs. — Ils appartiennent, comme les dilatateurs inférieurs, à la région pylorique de l’estomac et sont au nombre de deux paires. 252 F. MOCQUARD. Ils naissent, chez les Brachyures, les uns sur la face supé- rieure des pièces mésopyloriques postérieures, les autres en arrière sur la saillie antérieure et médiane de la pièce uropy- lorique ; ils se dirigent en haut et en arrière (fig. 218, 219, psa, psp), en convergeant de chaque côté, tandis que les muscles de chaque paire divergent légèrement, et ils vont se fixer sur la carapace immédiatement en arrière et en dedans de l’insertion du faisceau interne du muscle gastrique posté- rieur. Dans les cas où il existe des apophyses dorsales, ils s’in- sèrent sur ces apophyses, les derniers au sommet, les anté- rieurs au-dessus et en avant. Chez les Macroures, où les pièces mésopyloriques posté- rieures sont généralement dégradées et rejetées latéralement entre la pièce pleuropylorique antérieure et la pièce uropylo- rique, la disposition de ces muscles est un peu différente. Ainsi, chez les Galathées, la Langouste, le Scyllare, ceux de la pre- mière pares’insèrent sur les pièces mésopyloriques antérieures (fig. 224, 231). Chez les Paguriens, les Thalassiniens, où la pièce uropylorique est pourvue de deux larges apophyses, les muscles de la seconde paire, auxquels elles donnent insertion, sont écartés à leur extrémité inférieure et non en contact sur la ligne médiane comme chez les Brachyures. Les muscles de chaque paire sont encore plus éloignés l’un de l’autre chez la Langouste (fig. 230) et le Scyllare. Au contraire, chez les Astaciens (fig. 226, 228), 1ls naissent tout près de la ligne médiane sur le bord supérieur de la pièce mésopylorique posté- rieure et sur le tiers antérieur environ de la voûte étroite et arquée que j'ai considérée comme représentant la pièce uro- pylorique. Les deux paires, distinctes chez l’Écrevisse, sont confondues en une seule chez le Homard. Ces muscles, non-seulement dilatent le conduit pylorique en en soulevant la voûte, mais, chez les Brachyures, ils mettent aussi en mouvement les valvules pyloriques latéro-dorsales, à la base desquelles se trouvent les pièces mésopyloriques posté- rieures. V. Dilatateurs inférieurs. — Chez tous les Brachvures et ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 293 les Macroures supérieurs, on trouve deux paires de muscles dilatateurs pyloriques inférieurs, l’une interne, l’autre externe, en général fort grèles. Les muscles d la paire interne sont très \allongés et sefixent en haut, où 1ls sont en contact, sur la pièce pylorique antéro- inférieure (fig. 219, 221, 222, etc., pu) ; ils se dirigent en bas et en avant, en faisant entre eux un angle très aigu, passent en avant des muscles de la seconde paire, s'appliquent sur la paroi cardiaque postéro-mférieure, croisent en dedans le muscle dilatateur postérieur de l’œsophage, en dehors les cor- dons du collier œsophagien (fig. 224) et s’insérent à côté du bord supérieur de la surface triturante des mandibules, à peu près à l'extrémité antérieure de son tiers postérieur. Ces muscles passent, chez l’Écrevisse, sous une arcade fibreuse étendue transversalement entre les apodèmes inter- maxillaires, immédiatement en avant de l'extrémité antérieure de la voûte du canal sternal. Chez le Homard, il y a deux arcades, une pour chaque muscle. Après les avoir croisées, les muscles deviennent plus obliques en avant : elles agissent done comme poulies de renvoi. Je ne puis dire si elles existent ou non chez les autres Décapodes. Ainsi que M. Parker (1) l’a déjà fait remarquer, l'insertion inférieure de ces muscles sur la mandibule est fort singulière. Je ne pense pas cependant qu’ils puissent, comme l’admet ce naturaliste, abaisser l’estomac chaque fois que les mandibules s'écartent, ni contribuer à la mastication « en élevant le bord interne des mandibules : » d’un côté, la puissance des muscles gastriques postérieurs et des dilatateurs pyloriques dorsaux, de l’autre, la mobilité de leur insertion supérieure s’y oppose- raient. Ges muscles ne peuvent être que des abaisseurs de la pièce pylorique antéro-inférieure (a). (1) Parker, loc. cit., p. 58. (a) Ge mode d’action me suggère de nouvelles idées sur le rôle qu'il convient d'attribuer aux ampoules pyloriques. J’ai admis précédemment que les parti- cules nutritives très ténues des aliments s’engageaient dans la concavité des ampoules pour pénétrer ensuite dans les canalicules ampullaires, les parcourir ANN. SC. NAT., ZOOL., NOVEMBRE 1885. XVI MIRE AT MN 954 F. MOCQUARD. Beauooup plus courts et en général moins grêles, les muscles de la paire externe (mêmes figures, pie) naissent en dehors et un peu en avant des précédents sur la face inférieure des angles latéro-postérieurs de la base de la valvule cardio- pylorique. Après un trajet oblique en bas et en dedans, ils vont se fixer, chez les Brachyures, sur l’apodème intermaxillaire directement et immédiatement au-dessus du dilatateur œso- phagien postérieur, plus en dedans chez les Macroures, sur la voûte formée par les mésophragmes de cet apodème. L’inser- tion supérieure de ces muscles se fait, chez l’Écrevisse, comme chez les autres Décapodes, et non sur la pièce pylorique antéro-inférieure (« inferior pylorie ossiele »), ainsi que la cru M. Parker. Ils sont abaisseurs de la valvule cardio-pylo- rique. $ IT. — Muscles intrinsèques. La disposition des muscles intrinsèques, à peu près uniforme chez les Brachyures, comme celle des muscles du groupe pré- cédent, ne présente, chez la plupart des Macroures supérieures, que des variations peu importantes. Toutefois, chez les Pali- nurides et les Astaciens, il est difficile de retrouver, dans la région pylorique, la disposition typique observée chez les Bra- chyures. d'avant en arrière et subir, après en être sorties, l'action du fluide biliaire. Mais ce qui traverse les canalicules peut se mouvoir en sens contraire. Située immédiatement en arrière et au niveau de la base de la valvule cardio-pylo- rique, la pièce pylorique antéro-inférieure, en s’abaissant, détermine néces- sairement un mouvement d’arrière en avant du contenu des ampoules pyloriques et des canalicules ampullaires, et, comme conséquence, l’entrée dans ces canalicules des liquides qui peuvent se trouver au delà de leur extrémité postérieure, en particulier du fluide biliaire. Ce fluide s’engagerait donc par aspiration dans les canalicules, en sortirait à travers les soies qui en forment Ja paroi supérieure el viendrait, en se dirigeant en haut et en dedans, sous l’action des dilatateurs pyloriques dorsaux, se mettre en contact avec les matières ali- mentaires au-dessus du repli interampullaire. La direction de ce mouvement serait beaucoup plus en rapport avec celle des soies qui garnissent la voûte ainsi que les crêtes ampullaires. Cette seconde hypothèse sur le rôle des am- poules pyloriques est peut-être la vraie; mais l’examen du contenu des canali- cules pourra seul lever les doutes à cet égard. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES, 299 Les muscles intrinsèques sont très nombreux et appar- tiennent, les uns à la région cardiaque, les autres à la région pylorique. I. Muscles intrinsèques cardiaques. — Ceux-ci peuvent se diviser en antérieurs, supérieurs, latéraux et postéro-inférieurs. Les derniers ont été passés sous silence et les premiers à peine mentionnés par M. Parker chez l’Écrevisse. a. Muscles cardiaques antérieurs. — Ils consistent en une couche de fibres musculaires, large, peu épaisse et en forme de sangle, qui naît de chaque côté (fig. 224, csc) sur le bord anté- rieur de la plaque cardiaque latérale et au-dessous, sur les côtés de l’orifice supérieur de l’œsophage ; chaque muscle se dirige en avant, en dedans et en haut et va se fixer, en partie sur la ligne médiane, en partie sur le bord antérieur de la pièce mésocardiaque. Ces muscles sont constricteurs du sac cardiaque et ils ont pour antagonistes les dilatateurs antérieurs et les dilatateurs latéraux. Ce sont, à vrai dire. les seuls constricteurs de l’esto- mac. Les autres muscles intrinsèques sont principalement destinés à mouvoir les diverses pièces du squelette gastrique ; quelques-uns peuvent, par leurs contractions, entraîner une diminution de volume de l'organe ; mais c’est là un effet secon- daire et on ne saurait, d’une manière générale, les considérer avec M. Parker (1) comme des « constricteurs, » ni comme les «antagonistes » des dilatateurs. Le constricteur de l’œsophage (Gg. 221, cæ) est connu et n'offre rien de particulier à mentionner chez les divers Déca- podes. J'ai montré (2) comment, chez le Birqus, sous Paction alter- native de ses muscles dilatateurs et de ses muscles constric- teurs, l’estomac agit à la manière d’une pompe aspirante et foulante, avec cette différence que le tuyau d’aspiration sert aussi à l’expulsion et que si les solides aussi bien que les (1) Parker, loc. cit., p. 59. (2) Ann. des sc. nat., Zool., 6° série, t. XIII, art. n°5. 230 NF. MOCGUARD. liquides sont aspirés, les derniers seuls sont rejetés, les pre- miers étant retenus par les valvules sus-æsophagiennes comme sur un filtre. Mais ce n’est pas là une particularité propre au Birqus : ce mode d'action de l’estomac est commun à tous les Brachyures et à tous les Macroures supérieurs, sinon à tous les Décapodes, bien que la présence des disques cardiaques le rende plus évident chez le Birqus; seulement, les valvules sus-æsophagiennes, qui manquent le plus souvent, ainsi qu'on l’a vu, sont suppléées par les bourrelets dont est entouré l'orifice supérieur de l’œsophage. On peut remarquer aussi que chez les Brachyures et les Macroures (Thalassiniens) où elles existent, les valvules sus- œsophagiennes ne sont pas constituées comme chez le Birgus, à moins cependant que les disques cardiaques, que l’on observe dans un assez grand nombre de familles, ne soient des plaques cardiaques latérales antérieures moditiées dans leur forme et leur situation habituelles et rejetées en avant. La position intermédiaire qu'ils occupent chez le Birqus rend cette homo- logie probable. Toutefois, les valvules sus-æsophagiennes sont mises en mouvement par les dilatateurs antérieurs de l'estomac chez le Birqus, et par les dilatateurs latéraux chez les Catomé- topes et les Thalassiniens. S'il est difficile de constater le courant d’entrée à l’orifice buccal, il est facile, au contraire, de provoquer celui de sortie par lexpérience suivante. On maintient avec des liens une Écrevisse sur le dos dans une cuvette à dissection : on écarte les appendices buccaux et, au moyen d’une seringue à injec- tions, on pousse dans l’estomac, par l’œsophage, de l’eau colo- rée avec de la temture ammoniacale de carmin contenant un excès d’ammoniaque. On retire la seringue et l’on fait dispa- raitre, par l'agitation de l’eau, la coloration du liquide autour de la région buccale. Au bout d’une demi-minute environ, et sans aucune excitation extérieure, le liquide injecté est expulsé avec énergie, par gorgées qui se succèdent à des intervalles de temps variables et sont lancées jusqu’à une distance de deux centimètres. Cette expulsion est évidemment due à l’action des ARTICLE N° 1, ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 257 museles constricteurs du sac cardiaque. On remarque aussi, en exarminant avec attention, qu'à ce moment l’orifice buccal reste fermé de manière à ne pouvoir livrer passage aux matières solides contenues dans l'estomac. En continuant observation, on voit encore cette orifice s'ouvrir largement, comme il le fait sans doute lors de la déglutition, puis se fermer pour s'ouvrir de nouveau, et ainsi de suite un assez grand nombre de fois. Ces mouvements, qui sont dus aux contractions alternatives des dilatateurs et du constricteur (fig. 221, cæ) de l’œsophage, surviennent également après l’amputation de l’une des pinces de l’animal. b. Muscles cardiaques supérieurs. — Sur la paroi supérieure de la division cardiaque, se trouvent ordinairement plusieurs faisceaux musculaires longitudinaux, étendus entre les pièces cardiaques antérieures et les pièces pyloriques de l’armature stomacale. Sans connaître la description que Cuvier en a donnée depuis longtemps chez l’Écrevisse, M. Parker les a décrits de nouveau chez le même Macroure et leur a donné, comme Cuvier, le nom de muscle cardio-pylorique. La disposi- tion en est assez variable. Chez les Brachyures, le muscle cardio-pylorique naît, à son extrémité antérieure, immédiatement en arrière du bord pos- térieur épaissi de la pièce mésocardiaque (fig. 218, cp) et se divise en trois faisceaux, un médian et deux latéraux, qui vont s’insérer : le premier, sur le bord supérieur de la pièce propy- lorique ou sur la crête qu'il porte; les seconds, sur l'angle ‘antéro-interne de la pièce exopylorique (la plupart des Bra- chyures), ou bien sur l’apophyse qu’envoient en dedans les angles antéro latéraux de la pièce pylorique (Grapsiens). Ges faisceaux sont toujours minces et rubanés. Chez les Paguriens, les Porcellanes, l’Æglée, le muséle cardio-pylorique (fig. 220) se compose de trois faisceaux pairs qui s’insèrent en avant sur le bord postérieur de la pièce mésocardiaque, l’interne (i) de chaque côté de la ligne mé- diane, le moyen (#) à l'union du tiers externe avec [es deux tiers internes de ce bord, l’externe (e) immédiatement en 258 l. MOCQUARD. dehors du précédent, à l’extrémité de la pièce. Partis de ces divers points, ils se comportent ensuite de la manière suivante : l'interne se sépare à angle aigu de son congénère et va se fixer à l'extrémité interne de la pièce exopylorique ; le moyen se dirige presque directement en arrière, un peu en dehors cepen- dant, et s’insère sur l'extrémité postérieure du bord supéro- externe de la pièce zygocardiaque ; enfin le troisième faisceau, oblique de dehors en dedans, passe sous le précédent pour aller se fixer sur lextrémité interne de la pièce exopylorique, immédiatement en dehors du faisceau interne. Ces trois fai- sceaux ont à peu près la même puissance chez le Birqus; chez le Paqurus granulatus et l’Æglée, l’interne est sensiblement plus faible que les deux autres et il est extrêmement réduit chez les Porcellanes. Ils existent également chez les Galathées ; mais les deux externes ne s’entrecroisent pas et le moyen est très oblique d'avant en arrière et de dehors en dedans (fig. 225, 224, cp). Chez la Langouste, le muscle cardio-pylorique est de même formé de trois paires de faisceaux, mais qui sont disposés diffé- remment. Deux d’entre eux (fig. 230,#) naissent en avant sur la ligne médiane en s’entre-croisant et sont semblables pour le reste aux faisceaux latéraux du muscle chez les Brachyures. Deux autres, étroits (»), s’insèvent à leur extrémité antérieure au-dessus des précédents, sur les parties latérales du bourre- let postérieur de la pièce mésocardiaque et vonten convergeant se fixer l’un à côté de l’autre au fond de la concavité du bord supérieur de la pièce propylorique. Enfin, une troisième paire de faisceaux (p) s'étendent obliquement d'avant en arrière et un peu en dedans, de l’extrémité interne des pièces ptérocar- diaques aux pièces exopyloriques, sur lesquelles ils s’insèrent en dehors de ceux de la première paire. — Même disposition chez le Scyllarus latus, si ce n’est que les faisceaux de la seconde paire sont très grêles et dissociés. Chez les Astaciens (fig. 228), le muscle cardio-pylorique est réduit à une seule paire de faisceaux peu épais, plus larges à leur extrémité antérieure et insérés, en avant, sur les parties ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 259 latérales de l’arc cardiaque, en arrière, sur la pièce exopylo- rique et la portion adjacente du bord supéro-externe de la pièce zygocardiaque. Ges muscles ramènent à leur position de repos les pièces de l’armature stomacale mises en mouvement par les muscles gastriques, dont ils sont les antagonistes. c. Muscles cardiaques latéraux. — En général, sur les parois cardiaques latérales se trouvent, de chaque côté, chez les Bra- chyures et les Macroures supérieurs, quatre faisceaux muscu- laires bien distincts. Trois (fig. 219, 221, 224, 931, A, B, C) s'insèrent en bas et en arrière, côte à côte, sur toute la longueur de la face externe de la pièce cardiaque inféro-latérale. Le plus inférieur (A) se porte en avant et en haut, un peu en bas chez les Astaciens (fig. 226), en devenant ordinaire- ment plus étroit, et se fixe, d'autre part, sur le bord antérieur de la plaque cardiaque latérale postérieure. — Ce muscle prend son point d'appui sur la pièce cardiaque inféro-latérale et tire en arrière et en dedans la plaque cardiaque et avec elle les soies dont est garnie sa face interne. Le faisceau moyen (B), très étroit chez les Astaciens et les Palinurides (fig. 226, 231), fait avec le précédent un angle variable, mais toujours très aigu et se fixe en avant et en haut sur l’extrémité antérieure de la pièce prépectinée, qui parfois se recourbe en dehors (Gélasimiacés, Porcellanes, Galathées) ou présente une crête (Lithodes) pour cette insertion. — Bien qu'il n’exerce pas une action directe sur les peignes, 1l en est le muscle adducteur. Par ses contractions, en effet, il tire en arrière la pièce prépectinée ; l'extrémité postérieure de celle-ci agit sur les peignes et les fait mouvoir d’avant en arrière, de bas en haut et de dehors en dedans, autour de l’axe d’articula- tion de l’apophyse pectinée avec la pièce postpectinée, axe qui est, comme l’on sait, oblique en bas, en arrière et un peu en dedans. C’est pendant ce mouvement d’adduction que les dents des peignes amènent entre les dents latérales les par- celles alimentaires qu’elles rencontrent sur leur passage. 260 F. MOCQUARD. Absent chez les Astaciens, mais ordinairement plus puissant que les précédents chez les Brachyures (fig. 219), Le faisceau supérieur (C) se fixe en bas sur la face externe de l’extrémité supérieure élargie de la pièce cardiaque inféro-latérale ; il se dirige en haut et en avant, très obliquement chezles Paguriens (fig. 221), et va s’insérer immédiatement en arrière du manu- brium, sous le bord supéro-externe de la pièce zygocardiaque. — [| maintient l’extrémité supérieure de la pièce cardiaque inféro-latérale, sur laquelle repose la pièce subdentaire; celle- ei peut donc à son tour fournir un point d'appui à la dent laté- rale et l'empêcher de céder et de s’abaisser sous la résistance que lui opposent les aliments, lorsque l’armature stomacale est en activité. Ghez la Langouste et le Seyllare (fig. 231) ce faisceau est très étroit ; 1l se fixe en arrière et en bas sur l'extrémité inférieure de la pièce subdentaire et agit directe- ment sur cette pièce. Le quatrième faisceau (D), situé au-dessus et en arrière des trois premiers et en général large et puissant, manque chez la Langouste et le Seyllare. Ghez les Brachyures et la plupart des Macroures (Paguriens, Galathéides, Thalassiniens) (fig. 219, 991, 224), il prend insertion, à son extrémité inférieure, sur la face externe de l’auricule ou, quand lauricule fait défaut, sur le bord auriculaire correspondant ; il s'élève verticalement chez les premiers, obliquement en haut et en avant chez les autres en s’élargissant, et va se fixer sous le tiers postérieur du bord supéro-externe de la pièce zygocardiaque. — Ge muscle est élévateur de la valvule cardio-pylorique. Je reviendrai sur cette action. Chez les Astaciens (fig. 296), il s’insère en bas sur lextré- mité supérieure de la pièce cardiaque inféro-latérale et remplit, dans cette famille, le rôle assigné ci-dessus au muscle G. d. Muscles cardiaques postéro-inférieurs. — Dans la plus grande partie de son étendue, la paroi cardiaque postéro-infé- rieure est recouverte par une couche musculaire dont les fibres, Insérées latéralement sur le bord postérieur des pièces cardiaques inféro-latérales, se dirigent, de chaque côté, en ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 261 dedans et en arrière pour se fixer sur la crête médiane de la paroi (fig. 222, E); celles de droite font ainsi avec celles de gauche un angle ouvert en bas et en avant. Lorsque la crête médiane postéro-cardiaque se divise, comme chez la Galathée, l'Écrevisse, l'insertion se fait, à ce niveau, sur les branches de division. Chez le Pagurus granulatus, la Galathée, les fibres les plus inférieures passent d’un côté à l’autre en décrivant un are de cercle. — Prenant son point fixe sur la ligne médiane, ce musele tre en dedans et un peu en haut les pièces car- diaques inféro-latérales et en même temps les pièces post-pec- tinées (ou les pièces pennées) avec leur bordure de soies. En arrière de cette couche musculaire se trouvent deux autres paires de muscles généralement fort courts, situés au sommet de l’angle rentrant formé par les divisions cardiaque et pylorique de l’estomac, et pour cette raison assez difficiles à bien voir, excepté chez les Paguriens, où ces deux divisions sont dirigées horizontalement. Chez le Pagurus granulatus en particulier, ils sont relativement allongés, mieux développés que chez les Brachyures et les autres familles de Macroures et offrent la disposition suivante : Ils naissent en avant, l’un au-dessous de l’autre, sur la face postéro-interne de lextrémité supérieure élargie de la pièce cardiaque inféro-latérale ; le superficiel (fig. 229, F) se porte en arrière en se rétrécissant légèrement pour aller s’insérer sur les côtés de la base de la valvule cardio-pylorique, en avant du dilatateur pylorique inférieur externe ; le profond (G) suit une direction oblique en arrière et en dedans et va se fixer égale- ment sur la base de la valvule, immédiatement en dehors de son orifice transversal. — Ces muscles ont leurs deux inser- tions mobiles, eten même temps qu'ils tirent en bas et en avant la valvule cardio-pylorique, ils meuvent en sens contraire les pièces cardiaques inféro-latérales et avec elles les pièces post- pectinées et leur bordure de soies. Il. Muscles intrinsèques pyloriques. — Presque tous les muscles intrinsèques de la région pylorique appartiennent aux parois latérales. 269 F. MOCQUARD. À la partie antérieure et supérieure de ces parois se trouve un faisceau musculaire, étroit et rubané chez les Brachyures (fig. 219, H), généralement large chez les Macroures (fig. 221, 294, 226, 231), qui s'insère en haut sur les parties latérales du bord postérieur de la pièce pylorique ; ses fibres se dirigent en dehors, en bas et un peu en arrière pour se fixer, à l'extrémité opposée, sur la pièce pleuropylorique antérieure au niveau de son angle supéro-externe chez les Brachyures et la plupart des Macroures, sur presque toute sa longueur chez la Langouste, le Scyllare et les Astaciens (fig. 226, 231). — Il tire en haut, en avant et en dedans les pièces pleuropyloriques antérieures, en même temps que les replis ou bourrelets garnis de soies situés en avant ; il applique ceux-ci sur les côtés de la dent médiane et de la valvule cardio-pylorique et contribue par conséquent à interrompre la communication entre les cavités cardiaque et pylorique de l’estomac. Chez les Brachyures, un faisceau musculaire très grêle (fig. 219, I) s'étend en bas et en dehors, des pièces mésopylo- riques de la première paire à l’angle supéro-externe de la pièce pleuropylorique antérieure, sur lequel il s’insère en arrière du précédent. — Il tire en bas et en dehors les pièces mésopy- loriques antérieures, ainsi que la paroi interne des gouttières pyloriques latéro- ds et met en mouvement l’épaisse bordure de soies que porte intérieurement le fond de ces gout- tières. Ce muscle manque chez les Pagures, les Porcellanes, les Galathées, les Palinurides, les Astaciens et probablement aussi chez les Brachyures et les Macroures anormaux chez lesquels les pièces mésopyloriques sont déviées du type bra- chyure normal. La disposition des muscles suivants est très différente, chez les Palinurides et les Astaciens, de celle que l’on observe chez les Brachyures et chez les Macroures qui en sont les plus voi- sins; Je laisserai donc de côté, pour le moment, ces deux familles. En arrière des muscles précédents, toujours à la partie su- ARTICLE N° 1 ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 263 périeure de la paroi pleuropylorique, est un autre faisceau (L) qui prend naissance, chez les Brachyures normaux (fig. 219), sur la face externe des pièces mésopyloriques postérieures et, chez les Porcellanes, les Galathées, les Pagures (fig. 221, 224), sur les bords latéraux de lextrémité antérieure de la pièce uropylorique ; il se dirige en bas, en dehors et en avant et va s’insérer, par un court faisceau antérieur sur l'angle supéro- externe de la pièce pleuropylorique antérieure, en arrière et en dedans du faisceau [, et, par un faisceau postérieur très allongé, sur l'extrémité externe de la pièce sus-ampullaire moyenne. Chez les Brachyures, les fibres les plus antérieures de ce dernier faisceau vont se fixer sur l’extrémité postérieure de l’auricule cardio-pylorique. Chez les Porcellanes, les Gala- thées, les Pagures, d’autres fibres musculaires venant de l’angle supéro-externe de la pièce pleuropylorique antérieure s’accolent en avant à ce faisceau, et s’insèrent avec lui sur la pièce sus-ampullaire moyenne. — Ce musele L est antagoniste du dilatateur dorso-pylorique postérieur ; il met aussi en mou- vement, chez les Brachyures, les valvules pyloriques latéro- dorsales. Un faisceau (K) s’insère sous la partie supérieure du bord externe de la pièce pleuropylorique antérieure chez les Bra- chyures (fig. 219), sur toute la longueur de ce bord chez les Macroures dont je viens de parler (fig. 221, 224) et se place immédiatement en avant de la portion adjacente du musele précédent ; il croise en dessous l'extrémité inférieure du muscle D et va se fixer sur le bord supérieur de l’auricule. — Il élève la valvule cardio-pylorique et abaisse sans doute en même temps la pièce pleuropylorique antérieure. Chez les Pagures et les Galathées, un muscle mince, large et court (L'), contigu à la partie supérieure du faisceau L, se fixe en haut sur les bords latéraux du repli uropylorique, en bas, sur la pièce pleuropylorique moyenne. Chez les Pagures, lapo- physe signalée antérieurement sur cette pièce reçoit l’inser- tion. — Ce muscle est abaisseur de la voûte uropylorique et antagoniste du dilatateur pylorique dorsal postérieur. 264 F. MOCQUARD. Un assez grand nombre d’autres faisceaux musculaires étroits et peu puissants se trouvent encore sur la partie inférieure des parois latérales de la région pylorique. L'un (M) naît sur la face supérieure de la pièce sus-ampul- laire moyenne, sous lextrémité inférieure du muscle L, se dirige en haut et en arrière et va se fixer sur le bord externe du repli uropylorique (fig. 219, 291, 22%); un autre, un peu plus large et moins oblique (N), descend de ce repli, croise en dessous le faisceau M et aboutit au bord externe de la voûte ampullaire, au niveau de sa partie moyenne. Plusieurs partent en rayonnant de l’apophyse externe de la pièce sus-ampullaire postérieure : le plus antérieur (Q) marche en avant, en passant sous les précédents et va se fixer, chez les Brachyures, sur la branche supérieure ou apophysaire émise à son extrémité an- térieure par la pièce pleuropylorique movenne, chez le Pa- qurus granulatus, la Galathée et l’Æglée, en un point de la paroi situé au-dessous de lextrémité antérieure du repli uro- pylorique; les moyens (P), très grêles, ordinairement dissociés et qui m'ont paru manquer chez le Paqurus granulatus (a), s’insèrent sur le bord externe de la partie postérieure du repli uropylorique ; enfin le postérieur (R), dirigé en haut et en arrière, va se fixer en s’étalant sur la pièce pleuropylorique postérieure. Les faisceaux M, N, P, R sont abaisseurs du repli uropylo- rique. Quant au faisceau Q, prenant son point fixe à son extré- mité antéro-supérieure, 11 soulève la pièce sus-ampullaire postérieure en la Lirant en avant et en haut et élargit la fente transversale qui fait communiquer la cavité des ampoules avec le commencement de l'intestin. (a) On remarquera, chez le Pagurus granulatus, l'existence de deux cæcums pyloriques en forme de cône allongé (fig. 221, cæ), qui ne semblent pas avoir été observés jusqu'ici. Ils naissent, de chaque côté, d’un cul-de-sac qui s’avance sur la voûte uropylorique et ils se dirigent en bas et en avant sur les parois latérales de la région, dans l’angle formé par les faisceaux musculaires L et M, qu'ils recouvrent en partie. Chez le P. Bernhardus, où ils existent également, ils sont cylindriques et très étroits. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 265 Ces muscles sont moins nombreux et disposés plus simple- ment chez les Palinurides et les Astaciens. Chez la Langouste (fig. 231) et le Scyllare, en arrière du faisceau H, la paroi pylorique latérale présente d’abord une couche musculaire presque continue, divisée en trois faisceaux parallèles plus ou moins distincts. Geux-c1 naissent, à leur extrémité supérieure et d'avant en arrière, sous le bord externe de la pièce pleuropylorique antérieure et sur toute la lon- gueur du repli uropylorique ; ils se portent en bas et un peu en avant et vont se fixer, le premier (K), sur l'extrémité posté- rieure du bord auriculaire, le second (L), sur la pièce sus- ampullaire moyenne, et le troisième (N),sur le bord externe de la voûte ampullare. Ils semblent correspondre respective- ment aux faisceaux K, L, M décrits ci-dessus chez les Bra- chyures et les Macroures plus élevés. Enfin, un faisceau posté- rieur Rales mêmes Insertions que chez ces derniers Décapodes. La disposition est peu différente chez les Astaciens. On trouve de même, au delà du faisceau H (fig. 226), trois fais- ceaux musculaires bien distincts en haut, où ils s’imsèrent sur le bord supérieur de la pièce mésopylorique et sur les bords latéraux de la voûte étroite située en arrière de cette pièce; au contraire, à l’extrémité opposée, ils sont à peu près confon- dus et se fixent, non sur les bords auriculaires qui sont ici très effacés, mais sur les bords externes des pièces sus-ampullares antérieure et moyenne. Ce sont là les seuls faisceaux imtrin- sèques que M. Parker, p. 59, sans les distinguer entre eux ni du faisceau H, ait signalés dans cette région, chez l’Écrevisse, comme çune série de fibres entourant presque la dilatation pylorique. » Quelques faisceaux rayonnants partent, comme dans les autres groupes ,de la pièce sus-ampullaire postérieure. Sur la voûte ampullaire on observe aussi, chez le Muïa et le Tourteau, une très mince couche musculaire dont les fibres, dirigées longitudinalement, s'étendent de la pièce sus-ampul- laire movenne à la pièce sus-ampullaire postérieure. Gette couche manquait chez la Langouste, le Homard et le Pagurus granulatus. 266 F. MOCQUARD. Enfin, il existe deux faisceaux musculaires intrinsèques sur la paroi inférieure de la région pylorique. Ils s’insèrent, en avant, sur l’angle postéro-externe de la base de la valvule cardio-pylorique et la portion adjacénte de la pièce pylorique antéro-inférieure et se dirigent en arrière et en dedans (fig. 222, S), en croisant en dehors les dilatateurs pyloriques inférieurs internes; à l’extrémité antérieure de la gouttière interampullaire, ils se réunissent en un seul faisceau qui suit celte gouttière et va se fixer sur la portion moyenne de la prèce pylorique postéro-mférieure. On les rencontre partout, mais ils étaient particulièrement développés chez le Waïa. Ils tirent en bas et en avant la saillie médiane de la pièce pylorique postéro-inférieure ; la valvule interampullaire postérieure est entraînée dans ce mouvement et s'incline en arrière et en bas. $ ILE. — Fonctionnement de l’armature stomacale. Les mouvements de l’armature stomacale sont détermmés par les muscles gastriques antérieurs, gastriques postérieurs et cardio-pylorique. À l'exception d’Œsterlen (1), tous les auteurs qui se sont occupés de l’armature stomacale des Crustacés l’ont considérée comme un appareil de trituration, ou, suivant l’expression de quelques-uns d’entre eux, de rumenation (2); mais la plupart se sont tus sur la mamière dont 1ls en comprenaient le mode d'action. Ainsi que je l'ai déjà dit, M. H. Milne Edwards la com- pare à une pince à trois branches, MM. Huxley et Parker, à un moulin. M. Huxley, le premier, dans ses Lectures on general natural History (3), donna quelques indications sur les mouvements (1) Œsterlen, loc. cit., p. 427. (2) Roussel de Vauzème, Mém. sur le Cyamus ceti (Ann. sc. nat., 2° série, t. I, p. 251, 1834). — H. Straus-Durckheim, Traité théorique et pratique d'anatomie comparative, t. II, p. 43, 1842. (3) Page 255. ARTICLE N° {. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 9267 des diverses pièces de l’armature stomacale chez l’Écrevisse. Plus récemment (1), 1l s’étendit davantage sur ce sujet, mais sans encore l’approfondir. .M Parker (2), chez le même Macroure, décrit ces mouve- ments de la manière suivante, qui s’éloigne peu de celle qu'on trouve dans le Manuel de M. Huxley : « Lorsque, dit-il, les pièces mésocardiaque et pylorique sont tirées respectivement en avant et en arrière par les muscles gastriques, il en résulte un grand changement dans la disposition des parties. La pièce propylorique (« pre-pyloric ossicle ») prend une position verti- cale et forme alors un angle droit avec la pièce pylorique; le prolongement urocardiaque s’infléchit en bas; la dent mé- diane devient verticale; les pièces zygocardiaques sont tirées en arrière, entrainant avec elles les extrémités inférieures des pièces ptérocardiaques, qui, à cause de l’obliquité de leur arti- culation, sont forcées de se mouvoir non seulement en arrière, mais en dedans et en bas. Le même mouvement en dedans et en arrière est, par conséquent, Communiqué aux extrémités antérieures des pièces zygocardiaques, de sorte que les dents latérales, se rapprochant de la ligne moyenne, viennent en contact avec la dent médiane, contre laquelle elles pressent avec une force considérable. » Ceci n’est pas complètement exact : les pièces zygocardiaques ne sont pas tirées en arrière, et par suite les autres mouvements qui sont présentés comme étant une conséquence de ceux de ces pièces sont également entachés d'erreur. | Pour MM. Huxley et Parker, comme pour M. Milne Edwards, les trois dents stomacales viennent frapper l’une contre l’autre et la trituration des aliments est due à leur action simultanée. M. Nauck (3) a envisagé les mouvements de l’armature sto- macale d’une tout autre manière. Pour lui, chaque paire de muscles gastriques remplit un rôle distinct : en se con- (1) À Manual of the Anatomy etc., p. 321. (2) Parker, loc. cit., p. 56. (3) Nauck, loc. cit., p. 4. 268 F. MOCQUARD. tractant, la postérieure détermine le broiement de la masse alimentaire entre les dents latérales, l’antérieure, un mouve- ment alternatif de la dent médiane sur la dent médio-mfé- rieure, d’où résulte une trituration secondaire des aliments. Enopposition avec M. Huxley, il rapporte le travail de tritu- ration presque uniquement aux dents latérales. Cette manière de comprendre les mouvements et le rôle des dents stomacales me paraît absolument inacceptable. En pre- miér lieu, les deux paires de muscles gastriques n’agissent pas séparément, la postérieure pour mouvoir les dents latérales, l’antérieure la dent médiane. Que le système articulé des pièces qui composent l’armature stomacale soit mis en mou- vement par les muscles gastriques antérieurs seulement, ou par les muscles gastriques postérieurs, ou par les deux paires en même temps, les mouvements relatifs de ces pièces les unes sur les autres seront exactement les mêmes, à amplitude égale. Cela résulte manifestement de ce fait, que les pièces du système se meuvent autour d'axes déterminés et dont la direc- üon est invariable. En outre, toute contraction des muscles gastriques à pour effet d’écarter l’une de l’autre les pièces mésocardiaque et pylorique et, par conséquent, les dents mé- diane et médio-inférieure, qui sont forcément entraînées avec elles; un mouvement alternatif de la première dent sur la seconde ne peut donc avoir lieu. Même en admettant que ce mouvement füt possible, on pourrait se demander à quoi sert la dent médiane dans le plus grand nombre des cas, puisque ce n'est qu’exceptionnellement que la valvule cardio- pylorique, ordinairement membraneuse, se transforme en dent médio-mférieure. M. Nauck fonde son opinion sur cette seule considération, que © si la dent médiane devait concourir à la mastication en première ligne par son frottement sur les dents latérales, celles- ci devraient présenter des traces importantes d'usure (1). » Mais cette usure se produit effectivement ; on en voit le plus (1) Loc. cil., p. 4. ARTICLE N° {4 ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 269 souvent des traces non équivoques. Pour en apprécier limpor- lance, il faudrait pouvoir comparer les dents stomacales, chez une espèce donnée, immédiatement avant et après la mue. C’est une observation qui n’a pas été faite; mais la compa- raison que J'ai établie entre ces dents chez les Crabes enragés très jeunes et chez ceux dont le développement est à peu près complet, ne peut laisser aucun doute sur la réalité du phéno- mène. Œsterlen lui-même (1) « a souvent trouvé, chez l’Écre- visse, dans les vieux appareils stomacaux, une des pointes de la ent médiane usée ou brisée; » et 1l regarde ce fait comme « la preuve qu’un frottement qui n’est pas sans importance doit avoir lieu, » ce qui ne l’empêche pas, plus loin, de nier que les dents stomacales puissent servir à la trituration des aliments. Cette observation n’en a pas moins sa valeur. Chez l’Écrevisse, en effet, la valvule cardio-pylorique est membra- neuse ; 1l n’y a pas de dent médio-inférieure et l’usure de la dent médiane ne peut reconnaitre pour cause que son frotte- ment sur les dents latérales. En résumé, la trituration des aliments dans l’estomac ne s'effectue pas de la manière indiquée par M. Nauck. Dans ses Lectures on general natural History, M. Huxley dit qu'il a été « impuissant à faire contracter les muscles gas- triques sur des Écrevisses récemment ouvertes. » Plus heureux que le savant anglais, j'ai pu observer sur des Sténorhynques les contractions de ces muscles, ainsi que les mouvements de l’armature stomacale. Voici les détails de cette observation. Je recueillis un jour, à Concarneau, un certain nombre de Sténorhynques ; en cherchant à en déterminer l’espèce (c'était le Sc. phalangium), je remarquai que chez plusieurs d’entre eux les téguments, d’un aspect corné et d’une transparence remarquable, laissaient voir nettement les organes sous-ja- cents, en particulier les muscles gastriques et les contours des pièces de l’armature stomacale ; mais partout l'appareil était inactif. Sur un de ces Sténorhynques à téguments transpa- (1) Œsterlen, loc. cit., p. 395. ANN. SC. NAT., ZOOL., NOVEMBRE 1885. XVI. 19. — ART. N° Î. 270 EH. MOCQUARD rents, je praliquai une incision sur le bord postérieur de la carapace el, avec la pointe du scalpel, j’excitai vivement l'animal. De faibles mouvements de la pièce mésocardiaque se produisirent d’abord, puis tout à coup ils devinrent extrè- mement énergiques et se continuèrent pendant un temps assez long, sans nouvelles excitations. La pièce mésocardiaque, qui, à l’état de repos de lPappareil, se trouve sur la mème ligne transversale que les pièces ptérocardiaques, comme on le voit chez le Maia (fig. 58), se portait en avant d’un mouvement rapide; lextrémité interne des pièces ptérocardiaques suivait ce mouvement, tandis que l’externe se dirigeait en dedans en même temps que l'extrémité antérieure du manubrium, de telle sorte que ces pièces devenaient très obliques sur leur di- rection première et se rapprochaient de là direction antéro- postérieure. En d’autres termes, l’armature stomacale, qui avait d’abord l’aspect d’un triangle à sommet tronqué et tourné en arrière, prenait, au moment de la contraction des muscles gastriques, la forme d’un ovale très allongé à grand axe longitudinal. L'appareil revenait à sa position d'équilibre ; les muscles se contractaient de nouveau, la pièce mésocar- diaque reprenait sa marche en avant, et ainsi de suite avec beaucoup de régularité. Il était de toute évidence que, dans ce mouvement, la dent médiane venait en contact avec les tubercules antérieurs des dents latérales et s’éloignait considérablement de la valvule cardio-pylorique. Les mouvements que lon communique à l’appareit en tirant sur les pièces mésocardiaque et pylorique, comme l'ont fait MM. Huxley et Parker, ne donnent qu’une idée très affaiblie de l'énergie et de l'amplitude de ceux dont je viens de parler. On aurait pu croire qu'en même temps que la pièce méso- cardiaque se meut en avant, la pièce pylorique est entrainée en arrière par les muscles gastriques postérieurs. Je n'ai pas observé ce mouvement et, s’il existe, 11 doit être très faible; il serait même impossible dans tous les cas où le faisceau externe du musele gastrique postérieur traverse l’adducteur des man- ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 271 dibules, et ni les pièces zygocardiaques (Parker), ni les pièces ptérocardiaques (Huxley) n’exécutent de mouvement en ar- rière. Les muscles gastriques postérieurs semblent donc moins destinés à mouvoir les pièces pylorique et exopyloriques qu'à les maintenir. En avant de l’armature stomacale, on voyait également le sac cardiaque, que remplissaient des matières de couleur rougeàtre, se contracter violemment et exécuter des mouve- ments indépendants de ceux de l’armature. J’ai renouvelé cette observation sur d’autres individus en les excitant comme je l’avais fait; mais je n’ai pas toujours réussi à provoquer des mouvements aussi étendus, et je ne puis dire quel est le mode d’excitation qui les déterminera sérement. Cette expérience, qu'on peut répéter sur des Sténorhynques et probablement sur d’autres Décapodes, nous montre claire- ment la manière dont s’accomplissent les mouvements de cer- taines pièces de l’armature stomacale, d’où l’on peut déduire ceux de toutes les autres. Considérons d’abord l’octogone articulé décrit au début de ce travail. Au moment où la pièce mésocardiaque est tirée en avant, elle entraîne avec elle l'extrémité interne des pièces ptérocardiaques; un faisceau du muscle gastrique antérieur agit même directement, comme on l’a vu, sur cette extrémité chez les Brachyures. En même temps, ces pièces se meuvent sur la première autour d’un axe oblique en avant, en bas et en dedans, et leur extrémité externe, ainsi que l'extrémité an- térieure des pièces zygocardiaques, se porte en dedans et en bas. Il serait facile, connaissant la force développée par la contraction des muscles gastriques, de trouver la composante de cette force qui agit pour produire ce dernier mouvement et accroître l’angle formé, de chaque côté, par ces pièces. Les mouvements des pièces ptérocardiaques sont donc assez complexes ; les suivants le sont beaucoup moins. Le peu de mobilité des pièces exopyloriques sur les pièces zygocardiaques permet de les considérer comme faisant corps 272 l. MOCQUARD. avec celles-ci, ce qui à lieu en réalité dans quelques cas. L'ensemble des deux pièces se meut donc autour de l’articu- lation des pièces exopyloriques avec la pièce pylorique, dont l'axe on le sait, est dirigé en bas et en arrière. Les dents laté- rales prennent évidemment le même mouvement angulaire; leurs extrémités antérieures se rapprochent et arrivent au contact sur la ligne médiane; mais à partir de ce point elles restent écartées l’une de l’autre en faisant entre elles un angle aigu ouvert en arrière. C’est donc à l'extrémité antérieure des dents latérales que se trouve, abstraction faite du frottement qu’exerce sur elles la dent médiane, la résistance qu’elles ont à vaincre. Les pièces zygocardiaques jouent par conséquent le rôle de leviers du second genre ou interrésistants : le point d'appui est placé sur le bord postérieur de la pièce exopylo- rique, la résistance à l'extrémité antérieure de la dent, et la puissance, dirigée en dedans, à l'extrémité antérieure du manubrium. Le bras du levier de la puissance étant ainsi toujours beaucoup plus long que celui de la résistance, la dis- position est très favorable pour une action énergique plus puissante que la force appliquée au levier. Quant au mouvement de la pièce urocardiaque, de la dent médiane et de la pièce propylorique, il est fort simple. Chez tous les Décapodes brachyures et chez ies Macroures où la dent médiane est en continuité avec la pièce urocar- diaque, ou plus généralement, chez les Macroures où cette dent s’unit à la pièce propylorique par une articulation très mobile, la pièce mésocardiaque, dans son mouvement alter- natif d’arrière en avant et d'avant en arrière, entraine avec elle la pièce urocardiaque et la dent médiane, qui se meuvent de la même manière. L’extrémité inférieure de la pièce pro- pylorique suit le mouvement de la dent médiane; cette pièce qui, à l’état de repos de l'appareil, est dirigée en bas et en arrière, se rapproche donc de la verticale, l’alteint, la dépasse er devient oblique en sens inverse; elle revient ensuite à sa position initiale pour recommencer le même mouvement. En uu mot, la pièce propylorique exécute un mouvement angu- ARTICLE N° {. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTIHALMAIRES. 973 laire autour d’un axe transversal passant par les extrémités de son bord supérieur, ainsi que je l’ai déjà fait voir, et elle se meut exactement comme une manivelle à laquelle une bielle, représentée par la pièce urocardiaque, communiquerait un mouvement d’oscillation. La dent médiane effectue un mouvement de va-et-vient dans le sens longitudinal; mais sa liaison avec la pièce pro- pylorique l’oblige à se mouvoir sur un arc dont la convexité regarde en bas. Pendant son mouvement d’arrière en avant, elle s'engage dans l'intervalle anguleux que laissent entre elles les dents latérales, et elle est maintenue, comme par un contrefort, par la pièce propylorique qui l'empêche de se soulever sous la résistance des aliments (a). C’est grâce à la pièce propylorique qu’elle peut broyer ceux-e1 sur les arêtes transversales des dents latérales, en agissant par frottement et par pression, comme le fait une meule de moulin. La com- paraison établie par MM. Huxley et Parker est donc exacte, mais elle n’était pas justifiée. De plus, dans les cas où la dent latérale se termine en avant par un tubercule très saillant (Gyelométopes, Oligorhynques, ete.), la dent médiane vient presser sur ces tubercules et constitue avec eux une pince à trois branches. Gette pince fait défaut chez beaucoup de Cato- métopes, les Astaciens, etc., et existe seule chez les Palinu- rides. Lorsque la dent médiane fait corps, ou se meut comme si elle faisait corps avec la pièce propylorique (Palinurides, As- taciens), ce n’est plus un simple mouvement de va-et-vient qu’elle exécute; elle forme alors avec cette pièce un levier du troisième genre (fig. 164, 166) qui se meut autour de l’axe supérieur d’articulation de la pièce propylorique ; la puissance est appliquée au point où la pièce urocardiaque s'articule avec la dent médiane, et la résistance, sensiblement au sommet de la dent. Le bras de levier de la puissance est donc plus (a) On a vu que la pièce subdentaire joue un rôle analogue vis-à-vis des dents latérales. 274 F. MOCQUARD. court que celui de la résistance ; la force mise en jeu perd de son intensité, mais le mouvement de la dent médiane y gagne en étendue. | En résumé, au moment de la contraction des muscles gas- triques, la dent médiane se meuten avant, en même temps que les dents latérales se rapprochent par leurs extrémités anté- rieures; la première s'engage dans l’espace anguleux que celles-e1 laissent entre elles et écrase sur les arêtes transver- sales ou sur les tubercules antérieurs dont elles sont armées les aliments préalablement amenés entre ces dents par les peignes. Les muscles gastriques se relàchent et l’appareil est ramené à sa position d'équilibre par l'élasticité de ses articu- lations et par l’action du musele cardio-pylorique; survient une nouvelle contraction des muscles gastriques qui reproduit les mêmes mouvements, et ainsi de suite. On remarquera enfin que, lorsque l’armature stomacale est en activité, les aliments, pressés sur les côtés par les dents latérales et d’arrière en avant par la dent médiane, tendent à s'échapper vers le haut, à raison de la direction oblique en bas et en dedans de la surface triturante des premières. En s’éten- dant au-dessus de l'intervalle qui sépare ces dents, la pièce urocardiaque prévient la sortie des aliments, et c’est sans doute aux points où la résistance qu’elle oppose doit être le plus considérable que se développent les éninences urocar- diaques.Ges saillies ne servent donc, à mon avis, qu’à accroître la puissance de résistance de la pièce qui les porte. Dans tout ce qui précède, aucun rôle n’a été assigné à la dent médio-inférieure, en tant qu’organe de trituration. On ne comprendrait pas cependant qu’offrant tous les caractères d’une dent, elle n’en remplit pas les fonctions. Située au-des- sous, un peu en arrière et très rapprochée de la dent mé- diane, elle ne peut se mettre en contact qu'avec cette dent; :on a déjà vu toutefois que toute contraction des muscles gas- triques éloigne ces dents l’une de l’autre, et que la seconde ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 975 n’exécute pas sur la première de mouvement alternatif. Mais sur les côtés de l'estomac se trouve le musele élévateur de la valvule cardio-pylorique (fig. 219, 294, etc., D), dont les contractions, même si ce muscle était considéré comme abais- seur de la pièce zygocardiaque, ont nécessairement pour effet de déterminer le choc des dents médiane et médio-infér'eure, plus généralement, d'amener en contact la dent médiane avec le sommet de la valvule cardio-pylorique et d'interrompre la communication entre les deux divisions de l’estomac. Si des aliments sont compris entre les deux dents au moment du choc, il est évident qu'ils pourront être écrasés, broyés. A l’appui de ce qui précède, je ferai remarquer cette coïn- cidence que le développement des auricules, et par consé- quent de la surface d'insertion du muscle D, est précisément en rapport avec celui de la dent médio-mférieure. Chez les Brachyures, partout où les auricules manquent ou sont rudi- mentaires, la valvule cardio-pylorique a son sommet mem- braneux, tandis que chez les Catométopes, et en particulier chez les Grapsiens et les Ocypodiens, où la dent médio-infé- rieure est le plus fortement constituée, les auricules sont extrèmement développées (fig. 22, a), en même temps que le musele qui s’y insère acquiert plus de puissance. Le pouvoir triturant de ces dents doit néanmoins se réduire à peu de chose, même dans les cas les plus favorables. En effet, la conformation de la dent médio-inférieure est sans relations avec celle de la dent médiane; les courbures des surfaces qui doivent se mettre en contact ne sont pas réci- proques, et, dans certains cas, on voit l’une des dents varier et l’autre conserver la même forme. Ainsi, chez les Lithodes, les Paguriens, les Porcellaniens, les Galathéides, la dent médio-inférieure se compose d’une double série de lamelles triangulaires plus ou moins tronquées et presque toujours flexibles ; mais tandis que chez les uns la dent médiane pré- sente une large surface triturante (Porcellanes, Pagures, Li- thodes), chez les autres (Génobites, PBirqus) cette dent est relevée d’une arête médiane très saillante et prend la forme 276 F. MOCQUARD. d’un coin. Nouvelle preuve que ces dents ne sont pas desti- nées à frotter l’une sur l’autre. Dans les groupes que je viens de citer, les lamelles qui constituent la dent médio-inférieure me paraissent devoir agir simplement comme un crible, ne laissant passer, au moment où la communication entre les deux divisions de l'estomac est interrompue, que les parcelles suffisamment ténues pour pouvoir être admises dans le conduit pylorique. Ailleurs, les soies qui garnissent le sommet de la valvule, ainsi que les bourrelets membraneux dont cette valvule est entou- rée, jouent un rôle analogue. On peut se demander si les mouvements de l’armature sto- macale sont volontaires ou s'ils sont de nature réflexe. Autant que je sache, Guvier est Le seul, parmi les naturalistes que j'ai cités, qui se soit posé la question, et, d’après lui, les muscles gastriques «€ ne peuvent manquer d'être soumis à la vo- lonté (1). » L'opinion de Cuvier me parait exacte et démontrée par ce fait que, lorsqu'on a provoqué les contractions des muscles gastriques, elles se continuent en dehors de toute excitation nouvelle, exactement comme celles de l’œsophage et de l’orifice buccal, dont les mouvements sont évidemment volontaires. Il sera bon, cependant, de contrôler cette con- clusion par l’examen des terminaisons nerveuses dans ces muscles. CHAPITRE III SYSTÈME NERVEUX STOMATO-GASTRIQUE. Les museles de l'estomac reçoivent leurs nerfs d’un système particulier que Brandt a désigné d’une manière générale chez les Articulés sous le nom de stomato-gastrique. Découvert par Swammerdam chez les Insectes, ce système (1) Cuvier, Leçons d'anat. comp., 2° édit., t. V, p. 221. ARTIGLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 211 fut ensuite décrit chez diverses espèces du groupe par Lyon- net, J. Müller, Newport, Brandt et E. Blanchard. Dans la classe des Crustacés, Suckow (1) en a d’abord signalé la portion impaire ou médiane, qu’il a considérée comme un nerf du cœur. En 1898, MM. Audouin et H. Milne Edwards (2) décrivirent chez le Homard des « nerfs gastriques » qui naissent du collier œsophagien, remontent sur les parois latérales de l’æsophage, fournissent à l’estomac un grand nombre de rameaux anas- tomosés entre eux et s'unissent enfin sur la ligne médiane ; « le tronc unique qui en résulte passe entre les deux muscles antérieurs de l’estomac, se dirige en arrière et se ramifie sur ce viscère, ses muscles et sur les parois du canal intestinal. » Ces nerfs existaient également chez la Langouste et le Maïa. C’est la première mention qui soit faite, chez les Crustacés, de nerfs venant des connectifs œsophagiens et se rendant à l’esto- mac. Brandt (3) confirma, chez l'Écrevisse, l'existence d’un nerf impair et reconnut les cordons latéraux décrits par Audouin et M. H. Milne Edwards. Quelques années plus tard (4), il fit de ce système de nerfs une étude plus complète et en général exacte, chez l'Écrevisse, et constata qu'il ne diffère pas essen- tellement chez le Homard et les Crabes. Krohn (5) le décrivit également chez l’Écrevisse, et avec plus de détails que ne l’avait d’abord fait Brandt. Les figures dont 1l accompagna sa description représentent avec exacti- tude le mode d'union des racines latérales du système ; mais il désigne leur ensemble sous le nom de « plexus stomacal, » qui est tout à fait impropre. (1) Suckow, loc. cit., p. 62, pl. 11, fig. 7 g. (2) Audoin et H. Milne Edwards, Recherches anatomiques sur le système nerveux des Crustacéès (Ann. sc. nat., t. XIV, p. 86, pl. 6). (3) Brandtet Ratzeburg, Medizinische Zoologie, ? partie, p.64, pl.XI, fig. 1. (4) Brandt, Remarques sur les nerfs stomato-gastriques (Ann. sc. nat., Zool., % série, t. V, p. 81, pl. 4, 1836). (5) A. Krohn, Ueber die Verdaungsnerven des Krebses (Isis, ann. 1834, te NXNIT col: 529, pl. 12/fir. let 2). 278 F. MOCQUARD. La description qu’en donna ensuite Schlemm (1), chez le même Macroure, diffère de celle de Brandt en ce que le nerf stomato-gastrique y a été suivi Jusque sur le foie. Dans ses Lectures on general natural History, M. Huxley (2) a résumé les connaissances acquises à cette époque sur le sto- mato-gastrique de l’Écrevisse. Avec Brandt, Krohn et Schlemm, il en considère le tronc médian comme le prolongement de la racine cérébroïde, ce qui manque d’exactitude. Cesystèmefutdenouveauétudiéen 1868 par M.V.Lemoine (3) chez l’Écrevisse. Pour ce naturaliste comme pour Krohn, les racines paires du système forment un plexus qu'il nomme € pleæus antérieur à l’estomac. » M. Lemoine découvrit une seconde racine cérébroïde, la cracine cérébroïde supérieure, » ainsi qu'un «€ nerf cardiaque, » qui naîtrait de l’extrémité postérieure du ganglion stomato-gastrique, s’accolerait à la face inférieure de Partère céphalique et aboutirait au cœur. Mais, d’une part, 1l est impossible de voir un plexus dans la disposition si simple et toujours symétrique des deux racines paires du système nerveux stomato-gastrique, où Jamais on ne rencontre cet enchevêtrement qui caractérise les plexus. En second lieu, je n’ai trouvé ni chez les Brachyures, ni chez les Macroures, la racine cérébroïde supérieure décrite par M. Le- moine et je crois qu'il y a eu confusion. De la face supérieure des ganglions cérébroïdes naît bien un nerf, impair chez le Homard et l’Écrevisse, pair chez la Langouste, qui se dirige en haut et en arrière ; mais il se rend aux muscles moteurs de l’an- neau ophthalmique ou des pédoncules oculaires, insérés sur appareil tendineux céphalique, et non au tronc du stomato- gastrique. (Ge filet nerveux n’a rien de commun avec le nerf moteur oculaire qui accompagne le nerf optique.) Enfin, 1l existe effectivement un nerf cardiaque qui suit le trajet de l'artère céphalique, mais il est situé sur cette artère (Écrevisse, (1) Schlemm, De Hepate ac Bile Crustaceorum et Molluscorum quorundam, 1844, p. 17, pi. I, fig. 1, et pl. IT, fig. 13. (2) Huxley, The Medical Times and Gazette, etc., p. 253, (3) Lemoine, loc. cit., p. 202. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 979 Homard, Langouste, Tourteau) et non en dessous ; il ne naît pas, au moins chez la Langouste, du tronc du stomato- gastrique, mais directement des ganglions cérébroïdes par deux races. J’en ai récemment décrit le trajet chez ce der- nier Macroure (1) et je me propose de l’étudier prochainement d’une manière plus complète. M. Lemoine semble, au surplus, avoir compliqué comme à plaisir le système nerveux dont il s’agit. Pour lui, c’est «entre les muscles antérieurs de l’estomac que se trouve le centre de tout cet appareil » et ce centre serait le ganglion stomato- gastrique ; « la partie centrale du système située au-devant de lestomac » est le « nerf impair médian, » et le cordon nerveux qui en est la continuation est regardé comme « émanant » du ganglion et appelé « nerf qastro-hépatique (2). » Toutes ces parties constituent simplement le nerf stomato-gastrique avec son ganglion. Quelques erreurs ou omissions seront encore signalées dans la suite dans le mémoire de M. Lemoine. Malgré les travaux que je viens de rappeler, le système nerveux stomato-gastrique est encore mal connu dans ses rap- ports, sa distribution et son rèle physiologique, ce qui s’expli- que par ce fait qu'il a toujours été décrit indépendamment de l'appareil musculaire auquel il est principalement destiné. Dans leur trajet sur l'estomac, le nerf stomato-gastrique et ses rameaux rampent sur la couche musculaire et n’y pénètrent ordinairement que pour s’y distribuer. On les met à découvert, comme les muscles, en enlevant la membrane mince et trans- parente qui forme la tunique externe de l’organe. Les branches des artères antennaires reposent sur la même couche et croisent tantôt en dessus, tantôt en dessous les filets du sto- mato-castrique.. M. Lemoine (3) considère la distinction de ces deux ordres de rameaux comme « fort difficile, si les artères sont vides de sang; presque impossible, si, pour éviter cette (1) Bulletin de la Société philomatique, 1883, 7° série, t. VIT, p. 55. (2) Lemoine, loc. cit., p. 204, 212, 213. (3) Loc. cit., p. 205. 280 FF. MOCQUARD. cause d'erreur, on à antérieurement injecté les vaisseaux en question, car la branche nerveuse est alors presque introu- vable. Le procédé le moins défectueux, continue M. Lemoine, consiste à laisser les artères sans injection, mais à les étudier tout d’abord d’une manière tellement complète que toute con- fusion topographique soit ainsi prévenue. » Si le trajet par- couru par les fins rameaux artériels est aussi inconstant que celui des filets nerveux secondaires, ce procédé est illusoire. Le travail préalable exécuté par M. Lemoine est d’ailleurs inutile : la continuité du système nerveux rend impossible toute confusion, et tout rameau qui ne satisfait pas à cette condition de continuité n’a évidemment aucune signification. L'étude du système stomato-gastrique n’est cependant pas exempte de difficultés. Sur les animaux frais, les nerfs sont semi-translucides et difficiles à suivre, même avec les meil- leures loupes ; l'emploi des réactifs jouissant de la propriété de les rendre plus apparents est donc indispensable. L'alcool conviendrait parfaitement, s’il ne blanchissait les autres tis- sus en même temps que les nerfs ; le bichlorure de mercure en solution alcoolique concentrée et appliqué au pinceau, comme l’a déjà employé M. Lemoine, rendra des services; mais le réactif qui me parait le plus avantageux est la hiqueur de Mül- ler. Ce liquide, en effet, colore en brun plus ou moins foncé la plupart des tissus, en particulier le tissu musculaire, tandis que les nerfs gardent une teinte blanc-brünâtre qui tranche nettement sur celle des muscles. Il n’a qu'un inconvénient, c’est que son action doit se prolonger pendant plusieurs mois. Description. — Le système nerveux stomato-gastrique tire son origine des ganglions cérébroïdes et du renflement gan- glionnaire que présente le collier œsophagien. a. Ce renflement, toujours situé sur les côtés de l’œæsophage à peu près à égale distance de ses bords antérieur et postérieur, et que l’on désigne habituellement sous le nom de ganglion mandibulaire, fait, sur le bord inférieur du connectif, une saillie triangulaire dont le sommet tourné en bas est arrondi. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 281 Il est généralement très saillant chez les Brachyures (Tour- teau, Maïa, Carcinus mœnas, ete.), particulièrement chez le Maïia (fig. 295, gm). Il en est de même chez la Langouste, mais non chez le Scyllare (fig. 232). La base en est plus éten- due et la hauteur beaucoup moindre chez la Galathée (fig. 224); il est relativement petit chez te Homard (fig. 229) et le Néphrops, sensiblement plus développé chez l’Écrevisse. Plusieurs rameaux nerveux en partent; ce sont : les deux racines paires du nerf stomato-gastrique, un nerf qui se rend sur la partie postérieure de la paroi latérale de l'estomac ou nerf postéro-latéral (Huxley), exceptionnellement un nerf man- dibulaire et ordinairement plusieurs rameuux æsophagiens. Ces dermiers (nœ) naissent tantôt du ganglion, comme on le voit chez le Homard, le Maïa, tantôt des racines du nerf sto- mato-gastrique et pénètrent, après un court trajet, dans les muscles dilatateurs latéraux et le muscle constricteur de l’œsophage. Ainsi que Cuvier (1) l'avait observé chez l’Écrevisse, un nerf se détache du collier œsophagien et se dirige en dehors, en avant du muscle abducteur des mandibules, auquel il envoie des rameaux ; mais 1l n’est pas uniquement destiné à ce muscle et 1l fournit aussi à l’adducteur externe (fig. 229, ad), que Cuvier (2) croyait à tort manquer chez les Macroures, ainsi qu'aux parties voisines. Ces muscles recoivent en outre des filets du premier ganglion thoracique. Ce nerf mandibulaire naît, chez l’Écrevisse, à l’extrémité postérieure du ganglion, ordinairement un peu en arrière chez le Homard et le Néphrops (fig. 229, mm). Il m'a paru manquer constamment chez la Galathée. Chez la Langouste, le Tourteau, le Musa, le Portunus puber, il prend naissance bien au-delà du ganglion ou manque, comme chez la Galathée, et dans ce dernier cas les muscles des mandibules ne reçoivent des nerfs que de la masse gan- elionnaire thoracique. La dénomination de ganglion mandibu- laire appliquée au renflement situé sur le trajet des connectifs (1) Cuvier, Leç. d’anat. comp.., 1r° édit., t. LE, p. 319. (2) Ibid., 2° édit., t. V, p. 120. 282 l. MOCQUARD. œæsophagiens ne serait donc justifiée que dans quelques cas particuliers, et celle de ganglion œsophagien me paraît préfé- rable. b. Les plus importants de tous les rameaux issus de ce gan- olion, sont les racines paires du nerf stomato-gastrique ou Qorigines pédonculaires » de M. Lemoine, découvertes, ainsi que le ganglion lui-même, par Audouin et M. H. Milne Edwards. On peut les distinguer en inférieure et supérieure (fig. 224, 2925, 229,259, ri, rs). Elles émergent ordinairement, la première au sommet du ganglion, la seconde sur son bord antérieur ou dans l'angle que forme ce bord avec le connectif œsophagien. Chez le Scyllare, cette dernière naissait du bord supérieur du connectf, à la limite antérieure du ganglion (fig. 239, rs). Elles se comportent ensuite de la manière sui- vante. Après s'être d’abord dirigée en bas et souvent un peu en arrière (Tourteau, Maia, Langouste), la racine inférieure (ri) se recourbe en avant, passe sous le muscle dilatateur latéral inférieur de l’œsophage, dont elle contourne le bord posté- rieur (&), gagne la paroi antérieure du conduit œsophagien, sur laquelle elle remonte après avoir croisé de chaque côté le bord inférieur des muscles dilatateurs antéro-supérieurs de ce conduit (fig. 232) et va s’unir à sa congénère sur la ligne mé- diane, entre les insertions de ces muscles. Le cordon nerveux médian qui en résulte sera le tronc d'origine du nerf stomato- gastrique (fig. 224, 299, 939, to). Dans ce trajet, cette racine émet plusieurs rameaux. Quel- ques-uns d’entre eux naissent près de son origine, ou, ainsi que je lai déjà dit, du ganglion mandibulaire lui-même : j’en aiindiqué plus haut la distribution. Plus en avant, un ou deux (a) Je ne m'explique pas l'erreur de M. Vung (1), qui place le ganglion man- dibulaire « un peu en avant de l’œsophage. » Le rapport indiqué dans le texte entre la racine inférieure du nerf stomato-gastrique et le muscle dilatateur latéral inférieur de l’œsophage est constant, et le ganglion en question est toujours appuyé sur le bord postérieur de l’extrémité interne de ce muscle. (1)E. Yung, Recherches sur la structure intime et les fonct. du syst. nerv central chez les Crustacés décapodes (Arch. 3ool. expérim., t. VIT, p. 401). ARTICLE N° Î. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 285 filets s’en détachent et descendent sur la paroi antéro-latérale du conduit æsophagien (fig. 224); enfin au point où elle se recourbe en haut, elle envoie en dedans et en bas une branche volumineuse qui s'engage ordinairement entre les muscles di- latateurs antéro-mmférieurs de l’œsophage, leur fournit des ra- meauxetse termine dans les muscles dulabre (fig. 224,999, nl). Fréquemment on trouve encore un filet nerveux qui nait au- dessus du précédent (mêmes figures) et qui se rend au muscle antéro-inférieur de l’æsophage ; mais il n’est pas constant. À leur extrémité inférieure les nerfs du labre augmentent notablement de volume, puis se subdivisent en une infinité de rameaux anastomosés entre eux. Gette disposition, qui se fait remarquer surtout chez le Maia et le Tourteau, est peut-être en rapport avec les fonctions gustatives du labre ; toutefois, cette hypothèse a besoin d’être confirmée par l'étude des ter- minaisons nerveuses dans cet organe. | Suivant M. Blanchard (1), « dans tous les animaux articulés la lèvre supérieure reçoit des nerfs qui naissent des ganglions cérébroïdes. » Cependant, j'ai toujours vu, chez les Crustacés décapodes, les nerfs du labre provenir de la racine inférieure du stomato-gastrique. À son origine, la racine supérieure (rs) fait avec ta précé- dente un angle voisin d’un angle droit, généralement plus grand, parfois plus petit (Galathée, Astaciens) et se dirige en avant, en dedans et un peu en haut. Elle croise d’abord en dessous le collier œsophagien, dont la sépare quelquefois un faisceau du muscle dilatateur latéral inférieur de l’œsophage (fig. 224), passe ensuite entre les muscles dilatateurs antéro- inférieur de l’estomac et antéro-supérieur de l’œsophage, ou même traverse ce dernier muscle et, un peu au-dessus de l'extrémité supérieure du conduit œsophagien, se réunit en même temps que sa congénère au tronc d’origine, pour consti- tuer le nerf stomato-qastrique. Plusieurs rameaux naissent de cette racine et remontent sur (1) E. Blenchard, Organisation du règne animal, Arachuides, p. 19. 284 F. MOCQUARD. les parois latérale et antérieure de l'estomac; ils s’y ramifient et s’anastomosent entre eux, ainsi qu'avec des filets venant du tronc du stomato-gastrique et du nerf postéro-latéral (fig. 224). Le #ronc d'origine présente une longueur très variable, égale seulement à trois quart de millimètre chez la Galathée, mais qui atteint 4"",5 chez la Langouste, 6 millimètres chez le Scyllare (fig. 239, to). Cette longueur ne dépend pas seulement de la taille des individus, car chez l'Écrevisse, elle est à peu près la même que chez le Homard (2 millimètres) et trois fois plus grande que chez le Néphrops. Ordinairement un peu ren- flé à son extrémité inférieure, le tronc d’origine diminue en- suite de diamètre pour s’élargir de nouveau au point où 1l reçoit les racines supérieures. Les racines paires du stomato-gastrique ’sunissent comme je viens dele dire, sans s’anastomoser autrement ni entre elles, ni avec le tronc d’origine. Cependant, j'ai rencontré excep- tionnellement et seulement chez l'Écrevisse, une branche anastomotique très courte, allant du tronc d’origine à l’une des racines supérieures ; mais cela ne suffit pas pour constituer un plexus. ce. Le rameau nerveux que le système stomato-gastrique recoit directement du cerveau, ou la racine cérébroide du système, est sensiblement plus grêle que les racines latérales (fig. 224, 299, rc). Elle naît du bord postéro-inférieur du cer- veau, entre l’origine des cordons du collier œsophagien et se dirige en arrière sur la ligne médiane; elle croise ordinaire- ment à droite ou parfois W'averse (Homard, Néphrops, Gala- thée) (fig. 229) la partie inférieure de l’appareil tendineux céphalique, s'engage entre les muscles dilatateurs antéro- inférieurs de l'estomac, puis entre les dilatateurs antéro-supé- rieurs de l’œsophage, et va s’unir au trone d’origine, un peu au-dessus de son extrémité inférieure. D’après Suckow, Brandt, Krohn, Schlemm, Huxley, cette racine se recourbe- rait en haut et se prolongerait sur les parois antérieure et supérieure de l’estomac ; en d’autres termes, le tronc médian ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 289 du stomato-gastrique (nerf du cœur pour Suckow) en serait la continuation directe. Suivant M. Lemoine (1), « elle paraît se continuer en grande partie avec le rameau inférieur de lori- gine pédonculaire, » ce qui est plus rapproché de la vérité. J'ai observé chez de nombreux Décapodes la manière dont ces racines s’unissent entre elles, et j'ai toujours vu le tronc d’ori- gine, et par conséquent le nerf stomato-gastrique, continuer la direction des racines latérales et faire au contraire avec la racine cérébroide un angle très aigu ouvert en haut et en avant (fig. 224, 299, 939, 10, re). Il en résulte que ce sont les racines paires inférieures, et non le tronc du stomato-gastrique, qui se trouvent sur le prolongement de cette racine. La racine cérébroïde m'a toujours paru dépourvue de rami- fications. d. Le nerf stomato-gastrique (mèmes figures, #st), constitué, comme on l’a vu, par l’union des racines latérales supérieures avec le tronc d’origine, et d’un diamètre peu différent de celui de ces racines, se dirige en haut et en avant sur la ligne mé- diane, appliqué sur la paroi antérieure de l’estomac, à laquelle il fournit quelques rameaux. Arrivé au niveau du bord antéro- supérieur de cet organe, il se recourbe en arrière pour en ga- oner la paroi supérieure, en même temps qu'il se renfle en un ganglion fusiforme, le ganglion stomato-gastrique (qst), d’où partent quelques filets nerveux; il s'engage ensuite entre les muscles gastriques antérieurs, où 1} émet ordinairement une paire de rameaux allongés et assez volumineux, les branches latérales (brl), et, dans le voisinage du bord postérieur de la pièce mésocardiaque, quelquefois en avant, le plus souvent en arrière, se divise en deux branches terminales (brt) sur un élargissement triangulaire plus ou moins accusé (e'). Dans la partie ascendante de son trajet, 1l passe, chez la Galathée et le Pagurus granulutus, sous l’arcade très étroite que forme, en se divisant et se fixant sur l'estomac, la lame fibreuse venant de l'appareil musculo-tendineux céphalique, (1) Loc. cit., p. 210. ANN. SC. NAT., ZOOL., NOVEMBRE 1885. XVI. 19. — ART. N° 1. 286 F. MOCQUARD. et 1l se trouve ensuite situé entre cette lame en avant et l’esto- mac en arrière. Gette particularité, que je n’ai rencontrée ni chez les Astaciens, ni chez la Langouste, ni chez les Bra- chyures (Maïa, Tourteau, Portunus puber), mais qui m’a sem- blé exister aussi chez le Scyllare, rend assez difficile, surtout si elle est ignorée, l’isolement du nerf en ce point. Depuis le renflement ganglionaire qu’il présente jusqu’au point où 1l se bifurque, le nerf stomato-gastrique est situé sous l'artère céphalique, dont le sépare la membrane périto- néale de l’estomac. Les filets envoyés par ce nerf sur la paroi stomacale anté- rieure (fig. 224, 229, /c) se distribuent au muscle constricteur du sac cardiaque et s’anastomosent avec des rameaux prove- nant de la racine latérale supérieure. Le ganglion stomato-gastrique fut d’abord décrit par Krohn chez l’Écrevisse (1); mais il avait été entrevu par J. Müller (2) et, comme à M. Lemoine, 1l lui avait paru relié au cerveau. En général, il est volumineux, allongé et fusiforme (fig. 224, 2929, 230, gst). Les rameaux qui en partent sont toujours fort grêles et se rendent pour la plupart aux muscles dilatateurs antéro-supérieurs de l'estomac; mais, de même que les pré- cédents, ils n’offrent rien de constant ni dans leur nombre, ni dans leur trajet chez les divers genres de Décapodes aussi bien que chez les individus d’une même espèce. Chez l’Écre- visse, d’après M. Lemoine, ce ganglion serait situé au milieu des fibres des muscles gastriques antérieurs, ce qui en ren- drait la dissection particulièrement laborieuse (3). Une sem- blable erreur serait difficile à expliquer : le ganglion stomato- gastrique, chez les Brachyures et les Macroures supérieurs, n’est Jamais en contact avec ces muscles; il se trouve bien entre eux, mais sur un plan inférieur (fig. 224) et en un point (1) Krohn, loc. cit., col. 530, pl. XIE, fig. 1 et 2 m. (2) J. Müller, Ueber ein eigenthümliches dem Nervus sympathicus analoges Nervensystem der Eingeweide bei den Insecten (Nova Acta phys. med. nat. curios., 1828, t. XIV, p. 98). (3) Lemoine, loc. cit., p. 205. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 287 où leur écartement est toujours assez considérable, même chez l’Écrevisse (fig. 218, 290, etc.). Il est enveloppé d’une gaîne de tissu conjonctif qui le maintient appliqué sous la partie supérieure de l’appareil musculo-tendineux si souvent mentionné (fig. 228, mc), et qu’il suffit d'ouvrir pour le dé- gager. La dissection en est d’ailleurs beaucoup plus facile, aussi bien que celle des racines du système, si on l’exécute l'animal étant couché sur le côté, au lieu de découvrir d’abord le tronc du stomato-gastrique par le côté dorsal et de le pour- suivre ensuite « le plus loin possible, » comme le conseille M. Lemoine. Les branches latérales paraissent constantes. Elles naissent, chez les Macroures, à peu près à égale distance du ganglion et de l’extrémité postérieure du nerfstomato-gastrique (fig. 220, 223, 230, brl), beaucoup plus en avant, dans le voisinage du ganglion chez les Brachyures (fig. 218). La direction en est ordinairement transversale dans le premier groupe (Birqus, Galathée, Astaciens), très oblique d’avant en arrière, et de dedans en dehors dans le second. Chez la Langouste (fig. 230), cette obliquité était inverse et les branches latérales se diri- geaient en dehors et en avant. Enfin, 1l arrive encore assez fréquemment qu’elles ne naissent pas au même niveau. Le plus souvent, au point où elles se dégagent, le nerf stomato- gastrique présente un renflement allongé (fig. 230, r) ou un élargissement quadrangulaire, comme on le voit chez le Bir- gus (fig. 220), mais rarement aussi accusé. Dans leur trajet, ces branches croisent en dessus ou traver- sent en partie (fig. 220) les muscles gastriques antérieurs, qui en recoivent des rameaux; elles contournent l’articulation des pièces ptérocardiaques et zygocardiaques, gagnent la paroi latérale de l’estomac, aux muscles, mtrinsèques de laquelle elles fournissent des filets, continuent leur trajeten arrière en restant le plus souvent sur ces muscles, et se terminent en gé- néral en s’amastomosant, au-dessous de l’extrémité postérieure de la pièce zygocardiaque, avec des rameaux venus des bran- ches terminales (Tourteau, Birqus, Homard, Néphrops). Tou- 288 F. MOCQUARD. telois, je n'ai pu constater ces anastomoses chez la Galathée, où les branches latérales sont extrêmement grêles et se perdent dans les muscles Imtrinsèques de la paroi cardiaque latérale (fig. 224). Chez la Langouste, ces branches nerveuses semblent s’épui- ser complètement dans les muscles gastriques antérieurs et les dilatateurs antéro-supérieurs de l'estomac (fig. 230). II en est de même parfois chez le Homard (fig. 228). Dans un cas, chez ce dernier Macroure, au-dessous du ganglion sto- mato-gastrique naissaient, sur un léger renflement (fig. 229), deux paires de filets nerveux : Pun, court (/c), se ramifiait immédiatement sur la paroi stomacale; lPautre, très long (), le dirigeait en bas et en dehors, passait au-dessous du musele dilatateur antéro-supérieur de estomac, côtoyait le bord infé- rieur des gastrolithes et parcourait la paroi cardiaque latérale pour se terminer comme le font d'ordinaire les branches latérales qu’elles suppléaient en partie. Chez les Brachyures, les branches latérales s’anastomosent sur la paroi cardiaque dorsale avec des rameaux provenant du tronc ou des branches terminales du nerf stomato-gastrique ; mais rarement ces anastomoses offrent le degré de complica- tion qu’on leur voit chez le Tourteau (fig. 218). La disposition en est d’ailleurs essentiellement variable chez une même espèce. Je ne les ai rencontrées chez aucun Macroure, ce qui tient sans doute à la direction transversale que prennent habituellement les branches latérales chez ces Décapodes. On remarquera enfin que ces branches avec leurs rameaux offrent une tendance à la symétrie, mais qu’en fait cette symé- trie n’est jamais réalisée. Avant de se bifurquer, le nerf stomato-gastrique émet en- core quelques filets très fins destinés à la paroi dorsale de \ l'estomac. Ses deux branches terminales (fig. 218, 290, 293, 298, 930, bre) se séparent en faisant entre elles un angle voisin d’un angle droit chez les Macroures, toujours beaucoup moindre chez les Brachyres. Elles se dirigent en dehors et en ARTICLE N° Î. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 289 arrière, traversent obliquement la voûte cardio-pylorique et gagnent la paroi latérale de l’estomac, où elles contournent en dehors linsertion des museles gastriques postérieurs en même temps qu’elles croisent, en passant en dessus, un gros rameau de l’artère antennaire ; elles descendent alors presque verticalement (fig. 224, 226, 931), à peu près à la limite des deux régions cardiaque et pylorique, un peu au delà du bord postérieur du faisceau musculaire intrinsèque D, puis, à quelque distance au-dessus de la pièce sus-ampullaire moyenne, elles se recourbent en arrière. Elles parcourent ensuite, suivant sa longueur, la paroi pylorique latérale et se divisent enfin en plusieurs rameaux, dont les uns se rendent sur l'extrémité antérieure de l’intestin, les autres sur les con- duits biliaires et au foie. Ce trajet, comme celui du nerf stomato-gastrique et de ses racines, est constant chez les Macroures supérieurs aussi bien que chez les Brachyures. L’élargissement que présente, à son extrémité postérieure, le nerf stomato-gastrique, est très inégalement développé et consiste le plus souvent en un léger renflement (fig. 218, 290, 293, etc., e'); cependant, chez le Néphrops et l’Écrevisse, il est large, triangulaire et aplati. Il à été longuement décrit chez ce dernier Macroure par M. Lemoime (4); mais il ne me parait avoir aucune importance, Car on rencontre presque constamment des épatements de ce genre au point où une branche nerveuse quelconque se divise ou s’anastomose. De nombreuxrameaux proviennent des branches terminales du stomato-gastrique. Ge sont d’abord, sur la voûte cardio- pylorique, plusieurs filets asymétriques ordinairement grêles, mais d’un diamètre relativement considérable chez le Birqus, le Tourteau, fréquemment anastomosés entre eux, et qui se distribuent en majeure partie aux faisceaux du muscle cardio- pylorique (fig. précédentes et 228, 230, rinc). Au moment où elles croisent le bord supéro-externe de la (1) Lemoine, Loc. cit., p. 214. 290 F. MOCQUARD. pièce zygocardiaque, ou dans quelques cas plus en avant (Tourteau, Homard, fig. 218 et 228), un nerf (ngs) s’en dé- tache et se rend sur la face supérieure du musele gastrique postérieur; il s’y distribue en partie et s’anastomose fréquem- ment avec celui du côté opposé. Chez le Tourteau (fig. 218), ces anastomoses forment un réseau pourvu de nombreux épa- tements et dans lequel on distingue un tronc transversal dont les extrémités, élargies et aplaties, émettent chacune un long rameau (#t). Celui-ci se dirige en dehors, en général superfi- ciellement, et va se ramifier dans la couche conjonctive des téguments. J’ai également observé ce rameau chez le Maïa, le Crabe enragé, le Leptograpsus marmoratus, la Gonoplace rhomboïde et, parmi les Macroures, chez la Langouste, la Galathée, le Homard, le Néphrops et l’Écrevisse. Il est tou- jours mieux développé chez les Brachyures. Partout il naît, soit directement, de la branche terminale, soit de l’un de ses rameaux, au niveau de l'insertion viscérale du muscle gas- trique postérieur ; souvent 1l est appliqué sur le bord le plus externe de ce muscle (fig. 228) et passe en arrière de l’adduc- teur mandibulaire ou de son faisceau antérieur, quand ce muscle est divisé en deux parties, comme on le voit chez le Homard. Dans un cas, chez le Néphrops, il s’anastomosait avec le nerf de l’adducteur mandibulaire et poursuivait ensuite son trajet habituel. C’est probablement ce rameau qui a paru à Brandt et à M. Lemoine se rendre au foie. Je ne pense pas cependant qu’il envoie des filets à cette glande. Je l’ai suivi, chez un Tourteau femelle, à travers les ovaires très dévelop- pées, sans voir non plus un seul filet nerveux s’en détacher pour se porter sur ces organes. Après avoir contourné l'insertion des muscles gastriques postérieurs, les branches terminales envoient à ce muscle un gros rameau (#gi) qui y pénètre par sa face inférieure et s’y distribue. Dans certains cas, c’est ce rameau qui fournit les filets destinés à la face supérieure du muscle (fig. 224, 299, 231). On peut remarquer, chez le Homard, l'élargissement considérable (fig. 229, ep) que présente ce rameau nerveux ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 991 au moment où 1l se divise, après avoir pénétré dans le muscle. Mais cette particularité, que j'ai déjà signalée, n’est pas propre au nerf stomato-gastrique, et on l’observe également dans les nerfs des antennes et dans celui des adducteurs mandibulaires internes. Chez l’Écrevisse, suivant M. Lemoine (1), un rameau naïi- trait des branches terminales du stomato-gastrique et se ren- drait à ces muscles adducteurs. Je n’ai rencontré ce rameau ni chez l’Écrevisse, ni chez les nombreux Décapodes, Bra- chyures et Macroures, chez lesquels je l’ai cherché, et je me suis assuré que l’adducteur mandibulaire est largement in- nervé par celui qui lui vient du premier ganglion thora- cique (a). Cependant, ainsi qu'il a été dit ci-dessus, le rameau tégumentaire du stomato-gastrique peut s’anastomoser avec le nerf de cet adducteur; il est done possible que, dans cer- tains cas, ce muscle en reçoive des filets; mais ces cas doivent être considérés comme tout à fait exceptionnels. Dans la portion verticale de son trajet, qui peut présenter diverses courbures (fig. 229), la branche terminale du stomato- gastrique est le plus souvent simple, mais parfois divisée en deux cordons réunis à leurs extrémités et formant une large (a) Ce rameau, dont l’existence est connue depuis longtemps, ne paraît pas avoir jamais été décrit. Chez le Homard, il provient (fig. 229, nam) du plus anté- rieur des nerfs émis par le premier ganglion thoracique; il contourne en avant et en dedans le tendon du muscle adducteur des mandibules, sur lequel il s'élève, et arrive au sommet du cône formé par le faisceau antérieur de ce muscle ; il y pénètre par son bord antérieur, en s’engageant dans un interstice (fig. 228, it) que suit superficiellement l’artère antennaire. A une faible distance de l'artère, le nerf se recourbe en arrière, se dirige en sens contraire de ce vaisseau et parcourt l’interstice dans toute sa longueur. Dans son trajet à travers le muscle, il est aplati, irrégulièrement élargi et fournit sur ses deux bords de nombreux filets qui se distribuent au muscle (fig. 228). Après avoir atteint l’extrémité de l’interstice, il continue sa marche et gagne le faisceau postérieur (fp) où il s’épuise. Chez le Homard, l’adducteur interne des mandi- bules est donc suffisamment pourvu par cette branche nerveuse. D’un autre côté, je l’ai observé chez un nombre considérable de Décapodes, affectant avec le tendon du muscle les mêmes rapports et pénétrant dans le muscle de la même manière. On peut, par conséquent, admettre que la distribution en est partout la même. (1) Loc. cit., p. 215. 1O 92 F. MOCQUARD. boutonnière (fig. 231). Plusieurs rameaux s’en détachent : les uns, dirigés en bas et en avant et destinés aux muscles intrin- sèques de la paroi cardiaque latérale, s’anastomosent ordinai- rement entre eux, ainsi qu'avec les branches latérales du stomato-gastrique et le nerf postéro-latéral (fig. 224, 296); les autres, dirigés en haut et en arrière, se rendent aux muscles intrinsèques de la portion antéro-supérieure de larégion pylo- rique et aux dilatateurs pyloriques supérieurs. Fréquemment, ces derniers muscles reçoivent leurs filets des nerfs des muscles gastriques postérieurs (mêmes fig.). Au point où la branche terminale se recourbe en arrière, elle présente un élargissement le plus souvent triangulaire, mais dont la forme est variable et en rapport avec le nombre des filets nerveux qui en partent (fig. 224, 231, el). Il est dévié de sa forme et de sa position habituelles dans le cas que j'ai figuré chez le Homard (fig. 229). Dans le reste de son trajet, la branche terminale du sto- mato-gastrique fournit des rameaux aux muscles de la paroi pylorique latérale, aux ampoules et aux muscles dilatateurs pyloriques inférieurs. Celui de ces rameaux qui se rend à ce dernier muscle mérite une mention particulière. Il naît ordi- nairement au niveau de l’extrémité antérieure des ampoules pyloriques, descend d’abord directement en bas (fig. 224, npi), contourne le bord postérieur de la pièce sus-ampullaire moyenne et gagne, en se dirigeant ensuite en avant, le muscle dilatateur pylorique inférieur interne, qu’il suit et auquel il distribue des filets. Au moment où 1l joint ce musele, il émet en dehors un rameau qui se porte sur l’insertion du dilatateur externe. La disposition m’en a paru constante chez la Gala- thée ; mais fréquemment 1l naît plus haut et plus en avant et croise le bord antérieur de la pièce sus-ampullaire moyenne (Homard, Néphrops, Tourteau, Maïa) ; il peut même se déta- cher du nerf postéro-latéral, ou plutôt de la branche descen- dante avec laquelle ce nerf s'unit bout à bout, au niveau ou un peu au-dessus de l’extrémité supérieure de la pièce cardiaque inféro-latérale (Écrevisse, fig. 226). ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 293 Après avoir croisé le faisceau musculaire intrinsèque N, sous lequel elle passe fréquemment, la branche terminale du sto- mato-gastrique émet un ou plusieurs rameaux qui remontent ordinairement sur la paroi dorsale de l'extrémité antérieure de l'intestin (fig. 224, 226, ri), puis elle gagne les conduits bi- liaires et se ramifie sur le foie. Il m'a toujours été impossible de suivre plus loin les ra- meaux intestinaux, bien que leur diamètre à l'extrémité pos- térieure de la région pylorique fût assez considérable. D’après M. Lemoine (1) le nerf stomato-gastrique ( « nerf gastro-hépatique » ) se terminerait d’une manière toute diffé- rente de celle que je viens de décrire. Chacune de ses branches de division enverrait d’abord des nerfs aux muscles posté- rieurs de lestomac, puis au muscle adducteur des mandi- bules. « En poursuivant le trone lui-même, dit M. Lemoine, nous l'avons vu se terminer par trois branches, qui nous ont paru présenter chacune à leur origine une légère dilatation. » L’une de ces branches terminales, tournée en avant, nous a semblé destinée à la fois aux parties voisines de l’estomac et au lobe antérieur du foie. » La deuxième, dirigée en dehors, nous a paru se distribuer presque exclusivement au foie. » Quant à la troisième, se portant en arrière, elle nous a semblé destinée surtout à la partie antérieure de l'in- testin. » Je n’ai pas observé cette division en trois branches, n1 chez lÉcrevisse, ni chez aucun autre Décapode. Le point où elle s’opérerait n’est pas indiqué dans la description si vague et si peu affirmative qui précède; mais si l’on s’en rapporte à la figure 1 de la planche VIII du travail de M. Lemoine, il se trouve situé directement au-dessous de l’insertion viscérale des muscles gastriques postérieurs, et, par conséquent, la partie du tube digestif que ce naturaliste désigne ici sous le (1) Loc. cit., p. 215. 294 F. MOCQUARD. nom d’intestin n’est autre chose que la portion pylorique de l'estomac. On vient de voir qu’on peut suivre beaucoup plus loin les branches terminales du stomato-gastrique. e. Le nerf postéro-latéral (npl) est étroitement lié au sys- tème nerveux stomato-gastrique et a été décrit sommairement, chez l’Écrevisse, par Brandt et Schlemm, puis par M. Huxley. Il naît ordinairement du bord supérieur du cordon œsopha- gien, au niveau du ganglion mandibulaire (fig. 224) ou un peu en arrière, comme chez le Homard (fig. 229), ou encore sur le côté interne de la base du ganglion (Langouste). Il se dirige en haut et en arrière sur la paroi latérale de l’œsophage, puis sur celle de l’estomac, un peu en avant de la pièce cardiaque latérale inférieure, et va s’unir à la branche terminale du sto- mato-gastrique au-dessus du bord auriculaire de la valvule cardio-pylorique. Sur toute la longueur de ce trajet, il est ha- bituellement situé sur les muscles intrinsèques de la région (fig. 226, 231) ; mais 1l peut aussi s'engager sous ces muscles (fig. 224). Il leur fournit de nombreux filets, ainsi qu'aux muscles intrinsèques de la paroi cardiaque postérieure, aux dilatateurs latéraux de l'estomac, aux dilatateurs postérieurs de l’œsophage, et parfois, comme on l'a vu, aux dilatateurs pyloriques inférieurs. Les premiers qu'il émet se dirigent en avant et s’'anastomosent avec ceux qui proviennent de la racine supérieure du stomato-gastrique (fig. 224). Il peut arriver aussi que ces filets anastomiques soient fournis par un rameau naissant directement du collier œæsophagien, immédiatement en avant du nerf posiéro-latéral (Langouste). Dans un cas, chez la Langouste (fig. 231), le nerf postéro-latéral se bifur- quait au-dessous de l'insertion du muscle dilatateur cardiaque latéral postérieur ; l’un des rameaux se comportait comme il vient d’être dit; l’autre, l’antérieur, passait en avant du muscle et remontait jusque sur la voûte cardio-pylorique, où il s’anastomosait avec des rameaux venus de la première por- tion des branches terminales du stomato-gastrique. L'anastomose du nerf postéro-latéral avec ces branches ter- minales, d’abord signalée par Brandt, puis par Schlemm chez ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 295 l’Écrevisse, ne se fait pas toujours de la même manière. Tan- tôt, et c’est le cas Le plus fréquent, le nerf postéro-latéral s’unit bout à bout avec un rameau issu de la branche terminale, comme on le voit chez la Galathée (fig. 224) ; tantôt, arrivé au niveau de la paroi pylorique il se bifurque : un rameau se di- rige en arrière et se distribue sur cette paroi, au-dessus des ampoules (fig. 226, rp), ou même se rend au foie (fig. 231), tandis que lautre continue la direction du tronc nerveux et va s'unir avec la branche terminale du stomato-gastrique, soit à l'extrémité inférieure de sa portion verticale (fig. 231), soit plus haut, en suivant une direction opposée et faisant avec elle un angle très aigu (fig. 226). Ces différents modes de termi- naison du nerf postéro-latéral, qui en comprennent beaucoup d’autres intermédiaires, s’observent d’ailleurs chez les indivi- dus d'une même espèce. On retrouve donc ici lesirrégularités signalées plusieurs fois dans le cours de cette description, et l’on voit que si les racimes, le tronc et les branches terminales du stomato-gastrique ont, chez les Brachyures et les Macroures supérieurs, un trajet et des rapports constants, la disposition des rameaux secondaires est au contraire essentiellement variable. La même remarque avait été faite par Krohn et Brandt chez l’Écrevisse. La distribution du système nerveux stomato-gastrique me parait jeter un nouveau jour sur son rôle physiologique. Tandis que, chez les Articulés en général, ce système a été considéré par Meckel (1), Treviranus (2), J. Müller (5) et d’autres physiologistes comme représentant le grand sympa- thique des Vertébrés, Newport (4), M. Blanchard (5), l'ont (1) Meckel, Handbuch der menschlichen Anatomie, t. 1, p. 341, 1815. (2) Treviranus, Journal complém. des sc. médicales, t. XVII, p. 251. (3) J. Müller, loc. cit., p. 71. (4) Newport, On the nervous system of the Sphinx ligustri (Philosophical Transactions, ann. 1834, p. 400). (5) E. Blanchard, Du grand sympathique chez les animaux articulés (Ann. sc. nat., Zool., 3° sér., t. V, p. 273, 1846. 296 F. MOCQUARD. regardé comme correspondant aux nerfs vagues ou pneumo- gastriques. Cette dernière hypothèse, qui semble la plus plau- sible d’après le travail de M. Blanchard, ne peut cependant être acceptée, au moins en ce qui concerne le groupe des Crustacés. En admettant que le nerf pneumogastrique soit mixte dès son origne et non purement sensitif, ainsi que Longet crovait l'avoir démontré, on s'accorde cependant à reconnaitre que les mouvements qu'il tient sous sa dépendance appartiennent à la vie végétative et que son influence motrice volontaire lui vient de son anastomose avec la branche interne du spinal. En un mot, le nerf vague préside à la sensibilité générale et aux mou- vements involontaires des organes auxquels il se distribue. Et c’est bien là le rèle que Newport assignait au système stomato- gastrique des Insectes, comme à celui des Crustacés, en Île comparant au nerf vague. Mais chez les Crustacés décapodes, le système nerveux stomato-gastrique remplit d’autres fonc- tions, en dehors de la sensibilité propre et du mouvement involontaire qu'il peut communiquer à l’æœsophage, à l’esto- mac, à l'extrémité antérieure de l'intestin et au foie : les filets qu’il fournit aux muscles de l’æsophage et du labre sont évi- demment affectés au mouvement volontaire; il en est sans doute de mème de ceux qu'il distribue aux muscles moteurs de l’armature stomacale, sinon de ceux qui se rendent aux dilatateurs et aux constricteurs de l’estomac ; en outre, parmi ceux qu'en reçoit le labre, quelques-uns probablement pré- sident à la sensibilité spéciale du goût. Il est donc impossible, au point de vue fonctionnel, d’assimiler le système stomatogas- trique des Crustacés supérieurs au nerf vague des Vertébrés. Il se pourrait, toutefois, que les diverses racines du stomato- gastrique eussent des propriétés différentes, et que leur union conslituât un tronc mixte plus complexe même que celui du nerf vague après qu’il a reçu la branche interne du spinal ; mais celte question n’a pas encore été posée el aucune re- cherche n’a été faite dans cette direction. ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 9207 EXPLICATION DES PLANCHES. SQUELETTE GASTRIQUE. Dans les neuf premières planches, qui se rapportent au squelette gastrique, les lettres suivantes ont partout la même signification. æ, œsophage. sc, sac cardiaque ; dc, disques cardiaques. mc, pièce mésocardiaque. pe, pièce ptérocardiaque. lg, ligament antéro-latéral. zC, pièce zygocardiaque ; ba, bp, bs, ses bords antérieur, postérieur et supéro- externe; 1, saillie tuberculeuse de son bord antérieur; rp, repli longitu- dinal saillant sur sa face supérieure; m, manubrium. dl, dent latérale; t, son tubercule antérieur; da, denticule accessoire. ep, pièce exopylorique ; pe, prolongement de son angle postéro-inférieur. p, pièce pylorique. em, empreintes musculaires. uc, pièce urocardiaque; #, coude qu’elle forme en changeant de direction; q, éminences urocardiaques. dm, dent médiane. pp, pièce propylorique; cpr, crête de son bord supérieur. Ve, voûte cardio-pylorique ; , saillies invaginées de sa face interne; ppr, pé- nicilles propyloriques. pt, pièce pectinée, apt, son apophyse. prp, pièce prépectinée; lé, igament qui lunit à la pièce zygocardiaque. pg, peignes; p'g', les mêmes vus de dehors ; bd, bandelette étendue entre eux et la pièce subdentaire. ptp, pièce postpectinée ; pn, pièce pennée,; spl, leurs soies plumeuses. ci, pièce cardiaque inféro-latérale. cl, pièce cardio-pylorique latérale. pcp, plaque cardiaque latérale postérieure; cr, crête qui en surmonte le bord inférieur; p@, pénicilles post-æsophagiens; p'æ&', enfoncement qui leur cor- respond à l’extérieur. pca, plaque cardiaque latérale antérieure. væ, valvules sus-æsophagiennes; v'æ&', enfoncement externe correspondant. sd, pièce subdentaire; x et x’, ses apophyses postérieure et antéro-interne. vc, valvule cardio-pylorique ; 0, son orifice externe; st, sommet, 5, soies qui le garnissent ; bl, bords latéraux de ia valvule; a, auricules; bar, bords auri- culaires ; ag, angles latéro-postérieurs de la base ; cp, paroi antérieure de la valvule ou paroi cardiaque postéro-inférieure; ct, côte médiane sur la face postérieure de cette paroi; ar, arête médiane postérieure de la valvule ; dmi, dent médio-inférieure. ma, pièces mésopyloriques antérieures. 298 F. MOCQUARD. mp, pièces mésopyloriques postérieures. up, pièce uropylorique ; ru, repli uropylorique. ai, pièce pylorique antéro-inférieure. pi, pièce pylorique postéro-inférieure. pa, pièces préampullaires. gi, gouttière interampullaire. ap, ampoules pyloriques; ri, repli interampullaire; ca, crêtes ampullaires ; sim, leurs grosses soies terminales; sbl, soies fines de leur bord libre; mb, membrane qui unit le bord postérieur des ampoules au bord antérieur de la pièce pylorique postéro-inférieure. sa, SM, Sp, pièces sus-ampullaires antérieure, moyenne et postérieure; # et n, les apophyses interne et externe de la pièce sus-ampullaire postérieure. V, voûte ampullaire. pla, pièce pleuropylorique antérieure; r, saillie de son angle supéro-externe ; d, d', d"', ses 3 branches, postérieure, interne et terminale. plm, pièce pleuropylorique moyenne ; c, €’, c"', ses 3 branches, supérieure, an- térieure et inférieure; b, bourrelet longitudinal qu’elle soutient. plp, pièce pleuropylorique postérieure. gl, gouttière pylorique latéro-dorsale; f, bourrelet intérieur correspondant; 50, saillie ovoïde de l’extrémité antérieure de ce bourrelet. vd, valvule terminale dorsale. via, valvule interampullaire antérieure. vip, valvule interampullaire postérieure. vi, valvule terminale inférieure. vid, valvule latéro-dorsale. vis, valvule latérale superficielle. vlp, valvule latérale profonde. vp, valvule pleuropylorique ; or, son orifice externe. 0v, saillie membraneuse que surmonte la dent latérale. PLANCHE 1. Cancer pagurus. Fig. 1. Estomac vu de dos (1) (*). Fig. 2. Le même vu de côté {1). Fig. 3. Région pylorique également vue de côté et grossie 3 fois. Fig. 4. Estomac vu de dedans et un peu grossi; k, saillie valvulaire en arrière de l’orifice supérieur de l’œsophage. Fig. 5. Pièces mésocardiaque et urocardiaque avec la dent médiane. Un peu grossi. Fig. 6. Pièce propylorique vue par sa face antéro-inférieure (1 2). Carcinus mœnas. Fig. 7. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane vues de dedans (2). () Le chiffre placé à côté de l'explication de chaque figure indique le grossissement en diamètre. ARTICLE N° f{. é ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 299 Thalamita crenata. Fig. 8. Division cardiaque de l'estomac vue de dedans (2). Fig. 9. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane vues de même (2). Portunus puber. Fig. 10. Pièce zygocardiaque et dent latérale (2). Carpilius maculatus. Fig. 11 et 12. Dents et pièces cardiaques de l’armature stomacale (2). Xantho floridus. Fig. 13. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane (3). Neptunus sanguinolentus Fig. 14. Estomac vu de dos. ?, calcification arquée précédant les pièces méso- pyloriques (2). Fig. 15 et 16. Dents et pièces cardiaques de l’armature stomacale (2). Fig. 17. Pièce pleuropylorique antérieure (3 +). Cardisoma carnifex. Fig. 18. Estomac vu de dos (1). Fig. 19 (grandeur naturelle) et Fig. 20 (légèrement grossie). Dents et pièces de l’armature stomacale vues de dedans; j', saillie membraneuse invaginée bordant la dent médiane. Fig. 21. Ligament antéro-latéral; bi et be, ses branches interne et externe (4). Fig. 22. Portion de l'estomac vue de côté (1 ?). Fig. 23. Pièce propylorique vue par sa face antérieure et inférieure (1 À). Fig. 24. Partie antérieure de la région pylorique vue de côté (2 1). PLANCHE 2. Cardisoma carnifex. Fig. 25 et 26. Valvule cardio-pylorique vue par ses deux faces antérieure et postérieure ; mm, mamelons situés au sommet, en arrière du tubercule de la dent médio-inférieure (2). Fig. 27. Partie postérieure de l’estomac vue par sa face inférieure (1 5). Fig. 28. Parties dorsale et latérales de la région pylorique vues de dedans: dv, diverticulum de la valvule pylorique latéro-dorsale ; vp, valvule pleuro- pylorique, I, son bord inférieur, P, son bord postérieur, L, sa lanière termi- nale; g, gouttière que présente, vue de dedans, la portion antérieure de la paroi pylorique dorsale (3). Fig. 29. Partie postérieure de la lanière terminale de la valvule pleuropylo- rique (65). Grapsus cruentatus. Fig. 30. Dent latérale (2). Fig. 31. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane (2). 300 F. MOCQUARD. Leptograpsus marmoratus. Fig. 32. Pièce urocardiaque, dent médiane et pièce propylorique vues de trois quarts (2). Fig. 33. Pièce zygocardiaque et dent latérale (2). Sesarma tetragona. Fig. 34. Paroi latérale de la région cardiaque vue de dedans (2 +). Boscia serrata. Fig. 35. Estomac vu de dos (2). Fig. 36. Pièce zygocardiaque et dent latérale (2). Fig. 37. Pièces mésocardiaque et urocardiaque avec la dent médiane (2). Fig. 38. Pièces pleuropyloriques antérieure et moyenne (6 À). Dilocarcinus Spec.? Fig. 39. Estomac vu de dos (1 à). Fig. 40 et 41. Dent latérale et dent médiane avec les pièces qui les por- tent (2 à). Ocypoda ceratophthalma. Fig. 42. Estomac vu de dos {1 4). Gelasimus palustris. Fig. 43. Estomac vu de dos (2 ;). Fig. 44. Pièce mésocardiaque, pièce urocardiaque et dent médiane vues de dedans (2 ?). Myctiris longicarpis. Fig. 45. Dent latérale (2 2). Fig. 46. Pièce mésocardiaque, pièce urocardiaque et dent médiane vues de dedans (2 à). Fig. 47. Les mêmes, avec les pièces ptérocardiaques, propylorique et le liga- ment antéro-latéral, vus par leur face supérieure (2 +). Macrophthalmus depressus. Fig. 48. Estomac vu de dos (2 5). Fig. 49. Pièces mésocardiaque et urocardiaque avec la dent médiane vues de dedans (2 ?). Ostracotheres tridacnæ. Fig. 50. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane (4 +). Gonoplar angulata. Fig. 51. Estomac vu de dos (2). Fig. 52. Paroi cardiaque latérale du même vue de dedans (2 ). Fig. 53. Pièces cardiaques dorsales, dent médiane et pièce propylorique vues de trois quarts (2). ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 3U1 Elamene pilosa. Fig. 54. Estomac vu de dos (5 à). Fig. 55. Pièce zygocardiaque et dent latérale (3). Fig. 56. Pièce mésocardiaque, pièce urocardiaque et dent médiane (4). Fig. 57. Pièce propylorique (6). Maïa sqjuinado. Fig. 58 et 59. Estomac vu de dos et de côté. w, apophyse du manubrium donnant insertion au ligament {{ (1). PLANCHE 3. Maia squinado. Fig. 60. Pièce zygocardiaque et dent latérale (1). Eurypoda Spec.? Fig. 61. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane vues de dedans (1 À). Fig. 62. Pièce propylorique (2 À). Naxia diacantha. g. 63. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane vues de dedans (1.2). Fig. 64. Dent latérale (1 #). o. 65. Pièce propylorique (2 à). Pisa tetraodon. Fig. 66. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane (1 ?). Fig. 67. Pièce propylorique vue par sa face antéro-inférieure (2 +). Fig. 68 et 69. Valvule cardio-pylorique vüe par sa face postérieure et de profil (2 À). Maiuta victor. Fig. 70. Estomac vu de dos (1 À). Fig. 71. Pièces mésocardiaque et urocardiaque avec la dent médiane vues de dedans (2 À). Fig. 72. Dent latérale (2 À). Fig. 73. Pièce propylorique vue par sa face antéro-inférieure (2 +). Calappa Spec.? Fig. 74. Pièces mésocardiaque et urocardiaque avec la dent médiane vues de dedans (2 {#). fig. 75. Dent latérale (2 1). Hepatus fasciatus. Fig. 16. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane (2). ANN. SC. NAT., ZOOL., OCTOBRE 1883. XVI. 20 ART Ne |. 302 F. MOCQUARD. Fig. 77. Pièce zygocardiaque et quelques pièces de soutien vues de dehors. — Cette figure est surtout destinée à montrer la manière dont s'unissent les bords antérieur et supéro-externe de la pièce zygocardiaque (environ 4). Dorippe lanata. Fig. 78. Estomac vu de dos (2). g. 19. Dent latérale (2 À). ig. 80. Pièce mésocardiaque, pièce urocardiaque et dent médiane (2 à). g. 81. Pièce pleuropylorique antérieure vue de dehors (10). Atelecycius cruentalus. Fig. 82. Estomac vu de dos (1 +). Fig. 83. Pièces mésocardiaque et urocardiaque avec la dent médiane (2 +). Corystes dentatus. Fig. 84. Dent latérale (2 À). Leucosia Neocaledonica. Fig. 85. Estomac vu de dos (2 À). Fig. 86. Dent latérale (3 À). Fig. 87. Pièce zygocardiaque vue de dehors (7). Ilia punctata. Fig. 88. Pièce mésocardiaque, pièce urocardiaque et dent médiane (2 À). Homola Cuvieri. Fig. 89 et 90. Estomac vu de dos et de côté. Le sac cardiaque a été enlevé. cf, bande calcifiée située en avant des pièces mésocardiaque et ptérocardia- ques ; dp, dépressions circulaires sur la face externe de la plaque cardiaque latérale postérieure (1). Fig. 91. Pièce mésocardiaque, pièce urocardiaque et dent médiane (1). Fig. 92. Estomac ouvert, vu d’en haut, les dents latérales écartées (1). Fig. 93. Pièce postpectinée avec sa bordure de soies plumeuses spl et la ban- delette membraneuse bds qui les porte (3 +). Fig. 94. Portion de l’une de ces soiïes (environ 400). Fig. 95. Valvule pleuropylorique (8). Dromia vulgaris. Fig. 96. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane vues de dedans. cf, comme dans la figare 89 ; éb, gros tubercule ovoïde saillant sur la face inférieure de la pièce urocardiaque (1 À). Fig. 97. Pièce uropylorique vue par sa face externe (3 À). Ranina dentata. = ce - 98. Estomac vu de dos (un peu grossi). g. 99. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane (1 À). ARTICLE N° {. = UE ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 303 Fig. 100. Dent latérale (1 à). Fig. 101. Pièce pleuropylorique antérieure vue extérieurement et de côté (6 4). PLANCHE 4. Hippa emerita. Fig. 102. Estomac vu de dos. {p, lame pentagonale située en avant de la pièce mésocardiaque (2 À). Fig. 103. Le même vu de côté (2 1). fig. 104. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane vues de dedans (2 !). Fig. 105. Dent latérale (2 À). Fig. 106 et 107. Valvule cardio-pylorique vue par ses faces antérieure et pos- térieure (2 À). Remipes lestudinarius. Fig. 108. Estomac vu de dos (2). Fig. 109. Dent latérale (2 À). Fig. 110. Pièces mésocardiaque et urocardiaque avec Ja dent médiane (2 1). Albunea Spec.? Fig. 111. Estomac vu de dos (2 À). Fig. 112. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane (6 À), Fig. 113. Paroi cardiaque latérale vue de dedans (6 À). Pagurus granulatus. Fig. 114. Estomac vu de dos. dg, larges disques à bords invaginés et garnis de soies intérieurement (grossi près de 2 fois); e (voy. fig. 122). Fig. 115. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane vues de dedans. /pg, lame armée de pointes sur son bord externe (même grossissement). Fig. 116. Estomac vu de côté. cd, cadre entourant l’orifice externe des péni- cilles post-æsophagiens; y, apophyse de la pièce pleuropylorique moyenne (peut-être l’homologue de la branche € de la même pièce chez les Brachyures) (même grossissement). Fig. 117. Estomac vu par sa face inférieure (2). Fig. 118. Parois cardiaques latérale et postérieure vues de dedans (2). Fig. 119. (Birgus latro.) Extrémité antéro-inférieure des pièces pennée et cardiaque inféro-latérale. tr, calcification triangulaire paraissant dépendre de la pièce pennée (3). Fig. 120. (Lithodes Japonica.) Pièces cardiaques dorsales et dent médiane (12). Fig. 121. (Lithodes verrucosa.) Pièce pleuropylorique antérieure (3 ). 304 KW. MOCQUArRM. PLANCHE 5. Birqus latro. Fig. 122. Estomac vu de dos. Les disques cardiaques dc ont été un peu écartés de la ligne médiane; e, enfoncement arrondi auquel se termine la pièce py- lorique (1). Fig. 423. Le même vu par sa face inférieure, les valvules sus-æsophagiennes étant éloignées l’une de l’autre (1). Fig. 124. Le même ouvert et étalé. La paroi cardiaque dorsale a été enlevée et la pylorique incisée sur la ligne médiane (1). Fig. 125. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane (1). Fig. 126. Pièce propylorique vue par sa face antérieure (1). _ Lithodes Japonica. Fig. 127. Estomac vu de dos. dg, comme dans la figure 114; cv, cul-de-sac valvulaire dépendant de la valvule pylorique terminale dorsale (un peu grossi). Fig. 128. Le même ouvert, vu d'en haut, la paroï cardiaque dorsale ayant été enlevée (voy. fig. 120), ainsi que la partie postérieure de la région pylo- rique (1 À). PLANCHE 6. Porcellana platycheles. Fig. 129. Estomac vu de dos. as, apophyses latérales de la pièce pylorique (4 À). Fig. 130. Peigne du côté droit vu par devant (26). Porcellana violacea. Fig. 131. Pièces cardiaques dorsales, dent médiane et pièce propylorique vues de dedans (3). Fig. 132. Dent latérale (3). Æglea lœvis. 3. Estomac vu de dos (2). 4. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane vues de dedans (2 À). 5. Dent latérale et peigne (2 +). Galathea strigosa. Fig. 136. Estomac vu de dos (2). Hg. 137. Le même vu de côté. dy, comme dans la figure 114 (2). Fig. 158. Pièces cardiaques dorsales, pièce propylorique et dent médiane vues de dedans. {pg, comme dans la figure 115 (2 À). Fig. 139. Dent latérale et peigne (2 À). Fig. 140. Ampoules pyloriques isolées, vues de côté, montrant le repli et Les deux valvules interampullaires (6). ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 305 Munida subrugosa. Fig. 141. Dent latérale et peigne (2 À). Palinurus vulgaris. Fig. 142. Estomac vu de dos (légèrement grossi). Fig. 143. Le même vu de côté. sag, saillie anguleuse de l'extrémité inférieure de la pièce subdentaire (ces lettres ont la même signification dans la figure précédente et dans Les figures 146 et 147). Fig. 144. Pièce urocardiaque, dent médiane et pièce propylorique vues de trois quarts (1). Fig. 145. Pièce zygocardiaque et dent latérale (1). Scyllarus latus. Fig. 146 et 147. Estomac vu de dos et de côté (1 À). Fig. 148. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane vues de dedans (1 +). Fig. 149. Pièce zygocardiaque et dent latérale (2). Ibacus antarcticus. Fig. 150. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane vues de dedans (LE ©). Pentacheles validus. Fig. 151. Estomac vu de dos (environ 1 À). Fig. 152. Dent latérale et peigne (3 1). Fig. 153. Portion de la paroi cardiaque latérale vue de dehors et montrant forme particulièrement allongée de la piéce subdentaire (3 +). PLANCHE 1. Thalassina anomalx. Fig. 154. Estomac vu de dos. au, apophyses antérieures de la pièce uropylo- rique (1 4); y (voy. fig. 116). Fig. 155. Le même vu de côté. y, comme dans la figure 116 ; s£, sillons cor- respondant aux pauaches les plus externes de la valvule pleuropylorique (Li). | Fig. 156: Pièces cardiaques dorsales, pièce propylorique et dent médiane vue de dedans (1 À). Fig. 157. Estomac ouvert et étalé après enlèvement des pièces cardiaques dor- sales et de la pièce propylorique. sf, longs filaments en forme de grosses soies qui naissent du sommet de ja valvule cardio-pylorique; cm, crête mé- diane de la valvule interampullaire antérieure (L ). Fig. 158. Portion d'un des filaments dont sont composés les panaches de la valvule pleuropylorique (60). 306 F. MOCQUARD. Homarus vulgaris. Fig. 159. Estomac vu de dos. ef (voy. fig. 160). Fig. 160. Le même vu de côté. ef. enfoncement situé sous le bord postéro- latéral de la pièce pylorique et auquel correspond intérieurement le bour- relet b’ de la figure suivante (1). Fig. 161. Le même ouvert et étalé. La paroi cardiaque dorsale a été enlevée et la voûte pylorique incisée sur la ligne médiane jusqu’au niveau du repli uropylorique. ho, saillies membraneuses en forme de bouillons qui entou- rent, excepté en avant, l’orifice supérieur de l’œsophage; ot, grosse saillie conique également membraneuse qui se développe chez le Homard et le Néphrops en avant du bord antérieur de la pièce zygocardiaque (légère- ment grossi). Fig. 162. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane vues de dedans. Sur le côté gauche de la figure la pièce ptérocardiaque a été désarticulée (légère- ment grossi). Nephrops Norwegicus. Fig. 163. Pièces de l’armature stomacale renversées sur leur face dorsale et en partie désarticulées (1 À). Fig. 164. Pièce propylorique et dent médiane unies à la pièce urocardiaque et vues de côté dans leur position naturelle (1 À). Astacus fluviatilis. Fig. 165 et 166. Les mêmes pièces que chez le Néphrops et dans la même position (1 {). Cambarus acutus. Fig. 167. Estomac vu de dos. ape, apophyse du bord antérieur de la pièce ptérocardiaque (1 À); ef (voy. fig. 160). Cambarus virilis. Fig. 168. Pièce propylorique et dent médiane vues par leur face postérieure pour montrer l'articulation de ces pièces entre elles (2). PLANCHE 8. Penœus caramote. Fig. 169. Estomac vu de dos. gd, gouttière dorsale bordant de chaque côté la pièce pylorique (1 À). Fig. 170. Le même vu de côté. ps, pièce supplémentaire interposée entre les pièces ptérocardiaques et zygocardiaques (1 +). Fig. 171. Région cardiaque vue de dedans après enlèvement de la paroi dor- sale. sb, saillies denticulaires naissant sur le bourrelet qui correspond à la gouttière dorsale; ps, comme dans la figure 170 (2). Fig. 172. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane (2). Fig. 173. Partie postérieure de l’estomac vu par sa face inférieure (1 À). ARTICLE N° 1. ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 307 Penœus monoceros. Fig. 174. Dent latérale (3). Penœus crassicornis. Fig. 175. Dent latérale (4). Penœus bocagei. Fig. 176. Estomac vu de dos (2). Aristeus antennalus. Fig. 177. Pièces cardiaques dorsales et dent médiane (2 !). ” Fig. 178. Estomac vu latéralement. ss, sillon auquel correspond intérieure- ment un repli calcifié denté en scie sur son bord libre (1 À). Fig. 179. Repli denticulé correspondant au sillon ss de la figure précédente (10). Pasipheæa. Fig. 180. Estomac vu de côté (12). Fig. 181. Dent latérale (20). Fig. 182. Pièce propylorique et dent médiane vues par leur face antéro-infé- rieure (20). Atya scabra. Fig. 183. Estomac vu de dos. sn, sillon médian de la pièce uropylorique ; an, demi-anneau calcifié qui le limite en arrière; lm, lame rubanée encadrant la moitié postérieure de la pièce uropylorique (2 À). Fig. 184. Le même vu latéralement. an et lm, comme dans la figure précé- dente ; sg, sillon anguleux auquel correspondent les peignes (2 1). Fig. 185. Paroi cardiaque dorsale avec les pièces qui y sont comprises vues de dedans (6 À). Fig. 186. Dent latérale (15). Fig. 187. Peigne (?). Même orientation que dans la figure 185 (6 {). Fig. 188. Extrémité libre de l’une des soies des peignes (75). Fig. 189. Pièce uropylorique vue de dedans. rm, repli médian correspondant au sillon externe ; rt, bord antérieur en forme de rostre de ce repli; rp, re- plis latéraux (4 ©). Fig. 190. Voûte ampullaire vue par sa face interne. /, lamelles foliacées qui garnissent la partie antérieure de son bord supérieur (12). Fig. 191. Une de ces lamelles (96). Caridina longirostris. Fig. 192. Estomac vu de côté. sg, comme dans la figure 184 (26). Fig. 193. Paroi cardiaque dorsale et partie supérieure des parois latérales vues de dedans et montrant les trois dents de l’armature stomacale (48). Rhynchocinetes lypus. Fig. 194. Estomac vu de côté (2 À). 308 EF, MOC@UARD. Fig. 195. Paroi dorsale de lestomac vue de dedans. r£, repli longitudinal la- téral ; rm, repli médian de la pièce uropyiorique, comme dans la figure 189 (environ 4 fois grossi). Alphœus Spec.? Fig. 196. Estomac vu obliquement de côté et un peu de bas en haut (2 *). ls (voy. fig. 198). Crangon vulgaris. Fig. 197, Estomac dans la même position que celui du genre Alphée (3 ). ls (voy. fig. 198). Palæmon Jamaicensis. Fig. 198. Estomac vu obliquement comme dans les deux figures précédentes. ls, lame calcifiée soutenant la partie postérieure et supérieure de Ja paroi pleuropylorique (1 +). Fig. 199. Le même ouvert sur sa paroi dorsale. jt, fl, fentes transversale et longitudinale par lesquelles l’espace compris entre les parois ampullaires communique avec la partie supérieure du conduit pylorique ; ov, saillie val- vulaire dorsale dirigée en avant (1 Fig. 200. Orifice postérieur du conduit pylorique. Du côté droit a été enlevée la lame verticale /v qui ferme en arrière l’espace compris entre les parois ampullaires (2). PLANCHE 9. Mysis Spec.? Fig. 201. Estomac vu latéralement. bn, bandelette encadrant la paroi car- diaque antéro-supérieure (17). Fig. 202. Dent latérale (68). Fig. 203. Extrémité postérieure de la plaque cardiaque latérale armée “ pointes spiniformes pourvues de dentelures sur leur bord antérieur (68). Squilla maculata. Fig. 204. Estomac vu de dos. pd, paroi dorsale (1). g. 205. Le même vu de côté et un peu de bas en haut. pr, lame interposée entre la valvule cardio-pylorique et la pièce pylorique antéro-inférieure (lé- gèrement grossi). Fig. 206. Dent latérale (3). Fig. 207. Valvule cardio-pylorique et pièce pylorique antéro-inférieure. pr, comme dans la figure 205 (6). Fig. 208. Valvules pyloriques terminales (10). Les figures suivantes représentent les détails des ampowes noel et du repli interampullaire. Fig. 209. Ampoules pyloriques de Sesarma tetragona isolées et vues oblique- ment par leur face supérieure. dé, appendiee en forme de dent qu’émet, chez les Sésarmes, le repli interampullaire (4). ARTICLE N° { ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 309 Fig. 210. Portion d’ampoules pyloriques de très jeune. Crabe montrant les crêtes ampullaires avec leurs grosses soies terminales et les fines soies de leur bord libre, ainsi que les canalicules ampullaires cn (demi-schématique) (260). Fig. 211. Coupe transversale d’ampoule pylorique chez l'Homola Cuviert. cn, comme dans la figure précédente (grossi 26 fois). Fig. 212. Repli interampullaire chez le Tourteau : coupe transversale (65). Fig. 213. Le même chez le Penœus caramote. On voit les crêtes ampullaires très saillantes cesser brusquement à une certaine distance du bord libre de ce repli et être remplacées par des soies (69). Fig. 214. Le même chez ie Palwmon Jamaïcensis (22). Fig. 215, 216 et 217. Soies terminales des crêtes ampullaires respectivement chez l’Homola Cuvierii, la Sesarma tetragona et l'Astacus fluviatilis. APPAREIL MUSCULAIRE STOMACAL ET SYSTÈME NERVEUX STOMATO-GASTRIQUE. Les lettres suivantes désignent les mêmes parties dans toutes les figures &es planches 10 et 11. Muscles extrinsèques. a, muscle gastrique antérieur. apr, apophyses procéphaliques. gpi et gpe, faisceaux interne et externe du muscle gastrique postérieur. gas et gai, muscles dilatateurs antéro-supérieur et antéro-inférieur de l’es- tomac. œas et œai, muscles dilatateurs antéro-superieur et antéro-inférieur de l'œso- phage ; bpe, bord postérieur de l’épistome. glp et gla, muscles dilatateurs latéraux postérieur et aniérieur de l'estomac. œls-et œli, muscles dilatateurs latéraux supérieur et inférieur de l’œsophage. œp, musele dilatateur postérieur de l’œsophage. psa et psp, muscles dilatateurs dorso-pyloriques antérieur et postérieur. pü et pie, muscles dilatateurs pyloriques inférieurs interne et externe. mic, appareil musculo-tendineux céphalique; brs, ses branches supérieures ; er, ses expansions latérales ; M0, muscles moteurs extrinsèques des tiges oculifères. Muscles intrinsèques. esc, muscle constricteur du sac cardiaque. cp, muscle cardio -pylorique. À, B, C, D, muscles intrinsèques cardiaques latéraux. E, F, G, muscles intrinsèques cardiaques postéro-inférieurs. HE, I, K, L, L’, M, N, P, Q, R, faisceaux pyloriques latéraux. S, faisceaux pyloriques inférieurs. æ, œsophage. Système stomalo-gastrique. cn, connectif œsophagien. gm, ganglion mandibulaire. 310 F. MOCQUARD. nœ, nerfs œsophagiens. nm, nerf mandibulaire. ri, rs, racines paires inférieure et supérieure du stomato-gastrique. nl, nerf du labre. to, tronc d’origine du nerf stomato-gastrique. re, racine cérébroïde. nst, nerf stomato-gastrique ; gst, son ganglion; e/, élargissement de son ex- trémité postérieure ; brt, ses branches terminales; brl, branches latérales, et r, renflement du nerf à leur origine ; m6, rameaux destinés à la voûte car- dio-pylorique; ngs, ngi, les deux rameaux supérieur et inférieur des mus- cles gastriques postérieurs; nt, rameau tégumentaire ; el, élargissement des branches terminales au point où elles se recourbent en arrière et s’anasto- mosent avec le nerf postéro-latéral ; npi, nerf des muscles dilatateurs pylo- riques inférieurs ; nt, rameau intestinal ; nh, nerf hépatique. npl, nerf postéro-latéral ; rp, sa branche postérieure de division. nam, nerf de l’adducteur mandibulaire interne. ob, orifice des conduits biliaires. in, intestin. PLANCHE 10. Fig. 218. Muscles et nerfs dorsaux de l’estomac chez le Tourteau. ji, fe, fais- ceaux interne et externe du muscle gastrique antérieur (1). Fig. 219. Muscles intrinsèques et extrinsèques de l’estomac vus de côté chez le Gonoplax angulata (2). Fig. 220. Muscles gastriques et cardio-pylorique avec la portion dorsale du stomato-gastrique chez le Birgus latro. i, m, e, faisceaux interne, moyen et externe du muscle cardio-pylorique (1). Fig. 221. Muscles intrinsèques et extrinsèques vus de côté chez le Pagurus granulatus. cæ, muscle constricteur de l’œsophage. cæp, cæcum pylo- rique (2). Fig. 222. Muscles postérieurs de l'estomac chez le même (2). Fig. 223. Muscles et nerfs dorsaux de l'estomac chez la Galathea strigosa. i, M, e, comme dans la figure 220 (2). Fig. 224. Muscles et nerfs vus de côté et obliquement chez le même Macroure. L’estomac a été rejeté un peu en arrière pour laisser voir les racines du stomato-gastrique. fc, filets nerveux distribués à la paroi cardiaque anté- rieure (2). Fig. 225. Origine des racines latérales du stomato-gastrique chez le Maïa squinado (5). Fig. 226. Muscles et nerfs de la partie postérieure de la paroi latérale de l’es- tomac chez l’Écrevisse. c, carapace; sc, sillon cervical (2). Fig. 227. Muscles du labre vus d'en haut, également chez l'Écrevisse. L’œso- phage æ a été sectionné presque immédiatement au-dessus de linsertion de ses muscles dilatateurs antéro-inférieurs œai; rel, rétracteur externe du labre; ril, rétracteur interne; rm, rétracteur médian; ell, élévateur du labre (3). ARTICLE N° 1, ESTOMAC DES CRUSTACÉS PODOPHTHALMAIRES. 311 PLANCHE 11. Fig. 228. Muscles et nerfs dorsaux de l’estomac chez le Homard. aim, adduc- teur interne des mandibules; fa, fp, ses deux faisceaux antérieur et postérieur un peu écartés de l’estomac; él, interstice musculaire (1). Fig. 229. Système nerveux stomato-gastrique et nerfs des muscles mandibu- laires chez le même. aîm, fa, fp, comme dans la figure précédente ; ade, adducteur externe et ab abducteur des mandibules ; elæ, élévateur de l’œso- phage. Les adducteurs internes ont été renversés en avant; dans ce mouve- ment, l’extrémité inférieure de leur tendon a subi une torsion de près de 180 degrés, de sorte que le faisceau postérieur est devenu antérieur et réci- proquement. f?, rameau nerveux très long se recourbant en arrière sur la paroi cardiaque latérale; ep, élargissement, dans l'épaisseur du muscle gas- trique postérieur, du nerf qui s’y rend (1). Fig. 230. Muscles et nerfs dorsaux de l’estomac chez la Langouste. n, p, fais- ceaux du muscle cardio-pylorique : ac, artère céphalique et nc nerf cérébro- cardiaque seclionnés (1). Fig. 231. Muscles et nerfs de la partie postérieure de la paroi latérale de l’es- tomac chez la Langouste. On y voit, comme dans la figure 226, la bifurcation du nerf postéro-latéral à son extrémité supérieure (1). Fig. 232. Muscles dilatateurs de l’œsophage et racines du nerf stomato-gas- trique chez le Scyllarus latus. L’estomac est renversé et vu d’en bas, de manière à bien montrer le mode d’union des racines nerveuses (1 À). RECHERCHES POUR SERVIR A L'HISTOIRE DU NOYAU DANS L'ÉPITHÉLIUM AUDITIF DES BATRACIENS Par KE. Joannes CHA'WIN. (Extrait.) Les observations de M. Chatin ont été faites sur la Gre- nouille (A. esculenta), le Triton à crête, le Triton palmé, la Rainette verte, le Grapaud (B. viridis) et l'Axolatl (Siredon mexicanus). Î en tire les conclusions suivantes : Si l’on cherche à grouper et.à résumer les observations pré- cédentes, on constate que leurs résultats offrent un double intérêt : d’une part, ils complètent en plusieurs points l’histo- logie comparée de l’épithélium auditif; d’un autre côté, ils présentent une valeur spéciale pour linterprétation de la structure nucléaire. I. L'examen du revêtement épithéhal, qui tapisse le laby- rinthe des Batraciens, n’y montre pas seulement l'existence de la double forme histique (éléments de soutien, éléments exei- tables) qui semble caractériser aujourd’hui tout organe senso- riel ; il révèle en outre, entre ces deux types cellulaires, une intime parenté : qu’on se reporte à l’étude des diverses espèces considérées, et toujours on y verra ces affinités se refléter dans les dispositions générales comme dans les moindres détails. ARTICLE N° 2. RECHERCHES SUR LE NOYAU AUDITIF DES BATRACIENS. En dépit de leur inégale signification fonctionnelle, les élé- ments de soutien et les éléments sensoriels se confondent inti- mement dans leur texture ; ils subissent parallèlement les mêmes modifications, et, si les éléments excitables semblent offrir une variabilité plus considérable, on ne tarde pas à reconnaitre qu'elle est purement apparente, les liens les plus étroits unissant entre elles ces différentes formes. Loin de se limiter aux seuls Batraciens, les notions ainsi acquises s'étendent rapidement aux Vertébrés supérieurs et permettent de rapprocher intimement deux types histiques dont l'interprétation morphologique a soulevé de vifs débats. On sait que, chez la plupart des Mammufères, les éléments auditifs se présentent sous deux aspects assez dissemblables : les bétonnets auditifs et les cellutes ciliées ; Les premiers carac- térisent les taches et les crêtes acoustiques, les secondes se localisent sur les terminaisons cochléennes. La physiologie les rapprochait étroitement, l’histologie les séparait ; or, ic1, non seulement dans la même classe, mais parfois chez la même espèce et sur le même imdividu, nous les trouvons groupés sur le même point du revêtement labyrinthique où nous pouvons souvent observer tous les états intermédiaires entre les deux formes extrêmes que l’on croit devoir décrire encore comme entièrement distinctes. Leur commune origine s'affirme, au contraire, par les faits les plus probants ; elle n’a été si long- temps méconnue que parce que les recherches ont été trop constamment, trop exclusivement limatées aux Vertébrés les plus élevés en organisation. If. Le noyau ne saurait plus être actuellement décrit comme «un petit corps englobé dans le protoplasma et plus dense ou plus concentré que celui-ci », suivant la conception générale- 9 3. CHA'EX. ment admise il y a encore peu d'années. Dans les cellules ova- riennes du Stenobothrus pratorum, M. Balbiani a montré que le noyau renfermait de nombreuses granulations naviculi- formes, égales entre elles, et qu’un groupement ultérieur réu- nit en un lacis filamenteux plus ou moins compliqué ; bientôt Pfitzner retrouvait les mêmes caractères dans diverses cellules de la Salamandre ; M. Balbiani les étudiait de nouveau dans les glandes salivaires du Chironomus et je les faisais connaître dans les cellules marginales des tubes de Malpighi chez les Insectes et les Myriapodes. Il est donc important de les obser- ver maintenant sur des éléments sensoriels, types histiques de haute valeur fonctionnelle, chez lesquels ils n'avaient jamais été signalés. Généralement volumineux, le noyau envahit même souvent ici la presque totalité du corps cellulaire, qui n’apparait plus alors que sous l’aspect singulièrement réduit d’une minee zone protoplasmique périnucléaire (éléments de soutien du Rana esculenta et du Triton cristatus) ; lorsque le développe- ment du corps cellulaire compense cet accroissement du noyau, on voit celui-ci conserver encore des dimensions con- sidérables (éléments de soutien et éléments sensoriels du Tre- ton cristatus, éléments de soutien et éléments sensoriels du Siredon mexicanus, ete.). Mais ce n’est pas seulement par son volume, c’est surtout par sa texture que ce noyau mérite une attention spéciale : dans le Rana esculenta, par lequel jai commencé, à dessein, la description de ces divers types, Île noyau est simplement granuleux; cependant, sur certains éléments, on voit quelques granulations s’accroitre; elles acquièrent la signification de véritables corpuscules intranu- cléaires. Chez le Triton cristatus, ces corpuscules deviennent infiniment plus nombreux ; en même temps, on les voit offrir ARTICLE N° 2. RECHERCHES SUR LE NOVAU AUDITIF DES BATRACIENS. À les deux caractères signalés par M. Balbiani dans les cellules ovariennes du Séenobothrus pratorum : d’une part, ils se montrent égaux entre eux ; d’un autre côté, ils se groupent en filaments dont l’ensemble dessine un élégant réseau. Ce réseau, nous le retrouvons chez tous les types étudiés ; à la vérité, il semble faire défaut dans certains éléments de soutien du Bufo viridis; mais cette exception est peut-être plus appa- rente que réelle, elle tient sans doute à l’état de l'élément considéré et dans lequel la différenciation du noyau ne s’est pas encore opérée ; car, sur d’autres éléments de même nature et observés chez le même animal, on retrouve le réseau intra- nucléaire et ses corpuseules constituants. Cette structure du noyau ne confirme pas seulement les recherches antérieures; elle leur donne une extension nou- velle et appelle l’attention sur un sujet dont l’importance n’échappera à aucun histologiste. Il suffit de comparer Îles divers éléments étudiés dans ce Mémoire, pour constater que, dès le moment où les corpuscules intranueléaires ont acquis leurs caractères définitifs et se sont groupés en réseau, ils se montrent parfaitement identiques les uns aux autres, sans qu'on parvienne à distinguer dans le noyau aucune formation qui, par son volume ou ses caractères, puisse réclamer une valeur spéciale ; nulle trace de « nucléole » ne se montre dans ces noyaux. Les auteurs qui ont indiqué des nucléoles dans les cellules auditives des Batraciens ont probablement décrit sous ce nom des agglomérations de corpuscules qu’une technique imparfaite ne permettait pas d'interpréter exacte- ment (4). (1) Je fais une réserve pour le cas où l’on tiendrait à considérer comme des nucléoles certaines granulations intranucléaires semblables à celles qui s’oh- servent chez le Rana esculenta, etc. La question se trouverait d’ailleurs réduite à une simple défimtion de mots. J. CHEATEN. [1 Cette absence complète ou à peu près complète de nucléoles est fort importante à mentionner. En décrivant le noyau des cellules marginales des tubes de Malpighi chez les Insectes et les Myriapodes, j'imsistais sur la valeur secondaire, sur lin- constance des nucléoles ; de son côté, Klein, étudiant chez les Batraciens certains éléments glandulaires, concluait à l'absence des nucléoles, contestant même formellement el d’une manière générale lautonomie de ces formations, qu’il regarde « comme le résultat d’un simple épaississement des fibrilles du réseau ou d’une coalescence par contraction du réseau ». Sur tous les noyaux qu’il a examinés, cet observa- teur n’a jamais pu voir la moindre trace d’un nueléole existant comme un organe à part et distinct du noyau. On voit qu'il en est généralement ainsi pour l’épithélium auditif des mêmes animaux, et ce rapprochement achève de montrer tout l’inté- rêt qui s'attache à son étude histologique. ARTICLE N° 2, CRUSTACÉS RARES OU NOUVEAUX DES CÔTES DE FRANCE (Trente - quatrième article) Par NX. HESS,. Description de quatre nouveaux Crustacés suceurs de l’ordre des Rostrostomes (nobis) de la famille des Pachycéphales, de la tribu des Dichélestiens, appar- tenant au genre Krôyeria, Eudactylina et Pagodina, dessinés et décrits d’après des individus vivants. Les Crustacés, qui font l’objet de ce Mémoire, vivent en parasites, comme les Siphonostomiens, sur des poissons de la famille des Squalidés, c’est-à-dire recouverts d’une peau très épaisse et difficilement pénétrable. Mais, comme ils n’ont pas été pourvus, comme ceux-ci, d'une bouche rigide, tubiforme, qui leur permet de percer cette peau et de pénétrer jusqu’à la chair, où ils trouvent le sang nécessaire à leur alimentation, et qu’au contraire, avec leur bouche obtuse et molle, il leur serait impossible d'obtenir ce résultat, ils ont été obligés de recourir à un autre expédient et de pénétrer dans leur cavité branchiale, où ils se trouvent en contact direct avec les organes qu’elle contient, et peuvent facilement, à l’abri de tous dan- gers, se procurer une nourriture abondante. Tous les Crustacés que je vais décrire appartiennent à des senres créés par M. le professeur Van Beneden, qui, le pre- mier, a découvert les individus qui lui ont servi à les établir. Ceux que j'ai trouvés ont évidemment beaucoup de rapports avec eux, mais, cependant, présentent des différences assez notables pour qu'ils puissent facilement en être distingués ; c’est ce que je me propose de démontrer. ANN. SC. NAT., ZOOL., NOVEMBRE 1883. XVI, 21, — ART. N, 3. 2 HESSE. $ 1. — DESCRIPTION. 1. — Espèce dont la première patte céphalo-thoracique est terminée par une main chéliforme. Genre KROYÉRIA (Van Beneden) (1). Krôvéria du Milandre (Krôyeria Galci vulgaris) (nobis). Müle. — Inconnu. Femelle (2).— Vue en dessus. Elle à 5 millimètres environ de longueur, sur 2 de large. Son bouclier céphalo-thoracique est assez large et arrondi. L’écusson, formé au milieu et près du bord frontal par une nervure en relief, est aussi relative- ment assez petit et étroit. Les épines latérales, qui, de chaque côté, sont placées au bord inférieur de celui-ci, sont très longues et assez fortes ; leur extrémité, légèrement incurvée, est très pointue et atteint le bord inférieur du troisième anneau thoracique (3). Les yeux sont petits et doubles; ils sont placés à la partie supérieure de Pécusson céphalo-thoracique (4), sur une petite éminence dans laquelle ils sont comme sertis. On aperçoit aussi quelquefois, à cette place, une tache ou plaque rouge arrondie, sur les bords extérieurs de laquelle se trouvent quatre petits points saillants de couleur blanche, qui sont probablement destinés à se transformer en organe de la vi- sion (9). Les trois premiers anneaux thoraciques sont à peu près de la même dimension, mais beaucoup plus étroits que le bouclier céphalique; ils vont en diminuant de largeur et sont suivis d’un autre anneau qui, à lui seul, dépasse de beaucoup la lon- (1) Van Beneden, Notice sur un genre nouveau de la tribu des Caligiens (genre Krôyéria) (Bull. de l'Acad. de Belgique, t. XX, p. 93, 1853. — Re- cherches sur la faune du littoral de la Belgique, Crust., p. 148, pl. XXI, 1863). (2) PI. 12, fig. MONO UT (L)RPIM2 RC (5) PI. 12, fig. 8. ARTICLE N° 3. Siret CRUSTACÉS RARES OU NOUVEAUX. 3 gueur du bouclier céphalo-thoracique et celle des trois pre- miers anneaux qui le suivent. Il est étroit à son sommet, et vient en s’élargissant à sa base, qui est légèrement échanerée au milieu. À la suite de celui-ci, le corps se rétrécit subitement et prend une forme cylindrique, laquelle est divisée en trois anneaux, qui vont en diminuant de longueur, de telle sorte que le premier est deux fois plus court que le second; et celui- ci est également deux fois plus court que le troisième ; mais tous les trois sont du mème calibre. Ge dernier (1) est terminé par deux lames caudales, longues, étroites et plates, qui s’écartent à leur extrémité inférieure et sont garnies, du côté de leur bord interne, de nombreux poils rigides et très serrés; les extrémités inférieures de ces lames sont armées de trois griffes assez fortes et récurvées en dehors. En dessous, le bouclier céphalo-thoracique (2) présente, au milieu du bord frontal, une petite éminence cordiforme à laquelle les antennes sont fixées par leur base. Elles sont assez fortes, d’une largeur moyenne et composées d’articles dont le basilaire égale, à peu près, celle du tiers de celle-ci; et les autres, à l’exception du premier anneau qui le suit, sont à peu près de la même dimension. Un peu en dessous de celles-e1, on aperçoit la première paite céphalo-thoracique qui est très forte, composée de trois articles, dont le dernier, qui est le plus gros, se termine par une sorte de main chéliforme, dont Île pouce, qui est mobile, est terminé en pointe qui va se loger dans une petite cavité qui est destinée à le recevoir et qui existe, à cet effet, à l’autre extrémité de l’'appendice placé en face (3). La deuxième patte thoracique, qui est fixée en dessous de la précédente et de chaque côté de la bouche, est remar- (1) PL 19, fig. 10. (2) PI. 12, fig. 2. (2) PL. 12, fig. 6, et pl. 3, fig. 23. 4 HS. quable par sa gracihité et sa longueur (1). Elle est formée de trois articles dont le fémoral est le plus long et le plus gros; le deuxième est un peu plus court et beaucoup plus mince, et il est suivi du dernier qui, infiniment plus petit que les précé- dents, se termine par un appendice ovale et plat garni de quelques petits poils. La troisième patte thoracique (2) est très robuste. Elle n’est formée que de trois articles, celui de la base compris ; le fémo- ral, qui est long et présente au milieu une sorte de tuméfaction ou de callosité, et la griffe terminale qui est très longue, très solide et dont la pointe est récurvée. La bouche (3) est relativement très petite et est placée au centre du bouclier céphalique ; elle est coniforme, et son ori- fice est placé à son extrémité mférieure. Comme celle des Ros- trostomes, celle-ct est obtuse, environnée de lèvres charnues qui recouvrent des mandibules qui entament la peau et faci litent la succion. Elle est accompagnée, de chaque côté, de petits appendices styliformes. Les pattes natatoires (4) sont au nombre de quatre. Les premières sont fixées à la base du bouclier céphalique et les trois autres aux trois anneaux thoraciques qui suivent. Elles sont formées d’un article fémoral qui donne attache à deux tiges dont l’une, plus courte que l’autre, ne présente que trois articles plats bordés de soies pennées, et l’autre beaucoup plus longue, ayant quatre articles, de longueur inégale, également plats et garnis aussi de soies pennées. (1) PI. 12, fig. 5. Les trois pattes céphalo-thoraciques que je viens de décrire sont toujours désignées sous le nom de patles-mächoires. Or, je demande si leur conforma- tion ne démontre pas de la manière la plus évidente qu’elles sont tout à fait impropres aux fonctions qu’on leur attribue, tandis que tout indique qu’elles sont destinées à assurer la fixation du parasite sur sa proie. {l y a donc lieu, je crois, de changer ces dénominations qui sont contraires à ce qui existe et ne peuvent produire que des erreurs. CPAM fes (ÉD EM PENSE (4) PI. 12, fig. ARTICLE Z & & © Se C2 "2 CRUSTACÉS RARES OU NOUVEAUX. o Ces pattes sont fixées à leur base (1) à une sorte de squelette ou de charpente formée par des nervures saïllantes et en relief, destinées à consolider cette partie du corps et à leur fournir un point d'attache. Le corps, en dessus, est traversé perpendiculairement, à partir de la base du bouclier céphalo-thoracique, par le tube aortique dans lequel on aperçoit facilement, provoqué par des contractions latérales et flexueuses, le mouvement des glo- bules de sang, qui sont de grandeur moyenne et inégale (2). On voit aussi, de chaque côté de celui-ci et parallèlement, deux raies noirâtres plus larges à leur base qu’à leur sommet, qui sont les tubes ovifères destinés à être expulsés au moment favorable. Coloration. — Le corps est d’un blanc mat, légèrement teinté de jaune au milieu ; le tube aortique ainsi que les tubes ovifères qui n’ont pas encore été pondus et qui sont placés de chaque côté, sont noirs. Les yeux sont chatoyants et variant du rouge au bleu. Habitat. — Trouvé, au mois de septembre 1867, sur les branchies du Milandre, Galeus vulgaris. Ce Crustacé, ainsi que ceux de son espèce, est d’une remar- quable agilité ; 1l nage avec une grande facilité et peut plover et relever son corps en tous sens. Genre EUDACTYLINA (Van Beneden) (3). 2. — Espèce dont la troisième patte céphalo-thoracique est terminée par une main chéliforme. Eudactylina du Squatine ange (Eudactylina squatinæ angeli) (nobis). Mâle. — Inconnu. Femelle (1). — Elle à tout au plus 2 nullimètres de lon- sueur, et son corps, d’une largeur moyenne, est divisé en anneaux très distincts. CDAIMEPNT MER (2) PI. 12, fig. 1. (3) Extrait du t. XX, n° 2, des Bull. de l’Acad. royale de Belgique, p. 157, et Faune du littoral de Belgique, p. 150, pl. XXV, 1861. (1) PL 48, fig. 1. 6 HESSK. La tête (1) est triangulaire ; elle est étroite et arrondie à son sommet et élargie à sa base, qui repose sur une sorte d’appen- dice en forme de cou, et des deux côtés duquel on aperçoit une pointe aiguë et divergente. Le bord frontal porte au milieu un petit appendice étroit et formant la pointe qui fait saillie, et de chaque côté se trouve une petite cavité entourée d’un bord cireulaire en relief, et de leur centre émerge un petit pédicule au bout duquel se trou- vent les yeux. La surface de la tête est légèrement bombée et couverte de raies fines, très rapprochées, qui partent du centre pour aller aux bords qui sont dentelés ; elle est, en outre, hérissée d’épines ou de poils courts qui couvrent également tous les autres anneaux du corps, dont les bords sont, ainsi La les autres, denticulés (2). Le thorax est formé de quatre anneaux, dont les trois pre- miers sont à peu près de la même grandeur et sont cordi- formes. Les bords extérieurs sont arrondis, et l’inférieur est légèrement arrondi au milieu. Le quatrième anneau a la forme d’un écusson, plus étroit au sommet qu’à la base, et donne attache, de chaque côté, à un appendice assez long et plat, garni à son extrémité de quelques poils. En dessous de ces appendices partent les éubes ovifères qui sont très minces et assez longs. Ce quatrième anneau est suivi de quatre autres, qui sont cylindriques et vont en diminuant de grosseur et de longueur jusqu'au dernier, qui est terminé par deux appendices courts, plats et arrondis, au centre desquels on aperçoit une petite cavité ovale (3). Vue en dessous, la tête (4) offre d’abord, et de chaque côté, les antennes, qui sont assez grosses et d’une longueur moyenne. Elles sont formées d’un pédoncule gros et armé de pointes (COMMENTE (2) PL. 13, fig. (3) PL 13, fig. (4) PI. 13, fig. 2 6 et 5. ARTICLE n° d. CRUSTACÉS RARES OU NOUVEAUX. 7 fortes et recourbées et terminées par un filet plus étroit. La bouche (1) est ovale, petite, conique, terminée par un museau arrondi, entouré de lèvres molles et présentant de petites màchoires au milieu desquelles est un petit suçoir. De chaque côté de celle-ci, ont voit deux fortes épines poin- tues et légèrement récurvées, fixées à leur base par un petit épatement ovale. Un peu plus bas, on voit aussi de chaque côté deux petites nervures en forme de croissant. La première patte céphalo- thoracique (2) est de moyenne taille ; elle a sa base formée d’un premier article terminé par un double crochet, et ensuite par deux autres articles plus étroits terminés par une petite griffe légèrement recourbée. La deuxième patte (3) est petite et composée de deux articles à peu près de mêmes dimensions, terminés par une petite griffe. Elle est entièrement couverte de petites pointes. La troisième (4) est la plus grosse et la plus forte des trois ; elle est formée de trois articles qui sont de moyennes dimen- sions, mais terminés par une très forte et très grosse main chéliforme, dont le pouce enfonce son extrémité dans une petite cavité qui est destinée à la recevoir et qui se trouve placée en face sur l’autre extrémité. En dessous de celles-ci (5), on voit deux petites nervures transversales, dont la deuxième sert de base à la première paire de pattes thoraciques biramées, qui sont, sauf la pre- mière qui est plus petite, composées de la même manière, d’un article fémoral assez fort, qui donne attache à deux appendices ronds formés de trois articles, et à un autre plus orand, plus fort et plat, qui est aussi formé de trois an- neaux. En dessous de celles-ci, viennent trois autres paires de pattes natatoires, mais qui sont beaucoup plus longues, plates, (1) PL 18, fig. 7. (2) PL 13, fig. 5, 6 et 12. (2) PI. 13, fig. 9. (4) PI. 45, fig. 2 et 5. (5) PL. 13, fig. 9,6 et 8. Ô HESSE. biramées, fortement échancrées et couvertes d’épines héris- sées (1). L'embryon (2) ressemble à tous ceux des Crustacés de ces espèces ; il est ovale et a de chaque côté trois paires de pattes natatoires, dont les deux dernières sont biramées. Coloration. — La tête est blanche; le reste du corps d’un jaune pâle ; le tube aortique ainsi que les œufs, qui sont encore de chaque côté avant d’être pondus et ceux qui sont rendus dans les tubes ovifères, sont d’une couleur brun foncé. L’embryon à la parte inférieure du corps blanche, l’extré- mité de l’abdomen rose et l'œil rouge. Habitat. — Trouvé, le 30 août 1861 et le 11 mars 1876, sur les branchies du Squatine ange, Squatinie angelus. Ces Crustacés sont très agiles; 1ls se tiennent fortement accrochés aux branchies du Squatine. Une circulation très active se manifeste dans le tube aortique. On y aperçoit les globules de sang qui sont continuellement en mouvement et montent et descendent par suite de contractions flexueuses qu'il exerce. Je ne connais ni le mâle n1 le jeune âge de cette espèce. Eudactyle de l’Emissole (Eudactyle Musteli lævis) (nobis). Mâle. — Inconnu. Femelle (3). — Elle est d’une pelitesse extrême; elle a à peine deux millimètres de longueur. Son corps, étroit et très allongé, est divisé en anneaux qui sont parfaitement distincts et vont en diminuant de largeur de la tête à l'extrémité du corps (4). La tête est plus large que celui-cr; elle est relativement très forte, ovale, mais plus étroite cependant à son sommet qu’à sa base. | À peu de distance du bord frontal on aperçoit une petite (PAS Mao 2 Here (2) PINS; Hs-15: (CS) PM io et? (4) PI. 14, fig. 2. ARTICLE N° 3, CRUSTACÉS RARES OU NOUVEAUX. ÿ) éminence ovale, sur la partie latérale de laquelle on distingue les yeux. La tête est séparée du corps par une sorte de cou qui est plus étroit que celle-ci et que le premier anneau thoracique. Ce premier anneau, ainsi que les trois suivants, sont de la même dimension ; ils sont plus étroits du bas que du haut. Le quatrième anneau thoracique est plus long que les pré- cédents, celui qui le suit est plus petit et plus étroit, et celui qui vient après est arrondi et donne attache, des deux côtés, à des lames plates assez longues, terminées par des poils (1). En dessous, on aperçoit au bord frontal, qui est rabattu au milieu et forme un petit triangle de chaque côté, les antennes qui sont assez courtes et grosses, formées d'un pédoncule fort, suivi d’une tige plus mince, divisée en six ou sept anneaux qui, comme celui de la base, est recouvert de petites épines (2). Un peu plus bas se trouve la bouche (3), qui est conique, présentant, à son extrémité, un museau arrondi entouré de lèvres molles avec des màchoires au milieu desquelles on aper- çoit un petit suçoir. Des deux côtés de celle-e1 sont deux petits appendices ovales terminés en pointe. De chaque côté de la tête et à sa base, se montrent les pre- mières pattes (4) céphalo-thoraciques qui sont de grandeur et de grosseur moyenne, formées de quatre articles et terminées par une petite griffe. La deuxième patte n’en a que deux à peu près de la même dimension, mais est recouverte entièrement de petites épines et terminée par une petite griffe (3). La troisième patte est beaucoup plus forte et plus grosse que les autres. Elle est terminée par une grosse main chéli- forme semblable à celle que J'ai décrite dans l’autre espèce, (1) PI. 14, fig. 1 (2) PI. 14, fig. 3. (8) PI. 14, fig. 8. (4) PI. 14, fig. 3 (5) PI. 14, fig. 3 et 12. 10 HESSE. avec cependant cette différence que l’avant-dernier article est couvert de petites épines (1). Au-dessous de ces pattes sont celles des anneaux thora- ciques. Elles sont au nombre de quatre et biramées dont la première, qui est la plus petite (2), est formée de deux articles, le fémoral et un autre, terminé par des griffes, et couvertes de petites épines; elles paraissent plutôt destinées à saisir les objets qu'à servir à la natation. Les trois autres pattes biramées (3) sont plus longues et formées de trois articles; elles sont aussi couvertes d’épines très nombreuses, et l’on remarque, à leur base, en dessous, une membrane cupuliforme arrondie qui a l'aspect d’une petite ventouse. Le troisième avant-dernier anneau du corps présente, de chaque côté, un appendice assez long, plat et terminé par deux griffes (4). Ges appendices recouvrent les orifices des oviduetes, lesquels sont entourés de pointes aiguës; le reste du corps ne présente rien de particulier. Les {ubes ovifères sont longs et étroits. Les individus jeunes de cette espèce ont le corps moims large que les adultes. Coloration. — La tête est blanche aimsi que les antennes et les pattes chéliformes et l’extrémité du corps. Les yeux sont blancs, légèrement teintés de rouge. La couleur du corps varie : elle est tantôt d'un blanc verdâtre ou d’un violet, plus ou moins foncé. On remarque, sur les côtés des anneaux du corps, des points brillants qui simulent des perforations qui n'existent pas. Le corps présente en outre, de la tête à l’extré- mité inférieure, une raie noire médiane qui indique le trajet du vaisseau dorsal de l'aorte, et ses anneaux sont sur les bords externes lisérés de blanc. (1) PI. 14, fig. 3 et 6. CPI A4 io NT: (ONPIEM A or (4) PI. 14, fig. 10. ARTICLE N° 9. CRUSTACÉS RARES OU NOUVEAUX. 11 Les œufs, contenus dans les tubes ovifères, sont ovales et de couleur brune foncée. Habitat. — Trouvé, le 15 juin 1867 et le 11 novembre 1869, sur les branchies du Squale émissole, Mustellus lœvis. Contrairement à ce qui a lieu chez les espèces qui lui res- semblent, ses mouvements sont lents, ce qui s'explique par la conformation des pattes biramées, qui sont étroites et sem- blent plutôt destinées à marcher qu'à nager. Eudactyle du Squale bleu (Eudactyle Charchariæ glauci) (nobis). Male. — Inconnu. Femelle (4).— Elle est d’une extrème petitesse ; sa longueur est d’un millimètre ou d’un millimètre et demi. Son corps est large et trapu et les anneaux dont il est formé sont peu visibles. [Is sont néanmoins échancrés latéralement, ce qui permet d’en distinguer la division. La tôle est grosse et de la largeur du corps, à sa base. L’extrémité supérieure est plus étroite et le bord frontal est droit et tronqué. Les yeux sont petits et placés près du bord frontal à l’extré- mité de deux petits appendices tubuliformes. Le thorax est formé de quatre anneaux de la même largeur et longueur et l’abdomen de quatre autres, dont le premier, qui est de la même largeur que ceux du thorax, a, de chaque côté, un appendice plat qui recouvre lorifice des oviduetes; les autres sont plus étroits et cylindriques et le dernier est ter- miné par des lames plates dont l’extrémité est munie de cinq petites griffes. En dessous, près du bord frontal, et des deux côtés d’une petite plaque ovale, on aperçoit les antennes qui sont, rela- tivement, grosses et fusiformes, ayant un assez grand nombre d’anneaux rapprochés les uns des autres et hérissés d'épines (2). (1) PI. 44, fig. 13 et 14. (2) PI. 44, fig. 15. 12 HESSE. La première patte céphalo-thoracique (4) est assez longue et cylindrique ; elle est formée de trois ou quatre articles de grandeur inégale. Le dernier présente une sorte d’échancrure qui lui permet, à l’aide de la griffe qui la termine, de saisir les objets. La deuxième patte n’est formée que de deux articles qui sont gros et courts ; le dernier est terminé par une griffe ero- chue et ce dernier article, seulement, estrecouvert d’épines (2). La troisième patte est très grosse et très forte et chéliforme, elle est exactement conformée comme celles que J'ai décrites dans les autres espèces (3). Les pattes thoraciques de la première paire sont courtes, larges (4), bordées d’épines ou denticulées ; elles paraissent plutôt destinées à la propulsion qu’à la natation. Les autres pattes sont plus longues et sont également gar- nies d’épines relativement fortes (5). Les tubes ovifères sont, dans cette espèce, d’une grosseur remarquable et de beaucoup plus forte que dans les autres espèces du même genre. Les œufs sont aussi plus épais et plus larges (6). Les embryons n’offrent rien de particulier. Coloration. — La tête, les bords extérieurs des anneaux du corps ainsi que ceux de l’abdomen, sont blanes. On remarque, au milieu, le tube aortique qui est gros et qui part de la partie inférieure de la tête pour descendre perpendiculairement à autre extrémité du corps. Il est transparent et l’on y aper- çoit une multitude de globules qui sont chassés de haut en bas par les mouvements des contractions ondulatoires. Le milleu du corps est largement coloré en violet foncé. Les embryons et Les tubes ovifères sont de cette couleur. Les yeux sont rutilants, de couleur jaune passant au rouge. (1) PL 14, fig. 16. (2) PL 14, fig. 15 et 20. (3) PI:144; fig. 17° (AN PI.14; fig. 18: (5) PI. 14, fig. 19. (6) PI. 14, fig. 13, 21 et 22. ARTICLE N° 3. CRUSTACÉS RARES OU NOUVEAUX. 15 Habitat. — Trouvé, le 21 juin 1863, sur les branchies du Squale bleu, Charcharias qlaucus. Ses mouvements sont très vifs. Genre PAGODINA (Van Beneden) (1). 3. — Espèce dont aucune des pattes thoraciques ne sont terminées par une main chéliforme. Pagodina du Squale bleu (Pagodina Charchariæ glauci) (nobis). Mâle. — Inconnu. Femelle (2). — Elle n’a que quatre millimètres de longueur sur un demi-millimètre de largeur ; son corps, de forme ovale, a l'extrémité inférieure plus étroite que la supérieure. Sa tête, clvpéiforme, présente, à son bord inférieur, quatre pointes aiguës, formées par trois découpures à sa partie anté- rieure ; le front, légèrement proémiment, est encadré dans un petit écusson, formé par une légère nervure, en relief, au bas duquel, et près du bord frontal, on aperçoit les yeux qui sont au nombre de deux qui sont accolés. Les trois anneaux thoraciques qui suivent sont conformés de la même manière et sont de la même dimension. Ils pré- sentent, de chaque côté, une large squame de forme ovale, arrondie à son extrémité inférieure et se reployant en dessous, de manière à envelopper cette partie latérale du corps et la protéger. L’anneau suivant est beaucoup plus étroit; il est échaneré au milieu et ses extrémités latérales sont arrondies. IL est suivi d’un autre anneau plus étroit et plus arrondi qui donne attache, de chaque côté, à un petit appendice arrondi terminé par quelques poils; puis vient lextrémité abdominale (3) qui est conique. et présente la partie anté- rieure qui est arrondie, au-dessous de laquelle sont des lames plates écartées en haut et se réunissant en bas de chaque côté (4) Voy. le Mémoire extrait du t. XX, n° 4, du Bull. de l’Acad. royale de Belgique. (2) PI. 12, fig. 12. CAMP ie detre 14 HESSE. de l'ouverture anale. Et enfin cette partie du corps est termi- née par deux appendices lamelleux, garnis de pointes aiguës et divergentes (1). Vu en dessous (2), la fête présente, près du bord frontal, qui est légèrement rabattu au milieu des deux côtés, les an- lennes qui sont assez longues et grêles (3) et fermées de huit articles de grandeurs différentes. Un peu plus bas se trouve la première patte céphalo-thora- cique (4), laquelle est de moyenne longueur el grosseur et formée de trois articles, dont le premier, en partant de la base, est assez court et hérissé de petites épines. La deuxième patte est moins longue et un peu plus grêle et se compose de deux articles, le fémoral et l’autre, qui est à peu près de la même dimension, et se termine par une griffe recourbée. La troisième patte est plus grande et plus robuste ; elle n’est aussi formée que de deux articles, mais plus forts, etle deuxième se compose d’une griffe cannelée (5). Le thorax présente, en dessous comme en dessus, de chaque côté, les mêmes squames qu’à la face supérieure et qui sont reployées sur celle-ci. Entre elles on aperçoit, au centre, de petites barres transversales en relief, qui ne se tou- chent pas au milieu, mais qui, de chaque côté, servent de base à de petites lames plates, qui sont au nombre de trois articles pour celles qui sont latérales et de deux seulement pour celles du milieu. Ges appendices sont bordés de petites épines, et ces dispositions sont les mêmes pour les trois premiers articles thoraciques seulement. Les tubes ovifères sont très longs et très étroits. Coloration. — Le corps est d’un blanc jaunâtre pâle. Les yeux sont bleus virant au rouge. Une raie noire étroite (le (1) PI. 19, fig. 15. (2) PI. 19, fig. 13. (3) PI. 19, fig. 18. (4) PI. 19, fig. 14. (5) PL 12, fig. 16. ARTICLE N° 3 CRUSTACÉS RARES OU NOUVEAUX. 15 tube aortique) parcourt verticalement, au milieu, toute l’éten- due du corps. Les tubes ovifères sont de couleur brune très foncée. Habitat. — Trouvé, le 17 août 1867, sur les branchies du Squale bleu, Charcharias glaucus. S 2. — SYSTÉMATISATION. J'ai déjà, dans un précédent Mémoire publié dans les Annales des sciences (4), fait connaitre trois Crustacés para- sites appartenant au genre Krôyéria, créé par M. Van Beneden. Je viens d’en décrire un nouveau, qui se distingue des précé- dents par plusieurs dissemblances que je vais faire ressortir. Chez le Crustacé décrit par M. Van Beneden, la tête de la femelle est très large et presque carrée. Les anneaux thora- ciques sont, au contraire, excessivement étroits et l'abdomen est plus gros que celui-ci et est d’une longueur excessive, tandis que les deux appendices qui le terminent sont remar- quablement courts. Dans celui que je fais connaitre, le bouclier céphalique est régulièrement arrondi à son extrémité supérieure et sa largeur dépasse peu celle des anneaux thoraciques. La région abdo- minale est de grandeur moyenne et relativement très large à sa base; et la caudale est, au contraire, très longue et termi- née par des appendices qui le sont aussi. Du reste, toutes ces différences sont surtout évidentes lorsque l’on compare entre eux les dessins qui les représentent. Il en est de mème des espèces que J'ai déerites : l’habitat qui n’est pas le même; les différences de formes sont tellement saisissables, qu’il est impossible de les confondre. Relativement à leur classification, je n’ai qu’à répéter ce que j'ai dit dans un précédent Mémoire (2), qu’ils doivent être classés parmi les Pachycéphaliens avec les Dichélestiens : et (1) Annales des sciences nat., 6° série, t. VITE, art. n° 11, p. 1 à 34. (2) Voy. Ann. des sc. nat., 6° série, t. VIE, art. n° 11, p. 1 à 94. 16 - HESSE. non avec les Peltocéphaliens et les Caligiens surtout, avec les- quels ils ont peu ou point de ressemblance. Ce que je viens de dire des différences essentielles qui exis- tent entre l'Eudactylina acuta de M. Van Beneden, et ceux dont j'ai donné la description, peut encore se répéter, à raison des dissemblances que ce Crustacé présente avec ceux qui font l’objet de ce Mémoire, malgré, cependant, que le parasite qu'il fait connaître ait été trouvé, ainsi qu’un de ceux que je décris, sur les branchies de deux Squales diffé- rents : du Squatine ange et du Spinaz Achantius ; et, bien que l’origine soit la même, les formes sont tout à fait différentes, et, outre cela, il est très remarquable par les petites épines dont tout son corps et ses membres sont hérissés (1). Ilen est de même des deux autres individus que je décris, dont l’un a été trouvé sur lÉmissole (2) et l’autre sur le Squale bleu (3). Tous les deux ont des formes qui ne peuvent guère être attribuées à l’Eudactylina acuta; celui qui en approche le plus, mais peu, cependant, serait l£udactylina du Squale bleu. Relativement à la Pagodina (4) du Squale bleu que je décris, je constate aussi de nombreuses différences entre elles et celle de M. Van Beneden, si surtout on les compare au dessin réduit qu'il en donne de la femelle figure 9 ; la même se rapproche- rait davantage de la figure de la mème planche, n° 8, où elle est vue en dessous ; mais, comme l'habitat n’est pas le même, il est bien possible que ce soit une espèce différente. (PIS Mo 2 Sete (2) PLA4% tiger?" (3) PI. 14, fig. 13 et 14. (PI 42 the. 42 Voy. un Mémoire extrait du t. XX, n° 4, du Bull. de l’Acad. royale de Bel- gique. ARTICLE N° 3. CRUSTACÉS RARES OU NOUVEAUX. 17 EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE 1. Fig. 1. Krôyéria du Milandre. Femelle, vue en dessus, au grossissement de 30 fois sa longueur. Fig. 2. Son céphalo-thorax, vu en dessus, à un très fort grossissement. Fig. 3. Sa bouche, considérablement amplifiée. Fig. 4. Patte natatoire de celui-ci, très grossie. Fig. 5. Deuxième et troisième pattes thoraciques du même, très ampliliées. Fig. 6. Extrémité inférieure de la première patte thoracique chéliforme de celui-ci, très grossie. Fig. 7. Les yeux, très amplifiés. Fig. 8. Petite plaque rouge pigmentaire, au bord de laquelle on aperçoit quatre points blancs destinés à former ou à remplacer les yeux. Fig. 9. Épine latérale du bouclier céphalique, très amplifiée. Fig. 10. Extrémité inférieure de l’abdomen du même à un très fort grossisse- ment. Fig. 11. Partie du squelette ou de la charpente sur laquelle sont fixées, à leur base, les pattes natatoires. Fig. 12. Pagodina du Squale bleu. Femelle, vue dessus et amplifiée de 24 fois sa longueur. Fig. 13. Céphalo-thorax de la même, à un plus fort grossissement. Fig. 14. Première patte thoracique de la même, très grossie. Fig. 15. Appendice lamelleux de l’extrémité inférieure de l’abdomen. Fig. 16. Troisième patte thoracique de la même, très grossie. Fig. 17. Extrémité de son abdomen, très amplifiée. Fig. 18. Un anneau du même, très grossi. Fig. 19. Le premier anneau thoracique, vu en dessous et très grossi, montrant les petites pattes natatoires, bi-ramées, fixées sur des tiges transversales adhérentes au teste, encadrées latéralement par le retour en dessous des squames du dessus du corps. PLANCHE 2. Fig. 1. Eudactylina femelle du Squale ange, vue en dessus et grossie 40 fois. Fig. 2. La même, au même grossissement, vue en dessous. Fig. 3. La même, au même grossissement, vue de profil. Fig. 4. Bouclier céphalique de la même, très grossi, vu en dessus. Fig. 5. Le même, vu en dessous. Fig. 6. Le même, dans la même position, mais les antennes abaissées. Fig. 7. Bouche de la même, vue de face, à un fort grossissement. Fig. 8. Partie supérieure du thorax très grossie, vue en dessous, à laquelle sont attachées les premières pattes natatoires. Fig. 9. Deuxième patte thoracique, très grossie, vue de profil. ANN. SC. NAT., ZOOL., NOVEMBRE 18583. XVI. 22. — ART, N° 9, 18 HESSE. — CRUSTACÉS RARES OU NOUVEAUX. Fig. 10 et 11. Pattes natatoires de la même, à un fort grossissement, vues de profil. Fig. 12. Première patte du bouclier céphalique, vue de profil. Fig. 13. Larve de ce Crustacé, très grossie. PLANCHE 9. Fig. 1. Eudactylina femelle de l'Emissole, amplifiée 35 fois, vue en dessus. Fig. 2. La même, vue de profil, mais à un grossissement, moins fort. Fig. 3. Tête de la même, très grossie, vue en dessous. Fig. 4. Les yeux de la même, très amplifiés. Fig. 5. Première patte thoracique de la même, très grossie. fig. 6. Troisième patte thoracique de la même, au même grossissement, Fig. 7. Quatrième patte de la même, très amplifiée. Fig. 8. Petit appendice qui termine l’abdomen, très grossi. Fig. 9. Sixième patte thoracique, très grossie et vue de profil. Fig. 10. Lames plates, latérales, fixées à l’avant-dernier anneau du corps, ces appendices destinés à protéger l’orifice des ovaires. Fig. 11. Trois derniers articles du corps, très grossis, vus de profil. Fig. 12. Première patte thoracique du même, très grossie, vue de profil et contractée sur elle-même. Fig. 13. Eudactylina femelle du Squale bleu, Charcharias Glaucus, vue en dessous et amplifiée 50 fois. Fig. 14. La même, à un grossissement beaucoup moins fort, vue de profil. Fig. 15. La tête de la même, vue en dessous et très grossie. Fig. 16. La première patte thoracique, vue de profil et très grossie. Fig. 17. Deuxième patte thoracique de la même, très grossie. Fig. 18. Cinquième patte bi-ramée de la même, aussi très amplifiée. Fig. 19. Sixième patte bi-ramée de la même et très grossie. Fig. 20. Deuxième patte thoracique de la même, très grossie, mais vue de profil. Fig. 21. Embryon de la même, très grossi et renfermé dans son enveloppe. Fig. 22. L’embryon sorti de son œuf et à l’état libre. Fig. 23. Extrémité, très grossie, du pouce qui va se loger dans la petite cavité opposée à la main chéliforme. ARTICLE N° 3. LES MOAS ET LES CHASSEURS DE MOAS Par M. A. DE QUATREFAGES Lorsque je publiai dans le Journal des Savants un premier article sur la Nouvelle-Zélande et ses habitants (1), nous n’a- vions reçu en Europe que les trois premiers volumes des Transactions où sont résumés les travaux des sociétés savantes néo-zélandaises. À cette époque, j’eus à exprimer le regret que ce recueil ne renfermât qu’une seule et très courte notice rela- tive aux grands oiseaux brévipennes désignés sous le nom commun de Moas (2). Cette lacune a été comblée depuis lors. Les volumes suivants nous ont apporté denombreux mémoires, où sont traitées les diverses questions que soulève l’histoire de ces oiseaux. Je voudrais résumer ici cet ensemble de recherches, fort intéressantes à bien des égards, en évitant les détails par trop techniques, pour lesquels je ne puis que ren- voyer le lecteur aux travaux de MM. Haast, Hochstetter, etc., et surtout à ceux de M. Richard Owen, devenus classiques depuis leur apparition. IL. Rappelons d’abord le trait le plus frappant de la faune néo- zélandaise. Les voyageurs qui abordèrent les premiers sur cette terre lointaine (3) furent surpris de n’y trouver, en fait de mammi- (1) Janvier 1873. Le travail actuel à paru dans le même journal (n° de juin et de juillet 1885). (2) Address on the Moa by the hon. W. B. Mantell Transactions and Pro- ceedings of the New Zealand Institut, t. I, p. 18. M. Mantell seul s'était occupé de l’histoire générale des Moas. Mais il est juste d'ajouter que M. Haast avait donné dans le même volume un travail entièrement technique, où il fai- sait connaître les résultats de mesures prises sur de très nombreux ossements (Id., p. 80). (3) La Nouvelle-Zélande a été découverte par Tasman, le 13 décembre 1642. Elle fut oubliée et comme perdue pendant plus d’un siècle et retrouvée par Cook, le 6 octobre 1769. ARTICLE N° 4. * ? DE QUATREFAGES. fères, qu’un Chien domestique et un Rat que les indigènes chas- saient comme gibier. Depuis lors on y a découvert deux Chauves-souris de genres différents (1). Les recherches des géologues ont étendu aux temps paléontologiques les résultats fournis par l'étude des animaux vivants, en les accentuant davantage. On n’a pas encore découvert de mammifère fossile dans toute l'étendue des terres composant la Nouvelle-Zélande. Cela même rendait plus frappantes les exceptions que je viens d'indiquer. Comment interpréter l'existence de ces quatre espèces isolées, représentant chacune un des sous-types de la classe et n'ayant été précédées par aucune autre appartenant au groupe fondamental? Il y avait là un fait étrange et sans ana- logue partout ailleurs. Nulle autre part, on ne voit une classe entière d'animaux manquer totalement aux faunes fossiles et n être représentée dans la faune actuelle que par un nombre insignifiant d'espèces appartenant à des ordres distincts. Tou- jours, au contraire, 1l existe des affinités plus ou moins étroites entre le passé et le présent des créations animales. On sait même que ces rapports sont chaque jour invoqués comme autant d'arguments en faveur des doctrines transformistes. La faune néo-zélandaise présente done une exception unique à l’un des faits les plus généraux jusqu'ici constatés. Or 1l est bien difficile d'admettre l'existence d’exceptions de cetle na- ture. On était donc naturellement conduit à se demander si quelque phénomène accidentel n'était pas venu masquer ici les faits naturels; si ce Chien, ce Rat, ces Chauves-souris, ap- partenaient vraiment à la faune néo-zélandaise; s’ils n'étaient pas de simples colons amenés n'importe comment sur une terre à laquelle ils étaient originairement étrangers. La présence des cheiroptères pouvait aisément être attribuée à un faic de dissémination accidentelle résultant de quelques coups de vent, comme on en a constaté de nos Jours dans ces (1) Scotophilus tuberculatus (Gray), identique à une espèce d'Australie, et la Mystacina tuberculata, qui n’a encore été trouvée qu’à la Nouvelle-Zélande (Note communiquée par M. Alphonse Edwards). ARTICLE N° 4. MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 3 parages (1). Mais celle des deux mammifères terrestres est resté longtemps inexpliquée. Pour résoudre ce curieux pro- blème de géographie zoologique, il a fallu que sir George Gray découvrit, traduisit et publiât les chants historiques qui ont fourni des renseignements aussi précis que curieux sur les origines premières des Maoris. Par lui nous avons appris qu’en quittant Hawaïki pour la terre nouvelle découverte par Ngahué, les chefs émigrants emportaient avec eux les plantes, les animaux, dont l'expérience leur avait appris l’utilité. Le Chien et le Rat figurent dansla liste de ces trésors du colon (2) et attestent encore aujourd'hui l’exactitude des traditions dont nous devons la connaissance à l’ancien gouverneur de la Nouvelle-Zélande. Ils ne sont pas nés sur ces îles ; ils y ont été importés (3). (1) Le Zosterops lateralis (Latham), oiseau originaire d'Australie, a été porté de cette facon à la Nouvelle-Zélande et dans la petite île Campbell. Il n'existait pas aux îles Chatham avant 1861. A cette époque, il y parut brus- quement à la suite d’une tempête (Rapport sur l'exposition faite au Muséum des objets d'histoire naturelle recueillis par MM. de L'Isle et Filhol par A. de Quatrefages ; Archives des Missions scientifiques et littéraires, t. V, p. 24). (2) Polynesian mythology, 1855. — The emigration of Turi, p. 212 et 214, — The emigration of Manaïa, p. 228. J’ai analysé ces documents et tous ceux qui se rattachent au même ordre d'idées dans un ouvrage intitulé : Les Poly- nésiens et leurs migrations, accompagné de quatre cartes. Je me borne à rappeler que l’Hawaïki, dont il est ici question, est une des îles Manaïa, et probablement l’île Armstrong ou l’île Bourouti de nos atlas. (3) La Nouvelle-Zélande a maintenant des mammifères que les Européens lui ont amenés, et dont l’acclimatation n’a pas été sans inconvénients. Notre Sur- mulot a détruit à peu près complètement le Rat importé par les colons d’Ha- waïki, le Kiore des Maoris. Il va sans dire que la Souris l’a accompagné. Notre Chat est redevenu sauvage dans cette île, et c’est probablement un de ces ani- maux que l’on a pris pour une espèce de Loutre indigène qui aurait été vue une seule fois. Notre Lapin s'y est multiplié, comme en Australie, au point de devenir un fléau pour les cultures; si bien qu’il y a quelques années, la Société d’acclimatation de Paris reçut la demande d’un certain nombre de Belettes, pour lesquelles on offrait cent francs par paire. On les aurait lâchées, dans l’espoir de les voir se multiplier et faire la guerre aux Lapins. Mais on comprend que le remède aurait pu devenir pire que le mal. Quant aux Cochons, introduits par Cook, en 1769, ils sont aujourd’hui si nombreux et causent de tels ravages, que l’on engage des chasseurs exprès pour les détruire. Hochstetter nous apprend qu'en vingt mois, trois hommes, chassant sur une étendue de 4 DE QUATREFAGES. Les mammifères, étrangers à la faune naturelle de cet archipel, y étaient en quelque sorte remplacés par des oiseaux appartenant à un type spécial, représenté partout ailleurs par un fort petit nombre d'espèces, et qui a pris ici un développe- ment absolument exceptionnel. Je veux parler d’oiseaux à ailes rudimentaires, à plumes pour ainsi dire effilochées, inca- pables de voler et plus ou moins analogues à l’Autruche ou au Casoar (1). Quatre ou cinq espèces de ce groupe existent encore 250000 acres (100 000 hectares), n'avaient pas tué moins de 25 000 Porcs sauvages et se chargeaient d’en tuer encore 15 000 sur le même terrain (New Zealand, p. 162). Ces Pores sauvages amêneront prochainement l'extinction complète des derniers oiseaux aptères du pays, les Apteryx, dont ils détruisent les nids. Au reste, l’acclimatation des animaux étrangers a marché à la Nouvelle- Zélande avec une surprenante rapidité. Quatorze espèces d’oiseaux venus d’Eu- rope, d'Asie ou d'Amérique se sont faits de cette terre maritime une nouvelle patrie. Les colons y ont transporté non seulement les Moineaux et les Alouettes, mais aussi le Faisan et le Colin de Californie. Tous ces nouveaux venus ont chassé devant eux les espèces indigènes, dont les représentants deviennent de plus en plus rares, et dont RER paraissent menacées d’une extinction pro- chaine. Rappelons en passant que l'invasion de la Nouvelle-Zélande par les plantes étrangères n’a été ni moins générale, ni moins meurtrière pour les végétaux indigènes. Nos céréales, nos légumes, remplacent partout les patates et font arracher les fougères dont la racine alimentait les Maoris. Nos mauvaises herbes elles-mêmes, transportées ici involontairement, se sont multipliées au point d’étouffer celles du pays. « Dans la plaine de Christchurch, écrit M. Filhol, on a beau chercher, on ne trouve plus une plante polynésienne ; on peut se croire en pleine Beauce » (Rapport sur l'exposition faite au Mu- séum des objets d'histoire naturelle recueillis par MM. de L'Isle et Filhol, loc. cit.). (1) En dehors de la Nouvelle-Zélande, le type ornithologique dont il s’agit ici n'est représenté que par quatre espèces ayant chacune une aire d'habitat fort différente, et isolées les unes des autres par de vastes espaces. Ge sont lAutruche (Struthio camelus, Linné), qui habite presque toute l'Afrique, l’Arabie et les parties chaudes de l’Asie jusqu’en deçà du Gange; la Nandou ou Autruche d'Amérique (Rhea americana. Lath.), qui habite l'Amérique du Sud depuis le Brésil jusqu’à la Patagonie; l’'Émeu ou Casoar à casque (Casua- rius emeu, Lath.; Struthio casuarius, Linné), que l’on trouve seulement dans l’Archipel Indien et principalement dans des forêts de Céram; enfin l’'Émouou Casoar sans casque (Casuarius Novæ Hollandiæ, Lath.), qui paraît avoir été répandu dans toute l'Australie, mais que les colons européens refoulent de plus en plus et ne manqueront pas de détruire. ARTICLE N° 4. MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. D à la Nouvelle-Zélande. Elles sont connues des indigènes sous le nom commun de Av, et ont été réunies par les natura- listes dans le genre Apteryx (1). Leur taille varie de celle d’une Poule à celle du Dindon. Mais le nombre des espèces éteintes est bien plus considérable; et, parmi elles, il s'en trouvait dont les proportions étaient vraiment gigantesques. Ce sont ces espèces disparues que l’on appelle du nom com- mun de WMoas, emprunté à la langue des Maoris (2). Les premières recherches sur ce curieux chapitre de l’or- nithologie datent de 1830. L'illustre anatomiste anglais, Richard Owen, avait reçu d’un M. Rule la portion moyenne d’un fémur,; et, de l'examen de cette seule pièce incomplète, il tira des conclusions que tout est venu confirmer (3). Des maté- riaux plus abondants et plus complets lui permirent bientôt de reconnaître cinq espèces distinctes qu'il réunit dans ie genre Dinornis. Plus tard, ce nombre s’est progressivement élevé jusqu’à treize, et l’on a trouvé chez ces représentants d’une faune éteinte des caractères différentiels de plus en plus prononcés. Si bien que M. Julius Haast, l’éminent géologue (1) Ces espèces sont l’A. Australis, l'A. Mantelli, VA. Owenii et VA. Haastii. Une cinquième espèce de grande taille existe peut-être dans les régions désertes de l’île du Milieu. Elle a même été décrite par Verreau, voyageur naturaliste français. Mais il n’avait jamais vu qu’une seule peau couverte de plumes dont un chef Maori s'était fait un manteau (Note communiquée par M. Alphonse Edwards). (2) Les Kiwis ont vécu en même temps que certaines espèces de Moas. On a trouvé leurs os mêlés les uns aux autres dans des cavernes et aussi dans les débris de cuisine dont je parlerai plus loin. Les Moas ne sont pas d’ailleurs les seuls oiseaux dont les espèces aient disparu à la Nouvelle-Zélande. Owen a montré qu’il en est de même pour deux Rallides dont il a fait le genre Aptor- nis. M. Haast a décrit les restes d’un grand oiseau de proie qu'il a nommé Harpagornis Moorei, et qui est peut-être le Wek%a dont parlent certaines tra- ditions maories (Notes on Harpagornis Moorei, by J. Haast. Transactions, t. IV, p. 192, pl. X et XI). (3) Richard Owen fit sa première communication sur ce sujet à la Société zoologique de Londres, le 13 novembre 1839 (Laurillard, article Dinornis, dans le Dictionnaire universel d'histoire naturelle de d’Orbigny). M. Owen a poursuivi ses études, grâce surtout aux matériaux envoyés par M. W. Mantell. Les résultats ont paru dans les Transactions of the CRIE Society, 1844 et années suivantes. 6 DE QUATREFAGES. néo-zélandais, a cru devoir en former quatre genres, répartis eux-mêmes en deux groupes ou familles (1). Il est facile de voir que ces découvertes paléontologiques confirment les observations que je présentais tout à l'heure et font rentrer la Nouvelle-Zélande dans la règle générale. Cette terre australe n’a jamais produit de mammifères. En revanche le type des oiseaux brévipennes s’y est développé avec une abondance et une variété de types secondaires que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Il y a accord complet entre sa faune fossile et sa faune vivante; et ces faunes, précisément par le caractère exceptionnel qui leur est commun, attestent une fois de plus l’universalité des lois qui relient partout le passé et le présent du monde animal(2 ). (1) Voici la classification de M. Haast, qui ne comprend encore que onze espèces. [. Famille des Dinorthidés. Genre Dinornis, comprenant : D. maxi- mus; D. robustus ; D. ingens; D. struthioides ; D. gracilis. Genre Meionornis» comprenant : M. casuarinus ; M. didiformis. — II. Familles des Palaptéri gides. Genre Palapteryx, comprenant : P. elephantopus; P. crassus. Genre Euryapteryæ; comprenant : E. gravis, E. rheides (Proceedings of the philo- sophical Institut of Canterbury, March., 1874. Address, by J. Haast, président. — Transactions of the New Zealand Institut, t. VI, p. 426). M. Haast se fon- dant sur des considérations tirées surtout de la taille, paraît disposé à croire qu’il a lui-même réuni sous le seul nom de Meionornis casuarinus deux espèces qu’il faudra distinguer plus tard. Il fait des remarques analogues au sujet du Palapteryx elephantopus (p. 429). M. Hutton, directeur du musée d’Otago, a critiqué la classification de M. Haast et contredit quelques-uns des faits invo- qués par son confrère. Il pense avec Owen que tous les Moas ne forment qu’une seule famille naturelle, celle des Dinornithidés (Transactions, t. IX, p. 363). Owen et M. A. Ewards n’admettent que les deux genres Dinornis et Palap- teryx. Le premier tridactyle, le second ayant un quatrième doigt court et dirigé en arrière. (2) Les observations précédentes n’intéressent pas seulement l'histoire de la faune néo-zélandaise ; elles touchent à l’histoire de l’homme lui-même. A elles seules, elles cent pour réfuter une théorie récemment émise, par M. P.-A. Lesson, dans un livre rempli, d’ailleurs, de faits et de documents importants, et dont trois volumes sur quatre ont paru (Les Polynésiens, leur origine, leurs migrations et leur langage. Paris, 1882). L’auteur admet que l’ensemble de la Polynésie, Taïti, les Sandwich, les Samoas, les Tongas, etc., a été peuplé par voie de migrations. Mais au lieu d’accepter l’Archipel malais comme point de départ de la race, il fait naître l’homme polynésien à la Nouvelle-Zélande. Il en revient ainsi à la vieille doctrine de l’autochtonisme, dont le magnifique ARTICLE N° 4, MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 7 Le nombre des ossements de Moas recueillis par les savants ou les simples amateurs habitant la Nouvelle-Zélande est très considérable; et 1l n’est que juste de reconnaitre la générosité avec lequelle ces richesses scientifiques ont été communiquées à ceux qu'elles pouvaient intéresser ou même partagées avec les savants du monde entier. Tous les grands musées d'Europe et d'Amérique possèdent aujourd'hui des spécimens plus ou moins complets de ces étranges oiseaux. M. Mantell fils, qui s’occupa un des premiers de cette question, a envoyé à Richard Owen plus de mille échantillons (1). Lorsque le savant géo- logue de la Nocara, M. Hochstetter, voulut fouiller lui-même les marais et lès cavernes à ossements, il trouva partout le concours le plus empressé. [l en a été de même pour notre compatriote, M. Filhol (2). C’est au bon vouloir, à la libéra- travail de H. Hale avait déjà démontré le peu de fondement, et en même temps, il place le berceau des insulaires polynésiens sur la terre qui prête le moins à toute hypothèse de ce genre. Jai déjà sommairement examiné la théorie de M. Lesson et indiqué comment, indépendamment des données fournies par l'étude des faunes, les documents historiques dus, en partie, à l’auteur lui- même, mais surtout à sir George Grey, Thornson, Shortland, etc., ne per- mettent pas de l’accepter (Hommes fossiles et hommes sauvages, p. 485). Je reviendrai sur ce sujet quand le livre de M. Lesson sera terminé. (1) Hochstetter, loc. cit., p. 182. (2) MM. Filhol et de L'Isle avaient été attachés, en 1874, comme naturalistes, aux expéditions envoyées pour observer le passage de Vénus aux îles Saint- Paul et Campbell, sous le commandement de MM. l'amiral Mouchez et Bouquet de Lagrye. Tous deux rapportèrent des collections importantes. Mais M. de L'Isle, empêché par la maladie, ne put réaliser tout ce que promettait son sèle éprouvé. Plus heureux, M. Filhol remplit sa mission d’une manière remar- quable. Après avoir exploré à fond l’île Campbell, il se rendit par deux fois à la Nouvelle-Zélande, dont il parcourut les principales provinces. Il visita ensuite les îles Viti, la Nouvelle-Calédonie, les Sandwich et revint en France par San- Francisco. De partout, il rapporta des collections hors ligne et des observations pleines d'intérêt. C’est M. Hutton, directeur du Musée d’Otago, qui a donné à M. Filhol, pour notre Muséum, de nombreux ossements de Moas et deux sque- lettes complets, l’un de Palapteryx elephantopus, l’autre de P. crassus (Rap- port sur l’exposition faite au Muséum des objets d'histoire naturelle recueillis par MM. de L'Isle et Filhol (loc. cit.). De son côté, M. Haast nous a envoyé, avec un très grand nombre d’osse- ments isolés, quatre squelettes à très peu près complets et qui ont pu être montés, des Dinornis crassus, giganteus, elephantopus et didiformis. Le Muséum possède, en outre, un modèle en plâtre du magnifique Dinornis 8 DE QUATREFAGES. lité de nos confrères néo-zélandais, en particulier de MM. Ju- lius Haast et Hutton, que nous devons les magnifiques pièces qui figurent aujourd’hui au Muséum. On ne m’en voudra pas d’avoir insisté sur ces faits et de remercier ici publiquement les hommes qui comprennent et pratiquent si dignement la confraternité scientifique. IT. Cette abondance de matériaux à permis de se faire une idée bien complète de ce qu'étaient les Moas. On à pu reconstituer des squelettes entiers de plusieurs espèces et juger ainsi de leur taille, de leurs proportions. Dans l’ensemble et malgré les différences secondaires qui les distinguent, tous ces oiseaux rappellent, comme je l'ai déjà dit, lAutruche ou le Casoar. La tête est petite; rien, chez elle, n'indique l'existence d'une crête solide analogue à celle qui distingue l’Emeu et lui a valu le nom de la Casoar à casque. Le cou très long, d’abord grêle, s’épaissit progressivement en se rapprochant du tronc comme chez le Casoar. L’ossature du corps est robuste. Le sternum seul est relativement très petit et plat. La réduction de cet os, si développé chez les oiseaux qui volent, s'explique ici par la petitesse des ailes, qui sont vraiment rudimentaires. En re- vanche, toute la portion du squelette se rattachant aux membres postérieurs à pris des dimensions exceptionnelles. Le bassin est massif; les os de la cuisse, de la jambe, du métatarse, ont des têtes énormes et le corps de l'os lui-même est relative- ment bien plus épais que dans Îles représentants vivants du type. Ces caractères sont surtout marqués chez le Palapteryx elephantopus. Gelui-ci était un peu plus petit que nos Au- truches, et pourtant, chez lui, le métatarse présente une cir- ingens, recueilli, reconstitué par Hochstetter et figuré dans son livre, p. 187 et 188. Les objets rapportés par M. de L'Isle et Filhol firent à eux seuls les frais d’une exposition publique occupant en entier la vaste orangerie du Muséum et qui fut le sujet du Rapport que j'ai dû mentionner à diverses reprises. ARTICLE N° 4. | MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 9 conférence à peu près double du même os chez l'Autruche et le Casoar (1). | La taille variait d’une manière très sensible d’une espèce à l’autre chez les Moas. Les plus petits (Meinornis didiformis) n'avaient que 3 à 4 pieds de haut(0",97 à 1,30) (2). Ils étaient done très inférieurs à l’Autruche dont la taille varie de 6 à 7 pieds (1,95 à 2,27). Mais la Palapteryx ingens était pré- cisément de cette même taille; le Dinornis robustus avait 8 à 9 pieds de haut (2,60 à 2",99) et le Dinornis maximus éle- vait sa tête à 9 ou 10 pieds du sol (2",99 à 3",95). Il dépassait donc à peu près de 1 mètre nos plus grandes Autruches (3). D’après Thomson, cité par M. Alphonse Edwards dans un tra- vail inédit qu’il a bien voulu me communiquer, il aurait même existé des individus hauts de 13 à 14 pieds anglais (4 mètres à 4",25). La figure ci-contre donnera une idée de ce que devaient être ces énormes brevipennes (3). En comparant un grand nombre d’ossements d'individus adultes de la même espèce, M. Haast a reconnu qu'ils for- maient toujours deux séries de taille un peu différentes. Il a attribué cette inégalité au sexe ; et, guidé par ce qui existe chez les Apteryæ, il a regardé les os les plus grands comme ayant appartenu à des femelles (4). On n’a pas découvert seulement les restes osseux de Moas (1) Hochstetter, loc. cit., p. 138. (2) J'emprunte tous ces nombres au tableau de mensuration de Hochstetter (loc. cit., p. 198). Le savant voyageur paraît avoir jugé de la taille, non pas en mesurant la distance du bec à l'extrémité des pattes, mais en supposant l’oi- seau au repos, dans sa position d'équilibre, le eou incliné en avant et présen- tant une double courbure, comme il a représenté le Palapteryx ingens, dont le squelette entier est à Vienne (loc. cit., p. 188). (3) Cette figure, faite d’après une photographie, a été publiée d’abord par M. Haast (Geology of the provinces of Canterbury and Westland). M. de Quatrefages l’a reproduite dans un ouvrage publié récemment (Hommes fossiles et hommes sauvages, | vol. in-8, 209 figures dans le texte et une carte, chez J.-B. Baillière). Les éditeurs ont bien voulu mettre à notre disposition le bois qu'ils avaient fait graver et nous nous empressons de les remercier ici. (Les Réd. des Annales) (4) Address (Transactions), t. VI, p. 428. 10 DE QUATREFAGES. £ ) ù) at T2 EX = = S— N==—= CAN EKDE—= 1) pl G | EVERMOREKEN SE >. des deux sexes et de tout âge. On a rencontré par myriades des ARTICLE N° 4. MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. : 11 fragments d'œufs et quelques œufs entiers dont la plupart ont malheureusement été cassés, Mais on à pu en restituer un assez grand nombre (1). Ces œufs d’un jaune pâle étaient comme piquetés de points et de petits sillons creux (2). Leur volume était bien supérieur à celui des œufs d’Autruche, sans égaler pourtant, sous ce rapport, les œufs de l’Æpyornis (3). Dans l’un d’eux on a trouvé les ossements d’un jeune fœtus, et M. le docteur Hector a pu les comparer à ceux d’un embryon d’Émou du même âge (4). Il est intéressant de voir que, dès celte époque, les caractères différentiels principaux sont net- (1) A lui seul, M. Mantell a reconstitué une douzaine de ces œufs qu’il a pour la plupart distribués au British Museum et au Musée des chirurgiens. Parmi ces pièces qui témoignent hautement de l’adresse et de la patience de l’auteur, il en est qui ne comptent pas moins de deux à trois cents morceaux rapportés (On Moa beds, Transactions, t. V, p. 94). (2) On the microscopical structure of the egg-shell of the Moa, by captain F. W. Hutton (Transactions, t. IV, p. 166, pl. IX, fig. 1, 2, 3, 4 et 5). La co- quille de l’œuf, épaisse d’environ 17 millimètres et demi, se compose de deux couches. L’extérieure est formée par des lamelles parallèles à la surface; l’intérieure, par des espèces de prismes normaux à la première. D’autre observateurs parlent de ces œufs comme étant parfaitement lisses. Il se pour- rait bien que les petits sillons, dont il est question ici, fussent dus à l’action érosive de grains de sable poussés par le vent. On sait, en effet, que cette action s'exerce même sur des roches bien plus résistantes que des coques d'œufs, et ce fait a été constaté précisément à la Nouvelle-Zélande. (3) L’Æpyornis maximus habitait Madagascar. Il a été détruit par la main de l’homme, mais on ne sait à quelle époque. Les œufs et quelques ossements ont été décrits pour la première fois par Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire (Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1851, t. XXXIL, p. 101, et Annales des sciences naturelles, 3° série, t. XIV, p. 206 et 213). M. Alphonse Edwards, ayant recu de nouveaux matériaux, à fait sur cette. espèce un travail bien complet (Recherches sur la faune ornithologique éteinte des îles Mascareignes et de Madagascar, p. 85, 1873). Des études de ce naturaliste, il résulte que Pl Æpyor- nis se rapprochait des Moas, tout en présentant des caractères propres à en faire le type d’une famille comprenant probablement trois espèces. En parti- culier, les os du métatarse étaient encore plus épais, plus massifs que chez le P. elephantopus. Sa taille devait être de 2 mètres, à peu près. Ses œufs, dont on possède plusieurs, ont une capacité de plus de huit litres, et représentent en volume six œufs d’Autruche ou cent quarante-huit œufs de Poule. (4) On recent Moa remains in New Zealand, by James Hector M. D ; F.A.S. (Transactions, t, IV, pl. VI, fig. 3 et 4). La même planche donne le dessin des œufs de Moa et d'Émou réduits au tiers (fig. 1 et 2). — Lettre de M. T. M. Cock- burn Hood au docteur Hector (Transactions, t. VI, p. 387). 12 DE QUATREFAGES. tement accusés, et que le bassin, les os de la jambe, ete., sont bien plus volumineux chez le Moa que chez son proche parent de la Nouvelle-Hollande. Enfin on a recueilli, à diverses reprises et sur des points différents, des plumes isolées de Moas, ayant appartenu à diverses parties du corps et même des portions de squelette auxquelles adhéraient encore des muscles, des tendons, des lambeaux de peau, et des plumes dans un état remarquable de conservation (1). Je reviendrai plus loin sur les consé- quences à lirer de ces dermiers faits. [ei je n’en parle que pour compléter la description de ces oiseaux. M. Hutton a étudié les plumes trouvées dans deux localités, au milieu d’ossements de Moas. Ces plumes appartenaient à la même espèce. Elles étaient aussi fraiches et les couleurs en étaient aussi vives que si l’on venait de les arracher. Mais toutes étaient brisées, à l’exception d’une seule, dont 1l donne la figure (2). La longueur totale est de 16 centimètres. Le tube n’a que 5 à 6 millimètres et porte deux tiges très grèles, dont les barbes, quoique garnies de barbules, restent isolées les unes des autres. Ces barbes, d’abord très courtes, attei- gnent une longueur d'environ ? centimètres et demi, et la plume se termine par un bord arrondi. Les deux premiers tiers, à partir de la base, sont d’un brun plus ou moins rou- geâtre, qui passe progressivement au noir, tandis que l’extré- mité arrondie est du blanc le plus pur. M. Hutton fait observer que cet ensemble de caractères rapproche les Moas des Brévi- pennes américains et australiens plutôt que de l’Autruche afri- caine (3). On comprendra d’ailleurs que tous les Moas n'avaient pas le même plumage. Les découvertes de M. Taylor White ont (1) Address on the Moa ; Extracts, by the hon. W. B. Mantell (Transactions, t. 1, p. 19). — On some Moa feafhers, by capt. F. W. Hutton (Transactions, t. IV, p. 172). — On recent Moa remains in New Zealand, by James Hector, M. D., F. R.S. (Transactions, t. IV, p. 110). Il est souvent question de faits analogues dans d’autres mémoires et j'aurai occasion d’y revenir. (2) Loc cit., pl. IX. (3) Loc. cit., p. 173. ARTICLE N° 4. MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 13 confirmé, sur ce point, ce qu’il était aisé de prévoir. Dans la grotte du mont Nicolas il a trouvé des plumes d’un jaune brun pâle, plus foncées sur les bords. Quelques-unes étaient d’un brun noirâtre. Les plumes provenant d’une autre grotte, près de Queenstown, étaient d’un brun rougeàtre el marquées d’un trait brun foncé vers l'extrémité de la tige (1). On connait done, au moins en partie, le plumage de trois espèces de Moas (2). Les plumes que je viens de décrire venaient sans doute de la région moyenne ou postérieure du corps. La précieuse pièce décrite et figurée par le D' Hector montre les modifications que présentaient, à cet égard, la région dorsale antérieure et le cou (3). Cette pièce comprend sept vertèbres, la première dorsale et les six dernières cervicales, réunies par leurs liga- ments et ayant conservé, sur l’un des côtés, leurs muscles et leurs téguments. L'auteur croit pouvoir conclure que le cou de ce Moa avait, à sa base, 18 pouces anglais de circonférence (0,45). Sur la portion de la pièce correspondant à la vertèbre dor- sale, on voit la peau couverte de grosses papilles coniques qui se touchent presque et donnent à l’ensemble l’aspect d’une ràpe. Un certain nombre de ces papilles portent des plumes d’un châtain rougeûtre à deux tiges et pourvues de barbes comme les précédentes, mais dont les plus longues ont au plus 50 millimètres de long. Les papilles diminuent de gros- seur et les plumes de longueur en arrivant au niveau des ver- tèbres cervicales. Bientôt les plumes paraissent être réduites à de simples poils, et elles disparaissent complètement sur à peu près la moitié de la pièce. Là les papilles sont bien moins volumineuses et sont nettement isolées les unes des autres. En tenant compte de ces diverses données et des caractères qui distinguent les brévipennes habitant les autres régions du (1) Loc. cit., p. 114, pl. V, avec cinq figures. (2) Notes on Moa-Caves in the Wakatipu district, by Taylor White Esq. (Transactions, t. VIIT, p. 97). (3) Note ajoutée à la précédente par M. F.-W. Hutton (id., p. 101). 14 DE QUATREFAGES. globe, nous pouvons nous faire une idée très précise de ce qu’étaient les grandes espèces de Moas. Elles présentaient les formes générales de l’émeu, mais sur une bien plus grande échelle (1). Comme lui, elles avaient la plus grande partie du cou nue; mais elles manquaient de la crête caractéristique et, sous ce rapport, se rapprochaient de l’Emou. Bien probable- ment les jambes étaient nues, et le corps était couvert de plumes soyeuses où dominaient les teintes d’un brun plus ou moins foncé, plus ou moins rougeâtre, variées de noir et de blanc, au moins chez quelques espèces. Des documents sur lesquels j'aurai à revenir plus loin, per- mettent de compléter ce tableau et nous font connaître le genre de vie de ces étranges oiseaux (2). Les Moas étaient des animaux lents et stupides comme l’atteste un proverbe qui se répète encore aujourd’hui (3). Ils étaient essentiellement sé- dentaires et marchaient par couples accompagnés de leurs petits. Sans doute ils se disputaient parfois le champ où ils cherchaient la même nourriture, car les Maoris disent encore, en parlant d’un combat entre deux paires de combat- tants : « Deux contre deux, comme les Moas. » Leur nid était formé de diverses graminées sèches et de débris de fou- gères simplement réunis en tas. Ils mangeaient diverses es- pèces de plantes poussant sur la lisière des bois ou sur les bords des marais, les jeunes pousses de quelques arbris- seaux, etc.; mais leur principale nourriture paraît avoir été la racine d’une espèce de fougère qu’ils arrachaïent soit avec le bec soit avec les pieds. Pour aider à la trituration de (1) Le Casoar est plus petit que l’Autruche. (2) Lettre de M. John White, adressée à M. Travers (Transactions, t. VII, p. 81). M. Travers nous apprend que son correspondant s’est occupé, pendant plus de trente-cinq ans, de recueillir tous les renseignements possibles sur le passé des Maoris ; qu’il a été initié par leurs prêtres à tous les mystères de la science indigène : si bien qu’il connaît mieux que les natifs eux-mêmes l’histoire de leur race. (3) Extracts from a letter from, K. L. Maning esq. relative to the extinc- tion of the Moas (Transaction, t. VII, p. 102). L'auteur traduit le proverbe. maort par les mots as inert (ngoikae) as a Moa. ARTICLE N° 4 ! MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 45 ces aliments, les Moas, comme bien d’autres oiseaux, ava- laient de petits cailloux, qui, arrondis et polis par le frotte- ment dans leur estomac, prenaient un aspect particulier et sont appelés encore aujourd’hui pierres des Moas par les mdi- gènes qui les connaissent bien (4). Mais ce poli même rendait ces pierres impropres au service qu'en attendait l’oiseau ; et alors il les dégorgeait, comme font l’Autruche et l’'Emou (2). Ces pierres n'étaient pas toujours de même nature et variaient avec les localités (3). LIT. Les détails que je viens de donner supposent non seulement que l’homme et les Moas ont été contemporains, mais encore que la disparition de ces derniers date d’une époque récente. Telle est en effet la conclusion à laquelle conduisent les résul- tats d’une véritable enquête poursuivie à la Nouvelle-Zélande, depuis près de quarante ans, par un grand nombre de cher- cheurs et de savants distingués. Toutefois, jusqu’à ces der- nières années, 1l était bien permis de conserver des doutes. Un des géologues néo-zélandais les plus autorisés, M. Julius Haast, s'était prononcé de la façon la plus formelle dans un sens tout différent. Bien qu'acceptant comme démontrée la coexistence de l’homme et des Moas à une époque très reculée et répondant à nos temps préhistoriques, 1} nait que les Maoris actuels eussent jamais connu ces grands oiseaux (4). D'autre part, M. W. Mantell, à qui ses nombreuses re- (1) Hochstetter, p. 186. (2) Note on discovery of Moas and Moa-hunters remains at Pataua River near Wangarey, by JS. Thorn Jun (Transactions, t. VIII, p. 85). Un certain nombre de ces pierres de Moa ont été recueillies et figurent dans le Musée d'Aukland et sans doute dans bien d’autres collections néo-zélandaises. (3) Haast, loc. cit., p. 73. (4) Moas and Moa-hunters, Address to the Philosophical Institut of Can- terbury, 1871, by Julius Haast (Transactions, t. IV, p. 66, 1872). M. Haast a maintenu sa première manière de voir daus d’autres mémoires et dans l’ou- vrage qu'il a publié sous le titre de Geology of the provinces of Canterbury and Westland, New Zealand, 1879. ANN. SC. NAT., ZOOL., NOVEMBRE 1883. XVI. 23, — ART. N° 4. 16 DE QUATREFAGES. cherches assuraient, sur ce point, une juste autorité, avait net- tement, et à diverses reprises, exprimé l'opinion contraire et admis que ces grands brévipennes avaient été chassés et exter- minés à une époque rapprochée par ces mêmes Maoris (1). Enfin M. Stack, accepté par ses confrères comme juge très compétent, avait adopté une opinion intermédiaire. Il regardait la croyance à la destruction récente des Moas comme inac- ceptable, sans vouloir néanmoins la rejeter dans un passé par trop lointain (2). | Pour montrer comment la question s’est éclaircie et justifier la manière de voir à laquelle je me suis arrêté, 1l faut entrer dans quelques détails. Les ossements de Moas ont été rencontrés dans les condi- tions de gisement les plus différentes. Parfois ils reposent sim- plement sur le sol, ou sont à peine recouverts de quelques centimètres de sable (3). Mais d'ordinaire on les trouve ense- velis à des profondeurs variables dans les sables du bord de la mer, dans les alluvions des rivières, dans des marécages et (1) On the fossil remains of Birds collected in various parts of New Zea- land, by M. Walter Mantell of Wellington; by Gideon Algernon Mantell esq. L. L. D., F. R. S. The Quaterly Journal of the Geological Society of London, t. IV, p. 225, 1848. — Address on the Moas. Extracts by W. B. Mantell (Transactions, t. 1, p. 18. 1869, avec deux planches). Toutefois, dans ce dernier écrit, M. Mantell semble disposé à reculer davantage l’époque de la destruction des Moas, se fondant sur ce qu'ont d’obscur les traditions qu'il a pu recueillir à ce sujet. La lettre de M. White, que j'ai déjà citée et sur laquelle je reviendrai, répond pleinement à cette objection. (2) Some observations on the annual address of the President, by the Rev. J. W. Stack (Transactions, t. IV, p. 107). (3) Dr Hector, loc. cit,, p. 115. — Haast, loc. cit., p. 103. — Stack, loc. cit., p. 109. — The Rev. R. Taylor (Transactions, t. V, p. 97). Ces os que l’on avait vu disséminés en très grand nombre sur le sol ont rapidement disparu. M. Stack cherche à expliquer leur permanence pendant des siècles en disant que les Maoris conservaient avec soin les jungles, qu'ont, au contraire, fait disparaître les colons européens. Ceux-ci, en détruisant cet abri, auraient faci- lité l’action des agents atmosphériques et amené ainsi la disparition de ces ossements restés intacts jusque-là, Je crois inutile d’insister sur ce que cette interprétation des faits a de peu fondé et de contraire à l’expérience journa- lière. ARTICLE N° 4. MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 47 aussi dans des cavernes. La quantité de ces débris, leur accu- mulation sur des espaces restreints est parfois étrange. En creusant des canaux pour dessécher un marais à Glen- mark, on retira les restes de 144 oiseaux adultes et de 27 jeunes (1). Je pourrais citer bien d’autres exemples, mais je me borne à résumer les détails donnés par M. Booth sur la dé- couverte faite par lui à Hamilton, dans une petite lagune à demi desséchée (2). Prévenu de la découverte de quelques os, il fit ouvrir une première fosse de 4 pieds carrés, et en retira 06 fémurs avec une quantité proportionnelle d’autres os. Des fouilles régulières furent alors organisées. On constata que le dépôt à exploiter formait une sorte de croissant irrégu- lier, mesurant 40 pieds (12 mètres) d’une pointe à l’autre, et 18 pieds (5,90) au centre, sur 2 à # pieds (1 mètre en moyenne) de profondeur. Dans cet espace si restreint on re cueillit environ 3 1/2 tons anglais (plus de 8500 kilogrammes d’ossements, et les assistants estimèrent à plus de 400 le nombre de Moas entassés dans cet estuaire. Ces ossements étaient très inégalement conservés. Un grand nombre tombaient en bouillie au moindre contact. Ils n'avaient donc pas été déposés à la même époque. Mais, par suite des conditions de l’ensevelissement, le marais d'Hamilton ne pou- vait guère fournir de données certaines sur l’âge relatif des dépôts. Il en est autrement des cavernes fowllées scientifique- ment par Hochstetter. [ci, des couches bien distinctes, sépa- rées par un banc de stalagmite, renfermaient des espèces dif- férentes. Dans le haut se trouvait le Meinornis didiformis, dans le bas le Palapterix elephantopus. Les os du premier semblaient être encore frais; ceux du second étaient à demi fossilisés. Cette diversité d'aspect répond à des différences de composi- tion chimique, tenant elle-même à une altération plus ou moins avancée. La quantité de matière organique trouvée dans les os de Moas qui ont été analysés s’est montrée très (1) Haast, loc. cit., p. 89. (2) Description of the Moa-Swamp at Hamilion, by B.S. Booih (Transac tions, t. VIT, p. 125, pl. V). 48 DE QUATRERFAGES. variable. Elle n’est parfois que de 40 pour 100. Mais parfois aussi elle monte à 30 pour 100 ; proportion à peu près exacte- ment pareille à celle qui a été rencontrée dans les os d’Autruche frais (1). Hochstetter arguant de ses observations personnelles et de quelques faits déjà connus, s'était rapproché des opinions de MM. Mantell père et fils. Il admettait qu’on ne saurait reporter l'extinction des Moas à des milliers d'années (2). Il regardait leur existence comme pouvant seule expliquer le développe- ment qu'avait pris la population de la Nouvelle-Zélande (3), et attribuait la naissance de l’anthropophagie au défaut de nour- riture animale résultant de leur extermination (4). Il identi- fiait par conséquent les Maoris actuels avec les chasseurs de Moas. Pour soutenir une doctrine fort différente, M. Haast invoque surtout la géologie. Les os de Moas, dit:1l, se rencontrent prin- cipalement dans les couches de terrain qui se sont formées pendant la période glaciaire ou immédiatement après (5). Ayant recueilli lui-même un certain nombre de ces ossements in situ, 11 lui parut démontré que ces grands oiseaux représen- talent, à la Nouvelle-Zélande, les quadrupèdes gigantesques qui ont habité l'hémisphère boréal pendant la période post- pliocène. Dès lors il n’hésita pas à reporter lexistence des Moas à une époque tout aussi éloignée des temps présents que celle du Mammouth, du Rhinocéros, du Lion et de Ours des cavernes, dont on retrouve les os dans les dépôts quaternaires européens, et affirma que, si les Moas avaient survécu à ces temps géologiquement différents du nôtre, ils n'avaient pas tardé à être anéantis (6). On voit que M. Haast semble admettre non seulement l’ana- (4) Hochstetter, p. 190. (2) P. 190. (3) Loc. cil., p. 194. (4) Id., p. 196. (5) Haast, loc. cit., p. 68. (6) Loc. cit., p. 75. ARTICLE N° 4. MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 19 logie des phénomènes glaciaires accomplis à la Nouvelle- Zélande et chez nous, mais encore leur contemporanéité. Il s’agit ici de géologie proprement dite et les questions de cette nature ne sont pas de ma compétence. Toutefois, en acceptant comme vraies ces deux propositions et en raisonnant par ana- logie, on pourrait dès à présent faire au savant néo-zélandais de sérieuses objections, quant aux conséquences qu’il en tire relativement à l’ancienneté de l'extinction des Moas. Il est très vrai que les grands mammifères cités par M Haast n'existent plus et ne nous sont connus que par leurs restes. Mais à côté d'eux vivaient d’autres espèces qui leur ont survécu ou qui même vivent encore. Les moines de Saint-Gall mangeaient encore de l’Urus au quinzième siècle; le Renne, au temps de Pallas, descendait en plein hiver jusque sur les bords de la mer Caspienne ; l’Aurochs, l’Élan, habitent encore la Pologne ; le Chamois, le Bouquetin, la Marmotte, sont à côté de nous. Pourquoi toutes les espèces de Moas auraient-elles été con- damnées à périr avec la période géologique qui les vit appa- raître ? M. Haast m'objecterait sans doute que les mammifères eu- ropéens dont je cite lesnoms, et d’autres qu'il est imulile d'énu- mérer, ont généralement émigré soit en longitude, soit en alti- tude. Mais, sans même faire intervenir l’action de l’homme, ce changement d'habitude leur était imposé par la transformation de la nature du climat. Celui-ci était devenu continental, d'in- sulaire qu'il était aux temps glaciaires. À la Nouvelle-Zélande, il n’en à pas été ainsi. Quels qu’aient été les mouvements d’élévation ou d’abaissement de ses terres (1), elle est restée (1) Les Transactions renferment plusieurs mémoires destinés à rendre compte des phénomènes glaciaires dont la Nouvelle-Zélande a été le théâtre. Je n'ai pas à m'y arrêter et je signalerai seulement ceux de MM. Travers et Dobson, qui, en exposant leurs propres vues, ont résumé celles de leurs con- frères (Notes on D' Haast supposed pleistocene glaciation of New Zealand, by W. F. L. Travers [ Transactions, t. VII, p. 409]. — On the date of glacial period, by À, Dudley Dobson [id., p. 410]). Mais on devra surtout consulter pour cette question l’ouvrage de M. Haast sur la géologie des provinces de Canterbury et de Westland. 20 DE QUATREFAGES. isolée au milieu de la mer, et son climat n’a pu varier, au moins dans les régions les plus basses, que dans de très faibles limites. M. Haast lui-même, tout en partant de données autres que celles que j'imdique, insiste sur des considérations du même ordre et montre fort bien que, dans cette grande île, l'extension des glaciers ne suppose nullement l’existence d’un climat beaucoup plus rigoureux que celui d'aujourd'hui (1). Les conditions générales d'existence restant les mêmes, quelle raison peut invoquer le paléontologiste néo-zélandais pour re- garder comme nécessaire l'extinction de tous les Moas? Dans tous les écrits qu'il a publiés jusqu’à ce jour, et qui sont parvenus à ma connaissance, M. Haast maintient les opi- mons générales indiquées plus haut (2). Il semble qu’elles aient pour lui la valeur d'autant d’axiomes pouvant servir de crite- rium ; si bien que les faits posilifs ou négatifs n’ont de valeur à ses yeux, ou plutôt ne peuvent s'être réellement produits, qu’au- tant qu’ils concordent avec sa théorie. Si on lui parle de sque- lettes plus ou moins complets, trouvés sur le sol, à côté d’un petit amas de pierres de Moas, ce qui semble indiquer que V’oiseau est mort sur place et n’a jamais été ensevelr, il déclare ne pouvoir comprendre que ces os aient résisté à l’action des agents atmosphériques pendant des centaines, sinon pendant des milliers d'années (3). Si on lui parle des souvenirs con- servés par les indigènes et relatifs à l’existence des Moas, à (1) Loc. cit., p. 72. (2) Indépendamment du Discours cité plus haut, M. Haast a publié dans les Transactions de l’Institut néo-zélandais les mémoires suivants sur le même sujet : 1. IV, 1872 : Additional notes, p. 90. — Third paper on Moas and Moa-hanters, p. 94, pl. VIL. — T. VIE, 1875 : Researches and excavations carried on, in and near the Moa-bone Point cave, Sumner Road, in the year 1879, p. 54. — Notes on an ancient native burial place near the Moa-bone Point cave, Sumner, p. 86, pl. HI et IV. — Notes on the Moa-hunter encamp- ment at Shag Point. Otago, p. 91. — Resulis of excavations and researches in and near the Moa-bone Point cave, Sumner Road (Posiscript), p. 528. M. Haast a maintenu, en outre, sa théorie et les conséquences qu'il en tire dans son livre intitulé Geology of the provinces of Canterbury and Westland; New Zealand, 1 vol. in-8, 1879. (3) Address, p. 71. ARTICLE N° 4. MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 91 leurs caractères extérieurs, à leur genre de vie, aux moyens employés pour les tuer, 1l répond que les Européens les plus civilisés n’ont aucune tradition qui se rattache au Mammouth et au Rhinocéros ; et qu’une race inférieure, arrivée seulement à un état correspondant à celui de nos populations néolithiques, ne peut en avoir gardé se rapportant à une époque séparée d’elle par un nombre immense d'années (1). Il ajoute que des hommes distingués ont vainement recherché les traditions dont il s’agit (2). Il insiste, avec M. Colenso, sur les fables qui, à la Nouvelle-Zélande, comme partout ailleurs, se sont mêlées au souvenir des faits réels dans la mémoire des populations (3). Il rattache ce qui se dit des Moas à de vagues souvenirs relatifs au Casoar et apportés par les Maoris de leur première pa- trie (4), ou à des renseignements fournis par quelques émi- grants accidentels (5). L'examen des fours, tout semblables à ceux des insulaires actuels, et des restes de repas contenant des os de Moas, lui démontre la contemporanéité de certains hommes et de ces oiseaux (6); mais les premiers sont, à ses yeux, une population absolument sauvage sachant seulement tailler et non polir la pierre. Si l’on a trouvé quelques haches polies mêlées aux anciens kitchen-middens (7), c’est, affirme- t-il, quelles ont été perdues, ou ont été cachées intentionnelle- ment dans les temps modernes, bien après que les chasseurs de Moas avaient disparu (8). Ceux-ci, répète-t-1l à diverses re- prises, n’ont jamais rien eu de commun avec les Maoris qui occupaient la Nouvelle-Zélande lors de l’arrivée des Euro- péens. (1) Address, p. 75. (2) P. 76 et suivantes. (3) P. 75. (4) P. 77. (5) P. 106. (6) P. 82. (7) Je reproduis l’expression par laquelle M. Haast à évidemment traduit le mot de Kjækkenmæddings devenu classique depuis les travaux des savants danois. On sait qu’il signifie débris de cuisine. (8) P. 85, 104. 99 DE QUATREFAGES. Je crois avoir suffisamment Imdiqué la manière de raisonner et la nature des arguments employés par M. Haast. Je ne sau- rais le suivre ici dans la discussion de bien des sujets qu'il aborde, mais qui se rattachent seulement d’une manière indi- recte à la question principale. Toutefois je crois devoir citer textuellement les conclusions qui terminent son troisième mé- moire (1) : « 4° Les diverses espèces de Dinornis ou Moas commen- cèrent à paraître et furent florissantes pendant la période post- pliocène de la Nouvelle-Zélande ; » 2 Elles ont été détruites depuis un temps tellement long qu'aucune tradition digne de foi relative à leur existence n’est arrivée Jusqu'à nous ; » 3° Une race d'autochtones, probablement d’origine poly- nésienne (2), était contemporaine des Moas ; c’est par elle que ces grands oiseaux ont été chassés et exterminés ; » 4° Une espèce de Chien sauvage était contemporaine des Moas et a été tuée et mangée par les mêmes chasseurs ; » D° Les chasseurs de Moas n’avaient certainement pas de Chien domestique. » 6° Cette branche de la race polynésienne était dans un état de civilisation très inférieur. Les chasseurs de Moas em- ployaient seulement des instruments de pierre grossièrement façonnés ; tandisque les Maoris, leurs descendants directs (3), avaient atteint un degré élevé de civilisation en fabriquant des armes et des instruments finement polis ; » 7° Les chasseurs de Moas, qui faisaient cuire leur nourri- ture de la même façon que les Maonis, n'étaient pas cannibales. (1) Third paper (Transact., t. IV, p. 106). (2) A race of Autochthones, probably of Polynesian origin. Il est difficile de comprendre l'association d'idées qu’a voulu exprimer ici M. Haast. (3) Their direct descendants. Ici encore, 11 n’est pas aisé de comprendre la pensée de M. Haast. Partout il distingue soigneusement les Maoris actuels des chasseurs de Moas. Il semble ici regarder les premiers comme étant les petits- fils des seconds. : ARTICLE N° 4. MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 95 » 8° Les chasseurs de Moas savaient atteindre l'ile du Nord, d’où ils tiraient l’obsidienne (1); » 9° Ils voyageaient au loin dans l’intérieur de cette île, afin de se procurer du silex pour fabriquer leurs primitfs instru- ments de pierre; » AC [ls ne possédaient certainement pas des instruments en néphrite (greenston) (2); | » 11° Les procédés de polissage des instruments en pierre sont très anciens à la Nouvelle-Zélande. Des outils bien finis ont été trouvés dans des positions telles que la grande anti- quité de ces objets ne peut être mise en doute, ce qui est une preuve de plus que lextinction des Moas remonte très haut. » Ainsi M. Haast se montre ici absolu en tout, et c’est avec une apparence de certitude absolue qu’il affirme ou nie les faits. Mais on va voir qu'il a dû revenir lui-même sur quelques- unes de ces propositions et reconnaître qu'il en est de mal fondées. Toutefois les convictions générales du savant géologue n’ont pas été ébranlées pour cela, et nous aurons à rechercher si cette persistance est justifiée. EV. En même temps qu'il distinguait nettement les chasseurs de Moas des Maoris, M. Haast affirmait que les premiers se bor- naient à tailler grossièrement leurs outils en pierre, tandis que les seconds savaient leur donner un poli dont nous pouvons juger par de nombreux échantillons (3). Il ajoutait que les chasseurs de Moas n'avaient pas possédé d'armes en néphrite, (L)°Les recherches de M. Haast ont été faites surtout dans la province de Canterbury, située dans l’île du Sud. (2) C’est avec cette pierre, souvent appelée du nom de jade, que les Maoris fabriquaient leurs casse-tête, leurs haches et divers ornements. Elle avait à leurs yeux un grand prix, et joue souvent un rôle dans leurs légendes. J'ai donné, sur ce point, quelques détails empruntés à sir Gevrges Gray, dans le livre intitulé : Les Polynésiens et leurs migrations. (3) Sixième proposition. 24 DE QUATREFAGES. c’est-à-dire fabriquées avec une espèce de pierre souvent con- fondue avec le jade, à laquelle les insulaires trouvés à la Nou- velle-Zélande par les navigateurs européens attachaïent un prix tout spécial (4). Ces deux propositions avaient une importance très grande au point de vue de la théorie soutenue par le savant néo-zélan- dais. Elles tendaient à établir un rapprochement de plus avec ce qui s’est passé en Europe. On sait que la hache taillée et la hache polie sont au nombre des traits caractéristiques qui dis- tinguent chez nous deux époques. On sait aussi que les popu- lations de ces deux époques ont appartenu à des races diffé- rentes, et que la plus avancée en civilisation a attaqué et vaincu celle qui l’avait précédée. Retrouver à la Nouvelle- Zélande nos deux âges paléolithique et néolithique, caracté- risés de même par des instruments indiquant une différence d'état social, c'était apporter un argument sérieux en faveur de la distinction ethnologique des chasseurs de Moas et des Maoris. Mais, en fouillant la grotte de Sumner et les dunes qui l’avoisinent, M. Haast découvrit lui-même, à diverses reprises, des fragments de haches ou d’autres instruments parfaitement polis; et de plus, quelques pièces imtactes et semblables en tout à celles qu’on sait être l’œuvre des Maoris. Parmi ces objets, quelques-uns étaient en néphrite. Tous furent trouvés dans des conditions attestant leur contem- poranéilé avec les hommes qui avaient chassé et mangé les grands oiseaux brévipennes. Je me borne à citer une hache qui était placée immédiatement au-dessous des pierres formant le four qui avait servi à cuire des Moas (2). En présence de ces preuves matérielles, recueillies par lui-même, M. Haast n’hé- sita pas à reconnaître, avec la plus honorable franchise, que les chasseurs de Moas avaient atteint un degré de civilisation égal à celui que présentaient les Maoris lorsque les Européens visi- tèrent pour la première fois la Nouvelle-Zélande (3). (1) Dixième proposition. (2) Researches in Sumner Moa-Cave (Transactions, t. VIL, p. 77). (3) Id., p. 80. Avant que M. Haast se fût rétracté sur ce point particulier, de ARTICLE N° 4. MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 95 Il est, je crois, permis de penser que cette égalité de déve- loppement social, se manifestant par des industries caracté- ristiques semblables, aurait dù inspirer au savant néo-zélandais quelques doutes sur le bien fondé de sa théorie. Pourtant M. Haast n’a renoncé à aucune de ses idées générales. Il a persisté à nier l'identité ethnique des chasseurs de Moas et des Maoris, à rejeter dans un passé, qu'il semble regarder comme géologique, l’époque de la destruction des Moas (1). Je ne vois guère que M. Colenso qui ait accepté cette doc- trine dans ce qu’elle a d’absolu (2). J'ai déjà dit comment M. Stack se refuse à admettre, pour la destruction des Moas, une antiquité par trop reculée. Il reconnait aussi que les tradi- tions maories renferment quelques allusions à ces oiseaux. Dans son enfance, 1l a entendu parler de plumes de Moas trou- vées sur un rocher où s'était caché le dernier de ces brévi- pennes. Toutefois, lui aussi pense qu'il s'agissait peut-être de plumes de casoar apportées à la Nouvelle-Zélande par les ancêtres des Maoris (3). On voit que M. Stack ne regarde pas ces derniers comme descendants des chasseurs de Moas autochtones admis par M. Haast. Sur ce dernier point, d’ailleurs, les idées du géologue néo- zélandais ne paraissent être rien moins qu'arrêtées. J’ai repro- duit plus haut les termes employés par lui dans les conclu- sions de son troisième mémoire. J’ai rapidement signalé ce qu’ils semblent présenter de vague et de contradictoire, malgré nombreuses découvertes d'instruments ou d'armes en pierre polie mêlées à des débris de Moas avaient été faites sur une foule de points. J’ai dit plus haut comment M. Haast avait cherché à expliquer, à interpréter les faits de cette nature. Je n’ai pas à y revenir. La déclaration si loyale et si nette de l’éminent géologue me dispense d’entrer ici dans aucun détail. (1) Haast, Geology of the provinces of Canterbury and Westland, New- Zealand. Voir surtout les treize propositions formulées p. 430, et le cha- pitre XVI (c), p. 437. (2) An account of some enormous fossil bones of an unknown species of the class Aves lately discovered in New-Zealand (Annals and Magazine of natural history, 1844). (3) Notes on Moa and Moa-hunters (Transactions, t. IV, p. 108). 26 DE QUATREFAGES. leur précison apparente (1). Dans un autre travail, il exprime une pensée bien différente et regarde les Nègres mélanésiens comme ayant précédé les Maoris à la Nouvelle-Zélande et leur attribue l’extermination des Moas (2). Il n’invoque, du reste, à l’appui de sa nouvelle opinion que ces mêmes traditions que nous lPavons vu repousser de la manière la plus formelle. Encore ne les connaït-1l que par le livre du Rév. Richard Taylor. C’est à ce dernier qu'il emprunte une citation de Sir Georges Gray, dont 1l paraît ne pas avoir lu ouvrage clas- sique (3). Enfin, dans sa géologie de la province de Canter- bury, 1l adopte formellement les vues de M. Colenso; et, à di- verses reprises, il parle des prédécesseurs des Maoris comme d’indigènes autochtones ayant vécu à l’époque quaternaire. En même temps 1l admet que ces enfants du sol de la Nouvelle- Zélande avaient des affinités plus ou moins étroites avec les Mélanésiens (4). J'ai trop souvent combattu cette vieille idée de l’autochto- nisme pour qu'il soit nécessaire d’y revenir ici. Mais, cette conception une fois écartée, je suis heureux de me rencontrer avec M. Haast. Les opinions embrassées par le savant géo- logue, relativement à l'existence de deux races ayant habité la Nouvelle Zélande avant l’arrivée des Européens et sur la nature de ces deux races, sont parfaitement fondées. Des Nègres mé- lanésiens ont en effet occupé la Nouvelle-Zélande avant les Maoris. Sur ce point, les observations craniologiques ont confirmé ce que j'écrivais onze ans avant la publication du mémoire de M. Haast (5). Mais cette dualité ethnique des po- (1) Voir les notes placées au has de la page. (2) Notes on an ancient native burial place (Transactions, t. VIX, p. 91). M. Haast a insisté plus tard sur cette idée et cherché à montrer, par ce qui se passe en Australie, que des tribus noires très inférieures peuvent fort bien con- naîre les procédés du polissage de la pierre (Geology of the provinces of Can- terbury and Westland, ch. xvi, p.411). (3) Polynesian mythology. (4) Geology, première proposition, p. 430. (5) A. de Quatrefages, Les Polynésiens et leurs migrations (Revue des Deux-Mondes, février 1864). Ces articles, développés et accompagnés de notes et de quatre cartes, ont été plus tard réunis en un volume qui a paru sous le ARTICLE N° 4, MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 27 pulations néo-zélandaises n’entraine nullement comme consé- quence la destruction des Moas par les premiers occupants. En Europe, les hommes de la pierre taillée n’ont exterminé ni le Renne, ni le Chamoiïs, ni même l'Urus. Pour soutenir sa manière de voir, pour rejeter l’extinction des Moas dans un passé qui, dit-il, ne peut se calculer même par centaines d'années (1), M. Haast n’en invoque pas moins le résultat de ses fouilles dans la grotte de Sumner. Il la décrit comme renfermant deux couches qui, d’après lui, seraient nettement séparées. Dans la plus inférieure on trouve des fours et de nombreux ossements de Moas; celle-ci aurait été formée des débris de repas des Mélanésiens. La couche supérieure, affirme-t-il, ne présente que les coquilles de divers mollusques, jadis mangés par d’autres indigènes qui auraient été les pères des Maoris actuels. M. Mac Kay, membre du Geological Survey, qui avait aidé M. Haast dans ses recherches, a publié de son côté une note dans laquelle 1} professe à peu près les mêmes opinions que son chef (2). Mais la distinction, si nettement tranchée, sur laquelle insistent MM. Haast et Mac Kay, ne se retrouve pas ailleurs. Sur plusieurs points on a rencontré un mélange de coquilles et d’ossements de Moas. Il y à plus : la localité étudiée d’abord par ces géologues a été explorée plus tard par MM. le capitaine Hutton et Booth, tous deux familiarisés de longue main avec les recherches de cette nature. Or les faits constatés par eux contredisent, de la manière la plus formelle et sur plusieurs points, les dires des premiers explorateurs. MM. Hutton et Booth ont entre autres trouvé le plus souvent les os de Moas même titre. — A. de Quatrefages et E. Hamy, Crania ethnica, p. 291. — Entre autres preuves de la présence des deux races à la Nouvelle-Zélande, le Mu- séum possède une tête desséchée de chef maort, dont les tatouages attestent l’origine, et dont la chevelure est celle d’un Mélanésien pur sang. Je lai faite graver dans un livre dont j'ai parlé plus haut (Hommes fossiles et hommes sau- vages, p. 486 et 487, fig. 171 et 172). (4) Loc. cit. (Transactions, elc., t. VII, p. 81). (2) On the identity of the Moa-hunters with the present maori race (Trans- actions, t. VII, p. 98). 28 DE QUATREFAGES,. associés aux lits de coquilles; ils ont constaté, en outre, que les couches avec ou sans os étaient souvent superposées en sens inverse (1). La rareté croissante des Moas sur un point donné, les mouvements de population qui devaient en être souvent la suite, l'association fortuite des deux sortes d’aliments dans un même repas, la nécessité de recourir à une nourriture jusque-là dédaignée, expliquent dela manière la plus simple la différence des résultats qu'ont donnés les fouilles exécutées sur des points très voisins par des explorateurs également compétents. Mais on voit que l’ensemble de ces résultats est inconciliable avec les interprétations de M. Haast. V. Parmi les propositions que M. Haast a maintenues, celles qui touchent à l’histoire du Chien doivent nous arrêter. Nous avons vu que, dans son troisième mémoire, il admet l'existence d'un Chien sauvage contemporain des Dinornis, et nie absolu- ment que les chasseurs de Moas aient eu des Chiens domes- tiques (2). Sur ce dernier point, le savant néo-zélandais est loin d’être d'accord avec lui-même. Dans ses premières recherches, il n’avait trouvé que peu d’osseménts de Chien parmi les débris de repas, et il expliquait cette rareté en disant que cet animal n’était mangé qu'exceptionnellement lorsque son propriétaire était à court de provisions (3). Ici donc il acceptait la domes- tication du Chien comme pratiquée par les chasseurs de Moas. Îl ajoutait, 1l est vrai, que peut-être aussi on le tuait à la chasse, ce qui suppose que cet animal vivait à l’état sauvage ; et c’est à cette dernière opinion qu'il paraît s'être décidé- ment arrêté. (1) Moa bones were never found unassociated with beds of shells, and al- though shell beds did occur without Mou bones, these just as often underlaid beds with moa bone as overlaid them (Notes on the Maori cooking places at the mouth of the Shag River, by cap. W. Hutton (Transactions, t. VII, p. 105). (2) Quatrième et cinquième propositions. (3) Either when its owner was short of provisions, or perhaps... etc. (Address., loc. cit., p. 89). ARTICLE N° 4. MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 99 Mais, si cette hypothèse était la vraie, on aurait trouvé, au moins de temps à autre, les ossements du Chien à côté de ceux des Dinornis, ses contemporains. Or nous avons dit plus haut que l’on n’a rencontré encore à la Nouvelle-Zélande aucun mammifère aérien fossile (1). Le Chien ne fait pas exception (2). En fait, les ossements de cet animal n’ont été trouvés que dans les anciens fours, ou parmi les débris épars autour de ces cuisines primitives. Mais là, contrairement à ce qu'avait dit M. Haast, ils se trouvent en abondance. Je ne vois guère de fouilleur qui n’en ail signalé l'existence, et toujours 1ls sont associés avec des os de Moas. Ici pourtant se présente un fait qui peut paraître singulier au premier abord, et sur lequel le savant néo-zélandais a insisté à diverses reprises. Les os de toute nature dispersés dans le voisinage des fours ne sont rongés que très rarement (3). M. Haast en conclut que les chasseurs de Moas n’étaient pas accompagnés par des Chiens; car ceux-ci, dit-il, n’auraient (1) Dans mon premier article sur les Moas, en parlant du petit nombre de mammifères trouvés à la Nouvelle-Zélande et de absence de fossiles des ani- maux de cette classe, j'ai oublié d’ajouter l’épithète d’aériens. Les lecteurs auront, du reste, je pense, comblé cette lacune. Des fossiles de cétacés, Mam- mifères aquatiques, ont été, au contraire, trouvés à diverses reprises dans es terrains de la Nouvelle-Zélande (Haast, Geology of the provinces of Can- terbury and Westland, ch. x et x1). J'ai rappelé ailleurs que les cétacés jouent un rôle dans les traditions maories (Les Polynesiens et leurs migrations, ch. 1), et que tout animal de ce genre, échoué sur la côte, appartenait de droit à l’Ariki, chef du territoire (Journal des Savants, janvier 1873). (2) Le capitaine Rowan a constaté la présence d’un squelette de Chien dans un tronc d'arbre creux enfoncé dans la berge d’une rivière près de Wellington Harbour. Cet arbre était placé à 6 mètres de profondeur et au-dessous d’une couche de lignite. Mais, à côté et en arrière des os, on trouva les poils de l’ani- mal, des fibres de chanvre et une tige de la même plante. Il est évident que le cadavre avait été jeté dans cette espèce de trou par quelque crue de la rivière et que cet évènement était tout récent. C’est ce qu'a fort bien compris M. le Dr Hector. Ce savant ajoute que l’ensevelissement de ce Chien remonte plus haut qu'aucun autre connu. (On the remains of a dog found by capt. Rowan near white cliffs, Taranaki. [ Transactions, t. IX, p. 243]). (3) Le seul fait de cette nature que j'aie vu mentionné dans les divers mé- moires écrits par les savants néo-zélandais la été par M. Hutton. Deux os de Moas, recuillis par son collaborateur M. Booth, auprès des fours du Shag River, avaient été rongés par les chiens (loc. cit. Transactions, t. VITE, p. 106). 30 DE QUATREFAGES. pas manqué d'attaquer les restes des repas de leurs maîtres. Mais, en s'exprimant ainsi, il oublie que la race canine amenée à la Nouvelle-Zélande était essentiellement destinée à fournir un aliment et des vêtements (1). Le Chien maori, venu des îles Manaia, appartenait à cette race polynésienne, que tous les voyageurs nous montrent comme vivant seulement de végé- taux, et qui a dû conserver ses habitudes séculaires à la Nou- velle-Zélande (2). | D'ailleurs, si quelques Chiens se sont mis à manger de la viande, leurs maîtres se seront vite aperçus que cette nourri- ture modifiait d’une manière fort peu agréable le goût de leur chair, et ils n’auront pas manqué de veiller au maintien du régime habituel (3). Il est done tout naturel que les Chiens des Maoris n'aient pas agi comme ceux qui accompagnaient les vieux Danois des kjækkenmæddings et qu'ils n’aient pas laissé, comme ceux-ci, la trace de leurs dents sur les os abandonnés autour d’eux. VL. Voici encore une question des plus importantes au sujet de laquelle M. Haast se trouve en désaccord avec plusieurs de ses collègues. L’éminent géologue à déclaré bien des fois n’a- voir jamais trouvé d'ossements humains parmi les débris de repas disséminés près des fours; et, de ce résultat négatif, il conclut que les chasseurs de Moas n'étaient pas canniba- les (4). Mais lui-même avoue ne pas en avoir rencontré da- (1) They are carrying some dogs with them, as these would be very valuable in the islands they were going to, for supplying by their encrease a good article of food and skins for warm cloaks (Sir G. Gray, Polynesian mythology, p. 214). (2) Le Chien était appelé Kuri par les Maoris. Cette race locale était de petite taille, à pelage brun ou jaunâtre, à longues oreilles, à queue touffue. Elle est aujourd’hui éteinte et remplacée par nos Chiens d'Europe. (8) La chair de nos Chiens européens, qui tous mangent plus ou moins de la viande, a un goût particulier rappelant l'odeur d’un chenil mal tenu, et que le siège de Paris ne nous a que trop mis à même de connaître. (4) Septième proposition. ARTICLE N° 4. MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 31 vantage dans les amas de coquilles incontestablement laissés par les Moaris actuels (1). Or le cannibalisme de ceux-ci est bien connu; et pourtant la manière de raisonner de M. Haast conduirait à le mettre en doute et même à le nier. Cette simple remarque enlève toute valeur à l'argument de M. Haast. Au reste, dans les deux cas, cette absence de débris humains est bien facile à comprendre. Ce n’est pas quand elle est en chasse ou quand elle pèche tranquillement des coquillages que la tribu la plus anthropophage se repait de chair humaine. Pour commettre un acte de cannibalisme dans des conditions de ce genre et laisser sur le sol pèêle-mêle des os d'homme et de Moas, il ne fallait rien moins que quelque circonstance absolument exceptionnelle. Mais, quoi qu’en ait M. Haast, ce fait s’est produit à diverses reprises. M. W. Mantell, le premier, l’a constaté dans l’île du Nord (2), et son témoignage est un de ceux que l’on peut le moins récuser. Get habile et persévérant chercheur a décou- vert dans la vallée de la Wanganui des monticules couverts de gazon que les indigènes déclaraient être formés par les restes des repas de leurs ancêtres. En les fouillant il reconnut qu'ils étaient composés d'os de Moas, de chien et d'hommes entremêlés confusément. Tous ces os avaient évidemment subi l’action du feu. M. Mantell père nous apprend, en outre, que M. Taylor a rencontré des monticules semblables dans la vallée de Whaimgaihu. Ges observations ne sont pas isolées. M. Thorne à découvert, dans le nord de l’île septentrionale, à Pataua River, près de Wangarei, à côté des débris d'anciens fours maoris, un mélange de coquilles, de cendres, de char- bons et d’os de phoques, de poissons, d'hommes et de Moas, ayant évidemment servi aux repas des indigènes (3). M. Roberts (1) Loc. cit., Transactions, t. VII, p. 74. (2) These consisted of Moas’, dogs’, and human bones promiscuously inter- mingled. — (On the fossil remains of birds collected in various part of New- Zealand, by M. Walter Mantell, by G. Algernon Mantell, esquire. F. R. S. The Quarterly Journal of the Geological Sociely, t. IV, 1848, p. 234.) (3) Notes on the discovery of Moa and Moa-hunters remains at Patauæ River, near Wangarei, by G. Thorne (Transactions,t. VII, p.85, pl. HD). ANN. SC. NAT., ZOOL., OCTOBRE 1883. XVI. 24. — ART. N° 4 32 DE QUATREFAGES. atrouvé de même quelques ossements humains mêlés à des os de Moas et à des charbons, à côté des pierres jadis em- ployées à les faire cuire (1). Enfin M. Robson a fait des obser- vations analogues dans le voisinage du cap Campbell (2). Ainsi, contrairement aux affirmations de M. Haast, les chas- seurs de Moas étaient anthropophages. VIT Je viens d'examiner les principales propositions de M. Haast, celles qui touchent le plus directement à la question spéciale, objet de cette étude. Elles concordent fort peu, comme on le voit, avec des faits précis et qu'il est difficile de mettre en doute. Il en est de même de ce qu'il avance au sujet de l’ab- sence de traditions locales relatives aux Moas (3). Dès 1848, M. Mantell père annonçait à la Société géologique de Londres que son fils avait trouvé près de Wellington le souvenir très présent de ces oiseaux, plus grands qu'un homme, et qui étaient jadis très abondants dans le pays; que même quel- ques-uns des Maoris, les plus âgés, affirmaient en avoir vu (4). Plus tard, en 1870, sir Georges Gray, en réponse à un pre- mier travail de M. Haast, écrivait à la Société zoologique de Londres une lettre dans laquelle il attestait que vingt-cinq ans auparavant, c’est-à-dire vers 1845, les indigènes lui par- laient toujours des Moas comme ayant été bien connus de leurs ancêtres. Il ajoutait que les poèmes maoris renferment des allusions nombreuses à ces oiseaux (5). En 1875,M. Hamil- ton publiait la conversation qu’il avait eue avec un vieil indi- gène qui disait avoir vu le dernier des Moas, et qui le déeri- (1) Notes on some ancient aboriginal caches near Wanganui, by H. C. Field (Transactions, t. IX, p. 220). (2) Further notes on Moa remains, by C. H. Robson (Transactions, etc... t. IX, p. 279). (3) Deuxième proposition. (4) Loc. cit., p. 26. 5) Lettres de Sir Geor ge Gray citées par M. Haast dans son Addr > É 100 ARTICLE N° 4. MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 39 vait de manière à impressionner vivement son interlocuteur anglais (1). Ge Maori décrivait entre autres la courbure du cou avec une exactitude dont pouvait juger un Européen instruit, mais dont l'observation de l’animal vivant avait pu seule fournir les éléments à un sauvage. Je pourrais multi- plier ces témoignages, mais je me bornerai à emprunter quel- ques détails donnés sur ce sujet à M. Travers par M. White dans les lettres que j'ai citées plus haut (2). On a pu voir déjà, et l’on verra mieux encore ici, que, loin d’être vagues et obscures, les traditions dont il s’agit sont remarquablement précises. « Les Maoris, écrit M. White, redoutaient les Moas, car un seul coup de pied de ces grands oiseaux suffisait pour briser les os du plus robuste guerrier (3). Pour le chasser, ils fabri- quaient des lances de six à huit pieds de long, dont la pointe était faconnée de manière à se casser en laissant six ou huit pouces de bois hors du corps de l'animal (4). Les chasseurs se cachaient dans les buissons, sur le bord des sentiers que les Moas étaient habitués à suivre; et, quand ces oiseaux, effrayés par les eris des rabatteurs, étaient à leur portée, ils leur lançaient le javelot qui pénétrait dans le corps, mais se rompait bientôt en heurtant les buissons de la route. Les Moas n’arrivaient ainsi que très affaiblis dans les champs de fougère, leur séjour habituel; et là, ils étaient attaqués par les chasseurs les plus hardis. « Les Moas tués étaient dépecés avec une variété spéciale d’obsidienne nommée Tuhua Warapu (5). Les Maoris empor- (1) Notes on Maori traditions of the Moa, by J. W. Hamilton (Transactions, t. VI, p: 121). (2) Transactions, t. VILLE, p. 79. (3) M. Travers ajoute en note qu'une colline située sur la côte orientale porte le nom d’un chef qui, ayant serré de trop près un Moa blessé, fut atteint par une ruade qui lui fracassa la cuisse et le fit rouler au bas de la colline. On voit combien concordent tous ces souvenirs populaires. (4) Les Maoris, comme tous les Polvnésiens, ignoraient ou méprisaient l’usage de l’arc. (5) M. White nous apprend que les Maoris distinguaient trois sortes d’obsi- diennes, caractérisées par la couleur. Celle qui servait à découper la chair de 34 IE QUATRIFAGES. taient avec eux un bloc de cette pierre et en détachaient des éclats qui ne servaient qu'une seule fois, qui n'étaient em- ployés pour découper aucune autre chair, et qui étaient abandonnés sur place. » Avant de se mettre en chasse pour aller attaquer les Moas, les Maoris prononçaient une de ces incantalions ou prières qui précédaient, chez eux, tous les actes un peu importants. M. White n'a pu s’en rappeler exactement les termes; mas 1l donne le sens de l’une d’elles et nous apprend que « Îles brouillards des collines (1), où doit avoir lieu la chasse, sont suppliés de faire en sorte que la graisse des oiseaux coule comme les gouttes de rosée qui tombent des feuilles des arbres à l'aube d’un Jour d'été; et le dieu du silence est prié d’écarter des Moas l’appréhension et l’effroi. » « La dernière chasse aux Moas dont on se souvienne, ajoute M. White, eut lieu dans l’île du Nord, aux environs de Whaka- tane, dans la baie d’Abondance (2). Les plumes des oiseaux Moa était de couleur claire; une autre de couleur grise, tuhua aneto, servait aux indigènes à se blesser eux-mêmes dans leurs cérémonies funèbres. Quand le mort était un chef ou un enfant, quand on découpait de la chair humaine, on employait la troisième, {uhua kahurangi, dont la teinte est rouge. (1) Mists of the hills. J'ai traduit littéralement; mais il est évident qu'il s’agit ici des esprits du brouillard. Contrairement à des assertions trop sou- vent répétées, les Maoris avaient une mythologie fort compliquée et un olympe très nombreux, quoique peut-être moins bien hiérarchisé que celui des Tahi- tiens (Voy. Mœrenhout, Voyage aux îles du grand Océan). C’est ce dont les publications des savants néo-zélandais apportent chaque jour la preuve. Les indigènes croyaient entre autres à des espèces de lutins, gnomes ou sylphes, qu'ils se figuraient comme innombrables, et auxquels ils attribuaient la plus forte part de ce qui leur arrivait d’heureux ou de malheureux. Il fallait donc à chaque instant se les rendre favorables. De Ïà venait cette multitude de prières ou incantations dont parlent à chaque instant les traditions maories. Sur toutes ces questions, on consultera surtout avec fruit : Gray, Polynesian Mythology. — Rev. J. F. Wahlers, Mythology and traditions of the Maoris (Transactions of New-Zealand Institut, t. VIE, p. 108). — Colenso, Histo- rical incidents and traditions of the olden times, now for the first time faith- fully translated from old maori writings and recitals (id., t. XIE, p. 38, et t. XIV, p. 3). — Colenso, Contributions toward better Knowledge of the Maori race (id., p. 33). — Rev. Taylor, Te ika a Maoui or New-Zealand and its inhabitants. (2) Bay of plenty. ARTICLE N° 4. MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 39 qui y furent tués étaient, récemment encore, entre les mains d’un chef nommé Appanui (1).» Plusieur faits matériels témoignent de la réalité des détails donnés par M. White. Ainsi tous les mémoires où il est ques- ton de fouilles exécutées près des anciens fours & Moas par- lent des éclats d’obsidienne ayant évidemment servi à trancher la chair de ces oiseaux; tous signalent le grand nombre et la ressemblance de ces couteaux primitifs. M. Thorn a, en outre, trouvé un de ces blocs que les Maoris emportaient par précau- tion, et reconnu, à la quantité des débris, le point où avait été installée la fabrique temporaire de ces instruments (2). De son côté, M. le D' Hector a découvert sur un plateau montagneux, près de la baie Jackson, à une altitude de quatre mille pieds, de nombreux sentiers coupant en tous sens un épais fourré. Ces sentiers ne sont pas l’œuvre de l’homme ; ils sont bien battus et larges d'environ 16 pouces (40 centimètres). Ce sont autant de.sentes comme en font les bêtes sauvages; et, à la Nouvelle-Zélande, ils sont nécessairement l’œuvre des oiseaux. À raison de la hauteur du fourré, 1ls n’ont pu être tracés que par des animaux bien plus grands que les Aptéryx, qui seuls les parcouraient à l’époque de la visite de M. Hector, les mam- mifères importés n'ayant pas encore pénétré jusque-là (3). Ces sentiers ne répondent-ils pas parfaitement à l’idée qu’on est conduit à se faire de ceux où se mettaient en embuscade les chasseurs de Moas? et leur état de conservation n’atteste-t-1l pas qu'ils ne peuvent avoir été abandonnés depuis des siècles ? VIIL Mais la preuve la plus décisive en faveur de la récente dis- parition des Moas résulte de la découverte faite, à diverses (1) M. White ajoute le nom d’un autre individu connu et entre dans des détails inutiles à reproduire ici. (2) Loc. cit., p. 86. (3) On recent Moa remains in New-Zealand, by J. Hector, M. D., F. R.S., (Transactions, t. IV, p. 119). La visite de M. Hector aux montagnes dont il s’agit eut lieu en 1865. 36 DE QUATREFAGES. reprises, d'os auxquels adhéraient encore des parties molles, muscles et téguments. On en connaît au moins trois exemples bien avérés. Le Musée colonial possède une portion de cou dont je n’ai vu l’origine mentionnée nulle part(1). En 1871, M. Low annonçe au D' Hector qu’on venait de lui remettre un mor- ceau de chair de Moa portant du duvet et de nombreux tuyaux de plumes (2). À peu près à la même époque, le D' Thomson obtint d’un chercheur d’or quiles avait découverts dans une caverne et sous un amas de micaschiste, les ossements d’un Moa auxquels adhéraient encore des ligaments, des muscles et des lambeaux de peau. La portion de cou dont j'ai parlé plus haut faisait partie de cette trouvaille, et fut remis au D' Hector, qui la figura et la décrivit avec soin (3). Dans ces diverses pièces, les tissus mous paraissent n’avoir subi aucune altération. [ls sont seulement fortement dessé- chés. La chair n’est nullement fossilisée, et lon peut aisé- ment en détacher les fibres (4). M. Millen Coughtrey, à qui furent remis les objets recueillis par le D'Thomson, a fait l'anatomie du cou et a pu en reconnaître les divers muscles ; sur le fémur droit, 1l a retrouvé les fibres et les tendons de neuf muscles. Les autres os ne lui ont montré que des restes de tendons (5). En réponse aux objections contre sa théorie qui ressortent des faits précédents, M. Haast affirme que les os du cou décrits par le D' Hector sont dans un état de demi-fossilisation sem- blable à celui que présentent la plupart des os de Moas; il explique la persistance des muscles et des téguments par leur (1) Haast, Third paper, loc. cit., p. 102. (2) Note ajoutée au mémoire du D' Hector, p. 114. (3) On recent Moa remains in New-Zeuland (Transactions, t. IV, p. 111, DIN (4) Low, loc. cit. (5) Notes on the anatomy of the Moa remains found at Earnscleugh Cave, by Millen Coughtrey (Transactions, t. VIT, p. 141). À en juger par les détails donnés par M. Thomson, on n’aurait pas recueilli tout ce que renfermait celte grotte, en fait de muscles et de téguments. (Voy. le mémoire du D' Hector, 100 Cup 112") ARTICLE N° 4. MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 91 position accidentelle dans une couche de sable sec (1). Mais comprend-on que les os aient pu être fossilisés, tandis que la chair restait intacte ? D'ailleurs, sur le premier point, le savant oéologue est formellement contredit par M. Hector, qui repré- sente ces mêmes os du cou comme offrant un état parfaitde con- servation et comme n'étant nullement fossilisés (2). M. Low affirme la même chose au sujet des échantillons venus en sa possession. Comment douter de l'exactitude de ces renseigne- ments en présence de ce fait que les muscles adhérents à ces os ont pu être disséqués ? M. Haast répond, 1l est vrai, aux observations de cette nature qu’en Europe, des ossements, datant de l’époque quaternaire, ont parfois montré un degré de conservation remarquable. Il cite particulièrement les faits constatés par MM. de Ferry et Arcelin au Clos-du-Charnier, où les os et les bois de Renne avaient gardé la plus grande partie de leur gélatine (3); mais il oublie que jamais aucun de ces os n’a montré la moindre trace de muscles ou de tendons. À Solutré, comme partout où lon a recueilli des ossements fossiles, les parties molles ont totalement disparu. C’est précisément la conservation de ces parties molles qui donne aux restes de Moas étudiés par le D° Hector leur haute sigmfication historique. Il est, du reste, évident qu'il a fallu quelque circonstance exceptionnellement favorable pour qu’une portion des tissus musculaires et cutanés échappassent à la destruction, tandis que la majeure partie disparaissait. Mais il me semble impossible d'imaginer un ensemble de circon- stances, se produisant naturellement, qui ait été capable de conserver ces tissus pendant des siècles, dans les conditions que sa position insulaire impose à la Nouvelle-Zélande(4). (1) Additional notes, p. 23. — Third paper, p. 102. (2) Without being in the least degree mineralised, loc. cit., p. 114. (3) L’âge du renne en Mâconnais (International Congress of prehistoric Archeology, 1868), cité par M. Haast, Geology of Canterbury and Westland, p. 442. (4) Telle est aussi l'opinion de M. Alphonse Edwards, à qui l’enseignement dont il est chargé au Muséum et ses belles études sur les oiseaux fossiles assu- 38 DE QUATREFAGES. Ainsi tout concourt à faire regarder lextinction définitive des Moas comme ayant eu lieu à une époque peu éloignée. Rien ne s'oppose à ce que lon accepte comme vraies les affir- mations recueillies par sir G. Grey, par MM. Mantel, White et Hamilton. Au contraire, en admettant que quelques-uns de ces grands brévipennes vivaient encore 1l y à à peu près un siècle, on s'explique sans peine plusieurs faits parfaitement constatés et incompatibles avec la théorie de M. Haast, tels que l’exis- tence de sentes encore bien reconnaissables, la conservation des lambeaux de chair et de peau, ete. Or c’est vers cette date que nous reportent les renseignements recueillis par M. Ha- milton. Haumatangi, le vieux Maori dont il parle, était un des plus âgés de ses compatriotes en 184%. IT disait avoir vu Cook(1). On sait que cet illustre marin retrouva la Nouvelle- Zélande, presque oubliée depuis Tasman, le 6 octobre 1769. Haumatangi avait donc plus de soixante-quinze ans quand il fut interrogé par M. Hamilton, et non soixante et dix seulement, comme quelque faute d'impression le fait dire à auteur. En admettant qu'il fût âgé d’une douzaine d'années lorsqu'il observa le grand oiseau dont il se souvenait si bien, la Nouvelle- Zélande aurait encore eu des Moas vivants vers 1770 ou 1780. rent, dans la question dont il s’agit, une autorité toute particulière. Voici ce qu'il a bien voulu m'écrire à ce sujet : « M. Haast (Geology of the provinces of Canterbury and Westland) rappelle, à l'appui de sa théorie, les trouvailles faites en Sibérie de cadavres entiers de mammouths dont la mort remonte aux temps quaternaires. Je ne partage pas sur ce point l'opinion de M. Haast; car, si des animaux peuvent se conserver indéfiniment dans le sol toujours glacé de l'Asie, il n’en est pas de même à la Nouvelle-Zélande, où, depuis les temps his- toriques, la température a été fort douce et l'humidité assez grande. Ces condi- tions devaient faciliter la putréfaction des cadavres, quelles que fussent les conditions naturelles de l’ensevelissement. » (1) M. Haast invoque, en faveur de ses opinions, le silence de Cook au sujet des Moas. Mais il est évident que, dès cette époque, ils étaient près de disparaître. Or, comme les côtes étaient partout peuplées, les derniers de ces grands oiseaux ne devaient plus guère se trouver que dans l'intérieur; et il est tout simple que le grand mariu anglais n’ait eu aucun renseignement sur eux. La même observation s'applique, à plus forte raison, aux voyageurs qui sont venus après Cook et dont le silence est également invoqué par M. Haast à l'appui de sa théorie (Geology of the provinces of Canterbury and Westland, ch. xvi1). ARTICLE N° 4. MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 39 IX J'ai eu, jusqu'ici, le regret de combattre M. Haast. Je n’en suis que plus heureux d’avoir à sigraler les incontestables ser- vices qu'il a rendus à la science en résolvant quelques-unes des questions les plus intéressantes que soulève l’histoire des Moas. De ses recherches, en somme aussi fructueuses que persévérantes, 11 résulte que tous les grands et petits brévi- pennes quiont habité et habitent encore la Nouvelle-Zélande, ont été contemporains. En explorant les terrains d’alluvion et les marais de Glenmark, le savant géologue y a rencontré, à côté les uns des autres, des ossements d'Aptéryx, aussi bien que les restes des plus grandes et des plus curieuses espèces de Moas, comme on trouve chez nous les os de mammouth et de rhinocéros mêlés à ceux du renne et du chamois (1). Comme chez nous aussi l’extinction des espèces perdues n’a pas eu lieu en même temps. S'il en est qui ont survécu jusqu’à la fin du dix-huitième siècle, d’autres avaient péri à des époques plus ou moins éloignées. De nouvelles recherches, jusqu'ici trop négligées par les savants néo-zélandais, seront nécessaires pour préciser la succession de ces extinctions; et, pour résoudre les questions multiples soulevées par ce pro- blème, l'archéologie et la géologie devront s’entr'aider. M. Haast me semble être le seul qui ait recueilli déjà quelques données à ce sujet, et nous devons lui en savoir gré (2). Des relevés publiés par l’éminent géologue, il résulte que les os du Dinornis giganteus n’ont jamais été rencontrés au milieu des débris de repas, dans le voisinage des anciens fours. Le plus grand des oiseaux semble donc avoir cessé d'exister avant l’arrivée de l’homme à la Nouvelle-Zélande. M. Haast (1) Geology, Glenmark, ch. xvi (p), p. 442, M. Haast estime à plus de mille le nombre des Moas dont les restes ont été retirés de cette localité. C’est de là que sont sortis la plupart des spécimens qui ont enrichi les musées du monde entier. (2) Address, p. 86. — Third paper, p. 91. — Researches in Sumner Moa- Cave, p. 89. — On a Moa incampment, p. 99. 40 DE QUATRETAGES. n’a trouvé qu'une fois les restes d’un Dinornis robustus dans les débris de cuisine. Cette espèce, d’une taille peu inférieure à celle de ia précédente, était probablement près de dispa- raitre, quand les chasseurs tuèrent un de ses derniers repré- sentants à Schag-Valley. On a recueilli à Rakaïa les restes de trois Palapteryx ingens dont les os avaient été cassés inten- tionnellement ; mais cet oiseau n’a pas été rencontré ailleurs. Le Palapteryx crassus s’est montré très abondant à Shag- Valley et à Rakaïa. Le Palapteryx elephantopus à été trouvé dans les deux mêmes localités, mais en moindre quantité que le précédent. On voit que l’homme a mangé quelques-unes des espèces les plus grandes et les plus remarquables de Moas. Toutefois il parait les avoir bientôt exterminées. Aucune de celles que je viens de nommer ne s’est retrouvée à Point-Cave. Elles y sont remplacées par les Euryapteryæ et les Meionormis, sur- tout par le Meionornis didiformis, que les mdigènes, tout en le tuant quelquefois, semblent avoir dédaigné tant qu'ils ont pu chasser les Palapteryx (À). Je mets ici sous forme de tableau le résultat des fouilles faites par M. Haast dans quelques localités où l’homme a mangé des Moas, en ajoutant les indications données par l’auteur sur le plus ou moins d’abondance des ossements ayant appartenu aux diverses espèces : G. DINORNIS. D. robustus (Shag-Valley; quelques os). D. gracilis (Rakaïa; dominant). D. struthioides (Rakaïa ; dominant). G. PALAPTERYX. . ingens (Rakaïa; trois individus). . Crassus (Shag-Valley ; dominant. — Rakaïa; beaucoup). . elephantopus (Shag-Valley; moins. —- Rakïa; peu). Gen ie) G. MEIONORNIS. M. casuarinus (Shag-Valley; très peu.— Rakaïa ; dominant.— Point-Cave ; 15,05). M. didiformis(Shag-Valley; très peu.— Rakaïa ; beaucoup.— Point-Cave ; 53,03). (1) Lettre de M. W. H. G. Roberts (Transactions, t. VII, p. 548). ARTICLE N° 4, MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. AA G. EURYAPTERYX. E. rheides (Shag-Valley ; dominant. —- Point-Cave; 49,01). E. gravis Shag-Valley; moins. — Point-Cave; 33,03). Ainsi les deux tiers environ des espèces de Moas reconnues jusqu'ici ont été retrouvées dans les débris de repas des indi- gènes. Si les Maoris avaient chassé les Moas seulement à l’aide des procédés décrits par M. White, il est fort probable que les Européens auraient pu observer par eux-mêmes quelques espèces de ces grands brévipennes. Mais on employait, en outre, contre eux des moyens bien plus puissants. On plaçait dans leurs sentiers des nœuds coulants où ils se prenaient (1) ; on organisait d'immenses traques auxquelles s’associait toute la population; on refoulait les oiseaux vers un lac où 1ls se etaient affolés et où des chasseurs en canot les tuaient sans peine (2). Enfin on allait Jusqu'à les cerner par le feu, en incendiant de vastes espaces de forêts, et ils devaient alors périr par centaines, souvent sans profit pour les incendiaires. Ainsi s'explique le fait signalé par M. Taylor et divers autres informateurs qui parlent de champs entiers couverts de mon- ticules formés par des ossements de Moas(3). Ajoutons que les Maoris étaient très friands de leurs œufs. On a trouvé presque partout, et parfois en nombre immense, des débris de coquilles. Poursuivis ainsi à outrance et atteints jusque dans leur reproduction, les Moas devaient évidemment disparaitre. Mais leur extinction est certainement récente. En soutenant le con- traire, en admettant que la destruction totale de ces grands oiseaux remonte à une époque aussi ancienne que nos temps néolithiques européens, M. Haast s’est trompé. I a été entrainé par des analogies d'ordre purement géologique, peut- être plus apparentes que réelles. (1) Rev. Taylor, cité par M. Travers (Transactions, t. VIIL, p. (2) Roberts, loc. cit. (3) Taylor, loc. cit. T1). 49 DE QUATREFAGES. En tout cas, on ne saurait établir une véritable assimilation entre les faits zoologiques qui se sont accomplis en Europe et à la Nouvelle-Zélande. La faune quaternaire néo-zélandaise était tout entière d’origine locale. Il en était autrement chez nous. Le mammouth, le rhinocéros, étaient des animaux immigrés, chassés par le froid des régions septentrionales de l'Asie vers des contrées plus chaudes (1). L’extinction de ces espèces a dû être hâtée par l’action d’un milieu tout autre que celui où elles avaient pris naissance et par les profonds chan- sgements de climat qu’elles eurent à supporter vers la fin des temps glaciaires. Rien de pareil ne s’est produit à la Nouvelle- Zélande. Les Moas y étaient vraiment autochtones; ils n’ont jamais quitté leur centre de création originel ; ils n’ont subi, dans leurs conditions d'existence, que des modifications peu considérables, comme le montre fort bien M. Haast lui- mênie (2). L’extinction spontanée de ces oiseaux est donc bien difficile à comprendre. Pourtant il faut bien admettre que des causes naturelles s’opposaient à la durée mdéfinie de certaines espèces. À en juger par les faits connus, 1l semble démontré que le plus grand des Dinornis n’existait plus quand l’homme atteignit ces terres isolées au milieu de POcéan. Les autres espèces du même genre et les Palaptéryx paraissent avoir été bien rares dès cette époque et avoir peu survécu à l’arrivée des chasseurs. Elles étaient donc en décroissance naturelle. Les Méionornis et les Euryaptérix semblent, au contraire, avoir été très nombreux bien avant le moment où a commencé la guerre d’extermination faite avec tant d'imprévoyance (3). (1) Murchison, de Verneuil, Keyserlink, d’Archiac, regardent le mammouth et le rhinocéros à narines cloisonnées comme ayant vécu en Sibérie à l’époque tertiaire. Selon Lartet, le renne était leur compagnon. (2) Address, loc. cit. et Geology, passim. (3) Voici, d’après M. Haast, dans quelle proportion les diverses espèces de Moas sont représentées à Glenmark : Le Meionornis casuarinus représente à lui seul un quart et le M. didifor- mis un cinquième du nombre total des individus découverts. — Viennent ensuite en nombre décroissant : les Palapteryx elephantopus, Euryapteryx ARTICLE N° 4. MOAS ET CHASSEURS DE MOAS. 45 Par suite des conditions géographiques, 1ls ne pouvaient émi- grer comme le renne, et leur genre de vie les empêchait d'aller chercher une retraite au milieu des glaciers, comme l’a fait chez nous le chamois. [ls ont donc été anéantis; mais seulement de nos jours, comme le dronte et ces autres oiseaux des îles Mascareignes dont M. Alphonse Milne Edwards à refait ou complété l’histoire (4). gravis, Palapteryx crassus, Euryapteryx rheides. Les Dinornis gracilis, struthioides, maæimus et robustus, se trouvent en nombre à peu près égal. Le Dinornis ingens n’est représenté que par un petit nombre d'individus. (1) Recherches sur la faune ornithologique éteinte des îles Mascareignes et de Madagascar, par M. Alphonse Milne Edwards, 1866-1879. DESCRIPTION D'ESPÈCES NOUVELLES D'OISEAUX PROVENANT DES ILES DU CAP-VERT Par M. HÆ. OUSTALET. Dans les collections recueillies par l’expédition récente du Talisman se trouvaient un Puffin et un Moineau qui me pa- raissent appartenir l’un à une espèce bien distincte, l’autre à une race encore non décrite. Ces deux oiseaux ontété capturés avec un petit Thalassidrome en duvet, qui est peut-être un Thalassidroma pelagica, dans l'archipel des îles du Cap-Vert, sur l’ilot Branco ou Branca, où se trouvent également ces reptiles étranges encore si rares dans les collections et dési- gnés par les naturalistes sous le nom de Macroscincus Gocter. Le Puffin est parfaitement adulte et, par sa taille plus faible et son bec moins robuste, se distingue facilement du Puffinus cinereus, au groupe duquel 1l appartient, quoique, à certains égards, 1l rappelle aussi une espèce des Moluques, de la Nou- velle-Guinéeetdu Japon, le Pu/ffinus leucomelas (Tem.), qui a ce- pendant la tête beaucoup plus claire et les pattes jaunes. Voici, du reste, la description du Puffin de Branco que Je crois devoir signaler à l’attention des ornithologistes : 1. Puffinus Edwardsii, n. sp., P. Puffino cinereo minor, P. Baroli major, capite, dorso et tectricibus alarum ex griseo infuscatis; plumis dorsi fulvo lavatis et pallidis marginibus ornatis; tergo canescente ; caudà vix cuneata nigricante;, gula, pectore medio et abdomine candidis; pectoris lateribus fuscis; hypochondriis nigricantibus ; rostro gracili obscuro, mandibula basim versus rubescente, unco flavescente; pedibus roseis. Parties supérieures d’un gris brunâtre passant au brun fauve sur le dos, dont les plumes ont des lisérés clairs, et au brun noirâtre sur les ailes, dont les rémiges tirent au noir tandis que les pennes secondaires sont en partie blanches; queue légèrement cunéiforme, d’un gris noiïrâtre foncé ; gorge, milieu de la poitrine et de l’abdomen d’un blanc pur; côtés de la poitrine roussâtres; plumes situées en arrière des pattes d’un gris noirâtre; sous-caudales blanches avec quelques taches brunâtres ; bec assez grêle, d’un ton brun verdâtre avec E. OUSTALET. — OISEAUX NOUVEAUX. D) la pointe jaune et la base de la mandibule inférieure rou- seûtre; pattes d’un rose chair, ongles jaunes. Longueur totale, 0",440 environ; longueur de l'aile, 0",320 ; longueur de la queue, 0",150 ; longueur du bec (cul- men), 0,050; hauteur du bec à la base, 0",012; au milieu, 0",010 ; longueur du tarse, 0",043; longueur du doigt médian, 0,053 (sans l’ongle). Le Moineau offre une livrée analogue à celle de la femelle du Passer jagoensis (Gould), avec des teintes plus grises et des sourcils blancs bien marqués; 1l peut être caractérisé de la manière suivante : 9. Passer brancoensis, n. sp., P. passere jagoense minor, capite fusco-nigricante ; dorsofulvo, nigro distincte strato, tectricibus alaram infuscatis nigro et albo signatis ; alis caudaque ex grino nigricantibus,'marginibus pallidis limbatis ; superciliis latis albis', auribus infra argenteis, supra nigricantibus; gela pec- tore et abdomine albidis; rostio fusco, mandibula flavescente; pedibus infuscatis. : Parties supérieures d’un gris brunâtre tirant au noirâtre sur la tête, et d’un ton plus clair sur le dos, où l’on remarque de larges stries noiràtres; rémiges et rectrices d’un gris noirâtre avec des lisérés clairs; couvertures des ailes brunes avec des taches blanches et noires formant une double bande transver- sale; parties inférieures du corps d’un blanc légèrement teinté de jaune; bec brun avec la base de ta mandibule infé- rieure plus claire; pattes d’un brun foncé. Longueur totale, 0,115 ; longueur de laile, 0",059 ; lon- gueur de la queue, 0”,052; longueur du bec (culmen), 0,010 ; longueur du tarse, 0",019. L'individu décrit ci-dessus paraît être une femelle, et Île male a probablement le dos fortement nuancé de roux comme le mâle du Passer jagoensis, ou Moineau de l’île San-Jago. FIN DU TOME XVI. se em TELE TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. techerches anatomiques sur l'estomac des Crustacés Podophthal- maires-par)MeEMOCQUARD'ENEES AN ER CEE EE PARTNER! *echerches pour servir à l’histoire du noyau dans l’épithélium auditiiides Crustacés, par MAJMCHATIN.2 RAC CCC PEER Crustacés rares ou nouveaux des côtes de France, par M. HESsE (Trente-quatrième article). ...... A CE RIRNTRE FACRENSS Les Moas et les chasseurs de Moas, par M. DE QUATREFAGES... Description d'espèces nouvelles d’oiseaux des îles du Cap-Vert, DA MAOUSTATERE PRET : TABLE DES ARTICLES PAR NOMS D'AUTEURS. ARTICLE N° 1 ARTICLE N° Ÿ ARTICLE N° 3 ARTICLE N° 4 ARTICLE N° 5 ART. ART. CHATIN (J.). -— Recherches pour miques sur l’estomac des Crus- servir à l’histoire du noyau tacés Podophthalmaires....... 1 dans l'épithélium auditif des OusrTaLeT. Description d'espèces Crustacés enr eecee 2 nouvelles d'oiseaux provenant HESSE. — Crustacés rares ou des îles du Cap-Vert....... 5 nouveaux des côtes de France. 3 | Quarrerages. — Les Moas et les Mocquarp. — Recherches anato- chasseurs de Moas .......... k TABLE DES PLANCHES CONTENUES DANS CE VOLUME. Planches 1 à 11. Estomac des Crustacés. — ‘12. Kroyéria du Milandre ; Pandare du Squale. — 13. Eudactyle de l’'Emissole. — ‘14. Eudactyle de l'Emissole; Eudactyle du Squale bleu. FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. Imprimeries réunies, À, rue Miguon, 2, Paris. Ann, des S'etenc. nat, 6° J'érte. Zoo, Zome 16, PL, 7. “M cc” or pe F. Mocg. ad, rat, del, Apparel slornacaol des Crustacés podophthalmaires lnp Lemererer et CC Parér. Lagesre ve. LT > DE { À LOC LORCENLON TION & | | Ann, des Jerenc.nat, 6° Serre, (l | NS À \N | ae Lagesre de, Appareil stomacal der Crustacés podophthalmairer. 7mp. Lemercrer et Cl Parcr Zool, Tome 16, PU, La £ PHoeg ad nat del, Appareil stomacal des Crustacés podophthalnares np, Lemereier et C© Parës, 1 PNA HAUTE RE DOLONTOTCENLONTÉORLN Ann, des JSetenc.nat. 6Û° J'erre, Lagerre de, F, Hoeg. ad. nat, del, Apparel slomacal des Crustacés po dophlhalmairer, lun, Lemeretel et COL TC, DODO LOT TON TN ON scene. nat, 0 J'erce, e 7 Dre ed J fe , ICS dophthalina laceSs po Împ. Zemercerer et CE Parér, Apparel stomacel des Crus EF Wocg, dd, nat. del, de ASE EAN S ., HN ORNE dE HU: DRE REPAS ; SA L UIBESR | Ann. des Setenc. nat. 6° Jeree. ZLool, Tome 16, PL, 6, 194 Æ Hocg, ad, nat. del, Lagerre ve, Apparerl stomacal des (Truslaces podophthalinares, Împ,Lemererer et LE Paris ; Arr, des Setenc. nat. 6° J'erie. MO Zo0L Torert0 EL ; 5 ; Amel re. Appareil slomacal des Crustacés. podophthalmares, Împ.Lemercter et LE Paris. Zoo, Tome 16, PL #8. Dr, J'ecerne. nat, 6° J'erre ue, | qu A AN | \ Li \ à LL KA it MAY ANR . | j\ HAANUAL li W À DUT %, 1 Ÿ fimety se: Appareil ou des Crus laces : podophéhalneaëres, Împ,Lemererer et CE Paris ; Re Er IE Ôh lool ir Ann-des Sc. nat. 6° Serie. nt \ a À Hi Nicolet lith. Imp.B ecquet fr. Paris. E.Mocg. ad nat. del. Appareil Stomacaldes Crustacés podophthalmaires. | | | Ann.des Sc.nat.6° Série. Zoo lé PILE to) ga Cp Noa k 202 4 ass x on c' ] pi Re” É eo. F Mocq.adnat. del. Imp.Becquet fr Paris. Nicolet lith. Muscles et nerfs de l'estomac des Crustacés décapodes. 4 AU si Eo Fa y wi: Ann, des S'ecene., nat, Ê° Série. Zoo, Tome 16, PL)77, 22 2 57 ZLagerse. ve: Museles et nerfÿ de l'estomac des Cruslècés decapodes 1mp, Lemererer et CE Paris TN PATES f VA! Nan jet Zoo Tome 16 PF] 72 ir. des Sccenc. nak EC Serre. Lg. ecyueé A Luris. Âroyerta die Milandare. lagodirra 2422 Jquale. Se ai Ta. Cl. Lg. LONTA Pig. LE TT. = —— 2 TT FOUR eTLe. nt Arr nes Jeterc. nat CO Zn 27, ecqret fr 72 ATES. VA udactylirre de Jguale ange Pesse «€ nat del - = m2 7 cm STI Zoo. Lorne 16 [TL I. Jerce. Ann. des Jccernc. rat AE) area nent FULL 4 ANG A A RNA A) _—— 5 S AMOOOCO ODA ANETA ER ANA AAA AN A LR) ZO. FS _. —<€ AN SRE Lrnp Becqueé fr: Lars. Lesse ad rar del 7 DT) Zudactyte de ÜZrmessole. Li. 13-23. DA, zdacty le. 772 Jquale Olecz. (Ca | Apr. 7 Fa / ABONNEMENT 1882. 52: ANNÉE, VI: SÉRIE, r. XVI, ne 4, 2, 3. - ANNALES | SCIENCES NATURELLES ZOOLOGIE PALÉONTOLOGIE COMPRENANT L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLAS SIFICATION ET L’HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE MM. H. ET ALPH. MILNE ED WARDS TOME XVI, n° 1, 2, 3. | PARIS s G. MASSON, ÉDITEUR LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE DE PARIS Boulevard Saint-Germain et rue de l’Éperon EN FACE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE 1883 QT Paris, 25 FR. — DÉPARTEMENTS, 26 FR, CONDITIONS DE LA PUBLICATION ANNALES DES SCIENCES NATURELLES SIXIÈME SÉRIE Zoologie, publiée sous la direction de MM. H. et Azpx. Mizne EpwaARps. Il paraît chaque année 2 vol. gr. in-8°, avec les planches correspon- dant aux Mémoires. Chaque volume est DUDRE en six cahiers paraissant mensuellement. Prix de l’abonnement annuel : 25 fr. Botanique, publiée sous la direction de M. PH. VAN TIEGHEM. Il paraît chaque année 2 vol. gr. in-8°, avec les planches correspon- dant aux Mémoires. Chaque volume est publié en six cahiers paraissant mensuellement. Prix de l’abonnement annuel : 25 fr. Prix des collections : PREMIÈRE SÉRIE (Zoologie et Botanique réunies), 30 vol. (Aare.) DEUXIÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie, 20 vol. : 250 fr. TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. QUATRIÈME SÉRIE (1854-1863). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. CINQUIÈME SÉRIE (1864-1873). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES Dirigées, pour la partie géologique, par M. HÉBERT et pour la partie paléontologique, par M. ALPHONSE MILNE EDWaARDs. Il est publié chaque année, à partir de janvier 1870, 1 vol. gr. in-8°, avec les planches et figures dans le texte correspondant aux Mémoires, Le volume paraît en quatre fascicules trimestriels. Prix de l’abonnement annuel : | ARE MAT 15 fr, Nota. — Il est accepté des abonnements aux Annales des sciences naturelles et aux Annales des sciences géologiques, en tout cinq volumes annuellement, au prix de 60 franes au lieu de 65 francs. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER ARTICLE N° 1. Recherches anatomiques sur l’estomac des Grus.acés podophthal- maires, par M. Mocquarp. Planches contenues dans ce cahier. Planche 1} — Muscles et nerfs de l’estomac des Crustacés décapodes. BOURLOTON. -— Imprimerics réunies, À, rue Mignon, 2, Paris. A LA MÊME LIBRAIRIE Les Mammifères, par CARL Vor. Édition française originale. Ouvrage illustré de 40 planches hors texte et de 260 figures dessinées par Frédéric SPECHT, et gravées sur bois sous sa direction. À vol. in-#. Prix; broché Re HE EE RS arnRRUs RER RCE 32 fr. Richement relié. .......... re pa Lie 40 fr. L'Océan Aérien, Études météorologiques par Gaston TissANDieR, rédacteur en chef du journal La Nature. La pression barométrique, la chaleur, la vapeur d’eau, les nuages, l'électricité et le magnétisme, les phénomènes lumineux, les poussières de l'air, les instruments d'observation, la conquête de l’atmosphère, accompagné de dessins des phénomènes aériens par Albert TissaNDIER. À vol. grand in-8° avec 132 figures, dont 4 planches hors texte, broché. ............ 10 fr. 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Prix ee MR ee PR Nr ss 06 fr La Culture selon la Science, Échos du Champ d'expérience de Vincennes, par Henri BLONDEAU. 1 vol. in-18............... 24 ie, Les Métaux dans l'antiquité et au moyen âge. — L'Étain, par M. Germain Pagsr. 4 vol. grand in-8° avec 12 planches hors texte. Broché:: 56 Mmes Re RAR Pr ER A 10 fr. Richèment relié 522 RER ERP SR RE Re AE CR AEE 13 fr. Le Diamant, par MM. Henri Jacogs et Nicolas CHATRIAN. 1 vol. grand in-8° avec 20 planches hors texte à l’eau-forte, en chromolithographie, en héliogravure, et 30 gravures sur bois, représentant les plus beaux bijoux en diamants exécutés depuis l'exposition de 1878. N° 1 à 15 sur papier Japon, avec épreuves avant la lettre... .. 200 fr. N° 1 à 50 sur papier spécial, numérotés... .…. A 20 Re TURC Broché : 26 fr. — Richement relié. ..... FAR a nec 39 fr. ABONNEMENT 1883. al 52 ANNÉE, Vi: SÉRIE, r. XVI, N° 4, 5, 6: EE 0 : Lly3REy ANNALES SCIENCES NATURELLES ZOOLOGIE PALÉONTOLOGIE COMPRENANT L'ANATONIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION | | ET L’'HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX | PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE MM. H. cr ALPH. MILNE ED WARDS TOME XVI, n° 4, 5, 6. | | PARIS G. MASSON, ÉDITEUR LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE DE PARIS Boulevard Saint-Germain et rue de l’Éperon j EN FACE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE 1885 Paris, 25 FR. — DÉPARTEMENTS, 26 FR, ra CONDITIONS DE LA PUBLICATION ANNALES DES SCIENCES NABURELLES SIXIÈME SÉRIE Zoologie, publiée sous la direction de MM. H. et Arr. Mine Epwanus. IL paraît chaque année 2 vol. gr. in-8°, avec les planches correspon- dant anx Mémoires. Chaque volume est publié en six cahiers paraissant mensuellement. Prix de l’abonnement annuel : 25 fr. Botanique, publiée sous la direction de M. Pr. VAN TIEGHEM. / Il paraît chaque année 2 vol. gr. in-8°, avec les planches correspon- dant aux Mémoires. Chaque volume est publié en six cahiers paraissant mensuellement. Prix de l’abonnement annuel 9 25 fr. Prix des collections : PRemiËÈRE SÉRIE (Zoologie et Botanique réunies), 30 vol. (are.) D£uxiÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie, 20 vol. : DURE TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. QUATRIÈME SÉRIE (1854-1863). Chaque partie, 20 vol. 2H UM CINQUIÈME SÉRIE (1864-1873). Chaque partie, 20 vol. 2b DM ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES Dirigées, pour la partie géologique, par M. HÉBERT et pour la partie paléontologique, par M. AzPuonsE MINE EbwaRps. Il est publié chaque année, à partir de janvier 1870, 1 vol. gr. in-8°, avec les planches et figures dans le texte correspondant aux Mémoires. Le volume paraît en quatre fascicules trimestriels. Prix de l’abonnement annuel : 15 fr. Nora. — Il est accepté des abonnements aux Annales des sciences nalurelles et aux Annales des sciences géologiques, en tout cinq volumes annuellement, au prix de 60 francs au lieu de 65 francs. ETS AR 437 PRE ONE TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CATIER ARTICLE N° {. Recherches anatomiques sur l’estomac des Crustacés podophthal- maires, par M. Mocquarp (Suite). : ARTICLE N° 2. Recherches pour servir à l’histoire du noyau dans l’épithélium auditif des Crustacés, par M. J. CHATIN. ARTICLE N° 9. Crustacés rares ou nouveaux des côtes de France, par M. HESsE (Trente-quatrième article). ARTICLE N° 4. Les Moas et les chasseurs de Moas, par M. DE QUATREFAGES. ARTICLE N° 5. Description d'espèces nouvelles d'oiseaux des îles du Cap-Vert, par M. OusTaLer. Table des matières. 4. Planches contenues dans ce cahier. Planches 1 à 10. Estomac des Crustacés. — 12. Kroyéria du Milandre ; Pandare du Squale. — 13. Eudactyle de l’'Emissole. — 14. Eudactyle de l’'Emissole; Eudactyle du Squale bleu. BOURLOTON. -— lmprimerics réunies, À, rue Mignon, 2, Paris. G. MASSON, ÉDITEUR 190, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, À PARIS Vient de paraitre : CODEX MEDICAMENTARIUS PHARMACOPÉE FRANCAISE RÉDIGÉE PAR ORDRE DU GOUVERNEMENT OBLIGATOIRE POUR TOUS LES PHARMACIENS Par décret du 13 février 1884 À partir du 15 mars prochain. Unwolume erandin-S cartonné ME TE kendu franco, contre bon de poste (à lexclusion (le CUT ES pose PR CEA SE Avec reliure spéciale très solide, 12 fr., franco. . 13 fr. Moyennant un supplément de 50 cent., lÉditeur fait toucher: à domicile. Il ne reste plus d'exemplaires sur papier Hollande. Sur les Aurores boréales observées pendant l’hivernage de « la Véga » au détroit de Behring (1878-1879), par M. À. E. Norpexsxlorn. Traduit du suédois par M. Antoine DE SAPORTA. — Paris, chez Gauthier-Villars. (RAT A (ra cme Bookbinding Co. Inc. 300 Summer Street Boston, Mass. 02210 ne Î Lt l PACE La tu 4° DA AE WA} : OT AA": JR NET ET ER LHC AEE MAN! HU CHARME L'OCrOETEATOU ls À LL # ; # OA ATEN n#r FA