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LEE a 114 Fi He ste dt is He PA pete _ _ fi Fire ji d. ne LAU h ARPOLL "4 14 AA (ARE TC RCE j' voa ms COCOON HARVARD UNIVERSITY nil ASIE LIBRARY OF THE Museum of Comparative Zoology LE LU LAS ANNALES DES SCIENCES NATURELLES SIXIÈME SÉRIE ZLOOLOGIE JOURLOTON. — Imprimeries réunies, À, rue Mignon, 2, Paris. LA te RAC. ANNALES DES SCIENCES NATURELLES ZOOLOGIE ET PALÉONTOLOGIE L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION ET L’HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE MM. H er ALPH. MILNE EDWARDS TOME XIX PARIS G. MASSON, ÉDITEUR LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE Boulevard Saint-Germain, en face de l'École de Médecine 1885 enr 2105 AN ANNALES DES SCIENCES NATURELLES NÉCROLOGIE M. Henri-Mirne Enwarps, le dernier survivant des fonda- dateurs des Annales des Sciences naturelles, est mort à Paris, le 29 juillet, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. Depuis 1824, il n'avait cessé de collaborer, avec une infatigable activité, à la direction de ce recueil, qui compte aujourd’hui 210 vo- lumes. L'œuvre scientifique de M. Mizne Epwarps est trop consi- dérable pour qu'il soit possible d’en rendre compte en ce moment. Mais nous croyons devoir mettre sous les yeux des lecteurs des Annales les discours prononcés aux funéruilles de lillustre savant : ils feront connaître à la fois le natura- liste et l’homme privé. Discours DE M. A. DE QUATREFAGES, AU NOM DE L’ACADÉÈMIE DES SCIENCES. « Messieurs, » Jamais l’Académie des Sciences n’a été aussi cruellement frappée que depuis dix-huit mois. En 1884, elle a perdu huit de ses membres; à peine la moitié de 4885 est-elle écoulée, et déjà six autres de nos Con- fréres nous ont été enlevés. Parmi ces morts que nous pleurons, deux surtout ont droit à tous nos regrets, parce qu’ils étaient du petit nombre de ceux que le monde savant avait universellement reconnus et acceptés pour maîtres : J.-B. Dumas, dont le nom résume toute une période glo- rieùse pour les Sciences chimiques ; Henri-Mizne Epwanrps, le fonda- ANN. SC., NAT., ZOOL., 1885. XIX. À. teur et le chef incontesté d’une grande École qui, née en France, a rapi- dement embrassé la plupart des naturalistes de tous pays. Une étroite amitié unissait ces deux grands esprits depuis plus de soixante années. La mort, qui les avait séparés, les réunit aujourd’hui, ravivant et redou- blant des douleurs que doivent ressentir, non pas seulement les hommes de science, mais encore tous ceux qui ont au cœur l’amour de notre patrie et de ses gloires. » Henri-Milne Edwards est né à Bruges, le 23 octobre 1800. II était le vingt-neuvième enfant de William Edwards, riche planteur et lieutenant- colonel de milice à la Jamaïque. A la suite des événements politiques des premieres années de ce siècle, ce chef de famille vint s’établir d’abord en Angleterre, puis en Belgique. Il avait épousé en secondes noces Élisa- beth Vaux, d’une ancienne famille anglaise dont un membre avait été élevé à la pairie au dix-septième siècle; Milne Edwards fut le second fruit de cette union. Le colonel Edwards comptait de nombreux amis dans le monde littéraire et philosophique. Mais, malgré la nature de ces rela- tions, il ne put échapper aux rigueurs de la police impériale, alors toute- puissante dans la Belgique, momentanément devenue française. Soup- çonné d’avoir facilité l'évasion de quelques prisonniers, il fut lui-même incarcéré et ne recouvra la liberté qu'après sept ans de détention. Bien loin de garder rancune à la France, il se hâta de se rendre à Paris et de ré- clamer pour son fils Henri-Milne Edwards le bénéfice de la loi qui lui permettait de le faire reconnaître en qualité de citoyen français. » Pendant la captivité de son père, Milne Edwards avait été confié aux soins de son frère aîné, William Edwards, l’éminent Physiologiste, dont les travaux ne sont pas toujours estimés comme ils le mériteraient. A coup sûr, cette circonstance eut une influence sérieuse sur le développe- ment intellectuel du jeune élève. A l’âge de dix ou onze ans, il avait reçu en cadeau l'Histoire des Animaux, de Buffon. Après lavoir lue, il tenta d’en faire une analyse scientifique. » Dans son Histoire de la vieet des travaux de Cuvier, Duvernoy rap- porte un fait analogue au sujet de celui qui fut son maître et son ami. Chez ces deux enfants, les futurs grands naturalistes se sont, pour ainsi dire, révélés à peu près au même âge et comme sous l’inspiration de leur illustre prédécesseur. » Pourtant Milne Edwards fut quelque temps à trouver sa voie. Il fit, il est vrai, très sérieusement ses études en Médecine et conquit aisément son diplôme, mais sans avoir l'intention de se livrer à la pratique médi- cale. Elevé dans une grande aisance, croyant sa fortune assurée, il se laissait entrainer par ses goûts, à la fois sérieux et délicats, mais qui pou- vaient l’éloigner de la Science. Sans doute celle-ci ne fut pas complète- ment négligée; la date des premières publications de Milne Edwards en fait foi. Mais une large part était accordée aussi à la peinture, à la mu- = II — sique; notre Confrère fut à cette époque un des auditeurs assidus du Théâtre-Italien. Des événements inattendus, des épreuves dures à traver- ser, mais qui devaient le conduire au bien-être et à la gloire, vinrent lrans- former cette existence, qui semblait devoir être seulement celle d’un amateur éclairé de tout ce qui sollicite une intelligence ouverte et élevée. » En 1823, Milne Edwards avait épousé M" Laure Trézel, fille d’un simple colonel, qui devait devenir plus tard général et ministre de la Guerre. Ce mariage, amené par une affection réciproque, semblait se conclure sous les plus heureux auspices. La grand’mère maternelle de Milne Edwards voulait léguer à son petit-fils une fortune considérable. Des événements de famille, où se montra dans tout son jour la loyale dé- licatesse de notre regretté Confrère, en décidèrent autrement. En 1895, le jeune ménage se trouva subitement dans une véritable gêne, et Milne Edwards dut demander à son travail les moyens de subvenir aux besoins croissants de sa famille. Ce fut alors qu'il publia successivement trois Ouvrages élémentaires relatifs à la Médecine, entre autres le Manuel de matière médicale, rédigé en collaboration avec Vavasseur, qui eut plu- sieurs éditions françaises et fut traduit en anglais, en allemand et en hol- landais. C'est dire quelle est la valeur pratique de ce petit Livre, que tous les médecins de mon temps ont à coup sûr dans leur bibliothèque. » De meilleurs jours vinrent enfin. En 1832, Milne Edwards fut nommé professeur d'Histoire naturellé au Collège Henri IV et à l’École centrale des Arts et Manufactures. En 1838, il remplaça Frédéric Cuvier à l’Aca- démie des Sciences. En 1841, il succéda à Victor Audouin dans la chaire d'Entomologie du Muséum, chaire qu’il quitta en 1861 pour prendre celle de Mammalogie. En 1844, la mort d’Étienne-Geolfroy Saint-Hilaire, qu’il suppléait depuis quelques années, lui ouvrit la Faculté des Sciences, dont il devint le doyen en 1849. En même temps, notre Confrère voyait son autorité scientifique grandir chaque jour et de zélés travailleurs marcher, à l’élranger aussi bien qu’en France, dans les voies qu’il avait ouvertes. Tout semblait devoir désormais lui sourire, et pourtant de nouvelles et bien douloureuses épreuves l’attendaient encore. » Depuis quelques années, celle qui avait été pour Milne Edwards une compagne chérie dans la vie de tous les jours, souvent une aide dévouée dans ses travaux, souffrait d’un mal qui ne pardonne pas. Dire comment notre Confrère lutta pas à pas avec la maladie; comment, inspiré par son ardente affection, 1l inventa chaque jour quelque nouveau moyen de ré- sistance ; comment il conduisit sa chère malade sous un ciel plus doux; comment il transforma en une serre chaude son modeste appartement de la rue Saint-Étienne-du-Mont, serait trop long et trop pénible. Si je in'ar- rête un instant à ces douloureux souvenirs, c'est pour montrer ce que fut Milne Etwards dans ces anntes d’angoisses incessantes. Le travail, le travail seul lui permit d'aller jusqu’au bout de sa tâche. Il y puisait les forces nécessaires pour continuer une lutte sans espoir. Et quand vint le dernier jour, ce fut encore au travail qu’il demanda, non pas l'oubli, non pas la consolation, mais au moins un allégement à une douleur dont il m'a été donné de mesurer la profondeur et la durée. » Ce n’est pas la seule tombe sur laquelle notre Confrère ait eu à pleurer. De son mariage avec M": Trézel étaient nés neuf enfants. Il en restait quatre lors de mes premières relations avec lui ! Parmi eux était une jeune fille, toute de grâce et de beauté. Son union avec le fils de Dumas avait comblé les vœux des deux familles. Et peu après elle mou- rait! » À cet homme de cœur, si cruellement frappé comme époux et comme père, le Ciel devait une compensation. Vous savez tous qu'il l’a trouvée. Certes, Milne Edwards a eu deux grands jours de bonheur dans sa vie, lorsqu'il a vu son fils lui succéder dans sa chaire de Mammalogie au Muséum, lorsqu'il l’a vu s'asseoir à côté de lui à l’Académie des Sciences. » Ah! c’est que jamais chez notre Confrère le développement de l’intel- ligence n’a fait tort aux sentiments du cœur; c’est qu'il a toujours senti dans tout ce qu’elles ont de profond les douleurs et les joies de la famille ; c’est qu’il a été toute sa vie l’homme des affections et des dévouements. Aux temps même les plus difficiles, lorsque sa plume et son pinceau fournissaient presque seuls aux besoins de tout ce qui lui était cher, sa bourse et sa maison sont restées ouvertes à ses parents, à ses amis. Et lorsqu’en 1832 le choléra vint épouvanter Paris, Milne Edwards, se rap- pelant son titre de Docteur en Médecine, s’enrôla des premiers parmi ceux qui se dévouèrent pour combattre le fléau. Une médaille lui fut dé- cernée au nom de la Ville de Paris reconnaissante. Ce sont les seuls émoluments qu'il ait jamais reçus à titre de médecin. » Et maintenant est-il besoin de dire comment le plus modeste débu- tant était reçu par ce savant dont la renommée était si grande, dont le nom était si haut placé? Ici, je puis en appeler à mon expérience person- nelle. J'étais arrivé à Paris avec un bagage scientifique bien mince; et, par suite de circonstances que j'aime à oublier, Milne Edwards avait de moi une fort triste opinion. Ma première campagne aux îles Chausey suffit pour faire tomber ces préventions. Le Maître vint dans ma mansarde feuilleter les cartons de l’élève, vérifier l'exactitude de ses observations. Dès ce jour, sa bienveillance me fut acquise et il m'en donna une bien grande preuve. Il veillait fort tard dans son cabinet de travail situé au rez-de-chaussée ; il m’engagea à venir l’ytrouver. Que de fois j'ai frappé à la vitre de ce cabinet, quand je rentrais le soir de ma promenade quoti- dienne ! Comme il quittait sa table et m'ouvrait la porte de la rue, ayant l’air d’être aussi content de me recevoir que je me sentais honoré d’être reçu ! Et que de choses j'ai apprises dans ces causeries, où le savant déjà illustre semblait s’oublier avec autant de plaisir que si j’eusse été son égal ! — V — » Messieurs, vous trouvez peut-être qu'en vous parlant de Milne Ed- wards je w’occupe trop longtemps de l’homme. C'est qu'il est moins connu que le savant ; c’est que je voudrais vous le faire aimer autant que vous l’estimez; c’est que, même une simple esquisse de celte vie où s’entremélent les joies et les douleurs, les luttes de bien des sortes et un triomphe final dû à la persévérance et au travail, me semble ren- fermer des enseignements pour tous. Mais je m’'arrête et en viens à ce qui fait que la foule se presse autour de cette tombe, attestant par sa seule présence que la mort de Milne Edwards laisse un bien grand vide parmi nous. » Le premier Mémoire lu à l’Académie par Milne Edwards date de 1823. Depuis cette époque, il n’a cessé d'agrandir le champ de la Science par ses recherches personnelles et d'enseigner par la parole ou par la plume ses émules d'abord, puis les générations qui grandis- saient à ses côtés. Ces travaux, cet enseignement ont donc duré plus de soixante ans. » Lorsque Milne Edwards fut nommé membre de l'Académie des Sciences, en 1838, sa Notice renfermait déjà le résumé de soixante-dix Mémoires originaux. Sur cette liste ne figurent ni les nombreux articles insérés dans le Dictionnaire classique d'Histoire naturelle ou dans l'Encyclopédie d' Anatomie et de Physiologie du D' Todd ; ni les Addi- tions faites par lui à l'Histoire des animaux sans vertèbres de Lamarck; ni ses Éléments de Zoologie, ni aucun des ouvrages élémentaires aux- quels j'ai fait allusion plus haut. À partir de cette époque et pendant plu- sieurs années, les publications de notre Confrère sur des sujets spéciaux ont été tout aussi fréquentes, et vous comprendrez que je ne puisse en dresser ici même une simple Table de matières. » En somme, Milne Edwards a touché à toutes les branches de la Zoologie et, dans toutes, il a laissé sa trace. La liste de ses œuvres pré- sente, en Zoologie méthodique, des recherches sur la classification des Vertébrés, aussi bien que sur celle des Annelés, des Mollusques et des Rayonnés ; en Zoologie descriptive vivante ou fossile, plusieurs Ouvrages généraux devenus classiques dès leur apparition; en Zoologie générale, des recherches sur les Centres de création, sur la répartition géogra- phique des Crustacés ; en Anatomie proprement dite, une foule de Mé- noires, dont je ne pourrais même indiquer les principaux; en Anatomie philosophique, des études sur le squelette des Crustacés, regardées paf Geoffroy Saint-Hilaire comme un modèle du genre, etc. » Mais ce qui caractérise l’œuvre de Milne Edwards mieux qu'aucun de ces travaux, quelque remarquables qu’ils soient d’ailleurs, c’est que jamais l’auteur ne perd de vue le côté physiologique du sujet qui l’occupe, c’est qu'il le met constamment en saillie et s’en sert pour éclairer les autres points de la question. C’est par là qu’il a mérité d’être reconnu pour un — VI — chef d'École et qu'il s’est assuré une place à côté de ses plus illustres prédécesseurs. » En effet, depuis l’époque de la Renaissance, les Sciences naturelles, la Zoologie en particulier, ont présenté des phases successives et marché de progrès en progrès qui s’enchainent dans un ordre remarquablement logique. Au début, on chercha à peu près exclusivement à retrouver les espèces décrites par les anciens ; mais on rencontra en route bien des animaux ou des plantes que n’avaicnt connus ni Aristote, ni Pline. On s’arrêta à les décrire, et bientôt on sentit qu'il fallait mettre de l’ordre dans ces richesses devenues encombrantes. Linné, avec ses classifi- cations systématiques et sa nomenclature binaire, répondit à ce besoin. La Zoologie d'abord, pour ainsi dire, littéraire et érudite, devint ainsi classificatrice et descriptive. Buffon lui conserva essentiellement ce dernier caractère, en même temps que par ses belles recherches de Géographie zoologique il ouvrit la voie à la Zoologie générale. Puis vint Cuvier, qui comprit qu'il ne fallait pas s’en tenir à l’examen extérieur des animaux, et que, pour juger de leurs vrais rapports, il fallait en connaître tous les organes. Ses deux Ouvrages, l’Anatomie comparée etle Règne animal, expression d’une même pensée, fruits du même travail et s'appuyant l'un sur l’autre, fondèrent la Zoologie anatomique. » On comprend que je n’aie pas eu la prétention de tracer ici même une esquisse abrégée de l’histoire de la Zoologie, et que j'aie volontai- rement omis de mentionner les branches diverses sorties de ce tronc si vivace et si fécond. J’ai voulu seulement indiquer le point où l’avaient conduite le génie de Cuvier et les travaux de ses disciples immédiats. Or, il faut bien le reconnaître, ils ont oublié trop souvent les préceptes de Haller sur l'alliance intime qui doit unir P'Anatomie et la Physiologie. Mais peut-être sont-ils excusables. Leur labeur a été grand; ils nous ont fait connaître les instruments ; à nous de chercher comment ils agissent. » C’est ce que Milne Edwards comprit pour ainsi dire à ses débuts dans la Science. Associé d’abord avec Victor Audouin, on le voit, dès 1826, commencer sur les côtes de France ces campagnes zoologiques qui devaient être si fécondes en résultats. Les deux amis, accompagnés de leurs jeunes femmes qui les suivaient dans toutes leurs courses et les aidaient dans leurs travaux, s'étaient installés dans le petit archipel de Chausey, où, une quinzaine d’années après, je retrouvais bien vivace, mais légèrement altéré, le souvenir de leur séjour et de leurs occupa- tions. Ils en revinrent les mains pleines, et l’un de leurs Mémoires, les Recherches anatomiques et physiologiques sur la circulation dans les Crustacés, obtint, en 1828, le prix de Physiologie décerné par l’Acadé- mie des Sciences. » En allant demander des enseignements au monde marin, Milne QE Edwards et Audouin renouaient une tradition toute française, que l’on peut faire remonter tout au moins à Bernard de Jussieu et à Guet- tard, qui furent chargés par l’Académie de vérifier ce qu'avait de vrai la grande découverte de Peysonel. Il est permis de se demander auquel des deux jeunes Naturalistes revient le mérite d’avoir eu la pensée de rentrer dans cette voie. Sans doute, il est souvent difficile et parfois délicat de poser une question pareille à propos de deux collaborateurs qui ont signé de leurs noms le même travail. Mais iei les faits parlent trop haut pour qu’il soit possible d’hésiter. À partir du jour où cette association scientifique fut rompue, sans que leur amitié en souffrit, Audouin se livra tout entier à l'Entomologie et à ses applications, qui le conduisirent à la Section d'Agriculture de l’Académie; Milne Edwards reprit ses voyages sur les côtes, revint à diverses reprises sur celles de notre Océan ; explora celles de Nice, de Naples, de l'Algérie et plus tard celles de la Sicile, où M. Blanchard et moi nous eùmes la joie de laccom- pagner. » C’est que ce jeune maitre sentait de plus en plus quels précieux sujets d’études offrent les animaux inférieurs marins au Naturaliste que préoc- cupent les questions physiologiques. Chez eux, la machine animale, se démontant pour ainsi dire pièce à pièce, finit par ne plus conserver que les organes fondamentaux, etla nature intime des fonctions se laisse bien mieux pénétrer. Quand à cette simplification organique vient s'ajouter la transparence des tissus, l’œil armé du microscope peut aller fouiller ces corps vivants sans les détruire, sans même les altérer, et prendre en quelque sorte la nature sur le fait. » Une fois la route indiquée, la Zoologie moderne ne pouvait manquer d'entrer dans cette nouvelle voie. Elle devait de plus en plus aller au delà de l’Anatomie et s’inquiéter de la fonction autant que des organes. Elle l’a fait d’abord sans se rendre bien compte de ce changement de direction. Ce fut un de ses adversaires qui lui donna la claire conscience du progrès accompli. En 1845, un journal, parlant des travaux de l’Académie des Sciences, qualifia ironiquement de zoologistes physiologistes Milne Edwards et quelques jeunes travailleurs groupés autour de lui. Tous acceptèrent, de très bon cœur et comme caractérisant au mieux leurs tendances, ce titre qu’on leur appliquait comme un bläme et par dérision. On leur apprenail à eux-mêmes qu'il y avait dans leur petit groupe le germe d’une École nouvelle. | » Cette École, si peu nombreuse il y a vingt ans, a bien grandi depuis lors. Elle a, on peut le dire, envahi tous-les pays où l’on fait de la Science sérieuse ; et, chose remarquable, quoique très naturelle, c’est en suivant la voie frayée par les naturalistes français que les savants de ces diverses contrées arrivent à se ranger sous la même bannière. Chez eux, comme chez nous, c’est le monde marin qui conduit à l'évidence et commande 0e les convictions. Le succès, d’ailleurs, ne se fit pas trop attendre; l’École physiologique compta bientôt de glorieux adeptes. L’illustre Müller, le chef des Physiologistes allemands, après avoir demandé pendant vingtans les secrets de la vie aux animaux supérieurs, comprit qu’il devait, lui aussi, aller s’instruire en étudiant le monde marin. Il fit coup sur coup plusieurs campagnes et en rapporta quelques-uns de ses plus beaux titres de gloire. Et il le sentait si bien que, devenu injuste envers ses premiers travaux, il déclarait regarder comme perdu tout le temps qu'il n’avait pas passé au bord de la mer. » Ainsi la Zoologie et la Physiologie, si longtemps regardées comme deux sciences distinctes, cherchent mutuellement à se rapprocher. La Zoologie physiologique, qui leur sert de lien, a grandi rapidement à la faveur de cette double tendance, et Milne Edwards en est resté le chef universellement reconnu. » Ce que notre Confrère a été dans ces travaux écrits, il l’était dans son enseignement oral. » À la Sorbonne comme au Muséum, on retrouvait toujours l’infati- gable chercheur. Pour chacun de ces enseignements il ne s’est jamais tracé de cadre absolu. Je l’ai vu bien souvent remnanier le Cours de quel- que année précédente, s'efforçant sans cesse de le perfectionner; et de ce travail sans trêve, fécondé par le savoir personnel, était résultée une érudition solide et éclairée qui attirait autour de sa chaire de nombreux et assidus auditeurs. » C’eût été grand dommage que le trésor scientifique, fruit d’un sem- blable labeur, disparût avec celui qui avait su l’acquérir. Heureusement Milne Edwards devait obéir à ia logique de tout esprit vraiment élevé, et chercher à coordonner, ne fût-ce que pour lui-même, l’ensemble de ses connaissances. Sans renoncer aux recherches spéciales, il entreprit presque en même temps deux Ouvrages, tous les deux rédigés dans ce sens : l’Introduction à la Zoologie générale et les Leçons sur la Phy- siologie et l'Anatomie comparées de l’homme et des animaux. Dans le premier, il résume plus spécialement les idées qui ont dirigé ses travaux; le second est pour ainsi dire la preuve et le développement du précédent, en même temps qu'il présente le tableau détaillé de la Science actuelle. » Je voudrais pouvoir vous parler longuement de ces deux beaux livres; j'aimerais surtout vous parler de l’Introduction. Ge tout petit Vo- lume renferme la doctrine à peu près entière de l’auteur et à ce titre mé- rite toute notre attention. Mais le temps manque, et je puis à peine par- courir à vol d'oiseau quelques-uns des grands horizons que Milne Edwards ouvre à ses lecteurs. € Pour me former une idée du plan qui a présidé à la constitution du Règne animal, dit Milne Edwards, j'ai cherché à juger des causes par les effets. Je — IX —— n'ai pas cru un seul instant pouvoir deviner la pensée mère dont est sortie cette vaste conception, ni délerminer la route suivie par l’Auteur de toutes choses dans l'exécution de son œuvre. » » Partout, toujours notre Confrère est resté fidèle à ce programme qui écarte dès l’abord toute hypothèse à priori. Partout, toujours Milne Edwards part du fait et remonte par induction à la cause prochaine. Puis il contrôle ses premières conclusions en les rapprochant de tous les faits ambiants, et cette comparaison même le conduit à des résultats nouveaux. C’est ainsi que, toujours appuyé sur la réalité, il s’élève jusqu’à la per- ception des lois les plus générales qui ont présidé à la constitution des êtres, au groupement de leurs innombrables formes, à leur répartition dans le cadre du Règne animal, à l'établissement et à la constance des rapports multiples qui unissent toutes les parties de ce vaste ensemble. Cette manière de procéder, n'est-ce pas la Méthode expérimentale, telle qu'il est possible de l’appliquer aux sciences d’observation ? - » Deux faits généraux. frappent d’abord Milne Edwards. Le premier est l’infinie variété des êtres vivants. « Les organismes, dit-il, ne sont réelle- » ment identiques, ni dans le temps ni dans l’espace. La première con- » dilion imposée à la nature dans la formation des animaux semble être » la diversité des produits. » » Le second fait général dont Milne Edwards a le premier montré toule l'importance est que cette variété extrême s’obtient toujours à peu de frais. La nature est loin d’avoir réalisé toutes les formes animales que notre esprit peut concevoir. On dirait qu’elle répugne aux innovations et qu'avant de créer un nouveau modèle elle s'efforce de tirer tout le parti possible de ceux qu’elle s'était déjà donnés, Des premiers temps pa- léontologiques jusqu'à nos jours, on la voit obéir à ces deux lois en appa-- rence opposées : la loi de variété et la loi d'économie. Rechercher les moyens employés pour satisfaire à l’une et à l’autre, en montrer toutes les conséquences, tel est le but principal de l’Ouvrage. » Au premier rang des causes de variété, il faut placer l'inégalité dans la perfection avec laquelle s’accomplissent les fonctions. Pour satisfaire à la première des lois indiquées plus haut, la nature, avant tout, perfec- tionne. Déterminer les procédés de ce perfectionnement est donc d’une haute importance. On voit tout ce que ce point de départ a de profondé- ment physiologique. » Usant d’une comparaison qui revient souvent sous sa plume, Milne Edwards rapproche l’animal des machines employées dans nos usines. Pour accroitre Le travail industriel, l'homme, tantôt grandit la machine, tantôt en mulliplie les parties actives. Pour augmenter le fravail fonc- tionnel, la nature bien souvent ne procède pas autrement. Mais le plus puissant moyen mis en œuvre par elle pour perfectionner les organismes ANN. SC. NAT., Z00L., 1885. XI ANS — X — et établir de groupe à groupe et d’espèce à espèce la merveilleuse variété qui les distingue est incontestablement la division du travail fonctionnel. Ici encore l’industrie humaine fournit un terme de comparaison facile à saisir et qui explique également les faits anatomiques et les résultats phy- siologiques. » Mais le perfectionnement par voie de division du travail, en produi- sant la variété, entraîne une complication anatomique, ‘et il n’en faut pas moins obéir à la loi d'économie. La nature y pourvoit en ne perfectionnant jamais à la fois tout un organisme, mais seulement quelques-unes de ses parties. Il résulte de là que les espèces, les groupes les plus voisins, ne sont jamais ou plus haut ou plus bas placés d’une manière absolue. Celui qui l'emporte par le développement d’un certain organe, d’une certaine fonction est inférieur à quelque autre titre. [Il est facile de voir quelle di- versité extrême doit naître précisément de cette singulière parcimonie, d’où il résulte que la machine animale, au lieu de s’améliorer en masse, ne se perfectionne que par portions souvent très restreintes. » Je voudrais pouvoir emprunter soit au livre de Milne Edwards, soit à mes propres souvenirs, au moins quelques exemples de cette espèce d’avarice dans les moyens, alliée à la plus magnifique profusion dans les résultats. Je voudrais vous montrer comment la loi d'économie, qui semble ne pouvoir qu'éloigner les espèces et les groupes les uns des autres, produit parfois des résultats inverses et amène l’apparition de ces rapports collatéraux d’où résulte ce que l’on a appelé les analogues zoologiques ou les termes correspondants. Surtout j'aimerais de vous montrer comment, au milieu des modifications innombrables des espèces apparaissent toujours et se conservent intacts les types fondamentaux ; comment s’élablissent et se manifestent les harmonies organiques, tantôt ralionnelles, tantôt purement empiriques; comment..….., mais la simple énumération des questions abordées et résolues par notre Maître regretté dans ce petit livre m’entrainerait trop loin. Il me suffit d’avoir sommaire- ment indiqué quelques-unes des tendances de son École, de toutes les Écoles actuelles pourrais-je dire; car ceux-là mêmes qui ne se rangent pas officiellement sous la bannière de Milne Edwards n’en reconnaissent pas moins le bien-fondé des lois qu'il a formulées etde simples débutants en Zoologie les appliquent chaque jour, sans même dire d’où elles leur viennent, tant elles sont entrées dans le savoir commun. » Et puis, bien que l'heure me presse et que je me reproche d’être st long, il faut bien dire au moins quelques mots des Leçons de Physiologie et d'Anatomie, de ce grand Ouvrage dont le premier volume à paru en 18517 et le quatorzième en 1881. Vous comprenez que le résumer serait impossible. C’est le Tableau complet du passé et du présent des Sciences physiologiques et anatomiques, avec leurs détails infinis qu’embrassent et coordonnent les idées générales presque toutes résumées dans lIntro- duction. Ge livre marque dans l’histoire de ces sciences une véritable époque. Ilest dès à présent pour nous, il sera pour nos arrière-neveux ce que les écrits de Haller ont été pour ses contemporains et pour leur pos- térité. » Et maintenant, Messieurs, en songeant à cette longue vie tout en- lière et exclusivement vouée au labeur scientifique; en vous rappelant cette immensité de travaux de détail et ce grand monument élevé à la Science, vous ne serez pas surpris que les honneurs de tout genre soient venus à ce savant qui ne les recherchait pas. Milne Edwards était Grand Officier de la Légion d'honneur, Grand-Croix, Commandeur ou Chevalier de onze ordres étrangers. Mais ces cordons lui tenaient moins au cœur que les témoignages de haute estime venant de ses juges naturels. Cette ambition bien légitime a été aussi largement satisfaite. » Toutes les grandes Sociétés savantes des deux mondes ont tenu à honneur de compter Milne Edwards au nombre de leurs membres. En 1896, la Société royale de Londres lui décernait la médaille de Copley; en 1880, la Société hollandaise des Sciences lui attribuait la première grande médaille de Boerhaave. Et pourtant, je crois en être sûr, Milne Edwards a été plus touché lorsque, dans une simple réunion de famille, quelques amis, quelques élèves sont venus lui offrir la médaille à son effigie, destinée à fêter la publication du dernier volume des Leçons de Physiologie et d'Anatomie. Tout se réunissait pour donner à ses yeux un prix à part à cette modeste offrande. Elle était le produit d’une sous- cription provoquée par l'affection et la reconnaissance et à laquelle avaient contribué des hommes de tout pays, s’occupant des branches les plus diverses de la Science. » Aujourd’hui comme alors, j'ai la conscience d’être l’interprète du monde savant tout entier, en apportant à celte tombe un dernier ct pieux hommage. » Adieu, mon cher et vénéré Maître! » Adieu, Milne Edwards! » Discours DE M. Émize BLancHarn, AU NOM DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE. « Messieurs, » Après l’Académie, le Muséum d'Histoire naturelle a la plus belle part à revendiquer dans la gloire de l’illustre Naturaliste qui vient de s’éleindre. Élu professeur-administrateur à la fin de 1841, M. Milne Edwards devait vivre désormais dans cet Établissement qu'il fréquentait depuis de longues années, où il avait déjà composé un grand Ouvrage — XI — demeuré classique (Histoire naturelle des Crustacés). Au Muséum, par ses travaux et par un enseignement de l’ordre le plus élevé dans les deux chaires qu’il a successivement occupées, M. Milne Edwards a puissam- ment servi la Science. » Il est des hommes qui, arrivés au terme de la plus longue carrière qu'il soit donné à un homme de parcourir, semblent trop tôt disparaitre. Ainsi le voyons-nous pour M. Mine Edwards. Le savant que nous per- dons, comme Dumas son contemporain, son intime ami, laisse un grand vide dans la Science française. Presque hier, encore, il conservait une activité dévorante ; ne négligeant jamais aucun devoir public, c’est seu- lement lorsqu'il fut terrassé par la maladie que sa main laissa tomber la plume qui devait nous livrer l’histoire des origines de la Zoologie. » Henri-Milne Edwards, né dans les derniers jours du dix-huitième siècle (à Bruges, le 23 octobre 1800), a traversé avec éclat presque tout le dix-neuvième siècle, toujours à la hauteur de chaque progrès. Jeté dès sa première jeunesse dans les voies de la Science, il donna dès le début de sa carrière des signes d’une extrême pénétration, des marques d’une vive sagacité, des preuves d’une rare distinction de l'esprit. Ayant reconnu dans quelle direction il convenait de porter l'effort pour dévoiler la manière dont s'accomplissent les fonctions organiques chez les êtres réputés inférieurs, il étudiera ces êtres dans la plénitude de leur vie et suivra sûrement ainsi les particularités de leur organisation. Pendant une suite d'années, de concert avec son ami Victor Audouin, il a multi- plié les recherches sur les animaux marins du littoral de la France. Seul il a continué l’œuvre d’abord effectuée en collaboration ; chaque série d’études amenant un succès, réalisant un progrès. Jeune encore, ül jouissait dans le monde scientifique de tous les pays d’un renom laborieu- sement acquis. Il était élu à l’Académie des Sciences, le 5 novembre 1838, ayant tout juste achevé sa trente-huitième année. À ce moment, aux yeux de tous, il était un savant de premier ordre. Bientôt, par son exemple, par ses conseils, inspirant à de jeunes naturalistes le goût de certaines investigations, il provoquait des découvertes. Aussi fut-il salué de bonne heure comme un maître dans une Science qui compte beaucoup d’adeptes. » M. Milne Edwards avait fait de nombreuses campagnes sur les riva- ces de la France, il voulut dans son âge mür visiter des parties de l'Europe méridionale, et les résultats d’une exploration sur les côtes de la Sicile furent pour lui un nouveau triomphe. Il avait heureusement constaté les dispositions, alors inexactement reconnues, de l’appareil de la circulation du sang chez les Mollusques. » M. Milne Edwards n’a pas fait sa renommée grande seulement par la multitude des découvertes dans le domaine de la Zoologie anatomique et physiologique, mais aussi par la justesse et par la hauteur de quel- QU ques-unes de ses vues générales. Avec un rare bonheur, il a fourni des démonstrations de la loi du perfectionnement organique des êtres. Le jour où il dut renoncer aux investigations délicates, il entreprenait une œuvre immense, colossale : Les Lecons sur la Physiologie et sur l’Ana- tomie comparées de l’homme et des animaux. Traçant avec un talent consommé, avec une supériorité magistrale le tableau de la Science, tel qu’il pouvait être présenté d’après l’ensemble des notions acquises, il a pris soin de mettre en relief, sur chaque sujet, la valeur des différentes opinions et de n’omettre en aucun cas de citer toutes les sources. Jamais l’érudition n’a rendu plus complet service à tous ceux qui se proposent d'aborder des questions relatives à l’organisation et aux phénomènes de la vie chez les êtres animés. Aussi a-t-on plus d’une fois répété : Bien des auteurs ont écrit des traités généraux pour les élèves; seul, Milne Edwards en a composé un qui est pour les maîtres. M. Milne Edwards eut la satisfaction d'achever ce gigantesque travail; — il avait plus de quatre-vingts ans; — alors ses confrères, ses élèves, ses admirateurs de tous Les pays saluèrent l’accomplissement de son vaste Ouvrage. » Le doyen des Naturalistes, tout à l'amour de sa Science, prenant vif intérêt aux grandes questions qui agitent les autres Sciences, attentif au mouvement des Lettres et des Arts, ne jugeait pas sa carrière terminée. Il poursuivait de nouvelles études, et, il y a peu de mois, c’est avec autant de respect que d’admiration que nous écoutions de sa bouche le récit de ce qu’il avait découvert de notions scientifiques chez les peuples . représentant les plus anciennes civilisations. (était avec une sorte d’at- tendrissement que nous considérions le noble vieillard venant à peine de conelure une trêve avec la maladie, se montrant aussi jeune par l'esprit, aussi enthousiaste qu’il l’était aux jours de sa jeunesse. » Le savant, dont l’œuvre est si étendue qu’à peine il est possible d’en indiquer ici les principaux traits, a donné un exemple rare de la cons- tance dans le travail. Au spectacle de cette activité, on s'étonne et l'on admire. D'une complexion délicate, M. Milne Edwards, pendant des années, sans cesse en lutte avec la maladie, plusieurs fois paraissant sur le point de succomber, se relevait tout à coup comme si la pensée de l'étude l’eût ranimé. Il semblait que rien ne püt l’abattre ; à sa faiblesse physique s’opposait une incomparable énergie, et cette énergie accroissait dans des proportions singulières les forces que la nature lui avait si parcimonieusement accordées. Tous ceux qui l’ont connu en restent frappés : M. Milne Edwards meurt à l’âge de près de quatre-vingt-cinq ans. Ce n’est assez ni pour la Science ni pour les grands corps savants ! Ïl en était une des lumières, il en était l'honneur ! » Au nom des Professeurs du Muséum d'Histoire naturelle, j'adresse le suprême adieu au savant vénéré, à l’illustre Naturaliste que j'ai tou- jours appelé mon Maitre. » AN IN DERNIER ADIEU EXPRIMÉE PAR M. FRENY, DIRECTEUR DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE. « Messieurs, » Les paroles autorisées et éloquentes qui viennent d’être prononcées font comprendre toule l'étendue de la perte qu'éprouve aujourd’hui le monde savant. » Vous permeltrez au Directeur du Muséum d’adresser un suprême adieu à celui qui, pendant cinquante années, a honoré notre Établisse- ment national par des découvertes de premier ordre. » Il laisse un grand nombre d'élèves qui sont aujourd’hui des Maîtres éminents, parmi lesquels je trouve avec émotion un fils, devenu notre confrère de l’Académie et qui soutient si dignement l’honneur d’un beau nom. » Adieu done, cher Confrère : vous avez élevé un monument scienti- fique qui ne périra pas. » Nous citons, avee un juste orgueil, les noms des Savants illustres qui sont sortis du Muséum. Depuis longtemps nous vous avons placé sur cette liste d'honneur, à côté de nos plus grands Naturalistes français. » Discours DE M. DE LAcAZE-DUTHIERS, AU NOM DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE PARIS. « Messieurs, » Depuis que la Faculté des Sciences a perdu l’homme illustre qui fut si longtemps son Doyen, depuis surtout que jai été désigné pour venir dire un dernier adieu à notre vénéré et regretté maître, les souvenirs de mes premières années d’études se présentent en foule à mon esprit, et, malgré mon désir de les éloigner, un rapprochement s'impose que je ne puis écarter. » Lorsque, tout jeune, j’arrivais du fond de la province à Paris, dans les premières années qui suivirent 1840, la curiosité me poussait d’un amphithéâtre à l’autre, ne fût-ce que pour voir et pour connaître ceux dont les livres avaient servi à mes premières études. A cette époque, l’enseignement des Facultés de la Sorbonne brillait d’un éclat sans égal. Dumas, de Blainville, Milne Edwards, pour ne citer que des noms d’hom- mes de Science, appelaient autour de leur chaire des auditeurs nombreux et enthousiastes. SU — » Je n’oublierai jamais l'impression profonde que firent sur moi la vue et l’enseignement de nos deux grands naturalistes ! La fougue du langage, l'originalité des vues théoriques subjuguaient chez Blainville; chez M. Milne Edwards, au contraire, ses entretiens, comme il aimait à appeler ses savantes Leçons, étaient calmes et remplis de faits intéressants et instructifs. Se plaçant toujours au point de vue pratique, éloignant les théories et les interprétations hasardées, mon ancien Maître nous char- mait par la simplicité et l'originalité de sa diction, par la précision de ses descriptions, par les détails attachants qu’il nous donnait sur les animaux inférieurs, qu’il connaissait si bien et qu’on ne voyait guère alors. » Qui ne se rappelle parmi nous d’avoir vu M. Milne Edwards, avec un art consommé s’aidant de son habile crayon, reproduire au tableau, en quelques traits saillants, avec une facilité merveilleuse et une vérité étonnante, les animaux dont il parlait! En le voyant dessiner, en l’en- tendant parler, on devinait qu'il avait vu, qu’il avait admiré ces êtres inférieurs dont on s’occupait encore assez peu et dont l'étude nous ap- paraissait effrayante, tant elle nous semblait hérissée de difficultés ! » Après chacune de ces Leçons, on se sentait aimer davantage les Sciences naturelles, et le désir de voir les choses dont l’histoire venait d’être faite aiguillonnait vivement la curiosité. » C’est que M. Milne Edwards savait rendre aimable l’étude des ani- maux inférieurs, fort délaissée avant lui. » C’est ainsi que, dans les amphithéâtres de la Sorbonne, en écoutant un tel Maître, j'ai appris à aimer la Zoologie. » Combien de fois, en sortant de ces Leçons si nourries et par cela même si instructives, dans les petits groupes d’auditeurs qui se for- maient dans la cour de la Sorbonne, ne nous sommes-nous pas répété, après une description pleine d’attrait de quelques animaux marins qu’on ne voyait alors nulle part, combien de fois ne nous sommes-nous pas dit : « La mer doit être bien belle à étudier avec son monde si varié et si » curieux ! » Aussi plus d’un alors brülait secrètement du désir de faire des voyages d'observation. » Et aujourd’hui, poursuivi par ces souvenirs de mes jeunes années, que réveillent les tristes circonstances qui nous réunissent, c’est moi, moi l’ancien auditeur et élève, le simple préparateur du grand Natura- liste, qui ai l'honneur, bien grand sans doute, mais aussi bien doulou- reux, de venir, au nom de la Faculté des Sciences de Paris, dire un dernier adieu au Maître vénéré. » Ce rapprochement m'a poursuivi jusqu’au bord de cette tombe ; je n'ai pas pu l’écarter, espérant d’ailleurs que vous y verrez comment avait pu naître l'admiration profonde de l’un de vous pour celui que nous per- dons ; comment bien d’autres sans doute ont été conduits de même à subir l’influence si grande et si légitime de notre illustre Doyen ! — XVI — » Sans doute la précision et les qualités toutes particulières du long professorat de M. Milne Edwards pouvaient expliquer son influence incontestée sur la marche et les progrès de la Zoologie ; mais une autre cause me paraît avoir aussi puissamment concouru à produire ce résul- tat. Il n'aimait pas la nature morte, il n’aimait pas surtout de n’avoir pas sous la main les preuves matérielles de ce qu’il devait enseigner. [1 vou- lait voir la nature vivante et sur place, si l’on peut ainsi parler. Ce qu'il voulait pour lui, il le voulait aussi pour ses élèves. Il aimait, en un mot, les démonstrations sur les choses mêmes, et c’est incontestablement cela qui donnait à son enseignement un si grand attrait, une si grande valeur et une si grande autorité. » Il avait compris que les travaux de Cuvier, qui, au commencement du siècle, modifièrent profondément la Zoologie, n'avaient dü leur re- nommée qu'aux condilions où ils avaient été faits. Aussi, il n’en faut pas douter, les premiers voyages d’Audouin et de Milne Edwards, suivis de la description des côtes de France, et qui sont à jamais célèbres parce qu'ils ont ouvert une voie nouvelle, ont eu pour première cause l'exemple donné par Cuvier, dont les mémorables études sur les Mollusques furent faites sur les lieux mêmes où vivaient les animaux. » L'origine des voyages aux bords de la mer pour y faire des études est à l’état de germe dans les conditions forcées que subissait Cuvier ; Milne Edwards développa l’idée, fit des adeptes et devint ce chef d’école dont l’autorité incontestée entraîna de tous côtés les naturalistes à cher- cher par eux-mêmes et à se transporter là où vivaient le animaux pour les mieux étudier et les mieux connaitre. » Nous pouvons, nous devons revendiquer hautement pour M. Milne Edwards la priorité de cette impulsion heureuse qu’il donna à l’étude de la Zoologie marine, et, s’il fit de nombreux prosélytes, c’est, disons-le aussi, parce qu’il donna toujours l’exemple. Nous avons tous présent à la mémoire le voyage qu'il fit en Sicile accompagné par MM. de Quatrefages et Blanchard, alors qu’il occupait les positions les plus élevées, les plus enviées, et qu'il n’avait plus rien à désirer. Lui, professeur au Muséum, à la Sorbonne, membre de l’Institut, allait loin de sa famille, loin de ses chaires, étudier des questions d'Embryogénie en se faisant descendre au fond de la mer, dans des appareils de plongeur bien incomplets alors, et dont l'emploi n’était pas exempt de danger. » Doit-on s'étonner, après cela, de l’intérêt qui s’attachait à son ensei- gnement quand il nous faisait assister, pour ainsi dire, chaque jour à ses observations et à ses découvertes nouvelles ? » Il aimait, ai-je dit, que les élèves vissent par eux-mêmes les choses dont il parlait; pour tout dire, en un mot, il aimait les démonstrations. Sans aucun doute, il en est parmi vous qui ont souvenir de la fin de presque toutes ses Leçons : il appelait son auditoire autour de lui, et là, — XVII — dans sa chaire, il se complaisait à montrer sur de magnifiques prépara- tions qu’il faisait souvent lui-même les faits dont il venait de nous entretenir. » C’est encore dans ces démonstrations familières qu’il faut rechercher non seulement la cause du succès de ses Cours, mais encore l’origine des épreuves pratiques qui font aujourd’hui partie de tous les examens supé- rieurs des Facultés. Il les avait longtemps réclamées; c'était naturel, puisqu'elles étaient la consécration de ses idées et de son enseignement. » Cette innovation des épreuves pratiques eut la plus heureuse in- fluence sur toutes les études scientifiques; elle a conduit forcément en effet au développement des laboratoires que réclama bien longtemps M. Milne Edwards, et auquel il travailla avec cette activité quelquefois fébrile que nous lui avons tous connue. » Personne n’a oublié combien il aimait aussi à encourager les jeunes travailleurs. Il me souvient encore qu'il nous faisait apporter nos dessins dans ses soirées où il recevait avec tant d’affabilité. Là, à côté des hommes les plus célèbres, tels qu'Ehrenberg, exposant sur des microscopes ses collections d’Infusoires, le jeune naturaliste encore inconnu présentait ses premiers essais de recherches dont le sujet, le plus souvent, lui avait été indiqué par le Maitre. » Lorsque, en 1849, Dumas devint ministre, M. Milne Edwards lui succéda comme Doyen. Ce fut alors qu'il fit créer de petites places bien modestes de 300 francs à 400 francs, destinées à favoriser les recherches des jeunes gens. C’était bien peu de chose, et cependant c'était beaucoup à une époque où il fallait payer pour entrer dans la plupart des labora- toires, chose qu’a toujours désapprouvée vivement notre Doyen. » Cette institution ne se maintint pas, mais elle contenait en germe l'institution des bourses d’études, qui LL sont un bienfait véri- lable pour la jeunesse. » Dans toutes les questions d'organisation ou d'amélioration qui se posaient, la première pensée de M. Milne Edwards était toujours dirigée vers le côté Le plus libéral et le plus pratique, et si parfois ses élans de libéralisme restaient sans produire les effets qu’on en attendait, c’est que des circonstances particulières venaient en entraver ou en modifier le développement. Nous avons tous été témoins pendant son décanat d’une durée exceptionnelle, de 1849 à 1885, de l’activité prodigieuse, de la ténacité vraiment admirable qu'il employait à obtenir des concessions favorables aux progrès de la Science. » Les locaux anciens devenaient-ils insuffisants pour les besoins des services nouveaux créés par l'administration, on le voyait, malgré son grand âge, aller avec les architectes dans les bâtiments de ce reste du vieux Paris qui longe la rue Saint-Jacques, à la découverte des emplace- ments nécessaires. [l fatiguait dans ces courses, on peut le dire, les plus Jeunes d’entre nous qu'il avait appelés. ANUS » S’agissait-il des plans de la nouvelle Sorbonne, il réunissait suc- cessivement les différents professeurs et discutait avec eux les disposi- tions indiquées, jugeant et résolvant presque toujours les questions les plus difficiles, tenant toujours très haut les prérogatives et les traditions utiles à la Science. » Tout cela s’expliquait pour qui avait longtemps vécu auprès de M. Milne Edwards ; on reconnaissait bien vite, en effet, qu’il aimait beaucoup la Faculté des sciences et son enseignement. Je lui ai souvent entendu répéter, lorsque j'avais l'honneur d’être son préparateur à la Sorbonne : C’est ici qu'est mon enseignement véritable, et, en fait, on peut dire qu’il a prolongé volontairement son professorat exceptionnelle- ment long, car il n’aimait pas à se faire suppléer, et il ne l’a été que bien rarement lorsque des missions, rares aussi, le forcèrent à s’éloigner de Paris. » Administrateur consommé, il répondait à toutes les exigences d’un service très lourd, et ses rapports nombreux, toujours fort habilement conçus et rédigés, lui avaient donné une grande autorité au ministère de l’Instruction publique, où on le consulta bien longtemps dans toutes les questions universitaires graves et importantes. » D’autres vous ont dit ou vous diront encore ce que furent ses publi- cations, ses découvertes, ses recherches sans nombre. Je n’ai voulu envisa- ger cette carrière si bien remplie qu’au point de vue de notre Faculté, qu’il dirigea pendant près de trente-cinq ans avec un dévouement sans bornes. » Mais si j'ai montré toute son activité el son dévouement à la Sor- bonne, on sentira combien sa puissance de travail était grande, en son- geant qu’il occupa successivement au Muséum deux des chaires Les plus différentes, et que ses publications, toujours de la plus haute importance et des plus variées, ne cessèrent jamais, pas plus que ses fonctions administratives. » Si mes souvenirs sont exacts, c'était l'anatomie comparée que M. Milne Edwards eût professée avec le plus de satisfaction au Muséum, mais des circonstances se rencontrèrent pour en décider autrement. » Lorsque la chaire d'anatomie comparée devint vacante à la mort de Duvernoy, notre Doyen était dans toute la force de l’âge et il jouissait comme naturaliste d’une renommée universelle. J'étais alors à l’étran- ger, et un savant bien connu me disait très naturellement et sans avoir de doute : « C’est M. Milne Edwards qui va maintenant occuper la plus belle chaire de Paris, la chaire illustrée par Cuvier. C’est à lui que revient la place, il est désigné d’avance en Europe », et, comme Je répondais négativement : € C’est un malheur pour la Science », me dit mon savant ami. : » Un tel mot se passe de tout commentaire, car il montre en quelle estime élait tenu le savant français. — XIX — » J’avouerai cependant que la Faculté des Sciences n’a pas eu à re- gretter cette circonstance. C’est en effet chez nous, à la Sorbonne, qu'ont été faites ces belles leçons d’Anatomie et de Physiologie comparées, qui, publiées par M. Milne Edwards, resteront comme un monument de la science française et comme un modèle de l’enseignement classique de notre Faculté. » Permettez-moi, Messieurs, de ne pas vous entretenir plus longue- ment des travaux scientifiques que notre illustre Doyen publia, on pour- rait presque dire depuis le commencement du siècle, sur toutes les branches de la Zoologie. » Pourquoi prolonger les conditions pénibles et douloureuses qui nous réunissent? La renommée de notre grand Zoologiste fut telle que nous n’y ajouterions rien. Son nom restera inscrit parmi ceux des Naturalistes les plus illustres. Sa position scientifique dans le monde entier fut si considérable que, nous devons le proclamer aujourd’hui, jamais perte ne fut plus grande pour la Faculté et pour les Sciences naturelles. » Le vide que laissera parmi nous celui qui dirigea pendant trente- cinq ans nos réunions et nos travaux se fera sentir bien longtemps encore. » Nul ne fut plus longtemps Doyen que M. Milne Edwards, nul parmi nous n'aurait songé à le remplacer, et lorsque, dans la pensée de l’Admi- nistration, l'élection du primus inter pares des Facultés semblait être arrêtée, pas un seul de nous n’eût voulu accepter une voix. Il n’y aurait pas eu d'élection à la Faculté des Sciences de Paris. M. Milne Edwards eùt été acclamé Doyen. » Je m’arrête, Messieurs ; les éloges sont superflus devant un nom célèbre entre tous, qui s'imposait déjà du vivant de celui qui le portait si glorieusement et qui s’imposera de mênie aux générations futures. » Au nom de mes collègues j’adresse un dernier adieu à notre Maître regretté, et, au moment solennel où sa dépouille va disparaitre pour tou- jours, je dépose respectueusement au bord de sa tombe l’expression de la vénération profonde, de la reconnaissance et de l’admiration qu'avait la Faculté des Sciences de Paris pour son Doyen regretté Henri-Milne Edwards. » Discours DE M. Louis Passy, AU NOM DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE. « Messieurs, » Milne Edwards était Français; c’était un bon Français, c'était un grand Français. Voilà les premières paroles et les derniers hommages que la Société nationale d'Agriculture de France vient aujourd’hui dépo- ser sur sa tombe. » À lire son nom, à voir sa physionomie, d’ailleurs fine et originale, à entendre ce léger accent qui s’alliait pourtant à une correction par- faite de langage, on devinait qu’il était de race étrangère ; mais, si sa famille était anglaise, il était né à Bruges, pendant que Bruges faisait partie de la France, et quand vint l’âge des résolutions viriles qui fut le moment du démembrement de la France impériale, son père l’installa à Paris, et du même pas il entra dans la grande famille des citoyens et dans la grande famille des savants français, qui l’adoptèrent pour sa gloire et la nôtre. » Deux occasions marquèrent sa reconnaissance. Avant 1830, la Bel- gique faillit nous l'enlever par des propositions séduisantes. Milne Edwards n’écouta rien. Il se sentait de l’Académie des Sciences avant d'y être nommé. Quelque temps après, le choléra de 1832 porta dans Paris la terreur et la mort. Audouin, son ami, se rappelle qu’il est médecin. Il court auprès des malades et reçoit de la Ville de Paris une médaille por- tant cette inscription : « Générosité et dévouement ». En racontant cette histoire dans l’éloge d’Audouin, Milne Edwards oubliait que cette his- toire était la sienne. Il tint la même conduite, courut les mêmes périls, et reçut la même récompense. Le dévouement à la Science se confondait en lui avec le dévouement à la Patrie. » Trente-huit ans après, Paris était assiégé, Milne Edwards avait soixante-dix ans. Cédant à une ardeur juvénile, il enrégimenta, avecson confrère Delaunay, Les employés du Muséum et les mena tous les jours, pendant plus de six semaines, travailler au fort de Bicêtre, sous les ordres de l’amiral La Roncière Le Noury. Il créa une ambulance dans son laboratoire et ne négligea rien pour donner, dans cette crise à jamais douloureuse, les preuves de son patriotisme. » La Société nationale d'Agriculture, qui représente, à proprement parler, le sol de la patrie, la terre de France à ce moment envahie et dévastée par des armées étrangères, la Société tient à rappeler ces nobles souvenirs et à répéter que Milne Edwards était un Français, un bon Français, un grand Français. » Toutes les qualités de son esprit éclatèrent dès ses premiers tra- vaux. On raconte que Milne Edwards, comme Cuvier, s'était révélé à lui-même en lisant Buffon, et qu’il avait, dès l’âge de quinze ans, essayé de faire une analyse scientifique des œuvres de ce grand Naturaliste. S'il choisit Buffon comme modèle, on ne s’étonnera plus de la clarté qui règne dans ses ouvrages. D’autres loueront l’'habileté, la sincérité, la pénétration avec lesquelles Le savant, pour découvrir les phénomènes de la vie, combina les observations anatomiques sur la nature des organes à l’aide desquels ces phénomènes s’accomplissent, les expériences des — XXI — vivisecteurs et l'application de la Chimie à l’étude des organismes en mouvement; mais ces procédés, qui relèvent de la Science pure, ne peignent pas dans le naturel le génie de l’homme. Buffon, auquel il faut revenir, disait: « Le style, c’est l’homme même », et c’est dans le style que Milne Edwards apparaît avec des qualités d'artiste et de savant. Le savant choisissait les faits, l’artiste choisissait les mots, et si l’on passe des premiers Éléments de Zoologie, qui furent comme un jet de lumière, aux dernières Leçons d' Anatomie et de Physiologie comparées, qui sont la lumière elle-même, on verra qu’un ordre supérieur régnait dans cette intelligence où vint se refléter comme dans un miroir l’ordre de la nature. » Milne Edwards commença ses études par la Médecine, qui le con- duisit au laboratoire des anatomistes, l’Anatomie et la Zoologie, à l’étude de toutes les Sciences naturelles, dont il se rendit maître. C’était le moment où trois jeunes gens de vingt-cinq ans, Audouin, Brongniart et Dumas, fondaient le célèbre recueil des Annales des Sciences naturelles. Ils entendaient par de nouveaux exemples prouver que toutes les parties de l’histoire de la nature se lient et s’enchaînent, que toutes les Sciences naturelles s'expliquent et se dévoilent par la comparaison de leurs prin- cipes et qu’enfin la même force irrésistible et invisible préside à toutes les opérations par lesquelles les corps organisés s’assimilent les parti- cules de la matière. » Gette pensée de l’association constante et même nécessaire de toutes les sciences, pour arriver à déterminer d’une manière scientifique les phénomènes de la nature et de la vie, avait saisi Milne Edwards comme ses camarades d'étude, et devait dominer son œuvre tout entière. C’est elle qui, après lavoir installé en maître dans l’étude du Règne animal, le conduisit à l’étude du Règne végétal et même à l’étude de l’Agricul- ture, qu’il traversa rapidement. « Pendant longtemps, a dit Milne Edwards, l’Agriculture, comme la Méde- cine, n’a dù ses progrès qu’à elle-même ; mais, de nos jours, elle demande d’utiles lumières à toutes les sciences dont la Médecine s’était plus ancienne- ment entourée, et, sans cesser d’être fidèle au culte de l’expérience, elle ne reste indifférente ni aux conquêtes de la Chimie ni aux découvertes des Natu- ralistes. » » Sous cette déclaration, qui ouvre l’éloge d’Audouin, se cache un aveu délicat. Milne Edwards reconnaît qu'il a pris pied sur le terrain de l'Agriculture, sous les auspices de la Chimie représentée par son ami Dumas, et de l'Histoire naturelle représentée par Audouin et Brongniart. Au point de vue de la Société nationale d'Agriculture, tous les travaux de Milne Edwards semblent accompagner les travaux plus spéciaux de nos illustres confrères, et donnent une preuve irrécusable D), JU de la communauté de leurs vues scientifiques et des liens indissolubles qui unirent toute leur vie Milne Edwards au fils et aux deux gendres d'Alexandre Brongniart. » L'histoire de lamitié de Milne Edwards et d’Audouin appartient à la Science ; mais Milne Edwards a permis à la Société nationale d’Agri- culture de s’en emparer. » Milne Edwards n’entra dans notre Compagnie qu’en 1849, et son premier soin fut de composer l'éloge d’Audouin, qui était mort depuis huit ans. [la laissé dans celte Notice une grande partie de lui-même. Il y a décrit ses propres travaux et les origines de ses célèbres recherches sur l'anatomie et la physiologie des Crustacés, des Zoophytes, des Mol- lusques et des Annélides. « Pendant dix ans, a dit Milne Edwards, nos études nous rapprochaient sans cesse, et en vous racontant la vie d’Audouin, je suis obligé de vous parler de moi-même. En effet, les projets de recherches formaient souvent les sujets de nos entretiens et nous ne tardâmes pas à nous associer dans tous nos tra- Vaux. » » Rien n'est plus touchant que le récit de ces heureux jours où, tra- vaillant ensemble dans les rochers, sur les bords de la mer, l'avenir leur semblait devoir être long. « Et chacun de nous avait à ses côtés, dit Milne Edwards, une compagne douce et dévouée, qui, babile à manier le pinceau, nous aidait à fixer l’image des objets dont l’histoire nous occupait. Nous nous disions souvent que des amitiés cimentées de la sorte feraient le charme de nos vieux jours, mais la mort est venue briser tous nos liens. » » Comme si le souvenir d’Audouin était toujours présent à son esprit, Milne Edwards reprit successivement dans nos réunions les questions traitées par son ami, et les bulletins de nos séances sont remplis de fines observations sur tous les insectes qui attaquent les céréales, la bet- terave, la pomme de terre, la vigne, les arbres fruitiers et résineux et les bois abattus. Ainsi Milne Edwards ne se lassa jamais de creuser de plus en plus l'étude des faits qui l’avaient frappé dans sa jeunesse, mais il me semble qu’il mit une sorte de piété à faire valoir et à continuer le rôle qu'Audouin avait pris au milieu de nous pour l’honneur de l’Ento- mologie agricole. » Quand Audouin mourut, en 1841, Milne Edwards se rapprocha davantage de Brongniart, le beau-frère de son ami et son ami lui-même. Brongniart, par la précocité de ses travaux, par une dignité naturelle qui l’empêcha toujours de paraître trop jeune, et par l'avantage du grand nom qu'il portait, avait pris le pas sur ses camarades, et le premier, une place à l’Académie des Sciences. C’était lui qui avait, en 1825, vérita- OUR blement fondé les Annales des Sciences naturelles, et qui, en 1834, à la retraite de Dumas, en prit la direction avec Audouin et Milne Edwards. C'était lui qui, en 1838, devait donner le coup de main de l'amitié à Audouin et à Milne Edwards pour les faire entrer tous les deux, la même année, à l’Académie des Sciences, l’un à la place de Latreille, l’autre à la place de Frédérie Cuvier. Il est très possible qu’un Mémoire de Milne Edwards, touchant « l'influence de la température sur la germination », Mémoire qui devait êlre suivi de plusieurs autres, ait été inspiré par le désir delutter avecles Mémoiresclassiques de Brongniartsur les développements de l’embryon végétal et des recherches sur la structure et les fonctions des feuilles ; mais Milne Edwards, qui poursuivit partout la recherche des phénomènes de la vie, n’entrait dans la Physiologie végétale que pour y trouver des vues d'ensemble et ne devait pas s’attarder à des expériences spéciales et à des recherches particulières. » Il faut encore une fois reprendre l'éloge d’Audouin et écouter Milne Edwards lui-même : | « La Science, dit-il, comme la Littérature, a une poésie dont le langage charme et élève notre intelligence ; mais les généralisateurs, qui sont les poètes de la Science, ne peuvent frapper juste qu’en s'appuyant sur l’observation ou sur l’expérience. L'erreur est le partage assuré de ceux qui veulent inventer au lieu d'étudier, et il ne saurait en être autrement, car, pour deviner les lois de la nature sans les avoir lues dans les œuvres de la Création, il faudrait que les idées enfantées par notre imagination fussent grandes et belles à l’égal des conceptions du Créateur. » » En rappelant ces belles paroles, on ne peut s’empêcher de songer aux sentiments si souvent exprimés et aux conclusions si souvent formulées au nom de la Science, par le troisième compagnon de Milne Edwards, par un autre de nos Confrères, par Dumas. Suivre Dumas et Milne Edwards dans une intimité de plus de cinquante ans est une tâche impossible ; mais dans ce moment où le souvenir des amitiés est plus précieux pour ceux qui nous écoutent et pleurent que l’énumération des plus célèbres travaux, peut-on oublier ces traits charmants, qui montrent une fois de plus quelle force nouvelle la Science trouve dans l'échange des amitiés? Un jour Milne Edwards eut la bonne fortune de céder à son ami Dumas un Mémoire dont ce dernier avait un pressant besoin, et que Dumas lui fit l'honneur de signer tout seul. En revanche, bien des années après, ils commencèrent ensemble un grand rapport que le gouvernement de 1830 leur avait demandé «sur la législation et la consommation du sel en Angleterre », et cette fois Milne Edwards présenta à Dumas, devenu Ministre du Commerce et de l'Agriculture, leur travail commun, et il signa tout seul. C'est ainsi qu’un demi-siècle se passa, au milieu duquel ils unirent un jour leurs enfants pour ne plus former qu’une famille. — XXIV — » Milne Edwards avait quatre-vingt-un ans lorsqu'il termina son grand ouvrage sur l’Anatomie et la Physiologie comparées, auquel des maîtres ont prédit l'admiration de la postérité. En souvenir de cet événement scientifique une médaille d'honneur fut offerte à Milne Kdwards, au nom des savants de tous les pays. [Il était dans son salon entouré des mem- bres de sa famille, lorsque trois Membres de l’Académie des Sciences, Membres en même temps de notre Société d'Agriculture, se présentèrent pour offrir au doyen des Physiologistes l'hommage du monde savant. Deux témoins de cette scène mémorable, MM. Blanchard et de Quatre- fages, sont présents et viennent de dire tout ce que leur esprit et leur cœur pouvaient seuls nous révéler. Un troisième n’est plus là. Vous avez nommé Dumas. Dans l’impuissance où je suis de parler dignement en son nom et après de tels maîtres, je veux que le président de notre Société d'Agriculture, que Dumas rende un dernier hommage au confrère que nous avons perdu. Oui, je veux que Dumas lui-même se lève et qu’en ce jour de deuil il fasse entendre sa voix solennelle et grave, comme il la fit entendre en un jour de fête affectueuse et bonne, pour mettre le comble aux éloges décernés à Milne Edwards par nos chers confrères Blanchard et de Quatrefages. « Oui, répétera Dumas, dans ce Jardin des Plantes, sur lequel tant de géné- rations, par les efforts du génie, ont appelé la vénération de tous les esprits élevés, l’Académie voit en vous le gardien de leurs nobles traditions et le représentant le plus autorisé de la Science française. » Avec la passion du vrai, la hardiesse d’un esprit ferme et la prudence d’un esprit sage, vous avez tracé le tableau complet de la vie, sous tous ses aspects, en anatomiste consommé, en physiologiste pénétrant, en physicien ou en chi- miste exercé. Avec vous la Physiologie, dans son acception la plus haute et la plus large, a pénétré pour toujours dans l’étude et la classification des êtres. » Vous avez eu, mon cher ami, le rare bonheur de commencer jeune, de poursuivre en votre maturité et de terminer dans la plénitude de vos forces un Ouvrage qui restera comme un monument. » Vous avez eu un bonheur plus rare encore : vous avez vu s’élever auprès de vous, se former de vos leçons, s'inspirer de votre exemple et marcher sur vos traces, un fils digne de vous, un confrère prêt à construire à son tour le monument qui couronnera sa vie, digne de continuer celui que vous léguez à la postérité, un émule enfin qui n’oubliera jamais le spectacle touchant dont il vient d’être le témoin. » » Dumas a parlé : la Société nationale d'Agriculture peut encore expri- mer sa douleur. Je ne peux plus ajouter un mot. » DESCRIPTION D’UN ISOPODE NOUVEAU LE JOŒROPSIS BREVICORNIS PAR LE D KR. KŒHLER Le Crustacé qui fait l’objet de cette note provient des grottes du Gouliot, dans l’île de Sark, que j'ai déjà eu l’occasion de citer comme une station très remarquable par l'abondance et la variété des animaux qui se sont fixés sur leurs parois. Il vit au milieu des Éponges et des Ascidies simples, dont certaines espèces sont répandues dans les grottes avec une profusion réellement étonnante. Je citerai parmi les Éponges que j'ai déjà déterminées les espèces suivantes : Leuconia nivea Grant, Leucosolenia contorta Bow., Leucogypsia Gossei Bow., Grantia compressa Flem., Sycon cihatumn Hoeck, et tessellatum Bow. et enfin l’Éponge voisine du Cuminus osculosus Grube, que j'airécemment décrite dans la Bibliothèque des Hautes Études. Parmi les Ascidies simples je mentionnerai : Ascidiella cristata Risso, et scabra Müll., Cynthia rustica Müll., Ascidia producta Hanck, Molqula arenosa Ald. et Hanck. Ces échantillons, conservés dans des bocaux pleins d'eau de mer, laissèrent échapper bientôt une grande quantité de Vers et de Crustacés : c’est ainsi que j'ai pu recueillir, pour ne citer que les Crustacés Edriophtalmes, les espèces suivantes : Aora gracilis Sp. Bate, Wicrodeutopus Websterii Sp. Bate, Exonquia stillipes Nordm., Podocerus falcatus Sp. Bate, Mon- tagua monoculoides Sp. Baie, et marina Sp. Bate, Caprella hystrix Krôyer , Leptochehia Edwardsii Krôyer, Paratanais forcipatus Lilljb., Anceus maxillaris Mont., Jœra Nordmanni Ratkhe, et enfin un autre Isopode qu’il ne me fut pas possible de déterminer, et dont je recueillis un certain nombre de spéci- ANN: SC. NAT., ZOOL. 1885. XIX. 1. — ART. N° {, 9 R. KŒHLER. mens, me promettant de les étudier à mon retour en France. Comme je n’ai pu le rapprocher d'aucune espèce connue, j'ai tout lieu de supposer qu'il s’agit bien réellement d’un type nouveau; j'en donnerai donc une description succincte, la- quelle pourra d’ailleurs être très brève et ne sera qu’une expli- cation un peu détaillée de la planche qui accompagne cette Note. Les caractères que présente cet Isopode doivent le faire ranger dans l’ordre des Asellides, où 1l occupe une place très voisine du Jæra, dont il s'éloigne cependant par des diffé- rences importantes et dont la plus saillante réside évidemment dans la forme des antennes. Je reviendrai plus loin sur ses affinités et je dirai de suite que pour rappeler d’une part ses relations avec le genre Jœra et d'autre part la brièveté de ses antennes, je propose de l'appeler Jeropsis brevicornis. La longueur du corps du Jœropsis brevicornis varie entre deux millimètres et deux millimètres et demi; la largeur est de trois quarts de millimètre environ. Les sept anneaux tho- raciques sont très distincts et sont séparés les uns des autres sur les côtés par des intervalles assez larges. La tête et l’abdo- men sont également réunis au premier et au dernier anneau thoracique par des portions plus rétrécies (fig. 1). Le corps est légèrement fusiforme ; les deuxième et troisième anneaux sont les plus larges, puis la largeur décroît réguliè- rement depuis le troisième anneau jusqu'à l’abdomen; elle décroit à peu près dans la même mesure depuis le deuxième anneau jusqu'à la tête, de telle sorte que celle-ci est plus large que l'abdomen. La face dorsale est peu bombée, presque plane, les anneaux étant seulement un peu recourbés sur les bords. Les tégu- ments sont incolores, sauf au niveau de la tête, qui présente une large tache brune qui occupe la plus grande partie de sa face dorsale. Cette disposition est due à l’existence, dans les téguments de cette région de la tête, de cellules pigmentaires très déve- loppées et dont les prolongements ramifiés offrent, dans leur ARTICLE N° 1. DESCRIPTION D'UN ISOPODE NOUVEAU. 3 ensemble, l’apparence qui est représentée sur la figure. Ces cellules à pigment ne se rencontrent dans aucun autre point des téguments, qui sont partout transparents. La tête est large, quadrilatère, terminée en avant par un lobe proéminent qui s’avance entre les deux paires d'antennes. Elle porte les yeux, qui sont petits et se trouvent situés à la limite de la tache de pigment que‘nous avons vu recouvrir la face dorsale de la tête. Les anneaux thoraciques ue présentent rien de particulier : les bords sont quelquefois irréguliers, mais ils ne portent ja- mais de dentelures. L’abdomen a la forme d’un bouclier, qui se rétrécit et s’ar- rondit graduellement en arrière ; 1l est légèrement bombé et il porte sur ses bords de nombreux poils. On remarque à son extrémité la dernière paire de fausses pattes abdominales, qui le débordent légèrement en dessous, sous forme de deux petites lamelles supportant chacune deux protubérances iné- gales, lesquelles sont terminées par une touffe de longs poils (hou wrety7). Les antennes inférieures ont une forme particulière (fig. 3) et tout à fait caractéristique. Leur pédoncule est composé de quatre articles, dont le premier est très court. Le deuxième, qui est plus long, est très large, aussi large que long, et renflé sur son bord externe. C’est en graride partie à l’élargissement de cet article que les antennes inférieures doivent leur aspect tout spécial. Il porte de petits poils raides. Le troisième ar- ticle est à peu près triangulaire : 1l vient se loger comme un coin entre le deuxième et le quatrième article, et ces trois articles sont disposés, les uns par rapport aux autres, de telle sorte que leur ensemble prenne la forme d’un angle droit. Ce troisième article offre quelques poils sur son bord externe et de plus deux ou trois de ces soies particulières qui portent dans leur moitié supérieure une série de poils recourbés, s’en déla- chant comme les barbes d’une plume, et qu’on considère comme des soies sensitives. Le quatrième article est ovale, allongé; il porte sur son bord antérieur une série de faisceaux 4 R. KŒHLER. de poils régulièrement espacés. Le flagellum de cette antenne est très court; il est composé de sept ou huit anneaux, qui vont en décroissant rapidement de grosseur à partir du premier. Les trois ou quatre premiers articles présentent sur leur bord antérieur chacun un faisceau de poils, et les derniers articles portent également plusieurs poils allongés, dont l’ensemble forme un pinceau qui termine l’antenne. Les antennes supérieures sont composées de cinq articles et n’ont pas de flagellum, à moins que l’on considère le pédon- cule comme étant formé par un seul article et les quatre au- tres articles comme constituant un flagellum (fig. 2). Le pre- mier article est gros et large : 1l a la forme d’un rectangle excavé sur son bord supérieur et supportant, par son bord interne, une lame mince et transparente, qui fait corps avec lui et qui est garnie de cinq ou six dents très développées. Les quatre articles terminaux sont beaucoup plus étroits et plus courts que le premier; ils présentent quelques poils. Le deuxième article de l’antenne représentée sur la figure, porte aussi deux poils penniformes sensitifs qui peuvent se trouver aussi, en nombre variable, sur les autres articles. Le dernier article offre plusieurs longs poils et deux bâtonnets allongés à protoplasma granuleux, qui ont aussi été considérés comme des organes de sens. Les bâtonnets et les poils de différente nature que portent les antennes sont évidemment destinés à percevoir des sensa- tions, mais il parait assez difficile d’assigner à chacun ses vé- ritables fonctions. Les bätonnets qui terminent l’antenne su- périeure du Jæropsis, ont une structure identique à celle des bâtonnets déerits, entre autres, par Bellonci chez le Sphérome. Ils offrent une région basilaire cylindrique, une portion mé- diane très longue et remplie par du protoplasma granuleux au milieu duquel on distingue quelques fibrilles, et qui se rétrécit assez brusquement vers son extrémité, où elle porte un petit poil terminé par une extrémité arrondie. Ces bâton- nets sont considérés comme des organes d’olfaction. Quant aux poils de la deuxième espèce, qu'on peut appeler penniformes, ARTICLE N° 1. DESCRIPTION D'UN ISOPODE NOUVEAU. ) ils ont été considérés comme des poils auditifs. On les ren- contre en général sur les articles de l’antenne supérieure, comme les précédents. J’ai fait remarquer plus haut que chez le Jœropsis, on en rencontrait aussi sur le pédoncule de l’an- tenne inférieure. Quant aux autres poils, qui n’ont pas de forme particulière, on les regarde comme des organes de tact. Les pattes ne présentent rien de particulier : elles ressem- blent à celles que portent les Jæra et les genres voisins; leur longueur est à peu près égale à la largeur du corps. La figure que j'en donne (fig. 8) me dispense de les décrire en détail. Le troisième article affecte toujours une forme un peu diffé- rente de celle des autres; le dernier article porte deux grosses oriffes et quelques autres plus petites. Elles présentent, outre un certain nombre de poils simples, quelques poils penni- formes analogues à ceux qu’on regarde comme auditifs quand on les observe sur les antennes. Les appendices abdominaux de la sixième paire sont très petits et en partie cachés sous l’abdomen, qu’ils ne dépassent en dessous que par une faible partie de leur longueur (fig. 7). Chacun d'eux est formé d’une petite lamelle offrant sur son bord postérieur une échancrure asymétrique, dans laquelle s’articulent deux petits articles arrondis, de grosseur diffé- rente et munis de longs poils sur les bords. La portion externe de la lamelle basilaire, qui n’est pas intéressée par l’échan- crure, forme un petit lobe terminé par quelques poils courts, et présente sur son bord extérieur une série de denticulations. Les mandibules (fig. 4) sont fortes et présentent deux par- ties distinctes : l’une plus amincie dont le bord interne porte une série de soies raides et une deuxième plus épaissie, très convexe, surmontant la première et terminée par cinq dents très fortes, coniques. Le palpe est à trois articles et Particle terminal, légèrement élargi à son extrémité, porte une garni- ture de poils raides. Les mâchoires de la première paire (fig. 5) sont assez fortes, elles sont terminées par un rebord épaissi qui supporte une série d’appendices au nombre d’une douzaine à peu près. Ces 6 R. KŒHLER. appendices, assez larges à la base, s’'amincissent régulièrement jusqu’à l’extrémité, et présentent sur leur bord interne une double série très régulière de petites dents coniques très pointues. Les mâchoires de la deuxième paire sont plus allongées et plus délicates que celles de la première paire. Chacune d’elles est terminée par trois lames rectangulaires, dont l’interne est plus petite, et les deux autres de même grandeur. Ces trois lames portent sur leur bord terminal de longues soies raides et pointues, larges à leur base, et offrant, sur presque toute leur longueur, de très fines denticulations à peine visibles. Ces soies sont au nombre de quatre sur les deux lames extérieures, et de trois seulement sur la lame la plus interne, qui porte en outre quelques poils fins. Des muscles très développés action- nent ces trois lames articulées par leur base avec le corps de la mâchoire. Les caractères de notre [sopode, qui ressortent suffisamment, je crois, de ma description et de ma figure, ne permettent pas de conserver des doutes sur la place qu'il convient de lui assi- gner dans la classification. IT doit être rangé parmi les Aselli- des, et présente des affinités incontestables avec les individus du genre Jæra, dont il se rapproche par la forme du corps et par la disposition des pattes, mais surtout par l’état rudimen- taire des appendices du sixième anneau abdominal, qui sont réduits à de petites lamelles, disposition qui ne se rencontre que chez les espèces des genres Jœra et Jœridina. Mais il s’écarte des Jœra par des caractères très importants : outre des différences dans la forme des pattes-mâchoires et des appendices abdominaux de la sixième paire, les antennes, et surtout les antennes inférieures, présentent une forme tout à fait particulière qui s'éloigne beaucoup de la forme habituelle aux Jæra. En effet, chez ces derniers, les antennes imférieures sont toujours très longues, grêles, et terminées par un flagellum très développé, au lieu que dans l'espèce que je décris, elles sont très petites, formées d'articles courts et ramassés, disposés de. ARTICLE N° f. DESCRIPTION D'UN ISOPODE NOUVEAU. 7 façon à leur donner la forme d’un angle droit, et terminés par un flagellum rudimentaire. Ces différences sont, je crois, de quelque importance et de l’ordre de celles sur lesquelles on se base généralement pour établir un genre. Je pense que la création du genre Jœropsis, dont le nom indique les affinités avec les Jæra, est pleinement justifiée par la forme des antennes que J'ai tenu à rappeler en nommant l’unique espèce qui compose actuellement ce nou- veau genre d'Isopodes. EXPLICATION DE LA PLANCHE 1 Fig. 1. Jœæropsis brevicornis, vu par la face dorsale. Gross, 40. Fig. 2. Antenne supérieure. Gross. 135. Fig. 3. Antenne inférieure. Gross. 135. Fig. 4. Mandibule avec son palpe. Gross. 170. Fig. 5. Première paire de mâchoires. Gross. 170. Fig. 6. Deuxième paire de mâchoires. Gross. 170. Fig. 7. Dernier appendice abdominal. Gross. 170. Fig. 8. Une des pattes thoraciques (3° paire). Gross. 80. Fig. 9. Abdomen vu par la face inférieure. Gross. 45. CO MPARAISONS DES ORGANES DU VOL DANS LA SÉRIE ANIMALE Par M. 1e D' Pp-C. AMANS INTRODUCTION Me conformant au titre de ce travail, j’examinerai les prin- cipaux organes du vol dans la série animale; je tâcherai par la comparaison d'arriver à une machine type, réunissant les facteurs constants et nécessaires du vol, et dégagée de tous les autres appareils de la vie animale. La machine à vol se compose de parties squelettiques et musculaires. On à voulu aussi faire jouer un grand rôle au système respiratoire, aux canaux aériens. L'importance de ce système a été fort contestée, et après mûre réflexion j'ai rejeté son étude de mon travail. L'appareil respiratoire offre dans la série animale une très grande variété, et pas une seule dispo- sition jouant un rôle mécanique constant. Son importance est du même ordre que celle des systèmes nerveux, circula- toire, etc. : énorme pour la vie de la machine, secondaire pour sa constitution. La durée de mon travail a été partagée en trois périodes. Dans la première j'ai disséqué et dessiné tous les ordres d’In- sectes sans me préoccuper de ce qu’on avait pu écrire avant moi sur cette matière. Bien m’en a pris, Car j'aurais été dès le début effrayé soit par l’abondance des matériaux, soit par les difficultés du sujet. J'aurais sûrement été influencé par l'autorité de mes prédécesseurs, et découragé par l’idée de ne pouvoir faire mieux. Qui sait même si j'aurais pu les com- prendre à la simple lecture? La mécanique animale est une ANN. SC. NAT., ZO0O0L., 1885. XIX. 1%, — ART. N° 2. 10 P.-C. AMANS. question des plus ingrates de la Biologie, et qui réclamerait, pour être bien comprise, une somme de connaissances bien difficile à réaliser chez un seul homme. Chacun traite le pro- blème avec ses connaissances spéciales, souvent au grand em- barras du lecteur inexpérimenté. J'ai évité cet embarras en usant dès le début de la table rase. Dans la seconde période, je me suis un peu formé la main aux manipulations de mécanique manuelle et de sculpture. Je laisserai de côté les opérations de mécanique manuelle, surtout destinées à la physiologie du vol et à la résistance de l'air, dont je n’ai pas à m'occuper pour le moment, du moins dans ce travail. Un mot seulement sur la sculpture. On sait de quelle utilité est le crayon pour l’anatomiste : la représen- tation sur un plan force l'observateur à bien préciser la forme et les contours apparents de sa pièce anatomique. Mais la représentation dans l’espace réclame une précision complète : le crayon se contente de deux dimensions ; l’ébauchoir en veut trois, et pour les avoir, soumet la patience de l'observateur à de terribles épreuves. Ce n’est pas ici le lieu de raconter mes tribulations; on comprendra facilement que si jamais mon travail a été per- sonnel, c’est en pareille matière : personne pour me guider ou me corriger. Le meilleur artiste du monde m'aurait été d’un piètre secours pour faire une Mouche. Je n’insiste pas sur l’importance de l’ébauchoir, soit pour l'instruction de l’ob- servateur, soit pour la vulgarisation. Je lui dois pour ma part d'importantes corrections, et un supplément de détails qui n'avaient échappé en première analyse. Dans la troisième période, j'ai abordé la bibliographie ; j'ai lu un grand nombre d'ouvrages ayant trait plus ou moins directement à la machine du vol. J'ai alors constaté que si certaines parties de mon travail étaient connues depuis long- temps, 1l en restait d’autres, heureusement, qui pouvaient passer pour originales. Cette lecture a provoqué de nouvelles dissections de ma part, et abouti finalement à cette rédaction. La plupart des anatomistes se sont adressés à un seul type, ARTICLE N° 2, ORGANES DU VOL. 11 ou à un nombre restreint de types. Un seul a abordé le pro- blème dans toute la série : c’est Ghabrier. Mais ses analyses ne sont pas également soignées pour tous les ordres, et ses généralisations sont très incomplètes. Aucun n'a osé donner une nomenclature unique pour toutes les pièces de la machine des Insectes. Certains ont essayé des dénominations tirées de l'anatomie des Vertébrés ; Je les ait impitoyablement rayées, et j'ai maintenu seulement celles qui avaient trait à la position, à la forme ou à la fonction. Il fallait aussi tenir compte de la priorité; je n'ai jamais failli à cette règle de probité scienti- fique. | Je suis arrivé ainsi à établir une nomenclature unique et simple, surtout pour les osselets basilaires et les nervures des Insectes. Outre le désarroi jeté par la multiplicité des noms, J'ai constaté une certaine confusion et obscurité dans la des- eription des articulations. L’arthrologie des Vertébrés laisse beaucoup à désirer; celle des Insectes est à faire. Jai essayé de classer les divers types d’articulations, en me basant sur la nature géométrique des surfaces articulaires, sur l’étendue et la consistance des ligaments. Je suis loin d’avoir épuisé ce dernier sujet : j'espère seulement avoir apporté plus de clarté dans la description. J'ai enfin terminé mon travail par des considérations géométriques, qui pourraient servir de base à la construction d’une aile artificielle. Je devais primitivement me borner aux Insectes, et j’esti- mais que la besogne était déjà bien rude. J'ai eru néanmoins devoir pousser plus loin mes dissections, et les étendre aux Vertébrés. J’ai surtout étudié des Chéiroptères et des Oiseaux; J'aurais bien voulu étudier aussi des Poissons et des Reptiles volants, et d’autres encore, bien moins doués pour le vol ; 1l m'a êté impossible d’en avoir un seul exemplaire. On critiquera moins cette lacune dans mon travail, si l’on considère le genre de vol de ces derniers types. Je puis en somme comparer les principaux organes du vol dans huit ordres d’Insectes et deux classes de Vertébrés. 12 P.-C. AMANS. Mon travail à été fait en partie à la Faculté des Sciences, au laboratoire de M. le professeur Sabatier. Avec un tel maitre, on s’habitue de bonne heure à dompter les ennuis et les diffi- cultés de la dissection. Nous ignorons pour notre part ce qu'est le découragement. DES ORGANES DU VOL CHEZ LES INSECTES PLAN. — Cette étude comprend tous les ordres d’Insectes ; J'ai omis cependant les Strepsiptères, je n’ai pu m'en procurer un seul exemplaire. J’ai disséqué un grand nombre de genres dans chaque ordre; mais fidèle à la méthode de Chabrier, je les ai groupés en général autour d’un seul type pour chaque ordre. C’est ainsi que j'ai choisi lÆschna chez les Pseudo- Névroptères, la Panorpe chez les Névroptères, les Meconema et Acridium chez les Orthoptères, le Sirex et le Xylocope chez les Hyménoptères, la Cigale chez les Hémiptères, le Safurnia et le Sphinx chez les Lépidoptères, la Volucelle et la Tipule chez les Diptères, plusieurs types chez les Coléoptères. TEcunique. — Les Insectes étaient conservés soit dans l'alcool à 90°, soit dans des liquides à base de glycérine et de potasse. Dans le premier cas, l’adhérence des muscles au point d'attache est si forte que l’on risque dans une traction un peu brusque, d’arracher lun et l’autre. Dans le second, plus il y a de potasse, plus la dissociation est facile; dans la proportion de 35 à 40 pour 100, on peut enlever le système musculaire couche par couche, sans endommager le squelette. Les pièces, une fois préparées, sont conservées indéfiniment en les humectant avec un mélange de vinaigre et de glycérine. Les ligaments etles membranes conjonctives sont ainsi à l’abri de la dessiccation, et cela permet d’étudier les articulations à n'importe quel moment. Les instruments de dissection ne sont pas de grand volume ; on le conçoit aisément si on songe, par exemple, à la désarti- ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 13 culation du sigmoïde chez un Gulex. On peut emprunter à la boîte du chirurgien oculiste des instruments précieux. Il y en a d’autres qu’on ne trouverait nulle part, et qu'il faut préparer soi-même. Pinces microscopiques, lancettes et crochets à pointe presque invisible, aiguilles et spatules en corne, poils de porc, etc., etc. | Les pièces sont manipulées sous un fort éclairage, assez simple du reste : une lentille plan-convexe est placée devant la flamme d’une lampe à pétrole; cette lentille en concentre les rayons sur un ballon sphérique rempli d’eau. C’est au foyer de ce ballon que je fais mes dissections, à l’air libre, quelque- fois dans l’eau. J’examine à un fort grossissement de loupe; j'emploie souvent l'objectif n° 1 de Nachet, à cause de son petit volume, il est peu encombrant. Je le perche sur une tige en cire à modeler, qui me permet de lui donner toutes les direc- tions possibles et me laisse les deux mains libres. | La cire à modeler joue un grand rôle à cause de son état cataleptique (1). Par un mélange de cire avec une plus ow moins grande quantité de térébenthine de Vemise, de gutta- percha, de colophane, etc., j’obliens des matières de consi- stances diverses pour fabriquer des bouchons, des cuvettes, des tables à dissection, des bassins à hydrotomie, des supports d'instruments à articulation universee , etc. Tel est, à peu près complet, l'outillage de l’entomotomiste. Il faut en outre, ai-je besoin de l’ajouter, une patience inal- térable et une sage lenteur. NOMENCLATURE. — On est effrayé de la multiplicité des noms qui ont été donnés aux mêmes pièces; 1l suffit de par- courir les Mémoires de Kirby, Knoch, Audouin, Jurine, Strauss, Mac-Lay, Latreille, Ghabrier, pour voir l’origine de tant de confusions. Latreille commençait déjà à s’en plaindre - (1) Nous préparons la cire à modeler avec parties à peu près égales de cire jaune ou blanche et de térébenthine de Venise. L’addition de colophane ou de poix la rend dure, mais cassante ; l'addition de gutta-percha la rend dure et souple en même temps. ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX. 2. — ART. N° 2 14 P.-C. AMANS. en 1899, et 1l engageait (1) Audouin, Brongniard et Odier à respecter les dénominations déjà données par leurs prédéces- seurs. Ceux qui sont venus après, ne pouvant les mettre d’ac- cord, se sont vus obligés de mettre toutes lés synonymies entre parenthèses, ou même de donner des désignations nouvelles. Quelques constantes cependant se dégagent de ces désigna- tions. Ainsi, on divise généralement la cage thoracique en trois segments : prothorax, mésothorax et métathorax, et chacun de ces segments en trois autres [un dorsal (#ofum ou dorsum), un latéral ou pariétal (pleuron) et un ventral (ster- num)]. Nous maintiendrons ces dénominations et nous les ferons servir, même dans les subdivisions de chacun de ces trois derniers segments. Quel que soit l’Insecte volant, 1l possède toujours une erête verticale, pariétale, servant d'appui à l’aile correspondante. C’est là une ligne de repère facile à retrouver dans toute la série; nous appellerons donc antépleuron le segment situé en avant de cette crête, et pos{pleuron le segment postérieur; la crête elle-même, située à l’intérieur de la cage, portera le nom d’entopleuron. Tout Insecte à une paire d’ouvertures -pédieuses situées sur le plancher sternal, et dont l'extrémité externe correspond à la base de la crête entopleurale; nous appellerons antésternum la partie du sternum située en avant des ouvertures pédieuses, et poststernum la partie située en arrière; le sternum droit forme, par son adossement avec le gauche, une crête intrathoracique, l’entosternum. Des consi- dérations analogues nous font diviser le segment dorsal en antédorsum, dorsuin, postdorsum, subpodorsum. Gette dernière partie fait le pendant de l’antédorsum; c’est le costal de Chabrier, le postscutellum d’Audouin; elle est surtout intra- thoracique. L’antédorsum et le dorsum correspondent à l’anté- pleuron, le postdorsum ét le subpodorsum, au postpleuron. (1) Observations nouvelles sur l’organisation extérieure et générale des ani- maux articulés et à pieds articulés, et application de ces connaissances à la nomenclature des principales parties des mêmes animaux (Mémoires du Muséum, t. VIIT, p. 169-202. Paris, 1822). ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 15 Cette nomenclature est très simple. Elle repose sur des divi- sions spéciales et nécessaires au vol; elle nous suffira donc amplement, sans que nous soyons obligés de recourir à des néologismes. Je me sers aussi des expressions de mésopleuron, métapleu- ron, ou encore antémésopleuron, postmésopleuron, etc. Je crois inutile de les expliquer, ainsi que celles de pronolum, mésono- Lum, métanotum. DES DIVERS TYPES D’ARTICULATION USITÉS CHEZ LES INSECTES. On lit souvent dans les descriptions anatomiques que telle pièce s'articule avec telle autre, mais sans spécifier le genre d’articulation. La plupart des anatomistes glissent prudem- ment sur cette question. Strauss-Dürckheim (1) a essayé de dresser un tableau des principales articulations; ce tableau n’est qu'à moitié complet. Voici celui que je propose : 1. Suture. — Deux pièces origimairement distinctes s’affron- tent par leurs bords et se soudent intimement : comme les lèvres d’une plaie, par réunion immédiate, ou comme les sutures des os plats si fréquentes chez les Vertébrés, ou, mieux encore, comme les cellules épidermiques. La suture peut être linéaire, et c’est le cas le plus fréquent ; mas elle peut être denticulée, quoi qu’en dise Strauss. La suture linéaire se rencontre dans l’union du sigmoïde et du submédian chez les Orthoptères. 2. Adhérence. — C’est, pour Strauss, l’union intime de deux pièces par leurs faces. Nous considérons comme adhé- rence le cas de suture où les bords, en s’affrontant, se replient de manière à augmenter leur surface de contact. On a alors, suivant l’étendue du repli, ou une simple arête de rebrousse- ment (union du postmésopleuron et de l’antémétapleuron (1) Strauss-Dürckheim, Considerations générales sur l'anatomie comparée des Animaux articulés. Paris, 1828. 16 P.-C. AMANS. chez les Pseudo-Névroptères) ou une crête (entopleuron, ento- sternum). Dans les deux cas, la face opposée porte générale- ment un sillon. En somme, l’adhérence est un cas particulier de suture. Les pièces réunies par suture ou par adhérence n’ont pas de mouvement l’une sur l’autre. 3. Symphyse. — C’est une suture avec léger mouvement (union des antépleuron chez l’Æschna; union du pivot posté- rieur et de l’entopleuron chez le même). 4. Charnière simple. — 1° Droite. Le ligament est assez mou pour permettre une rotation circulaire (il en est ainsi dans l’articulation dorso-sigmoïdale de la plupart des Insectes. Le sigmoïde peut tourner en charnière autour de la ligne de réun1on). 2° Courbe. Si la courbe est formée d’une seule branche, il peut y avoir un léger mouvement autour d’un axe perpen- diculaire au plan de la courbe (union des postimétadorsum et des postmétapleuron chez les Coléoptières). Le cas de plusieurs branches n’exclut pas tout mouvement; mais 1l me paraît trop difficile à traiter. . Syndesmoidale. — Le ligament est assez large pour per- mettre un mouvement en tous sens à la pièce mobile (union du dorsum et du dorso-terminal chez la Cigale). 6. Écailleuse. — L'une des pièces recouvre l’autre. Ainsi sont unis les anneaux abdominaux, le dorsum et le post- dorsum chez la Cigale, l’écaille et les rives du golfe antérieur chez les Lépidoptères. Strauss emploie le terme de syndesmoï- dale écailleuse, qui est trop spécial. Une articulation peut, en effet, être écailleuse sans être syndesmoïdale; par exemple, l'articulation postdorsale des Orthoptères est écailleuse, mais fait partie d’un système à charnière ; l’articulation du méta- notum et du subpodorsum chez les Diptères est une suture écaille se. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 17 7. Condylarthrose. — L'une des pièces présente une saillie ou condyle qui est reçue dans une cavité de l’autre pièce (arti- culations des antennes). La capsule fibreuse forme, dans cer- tains cas, un manchon membraneux qui permet à l’une des pièces de rentrer dans l’autre (articles des palpes). C’est ce que Strauss nomme articulations cotyloïdiennes à têtes dis- jointes. Les condylarthroses sont moins employées chez les Insectes que chez les Vertébrés;, c’est plutôt l’élasticité que le roule- ment de pièces dures qui est mise en jeu. La figure géomé- trique du condyle et de la cavité qui le reçoit est une fonction immédiate du genre de mouvement imprimé à l’articulation ; cette figure est importante, mais difficile à définir. L’articulation de la base des antennes peut être considérée comme une enarthrose, c’est-à-dire à tête et cavité sphériques. Le plus souvent on a affaire à des surfaces gauches, telles que le paraboloïde hyperbolique ou selle de cheval (articulation du submédian et de l’entopleuron chez la Vespa crabro). D’autres fois, nous avons plus d’un condyle, et nous passons alors au cas suivant. 8. Charmière à condyles. — L'une des pièces a deux con- dyles et l’autre deux cavités pour les recevoir (jambe et cuisse, postdorsum et subpodorsum du métathorax des Orthoptères, postdorsum et postpleuron du métathorax des Coléoptères). Ces trois exemples constituent trois types différents, quoique répondant tous trois à la définition. 9. Flexion. — Les deux pièces sont en continuité de sub- stance, sans aucune intervention de membrane ou de liga- ment; seulement il y en a moins sur un point, et c’est de ce côté qu’a lieu la flexion. 1° Simple. C’est le cas de la nervure antérieure à son union avec la tubérosité antérieure chez les Libellules. C’est encore le cas des articulations des extrémités centrifuges des nervures chez les Cicada, Melolontha. 18 P.-C. AMANS. 2 Sinussoidale. Lorsque plusieurs articulations par flexion simple sont rangées en sinussoïde (1). Je dirai, par exemple, que l'extrémité centrifuge de l'aile des Cigales présente une articulation à flexion sinussoïdale. 10. Articulation fissurale.— Fente ou échancrure découpée sur les bords d’une pièce, et dont les bords sont reliés par une chitine moins dure, ou par une membrane molle. Les bords de la fente sont amsi susceptibles de se rapprocher et le mou- vement est angulaire. Ce type est très employé (fente dorsale, fente anté- pleurale). A1. Écrou. — Les deux pièces portent des apophyses en forme de crochets, à surfaces concordantes, de sorte qu’en roulant l’un sur l’autre, ils déterminent le rapprochement ou l'éloignement de ces pièces. Ce type se trouve combiné avec une fente et une charnière simple dans l’articulation dorso-sigmoïdale des Diptères. 12. Rainure et languette. — Les bords d’une pièce portent une rainure, destinée à loger la marge amincie de l’autre pièce. Les pièces peuvent être assujetties l’une à l’autre (nréta- pleuron et métasternum des Coléoptères) ou mobiles (union des élytres des Coléoptères). Ce dernier cas, ainsi que les deux types suivants sont dé- pourvus de ligaments articulaires. 13. Hélicoidale. — L'une des pièces présente une gouttière hélicoïdale, dans laquelle se meut le bord de l’autre pièce, tordu dans le même sens (union des ailes antérieure et posté- rieure chez les Sirex, Cicada). 1%. Spire conique. — L'une des pièces forme un ruban (1) Nous entendons simplement par sinussoïde une courbe qui monte et des- cend alternativement, en s’infléchissant chaque fois. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 19 spiral conique, très élastique, dans l’intérieur duquel se meut une apophyse allongée de l’autre pièce (union de l’aile antérieure et de l’aile postérieure chez certains Sphingides). Tels sont les principaux types d’articulations usités chez les Insectes. Get essai de classification, si imparfait qu'il soit, nous sera d’un grand secours pour la description. Ordre suivi dans la description. — Nous ne saurions tran- cher la question d'ancienneté des divers ordres d’Insectes (1). On s'accorde généralement à considérer les Névroptères et les Orthoptères comme les plus vieux représentants de la classe. On passerait des Orthoptères aux Coléoptères et aux Strepsi- ptères : cette branche serait caractérisée par la prédominance du métathorax sur le mésothorax. Les Névroptères donneraient deux branches : 1° celle des Pseudo-Névroptères ; 2° celle des Insectes à mésothorax prédominant (Lépidoptères, Hyméno- ptères, Hémiptères, Diptères). Quant à la filiation dans cette dernière branche, elle nous paraît difficile à établir, en ne se basant que sur les organes du vol. On a cherché surtout les rapprochements entre les Diptères et les Lépidoptères, entre ces derniers et les Hyménoptères. Nous verrons que les Hyménoptères doivent se subdiviser en deux groupes essentiellement différents ; un Cimbex, par exemple, est beaucoup plus voisin d’un Lépidoptère ou Hémi- ptère que d’une Abeille. D’un autre côté, contrairement à la voie suivie, c’est surtout avec les Hémiptères que je comparerai les Diptères. Dans tous les cas, je n’ai aucune intention de trancher le sens de la filiation par les numéros d’ordre qui vont suivre. Je décrirai d’abord les Pseudo-Névroptères, et à leur suite les Orthoptères, Névroptères, Hyménoptères, Hémiptères, Lépidoptères, Coléoptères, Diptères. (1) Voy. les données embryologiques dans Packard, Ancesiry of Insects. Salern, 1873. 20 P.-C. AMANS. I. — PSEUDO-NÉVROPTÈRES, Les Pseudo-Névroptères ont une machine à vol tout à fait caractéristique. [ls diffèrent ainsi notablement des autres Insectes; mais cette différence n’est pas si grande qu’on l’a dit(1).Ona voulu, par exemple, y voir un type de musculature analogue à celui des Oiseaux. Cette analogie est aussi mons- trueuse pour des Libellules que pour des Sauterelles. Nous prendrons lÆschna comme type de Pseudo-Névroptère ; nous verrons plus tard que sa machine estcomparable, pièce à pièce, avec celle de tous les autres Insectes. Le prothorax ne jouant pas un grand rôle dans le vol, nous étudierons surtout le mésothorax et le métathorax, c’est-à-dire la portion alifère. Celle-ci a la forme d’un coin à grosse extré- mité dirigée en avant. Un plan vertical, axial, longitudinal donnerait une section pentagonale ; un second plan, perpendi- culaire au premier, incliné de 45 degrés environ en arrière sur le sternum, donnerait des sections elliptiques, parallèles aux entopleures. Un abdomen très long, une grosse tête achèvent de donner à l’ensemble l’aspect d’un coin ovoïde (2), oblong, très renflé à l’un des bouts, au bout antérieur, très effilé de l’autre. L'animal décapité et vu de face présente une surface bom- bée, de chaque edté du bord antéro-supérieur de notre pen- tagone. C’est le front de Chabrier (3), formé par la réunion des antépleures de chaque côté, et non pas le pronotum. La soudure est interrompue vers le haut par une fente en forme de V, de chaque côté de laquelle les antépleures forment une . (1) Opinion accréditée par Chabrier et répétée depuis par Petitgrew (La locomotion chez les Animaux. Paris, 1874, p. 258). Jousset de Bellesme, Sur une fonction de direction dans le vol des Insectes (Comptes rendus Acad. sc. Paris, t. LXXXIX, n° 23, p. 980-983). (2) Les ballonistes auraient dû passer plus vite de la montgolfière au cigare (Tissandier, Renard et Krebs). On a tout intérêt à s'appuyer sur les données de la nature. (3) Chabrier, Mémoires du Muséum, t. VIT. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. ‘91 saillie à pointe dirigée en arrière. Cette saillie est formée par deux plans, un plan supérieur, horizontal, la plate-forme Chab., et un plan latéral, le mur, aux pieds duquel on voit un sillon, qui le sépare du reste du pleuron. La plate-forme porte, sur son bord postérieur vers le tiers externe, une apophyse, qui a une certaine importance méca- nique ; c’est ce que Je nomme le pivot mobile. Une membrane réunit ce bord à la base de l’aile et au mésonotum ; elle se continue entre les deux bords de l'articulation fissurale, et en favorise les mouvements. MÉsonorum. — Continuons notre voyage sur le dos. En nous supposant à l'extrémité des branches du V, nous voyons à nos pieds une fosse, en face un dôme, à droite et à gauche, l’attache des ailes antérieures. On descend dans la fosse au moyen d’un eradin, qui constitue la partie antérieure du mésonotum, ou antédorsum (præscutum Aud.; processus anticus mesonoti Lend.). Cette pièce, ailleurs très souple, est ici très résistante et rigide. Elle se fixe par ses deux extrémités dans une échan- crure de la tubérosité antérieure et maintient ainsi mvariable l’écartement de cette tubérosité et de sa symétrique. Elle con- stitue un point d'appui pour le roulement de la tubérosité antérieure. Le reste du mésonotum a une charpente en forme d’X ; Vangle antérieur est rempli par le dôme, c’est-à-dire par une surface très convexe, qui forme le versant postérieur de la fosse antédorsale. L’angle externe est comblé par une lame triangulaire qui l’unit au plan postérieur de l’aile. L'espace ainsi comblé forme une dépression qui est constante dans toute la série des [Insectes : c’est la dépression postdorsale. Les branches antérieures de l’X plongent dans la cavité thoracique pour former les apophyses sur lesquelles s’insèrent les ster- nali-dorsaux. Ces apophyses forment les bords latéraux du dôme; elles sont reliées à l’antédorsum par une lame trian- gulaire verticale, le renfort de l’antédorsum. On voit que les branches antérieures de l’X divisent les bords latéraux du 30) P.-C. AMANS. mésonotum en deux parties : une partie antérieure (le bord latéral du dôme) et une partie postérieure (le bord latéral de la dépression). Ces deux parties forment les deux côtés d’un angle, ouvert en dehors, en avant et en bas. Au sommet de l’angle ou coude dorsal correspond une fente, que nous retrouverons presque partout, mais autrement dé- veloppée. Get angle a une grande importance dans la géomé- trie de la surface alaire; nous aurons maintes occasions d’en parler dans le cours de notre travail. Les branches postérieures de l’X ont une direction trans- versale; elles sont très élastiques, convexes supérieurement, agissent comme un ressort arciforme tendu entre les nervures postérieures des ailes mésothoraciques. Elles sont sur leur milieu (centre de l’X) soudées avec le dôme par une suture transversale très forte. Cette ligne nous paraît délimiter le dorsum du postdorsum. Le dorsum est formé par les branches antérieures de VX et par le dème; le postdorsum par les branches postérieures et la dépression postdorsale. Pénétrons dans la cage. L’antédorsum forme une lame assez large, convexe en avant; elle se prolonge en son milieu par une apophyse allongée, pointue, recourbée en arrière (apo- physe onqguiculée Ghab.) sur les faces latérales de laquelle s’in- sèrent les muscles dorsaux. L’antédorsum est lié latéralement et en arrière par adhérence avec les apophyses des sternali- dorsaux. Ces apophyses sont volumineuses, mais légères; on peut y considérer un support vertical terminé inférieurement par un disque horizontal. Le support est creux et le disque est échancré latéralement en 8 de chiffre. La suture dorso-postdorsale se traduit par une crête trans- versale médiane; en avant est la concavité qui correspond à la face inférieure du postdorsum. MÉTANOTUM. — Le métanotum est construit sur le même plan que le mésonotum ; seulement il est plus long et le dôme est creusé d’un grand sillon médio-longitudinal. Il faut auss noter l’écartement des tubérosités antérieures, beaucoup plu ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 23 grand qu'au mésonotum. L’apophyse onguiculée est bien plus courte qu’au mésonotum, et les disques des sternali-dorsaux sont moins échancrés. L’antédorsum est relié au mésonotum déjà décrit par une surface tribosselée très flexible, liée mollement de tous côtés ; elle sert évidemment de bourrelet élastique entre les deux pièces dorsales du thorax. Quelle est sa signification morpho- logique? Nous croyons qu’il faut la considérer comme l’ho- mologue de la partie postérieure du postdorsum, de cette partie généralement verticale et intrathoracique chez les In- sectes à puissants muscles dorsaux. C’est la pièce que chez ces derniers Audouin nomme posteutellum, Ghabrier costal, et que j'appelle subpodorsum. J’avance comme preuve la po- sition même de la surface tribosselée, et la direction des rudi- ments de muscles dorsaux qui la croisent en dessous et vont s’insérer au niveau de son adhérence avec l’antémétador- sum. Le postmétadorsum est uni en arrière au premier anneau abdominal par un fuseau élastique, qui est lui aussi croisé par les métadorsaux du métathorax; ces muscles s’insèrent au niveau de l’adhérence de ce fuseau au tergum abdominal (1). On peut donc considérer ce fuseau comme l’homologue de la surface trilobée. L’angle latéral du métanotum est, comme son homologue, ouvert en bas, mais plus en bas que celui-ci et légèrement en arrière. Je parle bien entendu de l’angle observé dans une position fixe, les angles étant relevés. Cet angle varie suivant les positions de l’aile; nous verrons les causes multiples de ces variations. PLEURO-STERNUM. — Les parties latérales et ventrales de la conque thoracique sont intimement soudées et forment une pièce unique. Nous y voyons néanmoins les traces de soudure, sous forme de crêtes et arêtes, qui nous permettront des sub- divisions. (1) Latreille réserve ce nom à la partie dorsale de l'abdomen. 94 P.-C. AMANS. Nous remarquons d'abord sur le pleuron deux lignes noires verticales qui, dans leurs parties supérieures, se transforment en sillons ; elles se continuent au-dessus et en dedans du bord supérieur par des saillies en rapport avec la base des ailes. À ces lignes correspondent des crêtes sur la face interne; ces crêtes sont les entopleuron; il y en à quatre en tout; leur extrémité supérieure constitue l’appui des ailes (Chab.) ou apophyse alifère (Strauss). Le bord supérieur du pleuron est creusé d’un sillon longi- tudinal qui s'étend entre les deux appuis, passe au pied du mur de la plate-forme, et descend de chaque côté de la suture des deux entopleuron. Entre les deux entopleuron est située une troisième crête intrathoracique qui part du sternum et monte jusqu’au sillon supérieur longitudinal. Gette troisième crête est pour nous la trace de la soudure du mésopleuron et du métapleuron. Elle se continue du reste en bas, de manière à délimiter un mé- sosternum d’un métasternum. L’extrémité inférieure de l’entopleure se bifurque et les branches se dirigent vers la région sternale de la conque. On peut donc considérer comme sternum toute la région de la conque située au-dessous du niveau de la bifurcation infé- rieure des entopleuron. Grâce à ces divisions, je vais pouvoir décrire un pleuron et un sternum. Le mésopleuron est remarquable par la forme de sa partie antérieure ou antépleuron. Ellese rejoint, commenous l'avons déjà vu, avec sa symétrique pour former le front et la plate- forme. Une telle union ne se remarque dans aucun autre ordre ; partout ailleurs nous voyons le mésonotum se conti- nuer en avant avec le pronotum. Cette anomalie est probable- ment liée à la déchéance du musele dorsal et à l’importance du grand préaxillaire. Partout ailleurs deux fonctions domi- nent dans les parties antérieures du mésothorax : 1° la trac- tion en arrière de l’antédorsum; celui-ci est bridé en avant par le pronotum; 2° la traction en dedans de l’antépleuron. Cette dernière étant la seule qui persiste chez les Libellulides, ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 95 1 n’est pas étonnant que le pronotum se retire devant le dé- veloppement envahisseur des antépleures, qui finissent ainsi par se souder sur la ligne médiane. Cette ligne de suture s'ouvre supérieurement par une fente dont les branches, avons-nous dit, sont susceptibles de se rapprocher ou de s’écarter. Pour les raisons développées plus haut, la fente se trouve médiane, unique. Ailleurs aussi, nous trouverons des fentes, mais symétriques : nous aurons deux fentes, une pour chaque côté. . La saillie alifère qui termine chaque entopleure est trian- sgulaire, à base supérieure échancrée, si bien que les deux sommets correspondants se découpent nettement sous forme de cornes. La division est encore plus accentuée par le sillon de l’entopleure qui se continue dans le triangle et le coupe en deux de bas en haut. La moitié postérieure est légèrement mo- bile sur l’antérieure, grâce à une symphyse; sa corne est sym- physée avec la nervure submédiane ; nous verrons plus tard ce qu’il faut penser de cette moitié postérieure. La moitié anté- rieure est rigide et sa corne est symphysée avec une crête de la face inférieure de la tubérosité antérieure. Si l’on se rappelle que l'aile est articulée mollement avec l’apophyse médiane de la plate-forme, avec le pivot mobile, nous pourrons dire en englobant celui-ci dans le système de l'appui, nous pourrons dire que l’apophyse alifère est tricé- phale, la tête médiane formant le pivot fixe et les deux autres les pivots mobiles. | Le métapleuron a un système de pivots entièrement compa- rables à celui du mésopleuron; seulement la ligne brisée qui les joint est plus écartée du milieu du dorsum. La plate-forme est représentée par une lame triangulaire s’appuyant par sa base sur le sillon longitudinal supérieur, liée mollement par son côté postérieur et son sommet avec la tubérosité anté- rieure, et par son côté interne avec la surface tribosselée. L’antépleuron est plus étroit que le postpleuron. Celui-ci forme un quadrilatère à bords repliés en dedans ; son angle postéro-supérieur s'articule par un ligament peu consistant, 926 P.-C. AMANS. mais serré avec le premier anneau abdominal; celui-ci, étant maintenu dans le plan vertical antéro-postérieur par le ressort postérieur du métanolum, tourne par suite en charnière sur les angles postéro-supérieurs des postmétapleuron. Le sternum a une charpente formée : 1° par une crête mé- dio-longitudinale, entosternum ; 2° par des crêtes transver- sales qui partent du pied des entopleuron. L’entosternum porte un squelette qui sert tant pour les muscles des ailes que pour ceux des pattes. Il s’étend au-des- sus des bords internes de chaque ouverture pédieuse. La partie principale a la forme d’une selle dont les prolongements latéraux s'unissent à la fourche du stigmate mélathoracique ; sa base est fixée entre les deux segments alaires. En avant, sa pointe s’enfonce entre deux cupules mobiles; en arrière, entre deux cupules fixées à celte pointe par leurs bords internes ; ces cupules sont infundibuliformes, échancrées en dehors. L’antérieure a son pied fixé au rebord antérieur du cerele pé- dieux mésothoracique. La pointe postérieure de la selle dé- passe en arrière les cupules et porte deux forts tendons à sa base, servant à des muscles sternali-abdominaux. Le mésothorax s’unit au prothorax au moyen de deux cercles qui n’ont de commun qu’une commissure supérieure à la base du front, et une commissure latérale. Au-dessus de cette commissure, le cercle postérieur porte une plaque qua- drilatère convexe qui descend vers la ligne médiane, de façon que l’angle inféro-interne soit très rapproché de son symé- trique. C’est la plaque du grand préaxillaire ou apophyse qua- drilatère. C’est encore ce cercle postérieur qui porte à sa partie inférieure la cupule du sternali-dorsal; elle forme en outre, sur la ligne médio-sternale, un épaississement qui s’en- fonce entre les deux pattes mésothoraciques. La portion cor- respondante du cercle antérieur limite en arrière les pattes prothoraciques. C'est entre les deux cercles, au niveau de l’angle supérieur de l’apophyse quadrilatère, que s’ouvre le stigmate mésotho- racique. Le stigmate métathoracique occupe une position ho- ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 97 mologue au-devant de l’entométapleuron, entre la branche de bifurcation antérieure et la crête qui sépare le mésopleure du métapleure. Cette branche et la crête forment la fourche du séigmate. Notons encore dans la cavité thoracique une petite apo- physe, située au pied de l’entopleure et au sommet externe des ouvertures pédieuses. Cest l'apophyse pédio-pleurale que nous retrouverons avec plus ou moins de modifications dans toute la série. AILE ANTÉRIEURE. — D'une manière générale, les ailes sont des lames en chitine: plus ou moins ##ince où Re (sui- vant les espèces), à zones d’inégale consistance et soutenues par une charpente de baguettes ou nervures élastiques. La forme de ces lames est une fonction de la force, forme et direc- tion de ces baguettes et de leur position dans l’espace. La force et la forme sont des facteurs constants chez un même individu; la direction et la position varient suivant les actions musculaires et la résistance de l'air. Nous tiendrons compte de ces divers facteurs dans notre interprétation géométrique de la surface alaire (1). L’aile antérieure de lÆschna est une lame très allongée, en chitine mince, transparente et glabre, soutenue par une charpente de cinq nervures, dont les branches et ramifications sont elles-mêmes reliées par un réticulum très fin. Les ner- vures sont imprégnées d’air, ce quirend l'aile très légère. Leur grosseur diminue graduellement de la base au sommet, et si on les compare entre elles, on voit que les antérieures sont plus fortes que les postérieures. Je les désignerai sous les (1) Je laisse de côté la nature morphologique des ailes. Cette question a longtemps préoccupé les naturalistes. Les uns (Oken, de Blainville, Latreille, Carus, Owen, Blanchard, Lowne, Plateau) voient dans les ailes des trachées ou des stigmates transformés ; les autres (Audouin, Milne Edwards) en font des organes particuliers. Dans un ouvrage récent (Organisation des Volucelles), M. Künckel d’'Herculais appuie cette dernière opinion; il fait voir, par l’étude du développement, que l’aile est, comme la patte, formée par un refoulement de la membrane tégumentaire. 28 P.-C. AMANS. noms peu compliqués de antérieure, subantérieure, médiane, submédiane, postérieure. Ge sont les nervures fondamentales de toute aile d’Insecte (1). … La nervure antérieure est large à sa base; elle y forme un rebord qui plonge de haut en bas, et d’arrière en avant. Une section transversale démontre que ce rebord est formé de deux nervures accolées : en avant la nervure proantérieure, en arrière la nervure antérieure proprement dite. L’accolement est visible du côté de la base; mais la fusion est bientôt si complète, que les deux nervures n’en font plus qu’une. C’est pour ce motif que je ne range pas lg nervure proantérieure parmi les nervures fondamentales; mais le fait est constant : partout nous verrons la partie basilaire du bord antérieur de l'aile former un rebord incliné en avant et en bas. Il est vrai que souvent le caractère de nervure sera complètement mas- qué. Le bord antérieur de l'aile (ensemble des nervures anté- rieure et proantérieure) est d’abord convexe en avant, puis concave et finalement convexe. La nervure Subantérieure forme la corde de la première convexité ; elle s’arrête là sur une commissure transversale articulaire, qui unit à ce niveau le bord antérieur et la nervure médiane. La nervure médiane est cylindrique, plus forte que la sub- antérieure; elle marche parallèlement à celle-ci jusqu’à la commissure articulaire. Je l'appelle ainsi, parce qu’à ce n1- veau le bord antérieur porte une encoche, comme si la moitié basilaire du bord antérieur était à ce niveau soudée à la moitié centrifuge. On doit distinguer deux parties dans cette commis- sure : une partie antérieure entre les nervures antérieure, subantérieure et médiane, et une postérieure entre les ner- (1) aurais bien voulu trouver une nomenclature unique dans les divers ouvrages d’entomologie. Mais la multiplicité et la confusion de noms y est indes- criptible; elle provient sans doute des nécessités de la classification, les ner- vures et leurs ramifications étant fort employées pour la différenciation des espèces. J’ai obéi à une nécessité plus générale, au vol; nous reconnaîtrons et retrouverons partout les nervures dont je parle. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 29 vures subantérieure, médiane et la première des nervures secondaires qui se trouvent derrière la nervure médiane. Ces parties sont triangulaires à un côté commun. Les quatre ner- vures ainsi réunies forment un gaufrage de trois plans, et chacun des triangles comble le dièdre correspondant. Le reste de la nervure médiane se continue en dehors de la commissure, et se rapproche peu à peu de la nervure anté- rieure, jusqu’à son extrémité terminale. Avant de se fondre avec celle-ci, elle lui est unie par un épaississement quadrila- tère, le pééropstigma. Chabrier a voulu assimiier cet épais- sissement au carpe des Vertébrés. Nous avouons ne pas com- prendre cette assimilation, d'autant plus que le motif mis en avant par Chabrier ne prête pas à la discussion : il se base uniquement sur la dureté de cette pièce. Nous verrons plus tard que si on veut absolument faire un rapprochement méca- nique (le seul rationnel) entre les Pseudo-Névroptères et les Oiseaux ou Cheiroptères, 1l faut descendre bien plus bas que le ptéropstigma, et arriver jusqu’à la base même de Paile, pour y voir un analogue du carpe. La nervure submédiane diverge de la médiane et se dirige vers le bord postéro-centrifuge de l'aile. Elle est bien plus courte que les précédentes. Des nervures secondaires la sépa- rent de la postérieure. | La nervure postérieure diverge de la submédiane et se ter- mine après une course encore plus courte. Peu après sa nais- sance, elle donne une branche secondaire inclinée en arrière et en bas. Entre celle-ci et l’aile postérieure s'étend une mince membrane, le voile. Les cinq nervures fondamentales considérées dans leurs parties basilaires forment une surface gaufrée, résultant de ce qu'elles sont alternativement inférieures et supérieures; les unes (proantérieure, subantérieure, submédiane) sont spé- cialement en rapport avec le mésopleuron, les autres (anté- rieure, imédiane, postérieure), avec le mésonotum. Nous verrons plus loin ces rapports. Nous n’insisterons pas sur le réticulum, n1 sur les nervures ANN. SC. NAT., Z0OL., 1885. XIX. 3. — ART. N° 2. 30 P.-C. AMANS. secondaires. Nous remarquerons seulement que les trois premières nervures (antérieure, subantérieure et médiane) présentent une grande résistance transversale, grâce à des commissures transversales, perpendiculaires à la nervure subantérieure, et parallèles à la commissure articulée. Nous désignerons l’ensemble de ces nervures antérieures sous le nom de versant ou plan antérieur de l'aile, et nous appellerons versant ou plan postérieur toute la partie de l'aile située en arrière de la nervure médiane. C’est la nervure médiane qui sert de ligne de faîte entre les deux versants. Le versant antérieur est le plus fort; c’est lui qui doit frap- per l'air. Le versant postérieur est moins résistant, surtout dans sa partie postéro-centrifuge. Si on tient compte de la direction et de la force des nervures du versant postérieur, on peut tracer une courbe concave en bas, allant de la région externe du ptéropstigma jusqu’à la branche secondaire de la nervure postérieure. Gette courbe représente la zone de flexion sous la résistance de l'air; tout ce qui est en arrière de cette zone représente un élément flottant, tout ce qui est en avant la partie vraiment résistante au choc de l'air. On voit que cette dermère a un contour triangulaire, formé par cette courbe, a ligne d'insertion de l'aile et le bord antérieur. Cette courbe est la courbe de moindre résistance. Nous pouvons déjà remarquer que la partie basilaire est la plus forte, et que ses variations doivent avoir une grande in- fluence sur la forme de l'aile. Nous allons détailler cette base. La base de l'aile est formée par deux grosses tubérosités. Une tubérosité antérieure (radiale Chab., Scapula v. Lend., R. v. Lendenfeld, Der Flug der Libellen, Vienne, 1881). Nous parlerons plus loin du travail de M. von Leudenfeld ; mais nous voyons déjà où peut entrainer la tendance à vouloir comparer Insectes et Vertébrés. La tubérosité antérieure est une épaule pour l’un, un radius pour l’autre; en revanche Chabrier ap- pellera omoplate chez les Hyménoptères ce que Jurine nomme un cubital. Les expressions de antérieure, postérieure sont moins compromettantes ; je les adopte. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 31 La fubérosité ou osselel antérieur a une forme quadrilatère. On peut lui considérer deux faces (supérieure et inférieure) el quatre faces latérales (antérieure, postérieure, interne et externe). La face supérieure présente trois parties allongées de dedans en dehors : 1° la partie antérieure, la plus petite, est séparée de la moyenne par un sillon très profond, surtout en dedans. Il en résulte de ce côté une excavation très profonde, sur la face interne, destinée à recevoir l'extrémité de l’antédorsum : c’est une condylarthrose. Le bord antérieur de cette partie forme le bord antérieur de l’osselet; elle est liée mollement au bord postérieur de la plate-forme. La membrane d'union est moins large au niveau du pivot mobile; on peut donc consi- dérer ce niveau comme le point d'application sur la plate- forme, des forces qui agissent sur l’osselet antérieur : de là le nom de pivot donné à ce point. 2 La partie moyenne est large et convexe, séparée de la postérieure du côté externe par un profond sillon. Cette partie moyenne s'articule avec le pleuron. 3° La partie postérieure constitue le bord postérieur de losselet antérieur. [Il s'articule avec la terminaison de la ner- vure antérieure. Cette terminaison est renflée et constitue une sorte d’osselet, intermédiaire de la nervure antérieure et de Vosselet antérieur. C’est ce que M. de Lendenfeld nomme humérus (1) ; cet humérus s’articulerait avec la première ner- vure, suivant une espèce d’énarthrose (Rollengelenk mit Hem- mung). J'ai pu isoler cette pièce par la dissection; mais il ne m'a pas été possible de déterminer un roulement quelconque malgré de fortes tractions. Cette pièce est soudée aux parties avoisinantes; je la considère simplement comme la termi- naison renflée de la nervure antérieure. La seconde articula- tion de l’humérus, « l'articulation scapulo-humérale », serait une Rotations gelenk, une sorte de charnière à condyles. Ici, on ne peut nier une rotation de la nervure antérieure sur l’os- (1) V. Lendenfeld, Loc. cit., p. 39. 39 P.-C. AMANS. selet antérieur; mais cette rotation ne m'apparait pas sous les mêmes formes que celles décrites par M. de Lendenfeld. L'union de l’osselet antérieur avec la nervure antérieure est très lâche en bas, en avant et en arrière, mais très serrée en haut, de manière à résister à toute flexion qui tendrait à se Podune de bas en haut. C’est une articulation à flexion, mode très usité chez les Insectes. Mais ce n’est pas la seule entre l’osselet antérieur et le versant antérieur de laile. Si nous passons à la face inférieure de cet osselet, nous la voyons formée d’aréoles et de crêtes de séparation. [Il y a deux crêtes : une transversale correspondant à la séparation de la portion antérieure et de la portion moyenne, et une longitu- dinale antéro-postérieure, coupant la précédente presque à angle droit. Elle se courbe ensuite en arrière et en dehors, de manière à aboutir à l’angle postéro-externe de l’osselet anté- rieur. Ces crêtes délimitent quatre compartiments d’inégale capacité. Les deux antérieurs, surtout l’antéro-externe, sont insignifiants. Le postéro-externe est fortement concave et donne insertion à la membrane commune, à laquelle sont sus- pendus les tendons du grand et du petit préaxillaire. La ligne d'insertion va de l’angle antéro-externe perpendiculairement sur la crête antéro-postérieure. La partie postérieure de la crête s'articule lâchement avec le pivot fixe; cette articula- tion a lieu dans la partie recourbée de la crête, avant d’arriver à l’angle postéro-externe. L ble postéro-externe de la face inférieure de l'osselet an- térieur est le siège de la deuxième articulation basilaire du versant antérieur. Cet angle présente une concavité qui roule sur la tête de la nervure subantérieure. Il faut encore noter des ligaments externe et postérieur, qui brident cette articu- lation, et rattachent les bords postérieur et externe de l’osselet antérieur à la base de l'aile. Enlevons maintenant cet osselet antérieur ; il est facile de le détacher, car il ne tient solidement à la base de l’aile qu’au niveau des nervures antérieure et subantérieure, c’est-à-dire au niveau des deux articulations déjà mentionnées. On voit ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 33 alors bien nettement les situations respectives de ces deux ar- ticulations, et de la ligne géométrique qui les unit. Cette ligne est dirigée d’arrière en avant, de bas en haut, de dedans en dehors, par rapport au plan des nervures antérieure et sub- antérieure. On peut considérer ces deux articulations comme une articulation unique, une sorte de charnière, composée d’une articulation à flexion et d'une condylarthrose, dont cette ligne serait l'axe de rotation. En somme nous repoussons l’articula- tion huméro-radiale de von Lendenfeld, et nous introduisons une flexion dans l'articulation scapulo-humérale. Notre charnière ainsi constituée nous paraît simplement destinée à éviter la résistance de l’air dans le coup d’aile ascen- dant. Quant à un axe autour duquel tournerait l’aile suivant sa propre longueur, je n’en vois pas. Les physiologistes ont, il est vrai, signalé un retournement du bord antérieur de l'aile, dans le coup d’aile descendant. Mais il y a moyen de s’en rendre compte, comme nous le verrons plus loin, sans recourir à cet axe hypothétique. La face externe de l’osselet antérieur est libre, en avant de l'articulation. Partout nous trouverons une encoche ou une membrane molle à ce niveau, destinée à faciliter le jeu de l'articulation à flexion. La face interne s’unit au mésonotum par une articulation composée ; nous avons déjà vu qu'elle présentait une excava- tion pour recevoir l'extrémité de l’antédorsum. Isolément ce serait une condylarthrose ; mais en arrière se trouve une lame triangulaire, à sommet antérieur, l’antésigmoide, roulant en charnière simple, linéaire d’un côté sur le dorsum et le renfort de l’autre sur l’osselet antérieur. Finalement l’osselet anté- rieur roule en charnière double et d’un mouvement angulaire sur le dorsum. C’est une condylarthrose à roulement conique. La tubérosité postérieure est formée par l’ensemble des ner- vures médiane et submédiane. Elle a la forme d’une calotte hémisphérique, à convexité supérieure. Le bord antérieur est formé par la terminaison de la nervure médiane. Vers la moitié de son parcours, cette terminaison se bifurque et 34 P.-C. AMANS. détache un rameau qui traverse et renforce la calotte. En avant du bord antérieur, se trouve une fosse triangulaire, limitée en dehors par une commissure interradiale entre la nervure antérieure et la nervure médiane, et en avant unie lâchement à l’osselet antérieur. Le bord postérieur de la calotte est formé par un épaississement de chitine, qui part du bord supérieur de la nervure submédiane, et va sans solu- tion de continuité jusqu'à l'extrémité de la nervure mé- diane.Elle forme ainsi le bord postérieur de la calotte par une ligne brisée ouverte en arrière, et le bord interne par une ligne brisée ouverte en dehors. L’angle de cette dernière est comblé par une lame élastique, flexible sur le reste de la calotte. La face inférieure présente, mais en surface concave, les détails déjà décrits sur la face supérieure. Nous voyons en outre une forte éminence de chitine, formée par la terminaison de la nervure submédiane. La partie postérieure de cette émi- nence donne insertion aux muscles petits postaxillaires, ou plutôt à une membrane commune à leurs tendons : lun mou, en avant, le postérieur est dur. La partie antérieure de cette éminence est soudée au bord inférieur de la nervure médiane, et à la terminaison de la nervure subantérieure. Elle se pro- longe cependant plus en dehors et forme ainsi une apophyse légèrement flexible, apophyse submédiane. Gette apophyse est importante, elle donne attache : 1° en avant, au ligament pos- térieur de l'articulation radio-basilaire antérieure ; 2 en arrière, à une plaque mince réniforme où se fixe lextrémité antérieure d’un petit muscle horizontal antéro-postérieur, que je nomme muscle du tampon. Gar l'insertion postérieure de ce muscle à lieu dans lPangle postéro-interne de la calotte, en un point homologue du tampon des autres Insectes ; 8° en avant et en dedans, à la branche postérieure de la tête de Pappui, au pivot postérieur; 4° en arrière et en dehors, au tendon du grand postaxillaire. La plus grande partie du bord interne de la tubérosité pos- térieure roule en charnière simple sur le bord interne de la ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 39 tubérosité postérieure; mais son extrémité antérieure s’arti- cule à une petite pièce située en arrière de la fente dorsale. Cette pièce est triangulaire comme l’antésigmoïde, mais plus petite et à sommet postérieur. La tubérosité postérieure est donc comme l’osselet antérieur lié au dorsum par une double charnière, à mouvement angulaire. Chabrier est à peu près muet sur les articulations de la base de l'aile. Le travail de von Lendenfeld a appelé mon attention sur ce point. Il à positivement reconnu les pièces mobiles qui s’articulent, l’une avec l’osselet antérieur (c’est la supra-sca- pularis), l’autre avec la tubérosité postérieure (basilare radii tertèi). Mais je ne vois pas qu’il ait rien déduit de la forme géométrique de ces articulations. Je nomme la dernière pièce sigmoïde, sous l'influence d'idées théoriques qui seront déve- loppées à propos du sigmoïde des autres Insectes. Ces deux pièces sont triangulaires, opposées par leurs bases. Conclusion : Les deux tubérosités de la base de l’aile ne peu- vent rouler autour des bords latéraux du mésonotum sans fléchir en même temps l’une vers l’autre autour d’un axe perpendicu- laire à ces bords au niveau de la fente. Nous exploiterons cette remarque en temps utile. La nervure postérieure est, à sa partie basilaire, soudée à la tubérosité postérieure. Elle est à ce niveau recourbée en dehors ; elle plonge dans la dépression postdorsale, et s’unit au postdorsum par une partie striée transversalement, ce que Chabrier nomme une nervure rétractive. On a comparé l'aile à un levier simple du troisième genre. Les Pseudo-Névroptères sont les plus propres à cette compa- raison grosso modo, si on schématise les points à soulever par le mésonotum, le point d'appui par le sommet de l’entopleu- ron, et le point d’application par les points d'insertion supé- rieure du grand préaxillaire et du grand postaxillaire. Mais après tous les points d'application, d'appui et de résistance déjà décrits, après toutes ces combinaisons d’articulation citées plus haut, on reconnaît combien cette comparaison est superficielle. 36 P.-C. AMANS. AILE POSTÉRIEURE. — Elle renferme les mêmes éléments que l'aile antérieure. Les différences ne portent que sur la géométrie et la force de ces éléments. Le bord antérieur est à peu près de la même longueur qu’au mésothorax; mais la convexité basilaire est peu prononcée. Pourquoi le serait-elle, puisque la besogne du sillage dans Pair est faite par son chef de file? C’est une observation courante que deux surfaces se mouvant dans un fluide prennent une forme d'autant plus convexe que la résistance à vaincre est plus forte. Si on confie à la nature une surface mal taillée pour la course dans ce fluide, elle finira par la dégauchir et lui donner une forme de plus en plus adéquate à ce milieu. C’est là une loi facile à constater dans le monde inorganique, et il est très probable qu’il en est de même pour la matière organisée. La direction générale du bord antérieur diverge en arrière du bord antérieur de l'aile antérieure environ d’un angle de 30 de- grés. Les autres nervures continuent la divergence de manière que lanervure postérieure métathoracique fasse avec la nervure antérieure de la même aile un angle de 60 degrés environ. L’aile postérieure est beaucoup plus large que l'aile anté- rieure. Les deux ailes ne sont pas accrochées dans le vol, mais la distance qui les sépare est très peu considérable. La ner- vure secondaire de l’aile postérieure est plus longue que celle de l’aile antérieure. Elle fait presque un angle droit avec la nervure postérieure; on voit dans l'angle droit un voile plus étendu qu'au mésothorax. Il est, ainsi que la nervure secon- daire, étroitement appliqué sur la partie renflée du début de l’abdomen. La ligne qui passerait par cette nervure secondaire et par les alifères formerait une courbe concave en bas et en avant, à 45 degrés environ sur l’axe du corps (si nous prenons comme axe du corps la ligne qui passerait par le centre d'implantation de la tête et de la charnière abdomino-pleurale). La concavité de cette courbe mesure le plus ou moins de creux de l’aisselle des deux ailes réunies. = - ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 37 En somme l’aile postérieure est bâtie sur le même plan que l’aile antérieure. Son versant antérieur est un peu plus faible ; mais le versant basilaire postérieur est bien plus déve- loppé. MuscLEs pu VOL. — Avant d'étudier les muscles, nous pou- vons déjà examiner quelles sont les limites des mouvements possibles. Abaissons l'aile, sans nous préoccuper ni de Pair, ni des muscles. Nous voyons qu’en même temps l’aile se porte en avant. Soit XY la ligne de terre entre le plan de la plate-forme et un plan perpendiculaire (pl. [, fig. 3). Soit ABC la nervure antérieure dans sa position initiale; la nervure antérieure pro- prement dite BC forme à sa base avec l’osselet antérieur AB un angle obtus ouvert en avant. ABC représente la position d’abaissement. On voit que l’aile s’est portée en avant ; pour- quoi ce déplacement en avant? L’aile forme un levier triple du troisième genre. Le mésonotum est sollicité à s’élever par les extrémités basilaires des nervures antérieure, médiane et postérieure. Le dôme élastique soulevé est forcément com- primé, car les points d'attaque sont plus bas que les points de résistance. Il se développe donc une force de réaction élas- tique ; celle-ci se dirige du côté où 1l y a du jeu, c’est-à-dire en arrière, du côté de la surface tribosselée et pousse dans cette direction les petits bras de levier. Par suite les grands bras seront portés en avant; leur course sera limitée à la base par le bord postérieur de la plate-forme. La moitié basilaire du bord antérieur a ce mouvement comme limite ; mais la moitié centrifuge est exposée à une plus grande résistance de la part de l’air; elle est en outre plus flexible. La commissure articulaire forme une ligne brisée concave, courbe de torsion, qui empêche toute flexion de bas en haut et de haut en bas, mais qui permet une torsion longi- tudinale, un retournement de plan autour de cette commis- sure comme centre de torsion. La forme des pièces antésigmoïde et sigmoïde entraîne une 38 P.-C. AMANS. incurvation dans la base de l'aile, c’est-à-dire que le versant postérieur se porte en avant dans l’abaissement. La forme de l’articulation radio-basilaire nous indique que l'aile ne peut fléchir sur l’osselet antérieur uniquement que dans le relèvement de l’aile. Cette flexion coïncide avec une détorsion de la moitié centrifuge. Cette manœuvre est pos- sible; elle aurait pour but d'éviter le choc de l’air dans le coup ascendant. Le coup ascendant doit être très brusque; car, lorsque l'aile est abaissée, les fentes antépleurales et dorsales sont compri- mées; le pivot postérieur est violenté, les branches de l’X sont bandées. Toutes ces pièces doivent réagir élastiquement pour ramener l'aile dans la position normale de relèvement. Ceci vient à l’appui de la théorie des sauts, exposée ‘par Giraud- Teulon (Principes de mécanique animale, 1858, p. 325). Cela suffit pour faire voir qu’indépendamment des museles, en ne tenant compte que du squelette et de la résistance de. l'air, le sommet centrifuge de l'aile ne décrira pas la même trajectoire dans le coup ascendant que dans le coup descen- dani. Il tendra à passer plus bas, et les deux portions de tra- jectoire se regarderont par leurs concavités, de manière à faire une courbe fermée, simple ou bouclée comme une lem- niscate. Telles sont les limites des mouvements possibles. Voyons si les muscles nous donneront d’autres éclaircissements. Muscles du vol de l'aile antérieure. — Chabrier le premier a distingué des muscles élévateurs et abaisseurs. Ge groupement a un inconvénient ; il préjuge d’une façon trop absolue de la fonction des muscles ainsi désignés. Il semble que Paile soit comparable à un levier simple du deuxième genre, sollicité tour à tour à descendre et à monter. Mais un muscle peut être abaisseur, pris isolément, et agir cependant dans l'élévation. Nous préférons les noms tirés des pièces ou des régions anato- miques où s’insèrent ces muscles. Je distinguerai donc des muscles dorsauxr, sternali-dorsaux, ARTICLE N° 2. ORGANES DÜ VOL. 39 pédio-dorsaux, pleuro-dorsaux et axillaires, ces derniers étant eux-mêmes divisibles en axillaires antérieurs et axillaires pos- térieurs, suivant qu'ils agissent sur le versant antérieur ou le versant postérieur. Muscles dorsaux. — Ges muscles sont formés par une paire de muscles grêles, dont chacun s’insère en avant sur la face externe de lapophyse onguiculée, et en arrière au tiers externe de la face antérieure de l’antémétadorsum. Ge muscle ne doit pas jouer un grand rôle comme abaisseur de l'aile ; il doit surtout brider l’écartement des deux notums. Muscles sternali-dorsaux.—C'estun musele puissant dont les faisceaux s’insèrent en haut sur les disques en forme de 8, et en bas sur les cupules pédicellées situées en avant de la selle entosternale. Il tire en avant et en bas (mon plan de repère est toujours le plan horizontal passant par l’axe du corps, tel que je l'ai défini plus haut) le bord latéral antérieur du dorsum; par suite, il porte le bord antérieur de l'aile en arrière et en haut. Il faut ajouter à ces faisceaux un faisceau plus grêle, qui s’insère en haut dans l’échancrure externe du disque, et en bas au-dessous des précédents. C’est un adjuvant des sternali- dorsaux. Muscles pédio-dorsaux.— Ge sont deux muscles agissant à la fois sur les ailes et sur les pattes. Le muscle antérieur s’insère en haut par un tendon dur à l’angle externe de l’antésigmoïde, en bas sur la moitié antéro- externe de la hanche. Il peut, par sa contraction, soit élever le bord antérieur de l'aile, soit porter la hanche en dehors. Le muscle postérieur s’insère en haut sur le sigmoïde. Il est élévateur de la tubérosité postérieure, et porte la hanche en dedans. On peut se demander si ces deux muscles n’ont pas d’autre fonction que celle d’élever l'aile. I est probable qu'ils servent 40 P.-C. AMANS. à brider l’écartement des deux tubérosités dans la période de l’abaissement. Muscles pleuro-dorsaux. — Un muscle répond à cette déno- mination. Le pleuro-dorsal est un petit muscle transversal, qui s’insère en dedans à la face externe du renfort de l’antédorsum, et en dehors sur la face interne de l’apophyse alifère ou à la base de la bifurcation du sommet de l’entopleuron. Il pousse en bas et en arrière l’antédorsum, par suite en sens inverse l’aile. Il pourrait être considéré comme propul- seur et élévateur en même temps. Sûrement, il sert de lien élastique entre le pleuron et le notum. Muscle saxillaires antérieurs. — I y en a deux marchant côte à côte, mais très disproportionnés comme volume. Le grand préaxillaire s’imsère en bas sur l’apophyse qua- drilatère, et en haut dans le compartiment postéro-externe de la face inférieure de l’osselet antérieur, par l'intermédiaire d’une forte cupule. Le petit préaxillaire est accolé à la partie antéro-externe du grand. Il s’insère en bas au-devant et au-dessous de l’apophyse quadrilatère, et en haut par un long tendon fili- forme, dans le même compartiment que le grand préaxillaire. Ces muscles tirent l’extrémité externe de l’osselet antérieur en dedans, en avant et en bas; le versant antérieur est par suite entraîné dans la même direction. Muscles axillaires postérieurs. — Nous avons un grand muscle (le grand postaxillaire) et trois petits (petits postaxil- laires et muscle du tampon). Le grand postaxillaire s’insère : en haut sur une grande cupule dont le pédicelle est fixé en arrière du pivot postérieur, sur l’apophyse submédiane ; en bas, sur la branche postérieure de bifurcation de l’entopleuron. Les deux petits postaxillaires s’insèrent en haut sur l’angle postéro-externe de la tubérosité postérieure. Ils s’insèrent en ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. va] bas, l’un à l’origine de la crête qui sépare le mésopleuron du métapleuron, l’autre plus bas, dans la fourche du stig- mate. Le muscle du tampon correspond au fulco-basilaire de Chabrier. Ma désignation peut paraître bizarre ; mais Chabrier n’a rien vu de l’importance de ce muscle; il n’en parle plus chez les autres Insectes, tandis que je le montrerai partout. C’est ici un petit muscle dirigé d’arrière en avant. Il s’insère en arrière sur la face postérieure de la tubérosité antérieure, au niveau de son adhérence avec la nervure postérieure, et en avant par un disque échancré au niveau de l’union du pivot postérieur et de la tubérosité postérieure. Le grand postaxillaire et les petits postaxillaires abaissent le versant postérieur de l'aile. Le muscle du tampon augmente l’angle des deux versants, action de premier ordre au point de vue mécanique. Il pro- tège en même temps la tubérosité postérieure contre les tirail- -ements des postaxillaires. Muscles de l’aile postérieure. — Ts sont entièrement com- parables à ceux de l’aile antérieure. Lesmusclesdorsaux sont moins divergents dela ligne médiane que ceux du mésothorax : ils s’insèrent en avant à la petite apophyse onguiculée du métanotum, en arrière sur la face antérieure du premier anneau abdominal. [ls forment avec le plan des méso-dorsaux un angle obtus ouvert inférieurement. Les sternali-dorsaux s’insèrent en partie sur la selle ento- sternale, en partie sur les cupules pédicellées qui les suivent. Le droit est rapproché du gauche inférieurement ; il en est séparé supérieurement. Rien de particulier pour les autres muscles. La planche III fait voir leurs diverses relations. Sur les théories du vol. — Quoique nous soyons très réservé sur ce chapitre, nous avons néanmoins des documents assez nombreux pour tenter la critique. 42 P.-C. AMANS. Chabrier (1) a fait une étude très soignée de la Libellule. Nous lui reprochons seulement d’avoir méconnu les caractères séométriques de la base de l'aile, de considérer l'aile comme un levier simple, mûü par un groupe d’élévateurs et d’abais- seurs. [l a cru à tort qu’il n’existait pas de muscle dorsal mé- tathoracique. Il à finalement contribué à faire considérer les Pseudo-Névroptères comme des types absolument à part, non susceptibles d’être comparés aux autres Insectes. Poletaiew (2) s’est seulement occupé du développement des muscles d'Odonates. Von Lendenfeld (3), dans un récent et estimable travail, a étudié l’organe du vol chez les Libellulides. Il accuse avec raison Marey et Petitgrew de n'avoir pas tenu assez compte des détails anatomiques. On ne saurait lui faire le même reproche; car sur le notum, il ne compte pas moins d’une quarantaine de pièces chitineuses, la plupart avec un mode d’articulation spécial. Cette nomenclature nous paraît exa- sérée ; nous ne voyons pas que l’auteur ait dégagé un schéma mécanique simple et clair d’un rouage aussi compliqué et aussi minutieusement décrit. Il s'attache d'autre part à démontrer anatomiquement cer- tains faits de physiologie déjà connus. Ainsi le radius primus (nerv. ant.) roule sur l’humérus (terminaison de la nerv. ant.) et l’humérus sur la scapula (osselet antérieur) ; le radius terlius (nerv. méd.) s'articule en charnière avec le basilare rad tertii. Le radius quintus (nerv. post.) a, grâce à son ligament, la faculté de participer aux mouvements des deux nervures précitées. Gelles-c1 ont trois axes de rotation: hori- zontal, vertical et longitudinal. Ainsi s’expliquent ces retour- nements de plans alaires, signalés par certains physiologistes. L'auteur s’est bien rendu compte du phénomène de retourne- (1) Chabrier, Mémoires du Muséum, t. VII. (2) Poletaiew Nic., Du développement des muscles d'ailes chez Les Odonates (Horæ Soc. Entom. Ross., t. XVI). (3) V. Lendenfeld, Der flug der Libellen. Aus dem LXXXIIL B. der Sitzb. Acad. Wisch. 1 abth. März-Heft, 1881. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 143 ment lorsqu'il parle d’axe longitudinal. Mais nous avons expliqué ce fait d’une autre façon. Les articulations scapulo- humérale et huméro-radiale ne nous apparaissent pas sous le même Jour. Il dit plus loin qu'une flexion de l'aile dans une direction perpendiculaire à sa surface est impossible : c’est une obser- vation très Juste. M. von Lendenfeld est moins heureux dans la description des muscles. Les insertions inférieures manquent de précision. L'insertion supérieure du flexor (grand postaxillaire) nous déroute complètement, et nous cherchons en vain la descrip- tion des muscles dorsal, pleuro-dorsal et du tampon. Chabrier était plus complet sur ce sujet. La dernière partie de son travail est purement physiologique. La méthode des appareils enregistreurs a des inconvénients pour étudier la courbe décrite par la pointe de l'aile. Il vaut mieux dans ce but employer la photographie : les rayons lumineux sont projetés au moyen d’un héliostat sur une grande lentille, puis sur une plus petite ; ils n'arrivent dans l'appareil photographique qu'après avoir traversé un petit trou, et celui-ci peut se fermer assez vite, de manière que la lumière n’agisse que 1/2000 de seconde. L’Insecte est fixé par une aiguille enfoncée légèrement par la face sternale, et porté entre les deux lentilles. La comparaison des divers moments photographiques a permis à l’auteur de vérifier la courbe en 8 de chiffre; il a achevé de la rendre palpable par une épure de géométrie descriptive, ce qui est une idée hardie. Cette courbe nous amène à parler des diverses théories qui ont été émises sur le vol. Nous citerons les principales seule- ment, pour les besoins et l'intelligence de notre travail, afin de rectifier celles qui seraient contraires à l'anatomie. L’his- torique complet sortirait de notre plan. Borelli (1), le premier, donne une théorie sur le vol. Elle peut se réduire aux propositions suivantes : 1° l’action de (1) Borelli, De motu animalium, in-4°, 2 vol. Rome, 1880. 4 P.-C. AMANS. l'aile est comme celle d’un coin; 2 l’aile consiste en deux portions : une portion antérieure rigide et une portion posté- rieure flexible; 3° la flexion ascendante de la portion posté- rieure à pour résultat nécessaire un transport horizontal du corps de l’Oiseau ; 4° pour résister à la pesanteur, les ailes frappent verticalement en bas. Les idées de Borelli ont été adoptées par la majorité des botanistes suivants. Chabrier (1), lui, ne se préoccupe nullement de certains détails, cependant bien observés, pour en déduire la nature de l'incidence sur Pair : 1° les muscles élévateurs cessant d'agir, les ressorts du tergum brusquement détendus et les muscles releveurs de l'abdomen donnent à l’animal une force centrifuge et élévatrice. Cette action est secondée par les muscles abaisseurs, qui, prenant un point fixe sur la base des ailes, attirent en haut le sternum; 2° les pectoraux cessant d'agir, les ailes sont remises en position verticale par l’abais- sement du notum et la contraction des élévateurs. Cette théorie est singulière en ce sens que les pectoraux sont consi- dérés non comme abaisseurs des ailes, mais comme éléva- teurs du sternum ; 1l n’y aurait pour les ailes qu'une période d'activité correspondant au coup ascendant. Pendant l’éléva- ton du corps, l’aile serait passive. Petitgrew lui reproche de négliger les muscles élévateurs, mais, loin de les négliger, nous trouvons qu'il en a abusé. Le duc d’Argyl (2), Owen, Macgillivray (3), Bishop (4), Liais (5), Girard adoptent les idées de Borelli. Pour eux, l'aile frappe verticalement vers le bas. L'’anatomie de la Libellule nous montre, au contraire, la marge antérieure de l’aile se portant en avant en décrivant une courbe. (1) Chabrier, loc. cit. (2) Le duc d’Argyl, Reign of Law, Goodivords, 1865. (3) Macgillivray, Oiseaux de la Grande-Bretagne, 1837. (4) Bishop, Art. MOUVEMENT de Le d'anatomie et de physiologie, 1847. Flight of birds. (5) Liais, Sur le vol des Oiseaux el des Insectes (Annales des sciences natu- relles. — Comptes rendus Acad. sc., avril 1861). ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 45 Strauss-Dürkheim compare l'aile à une tige rigide suivie d’un voile ; il lui fait aussi frapper l'air perpendiculairement. Enfin, Marey (1), tout en apportant une analyse très minu- tieuse des mouvements de l'aile, ne nous donne pas une théorie nouvelle et différente de celle de Borelli. Soit un carré de papier tenu obliquement dans l'air; laissons-le tomber : il tombera en décrivant une courbe dans le sens de cette obli- quité ; supposons que cette obliquité vienne à changer de sens, nous aurons une chute dans une nouvelle direction. Ce fait exact peut nous rendre compte de la théorie de M. Marey. L’aile, pour lui, se réduit à une tige flexible antérieure, suivie d’un voile membraneux. Ceci posé, abaissons l'aile : par suite de l’inégale résistance à l’air de la tige et du voile, il se forme un plan incliné suivant lequel l’aile descend. Relevons l'aile : pour les mêmes motifs, il se forme un plan incliné de sens contraire, suivant lequel l’aile remonte. Un point quel- conque de cette tige décrit une sinussoïde, il suffit d’un abais- sement et d’une élévation alternatifs, pour pousser l’aile en avant. La formation de courants de sens contraire peut déter- miner celle d’une sinussoide bouclée. Nous reviendrons, du reste, sur le 8, en étudiant les osselets des Hyménoptères. Déjà, cependant, 1l nous semble que M. Marey n’a pas tenu assez compte des pièces de la base de l'aile et du notum; sans cela, il n'aurait pas donné à l’air une part si importante et à l'animal volant une part si minime. Il est parfaitement exact que l’appareil musculaire peut, à Ja rigueur, se réduire à des muscles élévateurs et à des muscles abaisseurs, mais cela dans plusieurs directions obliques. De plus, les pièces élastiques et les articulations sont nombreuses et permettent des mouvements variés. IL est encore exact qu’une partie de l’aile postérieure fuit en arrière dans le coup descendant; mais quelle partie? I! était important de le préciser. La partie postéro-supérieure seule fuit et se tord suivant une ligne de résistance variable, suivant (1) M. Marey, La machine animale. Germer-Baillière, 1882. ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX. 4. — ART. N° 2. 46 P.-C. AMANS. la nature et la vitesse de l'aile. Au contraire, la partie postéro- interne, le versant basilaire postérieur se porte en avant, sinon pour recevoir la colonne d'air frappée, du moins pour augmenter la solidité de laile ou faciliter la torsion. Il est exact qu'avec la théorie de M. Marey, l'animal s’avancera ; mais la sinussoide qu'il décrira sera plutôt descendante qu’as- cendante, son aile ayant trop peu de prise sur l'air frappé. Il est facile d'obtenir cette sinussoïde descendante chez un Insecte quelconque. IT suffit, pour cela, avec de fins ciseaux, de détruire le dièdre basilaire formé par les deux versants de l'aile. On empêche la formation de ce dièdre en exeisant les nervures submédiane et postérieure au niveau de leurs termi- naisons basilaires. L’Insecte peut alors s’avancer... mais en tombant (1). Petitgrew (2) a des idées très différentes de celles des auteurs précédents. Il tient compte, dans une certaine mesure, de l’anatomie de la base de l’aile; de là, une théorie plus com- plète. Il attribue le transport horizontal : 1° à ce fait que les ailes, à la fois pendant l'élévation et l’abaissement, sautent en avant, suivant des courbes qui, en s’unissant, forment des courbes ondulées continues ; 2° à la construction des ailes (ce sont des vis ou hélices élastiques qui se tordent et se détor- dent quand elles sont mises en vibration, et tendent à porter en haut et en avant tout le poids qui y est suspendu) ; 3° à la réaction de l'air sur les faces inférieures des ailes, qui agissent toujours comme des cerfs-volants; 4° à la force toujours variable qui pousse les ailes et qui est la plus grande au com- mencement du coup descendant, la plus petite à la fin du coup ascendant; 5° à la contraction des muscles volontaires et des ligaments élastiques; 6° à l'effet produit par les surfaces diversement inclinées, formées par les ailes durant leurs oscillations ; 7°au poids du corps. Cette dernière force agit sur l’aile de la même façon que sur notre morceau de papier. Examinons ces diverses propositions. Le n° 1 n’est pas de (1) Amans, Comptes rendus Ac. sc., avril 1883. (2) Petitgrew, La locomotion chez les Animaux. Paris, 1874. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. , 47 notre compétence, c’est-à-dire que l’anatomie seule ne nous permet pas de deviner la trajectoire. IT faut y ajouter d’autres facteurs, tels que vitesse Imitiale, déplacements du centre de oravité, lois de la résistance de l’air. Marey aussi donne la courbe ondulée ; seulement il laisse à l'air la cause exclusive de sa formation, c’est-à-dire de la propulsion. 2% La comparaison de l’aile à une hélice nous avait d’abord séduit, mais nous verrons plus tard les raisons qui nous font pencher vers un autre type de surface gauche. Marey reproche à Petitgrew de se laisser entrainer par une simple apparence. « En admettant, dit-il, que l’aile pivote sur son axe, cette rotation se borne à une fraction de tour, puis est suivie d’une rotation de sens inverse, qui dans l’hélice détruirait complète- ment l’effet produit par le mouvement précédent. » La réfuta- tion n’est point tout à fait juste : le vilebrequin de Petitgrew ne travaille pas dans le bois, mais dans Pair. L’hélice, dans le coup descendant, présente à l’air sa con- cavité, dans le coup ascendant sa convexité. Or 1l résulte des expériences de Didion (1) que, si l’on fait mouvoir dans Pair une surface courbe dont la flèche est comprise entre le tiers et le quart de la largeur, la résistance quand la convexité est tournée en avant, n’est que les 0,77 de celle qu’éprouverait une surface plane égale à la projection de la surface courbe perpendiculairement au mouvement; tandis que, lorsque c’est la concavité qui est en avant, la résistance est représentée par 1,94, celle de la surface plane étant 1. Par conséquent, le coup d’aile ascendant aura à lutter contre une force bien moindre que le coup descendant, et l'effet produit pourra être une propulsion suivant l’axe de l’animal. 3° La comparaison avec un cerf-volant jure avec la précé- dente; un cerf-volant est une surface rigide, un plan incliné tenu en équilibre par la tension d’une corde, la pesanteur et la résistance de l'air. Supposons un courant aérien dirigé contre la surface inférieure du plan incliné ; ce plan est nécessaire, (1) Art. RÉSISTANCE DE L'AIR (Dictionnaire des mathématiques appliquées. Sonnet). 48 P.-C. AMANS. sinon celui qui tient la corde est obligé d’en créer un en cou- rant, et alors rentrons dans la première hypothèse. Dans ce cas, la résultante du poids et de la poussée aérienne est normale à la surface. Si le courant augmente d'intensité, le cerf-volant monte sur le grand cercle décrit avec la corde comme rayon; s’il diminue d'intensité, le cerf-volant descend sur ce grand cercle, tend à devenir vertical et à tomber. Si on lâche de la corde, le cerf-volant monte, poussé par une force normale dans le sens du rayon; il monte en décrivant naturellement une courbe plus basse que cette direction, car il a aussi à lutter contre la pesanteur et la résistance de l’air supérieur. On ne pourrait guère comparer ces phénomènes à ceux de l'aile que dans l’action de planer, car alors les ailes sont à peu près immobiles et forment une surface inclinée. La tension de la corde est remplacée par la vitesse initiale et par certaines évolutions volontaires de l’animal (ascension en grande spirale des vautours). Les autres propositions se déduisent tout naturellement de la forme en hélice combinée avec l’action des muscles et le poids du corps. En somme, la théorie de Petitgrew nous semble plus con- forme à l'anatomie que celle de Marey. Pour mieux dire, il y a un peu de vrai dans toutes les théories que nous avons exami- nées; et, d’un autre côté, toutes nous semblent pécher par la base de l’aile. Voici les réflexions que nous inspire | Æschna. 4° Coup descendant. — Les sternali-dorsaux cessant de se contracter, la conque thoracique trop comprimée se détend” trop brusquement; les grands axillaires se contractent en même temps, chacun suivant sa direction particulière, l’anté- rieur plus en avant. Sous l’influence des grands axillaires et de leurs satellites, le versant antérieur de l’aile est portéenavant en bas, l'extrémité de l’aile décrivant un arc oblique par rap- port à l’axe de l’animal, et venant s’appuyer dans l’espace au delà du niveau de la tête. Le ptéropstigma mdique le niveau du point d'appui, c’est lui qui relie la nervure antérieure à la ner- ARITCLE N° 2. ORGANES DU VOL. 49 vure médiane. C’est de lui que part la ligne de moindre résis- tance; cette ligne, qui a frappé M. Marey, existe réellement ; mais, nous le répétons, dans la partie postéro-supérieure seu- lement, car le versant postérieur, loin de s'échapper en arrière et en haut, se porte lui aussi en bas et en avant, mais moins vite en avant, à cause de la direction de ses muscles axillaires. Le muscle du tampon doit Jouer ici un grand rôle en main- tenant et augmentant le dièdre des deux versants. Il donne une grande solidité à la base de l’aile et favorise la torsion longitudinale de l'aile, torsion dont nous avons démontré la possibilité, et qui doit avoir pour but d'utiliser le maximum de résistance de Pair. En résumé, l’aile s'empare de la colonne d’air frappée par son extrémité antéro-centrifuge, se tord sur elle et la refoule graduellement vers la base du versant postérieur. L’extrémité de l’aile, frappant l’air avec la plus grande vitesse, et par suite avec la plus grande intensité, se fixe dans l’espace, pendant que la colonne d’air vient soulever l’animal par les aisselles et le projette en haut. 2° Coup ascendant. — L’aile se détord sous l’action des forces élastiques et dessternali-dorsaux. Comme elle présente à l’air supérieur des surfaces convexes, la force d'impulsion donnée par le coup descendant. n’est pas sensiblement ra- lentie. Voilà le phénomène brut, sans appréciation de vitesse ini- tiale, ni du centre de gravité, ni du nombre ou de l’angle des vibrations. C’est uniquement l’exposé d’une série de mouve- ments possibles. On voit cependant, dans ce court exposé, figurer des facteurs à peu près nouveaux dans la discussion : la condylarthrose à flexion de la base du plan antérieur, les réactions élastiques du dorsum, du postdorsum, des pivots mobiles, la commissure articulaire ou courbe de torsion, la courbe de moindre résistance et le dièdre basilaire. AILES ARTIFICIELLES. — C’est la morale obligée de toute % 90 P.-C. AMANS. étude sur le vol. Les ailes arüficielles de Borelli, de Marey, sont conformes aux théories de leurs auteurs : une tige plus ou moins rigide suivie d’un voile membraneux. Les expé- riences de Marey sont très ingénieuses, surtout au point de vue de la transmission des forces au moyen d’un courant d'air comprimé. Î a réussi ainsi à faire tourner un appareil mobile autour d’un axe vertical; mais ce n’est pas là le cas d’un ap- pareil véritablement aérien; et, dans ce cas, nous conservons des doutes sur efficacité d'ailes amsi construites. Petitgrew a construit une aile ondulée spirale qui se tord et se détord pendant son action pour former une vis ou une hélice mobile; l’aile peut être mise en mouvement par la vapeur à l'aide d’un piston à action directe. La marge antérieure de l'aile est formée par un roseau élastique courbé de haut en bas ; à cette marge sont attachés des roseaux élastiques amin- els qui rayonnent vers l’extrémité de l’aile et se courbent éga- lement de haut en bas. Ces derniers sont disposés de manière à donner à l'aile un certain degré de spiralité, les marges an- térieure et postérieure étant disposées en divers plans, de manière à paraitre se croiser. L’aile est attachée à côté du cylindre et sa racine s'y meut dans une articulation en boule. Des chaînes mobiles relient la base de la tige aux extrémités opposées du piston; des cordes élastiques inférieure et supé- rieure aident à élever et à abaisser l’aile. On voit que l’auteur à senti la nécessité d'appliquer cer- taines substances élastiques à la base de l'aile, et que cette base peut se mouvoir dans tous les sens, ce qui est un progrès sur l’aile de Borelli, mais en même temps une exagération ; car la base de l’aile ne peut pas se schématiser par une articu- lation en boule. Petitgrew a encore tenu compte de ce fait, que l'aile véritable est une surface gauche, à concavité infé- rieure, et dont la base-se meut dans plusieurs plans verticaux. Mas est-ce tout? Que signifie donc cette insertion spiralée de la base des ailes? Comme nous l'avons énoncé pour lÆschna, et comme nous le démontrerons pour tous les Insectes, la base de l’aile ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 51 forme une espèce de dièdre dont les deux plans basculent au- tour d’un pivot fixe (apophyse alifère) et dont l’arête (nervure médiane) est reliée à sa symétrique par un système spécial de ressorts. L'air vient frapper le versant postérieur, où une ner- vure munie d’une voile lui résiste. L'auteur anglais a négligé ce détail qui doit avoir son importance, puisque nous le trou- verons chez tous les Insectes. En le négligeant, il construit une aile toute nue, exactement comme celle de M. Marev. La surface de l’aile à beau être hélicoïdale, nous ne voyons pas sa grande supériorité sur celle de M. Marey. L’aile ondulée peut, il est vrai, tourner dans tous les sens à la base de l'aile; mais là encore la direction de cette rotation est réglée uni- quement par Pair, et ce n’est pas le cas des Insectes, dont la volonté est souveraine en pareille matière. Quant à la surface alaire, est-ce bien une hélice? M. Marey n’a pas tout à fait tort lorsqu'il parle de plan. Nous soulevons déjà cette question, bien que les éléments nous manquent encore pour la juger. Mais nous verrons plus tard que la sur- face alaire a une directrice et des génératrices telles qu’elle en impose souvent, soit pour un plan, soit pour une hélice, sans cependant être jamais ni l’un ni l’autre. Il. — ORTHOPTÈRES. J’ai disséqué dans cet ordre des Criquets, Locustes, Blattes, Mantis. J’ai choisi comme Lype une grande Locustide de Saï- son, tant à cause de son volume que de la simplicité de ses articulations. La figure 4 de la planche IV (voy. Revue des sciences nalu- relles, 1884, Sur les organes du vol des Orthoptères, Amans) montre l’animal au repos. Les ailes antérieures sont très larges et beaucoup plus longues que le reste du corps; elles recou- vrent les ailes postérieures et sont repliées sur les flancs, con- trairement aux ailes des Libellulides, qui se tiennent droites. Ouvrons les ailes et examinons leurs diverses projections ; on a ainsi une idée générale de la surface alaire. On voit bien 59 P.-C. AMANS, nettement qu’elle n’est pas plane; la base est formée de deux versants inclinés, l’un en avant, l’autre en arrière, à angle dièdre, obtus, ouvert inférieurement. Get angle est bien mar- qué à la base, mais le sommet s’arrondit et devient nul à me- sure qu'on s’avance vers l'extrémité de laile. Au repos, le versant antérieur est appliqué contre les flancs, et le versant postérieur sur le dos; les bords basilaires sont légèrement repliés en dessous, ceux du dernier soutiennent une membrane molle comme chez l'Æschna; comme direc- tion, le bord antérieur est en regard du grand sillon mésopleu- ral, qui correspond à l’entopleure. Le bord postérieur est oblique de dehors en dedans, d'avant en arrière. Le plan de raccordement, c’est-à-dire la portion centrifuge de laile qui relie les deux versants basilaires, a la forme d’un segment elliptique; du côté courbe, il forme l'extrémité arrondie de l'aile; des deux autres côtés, il s'enfonce comme un com entre les deux versants, entre la nervure médiane et la sub- médiane. Remarquons encore un détail sur le plan postérieur : il est très épais et renforcé par une forte commissure formant une crête en bas, un sillon correspondant au-dessus. Cette com- missure se dirige de la nervure post-perpendiculairement sur la nervure submédiane. Une autre commissure parallèle, mais plus faible, limite en arrière le coin compris entre les ner- vures médiane et submédiane. Toutes ces fortifications ont leur utilité; c'est dans la partie postérieure du gouffre axil- laire que l'air vient butter, et favorise l’ascension du thorax. Si, pour une cause quelconque, la résistance de ce plan est détruite, l'ascension est supprimée. À ce propos, une petite expérience. Soit un Acridium vivant (il est probable que les résultats seraient les mêmes avec la Locustide que nous avons prise pour type, car l’anatomie est pareille). L’Acridium fait un bond à l’aide de ses pattes postérieures ; arrivé au point eul- minant de sa courbe, il a les ailes étendues et s’en sert, soit pour voler un moment, soit pour retomber sur le sol en para- ARTICLE N° 2, ORGANES DU VOL. 03 chute. Dans ce dernier cas, la forme de la parabole est chan- oée, mais la branche de chute est toujours de sens opposé à la branche d’ascension, c’est-à-dire qu’elle occupe une position symétrique par rapport à celle-c1. Détruisons maintenant, par une excision insignifiante, la concavité, la résistance du plan postérieur dans les quatre ailes, et examinons là nouvelle allure de l’Acridium. [1 se prépare, déplisse ses ailes et les fait vibrer rapidement; le voilà qui s’arc-boute sur ses jarrets et bondit; il a ses ailes ouvertes et va retomber... le plus souvent vers le point initial du saut, de sorte que la branche descendante est de même sens que la branche ascendante. Tout se passe comme si vous lanciez obliquement dans l’espace un carré de papier un peu fort; arrivé au haut de sa course, il redescend presque par le même chemin. Voilà des faits dignes d’être retenus, si l’on veut construire des ailes artificielles. Les ailes artificielles de MM. Marey et Petitgrew ne sont pas basées sur ce principe, et c'est un tort. La charpente de l’aile est formée par six nervures : proan- térieure, antérieure, subantérieure, médiane, submédiane, pos- térieure. Les plus apparentes dans l’aile antérieure sont la médiane et la submédiane; les autres ne sont bien marquées qu'à la base. La membrane de l’aile est assez dure, ce qui a valu aussi à l'aile antérieure le nom d’élytre, par comparaison avec les Coléoptères. , La nervure médiane ne s'articule pas directement avec le dorsum ; elle a la facilité de tourner sur une pièce quadrilatère (lame carrée Sauss.) (1), qui roule en charnière simple sur le dorsum et en condylarthrose sur l’apophyse alifère. C’est une différence considérable avec l'Æschna. L’explication anato- mique de ce fait, c’est que les ailes des Orthoptères se plissent et non celles des Libellules. Dans le déplissement, la nervure médiane entraîne avec elle le plan antérieur et le plan posté- rieur, dont elle est l’intersection; les nervures antérieure et postérieure tournent de leur côté autour de la lame carrée ; à (1) Annales des sciences naturelles, 5° série, t. X, p. 161. 54 P.-C. AMANS. cela près, les nervures ont entre elles les mêmes positions respectives dans les deux ordres d’Insectes : les nervures pro- antérieure, subantérieure, submédiane sont inférieures, spé- cialement alo-pleurales, tandis que les nervures antérieure, médiane et postérieure sont supérieures, spécialement alo- dorsales. En d’autres termes, les unes attachent la base de Paille aux flancs, les autres au dos. Dans le creux de l’aisselle, on voit la nervure submédiane se terminer par une sorte de ligne brisée, flexible, saillante. À cette sallie correspond sur la face supérieure une cavité limitée en arrière par la nervure postérieure. C’est la dépres- sion submédiane. La nervure postérieure est liée à la lame carrée et au méso- notum par une surface mobile; celle-ci renferme un osselet muni d’une saillie qui vient butter contre le bord postérieur de la lame carrée. Nous nommons osselet terminal cet osselet et {ampon cette saillie. Le terminal correspond à la partie de la nervure posté- rieure des Pseudo-Névroptères qui est soudée à la tubérosité postérieure, et le tampon à la partie de cette tubérosité qui donne insertion au petit muscle dit du tampon. Les figures #,5 (pl. IT) montrent les divers mouvements pos- sibles autour de la lame carrée. Le plan de l’osselet terminal rnp tourne suivant la ligne »r et s’abaisse. Le plan rpg le suit sans brancher dans ses rapports avec lui, ear la ligne rp est rigide; la ligne m#pest au contraire à charnière, de sorte que le plan #4q, poussé par derrière par les plans 7#p etrpg, vient butter en avant contre les parois de l’antépleure, par l’intermédiaire du plan a e b. I se relève alors sur le plan terminal, et leur angle tend à zéro. Le plan du tampon sé- loigne de Ia lame quadrilatère, pendant que le plan am b s’en rapproche, c’est-à-dire dans le déplissement et inversement. Au commencement du déplissement total, notre dièdre basi- laire est constitué : 1° par l’ensemble des plans «mb, bmd formant le versant antérieur; 2 par l’ensemble des plans rMmp, mp4, rpq formant le versant postérieur. ARTICLE N° 2 ORGANES DU VOL. 55 L’étendue relative de chacun de ces versants est très diffé- rente dans les deux ailes, comme nous le verrons plus loin. Ces déplacements de nervures constituent la phase de dé- plissement, une sorte de période de mise au point. Quelle est la direction de l’arête du dièdre dans ce déplacement? La figure 3 (pl. IT) nous en donne une idée approximative. Soit æy une ligne de terre passant par le diamètre longitu- dinal; le plan horizontal est choisi passant par ce diamètre, et la tête o de la nervure médiane om est la portion initiale de la nervure médiane. Cette portion est sensiblement parallèle au bord antérieur de l'aile : elle est vue en perspective dans la période de l’aile au repos o%, et vue dans la'période de dé- plhissement om, om; om, om sont les projections hori- zontales et verticales dans les deux cas. Cette figure n’a rien à démontrer; c’est une façon de représenter que la nervure médiane se porte de bas en haut et d’arrière en avant. La différence des angles en projection montre que la nervure gagne plus de terrain d’arrière en avant que de bas en haut. Le déplissement accompli, la membrane molle qui suit la nervure postérieure est tendue comme un voile. Alors la lame carrée s’abaisse à son tour, et détermine les battements alter- natifs. En résumé, lorsque l’animal prend son vol, son aile anté- rieure est portée en avant et en haut, plus vite en avant qu’en haut; à mesure qu’elle monte, la base de la nervure submé- diane se détend ; l’angle des deux versants basilaires diminue, le voile s'étend, le gouffre axillaire augmente. À ce moment l'animal vu de face, présente, ailes et collier compris, l'aspect d’une proue renversée. L'air s’engouffre sous les deux ailes et soulève l’Insecte. Aile postérieure. — Nous ailons retrouver tous les éléments de l’aile antérieure, mais avec une particularité notable : le versant antérieur est insignifiant; c’est le versant postérieur qui domine. 56 P.-C. AMANS. Les nervures proantérieure et subantérieure s’insèrent par l'intermédiaire de membranes molles sur le bord supérieur de l’antépleuron. La nervure antérieure est mollement unie aux bords antérieurs de la lame carrée et du dorsum ; elle se pro- longe, ainsi que la subantérieure, jusqu’à l'extrémité libre de l'aile. Le bord antérieur est sensiblement rectiligne dans sa moitié basilaire, différant ainsi notablement de son homologue du mésothorax. La nervure proantérieure du mésothorax, comme nous l’avons vu, descend dans le grand sillon ento- pleural, et se recourbe ensuite pour se continuer avec le reste du bord antérieur, en formant à ce niveau un angle de 100- 120 degrés. La nervure proantérieure du métathorax fuit, à partir de son origine, immédiatement en arrière, d’abord pa- rallèlement à la nervure antérieure ; un centimètre plus loin, elle se termine. En somme, le premier versant se réduit à une longue et étroite marche d'escalier; arrivés sur la marche suivante, nous sommes sur la nervure médiane, et par suite sur la zone du plan de raccordement et du plan postérieur. Une nervure secondaire part de la dépression süibmédiane et limite en avant d’elle toute une portion d’aile, ayant une forme lancéolée, et semblant constituer une aile indépendante (Meconeina, Acridium, etc.). On peut considérer cette ner- vure secondaire comme la nervure submédiane. Nous retrouvons dans la nervure submédiane la termimaison en zigzag sur les parois de la dépression submédiane. Elle forme une ligne de plissement, entre le versant antérieur et entre la surface mobile qui renferme le terminal; ce système de plissement est analogue à celui d’un livre dont les pages seraient triangulaires, au lieu d’être rectangulaires. Le dos du livre est la ligne de plissement ou l’arête commune des deux triangles. Le sommet antérieur de l’arête est fixé à l’angle antéro-externe de la lame carrée. Ce triangle interne roule sur le bord externe de cette lame et sur le postdorsum; le triangle externe est lié d’une façon rigide à la nervure mé- diane. Enfin les côtés formant la base de notre livre sont ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 57 exhaussés, renflés; ils constituent l’urcade terininale. La partie antérieure de l’arcade donne naissance à deux ou trois nervures; la partie postérieure à une dizaine de nervures se- condaires. Toutes les nervures secondaires qui partent de l’arcade ter- minale sont les analogues de la nervure postérieure des Pseudo-Névroptères. Elles forment les neuf dixièmes du versant postérieur, plus de la moitié de l’aile entière. Gette partie n'existe pas dans l’aile antérieure; elle n°y est représentée que par la bordure molle qui fait suite aux bords repliés de la tér- minaison de la nervure postérieure. Dans la partie postérieure de l’arcade terminale, on peut compter une dizaine de ner- vures, de plus en plus courtes, à mesure qu’on va d'avant en arrière : la première a 7 centimètres, la dernière 1 centimètre. Cette gradation se continue en avant; la submédiane mesure 8 centimètres et la portion lancéolée. L’aile postérieure est plissée en éventail. Je tiens déjà à faire remarquer que cel éventail n’est pas hélicoïdal. Si l'on regarde les nervures de l’arcade terminale comme les géné- ratrices du versant postérieur de l'aile, on voit, d’après leur direction, qu'elles n’iront jamais s’appuyer sur un axe com- mun, ce qui serait le cas d’une surface hélicoïdale. Par suite du grand nombre de nervures secondaires, la base des ailes postérieures est plus large qu’au mésothorax. L’osse- let terminal et le tampon sont plus volumineux. Lorsque le tampon s'éloigne du côté postéro-interne de la lame carrée, la base de la nervure antérieure se rapproche du côté antérieur dans le déplissement, et inversement dans le repliement. L'osselet terminal s’insère en outre par la base commune renflée des nervures postérieures, entre les deux branches du postdorsum. La lume carrée tourne sur le côté postérieur du coude dorsal, sur une charnière oblique de bas en haut, de dedans en de- hors, d’arrière en avant. Elle est formée de deux parties : une partie interne qui roule sur le dorsum, et une partie externe qui se prolonge inférieurement et roule sur la partie posté- 98 P.-C. AMANS. rieure de l’apophyse alifère. La nervure subantérieure che- vauche sur la face antérieure. La nervure proantérieure s'articule en syndesmose avec l'appareil de pronation, par l’intermédiaire d’une petite tige mobile, que nous retrouverons chez les Hyménoptères téré- brants. Cette tige est homologue du bord antérieur de losselet antérieur des Pseudo-Névroptères. Pénétrons dans la cage, dans la base de l'aile postérieure. Nous voyons l’entosternum s’enfoncer sous le rebord du dème, où elle constitue une tête courbée en arrière, le pivot fixe. En avant du pivot fixe, l’antépleuron forme l'appareil de pronation, composé de deux lames spatuliformes; la posté- rieure s'appuie sur l’entopleuron; l’antérieure sur la crête antépleurale. Les deux lames s’affrontent par leurs parties élargies, et peuvent fléchir l’une sur l’autre, grâce à une ar- ticulation fissurale : c'est la fente antépleurale. Une crête transversale horizontale réunit l’entopleuron à la crête anté- rieure de lantépleuron, et sert de base à l’appareil de pro- nation. L'appareil de pronation constitue une espèce de ressort, qui tend à réagir si on presse sur l’articulation fissurale. Nous pouvons maintenant analyser un peu plus à fond Îles mouvements de l’aile. 1° Période de déplissement. — Le versant antérieur pivote sur la face antérieure de Papophyse alifère par la terminaison de la nervure subantérieure, s’avance el monte pendant que la lame carrée légèrement culbutée de dehors en dedans abaisse le coude dorsal. Le versant postérieur s'ouvre comme un livre, tourne sur la lame carrée; l’éventail se déploie. Ce mouvement de déplissement tire l'appareil de pronation en dehors. 2% Période d'abaissement. — La lame carrée s’abaisse, ainsi que lappareil de pronation; par contre, le coude dorsal s’é- lève. Nous avons ainsi un levier du troisième genre, s’appli- ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 59 quant au coude dorsal. Le métanotum a assez de jeu en avant; mais en arrière, il peut simplement tourner autour d’un axe horizontal, transversal, comme nous le verrons plus tard. La résultante du levier aura donc pour résultat, soit en abaissant l'aile, de porter le dorsum en haut et en arrière, soit en élevant l’aile, Pinverse : dans le premier cas, il y a con- traction, voussure du dôme tergal, dans le second extension. Par conséquent, s’il y a des muscles qui déterminent soit la voussure, soit l’extension, ils seront soit abaisseurs, soit élévateurs. D’une manière générale, les muscles agissant sur le bras de levier externe seront abaisseurs ; ceux, au contraire, qui agissent sur le bras interne seront élévateurs. Pleuro-sternum. — On peut séparer à la lancette un méso- pleuron et un métapleuron; mais le mésosternum est forte- ment soudé au métasternum. Chaque segment alaire est partagé en deux parties par une grande crête allant du milieu du cerele pédieux au niveau du coude dorsal : c’est l’entopleuron. Elle se termine, en bas, par l’apophyse pédio-pleurale, en forme de bottine très pointue, dont le talon sert de pivot à la hanche. De chaque côté, sur la face externe du cercle, se trouve un parapet formant de chaque côté du pivot une petite éminence pour l’insertion des mus- cles. La hanche roule d’un mouvement conique autour du talon de l’apophyse pédio-pleurale. L’antépleuron du mésothorax est intimement soudé au ster- num, tandis que celui du métathorax en est séparé par une partie molle. Nous avons vu que le bord supérieur des antépleures for- mait Pappareil de pronation. Leurs bords supérieurs se recourbent en dedans; on peut donner le nom de crêtes à ces parties recourbées. Les postpleures sont plus grands que les antépleures ; ils sont mollement réunis au sternum. Le bord postérieur du post- mésopleure est, comme chez l’Æschna, mollement uni au mé- sonotum ; mais celui du postmétapleure forme une forte crête, 60 P.-C. AMANS. | qui se continue en haut avec le bord antérieur dorsal du pre- mier anneau abdominal, de manière à faire un cercle rigide complet, sur lequel viendra basculer le métanotum. Les deux sternum ont chacun la forme d’un toit trapézoïde à quatre versants; partant d’une ligne de faite horizontale à celle-ci, correspond une forte apophyse à deux cornes : c’est l’entosternum. ÜUhacune de ces cornes est creuse et s'ouvre inférieurement sous le plancher sternal. L’extrémité des cornes est élargie, creusée d’une rigole, sur laquelle s'appuie la pointe de l’apophyse pédio-pleurale. Le pont ainsi formé sert à l’insertion de muscles pédieux ; il donne, en outre, une grande solidité à l’union du pleuron et du sternum. L’entosternum du mésothorax est suivi d’une apophyse médiane munie de deux paires de tendons musculaires. Mésonotum. — Nous retrouvons chez les Orthoptères les trois principales divisions du mésonotum des Pseudo-Névro- ptères : antédorsuin, dorsum et postdorsum. Seulement le dor- sum est beaucoup plus convexe, et les deux autres segments profondément modifiés. L’antédorsum forme une lame verticale échancrée en son milieu. De chaque côté de l'ouverture, elle porte deux palettes en forme de croissant, soudées à son bord inférieur. L’extré- mité externe du croissant donne sur sa faëe postérieure inser- tion au pédicelle fibreux d’une forte plaque musculaire. L’antédorsum est solidement uni au prothorax par une forte membrane attachée à son bord supérieur, et par des muscles quis’insèrent sur la face antérieure des palettes. Le dorsum présente latéralement deux dépressions : une petite dépression en avant, la dépression antédorsale corres- pondant à celle du renfort chez les Libellules, et une posté- rieure beaucoup plus grande, la dépression postdorsale. Les deux dépressions sont séparées par une fente très étroite remplie de chitine moins dure. La dépression postdorsale est formée en avant par le versant postérieur du dôme dorsal, et en arrière par le versant antérieur du postdorsum. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 6Gl Le bord latéral de cette dépression forme une ligne brisée dont les deux côtés correspondent à chacune de ces parties, et dont l’angle obtus de 120 degrés environ, regarde en dedans et en haut. Le côté antérieur s'articule avec le bord interne de la lame carrée ; le côté postérieur avec un osselet triangulaire, très convexe supérieurement, articulé en dehors avec le ter- minal, et que pour cette raison nous appelons dorso-terminal. Ces articulations sont des charnières simples ; la première est linéaire. Celle du dorso-terminal avec le postdorsum est légèrement snueuse avec peu de jeu. Celle du dorso-terminal avec le terminal est très lâche. Si nous joignons à cette ligne brisée la ligne qui va de la fente à l'extrémité de l’antédorsum, nous aurons tout le bord latéral du m#ésonotum. L'ensemble est une ligne brisée à trois côtés. Nous avons vu les deux derniers ; le premier est lié mol- lement à la nervure antérieure (nous n’avons pas ici d’antésig- moïdes) ; 1l forme avec le second côté un angle de 120 degrés environ, ouvert en dehors et surtout en bas. Cet angle est le plus important de cette ligne brisée : c’est un des premiers facteurs du dièdre basilaire formé parles deux versants de l’aile, Le postdorsum forme une lame verticale arciforme, à con- cavité inférieure. Le milieu ou sommet de l'arc est séparé du dorsum par une éminence nasiforme, à laquelle correspond une fosse sur la face intrathoracique; il y à aussi une fosse à ce niveau chez les Pseudo-Névroptères, mais moins prononcée. Que signifie cette éminence nasiforme ? Nous la retrouvons à peu près chez tous les Insectes, là surtout où les muscles dor- saux sont très développés. Elle doit avoir une certaine impor- tance mécanique : c’est un rendez-vous, un centre de passage pour les forces de contraction ou d'extension de la voûte dor- sale, pour toutes les forces qui agissent sur le versant posté- rieur de l'aile. Je schématiserais volontiers le mésonotum par un X bissecté par un T, le point d’entre-croisement correspondant à l’émi- nence nasiforme. Nous reviendrons sur ce schéma à propos des Coléoptères. ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIx. 5. — ART. N° 2. 62 P.-C. AMANS. Le postdorsum est lié mollement et en écaille par son bord inférieur avec le bord supérieur de l’antémétapleuron. Quant à son extrémité externe, nous avons vu qu elle étaiten relation avec le dorso-terminal. Nous ne voyons pas d’appendice analogue à la surface tri- lobée des Libellules. Métanotum. — 1 est plus long et plus flexible que le méso- notum. L'antédorsum est plus faible que son homologue; le postdorsum y est plus développé. Il est formé d’abord d'une partie semblable à celle du mésonotum. Son bord inférieur est lié mollement et en écaille au méridien antérieur d’un petit dôme fusiforme, découpé en tranche de melon. Le méridien postérieur fait corps avec le cercle postérieur ; nous avons dit plus haut que ce cercle était formé par la fusion du postpleu- ron et du premier anneau abdominal. La crête du postpleuron s’élargit supérieurement sous forme de palette étroite et mince. L’extrémité externe du postdorsum présente deux apophyses remarquables : 1° en dedans et en bas, une apophyse angu- leuse qui s'enfonce dans une échancrure concordante du cercle postérieur, au niveau de l'extrémité du dôme fusiforme. li en résulte que le postdorsum peut fléchir légèrement sur le dôme, autour d’un axe horizontal passant par les extrémités de ce dûme; 2 en dehors et en avant, une apophyse s’articu- lant avec le terminal. C’est l’analogue du dorso-terminal. Elle est flexible sur le postdorsum. Plus en arrière, on voit le bord supérieur du postdorsum donner attache à l’arcade des ner- vures secondaires postérieures. Le bord latéral du métanotum présente une ligne brisée à trois côtés comme au mésonotum. Unissons les deux lignes brisées, leur ensemble forme une sinussoïde non plane, dont la courbure générale est concave inférieurement. En projec- tion verticale, deux angles dominent, les antérieurs de chaque segment, ceux qui correspondent au dièdre basilaire. Nous pouvons négliger les autres, correspondant au dorso-terminal, ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 63 au repliement de l'aile, c’est-à-dire à une fonction moins im- portante dans le vol. Lorsque les deux ailes sont étendues, on voit nettement les quatre versants basilaires correspondant à ces deux angles. Mais ces versants ne se continuent pas jus- qu’au bout de l'aile. Par suite de la prédominance du versant antérieur dans l’aile antérieure, du versant postérieur dans l'aile postérieure, l’ensemble des deux ailes a le facies d’une aile simple dont les versants constitutifs seraient formés par le versant antérieur de l’aile antérieure, et par le versant postérieur de Paile pos- térieure. Un autre fait qui milite en faveur de cette assimila- tion des deux ailes à une aile unique, c’est la direction de deux lignes de bascule, des lames carrées. J’appelle ainsi la ligne de soudure qu’on voit sur la face supérieure de la lame carrée, et qui correspond à la lame de roulement sur la face postérieure de l’apophyse alifère. La première, celle du mésothorax, se dirige de bas en haut, en avant et en dehors, à peu près à 45 degrés dans tous les sens, tandis que la seconde est presque parallèle à l’axe du corps, et légèrement inclinée de bas en haut. On en conclut que le versant antérieur de la première aile est poussé à peu près également en avant, en dedans et en bas, tandis que le versant postérieur de la deuxième aile se porte surtout en avant ou en dedans. Ces directions sont con- formes à celles des versants antérieur et postérieur d’une aile type unique. On pourrait en tirer cette conclusion que, dans un système de deux couples d'ailes, le dièdre basilaire existe non seulement dans chacun d'eux, mais dans leur ensemble. MUSCLES DU VOL Je suivrai la même division que chez l’Æschna. Muscles du mésothorax. Dorsal..— Puissant muscle qui s'insère en avant sur la palette de l’antédorsum, en arrière sur la face antérieure de la palette antédorsale du métanotum. 64 P,-C. AMANS. Il y a en outre d’autres faisceaux, qui s’insèrent sur l’antédor- sum au-dessus de la ligne de soudure de la palette, et se ren- dent soit sur la palette antémétadorsale du même côté, soit sur sa symétrique. Îl y a donc croisement de fibres. Ce musele raccoureit le diamètre longitudinal ; le diamètre transversal augmente; le sommet de l’angle au dièdre, le coude dorsal, marche en dehors, en haut et en arrière. La lame carrée bascule sur l’entopleure. Le versant antérieur de l'aile situé de l’autre côté va en sens contraire, c’est-à-dire en bas et en avant. Ce que devient le versant postérieur est peu important, car il ne joue pas un grand rûle au mésothorax; mais dans le métathorax, sous l’influence du musele homologue, le versant postérieur déplisse graduellement ses dernières nervures, et roule sur la colonne d'air. Hâtons-nous d’ajouter que le déplissement, pour être com- plet, réclame le concours des préaxillaires. Muscle dorso-latéral. — Je nomme ainsi un muscle de moyen volume, plus court que le précédent, qui va d’arrière en avant, et en haut de la palette antémétadorsale au bord latéral postérieur du dorsum. Il porte ce bord et par suite la charnière de la lame carrée en arrière et en bas. Il peut donc agir comme satellite soit du dorsal, soit des sternali-dorsaux. Muscles sternali-dorsaux. — I y en a cinq: fe Tendon antéro-interne de la hanche. Face inférieure de l’angle antéro-externe du dorsum. Ce muscle abaisse l’angle antéro-externe du dorsum. Il peut agir dans le relèvement de l’aile, dans la torsion de l’aile, et dans ce dernier cas, 1l coopère avec le muscle du tampon. Antésternum, en avant de la base de la grande corne 2° entosternale. Extrémité externe de la palette antédorsale. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 65 Tire l’angle antéro-externe du mésonotum en dedans et en bas. Tendon postéro-interne de la hanche. 3° 4 Sur le dorsum au niveau et en dedans de la fente dor- sale. Tire le coude dorsal en bas et légèrement en arrière. Porte la hanche en arrière. Face postérieure de la hanche par un tendon plus profond que le précédent. Zone latérale du dorsum, un peu en avant et en dedans du précédent. ( Même action que le précédent, auquel il est accolé, mais non parallèle. L'ensemble forme une espèce de surface gauche, dont l’importance mécanique m’échappe pour le moment (1). Tendon postéro-externe de la hanche. Bo Dépression postdorsale, un peu en avant et en dehors de l'articulation du postdorsum avec le cercle posté- \ rieur. Tire en bas et légèrement en dehors la dépression postdor- sale. Porte la jambe en arrière et en dehors. Tous ces muscles agissant ensemble, abaissent le bord latéral du mésonotum, et avec lui la lame carrée, et par suite élèvent l’aile. Mais on voit aussi que chacun à une action spé- clale dont il faudrait tenir compte dans les hypothèses sur le vol. Remarquons encore que de ces cinq muscles, le second est le seul qui soit vraiment sternali-dorsal ; les autres sont plutôt des pédio-dorsaux et servent à deux fins. (1) À ce point de vue, les muscles des Invertébrés ont été peu étudiés. En revanche, la géométrie des muscles chez les Vertébrés a été savamment observée et exposée par le Rév. Samuel Haughton : Principles of animal mechaniks. London, 1873. 66 P.-C. AMANS. Muscles axillaires antérieurs. — Ts se composent de deux grands préaxillaires et d’un petit antédorso-axillaire. 4° L'un des deux préaxillaires s’insère en bas sur l’anté- sternum à côté et en dehors du deuxième sternali-dorsal; en haut, sur la moitié antérieure de l’appareil de pronation. % L'autre préaxillaire va du parapet antérieur de la hanche à la moitié postérieure de cet appareil. Ces deux puissants muscles tirent en bas et en dedans lap- pareil de pronation, et par suite, le versant antérieur de l'aile. 3° L’antédorso-axillaire est un petit muscle qui va de la face supérieure Intrathoracique de l'appareil de pronation à la face postérieure de l’extrémité externe de l’antédorsum sur la plaque pédicellée déjà mentionnée. Ce muscle joue un rôle de ligament élastique, réagit contre les tiraillements des précédents. Dans tous les cas, il est dirigé d’arrière en avant, en dedans et en haut. Il sera complé- mentaire du grand dorsal, ou antagoniste des préaxillaires, suivant que l’on supposera fixée l'extrémité antérieure ou l'extrémité postérieure. Muscles axillaires postérieurs. — On y remarque un grand postaxillaire et le muscle du tampon. 1° Le postaxillaire est un musele ‘volumineux, allant du parapet postérieur de la hanche à une cupule, qui est fixée à la face inférieure du terminal. Tire en bas l’extrémité inférieure du terminal. 2° Le muscle du tampon va de l’apophyse de ce nom à la face postérieure de l’apophyse alifère. Îl réagit contre les tiraillements du postaxillaire, porte en avant et en bas le terminal et par suite le versant postérieur du dièdre basilaire. Muscles du meétathorax. — Les muscles du métathorax sont entièrement comparables à ceux du mésothorax. Ils en diffèrent par le volume seulement. Les préaxillaires et surtout le postaxillaire sont beaucoup plus volumineux; la cupule du ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 67 postaxillaire est énorme, ce qui concorde avec le grand déve- loppement du versant postérieur. COMPARAISON ENTRE ORTHOPTÈRES ET PSEUDO-NÉVROPTÈRES. Après avoir étudié le thorax chez des types aussi tranchés que les Orthoptères et les Pseudo-Névroptères, il est inté- ressant de voir les points de comparaison. | Chez l’Æschna, les quatre ailes sont membraneuses; chez les Orthoptères, les antérieures sont dures, rigides, et les pos- térieures membraneuses à surfaces beaucoup plus grandes, par la forte prédominance du versant postérieur ; l’ensemble de ces deux ailes se comporte comme une aile unique de lÆschna. Chez celle-cr, en effet, quoique le versant antérieur de l'aile antérieure et Ie versant postérieur soient respective- ment l’un plus fort, l’autre moins étendu que leurs homo- logues de l'aile postérieure, cette différence n’altère en rien la perfection et l'indépendance de chaque couple. L’Æschna peut continuer de voler avec une seule paire d'ailes; cela est impossible à la Sauterelle : celle-ci cabriole en arrière ou en avant, suivant que vous lui enlevez les ailes antérieures ou postérieures. Chez les deux espèces, Le vol est supprimé si on détruit l’in- cidence des deux versants. Cette opération consiste à exciser les nervures postérieures et submédianes au niveau de leur jonction avec l’arcade terminale; si l’on n’excise que la ner- vure postérieure, l’Insecte conserve, quoique avec difficulté, le volascendant. Le squelette et la myologie chez les deux types sont beau- coup plus comparables qu’ils n’en ont l'air. L'appareil de pro- nation est comparable au système de la plate-forme et de la fente médio-frontale. Seulement le grand préaxillaire de l'Æschna est franchement et forcément abaisseur, tandis que celui des Orthoptères est surtout tenseur et pronateur du ver- sant antérieur. Chez les deux types, le sommet de l’antépleuron est tricé- 6S P.-C. AMANS. phale, avec un pivot antérieur mobile, un pivot fixe médian et un pivot mobile postérieur. Ce dernier est cependant très mo- difié chez les Orthoptères. La symphyse de l'Æschna esticiune condylarthrose nécessitée par le repliement de l'aile ; la pièce correspondant au pivot postérieur fait partie de la lame carrée avec laquelle elle est soudée. Les différences Les plus saillantes consistent dans les formes du grand dorsal, de la tubérosité antérieure et de la tubéro- sité postérieure. La tubérosité postérieure de l’Æschna s’est tellement con- crétée qu’il devient difficile d’y reconnaitre l’arcade terminale, l’osselet terminal, et la surface de plissement située en arrière de la nervure médiane. La description des organes du vol telle que nous l'avons exposée s'applique également aux autres Orthoptères, sauf de légères modifications. Je noterai seulement une particularité des Acridiums, qui nous permettra plus tard d'aller plus facilement aux Coléo- ptères. La soudure des pièces basilaires n’est pas si forte chez l’Acridium que chez la Locustide de Saïgon. L’arcade termi- nale s’y dédouble nettement en une partie antérieure qui est le terminal et une partie postérieure qui est le soutien, l’ar- cade proprement dite des nervures secondaires. II. — NÉVROPTÈRES. On a divisé les Névroptères en deux groupes principaux, les Planipennes (ailes étendues au repos) et les Tricoptères (ailes postérieures se plissant et recouvertes par les antérieures). Le premier se rapproche des Névroptères par le port des ailes, le second des Orthoptères. Voici quelques observations sur un type du premier groupe, chez la Panorpa communis. Les ailes postérieures sont assez semblables aux ailes anté- rieures. En général, chez les Planipennes le métathorax est pareil au mésothorax ; 1l lui ést même plus facilement com- parable que chez les Pseudo-Névroptères. Ghez les Libellules ARTICLE N° 2, ORGANES DU VOL. 69 en effet, la musculature se reproduit assez fidèlement d’un segment à l’autre, mais les notum présentent de notables différences, et les pleuron ne sont pas séparables. Chez la Panorpe au contraire, le mésopleurosternum n’est réuni que par une membrane molle au métapleurosternum. Les ster- nums sont séparables, ce qui n’est pas possible chez les Or- thoptères. Le métanotum est un peu plus élargi et un peu moins allongé que le mésonotum, tout en ayant une organisation identique. Je n’ai encore trouvé dans aucun autre ordre une pareille similitude dans les segments alifères. Cette disposition doit être évidemment la plus ancienne; la dissemblance des anneaux dans les colonies linéaires est un fait de différen- clation plus avancée. Nous voyons du reste les Névroptères ouvrir la marche des Insectes dans les couches géologiques ; on en à récemment trouvé de très haute taille, ce qui prouve que le type du rameur excessif tel que l’Insecte est compa- avec de grandes dimensions (1). À ne considérer que les organes du vol, deux branches dis- tinctes semblent sortir des Névroptères : les Pseudo-Névro- ptères et les Orthoptères. On arriverait aux Orthoptères par les Tricoptères. Au premier abord, les Pseudo-Névroptères semblent mieux que les Orthoptères, se rapprocher des Orthoptères. Ils ont les quatre ailes étendues, peu disproportionnées, réticulées, d’égale consistance, et répétition des mêmes pièces sous les mêmes formes d’un segment à l’autre. Mais si les segments mésothoraciques et métathoraciques sont comparables entre eux chez la Libellule, ils le sont beaucoup moins avec les seg- ments correspondants des Planipennes. Il y a même des diffé- rences telles qu’on pourrait réunir les Planipennes et les Or- thoptères, et les englober dans la même description du vol. C’est ce qui m'a décidé à ne pas donner l'analyse complète des Névroptères, me bornant seulement aux comparaisons. (1) On a constaté des envergures d’aile de plus de 30 centimètres. 70 P.-C. AMANS. Notum. — Le notum présente trois parties : antédorsum, dorsum, postdorsum. Le dorsum se recourbe en avant en formant la double palette ; il s'articule par son bord latéral: 4° en avant avec l’antépleuron par l’intermédiaire d’une pièce ou commis- sure allongée, élastique; 2° par le coude dorsal avec la base interne de l'aile; 3° en arrière, avec le postdorsum. Le coude dorsal n’a pas de fente proprement dite, mais il est très flexible. Le postdorsum du mésothorax est soudé à la face antérieure de l’antédorsum du métathorax, au niveau supérieur de la palette antédorsale. Il se continue latéralement par une palette externe (extrémité externe du croissant des Orthoptères) verticale, qui en dehors fait corps avec le postpleuron, et en avant s'articule avec la partie antérieure du postdorsum. Car les deux postdorsum de la Panorpe sont comparabies au post- dorsum métathoracique des Orthoptères, c’est-à-dire qu'il est formé de deux parties : une partie antérieure roulant en charnière sur une partie postérieure. Ce roulement est tout différent de celui des Pseudo-Névro- ptères. Ceux-ci n’ont pas de forts tiraillements dans le sens antéro-postérieur. De minces calottes élastiques (surface tri- lobée et son homologue métanotale) suffisent à adoucir le frottement des pièces dorsales entre elles et sur l'abdomen. Mais avec un puissant dorsal, il faut un antagoniste sérieux ; de là la formation d’un cercle postérieur rigide. | Les Névroptères ont un cercle pareil au métathorax, ce qui dénote une certaine indépendance dans le vol des deux ailes antérieure et postérieure, indépendance qui n’a pas lieu chez les Orthoptères. Pleurosternum. — Même schéma que chez les Orthoptères : 4° deux échancrures de chaque côté de l’apophyse alifère. Ge sont les golfes d'évolution du versant antérieur et du versant postérieur de l’aile. Je les nomme golfe antérieur et golfe pos- térieur ; ® une échancrure sternale pour la hanche; 3° une ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 71 apophyse pédio-pleurale et une crête médio-sternale longi- tudinale avec deux cornes. Le sternum de la Panorpe n’est pas plat, mais fortement incliné de bas en haut eten dehors. Les hanches sont énormes, de forme conique. Elles contribuent à donner au thorax une forme cunéiforme, analogue à celle des Sphingides, de certains Diptères (Gulex, Tipula). Base de l'aile. — Elle présente un type tout différent de celui des deux ordres déjà décrits. Il se rapproche néanmoins beaucoup plus de celui des Orthoptères ; j’exprimerai assez bien les comparaisons, en disant que les Pseudo-Névroptères sont des petits-neveux perfectionnés, et les AHPONIETS des fils dégénérés, alourdis, ankylosés. La lame carrée a les deux parties nettement séparées, sous forme de deux osselets distincts : 1° un osselet supérieur en rapport avec le coude dorsal, et que je nomme sigmoïde, en me servant d’une désignation bien méritée, imaginée par Chabrier à propos des Bourdons seulement; 2 un osselet inférieur, roulant sur la tête postérieure de l’appui des ailes, et que je nomme swbmédian. C’est l’analogue de l’omoplate Chab. des Bourdons. Le dorso-terminal a une forme allongée et joue librement dans la dépression postdorsale. Le terminal a aussi plus de jeu dans la dépression sub- médiane. L'appareil de pronation est formé de deux osselets, le posté- rieur très large. Les muscles sont entièrement comparables à ceux des Or- thoptères. Nervures des ailes. — Mêmes nervures fondamentales que dans les deux ordres précédents; elles forment aussi deux plans basilaires et un plan de raccordement centrifuge. Nous pouvons généraliser cette loi. En réalité, ce que nous nommons plan antérieur n’est pas un plan mathématique, certaines nervures (proantérieure, 79 P.,-C. AMANS,. subantérieure, submédiane) étant externes et les autres internes (antérieure, médiane, postérieure). Gette disposition est al- terne, de sorte que la section est une ligne brisée ; mais alors nous retrouvons en petit la structure générale de l’aile com- posée, et, dans l'espèce, nous pouvons dire que l'aile mem- braneuse des Névroptères, Orthoptères, Pseudo-Névroptères peut être géométriquement considérée comme une réunion de trois ailes : 4° l’aile antérieure s’arc-boutant d’un côté aux flanes par les nervures proantérieure et subantérieure , de l’autre au notum par la nervure antérieure; 2° l’aile mé- diane, formée par les nervures subantérieure, médiane et submédiane, faisant spécialement basculer le coude dorsal, tandis que la précédente s’attacherait à l’antédorsum; 3° l’aile postérieure formée par les nervures submédiane, postérieure et volie qui s'attache au postdorsum. Cette proposition paraîtra moins étonnante, si l’on réfléchit aux profondes divisions alaires des Alucitides. Ges papillons ont l'air en effet d’avoir six paires d’ailes. [l pourrait être intéres- sant de connaître la valeur morphologique et mécanique de ce genre d'ailes. IV. — HYMÉNOPTÈRES. On a divisé les Hyménoptères en deux groupes bien dis- tincts, les Térébrants et les Porte-aiguillons. Les noms de ces groupes sont basés sur une différence anatomique, dont je n’ai pas à me préoccuperiei; seulement cette différence est accom- pagnée de modifications intéressant les organes du vol. L’ab- domen est sessile chez les Térébrants, pédiculé chez les Porte- aiguillons; corrélativement, la musculature et le squelette sont très différents d’un groupe à l’autre. Il était done néces- salre, pour avoir une idée assez complète de l'organe du vol chez les Hyménoptères, de chercher dans l’un et l’autre groupe ses sujets de dissection. Je débute par un Térébrant, par le Sirex gigas; il nous servira de terme de comparaison et de transition entre les Névroptères et les Porte-aiguillons. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 73 I. — ORGANES DU VOL CHEZ LE SIREX GIGAS (1). Considérations générales. — Jetons un premier coup d'œil d'ensemble sur la face dorsale par exemple. Le pronotum se projette horizontalement comme une section de lentille à myope, et le métanotum s’y emboîte comme un tonneau sur son support. Ce pronotum s'appuie par ses angles postérieurs sur la base des ailes antérieures, comme chez les Sauterelles. Mais une différence frappante consiste dans la prédominance du mésonotum sur le métanotum; corrélativement, l’aile antérieure est beaucoup plus développée en surface que l'aile postérieure. Celle-ci s’insère plus bas que l'aile antérieure; son bord antérieur est replié en dessus, dentelé et forme une sorte de gouttière hélicoïdale, dans laquelle glisse le bord postérieur de l’aile antérieure. Les deux ailes sont réunies dans le vol et leurs mouvements sont solidaires. L'ensemble des deux ailes ainsi réunies et vues dans le maximum de relèvement, offre assez bien l'aspect du schéma alaire tracé par Borelli, et semble au premier abord donner raison à sa théorie, théorie d’après laquelle le volatile s’enfon- cerait dans Pair comme un coin. Sil’on remarque en outre que la surface alaire semble entièrement plane, on est bien tenté de conclure dans le sens de M. Marey. Mais chez le Sirex, comme chez l’Æschna, cet aspect est trompeur. Abaissons l'aile ; à mesure que son bord antérieur se porte en avant et en bas, on voit la base de l’aile former un dièdre; le plan antérieur se porte en dedans, le plan postérieur en dehors. Un voile membraneux s’insère sur la base des ner- vures postérieures et assure ainsi la continuité du gouffre (L) J'ai déjà figuré les organes du vol des Hyménoptères dans la Revue des sciences naturelles, 1884 : Sur les organes et le vol des Hyménopteres, 2 pl., Amans. Les planches de ce dernier Mémoire s’accordent avec le texte actuel; la nomenclature seulement a été modifiée. Car, à cette époque, je n’avais pas encore adopté une nomenclature unique pour tous les types. 74 P.-C. AMANS. axillaire ; ce versant basilaire postérieur, replié, inappréciable au repos, se développe et s’étend de plus en plus, à mesure que l'aile s’abaisse. Si dans cet ordre, comme dans les précédents, J'insiste tant sur la géométrie de la base de l'aile, sur son importance au point de vue du vol, c’est que personne n’y a jusqu'ici attaché d'importance. Chabrier, Saussure, notent et mention- nent simplement un élargissement de la portion postérieure de la base de Paile. Chabrier écrit (1) : « Chez plusieurs espèces, l’espace qui sépare l’aile supérieure de l'aile inférieure près de leurs bases est occupé, dans le vol, par une membrane adhérente au côté postérieur de l'aile supérieure. Les élytres de quelques Coléoptères, Orthoptères et Hémiptères offrent aussi en ar- rière un appendice membraneux propre à augmenter l’étendue de leur base. » C'est dans la bouche de Chabrier un détail anatomique sans importance, manquant de généralité; il est vrai que cet appendice n’est qu’une partie du versant basilaire postérieur. Cet appendice membraneux peut être plus ou moins développé, peut même manquer (Agrion), mais sans que jamais l’existence du dièdre basilaire soit compromise. Chabrier a cependant manié de main de maître les osselets basilaires des Hyménoptères ; les insertions de l’ongulaire et du claviculaire ne lui ont pas échappé; les détails de formes, de limites sont bien analysés, mais les axes de rotation de ces osselets, les positions respectives de ces axes ne l’ont nulle- ment frappé. Aussi n’en est-il nullement question dans sa physiologie du vol. Qu’en résulte-t-11? C’est que sa description physiologique pourrait tout aussi bien s'appliquer à une aile tournant autour d’un seul axe oblique ; de là à être rangé parmi les partisans du coin alaire, il n’y a qu’un pas; c’est du reste le rang que lui assigne Petitgrew. C’est regrettable de voir un si bon anatomiste de la base de l'aile, en compagnie de physiologistes qui l’ont totalement négligée. (1) Mémoires du Muséum d'histoire naturelle, 1. VII, p. 77 : Essai sur le vol des Insectes, par Chabrier. E ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 79: En 1868, Saussure (1) écrit à propos des Blattaires : « Pres- que tous les Insectes qui, au repos, ramènent les organes du vol sur le dos, suivant une direction parallèle à l’axe du corps, offrent à la base des élytres et. des ailes un petit champ mem- braneux qui se glisse et se renverse en dessous de l’organe. » Il distingue plus loin dans l’aile des Orthoptères une partie antérieure et une partie postérieure, celle qui comprend les nombreuses nervures de larcade terminale. Mais cette dis- ünction n’a pour lui d'autre but que de favoriser le plissement ; elle ne porte pas du reste sur les relations géométriques. Dans un travail plus récent (2), déjà analysé, M.de Lenden- feld a minutieusement décrit la base de l’aile chez les Libellu- lides ; il tent compte, lui, des diverses pièces chitineuses dans sa deseription physiologique du vol. Mais je ne vois pas qu'il donne une très grande importance à l'existence du versant basilaire postérieur; il va même, dans son épure du 8 de chiffre, jusqu’à figurer la base de l’aile par une ligne droite (3). Après avoir justement fait observer que les ailes des Vertébrés sont toujours plus larges à la base que dans n'importe quelle parte, il place au contraire chez les Invertébrés le maximum de largeur dans les parties centrifuges. Tout en faisant la règle de cette disposition, il est obligé d'ajouter que chez les Insectes à quatre ailes, cette règle ne s'applique qu’à l’aile antérieure; elle est aussi en défaut chez les Insectes qui planent (Libellulides Acridiens). J’ajouterai de mon côté qu'elle est en défaut chez la majo- rité des Diptères et des Hyménoptères; en un mot, je dirai que la règle mise incidemment en avant par M. de Lendenfeld est au contraire l’exception. Loin d’assimiler l’aile d’Insecte à une pièce rétrécie à la base, élargie dans le milieu ou dans les parties centrifuges, je schématiserai plus volontiers l’en- semble des deux ailes (de l’aile antérieure et de la postérieure (1) De Saussure, Études sur l'aile des Orthoptères (Annales des sciences naturelles, 5 série, t. X, p. 161). (2) R. v. Lendenfeld, Der Flug der Libellen, loc. cit. (3) Id., Ibid., tafel VIT. 76 P.-C. AMANS. réunies) par une surface gauche triangulaire, à base cen- tripète. R. de Lendenfeld cite plus loin l'expérience de Petitorew, d’après laquelle l’insecte continue à voler, malgré la section du bord postérieur. Mais, comme je l’ai antérieurement dé- montré, cette expérience n’est plus juste si on détruit l'angle dièdre de la base. L’Insecte continuera à voler, tant que vous ne couperez que des bords postérieurs centrifuges de l'aile ; 1l cessera de voler, si vous excisez les nervures submédiane et postérieure dans leurs parties centripètes. Ce dièdre sert donc plus qu’à planer, puisque sans lui le vol est supprimé, tout en ayant la même surface alaire. De Lendenfeld a disséqué un animal qui semblerait donner tort à ma théorie, PAgrion. Les ailes de l’Agrion sont étroites à la base, élargies dans les parties centrifuges ; cette dispro- portion n’est qu'apparente. Dans l’abaissement de l'aile, toute cette partie élargie, centrifuge flotte en arrière et en haut, cédant mécaniquement à la résistance de l'air. La partie vraiment agissante et résistante de l’aile se réduit à un triangle biplane, à sommet centrifuge. Cette loi est aussi vraie pour l’ensemble des deux ailes que pour une aile unique ; elle est aussi rigoureusement exacte pour chacun des deux couples alaires, lorsqu'ils sont physio- logiquement indépendants (Libellulides, Névroptères) que pour leur ensemble, si leurs mouvements sont solidaires (Or- thoptères, Hyménoptères). Abaissons, par exemple, l’ensemble des deux ailes chez le Sirex. On voit le bord postérieur de l'aile antérieure glisser dans la gouttière dentelée de Paile postérieure, en allant de la base vers l’extrémité, et pendant ce temps les membranes basilaires se développent ; en d’autres termes, mon triangle s’effile par le sommet centrifuge, pen- dant que la base se développe en son maximum de surface. ANATOMIE DES AILES. Surface de l'aile antérieure. — TH y a beaucoup moins de nervures, et le réticulum est bien moins riche que celui des ARTICLE N° 2 ORGANES DU VOL. 77 ailes d’Orthoptères. Néanmoins les nervures principales exis- tent et sont entièrement comparables à celles des Ortho- ptères. La nervure proantérieure n’est, comme chez les Ortho- ptères, bien nette qu’au niveau de la tubérosité antérieure ; elle se termine par une tige mobile, articulée mollement à ses deux extrémités, d’un côté avec la nervure antérieure, de l’autre avec l'appareil de pronation. La nervure antérieure, qui forme le bord antérieur propre- ment dit, se termine à la base par une pièce assez large, la tubérosité antérieure. Cette pièce s'articule mollement en arrière avec la tête du sigmoïde, et en avant avec l’antédorsum par l'intermédiaire de l’écaillette. L’écaillette est une petite lame oblongue, convexe supérieurement, dont nous ignorons la signification morphologique. Nous serions tenté, en voyant ses rapports et sa position, de la comparer à l’antésigmoïde des Pseudo-Névroptères. Sa fonction est d’ailleurs un peu diffé- rente; elle a pour but de repousser en arrière la tubérosité antérieure. Elle agit ainsi de concert avec la lame de prona- tion pour faciliter la rapidité du coup d’aile ascendant. C’est en même temps un organe de protection pour la base anté- rieure de l’aile, qui n’est pas ici recouverte par le prothorax comme chez les Orthoptères. La nervure subañtérieure n'apparaît bien distincte qu’un peu au-dessus du niveau de l’humérus, à un quart environ de la longueur comprise entre la base de l'aile et le ptérops- tigma. Si dans ce quart inférieur, on fait des sections perpen- diculaires au plan antérieur de laile, on voit très nettement distinctes les sections des nervures antérieure et subanté- rieure. La nervure subantérieure se termine à la base par un prolongement qui pivote sur la tête antérieure de l’apophyse alifère. Ce prolongement est situé au-dessous du prolonge- ment terminal de la nervure antérieure; il lui est en outre soudé, et leurs mouvements sont solidaires. Ges prolonge- ments font avec la direction des nervures correspondantes un angle de 30 degrés environ, ouvert en avant eten bas, et mobile ANN. SC. NAT., ZOOL., 1889. XIX. 6. — ART. N° 2. 78 P.-C. AMANS. dans cette direction, grâce à une articulation par flexion de son sommet. Ce sont ces prolongements, y compris la petite tige proan- térieure, qui forment la base du versant antérieur de Paile . c'est la tubérosité ou osselet antérieur. C’est ainsi que nous interprétons cette pièce ailleurs si diversement dénommée et si mal comprise. L’inflexion de cette tubérosité sur les nervures correspondantes s’observe également chez les Orthoptères. La nervure médiane est fondue avec la nervure antérieure vers l'extrémité de l’aile, dans tout le cinquième centrifuge. Puis vient Le pééropstigma, épaississement chitineux formé par l’accolement des nervures médiane et antérieure. La ner- vure médiane en sort sans solution de continuité, tandis que la nervure antérieure est articulée avec cet épaississement. Il y a là une commissure articulaire analogue à celle des Pseudo- Névroptères, et qui est en rapport avec la torsion du bord antérieur de l'aile. La nervure médiane continue son che- min, s’écartant de plus en plus de la nervure antérieure. Elle se termine à peu près de la même façon que chez les Orthoptères, c’est-à-dire qu’elle n'arrive pas directement au dorsum. Elle se termine en pointe entre la tête du sigmoïide et le bord postérieur de la tubérosité antérieure, à laquelle elle est soudée. Ce genre d'articulation lui permet de se replier en arrière, en entrainant avec elle cette tubérosité posté- rieure. Le versant postérieur de l’aile présente deux nervures, moins fortes que celles du plan antérieur, et en direction di- vergente à partir de la base : nervures submédiane et posté- rleure. La nervure submédiane se termine en bas sur une convexité, qui s'articule d’une part avec la nervure médiane et l’inter- médiaire, de l’autre avec l’arcade de la nervure postérieure. Cette dernière articulation est très lâche, grâce à un petit osselet allongé, qui facilite le repliement, en pliant la con- vexité sur l’arcade postérieure. Je nomme l’ensemble de cette convexité et de la pièce qui le suit rétro-médian. C’est l’ana- ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 79 logue du livre submédian des Orthopthères. Le rétro-médian varie de forme suivant le port de l'aile. La nervure postérieure se termine en bas par une arcade terminale, articulée avec le terminal de façon à compléter le plissement de l’aile. Elle va y former le repli qui glisse dans la gouttière dentelée de l'aile postérieure. Un voile membra- neux s'attache à la partie ondulée de cette nervure, ainsi qu’à tout le long du bord postérieur du terminal, de façon à rem- plir tout l’espace qui sépare la base des deux ailes. Ge voile est flasque à l’état de repos, mais 1l se développe au fur et à mesure que l’aile antérieure entraîne en avant l'aile posté- rieures hp Surface de l'aile postérieure. — La surface est beaucoup plus petite, les cellules chitineuses moins nombreuses, le voile membraneux envisage davantage en haut et en avant. La tubérosité antérieure est moins compliquée ; car on n’y voit aboutir distinctement qu’une seule nervure antérieure, au lieu de deux comme en avant. Celle-c1 se termine par une bifurcation dont les deux branches sont réunies par une mem- brane rigide de chitine ; la branche antérieure pivote dans le golfe antérieur. La branche postérieure s'articule d’une part avec l’anté-métadorsum par une écaillette analogue à celle de l’aile antérieure, et de l’autre avec l’alifère. La partie infé- rieure de cette branche correspond à la nervure subanté- rieure. La nervure médiane se termine en pointe sur le bord posté- rieur de la branche postérieure de bifurcation. La tubérosité postérieure est formée par des pièces ana- logues à celles de l'aile antérieure. Nous ferons cette étude à propos des osselets basilaires. Anatomie du squelette de la cage thoracique. — Prothoraz. — On y distingue deux parties : une partie antéro-inférieure, orêle, donnant attache à la tête et aux pattes antérieures, et une partie postéro-supérieure, beaucoup plus large, Le coller, 80 P.-C. AMANS. en forme de capote de voiture. On peut y distinguer trois faces : 1° une face antérieure donnant attache au moyen de membranes molles au pédicule de la tête; 2° une face supé- rieure à surface convexe, à bords transversaux concaves, à bords longitudinaux convexes; en somme, une vraie section de lentille divergente ; le mésonotum glisse sous son bord pos- térieur ; 3° une face latérale qui se dirige en bas, en dedans et en avant; elle forme une sorte de coin jeté entre le pro-et le mésopleuron. Son bord postérieur limite en avant le golfe antérieur. Ces trois faces en se réunissant forment de chaque côté une saillie triédrique, dont l'extérieur est garni de museles. Cette saillie a en outre, par ses rapports avec la tubé- rosité antérieure, un rôle spécial dans le vol; nous y revien- drons. Remarquons encore que l'articulation du collier avec le mésonotum est très serrée; l’axe de cette articulation est horizontal transversal, et permet de faire basculer une partie de la saillie en avant et l’autre en arrière, ou inversement, suivant l’action du grand dorsal. Mésonotum. — C’est la partie la plus considérable du dor- sum, soit par son volume, soit par ses fonctions. Comme chez les Névroptères et Orthoptères, 1l affecte la forme d’un dôme à bosse médiane postérieure, à flancs postérieurs excavés ; mais cette bosse dépasse de beaucoup en arrière le niveau d'insertion de l’aile postérieure, qui se trouve ainsi intime- ment liée à tous les mouvements du mésonotum. Ainsi appa- rait chez le Sirex cette tendance du mésonotum à absorber les fonctions du métanotum, tendance qui aboutira chez les Porte- aiguillons à une absorption presque complète. La bosse cordiforme médio-postérieure, le postdorsum, est séparée de la partie antérieure du dôme par un sillon trans- versal qui se bifurque latéralement. 4° La branche antérieure de cette bifurcation aboutit au niveau de la tubérosité anté- rieure ; elle correspond à la branche antérieure de l’X typique, et forme le bord postérieur d’une fente en V, la fente dorsale. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 81 9 La branche postérieure forme le bord postérieur de la dé- pression postdorsale, immédiatement en avant de l'insertion de l'aile postérieure. Cette insertion est plus basse que celle de l'aile antérieure, par rapport à l’axe longitudinal du tho- rax ; il est aussi un peu plus en dehors de cet axe. Nous avons déjà observé la même relation entre les points d'insertion des ailes chez les Demoiselles et les Sauterelles. Je dois dire ce- pendant que si, chez l'Æschna, l'aile postérieure est manifes- tement plus écartée de l’axe longitudinal, cet écartement n’est chez les Orthoptères et Sirex bien évident que pour le versant postérieur de l'aile; chez lAcridium et le Sirex, la tubérosité antérieure de l'aile postérieure est plus rapprochée de la ligne médiane du dorsum que son homoloque de l'aile antérieure. Ge fait est encore plus frappant chez les Porte-aiguillons. L’antédorsum glisse en avant sous le collier et se termine au-dessous, c’est-à-dire dans la cage, par une palette angu- laire simple, analogue de la palette double des Orthoptères. Restons dans la cage : à l’extrémité opposée, nous voyons une palette double, qui semble appartenir au mésonotum et non au métanotum, comme chez les Orthoptères. En avant de cette palette, on voit deux crètes, correspondant justement aux branches postérieures du sillon bifurqué, décrit plus haut. Le point de rencontre de cette crête avec la base de la palette est un point assez important. Cest à ce niveau qu'a lieu en arrière la relation du mésonotum avec la tubérosité antérieure de l’aile postérieure, et en avant l'articulation avec le mésopleuron. Cette articulation se fait au moyen d’une lame triangulaire, donnant attache en avant aux ligaments de la nervure postérieure. C’est l’analogue du dorso-terminal des Névroptères et des Orthoptères. Cette lame peut tourner légè- rement sur ses côtés entre le postdorsum et le postpleuron, intimement unis au niveau de son sommet. Au niveau de cette soudure, le postdorsum présente une apophyse, l’apophyse pleuwro-postdorsale, située en dehors de la palette. Partout ailleurs le dorsum et les flancs sont séparés par les pièces de la base de l'aile. 82 P.-C. AMANS. La géométrie des bords latéraux du mésonotum est la même que celle des Libellules et des Orthoptères, c’est-à-dire qu’ils forment une ligne brisée allant de bas en haut, en avant et en dedans, jusqu’au niveau du coude dorsal, puis de haut en bas et en dedans, à partir de ce coude. Métanotum. — Le métanotum, quatre ou cinq fois moins volumineux que le mésonotum, est réuni assez fermement à celui-ci. Il est très rétréei au milieu, où on remarque une dépression pour loger la pointe cordiforme du mésonotum, dans le maximum d'extension. De chaque côté de la dépres- sion, on remarque deux éminences ovales formées par une membrane tendre de chitine (granula de Hartig, cenchri de Thomson). On remarque encore en arrière du coude dorsal une fente en V, et plus en arrière une pièce flexible, le dorso- terminal, qui donne attache au ligament de la nervure posté- rieure. Le postdorsum consiste dans cette crête transversale qui termine en arrière et en dedans les bords postérieurs du méta- notum. Il s'attache d’une part au premier segment abdominal, de l’autre au métapleuron. Il en résulte la formation d’un anneau complet rigide, le cercle postérieur, sur lequel le métanotum peut tourner à peu près de la même façon que chez les Orthoptères. Cette rota- tion est importante, si on veut se rendre compte des mouve- ments du versant postérieur. Pleuron. — Il est formé de quatre pièces, deux au méso- pleuron, deux au métapleuron. Le segment antérieur du mésopleuron ou antépleure, de beaucoup le plus volumineux (contrairement aux Orthoptères), est séparé du prothorax par des membranes molles. En se réu- nissant au-dessous avec son symétrique, 1l forme le mésoster- num. Le segment postérieur ne descend pas si bas ; il s’écarte en bas de l’antépleure et forme ainsi le côté antérieur d’un angle où s’emboîte le sommet externe du cercle des pattes. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 83 Les deux segments du métapleuron forment par leur ados- sement la crête de l'entopleuron. Le sommet de l’entopleuron ou l’alifère apparaît comme toujours sous la forme d’un cap, entouré de deux golfes. L’aile s'attache au cap, et roule dans les golfes. La face antérieure de l’alifère donne insertion et sert d’axe en même temps à une pièce triangulaire, pouvant se fléchir de dehors en dedans. C’est l’osselet de pronation ou subantérieur, analogue aux pièces mobiles de pronation des Orthoptères. Le postpleuron limite le golfe postérieur et s’unit solide- ment au postdorsum. Le métapleuron est plus petit, mais semblable au méso- pleuron. Son segment postérieur forme avec le premier anneau abdominal le cercle postérieur. En somme, la charpente de l’ovoide thoracique est soutenue par deux cercles verticaux transversaux, le cercle mésothora- eique et le cercle métathoracique. Sternum. — Le plancher mésosternal est divisé par une cloison longitudinale verticale, portant deux apophyses : c’est l’entosternum..[l est formé par l'adossement des antépleures. Les apophyses ont une forme triangulaire, leurs angles anté- rieurs se soudent et ont un prolongement commun. De la base de l’entosternum, part une tige qui vient se placer entre les cornes antérieures des apophyses métasternales. Chacune de celles-ci présente une corne antérieure et une corne posté- rieure. Des ligaments réunissent ces cornes aux entopleuron. Leur tête est moins massive que celle des apophyses mésosternales, où l’on peut distinguer une corne postéro-externe, et une corne antéro-interne. Le mésosternum renferme une autre crête allant transver- salement de l’entosternum à l’entopleuron. Le cerele supérieur de la hanche tourne sur le dehors sur le bord post-infé- rieur du postpleuron, en dedans autour d’un point situé à la base de l’entosternum. Le deuxième cerele coxal a une struc- 84 P.-C. AMANS. ture semblable; seulement son axe de rotation est oblique sur celui du premier, avec lequel il fait un angle ouvert en dehors. Le métasternum présente aussi une autre crête transver- sale. Grâce à l’entosternum et aux crêtes transversales, on peut distinguer soit une partie droite et une partie gauche, soit une partie antérieure et une postérieure (antésternum, postster- num). L’abdomen tourne sur le métasternum par l’intermédiaire de membranes molles. C’est le seul endroit où l’abdomen a un peu de jeu; car dans le haut, nous avons vu que sa suspension était très serrée. Base de l'aile antérieure. — C’est, pour toute espèce d’ailes, la partie la plus importante et la plus épineuse. L’aile repose, comme nous l'avons vu, sur l’alifère et roule de haut en bas, de dehors en dedans, d’arrière en avant pen- dant l’abaissement, et inversement dans le relèvement. Il y a pour faciliter ces déplacements deux espaces pleuro-dorsaux : le golfe antérieur et le golfe postérieur. Le golfe antérieur est formé par une membrane molle ren- forcée par trois écailles, dont l’une, l’écaillelte, a déjà été décrite. Les deux golfes sont séparés par le détroit situé entre le coude dorsal et l’alifère, détroit qui est rempli par une série d’osselets. Pour en avoir une idée nette, 1l ne suffit pas de les dessiner sur place; il est bon de les disséquer un à un. Ge genre de microtomie demande de ces tours de main spéciaux, impossibles à décrire, que chacun doit se créer suivant les Cas. Le premier osselet qu’on remarque entre la base de l'aile et le dorsum est un osselet en forme d'S, le sigmoide. La partie antérieure, grêle, recourbée en dehors, est articulée au (1) Le sommet de l’entopleuron est désigné par Chabrier sous le nom d'appui, par Strauss sous celui d’apophyse alifère. Cette dernière dénomination serait préférable, comme étant latine, et par suite cosmopolite. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 89 bord postérieur de la tubérosité antérieure, au niveau de la terminaison de la nervure médiane. Elle est encore du même côté, mais plus en arrière, articulée avec l’intermédiaire. La partie postérieure, beaucoup plus grosse, massive, s'attache au dorsum en regard de la pente dorsale. C’est sur elle que roule le plan postérieur de laile. Get osselet est représenté chez les Orthoptères par la moitié interne de la lame carrée; chez les Névroptères il est distinct. En dehors et en arrière du sigmoïde se trouve l’intermé- daire; 11 s'articule en avant avec la pointe du sigmoïde, la nervure médiane et le rétro-médian; en dedans avec la partie renflée du sigmoide ; en dehors avec la membrane molle de la dépression submédiane ; en arrière avec le terminal. Cet osselet ne figure pas dans le travail de Ghabrier; il est vrai qu'il n’est pas distinct chez les Bourdons, et que Chabrier a eu le tort d'appliquer à tous les Hyménoptères ce qu'il n'avait bien observé que chez les Bourdons. Je m'abstiens au- tant que possible de compliquer la nomenclature en mettant des noms nouveaux; cette fois-ci, cependant, Je me suis vu obligé de baptiser un osselet dont je ne vois nulle part la des- cription. Il correspond à la partie supérieure du submédian des Névroptères. La parte inférieure du submédian est représentée par un osselet allongé, qui s'articule sur la face postérieure de lali- fère, dans une sorte de gondole. La tête du submédian est plus grosse que la queue ; elle forme deux saillies, une externe- inférieure qui pénètre dans la gondole, l’autre interne-supé- rieure qui s’accole à l’osselet intermédiaire. L’extrémité pos- térieure du submédian est en rapport avec le terminal. En arrière de l'intermédiaire et du submédian se trouve le terminal. Il s'articule en haut et en dehors avec l’arcade des nervures postérieures; en bas et en dedans avec le durso-ter- minal et voici comment : il se dirige d’abord en dehors, en bas dans le golfe postérieur; il fait ensuite un coude, et arrive sur le dorso-terminal en haut et en dedans au moyen d’un long ligament. 86 P.-C. AMANS. La courbure antérieure du sigmoïde regarde en haut et en dehors; si donc une force le pousse dans cette direction, elle entrainera le roulement de lintermédiaire, et par suite du submédian proprement dit sur l’alifère. [’intermédiaire entrainera le terminal; celui-ci agira à son tour sur l’arcade terminale, et portera le versant postérieur de l'aile en avant. Ce dernier mouvement n’est possible que si larcade est elle- même tirée en avant, ce qui a lieu par l’osselet subantérieur, la tubérosité antérieure et le rétro-médian. Le versant postérieur de l’aile ne peut donc se porter en avant que par la traction de la base du versant antérieur, et la poussée du sigmoïde, de même qu’il est tiré automatique- ment en arrière par l’élasticité du ligament du terminal, et la réaction de lappareil de pronation. Base de l’aile postérieure. — Le golfe antérieur présente aussi trois écailles; elles séparent le mésopleuron du méta- pleuron. L’écaillette s'attache au bord antéro-interne de la tubérosité antérieure et se fixe dans une encoignure formée par le coude postérieur du mésonotum et le bord antérieur latéral du métanotum. Ce bord antérieur constitue le coude dorsal du métanotum : c’est sur ce coude que s'attache la pointe du sigmoïde, en avant de la fente dorsale. La pointe du sigmoïde se fléchit sur la partie postérieure renflée du sigmoïde. En effet, la chitine qui forme le sigmoide est plus molle au niveau de la partie médiane, de sorte qu’on peut distinguer deux parties très légèrement mobiles lune sur l’autre : même fait chez les Xylocopes. Le rétro-médian n’a plus la même forme dans Paile posté- rieure. Ses fonctions sont tenues par deux plans de chitine pouvant se plier l’un sur l’autre. La ligne qui sert de char- mère va de la fin de la nervure médiane à l’extrémité externe de l’osselet terminal. Même ligne et mêmes rapports dans l’aile postérieure des Orthoptères. L’analogie avec les Orthoptères se poursuit dans la structure de la base du versant postérieur. On peut y distinguer : 4° une ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 87 partie postérieure, l’analogue de l’arcade terminale; 2° une partie interne, pédiculée sur la postérieure, massive en avant; c’est une apophyse du terminal, l’analogue du tampon; 3° une partie externe servant spécialement au plissement et à la torsion de l’aile (intermédiaire et rétro-médian). En somme, la base de l’aile est semblable dans les deux segments, et elle est de plus comparable presque pièce à pièce avec celle des Névroptères et Orthoptères. Une différence ca- ractéristique consiste dans la prédominance du mésothorax sur le métathorax. De plus chez les Orthoptères, il y a sou- dure complète du sigmoïde avec sa propre partie antérieure et avec le submédian. Cette soudure rend le vol plus automa- tique, dénué d’aisance et de souplesse. Elle explique le vol direct des Orthoptères, la difficulté insurmontable qu’ils éprouvent pour se tourner, pour voltiger, pour modifier la direction primitivement donnée soit par le coup de pattes pos- térieures, soit par le vent qui les emporte. MUSCLES DU VOL. En allant de dedans en dehors on trouve : Muscle dorsal. — Muscle longitudinal volumineux, allan de la double palette postérieure à la palette triangulaire an- térieure. Il est élévateur et rétracteur du sigmoïde. Sternali-dorsaux. — Ce sont des muscles obliques, verti- caux, parallèles à l’entopleuron. On peut distinguer deux groupes principaux, un groupe antérieur et un groupe pos- térieur. 1° Les faisceaux antérieurs s’insèrent : en haut sur la partie antérieure du bord latéral du dôme, sur une zone allant de la naissance de la palette antérieure à la marge antérieure de la fente. Nous savons qu’à cette zone s’attachent l’écaille supé- rieure et la pointe du sigmoïde. Ils s’insèrent en bas à la base de l’entosternum. 88 P.-C. AMANS. 2° Les faisceaux postérieurs s’insèrent en haut sur la partie postérieure du bord latéral du dorsum, en bas, au pied de l’apophyse mésosternale. Les sternali-dorsaux abaissent le bord latéral du mésono- tum, et par suite le sigmoïde. Latéro-dorsal. — En arrière de l’insertion des faisceaux postérieurs, justement dans l’espace qui la sépare du second coude mésonotal, s’insère un muscle court, le latéro-dorsal. Il s’insère en arrière et en bas sur l’apophyse pleuro-post- dorsale. Son action est analogue à celle du latéro-dorsal des Orthoptères. Axillaires. — Nous avons deux muscles volumineux, le pre- axillaire et le postavillaire. Ghacun d'eux s’insère à la base de l’aile, au moyen d’une cupule munie de son tendon. La cupule du préaxillaire a son tendon fixé entre l’écaille supé- rieure, l’osselet de pronation et lécaille moyenne. Cette cupule est très large, et le muscle correspondant très volumi- neux ; sa largeur est, comme celle du premier sternali-dorsal, liée à celle du premier segment mésopleural. Il s’insère en bas, en dehors des fibres du premier sternali-dorsal. La cupule du postaxillaire est plus petite et fixée au coude du ligament postérieur, dans le golfe postérieur. L'insertion inférieure a lieu sur le parapet du premier cercle coxal. Le préaxillaire attire la petite tige proantérieure et l’osselet pronateur en dedans et en bas. La résultante de cette action et du grand dorsal produit un abaissement en avant. Le pré- uxillaire, combiné au premier sternali-dorsal, porte le plan antérieur de l'aile en haut. en dedans et en avant. Un troisième muscle les aide dans cette dernière action; c'est le tenseur de l’écaille, un petit muscle qui s’insère en haut sur l’écaille, en bas sur l'antépleure. Le postaxillaire attire le ligament postérieur en bas et en arrière ; le terminal se porte dans la même direction et le ver- sant postérieur se replie. Le second sternali-dorsal porte ce ARTICLE N 2. ORGANES DU VOL. 89 repliement plus ou moins en dedans; le grand dorsal en haut et en dehors ; mais son action est peu sensible. Il faut encore citer un muscle du tampon, qui augmente la courbure du creux de laisselle. On voit qu'il est possible de concevoir les actions isolées et combinées de ces divers moteurs. L'anatomie seule ne me permet pas de représenter toutes les combinaisons effectuées par l’Insecte qui vole, mais elle me donne la elef des prinei- pales. En voicr, par exemple, une série très rationnelle. 1° Déplissement. — Au repos, les deux versants de lPaile sont repliés l’un sur l’autre et rapprochés des flancs. L’Insecte qui va voler commence par ouvrir les ailes : ce mouvement peul être exécuté par le préaxillaire, le tenseur de lPécaille et les sternali-dorsaux. Le versant postérieur se porte en haut en avant, le versant postérieur se déplisse. Voilà une première pose de mise au point. Le sigmoïde sert de pivot médian dans ce premier mouvement. 2° Abaissement. — Gontractons maintenant le grand dorsal et les axillaires seulement : avec le tenseur de l’écaille, le ver- sant antérieur se porte en avant et en dedans. Le dorsal et le préaxillaire produisent le même résultat dans ces deux sens. Le bord antérieur de l’aile se porte en avant et en bas; sa torsion longitudinale est possible grâce à la commissure arti- culaire et à l'articulation en flexion de la tubérosité antérieure (l’analogue de l’articulation radio-antérieure des Pseudo- Névroptères). La nervure médiane suit l’antérieure et entraine en avant avec elle toutes les nervures postérieures. Si le postaxillaire n’agissait pas, le plan postérieur se développerait imparfaite- ment, tandis que sous l’action combinée de ce muscle et du dorsal, le ligament postérieur et le terminal sont bridés en arrière et en bas. Les surfaces flexibles déplissables qui for- ment la base postérieure de l’aile étant sollicitées en arrière par cette force rétractive et en avant par la nervure médiane, 90 P.-C. AMANS. n'ont qu'une ressource, c’est de se tendre. De cette façon, le versant postérieur peut se développer complètement, mais, une fois tendu, il subit la résultante de ces deux forces et s’abaisse en bas et en avant. La concavité du creux axillaire est maintenue et augmentée par une troisième force, par le muscle du tampon, qui va de la partie antérieure du terminal à la face postérieure de l’ali- fère. Ainsi, plus l'aile se porte en bas et en avant, et plus ce muscle se contractant, le plan postérieur se porte en avant. La base de laile acquiert ainsi plus de solidité, pour résister à la torsion de l'extrémité centrifuge. Je puis supposer que les muscles agissent avec leur maxi- mum d'intensité; ils déterminent alors le maximum d’abais- sement, avec ie maximum d'expansion du creux axillaire. Les deux plans de mon dièdre roulent alors sur le maximum de segment courbe qu'ils peuvent décrire. Mais il y a d’autres combinaisons possibles ; toutes choses égales d’ailleurs, un des moteurs peut diminuer de force. Il en résulte alors une mo- dification dans la courbure et la surface métrique du segment. 3 Relèvement. — Le dorsal cessant d'agir, les sternali- dorsaux entrent en jeu et relèvent l’aile. Les axillaires anté- rieurs continuent d'agir pour empêcher laile de se plisser. L’aile se porterait en arrière toute seule sans le secours d’au- cun muscle, par l’action seule des pièces élastiques. Seulement elle se plisserait, si les axillaires antérieurs n'étaient là pour s’y opposer. Il doit y avoir aussi dans le relèvement plusieurs combinaisons de muscles destinées à rendre le trajet de l'extrémité de l’aile plus ou moins longitudinal ou vertical. C’est à la physiologie à voir quelles sont ces combinaisons et la nature du trajet. La résistance de Pair doit Jouer un grand rôle dans les variations de la trajectoire décrite par l'extrémité de l'aile (figures en 8 de chiffre de Marey, Petitgrew; simussoïdes bouclées, etc.). La boucle elle-même peut se concevoir comme le fait de la colonne d’air entrainée, soit en descendant par la convexité, soit en remontant par la ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 91 concavité. Dans l’un et l’autre cas, l’extrémité de l’aile subit une déviation qui se traduit par des points d’inflexion dans la trajectoire. Muscles du vol de l’aile postérieure. — À l'exception du dorsal, nous retrouvons tous les muscles de Parle. 1 faut citer cependant une paire de muscles dorsaux allant de la palette à la voûte du métanotum. Leur position latérale les rapproche des latéro-dorsaux. Les muscles dominants sont les sternali-dorsaux et les axil- laires postérieurs. L’entrainement en avant est presque passif, grâce au niveau de l’insertion alaire vis-à-vis du postdorsum du mésothorax, grâce aussi à la gouttière qui relie les deux ailes. II. — ORGANES DU VOL CHEZ LE XYLOCOPE VIOLACEA. (PL. VID). J’ai choisi ce type parce qu’il est très commun et très volu- mineux. Jurine avait aussi étudié le Xylocope, pendant que Chabrier étudiait le Bourdon. Les différences sont peu consi- dérables ; les travaux: ont été faits à peu près à la même époque (1). Celui de Chabrier est plus complet, et sa nomen- clature toute différente ; 1l emprunte, lui aussi, des noms à l'anatomie des Vertébrés, mais moins que Jurine. Les dissec- üons de Chabrier sont fort remarquables; car les Porte- aiguillons offrent de sérieuses difficultés d'observation par leur corps sombre, velu, à pièces basilaires compliquées, et néan- moins la plupart de ces difficultés ont été heureusement vaincues par l’anatomiste français. Je lui reprocherai seule- ment de n'avoir pas tenté un rapprochement plus serré avec les autres ordres, et surtout de n'avoir pas séparé les Téré- Prants des Porte-aiguillons. (1) Jurine, Observation sur les ailes des Hyménoptères (Mém. Ac. sc. Turin, t. XXIV, 1820. | (2) Chabrier, Essai sur Le vol des Insectes, t. VI, 1820 (Mémoires du Museum. Paris). 92 P.-C. AMANS. Anatomie des ailes. — La forme générale des ailes rappelle le type du Sirex; mais il y a dans la structure des nervures et des pièces basilaires des différences essentielles, qui ne me paraissent pas encore avoir été signalées. Les nervures antérieures se réduisent à une seule, accolée à la nervure médiane : la concentration du versant antérieur est plus forte que chez les Sirex. La nervure médiane est un peu à la nervure antérieure ce que la nervure antérieure des Libellules est à la nervure proantérieure. La nervure secondaire qui suit la nervure postérieure existe encore, mais fondue à la base avec celle-ci. Dans la partie centrifuge, elle s’en écarte et forme une gouttière de glisse- ment, non dentée. Le voile, qui chez les Sirex s'attache à la nervure secondaire, est remplacé 1c1 sur laile antérieure par une membrane assez dure qui ne se prolonge pas sur la base de l'aile. Gette pénurie n’entraine nullement la discontinuité du gouffre axillaire; car l’aile postérieure est beaucoup plus rap- prochée de l’antérieure que chez les Sirex, et le vide interalaire est insignifiant. Le voile existe dans l'aile postérieure. La base de l’aile est massive, formée de deux parties, l’anté- rieure correspondant au versant antérieur de l’aile, la posté- rieure, au versant postérieur. On remarque dans cette base : 1° En avant, un bord antérieur, dont l’extrémité externe limite, en haut, la course de la nervure antérieure; c’est une sorte de cran d'arrêt; 2° Au-dessous, une arête, le seul représentant de la nervure subantérieure ; cette arête est effilée à son union avec la marge antérieure de laile, de manière à pouvoir se plier sous elle; c'est une articulation à flexion; 3° La terminaison de la nervure médiane est effilée et enela- vée entre les deux tubérosités de la base de l'aile. Ces trois premières parties sont soudées ensemble et cor- respondent à ia tubérosité antérieure du Sirex. Seulement, la première était mobile chez le Sirex (tige proantérieure). Le versant antérieur de l’aile péut tourner sur cette tubérosité légèrement, suivant l’axe de la terminaison de la nervure ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 93 médiane qui forme un coude avec flexion au niveau de son entrée sur la tubérosité. Aïnsi, voilà un fait constant : le bord antérieur de l’aile. qu'il soit formé par une concrétion des deux premières ner- vures (Æschna) ou des quatre premières (Xylocope), présente à sa base un renflement, sur lequel il s'articule par une double articulation en haut et en bas. Cette articulation permet à l'aile de fléchir dans le coup ascendant, maïs résiste vigoureu- sement dans le coup descendant. Une forte pression de bas en haut amène, chez le Xylocope, une rotation longitudinale qui est limitée en avant et en haut par le cran d’arrêt anté- rieur. 4° La tubérosité antérieure se continue en arrière par une lame très bombée, qui se réunit au terminal au moyen d’un petit prolongement. C’est le système du rétro-médian. Le petit prolongement est difficile à apercevoir, car la dépression sub- médiane est encaissée et fort étroite. La partie postérieure de la base de laile sera décrite à pro- pos des osselets basilaires. ANATOMIE DU SQUELETTE THORACIQUE. La forme générale du thorax est sphéroïdale et non plus ovoide comme chez les Locustides et les Sirex. Pronotum.— Cette pièce forme un anneau complet à l’entrée du mésothorax; de là aussi son nom de collier. Sa surface est convexe, sans solution de courbure avec le dorsum en haut. Sa moitié inférieure est très étroite ; la partie externe du col- lier est la plus large, je veux parler de celle qui est enclavée entre le dorsum et le mésopleuron, dont les bords sont à ce niveau taillés en biseau et glissent sur la face interne du collier. Il en résulte entre les mouvements du dorsum et du mésopleuron une solidarité moins étroite que si leurs bords affrontaient ceux du collier. Le bord: du mésopleuron se fixe au moyen d’un fort ligament blanc, d’une consistance chon- droïde; ce ligament pénètre dans une excavation aplatie du ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX, 7 — ART. N° 2. 94 P.-C. AMANS. collier; les bords du dorsum forment un angle aigu dont les côtés sont enclavés dans une dépression au fond de laquelle est soudé son sommet. Ce genre d’articulation rend le collier beaucoup plus esclave du dorsum que du mésopleuron. Le restant du prothorax est uni lächement au collier, comme chez les Sirex et les Orthoptères. Mésonotum. — On y distingue deux segments régulièrement convexes supérieurement, faciles à séparer au scalpel. Ils correspondent au dorsum et au postdorsum du Sirex, mais avec des modifications profondes. La palette intrathoracique du postdorsum, celle qui reçoit les fibres du dorsal, s’est com- plètement séparée de la partie supérieure et externe du post- dorsum. C’est cette pièce que Chabrier nomme costal ; Audouin, postscutellum, et que pour être fidèle à notre no- menclature du début, nous nommerons simplement subpost- dorsum ou plus simplement encore la palette du postdorsum. Le dorsum forme avec le collier plus de la moitié de lhé- misphère supérieur; sa surface ne présente rien de particulier, si ce n'est un léger sillon médian longitudinal, comme chez les Bourdons, entouré de deux sillons plus courts et moms marqués. La partie antérieure du dorsum forme un léger rebord interne, l’antédorsum. Les bords externes offrent plus d'intérêt par leurs rapports avec laile et le pleuron. Il est séparé en avant du mésopleuron par le coin postérieur du collier; mais en arrière les bords dorsaux et pariétaux sont juxtaposés Jusqu'au niveau de l'insertion de l’osselet de pro- nation. Ce bord dorsal est retroussé en dessus et forme une sorte de gouttière; c’est sur cette portion du bord dorsal que s’insère l’écaille. Plus loin, en arrière, sont deux saillies adja- centes, entre lesquelles passe le bord antérieur du sigmoïde ; ces deux saillies forment la coulisse sigmoïdale, l'analogue de la fente dorsale des autres types d’Insectes. Le postdorsum, deux fois et demie moins large que le dor- sum, à la forme d’un fuseau sphérique; il est par suite plus large au milieu qu'aux extrémités. Les bords antérieur et ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 95 postérieur sont longuement repliés en dessous, l’antérieur en arrière, le postérieur en avant. Cette disposition augmente la force d’élasticité dans le sens transversal. La surface si régu- lièrement convexe dans toute son étendue, se montre vers les extrémités beaucoup plus accidentée. Une arête médiane transversale la sépare en deux dépressions : une antérieure, se fondant avec l’analogue de la dépression postdorsale du Sirex; l’autre postérieure, en regard de l’aile postérieure. Les bords de cette dernière dépression pénètrent dans l’in- térieur de la cage; ils sont soudés à la palette du postdorsum. Si l'on détache le terminal et le sigmoïde de leurs attaches alaires, et qu'après avoir enlevé le collier et le dorsum, on cherche à désarticuler le postdorsum par pesées successives, lentes et légères, on finit par le détacher, et on entraîne du même coup le vectiforme, l’équerre, le terminal et le sig- moide. Ges osselets sont réunis au postdorsum par des liga- ments mous. Le subpostdorsum (1) ou palette du postdorsum est une pièce tout à fait interne, fusiforme, formée d'une partie mé- diane élargie, à concavité antérieure, et d’une partie externe allongée et forte. L'ensemble a l’air d’une spatule dont la palette serait médiane et isolée, et dont le manche serait soudé tout le long du postérieur de l'extrémité externe du postdor- sum. | Métanotum. — C'est ce que Chabrier appelle la demi- ceinture. C’est une pièce très étroite au milieu, plus large aux extrémités. Ses bords antérieur et postérieur sont repliés, l’'antérieur en arrière, le postérieur en avant. Ils forment ainsi une gouttère, une sorte de canal, à bords très rapprochés: mais aux extrémités les bords s’écartent, par suite de l’élar- gissement du métanotum à ce niveau. Chaque extrémité est destinée à faire basculer l'aile postérieure. Elle porte à cet effet une saillie en avant de laquelle s’insère le sigmoïde, en (1) Nous écrivons aussi podorsum et subpodorsum ; c est plus court et plus euphonique. 96 P.-C. AMANS. arrière, le terminal. Le métanotum s’appuie en arrière sur le métapleuron, qui complète en arrière l’hémisphère dorsal de la cage alaire et le raccorde avec l'hémisphère inférieur. Mésopleurosternum. — Ge nom indique que, de même que chez le Sirex, une seule pièce constitue le mésopleuron et le mésosternum. Ces deux pièces sont intimement soudées, mais néanmoins séparables. Le mésopleuron à sa surface externe peu accidentée. On y remarque seulement dans la partie supérieure un court sillon qui se dirige vers le bord postérieur du mésopleuron, mais s'arrête bientôt sans l’attemdre; à ce sillon externe correspond en dedans une crête : c’est là ce qui nous reste de l’entopleu- ron. Suivons ce sillon dans le haut; il nous conduira à un appui des ailes encore plus singulier et différant notablement de ceux que nous avons vus Jusqu'ici. La configuration géné- rale est évidemment la même : un cap, l’alirère, entouré de ses” deux golfes; mais les surfaces articulaires sont mieux déta- chées, plus nettes, se rapprochant davantage des condylar- throses des Vertébrés. Ce rapprochement entre des embranchements si éloignés est manifeste et compréhensible, dans le cas des mouvements exécutés par des pièces dures, à base soit de chitine, soit d’osséine. Les téguments des Porte-aiguillons sont très durs. On peut faire la même remarque à propos de la méso-alifère des Coléoptères. L’alifère est une petite pièce massive, épaisse. On peut y distinguer un bord antérieur, un bord supérieur et un bord postérieur. Le bord antérieur ou bord supérieur de l’antépleuron pré- sente cette lame chondroide qui sert à l’agencer au collier. Le bord supérieur est creusé d’une gondole pour recevoir l’osselet de pronation. Le bord postérieur présente une sorte de throclée oblique, formée d’une rigole supérieure interne pour le submédian, et d’une rigole inférieure externe pour le roulement du ter- ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 97 minal. La rigole supérieure aboutit à une fosse où s’insère le ligament du submédian. L’axe de cette rigole est oblique de haut en bas, en arrière, en dedans, pendant que celui de la sondole supérieure est presque horizontal et dirigé de haut en bas, en avant, en dehors. Conclusion : la surface articulaire du bord supérieur du meé- sopleuwron, sur laquelle pivote l'aile, n’est ni cylindrique ni sphé- rique. La direction générale du roulement a lieu autour des deux axes cités plus haut. Le bord antérieur de l’antépleuron forme une saillie qui se prolonge jusqu’à la tête de l’alifère. Celle-ci est elle-même saillante sur la surface interne du mésopleuron, comme elle se continue en arrière par la crête rudimentaire déjà men- tionnée ; il en résulte que le haut du mésopleuron a des bords solidement fortifiés. La crête rudimentaire de l’entopleuron part de la rigole du submédian ; le bord postérieur du méso- pleuron, très saillant lui aussi, part de la rigole du terminal. La gouttière profonde et étroite qui sépare ce bord postérieur et l’entopleuron est tout ce qui nous reste du postpleuron, si développé chez les Sauterelles, mais déjà en décadence chez les Sirex. C’est la gouttière postpleurale. Le mésosternum ne présente rien de notable sur sa surface externe ; il est limité en avant par la portion étroite, inférieure du collier. Son bord postérieur forme le bord antérieur du cercle pédieux. Il se termine sur une pointe médiane comme chez le Sirex. Cette pointe sépare le cercle pédieux gauche du droit. Elle a l’air d’appartenir au mésosternum, mais en réa- lité elle constitue le bord médian antérieur du métasternum. Dans la cage, on voit s'élever tout le long de la ligne médiane jusqu’à cette pointe, une crête élevée, formée par l’adossement des deux côtés du mésosternum ; cette crête, l’enfosternum, se termine en arrière par deux longues cornes, qui montent vers les flancs du pleuron. Métapleurosternum. — Cette pièce est formée de deux par- 98 P.-C. AMANS. tes intimement soudées, le métapleuron proprement dit et le métasternum. La ligne de soudure est visible sur la surface externe. Le mélapleuron à lui-même une ligne de soudure très visible avec le mésopleuron. [n’en est pas de même entre le méta- et le mésosternum, dont la ligne de démarcation est moins facile à reconnaitre; on peut cependant la délimiter. En somme, malgré la soudure intime des pièces pleurales et sternales, on peut les délimiter et les comparer aux pièces plus mollement réunies d’autres Insectes. Le métapleuron présente à étudier des bords antérieur, postérieur, inférieur, supérieur, une surface externe et une surface interne. Le bord antérieur est légèrement concave en arrière; il est adossé au bord postérieur du mésopleuron, et contribue à former la crête postérieure de la gouttière postpleurale. Le bord supérieur sert d'appui à lPaile inférieure et au métanotum. [Il débute en avant par une surface articulaire, en continuité de direction avec la rigole terminale du mésopleu- ron. Elle est bordée en dehors par une ecaille mobile; cette écaille esttout ce qui nous reste du golfe antérieur d'évolution. Les ailes, déjà si rapprochées chez les Sirex, atteignent 1er leur maximum de rapprochement; l’aile postérieure s’insère immédiatement à la suite du golfe postérieur de l'aile anté- rieure. Ce détail me fournit une arme précieuse contre ceux qui, considérant une aile isolée de Frelon, par exemple, seraient tentés de me la présenter comme un échantillon d’aile nue à la base, et de conclure que par suite lélargisse- ment diédrique de la base n’est pas un facteur constant. Mais, si le golfe antérieur de Paile postérieure n’a pas grande raison d'exister, il n’en est pas de même pour le golfe posté- rieur. Immédiatement après la surface articulaire citée plus haut, le bord supérieur du métapleuron plonge en bas, d’a- bord en avant, puis en arrière, et finalement remonte sans s'éloigner beaucoup de l’horizontale. Le bord supérieur con- tinue sa course en arrière, intimement accolé au bord posté- rieur du métanotum. ARTICLE N° 9. ORGANES DU VOL. 99 Le bord inférieur du métapleuron longe les bords externes des cercles pédieux; un très léger sillon le sépare du méta- sternum, qui du reste, sur tout ce parcours, est très étroit et apparait comme une simple dépendance marginale du méta- pleuron. Le bord postérieur du métapleuron est intimement soudé avec son symétrique ; on voit néanmoins très distinctement le sillon de séparation. La région postérieure du métapleuron est généralement désignée sous le nom de scutellum (1); e’est, croyons-nous, une fausse désignation. Le scutellum ou postdorsum des Névroptères est une pièce dont le plus ou moins de dévelop- pement est sous la dépendance de celui des muscles dorsaux (c’est le muscle qui fait los) ; elle est très développée chez les Névroptères, les Orthoptères, très réduite au métanotum des Térébrants, inappréciable chez les Porte-aiguillons. Le méta- notum des Hyménoptères et surtout des Porte-aiguillons est à peu près privé de muscles dorsaux : le métanotum se réduit à une seule pièce, et les métapleuron se sont rejoints sur la ligne médiane. Il ne faut pas s’étonner outre mesure de ce fait : nous avons bien vu les mésopleuron de lÆschna se rejoindre en avant sur la ligne médiane (2). La surface externe du métapleuron présente un sillon ver- tical de l’entopleuron beaucoup plus complet que celui du mésopleuron. Il part du bord postérieur du deuxième cercle pédieux et arrive jusqu’au bord supérieur, au pied de la saillie formée par l'articulation pleuro-alaire (saillie alifère), vers le milieu de ce pied. Un peu en arrière du sillon, se trouve le faux stigmate. (1) Sie Westwoods, Introduction to entomology, vol. I, p. 75. Mac Leay, Zoological Journal, vol. V, p. 172. (2) Nous devons tenir compte néanmoins d’une troisième opinion d’abord émise par Audouin et Latreille, et d’après laquelle le prétendu scutellum serait une différenciation du premier anneau abdominal. M. Hammond ferait valoir à l’appui de cette opinion des considérations tirées du développement des larves. Voy. Hammond, Thorax ofthe Blow-Fly(Linn.Journ. Zoology, vol. XV, p.17). 100 P.-C. AMANS. La surface interne du métapleuron est divisée en deux com- partiments par la crête de l’entopleuron. Cette crête monte d'avant en arrière; elle forme dans le haut un large rebord au- dessus du faux stigmate. Le métasternum forme un anneau complet très étroit : les bords internes de cet anneau forment trois saillies, une anté- rieure médiane, et deux postérieures latérales. [Il en résulte donc trois golfes : deux golfes antérieurs, où se meut la troi- sième paire de hanches, mais en arrière la liaison des bords est plus serrée tout le long du golfe postérieur. Cette liaison présente sur la ligne médiane une forme toute spéciale, Îes bords en regard sont repliés en dessus et fortement échancrés ; l’échancrure de l’anneau abdominal est moins grande que celle du métasternum. L'une est soudée à l’autre par les bords en regard; une membrane ligamenteuse s’étend d’une échancrure à l’autre, formant ainsi une gouttière renversée, presque un canal. La face intrathoracique du plancher sternal présente : 1° de chaque côté, une crête transversale qui s'appuie sur le plancher des bords des golfes antérieurs et monte sur les flancs du métapleuron; 2° une crête longitudinale courte fai- sant suite à son homologue du mésosternum, et allant mourir à la saillie médiane dont nous avons parlé plus haut. Elle présente dans le haut deux cornes réunies entre elles par un pont chitineux, et réunies aussi aux cornes du mésosternum. Ce pont forme, par sa soudure aux extrémités confondues de ces cornes, une longue apophyse qui chemine en regard et au- dessus de la crête transversale, et arrive ainsi au niveau du rebord supra-stigmatique. La corne mésosternale se sépare cependant de la métaster- nale; elle s’attache par un fort ligament à la gouttière post- dorsale. Cette bifurcation nous permet de comparer les entosternum du Sirex et du Xilocope, malgré leur extrème différence de facies. Chez les deux espèces, le mésosternum porte une apo- physe médiane (entopleuron) et celle-ci est munie de chaque ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL:: 101 côté d’une corne latérale destinée à soutemir le mésopleuron; chaque corne est, dans ce but, réunie au mésopleuron au moven d’un ligament ; même fait au métasternum. | Seulement “r le Xylocope, par suite de la concentrütion générale du thorax, les deux paires de cornes entosternales se sont portées l'une sur l'autre. Elles ont pris en outre une forme très différente ; de là, au premier abord, une grande difficulté pour les comparer l’une à l’autre. Base de l'aile antérieure. — Cette base est plus compliquée que celle du Sirex. Nous y retrouvons les osselets de celui-et, mais avec de profondes modifications et de nouvelles pièces. Ge sont : osselet de pronation, submédiane, sigmoïde, équerre, terminal, et le vecliforme. Il y a encore le rétro-médian, situé en arrière de la tubérosité antérieure, et que nous avons décrit à propos de celle-ci (1). L’osselet de pronation ou subantérieur (petit radial Jur., elaviculaire Chab.) est arciforme; il chevauche par sa conca- vité sur la face antérieure de l’alifère, dans la gondole citée plus haut. Cette gondole comprend en avant et en dedans une cavité, en arrière et en dehors une crête. Le subantérieur de son côté présente en avant une tête pour rouler dans la cavité, en arrière un sillon pour glisser sur la crête. Le bras externe de cet osselet montre une échancrure reliée par des ligaments à la partie antérieure de la tubérosité antérieure; le bras interne donne insertion à un double muscle. Lorsque ce muscle se contracte, le bras interne s’abaisse en arrière ; l’externe s’élève et la tubérosité antérieure aussi, mais en avant. Le subantérieur est séparé en arrière du sigmoïde par des membranes molles donnant attache au ligament de l’écaille. Le submédian (petit huméral Jur., omoplate Chab.) est (1) Chabrier est muet sur le rétro-médian et sur les divisions de l’humérus (tubérosité antérieure); aussi n’a-t-il pas observé les phénomènes de torsion du bord antérieur de l’aile. 402 P.-C. AMANS. un osselet triangulaire, infléch1. Il s'attache par l’un des som- mets à une cavité située sur la face postérieure de l’alfère. Son bord inférieur glisse sur l’arête de séparation des deux rigoles; son bord supérieur est logé dans la concavité de Îa branche antérieure du sigmoïde. Les mouvements du submé- dian et du subantérieur sont inverses : lorsque l’un se porte en dehors, l’autre se porte en dedans et diversement. Le sigmoïde (grand huméral Jur., sigmoïde Chab.) est un osselet très allongé en forme d’S. La branche inférieure s’arti- cule sur le bord interne de la tubérosité antérieure, en arrière du subantérieur, sur le prolongement basilaire de la nervure médiane. La branche postérieure passe entre les deux saillies du bord latéral du dorsum, dans la coulisse sigmoïdale. Après s'être appuyé sur cette vallée par sa concavité, elle se prolonge par une longue queue; celle-ci présente d’abord un tubercule qui est fixé au moyen de ligaments au-dessous des deux sail- lies, entre ces saillies et l'extrémité du postdorsum; elle se termine enfin sur le subpostdorsum par l’intermédiaire des appendices costaux. La queue du sigmoïde est située dans l’intérieur dela cage. Le passage du sigmoïde à travers les saillies du dorsum (dans la coulisse sigmoïdale), et l'extrémité du postdorsum assure à son axe vertical une certaine fixité de direction, lorsque les mouvements de l’aile se bornent au plissement et au déplisse- ment. Cette disposition n’existe pas chez le Sirex, où le sigmoide est simplement soudé au dorsum , en charnière linéaire, compliquée, il est vrai, de la fente dorsale. Le terminal (petit cubital Jur., osselet terminal ou ongu- laire Chab.) est un osselet allongé, renflé à ses deux extré- mités. Il s'articule en dehors avec la base de la nervure pos- térieure et en dedans avec les appendices costaux et l’équerre. Un ligament allongé accompagne le terminal sur tout son parcours et le dépasse de manière à lui servir de prolonge- ment; ce procédé n’est pas nouveau pour nous (Névroptères Pseudo-Névroptères). | L’équerre (naviculaire Jur., équerre Ghab.) est un des plus ARTICLE N° 2, ORGANES DU VOL. 103 petits osselets de la base de l'aile; 1l mérite assez bien son nom, sa surface étant courbée presque à angle droit. Il sert, avec le submédian, d’intermédiaire entre le sigmoïde et le ter- minal, et plus spécialement, il fait rouler la queue du termi- nal sur celle du sigmoïde dans le plissement et le déplissement. Cet osselet est peu visible, de quelque côté qu’on le regarde, soit de dedans, soit de dehors. On peut le voir cependant de dehors, dans le maximum d’extension de l'aile. Chabrier prétend que cet osselet se retrouve chez les Lépi- doptères et les Diptères. Il oublie malheureusement d’en reparler à propos de ces deux ordres, si bien qu'il nous est impossible de critiquer le rapprochement annoncé. Dernière- ment M. Künckel d'Herculais (1; donne, chez les Diptères, le nom de naviculaire à une pièce qui, pour nous, est le dorso- terminal, et n’a rien de commun avec le naviculaire de Ju- rine ou équerre de Chabrier. Nous en reparlerons à propos des Diptères. Les appendices costaux sont au nombre de deux: l’un anté- rieur, l’autre postérieur. L’appendice antérieur est placé entre la queue du sigmoïde, l’appendice postérieur et le terminal, au- dessus de l’équerre. L’appendice postérieur, d’une forme plus allongée, est articulé sur l’extrémité du vectiforme, dont il suit tous les mouvements, par rapport à la tête du subpost- dorsum. Le vectiforme est un osselet très long par rapport aux di- mensions des appendices. Il est accolé au subpostdorsum par son extrémité externe seulement ; il va en s’effilant graduelle- ment vers son extrémité interne. Lorsque celle-ci descend sous l’action d’un muscle spécial, l’appendice postérieur monte, pousse l’appendice antérieur et transmet ainsi son mouvement à la queue du sigmoïde. Le sigmoïde bascule sur son tuber- cule, et finalement fait basculer la tubérosité antérieure par l’alifère. L’aile se porte en arrière et en haut. Lorsque l'aile se porte en sens contraire, c’est-à-dire en avant et en bas, le (1) Künckel d’Herculais, Organisation et développement des Volucelles, 1re partie, p. 110. Paris, 1875. 104 P.-C. AMANS. vecliforme est entrainé en haut et dehors par l’intermédiaire des appendices costaux. Mais il est probable qu'à ce moment, le muscle du vectiforme se contracte pour maintenir la con- cavité du gouffre axillaire. Pareil rôle était dévolu chez le Sirex au faisceau postérieur du sternali-dorsal et au postaxil- lire; seulement la fente dorsale et le dorso-terminal sont les seules pièces de ce rouage si compliqué chez les Xilocopes. Les Sirex sont privés d’appendices costaux et d’équerre; une seule pièce paraît, par ses relations, se rapprocher du vecti- forme ; c’est le dorso-terminal. Le dorso-terminal des Dip- tères est plus semblable encore. Base de l'aile postérieure. — Ghabrier ne dit presque rien sur la base de l'aile postérieure. « Il y à, dit-il, quatre ou cinq osselets », et c'est tout. J’ai omis cette question dans mon pre- mier mémoire; je n'étais nullement convaincu que la base de l'aile postérieure était une simple répétition de la base de l'aile antérieure. Je puis dire actuellement que la base de l’aile postérieure se compose de cinq osselets : subantérieur, sigmoïde, sub- médian, terminal et un appendice du terminal, donnant attache à des muscles analogues au muscle du tampon et au postaxillaire de l’aile antérieure. L’extrémité externe du métanotum présente, en avant, un prolongement flexible qui s’intereale entre le subantérieur et le sigmoïde, et en arrière, une pointe plus rigide sur laquelle s'articule le sigmoïde. C’est au niveau de cette pointe qu’abou- tt le sternali-dorsal du métathorax. Cette pointe est le coude dorsal qui sépare le golfe antérieur du golfe postérieur. Elle est un peu en arrière de l’alifère. L’échancrure latérale du métanotum correspond à la fente dorsale du Sirex. Nous n’avons pas ici de différences aussi grandes qu'au métathorax, où les appendices costaux, équerre, rectiforme, constituent un appareil tout à fait spécial aux Porte-aiguillons. | ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 105 MUSCLES DES AILES. Nous avons vu que les ailes étaient très rapprochées, encore plus solidaires dans leurs mouvements que celles du Sirex ; que corrélativement, 1l y avait condensation, tendance à la fusion des pièces méso- et métathoraciques. Rien d'étonnant par conséquent à ce que nous trouvions les mêmes caractères dans la musculature. Les deux muscles les plus volumineux leur sont communs : le dorsal et le sternali-dorsal. Le dorsal s’insère : 1° en arrière, sur la face antérieure de la partie centrale élargie du subpostdorsum ; 2 en avant sur les trois quarts de la voûte du dorsum, à partir du rebord an- tédorsal, jusqu’au postdorsum exclusivement, il forme une ligne dirigée d'avant en arrière et en dehors. Sa contraction augmente la voussure du dorsum, élève les bords du dorsum, et par suite, abaisse les ailes. À la suite du dorsal, je placerai un muscle encore non signalé, qui s’insère en arrière vers l’extrémité du métanotum, au quart externe de cetle extrémité, par un court et Solde tendon ; il s'élargit en avant en patte d’oie, et s'insère dans la cavité du postdorsum, sur le bord antérieur de cette cavité. Il se dirige d’arrière en avant et en dedans. Est-ce là un muscle spécial aux Hyménoptères ou bien un souvenir du latéro- dorsal, si développé dans d’autres ordres (Orthoptères) ? Sternali-dorsal. — Muscle en tronc de cône fixé par son sommet, sur le plancher mésosternal, et par sa base sur la zone latérale du dorsum. Son axe monte en avant et en dehors. Sternali-postdorsal. — Petit muscle allant du sternum à l'extrémité externe du postdorsum. Il est situé dans la gout- üère du postpleuron. Il est, ainsi que le précédent, abaisseur des bords latéraux du mésonotum. 406 P.-C. AMANS. Muscles axillaires. — Vs peuvent se diviser en axillaires an- térieurs et axillaires postérieurs, les uns se rendant au golfe antérieur, les autres au golfe postérieur. 1. Préaxillaires. — Un double musele répond à ce nom: le premier va de l’antépleuron aux bords internes du subanté- rieur ; le second s’insère aussi sur le subantérieur, mais plus en arrière, son tendon n’est pas si résistant que celui du pré- cédent ; en bas, il s’insère en avant et en dessus du premier. 2. Postaxillaire. — Ge muscle va du bord externe de la hanche à l’appendice antérieur du subpostdorsum. Il peut être comparé au postaxillaire du Sirex. 3. Muscles du tampon. — Je devrais dire de l’équerre et du terminal, car ils s’insèrent à l'union de l’équerre et du termi- nal. Mais leur position et leur direction ne me laissent aucun doute sur leur analogie, peut-être même homologie avec les muscles du tampon d’autres Insectes. Jusqu'à présent nous avons vu un seul muscle s’insérant à l'apophyse antéro-inférieure du terminal, au tampon. Ici, à peu près à la place du tampon, nous avons un osselet mobile, isolé, l’équerre et une paire de muscles accolés, s’insérant à ce niveau. Nous verrons aussi une paire de muscles chez les Hémiptères et les Diptères. %. Muscle du vectiforme. — Ce muscle va de la base des cornes mésosternales à l’extrémité interne du vectiforme. La plupart de ces muscles ont leurs analogues dans le mé- tathorax. On y remarque : 1° Un préaxiliaire, placé tout le long du bord antérieur du métapleuron. Il descend du subantérieur à l'angle externe de Ja hanche. Son tendon supérieur est très faible, ce qui con- corde avec ce fait que le versant antérieur de l'aile postérieure estentrainé presque mécaniquement par l'aile antérieure. Il résulte de l'insertion inférieure que ce muscle atteint son maximum de raccourcissement, la deuxième paire de pattes ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 107 étant pendantes en avant. Cette attitude des pattes doit ce- pendant avoir une influence peu considérable sur la propulsion de l’aile postérieure, vu que, d'une part, le préaxillaire s’in- sère à l'extrémité de l’axe de rotation de la hanche, un point par conséquent qui subit très peu de déplacements, et que, d'autre part, l'aile postérieure est entraînée passivement ; 2° Un postatillaire, dont la partie mférieure, massive et volu- mineuse, s'attache aux bords postérieurs de la crête transver- sale du sternum. Son tendon supérieur très dur est fixé au niveau de la queue du terminal ; 3° Un muscle du tampon, den de l’antépleuron du méta- thorax à l’ appendice du terminal. Au-dessous de ces muscles axillaires, se trouve une série de muscles, la plupart exclusivement pleuraux : 1° Le muscle du collier allant de JR à l’angle postérieur du collier ; 2° Un métapleural antérieur S’insérant en avant et en bas, sur la face postérieure dela crête de séparation méso-métapleu- rale, en haut, à la base de l’alifère. 3° Un métapleural postérieur s’insérant en avant et en haut, au-dessus du rebord supérieur postpleural, en arrière et en bas dans la gouttière du pédicule abdominal. 4 Un dorso-métapleural, allant de la même gouttière à Fa face postérieure du subpostdorsum. 9° Entre les deux têtes alifères se trouvent encore quelques petits ligaments. Ces derniers muscles ne Jouent qu’un rôle secondaire dans le vol. Facteurs constants des organes du vol. — En résumé, du Xylocope aux Pseudo-Névroptères, en passant par les Téré- brants, Locustides et Névroptères, nous trouvons comme élé- ments constants les facteurs suivants : 1° Comme forme générale de la machine, un ovoïde plus ou moins allongé, à grosse extrémité dirigée en avant ; % Comme Ha un plancher solide, des sas laté— rales plus ou moins élastiques, plus ou moins réunies en 108 P.-C. AMANS. arrière, de manière à constituer une ligne transversale fixe de pivotement (cercle postérieur), maintenues chacune par une colonne verticale (entopleuron) et un toit (notum) mobile sur ses parois autour de cette dernière ligne et des sommets de la colonne. Cette dernière rotation a lieu par l'intermédiaire d'organes particuliers, les ailes ; 3° Comme forme générale schématique de l'aile, une surface élastique triangulaire dont l’épaisseur va en diminuant graduel- lement d'avant en arrière et de la base au sommet, à base centrifuge. Cette surface est gauche, formée à la base de deux plans, un plan antérieur et un plan postérieur, mobiles lun sur l’autre autour d’une ligne très variable, mais allant de la base vers les parties externes, dans le sens longitudinal de l'aile. L'existence de ce dièdre est constante; 4° Comme articulation de l'aile, en bas, une double face articulaire, l’une en avant, l’autre en arrière du sommet de la colonne (alifère), l’une pour le roulement du versant anté- rieur, l’autre pour le roulement du versant postérieur, — en haut, articulation du toit mobile avec l’arête du dièdre ; 5° Comme moteurs : (a) des forces à la fois élévatrices, rétractrices et abductrices du sommet du dièdre; (b) des forces antagonistes des précédentes ; (c) des forces propulsives, rapprochantes et abaissantes du plan antérieur; (d) des forces abaissantes et propulsives du plan postérieur. Les deux pre- miers groupes s’insèrent sur le toit et sur le plancher, les deux derniers à la racine de l'aile. Ces forces motrices sont des muscles volontaires. Leurs actions se trouvent combinées avec des forces élastiques, invo- lontaires. Les principales forces élastiques sont : 4° La résistance du toit à la courbure que lui impose le premier groupe; 9 La résistance de l’appareil de pronation situé en avant de Palifère, à la flexion communiquée par le groupe (c). Tels sont les facteurs constants qui me paraissent se dégager de l’organe du vol chez les quatre premiers ordres décrits (Névroptères , Pseudo-Névroptères, Orthoptères, Hyméno- ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 109 ptères). Nous approfondirons et préciserons mieux la nature de ces facteurs par l'étude des ordres suivants. V — HÉMIPTÈRES. Je décrirai un type d’'Homoptère, la Cicada plebeia ou Cigale du frêne. La grande prédominance du mésothorax sur le métathorax, l’aplatissement des pleures, la pauvreté du réticulum alaire, le facies glabre, luisant et corné de la surface alaire, ainsi que la forme trapue de l’animal, tels sont les traits généraux qui vous frappent à la première inspection. Un autre trait saillant est un prolongement cunéiforme partant de la tubérosité antérieure et finissant bientôt en pointe en arrière et parallèlement au bord antérieur. Aile antérieure. — On l'appelle aussi élytre, comme étant plus rigide que laile postérieure. Mais il ne faut pas voir dans cette dénomination un fait spécial aux Hémiptères. Chez tous les Insectes, l’épaisseur va en diminuant, soit du bord anté- rieur au bord postérieur dans la même aile, soit du bord anté- rieur de l’aile antérieure au bord postérieur de l’aile posté- rieure, si on considère l’ensemble des deux ailes. La chitine qui forme les ailes de la Cigale est transparente, olabre, élastique et dure; elle présente de nombreux plis, perpendiculairement au côté antérieur de chaque cellule alaire. Les côtés de ces cellules proviennent des cinq nervures fondamentales. La nervure antérieure est très large près de la base. Elle est renflée en arrière, aplatie en avant. L’aplatissement en biseau du rebord antérieur est un fait constant chez tous les Insectes que nous avons jusqu'ici étudiés. La nervure antérieure s'articule mollement à la base avec la tubérosité antérieure et peut tourner sur elle dans certains sens, mais Jamais autour d’un axe, soit vertical, soit horizon- tal. Elle n’a, en effet, avec l’humérus d’autres rapports que par lPintermédiaire de la ‘nervure médiane, sur laquelle elle ANN. SC. NAT., ZOOL., 18859. XIX. 8. — ART. N° 2. [10 P.-C. AMANS. roule longitudinalement autour de son bord postérieur (char- nière linéaire simple). Quant à la nervure médiane, elle tourne autour d'un ph oblique de bas en haut, en arrière et en dehors. Le mouvement résultant de la nervure antérieure est donc un mouvement spiral et non circulaire. On peut en dire autant de la nervure subantérieure, Imtime- ment accolée à la nervure antérieure dans toute sa longueur. Son extrémité basilaire passe à la face inférieure de Paile où elle s'articule avec la tubérosité antérieure en flexion. La nervure médiane a, chez les Hémiptères, une forme tout à fait spéciale. Au lieu de se continuer d’un bout d’ale à l’autre, elle reste cantonnée dans la partie basilaire, où elle s'enfonce comme un coin entre le versant antérieur et le ver- sant postérieur. On croirait avoir affaire à un prolongement de la tubérosité antérieure servant d’axe de rotation longitudinal entre la partie antérieure et la partie postérieure de l'aile. C’est cette saillie cunéiforme qui nous a frappé à la première inspection, et qui nous fera toujours reconnaitre sans hésiter une aile d'Homoptère. En arrière de la nervure médiane, nous éprouvons une cer- taine déception à ne pas trouver une nervure unique pour représenter la nervure submédiane des Névroptères. Nous avons là une fosse submédiane analogue à celles que nous avons vues jusqu'à présent, mais pas de nervure simple qui vienne y mourir. [1 y a cependant une commassure transversale formant une ligne brisée ouverte en dedans, à trois bran- ches, donnant naissance à trois branches secondaires qui se dirigent en divergeant et en se ramifiant vers l’extrénnté postéro-centrifuge de l'aile. La partie située en dedans de la commissure forme une lame triangulaire en chitine dure. C’est son bord postérieur épaissi que je nomme la nervure submédiane, à cause de ses relations avec la région de la dépression submédiane. Elle se continue en dehors par la commissure transversale, et plus spécialement, plus directement par la plus postérieure des nervures secondaires, issues de la commissure. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 411 En arrière de la dépression submédiane, nous trouvons une erosse tubérosité, l’arcade postérieure. Getie arcade est formée par la réunion à la base de deux nervures postérieures, et plus en arrière par la série des osselets qui réumissent le plan pos- térieur de l’aile au mésonotum. C’est l’analogue de l’arcade postérieure des Orthoptères, mais avec des pièces plus nom- breuses. L’arcade postérieure des Hémiptères offre deux parties bien tranchées : 1° la portion limitée par les deux nervures posté- rieures, portion entièrement semblable aux autres cellules alaires; 2 la portion la plus interne, occupée par une mem- brane molle et extensible. Cette portion roule le long du bord postérieur de la première, pendant que celle-ci roule le long de la nervure submédiane. Pour terminer ce qui a trait au corps de l’aile proprement dite, nous remarquons qu’il se compose uniquement de la surface comprise entre les nervures antérieure, subantérieure, intermédiaire et submédiane. Cette surface n’a d’autres mouvements directs et immédiats que ceux qu’elle exécute longitudinalement autour de la nervure médiane et le long de la nervure submédiane. Ces mouvements sont oscillatoires, purement passifs, et dus à la résistance de l’air et au mode d’agencement de la tubérosité antérieure avec l’arcade pos- térieure. Cette oscillation longitudinale de l’aile ne nous était pas encore apparue avec des lignes de rotation aussi nettement découpées. Une autre ligne très accentuée est la courbe de flexion de l'extrémité de l’aile. La flexion elle-même est un fait constant, résultant de la convexité et de l’élasticité du bout de l'aile, qui se dérobe à l’air dans le coup ascendant; le mode de flexion est variable. En général, l'aile fléchit suivant une ligne courbe qui se dirige en zigzaguant du sommet de l’aile vers la base du bord postérieur. Cette courbe-est le lieu des points de flexion des principales nervures, lieu variable chez un même animal, suivant la force et l’étendue du coup d’aile. Cette 112 P.-C. AMANS. flexion est le résultat de lélasticité et sans qu'il soit besoin d’une articulation spéciale. La nature en a décidé autrement pour la Cigale. La flexion de l'extrémité de laile de la Cigale se fait au moyen de six articulations, allant du tiers externe du bord an- térieur au sommet de la nervure submédiane, en décrivant une sinussoide, dont la branche antérieure s’ouvre en dehors, et la branche postérieure en dedans. Ces articulations consistent en une légère solution de conti- nuité, transversale, surtout à la face inférieure. Les têtes en regard sont élargies transversalement, de manière à allonger l’axe de flexion, et à éviter tout autre mouvement en dehors de cet axe. Les nervures ainsi modifiées sont les nervures anté- rieure, subantérieure, une tributaire de la subantérieure, la fourche de la première nervure Imtermédaire, et la seconde intermédiaire. L’extrémité de la troisième intermédiaire fléchit par élasticité, sans flexion. On peut s'expliquer cette forme de flexion par de simples considérations mécaniques. Si l’aile était plane, elle aurait une tendance à fléchir ou à s'étendre autour d’une ligne droite, et cela indifféremment sur ses deux faces. Comme l’aile est une surface gauche, il faut distinguer la face concave de la convexe. La face concave ou inférieure opposera à la colonne d’air une résistance beaucoup plus grande que la face convexe, car par le fait même de sa concavité, elle ne peut fléchir de bas en haut sous peine de se rompre. La face convexe au con- traire cédera à la colonne d’air ; car elle a plus de surface qu'il ne lui en faut pour fléchir vers la région où l’air la pousse. De là aussi la forme courbe de la ligne de flexion. De quelle nature est cette courbe? IT faut alors faire intervenir la vitesse, le genre et l’étendue de la surface alaire, le mode de répartition de l’élasticité, sans compter le mode de mouve- ment communiqué par les différentes combinaisons des moteurs. Le problème devient encore plus embrouillé, si, à la flexion transversale des principales nervures, on ajoute un plissement longitudinal (ce qui est le cas chez les Ortho- ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 113 ptères). Contentons-nous de signaler grosso modo la forme sinussoïdale de cette courbe chez les Hémiptères. Base de l'aile. — Klle se compose d’une forte tubérosité antérieure, et de nombreux processus et osselets en arrière et en dehors de cette tubérosité. La tubérosité antérieure est une pièce massive à rapports complexes, s’articulant en dehors avec le corps de l'aile, et l’arcade postérieure, en dedans avec le mésopleuron et le métanotum. Nous distinguerons un bord interne, un bord externe, une face inférieure et une face supérieure. Le bord interne forme un angle ouvert en dehors et en bas. La face supérieure forme deux quadrilatères réunis par la nervure médiane. Ils sont placés dans l’extension, l’antérieur presque vertical, le postérieur presque horizontal. Le quadri- latère antérieur à ses deux sommets externes pointus et diver- gents. Ge sont des pointes d'arrêt destinées à buter l’inférieure contre la base de la nervure antérieure, la supérieure contre la base de la nervure médiane. C’est au pied de ce bord externe, dans une excavation, que s’insère un ligament destiné au bord antérieur de l'aile. Le bord antérieur du quadrilatère est libre. Le bord interne est réuni au dorsum par un ligament mou. Le bord postérieur est séparé du quadrilatère postérieur par un grand sillon, qui arrive presque jusqu’à l'angle interne de la tubérosité. Un autre sillon part du sillon médian et court d'arrière en avant parallèlement au bord interne du quadrilatère. Il se bifurque bientôt en une branche interne et une branche externe. Tous ces sillons correspondent aux cloisons de séparation des cavités inférieures. La face inférieure du quadrilatère antérieur est encore plus accidentée que la face supérieure. La pièce principale est une apophyse à face inférieure concave, dont les parois aboutis- sent aux sillons déjà cités. C’est par l'intermédiaire de cette apophyse que le versant antérieur de l’aile roule sur lalifère. 114 P.-C. AMANS. On pourrait la nommer l’apophyse inférieure de la tubérosité antérieure. Autour des parois de cette apophvse, on distingue de petites cavités : 1° en dehors, la cavilé radio-antérieure, déjà citée, donnant attache au ligament de la nervure antérieure ; 2° En dedans, une cavité Intrathoracique réunie au dorsum par un ligament mou, au pleuron par une lamé assez dure ; 3° Une cavité postérieure, au-dessous de la racine de la nervure médiane. Le quadrilatère postérieur est hé au dorsum par le sigmoïde, à la racine de la nervure médiane par une étroite commissure chitineuse, au tiers interne d’un léger sillon linéaire qui le sépare de cette racine. Ses bords externe et postérieur sont plus ou moins tallés à pie, et c’est autour d’eux que roule le plan postérieur de laile. Son bord externe donne insertion au processus retro-médian. Ce processus est une lame divisible en deux parties flexibles l'une sur l’autre, autour d’une ligne allant de la dépression submédiane au sommet postéro-externe du quadrilatère pos- térieur. La face inférieure du quadrilatère postérieur porte à sa partie postérieure une forte apophyse en forme de botte, le processus Submédian, dont le talon est intimement lié, mais non soudé à l’angle postéro-externe de la cavité postérieure citée plus haut. La semelle est mollement unie au processus pleuro-terminal, et la ligne supérieure de l’empeigne au tampon. On voit d’après ces rapports que le quadrilatère antérieur domine la région du golfe antérieur, et commande le plan antérieur de l’aile. Le quadrilatère postérieur commande le versant postérieur. Gest à la fois le point d'attaque du dor- sum, et le centre de ralliement de arcade postérieure. J'ai donné à l’osselet qui unit le quadrilatère postérieur au dorsum le nom de siymoïde, par analogie de rapports et même de forme avec le sigmoïde des Hyménoptères. Mais il est relativement beaucoup plus petit. C’est un osselet allongé, ARTICLE N° 2 ORGANES DU VOL. 415 légèrement tordu en 5 et formé de deux parties : l’une en avant du coude dorsal, en chitine pâle, l’autre plus volumi- neuse en arrière, en chitine chlorée. La première correspond à l'angle interne de la tubérosité antérieure; elle est légère- ment flexible sur la seconde. Celle-ci est mobile en charnière sur le côté interne du quadrilatère postérieur. L’arcade postérieure est formée par la base des nervures postérieures, et par le terminal avec ses quatre aboutissants tampon ou proterminal, extra-terminal, pleuro-terminal et dorso-terminal. On peut aussi y ajouter les supports du voile. La base des nervures postérieures forme une lame taillée en biseau qui surplombe la dépression submédiane. Elle est en avant séparée du rétro-médian par la membrane molle qui tapisse le fond de la dépression. En arrière elle pivote sur lextraterminal. On pourrait considérer la grande cellule pos- térieure tout entière comme un osselet d'union entre l'aile antérieure et l’aile postérieure. Il ne faut pas perdre de vue que les deux ailes sont soli- daires. On aurait tort, par exemple, de vouloir fabriquer des ailes artificielles en prenant pour modèle une seule paire d'ailes, | L’anatomie de cette grande cellule en peut servir de preuve. Son bord antérieur presque linéaire roule en charnière tout le long de la nervure submédiane. Son bord postérieur, presque rectiligne, forme un tour de spire d’un très petit rayon et à grand pas; la moitié interne donne insertion au voile; la moitié externe, plus étroite et plus concave, forme une rigole héli- coïdale, dans laquelle vient courir le cran ou crochet du bord antérieur de l’aile postérieure (1). Le mouvement de cette rigole et par suite de l’aile postérieure est donc sous la dépen- dance des mouvements de la charmière et de la base de la grande cellule postérieure. (1) Sur les divers modes d’accrochement des deux ailes dans la série des Hémiptères, voy. Moleyre, Recherches sur les organes du vol chez les Insectes de l'ordre des Hémiptères (Comptes rendus Ac. sc., t. XOV, n°7, p. 349-352). 116 P.-C. AMANS. Nous avons déjà dit que cette base ‘pivotait sur lextra terminal. Celui-ci forme une lame concave en dedans, ver- ticale dans l'extension, coiffant la partie postérieure du pro- cessus submédian dans le repliement. Elle s’arc-boute en dehors sur la cellule humérale, en dedans sur le sommet supérieur du terminal. Son bord supérieur est mollement lié aux deux supports du voiie. Son bord inférieur donne attache au ligament de la dépression postérieure. Le ligament se continue sur le bord inférieur du tampon. Le tampon est un osselet fortement concave en dedans, soudé en avant sur le bord supérieur du processus submédian, bas- culant en arrière sur le sommet supérieur du terminal. Sa face externe ou convexe fait partie de la dépression postérieure ; sa face interne, de la cavité thoracique et donne insertion à un muscle particulier. Le terminal est un osselet de forme triangulaire allongée. Son sommet supérieur pivote en avant sur l’extra-terminal, en dedans sur le tampon. Son côté externe est mollement lié au petit support du voile. Son bord inférieur donne attache en arrière au voile, en avant au ligament du golfe postérieur, et son bord supérieur au ligament de la dépression posté- rieure. Le sommet effilé interne du terminal s’arc-boute mol- lement sur les extrémités en regard du dorso-termimal et du pleuro-terminal. Cette pièce n’est pas constante dans la série des Insectes, en tant qu'osselet distinct; mais jusqu’à présent nous n'avons constaté son absence que chez les Pseudo-Névroptères. Le pleuro-terminal comprend deux parties intimement sou- dées. L’antérieure s'articule avec le bord postérieur de la tête alifère, sur laquelle elle peut fléchir de dehors en dedans. La postérieure beaucoup plus large s’artieule mollement avec les extrémités du terminal et du dorso-terminal. Elle forme une sorte de presqu'ile jetée au milieu du grand ligament du golfe postérieur. Sa face interne forme une capsule, ouverte dans la cavité thoracique, et donne insertion au postaxillaire. Le support du voile est une lame triangulaire allongée, une ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 117 sorte de sésamoïde, située à l’angle de la cellule postérieure et de l’extra-terminal. Le voile est une membrane souple, terminée en arrière par un bourrelet élastique; elle s’appuie sur la moitié interne du bord postérieur de la cellule postérieure, sur le support, sur le terminal et sur la commissure pleuro-dorsale. Aile postérieure. — L’aile postérieure est beaucoup plus courte et plus souple que l'aile antérieure. Ses éléments peu- vent se comparer presque pièce à pièce avec ceux de aile an- térieure, mais avec de nombreuses modifications. Une première série de modifications résulte de l’entraine- ment passif de son bord antérieur. À cet effet, 1l est creusé, sur le milieu de sa longueur, d’une petite rigole hélicoïdale de sens contraire à celle du bord postérieur de l'aile antérieure. L'extrémité externe de la rigole se termine par un crochet, qui maintient intimement accrochés les deux pas de vis, dans leur roulement réciproque. Au début du roulement, le ero- chet se loge au niveau de la pointe de la cellule postérieure. À ce moment, le bord antérieur de cette cellule et le bord antérieur de l'aile ont même projection horizontale; mais à mesure que le crochet glisse, leur angle augmente, et à la fin du coup descendant, c’est avec le bord postérieur de la cellule que vient coïncider le bord antérieur de l'aile. Le bord antérieur est formé par les nervures antérieure, médiane et submédiane réunies. La nervure médiane ne forme plus cette saillie cunéiforme, caractéristique de laile anté- rieure. De la dépression submédiane partent des nervures in- termédiares sans commissure transversale ; la première ner- vure qui suit le bord antérieur se bifurque à angle aigu dès son origine, et roule par sa branche postérieure sur un couple de nervures intermédiaires coudées en U à leur extrémité ba- silaire. À la place de la grande cellule postérieure, nous avons trois nervures postérieures à têtes basilaires isolées. La der- nière est plus longue, mais de même forme que le support du voile à l’aile antérieure. 118 P.-C. AMANS. La tubérosité antérieure est moins massive et moins dure qu'au mésothorax. Le quadrilatère antérieur n’est plus re- connaissable; 1l est réduit à une bande étroite, qui donne attache au ligament antépleuro-basilaire. Le bord antérieur de l'aile tourne sur la partie antérieure de la tubérosité anté- rieure autour d’un axe, voisin de la verticale. La partie posté- rieure est plus développée : nous y retrouvons un processus submédian, et un rétro-médian. Le rétro-médian pousse le terminal par l’intermédiaire d’un extra-terminal ; le proces- sus submédian fait corps avec un prolongement qui, comme dans l’aile antérieure, le réunit à un tampon arciforme, en bas avec le pleuro-terminal qui est muni de sa cupule; le dorso-terminal est semblable à celui de l'aile antérieure. Telle est l’analyse aussi minutieuse que possible du corps et de la base des deux ailes. On peut déjà se faire idée de la forme possible de la surface alaire. Si l’on accroche les deux ailes et qu’on les examine à l’état d'extension complète, alors qu’elies ne font plus qu’une surface continue, on voit que les insertions basilaires desnervures dessinent une ligne courbe à partir de laquelle elles vont en divergeant graduellement, comme les génératrices successives d’une surface gauche. Nous avons négligé ce détail dans les ordres précédents; il est tout aussi net que chez les Hémiptères, et dorénavant nous le noterons soigneusement, afin d'en tirer quelques éclaircisse- ments sur la nature possible de cette surface. Pour compléter l’étude de la base de Paile, il faudrait décrire encore l’appareil de pronation. Nous le verrons à pro- pos du pleuron. MÉSOTHORAX. Mésopleuron. — On peut distinguer un antépleure et un postpleure, séparés par un sillon allant en zigzag du cercle pédieux à l’alifère. Ce sillon présente en bas, à son origine, une excavation à laquelle correspond en dedans une apophyse considérable, l’apophyse pédio-pleurale. À ce même niveau, il est croisé par un autre sillon, allant d'avant en arrière et en ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 119 haut. Il v a donc lieu de distinguer quatre segments rayonnant autour de ce trou, deux à l’antépleure, deux au postpleure. 1. Le segment supérieur de l’antépleuron a la forme d’un bouclier ovalaire. La moitié antérieure se courbe en dedans et disparaît sous le prothorax. Elle est en outre en haut séparée de la postérieure par une fente très prononcée, fente antépleu- rale, longue, remplie d’une chitine plus claire, qui facilite ainsi la flexion de dehors en dedans. Toute cette partie du bouclier située en dedans de la fente doit jouer un rôle impor- tant dans le vol : car 1° son bord supérieur s'articule avec le bord interne du quadrilatère par l’intermédiaire d’un osselel triangulaire, tordu, l’osselet de pronation; 2 son bord interne donne insertion à une commissure antépleuro-dorsale, formée de deux processus intimement accolés, mais flexibles l’un sur l’autre; ils offrent une certaine analogie avec la commissure de même nom chez la Panorpe. Le processus supérieur s’unit par son extrémité seulement au bouclier, tandis que linférieur y est soudé suivant une ligne assez étendue; par contre, le supérieur aboutit à l’autre dorsum avec lequel il fait corps, tandis que l’inférieur s'arrête à moitié chemin. Voilà donc finalement trois axes principaux de transmission de mouve- ment du mésonotum sur l’antépleure : axe des processus entre eux, de la comraissure sur le bouclier, axe de la fente. L'extrémité inférieure du bouclier présente un sillon ser- vant à guider et à limiter la course d’une saillie inférieure du prothorax. 2. Le segment inférieur de l'antépleuron ne présente en dehors rien de particulier; en dedans il se fond avec l’auté- sternum. 3. Le segment supérieur du postpleuron a une forme qua- drilatère; les deux bords inférieurs de ce quadrilatère sont riverains des sillons déjà cités. Le bord postéro-supérieur limite en avant Le golfe postérieur, tandis que le processus postpleuro-dorsal le limite en arrière et le dorsum en dedans. C'est vers le milieu de ce bord que s’articule le pleuro-ter- minal. 190 P.-C. AMANS. Plus haut, nous sommes sur lPapophyse alifère; c’est une apophyse élancée, bien assise, formée par lunion de lanté- et du postpleuron, &’est-à-dire par le sommet de l’entopleuron. Le sillon de l’entopleure se contourne à son extrémité de façon que la partie postérieure ait une position interne par rapport à l’antérieure (fait constant chez tous les Insectes). L’articulation de lalfère avec la base de laile a lieu par l'intermédiaire d'une lame de chitine assez épaisse, non colo- rée, soudée d’une part à la face interne de l’alifère, de l’autre au bord interne de l’apophyse basilaire inférieure. Nous avons, du reste, déjà parlé de cette lame à propos du bord interne du quadrilatère antérieur. Cette lame doit permettre une tor- sion de son axe vertical pour faciliter l'aller et le retour du bord antérieur de l'aile. I faut bien qu'il en soit ainsi, puisque l'articulation pleuro-alaire n’est pas 1c1 une condylarthrose, comme chez les Hyménoptères. Signalons encore sur la face externe du segment supérieur une forte crête, sur laquelle s'appuient au repos la terminaison de la nervure antérieure et le bord antérieur de la tubérosité antérieure. Elle doit servir à protéger les parties molles du golfe postérieur. 4. Une autre crête, située sur le segment inférieur postpleu- ral, protège un stigmate intermédiaire au méso- et au méta- pleuron. La partie Imférieure de ce segment se fond avec le poststernum. Mésopleuron, face interne. — À chacun des sillons décrits sur la face externe correspond une crête sur la face interne. Au point de croisement, elles se tordent l’une sur l’autre, de mamère à former une longue apophyse transversale, très con- cave inférieurement, qui surplombe le trou pédieux: c’est l’apophyse pédio-pleurale ; c’est une sorte de nœud destiné à renforcer l’union des quatre segments mésopleuraux. La crête la plus large est la portion de l’entopleuron située au-dessus de l’apophyse. La crête antéro:postérieure est peu développée dans sa moitié antérieure; celle-ci se bifurque à son extré- ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 191 mité. Nous avons vu en effet, sur la face externe du bouclier, un sillon secondaire se détacher du principal pour loger une saillie du prothorax; la moitié postérieure s’unit au post- dorsum. Mésonotum. — I est de beaucoup plus volumineux que le métanotum. Cette disproportion marche de pair avec celle du méso- et du métapleuron; 1l forme une surface convexe, hexa- oonale; le bord antérieur est échancré sur son milieu. Cette échancrure est comblée par une lame de chitine claire, anté- dorsum, qui se continue en outre de chaque côté de l'échan- crure par un étroit prolongement. Gette lame est intrathora- cique ; une membrane l’attache à son bord supérieur et lPunit au prothorax. Le bord antéro-latéral du dorsum forme le bord interne du solfe antérieur, ou terrain d'évolution de [a racine antérieure de laile. Ge terrain est limité d'autre part, en avant, par la commissure antépleuro-dorsale, en dehors par le segment supérieur de Pentopleuron. Le bord postéro-latéral forme la rive interne du golfe posté- rieur ; il forme avec le précédent un angle de 100 degrés en: viron; le bord postérieur est deux fois plus long que l’anté- rieur; le sommet de l’angle, ou coude dorsal, porte une fente dorsale tapissée par une membrane molle. C’est le point du dorsum le plus rapproché de l’alifère; 1l en est seulement séparé par la tubérosité antérieure, jetée comme un pont mo- bile au-dessus du mince détroit qui unit les deux golfes. Le côté postérieur du mésonotum forme un rebord élevé, large et massif ; le milieu est renflé et ressemble à un X dont les branches limitent sur la face supérieure du mésonotum une dépression médiane et deux latérales (dépression postdorsale), chacune de celles-ci avoisinant le golfe postérieur. Un sillon transversal parcourt les dépressions postdorsales et sépare le rebord postérieur mésonotal du mésonolum proprement dit ; ce rebord postdorsal est extrathoracique ; il masque com- plètement le métanotum dans sa partie médiane; il est inti- 122 P.-C. AMANS. mement uni par son extrémité externe avec la crête antéro- postérieure du mésopleuron. En avant et par sa face inférieure il est soudé au subpostdorsum. Le subpostdorsum est formé par deux grandes lames trian- gulaires réunies en haut par une pièce médiane, à partir de laquelle leurs côtés internes divergent, formant ainsi une longue échancrure pour le passage des autres appareils (diges- tif, respiratoire, etc.). Les côtés externes sont libres comme les internes; ils sont éloignés des parois postpleurales. [ls &es- cendent aussi verticalement, mais dans un plan plus postérieur que les internes; 1ls se raccordent avec ceux-ci, de manière à constituer une extrémité anguleuse repliée horizontalement en avant jusqu’au niveau de la corne entosternale. Chacune des palettes du subpostdorsum ressemble à une langue pendante verticalement dans la cage, à concavité anté- rieure et à pointe recourbée en avant, parallèlement au ster- num. | Le bord postérieur du subpostdorsum est soudé à la face inférieure du postdorsum et à l’angle postéro-supérieur du postpleuron. Cet angle est épaissi par le rapprochement de la crête antéro-postérieure du mésopleuron, et de la crête méso- métapleurale (formée par l’adossement du méso- et du méta- pleuron). Le mésonotum est donc lié au pleuron, de manière à con- stituer un cercle postérieur rigide (sic Névroptères). Au milieu du tiers interne du bord supérieur subpostdorsal se trouve l’origine de la crosse. J’appelle ainsi l'élévation qui sépare la concavité médio-supérieure de chaque palette des concavités latérales. Cette crosse se continue en arrière et donne le dème latéral du métanotum. Mososternum. — L'entosternum donne deux apophyses allongées montant jusqu'au niveau de l’apophyse pédio- pleurale. Le poststernum se réduit à une zone mince située entre deux paires de cercles pédieux. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 193 Métapleuron, face externe. —N est divisé par le sillon ento- pleural en segment antérieur (antépleure) et segment posté- rieur (postpleure). Ces deux fragments se fondent en bas avec le métasternum. La partie supérieure, après s'être d’abord courbée en dedans, se retrousse finalement en dehors, de manière à former une crête verticale; cette crête se dirige d’arrière en avant, en décrivant une S. La boucle antérieure forme l’alifère, la boucle postérieure le rivage pleural du golfe postérieur. La partie antérieure de l’alifère forme une apophyse poin- tue, sur laquelle s'articule la racine du bord antérieur de l’aile par un osselet allongé, analogue de l’osselet de pronation. La partie postérieure s'articule par une lame chiniteuse élas- tique claire avec la face inférieure de Ta tubérosité antérieure. La partie antérieure de lalifère est immédiatement au- dessous et en avant de l’osselet de pronation, intimement sou- dée au cercle postérieur, si bien que le golfe antérieur est presque nul. Corrélativement, l’antépleure est de plus en plus étroit vers sa partie supérieure. Ce sont là de profondes modi- fications si l’on compare le métapleure au mésopleure. Signalons encore l’absence du sillon antéro-postérieur et la présence sur le postpleuron d’une grande crête, en forme d'oreille, dont la partie supérieure abrite le stigmale méta- thoracique. Le postpleuron se prolonge supérieurement et forme avec son symétrique et le postdorsum le cerele postérieur. Face interne. — Il est séparé du mésopleuron par une forte crête, la crête mésométapleurale, qui se bifurque en haut pour embrasser le stigmate : le bras antérieur S’unit au bord interne du subpostdorsum, le bras postérieur au bord supé- rieur. C'est à ce bras postérieur, au niveau de son union avec le subpostdorsum, qu'est soudée la base de l’alifère. L’entosternum est moins large que celui du mésopleuron ; l’apophyse pédio-pleurale bien plus petite. 194 P.C. AMANS. Le bord postérieur du postpleuron forme aussi une crête, fortement épaissie à sa partie supérieure, et percée d’un stigmate. Les bras présentent chacun une apophyse ; l’anté- rieure plus basse et plus petite que la postérieure. Ces apo- physes limitent une excavation immédiatement au-dessous du stigmate. Au-dessus du stigmate, la crête se continue et se fond avec le postdorsum. Métanotum.— Le métanotum est beaucoup plus réduit que chez les Térébrants, et plus même que chez les Porte-aiguil- lons. Chez les Porte-aiguillons, le métanotum se réduit à une demi-ceinture, comme l'appelle justement Chabrier. C’est une pièce étroite, mais dont la réduction à été assez uniforme, laissant les bords parallèles. Ge type de réduction n’a rien de commun avec celui des Hémiptères. La réduction du métano- tum des Térébrants est plus voisine : le métanotum est très rétréci au milieu comme celui des Hémiptères, mais les di- verses parties sont encore distinctes et reconnaissables. Chez les Hémiptères, le métanotum se réduit à une pièce latérale, fortement concave inférieurement, soudée à la crosse du subpostdorsum. Gette pièce est de forme triangulaire. On dirait une coquille de Moule (Mytlus) dont le bord ventral serait tourné en avant et en dedans, et dont la charnière repré- sentait le coude dorsal, en regard de l’alifère. Nous retrou- vons iei la fente dorsale et un sigmoïde en regard. Le dème du métanotum est très mobile par son bord pos- térieur, qui est mollement lié au cercle postérieur. En somme le squelette de la Cicada constitue un type fort original, qui s'éloigne à beaucoup d’égards de tous les ordres précédents. Certaines de ses dispositions ne se retrouveront plus que dans un seul ordre, dans celui des Diptères. MUSCLES DU VOL. Musctes de l'aile antérieure. — En ouvrant l’animal par une section médiane longitudinale, nous rencontrons successive- ment en allant de dedans en dehors : : ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 195 Dorsal. — Grand muscle longitudinal, mais très incliné d’arrière en avant et en haut. Il s’insère : en arrière sur la face antérieure du subpostdorsum, au-dessus et en dedans de la crosse, en avant sur la palette médiane de l’antédorsum, et sur le he dans toute la zone située en dedans . sillon latéral longitu dinal. Sternali-dorsaux. — Cette dénomination est Juste pour les faisceaux antérieurs, qui en effet s’insèrent sur l’antésternum et de là se rendent au dorsum dans un espace triangulaire, immédiatement en dehors du sillon latéral longitudinal. Pour les faisceaux postérieurs, la dénomination se trouve en défaut. Ils s’insèrent : en bas, non .pas sur le sternum, mais sur le subpodorsum, en dehors et en dessous de la crosse, en haut sur un espace ovalaire du dorsum compris entre la fente, l'insertion des faisceaux antérieurs, le sillon latéral et le bord latéral du dorsum. ii. Cette insertion inférieure des faisceaux postérieurs s'explique aisément par la conformation spéciale du subpodorsum. II descend plus bas que chez tous les autres Insectes, et se re- courbe ensuite en avant, à peu de distance du plancher ster- nal. Getle partie recourbée est liée au sternum par de nom- breux et courts faisceaux de muscles. Muscles avillaires. —T y a deux préaxillaires, deux muscles du tampon, un postaxillaire el un muscle du dorso-terminal. 1. L'un des préaxillaires, l'antérieur, s’insère en bas.sur l’antésternum en avant de l'ouverture pédieuse, en haut sur l’angle antéro-inférieur de l’antépleure. Ce muscle est pe de haut en bas, en arrière et en dehors. LG 2. Le second préaxillare est un coxali-pleural. Il va en effet du godet antérieur de la hanche au bord antérieur Intra- thoracique de l’antépleuron. Ces deux muscles concourent à abaisser la tubérosité anté- rieure. Le postérieur sert en même temps à porter la hanche en avant. ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX:-9."— ART. N° 2. 126 P.-C. AMANS. 3-4. Muscles du tampon. — KW y en a deux comme chez les Porte-aiguillons. Le muscle supérieur S'insère sur la rive antérieure de la fente antépleurale. I s’'insère en arrière, non sur le fampon, mais à côté et en dedans, sur la membrane du golfe postérieur. Le muscle enférieur s’insère en arrière de la fente, sur l'angle postéro-inférieur de l’antépleuron. 9. Le postaxillaire s’insère en bas dans le godet postérieur de la hanche ; en haut sur la cupule plate, située au-dessous des extrémités convergentes du terminal, dorso-terminal, et pleuro-terminal. Il porte le terminal en bas, tandis que les muscles du tam- pou le tirent en avant. 6. Muscle du dorso-terminal. — En bas, par un fort tendon sur la zone membraneuse du bord postérieur de la hanche, en arrière du godet postérieur, en haut sur l’angle postéro- interne du dorso-terminal. Ce muscle singulier n’a d’analogue que chez les Porte- aiguillons, où le muscle du vectiforme a à peu près les mêmes direction et relations. Muscles de l'aile postérieure. — Dorsal. — Nul. Sternali-dorsaux. — On peut comprendre sous cette ru- brique cinq museles distincts. 5 | Godet antérieur de la hanche. * À Rebord antérieur du dôme. Abaisse l'extrémité interne du métanotum et fait rouler la hanche en avant. | Godet postérieur de la hanche. De ) Bord latéral du dorsum, au niveau de l'articulation de \ l'aile. Abaisse le bord latéral du dorsum et fait rouler la hanche en arrière. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 197 . | Antésternum en avant du cercle pédieux. li Rebord antérieur du dôme dorsal. | Zone membraneuse qui attache la hanche à lanté- 4. à sternum. | Rebord antérieur du dôme. Tendon allongé sur le poststernum, en arrière du D, Cercle pédieux. Bord postérieur médian du métanotum. Il semble destiné à brider le cercle postérieur du thorax, pour résister aux traillements du grand dorsal du méso- thorax. Muscles axillaires. — I y en a trois : 1. L'un, puissant, se rend du godet postérieur de la hanche à la ip écailleuse du golfe postérieur. IL abaisse le terminal et fait rouler la hanche en arrière. 2. Petit muscle allant de l’antépleuron (partie supérieure) au tampon. Il tire le terminal en avant et en bas. 3. Plus petit encore, va de l’entépleuron, de l’apophyse pédio-pleurale à la membrane qui sépare le tampon du dorso-terminal. Îl tire cette membrane en bas, vertica- lement. Nous ne voyons pas de préaxillaire, ce qui ne saurait nous étonner, après ce que nous avons remarqué dans la confor- mation du squelette ; nous avons vu, en effet, que l’antéméta- pleuron était réduit à sa plus simple expression, et que l’aile postérieure était passivement entraînée par l’aile antérieure. Nous avons aussi remarqué que le préaxillaire métathora- cique des Porte-aiguillons était fort réduit. Par compensation, ces derniers Insectes possèdent comme les Hémiptères deux muscles du tampon. Les Hémiptères ayant une organisation générale fort différente de celle des Porte-aiguillons, il faut voir dans ces rapprochements musculaires surtout une simi- litude de fonction. Dans l’un et l’autre groupe l’ensemble des deux ailes forme 128 P.-C. AMANS. une aile typique unique, à grosse tubérosité antérieure, à nom- breuses oscillations (rouage compliqué du versant basilaire postérieur) des deux versants de l’aile autour de cette tubé- rosité. Il n’est donc pas étonnant si la musculature se ressent de cette similitude. VI. — LÉPITOPDÈRES. Traits généraux. Corps très velu. Ailes très volumineuses par rapport au poids et aux dimensions du thorax; elles ne se plient pas et restent étendues même au repos. Écailles axil- laires velues, recouvrant toute la racine du plan antérieur de l'aile. Branches entopleuro-dorsales. AILE ANTÉRIEURE. Elle est comme chez tous les Insectes (sauf certains Coléo- ptères) plus longue que l’aile postérieure. Elle est recouverte d’écailles, et très volumineuse (sauf chez la Sesia apiformis, où elle est glabre et de moyen volume). Elle est beaucoup moins concave inférieurement que celle des ordres déjà étudiés ; chez un grand nombre d’espèces, elle paraît peu élastique et quasi plane (empressons-nous d'ajouter que le vol de ces espèces est très défectueux, et comparable à la démarche d’un ivrogne). L’aile antérieure du Sphinx ou de la Saturmia présente à la base le même facies général que chez la Cigale, c’est-à-dire une pièce médiane autour de laquelle tournent le versant antérieur et le versant postérieur de l'aile. Gette pièce s’arti- cule en dedans avec le dorsum, en dehors avec le pleuron, et en haut avec l’arête du dièdre basilaire, c’est-à-dire avec l’arête médiane. Seulement ici, l’arête est liée d’une façon rigide aux nervures voisines, et va d’un bout d’aile à l’autre ; tandis que chez la Cigale, elle formait une sorte d’axe longi- tudinal cunéiforme, permettant des mouvements plus étendus de pronation et de supination. Ilest vrai que les Lépidoptères tiennent leurs ailes relevées ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 1929 u repos, et n’ont, par suite, aucun besom de mouvemen si étendus. D’une manière générale, les mouvements de l’arête avec les pièces voisines sont beaucoup moins souples que chez la Cigale. Ce caractère de rigidité de la base, l'aspect planiforme du reste de la surface, et le port des ailes sont des éléments trompeurs, peu propres à faire naître une saine théorie sur le vol. À priori, une aile ainsi conformée semblerait devoir jouer un rôle plus passif que celle des ordres précédents (les Ortho- ptères exceptés). En revanche, les autres parties du thorax sont plus actives et plus “hanllantes tant pour la pronation que pour la rétraction. La première pièce qui nous frappe à la base de l'aile est une grande écaille qui en recouvre toutes les parties mem- braneuses. Elle est plus volumineuse et plus allongée que chez les Hyménoptères. Sa partie postérieure forme une orande échancrure pour mieux embrasser le contour de la base. Elle est formée de deux membranes superposées, l’in- férieure molle; elles limitent une cavité communiquant par une fente de la membrane inférieure avec la cavité générale du thorax. | L'écaille est fixée au milieu de la membrane du golfe anté- rieur, dans l’espace qui sépare l’antépleuron de la branche entopleuro-dorsale. Le rôle de l’écaille vis-à-vis du golfe antérieur est surtout un rôle. protecteur, analogue à celui du pronotum des Cigales. Les cinq nervures fondamentales sont ici très accusées, et aussi distinctes que chez les Pseudo-Névroptères; mais leurs articulations basilaires diffèrent notablement. | La nervure antérieure est très large à la base. C’est là que sa distance à la nervure subantérieure est maximum. Son union avec la tubérosité antérieure ne devient compréhensible qu’en le comparant à celle des Hémiptères. Chez ces derniers, la terminaison basilaire de la nervure antérieure s’arrondit et peut rouler dans une excavation externe de la tubérosité, grâce 130 P.-C. AMANS. « à un ligament assez mou. Ce ligament est devenu chez les Lépidoptères une pièce à chitine plus dure. Elle est séparée de la nervure antérieure par un pli rigide, et en arrière de la tubérosité par un pli mou. En arrière de ces plis, elle se fond avec la tubérosité; il s'ensuit que la rotation de la nervure antérieure des Lépidoptères autour de la tubérosité doit être “moins prononcée que chez les Hémiptères. La nervure subantérieure n’est saillante que sur la face inférieure de Paile. Au niveau du pli rigide, elle plonge tout à fait sous l’aile et s'articule avec la face inférieure de la tubé- rosité. Cette articulation est élastique et de flexion. Elle forme avec le pl mou le système spécial d’articulation du bord anté- rieur sur la tubérosité antérieure. La nervure médiane est très saillante sur la face supérieure de l’aile, surtout au voisinage de la base. Au niveau du pli rigide, elle s’étrangle, et finit sur la tubérosité par une extré- mité effilée. Cette courte portion correspond à la longue pièce médiane si caractéristique des Hémiptères. L’extrémité centrifuge de la nervure médiane se ramifie : une des branches, l’antérieure, se porte à côté de la nervure subantérieure, qui est déjà accolée à la nervure antérieure. On peut donc dire que le bord antérieur de l'aile est, dans sa partie centrifuge, formé par l’accolement graduel des trois premières nervures. La nervure submédiane se termine dans la dépression sub - médiane au pied du rétro-médian. Elle n’est saillante que sur la face inférieure de l'aile. Sa terminaison basilaire se fond avec la membrane molle qui tapisse la face inférieure du plan postérieur de Paile. Les dépressions submédiane et postérieure sont peu éten- dues : elles se bornent au sillon étroit et encaissé qui fait le tour du processus submédian. La nervure postérieure est formée de deux branches vers sa terminaison basilaire; ces deux branches, en se réunissant, forment une tête massive analogue à celle des Hémiptères. La cellule postérieure ainsi formée est entièrement comparable à ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 131 la cellule postérieure ou lancéolée des Hyménoptères Térébrants et des Hémiptères ; mais elle n’est pas conformée de manière à s’accrocher avec l'aile postérieure. Elle présente en outre une grande rigidité dans ses rapports basilaires, rigidité déter- minée par le port des ailes. Ce dernier fait rapproche les Lépidoptères d’un ordre diamétralement opposé sous tous les autres rapports, des Pseudo-Névroptères. Il y a un grand intérêt à voir ce qu’une même fonction (extension des ailes) peut produire dans des machines si différentes à d’autres égards. On voit que chez les Lépidoptères les dépressions submédiane et postérieure tendent à se combler par l’ankylose de pièces ailleurs (Hémiptères) si mobiles ; chez les Pseudo-Névroptères, les dépressions sont comblées : l’ankylose et la fusion des pièces sont complètes. La fubérosité basilaire est divisible en une portion antérieure spécialement réservée au pleuron, aux nervures antérieure et subantérieure et une porlion postérieure réservée au dorsum et aux nervures du versant postérieur de l’aile. Il y aurait donc lieu ici comme chez les Pseudo-Névroptères de distinguer la tubérosité antérieure et la tubérosité postérieure. Ces deux divisions correspondent aux quadrilatères antérieur et posté- rieur des Hémiptères ; elles prennent même chez la Safurnia une forme quadrilatère, ce qui complète l’analogie. Le mot de tubérosité est cependant meilleur, parce que la forme quadri- latère peut ne pas être si évidente (par exemple chez certains Sphingides). La fubérosité antérieure diffère du . antérieur des Hémiptères par son mode d'union avec la nervure antérieure (pli mou). La face inférieure porte une apophyse entourée des trois cavités antérieure, interne, postérieure. La tubérosité postérieure s'articule avec le pleuron, le ver- sant postérieur et le mésonotum par de nombreux processus ou osselets qui sont: rétro-médian, submédian, extra-termi- nal, terminal, proterminal ou tampon, lue. -terminal et un double one 132 P.-C. AMANS. Le rétro-médian se présente sur la face supérieure sous la forme d’un parallélogramme à angles émoussés, sauf l’antéro- interne qui est effilé et s’unit à la tubérosité postérieure au même niveau que la nervure médiane. L'angle opposé s’arc- boute entre la nervure submédiane et la tête terminale des nervures postérieures. Ge processus sépare la dépression sub- médiane de la dépression postérieure. La première se réduit à un sillon étroit, la seconde est plus spacieuse. On voit au fond de celle-ci un osselet qui sépare le submédian du pleuro- terminal. Le processus submédian est intimement soudé au processus pleuro-terminal, tandis qu'il en était séparé par une mem- brane molle chez la Cigale. On peut done décrire deux parties dans le submédian, une partie supérieure (intermédiaire des Térébrants) et une partie inférieure. La partie supérieure s'articule : 1° en avant avec l’apophyse inférieure de la tubé- rosité antérieure, de manière à pouvoir se fléchir sur cette apophyse ; 2 en arrière, elle fait corps avec un osselet forte- ment concave, en avant, avec le tampon. La portion inférieure s'articule : 1° en avant sur la face postérieure de l’alifère ; 2° en arrière et en bas avec une cupule énorme, qui remplit toute la partie inférieure du golfe postérieur; 3° en arrière avec le terminal. Cette portion inférieure ayant mêmes rapports que Île pleuro-terminal d'autres Insectes, il n’y aurait pas d’inconvé- nient à lui donner le même nom. _ Le ferminal est une pièce allongée formée de deux bran- ches coudées. La branche postérieure fait corps avec le pro- cessus dorso-terminal et se dirige de haut en bas en avant et en dehors. L’antérieure part du coude et monte en avant eten dedans (au repos) ou en dehors (abaissement) pour s’articuler avec la cellule postérieure. C’est au niveau de cette articula- tion qu’elle porte en avant une lame arciforme fortement con- cave en avant, le tampon ou proterminal. Le tampon fait corps en avant avec le processus submédian. La branche arciforme donne insertion au muscle du Tampon. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 133 Le prolongement dorso-terminal ne constitue -pas une-pièce distincte : même fait chez les Pseudo-Névroptères. Tous les osselets qui viennent d’être décrits ont beaucoup moins de jeu que chez les Hémiptères, ce qui aussi en pen la dissection plus délicate. Le sigmoïde des Lépidoptères est une pièce volumineuse et caractéristique ; il semble formé de deux osselels qui se seraient soudés à leur base, du côté du dorsum. Le sigmoïde antérieur s'articule avec la branche antérieure de la fente dorsale, Le postérieur avec la branche postérieure. Leurs sommets s’articulent avec le bord interne de la tubéro- sité postérieure. Leurs bases sont réunies en regard de la fente par une chitine plus souple, de manière que l’antérieur puisse se fléchir légèrement sur le postérieur. Leur direction géné- rale de la base au sommet est verticale, mais dans des plans différents. Le postérieur, le plus volumineux, s’articule en charnière simple, linéaire, avec la branche postérieure de la fente dorsale. | Les articulations mésonotales des deux portions du sig- moide sont écartées au repos, mais susceptibles, grâce à la fente, de se déplacer l’une par rapport à l’autre. Ainsi, sous l'influence du dorsal, ces articulations tendent à se rappro- cher, s'élèvent, produisent une flexion dans le sens trans- versal qui se traduit sur les deux points d'attaque de la tubé- rosité postérieure par une traction dirigée en arrière. Gette traction détermine un roulement avec abaissement du bras de levier externe de la tubérosité postérieure. Ainsi apparait nettement le rôle du sigmoïde, rôle plus diffi- cile à concevoir dans certains des ordres précédents. Le sig- moide des Lépidoptères peut se comparer avec celui des Sirex, dans lequel nous avons aussi constaté deux portions, mais bien moins isolables. On pourrait déja schématiser le sigmoïde par une pièce double à cinq articulations, deux internes, deux externes et une médiane entre les deux moitiés de cette pièce. 134 P. C. AMANS. Y a-t-il lieu de comparer ce double sigmoïde aux deux pièces décrites chez les Pseudo-Névroptères sous les noms de d’antésismoïde et de sigmoïde ? Dans les deux ordres, les rela- tions topographiques sont semblables (union du dorsum et des tubérosités basilaires; situation en avant et en arrière de la fente dorsale), mais les fonctions sont bien différentes. Le double sigmoïde des Pseudo-Névroptères n’est pas chargé de transmettre aux tubérosités une force d’abaisse- ment, puisque le dorsal est rudimentaire. [l transmet seule- ment une force de relèvement (action des sternali-dorsaux), et dans ce cas sa besogne est peu considérable, le relèvement étant prompt et aisé (moindre résistance de l'air, réactions élastiques élévatrices du squelette). De là, sans doute, le moindre volume et l'isolement des pièces situées en avant et en arrière de la fente dorsale. AILE POSTÉRIEURE. Elle est plus courte, plus large, plus flexible que l'aile anté- rieure. | La nervure antérieure n’est pas chargée d’attaquer l'air comme dans l’aile mésothoracique. Elle est réduite à un court moignon en forme de yatagan, courbé en avant en dedans et en haut. Sa pointe est appliquée contre la face inférieure de l'aile antérieure, en regard de la racine de la nervure submédiane. Son bord inférieur est fortement velu; il a, grâce à ses poils, un contact assuré avec le voile de l’aile antérieure. La nervure subantérieure présente une forte courbure, à concavité tournée en arrière. Sa courbure est parallèle à celle de la nervure submédiane de l’aile antérieure. Tout l’espace compris entre la nervure antérieure et la nervure subanté- rieure est comblé par une lame mince, semi-membraneuse, qui constitue le bord antérieur de l’aile postérieure. Cet espace forme done un rectangle très allongé, caractéristique de laile postérieure, logé sous le versant postérieur de l'aile antérieure, et destiné à assurer la continuité du gouffre axillaire. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 135 Chez les Lépidoptères bons voiliers, ce contact est encore plus sûr grâce à une articulation en spirale conique (voy. au début de notre travail). La nervure médiane est ramifiée à son extrémité centrifuge, mais elle n’a pas la branche qui, dans l'aile antérieure, vient renforcer le bord antérieur, en s’accolant à la nervure suban- térieure. La nervure submédiane se ramifie de la même façon que dans l'aile antérieure. La nervure postérieure est simple, sans ramifications; elle ne forme pas de cellule à sa terminaison basilaire. Mais, à ce niveau, la marge postérieure de l’aile est épaissie en avant, et contribue à former la tubérosité, le renflement intermédiaire au terminal et au rétro-médian. En résumé, les nervures de l’aile postérieure sont ici beau- coup mieux comparables à celles de l’aile antérieure que chez les Hémiptères. Les modifications les plus importantes con- sistent dans ladaptation de la nervure antérieure à un nou- veau rôle dans la direction générale des nervures, et dans leur mode de terminaison basilaire. La tubérosité antérieure est très peu développée, tandis que la tubérosité postérieure est au complet (sigmoiïde, submé- dian et pleuro-terminal). Le sigmoïde est divisible en deux portions comme dans l’aile antérieure, le sigmoïde antérieur est en relation avec la tubérosité antérieure et avec le sub- médian. On pourrait désigner la tubérosité postérieure tout entière sous le nom de submédian ; car c’est une pièce unique servant d’intermédiaire entre le sigmoïde, le terminal, la tubérosité antérieure et l’alifère. La nervure subantérieure fait avec la postérieure un angle de 90 degrés. Les trois nervures subantérieure, médiane et submédiane forment à leur base un coin presque rigide de 60 degrés environ d’ouverture. On peut considérer deux pointes à ce coin : une pointe supérieure articulée en flexion avec l’angle antéro-supérieur du submédian; une pointe inférieure 136 P.-C. AMANS. articulée mollement avec l'appareil de pronation. Ce coin est articulé avec l’angle postéro-inférieur du submédian par lin- termédiaire du rétro-médian et du terminal. Ce type de com est caractéristique des Lépidoptères. L’angle du coin est plus aigu dans l’ale antérieure. Les épidèmes du versant postérieur sont semblables dans les deux ailes. Elles ne diffèrent donc essentiellement que par la base du versant antérieur. Mésopleurosternum. — Je désigne sous ce nom l’en- semble des segments qui ferment la cage thoracique par côté et en bas. Il y a plutôt une région intérieure ou ventrale (ster- nale) et une région verticale (pleurale) que des pièces dis- tinctes, exclusivement sternales ou pleurales. En un mot, il n'y a pas de sillon horizontal antéro-postérieur qui délimite une zone nettement ventrale d’une zone nettement pariétale. Cette délimitation devait être possible au début (elle l’est encore chez les Orthoptères), mais elle est à peu près impos- sible chez les Hémiptères et les Lépidoptères. Nous avons néanmoins des lignes de repère pour faciliter la description : le sillon de l’entopleuron et un sillon oblique antéro-posté- rieur. On à ainsi quatre segments sur la face externe de la conque thoracique. L’antépleuron est une lame mobile en bas, sur l’antéster- num suivant une ligne courbe sinueuse, qui constitue la moi- tié antérieure du sillon antéro-postérieur. La partie supérieure de l’antépleuron est complexe. Elle comprend en arrière un osselet triangulaire, l’osselet subantérieur où de pronation, articulé : 1° par le sommet antérieur avec le reste du bord supérieur de l’antépleure; 2 par le sommet postérieur dans une concavité de la face antérieure de l’alifère ; 3° par le som- met supérieur et son bord supérieur avec le bord interne de la tubérosité antérieure, et plus spécialement de son apophyse inférieure. Le côté postérieur est mollement lié à l’alifère de manière que le triangle puisse tourner en dedans, dans le coup daile‘d’arrière en avant. Le reste du bord supérieur de l’an- ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 137 tépleuron s’articule mollement à la branche entopleuro-dor- sale par l'intermédiaire d’une vaste membrane molle. Ce dédoublement de l’antépleure en deux pièces flexibles l’une sur l’autre n’est pas nouveau pour nous; nous l'avons déjà observé en particulier chez les Orthoptères et les Hémi- ptères, avec deux types différents. La forme de l'appareil de pronation constitue un troisième type : celui des Lépidoptères: La pièce postérieure est analogue au subanterieur ou osselet de pronation déjà observé dans tous les ordres précédents; elle est plus constante que l’antérieure, dont les formes sont très variables (écailles secondaires des Térébrants, néant chez les Porte-aiguillons, etc.). Le sommet supérieur du subanté- rieur est très pointu chez les Lépidoptères. C’est le pivot mo- bile antérieur. - La comimissure entopleuro-dorsale (branches claviculaires Chab.) est une branche de chitine épaisse et forte qui relie la face interne de la crête entopleurale au bord antérieur du mésonotum. Gette branche monte d’arrière en avant, s’élargit etse coude à angle droit sur le dorsum. Jusqu'à présent, nous n'avons pas vu une telle disposition. (Comparer avec front antépleural des Libellulides, collier des Hyménoptères, pro- cessus antépleuro-dorsaux des Névroptères, Hémiptères.) Le postpleuron forme une bande étroite séparée du post- sternum par le sillon antéro-postérieur. Son bord supérieur est fortement échancré, plus que partout ailleurs, et forme le rivage pleural du golfe postérieur. Son bord postérieur est replié en dedans de manière à s’adosser au bord antérieur du métapleuron, replié dans le même sens; l’adossement se fait ‘par une membrane molle. Chemin faisant, ce bord postérieur est soudé à l’apophyse entosternale; enfin, réuni au bord supérieur, il constitue une tête articulaire, presque une sym- physe, sur laquelle pivote l'extrémité externe du postdorsum. De cette façon, le cercle postérieur Jouit de légères oscillations d'avant en arrière. Le même mouvement était possible, mais par simple flexion chez les Névroptères. Ici nous avons une symphyse et la moilié inférieure du cercle postérieur est ren- 158 P.-C. AMANS. forcée par une dépendance de l'entosternum, ce qui est nouveau. L’antésternum est une pièce pentagonale avec deux côtés postérieurs, un interne, un externe et un antérieur. Une crête part du sommet postéro-mterne, et se rend au milieu du côté externe qui le sépare de l’antépleuron. Elle forme avec ce côté une sorte de T destiné à supporter l'appareil de pronation. Son côté interne, en s’adossant avec son symétrique, forme la crête médio-longitudinale de lentosternum. Son côté anté- rieur est aminci, replié en dedans; une membrane molle l’unit au prothorax. Le postsiernum est une pièce très bombée, cunéiforme. La base de ce coin fait corps avec le postpleuron. Son bord anté- rieur forme la marge postérieure de l’ouverture pédieuse. Son bord postérieur est replié en dedans, lié mollement au métapleuron. L'ensemble des régions ventrales et pleurales vu de dehors a un aspect cunéiforme, analogue à celui des Névroptères pla- nipennes. Dans les deux groupes, le mésopleurosternum est mollement uni au métapleurosternum. La face interne de cet ensemble estcharpentée latéralement par des crêtes verticales et horizontales, ventralement par la crête de l’entosternum. Nous avons déjà parlé de la crête médio-longitudinale, dont les deux longues apophyses vont renforcer le cercle postérieur et plus spécialement la partie postpleurale de ce cercle. Les crêtes verticales sont au nombre de trois, dont deux déjà mentionnées : l’une en avant, la crête antérieure ou branche à T; l’autre en arrière, la crête postpleurale du cercle postérieur. La troisième est médiane : c’est l’enfo- pleuron. Gelle-ci décrit un zigzag à trois branches (inférieure, moyenne, supérieure). L’inférieure et la moyenne montent verticalement avec un angle ouvert en avant. Le sommet de l'angle est renflé, et correspond à l’apophyse pédio-pleurale des Hémiptères, Névroptères, ete. L’apophvse pédio-pleurale des Lépidoptères est fort réduite, ce qui tient probablement au moindre développement des muscles pédieux. La branche ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 139 supérieure s'incline en arrière et en dedans avec un angle de 100-190 degrés sur la branche moyenne. Cet angle doit être immobile, car l’espace en est comblé par une lame triangulaire allant de l’apophyse pédio-pleurale à lPalifère. Cette lame était beaucoup plus large chez les Hémiptères ; une grande cavité était située entre cette lame et la zone antéro-supérieure du postpleuron. La cavité est plus petite chez les Lépidoptères. Pendant que la branche supérieure se fait remarquer en arrière par cette cavité, la face antérieure donne naissance à la forte commissure entopleuro-dorsale. Le système des commissures entopleuro-dorsale et entoster- no-pleurale forme un facteur spécial à la machine Lépidoptère. L’extrémité supérieure de l’entopleuron constitue Pappui fixe de l'aile, l’alifère. C’est une apophyse élancée, qui s’in- sinue entre lapophyse inférieure de la tubérosité antérieure et le processus submédian. Elle est liée mollément à la cavité postérieure de la tubérosité. Elle se dirige dans le même sens général que le double sigmoïde, sans être néanmoins dans le même plan. Remarquons ce type d’articulation pleuro-alaire, sous forme d’apophyses mobiles (submédian, subantérieur), se mouvant dans des cavités mobiles (intervalle des deux pivots pleuraux, intervalle de la tubérosité antérieure et du submé- dian). Nous sommes bien loin du type Bourdon, bien plus loin encore des diarthroses des Vertébrés. Schématiquement, je représenterais la charpente du méso- pleurosternum par une poutre horizontale (entosternum) don- nant attache à trois paires de cerceaux verticaux. Geux-c1 sont réunis par un quatrième cerceau, coupant le médian en pas- sant par la tête des extrèmes. Ce quatrième cerceau correspond à la crête du sillon antéro- postérieur. Métapleurosternum. — C’est une pièce deux fois moins large que le mésopleurosternum, 140 P.-C. AMANS. L’antépleure est relativement au postpleure plus étroit qu’au mésopleuron. L'appareil de pronation se compose : 1° d’un osselet triangulaire analogue au subantérieur de l’aile anté- rieure; 2° d’une lame hémisphérique semblable à celle des Panorpes, mobile sur l’excavation du bord supérieur de lan- tépleuron. | Le bord antérieur de l’antépleure se T. une bande étroile et mince située en avant de la crête rar Cette bande s’élargit seulement sur la ligne médio-ventrale de chaque côté de l'antésternum. Le postpleuron diffère de son homologue par son mode d'attache avec le sternum. Son bord postérieur est lui aussi relié à l’entosternum, mais par une commissure beaucoup plus large. Supposons qu’au mésothorax, tout l’espace com- pris entre la commissure, sa base entosternale et Le bord pos- térieur du postpleuron soit comblé par une chitine molle, et nous aurons la forme de commissure du métathorax. Il en résulte la formation d’une grande poche cunéiforme, située en arrière et en haut du cercle pédieux métathoracique. Le postpleuron est soudé avec le métanotum, tandis que son homologue est articulé. Nous en verrons ire tard les conséquences mécaniques. Le métasternum renferme un entosternum à quatre apo- physes. Les deux postérieures sont réunies au postpleuron (voir plus haut), les deux antérieures sont beaucoup plus courtes, mais néanmoins plus développées que leurs homo- logues de mésosternum. Mésonotum. — Le dorsum est une pièce très allongée, bombée, à contour hexagonal. Le bord antérieur est plus court que le postérieur. Ils sont l’un et l’autre échancrés, l’antérieur pour se souder à l’antédorsum, le postérieur au postdorsum. Les bords latéraux forment à leur sommet com- mun, au coude dorsal, une large fente (fente dorsale), com- blée par une chitine molle, et courbée en arrière. Le sigmoïde est à cheval sur l'embouchure de la fente, et roule par cha- ARTICLE N° 2 ORGANES DU VOL. 141 eune de ses moitiés sur la partie des bords latéraux qui pré- cède la fente. La moitié postérieure du sigmoïde pénètre dans la cavité thoracique de manière à former un petit bras de levier. Un muscle s’y insère et peut faire basculer le sigmoïde postérieur sur le dorsum. Nous avons omis cette particularité en décrivant le sigmoide; nous y reviendrons avec les muscles. Les bords latéraux sont en outre renforcés par une crête allant de l’angle antérieur de notre hexagone à l’extrémité postière de la fente du coude. C'est la crête latérale antérieure du dorsum. L'antédorsum est une petite pièce logée dans l’échancrure du dorsum. Elle est allongée dans le sens transversal, grâce à deux longs prolongements (fourchette Chab.), dont les extré- mités sont liées à celles des commissures entopleuro-dorsales. Comme ces dernières sont liées en même temps au dorsum et à l'appareil de pronation, les mouvements de l’antédorsum retentiront ainsi sur ces dernières pièces. La moitié supérieure de l’antédorsum est extrathoracique, la moitié inférieure est intrathoracique. Le postdorsum forme un triangle isocèle dont le sommet et les côtés adjacents sont soudés au dorsum. Cette soudure est marquée en dehors par un sillon, en dedans par une crête, l’entodorsuin. La base ou côté postérieur de notre triangle se replie verticalement en dedans, et forme un ourlet à son inser- tion avec le subpostdorsum. Les prolongements latéraux sont tordus en avant. Il y a lieu de considérer deux lames dans chacun de ces prolongements : une lame postérieure verticale, suite de l’ourlet, et une lame antérieure, horizontale, plus large, triangulaire. | La lame postérieure forme avec le postpleuron une ligne d’articulation concave en avant. Elle porte en outre inférieure- ment une apophyse angulaire, plate : la palette latérale. La lame antérieure est soudée à la précédente par son bord postérieur, à l'extrémité du postdorsum par son bord interne, au terminal par son sommet externe, qui est libre en dehors de son attache au terminal et peut basculer sur Particulation ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX. 40. — ART. N° 2. 142 P.-C. AMANS. postpleuro-dorsale. Gette lame antérieure est l’analogue du dorso-terminal des Hémiptères. Elle en diffère par ce même caractère de rigidité, qui se remarque dans ses autres pièces du versant basilaire postérieur. Le subpostdorsum est une grande lame triangulaire, articulée par son bord supérieur avec le rebord inférieur de lourlet postdorsal. Sa surface n’est pas uniformément concave en avant. Ainsi sa partie inférieure, allongée, qui pend libre- ment dans la cavité thoracique, est tordue en dedans, tandis que son extrémité externe est tordue en dehors. Ce sommet externe a l’air de se continuer directement avec le bord latéral postérieur du scutum. Ce dernier bord épaissi semble se diffé- rencier du reste du dorsum. N°y aurait-il pas là une étape vers cette différenciation complète du subpodorsum, telle que nous l’avons observée chez les Porte-aigwullons. Nous avons vu en effet que cette dernière pièce était trian- guiaire, en forme de spatule dont le manche longe les bords latéraux postérieurs du dorsum, et va s'unir au sigmoiïde, ou du moins à ses aboutissants (appendices, équerre, vecti- forme). Le bord interne du subpostdorsum est soudé avec son symé- trique, dans sa moitié supérieure seulement. Les deux moitiés inférieures s'écartent l’une de l’autre pour former une grande échancrure. La face postérieure présente une bande épaissie, plus colo- rée, correspondant à la crosse des Hémiptères. Métanotum. — I] est beaucoup plus petit que le mésonotum et étranglé en son milieu (Cicada, Sirex). L’antédorsum et le dorsum sont à peu près nuls sur la ligne médiane. L’antédorsum est une lame mince, triangulaire, verticale, s’articulant par son bord supérieur avec les deux tiers internes du dorsum; 1l est soudé par son bord interne avec la crosse du ou mésothoracique. Le bord antérieur du dorsum $e réduit dans son tiers interne à ur mince ourlet, réuni mollement à l’antédorsum. L'union ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 143 du méso- et du métanotum n’est solide que latéralement par l'intermédiaire de l’antédorsum et de la crosse; le bord interne du dorsum forme aussi un coude dorsal avec une légère fente; mais, comme 1l fallait s’y attendre, la partie antérieure est très réduite; corrélativement le sigmoïde antérieur est très peu développé. Le postdorsum est séparé du dorsum par un profond sillon qui se traduit intérieurement par une crête plus forte qu’au mésonotum. Son bord postérieur est aussi plus épais ; la com- missure postpleuro-dorsale est plus large, plus épaisse que son homologue : elle en diffère surtout en ce qu’elle est non articulée, mais ankylosée avec le postpleuron. La lame dorso- terminale s'enfonce comme un coin entre le dorsum et l’extré- mité externe du postdorsum; une petite crête la sépare du dorsum. Son extrémité externe est flexible comme au méso- thorax. Le subpostdorsum est bien moins développé qu’au mésotho- rax. Son bord inférieur ne dépasse pas celtu de la commissure ou apophyse postpleuro-dorsale. Son bord externe est soudé avec cette apophyse ; la ligne de soudure forme une forte crête sur la face antérieure. MUSCLES DU VOL. Muscles de l'aile antérieure. — Dorsal.—1s’insère en arrière sur la face antérieure du subpodorsum, et sur un prolonge- ment supérieur de celui-ci, qui flotte librement dans la cavité du postdorsum, en avant sur l’antédorsum et le dorsum jus- 2-3 millimètres en avant de la crête entodorsale. Latéro-dorsal. — T1 s’insère en haut en dedans de l’extré- mité postérieure des sternali-dorsaux postérieurs, en bas sur l’apophyse de la commissure postpleuro-dorsale. Par la nature de ses insertions, il mériterait plus exactement le nom de postpleuro-dorsal, faisant ainsi le pendant d’un autre muscle situé en avant, qui serait l’entopleuro-dorsal. Ce muscle tire en bas et en arrière le bord latéral postérieur 144 P.-C. AMANS. du dorsum; il peut être adjuvant, soit du dorsal, soit des sternali-dorsaux. Antépleuro-dorsal. — Ge muscle singulier est masqué par la partie antérieure de l’écaille, dont la membrane inférieure recouvre et protège l’espace compris entre le bord latéral anté- rieur du dorsum et la face interne de la commissure ento- pleuro-dorsale. C’est dans cet espace qu'est situé le muscle antépleuro-dorsal, reliant ainsi la commissure et le dorsum. Ce muscle est antagoniste du précédent; c’est une sorte de frein modérateur pour résister aux violentes tractions du dorsal. Les Pseudo-Névroptères nous ont montré un muscle ana- logue, différent par les directions seulement. Sternali-dorsaux. — 1. Il y a plusieurs faisceaux de ster- nali-dorsaux antérieurs ; 1ls s’insèrent en haut sur un espace ovoide allongé d'avant en arrière et en dehors, à grosse extré- mité en avant, sur la moitié antérieure du bord latéral du dorsum, en bas sur l’antésternum. Ces faisceaux correspondent aux sternali-dorsaux antérieurs des Hémiptères ; leur insertion supérieure est intercalée entre celle du postpleuro-dorsal et du suivant. 9. Sternali-dorsaux internes s'insérant en haut, en dehors de la crête latérale antérieure du dorsum, dans cette dépres- sion triangulaire qui ést située en avant de la fente dorsale, en bas dans le poststernum. Muscles axillaires. — 1 y a deux muscles préaxillaires, deux muscles du tampon, un postaxillaire, un postpleuro-axillaire et un antédorso-axillaire. 1-2. Les préaxvillaires s’insèrent en haut dans la concavité du rebord supérieur de lantépleuron; leurs insertions infé- rieures sont, l’une en avant et au-dessus de l’autre, sur la crête antéro-postérieure de l’antépleuron. Le muscle postérieur est le plus volumineux. ARTICLE N° 2, ORGANES DU VOL. 145 Ils tendent le double ressort formé par l'appareil de pro- nation. 3-4. L'un des muscles du tampon va du tampon à l’anté- pleuron dans un espace situé au-dessus de la crête antéro- postérieure et en avant de l’entopleuron. l’autre, plus court, est situé plus en dehors; il s’insère aussi sur l’antépleuron, mais plus haut. 5. Le postaxillaire est un muscle très volumineux allant de la cupule subterminale ou postpleuron, au-dessus du sternali- dorsal interne. 6. Le postpleuro-axillaire, ainsi que le suivant, sont des muscles spéciaux, tels que nous n’en avons pas encore ob- servés. Ce petit muscle s’insère en avant sur la face postéro-supé- rieure de la cupule subterminale, en arrière sur la partie supérieure de la crête verticale postpleurale. Ce petit musele joue un rôle de ligament élastique vis-à-vis du postaxillaire. 7. Antédorso-axillaire. — Ce petit muscle, de petit volume, va de l'extrémité externe de l’antédorsum à la face supéro- antérieure convexe du rebord intrathoracique de l’antépleu- ron, c’est-à-dire de appareil de pronation. Les deux extrémités sont essentiellement mobiles; c’est un agent de liaison entre le dorsal et les préaxillaires. Son action est différente, suivant que l’on suppose fixée son extrémité antérieure ou son extrémité postérieure. Il joue en somme, vis-à-vis des préaxillaires, le même rôle que le précédent vis-à-vis du postaxillaire. Ge sont des acces- soires modérateurs ligamenteux. Muscles de l'aile postérieure. — Dorsal = 0. Latéro-dorsal. — Ce muscle va de l’apophyse pospleurale au rebord antérieur du mésonotum. Il est dirigé d’arrière en avant, en haut et en dehors. Abaisse et rétracte le bord antérieur du mésonotum. Adju- vant du grand dorsal ou des sternali-dorsaux. 146 P.-C. AMANS. Sternali-dorsaux.— Ts se composent de plusieurs faisceaux allongés verticaux, allant de Pantésternum à la face Imférieure du métanotum. Abaissent cette ligne inférieure. Il faut ajouter à ces faisceaux un petit muscle qui part du bord latéral du métanotum , au niveau de lParticulation sigmoïdale et s’insère sur la partie supérieure de la crête entopleurale. Il se rapprocherait par la position de ses inser- tions du pleuro-dorsal des Pseudo-Névroptères,. Axillaires. — Nous avons les mêmes muscles qu’au méso- thorax. 1-2. L'un des préaxillaires est en avant et en dedans de l’autre. L’antérieur s’insère en bas sur l’antésternum, en haut sur la membrane qui sépare le métapleure du mésopleure. Le postérieur s’insère en bas sur la partie inférieure de l’antésternum, en haut sur le bord antéro-supérieur de la ca- lotte hémisphérique de pronation. 3. Antédorso-axillaire, — Très petit muscle allant de cette calotte au bord antérieur du mésonotum. 4-5. Les muscles du fampon vont, l’un à la partie supérieure de la crête antépleurale verticale, l’autre en avant de l’ento- pleuron. 6. Le postaillaire va de la cupule subterminale au post- sternum, en arrière de l'extrémité externe de la hanche. VII. — COLÉOPTÈRES. Les Coléoptères diffèrent considérablement des Insectes pré- cédemment étudiés. Les caractères tirés des ailes et des tho- rax suffiraient à en faire un ordre à part. Tous offrent la grande prédominance du métathorax, et la transformation des ailes antérieures en élytres. L'ouvrage si remarquable de Strauss (1) sur le Hanneton (1) Strauss-Dürckheim, Anatomie descriptive du Hanneton. Paris, 1828. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 447 avait été précédé de l’ouvrage non moins remarquable de Chabrier (1), et si les planches du premier sont des modèles pour la forme, celles du second sont dignes d’être comparées pour le fond. Ces travaux, néanmoins, présentent des lacunes au point de vue mécanique et géométrique, quelquefois même descriptif. Nous les signalerons chemin faisant. Le travail de Strauss renferme une nomenclature tout à fait spéciale aux Coléoptères ; Ghabrier a généralisé davantage, mais avec timi- dité et réserve. Nous tâcherons de faire rentrer les Coléoptères dans la même nomenclature que les ordres précédents, nous y arriverons aisément par l'intermédiaire des Orthoptères. AILE ANTÉRIEURE OU ÉLYTRE. Les élvtres sont composées d’une chitine durcie et rigide qui empêche toute inflexion ou déplissement de la surface. Elles sont fortement concaves inférieurement, en forme de triangle rectangle sphéroïdal. L'un des côtés de l'angle droit est antéro-postérieur, assemblé avec son symétrique par le sys- tème de languette et ramure. L'autre côté est antérieur, transversal, replié verticalement et portant au tiers interne de ce repli, Particulation de la base de l'aile. Le sommet de l’angle droit est tronqué, c’est-à-dire qu'à ce niveau les élytres ne se touchent pas, et sont séparées l’une de l’autre par une saillie médiane du mésonotum. L'hypothénuse est épaissie, surtout à l’angle antérieur qui forme une espèce de fosse triédrique, destimée à recouvrir et protéger la base de l’aile postérieure. Cette hypothénuse tourne sa Concavité en dedans et en bas; elle a le même sens de courbure que le bord antérieur de toute espèce d’aile anté- rieure. Les deux côtés de l’angle droit tournent leur concavité en bas dans un plan vertical. La courbure du côté antérieur est plus ou moins prononcée, suivant les espèces : très forte chez les Bousiers, beaucoup (1) Chabrier, Essai sur le vol des Insectes (Mémoires du Muséum, t. VE). 148 P.-C. AMANS. moins chezles Dytiques. Cette courbure est l’analogue de notre facteur constant, le dièdre basilaire. Quant à la courbure du côté médian, elle pourra se tourner en avant dans les mouve- ments de l’élytre; seulement elle est quasi rigide. L'ordre le plus voisin pour la forme de l’aile antérieure est celui des Orthoptères. L’élytre des Orthoptères se fait aussi remarquer par la dureté de sa membrane, par l'étendue du rebord proantérieur, et par le rapprochement des bords posté- rieurs sur la ligne médiane. Mais les nervures fondamentales y sont très nettement visibles, tandis qu’elles sont méconnais- sables chez les Coléoptères. L’articulation de l’élytre est placée au tiers interne du bord transversal. On la distingue immédiatement sous forme d’une saillie enfoncée comme un coin entre le mésonotum et le mé- sopleuron. Nul autre ordre n’a le moignon basilaire de l’aile antérieure si rapproché de l’axe du corps; aucun, en outre, ne l’a aussi tordu autour de son axe vertical. Nous voyons en effet la base du versant basilure postérieur occuper au repos la même ligne horizontale que la base du versant antérieur. Les pièces basilaires de l’élytre sont ser- rées les unes contre les autres, difficiles à séparer. Nous y re- trouverons les mêmes éléments que partout ailleurs, mais avec de profondes modifications. Prenons d’abord un Melolontha ou une Cetonia. Le moignon de l’élytre (ensemble des deux tubérosités antérieure et pos- térieure) forme une saillie épaisse qui, au repos, est dirigée parallèlement à l’axe du corps, et dont la tête forme une cavité couronnée de trois apophyses. Deux sont supérieures, l’une interne du côté mésonotal, l’autre antérieure du côté anté- pleural, l’autre inférieure du côté postérieur. Notons une qua- trième apophyse, l’apophyse postérieure située à la base du moignon du côté postérieur, et qui contribue à former la paroi supérieure d’une dépression ou fosse creusée dans le bord transversal. On conçoit déjà que toutes cés apophyses soient séparées par des échancrures. L’apophyse inférieure et l’'échancrure qui ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 149 la sépare de l’apophyse antérieure roulent par emboitement réciproque sur l’alifère. L’apophyse antérieure s'articule avec l’osselet de pronation. L’échancrure postéro-interne reçoit le prolongement d’un osselet, basculant d'autre part sur le mésonotum. C’est évi- demment le sigmoïde (épaulière antérieure Str.). La fosse postérieure située au-dessous de l’apophyse posté- rieure s'articule mollement avec un autre osselet, basculant sur le postpleuron. Get osselet est l’épaulière postérieure Str. Enfin un osselet intermédiaire (épaulière moyenne Str.) com- ble l’espace qui sépare les deux osselets précédents et l’apo- physe postérieure. Il est mollement soudé à ces parties, peut se fléchir sur elles. N'est-ce pas là à grands traits le schéma d’une base d’aile : une apophyse inférieure correspondant à celle de la tubérosité antérieure des Lépidoptères par exemple, ou à l'extrémité de la nervure subantérieure des Orthoptères? — Une apophyse antérieure au rebord antérieur de la tubérosité antérieure, ou à l’extrémité de la nervure proantérieure, — l’apophyse in- terne et la postérieure à la tubérosité postérieure, plus spécia- lement aux extrémités des nervures médiane et submédiane ; — l’épaulière antérieure ou l’osselet mésonotal au sigmoïde ; — l’épaulière postérieure à l’ensemble du terminal et du pleuro-terminal; — enfin, l’osselet épaulière moyenne ou intermédiaire, à l’ensemble des pièces qui assurent soit le repliement de l'aile, soit l’abaissement et la pronation du versant postérieur de laile. Le sigmoïde se termine inférieurement par un prolongement qui se rend à la face postérieure de l’alifère, jouant ainsi le rôle du submédian. L’Hydrophyle est plus instructif encore. Car losselet posté- rieur est formé de deux pièces distinctes, l’une correspondant au pleuro-terminal des Hémiptères, l’autre au terminal; une cupule subterminale se trouve fixée au niveau de leur articu- lation. Une lame membraneuse semblable au voile des autres ordres, s’insère sur le bord postérieur du terminal. 150 P.-C. AMANS. AILE POSTÉRIEURE. L'aile proprement dite des Coléoptères présente une struc- ture assez uniforme. Les différences (1) de l’aile dans les diverses espèces portent surtout sur les parties centrifuges de l'aile. I ÿ à cependant certaines variations dans les parties basilaires ; ces variations sont du plus grand intérêt pour la parenté des Coléoptères. On peut distinguer à la base de l’aile un moignon solide, formant, comme dans lélytre, la partie centrale de l’articula- tion. Ce moignon présente trois apophyses, l’une supérieure, interne, du côté métanotal; les deux autres inférieures, l’une antérieure, l’autre inférieure proprement dite. Ces apophyses sont naturellement séparées par des échancrures, mais elles ne sont pas liées d’une façon rigide comme dans l’élytre. L’apophyse antérieure est articulée avec Le moignon suivant une faille concave antérieurement et située sur la face supé- rieure, de façon que le bord antérieur de l'aile puisse se tordre autour d’un axe longitudinal. Cette apophyse est complète- ment comparable à celle de l'aile postérieure des Orthoptères, mais avec une articulation plus serrée. Gela tient probable- ment à ce qu’elle a un rôle plus actif que chez les Orthoptères ; son rôle est de résister à la pression de Pair dans la pronation. Ce rôle est surtout dévolu à l’aile antérieure dans les autres groupes ; mais l’élytre est une aile antérieure quasi pétrifiée, qui doit en partie être suppléée par l'aile postérieure. L’apophyse inférieure est massive; elle roule dans l’espace qui sépare le pivot mobile (tête de la tige de pronation) du pivot fixe ou alifère. C’est l’analogue de la nervure subanté- rieure des Orthoptères. L’apophyse interne est séparée de l’antérieure par une cou- (1) Roger (Das Flügelgeäder der Käfer. zugleich ein fragmentärer Ver- such zur auffassung der Cäfer in Linne der descendenz theorie. Erlangen, 1875) a étudié ces différences dans tout l’ordre des Coléoptères. Seulement c’est à un autre point de vue que celui de notre travail. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 151 pure très étroite, mais longue, se continuant avec le sillon du rebord antérieur de l'aile. L’échancrure qui la sépare de l’apo- physe inférieure est beaucoup plus petite que l’échancrure antéro-inférieure. Elle s'articule avec la tête du sigmoïde. Tout le reste de l’apophyse interne (en avant de cette échan- crure) est libre, et vient, au maximum d’extension, butter contre la face antérieure de la tête du sigmoïde. La tubérosité antérieure des Coléoptères est formée par ces trois apophyses, qui, on le voit, sont entièrement comparables aux terminaisons des nervures antérieure, proantérieure et subantérieure des Orthoptères. Le sigmoule (axillaire antérieur Str.) des Coléoptères se rapproche de celui des Hyménoptères Térébrants ; seulement il est plus aplati, surtout chez les Dytiques. La face-interne est amincie, à Contours sinueux et roule en charnière sur le méta- notum. La face antérieure forme un triangle vertical, à som- met interne, à base externe. Cette base est creusée d’une rigole pour recevoir et guider l’apophyse interne de la tubé- rosité antérieure. La face externe est fortement excavée pour embrasser l’arête médiane du submédian. La face postérieure est libre; une membrane molle la réunit au tampon. Le submédian (deuxième axillaire St., omoplate Chab.) est un osselet allongé, une sorte de quadrilatère gauche, soudé suivant une de ses diagonales avec la face externe du sigmoïde, et plié autour de cette diagonale comme arête, de manière à faire un angle obtus, ouvert en avant. La soudure de cette diagonale avec le sigmoïde est plus ou moins forte suivant les espèces, très forte chez les Dytiscides, moins forte chez l’'Hydrophyle, assez lâche chez le Melolontha. La moitié infé- rieure du submédian n’est visible que sur la face inférieure de la base de l'aile, où elle s'articule avec la face postérieure de l’alifère. La moitié supérieure du submédian forme, par sa réunion avec le sigmoïde, l’analogue de la lame carrée des Orthoptères. La ligne de réunion a à peu près la même direction dans les 152 P.-C. AMANS. deux ordres, c'est-à-dire d'avant en arrière, en bas et en dehors. Elle est cependant, chez les Coléoptères, plus inclinée et plus divergente de l’axe du corps. Elle ne constitue pas, en outre, une ligne fixe de soudure, ce qui serait une condition désavantageuse pour la souplesse des mouvements. Le bord externe de la moitié supérieure du submédian donne dans la fosse submédiane. Son sommet postérieur est articulé avec un processus élastique du rétro-médian. Le rétro-médian est une lame triangulaire, articulée : 1° en bas et en arrière, par son sommet effilé, entre le submédian et le terminal; 2° en haut, par le côté opposé, avec la nervure submédiane. Les deux autres côtés sont mollement réunis, antérieur avec le submédian, le postérieur au terminal. Le terminal est une pièce allongée, à parois plus minces que celles du sigmoïde, concave inférieurement. Elle est ver- ticale au repos, se couche vers l’horizontale dans le déplisse- ment. Son extrémité supérieure se replie inférieurement pour s’articuler avec le sommet postérieur du rétro-médian et avec la base des nervures postérieures. Son extrémité inférieure s’articule avec le métanotum. La face antérieure forme une apophyse concave en avant, articulée par son bord externe à l’angle du submédian et du rétro-médian. Son bord postérieur donne attache au voile et au support du voile. Nous avons passé en revue les pièces qui unissent l'aile au thorax. Nous verrons plus tard leur mode d'union avec le thorax. Mais il faut auparavant décrire le reste de la surface alaire. La surface de l’aile est formée par une membrane plus molle que dans les autres ordres ; elle est soutenue par les cinq nervures fondamentales, antérieure, subantérieure, mé- diane, submédiane et le système des nervures postérieures. Un trait saillant de l’aile des Goléoptères, c'est le mode d’accolement à la base des quatre premières nervures : ces nervures sont volumineuses et juxtaposées sur un plus long trajet que dans l’aile des Lépidoptères. Aussi la figure formée ARTICLE N° 2, ORGANES DU VOL. 153 diffère du coin caractéristique des Lépidoptères ; encore plus de la soudure des Hyménoptères. C’est encore le type Ortho- ptère qui offrirait le plus d’analogie, mais ave un autre facies (disposition en marche d'escalier, ou gaufrage). Faut-il voir dans ce long et large accolement une fonetion de la lourdeur du corps et de la déchéance de l'aile antérieure? Le bord antérieur de l’aile présente vers la base un rebord incliné vers le bas, nettement limité en arrière par un sillon qui aboutit à l’échancrure antéro-interne de la tubérosité antérieure. Ge rebord se continue avec l’apophyse antérieure et mérite le nom de nervure. C’est la nervure proantérieure des Orthoptères et Pseudo-Névroptères : une section, près de la base, fait voir son canal accolé à celui de la nervure anté- rieure. C’est là, à notre avis, une disposition ancestrale, l’aile étant à l’origine formée de six nervures fondamentales, proan- térieure, antérieure, subantérieure, médiane, submédiane et postmédiane. Nous retrouvons ainsi une nervure qui, dans les ordres précédents (Hémiptères, Lépidoptères, Pseudo-Névroptères, Hyménoptères), se réduit à un simple rebord basilaire de la nervure antérieure, sans continuité Immédiate avec le pleuron. Dans ces mêmes ordres, sa terminaison basilaire s’est diffé- renciée avec celle des nervures antérieure et subantérieure, pour former ce que quelques auteurs, et dans certains cas, nomment l’humérus, ce que nous avons toujours appelé tubé- rosité antérieure. Ce moignon distinct, constituant l'humérus, est une formation ultérieure de progrès. Au début, nous avions six nervures s'articulant directement, trois avec le dos, trois avec les flancs. C’est la fonction du vol qui, entraînant la concavité de l’aisselle et la torsion de la surface alaire, a déterminé le groupement et les différenciations terminales de ces nervures, telles que nous les avons exposées dans les types mieux organisés pour le vol. Dans tous les cas, la suppression du mot humérus se justi- fierait chez les Coléoptères, par ce seul fait : l’humérus ou tubérosité antérieure est plutôt une région qu’un osselet dis- 154 P.-C. AMANS. tinet; on suit les terminaisons des nervures très facilement, orâce aux sillons qui les séparent, chacun donnant une des apophyses signalées plus haut. De là le nom par lequel je désigne ces apophyses. La nervure antérieure se termine par lPapophyse antérieure. Cette apophyse est large, carrée chez le Melolontha ; le sommet postéro-interne est appliqué au repos contre la face antérieure du sigmoiïde, pendant que le sommet antéro-interne en est éloigné; mais dans l’extension celui-e1 vient s'y appliquer. Ces deux sommets sont très saillants et arrondis chez les Dytiques. La nervure subantérieure ne fait pas saillie sur la face supé- rieure de l’aile; elle se termine sur la face inférieure par l’'apophyse inférieure ou subantérieure. La nervure antérieure est immédiatement suivie sur la face supérieure de la nervure médiane. La disposition des trois nervures antéro-subantérieures et médiane ressemble à celle de trois tuyaux cylindriques qui seraient assemblés tangentiel- lement suivant leur longueur ou empilés ; la nervure médiane a sa terminaison effilée, en forme de faucille tournée en arrière; le manche de la faucille est soudé à la nervure sub- médiane; la pointe s’articule en arrière avec le processus submédian, en avant avec le sommet supéro -externe de la tête du sigmoïde. Ce sommet s'articule dans l’échancrure qui sépare les terminaisons médiane et antérieure. La nervure submédiane est intimement accolée à la précé- dente, au voisinage de la base. On constate seulement une lacune tapissée d’une membrane molle, en arrière de la cour- bure terminale de la nervure médiane. Enfin elle plonge dans la dépression submédiane, sous forme du processus rétro- médian déjà décrit. On peut distinguer deux branches internes dans ce processus: une antérieure s’unissant au submédian, une postérieure moins longue au terminal ; ces branches sont très élastiques, reliées par une substance plus elaire, plus molle. Avant de plonger, la nervure submédiane envoie une commissure à la première des nervures postérieures. Gette ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 155 commissure est une commissure de torsion, importante pour la mécanique du vol; nous y reviendrons. On voit encore trois nervures à la suite de la nervure sub- médiane. Je nomme les deux premières nervures postérieures, la dernière support du voile. Les deux nervures postérieures sont réunies à leurs bases d’abord entre elles, puis en avant avec la commissure de la submédiane, et en dedans avec l'extrémité recourbée du terminal. * Le support du voile est une nervure courte, en forme de cheville, comme chez les Hémiptères. La tête de cette cheville est en rapport en avant avec la face postérieure du terminal, et en dedans avec un petit support allongé. Gelui-e1 est lui- même séparé du thorax par un petit sésamoïde triangulaire. Un mot sur la répartition de toutes ces nervures. Les ner- vures proantériéure et subantérieure ne sont distinctes qu’à la base; elles se fusionnent de plus en plus en allant vers la pointe de l’aile, et forment ce bord large, strié transversalement, qui précède la première articulation de l'extrémité de l'aile. La nervure médiane est accolée à ce bord, tout en restant distincte; la nervure submédiane diverge bientôt des précé- dentes et se courbe en arrière. Je ne m'étendrai pas sur le plissement de l’extrémité de l’aile, n1 sur les formes spéciales des parties centrifuges des nervures; il y a, en effet, des diffé- rences notables d’un groupe à l'autre, mails moins intéres- santes pour le mécanisme du vol que les pièces centripètes. Des genres très instructifs pour les comparaisons sont des Carabus, Cicindela, Dytiscus. Examinons, par exemple, la base du plan postérieur des Dytiques. Il y a deux parties à considérer dans le versant postérieur, deux parties qui se plient l’une sur l’autre : la partie antérieure est formée par les nervures médiane, submédiane et posté- rieure ; la postérieure par le processus rétro-médian, le ter- minal et le support du voile. La ligne de plissement passe par les tètes supérieures du rétro-médian, du terminal et le long de la seconde nervure postérieure. Jusqu’ici nous parlons pour 156 P.-C. AMANS. le Hanneton comme pour le Dytique. Nous avons vu en outre chez le Hanneton que cette partie postérieure présentait derrière le terminal-un petit sésamoïde noyé dans les parties molles. Nous en serions assez embarrassés si le Dytique ne nous venait en aide. À la même place, on voit chez le Dytique un osselet allongé montant parallèlement au bord postérieur du terminal. Son extrémité inférieure est formée de deux cornes, l’une se dirigeant vers le terminal, l’autre s'insérant à l'union du métanotum et du pleuron, et se continuant par une fine nervure le long des parois abdominales; le corps de l’osselet’ est courbé en avant, son extrémité supérieure est repliée en bas et en avant, s'articule avec l'angle postérieur de la tête commune des nervures postérieures, et constitue le point eul- minant de la ligne de plissement. Supprimons maintenant les parties molles qui réunissent les diverses pièces basilaires du versant postérieur (losselet précédent, terminal, rétro-médian, nervures submédiane, mé- diane et postérieure), mettons à la place une chitine plus rigide qui ankylose ces pièces tout en respectant la ligne de plissement, et nous retombons sur le type Locuste. L’osselet en question est l’analogue du bord postérieur de l’arcade pos- iérieure des Orthoptères. Il faut donc, dans l’arcade postérieure des Orthoptères, distinguer deux parties : une partie postérieure, l'arcade pro- prement dite, d’où rayonnent les nombreux supports du voile, et une partie antérieure munie du tampon. Cette dernière partie seule est l’homologue du terminal des autres Insectes. L'arcade est allée en déclinant à mesure que les supports du voile diminuent de nombre; le Dytique est une étape de transition dans cette voie. Cette distinction de l’arcade en plusieurs parties est encore appuyée par l’anatomie de lAcridium; ces parties sont déjà distinctes chez cet Orthoptère, qui se rapproche ainsi davan- tage des Dytiques. Nous avons vu la structure anatomique de l'aile; voyons sa structure géométrique. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 157 Arrachons l’aile, de manière à n’enlever que les nervures fondamentales, et ne laissant sur le thorax que les osselets basilaires, le voile et son support. La surface qui nous reste dans les doigts est relativement très épaisse suivant la ligne d’arrachement et suivant son bord antérieur ; les nervures diminuent graduellement de résistance de la base au sommet. En tenant compte de cette graduation de résistance, on conçoit aisément l'importance de la partie située entre la ligne d’arrachement et le bord antérieur. À ce niveau, les nervures sont liées de façon à permettre un mouvement de forsion lon- gitudinale, et voici comment. L'ensemble des nervures antérieure, subantérieure, pro- antérieure, c’est-à-dire le versant basilaire antérieur, tourne autour de la nervure médiane. Celle-ci est effilée à sa termi- naison basilaire, et forme même en arrière une lacune, pour faciliter la rotation de la nervure subantérieure. Regardons, en effet, la face inférieure, nous verrons que cet espace est nécessaire au jeu de deux apophyses secondaires de la racine subantérieure. Ges deux apophyses viennent butter contre la base du plan postérieur. Cette base est intimement soudée à la nervure médiane, au niveau de la commissure; mais en dehors de la commissure, elle peut fléchir sur la ner- vure médiane d’un mouvement angulaire, mesuré par l’écar- tement et la divergence des nervures médiane et submédiane. L’axe de cette flexion angulaire est longitudinal. On peut se faire une idée de ce mouvement, en se figurant les deux nervures médiane et submédiane mobiles sur un cône dont le sommet serait au point de réunion de la nervure médiane et de la commissure de torsion, et dont l’angle serait va- riable (1). » (1) Il diminue naturellement dans le coup ascendant, dans le coup convexe. Ceci nous rend compte des expériences de M. Plateau sur le vol des Coléo- ptères : « L’étendue de la surface de l'aile est plus grande dans le mouvement d’abaissement, que dans celui d’élévation. » (Félix Plateau, Réflexions et expériences sur le vol des Coléoptères, 1869. ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX. 11. — ART. N° 2. 158 P.-C. AMANS. Le bord antérieur de l’aile est fortement concave en avant, au niveau de son tiers interne; il est convexe au voisinage de l'articulation basilaire, et tout le long des deux tiers externes, à partir de la zone striée. Le tiers concave est assez mou, sans doute pour faciliter la torsion. Cette concavité est plus déve- loppée que chez les Orthoptères et les Pseudo-Névroptères. Elle est située chez ces derniers vers le milieu du bord anté- rieur. Elle est peu accusée chez les Hyménoptères, nulle chez les Hémiptères. Ces différences de courbure du bord antérieur dans les divers ordres sont évidemment en rapport avec le mode de vol. Nous ignorons la loi de ce rapport, mais nous avons observé que le bord antérieur avait les deux courbures princi- pales (concavité basilaire, convexité centrifuge) d’autant plus prononcées, que les autres pièces articulaires indiquaient un battement plus vertical. La ligne d’arrachement forme aussi une ligne smueuse. PLEUROSTERNUM. Les régions sternales offrent de nombreuses variations chez les Coléoptères ; car leur mode de locomotion est très variable, et en dehors de la locomotion terrestre ou aquatique leurs pattes ont encore des fonctions diverses. Les régions pleurales offrent une physionomie plus distincte, du moins au niveau de l’insertion des ailes. Le sternopleuwron se compose de deux pièces pouvant aisé- ment se détacher l’une de l’autre : 1° le sternum et le méso- pleuron ; 2° le métapleuron. Le mésopleuron est isolable du mésosternum chez le Welo- lontha, Capris, Ateucus, Dytiscus, etc., mais beaucoup plus difficilement que le métapleuron du métasternum. Rappelons un fait analogue chez les Névroptères, Orthoptères : l’union rigide des pleures et du sternum a lieu en avant seulement entre l’antépleure et l’antésternum. En général les hanches sont roulantes, faciles à détacher. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 159 Enlevons-les ainsi que le méso- et le métapleure. Analysons chacune de ces parties. Meésopleuron. — Le mésopleuron présente sur sa face externe un grand sillon vertical, allant de l'ouverture pédieuse au bord supérieur. Une crête lui correspond sur la face interne. Cette crête est l’entopleuron. L’antépleuron est fortement concave intérieurement. Il forme, vu de dedans, une fosse à contour elliptique. Son bord antérieur a une direction verticale; il est recourbé en dedans et forme la crête antérieure ou antépleurale. Le bord supé- rieur de l’antépleure forme la surface articulaire, l’alifère. Ce bord supérieur est très épaissi ; il présente à partir de sa moitié antérieure une gondole dirigée d’arrière en avant et en dedans. Le bord externe de la gondole se termine par un condyle, le bord interne finit plus loin au pied d’une apo- physe ou condyle qu’il cloisonne en deux fossettes, l’interne plus petite que l’externe. Un sillon sépare les deux condyles. La fossette externe longe la racine subantérieure ; la fossette interne, une apophyse du submédian; enfin le sillon intercon- dylien reçoit la racine proantérieure. La ligne qui joindrait les têtes de ces trois apophyses (pro- antérieure, subantérieure et submédiane) est oblique d’arrière en avant, en dehors et en haut. La direction est beaucoup plus transversale que dans n'importe quel ordre; elle offre en outre un type d’articulation tout différent, et dont nous ne trouvons les analogues que chez les Porte-aiguillons à sque- lette dur (Xycolope, Bombus, Vespa). Partout ailleurs, en effet, et même dans l’aile postérieure des Coléoptères, nous voyons les trois apophyses précitées (proantérieure, subanté- rieure et submédiane) liées par un tissu élastique aux extré- mités supérieures (alifère) de l’entopleuron et de l’osselet de (1) Chabrier désignait la portion du pleuron qui s’articule avec l’aile sous le nom d’appui, Strauss sous celui d’apophyse alifère. J'ai choisi la dénomina- tion de Strauss comme plus cosmopolite ; j'écris alifère, tout court. L’alifère n’a été bien comprise ni par Chabrier, ni par Strauss ; le mécanisme de l’appa- reil de pronation leur a complètement échappé. 160 P.-C. AMANS. pronation. Il n’y a pas à proprement parler de cavité articu- laire nettement délimitée, fixe. Les déplacements ont lieu par l’élasticité des tissus connectfs et des pièces articulaires. Mais cette élasticité de torsion fait défaut à la base de l’élytre, de sorte que nous avons de vraies têtes articulaires roulantes. De là ces fossettes et le sillon externe. L'appareil de pronation est représenté par une partie allon- oée, qui descend le long de la crête antépleurale, en s’amin- cissant de plus en plus. Son extrémité supérieure est plus large; elle présente une partie postérieure roulant en char- nière le long de la crête antérieure, et une partie antérieure unie par une membrane ligamenteuse à la racine proanté- rieure. Get osselet peut donc, comme dans le mésopleuron des Orthoptères, se schématiser par un triangle à base supé- rieure ; mais, au lieu de rouler sur la crête antérieure par le sommet inférieur seulement, il roule tout le long d’un de ses côtés, ce qui limite singulièrement ses mouvements. Nous remarquerons encore vers le sommet de la crête anté- pleurale, au-dessous de la fossette interne, une apophyse pres- que perpendiculaire sur la crête, dirigée de haut en bas et en dedans. Elle est effilée, spatuliforme à son extrémité (Melo- lontha). Le pédicelle est fort, mais court chez les Copris ; il porte une cupule ovale, tournée vers l’avant; cette cupule est lancéolée chez l'Hydrophile. Le postpleuron est trapézoïde, à sommet postéro-supérieur, La La généralement saillant et épaissi. Ce sommet et le bord posté- rieur sont repliés en dedans, de façon à circonscrire une fosse sur la face interne. Le côté inférieur forme le côté externe de l'ouverture pédieuse ; il est, ainsi que le côté postérieur, replié en dedans, d’où résulte la formation d’une crête postérieure avec une fosse correspondant à leur intersection. Métapleuron. — Le métapleuron est une pièce trapézoïde, traversée diagonalement par la crête de l’entosternum, qui la partage en deux triangles inégaux : l’antérieur, le plus grand, est l’antépleure, le postérieur est le postpleure. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 161 L’antépleuron à son bord antérieur recourbé en dedans et recouvert en écaille par la saillie postmésopleurale. Il forme une lame de chitine claire portant supérieurement une énorme cupule, dirigée en arrière, en dedans et en bas; le côté anté- rieur est vertical, perpendiculaire sur le côté inférieur. Le côté inférieur porte une petite rainure chevauchant par une languette du côté externe du métasternum. Le côté postérieur, s’adossant au postpleure, forme la crête de l’entopleuron. Cette crête a une direction très oblique d’arrière en avant, en dedans et en haut; elle se termine inférieurement par une saillie, séparée de la crête postpleu- rale par un petit vallon qui embrasse une apophyse de la hanche. | Le postpleuron forme en arrière une saillie plus petite, mais semblable à celle du postpleuron; elle recouvre la partie supérieure de la hanche métathoracique. La hanche, le méta- pleuron et le mésopleuron sont donc agencés un peu comme les tuiles d’un toit; la crête postérieure postpleurale s’unit supérieurement au postdorsum. Cette commissure est trans- versale, presque horizontale ; le bord supérieur du postpleu- ron est la continuation du bord antérieur de cette commissure; il forme le rivage pleural du golfe postérieur. Le golfe postérieur est remplacé par une membrane molle, soutenue par une tige plus dure qui part de la crête posté- rieure et vient mourir sur la face postérieure de l’alifère. Au- dessous de son origine se trouve la cupule subterminale. L’alifère se compose d’une tubérosité arrondie en arrière et d’une pointe en avant et en dedans. C’est au-dessous de cette pointe, sur la face antérieure de l’alifère, qu’est soudé l’appa- reil de pronation. C’est une pièce claviforme roulant par sa queue et une apophyse de la tête sur la face antérieure de l’alifère; la tête se compose, comme celle de l’alifère, d’une grosse tubérosité et d’une apophyse pointue. La tubérosité est externe, postérieure et inférieure par rapport à la pointe; l’es- pace situé entre la tête de l’alifère ou pivot fixe et la tête de losselet de pronation, ou pivot mobile, est une gouttière à 162 P.-C. AMANS. parois antérieures mobiles. La queue de la tige de pronation est assez grêle à son extrémité, où elle fait corps avec le rebord antérieur du métapleuron. En raison de cette diminution de volume et de la souplesse du rebord, la tige entière peut faire un petit mouvement oblique de dehors en dedans. Une grande cupule fait suite à la tige de pronation sur la face interne de l’entopleure et déter- mine ce mouvement. Sternum. — Le sternum est en général formé d’une seule pièce, formant une surface hexagonale, ou un quadrilatère si on ne considère qu’une moitié, soit la droite, soit la gauche. Le côté interne médio-longitudinal porte l’entosternum; le côté postérieur est dirigé d’arrière en avant, en dehors et en haut; il est tout le long creusé d’une rigole pour le roulement de la hanche métathoracique; le côté externe porte sur sa moitié postérieure une rainure destinée à recevoir le bord infé- rieur du métapleuron; sa moitié antérieure est en partie échancrée et libre, en partie soudée avec le bord inférieur de l’antépleure. Enfin le côté antérieur est uni au prothorax. Si on jette un coup d’œil sur la face inférieure de ce quadri- latère, on est frappé des grandes dimensions des ouvertures pédieuses : elles ont toutes les deux un contour elliptique à grand axe dirigé d’arrière en avant, en haut et en dehors: mais, tandis que le grand axe de l’ouverture antérieure diverge peu de la ligne médiane, celui de la postérieure s’en éloigne d’un angle de 60 degrés environ. Il est, en outre, plus long que l’antérieur. L’entosternum est formé par une crête médiane, longitudi- nale, terminée à l’un de ses bouts par l’apophyse du méso- sternum, en arrière par l’apophyse métasternale. L’apophyse antérieure à une forme hémiconique, à concavité tournée en dehors; elle surplombe louverture pédieuse; la pointe est réunie par une lame écailleuse à la crête postmésopleurale (comparer avec Lépidoptères). La base est réunie en arrière au grand parapet, dans lequel roule la hanche, en avant ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 163 à une crête transversale qui se rend à la crête médiane. L’apophyse métasternale est une fourche à trois cornes, deux latérales, postérieures, montant obliquement en dehors, une médiane antérieure descendant en bas. La tige de la fourche est plus ou moins longue suivant les espèces ; elle est inclinée à 45 degrés sur le sternum. Des lames écailleuses sont tendues entre ces diverses cornes, entre la corne médiane et la crête entosternale. Celle-ci sert d'appui à la tige de la fourche. Nous avons décrit le sternum comme une pièce unique; cependant on voit parfois une ligne de soudure très nette qui part de l’angle postéro-inférieur du postpleuron, contourne le bord postérieur de la première ouverture pédieuse, et re- joint sa symétrique sur la ligne médiane. Cette ligne servirait donc à distinguer un mésosternum d’un métasternum. Mésonotum. — Sa forme générale est celle d’un quadrila- tère, à face supérieure bourrelée et à bords concaves : l’anté- rieur en bas et en avant, le postérieur en bas et en arrière, les latéraux en dehors et en bas. | La seule partie visible de dehors une fois les élytres repliées, consiste en une plaque épaisse, triangulaire, isocèle; la base est antérieure et transversale, située un peu en arrière du bord antérieur. Cette plaque sépare les deux élytres l’une de l’autre, s'enfonce dans leur rainure par ses côtés latéraux taillés en biseau. Toute la moitié postérieure de la plaque, c’est-à-dire le sommet de notre triangle isocèle, peut être considérée comme un prolongement du postdorsum destiné à recouvrir le dorsum métathoracique. Cette plaque correspond à l’émi- nence postdorsale, nasiforme des Orthoptères. Le dorsum et le postdorsum sont soudés en une pièce unique. Nous retrouvons néanmoins les caractères qui les font remarquer dans toute la série des Insectes. Ainsi le bord postérieur du mésonotum se continue latéralement et en arrière par uné longue apophyse qui va s’unir à l’antédorsum du métanotum. Cette apophyse est constante (subpostdorsum), 164 P.-C. AMANS. on la voit partout ailleurs se continuer en avant vers la fente du dorsum en restant plus (généralement) ou moins (Porte- aiguillons) soudée au bord latéral postérieur du dorsum. Ici les traces mêmes d’une différenciation ou d’une soudure ne sont pas visibles ; la fente dorsale n'existe pas : elle est rem- placée par une cavité fixe creusée dans le bord latéral anté- rieur. Elle est destinée à recevoir la convexité du sigmoïde, pendant que son bord inférieur est articulé en charnière avec cet osselet. Le bord antérieur se prolonge intérieurement par une pa- lette généralement échancrée (antédorsum). Le bord latéral antérieur se prolonge par une apophyse plus ou moins élargie, analogue à la palette latérale de lantédor- sum des Orthoptères. Métanotum. — Prenons d’abord un Dytique ou un Cicin- dèle; ces genres nous serviront de transition entre les Or- thoptères et les autres types de Coléoptères. Le métanotum du Dytiscus est une pièce quadrilatère deux fois plus allongée dans le sens transversal que dans le sens longitudinal. Notons en passant qu'une telle disproportion est une condition désavantageuse pour le vol: Les Insectes bien volants ont le diamètre longitudinal du notum plus long que le transversal. Le bord antérieur présente en son milieu une échancrure comblée par une palette de chitine claire (antédorsum) ; cette palette est formée d’une partie supérieure divisée en deux par une crête verticale, et de deux parties inférieures, à bord infé- rieur arrondi, séparées de la supérieure par une petite crête transversale. Cette palette est intrathoracique ; la réunion du méso- et du métanotum a lieu immédiatement au-dessus par une membrane résistante qui unit les bords de l’échancerure au postdorsum. Outre l’échancrure médiane, on en remarque une autre, à l’extrémité externe, portant une cupule calici- forme; celle-ci correspond à là palette latérale des Ortho- ptères. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 165 L’angle antérieur est aigu ; le bord latéral antérieur s’arti- cule en charnière tout le long du sigmoïde. Immédiatement à la suite nous rencontrons une fente, dont la position n’est plus comparable à celle des fentes observées jusqu'ici (du moins au mésonotum des Térébrants, Hémiptères, etc., chez lesquels le sigmoïde était à cheval sur les deux bords de la fente). La fente dorsale des Dytiques communique avec le golfe posté- rieur, plus particulièrement avec l’espace qui est limité en dehors par le dorso-terminal et le tampon. Avec cette fente nous commençons le bord latéral posté- rieur. Il délimite en dehors la dépression postdorsale du mé- tanotum et s'articule mollement, par lintermédiaire d’une lame flexible (dorso-terminal), avec le terminal et l’arcade postérieure. Cette dépression triangulaire est limitée en avant par un sillon, qui, d’abord concave en avant et en dedans, monte ensuite jusqu’à la rencontre de son symétrique sur la ligne médiane, et forme avec lui une ligne concave en arrière. Ge sillon part de la fente dorsale. La limite postérieure de la dépression est formée par le bord postérieur du postdorsum, qui s'articule avec la crête postpleurale. Le postdorsum est mollement réuni au tergum abdominal. Il est soudé inférieurement à une bande verticale intrathora- cique (subpostdorsum), terminée inférieurement par une palette étroite à quatre limbes en feston. La face supérieure du métanotum présente une dépression longitudinale triangulaire, destinée à loger la saillie du méso- notum. La face inférieure de cette dépression forme une saillie où aboutissent quatre crêtes, deux antérieures tournées vers l'arrière, se terminant à l’origine du sillon précité post- dorsal, et deux postérieures (entodorsum) allant au point d’inflexion de ce sillon. Si on considère, en outre, l’incurva- tion vers le bas des bords antérieur et latéral-antérieur, nous pouvons diviser la face inférieure du métanotum en sept cavités ou fosses. Au point de vue mécanique, le métanotum présente une 166 P.-C. AMANS. certaine flexion en avant du carrefour des quatre crêtes et au niveau de la fente. On peut donc schématiser le métanotum des Coléoptères par une figure assez semblable à celles des Orthoptères, un X croisé d’un double T. On peut se figurer les branches de cette figure comme des arcs concaves infé- rieurement, élastiques ; le crochet du T correspondrait à l'articulation du sigmoïde. Une différence entre les deux ordres consiste dans le mode d'union du postpleuron et du postdorsum. C'est une soudure chez les Orthoptères et une symphyse chez les Coléoptères ; la différence n’est pas très grande au point de vue mécanique. Dans les deux cas, l'articulation ne permet pas de mouvement dans le sens antéro-postérieur. On passe facilement du Dytique aux autres genres. Si nous prenons un type fort éloigné, les Longicornes, par exemple, nous observons des dimensions différentes. Les palettes anté- dorsales ont beaucoup plus de superficie, et leur distance dépasse celle qui sépare le sigmoïde droit du gauche, ce qui est une condition plus avantageuse pour le vol. La crête trans- versale antérieure du dorsum est fort réduite, et la ligne de flexion transversale du dorsum est portée plus en avant. Elle est représentée par une membrane molle qui sépare l’anté- dorsum du dorsum. La palette externe du subpostdorsum est représentée par une longue apophyse. MUSCLES DU VOL. Muscles de l’élytre. — Dorsal (rétracteur de l’écusson Str.). — C'est un petit muscle longitudinal qui occupe sur la face inférieure du mésonotum une position analogue à celle des Orthoptères, allant de l’antédorsum du métanotum à celui du mésonotum. Il est impuissant à courber le mésonotum; mais il peut le tirer en arrière. Sternali-dorsaux. — 1] y a deux sternali-dorsaux : ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL, . 407 1. Le sternali-dorsal antérieur (abaisseur de l’écusson Str.) s’insère en bas, à l’union du mésopleuron et du méso- sternum, en haut, sur la face inférieure latérale du méso- notum. 2. Le sternali-dorsal postérieur, dont je ne vois pas la description chez Strauss, s’insère en bas sur l’angle externe de la hanche, en haut sur l’apophyse subpostdorsale. Abaissent le mésonotum. Aœxillaires. — 1. Préaxillaire (extenseur de l’élytre Str.). Ce muscle va de l’osselet de pronation à la partie postérieure de la hanche, du côté de l'extrémité externe. 2. Muscle du tampon (adducteur de l’élytre). Ce musele présente deux chefs inférieurs sur l’antépleuron. Ils s’insèrent en haut sur l’osselet situé en avant du terminal, qui, par suite d’une telle insertion, ne peut être que le proterminal ou tampon. Ce muscle, d’après Strauss, fait tourner l’élytre en dedans sur lui-même. Nous ne reviendrons pas sur l’action beaucoup plus complexe de ce muscle, mais qui, ici, n’a pas grande importance, étant donné le degré de rigidité de cette aile. 3. Postaxillaire. Va du postpleuron à la cupule subter- minale. Muscles de l'aile postérieure. — Dorsal. — Muscle longitu- dival, allant de la palette médiane du subpostdorsum et de la partie médiane du dorsum à la palette médiane de l’anté- dorsum. Latéro-dorsal. — Muscle allant de la palette latérale du subpostdorsum à la zone latérale postérieure du dorsum. Sternali-dorsaux. — 1° sternali-dorsal. Muscle allant de l’antésternum, à côté de l’entosternum, à la face inférieure latérale de l’antédorsum. 2° sternali-dorsal. Muscle allant du sternum à la base de l’apophyse métasternale, à la moitié antérieure latérale du scutum. 168 P.-C. AMANS. Un des faisceaux de ce même muscle se différencie inférieu- rement par un long tendon qui vient s'insérer sur l’apophyse métasternale, sur la partie inférieure de la corne. Axillaires. — 4. Préaxillaire. Grand muscle qui s’insère en bas, sur la partie antérieure latérale du métasternum ; en bas, sur la grande cupule de l'appareil de pronation. 2. Dorso-préaxillaire. Face supérieure de la grande cupule de pronation; bord latéral du dorsum, au niveau de larti- culation du sigmoïde. 3. Entopleuro-dorsal. Petit muscle s’insérant en arrière et en bas sur l’apophyse postérieure de l’alifère, en avant et en dedans dans une dépression cupuloïde du bord latéral anté- rieur de l’antédorsum. 4. Muscles du tampon. Tampon. Partie supérieure de l’antépleure, en dehors et en dessus de la grande cupule antérieure. Son tendon contourne la tête alifère. 5. Muscle postaxillaire. Ge muscle va du bord antérieur de l'ouverture pédieuse à la cupule subterminale. VIil. — DIPTÈRES :. Nous terminons la série des Insectes par un type diamétra- lement opposé au précédent. C’est le métathorax qui prédo- minait et absorbait les fonctions du vol chez les Coléoptères ; (1) Chabrier a donné une description par trop sommaire de cet ordre, ainsi que des Hémiptères, Orthoptères et Lépidoptères. Parmi les ouvrages plus récents, nous avons lu : Th. Lowne, The anatomy and physiology of the Blow-Fly (Musca potni- toria, 1870). Künckel d'Herculais, Organisation et developpement des Volucelles. Paris, 1875. Hammond, On the thorax of the Blow-Fly (Linn. Journ. Zoology, vol. XV). L'ouvrage de M. Künckel renferme de nombreux documents historiques. La charpente du squelette et les muscles y sont Que d’une façon beaucoup plus complète que chez Chabrier. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 169 ici, c’est le mésothorax, et à tel point que les ailes postérieures ont disparu, pour faire place aux petites tiges nommées balanciers. La comparaison entre les deux ordres serait bien difficile, si nous n'avions des intermédiaires déjà connus (Hémiptères, Hyménoptères, Névroptères, Orthoptères). AILES. L’aiie des Diptères se rapproche par la consistance de l’aile des Hyménoptères. Cependant sa membrane est plus souple et ses nervures plus fines. Le bord antérieur est formé par un faisceau de trois ner- vures, antéricure, subantérieure et médiane. La nervure anté- rieure débute à la base par une partie massive, figurant, par son bord antérieur, une espèce d’éperon. Il faut se garder de confondre cet éperon avec celui de l’aile postérieure de certains Sphingides. L’éperon du Sphinx est un vestige de nervure antérieure, tandis que l’éperon des Diptères est l’analogue de la nervure proantérieure (Comparer avec la saillie antéro- externe du quadrilatère antérieur des Hémiptères). La base de cet éperon s'appuie sur l'appareil de pronation; sa pointe est libre, séparée du reste du bord antérieur de l'aile par un espace mou, où celle-ci peut accomplir sa rotation longitu- dinale. | Immédiatement en dehors de ce point, le bord antérieur présente un rebord inférieur d’abord assez large, mais qui s’atténue rapidement et se fond avec le reste de la nervure antérieure. Elle forme, à ce niveau, une légère concavité en avant, et finit par une extrémité de plus en plus effilée; con- vexe en arrière. En arrière de la nervure antérieure, nous tombons dans une dépression longitudinale diédrique, dont le fond est occupé par la nervure subantérieure, et la marge postérieure par la nervure médiane. La nervure subantérieure se fond dans le tiers externe avec la nervure antérieure. En dedans, elle se rapproche de plus en plus de la nervure médiane, et se 170 P.-C. AMANS. termine à la base de l'aile par un renflement conique, à base terminale. Cette base est concave et forme une cavité articu- laire pour le pivot mobile. Ce renflement peut être considéré comme la face inférieure de la tubérosité antérieure des Hémiptères, Lépidoptères. La nervure médiane se fond vers son extrémité centrifuge avec la nervure antérieure, un peu au-dessus de l’accolement de la nervure subantérieure. Il en est ainsi chez les Muscides, les Volucelles. Chez les Tipulides, il y a plutôt fusion qu’ac- colement. La terminaison basilaire s’unit à une masse que nous analyserons bientôt. En arrière de la nervure médiane, nous sommes sur le plan postérieur; 1l est formé, comme ailleurs, par une nervure pos- térieure et un certain nombre de nervures intermédiaires, dont une seule atteint la base : la nervure submédiane s’arti- cule avec le rétro-médian. Le rétro-médian est formé par un exhaussement chitineux, convexe en haut, difficile à bien limiter, articulé en avant avec la nervure médiane et la masse centrale, en arrière avec la base de la nervure postérieure. Son articulation avec la nervure submédiane est très lâche; car celle-ci s’effile de plus à sa base, et meurt en pointe à l’entrée de la dépression sub- médiane. La nervure postérieure débute à la base par une tête renflée, claviforme ; la corne antérieure de cette tête roule en bas sur le rétro-médian et en haut sur la nervure médiane, justement au niveau de la pointe terminale de la nervure submédiane. Ce rapprochement à la base des nervures médiane et posté- rieure s’observe presque avec les mêmes caractères chez les Hémiptères et les Porte-aiguillons. La corne postérieure s’ar- ticule avec le terminal. La nervure postérieure va en diminuant d'épaisseur vers son extrémité centrifuge ; sa direction fait un angle de 45 degrés environ avec la nervure antérieure. Sa lon- gueur varie entre le quart et la moitié de celle-ci. Son bord an- térieur est flexible sur le plan des nervures intermédiaires, issues de la nervure submédiane. Son bord postérieur donne ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 171 insertion à un voile de formes diverses, mais entièrement ana- logue aux voiles des autres ordres. "ini le voile se compose ici comme ailleurs de deux por- tions continues, l’une attachée à la base du bord postérieur, au niveau du terminal, l’autre qui suit le dorso-terminal. Cette dernière est généralement peu développée, car elle est immédiatement suivie de la base du versant antérieur de l’aile postérieure. Cette aile manque chez les Diptères; de là le grand développement de la portion dorso-pleurale, si caracté- ristique chez les Brachycères. Les Némocères font exception, ce qui rend leur équilibre plus imstable. J’ai peu insisté sur les nervures intermédiaires malgré et à cause même de leur importance en classification. Je recherche surtout des facteurs constants qui me permettent de comparer et de généraliser. Ainsi, chez tous les Diptères, nous pouvons schématiser l’ensemble des nervures intermédiaires par un fuseau élastique, intercalé entre les nervures médiane et pos- térieure. Il est étroitement relié à la base avec la nervure mé- diane, grâce surtout à une forte commissure transversale en zigzag, la commissure de torsion, qui se prolonge même en avant entre les nervures antérieure et médiane. Ce prolongement à part, on voit que la charpente du fuseau se réduit à une fourche multifide, soudée à la nervure médiane par la base de sa branche antérieure, et articulée avec l’extré- mité effilée de la nervure postérieure par sa branche posté- rieure. J’ai dit d’une part soudée, de l’autre articulée. Cela ne signifie pas que la soudure soit absolument rigide ; mais il y a bien moins de jeu qu’en arrière, et dans la décomposition des pièces de l’aile, on ne peut séparer la fourche en question des nervures antérieure, subantérieure et médiane. Elle forme avec celles-ci une pièce unique continue. Le manche de la fourche est la nervure submédiane: son rôle mécanique est ici un rôle de soutien pour le sommet du fuseau. Mais on conçoit très bien que ce manche peut man- quer ; 1l suffisait que le sommet tout entier du fuseau fût régu- lhièrement épaissi, ce qui est presque le cas chez les Hémiptères. 172 P.-C. AMANS. Chez ces dermers, le manche est inappréciable ; 1l suffit méca- niquement que la région submédiane soit assez consistante pour déterminer une arête fixe de plissement (Comparer avec le livre de la Locustide). Un autre facteur général, c’est la sinussoïde centrifuge de slissement ou d'échappement de l'extrémité de l'aile. C’est une zone concave en dehors et en arrière, passant par le point d’accolement des nervures médiane et antérieure, et par les extrémités externes des cellules basilaire antérieure, basilaire postérieure et anale. L’aile se plisse suivant cette zone sinus- soïde toutes les fois qu’à ce niveau elle subit une pression sur la face supérieure. Nous avons décrit la pièce alaire proprement dite, celle que nous avions arrachée chez les Coléoptères, et qui malgré une structure et un facies si différents, lui est comparable par des facteurs importants (courbure générale du bord antérieur, commissure de torsion, sinussoide de flexion). Voyons les at- taches de cette portion avec le thorax. La masse centrale est décomposable en deux pièces trian- gulaires, l’une interne (sigmoïde), roulant sur le métanotum, l’autre externe (submédian), roulant sur la face postérieure de l’alifère. La pièce interne ou sigmoide à une partie antérieure plus grêle courbée en dehors et une partie postérieure plus volumi- ueuse. Le bord externe de cet osselet est sigmoïdal. On peut done comme toujours lui considérer deux apophyses : 1° une apophyse antérieure, grêle, arrondie, s’articulant en avant avec la terminaison de la nervure antérieure, qui vient butter contre sa face antérieure, en arrière avec la terminaison de la nervure médiane; 2° une postérieure, massive, anguleuse, s’intercalant entre le submédian et le terminal. Entre les deux apophyses s'articule le submédian ; en arrière de l’apophyse postérieure, nous avons le bord postérieur du sigmoide, bord libre et réuni au terminal par une membrane molle. Le bord interne du sigmoïde tourne sur le mésonotum au- ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 173 tour d’un axe voisin de la verticale, oblique de bas en haut et en avant. La pièce externe ou le submédian est la vraie pièce centrale du golfe postérieur. Elle s’articule avec la concavité du bord externe du sigmoïde, avec la racine subantérieure (apophyse inférieure de la tubérosité antérieure des Hémiptères), avec le tampon et le rétro-médian. Le submédian fait le pendant de la racine subantérieure : pendant que celle-ci roule par une cavité sur le pivot mobile, le sabmédian roule par un condyle dans une gondole postérieure du pivot fixe ou alifère. Il est molle- ment lié au rétro-médian, intimement uni au sigmoïde et à l’apophyse subantérieure. Cette dernière union n’est pas abso- lument rigide ; elle conserve un peu de jeu et de souplesse. Le terminal se rapproche beaucoup par sa forme de celui des Lépidoptères et Coléoptères. C’est une pièce concave par sa face inférieure, allongée et verticale au repos. Son extré- milé supérieure s’articule avec l’arcade postérieure, c’est-à- dire avec la tête claviforme de la nervure postérieure. Son extrémité inférieure est bifurquée : 1° la branche antérieure est rattachée au sigmoïde par la membrane molle de la dépres- sion postérieure. C’est le fampon ou proterminal; 2 la branche postérieure s'articule avec le dorso-terminal, à. bunioni du dorso-terminal et du pleuro-terminal. Le dorso-terminal est une pièce bien développée chez les Diptères; nous l'avons à peu près partout rencontrée, mais bien individualisée seulement chez les Hémiptères et Porte- aiguillons. Elle a la forme d’une cheville dont la queue serait fixée dans l’angle de séparation du podorsum et du subpodor- sum (comparer pour la forme et la position avec le vectiforme des Porte-aiguillons). La tête massive est creusée d’une gorge qui chevauche sur le pleuro-terminal. On peut considérer deux apophyses à cette tête : l’apophyse supérieure qui s’arti- cule avec le terminal ; l’apophyse inférieure qui donne inser- tion à un puissant muscle, le postaxillaire. Le pleuwro-terminal est une pièce quadrilatère allongée hori- zontalement, complètement soudée à la face postérieure de ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX. 12, — ART. N° 2. 174 P.-C. AMANS. l’alifère par son bord antérieur. Son angle postéro-mférieur se prolonge effilé, parallèlement et très près du bord supérieur postpleural : cette pointe est liée à ce bord et à la cheville dorso-terminale par une membrane résistante. Sa face externe présente d’arrière en avant une dépression, puis une émi- nence. La dépression est destinée à loger la gorge du dorso- terminal. Ajoutons que la pointe postérieure du pleuro-terminal se termine par un bouquet de poils. Chabrier a entrevu cette pièce sans y attacher d'importance; 1l a surtout été frappé par le bouquet de poils qu’il compare aux plumes des ailes des Oi- seaux de paradis. M. Künckel, qui a revu cette pièce, croit qu'elle ne sert à rien. Elle lui sert cependant à faire avec les Lépidoptères un rapprochement ou plutôt une différence un peu risquée. Gette pièce serait comparable aux paraptères qui recouvrent la base supérieure de l'aile ‘des Lépidoptères; seulement chez les Di- ptères ils seraient placés au-dessous. Nous ne saurions sous- crire à une telle opinion. L’écaille des Lépidoptères est une pièce de protection pour la base supérieure de l’aile, et qui a ses analogues dans toute la série sous des formes diverses (écailles des Hyménoptères, apophyses du prothorax des Hé- miptères, écaille des Diptères, etc.). Le pleuro-terminal n’a d’analogue bien évident que chez les Hémiptères. C’est une pièce qui, ainsi que le dorso-termi- nal, sert à la fois de guide et de soutien à l’apophyse inférieure du terminal. C’est un renforcement, une sorte de sésamoïde jetée dans la membrane du golfe postérieur. | Nous avons observé un renforcement du même ordre chez les Coléoptères; et, d'autre part, l'énorme cupule subtermi- nale des Lépidoptères s'appuie sur le bord postérieur de lali- fère. Ilsemble donc que ce guide inférieur du terminal, observé dans des types si différents, soit une nécessité du vol; car lors- qu'il manque (Porte-aiguillon), 1l est remplacé par une rigole du bord supérieur pleural, dans laquelle glisse le ter- minal. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 175 C’est à tort aussi que M. Künekel compare le dorso-termi- nal au naviculaire de Jurine (équerre Chab.). Le naviculaire est une pièce constante dans la série ; 11 donne toujours inser- tion à un moteur des plus importants pour la formation de notre surface gauche, au muscle du tampon; la pièce elle- même est le tampon ou proterminal. Quant au dorso-terminal, il serait plutôt l’analogue du vectiforme, dont 1l a les rapports et la forme. Nous déerirons l’écaille des Diptères, à propos de l’appareil de pronation. THORAX. Le thorax des Diptères a, comme celui des Sphingides et des Hyménoptères, une forme ellipsoïdale, à axe longitudinal plus ou moins allongé. Il est, par exemple, ramassé chez les Brachyeères (Musca, Volucelle), allongé et déprimé latérale- ment chez les Némocères (Culex, Tipula). Gette forme plus ou moins arrondie coïncide avec: une concentration plus ou moins accentuée des diverses parties du thorax. Gette concen- tration acquiert son plus haut degré chez les Diptères. Le notum et le pleuro-sternum paraissent formés chacun d’une pièce unique. Mais, malgré les difficultés de la dissection, chaque pièce peut se décrire avec des divisions aussi précises que dans les autres groupes. Prothorax. — Ge segment présente de grandes analogies et ressemblances avec celui des Porte-aiguillons : il forme, en arrière, le cercle d’entrée dans le thorax : c’est lui qui assure l'union des antépleures et de l’antédorsum. La charpente du prothorax est formée par une large crête, qui part de la partie antérieure du sternum, de chaque côté de la ligne médiane, et monte vers le pronotum en décrivant une courbe concave en dedans. Sa partie inférieure la plus large est jetée comme un pont sur l’ouverture sternale de la première paire de pattes, Il y a donc une certaine similitude de direction et de rapports entre cette crête et l’entopleuron 176 P.-C. AMANS. des autres segments thoraciques. Nous pouvons, dans tous les cas, décrire un segment situé en avant de cette crête, et un segment situé en arrière. Le segment antérieur forme une sorte de faux-col, et, au lieu d’un nœud de cravate, plaçons-y les pattes thoraciques. La moitié supérieure ou pronotale du segment est soudée en arrière et en haut à l’union de l’antédorsum et du dorsum; en arrière et en bas, il est limité par la crête entopleurale. En avant, une membrane molle lunit à la tête. Il y à, en outre, deux grandes écailles triangulaires (1), mobiles par un côté, sur les pointes du faux-col. Elles sont séparées par trois petites écailles, dont deux antérieures et une médio-postérieure. La moitié inférieure du segment antérieur forme, en arrière, le bord antérieur des ouvertures pédieuses; elle est sur la ligne médiane séparée de sa symétrique par le prosternum avec lequel elle est soudée. En avant, une membrane molle le sépare des grandes écailles ou condyles. Le segment postérieur est nettement limité en avant par la crête médiane : sa face externe présente deux sillons trans- versaux; au sillon supérieur correspond une crête sur la face interne ; au sillon inférieur, une simple arête de rebrousse- ment. De là trois lobes : le lobe supérieur est fortement con- vexe, s'enfonce comme un coin entre l’antépleuron et le dorsum. Cette saillie du prothorax est comparable à celle (opercule Chab.) des Hyménoptères. La partie inférieure de ce lobe porte un lobe. Les iobes moyen et inférieur sont séparés du mésopleuron par un sillon sinueux auquel correspond une arête de rebrous- sement. Le lobe inférieur est fondu avec le prosternum ; il forme le bord postérieur des ouvertures pédieuses. Le prosternum est une espèce de coin cordiforme, à pointe postérieure ; sa base est mollement liée aux condyles. En somme, le prothorax, vu dans son ensemble, forme une espèce de collier analogue à celui des Porte-aiguillons ; seule- (1) Gondyles de Lowne, loc. cit. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 177 ment son union avec le mésothorax est plus forte chez les Diptères que chez ces derniers. Meéso- et Métapleurosternum. — Cette pièce, débarrassée du notum et de l’abdomen, a la forme d’une gouttière percée latéralement en avant de deux trous, pour l'insertion des pattes mésothoraciques; nous avons, en outre, huit échan- crures sur les bords postérieur et supérieur, c’est-à-dire quatre à droite et quatre à gauche : échancrure de la hanche métathoracique, celle du Fe celle du golfe pesieneur de l’aile, celle du golfe antérieur. Cette gouttière présente de nombreux sillons, auxquels cor- respondent, sur la face interne, soit des crêtes, soit simple- ment des arêtes de rebroussement. | Le sillon de l’entopleure a une forme et une direction spé- ciales, qui n’ont d’analogues que chez les Hémiptères. Ce sillon part verticalement du sommet externe du cercle pédieux, s’infléchit horizontalement en avant, se coude ensuite à 90 de- grés pour remonter verticalement, s’infléchit en arrière et se réunit finalement avec un autre sillon ou sillon de renforce- ment pour former l’alifère. À ces diverses parties du sillon correspondent en dedans : 4° à la portion horizontale, une forte apophyse, l’apophyse pédio-pleurale; ® à la portion verticale, une crête, d’abord très large à son union avec l’apophyse; elle s’unit en haut avec une arête de rebroussement, correspondant au sillon de ren- forcement. Cette arête débute un peu au-dessus de l’angle externe de l’ouverture pédieuse mésothoracique, et délimite ainsi, avec le bord libre de la crête précédente, l'entrée d’une grande fosse, comprise entre l’entopleure et le postpleure (comparer avec la fosse correspondante des Lépidoptères, Hémiptères). Les deux premières parties constituent l’ento- pleure proprement dit. Cette crête étant bien définie, nous pouvons décrire, comme partout ailleurs, un antépleure et un postpleure. L’antépleuron a une forme lenticulaire. Il est séparé du 178 P.-C. AMANS. propleuron par un sillon sinueux, qui part de la portion hori- zontale du sillon entopleural et monte jusqu'au niveau du notum. La portion inférieure de ce sillon est marquée en dedans par une crête qui se jette sur le versant antérieur de l’entopleure. La partie la plus originale de cet antépleure est sa partie postérieure; elle est séparée de l’entopleure par une fente qui monte en s’élargissant et supporte finalement l’appa- reil de pronation. Nous n’avons, jusqu’à présent, observé une telle fente, la fente antépleurale, que chez les Hémiptères; seulement, chez ceux-ci, elle est plus éloignée de l’antépleure. Le facies de l’appareil pronateur est tout différent chez les Lépidoptères et Hyménoptères, bien qu’on puisse en déduire un schéma mécanique à peu près pareil. Le mésosternum présente, sur la ligne médiane longitudi- nale, une crête qui porte à sa partie supérieure une paire d’apo- physes en forme de coupe pédicellée, située au-dessous et parallèlement à l’apophyse pédio-pleurale. C’est l’entosternum et ses apophyses. Gette crête sépare la paire de cercles pédieux mésothoraciques sous forme d’un pont étroit. Elle se termine immédiatement sur la zone étroite qui constitue la portion interne du bord postérieur de l’ouverture pédieuse. Cette zone est limitée transversalement par un sillon (sur la face externe), qui monte ensuite, en arrière et en haut, jus- qu’au sommet externe de l’échancrure pédieuse métathora- cique. Le sillon de l’entosternum mésothoracique se continue en arrière par un autre sillon très court. Si l’on joint l'extrémité postérieure de celui-ci avec l’extrémité externe du sillon trans- versal, on obtient un triangle allongé, chitineux, qui, réuni avec son symétrique, forme le seul reste du métasternum. Cette partie restante représente surtout l’antémétasternum, c'est-à-dire la partie située en avant des ouvertures pédieuses, la seule qui ait quelque constance et consistance dans la série. L'ouverture pédieuse métathoracique, iei comme chez Îles Orthoptères, Coléoptères, Hyménoptères, etc., se réduit à une échancrure. Une membrane molle réunit l’échancrure à sa symétrique et à l'abdomen; les hanches sont jetées dans la ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 179 membrane et roulent par leur bord antérieur sur chaque échancrure. Nous avons décrit tout le plancher sternal pour faciliter la délimitation des autres segments pleuraux, qui n’est pas exempte de difficultés. Remontons sur les flancs du thorax, en partant de l’extrémité externe de l’échancrure métasternale. Nou voyons deux crêtes en partir verticalement, ne laissant entre elles qu’une zone très étroite. Cette zone est tout ce qui nous reste du mnétapleuron. La crête antérieure contourne le bord postérieur d’un volumineux stigmate, se soude à la face postérieure de la palette, et finalement se fusionne avec la crête postérieure, pour entrer dans la constitution d’un cercle rigide postérieur analogue à celui des Hémiptères. La crête postérieure forme, avant cette fusion, une dilata- tion en forme d'oreille qui délimite en avant la fosse d’inser- tion du balancier; elle se continue ensuite sur la face posté- rieure du subpodorsum, ou plutôt à l’union de celui-ei et du podorsum. Nous reviendrons sur ces détails dans la description des pièces dorsales. Nous avons vu jusqu’à présent, chez les Insectes à ailes postérieures réduites, le métathorax diminuer graduellement de volume. Gette réduction portait sur le milieu métanotal ; nous la verrons à son comble chez les Diptères. Le postpleuron du métathorax forme un quadrilatère net- tement délimité ; 1l est borné en avant par la crête de l’ento- pleure, en bas par une erête qui part de l’apophyse pédio- pleurale, en arrière par une large crête semblable à celle de l’entopleure. Son bord supérieur forme la rive du golfe postérieur; son angle postéro-supérieur fait corps avec le postdorsum. L’alifère est formée par l’union de l’entopleure et de la crête de renforcement. Les détails de l'articulation pleuro- alaire, en ajoutant à l’alifère le système de pronation et du pleuro-terminal, méritent une attention spéciale; cet ensemble est un modèle de force et de souplesse. Je schématiserai l’alifère par une lame triangulaire solide 180 P.-C. AMANS. ment assise par sa base sur le bord supérieur du mésopleuron. Elle est tordue verticalement de gauche à droite. Son côté antérieur est uni à l’appareil de pronation; son côté posté- rieur: 1°est soudé en bas avec le processus pleuro-terminal ; 2° il présente en haut un condyle au voisinage du sommet. Entre le condyle et le sommet s'articule le submédian; le sommet forme une petite tubérosité roulant dans la cavité qui sépare la racine subantérieure du submédian. L'appareil de pronation se compose de six pièces : 1. Une petite boule pédicellée, dont le pédicelle roule entre l’alifère et les deux pièces suivantes. 2. Une lame en forme de virgule, dont la tête tournerait en charnière autour de la partie supérieure du bord antérieur de l'alifère, et dont la queue serait soudée au restant de ce bord. 3. Une lame triangulaire allongée, articulée par son petit côté avec le bord convexe de la virgule, et soudée par toute la région du sommet allongé avec la pièce suivante. 4. Une autre lame triangulaire allongée, fixée par sa base dans une baie du bord supérieur de l’antépleure. Son sommet allongé est soudé à celui de la pièce 3 et forme avec elle une apophyse styloïde verticale, intrathoracique, courbée en avant et en dehors. Les pièces 3 et 4 forment l’entrée de la fente antépleure. 5. Le bord supérieur de lantépleuron avec la fente anté- pleurale. 6. L’écaille, c’est une sorte de sésamoïde élastique, mais peu consistant, qui forme l’entrée du golfe antérieur. Il est mollement relié aux bases des pièces 3 et #, ainsi qu’au cap antérieur de la fente dorsale, et au bord interne de la tubéro- sité antérieure. Son union est un peu plus serrée sur la partie supérieure interne de l’éperon. L’écaille a une forme detriangle sphérique appliqué par un de ses côtés sur la racine de la nervure antérieure, l’aile étant repliée. Si l’on pousse l’aile en avant, ce côté s'éloigne de la racine; l’écaille tout entière se tend comme un arc et emmagasine une force de réaction de sens contraire. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 181 Malgré cette complication de pièces, le mécanisme de l’ap- pareil de pronation est facile à observer. Tirons l’apophyse styloïde en avant et en dehors, la lame 3 transmet ce mouve- ment aux pièces 2 et 1. Finalement le pivot mobile (boule de 1) se porte en avant et en dedans. La fente antépleurale se ferme au maximum de cette traction; l’antépleuron et l’écaille sont violentés dans cette position. Tout l’appareil est tendu comme un ressort prêt à repousser la boule dans sa position primitive. Nous n’avions pas encore vu de mécanisme aussi perfectionné pour porter l’aile en avant. Il dénote que l’Insecte ainsi bâti doit avoir: une grande résistance à vaincre, des bat- tements très nombreux à produire. NOTUM. Le notum se compose d’une partie prothoracique ou prono- tum (l'arc supérieur du collier), d’un antédorsum, dorsum, podorsum et subpodorsum, mésodorsum et d’une partie mé- tadorsum très réduite. L’antédorsum et le subpodorsum sont intrathoraciques ; comme le collier est très étroit, 1l nous reste comme éléments dominants de la surface dorsale le dorsum et le podorsum. Le contour apparent de ces deux pièces figure une méridienne d'œuf, à grosse extrémité en avant, attachée à l’aile par son milieu. Le dorsum occupe les trois quarts antérieurs du notum. Sa surface est régulièrement convexe sur la ligne médiane, mais ses bords sont encore e plus accidentés que dans les autres ordres. | Nous avons déjà vu que l’on pénétrait dans la cage par un collier prothoracique, sur le bord supérieur duquel se soude le dorsum. On voit, à partir de cette soudure, descendre verti- calement une petite palette trapézoïde à petite base inférieure, l’antédorsum. De chaque sommet de la base part une tige qui se dirige en arrière et en dehors jusqu’à l'articulation anté- pleuro-dorsale. La zone que soutient cette tige affecte la forme d’un cercle dont cette tige serait le diamètre. Gette zone est en 189 P.-C. AMANS. chitine assez tendre, assez souple; cette consistance est liée aux fonctions de la partie antérieure du dorsum. L’articulation antépleuro-dorsale consiste en un léger con- dyle de l’antépleure, coiffé par une cavité du bord mésonotal. Ce bord se continue airs en ligne droite jusqu’au sommet de l’antépleuron, après lequel commencent les rapports avec l'aile. Elle forme d’abord la rive dorsale du golfe antérieur. Gette rive reçoit un sillon transversal qui prend son origine vers le milieu du mésonotum et se termine latéralement par une apo- physe intrathoracique. Elle est en outre mollement réunie à l’apophyse antépleurale, à la lame de pronation et à l’écaille. Les rapports vont devenir plus étroits; nous sommes au cap antérieur d’une fente dorsale. En avant du cap antérieur s’in- sère l’écaille; en arrière s'étend le sigmoïde, à cheval sur la fente et sur l'extrémité du cap postérieur. De Particulation antépleuro-dorsale au cap postérieur, le bord dorsal se dirigeait en dehors; à partir du cap postérieur, il se dirige en dedans jusqu’à l'articulation postpleuro-dorsale, et constitue tout le long de ce trajet le rivage dorsal du golfe postérieur. Ce golfe a déjà été étudié ; nous savons qu’il est occupé par les osselets terminal et submédian, et que ces osselets y sont suspendus sur deux ligaments chitineux se ren- dant, l’un au rivage pleural, l’autre à l'extrémité du sillon qui sépare le dorsum du podorsum. A ce niveau aboutit un autre sillon, un sillon postérieur, à plan horizontal concave vers l'avant. La partie du dorsum comprise entre ces deux sillons proémine fortement en arrière, de manière à former, vue de dedans, une sorte de poche hémi- ellipsoïdale dont les sillons formeraient les bords. Ces sillons sont, l’antérieur celui de l’entodorsum, le postérieur celui qui sépare le podorsum du subpodorsum. Le subpodorsum se compose de deux parties : une partie extrathoracique concave en avant, et une partieintrathoracique plus considérable, hémisphérique, descendant très bas à 1- 2 millimètres des parois sternales. Son bord inférieur est re- ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 183 courbé vers l’avant et très légèrement échancré. Ces deux parties sont séparées par la partie métanotale du cercle pos- térieur ; c’est en effet au niveau de leur union qu'est soudé un anneau chitineux se continuant avec le métapleuron. Cet an- neau est tout ce qui reste du métanotum. On est frappé des ressemblances qu’il y a entre le méta- thorax des Hémiptères et celui des Diptères. Le dorsum métanotal des Hémiptères semble une dépendance du subpo- dorsum mésothoracique. Quant aux dorsum et subpodorsum métanotaux, ils sont, comme chez les Diptères, réduits à un arc de chitine à concavité inférieure, soudé en avant au bord supérieur du subpodorsum mésonotal, et par ses extrémités latérales avec la crête postérieure du métapleuron. En résumé, le notum des Diptères se rapproche de celui des Sphingides et Hyménoptères par la forme générale, les rapports géométriques; mais c’est avec les Hémiptères qu'il peut le mieux se comparer pour les détails. Nous avons fait la même remarque à propos du pleurosternum. Il en résulte que la machine à vol des Diptères est bâtie sur le même plan que celle des Hémiptères, mais avec de nombreux perfection nements pour la souplesse, l’élasticité et la puissance. Nous avons vu, par exemple, la complication des appareils de pro- nation et de supination ; nous pourrions encore citer la fente dorsale comme type de perfectionnement. | Nous avons vu qu'à l'ouverture de la fente chevauchait le sigmoïde, voici comment : le cap antérieur de la fente forme un crochet recourbé en arrière, en haut et en dedans; l’extré- mité antérieure du sigmoïide en forme un autre de sens con- traire; l’extrémité postérieure du sigmoïde roule en charnière sur le cap postérieur de la fente. Les deux crochets, par la direction même de leurs courbures, s’embrassent de telle facon que le roulement du sigmoïde en avant fait fermer la fente; le crochet du cap antérieur joue le rôle d’un écrou. Chez les Hémiptères, cette sorte d’écrou était remplacée par la flexibilité de la tête du sigmoïde. 184 P.-C. AMANS. MUSCLES DU VOL. Je suivrai la même nomenclature que partout ailleurs. Jy suis, du reste, autorisé par les comparaisons qui précèdent sur les pièces du squelette. Dorsal. — Le muscle droit est accolé à son symétrique sur la ligne médiane. Il va de la face antérieure du subpodorsum à la face inférieure du dorsum. Son insertion antérieure est régulièrement concave en arrière, d’un tiers environ plus longue que l’insertion postérieure; celle-ci forme une cour- bure sigmoïdale à branche inférieure prédominante. Lorsque ce musele entre en action, les cercles thoraciques antérieur et postérieur tiennent bon; la fente dorsale cède, s'élève et se ferme ; le sigmoïde roule autour de son axe. Le dorsal est donc le musele rotateur du sigmoïde. Cela ne signifie pas que le dorsal abaisse l'aile ; la rotation du sigmoïde n’est qu’une phase de l’abaissement. Pour que l’abaissement soit complet, il faut que les préaxillaires inter- viennent. | Latéro-dorsal. — Muscle oblique-vertical, allant de bas en haut et en avant. S’insère en arrière sur le cercle postérieur, sur la crête postpleurale en avant du balancier, en haut sur le bord latéral postérieur du dorsum, en arrière du deuxième sternali-dorsal. _ Il tire en arrière et en bas la partie postéro-latérale du dor- sum. : Sternali-dorsaux. — Ge sont des muscles moins inclinés sur l’axe du corps que les précédents ; ils sont à 45 degrés envi- ron sur le dorsal. Il y en a deux rapprochés en bas, écartés en haut. = {. En avant, le premier sternali-dorsal, le plus gros, allant du sternum au dorsum; son insertion inférieure occupe la fosse antésternale surun espace quadrilatère. Son insertion ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 185 supérieure, moins étendue en surface, occupe un espace trian- gulaire sur la partie antérieure du dorsum, immédiatement en avant de la crête antérieure. Ce muscle tire en arrière et en bas la moitié latérale-anté- rieure du dorsal. 9. Le deuxième sternali-dorsal allant dela fosse poststernale à la moitié postérieure du dorsum, un peu en arrière de la crête antérieure. Il tire en arrière et en bas la partie postérieure du dorsum. Axillaires. — 1-2. Deux muscles s’insèrent à l'appareil de pronation. Ce sont des préaxillaires. L’un d’eux se rend à l’angle antéro-supérieur de l’antépleure, en avant de la crête antépleurale. L'autre est en dehors du précédent, et s’insère en arrière de la même crête, tout le long du bord antérieur de l’antépleuron. Le premierse rend à la face antérieure de l’apo- physe styloïde. Ces deux museles portent le pivot mobile et par suite l’apo- physe subantérieure en avant, en bas et en dedans. Le versant antérieur de l’aile suivra ce mouvement, mais pas nécessaire- ment; car la racine subantérieure peut rouler sur ce pivot mo- bile, et l’extrémité centrifuge du bord antérieur subir Île contre-coup d’autres forces (Semen résistance de Vair, etc.). Dans tous les cas 1l se portera en avant. 3-4. Muscles du tampon ou du proterminal. — Ges muscles s’insèrent par deux faisceaux sur l’antépleure, de chaque côté de l’origine de la fente ; ils se rendent ensuite au proterminal par un fort tendon. 5. Postaæillaire. — En haut, sur le condyle inférieur du dor so-lerminal, en bas, sur la base de Papophyse pédio- -pleu- _ale. | Ce muscle abaisse le terminal. : 6. Entopleuro-dorsal. — Petit muscle allant de la face an- 186 P.-C. AMANS. térieure de l’antépleure à une apophyse chondroïde pédicellée qui termine la crête médiane transversale du scutum. Ce muscle doit jouer un rôle de ligament élastique, servant à brider le dorsum, et à son union avec le pleuron. 7. Antépleuro-postdorsal. — Petit muscle s’insérant à la face postérieure de ’apophyse styloïde; il est remarquable par un long et grêle tendon allant dans une dépression de la zone postérieure du dorsum, au-devant de la branche antérieure de l’X. Ce muscle est situé au-devant du précédent et le croise. | Il est spécialement antagoniste du premier préaxillaire, qui par la nature de ses insertions pourrait être dénommé anté- pleuro-dorsal. IX. — CHÉIROPTÈRES. La forme générale de l’aile se rapproche de celle des In- sectes : un triangle à sommet centrifuge, à base centripète et diédrique. Le bord antérieur de l'aile se compose de trois tiges articulées : un humérus, un radius et le métacarpien du deuxième doigt. Ces os forment la charpente du bord anté- rieur. En réalité, le bord antérieur est formé par une membrane qui part de l’épaule, s’insère à la face antérieure de ces os, et se termine à l’extrémité du troisième doigt. Cette membrane est très élastique, surtout dans l’angle radio-huméral. Elle est même contractile à ceniveau comme nous le verrons plus loin. La courbe formée par le bord antérieur dans son extension est sinussoïdale comme chez la majorité des Insectes, c’est-à- dire qu’à la base, dans l’angle radio-huméral, elle est concave antérieurement, et à l’extrémité elle est convexe ; l’ensemble des deux branches de cette sinussoïde est concave inférieure- ment. Les Goléoptères et Orthoptères nous offrent un rapproche- ment curieux à propos de la branche concave. Cette concavité ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 187 est formée par le rebord proantérieur, par une partie beaucoup moins dure que le reste du bord antérieur. C’est du reste une nécessité de la torsion, nécessité qui est satisfaite par d’autres moyens chez certains Insectes (Cicada, Æschna), mais qui chez les Chéiroptères et Oiseaux a fait naître un procédé analogue à celui des Coléoptères. Il y a chez les Chéiroptères une complication en plus, par suite de la présence d’un muscle dans cette membrane. Il n’y a pas chez les Insectes de muscles logés dans le rebord proan- térieur, maïs les tenseurs du rebord existent. Le restant de l’aile est formé par une mince membrane ana- logue à du caoutchouc (1), entre les deux feuillets de laquelle se trouvent les doigts. Cette membrane s'étend sur les flancs de l’animal, de manière à augmenter le gouffre axillaire. Chez certaines espèces, elle recouvre les pattes postérieures et même la queue, ce qui augmente considérablement la base de sus- tentation et la traine. | | Nous allons analyser brièvement cette machine en nous bor- nant aux faits saillants susceptibles de comparaison. ; La cage thoracique de Chéiroptère est une cage de Mammi- fère, modifiée pour le vol. Le caractère le plus saillant im- primé par le vol est la prédominance, le renforcement des muscles qui portent l’aile en bas et en avant. Ces muscles s’in- sèrent principalement à la face antérieure de la cage. Le sternum est très développé, long et large ; sa partie mé- diane s’avance en avant sous forme de crête. Les cartilages costaux sont remplacés par de vraies côtes sternales, articulées avec le sternum et les côtes vertébrales, comme chez les Oi- seaux. Îl en résulte que la colonne vertébrale et le sternum sont réunis par des cerceaux élastiques et solides en même temps. L'ensemble des cerceaux forme un tronc ovoïde, à petit bout en avant (2). Le cerceau antérieur est le plus court, mais le (1) Schôbl, Die Flughaut der Fledermaïüse (Archiv. für mikrosk. anat., vol. V, 1870). (2) C’est l'inverse qui a lieu, une fois les muscles en place. 188 P.-C. AMANS. plus rigide : car il est plus fort que les autres, et aplati de haut en bas, ce qui assure sa résistance contre les tractions venant d'en haut ou d'en bas. La résistance des cerceaux suivants va en diminuant graduellement en même temps qu’augmente leur élasticité. La ceinture thoracique antérieure est formée par cet ovoïde et par deux os distincts, l’omoplate et la clavicule. Une apophyse de l’omoplate, le précoracoïde (1), a pris un énorme dévelop- pement sous l’influence du vol; 1l donne en effet insertion au biceps, muscle fléchisseur et abaisseur. La clavicule est très forte; son rôle est important : elle sert de lien rigide entre la poignée du sternum et l’angle antéro-supérieur de l’omoplate, entre l’acromion et le sommet de l’épine. Cet angle est la partie la plus épaisse de l’omoplate ; elle porte larticulation scapulo-humérale ; Le reste de l’os est couvert de masses mus- culaires venant de la colonne vertébrale, de l’humérus, des côtes ou de l’omoplate elle-même. En résumé, la ceinture thoracique ne forme pas un cerceau osseux complet, allant du sternum à la colonne vertébrale. La moitié inférieure seule (clavicule) est en continuité avec la cage : l’articulation cléido-sternale ne doit permettre qu’une très légère oscillation autour de l’axe longitudinal du cerceau. Quant aux mouvements de l'articulation cléido-scapulaire, ils sont beaucoup plus faciles, mais néanmoins peu étendus. Car l’omoplate est fortement bridée et maintenue solidement par les muscles scapulo-thoraciques contre les côtes. En somme, l'articulation scapulo-humérale ne subit que de légères oscillations d’arrière en avant, ou de dehors en dedans, jamais de haut en bas. Même remarque pour le sommet de l’entopleuron, pour l’alifère. En disant que l’entopleuron des Insectes est analogue à la clavicule des Chéiroptèrés, je fais une assimilation purement géométrique; les homologies entre des types si différents doi- vent être cherchées dans d’autres DÉRINUe mers du vol. 0) noie ici les déterminations de M. Sabatier. no Comparaisons des ceintures et des membres, 1880, p. 76. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 189 Nous verrons plus loin que le même rôle sera dévolu chez les Oiseaux, non pas à la clavicule, mais au coracoïde. Les premiers entomotomistes ont élé malheureusement inspirés dans les emprunts faits à l’anatomie des Vertébrés. Chabrier, par exemple, appelle caviculaire chez les Bourdons une pièce essentiellement mobile qui facilite la pronation, et omoplate la pièce mobile qui facilite le roulement du versant postérieur de l’aile. Ces deux pièces ont la valeur de deux con- dyles; tout au plus pourrait-on les comparer aux tubérosités antérieure et postérieure del’humérus, etencore je me défends de cette assimilation. L’humérus n’a pas d’analogue chez les Insectes. e On remarquera encore que les deux articulations scapulo- humérales sont beaucoup plus indépendantes que chez les Insectes. Elles sont séparées par une pièce rigide longitudinale, tandis que chez les Insectes, nous avions des surfaces élas- tiques (notum) flexibles généralement dans trois directions perpendiculaires. L’humérus est un os allongé régulièrement cylindrique, ren- flé à ses deux bouts, portant chacun une articulation, Punc pour l’omoplate, l’autre pour l’avant-bras. L’articulation scapulo-humérale n’est pas une enarthrose comme chez l'Homme; c’est une condylarthrose (1). La cavité glénoïde a la forme d’un demi-fuseau sphéroïdal, ouvert sous un angle de 30 degrés environ, à grande courbe (2) ou grand axe parallèle au bord antérieur de Pomoplate. La tête de l’hu- mérus est elhipsoïde à grande courbe dans le même sens que celle de la cavité glénoïde. Les tubérosités antérieure et posté- rieure limitent les mouvements dans le sens du petit axe. Ces derniers mouvements sont angulaires de 30 degrés et non en charnière, car les deux tubérosités se rejoignent antérieure- (1) Nous suivons, en général, les dénominations employées dans les traités classiques d'anatomie humaine. (2) Je n’emploie pas à dessein le mot de courbure ; la plus grande dimension d’une surface articulaire peut être une ligne de faible courbure ; il y a là deux éléments (la longueur et la courbure) bien distincts et que l’on confond géné- ralement. ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885, XIX. 13. — ART. N° 2, 190 P.-C. AMANS. ment sous un angle de 60 degrés environ, ne laissant de libre que la partie postérieure. En d’autres termes, l'articulation scapulo-humérale est dis- posée de façon à permettre de grands déplacements dans le sens antéro-postérieur, de plus petits dans le sens supéro- inférieur et, en outre, une certaine rotation du bord postérieur de l’humérus autour du bord antérieur. L’'articulation huméro-radiale est une diarthrose en char- mère à mouvement hélicoidal. La spire est dirigée de telle façon que l’axe du radius ne peut, par rapport à celui de l’hu- mérus, ni se fléchir sans descendre, ni s'étendre sans monter. Deux ligaments sont placés aux extrémités de l’axe de la char- nière, et maintiennent latéralement la tête du radius. Quelles sont les relations géométriques de cet axe et de l'articulation scapulo-humérale ? Ici, il faut distinguer. Car nous avons choisi plus haut dans la tête humérale deux axes principaux perpendiculaires entre eux, l’un servant de corde à la direction moyenne de la grande courbe, l’autre à la di- rection moyenne de la petite (1). Ceci posé, si nous considérons le plan formé par l’axe de l’humérus et le grand axe de la tête, nous voyons que l’axe de la charnière est incliné sur lui de 80 degrés environ en dedans, en haut et en arrière. En d’autres termes, 1l n’est pas paral- lèle au petit axe. Il en résulte que dans le déplacement antéro- postérieur de l’humérus, autour de ce petit axe, l’axe de la charnière décrira non une surface cylindrique, mais une hy- perboloïde à deux nappes (2). Finalement la tête supérieure du radius doit être considérée comme tournant d’un mouvement hélicoïdal autour d’une génératrice d'hyperboloïde.Cecicommence à se compliquer ; et cependant nous n'avons vu encore que deux articulations, et (1) C’est la surface engendrée par une droite située dans un plan parallèle à l'axe, et qui tourne en s'appuyant sur une courbe directrice quelconque. Si elle s'appuie sur un cercle, c’est une hyperbaloïde de révolution, si l’angle avec l'axe est nul, c’est un cylindre. (2) chéri peut se représenter facilement ces surfaces au moyen de fils végé- taux ou métalliques. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 191 nous avons pris un cas très simple, celui d’un seul axe à l’ar- ticulation scapulo-humérale. Un seul os est bien développé à l’avant-bras ; c’est le radius. C’est un os beaucoup plus long (<#7 fois plus) que l’humérus, fortement concave en arrière et en bas. C’est le seul os de l’avant-bras, le cubitus étant considérablement réduit (fente d'usage). Les deux extrémités sont renflées, l’interne plus que l’externe; le volume de l'os est plus fort dans la partie interne. Nous avons déjà vu l'articulation radio-humérale : la tête du radius est concordante avec celle de l’humérus. Il nous reste à voir l'articulation radio-carpienne, entre le radius et le scapho-semilunaire. C’est une condylarthrose comme l'articulation scapulo- humérale, mais d’une forme toute différente. La surface ra- diale forme une gouttière cylindroïde, quadrilatère à quatre sommets proéminents, à dépression centrale. La surface du scapho-semilunaire est concordante avec celle de la gouttière, c’est-à-dire cylindroïde, quadrilatère, à saillie centrale, des- tinée à pivoter dans la dépression centrale de la tête radiale. Cette saillie se prolonge en avant jusqu’au bord antérieur, où elle sépare deux dépressions destinées à loger les sommets ou apophyses antérieures du radius. Le bord postérieur est sig- moidal, 1l appartient à une surface gauche, une sorte de selle de cheval dont la concavité part de l’angle postéro-inférieur, contourne la saillie centrale, et aboutit en diagonale à l’angle antéro-postérieur. Gette disposition nous empêche de considé- rer l’articulation radio-carpienne comme une vraie charnière à mouvement hélicoïdal. Il est compliqué d’un mouvement de rotation autour de la saillie centrale. Plus simplement le scapulo-semilunaire tourne sur le radius d’un mouvement de crcumduction, et c’est l’apophyse postéro-inférieure de celui- ci, qui est le centre de ce mouvement. Appelons plan de circumduction le plan qui passeraitpar les apophyses postéro-inférieure, antéro-inférieure et antéro -supé- rieure. On voit que ce plan est par rapport à la terminaison inférieure du radius oblique de haut en bas, en arrière et en 192 P.-C. AMANS. dedans. C’est dans ce sens que tourne la partie correspondante du scapho-semilunaire ; mais c’est en sens inverse que se di- rigera le pisiforme et, par suite, le cinquième doigt. I suffit de regarder les positions respectives de ces pièces pour s'assurer du fait. À la suite du scapho-semilunaire, nous tombons dans les articulations du poignet et de la main. Le carpe peut se schématiser par une pyramide triangulaire, à base supérieure et bombée dont les trois arêtes seraient le scapho-semilunaire, le pisiforme et le trapèze, dont le sommet se trouverait sur la face inférieure au point de convergence de ces trois os, et dont la face externe donnerait insertion aux métacarpiens. L’arête interne roule sur le radius. Le cinquième métacarpien s’arc-boute sur la base de l’arête postérieure (pisiforme), et par l’intermédiaire de l’os crochu, sur la base de l’arête interne. Les trois arêtes sont maintenues solidement et reliées par les osselets intermédiaires trapézoïdes, grand 08, os crochu et pyramidal. Le pyramidal joue un rôle assez effacé, tandis que les autres servent à l’insertion des méta- carpiens. Le mode d'insertion et la nature de la surface décrite par les doigts méritent une attention spéciale. C’est la main en effet qui joue le principal rôle actif dans le vol. C’est avec la main que l'aile des Insectes va montrer le plus d’analogies. La charpente principale de la main est formée par quatre baguettes élastiques arrondies, les antérieures aplaties de haut en bas. La seconde est la plus longue; son extrémité externe ou centrifuge reliée à la première baguette par la membrane in- terdigitale, constitue la terminaison du bord antérieur de la main. Ce bord est concave en bas et en dedans; les autres baguettes sont concaves inférieurement. Les articulations carpo-métacarpiennes affectent un type différent pour chaque doigt; la disposition la plus curieuse est offerte par le quatrième métacarpien qui commence toujours par s’écarter soit du troisième dans r extension, soit du cin- quième dans la flexion. ARTICLE N° 2. ORGANES DU. VOL. 193 La nature de la surface, formée par ces baguettes, doit être considérée au repos et dans l’extension. M. Maisonneuve a parfaitement remarqué ce fait, que les métacarpiens ne se fléchissent pas directement l’un derrière l’autre, mais obli- quement, en frappant successivement chaque métacarpien. Il ne se prononce pas d’ailleurs autrement sur la nature de cette surface. Pettigrew traduit le même fait en disant que cette surface est une hélice. a Je suis d’un autre avis, et j'estime que la surface de la main n’est pas hélicoïdale ; c’est une espèce d’hyperboloïde, à géné- ratrices élastiques, dont la courbe directrice passerait par le carpe, et dont l’angle avec ces génératrices serait essentiel- lement variable, mais limité, La ligne d'insertion des métacarpiens forme la courbe di- rectrice, à concavité tournée vers le bas, vers le sommet de pyramide carpienne. Cette ligne directrice est courbe et non rectiligne. Dans le repliement, les baguettes sont rapprochées presque parallèlement comme les génératrices d’un eylindre et non d’un plan. Dans l’extension elles divergent comme les génératrices d’une hyperboloïde. Gette divergence n’est nulle- ment comparable à celle des génératrices d’une hélice. Un exemple grossier fera mieux comprendre la différence. L’éventail des dames donne une idée de l’hélice. [Il représente un plan dans le repliement complet (en supposant bien en- tendu chaque rayon linéaire) et une hélice dans le déploie- ment. Son axe de rotation est une droite passant par la poignée. Tout autre est l'éventail des Chauves-souris. Son axe est courbe; les rayons figurent d’une part au repos non un plan, mais un cylindre, et d'autre part dans l’extension une hyper- boloïde. Ce n’est pas naturellement une surface de deuxième ordre, puisque les génératrices ne sont pas des lignes droites, et que la directrice n’est pas une conique géométrique. J’em- ploie néanmoins l’expression d’hyperboloïde, parce que c’est la surface de deuxième ordre qui nous en donne la meilleure idée. J’insiste sur la distinction entre hélice et hyperboloïde. 194 P.-C. AMANS. J'avais d’abord (1) été séduit par les idées de Pettigrew, basées sur le phénomène général de torsion. Mais l’hélice n’est pas la seule surface tordue. Une étude attentive dans toute la série animale me confirme pleinement dans cette nouvelle interprétation. Nous avons déjà fait observer que l’éventail des Sauterelles n’est pas comparable à une hélice. L’ensemble des nervures dans toute la série des Insectes forme une surface analogue à celle de la main des Chéiroptères, et dont la directrice passe- rait à la base des deux versants antérieur et postérieur de l'aile, c’est-à-dire coïnciderait avec notre angle ou concavité axillaire. Géométriquement, la main des Chéiroptères est assimilable à l’aile des Insectes. Rien n’y manque, pas même le rebord proantérieur, ici formé par la membrane qui relie le pouce au bord antérieur de la main. L'idée d'hyperboloïde n'exclut pas celle de torsion; nous avons vu en effet que l’humérus pouvait rouler par son bord inférieur de 30 degrés environ, et nous venons d’insister parti- culièrement sur la circumduction des métacarpiens. La Chauve-souris comme l’Insecte démontre par l’étude seule de son squelette la possibilité de rotation et de torsion du bord antérieur de l’aile. Les génératrices de la main sont élastiques, formées cha- cune de plusieurs parties (métacarpien el phalanges), unies entre elles par des symphyses, qui permettent une légère flexion sous des pressions venant de haut en bas. Il y a là une certaine analogie avec l'articulation sinussoïdale des Cicada. Les parties que nous venons d'examiner sont constantes dans toute la série des Chéiroptères, sauf pour le nombre des pha- langes, où il se présente quelques variations suivant les genres. Il v a aussi des différences sur l’étendue et la répartition de la membrane alifère. Ainsi la queue peut être plus ou moins recouverte par la membrane interfémorale (Molossus, Tapho- zus, Rhinolophus). Laïqueue peut même manquer (Péeropus). (1) Essai sur le vol des Insectes (Revue des sciences naturelles, juin 1883). ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 195 Un fait qui ne varie pas dans la base de la membrane, c’est la concavité inférieure de sa courbe d'insertion. Cette concavité est maintenue par le membre postérieur. L’angle fémoro-tibial est au repos, tourné en arrière, en dedans et surtout en bas, tandis que l’angle huméro-radial est ouvert en dedans, en haut et surtout en avant. Le membre inférieur, dans sa flexion, se porte en avant et en bas, entraînant avec lui le versant postérieur de la base de l'aile. C’est là te rôle du terminal et du proterminal dans une aile d’Insecte. Ainsi, que nous comparions soit une partie de l’aile des Chéiroptères, la main, soit l’aile tout entière, avec l’aile des Insectes, nous avons toujours le même facies : concavité basi- laire, sinuosité et torsion du bord antérieur, existence de deux versants basilaires; l’antérieur très simple, avec une arête rigide ; type hyperboloïde de la surface entière. MUSCLES DU VOL (1). Nous pourrions déjà placer les principaux muscles, les yeux fermés. L'étude du squelette, en nous montrant l’étendue et les limites des mouvements, nous fait nettement pressentir la nature et la position des moteurs. Elle ne nous apprend pas sans doute la nature du mouvement final; mais la myologie n’est pas souvent plus explicite à cet égard. La forme et la direction des muscles, la faradisation nous donnent d’utiles renseignements sur l’action spéciale de chaque muscle, mais nous laissent dans une grande incertitude sur les combinai- sons, soit des muscles d’un même groupe, soit des muscles de groupes différents (2). On n'arrive à l’action totale que par une série d’hypothèses. Nous ne sommes pas étonné de la multiplicité des théories sur le vol. (1) La myologie des Chéiroptères a été étudiée par Cuvier et Laurillard, Owen, Macalister, Meckel. L'ouvrage le plus récent est celui de Maisonneuve (Ostéologie et myologie du Vespertilio murinus, 1878). (2) Dernièrement, M. Strasser de Breslau s’est servi d’un appareil ingénieux pour donner une idée des diverses combinaisons. Voy. Strasser, Zür mechanik des Fluges. 196 P.-C. AMANS. L’omoplate est solidement maintenue contre les parois thoraciques grâce au trapèze, au rhomboïde, au grand dentelé, au grand dorsal et à l’angulaire de l’omoplate. De tous ces muscles, le grand dentelé seul s’insère sur la face antérieure des côtes, les autres sur la colonne vertébrale. Le grand dor- sal ne s’insère pas sur l’omoplate; mais il contourne son angle inférieur et contribue par conséquent à le fixer contre les côtes. Ces muscles ont un rôle principalement fixateur. [I est nécessaire pour le vol, on le comprend aisément, que la cein- ture thoracique ait le moins de déplacement possible. C’est ainsi que la portion cervicale du trapèze n'existe pas : la tête est enfoncée entre les épaules et assure la continuité de la ceinture thoracique. De plus, comme nous l'avons vu, l'appui vertical (la clavicule) est très fort et solidement fixé sur la face antérieure du thorax, d’une part par son articu- lation sternale, de l’autre par le muscle sous-clavier sur la première côte. Il est en outre bridé en avant par deux petits muscles allongés, le sterno-cléido-mastoïdien, et un autre qui se rend à l’apophyse transverse de l’atlas (1). Les mouvements de l'humérus sont sous la dépendance des muscles pectoral, sous-scapulaire, sus-épineux, sous-épineux, grand rond, grand dorsal, coraco-brachial, deltoïde. Les muscles qui déterminent l’abaissement et la propulsion sont beaucoup plus développés que les rétracteurs et élévateurs. Le pectoral est énorme, le deltoïde faible. C’est là du reste un fait général, observé depuis longtemps, facile à comprendre à cause de la résistance de l’air dans le coup concave, de haut en bas et en avant. Nous l’avons vu aussi chez tous les Insectes. | La flexion et l’extension sont commandées par un biceps et (1) Ge muscle est considéré par Blanchard comme représentant la portion du trapèze. Maisonneuve le désigne sous le nom d’élévateur de la clavicule ; il donne aussi ce rôle au sterno-cléido-mastoïdien. Nous ne croyons pas que ces muscles aient une grande action sur la clavicule. Dans le vol, la tête étant immobilisée entre les deux épaules, les deux muscles précités doivent se borner à la maintenir en avant, et à contre-balancer les tiraillements rétracteurs des autres muscles. S ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 197 un triceps (1). L’épitrochlée et l’épicondyle sont comme chez l'Homme le siège des tendons des muscles fléchisseurs et extenseurs du poignet et de la main. Les muscles de la main sont peu développés; ils n’y sont représentés que par leurs tendons très effilés et intimement appliqués contre les os. Il est permis d'affirmer que la main est uniquement composée de parties élastiques, absolumentcomme l'aile des Insectes. Ce résultat ne saurait nous surprendre après les considérations déjà exposées sur la forme du squelette. La plupart de ces muscles, toutes choses égales d’ailleurs, ont leurs homologues chez l'Homme. Il en est un cependant que nous n'avons pas cité, inconnu chez l'Homme, et qui a une grande importance. C’est un muscle en partie peaussier, qui part de la ligne courbe inférieure de l’occipital sous forme d’une étroite bandelette, passe ensuite sur l'épaule, où il devient peaussier, et se continue avec le bord rétractile de la membrane antérieure alifère. Il est bridé sur l’épaule par un petit détachement des aponévroses sous-jacentes. C'est là l’élément contractile dont nous avons parlé au début. La membrane antérieure se rend à la base du pouce en décrivant une surface tordue avec une nappe externe très large, tournée en arrière.C’est celle-ci qui se continue avec le rebord basilaire antérieur de la main. L'exemple de cette membrane correspond au rebord. proantérieur, observé chez tous les Insectes sans exception; l’élément contractile est représenté chez ces derniers par les préaxillaires. Cet élément est surtout destiné à réagir contre la résistance de l’air dans la torsion du bord antérieur de l’aile, ou « en style de Chéiroptère » dans la rotation scapulo-humérale, la cir- cumduction du poignet et de la main. On conçoit que l’air violemment frappé par l'extrémité de l'aile, tende à faire rouler l’aile en sens inverse; de là la nécessité d’un frein à la fois élastique et contractile. Nous dé- signerons ce muscle sous le nom de tenseur (2). (1) Ainsi nommé, quoiqu'il n’ait que deux chefs supérieurs comme le biceps. (2) Ce muscle a donné lieu à de nombreuses interprétations au point de vue 198 P.-C. AMANS, X. — OISEAUX. Je suivrai la même marche que chez les Chéiroptères, me bornant aux considérations géométriques et aux rapproche- ments, soit avec les Chéiroptères, soit avec les Insectes, Squelelte thoracique. — L’appui des ailes est formé de trois os distinctifs : elavicule, coracoïde et scapulum, auxquels ils faut joindre la cage thoracique. Get appui se compose d’un axe rigide médio-longitudinal (sternum des Insectes, cage thora- cique des Chéiroptères et Oiseaux), d’un montant vertical (co- racoides des Oiseaux; clavicule des Chéiroptères, entopleuron des Insectes) et d’un appendice latéral postérieur, le scapu- lum. Il serait un peu risqué de chercher l’analogue du scapulum chez les Insectes: il n’y a chez eux ni cavité glénoïde ni humérus ; comment comparer? Ainsi, les fonctions de l’omo- plate sont en partie remplies par le postpleuron (comme partie de la cavité glénoïde), par le poststernum (comme lieu d’in- sertion des muscles rétracteurs), par le dorsum (comme attache des museles releveurs), par le prothorax (comme attache des muscles cervicaux), ete.’ En somme, l’omoplate n’a pas d’analogue chez les Insectes, ou plutôt il en a trop, ce qui revient au même. L'appendice antérieur des Oiseaux, la clavicule, est un organe peu important pour le vol. Les Platycerques, par exemple, volent très bien sans elavicule. Puisque c’est un organe inconstant, même parmi les Oiseaux, 1l devient oiseux d'en chercher l’analogue dans une classe aussi éloignée que celle des Insectes. La cage thoracique forme, avec son revêtement musculaire, morphologique : c’est le dorso-occipital de Guvier et Laurillard, l’occipito- pollicalis de Macalister, etc. ; Meckel lui fait jouer un grand rôle comme abduc- teur du pouce. M. Maisonneuve le compare au sterno-radial des Batraciens; il se rapproche ainsi de la vérité, mais sans donner les vrais motifs de la géné- ralisation de ce muscle. Nous le nommons simplement tenseur, à cause de son analogie avec le tenseur de la membrane antérieure alifère des Oiseaux. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 199: une masse ovoide, à grosse extrémité en avant. Privée de ses muscles, elle présente au contraire le gros bout en arrière. On entre dans la cage par une pétite ouverture en gueule de ma- quereau, et on en sort par une section ovale, à gros bout supé- rieur, et dont le diamètre est le double de l’écartement à l’en- trée. La clef de voûte est formée par une colonne vertébrale droite, forte et rigide; le plancher par un sternum large, à contour elliptique, à face mtrathoracique fortement concave, et dont le diamètre longitudinal ferait, avec la colonne, un angle de 40 à 45 degrés. La face extrathoracique est remar- quable par le grand développement de cette crête sternale, que nous avons déjà constatée chez les Chéiroptères et dont le développement est en rapport avec la puissance d’abaisse- ment de l'aile. La colonne et le sternum sont réunis par un système de grands cerceaux élastiques ou côtes vertébrales, parallèles à l'ouverture de sortie. Ces cerceaux sont reliés à une grande échancrure du sternum par l’intermédiaire de petites ba- guettes, renflées aux deux bouts (côtes sternales), fortement inclinées sur les cerceaux. Leur angle est ouvert en avant et varie de 40 à 45 degrés (système des premières côtes verté- brale et sternale), à 100 degrés environ (système des der- mères côtes vertébrale et sternale). Il varie en outre, pour un même système, dans les mouvements de la respiration et dans le vol. Le diamètre vertical de la cage augmente ou diminue. avec cet angle. La crête sternale est fortement épaissie sur son bord anté- rieur, surtout au niveau de son implantation sur le sternum, à l'entrée de la cage. C’est à ce niveau, en effet, qu’est assis l'appui de laile ou coracoïde. Le coracoïde est le plus fort des trois os de la ceinture. Il est allongé, incliné en avant et en dehors, séparé de son symé- trique par un angle variable suivant les espèces, mais toujours < 90 degrés. La base est large, aplatie d'avant en arrière et solidement liée au sternum par une articulation, par une symphyse en pas de vis. Le sternum est creusé d’une rigole 200 P.-C. AMANS. hélicoïdale, qui empêche tout déplacement, soit d’arrière en avant, soit autour de l’axe du coracoïde. Quant aux mouve- ments de dehors en dedans, ils sont rendus impossibles par des ligaments très serrés. La tête du caracoïde s’articule : en haut et en avant, avec la clavicule par une symphyse; en arrière, en bas et en dedans, avec l’omoplate. Les extrémités inférieures de la clavicule postérieure de l’omoplate jouissent d’une certaine élasticité, grâce à leur minceur. L’omoplate est allongée, en lame de sabre, dirigée d’avant en arrière et en dedans, à 70-80 degrés, sur l’axe du cora- coïde. Son extrémité postérieure est très rapprochée de la colonne vertébrale. La cavité glénoïde est formée en partie par une facette de l’omoplate, en partie par une facette du coracoïde. Un cartilage réunit les deux facettes et donne à la cavité sa forme définitive. La surface de cette cavité présente, comme chez les Chéi- roptères, un grand arc dirigé dans le sens de l’omoplate et un petit arc dans le sens du coracoïde. C’est, si l’on veut, une gouttière allongée à contour réniforme, telle qu’on la décou- perait sur une surface cylindrique, et de manière que le sens général de l’allongement soit celui d’une spire plus ou moins inclinée sur l’axe du cylindre, suivant les espèces. 11 faut distinguer, dans le contour curviligne de cette gouttière, une partie inférieure, la plus étendue, et une par- tie supérieure, situées de chaque côté de la spire supposée. L’appréciation de ces éléments nous donnera une idée exacte du mouvement huméro-scapulaire. Le sommet supérieur de la gouttière est aigu chez les Chéiroptères, et c’est là un carac- tère distinctif d’avec les Oiseaux. Elle indique, chez les Chéi- roptères, un balancement plus énergique du bord inférieur de l’humérus. La spire et la courbe inférieure sont plus allongées chez les Buses que chez les Pigeons; la gouttière est aussi moins concave. Il en résulte que la trajectoire décrite par un point de l’humérus est, toutes choses égales, plus étendue chez les Buses que chez les Pigeons. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 9201 Toutes ces déductions supposent naturellement que la tête articulaire de l’humérus a une surface concordante avec celle de la gouttière, et qu’une capsule fibreuse l’attache aux bords de celle-ci. C’est en effet ce qui a lieu. La tête articulaire de l’humérus est régulièrement convexe, allongée dans le sens de la spire ou du grand are, rétrécie dans le sens du petit. Ces directions sont telles que l’humérus, en s’abaissant, se porte en arrière, s’il suit le grand are, en avant, s’il suit le petit. Où ira-t-1l, finalement? Nous n’en savons rien, et, même les muscles en main, nous sommes réduits aux hypothèses. Il peut y avoir mouvement en arrière ou en avant, OU une com- binaison des deux avec rotation. Ceci est encore possible; car la tête articulaire de l’humérus n’est pas rigoureusement con- cordante avec la cavité glénoïde, et la capsule fibreuse est assez lâche pour permettre une rotation de l’humérus autour de son propre axe. [l nous suffit d’avoir démontré la possibilité de ces mouvements. L’humérus est un os court, presque droit chez le Martinet, le Pigeon, en général chez les bons Ramiers, il est long, courbé en S chez les Rapaces et les grands voiliers. Dans ce dernier cas, la branche interne de LS est ouverte en arrière, et la branche externe en avant (1). La courbure de l’humérus à ses deux extrémités est bien plus prononcée que chez les Chéi- roptères. La tête de l’humérus est ellipsoïdale, étroite dans le sens antéro-postérieur, allongée verticalement. Cette tête se fond en haut, sans ligne de démarcation bien nette, avec la crête du deltoïde et celle du pectoral, en bas, avec la a antérieure de la tubérosité postérieure. L’extrémité externe de l’humérus est en relation avec deux os, le radius et le cubitus; cette extrémité est difficile à repré- (1) Cette inflexion n’a rien de commun avec la rotation de 90 degrés telle que la comprenait M. Martins, dans sa théorie de la torsion de l’'humérus. Cette théorie ingénieuse et habilement présentée avait été adoptée par la majorité des anatomistes (Broca, Gegenbaur, etc.), lorsqu'elle fut, il y a peu de temps, vivement attaquée par M. Sabatier, et renversée par de nombreux et solides arguments (Comparaison des ceintures et des membres). 202 P.-C. AMANS. *senter géométriquement. Nous avons vu que, chez les Chéi- roptères, larticulation du coude était une diarthrose en charnière, à mouvement hélhicoïdal. L’extrémité humérale pourrait se comparer à la surface d’un tronc de cône, creusée de deux rigoles spirales superposées, dont une plus petite, la supérieure. Grâce à cette double rigole, le mouvement est automatique, sans ballottement. L’extrémité humérale des Oiseaux n’a qu’une rigole très large, séparant deux condyles inégaux. L’ensemble a l'aspect d’une gourde de pèlerin, la petite moitié représentant le con- dyle anticubital, la grande le condyle antiradial. Ces deux con- dyles (dont l’un correspondrait à la trochlée) sont séparés par un faible col de deux éminences, l’un de l’épitrochlée, l’autre de l’épicondyle. Ils sont reçus dans des cavités concordantes, peu profondes, l’une circulaire, l’autre réniforme. Ces cavités sont séparées par une arête sigmoïdale. L’articulation du coude n’est pas une diarthrose en char- nière. La flexion ou l'extension peuvent s'accompagner d’une rotation longitudinale du bras. Il y a donc plus d’un axe de rotation. On a souvent disputé sur les directions respectives des axes des deux extrémités de l’humérus; il faudrait cepen- dant s’entendre sur le choix des axes, avant de donner un avis quelconque. Il est bien difficile de donner des axes à des sur- faces qui n’en ont pas: elles ne sont pas de révolution. On peut tout au plus partir d’axes hypothétiques. Si nous supposions, par exemple, que la rigole de notre gourde est cir- culaire, et que les os du bras roulent sans ballottement sur les deux moitiés de la gourde, nous aurions un axe de flexion, passant par le centre de la gourde, perpendiculaire au plan de la rigole. Si maintenant nous choisissons comme axe de la tête _de l’humérus la corde du grand are, on voit que les deux axes ainsi choisis sont loin de faire un angle de 90 degrés, comme on l’avait soutenu pour les besoins de la théorie de la torsion. Ils ne sont pas néanmoins dans le même plan; l’axe du coude est incliné de bas en haut, en dedans et en arrière. Sic chez les Chéiroptères. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 203 Il semblait, d’après la théorie de la torsion, que l’extrémité externe et le corps de l’humérus subissent seuls l’influence du milieu, l’extrémité scapulaire ne bougeant pas. Nous n'avons pas à citer ici les nombreuses preuves accumulées par M. Sa- batier contre cette prétention, mais nous pourrions y ajouter une considération basée sur la mécanique du vol. La résistance de l’air attaque tous les points du bord anté- rieur de l’aile, avec une force d'autant plus grande que ces points sont plus éloignés de l’épaule. Gelle-c1, dans tous les cas, en subit le contre-coup. Ces forces se dirigent d’avant en arrière ; de là l’obliquité dans le sens des axes ci-dessus men- tionnés, ét la divergence plus prononcée de l’axe centrifuge que de l'axe basilaire. Les axes ont subi chacun l’influence du vol, mais inégalement; ils ne peuvent pas être dans le même plan. Nous verrons cette inflexion se poursuivre dans tout le reste du bord antérieur de l’aile. Le bras se compose de deux os d’inégal volume, placés l’un derrière l’autre. L’antérieur, le radius, est un os grêle, court et assez droit dans les petites espèces, long et infléchi en $ dans les grandes. Le postérieur, le cubitus, est bien plus volu- mineux et un peu plus long; il décrit une courbe sans inflexion, concave en avant et en bas. Cet os est très réduit chez les Chéi- roptères ; 11 s’est maintenu chez les Oiseaux : il a des plumes à supporter. Les deux extrémités internes de ces deux os forment deux cavités ovalaires concordantes avec les condyles de l’humérus ; nous avons déjà parlé des contours de ces cavités. Ces contours s’abouchent à peu près comme les boucles d’un + de chiffre, tordu de manière que les plans de ces boucles forment entre eux un angle obtus ouvert en dedans. Il faut y ajouter une troi- sième portion, comblant l’angle supérieur du &æ et en conti- nuité de concavité avec la boucle antérieure ou radiale. Les extrémités externes de l’avant-bras sont en rapport avec le carpe, formé de deux os seulement : os radiul et os cubital. L'os radial a une forme tétraédrique, roulant par trois de ses faces sur le radius, le cubitus et le métacarpien antérieur. 204 P.-C. AMANS. La quatrième face est en rapport avec des tendons ou des liga- ments ; c’est la plus considérable. La tête du cubitus a l'aspect d’une poulie en tronc de cône, dont la gorge descend de haut en bas, en avant et en dedans. Le cubital présente une facette qui roule dans cette gorge, et par suite dans cette direction. Le métacarpe suivra le cubital dans cette voie, et, finalement, les plumes métacarpiennes (rémiges primaires) viendront se placer dans la flexion sous les plumes cubitales (rémiges secondaires). Le mouvement du métacarpe peut être plus complexe par la structure même de sa tête articulaire. La tête du métacarpe forme une poulie cylindrique, dont la corge n’est bien accusée qu'en arrière, où son arête inférieure estengagée et roulée dans une échancrure profonde du cubital. La face antérieure de la poulie roule par une surface réguliè- rement cylindrique, sans gorge, sur la face postéro-externe du radial. Cette dernière s’amincit insensiblement de manière à se fondre avec la face adjacente du radial, avec la face postéro- interne. Les deux faces arrivent ainsi en arrière à être Lan- sentes à la grande gorge du cubitus ; en d’autres termes, elles sont en continuité de courbure avec elle, ce qui assure lacon- cordance des surfaces, L'ensemble de la tête métacarpienne et du cubital roulera sur l’ensemble du radius et du cubitus d’un mouvement à la fois de flexion et de circumduction, en rapport avec la nature hélicoïdale des surfaces en contact. Tel est le sens général du mouvement, mais il peut être modifié, augmenté ou diminué dans le sens de la flexion ou de la circeumduction. La tête du métacarpien est en effet placée entre deux osselets mobiles, dont l’un, le radial, facilite la pronation, et l’autre, le cubital, la supination. La mobilité du radial peut être mise en jeu par l’extrémité articulaire du radius. Cette extrémité est allongée de haut en bas, en avant et en dehors. Sa face supérieure est légèrement excavée. Son extrémité postérieure concorde avec une gondole ovalaire, qui forme la face antéro-interne du radial. Les li- ARTICLE N9 2. ORGANES DU VOL. 205 gaments du coude et du poignet qui lient le radius sont dis- posés de telle sorte que dans la flexion du coude, le condyle huméral pousse le radius en dehors; le radial à son tour roule sur la grande gorge du cubitus, et favorise la flexion du méta- carpien. Je dis favorise, seulement; car le métacarpien peut être en état d'extension sur l’avant-bras, malgré la flexion du coude. En résumé, je schématiserais l'articulation du poignet par un S à branche supérieure bifide. La branche inférieure serait fixe et représenterait la partie inférieure de la grande gorge du cubitus. Les deux branches supérieures seraient mobiles, et représenteraient l’une, les facettes internes duradial, l’autre, la facette postéro-externe. Quant à l’ensemble du métacarpien et du cubital, je le schématiserais par une surface concordante avec la partie externe de notre $. Le métacarpe se compose de deux os soudés par leurs extré- mités. Ces deux os sont très disproportionnés comme volume : le postérieur est très grêle. Leur articulation avec la main est une condylarthrose, en forme de gourde, comme au coude. Seulement, la gourde, et surtout la base de la gourde est plus plate, ce qui entraîne moins d’étendue dans les déplacements. Les deux condyles appartiennent à l'extrémité du grand méta- carpien ; mais le métacarpien postérieur a aussi une extrémité articulaire; il se termine par une petite facette, séparée du petit condyle par une rigole. Cette facette est presque plane, liée en symphyse avec l'extrémité interne cunéiforme de l’ar- ticulation métacarpo-phalangienne du dernier doigt. Cette articulation contribue à limiter les mouvements. On peut distinguer quatre doigts. Le premier se réduit à un os cunéiforme, s’articulant par le gros bout à la base de la crête antérieure de l’extrémité interne du grand métacarpien. Les surfaces articulaires sont en selle de cheval assez plate; le mouvement est peu étendu, mais curviligne par la nature même des surfaces en contact. Ce grand métacarpien appartient au second doigt. Celui-ci se continue par deux phalanges unies entre elles par une sym- ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX. 14. — ART. N° 2. 206 P.-C. AMANS. physe en selle de cheval encore plus plate. La première pha- lange est soudée aux deux bouts avec l’unique phalange du troisième doigt. Enfin, le quatrième doigt se réduit au petit os cunéiforme, qui s'articule avec le troisième métacarpien. En résumé, les articulations du coude, du poignet et des doigts ne sont nullement des charnières, mais des diarthroses soit en gourde de pèlerin, soit en selle de cheval, où les mou- vements de flexion s’accompagnent de circumduction, dont l’étendue va en diminuant de dedans en dehors, c’est-à-dire que les surfaces articulaires, tout en gardant le caractère de surface gauche, s’aplatissent de plus en plus, à mesure que nous approchons de l'extrémité de l'aile, et passent du type condylarthrose au type symphyse. Le résultat total de ces circumductions successives est de pro- duire une torsion longitudinale du bord antérieur de l'aile. Nous avons observé le même fait dans toute la série des In- sectes, el ici encore, comme chez ces derniers, nous pouvons ajouter que l’angle de torsion est en raison inverse de la distance à la base de l'aile. Nous voulons dire, par angle de torsion, celui que fait un élément quelconque du bord antérieur avec l’élément qui le précède immédiatement. Ceci résulte, chez les Oiseaux, de l’aplatissement graduel des surfaces articulaires à mesure qu'on s'éloigne de la base, et chez les Insectes, de l’accolement successif des quatre premières nervures proantérieure, anté— ieure, subantérieure, et médiane à mesure qu’on s'approche des parties centrifuges de l'aile. Muscles de l'aile. — De nombreux travaux ont été faits sur la myologie des Oiseaux. On n’est pas encore d'accord sur la morphologie comparée de ces muscles (1). Nous pouvons heu- (1) Un ouvrage des plus complets sur cette matière est celui d’Alix (Essai sur l'appareil locomoteur des Oiseaux. Paris, 1874). Ses déterminations sont sou- vent en désaccord avec celles de M. Sabatier et de M. Lannegrace. Sabatier, loc. cit. | Lannegrace, Essai sur la myologie comparée. (Thèse inaugurale de méde- cine, Montpellier) ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 9207 reusement laisser de côté ce terrain brûlant; nous avons sous les yeux des moteurs susceptibles de mesure; peu nous im- portent les noms. Ainsi, l’omoplate est fixée aux côtes et à la colonne verté- brale par des muscles, bien moins volumineux que chez les Mammifères et les Chérroptères. On se l’explique par le moindre volume de l’omoplate et par sa fixité plus grande, grâce à sa solide union avec le coracoïde. De plus, la colonne vertébrale est raide. Tous ces faits sont aussi liés à la prédominance des forces pronatrices et fléchissantes sur les forces élévatrices, prédominance qui est une fonction du vol, et que nous avons partout $ignalée (Insectes, Chéiroptères). Le pectoral est énorme, surtout chez les bons ramiers, à battements nom- breux; il est même aidé par un autre muscle puissant qui va de la partie supérieure du sternum à la tubérosité antéro-in- férieure de l’humérus. Le deltoïde est très réduit, mais il est puissamment aidé par un muscle à tendon réfléchi, à action multiple, celui qu’on appelle en général subclavius. Il est très développé chez les forts rameurs (1). Les muscles du bras, de l’avant-bras et de la main sont en partie comparables à ceux des Chéiroptères (biceps, triceps, fort peu de muscles épicondyliens, nombreux muscles épitro- chléens). Les faces antérieure et supérieure du poignet sont pauvres en muscles. L’épitrochlée donne aussi bien insertion à des muscles fléchisseurs qu’à des extenseurs ; ces derniers parviennent à leur but au moyen de tendons ou de poulies de l'envoi. | La présence du cubitus et des plumes nécessite des muscles qui ne sont pas chez les Chéiroptères, soit pour la flexion du cubitus, soit pour l’extension du poignet, soit pour la flexion des plumes. (1) Ce développement n'implique pas des ailes défectueuses (Schlechte Fliügel), comme sembleraient le croire Legal et Reichel. C’est simplement l'indice d’un mode, d’un type de vol, qui n’a rien à envier à l’aéroplane des Gypaëtes, Buses, etc. | Legal und Reichel, Ucber die Beziehungen der Grôsse der Flugmuskula- ur, etc. Breslau. 208 P.-C. AMANS. La flexion des plumes cubitales est sous la dépendance d’un muscle, situé en arrière du cubitus, allant de l’épitrochlée à l’osselet cubital, adhérent tout le long aux ligaments de la base des plumes cubitales. Il est donc fléchisseur du poignet et des plumes à la fois. Il est antagoniste d’un muscle très puis- sant allant de la face antérieure de l’extrémité externe de l’hu- mérus (par un double tendon) à la crête antérieure du grand métacarpien. Ce dernier muscle, ou extenseur du poignet, passe sur une poulie de renvoi, située sur la face antérieure libre de l’osselet radial. Parmi les muscles les plus intéressants figure le fenseur de la membrane antérieure de l'aile. Nous avons déjà observé un tenseur chez les Chéiroptères; celui des Oiseaux lui est en- tièrement comparable, comme direction et fonction. Il part de l’acromion et de l’extrémité externe de la clavicule, passe sur le deltoïde, devient peaussier et se rend au pli du coude sur une aponévrose très forte, qui le bride et l’attache au pli du coude. Un autre faisceau de fibres peaussières part de cette bride et arrive jusqu'à la base du pouce. La membrane antérieure est l’analogue du rebord proan- térieur des Insectes ; nous avons déjà développé cette compa- raison à propos des Chéiroptères. Le fléchisseur des plumes cubitales (rémiges secondaires) serait plutôt l’analogue du muscle du tampon. Nous allons du reste mieux saisir les comparaisons en examinant la forme générale de la surface alaire. Aspect géométrique de l'aile. — La surface de l’aile de lOi- seau renferme plus de variables que celle de l’Insecte. Elle parait même s'éloigner notablement de celle des Chéiroptères. Ces différences proviennent des modes de génération de la surface, qui sont différents dans ces trois types. La surface principale de l’aile chez l’Insecte est engendrée par des nervures divergentes à partir d’une courbe d’insertion presque basilaire (les osselets basilaires sont très courts par rapport aux nervures). Deux plans mobiles attachent le corps ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 209 de l’aile au thorax, l’un en avant, peu développé (base du ver- sant postérieur). La surface des Chéiroptères est engendrée par des mem- branes élastiques, tendues en avant et en arrière de deux longues tiges articulées, l’analogue des plans mobiles, et celles-ci sont suivies d’une longue main. Les deux plans mo- biles sont excessivement développés ; mais nous avons retrouvé le type Insecte dans le poignet et la main. La surface de l’aile d’Oiseau est engendrée par unemembrane contractile tendue en avant de deux tiges articulées (humérus- radius), et par des plumes qui s’étalent en arrière de ces tiges. La main se réduit à trois tiges articulées, bordées de plumes en arrière. Gette main diffère considérablement de celle des Chéiroptères ; c’est dans les plumes qu’il nous faudra chercher les génératrices de la surface. Les plumes ont leur face inférieure concave et leur face ex- terne convexe (sauf les plumes axillaires, dont la face externe tend à être concave). La plus interne des plumes cubitales, à son maximum de flexion, forme un angle presque nul avec la direction du radius. La première des plumes primaires con- tinue la courbure convexe à grand rayon formé par le bord an- térieur de la main. L’angle maximum des deux axes du radius et de la main est variable chez les Oiseaux; il est en général > 4002. Toutes les plumes intermédiaires (rémiges primaires et secondaires) s’insèrent en arrière de ces deux axes, avec des angles variant graduellement entre les deux positions extrêmes. Leurs extrémités divergent, et décrivent par leurs sommets une ligne concave inférieurement. Les plumes axillaires continuent la concavité jusque sur les flancs de l'animal, en arrière de l’humérus et de l'articulation scapulo-humérale. l’ensemble de toutes ces parties forme une surface gauche triangulaire, à bord antérieur infléchi, avec deux versants ba- silaires bien distincts, plongeant, l’un en avant, l’autre en arrière. Cette surface n’est ni plane, n1 hélicoïdale. Nous éprouvons 210 P.-C. AMANS. les mêmes difficultés que chez les Chéiroptères, à la dénom- mer géométriquement. [ei encore nous trouvons qu’elle se rapproche du type hyperboloïde. La main peut se comparer à celle des Chéiroptères, et par suite à l’aile des Insectes. Nous y retrouvons un versant basi- laire antérieur (pouce et plumes du pouce), un bord antérieur passible d’une légère torsion longitudinale, et un versant pos- érieur formé par des rémiges primaires, et les premières ré- miges secondaires. La torsion longitudinale du bord antérieur est, il est vrai, très faible; mais elle est suppléée par celle des tiges centripètes. Pendant que la main donne son coup de fouet, le segment centripète tend à augmenter la concavité du gouffre axillaire, grâce au tenseur de la membrane antérieure, et à celui des rémiges cubitales. Cette action, constante dans toute la série animale, est destinée à réagir contre la violence du coup. Elle empêche que la torsion imposée par l'air ne dégénère en luxa- tion et dislocation. C’est une nécessité mécanique de premier ordre. On voit eu outre qu’il en résulte entre les surfaces centri- pètes et centrifuges, une surface de raccordement, une sorte de ventre, dont la CHTEUOn à et la superficie varient à tout instant. Des physiologistes éminents ont constaté les « retournements de plan alaire » sans préciser néanmoins les facteurs méca- niques de ces retournements. Pettigrew nesort pas des notions de charnière à propos des articulations du bord antérieur. Mais il a été vivement frappé par la torsion de ce bord, et en a conclu que l’hélice était la reine des surfaces en matière de locomotion. Si nous Re les parties basilaires des grands pla- neurs pour n'en garder que la main, ou mieux si nous compa- rons l’aile de rameurs excessifs, tels que le Martinet, l’Oiseau- mouche, avec l’aile d’un sbuie. nous trouvons des génératrices divergentes, comme celles non d une hélice, mais a hyper- boloïde. ARTICLE N° 9. ORGANES DU VOL. 911 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES MACHINES A VOL DANS LA SÉRIE ANIMALE. Cette étude, un peu longue et aride, ne serait pas complète sans un résumé aussi dense que rapide. Nous distinguerons deux tvpes principaux de machine, la Machire-[nsecte et la Machine-Vertébrée. Machine-Insecte. — Le corps principal de la machine est formé de deux segments placés l’un derrière l’autre : le méso- thorax et le métathoraz. I, Chaque segment est charpenté par une tige médiane an- téro-postérieure (entosternum), formant l’axe longitudinal du plancher. Les flancs de chaque segment sont soutenus par trois cer- ceaux verticaux (bord antérieur de l’antépleuron, entopleuron, bord postérieur du postpleuron), s'appuyant sur le plancher. Le bord supérieur des flancs forme deux échancrures ou golfes, séparés par un cap (apophyse alifère) ) qui est le sommet du cerceau moyen (entopleuron). | Le golfe antérieur est moins prononcé que le postérieur. Le toit de chaque segment est formé par deux ressorts arci- formes, concaves inférieurement ; l’antérieur en forme de T (dorsum, antédorsum) à cheval sur le postérieur en forme d’X (podorsum, subpodorsum). La barre horizontale du T repré- sente l’antédorsum, la barre verticale, la ligne de courbure antéro-postérieure du toit. La branche antérieure de V’X re- présente la crête de séparation (entodorsum) du dorsum et du podorsum ; la branche postérieure, la séparation du podorsum et du subpodorsum. L’angle antérieur de l’X forme un dôme (dorsum), l’angle externe une dépression (dépression postdorsale). Les extrémités externes de la branche antérieure de l’X et du T sont séparées par une fente (fente dorsale). La branche postérieure de l’X forme avec le cerceau posté- 212 P.-C. AMANS. rieur ou postpleuron, un cercle complet plus ou moins rigide (cercle postérieur). Les bords latéraux du toit forment un angle obtus ouvert en bas et en dehors, dont le sommet (coude dorsal) correspond à la fente dorsale. Ces bords constituent le rivage dorsal des golfes antérieur et postérieur. Un mince détroit sépare les deux caps (alifère, coude dorsal), ou plutôt le cap entopleural de la fente dorsale. Le détroit et les golfes servent de terrain d'évolution à un organe spécial, servant à frapper l'air, laile. I. La charpente de l’aile est formée par six nervures prin- cipales et leurs ramifications. Ce sont : les nervures proanté- rieure, antérieure, subantérieure, médiane, submédiane et postérieure. Elles sont alternativement en rapport avec le pleuron ou les flancs (proantérieure, subantérieure, submédiane) et avec le toit (antérieure, médiane, postérieure). | Les nervures antérieures se fusionnent graduellement vers l'extrémité centrifuge de l'aile, et forment à la base le versant basilaire antérieur de l’aile. La nervure postérieure est rarement simple; elle forme en général à sa base une tubérosité suivie d’un voile membraneux avec ou sans nervures secondaires. La forme générale de l’aile est celle d’un triangle biplane à base centripète, à sommet centrifuge. La base est formée de deux plans ou versants : un versant antérieur (nervures pro- antérieure, antérieure, subantérieure, médiane) et un versant. postérieur (médiane, submédiane, postérieure, voile). Celui-ci est le plus développé. Les deux versants sont inclinés l’un sur l’autre, de manière à former une aisselle concave inférieure- ment : c’est là ce que je nomme le dièdre basilaire. La nervure médiane forme l’arête du dièdre; l’angle de ce- lui-ci est variable : ses évolutions ont pour limites celles des golfes antérieur et postérieur. La base de l'aile est unie aux flancs et au toit de chaque segment par autant de pièces articulaires qu’il y a de nervures : ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 213 avec les flancs par les nervures proantérieure, subantérieure, et l’appareil de pronation dans le golfe antérieur, par la ner- vure submédiane, le rétro-médian et le submédian, dans le golfe postérieur; avec le toit par les nervures antérieure, mé- diane et postérieure d’une part, par l’écaille, le sigmoïde, et le ferminal d'autre part. L’écaille peut manquer (Orthoptères, Hémiptères) ; plu- sieurs de ces pièces peuvent être ankylosées (Orthoptères, Pseudo-Névroptères). Des pièces supplémentaires peuvent exister, pour relier le terminal aux parties voisines (proterminal ou tampon, extra- terminal, dorso-terminal, pleuro-terminal). Tous les Insectes dont l’aile se replie ont, à la suite de la nervure médiane, une dépression (dépression submédiane) don- nant au rétro-médian l’espace nécessaire pour plisser l'aile. L'appareil de pronation est constant, avec des formes va- riables. Il peut se schématiser par deux pièces : une pièce antérieure formant un pivot mobile, séparée du pivot fixe (alifère) par un espace ou cavité articulaire. Comme consistance, elle est la plus forte le long, non du bord antérieur, mais de l’arête du dièdre. Le rebord proanté- rieur du versant basilaire antérieur est mince et parfois mou. À cela près, la consistance de l’aile diminue graduellement en allant de la base au sommet et d’avant en arrière. Le bord antérieur présente à son extrémité centrifuge un point d’épaississement, résultant de l’accolement des nervures antérieures. C’est, si l’on veut, le voisinage du sommet d’une longue pyramide quadrangulaire, dont les quatre arêtes seraient les nervures antérieure, subantérieure, médiane, sub- diane. Supposons que ces quatre arêtes puissent subir une torsion longitudinale, et nous aurons une idée des retournements de plans alaires. Cette torsion est possible, grâce aux articulations des ner- vures antérieure et subantérieure avec leurs terminaisons basilaires ({ubérosité antérieure). 214 P.-C. AMANS,. La ligne directrice de la torsion n’est pas une droite. C’est une courbe smueuse passant par la tête basilaire de la nervure postérieure par une commissure spéciale (commissure de tor- sion) et par l'extrémité basilaire du rebord proantérieur lors- qu'il est tendu. L’extrémité centrifuge de l’aile présente à l'air, dans le coup ascendant, une ligne ou zone sinueuse suivant laquelle laile fléchit (sinussoïde de flexion). Cette ligne se dirige du versant basilaire postérieur au niveau du point d’épaississement. La branche postérieure regarde en dedans, la branche antérieure en dehors. IT. L’aile n’est jamais comparable à un levier simple. Les Pseudo-Névroptères sembleraient donner un type approchant du levier, mais à condition de leur ankyloser les articulations antérieure et subantérieure, ainsi que les pivots mobiles. Il est probable qu’alors ces animaux cesseraient de voler. Les pièces basilaires, y compris le toit, peuvent se grouper sur trois arêtes d’un cône de révolution, dont l’alifère serait l'axe : une arête interne (dorsum, siginoïde, nervure médiane), une arête postérieure (swbmédian, terminal) et une arête anté- rieure (appareil de pronation). L’arête interne ou arête de notre dièdre forme, si l’on veut, une sorte de levier roulant autour du cône par les deux autres arêtes. Les muscles se groupent d’après ces trois arêtes (dorsaux, sternali-dorsaux, latéro-dorsaux, préatillaires, postaxillaires) et les tirent dans toutes les directions compatibles avec leur propre direction et la nature des articulations. Les directions des muscles sont très variées. Il n’y a pas à proprement parler de muscles exclusivement verticaux ou horizontaux. Gela jure avec le schéma qui précède : l’articu- lation de l’aile n’est pas une charnière simple. La torsion de l'aile est favorisée et bridée en même temps par les préaxillaires et les postaxillaires, et parmi ces derniers surtout par le muscle du tampon ou proterminal. IV. La forme générale de la machine entière est sphé- roïdale ou ovoïde à gros bout tourné en avant. ARTICLE N° 2. ORGANES DU VOL. 215 Machine-Vertébrée, — Le Chéiroptère et l’Oiseau ont une machine à pièces dures internes, à moteurs externes. Cette différence est radicale : la machine-insecte est une sorte de nacelle élastique à l’intérieur de laquelle seraient abrités les moteurs, Nous avons vu que la forme générale de la machine, la forme générale de l'aile et la répartition de la consistance à sa surface, ainsi que la rotation du bord antérieur, étaient com- parables à celle des Insectes. Nous avons vu que la torsion de la surface alaire avait pour directrice une ligne sinueuse concave inférieurement, et que la surface pouvait être comparée à celle d’une sorte d’hyper- boloïde ayant cette ligne pour directrice et pour génératrices des baguettes te courbes. En résumé, la Chauve-souris et l’Oiseau sont des Insectes dont l'aile serait portée à l'extrémité de deux bras articulés, Y aurait-il une relation nécessaire entre le grand volume d’un animal volant et le développement des versants basilaires, et d'autre part entre le petit volume et le développement du « coup de fouet » ? Je pose seulement la question. ‘On me reprochera peut-être de ne pas terminer mon travail par une théorie sur le vol. Nous avons reculé devant l’obseurité qui règne encore sur l’action des muscles et sur les lois de la résistance de l’air. Mais nous apportons des faits et des données nouvelles susceptibles d’être appliquées dans le domaine physiologique et expérimental. 916 P.-C. AMANS. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE MÉMOIRE. INTRODUCTION. . esse TD D TS A D CDS Me CLÉ ÉERE A. — DES ORGANES DU VOL CHEZ LES INSECTES, Plan. — Technique.:— Nomenclature... +..1.0.2 4 eu. sue een 56 Des divers types d’articulations usités chez les Insectes. (Suture. — Adhé- rence. — Symphyse. — Charnière simple. — Syndesmose. — Écaille. —Condylarthrose. — Charnière à condyles. — Flexion. — Fente. — Articulation fissurale. -- Écrou. — Rainure et languette. — Hélice. — Spire conique.) Ordre suivi dans la description. .......,........ I. PSEUDO-NÉVROPTÈRES. Appareil de pronation. — Mésonotum. — Métanotum. — Pleuro-sternum. Aile antérieure. (Nouvelle nomenclature pour les nervures. — Distinction de deux versants basilaires......,................... la: dtrglou£ Ô Tubérosité antérieure. — Articulation du bord antérieur de Paile avec la tubérosité antérieure; de la tubérosité avec le mésonotum. — Tubhéro- SIÉMPOSÉTIEUTES) M MARNE AE ANR ER RENNES RER Ga © Aile postérieure.......... MATE AA LE DO ADO DS 0 DOUD IE COPA 0e Muscles du vol. (Abaïssement artificiel de l’aile. — Commissure articu- laire. — Muscles du vol de l’aile antérieure. — Muscles de l’aile posté- MEUTE ME NON Rene eee ne see lee ee SARA Ve Revue et critique des diverses théories du vol. (Théories du plan, de J'héliceh= Ailes aruficielles).6 21 AREMEE CRC PE PER SE ELEC. IT. ORTHOPTÈRES. Aile antérieure. (Expérience sur un Acridium. — Charpente de l’aile. — Schéma du plissement et du déplissement.)........................ Aile postérieure. (Prédominance du versant postérieur. — Lèvre de plis- sement. — Arcade terminale. — L’éventail des nervures secondaires n’est pas hélicoïdal. — Appareil de pronation. — Période d’abaisse- ment.— Période de déplisSsSeMEnt) ee eeee ere -ec-eeeee-ccre De 00 Pleuro-sternum. — Mésonotum (schéma mécanique du mésonotum). — Métanotum (brisure des bords latéraux).................. SALÉRRCRE Loi générale de la concavité axillaire.................... HS DS Rae Muscles du vol (du mésothorax, du métathorax)...................... Comparaison entre les Orthoptères et les Pseudo-Névroptères. — Arcade terminale des Acridium....... AA 200 0 HAE A SH OR OISE à ARTICLE N° 2. 12 15 41 o1 ORGANES DU VOL. 917 III. NÉVROPTÈRES. Considérations générales sur l’ancienneté de cet ordre. — Notum. — Pleuro-dorsum. — Pièces basilaires............ D D en nee OS IV. HYMÉNOPTÈRES. 1. — Organes du vol chez les Térébrants. Considérations générales. (Solidarité des deux ailes antérieure et posté- rieure. — Historique du dièdre basilaire.)...............,...... AP ME TE MBnnemdes ailes PES A ee MERE RNA IE SEM 76 Aile antérieure. (Charpente. — Articulation du bord antérieur avec la tubérosité antérieure. — Commissure articulaire. — Arcade terminale.). 84 ANTÉR DOS ÉNEUTE PS PACE 2 NSP ACER AR re 79 Prothorax. — Mésonotum. — Métanotum (cercle postérieur). — Pleuron (alifère et appareil de pronation). — Sternum...................... 19 Base de-l’aile antérieure. — Base de l’aile postérieure. — Comparaisons avemiNevropleresteDOrENDpIErES HAMMAM ON OMAN RUN. 84 Muscles du vol. — Hypothèses sur diverses combinaisons de muscles... 87 2. — Organes du vol chez les Porte-aiguillons. Anatomie des ailes. {Concentration du versant antérieur. — Tubérosité ARPÉRIEUREN) ee nue e Mare eos» SO EnS re ASE AE 92 Pronotum (collier). — Mésonotum. — Métanotum. — Mésopleurosternum (mésopleuron avec description des surfaces alifères. — Mésosternum). 93 Métapleurosternum. (Sur le prétendu scutellum du métanotum. — Méta- sternum. — Concentration des deux entosternum.).........,,.,..... 97 Base de l’aile antérieure. (Particularités de l’appareil de pronation et él pièces basilaires du golfe postérieur.).............,,...... -. 101 Base denlaile postérieure... ...2:..Er-.7... GO DD ÉD CO ORNE 104 Muscles du vol. (Sur un ARTS métanoto- dre non signalé.).......... 105 Facteurs constants des organes du vol..........,...,..... se ccm (UN V. HÉMIPTÈRES. Caractenistique pete. uiset ot sas nuit 2h nm 09 Aile antérieure. (Commissure transversale. — Arcade rar. — Mécanisme de l’oscillation longitudinale de l'aile. — Sinussoïde de flexion). hide ste torse en de abs JR 109 Base de l’aile. (Quadrilatère. — Quadrilatère postérieur. — Complica- tion de l’arcade postérieure. — Structure de la cellule postérieure. Pleuro-terminal. — Support du voile.)......,....,.,.:.,..4.,..... 115 ABSTCRUER CURE UE 00100 RO LT 022 D ARE DB nelle 22408447 918 P.-C. AMANS. Mésopleuron (fente antépleurale, alifère). — Métapleuron (face interne). Mésonotum. (Grand volume du subpodorsum. — Cercle postérieur.) — Mésosternum ... ......... D à 2 De at ste M ocre ebier . 118 Métapleuron; face externe (réduction du golfe antérieur). — Métanotum (mobilité du dôme métanotal). — Muscles du vol................. … 1423 VI. LÉPIDOPTÈRES. INSEE 0000 000 06 1000 200 0066000000 ARR PA 128 Aile antérieure. (Aspect planiforme de la surface alaire. — Écaille. — Cel- lule postérieure. — Comparaisons du port des ailes entre les Lépi- doptères et les Pseudo-Névroptères; de la tubérosité basilaire avec les guadrilateres des Hémiptères)-2 02e arec.e HÉITU LT 128 Un double sigmoïde (comparaison avec celui des Pseudo-Névroptères.).. 151 Aile postérieure. (Transformation de la nervure antérieure. — Sur les moyenspde solidarté des deuxfailes) Le Rec Ce roc ee O4 Aspect cunéiforme du corps principal de l’aile. — Mésopleurosternum. (Pivot mobile antérieur. — Alifère. — Commissure entopleurodorsale ; commissure entosternopleurale. — Schéma du mésopleurosternum.) .. 135 Métapleurosternum (grande poche entosternopleurale). —- Mésonotum. (La fourchette de Chabrier. — Comparaison du subpodorsum avec celui des Porte-aiguillons.) — Métanotum................... 60000 136 Muscles du 0) REC EE RS MERE RE ete 143 VII. — COLÉOPTÈRES. Élytre. (Apophyses et échancrures de la base de l’élytre. — Osselet pos- léneurdelydrophile:). rer RES SU ee 147 AuleMpostérieure (Nervures ==Basedendaile.) " CEPPP RENE CCC RER. 150 Mode d’accolement à la base des nervures antérieures. — Commissure de torsion. — Arcade terminale des Dytiques. — Mécanisme de la tor- sion longiindinale de laite 2 Pere EeePC 157 Pleuro-sternum. (Mésopleuron. — Appareil de pronation. — Métapleu- ron. — Sternum.)....... DS NT ER Se Re nets 158 Mésonotum. — Men bre dUMÉLANOLUM). EE CCE . 105 Muscles du VOIR NES RE M A AL a AE RNA 166 Ailes-A(Éperone-Voiles) hante. 0e CARRE ee EU 169 Commissure de torsion. — Sinussoïde de flexion. — À propos des Para- ptères à bouquet de poils terminal et du naviculaire................. 171 Thorax..... DATE AAA ANNUAIRE HO LEE COULEUR . 17 Prothorax. —- Méso- et métapleurosternum. (Fente antépleurale. — Méso- sternum. — Métasternum. — Cercle postérieur. — Postpleuron. — Alifère; appareil de pronation.) ...... bio à OA ERNEST OP 175 Notum. — Comparaison avec les Hémiptères.....................,... 181 Muscles du vol.......... PR RRtbbenensranse is DA INANE GB E ARTICLE N° 2, ORGANES DU VOL. 919 _ B. — DES ORGANES DU VOL CHEZ LES VERTÉBRÉS. IX. CHÉIROPTÈRES. À propos du rebord proantérieur des Coléoptères. — Rôles du sternum, de la clavicule. — L’humérus n’a pas d’analogue chez les Insectes..... 186 Articulation cpu -humérale. — Huméro-radiale. — Radio-carpienne schéma du carpe.) ......... RIT RE SE dE RÉ OTR UE UE 189 Charpente de la main. — La “ne de la main sie hélicoïdale. — Éventail hélicoïdal et éventail hyperboloïde.................... 10? Sur les muscles du vol. — Du muscle tenseur........ LAPS 00 dE ee 195 X. OISEAUX. Appui des ailes; comparaisons avec Chéiroptères et Insectes. — Cavité glénoïde ; tête de l’humérus. — Articulation du coude. — Sur l RHCMION HOMMES nee eee ee TN le or e hdd te 198 Schéma des articulations du poignet. — La torsion de l’aile est une somme de torsions échelonnées, et dont l’angle diminue à partir de la base... 205 Sur les muscles de l’aile. — Flexion des plumes cubitales; tension de la membrane antérieure alifère.......... 06 'occonvecdonéoobn ELEC . 206 Aspect géométrique de l’aile........ Ts 60 HAS cu AU CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES MACHINES A VOL DANS LA SÉRIE ANA DENAIN RENE Re ne Le rimes tsar he L 9290 P.-C. AMANS. EXPLICATION DES PLANCHES. Lettres de renvoi communes à plusieurs figures. a, nervure antérieure. a!, nervure proantérieure ou rebord proantérieur. sa, nervure subantérieure. m, nervure médiane. sm, nervure submédiane. p, nervure postérieure. n, nervures intermédiaires. ad, antédorsum. d, dorsum; f, fente dorsale. pd, postdorsum ou podorsum. spd, subpostdorsum ou subpodorsum. Ep, entopleuron; Ep', apophyse pédio-pleurale. Ap, antépleuron; +, fente antépleurale. Pp, postpleuron. ast, antésternum. Est, entosternum; Est/, apophyse entosternale. #, pivot mobile antérieur. B, pivot fixe ou médian. %, pivot mobile postérieur. &, sigmoïde (£/, sigmoïde antérieur ; En traitant ailleurs de la distribution géographique des In- sectivores (3) et des Rongeurs (4), nous avons insisté sur cer- tains rapports que présente la faune des régions australes de l'Ancien Continent avec celle de la région néotropicale, c’est-à- dire de l'Amérique du Sud. La présence de Rats sigmodontes à Madagascar est un fait du mêfhe genre, qui vient s’ajouter à ceux plus anciennement connus. C’est ainsi que, parmi les Rongeurs, les Octodontide, que l’on à crus longtemps propres à l'Amérique du Sud, comptent en Afrique trois genres (Ctenodactylus, Pectinator et Petromys) parfaitement typiques. (1) Voyez la figure que Gervais donne des dents de l’Acomys cahirinus (Histoue naturelle des Mammifères, t. 1, p. 409). (2) Voy. Gaudrvy, Les enchaîinements du monde animal, t. 1 (1878), p. 201. (3) Voy. Revue scientifique, 1882, 1. XAX, p. 519. (4) Ibid., 1881, t. XXVIIE, p. 65. ARTICLE N° 9, LE RAT MUSQUÉ DES ANTILLES. à 17 De même, parmi les Insectivores, le genre Solenodon, des Antilles, semble représenter en Amérique les singuliers Insec- tivores de Madagascar dont on a fait la famille des Tanrees ou Centetide. Si l’on rapproche cesfaits de ceux plus démonstratifs encore qui ressortent de l’étude de la distribution géographique des Batraciens et des Poissons d’eau douce — comme aussi de celle des végétaux, — il est difficile de ne pas admettre qu'il a existé, à une ou plusieurs époques de la période secondaire, et plus particulièrement vers la fin de cette période ou au com- mencement de l’époque éocène, entre l’Amérique australe, l'Afrique australe, Madagascar et l'Australie, des communi- cations continentales tout à fait comparables à celles qui existent encore, ôu qui ont existé à la fin de l’époque tertiaire, entre les régions septentrionales des deux hémisphères, c’est-à-dire entre l’Europe-Asie et l'Amérique. C'est ainsi qu’en ce qui à rapport aux Muride, on remarque que les véritables Rats (Murinæ) sont remplacés vers le nord par les Campagnols (Arvicolinæ). Ges derniers sont communs à l'Amérique du Nord, à l’Europe et à l’Asie septentrionale (régions Arctique et Néarctique) : ils manquent totalement aux autres régions zoologiques. Dans l’hémisphère austral et plus particulièrement dans la région Néotropicale et à Madagascar, on trouve les Rats sig- modontes (Hesperomyee), qui représentent à la fois les Cam- pagnols et les véritables Rats (genre Mus). En effet, dans le senre Hesperomys on trouve des sous-genres à formes de Rats (Megalomys, Vesperimus) et d’autres à formes de Campagnols (Onychomys, Akodon). Enfin, entre ces deux types viennent se placer géographi- quement les véritables Rats omnivores (Mureæ), qui paraissent originaires du nord de l’Inde et se sont répandus de là sur tout l’Ancien Continent et même en Australie, mais n’ont pénétré en Amérique et à Madagascar que grâce à l'intervention de l’homme. En Europe même, les deux ou trois espèces qui semblent réellement indigènes (Wus sylvaticus, M, musculus, 18 É.-L. TROUESSART., M. minutus), se rattachent à des types asiatiques et contras- tent par leur petit nombre avec l’abondance des espèces de Campagnols qui peuplent le même pays. On peut donc dire avec exactitude que les Mureæ caractérisent essentiellement et à quelques exceptions près, les régions Orientale et Éthio- pienne, c'est-à-dire le sud de l’Asie et l'Afrique à l'exclusion de Madagascar. EXPLICATION DE LA PLANCHE. a. Crâne de l’Hesperomys pilorides, vu par-dessus (grand. nat.). a’. Le même, vu de profil (id.). a. Mâchoire inférieure du même (id.). b. Molaires supérieures du même, côté droit (individu très âgé, gross. ?). b'. Molaires inférieures du même, même côté (d.). c. Molaires supérieures droites d’un mâle adulte encore jeune (gross. Ÿ). c'. Molaires inférieures droites du même (id.). d. Pied postérieur gauche du même (grand. nat.). e. Molaires supérieures de l'Hesperomys flavescens (Waterh.), d’après Hensel gross. 42). e!. Molaires inférieures du même (id.). e''. Molaires supérieures d'une espèce d’Hesperomys proprement dit, d’après Thomas (grossies). f. Molaires supérieures de l’Hesperomys (Nectomys) apicalis (Peters), (gross. ?). f'. Molaires inférieures du même (id.). g. Molaires supérieures du Tylomys nudicaudus (Peters) (gross. Ÿ). g'. Molaires inférieures du même (id.). ARTICLE N° 5. SUR LEN ORGANES SEGMENTAIRES DE QUELQUES VERS DE TERRE PAR FE, BEDDARD, M. À. F. R.S, E. (1) Prosecteur à la Société zoologique de Londres, Les recherches classiques de Gegenbaur (2) et de Clapa- rède (3) ont fait connaître la structure des organes segmen- taires du Lombric. Le premier de ces naturalistes a décrit et figuré avec beaucoup de soin, pour la première fois, la struc- ture générale de ces organes. Claparède, tout en confirmant d’ailleurs en tous points la description plus ancienne qu’en avait donnée Gegenbaur, y ajouta un certain nombre de détails histologiques. Il appela plus particulièrement l'attention sur ce fait, que dans la portion glandulaire de ces organes, le canal excréteur est intra-cellulaire et non inter-cellulaire, les cellules sécrétrices formant comme une file de cellules placées bout à bout et perforées par le canal. Les anciens anatomistes regardaient les organes segmentaires comme des vaisseaux à air, et les comparaient aux trachées des Insectes. _ Gegenbaur cependant montra clairement que leur fonc- tion est purement excrétrice, depuis la publication de son Mémoire, dans lequel 11 prouva que ces organes segmentaires appartiennent à un système d'organes qui existent dans tout le règne animal et y remplissent partout le même rôle de dépuration. En outre, depuis cette époque Balfour et Semper ont montré que les premiers glomérules du rein primitif des Vertébrés correspondent exactement aux organes segmentaires des An- nélides. (1) Ge mémoire a été traduit par M. A.-E. Malard, préparateur d’anatomie comparée à la Sorbonne, élève de l’École des Hautes-Études. (2) Zeitschr. [. Wiss. Zool., Bd IV, 1852. (3) Ibid., Bd XIX, 1869. ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX. 18%, — ART. N° 6. 2 F.-E. BEDDARD. Depuis la publication des deux Mémoires cités ci-dessus, rien à ma connaissance n’a été publié concernant la structure des organes segmentaires du Lumbricus, et on ne sait réel- lement pas jusqu'à quel point ces organes varient de structure dans les autres genres de Lombriciens terrestres. Les organes segmentaires, ou, pour adopter une expres- sion plus convenable, récemment proposée par Ray Lankes- ter (1), les nephridia des Oligochètes ont cependant attiré l'attention, premièrement à cause des tentatives qui ont été faites pour les homologuer avec les conduits génitaux, et secondement à cause de la découverte d’Eisig que chez cer- tains Polychètes (Capitellidés) on trouve plus d’une paire de tubes excréteurs dans chaque métamère postérieur. Cette découverte a presque écarté toutes les difficultés imhérentes à la comparaison des nephridia avec les tubes segmentaires primordiaux des organes excréteurs embryonnaires des Ver- tébrés. Dans la présente note, je désire décrire certains faits nou- veaux relatifs aux nephridia des Lombriciens, qui me permet- tront d'étendre les résultats obtenus par Eisig aux Oligo- chètes. Dans son essai sur lanatomic des Vers de terre (Lumbricus terrestris), le professeur Ray Lankester (2) prétendit que les ouvertures externes des rephridia aussi bien que celles des vésicules copulatrices et des conduits génitaux sont en relation constante et définie avec les soies; les pores néphridiens sont situés près des paires ventrales de soies, tandis que les ori- fices génitaux ont une relation semblable avec les paires dor- sales de soies. La régularité de cet arrangement fit penser à Ray Lankester qu'à chaque paire de soie correspond un simple nephridium, et qu'il existait primitivement deux séries de nephridia de chaque côté du corps correspondant aux deux séries de paires de soies. On suppose que chez les Lumn- (1) Notes on Embryology and classification. London, 1879. (2) Quarterly Journal of microscopical Science, 1864-1865. ARTICLE N° 0. .) ORGANES SEGMENTAIRES DE QUELQUES VERS DE TERRE. 3 bricus, les séries ventrales de nephridia ont disparu dans tous les segments, sauf ceux contenant les organe génitaux, où ils sont remplacés par les vésicules copulatrices, les oviductes et les canaux déférents. Cette idée de voir dans les conduits géni- taux des tubes segmentaires modifiés est due jusqu'à un certain point à Williams (1). Elle fut reprise par Claparède pour expliquer l'absence de nephridia dans les segments géni- taux de beaucoup de Limicoles. Claparède regarda, en effet, chez ces Vers les conduits génitaux comme les homologues actuels des nephridia. Il professait cependant cette opinion que le fait ne pouvait être généralisé pour tous les Terricoles, puisque chez le Lumbricus les conduits génitaux ne rempla- çaient pas les nephridia, mais coexistaient dans les mêmes métamères. En critiquant l’idée émise par Lankester de l’exis- tence de deux paires de nephridia pour chaque segment, Claparède l’écarta comme une hypothèse ne pouvant être regardée comme certaine jusqu'à ce que l’on eût découvert un Ver de terre possédant à la fois deux paires de nephridiu non différenciés dans chaque segment, excepté dans ceux contenant les conduits génitaux. L'hypothèse de Lankester reçut cependant une très grande probabilité après les recherches de Perrier : dans ces recher- ches, Pour servir à l'histoire des Lombriciens terrestres (2), M. Perrier confirma les vues de Lankester sur les rapports intimes existant entre les orifices néphridiens et les soies, et l’appuya de la description d’un grand nombre de genres nou- veaux de Vers de terre, chez lesquels les relations entre les orifices néphridiens et les orifices génitaux avec les soies sont précisément les mêmes que chez les Lombricus. Dans un autre genre, les pores néphridiens furent trouvés en relation avec les paires de soies dorsales, et non avec les paires ven- trales comme chez Lumbricus. I semblait donc naturel, dans ces genres, de supposer que la série dorsale de rephridia (1) Report on British Annelids, in Reports of the British Association, 852, et Transactions of the Royal Society, 1852, part. 1, p. 93. (2) Nouv. Arch. du Muséum, 1. VIH. 4 K.-E. BEDDARD. persistait seule, tandis que la série ventrale ne subsistait plus que différenciée en conduits génitaux et en vésicules copula- trices. Dans beaucoup d'espèces de Lombriciens décrites dans celte note, les soies sont distribuées d’une manière un peu différente de ce qu’elles sont chez Lumbricus. Les deux soies de chacune des paires dorsale et ventrale, au lieu d’être très rapprochées, deviennent, au contraire, largement espacées ; 1l devenait intéressant de déterminer si les pores néphridiens avaient une relation particulière avec lune ou l’autre des deux soies qui composent la paire : M. Per- rier fut en mesure d’éclaircir ce point par la structure carac- téristique qu'il rencontra dans le genre Tifanus. Chez ce Ver de terre, les pores néphridiens sont placés près de la paire de soies inférieures ; dans la partie antérieure du corps, les deux soies de chaque paire s’y trouvent encore très rap- prochées, comme chez Lombricus; dans la portion posté- rieure, au contraire, Ces soies s’écartent l’une de l’autre, les pores néphridiens semblent suivre la soie la plus externe dans son déplacement. Dans une autre espèce de Lombriciens, 1l trouva les orifices néphridiens dans une semblable relation avec la plus externe des deux soies dorsales. M. Perrier, en considération de ces faits, tira la conclusion que les Lom- briciens possèdent typiquement deux séries de rephridia, Vune dorsale, l’autre ventrale, et que leurs orifices sont en relation étroite avec la soie la plus externe de la paire dorsale ou ventrale, suivant le cas. Les caractères anatomiques du genre Plutellus apportèrent encore un appui plus grand en faveur de cette hypothèse. Chez ce Ver de terre, M. Perrier découvrit que les #ephrodia alternent en position (1). Dans certains segments, ils s'ouvrent plus près de la soie dorsale ; dans d’autres, au contraire, plus près de la soie ventrale. Un tel arrangement est très bien expliqué, si l’on suppose que chez Plutellus les deux séries dorsale et ventrale de soies ont persisté en partie et en partie (1) Archives de Zoologie expérimentale, 1. IL. ARTICLE N° 6. ORGANES SEGMENTAIRES DE QUELQUES VERS DE TERRE. 9 avorté. Ce Ver de terre forme donc par la disposition de ses orifices néphridiens, comme une forme de passage entre les genres Lombricus, Digaster, ete., d’une part, et les genres Titanus, etc. de l’autre. Chez Plutellus, les soies sont disposées en huit rangées longitudinales d’une soie chacune ; mais on trouve que les orifices néphridiens n’ont pas de relation déter- minée avec la soie la plus externe de la paire. M. Perrier fut donc obligé d'abandonner ses idées sur les tubes néphridiens et de revenir à son idée primitive que les nephridia des séries ventrale ou dorsale respectivement n’ont aucune relation particulière avec l’une ou l’autre des deux soies qui compo- sent la paire. La coïncidence des nephridia et des vésicules copulatrices à la même soie poussa M. Perrier à abandonner l’hypothèse de l’homologie entre les deux organes, bien qu'il penchàt encore à admettre l'hypothèse de deux séries de nephridia; d'autant plus que cette hypothèse expliquait parfaitement l’en- semble des faits qu'il avait découverts et dont je donne un court aperçu dans la présente note. Laissant de côté les considérations d’homologie entre les nephridia et les conduits génitaux, j'ai à présenter quelques faits nouveaux qui me permettent d'admettre la présence de plus d’une paire de nephridia pour chaque segment du Corps. J'ai précédemment essayé d'indiquer les principaux résul- tats des découvertes de M. Perrier sur les nephridia des Lom- briciens, bien que, d’après mes propres observations, je ne puisse admettre exactement les conclusions auxquelles il arrive : il est certain qu'avec les faits dont disposait M. Perrier il ne pouvait tirer aucune autre conclusion que celle qu’il en tira, à savoir : la présence évidente de deux séries de nephri- ha, chez les Lombriciens terrestres, de chaque côté du corps; un seul rephridia correspondant à chacune des quatre paires de soies et n'ayant pas de relations distinctes avec l’une ou l’autre des soies qui composent la paire. Je dois dire que, dans son dernier Mémoire sur les Lombri- 6 L.-E. BEDDARD. ciens, M. Perrier (1) a définitivement abandonné l'hypothèse du professeur Lankester, ayant reconnu l’impossibilité d’éta- blir une comparaison entre les nephridiu et les conduits géni- Laux. La coïncidence de vésicules copulatrices avec des nephridia s’ouvrant sur la même série de soies chez le mème animal, et ce fait, que les canaux déférents traversent plusieurs segments du corps eux-mêmes pourvus de nephridia, fit abandonner par M. Perrier l’idée de toute homologie entre ces deux séries d'organes. Dans ce cas, hypothèse de deux séries de nephridia devenait done clairement inutile. Il me semble cependant qu’à part certaines considérations sur l’homologie des nephridiu avec les organes génitaux, les faits découverts et si bien décrits par M. Perrier justifient, dans une large mesure, sa première conclusion. La constance de ces relations entre les nephridia et les soies, leur alternance en position dans les différents genres, sont des faits qui ne peuvent s'expliquer que si l’on admet la présence originelle, typique, de plus d’une paire de nephridia par segment du COTPS. La dissection d’une grande espèce de Lombricien que J'ai reçue de Nouvelle-Zélande, grâce à l’obligeance de M. le pro- lesseur T.-J. Parker, m'a permis d'étudier d’une manière satisfaisante les différents faits décrits par M. le professeur Perrier. Ce Lombricien appartient au genre Acanthodrilus, suivant toute apparence, et est, en tous Cas, pourvu, comme celui-ci, de quatre orifices génitaux mâles situés par paires dans les seize et dix-huit, segments du corps. Les apparences, observées en faisant la dissection d’un grand exemplaire de cette espèce (mesurant douze pouces de longueur et un demi-pouce de diamètre) semblèrent m'indiquer l’existence de huit nephridiu dans chaque segment du corps, chacun d’eux correspondant à chacune des huit soies qui, dans cette espèce comme chez (1) Archives de Zoologie expérimentale, t. IX. ARTICLE N° 6. ORGANES SEGMENTAIRES DE QUELQUES VERS DE TERRE. 7 Plutellus, ne sont pas disposées par paires, mais en huit rangs presque équidistants l’un de l’autre. Lesnephridia appartenant à la paire de soies dorsales étaient tout à fait distincts l’un de l’autre, et il était possible, à l’aide d’une loupe, de suivre le trajet de chacun d’eux dans la paroi du corps, tout près et un peu en avant de la soie. Les #ephridia des deux séries ventrales n'étaient ordinairement pas aussi distincts l’un de l’autre, mais formaient comme un écheveau compliqué de tubules glandulaires attachés auprès des cloi- sons intersegmentaires. Ces apparences furent confirmées en faisant une série de coupes transversales dans les différentes régions du corps. Le canal néphridien traverse le tissu conjonctif lâche qui remplit l’espace laissé libre entre la soie et ses muscles d’une part, et la tunique musculaire longitudinale d’autre part ; il suit une direction généralement parallèle à celle de la soie, tantôt d'un côté, tantôt de l’autre, jusqu’à la ligne de jonc- tion des tuniques musculaires circulaire et longitudinale. En ce point le canal prend une direction plus ou moins à angle droit avec sa première direction, entre les tuniques muscu- laires longitudinale et circulaire. Cette portion du canal néphridien est très courte dans presque tous les nephridia les plus dorsaux; là le canal né- phridien passe le long de la tunique musculaire presque jusque dans le voismage du pore dorsal où il s’ouvre à l’exté- rieur ; dans les nephridia appartenant aux autres soies, les orifices externes sont situés tout près, généralement du côté dorsal. | J'ai représenté dans ma figure 1 la marche d’un canal excréteur néphridien appartenant à une soie dorsale: dans un autre exemple, J'ai remarqué que le canal du nephridium le plus dorsal, au lieu de se diriger vers le pore dorsal, prenait une direction directement opposée; mais je n’ai pas été assez heureux pour pouvoir affirmer s’il possède un orifice externe commun à lui et au nephridium dorso-latéral, ou s’il en a un propre. ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX. 19. — ART. N° 6. 8 F.-E. BEDDARD. Le canal excréteur, en tout cas, est formé par un rang de cellules perforées telles que Claparède les a pour la première fois décrites chez Lumbricus ; la portion la plus distale de ce canal cependant, quand elle a traversé la tunique musculaire circulaire, perd ces caractères Jusqu'à son orifice externe; la lumière dans ce cas, au lieu d’être intra-cellulaire, c’est -à- dire contenue au milieu du corps des cellules qui forment le canal, semble un peu élargie et formée par une assise de cellules délicates qui l’entoure radialement. Le tégument chi1- tineux semble se continuer à l’intérieur de la lumière du tube pendant un certain temps. Les ouvertures des nephridia sont entourées de cellules épidermiques qui convergent vers l’ori- fice. La coupe de la portion terminale du canal #ephridia n'offre pas de parois musculaires, comme les figure Gegen- baur chez le Lombric et comme on les retrouve aussi, mais à un degré bien plus exagéré, chez d’autres espèces de Lombri- ciens dont je parlerai plus tard. Le nephridium tout entier, en en exceptant cette portion terminale du canal excréteur, semble consister en une simple rangée de cellules perforées pour former la lumière du canal néphridien. J’ai observé ce mode de constitution des nephridia sur un grand nombre de coupes faites dans diverses régions du corps. Dans la portion antérieure, comprenant au moins la première douzaine de segments, cette constitution est un peu diffé- rente : chacune des soies est pourvue d’un nephridium spé- cial; mais le canal, au lieu de s’ouvrir à l’extérieur par un simple orifice, se ramifie en un grand nombre de branches, dont chacune s'ouvre à l'extérieur par un orifice spécial. En arrachant certaines plages de cuticule, il devient très facile de découvrir les orifices des nephridia sur ses côtés et d’en déterminer la position. Entre les différentes soies d’un segment, les ouvertures néphridiennes semblent former sur les préparations de cette espèce comme des orifices circulaires entourés d’une bordure épaissie. Gette apparence de bordure épaissie est due à une ARTICLE N° 6. ORGANES SEGMENTAIRES DE QUELQUES VERS DE TERRE. 9 portion invaginée de la cuticule qui revêt la portion terminale du canal néphridien. Le diamètre de ces orifices est un peu moindre que celui des soies, et la bordure n’y semble pas si épaisse pour cette raison que la cuticule ne s’y étend pas si loin à l’intérieur de la paroï du corps que dans les soies. Entre deux soies quel- conques des huit qui, comme nous l’avons déjà montré, sont toujours situées dans chaque segment du corps, se trouve une série continue d’orifices néphridiens qui s'étendent à peu près en ligne droite en réunissant les deux soies ; mais çà et là certains d’entre ces orifices dévient de la ligne droite et sont situés ou un peu en avant, ou un peu en arrière, de sorte que leur arrangement forme une sorte de ligne en zigzag; quelquefois les deux pores néphridiens sont situés l’un der- rière l’autre dans une direction parallèle à l’axe longitudinal du corps. Le nombre des pores néphridiens dans un seul segment varie légèrement de segment à segment; dans deux métamères consécutifs, par exemple, leurs nombres étaient les suivants : 114, 119. Les pores néphridiens ne sont pas plus nombreux d’un côté que de l’autre, et ils semblent être également distribués tout à l’entour du corps. Ces orifices sont réellement les ouvertures des nephridia et ne sont pas en relation avec quelques glandes cutanées ou quelques formations analogues; c’est ce que je suis en mesure de prouver par des coüpes transversales. Une de ces coupes est représentée dans la figure 7 : elle montre l’existence des deux soies ventrales et le tubule néphridien bifurqué à l’intérieur de la couche musculaire longitudinale du corps, chaque branche s’ouvrant à l’extérieur par un orifice séparé et se con- tinuant avec un tronc longitudinal; ce tronc court parallèle- ment aux fibres de la couche musculaire et émet quelques courtes branches çà et là vers l’extérieur. Il semble donc que les tubules néphridiens de toutes les huit soies se continuent les uns avec les autres et forment un canal courant en direction circulaire et émettant çà et là quelques branches transverses qui s'ouvrent à l’extérieur du e 10 F.-E. BEDDARD. corps. Ge mode de structure est schématiquement représenté dans Ja figure # d’après un grand nombre de coupes à tra- vers le segment. b, D", b” sont trois des soies s'étendant à tra- vers les parois du corps ; b est la soie la plus ventrale, 4’ la soie ventro-latérale ; 4” la soie dorso-latérale; &, a’, a”, sont les tubules néphridiens correspondant à ces trois soies. Ils tra- versent la paroi du corps et s’anastomosent les uns avec les autres en formant un vaisseau circulaire continu qui émet à des intervalles plus ou moins réguliers des ramuscules courts passant au travers de l’épiderme et s’ouvrant au dehors. En ayant fini avec la distribution des canaux néphridiens dans la partie antérieure du corps, J'ai examiné avec soin mes coupes de la portion postérieure du corps du même animal, afin de m’assurer si la structure était réellement la même dans cette portion que dans l’antérieure. Or je n’y ai jamais rencontré, en faisant mes coupes, plus d’une seule ouverture néphridienne pour chacune de mes 8 soies. Les derniers segments dans lesquels j'ai observé des nephri- dia s’ouvrant à l’extérieur par une multitude d’orifices étaient ceux contenant les glandes prostatiques. Les faits qui viennent d’être décrits résultent surtout de l’étude minutieuse et de la comparaison d’un très grand nombre de coupes de diverses régions du corps; Je ne puis cependant prétendre avoir étudié la disposition des nephridia dans chaque segment du corps : le seul spécimen de Ver qui füt suffisamment conservé pour permettre l’étude de la marche des tubules néphridiens à tra- vers les parois du corps était en effet d’une telle taille, que c’eût été une tâche presque interminable de se livrer à cet examen. Il ne me semble d’ailleurs pas probable que la structure des nephridia diffère d’une façon importante de celle que j'ai ob- servée et enregistrée dans ces dernières pages; j'ai particuliè- rement cherché à m’assurer siles tubules néphridiens ne péné- traient jamais dans la paroi du corps à une certaine distance des soies; mais dans aucun cas sur mes coupes je n’ai pu trou- ver de preuves que cela füt le cas normal; de la même ma- nière dans la région du clitellum les tubules néphridiens, au ARTICLE N° 6. ORGANES SEGMENTAIRES DE QUELQUES VERS DE TERRE. 11 lieu d'aller jusqu’à la ligne de jonction des tuniques muscu- laires longitudinale et circulaire, m'ont souvent montré un ar- rangement un peu différent émettant des branches immédia- tement en quittant la cavité du corps et longeant la couche musculaire longitudinale. Ces branches traversent alors les muscles longitudinaux dans une direction oblique pour at- teindre l'extérieur. Je résume brièvement les faits concernant les nephridia de l’Acanthodrilus multiporus, comme je peux dénommer cette espèce. 4. Dans chaque segment du corps, on trouve huit conduits néphridiens ; chacun d'eux s’ouvrant au dehors à travers la paroi du corps dans le voisinage de chacune des huit soies. 2. Dans la région postérieure du corps, chacun des con- duits néphridiens s’ouvre au dehors par un seul orifice, qui est généralement, mais pas toujours, situé du côté dorsal de la soie. Généralement l’orifice du nephridium est placé tout près de la soie ; mais dans le nephridium placé le plus dorsalement l’orifice se trouve presque à moitié chemin entre la soie dor- sale et le pore dorsal. 3. Dans la région antérieure du corps environ à partir du dix-huitième segment chaque conduit néphridien s’ouvre au dehors par une multitude d’orifices qui forment une série con- tinue située entre les soies de chaque segment et s'étendant tout autour du corps. 4. Les divers nephridia de chaque segment paraissent être en continuité l’un avec l’autre dans l'intérieur de la cavité du corps et dans sa région antérieure les conduits excréteurs for- ment un canal circulaire. D. Les nephridia, en en exceptant leur portion terminale, consistent en des séries de cellules perforées, leur lumière ou canal étant ainsi intra-cellulaire; la portion terminale de ce canal, légèrement plus large que le reste, consiste en un tube surmonté de délicates cellules nuclées, doublé par un revête- ment de la cuticule superficielle chitineuse. Il nous reste maintenant à voir ce que ces faits peuvent nous 12 F.-E. BEDDARD. apprendre sur la morphologie générale des Annélides en gé- néral et des Oligochètes en particulier. J'ai appelé dernièrement l’attention sur le fait que le D' Hugo Eisig (1) de Naples à découvert : que chez certains Capitellidés, 1l y a plusieursnephridia dans certains segments du corps, et que ces nephridia dans beaucoup de cas sont réunis les uns aux autres par des branches anastomotiques. Je suis en mesure d'étendre cette découverte aux Oligochètes; mais 1l est assez difficile de comparer la structure des nephri- dia des Capitellidés avec celle que je viens de décrire pour l’Acanthodrilus multiporus. {1 y a pourtant certains points de concordance entre la disposition des nephridia dans les deux groupes, outre ce fait que chacun d’eux possède plus d’une seule paire de ces organes dans chaque segment du corps. En premier lieu, la communication entre plusieurs nephri- dia de chaque segment est un fait commun à ces deux formes, fait qui les rapproche également des embryons vertébrés, comme le D’ Eisig l’a lui-même montré pour les Capitellidés. Il y a en outre un autre point de ressemblance dans la bi- fureation du canal excréteur : Un récent observateur (2) qui s’est occupé de l'anatomie des Capitellidés soutient que le canal de chaque nephridium n’est pas simple, mais se divise en un certain nombre de branches, chacune desquelles finit en cul-de-sac sous la cuticule externe. Ceci est exactement com- parable à ce que j’ai moi-même décrit pour les nephridia de l’Acanthodrilus, au moins dans la région antérieure du corps. Le fait que chez les Capitellidés les petits conduits ne sont pas actuellement ouverts, mais terminés en cul-de-sac renfer- més au-dessous de la cuticule, n’influe pas naturellement sur l'exactitude de cette comparaison. D'un autre côté, le groupement irrégulier des tubes néphri- diens des Capitellidés autour des parapodes ventraux est très (1) Die segmentalorgane d. Capitelliden (Mitth. a. d. Zool., Stat. Neapel, I. 1879). | (2) W. Fischer, Zoologischer Anzeiger, Bd VI, n°° 139 et 146. ARTICLE N° 6. ORGANES SEGMENTAIRES DE QUELQUES ‘VERS DE TERRE. 13 différent de l’ordre qui existe dans leur arrangement chez Acanthodrilus multiporus; de sorte qu'il devient très difficile d'établir une comparaison. C’est une chose bien connue que dans les diverses espèces de Vers de terre les soies se présentent en nombre très diffé- rent; dans le Lombric et d’autres genres on trouve quatre séries de paires. Dans Acanthodrilus multiporus, Pontodrilus, etc., les deux soies de chaque paire s’écartent beaucoup, de sorte qu'il existe ainsi huit séries longitudinales d’une seule soie chacune à peu près équidistantes. Finalement dans le Périchète, il y a un grand nombre de soies formant une série continue autour de chaque segment. Il n’est pas encore bien prouvé lequel de ces arrangements doit être regardé comme le type primitif. En somme, jusqu’à présent, toutes les probabi- lités semblent être en faveur de l’opinion qui regarde comme typique le nombre de quatre paires de soies. M. Perrier s’est déclaré lui-même en faveur de cette hypo- thèse. C’est là le principal argument dont 1l use pour prouver la similitude entre les quatre paires de soies du Lombric et les quatre parapodes des Polychètes; assimilation qui est géné- ralement adoptée par les naturalistes. M. Perrier a en outre émis cette idée que la croissance des soies de remplacement pouvait être rapportée au mode caractéristique des Périchètes où, dans certaines espèces, M. Perrier a observé chez les jeunes un nombre de soies moins considérable que chez les adultes, sans pouvoir d’ailleurs malheureusement en fixer le nombre d’une manière précise. D’un autre côté, certains faits découverts par M. Perrier semblent favoriser l'opinion qui regarde les Périchètes comme la forme primitive. Chez les Urochètes (1), il y a huit soies dans chaque segment, largement espacées l’une de l’autre; ces soies ne se suivent pas en ordre régulier de segment à segment, mais sont disposées en quinconce. Entre les soies sont situés, à des intervalles plus ou moins (1) Archives de Zoologie expérimentale, 1. XII. 14 F.-E. BEDDARD. réguliers, un certain nombre de glandes propres contenues dans des diverticulums de la cuticule; ces glandes ont été figurées et décrites par M. Perrier; Vejdowski (1) à reconnu la présence des glandes, absolument semblables, dans une espèce d’Anachètes où e/les remplacent les soies; on peut dès lors présumer que chez les Urochètes ces glandes sont homo— logues avec les soies, et dans ce cas, les Urochètes descen- draient d’une forme ancestrale avec une série continue de soies autour de chaque segment. Il me semble que les nouveaux faits que j'ai décrits dans la présente note confirment entièrement la dernière alterna- tive en expliquant accessoirement quelques-uns des faits découverts par M. Perrier dans la disposition variable des nephridia. J'ai montré qu’à chaque soie correspond un simple nephridium, et que chez l’Acanthodrilus multiporus, où il y a huit soies, il y a conséquemment huit orifices néphridiens pour chaque segment. (Je laisse de côté, pour le moment, la ramification des conduits de la partie antérieure du corps.) Or cela me semble expliquer les divers faits découverts par M. Perrier, au sujet des orifices néphridiens du Plutellus, de l’Anteus, etc.; on se souviendra que dans Plutellus 11 y a une alternance dans la position des orifices néphridiens; dans quelques segments ces orifices étant situés plus près d’une soie dorsale, plus près d’une soie ventrale dans d’autres; ils n’ont cependant pas de relation constante avec l’une ou l’autre des soies qui composent la paire; les orifices n’alter- nent pas seulement de paire à paire de soies, mais de soie à soie dans chaque paire. Ceci est clairement exposé dans les nouveaux faits que je viens de rappeler dans la présente note. Chez Plutellus, nous trouvons des traces, non de deux séries de nephridia, une ventrale et une dorsale, chacune correspondant à une des deux séries de paires de soies, mais autant de nephridia qu’il y a de soies, c’est-à-dire huit par chaque segment de chaque côté du corps. (1) Monographie der Enchytraiden. ARTICLE N° 6. ORGANES SEGMENTAIRES DE QUELQUES VERS DE TERRE. 15 J'ai déjà amplement démontré la vraisemblance de cette opinion en examinant une autre espèce du même genre Acan- thodrilus. Dans une courte notice publiée dans le Zoologis- cher Anzeiger (1), je faisais remarquer qu'il y avait là une alternance dans la position des ouvertures des tubes néphri- diens, semblable à celle décrite par M. Perrier chez Plutellus. Dans cette espèce cependant les soies sont placées comme chez Lumbricus en quatre séries de paires; une étude soi- oneuse de la situation exacte des pores néphridiens montre qu'ils ne sont pas placés d’une manière indéterminée en avant de la paire de soies, mais en avant de l’une ou de l’autre des deux soies, la supérieure ou l’inférieure, suivant le cas, de celles qui composent la paire. Cette observation tend à montrer que le fait que nous avons mdiqué chez les Acan- thodrilus mulliporus n’est pas particulier à cette espèce; mais que, ailleurs aussi, les pores néphridiens sont en rela- tion définie, non avec une paire de soles, mais avec chacune. des soies en particulier. C’est pourquoi je suis obligé de tirer cette conclusion que l'hypothèse du professeur Ray-Lankester de deux paires de nephridia n’est pas suffisante, quoique, d’une manière géné- rale, on puisse la regarder comme vraie dans les limites où il la donne, et que M. Perrier, bien qu'il eût raison d’aban- donner cette hypothèse, avait tort de ne pas attacher plus d'importance aux faits qu’il venait de découvrir. J’ai essayé de montrer que ces faits ont une importance réelle et qu’ils sont entièrement en harmonie et tout à fail expliqués par les résultats auxquels je suis arrivé en étudiant les nephridia de l’Acanthodrilus multiporus. Il reste maintenant à voir si ces faits jettent quelque lumière sur l’origine des Vers de terre et si la forme ancestrale possé- dait quatre paires de soies, ou si elle était une forme libre de Périchètes munie d’une rangée continue de soies : il me semble que la dernière hypothèse est la seule vraie. Je pense avoir (1) Band VIIT, n° 195. 16 F,-E. BEDDARD. montré suffisamment, dans la présente note, les raisons pour lesquelles je crois que les orifices néphridiens dans les Lom- briciens sont en relation définie, non point avec une paire de soies, mais avec chaque soie individuellement. Or 1l me semble que l’existence d’une rangée complète de pores néphri- diens entre les soies, comme je l’ai écrit pour la partie anté- rieure du corps de l’Acanthodrilus multiporus montre que les ancêtres de ces Vers possédaient une rangée complète de soies ; un seul pore néphridien correspondant à une des soies, les soies qui dépassaient le nombre de huit ont disparu, mais les pores néphridiens correspondants ont subsisté. Le fait que chacun de ces pores n’est plus en relation avec un canal indé- pendant, mais qu'ils tendent à former un canal commun tra- versant la paroi du corps dans le voisinage de chaque soie, me paraît être une marque que les nephridia appartenant aux soies disparues sont eux-mêmes en voie de régression. Dans la partie postérieure du corps de ce même Ver de terre, ces pores néphridiens supplémentaires ont eux-mêmes entière- ment disparu, et il n’en reste plus qu'un pour chaque soie. Dans d’autres Lombriciens, avec huit soies séparées (comme chez Plutellus) il y a des vestiges semblables d’une série com- plète de nephridia, chacun correspondant à chacune des huit soies. Finalement nous pouvons présumer que les deux soies de chaque paire se sont rapprochées davantage et ont pu ainsi favoriser la locomotion; dans ce cas, les nephridia présentent encore des traces de leur origine première comme étant les restes d’une série complète de nephridia en relation avec des soies. C’est ce que j'ai montré chez l’Acanthodrilus, où les nephri- dia alternent entre eux; si, au contraire, nous admettons l'hypothèse que la nature à suivi une marche inverse et que le Lombric représente la forme la plus ancienne, les Périchètes, la forme la plus différenciée, il nous est évidemment permis de faire une comparaison entre les quatre parapodes des Poly- chètes et les quatre paires de soies de Lumbricus. Maintenant nous savons que chez les Polychètes les pores ARTICLE N° 6. ORGANES SEGMENTAIRES DE QUELQUES VERS DE TERRE. 47 néphridiens sont situés à la base des parapodes, et chez les Arthropodes qu’il y a généralement une relation entre les organes que l’on a cru devoir représenter les nephridha des Vers et les appendices locomoteurs, que l’on peut d'autre part assimiler à la paire ventrale de parapodes des Vers (je ferai seulement mention de la glande coxale de la Limule et de la Mygale, des glandes vertes des Crustacés, des conduits géni- taux (?) des Crustacés et des organes glandulaires particuliers trouvés dans les membres thoraciques de beaucoup d’Amphi- podes). Tout le temps que l’on a cru que, chez les Lombri- ciens, les pores néphridiens correspondaient à deux paires de soies, leur comparaison avec les parapodes des Vers semblait probablement correcte ; en considérant l’étroite parenté que, sous d’autres rapports, on constate entre les Polychètes et les Oligochètes, 11 semblait tout à fait naturel de supposer que la paire de soies était l’homologue dégénérée des para- podes. Mais, puisque j'ai montré déjà bien des fois que les pores néphridiens ne correspondent pas du tout aux paires de soies, mais bien aux soies elles-mêmes, la comparaison entre une paire de soies et un parapode n’est plus valable. Nous avons des preuves concluantes que, chez le Lombric avec seulement huit soies par chaque segment, il y a pri- mitivement un canal néphridien pour chacune des soies. La meilleure interprétation de certains faits de la structure de l’Acanthodrilus multiporus me paraît se trouver dans l’hypo- thèse que dans les Lombriciens libres du genre Perichæta avec une rangée complète de soies, 1l existe également une rangée de pores néphridiens pour chaque soie. Or, en ayant ces faits sous les yeux, pourrions-nous présu- mer que la structure des nephridia de l'Acanthodrilus multi- porus est dérivée de la structure typique du genre Lumbricus par une multiplication du nombre de rephridia? Une telle hypothèse serait une pure affirmation dénuée de valeur et laissant mexpliquée la structure observée par M. Perrier dans Plutellus, Anteus, ete., et par moi-même dans Acanthodrilus 18 F.-E. BEDDARD. avec l'alternance des nephridia; faits qui, au contraire, sont clairement expliqués dans l’hypothèse qui regarde les nephri- dia de l’Acanthodrilus multiporus comme présentant une structure ancestrale de laquelle sont dérivées les autres formes, et dont on retrouve des traces chez d’autres Lom- briciens. En finissant, je désire exprimer mes remerciements à M. A.S. Barnes pour quelques-unes des figures qui accom- pagnent cette note. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Les lettres suivantes ont la même signification dans toutes les figures : e, épiderme. m, couche de muscles circulaires. m', couche de muscles longitudinaux. $, Soie. s', soie de remplacement. c, cuticule. Fig. 1. Section transversale à travers la paroi du corps de l’Acanthodrilus multiporus dans le voisinage des soies dorsales. — n, nephridium: 0, son orifice externe; p, muscles des soies. Fig. 2. Section transversale dans la partie antérieure du corps, pour montrer la portion terminale d’un des conduits néphridiens. — 0, ouverture micro- scopique du nephridium. Fig. 5. Diagramme montrant la disposition des nephridia dans la région posté- rieure du corps. — 0, orifice externe; 2, Intestin avec les typhlosolis. Fig. 4. Diagramme montrant la disposition des nephridia dans la partie anté- rieure du corps. — Ils s’ouvrent par de nombreux orifices 0 : b, b', b": trois soies, a, «', &'', parties terminales des nephridia correspondant aux trois soies. (Gette figure doit être comparée à la précédente.) Fig. 5 Partie de la cuticule, dans la portion antérieure du corps, montrant de nombreux pores néphridiens placés entre les soies s. — 0, pores néphri- diens; 0', orifices plus petits. Fig. 6. Coupe transversale à travers la paroi du corps, à angles droits avec la tunique musculaire circulaire. — n, nephridium : canal du nephridium tra- ARTICLE N° 6. ORGANES SEGMENTAIRES DE QUELQUES VERS DE TERRE. 19 versant la paroi du corps plongé dans le tissu conjonctif lâche; p, cellules du péritoine; b, corps glandulaires en relation avec des soies. Fig. 7. Coupe transversale dans la région antérieure du corps, pour montrer la ramification du canal excréteur. — 0, son ouverture externe. Fig. 8. Dissection du côté gauche du corps, pour montrer les nephridia. — n, système nerveux; p, pores dorsaux, &, a’, a”, a'', soies; entre les soies, on peut voir les nephridia qui ont une disposition plus ou moins régulière par rapport à elles. (Le tube digestif a été entièrement enlevé.) NOTE SUR LE MICROTHORAX AURICULA nov. sp. Par M. P. FABRE-DOMERGUE. Le genre Microthorax appartient à l’ordre des Infusoires Hypotriches et comprend deux petites espèces découvertes par Engelmann : M. sulcatus et M. pusillus. J'ai élevé pendant plus de six mois dans une culture d’algues prises dans la Seine une espèce du même genre, mais dont le facies général et certains détails d'organisation ne permettent point de l’assimiler à l’une des deux formes décrites par Engelmann. Je propose done de lui donner le nom de Microthorax auricula, pour rappeler la ressemblance bizarre que présente avec une oreille ce petit infusoire hypotriche. Longueur © 0,030-0,040 mm. Corps déprimé, réniforme, non contractile, environ deux fois aussi long que large ; partie postérieure du corps plus large que l’antérieure, bord latéral gauche légèrement concave ou presque rectiligne; bord latéral droit forte- ment convexe. Face dorsale légèrement convexe, relevée vers le bord antérieur, glabre et unie. Face ventrale présentant une concavité correspondant à la convexité de la face dorsale et portant un bourrelet semi-circulaire qui occupe toute la moitié droite du corps et dont le bord libre partant du sommet du bord gauche vient le terminer vers le tiers postérieur du corps. La face ventrale porte encore à sa partie postérieure trois petits bourrelets allongés, celui de gauche étant séparé des deux autres par la fosse buccale. Cuticule anhyste transparente et inflexible. Cils doués de mouvements volontaires, localisés à la face ventrale; minces et rigides, assez largement espacés, longs de 10 & environ aux régions posté- rieure et antérieure et de 8 w sur le reste du corps. Ceux du bord libre du bourrelet implantés de façon à former une rangée parallèle au corps et desti- née à conduire les aliments dans la fosse buccale. Bouche située entre la seconde et la troisième éminence postérieure, entou- rée de cils et munie de deux lèvres vibratiles à mouvements fort rapides. Parenchyme clair, transparent, contenant de nombreuses granulations vertes (spores d’algues). Noyau arrondi située à la partie moyenne du corps et accompagné d’un très petit nucléole. Vésicule contractile située un peu à droite et au-dessus de la fosse buccale présentant des contractions très lentes. Je n’ai pas observé la position de l’anus. M. auricula court sur sa face ventrale au milieu des algues en décom- position dont il fait sa nourriture. Son allure est lente et comme indécise. Il diffère des M. sulcatus et pusillus par l’absence de tout sillon dorsal et la présence du bourrelet semi-circulaire et des trois bourrelets postérieurs. ARTICLE N° 6*, RECHERCHES BIOLOGIQUES SUR L'ANTANIA OCELLATA n. s. ET L'EUGLENA VIRIDIS Ehr. Par WW. KHAWKINE, à Odessa. PREMIÈRE PARTIE. La position que les Astasiens et les Eugléniens occupent parmi les autres organismes microscopiques, ainsi que les rapports réciproques qui les relient eux-mêmes, attirent sur eux l'attention des naturalistes, et nous avons déjà beaucoup de travaux sur ce sujet. Malgré cela, aucune des questions fondamentales soulevées par ces investigations n’a encore reçu une solution définitive. Sans parler de ce que, jusqu'à présent, on est loin d’être d'accord sur la nature « animale » ou « végétale » de ces organismes, on ne peut encore déterminer avec assurance leur plus ou moins proche parenté dans la classification ; aussi n’a-t-on pas encore tranché la question de savoir si les Astasiens et les Eugléniens présentent deux classes indépendantes, ou bien si les Astasiens ne sont que des Eugléniens modifiés ou vice versa. Le travail qui sera exposé dans eet article a pour but d’étu- dier de plus près quelques particularités d'organisation et de vie de ces organismes, et de contribuer à la solution des pro- blèmes indiqués à l’aide d’une série de faits tirés de leur de- veloppement. L'ASTASIA OCELLATA. Parmi les représentants de la classe des Astasiens, je choi- sis pour une investigation plus détaillée une nouvelle forme trouvée aux environs d’Odessa et qui présente un point rouge ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX. 19, ART. N° 7. 2 WW. KHAWKINE. oculiforme servant à sa diagnose caractéristique (1). Comme cette particularité était Jusqu'ici exclusivement attribuée aux Eugléniens et servait même souvent aux naturalistes pour distinguer ceux-ci des Astasiens, je nommerai cette espèce, d’après son point oculiforme, Astasia ocellata. Description. Caracteres constants : protoplasma; filament flagelliforme, fosse buccale, point oculi- forme, vésicule, pharynx. — Caracteres variables : formes du corps, grandeur; grains, leur quantité et leur disposition; rapports de la quantité et de la dispo- sition des grains avec la forme du corps. L’Astasia ocellata, dans quelques conditions qu’elle vive, se présente avec un protoplasma toujours incolore et transpa- rent, non grenu, hyalin et d'apparence tout à fait homogène dans toute la masse du corps; contenant presque toujours un certain nombre de grands grains brillants et toujours dé- pourvu d’enveloppe, excepté le cas de l’enkystement. Cet organisme est pourvu d'un seul filament flagelliforme , 1 1/2-2 fois aussi long que le corps et partant d’un enfonce- ment placé à l’extrémité oblique antérieure. À ce même en- droit se voit toujours très clairement un point rouge oculi- forme allongé, qui occupe, par rapport à l'axe du corps, une position oblique. Dans les cas où l'extrémité antérieure est dépourvue des grains dont nous avons parlé, on y aperçoit facilement une vésicule non contractile, et l’on observe alors que le point rouge touche au bord inférieur et extérieur de la vésicule; dans ces cas on remarque que la fosse d’où part le filament se prolonge en un canal qui se dirige contre la vési- cule, mais ne l’atteint point. | Le nucléus ne devient visible qu'après l’action d’un réac- tif. À cet effet, on peut employer l’acide acétique dilué ou (1) On verra plus loin en quoi cette forme se distingue de l’Euglena hyalina, citée par divers auteurs. ARTICLE N° 7. L'ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 3 une solution d’iode; il vaut mieux se servir d'acide picrique pur ou contenant un colorant en dissolution, par exemple 3 ou # pour 100 de bleu d’aniline (1). Tandis que sous l’ac- tion de l’acide acétique le nucléus se manifeste comme une tache plus sombre que le reste du protoplasma, l'acide picrique, au contraire, le met en relief en réfractant beaucoup la lumière. Au milieu du nucléus se montre alors un grand nucléole plus réfringent encore. Le nucléus et le nucléole de VA. ocellata ont ordinairement la forme sphérique ; mais ils sont remarquables par leur consistance molle, quileur permet, dans certaines conditions, de changer leur forme au plus haut degré, comme nous le décrirons plus bas. La position nor- male du nucléus est au milieu du corps. Les caractères décrits iei sont les seuls qui soient constants chez l'A. ocellata, c’est-à-dire les seuls que l’on puisse trouver dans chaque individu appartenant à cette espèce, dans quelques conditions qu’il vive. Quant aux autres traits de son organisa- tion, ils manifestent une variabilité singulière et ne sont con- stants que dans des conditions de vie données. En premier lieu, la forme du corps. On peut la définir pour l’A. ocellata très précisément parce que, à l’opposé des Amibes, des Cercomonas et même des Péranèmes, les changements « spontanés » de forme, qui sont une particula- rité des Astasies (et des Euglènes), ne sont que des phéno- mènes isolés, résultat d’une excitation définie; la forme du corps est ic tellement indépendante des contractions sponta- nées, que dans toute une culture d’Astasies on n’observe qu’une forme commune, et que chaque individu, quelle que soit l’énergie de ses contractions accidentelles, regagne au repos presque la même forme normale, celle-ci ne pouvant varier pour toute la colonie d’Aslasies que comme conséquence d'une altération du milieu ou des conditions de vie. On peut distinguer neuf ou plutôt dix formes de corps pré- sentées par l'A. ocellata dans les diverses conditions de vie. (1) La réaction en est accélérée, si l’on ajoute une goutte d’acide acétique. ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX, 20, — ART. N° 7. 4 NV. KHAWKINE. Toutes ces formes possèdent des caractères constants : une double symétrie du plan et un plus ou moins grand allonge- ment longitudinal; en outre, le bout antérieur est presque toujours oblique et plus émoussé, tandis que l’extrémité pos- térieure est plus aiguë. En dehors de ces caractères, l'aspect de ces organismes varie complètement, et chaque forme per- sistant dans une culture donnée pendant des semaines et même des mois entiers, 11 arrive, comme cela a été mon cas, que l’on est tenté de prendre chacune d'elles pour une espèce distincte. Les diverses formes du corps de l’A. ocellata sont repré- sentées en sections longitudinales dans la figure 1, a-% (1) ; je ne les décris pas, parce que la vue de ces schémas suffit pour s’en former une idée complète. En section transversale toutes ces formes, à l’exception de la forme e, donneraient un cercle, en sorte que l’on pourrait les définir comme des solides de révolution si ce n’était l’enfoncement latéral à l’extrémité an- térieure ; quant à la forme e, elle présente les parois supé- rieure et inférieure aplaties. La longueur ordinaire est d'environ 0"",05 et la largeur de 0%%,025; mais dans certaines conditions la première peut atteindre 0"%,065 et se réduire à 0"",035 ; la largeur maxi- mum atteint 0,33 et le minimum 0"*,008. Souvent les individus plus courts sont en même temps plus larges. Les grands grains réfringents, qui se trouvent presque tou- jours dans le corps de l'A. ocellata, ont l'aspect de petits solides d’une construction tout homogène. Ils ne se colorent pas par l’iode; les acides, tels que l'acide acétique, l'acide muriatique, l’acide azotique, l’acide sulfurique, — même les plus concentrés, les font à peine gonfler. L'eau bouillante ne les change pas visiblement. L’alcali concentré, au contraire, produit un étrange effet sur ces grains ; le corps de l’Astasie se gonfle tout à coup très fortement, le liquide ambiant enva- (1) Les formes d et Æ sont teintées à ‘cause de leur originalité et de leur différence extrême avec toutes les autres formes que j'aurai l’occasion de repré- senter en lavis. ARTICLE N° 7. L’ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 5 hit les cavités du protoplasma où se trouvent les grains, et les projette dehors avec violence et de tous les côtés ; les grains restent encore visibles un instant sans subir aucune altération apparente, et disparaissent ensuite subitement. Pour exami- ner en détail cette opération, qui peut nous donner quelque idée sur la structure des grains, il faut commencer par lessiver lentement à l’alcali la goutte d’eau contenant les Astasies ; celles-ci meurent en se raccoureissant ; alors le protoplasma commence peu à peu à se modifier en s'approchant par sa réfraction de l’eau, et 1l cesse enfin d’être apparent. Les grains sortis de leurs cavités continuent à briller clairement. Si l’on continue le lessivage, ils se gonflent à peine visible- ment; mais, après avoir Atteint une certaine taille, ils restent invariables, malgré l’augmentation du lessivage alcalin. En- fin, à un certain moment, les grains disparaissent brusque- ment dans le liquide ambiant. Ce résultat ne peut être expli- qué que par l'existence d’une membrane mince enveloppant le grain extérieurement et résistant quelque temps à l’action du réactif, malgré la pression de la masse intérieure gonflée ; quand, à lessivage croissant, le volume augmente au point de rompre la membrane, le contenu du grain disparaît aussi- tôt dans le milieu ambiant. — La forme du grain peut être celle d'un polyèdre, d’une sphère ou d’un ellipsoïde. Parfois dans le même individu sont mêlés des grains de toutes ces formes ; mais ordinairement (et souvent dans tous les individus d’une certaine culture) tous les grains ont la même forme, par exemple la forme ellipsoïdale, comme cela arrive habituelle- ment dans les colonies ayant la forme du corps mdiquée sur la figure 1, b. Quant à la grandeur des grains, elle est variable dans des limites très larges; les plus grands atteignent 3,7 p en diamètre; dans les grains ellipsoïdaux les deux axes peuvent avoir # x et 2,5 a. Les grains sont le plus souvent tout à fait incolores, et, quand ils sont grands et réfractent beaucoup la lumière (fig. 2), ils présentent de petits corps brillants à contours noirs (à cause de leur convexité). Parfois les grains réfractent beaucoup moins (fig. 3) et présentent 6 NV. KHANWVKINE. alors une irisation assez intense, et particulièrement jaunâtre ou bleuâtre, ce qui coïncide ordinairement avec la petite dimension des grains. La pesanteur spécifique des grains surpasse celle de l'eau. Pour la quantité des grains contenus dans un individu, elle varie entre quelques unités et quelques centaines. Dans ce dernier cas tout le corps en est entièrement rempli, ils cou- vrent la vésicule, le canal pharyngien, et une couche fine d’ec- toplasma reste seule libre; alors on voit que le point oculi- forme est placé sur cette même couche périphérique et séparé de la vésicule, parce qu'il reste clairement visible au-dessus des grains qui couvrent la vésicule (fig. 2). Dans les cultures où les Astasies sont remplies de grains de la sorte, elles vivent ordinairement au fond du vase. — Mais chez les Astasies on peut trouver une quantité de grains suffisante seulement pour remplir un quart, un tiers, une moitié plus ou moins complète du corps, ou enfin pour le remplir complètement, à lPexcep- üon d’une faible partie. Dans ces cas, la position de cette accumulation partielle de grains peut être très variable en restant cependant remarquablement identique dans tous les individus d’une culture donnée. D'autre part, une culture d’Astasies peut être toute dépourvue de grains; elles ont alors un aspect tout différent et particulier (fig. 4, d, fig. 4, #). Dans ce cas, on trouve toujours dans le corps de lAstasie un cer- tain nombre de granules incolores et mats ou jaunâtres, qui sont tantôt dispersés par tout le corps en lui donnant un aspect grenu, tantôt au contraire accumulés au bout anté- rieur ou postérieur du corps ou aux deux, et se présentent | alors comme une petite pelote mate ou jaune, laissant le reste du corps transparent et hyalin (fig. 1, d, fig. 4, k). Comme les grains constituent une grande partie et parfois la plus grande partie de la masse du corps de l’A. ocellata, 1] semble qu’ils doivent beaucoup influer sur les contours exté- rieurs de son corps, et la première pensée qui vient aussitôt qu'on aborde la question de la diversité de ses formes exté- ARTICLE N° 7. L’ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 7 rieures, c’est que la quantité et la position des grains y doivent jouer le principal rôle. Pour nous en faire une idée, il faut rapprocher les divers cas de plénitude et d'emplacement des grains avec les formes du corps qui y correspondent. A l’aide d’une série de procédés qui seront décrits plus bas, j'avais appris à remplir de grains une colonie d’Astasies jusqu’au degré voulu, et, ayant fait environ cent expériences et observa- tions séparées et méthodiques, j’obtins des dessins d’Astasies, à ce qu'il paraît, dans tous leurs états possibles ; or il nous est facile-de faire ce rapprochement, au moins dans une certaine quantité de cas. Mais ici 1l paraît important de bien établir l’ordre à suivre pour notre rapprochement. Si nous voulions, par exemple, examiner quelle forme a le corps dans le plus simple cas d’abondance de grains, — quand il en est complètement rempli (ce cas écarte la variété de la disposition des grains, qui s'ajoute dans les autres cas à la variété de leur quantité), — nous trouverions que sous ce rapport il n'existe aucune régularité, parce que nous trouvons des cas où le corps tout rempli a la forme présentée dans la figure 1, &, tantôt la forme de la figure 1, b, tantôt la forme de la figure 1, ce, de la figure 1, k, de la figure 4, :. Mais, si nous voulons procéder d’une façon inverse en re- cherchant, une forme étant donnée, quel serait le degré d’ac- cumulation et la disposition des grains qui y correspondrait, dans ce cas les faits se disposeront dans un arrangement régulier et l'affaire deviendra plus claire. Il se manifeste alors une différence tranchante entre toutes les formes du corps. On voit d’une part qu'il y a des formes auxquelles ne corres- pond qu'un seul degré de plénitude et d'emplacement des srains, ou bien de degrés divers, mais du moins très proches et presque identiques; d'autre part, il s’en trouve quelques- unes qui, sous ce rapport, admettent la plus grande va- riabilité. I. À la première catégorie de formes appartiennent : La forme b (fig. 1) : tout le corps se présente rempli de 8 VV. KHAWKINE. grains, sauf la petite extrémité postérieure qui parfois en est dépourvue. La forme d (fig. 1) : les grains manquent entièrement (des granules jaunâtres remplissent la petite extrémité postérieure). La forme e : les grains manquent (granules assemblés dans le coin postérieur ou dispersés par tout le corps). La forme f : partie sphérique du corps remplie de grains, queue complètement libre. La forme qg : les grains manquent (granules minces dis- persés dans la partie antérieure élargie). La forme h : tout le corps est rempli de grains (fig. 2). La forme à (fig. 1) : tout le corps est rempli de grains, sauf la petite extrémité postérieure, qui reste parfois libre. La forme k : les grains manquent (parfois on voit de petits granules rassemblés devant la vésicule et dans l’extrémité pos- térieure ; d’autres fois, tout le corps a un aspect grenu prove- nant de granules mats dispersés). IT. À la seconde catégorie appartiennent : La forme a (fig. 1) : 1° grains ramassés dans le premier tiers du corps; 2° dans le second; 3° dans le troisième tiers ; 4° les grains sont accumulés en deux masses dans le premier et dans le dernier quart du corps; 5° ou dans le premier et le troi- sième quart; 6° dans le premier et les deux derniers quarts ; 7° les grains sont dispersés ou remplissent tout le corps; 8° ou encore ne laissent libre que l’extrémité postérieure; 9° les grains manquent tout à fait, et de petits granules, mats ou Jjaunâtres, sont réunis dans la première moitié du corps, ou dans le bout antérieur et au milieu du corps, ou aussi dans le bout postérieur. La forme c : 1° les grains remplissent soit exclusivement la partie antérieure élargie (fig. 3); 2° soit cette même partie avec la moitié antérieure de la partie rétrécie; 3° ou tout le corps ; 4° les grains manquent, les granules sont dispersés par tout le corps, soit qu'ils apparaissent dans la partie antérieure ou au milieu du corps, soit dans le bout postérieur, ou enfin ARTICLE N° 7. L'ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 9 qu'ils soient accumulés au-devant de la vésicule et dans l'extrémité postérieure. En examinant ce tableau, nous remarquons que dans la plupart des formes sous lesquelles nous pouvons rencontrer l'A. ocellata (dans huit formes sur dix), il y a une quantité de grains toujours définie, disposés toujours de la même façon. Deux formes seulement sur dix sont de nature à contenir ces granulations de la manière la plus variable. Ce résultat nous réduit aux conclusions suivantes. Les formes a et c (fig. 1) doivent être reconnues comme les plus naturelles et caractérisant l’A. ocellata. En effet, les granulations étant l’élément constituant le plus volumineux de cet organisme, les formes qui se manifestent comme les plus constantes et les plus indépendantes de la quantité et de la disposition de ces granulations, doivent être reconnues pour les formes les plus naturelles à l’organisme en question, et celles qui doivent être rattachées de la manière la plus intime aux caractères héréditaires d'organisation et de croissance (1). Quant aux autres formes (fig. 4, b, d, e, f, qg, h, à, k), la liaison étroite existant pour chacune d’elles avec la quantité et la disposition de grains contenus suggère de prime abord l’idée d’un rapport de cause à effet. Mais réellement l'affaire est ici plus complexe. La quantité et la disposition de grains ne peuvent être cause directe de la forme donnée, puisque la même plénitude se trouve aussi dans quelques autres formes; aussi la forme extérieure donnée ne peut-elle être la cause directe de la disposition, et encore moins de la quantité et de l'existence même de ces grains. Ainsi, il nous reste à conclure que toutes les deux, la forme et la plénitude de grains qui l’accompagnent toujours et infailliblement, se présentent comme conséquence d’une troisième cause quelconque pro- duisant toujours les deux ensemble; conclusion qui sera prouvée par les faits ci-dessous exposés. (1) Nous verrons plus loin la distinction à faire, sous ce rapport, entre ces deux formes, ainsi que la nature de leurs rapports réciproques. 10 WW. KHANWVKINE. T1 Modes de mouvements. Natation à l’aide du filament flagelliforme. — Contractions du corps : raccourcisse- ment et allongement; changement de forme du nucléus et translation des grains pendant les contractions. — Consistance du protoplasma. La natation de l’A. ocellata ne présente aucune particula- rité intéressante. En nageant, elle agite le filament flagelli- forme dans toute sa longueur; mais, grâce à la finesse du filament et aux grandes dimensions du corps, qui a en outre presque toujours sa partie élargie en avant, l’Astasie ne peut nager qu'avec une lenteur relative. Le flagellum se meut de manière à décrire un cône dont le sommet correspond au point d'attache du filament, ce qui produit : 1° une natation égale et sans secousses ; 2° une rotation continue du corps autour de l’axe longitudinal, accompagnée par un déplacement continu du bout antérieur et postérieur décrivant les cônes en sens opposés, et 3° le mode d'action du filament produit dans le liquide ambiant un tourbillon continuel qui fait affluer le liquide vers le point d'attache du filament, c’est-à-dire vers l’orifice buccal de l’Astasie. Souvent l’Astasie se fixe par son bout postérieur à quelque corps solide; alors l'agitation du filament produit une rotation de tout le corps, comme rayon, autour du point où elle s’est attachée, comme centre. Un intérêt beaucoup plus grand se rattache aux contrac- tions du corps qui sont spéciales à cet organisme. lei on doit distinguer deux modes, qu’on observe dans des cas et des conditions différentes : 1° le raccourcissement ; et 2° l'allongement du corps. Le premier est beaucoup plus ordi- naire et se présente comme plus normal. Il consiste en un rapprochement des extrémités antérieure et postérieure dans la direction correspondant à l’axe du corps (fig. 4). La forme que prend la masse du corps s’écarte alors nettement de celle ARTICLE N° 7. L'ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 41 d’une sphère et se rapproche de celle d’une toupie présentant : un disque à surfaces parfois un peu enfoncées et à bords sou- vent très aigus (fig. 5, a), les deux extrémités du corps de l’Astasie jaillissant des centres de ces surfaces. Parfois, pen- dant des contractions moins énergiques, cette forme n’est réalisée que dans sa partie postérieure, et alors nous avons une figure qui se rapproche en partie de celle qui est repré- sentée par la figure 1, g : la partie antérieure conserve presque la forme normale, tandis que la partie postérieure forme la paroi postérieure du disque de la toupie ci-dessus décrite. L’Astasie raccourcie de telle sorte continue à nager extrême- ment vite, retourne à la forme normale et se raccourcit de nouveau. Les causes normales qui amènent cette forme de raccourcissement sont des chocs accidentels ; mais on trouve surtout beaucoup d'individus ainsi raccourcis, sitôt que dans la culture qu'ils habitent se manifestent les phénomènes d'une putréfaction intense, d’où le sulfhydrate d’ammo- niaque se dégage en abondance. Cette observation met par conséquent un moyen à notre disposition pour produire à volonté ces raccoureissements, en retenant quelques moments une goutte avec des Astasies au-dessus de vapeurs d’ammo- niaque ou d’'ammoniaque sulfhydrique. L’autre mode de contraction est présenté par la figure 5. On peut le regarder comme un développement ultérieur du précé- dent, qui ne s'opère cependant que dans des conditions exelu- sives, et présente des détails très originaux. Ce processus a été décrit d’une manière détaillée, par M. Perty, sur deux orga- nismes très rapprochés de notre Astasie, l’Eutreptia viridis Perty, et l’Astasia margaritifera Smarda (1) ; mais cet obser- vateur à omis quelques menus détails, qui ont cependant une signification essentielle pour l’explication de ce processus, ce qui l’amène à la conclusion suivante, qui paraît incompréhen- (1) Kleinste Lebensformen, S. 128-129 ; t. IX. — M. Stein a représenté ce processus chez l’Astasia proteus St., sur le tab. XXII, fig. 44-47, de son Organ. d. Infus., XI Abth.; ces figures et leur explication montrent que le processus présente, chez l'A. proteus, quelques différences considérables. 49 NV. KHANVKINE. sible : « Die unaufhôrliche Gestaltveränderung wäre dann so zu erklären, dass nicht der Inhalt, sondern ein unsichtbares (dem Nervenäther analoges?) Princip hin und herstrümt, wel- ches die Anschwellungen verursacht. Das ein Fortschreiten der Anschwellung (diese ist den raschwechselnden Muskelauf- treibungen bei gewissen Krümpfen vergleichbar) nur von hinten nach vorne, nicht auch von vorne nach hinten stattfindet, steht whol in Beziehung zur Differenz des hintern zum vordern, Faden tragenden Ende » (s. 128). Le processus commence par un raccourcissement de l’Asta- sie identique à celui que nous venons de décrire (fig. 5, a); mais ensuite, au lieu de se redresser jusqu’à la forme nor- male, comme nous l'avons indiqué ci-dessus, on observe que du centre de la paroi postérieure de la toupie commence à saillir de plus en plus la petite queue postérieure très amincie. La queue s’allonge de plus en plus, aux dépens du reste de la masse du corps, jusqu’à ce que celui-ci s’étende en un cylindre long et fin, s’amincissant graduellement vers le bout posté- rieur (fig. 5, b-d) ; le cylindre dépasse une fois et demie, ou plus encore, la longueur normale du corps. Dès que tout le corps s'est étendu en cylindre, on peut voir apparaître à son extrémité postérieure un petit gonflement sphéroïdal qui se met à grandir aux dépens du cylindre; cette extrémité, avec le gonflement croissant (fig. 5, e), semble d’abord être attirée vers le bout antérieur; ensuite, quand le gonflement devient assez grand, c'est au contraire la partie antérieure eylin- drique qui paraît être entrainée dans le gonflement immobile (fig. 9, f); la longueur générale diminue et tout le corps re- prend enfin la forme d’une toupie (fig. 5, g). Quand cette forme est complètement rétablie, la queue postérieure commence de nouveau à saillir graduellement et à s’allonger en cylindre; ces modifications se répètent exactement dans le même ordre que nous venons de décrire {fig. 5, a-g). Gela peut se repro- duire bien des fois; mais peu à peu les contractions devien- nent moins énergiques et plus lentes. Alors on peut observer les changements suivants : quand le gonflement agrandi réduit ARTICLE N° 7. L’ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 13 la forme cylindrique du corps à celle d’une toupie (fig. 5, f), la queue postérieure commence à saillir avant que la partie anté- rieure du cylindre ait été complètement entraînée par le gon- flement (fig. 5, g/); aussi, quand le corps s’étend en cylindre (fig. 9, c), avant que cet état réussisse à s’achever complète- ment, on voit déjà le gonflement apparaître au bout postérieur (fig. 5, d’); de même, à chaque répétition du processus on voit l'apparition du nouveau gonflement (au bout postérieur) pré- venir toujours davantage la disparition de l’ancien gonflement (au bout antérieur) (fig. 5, d), la partie du corps qui réussit à s'étendre en cylindre et qui sépare les deux gonflements devient toujours (après chaque répétition du processus) plus courte ; en sorte qu'à la fin de l’évolution tout le corps ne pré- sente plus que deux gonflements voisins (fig. 5, d”), dont l’un, situé en arrière, grandit et engloutit graduellement celui de devant, pour produire ensuite à sa queue postérieure un nou- veau gonflement, devenir à son tour l’antérieur, et être enfin englobé par celui-là qu'il a produit. Or, la limite qui sépare les deux gonflements et qui se présente comme un resserre- ment annulaire s’avançant d’arrière en avant, devient toujours moins profonde et moins visible ; les contours du corps vacil- lent encore faiblement pendant quelque temps, jusqu’à ce que l’Astasie fatiguée s’apaise définitivement et reste tran- quille en forme elliptique ou ovale. Comme nous l'avons déjà fait remarquer, l’Astasie produit cette seconde forme de contraction dans des conditions exclu- sives. On peut l’observer quand la goutte où l’Astasie nage commence à sécher; mais alors 1l est impossible que le pro- cessus se soutienne assez longtemps et d’une manière uni- forme. Dans les cas rares où un très grand [nfusoire, par exemple un Paramæcium, réussit à engloutir une Astasie nageant, on peut observer le processus décrit s’opérant pen- dant quelques moments au dedans de l’Infusoire. Ge dernier cas me suggéra l’idée de produire le même effet artificielle- ment au moyen de quelque liquide caustique pareil à ceux dont le protoplasma assiège les matières qu'il digère ; en ajou- 14 WW. KHAWWKINE. tant à la goutte où les Astasies nagent quelques traces d’acides ou d’alcalis, j’obtins des résultats excellents : le processus commence presque immédiatement, et présente alors toutes les facilités pour une étude complète. Ajoutons encore quelques détails qui accompagnent les contractions de cette seconde forme. A l'opposé de la première forme de contraction, l’Astasie, en se contractant de la sorte, cesse de nager et s'arrête sur le fond; mais cela ne dépend aucunement de ce qu'elle aurait besoin d'un appui solide ou qu'elle devrait s'afjermir à quelque objet par un bout de son corps; pour s’en assurer, 1l suffit de lentraîner par un cou- rant d’eau : l’Astasie est alors passivement emportée et conti- nue cependant de se contracter. Cette circonstance a une assez grande portée pour l'interprétation du phénomène de contrac- tion. Un autre détail intéressant est le changement de forme du nucléus. Si l’on fait agir l'acide picrique sur un certain nombre d’Astasies contractées de la manière exprimée par la figure 5, on peut observer le nucléus dans diverses parties des Astasies contractées à divers degrés. Si le nucléus se trouve par hasard au milieu de la forme cylindrique d'ou e (fig. 5), il parait, ainsi que le nucléole, très allongé, et affecte la forme d’un ellipsoide allongé atteignant jusqu’à 10 x de longueur, dont l’axe coïncide avec celui du corps; s’il se trouve dans la partie élargie de la forme f ou g, 1l présente le même aspect, mais son axe est alors perpendiculaire à l’axe du corps; s’il se trouve enfin dans la partie rétrécie de la figure e, mais près du gonflement naissant, il présente alors une forme conique dont le sommet est tourné vers le gonflement. Enfin, pendant les contractions décrites, on peut observer un déplacement des granulations dans le protoplasma, ou plutôt le déplacement du protoplasma avec les granulations contenues, et se former une idée de la consistance de celui-là. Le déplacement s'opère très difficilement; V’Astasie peut répé- ter deux ou trois fois le processus de formation du cylindre et de la toupie, et, bien que dans ce processus il paraïisse y avoir ARTICLE N° 7. L'ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 15 une très grande translation de tout le contenu du corps, le cylindre reparait de nouveau avec la même disposition des granulations qu’on y avait observée auparavant; ce n’est qu'après la réitération multiple du processus que l’on peut remarquer le déplacement d’un groupe donné de granulations, ainsi que M. Perty s'exprime à ce sujet : « Bei ganz scharfer Beobachtung glaubte ich mich (aber) zu überzeugen, dass in der That kein Veränderung in der gegenseitigen Lage der perlar- hgen Blüschen im Innern (Blastien) (1) stattfindet.……… » obser- vation qui n’est pas d’ailleurs absolument juste. Quandils se déplacent, les grains ne laissent aucune trace dans le proto- plasma. De cette sorte, la masse intérieure du protoplasma de VA. ocellata présente la consistance d’un liquide très dense et ductile, se déplaçant à grand'peine et à peine perméuble pour des corps étrangers, tels que les grains qui y sont plongés. ITI Notions générales sur le corps de l'A. ocellata. Structure intime nécessitée par les processus de contractions et par quelques autres phénomènes. — L’A. ocellata considérée comme corps physique. — Conséquences générales. Les faits ci-dessus exposés nous mettent en état d'arriver à une conception concrète du corps de VA. ocellata, et nous indiquent par cela même la voie par laquelle on doit chercher lexplication de quelques-unes de ses particularités biologi- ques. Bien que le corps de l’A. ocellata soit dépourvu d’une en- veloppe telle que nous la trouvons chez les Volvociens et d’au- tres êtres, le protoplasma constituant son corps ne peut être néanmoins d’une construction uniforme. Dujardin a déjà fait la remarque qu’on doit supposer dans le protoplasma des ses (1) Ge qui correspond à nos granulations. 16 NV. KHAWVKINE. «Eugléniens » (Peranema, Astasia, Euglena, etc.), une couche périphérique différenciée à laquelle 1l accorde, bien que sans raison suffisante, le nom de ‘égument contractile. Noïci les considérations de Dujardin sur ce sujet : «... Quand le corps est susceptible de s’agglutiner et de s’étirer ensuite, c’est une preuve de l’absence d’un tégument; quand, au con- traire, le corps toujours libre ne présente dans ses change- ments de forme que des renflements et des lobes arrondis, comme Île pourrait faire un sac élastique non entièrement rempli d’une certaine quantité de matière qui change de place à l’intérieur sans changer de volume, on peut conclure que l’Infusoire est enveloppé lui-même aussi d’un tégument con- tractile (1). Un autre indice est pris de la disposition de la surface qui, dans les Monadiens nus, est inégalement renflée en nodules, tandis que dans les Eugléniens elle est lisse ou régulièrement plissée ou striée (2). » Ces considéra- tions impliquent l'existence d’un éégument plutôt que la contractilité de celui-ci; et en effet, bien qu’elles soient applicables par exemple entièrement aux Péranèmes, il y a lieu de nier chez ceux-c1 la contractihté de leur « tégument » ; au contraire, chez l’Astasie cette contractilité n’est pas dou- teuse. Quand on à examiné les formes de contractions décrites plus haut, 1] paraît évident que ces formes ne sauraient au- cunement être produites par des contractions de toute la masse protoplasmatique du corps, quelque homogène qu’elle paraisse à première vue. Cette masse coupée par la vésicule et par les nids à granulations, ne saurait avoir dans ses con- tractions une direction définie, et, si elle était susceptible de se contracter, elle ne pourrait produire que des changements de forme tels que nous les observons chez les Gercomonas, ou chez les Amibes ; ou bien, recouverte d’un féquinent, elle crée- rait des formes comme celles que nous observons chez les Péra- (1) Pourquoi contractile ? (2) Hist. nat. d. Zoophytes. Infusour'es, p. 348. ARTICLE N° 7. L'ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 17 nèmes, chez lesquels chaque partie semble être de nature à former à tout instant soit un enfoncement profond, soit un relief saillant (1). La régularité et la constance rigoureuse des formes contractées, indiquant une constance non moins rigoureuse des directions des efforts musculaires chez A. ocel- lata, impliquent l'existence d’un système musculaire organisé d’une manière absolument définie et précise, et localisé dans la partie du corps qui est libre de vésicules et de granula- tions, c’est-à-dire dans la couche périphérique. Après quelques essais infructueux, je parvins, en effet, à séparer très distinctement, sur le corps de l’A. ocellata, une couche différenciée du protoplasma. Mon affirmation concer- nant l’absence, autour du corps, d’une enveloppe (dans le sens usité du mot), est fondée principalement sur les circonstances du phénomène de la division, dont nous parlerons plus bas ; dès le début, je vis seulement que les réactifs dont on se sert ordinairement pour démontrer l’existence des enveloppes vé- gétales ne donnaient ici aucun résultat. Mais, quand je me fus assuré que le corps protoplasmatique de l'A. ocellata de- vait être entouré d’une couche également protoplasmatique, différant de celui-ci seulement par sa structure intime, je recourus à un moyen fondé expressément sur ce caractère de la différence supposée de structure; j'employai divers procédés pour faire périr l’Astasie le plus lentement et le plus paisible- ment possible, afin de suivre pas à pas, sur les mêmes indi- vidus, la vitesse comparative de la décomposition des diverses parties de leur corps (2). Ces procédés donnèrent des résultats (1) F. Stein, Der Organismus d. Infus., UL Abth., Taf. XXII, fig. 4-10. — H. J. Carter (Ann. and Magazine of Natur. Hist., vol. XVIII, sec. séries, 1856, pl. VI, fig. 45-48) présenta une forme asymétrique du Peranema (St.) qui n’est pas cependant une forme contractée; il est intéressant qu’une telle forme est le résultat de la tension qui a lieu pendant la séparation définitive de deux Péranèmes-sœurs, et que cette asymétrie se conserve dans les jeunes formes assez longtemps. . (2) Parmi les moyens employés, voici les plus commodes : 1° l’étouffement lent dans une atmosphère sans accès d’air frais; 2 couvrir une couche mince de liquide contenant des Astasies par une couche flottante d’huile d'olive 18 NV. KHANWKINÉ. excellents. L'ordre suivant lequel se décomposent les diverses parties du corps de l’A. ocellata s’est trouvé être le suivant : avant tout se décompose la masse intérieure du protoplasma en laissant le nucléus seul; au bout d’un certain temps com- mence à se décomposer aussi le nucléus qui disparaît complè- tement, etalors on voit encore persister pendant longtempsune couche périphérique du corps de l'épaisseur de 2 4, parfaite- ment isolée, le plus souvent affectant la forme de la figure 6; cette couchese replie dans le canal œsophagien d'environ 7,5 y. de longueur. Quant aux grains, il y en avait dans l’Astasie morte, ils survivent au protoplasma, au nucléus et à la couche périphérique, en sorte que je n’ai pu observer la décomposi- tion des grains. Ce résultat pourrait nous satisfaire complètement, si ce n'étaient les doutes évoqués par l’observation suivante. La vitesse de la décomposition des diverses parties est variable selon les conditions dans lesquelles la décomposition s'opère; mais plus la mort de l’Astasie est lente et graduelle, plus la couche périphérique qu’elle laisse est solide et durable, à tel point que j'observai une fois la persistance de cette couche pendant six jours (au quatrième Jour, je la trouvai déchirée d’un côté et les grains, qui s'étaient conservés au dedans, écartés autour par des vibrions). Gette observation suggère l’idée que la couche obtenue n’était peut-être qu'un phéno- mène pathologique produit pendant le dépérissement lent de l’Astasie (nous exposerons dans un autre lieu une explication plus précise de cette circonstance). Je pus enfin écarter ce doute au moyen de l’acide picrique, qui me rendit en général d'assez bons services dans mes investigations. Sous l’action de cet acide, uné Astasie nageant librement, et dans un état de santé normal, meurt immédiatement, et alors nous voyons (j'employai d’abord ce procédé pour entraver dans le liquide l'échange des gaz, mais ensuite je aperçus que quelques gouttes de cette huile, simplement ajoutées au liquide, font aussi mourir les 'Astasies) ; 3° ajouter quelques gouttes de sirop de sucre au liquide contenant des Astasies (les sels les font mourir en les crispant). ARTICLE N° 7. L'ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 19 la couche en question se dessiner en section, comme une belle raie à double contour, ceignant tout le corps, fortement ré- fringente et d’une belle couleur jaune-cauari; le reste du pro- toplasma paraît alors teint en Jaune mat, le nucléus est au contraire excessivement brillant, ainsi qu’il a été dit plus haut. Examinons maintenant d’un peu plus près l’organisation de cette couche périphérique, autant qu’il nous est possible d’en supposer les traits essentiels. Ayant observé d’abord seulement la première forme de con- tractions ci-dessus décrite (le raccourcissement du corps et la formation en toupie) (voy. fig. 4) comme la plus ordinaire de deux formes existantes, 1l m'était difficile de l’expliquer par l’activité d’une couche périphérique du corps. En effet, le rac- courcissement du corps semblait exiger un raccourcissement longitudinal du sac périphérique; or, pendant un pareil ratcourcissement, la surface générale de ce sac deviendrait nécessairement plus petite qu'à l'ordinaire, et alors son con- tenu devrait inévitablement se disposer en forme de sphère (la surface sphérique étant la plus petite qu’un volume donné puisse présenter). En réalité, la contraction en toupie, offrant parfois une dépression des centres du disque ainsi que des bords aigus de celui-ci (voy. fig. 4et fig. 5, a), impliquait appa- remment une liaison immédiate et directe entre les deux bouts du corps, à travers toute l’épaisseur du protoplasma, c’est-à- dire la participation de l’entoplasma même, comme liaison musculaire entre les deux bouts opposés du corps. Ces difficultés furent écartées par la découverte de la se- conde forme de contraction, si rare et si extraordinaire. Eu égard à ce que l’Astasie ne s'attache pas, pendant ces contrac- tions, à quelque objet solide, comme il a été remarqué plus baut, la faculté d'étendre le corps en cylindre allongé ne saurait y être fondée que sur un seul système musculaire pos- sible dans ces conditions, -— c’est-à-dire un système de fibrilles annulaires ceignant le corps de l’A. ocellata d’un bout à l’autre. Les changements de contours qui arrivent après la formation du cylindre, c’est-à-dire la formation du gonflement, etc., en ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX. 21, — ART. N° 7. 20 VV. KHANVHKINE. rappelant à un certain degré les mouvements péristaltiques, inspirent la mêmeidée. Examinons donc de plus près comment les changements de forme de l’A. ocellata peuvent être pro- duits par un système musculaire de ce genre. Supposons qu’une Astasie nageant librement reçoive une impression vive quelconque : toute son activité musculaire sera surexcitée, Ce qui S’exprimera à l'extrémité antérieure par l’agitation particulièrement énergique du filament, et au bout opposé par la contraction des fibrilles annulaires ; le proto- plasma, exprimé ainsi de l'extrémité postérieure, s’avancera vers l’intérieur du corps, ce qui distendra les parois non en- core contractées ; 1l suffit alors de supposer une élasticité un peu plus grande des fibrilles médianes, comparées au reste du corps, c’est-à-dire d'admettre qu’elles cèdent un peu plus faci- lement à la tension, pour que la forme de la figure 4 (fig. 5, a) soit achevée. Ainsi nous avons déjà l'explication de la première forme de contractions. Imaginons maintenant qu'une cause. excitante (telle que des acides ou des alcalis ajoutés au liquide habité par les Astasies) continue à agir sur notre Astasie ; alors l’activité contractile commencée dans les fibrilles postérieures se propagera sur les fibrilles voisines, c’est-à-dire plus anté- rieures, et tout le bout postérieur, comprimé par ces fibrilles contractées, ressortira en saillie cylindrique aiguë; si ce pro- cessus se prolonge, les fibrilles de fout le corps se contractent graduellement, en allant d’arrière en avant jusqu’à l'extrémité antérieure de l’Astasie; tout le corps comprimé s’étendra alors en un long cylindre. Ge sera le moment où toutes les forces musculaires de PAstasie attemdront leur paroxysme de con- traction; on peut s'attendre à ce que les fibrilles postérieures, contractées les premières, se fatiguent aussi les premières et se relâchent, ce qui nous explique la formation du gonflement au bout postérieur, où s’accumule le protoplasma chassé par les fibrilles encore contractées dans le reste du corps. Les fibrilles de tout le corps se relàcheront dans l’ordre de leur contraction (c’est-à-dire en commençant par le bout posté- rieur à l’extrémité antérieure), ce qui produira graduelle- ARTICLE N° 7. L’ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 91 ment toutesles formes présentées par lafigure 5. Après cela les fibrilles qui se seront relàchées les premières et se seront le plus reposées, c’est-à-dire les fibrilles postérieures, se con- tracteront de nouveau les premières, et ainsi de suite. Il serait inutile de revenir 1c1 sur tous les détails qu’on peut observer pendant les processus de contractions et d’en donner l'explication conformément au schéma représenté ci-dessus, parce que ces explications sont trop évidentes. Citons un exemple. Nous avons vu que l’Astasie, après quelques répé- titions du processus de contraction, subit dans le renouvelle- ment de celui-ci quelques altérations, et qu'il apparaît alors deux gonflements, dont le postérieur s'agrandit et englobe l’antérieur, qui diminue graduellement; ces changements du processus correspondent évidemment à la circonstance sui- vante : quand la forme en toupie se transforme en cylindre, il faut que les fibrilles postérieures conservent leur état de con- traction jusqu'à ce que toutes les fibrilles antérieures réussissent à se contracter; mais, après quelques répétitions du processus, les fibrilles postérieures fatiguées ne sont plus capables de se maintenir contractées si longtemps, et se relâchent plus tôt. Nous mentionnons encore le fait signalé par M. Perty, que ce qu'ilnomme « unsichtbares, dem Nervenüther analoges Prin- cip, welches, hin und herstrümend, die Anschwellungen verur- sacht», que ce « Princip » se meut toujours d’arrière en avant, et non d'avant en arrière : ce fait doit être rapproché de celui que nous avons marqué plus haut, qu'au moment où l’Astasie s'étend en cylindre, c’est-à-dire que la contraction des fibrilles se propage jusqu’au bout antérieur, elle cesse de nager ; or les deux faits démontrent que la force musculaire de la partie antérieure du corps ne peut être employée en même temps à deux fins différentes, en sorte que, quand lPAs- tasie suscitée se met à nager et à battre vivement l’eau de son filument, les fibrilles adjacentes sont hors d'état de commencer le processus de la contraction annulaire, et ce sont les fibrilles du bout opposé qui sont alors libres de se contracter les premières ; tandis que, d'autre part, quand la contraction 99 WW. KHANVKINE. atteint les fibrilles de l’extrémité antérieure, cette extrémité se trouve hors d’état de mouvoir le filament. Ainsi, de tout ce qui a été exposé ci-dessus, il suit que la faculté contractive est concentrée chez l’A. ocellata dans la couche périphérique du protoplasma, et que de deux systèmes musculaires les plus simples qu’on pourrait attribuer à cette couche, c’est-à-dire du système de fibrilles longitudinales et de celui de fibrilles annulaires, il n’y a que ce dernier qui soit admissible. Il me paraît utile d'exposer ici la voie que J'ai suivie pour vérifier ces considérations sur l’organisation mus- culaire de PA. ocellala. Si la cause des changements de forme observés chez l’A. ocellata se trouvait dans l’entoplasma, la forme en toupie ne pourrait être produite que par un raccourcissement longitu- dinal du protoplasma rapprochant les bouts du sac périphé- rique l’un vers l’autre; au contraire, pour étendre le corps jusqu’à la forme d’un long cylindre, il faudrait que ces bouts fussent d’une manière quelconque poussés par la masse inté- rieure en sens opposés. Alors on devrait s'attendre à ce que le volume de l’Astasie soit inévitablement diminué dans le pre- mier cas et étendu au delà de dimensions ordinaires dans le second. I est facile de voir qu’exactement la même chose aurait lieu si la cause des changements de forme se trouvait dans un système de fibrilles longitudinales situé dans la couche périphé- rique du corps. Au contraire, si la cause de ces changements réside dans un système de fibrilles annulaires situé aussi dans la couche périphérique, tout doit se passer autrement ; le corps de l’Astasie doit être comprimé et diminué dans ses dimensions : dans les deux cas, aussi bien lors de la formation en toupie (à l’aide d’une contraction des fibrilles postérieures) qu’au mo- ment où se forme le cylindre (à l’aide d’une contraction de toutes les fibrilles du corps); mais dans le dermer cas la diminution doit être beaucoup plus grande. Autrement, dans les deux pre- mières suppositions, l’Astasie raccourcie doit être plus petite que l’Astasie allongée, tandis que, selon la troisième hypothèse, au contraire, l’Astasie allongée doit être nécessairement d’un ARTICLE N° 7. L’ASTASIA OCELLATA EF L'EUGLENA VIRIDIS. + volume moindre que lAstasie contractée. La mensuration directe que nous avons faite, a définitivement résolu la ques- tion en faveur de ia troisième hypothèse. Voici un exemple des chiffres que nous avons obtenus. Une Astasie de formes (voy. la fig. 1), presque parfaitement cylindrique, qui avait avant le commencement des contractions 164 de longueur (a —1 di- vision du millimètre d’oculaire = 9,5 y) et 54 d'épaisseur, s’étendait en cylindre de l'épaisseur de 3a et de 28a de lon- gueur (du bout antérieur à l’extrémité aiguë postérieure), et se contractait en toupie dont le disque avait 104 de diamètre et 3a de hauteur (1). En calculant le volume de l’Astasie au repos en la prenant pour un cylindre régulier nous obtenons, un volume égal à 164. x (Ë a)? —= 100 xa°, — grandeur qui surpasse d’une quantité négligeable le volume réel par le fait que les extrémités de l’Astasie s’écartent de la forme cylin- drique. En prenant l’Astasie étendue pour un cylindre régulier dont la base à pour rayon a et la hauteur 28a, nous la pre- nons bien plus grande qu'elle n’est réellement, parce que l’Astasie n’a point partout l’épaisseur de 34, mais s’amincit sraduellement vers le bout postérieur; néanmoins, nous trou- vons un volume qui ne dépasse, en tout cas, pas 63 xa°. En calculant ensuite le volume du disque seul de la toupie, pris pour un cylindre régulier à fondement de rayon de 54 et de la hauteur de 34, nous trouvons un volume de 75 xa*, qui est cependant plus petit que le volume réel de la toupie, parce que nous omettons les bouts qui ressortent des centres du dis- que.— Ces chiffres manifestent parfaitement le rapport attendu entre les deux formes contractées ; en outre, ils semblent dé- voiler le véritable rôle que la faculté contractile joue dans les fonctions de l’A. ocellata, puisque les changements de volume indiqués qui accompagnent les changements de forme doivent concourir à l’échange des liquides imbibant l’entoplasma, circonstance assez importante pour un organisme qui vit de (1) On doit avoir soin de choisir une Astasie qui ne soit pas remplie trop fortement de granulations, celles-ci présentant des corps solides et difficilement compressibles. 94 NV. KHANVKINE. nourriture liquide, présente un volume aussi grand que VA. ocelläta et un entoplasma aussi dense. Nous possédons déjà quelques-unes des données les plus importantes pour nous former une conception générale sur le corps de l’A.ocellata. I nous reste encore à ajouter un trait, c’est l'absence chez l’A.ocellata de toute circulation ow rotation du protoplasma, du moins sous une forme apparente. L’entoplasma de l’A. ocellata étant très dense, comme nous l’avons vu plus haut (1), et à peine susceptible de se déplacer au dedans du sac ectoplasmatique (voy. p. 15), il est évident que la circulation ne pourrait y avoir lieu à un degré aussi énergique et aussi rapide que chez les Infusoires ciliés, par exemple; en effet, tant que l’Astasie ne se contracte pas, on n’observe aucun déplacement des granulations indiquant un déplacement quelconque de l’entoplasma. Jai fait à ce sujet (1) Comme il est assez important d'apprécier ici cette particularité de plus près, nous citerons deux expériences qui paraissent en donner quelque idée. — Il est connu que, si on laisse dessécher une goutte contenant des Infusoires ciliés, des Paramæcia, par exemple, leur protoplasma, presque fluide, se détruit si parfaitement et si instantanément, qu’on ne saurait même trouver leurs traces, s’il ne restait quelques débris étrangers contenus auparavant dans leurs corps; une goutte contenant des Astasies, qui sont aussi dépourvues d’une enveloppe que les Giliés, montre au contraire, dans ces conditions, le phénomène sui- vant : tant qu'il reste encore, entre le corps de l’Astasie et le verre, une couche capillaire d’eau, l’Astasie ne cesse de se mouvoir et de se contracter d’une manière très intense; elle s’engourdit ensuite, mais après cela son corps offre si peu de destruction, qu’il conserve le même aspect qu'avait l’Astasie vivante. Voici l’autre expérience : on chauffe sur une lampe une goutte avec des Astasies et des Ciliés, petits et grands; c’est, peut-être, par l’extension des gaz contenus dans le protoplasma, dans le liquide de la vésicule contractile et des vacuoles digestives, que le corps des Ciliés se déchire instantanément en beaucoup de pièces d’une forme irrégulière, dont chacune continue à nager énergiquement à l’aide de la surface ciliée qui lui est échue; tandis que le corps de l’Astasie, beaucoup plus solide et dense, ne manifeste aucun chan- gement, et l’Astasie continue à nager comme si de rien n’était. Dans la suite, si l’on continue à chauffer la goutte, les débris des Ciliés meurent, pendant que les Astasies nagent encore très vivement, et, quand celles-ci meurent enfin, leurs corps conservent complètement leur,aspect ordinaire. — En général, dans toutes les conditions nuisibles, les Astasies montrent beaucoup plus de vitalité que les Infusoires ciliés. ARTICLE N° 7. L'ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 95 quelques observations systématiques sur des Astasies isolées dans dés chambres humides de verre (1) ; malgré toutes les incommodités qui se présentent dans ces conditions pour V’Astasie et qui gênent le cours tranquille de sa vie, j'ai eu deux fois l’occasion d'observer la position immobile des grains, une fois pendant sept jours (les grains étaient amassés alors dans les bouts du corps) et la seconde fois pendant huit jours (les grains étaient dans la moitié postérieure du corps) ! C'était la durée la plus longue; ordinairement, le temps d’im- mobilité variait entre vingt-quatre et trente-six heures ; il arriva, par exemple, que pendant vingt-quatre heures, je pus observer la position immobile des grains dans le tiers du milieu ; dans les deux tiers antérieurs, les grains restaient deux fois trente-six heures, et ainsi de suite. Ces résultats prouvent plus que suffisamment que l’entoplasma de VA. ocellata n’est point sujet au phénomène de circulation et de rotation, ce qui nous explique le fait remarquable, dont nous avons parlé, que dans une même culture on observe parfois durant bien des jours et des semaines entières, toute la colo- nie des Astasies possédant non seulement la même forme du corps et la même quantité de grains, mais encore la même disposition que ceux-ci. Comme résultat de notre étude, nous pouvons caractériser brièvement le corps de l’A. ocellata dans les termes suivants : Le corps de l’Astasia ocellata présente un sac élastique allongé, susceptible de contractions annulaires ; rempli d’une masse adhérente et absolument inerte (au sens mécanique), ductile et dense, contenant un nombre variable de petits corps solides (les grains) et ne communiquant avec le milieu ambiant que par un orifice placé à l'extrémité antérieure (lorifice buccal). (1) La goutte qui contient l’Astasie observée doit être libre de tout autre habitant et ne doit pas contenir de corps solide, pour préserver l’Astasie des chocs, qui pourraient l’obliger à se contracter; dans le même but, la goutte doit être profonde et bien garantie contre la sécheresse. 26 WW. KHANWVKINE. Ce caractère physique de l’A. ocellata nous explique ses propriétés morphologiques principales, qui consistent dans le fait suivant : en comparant cet organisme avec d’autres Pro- tozoaires possédant la faculté contractile, tels que : 4° les Amibes ou les Cercomonas, 2° les Péranèmes et 3° le Stentor, il se trouve que VA. ocellata se distingue, sous le rapport morphologique, d’une manière tranchée de tous ces orga- nismes. Les Amibes et les Cercomonas (qui, en se contrac- tant, changent leur forme extérieure en tous sens) n’ont point de forme définie du corps, dans quelques conditions de vie qu'ils se trouvent ; l’A. ocellata, au contraire, change sa forme seulement dans un sens, et dans des conditions définies, pré- sente toujours wne forme nettement définie. D'autre part, le Stentor, qui (ne changeant aussi de forme que dans un sens) possède une forme définie du corps, conserve celle-ci dans toutes les conditions de vie possibles ; l’A. ocellata présente dans des conditions différentes des formes également diffé- rentes (fig. 1). Enfin, les Péranèmes, qui ressemblent aux Amibes et aux Cercomonas par la faculté de changer leurs contours presque dans tous les sens possibles, ont en même temps avec le Stentor la faculté commune de conserver une et à peu près la même forme, précisément définie, dans toutes les conditions de vie, et se distinguent sous ces deux rapports de l’A. ocellata. D'où viennent ces rapports complexes et ces différences ? Notre étude nous fournit la réponse. La faculté de l’A. ocellata de présenter une forme définie du corps dépend de l’existence du sac périphérique de forme définie, particularité qu’elle n’a en commun qu'avec les Péranèmes et le Stentor. Sa faculté de changer de forme, dans ses contractions, seulement dans un sens défini dépend de ce que éoutes ses forces musculaires sont concentrées dans son sac périphérique organisé d'une façon définie, particularité qu’elle n’a en com- mun qu'avec le Stentor. Enfin, la faculté de l’A. ocellata de présenter dans des con- ARTICLE N° 7. L'ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 97 ditions diverses des formes diverses, dépend de la densité et de l’inertie de son entoplasma, particularité qu’elle n’a en commun avec aucun des autres organismes cités ici. Par déduction ultérieure, nous sommes amenés, en partant de la définition que nous avons donnée de la structure de l’A. ocellata, à admettre que la formation d’une certaine forme définie du corps doit ici absolument dépendre de la croissance relative des diverses parties de l’entoplasma, dont le déplace- ment au dedans du sac périphérique auquel 1l est adhérent, est rendu ici particulièrement difficile par sa consistance et son inertie, considération qui me fut inspirée dans la suite par les expériences dont nous allons parler. IV Biologie générale. Condilions de vie. — Croissance des grains et du corps protoplasmatique. — Élabo- ration de la forme du corps. — [Influence des conditions ambiantes sur le mouve- ment. L’Astasia ocellata habite les eaux stagnantes contenant des détritus organiques, de préférence végétaux ; elle se développe également dans des infusions de feuilles sèches ou de terre végétale préparées en chambre. Elle ne prend point d’aliment solide et se nourrit de produits liquides de décomposition (1). Il se peut que l’Astasie vive exclusivement d’hydrates de carbone (du groupe amylacé); du moins cette supposition de ma part est fondée sur ce que je n’ai pu réussir à élever lAs- tasie dans des extraits de viande à divers degrés de concentra- tion, ou dans des bouillons d’albumines d'œuf, de gélatine, etc. Îl est vrai que je n’ai peut-être pas fait un assez grand nombre d'expériences. (1) J'élevais des Astasies pendant quinze jours, dans un liquide auquel était mélangée une poudre très fine de carmin, et, pendant tout ce temps, le corps des Astasies en restait entièrement libre. En général, on n’y trouve jamais aucun corps solide, sinon les grains que nous avons décrits. 28 WW. KHANVKINE. Au contraire, la colle d’amidon et les hydrates de carbone qui en dérivent, joints à une cerlaine quantité d'aliments minéraux, présentent une nourriture complètement suffisante pour élever |A. ocellata. J'ai employé des colles très diluées (0,03-0,06 pour 100) de diverses sortes d’amidon, aussi bien de celui que l’on trouve dans le commerce que de celui que j'avais extrait immédiatement en faisant bouillir des tuber- cules de la pomme de terre. Ces dilutions d’amidon soumises à la réaction de la teinture d’iode, passent au bleu azur. J’ai aussi employé les dérivés de l’amidon qui sont: l’amylodex- trine I {selon W. Nägeli), que l’iode teint en violet, l’amylodex- trine IL et l’érythrodextrine, que l’iode teint en rouge, ainsi que l’achroodextrine qui ne se teint point par l’iode, et leurs mélanges. Aux colles et aux solutions, j'ai invariable- ment ajouté 1 pour 100 des sels de Knopp; du reste, pour ce qui est des sels, j’ai trouvé une combinaison beaucoup plus favorable en me servant d’infusions reposées de feuilles tom- bées ou d’autres détritus végétaux, dans lesquelles la décom- position était déjà achevée depuis longtemps, et n’offrant plus trace d’odeur putride ni d'habitants. Les Astasies placées dans ce liquide seul n’y trouvent plus d'aliments et périssent, tan- dis que dans des colles et des dilutions d’hydrates de carbone mêlées à une moitié ou même à un quart de ce liquide, elles se développent très bien durant trois semaines et plus. Les liquides bouillis doivent être soigneusement remués à l'air; mais après cela, il est utile de modérer l'échange des gaz de la culture avec l’air extérieur ; en effet, les Astasies se développent sensiblement mieux dans des éprouvettes pro- fondes et minces que dans des verres larges, circonstance ob- servée dans la colle d’amidon. On peut supposer qu’il est utile de retenir dans le liquide un peu de l’acide carbonique (1) exhalé par les Astasies, puisqu'il a été prouvé par quelques auteurs que cet acide concourt au processus du changement (1) On le constate toujours facilement dans les liquides où les Astasies sont demeurées quelque temps. ARTICLE N° 7. L'ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 99 de l’amidon en hydrates de carbone diffusibles (Baswitz, action de la diastase sur l’amidon ; Nasse, action de la ptyaline et de l’invertine), et que d’autre part, quelques autres conditions favorisant ou entravant le développement des Astasies dans l’amidon, correspondent complètement à cette explication. La circonstance indiquée a été observée d’une manière plus décisive dans l’amidon de riz ; ici les Astasies, pendant les premiers jours, ne se développent presque point; et ce n’est qu'après y avoir demeuré quelque temps qu’elles se mettent à croître et à se muluplier assez rapidement. En pendant avec cela M. Baswitz n’a pu réussir à convertir, sans l’aide de l’acide carbonique, l’amidon de riz et de maïs, quoiqu'il y réussit parfaitement avec l’amidon de blé (1). La supposition de la coopération de l’acide carbonique à la nutrition des Astasies par l’amidon, trouve un appui dans le fait qu’il est utile d'ajouter quelques traces d’acide sulfurique aux colles d’amidons de commerce (2); dans les colles prépa- rées d'une manière immédiate en faisant bouillir des tuber- cules de pommes de terre (préparations particulièrement favorables à la culture des Astasies), ce procédé est superflu. En éprouvant le suc de pomme de terre à l’aide d’un papier réactif, nous y trouvons toujours une réaction acide tranchée, ce qui vient de la présence des acides oxalique, citrique et de quelques autres acides organiques, tandis qu’en éprouvant la farine de pomme de terre et l’amidon de riz de commerce, on trouve pour la première, quelques faibles traces de réaction acide, et pour la seconde, une réaction alcaline. Ainsi on peut admettre que le lent développement des Astasies dans l’amidon de riz trouve son explication en ce que les Astasies y ont d’abord à neutraliser, à l’aide de l’acide carbonique exhalé, la réaction alcaline, pour ensuite acidifier le liquide et en faciliter ainsi la conversion. En outre, il paraît résulter d’une de mes observations que l’acide carbonique est un gaz assez (1) Mærker, Handbuch d. Spiritus-fabrication, 3 Auf, S. 39. (2) Puisque cet acide peut par lui-même convertir l’amidon-colloïde en variétés diffusibles. 30 WW. KHAWKINE. indifférent pour l’Astasie même, et qu'il ne l’empoisonne point, ainsi que le prouve cette expérience : Je tins des Astasies renfermées hermétiquement pendant quelques jours dans un liquide nutritif saturé d'acide carbonique environ à la pression atmosphérique, et pendant tout ce temps, Je les y trouvai très animées, bien que non développées (1). Tandis que le développement d’une certaine quantité d'acide carbonique et l’acidification du liquide présentent des condi- tions aptes à accélérer le développement des Astasies dans l’amidon, on trouve dans la solution de Knopp un peu concen- trée un excellent moyen pour entraver ce développement. Je crois qu'en ajoutant cette solution, on n’affecte autre chose que lanutrition de l’Astasie ; il se peut encore qu’on influence, cette fois aussi, le processus de conversion dans la culture. Du moins, pour les sels, je me suis convaincu que les Astasies mêmes endurent leur action avec assez de résistance; par exemple, une Astasie vigoureuse et pleine de grains fut placée dans une goutte de solution de Knopp (d’une concentration à 4 pour 100), dans une chambre humide; au bout de trois jours, elle s’était divisée en deux; comme on devait s’y atten- dre, en l’absence de toute nourriture organique, les jeunes Astasies ne crürent pas et les granulations n’arrivèrent pas à remplir leur corps; en deux jours, la goutte commença à sécher, et jy ajoutai encore deux gouttes de la même solu- tion ; les jours suivants, les Astasies parurent assez animées, mais ensuite les sels commencèrent à se cristalliser dans la goutte; malgré cela, dix heures après je trouvai encore les Astasies qui nageaient ; au bout de deux jours (c’est-à-dire le onzième Jour depuis le commencement de l’observation), Je trouvai dans la goutte encore une seule Astasie, déjà contrac- tée en une petite pelote de forme irrégulière. Ainsi on peut dire que dans une solution de sels presque saturée, les Asta- sies peuvent demeurer au moins une semaine ; cependant en ajoutant à une colle d’amidon fraichement préparée des (1) Quelques considérations sur les résultats de cette expérience, ainsi que de quelques autres semblables voy. plus bas (p. 39-40). ARTICLE N° 7. L'ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 91 solutions beaucoup plus faibles, on peut rendre les Astasies presque entièrement incapables de profiter de la nourriture ambiante, ce qu'on peut vérifier en plaçant dans cette colle des Astasies privées depuis quelque temps d'aliments, et par conséquent épuisées : elles ne réussissent guère à se remettre (1). D'autre part, cette faculté d’entraver le dévelop- pement des Astasies dans l’amidon à l’aide des sels de Knopp (KNO,, K, HPO,, MgS0,, Ca (NO.)., PO,Fe) peut être rap- proché des données de M. O. Nasse, portant sur l’influence entravante des sels sur la diastase. Cet auteur a trouvé que si la diastase, sans l’addition des sels, convertit en sucre dans un temps donné 100 parties d’amidon, elle n’en convertira que 77 dans le même temps, si l’on ajoute 4 pour 100 de NOK ; elle convertira 81 parties si c’est SO,HNa qui a été ajouté, 93 parties si c’est CIK, 15 parties si c’est CINa, etc. Cependant, il est à remarquer que des solutions très diluées produisent, au contraire, une influence accélérante; ainsi M. Nasse indique l’action de CINa dilué, M. Ad. Mayer, l’action de CIK, etc. Il y a encore une condition qui entrave la faculté des Asta- sies de profiter des aliments ambiants, c’est la gêne dans l'échange des gaz quand cet empêchement a lieu à un haut degré; mais cette circonstance sera analysée plus bas (p. 39- 40). Il reste à ajouter que pendant le-développement d’une colo- nie de l’À. ocellata au milieu de l’amidon, on peut constater pas à pas le changement conséeutif que l’amidon subit en passant de l’état de colloïde à celui de cristalloïde soluble et diffusible (achroodextrine), ce qui se manifeste par des réac- tions différentes avec l’iode. D'autre part, en plaçant les Astasies immédiatement dans une solution d’achroodextrine, nous trouvons qu'elles s’y développent très bien, ainsi qu'il a été dit plus haut. Ainsi, puisque les circonstances qui favorisent et celles qui entravent le développement des Astasies dans l’amidon coïnei- (1) Des considérations plus complètes voy. p. 39-40. 32 VV. KHANWVKINE. dent avec celles qui ont la même influence sur la marche de la conversion de l’amidon, et qu’on peut constater cette conver- sion dans celui-ci quand les Astasies s’y développent, nous pouvons admettre que la conversion de l’amidon de l’état col- loïde en état cristalloide est indispensable pour que les Asta- sies en profitent, résultat qui se présente bien compréhensible et parfaitement correspondant au caractère de l’entoplasma de l'A. ocellata, dense et peu perméable, comme nous l’avons dé- crit plus haut. Mais est-ce l’Astasie elle-même qui convertit de la sorte son milieu nutritif, ou est-ce l’action d’autres organis- mes concomitants ? c’est là ce que je n'ai pas résolu. Il est bien connu que pareille faculté est propre à nombre d’organismes des plus différents, à tel point qu'il suffit de laisser ouverte une coupe d’amidon, pour que celui-ci subisse en quelques jours toutes les phases de changement. On peut admettre que les Astasies ne sont également pas dépourvues de la faculté de convertir l’amidon; il serait même normal qu’elle atteignit chez elle un développement particulier (1). Telles sont les conditions à l’aide desquelles on peut régula- riser le développement de l'Astasia ocellata en général. Exa- minons maintenant les particularités. En suivant le cours de la vie et du développement de l’A. ocellata, les phénomènes les plus tranchés que nous obser- vions, se rapportent aux grains et à leur état. D'une part, ce sont eux qui définissent de la manière la plus nette tout l’as- pect extérieur de l’Astasie (comp. par exemple les fig. 2 et 3) ; d’autre part, la grande portée que les grains ont dans la vie de cet organisme, saute aux yeux. Soumises aux épreuves les plus variables, les Astasies qui contiennent un grand nombre de grains se montrent incomparablement plus endurantes et (1) 11 semble que la faculté de convertir l’amidon peut être rapportée aux propriétés fondamentales du protoplasma en général, eu égard à ce que le pro- toplasma de toutes les plantes et de toutes les parties d’une plante digère des amas d’amidon, et que, d'autre part, les différentes espèces de protoplasmas animaux sécrètent des sucs variés et nombreux qui possèdent la même pro- priété. ARTICLE N° 7, L'ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 24 plus viables que celles qui n’en ont pas ou qui n’en ont qu’un petit nombre. Une colonie d’Astasies remplies de grains, transplantée dans une dissolution de sels assez concentrée, peut y vivre de dix à quinze jours ; dans une colonie d’Astasies ne contenant des grains que dans leur moitié postérieure, les individus arrivent à l’épuisement vers le sixième jour; pour une colonie d’Astasies aux grains contenus dans le tiers moyen du corps, l'épuisement arrive au bout de deux jours. Pareil rapport se manifeste en transplantant les Astasies dans l’eau distillée ou dans l’eau de source, en les soumettant à une tem- pérature basse, et ainsi de suite. — Aussi il était très intéres- sant de se persuader que dans la même colonie et dans les mêmes individus le développement d’une quantité définie de orains et l’état de ceux-ci présentent un phénomène qui peut être à volonté régularisé. Il résulte done de l’observation que ce phénomène dépend en premier lieu de la présence dans le liquide ambiant des hydrates de carbone susmentionnés, de leur qualité et de leur quantité, et que la vie précédente et l’état dans lequel l’Astasie s’était trouvée auparavant, n'influent que sur la rapidité avec laquelle on arrive à remplir ou à dégarnir les Astasies de grains. Une colonie toute dépourvue de grains et transplantée dans un liquide nutritif contenant des hydrates de carbone, peut être parfaitement remplie de grains en l’espace de trente à soixante- quinze heures ; le processus s’accomplit le plus vite dans la colle extraite directement des tubercules de pommes de terre, et le plus lentement, dans l’amidon de riz (la durée varie 1ci par exemple dans le rapport de quarante à soixante-dix heures) ; la farine de pommes de terre provenant du commerce occupe le milieu entre ces extrêmes. — Les grains apparaissent simulta- nément dans tout le corps ou de préférence dans telle ou telle partie, ordinairement dans la partie antérieure du corps; ils surgissent par foyers définis et constants, et la marche de leur développement consiste en ce que les petits granules incolores ou jaunâtres, au sujet desquels il a été dit plus haut qu'ils n’abandonnaient jamais le corps de l’Astasie, pas même en 94 WW. KHAWKINE. l'absence complète des grains (p. 67, fig. 1, d, 1, k), se gon- flent comme s'ils s’imbibaient de quelque sève durcissante. On peut observer comment dans une Astasie toute dépourvue de grains et placée dans des conditions convenables, ces gra- nules minces, d’une apparence protoplasmatique, dispersés par tout le corps ou entassés dans une certaine partie, s’écar- tent, perdent leur aspect mat et, devenant toujours plus brillants et plus grands, permettent au bout de quelque temps de distinguer les contours définis et le corps compact du nouveau grain. Ge dernier, continuant à grandir, gagne tou- jours une plus grande faculté réfrimgente. Après la présence des hydrates de carbone, le processus de la formation des grains dépend à un haut degré des gaz dissous et de la température. L'influence des gaz est surtout éminem- ment frappante, à tel point que l’on peut dire qu’à l’aide d’une combinaison convenable de gaz seulement, on pourrait pro- duire dans la vie et le sort d’une colonie d’Astasies de véritables merveilles. Le changement du contingent de gaz dissous dans le liquide ambiant échappe facilement à l'attention de l’obser- vateur et présente la cause la plus fréquente de ces métamor- phoses inattendues et rapides, dont l’origine se présente sou- vent comme spontanée et inexplicable. — Voici quelques exemples typiques où une combinaison de gaz, ou simplement la facilitation ou la rétention de leur échange naturel, ont apparu comme cause déterminante de métamorphoses éner- giques et très rapides. Dans une de mes cultures, où les Astasies se développaient dans une infusion de limon, de feuilles et d’autres détritus végétaux, J’observai pendant plusieurs semaines des Astasies de forme conique (fig. 1, «), contenant un petit nombre de grains exigus d’une temte jaunàtre, qui se tenaient infailliblement tout le temps dans le tiers moyen ou dans le troisième quart du corps, tandis que le reste du corps en restait libre et transpa- rent, comme toujours. Les Astasies étaient assez nombreuses et animées. Comme la culture était vieille, la pourriture s’y manifestait très lentement, et on ne remarquait pas de forte ARTICLE N° 7. L'ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 39 émanation de gaz, mais l'atmosphère sentait le renfermé. Quand je pris sur un verre de montre quelques Astasies de cette culture pour les soumettre à une observation systéma- tique, je fus fort étonné qu'au bout de huit heures, sans aucun autre procédé de ma part, les Astasies n'étaient plus à reconnaître : tout le corps regorgeait de gros grains brillants aux contours noirs. Je répétai la même expérience bien des fois et toujours avec le même succès. — Le processus s'opère d’une façon aussi tranchée et aussi rapide si l’on prend, de la culture, du liquide avec des Astasies et qu’on le mélange avec de l’eau de source, — procédé qui peut de prime abord non moins désappointer l’imvestigateur. Je fis des expériences semblables avec des Astasies que je tns plusieurs jours dans une colle d’amidon, dans de petites éprouvettes bouchées et complètement remplies de liquide; je transportai une goutte de ce liquide avec des Astasies tout épuisées, —sans grains, de petite taille et déjà presque sans mouvement, — dans une goutte d’eau de source que je plaçai dans une chambre humide, — et au bout de dix à douze heures j’obtins des Astasies toutes remplies de grains. Une métamorphose aussi rapide a lieu si vous irritez au moyen d’un bâtonnet de verre la surface du liquide dans une vieille culture : vous enlevez de la sorte la membrane stagnante de vibrioniens et de moisissures qui la couvrait et entravait l'échange de gaz dans la culture, —et si vous êtes venu faire cette chose au milieu de la nuit, vous pouvez déjà au matin trouver la colonie fort multiplhiée, vivace, et abondamment remplie de grains (1). Encore une expérience. Je plaçai des Astasies au fond d’une coupe profonde (en verre) et dans une mince couche de liquide parfaitement accessible à l’air frais, mais dépourvue d’ali- ments. Bien entendu, les Astasies étaient très peu développées. Au bout de quelques jours j'y ajoutai une décoction fraiche (1) Pareille observation a été faite par M. J. Krassiltschik par rapport aux Polytomes (Mém. de la Soc. des Naturalistes de la Nouv.-Russie, Odessa, 1882; en russe). ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX. 22, — ART. N° 7. 30 XV. KIHAWVKINE. de feuilles mortes. Dans ces conditions les Astasies ne se dé- veloppèrent pas malgré les qualités nutritives de la décoction; les grains ne se formèrent point et les Astasies commencèrent même à disparaître. La décoction bouillie absorbait l'air de ce liquide, celui-là d’une part se dissolvait dans cette décoc- tion et d’autre part venait oxyder les produits de sa décompo- sition. En effet, on n'avait qu’à verser une mince couche du contenu de la coupe (avec des Astasies) sur un verre objectif ou un verre de montre, ou à transporter une goutte de ce liquide dans une chambre humide, pour voir les Astasies, jouissant de l’air frais et des aliments contenus dans la décoction, s’épanouir au bout de peu de temps et se remplir de gros grains. Cependant le changement favorable des gaz dissous n’est efficace qu’à condition que le liquide contienne une quantité suffisante de substances nutritives; au contraire, quand la provision est déjà un peu épuisée, les Astasies soumises à l'air frais deviennent plus animées, grandissent, se multiplient, mais ne donnent pas une augmentation de grains appréciable. Dans de pareils cas il est très commode de démontrer lin- fluence de la fempérature sur ce processus ; ainsi dans la saison froide, 1l suffit d’éloigner de la fenêtre une partie de ces Astasies et de les rapprocher du poêle, pour que nous les trouvions, au bout de dix heures environ, toutes remplies de grains, tandis que celles qui auront été laissées sur la fenêtre ne montreront aucun changement. La lumière, en dépit du point « oculiforme », ne joue abso- lument aucun rôle appréciable dans la vie de l’Astasie et dans l’économie de son développement ou de sa dégénérescence ; aussi bien la lumière n’a ici aucune influence sur la direction du mouvement, à l'opposé de ce que nous trouvons pourtant pour certains organismes incolores. Si nous nous demandons maintenant quelle est la nature des forces qui déterminent la forme des grains, celle-ci étant dans la plupart des conditions à peu près la forme sphérique, ce fait indique que cette formation s’opère ici sous l’action des = ARTICLE N° 1. L'ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. on forces moléculaires ordinaires ; 1l faut des conditions exclusi- ves pour la formation de grains elliptiques, qui a lieu parfois. 11 faut que la colonie soit dans des conditions favorables pour un abondant développement, mais que ce développement ait lieu le plus lentement possible, —ce qu’on obtient en plaçant une colonie épuisée et maintenue assez longtemps dans des conditions défavorables, et par conséquent dépourvue de grains, — dans une colle délayée d’amidon de riz; au bout'de quelques jours on obtient une génération de petites Astasies très fines et d’une belle taille, à grains elliptiques disposés toujours parallèlement à l’axe du corps. On rencontre les mêmes grains (et toujours dans la même disposition) aussi dans des colonies de grands individus ; mais ceux-ei sont en pareil cas toujours extraordinairement allongés et fins ; dans mes cultures, ces Astasies ne se présentaient que dans des colles de riz, ce qui était peut-être un effet du hasard. — Ces circonstances indiquent que apparition des grains elliptiques dépend simplement de la pression transversale que la sub- stance plastique des grains éprouve de la part des parois extérieures de l’Astasie réfrécie, — pression qui force cette . substance à se disposer de préférence dans la direction longi- tudinale. | Telles sont les circonstances qui accompagnent l'apparition \ _ et la formation des grains. Quant au processus de leur dispa- rition, les détails qui s’y rattachent prouvent d’une manière décisive qu’on doit considérer les grains comme un approvi- sionnement d'aliments. Premièrement, —- comme nous l’avons déjà énoncé plusieurs fois, — la même quantité de grains peut persister dans le même état et la même disposition pendant un temps indéfini dans une même colonie, à condition que la culture conserve pendant tout le temps à peu près la même quantité et le même caractère de nourriture (1), et pourvu que les Astasies ne subissent pas de changement brusque quant (1) Cette condition se réalise le mieux dans de grandes infusions de détritus organiques, où la période de la pourriture intense est déjà passée, \ co a VV. KIFAVWVKINE. aux autres Conditions nécessaires à leur existence (gaz, tem- pérature, etc.). D'autre part, si on laisse des Astasies dans une culture qui ne contient qu’une quantité définie d’'hydrates de carbone qu’on ne renouvelle pas, on s'aperçoit toujours qu’au bout de quelque temps les grains contenus dans les habitants de cette culture commencent peu à peu à diminuer et disparaissent enfin tout à fait. Peut-être faut-il attribuer une signification particulière à ce fait, que la rapidité avec laquelle ce processus se produit dans les conditions apparem- ment les plus différentes, est assez constante; un contingent complet de grains entièrement formés disparait environ au bout de sept jours, ou un jour plus tôt ou plus tard (en comp- tant à partir du temps où l’on a aperçu le commencement de leur disparition). Les grains placés plus près de la vacuole et du bout antérieur, ou bien, — dans les cas où les grains sont amassés dans la partie postérieure du corps, — ceux qui sont placés plus en avant commencent à disparaître toujours les premiers : ils deviennent plus pâles, c’est-à-dire que leurs contours, qui étaient auparavant très foncés et accentués par opposition au centre convexe, clair et brillant, commencent, par affaiblissement de la réfracüon, à devenir plus pâles : tout le grain, devenant moins brillant, se distingue du protoplasma ambiant d’une manière moins tranchée ; ensuite il commence à diminuer, et se transforme enfin en granule mat, comme nous l’avons décrit plus haut. Les grains placés plus en arrière, soit qu'ils se portent vers les pärties antérieures évacuées les premières, soit qu'ils restent à leurs places, subissent graduel- lement le même processus d'absorption. Après la disparition detousles grains, les Astasies cessent toujours de se multiplier, et, bien qu’elles puissent vivre encore très longtemps, elles de- viennent très minces et s’épuisent à un degré extrême. — En- fin, si l’on transporte des Astasies épuisées par leur vie précé- dente, dans des conditions un peu plus favorables, on s'aperçoit parfois qu’elles recommencent. assez vite à se développer et s’animent, grandissent beaucoup et se multiplient en abon- dance ; mais en même tempselles restent dépourvues de grains, ARTICLE N° 7. L’ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 39 ou, s’il s’en reconstitue, ce n’est plus qu’une quantité très bornée et ces grains sont mal formés. Il semble que l’on peut toujours atteindre ce résultat en plaçant des Astasies dans des colles fort diluées. (J'ai opéré avec succès dans la colle de riz aussi bien que dans la colle de fécule de pommes de terre, mais dans le premier cas on obtient parfois d’autres résultats.) Ainsi, nous pouvons établir les assertions suivantes : 4° les Astasies sont de nature à prospérer en l'absence complète des grains ; 2° les Astasies placées dans les conditions les plus fa- vorables (nourriture, gaz, température) développent toujours la plus grande quantité de grains; 3° quoiqu’elles soient de pature à conserver indéfiniment leurs grains dans le même état, cependant, dès que le nulieu où elles vivent a été épuisé quant aux aliments qu'il contient, les grains commencent toujours à diminuer, et les Astasies ne prospèrent que jusqu’au moment où ils disparaissent tout à fait. Tout ceci caractérise les grains de l’Aséasia ocellata comme un vrai produit d’approvisionnement. Ceci est en rapport avec le fait que pendant l’absence de nourriture les grains disparaissent en commençant par le bout antérieur, c’est-à-dire dans le voisinage du filament flagelli- forme, où à lieu la dépense de force et de matière la plus intense. Secondement, nous sommes maintenant à meme de déduire quelques conclusions sur le caractère de l'influence de quelques conditions extérieures sur l’Asfasia ocellata. Plus haut nous avons indiqué la grande importance que les orains présentent pour une Astasie soumise à des conditions nuisibles (p. 82-33). La circonstance la plus intéressante que nous observons dans ces cas, se montre dans le fait suivant : quand on transporte les Astasies, par exemple, dans une solu- tion de sels concentrée, on s’aperçoit qu'avant tout les grains commencent à disparaitre, et après leur disparition complète les Astasies s’épuisent graduellement au plus haut degré, et languissent encore dans cet état jusqu’à ce qu’elles périssent. Cela même se répète quand on transporte les Astasies dans l'eau distillée ou dans l’eau de source (ou qu’on les soumet à 40 WW. KHAWKINE. une température basse) : jamais on ne les voit périr dans ces conditions nuisibles avant d’avoir consommé tous leurs grains et d'être complètement épuisées. Il est encore plus remar- quable de voir ce fait se répéter quand on enferme les Astasies dans un flacon étroit et parfaitement bouché, rempli com- plètement d’un liquide nutritif : tant que l’Astasie possède encore une provision de nourriture (les grains) et un corps assez grand, elle peut supporter l’absence d’air frais et le surplus d'acide carbonique ; seulement, quand ces ressources disparaissent complètement, elle périt, bien que le liquide ambiant contienne une quantité suffisante d'aliments, que l’Astasie se met à consommer avec activilé sitôt qu’on lui donne de l’air frais. J’observai le même phénomène d’épuisement quand j'enfermai des Astasies remplies de grains dans un liquide nutrithif saturé d'acide carbonique, où elles vivaient beaucoup de jours, jusqu’au complet épuisement, restant tout le temps très animées. Il résulte de là que l'échange entravé des gaz (la respiration entravée), ainsi que quelques autres conditions nuisibles que nous avons indiquées, annihilent chez l’A. ocellata avant tout la faculté assimiler de la nourriture ambiante, sans limiter son aptitude à consommer la nourriture approvisionnée (les grains) et avant de frapper aucune autre fonction vitale, telle que le mouvement, l'usure en général, la Hot ation (1), peut-être la scission el la croissance. Pour compléter nos considérations sur la nature des grams de l’A. ocellata, ajoutons quelques déductions problématiques touchant le rôle de ces granules mats ou jaunâtres que nous avons dits être la source des grains. On peut supposer que leur rôle est ici ou actif, ou passif : dans la première supposi- tion, ce sont eux qui élaborent les hydrocarbones ou les sues nutritifs pénétrant le corps de l’Astasie, les réduisant en l (1) Celle-ci n’a lieu évidemment qu'aux dépens des grains, et tant que ceux-ci n’ont pas été consommés, ARTICLE N° 7. L'ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 41 substance approvisionnée ; dans le second cas, cette sub- stance, en présentant simplement un certain stade d’assimi- lation de la solution nutritive, se trouverait répandue par tout le corps de l’Astasie, et ces granules, de même que des centres de cristallisation , ne présenteraient que des points autour desquels commenceraient la concentration et le durcissement de cette substance. Ici on à à tenir compte du fait suivant. Dans le grain formé on ne peut plus distinguer le granule primitif ni au dedans, ni en dehors de lui ; ainsi, il reste deux suppositions possibles : ou bien la substance plastique imbibe également tout le corps du granule, ou bien elle s’amasse au dedans de lui, en remplissant son centre et étendantses parois jusqu’à une membrane fine qui n’est pas visible. Si l’on se rappelle les circonstances qui accompagnent la solution du grain dans les alcalis, circonstances qui suggèrent la pensée de quelque couche extérieure défensive, il paraît que de ces deux suppositions la dernière est plus admissible, et il se peut que la granule ne soit autre chose qu’une vésicule membra- neuse vidée, dont les parois se sont irrégulièrement chiffon- nées après la consommation du contenu. Or, si le grain se forme dans le sein d’un granule, au dedans d’une vésicule membraneuse, cela exclut l'hypothèse d’un simple dureisse- ment autour d’un point de concentration, et nous nous trouvons alors conduits à admettre que le rôle du granule primordial dans la formation des grains est plutôt un rôle actif, et que les granules ne sont autre chose que des organes d’approvisionnement. En même temps, il y a lieu de croire que ces organes ne travaillent que dans les conditions d’une nutrition abondante, et que l’assimilation ordinaire de la nourriture ambiante reste une fonction propre à toute la masse de l’entoplasma. Passons maintenant aux autres traits du développement et de la croissance de VA. ocellata dans leurs rapports avec les conditions ambiantes. Dans cet examen, il faut tenir compte de petits détails que 49 NV. KHAWKINE. nous avons indiqués plus haut et qui ont ici une portée déter- minante. Rappelons d’abord la gradation que nous avons établie pour les divers liquides dans lesquels nous avons élevé A. ocellata, sous le rapport de leur nutrivité. Il a été établi que le plus efficace était la décoction de pommes de terre; ensuite vient la colle de fécule de pommes de terre, et après celle-ci, la colle d’amidon de riz, ces trois colles étant diluées avec une infusion de détritus organiques; aux degrés suivants dans cette échelle doivent se ranger ces mêmes colles, quand on les dilue avec les sels de Knopp. Nous avons indiqué plus haut que cette gradation se manifeste par la rapidité de for- mation des grains dans les Astasies. Or la croissance et la mul- tiphcation de lPAstasie vont toujours parallèlement avec la formation des grains; d'autre part, c’est dans les cultures qui accélèrent le plus le développement des grains et en général des Astasies, que leur prospérité cesse aussi le plustôt, ce qui prouve que nous avons 10 afjuire à une consommation plus rapide de la nourriture ambiante, aux dépens de laquelle le développement s'opère, ou, autrement, à un engraissement des Astasies plus rapide. Pour ce qui est de cette rapidité, rappe- lons encore que l’Astasie, placée dans certaines conditions, se développe encore plus vivement qu’au moyen d'aucun des liquides nutritifs énumérés; nous entendons le procédé de l'exposition subite des Astasies, entouré es d'aliments sufli- sants, à l’air frais, puisque ce procédé peut les remplir de grains en quelque huit-dix heures de temps. Ainsi, devons- nous placer ce procédé au premier degré de l’échelle indiquée de liquides, avant même la décoction de pommes de terre. Par contre, la privation de l’air frais présentant la condition la plus désastreuse pour la nutrition et la croissance des Astasies, cette condition de développement doit être rangée au bas de l’échelle, au-dessous même des liquides dilués avec les sels de Knopp. Si nous passons maintenant aux modifications que présen- tent dans leur organisation les Astasies développées dans ces diverses conditions, il se u'ouve que la seule différence visible ARTICLE N° 7. L'ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 43 touche à la grandeur et à la forme extérieure du corps. Nom- mons ici les formes typiques que nous avons obtenues dans ces diverses conditions : 1° En donnant de l’air à des Astasies entourées par une quantité suffisante de nourriture, mais éprouvées par une mauvaise atmosphère, nous avons presque toujours obtenu des généralions suivant la forme f (voy. fig. 1), ou bien, en ajoutant de l’eau fraiche, des générations de forme », figure 1 (fig. 2). 2 L’Astasie développée dans lextrait de pommes de terre s’approchait de la forme 2 (fig. 1). 3° Dans la fécule de pommes de terre diluée dans une infu- sion organique, se produisit ordinairement la forme €. %° Dans l’amidon de riz préparé de la même manière, la forme b. 9° Dans les colles préparées avec les sels de Knopp, ainsi que dans les colles simplement très diluées, la forme à. En examinant cette série de formes et en la rapprochant avec la série des liquides et des conditions dans lesquels elles se sont développées, nous obtenons des notions très plausibles sur l’origine de diverses formes chez l'A. ocellata. Nous aper- cevons que celles d’entre elles énumérées en premier lieu, c’est-à-dire les formes développées dans les conditions les plus favorables à une croissance rapide, se distinguent par des dimensions plus considérables et par une plus grande dispro- portion des parties agrandies, en Sorte que les parties les plus rapprochées du bout antérieur sont beaucoup plus agrandies et dilatées que les parties rapprochées du bout opposé. Dès lors l'interprétation de toutes ces formes se présente d'elle-même. Plus la nutrition est énergique et rapide, plus les parties du corps voisines de l'ouverture buccale devancent dans leur croissance les parties plus éloignées de cette ouverture. Si le lecteur se donne la peine de relire la définition que nous avons donnée plus haut du eorps de l’As{asia ocellata (p. 29), 1l verra à quel degré cette conséquence est compré- hensible par sa parfaite concordance avec le caractère physique 44 W. KHAWWKINE. de ce corps. Et notamment, quand les liquides nutritifs pénè- trent dans le corps de lAstasie par l'ouverture buccale, la densité de l’entoplasma aura pour effet que la plupart des parcelles nutritives seront retenues au commencement de leur route, c’est-à-dire près de l'ouverture buccale ; tandis que l’enertie de l’entoplasma au dedans du sac périphérique concourt à ce que les parties agrandies restent sans déplace- ment et ne se distribuent pas d’une façon égale au dedans du sac. Les autres formes que nous n'avons pas nommées dans l’'énumération précédente, c'est-à-dire les formes d, e, get k (fig. 1), se produisent toujours dans des conditions de vie relativement moins favorables ou même nuisibles (notamment la forme e). Ces formations sont toujours très petites, ne con- tiennent jamais de grains (voy. p. 8), et présentent évidemment des produits d’épuisement. Les contours de ces formes s’ex- pliquent apparemment de la manière suivante : la couche ectoplasmatique du corps étant beaucoup plus résistante dans ses changements et dans le processus de réduction en compa- raison de l’entoplasma (p. 18), nous devons nous attendre à ce que, dans des conditions d’un épuisement rapide, la surface extérieure du corps (la couche ectoplasmatique) ne réussisse pas à décroître dans ies mêmes proportions que le volume du contenu (de l’entoplasma), diminuant beaucoup plus vite; alors, ou bien il se produira dans la couche ecto- plasmatique des enfoncements et des plis (fig. 1, ÿ et d), ou bien, si la couche extérieure est devenue trop ferme (voy. p.18) et ne se chiffonne pas, l’eau ambiante pénétrera néces- sairement au dedans du sac et formera des vacuoles (fig. e). D'autre part, rien de semblable n’aura lieu dans les condi- tions où l'organisme s’épuise plus lentement et plus graduelle- ment, quand la couche extérieure peut suivre, dans le proces- sus de la réduction, le protoplasma intérieur; dans ces conditions 1l est à s'attendre à une formation telle que la présente la figure X. | ÎT nous reste à examiner les questions que nous avons posées ARTICLE N° 7 L’ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 45 plus haut (p. 9) sur le rapport entre la forme extérieure du corps de VA. ocellata et le contingent correspondant des grains. Pour les formes & etc, nous avons déjà vu comment on doit considérer ce rapport. Pour les formes /, k, à et b, ce rapport (p. 8) devient clair du moment que nous savons que V’Astasie obtient ces formes extérieures dans les conditions les plus favorables à la nutrition : ces mêmes conditions doivent produire en même temps la plus grande quantité de grains. Grâce à une cause semblable, les autres formes, notamment d, e, getk, se trouvent au contraire toujours dépourvues de grains. Ajoutons encore quelques indications sur l'influence des conditions extérieures sur l’énergie des Astasies et leur faculté de se mouvoir. L’abaissement de la température produit une diminution très percepüble de leur énergie; leur natation devient plus molle, les contractions du corps, excitées par quelque cause naturelle, deviennent très lentes. Au contraire, une faible élévation de la température ressuscite toujours très vivement tous leurs mouvements. Si l’on prend une chambre humide, où habite une Astasie épuisée et sans forces, par défaut de nourriture et de gaz frais, il suffit de la mettre pour une ou deux minutes sur la main, pour que l’Astasie se mette vivement à nager et que tous ses mouvements deviennent énergiques et très animés. De cette manière on peut ranimer une Astasie apparemment tout à fait privée de vie. De même les mouvements de l’Astasie se raniment très fort quand on ajoute au liquide où elle habite une fable dilution nutritive ; si ’Astasie n’a pas trop souffert du défaut d’air frais, on peut la ranimer également en lui donnant de l’eaufraiche, en trans- férant des Astasies du fond d’une grande culture dans une chambre humide, ou en écartant la membrane moisie qui surnage ordinairement à la surface des infusions organiques. D'autre part, l’activité de l’Astasie se trouve parfois paraly- sée pour longtemps par un brusque passage à des conditions AG WW. KHAWKINE. meilleures. Si précédemment l'atmosphère de la culture était confinée et qu'on transporte l’Astasie à l'air frais ou dans l’eau fraiche, ou qu'on ajoute tout à coup à la goutte où elle se trouvait sans nourriture, une grande quantité de matières nutritives, l’Astasie, après quelques mouvements rapides et énergiques, s'arrête subitement, s'attache au verre et y reste: immobile pour longtemps. Je l'ai vue souvent demeurer au même endroit et dans la même position plus de vingt-quatre heures. Pendant ce temps elle s’accroissait très fort, se rem- plissait complètement de gros grains et changeait de forme extérieure. — Ainsi, pendant l’assimilation forcée, la fonction de mouvement se trouve affaiblie et paralysée. Multiplication de l’Astasie. Scission. — Enkystement et sortie du kyste. L'Astasia ocellata se multiplie seulement par scission en deux parties, el celte évolution, dans quelque condition que l’Astasie vive, s’opère toujours de même. L’Astasie très agran- die et devenue extraordinairement grosse, devient très lente et très molle ; le nucléus se divise en deux par un plan passant par l’axe du corps, et l’Astasie contient alors deux nucléus placés des deux côtés de l’axe ; en avant on aperçoit deux fila- ments flagelliformes, qui travaillent tantôt ensemble, tantôt séparément. L’Astasie continue à nager, mais lentement; elle s’arrête parfois et donne des contractions très faibles, jusqu’à ce qu’enfin on aperçoive une pette fente entre les deux fila- ments; Ceux-ci continuant à travailler, la fente devient tou- jours plus profonde, atteint le lieu où se trouvent les nucléus, s'enfonce entre eux, les divise. et atteint de cette manière le bout postérieur du corps. Les deux moitiés longitudinales du corps partagent ordinairement également les grains et les gra- = ARTICLE N° {. L'ASTASIA OCELLATA ET L'EUGLENA VIRIDIS. 47 nules, et les deux jeunes Astasies se présentent avec le même état et la même disposilion de grains que l’Astasie mère. On ne voit rien qui puisse rappeler une enveloppe végétative ou quelque autre, au dedans de laquelle le protoplasma se divise- rait, le processus de la scission s'opère aussi librement que chez les Giliés, par exemple. La scission présente chez l’A. ocellata quelques détails très intéressants; nous omettons pourtant ici tous ces faits en remettant l'examen de cette question d’une manière plus dé- taillée à un moment plus favorable. On peut dire la même chose encore plus au sujet de l’enkystement et de la sortie du kyste, révolution que nous décrivons ici dans ses caractères les plus généraux. | À l’opposé des Euglènes, l’Astasia ocellata S’enkyste exclusi- vement à l'approche de conditions défavorables, et principale- ment pendant l’évaporation du liquide habité; toute autre condition défavorable, telle que le froid ou autre, amène beau- coup plus difficilement l’enkystement, circonstance qui borne beaucoup leur propagation numérique en comparaison des Euglènes. Arüficiellement, il est très difficile d'amener l’en- kystement des Astasies, et comme par elle-même, dans Îles conditions ordinaires de leur vie, elles ne s’enkystent presque jamais, cela nous explique pourquoi on n’a pas observé Jus- qu'ici ce processus chez aucun des représentants du genre Astasia. Le desséchement doit être lent et graduel; le plus commode est de mêler au liquide où l’Astasie nage, quelque poudre insoluble qui reste suspendue et entrave presque com- plètement les mouvements de l’Astasie. Elle perd alors son filament, rampe quelque temps à l’aide des contractions de son corps et finit enfin par s’arrêter; puis elle se roule en petite sphère et se recouvre d’une enveloppe épaisse, incolore (fig. 7), qui, avec les réactifs, se montre entièrement dépourvue de cel- lulose. Dans cet état, on peut la dessécher complètement et la conserver pendant longtemps. En mouillant à l’eau fraiche des kystes bien desséchés et longtemps conservés, on en fait sortir les Astasies. Ce résultat 48 WW. KHAWVKINE. aussi n’a pas été observé jusqu'ici dans le genre Astasia, et diffère du processus correspondant chez les Euglènes en ce que lAstasie ne se divise jamais au dedans de son kyste avant d’en sortir, et en sort toujours seule. Dans un kyste mouillé pendant une demi-heure ou plus, lAstasie commence à se mouvoir, déchire le kyste et l’abandonne. Après cela, elle se met à ramper à l’aide des contractions de son corps; au bout antérieur apparaît bientôt un filament très petit qui s’agite déjà, et qui s’accroit très vite jusqu'à sa longueur normale. Alors l’Astasie se met à nager comme à l'ordinaire et reprend son genre de vie normal, tel qu'il a été décrit dans les pages précédentes. IT faut la transporter dans un liquide nutritif, et là elle ne se multiplie pas avant de s'être accrue au point de surpasser considérablement ses dimensions ordinaires, ainsi que nous l’avons constaté plus haut pour son mode de scission ordinaire. EXPLICATION DES FIGURES. Fig. 1, a-k. Diverses formes du corps que l’Astasia ocellata présente dans diverses conditions de vie et de développement. Fig. 2. Astasia ocellata, en forme de la figure 1, » et toute remplie de gros grains brillants. Fig. 3. Ast. ocellata en forme de la figure 1, c, remplie en partie de grains peu réfringents. Fig. 4. Ast. ocellata contractée (première forme de contraction). Fig. 5. Processus de contractions continuelles (seconde forme de contraction), Fig. 6. Couche extérieure du corps d’une Astasie morte el en partie décom- posée. Fig. 7. Kyste de l’Asfasia ocellata rempli de grains réfringents. PREMIÈRE NOTE PRÉLIMINAIRE SUR LES ÉCHINODERMES RECUEILLIS DURANT LES CAMPAGNES DE DRAGAGES SOUS-MARINS pu TRAVAILLEUR Er pu TALISMAN Par M. Edmond PERRIER JI. — STELLÉRIDES. Les Stellérides comptent parmi les plus nombreux des Échinodermes des grandes profondeurs. Nous avons montré dans notre Mémoire sur les Stellérides des régions profondes de la mer des Antilles qu’on pouvait répartir ces animaux en quatre ordres d’après la forme des pédicellaires et les carac- ières des autres dépendances du squelette dermique. Ces quatre ordres, auxquels il faudra sans doute en ajouter un cinquième pour les formes voisines des Pferaster, se divisent eux-mêmes en familles qui sont loin d’être également bien représentées dans les grands fonds explorés par le Talisman. Dans l’ordre des ForciPuLaTz, dont les pédicellaires sont pédonculés et formés de deux mâchoires parallèles ou croisées mobiles sur une pièce basilaire indépendante du squelette dorsal, la famille des Aséeriadæ n’est représentée que par un très petit nombre de formes ; celle des Heliasteridæ manque entièrement ; en revanche, la fanulle des Sfichasteridæ compte plusieurs espèces remarquables de Sfichaster et surtout de Zoroaster, et celle des Brisingidæ a pu passer pour caracté- ristique de la faune profonde jusqu'au moment où il a été établi que les Labidiaster, presque littoraux au cap Horn, étaient extrêmement voisins des vraies Brisinga. L'ordre des SPINULOSÆ est caractérisé par un squelette dor- ANN. SC. NAT , ZOOL. 1885. xX.1 22*, — ART. N° 8, 2 E. PERRIER. sal réticulé, couvert de petits piquants qui peuvent, en se rapprochant deux par deux, constituer des pédicellaires géné- ralement en pince dont la pièce basilaire est engagée dans le squelette dorsal. Des familles qui appartiennent à cet ordre, les Echinasteridæ ne sont guère représentées dans les collec- tions du Travailleur et du Talisman que par les Cribrellu et quelques formes voisines des Solaster. Les Asterinidæ man- quent d’une manière presque complète. L'ordre des PTERASTERIDÆ est un de ceux qui sont le mieux représentés; il est de plus presque exclusivement propre aux grandes profondeurs. Dans l’ordre des VALVULATÆ à pédicellaires valvulaires, en pince, ou en salière, enchâssés dans des alvéoles du squelette, à plaques marginales formant toujours une double rangée, une famille fait complètement défaut, celle des Linchiade ; les Pentacerotidæ manquent aussi tout à fait, mais les Gomaste- ridæ proprement dits sont très abondants et très remar- quables. Enfin, dans l’ordre des PAxILLoSx, dont les ossicules sou- vent en forme de sablier sont surmontés par une couronne de papilles, il faut surtout signaler les Archasteridæ et les Por- cellanasteridæ; les Astropecten et les Luidia n’ont pas été rencontrés au-dessous de 200 mètres. Eu attendant que la publication de notre Mémoire sur les Échinodermes recueillis par les quatre expéditions françaises de dragage puisse paraître in extenso, nous en détachons la liste des espèces recueillies et la description des espèces nou- velles. Ordre IL — Stelleridæ Forcipulatæ. FAMILLE [. — BRISINGIDÆ. Stellérides possédant des pédicellaires droits ou croisés ou les uns et les autres, à tubes ambulacraires bisériés, à bouche ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 9 adambulacraire. Bras ordinairement nombreux, grêles, plus ou moins nettement séparés du disque; en général pourvus d'un squelette dorsal limité à la base. GENRE BRISINGA, Asbjôrnssen. Bras ordinairement en nombre supérieur à 6, pouvant dé- passer 20, très nettement séparés du disque, qui ést ordi- narement plus élevé qu'eux et laisse apercevoir les odonto- phores sur son pourtour. Squelette dorsal du disque peu développé, représenté par de petites plaques calcaires irré- sulières, perforées, souvent complètement séparées les unes des autres et portant chacune un piquant. Squelette dorsal des bras formé d’arceaux calcaires n’existant qu’à la base des bras, s'appuyant sur le milieu des plaques adambulacraires, mais ne se montrant sur les plaques que de deux en deux, dis- tants et ordinairement mdépendants les uns des autres, séparés par des plis du tégument qui correspondent souvent aux paires de plaques adambulacraires non pourvues d’arceaux calcaires et qui sont couverts de pédicellaires croisés. Point de pédicellaires droits. Point de tentacules respiratoires. BRISINGA MEDITERRANÆA, E. Perrier. Dragages du Travailleur, 1881. — Entre Marseille et la Corse. — De 551 mètres, 1 exemplaire. — Des bras à 1475 mètres. — De petits exemplaires à 2660 mètres Caractères distinctifs. — Neuf bras très grêles et très allon- gés s’attachant à un disque petit, dont les odontophores sont peu saillants. — Squelette du disque très peu développé. — Pièces ambulacraires et adambulacraires beaucoup plus allon- gées que celles de la Brisinga coronata, d’où résulte un plus grand écartement des arceaux calcaires garnis d’épines qui forment le squelette de la base des bras. Ces arceaux n’existent que dans la partie correspondant à l’appareil génital; ils por- ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX. 23. — ART. N° 8. É .@ AAMAN E. PERRIER. tent ordinairement ‘huit piquants allongés. Entre eux se trouvent de un à trois replis saillants des téguments couverts de pédicellaires, et disposés comme les arceaux eux-mêmes. Là où les arceaux font défaut, ils sont remplacés par autant de replis semblables qu'il existe de plaques adambulacraires. Observation. — La Brisinga mediterranea est très voisine de la Brisinga coronata. Le petit nombre de disques recueillis semblent indiquer un très faible développement du squelette qui ne porte que de rares-épines, et-un nombre. de-bras con- stamment égal à 9, tandis que chez la B. coronata ce nombre est variable; mais il est souvent égal à 9 et il peut être dé- montré que, le nombre des. bras varie chez la B. mediter- ranea. La plus ou moins grande élongation des plaques adambulacraires n’est aussi qu’un caractère relatif. La faible taille et la gracilité des individus recueillis ne sont pas non plus des caractères de bien grande valeur. Il se pourrait donc. que la découverte d’un plus grand nombre d’exem- plaires que ceux recueillis par nous amenât la réunion de cette espèce provisoire avec la B. coronata. BRISINGA CORONATA, Ossian Sars. Dragages du Travailleur et du Talisman. — Atlantique, de 700 à 2500 mètres de profondeur, … Caractères distinctifs. — Nous considérons comme carac- tères distinctifs de la Brisinga coronata : 1° Son disque sail- lant présentant un revêtement à très peu près uniforme et semé de très petites épinés se pose parfois un peu sur la base des bras; 2 L'existence Por squelette dorsal présent seulement à la base des bras et formé d’arceaux calcaires très distincts, por- tant des épines plus ou moins longues, s’appuyant sur les plaques adambulacraires, mais leur correspondant seulement de deux en deux; 3° L'absence de tout squelette der mique dans l’intervalle de ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 9 ces arceaux. Dans cet intervalle, le tégument présente de une à trois rides parallèles aux arceaux et couvertes de petits pédi- cellaires croisés ; il est tout à fait lisse sur le reste de son étendue. Le nombre des bras très variable peut tomber à 8, il est fré- quemment de 9, parfois de 10; mais il peut sans doute pré- senter d’autres variations. GENRE FREYELLA, E. Perrier. Dragage 73. — Côtes du Soudan. — Profondeur, 1435 mètres. Brisingidæ possédant un squelette dorsal ininterrompu tant sur le disque que sur la partie génitale des bras, formé de plaques calcaires polygonales, disposées en mosaique, man- quant de tentacules respiratoires. Pédicellaires croisés relati- vement rares, isolés et de grande taille. FREYELLA SPINOSA, E. Perrier. Grande et belle espèce, présentant en général 13 bras, mais pouvant aussi n’en avoir que 11 ou 12. LA Le L L F LA = ? Bras allongés, peu renflés dans leur partie gémitale, d’appa- rence plus rigide encore que ceux des Brisinga coronata. R—= 300Mm r—13Mm R=—=937r Le diamètre de l’animal peut dépasser 6 décimètres, et ce chiffre est d’autant plus fréquemment attemt que les bras ne se détachent pas aussi facilement que chez les Brisinga et que l’on trouve beaucoup d'exemplaires ayant leurs bras égaux ; les bras fréquemment renouvelés des Prisinga sont au contraire ordinairement fort inégaux. Le disque est modéré- ment saillant au-dessus des bras. Il est couvert, comme les bras eux-mêmes d’un épais tégument légèrement soulevé par les odontophores dans les angles mterbrachiaux. Le tégument contient dans son épaisseur des plaques polygonales d’assez petites dimensions formant ensemble une mosaique qui pro- 6 E. PERRIER. tège non seulement le disque, mais toute la partie génitale des bras. Ces plaques disparaissent sur le reste de la longueur des bras dont le tégument est lisse et s'applique directement sur les pièces ambulacraires qu’il laisse apparaître comme dans la plupart des Brisingidæ. Chaque plaque du squelette dermique, tant sur le disque que sur le bras, porte de une à trois petites épines, au pied desquelles se voient un ou deux pédicellaires croisés d’assez grande taille. Quelques épines plus grandes que les autres et cannelées sont terminées en pointe mousse. Sur le disque se voit un orifice excentrique protégé par des épines un peu plus grandes que les autres, rabattues sur lui. La plaque madréporique est tout à fait au bord du disque, presque sur sa partie déclive; elle est marquée de sillons peu sinueux, qui la traversent dans toute son étendue, et souvent fendue. Les pièces adambulacraires, très courtes, portent chacune un long piquant recouvert par une gaine tégumentaire. En outre, de deux en deux, une pièce ovale vient se placer sur leur suture, en couvrant la moitié de leur hauteur. Cette pièce peut être considérée comme l’indication des arceaux calcaires qui forment tout le squelette du bras chez les Brisinga. La membrane buccale est couverte de fines papilles et laisse apercevoir, quand elle est rétractée, les grandes papilles qui font saillie sur la membrane stomacale. À l’état vivant, ces superbes Freyella sont d’un beau jaune légèrement orangé et répandent une odeur alliacée que nous n'avons jamais remarquée chez les autres Astéries. FREYELLA SEXRADIATA, E. Perrier. Comptes rendus de l’Académie des sciences, 10 août 1885. À environ 5000 mètres de profondeur. L'aspect d’une Brisingide à six bras a quelque chose de si particulier qu’on serait tenté d’abord de constituer un geure nouveau par l'Étoile de mer qui le présente. Cependant, à ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 7 part le petit nombre de bras, cette étoile possède bien exac- tement les caractères essentiels des Freyella, en ce sens que le squelette du disque et des bras est formé de pièces cal- caires polygonales unies entre elles par une suture rectiligne et ne laissant apparaître aucun tube respiratoire. Le disque est petit, pas plus élevé que les bras, très légère- ment échancré dans l’intervalle de deux bras consécutifs. Son rayon est de 6 M». Il est impossible d'évaluer exactement la distance du centre du disque ; au sommet des bras, tous les bras étant brisés à leur pointe, et un seul d’entre eux demeu- rant adhérent au disque ; [mais elle ne saurait être inférieure de beaucoup à 100 M». R égalerait donc de 12 à 43 fois r. Tout le disque est couvert de plaques polygonales situées dans l’épaisseur des téguments et portant chacune une épine fine, assez allongée et mobile. Dans notre exemplaire qui est unique, ces épines sont nues, couchées sur le disque et, comme les plaques qui les portent sont petites, elles sont très rapprochées les unes des autres. Les odontophores ne sont pas saillants. La plaque madré- porique, petite, ovale, disposée de manière que son grand axe soit normal au bord du disque, ne présente qu’une seule fente courbe qui la traverse dans le sens de sa longueur; elle est située tout à fait au bord du disque. | Les plaques du squelette dorsal des bras sont beaucoup plus grandes que celles du disque; elles sont, comme chez les autres Brisingides, limitées à la partie renflée ou génitale du bras. Chacune d’elles porte un piquant assez allongé recou- vert d’une gaine tégumentaire chargée de pédicellaires. Les plaques adambulacraires, assez longues, ne portent chacune qu’un seul long piquant, et l’on ne trouve aucune indication des arceaux squelettiques. Le revêtement de plaques calcaires des bras se termine exactement au niveau des plaques : adambulacraires par une rangée de plaques rectangulaires, d’ailleurs de même structure que celles du dos. La membrane buccale présente quelques plis rayonnants, mais ne supporte pas de papilles. 8 E. PERRIER. FREYELLA EDWARDSI, E. Perrier. Travailleur, 1880. — Dragage 10. Aujourd’hui que le genre Freyella est représenté dans les collections du Talisman par une espèce si belle et une autre si intéressante, nous regrettons d’avoir donné le nom du pré- sident de la Commission des dragages et de l'organisateur des quatre campagnes françaises à une espèce représentée jus- qu'ici par un fragment de bras. Mais ce fragment de bras indiquait déjà en 1880 qu'il y avait des Brisingidæ autrement construites que celles que l’on connaissait, et nous pensions retrouver rapidement de complets spécimens de l'espèce qui nous était seulement annoncée; nous n’avons pas rencontré de nouveau cette espèce. Le court fragment de bras adulte que nous avons sous les yeux diffère d’ailleurs complètement des fragments correspon- dant des bras de Freyella spinosa qu’on pourrait lui comparer. Les plaques, au lieu d’être disposées en mosaïque, y sont im- briquées; on peut les considérer comme formant autant d’ar- ceaux qu'il existe de plaques adambulacraires, car chacune de ces plaques est, en partie, couverte par une plaque du squelette dorsal qui sert de support aux plaques suivantes ; mais, dans la partie génitale du bras, des plaques nouvelles viennent s’intercaler entre les arceaux et en dérangent la régularité; vers l’extrémité aborale de la partie génitale les arceaux deviennent peu à peu réguliers, puis ils n’atteignent que de deux en deux les plaques adambulacraires et dispa- raissent enfin tout à fait. Les plaques squelettiques sont lisses et ne présentent ni . épines ni piquants. Les plaques adambulacraires portent cha- cune un piquant tronqué et légèrement élargi au sommet, qui est divisé en petits lobes correspondant aux baguettes cal- caires constituant le piquant. Ges piquants étaient sans doute protégés par une gaine couverte de pédicellaires. ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU (€ TRAVAÏULEUR » ET DU « TALISMAN ». ‘9 GENRE ODINIA, E. Perrier. Les Odinia ont l’aspect général des Brisinga du type de la B.coronata, si bien que sans un examen attentif on rangerait, à première vue, la B. coronata et l'O. semi-coronata dans la même espèce. Elles diffèrent cependant par un caractère im- portant. Le squelette dorsal du disque a pris ici un dévelop- pement considérable. Il est formé de pièces compactes, opaques, étoilées, à branches tronquées, qui s'unissent entre elles par les troncatures de leurs branches, de manière à for- mer une sorte de dentelle à mailles étroites. À chacune de ce mailles correspond un tentacule respiratoire. Ces tentacules manquent complètement chez les Brisinga et à plus forte raison chez les Hymenodiscus dont le tégument dorsal, mince et peu chargé de formations éalcairés, permet de lacilès échanges avec le milieu ambiant. ODINIA SEMI-CORONATA, E. Perrier. HUsAUs semi-coronata, E. Perrier. — Comptes rendus de l'Académie des sciences 10 août 1885. 33 SU Talisman. — Dragage 73. — Pilones. — Profondeur, 1435 à 1056 mètres. 2 exemplaires. : Quinze à dix-sept bras assez grêles, très allongés, ayant jus- qu’à dix fois la longueur du disque. Disque saillant, couvert ainsi que les bras par un tégument épais et protégé, en outre, par le squelette caractéristique du genre, qui ne laisse pas apparaître les odontophores comme chez les Brisinga propre- ment dites. Chacune des pièces du squelette dorsal porte de une à trois fortes épines, souvent bifurquées ou même trifur- quées au sommet. Le disque paraît ainsi irrégulièrement parsemé de robustes épines. Les tubes tentaculaires sont longs, coniques et pointus. La plaque madréporique, petite, arron- die, marquée d’un petit nombre de gros sillons, est placée 10 E. PERRIER. tout au bord du disque, sur sa partie inclinée vers les bras, ce qui, bien qu’elle soit légèrement saillante, la rend difficile à reconnaitre. Les bras sont revêtus d’un tégument épais qui ne laisse pas apercevoir facilement les pièces calcaires logées dans son épaisseur. La disposition des piquants sur la partie génitale des bras indique nettement cependant lexistence d’arceaux semblables à ceux des Brisinga. Mais ces piquants ont eux- mêmes un aspect particulier. Le tégument qui les recouvre étant plus épais et plus serré que chez la Brisinga coronata, ne disparait pas aussi facilement; il enveloppe le piquant d’une gaine épaisse, couverte de pédicellaires croisés qui donne au piquant l’aspect d’une massue brusquement rétrécie à sa base. Dans l’intervalle de ces arceaux garnis de piquants, le tégument contient des séries de plaques calcaires, également disposées en arceaux, très peu visibles à travers le tégument et entre lesquelles passent des tubes tentaculaires isolés, plus petits que ceux du disque. Chaque plaque adambulacraire porte son piquant, comme chez la B. coronata ; mais ces piquants sont obtus, et en outre, de chaque côté des bras, on observe, de trois en trois ou de quatre en quatre plaques, une rangée transversale de trois ou quatre piquants portés par une côte saillante, qui est probablement un arceau rudimentaire homologue de ceux de la partie génitale du bras. Ces piquants diminuent de nombre, puis disparaissent dans le dernier tiers des bras qui reprend ainsi la structure ordinaire chez les Brisinga. Les téguments ne présentent pas comme chez les Brisinga de rides couvertes de pédicellaires, mais portent d'assez nom- breux pédicellaires isolés ou disposés par petits groupes. Ces pédicellaires sont plus grands que ceux des piquants; ils sont surtout abondants dans l’angle des bras. La membrane buccale est épaisse et garnie de papilles sessiles, disposées en séries simples rayonnant autour de la bouche; les papilles les plus rapprochées de la bouche sont les plus grosses, les suivantes s’atténuent rapidement et dispa- ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 11 raissent, ou tout au moins cessent d’êtresaillantes, à la surface de la membrane à mi-chemin de la bouche et du cercle den- taire. Les sillons qui séparent les rangées dé papilles se con- tinuent cependant sous forme de stries jusqu’au voisinage de ce cercle. » ODINIA ROBUSTA, E. Perrier. Brisinga robusta, Edmond Perrier, Comptes rendus de l’Acadénue des sciences, 10 août 1885. Talisman. — Dragage 73. — Pilones. — Profondeur, 1435 à 1056 mètres. — 1 exempl. — 2 ou NU - — 882 + 17 Côtes du Maroc. — 2 exemplaires de 882 à 1543 mètres. Cette espèce se distingue de l’Odinia semi-coronata par ses proportions plus robustes, son disque plus saillant, uni au plan des bras par une courbe rapidement tombante; les bras sont au nombre de 17, tellement renflés qu'ils se touchent tous, laissant seulement une sorte de trou entre eux auprès du dis- que. Les épines du disque et des bras sont beaucoup plus nombreuses; il en existe un grand nombre entre la portion renflée des bras et le disque, tandis que cette partie est lisse chez l’Odinia semi-coronata. Les arceaux calcaires qui portent ces épines sont aussi plus rapprochés ; mais le squelette in- tercalaire qui existe entre eux étant lui-même plus déve- loppé, ils sont moins distincts, de sorte qu 1l devient difficile de savoir quelle est la loi de ler disposition par rapport aux plaques adambulacraires. | Les caractères différentiels que nous venons d’énumérer entre l’Odinia robusta et l'O. semi-coronata se résument en un mot : la première espèce semble être une exagération de la seconde et l’on pourrait se demander s’ils sont suffisants, mal- gré la physionomie spéciale qui en résulte, pour les distinguer l’une de l’autre. Mais la membrane buccale fournit un carac- tère plus net; elle est en effet entièrement couverte de papilles. Ces papilles sont extrêmement serrées, disposées en séries rayonnantes, groupées elles-mêmes en secteurs séparés par 12 E. PERRIER. des sillons plus profonds que ceux qui séparent les séries de papilles. Enfin ces papilles, en approchant du bord buccal, deviennent nettement pédonculées, et se composent d’une tête ovoide supportée par un pédoncule grêle qui les relie à la membrane buccale. ODINIA ELEGANS, E. Perrier. Brisinga elegans, Edmond Perrier, Comptes rendus de l’Académie des sciences, 10 août 1885. Talisman. — Dragage 73. — Pilones. — Profondeur, 1435 à 1050 mètres. — 1 exempl. — — 12. — — 882 -- 1 — 15 exemplaires de 882 à 1435 mètres de profondeur. Petite espèce à 19 bras, remarquable par sa forme aplatie, le disque assez large étant à peine saillantau-dessus des bras. Ceux-ci s'unissent à leur base avant d'atteindre le disque, de sorte que la proportion du disque paraît avoir augmenté et. donne l’impression, quand on observe l’animal vivant, d’une Brisinga à disque large et à bras relativement courts. En mesurant du centre du disque à la jonction des bras, on trouve, en effet, sur le plus grand de nos exemplaires : R—10Mm r—=79Mm R<8r . Les bras, ainsi unis au disque, se détachent moins facile- ment encore que chez les autres Odinia, de sorte que la plupart de nos exemplaires sont entiers. Ces bras sont du reste peu renflés dans leur région génitale, peu rétrécis au sommet et contribuent ainsi à donner à l'étoile une physionomie carac- téristique. Les pièces du squelette dorsal du disque portent, au lieu de piquants, de petites épines ordinairement isolées, parfois bifurquées ou trifurquées au sommet. Les tubes tentaculaires sont grêles et pointus. | Les arceaux calcaires des bras cessent d’être apparents, et lon aperçoit, à travers le tégument relativement mince, le squelette dorsal du bras formé de plaques arrondies, disposées ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU & TALISMAN ». 13 sans ordre, irrégulièrement imbriquées et ne laissant entre elles d’intervalles que pour la sortie des tubes tentaculaires isolés. Un certain nombre de ces plaques portent de petits pi- quants dont la gaine tégumentaire est, comme d'habitude, couverte de pédicellaires. Sur toute la partie génitale du bras, ces piquants sont disposés sans ordre. Au delà les plaques squelettiques disparaissent, sauf sur les bords des bras où de trois en trois plaques adambulacraires elles forment des ru- diments d’arceaux portant 2 ou 3 longs piquants, comme chez les autres Odinia. En outre chaque plaque adambula- craire porte un piquant obtus. La membrane buccale est, dans toute son étendue, garnie de séries rayonnantes de papilles sessiles, grosses et arrondies au voisinage de la bouche, allongées, jé saillantes et deve- nant finalement drntronese à mesure qu'on se rapproche du cercle dentaire. La disposition des pédicellaires est le même que chez les autres espèces. GENRE CORONASTER, E. Perrier. Tubes ambulacraires nettement bisériés dans la plus grande partie de la longueur des bras, mais très pressés les uns contre les autres et commençant à affecter au voisinage de la bouche une disposition légèrement quinconciale, dont la disposition quadrisériée des Astéries n’est que la réalisation complète. — Plaques adambulacraires courtes portant chacune un piquant grêle et pointu. Squelette dorsal réticulé, présentant de longs piquants portant à la moitié de leur hauteur une houppe circu- laire de pédicellaires croisés. — Bras nombreux, non renflés à leur base, présentant la même structure dans toute leur étendue et rappelant les bras de l’Asterias tenuispina. 14 E. PERRIER. CORONASTER PARFAITI, E. Perrier. Talisman. — Dragage 103. — Iles du Cap Vert. — Profondeur, 225 mètres. Onze bras, grêles, très peu rétrécis au sommet, modéré- ment allongés. R=—50Mm r—6Mm R<èr Disque ne dépassant pas la hauteur des bras dont il est peu distinct, ceux-ci se touchant déjà par leur base avant de s’unir à lui. Squelette du disque formé de pièces imbriquées, dessi- nant des mailles dans lesquelles on aperçoit 3 ou 4 tubes res- piratoires. Sur les nœuds de ces mailles s’élèvent des piquants isolés ou groupés par paires et portant chacun un petit paquet de pédicellaires croisés. Plaque madréporique bombée, sub- marginale, marquée de fins sillons snmueux, rayonnant autour d'un centre. Squelette dorsal des bras formé par cinq bandes longitudi- nales, saillantes, espacées, de petites plaques imbriquées. De quatre en quatre, les plaques d’une même bande portent un long piquant vertical pointu, muni à mi-hauteur d’une volumineuse couronne de pédicellaires croisés. De chaque côté des plaques portant les piquants, partent des rangées transver- sales de plaques qui unissent chaque rangée longitudinale à ses voisines, contribuant ainsi à constituer un squelette assez délicat, à larges mailles rectangulaires. Dans ces mailles se trouvent un assez grand nombre de tubes tentaculaires coniques, : principalement situés sur le bord des mailles. Chez l’animal vivant, les parties du derme correspondant au squelette sont colorées en orangé, les autres sont blanches. Les plaques adambulacraires portent chacune un petit pi- quant ; 1l existe des pédicellaires droits, isolés, sur les bords mêmes de la gouttière ambulacraire. ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU &« TALISMAN ». 15 GENRE PEDICELLASTER, Sars. PEDICELLASTER MARGARITACEUS, E. Perrier. Travailleur, 1882. — Dragage 39. — Profondeur, 1225 mètres. Dans le Rapport sur la faune sous-marine de M. À. Milne-Edwards, 1882, p. 50. PEDICELLASTER SEXRADIATUS, E. Perrier. Travailleur, 1882. — Dragages 3 et 5. — Profondeur, 3307 et 3165 mètres. Dans le Rapport de la faune sous-marine de M. Alph. Milne Edwards, 1884, p. 50. FAMILLE DES ASTERIADÆ. Stellérides possédant, en général, des pédicellaires droits et des pédicellaires croisés ; des tubes ambulacraires quadri- sériés ; une bouche ambulacraire ; des bras ordinairement au nombre de 5, quelquefois de 6 ou 7, rarement davantage, protégés par un squelette dorsal réticulé. GENRE ASTERIAS, Linné. ASTERIAS GLACIALIS, Lamck. Deux magnifiques exemplaires de cette espèce ont été re- cueillis à peu de distance du littoral à Punta Delgada. Ils étaient remarquables par leur couleur uniformément d’un vert clair, mais qui peu à peu a passé au bleu foncé à mesure que ces animaux se sont affaiblis. Sauf cette particula- rité, nos deux échantillons ne diffèrent en rien de l’Asterras glacialis de nos côtes, dont la couleur est ordinairement un mélange, d’ailleurs très variable, de rouge orangé et de bleu. ’ FAMILLE DES STICHASTERIDÆ. Stellérides possédant des pédicellaires droits ou des pédi- 16 E. PERRIER. cellaires croisés, ou les deux ensemble ; des tubes ambu- lacraires quadrisériés au moins à la base des bras ; une bouche ambulacraire; des bras ordinairement au nombre de 5, protégés par un puissant squelette formé de rangées longitudi- nales, contiguës, de plaques triangulaires, imbriquées. GENRE ZOROASTER, Wyville Thomson. Cinq bras coniques plus ou moins rigides, quelquefois très allongés, couverts d’une granulation entremêlée d’épines. Pièces adambulacraires garnies d’un peigne transversal de piquants ; formant par leur union des festons où sont enchässés les tubes ambulacraires. Ventouse terminale des tubes ambu- lacraires petite. Tubes ambulacraires quadrisériés au moins à la base des bras. ZOROASTER FULGENS, Wyville Thomson. Dragage 44. — Côtes du Maroc. — Profondeur, 2083 mètres. — 10 petits exempl. — 36.— Mogador. — 912-1050 — 1 grand exempl. — 60.— Côtes du Sahara. — 1139 — 1 exemplaire. — 81.—Tropique. j — 1139 — 4 — — 82.—Tropique. — 932 — 4grandsexempl. 201 exemplaires répartis sur une verticale de 1171 mètres, par une profondeur moyenne de 1492 mètres. On ne peut douter que cette espèce, dont nous avons recueilli des exemplaires de deux tailles sans intermédiaires, ne soit bien le Zoroaster fulgens, de Wyville Thomson. Les petits exemplaires correspondent exactement à la figure qui a été pu- bliée page 198 de l’ouvrage bien connu Les Abîmes de la Mer, et les différences qui peuvent exister entre nos petits exem- plaires et les exemplaires de grande taille, sont bien de celles que l’âge amène naturellement entre les Étoiies de mer de même espèce. Nous en donnons néanmoins une description complète, afin de faire plus nettement ressortir les différences qui séparent cette belle espèce du côté oriental de l'Atlantique, des espèces qu'on trouve du côté occidental, à des profon- ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAIBLEUR D ET DU € TALISMAN ». 17 deurs correspondantes dans le golfe du Mexique,et que nous avons appelées Zoroaster Sigsbeei, et Zoroaster Ackleyi dans notre Mémoire sur les Stellérides recueillis par le Blake. Chez quelques exemplaires la longueur des bras, comptée à partir du centre du disque, atteint 120 millimètres. Dans des individus plus nombreux R—=109Mm r =15 Mn R>7r d—16Mm Dans les petits individus R= 85Mm r—=9Mm R>9r d=9Mm Be rapport de R à r tend donc à diminuer avec l’âge, ce qui revient à dire que le disque s’élargit proportionnellement plus que les bras ne S’allongent. L'aspect général des grands exemplaires rappelle assez bien un Séichaster dont la granulation serait extrêmement fine ; la disposition des plaques en rangée est la même ; mais la consti- tution de la gouttière ambulacraire présente d’importantes particularités qui rappellent à certains égards ce qu’on ob- serve dans une famille toute différente, celle des AsTRoPEc- TINIDÆ. | Les tubes ambulacraires sont disposés sur quatre rangées jusqu’à l'extrémité des bras, comme chez les Asterias et les Stichaster ; mais, comme nous l’avons signalé chez les Gonio- pecten de la mer des Antilles, et comme on le voit chez divers Archaster, la ventouse terminale de ces tubes est très petite et le tube se renfle immédiatement au-dessus d’elle, s’a- cheminant ainsi vers la forme des tubes ambulacraires coni- ques et dépourvus de ventouse des Luidia et des Astropecten. Les plaques adambulacraires elles-mêmes présentent une disposition analogue à celle qu’on observe dans ces derniers genres; elles sont taillées de manière à présenter, suivant leur hauteur, une arrête médiane qui fait saillie dans la gouttière ambulacrare. Deux plaques consécutives constituent ainsi une logette demi-cylindrique qui enchâsse le tube ambula- 18 E. PERRIER. craire correspondant. La saillie de l’arête et, par conséquent, la séparation des tentacules consécutifs est encore accusée par la présence d’un piquant comprimé, recourbé en lame de sabre, semblable à celui que présente la gouttière ambulacraire des Astropecten. Derrière ce piquant chaque plaque adam- bulacraire en porte d’autres disposés, toujours comme chez les Astropeclen, en une rangée transversale. Ces piquants sont droits et mobiles. Mais en dehors del’existence, exceptionnelle partout ailleurs, de quatre rangées de tubes ambulacraires, ce qui nous ramène nettement au tvpe des ASTERIADÆ C’est que, à la base du piquant en lame desabre,se trouve une apophyse saillante dans la gouttière ambulacraire, recouverte par les téguments qui se prolongent, au delà de son extrémité, en un petit support membraneux terminé par un bouquet de pédi- cellaires droits, en tout semblables à ceux des Asferias. Les plaques ventrales qui suivent les plaques adambulacraires sont couvertes de piquants aplatis, les unsgrands, les autres petits. Ces piquants sont couchés sur la face ventrale ; sur chaque série de plaques perpendiculaires à la gouttière ambulacraire, on trouve deux rangées de piquants plus grands, disposées dans le sens de la série et d’autres plus petits irrégulièrement placés. Il n’y a pas de démarcation entre les plaques ventrales et les plaques dorsales. Toutes ces plaques se suivent aussi bien dans le sens transversal que dans le sens longitudinal, Dans le sens transversal, elles forment autant d’anneaux con- tigus qu’il y a de plaques adambulacraires ; dans le sens lon- gitudinal elles forment, de chaque côté, entre la rangée des plaques médianes dorsales, toujours plus grandes que les autres, et la rangée adambulacraire, einq rangées. Aux angles des plaques on observe des papilles respiratoires isolées chez les petits exemplaires, par groupes de trois, en général, chez les grands. En conséquence du mode d’arrangement des plaques, les papilles sont elles-mêmes disposées en rangées longitudinales en nombre de 4 de chaque côté. Toutes les plaques dorsales sont revêtues de piquants mobiles sem- blables aux plus petits piquants de la région ventrale. En ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR D ET DU & TALISMAN ». 19 outre, chacune des plaques de la région médiane dorsale s'élève en une assez forte épine. Des pédicellaires droits, isolés, d'assez forte taille, mais peu nombreux, sont dissé- minés parmi les piquants. Nous n’avons pas vu de pédicel- laires croisés. Sur le disque, on observe un pentagone formé de 10 plaques saillantes, dont 5 forment la terminaison de la rangée médiane de plaques dorsales et 5 sont interradiales. Au centre, la plaque centrodorsale est également saillante. La plaque madréporique est en dehors du pentagone dorsal. Ses sillons forment un double pinceau transversal, compre- nant entre ses épanouissements terminaux deux groupes opposés de sillons en forme de V. Chez les petits exemplaires, les tubes ambulacraires ne forment plus que deux séries dans le dernier tiers des bras. ZOROASTER LONGICAUDA, SP. nov. Dragage 136. — Entre les Açores et l’Europe. — Profondeur, 4255 mètres. — 4 exempl. — 101. —- Sénégal. — 3200 — 1 — — 4102. — Sahara. — 3655 — 1 — — 131. —N.-E. des Açores. — 2995 — En 11 exemplaires répartis sur une région verticale de 1260 mètres, à une profondeur moyenne de 3526 mètres. Les exemplaires de la dernière provenance, la moins pro- fonde de toutes, sont notablement plus petits que ceux des autres stations. Cette espèce est remarquable par le développement énorme des bras : KR — 195 Mm r — 12 Mn R > 16r Peu d’Astéries, à part les Brisinga, ont, comme on le voit, des bras aussi longs, relativement aux faibles dimensions du disque. L'animal, les bras étendus, a tout prèsde 4 décimètres de diamètre, quand son disque atteint à peine 25 millimètres. Ces bras si longs sont aussi beaucoup plus flexibles que chez le Zoroasier fulgens. Us rappellent à cet égard ce qu’on ob- serve chez le Zoroaster Ackleyi du golfe du Mexique, dont les ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX D AR TUNC 8. 90 E. PERRIER. bras sont d’ailleurs beaucoup plus courts. Les bras du Zoroas- ter longicaucla sont en même temps très pointus et très grêles; ils s’élargissent toutefois assez rapidement à leur base, sans présenter d’ailleurs l’aspect fusiforme des bras des Brisinga. Leur diamètre, à 5 centimètres de leur base, n’est déjà plus que de 8 millimètres environ sur lindividu dont nous venons de donner les dimensions. Il faut sans doute rapprocher de la gracilité des bras, le fait que les tubes ambulacraires ne sont disposés sur quatre rangées que dans leur premier quart, près de leur base par conséquent. Sur tout le reste de leur lon- gueur, ils ne forment que deux rangées, comme chez les Pedi- cellaster et les autres Brisingidæ. Les ventouses de ces tubes sont encore petites, moins cependant, toutes proportions gar- dées, que celles du Zoroaster fulgens. Les piquants que portent les plaques adambulacraires sont disposés de manière à former un peigne perpendiculaire à la direction de la gouttière, comme dans le Zoroaster fulgens, et, comme dans cette espèce, chaque tube ambulacraire est enchâssé entre deux plaques adambulacraires consécutives el séparé de ses voisins par les piquants qui font saillie dans la gouttière. Ces piquants sont ordinairement au nombre de % sur chaque plaque. Le premier d’entre eux ne diffère pas aussi sensiblement des autres que dans le Z. fulgens; il s'incline presque horizontalement vers la goutlière et porte sur sa face extérieure un bouquet de 6 ou 8 pédicellaires droits. Les trois piquants suivants portent également sur leur face externe, le premier un bouquet de trois ou quatre pédicellaires, les deux autres, en général, un seul de ces organes dirigé en dehors. En outre, des pédicellaires sem- blables sont disséminés sur la face ventrale et s’y trouvent isolés. On remarquera cette disposition fasciculée des pédicel- laires droits chez le Zoroaster fulgens et le Z. longicauda. Elle n’est pas très fréquente chez les ASTERIADÆ, où elle est au contraire presque constante. pour les pédicellaires croisés, et ne s’observe, comme chez nos deux espèces de Zoroaster, que sur les piquants de la gouttière ambulacraire. ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 1 La face ventrale est plus réduite encore que chez le Zo- roaster fulgens; elle présente 2 ou 3 rangées irrégulières de longs piquants mobiles, renversés en dehors et, en outre, un revêtement irrégulier de piquants courts, obtus, envé- loppés dans une gaine légumentaire, comme les piquants des Brisinga, sans toutefois porter de pédicellaires. De sem- blables piquants couvrent d’un revêtement uniforme toute la face dorsale des bras, et forment une sorte de velouté qui laisse à peine apparaitre les rangées de plaques consti- tuant le squelette des bras, comme chez les autres espè- ces. On distingue cependant le long des bras quatre lignes enfoncées qui correspondent aux lignes de papilies respira- toires situées, comme on sait, dans l’intervalle des‘rangées de plaques. De plus, la rangée médiane dorsale est accusée par une ligne de courts piquants pointus. Ces piquants sont isolés sur chaque plaque. On n’aperçoit pas davantage les plaques constitutives du disque, si saillantes chez d’autres espèces, le Zoroaster Sigs- beei, par exemple, et encore bien marquées chez le Zoroaster fulgens. La plaque madréporique, très petite, est elle-même dissimulée par ces piquants. Je n'ai pas réussi à découvrir d’autres pédicellaires que les pédicellaires droits de la face ventrale et de la gouttière am- bulacraire. GENRE STICHASTER, Müller et Troschel. Squelette des bras formé de rangées régulières de plaques contiguës et granuleuses. Quatre rangées de tubes ambula- craires dans toute la longueur des bras. 99 HE. PERRIER. STICHASTER TALISMANI, SP. nov. Dragage 92.— Canaries. Profondeur, 946 mètres. — 1 exemplaire. — 121.— Sud de Fayal. — 1442 — 2 — — 122. — Mer des Sargasses. — 1440 — 2 — — 127. — Acores. — 1957 — 14 _ 19 exemplaires répartis sur une verticale de 496 mètres, à une profondeur moyenne de 1271 mètres. Sur un des plus grands exemplaires, RE Mn 10) 0 ID Les bras, au nombre de cinq, sont régulièrement coniques de la base au sommet et pointus. Ils sont convexes en dessus, aplatis ou même légèrement concaves en dessous, de sorte que leur face ventrale est nettement distincte de leur face dorsale. Chaque plaque adambulacraire porte deux piquants disposés transversalement, l’un au bord même de la gouttière ambulacraire, l’autre un peu en dehors. Ces piquants sont obtus, et le piquant interne se renverse fréquemment au- dessus de la gouttière ambulacraire, tandis que le piquant externe se renverse au dehors et s'applique contre les bras. La face ventrale présente deux rangées de plaques cachées sous les téguments; chaque plaque porte un peigne disposé longitudinalement, de trois piquants obtus divergents. Ces peignes sont sur le prolongement les uns des autres, de sorte que l’on compte sur la face ventrale tout entière deux ran- gées longitudinales de piquants. Dans l'intervalle de ces deux rangées de piquants, se trouve une rangée de pédicellaires croisés tout à fait indépendants des piquants. On n’aperçoit pas de pédicellaires droits, même au voisinage des piquants ambulacraires. Les faces dorsales et latérales sont constituées par sept ran- gées de plaques imbriquées de l'extrémité des bras à leur base dans une même rangée, contiguës d’une rangée à l’autre; dans les sept rangées qui sont complètes, il existe, ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 93 par conséquent, le même nombre de plaques ; la rangée infé- rieure de chaque côté s’atténue beaucoup vers le dernier tiers des bras, de sorte qu’elle ne paraît pas atteindre leur extré- mité. La rangée médiane dorsale est formée de plaques plus grandes que les autres. Bien que contenues dans le tégument, ces plaques portent un certain nombre de piquants, si courts et si obtus qu'on pourrait les décrire comme une sorte de granulation formée de grains sphériques, grossiers et large- ment espacés. [l en existe une dizaine sur les plaques de l’arête dorsale, cinq ou six au maximum sur les autres. Entre ces plaques, notamment dans les sillons qui séparent les unes des autres les rangées voisines, on trouve de petits pédicel- laires croisés isolés. Ces pédicellaires sont surtout nombreux sur les faces latérales des bras. Sur tous les individus que j'ai sous les yeux, de petits enfon- cements alternant avec les plaques, aussi bien dans le sens longitudinal, où 1ls sont nettement disposés en rangées, que dans le sens transversal, contiennent de une à trois papilles membraneuses (tubes respiratoires). Ges papilles manquent entre les plaques adambulacraires et la première rangée de plaques ventrales, entre celle-ci et la seconde; mais elles se montrent entre cette dernière et la première rangée de plaques dorsales, fournissant ainsi un caractère permettant de délimi- ter nettement une face ventrale, comme cela a lieu pour le genre Linchia. Le disque est limité par un enfoncement circulaire assez marqué vis-à-vis des angles interbrachiaux, mais interrompu sur le prolongement des rangées médianes dorsales de plaques par la dernière plaque de chacune de ces rangées. Sur l'angle interne de ces cinq plaques, viennent s'appuyer cinq autres plaques, exactement interbrachiales, situées au dedans du cercle enfoncé et dont l’une porte la plaque madréporique. Une plaque centro-dorsale, entourée d’autres plaques plus petites au nombre d’une dizaine, complète le squelette du disque. Entre ces plaques, se trouvent de grandes papilles respiratoires isolées. La plaque madréporique est petite, cir- 94 E. PERRIER. : culaire, un peu enfoncée, étroitement entourée de granules et marquée d'assez larges sillons sinueux disposés à peu près symétriquement sur la moitié interne et la moitié externe de la plaque. Observation. — Cette espèce se distingue nettement du Sthchaster aurantiacum avec laquelle elle a quelque ressem- blance par sa taille moindre, ses bras plus grêles et plus pointus, ses granulations beaucoup moins serrées, ses papilles respiratoires presque isolées au lieu d’être disposées en groupes; la constitution nettement définie de son disque, sur lequel tranchent par leurs dimensions, parmi les petites plaques situées entre elles, la plaque centro-dorsale, les cinq plaques interradiales, dont l’une porte le madréporite et les cinq plaques radiales. Le Stichaster roseus à une granulation infiniment plus fine et des plaques dorsales beaucoup plus nombreuses, irrégulè- rement disposées. À l’état vivant, le Sfichaster Talismani est de couleur oran- Ée! (J{e) ‘Ordre II. — Stelleridæ Spinulosæ. FAMILLE DES ECHINASTERIDÆ. GENRE CRIBRELLA. CRIBRELLA ABYSSICOLA. Dragage 22. — Côte du Maroc. — Profondeur, 1635 mètres. — 1 exemplaire. — 20. — — — 1105 — 1 — — 32. — — — 1590-1350 — 3 — — 33. — — — 1350-836 — 2 — 7 exemplaires de 836 à 1635 mètres de profondeur. Cinq bras flexibles, se déformant facilement dans Palcool. RM Pr AO ME IR TE ARTICLE N° 8, ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 25 Plaques ambulacraires portant un peigne de cinq ou six piquants divergents, disposés obliquement par rapport à la direction de la gouttière ambulacraire. Ces piquants sont réunis par une sorte de demi-palmure et le plus interne d’entre eux est un peu plus court que les autres, comprimé et légèrement arqué. Le reste de la surface ventrale de chaque plaque ambulacraire est couvert de très petits piquants, très serrés les uns contre les autres. Les piquants correspondant à chaque plaque forment un groupe distinct. Sur la face ven- trale, on aperçoit trois rangées longitudinales de plaques assez régulières, dans lesquelles les plaques se correspondent de manière à former des ébauches de rangées transversales; mais cette disposition s’efface rapidement sur les côtés et sur le dos, où toutes les plaques forment un réseau irrégulier, formé de petites plaques n’atteignant guère que 1 millimètre de dia- mètre et couvertes de petits piquants disposés en brosse comme ceux de la face ventrale. Dans les mailles de ce réseau, se trouvent des pores tentaculaires isolés. Des pores semblables se trouvent aussi sur la face ventrale, immédiatement après la rangée des plaques qui sont en contact avec les plaques adam- bulacraires. La plaque madréporique, située vers le milieu de l’un des arcs interbrachiaux, est assez grande, mais cachée par les piquants. Observation. — Quelle que soit leur provenance, les Cri- brelles sont si voisines les unes des autres qu’à peine semble- t-il possible, à première vue, de les diviser en espèces nette- ment caractérisées. Les différences qu’on peut signaler entre elles résident dans la longueur relative des bras, dans la finesse de leur ornementation, le nombre des pores. tentaculaires qu’on observe dans les mailles de leur réseau squelettique, la constitution de l’armature ambulacraire. Par les proportions de ses bras, par la finesse de l’ornementation de ses tégu- ments, la Cribrella abyssicola se rapproche beaucoup de la Cribrella Antillarum, E. P., qui vit dans la mer des Antilles à des profondeurs variant de 300 à 1500 mètres. Il est donc 26 E. PERRIER. nécessaire de bien préciser en quoi les deux espèces diffèrent. Dans la Cribrellu Antillarum, le diamètre des plaques sque- lettiques est plus grand que celui des mailles qu’elles circon- scrivent ; c’est le contraire chez la Cribrella abyssicola, dont les mailles porifères sont par conséquent très apparentes. Dans la Cribrella Antillarum, les piquants qui recouvrent les plaques dorsales sont si courts qu’on pourrait les décrire comme des granules ; chez la Cribrella abyssicola, ils ont nettement l’as- pect de petits piquants. Cette différence est surtout frappante sur la face ventrale, qui est simplement granuleuse chez la Cribrella Antillarum. Les plaques ventrales sont plus grandes, nettement rectangulaires, dans cette dernière espèce, où elles forment des rangées longitudinales bien accusées; leur forme et leur disposition sont, au contraire, assez irrégulières chez la Cribrella abyssicola. Dans la Cribrella Antillarum, les plaques adambulacraires, couvertes de petits piquants obtus, portent, sur le bord de la gouttière, trois piquants mousses, disposés enfrangée longitudinale et, dans la gouttière même, deux piquants plus petits, bien visibles seulement quand on écarte les bords de la gouttière, souvent placés l’un devant l’autre et séparant les tubes ambulacraires consécutifs. Dans la Cribrella abyssicola, cette double armature est remplacée par un peigne oblique de cinq ou six piquants divergents dont l'interne est le plus petit. Les différences entre les deux formes des régions profondes sont donc assez nettes pour justifier une distinction spécifique. Ces deux formes ne sauraient d’ailleurs être confondues avec la Cribrella Hyadesi, E. P., espèce encore inédite du cap Horn. Cette espèce a les bras beaucoup plus courts, et les mailles de son réseau calcaire contiennent plusieurs pores tentaculaires, ce qui la rapproche singulièrement de la Cri- brella ornata, E. P., du cap de Bonne-Espérance. ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU « TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 27 Ordre II — Stelleridæ Valvulatæ, FAMILLE DES LINCKIADÆ. GENRE CHÆTASTER, Müller et Troschel. CHÆTASTER LONGIPES, M. T. Dragage 24. — Au sud deCadix. — Profondeur, 120 mètres. — 1 exemplaire. — 23. — — — 120 — 1 — — 68. — Sahara. _ dE = 177 — — 81. — — 10143 — 8 — — 68. — — 102 — 2 — — 81. — Tropique. — 1139 — 1 — — 67. — Sahara. — 130 — 15 — Une trentaine d'exemplaires, de profondeurs variant de 120 à 139 mètres. La couleur de ces beaux Stellérides est d’un jaune soufre à l’état vivant. Cette espèce avait été longtemps considérée comme propre à la Méditerranée. Elle est, comme on voit, abondante à des profondeurs relativement faibles des parties chaudes de l'Atlantique. On peut la considérer comme appar- tenant à la zone coralligène. GENRE OPHIDIASTER, L. Agassiz. OPHIDIASTER OPHIDIANUS, Lamarck. Quatre beaux exemplaires de cette espèce ont été recueillis à Punta Delgada. À L'Ophidiaster ophidianus a été, de même que le Chætaster longipes, longtemps considéré comme propre à la Méditer- ranée. Il avait déjà été recueilli à Madère, en 1843, par MM. Castelneau et Deville et en 1873 aux îles du Cap Vert par M. Bouvier. 98 E. PERRIER. GENRE NARCISSIA, Gray. NARCISSIA CANARIENSIS. 1839. — Asterias Canariensis, d’Orbigny, Voyage de Webb et de: Berthelot aux iles Canaries, p.148. — Echinodermes, pl. IL, fig. 8 à 5. 1840. — Narcissia Tenerifiæ, Gray, Annals of nat. history. Dragage 107. — 1 exemplaire des îles du Cap Vert pèché à 79 mètres de profondeur La couleur de ce Stelléride est orangée à l’état vivant. Il n'avait encore été trouvé qu'aux îles Canaries et doit se ren- contrer sur la côte d'Afrique, dans la zone coralligène. Il est possible qu’on le rencontre un jour dans la Méditerranée. Nous avons rappelé dans notre Revision des Stellérides Archives de Zoologie expérimentale, (t. IV, p. 434), que le docteur Lütken avait, en 1864 et 1871, pensé à identifier l’Asterias canariensis de Webb et Berthelot avec le Chætaster longipes, bien qu’en 18692 Dujardin et Hupé, ayant examiné le type de d’Orbigny, en eussent déjà fait un Scytaster. Ge type de d’Orbigny est actuellement entre nos mains; il a été donné à la collection des Stellérides du Muséum, par notre éminent collègue, M. Albert Gaudry, professeur de paléontologie; son examen confirme pleinement l’identification que nous en avions faite, d’après les figures de d'Orbigny, avec la Narcissia Teneriffæ de Gray, que nous avons examinée au British Museum. GENRE FROMIA, Gray. FROMIA NARCISSIÆ. Dragages 106 et 107. — 75 mètres. — Iles du Cap Vert. — 4 exemplaires associés à la Narcissia Canariensis. R=—=%S Mn r—=5MmR. —=5.7r >'CGr Plaques adambulacraires portant chacune, dans la gout- ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 99 tière ambulacraire même, quatre piquants aplalis, tronqués, suivis en dehors de trois piquants à peu près de leur forme et affleurant au même niveau qu'eux, après lesquels vient une rangée de granules qui se fondent avec la granulation géné- rale de la face ventrale. Face ventrale formée par deux ran- ogées de plaques carrées sans pores tentaculaires ; face dorsale du disque et des bras limitée par une rangée de plaques mar- ginales semblables aux plaques ventrales avec qui elles sont contiguës, formée de plaques polygonales, souvent irrégu- lièremeut hexagonales ou arrondies et présentant à leurs angles des pores tentaculaires isolés, couverts par une granu- lation uniforme assez serrée, mais laissant nettement appa- raître le contour des plaques. — Plaque madréporique petite, triangulaire, située entre le deuxième et le troisième tiers de la distance du centre du disque au sommet de l’arc interbra- chial qui est presque nul. Observation. — I] se pourrait que les échantillons que nous donnons sous le nom de Fromia, bien qu’ils présentent de la facon la plus nette les caractères de ce genre, ne fussent que de jeunes Narcissia. Les piquants des plaques adambula- craires des Narcissia adultes sont, à la vérité, au nombre de 5 en général sur la première rangée au lieu de 4. Ceux de la deuxième rangée sont souvent au nombre de 5 ou 6 au lieu de 3, mais ils sont assez irrégulièrement disposés et 1l n'est pas bien certain que ces nombres, toujours indiqués dans les caractéristiques d’espèces, soient absolument inva- riables avec l’âge. Ce caractère écarté, ainsi que la faible taille des Fronna relativement aux Narcissia, qui est justiciable de l’âge, il ne reste plus pour distinguer les deux types que la forme des bras aplatis chez les Fromia, fortement carénés le long de la ligne médiane dorsale chez les Narcissia ; mais une de nos Fromia, la plus grande, présente déjà un commence- ment d'indication de cette carène. - Si de nouvelles recherches justifient cette indication, 1l serait nécessaire soit de séparer définitivement les Narcissia 30 E. PERRIER. des Seytaster, comme l'avait fait Gray, soit de réunir les Fromia aux Scytaster, comme le voulaient Müller et Troschel. Mais si cette dernière façon de faire prévalait, il faudrait réu- nr en un seul genre tous les êtres qui traversent en se déve- loppant des formes analogues. Ce serait la destruction de toute classification. Nous pensons donc qu’il convient de séparer dès maintenant les Narcissia des Scytaster, et de Les placer, comme un chaïinon intermédiaire, entre ce genre et celui des Fronmia, qui conduit à son tour aux GONIASTERIDÆ. FAMILLE DES GONIASTERIDÆ. Le genre Astrogonium, M. et T., qui comprend un très grand nombre d'espèces, a été l’objet d'essais de démembrements qui n’ont pas été très heureux. L'absence ou la présence de granulations sur les plaques squelettiques est un caractère d'autant moins fidèle que la plupart des espèces à ossicules lisses sont d’abord granuleuses. Nous pensons arriver à un résultat plus satisfaisant en divisant les espèces, d’après leur forme, en quatre groupes qui peuvent être considérés comme autant de genres; ce sont les suivants : 1° Siephanaster Ayres, sens. nov. — Espèces plus ou moins pentagonales, à sommets brachiaux dilatés ou tout au moins arrondis; à plaques marginales peu nombreuses ; 2 Pentagonaster. — Espèces pentagonales, à côtés sensi- blement rectilignes, à plaques marginales, ordinairement peu nombreuses ; 3° Astrogonium, sens. nov. — Espèces à côtés plus ou moins concaves, à sommet des bras aigu; à plaques margi- nales nombreuses, séparées sur toute la longueur du bras; 4 Dorigona. — Espèces à côtés concaves, à bras aigus, sou- vent très allongés, à plaques marginales nombreuses, con- tiguës d’un côté à l’autre sur une partie, au moins, de la lon- gueur des bras. Les Étoiles appartenant à ces quatre groupes ont une phy- ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAND. 91 sionomie bien distincte; il est rare qu'on puisse hésiter à les rapporter à l’un ou à l’autre, et 1l y a avantage, en raison de leur nombre, à adopter une répartition en genres moins étendus que le genre Pentagonaster auquel nous nous étions arrêté dans notre Revision des Stellérides. GENRE STEPHANASTER, Ayres. STEPHANASTER BOURGETI, E. Perrier. Dragage 111. — Saint-Vincent. — Profondeur, 580 mètres. — 17 exemplaires. — 110 — — 450 — 6 — — 112. — Iles du Cap Vert. — 347-405 | — 1 — — 193 — — 560 — 3 — 27 exemplaires de 400 à 600 mètres. Espèce remarquable par sa forme, qui est celle d’un pen- tagone à sommet très obtus et à côtés légèrement concaves. Cette forme est surtout caractéristique chez les individus petits et moyens; elle est due aux dimensions relatives des plaques marginales, dorsales et ventrales. Ces plaques sont au nombre de six pour chaque côté du corps, sans compter une petite plaque impaire terminale. Les deux plaques moyennes dor- sales sont en forme de trapèze allongé normalement aux côtés du corps ; leur hauteur est double environ de la longueur de leur plus grande base. Les plaques suivantes sont beaucoup plus larges et présentent cinq côtés. Le côté extérieur est sensiblement convexe; les deux côtés latéraux sont très imégaux, le côté voisin du sommet du bras étant moitié moin- dre que le côté opposé; les deux côtés intérieurs sont aussi très inégaux ; le plus grand, tourné vers le sommet du bras, est double du plus petit et s’accole dans toute sa longueur au côté correspondant de la plaque symétrique; les deux petits côtés font entre eux un angle obtus et concourent à limiter l’aire dorsale. La dermière plaque dorsale est petite, trapézoidale et séparée par la précédente de l’aire dorsale. Les plaques ventrales sont en même nombre que les plaques 32 E. PERRIER. dorsales ; mais les quatre plaques moyennes diffèrent moins entre elles par leurs dimensions. Chez le plus grand individu : R= 35Mm r —26Mm Chez ceux de taille moyenne : R—920Mm r—=—15Mm R—43r Chez les grands imdividus 1l existe une plaque de plus à chacune des deux extrémités des côtés du corps. Les plaques moyennes et celles de la deuxième paire sont moins dispro- portionnées par rapport à celles de la troisième, qui demeu- rent cependant les plus grandes, de sorte que le contour de l'animal se rapproche de la forme pentagonale régulière. Cette inégalité des plaques marginales rappelle ce qu’on observe chez le Pentagonaster pulchellus, Gray, de la Nouvelle- Zélande, chez le Pentagonaster Dübeni, Gray, le P. Gunnii, Perrier, tous deux d'Australie, et le Pentagonaster (Astrogo- nium) dilatatus, Perrier, de la Nouvelle-Zélande, tous ani- maux d’ailleurs bien différents soit par le rang de la plus grande plaque, soit par le nombre des plaques marginales. On ne peut dire que les plaques marginales, tant dorsales que ventrales, soient lisses comme chez les Tosia, ni complè- tement granuleuses comme chez les Astrogonium, ce qui mon- tre une fois de plus le peu de valeur des genres que Gray ou même Müller et Troschel ont essayé de baser sur ce caractère. Ces plaques portent, en effet, sur tout leur pourtour, un nombre variable de rangées de granules; mais, en outre, des” oranules isolés sont disséminés sur toute leur surface et encastrés chacun dans un petit enfoncement de l’ossicule, où ils conservent une certaine mobilité. Ils sont parfois translu- cides et rappellent alors un peu les sphéridies des Oursins. Ces plaques portent souvent, en outre, un certain nombre de pédicellaires d’une forme remarquable, que l’on retrouve d’ailleurs sur la plupart des ossiculesdorsaux. Ces pédicellaires sont formés de deux longues lames verticales, en forme de ARTICLE N° 8, ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 33 cuillère allongée, légèrement élargies à leur base. Dans leur attitude normale, ces deux lames sont couchées horizontale- ment sur l’ossicule, qui présente au-dessous de chacune d’elles une cavité destinée à les recevoir et sur laquelle elles se moulent exactement. Lorsque le pédicellaire est ainsi ouvert, leurs bases sont, en regard l’une de l’autre, séparées par un espace vide et semblent au premier abord former à elles seules un pédicellaire valvulaire ordinaire. Il arrive quelquefois que la fossette correspondante aux bases des pédicellaires se comble au-dessous d’elles et les retient captives; un pareil fait montre que l’activité de ces organes ne saurait être très grande. On remarquera la res- semblance de ces pédicellaires avec ceux des Ophidiaster ; ils constituent donc une transition entre les pédicellaires des LiNckrADÆ et ceux des GONIASTERIDÆ. Les ossicules dorsaux sont couverts de granules assez gros- siers, polyédriques sur le pourtour, arrondis sur la surface et situés chacun dans un alvéole. Ces ossicules portent souvent un ou deux pédicellaires semblables à ceux des plaques mar- ginales et irrégulièrement placés. La plaque madréporique orande, bien distincte, marquée de quatre groupes de sillons rayonnants, ramifiés, est retenue au premier tiers de la dis- tance entre le centre du disque et le sommet de l’arc inter- brachial correspondant. La bordure des granules des plaques marginales ventrales est formée d’un plus grand nombre de rangées que celle des plaques marginales dorsales. Les granules des plaques ven- trales sont à peu près semblables à ceux des plaques dorsales. Quelques-unes des plaques voisines des plaques adambula- craires portent un pédicellaire semblable à ceux des plaques dorsales. Les plaques adambulacraires portent aussi presque constamment un pédicellaire situé près de leur bord opposé à la gouttière ambulacraire. Ces pédicellaires adambula- craires sont habituellement fermés ; à leurs branches, assez semblables à celles de pédicellaires dorsaux, ne correspon- dent pas de fossettes de repos. Outre les granules ordinaires, 34 E. PERRIER. chaque plaque adambulacraire porte dans le sillon ambula- craire cinq piquants prismatiques, et en arrière de ces pi- quants, trois granules plus gros que les granules ventraux et qu'on peut considérer comme formant une seconde rangée de piquants. GENRE PENTAGONASTER, Linck, Sens. restr. PENTAGONASTER CRASSUS, E. Perrier. Dragage 80. — Côtes du Maroc. — Profondeur, 1139 mètres. Corps épais, pentagonal. s Plaques marginales dorsales au nombre de 12, plus longues que larges, diminuant de longueur à l'extrémité des bras, où trois d’entre elles sont contiguës à leurs symétriques. Plaques marginales ventrales disposées comme les dorsales. Piquants adambulacraires, au nombre de 5, minces et serrés. Granulations dorsale et ventrale assez fines et uni- formes. PENTAGONASTER DEPLASI, E. Perrier. Dragage 34. — Côtes du Maroc. — Profondeur, 1123 mètres. — 13. — Pilones. _— 1435 à 1056 — —-2 exemplaires. Plaques marginales au nombre de 16 à 18, les ventrales en même nombre que les dorsales. Angles interbrachiaux légèrement concaves. Piquants adambulacraires au nombre de 3 sur chaque plaque, suivis d’une rangée de piquants plus gros. Ossicules dorsaux hexagonaux, revêtus d’une granulation uniforme. PENTAGONASTER VINCENTI, E. Perrier. Dragage 52. — Canaries. — Profondeur, 946 mètres. Corps pentagonal; entièrement granuleux. Plaques marginales dorsales au nombre de 16. ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 99 Plaques marginales ventrales au nombre de 16. Piquants des plaques adambulacraires au nombre de 4 sur chaque plaque. Des pédicellaires valvulaires, à mâchoires étroites et dres- sées, formant une rangée régulière de chaque côté des gouttières ambulacraires et situés isolément sur les plaques ventrales qui suivent immédiatement les plaques adambula- craires. PENTAGONASTER GOSSELINI, E. Perrier. Talisman.— Dragage 32.— Maroc. — Profondeur, 1590 à 1350 mètres.— 4exempl. — — 34. — — 1193 — WP _ — 37. — Mogador. — 1050 — NE — — 51.— Canaries. — 1938 — 2 — — — 02. — _ MAG = LE AU — — 127. — Açores. — 1957 — 10 — 20 exemplaires, répartis sur une verticale de 774 mètres. Corps de forme sensiblement pentagonale, à côtés plus ou moins profondément échancrés, entièrement granuleux aussi bien sur la face dorsale que sur la face ventrale. Plaques marginales dorsales et ventrales en même nombre, ordinai- rement au nombre de 10 pour chacun des côtés du corps (5 pour chaque bras), mais pouvant descendre au nombre de 8 ou s'élever au nombre de 14. Piquants des plaques adambulacraires au nombre de 4 ou 5 sur chaque plaque. Ordinairement point de pédicellaires; il peut cependant exister depetits pédicellaires en pince, avec alvéole pour leurs mâchoires, sur les ossicules dorsaux, y compris les plaques marginales. PENTAGONASTER GRANDIS, E. Perrier. Talisman.— Dragage 30.— Côtes du Maroc. — Profondeur, 1435 mèt. — 6 exempl. — — 31. — — 14050- 856 — , 4 — — — 85.— Côtes du Sahara. — 830 — 4 — _ — 95. = — 1160-1230 — 1 — _ — 122. = == 1440 — 10 — _ — 126. —Acores. — 19258 — T — 29 exemplaires, répartis sur une verticale de 584 mètres, de 930 à 1440 mètres. Corps pentagonal, à côtés plus ou moins profondément ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX, 25. — ART. N° 8. 36 E. PERRIER. échancrés, couvert de granules susceptibles de disparaître, notamment sur les plaques marginales, autour desquelles ils persistent seulement à l’état de bordure. Plaques marginales dorsales et ventrales en même nombre. Nombre de ces plaques variant, suivant les échantillons, de 12 à 20 pour chaque côté du corps, les nombres 16 et 20 étant les plus fré- quents. Ossicules dorsaux légèrement convexes, arrondis, granuleux et entourés d’un cercle de granules plus gros, nettement séparés les uns des autres dans les régions radiales, laissant apparaître un pore tentaculaire dans chacune des aires comprises entre leurs points de contact; souvent contigus et formant une plage triangulaire sans pores dans les régions interradiales. Base de ces plages reposant sur les plaques marginales dorsales. De très petits pédicellaires disséminés sur les plaques dorsales et ventrales, souvent représentés par une petite perforation entourée de deux ou trois lamelles calcaires. Piquants adambulacraires au nombre de 5,6, 7ou même 8 sur chaque plaque. PENTAGONASTER HÆSITANS, E. Perrier. Dragage 38. — Cap Ghir. — Profondeur, 2210 mètres. — 1 exemplaire. Plaques marginales dorsales et ventrales au nombre de 20 pour chaque côté du corps, légèrement bombées, portant, ainsi que les ventrales, de très petits pédicellaires. Piquants adambulacraires, au nombre de 16 pour chaque plaque adambulacraire. | Pédicellaires très petits, présents sur les ossicules dorsaux et ventraux, notamment au voisinage des gouttières ambula- craires et des angles buccaux, différant du P. grandis par ce caractère, ainsi que par les ossicules dorsaux, plus petits, et la plus profonde échancrure des côtés presque anguleux. ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 97 GENRE ASTROGONIUM, M. et T., s. nov. ASTROGONIUM SEMILUNATUM, Linck. Dragage 104. — Iles du Cap Vert. — Faible profondeur. — 1 exemplaire. Cette espèce, à l’état vivant, est d’un rouge un peu terne avec les piquants d’un rouge vermillon splendide. ASTROGONIUM FALLAX, E. Perrier. Talisman. — Dragage 126. — Sud de Fayal. — Profondeur, 1258 mèt. — 4 exempl. Forme générale d’un Goniopecten. Cinq bras, aplatis, mé- diocrement allongés, pointus, reliés par un arc interbrachial à assez large courbure : R=—36Mm 7—10Mm R=—3,6r Squelette dorsal formé de plaques semblables entre elles, couvert de granules assez fins, formant pour chaque plaque un groupe sensiblement hexagonal, nettement séparé des groupes voisins. Une plage uniformément granuleuse au centre du disque. On n’aperçoit ni l’anus, n1 la plaque madrépo- rique. Les plaques marginales dorsales sont au nombre de 27 pour chaque bras, rectangulaires, plus larges dans le sens transversal, par rapport aux bras, que dans le sens longitu- dinal ; elles diminuent graduellement d'épaisseur vers leur bord libre, de sorte que les bras paraissent légèrement convexes ; elles sont uniformément granuleuses. Les plaques marginales ventrales correspondent aux pla- ques dorsales, elles sont uniformément granuleuses et portent parfois deux ou trois pédicellaires valvulaires allongés. Les plaques du squelette ventral sont uniformément granuleuses, ainsi que les plaques adambulacraires dont la granulation ne se distingue pas de la granulation générale. Chacune de ces plaques porte sur son bord ambulacraire 7 ou 8 piquants tronqués qui affleurent au niveau de la granulation générale. Les dents, petites, peu séparées des ossicules voisins, granu- 38 E. PERRIER. leuses sur leur surface libre, pointues, portent sur leur bord ambulacraire 7 piquants égaux entre eux. La gouttière ambulacraire, très étroite, ne permet pas d'examiner les tubes ambulacraires. PENTAGONASTER ELONGATUS, E. Perrier. Talisman. — Dragage 131. — Profondeur, 2995 mèt. — N.-E. des Açores. Forme générale d’un Dorigona, mais plaques marginales dorsales séparées dans toute la longueur des bras par un rang de plaques squelettiques ordinaires. Dans notre unique exemplaire, tous les bras sont cassés à leur extrémité, de sorte que nous ne pouvons donner exactement la valeur de R. On peut cependant l’estimer à environ 60 ou 65 M»; r = 17 Mn. Les plaques du squelette dorsal sont couvertes d'assez gros oranules formant des groupes irrégulièrement polygonaux assez nettement séparés les uns des autres, certaines plaques portent jusqu’à 16 granules; d’autres 7 ou 8 seulement. On n’aperçoit pas de pores tentaculaires, et la plaque madrépo- rique, très petite, est presque entièrement cachée. Les plaques marginales dorsales, au nombre d’une ving- taine par chaque bras, sont uniformément couvertes de gros granules serrés. Les plaques marginales ventrales correspon- dent aux dorsales; elles sont également granuleuses, mais de courts piquants couchés sur la surface de la plaque se trouvent disséminés parmi les granules. Les plaques des aires triangu- laires ventrales sont uniformément granuleuses et à gros gra- nules. Les plaques adambulaacrires portent chacune sur leur bord libre 5 ou 6 piquants obtus, légèrement divergents. La surface ventrale de la plaque porte en outre un piquant dressé, isolé. Les pièces, toutes assez pelites, portent chacune 6 piquants le long de leur ligne de suture, 6 piquants sur leur bord opposé, 3 ou # piquants sur leur surface ventrale et 4 pi- quants sur leur bord buccal. La ventouse des tubes ambulacraires est petite. ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 99 GENRE DORIGONA, Gray. DORIGONA ARENATA, E. Perrier. Expédit. du Travailleur, 1882, — Dragage 11. — Profondeur, 608 mèt. — 2 grands exempl. | — — 39. — 039 — 3moyens — — = — — 636 — 5 — — — — — — 614 — Talisman. — Dragage 30. — Maroc. — Profondeur, 1435 mét. — 2 exempl. — — À8. — — 1180 — 2 — — — 19. — — 920 — 4 — — 2» — 36. — — 1059 — 1 — — — 32. — — 1590 — 2 — — — 18. — — 900 — 8 — — — 34. — — 1123 —. 3 — — — 91. — — 1050- 856 — 6 — — -— 11. — Cap Spartel. — 1084 -- y — — — 22.— Maroc. — 1635 — 1 — — — 20. — Côtes du Maroc. — 1105 — & — 92 exemplaires, de 336 à 1635 mètres. Les nombreux exemplaires recueillis par le Talisinan et le Travailleur ne sont pas tout à fait identiques entre eux : quelques-uns portent des indications de piquants marginaux qui les rapprocheraient de la Dorigona subspinosa ; mais le nombre des piquants adambulacraires n’est que de six comme chez la Dorigona arenata. DORIGONA PREHENSILIS, E. Perrier. Travailleur, 1882. — Dragage 11. — — Profondeur, 601 mètres. — 4 exempl. — — — — 609 — 2 — Travailleur, 1881. — 39. — 1037 — 4 — Talisman. — 17.— Maroc. — Do0 — 6 — = — 8.— Cap Spartel. — 540 — 2 — 18 exemplaires, 550 à 850 mètres de profondeur. Cette espèce est à peu près exactement intermédiaire entre la Dorigona lernalis et la Dorigona arenata draguées par le Blake dans la mer des Anulles; elle présente sur ses ossicules dorsaux et sur les plaques ventrales qui avoisinent les plaques 40 E. PERRIER. adambulacraires des pédicellaires allongés, dressés, en forme de pince, comme on en trouve dans la même position chez la Dorigona ternalis ; mais les plaques adambulacraires elles- mêmes manquent du pédicellaire à trois valves si remar- quable chez cette dernière espèce; ce caractère la distingue de la Dorigona ternalis, comme la présence de pédicellaires sur les ossicules dorsaux et ventraux la distingue de la Dori- gona arenala. Tous les autres caractères sont communs à ces trois espèces, qui ne se distinguent elles-mêmes de la Dorigona subspinosa que par les piquants marginaux que possède cette dernière et surtout parce qu’elles ont un nombre moindre des piquants adambulacraires. On peut se demander si ces trois formes ne seraient pas des variétés plus ou moins acciden- telles d’une même espèce. Les piquants marginaux se mon- trent, en effet, chez quelques spécimens de Dorigona arenata ; les piquants adambulacraires ne sont pas en nombre constant sur toutes les plaques sur un même individu; enfin les pédi- cellaires sont souvent trop petits et trop irrégulièrement dis- tribués chez les espèces de GONIASTERIDÆ appartenant au groupe dont nous nous occupons pour qu'on puisse compter beaucoup sur les caractères que fournit leur absence ou leur présence. GENRE PENTACEROS, Link. PENTACEROS DORSATUS (Linné), E Perrier. Iles du Cap Vert. Deux exemplaires dans l'alcool pêchés aux îles du Cap Vert à de faibles profondeurs. — D'un beau rouge-brique avec les pointes des tubercules vermillon à l’état vivant. ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». #41 Ordre IV. — Stelleridæ paxillosæ. FAMILLE DES ARCHASTERIDÆ GENRE GONIOPECTEN, E. Perrier. GONIOPECTEN SUBTILIS, E. Perrier. Dragage 129. — Iles du Cap Vert. — Profondeur, 220 mètres. — 3 exempl. dont 2 jeunes” — 134. — Açores. — 4060 — 2 grands exemplaires. 5 exemplaires, de 220 à 4060 mètres de profondeur. Espèce déjà trouvée dans la mer des Antilles par M. Alexandre Agassiz à une profondeur de 3600 mètres environ. Le plus petit individu a 20 plaques marginales dorsales. L’individu de taille moyenne a 72 plaques marginales dorsales. L'individu de grande taille, 100 exactement. Il est donc mani- feste que le nombre des plaques marginales croît rapidement avec la taille et ne saurait entrer dans la caractéristique de l’espèce. Un individu pêché aux Açores par 1995 mètres (dragage 131) a les pièces dentaires beaucoup moins saillantes que dans le type et se trouve en conséquence à peine caractérisé comme Goniopecten. FAMILLE DES PORCELLANASTERIDÆ, Percy Sladen. Percy Sladen a créé, dans la famille des ASTROPECTINIDÆ, une sous-famille des PORCELLANASTERIDÆ, dont il n’y a pas de raison de ne pas faire une famille, pour des Étoiles de mer voisines surtout des Céenodiscus et éminemment caractéris- tiques de la faune profonde. Un squelette formé le plus souvent de plaques calcaires minces, délicates, d’un aspect nacré ; une double rangée de plaques marginales formant au disque et aux bras une bordure presque verticale, interrom- 42 E. PERRIER. pue par de singuliers organes, nommés par Percy Sladen organes cribriformes ; de grandes plaques dentaires s’unissant par un bord plus ou moins saillant sur la plaque ventrale; des paxilles rudimentaires ou représentées par des plaques enfouies dans les téguments; une plaque madréporique con- tiguë à la bordure marginale dorsale; des tubes ambula- craires terminés par une très petite ventouse; enfin, sur le milieu du dos, un bouton saillant pouvant s’allonger en un appendice tubulaire, nommé appendice épiproctal : tels sont les caractères communs aux représentants de cette famille. Le premier exemplaire connu de la famille des PorcELLA- NASTERIDÆ a été décrit et figuré par Wyville Thomson, dans son ouvrage sur l’Atlantique, sous le nom de Porcellanaster cæruleus. Ge Porcellanaster présente des bras assez allongés, des plaques marginales dorsales portant chacune une épine, et Wyville Thomson ne disait pas qu'il présentât l’appendice épiproctal qui a êté depuis retrouvé chez d’autres espèces de PorRGELLANASTERIDÆ. Lors des premiers dragages du Travail- leur, trouvant parmi les Stellérides récoltés une petite Etoile de mer à bras très courts, à plaques marginales peu nom- breuses et inermes et munie d’un appendice épiproctal bien développé, je signalai pour la première fois cet appendice qui pouvait faire penser au pédoncule des Crinoïdes et j’éta- blis pour les Étoiles de mer présentant ce singulier caractère le genre Caulaster. Depuis ce moment Percy Sladen a établi pour les Porcellanasteridæ du Challenger les quatre genres Porcellanaster, Styracaster, Hyphalaster et Thoracaster. Or il se trouve que le Porcellanaster cœruleus possède un appen- dice épiproctal qui avait échappé à Wyville Thomson, et Percy Sladen considère cet appendice comme l’un des carac- tères les plus nets du genre Porcellanaster. 1 semblait donc, et c’est une opinion indiquée par Percy Sladen, que mon genre Caulaster dût être identifié avec le genre Porcellanaster. Gon- trairement à toute attente, les Porcellanasteridæ recueillis par le Travailleur ct le Talisman sont, quoique assez nom- breux, tous différents de ceux du Challenger. Is forment avec ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 43 eux une remarquable série dont l’étude conduit à adopter les genres de Percy Sladen, mais à modifier un peu leur carac- téristique. Or ces genres laissent subsister à côté d’eux le genre Caulaster et il faut ajouter un sixième genre pour une forme nouvelle dont l’aspect est celui des Pentagonaster. En raison de cette apparence trompeuse, nous donnerons à ce genre le nom de Pseudaster. La caractéristique actuelle des six genres qui nousoccupent est la suivante : | 4° Genre Caulaster, E. P. — Corps renflé; bras très courts, susceptibles de se redresser en dessus; squelette dorsal presque nul, représenté surtout par cinq bandes très étroites de petites plaques portant chacune un piquant, qui vont du centre du disque au sommet de chaque arc interradial; plaques marginales peu nombreuses, très minces, inermes; plaque apiciale grande, recouvrant en partie la dernière dorsale; plaques adambulacraires articulées obliquement les unes sur les autres et présentant une apophyse adorale. Un appendice épiproctal très développé; un seul organe cribriforme. % Genre Porcellanaster, Wyville Thomson. — Surface dorsale du corps à peu près plane ou légèrement renflée ; squelette dorsal formé de nombreuses petites plaques occupant toute l'étendue du disque ou la plus grande partie de sa sur- face. Bras nettement dessinés, à côtés presque verticaux, bor- dés par un nombre de plaques marginales supérieur à 3 pour chaque bras. Plaques dorsales non contiguës sur la ligne médiane des bras, souvent armées d’un piquant. Plaques adambulacraires articulées obliquement et pourvues d’un appendice adoral portant les piquants. Pièces dentaires grandes à bord interne saillant, se rejoignant par leur bord buccal et le bord opposé. Appendice épiproctal bien déve- loppé; de 1 à 3 organes cribriformes. 3° Genre Styracaster, Percy Sladen.— Surface dorsale plane ou légèrement convexe. — Tégument dorsal présentant dans son épaisseur une multitude de plaques calcaires, portant une 4% E. PERRIER. ou plusieurs épines. Bras allongés carénés ; plaques margina- les dorsales, se joignant sur la ligne médiane des bras, et por- tant alternativement une grande épine verticale ; épines dor- sales disposées de manière que la carène brachiale paraisse porter une seule rangée d’épines. Plaques adambulacraires articulées obliquement et munies d’une apophyse adorale portant deux des piquants. — Pièces dentaires grandes, écar- tées en arrière en oreilles de charrue de manière à laisser apparaître l’odontophore. Appendice épiproctal plus ou mois développé. Trois organes cribrifornes ou davantage. 4 Genre Hyphalaster, Percy Sladen. — Corps peu ou point convexe ; tégument dorsalsoutenu par des ossicules granuleux simulant des paxilles. — Bras allongés, cylindriques, à pla- ques marginales dorsales inermes, se rejoignant sur la ligne médiane. — Plaques adambulacraires parallèles à la gouttière ambulacraire, sans apophyse, portant des piquants sur toute leur longueur. — Pièces dentaires peu écartées en arrière. — Un simple tubercule épiproctal. Organes cribriformes nom- breux sur chaque côté du corps (plus de emdq). 9° Genre Thoracaster, Percy Sladen. — Nous n'avons pas observé ce genre aberrant reconnaissable à sa face ventrale épineuse. 6° Genre Pseudaster, E. Perrier. — Corps très légèrement convexe, presque pentagonal ; — face dorsale granuleuse ; — bordure des plaques marginales peu élevée ; — plaques dorsales inermes; — plaque apiciale grande, cordiforme; — plaques ventrales formant une mosaïque; — pièces adambulacraires parallèles à la gouttière ambulacraire et portant des piquanis sur toute leur étendue ; —pièces dentaires peu saillantes inti- mement unies entre elles. Un simple tubercule épiproctal; organes cribriformes nombreux, mais rudimentaires. ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 49 GENRE CAULASTER, E. Perrier. CAULASTER PEDUNCULATUS, E. Perrier (1). Le Travailleur, 1881. — Dragage 4. — Profondeur, 2400 à 2600 mètres. — 1880. — 10. Cinq bras très courts, redressés en dessus chez les deux exemplaires de petite taille que nous avons sous les yeux. R—5Mm r—=3Mm R—1,8r en supposant les bras non recourbés chez notre plus grand échantillon. (1) Bien que nous ayons déjà parlé de cette espèce dans les Comptes ren- dus de l’Académie des sciences, nous croyons devoir la décrire complètement ici, en raison des doutes que M. Percy Sladen a émis sur sa validité. Nous ne saurions quitter ce sujet sans nous expliquer su? deux autres désaccords sur- venus entre nous, M. Percy Sladen et M. H. Carpenter. Nous avons annoncé, relativement aux Comatules, des résultats assez nou- veaux pour que M. H. Carpenter nous ait écrit que, s'ils étaient vrais, ils feraient « dans la Morphologie des Crinoïdes, une révolution dépassée seule- ment par celle résultée de la découverte de leur système nerveux ». M. H. Carpenter ayant mis en doute la plupart des faits que nous avons avancé, nous resrettons profondément qu'il n’ait pu profiter de l'offre que lui avait faite M. de Lacaze Duthiers, au moment où nous annoncions la publication de notre travail « de mettre à sa disposition toutes les ressources de son laboratoire de » Roscoff, pour étudier l’embryogénie de l’Antedon rosacens, par les mé- » thodes modernes les plus précises. » Nous avons été plus heureux avec M. Carle Vogt, qui a bien voulu examiner dans notre laboratoire toutes nos préparations, les confronter avec les siennes et annoncer, page 519, de son Traité pratique d'anatomie comparée, qu'il était demeuré convaincu de l'exactitude de nos résultats. Nous avons également annoncé que les interrodiales primaires des jeunes Brisinga deviennent l’odontophore des adultes ; MM. Percy Sladen et H. Car- penter ont soutenu le contraire; nous venons de vérifier notre assertion, avec M. Viguier, dont les recherches sur l’odontophore sont bien connues; nos résultats sont parfaitement exacts, aussi bien pour les Brisinga que pour les Asterias. 46 E. PERRIER. Chez le plus pelit: RM MR 7 Chez le plus petit des exemplaires on distingue autour de l’appendice épiproctal 10 plaques alternes, 5 grandes à peu près exactement interradiales et 5 petites alternes avec elles; toutefois la disposition de ces plaques par rapport aux bras est un peu troublée parce que quatre des grandes plaques excluent la cinquième du cercle périproctal et se disposent presque en croix. La plaque ainsi exclue se trouve en face du madréporite; plus petite que les autres, elle est flanquée de deux petites plaques radiales qui semblent former série avec elle, et derrière elle, un peu à sa droite se trouve, en consé- quence, une grande interradiale dont la position est indéeise ; les trois autres se trouvent dans une position exactement interradiale. Les cinq grandes plaques portent chacune un petit bouquet de spinules, les cinq petites une spinule isolée. On observe en outre quelques spinules interradiales entre le cercle des dix plaques et la bande des plaques marginales dorsales. Partout ailleurs le tégument, assez ferme, ne laisse voir à une forte loupe que des indices de formation squelet- tique, bien quil soit quelque peu translucide. Sur le plus grand exemplaire le tégument, partout ailleurs lisse et uniforme, ne présente que cinq doubles lignes de spi- nules isolées, exactement interradiales, qui partent de la base de l’appendice épiproctal et descendent jusqu'à la bordure des plaques marginales dorsales. Cette disposition ne rappelle en rien celle qui est figurée pour le Porcellanaster cæruleus, page 389 du premier volume de l'ouvrage de Wyville Thomson : The Atlantic, où les spinules très nombreuses couvrent tout le té- gument dorsal, sauf à la base des bras. Ces spinules, chez nos Caulaster, paraissent portées par de très petites plaques for- mant,comme elles,une double rangée interradiale. Le prolon- gement épiproctal est long, mince, légèrement renflé au sommet et couvert de petites spinules mousses. Les plaques marginales dorsales sont au nombre de 3 ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». #47 pour chaque bras à partir du sommet de l’arc interbrachial, plus longues que hautes, minces, recouvertes par les tégu- ments, peu visibles, complètement inermes et largement sépa- rées de leurs symétriques. La plaque madréporique est repré- sentée par un groupe d’éminences calcaires arrondies; elle est entourée de spinules semblables à celles de la double ligne interradiale correspondante. La plaque apiciale est assez grande et porte trois épines, longues et pointues. Les plaques marginales sont en même nombre que les plaques dorsales, mais moins hautes. Il existe à chaque angle interbrachial un organe cribriforme, formé d’une dizaine de lignes d’écailles comprimées distinctes les unes des autres. Les gouttières ambulacraires sont très larges; les plaques adambulacraires, légèrement obliques par rapport à la gout- tière, portent chacune deux piquants divergents. Les plaques dentaires, larges et peu sallantes, se rejoignent sur presque toute leur étendue, laissant entre elles seulement un très petit espace elliptique, dirigé dans le sens de leur longueur. Il n’existe entre elles, les gouttières ambulacraires voisines et la rangée de plaques marginales ventrales qu’un très petit espace triangulaire, dans lequel on aperçoit vaguement, dans l'épaisseur des téguments, une rangée transversale de plaques calcaires. CAULASTER SLADENI, E. Perrier. Talisman. — Dragage 30. — Côtes du Maroc. — Profondeur, 1900 à 1425 mètres. 2 exemplaires. Les deux exemplaires que nous désignons sous ce nom ont cette importance particulière que, sans pouvoir être rapportés à l’espèce précédente, ils montrent cependant que les carac- ières des Caulaster ne sont pas simplement ceux de très Jeunes Porcellanaster. Hs sont, en effet, fidèlement reproduits chez eux, bien que les dimensions de nos deux exemplaires soient déjà assez grandes ; ce sont les suivantes : R—10M» r=5Mmn R=Ar 48 E. PERRIER. Les bras, au nombre de cinq, sont plus longs que dans l’es- pèce précédente ; 1ls se rejoignent à angles presque vifs au lieu d’être unis par un arc interbrachial à assez fable courbure. Ces bras sont légèrement déprimés et capables de se relever vers le haut, à partir de leur base; en revanche leur extré- mité n’est pas recourbée vers le haut. Le tégument dorsal assez résistant, mais légèrement translucide, ne laisse apercevoir d'indice du squelette der- mique qu'autour de la base de l’appendice épiproctal. De cette base au sommet des angles interradiaux descendent cinq bandes étroites de spinules, comprenant chacune environ cinq rangées irrégulières de ces petites épines, qui sont grêles, cylindriques et ont, en grande partie, disparu sur l’un de nos exemplaires. L’appendice épiproctal est long, cylindrique, bourré de spicules calcaires. À la base des bras, une paire de petites papilles membraneuses, symétriques, semblent indi- quer la position des futurs orifices génitaux et démontrer que nos deux exemplaires sont voisins de l’état adulte. Les plaques marginales dorsales sont au nombre de quatre, du sommet à la base de chaque bras, non compris la plaque apiciale. Ges plaques marginales méritent une description par- ticuhière ; elles n’ont pas, comme chez la plupart des PORCELLA- NASTERIDÆ, une forme carrée ou rectangulaire ; elles gran- dissent à la fois en longueur et en hauteur, à mesure que l’on s'éloigne du sommet de l’axe interbrachial et leur bord aboral est un peu plus haut que leur bord adoral ; la quatrième et la cinquième sont sensiblement concaves en dehors, presque rémformes ; la quatrième est sensiblement plus grande que la troisième et les deux plaques symétriques de cette paire se rapprochent vers la ligne médiane du bras presque jusqu’à se toucher en leur milieu. Au lieu de. s’unir suivant un bord droit, les plaques marginales dorsales sont imbriquées de ma- nière que le bord aboral de chaque plaque soit recouvert par 1e bord adoral de la plaque suivante. Toutes ces plaques sont absolument inermes. La plaque apiciale est très grande, for- e ment échancrée postérieurement en son milieu, de manière ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 49 à présenter deux prolongements latéraux qui chevauchent net- tement sur les plaques marginales de la quatrième paire. Cette plaque apiciale porte trois longue sépines. La plaque madré- porique présente une partie interne tuberculeuse et une par- tie externe formée de grosses nervures rayonnantes, peu renflées à leur extrémité extérieure, entre lesquelles sont des sillons plus étroits. Les plaques marginales ventrales sont, comme les dor- sales, au nombre de quatre, longues mais étroites; la der- mère, de forme triangulaire, s’effile de son bord adoral à son bord aboral et n’atteint pas la longueur de la marginale dorsale correspondante. Il existe à chaque angle interbrachial un organe cribriforme ; chacun de ces organes est formé par huit plis téqumentaires verticaux, ininterrompus et dans l’épais- seur desquels on n'aperçoit pas à la loupe, de plaquettes calcaires. Les gouttières ambulacraires sont très larges et les plaques adambulacraires sont disposées obliquement par rapport au bord de ces gouitières. Chacune d’elles présente une apophyse adorale qui porte deux piquants, et sa partie qui regarde les plaques marginales ventrales est moins longue que celle qui est tournée vers la gouttière, de sorte que la plaque adambu- lacraire vue de profil, présente à peu près la forme d’une selle. De chaque plaque marginale ventrale descend une plaque calcaire verticale qui vient s’intercaler en partie entre deux plaques adambulacraires consécutives. Ces deux lames qui correspondent aux dernières plaques adambulacraires sont triangulaires, presque aussi grandes que les plaques entre lesquelles elles insinuent leur sommet. La série des plaques adambulacraires présente ainsi un aspect très parti- eulier, qui se retrouve d’ailleurs aussi chez le Caulaster pedun- culatus, mais qui est moins apparente en raison de la faible dimension des parties. Les plaques buccales, réunies sur presque toute leur lon- sueur, ne laissent entre elles sur leur ligne de jonction qu'un petit espace elliptique. Chacune d’elles porté trois piquants 90 E. PERRIER. latéraux et un piquant dentaire. Entre elles et les plaques marginales ventrales il n°y a que deux rangées transversales de plaques peu nombreuses. GENRE PORCELLANASTER, Wyville Thomson. PORCELLANASTER INERMIS, E. Perrier. Talisman. — Dragage 131.— N.-E. de San Miguel (Acores). — Prof., 2995 m.— 3 exempl. _ 101. — — 3200— 1 — Caractères distinctifs. — R=11 Mn r —7 Mm R—1,6r. Cette espèce est voisine du Porcellanaster cœruleus de Wyville Thomson; elle se distingue cependant par quelques caractères bien tranchés de l'individu figuré par Wyville Thomson et de ceux décrits par Perey Sladen comme types de leur espèce. Les bras du Porcellanaster inermes sont notablement plus courts; au lieu de présenter 6 à 7 plaques marginales dor- sales et 6, 7 ou 8 plaques marginales ventrales, de chaque côté de l’organe cribriforme unique qui occupe l'angle des bras, le nombre de ces plaques est de 4 pour la région dorsale et 5 pour la région ventrale chez l’un de nos indi- vidus ; de 5 pour la région dorsale, 6 pour la région ven- trale chez les trois autres. La plaque ventrale surnuméraire qui semble un accident chez le P. cæruleus se trouve sur les quatre exemplaires de notre espèce, elle dépasse la dernière dorsale pour s'engager sous la grande pièce apiciale. Les plaques marginales dorsales ne présentent aucune trace de piquants ou de tuberculescheztrois de nos exemplaires, ce qui jusüfie la dénomination d’inermis que nous donnons à cette espèce. Chez notre quatrième exemplaire, les troisième et quatrième plaques marginales dorsales portent un petit piquant ; la première, la deuxième et la cinquième sont abso- lument inermes. On observe au contraire 6 ou même 7 pi- ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». D quants de chaque côté des bras du Porcellanaster cœruleus. Enfin les organes cribriformes sont beaucoup moins larges que ceux attribués à cette dernière espèce dans la figure de Wyville Thomson. Par tous ses autres caractères le Porcellanaster inermis se rapproche du P. cæruleus. Description détaillée. — Les bras, sensiblement plus courts que le rayon du disque, s’en détachent brusquement, de sorte que Celui-èi présente entre eux un bord rectiligne. Le corps est assez épais (9 M» environ) et chez l’un de nos exemplaires il est gonflé de manière que la surface dorsale soit assez forte- ment convexe. Le tégument dorsal est assez épais et constitué chez l’un de nos individus, où il est rompu, par places, par un tissu conjoncüf fibreux, réticulé, à mailles plus serrées sur les bords du disqué que sur sa parte centrale. Les pièces sque- lettiques sont extrêmement réduites et surmontées pour la plupart d’une très petite épine. Ges épines manquent sur une plage quadrangulaire à la base des bras, de sorte que l’aire qu'elles occupent dessine une sorte d'étoile dont la partie centrale occupe le centre du disque et dont les cinq branches en forme de bandes à bords parallèles descendent vers le som- met de Pare interbrachial. Ces épines sont souvent un peu plus grandes auprès des plaques marginales et sur le bord interné de la plaque madréporique qui est, comme d'habitude, conti- ouë à ces dernières. Les sillons de cette plaque, qui n’est pas irès apparente, divergent en tous sens autour d’une partie cen- trale plus compacte. L’appendice épiproctal (epiproctal elongation) est assez court, quoique bien nettement distinct, grèle et couvert de petites épines. Îl est plus développé chez l'individu pourvu d’épines marginales que chez les individus totalement inermes. Les plaques marginales dorsales sont à peu près carrées ; les deux rangées qui bordent un même bras sont séparées par un intervalle ayant à peu près, à la base de chaque bras, une largeur égale au tiers de la largeur du bras et se rétrécissant ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIXe 20 MAR TANUIS 02 E. PERRIER. à mesure que l’on se rapproche du sommet du bras de manière à finir en pointe au bord de la plaque apiciale. La plaque apiciale est à peu près aussi grande que la der- nière plaque dorsale, échancrée en arrière et disposée à l'extrémité du bras à la facon d’une selle dont elle a la forme. Elle porte une épine bien développée sur sa partie la plus sail- lante et deux épines terminales un peu plus petites et diver- gentes. Les organes cribriformes, occupant le sommet de l’angle interbrachial, sont divisés en deux moitiés par un sillon vertical; ils ont à peu près en tout la largeur des plaques marginales dorsales qui les avoisiment; ils présentent de 10 à 12 rangées verticales de petites écailles calcaires et une bordure latérale d’écailles un peu plus larges. Les plaques marginales ventrales sont moins hautes que les plaques marginales dorsales, elles ont par conséquent la forme de rectangles dont les grands côtés seraient dirigés de la. base au sommet des bras. L’antépénultième est plus courte que la plaque dorsale correspondante ; la pénultième, plus courte à son tour que la dernière dorsale, est donc contiguë sur une petite partie de sa longueur à l’avant-dernière dor- sale et laisse entre son extrémité aborale et la plaque apiciale un espace occupé par une petite plaque qui s'engage en partie sous la plaque apiciale et n’a pas de correspondante dorsale. Les pièces adambulacraires portent chacune deux épines divergentes, mobiles, disparaissant facilement; les pièces dentaires, assez saillantes, sont découpées sur leur bord libre de manière à se prolonger en # épines dont deux dirigées vers la bouche. Le reste du squelette de la face ventrale se compose, en tout, d’une quinzaine de plaques, les plus grandes formant une sorte de V dont les branches sont contiguës à la gouttière ambulacraire, les autres étant comprises entre les branches du V. Observation. — On remarquera que les exemplaires dont nous venons de donner la description sont déjà trop grands ARTICLE N° à. ÉCHINODERMES DU ( TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 93 pour qu'il soit possible d'attribuer à l’âge les différences dans le nombre des plaques marginales et le développement des piquants qui les distinguent du Porcellanaster cœruleus de Wyville Thomson. La couleur à l’état vivant est d’un blanc nacré sur lequel les organes cribriformes se détachent en jaune. PORCELLANASTER GRANULOSUS, E. Perrier. Talisman. — Dragage 96. — Cap Blanc. —Prof., 2330 à 2320 m. — 3 exempl. — — 97. — Côtes du Sahara. — 2324 — Lu — © — 101. — Banc d'Arguin. — 3200 — 1 — Cette espèce se distingue comme la précédente des Porcel- lanaster cæruleus, tout à la fois par ses proportions et par le nombre de ses plaques marginales : R==2%Min r—7Mm R>3r La longueur du grand rayon est ici plus du triple de la lon- oueur du petit; elle n’est guère que double chez les grands exemplaires du P. cæruleus, d'après Perey Sladen, et elle est inférieure au double chez le P. inermis. Les plaques margi- nales sont au nombre de 9 chez trois de nos exemplaires, de 8 chez les deux autres; il n°y en à que 6 ou 7 chez le P. cœru- leus et que 4 ou 5 chez le P. inermis; elles ne portent que 3 épines au lieu de 5 comme ehez le P. caubhfer. La plaque apiciale est plus petite que chez ces deux dernières espèces ; enfin, il existe de petites épines sur toute la surface du tégu- ment du disque et non pas seulement sur la région centrale et sur cinq bandes interbrachiales ; les épines ne manquent que . dans la région brachiale proprement dite, c’est-à-dire dans l’étroit espace triangulaire compris entre les deux rangées de plaques dorsales. Description détaillée. — Bras relativement allongés, com- primés, ne diminuant que lentement de la base au sommet, 94 E. PERRIER. qui est cependant pointu, réunis entre eux par des arcs inter- brachiaux larges, à faible courbure. Disque couvert d’une peau assez résistante, contenant dans son épaisseur de nom- breux petits ossicules, surmontés chacun d’une petite épine orèle, allongée, cylindrique ou légèrement renflée à son extré- mité libre. Épines également distribuées sur toute la surface du disque, manquant seulement sur le tégument des bras proprement dits, entre les deux rangées de plaques dorsales. Appendice épiproctal, bien développé, légèrement épineux, ayant environ 2 millimètres de long. Plaques marginales dorsales, au nombre de 8 chez deux de nos exemplaires entiers, de 9 chez le troisième, portant chacune, sauf la première et la dernière de chaque côté de l'organe cribriforme unique, une épine courte, robuste, pointue, légèrement arquée vers la ligne médiane du bras; plaques dorsales de forme carrée, sauf la première qui est moitié moins large que les autres et la dernière qui est en partie couverte par la plaque apiciale. Plaque apiciale, relativement petite, à peine aussi longue que l’avant-dernière dorsale, échancrée en arrière et portant 3 épines au lieu de 5 comme chez le P. caulifer, dont toutes les plaques dorsales portent une épine. Plaque madréporique au contact de plaques marginales dorsales, marquée de sil- lons rayonnants, entourée du côté externe de spinules plus robustes que celles du disque. Plaques marginales ventrales, moins hautes que les pla- ques marginales dorsales, par conséquent, rectangulaires, leur correspondant exactement en nombre et n’atteignant qu’à peine la plaque apiciale, qui, au lieu de chevaucher sur elles, laisse apercevoir deux ossicules enfouis sous le tégu- ment et semblant continuer la série marginale inférieure. Organe cribriforme aussi long que les plaques marginales voisines et présentant environ vingt rangées verticales de lames calcaires, serrées en brosse les unes contre les autres. Plaques adambulacraires disposées un peu obliquement par rapport à la gouttière ambulacraire ; à bord adoral prolongé ARTICLE N° 8. LA ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR >» ET DU € TALISMAN ». 99 en une sorte de courte apophyse, portant deux piquants diver- gents; pièces dentaires saillantes, portant cinq épines, dont l'une angulaire, accolée à l’épine correspondante de la dent symétrique. Plaques squelettiques ventrales peu apparentes, plus petites vers la base de chaque aire actinale que vers son sommet; disposées en mosaique assez régulière. Couleur blanche avec les bords des organes cribrifornies jaunâtres. GENRE STYRACASTER, Percy Sladen. STYRACASTER SPINOSUS, Sp. nov. Talisman. — Dragage 131.— N.-E. de San Miguel (Açores). — Profondeur, 2995 mètres. 2 exemplaires. Caractères distinchifs. — Par plusieurs de ses caractères, cette espèce se rapproche du S{yracaster armatus, décrit en 1883 par Percy Sladen, dans le numéro du 14 août du Jour- mal de la Société Linnéenne de Londres, le jour même où le Talisman retirait de la mer les deux exemplaires qui la repré- sentent. Il existe cependant entre l’ espèce du Challenger et celle du Talisman des différences qui pourraient paraître au premier abord assez importantes pour motiver la création d’un genre. Suivant Percy Sladen, les Sfyracaster manqueraient tous, eneffet, du prolongement épiproctal, si remarquable chez les Porcellanaster et les Caulaster. Or les deux exemplaires, dont nous avons à nous occuper ici, bien que présentant les autres caractères du genre Séyracaster, sont pourvus d’un prolon- sement épiproctal un peu plus court que celui des Porcella- naster, mais très net. C’est ce qui nous avait conduit à les étiqueter sous le nom générique nouveau de Machairaster spinosus, lors de l'exposition publique des collections recueil- lies par le Travailleur et le Talisman. Mais le nom de Machairaster nous parait aujourd’hui inu- 56 E. PERRIER. tile. En dehors de la présence d’un appendice épiproctal, nous ne trouvons, en effet, chez nos Machairaster, qu’un très peut nombre de caractères qui les distinguent des Sfyracaster. Les plaques marginales dorsales du S. spinosus sont au nombre de 10 et non pas de 9 comme dans espèce du Chal- lenger ; la dernière de ces pièces est plus petite que les autres, triangulaire et peut facilement échapper à lattention; les piquants dorsaux, au nombre de cinq, n’alternent pas régu- lièrement d’une paire de plaques à la suivante; mais on trouve à cet égard d’un bras à l’autre des dispositions diffé- rentes. Ces plaques sont à peu près rectangulaires, mais non pas beaucoup plus longues que hautes. Les plaques margi- nales ventrales correspondent à peu près aux dorsales, sauf la dernière qui chevauche sur les deux dernières dorsales, de sorte qu'il y a une marginale ventrale de moins. Enfin les bras de nos individus sont notablement plus courts que ceux des individus décrits par Sladen; l’auteur anglais donne, en effet, R—38Mm; r—11 Mn, d’où il résulterait que le grand rayon dépasserait en longueur le triple du petit. Nous trouvons seulement sur notre plus grand indi- vidu R—21Mm, 5 — 8Mm, d'où R—92,67 seulement. LeS.spi- nosus diffère done du $S. armatus par le nombre et la forme des plaques marginales, la brièveté relative des bras et la présence d’un appendice épiproctal. Description détaillée. — Cinq bras modérément longs, le gran( rayon n’égalant pas le triple du petit, carénés, compri- mes, diminuant assez sensiblement de largeur de la base au sommet, presque poimtus, avec leur extrémité nettement re- courbée en dessus chez l’un de nos exemplaires. Disque pen- tagonal, à côtés rectilignes, les bras naissant des sommets du pentagone chez l’un de nos exemplaires; à contour étoilé chez l’autre. Tégument dorsal uniformément couvert de petites spi- nules mousses, qui lui donnent une apparence veloutée; une aire triangulaire comprise entre les plaques dorsales à la base des bras dépourvue de granules, souvent plissée longitudi- ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 97 nalement. Appendice épiproctal granuleux, gros et court, mais très net. Plaques marginales dorsales au nombre de dix : la première comprise entre les deux organes cribriformes médians et l’or- gane eribriforme latéral, moins longue que haute ; la seconde située en dehors de l’organe cribriforme latéral, à peu près carrée; les sept suivantes plus longues que hautes, rectangu- laires par conséquent, leur hauteur étant à leur longueur dans le rapport de 2 à 3 environ; la dernière plus petite que les autres et triangulaire. Quatrième marginale dorsale et sui- vantes, sauf la dernière, contiguës sur la ligne médiane avec les plaques correspondantes du bord opposé du bras, de ma- nière à former une carène surmontée de cimq épines aiguës, courbes, correspondant respectivement à cinq paires de plaques marginales et portées tantôt par la plaque de droite, tantôt par la plaque de gauche, sans ordre bien régulier de succes- sions. Plaque apiciale bien distincte, au moins aussi longue que l’antépénultième dorsale, séparant l’une de l’autre les deux dernières dorsales qui, en conséquence, ne peuvent se réunir sur la ligne médiane du bras; portant trois épines assez déve- loppées, une verticale et deux dans le prolongement du bras; ces épines sont transparentes dans la plus grande partie de leur longueur comme celles de la carène dorsale. Plaque ma- dréporique arrondie, très grande, contiguëê aux plaques mar- ginales, marquée de sillons rayonnants. Plaques marginales ventrales moins hautes que les dor- sales, au nombre de neuf, correspondant exactement aux neuf premières dorsales chez l’un de nos exemplaires ; mais disposées autrement chez l’autre, où la cinquième marginale ventrale et les suivantes sont un peu plus longues que les dorsales correspondantes et les dépassent, de manière que les sutures verticales ventrales ne sont plus sur le prolongement des sutures dorsales et que la neuvième plaque marginale ventraie correspond aux neuvième et dixième marginales dorsales. 58 E. PERRIER. Les organes cribriformes sont au nombre de trois; les deux latéraux sont séparés du médian par une plaque marginale dorsale et la marginale ventraie correspondante. Ils sont à peu près de la largeur de la plaque qui les sépare et formés chacun d’une dizaine de rangées verticales de petites écailles allon- gées elles-mêmes dans le sens vertical. Des écailles plus grandes et aplaties bordent ces organes, dont la structure ne nous parait pas différer de celle des organes correspondants des Porcellanaster. Gouttière ambulacraire étroite. Plaques adambulacraires se prolongeant du côté adoral en une apophyse qui passe au- devant du bord de la plaque précédente, de manière que le bord aboral de celle-c1 est enchâssé dans une sorte d’échan- crure du bord adoral de celle qui la suit. Chacune de ces apophyses adorales porte deux piquants aplatis, triangu- pointus, légèrement divergents; un troisième piquant, sem- blable aux deux autres, mais un peu plus petit, est situé à la base de l’apophyse, par conséquent vers le milieu de la plaque adambulacraire ; il résulte de cette disposition des piquants que leur ligne d'insertion est un peu oblique par rapport à l’axe de la gouttière ambulacraire. Un léger repli des tégu- ments unit entre eux tous les piquants de la gouttière ambu- lacraire. Les pièces dentaires, grandes et assez saillantes, s’éloignent l’une de l’autre à partir du sommet de l’angle buccal et se gauchissent en même temps, de manière à simuler l'aspect d’un soc de charrue, comme l’a très Justement fait remarquer Percy Sladen; dans l'intervalle qu’elles laissent entre elles, on aperçoit l’odontophore cordiforme. Chacune d’elles porte sur son bord libre cinq piquants à peu près semblables à ceux de la gouttière ambulacraire. Outre leur armature de piquants, les pièces dentaires et les pièces adambulacraires portent des piquants formant une rangée parallèle au bord de la gouttière ambulacraire, mais éloignée de cette gouttière de presque toute la largeur des plaques adambulacraires. Les piquants de ces dernières sont au nombre de deux par plaque, et naissent ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR ».ET DU & TALISMAN ». 99 du bord adoral de chaque plaque; 1ls sont ainsi disposés parallèlement à la suture de chaque plaque et de la précé- dente. Les piquants des pièces dentaires sont au nombre de trois où quatre, et sont irrégulièrement disposés à la surface de la plaque, sur taquelle ils semblent prolonger la rangée extérieure des piquants des plaques adambulacraires. Le squelette ventral est formé, outre l’odontophore, de huit rangées de plaques minces, enfoncées dans l’épaisseur des téguments, arrondies. Ces rangées sont disposées parallèle- ment à la bissectrice de chaque aire triangulaire ventrale. Dans chaque rangée, les plaques grandissent rapidement en longueur du bord du disque à la gouttière ambulacraire, et la plaque contiguë aux plaques adambulacraires est à la fois plus large et plus longue que les autres. De ces plaques, celles qui occupent le sommet du triangle actinal et touchent l’odonto- phore sont à leur tour plus grandes que les autres, de telle sorte qu’elles semblent former avec l’odontophore un système spécial. Les plaques voisines du bord du disque sont de même largeur que les autres, mais très courtes, presque linéaires et seules légèrement imbriquées. Le téqument de la face ventrale est absolument lisse, mais érès nettement apparent; d'autant plus que les grandes plaques ventrales ne sont pas absolument contiguës et laissent entre elles de petits intervalles fermés par ce tégument. À l’état vivant, la couleur est, comme d'habitude, d’un blanc légèrement nacré ou opalescent, avec des bandes jau- nâtres correspondant aux organes cribriformes. STYRACASTER EDWARDSI, E. Perrier. Talisman. -- Dragage 102. — Iles du Cap Vert. — Profondeur, 3655 mètres. 1 exemplaire. Espèce voisine des Siyracaster armatus et spinosus, mais à bras plus allongés : R — 36 M, r — 9Mw», R = 4r. Chez les deux espèces citées, R est au contraire le triple de r. Plaques marginales dorsales au nombre de 19, et non plus 60 E. PERRIER. de 6, 8 ou 9; 7 épines carénales sur les bras au lieu de 5. Plaque apiciale pourvue de # épines, 2 portées par son bord aboral, une terminale, la quatrième, naissant de son bord adoral, presque horizontale et dirigée vers la base des bras. Description détaillée. — Cinq bras allongés, fortement carénés, comprimés, diminuant peu d'épaisseur de la base au sommet, naissant des sommets d’un disque pentagonal à côtés rectilignes. Tégument dorsal, mou; présentant dans toute son étendue une multitude de petites épines isolées, terminées en pointe mousse, supportées chacune par un petit ossicule sque- lettique arrondi; un espace triangulaire à la base de chaque bras où les ossicules manquent en général d’épines. Appen- dice épiproctal représenté par un simple tubereule. Plaques marginales dorsales au nombre de douze, du som- met des arcs interbrachiaux au sommet des bras, abstraction faite de la plaque apiciale : les deux premières plus hautes que longues, la troisième carrée ainsi que les suivantes; la onzième et la douzième triangulaires. Les deux premières plaques de chaque bras et leurs symétriques par rapport au sommet de l’arc interbrachial bordent le disque ; la troisième correspond à la base du bras et est séparée de sa symétrique par un intervalle occupé par le tégument; cet intervalle est très faible entre les plaques de la quatrième paire qui s’af- frontent dans une partie de leur longueur; les sept plaques suivantes sont soudées sur la ligne médiane du bras; la huitième et dernière est séparée de sa symétrique par la plaque apiciale, parfois divisée en deux. Quatrième, cin- quième, sixième, septième, huitième, neuvième’et dixième paires de plaques portant chacune une longue épine pointue, droite, perpendiculaire à la carène brachiale, graduellement plus courte de la quatrième à la dixième paire de plaques. Plaque apiciale aussi longue que les dixième et onzième paires de plaques réunies, comprimée, à contour elliptique, légèrement saillante au sommet du bras, qui est recourbé en dessus; présentant trois épines terminales de longueur ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». O1 moyenne, et, en outre, sur le milieu de son bord adoral, une épine longue et aiguë, dirigée vers la base du bras. Plaque madréporique grande, arrondie, contiguë aux mar- ginales dorsales, marquée de sillons rayonnants à partir d’un centre, entourée de spinules un peu plus grandes et plus pressées que celles du disque. Plaques marginales ventrales en rectangle allongé; les quatre premières correspondant exactement aux plaques dor- sales; les suivantes, graduellement plus longues, de manière à dépasser de plus en plus leur correspondante dorsale, et à devenir finalement presque exactement alternes avec elles; au nombre de onze seulement. Plaques adambulacraires disposées un peu obliquement par rapport à la gouttière ambulacraire, avec leur bord adoral prolongé en une apophyse qui porte deux piquants et à la base de laquelle se trouve un troisième piquant du côté aboral, les trois piquants étant ainsi insérés obliquement par rapport à la gouttière. En dehors de la gouttière, chaque plaque porte, en outre, un piquant sur son bord adoral. Les pièces dentaires portent chacune cinq piquants, y compris le piquant dentaire qui est assez court et mousse. Elles s’écartent en arrière de manière à laisser apparaître l’odontophore; mais ce dernier est peu distinct, en raison de l'épaisseur du tégument ventral, qui laisse cependant distinguer les rangées de plaques, au nombre d’une douzaine, dont le squelette des aires triangu- laires ventrales est constitué. Ces plaques, légèrement imbri- quées dans une même rangée, diminuent de hauteur à mesure qu'on se rapproche du bord du disque. Elles sont dépour- vues de granules et de piquants. GENRE HYPHALASTER, Percy Sladen. HYPHALASTER ANTONII, E. Perrier. Talisman. — Dragage 131. — N.-E. San Miguel (Açores). — Profondeur, 2995 mètres. 1 exemplaire. Caractères distinctifs. — Cette espèce est intermédiaire 62 E. PERRIER. entre l’Hyphalaster hyalinus de P. S. et PHyphalaster diade- matus de Percy Sladen; mais les bras sont légèrement plus longs que ceux de la première espèce et plus courts que ceux de la deuxième : R —16 Mn, r —7 Mn, R< 9,3r, tandis que dans VA. diadematus R—=9,4r et dans l'A. hyalinus R = 9r; les plaques marginales dorsales, abstraction faite dela plaque apiciale impaire, sont au nombre de 9 de chaque côté au lieu de 8, la dernière étant petile et triangulaire; les quatre der- nières plaques d’un côté des bras se soudent à celles de l’autre côté, tandis que la soudure ne s'établit qu'entre les deux dernières chez l’H. hyalinus, et que toutes demeurent sépa- rées et laissent entre elles un assez large sillon, chez l’H. dia- dematus.Toutes ces plaques sont plus hautes que larges, con- trairement à ce qu’on voit chez les deux espèces du Challen- ger, La plaque apiciale est renflée, saillante, aussi longue que les deux dernières paires de marginales dorsales. Il existe cinq organes cribriformes bien développés et deux organes cribriformes rudimentaires comme chez l'A. hyalinus. Le tégument dorsal est soutenu par une mosaïque de petites plaques portant chacune un groupe de granules saillants; chaque groupe est isolé de ses voisins, de manière à simuler une paxille, mais il n’y a pas sur le disque d’épines divisées au sommet. Les plaques adambulacraires portent 4 pi- quants, comme chez l'A. diadematus, au lieu de 3, comme chez l’H. hyalinus. Description détaillée. — Cinq bras assez courts, arrondis plutôt que carénés en dessus; diminuant un peu de la base au sommet, qui parait légèrement renflé par suite de la proéminence de la plaque apiciale; se détachant des sommets d’un disque presque pentagonal, à côtés très légèrement con- caves. Tégument dorsal assez épais, soutenu par une multitude de très petits ossicules portant chacun un groupe de # ou 5 granulessaillants, chaque groupe étant distinctde ses voisins de manière à simuler une paxille. Ces ossicules et ces gra- ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU « TALISMAN ». 63 nules sont semblables entre eux dans toute l'étendue du disque. [l existe une éminence épiproctale couverte d'assez gros granules ; elle est beaucoup plus courte que l’appendice correspondant des Porcellanaster et même des Séyracaster. Les plaques marginales dorsales sont au nombre de 9 pour chaque bras, à partir du sommet de l’arc interbrachial et abstraction faite de la plaque apiciale. Toutes ces plaques, presque verticales ou légèrement imclinées vers l’intérieur sur les bords du disque, sont plus hautes que larges. Les deux premières bordent le disque, les autres font partie des bras; toutes sont absolument inermes. Celles de la troisième paire ne se rencontrent pas sur la ligne médiane des bras; celles de la quatrième se touchent le long de la moitié de leur bord su- périeur ; les quatrepaires suivantes sont absolument contiguës ; la neuvième plaque de chaque côté est séparée de la plaque correspondante, du côté opposé, par la plaque apiciale. La plaque apiciale est renflée, saillante sur la surface dorsale du bras, ovoide et non retournée en dessus; elle porte trois épines, l’une supérieure, isolée, les deux autres inférieures : toutes trois horizontales et assez courtes. La plaque madrépo- rique est contiguë aux plaques marginales dorsales, marquée de sillons sinueux dirigés normalement au bord du disque, du bord interne de la plaque au bord externe, comme chez la plupart des Astropecten, au lieu de rayonner autour d’un centre, comme chez les autres Stellérides et même chez les Porcellanaster et Styracaster. Les plaques marginales ventrales, moins hautes que les plaques marginales dorsales, leur correspondent exactement en position; mais la plaque apiciale, qui semble couvrir en partie la neuvième plaque marginale dorsale, laisse au con- traire apparaitre en dessous une dixième marginale ventrale. On voit donc, en réalité, neuf marginales dorsales et dix ven- trales. Les gouttières ambulacraires sont étroites; les plaques adambulacraires ne sont pas obliquement disposées par rap- port à la gouttière ambulacraire, et prolongées en une sorte 64 E. PERRIER. d’apophyse, comme chez les Styracaster; elles ont à peu près une forme rectangulaire; leur côte interne est légèrement convexe, de manière que chaque bord de la gouttière pré- sente un aspect légèrement festonné, les tubes ambulacraires étant logés dans la concavité des festons qui se correspondent d’un bord à l’autre. Chaque plaque porte sur son bord externe quatre piquants mobiles, légèrement coniques et pointus, à peu près égaux entre eux. Les côtés des plaques perpendicu- laires au sillon sont légèrement relevés, séparés par une petite aire ligamenteuse des côtés correspondants des plaques voisines ; le long de son bord externe, qui est droit, chaque plaque porte de un à trois piquants. Les plaques dentaires de chaque angle buccal s'affrontent par un bord très saillant et laissent entre elles un espace ellip- tique rempli par les ligaments. Chacune porte sur son bord adambulacraire sept piquants semblables à ceux des plaques adambulacraires, mais un peu plus petits, et à son sommet buccal un gros piquant pouvant se redresser verticalement. Le squelette des aires triangulaires ventrales est formé par sept rangées de plaques à peu près hexagonales, légèrement imbriquées, conservant la même largeur dans toute létendue de chaque rangée, mais augmentant rapidement de hauteur en se rapprochant de l'angle buccal ; les plaques des deux ran- oées qui suivent la rangée médiane sont orientées oblique- ment et semblent converger vers l’angle buccal. De plus, les plaques de chaque rangée empiètent légèrement sur celles de la rangée suivante. La rangée externe, de chàâque côté, est très courte. Toutes les plaques portent quatre ou eimq petites spinules éparses, qui tendent à se disposer en une rangée trans- versale sur les plaques de faible hauteur du bout du disque. À partir de la troisième, les plaques marginales ventrales sont contiguës aux plaques adambulacraires. ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU & TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». (69 HYPHALASTER PARFAITI, E. Perrier. Talisman. — Dragage 138. — Profondeur, 4787 mètres. — Golfe de Gascogne. 1 exemplaire. Caractères distinctifs. — Cette espèce se distingue immé- diatement de toutes les autres par sa grande taille et par le nombre de ses organes ceribriformes, qui est de 9 dans chaque espace interbrachial. R—=55Mm r = 19 Mn R<— 3r Description détaillée. — Cinq bras relativement allongés, très légèrement coniques, à section arrondie, présentant à peine une indication de carène le long de la ligne médiane dorsale, naissant brusquement des sommets du disque dont le contour est presque régulièrement pentagonal. Tégu- ment dorsal uniformément recouvert de fausses paxilles composées d’un granule central entouré de six à huit gra- nules de même dimension, les granules composant un même groupe étant d’ailleurs étroitement soudés entre eux. Chaque groupe est presque sessile sur la plaque qui le porte et, en général, nettement séparé de ses voisins. Ces groupes paxil- laires sont un peu moins larges dans la région médiane du disque que sur les bords; cette région s’élève en une légère saillie analogue à celle qu’on observe chez les Astropecten et les Cienadisius, mais ne constituant pas un véritable appen- pice épiproctal. La plaque madréporique est triangulaire, sa base s'appuyant sur les plaques marginales dorsales; les sillons sinueux qui la traversent s'étendent sur toute la lon- gueur des plaques et divergent à partir du sommet du triangle, sans rayonner autour d'un centre. Ce caractère rapproche cette espèce de l’Hyphalaster Antonii et des Astropecten pro- prement dits. Les plaques marginales dorsales sont au nombre de seize, de chaque côté du sommet de l’arc interbrachial. Ces plaques 66 E. PERRIER. sont légèrement plus longues que hautes, et celles qui bordent les bras sont un peu convexes, de manière à donner à celui-ci une coupe presque semi-circulaire. Les quatre premières plaques de chaque côté bordent le disque; la cin- quième correspond à la base du bras, et elle est déja con- tiguë à la plaque correspondante de l’autre côté, le long de la moitié de son bord interne. Les dix plaques suivantes touchent les plaques correspondantes de l’autre moitié, le long de la ligne médiane; la dernière, de forme triangulaire, est séparée de sa symétrique par la plaque apiciale. Celle-ci n’atteint pas une longueur égale à celle des deux paires de marginales dor- sales précédentes; elle est relativement petite, comprimée, saillante, à l'extrémité du bras, qui est un peu recourbée en dessus ; elle se termine par trois courtes épines, une supé- rieure, deux inférieures. Les plaques marginales ventrales correspondent à peu près exactement, par leur position, aux plaques marginales dor- sales ; toutefois, à partr du dernier organe cribriforme, elles les dépassent un peu; leur angle supérieur aboral est coupé en biseau dans la partie qui dépasse les plaques dorsales cor- respondantes, et vient s’enchâsser dans un espace angulaire résultant de ce que chaque plaque marginale dorsale, moins haute à son côté aboral qu’à son côté adoral, n’occupe pas toute l’étendue du bord adoral de la plaque suivante. Cette disposition s’accusant plus nettement vers l'extrémité des bras, les marginales dorsales et ventrales paraissent alterner et s’enchâsser les unes entre les autres, comme les plaques des fuseaux interambulacraires des Oursins. 11 y a une plaque ventrale au delà de la dernière dorsale, ce qui en fait en tout seize, du sommet de l’arc interbrachial au sommet du bras. Les organes cribriformes sont au nombre de neuf pour chaque côté du disque; sauf les deux extrêmes, qui sont moins larges, leur largeur est la même que celle des parties lisses des plaques qui apparaissent entre eux. Chacun d’eux contient seize à dix-huit rangées verticales dé lamelles, sauf les deux extrèmes, où l’on n'en voit qu'une douzaine. Ces rangées ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU (€ TRAVAILLEUR » ET DU & TALISMAN ». 67 sont formées de petits piquants comprimés dans lé sens ver- ticale et tronqués brusquement au sommet, comme d'habi- tude. Chaque organe cribriforme est limité par une rangée d’écailles calcaires plus grandes que les lamelles qui consti- tuent les rangées. Les plaques adambulacraires sont disposées parallèlement à l’axe de la gouttière ; leur forme est sensiblement rectangu- laire, leurs côtés parallèles à la gouttière étant. à peu près le double de leurs côtés perpendiculaires, qui sont relevés et ne se soudent pas exactement aux côtés correspondant des plaques voisines. Chaque plaque porte quatre piquants aplatis en forme de spatule allongée, qui se rétrécissent à leur base, puis présentent une tête arrondie par laquelle ils s’insèrent sur les plaques. Ces plaques portent parfois de petits piquants sur leur surface. libre. Les pièces dentaires, très saillantes, après avoir fourni, comme d'habitude, par leur union, un bec pointu, se séparent, circonscrivent un espace elliptique, puis s’écartent de nouveau en oreilles de charrue, sans s’écar- ter autant cependant que chez les Séyracaster spinosus et armatus. L’odontophore apparaît à peine entre elles. Gha- cune porte six ou sept piquants marginaux, outre le piquant angulaire, qui sert de dent et est très développé. Le tégument des aires triangulaires ventrales est soutenu par des plaques calcaires minces, irrégulièrement disposées, irrégulièrement quadrilatères, allongées parallèlement aux bords du disque, souvent contiguës entre elles. Ges plaques portent ordinairement chacune de cinq à sept spinules, allon- gées, très grêles, parfois disposées sur deux rangs, parallèle- ment à la longueur dela plaque, quand ellessont nombreuses. Ces spinules sont plus développées dans une étroïte zone voi- sine de la rangée des plaques marginales. GENRE PSEUDASTER, E. Perrier. Corps presque pentagonal; plaque apiciale très grande; ANN. SC. NAT., ZOOL., 1885. XIX. AP. PART NO SE: 68 E. PERRIER. organes cribriformes nombreux et très étroits ; dents grandes, mails peu saillantes, triangulaires, contiguës sur toute leur longueur, légèrement écartées en arrière seulement. Plaques ventrales disposées en mosaïque. PSEUDASTER CORDIFER, E. Perrier. Talisman. — Dragage 134. — Au nord des Açores. — Profondeur, 4060 mètres. 1 exemplaire. Aspect général d’un Pentagonaster. Gorps aplati, de forme pentagonale, mais à côtés Ifgérement concaves. R—9Mm r—6Mm R—1,5r Toute la surface du disque couverte d’une granulation ré- gulière qui ne laisse pas apercevoir la structure du squelette sous-jacent. Un simple tubercule épiproctal. Plaque madré- porique presque contiguë aux plaques marginales dorsales, assez grande, tuberculeuse, mais peu saillante et peu dis- tincte. Plaques marginales dorsales au nombre de 9 pour chaque côté des bras (4 1/2 pour chaque bras), abstraction faite de la plaque apiciale (1). Plaque apiciale aussi grande que les deux marginales qui la précèdent, large, échancrée en arrière, de manière à présenter la forme d’un cœur de cartes à jouer, portant 3 petites épines terminales. Plaques marginales ven- trales au nombre de 11 pour chacun des corps. | Un organe cribriforme plus ou moins rudimentaire entre chaque rangée dorso-ventrale de plaques marginales. Squelette ventral formé d’une mosaique de plaques minces assez grandes, portant chacune un certain nombre de très petites spinules éparses. Plaques adambulacraires de forme rectangulaire, étroitement unies entre elles et aux plaques (1) Ce nombre impair est une anomalie singulière et pourrait être particu- lier à l’exemplaire que nous décrivons. ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAILLEUR » ET DU € TALISMAN ». 09 ventrales, portant chacune # ou 5 piquants. Dents portant 6 piquants latéraux et un piquant dentaire plus grand, très serré contre Son voisin. LISTE DES PTERASTERIDÆ ET DES ARCHASTERIDÆ DRAGUÉES PAR LE TALISMAN. Nous décrirons, dans un prochain fascicule, les espèces de Pterasteridæ et d’Archastridæ recueillies par le Talisman. Nous en donnons seulement ici la liste et la répartition en genres. FAMILLE DES PTERASTERIDÆ. GENRE MYXASTER, E. P. — Bras nombreux, à squelette formé de plaques calcaires, généralement en forme de croix de Saint-André, por- tant à leur centre une touffe de huit à dix longs piquants d’aspect nacré, unis par une mince membrane. Une espèce nouvelle : Myxaster sol. GENRE MARSIPASTER, Percy Sladen. — Une espèce : Marsipaster alveolatus, E. P., de 4010 m. de profondeur. GENRE PTERASTER, Müller et Troschel. — Une espèce : Pteraster sordidus, E. P., de 1139 m. de profondeur. Genre HYMENASTER, Wyville Thomson. — Chez l'A. rex, la plaque madréporique est remplacée par une masse molle hémisphérique, formée de tubes sinueux unis entre eux par un tissu conJonctif. Deux espèces : Hymenaster rex, E. P., de 1100 à 2000 m. de profondeur; Hymenaster Giboryi, E. P., de 4050 m. de profondeur. GENRE CRYPTASTER, nov. gen. — Tégument de la tente dorsale épais, non soulevé par les épines des ôssicules, qui sont peu dévelop- pées. Des mailles conjonctives dont chacune contient une spiracule ; épines actino-latérales courtes, ainsi que les adambulacraires. 70 E. PERRIER. Une espèce : Cryptaster personatus, sp. nov., de 2995 m. de profondeur. FAMILLE DES ARCHASTERIDÆ. . La répartition des anciens Archaster en genres distincts est devenue indispensable. Ne connaissant pas encore d’une manière suffisante les ARCHASTERIDÆ recueillies par le Challen- ger, nous croyons pouvoir constituer pour les espèces que nous avons examinées, les divisions génériques suivantes : TI. —— Tubes ambulacraires cylindriques terminés par une large ventouse. GENRE ARCHASTER, M. et T. — Armature des plaques marginales dorsales et verticales, semblable à celle des Astropecten. Ge genre ne contient pas d'espèces profondes, ila pour type l’Archaster typicus, M. et T. - IT:.— Tubes ambulacraires coniques, terminés par une très petite ventouse ou pointus. Aoûe Plaques marginales portant chacune une ou plusieurs longues épines pointues et môbiles. . GENRE CHETRASTER, Stüder. — Des pédicellaires pectinés, formés à l’aide des piquants marginaux de deux plaques squelettiques VOISINES. … À cegenre appartiennent, outre les deux espèces de Stüder, notre Archaster mirabilis, de la mer des Antilles, et une belle espèce des. dragages du Talisman, le Cheiraster Folini, sp. nov., reconnaissable à une plaque interradiale portant une grande épine qui vient s’intercaler entre les deux premières marginales dorsales. GENRE PECTINASTER, E. P. — Pédicellaires formés de piquants plus ou moins modifiés, appartenant à une même plaque. Deux espèces du Talisman : PECTINASTER INSIGNIS, E. P. — Pédicellaires à troisou quatre ARTICLE N° 8. ÉCHINODERMES DU € TRAVAÏLLEUR 9 ET DU € TALISMAN ». 71 grandes valves en cuillère. Jusqu'à 5000 m. de profondeur. PECTINASTER FILHOLI, E. P. — Pédicellaires formés de piquants à peine modifiés ; papilles tentaculaires rassemblées sur cinq plaques interradiales. — De 1200 à 2500 m. de profondeur. GENRE CRENASTER, E. P. — Point de pédicellaires. Deux espèces : CRENASTER MARIONIS, Sp. nov., à papilles tentaculaires, réunies en cinq groupes interradiaux. — De 800 à 1500 m. de profondeur. CRENASTER MOLLIS, sp. nov. — Semblable au Pectinaster insignis , mais sans pédicellaires. — D’environ 2000 m. de profondeur. B. — Plaques marginales granuleuses, inermes ou portant un gros piquant, mousse et immobile. Plaques ventrales couvertes de granules pouvant s’allonger en courts piquants isolés, mais ne formant ni écailles, ni revêtement épineux. GENRE GONIOPECTEN, E. P. — Aspect des Pentagonaster, mais ventouse ambulacraire petite. Outre les espèces décrites dans notre mémoire sur les Stel- lénides de Blake, ce genre comprend les espèces suivantes, recueillies par le Talisman : GONIOPECTEN BIFRONS — ARCHASTER BIFRONS, Wyville Thomson. — De 100 à 2000 m. de profondeur. GONIOPECTEN INERMIS, Sp. noOv., Voisin du G. intermedius, E. P., de la mer des Antilles, mais sans piquants sur les plaques marginales dorsales. — De 950 à 2000 m. de profondeur. GONIOPECTEN SUBINERMIS — ARCHASTER SUBINERMIS, Phil- lippi. — De 50 à 200 m. dans l'Atlantique. GONIOPECTEN CHISTI — ARCHASTER ANDROMEDA, M. et T. — 70 exemplaires. — De 140 à environ 1700 m. de profondeur. 72 PERRIER. En résumé, si l’on ajoute aux espèces décrites dans ce travail celles dont la diagnose a été donnée dans le rapportde M. Alph. Milne-Edwards sur les dragages du Travailleur (4), on arrive à un total de soixante-quatre espèces de Stellérides recueillies par les missions françaises d'exploration sous-marine. Sur ce nombre cinquante espèces sont nouvelles. La série des Bri- singidæ est unique jusqu'ici et a fourni de précieux renseigne- ments sur la morphologie du squelette des Étoiles de mer. La série des Porcellanasteridæ et des Archasteridæ n’est pas moins digne d'attention. On a fréquemment proclamé que la faune des grandes profondeurs était très uniforme. On sera étonné de voir que nos espèces sont presque toutes différentes de celles recueillies par M. Alex. Agassiz dans la mer des An- tilles, pourtant si voisine et si méthodiquement explorée. Le nombre des espèces identiques aux espèces recueillies par les expéditions anglaises n’est pas plus grand, si nous en Jugeons par ce qu’on en connait jusqu'ici. [Il y a donc lieu de penser que l’exploration des fonds des mers promet encore de nom- breuses découvertes. (1) Archives des missions scientifiques et littéraires, 3° série, t. IX, 1882, v. 24, 25, 50, 51 et 52 du Rapport. ARTICLE N° 8. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. Discours prononcés aux funérailles de M. H. Milne-Edwards. Description d’un Isopode ‘nouveau, le Jæropsis brevicornis, par M. le D' R. KŒHLER......... FD re Comparaison des organes du vol dans la série animale, par Mile DEAMANS um. sursis La LB AE BOL HONOR . Note sur un Perroquet et un Goura de la côte septentrionale de la Nouvelle-Guinée, par M. E. OUSTALET.......... ne Études histologiques sur les centres nerveux et les organes des sens des animaux articulés par M. H. VIALLANES. — 3° Mé- moire : le ganglion optique de quelques larves de Se (Musca, Eristalis, Stratiomys) ...... ea er Hs SEC Note sur le Rat musqué (Mus pilorides) des Antilles, _ du genre Megalomys, par M. le D" E.-L. Trouessart .. Sur les organes segmentaires de quelques Vers de terre, par M° PE ABEDDARD............ Note sur le Microthorax auricula, par M. P. FABRE- DOMERGUE ....... : Recherches biologiques sur l’Astasia ocellata et l'Euglena viridis, par M. W. KHAWKINE.......... Première note préliminaire sur les Echinodermes recueillis durant les campagnes de dragage sous-marin du Travail- leur et du Talisman, par M. Edmond PERRIER 0... ARTICLE N° { ARTICLE N° 2 ARTICLE N° 3 ARTICLE N° 4 ARTICLE N° 5 ARTICLE N° 6 ARTICLE N° 6* ARTICLE N° 7 ARTICLE N° 8 TABLE DES ARTICLES PAR NOMS D'AUTEURS. ART. Amans. Comparaison des organes ART. PERRIER (E.). Première note préli- du vol dans la série animale... 2 minaire sur les Échinodermes BeppaRp (F.-E.). Sur les organes : recueillis durant les campagnes segmentaires de quelques. Vers ..de dragage sous-marin du Tra- délterre ee AN LE 6] vailleur et.du,Talisman.t.W..,08 sq EE qe over (EN uk KHAWKINE (W.). Recherches biolo- | Rat musqué (Mus pilorides) des giques sur l’Astasia ocellata et AnANE SAN POP NN EnEcNMEURS l'Euglena viridis.…....."... curl HOT O CAMP LETS CON ne KŒHLER (R.). Description d’un VIALLANES (H.). Études histolo- Isopode nouveau, le Jœæropsis giques et organologiques sur brevicornis "EMPQNEENzS Er 1 les centres nerveux des animaux OUSTALET (E.). Note sur un Perro- articulés. — 3° Mémoire : le quet et un Goura de la côte ganglion optique de quelques septentrionale de la Nouvelle- larves de Diptères (Musca, Eris- (ÉÉTSSE TSOC frebieo 3 talis, Stralomys). ee... ss fe TABLE DES PLANCHES CONTENUES DANS CE VOLUME ! ARTICLE 1. Planche 1. Jæropsis brevicornis. * ARTICLE 2. Planches 1 à 8. Organes du vol. ARTICLE 4. Planches 1 et 2. Ganglion optique de lEristalis. ARTICLE 9. Planche 1. Hesperomys (Megalomys) pilorides. ARTICLE 6. Planche 1. Organes segmentaires des Vers de terre. ARTICLE 7. Planche 1. Astasia ocellata. 4194. — BOURLOTON — Imprimeries réunies, À, rue Mignon, 9, Paris. à N à Nr | à Ÿ NS SE K NY Ÿ N À NT à Ÿ È es ÿ RS À Le à a. SS | , $ È À : nn \ Ann, des J ÂAoehiler del, Ann.des Senat. 6° Serre . Pool. TVIX Art 2,707 9 Wcolel litA- - Organes diz Vol. Jrrolermereier X CT Ann des Senat.CSSerte . Zool. TYIX Art. 2,172. pes arrmaauens PE sn P\ Nrcolet al... Organes dau’ Vol. Ârnp.Lernrercier & CE Paris L Fe Zoo! TWIX. Art.2.P1S. Meolet:- th. Zool.TXIX, Art. 2.PL.4. ERP ze HR Organes du Vol. Imp Lemercier 4 C*Faris. Zool. JA Art.2 MS. Wrcolet th. : Organe de vol. np Lemercier AC Pyris. Ann .des Se.rnat. O6"iSerte Tool LM Art.2 11. 0; AAA RENE Re TETE À ea 7 nn ; : =: Rs DEN" CITES Û 77t a Wicolet /rith Organe de. vol. Znp Lermercier 4 C“Peris. # inde», Vert OÙ Serre Zoo!.T. VARIE F MVcolet lil. Orgatrie dir vol. Jo Lemercier 4 CEParis D de nat CSerte. , Zoo!.TXIX Art.2. PL & t MWcolet LR. = Or are du vol Pnp Lerrercter A CEParts . \ | qi … Ann. des J'ecenc. nat. 60° J'érre. Zool. Tome 29, Are MONET. Re 0 nos ©) LE LL ne = EU ne gé me Dr Fiat Î, Wallarnes del, Lime se: - Canglon cphque de l'Eristals |, Znp,Lemererer et LE Pari, Zool.Tome XIX Art. 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