CCE) M À rare NUL A HEART # Ais153840 Cp ; 1 te 2 soute $ FDA à ROUTE 1 SA RE HAVE ï Mie io AA at LT #7 aie pre Lo L'HEN ni RUES CSS 4 abs) petes Use ee + pois 4 4 ARTEMETE (2 RARE 2h que HE AH Hs te t 2h Far ni H N PRNEAEE) SRE ne on sa \ 4 QUE PAT n se de à Le . ; È bées le pie ne ne SEL a RO 1344 Library of the Museum OF COMPARATIVE ZOOLOGY, AT HARYARD COLLEGE, CAMBRIDGE, ASS. Pounded by private subscription, fn 1861. Deposited by ALEX. AGASSIZ. No. S 23 ANNALES DES SCIENCES NATURELLES ZLOOULOGIE PALÉONTOLOGIE + PARIS. — INPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, 3 ANNALES DES SCIENCES NATURELLES SIXIÈME SÉRIE ZOOLOGIE PALÉONTOLOGIE COMPRENANT L’'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION ET L'HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE MM. H. er ALPH. MILNE EDWARDS TOME IV PARIS G. MASSON, ÉDITEUR LIERAIRE DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE DE PARIS Boulevard Saint-Germain, en face de l'Ecole de médecine "1876 } Hi TU À GEL GO 4,6 né En CET RECHERCHES SUR LES RÉSEAUX VASCULAIRES DE LA CHAMBRE POSTÉRIEURE DE L’ŒIL DES VERTÉBRÉS Par M. Henri BEAUREGARD. INTRODUCTION. — PLAN. « Les procédés employés par la nature pour approprier l’or- » gamisation des animaux à des genres de vie fort différents » sont, dit M. Milne Edwards (1), semblables aux procédés mis » en usage pour le perfectionnement de ces êtres. C’est d’abord » en imprimant quelques modifications légères aux parties déjà » existantes dans le type général, puis en transformant plus » complétement ces parties, qu’elle adapte la structure des » dérivés de ce type à des conditions d'existence nouvelles, et » elle ne paraît avoir recours à des créations organiques spé- » ciales que lorsque le système des emprunts ne répond plus » à ses besoins. » Or, 1l arrive parfois que ces modifications atteignent un tel degré qu'il devient difficile de rétablir le lien qui unit entre eux des organes de même origine. L’obscurité qui voile ainsi la parenté anatomique d'appareils parvenus à un certain degré de développement dans toutes Les classes animales devient bien plus profonde encore lorsqu'il s’agit d'appareils qui n'ayant, chez certains animaux, qu'une existence transi- toire et disparaissant après la vie fœtale, continuent de croitre chez d’autres pour acquérir un état définitif. L’œil des Vertébrés offre à cet égard d'excellents exemples, (1) Milne Edwards, Physiologie et anatomie comparée, p. 27. ANN. SC. NAT., JUILLET 1876, IV. À. — ART. N° 1. 2 HI. ERAURENGAMRE. et l'étude comparative révèle des particularités auxquelles m'ont paru pouvoir être appliquées les réflexions que j'inscris en tête de ce mémoire. Lorsque j’entrepris ce travail, je n'avais en vue que l’étude du peigne de l'œil des Oiseaux, mais peu à peu je fus conduit, pour contrôler les résultats de mes observations, à poursuivre mes recherches dans toutes les classes de Pembranchement des Vertébrés. Avant de commencer ce travail, je ne saurais trop vivement remercier le savant maître qui m'en a indiqué le sujet. Que M. À. Milne Edwards reçoive donc ici le respectueux hommage de ma profonde reconnaissance pour les précieux conseils et les encouragements qu’il a bien voulu me donner. Au laboratoire d’histologie zoologique des Hautes études dirigé par M. Ch. Robin, j'ai fait les recherches histologiques que comporte ce mémoire, et ce m'est un agréable devoir d'exprimer ici toute ma gratitude envers M. Georges Pouchet directeur adjoint, pour le bienveillant intérêt qu'il m'a sans cesse porté. Le plan que nous avons adopté dans notre exposé reproduit autant que possible la marche que nous avons suivie dans nos recherches. Toutefois, afin de présenter nos conclusions avec plus d'ensemble, nous avons divisé notre. mémoire en deux sections. Dans la première nous traitons exclusivement de lana- iomie des réseaux vasculaires de la chambre postérieure de l'œil (rapports, origme, etc.). Dans la seconde section nous nous attachons à établir leur rôle physiologique. Chaeune de ces grandes sections est alors subdivisée en quatre chapitres consacrés, le premier aux Oiseaux, et les autres successivement aux Mammifères, aux Reptiles et Batraciens, et aux Poissons. Nous avons pensé devoir traiter en premier lieu du peigne des Oiseaux, parce que cette étude a été le point de départ de nos recherches. - ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L ŒIL DES VERTÉBRÉS. 3 PREMIÈRE PARTIE. ANATOMIE. Du peigne de l'œil des Oiseaux. Historique. — Dans la chambre postérieure de l'œil des Oiseaux se remarque un organe membraneux, couvert d’un pigment noir, et qui, attaché sur le nerf optique, s’avance dans le corps vitré à une distance variable. Cet organe, étudié et décrit pour la première fois par Perrault (4), reçut le nom de Marsupium ou Bourse noire, qu'il tient de la forme qu'il pos- sède chez lÂutruche, où il venait d’être découvert. On lui substitua bientôt le nom de Peigne, qui exprime la forme qu'il revêt chez presque tous les Oiseaux ; enfin les auteurs allemands le désignent encore par le terme Éventail (Fâcher). Quoi qu'il en soit, l’étude du peigne, au point de vue de sa nature, de sa structure et de ses rapports n’a jamais cessé d'exercer la sagacité des naturalistes, et il n’est pas sans intérèt de parcourir rapidement ces travaux pour arriver, avant d’ex- poser nos propres recherches, à prendre une idée des nom- breuses opinions émises jusqu'à nos jours. Buffon (2), dans son Discours sur la nature des Oiseaux, s’exprime de la façon suivante : « Le peigne est situé au fond » de l'œil et paraît être un épanouissement du nerf optique. » Dans les yeux d’un Coq Indien, le nerf optique qui était situé » fort à côté, après avoir percé la sclérotique et la choroïde, » s'élargissait et formait un rond de la circonférence duquel il > partait plusieurs filets noirs qui s’unissaient pour former une » membrane que nous avons trouvée dans tous les Oiseaux... » Everard Home (3), en 1795, émet sur la nature du peigne (1) Perrault, Mémoire pour servir à l'histoire naturelle des animaux, 1676, t. Il, p. 303. (2) Buffon, Mémoire pour servir à l'histoire des animaux, p. 175. (3) Ev. Home, Lecture on muscular motion in the eyes of Birds (Philosoph. Eransactions, nov. 1795) 4 IH. BEAUREGARD. des idées bien différentes : « Dans les yeux des Oiseaux, dit-il, » se trouve un organe particulier à cette classe, le Marsupium ; » c’estun processus composé d’une membrane vasculaire plissée, » attachée au centre de la rétine au point de terminaison du » nerf optique. La structure du marsupium, ajoute-t-11 plus loin, » est semblable à celle d’un procès cihiaire, et je désire bien » affirmer que le #arsupium peut posséder une organisation » musculaire absolument comme les procès cihaires. » Nous verrons plus loi les expériences que fit Ev. Home pour appuyer son opinion ; qu'il me suffise pour le moment de dire qu'il ne fut pas suivi dans cette voie, et que déjà à la même époque Haller s'élevait contre cette idée, et ne reconnaissait au peigne qu’une structure vasculaire. En 1821, Bauer (1) qui, lui aussi, avait cru à lexistence d'éléments musculaires dans le peigne, revient sur son opinion et déclare qu'après un examen plus attentif «il ne peut considérer le #arsupium que comme » unie fine membrane vasculaire ». Sœmmerring (2) avait auparavant publié, en 1818, un très- curieux travail sur la section horizontale de l'œil des animaux, et dans cette étude s'était expliqué assez longuement sur la position du peigne et sur sa forme chez un certam nombre d'Oiseaux, et en particulier chez le Falco Ghrysaëti, le Strix Bubo, le Psittacus, le Cygne et l'Autruche. Nous ferons plus tard quelques emprunts à ses descriptions, dans lesquelles 11 con- sidère le peigne comme vasculaire. Huschke (3), en 1827, dans un mémoire sur le peigne con- sidéré au point de vue anatomique et physiologique, réunit les renseignements Jusqu'ici épars, et, au moyen de recherches personnelles nombreuses, fit du peigne une histoire à peu près complète. Barkow (4) et Wagner (5) déterminèrent, le premier, en * (1) Bauer, Philosophic. Transact., 1822, p. 76. (2) Sœmmerrmg, De oculorum sectione horizontali. Gottingue, 1818. (3) Huschke, Commentatio de Pectinis in oculo Av. potestate. Ienæ, 1827. (4) Wagner, Müincher Denskriften, 1832, p. 295. (») Barkow, ën Meckels Archiv, 1829 et 1830. ARTICLE N° {. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. à) 1829, la marche des vaisseaux de cet organe; le second, en 1839, le nombre de ses plis chez un grand nombre d'espèces. Enfin Owen (1), dans son Dictionnaire d'anatomie et de phy- siologie, donne une bonne description du peigne. Après l’avoir envisagé comme une membrane vasculaire pigmentée, analogue par sa structure à la choroïde, et avoir déterminé son point d'attache postérieur sur la terminaison du nerf optique, cet auteur décrit la marche du nerf optique dans œil des Oiseaux et montre les branches de l'artère ophthalmique, qui, bien distinctes des vaisseaux de la choroïde, et analogues aux vais- seaux centraux de la rétine, s’allongent dans la fissure où se trouve le nerf optique, et immédiatement concourent à la for- mation des replis du peigne, dans lequel elles constituent de splendides et délicates ramifications arborescentes. Owen détermine ensuite la position du #marsupiumn « logé comme un com dans la substance de l'humeur vitrée, et pou- vant, chez quelques espèces, se prolonger jusqu’à la capsule du cristallin, à laquelle il adhère plus ou moins intimement. » Enfin dans ces dernières années, et assez récemment pour que nous n’en ayons eu Connaissance qu'après nos recherches com- mencées, parurent deux mémoires sur le peigne : lun publié par M. Lieberkühn (2), en 1872, et traitant assez brièvement de l’embryologie de cet organe ; l’autre par M. Mihalkovics (3), qui se place au même point de vue. Nous reviendrons plus tard sur ces deux études, et signalerons en temps et lieu les points sur lesquels ces auteurs ne sont point d'accord, en même temps que nous exposerons les résultats quelquefois un peu différents de nos propres recherches. Forme, situation el rapports du peigne. — Le peigne est une membrane vasculaire qui se rencontre dans l'œil de tous les Oiseaux, sauf cependant chez l'Aptéryx, animal déjà si remar- quable par le petit volume de ses yeux. Située dans le corps (1) Owen, Dichonnaire d'anatomie et de physiologie (Aves). (2) Lieberkühn, Sur l'œil de l'embryon des Vertébrés. Cassel, 1872. () Mibalkovics, Recherches sur le peigne de l'œil des Oiseaux (Bull. de l'Acad. hongroise). (0) BA. HER AUERAIG ARE. vitré et attachée au fond de la chambre postérieure, cette mem- brane, chez l’Autruche et le Casoar, apparait sous la forme conique d’une bourse dont le fond repose sur la papille du nerf optique et dont on aurait serré les cordons, suivant Pexpression de de Blainville. Les plis n’atteignent pas tous le sommet du peigne, quelques-uns, en effet, s'arrêtent à la moitié de sa hau- teur. Quoi qu'il en soit, ce marsupium est formé de deux lames. Cette forme toute particulière se complique encore chez PAutruche par la présence d’une sorte de cloison blanche (1) qui, émergeant du point d'entrée du nerf optique dans l’œil s'élève presque jusqu'à la lentille du cristallin, séparant ainsi les deux parois du #arsupèum. Chez les autres Oiseaux, la forme du peigne se retrouve à peu près partout la même. [l représente, en général, une sorte de triangle-rectangle, dont l’un des côtés de l'angle droit prend insertion sur toute la longueur du nerf optique ; l'autre côté est formé par le bord Imférieur du peigne, qui s’avance dans le corps vitré, perpendiculairement au nerf optique. La surface de ce triangle membraneux est couverte d’un pigment noir plus ou moins foncé, et plissée dans le sens de la hauteur. Ges plis ont une sorte de tendance à se réunir vers un sommet commun, et, par limelinaison qu'ils prennent ainsi, en même temps que par leur mégalité en hauteur, ils déterminent un bord incliné qui, partant de l'entrée du nerf optique dans lœil, s’étend obliquement jusqu’à la rencontre du bord inférieur per- pendiculaire, comme nous l’avons dit, au nerf optique. Ainsi se trouve formée l’hypoténuse du triangle rectangle qui représente le peigne. Cette forme, que l’on trouve chez la Poule, pourra se trouver modifiée de plusieurs manières. Tantôt, en effet, les plis ayant tous à peu près la même hauteur, le peigne a la forme d’un rectangle; tantôt il pourra êtrecomparé à un trapèze. Toutes ces modifications de forme ont d’ailleurs peu d’in- térêt ; 1} m'a paru en être de même du nombre des plis dont je donne un aperçu (1) d’après les recherches de Huschke, de (1) Sœmmerring, loc. cit., p. 54. (2) Le nombre des plis du peigne parait assez constant dans chaque espèce, ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 7 Sæmmerring ét de Cuvier; mais il ressort de cette description que, chez tous les Oiseaux, sauf l’Autruche et le Casoar, le peigne est formé d’une seule membrane. Nous avons dit plus haut qu'inséré sur le nerf optique et plongé dans le corps vitré, il pouvait s’avancer plus ou moins en avant, jusqu’à atteindre la capsule du cristallin et s'y attacher. D’après cela, le peigne est ou peut être en rapport avec trois parties de l'œil, savoir : le nerf optique, le corps vitré et la face postérieure de la capsule du cristallin ; en étudiant ces différents rapports nous verrons ce qu’il faut penser de lattache de cette membrane à la cho- roide qui, pendant longtemps, fut admise par les différents auteurs que nous avons cités plus haut. 1° Rapports avec le nerf optique. — Pour donner une bonne idée du mode d'insertion du peigne dans le fond de Pol, il est nécessaire de décrire le trajet du nerf optique à travers les enveloppes de l’œil des Oiseaux, trajet bien différent de celui du nerf optique des Mammifères. Chez ces derniers en effet, le nerf optique, après avoir percé la sclérotique en général du côté interne par rapport au sommet de l’axe antéro-postérieur de l’œil, suit, à travers la sclérotique et la choroïde, un trajet direct jusqu’à la rétine, et, comme il s’étrangle et s’amineit notablement à mesure qu'il approche de celle-ci, il prend la mais varie considérablement, comme on peut en juger, d’une espèce à l’autre. LaSoans asian ie Mass 4 Caprimulgus (Blainville)... 3 supér. 15 (Desmoulins PARUS) ep men 9 SHREE Camelus nfér. 18-20 ma Paralius() me M ME at 10 Se UT NET nl PS AMRITINE db coononbe l SIPANOGEUA SE AN EE SUN UE, ÿ PAVO ME MEN RERIEMANNE TS 0; 16 SÉENBUDO sr os crmlusernmeat ü Meleagris Gallopavo......... 22 ÉSICORO IIS ER R ER EA 11 PRASTANUS TA POSE 20 PANIEUS PAIE. AIO 6 ER 16 Perdre ASIE RM CES EE 19 RAUHRSAELOS ee 44. m0 de 14 Colon bas APP R ER RES 18 MUlLU RATE DA TU APM UE 12 ArdediGrusr 27. 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La première, pénétrant la sclérotique du côté externe par rapport à l’axe antéro-postérieur de l'œil, traverse cette seléro- tique, et même une portion de la choroïde, en ligne droite, puis, brusquement changeant sa direction, au lieu de continuer son trajet d’arrière en avant jusqu'à la rétine, rampe de haut en bas, et obliquement du côté externe au côté interne de Pœil dans une gouttière creusée à la fois dans la sclérotique, la cho- roïde et la rétine. Cette seconde partie du nerf optique se trouve dès lors dans un rapport tel avec la première, qu'une coupe équatoriale de l’œil, menée dans la zone d'entrée du nerf optique et de façon à diviser longitudinalement la première partie, donne une section transversale du sommet de la seconde. Les deux portions du nerf optique sont donc généralement situées sur la trace d’un méridien de loœil légèrement imcliné sur le méridien vertical. Dans l’œil du Moyen-Duc (Otus vulg.) nous avons cependant rencontré une disposition différente. Là, en effet, le nerf optique, extrêmement roide et court dans la cavité orbitaire, arrive au contact de l'œil en un point de la face postérieure de la scléro- tique, notablement plus externe que chez les autres Oiseaux que nous avons examinés; aussi le voyons-nous suivre tout d'abord, non pas une direction normale à l'œil, mais un trajet équatorial, se ereusant dans le tissu fibreux postérieur de la sclérotique une gouttière qui atteint 6 nullimètres de long sur une largeur de 3 millimètres. Puis, arrivé à la distance moyenne du centre du segment postérieur, où pénètre généralement le nerf optique des autres Oiseaux, on le voit changer subitement de direction, et constituer ainsi une seconde portion qui, à tra- vers la selérotique, la choroïde et la rétine, suit le trajet que ARTICIE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 9 nous avons déjà décrit, de haut en bas, dans le segment posté- rieur et inférieur de l'œil, et obliquement de dedans en dehors et du côté externe au côté interne. Dans ce cas, les deux portions du nerf optique sont donc situées sur les traces de deux méridiens très-différemment in- clinés sur le méridien vertical. D'ailleurs, cette disposition n’est point propre au Moyen-Duc seul, et se retrouve en général chez les Oiseaux de proie, notamment chez l’Aïgle, où le trajet ainsi fourni par la première portion du nerf optique dans les enve- loppes de l'œil a une longueur de {1 millimètres sur environ 2 millimètres de large. Il peut donc y avoir des modifications dans le trajet de la première portion du nerf optique à travers les enveloppes de l'œil, mais nous n’en avons point rencontré dans le trajet de la deuxième portion de ce nerf, et ce fait est intéressant, puisque c’est cette portion qui donne insertion au peigne. Forme du nerf optique. — Si nous passons à l’étude des modifications qui peuvent se présenter dans la forme du nerf optique, nous nous trouvons encore amené à distinguer en lui les deux parties que nous avons déjà vues se différencier parleur direction. Ainsi, par exemple, chez le Canard, la Pintade et le Flamant, la susdite première portion du nerf optique est com- plétement cylindrique (pl. ?, fig. 1); chez l'Oie, le Râle d’eau, le Pingouin, elle s'évase postérieurement et s’amineit antérieu- rement, de manière à former un cône plus ou moins enfoncé dans la sclérotique et la choroïde ; chez le Gallus domest., la Poule d’eau, le Courlis, la Buse, lAlbatros, le Butor, la Pie, cette partie du nerfoptique montre une 1irrégularité plus ou moins prononcée. En général, elle s'étale, peu après son entrée dans la sclérotique, en une sorte de talon dirigé en haut, c’est-à- dire dans un sens diamétralement opposé à la gouttière occupée par la seconde portion. Cette manière d’être (pl. £, fig. 2) a pro- bablement pour but de donner une plus grande fixité à l’in- sertion. Quoi qu'il en soit, je ne m'’arrête pas davantage sur ce point, et Je passe immédiatement à l’examen des modifications de forme que subit la seconde portion du nerf optique, celle 10 M. BUAUREGAMNN. qui donne attache au peigne, el qui par cela même mérite toute notre attention. J'ai déjà dit plus haut que cette partie terminale du nerf optique est située dans une sorte de gouttière creusée dans la sclérotique, la choroïde et la rétine. Décrivons tout d’abord cette gouttière. Au début, nous la voyons intéresser à la fois les trois enveloppes de l'œil, et il en est ainsi sur une longueur variable ; mais en se prolongeant, son volume et sa profondeur diminuent, de telle sorte que bientôt le cartilage de la scléroti- que, un moment divisé, réunit ses deux bords au-dessous d’elle ; seules alors la choroïde et la rétine concourent à sa formation, jusqu'à ce que plus loin, et tout à son extrémité, nous la voyions se continuer en avant de la choroïde et ne plus consister qu’en une fente de la rétine. La forme de cette gouttière varie comme la portion du nerf optique qu’elle contient, toujours beaucoup plus longue que large elle n’est jamais régulièrement cylindrique. Le nerf optique, en effet, est une sorte de baguette tantôt en forme de prisme triangulaire, comme cela se voit dans l’œil de VAlbatros ; tantôt pour ainsi dire divisée en deux parties super- posées, Pune postérieure, très-irrégulièrement cylindrique, l'autre antérieure, en forme de règle. Ces aspects divers sont le résultat d’une sorte d’étranglement que subit le nerf optique au moment où ses fibres deviennent plus minces et se disposent à s’étaler à la surface de la rétine. C’est en effet par la fente de la gouttière que nous venons de décrire que les fibres nerveuses font irruption, et voiei la disposition qu’elles affectent : d’une part aux deux extrémités, ces fibres s’étalent en divergeant dans tous les sens ; d'autre part, sur les deux bords de la fente, elles constituent deux bourrelets d’une grosseur quelquefois consi- dérable, et telle que, chez l’Oie entre autres, ces deux bourrelets réunis formeraient un volume presque égal à celui de la portion du nerf optique qui est renfermée dans la gouttière. Les fibres nerveuses s'étalent alors en une nappe qui constitue la couche la plus interne de la rétine. D'après la description que nous venons de donner, on peut ARTICLE N° {. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 11 voir qu'il y a égalité dans la répartition des fibres nerveuses sur les deux portions interne et externe de la rétine; mais il n’en est pas toujours ainsi, et l'on peut constater dans certains cas une, disproportion tellement prononcée, que l’une des deux por- tions de la rétine semble recevair toutes lesfibres du nerf optique à l'exclusion de l’autre. Quelquefois encoreil arrive, comme nous Pavons pu observer chez le Râle, la Poule d'eau et la Pie, que l’entrecroisement des fibres nerveuses (4) se faisant au niveau même de la rétine, les deux bourrelets se confondent en un plan, ce qui entraine la disparition du sillon entre eux. Dans ce cas, la coupe transversale de l’expansion du nerf optique perd complé- tement la forme d’entonnoir qu'elle possède ordinairement, pour prendre celle d’une papille plus ou moins proémimente au-dessus du niveau de la rétine. Ces particularités ont un intérêt réel quand on étudie lin- sertion du peigne au fond de l'œil; le peigne, en effet, n'est point toujours fixé de la même manière sur le nerf optique, et les différences que nous a offertes l’examen d’un certain nombre d'Oiseaux peuvent donner lieu à quatre types distincts. 4° La disposition la plus fréquente est celle que lon rencontre chez la Poule, la Pintade, le Flamant, la Buse, le Butor, le Pingouin et le Moyen-Duc. [ci, le peigne est situé exactement dans le sillon produit par l’écartement des fibres du nerf optique qui, se recourbant de chaque côté de la fente de la rétine, con- courent à la formation des deux bourrelets longitudinaux dont je faisais mention plus haut. Le peigne, dans ce cas, se trouve isolé de la choroïde, non-seulement par les fibres du nerf optique, mais encore par la rétine qui, de chaque côté, limite les bords de la gouttière. Nous rattachons à ce même mode d'insertion une modification que lon trouve très-prononcée dans l’œil de POie, et plus où moins développée chez les indi- vidus que nous venons de nommer. Cette modification consiste en ce que la base du peigne semble s’étaler sur la surface du (1) Chez les Oiseaux, une (partie des fibres situées à gauche du nerf optique s’étalent sur la portion droite de la rétine et réciproquement, il y a entre- croisement plus ou moins complet au niveau de la papille. 19 EH. REAUREGARD,. nerf optique, et recouvre ainsi non-seulement le sillon médian, mais encore les deux bourrelets de fibres nerveuses situées latéralement. 2 Cette disposition nouvelle est pour ainsi dire un passage à une modification beaucoup plus notable que j'ai rencontrée dans les coupes d’yeux d’Albatros, de Pie et d'Hirondelle de mer, où l’on est immédiatement frappé de la disproportion consi- dérable des bourrelets de fibres nerveuses, sur laquelle j'appelais plus haut l'attention. Or, ici, le peigne s’est porté latéralement, et au lieu de s’insérer sur un sillon médian, on le trouve fixé sur l’un des bourrelets nerveux qui, gèné probablement dans son développement par la présence du peigne, est considérable- ment diminué au profit du bourrelet opposé. 3° Ce déplacement peut d'ailleurs devenir encore plus re- marquable et le peigne prendre alors insertion, comme je lai observé dans l'œil du Courbis, non plus sur les bourrelets ner- veux, mais sur la rétine elle-même en dehors des bords de la gouttière. 4° Dans les trois manières d’être que je viens de décrire, le peigne s’insère sur toute la longueur du nerf optique ; quelque- fois même, et particulièrement chez l’Oie et la Poule d’eau, les fibres terminales du nerf optique qui se prolongent sur la rétine sont accompagnées très-loin au delà de la fente rétinienne par le marsupiun, mais dans tous les cas, Pinsertion des plis supé- rieurs se fait exactement à l'extrémité supérieure de la fente rétinienne. Cependant j'ai trouvé dans l'œil du Pélican une exception à cette disposition commune à tous les Oiseaux cités plus haut. Désirant, en effet, comparer l’image ophthalmosco- pique du nerf optique des Oiseaux avec les résultats que je viens d'exposer et qui sont appuyés sur des coupes transversales de la zone postérieure de l'œil, je soumis à l’examen ophthalmo- scopique le plus grand nombre d’Oiseaux possible. Chez tous je trouvai dans le fond de l'œil le peigne attaché sur une sorte de longue papille linéaire, dont les bords d’un blane mat proéminent fortement sur la surface de la rétine et dont axe est caché par l'insertion du peigne. Cette papille, effilée à son ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 13 extrémité terminale, quelquefois même à peine visible, chez les espèces déjà signalées dont le peigne prend insertion sur les bourrelets nerveux, ne présente aucune image du point correspondant à l'entrée du nerf optique dans l’æil, et par suite à l'extrémité supérieure de la fente rétinienne. Là, en effet, l’image, que l’on pourrait apercevoir, est cachée par l’insertion du peigne, ce qui est en parfait accord avec nos coupes ; mais ayant eu à ma disposition un Pélican vivant sur lequel dès lors l’examen ophthalmoscopique était la seule méthode d’in- vestigation possible, je pus constater les faits suivants : sur une fente rétinale relativement courte, puisqu'il était possible de apercevoir dans toute sa longueur, Je trouvai un peigne à base plus courte encore, et dont l'insertion supérieure se faisant assez loin au-dessous de l’entrée du nerf optique, laissait apparaître une papille d’une blancheur éclatante. Cette papille en forme de fer à cheval se continuait imférieurement en deux baguettes également blanches dans l'intervalle desquelles S'attachait le marsupium. Je reviendrai plus tard, à propos de la vascu- larisation du peigne, sur ces examens ophthalmoscopiques qui, pour le cas présent, nous ont permis de reconnaitre une quatrième modification dans l'insertion du peigne sur le nerf optique, modification que l’on retrouverait peut-être chez d’autres Oiseaux. En résumé, d’après ce qui précède, nous voyons que Îles rap- ports de situation du peigne avec le nerf optique peuvent subir quelques variations, mais dans des limites assez restreites. Nous allons étudier maintenant les rapports de situation du peigne avec le corps vitré. Rapports du peigne avec le corps vitré. — Le marsupium, ai-je dit, plonge dans le corps vitré, où il occupe la direction déterminée par celle de son insertion sur le nerf optique ; mais il n’est pas en contact direct avec l'humeur vitrée, dont il est séparé par la membrane hyaloïde. Cette membrane hyaloïde, qui tapisse toute la surface interne de la rétine, ne présente pas, en effet, comme on pourrait le croire, une fente par où passerait le marsupium ; arrivée aux bords de la gouttière du 14 HI. RNAUREGANRD. nerf optique, elle se relève le long des faces du peigne qu'elle enveloppe ainsi dans une sorte d’étui qui Pisole du liquide de la chambre postérieure de l’œil. Parvenu au sommet du peigne, l'hyaloïde y adhère fortement, de telle sorte que, sur des yeux dureis dans Pacide chromique, et même sur des yeux frais, il est impossible d'enlever le corps vitré sans déchirer en mème temps l’hyaloïde dont les débris restent adhérents au sommet du peigne. Il résulte de ces faits qu’il n’y a point de rapport direet entre l'humeur vitrée et le peigne, mais que la présence de ce dernier détermine la formation d’un canal large et aplati latéralement, variable avec la forme et la grandeur du peigne, et qui dès lors s'étend plus où moins loin en avant versle eristallin. C’estlà un véritable colobome du corps vitré. Les différences dans sa forme reconnaissant pour principale cause une modification dans les rapports de position du peigne et du cristallin, j'arrive immé- diatement à cette étude. Rapports du peigne avec la cristalloide. — Nous pouvons, d’après nos recherches, considérer ici deux cas différents : Insertion médiate. — Le premier semble se rencontrer chez un certain nombre d'Oiseaux, et consiste en ce que le peigne, sans être en contact direct avee la capsule du cristallin, est cependant en rapport d'attache avec elle, par l’intermédiare d'une fine membrane transparente, de structureun peu variable, commenousle verrons plus tard. Ev. Home (1) avait déjà signalé ce mode de connexion dans l'œil du Dindon et du Casoar, et c'était par coagulation au moyen de l'alcool qu'il était parvenu à faire apparaitre ce Higament hyalin. Il pensa pouvoir généra- liser ce fait et l’étendre à tous les Oiseaux dont le peigne _n’adhère pas directement à la capsule de la lentille. Nous ne croyons{cependant pas qu'il en soit amsi, et nous adimettons que chez certains Oiseaux, comme la Poule, par exemple, le peigne n’est nullement en connexion avec la capsule du cris- tallin. L’hyaloide, qui adhère, comme je l'ai dit, au sommet (4) Ev. Home, loc. cit. ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 19 du peigne, est reliée, il est vrai, aux différentes cloisons membraneuses qui, partant de la partie périphérique du corps vitré, le divisent en un certain nombre de loges, mais je ne pense pas pouvoir assinuler ce cas à celui que l’on trouve chez le Dindon et chez un grand nombre d’Oiseaux, tels que lOie, le Hibou, le Petit-Duc, etc., où 1l existe réellement un ligament conjonctif unissant le peigne à la capsule du cristallin. Chez le Hibou, par exemple, cette membrane, qui apparait déjà dans l'œil frais comme une légère traînée laiteuse, s’observe encore plus facilement lorsque l’on à employé comme durcissant la- cide chromique en faible proportion. Le sommet du peigne parait alors attaché à la capsule par une véritable membrane dont nous étudierons plus loin la structure. C’est égalemant le moment de rappeler ce que nous avons dit du peigne de l’Au- truche. Une cloison blanche partant du nerf optique s'élève entre les deux parois du peigne, et dépassant celui-ci, vient s’in- sérer à la capsule du cristallin. Je pense que l’on doit rappro- cher ce cas particulier de celui dont je viens de parler, L’éten- due si considérable de cette membrane, qui égale ainsi en hauteur toute la profondeur de la chambre postérieure de V’œil de l’Autruche, nous permettra de nous représenter sans difficulté une membrane également dépendante du peigne, et relant le sommet de ce dernier à la cristalloide. D'ailleurs, chez les Oiseaux que je cite plus haut, tels que l'Oie et le Din- don, le peigne est très-développé, arrive fort près du cristallin, et la membrane intermédiaire n’a qu'un faible trajet à pareou- rir ; mais 1} n'en est plus de même pour les Rapaces nocturnes, chez lesquels la cristalloïde est de la même manière en con- nexion avec le peigne. Ce dernier étant très-peu développé en hauteur, on pourrait croire que Pespace qui le sépare du cristallin se trouvant relativement considérable, la membrane de jonction du peigne et de la cristalloïde doive être assez éten- due et plus grande même que le peigne. Il n’en est rien cepen- dant, et ceci s’explique aisément si l’on considère les rapports entre le diamètre antéro-postérieur de l'œil entier et le même diamètre de la chambre postérieure, On peut en effet constater 16 H. BEAUREGARD. que, chez le Moyen-Duc par exemple, la distance du sommet du marsupium à la face postérieure de la lentille ne dépasse guère ? millimètres. Geci s'explique par ce fait, que l'œil de ces Oiseaux ne parait ainsi allongé dans le sens antéro-posté- rieur, que grâce au développement exagéré de la partie de communication entre le segment antérieur et le segment postérieur de l'œil. En effet (1), sur 39 millimètres de lon- eueur totale, 17%%,5 appartiennent à la partie de communi- cation, tandis que 11 millimètres seulement représentent la longueur de Paxe de la chambre postérieure, et 10"",5 celle de l'axe de la cornée dans sa plus forte courbure. Si l’on ajoute à cela que le cristallin, très-volumineux, dépasse postérieure- ment l’axe de la partie de communication, on comprend facile- ment que le peigne, bien que très-petit relativement aux énormes proportions de l’œil, ne s'éloigne cependant que fort peu de la face postérieure de la lentille. Insertion immédiote. — Le second cas à considérer est celui qui nous présente le peigne très-développé et directement attaché à la face postérieure de la capsule du cristallin. Les divers au- teurs (2) qui ont parlé du peigne mentionnent dans ce groupe le Vautour, le Perroquet, le Casoar, le Dindon, la Gigogne, Oie et le Cygne. Nos recherches nous permettent d'ajouter à cette énu- mération le Butor, le Courlis, l'Hirondelle de mer, le Martm Pêcheur, la Poule d’eau, le Râle, le KFlamant, la Pintade et l'Émouchet. Comme nous ne traitons ici que des rapports de position du peigne et de la lentille, nous renvoyons, pour les détails des coupes faites sur ces points de connexion, au chapitre de notre travail réservé à la vascularisation du peigne. Qu'il nous suffise de faire remarquer que chez les espèces que nous venons d'énumérer l'attache du marsupium à la capsule du cris- tallin se fait de manières différentes, suivant la longueur d’in- sertion du peigne, suivant le trajet qu'il suit dans le segment (1) Leuckart, Organologie des Auges in Handbuch der Gesammten Augen- heilkunde, 1875, p. 188. (@) Owen, Ev. Home, loc. cit, Siebold et Stannius, Manuel d'anat. comp. (Oiseaux), p. 321. ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 17 inférieur de l’æœil, suivant enfin la grandeur du diamètre antéro- postérieur qui sépare le fond de l’œil du pèle postérieur du eris- tallin. Lorsque, en effet, le peigne arrive très-près de la base des procès ciliaires, comme cela a lieu, par exemple, dans l’œi de l’Hirondelle de mer, où lextrémité mférieure de la gouttière optique arrive à 2 millimètres de la couronne ciliaire, on com- prend que le peigne s'attache à la face postérieure de la cristal- loïde sur une étendue assez considérable. Néanmoins, je ne l’ai jamais vu attemdre le sommet de la courbe postérieure de la lentille. L'insertion commence en général au bord de la cap- sule, et s’avance plus ou moins vers le sommet postérieur de celle-ci, mais sans lattemdre car les plis du peigne n’ont Jamais une hauteur suffisante. Les plis supérieurs, ceux qui correspondent au point d'entrée du nerf optique dans l'œil, sont, comme nous l'avons déjà dit, beaucoup plus courts que les plis inférieurs qui seuls peuvent, en considération aussi de leur plus grande proximité, attemdre la cristalloïde. Par ce fait même, la ligne d'insertion du peigne est donc toujours située au-dessous du sommet postérieur de la lentille. Enfin, il me reste encore à faire remarquer que, dans tous les cas que J'ai observés, la membrane hyaloïdienne m'a paru ne point abandonner le mar- supium, même à son sommet le plus antérieur, qu'elle me semble, dans les coupes transversales, recouvrir comme d’un capuchon. Aussi est-il peut-être inexact de dire que le peigne adhère à la capsule de la lentille, car 1l en est, en réalité, séparé par l’hyaloïde, et c’est celle-e1 qui, d’une part, recouvrant inti- mement le sommet du peigne, et, d'autre part, se confondant avec la eristalloïde postérieure, détermine une attache du mar- supium tellement résistante, que si l’on essaye d’enlever le eris- tallin d’un œil duret par Pacide chromique, le peigne rompt son insertion au nerf optique, plutôt que d'abandonner son contact -avec la capsule de la lentille. Quoi qu’il en soit, cette attache du peigne avec la cristalloïde détermine dans celle-ci une dé- pression longitudinale de forme et de longueur variables, et qui d’après les explications que nous venons de donner se trouve dans un même plan avec la fente rétinale. Je dis variable de ANN. SC. NAT., JUILLET 1876. IV. 2. — ART. N° 1. TS Hi. MEAURENGAMNRN. longueur, puisque le sommet du peigne est plus où moins étendu suivant les espèces, et variable de forme, car chez le Râle (1), par exemple, le sommet de ce peigne ressemble au faite d’un toit, et dans ce cas détermine dans la cristalloïde une dépression en forme de carène, tandis que chez la Pintade, le sommet du peigne est en forme de voûte ogivale dont la crête est surmontée d’une baguette cylindrique s'étendant dans toute sa longueur, et forme par suite dans la cristalloïde une dé- pression de forme correspondante et plus profonde que la pré- cédente. Situation du peigne dans l'œil. — En résumant ce que nous venons de dire sur les rapports du peigne avec Les différentes parties de l'œil, 1! nous est possible de rer plusieurs conclusions intéressantes. D'une part, Pétude de ses rapports avec le corps vitré et le cristallin nous montre que c’est principalement chez les Oiseaux aquatiques qu'il prend un grand développement en hauteur, et va s'attacher à la capsule de la lentille. Cest au contraire chez les Rapaces nocturnes que le peigne atteint son minimum de développement. Il nous est possible également de déterminer sa situation dans loœil. Attaché d’une part au nerf optique, et d'autre part médiatement où immédiatement au bord inférieur de la eristalloide, il est donc situé dans le segment inférieur de l'œil; d'autre part, le nerf optique s’insérant du côté externe de lhémisphère postérieur de l'œil et se dirigeant obliquement vers le côté interne, lorsque l’attache du peigne se fait sur une petite étendue, il est situé tout entier, par rapport au méridien vertical, dans le segment externe de l'œil; c’est ce qui a lieu chez les Rapaces nocturnes. Mais quand cette insertion se prolonge davantage, il peut avoir son extrémité antérieure et inférieure située dans le segment interne ; c’est ce que l’on voit chez l'Oie, le Dindon et autres Oiseaux à marsupium très- développé. Ge sont là, d’ailleurs, des modifications qui ne pré- sentent d'intérêt que dans leurs termes extrêmes que Je viens de signaler, ét qui sont reliées entre elles par une foule d'inter- (W'PMEMES TS; ARTICLE N° {, RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 19 médiaires. Quoi qu'il en soit, la situation générale du peigne m'a paru toujours être la même, c’est-à-dire dans un plan oblique de haut en bas, du edté externe au côté interne de l'œil et d’arrière en avant. Nous utiliserons plus tard, en exposant nos recherches sur le rôle physiologique de cet organe, cette connaissance de sa situation dans l’œil; nous passons maintenant à l'étude de sa structure. Structure du peigne. Rapport du peigne arec la choroïide. — Buffon (1) considérait le peigne comme un € épanouissement du nerf optique, qui re- » cevant plus immédiatement les impressions lumineuses, » devait dès lors être plus aisément ébranlé, plus sensible qu'il » ne l’est chez les autres animaux. » J'ai déjà signalé les opinions qui, successivement, se sont fait jour au sujet de la structure du peigne envisagé comme une dépendance de la choroïde : Ev. Home le considérant comme un appareil musculaire, Bauer et Haller comme une mem- brane uniquement composée de vaisseaux. En 1856, M. Giral- dès (2), dans un mémoire sur l'Organisation de l'œil, consacra cette opinion et compara le peigne à un procès ciliaire, comme Ev. Home l'avait déjà fait. Barkow avait, un peu auparavant, en 1830, décrit la marche des vaisseaux; enfin, dans ces der- nières années, MM. Lieberkübhn et Mihalkovics, dans les deux mémoires dont jai déjà fait mention, établrent que, chez la Poule (adulte), toute communication entre le peigne et la choroïde à cessé d'exister. L'étude que nous avons faite d’un certain nombre d'espèces différentes nous permet, en confirmant cette assertion, de la généraliser et de Pappliquer à tous les Oiseaux. Notre opinion est basée sur la structure du peigne, sur l’origine de ses vaisseaux et sur l'étude embryogénique que nous en avons faite. Nous exposerons tout d’abord nos recherches sur la structure histologique de cet organe. (1) Buffon, loc. cit. (2) Giraldès, Recherches sur l'orgämisalion de l'œil considéré chez l'homme et dans quelques animaux (Thèse de Paris, 1836, n° 379). 20 H. BEAUREGARD. Structure histologique du peigne (1). — Sous ce rapport, jai trouvé dans les différentes espèces un ensemble de caractères communs, joints à certaines modifications propres à quelques- unes d’entre elles, et qui méritent d’être signalées. Le peigne se compose d’un lacis de vaisseaux capillaires dis- posés en deux ou trois plans superposés, et dont les mailles peuvent varier de forme et de dimensions, suivant les individus que l’on considère. Deux formes me paraissent pouvoir servir de types et grouper autour d'elles les quelques modifications légères que présente nécessairement chaque espèce. L'une de ces formes se rencontre chez la Poule (9) ; les vaisseaux capil- laires, d’un diamètre variable entre 241 et 49 1, s’anastomosent très-fréquemment et forment ainsi un réseau d’une densité re- marquable, qui ne permet que difficilement la dilacération de la membrane. Les mailles ainsi formées sont irrégulièrement arrondies, et leur diamètre varie entre 35 y et 20 p.. À ce type se rattachent les réseaux vasculaires du peigne de la Pintade, du Pigeon, de l’Albatros et du Butor, enfin le réseau du mar- supium du Petit-Due, qui est encore plus remarquable que les précédents par la finesse de ses mailles. Le second type nous est fourni par lOie. Les capillaires y forment un réseau à mailles très-allongées et disposées en un élégant treillis. Dans le cas présent, en effet, les vaisseaux sont presque tous dirigés parallèlement entre eux, et leurs anasto- moses sont assez rares, de sorte qne les mailles acquièrent une grande longueur, variable entre 0"",1 et0°",08, tout en restant très-peu larges, vu le rapprochement des capillaires nombreux et serrés. La largeur de ces mailles est en effet d'environ 19 y, c’est-à-dire le plus souvent beaucoup inférieure à celles des capillaires, dont la largeur varie entre 12 wet25 p (pl. 1, fig. 5). C’est à ce type que peut se rattacher le réseau capillaire du peigne du Pingouin, en notant toutefois que les capillaires par- tant de gros troncs (pl. 1, fig. 8) qui parcourent presque toute (1) M. Tourneux, préparateur du laboratoire d’histologie des hautes études, m'a donné pour cette partie de mon travail d'excellents conseils dont j'ai plaisir à le remercier. (2) PI. 1, fig. 4. ARTICLE N° {. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 21 la hauteur du peigne, et s'élèvent, eux aussi, en ligne droite, déterminent amsi des mailles d’une longueur remarquable et d'une largeur le plus souvent bien inférieure à celle des capil- laires, qui n'ont paru conserver toujours un diamètre assez considérable, et rarement momdre de 14 11. D’après ces chiffres on peut conelure que le peigne est à peu près uniquement formé de vaisseaux. Quant aux capillaires dont je viens de parler, ils sont fournis par de plus gros trones qui affectent constamment deux directions. Les uns sont situés dans le sens de la hauteur du peigne, les autres sont placés dans le sens de sa longueur, constituant ainsi une sorte de charpente sur laquelle s'étend le réseau capillaire que nous avons décrit plus haut. Tous les vaisseaux du peigne, quel que soit leur ca- libre, ont la même structure, MM. Eberth (1) et Mihalkovies (2) en ayant donné des descriptions un peu différentes, Je crois devoir entrer dans quelques détails à ce sujet. Un endothélium (3) déjà visible sans réactif, mais beaucoup plus facile à apercevoir sur;des peignes frais traités par le ni- irate d'argent et colorés par le carmin ou l’hématoxyline, con- court à la formation de la paroi. Les cellules de cet épithélium ont été différemment décrites par les deux auteurs que je viens de nommer. En effet, Eberth les figure polygonales, et Mihal- kovies les représente arrondies. Sur les gros vaisseaux, elles affec- tent plus spécialement, 1l est vrai, la forme polygonale, mais dans la paroi des capillaires fins toutes les cellules sont plus ou moins ovoides, à extrémités un peu pointues, comme le montre la figure 7, et ces extrémités, en s’engageant dans les espaces laissés libres entre les parois des cellules voisines, forment au vaisseau une paroi continue. Ces cellules ont toutes à peu près le même diamètre, variant entre 8 & et 12 p; les cellules ovoides ont environ 8 à 12 y de largeur sur 12 à 14 p de longueur. Toutes sont pourvues d’un fort noyau arrondi et dont le diamètre est égal à 5 ou 6 w. Dans les gros (1) Eberth, in Handbuch de Stricker. Leipzig, 1869, p. 208. (2) Mihalkovics, loc. cit. (3) PI. 1, fig. 6 et 7. 29 MH. BEATREIGARD. vaisseaux de la base du peigne et dans les points les plus rap- prochés de cette base, les noyaux sont un peu allongés et quel- quefois presque cylindriques. Mais ce n’est point tout, lorsque les préparations sont faites sur des sujets bien frais, on constate que tous ces vaisseaux sont entourés d’une couche hyaline qui les enveloppe, et apparait sous le microscope comme une bande transparente limitant extérieurement épithélium des vaisseaux, M. Eberth, d'après des coupes transversales de ces capillaires, pense que cette pellicule est formée par lhyaloïde, qui, enve- loppant immédiatement le peigne et ses vaisseaux, s’introduit exactement dans les interstices laissés par ces derniers et les délimite ainsi. M. Mihalkovies rejette avec raison cette inter- prétation, € D'une part, 1l est difficile d'admettre que l’hyaloïde » pénètre ainsi entre les mailles de vaisseaux disposés en plu- » sieurs couches; d'autre part, la dilacération du peigne, en » déchirant l’hyaloïde, devrait donner aux bords transparents » dont nous parlons un aspect frangé ; or ceci n’a pas lieu, et » les contours des vaisseaux se présentent toujours avec des » limites très-nettes et très-régulières. » Je suis en cela partfai- tement de Pavis de M. Mihalkovics, mais je n’admets pas, comme cet auteur, qu'il s'agisse 1e1 simplement d’une substance vitreuse enveloppant les cellules des parois vasculaires. Il y à bien là, en effet, une substance hyaline transparente, mais celle-ci est parsemée de noyaux placés parallèlement à Paxe du vaisseau, et qui paraissent avoir échappé à cet observateur. On en dévoile cependant très-nettement la présence par la coloration au moyen de lhématoxyline (pl. 4, fig. 6). Je pense donc que lon doit admettre, autour des vaisseaux du peigne, lexistence d’une gaine conjonctive. La largeur de cette gaine varie avec le calibre du vaisseau, mais non point proportionnellement., Ainsi, par exemple, dans un peigne d’Oie que jexamine en ce moment, je trouve autour d’un vaisseau mesurant 0"%,092 de diamètre, abstraction faite de l'enveloppe hyalime, une gaine de 19: de largeur, tandis qu'’autour d'un capilkure de 16 x seulement de diamètre cette gaine mesure encore # p. Les noyaux répandus dans cette enveloppe sont ARTICLE N° 1, RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 93 ovoides et enfermés dans une mince cavité atténuée à ses deux extrémités en une pointe très-déliée. L’hématoxyline les eolore fortement en violet, et permet de les apercevoir très-distine- tement. Ges noyaux, assez nombreux et rapprochés dans la gaine des gros vaisseaux, deviennent plus rares dans les capil- laires fins, où 1ls ne se laissent voir qu'à des distances assez grandes. Telle est la structure des vaisseaux qui forment le peigne. Je l'ai trouvée identique chez tous les Oiseaux que j'ai examinés ; le Pingouin toutefois m'a paru tout particulièrement intéres- sant. Ayant eu en effet à ma disposition des veux de cet animal conservés dans le bichromate de potasse, j'essavai sur des lambeaux du peigne laction du chlorure d’or, et je fus tout étonné de voir apparaitre, colorés en violet, des noyaux arrondis en quantité considérable, comme le représente la figure 8, pl. 4. (Le chlorure d’or, dans cette circonstance, avait donné lieu à une réaction exactement opposée à celle qui lui est propre lorsqu'on le fait agir sur des tissus frais.) Outre ces noyaux arrondis, qui remplissaient les mailles du peigne et sui- vaient les vaisseaux dans tout leur parcours, je trouvai autour des capillaires une gaine hvaline parsemée de noyaux ovoïdes placés parallèlement à Paxe du vaisseau et mesurant environ 6 à 8 y de diamètre. Ces noyaux sont renfermés dans des cavités à peine visibles autour d’eux et se terminent à leurs deux extré- mités en pointes atteignant 10 à 12 x de longueur. Ayant alors dilacéré une partie de la préparation, j'ai pu voir que les pre: miers noyaux dont j'ai fait mention, ceux qui remplissent les mailles du réseau capillaire, sont les noyaux de cellules du üssu conjonctf, étoilées ou fusiformes, comme les montre la figure 8 bis, pl. 4. Ces noyaux, arrondis, mesurent 5 à 8 de diamètre et sont placés au milieu des cellules. Celles-ci, au voismage des vaisseaux, se rangent par séries régulières, et limitent pour ainsi dire la gaine conjonctive qui les entoure. De là ce smgulier aspect que présente le peigne. Enfin, il m'a paru exister également quelque peu de substance hyaline interposée entre les cellules étoilées. v S % H. BEAUREGARD. l Comme nous l’avons dit plus haut, les vaisseaux du peigne laissent entre eux des intervalles. Ceux-e1, d’après M. Mihal- kovics, sont remplis par une matière incolore et gélatmeuse, dans laquelle se trouvent de nombreux grains de pigment. Il en est bien ainsi chez la Poule, à la condition toutefois que lon mentionne aussi un tissu d'appui dont la plus grande partie des fibres proviennent du tissu conjonctif du nerf optique. Ce tissu dont parle M. Leuckart (1) est du reste rare chez la Poule et ne s'étend pas dans toute la masse du peigne; on ne le rencontre qu'à la base, où, sur des coupes transversales du nerf optique, 1l est facile de voir qu’il est formé de fibres fournies par les tra- bécules conjonctives qui parcourent la masse de ce dernier. De là l'existence d’une sorte de lien qui contribue, avec les vais- seaux, à attacher plus solidement le marsupium au nerfoptique. Mais s’il est vrai que ces fibrilles conjoncetives soient assez rares chez quelques Oiseaux, comme la Poule et le Pigeon, il n’en est plus de même chez d’autres, et principalement chez ceux dont le marsupium s'attache immédiatement au nerf optique, comme l'Oie, le Hibou, le Petit-Duc, etc. Dans ces cas, en effet, outre les fibrilles conjonctives de la base du peigne, qui sont très- nombreuses et constituent une attache très-solide du peigne au nerf optique, on trouve au sommet un très-grand nombre de fibres semblables qui contribuent à la connexion du peigne avec la capsule du eristallin. De plus, chez l'Oie, le Hibou et un grand nombre d’autres Oiseaux, parmi lesquels je citerai tout particulièrement, l’Albatros et la Pintade, au lieu d’une matière homogène et transparente, on trouve dans les mailles du réseau capillaire un tissu conjonctif formé comme celui que Je déerivais plus haut chez le Pingouin, de cellules fusiformes ou étoilées, pourvues d’un noyau central, et de prolongements qui forment une trame de soutien pour le peigne. Ces éléments augmentent en nombre à la partie supérieure du marsupium et concourent à la formation du üssu fibrillaire qui sert d’at- tache à la capsule du cristallin, mais cela seulement dans les (1) Leuckart, loc. cit. ARTICLE N° 1, RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 29 cas où le marsupium n’est point immédiatement adhérent à celle-ci; j'ai déjà dit en effet que, dans les cas d'attache im- médiate, la connexion se fait par l’intermédiare de l’hyaloïde seule. On voit, d’après cela, que la structure histologique du peigne est beaucoup plus complexe qu’on ne lPavait cru jusqu'alors, et qu'il y aurait erreur à considérer comme type de cette structure celle du peigne de l’œil de la Poule. Le Pingoum présente de son CÔté une exception en rapport inverse, car le nombre des cellules fibro-plastiques y est si grand dans les mailles des eapil- laires, que le tissu conjonetif l'emporte presque sur les vais- seaux, Ce quin'a Jamais lieu pour le marsupium des autres Oiseaux. Pigment du peigne. — Chez tous les Oiseaux que nous avons observés, le peigne s’est montré très-fortement pigmenté ; chez le Pingouin, au contraire, les grains de pigment sont extrême- ment rares, et le marsupium, presque transparent, se remarque par là dès que l’on ouvre l'œil. Je n’ai trouvé fait à peu près semblable que chez la Pie, qui, elle aussi, possède un peigne très-peu pigmenté, et ce dernier exemple, joint à ce que j'ai très-souvent observé sur des Oies ou des Pigeons à plumage blanc, un peigne fortement pigmenté, ne paraît point en faveur de cette opinion admise par Ev. Home, que la coloration du peigne est d'autant moindre que le plumage de l'Oiseau est moins noir. Quoi qu'il en soit, les grains de pigment sont très-différemment répartis dans le marsupium, suivant les Oiseaux que l’on examine, et l’on peut considérer deux modes distincts de répartition. Le premier est offert par le pigment du peigne de la Poule, et est applicable au Pigeon; le second se trouve dans le peigne de lPOie, et ceux du Hibou, du Butor et de la Pmtade sy rattachent. Je ferai rémarquer d’ailleurs que ces différences sont en rapport avec les particularités de struc- ture histologique que nous avons observées plus haut. Dans le premier cas, en effet, où les mailles du réseau vasculaire sont comblées par une matière amorphe et homogène, les grains de pigment se trouvent disséminés sans ordre dans cette sub- 26 Hi. HN HREG AE D. stance (4). Mais, dans le second cas, où nous avons trouvé des cellules étoilées ou fusilormes en quantité plus où moins considérable, les grains de pigment peuvent offrir deux dis- positions différentes : tantôt, comme cela se voit dans le peigne de l'Oie et de la Pintade, une parte des grains de pigment se trouve réunie dans les cellules de tissu conjoncüf, et l’autre est disséminée dans les intervalles compris entre ces cellules: sous forme de poussière de pigment; tantôt, au contraire, etle Hibou nous en offre un bon exemple, tous les grains de pigment sont inclus dans les cellules conjonctives. Alors il prend dans sa disposition un caractère particulier : tous les grains, en effet, restent rassemblés dans la partie globuleuse de la cellule fibro-plastique, sans en occuper les prolongements, et se disposent en forme de croissant dont le vide central est occupé par le noyau de la cellule. Grâce à cette circonstance, qui se présente aussi, quoique moms régulièrement, chez l'Oie, il est toujours impossible de confondre les cellules pigmentées du peigne avec les cellules étoilées pigmentées de la choroide dans lesquelles les prolongements contien- nent, aussi bien que le centre même de la cellule, de nom- breux grains de pigment. Tous ces amas pigmentaires en forme de croissant forment dans le peigne une sorte de mosaïque qui frappe immédiatement l'œil de l'observateur (pl. #, fig. 9 et 10). Les résultats qui précèdent nous montrent donc qu'une étude comparée du peigne chez un certain nombre d'espèces état absolument indispensable à la connaissance à peu près exacte de sa structure histologique; nous avons trouvé dans cette structure des différences assez notables, il est vrai, mais qui toutes peuvent être ramenées à celle-ei : absence à peu près complète de cellules du tissu conjonctüif chez les uns, où lon ne retrouve qu'une substance homogène sans éléments figurés ; présence en nombre plus ou moins considérable de ces élé- ments chez les autres, où la substance fondamentale diminue proportionnellement. Or, est-il possible de trouver lexplication (1) PI. 1, fig. 4 et 5. ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 27 de ces deux ‘états différents? Pour le moment, je me conten- terai de faire remarquer que les cellules de tissu conjonctif nous sont toujours apparues en grand nombre chez les Oiseaux à marsupium puissant et dans le réseau vasculaire duquel des mailles assez larges laissent aux capillaires une prédominance beaucoup momdre que chez les autres (la Poule, le Pigeon et le Petit-Duc), dans le peigne desquels les vaisseaux, en nombre extrèmement considérable et grâce à des anastomoses fréquentes, ne laissent entre eux que de rares et petits inter- valles, Les noyaux du tissu primitif, qui ont disparu au moment de la formation de ces vaisseaux n’ont laissé voir, dans ces der- mers cas, que la substance fondamentale que nous voyons combler les mailles du réseau. Dans les premiers cas, au con- traire, un grand nombre d'éléments conjoncüfs ont persisté, et chez l’Autruche 1l est probable que la eloison blanche qui s'élève du point d'entrée du nerf optique est de même nature conjonctive. Nous reviendrons du reste sur ce sujet en traitant de l’embryogénie du peigne. La structure histologique du marsupium étant exposée, nous passons à l’étude de l’origine de ce réseau capillaire, et nous y apporterons d'autant plus de détails que cette étude n’a été Jusqu'ici que très-mcomplétement faite. Origine des vaisseaux du peigne. — Les connaissances ac- quises sur l’origme des vaisseaux du peigne sont cependant assez précises. [ls naissent, dit Owen (1), qui résume les travaux an- térieurs à lui, de l'artère ophthalmique, par des branches bien distinctes des vaisseaux de la choroïde, et analogues à Partère centrale de la rétine. MM. Leydig (2), Lieberkühn (3), et Mihal- kovies constatent aussi l'existence d’un réseau vasculaire entou- rant la gaine du nerfoptique et envoyant ses rameaux au peigne. Tous, d'autre part, sont daccord pour rejeter toute communi- cation vasculaire entre Le peigne et la choroïde. I suffit, en effet, (1) Owen, loc. cit. (2) Levdig, Traité d'histotogie de l’homme et des animaux. 1866. 3) Lieberkühn, loc. cit. 28 H. BEAUREGARD. d'examiner les coupes transversales du nerf optique, pour se convaincre, qu'en aucun point les vaisseaux de la choroïde ne pénètrent dans le peigne, dont ils sont séparés par la gaine du nerf optique et par les fibres nerveuses de ce dernier, qui se répandent de chaque côté sur la rétine. Nous n’aurions donc eu qu’à constater l’exactitude de ces résultats, si l'étude com- parée que nous avons faite de la marche des vaisseaux d’origine du peigne chez divers Oiseaux, ne nous avait offert certaines dif- férences intéressantes, qui du reste dans leur ensemble ne font que confirmer et généraliser l'exactitude des précédentes obser- vations. Pour ces études, nous avons fait des injections arté- rielles et vemeuses de matières colorantes transparentes, et sur les yeux dureis dans Palcool ou l'acide chromique nous avons fait des séries de coupes, les unes perpendiculaires à la portion du nerf optique sur laquelle s’insère le peigne, nous les disons transversales ; les autres parallèlement à l’axe de cette portion du nerf optique, nous les nommons longitudinales. Je ferai remarquer que les coupes longitudinales ne peuvent nous donner de renseignements sur les régions latérales du nerf optique, mais seulement sur sa face postérieure et sa face anté- rieure, cette dernière correspondant à l’insertion du peigne qui, Jui aussi, se trouve compris dans les coupes. Les différences que j'ai rencontrées dans la marche des vais- seaux aussi bien que dans leur nombre et leur disposition géné- rale, reconnaissant pour causes quelques-unes des modifications que nous avons déjà signalées tant dans la forme du nerf optique que dans le mode d'insertion du peigne, je diviserai ce chapitre en plusieurs groupes. Dans chacun de ces groupes je décrirai avec détail un type principal et je signalerai les cas qui pourront s’y rattacher. Origine des vaisseaux du peigne chez l'Oie (1).— Le premier type du mode d’origine des vaisseaux du peigne sera pris chez l’Oie. Pour le décrire, et nous agirons de même par la suite, (1) Quelques-uns de ces résultats, obtenus en collaboration avec M. André, élève du laboratoire d’histologie des hautes études, ont été résumées dans une note lue par M. Robin à l’Académie des sciences le 16 novembre 1874. ARTICLE N° 4. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 99 nous examinerons d’abord les coupes transversales faites sur toute la longueur du nerf optique, et nous diviserons cet examen en trois parties : 1° Coupes transversales faites sur la portion du nerf optique proche de son point d'entrée dans l'œil. 2° Coupes faites sur la portion moyenne de ce nerf. 3° Coupes menées sur sa portion terminale, c’est-à-dire là où la sclérotique et la choroïde ayant rejoint leurs bords der- rière le nerf optique, la fente rétinale seule persiste pour loger les dernières portions des fibres nerveuses. Enfin, au moyen des coupes longitudimales, nous compléterons nos premiers ren- seignements. En examinant les coupes transversales qui comprennent le point d'entrée du nerf optique dans l’œæil, on voit que le nerf optique offre, comme je l'ai déjà dit, la forme d’un entonnoir dont la partie évasée répond au cercle d'entrée du nerf dans la selérotique. Le nerfoptique est alorssitué dansune gouttière, dont les parois latérales sont formées par la sclérotique, la choroïde et la rétine, mais dont la paroi postérieure n’existe pas encore. Les coupes ainsi faites nous permettent d'observer sur l’un des côtés du nerf optique (côté externe) une artère à parois épaisses qui, prenant naissance en dehors de la sclérotique, d’un plus gros tronc dont on voit la coupe (1) transversale, traverse l’en- veloppe fibreuse de l'œil ainsi que le cartilage de la sclérotique et se rapprochant de la gaine du nerf optique la pénètre au niveau de ce cartilage. Cette artère, conservant son diamètre, longe la paroi mterne de cette gaine fibreuse, puis, arrivée au bord de la gouttière optique, se bifurque, et les deux branches ainsi formées, suivant côte à côte une direction un peu oblique vers le côté interne de l'œil, traversent le bourrelet nerveux destiné à la portion externe de la rétine et arrivent à la base du peigne. Là, elles pénètrent dans les plis de ce dernier, et vont y former d'importants rameaux. Les coupes transver- sales de cette première portion du nerf optique n’offrent rien (4) PI. 1, fig. 12. 30 EN. H2H AURA ED. autre chose de remarquable au point de vue qui nous occupe. Toutes celles qui se trouvent menées dans la partie suivante nous montrent dans la gaine du nerf optique la section trans- versale de petits vaisseaux qui envoient des rameaux le long des trabécules fibreuses qui divisent la masse nerveuse. Ces petits vaisseaux se prolongent quelquefois fort en avant, et plusieurs coupes permettent de reconnaitre que quelques-uns d’entre eux arrivant à la base du peigne, concourent à sa formation. À me- sure que l’on se rapproche davantage de Pextrémité terminale du peigne, les coupes redeviennent plus intéressantes. Jus- qu’alors on trouvait toujours à la base du peigne les sections transversales de deux ou trois vaisseaux. On les observe encore dans les coupes terminales, mais ils entrent en communication avec des trones situés dans la gouttière. Ces troncs, appuyés contre la face postérieure du nerf optique, nous offrent, eux aussi, leurs sections transversales, 1l est donc nécessaire, pour les suivre entièrement et nous rendre compte de leur trajet, d’avoir recours à l'examen des coupes longitudinales. On peut alors constater que, vers la région moyenne du trajet du nerf optique dans les enveloppes de l'œil, deux ordres de vaisseaux le pénètrent et se rendent au peigne. Ce sont : d’une part, une artère qui, longeant un moment la paroi postérieure de la gouttière optique, pénètre la masse nerveuse environ au niveau du sixième pli du peigne, se bifurque en ce pont et envoie deux vaisseaux qui courent à la base du peigne, et dis- tribuent çà et là des rameaux dans cette membrane (pl. 4, fig. 12). D'autre part, au niveau de la bifurcation de l'artère, sort du nerf optique un gros tronc veineux qui, arrivé dans la seléro- tique, suit d’abord un trajet parallèle à celui de Fartère vers l'extrémité terminale de la gouttière optique, puis qui tout à coup, changeant de direction, remonte vers la partie supérieure en se rapprochant toujours de la face postérieure de la scléro- tique. Arrivé au niveau du point où il était sorti du nerf optique, ce trone veineux s'ouvre un passage à travers le cartilage scléral et va se jeter dans un plus gros tronc qui reçoit également quel- ques branches des usa vorticosa de la choroïde. Cette veme a ARTICLE N° {. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L' ŒIL DES VERTÉBRÉS. 9 donc accompagné l'artère dans le nerf optique, Fa suivie sur un certain parcours dans la selérotique, puis s’en est séparée pour venir percer l'enveloppe de l’œil au-dessous du point par où pénètre cette artère. En comparant ces résultats avec ceux qui nous ont été donnés par les coupes transversales, on voit que, dans la région supé- rieure, le peigne doit en partie ses vaisseaux à une branche spé- ciale pénétrant perpendiculairement dans les enveloppes de l'œil, et que dans les régions moyennes et terminales, 1l les doit plus spécialement au réseau capillaire qui parcourt le nerf optique et aussi aux branches issues de la bifurcation de Partère qui pénètre le nerf optique vers sa région terminale après en avoir longé quelque temps la face postérieure. Telles sont les origines du réseau artériel du peigne de POie. Quant au sang vemeux il est ramené du peigne par une grosse veine spéciale dont nous avons fait connaître [a marche. Ces résultats montrent en outre qu'il uv à aucune conimus meation vasculaire entre le peigne et la choroïde; je n'ai, en effet, jamais trouvé le momdre rameau qui, par son trajet, püt laisser quelque doute à cet égard. Enfin, il est facile, par des injections colorantes, de voir que les vaisseaux dont je viens de faire connaitre la marche, sont fournis par celle des artères ophthalmiques qui est destinée au globe de Poil. Cette artère (ophthalmique interne), d'après mes recherches qui concordent du reste avec les descriptions qu'en ont données Bauer (1) et Hahn (2), pénètre dans la cavité orbitaire par la fosse tem- porale, et, entre autres rameaux, envoie une forte branche vers le nerf optique; cette branche enlace le nerf à son entrée dans l'œil, et y pénètre avec lui sous forme d’un riche réseau capil- laire, après avoir fourni en même temps que les ciliaires posté- rieures, les branches du peigne que nous venons d'étudier. S'il fallait établir autant de tvpes que l'on trouve de modifi- cations aux précédentes dispositions, on se verrait forcé d’en (1) Bauer, Disquisitiones circa nonnullarum avium systema Arteriosum (Thèse de Berlin, 1825). (2) E. Hahn, Commentatio de Artertis Anatis. Hanovre, 1830. — Voy. aussi Milne Edwards, Physiol. el anat. comp., t. HI, p. 458 (note 1). 32 MH. BEAUREGARD. créer un pour chaque espèce considérée en particulier ; mais en ne n'arrêtant qu'aux différences notables pour l'établissement de ces types, il me sera possible de rapprocher du mode de distribution sanguine que je viens de décrire chez l’Oie divers autres modes qui s’en éloignent fort peu. Avant d'établir ces groupements, je dois dire qu'il m'a été impossible de trouver des modifications tellement réparties parmi les différentes espè- ces étudiées, qu’elles me permettent de grouper ensemble celles d'une même classe ou de classes voisines. Rapaces nocturnes et diurnes, Manchots, Oiseaux nageurs, etc., se trouvent distribués sans ordre dans cette énumération, car les modifications dans la marche des vaisseaux vers le peigne sont entrainées soit par des différences dans le volume de cet organe, soit par la forme du nerf optique, tantôt enfin par certaines particularités dans les rapports du peigne avec le nerf optique. Ceci posé, le meilleur exemple d’un mode de distribution du sang appartenant au premier type décrit, se trouve dans l'œil de la Buse. Buse (Buteo vulg.). — En effet, sur les coupes transversales de la première partie du nerf optique de la Buse, nous retrouvons, à s’y méprendre, la forme du nerf optique de l’Oie, en même temps que nous retrouvons cette première branche de l’ophthal- mique, qui, pénétrant perpendiculairement aux parois de l’œil, arrive en traversant le nerf optique à la base du peigne et s’y distribue. Dans la deuxième série de coupes transversales, on trouve, outre les capillaires qui, sortant de la masse nerveuse qu'ils parcourent, vont contribuer à la vascularisation du peigne, un gros tronc artériel dont la section transversale se voit ados- sée sur la face Interne de l’une des parois latérales de la gaine du nerf optique. Quand les coupes se rapprochent de la portion terminale, on voit ce vaisseau envoyer de nombreux rameaux au marsupium. Pour la parte artérielle, il n°y a donc qu'à répéter ce que nous avons dit pour l’Oie, sauf toutefois que le volume de ces vais- seaux l'emporte sur ceux de ce dernier, et que les branches destinées au peigne sont plus nombreuses. En effet, sur la coupe ARTICLE N° 4. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 93 longitudinale on trouve que la branche artérielle qui pénètre le nerf optique vers son extrémité terminale, en même temps qu'elle donne naissance, le long de la base du marsupium, à une grosse artère qui s'y ramifie fréquemment, envoie des rameaux à travers le nerf optique à chacune des faces latérales des eng ou six derniers plis du peigne. Quant aux vaisseaux de retour du sang, ils confirment la richesse artérielle que nous venons de signaler, richesse qui répond d’ailleurs au volume du marsupium en rapport lui- même avec celui de l'œil. Les vemes sont en effet d’un calibre remarquable. Elles naissent de deux troncs qui longent la base du peigne parallèlement à l'artère dont je viens de parler, et qui recueillent dans leur parcours le sang veineux de tout le réseau vasculaire. Ces deux troncs veineux se font remarquer sur les coupes transversales des parties supérieure et moyenne du nerf optique par leur large ouverture, mais vers la partie terminale de celui-e1 elles se transforment en véritables sinus qui déchirent la substance nerveuse, interrompent presque sa continuité par les lacunes qu’elles y creusent, et finalement vont déboucher dans une veme de 0"",15 de largeur que l’on voit encore longer la paroi postérieure du nerf optique dans toute son extrémité terminale, et qui seulement alors prend une direction qui l'amène hors des membranes de l'œil. Cette modification ne constitue point un type différent du premier, Car 11 n’y a là, je le répète, qu'un plus grand déve- loppement des mêmes vaisseaux. Albatros (Diomedea) (1). -— À VOie et à la Buse nous pou- vons Joindre Albatros, avec les quelques modifications dans le volume des vaisseaux veineux, que je viens de signaler en dernier leu. Le canal de retour du sang devient même encore plus considérable. Les veines situées à la base du peigne le parcourent dans toute sa longueur, puis, arrivées au voisinage de son extrémité inférieure, elles traversent en masse le nerf optique et vont constituer, par leur réunion, une large lacune (CDBUISRN TEE ANN. SC. NAT., JUILLET 1876. IV. 3. — ART. N° { 34 M. BEAUREGARD. située dans la sclérotique. Là où se creuse ce sinus veineux, le cartilage scléral disparait pour faire place à une couche épaisse de tissu fibreux qui seule circonserit le sus en question, auquel il n’est point possible de reconnaître d'autre paroi qu'une couche épithéliale qui en tapisse la face interne et est directe- ment appuyée sur les couches fibreuses de la sclérotique. La coupe transversale de ce smus vemeux est ovale et son diamètre antéro-postérieur mesure 0"",45, tandis que son diamètre le plus long mesure environ 1"",20. [1 m'a semblé s'étendre assez loin dans la sclérotique et jusqu'au voismage de la base des procès ciliaires, mais il ne communique en aucun point avec la choroïde, et doit se déverser dans la veine ophthalmique, sans que toutefois j'aie pu, faute de sujet, prendre une idée très- netie de la fin de son parcours. Cependant ayant retrouvé un sinus semblable chez nombre d’Oiseaux, j'ai pu me convamere de sa communication avec la veine ophthalmique. Quant aux vaisseaux artériels, leur disposition est absolument semblable à celle que J'ai décrite chez lOie. En résumant ce que je viens de dire avec quelques détails, le premier groupe dans lequel j'ai réuni lOie, PAlbatros et la Buse, mais auquel évidemment bien d’autres Oiseaux doivent appartenir, repose sur les caractères suivants : Le réseau du peigne est fourni d’une part par quelques-uns des vaisseaux du réseau capillaire du nerf optique; d'autre part, et surtout, par deux branches artérielles qui naissent de l'artère ophthalmique. Toutes deux arrivent différemment dans l'œil : la première normalement à la sclérotique et en dehors de la gouttière optique, où elle ne pénètre qu’au niveau de la choroïde; la deuxième, obliquement par rapport à la selérotique et au voisi- nage de l'entrée du nerf optique. Gette dernière longe la paroi postérieure de la gouttière que le nerf optique s’est creusé dans les membranes de l’œil, et, sans se diviser dans son parcours, elle arrive au niveau du dernier tiers de cette gouttière, où elle se termine par deux ou plusieurs branches qui traversent la substance nerveuse et arrivent au peigne. C’est à ce même niveau que sortent du nerf optique les rameaux veineux qui ARTICLE N° f. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 35 tantôt, comme cela à lieu chez lOie, sortent directement de l'œil, tantôt au contraire se rendent dans un large sinus qui s’étend plus ou moins loin en avant et en bas dans la selérotique. DEUXIÈME TYPE. — La modification qui nous fait établir ce deuxième groupe est la suppression du rameau artériel su- périeur. Pingouin (Alca). — Le Pingouin trouve ici le premier sa place, parce que c’est lui qui a le plus de rapport, au point de vue qui nous occupe, avec ce que nous avons décrit dans l’Oie. Par les coupes transversales et longitudinales, on constate que les deux grosses branches de lartère ophthalmique sont ré- duites à une seule. La branche supérieure n'existe pas. Quant à la branche qui, chez lOie, pénétrant au voisinage du nerf optique, longeait toute la gouttière, nous la retrouvons aussi chez le Pingouin, mais sa pénétration dans le globe de l'œil se fait d’une façon un peu différente, c’est-à-dire assez loin au- dessous du nerf optique et complétement en dehors de sa gaine, dans un espace fibreux ménagé entre cette gaine et un arc osseux qui termine en arrière le cartilage de la sclérotique, et sert évidemment à renforcer la paroi postérieure de l'œil à l'endroit où pénètre le volumineux nerfqui lui est destiné. Péné- trant ainsi, ce vaisseau arrive immédiatement à la paroi pos- térieuré de la gouttière optique qu'il traverse, et suivant alors le parcours que nous avons décrit chez l'Oie, va se terminer à l'extrémité, ou plutôt au voisinage de l’extrémité du peigne. Quant à la portion du peigne qui est insérée sur la partie supérieure du nerf optique, malgré Pabsence de communication directe avec l'artère ophthalmique, elle n’est pas moins riche en vaisseaux et ceux-e1 lui viennent de deux sources distinctes : d'une part, de l’artère longitudinale qui parcourt toute sa base et est un rameau de la branche postérieure persistante que nous avons décrite (cette artère longitudimale acquiert en effet un fort volume, et envoie au peigne de nombreuses branches) ; d'autre part, d’un très-riche réseau capillaire qui pénètre avec le nerf optique dans l'œil. Ces capillaires, situés dans la gaine propre du nerf optique, envoient des ramifications assez nom- 30 M. BEAUREGARD. breuses dans le peigne, et contribuent par là à suppléer à lPab- sence sur laquelle nous insistons. Enfin, et pour terminer ce qui à rapport au Pingouin, ajou- tons que le sang veineux est ramené du peigne par une série de branches qui pénètrent le nerf optique à son extrémité termi- nale et vont se perdre dans un large sinus aplati et assez court, qui débouche hors de l'œil au niveau où un peu au-dessous de l'extrémité inférieure du nerf optique. Pintade (Numida cristata). — L’origme des vaisseaux du marsupium de la Pintade appartient, sans aucuñe modification notable, au type que je viens de décrire. Que lon étudie, en effet, la série de coupes transversales faites sur la portion supé- rieure du nerf optique, 1l sera impossible d'y rencontrer la branche supérieure de lPophthalmique, mais au-dessous du cercle de perforation de la paroi postérieure de la selérotique, se voient trois ou quatre branches artérielles en partie destinées à la choroïde, et dont l’une plongeant obliquement d’arrière en avant et de haut en bas, attemt la gouttière optique. Cette branche s’adossant alors non pas sur la paroi postérieure de cette gouttière, mais sur l’une des parois latérales, envoie deux ou trois gros rameaux au peigne, et de ces rameaux naissent, outre des branches directes dans le réseau vasculaire, une bran- che très-importante qui, sans discontimuité, longe toute la base du peigne, envoyant un vaisseau à chaque pli de ce dernier. Sauf le parcours un peu moins étendu de cette artère dans la soutüère optique, et sa position latérale et non postérieure dans cette gouttière, 11 n’y a donc aucune différence avec la des- cription que nous avons donnée de la circulation chez le Pin- souin. Les mêmes modifications de situation et de parcours se répètent pour les branches vemeuses. Celles-ci, en effet, se trouvent situées latéralement dans la gouttière, et viennent dé- verser le sang vemeux dans un sinus assez large situé dans la sclérotique. Ge sinus qui n’a qu'une faible étendue, débouche à la partie supérieure, un peu au-dessous du point où pénètrent dans l'œil les vaisseaux artériels. [n’est pas besoin de dire que, pour le passage de tous ces vaisseaux, le cartilage sclérotique ARTICLE N° Î. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 37 laisse des ouvertures dont le tissu fibreux de la selérotique forme les bords. Poule, Canard. — Ges dernières modifications se retrouvent chez la Poule, et la répartition vasculaire de cette région est absolument identique avec ce que je viens de décrire chez la Pintade, aussi n'insisterai-je point davantage. Chez le Canard, la disposition des vaisseaux est en tout semblable à celle des vaisseaux du Pingouin, c’est-à-dire que l'artère et la veme redeviennent postérieures au lieu d'occuper l’une des faces latérales de la gouttière optique. Sans insister davantage, je ferai seulement remarquer que le sinus vemeux ne peut conserver ce nom que dans une partie de son cours; à mesure, en effet, qu'il se rapproche de la face postérieure de la selérotique. son calibre diminue et, quand arrivé à l’angle formé par les deux portions verticale et oblique du nerf optique il s'apprête à sorür de Poil, ce n’est plus à un sinus, mais à un vaisseau veineux de calibre normal que l’on à à faire. Ce sinus affecte dès lors, sur une coupe longitudinale, la forme d’une bouteille dont le goulot étroit et allongé fait, avec la portion renflée, un angle contenu dans celui que forment les deux por- tions du nerf optique. TROISIÈME TYPE. — Dans ce troisième groupe Je prendrai pour premier exemple le Butor. Tout en participant par l'absence de la branche artérielle supérieure au caractère principal de notre second groupe, celui que je vais décrire s’en distingue par la disposition et le nombre des vaisseaux. Voici, en effet, ce que nous apprend la comparaison des coupes transversales et longitudinales : Toutes les premières, en quelque point qu'elles soient faites, nous montrent dans la gaine du nerf optique trois vaisseaux : L'un d'eux longe la paroi postérieure de la gouttière, et les deux autres sont situés contre ses parois latérales. Déjà visibles sur les coupes les plus supérieures, ces vaisseaux ont done pénétré dans loœil en même temps que le nerf optique. Il en est ainsi, du moins, pour le vaisseau postérieur et pour l’un des vaisseaux latéraux ; quant au second de ces derniers, il est fourni par une 38 , Hi. RBHAUREGAMRD. branche qui pénètre à côté du nerf optique dans lœil, mode d’origine semblable à celui que nous avons constaté plus haut pour la formation de la branche artérielle supérieure chezlOie. Les vaisseaux ainsi disposés n’envoient dans la portion supé- rieure du nerf optique que de très-minces ramifications desti- nées spécialement à sa nutrition, ramifications qui se répartis- sent dans sa substance en suivant les trabécules fibreux qui la partagent en nombreux faisceaux. Dans la portion moyenne de la gouttière, les coupes nous montrent que les artères latérales envoient au peigne quelques ramifications, et enfin dans la portion terminale c’est, à son tour, lartère postérieure qui se ranufie à travers le nerf optique pour attemdre la base du peigne. Si l’on passe à l'examen des coupes longitudinales, Fa marche de cette dernière artère peut se suivre aisément, et l’on constate alors qu’elle s'étend contre toute la parot postérieure de la ooutüière optique, où elle a pénétré en même temps que la masse nerveuse. Quant au premier vaisseau latéral, 11 nait d'une branche qui pénètre aussi dans l’œil avec le nerf optique, mais cette branche n’occupe pont tout d'abord une situation latérale ; placée contre la paroi supérieure de la gouttière opti- que, tant que cette gouttière suit un trajet normal aux enve- loppes de Poil, ce n’est que par suite de la nouvelle direction que prend la gouttière optique, que cette branche, abandon- nant sa situation première, devient en même temps latérale; si cette branche, arrivée au sommet de angle formé par les deux parties du nerf optique, avait continué sa route en lon- geant le bord antérieur du nerf, elle eùt été amenée immédiate- ment à a base du peigne ; il'est bon de noter que dans tous les cas que nous avons observés jusqu'iei, ainsi que dans tous ceux que nous observerons plus tard, la branche artérielle qui parcourt la base du peigne a toujours son origime vers la partie de la gouttière la plus éloignée de l’entrée du nerf optique. Je ne parle point des vaisseaux veineux qui, disposés comme précédemment, viennent se réunir dans un sinus peu étendu dont la marche a déjà été décrite. ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L' ŒIL DES VERTÉBRÉS. 99 QuATRIÈME TYPE : Réle (Rallus aquaticus), Poule d'eau (Gal- linula).— Âu type précédent, si riche en vaisseaux, nous oppo- serons comme quatrième mode d'origine des artères du peigne, celui que lon trouve chez le Ràle et la Poule d’eau, mode particulièrement intéressant par le nombre restreint des com- munications du peigne avec le système cireulatorre général. Une artère et une veine constituent ici à elles seules les voies d'arrivée et de retour du sang, et ces deux ordres de vaisseaux s’accompagnent dans presque tout leur parcours, qui mérite d'être décrit. En effet, l'artère ne pénètre point dans loœil par l'ouverture de la selérotique qui livre passage au nerf optique, elle arrive bien au-dessous de cette ouverture, et, par un trajet direct, pénétrant dans Îa gouttière optique vers la partie moyenne de son parcours, elle en gagne la paroi latérale et 1m- médiatement envoie une branche au peigne. On peut suivre cette artère dans la gaine du nerf optique jusque vers la partie ter- minale de la gouttière, elle traverse alors la masse nerveuse et va se terminer à la base du peigne en deux branches, dont lune remonte en haut jusqu'au niveau de l'entrée du nerf dans l'œil, c’est-à-dire jusqu'au point le plus supérieur de l'insertion du peigne; tandis que l’autre se dirige en avant et en bas, jus- qu'au point le plus inférieur de cette insertion. Telle est l’ori- gine de l'artère qui longe la base du peigne et dont on retrouve la coupe transversale sur tout le parcours du nerf optique, Parallèlement à cette artère, se trouve une veine qui débouche vers l'extrémité inférieure du nerf optique, dans un plus gros tronc qui gagne la paroi postérieure de la gouttière optique, remonte quelque peu dans cette gouttière et en sort au voisi- nage de lentrée de l'artère que je viens de décrire. Ge tronc veineux n'aboutit point à un sinus, mais donne directement dans la veine ophthalmique. Enfin, un riche réseau capillaire occupe la masse du nerf optique et donne quelques vaisseaux au peigne. L’extrême simplicité que l’on remarque dans la distribution du sang au peigne de ces Oiseaux trouve une explication dans le petit volume des veux dont il s’agit. 40 HI. BEAUREGARD. CINQUIÈME TYPE. — [l me reste à exposer un dernier mode de distribution du sang. Les caractères de ce nouveau groupe reposent principalement sur les changements dus à la forme du nerf optique et au mode d'insertion du peigne, particula- rités qui entrainent des modifications importantes. Pie, Courlis (Numenius tenuirostris).— Chez ces Oiseaux, les modifications aux dispositions précédentes sont dues unique- ment à la singulière position du peigne. En effet, chez les diffé- rents Oiseaux que nous avons étudiés Jusqu'ici, le nerf optique, arrivé au niveau de la rétine, divisait ses fibres en deux masses ou bourrelets qui, se recourbant sur les bords de la gouttière, allaient s’étaler sur la rétine. C’est dans le sillon de séparation de ces bourrelets qu'avait lieu l'insertion du peigne; c’est là que les vaisseaux d’origine de cette membrane venaient tous aboutir ; c’est enfin'dans ce sillon que couraient à la base du marsupium l'artère et les veines dont nous avons déjà fait mention. À la vérité, les rameaux du peigne s’étendaient plus ou moins loin de chaque côté, à la surface des bourrelets de fibres nerveuses, mais ces vaisseaux restaient toujours à la surface des bourrelets. | Chez le Courlis et la Pie (1), le peigne est tout autrement situé. Il s’est, en effet, porté latéralement, et se trouve fixé tout entier sur l’un des bourrelets de fibres nerveuses. Ce transport entraîne une première modification, qui consiste dans la nou- velle position de l'artère et des veines qui longent la base du marsupium, et l’on peut voir en examinant les coupes transver- sales, que ces vaisseaux plongent dans la rétine même. En effet le bourrelet qui supporte le peigne est diminué de volume, ses fibres, écartées et rejetées de côté par le peigne, ont été grossir d'autant le volume du bourrelet opposé, et le peigne ne se trouve plus séparé de la rétine que par une mince couche de fibres nerveuses. Une seconde modification est amenée par cette position du peigne. Nous avons vu, dans tous les cas précédents, que le nerf optique possédait des vaisseaux dans sa gaine, ou plus exactement (4) PL 9, fig. 44 et 15. ARTICLE N° 1, RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. #1 entre sa gaîne et la paroi de la gouttière optique : de ces vais- seaux, les uns étaient situés postérieurement, les autres latéra- lement dans cette gouttière ; il n’en est plus de même ici, ettous les vaisseaux qui doivent entrer en rapport avec le peigne, se réunissent contre la paroi latérale qui répond au bord de la souttière le plus voisin du peigne. Une artère principale qui pénètre dans œil, au-dessous du point d'entrée du nerfoptique, se place en effet dans la gouttière optique contre la paroi laté- rale que j'indique, et longeant cette gouttière, envoient par places des rameaux dont la marche subit une modification corrélative encore de la situation du marsupium. Ces branches, en effet, n'ont plus à traverser, comme précédemment, la portion cylindrique du nerf optique. Arrivées au bord de la ooutüère, là où généralement elles changent de direction pour traverser la substance nerveuse, il leur suffit, dans le cas pré- sent, pour atteindre la base du peigne, de continuer leur trajet direct d’arrière en avant en perçant le bourrelet aminet qui seul les sépare de cette base. Quant aux branches vemeuses, assez fortement développées, elles subissent également toutes ces modifications, et accom- pagnent la branche artérielle dans son trajet dans la gaine du nerf optique. Malgré ces particularités, on peut voir que les vaisseaux du peigne se trouvent dans les mêmes rapports que précédemment avec les parties voisines. Flamant (Phœnicopterus Antiq.) (4).— Le Klamant, comme le Courlis et la Pie, offre, dans le trajet des vaisseaux, les modi- fications entrainées par la position du peigne sur le nerf optique, mais, outre ces modifications, il en présente d’autres tellement importantes, que je ne puis les passer sous silence. Avant d’en- trer dans ces détails, et pour m'épargner de revenir sur ce qui a été dit, je ferai remarquer que, sous le rapport du nombre et du heu d'entrée des vaisseaux dans l'œil, on pourrait rap- procher le Flamant du Butor que j'ai décrit comme troisième type. Examimons tout d'abord les particularités qui ne recon- naissent point pour cause la position du peigne. (1) PL. 2, fig. 16. 42 MH. BAAURMGAMRN. Sur les coupes transversales des parties moyenne et terminale du nerf optique, on rencontre une série de branches artérielles et veineuses, remarquables en général par leur diamètre va- riable entre 60 et 80 p, et qui se dirigent vers le peigne. Ces vaisseaux sont, comme toujours, placés dans le tissu fibreux qui entoure le nerf optique; mais iei cette enveloppe à pris une épaisseur considérable qui varie entre 0"*,15 et 0,20 de diamètre, et les vaisseaux semblent beaucoup plus indépen- dants du nerf optique, auquel ils ne paraissent point envoyer de ramifications. Quoi qu'il en soit, toutes ces branches proviennent d’une artère située également dans lenvelappe fibreuse du nerf optique. contre la face postérieure de ce dernier. Quant aux veines, leurs branches sont surtout très-nombreuses à mesure que l’on approche de l'extrémité termimale de la gouttière optique, et toutes viennent se réunir dans un sinus situé der- rière le nerf optique au milieu de la sclérotique, et dont la section transversale, de forme ovale, mesure environ 0"°,40 de petit diamètre, et atteint 0°",95 dans son grand diamètre. Ce canal est cylindrique, s'étend en avant vers la base des procès ciliaires, beaucoup plus loin que le nerf optique, eteommunique avec la veine ophthalmique au voisinage de l'entrée de l'artère destinée au peigne. Veines et artères suivent vers le peigue le trajet que j'ai décrit chez le Courlis et la Pie ; elles sont toutes, en effet, situées du même côté du nerf optique, particularité qui, nous l’avons vu, prend sa source dans le mode d'insertion du peigne sur la face antérieure du nerf optique. Cependant dans l'œil du Flamant, le peigne n’est point fixé sur le nerf optique, de la même manière que chez le Courlis ou la Pie. Tandis, en effet, que chez ces Oiseaux, Pinsertion des plis dont 1l est formé détermime sur le nerf optique une ligne droite de direction parallèle à ce dernier, les plis du peigne, chez le KFlamant, se trouvent disposés en une ligne sinueuse, de telle sorte que sur les coupes transversales, ils se montrent situés tantôt sur le bourrelet nerveux droit, tantôt sur celui de gauche. En elle- même, cette disposition aurait peu d'intérêt au point de vue qui nous occupe, mais elle se complique d’une particularité ARTICLE N° {. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 43 semblable à celle que nous avons observée chez le Courlis et la Pie, c’est-à-dire que Les deux bourrelets nerveux qui, se répan- dent de chaque côté sur la rétine, sont d’une mégalité de volume extrêmement prononcée. Les figures que je donne de ces coupes montrent, en effet, que l’un des bourrelets est réduit, au point de ne plus former qu’une mince couche de fibres ner- veuses, et cela, semblerait-il, au profit du bourrelet opposé qui acquiert un tel volume que, si l’on se reporte aux coupes faites dans la région terminale du nerf optique, cette masse ner- veuse apparait beaucoup plus considérable que celle qui est renfermée dans la gouttière optique. Or les plis du peigne, ou, pour parler plus exactement, les angles de ces plis, le long desquels montent les grosses branches vasculaires qui concourent à sa formation, occupent tantôt le sommet du volumineux bourrelet latéral, tantôt, au contraire, sont insérés sur la mince couche de fibres nerveuses qui repré- sente le bourrelet correspondant, et, comme les vaisseaux qui arrivent de l'extérieur pénètrent toujours dans le peigne par les angles qui occupent cette dernière situation, 1} en, résulte que les vaisseaux destinés au marsuplum ne traversent, pour Y arriver, qu'une faible portion du nerf optique; parvenus, en effet, au bord de la gouttière correspondant au bourrelet le plus mince (et j'ai dit qu'ils arrivaient de ce seul eôté), 1ls tra- versent en ligne droite cette faible couche et sont, en général, dans leur parcours, accompagnés d’une enveloppe assez épaisse formée de fibres de l'enveloppe du nerf optique. Quoi qu'il en soit, dès que ces vaisseaux sont parvenus à la base du peigne, ils envoient, d'une part, des ramifica- tions directes dans cette membrane, et, d'autre part, don- nent naissance à des branches qui en longent là base; mais d’après ce qne nous avons dit plus haut, quel que soit le bour relet sur lequel, dans une coupe transversale, se trouve inséré l'angle du pli que comprend cette coupe (pl. 44, fig. 46) la base du peigne s’étend sur l’autre bourrelet et complète ainsi son insertion. Or, on verra que toujours les vemes, et les artères dont on distingue la coupe transversale à la base du peigne, se 44 H. BEAUREGARD. trouvent placées, les unes sur Pun des bourrelets, les autres, sur le bourrelet opposé; et, comme 1l y a alternance dans cette disposition, tantôt ce sont les artères qui se trouvent sur le gros bourrelet nerveux, et alors, les veines occupant la couche mince des fibres qui forment le bourrelet opposé profitent de cette situation pour envoyer leurs branches dans les troncs qui con- duisent le sang au sinus postérieur; tantôt, au contraire, ce sont les veines qui se trouvent sur le gros bourrelet, etles artères occupant le plus mince entrent en communication avec les troncs qui leur apportent le sang. Je ne pousserai pas plus loin cet examen ; mais on peut voir, par ce que je viens de dire, que le mode de distribution des vais- seaux du Flamant s'éloigne beaucoup de tous les autres types décrits jusqu'ici, bien que semblable à tous dans ses dispositions fondamentales. Il n’est pas besoin d'ajouter que, vu la position latérale des vaisseaux par rapport à la gouttière du nerf optique, les coupes longitudinales ne peuvent guère être mvoquées à l'appui de ce que nous venons de relater. Hirondelle de mer (1). — La description que Je viens de donner du mode de distribution des vaisseaux dorigme du peigne, ainsi que des autres particularités qui se rencontrent chez le Klamant, sont en tous points applicables à l’'Hirondelle de mer. Le nerf optique y répartit peut-être moms mégalement ses fibres sur la rétine; il existe cependant encore une telle différence entre le volume des deux bourrelets nerveux, que je n'hésite pas à classer l'Hirondelle de mer à eùté du Flamant, au point de vue du trajet des vaisseaux vers le peigne. Le smus veineux postérieur reprend ici un volume plus restremt et en rapport avec la grosseur des yeux de ces Oiseaux. Ceci posé, 1l ne me reste plus qu'à renvoyer, pour les détails, à la descrip- tion qui vient d’être faite. Hibou, Moyen-Duc (Otus vulgaris). — Nous avons déjà décrit la forme particulière qu'affecte le nerf optique dans œil du Hibou. Il en résulte un éloignement considérable entre l’ouver- (API 2; fig 17. ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 45 ture faite à la face postérieure de la sclérotique pour la péné- iration du nerf optique et l'ouverture de la gouttière, au niveau de la rétine, pour le passage des fibres nerveuses et l'insertion du peigne. On se rend compte de cette particularité si l’on re- marque que le nerf optique, dans la cavité orbitaire, est court et tendu et rencontre l'œil en un point plus éloigné de l’extré- mité de son axe postérieur que chez tous les autres Oiseaux. Ce n'est que grâce au développement qu’il prend dans les enve- loppes de Poil, qu'il arrive à se faire sortir aux niveau de la rétine, en une ligne qui correspond, par sa situation, aux fentes rétiniennes que nous avons observées chez tous les autres Oiseaux. Que deviennent les jvaisseaux destinés au peigne, et quel est leur trajet pour arriver jusqu’à lui” Pour répondre à ces questions nous avons fait des coupes longitudinales, et la figure 18, pl. 2, que nous en donnons, nous montre tout d’abord que, abstraction faite de la partie postérieure, la gouttière optique, au voismage de la rétine, reprend sa forme normale, et que le nerf qui y est contenu envoie par la fente rétinienne deux bourrelets nerveux symétriques et de masse égale, en tout semblables à ceux que nous avons observés chez POie. Quant aux vaisseaux destinés au peigne, ils sont compléte- ment indépendants du trajet du nerf optique dans les enve- loppes de œil, et pénètrent dans celles-ci en un point de la sclé- rotique immédiatement postérieur à la fente rétinienne. Ces vaisseaux se trouvent donc très-éloignés de l'entrée du nerf optique dans Pœil; mais, par cela même, conservent avec la portion du nerf optique sur laquelle est inséré le peigne les mêmes rapports que dans toutes les autres espèces. Parvenus dans les enveloppes de Pœil, ces vaisseaux se dirigent vers la gaine du nerf optique, qu'ils atteignent à l’endroit où la gout- tière a repris sa forme normale, et ils suivent alors un trajet semblable à celui que nous avons déerit chez lOie et la Buse. Nous concluons done de cette étude que les modifications de forme du nerf optique, au moins dans sa première partie, n’en- trainent pas de modifications dans le trajet des vaisseaux destinés au peigne. A6 M. BB AUNEG AE. Pour compléter Pétude générale que nous venons de faire, il nous faut ajouter quelques mots sur divers points laissés à des- sein de côté, dans le but de ne pas interrompre l'ordre d’exposi- position adopté. Ce que nous avons à cire à trait tout d’abord aux espèces telles que le Râle, le Courlis, le Flamant, etc., chez lesquels le peigne, par son bord antérieur, s'attache directement à la cap- sule du cristallin. Nous avons déjà décrit la manière dont se fait cette insertion, mais nous ne nous sommes point occupé de savoir si, par ce bord, le peigne n’entre point en relation vas- culaire avec les procès ciliaires ou s’il n’envoie pas quelques branches à la capsule du eristallin. Des coupes ayant été faites en ces régions, nous avons pu constater que jamais le peigne n'entre de ce cùté en communication avec des vaisseaux venus de quelque part que ce soit, et ce bord antérieur du marsupium est la limite extrême de l’extension du réseau capillaire. [se fait remarquer, même chez les espèces à pigment rare, par sa colo- ration, d’un noir très-foncé, due à lPaccumulation de nom- breux grains de pigment, Chez les oiseaux à marsupium libre dans l'humeur vitrée, le même bord pigmenté se retrouve, et jamais il n'entre en communication avec les régions vasculaires antérieures de l’œil. Il est un second point sur lequel j’appelle aussi Pattention. Nous avons vu que dans tous les cas les plis du peigne, même les plus inférieurs, se trouvent insérés sur les fibres du nerf optique; or il arrive chez certaines espèces, telles que FPOie et le Pingouin, que ces fibres terminales du nerf oplique, réunies en un faisceau très-mince, se prolongent au delà de la gout- lière optique, à la surface même de la rétine, sur un parcours assez étendu. Dans ce cas, le peigne prolonge également sa base d'insertion, de teile sorte qu’on peut voir les derniers plis fixés sur la mince couche de fibres nerveuses, se trouver presque en contact avec la rétine. On peut rapprocher cette disposition de celle que nous avons mdiquée chez le Courlis et la Pie, où, dans toute sa longueur, le peigne est inséré à côté de la fente réunale, sur une mince couche de fibres nerveuses qui le sépa- ARTICLE N° Î. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS, #7 rent à peme des couches internes de la rétine, Qu'il me suffise actuellement de consigner ces particularités, dont nous recher- cherons plus tard les conséquences. Enfin, pour terminer ce qui a trait à la vascularisation du peigne et du nerf optique, appelons tout particulièrement lat- tention sur ce sinus vemeux constant et quelquelois très-volu- mineux qui sert tout spécialement au retour du sang du peigne, mais qui, dans certains cas, m'a paru aussi recevoir quelques branches veineuses de la choroïde. Cette communication, d’ail- leurs, n’enlève rien à l’mdépendance complète du peigne et de la choroïde, indépendance signalée déjà par MM. Lieber- küha et Mihalkovies, et qu'il m'est permis de généraliser ici, car aucune des coupes que J'ai faites sur les nombreuses et si différentes espèces dont je viens de parler ne me laissent le plus petit doute à cet égard. Il en est ainsi, du moins chez les oiseaux adultes, et le peigne peut être considéré au point de vue de sa vascularisation comme formant un système complé- tement étranger à la vascularisation générale de l'œil. Ce pourrait dès lors être le moment de se demander à quelle por- tion du système vasculaire de l'œil des mammifères correspond ensemble des vaisseaux du peigne. Mais il nous parait préfé- rable, avant d'aborder cette question, d'étudier la formation du marsupium dans lembryon. EMBRYOGÉNIE. — DÉVELOPPEMENT DU PEIGNE, Déjà M. Lieberkühn (4) et Mihalkovies (2) se sont occupés de cette question, et l'ont assez longuement traitée. J'aurais donc pu passer rapidement, si limportance du sujet d’une part, et d'autre part, les opinions émises sur certains points par ces deux auteurs, ne m'avaient engagé à reprendre cette étude. J’ajouterai d’ailleurs que MM. Mihalkovics et Lieberkühn ont eu surtout en vue, dans leurs mémoires, l’étude des rapports du peigne avec Le nerf optique et la choroïde, et qu’ils ont à peu (1) Lieberkühn, loc. cit. (2) Mihalkovics, loc. cut. Ô H. BEAUREGARD. près laissé complétement de côté Porigine des vaisseaux, qui doivent, h un moment donné, former presque toute la masse de ce peigne; aussi, tout en comparant les résultats de mes recherches avec ceux que ces auteurs ont publiés, je m'atta- cherai plus particulièrement à montrer le mode de formation du réseau vasculaire en question. C'est entre le quatrième et le cinquième jour (4) d’incubation que commencent à apparaitre, dans la chambre postérieure de l'œil, les premières traces du peigne. Jusqu'à cette époque, en effet, les bords de la fente rétinienne se touchent, et celle-ci n'apparait sur les coupes, que parce qu'en leur point de contact les bords se relèvent, en formant, par leur accolement, une sorte de lamelle qui proémine dans la chambre postérieure. Mais vers le quatrième jour, ces bords s’écartant, on est témoin du phénomène suivant : les cellules embryonnaires qui for- ment, à cette époque, la membrane choroïdienne non encore différenciée, s'engagent entre les bords de la fente de la rétine, et constituent ainsi une sorte de cheville qui remplit toute la fente. Au cinquième jour, cette cheville s'accroissant par l’aug- mentation du nombre des cellules embryonnaires qui la for- ment, dépasse dans lPintérieur de Pœil les bords de la fente rétinienne, et y forme une sorte de mince ruban étendu dans l'axe de cette fente. Ge ruban, premier vestige du peigne, est formé d’une masse de cellules embryonnaires légèrement ovoïdes et pressées l’une contre Pautre. En pénétrant dans la chambre postérieure de Pœil, il soulève la membrane hyaloïde, qui, sur toutes les coupes que nous avons faites, nous à paru fortement adhérer au sommet du peigne, et en ce sommet seulement, car partout ailleurs, sur les faces du peigne et à la surface de la ré- tine, elle s'écarte, comme le montre la figure 24, planche 5. Comme je Pai mdiqué plus haut, les bords de fa fente réti- mienne sont recourbés vers l’intérieur de la cavité oculaire, il en résulte que le prolongement formé par les cellules de la cho- roiïde embryonnaire, bien que déjà très-développé le cinquième (1) PI. 3, fig. 20. ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASGULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 49 jour donne lieu à une proéminence apparente dans l’œil. Sur les coupes que j’examine en ce moment, la cheville formée par ces cellules à 0**,5920 de hauteur à partir du niveau de la cho- roïde, et cependant la portion qui se trouve libre dans la cham- bre postérieure n’a pas plus de 0"",200; c’est qu’en effet les bords de la fente de la rétine remontent le long des faces de cette cheville et la recouvrent ainsi dans une grande étendue. Quant à la forme du peigne, rectangulaire dans toute sa partie comprise entre les lames de la rétine, ses faces, au delà de celle- cl, se courbent en ares, dont les extrémités se joignent pour for- mer le sommet du peigne, de telle sorte que celui-ci, sur les coupes transversales, a la forme conique que nous représen- tons. La largeur de ce peigne est d'environ 0"°,20 dans sa par- te la plus large, et de 0,""048 à son sommet. À la même époque du développement, on peut déjà voir, au milieu du tissu embryonnaire de la choroïde, se former des vaisseaux qui se montrent tout d’abord dans la partie de cette membrane située sous la fente de la rétine. Sur les coupes, il m'a été impossible de voir pénétrer ces vaisseaux dans l'œil à travers la cheville dont je viens de donner la description; il doit cependant en être ainsi, quoique les cellules qui forment cette cheville, donnant sur la coupe transversale l’image d’une sorte de réseau, il soit difficile de distinguer les coupes trans- versales de troncs vasculaires très-fins. Cependant J'ai pu acquérir la certitude que déjà des vaisseaux ont pénétré dans la chambre postérieure. En effet, en enlevant avec précaution le contenu de celle-ei et le plaçant sous le microscope, voici ce que l’on observe : le cristallin, de forme globuleuse, est retenu par un corps vitré peu dense et enveloppé dans la mem- brane hyaloïde. Celle-ci ayant entrainé le peigne embryonnaire, on voit à l'extrémité inférieure de la lame qui le représente, se détacher un réseau de deux ou trois vaisseaux capillaires qui proviennent d’une artère située à la base du peigne vers son extrémité terminale. Ce réseau s'élève à cet état jusqu’au sommet du peigne, et là s’en détache un tronc un peu plus considérable qui, renfermé dans un pli de la membranehyaloïde, ANN. SC. NAT., JUILLET 1876. IV. 4. — ART. N° f. 50 HA. HAE IN ANR. s'étend accompagné de quelques cellules ovoides à travers la substance vitrée jusqu'à la face postérieure du cristallin, où 1l se divise en rameaux qui donnent naissance à un assez riche réseau vasculaire. Des vaisseaux pénètrent donc dans la chambre postérieure de l’œil, par la fente rétinienne, et en même temps que les cel- lules embryonnaires de la choroïde; peut-être sont-ils la cause déterminante de la pénétration de ces cellules. Quoi qu'il en soit, il est certain qu'un rapport intime existe entre le peigne et l’artère hyaloïide. Au sixième jour d'incubation (4) aucun changement appré- ciable ne se manifeste. Au septième jour, le peigne a déjà acquis dans Pœæil une très- grande hauteur, qui égale, au-dessus du niveau de la rétine, environ 0"",510. Cet accroissement semble s'être produit par augmentation du nombre des cellules embryonnures, qui for- ment comine une lame mince ayant environ 0°",080 d’épais- seur, fixée à l'extrémité du cône que nous offrait la coupe trans- versale du peigne au cmquième jour d’imcubation. À cette époque également, la couche pigmentaire de la face postérieure de la rétine, qui, dès le cinquième jour, commen- çait déjà à montrer quelques amas de pigment, se trouve main- tenant nettement différenciée, et suivant la courbure des bords de la rétine, elle remonte le long de la base de la masse embryon- naire du peigne jusqu'à environ 0°°,20 du point où celui-ci dépasse la surface mterne de la rétine. Quant au peigne, il n’est nullement pigmenté. M. Mihalkovics, qui constate également cette absence de pigment, ajoute que le peigne reste compléte- ment incolore jusqu’au onzième jour. Cependant, dès le hui- tième jour, nous avons toujours trouvé à sa surface une quantité de grains de pigment assez considérable pour lui donner une légère coloration grisätre qui permet de Papercevoir facilement à Pœil nu dans le corps vitré et dont on reconnait d’ailleurs l’existence par l’investigation microscopique. Quoi qu'il en soit, (9 1 EG PS TE ARTICLE N° d. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRES. D au septième jour d'incubation commencent à apparaitre les fibres du nerf optique; cefles-ci, encore en très-faibie quantité, se montrent comme de légères trainées recourbées sur les bords de la fente rétinienne, et ne sont pomt encore assez nombreuses pour déterminer entre le peigne et la couche des eellules em- bryonnaires dela choroïde une séparation appréciable. Ces fibres, d’ailleurs, atteignent à peine le bord de la fente rétinienne et ne se répandent point encore à la surface de la rétine. Au huitième jour d'incubation (1) apparaissent d'importantes modifications aux dispositions précédemment décrites. La sclé- rotique est maintenant bien différenciée par l'apparition d’une bande cartilagineuse interrompue at point qui correspond au colobome de la rétine. En même temps, les fibres du nerf op- tique ont augmenté d’une manière très-sensible. Non-seulement elles paraissent plus nombreuses et dissimulent à peu près la présence des cellules embryonnaires de la choroïde qu’elles sont venues englober, mais, de plus, elles s'étendent en avant, et forment maintenant sur les bords de là rétine deux bourre- lets assez épais pour aller se répandre assez loin à la surface de cette membrane. Les deux bourrelets, en se séparant pour se diriger de chaque côté de la fente rétinienne, déterminent une sorte de sillon rempli par les cellules embryonnaires du peigne, et où l’on distingue très-bien sur les coupes équatoriales de l'œil la section transversale d’un vaisseau, comme Pmdique la figure 21, planche 5. Le nerf optique, amsi formé, est nettement isolé des tissus ambiants par une mince membrane d’enveloppe formée de fibres fines et délicates, si bien que lon pourrait dès main- tenant considérer le peigne comme indépendant de la choroïde. Toutefois, on reconnait encore très-bien, au mieu des fibres nerveuses, les cellules embryonnaires primitives de même nature que celles du peigne et de la choroïde; aussi la séparation ne peut-elle encore être considérée comme complète. Quant au peigne, examiné en entier au milieu du corps vitré, (1). PI. 3, fig. 261et 27. 92 MH. BUHAUREGARD. il apparaît comme une masse de cellules arrondies, très-serrées, et au milieu desquelles, comme je le faisais remarquer plus haut, se trouvent déposés quelques grains de pigment noir, mais encore en très-faible quantité. [n’apparait encore aucune trace des plis si remarquables qu'il présente à l’état adulte, mais son bord libre est fort irrégulier et sinueux. La hauteur de cette fine membrane est, en effet, dans la partie correspon- dante à l’extrémité supérieure du colobome, d'environ 0,5, puis graduellement elle augmente, comme le montre la figure, et à environ 0"",80 de cette extrémité sa hauteur est d'environ 0"",795. Elle diminue alors pour retomber à 0,50, et enfin à son extrémité terminale elle atteint environ 0"*,70. Le bord libre du peigne décrit donc une ligne smueuse très-caractérisée. La longueur totale de ce peigne est environ de 1°",80; il ne ren- ferme point encore de vaisseaux, excepté toutefois à sa partie terminale, là où déjà nous avons signalé au cinquième jour la présence de l'artère hyaloïde. Gelle-c1, en effet, est très-déve- loppée, et comme le montre la figure 25, planche 3, se dégage d’un réseau vasculaire dont 1l est imtéressant de suivre la for- mation. Ge réseau, en effet, est en partie plongé dans la masse des cellules embryonnaires du peigne, et en partie semble s'étendre à côté de celui-ci. Dans la première partie de ce réseau apparaissent, entre les vaisseaux, des mailles larges d'environ 0°",048 et longues de 0®"*,080, dans lesquelles de petits prolongements en forme de cul-de-sac partent des vais- seaux voisins. Ces culs-de-sac, dans lesquels 1l est impossible de ne pas reconnaitre l’existence de vaisseaux en voie de déve- loppement, se terminent par une seule cellule munie d’un petit prolongement de substance hyaline qui se dirige à la rencontre de culs-de-sac semblables provenant des vaisseaux existants. Le réseau du peigne parait done naître du réseau hyaloïdien. Au neuvième jour (1), les coupes transversales ne montrent rien de particulier, sauf l'accroissement du volume des fais- ceaux de fibres nerveuses qui tendent de plus en plus à isoler le (1) PI. 3, fig. 27. ARTICLE N° 1, RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 59 peigne de la couche qui lui a donné naissance. Toutefois, sur des coupes faites suivant l’axe du colobome, on peut voir qu’une modification importante commence à s’opérer dans la manière d’être du peigne. Les vaisseaux, il est vrai, n'y apparaissent point encore, mais les plis commencent à se former et le méca- nisme de cette formation semble être le suivant. Dans une direction perpendiculaire à l’axe de la fente rétimale, des accu- mulations de cellules embryonnaires se font à intervalles à peu près réguliers, laissant ainsi des espaces entre elles, dont l’épaisseur reste ce qu’elle était auparavant. Il en résulte une série de saillies et de dépressions. Il ne m'a pas semblé que ces plis soient dus à une sorte de froncement de la masse embryon- naire du peigne, qui sur la coupe longitudinale mesure toujours la même longueur; d'ailleurs, un semblable mode de formation des plis aurait pour résultat, en diminuant la longueur du peigne, de laisser à nu une partie du colobome de la rétine, ce qui n'a pas lieu. Les plis qui, au dixième jour (pl. 3, fig. 26), n’atteignent guère que la moitié de la hauteur du peigne, s’aecroissent peu à peu, et au douzième Jour on constate qu'un certain nombre d’entre eux atteint le sommet de cet organe. À cette époque du développement, les vaisseaux n’apparais- sent pas encore dans la substance du peigne, le réseau hyaloï- dien que nous avons décrit dans sa portion terminale persiste seul, mais la partie de ce réseau, quise confond avec l’extré- mité du peigne, tend à se séparer des vaisseaux destinés au cristallin. Au douzième jour également, le pigment est devenu plus abondant, et le peigne est assez fortement coloré en noir; enfin celui-ci est complétement séparé de la choroïde par les faisceaux du nerfoptique, et, à partir de ce moment, toute dépen- dance entre ces deux membranes a cessé d'exister. Du quatorzième au dix-huilième jour, l'artère hyaloïde dis- paraît, et l’on voit se former les vaisseaux du peigne, comme nous l'avons déjà dit. Les cellules du peigne embryonnaire sem- blent disparaître, mais en même temps un certain nombre d’entre elles se remplissent. de pigment, et restent dans les 04 EX. MARURMGAMIRNE. mailles que circonscrivent les vaisseaux, Au dix-huitième jour, on voit encore le sommet du peigne dans l’état embryon- naire primitif, c’est-à-dire que les vaisseaux n’y sont encore que fort peu développés, leur formation commençant dans la partie voisine du nerf optique. À cette époque les grains de pig- ment se voient encore renfermés dans les cellules embryon- naires. Un grand nombre de ces cellules sont même tellement remplies de ce pigment noir, qu'elles disparaissent complé- tement, la forme ronde et le diamètre de la masse pigmentaire indiquant seuls leur existence. Toutefois, un certain nombre de cellules, dans lesquelles Le pigment n’est encore qu’en pro- portion peu considérable, conservent tous leurs caractères et sont aisément reconnaissables. À partir de ce moment, le développement des vaisseaux se fait avec rapidité, et au dix-neuvième jour ils forment à peu près complétement toute la masse du peigne; j'ai cependant encore trouvé, méme au vingt et unième jour, des cellules rondes dans les mailles du réseau capillaire (pl. 5, fig. 29). D'autre part, nous avons vu plus haut que chez la Poule adulte, on ne retrouve aucune trace de ces éléments, et que les mailles de ce réseau sont comblées par une substance conjonetive homogène et sans structure, au milieu de laquelle le pigment semble irrégulière- ment répandu. En résumé, le tissu embryonnaire du peigne se comportant comme celui de la choroïde, dont il n’est qu'une dépendance, donne naissance à une substance conjonetive, tantôt repré- sentée par des éléments figurés, tantôt seulement par une sub- stance homogène. Dautre part, 1l sy développe des vaisseaux, et leurs mailles sont comblées par un pigment qui se dépose dans les éléments conjonctifs quand ils existent, ou qui, dans le cas contraire, se répartit trrégulièrement dans la substance hyaline, également de nature conjonctive. Par suite, bien que le peigne à l'état adulte n’ait plus aucune communication avec la choroïde, il en est cependant une dé- pendance, et l’on retrouve partout les traces de cette origine. Ainsi s'expliquent la nature conjonctive de la gaine des vais- ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. DD seaux et la présence d’une substance hyaline et amorphe im- terposée chez la Poule, le Pigeon, etc, entre les vaisseaux ; ainsi s'explique encore comment, chez un grand nombre d’oi- seaux, se retrouvent quelquefois en quantité considérable des cellules de tissu conjonctif. Enfin, ce sont les cellules embryon- paires du sommet du peigne qui, nous le disions plus haut, disparaissent les dernières chez les Poules ; ce sont elles éga- lement qui, chez les espèces comme Île Moyen-Duc et le Pin- gouin, font place au sommet du peigne à l'accumulation de cellules à longs prolongements qui constituent en grande partie la fine membrane qui attache ce peigne à la capsule du cristallin. MAMMIFÈRES. En résumant rapidement ce que nous venons de dire sur le développement des vaisseaux du peigne dans l'œil des oiseaux, c’est vers le cinquième jour qu'apparaissent, dans une fente ou coloboma intéressant à la fois la rétine et le corps vitré, des vaisseaux qui, remplissant d’abord le rôle de vaisseaux hya- loïdiens, donnent bientôt naissance à un réseau dense et très- riche qui constitue le peigne. Ces vaisseaux hyaloïdiens, comme les capillaires du peigne, sont des ramifications d’une artère qui longe le bord de la fente rétinienne ei qui elle-même est une branche de l'artère ophthalmique. Goloboma persistant el vaisseaux dans la chambre postérieure de l'œil, forment dans dans l'œil de l'Oiseau adulte la gouttière du nerf optique et le réseau du peigne. Ceci posé, examinons ce qui se passe dans l'œil du fœtus des mammifères et quel est l’état définitif auquel il est amené dans la suite du développement. Nous pourrons alors comparer entre eux les oiseaux et les mammifères, el donner, s’il est possible, aux vaisseaux du peigne leur significa- tion relativement aux vaisseaux de l'œil de ces derniers ver- tébrés. Occupons-nous en premier lieu du coloboma, par lequel nous avons vu les vaisseaux pénétrer dans lœil des oiseaux, coloboma 56 H. BEAUREGARD. qui existe aussi chez les mammifères. Chez ces derniers, la vési- cule oculaire primitive est constituée par un prolongement de la vésicule cérébrale antérieure. Bientôt le segment antéro- inférieur de la vésicule oculaire s’invagine pour ainsi dire dans la cavité qu’elle fermait en avant, et s’appliquant contre la paroi postérieure forme ainsi une sorte de cornet à double paroi qui a reçu lenom de vésicule secondaire. Celle-ci n’est plus, comme la première, ouverte dans sa partie postérieure, puisque la lame antérieure, dans son mouvement en arrière, est venue fer- mer l’orifice qui faisait communiquer la vésicule oculaire pri- mitive avec la vésicule cérébrale, mais elle est ouverte en avant, et la forme qu'elle a prise est celle d’un entonnoir fendu dans toute sa longueur. Gette fente, chez les mammifères, s'étend jusque dans le pied de la vésicule oculaire, c’est-à-dire jusque dans la portion qui constituera plus tard le nerf optique, et c’est par là que pénétreront les vaisseaux centraux. Chez les autres vertébrés, la fente n’intéressant pas le nerf optique, l'entrée des vaisseaux se fait différemment, et suivant le mécanisme que nous avons indiqué plus haut. Quoi qu’il en soit, une fente existe sur la paroi de la vésicule secondaire, et cette fente n’intéresse que la rétine, puisque la vésicule secondaire donne naissance à cette seule partie de l’œil. Dans les premiers temps de la vie embryonnaire, la plus grande ressemblance existe donc entre les mammifères et les oiseaux. Mais tandis que chez les oiseaux le coloboma persiste et forme, comme je l'ai dit, la fente réti- mienne qui livre passage aux fibres nerveuses, chez les mammi- fères, à l’état normal, cette fente se ferme bientôt. Chez l’homme, la soudure des bords de la fente qui se fait d’arrière en avant commence (1) dans le courant du deuxième mois et est achevée dans la septième semaine, e’est-à-dire à an moment où la cho- roïde et la sclérotique n’ont point encore atteint un développe- ment prononcé et sont de molles enveloppes encore mal différen- clées. Cette dernière circonstance est importante à noter, car (1) Manz, Handbuch der gesammten Augenheilkunde, de Graefe et Sæmisch, 1875, p. 82. ARTICLE N° {. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 97 elle permet, sous certaines influences que Je n'ai point à re- chercher iei, et qui d’ailleurs sont loin d’être connues complé- tement, elle permet, dis-je, certains écarts dans la marche géné- rale du rapprochement des bords de la rétine. Ces écarts constituent , 1l est vrai, des cas tératologiques, mais sont, je pense, assez intéressants au point de vue qui nous occupe, pour mériter de fixer un moment notre attention. Il arrive parfois, en effet, que l'œil d’un adulte présente à l'examen ophthalmoscopique une déformation remarquable, intéressant l’une ou l’autre des enveloppes qui le constituent, ou même à la fois la rétine, la choroïde et la selérotique. Ces difformités ont reçu le nom de coloboma; le point de départ des études entreprises à ce sujet fut l'observation assez fré- quente de fentes innées de liris, anomalie caractérisée par une interruption plus ou moins considérable dans la continuité de cette membrane. La forme la plus ordinaire de cette fente est celle d’un œuf ou d’un triangle dont la base est placée dans la pupille et le sommet proche du corps cire et les deux côtés courbés, forme d’ares. Du reste, un grand nombre de variétés peuvent se présenter. Pendant longtemps on resta dans ligno- rance la plus complète au sujet de l’origine de cette fente, mais l'attention ayant été éveillée sur ces faits, on s’aperçut que le plus souvent la division de Piris était accompagnée d’une divi- sion dans les parties plus postérieures de Pœil, et en particulier de la choroïde. Depuis qu'Ammon, en 1831, publia la première observation sur la section d’un œil atteint de coloboma de la choroïde, les difformités de ce genre sont devenues moins rares; de telle sorte qu’il est possible de réunir une série intéressante de ces cas plus ou moins modifiés. En général, le coloboma de la choroïde, dirigé suivant un mé- ridien de l’œil, présente la forme d’un bouclier avec bord pos- térieur arrondi et extrémité antérieure en forme de pointe, s’é- tendant plus ou moins loin en avant, quelquefois même jusqu’au corps ciliaire. L’extrémité postérieure s’étend très-près du bord inférieur de l'entrée du nerf optique, quelquefois même jus- qu’au nerf optique, qui se trouve ainsi pénétrer dans l’œil par D8 H. BHAUREGARD. le coloboma. Le coloboma n’intéresse pas toujours la choroïde seule, on peut aussi rencontrer dans certains cas de semblables difformités dans le corps vitré et dans le cristallin; le coloboma du cristallin consiste tantôt en un aplatissement de la lentille, tantôt en une légère entaille faite à sa surface. Quant au colo- boma du corps vitré, il est souvent accompagné de la présence de vaisseaux, et j’en parlerai plus loin au sujet de la persistance de l'artère hyaloide. Quoi qu'il en soit, les fentes peuvent se trouver réunies toutes dans un même oil, et elles constituent alors le Co/oboma ocul. Les premières hypothèses tendant à expliquer la formation de ces monstruosités sont dues à Walther (1), 3. Müller (2), Ammon (3) et Arnold, et toutes ont été bientôt délaissées. Walther s'appuyant sur cette idée, que dans sa formation le corps entier devait être considéré comme formé de deux motitiés, et appliquant cette loi à chaque organe en particulier, pensait que la fente anormale devait être Le reste d’une division primitive en deux du globe de l'œil. La base physiologique de cette théo- rie étant fausse, l'explication du phénomène pathologique ne pouvait persister. Ammon, J. Müller, Arnold, prirent pour base de leurs théories lexistence chez le fœtus d’une fente de la choroïde; or la choroïde, à aucun temps du développement de l'œil humain, ne présente semblable fente. Schôler (4) et Remak ont mdiqué la véritable explication du phénomène, en montrant que la fente fœtale n’intéresse nulle- ment la choroïde, mais seulement la rétine. Or, comme nous l'avons dit plus haut, cette fente existe ‘déjà à l’époque où la choroïde commence à se former. Le coloboma de la choroïde est donc en lui-même un fait pathologique, d’une part, soumis à linfluence d’un état anormal de la fente rétinienne, d'autre part, donnant naissance au coloboma de liris. Mais quelles sont les causes de ce trouble dans la jonction des bords de la (1) Walther, Journal f. Chirurgie u. Augenheilkunde, HI Bd., 4 H., 1821. (2) J. Müller, Ammon's Zeitschr. f. Ophthatmol., 1 Bd., p. 230. (3) Ammon, Ammon’s Zeilschr. f. Ophthalmol., p. 55. (4) H. Schôler, De oculi evolutione in embryon. Gallinae. Diss., Dorpat, 1848. ARTICLE N° {. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 99 fente de la rétine? Sans parler des hypothèses qui ont été proposées, nous pouvons signaler, d’après les observations pu- bliées, l’arrivée de vaisseaux sanguins qui, pénétrant par la fente, s'étalent dans l’intérieur de l'œil et prennent même un assez grand développement. La présence de ces vaisseaux est la première cause du trouble apporté dans la marche ultérieure du développement de l'œil; ce fait intéressant est attesté par plusieurs observations que je vais résumer. La première est relevée par Hannover (1). Les veux, affectés d’un coloboma très-prononcé, montraient un corps vitré traversé, un peu au-dessous de son milieu, d’une ouverture ronde à travers la- quelle arrivait l’artère hyaloide, qui s’étendait jusqu’à la face postérieure de la capsule du cristallin. Nous sommes donc là chez un adulte en présence d’un degré de développement inférieur de l'œil. Un second fait analogue est rapporté par Stellwag (2), mais, outre les vaisseaux, on remarquait dans le corps vitré une sorte de rigole renfermant un cordon blanc, épais, s'étendant de [a papilie à la capsule du cristallin. Il résulte de ces faits que, conjointement à d’autres circon- stances, le mode de pénétration des vaisseaux dans Pœil du fœtus peut amener un trouble tel dans le développement ulté- rieur, que la fente rétinienne n'arrive pas à réunir ses bords, et par cela même entrainer la formation du colobome de la choroide. Sans vouloir, en règle générale, rechercher dans les faits tératologiques lexplication de dispositions anatomiques normales, nous avons cru cependant Intéressant de rapprocher cette étude du coloboma persistant de la rétine chez l’homme, de celle du coloboma, qui, chez les oiseaux, est le point de départ de la formation de fa gouttière du nerf optique. Chez ces derniers, en effet, la pénétration des vaisseaux et l’interposition du tissu du peigne embryonnaire entre les bords de la fente réti- niennpe, doivent être considérées comme les causes premières de la formation de la papille allongée, qui n’est autre qu’un eolo- (1) Hannover, Das Auge, 1852. (2) Stellwag, Zeitschr. d. Gesellsch. d. Wiener Aerzte, 1854. 60 HE. BEAUREGARD. boma persistant dans lequel se sont développés les cylindres- axes du nerf optique. Ce rapprochement établi, recherchons s’il est possible d’éta- blir l’homologie des vaisseaux du peigne avec quelque partie du système vasculaire de l'œil des mammifères. Nous venons de voir que la persistance de la fente rétinienne chez les mammifères constitue un état pathologique. Normale- ment, en effet, celle-ci disparait, et les bords de la rétine , en se rejoignant, ne laissent persister qu'une ouverture ronde ou ovale à travers laquelle passent les cylindres-axes du nerf optique. C’est également par cette ouverture que se fait l’arrivée, dans la cavité oculaire, des vaisseaux destinés à la nutrition des différentes parties qu’elle renferme. Chez le fœtus des mammifères, ces vaisseaux constituent deux systèmes. L'un, formé par les rameaux qui se distribuent dans la rétine et se disposent en un réseau rétinien spécial, Pautre, formé par certaines branches de lartère centrale de la rétine, c’est le réseau hyaloïdien. Dans ce dernier, on peut distinguer, d'une part, un lacis à larges mailles, qui, se détachant du trone de l’artère centrale au moment ou celle-ci pénètre dans l'œil, s’étale à la face externe du corps vitré, entre l’hyaloïde et la rétine, et, d'autre part, une branche spéciale dite artère hya- loïde, née également de l'artère centrale de la rétine, et qui, traversant le corps vitré directement d’arrière en avant, se dis- pose en réseau à la face postérieure de la capsule du eristallin. Or, si nous nous reportons à l'étude que nous avons faite de la vascularisation de l'œil dans lPembryon de Poulet, nous voyons que de ces deux systèmes vasculaires, iln’en existe qu’un seul, représenté d’abord par l'artère hyaloïde et quelques vais- seaux formant un réseau à larges mailles ; quant à des vaisseaux rétiniens, nous n’en trouvons point. En suivant la marche du développement dans les deux classes, mammifères et oiseaux, nous voyons que normalement, chez les premiers, le réseau rétinien seul persiste. En effet, vers l’époque de la naissance, on voit s’'atrophier peu à peu les anses vasculaires, qui, fournies par le réseau périphérique, de l’hya- ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. O1 loïde, s’étalaent à la surface antérieure du cristallin. La mem- brane pupillaire disparait bientôt et cette disparition interrompt les communications du système artériel hyaloïdien avec les veines iriennes. La cireulation ne pouvant plus se faire, l'artère hyaloïde et tout le réseau disparaissent. Chez les oiseaux, comme nous l’avons vu, artère hyaloïde s’atrophie au voisinage du cristallin; mais le réseau, qui s'était développé en même temps dans le tissu de soutien envoyé par la choroïde, persiste, ainsi que la partie de Partère, ou, pour mieux dire, des capil- lures hyaloïdiens compris dans ce réseau. On peut donc consi- dérer le peigne des oiseaux comme un réseau hyaloïdien persis- tant après la vie fœtale. Cependant, outre ce réseau hyaloïdien, qui constitue la masse du peigne, certains vaisseaux qui appar- tiennent au peigne me semblent devoir être considérés comme analogues aux vaisseaux rétiniens des mammifères. Ge rappro- chement n'a paru devoir être fait, grâce aux considérations sui- vantes : chez les mammifères, ainsi que nous l’avons dit, il n’y a d'autre différence entre le réseau rétinien et le réseau hya- loïdien que leur situation dans l'œil, car tous deux sont consti- tués par des branches d’une artère dite centrale, provenant elle- même de Partère ophthalmique. D'autre part, cette artère centrale de la rétine peut être considérée comme une artère ciliaire postérieure, qui, au lieu de pénétrer dans l'œil par la sclérotique, y pénètre avec le nerf optique, dans l’axe duquel elle se tient renfermée. Chez les oiseaux, il n°y a point, il est vrai, à proprement parler, d'artère centrale de la rétine, mais une des artères cillares postérieures fournies par Pophthal- mique, au lieu de continuer son trajet dans la choroïde, pénè- tre dans le nerf optique, et dès lors peut être parfaitement assimilée à l'artère centrale des mammifères. Or cette artère, arrivée au niveau de l'épanouissement des cylindres-axes sur la rétine, donne naissance, d'une part, à des branches, qui direc- tement se rendent au peigne et sont des vaisseaux hyaloïdiens, et, d'autre part, à un ou deux troncs plus considérables qui, longeant la base du peigne, se tiennent au milleu des cylindres- axes du nerf optique, et, de place en place, concourent par leurs 62 HA. HBRIAU RENE AD. branches à la constitution du peigne. Cest à ces vaisseaux de la base du peigne que je crois pouvoir donner le nom de vaisseaux rétiniens; j'ai montré, en effet, que dans certains cas, chez l’Oie, par exemple, ces vaisseaux se prolongent assez loim au delà de la gouttière optique, de telle sorte qu'ils ne sont plus séparés des couches proprement dites de la rétine que par une mince lame de cylindres-axes. ai montré aussi que dans les cas où, ainsi que cela se présente chez la Pie et le Courlis, le peigne est inséré à côté des bourrelets du nerf optique, ces vaisseaux de la base du peigne se trouvent dans la rétine elle-même. Ce trajet dans la rétine n’est, il est vrai, que fort peu prononcé, mais la comparaison ne m'en paraît pas moins permise, d’au- tant plus que chez certains mammifères Fextension des vasa centralia dans la rétine est tellement réduite, que ces derniers se localisent presque dans fa papille, ce qui est exactement le cas des Oiseaux. Chez le Lapin, par exemple, les vaisseaux sont répartis dans une très-petite zone touchant à la papille et ca- ractérisée par des fibres nerveuses à double contour, qui for- ment comme deux ailes aux deux cètés de cette papille. Chez le Marsouin , lophthalmoscope (1) ne laisse apercevoir aucune trace de vaisseaux dans la rétine, et c’est à peine si l’on peut distinguer sur la papille de très-petits capillaires quin’en dépas- sent point le bord. Nous avons vu qu'à l'examen ophthalmo- scopique de la Poule, on aperçoit également sur la papille ailon- oée du nerf optique les vaisseaux de la base du peigne, qui rampent entre ses replis. P’autre part, dans Pœil d’un Pélican, comme je Pai déjà fait remarquer, le peigne s’insérant assez loin au-dessous de l'entrée du nerf optique dans Pæil, on voit très-distinctement à l’ophthalmoscope les vaisseaux dont je parle, et qui, pendant une parte de leur trajet, ne sont point cachés par le peigne (voy. pl. 6, fig. 8). Certains mamnni- lères offrent des exemples semblables. Ainsi, chez le Cheval, d'après H. Müller, les vaisseaux rétiniens ne forment qu'une couronne de 3 à 6 nullimètres de capillaires enlacés autour de (1) Leber, Handbuch der gesammten Augenheilkunde, de Graefe et S&misch. Leipzig, 1875. ARTICLE N° 1, RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 63 la place d'entrée du nerf optique. Enfin, chez le Tatou et le Myrmecophaga, MM. Pouchet (1) et Leber ont montré que les vaisseaux rétiniens se réduisent à quelques fins capillaires situés dans la papille. On voit par là que l’étendue restreinte des vais- seaux de la base du peigne sur la rétine, ne saurait être une objection à l'assimilation que j’établis. Nous trouvons donc chez les oiseaux et chez les mammifères un réseau rétinien à des degrés différents d'extension. Nous trou- vons de plus, chez les oiseaux, un réseau hyaloïdien persistant, et placé entre l’hyaloïde et la rétine, c’est-à-dire dans les mêmes rapports de situation que le réseau hyaloïdien du fœtus des mammifères, auquel je pense pouvoir le comparer. Cette dernière assimilation me semble d'autant plus permise, que l’existence de vaisseaux hyaloïdiens dans Pœil des mammifères, après la naissance, n’est point un cas rare, et qu'ils s’y trou- vent même quelquefois normalement. Chez l’homme, 1l est vrai, la persistance de vaisseaux hyaloïdiens n’est point fré- quente, mais comme elle peut se présenter, je crois intéressant de rapporter iciquelques-unes des observations quienontétépu- bliées. Le premier cas de ce genre fut rapporté par Meissner (2) en 1855, qui trouva dans un œil d'homme adulte une sorte de cheville longue de 3 millimètres, placée sur le point d'entrée du nerf optique, et qu'il attribua à Foblitération de lartère hya- loïde. Plus tard, en 4863, Sæmisch (3) et Zehender (4) ont chacun publié l'observation d’un œil humain, à part cela nor- mal, dans lequel on pouvait voir, au moyen de Fopthalmoscope, un filament qui, partant de la papille, s’étendait à travers le corps vitré jusqu'à la face postérieure de la capsule du cris- tallin. Au point où le filament s’attachait à la capsule, se trou- vait un petit renflement. Dans le cas de Zehender, le filament était rouge de sang et se balançait dans le corps vitré suivant (1) G. Pouchet et Leber, Anatomie de l'œil chez le Tamanoir, in Journ. anat. et physiol. de Robin, 1867. (@) Meissner, Zeitsch. f. rat. med., 3 te. 1 Bd., p. 562: (3) Saemisch, Zeh. klin. Monatsh., 1865, p. 258. (4) Zehender, Zeh. klin. Monatsh., 1863, p. 259. 64 H. BEAUREGARD. le mouvement des yeux. Le même auteur signale aussi une ob- servation analogue qui lui à été communiquée par Leibrich, ainsi qu'une autre rapportée par le docteur Toussaint (1), dans laquelle le filament, simple à sa partie postérieure, se divisait dans le corps vitré en trois branches, dont l’une, médiane, était plus forte que les deux autres et à double contour; elle s’atta- chait à la capsule du cristallin ; Stor, Laurence et Mooren décri- virent plus tard des faits analogues, et dans le cas rapporté par le dernier de ces auteurs, l'artère hyaloïde naissait non pas de l'artère centrale de la rétine, mais de l’une de ses branches. Manz (2) rapporte, d'autre part, le cas d’une jeune fille de vingt-quatre ans, chez laquelle on trouva une artère hyaloïde persistante, et de plus, au milieu de la papille du nerf optique, une petite cheville de laquelle partait le vaisseau hyaloïdien complétement oblitéré. Ce vaisseau était entouré d’une gaine cylindrique, lâche et transparente, qui, s'étendant à travers le corps vitré, venait s'attacher par un petit disque ovale à la cap- sule postérieure du cristallin, un peu au-dessous de son milieu. Du reste, cette artère se retrouve souvent, d’après le même au- teur, dans les veux de monstres acéphales, en même temps qu’une cheville cachée dans l’axe du nerf optique. Celle-ci, de forme conique, se montre entourée d’une gaine lymphatique fortement développée, recouverte d’un endothélium et qui renfermait, dans les cas rapportés par Manz, un vaisseau à paroi épaisse. La cheville se termine généralement en pote mousse au niveau de la papille, et l’artère, continuant son trajet en avant, reste entourée d’une adventice assez forte. Généralement cette artère, traversant le corps vitré, va se ter- ininer au voisinage de la capsule du cristallin. Dans un cas seu- lement, elle se divisait tout de suite à la surface de la rétine en deux branches, dont l’une, plus longue, atteignait le pôle posté- rieur de la lentille, et l’autre, plus courte, en atteignait le bord. Ces nombreux faits témoignent donc de la persistance pos- sible de lartère hyaloïde chez l'homme, et, d’après quelques- (1) Toussaint, Zeh. klin. Monatsh., 1863, p. 350. (2) Manz, loc. cit., p. 100. ARTICLE N° {. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L' ŒIL DES VERTÉBRES. 09 uvs, elle n’entraine pas ou n’est pas la conséquence d’autres anomalies dans la structure de l’œ1l. Ces observations, toutefois, n'auraient pas plus de valeur à l’égard de la question dont nous nous occupons, que les cas tératologiques n’en doivent avoir en oénéral, si elles ne s’accompagnaient de la circonstance sui- vante, qui leur donne alors un véritable intérêt. Il arrive, en effet, que chez certains mammifères, la persistance de l'artère hyaloïde plus ou moins oblitérée est un fait normal et peut se constater jusqu’à une époque avancée de la vie extra-utérine. Le premier, H. Müller (1) signala ce fait dans l'œil du bœuf, et voici la description qu'il en donna : € Dans l'œil du bœuf on trouve, d'une manière constante, une proéminence blan- châtre de forme conique, qui du lieu d'entrée du nerf optique s’avance dans le corps vitré, où elle se termine par un prolonge- ment filiforme que l’on peut suivre plus ou moins loin en avant vers le cristallin. Lorsqu'on enlève le corps vitré, une portion plus ou moins grande de ce fil reste insérée sur la papille du nerf optique. Il est certain, dit Müller, que c’est là un reste de l'artère capsulaire qui, chez le fœtus, traverse le corps vitré, et la meilleure preuve ressort de examen de l’œil d’un jeune veau. On y trouve en effet le filament encore rempli de sang dans sa partie postérieure, tandis que dans la partie antérieure il est oblitéré. » Voici, d’ailleurs, la structure microscopique de cet appareil. Le filament est entouré d’une gaine pourvue de nombreux noyaux allongés et placés en général parallèlement à son axe. Chez les animaux âgés, on trouve aussi de petites masses de pigment et des fibres élastiques que Müller n’a pu retrouver sur des veaux; chez un de ces dermiers, toutefois, cet auteur a trouvé le filament, qui ne mesurait que 0*",09, pourvu d’un étranglement profond, annulaire, « semblablement à cer- tains paquets de tissu conjonctif après traitement par l'acide acétique ». Eu outre, dans les cas ordinaires, le filament terminal est (1)H. Müller, Gesammelteund hinterlassene Schriften zur Anat. und Physiol. des Auges, p. 364. Leipzig, 1872. ANN. SC. NAT., AOUT 18706. IV, 5 — ART. N° {. 66 BE. MEAUREGARD. entouré d’une gaine sans structure, qui semble appartenir au canalis hyaloïdien et qui, se prolongeant en arrière, entoure de même le cône qui précède le filament en question. Ce cône n’est point formé par un élargissement du vaisseau hyaloïdien; il doit son épaisseur et sa forme à une masse de noyaux très-serrés qui siégent dans une substance homogène, et qui lui donnent sa couleur blanche. La forme de cette cheville est tantôt conique, tantôt en forme de massue, et sa longueur peut attemdre plusieurs millimètres. Son épaisseur est généralement de 4 millimètre, tandis que le vaisseau lui-même n’a guère que de 0°" ,1 à 0,18 de diamètre, et diminue à mesure qu'il s'avance plus loin dans le corps vitré. . Le plus fréquemment la masse de noyaux qui forme la che- ville, s’interrompant brusquement, le vaisseau qui la termine forme une sorte de cordon nettement distinct de sa masse ; mais il arrive aussi que les noyaux se répandant çà et là entre le vais- seau et sa gaine, celui-e1 prend une forme caractéristique rap- pelant assez, dit Müller, l’état des petits vaisseaux du cerveau, quand leur gaine, soulevée par endroits, laisse entre elle et leur paroi de petits espaces que viennent combler de jeunes cellules, comme cela se voit chez l’hydrocéphale. Dans un cas pareil, observé par Müller chez un jeune veau, le cordon ainsi pourvu de noyaux s’étendait dans le corps vitré sur une longueur de près de 1/2 pouce. Il était blanchâtre et beaucoup plus facile à apercevoir qu'il ne l’est ordinairement. . Avant Müller, Finkbeiner avait déjà signalé dans l'œil du bœuf l'existence d’une cheville, et avait trouvé chez l’un d'eux une particularité qu’il a signalée et qui est restée sans autre exemple. Il y avait, en effet, deux chevilles au lieu d’une seule, à l'entrée du nerf optique ; leurs prolongements, réunis en un seul cordon, s’étendaient dans toute la masse du corps vitré, jusqu'au cristallin. Tels sont les renseignements que nous avons pu trouver sur l'existence de vaisseaux hyaloïdiens chez les mammifères, les recherches que nous avons faites vont nous permettre de les compléter. ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 67 Un œil de veau ayant été ouvert (1), nous constatons l’exis- tence, au centre de la papille, d’un petit cône blanchâtre terminé par un filament également blane, le tout très-visible et plon- geant dans le corps vitré. Sur des coupes de l'hémisphère pos- térieur de l'œil faites parallèlement au trajet du nerf optique, deux particularités attirent plus spécialement notre attention ; lune a trait au nerf optique, l’autre au bulbus (2). Ces coupes qui passent par l’axe du nerf optique nous montrent, en effet, que ce dernier est divisé en deux gros faisceaux symétriques par une sorte de com dont la pomte est tournée du côté de la selé- rotique et la base du côté de la rétine (pl. 9, fig. 21). Ce coin, formé de tissu lamineux, est en continuité avec le tissu de la choroïde en avant, qui prend ainsi part à la formation de la lamina cribrosa très-développée et dans laquelle de petites masses de pigment noir sont réparties de loin en loin. Le dia- mètre de cette masse de tissu étranger à la substance nerveuse est en arrière de 0,20 et en avant de 0"",50 (mesures très- variables d’ailleurs). Il divise, comme je lai dit, le nerf optique en deux faisceaux qui, se recourbant de chaque côté, consti- tuent les deux bourrelets de eylindres-axes destinés à la rétine. Grâce à l’écartement de ces deux faisceaux, prend naissance au centre de la papille une cavité en forme d’entonnoir, dont le fond se trouve très-rapproché du tissu lamineux dense dont je viens de parler. Or, c’est dans cette cavité que se trouve la che- ville dont 1l a déjà été question. Celle-c1 est donc par sa base presque en contact avec le coin de tissu lamineux que nous venons de décrire dans le nerf optiqu?; par Pexamen histologique on reconnait que cette cheville est uniquement formée de noyaux sphériques granuleux rassemblés en nombre considérable dans une substance hyaline homogène, mais ces novaux ne se mon- tent point seulement dans le fond de la papille, ils se prolongent en une couche d'environ 0°",05 d'épaisseur, à la surface des bourrelets de cylindres-axes, formant ainsi une large base d’in- (1) PL 6, fig. 69. (2) Bulbus, terme employé par Müller pour désigner la cheville dont nous parlons. 68 H. BRAUREGARD. sertion dont il n’avait point encore été fait mention. Cette parti- cularité est cependant intéressante, car elle donne au bulbus une forme qui le rapproche du tissu de soutien qui, chez l'embryon de Poulet provient de la choroïde en voie de formation, et . contribue plus tard à soutenir les vaisseaux du peigne et laisse des traces faciles à retrouver chez l’adulte. Ce rapprochement me paraît d'autant plus Juste, que les noyaux arrondis dont je signale la présence dans le bulbus du Veau, sont fort semblables aux noyaux embryoplastiques, et leur contact avec le tissu lami- neux envoyé dans le nerf optique par la choroïde, me fait penser que le bulbus n’est en somme qu'un prolongement de tissu em- bryonnaire qui persiste à cet état. Quoi qu'il en soit, du milieu de cette large base formée uni- quement de noyaux embryoplastiques, élève un prolongement cylindrique, la cheville proprement dite, de structure histolo- oique sembiable, et mesurant 0””,9 de hauteur sur 0°”,40 d’é- paisseur. Cette cheville s'arrête brusquement et sur son sommet prend insertion une sorte de cordon dont l’axe est occupé par un vaisseau mesurant 0"",08 de diamètre, et qui semble se prolonger à l’intérieur de la cheville. Ce vaisseau mesure envi- ron 1"",20 de longueur, il est pourvu de noyaux ovoïdes ou arrondis, assez espacés, et présente deux enveloppes. L'une, for- mant une gaine hyaline de 0"”,03 d'épaisseur, est en contact direct avec le vaisseau hyaloïdien, l’autre, plus extérieure, et mesurant environ 0””,06 d'épaisseur, est formée de fibres abon- dantes, surtout dans la partie la plus voisine de la branche vas- culaire. De ces deux enveloppes, linterne s’arrêtant bientôt brusquement, l’externe persiste seule, mais diminue alors con- sidérablement d'épaisseur, et se continue encore en avant sur une longueur de 0w»,45, de telle sorte que dans le corps vitré la cheville et son filament terminal s'étendent sur une longueur de 2,69 (pl. 2, fig. 19). Chez un autre Veau, nous avons rencontré quelques modifi- cations ; la cheville, en effet, longue de 1 millimètre, était formée, comme précédemment, par un amas de noyaux em- bryoplastiques, mais ces noyaux, en beaucoup moins grand ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 09 nombre que dans le cas précédent, se laissaient facilement dissocier, et permettaient de voir dans leur masse un lacis vasculaire très-riche de petits capillaires, qui rappelaient le lacis du peigne des Oiseaux (pl. 2, fig. 20). Ces capillaires avaient un diamètre de 15 à 25 x et s’étendaient dans toute la longueur de la cheville, qui mesurait 1 millimètre. L’axe même de celle-ci était occupé par un beaucoup plus gros vaisseau, de 0°",15 de diamètre, qui, la traversant en ligne droite, se prolongeait au dela de son sommet dans le corps vitré, sur une longueur de 2°°,5. La paroi de ce vaisseau présen- tait quelques rares noyaux arrondis ou ovalaires, et, dans ce dernier cas, placés tous parallèlement à son axe. Mais ce n’est point seulement chez le Veau que se rencontre une semblable formation, outre qu'on en retrouve encore des traces Imdéniables chez le Bœuf, Leuckart en signale également l'existence dans l’œil du Cheval et du Porc. De notre côté, nous avons également trouvé une cheville sur la papille du nerf opti- que de la Brebis. Dans le cas que nous signalons, eette cheville présentait environ 0"",35 de longueur sur une largeur de0"”,40. De forme conique. ce bulbus se terminait par unesubtance hya- line de forme sphérique surmontée d’un cordon cylindrique qui, au lieu de plonger dans Le corps vitré, se repliait sur le som- met du bulbus, comme l’indique la figure 22, planche 2. Quant à ce dernier, semblablement à la disposition déjà signalée par nous chez le Veau, 1l remplissat Pinfundibulum que forment les evlindres-axes du nerf optique par leur écartement, et sa base s’étendait assez loin à leur surface. Cest à la limite entre cette base et les fibres nerveuses que se trouvaient les vaisseaux dont les branches se distribuent dans la rétine. Quant à la structure histologique de cette cheville, elle était semblable à celle que nous avons décrite chez le Veau, c’est-à-dire qu’elle consistait uniquement en noyaux arrondis très-serrés et plongés dans une masse hyaline. En résumé, les éléments qui forment le bulbus chez les mam- mifères me paraissent pouvoir être considérés comme des élé- ments ayant conservé l’état embryonnaire. Il ressort également 70 H. BEAUREGARD. de l’exposé précédent que la persistance de Partère hyaloïde, anormale chez l'homme est constante chez le Bœuf, le Pore, le Cheval et la Brebis; et si jinsiste sur cette persistance, e’est qu’elle montre bien que assimilation du réseau vasculaire du peigne au réseau hyaloïdien des mammifères, n'est pas une simple vue de l’esprit, mais prend sa source dans l’examen des faits. nous reste maintenant à étudier les reptiles, les batra- ciens et les Poissons, et à rechercher s'il y a homologie entre les réseaux vasculaires qui occupent la chambre postérieure de l'œil de ces vertébrés et ceux que nous avons étudiés chez les Oiseaux et les Mammifères, RÉSEAUX VASCULAIRES DE LA CHAMBRE POSTÉRIEURE DE L'ŒIL CHEZ LES REPTILES ET LES BATRACIENS. Suivant le plan que nous nous sommes tracé, nous abordons maintenant l'étude de l'œil des Reptiles et des Batraciens. Chez un certain nombre de ces Vertébrés, on trouve au fond de l'œil une membrane pigmentée, qui areçu, comme chez les Oiseaux, le nom de peigne. Mais tandis que parmi ces derniers, PAptéryx seul est dépourvu de peigne, chez les Reptiles, au contraire, l'absence de cette membrane est fréquente, et lorsqu'elle existe, elle se trouve toujours inférieure en développement à celle des Oiseaux. N'ayant pas eu l’occasion d'examiner œil de PAptéryx, nous ne saurions dire si quelque réseau vasculaire supplée à l'absence du peigne, mais nous verrons chez les Reptiles que tous ceux qui sont dépourvus de peigne présentent à l’étude un réseau vasculaire que nous retrouverons également chez Îles Batraciens. Les difficultés que j'ai éprouvées à me procurer des sujets d’études dans cette classe de Vertébrés ne m'ont permis qu’un nombre relativement restreint de recherches personnelles. Ce- pendant j'ai pu, aux résullats consignés déjà par nombre d’au- ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 71 teurs, tels que H. Müller (1), Hyrtl (2), Leydig (3), etc. , joindre mes observations sur un type de chacune des familles que com- porte ce groupe. Le Caméléon, le Lézard des murailles et le Lé- zard vert, parmi les Sauriens, les Tortues Carette et Caouanne, ainsi que la Tortue mauritaine, parmi les Ghéloniens ; la Vipère et la Couleuvre, parmi les Ophidiens, sont les espèces sur les- quelles ont porté mes recherches, auxquelles je joindraiu un ré- sumé des travaux antérieurement publiés. SAURIENS. D'une manière générale, on peut dire que, seuls, les Sauriens, parmi les Reptiles, possèdent un peigne assez développé pour être comparé à celui des Oiseaux. Hulke, il est vrai, en: signale également l'existence chez le Boa constrictor et la Vipère, mais nous verrons plus tard à quoi se réduit cette exception. Le peigne ne semble se trouver non plus chez les Crocodiliens ni chez les Chéloniens. Reyes … Sœmmerring (4) décrivit le peigne du Lacerta monitor et celui du Lacerta Iquana. Lisse et étroit chez le premier, il res- sembie à une sorte de cheville fortement pigmentée insérée sur Ja papille du nerf optique. Danslamême situation chez l Iguana, il diffère du précédent en ce qu'il est formé de deux plis, et se rapproche par là davantage du peigne des Oiseaux. ina Ghez le Varanus, Gegenbaur (5) décrit et figure un pli épaissi qui, partant du point d'entrée du nerf optique dans l’œil, tra- verse le corps vitré et atteint le cristallin. Quoi qu'il en soit, dit-il, ce pli peut être accompagné de plusieurs autres, et pré- sente les mêmes dispositions que les organes semblables des Oiseaux. N (1) H. Müller, Ueber das Auge der Chameleon (Wurzb. naturw. Zeitschr., UT, p. 10-42). que (2) Hyril, Medicin. Jakrbich. d. OŒEsterreisch. Slaates, XV, 1838. ATETRE (3) Leydig, Anat. histolog. Untersuchungen über Fische und Reptitien, p.98. . Berlin, 185a. (4) Sœmmerring, loc. cit., p. 60. (5) Gegenhaur, Anat. comp., 1874 (trad. franc.), p. 721. 72 H. RBEAUREGARD. Suivant Leydig (1), un peigne existe également chez le Lé- zard. En forme de coin, ce peigne se compose de capillaires enlacés les uns dans les autres et fournis par une artère située dans le pédicule du peigne. Une veine efférente fait suite à cette artère. Par l’investigation microscopique, on reconnaît que le lacis de vaisseaux est soutenu par une substance conjonctive délicate que recouvre un pigment d’un noir plus ou moins foncé. H. Müller (2), d'autre part, signale dans son étude sur la ré- tine du Caméléon l’existence du peigne, dont il donne la des- cription suivante : « Get organe représente une formation co- » nique et lisse qui possède environ 1 millimètre de hauteur, » 0*",6 de largeur et 0"",25 d'épaisseur. Sur la coupe trans- » versale, ce peigne offre à peu près la forme d’un biscuit et » consiste en vaisseaux Sanguins avec pigment. » Manz (3), enfin, rapporte avoir trouvé chez deux Sauriens d'Australie, le Trachysaurus et le Lygosoma, un peigne formé d’une puissante cheville qui s’avançait du lieu d'entrée du nerf optique dans le corps vitré; un lacis de capillaires formait cette cheville, qu'il compare au peigne des Oiseaux. On voit, par ces quelques citations, que les Sauriens possèdent dans le corps vitré, et fixée sur la papille du nerf optique, une membrane vas- culaire, pigmentée, et que, par sa forme, tous les auteurs précé- demment nommés s'accordent à regarder comme l’analogue du marsupium des oiseaux (4). Les deseriptions que nous allons donner du peigne du Caméléon et de celui du Lézard ont pour but de mettre plus particulièrement en lumière les rapports de cet organe avec les différentes enveloppes de l’œil, et de déter- miner l’origme des vaisseaux qui le constituent, deux points (1) Leydig, Histologie de l’homme et des animaux, 1866 (trad. franç.), p. 208. (2) H. Müller, Gesammelte und Untersuchungen Schriften zur Anat. und Physiol. des Auges. Leipzig, 1872. (3) Manz, loc. cit., p. 97. (4) Huschke, d'autre part, dans son mémoire (de Pectinis in oculo Avium Potestate, lenæ, 1827), établissait aussi ce rapprochement entre le peigne des Oiseaux et celui des Reptiles. ARTICLE N° {, RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉPBRÉS. 73 importants que nous avons toujours pris Jusqu'ici pour base, dans la détermination de la nature du peigne des Oiseaux. Caméléon (1). — Lorsque, par une section équatoriale, on divise en deux un œil de Caméléon durci préalablement dans l’acide chromique, on est tout d’abord frappé de l’aspect lisse que présente la rétine, aspect qui contraste avec celui que don- nent de la rétine des Oiseaux les nombreux plis que l’on y trouve. Sur le segment postérieur de cet œil, deux endroits se font plus particulièrement remarquer, savoir : la place d’entrée du nerf optique (2) et une fovea centralis décrite par H. Müller, et, avant lui, par Sœmmerring. Cette fovea se trouve à peu près au centre de l’hémisphère postérieur de l’œil, et apparait conime une petite tache sombre entourée d’une auréole un peu dis- tincte du reste de la rétine. Elle est reliée à la papille du nerf optique par une sorte de gouttière étendue dans le sens équato- rial de l'œil et limitée par deux bourrelets peu élevés, dus à un épaississement de la rétine. Cette gouttière vient aboutir à la papille qui est située du côté externe de la fovea centralis, à environ 5 millimètres de distance, c’est-à-dire très-excentrique- ment, si l’on songe que l’œil du Caméléon que j’observe en ce moment possède à peine 8 millimètres de diamètre. La forme de la papille est ronde ou un peu ovale, et est ici cachée en par- tie par le peigne, qui est inséré en son milieu. Ge peigne, sem- blable à une petite cheville très-fortement pigmentée, occupe la dépression centrale de la papille, aussi parait-il très-peu proé- minent au-dessus du niveau de la rétine. Si, pour une observation plus minutieuse, on s’aide de la loupe, on reconnait que la rétime n’est pomt aussi lisse qu’elle le paraissait d’abord, et qu’elle est comme chagrinée, c’est-à- dire recouverte de petites verrucosités qui abondent surtout au voisinage de la fovea, suivent le sillon assez apparent qui relie cette fovea au peigne, et disparaissent peu à peu pour ne plus se retrouver dans les autres parties de la rétine. H. Müller (3) (1) PI. 4, fig. 30. (2) H. Müller, loc. cit. (3) Müller, loc. cit T4 HE. BEHAUREGARID, assimile ces verrucosités aux plis de la rétine des Oiseaux et des Mammifères, et leur reconnait une même origine, en les consi- dérant comme le résultat de phénomènes cadavériques consis- tant en petits soulèvements de la rétine. Cette explication se confirme entièrement par les coupes transversales. Quoi qu'il en soit, leur peu d’élévation permet d’apercevoir le peigne, qui disparaîtrait et pourrait échapper à un examen un peu superfi- ciel, s’il existait ici des plis rétiniens véritables. En effet, le peigne du Caméléon est remarquable par ses petites dimen- sions, et celui que Jai sous les yeux est, sous ce rapport, un peu fférent de ceux qu'a observés Müller. Il ne mesure, en effet, que 0,75 de hauteur au lieu de 4 millimètre, sa largeur, est de 0"”,5 et son épaisseur de 0,20. Sa forme est celle d’un fer de lance à pointe mousse, telle que la représente la figure 30, planche #. fl'est très-pigmenté, et son insertion ne se fait pas absolument comme chez les Oiseaux, ce qui, du reste, coïncide avec une ifférence dans le mode d'arrivée du nerf optique à la surface de la rétine. Chez ces derniers, en effet, nous avons vu le nerf optique former dans la rétine une fente longitudi- nale dirigée de haut en bas et obliquement dans Pœæil, du côté externe au côte interne. Chez le Caméléon, le nerf optique ne forme pas de fente dans la rétine, mais une simple cavité ar- rondie, ou papille, qui mesure environ 0°",30 de profondeur. Tout autour de cette cavité se trouvent les fibres nerveuses qui se répandent sur la rétine. C’est dans le fond de cette cavité arrondie que se trouve inséré le peigne, dans le sens de léqua- teur de Pœif. L'examen des coupes transversales de cette région, nous montre les particularités suivantes : Le nerf optique arrive dans l'œil et suit dans ses enveloppes un trajet un peu oblique. Parvenu au niveau de la choroïde ou même du cartilage de la sclérotique, qui est en contact immé- diat avec celle-cr, 1l se rétrécit rapidement et arrive au niveau de la rétine que ses fibres traversent comme je Pai dit plus haut. Mais auparavant celles-ci ont dù passer à travers une sorte de lamina cribrosu, constituée par une mince couche de tissu ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASGULAIRES DE L ŒIL DES VERTÉBRÉS. 79 fibreux parsemé de masses pigmentaires qui font suite à la couche de pigment en contact avec la rétine, et qui semble se continuer dans le peigne. Gette disposition semble permettre de reconnaitre une origine commune au peigne et à la choroïde, ainsi que nous l'avons constaté pour le peigne embryonnaire des Oiseaux, origine qui serait encore appréciable chez l'animal adulte. Cette communication avec la choroïde ne s'étend d’ail- leurs point aux vaisseaux. Voici en effet l’origine des vaisseaux qui forment le peigne : une artère suivant l’axe du nerf optique dans sa longueur, gagne la base du peigne et donne naissance au lacis vasculaire qui forme presque toute la masse de cet organe; d'autre part, une veine naît de ce réseau vasculaire, et, suivant la direction de l'artère, se retrouve dans le nerf optique placée à côté de cette dernière, I n'y a donc aucune communication vasculaire entre la choroïde et le peigne, communication d’ailleurs impossible, car les vaisseaux de la choroïde s'arrêtent à une distance assez srande de Pouverture rétinienne, et laissent entre ses bords et le nerf optique une couche fibreuse épaisse et pigmentée qu'aucun vaisseau ne traverse. Quant au réseau qui constitue le peigne, il est formé de nom- breux capillaires enchevèêtrés présentant la même structure que les capillaires du peigne des Oiseaux. Les mailles qu'ils circon- scrivent sont très-peu développées et remplies d’une substance conjonctive hyaline, transparente, au milieu de laquelle est réparti le pigment d’un noir très-foncé et sous forme d’amas plus ou moins considérables. Le peigne enfin est recouvert par la membrane hyaloïde, qu'il soulève ainsi au milieu du corps vitré. On voit, d’après cela, que le Caméléon partage, au point de vue du peigne, les mêmes caractères que les oiseaux, et que ses vaisseaux ne lui viennent point de la choroïde, mais de l’ar- ière ophthalmique, par une branche qui forme dans le nerf optique une véritable artère centrale. Celle-ci, au lieu de réparür ses branches à la surface de l’hyaloïde les réunit en un lacis vasculaire, ou peigne. 76 H. BEAUREGARD. Lézard commun (Lacerta muralis) (D). — Chez le Lézard commun, le nerf optique pénètre dans l’œil excentriquement et du côté externe ou temporal par rapport au centre de lhémi- sphère postérieur du globe oculaire. IT traverse en ligne droite la sclérotique, la choroïde et la rétine, de telle sorte que la pa- pille qu’il forme dans l’œil est arrondie comme chez le Camé- léon. Dans son trajet, son volume varie, et sur la coupe longi- tudinale il a la forme d’un trapèze dont la petite base cor- respond à la papille. Des deux angles de cette base partent deux paquets de cylindres-axes qui s’étalent de chaque côté à la surface de la rétine, mais sans former, comme chez le Camé- léon, une profonde papille. Au milieu de lécartement des cylindres-axes du nerf optique, se trouve inséré le peigne. Get organe, complétement isolé de toutes les enveloppes de Poil, diffère par là de ce que nous avons observé chez le Caméléon, pour se rapprocher du mode de disposition que nous avons signalé chez les Oiseaux. Comme chez ces derniers, en effet, il n'ya aucune trace de lamina cribrosa. La choroïde, très-peu développée et fortement pigmentée, s'interrompt nettement pour laisser passer le nerf optique, et il est impossible de re- trouver, comme chez le Caméléon, un lien quelconque entre le peigne et le tissu choroïdien. La forme du peigne du Lézard commun est également dis- tincte ; il n’est point élancé, comme nous lavons toujours ren- contré jusqu'ici; son extrémité libre, au contraire, est très- obtuse, et il ressemble assez à une sphère aplatie à ses deux pôles. Sa hauteurne dépasse pas 0°",35 et son épaisseur 0*",30. Quant à sa longueur, elle est un peu plus grande que la papille du nerf optique, de telle sorte que son extrémité terminale re- pose sur les cylindres-axes qui recouvrent la rétine. Par l'examen histologique, on peut voir que ce peigne est formé de capillaires enchevêtrés de manière à laisser entre eux d'assez larges mailles comblées par une sübstance amorphe hyaline, dans laquelle sont disposés de nombreux amas de pig- (1) PI. 4, fig. 36. ARTICLE N° 1, RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. nl ment noir. Ces capillaires sont des rameaux d’une branche artérielle, véritable artère centrale, qui pénètre dans le nerf optique d’arrière en avant, et se tient dans tout ce trajet dans l'axe mème du nerf. Cette artère est fournie par un tronc volu- mineux dont on voit sur la figure 36, planche #4, la coupe transversale, et qui donne également des branches à la choroïde. Ce tronc est donc une branche de l’ophthalmique, et l'artère centrale qu'elle fournit se termine de même que chez les Oiseaux, dans le réseau capillaire du peigne. D'autre part, ce réseau capillaire donne naissance à une veine qui nous à paru suivre un trajet parallèle à l'artère, mais en de- hors de l’axe du nerf optique et beaucoup plus près de sa gaine. Quoi qu'il en soit, d’après la description précédente, le rap- prochement le plus complet peut être fait entre ce peigne et celui des Oiseaux; aucune communication vasculaire n'existe entre lui et la choroïde ; sastructure histologique, enfin ses rap- ports avec le nerf optique, sont autant de preuves qui plaident en faveur de ce rapprochement. J’ajouterai, pour terminer cette étude, qu'aucun autre réseau vasculaire n'existe ni dans la rétine ni dans la membrane hyaloïde. L'examen du Lézard ocellé, très-voisin du précédent, va m'occuper maintenant. Lézard ocellé (4). — Chez ce reptile, à l'ouverture de Poil, on aperçoit distinctement sur le lieu d'entrée du nerf optique une sorte de cheville fortement pigmentée, longue de À milli- mètre environ, et qui, plongeant dans le corps vitré, vient s’atta- cher au bord du cristallin par une extrémité un peu amincie et recourbée en forme de crochet. Sur les coupes équatoriales de lhémisphère postérieur de l'œil, ce peigne apparait, en effet, inséré sur la papille du nerf optique, exactement dans Pinfundibulium produit par lécartement de ses cylindres-axes. La largeur de ce peigne est de 0"",250 environ à sa base, et il va en s’amincissant Jusqu'à son sommet, qui mesure environ 0,150. La structure histologique de ee pli ne diffère point de celle du peigne des autres reptiles ; une masse conjonetive sou- (4) PI. 4, fig. 91. 78 H. RBLAUREGAMRD. tient les vaisseaux nombreux, qui laissent entre eux des mailles serrées que comble un fin pigment d’un noir très-foncé. Enfin, les vaisseaux de ce peigne, comme déjà Sœmmerring (1) Va fait remarquer, sont fournis par des branches d’une véritable artère centrale qui naît de Pophthalmique. Ce peigne, comme celui des Oiseaux, est complétementisolé de la choroïde avec laquelle il n'a aucune communication, et le rapprochement le plus complet peut être fait entre ces deux formations, sauf à remar- quer que le peigne du Lézard ocellé est tout entier comparable à l’un des plis du peigne des Oiseaux. Les Sauriens, nous l'avons dit, sont, ou à peu près, les seuls Reptiles chez lesquels on rencontre un peigne, mais parmu les autres ordres de cette classe, il est possible, d’après les études déjà faites et d’après nos propres recherches, d'établir une sorte de gradation dans laquelle les modifications apportées à la manière d'être des réseaux vasculaires de la chambre postérieure de l'œil seront présentées de façon à venir encore à l’appui de notre opinion, en montrant, pour ainsi dire, les diverses phases par lesquelles passent ces réseaux vasculaires avant de prendre une forme distincte, qui seule voile leur homologie. À ce point de vue, les Chéloniens nous ont semblé devoir prendre immédiatement place après les Sauriens. CHÉLONIENS. D'après les coupes que nous avons faites sur la Tortue mau- rituine, voici ce que l’on trouve: le nerf optique, de forme presque cylindrique, pénètre perpendiculairement les mem- branes de l’œil et suit un trajet direct jusqu’à la rétine. Dans ce parcours à travers la sclérotique épaisse, if se faitremarquer par son volume restreint et sa grande longueur. Quoi qu'il en soit, avant d'arriver à la rétine, le nerf optique traverse une /amina cribrosa dont la disposition et les caractères généraux méritent de fixer un moment notre attention. Elle n’occupe point, en effet, comme chez les Mammifères ou comme chez le Caméléon, (1) Sœmmerring, loc. cit., p. 60. ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 79 toute la largeur du nerf optique; chez la Tortue (1), elle est interrompue en son milieu, de telle sorte qu'elle permet aux fibres voisines de l’axe du nerf optique d'arriver directement à la rétine sans la traverser; elle figure donc une couronne, ou, pour être plus exact, elle est formée de deux ares, l’un supérieur et l’autre mférieur, arcs qui sont atténués tous deux à leurs ex- trémités, par lesquelles ils se rejoignent, de telle sorte qu’une coupe, passant exactement par le plan mené suivant l’axe du nerf optique et dans le sens de l'équateur de l'œil, présente les fibres nerveuses réunies en un seul faisceau au milieu duquel on ne peut découvrir lamoindretrace de lamina cribrosa. Celle-ci cependant existe, comme je viens de le dire, mais n'intéresse que la partie périphérique du nerf optique. Examinons-la en ces points. Les coupes qui passent par la lamina nous montrent qu’elle atteint un grand développement et s’avance profondément dans le nerf optique. Elle est fortement pigmentée, et ce pigment est en continuité avec celui de la choroïde; jusque-là il n°va rien de particulier, mais existence d’un véritableréseau vasculaire, en venant compliquer sa structure, contribue à lui donner une signification particulière. Le nerf optique de la Tortue mauritaine est, en effet, très- vasculaire, et d’après les coupes faites sur des sujets injectés au bleu de Prusse soluble, voici quelle est la disposition de ces vaisseaux. Un tronc situé vers lextrémité postérieure du nerf optique donne naissance à une forte branche qui, située dans l'axe même du nerf optique, arrive jusqu’au milieu de son trajet sans donner de rameaux bien apparents. Mais [à ce vaisseau se subdivise en trois ou quatre rameaux qui, par leur distri- bution, forment deux systèmes bien distincts, l’un destiné à la papille du nerf optique, l'autre à la lamina cribrosa, et voici la marche qu'ils suivent. Le premier de ces systèmes consiste en un vaisseau qui suit l’axe du nerf optique, et qui, sans se diviser dans son trajet, (4) Tortue Mauritaine, pl. 4, fig. 32 et 33. 80 H. BEAUREGARD. arrive au centre même de la papille. D’après ce que nous avons dit de la forme annulaire de la lamina cribrosa, ce vaisseau étant situé dans l’axe du nerf optique, ne rencontre point la lamina dans son parcours, et arrive sans encombre au niveau de la papille, ainsi que le montre la figure 32, planche 4. Les cylindres-axes du nerf optique, en se dirigeant vers la rétine, constituent une sorte de gros bourrelet, et c’est au milieu de ce bourrelet qu'arrive la branche vasculaire en question; là elle se ramifie brusquement en quatre ou eimq troncs assez forts et mesurant 0"",010 de diamètre, qui s’étalent dans la masse des cylindres-axes, et par des subdivisions dichotomi- ques forment un réseau qui ne dépasse pas les bords de la pa- pille et mesure comme elle environ 0°”,70 de diamètre. Ge réseau n’envoie aucune branche dans le corps vitré, et les ex- trémités des capillaires qui le constituent se recourbent en for- mant un arc dont la convexité est tournée du côté du corps vitré, ce qui indique bien que ce réseau est entièrement con- sacré à la papille. D’après cette description on ne peut se refuser à admettre chez la T. mauritanica un réseau rétinien dans les mêmes rap- ports de situation et d’origime que le réseau rétinien d’un grand nombre de Mammifères. Tel est le premier système vasculaire ; j'ai dit qu'il en existait un second. En effet, au pont où se partage l'artère centrale et où naît la branche mère du réseau rétinien, prennent également naissance quatre ou cinq autres branches. Parmi celles-ci, deux relativement volumineuses, après s'être écartées de l’axe du nerf optique, forment une courbe à concavité tournée du côté de la rétine et finalement, gagnant les parois du nerf optique, longent ces parois Jusqu'au point où, vu leur situation ces branches, rencontrent la lamina cribrosa, mais au lieu de la traverser elles s’y répandent et s'y subdivisent en un grand nombre de capillaires (pl. #4, fig. 33), qui forment de cette lamina un réseau vasculaire spécial plongé dans le nerf optique. Outre les deux branches qui fournissent à ce ré- seau, se voient aussiquelques rameaux plus fins, et parmi ceux-ci, quelques-uns, continuant leur trajet à travers la lamina cribrosa, ARTICLE N° Î. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 81 se rendent jusqu’à la papille, qu'ils atteignent à sa périphérie, vu leur situation dans le nerf optique, et où ils concourent à la formation du réseau rétinien précédemment décrit. Quoi qu’il en soit d’ailleurs, nous sommes donc iei en présence d’un pro- longement de la choroïde qui participe à la formation d’une lamina cribrosa, non point seulement pigmentée, mais d’une grande richesse vasculaire, et dont les vaisseaux ne sont point fournis par la choroïde, mais par l’artère centrale du nerf opti- que. De tels rapports nous permettent de comparer cette /amina cribrosa au peigne des Sauriens et à celui des Oiseaux. La trame du peigne des Oiseaux n’est, en effet, suivant nous, qu'une lamina hors du nerf optique, et d'autre part nous l'avons vu, le peigne du Caméléon est en continuité avec une lamina cri- brosa pigmentée, dont 1l semble n’être qu'une poussée dans le corps vitré, poussée qui acquiert des vaisseaux et reçoit le nom de peigne. | Je ne crois done point faire d’hypothèse, mais simplement noter un fait, en disant que chez la Tortue mauritaine il y a à la fois un réseau rétinien spécial, et un peigne, mais que ce peigne est renfermé dans le nerf optique, au lieu d’être imséré sur son extrémité. La Testudo mauritanica étant la seule Tortue terrestre que nous ayons pu examiner, nous ne savons s’il est possible d’éten- dre ces résultats à tous les Ghéloniens. Voici toutefois, au sujet de Poil de la Testudo Midas, ce que j'extrais du mémoire de Sœæmmerring (1) sur les yeux de l'Homme et des animaux. « Le nerfoptique, dit-il, entouré d’une enveloppe celluleuse dense.….., pénètre dans la sclérotique, et forme, avant de répan- dre ses fibres sur la rétine, un petit tubercule rond et de cou- leur blanchâtre. » C'est là évidemment la papille un peu proé- minente que nous ont montrée nos coupes transversales sur la Testudo mauritanica, et dans laquelle, nous l’avons vu, est res- treint le réseau rétinien. Enfin, nous avons eu l’occasion d'étudier les Tortues de mer (1) Sæœmmerrmg, De oculorum sectione horizontali, p. 57. Gœttingue, 1818. ANN. SC. NAT., AOUT 1876. IV. 6. — ART. N° 1. 82 HE. BHAUREGARB. Caouanne et Caretta, et nous pensons qu'elles n’offrent point de différences avec les précédentes. Nous n’affirmerons cepen- dant rien, car notre étude s’est bornée à l’examen ophthalmos- copique. Par ce mode d'investigation, 1lnous a étéimpossible de. reconnaitre l’existence d'aucun réseau vasculaire dans le corps vitré ou dans la rétine de ces animaux; seule, la papille du nerf optique, qui tranche fort peu par sa tete sur le reste de la rétine, se fait remarquer par une légère coloration rosée qui nous avait fait, au moment de cette observation, admettre l'existence d’un réseau vasculaire situé dans la masse même des cylindres- axes, et par cela même impossible à mieux apercevoir. Get examen ophthalmoscopique ayant été fait avant nos coupes sur l'œil de la T°. mauritanica, nous croyons pouvoir admettre l’exac- titude de notre première observation, et regarder ces Chéloniens comme munis d'un réseau rétimen restreint à la papille du nerf optique. Quant à la lamina cribrosa vasculaire, des observations au moyen de coupes microscopiques sont nécessaires pour en établir lexistence, que l’on ne peut admettre jusqu'ici que par analogie. Après les Chéloniens, dans la gradation descendante que nous nous sommes proposé d'établirde ces modifications des réseaux vasculaires, viennent les Crocodiliens. CROCODILIENS. Je n’ai pu d'aucune façon observer les yeux de ces Reptiles; mais il ressort de l'examen du Crocodilus sclerops et du Croc. Lucius, fait par Sæmmerring (1), que ces animaux possèdent à la surface de la papille du nerf optique une tache pigmentée de forme de disque, que cet auteur considère comme un rudiment du peigne des Oiseaux et des Sauriens. Nous n’avons pu savoir si des vaisseaux accompagnent ce dis- que pigmenté, ou s’il en existe dans la papille du nerf optique. Quoi qu'il en soit, en nous reportant à la forme discoïdale du peigne en forme de lamina cribrosa que nous avons décrit chez (1) Sœmmerring, loc. cit., p. 59. ARTICLE N° f. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒiL DES VERTÉBRÉS. 89 la Testudo mauritanica, 11 y aurait chez les Crocodiliens un pei- one également discoïde, et dont le retrait en arrière serait moins prononcé que chez les Chéloniens. Ces derniers devraient donc être placés après les Crocodiliens, et nous aurions ainsi fait, si ce classement n’avaitnécessité, pour être motivé, la connaissance des dispositions que nous avons étudiées chez la Tortue. OPHIDIENS. Viennent enfin les Ophidiens. D’après Hulke (1), il existerait un peigne dans l'œil du Bou constricter et dans celui de la Vipère. Pour la Vipère, que nous avons eu l’occasion d’exa- miner, il n'y a point de peigne à proprement parler, mais seule- ment un rudiment de peigne, dans le genre de la tache noire qui occupe le lieu d'entrée du nerf optique chez les Crocodi- liens (2). Voici en effet ce que l’on observe : Lorsque, sur des yeux durcis dans l'acide chromique, on enlève avec précaution le cristallin, celui-ci entrainant avec lui les restes du corps vitré ainsi que la membrane hyaloïde, on peut remarquer au pôle ou sommet postérieur de Paxe du cristallin une petite proéminence pigmentée, qui, à première vue, fait croire à l’existence d’un peigne. Si l’on fait alors des coupes sur l'hémisphère postérieur de l’œil, parallèlement à l’axe du nerf optique, on voit que ce nerf, de forme cylindrique à son entrée dans la sclérotique, se renfle, prend une forme ovoïde, et comme toujours répartit à la surface de la rétine une assez mince couche de cylindres-axes. Mais ce nerf optique présente une particularité de structure in- téressante : toute sa masse en effet est remplie de pigment noir affectant dans sa disposition en amas la forme de vaisseaux ra- mifiés, ou de cellules étoilées à prolongements longs et inégaux, comme l'indique la figure. En même temps aussi il est par- couru de vaisseaux. Or, lune et l’autre de ces formations, passant à travers une lamina cribrosa assez épaisse, vont for- (1) Hulke, On the retina of Amphibia and Reptiles (Journ. Anait. and Physiol., 1866) (2) Vipère, pl. 4, fig. 34. 84 EX. RNAUREHESANRTH. mer dans l’hyaloïde, d’une part une accumulation de pigment, d'autre part un réseau vasculaire. L'accumulation de pigment n’est autre que la proéminence noire que nous avons vue entraînée avec le cristallin; voicicom- ment elle se forme et quelle est sa disposition. En même temps que les cylindres-axes se partagent de chaque côté de la papille, le pigment que nous avons vu exister dans le nerf optique en- voie deux trainées qui se réunissent bientôt en une seule petite tige s’élevant au centre de la papille et mesurant 0"",060 de hauteur. L’extrémité de cette tige s'étale et acquiert une largeur de 0160, de telle sorte que l’ensemble de cette accumu- lation de pigment forme une sorte de massue ayant une lon- eueur totale de 0"",360, et plongée dans la chambre postérieure, directement fixée sur la papille du nerf optique. Le pigment y est en petits amas étoilés, semblables, le plus souvent à de petits capillaires enchevêtrés et ramifiés. D'autre part et en même temps que le pigment, les vaisseaux passent du nerf optique dans l’intérieur de œil; d’abord réunis en un cordon là où se trouve le pigment que nous venons de décrire, ils s’éta- lent bientôt dans la membrane hyaloïde, où ils forment un réseau d’une richesse remarquable. On peut donc conelure ici, non pas à l’existence d’un peigne semblable à celui que nous avons vu chez les Sauriens et les Oiseaux, mais à l’existence d’un riche réseau hyaloïdien qui, à son point de départ, traverse une masse pigmentée, et par là permet un rapprochement avec les autres Repüles, chez lesquels en effet le nerf optique porte à son entrée dans la chambre pos- térieure, tantôt un peigne, comme chez les Sauriens, tantôt une tache pigmentée sans réseau vasculaire, comme chez les Groco- diliens. La Vipère établit d'autre part une liaison entre les Reptiles précédemment étudiés et les Ophidiens, chez lesquels il ne semble pas exister de disposition semblable, et où seul le riche réseau hyaloïdien signalé par Hyrtl (1) se retrouve comme dans l’œil de la Vipère, mais dépourvu de pigment (4) Hyrtl, in Wiener Sitzungsberichten, vol. XLIII. ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 85 Couleuvre. — Dans la Couleuvre (Coluber Æsculapii), voici comment naît ee réseau : Le nerf optique, traversant les enve- loppes de l’œil en ligne droite, rencontre au niveau de la cho- roïde une lamina cribrosa fortement pigmentée. Sur les coupes qui passent par axe du nerf optique parallèlement à l'équateur de l'œil, on constate qu'à ce niveau, la lamina cribrosa est peu apparente et ne se laisse voir que sur les côtés du nerf. Elle a done une forme de disque comme chezles précédents Reptiles. C’est au niveau de cette lumina et en dehors, dans la selérotique, que se trouve le tronc artériel qui, pénétrant latéralement dans le nerf optique, gagne sa partie centrale, et arrivé à l’endroitoù s’écartent les bourrelets nerveux destinés à la rétine, donne naissance aux rameaux qui vont former le réseau hyaloïdien dont j'ai parlé. En résumant ce que nous venons de voir chez les Reptiles, il nous sera possible non-seulement de montrer les rap- ports intimes qui unissent les diverses formations que nous avons étudiées, mais encore de trouver de nouvelles preuves du rapprochement que nous avons fait, et déjà prouvé, du réseau du peigne des Oiseaux avec le réseau hyaloïdien des Mammi- fères. Chez les Reptiles, en effet, nous avons trouvé tantôt un peigne en tout semblable à celui des Oiseaux, tantôt un réseau hyaloïdien, et ce réseau, chez les Ophidiens, s’est montré quel- quefois disposé de façon à représenter une sorte de peigne dont les vaisseaux, se débarrassant bientôt de tout pigment, se répan- daient au lom à la surface de Phyaloïde. Par leurs rapports et leur origine, toutes ces formations, nous l’avons vu, sont semblables ; dès lors nous pouvons reconnaitre dans le peigne des Oiseaux l’analogue d’un réseau hyaloïdien. L’anatomie com- parée nous conduit en somme au même résultat que l'étude embryogénique. (4) PL 4, fig. 35. 86 HE. Bi AURNDGARD. BATRACIENS. Grenouille (1). — Nous prendrons pour exemple la Gre- nouille, qui présente d'ailleurs un mtérèêt particulier. Déjà en 1866 M. Guignet (2) communiquait, au sujet de ce Batracien, une note intéressante, dans laquelle il décrivait le résultat d'observations ophthalmoscopiques qui lui avaient permis d’apercevoir dans Pœæil de la Grenouille un riche réseau hyaloïdien, dans les vaisseaux duquel on pouvait admirer le mouvement circulatoire des globules du sang, qui, semblables à des grains de sable, s’écoulaient rapidement avec une eclo- ration variable du rouge au jaune. M.R. Berlin (3) complétait ces résultats en 1872, et montrait que les vaisseaux qui forment ce réseau hyaloïdien ne sortent pas de la papille; l'artère pénétrant dans l'œil, au niveau de l'insertion du droit supérieur. Nous avons repris l'étude de la Grenouille et nous pouvons confirmer ces résultats. À Pexamen ophthalmoscopique, la papille se distingue assez peu nettement du reste de la rétine ; une temte laiteuse mdique seule sa présence. Quant au réseau hyaloïdien, voici comment il paraît formé. Tout à fait à la partie supérieure de l'œil se voit une tache un peu allongée et blanchâtre. C’est vers elle que se rend une veine dont le parcours est le suivant : venant du segment inférieur de œil, elle remonte vers la partie supé- rieure, passe à la surface de la papille, qu'elle paraît ainsi diviser en deux segments, l’un interne et l’autre externe, et un peu au- dessus de cette papille reçoit une forte branche venue du segment interne de l’œil. Elle continue en même temps son trajet vers en haut et vient aboutir à la tache blanche dont j'ai parlé. Au point où elle entre dans cette tache, elle reçoit deux rameaux, (API AR MSTE (2) Cuignet, Ann. d’oculistique, septembre 1866. (3) R. Berlin, Ueber Sehnervendurchschneidung (Zehend-Monatsbl., IX, S. 278). ARTICLE N° Â. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L’ŒIL DES VERTÉBRÉS. 87 l’un provenant de la partie supérieure et mterne de l'œil, Pautre de la zone externe. Les vaisseaux dont Je viens de décrire la marche, sont des vaisseaux veineux, et, pour s’en convaincre, il suffit d'examiner les nombreux capillaires qui de toutes parts se rendent à ces troncs; le sang de ces capillaires, que lon voit parfaitement circuler, va grossir la masse sanguine renfermée dans les gros troncs. Quant à l'artère, son petit volume la rend difficile à suivre ; elle pénètre dans l'œil par l'ouverture qui donne passage aux vaisseaux veineux. Les coupes que j'ai faites sur des yeux durcis viennent à l’ap- pui de ces conclusions, et montrent que la tache blanche signa- lée dans l’examen ophthalmoscopique est formée par une bande de tissu conjonctif de la choroïde, qui est entrainé par les vais- seaux en pénétrant dans l'œil. Gette bande se trouve environ au niveau de la base de la zone ciliaire, où elle passe dans l'œil à travers une fente de la rétine, ainsi que le représente la coupe fig. 3, pl. #4, faite transversalement à l’axe de cette fente. J’ajouterai que ce point d'entrée des vaisseaux dans l'œil est également visible comme une sorte de petite cheville opaline très-distincte sur des yeux fraichement énucléés. Nous sommes donc en présence d’un réseau hyaloïdien, dont l’origine s’écarte de celle des réseaux que nous avons étudiés jusqu'ici, mais y est facilement rattachée, si l’on observe que cette artère hyaloïde n’est autre qu’une branche antérieure de l’ophthalmique. Nous allons du reste rencontrer chez les Pois- sons des modifications à peu près analogues reliées aux dispo- sitions décrites chez les Reptiles et les Oiseaux par une série d'états intermédiaires. RÉSEAUX VASCULAIRES DE LA CHAMBRE POSTÉRIEURE DE L’ŒIL DES POISSONS. Dans l'œil des Poissons, on ne trouve jamais d’organe sem- blable par sa forme au peigne des Oiseaux ou à celui des Sauriens. Mais après avoir vu cet organe disparaitre chez les. Reptiles, pour faire place, chez un certain nombre d’entre eux et chez les 88 HI. BUANREGANMI. Batraciens, à un réseau hyaloïdien de même origine d’ailleurs et de même nature que le peigne, on ne doit point s'étonner de trouver chez les Poissons un réseau hyaloïdien semblable, et nous aurons en effet à en signaler la présence chez un grand nombre d'espèces, ainsi que Hyrtl (4) et Müller (2) en ont depuis longtemps fait mention. Ce réseau hyaloïdien n’existe cepen- dant pas toujours, et lorsqu'il manque, il est généralement remplacé par une sorte de repli appelé processus falciforme, qui s'attache au cristallin par l'intermédiaire d’un organe spé- cial qui fut décrit pour la première fois par Haller sous le nom de campanula. Rarement le repli falciforme existe conjomte- ment avec un réseau hyaloïdien ; plus rarement encore, Poil, dépourvu de l’un et de l’autre, se trouve manquer de vais- seaux dans la chambre postérieure. Un certain nombre d'auteurs ont publié sur la campanula et le processus falciforme les résultats de leurs travaux; dans l'exposé qui va suivre nous résumons ces Connaissances, et nous y joignons les recherches que nous avons pu faire sur un assez grand nombre d'espèces (3). Dans ces recherches nous avons autant que possible appliqué deux méthodes différentes d'investigation. D'une part, au moyen de l’examen ophthalmoscopique qui n'avait point encore pu être employé, nous avons relevé l’état du fond de l'œil chez l'animal vivant ; et d'autre part l'étude sur les sujets-frais, complétée de coupes sur les yeux durcis dans l’acide chromique, nous a permis de contrôler les premiers résultats. Mais l’examen ophthalmoscopique ne peutsefaire que sur des sujets vivants; car chez les Poissons morts, quoique récemment, le prolongement du derme qui, en s’étalant à la surface de l'œil, lui forme une sorte de revêtement extérieur, ne tarde pas à se troubler au point d'empêcher la pénétration des rayons (1) Hyrtl, Loc. cit., 1861, p. 207-212. (2) Müller, in Wurzb. naturw. Zeitschr., vol. I, p. 64. (3) À ce propos, je ne saurais trop remercier M. Lennier, directeur de l'aquarium du Havre. C’est à l’amabilité avec laquelle il a mis à ma disposition les richesses que renferme cet aquarium que je dois d'avoir pu donner à cette partie de mon mémoire un certain développement. ARTICLE N° 1, RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 89 lumineux dans Pœæil. À ce trouble vient s'ajouter celui qui est produit par l'opalescence qui se manifeste très-rapidement dans la substance du cristallin. Il s'agissait donc de pouvoir con- server vivants les Poissons soumis à l’examen ophthalmosco- pique, et de plus de les rendre immobiles. M. Cuignet, ayant essayé cet examen sur des Poissons placés dans des vases de verre mince, ne put arriver à éclairer le fond de l'œil. Gette méthode ne donne en effet aucun résultat. Voici celle que nous avons employée. Un bac plein d’eau est placé sur le pied très- large d’une potence. À la branche horizontale de cette potence est fixée une petite poulie dans laquelle s'engage une chainette terminée par un crochet. Ge crochet se fixe en un pot quel- conque de la partie buccale de l’animal en expérience, qui se trouve ainsi verticalement placé, et plonge presque compléte- ment dans l’eau du bac imférieur ; seule la tête dépasse le niveau du liquide, et, pour éviter les soubresauts que lanimal ne man- querait de faire et obtenir une immobilité complète, le corps du Poisson est saisi entre deux planchettes articulées entre elles à l'une de leurs extrémités. L’écartement entre les deux bran- ches de cette pince plate est maintenu au degré voulu à Paide d’une vis de pression. La condition d’immobilité est ainsi rem- plie. Pour conserver vivant l’animal pendant l'expérience, ÿ'en- tretiens la respiration en amenant d’un réservoir un filet d'eau qui s'écoule au moyen d’un tube dont l'extrémité arrive au niveau de l’orifice buccal. Cette eau s'écoule dans les branchies et remplit parfaitement le rôle désiré. Jai pu, en effet, par ce moyen, entretenir la vie pendant plusieurs heures de suite chez des Poissons qui meurent ordinairement très-vite, lorsqu'ils sont hors de leur élément, et bien plus j'ai constaté qu'ils pouvaient, après l'expérience, reprendre leur place dans Îles bacs d’où ils avaient été retirés. Ces résultats m'ont engagé à donner la description de cet appareil, qui peut rendre quelques services dans maintes expériences physiologiques. Quoi qu'il en soit, avant de commencer l'exposé de mes recherches, je vais rapidement faire connaître la nature du repli falciforme, d’après les indications de Leydig. 90 NH. BAHAUREGARIM. Suivant cet auteur (1), «la membrane homogène et conjonc- tive, qui dans la choroïde porte le développement des vaisseaux, se continue par une fissure de la rétine, en formant une espèce de cloison, jusqu’au bord de la capsule du cristallin. Ilarrive même qu'elle se fusionne avec cette dernière. Le trajet que le ligament ou repli falciforme parcourt de la rétine au cristallin ne se fait pas en ligne droite à travers le corps vitré, 1l est con- centrique à la rétine; ce n’est que fort en avant qu’il se courbe comme un Corps ciliaire, en coupant transversalement l’axe de l'œil pour aller se fixer à la capsule cristallinienne. Cet organe renferme un tronc nerveux, formé de fibrilles larges, à doubles contours, puis de vaisseaux sanguins avec plus ou moins de pigment. Toutes ces parties réunies constituent le repli falciforme. Son extrémité est épaissie au voisinage du cristallin, et cet épais- sissement provient d’une masse de fibres musculaires lisses qui enlacent le cristallin de la même façon que les doigts et la partie plane de la main entourent une boule. » Je donne cette description et ne la discute pas actuellement, me réservant, après l'exposé de mes recherches, de formuler mon opinion sur certains points qui me paraissent susceptibles d’une interprétation difiérente de celle que Leydig a adoptée. Je diviserai cette étude en deux parties. Dans la première, J'exposerai mes recherches sur lorigine et les rapports du repli faleiforme et de la cloche avec les différentes parties de Poil. Dans la seconde, je traiterai plus spécialement de la structure histologique de ces organes, et établirai leur nature par rap- port à ceux que nous avons décrits précédemment chez les Oiseaux, les Reptiles et les Batraciens. Étudier à ce point de vue les Poissons dans l'ordre de leur classification, m'a paru la meilleure méthode à suivre en pré- sence de la disposition de ces divers organes vasculaires qui, dans ses modifications, suit une marche parallèle ou à peu près à l’ordre établi entre les différentes espèces. (1) Leydig, loc. cit. ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 91 ACANTHOPTÉRYGIENS. I. PErCoïDEs. — Dans ce sous-ordre deux espèces ont été étudiées, le Labrax Lupus (Bar) par Leydig (D) et la Perca flu- vialilis (Perche) (2) par Cuvier. Jai repris l'étude de ces deux espèces, et jy ai joint des recherches sur le Trachinus Draco (Vive). 1° Labrax Lupus (Bar) (3).—Levdig a déjà signalé la présence d’une cloche dans l’œil de ce Poisson. A l'examen ophthalmosco- pique, on aperçoit en effet, vers le côté externe de l’œæil, une sorte de cordon arrondi, d’un blanc brillant, se détachant très- nettement sur le fond sombre de la rétine; ce cordon est dirigé en bas, en avant, et vers le côté externe de l'ail. À son extrémité antérieure 11 semble s’élargir, et prend la forme d’un voile trian- oulaire dont le sommet, situé assez loin au-dessous de la papille, est marqué d’une tache noire pigmentée de forme ovale, et se continue dans le cordon blanc. La surface du triangle se perd tout à fait en bas et ne peut être suivie jusqu’à son extrémité. De la tache noire pigmentée dont je viens de parler, sort un vais- seau qui continue son trajet dans le voile triangulaire. Il ré- sulte de cet examen : 1° qu'il n’y a point de réseau vasculaire hyaloïdien dans l'œil du Labrax; ® qu'il y a un repli faleiforme et une cloche. En effet, l'examen direct d’un sujet frais nous a permis de constater à l'extrémité du repli falciforme un renfle- ment non point globuleux, comme le figure Leydig, mais plutôt en forme de massue un peu aplatie latéralement et ayant environ un demi-millim. d'épaisseur. Ge renflement ou cloche est fort peu pigmenté, et ce n’est qu'à son sommet, là où il s’insère à la capsule du eristallin, que le pigment, s’accumulant, forme une tache d’un noir foncé. Quant à l'insertion de cette cloche, elle se fait ici non pas, comme le dit Leydig, en embrassant large- ment la capsule cristallinienne, mais par l’extrémité même de la masse des fibres musculaires, qui sont ainsi perpendi- (1) Leydig, Traité d'histologie, p. 208. (2) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, xn® leçon. Paris, 2 édit., 1845. (3) PI 5, fig. 45. 92 5. HKAUREGARD. culaires à leur surface d'insertion, disposition conforme à celle que signale M. Leuckart (1) chez le Saumon (2). Enfin, nous constatons également ici, comme au moyen de lophthalmos- cope, que les vaisseaux destinés à cet organe pénètrent non pas au niveau de la papille du nerf optique, mais au-dessous de celle-ci, en un point pigmenté, que nous signalions également dans notre première investigation. Je ferai remarquer que dans le cas présent la pigmentation du repli faleiforme est réduite à ce point et n’occupe pas toute la longueur du repli. Enfin, sur les coupes menées parallèlement à laxe du nerf optique et dans le sens équatorial, on voit que ce nerf optique, passant à travers une lamina cribrosa très-fortement pigmentée, forme, avant de se répandre à la surface de la rétine, une papille assez proéminente, et qu'avec lui ne pénètre aucun rameau vasculaire dans l'œil du Labrax. Les vaisseaux, comme nous l’avons déjà dit, pénètrent dans Pol un peu au-dessous de la papille, accompagnés de tissu conjonctif qui contribue à donner au repli falciforme la coloration blanche qui le dis- tingue à examen ophthalmoscopique. 2 Perca fluviatilis (3).— Chez la Perche, il y a également un repli falciforme et une cloche, ainsi que Guvier l'avait déjà indiqué. À Paide de lPophthalmoscope, on aperçoit dans la partie inférieure de l’œil une longue bande blanche, plus large que chez le Bar, et qui, partant du lieu d'entrée du nerf optique, se dirige en bas et en avant. Le milieu de cette bande est occupé par une ligne noire très-fortement pigmentée, qui, prenant son point de départ d’une tache ovale pigmentée, située au ‘milieu de la papille du nerf optique, parcourt toute la longueur du repli falciforme, et le distingue ainsi du repli falciforme du Labrax Eupus, qui, nous l'avons dit, n’est pigmenté qu’au point où pénètrent les vaisseaux destinés à la cloche. Pans l'œil de la Perche, les vaisseaux n'apparaissent point à l’ophthalmos- cope, Car 1ls sont cachés au milieu du pigment. D’autre part, (1) Leuckart, loc. cit., p. 226. (2) PL. 5, fig. 45. (3) PI. 5, fig. 47. ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 93 aucun réseau vasculaire ne peut être découvert dans la mem- brane hyaloïde. 3° Trachinus Draco (Nive) (4).—CGhez cette espèce, l'examen ophthalmoscopique est rendu assez incertain par la présence d'une légère couche de pigment qui, siégeant sur la partie supé- rieure et externe de la conjonetive antérieure, ne permet pas d'obtenir une image nette du fond de l'œil, et il n’est possible que d'enregistrer l'existence d’un réseau vasculaire, dont nous avons pu déterminer l’origine et la situation au moyen de coupes faites sur des yeux durcis dans l'acide chromique. Lorsque, par une incision circulaire, on divise en deux hémi- sphères, antérieur et postérieur, un de ces veux durcis, et qu'à laide d’une pince on essaye d'enlever le cristallin resté enchâssé dans l'hémisphère antérieur, on s'aperçoit que du côté inférieur celui-ci est solidement retenu par une sorte de voile membra- neux, dont l’un des bords est fixé à la eristalloïde, tandis que les: deux autres vont se réunir en un point d’un sillon que l'on voit en continuation directe avec la papille. Cette membrane occupe donc ici la même situation que la campanula chez les deux espèces précédemment étudiées. Par des coupes faites sur le segment postérieur de lPœil dans une telle direction qu’elles comprennent à la fois le nerf optique et l’insertion de ce voile membraneux, voici ce que l’on constate : Le nerf optique (2), après avoir pénétré la sclérotique, suit à travers cette enveloppe un trajet oblique qui l'amène à percer la rétine un peu au-dessous de son point de pénétration dans l'œil. Là les fibres nerveuses réunies en grand nombre, forment une papille légèrement proéminente, recouverte d’un pigment très-noir, dont les grains réunis en petites masses arrondies, se distinguent facilement du pigment dela choroïde. A O%% 15 envi- ron au-dessous du point où le nerf optique pénètre la face postérieure de la sclérotique, entre dans cette membrane une branche artérielle qui, par un trajet oblique en avant et en bas, passe entre le nerf et l’extrémité supérieure du lobe inférieur de (1) PI. 4, fig. 38. (@) PL. 4, fig. 38. 94 I. BEÉAUREGARD. la glande choroïdienne, et, perçant la choroïde, arrive au niveau de la rétine. Cette branche artérielle continue alors son parcours à travers une fente de la rétine, et arrive dans la chambre pos- térieure, accompagnée de tissu conJoncüf fourni par la choroïde. Ces éléments constituent par leur réunion la membrane dont j'ai parlé, membrane formée de deux feuillets qui vont s’insérer à la limite antérieure du bord inférieur de la capsule du cris- tallin. De nombreux capillaires naissent de l'artère dont Je viens de décrire le parcours, et donnent naissance d'autre part à une veine qui suit le même trajet. L’examen microscopique m’ayant permis de retrouver des éléments nerveux et musculaires dans la partie voisine de la capsule du cristallin, je pense pouvoir admettre ici l'existence d'un repli falciforme qui, se confon- dant avec l’hyaloïde, vient se terminer et s'insérer sur la cap- sule de la lentille. Gette dernière partie est pigmentée, et par là comparable à la cloche de beaucoup d’autres espèces. Il. Jours CUIRASSÉES. — Parmi les espèces de cette subdi- vision, une seule avait été étudiée, le Peristihion Cataphracta, chez lequel Leydig a signalé Pexistence d’une campanula. Nous ajouterons ici la description du Trigla Hirundo (Rouget gron- din), et celle du Cottus Scorpius (Chabot). À Trigla Hirundo. — Un brillant tapis d’un vert-émeraude occupe les parties interne et externe de lol, et se remarque tout d’abord à l’examen ophthalmoscopique. Ce tapis toutefois s'arrête tout autour de la papille du nerf optique, dont il permet d’apercevoir une image très-nette. Cette papille, arrondie en sa partie supérieure, se continue par son extrémité inférieure en une bande d’un blanc éclatant, dont les bords frangés représentent comme les pennes d’une plume (pl. 5, fig. 48). L’axe de cette bande est occupé par un vaisseau qui en parcourt toute la longueur, et qui, recouvert comme d’une légère teinte de rouille, permet de supposer ici l'existence d’une couche de pigment en bas et en avant ; il est impossible avec Fophthalmoscope de voir où finit cette bande et où aboutit le tronc vasculaire. À part cela, l'œil ne présente aucun réseau capillaire dans l’hyaloide. Nous sommes donc ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 99 encore ici en présence d'un repli falciforme terminé par une cloche, ainsi que nous pouvons nous en convaincre par l'examen de pièces fraiches. Mais cette cloche n’a point la forme de celle que nous avons rencontrée chez le Bar; ce n’est point un renfle- ment globulaire ou en forme de massue, mais une sorte de triangle isocèle, dont l'angle au sommet, très-largement ouvert, se continue dans le repli falciforme ; la base de ce triangle s’in- sère sur la capsule du cristallin, l'embrassant ainsi à la manière décrite par Leydig. Gette cloche est très-fortement pigmentée sur toute sa surface, et contient vaisseaux, nerfs et fibres mus- culaires, éléments qui, nous l'avons vu, caractérisent cette formation. Nous reviendrons d’ailleurs sur l'étude histologique de cet organe, et pour le moment nous allons montrer ce qu'est le repli falciforme, l’origine des différentes parties qui le consti- tuent, et ses rapports de position dans la chambre postérieure. Pour nous rendre compte de ces diverses particularités, nous avons fait des coupes transversales sur toute la longueur de la bande blanche que nous montrait l’ophthalmoscope; ces coupes peuvent se diviser en deux parties : celles qui, faites sur la partie moyenne de l’hémisphère postérieur de Pœil, intéressent le nerf optique et la papille; 2° celles qui, faites sur la partie inférieure de cet hémisphère, intéressent le repli falciforme. Par les premières, nous constatons que le nerf optique, péné- trant dans l’œil en ligne droite, s'engage au niveau de la cho- roïde dans une sorte de gouttüière qu'il s'y creuse, et de laquelle il envoie, à travers une fissure correspondante de la rétine, ses cylindres-axes à la surface interne de cette dernière. I forme done une papille semblable à celle des Oiseaux. Une lamina cribrosa peu épaisse et pigmentée livre passage à ses fibres; mais aucun vaisseau ne pénètre avec elles dans la chambre pos- térieure. Ce n’est done point du centre de la papille que nait le vaisseau qui parcourt le repli falciforme. Mais si nous passons à l'examen des coupes immédiatement inférieures à la papille, nous voyons que la rétine reste divisée et que, par la fente ainsi produite, pénètrent dans Poil des vais- seaux, des éléments nerveux et du tissu conjonctif de la cho- 96 H. BEAURMGARD. roïde. Les vaisseaux pénètrent les premiers, enveloppés dans une sorte de gaine lâche de tissu conjonctif; bientôt arrivent les fibres nerveuses à double contour, qui forment au milieu du repli faleiforme une masse de 0%°,05 d'épaisseur; autour de ce tronc nerveux on peut voir les vaisseaux contenus dans la gaine conjonctive qui enchâsse pour ainsi dire la masse ner- veuse, ainsi que le représente la figure 39, planche 4. Bientôt, et plus on s'approche de lattache de la cloche, on voit cette masse nerveuse augmenter de volume jusqu'à mesurer 0"",49 d'épaisseur. On s'aperçoit aussi que le nombre des vaisseaux s’est accru; eeci s'explique facilement. Dans l'œil du Trigle, en effet, la fente de la rétine est continue, et le tissu conjoncü envoyé par la choroïde constitue, en occupant toute la longueur de cette fente, une sorte de cloison à double paroi, qui, se dédoublant une fois arrivée au niveau de la rétine, renferme entre ses parois le tronc nerveux et les vaisseaux. Sur les coupes transversales, cette cloison forme comme un pédicule qui soutient le tronc nerveux où mieux le repli faleiforme, à la surface de la rétine, et l’on peut voir que plusieurs vaisseaux pénètrent par la fente rétinienne; ces vaisseaux, branches d'un plus gros tronc situé dans la choroïde et qui longe toute la base du repli, pénètrent d'espace en espace dans ce repli. Ainsi done, dans le repli falciforme, le tronc nerveux et les vaisseaux sont situés parallèlement à la fente de la rétine, et renfermés dans une gaine conjonctive fournie par la choroïde, à laquelle elle adhère sur toute la longueur du repli. Au niveau de la zone ciliaire, ce repli, abandonnant la choroïde, s'attache à l'angle de la cloche ; il a décrit ainsi dans son trajet un are à concavité interne, et est resté situé au milieu d’une fente, peu profonde d’ailleurs, ménagée dans le corps vitré. 2 Cottus Scorpius (Ghabot) (4).—Comme le Trigle, le Cottus Scorpius estmuni d’un repli faleiforme terminé par une cloche. L'examen ophthalmoscopique, assez incertain pour la même raison que celle dont nous avons parlé à propos du Trachinus (1) PL 4, fig. 40. ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L ŒIL DES VERTÉBRES. 97 Draco, permet cependant d’apercevoir une papille un peu ovale, rosée, et comme vasculaire, qui se continue en bas par un pro- longement d’un blanc brillant. Les coupes transversales nous renseignent mieux, et l’on en peut conclure que chez le Chabot, contrairement à ce qui a été décrit chez le Trigle, insertion du repli faleiforme commence sur la papille même du nerf optique. En effet, le nerf optique, dans son trajet jusqu’à la rétine, se creuse une gouttière qui s'ouvre suivant une certaine longueur à la surface de la rétine, de telle sorte que la papille qu’il forme est ovale et allongée vers la partie imférieure de l'œil. Or, au voisinage de l'extrémité terminale du nerfoptique, ses eylindres- axes en se répandant sur la rétine forment deux bourrelets laté- ralement situés par rapport à un sillon que détermine leur écar- tement et dans le fond duquel arrive, en traversant la masse du nerf optique, une sorte de cordon formé de tissu conjonctif em- prunté à la choroïde et accompagné d’un vaisseau. Ge cordon, arrivé au fond du sillon dont je viens de parler, s’élève en ligne droite jusqu’au niveau de la surface de la rétine, où il se divise en deux lames qui (pl. 4, fig. 40) contiennent les vaisseaux et le issu conjoncüf du repli farciforme naissant. Le sillon ainsi formé au milieu des cylindres-axes de la papille mesure environ 0"",20 de profondeur et se continue ensuite sur la rétine. Dans toute sa longueuril est occupé par la cloison conjonctive envoyée par la choroïde et est traversée de place en place par des vais- seaux destinés au repli falciforme. On voit, d’après cela, que le repli falciforme du Cottus Scor- pius, diffère de celui du Trigla Hirundo en ce qu'il s’étend du milieu même de la papille. Pour le reste, d’ailleurs, la disposi- ton est semblable. Quant à la cloche, très-fortement pigmentée, elle affecte la forme triangulaire et les rapports avec le cristallin que nous avons décrits chez le Trigle. FIL. ScrÉNoÏDEs. — Parmi Îes Sciénoïdes (1) Leydig, signale l'existence d’une cloche chez l'Umbrina cirrosa. (1) Levdig, loc. cit. ANN. SC. NAT., AOUT 1876. IV. 7. — ART. N° (|, 98 MH. BEAUREGARD. IV. Sparoïpes. — Chez les Sparoïdes, le même auteur a étudié le Dentex vulgaris, qui également possède une cloche. Nous avons dans la même famille soumis à lexamen ophthal- moscopique le Sparus Cantharus (Ganthère). Le volume, rela- tivement grand de l’œil de ce poisson rend l'observation facile. Une papille arrondie apparaît au fond de l'œil, obscureie en son centre par une tache de pigment d’un noir très-foncé, dont les bords frangés donnent l’image que représente la figure 49, planche 5. À l'extrémité inférieure de cette papille le pigment cesse, et l’on voit sortir en ce point un assez gros vaisseau qui, se dirigeant en bas et en avant, peut se suivre fort loin jusqu’en un point où il pénètre dans une masse opaline, qui évidemment est l’image de la cloche. Les coupes sur lœil durci par l'acide chromique vérifient en effet ces résultats. Sur les coupes longitudinales on peut voir le nerf optique former une papille un peu allongée, comme lindiquait l'examen ophthalmoscopique, et recouverte d’un épais pigment noir. A son extrémité inférieure le nerf optique est traversé par les vais- seaux qui, accompagnés de substance conjonctive, constituent un repli falciforme absolument semblable à celui dont j'ai donné la description chez le Coffus Scorpius. Je ne m’arrêterai donc pas davantage sur ce sujet, et me contenterai de signaler ici l'absence de pigment à la surface du repli falciforme, ainsi que l’absence de réseau vasculaire hyaloïdien dans la chambre postérieure. Nous n’avons pu nous procurer aucun représentant des Ménides et des Squamipennes, mais nous avons été plus heu- reux pour les Scombhéroïides. V. ScomBÉRoOIDES. — Dans cette famille, en effet, Guvier (1) a déjà fait connaître chez trois espèces l'existence d’une cam- panula. Ce sont le Lumpris guttatus (Poisson Lune), le Scomber Scombrus (Maquereau), et la Dorée Zeus Faber. Nous pou- vons ajouter à ceux-ci le Caranx Trachurus (Carangue). Carangue. — Chez le Caranx Trachurus, le diamètre consi- (1) Cuvier, loc. cit. ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 99 dérable de la pupille, qui mesure environ 12 milllimètres, est une condition des plus favorables à l'examen ophthalmosco- pique, aussi avons-nous pu recueillir des renseignements pré- cis par ce premier mode d'observation. À peine a-t-on éclairé le fond de l’œil, que l’on aperçoit, vers son centre, une papille brillante arrondie, de dimension relativement petite, complé- tement dépourvue de pigment, et qui se continue en bas et un peu du côté externe au côté interne, par une bande également blanche et sans pigment, assez remarquable par son peu de largeur. Un vaisseau qui prend naissance au milieu dela papille, suit cette bande dans toute sa longueur, mais il n’en occupe point l’axe comme précédemment, et se fait au contraire remarquer par son trajet sinueux, tel que le représente la figure 50, planche 5. Grâce au diamètre de la pupille on peut suivre très-loin ce repli et le voir à la partie inférieure de l'œil former une courbe brusque qui changeant sa direction l’amène jusqu’à la capsule de la lentille. L'observation directe, sur l'œil énucléé d’un sujet frais, confirme pleinement cette observation, et montre, à l’extrémité du repli faleiforme, une cloche qui mérite de fixer un moment notre attention. Cettecloche, complétement dépourvue de pigment, n’a pas la forme triangulaire que nous avons déjà rencontrée chez un certain nombre d'espèces, mais la forme de massue que nous avons déjà décrite chez le Labrax Lupus. Toutefois elle est plus volumineuse et mesure environ 6 millimètres de lon- oueur sur ? millimètres de largeur, et 0°",50 d'épaisseur. De plus, lextrémité du repli falciforme semble se prolonger dans l’intérieur de la masse de cette cloche jusque vers son milieu, point où l’on distingue une sorte de petit bouton blanc, se détachant assez nettement au milieu de la substance rosée qui constitue la cloche. Mais ce qui frappe surtout, c’est que l’extrémité terminale du repli falciforme, après s'être re- courbée de façon à se diriger du côté de la capsule du cris- tallin, semble passer à travers la région ciliaire, où elle dis- parait un moment cachée par un épais pigment. Ce n’est là toutefois qu'une apparence, et par des coupes longitudinales 100 BE. BRAUREGARD. faites sur cette portion, j'ai constaté que, au point où la cloche s'attache au repli falciforme, naît une sorte de diverticulum en forme d’écusson fortement pigmenté sur ses deux faces et dont la substance est formée de tissu lamineux et de quelques vais- seaux fournis par des branches vasculaires du processus falci- formis. Get écusson s'applique contre la choroïde el y adhère, mais par simple contact et sans entrer en communication avec elle, (pl. #, fig. #4). Quant aux rapports de la cloche avec le repli falciforme et avec la capsule du cristallin, 1l est facile des’en rendre compte. Sur les coupes longitudinales faites sur la partie inférieure de cet organe, on voit que les vaisseaux du repli falciforme, en atteignant la campanula, se divisent en deux portions : l’une, accompagnée de quelques fibres nerveuses, pénètre au milleu même de la masse musculaire dans un con- duit qui y est ménagé, et s’avançant Jusque vers le milieu de sa longueur, forme en ce pont une sorte de renflement que nous avons déjà signalé plus haut. L'autre portion du repli falci- forme constituée par des vaisseaux, des fibres nerveuses, et une masse assez forte de tissu conjonctüf, adhère à la face dorsale de la cloche et l’accompagne jusque vers son extrémité. C’est par cette extrémité et non par toute sa surface que se fait attache de la campanula à la capsule du cristallin (1), et cette insertion se fait sans l’intermédiaire d'aucun autre élément; les fibres musculaires se terminent brusquement et adhèrent à la capsule dans laquelle elles se sont creusé une sorte de cavité, semblable- ment à ce que nous avons vu lorsque le peigne des Oiseaux adhère à la cristalloïde (pl. #4, fig. #1). Quant au repli falciforme, 1l ne présente rien de remarquable. Les coupes que nous avons faites nous le montrent, comme rap- ports et comme origine, en tout semblable à celui du Sparus Cantharus, et en général à ceux de tous les Poissons chez les- quels les vaisseaux prennent naissance à la fois sur la papille du nerf optique et sur le trajet que suit le processus falei- formis fixé à la choroïde, au fond dela fente rétinale. Enfin nous constatons encore 1c1 l’absence de réseau hyaloïdien. (1) PI. 5, fig. 51. ARTICLE N° À, RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 101 VI. Mucicoïpes. — Dans cette famille, nos recherches ont porté sur une seule espèce, le Wugoil Gapito (Mulet). A l'examen ophthalmoscopique, on aperçoit, au fond de l'œil, une tache noire pigmentée, arrondie, à bords irréguliers, et entourée d’une auréole blanche se détachant fortement sur la rétine. Cette tache, située au côté externe de l'œil, apparaît et disparait fré- quemment, suivant les mouvements de l'œil. Elle n’est point prolongée en bas par une bande blanche comme jusqu'ici nous avions toujours vue (pl. 5, fig. 52), et de cet examen nous pouvons conclure à l’absence de repli faleiforme et par suite à Pabsence de campanula. C'est ce que confirment l'examen direct fait sur un œil frais et les coupes sur les yeux durcis. Sur ces coupes, en effet, on constate que le nerf optique formé de deux rubans fortement plissés, pénètre la sclérotique environ au niveau du centre de la partie postérieure de l’œil, mais au lieu d'arriver directement à la rétine, 1l se creuse une gouttière oblique à travers la sclérotique et la choroïde, et n’arrive à la rétine qu'à 3 millimètres environ du côté externe de son point d'entrée dans la sclérotique, aussi la papille qu’il forme est-elle très-excentriquement placée; comme l’ophthalmoscope nous lavait montré, les cylindres-axes de cette papille sont recouverts d’une couche de pigment très-foncé qui dépend de la choroïde, de telle sorte que cette dernière membrane semble à peme s’interrompre pour laisser passer les fibres nerveuses. C'est là le premier exemple que nous ayons rencontré chez les Acanthoptérygiens de l'absence du repli falciforme et de la cloche. Je ferai remarquer en même temps qu'il n'existe d’ail- leurs dans cet œil aucun autre réseau vasculaire semblant tenir la place de ces formations. VII. Gogioïpes. — Chez les Gobioïdes, aucune espèce n'avait été étudiée au point de vue qui nous occupe. Nous avons pu nous procurer deux représentants de cette famille, le Callyoni- mus Lyra et le Blennius Pavo. Le Callyonimus Lyra s’écarte des espèces que nous avons mentionnées jusqu'ici, pour se rapprocher du Mugil Capito par l'absence de repli falciforme. L'examen ophthalmoscopique ne 102 H, BESUREGARD. laisse voir en effet qu’une papille, très-régulièrement arrondie et d’un blanc éclatant, tranchant fortement sur un splendide tapis bleu qui occupe une grande partie du fond de l'œil, Nos recherches sur des yeux dureis semblent confirmer ce résultat, et nous pouvons conclure ici à l'absence de repli falciforme et de réseau vasculaire dans la chambre postérieure. Blennius Pavo. — Quoique de la même famille, la Blennie possède un repli falciforme et une cloche. À l’ophthalmoscope, en effet, onaperçoitaufond de l’œil une papille blanche non pig- mentée et de forme allongée, telle que la représente la figure 59, planche 5. Vers l'extrémité inférieure de cette papille, se voit un vaisseau qui continue son trajet eu bas eten avant au milieu d'un repli blanchâtre très-apparent, Sur l'œil frais énucléé, nous constatons en effet l’existence non-seulement d’un reph falciforme, mais encore d’une cloche de forme scutellaire mesu- rant environ 0"*,80 de largeur sur 1*",20 environ de longueur. Peu épaisse, cette cloche s’insère par son extrémité antérieure à la capsule du cristallin. Elle est pigmentée, et, portée sous le microscope, on voit que le pigment affecte dans sa disposition générale la forme de riches arborisations, comme s'il tenait la place de vaisseaux disparus. Quant au ligament falciforme, ce serait me répéter que d'en donner une description, car 1l est absolument semblable par ses rapports et le mode d’origine de ses vaisseaux à ce que j'ai décrit chez le Cottus Scorpius. . VIII. Laproïpes. — Deuxespèces de cette famille nous per- mettront de nous rendre compte des dispositions que présente le fond de l'œil. Ge sont le Labrus Bergylta, variétés rose et verte, et le Labrus mixtus. Labrus Bergylta (Vieille commune). — 1° Variété rose. — Dans cette espèce nous trouvons, pour la première fois chez les Acanthoptérygiens, un réseau vasculaire hyaloïdien facilement visible à l’ophthalmoscope. En effet, le lieu d'entrée du nerf optique est occupé par une tache pigmentée en forme d’'Y (pl. 5, fig. 53), placée transversalement dans le fond de l'œil, et du milieu de laquelle partent d'assez nombreuses branches vasculaires situées dans l’hyaloïde, où leur trajet est marqué ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 103 par une teinte opaline qui limite chaque vaisseau. De ces branches, l’une, plus considérable, se perd vers le bord externe de l'œil dans un tapis rouge éclatant où 1l est impossible de la suivre. L'examen d’yeux récemment énucléés nous montre ce que nous faisait supposer notre précédente investigation, à savoir que ce Labrus est dépourvu de cloche. D'autre part, la membrane hyaloïde placée sous le microscope se montre par- courue d’un riche réseau vasculaire, et confirme ainsi pleine- ment notre première observation. 2 Variété verte. — À l'examen ophthalmoscopique on re- trouve la même disposition que dans la précédente variété; le réseau hyaloïdien semble seulement moins riche et n’est con- stitué que par la branche que représente la figure 55, planche 5. Nous n'avons pu faire d’autres recherches sur ce Labrus, mais de cet examen nous pensons pouvoir conclure à une disposition semblable à celle que nous a montrée le Labrus rose. Labrus mixtus.— Chez le Labrus mixtus, la papille est recou- verte, comme chez l’espèceprécédente, d’une tache noire, mais moins fortement pigmentée et de forme beaucoup plusrégulière, comme le montre la figure 56, planche 5. Pour le reste d’ail- leurs la disposition du réseau vasculaire est semblable à celle que nous avons décrite chez le Labrus rose et les vaisseaux hya- loïdiens nombreux se font remarquur par un trajet smueux que nous représentons. Une branche plus volumineuse, dirigée en bas et du côté nasal de l'œil, contribue à compléter la ressem- blance avec les espèces précédentes. D'ailleurs examen micro- scopique ne laisse voir aucune trace de cloche ni de repli falci- forme. MALACOPTÉRYGIENS ABDOMINAUX. I. CypriNoïnes. — Deux espèces ont déjà été étudiées, l’une, l'Anableps Gronovii (Cobitis), par Sœmmerrimg; l’autre, le Cyprinus Carpio, que nous avons examiné et que nous décri- rons conjointement avec les Cyprinus auratus, Cyp. Dobula et Leuciscus Idus. 104 H. HBUAUREGRD. 1° Cobitis Anableps.— Voici, d’après Sæœmmerring (1), com- ment se présente le fond de l'œil de ce poisson : « Le nerf op- » tique simple et cylindrique est inséré environ vers le milieu de » l’œil et répartit ses fibres sur la rétine assez épaisse divisée » par deux procès falciformes noirs, à peine proéminents. Les » processus partant du lieu d'entrée du nerf optique se rendent » vers liris où ils forment une campanula. Dans leur parcours » à travers la rétine, 1ls divisent celle-ci en deux segments; » l’inférieur plus grand que le supérieur. » D'après cette description, 1l ne peut guère y avoir de doutes sur lexistence d’une cloche. M. Leuckart (2) pense cependant que l'existence des deux replis faleiformes doit rester aussi longtemps douteuse qu'on n'aura point constaté qu'il n’y a point eu de confusion avec le cordon d'attache du cristallin, qui remplace chez les Poissons la Zonula Zinnii, et est diamé- iralement opposé à la campanula. 2 Cyprinus Carpio (Carpe) (3). — Chez cette espèce, à l’exa- men ophthalmoscopique on reconnaît la présence, vers le milieu du fond de l’œil, d’une large papille ovale et du centre de laquelle -s'irradient un assez grand nombre de vaisseaux, comme l’in- dique la figure. L’un de ces vaisseaux, dirigé en bas et du côté nasal, reste enveloppé d’une légère bande opaline, qui évidemment repré- sente un repli falciforme très-peu développé d’ailleurs. D'autre part, l’existence d’une cloche chez cette espèce a été déjà signa- lée, mais elle doit être fort petite, car elle échappe compléte- ment à mon observation. 3° Cyprinus auratus (Gyprin doré) (4).— L'examen ophthal- moscopique fait également reconnaitre ici l’existence d’un réseau hyaloïdien très-riche en vaisseaux, qui partent au nombre de sept ou huit du centre d’une papille blanche arrondie. Au microscope, on retrouve également ce réseau hyaloïdien qui est (1) Sœmmerring, loc. cit., p. 69. (2) Leuckart, loc. cit., p. 227. (3) PI. 6, fig. 60. (4) PL. 6, fig. 59. ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 105 fourni par une grosse artère centrale. Quant au repli falei- forme et à la campanula, je les ai vainement recherchés et je crois pouvoir les considérer comme n’existant pas. % Cyprinus Dobula (Meunier) (1). — Le Meunier possède également un richeréseau vasculaire dans lamembranehyaloïde. Les vaisseaux qui le composent partent du centre d’une large papille et on peut les voir se diviser par dichotomisation, comme le représente la figure 58, planche 6. De ces vaisseaux, ceux qui sont situés dans le segment inférieur et externe de l'œil l'emportent en volume et en longueur sur les vaisseaux qui sagnent les régions interne et supérieure de l'œil. Je mai pu non plus trouver ici ni eloche ni repli faleiforme. 5° Leuciseus [dus (Gardon) (2). — Également chez le Gardon la campanula me paraît ne point exister, et l’ophthalmoscope donne du fond de l'œil une image qui ne diffère des précédentes qu'en ce que la papille, à bords réguliers, est occupée en son centre par une forte tache noire pigmentée, ainsi que le repré- sente la figure 57, planche 5. Les vaisseaux, au nombre de sept ou huit branches, sont accompagnés comme précédemment de trainées opalines, dues évidemment à des replis de l’hyaloïde dans lesquels ils se trouvent placés. L'absence de repli falciforme et de cloche chez ces trois espèces si voisines du Cyprinus Garpio me fait encore douter de l'existence de ces organes chez ce dernier. IL. Esoces. — Dans cette famille, l'£sox Lucii a été étudié par Sæmmerring (3), qui décrit le repli falciforme et la campanula, de la façon suivante : € Du lieu d'entrée du nerf optique se » dirige vers le bord inférieur de la choroïde un repli falciforme » noir, qui se termine par une campanula proéminente, pig- » mentée à sa surface et blanche dans sa masse. Cette campa- » nula est directement attachée à la partie inférieure du cristal- » lin, mais à sa partie supérieure elle entre en connexion avec »le corps vitré par un ligament blanc assez large et solide. » (1) PI. 6, fig. 58. (2) PI. 5, fig. 57. (3) Soemmerring, lac. cit., p. 71. 106 H. BEAUREGARD. Cette description d’une cloche munie d’un diverticulum, semble pouvoir être rapprochée de la description que nous avons faite de la campanula du Caranx trachurus. HI. Sizuroines.— Chez le Silurus Catus nous avons pu prati- quer l'examen ophthalmoscopique ; larétine y apparaît comme teintée de rose et marquée vers sa partie Interne et postérieure d’une tache blanche qui représente une papille peu apparente. Nous n'avons découvert ni repli faleiforme, n1 réseau hya- loïdien. Malheureusement nous n'avons pu compléter par des coupes ce premier examen, etilnous est impossible de rien affir- mer. IV. SALMONÉS. — Cuvier (1) signale la présence d’une eloche chez le Salmo Fario (Truite), et chez le Saumon. Saumon.—Leuckart (2), qui donne une étude assez complète de la campanula dans cette espèce, relève deux ou trois faits qu'il est intéressant de consigner. D’une part, chez le Saumon, l'insertion de la cloche à la capsule du cristallin se fait par la base du cône dont elle a la forme, de telle sorte que les fibres musculaires sont posées à peu près perpendiculairement à leur surface d'insertion. D'autre part, chez le Saumon, un petit faisceau musculaire passe directement de la campanula dans l'iris, disposition que l’on peut rapprocher de celle que nous signalions chez l’Esox Lucu et le Caranx trachurus. Enfin la connexion à la capsule de la lentille est produite par la sub- slance conjonctive pigmentée qui enveloppe toute la masse musculaire de la campanula. o. CLUPES. —- Enfin parmi les Clupes, Cuvier signale lexis- tence d’une campanula chez le Clupea Haranqus. MALACOPTÉRYGIENS SUBBRACHIENS. [. GADOÏDES.— Chezle Gadus Morrhua, Sæœmmerring (3) ne dé- crit point de campanula, mais un repli faleiforme, membraneux (1) Cuvier, loc. cit. (2) Leuckart, loc. cit., p. 226. (3) Sœmmerring, loc. cit., p. 67. ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 107 noir, dressé, et qui fendant la rétine se dirige du point, d'entrée du nerf optique vers la partie mférieure du cristallin, Il repré- sente ce pli pigmenté un peu plus large en son point d’inser- tion à la capsule. Chez le Gadus minutus, que nous avons observé, une disposi- tion analogue se présente, et par rapprochement on pourrait con- elure que l'œil du Gadus Morrhuapossède également une cloche. Voici d’ailleurs ce que nous trouvons chez le Gadus minutus. À l'ophthalmoscope, la papille formée par le nerf optiqueestarron- die, et son extrémité inférieure se prolonge, comme le montre la fig. 61, pl. 6, en une sorte de bande blanche semblable à celles que nous avons déjà nombre de fois signalées, et qui dans son axe est occupée par un amas pigmentaire très-foncé qui en occupe toute la longueur. Ce pigment, au milieu de la papille, forme deux ou trois branches qui s’étalent à sa surface. En examinant des yeux frais énucléés, on voit que ce repli n’est autre qu'un processus falciforme pigmenté, dont l'extrémité inférieure, en s’élargissant un peu, vient s'appliquer contre la capsule de la lentille. Cette dernière portion, examinée au microscope, laisse parfaitement reconnaitre l’existence de vaisseaux, de nerfs et de fibres musculaires qui se prolongent même assez loin dans le repli falciforme, et établit ainsi d’une façon certaine l’existence d’une campanula. Les vaisseaux qui lui sont destinés arrivent au repli falciforme, au niveau même de la papille. Nous allons du reste, par l'étude du Gadus Merlangus, voir cette formation persister chez les Gadoïdes, avec ses dispositions particulières. Gadus Merlangus (Merlan).— En effet, dans le fond de l'œil du Gadus Merlangus on aperçoit à l’ophthalmoscope, figure 69, planche 6, une papille arrondie à son extrémité supérieure, et qui, s’atténuant vers sa partie inférieure et externe, se conti- nue avec un cordon blanc parcouru par une ligne pigmentée très-loncée, longée elle-même par un vaisseau facilement visible. Le pigment du cordon s'étend également à la papille, où il semble pour ainsi dire proéminer dans l’intérieur de l'œil. Si l’on examine des coupes faites sur des veux durcis, on constate, en effet, que le nerf optique en arrivant au niveau de 108 H. BEAUREGARD. Ja rétine, réunit toutes ses fibres en une sorte de masse proémi- nente et pigmentée, formant une sorte de cheville de 0"®*,40 environ de hauteur. Au niveau de cette cheville arrivent les vaisseaux qui continuent leur trajet dans la masse pigmentée qui parcourt le repli falciforme. Quant à la cloche, sa forme et sa disposition méritent d’être décrites. Elles n’est point, en effet, comme celles que nous avonsrencontrées jusqu'ici, en forme demassue, mais semblable à un éventail peu pigmenté, étalé sur la capsule du cristallin et dont la base atteint presque la lentille, tandis que la pote s’at- tache au processus falciformis. Cette forme se rapproche assez de celle que nous avons déjà vue chez le Cottus Scorpius, par exemple, mais dans ce dernier cas l’espèce de triangle aplati qu’elle forme ne s’insère sur la capsule que par son côté opposé au sommet qui lui-même est attaché au ligament falciforme, tandis que chez le Gadus, c’est par toute sa surface qu’il s’msère à la capsule (pl. 6, fig. 65). IT. PLEURONECTES. — Nous avons examiné deux espèces de cette famille, le Pleuron. Platessa (Plie franche) et le Pleur. Limanda. Pleuronectes Platessa (1).—Jen'aurai que fort peu de détails à donner, car cette espèce n'offre rien de bien particulier. À l’ophthalmoscope on voit une papille qui en son centre est oecu- pée par plusieurs ramifications pigmentaires et à son extrémité inférieure livre passage à une branche vasculaire que lon peut suivre enveloppée dans le repli faleiforme. Au microscope on constate que ce repli aboutit à une cloche ovale pigmentée à sa surface, peu épaisse, et qui semble, par un prolongement, se rattacher à la zone ciliaire de la choroïde. Par les coupes lon- situdinales on remarque que le nerf optique entrant dans la sclérotique, au voisinage du centre du segment postérieur de l'œil, fait dans cette membrane et la choroïde un assez long trajet oblique qui l'amène à ne répartir ses fibres sur la rétine en une papille proéminente, qu’à environ 2 millimètres de ce centre. (4) PI. 6, fig. 64. ARTICLE N° 1. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L' ŒIL DES VERTÉBRÉS. 109 Chez le Pleuronectes Limandu (4) la disposition est absolu- ment semblable. MALACOPTÉRYGIENS APODES. Anguille (Muræna Anguilla). — W m'a été impossible de découvrir un repli falciforme chez l’Anguille. In’existe pomtnon plus de cloche. Quoi qu'ilen soit, ce Poisson offre un grand mté- rêt. Si l’on fait des coupessur la partie postérieure de Pœil, on voit le nerf optique filiforme donner naissance à une papille du centre de laquelle jaillit pour ainsi dire un bouquet de vaisseaux qui, se répandant dans la membrane hyaloïde, y forment un réseau d’un richesse remarquable. Ces vaisseaux, eneffet, arrivés dans la chambre postérieure, après avoir traversé l’axe du nerf optique, se décomposent en fins capillaires qui prennent une part considérable dans la formation de lPhyaloïde, tant leur nombre est grand. En même temps que l'artère centrale du nerf optique donne naissance au réseau hyaloïdien, elle envoie des rameaux dans les couches de la rétine, et ces rameaux parcourent cette membrane jusqu'à une profondeur qui ne dépasse jamais d’ail- leurs la couche granuleuse externe. Sur des coupes fines de la rétine, nous en avons vu courir dans une certaine longueur, entre la couche granuleuse interne et la couche granuleuse externe. C’est le premier exemple d’un réseau rétinien étendu, chez les Poissons. Krause (2), du reste, l'avait déjà signalé. Une pareille abondance de vaisseaux chez un animal dont l'œil atteint des proportions extrèmement fables a lieu d’éton- ner tout d'abord; mais si l’on examine dans toutes leurs parties les coupes des yeux de PAnguille, on s'aperçoit bientôt d’une particularité très-intéressante et que Je n'ai vue signalée nulle part. Des trois enveloppes de Pœil, en effet, l’une manque à peu près complétement, et c’est précisément la couche vasculaire, En effet, il n°y à pomt de choroïde. C'est à peine si l’on peut trouver un vestige de cette membrane vasculaire dans une (1) PL. 4, fig. 68. (2) W. Krause, Die Membrana fenestrata der Retina. Leipzig, p. 98. 110 H. BEAUREGARD. branche qu’envoie à côté du nerf optique le tronc d’origine de l'artère centrale. On s'explique ainsi facilement lexistence d’un double réseau rétinien et hyaloïdien dans l’œil de PAnguille. Quant aux fonctions du pigment de la choroïde, elles sont évi- demment remplies par le pigment de la rétine qui, chez lani- mal en question, pénètre très-avant entre les bâtonnets, de telle sorte que ceux-ci disparaissent presque complétement au milieu de ce pigment. Muræna Conger. — « Dans le Congre, dit Guvier (1), il y a deux ligaments, un antérieur et un postérieur, qui retiennent le cristallin comme par deux pôles. » C’est en vain que j'ai cherché ces deux ligaments qui par aucun procédé d'investigation ne m'ont paru exister. Par l’ophthalmoscope, en effet, voici ce que l’on trouve : contrairement à ce qui se remarque générale- ment chez les Poissons, la papille du nerf optique se distingue peu de la rétine et ne revêt pas la coloration blanche que nous lui connaissons. Toutefois cette espèce offre un grand intérêt à l'observation, car elle possède une grande quantité de vaisseaux qui paraissent à l’ophthalmoscope disposés sur deux plans, Pun antérieur, l’autre postérieur. En effet, du centre mème de la zone postérieure de Pœil (fig. 66, pl. 6), sortent trois ou quatre branches vasculaires placées sur un plan antérieur par rapport à quelques rameaux situés plus en arrière. Les premières branches forment à leur point de départ une sorte de quadrilatère, des angles duquel partent des ramifications qui se subdivisent au loin par des dichotomisations successives. Les autres branches situées plus en arrière semblent se trouver dans la rétine même. D'ailleurs, il est impossible d’apercevoir aucune formation qui puisse faire soupçonner la présence d'un repli falciforme ou d’une cloche. En examinant un œil fraichement énucléé, on peut confirmer l’existence d’un splendide réseau hyaloïdien, et en faveur de l'opinion émise par Cuvier on ne peut signaler qu'une particu- larité, c’est que les vaisseaux hyaloïdiens situés dans la partie (1) Cuvier, loc. cit. ARTICLE N° 1 RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRES. 114 inférieure de l'œil semblent converger vers la partie de la cap- sule cristallinienne où se trouve en général fixée la cloche chez les Poissons où elle existe. Par cette disposition, l’hyaloïde acquiert une épaisseur un peu plus forte en ce point, mais en portant sous le microscope ce lambeau, qui se fait remarquer par sa coloration opaline et sa forme triangulaire, il est impossible d’v reconnaître autre chose qu'un lacis abondant de capillaires au milieu de la membrane hyaloïdienne sans structure. Si l’on examine des yeux durcis dans l'acide chromique, on arrive aux mêmes résultats, car en enlevant le cristallin on peut remarquer que celui-ci est retenu au fond de lœil par l’hyaloïde seule, dont les vaisseaux forment une couronne vers son bord antérieur. Mais on arrive très-bien à enlever à la fois hyaloïde et cristallin sans qu'aucune attache retienne cette dermière à la rétine, ce qui aurait immanquablement lieu sil existait un repli falciforme. Enfin si l’on fait des coupes de la partie postérieure de l'œil, on peut arriver à compléter et confirmer les résultats obtenus à l’ophthalmoscope. Avec le nerf optique en effet pénètrent dans l’œil de nombreux vaisseaux, dont les uns sont destinés à l’hyaloïde, et dont les autres, en assez grand nombre, s’enga- gent au lieu des couches de la rétine où 1ls forment un réseau rétimien semblablement à ce que nous avons observé chez le Muræna Anguilla. — Ces vaisseaux s'étendent lom du point d'entrée du nerf optique et, comme chez PAnguille, parcourent les couches de la rétine jusqu’à la couche granuleuse interne, qu'ils ne semblent pas dépasser. On voit par là que Pœil du Murcæna Conger offre les plus grandes ressemblances avec lœil du Muræna Anguilla. Ce second exemple de vaisseaux rétiniens chez les Poissons n’avait point encore été signalé, et du reste nous n’en retrouverons point dans les autres familles. LOPHOBRANCHES. — Hippocampus quitulatus. — Chez l'Hip- pocampe pontillé que nous avons soumis à l'examen ophthal- moscopique, on reconnait également un riche réseau hyaloïdien qui s’irradie d’un point de départ commun situé au centre de la 112 H. BEAUREGARD. papille qui d’ailleurs tranche peu sur le reste de la rétine. Gelle-e1 n’est point en effet d’un blanc éclatant comme nous la trouvons oénéralement chez les Poissons. De plus, du côtéexterneet un peu au-dessous de cette papille, on voit naître un repli falciforme pigmenté et accompagné de chaque côté dans son trajet par un vaisseau qui prend naissance sur le lieu d'entrée du nerf opti- que. Nous pensons donc 1€1 pouvoir admettre l'existence d’une cloche conjointement à celle d’un réseau hyaloïdien. PLECTOGNATHES. — Leydig (1) a décrit également une cloche et un repli faleiforme chez le Poisson-Lune (0rtha- goriscus molu). CHONDROPTÉRYGIENS A BRANCHIES LIBRES. STURIONIENS. — Acipenser Sturio. Voici la description que donne Sæmmerring (2) à ce sujet : « Le nerf optique, mince et » comme formé d’une lame médullaire phée en S, arrive au » bulbe du côté inférieur et interne, se développe en pénétrant » à travers la sclérotique et la choroïde et forme une queue qui » donne naissance aux fibres nerveusesde la rétine. Le cristallin, » globuleux et très-peu proéminent en avant, est retenu par » une campanula courte et qui s'attache à sa partie inférieure.» Nous n'avons malheureusement pu compléter cette étude et nous ne sauriops rien ajouter à propos du repli falciforme ou d’un réseau hyaloïdien. CHONDROPTÉRYGIENS À BRANCHIES FIXES. SÉLACIENS. — Lo Squalus Acanthias. — Les seuls renseigne- ments que nousayonssur cette espèce sont dusà Sæmmerrimg(s), et l'intérêt qu'ils m'ont paru présenter m'engage à les relater ici en entier : € La choroïde est mince, noire extérieurement, » recouverte intérieurement d'une couche argentée qui pro- » duit effet d’un brillant tapis. On ne trouve aucune trace de (1) Leydig, Traité d'anatomie comparce. (2) Sœmmerring, loc. cil., p. 69 et 64. (3) Ibid. ARTICLE N° {. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRES. 113 » glande choroïdienne. Quant à la couronne cire, elle est re- » marquable par lexistence de plusieurs plis réguliers, bien qu’elle se termine en procès ciliaires peu proéminents. Ces procès, qui chez les Mammifères atteignent tout le cristallin, ne se comportent point de mème 101. [ n’y à que les plus bas d’entre eux qui y arrivent, et cela précisément à l’endroit où chez les autres Poissons qui manquent de procès cihaires, la Campanula Halleri a coutume de se fixer au cristallin. Quant au nerf optique, 1l pénètre la selérotique un peu du côté in- terne du sommet postérieur de l'axe de œil. Il donne nais- » sance à une papille parfaitement ronde, un peu proéminente, » dont les fibres se répandent sur la rétine qui paraît 1er plus » mince que chez les autres Poissons, et qui se termine auprès » du bord de la couronne ciliare. » On voit par là que l'œil du Squale, en se rapprochant davantage de l’organisation de l'œil des animaux supérieurs, perd toute trace de campanula et de repli faleiforme. CORRE 7 ) 4 ) NE 2 ) A ) A A ® Raia. — Chez la Raiïe enfin, nous avons essayé vainement de pratiquer l’examen ophthalmoscopique qui est rendu com- plétement impossible par la présence de lopercule pupillare. Sæmmerring (1) d'ailleurs à trouvé chez ce Plagiostome un pro- cès falciforme membraneux et noir, qui, partant de la papille du nerf optique, adhère à la choroïde, au moyen d’une fente de la rétine, et vient s'attacher au cristallin vers la partie inférieure de liris. Cette description nous ramène à des exemples déjà con- nus, AUSSI n'Insisterons-nous pas davantage. Il ressort de exposé que nous venons de faire que la Campa- nula Halleri existe à peu près constamment chez les Poissons, si bien que, contrairement à ce qui était généralement reconnu, l'absence de cet organe devient une exception. Nous en consta- tons Pexistence chez presque tous les Acanthoptérygiens, et dans ce grand groupe la famille des Labroïdes fait seule excep- ton, le repli falciforme et la cloche étant remplacés par un riche réseau vasculaire hyaloïdien, que nous n'avons d’ailleurs jamais (1) Sœmmerring, loc. cit., p. 62. ANN. SC. NAT., AOUT 1876. IV. 8. — ART. N° 1 114 nn. HR) QU BEIGE ARR ED. rencontré conjointement avec la cloche chez les autres Acan- thoptérygiens. Cette particularité avec ses mêmes caractères se retrouve également chez les Gyprinoïdes parmi les Malacoptéry- giens abdominaux. Toutes les espèces de cette famille ne pré- sentent point cependant la même organisation, ét nous avons vu que la Carpe, qui possède à la fois un réseau hyaloïdien et un repli falciforme, peut être considérée comme établissant sous ce rapport un lien entre les Cyprimoïdes et les autres familles de l’ordre des Malacoptérygiens abdominaux chez lesquelles à peu près toutes les espèces se sont montrées de nouveau pourvues d’un repli faleiforme et d’une campanula; ces deux organes ap- partiennent également aux Malacoptérygiens subbrachiens, mais chez les Malacoptérygiens apodes nous sommes témoin d'une nouvelle modification. Dans cet ordre, en effet, la Cloche ne se retrouve pas, et est remplacée, non-seulement par un réseau hyaloïdien, mais encore par un réseau rétinien que Krause avait déjà décrit chez Le Mu ræna Anguilla et dont nous avons fait connaitre également la présence chez le Muræna Conger. Les Lophobranches et les Plectognathes enfin, munis d’un repli faleiforme et d’une cloche accompagnés même chez les premiers dun réseau hyaloïdien, nous ramènent à la règle pour ainsi dire générale dans lorga- nisation de l'œil des Poissons osseux, règle que nous pouvons généraliser encore en lPétendant aux Poissons cartilagimeux qui, dans leurs deux groupes, Sturioniens et Sélaciens, nous ont montré des espèces munies de cet organe spécial. L'examen des espèces précédentes permetles conclusions gé- nérales que je viens de poser, et Je ferai remarquer que dans ces recherches, l'examen ophthalmoscopique n'a été du plus grand secours. Get examen déjà tenté sans succès devient extrèmement facile par la méthode que j'ai exposée plus haut, et Pimage que l’on obtient du repli faleiforme est assez caractéristique pour qu'il ne puisse échapper à Pobservation chaque fois qu'il existe. — Ïl ressort en effet des observations que j'ai consignées dans ce travail, que ce repli falciforme apparait comme un cordon d’un blane laiteux tranchant très-nettement sur la rétine. Gette ARTICLE N° {. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRES. 415 coloration, semblable à celle que possède la papille, ne recon- nait point exactement la même cause, et ceci m’amène à com- pléter les études précédentes par l’étude de la structure histo- logique du repli falciforme et de la cloche. STRUCTURE DU REPLI FALCIFORME ET DE LA CLOCHE, 1° Repli falciforme. — Partout où cet organe s'est présenté à notre observation, nous lPavons trouvé de même structure, et composé de vaisseaux, de nerfs et de tissu conjonctif. Les filets nerveux sont réunis en un tronc commun qui occupe le centre du cordon, et qui est enveloppé par la substance con- Jjonctive dans laquelle se répandent les vaisseaux en nombre plus ou moins grand suivant les espèces. L’artère est générale- ment placée le long du tronc nerveux en avant de celui-ci, tandis que la veine se trouve en arrière. De ces deux troncs, naît un délicat réseau capillaire dont quelques branches pénè- trent au milieu de la masse nerveuse. Enfin ce repli faleiorme est généralement pigmenté, tantôt, comme nous Pavons vu, dans toute son étendue, tantôt seulement en un point, et ee point est celui où pénètrent les vaisseaux. Le pigment est formé de petits grains noirs renfermés généralement dans des cellules rondes et pourvues d’un noyau central, tantôt répartis irrégu- lièrement dans le tissu conjonctf du repli falciforme. 2% Cloche. — Aux éléments que je viens d’énumérer viennent se Joindre dans la cloche des éléments nouveaux, et qui ont été envisagés de facons différentes. Je ne reviendrai point sur l'opinion d’après laquelle la cloche serait de nature cartila- oineuse, Pexamen microscopique renverse absolument cette idée. En effet, les nouveaux éléments dont il est ici question se présentent sous forme de longs tubes cylindriques, que Leydig considère comme des fibres musculares Hisses, et que certains auteurs ont pris pour des fibres lenticulaires de nouvelle forma- tion. Leydig combat cette dernière opinion en faisant remarquer combien il serait smgulier de voir une substance lenticulaire de 116 AE. HBH AURNIG ABED. nouvelle formation traversée par un réseau nerveux si abondant tandis que, comme on le sait, le reste du cristallin est dépourvu de tout élément nerveux. Nous ajouteronsavec Leuckart (1) que l'insertion de la cloche sur la capsule de la lentille se fait d’une facon telle, qu'il est impossible d'admettre le passage des fibres de la campanula dans celles du cristallin. Nous restons donc en présence de l'opinion de Leydig, qui reconnait à la cloche la structure d’un muscle lisse. Malgré l'autorité de cet anato- niste, NOUS NOUS VOYONS forcé de mettre en doute cette opinion, car l'examen microscopique nous montre dans les éléments en question tout autre chose que les fibres granuleuses dont parle Leydig. Cest surtout chez le Coftus vue que ces éléments atteignant une grandeur inaccoutumée s$ offrent facilement à l'observation, et par dilacération de la eloche fraiche et n'ayant subi l'action d'aucun réactif, Je vois qu'elle est composée de longues fibres aplaties d'un diamètre égal à environ 0"",006. Ces libres sont composées d’une substance transparente, un peu gra- nuleuse, interrompue par des disques de substance compléte- ment hyaline et réfractant fortement la lumière. Ces disques aplatis mesurent même diamètre transversal que la fibre, et ont environ ? y de hauteur, 1ls sont écartés Pun de l'autre d’en- viron 8 à 12 . Enfin, de loim en loin, ces fibres renferment des noyaux qui occupent toute la largeur te la fibre et qui, un peu plus longs que larges, mesurent de 7 à 8 de longueur. Ces élé- ments que je représente, fig. #3 et 42 pl. V4; ei être considérés comme des fibres Fr lisses? Jen doute, et je ne saurais cependant me prononcer d’une manière positive. Chez le Bar et la Carangue ces fibres sont moins volumineu- ses. Chez le Bar, par exemple, ellesne mesurent que 0"",005#. Chez le Caranx trachurus, leur diamètre est encore plus petit et égal à environ 0"",00%. Dans ce cas, les noyaux également ovoïdes et granuleux que renferment ces fibres ont environ 6 y delongueur, et les disques réfrimgents environ 0°",0012 de hau- eur. Ces disques ne sont pas fort réguliers, et ne sont point (1) Leukart, loc. cit. ARTICLE N° { RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 117 placés tout à fait perpendiculairement à axe de la fibre, ils sont plutôt un peu obliques par rapport à cet axe. Quoi qu'il en soit, toutes ces fibres sont réunies en un faisceau qui forme la cloche, et qui est parcouru par quelques capillaires provenant de l'enveloppe conjonctive fournie par le tissu con- jonctif du repli faleiforme. J'ai déjà dit plus haut que chez certains Poissons, tels que le Caranx trachurus, la cloche est creusée en son axe d’un canal qui la parcourt jusque vers le milieu de sa hauteur et qui contient, outre les vaisseaux, un tronc nerveux qui se distribue dans la substance de la cam- panula. La cloche diffère donc du repli faleiforme par la présence d’un faisceau dit musculaire, qui la constitue presque en entier. Ce muscle d’ailleurs peut, dans certains cas, chez le Saumonet le Caranx trachurus par exemple, se laisser poursuivre en arrière jusqu'à une certaine distance dans la substance conjonctive du repli falciforme, substance qui, nous l'avons vu, sert en avant de gaine au muscle de la campanula. Nous sommes done, chez les Poissons, en présence d’un organe nouveau que sa structure histologique ne semble point nous permettre de rapprocher des organes que nous avons étu- diés chez les Oiseaux et les Reptiles. Si toutefois, laissant de côté cette structure histologique, nous considérons les rapports du repli faleiforme avec les autres parties de læil, trois faits se présentent immédiatement qui plaident en faveur d’un rap- prochement que nous allons ainsi pouvoir rétablir. Le premier de ces faits concerne la situation même du repli faleiforme dans la chambre postérieure. Nos recherches nous ont montré qu'il est situë à partir de Pentrée du nerfoptique dans l'œil, dans une sorte de sillon creusé dans la rétine, une fente en un mot de la rétine, absolument comme le peigne des Oiseaux. D'autre part, le tissu conjonctif, qui forme en grande partie ce repli, est, comme nous l’avons aussi établi pour le tissu con- jonctif du peigne, une dépendance de la choroïde. Chez les Oiseaux, il est vrai, à l’état adulte, les traces de cette dépen- 118 H. BÉAUREGARD. dance ont disparu, mais chez l'embryon, Jusqu'à une époque même très-avancée du développement, ces rapports sont encore très-visibles, et nous sommes en droit de comparer encore le peigne au repli falciforme des Poissons. Les vaisseaux du peigne pénètrent, comme nous l'avons vu, surtout vers l'extrémité terminale de la fente de la rétine, et ce n’est que chez un petit nombre d'Oiseaux que nous avons en même temps reconnu l’arrivée des vaisseaux dans la partie supé- rieure de cette fente. Ces rapports des vaisseaux avec le peigne sont done absolument semblables à ceux que nous avons décrits des vaisseaux avec le repli falciforme. Enfin, le rôle même que semblent jouer les vaisseaux du repli falciforme nous parait encore confirmer Pexactitude de cette comparaison avec le peigne. Nous avons établi, en effet, que les vaisseaux du peigne peuvent être considérés à la fois comme un réseau hyaloïdien et un réseau rétinien. Or, chez les Poissons, le repli falciforme, quandil existe, nous à toujours semblé rem- placer Le réseau hyaloïdien qui, de son côté, apparaissait à notre observation chaque fois que manquait le repli falciforme. Nous avons même vu, chez les Malacoptérygiens apodes, ce réseau hyaloïdien accompagné d’un réseau rétinien. Nous pen- sons done que les vaisseaux du processus falciforme jouent ce double rôle. Il suffit, pour s'en convaincre, de se reporter à ce que nous avons dit de la distribution des vaisseaux dans cet organe. Les uns, avons-nous dit, sont placés en avant, c’est-à- dire contre l’hyaloïde même, et nous les avons vus chez le Trachinus Draco former un riche réseau capillaire qu'on retrouve d’ailleurs plus ou moins développé dans les autres espèces. Les autres sont placés au niveau même de la rétine, sur les bords de laquelle ils sont pour ainsi dire posés et peuvent ainsi être considérés à la rigueur comme réseau rétinien. Fajouterai, d'autre part, que dans la cloison conjonctive qui unit le repli falciforme à la choroïde, on trouve toujours des vaisseaux, et que par là encore lPassimilation de ce réseau vasculaire à un réseau rétinien devient plus plausible. Toutes ces conditions me semblent done parfaitement légi- ARTICLE N° Î. RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 419 timer un rapprochement entre le repli falciforme et le peigne. Un nouvel élément vient, il est vrai, compliquer la structure de ce repli: c'est un tronc nerveux, mails ceci ne saurait, je pense, imfirmer la précédente proposition; ce tronc nerveux, en effet, n'est nullement destiné au repli faieiforme, 1l se sert de ce dernier pour arriver jusqu'à la cloche, mais le repli falciforme n'est 161 qu'un support du tronc nerveux, et cet élément ne s'ajoute pas à sa structure histologique ; on peut dire que le repli falciforme est traversé par un tronc nerveux, c’est là le seul rap- port qui existe entre eux. Quant à la campanula, elle me semble n'être susceptible d'aucun rapprochement avec les organes qui font le sujet de ce travail. Sastructure histologique, absolument différente, écarte toute idée semblable; le diverticulum que nous avons plusieurs fois vu s'attacher à la zone ciliaire, äinsi que l'existence de procès eiliaires chez le squale, s'attachant d'après Sœmmerring à la lentille, au point seulement où l’on trouve la campanula chez les autres Poissons, me semblent devoir faire considérer lacloche comme un vestige de l'appareil musculaire de la partie anté- rieure de Poil des autres animaux. DEUXIÈME PARTIE. PHYSIOLOGIE. Dans cette seconde partie de notre travail, nous nous propo- sons de rechercher quels peuvent être les usages des réseaux vasculaires étudiés précédemment. Nous ne nous occuperons point, sous ce rapport, du réseau vasculaire hyaloïdien qui, chez les Mammifères, sert pendant la vie fœtale à la nutrition de la capsule du eristallin et du corps vitré. Ces fonctions sont admises par tous les physiologistes et ne sauraient être dis- cutées. Il en est de même du réseau rétinien qui, chez ces ani- maux, concourt pendant toute la vie à la nutrition de la rétine. Mais s'il est vrai que, anatomiquement, il nous ait été permis de réunir en un même groupe ces réseaux vasculaires des Mam- mifères et ceux que Fon rencontre à Pétat de peigne ou de 120 H. HEAUREGARD. simple lacis chezles autres Vertébrés, pourrons-nous invoquer pour ces derniers un rôle de nutrition analogue à celui que nous reconnaissons aux vaisseaux hyaloïdiens et rétiniens des pre- miers. Les changements de forme et de dispositions que nous avons vu s’opérer dans ces lacis vasculaires ont probablement pour but leur adaptation à de nouvelles fonctions, et c’est cette recherche qu'il nous reste à faire. Dans cette exposition, nous suivrons le plan que nous avons adopté dans la partie anato- mique de notre mémoire, et nous traiterons successivement du peigne des Oiseaux et des réseaux vasculaires des Reptiles, des Batraciens et des Poissons. ROLE PHYSIOLOGIQUE DU PEIGNE DES OISEAUX. Les fonctions du peigne sont restées pendant longtemps en- tourées de la plus profonde obscurité, et jusque dans ces der- mères années ont fait naître les théories les plus diverses. Tout récemment encore, cette question a été soulevée dans divers travaux allemands, et lan dernier, au mois de janvier 1875, les revues scientifiques enregistraient diverses expériences au sujet desquellesnousavons donné, dans une communication à la Société de biologie (1), notre opinion et exposé quelques-uns de nos résultats. On voit par là que l'historique de cette partie de la question peut se diviser en deux parties assez nettes; d’une part, les opi- nions anciennes, nombreuses, très-diverses, plus ou moins erro- nées et généralement basées sur une connaissance incomplète de la structure histologique et des rapports du peigne : d'autre part, les opinions des physiologistes modernes, plus restremtes en nombre, et sur lesquelles nous pourrons exprimer notre avis. Nous avons déjà dit qu'Everard Home (1) considérait le peigne comme un organe musculaire. Voiei les expériences qu'il rapporte, et qui Pont mené à cette conclusion : € Le marsupium » et le cristallin de Pœil d’une oie furent examinés immédiate- (1) Comptes rendus de la Société de biologie (Gaz. méd. du 24 avril 1875) ARTICLE N° 1, RÉSEAUX VASCULAIRES DE L'ŒIL DES VERTÉBRÉS. 1921 » ment après la mort. On vit alors que la lentille était poussée »en avant par l'effet de lallongement du marsupium, qui » mesurait 9/20 de pouce. En exerçant une pression sur le » marsupium, 1} se contractait et ne mesurait plus que 7/20. » L'expérience fut recommencée, dans l’état d'extension, il » mesurait 2/20 de pouce et 4/20 dans la contraction. Cette diffé- » rence s'explique, dit l’auteur, par l’élasticité du ligament qui » attache le marsupium au fond de lPœil. » L'expérience, toutefois, n'étant pas très-persuasive, Ev. Home en entreprit de nouvelles, et voici celle qu’il rapporte (1) : « Le » cristallin de l’un des yeux d’un dindon fut enlevé, et immé- » diatement après l’animal fut sacrifié par une blessure de la » moelle épinière. (Quand la mort a lieu sans résistance possible > de la part de l'individu en expérience, les muscles ne se con- » tractent pas à leur maximum ; c’est Le but que l’on s’est pro- » posé d’attemdre par la mort violente employée ici) Les deux » yeux furent alors enlevés et mis dans lalcool. Dans l’un, le » marsupium devait être contracté, autant que possible, et dans » l’autre, où le cristallin avait été laissé dans sa place naturelle, » il ne devait pas y avoir une contraction anormale. Après quel- » ques jours les deux yeux sont examinés. Dans l'œil complet » le marsupium mesure 4/20 de pouce et les plis sont semi- » transparents. Dans l’œil incomplet, le marsupium mesure » 3/20 de pouce, et les plis sont très-opaques. À quoi tient cette » différence de 1/20 de pouce ? Évidemment, à ce que l’un s’est » beaucoup plus contracté que l’autre, et cette contraction doit » être considérée comme musculaire. » Ces résultats, qui nous semblent très-peu probants, permirent cependant à Ev. Home de formuler comme ilsuit son opinion sur le rôle physiologique du peigne : » Non-seulement les Basques possèdent une langue semblable, comme facture, à celle des peuplades de l'Amérique du Nord, mais encore ils se servent d'un même système de numération. La numération des Basques repose sur la combinaison des systèmes décimal et vigésimal ; la numération des Algonquins est la même. Le savant linguiste Pruner-bey à fait remarquer que les désinenses des unités, en commençant par 6, sem- bleraient indiquer qu'à l’origine la numération basque reposait sur le système quinaire. Or, les systèmes quinaire et vigésimal sont ceux des peu- plades américaines (4). Je n’en finirais point, et con est he locus », si je voulais noter toutes les concordances, les ressemblances (5) qui existent, (1) Voy. notamment le mémoire de Charencey : Des affinités de la langue basque avec les idiomes du nouveau monde. Caen, 1867. (2) Études sur l'origine des Basques. Paris, 1869. (3) Page 561. (4) Voy. Pictet, Orig. ind. europ., t. IE, p. 565 et suiv. (5) Les récits génésiaques des races Aryas se retrouvent presque les mêmes chez les Peaux-rouges d'Amérique. Voy. à ce sujet les Voyages dans les déserts du nouveau monde, par l’abhé Domenech. — Lire également le travail de M. de Charencey : Des affinites de quelques légendes américaines avec celles de l'ancien monde. Paris, 1868. ARTICLE N° 10. CLAUSILIES DE FRANCE VIVANIES ET FOSSILES. 29 au point de vue linguistique, entre ces peuples si éloignés les uns des autres; si je voulais parler des preuves anthropolo- oiques, ou des vases, des instruments semblables, même des inscriptions (1), trouvés dans ces contrées dominées jadis par les Atlantes. Pour moi, je considère comme l'expression de la vérité Pan- cienne tradition égyptienne, rapportée par Platon. L’Atlantide a existé au milieu de Océan, là où l'indique le vieux prêtre de Saïs, et non dans les lieux divers où ont voulu la placer de nombreux auteurs fantaisistes. On comprendra donc facilement que les Atlantes ont pu mi- porter accidentellement, dans leurs descentes sur l’ancien con- tinent, soit avec des céréales, soit d’une tout autre manière, quelques espèces (2) qui, répandues au hasard, se sont fortui- tement acclhimatées et se sont perpétuées jusqu'à nos Jours. Dans ce nombre je dois signaler cette smgulière Helix isogno- mostomos (la personata de Lamarck), et les deux Nemia Pauli et Mabilli. L'Helix isognomostomos, d'une nature plus cosmopolite, s’est répandue dans presque toute la France, tandis que les deux Nenia sont demeurées jusqu’à présent cantonnées aux environs de Saint-Jean de Luz. Ges deux espèces sont actuellement les seuls représentants, en Europe, de Pancienne Atlantide. Pour l’Helix isognomostomos, elle est franchement américaine. (1) Comme celle de Digeston, à 50 milles au sud de Boston, découverte par le professeur Sewall, de l’université de Cambridge, inscription identique à celles des monts Horeb et Sinaï. (2) Il est probable que ce sont eux qui ont importé daus notre pays le Bos moschatus de l'Amérique, Bos dont les ossements sont assez fréquents dans les alluvions de nos fleuves. (La suite au volume suivant.) ANNONCES DE PUBLICATIONS NOUVELLES. Kcole pratique des Hautes études. Physiologie expérimentale. Travaux du laboratoire de M. MaRey, professeur au Collége de France, t. II, 1876. La plupart des recherches de M. Marey faites par la méthode de l’enregistre- ment graphique ont pris place dans les Annales des sciences naturelles; mais l’année dernière, à raison de l’étendue des travaux accomplis dans son labora- toire, ce PÉRSRENE a été conduit à en faire l’objet d’une publication spéciale. Le second volume de ce nouveau recueil vient de paraître et contient les ar- ticles suivants : 1° Du volume des organes dans ses rapports avec la circulation, par M. François-Franck ; —2° Des excitations artificielles du cœur, par M.Marey; — 3° Expériences sur le vol mécanique, par M. Tatin; — 4° Essai d'inscription des mouvements phonétiques, par M. Rosapilly ; — 5° De la méthode graphique dans les sciences expérimentales, par M. Marey; — 6° Effets des excitations des nerfs sensibles sur le cœur, la respiration et la circulation artérielle ; —- 7° [nnerva- tion de l'appareil modérateur du cœur chez la Grenouille, par M. de Tarchanoff; — S° Pression et vitesse du sang, par M. Marey; —9° Recherches sur le mécanisme de la circulation dans la cavité céphalo-rachidienne, par M. Salathé. Œraîité de Zoologie, par Claus, traduit de l’allemand et annoté par M. G. MoqQuiIN-TANDON. — In-8°, Paris, 1876. Ce manuel, qui a eu déjà trois éditions en Allemagne, sera très-utile à nos étudiants. Il formera un gros vol. in-8° d'environ 1200 pages. Les deux pre- miers fascicules sont en vente. A monograph of the geoimetred R£oths or Phalæmnidæ of the Umited Séates, by A. S. PackARD. —- In-4°, Washington, 1876. Cet ouvrage constitue le dixième volume de l'important recueil publié sous la direction de M. Hayden sous le titre de Reports of the United States geological Survey of the Territories. Il se compose de 600 pages de texte et de 13 plan- ches. À la suite de la partie descriptive du travail se trouve un chapitre très- intéressant sur la distribution géographique des Phalénides qui habitent l’Amé- rique septentrionale. Cette publication est faite aux frais du gouvernement des Etats-Unis et témoigne de l’activité ainsi que du savoir des géologues améri- cains. Monograph of the Asiatie Chiroptera, by G. E. DOBSON. — In-8° (avec figures dans le texte), London, 1876. L'auteur à puisé principalement ses matériaux dans le Musée indien de Calcutta, mais il a mis aussi à contribution les collections des musées de Londres, de Berlin, de Leyde et de Paris. Il a décrit toutes les Chauves-Souris qui ont été ren- contrées en Asie (au nombre de 122); et comme toutes les espèces européennes, à l’exception de quatre, habitent aussi ce grand continent, son ouvrage peut être considéré comme une monographie des Chiroptères d'Europe et d'Asie. Lectures on the comparative Anatomy of the Placenta, by W. TURNER. In-8°, Edimbourg, 1876. Dans cette série de leçons, l’auteur s'occupe principalement de l’étude ana- tomique et physiologique des placentas diffus, polycotylédonaires et zonaires. Dans la seconde partie de son ouvrage, il se propose de traiter de cet organe chez les autres Mammifères. Æhe Fishes of: amdia, by Fr. DAY. — In-4°, London, 1876. Ce grand ouvrage, consacré à l’histoire naturelle des Poissons qui habitent les mers et les eaux douces de l'Inde, de la Birmanie et de Ceylan, a été déjà signalé à l’attention de nos lecteurs. La seconde livraison, qui en complète le premier volume, vient de paraître et contient les planches 41 à 78. C’est une acquisition importante pour Pichthyologie. ANN. SC. NAT. — ART. N° {1. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME. iecherches sur les réseaux vasculaires de la chambre postérieure de l’œil des Vertébrés, par M. H. BEAUREGARD. ARTICLE N° 1 Description des Crustacés rares ou nouveaux des côtes de Pris, par M. HESSE. . . : HU Ne ARTICLE N° 2 Recherches sur l’appareil Hespaloire e É rade de rphniioun de certains Crustacés décapodes LS CHERE terres- DES) Pa rMENOBERT k : ARTICLE N° 9 Note sur le développement des ue, par M. Doute) ARTICLE N° 4 Mémoire sur les métamorphoses des Acariens en général, et en particulier sur celles des Trombidions, par M. P. MÉGNIN. ARTICLE N° 9 Note sur les Oiseaux de la Nouvelle-Zemble, par M. THEEL. ARTICLE N° 6 Note sur une nouvelle espèce d ORRIER du Hestues par MÉNBOCOURI 0 bn : ; 0. ARTICLE, NOT, Recherches pommes sur les égations 1 la vessie nata- toire, par M. A. MOREAU. ARTICLE N° 8 Note sur deux nouvelles espèces de Hasirés move ie la Nouvelle-Zélande, par M. Alph. MILNE EpwaRDs. COLA RTICCE NU emarques sur les Clausilies de France vivantes et fossiles, par M. BOURGUIGNAT. : ARTICLE N° 10 Annonces de publications ondes ARTICLE N° Îi PAR NOMS D'AUTEURS. ART. | ART. BeaursGaRD. — Recherches sur les ration de certains Crustacés dé- réseaux vasculaires de lachambre capodes brachyures (Crabes ter- postérieure de l’œil des Verté- BESÉRES) EE ATEN TAN EN ene 3 HRESMRNS ee à 1|Méenin. — Mémoire sur les méta- Bocourr. — Note sur une nouvelle morphoses des Acariens en géné- espèce d’Ophidien du Mexique. . 7} ral, et en particulier sur celles BOURGUIGNAT. — Remarques sur les des Trombidions. : H) Clausilies de France vivantes et MINE EpwaRps (AIph.). = Note OSSIIES PES RATE 10! sur deux nouvelles espèces de Ducamp, — Note sur le développe- Crustacés provenant de la Nou- ment des Ligules . 4 velle-Zélande - . 9 Hesse. — Deser iption des Crustacés Moreau. — Recherches expérimen- rares ou nouveaux des côtes de | tales sur les fonctions de la vessie France (vingt-sixième article). 2| natatoire. 8 JoBerT.— Recherches sur l° appareil Teer. — Note sur les Oiseaux de respiratoire ef le mode de respi- laNonvelle- Zen EEE TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. Planche 1 et 2. Peigne des Oiseaux. "3. Développement du peigne. — 4. Peigne des Reptiles et des Poissons. — 5 et 6. Fond de l’œil des Poissons. ‘7. Athelgue lorifère. Lo CARE Athelgue intermédiare. _— ‘. Pleurocryptus. — ‘10. Trichoplatus Huitonr. — ‘A1. Trombidium fuliginosum. = 12, Trombidium holosericum. — 13 et 14. Vessie natatoire. (et FIN DES TABLES. PARIS, — IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, 2 = TNT ARNO Lo0E Ton NP NT Lagesse ge, VA eiqre des Viseautr. mp. A. S'almonir. Vietle Frtrapade,15. Parts, nn. des Jecenc. rat. 6° S'erce. Ë Beauregard del. 4 etyn e des sense lé URNE RE Piseaue.., DOI TORMEN SN RON Lagesse re. ë EE Ro LU et SL LA es dati dns à dns à fi GAS ARS LA ? CLS A LS. | à à v ” K] 3 1 RE à k en ee re nr tt ln OS rt Le Ann. der Serene. nat.6!° Serre: Locl Tone L PR CNEN 29 24 Beauregard del. #, ageswre se Developpement dit Pezgne.. Znp. A. Salmon, r. Vieille Estrapade,18, Parts. GC °JSerte. Zool, Tome 4, PL, 4 & \, K $ 7 N { far, PEN, N LEA A ù, Î Pre 2 TS ge I bre or Beauregard dec, Lagess e se,  22 Ales et Poissons. Hieille Lstra ade,1 4 Paris, Er do leencines Ge Jierce. DOI NTI END TN Î. Beauregard del. Lagesse re. fond de l'E des Lots Son. mage Ophthalneos copique 7 A AIT AE QT'iuf —ELELELELEL ni \y 6 J'erte: fond de l'Œil des Vertebres. /mage Ophthalmoscopique, Znp. À. S'almon,r. Mieille Ertrapade.15, Paris, Vool) Tone LNPCNO, PORC TOR NL NT io nn. des Jetere. mer b° J'erce. 4 l- Athe leque 7) orifer mp. A, Salmon, r. Veille Estrapade 15, arts. Zoo Tome À, PL 8: Ann: des J'ecenc. nat. 6° Serre. | À. heteque cnéer Meur e.. lp, À. S'aûnon,r. Veille Estapade, 15. 1ar ir. —. et ai Le ermrine TE nr ES _ tt . | , PR 2 u ee, _ = : Ë : F = D — Si tr D cms : ; . LR - . 1 ls _ — ET = Ô à Er" . 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Tome 4,71 z2 Megrn dec, Zager.re Je. Trombidtum holosericeurn [Lin | Pemelle, œuf) et larves. 17 7e, des J'ecæne. nat, Ê! J'erce. Zoot, Tome L'PL/75 Ÿ ont ji lessee preumalique des LoltSSOns. Lnp À Salmon r leille Lrtranade. 15 Paris , Ann. des J'ecere nat, 6° J'erte., Zoo. Tome 4, PL 74, ee Y À ke ul 338 D9 LIL 3 2044 M he) Né 2 HULL C2 Y old e. A bég der Me 0 gen, di tds HPCHICOUES 12 p'rrure pa : DCE re Je 4 HK) DOME CE ÊT arte Etre) ven { 1 Le sin 2 ve 1 Hi AUOT furere brel HET ame Hire Labter Au cts ee hr He Len 101898 8 deu 4 be L de c Rela { 4} [H nt pi Fe a “ty A a FAT at ' vÙ y rnru À Le Ve { HI Len k ne Ah sl ) va MUST FÉENT H à. cree: , 4) Ut 4 + et H AUS k [4 FX ss ne [44 Gp MICHE US 4 ML ER | î Ü "ou th |) re agi vit tek pli ei AA (x 14 04 CONTE 1 (! 0) + LUE: “'# hat (rh Aa AE M CRE L j | # ane 4 Morte Ÿ AE { À Peur h FH } sl tn a EF? b. rs os NUS sue NPD } À pi Pt dns ù %: 4 et) À PR Je ‘ ne 4e (RAA MN 60 1e RU NÉE at, à f (9 dust h f il HU 44 TE #7 (à ni He ü ï £