ZA mir AR AS RE © STI LR CA A de ARE AE A € € “le (0 AAA anrlt CS Pa 7e Du PR RS A A A 2e x > Pa = PRÛIRURE PAPER à PIS PER LAN | PE ue x PR nr GG FR: YA AR ALALR. pe RAR A A Mr 1 : PTS DT D 20; Loue LT 1 ' n = | \ \ ANNALES SCIENCES NATURELLES SEPTIÈME SÉRIE BOTANIQUE 19067. — linprimeries réunies, À, rue Mignon 2, Paris. ANNALES DES SCIENCES NATURELLES SEPTIÈME SÉRIE BOTANIQUE COMPRENANT L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION DES VÉGÉTAUX VIVANTS ET FOSSILES PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. PH. VAN TIEGHEM RNAUE (LCR FD ; 5 1 TOME DIXIÈME PARIS G. MASSON, ÉDITEUR LIBRAIRE DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE Boulevard Saint-Germain et rue de l’Épcron En face de l’École de médecine 1889 TERRES RU Ÿ 5 be 1 / FERRER NL RC tj fi 1% nu : i ICEAMAU ï HA (TEE En le fe RECRT TRIAL me - a LR * * Eat DERNIÈRES ADJONCTIONS FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE Par M. G. DE SAPORTA DESCRIPTION DES ESPÈCES — 9° PARTIE DICOTYLEZÆ Les Dicotylées fossiles de la flore d'Aix, à la suite des explo- rations réitérées dont le gisement à été l’objet, accusent le même accroissement relatifque les autres catégories végétales. Le Supplément que nous publions porte le nombre total de leurs espèces à plus de trois cents. Ce chiffre est même dépassé de beaucoup si l’on fait entrer en ligne de compte les organes indéterminés : feuilles, fleurs, calices, inflorescences, fruits ou graines, dont l’attribution générique ne saurait être fixée que d’une façon approximative. Certains groupes de Dicotylées, au temps des gypses d’Aïx, jouissaient d’une prépondérance véritable : les Myricées, les Quercinées, les Laurinées, dans les Apétales; les Composées, Myrsinées, Diospyrées, Éricacées et Vacciniées, dans les Gamo- pétales; les Araliacées, Anacardiacées, Célastrinées, par- dessus tout les Légumineuses, dominaient alors et accentuaient les masses du paysage. On manquerait à l’exactitude en n’in- sistant pas sur d’autres types dont la présence moins fréquente contribuait pourtant à la physionomie de l’ensemble. Tels étaient, par exemple : les Nerium, Catalpa, Magnolia, Cedrela, Ailantus, Zizyphus, ete., et en première ligne les Acacia et Mimosa que l'Europe méridionale a perdus et qui faisaient 1e série, BoT. T. X (Cahier n° 1). Î 2 G. DE SAPORTA. partie de la flore d’Aix à titre d'éléments essentiels. Il est éga- lement certain que des Nymphéacées variées, représentées par des formes de petite taille, peuplaient de leurs colonies les eaux tranquilles. — Il n’est pas moins établi que sur larrière- plan et dans une situation reculée, qu’atteste la constante rareté des débris venus jusqu'à nous, la plupart des types d'arbres demeurés propres à la végétation de l'Europe cen- trale étaient dès lors introduits au sein dela région, dominée peut-être par des hauteurs boisées. En effet, à côté des formes végétales, généralement exoti- ques, que nous venons d’énumérer, les genres Alnus, Betula, Ostrya, Populus, Salix, Fraxinus, Hedera, Acer, Pistacia, Amygdalus, Cercis, enfin des organes épars qui dénotent Pexis- tence d'herbes rentrant parmi les Chicoracées, les Ombel- lifères, les Renonculacées, Caryophyllées, Trifoliées, etc., semblent dénoter la présence d’un fonds de végétation, moins éloigné de celui que nous avons actuellement sous les yeux, qu'on ne serait porté à le croire au premier abord, frappé que l’on est par le contraste des richesses d'autrefois avec l’indi- gence relative de la nature vivante sur les mêmes lieux. En un mot, la flore éocène de Provence aurait été graduellement dépouillée de son opulence première; elle aurait reçu du Nord, à un moment donné, et à plus d’une reprise, un certain nombre de formes et de types, qu’elle ne possédait pas origi- nairement; mais, au total, elle aurait moins changé qu’on ne serait porté à l’admettre à priori, et lPélimination des éléments végétaux, auxquels lempire avait été longtemps dévolu, aurait été la vraie cause et la raison d’être de l’exten- sion de ceux qui, d’abord obseurs et suberdonnés aux pre- miers, finirent par prendre possession du sol et obtenir à leur tour la prépondérance. En ce qui touche la détermination des Dicotylées, il existe à l’égard des espèces de cette catégorie, bien des différences et des degrés très divers. Les fruits, les gousses, les samares ou les graines ailées de plusieurs d’entre elles donnent l’assu- rance d’une attribution légitime. Les feuilles de certaines FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 5) autres sont assez nettement caractérisées pour justifier plei- nement leur attribution. Il en est beaucoup, il est vrai, de plus douteuses, et la détermination de celles-ci est simplement approximative ou même conjecturale. Vis-à-vis de ces der- nières, le temps seul et des études répétées atténueront ce que leur définition présente encore de relativement obscur; mais il faut croire qu'avec le temps on se rapprochera assez de la vérité pour la saisir de plus en plus, en diminuant les chances d'erreur, ramenées enfin dans d’étroites limites. APEFALE/Æ MYRICACEZÆ Myrica L. Pour mieux faire connaître les formes qui rentrent dans ce groupe dont limportance était considérable à l’époque des gypses d'Aix, nous complétons les notions précédentes à l’aide de quelques nouveaux échantillons. ! (64) MYRICA LÆVIGATA®? Sap., Révis., p. 122; Ann. sc. nat, 5° série, t. XVII, p. 24. — PL. I, fig. 2. Calcaires marno-crayeux de la partie inférieure. Nous figurons ici pour la première fois l'échantillon unique et mutilé aux deux extrémités, que nous avons rattaché avec vraisemblance au Myrica lævigata de Heer (1), espèce ré- pandue, non seulement en Suisse, mais dans la flore de Ma- nosque et caractéristique de laquitanien inférieur. Cepen- dant le réseau veineux parait iei moins fin et moins complexe que celui des exemplaires de Manosque, bien que d’ailleurs le contour extérieur et la direction des principales nervures semblent annoncer une seule et même espèce. (1) Cest le Dryandroides lævigata Hr., F1. tert. Helo., , p. 101, tab. 99, [< QE fig. 5-8.  G. DE SAPORTA. (65) MyYRICA AQUENSIS Sap., Révis., p. 193; Ann. sc. nat,, 5° série, tXVIIL,. p.25. = PL f, fig. 45. Calcaires de la partie inférieure. Nous rapportons à cette espèce qui se rapproche sensible- ment du Myrica banksicefolia Ung. deux nouveaux échantil- lons dont l’un fort beau représente une feuille complète (fig. 4), et l’autre la base d’une autre feuille dont la super- ficie est parsemée de ponctuations caractéristiques (fig. 5). 325. Myrica elomgata (pl. |, fig. 3). M. foliis coriaceis, longe linearibus, sensim apice angustatis breviter- que apiculatis, margine autem denticulatis ; nervis secundariis multipli- cibus, obtuse emissis, postea curvatis, venulis flexuosis inter se reli- gatis. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. Nous séparons cette forme, représentée par une belle empreinte, malheureusement incomplète inférieurement, du Myria angustata Schimp (1), dont elle se rapproche beaucoup. Le limbe a cependant iei un autre aspect ; il est plus longue- ment linéaire, plus insensiblement atténué vers le haut et ter- miné par une pointe plus courte. Ge n’est là peut-être qu’une variété qui nous semble surtout comparable au Myrica hœæringiana Ett.; elle doit être assimilée plus particulière- ment encore à une forme de Myrica qui a été rencontrée dans les marnes du Trocadéro, sur l'horizon du caleaire grossier supérieur du bassin de Paris. 326. Miyrica iliciformis (pl. III, fig. 1-2). M. foliis coriaceis, sat breviter petiolatis, lanceolatis, basi integra in cuneum attenualis, margine autem dentato-aculeatis; nervis secundariis plurimis, oblique emissis, in dentes decurrentibus; tertiariis oblique flexuosis in reticulum tenue solutis. (1) Voy. Saporta, Révis., p. 124; Ann. sc. nat., 5° série, t. XVIIL, p. 26, pl. V, fig. 4, et VI, fig. 7. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. D Calcaires en plaques de la partie moyenne; quartier de Saint-Hippolyte. Rare. L'espèce que nous désignons sous le nom de Myricailicifor- mis est évidemment voisine du M. ilicifolia Sap. (1) ; mais elle en diffère assez sensiblement par le sommet moins aigu de ses feuilles, par des veinules plus fines et plus obliquement réti- culées dans l'intervalle des secondaires ; enfin par des dents marginales moins nombreuses. Elle a été recueillie dans les calcaires du quartier Saint-Hippolyte, sur le prolongement des lits qui sont inférieurs aux gypses exploités. Des deux feuilles figurées, l’une (fig. 2) est beaucoup plus grande que l’autre ; mais elles présentent toutes deux les mêmes traits caractéris- tiques. 927. Myrica dryomorplha (pl. I, fig. 1). M., foliis rigide coriaceis, breviter petiolatis, lanceolatis, basi oblique truncalis in cuneum atlenuatis, margine acute sæpiusque duplicato- incisis, incisuris aculealis: nervis secundariis oblique ramosis in dentes pergentibus; venulis flexuosis in rete minutulum solutis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Nous pensons reconnaitre une espèce voisine, mais distincte de notre Myrica Matheronti (2) dans la belle empreinte que reproduit notre planche [, figure 1. La feuille est tout à fait intacte ; les détails de la nervation grossie (fig. 1°), Paspect général, le mode de dentelure, la dimension proportionnelle du pétiole rappellent, il est vrai, une de nos précédentes figures (3); cependant les caractères que présente le nouvel échantillon sont bien plus tranchés : le péliole est plus épais ; les incisures marginales sont plus prononcées et souvent (hVoy. Revis., p. 126; Ann.:sc.rnat., 5° série, t. XVIII, p. 28, pl. VI, lig. 5. (2) Voy. Révis:, p. 128; Ann. sc. nat., 5° série, t. XVIIL, p. 30, pl. VI, fig. 3-4 et 6. : : s (3) La figure 3 de la planche VI précitée. 6 G. DE SAPORTA. accompagnées d’une ou deux supplémentaires ; le limbe est plus étroit, la consistance plus épaisse et plus ferme. Le réseau veineux présente, de son côté, quelques différences : il est plus fin, plus serré, plus complexe que dans le Myrica Matheront ; enfin la nouvelle forme reproduit d’une façon tout à fait frap- pante le type du Myrica serrata Lam., de la région du Cap, avec une consistance plus coriace, Parmi les espèces fossiles, notre Myrica dryomorpha doit être rapproché du M. Grefji Heer (1), de l’aquitanien suisse (Hohe-Rhonen) et, par lin- termédiaire de celui-ci, mais de bien plus loin, du Myricu oxydonta (2), forme curieuse signalée par nous dans la flore de Coumi (Eubée). 328. Myrica palæomera (pl. I, fig. 6). M. amentis? masculis sessilibus, parvulis, ovato-oblongis, squamosis, squamis brevibus rotundatis ad pressim imbricatis constantibus. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Nous signalons ici, sans être assuré de l'attribution qui semble pourtant vraisemblable, un petit chaton sessile el nu inférieurement, qui provient des mêmes lits que le Myrica lævigata et se trouve composé d’un certain nombre d’écailles imbriquées, courtes et arrondies à leur bord supérieur ; la forme et la disposition de ces écailles me rappellent très bien celles qui caractérisent les chatons mâles des Myrica de la sec- ion Faya. BETULACEÆ Notre opinion sur les Bétulacées de la flore d'Aix a varié à raison même de lextrême rareté des documents recueillis concernant cette famille et des difficultés attachées à leur détermination. Plusieurs découvertes successives sont venues (1) F1. tert. Helv., I}, p. 176, tab. 150, fig. 19-20. (2) Voy. Ann. sc. de l'Éc. norm. sup., 2 série, t. IL, pl. XL, fig. 14. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 7 pourtant éclairer la question d’un jour nouveau et démontrer, ce que nous avions déjà soupçonné, que les deux genres A/nus et Betula coexistaient dans la flore d'Aix, représentés seule- ment par des espèces cantonnées à l’écart des plages de l’an- cien lac, le long desquelles leurs restes ne furent que très accidentellement entrainés. L'exclusion d'empreintes de feuilles fabriquées et par consé- quent fausses nous avait porté à admettre le rejet du Bouleau signalé en premier lieu (Betulu gypsicola) et l'attribution à P'Alnus antiquorum, comme conséquence de ce rejet, d’une samare parfaitement authentique et des mieux caractérisées, considérée d’abord et avec raison comme ayant appartenu à ce bouleau. Maintenant la présence constatée des divers organes de lA/nus antiquorum, et la découverte d’une seconde samare de Betula nous engagent à reprendre les premiers errements, en les complétant de la manière suivante : ALNUS Tournef. (75) ALNUS ANTIQUORUM Sap. (ex parte), Révis., p. 129; Ann. se. nat., o° série, &. XVIII, p. 31 (excl. fructu, saltem samara ad Betulam certis- sime spectante). — PI. I, fig. 7-9, et L, fig. 3-4. A. foliis petiolatis, breviter ovato-orbiculatis, basi apiceque obtusatis, tenuissime denticulatis denticulis sparsis; nervis secundariis sub angulo aperto emissis, secus marginem €urvatis ramosoque religalis ; — amentis masculis gracilibus, breviter peduneulatis, eylindricis, ad apicem ramu- lorum dense congestis ; — amento fæmineo maturo, sive strobilo breviter peduneulalo, ovato-oblongo, e squamis lignescentibus antice inerassatis constante, peduneulo leviter areuato; — samaræ nucula compressa, oblonga, basi truncatula, stylo persistente rostrata, utrinque angustissime ala cartilagineo-cincta. Calcaires de la partie inférieure (rare) et calcaire marneux de la montée d'Avignon (strobile). La rareté de cette espèce a été longtemps un obstacle à son exacte définition. Cette rareté tient sans doute à ce qu’elle croissait à l’écart, probablement dans de hautes vallées, en sorte qu'il aura fallu une sorte de hasard pour entrainer Jusque 8 G. DE SAPORTA. dans les eaux du lac quelques-uns de ses débris. Nous possé- dons pourtant, ce qui n’a pas lieu ordinairement, non seule- ment les feuilles de cet A/nus, et ses organes fructificateurs, mais encore ses chatons mâles en place et réunis en fascicule, comme chez les Aunes actuels, à l'extrémité supérieure d’un rameau (voy. pl. Il, fig. 3 et 3°). Les feuilles, dont il existe deux exemplaires (pl. E, fig. 7 et ,), sont petites, ovales-orbi- culaires, munies d'un assez court pétiole, finement denticu- lées à denticules éparses, très faiblement saillantes où même oblitérées le long des bords ; le sommet est obtus; les ner- vures secondaires sont très fines, alternes ou subalternes ; elles sont émises le long de la médiane, au nombre de sept paires, sous un angle ouvert; parallèles entre elles, elles se recourbent le long des bords et s’anastomosent à l’aide d’un petit nombre d’arceaux successifs. Le réseau des veines ter- tiaires est d’une grande finesse et se compose, comme dans la plupart des Alnus, de nervilles transversales simples ou bifur- quées, réuniesentre elles par des vemules obliques. Ces feuilles, très nettement caractérisées, devaient être d’une consistance souple et membraneuse, puisque l’une des empreintes se montre latéralement plissée, comme sile Himbe, au lieu de s’éta- ler à plat, avait subi au fond de l’eau, sur ce point, la com- pression de quelque objet qui l’aurait froissé. On reconnait sans peine que ces feuilles ressemblent à celles de PA lnus orien- talis Dne, surtout à une forme de cette espèce, indigène de r'îile de Chypre (Al/nus oblongata). Elles offrent encore de la ressemblance avec celles de l’Alnus (Clethropsis) nepaulensis Wall. Elles ne semblent rien avoir eu de persistant ni rien qui les écarte de celles de nos Alnus méditerranéens actuels; mais elles dénotent sans doute une petite espèce, conjecture que confirme l’examen des chatons mâles. Pour bien saisir la figure 3, planche IL, qui représente ces chatons, et la figure 3° qui les reproduit assez fortement gros- sis, il faut se souvenir qu’à la fin de l’été, et lorsque les stro- biles fécondés au premier printemps, sans avoir atteint leur maturité, viennent d'acquérir cependant leur grosseur nor- FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 9 male, on voit paraître à l'extrémité des rameaux de l’année et à l’aisselle de la plus haute feuille, l’inflorescence (1) destinée à s'épanouir au printemps prochain. Elle consiste en un double rameau, dont l’un, beaucoup plus court que l’autre, supporte les appareils femelles d’abord très impar- faits et à peine visibles, tandis que l’autre, rapidement évolué, constitue une cyme corymboïde, dont chaque division sup- porte un chaton, etces chatons, grêles et allongés dès l’origine, se trouvent d’abord réunis en faisceau et serrés les uns contre les autres. Ils sont au nombre de trois à cinq dans les Alnus glutinosa L., cordata Lois. et subcordata CG. À. Mev.; plus épais ou plus grêles, plus allongés ou plus courts selon les espèces. C’est dans cet état que l'empreinte fossile nous montre le cha- ton de lAlnus antiquorum. On distingue en effet la sommité d’un rameau subdivisé inférieurement : l’une des subdivisions est tronquée ; J’autre se prolonge et supporte une réunion de chatons cylindriques juxtaposés, au nombre de sept à huit. On remarque tout de suite la faible dimension de ces chatons et de l’inflorescence elle-même dont ils font partie, et qui dans son ensemble n'excède pas en longueur 4 centimètres. Cette circonstance semble prouver que lPappareil était voisin de son premier développement lorsqu'il à été fossilisé. Le strobile dont notre figure 10, planche I, reproduit un bel exemplaire grossi en 10° est relativement petit, ayant à peine la dimension de ceux de PA. glutinosa. I est ovale- oblong, solitaire au sommet d’un pédoncule court et gros etun peurecourbé. Les écailles dontilest formé sont ligneuses, étroi- tementserrées, élargies en écusson antérieurement. Leuraspect, leur disposition et celle de l'organe considéré dans son ensemble aunoncent bien une espèce analogue aux Clethropsis et qui aurait appartenu à ce sous-genre actuellement exotique. La (1) Il est à noter que celte inflorescence ne procède pas d’un bourgeon spé- cial, mais qu’elle représente le complément et qu'elle répond au développement dernier de la sommité ramifiée du jet annuel. L'inflorescence, ainsi constituée, tient la place du bourgeon terminal, et le rameau ne se prolonge qu’au moyen d’un bourgeon latéral et axillaire. 40 G. DE SAPORTA. découverte d’une samare (pl. IE, fig. 4) est venue confirmer ce rapprochement. Cette samare est bien celle d’un Alnus : la nucule est ovale-oblongue, comprimée ; elle est surmontée par les vestiges d’un style persistant et accompagnée latéralement d’une étroite bordure cartilagineuse. Ges mêmes caractères se reurouvent dans les organes correspondants de la plupart des Alnus et spécialement de l'A. subcordata CG. À. Mey., et du Clethropsis nitida Sp., qui fait le passage des Alnaster ou Cle- thropsis aux Alnus propres. Les fruits de cette espèce sont ou aptères ou bordés du moins d’une aile cartilagineuse des plus étroites. BETuLA Tournef. 329. Betula stenolepis (pl. Il, fig. 6-8). B. strobili squamis verosimiliter secus axin semi-persistentibus, bre- viler trilobis, lobis lateralibus minime productis, samaræ alis paulo angustioribus,lobo medio lineari laterales abbreviatos parumque recurvos superante; — samaræ nucula oblongo-elliptica, apice breviter birostri, basi subtruncata, in alim orbicularem, sursum emarginatam, nucleo paulo latiorem ex utroque latere expansa. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Nous connaissons de ce Bouleau une samare et une écaille détachée d’un strobile. Ces organes sont pourtant si bien carac- térisés qu'ils suffisent à lexacte détermination de lespèce. La samare que nous avions un moment rapportée à l’Alnus anti- quorum est bien celle d’un vrai Betula. Nous la reproduisons de nouveau pour mieux en faire ressortir les traits. La nucule, ellipsoïde allongée, est birostre à lextrémité supérieure; elle est accompagnée sur les deux côtés d’un appendice ailé et finement membraneux, arrondi latéralement et émarginé dans le haut, dont la largeur excède un peu celle de la nucule. C’est bien là réellement une samare de Bouleau, comparable par les dimensions et la forme à celles du Betula Dryadum Brngt, si répandu à Armissan. L’aile de lespèce d'Aix est cependant plus arrondie dans le haut et la nucule un FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 11 peu moins atténuée inférieurement. D'ailleurs l’absence des feuilles s'oppose à une assimilation entre les deux Bouleaux séparés l’un de l’autre par un espace vertical assez notable, correspondant à l’oligocène presque entier. Nous rapprochons de cette samare , la plus ancienne du genre qui ait été encore signalée, une écaille de strobile (pl. IE, fig. 7 et 8) dont l'attribution générique ne semble pas douteuse. Elle est petite, étroite, à lobe médian lancéolé- linéaire et bien plus allongé que les latéraux, un peu réfléchis en dehors. Nos figures grossies, 7° à 8*, permettent de saisir l'aspect de l’ancien organe, dont les deux faces sont con- servées. Cette écaille dont la structure et les caractères sont parfaitement saisissables se rapproche sensiblement de celles des Betulaster où Bouleaux des parties chaudes de l'Asie, dont les écailles fructifères persistent sur lPaxe qui les porte, même après la chute des samares. Plus étroites et plus allon- oées que les organes correspondants des Bouleaux ordinaires, elles ne recouvrent qu'imparfaitement les samares. Il devient par cela même vraisemblable que les organes qui viennent d’être signalés sont ceux d'un Betulaster, dont il resterait à connaitre les feuilles. Son éloignement des bords du lac ter- taire expliquerait à lui seul l’extrème rareté de ses débris. Il ue faut pas oublier que le Betula Dryadum, si répandu à Armissan, au moins en ce qui touche les samares, doit être rangé parmi les Betulaster d'après les études auxquelles nous nous sommes livré, circonstance qui explique à la fois la pro- fusion de ses samares et l’absence des écailles fructifères de l’espèce dans les lits du gisement des environs de Narbonne. 390. Betula Sodalis (pl. Il, fig. 5). B. samaræ nucula suborbiculari, apice breviter attenuato birostri, utrinque æqualiter alata, alis rotundatis deorsum expansis, margine autem superiori leviter fimbriato-laceris. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Il est impossible de confondre cette samare avec celle de 12 G. DE SAPORTA. l’espèce précédente, et cependant c’est encore certainement une samare de Bouleau. La nucule est à peu près orbiculaire, un peu atténuée au sommet, terminée par deux pointes stigma- tiques moins fines et plus courtes que dans le Betula steno- lepis. Les ailes, égales et latéralement arrondies, sont un peu plus étroites que la nucule; elles se prolongent inférieurement au-dessous de celle-ci et présentent chacune vers le haut une ou deux fimbriures que l’on observe quelquefois à la même place en examinant les samares des Bouleaux actuels. CORYLACEÆ OsrryAa Mich. (74) OSTRYA HUMILIS Sap., Révis., p. 181; Ann. sc. nal., 5° série, t. XVIH, p. 83, pl. VI, fig. 5. — PL. I, fig. 11, et pl. IL, fig. 1-2. O. foliis tenuiter membranaceis, elliptico-ovatis, margine tenuiter arguteque duplicato-denticulatis, penninerviis; nervo primario gracili, secundariis alternis suboppositisque, parallelis, secus marginem ramo- sis, ramulis in dentes pergentibus, venulis præterea subtilibus transver- sim decurrentibus ; — nuculæ involucris sat parvulis, clausis, verosimi- liter firme chartaceis, ovatis, obtusissimis, brevissime pedicellatis; nervis longitudinalibus plurimis, venulis oblique emissis medicantibus, reticu- lum laxum efficientibus delineatis. Çà et là, surtout dans les calcaires de la partie inférieure ou moyenne, ainsi que dans les couches marneuses de la montée d'Avignon. Les involucres de cette curieuse espèce, la plus ancienne du genre qui ait été encore signalée, sont déjà connus et ont été figurés par nous à deux reprises. Nous avons obtenu récem- ment des empreintes creuses assez nettes pour donner lieu àun moule en relief, circonstance qui atteste la fermeté des parois de ces anciens organes. Nous reproduisons ici un de ces exemplaires de grandeur naturelle (pl. I, fig. 11) et grossi (fig. 11 et 11°), de manière à faire voir l’aspect que présen- taient les deux faces du même involuere. La figure 11° repro- duit, sous un plus fort grossissement, le réseau veineux FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 15 ‘superficiel. On voit que ces involucres, conformés comme ceux des Ostrya actuels, mais un peu plus petits et très obtus au sommet terminé en façon de calotte, étaient supportés par un très court et assez gros pédicelle, vers le haut duquel un poil semble encore adhérer. Les feuilles étaient inconnues jusqu'à présent ; mais cette lacune à été comblée par la décou- verte d’un fragment incomplet, il est vrai, assez facile à reconstituer cependant, dont nous possédons les deux côtés (pl. IF, fig. 1-2). La figure 2%, même planche, reproduit les détails grossis de la nervation. On voit que cette feuille, dans laquelle 1l est impossible de méconnaitre soit un Carpinus, soit un Ostrya, est ovale-ellipsoïde, très délicatement mem- braneuse, denticulée le long des bords, à dents aiguës, mais peu saillantes. Les nervures de divers ordres sont très fines ; les secondaires, droites et parallèles, se ramifient avant d’at- teindre la marge et aboutissent soit par elles-mêmes, soit par leurs rameaux aux denticules du bord. Les nervures tertiaires sont des plus déliées et s'étendent transversalement, rehiées entre elles par des veinules obliques. CUPULIFERÆ Quercus L. Le nombre des Chênes de la flore d’Aix, bien que leurs empreintes soient toujours relativement rares, s’est cependant accru depuis notre dernier supplément (1), et les espèces se trouvent aussi mieux connues. Le nombre total aurait même lieu de surprendre si lon se rapportait uniquement à l’état ordinaire des choses ; mais les Pins, de même que les Myricées et les Acacia, nous font toucher au doigt ce phénomène d’une réunion d’espèces congénères, bien plus considérable que (1) Révis., p. 181; Ann. sc. nat., 5° série, t. XVIIL, p. 33 et suiv. — Les espèces décrites sont au nombre de cinq, auxquelles il faut joindre les sept espèces nouvelles qui vont être signalées. — Ge serait donc en tout une dou- zaine de Quercus, dont quelques-uns sans doute ne représentent que des formes ou variétés. 1% G. DE SAPORTA. celles actuellement comprises dans un seul et même canton. Il y avait visiblement alors tendance à une combinaison plus riche et plus variée de formes vivant pêle-mêle, sans s’exclure mutuellement. Les effets de plus en plus exclusifs de la concur- rence vitale et les révolutions du climat auront éliminé depuis une foule de végétaux, les uns éteints, d’autres simplement émigrés, et la flore européenne à dû s’appauvrir graduelle- ment, à mesure que les espèces robustes et favorisées par les circonstances s’étendaient aux dépens des autres, de plus en plus cantonnées et réduites, sinon totalement exclues. Il nous semble que les Chènes de la flore d’Aix ont dù former trois groupes : l’un, actuellement américain ou est-asiatique, est celui auquel les Quercus phellos L. et virens Aït. servent de type, mais dont certaines formes chinoises et japonaises reproduisent également laspect (1). Les deux autres font encore partie de la flore méditerranéenne; c’est le groupe des Chlorobalanus où Chènes verts (Quercus ilex L., cocci- fera L., etc.) et celui des Cerris. Celui-ci est évidemment le moins répandu; nous n’avons à lui rapporter qu’une seule espèce. 1. TYPE DES CERRIS 331. Quercus aquisextana (pl. I, fig. 5, 6 et 7). Q. foliis membranaceis petiolatis, ovalo-lanceolatis, apice sensim acuminatis, margine simphiciter lobato-dentatis dentibus breviter acutis ; nervo primario sat gracili, nervis secundariis sparsis, inferioribus sub angulo aperto emissis, superis obliquioribus, tertiariis transversim decur- rentibus flexuosis lare reticulatis; secundariis omnibus in lobulos recte pergentibus. Calcaires crayeux de la partie inférieure. — Très rare. Nous possédons deux fragments d’une feuille de cette curieuse espèce ; 1ls se rapportent aux deux côtés d’une seule et même empreinte et servent à la compléter fort heureuse- (1) Nous citerons plus particulièrement les Quercus paucidentata Franch. et semecarpifolia Wall. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 15 ment; la figure 7, planche IT, montre cette reconstitution. Nous obtenons ainsi une feuille de Chêne dont les caractères sont parfaitement saisissables : le pétiole est court et assez mince; le limbe.est ovale, atténué en pointe supérieurement, obtus dans le bas. Le bord est découpé en lobes simples, anguleux et peu profonds. La nervation est pnnée; les ner- vures secondaires sont émises sous un angle ouvert inférieu- rement et plus obliques à mesure que l’on remonte vers le sommet de la feuille. Ces nervures demeurent simples et atteignent directement les lobes. Les veines tertiaires s’étalent transversalement en donnant lieu par leurs anastomoses à un réseau flexueux. Cette feuille se rattache par tous les caractères visibles aux Chênes de la section GCerris et en particulier au Quercus pseudosuber Desf. Mais sa ressemblance est surtout frappante avec le Quercus hispanica Lam. (Quercus pseudo- suber var. gibraltarica), race ou vartété qui habite à Gibraltar et tient de près au Q. pseudosuber. L'affinité de la forme fossile avec la race actuelle est tellement étroite que la première peut être considérée comme l'ancêtre direct de la seconde qui compterait du reste, à ce que nous croyons, encore quelques représentants épars sur le sol de la Provence, où le Q. pseudosuber proprement dit existe certainement, par pieds isolés, non loin de Grasse. 2. TYPE DES QUERCUS PHELLOS L., CINEREA Michæ., VIRENS Ait., PAUCIDENTA Franch. (77) QUERCUS PALÆOPHELLOS Sap., Révis., p. 134; Ann. sc. nal., 5° série, t. XVILE, p. 36, pl. VL, fig. 9-12. — PI. IL, fig. 11. Calcaires de la partie inférieure. Nous reproduisons une nouvelle empreinte de cette espèce ; elle est remarquable par sa belle conservation et provient des calcaires de la partie inférieure. L'espèce est maintenant très bien caractérisée; mais en même temps difficile à distinguer des exemplaires rapportés par nous au Quercuselæna de Unger, surtout de la figure 13, planche 7, de la Révision. 16 G. DE SAPORTA. 332. Quercus elæomorpha (pl. IV, fig. 2). Q. foliis coriaceis, stricte lanceolatis, integerrimis, plus minusve sub- tus breviter tomentosis, margineque leviter revolutis ; nervo primario stricto, secundariis sparsis, curvatim areolatis. Calcaires marneux de la base. — Très rare. La feuille est petite, étroitement lancéolée, obtuse aux deux extrémités, distinétement marginée le long des bords légèrement repliés en dessous. L’empreinte se rapporte à la face inférieure, visiblement recouverte d’un tomentum ras, plus ou moins serré, qui dérobe en partie les détails du réseau veineux. La nervure médiane est mince et peu saillante ; les secon- daires se replient en arceau le long des bords. Cette forme parait distincte de celles que nous avons signalées jusqu'ici ; elle se rapproche des variétés les plus étroites du Q. cinerea Michx, ainsi que de celles du Q. ilex dont la marge est entière. 33. Quercus lauriforamis (pl. IV, fig. 1). Q. foliis elliptico-lanceolatis, margine integerrimo leviterque subtus revoluto hine inde undulatis, breviter petiolatis, petiolo mediocri trans- versim rug0s0 ; nervo primario prominente, secundariis sub angulo aperto emissis in areolas arcu obtuso ante marginem conjunetis. Calcaires schisteux de la partie inférieure, au quartier des Pinchinats. Très rare. La forme lancéolée-elliptique, c’est-à-dire obtuse aux deux extrémités du contour extérieur, distingue aisément cette feuille de celles que nous avons décrites et dont nous repar- lerons ci-après sous le nom de Quercus elliptica. Le pétiole est court et gros relativement; 1l est un peu recourbé et marqué de rides transversales assez prononcées et très fines. Le bord est entier, légèrement replié en dessous et distinctement ondûlé par places. L’empreinte montre la face inférieure qui FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 17 était peut-être un peu tomenteuse; la nervure médiane est saillante; elle s’amincit insensiblement en approchant du sommet de l’organe qui est atténué-obtus et peut-être mucro- nulé. Les nervures secondaires sont fines, émises sous un angle très ouvert, bifurquées et réunies avant le bord à l’aide d’arceaux très obus. Ces nervures forment ainsi de larges aréoles cernées extérieurement d’une rangée d’aréoles plus petites et divisées à l’intérieur en compartiments trapézoïdes par des veines tertiaires flexueuses, diversement repliées et anastomosées ; nous avons comparé le Quercus elliplica aux feuilles entières du Q. virens Aït., le Q. lauriformis offre un rapport frappant avec tout un groupe de Chênes mexicains, rangés dernièrement par Orsted dans son sous-genre Ery- throbalanus et à une partie desquels cet auteur à appliqué non sans raison la dénomination de laurifolie. Les formes quinous ont paru ressembler le plus à notre espèce fossile sont les sui- vantes : Quercus confertifolia Humb. et Bompl., dont la feuille est cependant plus atténuée dans le haut; — Q. crassipes Humb. et Bompl., en choisissantles formes les plus étroites; — Q. lanceolata Humb.et Bompl., dontles feuilles présentent le même mouvement d’ondulation le long des bords, — et enfin Quercus linquæfolia Liebm. dont l’analogie est tout à fait remarquable, soit que l’on s'attache au contour extérieur, soit que l’on considère la disposition des nervures. 394. Quereus secia (pl. V, fig. 10-11). Q. foliis membranaceis, sat longe petiolatis petiolo gracili, oblongis in petiolum sensim angustatis, margine subundulato integerrimis ; nervo primario tenui; secundariis sparsis, subtilibus, plurimis curvatis, ante marginem ramoso-anastomosatis, tertiariis tenuissime reticulatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Nous attribuons encore aux Quercus la moitié d’une feuille élégante, dont la terminaison supérieure fait défaut, mais dont nos figures 10 et 11, planche V, reproduisent l'empreinte et la contre-empreinte. Le pétiole est long et grêle; la base atténuée 7 série, BOT. T. X (Cahier n° 1). 2 18 G. DE SAPORTA. en coin aigu; le bord faiblement ondulé, mais parfaitement entier. Les nervures secondaires sont fines, nombreuses, assez irrégulièrement disposées, ramifiées et anastomosées le long de la marge. L’intervalle qui les sépare est occupé par un réseau très délié de veines transversalement décurrentes et reliées par des veinules. Gette jolie espèce peut être comparée à plusieurs Chènes américains du type cinerea. 399. Quercus areolata (pl. II, fig. 10). Q. foliis membranaceis, ovalo-ellipticis, apice obtusatis, integerrimis ; nervo primario stricto, secundariis gracilibus sub angulo aperto emissis, secus marginem conjuncto-areolatis ; tertiariis flexuosis in rete areolis irregulariter trapezoideis tandem solutis. Calcaires marneux de la partie inférieure, — Très rare. La feuille unique rapportée à cette espèce est mutilée infé- rieurement. Les deux tiers supérieurs sont intacts et pré- sentent un limbe largement ovale-ellipsoïde, à bords entiers, arrondi et rétus au sommet, dont la nervation offre beaucoup d’aualogie avec celle des Chênes lauriformes d'Amérique, particulièrement avec les variétés à feuilles larges et obtuses du Quercus virens Ait. Cette nervation se compose, dans l'empreinte fossile, d’une médiane mince etnettement accusée, accompagnée de secondaires fines, alternes, émises sous un angle ouvert, assez nombreuses et réunies en aréoles avant le bord, à l’aide d’un arc flexueux cerné par une rangée : d’aréoles marginales. Les veines qui courent dans l’intervalle des nervures secondaires sont flexueuses et ramifiées en un réseau à mailles irrégulièrement trapézoïdes. Cette espèce se place entre le Quercus salicina Sap. et le Quercus elliptica Sap. Elle se distingue par le contour plus largement ellip- tique du limbe. La consistance de celui-ci a dù être plutôt membraneuse que coriace. Le réseau veineux est très visible. La découverte de l’espèce est due aux recherches de M. le professeur Philibert. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 19 (78) QUERCUS ELLIPTICA Sap., Révis., p. 134; Ann. sc. nat., 5° série, t. XVI, p. 36, pl. VIL, fig. 2-6. — PI. IN, fig. 12-13, et III, fig. 2. Calcaires en plaques de la partie inférieure ; quartiers des Pinchinats et de Saint-Hippolyte. Nous figurons comme se rapportant au Qwercus elliptica, maintenant bien connu, plusieurs feuilles nouvellement découvertes. L’une est intacte (pl. IE, fig 12) et fort belle de conservation. Elle est accompagnée d’une samare d’Acer (en «) et provient des calcaires de la partie inférieure. La figure 13, même planche, représente une feuille plus petite et moins obtusément terminée, qui semble pourtant repro- duire le même type spécifique. — Une autre empreinte recueillie au quartier de Saint-Hippolyte, sur le prolonge- ment des mêmes lits vers le nord-ouest (pl. IT, fig. 3), fait voir deux feuilles de la même espèce, dont l’une repliée sur elle-même et l’autre couchée en travers sur la première. — Le Quercus elliptica Sap. reproduit dans la flore d’Aix le type du Quercus virens Ait., d'Amérique. 3. TYPE DES QUERCUS ILEX L. et COCCIFERA L. 390. Quercus ilicima (pl. III, fig. 4). Q. foliis coriaceis, ovato-lanceolatis, utrinque breviter attenualis, margine argute dentalis, penninerviis ; nervo primario sat valido ; secun- dariis plurimis, obliquioribus, inter se parallelis, simplicibus vel quan- doque furcatis, in dentes recto tramite pergentibus ; tertiariis transver- sim flexuosis in reticulum tenue areolis tandem trapezoideis solutis. Calcaires marneux de la montée d'Avignon. — Très rare. o Les empreintes de cette curieuse espèce sont fort rares et pourraient être confondues avec celles du Myrica dlicifolia ; mais la forme générale diffère, ainsi que l'ordonnance des nervures secondaires et la disposition du réseau veineux, que nous avons eu soin de reproduire sous deux grossissements (fig. 4%, pl. HD. On reconnait, en l’examinant, celui qui caractérise les feuilles de Chênes, spécialement celles de la 20 G. DE SAPORTA. section des Îlex. La forme générale de la feuille est ovale- lancéolée ou lancéolée-elliptique, atténuée aux deux extré- mités, mais non acuminée. Le bord est denté à dents aiguës; la nervation est prinnée, et les nervures secondaires relative- ment nombreuses (40 à 412 paires), assez obliquement émises, minces, parallèles entre elles, mais un peu flexueuses, vont aboutir chacune à une des dents de la marge, tout en émet- tant vers le haut des ramules au moyen desquels elles contractent des anastomoses variées. Les nervures tertiaires, transversalement flexueuses et reliées par des veines courant en sens contraire, se résolvent en un réseau très fin dont les dernières mailles affectent une forme trapézoïde (voy. fig. 4, pl. I). Les feuilles du Q. iicina rappellent beaucoup celles du Q. ilex par l'aspect et la disposition des dentelures; elles sont plus elliptiques et moins ovales, plus atténuées en coin inférieurement, et leurs nervures secondaires sont plus nombreuses et reliées entre elles par des anastomoses plus fréquentes. Par ces mêmes traits l'espèce fossile d’Aix se rap- proche sensiblement d’une forme de Q. lex, provenant du Yunnan et que M. Franchet nous à fait connaitre; elle est également comparable au Q. phylliræoides Asa Gray, de Nippon ; mais elle ne doit pas être confondue avec le Quercus antecedens Sap., décrit dans notre Révision, bien qu’elle se rattache au mème groupe, ainsi que l'espèce suivante. 391. Quercus spimescems (pl. Il, fig. 14). Q. foliis cartilagineis, ovato-oblongis, basi obtusalis, apice acutis, margine dentato-spinosis ; nervo primario sat valido, secundariis sparsis, obliquis, ramoso-anastomosatis vel etiam in dentes pergentibus. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Dans l'empreinte unique d’après laquelle nous établissons cette espèce, nous reconnaissons une feuille ayant Paspect, la dentelure et la nervation de celles du Q. coccifera L. Seu- lement les nervures secondaires sont plus nombreuses et plus FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 2 obliquement dirigées que dans la plupart de ces dernières feuilles. La feuille de notre Q. spinescens est ovale-oblongue, obtuse et peut-être sessile à la base, aiguë au sommet et pour- vue le long des bords de dents épineuses, irrégulièrement disposées et fort acérées. Les nervures secondaires, assez obliquement émises et plus nombreuses que les dentelures, s’anastomosent entre elles ou pénètrent directement dans les pointes épineuses. Leur intervalle est occupé par un réseau veineux que notre figure grossie (fig. 14) reproduit fidèlement et qui concorde avec celui des feuilles de Quercinées. On peut considérer cette feuille comme répondant au type ancestral du Quercus coccifera, de nos jours encore très polymorphe. MOREÆ Frcus LE. 338. Ficus superstes (pl. IV, fig. 5). F. foliis coriaceis, elliptico-ovatis, in petiolum basi obtuse attenuatis ; nervis secundariis sub angulo aperto emissis, ante marginem conjunctis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Nous pensons reconnaitre un Ficus dans cette feuille, ren- contrée une seule fois, mais dont la partie supérieure faitdéfaut et dont, par cela même, l'attribution reste douteuse. SALICINEÆ Poruzus Tournef. (85) PopuLus HEERI Sap., Révis., p. 140; Ann. sc. nal., 5° série, t. XVILE, p. 42, pl. VIL, fig. 3. — PI. IL, fig. 9, et IV, fig. 10-14. P. foliis? chartaceis, petiolatis, basi obtusatis, margine dentato-sinua- is, — squamis gemmarum vel ex inflorescentia fæminea distractis mar- gine fimbriato-pilosis ; — fructu capsulari bivalvi, valvis ovato-oblongis, rugosulis, stylo persistente quandoque adhuc superatis. Schistes et calcaires marneux de la partie supérieure, calcaires de la partie inférieure et marnes de l'extrême base à la montée d'Avignon. — Rare. 929 G. DE SAPORTA. Le fragment de feuille (pl. IL, fig. 9) que nous attribuons, non sans doute, à cette espèce est d’une consistance ferme et sinuée le long de la marge. Il représente la base d’une feuille ovale qui pourrait bien avoir appartenu à un Populus de la section des Goriaces. Ce qui est beaucoup moins incertain, c'est le fruit capsulaire, encore clos et surmonté de deux débris de styles, que reproduisent nos figures 410 et 114, planche [V, et qui est grossi en 10°. I est visible, par ce fruit, que le Populus Heeri se ratlachait au groupe du P. euphratica OI. La rareté de ses débris dénote pour lui une station éloignée des plages de l’ancien lac, peut-être reculée vers les hautes vallées. — En dehors du fruit, nous figurons encore (pl. IV, fig. 13-14) une bractée ciliée sur les bords, large et arrondie inférieurement, convexe sur une des faces (fig. 14), concave sur l’autre (fig. 13°), comme étant de nature à lui être réunie. Nous avions précédemment figuré d’autres bractées et nous en donnons ici un nouvel exemple (pl. IV, fig. 12). Celles-ci pourraient bien représenter des écailles gemmaires de Populus. Les bourgeons du P. nigra en ont qui affectent la même apparence. Seulement, elles ne sont pas aussi distinctement fimbriées le long des bords. La première (fig. 13 et 14) se rapporterait plutôt aux écailles gemmaires des chatons mèles, ou, mieux encore, aux bractées qui entourent les ovaires dans la fleur femelle. Ces bractées persistent à la base du fruit chez divers Peupliers, particuliè- rement le P. monilifera; mais elles sont caduques dans les espèces de la section Euphratica, dont la capsule est nue mférieurement et plus ou moins pédicellée à la maturité, comme la capsule fossile parait elle-même lavoir été. Quant aux ponctuations et rugosités fines qui couvrent la superficie des valves, elles se montrent également dans les Peupliers de la section précitée et paraissent constituer un de ses carac- tères distinctifs. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. A Sazix Tournef. 399. Salix aquensis (pl. IT, fig. 8). S. foliis lanceolato-linearibus, sensim acuminatis, basi obtusatis, margine cartilagineo glanduloso-serrulatis; nervo primario sat valido; secundariis tenuibus, plurimis, curvato-ascendentibus, venulisque trans- versim decurrentibus ramoso-anastomosatis; — capsulis ut videtur, bival- vibus, valvis ovato-oblongis brevibus erectis apertis, mediocriterque divergentibus. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. La feuille, jusqu’à présent unique, est fort belle, bien carac- térisée, presque complète, le pétiole et la sommité faisant seuls défaut. La forme du limbe est lancéolée-linéaire; l’extré- milé supérieure se prolonge en une pointe insensiblement atténuée. La base est obtuse et les bords sont dentés à dents de scie, cartilagineuses et visiblement glanduleuses (fig. 8*). La nervure médiane est nettement exprimée, mais sans saillie; l'empreinte correspondant à la face supérieure du limbe. De cette nervure partent des nervures secondaires mul- tipliées, déliées, recourbées-ascendantes, longeant le bord de très près et réunies entre elles par des veinules transversales simples et ramifiées. Le dessin du réseau veineux concorde par sa finesse et sa disposition avec celui des feuilles de Saules. Il ne saurait y avoir de doute, selon nous, au sujet de l’attri- bution générique, et l'espèce la plus voisine nous paraît être le Salix capensis Thb., qui est répandu dans toute Afrique australe. Cette affinité concorde, du reste, avec celle que nous avons plusieurs fois signalée entre la flore des gypses d’Aix et celle du continent africain. La forme des dentelures est la même des deux parts. Seulement la feuille fossile est plus grande, plus linéaire et plus insensiblement atténuée au som- met; elle se rapproche, par la forme de son contour, du Salix nigra Marsch., de l'Amérique septentrionale; mais, par les dentelures et les détails de la nervation, elle est bien plus voisine de l'espèce africaine. Nous réunissons à cette feuille 24 G. DE SAPORTA. deux empreintes (pl. IV, fig. 16 et 17) de fruits capsulaires bivalves, très analogues à ceux des Saules. Les deux valves sont oblongues-ovales et assez peu écartées l’une de l’autre. Les capsules à demi mûres des Sulix affectent le même aspect et des dimensions à peu près égales. Nous supposons donc que ce sont là peut-être les fruits du S. aquensis. 310. Salix demersa (pl. LI, fig. 9). S. foliis elliptico-ovatis, basi obtusatis, breviter obtuseque apice atte- nuatis, margine denticulatis, penninerviis ; nervis secundariis tenuibus, plurimis, obliquis, ante marginem curvatis ramosoque-anastomosalis ; tertiarns flexuosis, oblique transversim decussentibus. Schistes marneux feuilletés de la partie supérieure. — Très rare. Il existe une seule empreinte de cette remarquable espèce. Bien qu’elle ait souffert, elle est presque entière, sauf le pétiole, et présente des caractères qui permettent de la déter- miner sûrement. Le côté conservé répond à la face supérieure d’une feuille ovale-elliptique, obtuse à la base, atténuée au sommet en une pointe assez courte. Le bord est finement den- ticulé à dents sinueuses, espacées et probablement glandu- leuses. La nervure médiane est mince; les secondaires, très fines, peu visibles et assez nombreuses, se replient en se ramifiant, et s’anostomosent le long de la marge en émettant vers l’extérieur des veinules qui aboutissent aux dentelures. Les nervilles tertiaires courent transversalement dans l’inter- valle assez étroit qui sépare les secondaires; elles s’anasto- mosent avec des nervures directement sorties de la médiane qui vont les rejoindre, et composent, en se subdivisant, un réseau très délié. Cette feuille a dû présenter une consistance assez ferme : elle a tous les caractères qui distinguent celles des Saules indiens de la section des Tetrasperme d’Anderson, et se rap- proche spécialement du Salix suaveolens Anders., sous- espèce ou race qui habite les vallées de l'Himalaya. La forme fossile est seulement plus petite, moins acuminée au sommet, FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 25 et les nervures secondaires sont, chez elle, moins obliques et moins ascendantes, surtout vers le haut. — Le Salix demersa devait fréquenter le bord des eaux dans le fond des vallées montagneuses de l’époque; son éloignement des plages lacustres explique sans doute lextrème rareté de ses empreintes. Il à fallu un concours de circonstances favorables pour que les eaux courantes aient pu charrier quelques-unes de ses feuilles jusqu’à la surface des lits schisteux en voie de formation. 341. Salix retimervis (pl. IV, fig. 15). S. foliis lanceolato-linearibus, basi obtuse in petiolum attenuatis, margine tenuiter denticulatis dentibus apice carlilagineo-glandulosis ; nervo primario sat valido, secundariis numerosis, secus marginem cur- vatis, areolatis, venulas in dentes postea emittentibus ; tertiariis transver- sim decurrentibus, flexuosis, inter se et cum nervulis e nervo medio directe ortis in reticulum laxum solutis. Calcaires marneux de la partie moyenne. — Très rare. L’empreinte, demeurée unique, montre les deux côtés d’une feuille lancéolée-linéaire, obtuse à la base, insensiblement atté- nuée en pointe au sommet, dont l’extrémité manque, et den- ticulée le long des bords, à dents fines, cartilagineuses, proba- blement glanduleuses. La nervure médiane est assez épaisse ; et les secondaires sont nombreuses, émises sous un angle ouvert ou presque droit, fines, recourbées le long des bords s’anastomosant de manière à circonserire des aréoles de pre- mier ordre, en émettant vers le dehors des veinules qui vont aboutir aux denticules de la marge. Dans l’intérieur des mailles principales, S'étalent des veines tertiaires transversalement émises, qui courent dans l'intervalle des secondaires en s’ap- puyant directement sur la médiane. Ces veines flexueuses sont reliées entre elles par des veinules et donnent lieu, par leur ensemble, à un réseau très nettement visible. Tous les caractères de cette feuille dénotent un Saule allié au groupe des Saules africains, dont le Salix Safsaf Forsk. 26 G. DE SAPORTA. est le type ; 1l est surtout voisin des variétés allongées et par- ticulièrement du Salix nilotica Anders. (1). Ce Saule repré- sente, d’après Anderson, le Salix tetrasperma dans la vallée du Nil. Il faut encore citer comme rapproché de notre forme fossile, par le dessin de la nervation et la forme générale des feuilles, le Salix acmophylla Boiss., de Perse; les feuilles de celui-ci sont cependant entières ou faiblement denticulées. Dans tous les cas, notre Salix retinervis affecte une physio- nomie subtropicale des plus prononcées. CHENOPODIACEÆ CHENOPODITES. 342. Chenopodites helicoides (pl. XVIE, fig. 6-7). Ch. seminibus orbiculatis, compressis, marginatis, embryone ineurvo peripherico spirali, perispermum, ut videtur includente. Calcaires de la partie inférieure. Nous figurons sous ce nom une graine cyclospermée; elle est assez grande, puisque son diamètre mesure 2%,5, orbi- culaire ‘et comprimée. Sa circonférence semble avoir été occupée par un embryon plan, replié en spirale et périphé- rique (fig. 6). Un second exemplaire de cette graine (fig. 7, grossie en 7*) montre un repli et une structure du corps cotylédonaire, un peu différents de ceux du principal échan- tillon. L'attribution à la famille des Ghénopodiacées est assez naturellement indiquée, sans qu'il soit possible de la pré- ciser davantage. Il existe des graines comparables à celles que nous venons de signaler dans les Amarantacées et elles sont également assimilables à celles de certaines Crucifères, en sorte que leur détermination demeure des plus incertaines. (1) Monogr. Salicum, p. 11. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 07 LAURINEÆ Paœge Nees. 343. Phæœbe aquemsis (pl. VIT, fig. 2-3). Ph. foliis firmis, ovato-lanceolatis, integerrimis, penninerviis nervo primario stricto, tertiariis flexuosis transversim decurrentibus, parum prominulis, in rete laxum tandem solutis; — calyce persistente fructifero parum aucto, breviter pedunculato, extus rugoso, limbo fructum cingente obtusissime 6-dentato. Calcaires marneux de la partie inférieure. La détermination de l’espèce, dont nous ne possédons pourtant que des débris, nous parait des plus légitimes et dénote, selon nous, la présence dans la flore d'Aix d’une Laurinée très peu éloignée de celle qui vit actuellement aux Canaries sous le nom de Phœbe barbusana Web. (Apollonias canariensis N.). La feuille (fig. 2) à été recueillie par M. le professeur Philibert; elle est malheureusement mutlée aux deux extrémités; mais la partie conservée montre une telle conformité de caractères avec les feuilles de la forme cana- rienne actuelle qu'on ne saurait signaler entre elles d’autres divergences que le contour un peu plus allongé du limbe de l'empreinte fossile. La surface de celle-ci était lisse; le bord entier ; la nervure médiane était mince, mais nettement tracée; les secondaires fines, espacées, un peu flexueuses, repliées vers les bords, se rejoignent à l’aide d’un arceau obtus. Les nervures tertiaires, très déliées, courent dans l'intervalle des secondaires et produisent en se ramifiant un réseau visible à la loupe seulement et pareil par la disposition des aréoles à celui qui distingue toutes les Laurinées. Il faut joindre à ce premier fragment un périanthe persistant ou base de calice pédonculé fructifère, dont la ressemblance est des plus étroites avec les organes correspondants du Phœbe barbusana. Ce calice est vu par dehors, campanulé oblong, articulé inférieurement avec un court pédoncule, tandis que 928 G. DE SAPORTA. ceux du PAœbe actuel sont beaucoup plus longs. Au-dessus de l'articulation (voy. la figure grossie 3*, pl. VII), le pédicelle se renfle insensiblement et se dilate jusqu’au point où avait lieu l'insertion du fruit; la partie limbaire est courte, à six divisions très obtuses ; tout l'extérieur de la partie dilatée inférieure au limbe proprement dit est sillonné de rugosités sinueuses très marquées, absolument pareilles à celles que montrent les pédicelles des Phœbe. La ressemblance est tellement intime de part et d'autre qu’elle entraine la persuasion à lPendroit d’une assimilation des plus vraisemblables, d’ailleurs, par elle-même. À en juger d’après les seuls indices dont nous disposons, le Phœbe aquensis aurait différé du Phœbe barbu- sana par ses pédoncules fructifères plus courts et ses feuilles plus allongées (1). OrEoDAPuNE Nees. 944. Oreodaphne vetustior (pl. VII, fig. 4-5). O. foliis glaberrimis, subcoriaceis, crasse breviterque peliolatis (petiolo transversim rugoso), basi paulisper in petiolum attenuatis, ovato- lanceolatis, penninerviis; nervis secundariis curvatis areolatisque, inferis cæteris obliquioribus, tertiariis reticulato-venosis. Calcaires de la partie inférieure. — Rare, L'espèce, découverte par M. Philibert, consiste en une double empreinte montrant l’une et l’autre face de la même feuille mutilée au sommet, mais intacte et bien conservée dans (1) Nous serions tenté de placer à la suite du Phœbe aquensis, comme pré- sentant une partie au moins des caractères de nervation qui distinguent les feuilles de certaines Laurinées, particulièrement des Tetranthera, l'espèce suivante (pl. IV, fig. 4) qui nous avait d’abord paru dénoter un Ficus : TETRAN- THERA INCOGNITA. T. foliis lato-ellipticis, sursum obtusatis, integerrimis, penninerviis ; nervo primario gracili; secundariis tenuibus spatiatis, secus Marginem curvatim conjuncto-areolalis; nervis abbreviatis e costa media ortis cum tertiarii transversim oblique decurrentibus in rete subtililer venulosum anastomosantibus. — Plaque calcaire de la partie inférieure, très rare. — La feuille, trouvée une seule fois et malheureusement mautilée, a perdu sa base, circonstance qui rend plus difficile sa détermination. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 29 le reste de son pourtour. Tous les caractères de forme et de nervalion annoncent un Oreodaphne rapproché de PO. fœtens Ait., des îles Canaries. Le pétiole, le limbe, l'aspect de la surface, les détails du réseau veineux offrent des deux parts la même apparence; on remarque cependant les différences suivantes : le pétiole de l'espèce fossile est plus court; 1l mesure à peine © millimètres de longueur au lieu de 8 à 10, comme dans l’Oreodaphne fœtens, pour un limbe d’égale grandeur. Les nervures inférieures sont aussi moins dévelop- pées par rapport aux autres secondaires; elles ne laissent pas voir de vestige de scrobicules à leur aisselle. La base parait un peu plus atténuée et Le contour général moins régulièrement ellipsoïde. Nous croyons cependant à une parenté plus ou moins étroite, rattachant l'Oreodaphne vetustior à celui de nos jours qui se trouve représenté en Europe, lors du pliocène, par une forme très peu distincte de celle des Canaries et de Madère. — Nous serions tenté de rapporter à cette espèce, non seulement certains débris de réceptacle cupuliforme, vide de son fruit, observé dans les mêmes lits, mais encore un fruit détaché (pl. IV, fig. 2) qui offre l’aspect de ceux des Laurinées, mais qu’il serait tout aussi vraisemblable d’attri- buer à quelque autre type de la même famille. 345. Greodaphme gracilis (pl. VII, fig. 6-7). O. foliis firme membranaceis, glaberrimis, breviter petiolatis, lineari- bus, utrinque sensim attenuatis, penninerviis; nervis secundartis inferis sequentibus obliquioribus erypta ad axillas notatis; secundariis aliis tenuibus, curvatis, areolatis ; tertiariis minute reticulatis. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. La feuille de cette seconde espèce, découverte également par M. Philibert, est bien plus étroite que celle de l’Oreo- daphne vetustior. Le pétiole est assez court, mais bien plus grêle; le limbe est linéaire, atténué insensiblement vers les deux extrémités. La paire de nervures secondaires la plus inférieure se trouve munie de serobicules petites, mais bien 30 G. DE SAPORTA. visibles; ces nervures suivent une direction un peu plus oblique que les suivantes qui sont fines, nombreuses, recourbées en arc le long des bords. Le réseau veineux qui serpente dans l'intervalle est d’une grande finesse, et sa conservation admi- rable. L’Oreodaphne gracilis doit être surtout comparé à VO. californica N., dont les feuilles ressemblent beaucoup à celles que nous venons de décrire. 346. Oreodaphne detecta (pl. V, fig. 5). 0.7? foliis ovato-ellipticis, apice obtusatis, basi paulisper attenuatis, triplinerviis; nervis lateralibus inferis paulo supra basilaribus, ascen- dentibus, eum secundariis aliis vix anle apicem anostomosatis ; tertiariis reticulato-ramosis. Marnes de la montée d'Avignon. — Très rare. Nous rapportons, non sans quelque doute, au groupe des Oreodaphne, une feuille de Laurinée triplinerve, trouvée une seule fois et que les détails du réseau veineux empêchent de rejoindre aux Cinnamomum. Elle est petite, ellipsoide- oblongue, très obtusément atténuée, presque arrondie au sommet, obtusément rétrécie à la base. Les nervures laté- rales basilaires se prolongent en suivant le bord et s'étendent presque jusqu’au sommet où elles s’'anastomosent avec la ner- vure médiane à l’aide de ramules sortis de celle-ci. Les vemes tertiaires sont déliées, flexueuses, et elles forment dans linter- valle des nervures principales un réseau très fin dont notre figure reproduit très exactement les détails. 311. Oreodaplhhne restituta (pl. IV, fig. 9). O. foliis sat longe valideque petiolatis, basi sensim in petiolum angus- tatis ; nervis secundariis obliquis, ascendentibus, duobus basilaribus ad axillas scrobiculatis ; tertiariis in rete venulis flexuosis subtile solutis. LAURUS PROTODAPHNE Sap. (ex parte, quoad, fig. 6), Révis., p. 142, pl. VII, fig 6; Ann. sc. nat., 5° série, t. XVIIT, p. 4. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 31 Nous croyons devoir rapporter aux Oreodaphne une em- preinte de feuille, mutülée supérieurement, très nettement conservée dans le bas, y compris le pétiole, que nous avions réunie à notre Laurus protodaphne. L'attribution de ce frag- ment aux Oreodaphne semble bien plus naturelle et ses carac- tères distinctifs empêchent de le rejoindre à quelqu’une des espèces qui viennent d’être signalées. CiNNAMomuM Burm. Le genre Cinnamomum, particulièrement le type Camphora que nous n’en séparons pas, largement représenté dans la flore d’Aix, y montre en même temps un tel polymorphisme que la distinction des diverses espèces soulève des difficultés à peu près insurmontables. Dans l’impossibilité de les résoudre entièrement, nous avons voulu du moins en exposer les termes tels qu’ils résultent des éléments dont nous disposons actuel- lement. (90) CINNAMOMUM LANCEOLATUM Heer, Révis., p. 142, pl. VIII, fig. 10; Ann. sc. nal., 5° série, t. XVIII, p. 44. — PI. VI, fig. 5-10. Çà et là dans toutes les couches. La forme lancéolée du contour, le sommet longuement atténué en pointe, distinguent assez bien les feuilles de cette espèce, qui reparait dans lPoligocène et l’aquitanien de Pro- vence (Saint-Zacharie, gypses de Gargas, Céreste, Manosque), ainsi que dans la partie ancienne de la molasse suisse. Elle est cependant sujette à des variations de forme et de grandeur dont nos figures reproduisent les principales. Le Cinnamomun lanceolatum, qui a tenu une si grande place dans la végétation de l’Europe tertiaire, se rattache directement à une espèce chinoise actuelle, recueillie récem- ment par le docteur Henry (févr. 1887), et désignée par lui sous le nom de Cinnamomum pedunculatum N. var. anqustifolia, mais qui parait nouvelle en réalité. On peut la nommer C. Henrici. 22 G. DE SAPORTA. 918. Cinmamomum elongatum (pl. VI, fig. 3-4). C. foliis obovato-lanceolatis, basi longe sensim in petiolum angustatis, sursum breviter acuminalis, triplinerviis ; nervis lateralibus inferis supra- basilaribus, ascendentibus, ad apicem cum venulis e nervo medio ortis curvato-anastomosantibus. Calcaires marneux de la partie moyenne. — Rare. La feuille, dont il existe deux empreintes, l’une (fig. 3) très complète, comparée à celles du C. lanceolatum, présente des différences appréciables : elle est très longuement atténuée à la base sur le pétiole et obovée, c’est-à-dire ayant vers le haut sa plus grande largeur qui décroit ensuite en donnant lieu à une pointe terminale plus courte que dans lespèce précé- dente. Nous réunissons à cette forme une seconde empreinte de feuille (fig. 4) dont la base seule est conservée. (91) CINNAMOMUM POLYMORPHUM Heer, var. camphoræfolium Sap., Révis., p. 142, pl. VIT, fig. 7-9; Ann. sc. nal., »° série, t. XVII, p. 44. — PI. VIT, fig. 1. Cà et là dans toutes les couches. Cette variété ou forme remarquable précède et représente dans la flore d'Aix le Cinnamomum polymorphum si répandu et si caractéristique dans tout le miocène européen. Nous reproduisons ici une grande et belle feuille que nous aurions été tenté de décrire séparément, si ses caractères de forme et de nervation ne concordatent pas exactement avec les échan- üillons antérieurement figurés. 349. Cinnamomum ovale Sap., Ét., I, p.90 ; Ann. sc. nat., 4° sér., t. XVII, p. 243 (pl. V, fig. 4, et VI, fig. 13-15). C. foliis mediocribus, petiolatis, ovato-ellipticis, basi apiceque obtu- satis, triplinerviis; nervis lateralibus paulo suprabasilaribus, margini parallelis, ad extremum apicem cum medio anastomosantibus; tertiariis subtilibus, flexuosis, transversim decurrentibus. Gà et là dans toutes les couches. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 33 Nous rétablissons celte espèce qui rappellerait plutôt le Cin- namomum Scheuchzeri de Heer que le C. polymorphum pro- prement dit. Les exemplaires que nous figurons permettent d’en saisir les caractères. La feuille est plus petite, plus ellip- soïde, surtout plus obtuse à la base comme au sommet; les nervures latérales inférieures sont moins nettement supra- basilaires ; elles se prolongent en suivant le bord jusque dans le voisinage du sommet, avant de s’anastomoser avec les veines peu nombreuses sorties de la médiane. Cette forme n’est peut- être qu'une variété du Connamomum Scheuchzeri que nous pensons avoir également observée à Aix. 390. Cinnamomum Scheuchzeri Heer (pl. V, fig. 6 et VI, fig. 1). C. foliis petiolatis, elliplicis, ovatoque ellipticis, breviter sursum api- culatis, triplinerviis; lateralibus suprabasilaribus margini parallelis, curvatis, ascendentibusque, cum nervulis e costa media ortis ante apicem anastamosantibus. Cà et là; calcaires de la partie inférieure. — Assez rare. Le Cinnamomum Scheuchzeri de Heer, très répandu dans la molasse suisse, parait être une forme ancestrale du CG. pedunculatum N. actuel, du Japon. Nous avons récemment constalé son existence dans lPaquitanien de Manosque (1) et maintenant nous le retrouvons également à Aix, représenté par un certain nombre d'empreintes de feuilles qui différent trop peu de celles de Manosque et de la molasse suisse pour en être spécifiquement distinguées. 351. Cinnamomun Buchià Heer, Sap., Éf., 1, p. 90; Ann. sc. nat., 4 sér., t. XVIL, p. 248 (pl. V, fig. 2-3, et VI, fig. 2). Çà et là et calcaires marneux de la montée d'Avignon. Nous figurons, comme appartenant à cette espèce ou s’y (1) Voy. l'Origine paléont. des arbres, p. 22%, fig. 28, 2. J.-B. Baillière, Paris, 1888. 1e série, BorT. T. X (Cahier n° 1). 3 34 G. DE SAPORTA, rattachant plus ou moins, plusieurs empreintes de feuilles recueillies par nous, dont deux (fig. 2 et 3, pl. XV) pro- viennent des lits de la montée d'Avignon. Elles nous paraissent concorder avec le Cinnamomum Buchii de Heer, si répandu dans toute la molasse suisse. Du reste ce Cinnamomum n’est peut-être qu'une forme du C. polymorphum, lui-même allié de,si près à notre Camphora officinarum actuel. 302. Cinmmamomumm spectabile Heer (pl. V, fig. 1 et NL fig:121). C. foliis amplis, late ellipsoideis, basi obtuse attenuatis, sursum rotun- datis breviterque extremo apice angustatis, triplinerviis ; nervis laterali- bus plus minusve curvatis, extus ramosis, cum secundariis postea anasto- mosatis ; tertiariis transversim reticulato-ramosis. Cà et là; calcaires de la base. — Rare. Le Cinnamomum spectabile de Heer caractérise surtout le miocène inférieur. Nous l'avons signalé à Armissan, à Manosque et dans les argiles du bassin de Marseille (1). Les deux exemplaires d'Aix que nous figurons, et dont la parfaite identité avec ceux des argiles miocènes de Marseille est aisée à constater, attestent l'existence de cette forme curieuse, dans le midi de la France, à partir de l’éocène récent et antérieu- rement au tongrien. 309. Cimmamommuen rotumdatum Sap., Origine paléont. des arbres, p. 227, fig. 28, 3 (pl. VI, fig. 12). CG. foliis mediocribus, petiolatis, obovatis, basi in petiolum attenuatis, sursum apice obtusato rotundatis, triplinerviis; nervis lateralibus vix supra basilaribus, elongatis, margini parallelis, tandem venulis median- bus cum nervo medio anastomosatis; tertiariis subtilibus, flexuosis, transversim decurrentibus. Dans le gypse exploité. — Très rare. (1) Voy. Ét. sur la vég. tert., HT, p. 179; FE. des argiles de Marseille, pl. VI, fig. 1-2; Ann. sc. nat., 5° série, t. IX, p. 46. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 5 1) L'espèce, représentée par une feuille unique, parait bien distincte des précédentes par sa terminaison arrondie. Les nervures latérales sont à peine suprabasilares; elles se pro- longent en demeurant simples jusqu'au sommet et contractent là seulement, à l’aide de veinules sorties de la médiane, des anastomoses avec celle-ci. Les veines qui serpentent dans l'intervalle des nervures principales sont très déliées et rami- fiées transversalement. Nous avons signalé et figuré cette Jolie espèce dans notre livre sur l’Origine paléontologique des arbres cultivés ou utilisés par l’homme, en faisant ressortir lanalogie frappante qui la rattache à un Cinnamomum actuellement japonais, le C. sericeum Sieb. et Zuce., dont elle semble repré- senter l’ancêtre et la souche première, perdue en Europe; mais ayant conservé des descendants plus ou moins directs dans l'extrême orient de l’Asie. 304. Cimmamonaunm emäsoueéaluamn (pl. VI, fig. 20). C. foliis parvulis, coriaceis, elliplico-ovatis, utrinque obtusatis, apice autem emarginatis, triplinerviis; nervis lateralibus suprabasilaribus, cur- vatis, margini parallelis, ad apicem usque provectis; tertiariis subtilis- simis, transversim decurrentibus. Marnes de la montée d'Avignon. — Très rare. Ce Cinnamomun est remarquable par la faible dimension de sa feuille qui peut-être pourtant ne représente pas la gran- deur normale de celles de lespèce. Elle ressemble aux plus petites du C. Zeilanicum. Le C. minutulum doit ètre rappro- ché du C. retusum de Heer dont les feuilles sont cependant plus élargies et nettement rétuses à l'extrémité supérieure, tandis que celle d'Aix est régulièrement ellipsoïde. L’attribu- tion générique ne saurait être douteuse. (93) CINNAMOMUNM AQUENSE Sap., ÉL. sur la vég. tert., I, p. 91, pl. VII, fig. 7; Ann. sc. nal., 4° série, t. XVII, p. 244. — PI. VI, fig. 16-17. Nous reproduisons deux nouveaux exemplaires de cette espèce, comparée par nous au C. pauciflorum Nees, du Népaul, 36 &. DE SAPORTA. l’un d’eux (fig. 46) conforme au type normal, l'autre (fig. 17) très petit, mais présentant les mêmes caractères de forme et de nervation. (94) CINNAMOMUM EMARGINATUM Sap., D p. 91, pl. VI, fig. 5; Ann. se. nat., 4° série, t. X VIT, p. 244. — PI. VI, fig. 18. Nous rapportons à cette espèce une petite feuille qui nous parait offrir les mêmes caractères de forme et de nervation. 300. Cimmamomum subililimerviumn (pl. VI, fig. 19). C. foliis parvulis, breviter petiolatis, elongato-lanceolatis, tripliner- viis; nervis lateralibus basilaribus fere marginantibus, tandem cum venulis e costa media orlis sursum anastomosatis; nervulis subtilissimis transversim decurrentibus. Schistes feuilletés de la partie inférieure. — Rare. Nous possédons une seule empreinte de cette espèce qui se distingue des précédentes par sa feuille petite, d’une con- sistance délicate, triplinerve avec des nervures latérales nais- sant de la base et longeant le bord de très près. La termi- naison supérieure manque ; le réseau veineux intercalaire est d’une grande finesse. FRUCTUS CINNAMOMI 390. Cinnamomum palæocarpuan (pl. IV, fig. 8). C. fructu obovato-subsphærico, apice breviter rotundato, superficie lævi, ad basin calycis parte inferiori cupuliformi persistente cineto. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Il est impossible de ne pas rattacher au Cinnamomum, comme pouvant représenter le fruit de l’une des espèces précé- dentes, celui que reproduisent nos figures 8 et 8°, planche IV, de grandeur naturelle et grossi. Il est petit, ellipsoïde-glo- buleux et distinctement retenu inférieurement par la base persistante du calice changé en cupule par la circumscission G FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 37 de la partie Himbaire. Ce fruit, peut-être imparfaitement déve- loppé ou ayant appartenu à l’une des plus petites espèces ci- dessus énumérées, est exactement conforme à ceux du C. Cum- phora L., sauf la taille et le contour plus arrondi du sommet, Il diffère assez notablement de ceux du C. polymorphum, décrits et figurés par Heer. Jo7. Cinmmamomum apiculaéuæmn (pl. IV, fig. 7). C.? fructu parvulo, ovato, longitudinaliter costalo, sursum in apicu- lum attenuato, disco receptaculari ad basin perigonii redueto imposito. Schistes de la partie supérieure. — Très rare. C’est avec doute que nous rapportons aux Cinnamomum ce petit fruit ovoide-costulé, atténué en ponte au sommet et assis à la base sur un disque pédoneulé qui paraît provenir, comme chez les Cinnamomum, de la circumseission du limbe péri- gonal. DAPHNOGENE Ung. Folia triplinervia, Lauraceis absque genere proprio adscripta. 358. Daphnogene coriacea Sap., Et. sur la vég. tert., 1, p. 92: Ann. sc. nat., 4 sér., t. XVIL, p. 245 (pl. VI, fig. 14). D. foliis coriaceis, petiolatis, elliptico-rhombeis, basi obtuse cuneatis, apice breviter in apiculum angustalis, triplinerviis; nervis lateralibus supra basilaribus eurvatis, margini parallelis, sursum cum medio anasto- mosalis; tertiariis laxe reticulatis. Schistes de la partie supérieure (coll. du Muséum de Paris). Nous rétablissons ici et nous figurons pour la première fois une espèce curieuse, mais d’un classement incertain, dont l'original existe dans la collection du Muséum de Paris. En la signalant dans la première partie de nos études, nous l’avions comparée au Persea cinnamomifolia Kunth et à un Cryplo- carya du Chili, le C. Berteroana CI. Gay. L'attribution générique demeure incertaine, à moins qu'il 38 G. DE SAPORTA. ne s'agisse d’une simple variété du Cinnamomum polymor- plhum. Cependant la physionomie et les détails de la nerva- tion de cette feuille militent en faveur d’une attribution dis- tincte. 309. Daplanogene amplior (pl. IV, fig. 5). D. foliis chartaceis, petiolatis, late obovatis, sursum arcu obtusissimo rotundatis breviterque exserte tandem apiculatis, triplinerviis; nervis lateralibus supra basilaribus extus ramosis, curvato-ascendentibus, cum venis obtusissime e costa media ortis conjuncto-anastomosatis; tertiariis tenuissime flexuosis transversim ramosis. Schistes feuilletés de la partie supérieure. — Très rare. Nous devons à M. Changarnier-Moissenet la connaissance de cette belle espèce qui nous parait distincte des précédentes. La consistance de la feuille a dû être glabre à la superficie. Les nervures de divers ordres ont peu de saillie et le réseau veineux, des plus déliés, n’est visible qu’à la loupe. Le lHimbe est largement obové, obtusément atténué en coin dans le bas, arrondi dans le haut et surmonté par une pointe courte, fine et exserte. Les nervures latérales, nettement suprabasilaires, s’étalent en se recourbant vers le haut à une certaine distance du bord et demeurent parallèles à lui. Elles s’anastomosent avant le sommet avec des veines sorties de la médiane sous un angle des plus obtus. I est difficile de s’arrêter à une attribution bien précise de celte feuille qui se distingue surtout de notre variété campho- ræfolium du C. polymorphum par le développement en largeur du limbe et la faible étendue de la pointe exserte quile termine. L'espèce est cependant comparable, sous de plus fortes dimen- sions, au Daphnogene coriacea el a dù appartenir au même type générique. 300. Daphnogene parvula (pl. V, fig. 8). D. foliis mediocribus, breviter petiolatis, coriaceis, obovatis, sursum obtusalis, triplinerviis; nervis lateralibus supra basilaribus, curvatis, FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 39 cum venulis e costa media ortis tandem anastomosatis; tertiariis laxe reticulatis. Partie supérieure. — Rare. L'espèce est basée sur l’existence d’une feuille très coriace, petite, obovée, obtuse et courtement pétiolée, arrondie au sommet et triplinerve. Les nervures latérales se recourbent pour gagner le haut et s’y anastomoser, à l’aide de veines sor- tes de la médiane. Le réseau veineux interstitiel est formé de veines flexueuses peu visibles à l'œil nu. L'attribution géné- rique de cette feuille nous semble très incertaine ; elle se distingue des Cinnamomuim par la disposition des nervures ter- tiaires. 361. Daplhinogene lacera (pl. V, fig. 7). D. foliis membranaceis, breviter ovato-lanceolatis, triplinerviis; nervis lateralibus cum secundariis e costa media ortis mox curvatim religatis ; secundariis aliis plurimis, sub angulo aperto emissis, secus marginem arcuatim conjuncto-areolatis ; tertiariis flexuosis reticulato-ramosis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. La moitié supérieure dela feuille est seule demeurée intacte ; la base manque par le fait d’une cassure. La nervation est d'une netteté remarquable, et diffère, à ce qu'il semble, de celle des vrais Cinnamomum. Les nervures latérales basilaires se réunissent aux secondaires bien avant le sommet du limbe ; et l’on compte, à partir du point où s'opère cette réunion, à l’aide d’un arc flexueux, plusieurs paires successives de secon- daires émises sous un angle très ouvert et repliées en arc le long des bords. Le réseau veineux interposé est d’une grande finesse et formé de traits flexueux et ramifiés, disposés dans le sens transversal par rapport aux nervures secondaires. 40 G. DE SAPORTA. SANTALACEÆ Osyris L. (97) OSYRIS PRIMÆVA Sap., Révis., p. 144, pl. IX, fig. 3.5; Ann. sc. nat., o° série, t. XVIIE, p. 46. — PI. XVI, fig. 8. O0. fructibus parvulis, ovato-globosis, superficie lævi tenuissime punc- tulato-rugosulis, perigonio residuo brevissime tubuloso superatis. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. Les petits fruits ovoïdes-globuleux, glabres à la surface et très finement ponectués-rugueux, couronnés par des restes de tube périgonal, dont notre figure 8, planche XVI, donne un exemple, complètent très heureusement la notion de l'espèce signalée antérieurement par nous sous la dénomination d’Osyris primæva, d'après les feuilles et des ramules striés épars. Le fruit que nous signalons diffère à peine de ceux de l’Osyris alba L., si répandu actuellement en Provence, par des dimen- sions plus réduites. 302. OGsyris socia (pl. XVI, fig. 12; XVII, fig. 9; XX, fig. 18). D. foliis parvulis, breviter petiolatis, obovato-ellipticis, apice obtusatis, integris, penninerviis; nervis secundariis secus marginem eurvatis; — fructibus minutis, globulosis, perigonii residuis patentim breviter tubu- losis coronalis. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. Nous pensons reconnaitre une seconde espèce d’Osyris dont les feuilles moins linéaires, plus courtes et plus obovées-obtuses que celles de la première, se combineraient avec des fruits épars ayant la même structure que le précédent ; mais surmontés d’un tube périgonal plus court et plus ouvert. — Ces fruits dont nous figurons deux exemplaires, surtout celui de la plan- che XX, figure 18, grossi en 18°, offrent le plus grand rap- port avec ceux de lOsyris alba, et il nous parait difficile de FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. Al ne pas admettre leur attribution générique comme des plus vraisemblables (1). REMARQUES SUR L’EXISTENCE PRÉSUMÉE DES Leptomeria KR. Br. ETTINGSH., F1. von Hæring, p. 48. — Sap., Révis., p. 144, pl. IX, fig. 1-2; Ann. nat., 5° série, t. XVIIF, p. 46. M. d'Ettingshausen a été le premier à remarquer, dans la flore tongrienne de Hæring, des ramules épars, le plus ordinairement coudés-anguleux ou même divariqués-flexueux et serpentineux, portant au lieu de feuilles des coussinets saillants, avec cicatrices d'insertion d'organes détachés. Ces ramules plus ou moins grèles, parfois en connexion et présentant alors des subdivisions alternes et successives, dépendant d’un rameau principal, furent attribués par le savant autrichien, non sans quelque apparence, aux Leptomeria, type exclusivement australien, représenté en Europe parles Oxyris, dont ils se distinguent par leurs feuilles très petites, simples écailles promptement caduques, ou même nulles, consti- tuant à l’aide de cette circonstance des arbustes dépouillés, conformes par leur aspectaux empreintes recueillies et décrites par M. le baron d’'Ettingshausen (2). (1) Nous joignons ici la description d’un petit fruit qui pourrait bien avoir été celui d’un Osyris : Carpites stipatus (pl. XVI, fig. 6). C. fructu minutissimo, ovato, bacciformi, leviter superficie sulcato, basi in pedieu- lum calyce residuo stipatum attenuato. Calcaire de la partie inférieure. — Rare. Nous n’osons proposer une attribution générique pour ce petit fruit bacci- forme, dont nos figures grossies 64 et 6b, celle-ci d’après un moule en relief, reproduisent exactement les caractères. Faudrait-il reconnaître en lui un Osyris? — Nous préférons rester dans l’incertitude que d'insister sur une déter- mination hasardée. (2) Ces Leptomeria présumés de Hæring et ceux des gisements de Provence n’ont aucun rapport, il faut le dire, avec le Leplomeria œæningensis de Heer (FL. foss. Helv., IX, p. 189, tab. 153, fig. 32-33) dont les rameaux sont garnis 42 G. DE SAPORTA. En y regardant de près, on aurait pu s'étonner de la cadu- cité constante et générale des écailles ou feuilles réduites supposées, dont les coussinets dénotent l'existence, tandis que aspect et la nature de ces coussinets semblent indiquer l’in- sertion d'organes plus consistants que de simples squamules et ayant donné lieu, par leur chute, à une cicatrice arrondie d’une certaine épaisseur. L'attribution au type australien des Leptomeria des empreintes dont nous parlons favorisait, 1l est vrai, l'opinion adoptée et propagée par Unger, puis par Ettingshausen, que la flore tertiaire d'Europe avait dù, à un moment donné, emprunter une partie notable de ses éléments à celle de la Nouvelle-Hollande actuelle ou, si on veut, que. les types maintenant propres à cette dernière région y auraient été refoulés, après avoir jadis occupé l'Europe. C’est ainsi que la plupart des Protéacées d'Australie, Dryandra, Banksia, Lomatia, Grevillea, aussi bien que les Eucalyptus, avaient été signalés à l’état fossile, et leur ancienne présence en Europe semblait appuyée de tels indices, elle parut un moment si clairement démontrée, qu’on n’était plus en droit de s'étonner si d’autres genres australiens, et parmi eux celui des Lepto- meria, avaient aussi laissé des vestiges sur notre sol. Depuis, il faut le dire, cet argument a beaucoup perdu de sa valeur, puisqu'il à été généralement reconnu, et nous avons contri- bué à faire prévaloir cette opinion, que les prétendus Dryan- dra étaient des Comptonia, les Banksistes des Myrica, les Lomatites des Gomposées voisines des Baccharis, les Grevillea plus probablement des Thymélées; de telle sorte que l’exis- tence de genres exclusivement australiens dans le tertiaire d'Europe est redevenue problématique, et perd de jour en jour sa probabilité. Les Leptomeria fossiles ont continué pourtant à être men- tionnés sous ce nom générique, surtout à cause de la diffi- culté que l’on éprouvait d'indiquer pour eux une attribution de petites feuilles écailleuses encore en place, tandis que ceux dont nous par- lons en sont constamment dépourvus. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 43 plus vraisemblable que celle proposée en premier lieu. C’est ainsi que, dans notre Révision de la flore d'Aix, nous avons eu soin de figurer, sous le nom de Leptomeria flexuosa Ett., une curieuse empreinte provenant des schistes intercalés dans les gypses exploités, observée par nous, il y a des années, dans la collection du Musée de Marseille. Il en était de même des Leptomeria distans Et. et gracilis Elt., associés au précé- dent, dans le gisement de Hæring, et que nous avions ren- contrés en Provence, le premier à Saint-Zacharie (1) et à Saint-Jean-de-Garguier, le second à Manosque (2). La con- cordance parfaite de ces divers échantillons avec ceux que M. d'Ettingshausen avait décrits, ne saurait être révoquée en doute. Il s’agit bien réellement, quelle qu’en ait été la vraie nature, d’une catégorie d'organes répandus et fréquents, en Europe, vers le milieu des temps tertiaires (3). — La décou- verte récente, dans le gisement de Manosque, de nouvelles empreintes de Lepiomeria, plus complètes et par cela mème mieux caractérisées que celles connues jusqu'ici, est venue récemment nous convaincre que ces prétendues Santalacées n'étaient autres que des fragments détachés d’inflorescences mâles, ou des ramules épars et dépouillés des régimes à fruits des Palmiers tertiaires. Une étude consciencieuse, poursuivie dans les collections du Muséum, avec lassistance éclairée de M. Franchet, a promptement fait naître et affermi en nous la croyance que nous possédions ainsi, à côté des frondes des Palmiers fossiles et dans les mêmes lits qui gardent les traces de leurs empreintes, les vestiges de leurs organes reproducteurs ou plutôt des rameaux destinés à servir de supports à leurs fleurs ou à leurs fruits, ceux-ci s'étant préalablement détachés du rachis sur lequel ils étaient implantés; ce qui n’a rien que de parfaitement naturel, puisque les parties vieillies et accidentellement rompues auront eu (1) Voy. Ét., 1, p. 212; Ann. sc. nat., 4° série, t. XIX, pl. VL, fig. 7-8. (2) Ét., II, p. 85; Ann. sc. nat., 5° série, t. VIIL, pl. VL fig. 7-8. (3) Voy. sur les Leptomeria de Manosque une étude insérée dans la Revue générale de botanique, livraison du 15 mai 1889. 44 G. DE SAPORTA. seules la chance de se conserver. La ténacité des inflores- cences, au moment où elles se développent, les aura garan- Lies et préservées, Landis que les rameaux anciens, devenus fragiles ou sujets à se désarticuler, auront seuls réussi à se fossiliser. C’est bien là ce qui à dù se passer et, par cela même, 1l devient possible, dans une certaine mesure, de contrôler, à l’aide des inflorescences et en consultant les caractères morphologiques et le mode de ramification que leurs débris laissent entrevoir, l'attribution générique pré- sumée des anciens Palmiers. En suivant cette filière, il faut constater avant tout que le Sabal major Ung., représenté par des frondes parfaitement caractérisées, a été tout dernièrement rencontré, à Manosque, dans les mêmes lits d’où ont été extraits, peu de temps après, deux rameaux subdivisés en ramules, et ceux-ci en ramuscules alternes et parfois subdichotomes, plus ou moins étalés et même divariqués, qui se rapportent visiblement au Leptomeria gracilis d'Eltingshausen. Une comparaison attentive laissant voir une étroite affinité dans le mode de ramification, l'aspect et l'agencement des ramules de ces échantillons avec les inflorescences «€ parüelles » des Sabal, spécialement du S. Adansonii Guerre, il s'ensuit que nous avons probablement sous les veux lappareil reproducteur du Sabal major de Unger, et que l'attribution générique de ce dernier au type actuellement américain des Sabal se trouve par cela même confirmé. Si nous faisons à la flore d'Aix l’application de ces pré- misses, nous observons d’abord des empreintes, dont Panalo- gie avec le Leptomeria gracilis est évidente (pl. VIT, fig. 1), recueillies dans des lits calcaires de la partie inférieure du gisement, d’où proviennent également les feuilles d’un Suba- lites particulier, Sabalites precursoria Sap. Un peu au-dessus de ces premiers lits, dans des plaques et des schistes marneux fossiles, les fragments d’un autre Leptomeria L., prisca Sap. (pl. VII, fig. 3-6) dénotent la présence probable d’un autre Palmier; enfin, le Leptomeria flexuosa Ett., figuré dans notre FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 45 Révision (pl. IX, fig. 1), a été extrait des mêmes lits schis- teux intercalés dans les gypses d’où proviennent les frondes du Flabellaria Lamanonis Brnet, et ii semble naturel de con- sidérer ces débris d’inflorescence comme appartenant à cette espèce, dont il existe de si belles empreintes de feuilles, retra- cant les caractères de celles des Trachycarpus, sorte de Cha- maærops de l'Asie austro-orientale, et particulièrement com- parables aux Chamcærops martiana. Nous allons passer en revue ces diverses formes d’inflorescences ou rachis fructifères de Palmier, en leur appliquant le terme générique de Palæo- rachis, substitué à celui de Leplomeria devenu totalement impropre. PALÆORACHIS Inflorescentiæ Palmarum fossilium in paniculas aut racemos digestæ fragmenta plerumque sparsa distractaque ramulos florum baccarumve lapsorum vestigiis nolatos ostendentia. LEPTOMERIA Ettingsh., FL. v. Hœæring, p. 48. L'appareil reproducteur des Palmiers consiste en un rachis rameux, appelé régime, qui porte les fleurs mâles ou les fruits provenant des fleurs femelles, attachés dans un ordre alterne le long des ramuscules de lappareil. Celui-ci, entouré de spathes protectrices générales ou partielles, persiste après l’an- thèse, attenant au tronc dont 1l ne se sépare qu’à la longue, par une désarticulation successive ou par la chute acciden- telle des derniers rameaux de l’inflorescence. Celle-ci varie d'aspect et de disposition selon les genres : tantôt, comme dans le Chamærops humilis et le Phœnix ou Dattier, elle sort d’une paire de spathes; tantôt, comme chez les Sabal et Les Trachycarpus, chaque subdivision ou rameau de linflo- rescence se trouve enveloppée et pourvue d’une spathe par- üculière qui s'ouvre pour lui donner passage au fur et à mesure du développement de l'appareil. — Dans ces condi- tions et par suite de l'extrême ténacité des régimes servant de support aux organes de l’un ou de l’autre sexe, on se rend 46 G. DE SAPORTA. compte des difficultés qui ont dù s'opposer à leur fossilisation, sauf à l’état de fragments épars; mais la fréquence de ceux-ei est également fort naturelle, et leur recherche, leur étude dans les gisements où abondent les Palmiers tertiaires per- mettront sans doute de reconstituer graduellement les carac- tères de chaque espèce et de fixer la vraie nature de leurs organes reproducteurs. 309. Palæorachis subgracilis (pl. VIII, fig. 1). P. ramulis inflorescentiæ alterne partitis, gracillimis, subflexuosis, patentim ramosis, ramulis etiam divaricatis, cicatriculis insertionum residuis alternis tenuiter prominulis. LEPTOMERIA GRACILIS Ett., F1. v. Hœring, p. 48. Les deux fragments que nous figurons ont été recueillis par M. le professeur Philibert. Leur analogie d’aspect et de rami- fication avec les exemplaires de Manosque est un indice qu’ils ont dù faire partie de l’inflorescence d’un Sabal; mais leur consistance plus grêle et leur moindre étendue dénote une espèce de plus petite taille que je Sabal major Ung. Ce serait dès lors le Sabaliles precursoria Sap., trouvé dans les mêmes lits, dont nous posséderions ici l'inflorescence à l’état de débris. 904. Palæorachis distans (pl. VII, fig. 2). P. inflorescentiæ ramulis tenuibus, elongatis, angulatim flexuosiuscu- lis, cicatricibus alternis distantibus. LEPTOMERIA DISTANS Ett., FL. v. Hæring, p. 48, tab. 19, fig. 19. Schistes feuilletés de la partie moyenne. — Rare. Les rameaux de l’inflorescence qui sont élancés, allongés et menus, avec des inflexions anguleuses à peine sensibles, et des cicatrices d'insertion alternativement disposées à d’assez grandes distances, dénotent un appareil reproducteur ou régime différent de celui des Sabal et probablement ayant FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 47 appartenu à un autre type de Palmiers. Le Leplomeria distans d’Ettingshausen, identifié avec notre Palæoruchis distans, a été recueilli d'abord à Hæring, puis à Sant-Zacharie et à Saint-Jean-de-Garguier. Il est difficile de déterminer son attribution à moins de le rapprocher du Ælabellaria thrinacea Sap., de Saint-Zacharie, et du Flabellaria costata Sap., des gypses d’Aix (Révis., p.100, pl. V, fig. 9) (1), en tenant compte de l’analogie relative de ce Palæorachis avec l'inflorescence du Thrinax parviflora, Sw. (95) PALÆORACHIS FLEXUOSA. P. inflorescentiæ paniculato-racemosæ ramulis angulatim flexuosis florum aut fructuum lapsorum insertionum cicatriculis pulvinato-pro- minulis notatis. LEPTOMERIA FLEXUOSA Ett., F1. von Iæring., p. 48, t. 13, fig. 1-2. — Sap., Révis., p. 144; Ann. sc. nat., 5° série, t. XVILL, p. 46, pl. IX, fig. 1. Schistes de la partie supérieure. — Rare. Dans cette espèce, observée en premier lieu à Hæring et rencontrée ensuite à Aix, les ramuscules affectent une dispo- sition angulo-flexueuse, et les rameaux plusieurs fois subdi- visés sont disposés en grappe paniculée autour d’un axe ou rameau principal. On observe à peu près la même configura- tion et le même agencement dans les rachis fructifères du Chameærops où Trachycarpus martiana Walt., des bords du Gange, dont les frondes ressemblent à celles du Flabellaria Lamanonis. Cornme le Palæorachis flezuosa a été recueilli dans les mêmes lits schisteux, intercalés aux gypses, d’où pro- viennent les frondes de Flabellaria, on peut admettre sans invraisemblance que ce Palæorachis représente les inflo- rescences dont le #, Lamanonis montre les feuilles. L'espèce fossile, ainsi déterminée, n'aurait pas été éloignée du type indien auquel répond de nos jours le Chameærops martiana de Wallich. 1) Ann. sc. nat., 5° série, t. XVII, p. 34. A8 G. DE SAPORTA. (96) PALÆORACHIS PRISCA Sap. — PI. VILLE, fig. 3-6. P. inflorescentiæ rachi sinuato-tortuosa, ramoso-paniculata, ramulis erectis vergatis, cicatriculis florum ramusculorumve alternis, hinc inde prominulis notatis. LEPTOMERIA PRISCA Sap., Lt., I, p. 92; Ann. sc. nat., 4° série, t. XVIT, p. 245; Révis., p. 144; Ann. sc. nat., ®° série, t. XVIIL, p. 46, pl. IX, fig. 2. Calcaires en plaques de la partie inférieure. Les fragments que nous figurons apparliennent aux diverses parties, axe principal épais subtortueux et dépouillé (fig. 6), rameaux de deuxième ou de dernier ordre (fig. 3-5), d’une inflorescence distincte des précédentes, dont les subdivisions auraient été articulées et caduques après l’anthèse, à ce qu'il paraît. Gette inflorescence, à en juger par les fragments épars que nous avons recueillis, se rapprocherait de celle de Sabal, sans qu'il soit possible d'indiquer, parmi les Palmiers d’Aix dont les feuilles sont connues, une forme susceptible de lui ètre réunie. THYMELE Æ DAPHNE L. 369. Daplhne impressa (pl. V, fig. 9). D. foliis sessilibus, tenuiter carlilagineo-cinetis, obovato-lanceolatis, apice obtusatis, basi in cuneum attenuatis ; nervo primario distincto, cæleris oblique prodeuntibus, ægre perspicuis. Schistes de la partie supérieure. — Très rare. La nervation de cette empreinte est peu visible. Elle repré- sente une feuille lancéolée-obovale, obtuse au sommet, atté- nuée en coin à la base qui est sessile. La neérvure médiane est relativement épaisse, la marge cernée d’une étroite bor- dure cartülagineuse. Les nervures secondaires, ainsi que le réseau veineux, sont peu perceptbles. Cette feuille, par sa forme et ce qu’elle laisse saisir des détails de sa nervation, FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 49 rappelle d’une manière frappante le Daphne pontica L., dont les feuilles sont seulement plus larges et généralement plus grandes. PIMELEA L. 306. Pimelea obseura (pl. XI et XII, fig. 7). P. foliis verosimiliter sericeis, parvulis, crasse breviterque petiolatis, ellipticis, margine leviter cartilagineo-cinctis ; nervis secundariis, vix distinctis, oblique decurrentibus, obscure delineatis. Marnes de la montée d'Avignon. — Très rare. Feuille jusqu’à présent unique, reproduisant l'aspect des Pimelea et aussi de certains Passerina. Nous avons été frappé de sa ressemblance avec le Pimelea crassipes Heer (1). Elle est pourtant plus petite que les feuilles de l'espèce suisse, et aussi plus arrondie inférieurement. En la signalant, nous donnons plutôt une indication qu’une détermination réelle- ment sérieuse. PROTEACEÆ Tout en suspendant tout jugement en ce qui concerne les Protéacées tertiaires d'Europe, on peut admettre comme pos- sible l’ancienne existence de celles qui se rattacheraient à des types actuellement confinés dans l'Afrique australe. PROTEOIDES ÆETT. Sap., Révis., p. 147; Ann. sc. nat., 5° série, t. XVIIL, p. 49. 367. Proteoides Philiberti (pl. VIII, fig. 8). P. foliis coriaceis, brevissime petiolatis, lineari-lanceolatis, margine cartilagineo-cinctis, integerrimis, apice calloso breviter acuminatis ; nervo primario stricto ; secundariis alternis, obliquissime prodeuntibus, venulis plurimis flexuosis juvantibus in reticulum religatis. Calcaires marneux de la partie inférieure, — Rare, (1) FE Lert. Helo., IE, tab. 97, fig. 12-14. 1e série, Bor. T. X (Cahier n° f). 4 90 G. DE SAPORTA. La feuille, jusqu'à présent unique, a été recueillie par M. le professeur Philibert, à qui nous dédions l’espèce. Elle est petite, corlace, très bien conservée, munie d’un court pétiole et atténuée obtusément vers la base qui est construite comme celle des feuilles de Lomatites. Le bord est entier, cerné d’un encadrement cartilagineux. La forme est étroite- ment lancéolée; le sommet s’atténue en une pointe calleuse et un peu latérale. Les nervures sont fines et parfaitement distinctes : la médiane se distingue assez peu des latérales très obliquement émises et reliées entre elles par des veinules également obliques. L'ensemble donne lieu à un réseau à mailles étroites et ailongées qui parait conforme dans ses moindres détails avec celui des feuilles de Leucadendron, de Perssonia et de certains Grevilleu. Cette jolie espèce, qui retrace si bien l’aspect des feuilles de plusieurs Protéacées actuelles, se range très naturellement auprès du Proteoides extincta Sap. (1), dont elle se distingue par sa base plus obtuse et les nervures plus nettes (2). GAMOPE'T AE Æ COMPOSITÆ La connaissance, toujours imparfaite, un peu moins obscure pourtant qu'au début, des Composées de la flore d’Aix n’a pas été acquise sans des efforts répétés et des recherches minu- tieuses. Il a fallu, d’une part, recueillir un à un les vestiges épars de très petits organes, tels que des achaines, et, de l’autre, revenir sur d'anciennes opinions qui semblaient définitivement assises, appuyées de motifs spécieux et basées sur un rapprochement morphologique en apparence des plus plausibles. (1) Voy. Leucadendrites eætinctus Sap., Ét., 1, p. 96; Ann. sc. nat., 4° série, t. XVII, p. 249, pl. VII, fig, 8. (2) Il existe dans les Composées des feuilles ayant le même contour et la même disposition de nervures, particulièrement chez les Centaurea. Ce rap- prochement est peut-être le véritable. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 51 Ce n’est donc que par degrés que nous avonsacquis la notion de l'importance relative du groupe des Composées et du rôle qui leur était dévolu en Provence, avant la fin de l’éocène. Ge que nous savons, malgré tout, n’est presque rien en regard de ce qui nous reste caché et nous possédons plutôt des indices que des documents précis. Il faut encore ne pas négliger cette remarque curieuse que les seules Composées de la flore d’Aix, susceptibles d’une définition approximative et dont nous possé- dons les feuilles, se rapportent à un de ces types frutescents, si rares dans cette famille, qui n’en comprend guère de cette catégorie en dehors des pays chauds ; de telle sorte que c’est justement la tribu où les types de cette sorte sont les plus fré- quenis, dont nous constatons à Aix, non la présence exclusive, mais, on peut le dire, la prédominance absolue ; puisque en définitive, le Baccharitesa quensis, notre ancien Lomatites, est incontestablement l’espèce caractéristique de l’ancienne végé- tation locale, celle qui par sa profusion, dans toutes les couches, comme par son association à plusieurs autres visiblement con- génères, a dù constituer le type de plantes qui donnait alors à l'ensemble une physionomie à part. — Nous ne voulons pas dire par là que les Composées herbacées, celles qui entrent en Europe, comme partout ailleurs, dans la composition du tapis végétal, fussent alors absentes ; nous allons voir que l’inverse doit être au contraire conjecturé ; mais enfin, aux Composées qui nous sont familières et dont il n’est venu jusqu’à nous que de très faibles débris, il s’en ajoutait d’autres, depuis éteintes ou éliminées du sol de l’Europe, dont la flore canarienne parait de nos jours avoir conservé des exemples et qui contri- buaient, à l’époque de l’éocène récent, à l’accentuation du pay- sage. Dans l’impossibilité où nous nous trouvons de reconsti- tuer les anciennes espèces, par la combinaison des feuilles avec les vestiges de fruits venus jusqu’à nous, nous allons être forcé de suivre une autre méthode et de décrire séparément les diverses catégories d'organes. — Les feuilles réunies anté- rieurement sous la dénomination de Lomatites et rattachées aux Protéacées formeront une première catégorie, qui emprun- 92 ‘GG: DE SAPORTA. tera à son affinité présumée avec les Baccharis le terme géné- rique de Baccharites. Les achaines surmontés d’une aigrette poilue resteront réunis dans le genre Cypselites ; enfin nous reprenons, pour y comprendre des restes d’involuere et de récep- tacle, le genre Hicracites que nous avions proposé une pre- mière fois. BACCHARITES Sap. Sur la présence supposée des Protéacées d'Australie dans la fl. de l'Europ. anc.; Comptes rendus de l'Ac. des sc., t. XCIX, séance du 16 mai 1881. Folia coriacea, elongato-linearia vel lanceolato-linearia, breviter petiolata, sursum acuta, margine parce remoteque denticulata denticulis argulis ; nervis secundariis obliquissime areolatis, illis generis Baccha- ridis simillima. LOMATITES Sap., £E. sur la vég. tert., 1, p. 98; Ann. se. nal., 4° série, & XVI, p. 252; Révis., p.150; Ann. sc. nul., 5° série, t. XVIIL, p: 52. La ressemblance en réalité très étroite des feuilles comprises sous la dénomination de Lomatites avec celles, non pas de tous les Lomatia, mais en particulier des Lomatia longifolia K. Br. et linearis R. Br. et de la section Eulomatia Endi. nous avai paru à l’origine un sûr garant de leur affinité avec ce groupe etpar cela même de la présence des Protéacées d'Australie dans la flore des gypses d'Aix. Nous avions fait ressortir cette ressem- blance, en figurant les feuilles de l’espèce vivante à côté des fossiles. Avec beaucoup d'attention cependant, on pouvait observer quelques légères divergences : les nervures secon- daires des Lomatites sont plus obliques; elles donnent lieu par leurs anastomoses à des mailles beaucoup plus allongées que dans les Lomatia. La terminaison inférieure est générale- ment aussi plus obtuse, moins longuement atténuée, le pétiole plus court et plus gros que dans les végétaux d'Australie ; enfin, les denticules marginales des Lomatites se rédui- sent à de simples points épineux, toujours moins saillants et séparés par.des sinus moins prononcés que ceux des Lomatia. — Or 11 se trouve que ces différences s’effacent jus- tement dès que l’on rapproche nos Lomatites des feuilles de EU) FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 53 Baccharis où d’autres Conizées, de telle sorte que la confor- mité de tous les caractères morphologiques, jointe à celle de la physionomie, oblige d'admettre une liaison intime et réelle entre ces sortes d'empreintes, si répandues dans le gisement d'Aix, et les Baccharis ou, si l’on veut, la tribu actuelle des Conizées. Ge serait donc un type de Composéesfrutescentes, voisin des Baccharis, qui aurait peuplé principalement les alentours de l’ancien lac gypseux, et cette présomption se trouve justement en rapport avec la fréquence relative des achaines à aigrettes poilues, recueillis dans les mêmes lits que les feuiles, et ayant les caractères de ceux de la section des Conizées. Ceux de ces achaines, dont le nombre va en augmentant, qui n’ont pas été encore déerits, le seront ci-après sous la dénomination com- mune de Cypselites. (108) BACCHARITES SINUATUS Sap. re LOMATITES SINUATUS Sap., Révis., p. 150, pl. IX, fig. 24-26; Ann, sc. nat., 5° série, t. XVIIE, p. 52. (109) BACCHARITES SALICINUS Sap. LOMATITES SALICINUS Sap., Révis., ibid., pl. IX, fig. 16; Ann. sc. nal., ibid. (110) BACCHARITES ACEROSUS Sap. LOMATITES ACEROSUS Sap., Révis., ibid., pl. IX, fig. 20; Ann. sc. nat, ibid. (111) BACCHARITES AQUENSIS Sap. LOMATITES AQUENSIS Sap., Ét. sur la vég. lert., L, p. 100, pl. VII, fig. 15; Ann. sc. nat., 4° série, t. XVII, p. 253; — Révis., p. 150, pl. IX, fig. 17-19, et X, fie. 1; Ann. se. nat, 5° série, t. XVIII, p. 52. (112) BACCHARITES OBTUSATUS Sap. LOMATITES OBTUSATUS Sap., Révis., ibid.; Ann. sc. nal., ibid., p. 52, pl. IX, fig. 21-28. CyPsELITES Heer. Le genre est destiné à comprendre les achaines fossiles de Composées surmontés d’une aigrette poilue, et qu'il est impos- sible de rapporter à un genre spécial ; mais dans certains de ces organes, l’aigrette manque parce qu’elle s’'estdétachée, ou 54 G. DE SAPORTA. qu'elle se trouve réduite à des vestiges. On reconnaît toujours cependant qu’elle a dû normalement exister. Les cinq espèces que nous ajoutons à celles décrites précédemment, portent à huit le nombre des espèces d'achaines de Composées, comprises dans la flore d'Aix. La direction constamment ascendante des poils de l’aigrette dont la plupart des Cypselites sont surmon- tés ne doit pas surprendre, puisque, selon une remarque déjà ancienne de Heer, les aigrettes de Gomposées s’étalent par un effet hygroscopique, dù à la sécheresse de l’air, et reprennent au contact de l'eau et par suite de limbibition, la disposition verticale, en pinceau érigé, qu’elles présentaient sur le récep- tacle commun avant la maturité des capitules. 368. Cypselites aquensis (pl. VIII, fig. 6). GC. achæniis oblongis, 6"",50 longis, utrinque obtusissime attenuatis, apice truncatis, longitudinaliter tenuissime striatulis, pappo erecto stricto achænio parum longiore superatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. L’achaine est petit, allongé, long de 6", 5, marqué destries ou linéaments d’une grande finesse, à peine atténué et tronqué au sommet; il est surmonté d’une aigrette sessile, érigée, for- mée de poils simples et serrés, assez notablement plus longue que le corps du fruit. 369. Cypselites fractus (pl. VII, fig. 17). .. 0 0 . . . .e e. . GC. achæniis stricte linearibus, basi breviter attenuatis, apice truncatis, medio longitudinaliter levissime sulcatis, pappo sessili piloso superatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. L'espèce diffère par le contour plus étroitement linéaire du corps de la graine dont la longueur totale mesure environ 7 mil- limètres. Le sommet nettement tronqué est surmonté d’une aigrette sessile, formée de poils très fins, brisés à une certaine distance de sa base. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 55 310. Cypselites trisuleatus (pl. XX, fig. 6). GC. achæniis linearis-fusiformibus, 7 millim. longis, longitudinaliter sulcatis, apice vix attenuato truncalis; pappo sessili, ut videtur, casu autem destructe superatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. L’achaine est petit, long de 7 millimètres au plus, mais très nettement conservé ; il est linéaire-fusiforme, marqué de trois sillons longitudinaux ou carènes sur la face visible, tronqué au sommet et surmonté par les vestiges d’une aigrette qui à dis- paru. La figure grossie 6° rend parfaitement ces détails. 311. Cypselites spoliatus (pl. VIII, fig. 19). C. achænio parvulo, elliptico-lineari, sulco longitudinali medio no- tato, sursum in apicem obtuse attenuatum producto, pappo terminali casu forsan plane destituto. Calcaires de la partie inférieure. — Trés rare. Dans cette espèce, le corps de Pachaine, long de 6 millimè- tres, marqué d’un léger sillon médian longitudinal, linéaire- ellipsoïde, atténué supérieurement en un bec très obtus, ne présente aucune trace d’aigrette. Gelle-c1 à dû être accidentel- lement détachée. La figure grossie 14° laisse bien voir ces caractères. Si l’on fait abstraction de l’aigrette, les achaines de Lactuca affectent à peu près la même forme. 372. Cypselites tenuirostratus (pl. VIT, fig. 19). C. achæniis minutis, ovalo-ellipticis, 5 millim. longis, striatis, sursum in rostrum apice truncatum anguslalis, pappo terminal, ut videtur, nullo, Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Le corps de l’achaine, long en tout de5 millimètres, est ovale, 96 G. DE SAPORTA. strié, atténué au sommet en un bec mince et tronqué supé- rieurement. Ge bec a dù supporter une aigrette, peut-être pédi- cellée, et dont il n’existe plus de trace. HIERACITES Sap. Receptaculorum involuerorumque Compositarum fossilium vestigia. 313. Hieracites stellatus (pl. XVIT, fig. 12-14). H. involucri polyphylli bracteis linearibus, longioribus brevioribusque cirea receplaculum achæniis post maturitatem spoliatum stellatim undi- que patentibus. Calcaires marneux de la montée d'Avignon. — Très rare. Malgré l’extrême petitesse de l'empreinte, il nous a paru, après un examen des plus attentifs, qu’elle représentait, non pas une fleur, mais un imvolucre polyphylle, à bractées linéaires, d’abord imbriquées, puis étalées et rayonnantes après la chute des achaines, ainsi qu'il arrive dans une foule de Composées, particulièrement chez les Leontodon et T[nula, dans l’Eupatorium cannabinum, ete. Après la maturité et une fois vides et desséchés, les involucres de ces Composées s'ouvrent en étalant leurs bractéoles et présentent sensible- ment le même aspect que l'échantillon fossile dont nos figures grossies, 12° et 19°, 13 et 14, reproduisent fidèlement la dis- position et les caractères. Les bractées involucrales de 'Eupa- torium cannabinum L. sont réduites à un très petit nombre, cinq à sept; mais l’involucre de l’Inula pulicaria L. ouvert et vu par-dessus, entouré de bractéoles lancéolées-linéaires, étalées et rayonnantes, dont nous figurons deux exemplaires (pl. XVI, fig. 15-16) comme termes de comparaison, fait voir que sauf la dimension et la terminaison plus acuminée des folioles, il n’existe aucune différence sensible entre l’an- cien organe et celui d’une plante aujourd’hui commune au bord des ruisseaux. C’est à.ce même genre /nula que l’on serait tenté de rapporter l'empreinte tertiaire. x | FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE, 314. Hieraeites nudatus (pl. XX, fig. 5). H. receptaculo post anthesin bracteolis involucralibus spoliato ; achæ- niis flosculisve dense in acervum congestis adhuc superato. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. L'empreinte est difficile à interpréter, et pourtant elle nous semble, autant qu'il est possible d'en juger d’après la figure arossie de l'organe fossile (fig. 5°), représenter un réceptacle capitulaire dépouillé, après l’anthèse de sa collerette de brac- téoles et supportant un faisceau pressé de fleurettes ou d’achaines, serrés les uns contre les autres. Un de ceux-ci se montre à l’écart des autres. Il est impossible d'affirmer rien de plus. Il est certain cependant que les capitules de Com- posées offrent souvent une disposition à peu près pareille, au moment de la dissémination des fruits. OLEACEÆ OLEA L. 319. Olea (Notelea?) grandæva (pl. IX, fig. 7). O. foliis oppositis, petiolatis, ellipticis, utrinque obtusis, integris, penninerviis; nervo primario distineto; secundariis plus minusve obli- quis, ante marginem ecurvatis, conjunctoque areolatis; tertiariis reticu- lato-ramosis. Calcaires marneux de la partie inférieure, au quartier de Saint-Donnat. Rare. L'espèce est établie d’après un fragment de rameau auquel adhèrent encore plusieurs feuilles en partie détachées, mais visiblement opposées. Ge rameau ainsi que les feuilles, celles- ei par les détails de leur nervation, nous paraissent dénoter l'existence dans la flore d'Aix d’un Olea allié de près à l'Olea excelsa Ait. (Picconia excelsa DC., Notelea excelsa Webb), type arborescent remarquable des forêts canariennes. 58 G. DE SAPORTA. FRAxXINUS L. 316. Fraxinus longinqua (pl. IX, fig. 1-2). L. foliolis membranaceis late ovato-oblongis, margine integris, pen- ninerviis; nervo primario gracili; secundariis tenuibus, curvatis, secus marginem conjuncto-ramosis ; terliariis flexuosis, reticulatis ; — samara parvula, breviter oblonga, utrinque obtusa, sursum autem emarginata, costæ mediæ tenui nervulisque longitudinaliter obscure delineatæ; locula seminifera basilari parum tumida. Calcaires de la partie inférieure; montée d'Avignon. — Très rare. La découverte d’une samare bien caractérisée, accom- pagnée d’un fragment de foliole, permet de reculer jusque dans l’éocène l’existence constatée des Fraxinus en Provence. — La samare que nous figurons de grandeur naturelle et grossie (fig. 1 et 1*), ne saurait être d’une attribution dou- teuse; elle est seulement fort petite, puisqu'elle mesure à peine 18 millimètres de long. Sa forme est oblongue, ellip- soide-sublinéaire ; la base est un peu plus large que le som- met distinctement émarginé. Les deux extrémités sont obtuses; l'endroit de la cavité séminifère est marqué par une coloration plus foncée de l'empreinte. Une nervure médiane assez peu distincte partage longitudinalement l’organe, dont la surface est occupée par des veinules très obliques et peu prononcées. Cette samare ressemble à celles du Fraxinus oxyphylla (F. australis Gay) de la France méridionale, dont elle ne diffère que par des proportions plus réduites. Nous réunissons à la même espèce l’empreinte mutilée d’une foliole, entière sur les bords, de consistance membra- neuse et dont la nervation reproduit fidèlement celle des Fraxinus. La forme actuelle la plus analogue serait le Fraxi- nus americana L. (Ornus americana Bosc) qui représente en Amérique le type de notre F. ornus et porte des folioles entières comme l’auraient été celles de l'espèce fossile que nous signalons. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 59 APOCYNACEÆ NeriuM L. 311. Nerium exile (pl. IX, fig. 4-5, et XVI, fig. 24). N. foliis firmis, vix petiolatis, sensim utrinque attenuatis, penniner- viis ; nervis secundariis multiplicibus subtilibusque, e costa media sub angulo fere recto emissis, ad marginem cartilagineo-cinctum decurren- libus, venulis obliquissime emissis flexuoso-ramulosis inter se religatis ; — fructu folliculari-bivalvi, crasse pedunculato, valvis ad maturitatem secessis, parvulo, elongato, apice obtusato, longitudinaliter striato, deor- sumque in pedicellum attenuato ; — seminibus parvis e nucula breviter ovala, pappo comoso superata constantibus. NERIUM REPERTUM ex parte) Sap., Révis., p. 159, pl. X, fig. 6; Ann. sc. nat., 5° série, t XVIII, p. 57 (quoad exemplaria, fig. 6). Calcaires marneux de la montée d'Avignon et calcaires de la partie inférieure. Très rare. Nous avons fait connaître, sous le nom de Nerium reper- tum, une espèce de Laurier-rose provenant des lits supérieurs du gisement d'Aix; mais parmi les trois feuilles de ce Nerium que nous avons figurées, il en est une plus étroite et plus linéaire qui pourrait bien être réunie à notre Nerium exile. Celui-ci provient des calcaires marneux de la montée d’Avi- gnon, c’est-à-dire de l’extrème base du gisement, et nous croyons posséder non seulement une de ses feuilles, mais encore son fruit et sa graine. La feuille (fig. # et 4*) est remarquablement petite; mais sous des dimensions très réduites, même en comparaison du Nerium parisiense, une des plus naines du genre, puisqu'elle ne mesure en tout que 35 millimètres de longueur, elle présente tous les caractères distinctifs des feuilles de Nerium. La surface est glabre, le pétiole presque nul, le bord accom- pagné d’une mince ceinture cartilagineuse, la forme du con- tour lancéolée-linéaire, atténuée-obtuse aux deux extrémités. Les nervures secondaires sont nombreuses, déliées, émises 60 G. DE SAPORTA. sous un angle très ouvert, elles vont aboutir à la marge; mais, avant de l’atteindre et dans l'intervalle qui les sépare, elles donnent lieu à un réseau veineux des plus fins, reproduit par notre figure grossie 4*, et qui se trouve exactement conforme à celui des feuilles de Nerium. Pour bien comprendre le fruit que nous rapprochons de la feuille précédente, il faut se rappeler que les follicules allon- gés et cylndroïdes des Neriuwm, une fois parvenus à maturité, s'ouvrent et se séparent en deux valves qui s’étalent à plat et tombent en effectuant la dispersion des semences. Chaque valve ou moitié de follicule porte au sommet un bec court et obtus qui répond au style, et la face dorsale ou extérieure de la valve, légèrement convexe, est sillonnée de stries longitu- dinales délimitant autant de costules qui s’écartent légère- ment vers le milieu de l’organe et convergent à son sommet. Une empreimte présentant les caractères que nous venons de décrire et dénotant.par cela même un follicule de Nerium a été recueillie dans les calcaires situés à la base des gypses d'Aix; c’est celle que représente notre figure 5. Elle est sur- tout remarquable par sa faible dimension, qui égale à peine le tiers des fruits de notre Nerium Oleander L. On peut dire cependant que le contour de l'organe fossile est moins allongé, moins cylindrique, avec une terminaison apicale plus obtuse et une base plus longuement atténuée que dans lespèce vivante. Cette pelite taille est justement en rapport avec la faible dimension de la feuille qui, par son apparence, semble tenir le milieu entre l’espèce des Indes et celle de la Méditer- ranée. Nous attribuons encore à notre Nerium exile une oraine surmontée d’une longue aigrette (pl. XVI, fig. 24), dont la nucule ovale et le mode d'implantation de laigrette même se trouvent en concordance avec ce qui existe à cel égard chez les Nerium. Cette graine, par sa taille, se trouve eu rapport avec le follicule de notre Nerium exile et son attri- bution à cette espèce n’est pas dénuée de probabilité. FLORE FOSSILE D'AIX=-EN-PROVENCE. 61 APOCYNOPHYLLUM Ung. 518. Apocynophyllum macilentum (pl. IX, fig. 6). A. foliis petiolatis elliptico-lineari-lanceolatis, utrinque obtusis, pen- uinerviis ; nervis secundariis plurimis, subobliquis, venulis mediantibus inter se religatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. C’est une petite feuille, allongée, ellipsoïde, lancéolée- obtuse, entière sur les bords, à nervures secondaires fines et multipliées que nous rangeons avec quelque doute parmi les Apocynacées. BIGNONIACEÆ Les graines et les fruits, ailés où samaroïdes, recueillis dans le gisement d’Aix et dont l’action du vent a certainement favorisé le passage à l’état fossile, n’ont été, pour la plupart, déterminés que par degrés. C’est ainsi que les Palæocaryu ou Engelhardtia tertiaires ont été d’abord tenus pour des samares de Carpinus, que les fruits d’Aïlantes furent considérés en premier lieu par nous comme assimilables à des graines de Rhopula. I en aura été de même des graines de Bignoniacées que leur petitesse a longtemps dérobées à notre attention, et dont il à été impossible pourtant, l’éveil une fois donné, de méconnaitre les caractères. Ces caractères clairement saisis- sables démontrent la présence à Aix de plusieurs espèces de Catalpa dont les feuilles n'auraient pas été encore rencon- trées. Il est cependant possible qu'une feuille décrite précé- demment sous le nom de Sferculia tenuiloba (1) ait plutôt appartenu à un Gatulpa assimilable au C. Kempferi Lieb. et Zuec., mais plus encore au C. Bungei CG. À. Mey. Il est aussi parfaitement concevable que la corolle figurée par nous anté- rieurement sous le nom de Jasminum palæanthum (2) repré- (1) Sap., Et p.420; Ann. sc. nat., 4*série, t, XVII, p..275, pl. X, fig. 2. (2) Voy. Révis., p.153; Ann. sc. nal., 5° série, & XVII p.55, pl. 10, fig. 4. 69 G. DE SAPORTA. sente en réalité la corolle de l’une des espèces de Catalpa dont nous allons décrire les semences. CATALPA Juss. Il ne saurait y avoir de doute au sujet de l’attribution des organes décrits ci-après. Ge sont des semences de Catalpa de très petite taille, emportées par le vent et déposées au fond des anciennes eaux. 319. Catalpa microsperma (pl. VII, fig. 9-14). CG. seminum minutorum nucleo compresso, arcte ellipsoideo, utrinque in appendiculum pilosum, angustissime elongatum, tenuissime angusta- tum exeunte. Çà et là dans les schistes à Aix et à Saint-Hippolyte. La graine est des plus petites, et cette petitesse l’a fait long- temps passer maperçue, bien que les empreintes n’en soient pas très rares. Elle offre tous les caractères visibles de celles du Catalpa Bungei C. À. Mey., qui sont presque aussi menues, avec un nucléus ellipsoïde allongé, un raphé transverse et un appendice poilu aux deux extrémités, étroit et long, disposé comme dans les empreintes fossiles. Le C. longissima Sim. offrirait un terme de comparaison encore plus frappant. — On voit, en examinant les échantillons d’Aix, que l’imbibition a conglutiné les poils des appendices en un étroit faisceau, dont la composition devient saisissable à laide d’un fort grossissement, comme le font voir nos figures 9° et 10", planche VII. Notre Sterculia tenuiloba, comme nous l’avons déjà dit, représente peut-être la feuille de cette espèce, qui aurait été alliée, de plus ou moins près, à la forme japonaise actuelle. 380. Catalpa palæospermma (pl. VIIT, fig. 7, 8 et 15). C. seminorum parvulorum nucleo compresso elliptico, hylo transver- FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 63 sim notato, lateraliterque emarginato in appendicem pilosum utrinque expanso. Çà et là dans les calcaires marneux de la partie inférieure. — Assez rare, La graine de cette autre espèce est moins étroite et moins allongée. Son contour dessine une ellipse plus largement arrondie, et le raphé transverse donne lieu à une échancrure latérale plus visible. L’appendice poilu des deux extrémités est aussi moins étroit dans l’un des exemplaires (fig. 8). Les poils ne laissent voir que des vestiges; cependant il semble bien que cet échantillon et celui de la figure 11 aient dû faire partie, ainsi que l'empreinte, figure 7, d’une seule et même espèce, comparable par ses graines au Catalpa Kæmpferi Sieb. et Zucc., originaire du Japon et de l'Asie orientale. MYRSINEÆ Nous continuons à donner les preuves Indicatrices de la présence des Myrsinées dans la flore d'Aix. Les vestiges de fleurs ayant les caractères de celles de ce groupe, actuelle- ment étranger à l’Europe, prendront place dans un genre à part, sous le nom de Wyrsinites. Myrsine L. 381. Myrsine subretusa (pl. IX, fig. 13). M. foliis coriaceis, punctulatis, parvulis, breviter petiolatis, rotundato- cunealis, margine superiori latiore subretusoque acute inciso-denticula- tis ; nervulis ramoso-reticulatis. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. L'espèce ne se distingue par aucun caractère visible du Myrsine retusa Vent., des Canaries, sauf que la feuille fossile est un peu plus arrondie, plus élargie au sommet et plus courte. La consistance, les ponctuations, la forme du pétole sont absolument semblables des deux parts. Le sommet arrondi et un peu rétus est incisé à denticules pointues et 64 G. DE SAPORTA. nombreuses qui offrent l'aspect de celles du Myrsine retusu. Il est donc impossible de ne pas voir, dans la forme d’Aix que nous signalons, un ancêtre direct de lespèce actuelle des Acores. — Le Myrsine subretusa tient de près, par cela même, au M. celastroides, que nous avons signalé dans les calcaires littoraux du bassin de Marseille, et qui reparait souvent dans le tongrien et le miocène inférieur. Toutefois, les exemplaires figurés par nous (1) nous ont paru intermé- diaires aux Myrsine africana et retusa, tandis que le M. sub- retusa se confond presque avec ce dernier, et mérile, par cela même, une dénomination à part, bien qu'il s'agisse évi- demment ici d'un groupe de formes alliées de fort près. Le type du Myrsine africana est représenté, à Aix, par le M. spi- nulosa (2), et l'espèce suivante nous montrera un autre type appartenant toujours au même groupe de Myrsine indo- africain, dont la présence en Europe, vers la fin de léocène, est mise ainsi tout à fait hors de doute. 382. Myrsine pachydewsma (pl. XVI, fig. 3). M. foliis coriaceis, petiolatis, breviter lanceolatis, secus marginem antice denticulatis; nervo primario cum secundariis oblique emissis reticulatique plerumque immersis. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. Voici encore un type de Myrsine voisin du précédent par sa feuille petite, coriace, aux nervures obliquement émises el réticulées. Le bord est entier inférieurement et denticulé dans le haut. Cette feuille, trouvée une seule fois, nous semble distincte de la précédente, bien qu’elle rentre dans la même catégorie. 383. Myrsine miranda (pl. IX, fig. 10-11). M. foliis coriaceis, petiolatis, lanceolatis, obtuse utrinque attenuatis, (1) Ann. sc. nat., 5° série, t. LL, pl. V, fig. 11. (2) Ét. sur La veg. tert., 1, p. 110; Ann. sc. nat., 4° série, t. XVIE, pl. IL. ï FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 65 margine sparsim denticulatis; nervis secundariis oblique reticulato- ramosis. Galcaires de la partie inférieure. — Très rare. Cette espèce, remarquablement caractérisée et fort rare, a été recueillie par M. le professeur Philibert. Elle dénote une forme très voisine du Myrsine acuminata Sap., qui est bien plus petit par toutes les proportions de sa feuille, avec une lerminaison acuminée dans les deux sens, et des dentelures plus saillantes (1). La feuiile du M. miranda est lancéolée-ellip- soïde, obtusément atténuée au sommet comme à la base, qui laisse voir l’origine du pétiole. Le bord est denticulé, à dents épineuses, irrégulièrement espacées et peu satllantes. La con- sistance a dù être coriace et glabre, la nervure médiane est assez épaisse; les nervures secondaires, assez obliquement émises, sont fines, multpliées ; elles se ramifient par dichoto- mie et s’anastomosent avant la marge, en donnant lieu à un réseau à mailles allongées, entre lesquelles s'étendent des veinules toujours obliquement dirigées. Les détails du réseau concordentavec ce que montrent les Myrsine, particulièrement le M. semiserrata Wall., des Indes, et les plus grandes formes du M. Bottensis DC., qui habite à la fois l'Vémen et l'Abys- sinie. Le Myrsine miranda Sap. est plus voisin du premier par la forme des feuilles, du second par la disposition des ner- vures; mais il reproduit certainement ce même type de Myr- sine, plus spécialement indo-africain. 384. Myrsine pumcétulata (pl. XVII, fig. 2). M. foliis coriaceis, petiolatis, obovatis, apice obtusatis, basiin cuneum breviter attenuatis, integris, tenuissime punctulatis; nervo primario sat valido; secundariis tenuibus, plurimis, ante marginem in retieulum solu- tis, venulis oblique furecatis mediantibus. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Nous pensons reconnaître encore un Myrsine dans une (1) Ét., 1, p: 141; Ann. sc. nat., 4° série, t. XVII, p: 264, pl. XI, fig. ! 7e série, BoT. T. X (Cahier n° 2). 0 ax 66 G. DE SAPORTA. empreinte de feuille obovée-obtuse, atténuée en coin sur un court pétiole, dont notre figure 2, planche XVIIE, reproduit fidèlement la nervation grossie et les fines ponctuations caractéristiques. La disposition du réseau veineux semble jusüfier l'attribution proposée. 380. Myrsine reperta (pl. XIIL, fig. 1). M. foliis petiolatis, elliptico-lanceolatis, integerrimis, penninerviis ; nervo primario gracili; secundariis plurimis, tenuibus, oblique emissis, ante marginem conjuncto-areolatis, in reticulum venulis oblique direc- tis mediantibus solutis. Galcaires marneux de la montée d'Avignon. — Très rare. Voici encore une feuille ovale-lancéolée-ellipsoïde, atténuée- obtuse, à la base comme au sommet, pétiolée et entière sur les bords, qui semble présenter la disposition du réseau caractéristique des Myrsine. L'attribution que nous en faisons à ce groupe ne laisse pas pourtant que d’être entachée de quelque doute. MyrsiniTes Ett. Florum vestigia Myrsineis, ob adspectum structuramve, verosimiliter referenda. 386. Myrsinites primævus (pl. XX, fig. 8). M. floribus parvulis, pedunculatis, e calyce tetramero 4-fido dentibus obtuse acutis, corollaque gamopetala, breviter campanulata, 4-lobato- partita lobis erecto-conniventibus obtusisque, calyei imposita constan- tibus. Calcaires de la partie inférieure. — Trés rare. Nous croyons pouvoir reconnaître une fleur de Myrsinées dans l’organe fossile, grossi par notre figure &*, planche XX; il consiste en un calice pédonculé à quatre dents, qui entoure la base d’une corolle gamopétale à quatre divisions, alternant avec les lobes calicinaux. Les divisions de la corolle sont FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 67 assez profondes, érigées, conniventes et obtuses à leur som- met. Il semble que dans le haut on aperçoive les traces de deux filets érigés et exserts, indiquant soit deux stigmates, soit deux supports d’étamines dépouillés de leurs anthèses. II nous à été impossible de fixer une détermination plus pré- cise. 381. Myrsinites palæanthus (pl. XVII, fig. 21). M. corolla gamopetala, rotacea, minima, pentamera; lobis stellato- patentibus, breviter obtuse lanceolatis; staminibus quinque segmentis corollæ oppositis incumbentibusque. Schistes de la partie supérieure. — Très rare. On aperçoit distinctement l’empreinte d’une corolle gamo- pétale rotacée, à cinq divisions étalées, lancéolées-obtuses, peut-être encore adhérente à un disque calicinal. Gette corolle est pourvue de cinq étamines à filets très courts ou nuls, dont les anthères étroites et acuminées se trouvent distinctement opposées aux lobes de la corolle et appliquées sur eux. Le der- nier caractère dénote une affinité soit avec les Primulacées, soit avec les Myrsinées et les Sapotacées, qui se distinguent de la plupart des autres (Gamopétales par leurs étamines oppo- sées aux divisions de la corolle. Il nous a été impossible d'arriver à une détermination moins approximative. La struc- ture apiculée des anthères allongées et conniventes se retrouve chez les Myrsinées et donne quelque vraisemblance à notre attribution présumée. SAPOTACEÆ BumELrA L. 388. Bumelia Oreadum Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 435; Foss. FI. v. Sotzka, p. 172, tab. 43, fig. 7-11 (pl. IX, fig. 14). B. foliis coriaceis, breviter petiolatis, obovato-cuneatis, apice paulis- per emarginato integris. Schistes marneux feuilletés de la partie inférieure. — Très rare. (es G. DE SAPORTA. Nous figurous celte espèce signalée en premier lieu à Sotzka, puis à Hæring et à Sagor par Ettingshausen, mais nouvelle pour la flore d’Aix. Elle est comparée par M. d’Ettings- hausen au Bumelia nervosa Vahl., de l'Amérique méridionale ; on peul aussi la rapprocher de B. refusa Sw. 389. Bumelia expamsa (pl. IX, fig. 12). B. foliis petiolatis petiolo gracili, late obovatis, basi in petiolum sen- sim altenuatis, apice orbiculato paulisper emarginatis, penninervits ; nervo primario gracili; secundariis numerosis, tenuibus, oblique emissis, fMexuosis, ante marginem integerrimum ramoso-anastomosatis; venulis reliculum areolis contermine flexuosis compositum formantibus. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. Nous distinguons cette jolie espèce du Bumelin subspathu - lata Sap., décrit et figuré dans la Révision (1), dont elle se rapproche évidemment ; mais la feuille est 1c1 plus ample, plus élargie au sommet, dont le contour orbiculaire présente une échancrure terminale bien prononcée. Les nervures secon- daires sont aussi plus nombreuses, plus flexueuses, et sui- vent une direction plus ascendante. Ce sont là pourtant des lormes visiblement alliées. 390. Bummelia amémada (pl. XII, fig. 7). B. foliis parvulis, vix petiolatis, obovatis, fere spathulatis, basi in peliolum attenuatis, integris, penninerviis ; nervis secundariis sub-obli- quis. tenuibus, ante marginem reticulato-ramosis ; terliariis subtilibus, fexuosis, transversim oblique decurrentibus. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Peute feuille obovée, subspathulée, à nervures obliques très finement réticulées, qui nous semble distincte du Bumelia Oreadum et üent le milieu entre celui-ci et le Bumeha subspa- (hulata, Si répandu dans la flore d’AIx. (1) Recis., p. 160, Ann. sc. nal., 5° série, & AVIHE, p. 62, pl. X, Gig. 18 22. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 69 (129) BUMELIA SUBSPATHULATA Sap., Révis., p. 160; Ann. se. nut., 5° série, t. XVILL, p. 62, pl. X, fig. 18-22. — PI. XII, fig. 3-5. Nous figurons de nouveaux exemplaires de cette espèce pour les faire servir de termes de comparaison avec les deux précédentes. Nous avons comparé le PB. subspathulata au Bumelia retusa Sprgl. et atrovirens Lam. STYRACEZÆ STYRAX L. 391. Styrax atavium (pl. IX, fig. 9). S. foliis verosimiliter membranaceis, breviter petiolatis, late ovatis, integris, penninerviis; nervo medio gracili; secundariis sparsis, sub angulo aperto emissis, ante marginem curvatim arcuatis ; venulis tenuis- simis transversim flexuosis mediantibus inter se conjunetis, in areolas multiplices tandem solutis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. La persistance d’un Styrax, S. officinale L., sur le sol pro- vençal ajoute de la vraisemblance à la présomption de l’ancienne existence dans la flore d’Aix d’un genre maintenant confiné de préférence dans les parties chaudes des deux conti- nents. Le Styrax officinale L., de la région méditerranéenne, s’avance au nord jusqu'en Dalmatie et atteint en France les environs de Toulon à l’aide de colonies éparses. C’est de cette forme demeurée indigène, que nous rapprochons une feuille, isolée, il est vrai, et malheureusement mutilée dans le haut ; mais dont les caractères de forme et de nervation, de mème que le pétiole, retracent fidèlement ce qui existe dans les feuilles du Styrax officinale, dont nous posséderions ainsi l’ancêtre direct. Unger dans son Sylloge (1) à figuré, sous le nom de Styrur boreale, une espèce de Parschlug qui manifeste les mêmes (A) Sylloge, LU, p. 33, tab. NE, fig. 11-18. 70 G. DE SAPORTA. affinités que la nôtre. Celle-ci nous semble pourtant avoisiner de plus près encore le Styrax officinale par le contour exté- rieur du limbe et la dimension réduite du pétiole, de même que par tous les détails visibles du réseau veineux. Cest à la face inférieure de cette feuille que nous avons observé le Phyllerium inquinans, distribué en taches irrégulières. EBENACEÆ Drospyros L. 392. Diospyros varians Sap., Ét., Il, p. 107; Ann. sc. nat., 5e sér., t. LIT, p. 141, pl. IV, fig. 14, et pl. VI, fig. 4; Ét., IL, p. 91; Ann. se. nat., 5° sér., t. VII, p. 91, pl. X, fig. 7-8 (pl. XII, fig. 3). Calcaires en plaques du quartier des Pinchinats. — Très rare. Nous constatons la découverte de cette espèce, signalée par nous à Saint-Jean-de-Garguier, Fénestrelles, Allauch, ainsi qu'à Manosque où elle abonde, dans la flore d'Aix ; mais elle y est fort rare et l’empreinte unique que nous figurons pro- vient du quartier des Pinchinats qui constitue vers lest l'extrême limite de la zone fossilifère. Sur ce point, le voisi- nage de l’ancienne plage et l’embouchure probable d’un affluent sont reconnaissables à de vastes accumulations de galets associés à un limon rougeâtre et constituant une masse de pouddingues-imconsistants. Les lits calcaires qui ont fourni, dans cette direction, un certain nombre d'empreintes végétales, nouvelles ou intéressantes, ne sont qu’un prolongement latéral de ceux qui supportent vers Entremont le groupe des gypses exploités et répondent à ce que nous avons nommé la partie inférieure de la formation. 303. Diospyros multinervis (pl. X, fig. 4-5). D. foliis firmis, petiolatis, elliplicis, latoque ellipticis, utrinque rotun- datis, integerrimis, penninerviis; nervis secundariis sub angulo aperto aut fere recto emissis, postea leniter curvatis, secus marginem curvato- anastomosatis; nervis secundariis abbreviatis e costa media ortis cum FLORE FOSSILE D’'AIX-EN-PROVENCE. 71 tertiariis oblique transversim reticulatis conjunetis ; venulis in rete areo- lis irregulariter trapeziformibus tandem solutis. Calcaires et schistes de la partie inférieure. — Assez rare. Nous reconnaissons encore un Diospyros, très différent des Diospyros lotus et Virginiana, mais reproduisant sous un autre aspect les traits caractéristiques de la nervation de ces espèces, dans une forme élégante dont nous figurons deux exemplaires, l’un (fig. 4) plus large et plus orbiculaire, Pautre (fig. 5) de moindre dimension et plus ellipsoïde; mais tous deux reproduisant évidemment le même type. Le bord est entier; le pétiole est assez long ; les nervures secondaires, nombreuses et émises sous un angle très ouvert, se recour- bent et s’anastomosent le long de la marge. Des nervures directement sorties de la médiane courent dans l'intervalle des secondaires proprement dites et s’anastomosent avec les tertiaires qui sont obliquement transversales, ramifiées, et donnent lieu en se subdivisant à un réseau à mailles irrégu- lièrement trapéziformes. Ge réseau n’est pas sans analogie avec celui de l'espèce suivante. Après examen, lPattribution générique que nous proposons nous à paru la plus naturelle ou du moins la moins invraisemblable ; maïs nous sommes loin d'affirmer qu'on ne puisse en rencontrer d’autres. (132) DIosPYROS CORRUGATA Sap., Révis., p. 162; Ann. sc. nal., 5° série, t. XVIIL, p. 64, pl. X, 235. — PI. X, fig. 6. Calcaires de la partie inférieure. Nous figurons une seconde feuille, plus grande et mieux caractérisée que la première, de cette espèce qui semble se rattacher au Diospyros lanceolata Poir., par les caractères visibles de forme et de nervation, sous des dimensions plus restreintes. 12 G. DE SAPORTA. ERICACEÆ ANDROMEDA L. (142) ANDROMEDA SUBTERRANEA Sap., Révis., p. 171; Ann. se. nal., 5° série, t. XVII, pl. XI, fig. 26-35. — PI. XVII, fig. 1. La nouvelle feuille que nous figurons ici nous parait con- forme aux précédentes dont elle semble confirmer lattribu- tion. Elle provient des plaques schisteuses de la partie infé- rieure du gisement. (144) ANDROMEDA ATAVIA Sap., Révis., p. 172; Ann sc. nal., 5° série, t. XVILL, p. 74, pl. XI, fig. 48-49. — PI. XV, fig. 10. Nous figurons une nouvelle empreinte attribuable à cette espèce et assimilable surtout à la figure #8, planche XI, de la Révision. 394. Andromeda adÿumeta (pl. IX, fig. 15). A. foliis mediocriter petiolatis, coriaceis vel sin minus firme membra- naceis, lato-ellipticis, integerrimis, penninerviis; nervo primario dis- tincto ; secundariis fere immersis, sub angulo aperto emissis, flexuosis, ramoso-reticulatis, in rete venosum tenue ante marginem solutis. Schistes feuilletés de la partie inférieure. — Très rare. La forme, la consistance et les détails de la nervation, diffi- ciles à percevoir, il est vrai, font reconnaître dans cette feuille un Andromeda du type des Leucothoe, comparable également aux Zenobia par le contour du limbe. Le pétiole est médiocre- ment long et assez mince; le contour général elliptique, un peu plus atténué-obtus vers le sommet qu’à la base. Le bord, parfaitement entier, est cerné par un ourlet cartilagineux et faiblement ondulé dans le haut. Les nervures secondaires, peu visibles, sont comme noyées dans l'épaisseur du parenchyme : elles se ramifient et se résolvent en un réseau compliqué. La forme vivante la plus analogue, parmi les Leucothoées, serait le L. revoluta DC., espèce du Brésil. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 73 395. Andromeda adscribemda (pl. XI et XII, fig. 8). A. foliis coriaceis, ellipticis, utrinque obtusis, integerrimis; nervo primario gracili; secundariis plurimis, immersis, sub angulo aperto emissis, ramosis, conjuncto-areolatis. ANDROMEDA SUBTERRANEA Sap. (ex parte), Reévis., p. 171; Ann. sc. nat, 5° série, L XVII, p. 73, pl. XI, fig. 26-27, quoad specimina foliis apice oblusalis. Calcaires de la partie inférieure et gisement de Venelles. — Assez rare. Nous séparons, à titre d'espèce distincte, de l'Andromeuda subterranea, à cause de la terminaison obtuse du sommet de la feuille, une empreinte recueillie dansle gisement de Venelles et que nous avons soin de figurer. Nous lui rapportons, comme devant appartenir à la même espèce, les empreintes figures 26 et 27, planche XI, de la Révision et nous appliquons à cette forme dont l'attribution aux Andromeda de la section Leuco- thoe est parfaitement naturelle, la dénomination d’Andromeda adscribendu. VACCINIEÆ VacciNiuM L. (147) VACCINIUM AQUENSE Sap., Révis., p. 113; Ann. sc. nal., à série, & XVII, pl. X{, fig. 40-41, et XIL, fig. 12. — PI. IX, fig. 8. Ce n’est pas sans un peu d’hésitation que nous rapportons au Vaccinium aquense deux nouvelles empreintes de feuilles, plus grandes et plus larges que les précédentes, mais offrant le même aspect et la même disposition du réseau veineux. 396. Vaccinium adimissuem (pl. XVI, fig. 15). V. folüis firmis, petiolatis, elliptico-oblongis, integerrimis, bas obtusis, apice attenuato breviter sensim acuminatis, subtus punctulatis, penninerviis; nervo primario gracili, secundariis sparsis, oblique emissis, secus marginem curvalis, arcu obtuso inter se conjuneto- areolatis. Calcaires de la partie inférieure, — Très rare. 74 G. DE SAPORTA, L’empreinte recueillie par M. Philibert dénote une espèce voisine du Vaccinium aquense; mais la feuille est plus allongée, plus atténuée en pointe dans le haut, munie de nervures plus obliques et plus ascendantes. On doit la comparer au Vacci- nium resinosuin Michx, des environs de New-York, dont elle diffère par une consistance visiblement plus ferme et des nervures plus allongées, enfin par un réseau veineux moins complexe. Les ponctuations de la face inférieure sont très nettes et multipliées, comme dans un grand nombre de Vac- cinium actuels. 397. Vaccimium mimutifolium (pl. VII, fig. 10). V. foliis minutissimis, coriaceis, orbiculalis, vix petiolatis, marginibus subtus revolutis ; nervo primario valido, cæteris ante marginem areolatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Feuille très petite, presque sessile, arrondie, de con- sistance coriace, dénotant un Vaccinium rapproché du Vac- cinium parvulum, de la flore d'Aix, mais spécifiquement distinct. (151) VACCINIUM PARVULUM Sap., Révis., p. 175; Ann. sc. nat., 5° série, & XVII, pl. LXXVIL, pl XL fig. 43-46. — PL. XV, fig. 16. La nouvelle empreinte que nous figurons ici nous semble devoir être réunie à notre Vaccinium parvulum : la feuille est petite, distinctement pétiolée, arrondie et rongée naturelle- ment d’un côté. Les nervures secondaires, émises sous un angle très ouvert, forment de larges aréoles en se repliant le long de la marge. 398. Vaccimium numullariuunmn (pl. VIE, fig. 9). V. foliis breviter petiolatis, obovato-suborbiculatis; nervo primario tenui; secundariis oblique reticulatis. y Calcaires de la partie inférieure. — Rare. Feuille indiquant une espèce particulière de Vaccinium. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 75 DIALYPETALÆ ARALIACEÆ Le rôle important dévolu aux Araliacées, dans la flore d'Aix, a été mis en lumière par une série de découvertes curieuses. À côté d’un Hedera, proche allié de celui qui n’a cessé d’habi- ter notre continent, il existait certainement à Aix des Aralia à grandes feuilles palmatipartites , comparables aux formes ornementales de l'Afrique australe et de la région chinoise. La dimension même des empreintes recueillies devient un obstacle à leur reproduction. Ge côté original de l’ancienne végétation du temps des gypses mérite pourtant d’être signalé. Précédem- ment déjà Unger avait observé les vestiges d’une remarquable feuille d’Aralia, nommée par lui Cussonia polydris, dans le gisement de Coumi, un peu plus moderne que celui d'Aix, mais qui se rattache à ce dernier par une liaison incon- testable. ARALIA L. a. Foliis digitatis. 399. Aralia transversinervia (pl. XI et XII, fig. 3). A. foliis digitatis, foliolis elongatis, lanceolatis, firmis, margine, dentatis, dentibus sparsis, basi in cuneum integrum attenuatis; nervis secundariis sub angulo aperto emissis, plurimis, secus marginem con- juncto-areolatis, venulis obliquis inter se religatis. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. Nous établissons cette espèce d’après une empreinte isolée de foliole, rongée sur l’un des bords vers le milieu, déchirée à la base et atténuée en coin dans cette direction; elle semble dénoter une foliole d’Aralia par tous les caractères visibles. Le Cussonia paniculata Eckl., du Cap, et plusieurs autres Araliacées présentent des folioles très analogues. 76 G. DE SAPORTA. 400. Aralia corrugata (pl. X, fig. 3). A. foliis digitatis, foliolo casu supra basin inciso, limbi incisura articu- lationem simulante, cæterum lanceolato, deorsum in petiolum attenuato, sparsimque margine parceque denticulate ; nervis secundariis tenuibus, sub angulo aperto emissis, areuatim areolatis ; tertiariis in rete flexuosum solutis, ægre perspicuis. Schistes feuilletés de la partie inférieure. — Rare. On dirait à première vue une feuille de Citrus, à limbe arti- culé sur le sommet d’un pétiole ailé. En réalité, il n’existe pas d’articulation proprement dite; mais une découpure acciden- telle qui divise le limbe au-dessus de la base atténuée de la foliole. La forme, la consistance et la nervation de lempreinte dénotent, à ce qu'il nous paraît, une foliole d’Aralia que nous ne signalons cependant qu'avec un certain doute. (155) ARALIA (CUSSONIA?) RETINERVIS Sap., Révis., p. 177; Ann. sc. nal., 5° série, t. XVIII, p. 79, pl. XIE, fig. 2. — PI. XI, fig. 5. Nous figurons une nouvelle foliole de cette espèce, extraite des calcaires en plaques fissiles de la partie inférieure au oypse. (156) ARALIA SPINULOSA Sap., Révis., p. 177; Ann. se. nal., 5° série, &. XVI, p. 79, pl. XI, fig. 10. — PI. XIE, fig. 4. Calcaires marneux inférieurs aux gypses. — Pare. Nous rapportons une nouvelle foliole à cette espèce d’Ara- liu, comparée par nous au Panax longissimum de Unger et, parmi les formes actuelles, au Paratropia æsculifolia Strak. et Wint., du Kumaon. 8. Foliis palmato-partitis. (152) ARALIA MULTIFIDA Sap., Révis., p. 175; Ann. sc. nal., 5° série, t. XVIIE, p. 77. Schistes et calcaires de la partie inférieure du gisement. — Assez rare. Cette très belle forme d’Arulia, figurée une première fois FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE 1 dans la première partie de nos Études (Et. sur la vég. tert.. p- 115, pl. XIE, fig. 1 ; Ann. sc. nat., 4° série, t. XVII, p. 268), a été rencontrée de nouveau, représentée par un remarquable exemplaire de feuille dont nous avons donné une réduction dans notre livre : le Monde des plantes. Gette feuille, conforme à celle que nous avions reproduite en premier lieu, mais un peu plus petite, se trouve divisée en cinq segments au lieu de sept. Par le mode d’incisure et l'élégance des partitions de ses feuilles, cette espèce rappelle PAralia papyrifera, de la région chinoise. (154) ARALIA REDIVIVA Sap., Révis., p. 176; Ann. des sc. nul, 5° série, t. XVII, p. 78, pl. XI, fig. 1. Caleaires de la partie inférieure. Un nouveau fragment, plus considérable et moins incom- plet, d’une feuille de cette remarquable espèce à été recueilli dernièrement. Elle devait être fort grande et ne mesurait pas moins de 40 centimètres de largeur, dans son intégrité. Ges dimensions s'opposent à la reproduction de l'empreinte qui présente deux segments latéraux divergents et dentés-smueux, avant fait partie d’un limbe foliaire profondément divisé. 401. Aralia aquisexéana (pl. XI et XII, fig. 1-2). À. foliis palmato-partitis, longe valideque petiolatis; nervis vel costis primariis septem ex apice petioli radiantibus in segmenta totidem decur- rentibus; segmentis latioribus, obtusis, hinc inde sinuato-lobulatis, mediis vix ultra medium usque divisis, sinu angusto obtusoque separatis, lateralibus inferis plus minusve alte coalitis. Calcaires de la partie inférieure, — Assez rare. Deuxexemplares fort eurieux etrelativement complets, sans compter les lambeaux épars, permettent de se faire une idée de cette espèce, une des plus remarquables qu'ait encore four- nies la flore d'Aix. Lesfeuilles différent des précédentes par leur aspect, leur mode de partition et les détails de leur nervation. L'une d'elles 78 G. DE SAPORTA. (fig. 2), dont le limbe est lacéré, bien que reconnaissable, a l'avantage de laisser voir le pétiole, qui est relativement large, longitudinalement strié, et qui devait être engaimant à la base, comme celui de tous les Arahia. Ce pétiole, dilaté au sommet, donne lieu à sept nervures principales, qui s’irradient en par- courant le limbe dans autant de segments larges, obtus et assez peu profondément divisés, séparés l’un de l’autre par des sinus obtus, relativement étroits. Chaque segment, pris à part, se trouve pourvu de lobules courts et irréguliers (fig. 1). Les seg- ments médians sont plus profondément divisés que les latéraux inférieurs. Les feuilles de lAralia aquisextana, dont la figure 4, planches XI et XIT, offre un très bel exemple, se rap- prochent sensiblement des formes chinoises du genre, qui sont frutescentes et dont l’espèce fossile d’Aix devait affecter le port. y. Fructus. 402. Aralia paratrapiæformis (pl. XIV, fig. 4). À. fructu baccato minuto, sat breviter pedicellato, turbinato, obscure 6-carinato, disco epigyno, breviter conico muticoque superato. Galcaires de la partie inférieure. — Très rare. Il nous semble difficile de méconnaitre le fruit, détaché de sa panicule et pédicellé, d’une Araliacée voisine des Paratropia dans l'empreinte que reproduit notre figure #, planche XIV, et dont la figure grossie # montre l'aspect et les détails caractéristiques. La petite baie, turbinée, ovoïde et anguleuse, se trouve surmontée d’un disque épigyne conique dont la ter- minaison un peu obtuse semble dépourvue de vestiges des styies. Ce fruit offre une parfaite analogie avec ceux des Para- tropia ; il n’y a, pour s’en convaincre, qu'à le rapprocher du fruit de Paratropia figuré par nous, comme terme de compa- raison, planche XII, figure 1%, de notre Révision (1). (1) Voy. Révis., p. 179; Ann, sc. nat., 5° série, t. XVIII, p. 81, pl. XII, fig. 14 6. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 79 403. Aralia eristata (pl. XI et XII, fig. 6). À. fructu capsulari, ovato-quinquangulari, angulis crista cartilaginea marginatis, disco epigyno angulatim conico, stylis 3 divergentibus basi connatis superato. Marnes de la montée d'Avignon. — Très rare. Nous signalons encore comme se rapportant à une Aralia- cée, un petit fruit dont la structure n’est pas très nette et la taille fort réduite. Il semble présenter cinq angles relevés en une bordure car- tilagineuse, étroite et découpée en forme de crête. Chacun de ces angles donne lieu supérieurement à une pointe terminale et au milieu de ces pointes s'élève un disque épigyne conique, terminé par trois styles connés à la base, dont les parties libres sont divariquées et dilatées ausommet. Nous ne saurions indi- quer pour ce fruit aucune assimilation un peu directe avec ceux des genres actuels d’Aralia. HEDERA L. 404. Hedera Philiberti Sap., Monde des plantes, p. 386, fig. 117, 2; Origine paléont. des arbres, p. 262, fig. 31, 6 (pl. X, fig. 1, 2 et 8). H. foliis glabratis, sursum lanceolatis, longe sensim in apiculum attenuatis, deorsum subangulato-cordatis; lobulis lateralibus vix pro- ductis, medio multoties brevioribus; nervis secundariis ramosis in areolas ante marginem solutis. Calcaires de la partie inférieure, — Rare. Nous avons déjà signalé et figuré cette forme curieuse, très éloignée de l’Hedera prisca Sap., de Sézanne, qui semble repré- senter le prototype du Lierre ordinaire d'Europe. Les feuilles de l’'Hedera Philiberti, dont il existe deux exemplaires, sont remarquables par le contour allongé du lobe médian, qui com- pose à lui seul presque toute la feuille, les latéraux se trouvant réduits à l’état de saillie anguleuse ou tout au plus de lobules 80 G. DE SAPORTA. obtus et courts, ainsi que le font voir nos figures 1 et 2, plau- che X. Cependant, notre H. Philiberti ne doit être considéré que comme une race ou forme ne s’écartant pas plus du type normal actuel que les diversités locales dont ce type donne l'exemple sous nos veux. En cherchant avec soin, on rencontre de nos jours encore en Provence des Lierres dont les feuilles reproduisent presque sans changements l’aspect de l’Hedera Philibert (À). OMBELLIFERÆ Nous avons recherché avec le plus grand soin, parmi les petits débris et les organes épars, s'il s’en trouvait quelques- uns d’attribuables au groupe des Ombellifères, qui confine de si près à celui des Araliacées. L’extrème rareté de la première des deux familles atteste du moins la faible diffusion des végé- taux qu'elle comprend dans la contrée dont le gisement d'Aix nous à conservé la flore. Les deux espèces suivantes sont effec- livement les seules qui nous aient paru devoir être rangées sans anomalie parmi les Ombellifères. PEUCEDANITES Heer. M. Heer à compris sous cette dénomination générique les empreintes répondant aux parties fructifiées des Ombellifères. 405. Peucedanites œthus:æfowmis (pl. XX, fig. 3). l. mericarpiis parvulis, elliptico-suborbiculatis, utrinque in apiculum breviter angustalis, compressis, quinque costalis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. L'espèce est représentée par un méricarpe détaché, plus ou moins comprimé, ellipsoïde-suborbiculaire, marqué de cinq costules y compris celles du bord ou commissurales, qui enca- (1) La figure 8, planche X, représente un petit fruit d’Araliacée, qui a lPas- pect et les caractères de ceux des Hedera et peut être attribué sans invraisem- lance à notre Hedera Philiberti. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 81 drent les trois autres. L’organe rappelle celui des Peucedanum P.(Anethum) graveolens Ball., des Œthusa, Œ. synapium L., et de plusieurs autres Ombellifères, comme le montrent nos figures grossies 5° et 3°, la dernière d’après un moule en relief. 4106. Peucedanites coromatus (pl. XVI, fig. 25). P. mericarpiis anguste ellipticis sublinearibusve , longitudinaliter tmisulcatis basi obtusatis, sursum lobis calyeinis persistentibus acutisque superalis. Calcaires de Ja partie inférieure. — Très rare. Le méricarpe est allongé, presque linéaire, obtus à la base, marqué de trois costules et surmonté par les lobes calicinaux, persistants et pointus. Cette disposition reproduit celle qui distingue les méricarpes des £rynqium et de plusieurs autres genres d'Ombellifères. RANUNCULACEÆ Les deux espèces suivantes, représentées par leur organe fructificateur, pourraient bien dénoter la présence de Renon- culacées dans la flore d'Aix. C’est pour ne rien omettre, en fait d'indice de cette nature, que nous les décrivons ici. RanuncuLus Hall. 407. Ranuneulus palæocarpus (pl. XVIIT, fig. 13). R. achenio minuto, compressiusculo, obovato, sessili, stylo persis- tente apice tenuiter rostrato. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. L’organe est des plus petits; mais la figure grossie 43° fait voir un achaine, comprimé, sessile, marginé, courtement obovale et surmonté d’une pointe terminale qui représente visiblement un style persistant. Ces caractères concordent avec Te série, Bot. T. X (Cahier n° 2). 6 82 G. DE SAPORTA. ceux des achaines de Renonculées. La ressemblance de l’em- preinte fossile avec les fruits du Ranunculus canadensis L. nous a paru fort étroite. Il existe pourtant un autre rapprochement que nous indi- quons comme n'étant pas dénué de vraisemblance, avec le silicule de l’Alyssum saxatile L. CLEMATIS L. 408. Clematis nudistyla (pl. XVIIL, fig. 14). CG. achenio sessili, minuto, glabrato, ovato-elliptico, stylo caudato flexuoso nudoque superato. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. L’organe, fort petit, laisse voir, sous un fort grossissement (fig. 14°), un achaine renflé, aux parois légèrement renflées et marqué deréticulations veinuleuses ; 1l est surmonté d’un style mince et flexueux, plus long que l’achaine, capité à l’extrémité supérieure et offrant toute l’apparence de ceux des Clematis, sauf qu'il n’a rien de leur apparence plumeuse, qu'il ait été réellement dénué de poils ou bien que ces poils aient dis- paru au contact de l’eau. L’analogie de l’organe fossile avec les carpelles des Clématites est trop frappante et trop curieuse pour ne pas être signalée ici. NYMPHÆACEZÆ Le groupe est richement représenté dans la flore d’Aix. Sans reprendre une à une les formes qu'il comprenait, nous nous attacherons à mieux préciser les caractères de chacune d'elles par la définition exacte des diverses parties ou organes leur appartenant, nouvellement observés. FLORE FOSSILE D’'AIX-EN-PROVENCE. 83 Nymupxæa Neek. (162) NYMPHÆA GYPSORUM Sap., Révis., p. 181; Ann. sc. nal., 5° série, t. XVILL, p. 83, pl. XI, fig. 3. — Les Organismes problèm., p. 19, pl. I, fig. 4-5. — PI. XII, fig. 10-11. Gà et là dans les calcaires et les schistes de la partie inférieure. Nous avons d’abord figuré les coussinets foliaires ou pédon- culaires, puis les fragments de rhizomes lacérés, et enfin une feuille, à peu près complète, ou du moins aisée à compléter, de cette espèce. Les rhizomes étaient de grande taille et leur épais- seur, ainsi qu'il a été possible de le constater pour le Nymphæa Dumasi Sap., espèce rapprochée de celle d'Aix, étaient hors de proportions avec l’étendue assez médiocre des feuilles. IT est certain, à raison même de leur succulence et de leur richesse présumée en substances nutrilives, que ces rhizomes ont été recherchés par les animaux de l’époque et qu'ils en ont dévoré les parties tendres en rejetant les parties dures de l’étui corlical, circonstance qui explique la présence de nombreux lambeaux, fossilisés en demi-relief et irrégulièrement déchi- quetés, des coussinets foliaires accompagnés de cicatrices radi- culaires. Nousfigurons ici un de ces lambeaux (pl. XIE, fig. 10) découpés par la dent des animaux baugeurs et fouisseurs, parce qu'il se rapporte visiblement au coussinet, non d’une feuilie, mais d’une pédoncule floral, avec des cicatrices lacunaires plus nombreuses et plus inordinées que celles des pétioles. Nous figurons encore une réunion de graines (fig. 11) qui doivent être attribuées au Nymphæa gypsorum. Leur structure bien visible est mise en évidence par la figure 11°, grossie envi- ron trois fois. On distingue en effet un raphé latéral assez prononcé, des cellules épidermiques distribuées en files longitudinales, fines et multipliées, enfin l’ouverture béante du micropyle, au moyen d’une déhiscence valvaire bien prononcée, comme si la (1) Ét. sur la vég. tert., 1, p. 117; Ann. sc. nat., 4° série, t. XVII, p. 270, pl. XI, fig. 2. S4 G. DE SAPORTA. graine, avant de se fossiliser, eût éprouvé un mouvement de germination, ou bien encore qu’au lieu de la graine nous n'eussions ici que son tégument après la sortie de l'embryon. L’apparence de l’organe le rapproche des parties correspon- dantes des Nymphæa de la section Lotus. (163) NYMPHÆA PARVULA Sap., Révis., p. 182; Ann. sc. nal., 5° série, t. XVIII, p. 84, pl. XII, fig. 4-9; les Organ. problémat., p. 13, pl. WU, fig. 1-2, — PI. XIII, fig. 13-14. Calcaires de la partie inférieure. Nous avons précédemment figuré des coussinets foliaires et pédonculaires, des lambeaux de feuilles et une graine de cette espèce considérée comme reproduisant, dans la flore d'Aix, le type des Nymphæa propres de la section Castalia. Nous signa- lons maintenant comme se rapportant à la même espèce deux autres graines (fig. 13 et 14); l’une un peu plus grande (fig. 13), arrondie, fermée par un pore ou enfoncement à l’endroit du micropyle ; les files longitudinales de cellules épidermiques sont bien visibles à la surface de cette graine, qui ressemble, à n'en pas douter, à celles du Nymphæa alba L. La seconde graine (fig. 14) est un peu plus petite et montre, vers l'ouverture de la figure grossie 1#, l'ouverture béante et en saillie du micropyle. ANÆCTOMERIA Sap. 409. Amæctomeria mana Sap., les Organ. problém., p. 13, pl. U, fig. 3 (pl. XITE, fig. 12 et 15-18). A. pulvinulis foliorum lapsorum insertiones notantibus, parvulis, transversim rhombeis, prominulis, lacunas majores duas inferiores duabus superioribus multo minoribus superatas proferentibus, infraque discum petiolarem radicellarum 3-5-6 cicatrices aggregatas præbentibus; disco epigyno stigmatibus e centro radiantibus notato, e fructu ad matu- ritatem distracto, ob parietum in particulas regulares scissionem liberato; seminibus ovatis ad micropylum fovea operculata, rapheque laterali promula præditis, cellulis epidermalibus in series multiplices longitu- dinaliter ordinatis. Calcaires et calcaires marneux de la partie inférieure. — Rare. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 83 Les fragments de rhizome et Les coussinets foliaires de cette nouvelle et curieuse espèce (fig. 12 et 12°) sont construits comme ceux de l’Anæctomeria Brongniart Sap., que nous avons signalé à Saint-Jean-de-Garguier, et qui abonde sur- tout à Armissan. Ils sont seulement trois fois plus petits dans toutes leurs proportions, et ils indiquent, par cela même, l'existence d’une forme d’Anæctomeria congénère de la précé- dente, mais d’une dimension très réduite, et dont les feuilles restent à déterminer. Nous rapportons à l'Anæctomeria nana une empreimte des plus curieuses, reproduite par notre figure 15 et grossie en 15°; elle représente, à ce qu’il nous paraît, l’ovaire ou fruit jeune et récemment fécondé d’une fleur, dont la partie intérieure se serait détachée et montrerait les parois encore enveloppées des pétales demeurées en place. Mais il faut certainement attribuer à cette espèce (fig. 17) un disque épigyne, détaché avec les traces visibles des stigmates rayonnants, marqué au centre d’un bouton et qui se trouve conforme aux empreintes de même nature, observées à Armis- san et appartenant au genre Anæctomeria, dont le fruit s’ou- vrait à la maturité par une désagrégation régulière des parois. Le disque stigmatique se trouvait alors détaché et isolé des autres particules, dont il existe çà et là des traces fossilisées à la surface des anciens lits. Nous réunissons à cette espèce d’Anœctomeria des graines d’une très belle conservation (fig. 18) observées dans les mêmes assises, et qui, sous une plus faible dimension, présentent le même aspect et les mêmes détails de structure que celles de l'A. Brongniartii d’Armissan. Ces graines sont ovales, cernées par un raphé latéral bien marqué, aboutissant à l'extrémité micropylaire et pourvues, sur ce point, d’un opercule fort net, tantôt fermé, tantôt béant comme par l'effet de la germination. On dis- tingue, en même temps (voy. la figure grossie 18°, dessinée d’après un moule en relief), les files longitudinales des cel- lules du tissu épidermique. En réunissant ces divers indices, il est difficile de ne pas admettre l'existence d’un Anæcto- meria de très petite taille, dans la flore d’Aix, sur un horizon 86 G. DE SAPORTA. antérieur à celui vers lequel commence à se montrer l’Anæc- tomeria Brongniartu. MAGNOLIACEÆ MacnozrA L. 410. Magnolia (Michelia?) proxima (pl. XIV, fig. 1). M. foliis firme membranaceis, petiolatis, elliptico-ovatis, integerrimis, basi obtusis, apice autem obtuse in apiculum attenuatis, penninerviis ; nervo primario sat valido ; secundariis plurimis, arcuatis, secus margi- nem areolato-ramosis; tertiariis oblique transversim decurrentibus, venis abbreviatis e costa media ortis mediantibus, in reticulum areolis irregulariter trapezoideis solutis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Nous reconnaissons dans cette feuille, mutilée sur un côté mais facile à reconstituer, une seconde espèce de Magnolia distincte de celle signalée en premier lieu, et assimilée par nous au Magnolia Diane (1) de Unger. Notre Magnolia proxima diffère de celui-ci par un moins gros pétiole et la direction plus oblique des nervures secondaires, enfin par les détails caractéristiques du réseau veineux, formé ici de vei- nules plus capricieuses, distribuées en aréoles trapézoïdes. Peut-être aurait-il été plus naturel de voir plutôt un Anona qu'un Magnolia, dans cette forme curieuse qui rappelle encore les Cannella et [licium, qui sont aussi des Magnoliacées ; mais nous avons dù principalement tenir compte de son étroite affinité avec le Michel Champaca L., Magnoliacée du Japon que M. Baillon ne sépare qu’à titre de section des Magnolia propres. L’analogie entre la feuille fossile d'Aix (fig. 1, pl. XIV) et celles de l'espèce de Nippon est tellement frap- pante qu’elle équivaut presque à l'identité. (1) Voy. Révis., p. 183; Ann. sc. nat., 5° série, t. XVIII, p. 85, pl. XIII, fig. 11. FLORE FOSSILE D’'AIX-EN-PROVENCE. 87 BERBERIDEÆ BERBERIS L. A1. Berberis (Mahonia) aculeata (pl. XIII, fig. 2). B. foliis pinnatim compositis ; foliolis coriaceis, superficie glaberrimis, sessilibus, elliptico-oblongis, basi parum inæqualibus, margine eartila- gineo-cinctis dentatoque aculeatis; nervis secundariis fere immersis, areolato-reticulatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Une foliole complète, il est vrai, et très bien conservée est le seul indice que nous ayons encore recueilli de cette espèce curieuse. Elle est oblongue-ellipsoïde, sessile et un peu iné- gale à la base, obtuse au sommet, cernée d’une marge cartila- gineuse et pourvue, le long des bords, de dents épineuses, assez écartées et très acérées. La consistance a été coriace, la superficie lisse et glabre; les nervures secondaires sont diffi- cilement visibles ; elles forment, des deux côtés de la médiane, des mailles allongées, accompagnéesle long des bords d’aréoles décroissantes. La forme, l’aspect, la nervation de cette foliole dénotent très légitimement l'existence d’un Berberis (Mahoniu) allié de près aux formes asiatiques de la section et rapproché surtout du Mahonia nepalensis Wall. — Nous avons décrit antérieurement une belle espèce du même genre, observée à Armissan, qui rappelle surtout le Berberis (Mahonia) Fortunei Lindi. Notre Berberis aculeata touche de près au B. nepalensis ; mais 1l s’en distingue par le contour plus ellipsoïde et la ter- minaison moins alténuée, vers le sommet, de ses folioles. CRUCIFERÆ ISATIDES Siliculæ sparsæ, à latere compressæ Isatidæarum non absimilia. 412. Isatides microcarpa (pl. IX, fig. 3). T. Siliculis minutis, anguste ellipticis, utrinque obtusis, apice autem 88 G. DE SAPORTA. breviter lanceolatis, pedicellatis, ramulo inflorescentiæ lateraliter appensis. Calcaires durs de la partie inférieure. — Très rare. Ce n’est pas sans hésitation que nous signalons, à Aix, une Crucifère représentée par une silicule mesurant à peine 4 mil- limètres, sans comprendre le pédicelle grêle et court qui la rattache à un débris de ramule de l’inflorescence, encore muni de deux à trois pédicelles, dépouillés de leur silicule. Les carac- tères visibles de l’ancien organe (fig. 3° grossie) et son mode d'insertion, ainsi que la nature du pédicelle, semblent justifier son attribution à quelque type de Crucifères, touchant de près à l’{satis tinctoria L., sous des dimensions fort réduites. 413. Isatides capselloiïdes (pl. XV, fig. 20). L. Silicula obeuneata, elliptico-oblonga, sursum truncato-emarginata, valvis compressis, coalitis, septo angusto longitudinaliter connexis. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. Il nous semble reconnaitre dans ce petit fruit une sihicule allongée-obconique, formée de deux valves comprimées-navi- culaires, soudées le long de la ligne médiane séparatrice, et tronquée dans le haut à la façon de celle des /satis et des Capsella. Notre figure grossie 20° permet de saisir l’aspect et les caractères de l'empreinte. POLYGALACEZÆ PoLyGaLa T. M4. Polygala pristina (pl. XIV, fig. 5-6). P. foliüis breviter petiolatis, lanceolatis, oblongis, basi in petiolum attenuatis, apice obtusatis, penninerviis; nervis secundariis sub angulo aperto emissis, arcuatis; — fructu capsulari, compresso-membranaceo, suborbiculari-ellipsoideo, ala marginali angustissima einceto. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 89 La feuille attribuée à cette espèce ressemble à celle du Polygala vulgaris L., avec un sommet plus obtus; mais elle est surtout comparable à celles du P. chamæbuxus L., dont les nervures secondaires sont seulement plus obliques. Le P. myrtifolia L. présente aussi des feuilles très analogues. Le fruit que nous associons à celte feuille fossile (fig. 5) a l’appa- rence extérieure de ceux des Polygala, mais il est mutilé au sommet, accident qui s'oppose à son exacte détermination; elle est rendue probable par l’étroit rebord alé qui lui sert de ceinture, et qui ressemble tout à fait à celui qui distingue le fruit des Polygalu. ACERINEZÆ Acer Moench. La présence de véritables Acer dans la flore d'Aix, déjà établie par nous d’après une feuille à laquelle nous avons appliqué le nom d’Acer sextianum, Se trouve confirmée par la découverte de deux espèces de samares, dont l’une se combine très heureusement avec la feuille précédemment décrite. (167) ACER SEXTIANUM Sap., Révis., p. 190; Ann. sc. nal., 5° série, t. XVIIL, p. 92, pl. XII, fig. 7. — PI. XIV, tig. 8-9. A. foliis palmato-trinerviis, trilobatis, lobis obtusis, medio paulo productiore parce sinuato-lobulato, lateralibus mediocriter expansis ad basin usque integris ; — samaris in fructu vix divergentibus; nucula latere commissurali truncata; ala erecta, oblonga, latiore, ad apicem oblusata, basi restricta emarginata ; nervulis e costa dorsali emissis transversim decurrentibus, tenuibus, repetito-furcatis, venulis in reticu- lum solutis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Nous avons fait ressortir l’analogie de la feuille avec celles de l’Acer primævum de Saint-Zacharie (1), comparé à l’Acer (1) Voy. Ét. sur la vég. tert., 1, p. 238; Ann. sc. nat., 4° série, t, XIX, p. 84, pl. X, fig. 6. 90 G. DE SAPORTA. villosum Wall., des hautes vallées de l’Inde septentrionale. Nous lui reconnaissons encore de la ressemblance avec l’Acer Buergerianum Miq., du Japon (Yokoska), dont M. Franchet nous à procuré un échantillon. — La samare, dont nos figures 8 et 9, planche XIII, reproduisent l'empreinte et la contre-empreinte, s’écartent à peine de celles de l’Acer pri- mævum Sap., par leur aile plus courte et relativement plus large. L'espèce de Saint-Zacharie ne serait ainsi qu'un pro- longement de celle des gypses d’Aix. 415. Acer oligopteryx (pl. IT, fig. 12:). A. samaris parvulis, in fructu divergentibus ; nucula ovato-orbiculata ; ala erecta, cultrata, obtuse sursum attenuata, basi parce emarginata; nervulis e costa dorsali emissis oblique prodeuntibus, leviter ante mar- ginem curvatis, furcata-divisis tenuibusque. Calcaires en plaques de la partie inférieure. — Très rare. La samare de cette nouvelle espèce, couchée isolément auprès d’une feuille du Quercus elliptica, est beaucoup plus petite que celle de l’A. sextianum, et dénote une forme parti- culière d’Acer. La nucule est ovale, suborbiculaire, légère- ment tronquée à l'endroit de la suture, qui marque une diver- sence très prononcée de l’ancien organe dans le fruit. L’aile qui surmonte la nucule est en forme de lame de couteau, c’est-à-dire allongée, atténuée en pointe obtuse et courte au sommet, faiblement rétrécie à la base. La feuille de cet Érable, dont la samare n’a été rencontrée qu’une seule fois et qui a pu être entraînée de très loin jusque dans les eaux de l’ancien lac, est encore inconnue. SAPINDACEÆ SAPINDUS L. 416. Sapindus lacerus (pl. II, fig. 10). S. foliis pinnatis; foliolis membranaceis, basi in petiolulum brevem FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 91 attenuatis, valde inæqualibus, hinc dimidiatis, illine convexioribus sinua- tisque, integerrimis; nervis secundariis tenuissimis, sub angulo aperto emissis, secus marginem areolatis venulis transversim flexuosis inter se conjunctis. Calcaires marneux de la montée d'Avignon. — Très rare. L’espèce est représentée par la moitié inférieure d’une foliole très inéquilatérale, reconnaissable à la disposition très inégalement atténuée de son limbe sur un court et mince pétiolule. Le bord est entier, et les nervures secondaires, nombreuses et fines, émises sous un angle ouvert, se rami- fient en aréoles marginales ; elles sont reliées entre elles par des veinules obliquement transversales et flexueuses. La ner- vation de cette foliole empêche de la confondre avec celles du Sapindus drepanophyllus dont elle se rapproche d’ailleurs beaucoup. CEDRELACEÆ Nous préférons le nom de Cédrélacées à celui de Méliacées pour désigner le groupe auquel nous rapportons les graines ailées que nous allons décrire et que nous assimilons à celles des Cédrélées et Swiéténiées, rattachées généralement aux Méliacées à titre de tribus ou de sous-familles. D’autre part, nous rapprochons également ces mêmes organes fossiles ou une partie d’entre eux des graines des Péæroxylon, qui sont des Sapindacées, en constatant la physionomie commune qui semble leur servir de lien ; comme si toutes ces graines répan- dues non seulement à Aix, mais dans d’autres gisements de l’Europe tertiaire, sur l’horizon du tongrien ou de laquita- nien, et connues depuis Unger sous le nom d'Embothrites, eussent été celles d’une catégorie de végétaux apparentés, ayant fait partie d’un seul et même groupe, distribué sans doute en plusieurs genres, dont nous ne connaîtrions pas encore les feuilles. 99 G. DE SAPORTA. CEDRELOSPERMUM (pl. XVIIL, fig. 15 et 17). Semina in alam membranaceam plus minusve tenuiter venulosam sur- sum producta ; ala venulis e nucleo basali decurrentibus, reticulato- ramosis, ad cicatriculam paulo infra-apicalem quandoque conniventibus percursa aut etiam raphe marginali e nucleo proveniente punctum umbilicarem usque provecto lateraliter præcincta. EMBOTHRITES Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 428; Foss. FI. v. Sotzka, p. 41, tab. 21, fig. 11-12; Syll. pl. foss., p. 20, tab. 7, fig. 31 et 32; Foss. FL. v. kumi, p. 37, tab. 9, fig. 2-3. — Sap., Et. sur la vég. tert., 1, p. 106; Ann. sc. nat., 4° série, t. VII, pl. HE, fig. 18-15, et pl. IX, fi9. 8; Révis., p. 151; Ann. sc. nat., 5° série, t. XVIII, p. 53. — Embothrium Sap., KE, I, p. 88; Ann. sc. nat., 5° série, t. VIII, pl. IX, fig. 7-8. — Heer, F1. tert. Helv., I, p. 97, fig. 32-33, et tab. 53, fig. 26. Unger a signalé le premier ces sortes de graines observées par lui à Sotzka, puis à Radoboj et à Coumi en Eubée. M. d’Ettingshausen les a également signalées à Hæring et à Sagor en Carinthie. En Provence, elles ne se montrent pas seulement à Aix, mais sur un horizon un peu plus élevé. Elles reparaissent à Bonnieux et à Manosque ; enfin, il en a été recueilli dernièrement des empreintes curieuses, agglomé- rées en paquet, dans le gisement de Céreste, près de Manos- que, qui semble appartenir au même niveau géognostique que celui de Bonnieux, c’est-à-dire à la partie du tongrien qui confine à l’aquitanien. Toutes ces graines, constamment surmontées d’une aile membraneuse, le plus souvent occupée par un réseau de veines longitudinales, diversement anastomosées en réseau, et d’autres fois bordée par un cordon marginal sorti du nucléus et dénotant un raphé, reçurent le nom d’Embothrites ou même d'Embothrium et furent par conséquent assimilées aux semences d’un type de Protéacées, actuellement relégué dans l'hémisphère austral. Une comparaison attentive montre que ce rapprochement n’était basé que sur une ressemblance superficielle et qu’elle n’a rien d’assez précis pour justifier une identification générique devenue d’ailleurs fort peu vrai- semblable, depuis que la plupart des prétendues Protéacées de l’Europe tertiaire ont dû être restituées, les unes aux FLORE FOSSILE D AIX-EN-PROVENCE. 93 Myricées, les autres aux Composées, ou bien encore reconnues pour être plutôt des Thymélées à l’exemple de quelques-uns des anciens Grevillea. Considérés en masse, ces ÆEmbothriles, qui accusent l’exis- tence d’un ou plusieurs types de végétaux, fréquemment répandus dans la plupart des anciennes localités de l'Europe tertiaire, vers le milieu de la période, rappellent à lesprit bien d’autres sortes de graines que celles des Embothrium. En dehors des Protéacées on observe des graines d’une structure analogue dans les Quillajées (1), qui constituent une tribu de Rosacées exclusivement américaine (Chili, Brésil, Mexique); puis chez les Ptæroxylon Eckl. et Zeyh., genre de Sapinda- cées de l'Afrique australe. Mais c’est plus spécialement la sous- famille des Cédrélacées, réunie aux Méliacées et comprenant les deux tribus ou séries des Swiétémiées et des Gédrélées, qui présentent des exemples répétés de graines surmontées par une aile membraneuse, avec un point d’attache terminal et un raphé tantôt latéral, tantôt parcourant l'aile même, et offrant ainsi une structure comparable en tout à celle des graines fossiles. Celles-ci représentent évidemment deux types, répondant sans doute à deux genres distincts, l’un identique ou touchant de près aux Cedrela, l'autre s’en écartant par le raphé ramifié en veinules qui parcourent l'aile membraneuse pour aller, le long du bord et au-dessous du sommet, aboutir au point d'attache : de là deux divisions dans le genre que nous proposons, sous le nom de Cedrelospermum, en y com- prenant toutes ces semences. 2. Phleboptera. Raphe venulis ramosis e nueleo seminis exorientibus, per alam decur- rentibus, ad punetum umbilicarem infra-apicalem conniventibus effectum. (113) CEDRELOSPERMUM AQUENSE. — PI. XVII, fig. 117. EMBOTHRITES AQUENSIS Sap., Ét. sur la vég. tert., 1, p. 107; Ann. sc. nat, 4° série, t. XVII, p. 260, pl. VIIL, fig. 8; Révis., p. 151; Ann. sc. nat., 5° série, t. XVIIT, p. 55. (1) Genres Quillaja Mol.; Kageneckia R. et Pav.; Vauquelinia Corr. 94 G. DE SAPORTA. L'espèce rencontrée une seule fois et figurée dans la pre- mière partie de nos Études, ressemble à l’Embothrites lepto- spermus Ett., et diffère à peine de l’Embothrites borealis Ung., de la flore de Sotzka, par la forme un peu plus courte et relativement plus large de l’aile, émarginée au sommet à l'endroit du point d'attache ou ombilic. L’Embothrites borealis se montre à Bonnieux; mais de plus, il a été récemment recueilli dans le gisement de Géreste et nous en figurons ici (fig. 15 et 17, pl. XVIIT) plusieurs exemplaires remarquables, grossis en 15° et 17° ; l’espèce normale serait même accompa- gnée ici, à ce qu'il semble (fig. 17 et 17°), d’une seconde espèce dont l’aile arrondie au sommet et non échancrée à l'endroit de la cicatrice ombilicale, paraît un peu plus allon- gée. Nous avons tenu à figurer ces exemplaires pour mieux faire saisir les caractères de ce type et les différences qui le distinguent des graines ailées des Cedrela et Suwietenia (1). On voit que ces graines, dans l’un des cas (fig. 47, pl. XVID), sont accumulées au nombre de quatre, couchées les unes près des autres, comme si elles venaient de sortir d’une loge ou d’un fruit capsulaire, qui en aurait contenu plusieurs. C'est ce qui existe effectivement chez les Swietenia dont le fruit est une capsule déhiscente qui renferme et laisse échap- per à la maturité un grand nombre de graines, dont Paile, un peu ligneuse ou submembraneuse, est parcourue longitudina- lement par un raphé. Mais ces graines diffèrent trop de nos Phleboptera fossiles, pour autoriser la croyance d’une affinité générique de ceux-e1 avec le Swietenia mahogoni qui fournit l’acajou des meubles ; on peut admettre pourtant que les Phleboptera auraient constitué une coupe générique aujour- d’hui éteinte, alliée de plus ou moins près aux Swietenia et aux Eleutheria Ræm. (1) Auprès de deux de ces graines (fig. 15 en @ et fig. 16, pl. XVII), on remarque un organe que nous avons eu soin de représenter grossi, et sur la nature duquel nous n’osons pas nous prononcer. Serait-ce une samare de Bou- leau, ou plutôt une fleur ou un fruit compris entre deux bractées samari- formes, comme la fleur des Anredera? Il nous a paru difficile de formuler une opinion décisive. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 95 6. Aneuroptera. Raphe seminum, marginale, alam obscure venulosam aut venulis destitutam lateraliter sequens, usque ad hilum provectum. 417. Cedrelospermum Philiberti (pl. X, fig. 7, et pl. XVIIL, fig. 9-10). G. seminum nucleo subrotundo, ala tenuiter membranacea, oblongo- elliptica, apice rotundata, raphe marginali unilateraliter instructo venulisque obscure delineata superato. Calcaires de la partie inférieure. — Assez rare. Nous figurons trois exemplaires de cette graine voisine, mais distincte pourtant, à ce qu’il nous paraît, du Cedrelosper- mum (Embothrites) tenerum Sap., de Manosque (1), dont elle s’écarte par des proportions plus grandes et une aile plus large et plus arrondie au sommet. 418. Cedrelospermum abietinum (pl. XVIII, fig. 5). C. seminum nucleo ovato, ala breviter oblonga, sursum obtuse acuta, raphe marginali lateraliter cincta superato. Calcaires marneux de la partie moyenne. — Très rare. Au premier abord on prendrait cette espèce pour une semence d’Abiétinées, mais un examen attentif fait recon- naître une graine dont le nucléus se prolonge le long d’un côté en un raphé marginal qui s'étend jusqu'à lextrémité supérieure de l'aile. Celle-ci est obscurément marquée de stries ou veinules longitudinales ; terminée supérieurement en pointe obtuse et légèrement échancrée à la base, sur le côté opposé à celui où se trouve le raphé. Sous des dimensions réduites, cette graine fossile ressemble à celles du Cedrela odorata. (1) Ét. sur la vég. tert., LE, p. 88; Ann. sc. nat., 5° série, t. VII, p. 88, pl. IX, fig. 7. 96 G. DE SAPORTA. 419. Cedrelospermuan culératuwan (pl. XVII, fig. 8). C. seminum nucleo ovato, in raphe marginale usque ad apicem alæ obseuriter venulosæ, latiusculæ, sursum obtusissime acutæ lateraliter provecto. Calcaires marneux de la partie moyenne. — Très rare. Dans cette espèce, dont notre figure grossie 8° rend très exactement les caractères, l’aile plus lancéolée et moins courte, configurée en lame de couteau et obscurément veinu- leuse, se trouve accompagnée le long du côté dorsal par un raphé en forme de cordon marginal, qui part du nucléus pour s'étendre jusqu’au sommet où existait le point ombilical. Gelte graine ressemble beaucoup à celles du Ptæroxylon utile qui est une Sapindacée, mais beaucoup également à celles du Cedrela sinensis ; celles-ci sont seulement plus petites. 120. Cedrelospermumn cyclopterum (pl. XVIII, fig. 7). C. seminis ellipsoidei nucleo subovato, in raphe marginale alam bre- vem orbiculatam, obscure venulosam, unilateraliter cingens exeunte. Calcaires marneux de la partie moyenne. — Très rare. Ici, l'aile est courte, obscurément veinuleuse, suborbicu- laire, et le nucléus donne lieu en se prolongeant à un raphé latéral qui cerne l’un des côtés de l'aile et contourne en s’affai- blissant son sommet arrondi. Cette espèce ne saurait être confondue avec les précédentes. 421. Cedrelospermuin refractum (pl. XVII, fig, 6). C. seminis nucleo elongato in raphe ex utroque latere inæqualiter alato-appendiculatum sursum producto, ad apicem refracto striasque curvatas in appendicem emittente. Calcaires marneux de la partie moyenne. — Très rare. Le raphé, dans cette dernière espèce, comme le fait voir FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 97 la figure grossie 6*, provient du prolongement des nucléus, et en se prolongeant ce raphé s'engage à travers un appendice ailé, inégalement développé; 1l se recourbe ensuite le long du sommet de la partie principale de cet appendice qui semble occupé par des stries recourbées et transversalement sinueuses. C’est là sûrement une espèce distincte des précédentes et peut- ètre ayant appartenu à un genre séparé. ZYGOPHYLLEZÆ Il existe sur plusieurs points de l’ancien sol tertiaire, à Armissan (Aude), à Bilin (Bohême) et jusque dans les ciné- rites du Cantal, des fruits ou parties de fruits, comprimés- samaroides, d’une physionomie très distincte et auxquels M. Unger, en cherchant Le premier à les déterminer, avait appliqué la dénomination d’Ulmus Bronni. L'auteur autri- chien les considérait comme représentant les samares d’un Ulinus dont il signalait en même temps les feuilles ; ou plutôt il rattachait à cette sorte de samare quelques-unes des feuilles d’Ormeau recueillies dans le dépôt de Bilin (1). Plus tard, lorsque nous eûmes à constater la présence de ce même Ulnus PBronnii dans la flore d’Armissan (2), nous fimes remarquer que ces prétendues samares, absolument sessiles, ne présen- taient jamais ni trace de pédoncule, ni vestiges de calice ; enfin, qu’elles étaient fréquemment repliées sur elles-mêmes, détails résultant d’ailleurs de l’une des figures de Unger (3). Ces particularités étaient de nature à faire concevoir des doutes au sujet de l'attribution générique de pareils organes, d'autant plus que la ligne suturale des samares d’'Ulinus se détourne toujours de façon à circonserire un des côtés de la loge séminifère, tandis que les samares de l’Ulmus Bronnü, non seulement sont divisées par une ligne suturale toute (1) Voy. Ung., Chl. protog., tab. 26, fig. 1-4. (2) Sap., Ét. sur la vég. tert., Il, p. 262; Ann. sc. nat., 5° série, t. IV, pl. VE fig. 6. €) Fig. 3, tab. 26, du Chloris protogaæa. Te série, BoT. T. X (Cahier n° 2). y 98 G. DE SAPORTA. droite, mais qu’elles sont de plus sujettes à se séparer en deux parties à l’aide d’une fente opérée dans le sens vertical. Nous avons pu nous convaincre de cette dernière particularité par l'étude de la flore des cinérites du Cantal où abondent les soi- disant samares de l’Ulmus Bronntü. Ces organes s’y montrent dans plusieurs dispositions, tantôt entiers, tantôt ouverts ou à moitié divisés, et laissant voir l’intérieur de la loge, mise à nu par suite de la déhiscence. Dès qu’il était question d’un fruit à déhiscence valvaire, l'attribution aux Ulmus tombait d'elle-même, et nous fûmes poussé à en rechercher une plus satisfaisante, de nature à expliquer la présence répétée de ces sortes d'empreintes dans un certain nombre de gisements tertiaires. C’est alors que nous eùmes recours au coup d'œil sagace de M. Decaisne, et guidé par son expérience, nous reconnümes que le type de l'Ultmus Bronnii de Unger, au lieu d’être un Ulmus, repré- sentait en réalité une Zygophyllée analogue par la structure de son fruit à plusieurs Zygophyllées asiatiques et aux Ræpera d'Australie (2). Les Zygophyllum, dans l’espèce ordinairement choisie comme type du genre, le Z. Fabago L., présentent un fruit capsulaire, à cinq loges à parois minces ou membraneuses, à cinq angles et à déhiscence loculicide, qui s’opère longitudi- nalement selon les angles, chaque valve portant sur son milieu la cloison séminifère, avec les semences insérées en deux séries contre cette cloison. Dans un certain nombre d'espèces d'Asie, Zygophyllum pterocarpum Bunge, Z. atri- plicoides Fisch. et Mey., 7. macropterum GC. À. Mey., et dans les Ræpera d'Australie (Ræpera fabagifohia Juss.), les valves de la capsule s’amincissent et se prolongent vers les angles commissuraux, et ces valves prennent alors une consistance membraneuse et une apparence samaroïde qui leur donne une ressemblance extérieure avec les fruits ailés des Dodonea. (1) Voy. Sur les caractères propres à la vég. pléoc., à propos des déc. de M. B. Rames dans le Cantal (Bull. Soc. géol. de France, séance du 17 février 1873). FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 99 Le passage d’une série à l’autre s'opère d’ailleurs par degrés : dans le Zygophyllum pterocarpum Bunge, de l’Altaï, le fruit est une capsule allongée dont les valves, ellipsoïdes et assez peu développées, comprennent une double rangée de cinq à six graines attachées à la cloison. Mais dans les autres espèces citées plus haut, la capsule diminue de hauteur; elle s'étale; ses valves s’arrondissent; leur mode de déhiscence reste le même ; enfin, leur surface glabre et souple, marquée à l’en- droit de la cloison d’une ligne verticale, se trouve occupée par un réseau de veines anastomosées qui rayonnent vers les bords; de telle sorte qu’en se détachant l’une de l’autre à la maturité, par le décollement de leurs plans commissuraux, d'abord étroitement appliqués l’un contre lautre, chaque valve revêt assez bien l’aspect d’une samare d’Ulmus dont la loge centrale serait remplacée par une ligne épaissie. Mais, outre les différences qui résultent de l’absence de cette loge et celles qui tiennent à la disposition du réseau veineux, 1l existe encore une particularité de structure qui doit empêcher de confondre les organes en question avec les samares des Ormeaux. Cette particularité consiste en ce que dans beau- coup de Zygophyllum, sinon dans tous, la déhiscence des cap- sules est seplicide, en même temps que loculicide. Chaque valve, après s'être détachée, est encore susceptible de se diviser longitudinalement en deux moitiés égales, dans le sens de la cloison. Cependant toutes les valves d’une même capsule ne donnent pas également lieu à ce second mode de déhiscence; mais quelques-unes d’elles seulement : c’est ce que nous avons du moins observé dans le Ræpera fabagifoliu Juss. et dans les Zygophyllum atriplicoides et macroptera. Dès lors, notre interprétation une fois admise, il est facile de comprendre pourquoi les prétendues samares de lUlmus Bronniise présentent lantôt entières, tantôt dimidiées, connme si elles étaient repliées sur elles-mêmes. Dans ce dernier cas, comme chez les Zygophyllum actuels, du moins chez ceux dont la capsule est ailée, la valve s’est partagée de nouveau, de manière à ne plus offrir qu'une seule moitié d'elle-même ; 100 G. DE SAPORMTA. c’est ce qui existe effectivement dans plusieurs des exemplaires d’Armissan. La place d'insertion de la graine sur le milieu du bord intérieur de la demi-valve, conformément à ce qui a lieu dans les Zygophyllum que nous considérons, est du reste parfaitement visible dans ces mêmes exemplaires, et cette observation confirme leur attribution générique, comme le fait aussi l'étude du réseau veineux. Les Zygophyllum dont nous venons de parler sont mainte- nant dispersés à travers l’Asie intérieure; ils constituent des arbustes ou des plantes ligneuses à souche tordue, à rameaux dénudés et rampants, striés et articulés, à feuilles opposées, composées-pennées, le plus souvent à deux folioles, entre les- quelles le rachis se prolonge en une pointe plus où moims prononcée; plus rarement tri-quinqué-jugées ou encore simples par avortement, et pourvues de deux stipules foliacées à la base. Les folioles, plus ou moins charnues, sont arti- culées, étroitement obovées ou en coin, iméquilatérales. Les feuilles et les samares se détachent aisément et doivent être aisément emportées par le vent. Sur le littoral de la mer Cas- pienne, dans la Sibérie et l’Altaï, la région du Caucase, la Soongarie et la Mongolie, en Arménie, dans la Perse et l'Afghanistan, les Zygophyllum habitent de préférence les sables, les plages et les coteaux qui avoisinent les lacs et nappes salées intérieures. Leur présence, dans les principales localités de l’Europe ancienne, à portée des lacs tertiaires se trouve donc très bien justifiée. ZYGOPHYLLUM L. 122. Zysophyllunn prémiævanmam (pl. XIV, fig. 10-11 et pl. XVIE, fig. 24). Z.. foliis? pinnatim compositis, foliolis cuneatis oppositis; — capsulæ valvis alato-samaroideis membranaceis, medio longitudinaliter septiferis, septique causa sulcatis, venulis utrinque in rete flexuosum anastomosatis, usque ad marginem nerviformem currentibus ; valvis tum integris, tum dimidiatis, septo semen unicum lateraliter appensum utrinque ferente. Calcaires et calcaires marneux de la partie inféricure. — Rare. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 101 Il existe seulement deux empreintes, se rapportant aux valves de la capsule, de ce curieux Zygophyllum. Une d’elles (fig. 10) est entière et montre l'extérieur ou partie dorsale de l'organe, marqué d’un sillon longitudinal dans le milieu. On distingue vaguement au centre l'emplacement des graines. L'autre échantillon (fig. 11) représente la moitié d’une autre valve vue par la face interne ou ventrale et limitée sur lun des bords par les restes de la cloison; il laisse voir vers le point correspondant à l’angle interne de la loge l'emplace- ment occupé par la graine. La forme générale du contour est ellipsoïde et la surface couverte par un réseau de veines capri- cieuses anastomosées, qui s'étendent jusqu'à la nervure mar- ginale qui circonscrit le bord. Nous rapportons avec doute aux Zygophyllum primævum un fragment de feuille pennée (pl. XVI, fig. 24), qui comprend deux folioles opposées et sessiles, accouplées à l'extrémité d’un pétiole commun. Cette espèce, en considérant le fruit, doit être comparée au Zygophyllum macropterum CG. A. Mey. qui habite l'Asie inté- rieure. Le Z. macropterum a ëté signalé notamment sur le littoral occidental de la mer Caspienne, dans la Sibérie altaïque et la Soongarie chinoise, particulièrement près du lac Saisang-Nor, au sein de cette dernière région. Cependant, les valvules fossiles sont plus ellipsoides que celles qui com- posent les capsules de l’espèce vivante. Le Zygophyllum fabu- gifolium (Ræpera fabagifolia Juss.) d'Australie, de son côté, manifeste avec notre Z. primævum une analogie qui n’est pas moins évidente, bien que d’un degré déjà moins étroit. 425. Zygophyllum cyclopterum (pl. XIV, fig. 12). Z. capsulæ valvis firme membranaceis vel subcoriaceis, minulis, orbi- culatis, sursum leviter emarginatis, superficie obscure reticulato-venosis, medio septiferis septo utrinque semen unicum lateraliter appensum ge- rente, valvis quandoque etiam dimidiatis. Calcaires et marnes de la partie inférieure. — Rare. Plusieurs empreintes, dont l’une fort nette, paraissent 102 G. DE SAPORTA. indiquer à Aix une seconde espèce de Zygophyllum dont les fruits capsulaires auraient été bien plus petits que ceux de l'espèce précédente, et formé de valves sujettes également à une double déhiscence, mais plus courtes, plus arrondies, plus larges relativement et plus nettement échanerées au sommet. Nos figures 12 et 19-12 représentent la mieux conservée de ces valves. Elle est entière, vue par l’intérieur, et la cloison qui la divise verticalement porte distinctement attachées vers son milieu deux graines contiguës, comprimées, subréni- formes, étroitement appliquées le long de la cloison et abso- lument pareilles par la forme à celles des Zygophyllum. Les réticulations de la superficie valvaire sont bien moins nettes que dans la première espèce, et la consistance de l'organe a dù être elle-même plus épaisse. Le fruit de cette espèce doit être comparé aux plus petits des Zygophyllum actuels à cap- sules ailées-samaroïdes. CELASTRINEÆ CELAsTRUuS Kunth. 424. Celastrus emarginatus (pl. XIV, fig. 3). GC. foliis coriaceis, elliptico-obovatis, margine sinuato obscure denti- culatis, apice obtusato emarginatis, penninerviis ; nervo primario expresso, secundariis tenuibus, obliquis, sinuosis, secus marginem conjuncto- areolatis, tertiariis in reticulum solutis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. La feuille est entière, coriace, elliptique, obovée, obtuse inférieurement, élargie et émarginée au sommet, sinuée irré- gulièrement et obscurément denticulée le long des bords. La nervure médiane est bien marquée; les secondaires sont fines, flexueuses, recourbées et anastomosées avant la marge. Elles sont reliées par un réseau de veinules fines et capri- cieuses et transversalement sinueuses. La découverte de cette johe espèce est due à M. Philibert : elle dénote sûrement une FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 103 Célastrinée comparable à plusieurs formes africaines des genres ÆElæodendron, Plerocelastrus et Celastrus. Nous cite- rons seulement les Pferocelastrus rostratus Walp. et tri- cuspidatus Walp., de la région de Cap, le Celastrus trigy- nus, etc. 425. Celastrus lacerus (pl. XIV, fig. 13). C. foliis coriaceis aut saltem firme membranaceis, late obovato- lanceolatis, in petiolum breviter in cuneum basi attenuatis, margine den- ticulatis; nervo primario valido; secundariis immersis, flexuosis, sub angulo aperto emissis, ante marginem conjuneto-areolatis. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. Nous reconnaissons une Célastrinée analogue au Celastrus trigynus et à un Celastrus sans nom spécifique du Brésil, figuré par M. d’Ettingshausen (1), dans cette feuille malheu- reusement mutilée au sommet et sur les côtés. Elle est denti- culée le long des bords, pourvue d’une nervure médiane bien prononcée et de nervures secondaires peu visibles, assez nom- breuses, et réunies en aréoles le long de la marge. L’attri- bution de cette feuille au groupe des Célastrinées semble des plus naturelles. 426. Celastrus gracilior (pl. XV, fig. 5). C. foliis breviter petiolatis, ovato-lanceolatis, utrinque obtusatis, parce denticulatis, penninerviis; nervo medio expresso; secundariis plurimis, gracilioribus, subobliquis, curvato-anastomosatis conjunctoque areolatis; tertiariis subtilibus, in rete venulis flexuosis solutis. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. Espèce rapprochée de la précédente, dont elle diffère sur- tout par des dimensions beaucoup plus petites. Le pétiole est assez court, le bord denticulé; les nervures secondaires, émises sous des angles variés, plus ou moins obliques, recour- (1) Blattskel. d. Dikot, tab. 64, fig. 7-9. 10% G. DE SAPORTA. bées le long de la marge et diversement ramifiées, se trouvent reliées entre elles par des nervilles flexueuses qui donnent lieu à un réseau veineux à mailles irrégulièrement trapézoïdes. Cette feuille ressemble beaucoup à celles du Wimmeria disco- lor Hb., du Mexique, et de plusieurs autres Célastrinées. 421. Celastrus crenulatus (pl. XV, fig. 4). C. foliis coriaceis, late obovatis, utrinque obtusatis, apice autem breviter exserte apiculatis, margine crenulatis, penninerviis ; nervis secundariis subobliquis, numerosis, reticulato-ramosis, venulis oblique transversim decurrentibus undique religatis. Marnes de la montée d'Avignon. — Très rare. Nous avons restauré cette feuille, d’après une empreinte recueillie par nous à la montée d'Avignon et mutilée le long de la nervure médiane. Elle présente les caractères de forme et de nervation qui distinguent les feuilles de plusieurs Célas- trinées, et l’espèce nous paraît analogue au Celastrus trigy- nus DC., de Madagascar. 428. Celastrus Adansoni (pl. XV, fig. 1-2). C. foliis coriaceis, breviter petiolatis, obovato-rhombeis, subspathulatis, margine denticulatis; nervis secundariis tenuibus, obliquis, ante mar- ginem reticulato-ramosis; tertiariis oblique transversim decurrentibus. Marnes de la montée d'Avignon. — Rare. L'attribution générique ne saurait être douteuse : le pétiole est court ; la consistance coriace ; le limbe obové, subspatulé ; les dentelures marginales sont bien visibles, mais peu sail- lantes. Les nervures secondaires, émises sous un angle de 45 degrés environ, sont fines et ramifiées en réseau au moyen de veinules obliques. Cette forme se rapproche sensiblement de plusieurs Célastrinées africaines, de la région du Cap et de l'Abyssinie. Le Celastrus Schimperi Hosch. nous paraît être un des plus ressemblants au nôtre, ainsi que le GC. leptopus Bernh., du Cap. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 105 429. Celastrus salyensis (pl. XV, fig. 3). C. foliis coriaceis, obovato-lanceolatis, dentatis; nervis secundariis oblique emissis, ante marginem reticulato-ramosis. Marnes de la montée d'Avignon. — Très rare. La feuille est plus étroite et plus lancéolée que celle de l'espèce précédente. Les dentelures sont plus prononcées, et la base du limbe plus atténuée. L'espèce actuelle la plus ana- logue paraît être le Celastrus senegalensis Lam. RHAMNEÆ RHAmNus L. 430. Rhamnus approximatus (pl. XVIII, fig. 3). R. foliis petiolatis, obovatis, apice obtusatis, basi breviter in petiolum attenuatis, integerrimis, penninerviis; nerviis secundariis leniter arcuatis, secus marginem curvalis ; tertiariis transversim oblique reticu- latis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Nous rapportons cette feuille aux Rhamnus, en le compa- rant au ARhamnus aizoon Ung., de Sotzka et de Radoboj, signalé aussi par Heer au Locle, dans la molasse suisse, où il est assez rare. La feuille d'Aix annonce une forme plus petite. 451. Rhamnus cyclophyllus (pl. XVI, fig. 1). R. foliis minutis, coriaceis, vix petiolatis, obovatis, subspathulatis, margine obscure denticulatis, penninerviis; nervo primario expresso; secundariis tenuibus, subobliquis, ante marginem conjuncto-areolatis ; tertiariis subtilibus, transversim oblique decurrentibus. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. La feuille est petite, suborbiculaire-obovée, presque en spatule, atténuée inférieurement sur un très court pétiole et 106 G. DE SAPORTA. obscurément denticulée le long du bord. Les nervures secon- daires sont fines, réticulées et reliées entre elles par des veinules obliquement transversales par rapport aux secon- daires. L’espèce rappelle principalement le Rhamnus buxifo- lius L. Zizvpuus Tournef. 432. ÆZizyphus ovata O0. Web., Tertiärfl. d. Niederrhein Braun- kohlenform., p. 89, tab. 6, fig. 1: Sap., Origine pal. des arbres, p. 292, fig. 39, 4 (pl. XIV, fig. 6). L. foliis petiolatis, ovatis, breviter acuminatis, serrulatis, triplinerviis ; nervis lateralibus lasilanibus usque ad apicem protectis; secundariis transversim decurrentibus in rete venosum tenue solutis. Calcaires marneux de la partie moyenne. — Très rare, La feuille de ce Zizyphus, trouvée une seule fois, ne saurait être confondue avec celles du Zizyphus paradisiaca Hr., qui abondent dans les schistes intercalés au milieu des gypses exploités et dont il existe une empreinte extraite des marnes de la montée d'Avignon. Au contraire, cette feuille ne se distingue par aucun caractère sensible de celles du Zizyphus ovata de Weber, signalée par cet auteur dans les lignites aquitaniennes du bassin rhénan. [l faut observer que dans ce même gise- ment on peut encore signaler notre Hedera Philibert, bien reconnaissable à sa base anguleuse et décrit par le savant allemand, sous le nom de Rhus ailantifolia (4). Le Zizyphus ovalu pourrait bien représenter la souche atavique d’où notre Lizyphus vulgaris L. serait provenu. Il faudrait encore le comparer au Zizyphus Spina-Ghristi Wild., espèce curieuse qu’on observe en Tunisie, où elle paraît être en voie de retrait par défaut d'humidité. (1) PI VI, fig. 15, du mémoire précité. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 107 ANACARDIACEÆ Raus L. 433. Rhus effossa (pl. XV, fig. 10). R. foliis vero similiter pinnatis, foliolis breviter petiolulatis, lanceo- latis, utrinque breviter aculis, serratis; nervis secundariis simplicibus furcatisque, in dentes pergentibus. Caleaires de la partie inférieure. — Rare. La foliole isolée sur laquelle nous basons cette nouvelle espèce, se rattache au type de notre Rhus coriaria. Elle pré- sente un aspect plus grêle et une base plus atténuée que les folioles de l'espèce indigène actuelle, dont la forme fossile que nous signalons devait se rapprocher sensiblement sous des proportions plus réduites. 434. Rhus macilenta (pl. XV, fig. 9). R. foliis verosimiliter pinnatis; foliolis sessilibus. basi inæqualibus, lanceolatis, margine dentatis, dentibus breviter acuminatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. C’est encore aux fihus que nous rapportons l’empreinte d’une foliole isolée, inégalement obtuse et sessile à la base, lancéolée à l’extrémité supérieure, dentée à dents aiguës le long des bords, que notre figure 9° représente assez fortement grossie. Les principaux caractères mdiquent une espèce ayant appartenu à la même section que la précédente, mais très distincte de celle-ci. Il se pourrait pourtant qu'au lieu d’une foliole de Rhus, nous eussions sous les yeux celle d’un Sorbus qui ne s’éloignerait pas beaucop du Sorbus domestica L., encore si répandu de nos jours en Provence. 435. Rhus denticulata (pl. XVI, fig. 15). R. foliis verosimiliter pinnatim partitis; foliolis oblongo-ovatis, sur- 108 G. DE SAPORTA. sum breviter acuminatis, margine denticulatis; nervo primario gracili; secundariis subtilibus curvatis ante marginem furcato-anastomosatis. Schistes feuilletés de la partie inférieure. — Très rare. Iest difficile de méconnaitre un Rhus dans cette empreinte de foliole, ovale-oblongue, un peu inégale à la base, atténuée en pointe au sommet et denticulée le long des bords. La ner- vure médiane est mince ; les secondaires sont très fines, émises sous un angle ouvert, un peu recourbées et anstomosées par dichotomie avant la marge. L'aspect dénote une espèce de fihus analogue à notre Rhus abbreviata (4), sans que cette affinité aille jusqu'à l'identité. ZANTHOXYLEÆ ZANTHOXYLON Kunth. 2 436. Zanthoxylon aquense (pl. XIV, fig. 14). Z. foliis verosimiliter composilis ; foliolis sessilibus, coriaceis, ovatis, basi paulisper inæqualibus, margine parce denticulatis, penninerviis : nervis secundariis sub angulo aperto emissis, in reticulum venulosum solutis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. La foliole qui représente cette espèce, est unique jusqu’à présent ; elle est petite, ovale, sessile, de consistance proba- blement coriace, obscurément denticulée et pourvue de ner- vures secondaires, émises sous un angle ouvert, qui donnent lieu en se ramifiant à un réseau de veines capricieuses. fl existe une évidente affinité entre cette foliole et celles du Zanthozylon serratum Hr., si répandu à Armissan ainsi que dans la molasse suisse. (1) Révis., p. 208; Ann. sc. nat., 5° série, t. XVII, p. 110, pl. XV, fig. 41. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 109 MYRTACEÆ CALLISTEMOPHYLLUM Ett. (197) CALLISTEMOPHYLLUN PRISCUM Sap., Ét. sur la veg. lert., 1, p. 131; Ann. sc. nat., 5° série, t. XVII, p. 284, pl. XIV, fig. 2; Révis., p. 213; Ann. sc. nat., 9° série, t. XVIII, p. 115. — PI. XII, fig. 8. Calcaires marno-crayeux de la partie moyenne. — Très rare. Nous figurons de nouveau cette curieuse espèce, pour faire mieux ressortir l’affinité réelle qui relie certaines empreintes de feuilles de l’époque tertiaire à celles des Callistemon et des Eucalyptus de l'ordre actuel. Notre Callistemophyllum est parfaitement assimilable au Callistemon salignum DC., et au C. lanceolatum Sw., et à plusieurs Eucalyptus et Myrcia. Myrrus Tournef. 4317. Myrtus palæogæa (pl. XV, fig. 8). M. foliis sessilibus aut fere sessilibus, ellipticis, apice obtusatis, integerrimis, penninerviis ; nervis secundariis sub angulo 45 gr. emissis reclis, ante marginem arcu obtusissimo religatis ; tertiariis oblique laxe reticulatis. Marnes de la montée d'Avignon. — Très rare. La feuille est petite, subsessile, et sa consistance a dû être glabre et parcheminée. Elle est ellipsoïde, obtuse dans le haut, entière sur les bords et présente, à ce qu’il semble, la face supérieure. La nervure médiane est mince, les secon- daires, émises sous un angle ouvert, fines, droites, se replient avant le bord et se trouvent réunies entre elles par un arc obtus qui court de l’un à l’autre et que cerne, le long de la marge, une rangée d’aréoles plus petites. Les nervures ter- aires, qui serpentent dans l’intervalle des secondaires, sont obliquement ramifiées et irrégulièrement flexueuses. La forme et la nervation de cette feuille dénotent en elle une Myrtacée analogue aux Æugenia et aux Myrtus propres. 110 G. DE SAPORTA. 438. Myrtus aquensis (pl. XV, fig. 9). M. foliis coriaceis, obovatis, apice obtusatis, penninerviis; nervo pri- mario expresso; secundariis immersis, sub angulo aperto emissis, secus marginem arcuatim conjunc{is. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Petite feuille coriace, obovale, obtuse et arrondie au som- met, qui semble dénoter un Myrte spécifiquement distinct du précédent. (199) MYRTUS CORRUGATA Sap., Révis., p. 213; Ann. sc. nat., o° série, t. XVIIL, p. 115. — PI. XI, fig. 9-10. M. foliis ovato-oblongis, integris, coriaceis, punctulatis; nervis secun- dariis obtuse emissis, gracilibus, arcuatim conjunetis; tertiariis oblique angulatim reticulatis. Calcaires de la partie moyenne. — Très rare. Nous figurons cette espèce, signalée et décrite antérieure- ment, mais qui n’a pas été reproduite jusqu'ici. Son attribu- tion au groupe des Myrtacées doit être regardée comme probable. 499. Myréus priscomuma (pl. XV, fig. 11). M. fructu pedunculato, baceato, infero, subglobuloso, extus rugoso, apice late truncato, calyeis limbi residuis adhuc superato. Calcaires marneux de la partie inférieure. — Très rare. Le fruit que nous publions sous cette dénomination paraît être une baie desséchée de quelque Myrtacée. Il est attaché solitairement à un assez long pédoncule, petit, globuleux, extérieurement rugueux, tronqué au sommet que couronnent encore des résidus calcinaux. Dans le milieu de la partie tronquée-discoïde, on entrevoit une saillie qui correspondrait à la base d’un style simple (voy. la figure grossie 11°), caractère qu viendrait à l'appui de l’attribution que nous proposons FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. A1 ici, sous toutes réserves, puisqu'il ne serait pas impossible de reconnaître, dans cette curieuse empreinte, le fruit de quelque Pomacée analogue au Cofoneaster, dont les baies, une fois müres et desséchées, sont marquées, à la surface, de rugosités analogues à celles qui distinguent notre empreinte fossile, POMACEÆ COTONEASTER Medik. (206) COTONEASTER PRIMORDIALIS Sap., Reévis., p. 216; Ann. sc. nal., o° série, t. XVIII, p. 118, pl. XVI, fig. 37. — PI. XIV, fig. 12-13. C. fructibus ovato-oblongis, extus lævibus, intus 2-3 pyrenis, dentibus calycinis erectis, breviter aculis, plus minusve erecto-conniventibus coronatis, ad apicem pedunculorum solitarie appensis; pedunculis elon- gatis in racemum laxum breviter corymbosum 3-5 aggregatis. Calcaires schisteux de la partie inférieure. Les exemplaires nouveaux que nous figurons, et l’un d’eux surtout (fig. 13), qui montre trois fruits réunis en une grappe corymboïde, confirment pleinement nos appréciations précé- dentes. Les pédoncules varient de longueur; celui de l’em- preinte figure 12, qui représente un fruit isolé, mesure 2 centi- mètres, aussi bien que le plus long de ceux qui composent l’inflorescence corymboiïde (fig. 13). Chaque fruit a la forme d’un ovoiïde un peu allongé. Les lobes calicinaux saillants et dressés leur servent de couronnement, et l’aspect ainsi que la disposition de ces organes paraissent conformes à ce que l’on observe dans les fruits de Cofoneaster et de Sorbus. La grappe corymboiïde ressemblerait peut-être davantage à celle des Amelanchier, de certains Mespilus et du Sorbus termina- hs; mais la forme des segments calicinaux, leur direction et les noyaux osseux, au nombre de deux à trois, dont lPem- preinte est encore visible, témoignent d’une étroite analogie de structure avec les fruits du genre Cotoneaster, dont nous avons signalé plusieurs espèces de feuilles dans les gypses d’Aix. 112 G. DE SAPORTA. L’exemplaire figuré en premier lieu, figure 37, planche XVE, de la Révision, a permis de constater la présence de deux à trois styles, caractère qui concorde avec les précédents et confirme l’attribution que nous proposons comme réellement légiume. Elle sert à nous faire connaitre les plus anciennes Pomacées qui aient été signalées jusqu’à ce jour. AMYGDALEÆ AMyYGpALUS L. 410. Amygdalus obtusata (pl. XV, fig. 7). A. foliis membranaceis, petiolatis, ad basin limbi biglandulosis, elliptico-oblongis, sursum obtusatis, margine denticulalis, penninerviis:; nervo primario expresso ; secundariis tenuibus, sparsis, curvatis, ramoso- reticulatis, secus marginem conjuncto-areolatis; tertiariis subtilibus in rele transver sim, oblique venulosum solutis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. L’espèce se trouve établie sur une empreinte de feuille jusqu'à présent unique; nous aurions été tenté de reconnaître en elle un Saule; mais attentivement considérée, elle présente les caractères de forme et de nervation d’un Amygdalus, qui s’'écarterait peu de l'A. communis L., avec la terminaison plus obtuse de l'extrémité supérieure. Le contour est ellip- soïde-oblong; on distingue la trace de deux glandules accom- pagnant le pétiole à son entrée dans le limbe. Les nervures secondaires sont fines, recourbées, puis ascendantes et rami- fiées le long de la marge et réunies en aréoles à l’aide d’ar- ceaux. Les veinules de dernier ordre sont déliées et flexueuses, transversales par rapport aux secondaires; elles concordent, par leur disposition, avec la nervation des feuilles d’Amyg- dalées. Notre Amygdalus obtusata, dont l'attribution nous paraît des plus naturelles, se rapproche très sensiblement par sa feuille de l’A. communis. Les feuilles de celui-ci ont également des pétioles biglanduleux au sommet. Ce serait la plus ancienne espèce du genre qui ait été encore signalée. FLORE FOSSILE D’'AIX-EN-PROVENCE. 113 LEGUMINOSÆ x. Lotecæ. Trirozium Tournef. 441. Trifolium protocalyx (pl. XVII, fig. 1-2). I. calycis tubo fruetum involvente stricte campanulato, decemstriato, glabrato, ad faucem parum restricto ; segmentis erecto-patentibus, rigidis, lineari-subulatis, tubo brevioribus. Calcaires marno-crayeux de la partie inférieure. — Rare. Nos figures 4 et 2, planche XVIT, reproduisent deux empreintes de calices épars, conformes, par leur aspect et les détails visibles de leur structure, aux calices fructifères des Trifolium. Malgré leur petite dimension, et en consultant les figures grossies 1° et 2°, on distingue un tube campanulé, longitudinalemeni strié et faiblement resserré à la gorge. Au- dessus du tube, s’étalent cinq segments calicinaux, étroits el acuminés, plutôt érigés que divariqués et plus courts que le tube. L’organe a dû être glabre; comparé à ceux des Trifo- lium actuels, il montre de la ressemblance avec un assez bon nombre d'espèces à calice glabre et faiblement accrescent après l’anthèse. Nous citerons, entre autres, les Trifolium scabrum L., repens L., maritimum Huds., Thalii Will. C’est avec le Trifolium maritimum que la similitude nous à paru le plus prononcée ; cependant les dents du calice de cette espèce actuelle sont ciliées, tandis que celles de l'organe fossile ont dù être glabres, comme dans le Trifolium Thali Will. Les Trifolium Protocalyx et palæogæum (1), représentés lun par un calice, l'autre par une feuille, ne sont peut-être que les organes épars d’une seule et même espèce; cepen- dant, comme ils ne proviennent pas du même lit et que le T. palæogæum ne laisse pas que d’avoir soulevé des doutes, (1) Voy. Révis., p. 217; Ann. sc. nat., 5° série, t. XVIII, p. 119, pl. XVII, fig. 90. 7e série, Bor. T. X (Cahier n° 2). 8 114 G. DE SAPORTA. nous avons préféré décrire séparément des calices dont lattri- bution nous semble, au contraire, reposer sur des données sérieuses. - Cyrisus L. 4142. Cytisus palæocarpus (pl. XIX, fig. 17-18). CG. legumine complanato, oblongo; valvis compressis, tenuiter super- ficie venulosis, ad maturitatem apertis, secundum suturam ventralem dehiscentibus, sutura autem seminifera mediante connexis, seminumque loco depressione ad faciem interiorem, exterius puncto verrucoso notatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. La déhiscence des gousses de Légumineuses, dont le fruit n’est pas lomentacé, n1 monosperme et transformé soit en samare, soit en nucule, s'opère par une déhiscence des valves, effectuée tantôt par les deux sutures, de manière à isoler les valves, chacune d'elles emportant une moitié du placenta, tantôt par l’une des sutures seulement, les valves restant alors adhérentes l’une à l’autre, après la dispersion des graines. C’est dans ce dernier état que se présente à nous un Légume fossile, à valves ouvertes et étalées, demeurées en connexion le long de la suture séminilère, trouvé une seule fois dans le oisement d'Aix. Les valves de ce Légume laissent voir l'empla- cement des graines, dont le cordon ombilical est encore visible pour l’une d’elles (fig. 17°), marqué par une fossette à l’intérieur (fig. grossie 17°), par un point verruqueux sur la face extérieure (fig. grossie 18°). Nous observons les mêmes caractères de structure et de déhiscence des valves dans les Cytises, dont le fruit s'ouvre à la maturité de la même façon, pour laisser échapper les graines (Cytisus sessilifolins L.), et plus particulièrement dans le type canarien des Spartocytisus de Webb et Berthelot, qui présente des Légumes à peu près semblables chez le Spartocytisus nubigenus W. et B. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 415 5. Sophoreæ. CALPuRNIA E. Mey. 443. Calpurnia microcarpa (pl. XIX, fig. 5-7). C. foliis vero similiter pinnatis plurijugis, foliolis oblongis, basi obtuse attenuatis, apice obtusato leviter emarginatis; legumine parvulo, peduneulato, brevissime stipitato, oblongo-lineari, apicem versus latius- culo obtusoque, stylo persistente oblique mucronato, ala marginali secus suturam seminiferam cincto ; seminibus rotundatis ; valvis autem super- ficialiter transversim tenuiter ramoso-venulosis. Calcaires schisteux de la partie inférieure, au quartier de Saint-Hippolyte. Rare. La découverte de cette jolie espèce est due à M. Philibert ; elle ajoute un genre nouveau à la liste déjà longue de ceux quecomprenalent les Légumineuses de la flore d’Aix. L’échan- tillon (fig. 5, pl. XIX) représente un Légume complet, dans un. fort bel état de conservation; 1l provient des calcaires du quartier de Saint-Hippolyte qui ne sont qu'un prolongement de ceux de la partie inférieure de la formation d'Aix. Ce Légume est comprimé, de consistance membraneuse, pédicellé en dessous du point où s’insérait le calice et briève- ment stipité sur ce point qui laisse encore distinguer quelques débris d’étamines, visiblement libres de toute adhérence mu- tuelle. La dimension est à peu près celle des Légumes du Cercis antiqua Sap.; mais les différences sont trop sensibles pour ne pas frapper : le Légume du Calpurnia microcarpa n'est pas lan- céolé, mais allongé-linéaire ; ses bords sont légèrement sinués ; il s’élargit insensiblement et sa terminaison est obtuse. Le mucron du sommet est tout à fait latéral et une marge ou bordure ailée l'accompagne du côté dela suture séminifère. Les graines, alternativement appliquées sur l’une et l’autre valve, sont au nombre de cinq à six, parfaitement arrondies et un peu échancrées à lendroit du hile, et contiguës au trophosperme le long duquel elles sont insérées. La nervation 116 G. DE SAPORTA. se compose de veinules très fines, transversalement sinueuses, peu visibles sauf sur l'emplacement des semences. — Tous les caractères de ce fruit fossile concordent avec ceux des Calpur- nia, type dont nous avons signalé la présence à Armissan (1) vers le niveau tongrien récent. Mais tandis qu'à Manosque (2), sur l'horizon de l’aquitanien, en dehors du Virgilia macrocarpa, les feuilles et Le fruit du Calpurnia europæa d’Armissan, der- nièrement découverts, diffèrent très peu de l’espèce actuelle la plus connue, le C. aurea Lam., le Calpurnia d'Aix s’en écarte beaucoup au contraire par les proportions réduites deson fruit trois à quatre fois plus petit, nous réunissons à ce fruit deux lolioles très ressemblantes à celles des Calpurnia, trouvées dans les mêmes couches (fig. 6 et 7). Le genre Calpurnia est main- tenant africain ; 1l s’étend au nord jusqu'en Abyssinie et sa présence à Aix concorde avec les nombreux indices témoi- onant la liaison qui existe entre la végétation sud-européenne de l’époque tertiaire et celle de PAfrique contemporaine. y. Dalbergiew. Il'est évident que les formes fossiles de Légumineuses, nou- vellement observées et rangées par nous dans le groupe des Dalbergiées, ne lui sont attribuées que sous toutes réserves. On reconnait pourtant que la plupart manifestent, vis-à-vis des Dalbergiées du monde actuel, une affinité apparente, trop prononcée pour être entièrement trompeuse. DALBERGIA L. a. Lequmin«. 414. Balbergia phleboptera (pl. XVIIL, fig. 18). D. leguminibus mediocribus, membranaceis, compressis, utrinque breviter lanceolatis, superficie leviter venulosis, monospermis, ad locum (1) Ét. sur la vég. Lert., I, p. 370; Ann. sc. nat, 5° série, t. IV, p. 226, pl. XII, fig. 8. (2) Voy. Et., LIL, p. 114; Ann. sc. nat., 5° série, t. VILLE, pl. XIV, fig. 4. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 117 insertionis seminum induratis, anguste secus suturam seminiferam marginatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Le légume estoblong, membraneux, comprimé, ellipsoïde ; il est étroitement marginé le long de la suture séminale et la superficie de la valve est finement réticulée-veinuleuse et mar- quée d’une callosité à l'endroit de la graine qui est unique et centrale. Cette espèce se rapproche par tous les caractères visibles d’un Dalbergia de Geylan, observé dans l’herbier du Muséum de Paris et plus spécialement du Dalbergqia frondosa Roxh. 445. Dalbergia (Brachypterum ?) provineiïalis (pl. XIX, fig. 19). D. leguminibus parvulis, lanceolatis, compressis, ala angusta ad latus seminiferum marginatis, monospermis, stylo persistente rostratis; valvis tenuissime venulosis ad locum seminis calloso-induratis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Le légume est fort petit, lancéolé, atténué en pédicelle à la base et apiculé au sommet. Le côté où s'attache la graine, qui est unique, se trouve bordé d’une étroite marge ailée; la valve est occupée par un fin réseau de venules, et l'emplacement de la semence se trouve marqué par une mduration calleuse. L'espèce ressemble à un Brachypterum de Gevlan, Dalber- qia Zeilanica ? Roxb. 416. Dalbergia microcarpa (pl. XVII, fig. 19). D. leguminibus minutis, elliptico-obovalis, compressis, sursum muero- natis, anguste alatis marginalisque, superficie venulosis, monospermis : semine centrali funiculo brevi lateraliter appenso. Calcaires de la partie inférieure. —- Très rare. Le légume est très petit, étroitement marginé, comprimé, monosperme. L’empreinte de la graine est marquée, à ce qu'il 118 &. DE SAPORTA. semble, par une induration calleuse. L'espèce ressemble aux Brachypteruwm etaux Derris avec des proportions très réduites. 441. Balbergia seleeta (pl. XVIII, fig. 20). D. leguminibus parvulis, elliptico-lanceolatis, compressis, anguste ad latus seminiferum alatis, monospermis; valvis superficie tenuiler reti- eulatis, ad locum insertionis seminis induratis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. L'espèce Giffère peu de la précédente. Le légume est moins petit, plus régulièrement ellipsoide, lancéolé au sommet. La réticulation veinuleuse des valves paraît quelque peu diffé- rente. (213) DALBERGIA (BRACHYPTERUM) OLIGOSPERMA, Micropodium oligo- spermum Sap., EE, 1, p. 137; Ann. sc. nat., 4 série, t. XVII, p. 290, pl. XIV, fig. 18; Révis., p. 220-221; Ann. sc. nal., 5° série, p. 123, pl. XVI, fig. 20. Nous considérons maintenant notre genre Micropodium et les formes fossiles de la flore d’Aix que nous avions ainsi nom- mées comme représentant en réalité des Brachypterum Benth., c’est-à-dire comme se rapportant à un sous-genre de Dalbergia, actuellement sud-asiatique. Le Brachypterum oligospermum, notre ancien Micropodium est un des Lypes caractéristiques du oisement. Ses empreintes sont fréquentes, non seulement dans les gypses et les lits qui les séparent et alternent avec eux, mais encore dans les marnes de la montée d'Avignon. Le légume s’amincit à la base sur un court pédicule et les valves sont couvertes de veinules dirigées dans un sens oblique et finement réticulées. B. Foliola. 418. Dalbergia superstes (pl. XVI, fig. 14). D. foliolis breviter in cuneum basi altenuatis, apice truncalis ; nervis secundariis plurimis obliquissime e nervo primario prodeuntibus, venu- lis obliquis mediantibus inter se in reticulum conjunctis. Lits marneux de la montée d'Avignon. — Très rare. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 119 La foliole est unique, petite, atténuée en coin obtus sur un très court pétiolule, tronquée au sommet et parcourue par des nervures déliées, émises le long de la médiane dans un sens des plus obliques. Ces nervures sont reliées entre elles par des veinules obliques et forment un réseau dontnotre figure grossie 14" reproduit les plus petits détails. L’empreinte ressemble beaucoup aux folioles du Dalberqia frondosa Roxb.., des Indes. 449. Dalbergia affimis (pl. [, fig. 12). D. foliolis oblongo-ohovatis, basi obtuse breviter attenuatis, apice rotundato leviter emarginatis ; nervo primario gracili ; secundariis spar- sis, tenuibus, suboblique areolatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Foliole isolée; distincte de la précédente par sa forme ob- ovale oblongue, le sommet arrondi légèrement émarginé et la disposition très différente des nervures. Très analogue aux folioles du Dalberqia Thompsoni Benth.. espèce de l'Inde. + 450. Dalbergia adiumeta (pl. XI et XIT, fig. 11). D. foliolis elliptico-ovatis, basi obtuse breviter attenuatis, apice obtu- satis, penninerviis ; nervis secundariis sparsis, subobliquis, secus margi- nem curvalis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. La foliole trouvée une seule fois est plus grande que les deux précédentes, ovale-elliptique, obtuse'au sommet, faiblement atténuée vers la base qui paraît sessile. Elle ressemble à plu- sieurs folioles de Dalbergiées de l'Inde, spécialement à celles du Derris oblonga Benth. — Elle est encore comparable à celles des Gymnocladus. 451. Balbergia collecta (pl XVII fig. 25). D. foliolis ovatis, basi apiceque obtusatis; nervo primario gracili; secundariis sparsis, sub angulo aperto emissis, curvato-areolatis, 120 G. DE SAPORTA. Petite foliole isolée, ovale-obtuse, qui dénote certainement une Légumineuse et paraît avoir appartenu au groupe des Dal- bergiées. 452. Dalbergia minima (pl. XIX, fig. 8). D. foliolis minutis elliplieis, utrinque, basi autem inæqualiter obtusa- Lis ; nervo primario expresso ; secundariis sparsis, curvatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Très petite fohiole de consistance ferme ou coriace, sessile, ellipsoïde obtuse aux deux extrémités. La nervure médiane est assez fortement marquée ; les latérales sont assez peu visibles. 453. Dalbergia emarginata (pl. XVI fig. 7). D. foliolis oblongis, basi obtuse in cuneum attenuatis, apice autem leviter emarginatis ; nervis secundariis oblique emissis. Dans les gypses exploités. — Très rare. Foliole oblongue, atténuée en coin inférieurement et échancrée en cœur au sommet, comme celles de plusieurs Dalbergiées. à, Cœæsalpinieæ. GyMmnoczapus Lamk. 454. Gymnocladus modesta (pl. XVII, fig. 26). G. foliolis ovato-lanceolatis, basi petiolulatis, sursum obtuse acutis ; nervo primario gracili ; secundariis subtilibus areuatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. La foliole ressemble en plus petit à celles du Gymnocladus dioica L. Elle en reproduit tous les caractères, en sorte que le rapprochement générique proposé par nous semble des plus légitimes. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 191 CÆSALPINITES Sap. 455. Cæsalpinites colligendus (pl. XIX, fig. 24). C. foliolis coriaceis, elliptico-ovatis, basi rotundatis, apice obtusatis; nervo primario expresso; secundariis tenuibus, curvatis, in reticulum subtile solutis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Le contour ellipsoïde-obtus de cette foliole, sa consistance ferme ou même coriace et les détails de sa nervation semblent dénoter une Césalpiniée semblable aux Leptolobium et assi- milable à un Cæsalpinia, de Geylan, que nous avons observé dans l’herbier du Muséum de Paris. 456. Cæsalpinites oxycarpus (pl. XX, fig. 16, et pl. XF et XII, fig. 12) (1). C. fructu parvulo, compresso, pedicellato, arcuatim subfalcato, in alam brevem antice producto. Plaques schisteuses des gypses exploités. — Très rare. L'espèce consiste en un très petit légume pédicellé, coriace, probablement monosperne et indéhisceni, dont le bord anté- rieur donne lieu en s’amincissant à un court appendice ailé. Ce fruit, malheureusement peu déterminable, peut être com- paré à ceux de plusieurs Césalpiniées. CassrA L. 457. Cassia aquensis (pl. XVII, fig. 25, et pl. XIX, fig. 10). C. foliolis sessilibus, ovato-lanceolatis, basi obtusatis, apice breviter acutis ; nervo primario expresso; secundariis sub angulo aperto emissis, ante marginem arcu obtusissimo conjuneto-areolatis ; tertiariis in rete (1) Figure grossie. 199 G. DE SAPORTA. venosum retroflexum solutis ; — legumine lineari, elongato, stricto, utrinque marginato, compresso. Calcaires en plaques de la partie moyenne. — Très rare. Il est difficile de ne pas reconnaître dans cette foliole, dont le limbe a été fortement plissé sur un point, au moment de la fossilisation, une Casse très voisine par les caractères de forme et de nervation de ses folioles du C. lævigata L. et d’autres espèces. Nous réunissons avec doute à cette foliole un frag- ment de légume, allongé étroitement, atténué vers la base et cerné d’un rebord marginal très prononcé. Cet organe repro- duit l’aspect des fruits de certaines espèces de Cassia ; mais son état fragmentaire s'oppose à une exacte détermination. CErais L. (224) CERGIS ANTIQUA Sap., Révis., p. 221; Ann. sc. nul, 5° série, t. XVIII, p. 193, pl. XVIL, fig. 7-15. De nouveaux échantillons des feuilles et des légumes de cette curieuse espèce, maintenant bien connue, ont été recueillis dans le lit marneux de la montée d'Avignon, à la base du gisement. c. Mimoseæ. MimosA Adans. 458. Mimosa macroptera (pl. XIX, fig. 9). M. foliolis conjugatis, margine interiori dimidiatis, late expansis, triplinerviis, basi in cuneum inæqualiter attenuatis ; tertiariis laxe reti- culatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. L’empreinte est celle de la moitié inférieure d’une foliole conformée comme celles des Mimosa, tronquée-dimidiée le long du bord intérieur, atténuée en coin allongé à la base et occupée par deux nervures, dont la plus faible longe la marge, FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 193 tandis que la principale se recourbe légèrement en tenant le milieu de la foliole. Nous comparons cette espèce, dont l’at- tribution nous semble très légitime, au Wimosa nuda Benth., qui présente des folioles ayant le même aspect. 459. Mimosa Philiberéi (pl. XIX, fig. 21). M. foliis paucijugis ; foliolis terminalibus, sat longe tenuiterque pedi- cellatis, oppositis, obovatis, ad basin margine interiori in cuneum dimi- diatis, exteriore autem rotundatis, triplinerviis ; nervo basilari lateris exterioris oblique ramoso. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Les deux moitiés d’une feuille de cette espèce, conjuguées et appliquées l’une sur l’autre au sommet d’un pétiole com- mun, grêle et assez long, dénotent bien certamement la pré- sence à Aix d’un Mimosa très éloigné du précédent et distinet également du M. deperdita Sap., précédemment signalé (1). Notre nouveau Mimosa, dédié à M. Philibert qui l’a décou- vert, se rapproche très sensiblement des espèces du genre à folioles peu nombreuses et relativement grandes, particulière- ment du M. purpurea L., ainsi que du M. Ceratina L., qui sont des formes américaines. AcacrA Neck. «. Lejumina. (226) AcACIA oBscurA Sap., Révis., p. 228, Ann. sc. nal., 5° série, t. XVIII, p. 130, pl. XVIUL, fig. 9-10. — PI. XIX, fig. 3. Plaques calcaires de la partie inférieure, au quartier de Saint-Hippolyte, près d’Aix. Nous figurons un nouveau et très bel échantillon de cette espèce, trouvé dans le gisement de Saint-Hippolyte. Il repré- (1) Voy. Ét. sur la vég. tert., 1, p. 138; Ann. sc. nat., 4° série, t. XVIE, p. 294, pl. XIV, fig. 6. 124 G. DE SAPORTA. sente un fruit parfaitement intact et encore adhérent au som- met du pédoncule floral. L'attribution de ce légume aux Acacia se trouve ainsi confirmée. Nous avions comparé cette forme à l’Acacia fallax E. Mey., de la région du Cap. (229) AGACIA BREVIOR Sap., Révis., p. 229, Ann. sc. nal., 5 série, t. XVIIE, p. 131, pl. XVII, fig. 8. — PI. XIX, fig. 1-2. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. Nous attribuons à cette espèce, précédemment signalée, deux nouveaux fruits. L’un (fig. 1), parfaitement entier et re- marquablement conservé, ne s’écarte pas sensiblement de celui que nous avions figuré en premier lieu. Il est stipité à la base, obtus et arrondi au sommet, tétrasperme, et l’une des graines encore visible et en place, affecte un contour orbiculaire un peu allongé dans le sens transversal. L'autre fruit (fig. 2) con- siste en une valve détachée qui diffère un peu de l'échantillon type par le contour élargi du sommet. L'emplacement des oraines se trouve marqué par une impression transversalement ovale. Les graines étaient ici au nombre de six environ et l’on distingue un fin réseau de veinules transversalement dirigées d’un bord à l’autre de l’ancien organe. 460. Acacia brachycarpa (pl. XIX, fig. 11). À. leguminibus subcoriaceis, compressis, abbreviatis, latiuseulis, 2-3 spermis, basin versus attenuatis, apice oblusato rotundatis exserte- que breviter mucronulatis; valvarum venulis transversim delineatis ; seminibus parvis transversim ellipticis. Assise calcaire de la partie inférieure. — Très rare. Le légume fossile, d’après lequel nous établissons cette nouvelle espèce, est d’une conservation admirable et très nettement caractérisé, sa consistance a dù être plus ou moins coriace. [] est comprimé, court et large proportionnellement, sinué et rapidement atténué vers la base, élargi, arrondi et FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 125 comme tronqué au sommet qui se trouve surmonté d’un très court mucron exsert et fin. La surface des valves, plus ou moins bosselées, est marquée de fines vemules, iranversale- ment dirigées. Les semences sont petites, ellipsoïdes dans le sens de la largeur. On en distingue deux et, au-dessous, encore le vestige d’une troisième graine avortée, située vers le point où le légume se rétrécit. Cette espèce doit être évidemment rapprochée de l’Acacia mellifera Benth., d’Abyssinie, dont le fruit présente à peu près les mêmes caractères de forme et de nervation. 461. Acacia exilis (pl. XIX, fig. 4). À. leguminibus compressis, membranaceis, parvulis, elongato-linea- ribus, pleiospermis, basi sensim tenuiter acuminatis; valvis oblique transversim venulosis ; seminibus elliptico-rotundatis. Marnes de la montée d'Avignon. — Très rare. Le fruit de cette espèce, bien distincte des précédentes, est peut, étroit et long, de consistance membraneuse, à ce qu'il semble. Il est accidentellement mutilé vers le milieu, circon- slance qui enlève la notion des caractères que pourrait fournir son mode de terminaison supérieure. La base de l’organe est insensiblement atténuée et les valves étroites présentent des veinules obliquement transversales, ramifiées en un réseau assez lâche. Les graines au nombre de trois sont ellipsoïdes- subarrondies, assez espacées. Plusieurs formes actuelles d’Acacia ont des fruits qui offrent la même apparence, entre autres l’A. leucocephala Desf., d'Amérique. 6. Foliola. 462. Acacia gracillioma (pl. XVIIL, fig. 22-23). A. foliis verosimiliter bi-tripinnatis; foliolis minutissimis, sessilibus, lincari-elongalis, apice obtuse attenuatis, basi inæqualibus. Calcaires et calcaires marneux de la partie inférieure. 126 G. DE SAPORTA. Les folioles éparses de cette espèce sont assez répandues. Leur attribution ne saurait être douteuse : très menues, ses- siles, étroitement linéaires, obtusément atténuées au sommet, inégales à la base, elles reproduisent les caractères de forme et de nervation de celles des Acacia nilotica L., virgata L., cornigera Wild. Leur mode de terminaison du sommet les distingue des folioles de PA. longinqua Sap., recueillies dans les mêmes couches. 463. Acacia oblita (pl. XVII, pl. 28-29, et pl. XIX, fig. 12-15). À. foliis verosimiliter bi-tripinnatis ; foliolis sessilibus, ellipsoideis, utrinque obtusatis. Calcaires et calcaires marneux de la base. Les folioles de cette espèce sont plus larges, plus ellipsoïdes et moins linéaires que celles de lPAcacia gracillima. Elles s’écartent de celles de l’A. longinqua Sap. par la terminaison obtuse, presque arrondie, de leur extrémité supérieure. Parmi les espèces vivantes, elles ressemblent aux folioles de A. leu- cocephala L. 464. Acacia assimilamda (pl. XVIII, fig. 24, 25 et 27). À. foliis verosimiliter bi-tripinnatis ; foliolis minutissimis, sessilibus, breviter elliptico-linearibus, utrinque obtusis, apice autem obtuse aculis. Calcaires et calcaires marneux de la partie inférieure. Les folioles se rapprochent de celles de l'A. gracillima; mais elles sont plus courtes, moins linéaires et terminées au sommet par une pote des plus obtuses. Elles dénotent une forme alliée de près à l'Acacia dont nous venons de parler, mais qui ne saurait être confondue avec celui-cr. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 197 465. Acacia discreta (pl. XVIII, fig. 26). A. foliis verosimiliter bi-tripinnatis ; foliolis minutis, brevissime petro- lulatis, oblongis, sursum brevissime apiculatis. Calcaires et calcaires marneux de la partie inférieure. La foliole parait iei un peu plus grande et plus large, elle se termine en une pointe aiguë, mais très courte à l'extrémité supérieure, tandis que la base se trouve arrondie sur un court pétiolule. 166. Acacia adseripta (pl. XIX, fig. 22). À. foliis verosimiliter pinnatim compositis; foliolis sessilibus, oblongo- ovatis, utrinque basi autem inæqualiter obtusatis, apice paulisper emar- ginatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. L'espèce est établie d’après une foliole isolée, sessile, ovale- oblongue, obtuse aux deux extrémités, un peu émarginée au sommet et inégalement arrondie à la base; elle est plus grande que les précédentes et s’en distingue aisément, à ce qu’il nous parait. , LEeGumiNosiTEs Brngt. Après les attributions génériques qui précèdent, il reste à inserire, comme ayant fait sans doute parte du groupe des Légumineuses, les espèces suivantes : a. Lequmina. 407. Legumminosides smicrospermus (pl. XIX, fig. 16). L. fructus valva distracta, subcoriacea, ovoideo-elliptica, transversim leviter delineata, serobiculis ad locum seminis insertionis signata, disperma. Calcaires marneux de la partie inférieure. — Rare. 128 G. DE SAPORTA. L’organe a certainement appartenu à une Légumineuse : 1l consiste en une valve détachée, plus ou moins coriace, étroite- ment marginée, brisée dans le haut, marquée de linéaments transverses multipliés, qui porte l'impression de deux graines dont l’emplacement est occupé par une induration calleuse. 4168. Leguminosites verrucosus (pl. XIX, fig. 20). L. fructus valva distracta, crasse coriacea, oblongo-elliptica, breviter apice mucronata, margine lævi circumeincta, medio autem verrucosa. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Nous pensons reconnaitre la valve d’un fruit de Légumineuse détachée et de consistance coriace dans une empreinte repro- duite fidèlement par notre figure 20, planche XIX, grossie en 20°, La valve, accompagnée d’un rebord plat et uni, et sur- monté d’un court mucron, présente dans le milieu une zone verruqueuse. Il paraît difficile de préciser davantage les carac- tères de cette espèce. 6. Foliola. 469. Leguminosites superstes (pl. XVIII, fig. 21). L. foliolis minutis, fere sessilibus, suborbiculatis, basi inæqualibus, apice aulem emarginatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. La petite foliole que nous signalons ici et dont notre figure 21°, planche XVII, donne une reproduction grossie, doit être attribuée à une Légumineuse. — On rencontre des folioles semblables dans plusieurs sections du groupe : Sopho- rées, Césalpiniées ou Mimosées. Nous ajouterons que notre Legqumainosites superstes rappelle en petit le Colutea Salteri de Heer (1) et pourrait bien dénoter une espèce de ce genre, actuellement encore indigène de la région provençale. (1) FE Lert. Helv., IE, p. 348. — Schimp., Trailé de pal. végét., pl. CIV, à 19 fig. 12. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 199 410. Leguminosites restitutus (pl. XIX, fig. 23). L. foliolis sessilibus, late obovatis, brevissime sursum in apicem obtu- sum abeuntibus, penninerviis, nervis secundariis secus marginem cur= valis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. L'espèce est représentée par une assez petite foliole sessile, élargie dans le haut, terminée par une pointe exserte, obtuse et des plus courtes. Le bord est parfaitement entier et les nervures secondaires se recourbent le long de la marge. Il nous à paru difficile de préciser les affinités de cette forme qui doit pourtant avoir appartenu au groupe des Légumi- neuses. | SPECIES INCERTÆ SEDIS. Nous plaçons ici tous les organes ou fragments d'organes dont il nous a paru difficile de préciser l'attribution générique d’une façon tant soit peu probable. Ce sont des feuilles, des fleurs, des calices dépouillés ou non de leur corolle, des gyné- cées, des carpelles, des fruits ou des graines. Nous allons les décrire sous les dénominations provisoires de Phyllites, An- thites, Carpites et Spermites, avec l'espoir que lon parviendra graduellement à proposer pour chacun de ces organes une détermination moins vague, en les assimilant aux parties res- pectivement semblables de quelqu'un des végétaux actuels. a. PHYLLITES Sternb. 471. Phyilites squamosus (pl. XIIT, fig. 6). Ph. foliis minutis, coriaceis, sessilibus, elliptico-oblongis, margine cartilagineo-cinctis, apice breviter mucronatis; nervo primario fortiter expresso, cæteris inconspicuis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Il est difficile de décider s’il s’agit d'une écaille, d’une 1e série, Bor. T. X (Cahier n° 3), y 130 G. DE SAPORTA. bractée détachée ou d’une petite feuille sessile et coriace, dont il existerait des exemples chez les Éricinées. 4172. Phyllites assimilis (pl. XIV, fig. 2). Ph. foliis breviter petiolatis, lanceolato-oblongis, basi breviter in petio- lum attenuatis, apice obtusatis, integerrimis, penninerviis ; nervo pri- mario expresso, secundariis sub angulo aperto emissis, arcu obtusissimo secus marginem conjunctis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. La feuille ressemble à celles du Quercus elliptica ; mais elle est plus petite, plus obtuse supérieurement; elle ne constitue peut-être qu’une variété de cette espèce, ou bien encore faudrait-il l’assimiler a lAndromeda subterranea Sap. 473. Phyllites piséaciæformis (pl. XVI, fig. 2). Ph, foliis verosimiliter pinnatim compositis ; foliolis ovatis, sessilibus, integris ; nervo primario expresso ; secundariis secus marginem curvato- anastomosalis. Dans les gypses exploités. -— Rare. Nous décrivons à part cette foliole qui se rattache d’une façon plus ou moins étroite à celles du Pistacia reddita (1) Sap. 414. Phyllites plicato-rugosus (pl. XVI, fig. 5). Ph. foliis vel foliolis coriaceis, sessilibus obovatis, apice obtusatis, superficie plicato-rugosa ; nervis fere immersis; secundariis ante margi- nem curvato-areolatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. L’empremnte que nous figurons ici est celle d’une feuille ou (1) Voy. Et. sur la vég. tert., 1, p. 124; Ann. sc. nal., 4° série, t. XVII, p. 277, pl. AI, fig. 2, FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 131 folhoie obovée, sessile, arrondie-obtuse au sommet, parfai- tement entière, et ridée à la surface. La nervure médiane décroit d'épaisseur de la base au sommet, et se trouve accom- pagnée de secondaires repliées en aréoles le long des bords et à peine visibles. Il est difficile de proposer pour cette feuille une attribution raisonnée. 475. Phyllites repertus (pl. XV. fig. 8). Ph, foliis obovatis, subspathulatis, basi fere sessili nullum in cuneum attenuatis, apice rotundato leviter emarginalis; nervo primario expresso ; secundariis sub angulo aperto emissis, ante marginen curvatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Petite feuille d’une attribution incertaine. Peut-être se trouve-t-on en présence d’une Buméliacée. 416. Phyllites socius (pl. XVI, fig. 11). Ph. foliis sessilibus, elliptico-oblongis, apice obtusissimis, basi atte- nualis, integerrimis ; nervo medio expresso ; secundariis Curvatim areo- latis. Calcaires de la partie inférieure. —— Très rare. Cette feuille ressemble à la précédente par la nervation ; mais elle est plus allongée-ellipsoïde et non émarginée au sommet. Elle dénote une espèce distincte, ayant appartenu peut-être aux Ébénacées ou aux Éricacées. 471. Plhyllides proxämas (pl. XVI, fig. 12). Ph. foliis breviter peliolatis, elliptico-lanceolatis, apice obtusatis, integerrimis ; nervis secundariis curvatis, secus marginem curvato- areolatis. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. La feuille est petite, elliptique-lancéolée, obtuse au som- 132 G. DE SAPORTA. met. Elle diffère peu de celles de l'Andromeda subterranea et doit peut-être lui être réunie. 418. Phyllides exéractus (pl. XVI, fig. 9). Ph. foliis breviter petiolatis, ovatis, apicem versus sensim attenuatis, integerrimis, penninerviis ; nervis secundariis curvatis, ante marginem arcu obtusissimo inter se conjunctis ; tertiariis flexuosis, transversim decurrentibus. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. Il est difficile de préciser une attribution générique à l'égard de cette feuille qui rappelle par son aspect celles des Asclépiadées et quelque peu aussi celles de certaines Sola- nées. 479. Phyllites litigiosus (pl. XVIII, fig. 4). Ph. foliis foliolisve sessilibus, obovato-linearibus, apice obtusatis, integerrimis; nervo primario expresso; secundariis sub angulo aperto emissis, secus marginem curvato-areolatis. Calcaires de la partie inférieure. Petite feuille ou foliole sessile, oblongue, linéaire-obovée, obtuse au sommet. Les nervures secondaires, émises sous un angle ouvert et subopposées, se recourbent en arceau le long des bords. On dirait la feuille de quelque Myriacée ou peut- être la foliole d’un Pistacia. I n’y aurait rien d’invraisem- blable à admettre la réunion de cette feuille considérée comme représentant une foliole, au Pistacia aquensis, dont elle reproduit assez sensiblement l’aspect. 480. Phyllites spinuilosus (pl. XVI, fig. 19). Ph. folis minutis, breviter petiolaüs, lanceolato-linearibus, basi obtuse attenuatis, apice autem acutis, margine denticulatis denticulis FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 133 argute spinulosis ; nervo primario expresso ; secundariis tenuibus sparsis, ante marginem conjuneto-ramosis. Calcaires marneux de la montée d'Avignon, — Très rare. La feuille est petite, étroite, lancéolée-linéaire, pétiolée, marginée et pourvue le long du bord de denticules épineuses. Par l'aspect, cette feuille ressemble aux Baccharites; mais elle est beaucoup plus petite ; elle pourrait avoir appartenu, aussi bien que ceux-e1, à une plante de la famille des Compo- sées. [l existe des feuilles analogues dans les Euphorbes. 481. Fhyllites pachydermus (pl. XVI, fig. 17). Ph. foliis coriaceis, sessilibus, elliptico-oblongis, basi apiceque obtu- satis, margine cartilagineo-cinctis, tenuiter punctulatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Petite feuille ou foliole sessile, entière, cartilagineuse, cernée d’un étroit rebord marginal, obtuse aux deux extrémités et parsemée de ponctuations fines. Il nous à paru difficile de lui assigner une attribution générique tant soit peu vraisem- blable. 482. Phyllites vestitus (pl. XVI, fig. 18). Ph. foliis parvulis, sessilibus, verosimiliter sericeis, utrinque obtu- satis, anguste lineari-ellipticis ; nervis secundariis obliquissime deli- neatis. Calcaires de la partie inférieure. — Assez rare. Les feuilles de cette espèce, dont il existe plusieurs exem- plaires, sont petites, entières, sessiles, étroitement linéaires- ellipsoides, obtuses aux deux extrémités. Elles devaient être recouvertes de poils soyeux et laissent voir, des deux côtés de la médiane, des nervures secondaires presque longitudinales, par suite de leur extrême obliquité, et reliées entre elles par 134 G. DH SAPORTA. des nervilles obliques. On observe des feuilles analogues chez les Thymélées. 483. Phyllites mimosæformis (pl. I, fig. 13). Ph. foliis paripinnatim compositis ; foliolis sessilibus, in cuneum inæ- qualiter basi attenuatis, apice truncatis, nervulis plurimis longitudina- liter percursis, ad apicem petioli communis conjugalis, deflexisque. Calcaires marneux de la montée d'Avignon. — Très rare. Il se peut que nous ayons ici sous les veux l'empreinte d’un segment de feuille d’une Mimosée, présentant une foliole encore en place à l'extrémité du pétiole commun et laissant entrevoir l’origine de la foliole attachée en regard de celle dont notre figure reproduit l'empreinte. L’échantillon est trop imparfait pour donner lieu à une détermination tant soit peu rigoureuse. 8. ANTHITES Schimp. Les fleurs, les calices ou corolles, les réceptacles et Îles débris d’inflorescence, d’une attribution générique incertaine, se trouvent réunis sous la dénomination commune d’Anthites, due à Schimper. 484. Anthites exul (pl. XVI, fig. 25, et pl. XVIT, fig. 20). À. floribus, ut videtur, hepta-octomeris, corollam stellatim 7-8 parti- tam calycis ad faucem insertam vel semisuperam proferentibus, tubi calyeini infundibuliformis, cum ovario plus minusve deorsum coaliti segmentis sursum acuminatis dorsoque medio carinatis, cum corollæ lobis segmentisve totidem, breviter lanceolatis alternantibus. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. Les caractères de cette fleur fossile, dont 1l existe au moins deux exemplaires, reproduits par nos figures 25, planche XVF, et 20, planche XVIT (grossis en 925* et 20*), sont diffi- FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 135 ciles à préciser, bien que le calice et la corolle paraissent respectivement occuper leur place naturelle et que leur état de conservation soit satisfaisant. — On distingue à coup sùr un calice gamopétale, en forme de tube en entonnoir à la base et renfermant, à ce qu'il paraît, l’ovaire inférieurement, s'évasant au-dessus de lui pour donner lieu dans le haut à cinq divisions ou segments à demi élalés, acuminés et distincte- ment carénés sur le milieu de leur face dorsale. L’organe dans son intégrité devait comprendre de sept à huit segments. Sur le pourtour intérieur du tube calieimal se trouve insérée la corolle dont on aperçoit les lobes soudés entre eux inférieu- rement. Lancéolés-obtus, pourvus chacun d’une nervure médiane, ils alternent régulièrement avec les segments cali- cinaux. Après des recherches répétées, le rapprochement le moins invraisemblable à proposer pour cette fleur éocène nous a paru se rencontrer parmi les Primulacées, les Myrsinées et les Saxifragacées, peut-être encore chez les Lythrariées, plutôt que dans d’autres régions de l’ensemble des Dycotilées. Nous ne saurions rien ajouter de précis à cette vue toute conjectu- rale. 485. Amthites spoliatus (pl. XX, fig. 2). A. calyce breviter pedunculato, urceolato, corolla destitulo, sursum 4-5 partito ; segmentis erecliusculis, obtuse acuminatis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. On distingue un très petit calice urcéolé, soutenu par un court pédoncule, et divisé en quatre ou peut-être en cinq seg- ments, connivents dans le bas, puis faiblement divariqués, acuminés-obtus au sommet. L'intérieur parait vide. L’attri- bution est difficile par défaut de caractères différentiels. 486. Améhites trifidus (pl. XVI, fig. 4). A. calyce ? persistente, deorsum breviter in infundibulum angustato, 136 G. DE SAPORTA. 4-carinalo, sursum in segmenta verosimiliter quatuor, patentim expansa acuminataque dissecto. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Ilest difficile de définir l'organe que nous avons ici sous les yeux. Serait-ce un calice persistant et détaché, un méri- carpe d'Ombellifère ou simplement une bractée scarieuse dans le genre de celle des Betula? Nous pensons plutôt recon- naître en lui un calice tubuleux inférieurement, divisé dans le haut en quatre segments étalés et distinctement carénés sur le milieu de leur face dorsale. 487. Amthites fragilis (pl. XVII, fig. 18). A. calycibus patentim brevissime tubulosis, gregatim pedicellatis, ovarium fructumve verosimiliter tegentibus, in segmenta obtuse acuta erectaque sursum partitis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. On reconnait dans cette empreinte le fragment détaché d’une inflorescence, comprenant deux pédicelles réunis par sympodie sur un pédoneule commun. Chaque pédicelle se trouve surmonté d’une fleur fécondée, dont la figure 18°, planche XVIT, reproduit fidèlement l'aspect. La fleur est con- stituée par un calice gamosépale en tube court et ouvert, sur- monté de cinq segments érigés, en pointe obtuse peu prolon- gée. L'intérieur du calice semble occupé par un ovaire engagé à plusieurs loges ou compartiments. Il est difficile de porter un Jugement sur cet organe. 488. Amthites caryophylloides (pl. XVII, fig. 17). À. calyce tenuiter pedicellato, campanulato, ore parum restricto in lacinia quinque acuminata tortiliaque sursum dissecto ; stylis duobus linearibus exsertis erectisque. Caleaires de la partie inférieure, — Très rare. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 137 Nous pensons reconnaître dans cette fleur, dont notre figure 17° donne tous les détails grossis, une Caryophyllée. Du moins, les fleurs de beaucoup de plantes de ce groupe présen- tent le même aspect que l'organe fossile, lorsque, à la suite de la fécondation, les calices persistent après la chute des pétales et le gonflement de l'ovaire recouvert par le tube calicinal. On distingue ici les segments étroitement acuminés de ce tube et, au milieu, les traces de deux styles exserts, érigés et linéaires. 489. Amthites obscurus (pl. XVIT, fig. 22). A. calycis vel corollæ partibus segmentisve linearibus, acuminatis, erecto-patentibus, uninerviis. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. On distingue assez confusément les divisions étroitement linéaires et acuminées dans le haut, érigées et conniventes, d’une fleur trop indistincte dans les détails de son organisa- tion pour pouvoir se prêter à une interprétation raisonnée. 490. Améhites residuus (pl. XVI, fig. 22). À. corollæ aut floris adhuc clausi partibus in globulum ovatum squa- mulis linearibus ad basin involueratum coalitis. Calcaires de la base, — Très rare. Il paraît difficile de saisir la vraie nature de cette empreinte qui semble se rapporter aux parties encore closes et serrées en bouton d’un organe floral, involucré à la base par une collerette de petites bractées linéaires. 491. Amdhites elauswus (pl. XX, fig. 20). À. calyce aut ovario conico adhuce clauso, receptaculo sessili, ut vide- tur, imposito. : Calcaires de la partie inférieure. — Très rare, 138 G. DE SAPORTA. Sorte de bouton ou d’ovaire clos et de forme conique, qui repose sur un réceptacle sessile, à peine visible. y. CARPITES Schimp. Les fruits ou parties de fruits ; les carpelles détachés, les capsules ou loges et les ovaires fécondés se trouvent compris sous cette dénomination générique, proposée par Schimper. 492. Carpites capsularis (pl. XVI, fig. 21). C. capsula breviter ovata, sessili, lobis calycinis basi suffulta, ore aperta, valvis inter se deorsum coalitis parce hiantibus. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. On distingue l'empreinte d’un fruit capsulaire, ovoide, dont les valves, soudées inférieurement, déhiscentes dans le haut, s’écartent peu. Par sa structure apparente, ce fruit fossile rappelle les capsules d’Andromeda. 493. Carpites trapæformis (pl. XVII, fig. 11). C. fructu sessili, nucamentaceo?, coriaceo, parvulo, sensim deorsum attenuato, apice in discum margine, ut videtur, spinosum dilatato. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Notre figure 11° représente, sous un assez fort grossisse- ment, les caractères visibles de ce petit fruit, qui rappelle celui des Trapa par sa conformation apparente, sur des dimen- sions très réduites. 494. Carpites nucamentosus (pl. XVIL, fig. 3-4). C. fruciu nucamentaceo, sessili, 3-4 ovato-conico, longitudinaliter coslulato, in apicem breviter acuminato. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 139 Nos figures 3 et #, planche XVIT, reproduisent l’aspeet de ce fruit, la figure # d’après un moule en relief, Il ressemble à celui des Fagus sous des dimensions très réduites ; mais il existe aussi des fruits similaires par leur apparence extérieure dans les Polygonées et plusieurs autres groupes. 495. Carpites appendiculatus (pl. XVII, fig. 5). C. carpellis seminibusve e corpore nucamentaceo, compresso, orbi- culari striatoque constante, desuper in alam membranaceam breviter obtuseque attenuatam, apice leviter emarginatam expansa. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. L’organe représenté par la figure 5, et grossi en 5°, se rap- porte soit à un carpelle samaroïde, soit à une graine pourvue supérieurement d’un appendice membraneux et court, atté- nué-obtus et légèrement émarginé au sommet. Nous avons remarqué de la ressemblance entre cet organe fossile et les Légumes monospermes et samaroïdes du Psora- bea bituminosa L.; nous ne donnons pourtant ce rapproche- ment que sous toutes réserves. 496. Carpites sulcato-rugosus (pl. XX, fig. 1). G. valva capsulari ovata, medio septifera, dorso lenuiter ruguloso- sulcala. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Inous est impossible d’assigner une attribution tant soit peu précise à cette empreinte qui se rapporte à une valve détachée d’un fruit capsulaire. Elle ressemble à celles de certains fruits de Célastrinées et de Pittosporées, groupes représentés dans La flore d’Aix par des feuilles. 497. Carpites discoidalis (pl. XX, fig. 4). C. fructu sessili, minuto, monospermo, disco epigyno superato, Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. 140 G. DE SAPORTA. L’organe reproduit par notre figure 4, planche XX, et fortement grossi, d’après un moule, en 4° fait voir un petit fruit, peut-être un carpelle détaché, monosperme et surmonté d’un disque épais. Ise peut qu’on doive reconnaître dans cette empreinte, celle d’un méricarpe d'Ombellifère. 498. Carpites glomeradus (pl. XX, fig. 21). CG. fructu e carpellis plurimis contiguis, coadunatis, verticillatim ordi- natis effecto. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. I semble que l’on doive ici reconnaitrele fruit pluricarpellé d’une Malvacée, constitué par un verticille de carpelles con- tigus et à demi adhérents entre eux. Notre figure 21°, qui reproduit l’organe fossile assez fortement grossi et d’après un moule en relief, rend fidèlement son aspect. 499. Carpites punetuladus (pl. XX, fig. 10-11). CG. fructu capsulari, ovato, apice attenuato, extus punctato-rugosulo, basi breviter pedicellato. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. Ce fruit capsulaire, ponctué finement et chagriné à l’exté- rieur, plus ou moins atténué en pointe au sommet, doit être réuni peut-être à ceux que nous avons attribués précédemment au Populus Heeri. Ge sont des deux parts la même apparence chagrinée de lasuperficie et une terminaison supérieure en bec obtus. Pourtant, l'organe encore closne laisse pas entrevoir de suture valvaire, et nous avons préféré le décrire à part plutôt que de le confondre mal à propos avec des capsules de Popu- lus. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 141 # 000. Carpites decipiens (pl. XX, fig. 22-26). CG. carpellorum valvis, ab axi ad maturitatem solutis, coriaceis, extus rugosis, sursum in appendicem plus minusve acuminatum productis. Calcaires de la partie inférieure. — Assez rare. Les organes que nous figurons sous cette dénomination consistent, à ce qu'il semble, en des valves carpellaires, déta- chées à la maturité, coriaces, terminées en pointe ou même appendiculées au sommet, rugueuses à l'extérieur et plus ou moins comprimées dans le fruit. Ces valves montrent l’une ou l’autre face, l’extérieure rugueuse et ridée (fig. 23-95), l’in- térieure (fig. 22) avec la trace de graines appliquées contre cette face. I nous serait difficile de marquer une affinité plus précise et nous renvoyons à nos figures grossies, 22° et 22”, 25° et 24°, 25 et 26, qui reproduisent fidèlement les détails grossis et en relief, d’après des moules, de ces organes dont la détermination générique nous échappe. 001. Carwpiées pusällus (pl. XX, fig. 7). GC. carpellis acheniisve minutis, firme membranaceis, compressis, sessilibus, ovalis, sursum breviter acutis, superficie venulosis. Calcaires de la partie inférieure, — Trés rare. Il ne semble pas invraisemblable de reconnaitre dans ce petit fruit, dont notre figure 7‘ reproduit l'aspect sous un assez fort grossissement, le carpelle détaché, mutique, comprimé, submembraneux, de quelque Renonculacée. 002, Carwpites imceréns (pl, XX, fig, 19). C. fructu aut ovario minuto, ovato, breviter sursum obtuse attenualo, longitudinaliter levissime delineato. Petit fruit ovale sessile, atténué obtusément au sommet, dont il paraît impossible de préciser l'attribution. 142 G. DE SAPORTA. & 003. Carpites collectus (pl. XVIT, fig. 19). C. fructu baccæformi, ovato, parvulo, superficie lævi, obscure longitu- dinaliter delineato. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Petit fruit lisse ovoïde, très finement strié dans le sens lon- oitudinal, sessile et obtus au sommet. Il peut être assimilé à une foule d'organes ayant la même apparence, sans qu’il soit possible de rien préciser à son égard. 004. Carpites compressus (pl. XVIII, fig. 12). C. fructu verosimiliter baccato, late globoso, plus minusve carnoso, superficie tenuissime granuloso. Calcaires de la partie inférieure. — Très rare. Peut-être faudrait-il reconnaitre le fruit de quelque Lau- rinée dans cette empreinte d’un organe bacciforme ou dru- poide, charnu, ovoide-globulaire, comprimé et couvert de fines granulations épidermiques, dont notre figure 12" reproduit la disposition. Ô. SPERMITES Sap. Sous cette dénomination se trouvent comprises toutes les graines de nature indéterminée dont ia description suit. 005. Spermites semialatus (pl. XX, fig. 27-28). S. semine compresso, ovato-ellipsoideo, medio leviter carinato, in alam margine fimbriatam sursum exeunte. Calcaires de la partie inférieure. — Rare. On distingue une graine oblongue, comprimée, assez dis- tinctement carénée dans le milieu, atténuée en pointe dans le FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 143 haut, mais accompagnée dans sa moitié supérieure d’une marge ou appendice ailé, membraneux et fimbrié vers le bord. Nous rapportons avec doute à la même espèce une seconde empreinte, figure 28, planche XIX, dont l'aspect est à peu près sem- blable, mais qui se rattache peut-être à un organe très diffé- rent. 506. Spermites pilosus (pl. XX, fig. 29). S. semine acheniove ovoideo, apice obtusato, pilis rigidiusculis erectis dense veslito. Calcaires de la partie inférieure, — Très rare. L’organe fossile représente, à ce qu'il semble, une graine poilue à la base, comme celles des Sahix ; 11 peut également être rapporté à un achaine de Graminées, vêtu de poils, comme il en existe plusieurs exemples dans cette famille. 507. Spermites hians (pl. XX, fig. 12-15). S. seminibus minulis ovoideis, raphe laterali instructis, ad micropylen, germinationis effectu, apertura lubiformi donatis. Calcaires de la partie inférieure. — Assez répandu. Les organes que nous signalons 1ci sont répandus dans les lits du gisement d'Aix et parfois dans un parfait état de conser- vation. On dirait, au premier abord, d’un ovaire infère etsessile, surmonté d’un disque calicinal épigyne ; mais une attention soutenue fait découvrir sur eux un raphé latéral en forme de bourrelet, de telle sorte que l’on est amené à croire que le disque prétendu répond plutôt à une ouverture, en forme de saillie tubuleuse, du micropyle, ouverture qui aurait été le résultat d’un commencement de germination. En conséquence, nous serions porté à reconnaitre dans ces petits organes des graines de Nymphéacées à divers degrés de développement et pourvues à l'endroit du micropyle d’une ouverture béante, plus ou moins prolongée en saillie. 144 &. DIE SAPORTA. VUES D’ENSEMBLE En réunissant toutes les notions recueillies jusqu’à ce jour dans trois études successives, etles combinant de facon à exclure autant que possible les erreurs provenant des doubles emplois, on reconnait que la flore fossile d'Aix, d’après les découvertes les plus récentes, se trouve composée ainsi qu'il suit : ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE DE TOUTES LES ESPÈCES RECUEILLIES JUSQU'A CE JOUR DANS LE = = CRYPTOGAMÆ Fungi. . Phyllerium inquinans Sap. . Sphæria proæima Sap. . Sphæria minutula Sap. . Sphæria Cinnamomi Sap. . Sphæria baccharicola Sap. . Sphæria Bumeliarum Sap. . Sphœæria Vaccinit Sap. . Sphæria transiens Sap. . Depazea Andromedæ Sap. Chiaracese. Chara gypsorum Sap. Hepaticæ. . Marchantia dictyophylla Sap: Bljttia? mullisecta Sap: Jungermannites pulcher Sap. Musei, Gymnostomum minutulum Sap. . Fissidens antiqtus Sap. 16. LT. 18. 19: 20. 21. 99 29. 23. [RS] ré GISEMENT D'AIX Bryum gemmiforme Sap. Polytrichum aquense Sap. Leptodon plumula Sap. Thuidium priscum Sap. Muscites redivivus Sap. Muscites pereger Sap. Palæothecium ambigquum Sap. Palæothecium Sap. proæmimum . Palæothecium operculatum Sap. Filices. Chrysodium dilaceratum Saps ). Chrysodium minus Sap Pteris aquensis Sap. . Pteris caudigera Sap. . Pieris dispersa Sap. . Pieris disjecta Sap: . Gheilanthes primæva Sap. . Phegopteris provincialis Sapi 3. Gleichenia désiruttà Sap: 4. Lygodium parvifolium Sap. A: 60. Gi. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. . Lygodium exquisitum Sap. Lygodium tenellum Sap. . Lygodium distractum Sap. Marattia modesta Sap. Salvimiaceæ. . Salvinia aquensis Sap. Isoteacez. . Isoetopsis subaphylla Sap. GYMNOSPERMÆ Abietinezæ. Abies abscondita Sap. . Abies palæostrobus Sap. . Pinus brachylepis Sap. Pinus tetraphylla Sap. . Pinus gracilis Sap. . Pinus sodalis Sap. . Pinus senescens Sap. Pinus seminifer Sap. . Pinus vetustior Sap. Pinus robustifolia Sap. . Pinus Philiberti Sap. 2. Pinus Coquandii Sap. Pinus aquensis Sap. Pinus humilis Sap. . Pinus advena Sap. (1). . Pinus parvula Sap. Cupressineæ. . Callitris Brongnartii Endl. . Philibertia exul Sap. . Libocedrites salicornioides Endl, Chamæcyparites massilien- sis Sap. Widdringtonia brachyphylla Sap. Juniperus ambiqua Sap. Taxines. 3. Podocarpus qypsorum Sap. 64. Go. 66. 61: 68 ù 69. S4. 39. 90. CL 92. 93. 94. 95. 96. 145 Podocarpus eocenica Ung. Podocarpus proxima Sap. Podocarpus Lindleyana Sap. Podocarpus gracilis Sap. Podocarpus taxites Ung. Gnetaceæ. Ephedra nudicaulis Sap. ANGIOSPERMÆ Î. MONOCOTYLEÆ Graminesz. . Poacites glumaceus Sap. . Poacites distichus Sap. 2. Poacites triticeus Sap. Poacites spicans Th. . Poacites Schimperi Hr. Poacites ovatus Sap. . Poaciles refertus Sap. . Poacites residuus Sap. . Poacites corrugatus Sap. Poacites spoliatus Sap. . Poacites restiaceus Sap. . Poacitles vaginatus Sap. . Poucites rescissus Sap. . Poacites nervosus Sap. Poacites caricifolius Sap. . Poacites tæniatus Sap. . Poacites bambusinus Sap. Poacites exaratus Sap. . Poacites glycerioides Sap. Poacites firmior Sap. Poacites striatulus Sap. Poacites adscriptus Sap. Arundo lacerata Sap. Cyperacezæ. Carex Philiberti Sap. Carex cornuta Sap. Carex acutior Sap. Carex apiculata Sap. (1) Observée au dernier moment, cette espèce n’a pu être décrite. 7° série, BOT. €. X (Cahier n° 8). 10 Gt. HR . Careæ sodalis Sap. . Carex diffusa Sap. 9. Carex assimilis Sap. Carex adjunctus Sap. Carex costinervis Sap. Carex effossus Sap. Carex lacerus Sap. Carex notandus Sap. Carex plicatifolius Sap. Carex detectus Sap. Garex reflexus Sap. Carex gracilis Sap. Carex intricatus Sap. Carex Schænoides Sap. Centrolepideæ. Podostachys minutiflora Sap. Rhizocauleæ. . Rhizocaulon gypsorum Sap. . Rhizocaulon perforatum Sap. Palamac. . Flabellaria Lamanonis Brnet. . Flabellaria litigiosa Sap. 5. Flabellaria costata Sap. . Sabalites Latania (Rossm.) Sap. . Sabalites major (Ung.) Sap. . Sabalites præcursoria Sap. . Palworachis subgracilis Sap. Palworachis distans (Ett.) Sap. 2, Palæorachis fleæuosa (Ett.) Sap, . Palworachis prisca Sap. . Palmacites aquensis Sap. . Palmacites canadetensis Sap. Mracelieëc. . Dracænites Brongniarti Sap. 149. . Musophyllum S A POR'R'A. 427. 128. 129. 150. Dracænites sepultus Sap. Dracænites resurgens Sap. Dracænites minor Sap. Dracænites pusillus Sap. Smilaceæ. 91. Smilax rotundiloba Sap. . Similax Coquandii Sap. 3. Smilax Philiberti Sap. Irideaæ. 4. Iridium aquense Sap. . Jridium latius Sap. 5. Crocus atavorum Sap. Alismacez. . Alismaciles lancifolius Sap. Hydrocharidezæ. Vallisneria bromeliæformis Sap. X'yphacea. . Sparganium styqium Hr. . Spargantium striclum Sap. . Typha latissima Hr. . Typha angustior Sap. Naiadeæ. . Potamogeton filiformis Sap. . Potamogeton erectus Sap. . Potamogeton cœæspitans Sap. . Potamogeton asperulus Sap. . Potamogetontrinervius Sap. Seitamimesz. speciosum Sap. Zingiberites peliolaris Sap. Il. DICOTYLEÆ l. Apetale. Myricacezæ. . Myrica palæocerifera Sap. 151. 152. 153. 154. 155. 156. 454 158. 159. 160. 161. 162. 165. 164. 169. 166. 167. 168. 169. 1707 174. 172. 173. 174. 175. 176. 177. 178. 1619; 180. 181. 182. 185. 184 FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. Myrica levigata (Hr.) Sap. Myrica aquensis Sap. Myrica Saportana Schimp. Myrica sinuata Sap. Myrica angustata Schimp. Myrica elongata Sap. Myrica ilicifolia Sap. Myrica iliciformis Sap. Myrica dryomorpha Say. Myrica aculeata Sap. Myrica Matheronii Sap. Myrica pseudodrymeja Sap. Myrica palæomera Sap. Betuiacezæ. Alnus antiquorum Sap. Betula stenolepis Sap. Betula sodalis Sap. Corylacez. Ostrya humilis Sap. Cupuliferæ. Quercus aquisextana Sap. Quercus salicina Sap. Quercus elæna Ung. Quercus palæophellos Sap. Quercus elæomorpha Sap. Quercus luuriformis Sap. Quercus socia Sap. Quercus areolata Sap. Quercus elliptica Sap. Quercus ilicina Sap. Quercus antecedens Sap. Quercus spinescens Sap. Ülmacezæ. Microptelea Marioni Sap. More. Ficus pulcherrima Sap. Ficus venusta Sap. Ficus platanifolia Sap. . Ficus supersies Sap. 185. 186. 187. 188. 147 Salicine:e. Populus Heerii Sap. Salix aquensis Sap. Salix demersa Sap. Salix retinervis Sap. Chenopodiacesz. - Chenopodites helicoides Sap. . Oleracites Beta prisca Sap. Laurimes. . Laurus primigenia Ung. . Laurus gypsorum Sap. . Phœbe aquensis Sap. . Oreodaiphne vetustior Sap. . Oreodaphne gracilis Sap. . Oreodaphne detecta Sap. . Oreodaphne restituta Sap. . Cinnamomum lanceolatum Sap. . Cinnamomum elongatum Sap. . Cinnamomum polymorphum Sap. . Cinnamomum ovale Sap. 2. Cinnamomum Scheuchzeri Hr. . Cinnamomum Buchii Hr. . Cinnamomum spectabile Hr. . Cinnamomum rotundatum Hr. . Cinnamomum sextianum Sap. . Cinnamomum aquense Sap. . Cinnamomum emargina- tum Sap. . Cinnamomum minutulum Sap. . Cinnamomum subtiliner- vium Sap. . Cinnamomum palæocarpum Sap. 148 212. 213. 214. 215. 216. 247. 218. So © LO 19 © 19 RO © — 19 RO LO © — LO © = Co 295. 2926. 221. 298. 2929. 230. 231. 23 234. 239. 236. 231. 2938. 239. 240. M. HDI SAHPŒET'A. Cinnamomum apiculatum 241. Cypselites fractus Sap. Sap. 242. Cypselites trisulcatus Sap. Daphnogene coriacea Sap. 243. Cypselites spoliatus Sap. Daphnogene amplior Sap. 244. Cypselites tenuirostratus Daphnogene parvula Sap. Sap. Daplinogene lacera Sap. 245. Hieracites stellatus Sap. Samtalaceæ, Osyris primæra Sap. Osyris socia Sap. Thymeleæ. . Daphne relicta Sap. Daphne impressa Sap. Daphne distracta Sap. Daphne acutior Sap. . Daphne minuta Sap. . Pimelea obscura Sap. Proteaceæ. Proteoides extincta Sap. Proteoides minor Sap. Proteoides petiolaris Sap. Proteoides Philiberti Sap. Proteoides longissima Sap. Grevillea coriacea Sap. Grevillea provincialis Sap. 2. Gamopetale. Compositæ. Baccharites sinuatus Sap. . Baccharites salicinus Sap. Baccharites acerosus Sap. Baccharites aquensis Sap. Baccharites obtusatus Sap. Cypselites gypsorum (1) Sap. Cypseliles stenocarpus Sap. Cypselites Philiberti Sap. Cypselites aquensis Sap. 19 © ot L Lo QT CO 2517. 258. 259. 260. 261. 262. 263. 264. 265. 266. 267. . Hieracites nudatus Sap. Oleaceæ. Olea (Notelea) grandeva Sap. Olea proxima Say. . Fraxinus longinqua Sap. . Jasminum palæanthum Sap. A pocynacezæ. . Nerium repertum Sap. . Nerium exile Sap. . Apocynophyllum macilen- tum Sap. Solanacez. . Solanites Brongniartii Sap. Hignoniacezæ. Catalpa microsperma Sap. Catalpa palæosperma Sap. Myrsineæ. Myrsine subretusa Sap. Myrsine spinulosa Sap. Myrsine acuminata Sap. Myrsine linearis Sap. Myrsine recuperata Sap. Myrsine confusa Sap. Myrsine pachyderma Sap. Myrsine miranda Sap. Myrsine punctulata Sap. Myrsine reperla Sap. Myrsine emarqginata Sap. (1) Nous avons remarqué en dernier lieu un grand rapport. entre le Cypse- lites gypsorum et les achaines du Gatananche cærulea L., espèce caractéris- tique de la flore provençale, aux environs d’Aix. 268. 269. 1 1 —1 19 = © 298: 294. 295. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. Myrsinites primævus Sap. Myrsinites palæanthus Sap. Sapotaceæ. Sapotacites exul Sap. . Bumelia subspathulata Sap. Bumelia oreadum Ung. . Bumelia expansa Sap. . Bumelia minuta Sap. Siyraceæ. Styrax atavium Sap. Ebenacezæ. Diospyros precursor Sap. . Diospyros rhododendrifolia Sap. Diospyros corrugata Sap. 9. Diospyros discreta Sap. Diospyros ambiqua Sap. . Diospyros pyrifolia Sap. 2. Diospyros varians Sap. . Diospyros multinervis Sap. . Diospyros involucrans Sap. . Diospyros rugosa Sap. . Diospyros oocarpa Sap. . Diospyros adscripta Sap. Ericaceæ. . Andromeda mucronata Sap. . Andromeda pulchra Sap. . Andromeda sublterranea Sap. . Andromeda abbreviata Sap. 2. Andromeda atavia Sap. Andromeda adjuncta Sap. Andromeda adscribenda Sap. Vaccinies. Vaccinium obscurum Sap. 296. 201 298. 200! 900. 901. 302. 903. 304. 305. 306. 907. 308. 309. 310. 311. 312. 313. 914. 919. 916. 920. 321. 149 Vaccinium aquense Sap. Vaccinium ellipticum Sap. Vaccinium secernendum Sap. Vaccinium proximum Sap. Vaccinium admissum Sap. Vaccinium minutifolium Sap. Vaccinium parvulum Sap. Vaccinium numullarium Sap. 3. Dialypelale. Araliaceszæ. Aralia transversinervia Sap. Aralia corrugata Sap. Aralia retinervis Sap. Aralia spinulosa Sap. Aralia tripartita Sap. Aralia multifida Sap. Aralia rediviva Sap. Aralia aquisextana Sap. Aralia calyptrocarpa Sap. Aralia racemifera Sap. Aralia resurgens (1) Sap. Aralia bicornis Sap. Aralia paratropriwformis Sap. 1. Aralia cristata Sap. . Hedera Philiberti Sap. Ombelliferaæ. . Peucedanites œthusæformis Sap. Peucedanites coronalus Sap. Corne. Cornus confusa Sap. (1) Nous substituons ce nom à celui de rediviva (n° 159 de la Révision) comme faisant double emploi avec lune des espèces précédentes. 150 322, 929. 324. 926. . Sapindus G. Ranuneulacesæ. Ranunculus Sap. Clematis nudistyla Sap. palwocarpus Nymphæncezæ. Nymphæa gypsorum Sap. Nymphea parvula Sap. An«wctomeria nana Sap. Masnolincez. . Magnolia Dianæ Ung. . Magnolia proxima Sap. Berhberidesæ. Berberis (Mahonia) aculeata Sap. Crucifers. Isatides microcarpa Sap. Isatides capselloides Sap. Sterculiacesæ. Bombax sepultiflorum Sap. Sterculia tenuiloba Sap. Polygalesæ, Polygala pristina Sap. Acerineæ. o. Acer sexlianum Sap. Acer oligopteryæ Sap. Sapindacesz. drepanophyllus Sap. Sapindus lacerus Sap. Cedrelaceæ. Cedrelospermum Sap. aquense . Cedrelospermum Philiberti Sap. Cedrelospermum abietinum Sap. 342. 349. 345. 946. 302. 309. 304. 369. 306. . Celastrus . Celastrus DIE SAPORTA. Cedrelospermum cultratum Sap. Cedrelospermum cyclopte- rum Sap. . Cedrelospermum refractum Sap. Zygoyphyllezæ. Zygophyllum primæevum Sap. Zygophyllum cyclopterum Sap. Pittosporeaæ. . Pitiosporum Fenzlii Et. Pittosporum laurinum Sap. 9, Pittosporum pulchrum Sap. Pittosporum latifolium Sap. Celastrinez. pseudo - Bruck- manni Sap. . Celastrus adscribendus Sap. Celastrus venulosus Sap. banksiæformis Sap. Celastrus emarginatus Sap. Celastrus lacerus Sap. . Celastrus gracilior Sap. . Celastrus crenulatus Sap. . Celastrus Adansoni Sap. Celastrus Salyensis Sap. Hlicinesæ. llex Salyorum Sap. HRlhammez. Rhamnus approxæimatus Sap. Rhamnus cyclophyllus Sap. Paliurus tenuifolius Sap. Zizyphus paradisiaca Hr. ZLizyphus ovata 0. Web. 307. 268. 3069. 310. ou 312. 319. 314. 919. 310. 311. 318. 319, 380. 381. 382. 909 384. 989. 380. 387. 388. 389. 390. 291. 392. 393. 994. 399. 396. 397. 398. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 399. 400. Iuglandess. Engelhardtia atavia Sap. Annenréinces. Pistacia reddita Sap. Pistacia aquensis Sap. Rhus palæophylla Sap. Rhus rhomboidalis Sap. Rhus adscripta Sap. Rhus effossa Sap. Rhus macilenta Sap. Rhus minulissima Sap. Rhus denticulata Sap. Rhus gracilis Sap. Rhus distracta Sap. Rhus oblita Sap. Rhus abbreviata Sap. Heterocalyx Ungeri Sap. Anacardites spectabilis Sap. Anacardites spondiwfolius Sap. Fanthoxylien. Zanthoxylon aquense Sap. Ailantus prisca Sap. Ailantus lancea Sap. Ailantus minutissima Sap. Myrinces, Callistemophyllum priscum Sap. Myrtus rugosa Sap. Myrtus corrugata Sap. Myrtus palwogæea Sap. Myrtus aquensis Sap. Myrtus priscorum Sap. Pomaees. Cotoneaster protogæa Sap. Cotoneaster obscurata Sap. Cotoneaster assimilanda Sap. Cotoneaster major Sap. Cotoneaster minuta Sap. 401. 151 Cotoneaster socia Sap. Coioneaster primordialis Sap. Aus ygdales. Amygdalus obtusata Sap. LEGUMINOSEÆ a. Loteæ. . Trifolium palwogæeum Sap: . Trifolium protocalyx Sap. . Caragjana aquensis Sap. . Cylisus palæocarpus Sap. 6. Vieieæ. . Ervites primævus Sap. Y. FPhascoleæ. . Phaseolites obconicus Sap. . Phaseolites cliteriæformis Sap. [d. Sophores. . Calpurnia microcarpa Sap. . Sophora assimilis Sap. E. Dalbergiesz. . Dalberqgia phleboptera Sap. . Dalbergia provincialis Sap. . Dalbergia microcarpa Sap. . Dalberqia selecta Sap. . Dalbergia oligosperma Sap. . Dalbergia superstes Sap. . Dalbergia affinis Sap. . Dalbergia adjuncta Sap. . Dalbergia collecta Sap. . Dalbergia minima Sap. . Dalbergia emarginata Sap. 1. Cæsalpinieæ. Gymnocladus modesta Sap. . Gœsalpinites dispersus Sap. . Cœæsalpinites proximus Sap. . Cæsalpinites gracilis Sap. 426. Ceæsalpinites cassiwformis Sap. 427. Cœæsalpinites adjunctus Sap. 428. Cæsalpinites colligendus Sap. 429. Cæsualpinites oxycarpus Sap. 430. Cassia aquensis Sap. 431. Gleditschia? dissociata Sap. 2. Cercis antiqua Sap. 0. Mimoseæ. . Mimosa deperdita Sap. . Mimosa macroptera Sap. ». Mimosa Philiberti Sap. ). Acücia julibrizoides Sap. . Acacia pleiosperma Sap. . Acacia seminifera Sap. . Acacia obscura Sap. . Acacia lacerata Sap. . Acacia poinsianoides Sap. 2. Acacia brevior Sap. . Acacia aquensis Sap. . Acacia brachycarpa Sap. . Acacia exilis Sap. . Acacia longinqua Sap. . Acacia gracillima Sap. . Acacia oblita Sap. . Acacia assimilanda Sap. . Acacia discreta Sap. . Acacia adscripta Sap. Lt. Leguminosæ sedis incertæ. L =] 452. Lequminosites microsper- nus Sap. 453. Leguminosites verrucosus Sap. 454. Lequminosites colligendus Sap. 455. Lequminosites derelictus Sap. @. DE SAPŒORIHA. $ 456. Legquminosites pistacinus Sap. 497. Leqjuiminosiles assimilis Sap. 458. Leqjuminosites superstes Sap. 459. Lequminosites restitutus Sap. SPECIES DICOTYLEARUM 465. 466. 467. 468. 469. 4710. . Phyllites pachydermus Sap. . Phyllites vestitus Sap. . Phyllites 474. 475. 476. 471. 478. 419. 480. 481. . Phyllites SEDIS INCERTÆ 1. Phyllites. . Phyllites debilis Sap. . Phyllites squamosus Sap. . Phyllites assimilis Sap. . Phyllites pisiaciæformis Sap. plicato-rugosus Sap. Phyllites repertus Sap. Phyllites socius Sap. Phyllites proximus Sap. Phyllhtes extractus Sap. Phyllites litigiosus Sap. Phyllites spinulosus Sap. munmosæformis Sap. 2. Anthites. Anthites exul Sap. Anthites spoliatus. Sap. Anthites trifidus Sap. Anthites fragilis Sap. Anthites caryophylloides Sap. Anthites obscurus Sap. Anthites residuus Sap. Anthites clausus Sap. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 153 490. Carpites glomeratus Sap. ls 6 | 491. Carpites punctulatus Sap. 482. Carpites circumcinclus Sap. 392, Carpites decipiens Sap. 3x Carpites. Qc AAA Un A : E à 483. Carpites diplerus Sap. 493. Carpites pusillus Sap. 4184. Carpites capsularis Sap. 494. Carpites incertus Sap 489. Carpites trapæformis Sap. 495. Carpites collectus Sap. 486. Carpites nucamentosus Sap. 496. Carpites compressus Sap 487. Carpites appendiculatus Sap. 4. Spermites. 488. Carpites sulcato-rugosus 497. Spermites semialatus Sap. Sap. 498. Spermites pilosus Sap. 489. Carpites discoidalis Sap. 499. Spermites hians Sap. Ainsi, l’ensemble, en chiffre rond, forme un total de 500 espèces, en tenant compte de celles qui n’ont pu être rapportées, avec quelque probabilité, à une famille déter- minée. C’est la flore la plus nombreuse qui ait été encore sionalée à l’état fossile (1) comme provenant d’un niveau déterminé et d’une seule localité. Elle ne comprenait que 237 espèces lors du dernier supplément publié en 1872 (9), c’est donc une suite d’au moins 262 espèces ajoutée à celles déjà connues, après retranchement des doubles emplois et des attributions fautives. Gelles-ci sont loin d’être sans impor- tance puisque, d’une part, les Lomatites ont été reportés dans les Composées et que, d'autre part, les Leptomeria viennent d’être reconnus comme représentant les débris de l'inflorescence des anciens Palmiers. — Il est donc à la fois utile et intéressant de reprendre cette flore maintenant explo- rée à fond et reconstruite, pour ainsi dire, dans ses éléments les plus essentiels, afin de l’apprécier et de définir ses traits, ses proportions, ses affinités, dans ce qu'ils offrent de plus caractéristique. Examinons en premier lieu dans quelle mesure une pareille adjonction de formes nouvelles aura influé sur les relations (1) La flore fossile d'Oeningen qui se place immédiatement après ne compte que 467 espèces décrites. (2) Sous le nom de Révision de la flore fossile des gypses d'Aix (Ann. sc. nal., 5° série, Bot., t. XV, XVII et XVII). 154 G. DE SAPORTA. proportionnelles des différentes catégories végétales comprises dans la flore d’Aix. Les Cryptogames ont plus que triplé : 40 espèces se trouvent décrites au lieu de 12; ce sont surtout les Mousses, 114 au lieu de 2 ; puis les Fougères, 14 au lieu de 6, dont l’accrois- sement a de quoi frapper. La présence d’un Salvinia et d’une Isoëtée, plantes fort rares actuellement, doit être également notée. Malgré tout nous ne saurions admettre que les Grypto- games d’Aix puissent offrir un tableau tant soit peu exact de ce qu'elles étaient alors. Il est seulement permis d’avancer que les Mousses répondent généralement à des formes actuel- lement répandues dans des stations chaudes et méridionales, tandis que, d’un autre côté, la nature calcaire du sol de l’ancienne contrée explique la rareté relative des Fougères. La présence des Pteris, Chrysodium, Cheilanthes, Gleichenia, Lygodium, surtout du dernier de ces genres, dénote un mélange et une association de types de Filicmées aujourd'hui exotiques, réunis à ceux qui persistent de nos jours encore dans le sud de la France, à l'ombre des rochers, sur le bord de la Méditerranée. Les Phanérogames, en y comprenant les espèces d’une attribution incertaine. mais en observant aussi l'existence inévitable des doubles emplois résultant des fruits, feuilles el fleurs, décrits séparément, les Phanérogames s'élèvent à 459 espèces dont 29 se rapportent aux Gymnospermes, 80 aux Monocotylées et 350 aux seules Dicotylées. Le caractère des Gymnospermes, avec des Pins nombreux et variés, quelques rares Sapins, des Callitris, Widdringto- nia, Juniperus, Podocarpus, Ephedra, est visiblement à la fois méditerranéen et africain. Les Pins principaux ressem- blent à ceux qui peuplent encore les bords de la Méditerra- née sous les noms de Pins de Corse, d'Alep, etc. Les Pins à trois feuilles rappellent ceiui des Canaries, d’autres, tels que le Pinus vetustior Sap., reportent vers le Japon, tandis que le P. brachylepis Sap. fait songer au Pinus excelsa Wall., dont une dernière colonie, entièrement isolée, comme un vestige FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 155 de quelque ancien séjour, s’est révélée dernièrement sur les montagnes de la Macédome. Le Philibertia, de son côté, représente le prolongement d’un type en plein développement à l’époque de la craie inférieure, maintenant déchu, amoindri et sur le point de disparaitre à tout jamais du sol européen. Si, pour la facilité du calcul, comme on le fait ordinaire- ment, nous réunissons les Gymnospermes aux Dicotylées, en recherchant vis-à-vis de l’ensemble de ces deux groupes la proportion relative des Monocotylées, nous obtenons, sur 100, 17,4 pour celles-ci et 82,5 pour les premières, c’est une pro- portion sensiblement plus élevée en faveur des Monocotylées, mieux explorées que précédemment (1), proportion qui ne s’écarte, pour ainsi dire pas, de celle qui existe actuellement dans le monde entier, et qui, selon Lindley, serait en chiffre rond de 17 pour les Monocotylées et de 83 pour les Dicotylées. Il y a donc là, plus encore que lors du premier calcul, un rapport vrai qui a dû persister depuis des temps très reculés et gouverner l’ensemble de la végétation phanérogamique. — Dans le monde actuel cependant, lorsque lon considère cer- taines régions, la proportion relative des Monocotylées vis-à- vis de l’autre classe de Phanérogames, peut s'élever acciden- tellement bien davantage et atteindre jusqu’à 20 sur 100, en abaissant d'autant la prépondérance des Dicotylées; mais ce résultat tient surtout à l'influence d’un climat humide etfroid, et l’on ne saurait être surpris de ne pas avoir à le constater dans l’ancienne localité tertiaire d'Aix, où tout accuse au con- traire l’action de la chaleur et de la sécheresse réunies, au moins dans certaines saisons. Il est certain que d’une façon plus étroite encore que précédemment, les chiffres actuels concordent où sont même absolument identiques avec ceux que nous fournissent les îles Canaries (82,8 Dicotylées et 17,2 Monocotylées), les îles du Cap-Vert (82,8 Dicotylées et 17,9 Monocotylées) et Java (82,9 Dicotylées et 17,1 Monoco- (1) Les chiffres du dernier supplément étaient 15,06 pour les Monocotylées et 84,92 pour les Dicotylées. 156 G. DE SAPORTA. tylées), tout en ne s’éloignant pas très sensiblement de ceux que nous avions empruntés à un district Intérieur de la région du Cap, pris pour type et dans lequel, d’après la collection Drège, on observait 16,9 Monocotylées et 85,1 Dicotylées sur 100 Phanérogames. En s’attachant à l’ensemble des Dicotylées, on constate que les Apétales entrent dans le nombre total avec une proportion de 23,9, les Gamopétales de 26,4 et les Dialvpétales de 50,3 sur 400. Le résultat äes dernières explorations a donc été, ce que l’on aurait pu d’ailleurs présumer, de diminuer notable- ment l'importance relative des Apétales (23,2 au lieu de 30,6 sur 100), les plus faciles à reconnaitre comme aussi les plus répandues parmi les Phanérogames. La diminution propor- tionnelle des Apétales est encore due à ce que certaines formes, avant tout les Lomatites et les Leptomeria, en ont été distraites pour être reportées ailleurs. Le résultat a donc été d’accroitre sensiblement la proportion relative des Gamopétales (26,4 au lieu de 21,3) et des Dialypétales (50,3 au lieu de 49,9), plantes dont les empreintes sont généralement plus rares, parce qu’elles comprennent en tout moins de formes domi- nantes et triviales et aussi une plus forte proportion de végé- taux débiles ou herbacés, subordonnés aux espèces arbores- centes et moins propres par la nature de leurs organes à don- ner lieu à des empreintes. Il est à remarquer que, dans la flore miocène de la molasse suisse, le rôle des Apétales est encore plus accentué qu’à Aix, à raison même de lextension toujours croissante de certains groupes, tels que ceux des Amentacées, Salicinées, Ulmacées, etc., dont les vestiges se trouvent au contraire, à Aix, des plus clairsemés, tandis que d’autres, celui des Laurinées, par exemple, loin de décliner, atteignent plutôt leur apogée dans l’Europe centrale, à lépo- que de la molasse. Il faut maintenant considérer l'importance relative des familles de Phanérogames, observées jusqu'ici dans le gise- ment d'Aix, et dont le nombre s'élève à 64, dont # appar- tiennent aux Gymnospermes, 13 aux Monocotylées et 47 aux FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 197 seules Dicotylées. — Le plus grand nombre de ces familles et l'immense majorité des espèces qu’elles comprennent se rap- portent à des végétaux ligneux, arbres ou arbustes ; la mino- rité seulement, et dans cette minorité les plantes aquatiques tiennent la plus grande place, représente des plantes herba- cées. Il faut attribuer cette ordonnance, non seulement à la situation relativement subordonnée des plantes herbacées plus restreintes et sans doute alors moins sociales que de nos Jours, favorisées plus tard dans une certaine mesure par l'intervention de l’homme et le déboisement, conséquence forcée de l'extension des cultures, mais encore et plus peut- être il est permis d’invoquer la difficulté qu'opposent à la fossilisation les parties molles des herbages, bien plus rare- ment et moins naturellement caduques et disséminées que les parties correspondantes des plantes ligneuses. Les arbres, constituant le plus souvent des agrégations sociales, ont eu par cela même bien plus de chances, la plupart du temps, que les herbes, de passer à l’état fossile, Les vents et les cours d’eau entrainant plus aisément leurs feuilles au fond des lacs et à la surface des lits de sédiment en voie de formation. Cependant, ce qui prouve la présence à Aix des catégories de plantes dont on serait tenté de considérer l’absence comme ayant la signification d’une exclusion absolue, c’est ce que nous avons fini par recueillir et décrire d'assez nombreuses Graminées, plusieurs Carex où Cyperus, parmi les Monoco- tylées; des Composées, des Ombellifères, des indices de Renonculacées, de Polygalées, enfin des vestiges de Trifoliun, sans compter les fragments répétés de calices, corolles, organes carpellaires, fruits ou semences, qui semblent déno- ter l’ancienne existence d’espèces plus ou moins semblables à nos SaxHragacées, Caryophyllées, etc., même en laissant de côté des débris trop incertains pour se prêter à une attribution raisonnable. Parmi les familles ainsi représentées, sans se flatter de les connaitre toutes et dont le nombre est de 71 pour l’ensemble des Cryptogames et des Phanérogames réunies, une seule est 158 G. DE SAPORTA. entièrement éteinte, celle des Rhizocaulées qui pourtant se rattache d’une façon plus ou moins étroite aux Ériocaulées actuelles, dont une espèce habite encore les marais de l'Islande ; toutes les autres, ainsi que celles du groupe voisin des Restiacées, étant extra-européennes. Les familles de la flore d'Aix, devenues exotiques, sont celles des Palmiers, des Dracénées, des Centrolépidées, des Scitaminées, des Protéa- cées dont l'existence dans l’Europe tertiaire est d’ailleurs loin d’être prouvée, celles encore des Bignoniacées, des Myrsi- nées, des Sapotacées, des Ébénacées, des Magnoliacées, Ster- culiacées, Sapindacées, Cédrélées, Pittosporées, Zanthoxylées, enfin la tribu des Mimosées, parmi les Légumineuses. Quel- ques-unes de ces familles, telles que celles des Palmiers, Dracénées, Bignoniacées, Ébénacées, Cédrélées, Zanthoxylées et Mimosées se trouvent représentées par des organes assez caractéristiques pour que leur présence ne puisse faire l’objet d'un doute ; or ce sont justement celles qui possèdent encore des représentants, dans l’ordre actuel, soit à une faible dis- tance, soit sur les limites mêmes de l’Europe, en Afrique comme en Asie, ou encore au Japon, sous une latitude cor- respondante à celle de l'Europe méridionale. D’autres encore, telles que les Taxinées, Smilacées, Myricacées, Laurinées, Morées, Styracées, Araliacées, Myrtacées, offrent cette parti- cularité de ne plus offrir qu’un seul représentant actuel sur le sol européen, comme si elles étaient sur le point de l’abandonner entièrement. Bien des genres se trouvent du reste dans la même situation et on peut le dire spécialement des Ostrya, Ficus, Laurus, Olea, Nerium, Styrax, Hedera, Pa- liurus, Gercis, qui se trouvent monotypes, c’est-à-dire repré- sentés par une seule espèce sur le sol de notre continent, particulièrement en Provence. Ces genres possèdent en même temps des formes ancestrales ou du moins congénères dans la flore des gypses d’Aix. Pour ce qui est de la prépondérance numérique de cer- taines familles disposées dans l’ordre de leur importance rela- live, jusqu’à concurrence de la moitié du nombre des Phané- FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 159 rogames, où dans chaque classe jusqu'à la moitié du nombre d'espèces qu’elles contiennent, voici les résultats que cet examen nous fournit : Pour l’ensemble des Phanérogames : Familles. ei PECUMINEUSCS EE Lane eee stunt a ele» 66 PA TIN 6 ES nn sn ce pos 26 (RAININ 6 ES LL Rue 23 UNDÉRABPRES Se ere sde nd mmme eue 18 AUD EN E AP EAP PS ETRS RER EEE 16 AMACARTIACÉ ESA PNR EE AAA NME RIT RIRE 16 COMPOSES eme cut ation Lun 15 ATANAGO CS ee rs orme a ice en 15 MMACATÉ CS MR ne ironie Dire 14 MINS IAE ES RE po Re an 13 CUDUIHETE SR Re ocre 12 ie AR ATEN EN Te 12 PANIERS ARR AM NE Rial un 19 208 Viennent ensuite les Célastrinées avec 10 espèces, les Vac- ciniées avec 8 espèces, les Pomacées et les Ériacées avec 7 espèces, etc... [1 a fallu au moins 14 familles avant d’avoir obtenu la moitié des Phanérogames, résultat qui per- met d'affirmer, comme nous l’avions énoncé en premier lieu, que la flore fossile d’Aix était riche en espèces d’une manière absolue, puisque selon une loi formulée par M. À. de Candolle, plus une flore est riche, plus il faut énumérer de familles, en commençant par les plus nombreuses, avant d'arriver à la moitié du nombre total des Phanérogames. Il faut 16 familles au Japon, 12 au pays d’Assan, 17 à la Nou- velle-Grenade et 11 à Timor, région auprès de laquelle vient se ranger, à Ce point de vue, la flore fossile d'Aix. Comme, pour parvenir au même résultat, 1l faut seulement énumérer 9 familles dans la flore des quatre étages de la molasse réunis, il est naturel d'en conclure que la variété des formes végétales et leur accumulation sur un point donné des contrées ter- 160 G. DE SAPORTA. aires étaient déjà moindres en Suisse, à l’époque de la mo- lasse, qu'aux environs d'Aix, vers la fin de l’éocène. Nous sommes tenté, plus encore qu'à notre examen précédent, d’ac- cepter ces données, tellement elles nous paraissent conformes à la richesse qui nous parait avoir été le caractère dominant de la végétation dont nous achevons de tracer le tableau. En définitive, nous découvrons dans notre nouvelle étude une confirmation éclatante de ce que nous avions d’abord avancé. Non seulement les Légumineuses occupent sans con- teste le premier rang, parmi les familles, ainsi qu’il arrive dans la plupart des flores actuelles à l’intérieur des tropiques; mais elles atteignent à Aïx une proportion en parfait rapport ou même surabondante vis-à-vis de celle de 42 sur 400, qui est la plus fréquente, selon M. de Candolle, dans certaines régions chaudes, telles que Timor, le Congo, etc. Gette pro- portion serait ici de 15,5 sur 100, pour l’ensemble des Pha- nérogames ; mais 11 est Juste, en ce qui touche cette famille, comme pour plusieurs de celles qui suivent, de tenir compte des doubles emplois qui résullent forcément des feuilles et des organes de la fruclification décrits séparément et dont quelques-uns au moins ont dû appartenir respectivement à une seule et même espèce. La proportion des Laurinées qui est de 6 sur 100, pour l'ensemble des Phanérogames, correspond à la fréquence aussi bien qu'à la variété des arbres de ce groupe, dont la plupart ont dù arriver Jusqu'à nous par suite de la facilité qu'ont eue leurs feuilles et mème leurs organes fructificateurs de laisser des traces dans les anciens lits. Il s’agit là d’une fréquence absolue et d’une multiplicité relative d'espèces. La mème remarque est applicable aux Myricacées et aux Cupulfères, presque toutes les espèces de ces catégories avant dû réussir à laisser d’elles des empreintes. Pour ce qui est des Graminées, leur proportion de 5,3 sur 100, due en partie à de nouvelles et minutieuses recherches, les à fait monter au troisième rang parmi les familles nombreuses, en donnant le quatrième aux Cypé- FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 161 racées. Le cinquième rang se trouve occupé par les Abié- tinées, riches en Pins de toutes les sections aujourd’hui existantes. La plupart de ces Abiétinées, sinon toutes, ont certainement laissé des vestiges de leurs divers organes, et plusieurs sont représentées à la fois par des feuilles, des cha- tons mâles, des strobiles et des semences. Il faut ensuite mentionner les Anacardiacées, Gomposées et Araliacées, qui se suivent de très près avec cette différence que les premières et les dernières peuvent être regardées comme bien connues, et qu'effectivement elles ont dù jouer un rôle important dans la végétation frutescente de l’ancienne région, tandis que les Composées d'Aix ne nous ont visiblement transmis que des vestiges fort mcomplets de cette grande catégorie de Pha- nérogames, se rapportant aux formes les plus abondantes aux alentours de l’ancien lac. Dans la flore d'Aix, la proportion moyenne des genres par famille de Phanérogames est de 1,8, chiffre qui concorde avec celui que l’on observe dans plusieurs flores locales actuelles, comme, par exemple, celle de l’Ascension, mais dont on ne saurait affirmer l'exactitude, même approximative, une foule de génres restant ignorés et d’autres, tels que les Poacites, Palæorachis, Lequnnnosites, etc., n’étant qu’un cadre purement artificiel et une formule synthétique. Pour ce qui est du nombre d’espèces comprises en moyenne dans chaque genre (1), il s’élève actuellement à 3,7 ou 3,8; il était auparavant de 2,5 à 2,6, et il est évident que des explorations répétées tendraient à l’élever encore; mais 1l est juste cepen- dant de tenir compte de l’exagération probable du nombre d'espèces dans certains groupes par suite de la valeur attri- buée aux moindres variations morphologiques des feuilles, et aussi des doubles emplois résultant de la description séparée des différents organes d’une seule et mème plante. Prenons maintenant les genres pour les considérer en eux- mêmes, en recherchant leur signification propre et ce qu’ils (1) Toujours en ne considérant que les Phanérogames. 7: série, Bot. T, X (Cahier n° 5). 11 162 G. DE SAPORTA. ont de particulièrement distinct dans leur façon de se com- porter. Notre premier soin sera de laisser de côté tous ceux qui sont vagues, artificiels ou douteux, de nous attacher uni- quement à ceux dont la présence sûrement démontrée se prête par cela même à l'étude de leurs traits caractéristiques. Pour la commodité de cette étude, ces genres peuvent être distribués en plusieurs catégories : 1° ceux qui étant répandus partout et possédant une aire d'habitation des plus étendues n’apportent aucun enseignement; 2 ceux qui se trouvent aujourd'hui limités aux bords de la Méditerranée ou qui du moins contribuent à l’accentuation de la flore de cette région; 3° ceux qui devenus exotiques n’habitent plus qu’en dehors de la région méditerranéenne, qu'ils soient d’ailleurs tropicaux ou simplement extra-européens; 4° enfin, les genres qui ont totalement disparu. Les genres suivants se placent dans la première de nos catégories : CRYPTOGAMÆ Chara Ag. Polytrichum L. Marchantia L. Leptodon Web. Gymnostomum Hedw. Thuidium Schimp. Fissidens Hedw. Pteris L. Bryum L. GYMNOSPERMÆ Pinus L. — Genre très étendu, pris dans son ensemble. MONOCOTYLEÆ Carex L. Typha L. Cyperus L. Potamogeton L. Sparganium Tournef. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 163 DICOTYLEÆ Myrica L. Andromeda L. Alnus Tournef. Vaccinium L. Quercus L. Nymphœæa Neck. Salix Tournef. Rhus L. La diffusion de ces genres et de plusieurs autres que nous passons sous silence est assez étendue pour justifier sans autre cause leur ancienne présence, en sorte que c’est plutôt leur exclusion qui aurait eu de quoi étonner. — De ces genres, les uns fréquentent les eaux ou leurs voisinages : Chara, Marchan- tia,Carex, Sparganium, Typha, Potamogeton, Nymphæa ; d’au- tres, tels que les genres de Mousses, les Pins et Chênes verts dénotent une station plutôt sèche et méridionale ou des éten- dues boisées et accidentées, que la fraicheur ou l'humidité de l'ancienne région. Certains genres à la fois rares et caractéristiques, tels que les Alnus, Betula, Populus, Salix, Fraxinus, Acer, etc., fournissent une présomption presque assurée de l'existence de forêts montagneuses, composées d’autres essences que celles des parties ou vallées inférieures. — C’est surtout à ces dernières localités de l’ancienne région que se rapportent par contre les genres appartenant à notre deuxième caté- gorie. CRYPTOGAMÆ Cheilanthes Sw. GYMNOSPERMÆ Pinus L. Callitris Vent. Juniperus L. Ephedra L. MONOCOTYLEÆ Smilax Tournef. 164 &. DE SAPORTA. DICOTYLEÆ Ostrya Tournef. Acer Mænch. Quercus L. (sect. Ilea). Paliurus Tournef. Salix (1) Tournef. Zizyphus Tournef. Laurus L. Celastrus Kunth. Osyris L. Rhamnus L. Olea L. Pistacia L. Fraxinus L. Rhus L. Nerium L. Myrtus L. Styrax L. Cotoneaster Medik. Hedera L. Amygdalus L. Cornus L. Cercis L. Quand mème l’énumération qui précède ne serait pas abso- lument exacte pour luniversalité des genres qui s’y trouvent compris, il est du moins certain que la plupart d’entre eux répondent à des éléments qui ont persisté au sein de la flore méditerranéenne et que plusieurs, tels que Cheilanthes, Pinus, Juniperus, Smilax, Ostrya, Quercus (sect. [ex), Lau- rus, Osyris, Styrax, Paliurus, Pistacia, Cercis, etc., se retrouvent spontanés en Provence, dans des conditions d’habi- tat qui portent à les considérer comme directement sortis de leurs devanciers tertiaires. Une telle coïncidence ne saurait être absolument fortuite, ni uniquement due à des erreurs de détermination, tenant à des illusions ou à des partis pris. Si nous venons à ce qui touche les affinités présumées d’une partie des types fossiles d’Aix avec ceux que comprend actuel- lement l’Europe centrale, soit qu’elle les partage avec la France méridionale, soit qu'ils lui appartiennent en propre, il est facile de constater que ces affinités se réduisent à peu près à rien. Pour se rendre compte du fait, on n’a qu’à choisir, parmi les Dicotylées du gisement, les formes qui ayant eu ou ayant pu avoir des feuilles caduques, se rappro- chent au moins par cette tendance de celles qui peuplent sous (1) Le genre est ici mentionné de nouveau, de même que celui des Pinus, à cause du caractère méridional des espèces qu'ils comprennent FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 165 nos yeux l’Europe boréale. Dès lors, la série que l’on obtient donne lieu à la distribution suivante : Espèces de la flore d’Aix présumées à feuilles caduques. Espèces actuelles correspondantes. 4. Ainus antiquorum Sap....... Alnus orientalis Dne. 2. Betula stenolepis Sap......... Betulaster Sp. SN SOU US D ADN, ee eme ne sie ni ineitiee à 4. Ostrya humilis Sap.......... Ostrya carpinifolia Scop. 5. Quercus aquisextana Sap..... Quercus pseudosuber Santi. GlPopulus Heerii,Sapiirsir 2. Populus euphratica ON. HASAUDAAQUENSIS SAD..-. 22 Salix aquensis Thb. 8 .-demersa Sap: ........ — suaveolens Ander. DRAC INET US D AD. sec. à — Safsaf Forsk. 10. Microptelea Marioni Sap..... . A1. Fraxinus longinqua Sap…. .... 12: Cornus confusa:Sap. ....:.:.: 18:-Acer Sextianum Sap.......…... 14. — olygopteryx Sap........ 15. Zizyphus ovata O. Web...... 16. Pistacia reddita Sap. ........ 17. Amygdalus obtusata Sap..... Microptelea sinensis Sp. Fraxinus oxyphylla M. B. Cornus Mas L. Acer Buergerianum Miq. Zizyphus vulgaris L. Pistacia Terebinthus L. Amygdalus communis L. On voit que par leur affinité morphologique, seul indice de filiation qu'il soit possible d’invoquer, aucune de ces espèces, dont les homologues actuels ont pourtant des feuilles cadu- ques (1), ne se rattache directement à des formes vivantes ayant leur siège et leur habitation principale vers le centre ou le nord de notre continent. Les deux seules, à propos des- quelles la présomption d’un semblable lien pourrait être allé- ouée, le Betula sodulis et l'Acer oligopteryx, ne nous sont connues que par leurs fruits, et les feuilles de ces deux espèces, dont l'examen serait de nature à guider l’analogie, nous font malheureusement défaut. En l’absence de tout indice positif et en présence de tant de (1) I serait plus strictement exact de dire : ont généralement des feuilles caduques; la caducité des feuilles étant incomplète ou même nulle chez plu- sieurs des espèces énumérées. 166 G. DE SAPORTA. présomptions dans le sens opposé, nous sommes invincible- ment amené à croire que l’introduction des formes végétales venues du nord et prototypes de nos formes boréales actuelles se serait accomplie à une date postérieure à celle de l'horizon sur lequel se place la flore d’Aix. Effectivement la rareté seule des formes à feuilles caduques, similaires de celles qui carac- térisent le domaine forestier de la zone tempérée boréale implique soit leur nouveauté à ce moment de la période ter- taire, soit au moins leur présence strictement limitée à cer- tains points élevés des massifs montagneux du midi de la France. La foule principale de ces sortes de plantes, arrivées de l’extrême nord à la suite d’une migration générale, effec- tuée plus tard, cette foule n'aurait pas encore pris possession, à l’âge où nous ramène la flore d'Aix, de l’espace continental qu'elle devait d’abord envahir partiellement, puis oceuper d'une manière de plus en plus exclusive. Les dernières venues, dans cette marche, étaient destinées à éliminer à plusieurs reprises et à repousser toujours plus loin vers le sud, celles qui les avaient précédées dans le cours de cet exode. En définitive, on doit constater, à l'appui de ce qui précède, l'absence, à l’époque des gypses d'Aix, d’un certain nombre de types, qui de nos jours tiennent une place considérable dans la flore forestière de l’Europe, aussi bien au nord qu’au centre et même au sud de ce continent, mais qui ne s’intro- duisirent que postérieurement à l’âge auquel nous reporte la formation d’Aix : que ces types soient venus du nord ou qu'ils se soient constitués sur place au moyen d’une évolution dont les termes nous seraient inconnus. — Voici quelques-uns de ces types choisis parmi les principaux : Bétulacées. — Type des Alnus glutinosa L. et incana DC. — Type du Betula alba L. Corylacées. — Type du Corylus avellana L. > Type des Carpinus propres. Cupulifères. — Type des Quercus Robur L., Toza Bosc. et infec- toria OI. Ulmacées. — Type de l’'Ulmus campestris L. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 167 Celtidées, — Type du Celtis australis L. Salicinées. — Types des Salix capræaL.,S. alba L., S. purpurea L., S. viminalis L. — Type des Populus nigra L., P. alba L., P. tremula L. Morées. — Type du Ficus carica L. Juglandées. — Type des Juglans propres. — Type des Pterocarya. Tiliacées. — Type du Tilleul d'Europe. Acérinées. — Types des Acer campestre L. et monspessulanum L. — Types des Acer pseudo-platanus L. et platanoides L. — Type de lAcer opulifolium Vill. Quelques-uns de ces types apparaîtront bientôt : les Ulmus propres et les Carpinus, le prototype même de l’Alnus gluti- nosa L., dès le tongrien de Saint-Zacharie ; le prototype des Acer campestre et monspessulanuwm, à Armissan. Le type des Populus nigra et tremula se montre clairement à Manosque, sur l'horizon de l’aquitanien, en compagnie du Fagus. Mais d’autres types et spécialement les Robur, Toza et infectoria mettront un temps plus long à s’introduire. Sans doute, et il en sera de même du Tilia, ils arriveront de plus loin. Cepen- dant le miocène inférieur de Ménat montre déjà le type des Corylus représenté par une forme difficile à méconnaître. La végétation européenne, celle même de la région médi- terranéenne dont la Provence fait aujourd’hui partie, s’est donc constituée peu à peu et les éléments qu’elle renferme résultent d’une série d’introductions partielles et d’acquisi- tions successives, corrélatives, 11 est vrai, d’éliminations dont il convient de tenir également compte. — Venons à celles-ci et considérons d’abord ceux de ces genres éliminés qui, deve- nus étrangers au midi de la France, n’ont cependant cessé d’habiter soit à l’intérieur, soit sur les limites mêmes ou à portée et à peu de distance de la région méditerranéenne. Ce sont les suivants : Pinus, type Strobus. — Observé sur les montagnes de la Macédoine. Callitris Vent. — Algérie. Dracæna L. — Indigène aux Canaries et naturalisé à Gibraltar. 168 G. DE SAPORTA. Persea Gœrtn. — Iles Canaries; Portugal ? Phæœbe Nées. — [les Canaries. Oreodaphne Nées. — Iles Canaries. Myrsine L. — Péninsule arabique. Diospyros L. — Péninsule hellénique; Asie Mineure. Zizyphus Tournef. — Syrie ; Afrique septentrionale. Celastrus Kunth. — Péninsule ibérique. Amygdalus L.— Asie antérieure. Acacia Neck. — Égypte; Afrique septentrionale. Ces divers genres n’ont fait que reculer de quelques degrés vers le sud. Ils ont obéi au même mouvement de retrait sous Pimpulsion duquel d’autres types venus du nord prenaient possession du sol abandonné par les premiers. Voici maintenant la liste des genres exclus, non seulement de Provence, mais du pourtour méditerranéen et des alen- tours de cette région et qui, faisant partie de la flore d'Aix, ne se retrouvent maintenant qu'à mesure que l’on s’avance bien au delà des limites de la Méditerranée. Chrysodium Kée. — Zone intertropicale; Asie australe. Gleichenia Sw. — Zone intertropicale; Japon. Lygodium (1) Sw. — Zone intertropicale: Amérique boréale; Asie australe; Japon. Marattia Sw. — Zone intertropicale; Afrique australe. Chamæcyparis Sp. — Ancien et nouveau continent. Widdringtonia Endl. — Afrique australe. Podocarpus Herit. — Afrique australe; Japon. Sabal Adans. — Sud de l'Amérique boréale; Antilles. Microptelea Sp. — Asie austro-orientale; Japon. Cinnamomum Burm. — Asie austro-orientale ; Japon. Catalpa Juss. — Asie austro-orientale; Japon. Magnolia L. — Amérique boréale ; Asie austro-orientale; Japon. Bombax L. — Asie australe. Sterculia L. — Asie austro-orientale. Sapindus L. — Zone intertropicale des deux hémisphères. Cedrela L. — Zone intertropicale des deux hémisphères. Pittosporum Banks. — Asie et Afrique intertropicales et subtropicales. (1) Une des formes d’Aïx se rattache étroitement au Lygodium dichotomum Sm., espèce sud-asiatique. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 169 Engelhardtia Leschen. — Asie australe. Ailanthus Desf. — Asie austro-orientale ; Japon. Calpurnia E. Mey. — Afrique australe. Sophora L. — Zone intertropicale des deux continents. Dalbergia L. — Zone intertropicale des deux hémisphères. Gymnocladus Lamk. — Amérique boréale, Cæsalpinia Plum. — Zone intertropicale des deux hémisphères, Cassia L. — Zone tropicale et subtropicale des deux hémisphères. Mimosa Adans. — Zone intertropicale des deux hémisphères. Au total, ce serait, eu égard à l’ensemble, un quart environ des genres autrefois indigènes dans le midi de la France, qui en auraient été éliminés par l’effet des mutations et abaisse- ments de climat, survenus postérieurement à l’époque où nous place la flore d’Aix. Ces genres, il faut l’observer, sont presque tous au nombre de ceux dont lextension est la plus grande et qui sont les plus généralement répandus dans la zone intertropicale ou du moins vers le voisinage des tropi- ques, dans les deux continents. La plupart de ces genres sont encore indigènes de l’Asie australe ou austro-ortentale, et cette affinité persiste, elle devient même plus évidente si, à l'inté- rieur de chaque genre, on s'attache à déterminer les analogies morphologiques des espèces fossiles, vis-à-vis de celles qui leur correspondent dans l’ordre actuel. Mais, à côté des genres éliminés par retrait, il en est d’autres, faisant autrefois partie de la flore d’Aix, qui ont depuis complètement disparu. Ils ne sont pas très nombreux, mais plusieurs d’entre eux sont très significatifs et ils méri- tent par cela même d’être signalés. — Ge sont les suivants : Parmi les Cryptogames : Isoetopsis Sap. Parmi les Gymnospermes : Philibertia Sap. Parmi les Monocotylées : Rhizocaulon Sap. Parmi les Dicotylées : Anœæctomeria Sap., — Heterocalix Sap. Peut-être les Cedrelospermum dénotent-ils encore un type distinct bien que voisin des Cedrela propres et des Suwieteniu, ou des Ptæroxylon africains. — Il est du moins certain que 170 G. DE SAPORTA. l’Isoetopsis s’écartait, à titre de sous-genre au moins, des [soetes actuels. Deux de ces genres éteints, Philibertia et Rhizocaulon, se rattachaient à d'anciens types et remontaient par eux jusque dans les temps secondaires où ils avaient eu des représen- tants. L’Anæctomeria, type de Nymphéacées tertiaires, prit un peu plus tard, dans le cours du tongrien et jusque dans l’aquitanien, particulièrement à Armissan, tout le développe- ment dont il était susceptible. Il est difficile de saisir la cause de sa disparition, sinon peut-être qu’elle a tenu à une stricte localisation. Un autre genre de Conifères alors existant et destiné, avant de disparaitre totalement, à jouer un rôle considérable dansle tongrien et le miocène inférieur, le Doliostrobus de M. Marion, n'a pas laissé de vestiges dans la flore d'Aix. C’est à Célas (Gard) plus spécialement, que les rameaux et les strobiles réunis de ce type ont permis à notre savant ami d'établir sa liaison intime et curieuse avec les Dammara, vis-à-vis des- quels 1l contraste si fort par la conformation de ses parties végétatives dont l'aspect porta d’abord à le confondre avec les Araucaria et plus tard, sans plus de raison, avec les Sequoia. Pour ce qui est des Cycadées, bien que leur présence dans le midi de la France, à cette même époque, ait été mise hors de doute par l'espèce découverte dans les schistes oligocènes de Bonnieux (1) (Vaucluse) et par le cône recueilli à Armissan, aucun vestige n’est encore venu en révéler la présence dans Île gisement d'Aix. Tel est l’ensemble résumé des considérations que suscite l'examen de la flore d'Aix. Nous n’avons rien à retrancher de celles que nous avons précédemment formulées (2) sur la tem- (1) Nous voulons parler du Zamites epibius Sap., dont la fronde reproduit les caractères des Zamites jurassiques et peut être également rapprochée de celles des Encephalartos. (2) Ét. sur la vég. du sud de la France à l’époque tertiaire, Suppl. I, Révis. de la flore des gypses d'Aix; Généralités, p. 41 et suiv.; Ann. sc. nat., 5° série, t. XV, p. 312 et suiv. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 171 pérature, le climat et l’assiette probable de l’ancienne région, enfin, sur l’existence supposée d’un massif montagneux situé à portée de l’ancien lac. Le climat sec et chaud, sujet à des alternances de chaleur sereine et de pluies périodiques, nous avait paru conforme à celui qui est maintenant propre à l'Afrique australe et à la partie intérieure austro-orientale de ce continent. Nous avons insisté sur la présence et l’associa- tion de certains types, sur cette réunion caractéristique de Pinus, de Callitris, de Widdringtonia et de Podocarpus; sur les Palmiers et les Dragonniers; sur les Myrica, les Quercus à feuilles coriaces, sur l’affluence des Laurinées; sur les Com- posées frutescentes, les Myrsinées, Sapotées, Ébénacées et Éricacées. Les Aralia, les Magnolia, les Bombacées, Cédré- lées, Sapindacées et Anacardiacées, les Rhamnées et Zan- thoxylées ; les Myrtacées, les Légumineuses de toutes les sec- tions répandues de nos jours entre les tropiques, les Mimosées, en particulier, donnaient à cette flore son cachet et ses traits les plus décisifs. La combinaison et l’affluence de tous ces groupes consti- tuaient sa richesse, de même qu’elles contribuent à accentuer sa physionomie et à faire saisir ses aptitudes. La dimension le plus souvent réduite des organes nous révèle une végéta- tion dénuée d’opulence, mais semée de contrastes et pleine de variété. C'était en même temps, comme nous l’avons montré, une végétation destinée à subir de prochains chan- gements. Elle devra sa transformation, non pas rapide mais graduellement accomplie, à l'introduction de types nouveaux, de formes auparavant inconnues dans la France méridionale, types et formes dont la signification n’est pas douteuse, puisque tous manifestent des aptitudes moins méridionales, en même temps que des exigences non équivoques vis-à-vis de conditions climatériques plus humides. L'introduction dont nous parlons, et c’est là son caractère essentiel, ne fut ni brusque ni universelle. Elle s’opéra gra- duellement, et il est possible d’en observer la marche. Dans les Gymnospermes, elle se manifeste par l'apparition et 479 G. DE SAPORTA. l’extension des Sequoia, Taxodium, Glyptostrobus. Quelques rares vestiges du premier de ces genres ont été rencontrés récemment dans le tongrien inférieur de Saint-Zacharie. Les trois genres se montrent à Armissan et reparaissent à Manosque sur le niveau de lPaquitanien, tandis que les Cha- mæcyparis el Libocedrus, à peine représentés à Aïx par d’im- perceptibles fragments, se répandent et se multiplient. L'introduction de tous ces types est décisive, selon nous; elle accuse le progrès constant de l'humidité atmosphérique, qui favorise leur extension et leur prépondérance, sans exclure pourtant, dès l’abord, ceux qui dominaient exclusivement avant eux. Les Alnus, Betula, Carpinus, Ulmus, Populus, Acer, qui se multiplient à partir de ce même niveau, con- duisent à de semblables conclusions et, une fois prononcé, le mouvement ne cesse de se propager dans la mème direction en accusant des tendances identiques; tandis que, d'autre part, les types franchement tropicaux, déjà plus clairsemés, sont peu à peu éliminés. Avec eux, les Palmiers s’éloigrent et déclinent, pour disparaître et devenir finalement exception- nels. Nous n’avons pas à suivre ce mouvement, mais à con- stater son point de départ qui coïncide certainement avec la fin de l’éocène, période dont la formation d'Aix marque la dernière étape et la terminaison. On peut se demander en dernier lieu, et comme contre- partie de ces Introductions de types nouveaux ayant d’autres aptitudes que ceux auxquels ils se substituaient, quel fut le sort des types caractéristiques et des formes auxquelles le premier rôle avait été dévolu dans la flore des gypses d’Aix. Leur exis- tence sur le sol provençal se prolongea-t-elle, et dans quelle situation les retrouvons-nous lors des étages subséquents? En interrogeant les Cryptogames, nous savons, à ne pas en douter, que les Lygodium parvifolium Sap., exquisitum Sap. et tenellum Sap., cédèrent la place, dans le tongrien et Paqui- tanien, à un autre Lygodium, L. Gaudini Hr., qui existe déjà à Géreste et se montre ensuite à Manosque aussi bien qu’à Monod, près Lausanne, où M. Heer l’a signalé le premier. Le FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 173 Chrysodium dilaceratun Sap. est éliminé, de son côté, par le Chrysodium Haidingerianuwm observé d’abord à Dalmatie, sous le nom de Fortisia, par Visiani, et retrouvé par nous récem- ment dans l’aquitanien de Manosque, tandis que les Péeris aquensis Sap. et caudigera Sap. se retirent devant les Péeris wrophylla Ung. et æningenis Hr., qui leur tiennent de près; en même temps, on voit apparaître le Péeris pennæformis Hr., prototype de notre Pteris crelica L., et, dans le cours du miocène, le Woodwardtia Ressneriania Hr., ancêtre visible du Woodwortia radicans actuel. Le Callitris Brongniartii Endl., dont l’espèce d'Algérie, le C. quadrivalvis Vent., n’est sans doute qu’un prolongement, existait encore en Provence lors de l’aquitanien, mais 1l ten- dait à y devenir de plus en plus rare. L’unique exemple que nous ayons connu de cette espèce si caractéristique des couches d’Aix et de Saint-Zacharie, sur lPhorizon de l’aquitanien, se rapporte, non pas au gisement du bois d’Asson, près de Manosque, mais à celui de Fontienne, près de Forcalquier, situé, 1l est vrai, à peu de distance du premier et sur le mème niveau géognostique. Le genre Podostachys a laissé de nombreux vestiges sur un grand nombre de points du bassin de Manosque, et les Dra- cæna se trouvent représentés, à Armissan, par une très belle espèce, D. narbonensis Sap. ; tandis que le type du Sabal, et spécialement du Sabal major Ung., encore si rare dans la formation d'Aix, atteint un peu plus tard, lors du tongrien et de l’aquitanien, spécialement à Manosque (1), son plus grand développement. Il y avait encore des Ælabellaria propres (probablement Trachycarpus) à Saint-Zacharie et dans le gypse de Gargas, mais le type cesse plus tard de se montrer. Parmi les Laurinées, une des formes de Cinnamomum les (1) Ce n’est que récemment que le Sabal major Ung. à été rencontré dans le gisement du bois d’Asson; mais la beauté des échantillons ne laisse concevoir aucun doute sur la présence de l'espèce dont les prétendus Leptomeria repré- sentent les parties de l’inflorescence, à l’état de fragments ou ramuscules épars. 174 G. DE SAPORTA. mieux définies de la flore d'Aix, le GC. lanceolatum Hr., est encore celle qui domine dans l’aquitanien de Manosque, où nous retrouvons également les Cinnamomum polymorphum Hr., Scheuchzeri Hr., Buchii Hr., spectabile Hr., qui, loin de décroître, tendent à occuper une place de plus en plus consi- dérable au sein de la végétation et qui sont destinés à conser- ver leur importance jusque vers la fin du miocène. Le Bacharites aquensis Sap., espèce dominante à Aix par la fréquence de ses empreintes, reparait également à Manosque où il n’est pas rare. On sait que les Ængelhardtia, très répandus à Armissan, y sont représentés par des formes (E. Brongniartii Sap., E. oxyptera Sap., E. abscondita Sap.) spécifiquement distincles, mais assez peu éloignées de l'espèce d'Aix et de celles de Saint-Zacharie. À Manosque, il existe encore un Ængelhardtia, E. serotina Sap., mais le type tend à disparaitre ; il est du moins devenu fort rare. Les autres Juglandées, luglans et Carya, qui commencent à se montrer, l’'élmineront bientôt. Il y a encore des Cédrélées, si les Cedrelospermum sont réellement des graines ailées ayant appartenu à ce groupe, dans les schistes aquitaniens du bois d’Asson. Quant aux Atlantus, le genre, facile à reconnaitre, exislait certainement encore lors du dépôt de ces schistes. On n'ignore pas non plus que les Aralia d'Aix eurent pour suc- cesseurs, à Armissan, une des espèces fossiles les mieux connues et les plus remarquables, l’Aralix Hercules Sap., dont les feuilles palmées dépassent par leur dimension inu- sitée, celles d’une proportion plus modeste que les lits de la formation à gypses nous ont fait connaître. C’est par des changements graduels lentement effectués et par des modifications partielles souvent répétées, portant tantôt sur une catégorie de végétaux, tantôt sur une autre, que l’ancienne flore changea à plusieurs reprises de physionomie et d’aptitudes, tout en gardant cependant et malgré tout, dans le midi de la France, ce fond invariable et permanent que la végétation de Provence, inséparable de celle des bords de la Méditerranée, présente encore sous nos yeux. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 175 EXPLICATION DES PLANCHES PREMIÈRE PARTIE PLANCHE I. Fig. 1. Phyllerium inquinans Sap., constituant des taches ou macules éparses à la surface d’une feuille de Styrax, grandeur naturelle. — 1% et 1°, même espèce vue sous un assez fort grossissement. Fig. 2. Sphæria Cinnamomi Sap., périthèques faiblement grossis à la surface d’une feuille de Cinnamomum camphoræfolium Sap. Fig. 3. Sphæria baccharicola Sap., périthèques disséminés à la surface d’une feuille de Baccharites aquensis Sap., grandeur naturelle. — 3%, portion de la même feuille, grossie; 3°, un périthèque assez fortement grossi. Fig. 4. Sphæria transiens Sap., périthèques épars à la surface d’une feuille de Zantoxylon?, grandeur naturelle. —- 4*, portion de la même feuille, grossie; 4°, un périthèque assez fortement grossi. Fig. 5. Sphæria Vaccinii Sap., périthèques épars à la surface d’une feuille de Vaccinium, grandeur naturelle — 5*, portion de la même feuille, grossie ; 5”, un périthèque assez fortement grossi. Fig. 6. Jungermannites anceps, fragment de tige, grandeur naturelle. — 6x, Ja même grossie. Fig. 7. Fissidens antiquus Sap., fragment de caulicule, grandeur naturelle. — 7*, même fragment grossi, pour montrer la forme et l’agencement des feuilles. Fig. 8. Gymnostomum minutulum Sap., fragment de caulicule, grandeur natu- relle. — 8, même fragment grossi, pour montrer la forme et l’agencement des feuilles. Fig. 9. Bryum gemmiforme Sap., extrémité supérieure d’une caulicule, gran- deur naturelle. —9* et 9°, même fragment vu sous deux grossissements pour montrer la forme et l’agencement des feuilles. Fie. 10. Leptodon plumula Sap., fragment de tige ramifiée, grandeur natu- O o oO ? relle. — 10°, mème fragment grossi. Fig. 11. Thuidium priscum Sap., fragment de tige ramifiée, grandeur natu- relle. — 11%, même fragment grossi; 11”, un ramule plus fortement grossi ) 5 5 ; ? l $ pour montrer la forme et l’agencement des feuilles. Fig. 12. Sphæria Bumeliarum Sap., périthèques épars à la surface d’une feuille de Bumelia, grandeur naturelle, — 122, portion de la même feuille, » 8 grossie. Fig. 13 et 14. Polytrichum aquense Sap., les deux côtés de la même empreinte ; la figure 14 montre une capsule pédicellée couchée à côté du fragment de 176 G. DE SAPORTA. tige, et décrit sous le nom de Palæothecium proximum.— 13et 14*, les deux fragments de tiges du Polytrichum aquense, assez fortement grossis ; 14°, cap- sule du Palæothecium proximum vue sous un assez fort grossissement. Fig. 15. Palæothecium ambiquum Sap., capsule pédicellée, grandeur natu- relle. — 15%, même organe grossi. Fig. 16. Palæotheeium operculatum Sap., capsule pédicellée, grandeur natu- relle. — 16*, même organe grossi. PLANCHE Il. Fig. 1. Salvinia aquensis Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle. — 4, même organe grossi; 1”, détails de la nervation, fortement grossis, avec les scrobicules. Fig. 2. Pteris disjecta Sap., pinnule, grandeur naturelle. — 2%, la même grossie. Fig. 3. Chrysodium minus Sap., fragment de pinnule, grandeur naturelle ; — 3", même fragment grossi. Fig. 4. Chrysodium dilaceratum Sap., fragments de pinnules, grandeur natu- relle. — 4°, mêmes fragments grossis. Fig. ». Même espèce, autre fragment de pinnule, grandeur naturelle.—5* por- tion du même fragment, grossie, pour montrer la disposition du réseau veineux. Fig. 6. Lygodium parvifolium Sap., segment de fronde, grandeur naturelle. Fig. 7. Lygodium tenellum Sap., fronde fertile, grandeur naturelle. — 7%, même organe grossi. Fig. 8. Lygodium distractum Sap. segment de fronde, grandeur naturelle. — 8, même segment grossi. Fig. 9. Pieris caudigera Sap., fragment de pinnules, grandeur naturelle. — 92, même fragment grossi. Fig. 10 et 11. Gleichenia semidestrucla Sap. — 10, fragment de pinnule, grandeur naturelle; 30%, même fragment grossi; 11, portion de rachis d’une fronde, grandeur naturelle; 11%, même organe grossi. Fig. 12, Maratia modesta Sap., fragment d’une penne ou frondule, grandeur naturelle. -— 12%, portion du même fragment, grossie, pour montrer la dispo- sition des nervures et les vestiges d'insertion des appareils fructificateurs ou thèques. Fig. 13. Phegopteris provincialis Sap., fragment de penne ou segment de fronde, grandeur naturelle. — 1*, portion du même segment, grossie. Fig. 14 et 15. Isoetopsis subaphylla Sap., les deux côtés de la même empreinte d’une feuille fertile ou bractée écailleuse sporangifère, grandeur naturelle. — 14%, empreinte de la face ventrale, grossie ; 14°, même empreinte restituée en relief, sous le même grossissement, pour montrer l'aspect et l’emplace- ment du sporange; 15%, empreinte de la face dorsale de la même écaille, FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 177 grossie; 15°, même empreinte restituée en relief d’après un moule, sous le même grossissement, pour montrer l'aspect de la carène dorsale. Fig. 16, 17 et 18. Même espèce, autres écailles sporangifères, grossies et mon- trant : — les unes, 16 et 17, leur face ventrale ou supérieure, restituée en relief, d’après un moule, en 16* et 17*; une autre, 18, montrant sa face dorsale, restituée en relief, d’après un moule, en 18%. Fig. 19 et 20. Même espèce, les deux côtés d’une même empreinte représentant la base d’une feuille stérile, vaginante inférieurement, grandeur naturelle. — 19% et 19°, les mêmes côtés grossis. PLANCHE III. Fig. 1-3. Juniperus ambiqua Sap., galbules.—1, à l’état d’empreinte, restituée en relief et légèrement grossie en 1*; 2 et 3, deux autres galbules, grandeur naturelle; l’un d’eux légèrement grossi en 2*, Fig. 4. Libocedrites salicornioides Endl., article ou fragment de ramule déta- ché, grandeur naturelle. — 4*, le même grossi. Fig. 5. Chamaæcypariles massiliensis Sap., fragment de ramule, grandeur naturelle. — 52, le même grossi. Fig. 6-8. Philibertia exul Sap.— 6 et T, ramules, grandeur naturelle; 6*, 6° et 1*, les mêmes vus sous divers grossissements; 8, extrémité supérieure d’un ramule ferminé par un strobile, grandeur naturelle; 8*, le même grossi. Fig. 9-13. Pinus tetraphylla Sap. — 9, feuille, grossie en 9° pour montrer la carène et les nervures latérales ; 10 et 11, écaille détachée d’un strobile mon- trant sa face supérieure (10), avec l’emplacement occupé par les semences, et sa face dorsale ou extérieure (11), avec la saillie apophysaire, grandeur naturelle; 12 et 13, deux semences attribuées à la même espèce, grandeur naturelle. Fig. 14-16. Pinus brachylepis Sap. — 14, feuille, grandeur naturelle; 14%, base ou partie vaginale de la même, grossie; 15 et 16, les deux côtés d’une même écaille détachée d’un strobile, grandeur naturelle; 16*, face dorsale de la même, grossie. Fig. 17-18. Pinus sodalis Sap. — 17, feuille, grandeur naturelle; 18, frag- ment d’écaille détachée d’un strobile avec la saillie apophysaire restituée d’après un moule, grandeur naturelle; 18*, même organe grossi. Fig. 19. Pinus humilis Sap., strobile, d’après un moule en relief de l'empreinte originale, grandeur naturelle. Fig. 20-21. Pinus setiformis Sap., feuilles. — 20*, l’une d'elles, grossie. Fig. 22. Pinus vetustior Sap., feuille, grandeur naturelle. — 22°, une des aiguilles grossie; 22°, portion plus fortement grossie. PLANCHE IV. Fig. 1. Pinus parvula Sap., strobile, d’après un moule en relief de l’em- T° série, Bor. T. X (Cahier n° 3). 12 178 G. DE SAPORTA. preinte originale, grandeur naturelle. — 1*, plusieurs écailles grossies, pour montrer la forme de la saillie apophysaire. Fig. 2. Pinus humilis Sap., strobile, d’après un moule en relief de l'empreinte originale, grandeur naturelle. Fig. 3-5. Pinus senescens Sap. — 3, strobile attaché au rameau, d’après un moule en relief de l'empreinte originale, grandeur naturelle; 3%, portion du même grossie, 4 et », écailles isolées de la même espèce, grandeur naturelle. Fig. 6. Pinus parvula Sap., feuille, grandeur naturelle. D lig. 7. Pinus seminifer Sap., écaille détachée d’un strobile, grandeur naturelle. Fig. 8. Pinus robustifolia Sap., écaille détachée d’un strobile, grandeur natu- relle. Fig. 9. Pinus tetraphylla Sap., semence, grandeur naturelle. Fig. 10. Abies palæostrobus Sap., strobile qui paraît encore attaché à un rameau dénudé, d'après un moule en relief de l'empreinte originale, gran- deur naturelle. — 10*, sommité du même organe, grossie. Fig. 11 et 12. Pinus gracilis Sap., les deux côtés du même strobile encore adhérent à la branche, d’après un moule en relief de l’empreinte originale, grandeur naturelle. Fig. 13. Abies abscondita Sap., feuille, grandeur naturelle. Fi Fig. 18. À, Blytiia? mullisecta Sap., frondule, grandeur naturelle; B, Cype- rites adjunctus Sap., feuille, grossie en B'; C, Jungermannites anceps Sap., fragment de caulicule feuillée, grossi en C; D, foliole d’un Acacia; A', fron- dule du Blyltia mullisecta sous un assez fort grossissement. use . 14-17. Podocarpus eocenica Ung., feuilles, grandeur naturelle. PLANCHE V. Fig. 4-8. Ephedra nudicaulis Sap. — 1 à 5, fragments de rameaux de diverses grosseurs, grandeur naturelle; 2? et 3*, portions de deux de ces ramules, grossies; 9, fragment de rameau avec l’origine de deux ramules Jatéraux, grandeur naturelle; 5% et 5°, le même grossi; 6, téguments ou involucre ovulaire, grandeur naturelle; 6%, même organe grossi; 7 et 8, rameaux ter- minés au sommet par des globules qui paraissent correspondre à des fruits, grandeur naturelle; 7*, un de ces rameaux grossis. Fig. 9. En a, Dracænites minor Sap., partie inférieure d’une feuille, gran- deur naturelle; en b, Rhizocaulon gypsorum Sap., radicule encore en place, munie de fibrilles, grandeur naturelle; à la surface d’une plaque marneuse. Fig. 10. Poacites exaratus Sap., feuille, grandeur naturelle. — 10", détails de la nervation, grossis. Fig. 11. Podostachys minutiflora Sap., organe fructificateur pédicellé, gran- deur naturelle. — 11%, même organe grossi. C] Ce] Fig. 12. Philibertia exulSap., ramule provenant du gisement de Saint-Zacharie, grandeur naturelle. — 12%, le même grossi. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 179 Fig. 13. Poacites residuus Sap., épillet, grandeur naturelle. — 132, même organe grossi. Fig. 14. Poacites rescissus Sap., fragment de tige, grandeur naturelle. — 14%, le même grossi. Fig. 15 et 16. Carexæ diffusa Sap., utricules, grandeur naturelle. — 15: et 16%, deux de ces utricules grossis. Fig. 17 et 18. Carex sodalis Sap., utricules, grandeur naturelle. — 17* et 18%, les mêmes grossis. Fig. 19. Carex cornuta Sap., utricule, grandeur naturelle. — 192, le même grossi. Fig. 20. Carex Philiberti Sap., utricule, grandeur naturelle. — 20%, le même grossi. Fig. 21. Carex diffusa Sap., utricule, grandeur naturelle. — 21*, le mème grossi. Fig. 22 et 23. Carex apiculata Sap., utricules, grandeur naturelle. — 22: et 254, les mêmes grossis. Fig. 24. Carex acutior Sap., utricule, grandeur naturelle. — 242, le même SSI. a Le À © PLANCHE VI. Fig. 1. Poacites vaginatus Sap., fragment de tige invaginée, grandeur natu- relle. — 1°, même fragment grossi. Fig. 2 et 3. Poacites corrugatus Sap., épillets, grandeur naturelle. — 2* et 3°, les mêmes grossis. Fig. 4. Poacites bambusinus Sap., lambeau de feuille, grandeur naturelle. Fig. 5-6. Arundo lacerata Sap., deux fragments de feuilles, grandeur natu- relle. — 5°, détails de la nervation, grossis. Fig. 7 et 8. Sparganium strictum Sap., feuilles, grandeur naturelle. Fig. 9. Sparganium stygium Hr., fragment de feuille, grandeur naturelle. — 94, le même grossi. Fig. 10. Cyperites notandus Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle. — 10%, détails de la nervation, grossis. Fig. 11. Cyperites lacerus Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle. — Oo ? Oo RE) 11%, le même assez fortement grossi. Fig. 12 et 13. Poaciles firmior Sap., fragments de feuille, grandeur naturelle. — 13%, détails de la nervation, grossis. Fig. 14. Poacites spicans Sap., épillet, grandeur naturelle. — 14*, même organe grossi. Fig. 15. Poacites glycerioides Sap., feuille presque entière, grandeur natu- relle. — 15%, détails de la nervation, grossis. Fig. 16. Cyperiles gracilis Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle. — 16%, détails de la nervation, grossis. 180 G. DE SAPORTA. Fig. 17. Cyperites intricatus Sap., fragment de tiges et feuille entremêlées, grandeur naturelle. — En À, fruit de Sparganium, attribué au Sparganium stygium Hr.; 17%, portion de tige grossie; 17° A”, fruit du Sparganium grossi. Fig. 18. Poacites spoliatus Sap., inflorescence en épi retenant des résidus de glumelles, grandeur naturelle. — 18*, même organe grossi. PLANCHE VII. Fig. 1. Typha latissima Al. Br., plusieurs feuilles couchée l’une sur l’autre, grandeur naturelle. — 1*, détails de la nervation, grossis. Fig. 2 et 3. Typha angustior Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle. — 22,9, et 31, 3°, détails de la nervation grossis; en 2 A, sommité d’une feuille de Sparganiuimn? Fig. 4. Sparganium stygium Hr., fragment de feuille, grandeur naturelle. — A+, détails de la nervation, grossis. Fig. 5. A, Typha angustior Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle; B, Cyperitles effossus Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle. Fig. 6 et 7. Sparganium strictum Sap., fragment de feuille, grandeur natu- relle. — 6tet 72, détails de la nervation grossis. Fig. 7 (bis). Cyperiltes costinervis Sap., fragment de feuille, grandeur natu- relle. — 7° et 7”, détails de la nervation, grossis. Fig. 8. À, Sparganium strictum Sap., fragment de feuille; B, Cyperites effossus Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle, grossi en 8 B’ pour montrer les détails de la nervation; C, Poacites adscriptus Sap., fragments de feuille, grossi en 8 C! (8% par erreur). Fig. 9. Cyperiles assimilis Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle. — 9%, détails de la nervation, grossis. Fig. 10 et 11. Dracæniles pusillus Sap., fragment de tige bulboïde présentant une feuille encore en place, grandeur naturelle. — 11°, feuille grossie mon- trant sa base et les détails de sa nervation. PLANCHE VII. Fig. 1. Poacites striatulus Sap., feuille, grandeur naturelle. — 1°, détails de la nervation, grossis. Fig. 2. Dracænites resurgens Sap., moitié inférieure d’une feuille avec une partie de la base, grandeur naturelle. — 2*, détails de la nervation, grossis. Fig. 3-6. Rhizocaulon gypsorum Sap. — 3, fragment d’une feuille repliée sur eile-même, grandeur naturelle; 4, fragment de tige ou de tégument cortical avec cicatrice radiculaire, grandeur naturelle; 5, autre fragment se rappor- tant à l’origine du rhizome avec nombreuses cicatrices radiculaires, grandeur naturelle ; 6, autre lambeau déchiqueté de tégument cortical avec nœud et cicatrices radiculaires, grandeur naturelle. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 181 Fig. 7-12. Rhizocaulon perforatum Sap. — 7, radicule caulinaire détachée, encore munie d’une partie de ses fibrilles, grandeur naturelle; 8, lambeau comprimé de tégument cortical avec nœud et cicatrices radiculaires éparses, grandeur naturelle; 9 et 10, deux autres lambeaux de même nature, égale- ment parsemés de cicatrices d'insertion radiculaires, grandeur naturelle; 11, autre lambeau de même nature, grandeur naturelle; 12, sommité d’une feuille attribuée à la même espèce, grandeur naturelle. Fig. 13. Smilaæ Philiberti Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 14. Cyperites detectus Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle. Fig. 15. Iridium latius Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle. PLANCHE IX. Fig. 1 et 2. Smilax Coquandii Sap. — 1, fragment de feuille; 2, la même res- taurée. Fig. 3. Cyperites plicatifolius Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle, Fig. 4. Potamogeton trinervius Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle. Fig. 5. Crocus? atavorum Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle. Fig. 6 et 7. Potamogelon asperulus Sap. — 6, fragments de tiges et de feuilles accumulées, grandeur naturelle; 62, portion de feuille, grossie; 6° et G°, por- tions de tiges, grossies; 7, portion de tige ramifiée, grandeur naturelle. Fig. 8. Potamogeton filiformis Sap., portion de tige, munie de ses feuilles, grandeur naturelle. Fig. 9. Cyperites refleæus Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle. Fig. 10. Fridium aquense Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle. — 10%, détails de la nervation, grossis. Fig. 11. Dracæniles pusillus Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle. — 11%, détails de la nervation, grossis. Fig. 12. Depazea Andromedæ Sap., macules éparses à la surface d’une feuille de l’Andromeda atavia Sap. — 122, portion grossie pour montrer la forme et la disposition des macules attribuées au Depazea. Fig. 13. Cyperites costinervis Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle. — 13%, détails de la nervation grossis. 0 PLANCHE X. Fig. 1-2. Musophyllum speciosum Sap., fragments de feuille, grandeur natu- relle. Fig. 3-5. Zingiberites peliolaris Sap., lambeaux de feuilles bractéiformes, grandéur naturelle. — 4° et 5°, portions grossies pour montrer la disposition des nervures. Fig. 6. Potamogeton erectus Sap., portion de tige, pourvue de ses feuilles, grandeur naturelle. Fig. 7. Sabalites præcursoria Sap., portion de fronde, grandeur naturelle. 182 G. DE SAPORTA. DEUXIÈME PARTIE PLANCHE Î. Fig. 1. Myrica dryomorpha Sap., feuille, grandeur naturelle. — 1*, détails de la nervation, grossis. Fig. 2. Myrica lævigata? Sap., portion de feuille, grandeur naturelle. Fig. 3. Myrica elongata Sap., feuille mutilée inférieurement, grandeur natu- relle. Fig. 4-5. Myrica aquensis Sap., feuilles, grandeur naturelle. Fig. 6. Myrica palæomera Sap., chaton présumé, grandeur naturelle, — 6*, même organe grossi. Fig. 7-10. Alnus antiquorum Sap. — 7 et 8, les deux côtés d’une même feuille, grandeur naturelle; 9, autre feuille de la même espèce, grandeur naturelle; 10, strobile, grandeur naturelle; 10*, même organe grossi. Fig. 11. Ostrya humilis Sap., involucre, grandeur naturelle. — 11° et 11°, même organe grossi et vu par l’une et l’autre de ses deux faces, d’après un moule en relief; 11°, détails de la nervation, grossis. Fig. 12. Dalbergia affinis Sap., foliole, grandeur naturelle. Fig. 13. Phyllites mimosæformis Sap., segment de foliole, grandeur naturelle, PLANCHE Il, Fig. 1 et 2. Ostrya humilis Sap., les deux côtés d’une empreinte de feuille, partiellement restaurée, grandeur naturelle. — 2%, détails de Ja nervation, grossis. Fig. 8 et 4. Alnus antiquorum Sap. — 3, chatons présumés, grandeur natu- relle; 3°, mêmes organes grossis; 4, samare, grandeur naturelle; 42, même organe grossi. Fig. 5. Betula sodalis Sap., samare, grandeur naturelle, — 5*, même organe grossi. lig. 6-8. Betula stenolepis Sap. — 6, samare, grandeur naturelle; 6%, même organe grossi; 7 et 8, écaille détachée d’un strobile, vue des deux côtés, grandeur naturelle; 7° et 8°, les mêmes côtés vus sous un fort grossisse- ment. Fig. 9. Populus Heerii Sap., fragment de feuille, grandeur naturelle. Fig. 10. Quercus areolata Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 11. Quercus palæophellos Sap., feuille, grandeur naturelle. lig. 12 et 13. Quercus elliplica Sap., feuilles, grandeur naturelle. — En a, fig. 12, Acer oligopteryx Sap., samare, grandeur naturelle. — 12°, même organe grossi. FLORE FOSSILE D'AIX-EN-PROVENCE. 183 Fig. 14. Quercus spinescens Sap., feuille, grandeur naturelle. — 14%, détails de la nervation, grossis. PLANCHE III. Fig. { et 2. Myrica iliciformis Sap., feuilles, grandeur naturelle, — 923, dé- tails de la nervation, grossis. Fig. 3. Quercus elliptica Sap., deux feuilles couchées l’une sur l’autre, gran- deur naturelle. Fig. 4. Quercus ilicina Sap., feuille, grandeur naturelle. — 4° et 4°, détails de la nervation, grossis. Fig. 5, 6 et 7. Quercus aquisextana Sap. — 5 et 6, fragments de feuille, se rapportant aux deux faces d’une même empreinte, grandeur naturelle; 7, feuille reconstituée, grandeur naturelle. Fig. 8. Salix aquensis Sap., feuille, grandeur naturelle. — 8%, détails de la nervation, grossis. Fig. 9. Salix demersa Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 10. Sapindus lacerus Sap., foliole, grandeur naturelle. PLANCHE [V. Fig. 1. Quercus lauriformis Sap., feuille, grandeur naturelle, Fig. 2. Quercus elæomorpha Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 3. Ficus superstes Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 4. Tetranthera incognila Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 5. Daphnogene amplior Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 6. Oreodaphne vetustior Sap., fruit présumé, grandeur naturelle. Fig. 7. Cinnamomuim apiculatum Sap., fruit, grandeur naturelle. — 7*, même organe grossi. Fig. 8. Cinnamomum palæocarpum Sap., fruit. — 8°, même organe grossi. Fig. 9. Oreodaphne restituta Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 10, 11, 12, 13 et 14. Populus Heerii Sap. — 10 et 11, fruit capsulaire vu par ses deux faces, grandeur naturelle; 10%, le même grossi, d’après un moule en relief; 12, bractées ou écailles gemmaires attribuées à la même espèce, grandeur naturelle; 13 et 14, autre bractée ciliée, vue par les deux faces, grandeur naturelle; 13° et 14*, même organe grossi. Fig. 15. Salix retinervis Sap., feuille, grandeur naturelle. el Fig. 16 et 17. Salix aquensis Sap., fruits capsulaires bivalves présumés, PLANCHE V, Fig. g. 1. Cinnamomum spectabile Hr., feuille, grandeur naturelle. Fig. 2 et 3. Cinnamomum Buchii Hr., feuilles, grandeur naturelle. y o | ig. 4. Cinnamomum ovale Sap., feuille, grandeur naturelle. 184 G. DE SAPORTA. Fig. 5. Oreodaphne detecta Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 6. Cinnamomum Scheuchzeri Hr., feuille, grandeur naturelle. Fig. 7. Daphnogene lacera Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 8. Daphnogene parvula Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 9. Daphne impressa Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 10 et 11. Quercus socia Sap., feuille, les deux côtés d’une même empreinte, grandeur naturelle. Fig. 12. Dalbergia phleboptera? Sap., légume, grandeur naturelle, PLANCHE VI. Fig. 1. Cinnamomum Scheuchzeri Hr., feuille, grandeur naturelle. Fig. 2. Cinnamomum Buchii Hr., feuille, grandeur naturelle. Fig. Fig. 5, 6, 7, 8, 9 et 10. Cinnamomum lanceolatum Hr., feuilles, grandeur naturelle. get 4. Cinnamomum elongatum Sap., feuilles, grandeur naturelle, Fig. 11. Daphnogene coriacea Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 12. Cinnamomum rotundatum Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 13, 14 et 15. Cinnamomum ovale Sap., feuilles, grandeur naturelle. g. 16 et 17. Cinnamomum aquense Sap., feuilles, grandeur naturelle. Fig. 18. Cinnamomum emarginalum Sap., feuille, grandeur naturelle. g. 19. Cinnamomum subtilinervium Sap., feuille, grandeur naturelle. PLANCHE VII. Fig. 1. Cinnamomum polymorphum Hr., var. camphoræfolium Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 2 et 3. Phœbe aquensis Sap. — 2, feuille, grandeur naturelle; 3, frag- ment de périanthe ou calice pédonculé fructifère, grandeur naturelle; Aa 3, mème organe grossi. Fig. 4 et 5. Oreodaphne vetustior Sap., les deux faces d’une même feuille, grandeur naturelle. g. 6 et 7. Oreodaphne gracilis Sap., feuilles, grandeur naturelle. Fig. 8. Proteoides Philiberti Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 9. Vaccinium numullarium Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 10. Vaccinium minutifolium Sap., feuille, grandeur naturelle. PLANCHE VII. Fig. 1. Palæorachis subgracilis Sap., fragment de rachis, grandeur natu- relle. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 185 Fig. 2. Palæorachis distans (Ett.) Sap., fragment de rachis, grandeur natu- relle. Fig. 3, 4,5 et 6. Palæorachis prisca Sap., fragments de diverses parties du rachis d’une inflorescence de Sabal? grandeur naturelle. Fig. 7 et 8. Catalpa palæosperma Sap., graines, grandeur naturelle, —. Te et 8, les mêmes grossis. Fig. 9, 10, 11, 12, 13 et 14. Catalpa microsperma Sap., graines, grandeur naturelle. — 9% et 10*, deux de ces graines grossies. Fig. 15. Catalpa palæosperma Sap., graine, grandeur naturelle. — 15°, même organe grossi. Fig. 16. Cypselites aquensis Sap., achaine, grandeur naturelle. — 16%, même Oo [L ) 9 ? organe grossi. Fig. 17. Cypselites fractus Sap., achaine, grandeur naturelle. — 17, même organe grossi. Fig. 18. Cypseliles spoliatus Sap., achaine, grandeur naturelle. — 18*, même S De > $ organe grossi. Fig. 19. Cypseliles tenuirostratus Sap., achaine. — 19°, même organe grossi. PLANCHE IX. Fig. 1 et 2. Fraxinus longinqua Sap. — 1, samare, grandeur naturelle ; 1%, même organe grossi; 2, foliole présumée, grandeur naturelle. Fig. 3. Isalides microcarpa Sap., silicule, grandeur naturelle. — 3°, même organe grossi. Fig. 4 et 5. Nerium exile Sap. — 4, feuille, grandeur naturelle; 4, détails de la nervation, grossis; 5, follicule, grandeur naturelle; 5°, même organe, grossi. Fig. 6. Apocynophyllum macilentum Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 7. Olea (Notelea?) grandæva Sap., fragment de rameau muni de plu- sieurs feuilles, grandeur naturelle. Fig. 8. Vaccinium aquense Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 9. Styrax atavium Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 10 et 11. Myrsine miranda Sap., les deux côtés de la même empreinte de feuille, grandeur naturelle. Fig. 12. Bumelia expansa Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 13. Myrsine subretusa Sap., feuille, srandeur naturelle. — 13*, la même grossie. Fig. 14. Bumelia Oreadum Ung., feuille, grandeur naturelle. Fig. 15. Andromeda adjuncta Sap., feuille, grandeur naturelle. 186 G. DE SAPORTA. PLANCHE X, Fig. 1 et 2. Hedera Philiberti Sap., feuilles, grandeur naturelle. Fig. 3. Aralia corrugata Sap., foliole présumée, grandeur naturelle. Fig. 4 et 5. Diospyros mullinervis Sap., feuilles, grandeur naturelle. — o?, détails de la nervation, grossis. Fig. 6. Diospyros corrugata Sap., feuille, grandeur naturelle. — 6*, détails de la nervation, grossis. Fig. 7. Cedrelospermum Philiberti Sap., graine ailée, grandeur naturelle. Fig, 8. Hedera Philiberti Sap., fruit présumé, grandeur naturelle. — 8°, même organe grossi. PLANCHE X[ Et XII. Fig. 1et 2. Aralia aquiseætana Sap., portions de feuilles, dont l’une réduite au pétiole, grandeur naturelle. ee) Fig. 3. Aralia tr'ansversinervia Sap., foliole présumée, grandeur naturelle. 4. Aralia spinulosa Sap., foliole présumée, grandeur naturelle. . Aralia (Cussonia?) retinervis Sap., foliole, grandeur naturelle. o Oo Fig. 6. Aralia cristata Sap., fruit, grandeur naturelle. — 6*, même organe grossi. Biel CE (OL. Fig. 7. Pimelea obscura Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 8. Andromeda adscribenda Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 9 et 10. Myrtus corrugata Sap., les deux côtés d’une empreinte de feuilles mutilées, grandeur naturelle. Fig. 11. Dalbergia adjuncta Sap., foliole, grandeur naturelle. Fig. 12. Cæsalpinites oxycarpus Sap., légume grossi. PLANCHE XII. Fig. 1. Myrsine reperta Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 2. Berberis (Mahonia) aculeata Sap., foliole, grandeur naturelle. Fig. 3, 4 et 5. Bumelia subspathulala Sap., feuille, grandeur naturelle. Pig. 6. Phyllites squamosus Sap., feuille, grandeur naturelle. — 6*, la même grossie. Fig. 7. Bumelia minuta Sap., feuille, grandeur naturelle. — 7*, la même grossie. Fig. 8. Callistemophyllum priscum Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 9. Myrlus aquensis Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 10 et 11. Nymphæa aypsorum Sap. — 10, coussinet foliaire ou pédon- culaire, grandeur naturelle; 11, amas de graines, grandeur naturelle; 11%, mêmes organes grossis. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 187 Fig. 12. Anæciomeria nana Sap., coussinets foliaires, grandeur naturelle. — 12%, les mêmes grossis. Fig. 13 et 14. Nymphæa parvula Sap., graines présumées, grandeur natu- relle. — 14%, l’une d’elles grossie, pour montrer l'ouverture et la saillie micro- pylaires. Fig. 15, 16 et 17. Anæctomeria nana Sap. — 15, ovaire ou fruit jeune présumé, grandeur naturelle; 15°, même organe grossi; 16, disque épi- gyne détaché, grandeur naturelle; 16%, même organe grossi; 17, graines présumées, grandeur naturelle; 17°, les mêmes grossies; 17, les mêmes moulées et grossies. PLANCHE XIV. Fig. 1. Magnolia (Michelia?) proxima Sap., feuille en partie restaurée, gran- deur naturelle. Fig. 2. Phyllites assimilis Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 3. Diospyros varians Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 4. Aralia paratropiæformis Sap., fruit, grandeur naturelle. — 4°, même organe grossi. Fig. 5 et 6. Polygala pristina Sap. — 5, feuille, grandeur naturelle; 5°, la même grossie; 6, fruit samaroïde présumé, grandeur naturelle; 6*, même organe grossi. Fig. 7. Celastrus emarginatus Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 8 et 9. Acer sexlianum Sap., les deux côtés d’une samare, grandeur naturelle. Fig. 10 et 11. Zygophyllum primævum Sap., valves samaroïdes, grandeur naturelle. — 10% et 11°, les mêmes grossies. Fig. 12. Zygophyllum cyclopterum Sap., capsule ou valve de capsule sama- roïde, grandeur naturelle, — 12% et 12b, même organe sous deux grossis- sements. Fig. 13. Celastrus lacerus Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 14. Zanthoxylon aquense Sap., feuille, grandeur naturelle. — 11%, la même grossie. PLANCHE XV. Fig. 1 et 2. Celastrus Adansoni Sap., les deux côtés d’une même feuille, gran- deur naturelle. Fig. 3. Celastrus salyensis Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 4. Celastrus crenulatus Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 5. Celastrus gracilior Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 6. Zizyphus ovata O0. Web., feuille, grandeur naturelle. Fig. 7. Amygdalus oblusata Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 8. Myrtus palæogæa Sap., foliole, grandeur naturelle. — 8*, même organe grossi. 188 G. DE SAPORTA. Fig. 9. Rhus macilenta Sap., foliole, grandeur naturelle. — 9, la même grossie. Fig. 10. Rhus effossa Sap., foliole, grandeur naturelle. Fig. 11. Myrtus priscorum Sap., fruit présumé, grandeur naturelle, — 11%, même organe grossi. Fig. 12 et 13. Cotoneaster primordialis Sap., fruits, grandeur naturelle. — 13*, les mêmes grossis. PLANCHE XVI. Fig. 1. Rhamnus cyclophyllus Sap., feuille, grandeur naturelle. lig. 2. Phyllites pistaciæformis Sap., feuille ou foliole, grandeur naturelle. Fig. 3. Myrsine pachyderma Sap., feuille, grandeur naturelle. — 3°, la même grossie. Fig. 4. Anthites trifidus Sap., calice? grandeur naturelle. — 4°, même organe grossi. Fig. 5. Phyllites plicato-rugosus Sap., feuille ou foliole, grandeur naturelle. Fig. 6. Carpites stipatus Sap., fruit, grandeur naturelle, — 6* et 6”, même organe grossi. Fig. 7. Dalbergia emarginata Sap., foliole, grandeur naturelle. Fig. 8. Phyllites repertus Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 9. Phyllites extractus Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 10. Andromeda atavia Sap , feuille, grandeur naturelle. Fig. 11. Phyllites socius Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 12. Phyllites proximus Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 13. Vaccinium admissum Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 14. Dalbergia superstes Sap., foliole, grandeur naturelle. Fig. 15. Rhus denticulata Sap., foliole, grandeur naturelle. Fig. 16. Vaccinium parvulum Sap., feuille, grandeur naturelle. — 162, Ja même grossie. Fig. 17. Phyllites pachydermus Sap., feuille, grandeur naturelle. — 172, la même grossie. Fig. 48. Phyllites vestitus Sap., feuille, grandeur naturelle. — 18%, la même grossie. Fig. 19. Phyllites spinulosus Sap., feuille, grandeur naturelle. — 19%, Ja même grossie. Fig. 20. Isatides capselloides Sap., silicule, grandeur naturelle. — 20, même organe grossi. Fig. 21. Carpites capsularis Sap., fruit capsulaire, grandeur naturelle. — 21%, le même grossi. Fig. 22. Anthiles residuus Sap., corolle ou fleur, grandeur naturelle. — 22%, la même grossie. Fig. 25. Peucedanites coronatus Sap., méricarpe présumé, grandeur natu- relle.— 23%, même organe grossi. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 189 Fig. 24. Nerium exile Sap., graine présumée, grandeur naturelle. — 2%, Ja même grossie. Fig. 25. Anthites exœul Sap., fleur, grandeur naturelle. — 25°, la même grossi. PLANCHE XVII. Fig. 1et2. Trifolium palæocalyx Sap., les deux côtés d’un calice fructifère, grandeur naturelle. — 1° et 2°, les mêmes côtés grossis. Fig. 3 et 4. Carpiles nucamentosus Sap., fruit. — 3, empreinte, grandeur naturelle ; 4, même organe, d’après un moule en relief. Fig. 5. Carpites appendiculatus Sap., organe carpellaire ? grandeur naturelle. — 5°, le même grossi. Fig. 6 et 7. Chenopodites helicoides Sap., graines comprimées et cyclosper- mées, présumées, grandeur naturelle. — 7*, l’une d'elles grossie. Fig. 8. Osyris primæva Sap., fruit présumé, grandeur naturelle. — 8%, même organe grossi. Fig. 9. Osyris socia Sap., fruit, grandeur naturelle. — 9%, même organe grossi. Fig. 10. Osyris socia? Sap., autre fruit présumé, grandeur naturelle. Fig. 11. Carpites trapæformis Sap., fruit, grandeur naturelle. — 11°, même organe grossi. Fig. 12, 13 et 14. Hieracites stellatus Sap., involucres présumés, de gran- deur naturelle et grossis. Fig. 15 et 16. Inula pulicaria L., involucres ouverts et étalés après l’anthèse, pour servir de terme de comparaison avec l’Hieracites stellatus. Fig. 17. Anthites caryophylloides Sap., organe floral, grandeur naturelle, — 17, le même grossi. Fig. 18. Anthites fragilis Sap., fleur ou calice, grandeur naturelles — 18, même organe grossi. Fig. 19. Carpites collectus Sap., fruit bacciforme, grandeur naturelles — 19%, le même grossi. Fig. 20. Anthites exul Sap., fleur, grandeur naturelle. Fig, 21. Myrsinites palæanthus Sap., corolle, grandeur naturelle: — 21%, même organe grossi. Fig. 22, Anthites obscurus Sap., calice ou corolle, grandeur naturelle. — 22%, même organe grossi: Fig. 23. Dalbergia collecta Sap., foliole, grandeur naturelle. Fig. 24. Zygophyllum primævum Sap., feuille présumée, grandeur naturelle: Fig. 25. Gassia aquensis Sap.; foliole, grandeur naturelle. Fig. 26, Gymnocladus modesta Sap.; foliole, grandeur naturelle: 190 G. DE SAPORTA. PLANCHE XVII. Fig. 1. Andromeda sublerranea Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 2. Myrsine punctulala Sap., feuille, grandeur naturelle. — 2*, la même grossie. Fig. 3. Rhamnus approximatus Sap., feuille, grandeur naturelle. Fig. 4. Phyllites litigiosus Sap., feuille ou foliole, grandeur naturelle. Fig. 5. Cedrelospermum abietinum Sap., graine, grandeur naturelle. — 5*, la même grossie. Fig. 6. Cedrelospermum refractum Sap., graine, grandeur naturelle. — 6, la même grossie. Fig. 7. Cedrelospermum cyclopterum Sap., graine, grandeur naturelle. — a, la même grossie. Fig. 8. Cedrelospermum cultratum Sap., graine, grandeur naturelle. — 8%, la même grossie. Fig. 9 et 10. Cedrelospermum Philiberti Sap., graines, grandeur naturelle. — 9* et 10%, les mêmes grossies. Fig. 11. Cedrelospermuim aquense Sap., graine, grandeur naturelle. — 11%, la mème grossie. Fig. 12, Carpites compressus Sap., fruit, grandeur naturelle. — 12%, le même grossi. lig. 13. Ranunculuspalæocarpus Sap., achaine présumé —13, même organe grossi. Fig. 14. Clematis nudistyla Sap., achaine présumé, grandeur naturelle. — 14, même organe grossi. Fig. 15, 16 et 17. Cedrelospermum (Embothrites) boreale (Ung.) Sap., réunion de graines, grandeur naturelle. — 15*et 17, plusieurs d’entre elles, grossies. Fig. 18. Dalbergiaphleboptera Sap., légume, grandeur naturelle, — 18%, le meme grossi. Fig. 19. Dalbergia microcarpa Sap., légume, grandeur naturelle. — 19%, même organe grossi. Fig. 20. Dalbergia selecta Sap., légume, grandeur naturelle. — 20*, le même grossi. Fig. 21. Leguminosites superstes Sap., foliole, grandeur naturelle. — 21%, la même grossie. Fig. 22 ei23. Acacia gracillima Sap., folioles, grandeur naturelle. — 22% et 234, les mêmes grossies. Fig. 24 et 25. Acacia assimilanda Sap., folioles, grandeur naturelle. — 24 et 25, les mêmes grossies. Fig. 26. Acacia discreta ;Sap., foliole, grandeur naturelle. — 26*, la même grossie. FLORE FOSSILE D’AIX-EN-PROVENCE. 191 Fig. 27. Acacia assimilanda Sap., foliole, grandeur naturelle. — 27%, la même grossie. Fig. 28 et 29. Acacia oblita Sap., folioles, grandeur naturelle. — 28* et 29, les mêmes grossies. PLANCHE XIX. Fig. 1 et 2. Acacia brevior Sap., légumes, grandeur naturelle. Fig. 3. Acacia obscura Sap., légume, grandeur naturelle. Fig. 4. Acacia exilis Sap., moitié inférieure d’un légume, grandeur naturelle. — 4, même organe grossi. Fig. 5,6 et 7. Calpurnia microcarpa Sap. — 5, légume complet, grandeur naturelle ; 6 et 7, folioles présumées, grandeur naturelle. Fig. 8. Dalbergia minima Sap., foliole, grandeur naturelle. Fig. 9. Mimosa macroptera Sap., fragment de foliole, grandeur naturelle. Fig. 10. Cassia aquensis Sap., légume présumé, grandeur naturelle. Fig. 11. Acacia brachycarpa Sap., légume, grandeur naturelle. Fig. 12, 13, 14 et 15. Acacia oblita Sap., folioles, grandeur naturelle, — 12 et 15%, les mêmes grossies. Fig. 16. Leguminosites microspermus Sap., légume, grandeur naturelle, — 16%, même organe grossi. Fig. 17 et 18. Citysus palæocarpus Sap., les deux côtés du même légume déhiscent et aux valves étalées, grandeur naturelle. —17* et 18%, les mêmes parties grossies, Fig. 19. Dalbergia (Brachypterum ?) provincialis Sap., légume monosperme, grandeur naturelle. — 1%, le même grossi. Fig. 20. Leguminosites verrucosus Sap., valve de fruit, grandeur naturelle. — 20%, même organe grossi. Fig. 21. Mimosa Philiberti Sap., fragment de feuille avec deux folioles opposées, grandeur naturelle. Fig. 22. Acacia adscripta Sap., foliole, grandeur naturelle. — 224, la même grossie. Fig. 23. Leguminosites restilutus Sap., foliole, grandeur naturelle, Fig. 24. Gæsalpinites colligendus Sap., foliole, grandeur naturelle. PLANCHE XX. Fig. 1. Carpites sulcato-rugosus Sap., valve capsulaire, grandeur naturelle, — 1, même organe grossi. Fig. 2. Anthiles spoliatus Sap., fleur ou calice, grandeur naturelle. — 21, même organe grossi. Fig. 3. Peucedanites æthusæformis Sap., méricarpe présumé, grandeur natu- relle. — 3%, même organe grossi. 192 G. DE SAPORTA. Fig. 4. Carpites discoidalis Sap., fruit, grandeur naturelle — 4*, même organe grossi.— 4b, le même grossi d’après un moule en relief. Fig. 5. Hieracites nudalus Sap., réceptacle présumé, grandeur naturelle. — 5t, même organe grossi. Fig. 6, Cypselites trisulcatus Sap., achaine, grandeur naturelle, — 6*, le même grossi. Fig. 7. Carpites pusillus Sap., carpelle ou achaine, grandeur naturelle. — T, même organe grossi. Fig. 8. Myrsinites primævus Sap., fleur présumée, grandeur naturelle. — 8, même organe grossi. Fig. 9. Organe à déterminer. — 9%, le même grossi. Fig. 10 et 11. Carpites punctulatus Sap., les deux faces d’un fruit capsu- laire? grandeur naturelle. — 10% et 11°, les mêmes grossies. Fig. 12, 13, 14 et 15. Spermites hians, graines d’attribution incertaine. — 12 132 14% et 15, les mêmes grossies. Fig. 16 et 17. Organes semblables aux précédents, grossis. Fig. 18. Osyris socia Sap., fruit, grandeur naturelle. grossi. 18, même organe 2 G] Fig. 19. Carpiles incertus Sap., fruit, grandeur naturelle. — 19, même organe grossi. Fig. 20. Anthites clausus Sap., calice, grandeur naturelle. —20%, même organe grossi. Fig. 21. Carpites glomeratus Sap., organe pluricarpellé, grandeur naturelle. — 21%, même organe grossi. Fig. 22, 23, 24, 25 et 26. Carpites decipiens Sap., valves carpellaires repro- duites sous divers aspects, grandeur naturelle. —292% et 22b , 242, 95 et 26, détails grossis, d’après des moules en relief de ces mêmes organes. Fig. 27 et 28. Spermiles semi-alatus Sap. — 27, graine ailée, grandeur naturelle; 27*, même organe grossi, 28, autre graine semblable, grandeur naturelle. Fig. 29. Spermiles pilosus Sap., graine poilue, grandeur naturelle. — 29%, même organe grossi. Imprineriés réunies, À, rue Mignon, 2, Paris. CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES Par Henri LECOMTE Agrégé des Sciences naturelles, Professeur au lycée Saint-Louis. HISTORIQUE Les anciens botanistes désignaient sous le nom de Liber l’ensemble des fibres péricycliques et libériennes souvent disposées par couches alternant avec du parenchyme; elles peuvent se détacher les unes des autres comme les feuillets d’un livre, suivant des lignes de moindre résistance consti- tuées par du parenchyme (d’où le nom de ce tissu, de liber, livre). Le parenchyme, aperçu par Malpighi, fut distingué de ces fibres, mais on l’assimilait au parenchyme de l'écorce primaire (c’est le parenchyme médullaire de Dutrochet). L’attention des botanistes ne fut sérieusement attirée sur ce tissu qu'après la découverte, par M. Th. Hartig (1), des tubes à cloisons criblées. Depuis cette époque ont été successivement publiés, sur- tout en Allemagne, un certain nombre de travaux intéressant le liber. Mais nous devons avouer que notre bibliographie française est des plus pauvres à ce point de vue. Ce n’est pas à dire que ce tissu soit resté inaperçu; on le trouve men- tionné dans tous les travaux d'anatomie, mais aucun auteur n’a jugé à propos d'étudier spécialement son développement (1) Th. Hartig, Vergleich. Untersuch. ü. d. Organisation des Stammes d. einh. Waldbäume (Jahresbericht, 1837, p. 125). — Vollist. Naturgesch. d. f. Culturpfl., Berlin, 1851. — Bot. Zeilung, 1853, p. 571. — Id., 1854, p. 91. T° série, BoT. T. X (Cahier n° 4). 15 194 H. LECOMTE. et de rechercher son rèle. Ge dernier point se trouve même à peu près complètement sacrifié dans les ouvrages classiques. Le liber est universellement cité comme jouant un rôle des plus importants au point de vue du transport des substances élaborées, mais cette mamière de voir est acceptée sans examen et sans preuves. Dans cet exposé historique, 1l ne nous sera pas possible de citer tous les travaux dans lesquels on trouve des renseigne- ments sur l’anatomie ou la distribution du liber : il faudrait signaler la plupart des travaux entrepris sur l'anatomie des plantes vasculaires. Il ne nous paraît utile de parler ici que des auteurs ayant spécialement étudié ce tissu. Après que Th. Hartig eut découvert les tubes à cloisons criblées, H. Mohl (1) publia quelques observations sur le liber et donna le nom de cellules grillagées (gitterzellen) aux éléments pourvus de cloisons criblées; mais déjà peu de temps auparavant les mêmes éléments avaient été signalés par Moldenhawer. Les cellules grillagées du Cucurbita furent ensuite étudiées par Nægeli et Hanstein, mais rien d’essentiel ne fut ajouté aux connaissances déjà acquises. Nægeli (2) observa la présence du cal sur les cloisons eri- blées et l’assimila à une sécrétion; Hanstein (3) établit une comparaison entre les cellules grillagées et les cellules latici- lères. Ce rapprochement, qui pouvait paraître vraisemblable au moment où Hanstein publia ses travaux, n’est plus expli- cable maintenant qu'on possède des connaissances plus pré- cises sur les éléments du liber et sur les cellules laticifères. Enfin, pour en finir avec ces travaux préliminaires sur le tissu qui nous occupe, mentionnons encore une note de Th. Hartig (4), dans laquelle l’auteur émet cette opinion que (1) M. Mohl, Einige Andeutg. (Bot. Zeitung, 1855, p. 865). (2) Nægeli, Ueber d. Siebrôhren (Sitz. geb. der Münnchener Acad., février 1861). (3) Hanstein, Die Milchsaftgefässe, ete., Berlin, 1864. (4) Hartig, Bot. Zeitung, 1863, p. 287. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 195 les éléments du liber sont déjà capables de conduire les prin- cipes élaborés, alors qu'ils sont encore à l’état cambial. Les travaux que nous venons d’énumérer n'étaient pour la plupart que de courtes notes; aucun ne pouvait être consi- déré comme un travail d'ensemble. Le lber était reconnu, distingué ; on en avait remarqué les éléments caractéristiques, mais rien ne venait éclairer l’histoire du développement des tubes criblés, la perforation des cribles, la nature du cal, la composition chimique des contenus et le rèle propre du liber. Avec les belles recherches du D' Karl Wilhelm (1) sur le liber des Cucurbita et de quelques autres plantes commence une nouvelle phase de l’histoire de ce tissu. L'étude approfondie de quelques plantes à Liber bien déve- loppé (Cucurbita, Lagenaria et Vitis vinifera) a permis à M. Wilhelm de décrire d’une façon exacte les rapports, le développement et la nature intime des éléments constituants du liber. Peu de faits importants ont échappé à la sagacité de cet observateur, et nous pouvons résumer, dans les proposi- tions suivantes, les principaux résultats de son travail (pour ce qui concerne les plantes étudiées) : 1° Les cellules mères des tubes criblés se divisent d’abord longitudinalement pour donner deux éléments nouveaux, dont l’un deviendra le tube criblé et l’autre une cellule-compagne (geleitzelle) ; 2% Les cellules-compagnes sont toujours moins grandes que les tubes criblés qu’elles accompagnent, et leur contenu, fortement granuleux, possède toujours un noyau volumineux ; 3 Le cal, dont le développement est d’ailleurs très variable avec les plantes considérées, ne peut être regardé comme un produit de différenciation de la cellulose constituant la cloison criblée ; % Les plages criblées (Vigne) se comportent exactement comme les cribles simples (Courge); (1) D' Karl Wilhelm, Beiträge zur Kenniniss des Siebrührenapparates Dicotylerpflanzen, Leipzig, 1880. 196 H. LECOMTE. 9° Le cal doit être considéré comme une substance de réserve; la manière dont il se comporte sous l’action des réac- tifs colorants l’éloigne de toutes les substances connues qui proviennent de la différenciation de la cellulose. Pour ce qui concerne le contenu des tubes criblés, M. Wil- belm n’a pas ajouté grand’chose aux faits connus avant lui et bien décrits pour la première fois par de Bary (1). Ce dernier observateur a le mérite d’avoir fixé son attention sur le con- tenu des tubes et montré qu'il se compose partout d’une couche de protoplasme pariétal granuleux enveloppant un liquide interne plus ou moins épais suivant la quantité de substances albuminoïdes dont il est chargé. Les faits ajoutés par M. Wilhelm à ceux qui avaient été publiés par de Bary ne concernent guère que les apparences diverses que présente ce contenu dans les matériaux traités par lalcool. Nous aurons dans le cours de ce travail Poccasion de mon- trer que ces diverses apparences ne sont que le résultat de l’action de l’alcool ou de la dessiccation, et qu’il n’y a pas lieu d'y attacher une trop grande importance. Cependant nous devons reconnaître en passant que M. Wilhelm a eu l’occasion d'étudier quelques matériaux frais et que cette étude lui a fourni des indications précieuses, mais malheu- reusement trop peu nombreuses, sur le développement des tubes criblés et sur les modifications que subit leur contenu avant le début de la période d'activité. L'étude du rôle physiologique du liber a été à peine abor- dée par M. Wilhelm. Cet observateur admet le fait du trans- port des substances élaborées par les tubes criblés, sans appor- ter aucune preuve nouvelle de ce transport et sans en préciser le sens. Comme on peut le voir par l'exposé qui précède, bien des faits restaient encore à acquérir après le travail de M. Wil- (1) De Bary, Vergleichende Anatomie der Phanerogamen und Farne, 1877, p. 189, 190. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 197 helm. L'étude physiologique du liber, à peine ébauchée, devait être poursuivie; 1l fallait étudier plus longuement les variations que subissent les éléments caractéristiques du liber avec l’âge et avec les saisons ; enfin il était utile d'entreprendre l'anatomie comparée du liber dans les différents groupes de plantes vasculaires. Cette dernière étude avait déjà été abor- dée dans de précédents travaux par M. Dippel (1), de Bary (2) et M. Russow (3), mais elle était loin d’être complète (4). Ces deux derniers points ont élé l’objet d’un travail con- sciencieux de M. Ed. de Janczewski (5), et nous pouvons résumer de la façon suivante les principaux résultats acquis à la science après le travail de ce botaniste. M. de Janezewski a étudié le liber dans un grand nombre de plantes appartenant à la série des plantes vasculaires. Pour ce qui concerne les Monocotylédones, il constate tout d’abord que les cellules procambiales ne se convertissent pas directement en tubes criblés, comme c’est le cas pour les Gymnospermes; mais elles se divisent dans le sens longitudi- nal en deux cellules inégales, dont la plus grande va devenir immédiatement un tube criblé sans subir de eloisonnement ultérieur, tandis que l’autre, beaucoup plus étroite, se cloi- sonne en travers et engendre toute une série de cellules cam- biformes. M. de Janczewski admet que le protoplasme des tubes perce la substance calleuse de part en part; il ne croit pas (1) Dippel, Bericht der 39. Naturforscherversammlung zu Giessen, 1864. — Mikroskop, I. Theil. (2) De Bary, Vergleichende Anatomie der Phanerogamen und Farne, 1877. (3) Russow, Vergleichende Untersuchungen über Leitbündel-Kryptoga- men, 1872, p. 118. (4) Pour être complet, nous devrions encore mentionner ici les nombreux travaux dans lesquels on trouve des renseignements sur des points de détail de lanatomie comparée du liber. Mais cette nomenclature nous entraînerait trop loin. (5) Ed. de Janezewski, Études comparées sur les tubes cribreux, dans les Mémoires de la Société des sciences naturelles et math. de Cherbourg, t. XXIIE, p. 209 et suiv., 1882, et Ann. sc. nat., 6° série, t. XIV, 1882.— Sur la structure des tubes cribreux (Comptes rendus, 1878, 22 juillet). 198 | H. LECOMTE. que cette perforation puisse s'établir tout d’abord par la dis- solution du cal, mais beaucoup plutôt par une sorte de con- densalion. Comparant les tubes des Monocotylédones aux tubes des Gymnospermes, 1l trouve des différences très remarquables dans les phases par lesquelles ils passent successivement. Tandis que les tubes des Gymnospermes sont absolument inertes et passifs à partir du moment où leurs eribles se sont ouverts, ceux des Monocotylédones entrent seulement dans la phase active à ce même moment, contiennent une couche continue de protoplasme pariétal, subissent influence des saisons de l’année et ne passent à l’état passif que quand l’or- gane touche Iui-même à sa fin. Il estutile de remarquer en passant que M. de Janczewski admet Pactivité des tubes criblés des Gymnospermes sans perforation des cribles, tandis qu’il refuse cette propriété aux tubes des Monocotylédones dans des conditions identiques. Il pose en principe, sans explications suffisantes d’ailleurs, que le début de l’activité des tubes coïncide avec la perfora- tion des eribles, chez les Monocotylédones et les Dicotylé- dones; nous aurons l’occasion de montrer plus loin qu’en réalité la période d'activité peut commencer avant la perfora- tion des cribles. Mais nous avons tenu à mettre en évidence ici même ces deux mterprétations différentes d’un même auteur et contenues dans le même travail. Nous ne ferons aucune difficulté pour reconnaître aussi que nous comprenons difficilement que M. de Janczewski puisse attribuer cette dif- férence non pas au fait que la tige des Monocotylédones est privée d'accroissement en diamètre, mais à la place occupée par les Monocotylédones et les Gymnospermes dans le règne végétal (À). En résumé, M. de Janczewski admet trois périodes (2) successives dans l’existence des tubes criblés : 4° la période (1) Janczewski, loc. cit., p. 126. (2) Bien que M. de Janczewski emploie le mot époque, nous aimons mieux lui substituer période qui nous parait rendre plus exactement sa pensée. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 199 évolutive, pendant laquelle le tube se développe et forme son crible; 2° la période active, pendant laquelle il remplit sa fonction; et 3° enfin la période passive, qui est momentanée, devance la mort de l'organe et se trouve caractérisée par l'absence de toutes traces de protoplasme à l’intérieur des tubes. Abordant l'étude du liber des Dicotylédones, M. de Janc- zewski trouve que les premières phases du développement sont analogues à celles qu’il a décrites chez les Monocotylédones, et qu’il se forme des cellules-compagnes de la même façon. « La membrane du crible futur se couvre de mamelons calleux, symétriques sur les deux faces. Ces mamelons se gon- flent ensuite et se soudent en un callus, à l’intérieur duquel on retrouve la membrane primaire sous forme d’un réseau délicat constitué par de la cellulose. Bientôt après, le proto- plasme touchant au callus vient la percer dans les points qui correspondent au centre des mailles du réseau cellulosique intérieur, de manière à communiquer avec le protoplasme de l'élément voisin. » L'existence des tubes des Dicotylédones comprend encore trois phases successives un peu différentes de celles que pré- sentent les Monocotylédones. La période active débute au moment de la perforation des cribles, mais elle n’a pas besoin de durer aussi longtemps que chez beaucoup de Monocotylé- dones, car, les éléments du liber se renouvelant constamment par suite de l’activité du cambium, il en résulte que les tubes oblitérés sont remplacés par des tubes nouveaux. La période transitoire, la plus courte, comprend le temps pendant lequel les tubes perdent peu à peu leur substance organisée et obstruent leurs cribles par le développement d’un callus destiné à se dissoudre pour ne plus laisser que la membrane cellulosique. Enfin, pendant la période passive, les tubes ne contiennent plus aucune substance organisée, mais seulement un liquide aqueux. Dès lors, les tubes ne peuvent plus servir qu’à la circulation de l’eau d’un élément à l’autre, à travers les cribles 200 H. LECOMTE. dépourvus de tout revêtement calleux et, par suite, ouverts à tout jamais. On remarquera que M. de Janczewski a supprimé, pour les Dicotylédones, la période évolutive dont il avait admis l’exis- tence chez les Monocotylédones. Cette phase préparatoire n’en existe pas moins, et nous ne voyons aucune raison pouvant expliquer la suppression qu'a faite l’auteur. Il aurait pu, par contre, se dispenser de créer une période transitoire qui rentre en partie dans la période active et en partie encore dans la période passive, comme nous aurons l’occasion de le montrer. D’autres faits d’une réelle importance ont été mis en lumière par M. de Janczewski. Il a reconnu, par exemple, qu’au point de vue de la durée, les tubes criblés se comportent de deux façons bien distinctes : les tubes de la Vigne, du Poirier, des Populus macrophulla, Juglans regia, Tecoma radicans, ete., subissent l'influence des saisons de l’année et se ferment par un cal, en automne, pour s'ouvrir de nouveau et redevenir acüifs au printemps suivant. Ceux des Aristolochia Sipho, Tilia parvifolia, Faqus sylvatica, Rosa canina, etc., sont, dans la succession de leurs différentes phases, absolument indépendants des saisons de l’année; ils ne présentent qu'une seule période transitoire, apparaissant aussi bien en été qu’en hiver et précédant toujours la cessation définitive de l’activité des tubes. En un mot, ces derniers tubes sont tribu- taires de l’âge et indépendants des saisons. Ce travail de M. de Janczewski a été suivi de très près par la publication d’un mémoire dû à un autre botaniste, M. Rus- sow (1), qui s’occupait, depuis plusieurs années déjà, de toutes les questions intéressant le liber. (1) Russow, Sur la structure et le développement des tubes cribreux, dans les Sitzungberichte der Dorpater Naturforscher Gesellschaft, 17 février 1882. Traduction parue dans les Annales des sciences naturelles, 6° série, t. XIV, 1882. Ce travail avait été précédé par : Russow, Vergleichende Untersuchun- gen über Leitbündel-Kryptogamen, 1872, et deux notes parues dans les Sit- zungsberichte du 19 mars et du 23 avril 1881. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 201 Pour ce qui concerne les tubes des Monocotylédones, les résultats de M. Russow ne paraissent pas sensiblement diffé- rents de ceux de M. de Janczewski, mais il n’en est pas de même pour les Dicotylédones, et nous allons signaler ici les principales divergences qui existent entre les deux auteurs, en y ajoutant les faits nouveaux contenus dans le mémoire de M. Russow. L'auteur, qui a étudié le hiber chez un assez grand nombre de plantes, signale d’abord les espèces nouvelles où il à reconnu des tubes eriblés appartenant au type de la Vigne, puis un certain nombre d’autres chez lesquelles les cloisons criblées sont à peu près transversales et à un seul crible. Grâce à l’action combinée du bleu d’aniline et d’une solu- tion d’iodure de potassium 1odé, il à pu apercevoir, dans le cal, des stries qui n'avaient été remarquées, ni par M. Wil- helm, ni par M. de Janczewski. Comme ce dernier, 1l admet sans difficulté que les bouchons calleux des Gymnospermes ne sont jamais traversés par des filets gélatineux, et il ajoute : « Cependant il serait absurde d'admettre qu'il n’y à pas 1e1 passage du contenu d’une cellule à l’autre à travers le crible, parce que ses pores sont bouchés par le cal. » Après cette nouvelle affirmation, il n’est plus guère admis- sible, comme on le voit, de placer le début de la période d’ac- tivité des tubes, chez les Dicotylédones, au moment de la perforation des cribles, puisque cette activité se manifeste chez les Gymnospermes alors que les cribles ne sont jamais ouverts. Une question importante, laissée indécise par M. Wilhelm et par M. de Janczewski, à été résolue par M. Russow, au moins pour les tubes de la Courge. Il a pu voir, en effet, les granulations protoplasmiques s'engager dans les ponctuations des cribles et passer d’un tube dans l’autre; ses devanciers n'avaient vu que le liquide gélatineux prendre part à cette communication. La divergence entre M. Russow ei les auteurs précédem- 202 H. LECOMTE. ment cités se prononce surtout pour ce qui concerne l’établis- sement des ponctuations des cribles et le développement du cal. MM. Wilhelm et de Janczewski admettent que la mem- brane, d’abord uniquement constituée par de la cellulose et d'épaisseur uniforme, se transforme, en certains points, en substance calleuse; que cette dernière substance forme de chaque côté de la membrane, en des points symétriques, des mamelons arrondis qui finissent par se rejoindre d’un côté à l'autre. Pour M. Russow, au contraire, € la portion de la membrane qui doit plus tard se transformer en un crible est déjà ponctuée avant l'apparition du cal. La substance calleuse se dépose dans ces petites dépressions, mais non par transfor- mation de la cellulose, comme M. Wilhelm l’a affirmé avec quelques réserves et M. de Janczewski avec une entière certi- tude ». M. Russow pense que la substance calleuse se sépare de la substance qui remplit le tube, et qu’elle se dépose dans les petites dépressions de la cloison destinée à devenir un crible sous la forme de petites écuelles creuses et non sous la forme de mamelons. Nous aurons l’occasion de montrer, dans le cours de ce travail, que ces opinions divergentes sont toutes deux trop exclusives, et qu’elles ne sont entièrement confirmées ni l’une ni l'autre par les faits que nous avons observés. Les botanistes, dont nous avons résumé les travaux sur le liber dans les pages précédentes, ayant presque généralement étudié des matériaux secs ou traités par l’alcool, avaient été conduits à signaler, à propos du contenu des tubes criblés, des masses gélatineuses, agglomérées aux extrémités des tubes sur les faces des cribles et en plus grande quantité d’un côté que de l’autre. Nægeli avait observé ce fait l’un des premiers el n'avait pas manqué d'en tirer cette conclusion, que les cribles constituant des obstacles naturels à la circulation des substances élaborées, celles-e1 devaient s’accumuler en deçà des cribles plutôt qu’au delà, et que, par conséquent, la situation des amas les plus volumineux était une indication précieuse pour fixer le sens même du transport. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 203 Malheureusement, un mémoire de M. Alfred Fischer (1), paru dans ces dernières années, est venu montrer que ces amas manquent toujours dans les tubes des matériaux étudiés à l’état frais, mais qu'ils apparaissent, dans un pétiole de Courge, par exemple, aussitôt qu'on pratique une section transversale et qu’on détruit de cette façon la continuité de l'organe. Nous avons longuement étendu ces observations de M. Fischer, et nous nous proposons de montrer, dans le cours de ce travail, que ces amas, sur la description desquels on s’était complaisamment étendu, ne sont que la conséquence du mode opératoire, qu'ils n'existent jamais dans les maté- riaux frais, et que le traitement par l'alcool modifie profon- dément la disposition des contenus. Tout en confirmant un certain nombre des résultats de M. Fischer, nous n'hésitons pas à condamner la manière d'opérer qu'il préconise et qui consiste à faire bouillir une plante entière pendant quelques minutes avant d’y pratiquer des sections. Outre que ce procédé est loin d’être praticable dans tous les cas, il ne laisse pas le contenu complètement intact. Dans un autre travail paru la même année, M. Alfred Fis- cher (2) s’est proposé de fixer nos connaissances sur le liber des feuilles et de déterminer le mode de terminaison de ce liber dans les plus fines nervures. Les principaux résultats de ce nouveau travail peuvent être réunis dans les propositions suivantes : 1° Il existe des perforations dans la membrane qui sépare les tubes criblés des cellules-compagnes ; 2% Les cellules-compagnes ont un noyau; les tubes criblés en manquent toujours (l’auteur pense qu'il existe une relation entre la présence du noyau et l’élaboration de matières albu- minoides) ; 9° Dans les cellules-compagnes existe souvent une substance (1) Alfred Fischer, Ueber der Inhalt der Siebrôhren in den unverletzten Pflanze (Berichte der deutsch. botanisch. Gesellschaft, Band HI, 1885). (2) Alfred Fischer, Studien über die Siebrôhren der Dicotylenblätter (Sept- 20% H. LECOMTE. albuminoïde semblable à celle qui remplit les tubes eriblés ; 4° L’amidon manque toujours dans les cellules-compagnes, que le mésophylle voisin en soit d’ailleurs pauvre ou riche ; 9° Enfin M. Fischer a trouvé que le diamètre des tubes et des cellules-compagnes diminue avec celui des nervures dans le limbe des feuilles, mais que le diamètre des premiers dimi- nue plus rapidement que celui des secondes, et que, dans la région terminale de ces nervures, les cellules-compagnes sont encore bien nettes, tandis que les tubes criblés sont pour la plupart d’une petitesse extrème et le plus souvent privés de véritables eribles. Les résultats de M. Fischer ont une importance incontes- table; mais il faut bien avouer qu'ils demandent à être con- firmés et étendus par de nouvelles recherches, car l’auteur n’a pu suivre le développement du liber et établir les relations de parenté qui peuvent exister entre les deux sortes d'éléments dont il a reconnu la présence dans les plus fines nervures des feuilles. À ces travaux entrepris sur l’anatomie du liber il faudrait encore en ajouter quelques autres, comme ceux de MM. Ves- que (1), Gérard (2), Hérail (3), Moeller (4), ete., entrepris dans un autre but, mais qui renferment de nombreux faits concernant l'anatomie ou la répartition du tissu qui nous intéresse; et, si nous voulions être complet, il faudrait citer ici tous les travaux entrepris sur l’anatomie des plantes vascu- laires. A la suite de ces recherches, où l’anatomie tient la place principale, il nous faut mentionner un travail entrepris par M. Giovanni Briosi dans le but de fixer nos connaissances sur le contenu des tubes criblés. Abdr. aus den Berichten der Math.-Phys. Classe Kônigl. Sächs. Ges. der Wiss., 1885) (avec deux planches). (1) Vesque, Anat. de l’écorce (Ann. sc. nat., 6° série, IT, 1875). (2) Gérard, Passage de la racine à la tige (Ann. sc. nat., 6° série, XI, 1880). (3) J. Hérail, Recherches sur l'anatomie comparée de la tige des Dicotylé- dones (Ann. des sc. nat., T° série, II, 1885). (4) D' Joseph Moeller, Anatomie der Baumrinden. Berlin, 1882. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 205 M. Giovanni Briosi (1) a spécialement recherché la présence de l’amidon dans les tubes criblés ; sur cent quarante-six plantes étudiées, 1l en a trouvé cent vingt-neuf avec de l’amidon dans les tubes. Ges grains d’amidon sont toujours beaucoup plus petits que ceux du parenchyme voisin; aussi M. Briosi n’a-t-il pas manqué de voir dans cette exiguité même de la taille des grains une circonstance favorable à leur passage dans les ponctualions des cribles. Les expériences directes qu'il a tentées pour mettre en évi- dence ce passage seront relatées plus lom et nous verrons à ce moment ce qu'il faut penser de cette circulation des grains d’amidon. Rien de plus uniforme dans la marche et dans les résultats que les recherches entreprises sur le rôle physiologique du liber. Une méthode unique a été suivie par les expérimenta- teurs, celle des décortications annulaires ; les uns pratiquant ces décortications sur des branches d’arbres ont observé la formation des bourrelets sur les lèvres de la plaie; les autres, comme Hanstein, ont pratiqué leurs décortications sur des boutures et porté leur attention sur le lieu d’origine des racines adventives ; tous ont observé que la vitalité de l’organe est beaucoup plus grande au-dessus de la décortication qu'au-dessous ; que les bourrelets y deviennent plus volumi- neux et les racines adventives plus nombreuses. Pour tous la conclusion a été la même : le hiber conduit les substances nutritives, les principes élaborés, du lieu de formation au lieu d'utilisation, et dans une Llige ce courant est habituellement descendant. Malheureusement ces rechercherches ne supportent pas un examen bien approfondi. Le liber étant confondu avec l’écorce dans la région extérieure au cambium, on ne voit pas si le rèle conducteur peut être dévolu au liber par cette unique raison qu'il présente des éléments allongés en tubes; nulle (1) Giovanni Briosi, Ueber allgemeines Vorkommen von Slürke in den Sieb- rühren (Botanische Zeitung, 16 mai 1875). 206 H. LECOMTE. part dans ces travaux entrepris sur le rôle du liber on ne trouve des notions rigoureuses sur la nature même des sub- stances contenues dans les tubes criblés; on ne possède aucune observation directe de transport de substance par les éléments du liber. En résumé on a collectionné des constata- tions extérieures; on n'a jamais fait servir les connaissances acquises sur la structure interne du liber à l'explication même de son rôle. Cest pour essayer de combler quelques-unes des nom- breuses lacunes signalées dans l’exposé qui précède que nous avons entrepris l’étude du lber. Notre travail comprend neuf chapitres distincts, savoir : Chapitre L. — Principaux éléments du liber; leurs carac- tères généraux ; Chapitre IT. — Les éléments accessoires du liber'; Chapitre [IL — Les tubes criblés et les cellules-compa- gnes ; Chapitre [V.— Développement des parois criblées; Chapitre V. — Développement, forme, structure et prinei- pales réactions du cal; Chapitre VE. — Le contenu des tubes criblés et des cellules- COMpagnes ; Chapitre VIE. — Transport des matériaux par le liber; Chapitre VIII. — Modifications apportées dans les tubes criblés par l’âge et Les saisons; Chapitre IX. — Résumé des phases successives par les- quelles passent les tubes criblés; Conclusions. CHAPITRE PREMIER PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DU LIBER ; LEURS CARACTÈRES GÉNÉRAUX Le liber est un tissu dont les éléments principaux sont oroupés en faisceaux comme ceux du bois et habituellement ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 207 allongés suivant l’axe de l’organe auquel ils appartiennent. Son caractère principal est de contenir des cellules allongées en tubes et réunies bout à bout par des cloisons dont la struc- ture spéciale permet le passage du contenu d’un tube à un autre. Le liber peut être d’origine procambiale (liber pri- maire) où cambiale (liber secondaire). Dans lun et dans l’autre cas nous rencontrerons les mêmes éléments, mais avec des dispositions différentes. Qu'il soit d’origine primaire ou secondaire, le liber com- prend : 1° Des cellules plus ou moins allongées, en forme de tubes parallèles à l’axe du faisceau ; ces tubes, superposés en files longitudinales, sont réunis bout à bout par des cloisons per- méables (1) de direction transversale ou oblique par rapport à l’axe des tubes. Ces éléments caractéristiques du tissu que nous étudions sont habituellement connus sous le nom de tubes criblés (2); 2° Des cellules de nature parenchymatique accolées aux tubes criblés et procédant de la même cellule mère par un cloisonnement longitudinal. Cette communauté d’origine (1) Nous employons à dessein le mot perméable au lieu de dire des cloisons perforées, car nous aurons l’occasion de montrer dans le cours de ce travail que la complète perforation des cloisons n’est pas nécessaire pour assurer le fonctionnement spécial du liber. Chez les Gymnospermes, la perforation com- plète n’a même jamais été observée. (2) Nous avons adopté l'expression de tubes criblés, mais nous devons reconnaître qu'il existe à ce sujet une fàcheuse divergence entre les botanistes. MM. de Janczewski (loc. cit.), Russow (loc. cit.) et Duchartre (Traité de bota- nique) appellent ces éléments des tubes cribreux; M. Van Tieghem (Traité de botanique, p. 661) les désigne sous le nom de {tubes criblés; nous croyons devoir employer cette dernière appellation, qui a l'avantage de traduire assez fidélement le mot Siebrühren employé par les auteurs allemands et qui, de plus, rappelle la forme de crébles sous laquelle se présentent habituellement les cloisons perméables des tubes. La désignation de cellules grillagées, employée dans quelques travaux de date assez ancienne, nous paraît devoir être réservée tout au plus à certaines formes très courtes de tubes criblés, comme les cellules criblées qui réunissent deux îlots libériens voisins à travers les cellules de parenchyme où bien encore à travers les rayons médullaires chez la Vigne, les divers Rubus, etc.; pour l’uniformité de la nomenclature, nous emploierons pour désigner des éléments de cette nature l’expression de cellules criblées. 208 M. LECOMTE. avec les tubes criblés serait déjà une raison suffisante pour les distinguer du vrai parenchyme libérien; cette distinction se trouvera légitimée par les caractères spéciaux que nous - leur reconnaitrons plus loin. On les désigne habituellement sous le nom de cellules-compagnes (1); 3° Le parenchyme libérien dont les cellules ont presque toujours leur plus grand diamètre dirigé parallèlement à l’axe de l'organe, et qui proviennent de la division transversale répétée des longues cellules accompagnant les tubes eriblés ; % Les fibres libériennes formant une zone de protection à la face externe du liber ou interposées entre les îlots libé- riens secondaires, soit en faisceaux irrégulièrement disséminés dans le liber, soit en couches concentriques alternant avec des couches d'éléments libériens mous. De ces quatre sortes d'éléments, les tubes criblés sont seuls caractéristiques du liber, et nous réserverons exclusivement le nom de liber aux tissus dans lesquels nous aurons reconnu la présence incontestable de ces éléments. Le tissu désigné souvent par les botanistes sous le nom de liber mou comprend les trois premières formes d'éléments ; le liber dur est constitué par les fibres libériennes. Chacune des formes d'éléments que nous venons d’énumé- rer fera l’objet d’une étude spéciale ; il est donc inutile de nous étendre plus longuement ici sur ieurs caractères disunctifs. Mais nous nous reprocherions de ne pas nous arrêter sur une question qui, pour être souvent fort délicate à résoudre, n’en présente pas moins une réelle importance au point de vue des descriptions anatomiques. Nous voulons parler des caractères qui permettent de himiter le liber mou sur les sections trans- versales ou longitudinales des organes. Rien de plus facile que d’établir cette démarcation quand il s’agit de faisceaux isolés, comme ceux des organes aériens de (1) Cette dénomination, déjà employée par M. de Janczewski (loc. cit.) et utilisée pour la traduction française du principal mémoire de M. Russow (Loc. cil.), nous parait traduire plus fidèlement que cellule-annexe (M. Van Tie- ghem) le mot Geleitzelle consacré par les auteurs allemands. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 209 beaucoup de Monocotylédones où le liber mou se trouve limité par le bois d’une part et par les fibres formant la gaine méca- nique du faisceau d’autre part (ex. Monstera repens). Mais, quand le liber mou confine directement au parenchyme, le problème devient souvent des plus difficiles et personne ne nous contredira si nous affirmons que sur une section transver- sale d’une jeune racine primaire, par exemple, 1l est souvent fort difficile de dire avec assurance où commence le hber et où il finit. Cette délimitation n’est rigoureusement possible que dans certains cas particuliers, car le parenchyme libérien ne diffère pas toujours d’une façon appréciable du parenchyme non libé- rien qui l'entoure, et, au lieu de trouver un passage brusque d’un tissu à l’autre, on rencontre le plus souvent une transi- tion insensible. Sur la section transversale d’un organe, les caractères sui- vants permettront souvent de reconnaître le tissu libérien et d'établir les contours de la zone qu’il occupe : 1° Les membranes sont de nature cellulosique; elles sont douées d’une forte réfringence et présentent des reflets bleuûtres ou nacrés que ne possèdent pas les membranes de cellules du parenchyme non libérien ; 2° Pour beaucoup d’organes (surtout les pétioles et les ner- vures des feuilles), le diamètre des éléments libériens est plus faible que celui des cellules parenchymateuses voisines ; 3° Quand le hber possède des éléments de grand diamètre (tubes criblés), ils sont accompagnés d'éléments beaucoup plus petits (cellules-compagnes), de sorte que cette association d'éléments de formes et de dimensions très différentes prête au tissu libérien une irrégularité souvent caractéristique (fig. 1, pl. XXT; fig. 33, pl. XXIIT, fig. 53 et 61, pl. XXIV). 4° Les tubes criblés et les cellules-compagnes, étant habi- tuellement très riches en substances albuminoïdes, se colorent plus fortement que les cellules du tissu environnant par le bleu d’aniline et les autres réactifs colorants des substances albuminoïdes; T° série, BoT. T. X (Cahier n° 4). 14 210 H. LECOMTE. 5° A l'exception du liber de certaines plantes sans chloro- phylle (Orobanche, Neottia, etc.), les méats font habituellement défaut entre les éléments libériens ; ceux-ci se trouvant ainsi serrés les uns contre les autres (1) présentent des contours irré- guliers qui contrastent avec la régularité habituelle des cellules appartenant au parenchyme non libérien (fig. 33, pl. XXIID); 6° Ce caractère se présente avec une exagération remar- quable chez la plupart des plantes Dicotylédones et surtout chezles plantes ligneuses. On trouve alors que les éléments libé- riens offrent sur la section transversale d’un organe un aspect collenchymatoïde tout à fait caractéristique. Nous entendons par là que les membranes sont épaissies aux points de réunion de plusieurs éléments (fig. 4, pl. XXI, et fig. 6, pl. XXIV). Sur la section longitudinale d’un organe, la délimitation du liber est habituellement beaucoup moins délicate que sur une section transversale. C’est qu’en effet, sur une section longitu- dinale bien faite, même sans recourir à l’action des réactifs colorants, on peut reconnaître les tubes criblés, qui sont les éléments caractéristiques du liber, et limiter par conséquent la zone qu'ils occupent. En section transversale, au contraire, il West pas toujours facile de distinguer la section d’un tube criblé de celle de la cellule de parenchyme, surtout quand la section n’intéresse pas en même temps le tube criblé et la petite cellule-compagne. De plus tous les éléments libériens sont reconnaissables à leur extension longitudinale ; le parenchyme libérien lui- même ne se dérobe pas à ce criterium, car 1l est habituelle- ment constitué par des cellules disposées en files longitudi- pales et provenant du sectionnement transversal répété d’une cellule primitive allongée en fibre. Les désignations de liber mou et liber dur que nous avons enregistrées plus haut et qu’on trouve employées dans bon nombre de travaux ne nous paraissent pas constituer une divi- (1) Chez le Calycanthus floridus, il existe de grandes lacunes entre le liber et les rayons médullaires (voy. Moeller, loc. cit., p. 365). ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 211 sion naturelle des éléments libériens, car les fibres Hhbériénnes ne sont qu'une forme spéciale du parenchyme, forme adaptée en vue d’un rôle de protection. Nous proposerions done volon- tiers d'adopter la division suivante : 1° Les éléments essentiels, comprenant les tubes criblés et les cellules-compagnes. Ces dernières ne peuvent être séparées des tubes criblés, car elles procèdent de la même cellule cam- biale et nous verrons par la suite qu’elles paraissent jouer un rôle intimement lié au fonctionnement des tubes criblés; 2 Les éléments accessoires, comprenant le parenchyme libérien et les fibres libériennes. Dans cette deuxième caté- gorie, on pourra établir la subdivision en éléments mous el éléments durs, mais cette distinction ne paraît pas essentielle. Dans le chapitre suivant nous nous proposons de passer en revue le plus sommairement possible la disposition, les prin- cipales formes et les caractères distinetifs des éléments acces- soires pour n'avoir pas à y revenir plus loin. CHAPITRE II LES ÉLÉMENTS ACCESSOIRES DU LIBER À. LE PARENCHYME LIBÉRIEN. Le parenchyme libérien est constitué par des cellules dispo- sées en files longitudinales parallèlement aux tubes criblés. Ces cellules n’ont aucun rapport de parenté avec les tubes criblés et les cellules-compagnes; nous entendons par là qu’elles ne procèdent pas du eloisonnement tardif d’une même cellule procambiale ou cambiale. Par ce caractère les cellules du parenchyme libérien se distinguent donc des cellules-com- pagnes; celles-ci prennent en effet naissance par le cloison- nement longitudinal de la cellule qui doit donner un tube criblé. Quand le liber mou confine directement au parenchyme 212 M. LÉCOMTE. voisin, comme chez les Cucurbita, il est souvent difficile de décider si des cellules extérieures aux tubes criblés appar- tiennent au parenchyme libérien où bien au parenchyme non libérien qui entoure le liber. Il est même souvent délicat de décider d’après leur section transversale si certains éléments sont des cellules de parenchyme ou bien des tubes criblés. Presque toujours les cellules du parenchyme libérien ont une section plus petite que celle des tubes criblés, plus grande que celle des cellules-compagnes;.c’est le cas le plus ordi- naire; on le rencontre notamment chez les Cucurbita, les Tilia, la Vigne, le Monstera repens et la plupart des plantes monocotylédones. Leur section est aussi très habituellement plus petite que celle des cellules du parenchyme non libérien. Mais les rap- ports de dimensions sont si variables qu’il serait dangereux de tirer de ce caractère des conclusions formelles, d'autant plus que le passage n’est presque jamais franchement tranché entre le hber et le parenchyme non lhibérien qui l'entoure. Ge qui est plus important au point de vue de la distinction des cellules appartenant au liber, c’est que le parenchyme libérien possède les caractères généraux du tissu auquel il appartient et que nous avons énumérés plus haut, c’est-à-dire que les cellules du parenchyme libérien ne présentent pas de méats, qu’elles ont leur membrane épaissie au point où plusieurs cellules se touchent (nature collenchymatoïde) et que ces membranes présentent l'éclat particulier etles reflets bleuâtres ou nacrés qui caractérisent habituellement les éléments libé- riens. Sur une section transversale, on distinguera les cellules du parenchyme libérien des tubes criblés par les deux caractères suivants : 1° Les cellules de parenchyme possèdent un noyau; les tubes criblés en manquent habituellement ; % Les tubes criblés possèdent une petite cellule-compagne qui découpe un angle de leur section ; les cellules de paren- chyme manquent de ces cellules-compagnes; elles ont parfois ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 913 un contour régulièrement rectangulaire quand elles appar- tiennent au liber secondaire (Tilia, fig. 53, pl. XXIV). Enfin quand les tubes criblés possèdent plusieurs cellules- compagnes, certains éléments de petite taille confinant aux tubes criblés peuvent être confondus avec des cel- lules-compagnes. On reconnaîtra celles-ci aux caractères sui- -vants : 1° Très riches en substances albuminoïdes, les cellules- compagnes se colorent plus fortement que les cellules de parenchyme par le bleu d’aniline ; 2 Le contenu des cellules-compagnes résiste plus long- temps à l’action de lhypochlorite de soude que celui des cellules de parenchyme ; 3° Enfin les cellules-compagnes sont toujours privées d’amidon, tandis que les cellules du parenchyme libérien peuvent en contenir. Sur la section longitudinale d’un organe, la distinction des cellules de parenchyme libérien et des tubes criblés ne pré- sentera aucune difficulté, puisque ceux-ci sont caractérisés par leurs cribles. Mais il serait parfois possible de les confondre avec les cellules-compagnes. Cette confusion sera presque impossible si on veut bien se rappeler les faits suivants: 1° Les cellules-compagnes confinent toujours à un tube criblé ; 2 Elles en sont presque toujours séparées par une cloison longitudinale d'épaisseur fort inégale ou présentant de très fines ponctuations ; 3 Les cellules-compagnes ont un contenu qui se colore par le bleu d’aniline plus énergiquement que celui des cellules de parenchyme libérien ; 4 Chez les Monocotylédones le noyau des cellules-compa- gnes est toujours plus allongé que celui des cellules du paren- chyme (fig. 69, pl. XXIV). Quant à la disposition des cellules de ‘parenchyme dans le liber, on peut signaler deux cas : 1° Dans le liber des Monocotylédones 'et dans le liber pri- AE H. LECOMTE. maire des Dicotylédones, les cellules du parenchyme libérien sont disséminées sans ordre apparent (Phragmites, Monstera repens, Gucurbita, fig. 1, pl. XXI, Jmpatiens, Solanées, etc.). 2° Mais, pour ce qui concerne le Liber secondaire, on trouve le plus habituellement que les cellules de parenchyme libé- rien issues des cellules cambiales ont conservé leur disposition en séries radiales (Tiila, fig. 53, pl. XXIV, Impatiens, etc.). Cependant, si les tubes criblés prennent un accroissement considérable en diamètre, comme chez le Vitis vinifera, le Ricinus communis, etc., cette disposition en séries radiales, fort nette près du cambium, disparait bientôt, et les cellules du parenchyme sont alors disposées irrégulièrement dans le liber. Nous aurons, d’ailleurs, l’occasion de nous étendre plus longuement sur ce point dans un chapitre ultérieur en traitant de la disposition des tubes criblés dans le liber. Le parenchyme libérien est surtout caractérisé par l’exten- sion de ses éléments dans le sens longitudinal. Chez les Cucur- bita, par exemple, chacun de ces éléments est terminé par des faces transversales, et affecte la forme d’un prisme. Mais, chez beaucoup de plantes, particulièrement celles qui pos- sèdent de très longs tubes criblés, les éléments du parenchyme libérien sont atténués aux extrémités et divisés par des cloi- sons transversales en plusieurs cellules assemblées bout à bout : c’est à proprement parler une sorte de prosenchyme à éléments cloisonnés transversalement (Casuarinées, Ostrya virginiana, Fagus sylvaticu, Rubus, fig. 63, 64, 65, 66, 67, pl XXIV, Ulnus effusa, Alstonia spectabilis, Vitis vinifera, Croton, Cydonia vulgaris, ete., elc.). Les cellules du parenchyme libérien portent souvent sur leurs membranes des poneluations se correspondant d’une cellule à l’autre. Habituellement les faces tangentielles sont dépourvues de ces ponctuations; on les rencontre seulement sur les faces horizontales et radiales. Mais cette règle, que nous avons pu vérifier dans un certain nombre de cas, n’a rien d’absolu. Quand le parenchyme libérien, d’origine secondaire, devient ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 915 très abondant relativement au nombre des tubes criblés, comme chez le Lappa major, 1 ne présente plus les carac- tères distinctifs que nous avons énumérés plus haut; des méats peuvent s'établir entre les cellules, et rien ne le dis- tingue plus du parenchyme ordinaire; seule son origine cam- biale, entre des rayons médullaires bien distincts, permet de lui appliquer la dénomination de parenchyme libérien. Les cellules cambiales, destinées à devenir des éléments de parenchyme libérien, peuvent se diviser seulement en cellules plus ou moins cubiques et superposées par des cloisons trans- versales, ou bien ce cloisonnement de la cellule fibreuse pri- mitive s’effectue sans aucune loi régulière (Vigne); enfin le cloisonnement peut être à la fois radial et transversal (Rubus, fig. 63, 64, 65, 66, 67, pl. XXIV), ou bien en même temps. radial, transversal et tangentiel, comme chez le Cinchona officinalis, signalé par M. Vesque (1). Quant au mode de production du parenchyme libérien, désigné par M. Vesque sous le nom d’accroissement par inter- calation, 11 consiste simplement dans la production des cel- lules-compagnes par le cloisonnement longitudinal de la cel- lule cambiale, qui donnera naissance à un tube criblé. Les cellules ayant cette origine ne rentrent pas dans le paren- chyme libérien, tel qu'il a été défini plus haut. Les cellules du parenchyme libérien perdent peu à peu leur contenu protoplasmique, et ne conservent bientôt plus qu’un revêtement pariétal de faible épaisseur, entourant de toutes parts une grande vacuole centrale, dont le contenu consiste en un liquide ou renferme à la fois un liquide et un ou plusieurs cristaux. Dans le protoplasme pariétal, il n’est d’ailleurs pas rare de rencontrer des grains d’amidon; ces grains sont tou- jours notablement plus grands que ceux des tubes criblés, et présentent, sous l’action de liode, la coloration caractéris- tique de l’amidon. Il était nécessaire de noter ce fait en pas- (1) J. Vesque, Anatomie comparée de l'écorce (Ann. sc. nat., 6° série, t. Il, 1875). 916 H. LECOMTE. sant, car nous verrons plus loin que les grains des tubes criblés ne présentent pas cette coloration spéciale. Quand le parenchyme cortical est bien développé, comme c’est le cas pour la plupart des tiges primaires, l’amidon manque ou ne se rencontre qu'en faible quantité dans le parenchyme libérien. Chez les arbres dont l'écorce s’exfolie peu à peu, le parenchyme libérien contient beaucoup plus d’amidon. Des cristaux se rencontrent fréquemment dans les cellules du parenchyme libérien; l'accroissement des cellules cesse dès l’apparition de ces cristaux; aussi les cellules à cristaux sont-elles habituellement plus petites que celles du paren- chyme voisin. Ces cristaux peuvent être simples (beaucoup de Cupulifères, Salicinées, Bétulacées, Tiliacées, Rhamnus, etc), disposés en mâcles (Cornus mas, Aristolochia, Hedera, ete.), ou bien même se présentent sous la forme de raphides (Ampe- lopsis, Bignoniacées, etc.). Il arrive presque toujours que les cristaux isolés sont renfermés dans des cellules à membrane épaisse, tandis que les cellules à raphides ou à mâcles pos- sèdent une membrane plus mince. Quant à la disposition relative de ces cellules à cristaux, elle est des plus variées; tantôt on les trouve disséminées sans aucun ordre apparent (Gastanea vesca, Aristolochia Sipho, Rhus, Ulnus effusa, etc.); tantôt elles sont en séries radiales (Croton) ou même disposées en une assise tangentielle : ce dernier cas n’est pas rare chez les plantes dont le liber pré- sente des zones tangentielles de fibres, car alors les cellules du parenchyme voisin contiennent habituellement des cristaux. Sur la section longitudinale d’un organe, on trouve souvent les cellules à cristaux disposées régulièrement en files, surtout dans le voisinage des faisceaux de fibres. Les cellules à cris- taux accompagnant les fibres sont bien nettes chez les Porus, Malus, Juglans nigra, Tilia, Acer, Rhamnus, etc. Enfin, le liber secondaire manque habituellement de cellules à cristaux chez les Malvacées, Berbéridées, Vitis, Camellia, Laurus, etc. Puisque les cellules à cristaux appartenant au liber ne ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 947 sont habituellement que des cellules fibreuses cloisonnées, il est tout naturel de se demander comment se fait ce cloison- nement. Dans la plupart des cas, on ne rencontre que des cloi- sons transversales (Tilia, Juglans, ete.); mais il peut aussi se produire une ou plusieurs cloisons longitudinales dirigées radialement ou tangentiellement. M. Mœller (1) a trouvé de ces cloisons longitudinales dans le liber du Cornus mas, et M. Vesque (2) cite comme présentant, à ce point de vue, le maximum de complication, les cellules à eristaux du Coprosma lucida, de la famille des Rubiacées. B. CELLULES SCLÉREUSES DANS LE LIBER. Les cellules du parenchyme libérien peuvent être le siège d’une sclérification plus ou moins prononcée. Quand cette selérification s'établit dans des cellules non encore eloison- nées transversalement, il se produit des fibres; mais, quand la sclérification n'apparait que tardivement, alors que les cel- lules fibreuses primitives sont déjà divisées, les éléments qui proviennent de cette transformation sont des cellules selé- reuses à parois très fortement épaissies, lignifiées, et générale- ment riches en ponctuations. Cette sclérification, qui se rencontre surtout dans le liber secondaire des arbres, n’attemt que les cellules du paren- chyme libérien. Hartig (3) et Chalon (4) pensent que les parois des tubes criblés peuvent elles-mêmes se selérifier et donner naissance à des fibres libériennes. Schacht (5) émet quelques doutes au sujet de cette transformation en fibres, mais il pense que les tubes criblés peuvent donner naissance à des cel- lules scléreuses. Cette dernière opinion est accueillie par M. Vesque (6),qui cite même le Bouleau comme présentant ce (1) 3. Moeller, Loc. ci. (2) J. Vesque, loc cit., p. 170. (3) Hartig, Bot. Zeit., 1853 et 1854. (4) Chalon, Mémoire sur l’anatomie comparée de l'écorce. (5) Schacht, Der Baum, 1860, p. 209. (6) Vesque,'loc. cit. 218 H. LECOMTE. phénomène avec le plus de netteté. D'accord en cela avec M. Moeller (1), je n’ai pu observer chez aucun arbre une trans- formation aussi profonde, et je me crois autorisé à affirmer que les cellules du parenchyme libérien peuvent seules devenir des cellules scléreuses. Les tubes criblés peuvent être com- primés par les tissus voisins, devenir méconnaissables, perdre complètement leur cavité en rapprochant leurs parois; mais ils ne se sclérifient pas; du moins je n’ai pu observer aucun exemple d’une telle transformation. Les cellules scléreuses peuvent rester très petites (Betula alba, Ostrya virginica, eic.), ou bien, surtout quand elles sont isolées, atteindre jusque 100 ou 195 & de diamètre (Eucu- lyptus corymbosa). Quand les cellules scléreuses sont réunies en amas, on leur donne généralement dans les descriptions le nom de cellules pierreuses; ces amas de cellules pierreuses sont très répandus dans le liber du Bouleau et ordinairement de tous les arbres qui doivent vivre un grand nombre d’an- nées. Bien peu d’arbres ou d’arbustes sont dépourvus d'éléments sclérifiés dans leur hber secondaire; nous citerons de ce nombre les Ribes, Evonymus, Cornus, Ampelopsis et Aristo- lochia, qui ne possèdent ni cellules scléreuses, ni fibres libé- riennes. Chez les Platanus, Faqus, Liqustrum et Varis, le liber secondaire comprend des cellules sclérifiées et manque de fibres libériennes. Faisons toutefois remarquer en passant que certaines cellules sclérifiées du liber secondaire sont allon- gées comme les fibres et qu’elles constituent la transition naturelle entre les cellules scléreuses courtes et les fibres libériennes. Les longues cellules scléreuses du Vitis vinifera sont précisément dans ce cas. Dans le liber secondaire d’un assez grand nombre de plantes, on trouve à la fois des cellules scléreuses et des fibres libé- riennes ; c’est le cas des Sambucus, Ulmus, Liriodendron, Berberis, Tilia, Juglans, etc. (1) d. Moeller, Loc. cit. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 919 Enfin, lorsque le liber mou alterne avec des couches con- centriques de fibres libériennes, ces fibres sont remplacées au niveau des rayons médullaires internes par des cellules scléreuses courtes et pourvues de nombreuses ponctuations, surtout sur leurs faces tangentielles ; cette disposition assure la conductibilité des rayons dans le sens radial. C. FIBRES LIBÉRIENNES. Les fibres libériennes sont des éléments allongés, généra- lement fusiformes, et plus ou moins lignifiés. Quand les fibres accompagnant le liber se trouvent isolées ou réunies par groupes à l’intérieur même du hiber et qu’elles sont entourées par du liber mou contenant des tubes criblés, comme les fibres qui sont disposées par couches con- centriques dans le liber du Tilleul, rien n’est plus légitime que de leur appliquer la dénomination de fibres libériennes ; mais, si au contraire on ne les trouve qu’à la face externe du fais- ceau, formant un arc de soutien entre lendoderme et le liber mou, il est le plus souvent impossible de décider si elles appartiennent au liber ou au péricycle. — Pour M. Vesque (1), ce sont toujours des fibres libériennes, car il ne mentionne pas l’assise périphérique distinguée par M. Van Tieghem (2). Pour M. Morot (3), qui étudiait spécialement le péricyele, la plupart de ces fibres externes appartiennent au péricyele. Il faudrait, pour décider dans tous les cas si les fibres appar- tiennent véritablement au péricycle ou au liber, faire une étude attentive du développement. Nous n'avons pu entre- prendre cette étude, qui nous aurait entrainé loin du cadre de notre travail; les quelques observations que nous avons pu recueillir à ce sujet ne sont pas suffisantes pour étayer une opinion et nous réservons cette question pour un mémoire ultérieur. - (1) Vesque, loc. cit. (2) Van Tieghem, Ann. sc. nat., 5° série, t. XVI, p. 111 et Bull. Soc. bot., t. XXIX, p. 280. (3) Morot, Recherches sur le péricycle (Ann. se. nat., 1885). 220 H. LECOMTE. Cependant il est un fait sur lequel nous ne pouvons man- quer d’insister. Si on désigne sous le nom de fibres libériennes, comme le fait M. Vesque, les fibres extérieures au liber, et comme l’indique aussi M. Sachs dans sa figure d’un faisceau de Ricin, il faudra admettre que le péricycle n’est pas continu quand certaines de ces fibres confinent directement à l’endo- derme (Ricin); ou bien il faudra renoncer à trouver une limite entre le péricycle et le liber, puisque les deux tissus seront formés de fibres identiques. Allons plus loin; si on appelle fibres libériennes les fibres constituant un arc de soutien autour du liber mou des fais- ceaux chez les Monocotylédones, il deviendra matériellement impossible de tracer la délimitation entre les fibres ligneuses et les fibres Hibériennes quand le faisceau tout entier sera entouré par une gaine fibreuse (Maïs). On pourra être conduit ainsi à désigner sous le nom de fibres libériennes les fibres accompagnant les vaisseaux du bois. M. Duchartre (1) dit : « Outre les fibres libériennes normales, qui se trouvent dans la portion corticale du faisceau, on en voit aussi fréquemment dans sa portion ligneuse, au voisinage de la moelle. » Et M. Chatin prend la peine de distinguer plusieurs cas de répar- tion anormale des fibres libériennes. D’après ce botaniste : 1° chez quelques plantes, ces fibres manquent dans la région corticale et se montrent uniquement dans le système ligneux (Petasites); 2 assez souvent on les observe à la fois dans l'écorce et dans le bois (Piper, Medicago, Ulex). On avouera qu'il est absolument inutile de créer des noms pour désigner les différents tissus qui entrent dans la constitution d’un organe, si on doit pousser la fantaisie jusqu’à donner le nom de fibres libériennes aux fibres du bois. Pour éviter les inconvénients d’une terminologie aussi élastique, nous proposons de réserver le nom de fibres libe- riennes aux fibres emprisonnées dans le tissu libérien et d'appeler fibres extra-libériennes celles qui constituent par (1) Duchartre, Éléments de botanique, 3° édition, p. 234. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 291 leur réunion des zones plus ou moins étendues à la surface du liber. Les fibres extra-libériennes se rencontrent très fréquem- ment à la surface externe du liber, dont elles paraissent être le tissu de soutien. Rassemblées habituellement en un are à la face externe du liber chez les Dicotylédones, elles consti- tuent souvent par la réunion de ces ares un anneau mécanique extra-libérien; mais cet anneau, qui paraît continu à un exa- men superficiel, se montre en réalité formé d’arcs séparés, au niveau des rayons médullaires, par des cellules scléreuses très riches en ponctuations. Chez les Monocotylédones cette zone fibreuse entoure com- plètement le faisceau libérien, excepté dans la partie qui con- fine au bois. Parfois (1) ces fibres pénètrent au milieu du faisceau pour y former une sorte de rayon (Calamus); ou bien ce sont les bandes fibreuses latérales qui envoient dans le liber des prolongements formant par leur réunion une couche tangentielle (Dioscorea, Tamus); enfin dans les grosses bran- ches de Dioscorea Batatas les deux modes de pénétration de l’assise fibreuse se rencontrent en même temps et chaque faisceau libérien se trouve alors divisé en quatre groupes. Les fibres extra-libériennes, souvent bien développées dans les organes aériens, manquent complètement ou ne se déve- loppent que fort peu dans les tiges souterraines, comme la montré M. Costantin (2) pour le Ricin, la Ronce, le Lupin et le Pois chiche ; enfin dans la racine on n’en à pas rencontré jusqu'ici. Quant aux fibres libériennes, elles sont rares dans le liber primaire, où on les rencontre notamment dans la racine des Légumineuses, des Malvacées, etc. (3). Elles se développent, au contraire, fréquemment dans le tissu hbérien secondaire. (1) Van Tieghem, Trailé de bot., 1"° édition, p. 753. (2) Costantin, Étude comparée des tiges aériennes el souterraines (Ann. sc. nat., 1883). (3) Van Tieghem, Sur les fibres libériennes primaires de la racine des Malvacées (Ann. des sc. nat, T° série, VIT, 1888). 222 MH. LECOMTE. Presque toujours les fibres libériennes sont groupées en faisceaux ; on en trouve bien quelques-unes qui sont isolées (Morus alba) ; mais à côté il en existe d’autres qui sont fasci- culées. Chez le Didymeles seulement j'ai trouvé des fibres isolées, à section arrondie et disséminées en grand nombre dans le liber. L'examen de quelques plantes possédant des fibres libériennes dans leur liber secondaire va nous renseigner sur les différentes dispositions que ces fibres peuvent affecter. Morus alba. — Les fibres libériennes, isolées ou groupées en faisceaux comprenant deux, trois, quatre fibres et même plus, sont disséminées à peu près sans ordre dans le liber (longueur, # millimètres ; diamètre, 8 à 24 p). Ulmus effusa. — Les fibres libériennes sont disposées en couches concentriques séparées par du liber mou et inter- rompues au niveau des rayons médullaires ; chacune de ces couches comprend cinq ou six assises de fibres ; avec un peu d'attention on peut encore constater la disposition radiale de ces fibres (longueur, 1,5 et plus). Presque toutes les cellules de parenchyme confinant à ces couches de fibres contiennent un cristal simple. Cette disposition des fibres en couches concentriques mter- rompues au niveau des rayons médullaires se rencontre chez un grand nombre de plantes, parmi lesquelles nous citerons les Tiliu, Vitis, Ulmus fulva, Castanea vesca, Citrus Auran- tium, Acer Pseudoplatanus, Juglans nigra, Malvacées, Dipté- rocarpées, Leitneria floridana, etc. La disposition des fibres libériennes en couches nettement concentriques est un Caractère assez constant chez certaines familles ; 1l a permis par exemple de séparer des Castanéacées auxquelles M. Baillon l’avait réunie, la tribu des Leitnériées, et, précisément, la découverte de canaux secréteurs à la pointe interne des faisceaux a confirmé cette séparation (1). (1) Van Tieghem et Lecomte, Bull. Soc. bot., 1886. Le Didymeles, que M. Baillon place avec les Leitnériées, ne peut être conservé dans cette tribu, car il a des fibres isolées (voy. plus haut), et de plus il manque de canaux sécréteurs. Ce deuxième caractère vient confirmer la valeur du premier. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 22: Au point de vue de leur trajet, les faisceaux de fibres déeri- vent assez souvent une ligne onduleuse et ces lignes ondu- leuses se rejoignent latéralement par leurs parties convexes. Cette disposition peut être facilement constatée sur des sec- tions tangentielles du liber des divers Tilia; elle n’est pas signalée dans l'important chapitre consacré par M. de Janc- zewski (1) à l'étude du hber chez le Tilia parvifolia. Ce qu'il y a de plus important dans l’étude des fibres libériennes, c’est qu’elles diffèrent parfois notablement des fibres extra-libé- riennes par leur forme et par leurs caractères microchi- miques. Chez le Leitneria floridana les fibres libériennes sont plus larges et moins épaissies que les fibres extra-libériennes. Les fibres libériennes du Tilia heterophylla présentent le même caractère. Le rapport des diamètres est environ ©. De plus, les fibres libériennes sont habituellement moins ligni- fiées que les fibres extra-libériennes et présentent, par consé- quent, une coloration moins intense que ces dernières, sous l’action des colorants habituels du ligneux. Dans les tiges de Glycine sinensis, le Liber nettement stratifié rappelle assez bien celui du liber de Tilia par sa disposition générale sur une section transversale ; les fibres libériennes sont de plus faible diamètre que les fibres extra-libériennes ; mais, ce qui est plus remarquable, les premières se colorent en rose (cel- lulose) par le chlorure de calcium iodé, tandis que les fibres extra-libériennes prennent une coloration jaune identique à celle des tissus lignifiés traités de la même façon. Cependant les fibres de cette dernière catégorie qui confinent au liber acquièrent une coloration semblable à celle des fibres libé- riennes vraies. L'action du chlorure d'aluminium iodé fournit les mêmes résultats ; ce réactif communique une coloration jaune aux fibres extra-libériennes et une coloration violette aux fibres libériennes. Cette différence ne peut être attribuée qu’à la (1) Janczewski, loc. cit., p. 135 et suiv. 224 H. LECOMTE. nature du milieu spécial dans lequel se développent cesfibres. En effet, les éléments qui les entourent sont généralement très riches en substances albuminoïdes ; mais ils sont privés d’amidon ou n’en contiennent qu'une faible proportion, tandis que les fibres extra-libériennes confinent au parenchyme ou à l’endoderme qui en sont abondamment fournis. Les fibres libériennes n’ont évidemment qu’un rôle méca- nique, car leur contenu est extrêmement réduit et l'épaisseur même de leurs parois se prêterait mal à des échanges avec les éléments qui les entourent. Cependant, quand elles ont une paroi peu épaissie, comme chez la Vigne, les Coleonema, etc., elles participent peut-être dans une faible mesure à la con- duction de certaines substances. Cette hypothèse, émise par M. Vesque (1), aurait besoin d’être confirmée par l’obser- valion. D. APPAREILS SÉCRÉTEURS DE DIVERSES FORMES ET LATICIFÈRES DANS LE LIBER. L'étude des canaux sécréteurs formés aux dépens du liber peut offrir un certain intérêt, car les notions que nous avons déjà acquises sur la nature même du tissu libérien nous l’ont montré dépourvu de méats et par conséquent très peu propre à permettre le développement des canaux sécréteurs. Quand il se présente des formations de cette nature dans une couche libérienne un peu épaisse, on peut être presque Loujours assuré que les canaux sécréteurs sont localisés dans une zone de parenchyme dépourvue de tubes criblés. Je n’ai pas eu la prétention de passer en revue toutes les plantes des diverses familles chez lesquelles on a signalé, à tort ou à raison, des canaux sécréteurs appartenant en propre au tissu hbérien ; les quelques exemples qui suivent suffiront pour fixer les idées à cet égard. Hedera Helix. — Des canaux sécréteurs ont été signalés par (1) Vesque, loc. cit. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 9295 M. Trécul (1) d’abord, puis par M. Van Tieghem (2) dans le liber primaire et secondaire de la tige et des feuilles chez les Araliacées. Dans un deuxième mémoire, M. Van Tieghem (3) a établi que ces canaux appartiennent au péricycle et non pas au liber primaire, comme 1l l’avait cru tout d’abord avec M. Trécul. Mes propres observations me permettent de me ranger à cette deuxième manière de voir pour ce qui concerne le liber primaire du Hedera Helix ; les canaux sécréteurs sont localisés dans une zone de parenchyme extérieure à la région qui con- tient les tubes criblés ; que cette zone reçoive ou non la déno- minalion de péricycle, elle ne possède ni les tubes criblés ni la nature collenchymatoïde caractéristiques du liber ; des méats et par conséquent des canaux sécréteurs peuvent s’y produire facilement. Quand ces canaux pénètrent dans l’épais- seur de la couche libérienne, ils sont toujours éloignés des tubes criblés et localisés dans une couche de parenchyme interposée entre les ilots de vrai liber. Aralia racemosa. — Le liber secondaire de la racine pré- sente une grande extension, mais ne possède qu'un petit nombre de tubes criblés disséminés dans de petits ilots qu’en- toure un parenchyme, lhibérien, il est vrai, par son origine, mais pourvu de méats comme le parenchyme de l'écorce ou de la moelle. Les canaux sécréteurs ne contractent, par con- séquent, aucune relation avec les tubes criblés dont ils se trouvent toujours éloignés. Rhus Toxicodendron (4). — Au commencement de la deuxième année, la tige de cette plante contient dans son liber des canaux sécréteurs de deux sortes; les uns, les plus larges, se trouvent localisés à la face interne des arcs fibreux extra- (1) Trécul, Comptes rendus, 1867, t. LXIV, p. 886, et 990 et Ann. sc. nat., 5° série, t. VIT, p. 54. (2) Van Tieghem, Recherches sur les canaux sécréteurs des plantes (Ann. sc. nat., 5° série, t. XV). (3) Id., Deuxième Mémoire (Ann. sc. nat., 1885). (4) Van Tieghem, loc. cit. 7e série, BoT. T. X (Cahier n° 4). Ü 226 H. LECOMTE. libériens ; les autres sont disposés sur un cercle dans l’épais- seur même du liber. Les premiers appartiennent vraisembla- blement au péricycle et non pas au liber ; ceux de la deuxième catégorie appartiennent à une zone de parenchyme interpo- sée entre deux couches de vrai hber et ne possédant pas de tubes criblés ; par leur situation ils appartiennent au liber ; mais le parenchyme dans lequel ils se trouvent localisés ne présente pas les caractères habituels et la nature collenchyma- toïde du parenchyme libérien accompagnant les tubes eriblés. Pour ce qui concerne les canaux oléifères des Composées, on sait qu’ils ne se rencontrent jamais dans le liber primaire de la tige. M. Vuillemin (1) mentionne cependant une excep- ion concernant lAmbrosia trifida ; mais ni l'examen des figures qui accompagnent son travail ni les observations que J'ai pu faire de mon propre côté n’ont pu me convainere de la réalité de cette exception, car ces canaux sont directement appuyés contre l’assise fibreuse extra-libérienne ; le fait que les éléments, aux dépens desquels ils prennent naissance, sont en concordance avec le liber, ne prouve pas qu'ils appartien- nent à ce tissu, car dans le liber primaire les éléments sont disposés sans ordre. Comme on peut le voir par les quelques exemples qui pré- cèdent, le liber primaire ne contiendrait pas de canaux sécré- teurs; quant au liber secondaire, ceux qu'il possède sont localisés dans des couches uniquement formées de paren- chyme, interposées entre les couches du vrai liber pourvu de tubes criblés. Les cellules sécrétrices isolées sont beaucoup plus fré- quentes dans le liber que les canaux sécréteurs. Rien ne s’op- pose, en effet, à leur formation. M. Trécul (2) et M. Vesque (3) en citent de nombreux exemples; nous ne croyons pas devoir nous arrêter sur ce suJeL. Quant aux laticifères, on les rencontre dans le hber secon- (1) P. Vuillemin, Tige des Composées, p. 129. (2) Trécul, Comptes rendus, 1865, et Ann. sc. nat., t. IV, p. 378. (3) Vesque, Loc. cit. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 227 daire des Campanulacées, Morées, Lobéliacées et de cer- taines Composées. La croyance très répandue que les plantes grasses et les plantes à suc laiteux possèdent des tubes eriblés plus petits et moins nombreux que les autres plantes ne me parait pas fondée ; elle a déjà été mise en doute par M. Vuillemin (1), pour ce qui concerne la tige des Composées. Il n’est pas rare, en effet, de rencontrer dans cette famille, chez des plantes à suc laiteux, des tubes criblés tout aussi larges que chez d’autres plantes voisines dépourvues de latex. La Lampsane, par exemple, bien que très riche en latex, possède de très beaux tubes criblés. M. Van Tieghem (2), contrairement à l’opmion de de Bary, professe que le Liber primaire est dépourvu de laticifères. M. Vuillemin se range à son avis; les deux exceptions que signale ce dernier auteur concernant les Composées à fais- ceaux libériens médullaires et certaines tiges de Hieracium Pilosella ne me paraissent pas devoir ètre maintenues. Les laticifères qu'il a observés s’étalant à la surface du liber interne, appartiennent bien au parenchyme médullaire et non pas au liber primaire. En résumé, le liber primaire ne possède habituellement que des cellules sécrétrices; quant aux canaux sécréteurs et latici- fères, on les rencontre surtout dans le liber secondaire, mais jamaisils ne se trouvent en contact direct avec les tubes criblés. CHAPITRE II LES TUBES CRIBLÉS ET LES CELLULES-COMPAGNES A. DIFFÉRENTS TYPES DE TUBES CRIBLÉS. Les tubes criblés, arrivés à leur taille définitive. affectent tous la forme de tubes cylindriques (Cucurbita) ou de prismes (1) Vuillemin, Loc. cit. (2) Van Tieghem, Loc. cit. 228 H. LECOMTE. (Papilionacées ligneuses), terminés par des faces perméables ou même perforées sur une partie de leur étendue. Suivant la constitution et la direction plus ou moins trans- versale de ces cloisons terminales, on peut distinguer deux types extrêmes parfaitement nets, mais entre lesquels nous trouverons tous les intermédiaires. Ges deux types, reconnus par les premiers observateurs du liber, sont représentés par les tubes criblés de la Gourge et par ceux de la Vigne (1). 1° Type Courge. — Les tubes criblés sont réunis bout à bout (fig. 2, pl. XXI) par des cloisons complètement transver- sales ou très peu obliques, transformées en eribles dans toute leur étendue ou sur une partie seulement de leur surface (Russow). Dans le corps de la mème plante on pourra d’ailleurs rencontrer les deux formes; la distinction établie par M. Russow n’a donc qu'une importance très secondaire. A ce type appartiennent la plupart des Monocotylédones et les Dicotylédones herbacées. Un certain nombre de Dicotylé- dones ligneuses ou sous-ligneuses possèdent aussi des cloisons à un seul crible. Aux exemples eités par MM. Russow et de Janczewski, j'ajouterai : les Orchidées, les Bignoniacées, les Rosa, Rubus et Spiræa, parmi les Rosacées, les Ampelopsis humulifolia, Cissus quinquefolia, Vitis canescens, Ulinus effusa, Morées. Artocarpées, Berbéridées, Cornées, Sterculiacées, Malpighia- cées, Rhamnées, Amygdalées, Papilionacées, Verbénacées, Aristolochiées, Asclepias, Buæus, Pistacia, Ailantus glandu- losa, etc., etc. Je fais rentrer dans le type Courge les tubes courts des Papilionacées, dont les cloisons terminales sont adossées en toit, la plus grande étant généralement transformée en crible. Comme nous aurons l’occasion de le montrer bientôt, le (1) Schacht (Der Baum, 5° Auflage, 1860, p. 208) distingue trois formes dont les deux premières sont citées plus haut ; la troisième, constituée par des éléments fusiformes, avec des cribles surles parois radiales, concerne les Gym- nospermes dont nous ne nous occupons pas dans ce travail. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 299 liber primaire ne possède tout d’abord que des tubes apparte- nant au type de la Courge. Enfin les tubes criblés des feuilles et des pétioles ne pos- sèdent que des cloisons transversales à un seul crible, même quand les tubes de la tige et de la racine appartiennent au type de la Vigne. Nous reviendrons plus loin sur ce caractère particulier du liber des feuilles. 2° Type Vigne. — Les tubes criblés de la Vigne sont ter- minés par des cloisons dirigées très obliquement et pourvues de plusieurs cribles (fig. 39, pl. XXIIT). Le nombre des eribles réunis ainsi Côte à côte sur une même plage peut varier de deux à dix et même davantage. Vues de face, les cloisons pourvues de plusieurs cribles peuvent se présenter avec deux dispositions différentes, soit que les cribles soient séparés les uns des autres par des bandes transversales (fig. 46, pl. XXIII), soit au contraire que ces bandes cellulosiques soient dirigées obliquement et découpent sur la cloison des sortes de triangles occupés par les cribles (Carya juglandifolia, Smilacées, Quercus, ete.) (fig. 47, pl. XXII). À ce type appartiennent la plupart des plantes franchement ligneuses. Citons les Casuarinées, Bétulacées, Corvylacées, Quercus, Castanea, Platanus, Salicinées, Gaprifoliacées, Tilia- cées, Acérinées, Juglandées, ete., ete. J'ai déjà eu l’occasion de signaler ce fait remarquable qu: le liber primaire des plantes appartenant au type de la Vigne possède des tubes analogues à ceux de la Courge. Bien mieux, le liber secondaire de ces mêmes plantes peut présenter les deux types réunis. Chez la Vigne ordinaire (Vaitis vimifera), M. de Janczewski a déjà signalé des cloisons transversales à un seul crible à côté d’autres fortement inclinées et possédant plusieurs cribles. M. Russow fait remarquer avec raison que cette particularité n’est pas aussi rare que parait le croire M. de Janczewski. Pour ma part, j'ai pu constater maintes fois ce fait non seulement chez la Vigne, mais encore chez le Til- 230 H. LECOMTE. leul, la Vigne-vierge (fig. 40, pl. XXII, a) et chez la plupart des Amentacées. Les plantes herbacées elles-mêmes sont susceptibles de présenter les deux formes réunies. Chez le Cucurbita maxima. par exemple, j'ai trouvé des tubes appartenant très nettement au type de la Vigne. La tige du Rubus tomentosa présente réunis les deux types de tubes criblés avec tous les intermédiaires; 1l en est de même pour le Cissus quinquefolia. Des plantes très voisines, appartenant au même genre, peuvent d’ailleurs posséder des tubes de deux types différents ; il en est ainsi pour les diverses espèces du genre Vitis, dont les unes appartiennent par leur liber au type Vitis vinifera et les autres au type de la Courge. De plus, les Cissus et Ampe- lopsis, appartenant comme la Vigne à la famille des Vitées (Van Tieghem), ne possèdent guère que des tubes eriblés du type Courge. Comme on le voit par l'exposé qui précède, la répartition dans le règne végétal des deux formes principales de tubes criblés se montre des plus irrégulières, et on comprend qu’il est presque impossible de se servir de ce caractère histolo- gique pour fixer les affinités des plantes, puisque dans le même organe on peut trouver les deux types réunis, et que, d'autre part, des espèces très voisines, appartenant au même genre, ou des genres voisins compris dans Ja même famille, peuvent posséder des tubes criblés de types différents. Enfin, nous avons constaté, en suivant le développement des tubes criblés chez la Vigne et le Tilleul, que les tubes appartenant au liber secondaire possèdent tout d’abord des cloisons transversales à un seul crible; puis, que ces cloisons s’inchinent peu à peu, s’allongent, et finissent par devenir très obliques dans les tubes arrivés à leur complet développement. En même temps le crible, d’abord unique, s'étend, se frag- mente en plusieurs ecribles séparés par des bandes de cellu- lose, et le nombre des ponctuations augmente. Cette transfor- mation progressive trouvera son explication plus loin quand ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 931 nous traiterons du développement des ponctuations des cribles. Nous devons nous contenter pour le moment de signaler en passant ce fait important; il serait tout à fait inexplicable si on voulait se contenter des théories émises successivement par MM. Wilhelm, de Janczewski et Russow sur le développement des cribles ; au contraire, rien ne sera plus naturel que l’explication que nous en donnerons plus loin quand nous aurons exposé les points principaux de la nouvelle théorie à laquelle nous avons été conduit par l’obser- vation de plusieurs faits qui avaient échappé à nos devanciers. B. GENÈSE ET CARACTÈRES GÉNÉRAUX DES TUBES CRIBLÉS ET DES CELLULES-COMPAGNES. Les tubes criblés et les cellules-compagnes ont toujours une origine commune et leur étude ne saurait être séparée. Une cellule procambiale (liber primaire) ou cambiale (liber secondaire) se divise en deux éléments par une cloison longi- tudinale; l’un des éléments ne se divise plus et fournit le tube criblé; l’autre élément constitue la cellule-compagne : celle- ci peut rester simple ou se diviser encore pour fournir plu- sieurs cellules-compagnes accolées au tube eriblé dont elles partagent l’origine. Cellules-compagnes. — Les cellules-compagnes ne se ren- contrent pas dans le liber de toutes les plantes et 1l est remar- quable de constater qu’elles font défaut chez les Cryptogames vasculaires et les Gymnospermes (de Janezewski, Russow). Dans ces deux groupes de plantes, les tubes criblés ne sont séparés que par du parenchyme libérien et les tubes criblés se forment directement aux dépens des cellules primitives au lieu d’être des cellules-filles. Chez les Angiospermes, j'ai rencontré des cellules-compa- gnes dans le liber de la plupart des plantes étudiées. Gomme elles ne possèdent pas toujours une longueur égale à celle des tubes qu’elles accompagnent (Vitis vinifera, Gucurbita Pepo), une section transversale opérée dans un faisceau libérien peut 232 M. LECOMTE. ne pas intéresser la cellule-compagne d’un tube; il ne fau- drait pas en conclure que ce tube est dépourvu de cellule- compagne, car on ne manquerait pas de la rencontrer dans une autre section intéressant une autre partie de la longueur du tube. Pour affirmer avec une entière certitude qu’un élément voisin d’un tube criblé est bien véritablement une cellule- compagne, 1l faut avoir surpris sur le fait le cloisonnement longitudinal de la cellule dont elle provient. Nous n’aurons pas la témérité d'avancer que nous avons pu toujours suivre ce développement. Pour reconnaître les cellules-compagnes, pour les distinguer du parenchyme libérien qui les entoure, ilest donc nécessaire de recourir à d’autres criteriums dont les principaux sont les suivants : 1° Dans les tiges, les racines et même les pétioles, les cellules- compagnes ont toujours une section plus petite que celle des tubes criblés et que celle des éléments du parenchyme lbé- rien. C'est ce fait qui donne au liber l'aspect irrégulier que nous avons signalé dans un chapitre précédent ; 2 La cloison qui sépare la cellule-compagne du tube criblé au sort duquel elle se trouve liée, parait souvent sur une sec- tion transversale découper un segment du tube; 3° La cloison qui sépare une cellule-compagne d’un tube criblé porte souvent de nombreuses ponctuations; dans tous les cas elle présente une épaisseur fort irrégulière ; 4° Le contenu des cellules-compagnes se colore plus forte- ment que celui des cellules de parenchyme par le bleu d’ani- line et résiste plus longtemps à l’action de l’hypochlorite de soude. L'observation de ces principaux caractères permet dans la la plupart des cas de reconnaitre les cellules-compagnes et dispense de recourir à l'étude toujours longue et fort délicate du développement. L'orientation de la cloison qui sépare le tube eriblé d’une part et la cellule-compagne d'autre part m'a paru obéir dans la plupart des cas à une loi qui a son importance et qui peut ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 233 être formulée comme il suit, au moins pour ce qui concerne le liber secondaire : Le cloisonnement se produit de telle façon que la cellule- compagne se trouve généralement placée entre le tube crible d'une part, le parenchyme libérien où un rayon médullaire d'autre part. Dans le liber primaire, l'orientation du cloisonnement se montre très irrégulière. Mais pour ce qui concerne le liber secondaire, dont les éléments proviennent des séries de cellules issues du cambium, on trouve souvent une disposition assez régulière. Chez les plantes à liber secondaire non stratifié mais dé- coupé par de nombreux rayons primaires et secondaires, les cellules-compagnes sont séparées des tubes criblés par un cloisonnement radial et on les trouve le plus souvent entre les tubes eriblés et les rayons médullaires (Rubus, [lex Aqui- folium, fig. 67, pl. XXIV, Fraxinus longifolia, Garya juglan- difolia, Gatalpa syringæfolia, Pterocarya fraxinifolia, Tecoma radicans, Ricinus communis, etc.). Si le liber est stratifié (Vigne, Tilleul, etc.), on trouve, entre les rayons, des cellules-compagnes intérieures ou extérieures aux tubes criblés, dont elles sont séparées par des cloisons plus ou moins tangentielles; au contraire, les tubes les plus rapprochés des rayons sont séparés de ces rayons par leurs cellules-compagnes : le cloisonnement s’est produit dans une direction radiale. Ce fait n'avait pas échappé à M. Vesque, mais 1l n'avait pas distingué les cellules-compagnes du parenchyme libérien. Le cloisonnement n’est presque jamais complètement tan- gentiel ou radial. C’est ainsi que le liber du Catalpa syrin- gæfolia présente un cloisonnement radial près des rayons médullaires, mais oblique à direction indifférente au sein des massifs libériens. Les deux modes de cloisonnement peuvent d’ailleurs se produire en même temps, pour donner une disposition remar- quable que nous avons pu observer chez la plupart des Sola- 234 HW. LECOMTE. nées et chez certaines Composées; le liber du Lappa major (fig. 57, pl. XXIV) offre trois types distincts, que nous allons énumérer en commençant par le plus simple : 1° Cloisonnement radial séparant une seule cellule-com- pagne latérale (fig. 58, pl. XXIV); 2 Cloisonnement radial comme dans le premier cas; mais la cellule-compagne est ensuite coupée en deux parties par une cloison longitudinale tangentielle (fig. 59, pl. XIXV) ; 3° La cellule séparée tout d’abord par un cloisonnement radial est divisée en trois parties par deux cloisons tangen- telles ou un peu obliques (fig. 60, pl. XXIV). D’après M. de Janczewski (1), les tubes eriblés de l’Aristo- lochia Sipho seraient dépourvus de cellules-compagnes; ils ne dérivent cependant pas directement des cellules cambiales. Chacune des cellules se divise en deux par une cloison tan- gentielle; l'élément le plus externe devient un tube criblé; l’autre, plus petit, se divise transversalement en deux, trois ou quatre cellules. M. de Janczewski établit une distinction entre ces élé- ments ainsi formés et les cellules-compagnes des autres Dico- tylédones. IT les compare aux cellules dites cambiformes des Monocotylédones (Phragmites, Typha). Je ne crois pas, pour ma part, que cette distinction soit justifiée; on trouve en effet tous les intermédiaires entre les cellules-compagnes latérales et celles qui sont externes ou internes par rapport aux tubes criblés; les exemples de ces Intermédiaires ne sont pas rares chez les Vitis vinifera, Tilia parvifolia, ete. L'origine est la même; seule l'orientation est différente. Le fait que ces cellules se divisent transversalement ne constitue pas une différence justifiant l'application d’une dénomination nouvelle, car les cellules-compagnes occupant une position latérale peuvent elles-mêmes se diviser par des cloisons transversales (Cucurbita, Lagenariu vulgaris, ete.). Enfin le contenu de ces cellules, très riche en substances (1) De Janezewski, loc. cit., p. 151. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 235 albuminoïdes, le développement du noyau, l'épaisseur iné- gale et la richesse en ponctuations de la cloison qui les sépare des tubes criblés, tous ces caractères font des cellules dites cambiformes des éléments exactement comparables aux cel- lules-compagnes et nous n’hésitons pas à leur appliquer cette dénomination, aussi bien pour les Monocotylédones que pour l’'Aristolochia Sipho. Nous admettrons donc que la présence des cellules-compagnes caractérise le liber des Angiospermes. L'étude du contenu de ces éléments se trouvera mieux à sa place dans la partie de ce travail consacrée au contenu des tubes criblés. C. CRIBLES SUR LES PAROIS LONGITUDINALES DES TUBES. Beaucoup de tubes criblés présentent des cribles non seu- lement sur leurs parois terminales, mais encore sur leurs parois longitudinales. Ce fait se présente très souvent entre les tubes criblés et les cellules-compagnes où même certaines cellules du parenchyme hbérien ; c’est ce que montre la figure 61, planche XXIV, pour un tube criblé de Rubus idœus. L'action des chlorures iodés fait apparaître des îlots formés de bandes entre-croisées, entre lesquelles on voit des mailles très claires d’une grande finesse. De face 1l est souvent difficile de décider si ces mailles claires correspondent à des ponctuations; si la section passe par un de ces îlots (fig. 15 et 30, pl. XXI), on voit que la membrane est beaucoup plus mince et qu’elle est traversée de part en part par des bouchons calleux. Chez le Cucurbita maxima et le Cucurbita melanosperma, je ne crois pas qu'il existe de véritables perforations, mais seulement des mailles d’une substance spéciale interposée entre les filaments entre- croisés de cellulose. Les îlots semblables répandus à profusion sur les parois longitudinales des cellules appartenant au parenchyme libé- rien des mêmes plantes présentent absolument les mêmes caractères que ceux des tubes criblés; mais, comme le contenu 2306 H. LECOMTE. de ces éléments est beaucoup moins riche en substances albuminoïdes, les réactifs iodés ne colorent pas la substance des mailles en jaune; ils les laissent presque incolores. Chez le Cucurbita melanosperma, ces cribles situés sur les parois longitudinales radiales affectent une forme ovale (fig. 31, pl. XXIT); au contraire ceux du Cucurbita maxima sont plus ou moins cunéiformes, avec des bandes transversales qui divisent quelques-uns d’entre eux en deux ceribles séparés (fig. 39, pl. XXIT). Cette division, qui se produit très probable- ment par suite de laccroissement longitudinal des tubes, constitue un phénomène tout à fait identique à la transforma- tion progressive des cribles simples en plages criblées. L'existence des cribles latéraux n’est pas un caractère spé- clal aux plantes que nous avons citées plus haut; on rencontre des formations de cette nature chez la plupart des Dicotylé- dones (Vigne). De plus il existe aussi des cribles latéraux chez les Monocotylédones; le rhizome du Phragmites communis nous en a fourni en particulier des exemples très nets; mais ici les eribles latéraux sont beaucoup moins rapprochés et moins nombreux que chez les Cucurbita. D. ANASTOMOSES A TRAVERS LES RAYONS MÉDULLAIRES. M. Wilhelm a déjà signalé des anastomoses reliant les îlots libériens à travers les rayons médullaires de la Vigne. M. Russow dit en avoir observé aussi chez le Quercus peduncu- lata. Nous pouvons confirmer ce fait pour la Vigne et nous ajouterons qu’il en existe aussi chez les Rubus. Les anasto- moses de la Vigne (Vüitis vinifera, V. Labrusca, V. ceben- nensis, V. amurensis) sont particulièrement intéressantes. Chaque tube (fig. 40, pl. XXIIT) présente la longueur d’une cellule de parenchyme ; mais ce qu’il y a surtout de remarqua- ble, c’est que chacun de ces tubes présente une et souvent deux cellules-compagnes découpées dans la cellule mère dont le contour se montre encore très nettement. Il se développe d’ailleurs un cal absolument analogue à celui des cribles ordi- ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 237 naires. Enfin, dans les cellules voisines se rencontrent encore des cristaux d’oxalate de chaux (fig. 40, pl. XXII), comme dans les files longitudinales de cellules qui accompagnent les tubes criblés ordinaires. E. RÉPARTITION GÉNÉRALE DU LIBER. La répartition générale du liber a été traitée assez longue- ment par M. Dippel (1) et par MM. Vesque (2) et Hérail (3), pour qu'il soit inutile de revenir ici sur ce mode de réparti- tion. Tout ce que nous aurons l’occasion de dire pour le liber externe s’appliquera au liber interne, quand il en existe un. Pour ce qui concerne l’arrangement et la disposition des tubes criblés dans le liber, on peut dire qu’il n’existe pas de règle générale chez les Angiospermes. Presque chez toutes les plantes, les tubes criblés sont dissé- minés sans ordre apparent dans le parenchyme mou (fig. 1, pl. XXI). Cependant chez certaines plantes dicotylédones, le cambium fournit presque uniquement des tubes criblés asso- clés à des cellules-compagnes. Dans ce cas, si les cellules- compagnes sont latérales, on rencontre sur une section longi- tudinale radiale des séries parfaitement nettes de tubes criblés, comme chez les Conifères. Cette disposition est surtout fort nette chez les divers [mpatiens et principalement dans la tige de l’Impatiens japonica (fig. 61, pl. XXIV). Il en est encore de même sur le bord des rayons médullaires dans la tige des Tilia (fig. 53, pl. XXIV). Chez presque toutes les autres plantes étudiées, nous avons trouvé les tubes criblés disséminés à peu près sans ordre apparent, surtout dans le liber primaire. Une disposition remarquable se rencontre dans le liber de la tige des Solanées, Crassulacées, Gactées, etc., où les tubes sont dispersés par petits groupes dans un parenchyme libérien très (1) Dippel, Das Mikroskop. (2) Vesque, Loc. ci. (3) Hérail, loc. cit. 238 M. LECOMTE. développé. La figure 68, planche XXIV, concernant le Liber de la tige du Datura Stramonium,montre bien cette disposition. On peut reconnaître encore le contour général de la cellule, qui s’est divisée par une ou plusieurs cloisons longitudinales pour donner un tube criblé et une ou plusieurs cellules-compagnes. Enfin nous ajouterons pour terminer que le liber des racines est presque toujours beaucoup plus riche en parenchyme que le liber des organes aériens (Rubus). F, QUANTITÉS DE LIBER ET TAILLE DES TUBES CRIBLÉS. Chez les Monocotylédones, la quantité de liber est toujours en rapport avec la quantité de bois contenue dans un organe, puisque chaque faisceau contient à la fois du bois et du liber et en général le développement du hiber d’un de ces faisceaux se montre proportionnel au développement du bois. Pour ce qui concerne les Dicotylédones, il est utile de ne pas confondre le développement du tissu libérien avec sa richesse en tubes criblés ; c’est ainsi que la Glycine à un liber formant une couche épaisse; mais les tubes criblés bien caractérisés y sont petits et assez peu nombreux, La racme du Lappa major possède un liber développé en une couche très épaisse, mais les tubes criblés ne s’y rencontrent qu'en certains points. Au contraire, chez la Vigne, les divers Cucurbita, les Lagenaria, Împatiens, etc., le liber comprend surtout des tubes criblés et des cellules-compagnes avec un parenchyme très réduit. En règle générale, plus le bois contient de vaisseaux, plus le liber contient de tubes criblés (Vigne, Cucurbita, Ampe- lopsis, etc.); au contraire, si le bois comprend surtout du parenchyme ou des fibres, le liber ne contient qu’un petit nombre de tubes criblés (racine de Lappa major). On peut se demander aussi s’il existe une relation entre la taille des vaisseaux du bois et celles des tubes criblés. MM. Westermaier et Ambronn (1) ont constaté que chez les (1) Westermaier und H. Ambronn, Beziehungen zwischen Lebensweise und Structur der Schling- und Kletterpflanzen (Flora, n° 27, 1881). ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 239 plantes grimpantes, les vaisseaux du bois ont un diamètre notablement plus considérable que ceux des plantes dressées. M. Hérail a confirmé ce fait pour un grand nombre de plantes}; les exemples suivants sont assez Instructifs à cet égard : Diamètre des plus gros vaisseaux. \ Clematis vitalba (plante grimpante)....... 90 p | Clematis recta (plante dressée). .......... 90 y ç Tecoma radicans (plante grimpante).. ..... 130 pr ? Tecoma capensis (plante dressée)......... 99 pr Aristolochia Sipho (plante grimpante)..... 200 y Aristolochia Clematitis (plante dressée)... 10 y Cette particularité est due évidemment à ce fait que les tiges grimpantes ou rampantes possèdant un diamètre très faible relativement à la surface des feuilles, la grande taille des vaisseaux doit compenser leur petit nombre pour fournir aux organes foliaires l’eau qu'ils perdent par la transpiration. MM. Westermaier et Ambronn ont voulu étendre ces résul- tats aux tubes criblés, en faisant remarquer que les plantes dont on cite généralement les tubes criblés pour leur grande taille sont précisément des plantes grimpantes ou rampantes (Vütis vinifera, Cucurbita Pepo, Aristolochia Sipho, etc.). Les exemples qu'ils citent sont d’ailleurs trop peu nombreux pour justifier la loi qu’ils énoncent. M. Hérail (1) a repris cette question et les faits qu'il a observés lui paraissent infirmer les vues de MM. Westermaier et Ambronn, D’après lui les Lonicera et Clematis, quel que soit leur genre de vie, ont un liber absolument identique; de plus certaines plantes grimpantes peuvent présenter des tubes criblés très étroits, tandis que des plantes grasses (S{apelia), des plantes aquatiques (Menyañthes trifolhiata), où des rhi- zomes de Monocotylédones, possèdent des tubes à section relativement grande. De ces quelques faits, M. Hérail n’hé- Al sile pas à conclure que la structure el la position particu- (1) Hérail, Loc. cit. 240 H. LECOMTE. lière des éléments libériens échappent à toute relation physio- logique. Il ne me semble pas que la conclusion de M. Hérail soit plus jusüfiée que celle de MM. Westermaier et Ambronn. Le fait qu’une plante est dressée, grimpante ou couchée, aérienne ou aquatique, ne domine évidemment pas toute la physiologie du végétal. Pour énoncer une conclusion générale, il eût fallu comparer les diverses conditions d’existence et les principaux caractères d’un grand nombre de plantes à liber bien connu. Plantes polycarpiennes. — Devant fournir de nouvelles feuilles au printemps, les plantes polycarpiennes accumulent pendant l'été des réserves nutritives dans la tige (1), le rhi- zome ou même les racines. Quand ces réserves ont à traverser toute la tige aérienne pour s’accumuler dans les tiges souter- raines ou les racines, la plante possède habituellement des tubes criblés, nombreux et bien développés. Il suffit, pour se rendre compte de ce fait, de considérer les beaux tubes criblés des Phragmites, Typha, Menyanthes trifohiata, Ophrys, Or- chis, etc. Pour ce qui concerne les plantes ligneuses polycarpiennes, l'accroissement en diamètre intéressant à la fois toute la longueur des tiges et des racines, il doit exister des tubes criblés nombreux et assezibien développés pour conduire dans toute la plante les substances nécessaires à cet accroissement. C’est en effet ce qu'il est facile de constater chez les diverses Amentacées. Si les feuilles sont grandes et nombreuses, la nutrition est plus active et les tubes criblés sont de plus grande taille (Tiliu, Æsculus, Juglans, etc.). Ge caractère s’exagère encore si en même temps les tiges sont très grêles ; il est alors facile de constater que le liber contient de très nombreux tubes criblés de grande taille (Vitis, Cissus, Tecoma, Aristo- lochia, Rubus, Rosa, etc.). En résumé, chez les plantes polycarpiennes, les tubes criblés sont, en général, d'autant plus nombreux et d'autant mieux (1) A. Gris, Comptes rendus, 26 février 1866; Id., 12 mars 1866. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 941 développés que les réserves s'accumulent dans des organes plus inférieurs de la plante, que les tiges sont plus grèles et les feuilles plus grandes et plus nombreuses. Plantes monocarpiennes. — Ici les condilions de vie sont toutes différentes ; des réserves ne s'accumulent plus dans des organes inférieurs de la plante, mais seulement dans les fruits et les graines. La nutrition est d'autant plus active que les feuilles sont plus grandes et plus nombreuses, et cette activité se manifeste par la taille qu’acquiert la tige, aussi bien que par le nombre et la grandeur des fruits. En raisonnant ainsi, on arrive facilement à cette conclusion que, parmi les plantes monocarpiennes, celles qui se font remarquer par la grande taille de leur tige, de leurs feuilles et de leurs fruits, doivent posséder de nombreux tubes criblés, bien développés, pour conduire à destination les substances assimilées dans les feuilles. Et l’observation vient confirmer pleinement ces pré- visions (Cucurbita, Lagenaria, Ricinus, Impatiens, etc.). En général on peut dire qu’une plante herbacée qui produit dans le cours de son unique année d'existence de grandes feuilles, une tige forte et noueuse, possède presque sûrement de grands tubes criblés. Des quelques notions que nous venons d'acquérir, 1l parait résulter que le développement et le nombre des tubes criblés se montrent généralement en rapport avec la surface foliaire. Or, habituellement, plus cette surface est grande, plus la plante perd d’eau par ses feuilles, et plus la circulation des liquides doit être active dans les vaisseaux du bois. On en conclura facilement que les plantes dont le bois se montre riche en vaisseaux doivent être aussi bien partagées au point de vue des tubes criblés, et réciproquement. Ainsi, chez les Vitis, Cucurbita, Catalpa, Ampelopsis, Ricinus, ete., le hois se montre très riche en vaisseaux et le liber en tubes criblés. Chez les Senecio crassifolia, Tanacetum vulgare, Lappa major (racine), le bois est pauvre en vaisseaux ; aussi le liber con- tient-il relativement peu de tubes criblés. Au point de vue de la taille des tubes criblés et surtout de 7e série, Bot. T. X (Cahier n° 4). 16 242 H. LÉCOMTE. leur diamètre, MM. Westermaier et Ambronn ont cru pouvoir avancer que les plantes grimpantes et couchées possèdent les plus gros tubes criblés. Gomme nous l’avons déjà dit, 1l ne nous parait pas légitime de donner la prédominance à ce facteur. Le nombre et la grandeur des feuilles, la quantité de liber contenue dans la tige, le lieu d'élection des réserves, la taille et les affinités de la plante doivent aussi entrer en ligne de compte. Nous pouvons dire, en règle générale, que les tubes criblés possèdent un diamètre d'autant plus grand que les vaisseaux du bois sont eux-mêmes plus gros. Le tableau suivant montre cette relation chez quelques plantes pourvues de gros vaisseaux : Re DIAMÈTRE NOMS DES PLANTES PLUS GROS VAISSEAUX DES EUSRS À oË du bois TUBES CRIBLES | Cucurbita melanosperma. ............... 2304 40-504 Vitis vinifera 1404 364 284 23{ 384. 23p 32p VitiS)CeDENNENSIS RL Ste enr eee 1184 Impaliens japonica | Ricinus communis Catalpa syringæfolia Tecoma radicans Cette relation n’existe pas pour les Papilionacées. Leurs Lubes criblés restent très petits, quelle que soit d’ailleurs la taille des vaisseaux du bois (Glycine). Il existe peut-être une relation entre cette particularité et la propriété curieuse que présentent ces plantes, de développer sur leurs organes sou- terrains des tubercules spéciaux, sortes de fabriques de ma- üères albuminoïdes, qui dispenseraient la tige de porter dans ces organes souterrains les matières albuminoïdes nécessaires à leur accroissement. En résumé, s'il n’est pas légitime de conclure, avec MM. Westermaier et Ambronn, qu’en règle générale les plantes grimpantes possèdent les plus gros tubes criblés, il n’est pas non plus possible d'admettre la conclusion négative ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 243 formulée par M. Héral. Nous nous trouvons en présence d'un problème complexe à données multüples; parce qu’on n’a tenu compte que de quelques-unes de ces données et que la solution complète du problème nous a échappé jusqu'ici, ce n’est pas une raison pour méconnaître la possibilité de trouver un jour cette solution. G. LE LIBER DES FEUILLES. Les principales recherches entreprises jusqu'à ce jour sur la structure du hiber n’envisagent guère que le hiber des tiges, des rhizomes et des racines. Le liber des feuilles a généra- lement été écarté de ces recherches. La difficulté devient d’ailleurs plus grande, car les tubes criblés des feuilles sont cénéralement beaucoup plus petits que ceux de Ia tige ou des racines. Cependant la bibliographie botanique possède sur ce sujet un travail entrepris par M. Alfred Fischer (1) et qui porte sur un ensemble d'environ soixante plantes. L'auteur s’est principalement proposé de fixer nos connaissances sur le mode de terminaison des faisceaux libériens dans les feuilles. Il a trouvé que dans les nervures des feuilles, le dia- mètre des cellules-compagnes diminue en même temps que celui des tubes criblés, mais que ce décroissement est plus rapide pour les tubes criblés que pour les cellules-compagnes. Nous avons constaté, comme M. Fischer, que les éléments accompagnant les tubes criblés dans les fines nervures des feuilles sont plus développés que les tubes; mais nous ne saurions affirmer que ce sont des cellules-compagnes, car 1l faudrait pour cela suivre le développement. M. Fischer ne dit pas avoir étudié le eloisonnement des éléments générateurs des tubes criblés ; nous ne saurions donc accueillir les faits qu’il avance qu'avec une certaine réserve. Les observations que nous avons à signaler sont peu nom- breuses, car le liber des feuilles nous a paru d’une désolante (1) Fischer, loc. cit. 241 H. LECOMTE. monotonie. Ces faits peuvent être résumés de la façon suivante : 1° Quelle que soit la forme des tubes criblés dans la tige et dans la racine, ceux des feuilles (limbe et pétiole), appartien- nent toujours au type de la Courge (fig. 55, pl. XXIV). Nous avons constaté ce fait dans toutes les plantes étudiées (voy. Russow, p. 205) et particulièrement chez les Vivis, Tilia et les diverses Amentacées. Même dans les cas de complication extrême des tubes criblés (Quercus), on trouve toujours dans les feuilles des cloisons terminales à un seul crible, transver- sales ou du moins peu inclinées. Les cloisons présentent déjà ce caractère dans Îles traces foliaires et la conservent dans toute la longueur de l’organe (Vigne) ; 2° Le liber des feuilles est toujours plus développé par rapport au bois que celui des tiges, et celui-ci plus que celui des racines ; 3° Relativement à l’extension des faisceaux libériens, les tubes eriblés sont en plus grand nombre que dans les autres organes de la plante ; 4° L’inégalité des cloisons séparant les tubes criblés des cellules-compagnes est surtout manifeste dans le liber des feuilles (Quercus) ; o Il se développe des plaques calleuses à l'automne sur les cribles des feuilles et ce cal persiste dans Les feuilles tombées ; ce fait tend à démontrer que le cal ne peut être considéré comme une substance de réserve. CHAPITRE IV DÉVELOPPEMENT DES PAROIS CRIBLÉES Comme on a pu le voir dans la partie historique de ce travail, le développement des cribles n’est pas décrit de la même façon par MM. Wilhelm (1), de Janczewski (2) (1) Wilhelm, loc. cit., p. 198. (2) De Janczewski, Loc. cit., p. 130 et suivantes. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 245 et Russow (1) (voy. p. 202). Pour les deux premiers, la cloison destinée à devenir un crible se montre d’abord com- plètement lisse et formée uniquement de cellulose. Puis elle se couvre de petits mamelons réfringents symétriques de chaque côté de la membrane ; ces mamelons grossissent rapi- dement et se rapprochent les uns des autres; le chloro-iodure de zinc les colore en brun. À ce moment le réseau ceilulosique serait recouvert d’une couche de substance calleuse (sub- stance des mamelons) si mince que les réactifs ne peuvent encore révéler sa présence ; puis les mamelons calleux se dissolvent et laissent les mailles à découvert ; enfin, la cloison se perfore aux points tout d’abord occupés par les mamelons et les deux éléments voisins se trouvent être en communica- tion. En résumé, MM. de Janczewski et Wilhelm admettent que la cloison, d’abord cellulosique dans toute son étendue, n’est pas ponctuée avant le développement des mamelons calleux et que ceux-ci proviennent d’une modification locale de la cellu- lose. Quant à M. Russow, il a été conduit par ses recherches à une conclusion toute différente, mais que M. de Janczewski avait déja adoplée à la suite de ses premiers travaux. M. Russow s'exprime de la façon suivante : « La portion de membrane qui doit plus tard se transformer en un crible est déjà ponctuée avant l'apparition du cal ; la substance calleuse se sépare dans ses petites dépressions, mais non par la trans- formation de la cellulose, comme M. Wilhelm la affirmé avec quelques réserves et M. de Janczewski avec une entière certi- tude. » M. Russow a pu voir chez la Courge la cloison pourvue de ponetuations dès avant la première apparition du cal; puis il a vu celui-ci s'établir simultanément de chaque côté de la mem- brane, au niveau de ces ponctuations, sous la forme de petites écuelles à contour vaguement polygonal. El fait remarquer en (1) Russow, loc. cit., p. 198. 246 H. LECOMIE. passant que cette forme polygonale serait inexplicable si le cal provenait d’une transformation locale de la cellulose. Enfin, la preuve la plus importante qu’il apporte à lappui de son assertion, c’est que dans certaines plantes (Courge), le cal peut acquérir un volume dépassant plus de cent fois celui du crible sans qu’il soit possible de constater une diminution d'épaisseur de ce dernier. M. Russow n’a pas réussi d’ailleurs à observer la dissolution de la lame de cellulose entre les deux cuvettes calleuses de chaque paire, ni la formation des filaments connectifs traver- sant le crible pour réunir les contenus de deux éléments VOISINS. Il n’est peut-être pas inutile de discuter en passant les opi- nions que nous venons de résumer. À la manière de voir énoncée par MM. de Janezewski et Wilhelm, on peut opposer les objections suivantes : 4° Sile cal est simplement la cellulose de la cloison trans- formée chimiquement en certains points et si la cellulose forme elle-même une couche homogène, on ne voit pas la raison pour laquelle la cellulose ne se transformerait pas en cal sur toute son étendue, ou au moins ne se transformerait pas d’une façon irrégulière ; dans cette théorie, la forme poly- gonale des ponctuations reste done inexplicable ; 2 Dans tous les cas observés, le réseau cellulosique ne diminue pas d’épaisseur à mesure que le cal se développe ; Pemploi des colorants de la cellulose ne laisse aucun doute à cet égard; d’ailleurs la figure 2, planche XXI, empruntée au liber du Cucurbita Pepo, montre la membrane cellulosique restant intacte entre les deux plaques calleuses écartées du crible par l'action de l'alcool; 3° M. de Janczewski n’a pu arriver à expliquer par quelle action spéciale la membrane cellulosique se trouverait trans- formée chimiquement en certains points de son étendue. L'opinion émise par M. Russow ne nous parait pas plus satisfaisante : 4° Sile cal est exclusivement formé par des dépôts prove- ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 247 nant de la différenciation du contenu des tubes, la cloison doit être complètement perforée avant le dépôt de la substance calleuse. M. Russow ne dit pas avoir observé ce fait et pour ma part je le conteste formellement ; 2 M. Russow dit seulement qu'il existe de petites dépres- sions se correspondant de chaque côté de la membrane cellu- losique primitive; il en résulte que la cellulose doit être remplacée par de la substance calleuse dans les points où s’éta- blissent des perforations ; nous revenons ainsi à la manière de voir formulée par M. de Janczewski, car la cellulose ne peut évidemment disparaître sans transformation ; 3° Quoi qu’en dise M. Russow, sa théorie n’explique pas plus que celle de MM. de Janczewski et Wilhelm la forme polygonale des ponctuations. Îl m'a paru intéressant de reprendre cette étude du dévelop- pement des cribles. L'examen de quelques plantes va nous permettre d’exposer une manière de voir en contradiction formelle avec celle de nos devanciers. Cucurbita maxima. — Dans les faisceaux de la tige, les tubes criblés sont très grands et se prêteraient facilement à une étude suivie des phases successives par lesquelles passe la cloison destinée à devenir un erible. Malheureusement le peu de consistance de la tige rend les observations très déli- cates, car les cloisons transversales se replient généralement sous le verre de la préparation ou se présentent obliquement si les sections ne sont pas extrêmement minces. En section transversale, la cloison m'a paru d’inégale épais- seur dès le début de l’existence du tube ; les dépressions se correspondent deux à deux de chaque côté de la membrane, mais celle-ci n’est pas perforée de part en part. Par l’action du chlorure de zinciodé, la membrane n’a paru se colorer en bleu dans toute son étendue, mais d’une façon très inégale, les points les plus colorés se trouvant être les parties saillantes de la membrane. Le chlorure de zinc iodé ne colorant bien la cellulose qu'après une action prolongée, j'ai trouvé très avantageux de le remplacer par d’autres réactifs 948 H. LECOMTE. dont l'effet se produit immédiatement. Ces réactifs, que Je dois à l’obligeance de mon ami M. Mangin, sont le chlorure de cal- cium iodé qui colore la cellulose en rose foncé et le bichlorure d'étain iodé qui lui communique une coloration bleu violet intense. Ces colorations se produisent encore avec une intensité beaucoup plus grande, si on a eu soin de plonger pendant quelques minutes les coupes à observer dans la solution cupro-ammoniacale (1). À l’aide de ces deux réactifs, employés concurremment j'ai pu m’assurer qu'en réalité la cloison décrite plus haut n’est formée de cellulose que dans ses parties saillantes; le reste de la membrane ne se colore pas (fig. 21, pl. XXIT) ; si le chlo- rure de zinc iodé à pu fournir un résultat différent, c’est que son action ne se produisant que très lentement, la colo- ration s'étend peu à peu par diffusion dans la partie non cel- lulosique de la membrane. D'ailleurs par l’acüon du bleu d’aniline on constate facile- ment que la cloison se colore en bleu au niveau des dépres- sions. En ces points, la membrane n’est donc pas de nature cellulosique. De face, sous l’action des chlorures d’étain et de calcium iodés, la cloison se montre formée d’un réseau de cellulose et les mailles de ce réseau ne présentent pas la coloration de la cellulose (fig. 9, pl. XXT). À un état un peu plus avancé, les régions non cellulosiques de Ja cloison se gonflent et font saillie sur chacune des faces (fig. 19, pl. XXII); en même temps, le bleu d’aniline leur communique une coloration de plus en plus intense; cette coloration ne tarde pas à s'exagérer suivant l’axe de ces espèces de bouchons qui occupent les mailles de la cloison (fig. 10, pl. XXI); le contenu des deux tubes paraît alors réuni par cette bande bleue, qui envahit le bouchon de proche en proche et finit par le remplacer presque complètement. Il est facile (1) Il est nécessaire de laver ensuite les coupes dans de l’eau additionnée d’un peu d’acide acétique avant de faire agir les réactifs colorants. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 249 de mettre en évidence les filaments muqueux qui traversent le crible, en dissolvant celui-ci à l’aide de l'acide sulfurique. C’est ce que montre bien la figure 11, planche XXII, em- pruntée au liber du Cucurbita Pepo; la gelée interne forte- ment contractée se voit par transparence à travers la mince couche de protoplasme pariétal. La communication est alors largement ouverte entre les deux éléments superposés (1). La Vigne et le Tilleul nous ont fourni les mêmes résultats. Impatiens japonica. — L'étude du hber de la tige se prête assez facilement à l'observation des phénomènes précédant la formation des cribles. D'abord les tubes criblés ont un diamètre relativement grand, ce qui est facile à prévoir d’après la taille qu'atteignent les tiges dans le courant d’une année, aussi bien que par le diamètre considérable des vaisseaux ligneux. Une autre raison vient encore faciliter l'observation ; en effet beau- coup de ces tubes sont disposés en séries radiales, de telle sorte qu'une section longitudinale radiale montre côte à côte de nombreux tubes aux phases les plus diverses de leur développement (fig. 61, pl. XXIV). La cloison qui doit devenir un crible est ici beaucoup moins large que chez le Cucurbita maxima cité précédemment. Les ponctuations des tubes en pleine activité sont aussi beaucoup plus fines et beaucoup plus rapprochées. A cette différence près, les phases sont exactement identiques à celles que nous avons décrites pour l'exemple précédent. Arrivé à sa période d'activité, le tube possède des cloisons transversales à ponctuations très fines. Or ces ponctuations observées à un grossissement suffisant se montrent formées d’une substance spéciale, différente de la cellulose, mais en (1) Cette libre communication entre deux tubes voisins parait indéniable si on se reporte aux nombreux exemples de filaments muqueux ou de gouttelettes passant à travers les ponctuations. Mais il faut bien remarquer que le même aspect pourrait être produit si les mailles étaient encore occupées par une membrane extrêmement ténue de substance très perméable, Chez le Cucurbita melanosperma, par exemple, après l’action de l’eau de Javel, j'ai cru voir une membrane extrêmement délicate, ne se colorant pas comme la cellulose et occu- pant les mailles des cribles. 950 H. LECOMTE. continuité avec la cellulose du réseau qui sépare les mailles. Il semble que dans l’Impatiens la substance primitive des bouchons ne soit pas remplacée totalement par celle qui passe d’un élément à l’autre. Encore un pas et nous trouverons des plantes chez lesquelles les mailles des cribles seront toujours fermées; c’est précisé- ment le cas des Gymnospermes. Pendant la période d'activité, les cribles de ces plantes ne sont jamais ouverts. La même observation s’appliquerait bien évidemment à un grand nombre de Dicotylédones et de Monocotylédones à ponc- tuations extrêmement fines. La dissolution desmembranes n’y laisse subsister aucun filament muqueux réunissant le contenu d’un élément à celui de l’élément voisin. Cette absence de filaments est-elle due à leur extrême ténuité, qui ne leur per- mettrait pas de résister au moindre tiraillement, ou bien plutôt ces filaments font-ils véritablement défaut ? C’est cette dernière opinion que des observations répétées me portent à adopter de préférence. Mais en raison même de la ténuité de ces objets, il n’est pas possible de se prononcer iei avec une entière certitude. Les faits que nous venons d’énoncer vont nous permettre d'expliquer les diverses phases de la formation des cribles. Nous décrirons tout d’abord le développement d’un crible simple, comme celui de la Courge ; la fin du présent chapitre sera consacrée à l’étude de la genèse des plages criblées. La membrane destinée à devenir un crible, comme toutes les autres membranes extrêmement jeunes, n'est pas tout d’abord constituée par de la cellulose, mais par une substance probablement de nature azotée que ne colore pas le chlorure de calcium iodé. Mais bientôt cette cloison s’incruste de cellu- lose; cette transformation partielle ne se produit pas sur toute la membrane; la cellulose se dispose en filaments entre- croisés limitant des mailles, les ponctuations des cribles futurs. Les filaments cellulosiques sont recouverts sur les deux faces de la membrane par la substance constituante de la eloi- son primitive; de plus les mailles qu'ils circonscrivent sont ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 251 occupées par cette même substance. La membrane est tou- jours continue, mais sa composition chimique est devenue hété- rogène ; l'épaisseur de la membrane est devenue plus grande dans les points qui correspondent aux filaments de cellulose. Les contenus des deux éléments séparés par cette cloison hétérogène ne tardent pas à diffuser à travers les mailles. Gelles- cien effet, constituées par une substance probablement azotée, dans tous les cas différente de la cellulose, forment dans la membrane des îlots plus perméables que les fines bandes cellulosiques. Si les contenus de ces deux éléments voisins sont très riches en albumine, et si, d'autre part, les mailles présentent une grande surface, l'échange osmotique qui se produit à travers ces mailles présente une grande énergie. Bientôt la substance constituante de chacune d'elles se trouve remplacée par l’al- bumine des tubes, suivant l’axe de l’espèce de bouchon qui remplit cette maille; puis ce courant, d’abord osmotique, devenu ensuite un véritable filament albuminoïde, traversant un canal, élargit peu à peu son chemin. À ce moment, non seulement le erible peut être traversé par le liquide épais des tubes, mais le protoplasme pariétal peut pénétrer dans les ponctuations et communiquer d’un tube à Pautre. La marche que nous venons d'esquisser est précisément applicable à la Courge. Mais la série des transformations du erible peut s'arrêter plus tôt. Chez l’Impaliens japonica, le courant, passant d’un tube à l’autre, ne se présente que sous la forme de filaments très ténus, situés dans l’axe des bouchons qui remplissent les mailles. Le développement peut même s'arrêter plus tôt encore; c’est le cas des Gymnospermes et probablement aussi d’un grand nombre d’Angiospermes. Les mailles, toujours consti- tuées par la substance primitive de la membrane, sont seule- ment alors des points privilégiés offrant aux échanges osmo- tiques d’un tube à l’autre un terrain plus favorable que le reste de la membrane. I nous reste à montrer que cette théorie, en complète con- 252 H. LECOMTE. formité avec les faits que nous avons énoncés plus haut, se trouve confirmée par un certain nombre d’autres considé- rations. 1° L'existence d’une membrane primitive non cellulosique excrélée par le protoplasme après la division du noyau a été signalée déjà par M. Dippel(1) pour les nouvelles cellules provenant d’un méristème secondaire. M. Baranetzki (2) peuse au contraire que, pour ce qui concerne le méristème primaire, les parois les plus jeunes se colorent déjà par le chlorure de zinc iodé, à l’exception d’une très mince couche mitoyenne. Je ne crois pas, pour ma part, qu'il puisse exister une telle différence entre les tissus provenant des méristèmes primaires et secondaires. J'ai trouvé, dans les méristèmes secondaires, des membranes très Jeunes, ne prenant aucune coloration par le chlorure de zinc iodé, ou, mieux encore, par le bichlorure d’étain iodé. Mais, à mesure que ces membranes s’éloignent de la région en voie de division, elles prennent une coloration qui se prononce de plus en plus. Vues de face, elles noffrent pas une coloration uniforme, mais présentent des bandes colorées qui s’entre-croisent et circonserivent un grand nombre de mailles polygonales. M. Baranetzki ne paraît pas avoir étudié de face ces membranes très Jeunes et présen- tant déjà un réseau cellulosique. D'ailleurs, les eùt-1l étudiées, les résultats resteraient les mêmes, car le chlorure de zinc iodé, dont il s’est servi exclusivement, ne donne une coloration bien nette qu'après une action prolongée, pendant la durée de laquelle les filaments cellulosiques se gonflent et empiètent sur les mailles qu’ils circonserivent: il en résulte une coloration presque uniforme de la membrane qui paraît tout au plus marbrée. Au contraire, le chlorure de calcium et le bichlo- rure d’étain iodés fournissant une coloration presque instan- tanée, les filaments cellulosiques n’ont pas le temps de se sonfler, et le réseau cellulosique apparaît beaucoup plus net. (1) Dippel, Die neue Théorie, ete., p. 47, 53, 54. (2) J. Baranetzki, Épaississement des parois des éléments parenchyma- teux (Ann. sc nat., 7° série, t. IV, 1886). ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 253 Faut-il ajouter que M. Baranetzki parait se contredire lui- même quand il décrit des membranes âgées avec des places amincies non cellulosiques? La cellulose devrait done en ces points se transformer en une autre substance. Que penser de cette cellulose se formant si rapidement pour disparaitre si tôt? Les résultats obtenus successivement par MM. Wiesner (1), Strasburger (2), Guignard (3), Went(#), etc., sur la formation des membranes laissent croire que la membrane primitive peut ne pas être constituée par de la cellulose. Mes propres observations confirment pleinement ce fait; il me parait, dans tous les cas, définitivement acquis que les points des mem- branes qui doivent devenir les ponctuations des cribles ne sont constitués par de la cellulose à aucune phase de leur existence. M. Van Tieghem admet que les ponetuations des cellules du parenchyme sont bouchées par une membrane azotée pri- milive, et que les « protoplasmes voisins communiquent plus librement entre eux que partout ailleurs sans être pour cela en continuité directe (5) ». Quelle est la nature chimique de cette membrane primi- tive? Est-elle la même que celle des bouchons qui remplissent les mailles des eribles nouvellement formés? Je ne saurais le dire, car les réactions micro-chimiques sont parfois trop déli- cales pour qu'on puisse en tirer des conclusions certaines. Peut-être est-ce simplement du pectate de chaux, comme celui qui à été décrit par M. Fremy, formant une sorte de ciment qui relie entre elles les cellules de parenchyme. 2 Les faits signalés par M. de Janczewskt lui-même con- cernant le développement des cribles du Phragmates (rhizome) (1) Wiesner, Untersuchungen über die Organisation der vegetabilischen Zellhaut (Comptes rendus Acad. Vienne, 1886, p. 17). (2) Strasburger, Controversen, etc., Bonn., 1884; — Histologische Beilträge, 1889. (3) Guignard, Nouvelles recherches sur le noyau (Ann. des sc, nat., 1885). (4) Went, Beobachtungen über Kern. und Zelltheillung (Berichte der Deutsch. Bot. Gesell., 1887, Band V, Heft. 7). (5) Van Tieghem, Éléments de botanique, p. 20, 1886. 254 M. LECOMTE. sont en parfaite conformité avec ce que nous avons dit à propos des Dicotylédones. € En coupe verticale une cloison parait être composée de particules intermittentes, dont les unes sont plus réfringentes et plus épaisses que les autres; on pourrait la prendre pour un crible achevé, si l’on ne prêtait l'attention nécessaire à sa structure. » Comme on le voit, M. de Janczewski a vu comme nous la membrane avec une structure hétérogène. Il admet, d’après l’action des réactifs iodés, qu’elle est cependant composée uniquement de cel- lulose. Mais alors cette cellulose des ilots présenterait une nature et des caractères optiques spéciaux; elle ne serait pas analogue à la cellulose ordinaire; 1l est dès lors impossible de prouver que cette substance possède la même composition que la cellulose. Une réaction colorante ne suffit pas pour fixer la nature chimique d’un objet si petit. Les analyses chi- miques de tissus végétaux, dues à MM. Fremy et Urbain, prouvent suffisamment que les membranes dites cellulosiques n’ont pas une composition uniforme, qu'il existe dans ces membranes des substances différentes de la cellulose, et aux- quelles ces chimistes ont assigné des noms particuliers. En présence de ces résultats, il ne me semble pas qu'une sub- stance incrustée dans une membrane de cellulose, mais pos- sédant des caractères particuliers bien nettement visibles, puisse d’une façon irréfutable être assimilée à de la cellulose. 3° Notre manière de voir sur la formation des cribles est pleinement confirmée par les travaux de M. J. Baranetzki (1). Sur soixante espèces étudiées, ce botaniste a trouvé que vingt à peine possèdent des ponctuations arrondies sur les parois transversales du parenchyme, mais que l’épaississement est produit par l'apparition de filaments entre-croisés de cellulose laissant entre eux des mailles plus ou moins grandes. Les cloisons destinées à devenir des cribles ne se comportent donc pas autrement que les cloisons transversales du parenchyme Voisin. (1) Baranetzki, loc. cit., p. 138 et suivantes. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 259 4 Le mode de développement que nous avons décrit explique seul la forme polygonale des ponetuations. MM. Wilhelm, de Janezewski et Russow n'avaient pas réussi à fournir une explication satisfaisante de cette particularité. 9° M. Russow a montré que certains cribles simples occupent presque toute la surface de la cloison (Fraxinus excelsior, Ulinus montana, Aristolochia Sipho, Atragene ulpina, etc.), tandis que chez d'autres plantes la paroi plus ou moins inclinée ne consacre à la formation du crible qu'une portion de sa surface (Rhamnus cathartica, Berberis vulgaris, etc.). Or 11 résulte des recherches de M. Baranetzki que les filaments cellulosiques sont toujours renflés à leurs deux extrémités. Si ces renflements sont assez considérables et assez rapprochés, la membrane parait homogène. C’est précisément ce qui arrive pour le Berberis vulgaris et le Rhamnus, où les eribles n’occupent qu’une partie de la paroi, celle qui est occupée par. les portions minces des filaments cellulosiques. Si ces renflements sont très peu accentués, le crible paraît occuper toute la paroi; c’est le cas des Fraxi- nus, Ulmus, etc. 6° Les cloisons longitudinales des tubes criblés des divers Cucurbita, du Vitis vinifera, etc., observées à un grossisse- ment considérable, se montrent formées de couches d’inégale réfringence. Or cette disposition s'explique assez bien si l’on admet, avec M. Baranetzki, que plusieurs plans de fibres cellu- losiques peuvent se trouver superposés dans une même mem- brane. Je n’ai pas eu l’occasion de vérifier directement ce fait par moi-même; mais les preuves qu’en donne l’auteur m'ont paru coneluantes. Chaque couche se colorant fortement par les chlorures iodés serait constituée par de la ceilulose, tandis que les bandes intermédiaires seraient formées d’une sub- stance non cellulosique. Or on voit facilement, par la fignre que nous en donnons (fig. 15, pl. XXIT), que ces bandes cel- lulosiques deviennent extrêmement ténues dans les points où la membrane est très mince. Il en résulte que les mailles entre ces derniers filaments seraient relativement grandes et 956 H. LECOMTE. permettraient la communication des contenus appartenant aux deux éléments voisins; or nous avons précisément con- staté cette communication. 7° Notre manière de voir établit non seulement un lien entre les vrais cribles des tubes de Cucurbita, Vitis, Tilia, etc., d’une part, et les ponctuations du parenchyme d'autre part; mais elle constitue une théorie générale expliquant toutes les apparences diverses présentées par les cribles dans la série des plantes vasculaires. Les tubes criblés des Gymnospermes deviennent simple- ment analogues à des cellules de parenchyme allongées sui- vant l’axe de l’organe et pourvues sur leurs cloisons transver- sales de bandes cellulosiques formant un réseau dont les mailles sont occupées par la substance primitive de la mem- brane. Le contenu de ces tubes étant très aqueux, la commu- nication se fait par simple diffusion, et la substance des mailles reste intacte, bien qu’elle soit constamment traversée par un courant osmotique. Chez beaucoup de Monocotylédones et de Dicotylédones à tubes criblés pauvres en albumine et ne possédant d’ailleurs que des cribles à mailles très étroites, il ne se passe pas autre chose que ce que nous avons décrit chez les Gymnospermes. En un mot, les cribles ne sont pas ouverts pendant la période d'activité. Mais, si nous considérons maintenant les plantes dont les tubes criblés contiennent un liquide très épais en même temps que leurs cloisons criblées offrent des mailles très larges, le courant osmotique atteint une grande énergie, et, peu à peu, la substance formant l’axe des mailles, se laisse traverser par une trainée de liquide épais qui se fraye un chemin de plus en plus large. Si alors on dissout les cloisons, les contenus se montrent reliés par des filaments muqueux (fig. 11, pl. XXII). C’est ce qu'il est facile de constater chez les Cucurbita, Vitis, Tilia, Lagenaria, etc. Les tubes criblés de ces dernières plantes deviennent, avec notre manière de voir, une simple exagération de ce qui existe ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 257 chez la plupart des cellules appartenant au parenchyme mou. 8° Enfin la théorie que nous avons énoncée concernant le développement des tubes eriblés se trouve non seulement en conformité avec les principaux faits acquis, mais elle nous à permis d'expliquer une transformation que nous avions con- statée depuis assez longtemps déjà et qui nous paraissait inexplicable. En étudiant le développement des tubes criblés chez la Vigne et le Tilleul, nous avons remarqué en effet que tous les tubes à l’origine appartiennent au type de la Courge, c’est-à- dire qu’ils sont séparés par des cloisons transversales où peu inclinées, pourvues d’un seul ilot de mailles non transformées en cellulose (fig. 36, pl. XXIIT) ; puis peu à peu ces cloisons deviennent inclinées et S’allongent; en même temps chacun des ilots se fragmente et en fin de compte la cloison plus ou moins inclinée finit par en contenir de deux à dix ou douze (fig. 37 et 38, pl. XXIIT). La théorie émise par M. Russow pour le développement des cribles se trouvait ici en défaut, puisque des ponctua- tions apparaissaient en des points où ne paraissait exister aucune dépression dans la membrane primitive. Celle de M. de Janczewski était insuffisante, car elle n’expliquerait en aucune façon le développement des bandes de cellulose transversales sur le grand axe de la cloison et qui découpent cette eloison en un certain nombre d'ilots pourvus de mailles. Nous pou- vons maintenant décrire les phases de cette curieuse transfor- mation. Sous l'effet de la tension qui s'exerce suivant une direction déterminée, la cloison primitive s'incline, s’allonge et se transforme en une sorte d’ellipse très allongée. Les par- lies les moins résistantes de cette membrane, c’est-à-dire les mailles circonserites par les cordons cellulosiques, doivent nécessairement participer pour une plus large part que le reste de la cloison à cette extension. De nouvelles bandes de cel- lulose se forment, qui découpent chacune de ces mailles, les plus larges et les plus serrées formant des bandes compactes de cellulose le plus souvent perpendiculaires au grand axe de Te série, BoT. T. X (Cahier n° 5), 17 298 MH. LECOMTE. la cloison et séparant les ilots nouvellement formés. Or M. Baranetzki a montré en effet que dans le cas de extension d’une membrane de cellule suivant une direction, les bandes cellulosiques nouvellement formées ont une tendance à se placer perpendiculairement au grand axe de cette cloison. Ceci nous explique donc à la fois et la formation des bandes transversales de cellulose, et la multiplication des mailles, et la forme polygonale de ces mailles. Les observations que J'ai faites à ce sujet ne se rapportent qu'à la Vigne et au Tilleul; la difficulté de ce genre d’études ne m'a pas permis de les étendre davantage. Mais, si on veut bien se rappeler ce qui a été dit à propos de l’existence fréquente dans une même tige de tubes appartenant à des types diffé- rents et si on en rapproche le fait que les tubes primaires très jeunes appartiennent au type de la Courge, on conviendra sans peine que les différences signalées entre les tubes des plantes herbacées et ceux des plantes ligneuses ne doivent être attri- buées probablement qu'aux tensions qui se développent dans ces dernières. CHAPITRE V DÉVELOPPEMENT, FORME, STRUCTURE ET PRINCIPALES RÉACTIONS DU CAL Les notions historiques rappelées dans le chapitre précé- dent nous ont montré quelle est, pour MM. Wilhelm, de Janc- zewski et Russow, l’origine première du cal; il nous reste à dire l’explication qu’ils fournissent de son développement ultérieur. M. de Janczewski (1) à vu dans les rhizomes de Phragmites les bouchons calleux se gonfler peu à peu, faire saillie de chaque côté de la membrane et confluer latéralement pour donner un callus général entourant de toutes parts le réseau cellulosique. Chez l’Aristolochia Sipho, le réseau cellulosique ({) Die Janezewski, Loc. cit. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 259 est recouvert d’une mince couche de substance calleuse qui se gonfle, rétrécit les ponctuations et finit par les faire dispa- raître complètement, pour former de chaque côté de la cloison criblée une plaque calleuse homogène. Pour ee qui concerne la Vigne, M. de Janczewski a cru voir la membrane tout entière se gonfler et les lamelles cellulosiques disparaître avant la perforation des bouchons calleux. Il est vrai que la mem- brane s’épaissit, mais ce gonflement n’intéresse que les bou- chons non cellulosiques des mailles et la mince couche de la même substance qui recouvre les filaments de cellulose sur les deux faces de la cloison; si M. de Janczewski n’a pu retrouver le réseau cellulosique, c’est que probablement il n’a pas attendu la pénétration complète du réactif colorant. Quant au développement ultérieur du cal, M. de Janczewski le décrit comme celui de l’Aristoloche. Le mémoire de M. Russow que nous avons cité plus haut contient bien une nouvelle manière de voir, concernant les premières phases du développement du cal, mais l’auteur n’a pas décrit son accroissement ultérieur. En résumé, pour M. de Janczewski, auquel on doit les observations les plus complètes sur ce point, il existe deux modes distincts pour la formation des plaques calleuses. Chez le Phragmites, des bouchons se forment au niveau des mailles du crible, se gonflent et finissent par confluer de chaque côté en une plaque homogène. Chez la Vigne, le Tilleul, ete., les filaments du réseau cellulosique se gonflent à leur surface et finissent par obstruer complètement les ponctuations en for- mant une plaque de chaque côté de la cloison. En réalité, la différence entre ces deux modes de développement n’est pas aussi grande qu'on pourrait le croire; nous espérons le démontrer un peu plus loin. Les observations que nous avons pu faire sur les tubes eri- blés des Vatis vinifera (tige et feuille), Vaitis canescens (tige et feuille), Aristolochia Sipho, Gucurbita Pepo, C. melanosperma et C. maxima, Tilia platyphylla, Impatiens japonica et TI. Royleana, etc., nous ont montré qu’en effet, comme M. de 260 M. LECOMTE. Janczewski la décrit pour la Vigne, la cloison s’épaissit avant l'établissement des perforations. Mais à l'encontre de ce qu’il a Cru remarquer, nous avons LouJours constaté que le réseau cellulosique ne disparait point pendant cet épaississement temporaire ; 1l se trouve seulement recouvert par une couche plus épaisse de substance non cellulosique. Nous ne saurions trouver une preuve plus directe de ce que nous avons dit dans le chapitre précédent à propos des échanges osmotiques aux- quels se prête la substance non cellulosique du futur crible avant l’établissement des perforations. Cette substance, se laissant pénétrer peu à peu par le contenu des deux tubes voisins, se gonfle tout d’abord mème dans les points où elle recouvre directement les filaments cellulosiques ; puis, si les mailles sont larges et les contenus riches en substances albu- minoides, des canaux se creusent au centre des mailles par remplacement progressif et non par pénétration de filaments muqueux comme le croit M. de Janczewski. Alors la sub- stance non cellulosique revêtant les filaments de cellulose ne sert plus aux échanges d’un tube à lautre, puisque ces échanges se font directement; elle se contracte sur elle-même et ne forme plus qu’une couche presque imperceptble à la surface du réseau cellulosique. Chez les autres Dicotylédones, où 1l ne m'a pas été pos- sible de mettre en évidence de véritables perforations, j'ai toujours trouvé la cloison notablement plus épaisse que toutes les autres. C’est que les échanges osmotiques existant seuls ici, la partie non cellulosique conserve le premier état de gon- flement que nous avons décrit plus haut pour la Vigne, la Courge, etc. Non seulement les cribles terminaux subissent ce gonflement préliminaire, mais encore lescrib les latéraux tels que ceux que l’on trouve en grand nombre sur les parois longitudinales des tubes criblés appartenant aux divers Cucurbita. C’est ce qui produit l'aspect représenté par les figures 26 et 27, planche XXIT, et que M. Wilhelm a décrit comime formé par des gouttelettes d’une substance mucilagi- neuse apparaissant le long des parois du tube criblé. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 261 Lorsque surviennent des modifications dans la nutrition de la plante et que ces modifications retentissent sur la nature du contenu des tubes, soit à l’automne pour la Vigne par exemple, soit à un moment quelconque de l’année, pour PAristoloche et le Tilleul; si d'autre part le contenu des tubes criblés est habituellement bien pourvu de substances albu- minoides, le revètement cellulosique se gonfle, finit par obstruer les perforations des cribles, puis fait saillie de chaque côté de la cloison et en fin de compte ces gonflements se pré- sentent de chaque côté de la cloison sous forme de plaques plus ou moins épaisses, que l’on désigne sous le nom de pla- ques calleuses. Deux exemples pris entre tous vont faire comprendre faer- lement le mode de développement des plaques calleuses. 1° Rubus idæus.— Les tubes criblés appartenant au liber de la tige souterraine sont bien nets et les cribles simples sont un peu inclinés sur l’axe des tubes. Près du cambium, on rencontre des tubes en pleine activité dont les eribles sont nettement ouverts, bien que les perforations soient extrème- ment fines. Le réseau cellulosique est cependant recouvert à ce moment par une fine couche de substance calleuse se colorant en beau bleu par le bleu d’aniline (fig. 48, pl. XXII). Un peu plus en dehors on trouve des cribles plus épais (fig. 49, pl. XXIIT) dont la substance calleuse s’est gonflée et empiète sur les perforations qui deviennent de moins en moins visibles. Puis ce gonflement de la substance calleuse s’accen- tue encore davantage dans les tubes plus extérieurs, la cloi- son criblée s’épaissit beaucoup (fig. 50, 51 et 59, pl. XXII) ; mais les réactifs colorants de la cellulose montrent nettement que le réseau cellulosique persiste au milieu de la cloison épaissie et que les filaments constituants de ce réseau ne paraissent pas avoir perdu de leur épaisseur. Il existe donc maintenant une plaque calleuse sur chaque face de la cloison criblée ; mais dans ces plaques on voit encore assez facilement de fines stries qui sont les derniers vestiges des perforations. Les plaques calleuses coupées par une sec- 269 H. LECOMTE, tion perpendiculaire au plan de la cloison se montrent avec un contour légèrement mamelonné, les dépressions corres- pondant aux anciennes perforations. De même, une de ces plaques vue de face se montre criblée de petites dépressions qui dessinent des points sombres à sa surface. S'il était besoin d’une confirmation à l'appui du mode de développement que nous venons de décrire, d’après les observations directes, on n’en trouverait pas de plus éclatante que cette forme exté- rieure des plaques calleuses. En effet, si les bouchons se développaient seulement au niveau des perforations pour se gonfler ensuite en faisant saillie de chaque côté de la cloison, il est évident que ces bouchons pressés les uns contre les autres dessineraient à la surface de chaque plaque calleuse une sorte de réseau à mailles polygonales. 2 Cucurbita maxima. — La grosse tige du Cucurbita maxima contient des tubes criblés de grande taille et les pla- ques calleuses y atteignent souvent une épaisseur égale au diamètre même des tubes. Le développement n’est pas diffé- rent de celui que nous venons de décrire chez le Rubus; mais les deux formes extrêmes sont plus accentuées. D'une part, un crible appartenant à un tube en pleine activité présente des perforations bien nettes; il est, comme on dit, largement ouvert. D'autre part, le revêtement de substance calleuse recouvrant le réseau cellulosique est d’une finesse extrême. Le développement du cal suit exactement la même marche que chez le Rubus; mais ce développement s’exagère et les deux plaques calleuses atteignent un volume considérable par rapport à l’épaisseur de la cloison. À ce stade du développe- ment, le contenu des tubes séparés par un crible envoie encore des prolongements dans les stries. Nous avons pu mettre en évidence ces fins prolongements en contractant lentement le contenu par l’action de l'alcool étendu (fig. 8, pl. XXI). À une phase moyenne de ce développement, les stries perpendicu- laires à la surface du crible et représentant les derniers vestiges des perforations, se voient encore bien; mais elles s’effacent peu à peu, et dans les plaques volumineuses 1l est souvent ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 963 difficile de les apercevoir. Comme ces stries détruisent Pho- mogénéité des plaques calleuses, l’action des réactifs colorants les fait reparaitre assez nettement. Les figures 2, 5 et 6, planche XXI; 13et16, planche XXIT, représentent des plaques calleuses très épaisses avec des stries bien caractérisées. Les résultats que nous venons d’énoncer touchant le développe- ment des plaques calleuses sont en contradiction formelle avec les faits signalés par M. Russow. Cette observateur dit, en effet (1), que l’axe de chaque bätonnet calleux lui à paru traversé par un filament gélatineux analogue aux filets con- nectifs signalés par M. Wilhelm. Or ces filaments, quand ils existent, occupent les stries signalées plus haut. M. Russow n’a pas décrit le développement des plaques calleuses, mais 1l n’est pas difficile de voir que pour lui le eal est formé par des bouchons qui s’établissent à l’endroit des mailles, se gonflent de chaque côté de la membrane et finissent par se souder les uns aux autres. Nous avons vu que le développement des plaques ne suit pas cette marche. C’est ici le lieu de mettre en garde les personnes qui n’ont pas fait du liber une étude un peu attentive contre une erreur d'observation que nous avons vue se produire un assez grand nombre de fois. L'action de l'alcool contracte ordinairement contre les cribles la substance albuminoïde des tubes eriblés, sous forme de plaques plus où moins épaisses offrant une res- semblance éloignée avec les plaques calleuses; il est indispen- sable de ne pas confondre deux choses aussi différentes. Le mode de développement des plaques calleuses que nous avons décrit plus haut s’est montré le même chez les divers Cucurbita, Lagenaria, Aristolochia, Vitis, Cissus, Ampelopsis, Ricinus, Tilia, Quercus, Castanea, Juglans, Ophrys, Orchis, Gymnadenia, ete. Les observations de M. de Janczewski ne démentent pas cette manière de voir pour la plupart des plantes dont il a étudié le liber; mais nous devons reconnaître que la description qu’il fournit des états successifs du cal (D) Russow, loc. cit., p. 192. 264 MH. LECOMTE. chez le Phragmites communis ne concorde pas avec les faits reconnus par nous chez toutes les plantes dont nous avons étudié les eribles. M. de Janczewski a vu les bouchons calleux des mailles se développer de chaque côté de la cloison et con- fluer en deux plaques calleuses pourvues de stries; celles-ci correspondraient donc, non pas à l’axe des mailles, mais bien aux filaments de cellulose. Les observations que nous avons faites sur les tubes des Phragmites ne confirment pas ces résultats ; malheureusement les matériaux que nous avons pu nous procurer ne contenaient pas de cribles d'assez grande taille pour nous permettre des observations très rigoureuses, et nous ne saurions dire si le développement du cal chez cette plante constitue réellement une exception à la règle générale que nous avons signalée pour les Dicotylédones, et qui se vérifie chez la plupart des Monocotylédones, en particulier chez le Typha, que M. de Janczewski a étudié avec beaucoup de soin. Les cribles du Phragmites communis nous ont pré- senté des caractères identiques à ceux des autres plantes; de plus, le liber du rhizome de Convallaria maialis, que nous avons étudié avec beaucoup de soin, nous a offert des plaques calleuses (fig. 70, pl. XXIV), constituées de la même façon que celles des Rubus, Cucurbita, Vitis, Tilia, ete. Nous enregis- trons donc le fait signalé par M. de Janczewski, mais nous pensons qu’une étude attentive du liber de Phragmites s’im- pose dès aujourd’hui avant de considérer le fait comme une exception. Le cal ne se développe pas chez toutes les plantes avec la même intensité. Les plaques formées de chaque côté des cloisons criblées paraissent d'autant plus épaisses que les tubes sont plus grands et plus riches en substances albumi- noides. C’est ainsi que dans la famille des Cucurbitacées les divers Cucurbita développent des plaques calleuses beaucoup plus épaisses que la Bryone. On les trouve toujours très grandes chez les Varis, Lycium, Ampelopsis, Cissus quinquefolix, Hou- blon, etc.; de même que chez la plupart des plantes herbacées à grandes feuilles (Ricinus, Aconitum, Lappa, Archange- ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 269 lica, ete.). Parmi les arbres, les Amentacées, les Fravinus, Platanus et Tilia üennent les premiers rangs. Enfin, chez toutes les plantes, quand la formation du cal précède une nouvelle période d'activité, les plaques calleuses sont habituel- lement moins épaisses que si les tubes se préparent à perdre définitivement leur activité. Très souvent les deux plaques développées sur un crible ne possèdent pas la mème épaisseur. Les figures 39, planche XXIIE, et 54, planche XXIV, fournissent des exemples de cette particularité pour les cribles terminaux de la Vigne et du Til- leul. Mais ce fait se présente avec une netteté beaucoup plus grande quand il s’agit des cribles situés sur les parois longitu- dinales des tubes. C’est ce que montrent les figures 2, planche XXI, et 29, planche XXIT, concernant le Liber d’un Cucurbita. Il en est de mème pour les rares cribles situés sur les parois longitudinales des tubes du Phragmites. Le cal ne se développe pas aux dépens du réseau de cellulose qui constitue la charpente du erible. En effet, chez la Courge, l’Angélique, l’Aristoloche, la Vigne, le Tilleul, ete., on retrouve toujours au milieu du cal le réseau bien constitué et avec l'épaisseur qu’il paraissait avoir dès avant la formation des plaques calleuses. Cependant, chez la Courge, par exemple, les plaques calleuses peuvent acquérir une épaisseur et un volume considérables. Le chlorure de calcium iodé, qui colore en rose la cellulose, est un réactif très propre à mettre en évidence le réseau cellulosique, car la faible coloration qu’il communique au Cal ne masque pas le crible. On ne saurait donc admettre, avec MM. Wilhelm et de Janc- zewski, que le cal est dû à une modification de la cellulose, car bien évidemment, si cette opinion était fondée, le réseau cellulosique disparaîtrait en même temps que se développe- raient les plaques calleuses. Ce qui est non moins vrai, c’est que le développement du cal coïncide avec un changement notable dans le contenu des tubes. La richesse de ceux-ci en matières albuminoïdes diminue à mesure que le cal s’épaissit, et bientôt il ne reste plus que le protoplasme pariétal envelop- 266 H. LECOMTE. pant un contenu presque complètement aqueux. Nous avons déjà dit, d’autre part, que le cal se développe d’autant plus que les tubes criblés contiennent habituellement une plus grande quantité de matières albuminoïdes. Nous pouvons donc conclure en disant que la première couche de cal fait partie intégrante de la membrane cellulaire, et que cette mince couche s’épaissit aux dépens du contenu albuminoïde des éléments séparés par un crible. Les plaques calleuses ne présentent jamais une structure homogène. Il existe toujours des stries perpendiculaires à la cloison criblée et correspondant au centre des mailles. Gette striation est d'autant plus apparente que les plaques calleuses sont moins épaisses. Dans les plaques volumineuses des Cucur- bita, Vaction des réactifs iodés est souvent nécessaire pour faire apparaître les stries avec netteté; mais alors on les dis- tingue très bien (fig. 5 et 6, pl. XXI, et fig. 13, pl. XXID); elles paraissent contenir une substance granuleuse analogue au protoplasme pariétal des tubes et se colorant en jaune par l’iode. Gette substance granuleuse représente bien évidemment le dernier vestige des filaments muqueux qui traversaient les mailles des cribles, pendant la période de grande activité, et qui réunissaient les contenus de deux tubes voisins. Dans certains tubes, ces contenus s’enrichissent de nouveau après la formation des eals et on voit alors des filaments pro- toplasmiques s’insinuer dans le cal à l'endroit des stries et se diriger d’un tube dans l’autre. Ge fait est particulièrement évi- dent chez les diverses Gourges et les figures 2 et 7, planche XXI et 20, planche XXII en montrent des exemples remarquables. On peut voir que dans ce cas les contenus des deux tubes aboutissant au cal sont beaucoup plus riches en substances albuminoïdes que ceux des autres tubes dont le cal ne se laisse pas traverser par des filaments muqueux. Bien mieux, cette activité tardive des tubes peut s’exagérer, et comme toutes les stries ne sont pas traversées par des fila- ments muqueux, celles qui en possèdent s’élargissent peu à peu par dissolution du cal autour d’elles, et on rencontre alors ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 267 des plaques calleuses percées d’une ou plusieurs grandes ouvertures. J'ai particulièrement remarqué ce fait chez le Cucurbita Pepo (fig. 2, pl. XXE, et fig. 14, 16 et 17, pl. XXI). MM. Wilhelm, de Janczewski et Russow ne signalent rien de semblable. Le cal volumineux des divers Vitis, Tilia, Aristolochia, etc., présente des stries de même nature que celles de la Courge et susceptibles comme ces dernières de se laisser traverser par des filaments muqueux; mais je n’ai pas rencontré de ces larges canaux allant d’un tube à l’autre signalés à propos de la Courge et traversant les plaques calleuses de part en part. Action des réactifs sur le cal. — La liqueur cupro-ammo- niacale ne dissout pas le cal; mais dans les plaques volumi- neuses des Cucurbita elle fait apparaître de très fines stries tangentielles, coupées par d’autres stries aussi très fines et rayonnantes à partir de la cloison. L’acide sulfurique pur dissout rapidement le cal à froid ; l'acide azotique ne le dissout pas à froid, mais cette dissolution s’opère facilement à chaud ; l’acide étendu au quart gonfle le cal. L’acide chlorhydrique étendu le gonfle, mais ne le dissout pas. La potasse et l’hypochlorite de soude, agissant séparément sur le eal, legonflent d’abord, puis Le dissolvent complètement. Enfin les plaques calleuses ne se dissolvent pas à chaud dans l’eau additionnée de carbonate de soude; elles ne sont donc pas constituées par de la pectose. Les réactions précédentes ne permettent pas de fixer la nature chimique du cal; mais elles montrent du moins que la substance qui le constitue n’est pas une des variétés de cellu- lose reconnues par M. Fremy. L’éminent chimiste à reconnu dans le parenchyme mou des plantes deux autres composés, la pectose et le pectate de chaux. Les indications qu'il a bien voulu nous donner nous ont permis de reconnaître que le cal ne présente pas les caractères distinctifs de ces deux sub- stances. L'action particulière des réactifs colorants sur le cal, les 268 H. LECOMTE. circonstances dans lesquelles il se développe, le fait que les matières albuminoïdes des tubes disparaissent à mesure que s’accroissent les plaques calleuses, l’exagération de son déve- loppement chez les tubes de Cucurbitu, très riches en matières albaminoïdes, mais dépourvus d’amidon, le fait de la per- sistance de l’amidon dans les tubes du Vifis, du Tecoma, ete., après l’accroissement des plaques calleuses, tout nous porte à croire que le cal renferme une matière azotée ; mais malgré tous nos efforts pour reconnaître la véritable nature de cette substance, nous devons avouer que nos recherches sont restées sans résultat. Les réactifs colorants du cal sont assez nombreux ; les prin- cipaux sont le bleu d’aniline, les chlorures iodés et lacide rosolique. Comme l’a montré M. Russow, le bleu d’aniline colore nette- ment le cal en bleu un peu verdâtre ; mais il paraît le gonfler et ne permet pas de reconnaître les détails de structure. Les réactifs iodés, employés seuls ou concurremment avec le bleu d’aniline, sont très propres à mettre en évidence tous les détails de structure du cal. À propos de ces réactifs iodés, faisons remarquer tout d’abord qu’ils exercent sur le cal une action astringente très nette; un cal coloré par le bleu d’ani- line seulement présente des bords fondus, peu apparents; traité ensuite par un chlorure 1odé, 1l parait contracté; ses bords deviennent parfaitement nets et bien caractérisés. Le chlorure de zine iodé colore le cal en rouge-brique intense ; s’il est additionné d’une dissolution concentrée d’iode dans l’iodure de potassium, la coloration passe au rouge brun. Enfin, si la préparation à été traitée au préalable par le bleu d’aniline, la coloration passe au violet ou au vert-pomme, sui- vant la quantité diode contenue dans le réactif. Au sujet de la coloration rouge-brique communiquée au cal par le chlorure de zinc iodé, je ferai remarquer en passant que la coloration disparaît complètement dans l’eau, pour repa- raitre aussitôt avec la même intensité si on remplace l’eau par une goutte du réactif 1odé. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 269 Eufin ce mode opératoire communique au cal une colo- ration un peu trop intense, qui ne permet pas toujours de voir les détails de structure. Le chlorure d'aluminium iodé donne au cal une coloration rouge assez semblable à celle que produit le chlorure de zinc iodé, mais un peu moins brique. La coloration par le chlorure de calcium iodé est sans con- tredit l’une des plus curieuses. Ce réactif colore le cal en rose, si on le fait agir après avoir traité la préparation par le bleu d’aniline, le cal prend une-belle coloration rouge vineux pendant que le crible se colore en violet. L’acide rosolique en dissolution dans de l’eau contenant un peu de carbonate de soude ou quelques gouttes d’ammo- niaque colore le cal en rouge-hyacinthe. Gette coloration, découverte par M. Szyszylowiez et recommandée par M. de Janczewskt, a été considérée par ce dernier auteur comme « le meilleur des réactifs qui colorent la substance calleuse ». M. de Janczewski ajoute dans la même note : « Ce réactif colore diverses substances gélatineuses d’une manière tout à fait semblable, ce qui prouve que la substance calleuse n’est que de la cellulose transformée en substance gélatineuse. » On nous permettra de faire remarquer, en passant, qu'il est assez difficile d'expliquer une transformation aussi radicale. Le cal peut être une substance gélatineuse, sans être pour cela une transformation de la cellulose; enfin la gélatine et la cellulose sont des substances si différentes que le fait de la transformation de l’une en autre aurait besoin d’être appuyé par d’autres preuves que l'observation d’un simple phéno- mène de coloration. L’acide rosolique ne nous à pas fourni les résultats que nous en attendions. La coloration très fugace qu’il commu- nique au cal disparait très facilement; de plus elle n’est pas assez nette pour montrer les détails de structure. Elle ne peut servir qu’à déceler momentanément la présence du cal. Outre les stries que nous avons signalées plus haut, il peut encore s’en développer d’autres beaucoup plus fines et plus 270 H. LECOMTE. serrées, après l’action du réactif cupro-ammoniacal, dans les épaisses plaques calleuses des Viris vinifera, Tilia, Cucur- bita, etc. Ges fines stries sont les unes perpendiculaires au crible, les autres parallèles à la surface du cal. Enfin la substance qui constitue chaque plaque calleuse se montre souvent, près du crible, moins résistante, et moins facilement colorable par les réactifs ordinaires du cal, que dans les régions plus externes (fig. 2, pl. XXL, c); aussi le cal peut-il se déchirer près du crible sous l’action de lalcool (fig. 2, pl. XXI). CHAPITRE VI LE CONTENU DES TUBES CRIBLÉS ET DES CELLULES- COMPAGNES L'étude du contenu des tubes criblés a été abordée par tous les auteurs qui ont publié des recherches sur le liber; mais il faut bien reconnaitre que les résultats de ces recherches, pour présenter une certaine uniformité, n’en sont pas beaucoup plus instructifs. On peut même affirmer, sans crainte d’être taxé d’exagération, qu'ils sont bien loin d’expliquer le rôle physiologique du liber. Les matériaux étudiés étaient presque toujours en effet des objets secs, ou conservés dans l'alcool, ou bien encore traités par l’eau bouillante (Fischer). Nous nous proposons de montrer plus loin que de tels matériaux sont étrangement modifiés au point de vue du contenu de leurs éléments et que certaines dispositions sur l’examen des- quelles les observateurs ont longuement insisté ne sont dues qu’au mode opératoire et ne méritent par conséquent qu’une médiocre attention. Sans revenir longuement sur la paftie historique de notre travail, nous rappellerons que Th. Hartig (1) avait déjà signalé dans les tubes criblés un contenu particulièrement épais, que (1) Pour les indications bibliographiques, voyez la partie historique de notre travail (p. 193 à 206). ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 271 M. Nægeli décrivit ensuite plus complètement en faisant remarquer l’accumulation habituelle de cette substance géla- tüineuse d’un côté de la cloison criblée. On doit à de Bary les premières connaissances exactes sur le contenu des tubes criblés. Il montra qu'il existe dans tous les tubes actifs une couche de protoplasme pariétal enveloppant un liquide interne plus ou moins riche en matières albuminoïdes. Les résultats publiés successivement par MM. Wilhelm, de Janczewski, Russow et Fischer ont été exposés assez longue- ment pour qu'il soit inutile d’y revenir; nous aurons d’ailleurs à les rappeler successivement pour les combattre ou les con- firmer. Enfin nous devons encore citer le travail de M. Briosi qui a confirmé pour un grand nombre de plantes le fait de l'existence de l’amidon dans les tubes criblés. La différenciation progressive du contenu des tubes criblés a été décrite par M. Wilhelm d’après des matériaux frais de Cucurbita; MM. de Janczewski et Russow ont simplement confirmé ces résultats sans en fournir une nouvelle description. Les tubes, d’abord pourvus d’un contenu protoplasmique gra- nuleux avec un noyau, ne possèdent bientôt plus qu’une mince couche de protoplasme pariétal. Puis en certains points ce protoplasme devient plus dense, plus réfringent, homo- gène et forme des sortes de goutteleites jaunâtres qui se rassemblent peu à peu en masses plus volumineuses vers l’ex- trémité de la cellule pour y former les amas de gelée qu’on y rencontre. En même temps le noyau a disparu et les grains d’amidon se montrent nichés dans le protoplasme pariétal vers les extrémités des tubes. Le contenu de chaque tube criblé se composerait alors d’un sac protoplasmique se terminant au pourtour des cribles et enveloppant un liquide plus ou moins riche en matières albuminoïdes, celles-ci étant surtout accu- mulées au voisinage des cribles. Enfin on considère le revêtement protoplasmique des tubes comme dépourvu de vitalité propre. Il ne faut pas une longue réflexion pour reconnaitre que cet exposé renferme des lacunes considérables. Nous ignorons en 272 H. LECOMTE. effet par quelle série de transformations le protoplasme d’abord continu ne formerait plus qu'une sorte de manchon ouvert aux deux extrémités ; le mode de développement des gouttelettes jaunâtres dont parle M. Wilhelm n’a pas été précisé; enfin diverses questions, telles que les phases successives de la dis- parition du noyau, l’aceumulation de la gelée aux extrémités des tubes, la cessation de lactivité propre du protoplasme, les diverses formes de corps figurés que contiennent les tubes criblés, appelaient des recherches nouvelles. Nous essayerons, dans lexposé qui va suivre, d'apporter quelque lumière sur ces divers points. Marche à suivre pour l'étude des contenus. — N ne parait pas nécessaire de montrer les inconvénients des matériaux secs (Russow) ; tout au plus de pareils objets peuvent-ils être uti- lisés quand 1l s’agit de la disposition ou de la forme des élé- ments libériens; mais 1l est complètement impossible de les faire servir à l'étude des contenus. Le traitement par l'alcool présente des avantages incontes- tables, mais il a l’inconvénient de fournir à l'observateur une fausse sécurité. Les faits suivants viennent à l'appui de cette manière de voir : En étudiant le hiber des feuilles chez les Amentacées et en particulier chez les principales espèces du genre Quercus, nous avions constaté que les tubes criblés contiennent habituelle- ment une sorte de gelée accumulée surtout à une extrémité des tubes. Le même fait fut observé pour un grand nombre de feuilles (limbe et pétiole) et aussi pour les tiges (Rubus, Rosa, Cissus, Ampelopsis, Cucurbita, Vitis, Impatiens, ete.), en un mot pour la plupart des plantes étudiées. De plus, dans une même section longitudinale mesurant, par exemple, 1 centimètre de longueur, on trouvait une orien- tation uniforme de ces amas par rapport aux cribles. Ce fait, déjà signalé par Hartig et Nægeli pour un certain nombre de plantes, avait conduit ce dernier botaniste à penser que la situation des amas, par rapport aux cribles, pouvait fixer le sens du courant de transport. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. DATE Nous avions tout d’abord accueilli cette hypothèse de M. Nægeli; mais, lorsque la nécessité d'étudier la différen- clation progressive du contenu des tubes nous eut amené à l'emploi presque exclusif des matériaux frais, nous pûmes constater que les amas de Nægeli et des autres observateurs n'existaient pas réellement et que leur apparition était pro- voquée par le mode opératoire. — L'expérience suivante est concluante : coupons en effet un fragment de 10 centimètres de long dans une tige de Courge et portons immédiatement ce fragment dans l'alcool absolu. Si au bout de quelques jours on fait des sections longitudinales dans ce fragment de tige, voici ce qu’on observe : 1° À l’extrémité A les amas sont distribués de telle façon que le courant parait dirigé vers À; 2° À l'extrémité B ils sont distribués comme si le courant était dirigé vers B ; 3° Enfin les sections longitudinales opérées au milieu du fragment AB montrent les amas distribués les uns du côté de À, les autres du côté de B. Nous avons maintes fois répété cette expérience sur des tiges ou des pétioles de Courge, d’Impatiens, de Rhamnus, de Ronce, de Vigne, de Chêne, etc., et toujours nous avons obtenu le même résultat. Au contraire, les matériaux frais nous ont constamment montré les substances coagulables des tubes criblés distri- buées à peu près uniformément sur toute la longueur de ces éléments. Nous n’hésitons donc pas à formuler les deux conclusions suivantes : 1° Les amas de mucilage décrits au voisinage des cribles existent pas dans les matériaux frais, mais apparaissent à la suite du traitement par l'alcool; 2° Si un des deux amas confinant à un crible est habituelle ment plus volumineux que l’autre, cette prédominance est encore un effet de l’action de Palcool. L’explication de ces faits nous parait très simple. Si un Te série, BoT. T. X (Cahier n° 5). 18 274 H. LECOMTE. fragment de tige est plongé dans lalcool, ce liquide pénètre par la section beaucoup plus que par le reste de la surface et envahit peu à peu les tissus. Mais l'alcool a des propriétés éminemment astringentes ; en même temps qu'il tue et fixe le protoplasme, il s'empare de l’eau du contenu muqueux des tubes et attire ce contenu près du crible le plus rapproché de la section. Il peut alors arriver deux cas : ou bien cette bande muqueuse interne reste continue, mais se montre beaucoup plus développée à une extrémité qu’à l’autre; ou bien elle se rompt par le milieu et la substance muqueuse reste confinée près des cribles. [l'en résulte que les amas seront toujours disposés comme si un courant dirigeait le contenu des tubes vers les parties coupées. Enfin il arrive parfois que la gelée en se contractant reste au milieu du tube; on voit un exemple de ce fait dans la figure 12, planche XXII, concernant le Cucurbita Pepo. Bien mieux, ces perturbations peuvent se produire sans qu'il soit nécessaire de faire intervenir l'alcool. Par suite des tensions parfois considérables qui existent dans le liber, une section faite dans une tige ou dans un pétiole détermine un courant de substance vers cette section. Il en résulte que les substances coagulables des tubes sont surtout accumulées sur la face des cribles qui est opposée à la section (fig. 34, pl. XXII). Cet effet se combine bien évi- demment avec l’action de l'alcool. Déjà reconnu par M. Fis- cher, pour ce qui concerne le pétiole de la Courge, il s’est confirmé dans toutes les expériences que nous avons répétées sur des tiges de Ronce, Vigne, Gourge, Houblon, Vigne-vierge, Tilleul, Chêne, etc. J'ajoute que l'effet se fait sentir à une distance d'autant plus grande de la section que les tubes cri- blés ont un diamètre plus grand et que les tissus offrent moins de consistance. Cet effet se fait encore sentir à 10 où 192 centi- mètres dans un pétiole de Cucurbita maxima ; 11 est déjà très faible à 2 centimètres de la section dans une tige de Rubus idœus. Les détails dans lesquels nous venons d’entrer montrent ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 279 suffisamment qu'il ne faut pas tenir grand compte de certaines dispositions longuement décrites, mais qui sont simplement un effet du mode opératoire. Nous avons eu, par exemple, l’occa- sion d'observer dans les tubes criblés de la Vigne, de la Courge et du Frêne les vésicules emboîtées décrites tout d'abord par M. Wilhelm chez la Courge et retrouvées par M. Russow chez le Frêne. Les matériaux frais ne nous ont rien présenté d’analogue. Cette disposition, produite par l’action de l'alcool et des sections, n’éclaire donc en rien l’histoire de tubes criblés. Pour obvier à ces graves inconvénients, M. Fischer a proposé de faire d’abord bouillir la plante entière avant de la débiter en fragments. Outre que cette opération n’est possible que pour les plantes de petite taille, il faut remarquer que si lébul- lition empêche les amas de se produire près des eribles, elle fait apparaître une striation qui part des cribles pour s’irra- dier dans l’intérieur des tubes, alors que les tubes étudiés à l'état frais ne présentent absolument rien d’analogue. Cette strlation se trouve rendue exactement dans les figures qui accompagnent le mémoire de M. Fischer et nous avons eu l’occasion de la constater chaque fois que nous avons suivi le mode opératoire indiqué par cet observateur. Nous avons eu recours pour nos recherches à des matériaux frais plongés dans de l’eau sucrée à 3-5 pour 100. Les frag- ments à utiliser étaient détachés dans l’eau sucrée et portés dans le microtome. Le rasoir était plongé et les coupes obser- vées dans la même solution sucrée. Si les matériaux devaient être conservés quelque temps avant d’être utilisés, ils étaient plongés dans l’eau sucrée addi- tionnée au bout de vingt-quatre heures d’une faible dose d’al- cool. Puis cette proportion d'alcool était augmentée de jour en Jour, Si l'opération a été bien conduite, la disposition des contenus reste sensiblement la même qu’à l’état frais. 976 H. LECOMTE. DIFFÉRENCIATION DU CONTENU DANS LES TUBES CRIBLÉS DE QUELQUES PLANTES 4° Vigne (Vitis vinifera). — La cellule cambiale, mère d’un tube criblé, se divise de très bonne heure en deux élé- ments (tube criblé et cellule-compagne) par une cloison longi- tudinale. Les deux noyaux, issus du noyau primitif, paraissent inégaux ; en effet, celui de la cellule-compagne est plus gra- nuleux et se colore plus fortement par les réactifs que celui du tube criblé. À ce moment, le futur tube criblé possède un contenu pro- toplasmique très granuleux, avec un noyau occupant à peu près le milieu de la longueur du tube. Bientôt, de petites vacuoles apparaissent et grandissent ; en même temps le noyau parait se gonfler et, à mesure que ce gonflement s’accentue, on aperçoit à l’intérieur un certain nombre de petites sphères brillantes dont le diamètre augmente en même temps que celui du noyau (fig. 42, 43 et 44, pl. XXII). Puis le noyau, gonflé outre mesure, se déchire (fig. #1, pl. XXIIT), et paraît éclater sous l'effort de ces petites sphères qui, une fois en liberté, se dispersent dans le protoplasme où elles se compor- tent comme autant de vacuoles. Ces petites sphères brillantes, qui semblent provenir d’une sorte de bourgeonnement du nucléole, entraînent manifeste- ment avec elles une petite quantité de la substance propre du noyau. Il en résulte : 1° que chacune d’elles présente à sa surface une couche mince de substance se colorant plus forte- ment que le protoplasme environnant ; 2° que le noyau refermé sur lui-même, après la sortie des sphères, a perdu une partie de sa substance et se distingue plus difficilement du proto- plasme. Peu à peu la substance du noyau perd son pouvoir colo- rant ; elle se confond progressivement avec le protoplasme du tube et ce n’est qu'exceptionnellement qu’on peut encore en déceler la présence dans un tube de Vigne pendant la période ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES, DL d'activité. Dès ce moment, le noyau a disparu habituellement comme corps figuré ; peut-être sa substance propre s’est-elle simplement dispersée dans le protoplasme ; c’est ce que pa- raissent indiquer les faits que nous venons d'indiquer. M. Rus- sow a déjà signalé la présence des sphérules dans le noyau chez la Vigne ; mais il n’a pas suivi leur évolution. Bientôt toutes les vacuoles, d’origine protoplasmique et d’origine nucléaire, se fusionnent en deux ou trois vacuoles plus grandes et enfin on n’en trouve plus qu’une seule (fig. 45, pl. XXIIT). Le protoplasme ne constitue plus qu’une mince couche entre la grande vacuole et les parois longitudinales du tube ; mais aux extrémités 1l se montre plus abondant et ses granulations sont continuellement en mouvement. Il est à noter qu’à cette phase le protoplasme des tubes est plus gra- nuleux et se colore plus fortement que le protoplasme des élé- ments voisins. Le contenu de la vacuole, d’abord très aqueux, ne tarde pas à s’épaissir, et, quand les extrémités de cette vacuole attei- onent enfin les cloisons terminales des tubes, ce contenu est déjà très riche en substances albuminoïdes, que l’alcool coa- gule et que le bleu d’aniline colore fortement. Mais les amas décrits avec tant de soin par MM. Wilhelm, de Janczewski et Russow, n'existent pas; le contenu de la grande vacuole parait homogène; ces amas n'existent que dans les préparations exécutées avec des matériaux coupés à l'avance ou conservés dans l’alcool. La vacuole centrale parait parfois plus longue que le tube qui la contient, et alors elle se montre repliée sur elle-même. Ge fait a déjà été signalé par M. Wilhelm dans le mémoire cité précédemment. Les faits que nous venons de mentionner pour le Votes vini- fera s'appliquent aussi au Vitis amurensis, dont nous avons étudié le liber dans des pousses très Jeunes. 2 Courge. — Dans le liber de la tige du Cucurbita maximu, J'ai trouvé tout d’abord un contenu granuleux homogène avec un beau noyau ovoide. Bientôt il se développe plusieurs va- cuoles qui s’accroissent peu à peu en refoulant le protoplasme 978 H. LECOMTE, (fig. 28, pl. XXI) et finissent par n’en plus former qu'une seule, occupant presque toute la longueur de l'élément. Bien- tôt, le long des parois se forment des gouttelettes semblables au contenu de la grande vacuole (fig. 26 et 27, pl. XXI). Ces goultelettes, qui naissent vis-à-vis des cribles des parois longitudinales, paraissent être constituées par la substance qui passe des éléments voisins dans les tubes criblés; elles forment comme des bosselures dans le protoplasme pariétal et leur substance finit par disparaitre; elle traverse, sans aucun doute, la mince couche de protoplasme qui sépare chaque gouttelette de la grande vaeuole centrale, car le con- tenu de celle-ci devient plus épais à mesure que les goutte- lettes disparaissent. En même temps le noyau perd peu à peu la propriété de fixer les matières colorantes et bientôt on ne peut plus le mettre en évidence ; cependant j'ai réussi à le retrouver, niché dans le protoplasme pariétal de quelques tubes en pleme activité (fig. #, pl. XXI). Mais je n’ai pas réussi à découvrir, dans le noyau en voie de disparition des divers Cucurbita, Va formation de sphérules claires signalée plus haut à propos de la Vigne. Dans le tube arrivé à la période de pleine activité, on trouve une mince couche de protoplasme pariétal, avec une grande vacuole centrale, s'étendant d’un bout à l’autre du tube et occupée par une substance épaisse, filante, presque homogène, mais que lalcool contracte et coagule en amas, se colorant fortement par le bleu d’aniline, le vert de méthyle, etc., et appliqués sur les deux faces de chaque crible ou bien sur une seule. Comme on peut le voir par lexposé qui précède, la nature vacuolaire de la masse centrale des tubes est encore plus évi- dente pour le Cucurbita que pour la Vigne. Je repousse for- mellement l’opinion de M. Wilhelm, qui pense que cette masse centrale est constituée par la réunion des goutteleties parié- tales. Elle reçoit, 1l est vrai, le contenu de celles-ci, mais ne procède pas d'elles. 3° Impatiens japonica. — Le liber de la tige contient un grand nombre de tubes criblés, pressés les uns contre les ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 979 autres et présentant des cellules-compagnes, généralement de même longueur que les tubes. La longueur de ces tubes varie de 100 à 120 pet leur diamètre de 10 à 15 &. La différencia- tion du contenu des tubes se fait comme chez la Courge, moins la formation des gouttelettes nichées dans le protoplasme pariétal. Gette différence tient probablement à l'absence de ponctuations sur les parois longitudinales des tubes. La masse interne se forme comme une vacuole et en présente tous les caractères. De plus, 1l n’est pas très rare de rencontrer un ou plusieurs noyaux en forme de fuseau, dans le protoplasme pariétal des tubes en pleine période d'activité. 4 Lappa tomentosa. — I existe dans la tige du liber externe et du liber interne (diam. des tubes, 10 &; longueur, 150 à 200 L) ; il se forme des vacuoles dont une, au moins, à une origine nucléolaire (fig. 74, pl. XXIV). Il ne m’a pas été possible de voir si les autres vacuoles possèdent cette origine. Le nucléole parait se dilater; le noyau éclate et sa substance ne forme plus qu’une bande irrégulière dans le protoplasme pariétal. Les vacuoles se rejoignent et forment une vacuole unique. Dans beaucoup de tubes, il reste un noyau distinct pendant longtemps, mais se colorant cependant moins forte- ment que ceux des éléments voisins. Dans un tube en activité, il existe une couche très nette de protoplasme pariétal conte- nant de nombreux granules amylacés dans le voisinage des cloisons criblées et à l’intérieur une grande vacuole occupant toute la longueur du tube. 0° Ophrys apifera. — La différenciation du contenu est la même que chez lfmpatiens ; mais le noyau disparaît complè- tement ; je n'ai pas réussi à en retrouver de vestiges dans les tubes en pleine activité. La grande vacuole est moins riche en substances albuminoïdes et possède, par conséquent, un con- tenu plus aqueux que chez la plupart des Dicotylédones étu- diées. Cependant, par l’action de lalcool, il y a encore for- mation d’amas très nets près des cribles, tandis que chez le Phragmites communis, décrit par M. de Janczewski, et dont nous avons repris l’étude, la vacuole à un contenu presque 280 H. LECOMTE. complètement aqueux. Chez cette dernière plante, on voit net- tement que le protoplasme pariétal se continue sur la surface des cribles. Les quelques exemples que nous venons de citer ne sont pas des exceptions. Chez toutes les plantes dont nous avons pu étudier la différenciation progressive du contenu des tubes criblés, les mêmes phénomènes ont été observés, au moins dans les grandes lignes. Nous pouvons done conclure que le contenu des tubes criblés, arrivés à la période d’activité, est constitué par une mince couche de protoplasme pariétal (1) enveloppant une grande vacuole. Cette couche pariétale de protoplasme est-elle continue ? M. Wilhelm ne le croit pas. Il pense qu’elle vient se terminer au pourtour des cribles. Elle formerait, par conséquent, un manchon ouvert à ses deux extrémités. Plusieurs raisons nous portent à rejeter cette opinion, que contredisent, d’ailleurs, plusieurs figures fournies par le même auteur. 1° Si la couche pariétale de protoplasme venait se terminer au pourtour du crible, elle pourrait s’en détacher sous l’action de l'alcool absolu ; sur tout le reste de son étendue, elle s'éloigne, en effet, des parois longitudinales des tubes. La couche protoplasmique devrait donc se présenter sous la forme d’un manchon cylindrique n’atteignant plus les extrémités du tube. Or, toutes les figures que nous avons fournies, de même que celles de MM. Wilhelm et de Janczewski, montrent nette- ment que le manchon protoplasmique adhère fortement par ses deux extrémités à la surface des cribles ; 2 Chez la Vigne, la Courge, etc., cette couche de proto- plasme se montre continue au niveau des cribles situés sur les parois longitudinales des tubes. Il n'existe aucune raison pour qu’il n’en soit pas de même sur les cribles terminaux ; 3° J'ai cru observer directement cette continuité dans cer- (1) M. Wilhelm (loc. cit., p. 20) donne à cette couche le nom de Hülls- chauch; Hanstein (Die Milchsaftgefässe, ete., p. 27) la désigne sous le nom de Innenschlauch. Nous ne voyons aucune nécessité de lui attribuer un nom par- ticulier dans notre langue. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 281 tains tubes de Courge, où le contenu avait été détaché de la cloison criblée par l’action de l’alcool ; 4 Enfin, chez les plantes dont les tubes ont un contenu très aqueux, comme le Phragmites communis, on constate une continuité parfaite de la couche protoplasmique au niveau des cribles. Toutes ces raisons nous font admettre la continuité du pro- toplasme sur les cloisons criblées. Si le plus souvent, chez les Dicotylédones, cette continuité n’apparait pas, c’est que Île contenu de la vacuole centrale, contracté sur le crible et forte- ment coloré par les réactifs, masque la mince couche de pro- toplasme qui sépare ces amas du réseau cellulosique des cribles. | Le contenu (1) de la vacuole est loin d’avoir les mêmes caractères chez toutes les plantes. De même que les vacuoles dans les cellules de parenchyme ordinaire peuvent recéler des liquides différents (2), non seulement d’une cellule à l’autre, mais encore dans les diverses vacuoles d’une même cellule, les grandes vacuoles des tubes criblés peuvent évidemment contenir des substances différentes en dissolution dans l'eau. Cependant les différences que l’on peut constater ici sont plutôt quantitatives que qualitatives. Les réactions colorantes montrent que le contenu de la vacuole des tubes criblés est une dissolution de matières albuminoïdes, mais ce n’est pas, comme on le dit parfois, un protoplasme spécial, diffluent et dépourvu de granulations. Le mode de développement que nous avons indiqué précédemment montre bien qu’il n’en est pas ainsi. La nature albuminoïde du contenu des vacuoles peut, d’ail- leurs, être mise en évidence avec beaucoup plus de certitude que par les réactions colorantes en utilisant un procédé (1) Ce contenu est désigné sous le nom de Schleim par les auteurs allemands (Wilhelm, loc. cit., p. 21; de Bary, loc. cit., p. 186; A. Fischer, loc. cit., p. 233). (2) F.A.F.C. Went, Les premiers états des vacuoles (Archives Néerlan- daises, t. XXI). 282 H. LECOMTE. indiqué par M. de Vries (1) et déja employé par Gh. Darwin (2). Ge procédé consiste à faire agir sur une coupe contenant des vacuoles dans ses cellules une dissolution de carbonate d’am- 10 * 100 albuminoïdes, il se forme des granulations grisätres qui peu à peu s’agglomèrent pour former des masses plus grosses. Ges granulations sont solubles dans l’eau. On trouve par ce moyen que la vacuole des tubes criblés est riche en matières albumi- noïdes, au moins pour ce qui concerne les Dicotylédones. La consistance du contenu des vacuoles dépend naturel- lement de la quantité de substances albuminoïdes qui s’y trouve. Gette dissolution presque complètement aqueuse chez les Cryptogames vasculaires (de Janczewski), la plupart des Monocotylédones et beaucoup de Dicotylédones, peut atteindre la consistance d’un sirop épais chez les diverses espèces de Courge, les Tilia, Humulus, Rhamnus, etc. Chez les Monocotylédones, le contenu des vacuoles libé- riennes est généralement très aqueux ; aussi l'alcool ne pro- duit-il chez ces plantes qu’une coagulation insignifiante et les cribles sont presque toujours dépourvus de ces amas de matières albuminoïdes que nous avons signalés chez beaucoup de Dicotylédones après l’action de l’alcool (Typha, Phrag- miles, Graminées, etc.). Cependant, chez certaines Orchidées, et surtout chez l’'Ophrys apifera, le contenu se montre beau- coup plus épais que chez les autres Monocotylédones et l’ac- tion de l'alcool fait apparaître des amas de gelée au voisi- nage des cribles. Pour ce qui concerne les plantes dicotylédones, on trouve tous les passages depuis la consistance sirupeuse jusqu’au contenu presque uniquement aqueux : 1° Contenu très épais, mucilagineux, fournissant de volu- moniaque ( ) ; Si les vacuoles contiennent des matières (1) H. de Vries, Ueber die Aggregation im Protoplasma von Drosera rotundifolia (Bat. Zeitg, n° 1, 2, 3, 4, 1886). (2) Cf. Ch. Darwin, The Action of Carbonate of Ammoniac on the Roots of certain Plants (Journal Linn. Soc., vol. XIX, p. 239, 1882). ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES, 283 mineux amas de gelée aux extrémités des tubes par l’action de l’alcool : Cucurbita Pepo. Tilia platyphyllu. Cucurbita maxima. Rhamnus catharticus. Cucurbita melanospermu. Humulus Lupulus. Cucurbita moschata. Cissus quinquefolia, ete. Impatiens japonica. Impatiens Royleana. 2° Contenu un peu moins épais, formant encore des amas de gelée appréciables : Vitis vinifera. Lycium. Vitis canescens. Rubus idæus. Quercus canescens. Rosa. Quercus castaneifolia. Clematis. Quercus vircus. Lappa major. Piper betel. Lappa tomentos«. Betula papyracea. Atragene alpina. Carya porcina. Acer. Tecoma radicans. Ricinus communis, etc. Macropiper excelsum. 3° Contenu fortement aqueux, ne fournissant que des amas de gelée très petits après l’action de l'alcool : Quamoclil coccinea. Monotropa. Solanées (la plupart). Populus. Asclepias Cornuti. Prunus. Aconitum Napellus. Evonymus. Cuscuta. Pomacées, etc. Cette dernière catégorie est bien certainement celle qui comprend le plus de genres, surtout chez les plantes her- bacées annuelles. La consistance des contenus peut, d’ailleurs, varier suivant les époques de l’année, et nous ne donnons le tableau ci-dessus que sous toutes réserves. Des recherches nouvelles, entreprises à une autre période de la végétation, peuvent fournir des résultats quelque peu différents. Les tubes criblés sont habituellement considérés comme 284 H. LECOMTE. des éléments morts (M. Van Tieghem) ; M. Vuillemin (1) s’ex- prime de la façon suivante : «Les cellules criblées sont de ces éléments dont le rèle physiologique est lié à la cessation de leur activité propre, véritables machines formées aux dépens d'éléments vivants et fonctionnant au profit d'éléments vivants, ayant un rôle essentiel dans la vie de l’être, mais un rôle essentiellement passif. » Dans un travail ultérieur (2), le même auteur dit que les tubes criblés sont des éléments morts ou au moins doués d’une vitalité très faible. Cette affirmation concernant le rôle passif des tubes criblés ne repose que sur un seul ordre d'observations concernant l'absence habituelle de noyau dans les tubes en activité. Pour ce qui nous concerne, nous contestons formellement cette manière de voir : 1° L'absence de noyau dans les tubes en activité n’est pas un fait absolument général, puisque nous l’avons retrouvé plusieurs fois chez le Cucurbila maxima, l'Impatiens japo- nica (fig. #, pl. XXD), le Vies Labrusca, le Macropiper excel- Sum; CLC.; 2° Le mode de disparition du noyau que nous avons indiqué plus haut, montre bien que si le noyau fait habituellement défaut comme corps figuré dans les tubes criblés, sa sub- stance ne disparaît cependant pas complètement; elle parait plutôt se disséminer dans le protoplasme ; 3° L'absence même de toute trace de noyau dans les tubes criblés ne prouverait pas que ce sont des éléments morts, car presque toujours le protoplasme pariétal des tubes commu- nique avec le protoplasme des cellules-compagnes par des cribles situés sur les parois longitudinales. Or le protoplasme des cellules-compagnes étant manifestement vivant, il n’est guère admissible que celui des tubes soit mort, puisqu'il communique avec le premier; %° Il est évident que, si le protoplasme pariétal était inactif, (1) Vuillemin, Tige des Composées, p. 102. (2) Id., Traité de biologie végétale. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 285 il serait impossible d'expliquer le développement des grains d’amidon dans ce protoplasme ; 9° Cette passivité du protoplasme permettrait de com- prendre le transport des matériaux par simple endosmose à travers les plaques calleuses développées, mais elle n’expli- querait en aucune façon la pénétration du protoplasme dans les stries des plaques calleuses sous la forme de filaments terminés par des renflements en bouton (fig. 2 et 7, pl. XXI et fig. 20, pl. XXI); 6° M. Velten à signalé autrefois des mouvements dans le protoplasme pariétal; ces mouvements seraient inexplicables si on admet que le revêtement pariétal est constitué par un protoplasme mort ; 7° Nous avons eu nous-même l’occasion d'observer de ces mouvements du protoplasme dans les tubes criblés des Viris vinifera, Vitis amurensis, Tilia, Rubus, Cucurbita, etc., étudiés à l’état frais. Nous avons cu soin de nous prémunir contre toute confusion avec des mouvements browniens en suivant attentivement la marche d’une même granulation protoplasmique pendant un certain temps: Nous avons trouvé que le protoplasme circule continuellement d’une extrémité à l’autre des tubes eriblés et forme ainsi deux courants paral- lèles de sens contraire. Toutes ces raisons réunies nous paraissent justifier ample- ment notre opinion. Le protoplasme des tubes criblés est vivant ; les tubes criblés ne sont pas, comme on le croit géné- ralement, des éléments morts. Nous admettrions volontiers, avec M. H. de Vries, que le protoplasme circule toujours autour des vacuoles. Celles-ci devraient être considérées comme le pivot autour duquel s’exécutent les déplacements protoplas- miques. Et nous nous permettrons d'émettre ici une opinion dans laquelle les observations que nous avonsfaites sur le liber nous ont fortifié de jour en jour davantage. Il nous semble que l’activité d’une cellule végétale se manifeste ordinairement de deux façons distinctes, auxquelles correspondent des carac- tères histologiques très nets : l’activité reproductrice se mani- 286 MH. LECOMTE. feste chez les cellules à protoplasme abondant, presque dépour- vues de vacuoles, mais possédant un noyau bien nettement caractérisé. Une autre activité que nous désignerons sous Île nom d'activité fonctionnelle et qui fait de la cellule un organe essentiellement chargé des fonctions de nutrition (assimilation et circulation), se manifeste histologiquement par la présence de grandes vacuoles autour desquelles le protoplasme toujours en mouvement se transforme en véhicule des substances nu- tritives. Est-ce qu'il pourrait venir à l’idée de considérer les globules du sang des Mammifères, comme des éléments morts, parce qu'ils ne présentent pas manifestement de noyau chez l’adulte? Et cependant, malgré cette absence de noyau, ils conservent leur composition propre, ce qui est un caractère incontestable de vilalité, en même temps qu’ils sont les véhicules éminem- ment actifs de l’oxygène. Pour nous, le protoplasme des tubes criblés est à la plante ce que le globule sanguin est à l’animal et la substance des vacuoles correspond au plasma. La seule différence, c’est que chaque élément étant emprisonné dans une membrane ne‘peut ici manifester son activité que dans une sphère excessivement restreinte. GLOBULES DE MATIÈRES ALBUMINOÏDES DANS LES TUBES CRIBLÉS L’attention des observateurs a été appelée depuis longtemps sur la présence de globules de matière albuminoïde dans les tubes criblés d’un grand nombre de plantes. Ce sont des granules assez régulièrement arrondis, très réfringents et Loujours doués d’un éclat qui les fait reconnaitre facilement, Iis sont le plus souvent confinés dans le protoplasme pariétal au voisinage des cribles et en plus grande quantité d’un côté que de l’autre. Cependant les tubes jeunes de la Vigne m'ont fourni l’occasion d'observer des granules albuminoïdes très ténus, en suspension dans le liquide de la vacuole. Ces granules étaient animés d’un mouvement brownien très prononcé, qui s’est continué parfois six ou huit heures dans l’eau sucrée. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 287 Très abondants chez toutes les Cryptogames vasculaires (de Janezewski), ils se retrouvent habituellement, mais en moins grand nombre, chez les Monocotylédones (Phragmites, Typhu, Graminées, Orchidées, etc.). Chez les Dicotylédones, ils sont moins abondants encore, mais ils atteignent parfois de grandes dimensions. Les plus petits sont ceux des tubes renfermant de l’amidon (Vitis vinifera, etc.) ; chaque tube criblé du Tilleul contient toujours, au moins, un granule volumineux (jusqu'à 4 u de diamètre), avec beaucoup d’autres très petits. Chez les divers Rubus, chaque tube contient un granule encore plus grand que ceux du Tilleul (fig. 62, pl. XXIV). AMIDON DANS LES TUBES CRIBLÉS Les premiers observateurs du hber, jusqu'à Hugo Mohl inclusivement, n’avaient pas remarqué la présence de Pamidon dans les tubes criblés. Hanstein (1), dans une série de recher- ches sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir, avait montré que le Liber doit servir au transport des substances assi- milées ; mais M. Sachs (2) s’éleva contre cette conclusion en faisant remarquer que dans ce cas les tubes criblés devraient contenir non seulement des matières albuminoïdes, mais encore de l’amidon. Gette objection de M. Sachs n’a plus de raison d’être depuis que M. Giovanni Briosi (3) a signalé la présence de grains d’amidon dans les tubes criblés de la plupart des plantes ; sur cent quarante-six espèces étudiées, 1} en a trouvé cent vingt-neuf avec de l’amidon dans les tubes criblés. J'ai fait la même constatation pour la plupart des plantes dont j'ai observé le liber. Il existe certaines plantes dont les tubes criblés paraissent dépourvus d’amidon pendant toute l’année. Les Monocotylédones peuvent être pour la plupart rangées dans cette catégorie. Chez les Dicotylédones, ce cas (1) Joh. Hanstein, Ueber die Leitung des Saftles..…. die Rinde (Pring- heim’s Jahrbücher, 1860, p. 391-464). () J. Sachs, Handbuch der experimental Physiologie der Pflanzen, p. 383. (3) Giovanni Briosi, Ueber allgemeines Vorkommen von Stärke in den Siebrôühren (Bot. Zeitg, 16 mai 1873). 288 H. LECOMTE. est beaucoup plus rare. Peut-être, par une étude poursuivie à toutes les saisons, pourrait-on démontrer que bien peu de Dico- tylédones ont leurs tubes criblés complètement dépourvus d’amidon. Il me semble qu'il faut chercher la raison de cette différence dans la structure anatomique des organes seu- lement. En effet, chez les divers Tilia où les tubes criblés, au moins dans la tige, sont étroitement emprisonnés entre des fibres, on trouve rarement dans les tubes des granulations amylacées. Il en est de même chez presque toutes les Dicoty- lédones où les tubes criblés ne confinent pas à un parenchyme pourvu d’amidon, ou bien chez lesquelles on trouve des groupes de tubes rapprochés parallèlement les uns aux autres sans parenchyme intermédiaire (Aristolocha Sipho). Chez d’autres Dicotylédones, on rencontre de l’amidon dans les tubes criblés alors que le parenchyme médullaire et la parenchyme cor- tical en paraissent presque dépourvus. La tige du Menyanthes trifoliata nous à présenté ce caractère, d’ailleurs très expli- cable, car le parenchyme étant très lacuneux les cellules ne se touchent que par une faible surface et ne peuvent servir que dans une faible mesure au transport des substances assi- milées. Généralement pendant l’hiver les tubes criblés des organes aériens sont dépourvus d’amidon; au contraire ceux des ra- cines et des tiges souterraines en contiennent une plus grande quantité que pendant l'été. Cependant j'ai pu observer dans les tiges souterraines des Rubus idœus, R. cratægifolius, etc., que le parenchyme libérien étant très abondamment pourvu d’amidon en hiver, les tubes criblés qui serpentaient au milieu de ce parenchyme en étaient presque dépourvus. L’amidon des tubes criblés ne se présente pas habituelle- ment avec les caractères de l’amidon contenu dans le paren- chyme. Les grains sont toujours beaucoup plus petits ; la solu- tion d’iode les colore lentement et ne leur communique qu’une coloration rougeâtre. M. Sachs (1), qui avait observé cet ami- (1) J. Sachs, Ueber die Stoffe velche das Material zum wachsthum der Zellhäute liefern (Jahrbücher von Pringsheim, WT). ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 289 don spécial chez le Dahlia variabilis, le prit pour une solution ou un empois d’'amidon. M. Prantl (1) mit même en doute la nature amylacée de ces formations. MM. Briosi (2) et Vesque (3) admettent au contraire que les tubes criblés con- tiennent véritablement de l’amidon. I n’est pas possible de s'arrêter à l’idée émise par M. Sachs, car un grossissement suffisant permet toujours de distinguer les granules. De plus, les divers traitements qu’on fait subir aux matériaux et aux coupes avant de procéder à l'observation ne nuisent en rien à la netteté de la coloration. Il n’en serait pas de même, évidemment, si les matières amylacées se trou- vaient dans les tubes sous la forme d’empois. Il ne faut même pas tenir un compte exagéré de la colora- tion spéciale que prennent ces grains d’amidon sous l’action des réactifs 1odés, car dans certaines cellules de parenchyme, riches en protoplasme, on constate le même fait. On ne peut cependant conclure de cette constatation que les grains des tubes criblés sont constitués par de l’amidon identique à celui de la Pomme de terre par exemple. Le fait d’une coloration spéciale, à peu près toujours la même dans les tubes criblés des diverses plantes, indique sans aucun doute une nature particulière, probablement déterminée par la composition même du milieu. Tout porte à croire que l’amylodextrine domine dans ces grains d’amidon (4). Il ne se produit jamais de grains à coloration caractéris- tique de l’amidon dans les tubes criblés. Or, si l'amidon se for- mait complètement dans les tubes criblés pour se dissoudre ensuite au furet à mesure des besoins, il est clair qu’on devrait trouver dans ces éléments tous les intermédiaires, depuis les (1) Prantl, Das Inulin, Preisschrift, s. 60. (2) Briosi, loc. cil. (3) Vesque, Loc. cit. (4) La coloration que prennent les grains des tubes criblés sous l'influence des réactifs iodés se montre identique à celle que prennent dans les mêmes conditions les granulations amylacées des Floridées. Malheureusement un simple phénomène de coloration ne suffit pas pour trancher cette question. Te série, BoT. T. X (Cahier n° 5). 19 290 H. LECOMTE. orains à coloration caractéristique de l’amidon jusqu'aux grains présentant sous l’action de l’iode la coloration jaune rougeâtre que nous avons signalée. Il n’en estrien. De plus, les grains contenus en hiver dans les tubes des racines présentant les mêmes caractères que l’amidon des tubes criblés en été, l’amidon des tubes criblés ne doit donc pas sa coloration spéciale à un commencement de dissolution. Les grains d’amidon des tubes criblés sont toujours nichés dans le protoplasme pariétal et jamais dans la vacuole cen- trale. Mais le plus souvent on les rencontre réunis en grand nombre aux extrémités des tubes près des cribles (fig. 56, pl. XXIV, fig. 35, pl. XXIT). L’amidon est presque toujours plus abondant à une extrémité du tube qu’à l’autre. Les grains d’amidon des tubes criblés, en raison même de leur petitesse, ont été regardés par MM. Briosi et Kraus comme devant franchir les ponctuations des cribles. D’après le premier de ces observateurs, les grains les plus petits se ren- contrent chez les plantes suivantes : Si/phium trifoliatum, Obe- hscaria pulcherrima, Helianthus mollis et Pœonia officinalis. Les plus gros se trouvent chez les Ricinus communs, Sülphium perfoliatum, Catalpa syringæfolia, Catalpa Kæmpferi, Datura tatula, Delphinium ciliatum, Bocconia cordata. M. Briosi croit avoir vu une fois un grain d’amidon engagé dans un pore de tube criblé ; mais il n’a prêté lui-même qu’une médiocre importance à cette observation; c’est par des rai- sons d’un autre ordre, et pour la plupart fort discutables, qu'il croit pouvoir démontrer le passage direct des grains d’amidon à travers les perforations des cribles. Quant aux expériences de M. Kraus par lesquelles cet obser- vateur démontre le passage direct des grains d’amidon, par une compression arüficielle, dans les perforations des cribles du pétiole de Sparmannia africana, on nous permettra de ne leur accorder que l'importance qu’elles méritent. Pour ce qui nous concerne, nous n’admettons pas la manière de voir de M. Briosi et de M. Kraus. Les principales raisons de cette divergence de vues sont les suivantes : ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 291 1° Jamais, et chez aucune plante, nous n’avons rencontré de grains d’amidon engagés dans les pores des cribles; 2° Chez beaucoup de plantes les cribles ne sont pas réelle- ment perforés pendant la période d'activité et cependant il existe de l’amidon dans les tubes ; 3° Chez d’autres plantes où il existe de véritables perfora- tions, les grains d’amidon présentent presque toujours un dia- mètre plus grand que celui des perforations. Nous ne citerons que deux exemples, mais ils sont particulièrement probants. Chez le Ricinus communis (tige), les grains d’amidon ont jusqu’à 3 & de diamètre, tandis que les ponctuations sont beaucoup plus étroites : c’est ce que montre la figure 96, planche XXIV; chez le Tecoma radicans il en est de même; 4 Il n’est pas légitime de dire que la petitesse des grains soit une circonstance prouvant leur passage à travers les cribles ; car dans beaucoup d’autres cellules 1l se forme des grains très petits, bien qu’ils ne soient pas destinés à traverser des ponctuations ; 9° Si l’on admet le transport des substances ternaires par la voie des tubes criblés, il n’est pas nécessaire de supposer pour cela que les grains d’amidon doivent traverser tels quels les perforations des cribles. Pour toutes ces raisons réunies, mais surtout parce qu'il n’existe aucune observation précise de grains d’amidon tra- versant les ponctuations des cribles, nous n’hésitons pas à rejeter, jusqu'à preuve du contraire, l'opinion émise par MM. Briosi et Kraus. Les tubes criblés contiennent-ils du glucose en dissolution ? Chezles Rubus, Cucurbita, etc. il n’en existe pas; mais n'ayant pas porté spécialement notre attention sur ce fait au sujet de toutes les plantes que nous avons étudiées, nous ne saurions formuler de conclusion générale. 299 H. LECOMTE. CONTENU DES CELLULES-COMPAGNES Au sujet du contenu des cellules-compagnes je ne saurais que confirmer les faits signalés par MM. Wilhelm, de Janc- zewski, Russow et Fischer concernant l’absence d’amidon. Même lorsque les tubes criblés contiennent de l’amidon, les cellules-compagnes en sont dépourvues (Vigne, Tecoma, Rici- nus, elc.). Il en est de mème lorsque, les tubes ne contenant pas d’amidon, le parenchyme environnant en est abondam- ment pourvu (Rubus ideus, Rubus leucodermis, etc.). Jai bien rencontré parfois quelques grains amylacés dans les cel- lules-compagnes, mais je ne suis pas sûr que ces granulations appartenaient bien à ces cellules et qu’elles n'avaient pas été transportées par le rasoir. Par contre le protoplasme des cellules-compagnes se montre toujours abondant, et fortement granuleux. [1 paraît particu- lièrement riche en matières albuminoïdes ; comme le contenu des tubes criblés, 1l prend une coloration plus intense sous l’action des réactifs colorants que celui des cellules du paren- chyme ordinaire; et de plus, l'hypochlorite de soude à une action beaucoup plus lente que sur le contenu des cellules du parenchyme. Le protoplasme contient habituellement des vacuoles autour desquelles il circule; e’est ce que montre la figure 3, planche XXI, pour ce qui concerne en particulier les cellules-compagnes du Cucurbita Pepo. Mais le fait qui nous parait le plus intéressant dans l’his- toire des cellules-compagnes, c’est le développement exagéré du noyau dans ces éléments. Toujours le noyau se montre plus volumineux et mieux caractérisé que dans toutes Îles autres cellules de parenchyme, bien que les cellules-com- pagnes soient habituellement les plus petits de ces éléments. Ce fait est constant chez toutes les Dicotylédones, aussi bien pour les feuilles que pour la tige et les racines ; mais c’est prin- cipalement chez les Monocotylédones que le noyau des cel- lules-compagnes prend un développement considérable. En ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 293 effet il s’allonge, prend la forme d’un cylindre et occupe par: fois la moitié, et même plus, de la longueur des cellules-com- pagnes. C’est chez les Orchidées (Orchis, Ophrys, ete.) et chez le Convallaria que nous avons pu constater ce fait avec la plus grande netteté (fig. 69, pl. XXIV). M. Fischer, qui a constaté la présence du noyau dans les cellules-compagnes des feuilles, pense que la présence du noyau permet à ces cellules d'élaborer des substances albu- minoïides qui passeraient ensuite dans les tubes ecriblés. [nous faut avouer que les connaissances physiologiques acquises aujourd’hui à la science concernant la fonction du noyau ne sont pas suffisantes pour faire admettre sans raisons et sans preuves l’hypothèse formulée par M. Fischer. Pour ce qui nous concerne, nous ne faisons aucune difficulté d’avouer que tout en enregistrant les faits concernant la présence et la dimen- sion inusitée du noyau des cellules-compagnes, nous ne pou- vons en tirer de conclusions fermes quant au rôle de ces élé- ments. CHAPITRE VII TRANSPORT DES MATÉRIAUX PAR LE LIBER Aucune question n’est plus capitale pour la vie de la plante que celle de la circulation des substances élaborées ou nour- ricières; aucune question cependant n'a été délaissée à un plus haut degré par les botanistes. Il suffit pour se con- vaincre de ce fait de consulter les traités de physiologie de J. Sachs, Pfeffer, etc. On y trouve des indications sur la nature chimique des composés que renferment les plantes, quelques hypothèses sur la circulation; mais aucun fait précis n’est articulé. Il est, je crois, tout à fait inutile d’insister sur la nécessité de la circulation des substances nourricières. Du Petit-Thouars, Turpin, Schleiden, etc., ne l’admettaient point il est vrai; mais nier l’élaboration des sues nourriciers dans les parties 294 NH. LECOMNTE. vertes des plantes et leur transport ultérieur du lieu de forma- tion au lieu d'utilisation, c’est admettre implicitement que l’eau puisée dans le sol peut suffire pour l'édification des sub- stances si variées qui constituent la membrane et le contenu des éléments d’une plante; en un mot, c’est admettre, comme l’a dit avec raison M. Sachs, que toute matière est venue de rien à l’endroit où nous la trouvons. Dès qu’on eut présumé (1) l'ascension de l’eau du sol par les vaisseaux du bois, il sembla tout naturel d'admettre la cir- culation des substances nourricières par les canaux du liber. Les preuves de cette hypothèse ne parurent pas absolument nécessaires. Dans tous les cas on n’a recherché des preuves expérimentales de cette circulation que dans l’étude des phé- nomènes conséculifs aux décortications annulaires ; la forma- tion d’un bourrelet volumineux à la lèvre supérieure de la plaie a paru à beaucoup de personnes une preuve évidente et irréfutable de la marche descendante des matériaux élaborés, par la voie des tubes criblés. Disons tout de suite que la plupart des observateurs (2) qui ont porté leur attention sur cet ordre de phénomènes cherchaient à prouver autre chose que la circulation des substances élaborées, et que leurs observations concernent presque uniquement la forme extérieure et la position des bourrelets. M. Trécul lui-même, entrainé tout d’abord par le désir de réfuter la théorie des phytons et ensuite par la préoc- cupation de montrer qu'une décortication annulaire n’en- traine pas nécessairement la mort de l'arbre, a renfermé ses (1) Hales, Statique des arbres. (2) Buffon, Mémoires de l'Académie des sciences, 1738. — Hales, Statique des arbres. — Duhamel, Physique des arbres, t. I. — Du Petit-Thouars, Deuxième exercice Sur la végétation. — Pollini, Saggio di osserv. di spe- rienz., ete. Vérone, 1815. — Gaudichaud, Comptes rendus, 31 mai 1852 et 1 mars 1853. — Trécul, Ann. des sc. nat., 3° série, t. XIX et XX; 4° série, t. IT. — Faivre, Ann. sc. nat., t. XII, 1869. — Niven, Gardener's Magazine, vol. XIV. — Knight, Phil. Trans., 1803 et 1806. — Lindley, Théorie de l’'hor- liculture. Tr. fr., 1841. — Hanstein, Pringsheim’s Jahrbücher, 1860. — Guinier, Bulletin de la Societé d'études des Hautes-Alpes, n° 17, 4°" janvier 1886. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 295 observations dans le cercle des arguments qui lui étaient nécessaires pour ces deux démonstrations. Les recherches de Hanstein, effectuées spécialement dans le but d'apporter quelque lumière sur le phénomène de la circulation, pré- sentent seules un certain intérêt au point de vue qui nous occupe, et les résultats de ces recherches peuvent être résu- més brièvement dans les propositions suivantes : 4° Une bouture ordinaire développe des racines à son extré- mité inférieure et une ou plusieurs pousses feuillées à sa partie supérieure. Si, avant de mettre en terre cette bouture, on pratique une décortication annulaire près de la partie Imfé- rieure, les racines naissent toutes au-dessus de cette décorti- cation, c’est-à-dire à l'endroit où sont retenus les sucs nour- riCIers ; 2% Si, au lieu d'opérer une décortication annulaire com- plète, on laisse une bande longitudinale d’écorce joignant les deux lèvres de la plaie, tout se passe comme si la décortica- tion n’avait pas eu lieu, cette bande servant à transmettre les substances de haut en bas ; 3° Lorsque sur une bouture déjà enracinée on vient à enle- ver un anneau d’écorce au-dessus des racines, celles-ci ne recevant plus de sucs nourriciers ne tardent pas à se flétrir, et il s'en développe de nouvelles au-dessus de la décortication ; 4° Dans le cas où la décortication est pratiquée à une assez orande distance du bout inférieur du rameau bouturé, il naît de petites racines à celte partie inférieure, et ces racines sont d'autant plus développées et plus nombreuses qu’il existe une plus grande distance entre elles et la décortication; 5° Si une opération de cette nature est pratiquée sur une plante à faisceaux bicollatéraux, il se forme généralement des racines au-dessous et au-dessus de la décortication ; la vigueur des racines inférieures est en rapport étroit avec le développe- ment relatif du liber interne, qui peut seul leur fournir des matériaux nutritifs. Comme on le voit par cet exposé, qui résume brièvement toutes les preuves que l’on connait actuellement du transport 296 MH. LECOMTE. des substances élaborées par la voie du liber, il reste encore bien des points à préciser et bien des lacunes à combler : 1° On n’a donné aucune preuve directe de la progression des substances élaborées dans les éléments libériens ; 2° En supposant même que le rôle conducteur du liber soit prouvé d’une façon irréfutable, il est bon de montrer que ce rôle appartient en propre à une catégorie des éléments qui constituent ce tissu ; 3° Les expériences de Hanstein ne nous permettent pas de dire si les substances transportées sont uniquement des ma- uères albuminoïdes ou bien à la fois des substances ternaires et des substances albuminoïdes ; 4 Le mécanisme intime de ce transport a été considéré jusqu’à ce jour comme tout à fait indépendant des phénomènes connus de mouvements protoplasmiques. Notre nouvelle manière de voir sur la vitalité propre du protoplasme des tubes criblés remet la question à l’ordre du jour; 5° Enfin on peut se demander si l'étude attentive des tubes criblés à l’état frais ne permettrait pas de préciser le sens du transport dans le liber. Nous nous proposons de répondre autant que possible à ces diverses questions dans les paragraphes suivants. À. PROPRIÉTÉS CONDUCTRICES SPÉCIALES DES ÉLÉMENTS LIBÉRIENS. Nous avons eu l’occasion de montrer, dans un chapitre pré- cédent, que la perforation des cloisons criblées est extrême- ment douteuse chez un très grand nombre de plantes. La structure des cribles, chez ces dernières plantes, ne paraît pas différer essentiellement de celles que présentent les mem- branes de cellules appartenant au parenchyme mou (Bara- netzki) ; la difficulté du passage doit être la même dans l’un et l’autre cas. Au point de vue purement histologique, le rôle spécialement conducteur du liber n’est donc évident que pour un certain nombre de plantes chez lesquelles les cribles sont nettement perforés. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 297 L’expérimentation a-t-elle résolu cette question d’une ma- nière irréfutable? Je ne le crois pas, car les observations sur les bourrelets consécutifs aux décortications portent plutôt sur des apparences extérieures que sur les changements plus intimes survenus à la suite de cette opération. Celles de M. Trécul, qui sont de beaucoup les plus complètes et les plus précises, ne nous renseignent pas sur le développement relatif des divers tissus au-dessus et au-dessous de la plaie. En outre, l'éminent observateur n’a pas porté son attention sur les contenus des éléments. Les expériences de Hanstein sur la formation des racines adventives dans le cas de plantes pourvues de faisceaux bicol- latéraux ou médullaires sont seules démonstratives; encore ne nous prouvent-elles pas le rôle spécialement conducteur des tubes criblés aux dépens des autres éléments du lhiber. Nous avons eu l'occasion de répéter la plupart des expé- riences exécutées par nos devanciers, et nous avons pu recueil- lir un certain nombre d'observations qui leur avaient échappé. Ces faits, ajoutés à d’autres, d'ordre plus intime, nous pa- raissent constituer une preuve suffisante de la conductibilité spéciale du liber et en particulier des tubes criblés. Décortications annulaires (1). — Une décortication annu- laire pratiquée sur une branche d'arbre au printemps déter- mine des manifestations de deux sortes : les unes générales, les autres locales. Au nombre des manifestations générales, on peut citer une végétation plus rapide et plus énergique de la branche dans l’année de l'opération, pourvu que lincision soit faite après l’épanouissement des feuilles; les fleurs sont plus nombreuses et les fruits plus gros que sur les autres branches. C’est ainsi qu’une décortication annulaire opérée sur une branche de Vigne à eu pour effet de provoquer un accroissement exagéré des raisins portés par cette branche; tous les fruits d’un Châtaignier avaient avorté, à l'exception d’un seul appartenant à une branche opérée. (1) H. Lecomte, Journal de botanique, 1887, n°° 17 et 18. 298 H, LECOMTE. Ges faits montrent évidemment que les substances nutri- tives se trouvent accumulées en plus grande quantité au- dessus de l’incision annulaire à la suite de la décortication. À côté de ces manifestations utiles qui sont la conséquence rapprochée de la décortication, 1l en faut signaler d’autres, plus tardives, et qu’on pourrait désigner sous le nom de ma- nifestations morbides : les feuilles jaunissent et tombent plus tôt que celles des autres branches ; puis la mort de toute la partie supérieure à la décortication sera, dans les années sui- vantes, la conséquence fatale de l’opération, si les deux bour- relets formés aux lèvres de la plaie ne viennent pas à se réunir. Les manifestations locales déterminées par les décortica- tions nous paraissent plus intéressantes : les deux lèvres de la plaie se cicatrisent par la formation d’un bourrelet qui se montre généralement plus développé à la lèvre supérieure. Mais ce qu'il importe surtout de remarquer, c'est que la branche s’accroit fortement en diamètre au-dessus de la plaie, tandis qu’au-dessous l'accroissement se montre nul ou très faible; c’est là un fait général, qui se présente avec une inten- sité variable suivant que la branche mutilée est plus ou moins bien pourvue de feuilles. Le tableau suivant résume les me- sures effectuées au mois de septembre sur des matériaux décortiqués dans la première quinzaine du mois de juin. Les sections ont été faites à environ 2 centimètres au-dessus et au- dessous des lèvres de la décortication. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 299 RAYON [ÉPAISSEUR DBS DIVERS TISSUS EXTÉRIEURS AU CAMBIUM DE LA BRANCHE! Don JUSQU'AUX Tran CL LE jJusqu au FIBRES EXTRA- FIBRES ÉPAISSEUR ESPÈCES ÉTUDIÉES CAMBIUM JLIBÉR. EXCLUSI-| ET ÉCORCE TOTALE TRE PENSER et Pt SP Re au-dessus [au-dessous . J'au-dessus au-dessous} au-dessus |au-dessous] au-dessus [au-dessous de la plaie [de la plaie Castanea vesca ....... 325(1)| 9295 115 10 37 34 152 104 Sambucus nigra....... 330 240 100 65 45 45 165 90 Cissus quinquefolia....| 170 100 116 | 56 160 198 | 276 | 184 Juglans regia......... 318 262 90 53 65 45 155 98 Vitis vinifera......... 240 146 114 60 198 80 242 140 Corylus Avellana...... 325 240 35 | 20 40 30 75 50 Carpinus betulus...... 260 150 110 | 45 40 25 145 70 Prunus domestica..... 191 155 99 18 40 32 103 50 Quercus Robur........ 400 290 80 45 25 18 105 63 La comparaison des mesures indiquées dans le tableau ci- dessus permet de constater que la région extérieure au cam- bium a subi un accroissement relatif plus considérable que le bois. Pour le Prunus domestica, le rapport des rayons du bois 191 . 5 RER the LT — 1,2, tandis que celui des épaisseurs des régions 10e ; 103 extérieures au cambium est 50 — 2,06. Chez le Sarothamnus scoparius, non compris dans le tableau précédent, l'épaisseur de la couche formée par le hiber et l'écorce à plus que doublé, tandis que le rayon de la tige jusqu’au cambium n’est qu’une fois et demie plus grand au-dessus qu'au-dessous. Mais ce qui est plus caractéristique, c’est que dans la région extérieure au cambium c’est le liber qui à pris l'accroissement le plus considérable. Chez le Sambucus nigra, par exemple, l’écorce n’a pris aucun accroissement, tandis que le liber s’est énergiquement développé en épaisseur. Chez le Prunus domes- tica, cette épaisseur du liber a triplé, tandis que l'écorce n’a subi qu'un accroissement beaucoup moindre. Il suffit de (1) Les nombres indiqués représentent des divisions du micromètre ocu- laire et non pas des millièmes de millimètre. 300 H. LECOMTE. comparer les mesures indiquées, pour voir que ce fait est con- stant. Nous pouvons donc formuler les conclusions suivantes : 4° La tige tout entière a subi au-dessus de la mutilation un notable accroissement en épaisseur, tandis qu'au-dessous cet accroissement se montre nul ou très faible ; 2% L'ensemble du hiber et de l'écorce s’est accru en plus forte proportion que le bois ; 3° Dans cette zone extérieure, le liber surtout à pris une grande épaisseur. Les faits que nous venons d’énoncer n’avaient pas été pré- cisés par nos devanciers. On s'était contenté de dire que la tige s’'accroit plus au-dessus de la décortication qu’au-dessous. Sans entrer plus avant dans l’examen des conséquences diverses de la décortication annulaire, nous pouvons dire que le développement exagéré du hber au-dessus de la plaie montre que ce lissu est plus riche que l’écorce en substances nutritives capables d’être utilisées pour l'accroissement. Mais les résultats sont tout différents si au lieu d’enlever les tissus jusqu'au cambium on se contente de gratter l’écorce jusqu'aux fibres extra-libériennes en se gardant autant que possible de toucher au liber. Malheureusement il est à peu près impossible d'arriver exactement à ce résultat. Gependant des expériences que nous avons faites sur le Sambucus nigra, le Cissus quinquefohia, la Vigne et le Tilleul, nous ont permis de constater les faits suivants : 1° Les bourrelets, formés presque uniquement de liège, sont sensiblement de même volume aux deux lèvres de la plaie ; 2 L’accroissement de la tige en diamètre n’est pas plus con- sidérable au-dessus de la décortication qu’au-dessous ; 9° L’écorce contient une assez grande quantité d’amidon accumulée dans ses cellules au-dessus de la décortication ; il en existe beaucoup moins au-dessous. Ces derniers faits, beaucoup mieux que les premiers, prou- vent que le liber possède des propriétés essentiellement con- ductrices pour les substances nourricières de la plante. 1° Effets produits par les sections et par l'action de l'alcool ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 301 sur la disposition des contenus dans les éléments. — Nous avons déjà montré plus haut, en étendant à d’autres plantes et à d’autres organes l’observation de M. Fischer sur le pétiole de la Courge, qu'une section transversale opérée sur un organe détermine l’accumulation, sur les faces des cribles, du con- tenu muqueux des tubes criblés. Ge fait se produit sur une longueur variable suivant les plantes considérées, mais avec une constance remarquable; il est vrai pour tous les organes d’une plante, aussi bien chez les Monocotylédones que chez les Dicotylédones. Au contraire, cette accumulation des con- tenus est le plus souvent nulle ou très faible dans les autres éléments du liber et dans les cellules de l'écorce. Ce phénomène ne peut être dù qu’à la circulation des maté- riaux vers la section et en effet la tranche du liber est toujours humide après une opération de cette nature. L'effet que produit l'alcool dans ces conditions et qui se com- bine à l'effet de la section prouve que l’alcool pénètre beaucoup plus facilement par les tubes eriblés que par les autreséléments. Les tubes eriblés sont done les éléments les plus conducteurs de la région extérieure au cambium. 2 Observation directe du passage des contenus à travers les cribles. — Chez les plantes où la perforation des cribles est parfaitement établie et en particulier chez la Courge, la Vigne, le Tilleul, nous avons observé maintes fois des boutons muqueux traversant les cribles et pénétrant d’un tube dans l’autre. Ces boutons muqueux sont presque toujours détruits par l’action de l'alcool. Les figures 1, 5 et 7 de la planche XXI montrent neltement chez la Courge des espèces de gouttelettes allon- gées traversant les cribles et pénétrant sur une grande lon- gueur dans le contenu du tube voisin. Ajoutons qu’au printemps, dans les plaques calleuses de la Vigne, on voit nettement des boutons de même nature s’insi- nuer dans les stries des plaques calleuses. Des faits que nous venons de signaler il résulte que le liber est doué d’un pouvoir conducteur beaucoup plus considérable que les autres tissus pour les substances autres que l’eau, et 302 R. LECOMTE. que dans le lhiber les tubes criblés possèdent cette propriété au degré le plus élevé. B. NATURE DES SUBSTANCES TRANSPORTÉES PAR LA VOIE DU LIBER. Nous avons dit dans un chapitre précédent que le contenu des tubes criblés en activité se compose d’un revêtement de protoplasme pariétal contenant de lamidon chez un grand nombre de plantes et d’une grande vacuole dont l’eau tient des substances albuminoïdes en dissolution. Ou bien les substances albuminoïdes circulent seules dans Jes tubes criblés, ou bien ces éléments transportent à la fois des substances albuminoïdes et des substances ternaires. Si nous parvenons à montrer que dans la plupart des cas les substances ternaires n’empruntent pas la voie destubes criblés pour passer d’une région à l’autre de la plante, nous aurons démontré par là que les substances albuminoïdes circulent seules dans ces éléments. Il ne peut plus être question du passage direct des grains d’amidon à travers les ponctuations des cribles ; nous avons établi précédemment l'impossibilité de ce passage. Si les cribles laissent passer des substances ternaires solubles, il est de toute évidence qu’une décortication annulaire arrêtant la marche de ces substances, elles s’accumuleront dans les tubes criblés les plus voisins de la section et s’y présenteront sous la forme de grains d’amidon. Or, dans les expériences dont nous avons relaté précédem- ment quelques-unes des conséquences, nous avons constaté que chez les Vitis vinifera, J'uglans regia, Cissus quinquefolia, Cerasus Padus, Quercus Robur, etc., il existe une quantité considérable de grains d’amidon dans l’écorce, le parenchyme libérien, les rayons médullaires et la région la plus externe de la moelle au-dessus de la mutilation ; les régions corres- pondantes situées au-dessous en contiennent beaucoup moins ou même en sont presque complètement dépourvues (Viris vinifera, Gerasus Padus, Quercus Robur) ; il n’en existe plus ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 303 que très peu dans les rayons médullaires et la moelle au niveau de la section; enfin chez le Vifis vinifera, dont les tubes criblés contiennent de l’amidon en temps ordinaire, les tubes situés près de la section n’en renferment pas plus que les autres, mais possèdent un contenu riche en substances albu- minoides. En outre, dans les divers cas où 1l nous à été possible de surprendre sur le fait le passage du contenu d’un tube dans le tube voisin, nous n’avons pu voir que des substances albumi- noïdes dont les boutons muqueux passent d’un tube à l’autre. . De ces faits nous croyons qu’il est légitime de tirer les con- clusions suivantes : 1° Les tubes criblés ne paraissent pas habituellement des- Linés à transporter autre chose que des substances albumi- noides ; 2% L’amidon et les substances ternaires sont contenus dans le parenchyme (écorce, parenchyme libérien, rayons médul- laires, moelle) ; les substances ternaires paraissent donc passer d’une cellule à l’autre dans ces diverses catégories de paren- chyme ; 3° L'absence d’amidon dans la moelle au niveau d’une décortication paraît montrer que la moelle et Les rayons médul- laires sont dépourvus de toute faculté de transport dans le sens longitudinal d’un organe ; mais qu’à une hauteur donnée de cet organe les rayons médullaires permettent le passage des substances ternaires de l'écorce dans la moelle et récipro- quement,. C. MÉCANISME INTIME DU TRANSPORT DES SUBSTANCES DANS LES TUBES CRIBLÉS. Nous avons déjà signalé précédemment les raisons pour lesquelles nous considérons les tubes criblés comme des élé- ments vivants. [l nous reste à montrer comment cette condi- tion nous parait favorable à la circulation des substances éla- borées. Les botanistes qui font des tubes criblés des éléments 304 H. LECOMTE. morts (J. Sachs, Van Tieghem, etc.) et leur attribuent un rôle purement passif ne peuvent expliquer la marche des matériaux que par un phénomène de diffusion puissamment aidé par la destruction progressive de ces substances au lieu d'emploi. Ces deux causes réunies, s’exerçant même dans les condi- tions les plus favorables, sont impuissantes à expliquer la migration souvent fort rapide des substances de réserve. En quelques semaines, une quantité considérable de sucre par- court une tige de Pomme de terre et se retrouve sous forme d'amidon dans les tubercules. Chez les Helianthus et Cucur- bita, comme l’a démontré M. Sachs, les substances ternaires élaborées pendant le jour dans le limbe des feuilles passent rapidement dans la tige par la voie du pétiole. Les faits de cette nature sont beaucoup plus difficiles à vérifier quand il s’agit des substances albuminoïdes, car on ne les retrouve pas sous la forme de corps figurés. Cependant, quand de jeunes pousses s’allongent rapidement, il faut que dans les parties anciennes la marche des substances albuminoïdes soit en rapport avec l'énergie de l’accroissement. Or, si on veut expliquer cette migration rapide en invo- quant simplement les phénomènes de diffusion, on se heurte tout de suite à une difficulté insurmontable ; en effet, la diffusion est un phénomène extrêmement lent. M. Stephan (1) a trouvé, après Graham, que dans un tube contenant de l’eau et plongeant dans une solution de chlo- rure de sodium au +, il faut trois cent dix-neuf jours à 1 mil- ligramme de chlorure de sodium pour s'élever à une hau- teur de 1 mètre. La même quantité de sucre exige deux ans sept mois. Enfin 1 milligramme d’albumine mettrait Jusque quatorze ans pour effectuer le même trajet. M. Hugo de Vries (2) a répété ces expériences dans d’autres (1) Stephan, Sitzungsberichten der Wiener Akademie, 1879, IT, Abth. S. 214. () H. de Vries, Ueber die Bedeutung der Circulation und der Rotation des Protoplasma für den Stofftransport in der Pflanze (Bot. Zeitg, 1885, n°5 { et 2). ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 305 conditions, en se servant de longs tubes plongeant dans un liquide coloré par le bichromate de potasse, le sulfate de cuivre, etc., et 1l a mesuré les hauteurs auxquelles ces liquides avaient atteint après un temps déterminé. [I a trouvé environ 90 centimètres pour le bichromate de poiasse et 20 cen- timètres pour le sulfate de cuivre après trois mois. Il a même remplacé l’eau des tubes par une gelée très aqueuse (1) et il a trouvé que la difficulté de diffusion était à peu près la même que dans l’eau. La conclusion à trer de ces diverses expériences, c’est que la diffusion est un phénomène extrêmement lent et par cela même impuissant à expliquer les faits de migration rapide si communs chez les plantes. Le fondateur de la théorie du transport par diffusion ne pouvait ignorer ces faits, mais il chercha à tourner la difficulté en montrant que la tension considérable qui existe à l'inté- rieur du liber active la diffusion et entraîne les substances plastiques vers le lieu d'emploi. Nous sommes très loin de nier l’importance de cette der- nière observation; mais elle ne suffit pas à expliquer les faits connus si on admet toujours la passivité du protoplasme des tubes criblés. Nous ne saurions mieux faire d’ailleurs que de citer textuellement M. Sachs, pour montrer qu’il n’était pas loin d'admettre la manière de voir que nous soutenons : « Ce simple fait queles phénomènes de diffusion dont une cellule est le siège sont altérés subitement et d’une manière frappante dès qu’une cause quelconque tue cette cellule sans l’endommager, montre assez que les forces moléculaires propres à la vie re- posent sur un état intérieur et inconnu des organes cellulaires, que nous ne parviendrons jamais à imiter arüficiellement. » Pour ce qui nous concerne, les phénomènes suivants nous paraissent jouer le rôle le plus important au point de vue du transport par les tubes criblés : (1) H. de Vries, Maandblad woor naturwetenschappen, U Reihe. Bd. 1884, . Nr. 8. 1e série, BoT. T. X (Cahier n° 5). 20 306 H. LECOMTE. 4° La diffusion joue évidemment un rôle considérable dans le fonctionnement des tubes criblés ; mais, nous venons de le voir, les effets seraient très lents dans les conditions ordi- naires. Heureusement deux circonstances viennent modifier ces conditions pour activer ces échanges. En effet dans les expériences relatées plus haut la température était la même pour tout l’appareil ; chez une plante, au contraire, les par- ties souterraines ne suivent pas exactement les mêmes varia- tions de température que les parties aériennes. De plus, la tension des tissus, toujours très grande dans le lhber des Dicotylédones, pousse nécessairement les substances contenues dans les cellules vers les points où cette pression est la plus faible, c’est-à-dire vers les régions du végétal où les sub- stances transportées doivent être utilisées. Les phénomènes de diffusion sont donc probablement activés : 1° par la différence de température que présentent les diverses parties de la plante; 2° par la tension considé- rable (prouvée par l’effet des incisions) du liber; 3° par la destruction des substances dans certaines parties de la plante, surtout dans les régions où les tissus s’accroissent rapidement. 2° De plus nous avons reconnu que le protoplasme des tubes ne reste pas passif. M. Velten (1) avait déjà signalé des mou- vements protoplasmiques dans les tubes criblés. Ceux des Cucurbita maxima, Cucurbita melanosperma et Vitis vinifera nous en ont fourni des exemples très nets (voy. p. 285). C’est seulement quand les tubes eriblés ont perdu leur revê- tement pariétal de protoplasme, que leur activité s'éteint au point de vue du transport des substances albuminoïdes. Si le protoplasmeétaitmort, s’ilne jouait aucun rôle, pour quelle rai- son les tubes criblés ne contiendraient-ils et ne conduiraient- ils plus de substances albuminoïdes après la disparition de ce protoplasme ? Pour nous, la vitalité du protoplasme des tubes criblés n’est pas seulement un fait que nous avons tout d’abord (1) Velten, loc. cit. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 307 constaté, mais une nécessité qui s'impose quand on veut expli- quer le rôle de ces éléments. D. SENS SUIVANT LEQUEL S'EFFECTUE LE TRANSPORT. Enfin il nous reste un dernier point à étudier, non le moins important, c’est le sens de la marche des matériaux dans les tubes criblés. Nægeli le premier avait constaté que, dans les préparations intéressant les tubes criblés, on trouve toujours les substances albuminoïdes accumulées d’un côté du erible beaucoup plus que de l’autre. Il en avait conclu, non sans quelque raison, que, les substances devant filtrer à travers les cribles, leur accumulation sur une face indiquait évidemment qu’elles avaient été arrêtées par l'obstacle et que ces amas pouvaient montrer le sens du courant. Nous avons vu dans un chapitre précédent qu’en réalité ces amas ne sont qu'une conséquence du mode opératoire et qu'ils n’existent pas dans les matériaux convenablement trai- tés. Le criterium indiqué par Nægeli est donc tout à fait illu- soire ; il fallait en chercher un autre ; nous croyons le trouver dans les considérations suivantes : 4° Effets produits par les décortications annulaires. — Les résultats obtenus par Hanstein (voy. p. 295) montrent que dans la tige le liber est habituellement le siège d’un courant descendant pendant la période végétative. Les expériences que nous avons faites sur des branches d'arbres ou d’arbustes nous ont montré que, dans le cas d’une décortication annulaire, le liber prend toujours au-dessus de la plaie un accroissement considérable, mais qu’au-dessous cet accroissement se montre au contraire nul ou très faible (Gastanea vesca, Sambucus nigra, Gissus quinquefolia, Juglans reqia, Vitis vinfera, Corylus Avellana, Carpinus betulus, Prunus domestica, Quer- cus Robur, Pinus sylvestris, Sarothamnus scoparius, Populus tremula, etc.). Le bois de nouvelle formation développé au- dessus de la décortication ne se lignifie qu’en certains points, 308 M. LECOMTE. mais les éléments non lignifiés contiennent une quantité con- sidérable de substances albuminoïdes (Cerasus Padus, etc.). Ces faits, ajoutés à ceux qui ont été signalés par Hanstein, prouvent que les substances élaborées suivent pendant la période végétative une marche descendante dans la tige. de Situation des corps fiqurés dans les tubes criblés. — Si dans les matériaux frais ou bouillis les substances albumi- noides paraissent réparties en même quantité dans les tubes criblés, il n’en est pas de même habituellement pour les corps figurés, grains d’amidon et globules albuminoïdes. Les exemples suivants vont le montrer suffisamment : Vitis vinifera (tige). — Les amas de substances albumi- noides se trouvent à la face supérieure des cribles. Le courant paraît done dirigé vers le bas. Tilia platyphylla. — Globules albuminoïdes au-dessus des cribles dans le liber de la tige. Courant vers le bas. Rubus idæus. — Globules à la face supérieure des cribles, dans une tige ordinaire pourvue de feuilles. Globules au-dessous des cribles, dans une jeune pousse souterraine. Dans une longue branche enracinée par son extrémité libre, la situation des globules mdiquait un courant dirigé vers la plante mère, pour la partie la plus voisine de celle-ci, et un courant vers les racines, pour la partie la plus rapprochée des racines adventives. Rubus cratægifolius. — Résultats identiques à ceux du Rubus ideus. 3° Boutons muqueux traversant les cribles. — Quand les perforations des cribles sont très grandes et que les contenus passent directement sans phénomène de diffusion d’un tube à l'autre, il se forme souvent des boutons muqueux, des sortes de gouttelettes allongées pénétrant d’un tube dans le tube sui- vant. Nous avons constaté ce fait chez le Vitis vinifera et les divers Cucurbita. Lei encore le courant {était dirigé vers le bas (fig. 3 et 7, pl. XXT. 4° Pénétration du contenu des tubes dans les stries des ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 309 plaques calleuses. — Quand le contenu des tubes s’insinue dans les stries des plaques calleuses, chez le Cucurbita maxima, cette pénétration se fait encore par la face supérieure. Les contenus se dirigent done vers les racines. Comme on le voit par les faits que nous venons de signaler, les tubes criblés de la tige paraissent être le siège d’un cou- rant descendant pendant la période d'activité. Mais l’exemple des Rubus montre aussi que, dans une jeune pousse souterraine en voie de développement, le courant se dirige de la plante mère vers l’extrémité végétative. CHAPITRE VEIT MODIFICATIONS APPORTÉES DANS LES TUBES CRIBLÉS PAR L’'AGE ET LES SAISONS L'étude des modifications apportées par l’âge et les saisons dans les tubes criblés a été abordée par MM. de Janczewski et Russow, pour ce qui concerne un certain nombre d’Angio- spermes; mais elle demande encore de nouvelles recherches, poursuivies pendant un grand nombre d'années. Les résultats que nous avons obtenus à ce point de vue ne sont pas assez nombreux pour nous permettre de traiter complètement cette partie intéressante de l’histoire des tubes criblés. Nous nous proposons de continuer les recherches que nous avons com- mencées, et nous nous contenterons, dans le présent chapitre, de signaler un certain nombre de faits qui nous paraissenr définitivement établis. 4° Poirier. — Tous les ans la tige du Poirier donne nais- sance à une couche libérienne comprenant une zone de liber mou et une zone fibreuse (de Janczewski); or, en été, la zone récemment formée contient seule des tubes criblés actifs ; dans la zone de l’année précédente et dans toutes les zones plus anciennes, les tubes sont tous passifs. Il en résulte qu’à la fin de leur première année d’existence les tubes criblés du Poirier se ferment par un cal; celui-ci se 310 H. LECOMTE. dissout l’année suivante; pendant la durée de cette dissolution du cal, le protoplasme disparaît peu à peu, et le tube paraît définitivement rempli d’eau; les cribles sont débarrassés du cal qui les enveloppait et les ponctuations se montrent sous la forme de fins canaux traversant la membrane criblée. 2% Vigne. — Chez la Vigne, la période d’activité des tubes criblés dure plus longtemps que chez le Poirier. En effet, les tubes formés pendant l’année acquièrent des plaques calleuses en automne. Ces plaques durent tout l'hiver, mais au printemps suivant elles se détruisent, et les cribles se trouvent de nouveau ouverts. Au moment de l'apparition des plaques, la substance albu- minoïde des vacuoles libériennes se détruit peu à peu, et en hiver il ne reste plus guère dans les tubes que le revêtement protoplasmique avec une vacuole contenant un liquide à peu près complètement aqueux. Quant aux grains d’amidon, ils ont disparu tous ou presque tous. Au printemps suivant, le proto- plasme des tubes s’insinue dans les fines stries des cals; la coloration jaunâtre de ces stries devient de plus en plus nette; en même temps le cal diminue peu à peu d'épaisseur, tout en conservant des contours bien nettement définis. Enfin, au bout d’un certain temps, on voit que la cloison criblée est revenue à son état primitif; elle présente, comme pendant la première année, de réelles perforations. La vacuole a repris son contenu gélatineux ; de nouveaux grains d’amidon naissent dans le protoplasme pariétal; une nouvelle période d'activité commence pour les tubles criblés. Mais, à la fin de la deuxième année, Le cal apparaît de nou- veau, et développe rapidement, à l’approche de lhiver, des plaques calleuses de chaque côté des cribles. Le contenu épais des vacuoles disparait; le protoplasme pariétal perd toute activité; il est d’ailleurs appelé à une rapide destruc- tion. Le cal formé ainsi à la fin de la deuxième année est presque toujours plus développé que celui de la première année; la striation est beaucoup moins apparente. D’après MM. de ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 311 Janczewski et Russow, ce cal de la deuxième formation serait appelé à disparaître au commencement de la troisième année. Nous avons trouvé, en effet, des exemples d’une destruction aussi rapide; mais, en revanche, nous avons vu souvent le cal persister très longtemps sans disparaitre ; il perd alors peu à peu la propriété de fixer les réactifs colorants, et ses bords deviennent irréguliers. Le mode de destruction du cal se montre d’ailleurs très différent de celui que nous venons d'indiquer plus haut pour le cal de première année. C’est par la surface qu'il se dissout peu à peu; ses bords semblent se fondre dans le liquide qui remplit le tube; l'épaisseur du cal diminue insensiblement, et, en fin de compte, 1l ne reste plus que la cloison cellulo- sique, permettant une libre communication entre les deux éléments successifs. Dès le moment où le protoplasme pariétal a perdu son activité, le contenu de la vacuole est devenu peu à peu complètement aqueux. Le tube peut être alors considéré comme passif. 3° Rosier. — Le liber du Rosa rubiginosa, que j'ai spécia- lement étudié à ce point de vue, comprend des tubes criblés assez rares, à cloisons terminales peu inclinées et générale- ment pourvues d’un crible unique. La durée de la période d'activité est la même que pour la Vigne (deux ans); mais une différence importante peut être établie entre ces deux végétaux; en effet, chez le Rosa, les cribles ne développent pas de cals à la fin de la première année; en deux mots, le cal transitoire, analogue à celui de la Vigne, n’existe pas. Quant à la durée exacte de la période d’activité, je ne sau- rais la préciser; tout ce que je puis dire, c’est que le cal défi- nitif apparaît dans la deuxième année de l’existence des tubes. 4 Tilleul. — Chez le Tilleul, les derniers tubes formés restent complètement ouverts pendant plusieurs années, aussi bien pendant l’hiver que pendant l'été; et, quand le eal appa- raît, l’époque même de cette apparition ne se montre aucune- ment en relation avec l’alternance des saisons de l’année; le cal apparaît tout aussi bien en été qu'en hiver. Après un 319 H. LECOMIRE. certain temps, le contenu s’est modifié; il ne reste plus que des granulations protoplasmiques à la surface interne du tube. Enfin le cal se dissout et les cribles restent définitive- ment ouverts. Mais les tubes ont perdu leur activité du moment où le protoplasme a perdu ses caractères propres. La période passive ne commence pas, comme le croit M. de Janczewski, au moment où le cal est complètement dissous, mais bien plutôt au moment où la gelée disparait. Comme on peut le voir par l’exposé qui précède, le Tilleul se distingue de la Vigne en ce que l’époque d'apparition du cal est indépendante des saisons chez le Tilleul, tandis qu’elle est liée à l’apparition de l'hiver chez la Vigne. De plus, chez cette dernière plante, 1l se développe un cal provisoire à chaque hiver; chez le Tilleul, il ne se produit que des cals définitifs. D’après M. de Janezewski, les Fagus sylvatica, Rosa canina et Aristolochia Sipho, se comportent comme le Tilleul. M. Rus- sow y a ajouté les Rhamnus cathartica, Rosa Gmelini, Berberis vulgaris, Atragene alpina, [lex Aquifolium, Ficus carica, Coriaria myrtifolia et Nerium Oleander; enfin, M. Russow a constaté qu'il en est encore de même pour les plantes de serre qu’il a étudiées. Nous pouvons confirmer ce dernier fait pour les Piper, Macropiper, Ficus, etc. L'évolution des tubes criblés se montre done sous des aspects multiples; nous ne saurions à présent fournir la raison phy- siologique de ces différences; mais une étude attentive et lon- guement poursuivie de l’évolution du liber viendra sans doute résoudre ce timportant problème. Pour ce qu ‘concerne les causes du développement du cal, nous ne pouvons que consigner ici les résultats de quelques expériences que nous avons effectuées sur les Cucurbila, Ampe- lopsis et Vins. 1° Cucurbita. — Nous avons fait, à la même époque, des semis de Cucurbita maxima, C. melanosperma et C. moschata Pour chacune de ces espèces, nous avions deux catégories de semis, les uns à la lumière, les autres à l’obscurité. Nous ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 313 avons ensuite observé le hiber de la tige hypocotylée des jeunes plantes ainsi obtenues. Cucurbita maxima. — Les tubes criblés de la tige hypoco- tylée dans les germinations obtenues en pleine lumière ont leurs cribles ouverts; il n'existe pas de plaques calleuses déve- loppées ; le contenu des tubes est normal. Au contraire, dans les germinations obtenues à l’obscurité on rencontre des pla- ques calleuses dont l’épaisseur atteint jusque trois, quatre et même cinq fois le diamètre du tube criblé (fig. 18, 19, 23, 24 et 25, pl. XXIT). On trouve, d’ailleurs, tous les intermédiaires entre les cribles à peine épaissis de la région la plus voisine du cambium et les cribles à cal volumineux de la région externe ; le diamètre des tubes est plus faible que celui des tubes appartenant aux germinations faites à la lumière; enfin, le contenu des tubes se compose du protoplasme pariétal et d’un liquide très épais qui remplit la vacuole. Nous avons remis à la lumière des germinations obtenues à l'obscurité ; au bout d’un mois, l’observation nous a montré que les cals très épais de la région externe du liber ont.conservé leur volume; mais ceux qui étaient moins développés et qui appartenaient à la région interne ont disparu; les cribles sont nettement ouverts. Inversement, dans les germinations obtenues à la lumière et placées ensuite à l’obscurité pendant un mois, les cloisons criblées s'étaient épaissies; celles de l’extérieur possédaient des plaques calleuses bien caractérisées. Nous avons obtenu les mêmes résultats pour les germina- tions de Cucurbita melanosperma et moschata observées dans les mêmes conditions; mais chez ces deux dernières espèces, le cal était moins volumineux que chez le Cucurbita maxima, pour les germinations obtenues à l'obscurité. 2 Vatis vinifera. — Une jeune pousse de Vigne observée en hiver contenait dans le liber de sa tige des cals bien déve- loppés. Placée dans une serre au commencement de janvier, elle y est restée jusqu'au 10 février. Nous avons observé qu’à cette époque, le contenu des tubes était plus riche en matières 314 H. LECOMTE. albuminoïdes; de plus, les cribles de la région voisine du cambium étaient ouverts; ceux qui étaient plus à l'extérieur possédaient encore des plaques calleuses bien nettes; mais les stries jaunâtres correspondant aux ponctuations se montraient beaucoup plus prononcées qu’à l’époque de la mise en serre (fig. 35, pl. XXIIT). Sans aucun doute, si l'expérience avait duré plus longtemps, nous aurions assisté à la dissolution du cal; mais la saison était déjà trop avancée et les résultats que nous aurions obtenus, en prolongeant cette expérience, n'auraient pu que s'ajouter au phénomène de dissolution nor- male dû au retour du printemps. 3° Ampelopsis humulifolia. — Un jeune plant d’Ampelopsis humulifolia, observé en été, ne contenait que quelques cals dans le liber de la tige. Maintenu à l'obscurité pendant un mois, il a pris une longueur beaucoup plus considérable que les plants semblables laissés à la lumière, et dans les parties nouvellement formées nous avons rencontré de nombreux cribles pourvus de plaques calleuses. Les résultats que nous venons de consigner montrent que le développement du cal est sous la dépendance des phéno- mènes de nutrition, puisque la végétation à l'obscurité déter- mine l’accroissement du cal. Dans ces conditions, la fonction chlorophyllienne est supprimée et le dégagement de vapeur d’eau notablement diminué. Il pouvait paraître intéressant de voir si le liber des plantes à feuilles persistantes se comporte en hiver comme celui des plantes à feuilles caduques. Nous avons étudié, à ce point de vue, le genre Quercus dont certaines espèces conservent leurs feuilles en hiver (Quercus Mirbeckii, Q. Ilex, Q. ballota, Q. coccifera, Q. pseudo-coccifera, etc.), tandis que les autres les perdent à l'automne (Q. Robur, Q. libani, Q. oliveforms, Q. phellos, Q. macrocarpa, Q. alba, ete.j. Or nous avons trouvé qu’il se développe en hiver des plaques calleuses aussi bien sur les premiers que sur les seconds. Bien mueux, les feuilles de Q. ballota, Q. coccifera et Q. Mirbecküi présentaient ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES, 319 des cribles calleux au mois de janvier. Si notre première pro- position est générale, à savoir que la suppression de la fonc- tion chlorophyllienne entraine le développement du cal, on ne peut expliquer le développement du cal sur les cribles des feuilles que par une diminution notable dans l'exercice de cette fonction pendant la saison froide. La recherche de l’opti- mum de température pour l'exercice de la fonction chloro- phyllienne pourrait apporter quelque lumière sur ce sujet. Mais nous pensons aussi qu'il n’est possible d'arriver à une explication satisfaisante des faits que nous avons énoncés et des différences considérables dans l’évolution du lhiber chez les diverses plantes, qu’en complétant ce premier ordre de recher- ches par l’étude des rapports qui existent entre les diverses couches du liber de la tige et les parties vertes persistantes, que ces parties vertes soient des feuilles ou des rameaux jeunes. CHAPITRE IX RÉSUMÉ DES PHASES SUCCESSIVES PAR LESQUELLES PASSENT LES TUBES CRIBLÉS M. de Janczewski, dans le travail que nous avons rappelé si souvent, admet pour les tubes des Monocotylédones trois phases ou périodes successives : la période évolutive, la période active et la période passive. Chez les Dicotylédones, il ne cite plus la période évolutive, mais elle existe bien certainement dans sa pensée aussi bien que pour les Monocotylédones, et il y ajoute trois autres périodes : la période active, la période transitoire et la période passive. Pour ce qui nous concerne, nous pensons que l’évolution des tubes criblés est la même, dans ses grandes lignes au moins, chez les Monocotylédones et chez les Dicotylédones. Nous la divisons en trois périodes d’inégale durée : la période active, la période transitoire et la période passive. D’après ce que nous avons dit plus haut, le tube criblé est 316 H. LECOMTE. déjà en activité dès avant la perforation des cribles. La per- méabilité de certains points de la membrane assure le passage des substances d’un tube à l’autre. D’après M. de Janczewski lui-même, les tubes des Gymnospermes ne seraient jamais perforés véritablement. Nous avons montré que chez un grand nombre d’Angiospermes, où il a été impossible de mettre en évidence les filaments muqueux passant d’un tube à l’autre, rien ne prouve l'existence de ces filaments et la perforation réelle du crible. M. de Janczewski admet, d’ailleurs, que chez les Gymnospermes la période d’activité existe sans aucune perforation visible des membranes. Il en résulte que nous sommes autorisés à faire commencer la période d'activité au moment même de la formation des tubes criblés. Dans cette manière de voir, la période évolutive de M. de Janezewski se réduit évidemment au temps nécessaire pour la genèse du tube eriblé. La période active se continue pendant un temps variable avec les plantes jusqu’au moment où le protoplasme des tubes perd son activité ; dès ce moment le crible se recouvre iInva- riablement d’un cal. Ici commence la période transitoire. Pendant cette période le cal s’épaissit à mesure que disparaissent le protoplasme et la matière albuminoïde que contenaient les vacuoles des tubes. Enfin au bout d’un certain temps le cal se résorbe, se dissout peu à peu et il ne reste plus qu’une cloison cellulosique avec des perforations plus ou moins grandes permettant le libre passage de l’eau d’un tube à l’autre. Dès ce moment le tube a atteint la période passive ; il conserve probablement encore la propriété de livrer passage à l’eau, mais il n’est plus apte à conduire les substances albuminoïdes. DIFFÉRENCES ENTRE LES MONOCOTYLÉDONES ET LES DICOTYLÉDONES Mais ces trois phases sont bien loin d’avoir la même durée et la même valeur chez les Monocotylédones et chez les Dico- tylédones. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 317 Chez les Monocotylédones (Phragnates, Typha, Convallaria, Orchis, Ophrys, etc.), la phase active dure presque aussi longtemps que l’organe. Si cet organe ne dure qu’une saison, la période active se poursuit jusqu’à la fin de cette saison ; alors le crible s’épaissit : c’est la période transitoire qui survient. Si au contraire l’organe a une durée de plusieurs années, la période active se poursuit pendant le même temps. Enfin, quand la disparition de l'organe est prochaine, se produit le développement du cal. Il ne faut pas croire d’ailleurs que cette longue période d'activité soit uniforme. Dans le rhizome du Convallaria maialis, nous avons constaté que les cribles s’épaississent en hiver pour reprendre au printemps leur épaisseur normale. La vie des tubes présente donc ici des périodes de vie latente correspondant à la durée de la saison froide. La période transitoire peut être considérée comme la der- nière en date dans les organes annuels, car la mort survient alors que le cal n’est pas encore dissous. Mais pour ce qui concerne les organes à durée plus longue, on voit que cette période est suivie d’une véritable période passive, caractérisée par ce fait que le cal a disparu et que le tube ne parait plus contenir que de l’eau avec quelques granulations qui sont les derniers vestiges du revêtement protoplasmique de chaque élément. Chez les Dicotylédones, la période active se termine avec la mort de l’organe ou de la plante pour ce qui concerne les plantes annuelles. Presque toujours le cal n’est pas encore formé quand la mort survient. Dans les organes vivaces, 1l n’en est plus de même; la période active peut durer un an (Poirier) ; deux ans (Rosier, Vigne) ; ou même un plus grand nombre d’années (Tilleul, Hêtre, etc.). Cette période active est toujours coupée par des périodes de vie latente pendant la saison froide ; mais les manifestations de cette vie latente sont variables suivant les plantes considérées : chez la Vigne, le cal se développe eu hiver pour se dissoudre au printemps ; chez le Tilleul, au contraire, 318 H. LECOMTE. les cribles restent ouverts ; seul le contenu des tubes se montre différent de ce qu'il est en été : la vacuole est en effet moins riche en matières albuminoïdes. La période transitoire débute au moment de l'apparition du cal définitif ; celui-ci est toujours plus volumineux que le cal d'hiver destiné à se dissoudre au printemps. La période transitoire dure un temps très variable suivant les plantes et même suivant les tubes dans la même plante. Enfin la dissolution de ce cal rend complètement libre la cloison cellulosique des eribles : la communication est ouverte d’un tube à l’autre. Les tubes ont atteint la période passive. Celle-ci peut durer très longtemps, car la plante, par suite de l’activité du cambium, ayant produit du liber de nouvelle formation, son existence peut se continuer pendant un grand nombre d'années. Enfin, nous en aurons fini avec cet exposé quand nous aurons dit quelques mots du liber des racines ; et nous aurons montré une fois de plus la complexité des problèmes que sou- lève l’étude du liber. Chez les plantes où les tubes criblés de la tige développent ‘un cal provisoire en hiver, les cribles des racines restent au contraire pendant cette période complètement ouverts ou du moins ne s’épaississent pas. Nous pouvons citer à ce point de vue la Vigne et divers Rubus (Rubus idœus, Rubus tomento- sus, etc.) ; d’après Russow, il en est de même pour les Populus tremula, P. nigra, P. laurifolia, Quercus pedunculata, Acer platanoïdes, ete. D’après le même auteur, les racines du Vitis amurensis possèdent au contraire pendant la saison froide des cals volumineux comme ceux du liber de la tige. Nous citerons encore les Cucurbitu, dont les racines à la fin de l'été pré- sentent des cals bien développés analogues à ceux du liber de la tige. Enfin chez les plantes dont les tubes ont une durée variable, mais toujours supérieure à une année, si les cribles de la tige ne développent pas de cal provisoire en hiver, il en est de même d’après M. Russow pour ceux des racines. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 319 CONCLUSIONS Nous pouvons résumer dans les propositions suivantes les résultats des recherches consignées dans ce mémoire (1) : 1° Le liber des Angiospermes comprend deux catégories d'éléments : les éléments essentiels (tubes criblés et cellules- compagnes) ; les éléments accessoires (parenchyme libérien, cellules scléreuses et fibres libériennes); 2° Les fibres entourées par du liber possèdent presque tou- jours des caractères histologiques et micro-chimiques diffé- rents de ceux des fibres extérieures au liber ; 3° Le parenchyme libérien est souvent formé de cellules allongées (fibreuses), simples ou cloisonnées transversale- ment ; 4° Les canaux sécréteurs du liber ne confinent jumais aux tubes cribles ; 9° Les tubes criblés des Angiospermes sont disséminés irré< gulièrement dans le liber primaire ; souvent en séries radiales dans le liber secondaire et en ilots formés par le cloisonne- ment longitudinal plusieurs fois répété de certaines cellules, chez les Lobéliacées, Crassulacées, Solanées, etc. ; 6° [l existe deux types distincts de tubes eriblés : le type Courge et le type Vigne, mais il n’est pas rare de trouver dans une même plante tous les intermédiaires entre ces deux types ; 7° Les éléments séparés des tubes criblés par des cloisons tangentielles (Aristolochia Sipho) doivent être considérés comme des cellules-compagnes, au même titre que ceux qui en sont détachés par un cloisonnement r'adial ou oblique ; 8° Dans le liber secondaire, les cellules-compagnes sont sou- vent situées entre les tubes criblés d’une part et le parenchyme libérien ou les rayons médullaires d'autre part ; 9° Chaque cellule-compagne peut se diviser par des cloi- (1) Les conclusions nouvelles sont en italique; les autres ne sont que l’exten: sion ou la confirmation des résultats déjà acquis. 320 M. LECOMTE. sons transversales seulement ou bien à la fois par des cloisons transversales et des cloisons longitudinales ; 10° Outre les cribles situés sur leurs cloisons terminales, les tubes peuvent en posséder d’autres, habituellement plus petits, sur leurs cloisons longitudinales ; 11° Les faisceaux hbériens peuvent être réunis transversa- lement par des séries de cellules criblées, développées dans les rayons médullaires ; 12° Dans le liber des feuilles, les tubes appartiennent toujours au type de la Courge, quelle que soit la forme des tubes de la lige. Dans le liber primaire des tiges, il en est de même; 43° Dans les racines, ils ont la même forme que dans la tige ; 14 La cloison destinée à devenir un crible n’est pas tout d'abord homogène; la cellulose ne se développe que suivant des bandes entre-croisées circonscrivant des mailles ; celles-ci, plus perméables que la cellulose, pourront se transformer en ponc- tuations ; 15° Les cribles du liber primaire (Vigne et Tilleul) appar- tiennent au type de la Courge; peu à peu ces cloisons s'étendent et le crible simple se fragmente en plusieurs cribles pour don- ner une plage criblée; 16° Le cal est dù au développement exagéré de la mince couche de la membrane qui recouvre les filaments de cellulose ; 17° Les réactions du cal sont à peu près identiques chez toutes les plantes ; 1l présente habituellement des stries cor- respondant aux ponctuations des cribles; 18° L’accumulation de substances albuminoïdes contre les cribles n’existe pas dans les matériaux frais ; elle est une con- séquence du mode opératoire ; 19° Le noyau des tubes eriblés disparaît habituellement de bonne heure comme corps figuré ; mais on peut encore par-- fois le retrouver dans le protoplasme pariétal des tubes en activilé ; 20° Le contenu d’un tube criblé arrivé à la période d’acti- ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 3921 vité se compose d’une mince couche de protoplasme pariétal se continuant au niveau des cribles et d’une grande vacuole centrale contenant de l'eau avec des substances albuminoïdes en dissolution ; 21° Le protoplasme des tubes en activité est vivant ; les tubes ne sont pas des éléments morts ; 22 Les tubes à la période d’activité fonctionnelle ne con- duisent guère que des substances albuminoïdes ; nous n'avons Jamais observé le passage direct des grains d'amidon, mais nous avons souvent reconnu l'impossibilité de ce passage ; 23° Les cellules-compagnes ont un contenu très riche en matières albuminoïdes ; elles sont toujours dépourvues d’ami- don ; leur noyau est très allongé dans le liber des Monocotylé- dones ; 2% Les mouvements propres du protoplasme des tubes en pleine activité doivent entrer en ligne de compte pour l'explication des phénomènes de transport, 25° Le sens de ce transport ne peut être déterminé que dans certains cas particuliers ; dans une très jeune pousse souterraine (Rubus), il est ascendant ; il est habituellement descendant dans le liber d'une tige adulte ; 26° La durée de l’activité des tubes criblés est très variable (une saison à dix ans et même plus) ; 97° L'apparition du cal ne coïncide pas nécessairement avec e commencement de l'hiver ; 98° Dansle cas d’une activité de plusieurs années, les cribles peuvent développer un cal en automne et le perdre au prin- temps (Vigne) ou bien rester indépendants de la marche des saisons (Tilleul) ; 99° Des germinations de Courge maintenues à l'obscurité ont développé dans le liber de la tige hypocotylée des cals volu- mineux, tandis que des germinations semblables obtenues en pleine lumière avaient leurs cribles perforés. 7e série, Bor. T. X (Cahier n° 6). 21 229 H1. LRCOMTE. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE XXI. Fig. 1. Section transversale dans le liber externe d’un faisceau de la tige du Cucurbita melanosperma. — 1, tubes criblés (gr. 270). Fig. 2. Tubes criblés de Cucurbita Pepo débarrassés de leur contenu (tige du 15 septembre). — 4, a, a, cals bien développés avec stries; b, cal avec une ouverture en entonnoir permettant une libre communication entre deux tubes consécutifs; €, plaques caileuses détachées de la cloison criblée; d, cals d'inégale épaisseur situés sur Îes parois longitudinales de deux tubes voisins (gr. 240). Fig. 3. Tube criblé de Cucurbila Pepo avec cellules-compagnes €, €, pourvues de vacuoles. — Le contenu, a, du tube est déjà contracté; mais il n'existe pas d’amas aux extrémités; des boutons muqueux, b, b, traversent les ponc- tuations des cribles et indiquent le sens descendant du courant (gr. 425). Fig. 4. Fragment de tube criblé de Cucurbita muxima avec un noyau n. Fig. 5. Fragment de tube criblé de C. maxima avec cal. On voit le crible par transparence; des bandes de protoplasme pénètrent dans les stries (gr. 210). Fig. 6. Id. avec stries nombreuses dans le cal et petits cribles latéraux. Fig. 7. Fragment d’un tube criblé de C. Pepo. Un volumineux amas d’albu- mine coagulée est appliqué sur l’une des faces du crible; celui-ci est traversé par des boutons muqueux de très grande longueur (matériaux dans de l’eau sucrée) (gr. 400). Fig. 8. Fragment d’un tube criblé de la tige du C. maxima; le contenu con- tracié est retenu au cal par des filaments engagés dans les stries (gr. 330). Fig. 9 et 10. Deux cribles de C. maxima vus de face. — En 9, les mailles sont encore pleines, en 10, elles sont déjà traversées par des filaments muqueux dont la section forme une tache sombre au centre de chaque maille (gr. 350). PLANCHE XXII. Fig. 11. Contenus appartenant à deux tubes crihlés consécutifs de la tige du Cucurbila Pepo, après l’action de l'acide sulfurique. Les filaments muqueux sont bien conservés; quant à la vacuole interne, elle est fortement contractée, surtout dans la partie supérieure de la figure, et on la voit par transparence, emprisonnée par la couche de protoplasme pariétal (gr. 400). Fig. 12. Tube criblé d’une tige jeune de Cucurbita Pepo. Le protoplasme détaché de la paroi offre une striation longitudinale très nette (gr. 400). Fig. 13. Un cal volumineux de C. Pepo avec stries (gr. 400). Fig. 14. Un cal de C. Pepo avec plusieurs ouvertures en entonnoir (gr. 400), Fig. 15. Portion très grossie de la membrane longitudinale entre un tube cri- blé de C. maxima, et une cellule-compagne, pour montrer l’hétérogénéité de cette membrane. ÉTUDE DU LIBER DES ANGIOSPERMES. 323 Fig. 16. Un cal en voie de développement dans le liber de la tige du Cucur- bita melanosperma (20 octobre). Des boutons muqueux renflés en tête s’en- gagent dans les stries du cal (gr. 450). Fig. 17. Un cal volumineux de Cucurbita Pepo, avec une seule ouverture en entonnoir (gr. 400). Fig. 18. Gal de Cucurbita maxima dans la tige hypocotylée d’une germina- tion à l’obscurité. La substance calleuse n’est pas homogène; mais les stries ve sont plus visibles (gr. 500). Fig. 19. Une cloison criblée du même dans la région interne du liber; le cal n’est pas encore développé (gr. 500). Fig. 20. Un crible de Cucurbita Pepo avec boutons muqueux (matériaux étudiés dans l’eau sucrée) (gr. 450). Fig. 21 et 22. Développement de la cloison criblée du Cucurbita maxima. correspond à l’état figuré en 9, et 22 correspond à 10 (gr. 350). Fig. 23, 24 et 25. États successifs du développement du cal dans le liber de la tige hypocotylée d’une germination de Cucurbita moschata à l'obscurité (gr. 500). Fig. 26, 27 et 28. Développement du contenu d’un tube criblé dans la tige très jeune du Cucurbita maxima. — En 28, on voit deux vacuoles et un noyau; dans la figure 27, les deux vacuoles sont fusionnées, et en 26, le noyau a disparu; des gouttelettes très réfringentes sont figurées de côté en 27 et de face en 26 (gr. 550). Fig. 29. Fragment d’un tube criblé de Cucurbita maxima avec petits cals laté- raux (gr. 200). Fig. 30. Cloison longitudinale très grossie d’un tube de Cucurbita melano- sperma avec cribles latéraux. Fig. 31. La même vue de face et colorée par le chlorure de zine iodé (gr. 400). Fig. 32. Id. de Cucurbita maxima (gr. 400). PLANCHE XXIIT. Fig. 33. Section transversale dans le liber d’une tige de Vitis vinifera. — r,rayon médullaire principal; ',r', médullaire secondaire; f, f,f, fibres libé- riennes; &, tubes criblés; c, cellules-compagnes (gr. 200). Fig. 34. Tube criblé et cellules-compagnes (c, c) dans le pédoncule d’une grappe de raisin; p, protoplasme pariétal; g, contenu interne contracté contre le crible ; il se montre nettement indépendant du protoplasme pariétal (gr. 200). Fig. 35. Deux cals de Vitis cebennensis après deux mois et demi de séjour dans une serre en hiver; la siriation est très nette (gr. 400). Fig. 36, 37 et 38. États successifs demi-schématiques d’un crible simple de Vitis vinifera se transformant en une plage criblée. Fig. 39. Plusieurs tubes criblés de Vitis vinifera en section longitudinale tan- gentielle et débarrassés de leur contenu. — c,c,.…. cellules-compagnes; 4,4, tubes criblés avec leurs cloisons obliques pourvues de plusieurs cals (gr. 250), 324 H. LECOMTE Fig. 40. Anastomose par une série de cellules criblées entre deux îlots libé- riens de Vitis cebennensis. Chacune des cellules criblées possède une ou plusieurs cellules-compagnes (gr. 180). Fig. 41, 42, 43, 44. Etats successifs du noyau dans un tube très jeune de la tige du Vitis vinifera. — 42, 43, 44, fragmentation du nucléole; 41, l’enve- loppe du noyau se déchire (gr. 400). Fig. 45. Deux jeunes tubes dans un pétiole de Vitis vinifera; les cribles ont une direction transversale et sont simples; les vacuoles sont encore séparées du crible par une couche épaisse de protoplasme (gr. 450). Fig. 46. Plage criblée de Vatlis vinifera vue de face (gr. 400). Fig. 47. Plage criblée de Carya juglandifolia vue de face (gr. 440). Fig. 48, 49, 50, 51 et 52. États successifs du développement du cal chez le Rubus idœus (gr. 675). PLANCHE XXIV. Fig. 53. Section transversale dans le liber stratifié de la tige du Tilia platy- phylla. — r,r, rayon médullaire principal; r', r', rayon médullaire secon- daire; f, fibres libériennes; p, parenchyme libérien; t, tubes criblés et cellules-compagnes (gr. 225). Fig. 54. Une cloison criblée ‘de Tülia platyphylla avec cinq cals bien déve- loppés. — c,c, cellules-compagnes (gr. 950). Fig. 55. Deux cloisons criblées simples dans la feuille du Quercus virens; dans la tige on trouve des plages criblées (gr. 800). Fig. 56. Tube criblé de Ricinus communis (tige), pour montrer que les grains d’amidon accumulés près du crible sont plus grands que les ponctuations. Fig. 57, 58, 59, 60. Section transversale dans le liber de la racine du Lappa major et divers modes de cloisonnement des éléments de ce tissu (gr. 400). Fig. 61. Fragment de liber de la tige de l’Impatiens japonica. — t, tubes criblés, sensiblement en séries radiales; les cellules-compagnes sont repré- sentées avec leur contenu protoplasmique (gr. 560). Fig. 62. Très longue cloison criblée de Rubus idœus avec un seul crible, — c,c, cellules-compagnes; g,g, globules de matière albuminaïde (gr. 480). Fig. 63, 64, 65, 66, 67. Cellules fibreuses du parenchyme libérien du Rubus idœus, avec leurs divers modes de cloisonnement (gr. 275). Fig. 68. Section transversale dans la tige hypocotylée du Datura Stramonium ; le liber y forme des îlots bien distincts (gr. 290). Fig. 69. Tubes criblés du rhizome de Convallaria maïalis. — 4, globule de matière albuminoïde; p, cellule de parenchyme libérien avec son novau ovoïide; €, c, deux cellules-compagnes avec leurs noyaux allongés, n, n. Fig. 70. Un crible du même, déjà épaissi par le cal (gr. 750). Fig. 71. Un tube criblé jeune de Lappa tomentosa, avec un reste de noyau, n. RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME INTRODUCTION Le périderme est une formation secondaire due au cloi- sonnement régulier d’une assise génératrice dont les éléments se différencient le plus souvent en deux couches, l’une externe, l’autre interne. Ces deux couches, séparées l’une de l’autre par l’assise génératrice qui leur a donné naissance, prennent des caractères spéciaux conformes aux rôles qu’elles auront à jouer dans la vie de la plante. La couche extérieure a le plus souvent un rôle protecteur et les membranes de ses cellules restent rarement en cellulose pure; le plus souvent elles se transforment en suber, parfois même elles se lignifient; la couche interne conserve le plus souventses parois de cellulose, bien que parfois elle présente des points de lignification. La première est le liège; la seconde, le phelloderme. Les cloisons successives qui ont découpé dans lassise géné- ratrice les cellules du liège se succèdent de l’extérieur vers l’intérieur de la plante, de telle sorte que la plus jeune soit la plus voisine du centre : cette formation est par définition centripète. Inversement les cloisons du phelloderme se suc- cèdent de l’intérieur vers extérieur de la plante, de telle sorte que la plus récemment formée soit la plus éloignée du centre : cette formation est centrifuge. L’assise génératrice du péri- derme a reçu le nom de phellogène. En d’autres termes, dans les plantes pourvues de forma- lions secondaires, une assise de cellules déjà différenciées située en dehors du système libéroligneux s’accroit dans le sens radial et se cloisonne tangentiellement d’une façon cen- 326 H. DOULIOT. tripète pour fournir le liège et d’une façon centrifuge pour fournir le phelloderme. Telle est la formation dont je me suis proposé de faire l'étude. M. Joseph Moeller, dans son Anatomie de, l'Écorce des Arbres (4), donne (p. 406) un résumé de l’état actuel de la science au sujet du périderme, que nous lui empruntons : « Le phellogène est immédiatement sous l’épiderme dans les familles ou les genres suivants : « Abies, Calhtris (en partie), Bétulacées, Corylacées, Cupu- lifères, Ulmacées, Celtidées, Morées, Artocarpées, Urticées, Platanus, Populus, Daphnoïdées, Éléagnées, Protéacées, Tur- chonanthus, Ginchona, Viburnum Opulus, Sambucus, Oléacées, Asclépiadées (excepté Periploca), Cestrum, Paulownia, Bigno- niacées (excepté Tecoma), Crescentia, Achras, Lucuma, Dios- pyros, Ampelopsis, Cornus mas, Araliacées, Weinmannia, Menispermum (en partie), Magnoliacées, Capparis (en partie), Malvacées, Sterculia sp., Buttnériacées, Tiliacées, Ganella- cées, Tamarix, Citrus, Méliacées, Cedrela, Acer, Malpighia- cées, Erythroxylon, Sapindacées, Æsculus, Pittosporum , Celastrus, Rhamnées, Euphorbiacées, Juglandées, Anacardia- cées, Amyris, Simarubacées, Zanthoxylées, Eucalyptus (en partie), Calycanthus, Amygdalées, Césalpiniées (excepté Gle- ditschia). « Le phellogène est l’épiderme lui-même dans les cas sui- vants : Sequoia (en partie?), Phyllocladus, Salix, Cinnamomum, Laurus, Viburnum (excepté V. Opulus), Jasminum, Nerium, Periploca, Datura, Cornus (excepté C. mas), Aucuba, Cra- tœvu, Sterculia sp., Calophyllum, Staphylea, Evonymus, Ilex, Diosmées, Guuiacum, Pomacées, Rosa, Virgilia. « Le phellogène est une rangée plus profonde de cellules de l'écorce primaire, mais en dehors des faisceaux, dans les Larix, Sequoia (en partie), Callitris (en partie), Salisburia, Aristolochia, Goffea, Strychnos, Verbénacées, Lycium, Tecoma, Trora, Sapota, Ribes, Capparis (en partie), Berbéridées, (1) 3. Moeller, Anatomie der Baumrinden, Berlin, 1882. RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 327 Nequndo, Serjania, Eugenia sp., Eucalyptus (en partie), Cytisus, Amorpha, Robinia, Sophora, Cercis, Mimosées. « Le phellogène est dans la région des faisceaux vasculaires primaires, dans les Cupressinées (excepté Callitris), Taxus, Podocarpus, Lonicérées, Buddleia, Éricacées, Vitis, Escal- lonia, GCamellia, Combretum, Philadelphus, Melaleuca, Cal- listemon, Myrtus, Eugenia sp., Persica, Spiræa, Golletia. « Ces quatre types de la formation du périderme peuvent se ramener à trois, en séparant les cas où le périderme est sous-épidermique et ceux où il se forme dans une assise de cellules plus profende de l'écorce primaire de ceux où il est épidermique, d’une part, et d’autre part de ceux où il a ses initiales dans le liber des premiers faisceaux, c’est-à-dire dans une formation secondaire. » On voit combien les deux derniers cas établis par M. Moeller manquent de précision. Tous les exemples qu'il cite doivent être observés de nouveau, afin que l’on puisse savoir si le lieu de formation du périderme est une assise quelconque de l'écorce, ou l’endoderme, ou le péricycle, ou une assise de parenchyme libérien. Depuis les plus récents travaux sur le périderme, la nomen- clature des différentes parties de la tige a subi, en effet, des modifications. La limite entre l'écorce et le cylindre central a été précisée par la connaissance de l’endoderme et du péricyele; il nous est donc possible de fixer, plus exactement qu’on ne l’a fait jusqu’aujourd’hui, la position du périderme, toutes les fois qu'il ne se forme mi dans l’épiderme, ni exactement sous l’épi- derme. Les descriptions des auteurs ne pouvaient nous éclairer; nous avons dû observer le mode de formation du périderme, dans tous les cas où 1l n’était pas épidermique ou sous-épider- mique, afin de fixer sa position par rapport à l’endoderme. Dans le cours de ce travail, nous avons pu constater que la formation du périderme s’accompagnait souvent d’une des- truction de l'écorce, à laquelle le périderme se substitue comme tissu protecteur par son liège etcomme tissu de réserve par son phelloderme, 328 Hi. DOULIOT. La position du phellogène ne nous arrêtera pas longtemps dans le cas où elle est superficielle ; çà et là nous avons ajouté quelques exemples à ceux déjà connus; nous nous sommes étendu plus longuement sur les cas où le périderme est profond et où la position du phellogène pouvait offrir matière à discus- sion. Pour que cette étude füt complète, 1l eût fallu pouvoir passer en revue chaque genre de chaque famille, après avoir constaté que les phénomènes observés étaient constants pour les différentes espèces d’un genre. Nos connaissances parti- culières y eussent gagné peut-être en précision, nos connais- sances générales n’y auraient pas gagné en étendue. Jai dù forcément borner le nombre d'espèces étudiées : 1l s'élève cependant au total de 450, et je crois que, dans ce grand nombre d'exemples, tous les modes possibles de formation du périderme ont dû passer sous mes yeux; ceux qui m'ont échappé ne sauraient être fréquents. Mes recherches m'ont amené à considérer cinq cas dans la formation du périderme quant à la position du phello- gène. Le phellogène est : 1° l’épiderme lui-même; 2% l’assise sous-épidermique; 3° une assise de écorce; 4° l’endoderme ; 5° le péricycle. De ces cinq cas, le second, le cinquième et le premier sont très fréquents, les deux autres sont très rares. Ils sont accom- pagnés d’un mode variable de destruction de l'écorce. Nous allons passer en revue ces différents modes de formation du périderme et de destruction de l'écorce dans diverses familles de Dicotylédones. 8 Bier que neus fassions entrevoir dans ce travail des consi- dérations physiologiques, c’est surtout un travail de morpho- logie comparée. Nous avons borné notre étude aux végétaux dicotylédones, et dans ceux-ci nous avons étudié la formation du périderme uniquement dans les tiges des plantes adultes, nous réser- vant pour un travail ultérieur l’étude des autres plantes qui présentent des formations subérophellodermiques, des condi RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 329 tions physiques de leur développement, ainsi que du méca- nisme de leurs fonctions. Nous ne croyons pas devoir faire précéder ce travail d’un historique de tous les travaux publiés au sujet du liège et des formations subérophellodermiques. Mais dans l’exposé que nous ferons à chaque famille de l’état actuel de nos connais- sances, nous rapporterons d'abord à chaque auteur ce qui lui est dû et nous y ajouterons les résultats de nos recherches. PREMIÈRE PARTIE PÉRIDERME DE LA TIGE DICOTYLÉDONES ORDRE I APÉTALES SUPÉROVARIÉES URTICAGÉES. — Dans toutes les Urticacées étudiées jusqu’à ce jour par M. Sanio (1) ou M. Moeller (2), l’origine du péri- derme est sous-épidermique : Ulmus effusa, U. suberosa, U. campestris, U. fulva; Celiis occidentalis, GC. orientalis, C. Tournefortü; Morus alba, M. nigra; Maclura aurantiaca (parfois dans Ja troisième assise de lPécorce), Ficus Carica, Ficus heterophylla; Broussonnetia papyrifera, Artocarpus ntegrifolia, Gecropia peltata, Pouzolzia rhexioules, Bæhmeria polystachya, auxquelles j'ajoute lAntiaris toxicaria et le Bœhmeria utilis. Destruction de l'écorce. — On voit très nettement, dans (1) Sanio, Vergleich. Untersuch. über den Bau und die Entwickelung des Korkes (Jahrb. f. wiss. Botanik, 11, 1860). (2) Moeller, Anatomie der Baumrinden, Berlin, 1882. 330 H. DOULIOT. l’Antiaris toxicaria, la zone moyenne de l’écorce en voie de destruction pendant le développement du cylindre central. Le périderme enferme la tige dans un anneau dépourvu d’ac- croissement tangentiel, le cylindre central s’accroit sans que le diamètre extérieur de la tige se modifie. L’écorce, située entre un périderme dépourvu d’accroissement tangentiel et un cylindre central dont le diamètre s’accroit, disparaît peu à peu sans subir de compression. Un aplatissement se manifes- terait sur toutes les cellules à la fois; tandis que certaines cellules formant la zone moyenne perdent peu à peu leur tur- gescence, sont dissoutes et dispa- no raissent, servant à la nutrition des tissus qui s’accroissent. Peu à peu, la destruction s'étend à toutes les cel- lules de l'écorce, tandis que le phello- derme se développe, destiné à jouer comme elle le rôle d’un tissu de ré- Fig. 1. Antiaris toxicaria. ue | phone ; à MN Dans l’Antiaris tovicaria (fig. 1), d'une épaisse euticule; l’épiderme à une cuticule peu résis- li., liège dont les cellules {fante, gélifiée; aussi les cellules du ue liège qui se forment au-dessous ont- ph, phelloderme ; ce, elles leurs parois externes et latérales écorce. épaissies très fortement; ces cellules à parois épaisses sont par le fait même peu nombreuses, tandis que le phelloderme (chose rare) à autant d'assises que le hège. PLATANÉES. — Le Platanus occidentalis a été étudié par M. Sanio, le P. orientalis par M. Moeller; dans ces deux plantes, le périderme est sous-épidermique. SALICINÉES. — Dans toutes les espèces du genre Salix, d’après M. Sanio, le périderme est épidermique, tandis que dans le Populus il est sous-épidermique; cette différence est intéressante en ce qu’elle permet de différencier ces deux plantes, quand on ne possède qu’un morceau de jeune tige de l’une d’elles. RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 391 Le Salix capræa se prête très bien à l’étude de l'influence de la lumière sur le développe- ment du liège. Non seulement le ‘ | . GS | ériderme y est plus précoce du : D -AOOË) p JRSeIPAUSID JT {00 côté de la lumière que du côté Y( Û et \ de l'ombre, mais encore il est ‘all “ (LD plus abondant à la fin de la pre- CE . HO mière année (fig. 2), et cette Tanne) | différence est sensible encore ro pendant l’année suivante (fig. 3). ro ’ : 5 Fig. 2. Saliæ capræa.— À gauche: Il ne se développe ps de phel- développement du périderme loderme. Il se forme quatre ou dans l’épiderme de la tige du cinq cloisons centripètes du côté côté éclairé. À droite : absence éclaire tandis qualnes en forme, = de périderme Ce dessin réprés l M sente deux portions diamétrale- que deux de autre. sa GETMIÈTE ment opposées de la même coupe. formée s’épaissit beaucoup, comme la cuticule, et l’année suivante la cellule génératrice prend une nouvelle série de cloisons centripètes plus abon- dantes à la lumière qu'à l'ombre (fig. 3). Enfin les cellules du liège. }£,, du côté éclairé sont plus allongées { © K dans le sens radial que du côté de ( ( { ( l'ombre. | PROTÉACÉES. — « Le périderme F d se forme de bonne heure (Hakea) Fic. 3. ou dans la deuxième période de la pig. 3. sutix capræa. — État végétation (Banksia, Leucaden- du périderme à la fin de la dron), immédiatement, sous l’épi- Seconde année. Le liège plus ; développé à la lumière qu’à derme, et est formé de grandes Ponte :MémerPéniide cellules de liège un peu dissociées que pour la figure précédente, à parois minces ou quelque peu épaissies » (Moeller, p. 119). Ses observations ont porté sur les Leucospermum conocarpum, Leucadendron argenteum , Hakea elliptica, Banksia procera, B. integrifolia. M. Sanio avait déjà étudié l’Hakea florida. Nous avons étudié en outre le Banksia verticillata et le Grevillea robusta : dans 339 H. DOULIOT. toutes ces plantes le périderme est sous-épidermique. Banksia integrifolia. —L'épiderme et l'écorce s’accroissent tangentiellement pendant le développement du cylindre cen- tral. Dans un rameau âgé d’un an, on n’observe aucune des- truction de l’écorce. ÉLéacnées. — Les Elæagnus différent des Hippophae par l’origine du périderme, qui est épidermique chez les premiers, . sous-épidermique chezles autres. [se forme une demi-douzaine de cloisons centripètes pour trois ou quatre centrifuges. Les cellules du phelloderme s’arrondissent ensuite et se confondent avec celles de l'écorce. Notre observation diffère de celle de M. Moeller, qui s'exprime au sujet des Elæagnus en ces termes : «Il se forme au-dessous de l’épiderme environ quatre rangées de cellules de liège à large cavité et à parois minces. » THYMÉLÉAGÉES. — Dans le Daphne Mezereum, le D. Cneorum et le Pimelea elegans, d’après M. Moeller, le périderme est sous-épidermique. ORDRE II APÉTALES INFÉROVARIÉES CupuLIFÈRES. — Nous nous bornons à rappeler que dans le Fagus sylvatica, les Quercus pedunculata, Q. rubra, Q. lusi- Lanica, Q. Tozza, Q. Suber, les Corylus Colurna, C. Avellana, les Castanea vesca, G. vulgaris, l'Ostrya virginica, le Carpinus Betulus, les Betula alba, B. carpinifolia, les Alnus qluti- nosa, À. incana, le périderme est sous-épidermique, et qu’on ne connaît pas dans cette famille de premier périderme situé ailleurs que sous l’épiderme. JUGLANDÉES. — Îl en est de même pour le Juglans regia, le J. alba, le Carya amara, d’après MM. Sanio et Moeller. ARISTOLOCHIACÉES. — Les Aristolochia Clematitis, À. Sipho, A. tomentosa, ont le périderme sous-épidermique. Les cellules du liège assez régulièrement cubiques à parois minces subé- rifiées alternentavec les cellules épidermiques ; le phelloderme RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 333 prend un développement égal à celui du liège; ses cellules ne différent de celles de l'écorce que par la régularité de leur dis- position. L’Asarum europæum manque de périderme, les cel- lules extérieures de l'écorce se subérifient et se détachent, sans qu'il y ait de tissu secondaire qui vienne protéger ou rempla- cer les éléments qui disparaissent. BÉGONIACÉES. — Le Begonia nitida et le B. undulata ont le périderme sous-épidermique. En résumé, dans toutes les Apétales étudiées, sauf dans le genre Sahx, le périderme est sous-épidermique. ORDRE III DIALYPÉTALES SUPÉROVARIÉES RENONCULAGÉES. — D’après M. Morot, dans les diverses Clématites, l'assise génératrice du périderme est sous-jacente aux fibres péricycliques (1). Dans le Thalictrum lucidum, d’après mes observations, le périderme se forme entre l'endoderme et la couche scléreuse du péricycle. L’é- corce continue à croître pen- dant le développement du périderme, en se cloisonnant çà et là dans des directions variées. MAGNOLIACÉES. — Un cas Fig. ket 5. Drimys glauca. — Forma- HR Fe ; tion épidermique du périderme du de périderme épidermique côté éclairé du rameau. nous est offert par le Drimys glauca (fig. 4 et 5) : le liège est plus précoce et plus abon- dant du côté de la lumière que du côté de ombre. L’écorce du Drimys, persistant encore longtemps après l’apparition du liège et présentant des cloisons radiales dans ses ceilules Fig. 4et 5. (1) Morot, Recherches sur le péricycle (Ann. des sc. nat., 6° série, XX, p. 270, 1884). 394 EH. DOULIOTN. allongées tangentiellement, accompagne le cylindre central dans son développement; le phelloderme est peu développé et tardif. Dans le Magnolia conspicua, le périderme est sous-épider- mique. Dans le Kadsura japonica, À se forme du périderme dans les deuxième et troisième assises corticales. MonimiAcÉEs. — M. Samo cite le Calycanthus floridus comme ayant son périderme sous-épidermique; j'ai observé celte plante, ainsi que le Chimonanthus grandiflorus. Sous un épiderme à cellules très petites et très brunes, les cellules de la première assise de l'écorce s’allongent radialement et prennent des cloisons centripèles de liège. L'écorce emprisonnée sous le liège est détruite pendant le développement du cylindre central; la destruction commence dans la zone moyenne au voisinage de l’endoderme. Dans le Peumus Boldus, c’est au-dessous de la zone collen- chymateuse qui double l’épiderme que se forme le périderme. Sa première assise externe est formée de grosses cellules, mais la cellule génératrice, avant de prendre une deuxième cloison tangentielle, s’est cloisonnée radialement, de telle sorte que la deuxième assise de liège a deux fois plus de cellules que la précédente. BERBÉRIDÉES. — Les Podophyllum s’écartent des Mahonia et des Berberis par leur périderme sous-épidermique. On sait en effet, par les recherches de M. Morot (1), que le phello- gène de ces dernières, qui pour M. Moeller est une rangée pro- fonde des cellules de l'écorce sous les fibres corticales, appar- tient réellement au péricvcele. LAURINÉES. — « Le périderme des Laurinées, dans tous les cas observés, se forme après l'écoulement de plusieurs années et prend son origine dans l’épiderme lui-même » (Moeller, p. 103) (Cinnamomum, Laurus, Agathophyllum aromaticum). On s'explique facilement que le périderme de ces plantes soit (1) Morot, loc. cit., p. 271. RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 399 tardif, quand on observe l'épaisseur de leur cuticule, qui est égale ou supérieure à la dimension radiale de la cavité cellu- laire. La lumière, qui développe le liège du côté éclairé, agit de même sur la cuticule de la tige, qui est plus forte à la face supérieure qu'à la face inférieure; M. Dufour (1) a observé le même phénomène pour les feuilles : la subérine qui s’est déve- loppée à lalumière, au lieu de se répartir en lames minces dans des parois tangentielles de cellules de liège, sert à épaissir la membrane externe de l’épiderme ; le bénéfice est le même pour la plante. Dans le Cinnamomum Kiamis, dans le Laurus indica, l'écorce et l’épiderme s’accroissent tangentiellement en même temps que le cylindre central, la tige augmente de diamètre tandis que l'épaisseur de l'écorce reste constante. TiniacéEs.— Dans le Tilia, d'après M. Sanio, et dans toutes les autres sous-tribus des Tiliacées, d’après M. Dumont (2), le périderme est sous-épidermique. MazvacéEs. — D’après M. Dumont, dans le Sida pulchella, l’'Urena, le Malvaviscus et l'Hibiscus, le périderme est épider- mique. Dans les autres Malvacées, il est sous-épidermique. BougacÉEs. — Les Bombacées ont de même, d’après M. Du- mont, le liège sous-épidermique. STERCULIACÉES. — M. Dumont à observé également un périderme sous-épidermique dans les Sterculiacées, même dans le genre Sferculia. M. Moeller cite le Sterculia inops comme ayant un périderme sous-épidermique. J’ai vérifié dans une dizaine de Sterculiacées l’origine sous- épidermique du périderme, mais nulle part dans ces plantes je n'ai pu observer de poches Iysigènes (3). Destruction de l’écorce. — Entre le périderme, qui est super- ficiel, et le cylindre central, l'écorce se détruit peu à peu, sou- (1) Dufour, Influence de la lumière sur la forme et la structure des feuilles (Ann. des sc. nat., T° série, V, 1887). (2) A. Dumont, Recherches sur l'anatomie comparée des Malvacées, Bom- bacées, Tiliacées, Sterculiacées (Ann. des sciences nat., T° série, VI, 1887). (3) Je ne crois pas devoir développer ici ce point de désaccord entre M. Dumont et moi. 336 H. DOULIOT. vent même la destruction commence avant Papparition du périderme. C’est une assise assez voisine de l’endoderme qui perd la première sa turgescence et s'aplatit, de telle sorte que pendant un temps le cylindre central grandit sans que le dia, mètre extérieur de la tige subisse de variation. Nous avons pu observer ce phénomène sur le Sarcopetalum solanaceum, le Theobroma Gacao, le Cola cordifolia, le Butineria herbacea- avant l’apparition du périderme. Ces tiges sont protégées par des poils très nombreux qui retardent l'apparition du liège. TERNSTRŒMIACÉES. — Trois cas sont à considérer : 1° Péri- derme épidermique ; 2° péri- derme sous-épidermique ; 3° périderme péricyclique. 1° Périderme épidermique. Fig. 6. Stachyurus præcox.— Forma- Lee SHaUne perse on épidermique du périderme. (Hg. 6) a un périderme epI- dermique formé de sept ou huit assises de liège tabulaire pour deux de phelloderme; il diffère à ce titre de toutes les autres Ternstræmiaciées que j'ai étudiées, Actinidia, Bonnetia, Ruyschia (fig. 7), Visnea, Camel- lin, Thea et Laplacea. IL diffère notamment de l’Actinidia que MM. Bentham et Hooker classent dans la même tribu. L’écorce et le liège s’accroissent tan- gentiellement et ac- Fig. 7. Ruyschia unes — Formation compagnent le cylindre sous-épidermique du périderme : ép., épi- ; derme à cuticule épaisse et à parois ligni- central dans son déve- fiées; périd., périderme ; éc., écorce. loppement. Dans une tige d’un an, la cuticule ne présente aucun point de rupture, l'écorce aucune zone en voie de destruction. RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 397 2 Périderme sous-épidermique. — L’écorce de la tige du Ruyschia Souroubea, avec ses lacunes aérifères el ses poils internes si bizarres (1), s'accroît en même temps que Île cylindre central, tandis que sous Pépiderme se développe un périderme où le liège et le phelloderme ont tous deux là même étendue (fig. 7); l’écorce s'accroit de même dans les Actinidia Kolomikta, Bonnetia anceps, Visnea Mocaner«. 3° Périderme péricyclique. — Deux plantes de cette famille, le Thea (fig. 8) et le Camellia, présentent un périderme épaissi au-dessous des fibres, d’après M. Vesque (2). Il s’agit ici des fibres péricycliques et non des fibres scléreuses, parfois très ra- mifiées (Ruyschia), que l’on ren- contre souvent dans l’écorce des Ternstræmiacées ; il en est de même dans le Laplacea. L’écorce de ces plantes se comporte tout ne UE , Fig. 8. Thea viridis. — Forma- autrement que celle des précé- FEES Ta ne Sbqe lee dentes, elle se flétrit et s’aplatit fibres péricycliques : ép., épi- en servant à la nourriture des derme; éc., écorce; end., en- tissus qui s’accroissent au-dessous Fe ne 2 DOS OReS RE à | ricycliques; périd., périderme. d'elle; tandis que le périderme qui se développe pousse devant lui les fibres péricycliques à travers l'écorce jusqu’à rencontrer la cuticule. CLUSIACÉES. — Il y a deux cas à distinguer : 1° périderme épidermique ; 2° périderme cortical. 1° Périderme épidermique. — Havetiopsis hippocrateoides, Platonia insignis, Calophyllum (sp.). Toutes ces plantes ont une cuticule extrêmement épaisse, qui protège assez la plante pour retarder beaucoup Pappa- FiG. 8. (1) Je ne les signale que pour prendre date, me proposant d’en faire lobjet d’une note spéciale. (2) Vesque, Mémoire sur l'anatomie comparée de l'écorce (Ann. des sc. nat., 6° série, II, 1875). 1° série, Bor. T. X (Cahier n° 6). 22 338 H. DOULIOT. rition du périderme. Dans le \'anthochymus pictorius (fig. 9), où la cuticule atteint une épaisseur double ou triple de la cavité cellu- laire, je n’ai pu observer de péri- derme ; la subérification, au lieu de porter sur des cloisons successives, a porié sur une même membrane considérablement épaissie. 2° Périderme cortical. — Le péri- Fig. 9. Xantochymus picto derme de certaines d’entre elles pré- rius. — Epiderme pourvu : De d'une cuticule épaisse, pas sente des particularités remarqua- de périderme. bles, surtout celui de l’Haploclathra paniculata (fig. 10). L’épiderme de cette plante est formé de petites cellules pourvues d’une épaisse cuticule. Les cellules sous-jacentes prennent çà et là des cloisons tangentielles sans fournir un périderme régulier; souvent même elles sont lignifiées de très bonne heure sur leur face interne et ne prennent aucun cloi- sonnement ; 1l en est de même pour la seconde et la troisième assise de l'écorce ; mais la quatrième assise de l’écorce allonge fortement ses cellules dans le sens du rayon de la tige et se cloisonne. On voit alors trois cloisons centripètes qui ont isolé trois cellules de liège et cinq cloisons centrifuges qui ont fourni cinq cellules de phelloderme beaucoup plus allongées que les cellules du liège. Un périderme tertiaire prend alors naissance aux dépens de l’assise interne du phelloderme, la première formée. Cette cellule s'accroît encore radialement et prend une demi-douzaine de cloisons centrifuges pour une centripète. Il y a là un périderme tertiaire, dont la cellule externe est fortement épaissie et subérifiée sur les faces laté- rales et externes, tandis que les autres cellules sont épais- sies en U et constituent un phelloderme fortement lignifié. Viennent ensuite les cellules du parenchyme cortical, puis les canaux sécréteurs, d’autres cellules corticales et l’endoderme recouvrant un péricycle scléreux. Malgré lépaisseur considérable de la cuticule, le liège € RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 339 sous-épidermique est précoce et abondant dans le Caraipa terehicaulis (fig. 11); plu- sieurs assises de liège durcis- sent fortement au milieu du liège mou. Le phelloderme ne possède qu'une ou deux assises, mais il est fortement épaissi en U etlignifié comme beaucoup de cellules corti- cales. Mêmes phénomènes dans le Marila racemosa. Les Tovomita Guyanen- sis, Pilosperma caudatu, Œdematopus octandrus, Quiina tinifolia ont un petit nombre d’assises de liège ; mais l’une d’elles, générale - ment la seconde, à sa cloison tangentielle (fig. 12) si forte- ment épaissie qu’elle sup- plée à un nombre considé- rable d'assises subéreuses. Dans le Tovomita quyanen- sis, l’épiderme est lignifié; dans le Pilosperma cauda- tum, 1l est gélifié et exfolié : toutes ces plantes ont le phelloderme lignifié. Dans le Mesua pedunculata (fig. 13), on observe un péri- derme assez abondant avec liège normalement subérifié et quelques rares cellules de phelloderme lignifié. Dans le Xielmeyera tomen- — Fig. 10. Haploclathra paniculata. — On voit sous l’épiderme (ép.) les pre- mière, seconde et troisième assises de lécorce présenter des cloisonne- 340 H. DOULIOT. ments tangentiels. Çà et là quelques cellules dont la paroi externe est en cellulose, tandis que les autres présentent un épaississement lignifié en U. Puis viennent deux ou trois assises de liège centripète; puis un phelloderme cellulosique dont les cellules molles allongées radialement se séparent les unes des autres sans s’arrondir en restant unies par leurs parois langentielles. La première assise de ce phelloderme à pris ultérieurement cinq cloisons centrifuges pour former un périderme tertiaire dont les cinq assises phello- dermiques se lignifient, tandis que son assise externe est fortement épaissie et subérifiée à la façon d’un épiderme. Plus bas, l'écorce avec un canal sécré- teur et des cellules épaissies en U, enfin l’endoderme et les fibres péricy- cliques. Fig. 11. Caraipa tlereticaulis. — ép., épiderme pourvu d’une cuticule irré- gulièrement épaissie ; {m., liège mou; {d., liège dur lignifié; ph., phello- derme épaissi en U; éc., écorce avec un canal sécréteur. Fr6. 12. Fig. 12. Tovomila guyanensis. — ép., épiderme pourvu d’une cuticule ligni- fiée; les membranes autres que la membrane externe sont en cellulose pure; li., liège : la deuxième assise de liège a une membrane externe extrêmement épaisse; ph., phelloderme. RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 341 losa, au contraire, le périderme comprend un grand nombre d'assises de liège mou, sans aucune subérification et sans lignification dans le phelloderme réduit à une seule assise. Le Mahurea palustris, plante aquatique, manque naturelle- ment de périderme; je ne lai du moins pas observé dans des tiges adultes. Pendant le développement en diamètre du cylindre cen- tral, l'écorce subit un accroissement tangentiel et ses cellules prennent des cloisons ra- diales et s’'allongent perpen- dicularement au rayon; mais, lorsque le liège à acquis un certain développement et qu'il possède une douzaine d'assises, l’épiderme et les UT RS . PARIRRES RARE formées et dE ne un si sont mortes et ne sont plus où l’épiderme (ép.) et le liège ancien susceptibles de s’accroitre et sont fendus. de se cloisonner; il se fait alors dans le liège et l’épiderme une fente longitudinale, au- dessous de la fente, l’assise génératrice s’accroit plus qu'ail- leurs et a un cloisonnement centripète plus rapide, de telle sorte que les deux lèvres de la fente s’écartent l’une de autre pendant qu’une bosse se forme au-dessous d’elle. On peut observer ce phénomène dans le Mesua pedunculata (fig. 13) le Quiina tinifolia, etc. Fi. 13. DiILLÉNIAGÉES. — Deux cas sont à considérer : 1° péri- derme sous-épidermique ; 2 périderme péricyelique. 1° Périderme sous-épiudermique. — Dans le Dillenia spe- ciosu, l’assise sous-épidermique prend quelques eloisons tan- gentielles et ne se subérifie pas; l’assise sous-jacente se cloi- sonne davantage et fournit le vrai périderme avec trois assises de liège et deux de phelloderme. La subérification s'étend à toutes les assises du périderme, y compris le phelloderme, puis une assise plus profonde de l’écorce se cloisonne à son tour. 342 H. DOULIOT. 2% Periderme péricyclique. — Dans l'Hibbertia volubilis, le périderme se forme sous les fibres à larges parois du péri- cycle en dehors des tubes criblés. Les assises de liège sont alternativement allongées ou plates, les premières molles, les secondes plus dures. OcHNACÉES. — Périderme épidermique. Dans lPOchna atropurpureum, le périderme est épider- mique, il ne possède que du liège sans phelloderme. Les assises externes, mortes de bonne heure, se fendent paral- lèlement à l’axe de la tige, sous la poussée des assises internes qui s’accroissent longitudinalement comme l'écorce, en même temps que le diamètre du cylindre central augmente. DIPTÉROGARPÉES. — Trois cas sont à considérer : 1° péri- derme épidermique ; 2° périderme sous-épidermique ; 3° péri- derme péricyclique. 1° Périderme épidermique. — Le Dryobalanops Camphora a un périderme épidermique très dé- veloppé sous une cuticule épaisse, il en est de même du Dipterocarpus nobilis. Dans le Dryobulanops Camphora, l'écorce ayant un accroissement tan- gentiel, le liège ancien se fend lon- gitudinalement suivant des lignes de moindre résistance. 2° Périderme sous-épidermique. — Ce fait se présente dans le Lophira Er ne ee alata avec accroissement de l'écorce. Fig. 14. Ancistrocladus stel- er . r ES He. -_ La différence d’origine du périderme ligerus. — ép., épiderme; éc., écorce; end., endo- S ajoute donc aux autres caractères derme; li., liège, une seule connus pour séparer ce genre des Di- ASSISE à membrane externe ptérocarpées. épaisse; ph., phelloderme ; dope Pts : A IL 3° Périderme péricyclique. — Dans l’Ancistrocladus, la formation du pé- riderme est péricyclique. Considérons, par exemple, l'Ancis- trocladus stelligerus (fig. 14), l'écorce possède une dizaine RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 343 d’assises eutre l’épiderme mince et lendoderme légèrement épaissi vers l'extérieur ; le péricycle montre çà et là des cellules seléreuses fortement épaissies, tandis que son assise la plus voisine de l’endoderme devient génératrice de périderme. Le cloisonnement centrifuge est plus rapide que le cloisonnement centripète et lon peut compter quatre ou cinq assises de phelloderme alors qu'il n’y en à qu’une ou deux de liège. M. Van Tieghem (1), trompé par des formations locales de liège de cicatrisation, s'exprime en d’autres termes au sujet du périderme des Ancistrocladus, qu’il considère comme cor- tical ; ce périderme nous semble, au contraire, comparable à celui de plusieurs Hypéricacées (Hypericum, Ascyrum, Éliæa) (voy. p. 345). Toutefois les conclusions de M. Van Tieghem ne me paraissent aucunement ébranlées par ce fait; au contraire, la séparation entre l’Ancistrocladus et les autres Diptérocar- pées n’en est que plus tranchée. EUPHORBIACÉES. — Le périderme y est sous-épidermique. M. Moeller l’a observé précoce dans l’'Hura crepitans et VH. brasiliensis, le Jatropha Curcas, plus tardif dans le Manihot carthagenensis, très tardif dans le Buxus, où 1l n'apparait qu'après plusieurs années sous un épiderme pourvu d’une cuticule très épaisse. Il en est de même dans l’Acalypha alopecuroides et le Phyl- lanthus nivosus. BIXACÉES. — Périderme sous-épidermique : le Cinnamo- dendron et le Canella sont remarquables par leur phelloderme fortement épaissi sur la face interne des cellules (Moeller). II en est de même dans le Kiggelaria africana, où le liège est précoce et abondant et où le phelloderme a deux ou trois assises, de même dans l’Azara Gillesti, où les cellules du liège sont longues. HYPÉRICAGÉES.— « Dans les Hypéricacées, dit M. Vesque (2), (1) Van Tieghem, Recherches sur les canaux sécreteurs des plantes (Ann. des sc. nat., 7° série, 1, 1885). (2) J. Vesque, Mémoire sur l'anatomie de l'écorce (Ann. des sc. nat., Bot., 6e série, t. Il, 1875). 34/4 MH. DOULIOT. il y à une différence assez significative entre les Hypericum, avec leur périderme au-dessous de l’épiderme, et l'Ancistro- lobus pulchellus, qui possède, au-dessous des fibres libériennes primaires, un périderme à cloisons internes épaissies, comme dans les Ternstræmiacées, etc. » Je dois dire que je n'ai trouvé aucune différence entre l’origine du périderme chez les Hypericum et les Ancistrolo- bus. Est-ce que l’exfoliation précoce de lécorce du Milleper- tuis, jusqu’à l’endoderme exclusivement, a mduit M. Vesque en erreur au point de lui faire prendre l’endoderme pour un épiderme”? Je ne sais; toujours est-il que M. Morot (1) s'exprime, au sujet du périderme des Hypericum, dans les termes suivants, qui sont fort justes : « Chez les Hypericuin, où le péricycle comprend plusieurs assises de parenchyme, le liège se forme dans l’assise sous-endodermique restée inco- lore, tandis que les autres se chargeaient de chlorophylle. » Au sujet des autres Hypéricacées, nous ne pouvons que citer M. Van Tieghem : « Le péricycle (des Hypéricacées) est quelquefois tout entier parenchymateux, comme dans les Millepertuis, il donne alors le liège par son assise externe (Tridesmis, Ascyrum) ; mais, le plus souvent, la plante devenant ligneuse, le péricyele se sclérifie dans sa zone externe, à partir de l’endoderme, et constitue un anneau fibreux presque continu, en dedans duquel subsistent un ou deux rangs de cellules pourvues de chlorophylle. C’est dans cette zone interne du péricyele que le liège prend naissance, en exfoliant non seulement l’écorce, mais encore l'anneau fibreux (Ancistrolobus, Cratoxylon, Elica, Haronga, Psorospermum, Endodesmia). » On peut donc dire d’une manière générale que, dans Îles neuf genres d’Hypéricacées vraies appartenant aux deux tribus des Hypéricées et des Vismiées, le périderme est péricyclique. Or on joint parfois à ces deux tribus une troisième tribu (1) L. Morot, Recherches sur le péricycle (Ann. des sc. nat., Bot., 6° série, . XX, 1884). RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 349 formée par le seul genre Frankema, dont MM. Bentham et Hooker font une famille à part. Les Frankenia diffèrent des Hypéricacées vraies, notamment par les deux verticilles alternes d’étamines, toutes simples et fertiles, et leurs graines munies d’un albumen amylacé. Ils en diffèrent encore par l’origine de leur périderme, qui n’est pas péricyclique, mais bien sous-épidermique, et par l’absence de canaux sécréteurs. La morphologie interne se trouvant ici d'accord avec la mor- phologie externe, nous sommes portés à écarter les Franké- miées des Hypéricacées, et à ne pas rompre l’homogénéité de cette famille en y conservant un genre qui en diffère par trois caractères importants. L'étude du développement du liège des Hypéricacées est intéressante à un autre litre: en vérifiant sur l’Hypericum caly- cinum les observations de M. Van Tieghem et de M. Morot, j'ai observé, dans le liège de cette plante, la formation d’une assise plissée au milieu du liège mou, phénomène observé jadis par M. Sanio (1) sur un Melaleuca, et qui est fréquent chez les Rosacées, les Œnothérées et les Myrtacées. Le liège des tiges souterraines de PHypericum à beaucoup de ressem- blance avec celui des tiges souterraines des (Œnothérées : sous un endoderme pourvu de plissements, à cellules plus grandes que celles du péricycle, le périderme se forme par quatre ou cinq cloisons centripètes, détachant trois ou quatre assises de liège mou, dont les éléments se dissocient et se séparent les uns des autres avec méats quadrangulaires, plus une qua- trième ou cinquième assise de liège qui ne dissocie pas ses cellules ; bien au contraire, on voit apparaitre sur les mem- branes radiales un plissement lignifié qui se colore fortement par le vert d'iode, tandis que toutes les autres membranes du liège se colorent en rose par le carmin boraté. L’écorce n’est encore attaquée ni exfoliée en aucun point, que le périderme a déjà une demi-douzaine d'assises de cellules. Dans le Cratoæylon coccineum, le périderme possède des (1) Sanio, loc. cit. 346 H. DOULIOT. assises plissées et des assises de liège dur avec épassissement des cellules en forme d’'U, l'ouverture dirigée vers l’intérieur. Cette forme d’épaississement, comme on sait, se rencontre aussi souvent dans des cellules d’endoderme. Dans l'Elicea articulatu, le hège est formé d’une alternance régulière d'assises subéreuses non épaissies et d'assises épais- sies en U et lignifiées; ces dernières, avant de s’épaissir, présentent, sur leurs faces radiales, des plissements échelon- nés. Les mêmes épaississements en U se retrouvent dans le Tri- desmis Billardieri. L’alternance d'assises plissées et d'assises de liège mou non subérifié est très nette dans l’Ascyrum Crux- Andreæ. Le phénomène est le même dans le Vismia cayennen- sis que dans l’Eliea articulala, avec cette différence que les assises du liège dur s’épaississent sur toute leur périphérie, Ces exemples sont assez variés pour que nous puissions penser que le phénomène est général chez les Hypéricacées. Quant au Frankenia lævis, avec son périderme sous-épider- mique, 1l n'offre rien d’analogue. TAMARISCINÉES. — Dans le Tamarixgallica, d’après M. Moel- ler, le périderme est sous-épidermique. CAPPARIDÉES. — D’après M. Moeller, chez le Capparis fron- dosa, & la sclérose de l’écorce primaire est déjà fort avancée quand on arrive à la formation du périderme. L’épiderme cuticularisé, assez résistant, n’en est pas le méristème initial, mais c’est par endroits l’assise de cellules qui lui est immé- diatement sous-jacente, plus fréquemment une assise plus profonde de lécorce, mème celle qui est à l’intérieur de l'anneau de sclérenchyme externe. Le périderme n’apparait pas simultanément tout autour du rameau, et à peine s’est-1l formé, qu'une seconde couche de liège se forme juste à l’exté- rieur de la zone des faisceaux primaires et exfolie la majeure partie de l’écorce primaire dès la seconde année. » LiNACÉESs. — D’après M. Moeller, dans l'£rythroxylon Coca, le périderme est sous-épidermique, analogue à celui des Mal- pighiacées. CRASSULAGÉES. — Les Cotyledon orbicularis, Rochea cocci- RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 347 nea, Sedum oxypetalum ont le périderme épidermique. Les Tillæa et Bulliardia, qui sont annuels, n’ont pas de péri- derme. Les Sempervivum et les Crassula ont le périderme situé sous l’épiderme. La formation du périderme est absolu- ment masquée par le liège de cicatrisation de la chute des feuilles dans les tiges à entre-nœuds courts; elle ne présente aucune particularité intéressante. CARYOPHYLLÉES. — Dans la plupart des Caryophyllées, le périderme se forme normalement sous le péricyele seléreux, dans les Dianthus, Silene, Lychnis, Saponaria, Cerastium, Sagina, Stellaria, Honckney«. Toutefois, les Spergularia forment leur périderme dans Passise externe de l'écorce (1). ZYGOPHYLLÉES. — « Dans les entre-nœuds les plus âgés d’une tige d’un an de Guaïacum, l’épiderme joue le rôle de phello- gène et forme quelques assises de cellules à parois minces, dont les plus externes se selérifient bientôt » (Moeller, p. 332). Le liège observé par M. Moeller, liège tardif dans une plante à cuticule très épaisse, est remplacé parfois par un liège sous- épidermique, comme dans le Guaiacum officinale que j'ai observé; le liège est également sous-épidermique dans le Porlieria hygrometrica; mais il acquiert, dans cette dernière plante, une épaisseur considérable et lignifie ses parois dans une demi-douzaine d'assises, ce qui compense la faible épais- seur de la cuticule. RuracÉéEs. — Les Rutacées ont généralement une cuticule épaisse qui retarde l’apparition du liège : dans le Citrus, par exemple, le périderme n'apparait qu'après plusieurs années et se forme sous l’épiderme, de même dans les Trichilia, les Guarea, Garapa, Cedrela; 11 en est de même encore dans l'Amyris balsanifera, le Toddalia aculeatu, le Ptelea trifoliata, le Zanthoxylum fraxineum, d'après M. Moeller. (1) J. Costantin, Étude comparée des tiges aériennes et des tiges souter- raines de Dicotylédones (Ann. des sc. nat., Bot., 6° série, & XV, 1883). — P. Vuillemin, Sur le péricycle des Caryophyllées (Bullet. de la Soc. de bot. de France, t. XXXII, 1885, p. 275). 348 H. DOULIOT. Chez le Pilocarpus pinnatifolius et l'Ériostemon cuspida- tum, le périderme est épidermique. La destruetion de l'écorce, dans le Citrus Aurantium, pré- cède la formation du périderme et débute dans une assise moyenne, dont les cellules sont peu à peu aplaties, puis com- plètement résorbées, la zone externe de l'écorce est partfaite- ment vivante; c’est d’ailleurs sous lépiderme que le péri- derme se formera ultérieurement. SIMARUBACÉES. — Dans les Simarubacées étudiées jusqu’à ce jour, notamment par M. Moeller (Simaruba, Ailantus), le périderme est sous-épidermique, il en est de même dans le Brucea ferruginea. ANACARDIACÉES. — La formation du périderme n’a été observée que dans quelques espèces du genre Rhus, elle est sous-épidermique (Moeller). Il en est de même, d’après mes observations, dans le genre Tupiria (sp.?), et dans le Pistacia Terebinthus, où les cellules du liège ont un grand développe- ment radial. SAPINDACÉES. — L’Acer Negundo diffère des autres Acer (Acer campestre, platanoides, pseudo-platanus) en ce que son périderme tardif a son origine non dans l’assise externe de l'écorce, mais plus profondément (Moeller) ; à ce titre seul, l’Acer Negundo mérite de former un genre à part. Le Sapindus et le Kælreuteria, dit M. Moeller, forment leur périderme aux dépens de l’assise externe de D A l'écorce primaire, le Serjania aux lata. — ép., épiderme; ü., dépens d’une assise plus profonde liège; phello., phellogène (exemples : Serjama cuspidata, Sa- re A : Ris pindus Saponaria, Kælreuteria pani- desre culata) (tig. 15). Il en est de même dans lÆsculus Hippocastanum, d’'a- près M. Sanio, dans l’Æsculus macrostachys et l'Æsculus Pawa, d'après M. Moeller. RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 349 Acer oblongum. — On peut observer sur cette plante l'influence de la lumière sur le développement du périderme. Une bande de liège règne sur les plus jeunes entre-nœuds du { Ci NA JNSE oùC ge: se OÙ | F16. 16. | * FIG. 17 Fig. 16. Acer oblongum. — Dé- veloppement sous-épidermique Fig. 17. Virgilia lutea. — Dé- du périderme abondant du côté veloppement du périderme éclairé, nul de l’autre côté du épidermique, abondant du côté même rameau. éclairé, nul de l’autre. A côté éclairé par le soleil, tandis que la face opposée en est complètement dépourvue (fig. 16). LÉGUMINEUSES. — Il y à cinq cas à considérer dans le péri- derme des Légumineuses : il peut être épidermique, sous- épidermique, cortical, endodermique, péricyclique. 1° cas. Périderme épidermique. — Un cas très net de périderme épider- mique nous est fourni par le Vérgilia lutea, où l’on peut observer en outre l'influence de la lumière (fig. 17); quelques assises de phelloderme se forment en même temps que les assises plus nombreuses de liège; de même tes pour le Myroxylon Pereira (fig. 18). N8- 18. Myroxylon Perei- : : ra. — Périderme épider- La formation de liège est plus tardive iqne. et plus irrégulière dans le Sarotham- nus scoparius, qui à une cuticule très épaisse; on voit aussi des cloisonnements tangentiels dans l’épiderme à cuticule épaisse de l’Ulex europœus. 350 H. DOULIOT. 9e cas. Périderme sous-épidermique. — Ge cas est très fré- quent : on le rencontre dans l’'Hymencæa Courbaril, le Copai- fera Langdolfii, le Dal- berqia stipulaceu, l'Inga biglandulosa (fig. 19), le Pterocar- pus marsupium, le AE Geoffræa inermis (fig. ES 20), l’'Albizzia ebur- nea, V'Acacia longifo- i jglandulosa. — Périderme sous- : . . Fig; 197 ago fiplenduosers à dt, V'Indigoferu tinc- épidermique avec phelloderme à cellules ligni- À ' Ô ns fiées. toria, le Cercis Sili- quastrum. Dans l’'Hymenæa Courbaril, où le hège a des cellules plates, nombreuses, à parois minces, accompagnées de quelques assises de phelloderme, la résorption de l'écorce commence dans une région moyenne assez voisine de l’endoderme au- dessous des canaux sécréteurs; dans l’Inga biglandulosa, les cellules de la zone externe et l'écorce semblent résister à la destruction en se cloi- sonnant non seule- ment dans le sens tangentiel pour suivre le développement du cylindre central, mais encore dans le sens F1G. 20. Q Ê] | nee radial ; à ce moment, Fig. 20. Geoffræa inermis. — Périderme sous- le oremiermhelooène épidermique. e premier phneogene est lignifié comme le phelloderme et cesse de fonctionner comme assise génératrice. 3° cas. Périderme cortical. — Dans beaucoup de Légumi- neuses, le périderme se forme dans l’écorce. Nous empruntons à M. Moeller les exemples suivants : Cytisus Laburnum (fig. 21), la deuxième, troisième ou quatrième assise de l'écorce pri- RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. Do maire devient un phellogène ; Amorpha fruticosa, le phellogène est la deuxième ou la troisième assise de l'écorce; Robinia pseudo-acacia, la qua- trième, la cinquième ou la sixième assise de l'écorce devient de bonne heure un phel- logène ; Sophora ja- poñica, même phéno- mène de la deuxième 0. se poid è Fig. 21. Cytisus Laburnum. — Formation du périderme dans la deuxième assise de l’écorce. à la cinquième; Cercis Suliquastrum, de la deuxième à la qua- trième ; (Gleditschia monosperma, G. triacanthos , de même de la deuxième à la troisième. Dans les Mimosées, l’origine du périderme est aussi variable; dans le Cu- lycandra, elle varie de la deuxième à la quatrième assise de l'écorce. À ces exemples de formation irrégulière du périderme dans l'écorce, je puis en ajouter d’autres. Dans lOnonisrotun- difolia, l'Onobrychis petræa (fig. 22 et 23), le Medicago sativa, l'Hippocrepis comosu, l’'Orobus tuberosus, Le Lathyrus … grandiflo- Fig. 22. Onobrychis petræa. — Formation irrégulière du périderme dans l'écorce. rus, c’est rarement l’endoderme qui présente les premiers cloisonnements tangentiels du périderme. Souvent même ce sont des cellules du milieu de l'écorce. Les cloisonnements 392 H. DOULIOT. sont même irréguliers, obliques, surtout dans le phelloderme dont les éléments s’arrondissent et se dissocient. Les faisceaux foliaires écartés du centre de la tige ont leur endoderme propre; le périderme qui se forme en dehors d’eux se fait aux dépens de leur endoderme {côté externe); mais, à droite et à gauche ce sont des cellules quelconques de lécorce qui sont génératrices du périderme. Parfois, c’est une assise voisine de l’épiderme qui fournit le périderme, notamment dans les tiges aériennes de Coronilla et d'Onobrychis, tandis que dans les tiges souterraines de ces mêmes plantes, le périderme se forme plus pro- fondément dans l'écorce. Dans le Geof- fræa inermis, l'écorce soulève ic. 25. çà et là lépi- Fig. 23. Onobrychis petræa. — Comme dans la figure derme en émer- précédente. gences qui por- tent des poils ; en ces points, ce n’est pas l’assise sous-épidermique qui se cloisonne, mais une assise plus profonde, située sur le pro- longement de celle-ci. Dans le Bauhinia racemosa, le péri- derme ne se forme pas régulièrement sur toute la périphérie de la tige; nul en certains points, 1l est très épais en d’autres et quelquefois mème plusieurs assises corticales prennent part à sa formation simultanément. Aucune autre famille ne m'a présenté autant d'irrégularité dans le lieu de formation du périderme. Cependant il est des exemples pour lesquels cette formation est nettement endo- dermique. 4° cas. Périderme endodermique. — M. Costantin l’a observé dans les tiges souterraines du Lotus corniculatus, du Cicer arietinum, du Galega orientalis, du Trifolium alpestre ; et ses RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 399 expériences ont montré que le périderme se développe beau- coup plus rapidement et plus tôt dans les tiges souterraines que dans les tiges aériennes des mêmes plantes. Jai, en effet, constaté que dans ces mêmes plantes le phelloderme prenait un développement bien plus considérable dans les rameaux souterrains que dans les rameaux aériens, et de plus que le liège peu développé en épaisseur souvent ne se subérifiail pas. J’insiste sur ce fait, qui me porte à croire que les causes physiques qui détermi- nent une abondante for- mation de périderme sous terre ne sont pas les mêmes que celles qui agissentsur le côtééclairé d’un rameau. Le liège qui se développe à la lumière est toujours for- tement subérifié, quel- quefois même lignifié ; le liège souterrain est en cellulose, parfois plissé. 5° cas. Périderme pé- ricyclique. — Dans un nombre relativement pe- tit de Légumineuses, le périderme est nettement péricyclique. Le Caragana arborescens, cité par M. Sanio, est dans ce cas, ainsi que le Colutea et le Soja (fig. 24). Il y a deux zones à con- sidérer dans le péricycle de ces plantes : une zone externe fibreuse et une zone interne parenchymateuse. C’est l’assise de cellules en contact intérieurement avec les fibres qui allonge radialement ses cellules et les cloisonne tangentielle- ment pour fournir un liège subéreux et un phelloderme amy- lacé abondants. Dans le Coluteu, le hège est formé de cellules plates, mortes de bonne heure et très abondantes; dans le Soja, les éléments sont à peu près isodiamétriques. RosacÉées. — Trois cas sont à considérer : 1° périderme 7 série, Bot. T. X (Cahier n° 6). 23 Fig. 24. Soja hispida. — Formation du périderme sous les fibres péricycliques. 394 H. DOULIOT. épidermique; 2 périderme sous-épidermique; 3° périderme péricyclique. 1° Périderme épulermique. — D'après M. Samo, le périderme est épidermique dans le Cydoma, le Mespilus, V Amelanchier, le Cotoneaster (1), le Pirus, le Malus, le Sorbus. On peut constater dans maint exemple que ce périderme est plus déve- loppé du côté de la lumière que du côté de l’ombre. 2 Périderme sous-épidermique. — M. Sanio cite comme exemple de cette formation les Prunus (fig. 26); nous devons y ajouter d’autres exemples empruntés à plusieurs tribus de la + LU) U ë où PL | 0 LT | J a) (@) À 1 ou JO ONU Po QU EN OF LA ns F1G. 96. Fig. 25. Cotoneaster Welleri. — A Formation sous-épidermique du ie on ie ne 6 , ta Périderme abondant du côté péridenne, nlus sAfrelonpé sou éclairé du rameau, nul de côté éclairé du rameau que de labre À l’autre côté. famille des Rosacées. Parmi les Chrysobalanées, le Couepia ovalifolia, le Licania incana, le Moquilea floribunda, sont dans le même cas; parmi les Quillajées, le Quellaja saponaria; parmi les Pomacées, le Photinia serrulatu et le Cotoneaster Welleri (fig. 25) (ce qui infirme la valeur du périderme comme caractère de tribu) ; parmi les Amygdalées, lAmygdalus nana, le Prunus spinosa (fig. 26). 3 Periderme péricyclique. — Dans la majorité des autres plantes de la famille des Rosacées, le périderme est d’origine (1) Dans le Cotoneaster observé par nous, le périderme est sous-épider- mique (fig. 25). RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 399 péricyclique. J'ai observé cette formation dans les Spiréées (Spirea Ulmaria,S. Filipendula, S. hypericifolia, S. flexuose, Neviusa alabamensis) ; les Fragariées (Geum rivale. G. urba- num, Fragaria vesca, F.elatior, F.collina, Comarun'palustre, Potentilla reptans, P. supina, P. Tormentilla); les Potériées (Poterium Sanguisorba, Acæna macrophylla, Sanquisorba officinalis, Alchemilla vulgaris, Goluria geoides, Agrimonia Eupatoria); les Rosées (Rosa pyrenaica, KR. alpina) et les Rubées. Spiréées. — M. Sanio place l’origine du périderme du Spiræu opulifolia dans l'écorce secondaire; dans tous les cas de ce genre, cités par M. Samio, 1l s’agit du péricycle mélangé ou non de fibres, mais toujours en dehors des tubes criblés; nous l'avons vérifié une fois de plus dans une demi-douzaine de Spi- A OS S C2 . à TES QT, > NS = réées. Dans le Spiræa hyperici- LIL =E cd folia (Hg. 27), le péricycle a une QD zone externe parenchymateuse Fic.27. et une zone interne scléreuse : pig. 27. Spiræa hypericifotia. — chose rare, puisque, dans la ma- Origine péricyclique du péri- jorité des cas où le péricycle est ON Serre ce sons de ; écorce ;end.,endoderme ; périd. différencié, la zone scléreuse érierme. ; touche l’endoderme. C’est en dehors des cellules seléreuses du péricyele, contre l’endoderme, que le périderme prend naissance. [ne se forme pas de phelloderme, mais toutes les cellules de liège formées ne se comportent pas de la même manière: la plus externe épaissit fortement sa membrane externe, comme le ferait un épiderme pourvu d’une forte cuticule; la seconde conserve des parois minces; la troisième prend des plissements éche- lonnés sur ses parois radiales et se subérifie; en dedans de cette assise est le phellogène qui ne prend que peu de cloisons centrifuges. Dans cette plante, l’endoderme n’est pas exfolié 306 H. DOULIOT. par le périderme, il prend des cloisons radiales et l’accom- pagne dans son développement; lécorce séparée de lui se détache en un seul morceau, laissant au-dessous d’elle une surface parfaitement lisse; on se croirait en présence d’une tige dans laquelle le périderme est sous-épidermique. Mêmes phénomènes dans le Spiræa flexuosa, dans le Spiræa ulmifolia, et d’une manière générale dans les tiges aériennes des plantes ligneuses de cette tribu. Dans les tiges aériennes annuelles des Spirea Ulmaria et Filipendula, le péricyele est entièrement scléreux, 1l ne se forme pas de périderme; dans le rhizome, au contraire, 1l se forme un périderme abondant. Ce fait Wa pas échappé à M. Costantin; mais, porté à croire que le liège des Rosacées se dévelop- pait dans l’endoderme par l’é- tude qu'il avait faite de la Ronce (voy. plus loin, p. 358), il crut que le même phénomène se présentait chez les autres plantes de la même famille ; son erreur était d'autant plus facile que des plissements ana- logues à ceux de l’endoderme | se montrent dans la dernière Fig. 28. Poterium Sanguisorba. — Ê Be ; end., endoderme; as. pl., assise assise de liège formée. plissée du périderme. M. Costantin signale aussi, dans le rhizome du Spiræa Fili- pendula, la présence parmi les assises de liège de deux assises particulières contenant un sue rougeâtre; ce sont précisément celles qui se sont subérifiées en prenant l’aspect d’un endo- derme, tandis que les autres assises se subérifient beaucoup plus tardivement. Potériées. — Poterium Sanguisorba, Sanquisorba offici- nalis, Alchemilla vulgaris, Agrimonia Eupatoria. Dans le rhizome du Poterium Sanguisorba (fig. 28), les assises à plissements sont séparées par trois assises de liège mou : la première des deux est l’endoderme; l’autre appartient au Fic. 28. RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 397 périderme. Le phelloderme, toujours moins abondant que le liège, manque totalement en certains endroits. Le Sangui- sorba officinalis, qui diffère à d’autres titres du Poteriwm, lui ressemble beaucoup par son périderme; il en est de même de l’Alchemilla vulgaris et de l’'Agrimonia Eupatoria. Dans toutes ces plantes, l'endoderme se subérifie fortement et le liègeresteen cellulose pure, sauf pour les assises à plissements. Fragariées. — Dans les Fra- garia, l'écorce interne, très net- tement radiée et terminée par un endoderme à plissements subérifiés, ressemble au péri- Fic. 29. Fig. 29. Fragaria vesca. — Péri- derme péricyclique avec assise derme sous-jacent; on peut ce- plissée. pendant les discerner aux dis- cordances des séries rayonnantes. Dans les Fragaria, les plissements de l’endoderme manquent parfois, mais l’on reconnait que les plissements (observés) appartiennent au périderme en ce qu’ils sont, non sur la plus jeune cellule d’une série, mais sur la précédente (fig. 29). Dans les Potentilla, Vendoderme est très net, l'écorce interne n’est pas sériée et la dernière assise de liège formée porte seule les plissements. Dans le Comarum (fig. 30), au con- traire, plusieurs assises de liège sont plissées dans une tige qui est assez jeune pour n'avoir pas perdu son écorce. Fig. 30. Comarum palus- tre. — 6co., écorce ; endo., endoderme; pé- rid., périderme avec deux assises plissées et méats quadrangulaires. 398 H. DOULIOT. Rosées. — Dans la tige aérienne, le périderme des Rosa est très Lardif et d’origine épidermique (Moëeller). Dans la tige souterraine, au contraire, il se développe dès la première année et se forme dans le péricyele ; celui-ci a une seule assise de cellules en dehors des fibres; 1l prend quelques cloisons radiaies et plisse l’avant-dernière cellule de chaque série rayounante. On voit donc par là que, dans les tiges souter- raines, le périderme peut avoir un siège différent de celui qu'il occupe dans les tiges aériennes de la même plante. Rubées, — Contrairement à ce que j'avais publié en dé- cembre 1887 (1), le périderme des Rubus ne diffère en rien de celui des Spiréées, Fragariées, etc. L’endoderme des tiges aériennes des Rubus est dépourvu de plissements, mais c’est la seule assise de lPécorce qui possède des cristaux d’oxalate de chaux de forme rhomboïdale. L’assise qui lui est immédia- tement sous-jacente est une assise de péricycle mou extérieur à une couche de péricycle scléreux continu. Cette assise de péricycle mou s'accroît radialement et se cloisonne tangen- tiellement en direction centripète; dès qu’elle a trois assises de cellules, celle du milieu prend des plissements. La cellule sénératrice, qui est la plus profonde de la série radiale, se cloisonne encore et fournit alternativement une assise de cellules plissées et une assise de cellules molles; la dernière assise formée est plissée, l’interne est l’assise génératrice ; il n'y à pas de phelloderme. Dans le courant d’une année, il se forme ainsi une douzaine d'assises de liège ; les assises plissées se subérifient fortement, les autres restent molles. Il n’y a pas toujours alternance régulière dans ces assises : les molles sont plus nombreuses que les autres. L'apparition très pré- coce des plissements sur la deuxième assise de liège formée peut faire croire que l’assise eloisonnée est l’endoderme. Mais, d’une part, lendoderme des Rubus n’est pas plissé et, d’autre part, nous avons vu maintes fois les plissements endoder- miques disparaitre quand il recommence à croître. (1) Bulletin de la Société botanique de France. RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 399 Les Rubus (R. cœæsius, idæus, fruticosus) différent done moins qu’on ne pourrait le croire des Fragariées et des Rosées : du moins leur structure ne les en sépare-t-elle pas. On voit, d’après tout ce qui précède, que des liens étroits unissent entre elles toutes ces tribus de la famille des Rosa- cées. C’est un argument de plus pour réunir, comme on le fait toujours maintenant, l’ancienne famille des Sanguisorbées à la famille des Rosacées, où elle forme avec l’Aigremoine la tribu des Potériées. CÉLASTRACGÉES. — 1° Poriderme épidermique. — Dans l’Evo- nyinus, l’épiderme est phellogène (Moeller). Exemples : £vo- nymus obovatus, E. verruco- sus, E. latifolius. Ps cn . ne e en 2 Périderme sous-cpider- I OL Ra d . & mique. — Dans le Celastrus NL 111) L] re ne Leo ee Ü scandens, le périderme, avec CPC OGC sue Î : ) ses cellules de liège forte- ) J0C etes , - FREE TK )/ S ; ment épaissies et sclérifiées AB - Ro L. Ad e Cn du côté interne, dérive de pra l’assise sous-épidermique . . din: Moell Fig. 31. Piltosporum Tobira. — Péri ( 0€ er). derme sous-épidermique. PiTTosPORÉES. — Dans le Pültosporum Tobira, le périderme est sous-épidermique (fig.,31). Vitées. — 1° Périderme épidermique et sous-épidermique. — Dans le Cissus Roylei, le périderme est sous-épidermique, tandis que dans lAmpelopsis heterophylla l'est épidermique. Si,au contraire, nous examinons, comme l’a fait M. Moeller, le Cissus quinquefolia, auquel il conserve le nom d’Ampe- lopsis hederacea, nous lui reconnaitrons un périderme sous- épidermique. Le périderme nous fournit ici un caractère commode pour distinguer les Cissus des Ampelopsis. 2 Périderme péricyclique. — « Dans les Viris, le péricycle comprend, en dehors de chaque faisceau Hibéroligneux, un arc de fibres bordé intérieurement par une assise parenchyma- teuse qui se continue sous l'endoderme ; c’est celte assise qui 360 H. DOULIOT. se cloisonne pour donner naissance au liège, et celui-ci en se développant exfolie toute Pécorce y compris l’'endoderme, ainsi que les faisceaux de fibres péricycliques » (Mo- rot, p.270). RHAMNÉES. — « La for- mation du périderme est tardive chez les Zizyphus, dit M. Moeller; chez les Rhamnus elle est sous- épidermique ». Sans con- Fig. 32. Zizyphus chinensis. — Périderme tredire l’observation de sous-épidermique, plus développé du côté éclairé du rameau que de l'autre. M. Moeller, nous pouvons ajouter qu’à la lumière le développement du périderme est très précoce dans le Zizy- plus chinensis (fig. 32), et qu'on peut observer à cet égard une grande différence entre les deux faces d’un rameau dont la supérieure est éclairée, tandis que l’inférieure est dans l'ombre. Gelle-là possède cinq assises de liège régulièrement épaissies et subérifiées, avec deux assises de phelloderme, tandis que celle-e1 n’en possède pas. L'influence de la lumière se fait sentir à travers un épiderme à cuticule assez épaisse, comme l’indique la figure 32. Fc. 32. ORDRE IV DIALYPÉTALES INFÉROVARIÉES SAXIFRAGÉES. — 1° Périderme épidermique. — Un exemple de périderme épidermique nous est offert par le Breæia hetero- phylla. La cuticule ayant une forte épaisseur, les cloisonne- ments sont lents et ne s'étendent pas uniformément sur toute la périphérie de la tige. Ge liège se fend en long à mesure que l'écorce, qui accompagne par une croissance tangentielle le dé- veloppement du cylindre central, exerce une pression sur lui. 2° Périderme sous-épidermique. — Le périderme tst sous- RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 361 épidermique dans le Roussæa simplex et le Weinmannia (ce second exemple, d’après M. Moeller). L’écorce du Roussæa (fig. 33) diffère beaucoup de celles des Saxifraga, Ribes, Deutzia, etc. Sous l’épiderme, on observe un périderme ayant cinq assises de liège et deux de phelloderme ; liège mou, sans lignificalion ni épaississements considérables ; au voisinage de l’endoderme, de grosses cellules lignifiées, puis quelques assises de paren- chyme, et, enfin, l’endoderme avec les plissements caractéris- tiques entre deux couches de parenchyme mou, l’une corti- cale, l’autre péricyclique (1). 3° Périderme péricyclique. — D’après M. Sanio, le péri- derme des Ribes et des Deutzia se forme profondément dans le tissu de l’écorce primaire, tan- dis que dans le Philadelphus coronarius il se forme dans l'écorce secondaire; ces trois plantes se trouvent rangées par suite dans deux catégories. En réalité, leur périderme est péri- cyclique; 1l en est de même dans l’Escallonia, que M. Moel- ler rapproche des Ribes. Exa- FIG. 33. Fig. 33. Roussæa simplexæ. — La partie supérieure de la figure représente la zone externe de l'écorce avec périderme sous- épidermique. La partie inférieure représente les fibres corticales, l’endoderme et le péricycle. Le parenchyme cortical moyen manque. minons, en effet, quelques plantes de cette famille. (1) Les plissements endodermiques sont d'autant plus nets que les tissus voisins sont moins différenciés. 302 H. DOULIOT. Dans les Saxifraga aconitifolia (fig. 34), le péricycle est formé, sous l’endoderme plissé, d’une assise de cellules en F16. 34. Fig. 34. Saxifraga aconilifolia. cloisons tangentielles. contact çà et là avec des fibres ou avec les tubes criblés les plus externes. "(restiiNcette assise qui se cloisonne tangentiellement. Dans _le Saxifraga cordifolia, le périderme apparait sous les fibres péricy- | Sous l’en- cliques plus abondan- doderme (end.), qui se cloisonne radialement, le péricycle, en dehors des fibres, prend des tes, qui sont en contact avec l’endoderme. Dans lHydrangea Hortensia (fig. 35), l'écorce a des cellules beaucoup plus volu- mineuses que le péricycle, certaines grosses cellules sont end. Fig. 35. Hydrangea Hortensia. — c. sc., cellules scléreuses de l'écorce; end., endoderme ; périd., périderme péricy- clique; péric., péricycle; tub. cr., tubes criblés. fortement épaissies et ligni- fiées, tandis que le péricyele est mou : c’est là, Iimmédia- tement sous l’endoderme, que se forment les cloisons tangentielles qui donnent naissance au liège sans phelloderme. La marche du cloisonne- ment est inverse dans l’Hy- drangea aspera (fig. 36); il se forme d’abord trois ou quatre cloisons en di- rection centrifuge, don- nant lieu à la production d’un phelloderme dont les cellules se dissocient en formant des méats quadrangulaires; ensuite apparaît la cloison qui sépare la première cellule du liège. Une fois isolée de ses congénères, cette cellule prend RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 303 un caractère spécial; elle porte sur ces cloisons radiales les plissements échelonnés qui caractérisent souvent les endo- dermes. Ces plissements pourraient facilement induire en erreur un observateur superfi- ciel. Si en voyant une coupe de tige de l’'Hydrangea aspera, on remarque qu'une assise géné- ratrice a donné naissance à une demi-douzaine d'assises de cel- lules, et que la plus externe de toutes porte des plissements FIG. 36. échelonnés, on esttoutnaturel- Fig. 36. Hydrangea aspera. — éc., lement porté à considérer l’as- écorce; end.,endoderme sans plis- A ératric l’end sements; périd., périderme avec SISE SERETaUrIcCe COMME ! enao- une seule assise de liège pourvue derme, d'autant plus que, dans de plissements. l’'Hydrangea aspera, le véri- table endoderme, j'entends l’assise la plus interne des cellules de l’écorce, n’est aucunement différencié. Dans le Philadelphus Zeyheri (fig. 37), le périderme se forme sous les fibres pé- ricycliques, où immédia- tement sous l’endoderme plissé, là où les fibres manquent. Cette forma- tion est irrégulière; cer- taines cellules s’allon- : gent plus que les voisines Fic. 37. ou se cloisonnent plus pig. 37. Phitadelphus Zeyheri. — end. tôt; mais, dans chaque endoderme à plissements; périd., péri- cellule, le cloisonnement derme sous les fibres péricycliques. Les cr Sr cellules du liège sont très allongées radia- est'Centripète : ny ae ie pas de phelloderme. Dans le Ribes (fig. 38), l'endoderme ne présente pas de plis- sements, et les cellules du péricycle ayant à peu près le même diamètre que celles de l'écorce, la limite entre elles est bien difficile à tracer. Toutefois, l’assise externe du liège alterne 364 H. DOULIOT. régulièrement avec des cellules plates que je considère comme FiG. 38. endodermiques : le phellogène appartient au péricycle; 11 se cloisonne tlangentiellement en direction centripète et en direc- tion centrifuge, et le phelloderme est abondant, chose rare dans les végétaux ligneux. Il en est de même dans l'Es- callona montevideensis, d’après M. Moeller. ŒNOTHÉRACÉES. — M. Cos- Fig. 38. Ribes nigrum. — éc., : À écorce: end., endoderme sans tanhtin place sous l’endoderme plissements; périd., périderme [a couche subéreuse des Circæa formé. de Eng astres de liège. op Epilobiim: Enyeitets dans centripète pour deux ou trois de phelloderme centrifuge. toutes les plantes de cette famille que J'ai étudiées, le périderme se forme sous l’endoderme aux dépens de l’assise externe du péricycle. Exemples : Circæa mollis, C. lutetiana, Œnothera Fig. 39. Epilobium hirsutum. — end., endoderme à plisse- ments; périd., périderme avec une assise plissée. Pas de phelloderme. sinuata, Œ. Drummondi, Epilo- bium tetragonum, Fuchsia syrin- gæfolia, Lopezia racemosa. Epilobium (fig. 39). — Dans la tige souterraine des Æpilobium, le périderme prend un développement très considérable, et les cellules du liège conservent, pendant très long- temps, leurs membranes en cellu- lose pure ; quant au phelloderme, il n'existe pas; le phellogène ne subit pas de cloisonnements centrifuges. Les cellules du liège sont disposées en séries rayonnantes et concen- triques parfaitement régulières ; tabulaires dans le jeune âge, elles deviennent peu à peu cubiques, puis s’allongent dans le sens RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 365 du rayon de la tige en arrondissant leurs angles et laissant entre elles des méats quadrangulaires de plus en plus larges à mesure qu'elles sont plus âgées. Puis, certaines cellules grandissant plus vite que les voisines, les méats se fusionnent en lacunes, mais les cellules externes, continuant à s’arron- dir, se dissocient complètement et sont séparées de la plante. Au moment où cesse le jeu de l’assise génératrice qui a donné naissance à une trentaine où une quarantaine d'assises de liège, la dernière, ainsi formée, présente, sur ses parois radiales, un cadre plissé et subérifié qui lui donne tout à fait l'aspect d’un endoderme, mais ce cadre n’est bien visible que si l’on observe des coupes nettoyées dans l’hypochlorite de soude et la potasse, et colorées ensuite par la fuchsine. L’as- sise génératrice, située sous l’assise plissée, fournira l’année suivante de nouvelles assises de liège, qui exfolieront les pre- Een) mières, et, quand elle cessera Fig. 40. Epilobium lanceolatum. d'agir, la dernière assise de liège — end., endoderme à plisse- formée plissera ses cloisons ra=: 1 ments; périd., périderme avec assise plissée sous les fibres pé- diales. Le péricycle, dans cette ieyciques. plante, possède une dizaine d’as- sises de cellules et rend inutile le développement du phello- derme. Il est à remarquer que le liège souterrain ou aqua- tique des Epilobium n’est pas subérifié ; il se colore en rose par le carmin aluné, la fuchsine n’a aucune prise sur lui, non plus que le vert diode. Dans l’Epilobium lanceolatum, quel- ques fibres péricycliques sont çà et là en contact immédiat avec l’endoderme, dont les plissements sont très visibles (fig. 40). Les cellules du péricycle génératrices du liège sont, en ces points, sous-jacentes aux fibres; en d’autres points, il arrive que l’assise génératrice passe sous une fibre, mais elle laisse toujours les tubes criblés en dedans d’elle. Circæa mollis. — Il peut arriver que le jeu de lassise géné- ratrice du périderme donne naissance, dans le cours d’une année, à plusieurs assises plissées. Ce phénomène m'a été 366 H. DOULIOT. offert par le Cèrcæa mollis : dans cette plante, le plissement s'étend sur toute la paroi, comme dans son endoderme. Il faut noter aussi la précocité de ces plissements; aussitôt que la cellule qui doit les porter est détachée de l’assise génératrice, elle plisse ses cloisons radiales. Nous avons cent fois été témoin d’un pareil phénomène en étudiant le développement des racines. On peut observer, dans un très grand nombre de cas, qu'aussitôt que les cloisonne- ments centripètes de l'écorce interne ont pris fin, l'endo- derme porte des plissements, et, si la croissance de la racine cesse, l’endoderme porte des plissements presque jusqu’à la cellule initiale. Fuchsia syringæfolia. — Dans les tiges aériennes de cette plante, le périderme se forme immédiatement sous l’endo- derme, qui est résorbé, ainsi que le reste de l'écorce, par son développement. Les cellules externes du liège s’arrondissent en forme d’épiderme et se subérifient, tandis que la dernière assise formée porte des plissements; tout le reste est en cellu- lose pure. La Lopezia racemosa offre le mème aspect que le Fuchsia. La Trapa nalans, plante aquatique, manque de péri- derme. Disparition de l'écorce. — La destruction de l’écorce com- mence par la zone moyenne dans le Fuchsia syringæfolia. Les grandes cellules de lécorce meurent et se vident les pre- mières, puis la destruction continue vers l’endoderme et vers l'épiderme, jusqu’à ce qu'il ne reste plus que des membranes desséchées, qui s’exfolient. COMBRÉTACÉES. — D’après M. Moeller, dans le Combretum decandrum, le périderme se forme immédiatement sous la zone des faisceaux primaires. Dans tous les cas de ce genre, nous avons vu qu'il s'agissait du péricycle, MÉLASTOMACÉES.— « Un péricycle simple, homogène, paren- chymateux, peut devenir générateur de liège. Il en est ainsi, par exemple, chez la plupart des Mélastomacées, telles que le Melastoma rosea, M. sericea, Gentradenia grandiflora, Pleroma RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 307 Gaudichaudiana. » Pour corroborer ces observations de M. Morot, j'ai observé, en outre, le Melastoma heteromala (fig. 41); son péricycle n’est pas homogène, il présente, même dans les tiges très jeunes, une assise continue de fibres immédiatement en contact avec l’endoderme ; sous cette assise est un péricycle parenchymateux, dont l’assise externe fournit le périderme. Les cloisonnements centrifuges sont tardifs et le Hège peut avoir quatre assises, alors que le phelloderme manque com- plètement. D’autres Mélastomacées, que j'ai pu étudier, ont un périderme sous-épidermique : Medinilla fari- nosa, Clidemia scandens. Myrracées. — M. Sanio expose la formation du périderme dans le Melaleuca styphelioides, en le pla- çant dans l'écorce secondaire. Ce que M. Sanio appelle écorce se- condaire, c’est le hiber et encore le liber dans son ancien sens, y compris les fibres péricycliques. Fig. 41. Melastoma heteromala. Or la formation du périderme __ÿp., épiderme; éc., écorce: des Myrtacées est péricyclique, end., endoderme; fib., fibres l'assise génératrice étant toujours Péricyeliques; périd., péri- ’ derme avec deux assises de située entre l’endoderme et les jisce et deux de phelloderme. premiers tubes criblés. Le péri- cycle des Myrtacées renferme des faisceaux de fibres assez espacés les uns des autres dans les Melaleuca, formant un cercle continu dans l'Eugenia Ugni (fig. 42), quelquefois immédiatement en contact avec l’endoderme, parfois séparés de lui par une assise parenchymateuse. Partout où les fibres manquent, le périderme se forme immédiatement contre l’en- F1G. 41. 368 H. DOULIOT. doderme ; ailleurs il se forme sous les fibres. Le périderme du Melaleuca styphelioides à offert à M. Sanio une particularité intéressante : sur certaines cellules de liège existe une bande hyaline, encadrant la cellule, homogène sur les matériaux frais, plissée sur les matériaux âgés; cette bande hyaline, je lai observée moi-même chez les Melaleuca diosmæefolia (fig. 43), M. hypericifolia (fig. 44), M. genistæfolia (fig. 45), ainsi que dans d’autres genres de la même famille : Barring- tonia, Eugenia, Callistemon, Myrtus, où le périderme est péricyclique. Cette bande est parfois fortement subérifiée et se colore en un rouge plus in- tense que le reste du liège quand on fait agir sur la pré- paration la fuchsine ammo- niacale; elle est parfois ligni- fiée, commé le sont souvent les plissements endodermi- ques, et, dès lors, se colore FR tn bieu par le vert d'iode, tandis derme; éc., écorce avec des lacunes; ŒUE le suber reste incolore. end., endoderme non plissé; fib., Dans lEugenia australis fibres péricycliques ; pére, péri- (Wendl), le périderme se derme avec assise plissée (début du É ) si développement); lb, lHiber. forme dans la deuxième ou troisième assise des cellules de l'écorce. N’y aurait-il pas lieu de redonner à cette plante le nom de Jambosa australis (DC.), afin de ne pas rompre l’homo- sénéité du genre Eugenin, où le périderme est péricyclique ? Quand il existe des cellules de péricyele entre l’endo- derme et les fibres, 1l se forme fréquemment, dans les Mela- leuca, plusieurs péridermes, l’un en dehors des fibres, l’autre en dedans; l’externe se subérifie complètement sans donner de phelloderme, de telle sorte que les fibres sont complè- tement incluses dans du liège. Fig. 42. RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 369 Dans le Melaleucu hypericifolia (Gg. 41) et le NW. yenistæfo- bia (fig. 44) on peut observer la formation de plusieurs péri- dermes successifs dans une tige âgée de moins d’un an. L’assise génératrice du périderme fournit une ou deux assises de liège et cesse de fonctionner en devenant une assise de phelloderme plus où moins lignifiée; l’assise de péricvele sous-jacente fonctionne de même, puis une troisième et une quatrième. Dans chaque série, la dernière assise formée porte des plissements. OMBELLIFÈRES. — Le périderme ne se forme que dans la tige souter- raine vivace, et, comme il est peu abondant et très faiblement ou non subérifié, 1l a échappé jusqu'ici à l'observation, car il n’est cité par aucun auteur. Néanmoins, je l'ai observé dans l'Athamanta Matthioli, PE Le Meter hate l'Ægopodium Podagraria et le Seseli lia. — ép., épiderme: éc., varium. A ressemble beaucoup à écorce; end., endoderme; celui des Dipsacées, les cellules sont P‘rêd:, périderme avec as- s RE ce sise plissée, en dehors des peu aplaties, sans épaississement fibres péricycliques. remarquable sur leurs membranes, sans lignification; le phelloderme est nul ou réduit à une ou deux assises. Les entre-nœuds des tiges souterraines d'Ombellifères étant très courts, quand on fait une coupe transversale de la tige âgée, on voit en maint endroit un suber de cicatrisation d’au- tant plus étendu que la feuille est engainante. Ce suber se raccorde avec le périderme sous-épidermique ; mais, 1l est lui- même, dans la majeure partie de son étendue, situé dans des assises profondes ; il importe de ne pas confondre ces deux tissus l’un avec l’autre. ARALIACÉES. — M. Costantin à signalé dans la tige enterrée d’un Aruliu pentaphylla deux couches subéreuses formées la première aux dépens de lépiderme, la seconde aux dépens de 1° série, Bot. T. X (Cahier n° 6). 24 F1c. 43. 310 Hi. DOULIO"T. l’assise sous-jacente à un âge où la tige aérienne n’en possède pas encore. Il n’en résulte pas que le périderme soit normale- ment d’origine épidermique ou sous-épidermique; lirritation produite par l’action du sol à pu provoquer la formation du liège dans ces régions externes. M. Moeller signale, en effet, comme sous-épidermique, la formation du périderme de FIG. 44. Fig. 44. Melaleuca hypericifolia. — ép., épiderme; éc., écorce avec poche sécrétrice (e.s.); end., endoderme; périd. 1, pre- mier périderme irrégulier avec deux assises plissées et phello- derme lignifié ; périd. 2, deuxiè- me périderme formé sous le premier ne présentant pas en- core d’assise plissée. l'Aralia japonica, et cela dans la seconde année. Dans les tiges aériennes de l’Hedera Helix, le périderme se lorme normalement dans la pre- mière assise des cellules de l’écorce, sous un épiderme for- mé de cellules deux fois plus petites, sans autre particularité remarquable ; le phelloderme existe, quoique peu abondant. CorNAGÉEsS. — 1° Périderme épidermique. — Nous avons plu- sieurs cas à considérer. [l appa- rait de très bonne heure, dans les rameaux du Cornus stricta (fig. 46), un périderme épider- mique formé uniquement de liège, par cloisonnement centri- pète. Les parois radiales des cellules restent minces, mais les parois tangentielles sont forte- ment épaissies ; le mode d’épais- sissement que nous figurons Ci- contre se produit normalement dans cette plante. Les trois premières cloisons formées s’épais- sissent peu, tandis que la quatrième devient aussi épaisse que la cuticule; la cellule génératrice sous-jacente continue à fournir des assises de liège ordinaire, intercalées de liège for- tement épaissi. RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. Influence de la lumière. deux faces, l’une supérieure, l’autre inférieure. Ges deux faces sont inégalement éclai- rées; la face inférieure est toujours dans l’ombre, tandis que l’autre reçoit souvent la lumière directe du soleil. Cel- le-ci est beaucoup plus forte- ment colorée que l'autre ; no- tamment dans le Cornus, elle est d’un rouge beaucoup plus foncé. Pour comparer le déve- loppement du liège sur l’une et l’autre face en des points comparables, il suffit de faire une coupe transversale : tous les points de cette coupe ont le même âge et se sont trouvés 371 Un rameau quelconque présente F1G. 45. Fig. 45. Melaleuca genistuefolia. — ép., épiderme; éc., écorce; end., endoderme; péric., péricycle; fib., fibres péricycliques, périd., péri- derme profond sous les fibres péri- cycliques, mais en dehors des tubes criblés, avec assise plissée. dans des conditions d'existence identiques. Seulement, lune a reçu les rayons directs du soleil, que l’autre ne recevait pas. Or, si nous faisons une coupe dans le premier en- tre-nœud développé d’un Cornus, nous pouvons voir le côté éclairé posséder qua- tre ou cinq assises de liège épidermique, alors que Île côté non éclairé n’en pré- sente pas trace (fig. 46). M. Dufour à constaté que dans les feuilles la cuticule était plus épaisse du côté éclairé que de l’autre; le JL LU (T1 C1] FIG. 46. Fig. 46. Cornus stricta. — Périderme épidermique développé uniquement du côté éclairé du rameau, offrant assise de liège à paroi externe remar- quablement épaissie. une même phénomène peut être observé sur les tiges avant l'ap- parition du liège. 379 H. DOULIOT. Dans le cas de formation de liège épidermique, aucune partie de la tige n’est exfoliée et l’écorce reste vivante; les fonctions du phelloderme, qui sont précisément les mêmes que celles de lPécorce, n’ont donc pas cessé d’être remplies. La non-apparition du phelloderme n’a rien qui nous choque, mais l'écorce ne tarderait pas à se dessécher si le tissu protecteur ne se formait précisément du côté qui reçoit le plus de cha- leur. Dans le cas présent, la lumière porte avec elle le remède au mal qu’elle pourrait causer. Le liège qui se forme est subé- rifié de très bonne heure. Dans les tiges âgées de plus d’un an, les choses se régula- risent; la formation du périderme a été plus précoce du côté éclairé que de l’autre, mais à la fin de l’année le liège n’est pas pour cela plus abondant comme nombre de cloisons; on peut constater seulement que les cloisons sont plus épaisses et plus fortement subérifiées, plus fortement colorées. L'inégal développement du liège sur les deux faces de la ge n'avait pas échappé à M. Sanio (p.43) : « Le liège ne se forme pas abondamment avec assez de régularité dans l’éten- due d’un entre-nœud pour qu'une coupe le montre en tous ses points à un même état de développement. Le liège se montre abondant bien plus souvent en un point qui, par sa position, par une meilleure alimentation, ete., se trouve avoir un déve- loppement plus actif que les voisins. » Or tous les points d’une coupe transversale reçoivent la même quantité de nour- riture et les causes que contient le « etc. » de M. Sanio, me semblent dues à l’influence du soleil. 2% Périderme sous-épidermique. — Dans le Mastixia et le Curtisia, le périderme est sous-épidermique. Dans une tige d'un an de Mastixia qardneriana, le périderme se compose d’une quinzaine d'assises assez régulièrement disposées en séries rayonnantes, dont neuf ou dix appartiennent au liège, quatre ou cinq au phelloderme. Le liège, formé de cellules tabulaires peu aplaties, est encore recouvert par un épiderme à cuticule très épaisse. Les cellules de Pépiderme sont plus nombreuses que celles du phellogène sous-épidermique; on RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 373 en compte trois ou quatre de l’épiderme pour deux de l’assise sous-jacente; l’origine du phelloderme dans cette dernière assise ne laisse aucun doute. Ilen est de même dans le Curtisia faginea, dont les cellules épidermiques sont plus tabulaires et dont la cuticule est un peu moins épaisse. M. Van Tieghem a établi que le Mastixiu, possédant dans la tige et la feuille des canaux sécréteurs, s'éloigne par ces caractères des Cornus, qui n’en possèdent pas; l’origine sous-épidermique du périderme dans cette plante serait un argument de plus (faible, il est vrai), pour éloigner ce genre litigieux de la famille des Cornées, si le Curtisia, qui est une véritable Cornée, ne présentait pas la même for- malion. ORDRE V GAMOPÉTALES SUPÉROVARIÉES ÉRiCACÉES. — « Dans les Épacridées et les Éricacées, dit M. Vesque, le périderme primaire parait toujours se former au-dessous des fibres libériennes pri- maires (Epacris, Leucothoe, Kalmia, Clethra, Azalea, Ledum, Zenobia, Mac- leania, Psammisia, Lyoma, Arctosta- phylos, Andromeda, Rhododendron). Dans le Vaccinium, le périderme se forme immédiatement au-dessous de l’épiderme. » Or, d’un autre côté, M. Maury signale comme péricyclique la formation péridermique du Vacci- Mig: 47. Vaccinium macro- ml carpum. — Coupe de la TAC à fus tige avant l'apparition Examinons le Vaccinium macrocar- Qu périderme : ép., épi- pum (fig. 47); son écorce lacuneuse derme; éc., écorce; end. possède six assises de cellules arron- A ue dies entre l’épiderme et l’endoderme. jogène. TN Le péricycle est formé de deux zones : l’une externe de fibres scléreuses, l’interne parenchymateuse ; ce sont les cellules du péricycle sous-jacentes aux fibres qui 374 H. DOULIOT. donnent naissance au périderme de cette plante, en exfoliant le péricycle seléreux et lécorce (fig. 49). Nous ne pouvons done que confirmer les observations de M. Maury, sans nous expliquer lerreur de M. Vesque, qui ne fournit aucun détail sur son observation. J’ai pu vérifier le même fait dans d’autres Éricacées, notamment dans l’Arbutus Andrachne, où le liège se montre avec des cloisons tangentielles lignifiées ; dans les Calluna, YErica, V'Epacris, le périderme est aussi péricy- clique. Cette formation, qui peut n'avoir dans certaines familles qu'une très faibie importance pour différencier les tribus ou les genres, prend ici une assez grande valeur, puisqu'elle imprime un carac- tère commun à toutes les espèces du groupe formé par les Épacridées et les Érica- cées. M. Moeller place le péri- derme des Éricacées tout près FiG. 48. de la limite de l’écorce secon- | daire, dans la région des fais- Fig. 48. Rhododendron Dalhousiæ. 1 ù EE — éc., écorce; end., endoderme ; ceaux vasculaires PHMIAIESE périd., périderme péricyclique. En réalité, le premier péri- dermeesttoutentier en dehors des tubes criblés les plus jeunes, là comme partout ailleurs. On peut s’en convaincre en observant la figure ci-jointe, qui représente l’origine du périderme dans un Rhododendron dépourvu de fibres (fig. 48). Exfoliation de Pécorce. — Pendant le développement du cylindre central, qui s’accroit non seulement par la formation du périderme, mais encore de bois et de liber secondaires, le diamètre extérieur de la tige reste constant. En effet, sous l’épi- derme lécorce disparaît peu à peu, les réserves accumulées dans ses cellules sont dépensées pour nourrir le cylindre cen- RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 379 tral qui grandit, les lacunes s’aplatissent, les cellules vides s’aplatissent à leur tour, les mem- branes mêmes, transformées en un CE 2e ve épais mucilage, finissent par se dis- TER DE vd soudre, tandis que l’épiderme forte- CR fr ment subérifié résiste jusqu’à la dis- ëi EE rénidl parition de l’écorce tout entière. Quand il ne reste plus que la cuti- cule, et que le cylindre central conti- Fig- #9. Vaccinium macro- nue à grandir, elle est exfoliée. Les SP RÉSUUENON ENS de l'écorce : ép., épi- fibres péricycliques, mortesetlignifiées derme plus ou moins à cette époque, se séparent d'avec le complètement détruit; liège sous-jacent et sont exfoliées de A Dr e disparaître; fi. p., même. L’écorce n’est donc pas exfo- fibres péricycliques; pé- liée, elle est détruite. rid., périderme. On peut suivre la marche de ce phénomène dans le Vaccinium macrocarpum (fig. 49). SAPOTACÉES. — « Le périderme se forme dans les plus jeunes entre-nœuds (Achras, Lucu- ma) ou plus tard, parfois même seulement dans Ja deuxième période de la végé- tation, aux dépens de la plus externe des cellules de l’é- corce primaire (Achras, Lu- cuma) où des suivantes jus- qu'à la quatrième (Sapota) » (Moeller). Le périderme est sous-épidermique dans Île Hot Chrysophyllum piriforme , Fig. 50. Chrysophyllum piriforme. — dont la figure 50 représente Déxeloppement du périderme du côté È ë éclairé d’un rameau. Périderme sous- une coupe faite dans un Jeune spidermique. rameau. On peut constater l'influence exercée par la lumière sur le développement du périderme. Le phelloderme n’a qu’une assise de cellules, alors que le liège en a deux. RSR à Fic. 49. 376 H. DOULIOT. ÉBénacées. — « Le périderme est sous-épidermique dans les Diospyros Lotus et D. virginiana » (Moeller). SOLANÉES. — Cette famille nous offre trois cas à considé- rer : 4° périderme épidermique ; 2° périderme sous-épider- mique; 3° périderme profond. 1° Périderme épidermique. — Comme exemples de cette formation, les genres Solanum, Physalis, Nicandra, Datura, Fabiana, Vestia et Nierembergia sont cités par M. Vesque. Nous ne saurions tirer aucune conséquence de ce fait pour la classification des Solanées. Les Solanum, Physalis, Nicandra, sont de la tribu des Solanées; le Datura appartient aux Atropées; les Fabiana et Vestia à la tribu des Cestrées; les Brunfelsia et Nieremberqia à la tribu des Salpiglossidées ; de plus, chacune de ces tribus contient des exemples de péri- derme plus profond (Jochroma, Lycium, Gestrum, Petunia). Le liège du Solanum Dul- Fig. 51. Solanum Dulcamara. — CARRE formé de cellules © Périderme épidermique. cubiques, sans épaississement remarquable (fig. 51); 1l n’y a pas de phelloderme. Ceux du MNicandra physaloides, d’un Brunfelsia et du Fabiana imbricata, fort peu abondants dans les tiges aériennes, sont dans le même cas. Dans le Datura Metel, on ne compte que deux ou trois assises de liège à parois minces; dans unetige d’un an, le Datura Stra- monium en est presque totalement dépourvu; le Physalis peru- viana aussi, et je n’en ai pas observé dans les tiges aériennes d'un an de Nicotiana Tabacum, ni d'Atropa Belladona, ni d'Hyoscyamus albus. Toutes ces plantes se ressemblent par une écorce très peu différenciée et une faible lignification de leur bois. 2 Périderme sous-épidermique. — Dans les genres Ces- trum, lochroma, Habrothamnus, d’après M. Vesque, le péri- derme est sous-épidermique ; M. Moeller donne le Cestrum FIG. p4- RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 377 elegans et ie C. Pseudo-China, comme exemples de cette for- mation; il en est de même dans le Cestrum Parqui (fig. 59) et le Petunia nyctaginiflora. 3° Périderme profond. — Le Lycium barbarum et le Lycium chinense (fig. 53) ont un péri- derme profond, dont l’assise oénératrice (endoderme ou pé- ricycle) ne présente aucun caractère spécial qui la distin- Fc. 52. r 1 © 20r S e Ë 5 ; sue de l'écorce, Dot plu ni Fig. 52. Cestrum Parqui. — ep., du parenchyme conjonctifexté- épiderme à parois épaisses et rieur au liber. L’analogie ne quelque peu lignifiées; périd., pé- peut mous guider dans cousin te Ler détermination. subérifiées très épaisses. La figure du Lycium caroli- nianum publiée par M. Moeller n’éclaire en rien la situation (Moeller, p. 179). Les autres Solanées ont le périderme soit épidermique, soil sous- jacent à l’épiderme. LOGANIACÉES. — « Dans le Buddleia globo- sa, le périderme se for- me sous les fibres li- bériennes primaires » (Vesque, p. 194). En réalité le périderme se forme sous les fibres pé- ricycliques, comme cela arrive le plus fréquem- ment quand la tige pos- sède un péricycle scléreux continu. Au sujet du Strychnos, M. Moeller (p. 161) s'exprime en ces termes : « Le périderme ne se forme que dans des entre-nœuds âgés de deux et même de trois ans, aux dépens d’une assise de l’écorce primaire située profondément ». Fig. 53. Lycium chinense. — ép., épiderme ; éc., écorce; périd., périderme profond. 378 H. DOULIOT. APOCYNÉES. — Deux cas : 1° périderme épidermique; 2° périderme sous-épidermique. 1° Périderme épidermique. — « Parmi les Apocynées, les Tabernæmontanx amygdalifolia, Carissa Arduisii et Nerium Oleander, développentle périderme primaire dans l’épiderme » (Vesque, p. 192). Ajoutons à ces exemples ceux de l’Apo- Cynum hypericifolinm et du Strophantus dichotomus. La for- mation du périderme épidermique du Nerium Oleander (fig. 54) a été étudiée avec détail par M. Sanio. L'influence de la lu- mière sur le développe- ment du périderme, qui est très précoce, se ma- nifeste dans cette plante avec beaucoup de net- teté (fig. 54). Dans un entre-nœud très Jeune, on peut voir le liège avoir du côté éclairé une épais- seur double de celle qu’il a du côté opposé; les cellules sont non seulement plus nom- breuses, mais plus allongées radialement. J'ajoute aux exemples cités plus haut celui du Vinca minor, dont l'épiderme est formé de cellules aussi larges que les autres cellules de l'écorce et se cloisonne tangentiellement en direction centripète pour fournir un liège cubique. Accroissement de l’écorce. — On voit nettement dans le Vinca minor l'écorce s’accroître en même temps que le cylindre central et ses cellules prendre des cloisons radiales, de telle sorte que, le diamètre de la plante augmentant avec celui du cylindre central, le liège se fend longitudinalement. Au-des- sous des fentes, le phellogène à un cloisonnement plus rapide qu'ailleurs. Il en est de même dans le S{rophantus dichotomus. 2° Périderme sous-épidermique. — « Chez les Cerbera Manghas, Alyssia Forsteri, Allamanda verticillata, Beau- FIG. 54. Fig. 54. Nerium Oleander. — Périderme épi- dermique plus développé du côté éclairé du rameau que de l’autre. RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 379 montia grandiflora, le périderme primaire se développe dans la rangée des cellules situées immédiatement au-dessous de l’épiderme » (Vesque, p. 192). A ces exemples j'ajoute ceux de Cerbera Haouai (fig. 55) et du Tanghinia venenosa (fig. 56), qui ne présentent d’ailleurs aucune par- se ticularité intéressante. Le Cerbera Haouai présente, sous un épiderme formé de petites cellules à parois minces, des cellules de liège tabulaires fort peu subérifiées, for- mées par une demi-douzaine de cloi- | | 1 Fig. 55. Cerbera Haouai. sons centripèles ; le phelloderme com- 7" "périgerme re prend deux assises de cellules alter- dermique. nantavec lesautres cellules de l’écorce. Dans le Tanghinia venenosa, la première assise de phello- derme est pourvue de cristaux rhomboïdaux. La tige souterraine du Vinca major offre la même disposi- tion que le Cerbera ; ce fait est d'autant plus remarquable que dans le Vinca minor le périderme est épidermique. Dans la pre- mière de ces deux plantes, l’épiderme a des cellules beaucoup plus petites que celles de l’assise sous- jacente, tandis que dans la seconde les cellules de l’épiderme sont aussi grandes que les autres. On manque de caractères spécifiques nets pour distinguer le Vinca major du Vinca minor : le Vinca major Fig. 56. Tanghinia ve- a le bord des feuilles cilié, tandis que nenosa. — Périderme : : Ê sous-épidermique. Le le Vinea minor a le bord des feuilles peoderme est pour- lisse ; à ce caractère peu important, nous vu de cristaux. pouvons Joindre un caractère nouveau : Vinca minor, périderme épidermique ; Vinca major, péri- derme sous-épidermique. ASCLÉPIADÉES. — Deux cas sont à considérer : 1° péri- derme épidermique; 2 périderme sous-épidermique. 4° Périderme épidermique. — « Les Periploca græca, Ascle- Fic. 56. 380 H. DOULIOT. pias mexicana, elc., développent le suber dans l’épiderme » (Vesque, p. 192). 2 Périderme sous-épidermique. — « Les Cynanchum mons- peliacum, Hoya carnosa, Stephanotis floribunda, Marsdenia erecta, développent leur périderme dans la rangée de cellules située au-dessous de lépiderme » (Vesque, p. 192). Il faut ajouter à ces exemples ceux de l'Hoya crassifolia, du Gonolo- bus Condurango (Moeller, p. 171). OLÉAGÉES. — Le Forsythia viridissima, d'après M. Vesque, / feud : Lo SE 2 FIG. 57. FIG. 58. Fig. 57. Syringa vulgaris. — Péri- Fig. 58. Chionanthus maritima. — derme sous-épidermique. Périderme sous-épidermique. a son périderme épidermique. Il en est de même d’après M. Moeller pour le Jasmin, tandis que dans toutes les autres Oléacées sans exception le périderme se forme aux dépens de l’assise externe des cellules de l'écorce. D’après M. Sanio, le Syringa vulgaris (Gig. 57), et d’après M. Moeller, l’Olea europæa, les Phylliræa media et angustifo- lia, le Liqustrum vulqare, les Fraxinus pubescens et Ornus ont le périderme sous-épidermique ; à ces exemples j’ajouterai ceux du Chionanthus maritima (fig. 58) et du Phylliræa lati- folia. GESNÉRACGÉES. — 1° Périderme épidermique. — Dans le Columnea Schiedeana, le périderme est épidermique; il se RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 38 forme quatre ou einq assises régulières de liège à parois minces pour une seule de phelloderme. Les cellules épidermiques, qui ont donné çà et là naissance à des poils, sont restées plus courtes vers l’intérieur que les cellules voisines, qui donnent du périderme. Les poils ont l'air d’être encastrés dans le liège quand il commence à se former, puis soulevés en dehors ultérieurement. 2 Périderme sous-épidermique. — Dans le Crescentia Cujete, d'après M. Moeller, le périderme se forme immédia- tement sous l'épiderme. D’après M. Vesque, le périderme du Rhytidophyllum Plu- mierianum est en dehors des fibres hbériennes, mais en contact avec elles ; il y à donc lieu de savoir si cette formation appartientà écorce ou au cylindre central; elle appar- lent au péricycle, par conséquent au cylindre central. Dans le Rhy- tidophyllum Plumierianum(fig.59), l'écorce possède des cellules volu- mineuses parsemées çà et là de cel- lules épaissies et lignifiées ; son endoderme est formé de cellules pig. 59. Reytidophytlum Ptu- plus plates que les autres et d’une mierianum.— Formation du dimension tangentielle bien supé= Fériderme sous l'endodérme ; x ne ; plissé parmi les fibres péri- rieure à celles du péricyele. Les éyciiques. cellules du péricycele sont en géné- ral parenchymateuses et souvent entremêlées de fibres isolées ou par paquets plus ou moins distants de l’endoderme. Quand une fibre péricyclique touche l’endoderme, le liège se forme au-dessous d'elle; mais partout où les fibres manquent, le périderme prend naissance exactement sous l’endoderme. BIGNONIACÉES. — Dans le Catalpa, le périderme est sous- épidermique (Sano). D’après Moeller, 1l en est de même dans le Jacaranda mimosæfolia etle Bignonia pentandra. D'après M. Vesque, dans PAmphilophium Mutisii, & les Fi. 59. 382 MH. D@ULEOT. premiers faisceaux libériens (dépourvus de liber moü) sont éliminés par un périderme local, dont les bords s'appuient de tous côtés sur l’épiderme, et le tissu subéreux est assez surabondant pour remplir le vide laissé par la chute des eschares ». Les faisceaux libériens dont parle là M. Vesque sont des fibres de sclérenchyme cortical et n’ont aucun rap- port avec le liber. « Le périderme se forme généralement aux dépens de l’as- sise externe des cellules de l’écorce primaire ; dans le Tecoma, aux dépens d’une assise plus profonde, extérieure pourtant à la zone des faisceaux libériens primaires; dans cette plante, l’'épiderme est renforcé par un cercle de faisceaux de fibres seléreuses à la place de la couche habituelle de collenchyme » (Moeller). VERBÉNACÉES. — D’après M. Vesque, le périderme des Ver- bénacées est sous-épidermique dans le Vitex incisa, V. Agnus- castus, Ægiphila martiniensis, Spielmannia africana, Sta- chystaphylos mutabilis, Citharexylon Barba-Jovis. Suivant M. Moeller, c’est dans une assise plus profonde de l'écorce primaire, la deuxième ou la troisième dans le Vitex Agnus-castus et dans le Citharexylon quadrangulare. Dans le Luhea speciosa, d’après mes observations, le périderme est sous-épidermique. ORDRE VI GAMOPÉTALES INFÉROVARIÉES CAMPANULACÉES. — Les tiges aériennes annuelles des Cam- panulacées manquent de périderme, mais les tiges souter- raines vivaces en possèdent. Il est péricyclique dans le Tupa ignescens et le Campanula alata. RuBiAcÉES. — 71° Périderme épidermique. — « Le périderme se développe dans l’épiderme même, chez les Sipanea carnea, Exostemma floribundu, Cephalanthus occidentalis » (Vesque, p.191). RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 389 2° Périderme sous-épidermique. — D'après M. Vesque, le périderme est sous-épidermique dans les Pinckneya pubens, Rondeletia odorata, Burschellia capensis, Gardenia florida, Cinchona officinalis, Coprosnua lucida (?). M. Moeiler dit à propos de l’Ixora acuminata : © Dans les rameaux de deux ans épais de 3 millimètres, lépiderme est presque complètement décollé et remplacé par trois ou quatre rangées de cellules à parois minces el à peu près carrées. » À propos du Cinchon« succiru- bra : & De bonne heure, les premières cellules du périderme se forment aux dépens de l’assise de cellules situées immé- diatement sous l’épiderme. » Il en est de même dans l’{xora Javanica (Gg. 60). Toutefois de bonne heure on voit des cellules sous-jacentes prendre aussi des cloisonnements tangentiels et subé- rifier les assises externes provenues de ces cloisonnements. Dans le Rogieru cordata (tig. 61), le périderme se forme dans la deuxième assise de l'écorce, l’assise sous-épidermique étant subérifiée ; la quatrième assise de l’écorce se cloisonne même en certains points. Le périderme de cette plante pré- sente cette particularité que la der- fig. 61. Rogiera cordata. — nière assise de liège formée porte Périermeaveeassiseplissée, né dans la deuxième assise des plissements qui se colorent en 4e l'écorce. vert par le vert d’iode. 3° Périderme profond. — D'après M. Vesque, le périderme se forme à une faible profondeur assez variable dans le Pavetta indica, à peu de distance des fibres hbériennes dans le Coffea _— FIG. 60. Fig. 60. fxora javanica. — Début du périderme sous-épidermique. 384 H. DOULIOT. urabica, au milieu dans l{xora coccinea. W prend naissance immédiatement au contact des fibres ou à la limite du liber et de l'écorce primaire, dans les Pœderia fœtida, Leptodermis lanceolata , Phyllis Nobulu, Putoria calabrica, Bouvardia Jacquini, Serissa fætida. M. Morot, d’un autre côté, a con- staté que le périderme du Bouvardia flava était péricyclique. Enfin, au sujet du Coffea arabica, M. Moeller s'exprime ainsi : « Dans les couches profondes de l’écorce primaire, dans la zone des faisceaux primaires et tantôt en dedans, tantôt en dehors de ceux-ci, le périderme se montre formé de cellules larges, tabulaires, à parois minces » (p. 134). En examinant attentivement le Coffea arabica, on peut voir que l’endoderme est tantôt en contact im- médiat avec les fibres péricycliques ettantôt laisse entre elles et lui une assise de cel- lules. Les premières cloi- sons du périderme se manifestent dans l’en- Fig. 62, Cofjea arabica. — Premier périderme doderme (fig. 69) el avec assise plissée, né dans l’endoderme par ë cloisonnement centrifuge. Fig. 62. elles sont centrifuges. La troisième et der- nière cloison formée détache vers le haut une cellule de liège qui porte avec elle les plissements qui appartenaient à l'en- doderme. Les cellules du phelloderme ainsi formé laissent entre elles des méats quadrangulaires; l’assise génératrice, ayant cessé de se cloisonner, arrondit ses cellules et se détache de l’assise du liège externe qu’elle rejette, exfoliant ainsi toute l'écorce, y compris une partie des tissus qui dérivent de l’en- doderme. Cela fait, elle selérifie ses cellules, tandis que l’assise sous-jacente devient un second phellogène formant extérieurement une assise de liège et intérieurement deux où trois de phelloderme (fig. 63). RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 380 Dans le Serissa fœtida, lendoderme est aussi générateur de périderme ; il allonge radialement ses cellules en digérant l’écorce qui est en dehors de lui pour fournir d’abord trois assises de phelloderme; mais l'écorce une fois digérée et l’épi- derme tombé, du liège se forme rapidement par une demi- douzaine de cloisons centripètes. Dans le Leptodermis lanceo- lata, lendoderme est générateur de périderme, avec phello- derme abondant au début pendant la destruction de l'écorce ; le plissement endodermique se retrouve sur la première assise de liège formée. Ces mêmes plissements existent, mais plus difficiles à aperce- voir dans le Pavettu gracilis et le P. indi- ca, où le périderme a une origine Corti- cale, mais loin de lendoderme. Je n’ai pu voir les plisse- ments, s'ils existent, dans le Cephelis Bei- hiri Fig. 63. Coffea arabica. — Deux péridermes suc- cessifs : le premier, endodermique; le second, péricyclique en dehors des fibres. CAPRIFOLIACÉES. — D’après M. Samio, le phellogène du Viburnum Lantana est épidermique ; il en est de même pour le V. capense et le V. Tinus. « Le lieu de formation du liège, dit M. Samio, est constant pour chaque espèce, on pourrait dire pour chaque genre; quand ce n’est pas le cas, comme dans le Viburnum, on trou- vera peut-être des raisons de nature morphologique pour justifier une division du genre. Je rappellerai à ce sujet la différence des bourgeons que l’on observe dans ce genre. » Nous avons vu une différence analogue dans les Vince, sans que cela justifie la section du genre en deux. De tous les Viburnum, seul Le Viburnum Opulus à, d'après M. Sanio, son périderme sous-épidermique. Les Sumbucus nigra, et S. Ebulus d’après M. Moeller, et le Sumbucus Te série, Bor. T. X (Cahier n° 7). 25 306 BH. DOULIOT. pirescens, d'après mes observations, sont dans le même cas. M. Morot à indiqué la formation péricyclique du péri- derme chez les Lonicera. M. Sanio (1) place le phellogène entre l'écorce primaire et l'écorce secondaire, ce qu’il faut traduire ainsi : le phellogène est l’assise de cellules périey- cliques située immédiatement sous les fibres péricycliques en dehors du liber primaire. Il en est de même dans le Sympho- ricurpos racemosa, le Diervilla japonica, V'Abelia rupestris. Ainsi done, dans toutes les plantes de la tribu des Locinérées que j'ai eues entre les mains, le périderme est péricyclique. Nous ne pouvons qu’adopter les conclusions de M. Vesque (p. 199). Dans la famille des Capri- foliacées, la posi- lion du périderme primaire corres- pond avec la divi- sion de la famille en deux tribus : les Lonicérées et les Sambucées. Telles sont aussi les conclusions de M. Moeller (p. 143). VALÉRIANÉES. — Le Centranthus ruber est cité par M. Morot comme ayant un périderme péricyclique. DrpsacéES. — Deux cas : 1° périderme sous-épidermique ; 2% périderme profond. Dans le Knautia sylvatica (Hg. 64), le périderme est sous- épidermique. D’après M. Vesque, dans le Dipsacus et le Cephalaria, le périderme se forme entre le liber et l’écorce. Il s’agit proba- blement du péricycle. CoMPOsÉEs. — Je n'ai observé que deux cas dans les Com- posées. 1° Périderme épidermique. — D'après mes observations, Fig. 64. Knautia sylvatica. — Périderme sous-épidermique. (1) Loc. cit. RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 387 les Artemisia mutellina, Gaillardia lutea et Barnadesia scan- dens, ont un périderme épidermique % Périlerme sous-cpidermique. — Le Tarchonantus cam- phoratus étudié par M. Moeller forme son périderme, dans les entre-nœuds les plus âgés du rameau d’un an, immédiatement sous l’épiderme. Il en est de même, d’après mes observations, dans le Cosmophyllum cacaliæfolium, le Baccharis halimi- folia, V'Achillea Verlotorum, A. Millefoliun (Gostantin), le Piarmica pyrenaicu. DEUXIÈME PARTIE CONSIDERATIONS GENERALES MORPHOLOGIE DU PÉRIDERME Nous avons passé en revue la formation du périderme dans la tige adulte des plantes appartenant à plus de soixante familles de Dicotylédones. Il ressort de cette étude que l’on peut distinguer trois cas principaux dans l'origine du périderme, en négligeant les exemples peu nombreux où le périderme irrégulier se forme dans une assise quelconque de l'écorce. Le cas de beaucoup le plus fréquent est celui où le péri- derme est sous-épidermique. Il se rencontre dans cinquante- deux familles. On l’observe à l'exclusion de tout autre dans vingt familles, dont neuf appartiennent aux Apétales : Urti- cacées, Platanées, Protéacées, Éléagnées, Thyméléacées, Cupulifères, Juglandées, Aristolochiacées, Bégoniacées ; quatre aux Dialypétales supérovariées : Simarubacées, Ana- cardiacées, Pittosporées, Rhamnées; deux aux Dialypé- 388 H. DOULIOT. tales inférovariées : Ombellifères, Araliacées; cinq aux Gamo- pétales supérovariées : Sapotacées, Ébénacées, Oléacées, Bignoniacées, Verbénacées. Sur soixante familles, 1l n’y en a que huit où je n’aie pas observé de périderme sous-épidermique. On observe dans vingt-deux familles des exemples de péri- derme épidermique; mais cette formation n’est l’apanage exclusif d'aucune. Tandis que vingt familles ont un périderme péricyclique, parmi lesquelles les Hypéricacées, les Œnothé- racées, les Myrtacées, les Éricacées, chez qui l’on n’observe pas d’autre cas dans l’origine du périderme (1). Il y a donc vingt-cinq familles où le périderme sous-épider- mique peut être considéré comme un caractère anatomique el, si le genre Salix ne faisait exception, on pourrait dire que cette formation appartient aux Apétales à l'exclusion de toute autre formation. Il existe quatre familles où le périderme a, dans tous les senres, une origine péricyclique. Ge sont les Hypéricacées, les Œnothéracées, les Myrtacées et les Éricacées; cela ne con- stitue pas un caractère anatomique positif et absolu, puisqu'on trouve ailleurs des exemples de périderme péricyclique, mais c’est suffisant pour nous permettre d’écarter de ces familles les plantes qui ont un périderme épidermique, sous-épider- mique ou cortical. L'étude du périderme péricyelique dans ces quatre familles nous montre que la position du phellogène est indépendante des conditions d’existence de la plante. Qu'il s'agisse d’une tige aérienne ou d’une tige souterraine, d’une plante vivant dans les lieux humides, à la lumière ou à l'ombre, dans tous les genres de ces quatre familles, le périderme se forme à la même place. Dans un grand nombre d'arbres appartenant aux familles les plus diverses, le périderme est sous-épidermique, mais il (1) Je n’oserais en dire autant des Loganiacées, des Campanulacées, des Combrétacées, des Renonculacées, dont je n'ai eu sous les yeux qu’un petit nombre de genres. © RECHERCIIES SUR LE PÉRIDERME. 389 existe des Berbéridées, des Ternstræmiacées, des Dilleniacées, des Hypéricacées, ete., qui sont arborescentes et dont le péri- derme est profond; dans un grand nombre de rhizomes le périderme est péricyclique, mais 1l existe aussi des tiges sou- terraines de Légumineuses, de Vitées, de Saxifragées, d'Om- bellifères, de Solanées, etc., où 1l est superficiel; nous pou- vons signaler certains phénomènes comme fréquents, mais non énoncer des lois. D’après la position qu’oceupe le périderme sur une tige sou- terraine ou aérienne, on peut distinguer quatre manières d’être. 1° PÉRIDERME SUPERFICIEL. — a. Tige aérienne. — Le liège est beaucoup plus développé que le phelloderme. Celui-ci fait même parfois complètement défaut ou ne comporte qu'une ou deux assises de cellules. Le liège a ses parois tangentielles fortement subérifiées; si elles sont nombreuses, elles sont minces; sinon, elles sont épaisses, quelquefois lignifiées et toujours plus dures, plus épaisses, plus nombreuses à la lumière qu’à l'ombre. b. Tige souterraine. — Dans une tige souterraine, le liège est précoce, mais peu subérifié, jamais lignifié; ses cellules sont plus volumineuses et plus allongées; le phelloderme, peu abondant tant que l'écorce subsiste au-dessous de lui, est en cellulose pure sans modifications remarquables. 2° PÉRIDERME PROFOND. — a. Tige aérienne. — Le liège et le phelloderme sont également abondants. Le liège a des parois plus minces que dans le premier cas, régulièrement subérifiées, parfois plissées sans épaississements considérables. Le phello- derme s’accroit à mesure que l'écorce primaire se détruit. b. Tige souterraine. — Le liège plus ou moins abondant conserve généralement ses membranes en cellulose pure, sauf dans les assises où les cloisons radiales sont plissées. Les cellules se dissocient souvent en arrondissant leurs angles quand par suite de la destruction de l'écorce le liège est devenu superficiel. Le phelloderme abondant et homogène n'offre rien d’intéressant. 390 H. DOULIOT. De ces rapprochements 1l ressort que le liège est d’autant plus différencié qu’il est plus superficiel et plus éclairé, et d’une façon générale que le phelloderme est d'autant plus développé que son origine est plus profonde. Il MODIFICATION DE L'ÉCORCE PENDANT LE DÉVELOPPEMENT DU PÉRIDERME Le périderme est à la fois un tissu protecteur par son liège et un tissu de réserve par son phelloderme, il a done les mêmes fonctions générales que l’épiderme et l'écorce réunis; mais, suivant que le développement du phelloderme est plus ou moins considérable, son rôle de tissu de réserve a une plus ou moins grande importance. Dans un très grand nombre de plantes où le périderme est superficiel, soit épidermique, soit sous-épidermique, l’écorce persiste au-dessous de lui et s’accroit tangentiellement en cloi- sonnant radialement ses cellules. Dans ce cas, le phelloderme, dont la fonction équivaut à celle de l’écorce, ne se développe pas ou bien n'apparaît que tardivement à mesure que l’écorce sous-jacente vide ses cellules, qui fournissent des éléments nutrilifs à sa croissance ainsi qu’à celle du cylindre central. Au contraire, quand le périderme est profond, le evlindre s’accroit doublement par l’activité génératrice de deux assises de cellules, l’une libéroligneuse, le cambium, l’autre subéro- phellodermique, le phellogène. Dans ce cas, l'écorce n’accom- pagne point le cylindre central; au contraire, celui-ci grandit ense nourrissant des réserves qu'elle contient et le phelloderme acquiert plusieurs assises de cellules où s’accumulent de nou- velles substances mises en réserve. Bientôt l'écorce a disparu, il ne reste plus sous la cuticule de la plante, quand cette cuti- cule persiste, que des débris aplatis de cellules vides, et le cylindre central ancien, désormais seul, remplit tout l’espace RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 391 que la cuticule limite. Le diamètre extérieur de la tige n’a pas varié : le périderme, tissu secondaire, s’est seulement substi- tué à l'écorce, tissu primaire. À ces deux cas extrêmes de périderme superficiel avec écorce conservée et de périderme profond avec écorce résorbée, il convient d’en ajouter deux autres : celui où le périderme est superficiel avec résorption de l'écorce et celui où le périderme est profond et où l’écorce ne se résorbe pas. Dans ce dernier cas, que l’on rencontre surtout dans les rhizomes de Caryophyllées, de Rosacées, rien ne protège l'écorce des agents extérieurs et ses cellules plus ou moins dissociées meurent et se putréfient dans le sol, ne servant qu'indirectement à la nourriture de la plante. 1% cas. PÉRIDERME SUPERFICIEL. — Écorce tardivement résorbée. — Nous avons observé ce cas dans les Banksia inte- grifolia, Thalictrum lucidum, Drimys glauca, Cinnamomuim Kiamis, Laurus indica, Stachyurus precox, Ruyschia Sou- roubeu, Actinidia Kolomikta, Bonnetia anceps, Visnea Moca- nera, Mesuu pedunculata, Quiina tinifohia, Ochna atropurpu- reum, Dryobalanops Camphora, Brexia heterophylla, Cornus, Vinca, Strophantus. 2e cas. PÉRIDERME SUPERFICIEL. — Écorce rapidement résorbée. — Nous avons observé ce phénomène dans les plantes suivantes : Antiaris toxicaria, Galycanthus floridus, Chimonanthus grandiflorus, Sarcopetalum solanaceum, Theo- broma Cacao, Cola cordifolia, Buttneria herbacea, Camellia, Thea, Laplacea, Citrus, Hymenœa Courbaril, Copaifera Lang- dolfù, Dalbergia stipulacea, Inga biglandulosa, Pterocar- pus marsupium, Geoffrea inermis, Albizzia eburnea, Acacia longifolhia, Indigofera tinctoria, Cercis Siliquastrum, etc. 3° cas. PÉRIDERME PROFOND. — Écorce résorbée. — Ce fait se présente dans le Fuchsia syringæfolia et les Éricacées. 4 cas. PÉRIDERME PROFOND. — Écorce exfoliée par les ugents extérieurs. — Exemples : Asarum europæum, Caryo- phyllées (sauf Spergularia), Œnothérées (tiges souterraines). 399 H. DOULIOT. TITI INFLUENCE DE LA LUMIÈRE SUR LE DÉVELOPPEMENT DU LIÈGE Examinons différentes coupes transversales de tiges aérien- nes de Dicotylédones : Saule, Drimys, Érable, Virgilier, Coto- néastre, Prunier, Jujubier, Cornouiller, Chrysophylle, etc., représentées dans les figures 2, 3, 5, 17, 18, 25, 26, 39, 46, 54. Nous pourrons constater le développement inégal du liège sur les deux faces d’un rameau dont l’une est éclairée vivement, tandis que l’autre est dans l’ombre. Jai observé ce phénomène sur un grand nombre de plantes où le périderme est superficiel, soit épidermique, soit sous-épidermique, tandis que, dans les tiges aériennes où le périderme est pro- fond, 1l acquiert la même épaisseur dans toute son étendue. De plus, j'ai constaté que les tiges qui poussent à l'abri de la lumière, sans être enterrées, sont dépourvues de périderme longtemps après que les tiges de même âge en possèdent plu- sieurs assises. Dans les recherches d'anatomie physiologique, on s’efforce de ne faire varier qu’une cause à la fois quand on soumet une plante à des expériences, et quand on observe les effets dus à cette cause, on à soin que toutes choses soient égales d’ail- leurs, notamment l’âge de la plante, son alimentation, ses rapports avec les objets extérieurs, son atmosphère, etc. Si nous examinons un rameau horizontal aérien, nous pouvons admettre que, de tous côtés, il est entouré de la même atmo- sphère, que tous ses points reçoivent les mêmes aliments, et que les seules causes qui puissent agir différemment sur les deux faces sont la pesanteur et la radiation. Si donc nous trouvons qu'en tous les points de la face supérieure l’épais- seur du liège est beaucoup plus considérable qu’aux points correspondants de la face inférieure, nous sommes portés à croire que, seules, la pesanteur et la lumière ont influé sur cette formation. RECHERCHES SUR LE PÉRIDERME. 393 Si, au lieu d'observer un rameau horizontal, nous obser- vons un rameau vertical, nous faisons disparaitre l’une des deux causes en question, la pesanteur, et le développement plus considérable du liège du côté du midi que du côté du nord est dù à la seule influence de la lumière. Quant à la pesanteur seule, elle n’a aucune influence sur le développement du liège d’un rameau horizontal. Si on coupe les rameaux qui, n'ayant jamais reçu la lumière directe du soleil, ont poussé à la lumière diffuse dans l'épaisseur d’un fourré, on constate que le liège a le même développement sur toute la périphérie, et cependant la pesanteur agit sur eux comme sur ceux qui sont vivement éclairés. La lumière est donc accélératrice du développement du liège. Le résultat atteint est utile à la plante. Le liège est imper- méable dans les tiges aériennes où il est toujours subérifié, très souvent même imprégné de lignine; il a donc pour effet de retarder l’évaporation de l’eau qui circule dans la plante ; cette évaporation serait certainement plus rapide du côté vivement éclairé que de l’autre, si un liège plus abondant de ce côlé ne venait compenser le premier effet de la lumière. La tige a un rôle conducteur dans la vie du végétal, et il importe que le tissu qui la revêt protège de l’évaporation les liquides qu’elle conduit. Comment agit la lumière? La question est actuellement sans réponse. Toutefois, il est permis de croire que la lumière influe sur l’état hygrométrique des tissus. Le liège manque dans les plantes aquatiques et dans les rameaux des plantes aériennes qui se développent dans l’eau ; l'humidité retarde le développement du périderme; on est par suite porté à admettre que l’influence de la lumière est due à une diminu- tion de l’état hygrométrique des tissus sur lesquels elle agit. 394 MH. DOULIOT. LV RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS Nous avons établi quel était, dans les tiges des Dicotylé- dones, la position du périderme. D'accord avec nos devanciers toutes les fois qu’il était ques- tion d’un périderme superficiel, nous nous sommes trouvé souvent en contradiction avec eux quand il s'agissait d’un périderme profond. Ce n’est que dans des cas exception- nellement rares que l’endoderme se cloisonne pour fournir un périderme. On peut donc dire, d’une façon générale, que s? le périderme est profond, il prend naissance dans le péricycle. Le péricycle peut être simple ou composé, et dans ce cas homogène ou hétérogène. Le péricycle simple, formé d’une seule assise de cellules, est rare dans la tige et m'est inconnu comme générateur de périderme. Mais le plus souvent il pos- sède plusieurs assises de cellules, et si les cellules ne sont mi lignifiées n mélangées de fibres, c’est l’assise en contact avec l’endoderme qui allonge radialement ses cellules et prend des cloisons tangentielles. Si le péricycle possède des fibres éparses, dont quelques- unes seulement sont en contact avec l’endoderme, le périderme se forme sous l’endoderme partout où les fibres manquent, plus profondément quand sa place est prise par des fibres (Œnothéracées, Myrtacées, Saxifragées, Gesnéracées). Le cylindre central est parfois entouré d’un cerele continu de fibres péricycliques. Ge cercle est quelquefois séparé de l’endoderme par une assise de cellules (Rubus, Spiréées) ; le périderme prend alors naissance en dehors de lui. Le plus souvent ce cercle touche l’endoderme, et le périderme est alors plus profond; il est sous les fibres péricycliques, immé- diatement en contact avec elles. Exemple : Éricacées. Dans le péricycle, le périderme peut donc avoir trois posi- tions : ou bien toucher l’endoderme, ou être mélangé aux fibres, ou naitre sous les fibres. Dans tous ces cas, le péri- RÈCHERCHES SUR LE PÉRIDERME. Too derme est en dehors du liber, j'entends en dehors des tubes criblés les plus externes. Toutes les erreurs que l’on à com- mises au sujet du périderme profond tiennent au défaut de précision dans la connaissance du péricyele et de l’endo- derme, et dans Pabus que l’on a fait du mot «liber ». Il importe peu, d'ailleurs, que le périderme soit mélangé aux fibres ou sous les fibres. Dans la tige souterraine d’une plante, les fibres sont rares et le périderme est exactement sous l’endoderme, tandis que dans les tiges aériennes de la même plante, si la sclérose est précoce et que les fibres touchent l’endoderme, le périderme est plus profond. Comme caractère anatomique, la position du périderme n’a qu'une valeur médiocre. Elle semble être un caractère de famille pour les Hypéricacées, Éricacées, Œnothéracées, Myr- tacées, les Apétales (excepté le Sahix). Elle est un caractère de tribu dans les Rosacées, un caractère de genre dans la majorité des cas, un caractère d'espèce dans les Vinca, les Viburnum, etc. La forme des cellules du liège, leurs épaississements, leur subérification, leur lignification sont éminemment variables suivant le milieu où vit le rameau que l’on étudie. Ces carac- tères varient même d’un rameau à un autre de la même plante, d’unt face à l’autre d’un même rameau; on ne peut fonder sur eux de diagnose anatomique. Quoi qu’il en soit, si cette étude ne comporte pas des con- clusions d’une haute portée, elle nous aura du moins appris, chemin faisant : que le périderme est plus développé à la lumière qu'à l'ombre; que l'écorce ne disparait qu'en servant à nourrir les tissus plus profonds, et que les plissements dis- posés sur les parois radiales des cellules, jadis considérés comme caractéristiques de l’endoderme, peuvent appartenir à une formation secondaire. Ce travail a été fait au Laboratoire de Botanique (Organo- graphie et Physiologie) du Muséum d'histoire naturelle, sous la direction de M. Ph. Van Tieghem, membre de l’Institut. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME ORGANOGRAPHIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES : Pages. Contribution à l’étude du liber des Angiospermes, par M. H. LECOMTE.. 193 Recherches sur le périderme, par M. H. DouLioT............ ARE EREE 324 PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE Dernières adjonctions à la flore fossile d’Aix-en-Provence (deuxième partie), par M. G. DE SAPORTA............,.... NE es 1 TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D'AUTEURS DouLi10T (H.). — Recherches sur le périderme..............: CRT Eee 324 LECOMTE (H.). — Contribution à l’étude du liber des Angiospermes.... 194 SAPORTA (G. DE). — Dernières adjonctions à la flore fossile d’Aix-en- Provence (deuxième partie). ....:.........,...:7r.4.. ec: TABLE DES PLANCHES CONTENUES DANS CE VOLUME Planches 1 à 20. — Plantes fossiles d’Aix-en-Provence. — 21 à 24. — Liber des Angiospermes. 19067. — Imprimeries réunies, À, rue Mignon, 2, Paris. Bol. Thme 10. PU 7. erLe. » _e Ann des Science nat en 7. de Japortz del. 2 Pot Tome 10 ll Ée ES I RSS ( | /N NS IX PNYTI NN Ny MA NON ; {| [\ ISIN SSS Ÿ - prete Sat. A KEZAR DA AAA AEA Ann des Seine nat 7° Jerte FE, Pol Tome 10. EC RE Z\ NET DUT Ta » Ann des Seiene nat 7 Jertte . | G & JSaporéa del. | + ; . Ann des Seine ral 7° Jerte. Bol . Tome 10. PL À | JIFK } NT | \ 2 LL \\ LCL — \ = = PS Gide Saporie. IA A. 7 UT ol . 7 ? 2 Bot. ne 2) à Jerte : ‘ Ann des Seaene nat. Dre _ ; nat.7* Jerte. Bel Zome 101 6! Ann.des Science PA Bol. Torne ot 7. Ann des Seiene nat 7° Serre. Pol. Jome 1o.1U 6! Ann des Scienc rat.7SJerte. — > _ 1 Y . l — —— = = > Bol. Tome 20.PL 9 EN NS AS res = ov/ \ / 4 | .| if de Saporta del Ann des Seienc . nat 7 € Jerte . Lot Thme 10.7 10 CAN sé £ ANT AAATIZ IT VONErAUT SSSR 0) T A de ÿ LOU X RE D Y Ann. des Seiene . nat.7° Jerce . F de Saporte_“tetl { ETUI JJ OL 207 707 21419 2f° ne PDU TIUNIS SOP UUFT au Nes AE LE a JD'iuer ce wr SC G de Saporlz « or Ca el Pot. Tome 10. 23 Ann.des Seiene. nad.7° Jerte. es Le Japorta del 7 Bot. Tome 1017018 pat ferre 5 ne / Dufour. se {nn des Jeune ral. AUX \ a ES CR ANR. : = Re 4 S sl D Aa | de Saporte.. del . = ; = à 2 Te 3 = | ë =. se Bot Tome 10. PUI6. dnn des Seiene nal. 7" Serre. — Ann des Seiene nat 7 Jerce . Pol. 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