æ CTI ee VV int FA City ot Aer York * k fe j Le € \pL (ADP UY }| ju v ( 17 ANNALES SCIENCES NATURELLES NEUVIÈME SÉRIE BOTANIQUE CORBEIL. — IMPRIMERIE ÉD. CRÉTÉ. ANNALES SCIENCES NATURELLES NEUVIÈME SÉRIE BOTANIQUE COMPRENANT L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION DES VÉGÉTAUX VIVANTS ET FOSSILES PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE MCPET VA NOITE GETEM TOME I PARIS MASSONSEMACESEDILCEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINT-GFRMAIN 1905 Droits de traduction et de reproduction réservés. ANNALES DES SCIENCES NATURELLES NEUVIÈME SÉRIE BOTANIQUE COMPRENANT L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION DES VÉGÉTAUX VIVANTS ET FOSSILES PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. PH. VAN TIEGHEM TOME I. — N° 1. (Ce cahier commence l'abonnement aux tomes I et II de la IX° série). MASSON ET Ce, EDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain 1905 Paris, 30 FR. — DÉPARTEMENTS ET ÉTRANGER, 39 FR. Ce cahier a été publié en avril 1905. Les Annales des Sciences naturelles paraissent par cahiers mensuels. | BOTANIQUE | Publiée so sous la direction de M. Pu. VAN TIEGHEN. #4 nement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 400 pages, les planches et les figures dans le texte correspondant aux ém joires.. es volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle une. année. 3 LA ZOOLOGIE _ Publiée sous la direction de M. EDMOND PERRIER. ‘abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 409 pages, ec les planches correspondant aux mémoires. Le Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle Le ‘une année. de pe tomes I à XVIII sont complets. Prix de l'abonnement à 2 volumes : Paris : : 30 francs. — Départements et Union postale : 32 francs. ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES 3 L. Dirigées, pour la partie géologique, par M. Héserr, et pour la partie paléontologique, par M. A. MiLNE-EDWaRDS. 4 $ La +574 … Tomes ! à XXII (1879 à 1891). Chaque volume .....…. Tes 4 | cette publication est désormais confondue avec celle des Annales #5 de) des Sciences naturelles. ARCS EPS RS 3 Prix des collections. PREMIÈRE SÉRIE (Zoologie et Bolanique réunies), 30 vol. DEUXIÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie 20 vol. TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie 20 vol. QUATRIÈME SÉRIE (1854-1863). Chaque partie 20 vol. CINQUIÈME SÉRIE (1864-1874). Chaque partie 20 vol. SIXIÈME SÉRIE (1875 à 1884). Chaque partie 20 vol. SEPTIÈME SÉRIE (1885 à 1894. Chaque partie 20 vol. GÉOLOGE, 22 volumes. ; 1,7 Een INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA RESPIRATION DES PLANTES Par M. K. POURIEVITCH. L'influence de la température sur la respiration des plantes a déjà fait l'objet de plusieurs recherches. Cette influence peut se manifester, d'un côté par un changement de l'intensité de Ta respiration, mesurée ou par la quantité d'acide carbonique exhalé ou par la quantité d'oxygène absorbé, et de lautre côté par ‘(2 ASE La première partie de cette question, le changement de l'intensité de la respiration, à été étudiée avec tant de détail, que maintenant nous ne doutons un changement du rapport ‘plus qu'avec l'élévation de la température lintensité de la respiration s'accroît el avec l'abaissement de celle-er elle diminue. Mais l'étude du rapport des gaz échangés pendant Ia respi- ration se trouve dans un état plus insuffisant. Les premicres données sur cette question, nous les trouvons dans le travail de MM. Dehérain et Moissan, en 1874 (1). Mais ces données ont peu d'importance, parce que les méthodes d'analyse des gaz, dont les auteurs ont usé, étaient imparfaites et que la durée des expé- riences élait si longue, qu'à la fin lFoxvgène manquait ou restait en très petite quantité, de sorte que pouvait se révéler le phénomène de la fermentation propre. De plus, ces expé- riences ne sont pas comparables, parce qu'elles sont faites avec (1) Dehéraïin et Moissan, Recherches sur l'absorption d'oxygène et l'émission d'acide carbonique par les plantes maintenues dans l'obscurité (Ann. Se. nat., 5 série, t. XIX, p. 321-357). ANN. SC. NAT. BOT. à 2 121 VU I Eee cn 2 K. POURIEVITCH différents objets. Mais quelques expériences surtout, faites avec les plantes grasses, ont donné des résultats assez précis (T 'expé- riences sur 31), desquels les auteurs ont conclu que « là quan- té d'oxygène absorbé par les feuilles surpasse la quantité d'acide carbonique produit; la différence est surtout sensible aux basses températures, qui paraissent favoriser dans Îles plantes la formation de produits incomplètement oxydés, tels que les acides végétaux » (1). Cette opinion, M. Moissan l'a confirmée dans son second tra- vail (2). Mais ses expériences, excepté huit, 1} me semble, ne permettent pas d'en déduire aucune conclusion précise, parce qu'il manque des expériences comparatives, faites avec le même objet où du moins avec divers objets identiques simul- lanément (3). MM. Bonnier et Mangin, dans leurs recherches sur là respi- ration des végétaux (#4), sont arrivés à une conclusion tout opposée à celle de MM. Dehérain et Moissan. Is affirment que 3 le rapport GE est invariable, quelle que soit la température. Mais plusieurs expériences de MM. Bonnier et Mangin ont été faites avec des objets peu comparables. Dans leur dernier tra- val, qui est consacré spécialement à l'étude de linfluence de la température sur la respiration, les auteurs usent, dans leurs expériences comparatives, du même objet seulement dans 19 expériences sur 3%. Dans leur préoccupation d'éviter la erande diminution de là quantité de oxygène dans Fatmosphère qui entoure les végétaux, les auteurs réalisent des expériences de courte durée, de une ou deux heures, parfois seulement d'une demi-heure (5). Dans le cas où la température élait trop basse, la durée de l'expérience était de sept ou neuf heures. Le résul- lat d'une telle durée de l'expérience était que les végétaux ne pouvaient pas S'échauffer jusqu'à Ja température voulue. Encre, p.351. 2) Moissan, Sur les volumes l'oxygène absorbé et d'acide carbonique émis dans la respiralion végétale (Ann. Sc. nat., 6° série, t. VIL, 1878, p. 292-339). 3) Voy. le tableau d'expériences, IV, V, Vlet VIT; au (otal, 76 expériences. (4) G. Bonnier el L. Mangin, Zecherches sur la respiration des feuilles à l'obs- curité (Ann. Sc. nal., 6° série, €. XIX, 1884, p. 217-255). 5) Voy. les expériences 4, 5, 6, 7, 10, 14,"13, 28. INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA RESPIRATION J La conclusion de MM. Bonnier et Mangin, que le rapport Cu S ; ga OS ne varie pas avec la température, déduite de peu nom- breuses et peu précises expériences, a été acceptée par plusieurs physiologistes, surtout français, comme un dogme, quoique deux années après, MM. Dehérain et Maquenne (1) aient publié le travail dans lequel ils constatent l'accroissement du rapport CO* HARAS ; dé : pr évec l'élévation de la température. Cette affirmation de MM. Dehérain et Maquenne à élé refusée par les auteurs posté- l'IEUrS. Ainsi, M. Auber, dans son travail sur la respiration et l'assimilation des plantes grasses (2), accepte Fopinion de MM. Bonmier et Mangin. Mais, pour quelques-unes des plantes grasses, cet auteur montre que lélévation de la température ‘02 entraine l'accroissement du rapport sou Les données des expériences de M. Auber ne sont, dans plusieurs cas, pas com- parables, parce que les expériences n'étaient pas faites dans le même temps, non seulement dans les jours divers du mois, mais aussi dans les différents mois. Ainsi, M. Gerber (3) accepte l'opinion de MM. Bonnier et Mangin et donne une explication forcée pour éclaircir la discor- dance entre ses résultats et ceux de MM. Bonnier et Mangin. A la page 43,11 dit: « Si l’on considère que la chaleur met un temps d'autant plus grand à gagner le centre d'une pomme que celle-c1 est plus épaisse, on est porté à admettre que le quotient maximum ne peut être atteint qu'au bout de ce temps, et à attribuer uniquement à la chaleur la production d'une quantité de gaz carbonique supérieure à la quantité d'oxygène absorbé. Mais déjà les travaux de MM. Bonnier et Mangin nous mettent en garde contre cette hypothèse, qui se présente tout d'abord à l'esprit, puisque ces savants ont établi que la température n'a (1) Dehérain et Maquenne, Recherches sur la respiration des feuilles à l'obscu- rité (Ann. agronomiques, t. XIL, 1886, p. 145-199), (2) Aubert, Recherches sur la respiration et l'assimitalion des plantes grusses (Rev. gén. de Bot., t. IV, 1892). (3) Gerber, Recherches sur la maturation des fruits charnus (Ann. Sc. nat., 8e série, t. IV, 1896, p. 1-280). ( K. POURIEVITCH aucune influence sur le quotient respiratoire des organes des plantes en voie de croissance. » DE 0? rier avec la température, mais il met cette variation sous la dé- M. Gerber reconnait d'ailleurs que le rapport peut va- pendance de la présence des acides organiques dans les fruits. 2 Ce fait, que le rapport 0 chez les plantes riches en acides organiques s'accroit avec l'élévation de Ta température, à été confirmé par mesexpériences sur Ja formation et Ja destruction des acides organiques chez les végétaux. Dans mon travail, j'ai montré (1) que, chez les plantes riches en acides organiques, le BC 2 minimum du rapport correspond à la température entre 10° et 15° C., tandis que l'élévation et l'abaissement de la tem- CO? 0? Pour donner une idée de l'état actuel de la question étudiée, péralure provoquent l'accroissement du rapport je citerai ici toutes les données des expériences que la littéra- Lure possède et quelle en est l'importance. Dans l'estimation de ces données, j'ai pris pour base les considérations suivantes : 1° Les expériences sur l'influence de Ja température sur le *N9 4 rapport doivent être faites avec le même objet, de telle 0? manière que cet objet soit exposé aux diverses températures successivement. Mais comme ilest très difficile d'expérimenter avec le même objet durant un temps prolongé, il est préfé- rable dans plusieurs cas de faire des expériences avec divers objets, mais aussi identiques que possible, en exposant ceux-ci simullanément à l'influence des températures diverses. 2° On doit tenir compte seulement des expériences dans les- quelles là quantité d'oxygène restant à la fin de l'expérience, dans Patmosphère ambiante, est si considérable, qu'on ne peut pas craindre la respiration intramoléculaire. Comme mini- . mum, jadmets # p. 100 d'oxygène. 1) Pourievitch, Recherches sur la formation et la destruction des acides orga- niques chez les plantes supérieures (Mém. de la Soc. d. Natur. de Kiev, t. XIV, 1593, p. 1, en russe). INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA RESPIRATION D 3° On doit prendre en considération les expériences faites à des températures qui diffèrent entre elles considérablement. Conformément à ces principes, on peut, il me semble, pren- dre en considération, sur les 31 expériences de MM. Dehérain et Moissan (1), seulement les 7 qui ont été faites avec les plantes grasses (exp. 74 à 80). De même, sur 76 expériences de M. Mois- san (2), je prends 8 expériences (exp. 58 à 61 du tab. V, et exp. 11 à 74 du tab. VI). Des expériences de MM. Bonnier et Mangin, qu'ils ontmenées dans leurs trois travaux sur la respiration des plantes (3), on peut citer : Du premier travail (4) : Expériences 25 à 27 et tab. VIT is: Du second (5) : Expériences 36 et 37; Du troisième (6) : Expériences 1, 14, 16, 19, 29, 23, 26 et 28. Des expériences de MM. Dehérain et Maquenne, on ne peut pas citer quelque chose, parce qu'aucune des expériences n'a été faite avec des objets identiques. On peut dire la même chose des données de M. Auber. Du travail de M. Gerber, jemprunte neuf séries d'expériences (7), chaque série avant été faite avec le même objet aux diverses températures suc- cessivement. Comme chacune de ces séries avait la durée de 1N9 Z 0? été faite pour chaque jour, je mets dans ce tableau seulement Re septàätrente-trois jourset que ladétermination du rapport a les valeurs movennes de à chaque température. 2 Enfin, de mes propres expériences, Je citerai celles avec Sempervivum tectorum, Echereria macrophylla, Sedum hybri- dum, Oxalis acetosella et Pelargonium zonale. (1) Loc. cit., p. 342-343, tabl. V. (2) Loe. cit., p. 310, 316, 318 et 324. (3) Recherches sur la respiration et la transpiration des Champignons (Ann. Sc. nat., 6° série, t. XVII, p. 210). — Recherches sur la respiration des tissus sans chlorophylle (Ann. Sc. nat., 6° série, t. XVIIE, p. 293). — Recherches sur la res- piration des feuilles à l'obscurité (Ann. Sc. nat., 6° série, t. XIX, p. 217). (4) Loc. cit., p. 267-270. (5) Loc. cit., p. 357-359. (6) Loc. cit., p. 231-236, 240-245. (7) Loc. cit., tab. IV, 10, 11, 12, 23, 41, 46, 51 et 60. (9 K. POURIEVITCH | NUMÉROS DURÉE | EmpéRa- | RAPPORT des OBJETS. de co? à UE TURE. expériences l'expérience. 02? heures. degrés. A. — Expériences de MM. Dehérain et Moissan. 74 Apave americanar. tte 2 Cat 47 0 » 75 1 {6 ÉCART Rp CARE 90 11 0,66 T6 Ki RÉOERRES RRR RE CRU PA e 5 40 0,88 77 Agaveimicracanthafe Peeters. 48 0 » 78 1 RS APE A SE Stern A 90 11 0,65 79 Gpüatie elaiare restent sr PER ER 20 12 » 80 FRE RP A ET RER 22 15 0,86 >. — Expériences de M. Moissan. 58 Les bourgeons d'Æsculus Hippocas-( 21 15 0,85 DO D ManUMAArTIl) RACE MIN LEE Or 30 0,98 60 4 1d Vel 15 0,81 61 \ el, be: (1 leurre mialolelahasc tone e nto/ate.s l 21 30 1,29 71 l Id \ 24 15 1,06 72 en LP Pen ste lote se) ei Piortuie e)clere'e Gr) 21 30 1,82 HOT Id (el 15 0,50 TRE: SAS RAR LE Ra rat NES 30 239 C. — Expériences de MM. Bonnier et Mangin (1° travail). l 11 0,06 > Reg RS POELE Las 19 0,06 25 Aparicusyelutipes The FLE I 27 0.06 1 34 0,06 0,45 22 0,06 97 ? 2 él Id. se stelele aie bye eloeiciolels 0,45 28 0,06 Aéncr : *£ icfric Cd) rr S , + Jab. |Agaricus campestris, 120 gr. dans, i 14 0,55 7 bis. QULMAO CAT AE te Lies se) 14 28 “ [d: EUR SE LR TRER 1 29 0,56 ft 39 n Id re RE Lu RER ) 1 36 0,56 D. — Expériences de MM. Bonnier et Mangin (2° travail). ( 24 0,92 36 Pieds de Neottia Nidus-avis ........ 3,30 25 0,92 | (ANOE 0,92 | 27 à ne \ 35 0,94 | 37 116 RE Te SRE C Re ee 3,30 / 30 0,94 E. — Expériences de MM. Bonnier et Mangin (3° travail). | DU LA ae 7,30 0 0,97 | à [Rameaux feuillés d'Evonymus je-| K (5 0 07 | 3 ponicus (57 gr. dans 700 centim. 2 30 23 100 : ne à 2,30 2 OC | 7 CUBES LAIT) eee ere Ce | I 31 0.94 | 5 Rameaux feuillés de Syringa vulga-( 1 18 0,98 6 \ ris (49 gr. dans 620 centim. cubes 0,45 24 0,94 7 | d'ail ae UT Nr ar (20:50 32 0,99 | INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA RESPIRATION 7 NUMÉROS DURÉE PEN bn A RAPPORT | des OBJETS. de CO? LR se TURE. expériences. l'expérience. 02 heures. degrés. E. — Expériences de MM. Bonnier et Mangin (3° travail) (suite). Q / 07 : JRameaux feuillés d “Esculus Hippo-| Fan + He 10 castanum (50 gr. dans 690 centim 0 35 2: 0.98 1 \ CUDESdAIr nr SR. HEAR CRE 047 27-355 1.06 12 )Feuilles de Hede ra Helix (53 gr. dans. 1 {4 1,00 13 60 centim. cubes d'air) ....... Ro) 0,30 27-32 1,00 14 Rameaux feuillés de Pinus mari-( ) 0 0,83 16 tima (120 gr. dans 620 centim.. 1,50 20 084 19 cubes d AE) AR AS Ar ( 3,07 36 0,87 22 Rameaux feuillés de Pinus Pinea 2,10 14 0,82 23 A22%srrdans 1426006 diair) 252200822515 24 0,83 26 /Rameaux feuillés de Taxus baccata( 4 16 0,86 28 À (106 gr. dans 610 c. c. d'air) ...... LES 46 0,89 F. — Expériences de M. Gerber. Jab. 4 [Une pomme pesant 1065r,37........ 33 1,43 (1 EE SERA ENS AS » 18 0,96 (2 Jab. 10 [Une pomme Ru ROTE MAUR » 33 4,20 (3) Le EEE ET OPEN PE » 15 1 O1 (4) Jab. 11 [Une pomme pesant RERO SEE » 30 1,25 STE ARE EEE ur ») 18 0,99 Id. CD oo ») 0 0,88 | Jab. 12 |Une pomme pesant 935",90......... » 38 1,29 Id. bio cat rene » 30 1,13 116 PAR TA a A A » 18 4,05 Id. Le LE » 0 0,88 . Un raisin Désanti 2T ere TRE » 37-33-30 1,39 OEM CNE RS MEN Rose » 20-16 0,93 Id. sorte feneus etes ») 0 0,70 Mapa aaté: Un raisin pesant 3,25 gr......... » 30 1,30 Rose EE AE PEL » 20 0,98 | ET PPEMIN CS AT AIRE » 6 0,70 Unraistnnesant, 5 10ere 2. » 30 1.03 | \ Jr REPAS REA RT » 20 0,83 | Jab. #1 |Aspergillus niger, sur liquide nutri- » 33-32 1,76 | üf contenant Our 284 d'acide tar- » 14-12 1,32 TIQUE ER ANS EN M RATE | » 8-5 0,86 Jab. 46 |Aspergillus niger, sur liquide nutri- » 33-30 1:21 | tif contenant Or, 37 d'acide tar » 12-11 0,98 | lrique et 0,25 de SCO ML ee » 8 0,91 LAIT » 33-30 {15 Jab. 54 [Aspergillus niger, sur liquide nutri- A - < tif contenant Dsr, 82 d'acide tr) 4 15-12 . trique et 0,84 gr. de sucre. ..,... : : Ris | Jab. 60 Aspergillus niger, sur a » 33 1,09 contenant 2 gr. de tannin........ l » 14 1,08 (1) Moyenne de # expériences. (2) — D _— (3) = 6 = LITE 27 = 8 K. POURIEVITCH NUMEROS le DURÉE RAPPORT TEMPÉRA- des OBJETS. de re AW TURE. (experiences. | 1 experience. heures. degrés. G. — Mes expériences. D'EDAPErVIVUMALECIOTUM: : :... : 4. { 3 3. 2 A6 1 à 1 AUS à PR te 3 10-15 3 JUN r M PS A AT OM, 7 24-26 k Pi ET ER TAN SERRES 7 35 5 Echeveria macrophylla ............ 31472 0,75-1,5 6 EF AO RAS 3 4/2 |: 7,845 1 6 LPO) AE 2 PRE ART VAN 15 3/4 12,5-25 8 LAS QAR MR 1 4/2 26-26,5 9 | Er CEA: PORTE AU IRe à 3 37 10 LL EC Re PA ERP AA PE 3472 12,5 {l 5 NC N RTE AE SR 3 1/2 3,6 121)Sedumhybridum.."....%21: 3 24 13 DRE EC 3 10-12 14 LA RQ, SEE LUE A TO 3 25-26 15 C PRRMRPCESR RE RS CARS PE LR 2 4/2 37-38 16 [F5 RRSRET EE RSS TR OPA 2 39-40 Hu IS Re MEME NT 2 1/2 | 4244 RMS (CRE METRE D SONO CP RES 3. 41/2 3-5 19 LOST AE SE Re LE LS ere 1 4/2 23-23,5 20 | AE Er ps EE hd RS RE 46 23-25 ,5 >1 Oxalis Acetosella...... ONDES Er ER 2 1/2 36-38 22 LS NET ENT ETES RE A TRES 3 37 23 FER RAGE SO PRE RE er 3 15-16 0,61 24 5 ER ET SR Eee 5 5-1 0,73 25 Pelargonium zonale.:............. 4 4-5 0,75 | 96 M MAN EEE EE OR RATER 3 12-44 | 0,54 | 97 NE CN TER 3 34-35 | 0,95 Comme on le voit par ces Tableaux, les données des expé- riences sont si contradictoires qu'on ne peut pas en tirer quelque conclusion précise. Pour étudier plus précisément cette question ‘(2 n , qe Avec la température, qui à, non du changement du rapport seulement un intérêt {héorique, mais aussi un intérêt pratique pour la discussion des résultats de quelques expériences, J'ai entrepris de faire une série de recherches dans des conditions qui excluent autant que possible toutes les sources d'erreur. INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA RESPIRATION 9 Il La première et la plus importante difficulté dans les expé- N2 4 A (0 que, grâce à la grande intensité de la respiration à la tempéra- ture la plus élevée, les végétaux absorbent Poxygène plus vite dans un récipient hermétiquement fermé. Ils peuvent alors ma- nifester le phénomène de la fermentation propre. On peut lever cet obstacle en appliquant trois méthodes différentes: 1° En exposant les végélaux aux températures diverses avec différentes durées des expériences, durées d'au- c'est riences sur l'influence de la température sur le rapport ant plus petites que la température est plus élevée; 2° en exposant simultanément des plantes aussi identiques que possible en quantité différente dans des récipients de volume égal: 3° en exposant simultanément des plantes identiques en quantité égale dans des récipients d’un grand volume à la tem- péralure la plus élevée et dans des récipients de plus petit vo- lume à la température la plus basse. Lapremière méthode qu'ontemployée MM. Bonnier et Mangin dans leurs recherches sur la respiration des rameaux feuillés présente cel inconvénient que, sila durée de chaque expérience est courte, les végétaux n'ont pas le temps de s’échauffer à la température voulue. Les plantes prennent, en effet, la température de latmo- sphère ambiante très lentement. C'est ce que démontrent les expériences que J'ai établies et que je cite ei : E:rpériencef .— Une pomme de terre pesant #2 grammes et de volume de près de 40 c.c. à été perforée jusqu'au centre et dans le canal cylindrique à été introduit un thermomètre. Gelte pomme de terre avec le thermomètre à été placée sur le fond d'un cylindre de verre de 300 e.c. de volume, de telle manière que le thermomètre avait une position verticale. L'ouverture du cylindre à 6t6 bouchée par un tampon de ouate. Puis le cylindre a été placé à 11h. 30 dans une étuve dont la température était de 37° C. A partir de 11 h. 30, ont été lues les indications du 10 K. POURIEVITCA thermomètre placé dans la pomme de terre. Voici les résul- Las : Heures. Degrés. ASS OS ES EN ER MR 20,0 LES LR RS RE Re en 25,0 LP COS PR TE A MEN Le ts 2619 A RE EE PE RTC EP ET ne 29,3 AL D RS CC CES ERA TERRE ES PERL 32%4 AE A RE Le NPA UT RAR EL PEAR AUS 34,6 LOS Sr ee SPENCER 352 SPL RS CO RE DR RE PU PR et 36,0 DAT D RS LEE Re Pie TN Ne ES MN a 36,8 D DO RCE HEAR DL EN OR AR TR Ne TR RAR 317,0 Expérience 2. — Un bulbe d'Oignon (A/lium Cepa) pesant 20 grammes et de 22 c.c. de volume à été perforé Jusqu'au pla- teau du bulbe et dans le canal à été introduit un thermo- mètre. Le tout à été placé dans un evlindre de verre de 250 €.c. de capacité el, comme dans lexpérience précédente, le ev- lindre a été laissé dans lPétuve à 37°C. à 9 h. 15 du matin. Le thermomètre indiquait: Heures. Degrés. LE RNB or oi On MD ele E SORA OL co te 18,5 NÉS 60e AO HER dame nn ve 24,3 NE RENE ie se rouec tete le es RS Rte 25,2 AOOODUA ES Per EN 4e Aie LISE RS IR TERRE RTE 28,1 LOTO BP RER SR TA Ne et taie lee 30,5 AE OR TR Re eat re UE Cle 36,8 A OO LR RE ARE S LE FAR RER SRE 37,0 A midi, le cylindre avec le bulbe a été transporté de létuve dans une chambre à la température constante 19°,2—19°,3 C. Le {hermomètre indiquait : Heures. Degrés. 12/00 RARE RER En. ER RNR EPE ERA SRE R 37,0 LTD ER Es LES Lu ER EME AR LEE 39,1 12,20 MERE PR AE ET 00e CO Te 31,2 AR RG ds sante ne ue NÉ AR Eee 20,2 RE A SOS SON MNT Een ITS PART 23,2 LRO MS A a ten ee LM RCE A Le CE 21,0 2 À BONNE SEPT UE E MES ETOD RE ER an OI CPU Put 19,4 Erpérience 3. — Dix plantules étiolées de Lupin (Lupinus albus) ont été liées en faisceau et au centre de ce faisceau a été introduit un thermomètre. Ce faisceau avec le thermomètre a INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA RESPIRATION 11 été placé dans un evlindre de verre au fond duquel était une petite quantité d’eau (près de 5 c.c.). L'ouverture du eylindre à été bouchée par un tampon de ouate et le eylindre à été laissé l'étuve à 37° C. à 11 h. 15 du matin. Le thermomètre indiquait : Heures. Degrés. FETE ARR LU RENE DR OR MS LEE 19,0 18 LOST an AS PE À PE AA SRE 21,0 AU A PR CR Er PLU RAS M oi AIN ER 32,5 AR RP ME de een ME De LE Evo a 34,1 LORS PET AR EP ee Es KR RE 35,0 A2h. 15 après midi, le cylindre a été transporté dans une chambre à température constante 16°,5-16°,6 C. Le thermo- mètre indiquait: Heures. Degrés. AL DE Ie tonete de on 2e Den ARR RES 35,0 DEN ES SR AE RE RE ET 18,2 AU RS RARES A PAG A AE SA NE DES 16,0 Expérience 4. — J'ai répété l'expérience précédente, mais j'ai placé le cylindre avec les plantules et le thermomètre dans un plus grand cylindre de verre rempli d'eau à 35° C.; ce cylindre se trouvait dans l étuve à 34° C. Le thermomètre indiquait : Heures. Degrés. DR JL ME HAUTE NS AS ES QE 18,8 OO RER en MEN metres nn eu dd 21,1 SU ARS Ce r BAPOEU TEMGE DO 22,8 EPA ee AS PR RE NÉE ME AIR PE Re 21,9 10 UNI SRE PER EEE Se DNA ts 32,1 ARTS SAR AS er A M re ne ee 34,0 SAS ES CO PR ME OP EE a OEE 34,6 MSA NES LAURENT NE Set NAS at LU) » 35,0 Comme on le voit par le résultat de ces She Henves Us élever la température des végétaux de 19°-20° C. à 35°-37° C., il faut maintenir ceux-ci pendant 2 h. 30 à 3 h. 15 à cette température. I faut aussi attendre le même temps pour les refroidir de 35°-37° C. à 17°-19° C. MM. Bonnier et Mangin disent que: « dans les expériences faites dans d'autres conditions qu'à la température ordinaire, il est nécessaire de laisser les feuilles prendre la température 12 K. POURIEVITCH de Fair dans lequel on les immerge » (1); mais, dans leurs tableaux d'expériences, ils n'indiquent pas le temps pendant lequel les végétaux prenaient la température désirée. Nous ne pouvons done pas savoir si les plantes avaient vraiment la tem- pérature de Fair ambiant. On peut conclure, des expériences décrites plus haut, que dans l'étude sur linfluence de Ta température sur le rap- C0? 0? l'exposant aux températures diverses successivement que dans port on ne peut expérimenter avec le même objet en le cas où la durée de l'expérience n'a aucune Influence sur lPétat de développement de cet objet. Mais comme, dans plusieurs cas, nous avons des objets qui, pendant une expérience durant 10-12 heures, manifestent des variations dans leur développement, il est plus convenable de comparer là respiration de deux ou plusieurs objets aussi identiques que possible en les exposant aux températures di- verses simultanément. Mais, dans ces cas, 1l est indispensable de prendre pour les expériences des plantes en grande quantité pour éviter linfluence individuelle des objets. Quant à la durée possible de chaque expérience dans laquelle la quantité d'oxygène dans le récipient n'est pas encore devenue Lrop pelite, il'est très important de déterminer avec précision la quantité minimale d'oxygène dans l'atmosphère, qui ne pro- voque pas encore la respiration intramoléculaire. L'apparition de cette dernière, d’une manière extérieure, se fait voir par lac- {39 2 AN M. Süch (2), une diminution de la quantité d'oxygène dans lat- mosphère atteignant à peu près 4-5 p. 100 n'entraine pas encore l'apparition de la respiration intramoléculaire, et ce n’est que croissement du rapport D'après les expériences de {19 = 4 plus bas, au-dessous de cette limite, que le rapport G CON)- mence à augmenter. J'ai fait quelques expériences ayant pour but de vérifier le 1) Recherches sur la respiration des feuilles à l'obscurité, p. 225. ) 2 Süch, Athmung der Pflanzen bei verminderter Sauerstoffspannung und bei Verletzungen (Flora, 1891, p. 1). INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA RESPIRATION 15 minimum pour la quantité d'oxygène. Dans ces expériences, les objets aussi identiques que possible, en mêmes où différentes quantités, avaient été introduits dans des récipients du même volume et restaient à la température de Ja chambre ({oujours invariable où les changements ne dépassaient jamais 0,5°) où à l'étuve pendant différents intervalles, de sorte qu'à a fin de l'expérience J'obtenais dans le récipient une atmosphère ren- fermant différentes quantités d'oxygène. Expérience 1. — Je mettais des plantules de huit jours de Triticum vulqare, en même quantité, dans trois récipients pa- reils de dimensions (A, Bet C), gardés dans la chambre à la température 19°-19°,3. Toutes les deux heures, je faisais une prise d'air d'un récipient pour l'analyse. J'ai obtenu les résul- lats suivants : Durée 02 p. 100 Co2 de l'expérience à la fin Rapport © (heures). de l'expérience. RéeiDiente AE RES 2 14,2 0,47 — ANNE AOET L 7,5 0,46 — CSS les (9 1,5 0,59 Expérience 2. — Les mêmes plantules de Triticum vulqare, placées en même quantité dans les trois récipients (A, B et C) etgardées dans l’étuve à 35°. Toutes les heures, je faisais dans chaque récipient une prise d'air pour lPanalvse. Durée O2 p. 100 Co2 de l’expérience à la fin Rapport TA: (heures). de l'expérience. G Récipient Ames; rer Je 1 15,1 0,52 — LOUE RTE 2 Ho 0,58 = CAL. 3 1,1 0,73 Du reste, l'expérience 2 ne mérite que peu de considération, car, comme je l'ai démontré plus haut, léchauffement des plantes se fait assez lentement el par conséquent 1l est possible 2 RES pouvait dépen- 0° dre de Péchauffement graduel des tissus des plantes. A cause de cela, toutes les expériences suivantes ont été faites à la même température que les objets avaient avant l'expérience. Expérience 3. — Des plantes étiolées de dix jours de Helian- Ueus annuus ont été placées dans quatre récipients (A, B, C etD) que l'augmentation graduelle du rapport 1 K. POURIEVITCH et gardées à 19°-19°,2. Les prises d'air étaient extraites à deux heures d'intervalle. 6e 3 n Ne de rates “4 a de Rapport == (heures). de l'expérience. à RÉCIDIEND AA MP ee 2 15,3 0,51 = VA VAE RTC NES ï 10,9 0,52 _ (CLONE RTE 6 5,8 0,50 — DRE LT 8 0,9 0,71 Erpérience 4. — Avec des plantules précisément identiques, fut faite une autre expérience. Dans trois récipients de mêmes dimensions furent placées différentes quantités de ces plan- tules et dans tous ces récipients, où les plantes restèrent x heures à 18°,8-19°, les prises d'air furent extraites pour Fana- lvse en même temps. Quantité O2 p. 100 Co? de à la fin Rapport NE plantules. de l'expérience. Récipienti A; se mens à) 13,8 0,53 _ ere D re ee 10 viral 0,52 - CERN 15 155 0,59 Expérience 5. — Des jeunes feuilles de Syringa vulgaris ont été placées dans trois récipients pareils de dimensions (A, B, C), en différentes quantités : dans le récipient À, 10 feuilles ; dans le récipient B, 20 feuilles, et dans le récipient C, 30 feuilles, et gardées dans une pièce noire à la température 18°,4-18°,6 trois heures durant. Après quoi, de chaque récipient furent effectuées les prises d'air pour l'analyse. 2 9 ne Rapport a de l'expérience. 7 Récipien te ASE ES RU RAD 12,4 0,70 — DOTÉ rss EE I MERE CROP 5,0 0,70 — Citer me TU LE OR UD S 0,81 Expérience 6.— Des jeunes branches feuillées ont été placées dans quatre récipients pareils (A, B, Cet D), et gardées dans une pièce noire à la température de 19°,2-19°,5. Les prises d'air furent effectuées à intervalles d’une heure dans chaque réci- pient successivement. Durée O2 p. 100 co? de l'expérience à la fin Rapport 102" (heures). de l'expérience. RÉCIDIENE MAS hair Als l 16,1 0,7% — PSC 2 10,2 0,75 —- DRAATRES DO OUNER 3 010 0,72 — EJAE RS OREE PRr k 11 0,77 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA RESPIRATION Lo Expérience T. — Dix plantules éhiolées de Cucurbita Pepo furent placées dans un récipient qui communiquait par un tube en verre avec l'appareil à prises de MM. Bonnier el Mangin (1); pendant la durée de l'expérience, furent effectuées des prises d'air toutes les demi-heures. Température 17-187, SE 02 1 É + Rapport D de l'expérience. Dans une 1/2 h., depuis le commence- ment.de l'expérience. 4": 22000c La 0,62 DansAPheure ve Pere ee ere 151 0,63 LA NC PE VEN ra EE CIN PROS en 8,9 0,61 DÉNENTES A CS UN rer EN 4,5 0,62 DR 2 ee PA AU A 1,2 0,65 SINEUTES SE. AM ANNEE ee 0 0,88 (2) Les résultats des expériences précédentes, elausst ceux des expériences de M. Stich, donnent le moyen de préciser le mi- nimum de la quantité de l'oxygène à la fin de l'expérience ; il est de 4 à 5 p. 100. Ce qui fait que, dans mon futur exposé, je ne fixerai mon attention que sur les expériences dans lesquelles la quantité de l'oxygène ne fut pas moins que # p. 100 à la fin de l'expérience. Ensuite, en exposant les expériences sur l'influence de la température sur la respiration des plantes, il'est encore néces- saire d'avoir en vue les conditions d'existence des objets dans le temps qui précédait lexpérience en question. Des expé- riences de MM. Palladine (3), Zalessky (4), Ziegenbein (5) et Schmidt (6), nous coneluons, en effet, que les plantes exposées à une température moyenne, après l'influence d'une température plus élevée, réagissent sur cette irritation en élevant l'énergie C0? tan de la respiration et en agrandissant la valeur du rapport (1) Voy. la description de cet appareil dans leurs Recherches sur la respiration et la transpiration des Champignons (Ann. des Sc. nat., 6° série, {. XVID. (2) Voy. aussi les données de l'expérience 33, dans le tableau VI. (3) Palladine, Influence des changements de température sur la respiration des plantes (Rev. gén. de Bot., t. XIL, 1899, p. 241-257). (4) Zalessky, La question de l'influence de l'irritation sur la respiration des plantes, 1902 (en russe). (5) Ziegenbein, Untersuchungen über den Stoffwechsel und die Athmung kei- mender Kartoffelknollen und anderer Pflanzen (Pringsh. Jahrbücher, t. XXV, 1893). 6) Loc. cit. 16 K. POURIEVITCH Cette dernière valeur du rapport reste invariable quelque temps encore après que les plantes ont été transportées de nouveau à la température antérieure. Ce fait démontre qu'il faut éviter d'employer le même objet pour deux ou plusieurs expériences consécutives, el aussi d'exposer les objets à de trop brusques changements de température avant l'expérience. [I Toutes les conditions exposées dans le chapitre précédent furent observées par moi dans mes expériences. Les réci- pients pour les plantes étaient des cylindres de 150, 250 et #00 €.c. Je fermais les evlindres avec un bouchon ordinaire à travers lequel furent passés : 1° le tube en verre 4, qui servait à extraire les portions du gaz du récipient à la fin de l'expé- rence; 2° le manomètre à mercure ouvert. Au début de Fexpérience, Je mettais les plantes dans un réci- pient, je fermais ce dernier par un bouchon avec le tube « et le manomètre:; ensuite Je couvrais bien vite le bouchon avec du mastie de Mendelereff el soudais Pouverture extérieure du tube a; après quoi, le récipient était laissé où dans l'étuve ou dans une pièce noire à température constante. L'expérience finie, je mettais le tube 4 en communication avec l'appareil à prises de MM. Bonnier et Mangin au moven d'un tube en caoutchouc plongé dans le mercure. Je cassais la pointe soudée du tube # dans Pintérieur du tube en caoutchouc, sous le mercure, et fai- sais le brassage de l'air dans le récipient; après quoi, je prenais l'échantillon d'air destiné pour l'analyse. En couvrant le bouchon du récipient avec le mastie de Men- deleieff, jarrivais à fermer hermétiquement le récipient, ce dont il était toujours facile de se convaincre en raréfiant l'air dans le récipient par lFappareil à prises, et en observant les indications du manomètre qui, de cette manière, contrôlait la complète isolation de l'atmosphère dans le récipient. Il est inu- Ule de noter que, dans la branche du manomètre communiquant avec le récipient, je versais quelques gouttes d’eau pour préser- ver les plantes de l'action des vapeurs du mercure. INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA RESPIRATION (7h Pour chaque expérience, dans deux ou {rois récipients de même volume je mettais des objets le plus possible identiques, mais de quantités inégales ; je prenais, pour Fexpérience à une température plus basse, plus de plantes que pour l'expérience à température plus haute. Ce procédé avait pour but Pégale com- position de l'atmosphère à la fin de l'expérience. La durée de l'expérience était toujours la même à toutes les températures. Dans d'autres expériences, Je prenais les mêmes quantités d'ob- jets pour toutes les températures, mais alors je Les mettais dans des récipients de différents volumes: Jj'exposais les grands récipients à une haute Température, el les petits à une plus basse. MM. Dehérain et Maquenne (1) indiquent comme une source 1. CO? d'erreurs dans les expériences sur le rapport Pr Ve la disso- lution d'acide carbonique dans le sue cellulaire. as de doute, en effet, qu'une certaine quantité de l'acide carbonique reste dissoute dans les tissus des plantes et cette quantité peut être définie d'un côté, premièrement, par l'énergie de la respiration d’une plante donnée, et secondement, par là propriété du protoplasme d'exhaler de l'acide carbonique, plus facile où plus difficile ; de l'autre côté, cette quantité dépend de la température de l'air qui entoure la plante et de la pression partielle de lacide carbonique. Par conséquent, on peut croire qu'à basse température, les plantes retiennent plus de Facide carbonique dissous qu'à haute température, ce qui influe infailli- 1N2 blement sur le rapport TER quant à sa diminution. Mais à haute température, la plus grande intensité de la respiration augmente là quantité de CO? dans l'atmosphère du récipient, augmente la pression partielle et, par là, agit sur l'accumula- üon de Pacide carbonique dans les tissus de Ta plante. Tout de même, 1} paraît que la quantité de l'acide carbonique retenu dans le tissu des plantes n'a pas d'influence appréciable sur le CO rapport pr sion mélange soigneusement l'air à la prise des (1) Loc. cil., p. 183. ANN. SC. NAT. BOT. I, [A 18 K. POURIEVITCH LE] échantillons. Pour mieux éclaircir cette question, J'ai fait les expériences suIvantes : Expérience 1. — Les plantules éiolées de huit jours de Lupni- nus albus (10 plantules dans 250 e.e. d'air) étaient laissées dans le récipient pendant # heures à la température 10°-10°,2. Après le brassage de l'air, Féchantillon fut pris, Panalvse duquel 9 fournit le rapport — 0,72. Ensuite, l'air fut complète- }? ment retiré du récipient au moven de Ta pompe à mercure de CO? Sprengel et l'analyse de cet air fournit le rapport Da 0,74. 2 Erpérience 2. — Exactement la même expérience fut faite avec des plantules identiques à la température de 35°. L'échantillon ‘(2 de Pur, après le brassage, fournit le rapport Dr re 094 ET: 2 après que l'air fut pompé, 0,92. Expérience 3. — La même expérience à été faite avec des plantules identiques à la température de 4°-5°, L'échantillon d'air 2 après le brassage fournit —=— — 0,63 et, après que l'air fut » pompé, 0.67. Erpérience 4. — Les vertes et jeunes feuilles de Lilas (Syringa vulgaris) (20 feuilles dans 200 c.c. de l'air) étaient laissées dans le récipient pendant 5 heures à la température de 3°-4°. Après de Nue CO ; brassage, l'échantillon d'air fournit le rapport es — Oo: Ensuite, l'air fut vite pompé du récipient et l'analyse de cet air ‘O2 ; ù 0 fournit le rapport ne 0,60. Expérience 5. — La même expérience fut faite avec les feuilles du Lilas (20 feuillles à 400 e.c. d'air) à la température D de 35°, L'échantillon d'air aprèsle brassage fournit 0: — 0,68, el'après l'avoir pompé, 0,90. Les expériences sus-mentionnées démontrent que la quantité de l'acide carbonique retenu dans les tissus des plantes, en INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA RESPIRATION 19 brassant soigneusement Fair avant de retirer léchantillon, est CU: Où La durée des expériences était différente, mais assez longue si pelite, qu'elle n'a aucune influence sur le rapport (ae pour que les plantes eussent le temps de S'échautfer à la tempé- rature ambiante. Toutes les expériences, dans lesquelles la quantité de loxvgène fut moindre, à la fin, que furent plus mentionnées. Les objets furent des jeunes plantules d’âges différents, des feuilles, des racines et quelques microorganismes végétaux. , k p. 100. ne Les jeunes plantules. Pour les expériences, J'emplovyais les plantules de Phaseolus multiflorus, Hordeum distichum, Triticum vulgare, Helianthus annuus, Cucurbita Pepo, Lupinus albus. Les résultats obtenus sont indiqués dans les tableaux qui suivent. Dans ces tableaux, j'ai calculé les quantités d'oxygène et d'acide carbonique qui existeraient pour une proportion d'azote égale à la proportion au début de l'expérience. Pour toutes les expériences, la composition de atmosphère initiale RL OS O0 20; 61279 7%. (1) Voy. aussi les données de MM. Bonnier et Mangin dans leurs Recherches sur les variations de la respiration avec le développement äes plantes (Ann. Sc. nat 1série tt, Il 41885 D-0321-323); 20 K. POURIEVITCH Tagz. | — Phaseolus multiflorus. p à RD S 5 s. |:à Mae | FA Æ y» © TO CIE en = St tés | 681 |E = Se OBJETS. Aes| à & & El T— LE DIE AE SE éSeAeE RER heures. |degrés. TRS 21 39 1652146 79,2! 16,2| 16,410,99 >)1- 1Q ; 1p& , , , , , , | ou 51 21 [18-49] 41,4] 5,8 | 82,8 44,41.45810,72 Re a 21 | 6-7 | "9,2/"5,2 | 1285/6117 9,2/°47,210,53 SAT 1905 MES 0 ST | » ) » 2 le »s étiolées Fe a & Ë PART TR ES 19 118-419] 44,4! 5,7 | 82,9] 14,4] 15,910,71 JOUR 19 1045 NS AIN Ses sm rs ROBE [y | | ie , | | = v = 3 Plantules étiolées| 18 35 | 11,8 6,7! 81,5| 11,8] 14,710,80 de 6 jours. IS | 5-6 | 1,6! 16,6! 81,8] 1,6! 4,810,33 4 |Plantules étiolées Î Joue 20e AT ES 20,7| 19,0! » de 12 jours. 21 7-40 | 3,3| 44,9| 81,8| 3,3l 6,510,50 NN HER Fi 5 [Plantules éliolées! 20 352 0222000029 ET IROD G Re OI de 13 jours. 20 |18-19| 12,8 0,3] 84,6] 42,1! 18,9] » 6 Plantules étiolées! 21 3 12,4 5,8! 81,8] 12,4! 15,610,80 w ? 2 > ? , , , de 15 Jours. 21 |18-19| 9,0! 10,3| 80,71 9,0! 10,710,84 7 Plantules étiolées! 24 35 | 40,5] © 8,91" 8057] 10,5 492/110;87 de 17 jours. | 24 |12-15| 6,71 11,4] 81,9): 6,7] 40,0/0;67 | 8 |Plantules étiolées| 24 35 13,2] 6,0| 80,8] 13,2] 15,210,87 de 19 jours. 24 [12-45] 7,21 10,9] 81,9] 7,2] 10,510,68 | | L CAES 20 | 35 6,9! 12,1! 81,0! 6,9! 9,0/0,76 9 >] ss 6 ES TUE FE 47 Ur es 40 RES EE Mie 20 |16-47| 341 el 815) 34| 6.0/0 REC 20 | 5-6 | 2,3| 16.,4| 81,3| 2,3| 4,9/0,47 hi INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA RESPIRATION 21 Tagc. Il. — Hordeum distichum. PAIN | g| ! # © È re 2 EAN En PERRIN AN D SEE )BJE see de Ste RUN EME NN ES EI STE OBJETS. ST = D = à _ & = à = k =S | Dante Ole heures.|degrés. | s étiolées ; ë À De PA HR sr 10 de 1 jour avec re 16 Sal 20) El DD 60410 29 145 IR2 HR) A cies oil 16 |10-13| 16,6| 5,4| 78,0] 16,6| 15,0| 1,10 Plantules étiolées! - xE " ef æ : 11 dt oran Ee 11/21 35 | 15,2) 5,7] 19,1) 15,2! 15,1! 1,00 0] ? en reel AO=11 ds DNS IS 931 SnINO SE rac. 8,5-13,5 Cm. | : . r | cn 24 Jr ) ge 4 ») p ) 12 |Plantules étiolées! 20 35 1,41 12,4|: 80,5 1,11 8,6| 0,82 de 5 jours. 20 |18-19| 10,4! 9,4! 80,3! 10,4! 11,6! 0,89 13 |Plantules étiolées! 20 35 4,0 13,8| 82,2/ 4,0! 7,8] 0,50 de 9 jours. 20 [18-19] 0) 140) 83,0! 3,0| 7,8] 0,38 Tag. II. — Triticum vulgare. 100. ()2 OBJETS. O2 absorbé Co2 NUMÉROS des expériences l'expérience. TEMPERA- P: Rapport Plantules étiolées! de 8 jours. ; Dr / 211}; Tag. IV. — Helianthus annuus. 8 $ RCE Sp leon ee Le ES no EEE = EM RCE MROE A EET EE OBJETS. ele C° = = EE Nes — Lo) — ar À» ea! 2 EE CE, E ENRE SUN EME a s1 Ë Zn à ae |e RE IINE OS © * (&) A SES | enne ———— CRT He heures. |degrés 15 |Plantules étiolées|261/,| 35 | 10,5! 6,3! 83,2] 10,5] 15,5! 0,68 de 10 jours. 261/,118-19! 6,3] 9,5] 84,2] 6,3] 12,7) 0,50 261/,| 45 | 1,2) 14,4) 84,4 4,2] 7,8] 0,15 | RAR AE Te Na RSS 7 LE PER LR EE ; Los > 39 162 5,91 86,9 7,2| 16,8| 0,43 16 |Plantules étioléesl 2! À FA een SPACE de 12: & 21 [18-19 4,0 1,3| 88,1 4,0! 15,7] 0,25 SASU 456] 27 9,41! 88,2| 2,7] 13,9) 0,19 20 | 35 | ol 6.3! 86,7! 7,0! 14,5] 0,48 LL ) ri ’ À. ai , , , Ë ; É 17 |Plantules étiolées| 56 [18-19 pal 6:7| 88,9) -4,#| 15,1] 0,29 2,3| 11,6] 86,1| 2,3| 10,4| 0,22 | de 15 jours. 20 |Ù 4-5 22 Tags. K. POURIEVITCH W: — Cucurbita Pepo. oo | Î | AE 2 = 55 MSN EE | D,2lÉ58 | © = £ ke | S2 [Sal | OBJETS. SEL = : ia |es | ES ré) & sat 2 a = 22 lai ls heures.|degrés. IS |Plantules étiolées| 19 | 35 | 16,7] 0,3] 83,0] » » | de 5 jours. 19 117-181 7,4| 9,5] 83,2| 7,4| 12,310,60 | 19 | 5-6 | 5,71 42,0| 82,31" 57] 00/610,59 19 15 | 37 | 40,9! 5,5! 83,6! 10,9| ‘16.710.65 | )|: QG à 5e& F à _ a 4n a ee? a de que 4: tiol EE 15 |16-17 1,0 6,4! 806,0 1,0| 16,210,43 ECRIRE 15 | 253 3,0] 13,4! 83,61 3,0| 8,410,35 | | ae 15 | 37 | 40,7! 5,6| 83,71 10,7] 44210.66 9 } & A oc rt , E Ur , ; , 4) = 2 Roue étiolées 15 [16-17] 6,5| 10,4| 83,1| 6,5! 41,410,57 EE MOUSE 15 4-2 4,1! 12,7| 83,2] 4,1! 9,010.45 | Tagz. VE — Lupinus albus. DE a = = AE KA PMR Se 28 AT ZA BESSON E ES TE EE OBJETS BSS ME | El PAPA RIE QE = à R. ÉREURE Ne DAME EME TUE = SNS 5 3 heures. |degrés. re . AVE : AS > Plantules étioléesl 24 35 14,81 6,3| 78,9] 14, 14,5|1,02 de 2 jours 24 | 20 | 81| 9,4 825| 8,1| 13,0/0:62 É # 24 10 6,0| 12,6| 81,4| 6,0! 8,810,68 UT 18 | 35 | 42,33] 5,7| 82,0] 12,3| 15,910,77 2) D 3 à ac , ; 7213 , ; , “ Ut étiolées! 18 l18-19| 6,3] 10,1| 83,6| 6,3| 11,7/0,54 AAC 18 | 5-6 3,8| 12,1| 84,1| 3,8| 10,110,37 23 |Plantules étiolées] 17 | 35 | 11,8] 4,6! 83,6] 11,8] 17,6/0,67 de 5 jours. 17 |18-19] 8,8] 7,1 84,1] 8,8 1,110,58 RS RP REPONSES PR (24 er pi er hp a | A 1701085 | 12,0] 5,3| 82,7! 12,0! 16.310,73 2 ) 1 3 5e< = F2 LS . ? è s… 2 … : ATOS étiolées 17 [18-19] 5,91 10,5! 83,61 5,9! 11,3/0,52 CE JOURE: 17 | 4-5 3,91 12,4 83,7| 3,9] 9,410,41 | | 2 17 | 35 | 11,41 6,41 83,5) 11,4! 15,5/0,73 ) )l. iQ à a 1Q , , , , JE Le 2 ou éliolées| 47 |18-19l 4/01 13:6| 82,4| 4,0| 8,0/0,50 SAONE 1T AMES 3.6| 14,0] 82,2] 3,8l 7,610,50 , Pisste 16 | 39 13,0 6,31 80,7 13,0 14,710,88 2 »]: 5 étiolées | ù ? pes Be es 200 M Ur eS| 16 |16-17| 4,0] 13,3] 82,7] 4,0: 8,310,48 ABUS: 16 | 5-6 | 3,0) 15,9) 81,1] 3,0] 5,5/0,54 | | [l ) TRS 22 | 35 | cas 2 ESS 6 A oo 34 |! -) )!. "CG A ec , , £ , ] Es + El EME ph D QE 68] 22 [18-19] 2,41. 5,5] 92,11: 2,4|. 48,610,13 AJOULS: 22 | 5-6 1,2! 11,81 87,0| 1,2 ans L INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA RESPIRATION 23 Tag. VI. — Lupinus albus (suite). Æ » = ea |A D = = LE 22 LES OBJETS. 222 SE ä 2 à É= ae 2 à FE ONE EME heures. {( degrés. 28 |Plantules étiolées| 7 ol 15,11 4,91 80,0! 15,1! 15,9! 0,95 de # jours. Te (IE a HPAIRNTÉS NS 510 Br MAS AI OS 0 29 |Plantules étiolées| 21 20,3|' -0,4| 79,3|. 20,31 20,4 » de 8 jours. ( a 10 SAND MINS 5,1! 9,5] 0,53 30 |[Plantules étiolées 5 | 10,4] 5,6! 84,0] 10,4] 16,8] 0,62 de 12 jours. ET . 6,8| 10,2| 83,0! 6,8| 11,4! 0,60 31 [Plantules étiolées! 20 15:21 4017 80,81:45,21"47,0|10;89 de 13 jours. 20 8- 5 10,4| 7,6| 82,0] 10,4! 13,8] 0,75 32 |Plantules éliolées| 20 9,0! 8,8| 83.0] 9,0! 12,8| 0,70 de 15 jours. 20 Fi 0,4| 19,8] 79,8| O0,4| 1,0| 0,40 33 |Plantules étiolées| DRE RE 11,0! 5,4l 83,6| 11,0! 16,4| 0,67 de 7 jours. | 1er 5 22,310 051-7752 22,3 19,9! 1,12 Les données que nous venons de citer montrent que, indépen- damment de la nature des objets, l'élévation de a température ‘N2 2 , . A est accompagnée de l'augmentation du rapport Toi Dans certains cas, on peut remarquer une liaison entre l'influence de la température sur la respiration et l'âge de la plante, qui se ‘02 tures diverses, qui va en se rapetissant parallélement au déve- loppement des plantules. Par exemple, on peut observer ce fait dans les expériences avec l'Helianthus annuus. manifeste dans la diminution du rapport —=— aux tempéra- Les feuilles. Je prenais pour les expériences des feuilles d'âge différent de Syringa vulgaris, Aesculus Hippocastanum, Juglans regie, Prunus Padus et des branches feuillées de Picea ercelsa. 19 = K. POURIEVITCH Tagz. VII — Syringa vulgaris. | | n Û — 2 2 o à £ = 2 = = E | RENE AE > = = = re SE OBJETS. BE a £ = — AE | el A 7 4 Ci _ Rs + STE l'on E à F; l'ENA R ES _ heures. | degrés. | | | 34 | Bourgeons semi- | % | 35 9,61 9,7! 80,7| 9,6| 11,3! 0,85 ouverts. Lee 10 6,6| 12,71 80,7| 6.,6| 8,31 0:79 135 AUS £ ET 35 | 11,51 8,81 79,7| 11,5] 12,0] 0,96 Feuilles jeunes = SE ar ele SDS REINE | SJEURES- | 20 |18-19| 7,5] 40,7| 84,81 7,51 40,7] 0,70 | 36 Jeunes branches D | 35 11,3 8,1] 80,611 | 12,9l 0.87. | feuillées. RS IE 1,61 41,Æ1484,010 7,61" 9/8L0;77 | 37 |Branches | 8 | 35 Sie 11,2] 81,1 71] 9,61 0,80 | | plus âgées. :°|#8 |‘49 | 7,4| 44,7| 81,21 7,1l *9:310,76 || | 38 Fleurs non ou- | 23 | 35 | 13,9, 4,4, 81,7] 13,9] 17,0| 0,81 vertes. 23 LL 13.8 2 52,0 3,8| 17,21 0,80 OBJETS. l'expérience, mme | mme | eee eme | lemme | | unes heures. |degrés. | 21 39 4,0 I ; S6,1 21 119-20 S3.0 S1.3 07 85,31 6,4| 13,61 0,4 su 6.1 S.S! 0.69 82,8 2| 9.6! 0,54 Feuilles jeunes. te) ÿ Feuilles dévelop- pées (fin mai). Feuilles âgées (fin! aout). | 8 Î 0,90 3 8,1| ) 0,83 20.3 42 Bourgeons. Ro dm te mm mm - ; NUMEROS = Là a — (ee © O0 æ Go | I Co QD © 1 © CSL I COR RU EX | SI ESS = llr 19 1%| oo | Oo: 4 0 Sel | © 2 % 2 ,= à |-& 8.5 OBJETS. Eu | Z = | 43 Jeunes branches 5 35 17141731 81,0) 14571004 20741 feuillées. Deer 126 GISI eAES 5,4] 0,33 | 44 [RRTRESS feuillées! 6 35 2,41 16,0 ol 2,4 ),4#1 0,44 | août). 6 | 20 | 2,31 15,51 82,21 2,3| 5,91 0,39 | #5 [Branches feuillées| 7 | 35 2,6] 15,6] 81,81 2,6].,5,8] 0,45 | (août). 7 | DA CT. 147 :82 61808271886,2)1/039 1 © OC INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA RESPIRATION de Tag. X. — Juglans regia. = VÉEME S BU = S s fs RES ÎL Z ,= at. se UN © = = DS | 52 | Sa | = 2.2 OBJETS. ASE| LE CE È Fe 2= 2 | AS PSS REINE ei de) æ RE MES \ — =» — É SE pa 1 NS Nr Et > à [ne EE CON = Z © 3 © heures. degrés. | e à : Q EXO Q 5 Q 5 5) ‘ SC | 46 {Feuilles dévelop- : a pe de a ne a de. pées (août). 5 _20 AE SA REP ER 2 4 S 1e 4,0| 15,4: 80,6 4,0 6,0! 0,66 _ ET ee S 012,422 6.618140 42 1 044,4 EL 0,8%) LR CORÉEN ES 8 19 | 8,2! 8,2! 83,61 8,21 13,4) 0.64 | (mal): 8 ET #3 42:7| 83.0| 43 9,1| 0,47 | 100. 100. l'expérience. OBJETS. des expériences. ( absorbé DURÉE | TURE. Co2 P: un) = 2 ni TEMPERA- CO? p. 02 | | Il | | a —— |heures. |degrés. LS Feuilles jeunes. 20 35 6,81 05,81" 87.410 68147041 NOEEO 20 |18-19! 22 9,21 83.6 12420 NOT + : 1 Feuilles plus 226 LS AO TIARANIE 86,21 107 )#10) âgées. 22148-14191 10,4. 8,11 81,01 10,4 12,81 0,81 Dans tous les cas, on observait : 1° Faugmentation du rapport CO? re as a avec l'élévation de la température, et 2° la liaison entre le degré du développement de Ta feuille et cette augmentation. Ainsi, les feuilles dans les bourgeons et aussi les feuilles com- plètement développées montrent une augmentation moins ‘02 grande du rapport 202. avec l'élévation de la température que les feuilles jeunes: c'est-à-dire le même fait qu'on observe chez les plantules jeunes. Pour manifester d'une manière plus claire CO* 2 pour celte dépendance, je veux citer à part les rapports les diverses températures extraits des tableaux précédents elaussi CO? @œ la relation entre eux, en prenantpour unité le rapport pour la température la plus basse. 26 K. POURIEVITCH TaBcEau XIL | Nus TEMPÉRATURE. RELATION (des expé- OBJETS. EEE n Er | . es rappor | rience . 350-370 | 170-220 | {00-150 {e-70 a. b ge. d. a. ] c. ai | Phaseolus multiflorus. | 4 |Plantules de 2 jours ....| 0,99 | 0,72 » 0,53 114,86:1,36:1 12 = 4 — = » 0,71 » 0,61 |1,16:1 | 3 "au OT 1080) » » 0,33 12,42 :1 EN — PR PET » » » 0,50 » pri — HAL OST » 0,67 » 11,30:4 > — ATEN; 87 » 0,68 DAS UE 9 — DD 00 160154 » 0,47 |1,61:1,08:1 Hordeum dislichum. 10 | Plantules de 1 jour ....| 2,52 » 1,10 D al} ri il — BST AR ESS | AO » | 0,54 » |1,85:1 12 — Bus ms, elr0:69 0,82 » » 1,08:1 13 _—— 9 Al 4050 0,38 » » ge | Triticum vulgare. 14 | Plantules de 8 jours....| 0,57 | 0,43 | 0,48 | » ] » | Helianthus annuus. | 15 | Plantules de 10 jours....| 0,68 | 0,50 | » 04504 53:3;3361 Mel — 12 — 0,43 0,25 ») DMAON 26e ASS TE | 17 Es Te 0,48 | 0,29 > 0,22 [2,18 :1,31:1 | | Cucurbita Pepo. | | 48 |Plantulesde 5 jours ..….. » 0,60 » 059 14 | 49 — LORS 0,65 0,43 » DSUARSS ASE 20 — 45 — 0,66 0,57 » 0,45 [1,46 :1,26:1 Lupinus albus. (024 Plantules de 2 jours ....! 1,02 | 0,62 | 0,68 » |1,50:0,91:4 22 — D. 0 MM DE RIM 0 37 » |2,08:1,46:1 23 = Dress 0) 0:07 AOPSE » » } 24 — Hi 0 NS 0,52 » DANSE 6EN 29 _—- DER A0 0,50 » 0,50 |1,46:1 :1 | 26 — 120 ET 2 IM0:8S 0,48 » 0,54 :11,61:0,88:1 [EST — AD 0,34 0,13 » 011 EAP EN | 28 2 RD re en 0% » | 0,50 » |1,80:1 29 — ES Er Ees » » 0,53 ») » | 30 — PES TE (LE 0,60 » » 1,01:1 | 32 _ LE ESP A O0 160 ED » » M,75:1 | ) INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA RESPIRATION 27 Nos TEMPÉRATURE. RELATION des expé- OBJETS. —— Lente : Dos on À Un les rap; orts riences. 390-370 | 170-200 | 100-150 EE a,b,c.d. a. b. C. d. BE ER | Syringa vulgaris. 34 | Bourgeons semi-ouverts.| 0,85 | 0,79 » »A141,0%:4 Jovi Feuriles ‘jeunes... 0,96 | 0,70 » OI PE TES 36 | Jeunes branches feuillées.! 0,87 | 0,77 » D 1 17/ER 37 Branches feuillées plus » ASIN TS à 2lve 0,80 | 0,76 » 05: A 38 | Fleurs non ouvertes ....[ 0,81 | 0,80 » » HOT A Aesculus Hippocastunum. 39 | Feuilles jeunes... ...... 06511027 » » 12,40:1 40 — développées..... OS IMOET » > 55:4 | Rp he ATÉBSEe mr rar 0,69 | 0,54 ) » OA Picea excelsa. 43 Jeunes branches feuillées.! 0,41 0,33 » » 11,24:1 4% | Br. développées {août)....| 0,44 | 0,39 » M à VAE ul 45 Id. 2 0,45 | 0,39 DA AA EM Juglans regia. 47 Feuilles jeunes (mai)....| 0,84 | 0,61 » 0,47 |H578:4,30:1 46 développées + |M0S092)0771 » | 0,66 |1,55:1,07:1 | Les bulbes et lex racines. Quoique peu nombreuses, les expériences sur les bulbes et les racines donnèrent les mêmes résultats que les précédentes. Tagc. XIIL — Allium Cepa. nn A SN = - = D _ © _ =) 2 ARE 5 2 4,6| 5,0 0,4| 24,6! 14, 74 54 | Mucor stolonifer. | % | 5% : k 2 ie | 5 é S L ; VU, AUS .),0 1 cie PA 1), = “A + | + Ld Les 35 |-25,7| #0 | 70,31" 25,7] 15,1 1,70 à Fe | 5 |20,4| 223] 48 | 729 923] 146] 1:52 56 Acrostalagmus |6 1/2; 35 | 16,9] 4,3 | 78,8] 16,9! 16,5] 1,02 ï cinnabarinus. |6 1 2115-15,5! 12,0 8,4 | 79,6! 12,0! 12,#| 0,96 ei see 6 1/2| 35 | 14,4] 6,2! 82,71 44,4! 45,41 0,72 0 is. E Ar 2: Er Ja Rat Le 2 | 17 idium lactis ; 1/2 DES 3.3 1 80,6| 3,3| 4,7] 0,70 Le résultat incontestable de toutes les expériences que lon vient de citer est celui-ci, qu'avec l'élévation de la température CO? ù augmente le rapport RTE Dans certains cas (par exemple 2 pour l'Acrostalagmus cinnabarinus, Y'Oidium lactis elles autres), celle augmentation est presque nulle, mais on n’observe Jamais C0: ÊE le contraire, e’est-à-dire la diminution du rapport avec l'élévation de la température. Fest possible aussi, sans doute, que Fâge de l'objet ne reste pas sans influence sur le degré de C0? l'augmentation du rapport pr Avec l'élévation de la tempé- INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA RESPIRATION 29 rature. Je crois pourtant, que, dans un cas donné, cette influence dépend de la présence de diverses matières organiques dans les tissus de Fobjet. Le chapitre suivant est consacré aux re- cherches sur ce sujet. IV Les recherches d'Aubert, de Gerber et les miennes sur lin- 30 cn ; . CO? fluence delamatièrenutritivesurPaugmentation du rapport Pres ont démontré que l'introduction des acides organiques dans *{N9 l'organisme végétal augmente ce rapport ne , tandis que l'in- troduction des polysaccharides est accompagnée de son abaisse- ment. On observe le même effet aux températures diverses. Les expériences faites pour confirmer ce fait furent les sui- vantes. Des mycéliums d’Aspergilus niger étaient cultivés sur le liquide de Raulin dans des ballons de Kresling retournés de haut en bas. L'ouverture de chacun de ces ballons est fermée herméti- quement par un bouchon de caoutchouc. Le bouchon présente trois ouvertures, dans lesquelles passent {rois tubes de verre recourbés à angle droit à la partie extérieure. Deux tubes viennent presque Jusqu'au fond du ballon et le troisième dé- passe à peine la surface intérieure du bouchon. J'introduisais le liquide de Raulin avec les spores d’'Asperqilus niger Suspen- dues par ce dernier tube court. De cette manière, je remplissais les ballons de liquide à différents niveaux, de sorte qu'au-dessus du hquide il restait un certain volume d'air. Quand le mycélium S'agrandissait assez pour qu'il format une épaisse et solide lame au-dessus du liquide nutritif, alors je relirais ce dernier par le tube court du ballon et je le remplaçais par la solu- üon de la matière étudiée. Après quoi, à peu près dans 16-17 heures, je commencais l'expérience même. Avant Pexpé- rience, dans l'espace d'une heure, je laissais passer dans le ballon à l'aide des longs tubes un fort courant d'air. Ensuite, les extrémités libres de ces tubes étaient soudées et Je placais le ballon dans un grand evlindre rempli d'eau à la température voulue. En même temps, l'ouverture du ballon avec les branches 30 K. POURIEVITCH extérieures des tubes était plongée dans le mercure versé au fond du cylindre. De cette manière, j'arrivais à une fermeture co m- plètement hermétique du ballon. Je transportais les cylindres avec les ballons dans des pièces à températures diverses. Les expériences duraient # à 5 heures. L'expérience finie, je prenais, de la manière déjà décrite, l'échantillon d'air et je Panalysais . Les résultats de ces expériences sont consignés dans le tableau suivant : Tau. XVI. — Aspergillus niger. PATTERN EU LE S LENS Le ANR NES HS Nes “ c = S Bes SMS e2El RD £ ; : == £- | la OBJETS. D "É SE = à & 1e E sols 6 -tbt à 2h ES RS DOSN Fr heures. | degrés. 58 À ému 31/,136 | 20,5! 4,5| 75,0! 20,5! 15,5| 1,32 | ETES 1/,| 22,41 16,0! 5,0| 79,0| 16,0! 45,8| 1,00 se pe &1/, | 35 | 194! 541455 lt 14,71 1,30 si me 19 |‘12,4| 8,2! 79,4) 12,4| 12,6 | 0,98] 60 Mycélium sur , eo ieenen aus lou Vel SN TEE Le a] RE EI PSE EEE ie | 5 p. 100 solution | ; EURE 17,7) 5,6) 76,7) 17,1) 14,5 | 4,22 de sac char ose. + 1/3 LS Il 8 1,8 50,4 11,8 13,0 0,91 | 6! Mycélium sur |. ; SL & ; : 3 p. 100 d'acide SG | 4,8| 66,7] 28,5| 14,0| 2,03 ne 31/,| 22,4| 20,3| 5,3] 74,4] 20,3! 14,4| 1,40] 62 Mvcélium sur ; sa Ale ol | 3 p. 100 solution! Ÿ 6 col 1,4] 66,9) 27,7) 13,1), 1,35) 4 | 21,8| 19,5| 5,5| 75,0] 19,5| 14,4| 214 d'acide tartrique. mm 63 Myéélimm'sucmie en | 5 p. 100 CIGARE 2 x 2196 | 15,2) 5,0//818/ 43,2 | Le glycérine. © [2 1/2) 225] 8,9] 6,0 .85,1/ 08,9 he 0,54 s FPS 4 | 36 |12,7| 6,3] 81.0 12,7 | 14,7| 0,86 + 22 8,4 »,6| 86,0 a] 16,8| 0,50 65 Mycélium sur 04 | 3% ASE" So AE ENRE 3 p. 100 solution Es por 20,5 3,0 19,9 20,5 17,1 1,20! AS RU DER 24 | 3-5] 5,0! 14,1| 80,9! 5,0| 6,9! 0,73 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA RESPIRATION 31 Une autre série d'expériences concernait les changements 2 | 0° manque dans le Hiquide nutritif. Pour cela, j'introduisais sous le mycélium de Peau distillée au heu du Hquide Raulin et laissais le mycélium sur Feau pendant quelques Jours. Voici les résul- du rapport à températures diverses quand Paliment tats de deux séries d'expériences: Tags. XVIL — Aspergillus niger. 2 1 Z = 2 © . 2 $ £ ns Rs 8 = Se ES |lE EE 1 EH 5 2 = DS CRIE £ LE OBJETS. ÊTES a = EN DER AU LE DIS SA ET CE AIMER EE FE AIME MIRE LM > heures. | degrés 66 Après un jour | 24 135 19,0| 2,5] 78,5| 19,0| 17,9 | 1,06 de disette. 24 |19-20| 9,71 7,1! 83,2| 9,7| 14,7| 0,66 | es 22030 LOIS 076,2) 40 6 AGE NRA 6 lem. De LAN EL ARS PE) AR: DE Idem 22 | 3-5 | 1,6| 17,0] 81,5| 1,6| 44| 0,36 Un jour de di- 4 36 16,4! 5,4! 78,2] 16,4| 15,2] 1,08 sette. BONES ST Pare OST AO ZE 10770 gg (Trois jours de di-| 4 | 36 11531068;:01N80;7) 1143 /43;0)|10;87 sette. &— | 24,2] 5,4| 12,91 81,7| 5,4| 8,7| 0,62 Cinq jours de |#!/, RS: le SAT LUE 71 0:57 disette. PEN 5) 2,0 FA 81, DONS ND SA £n comparant les rapports pour les températures di- 0? verses de la dernière expérience, nous obtiendrons les chiffres ‘02 suivants, si nous acceptons que le rapport Maur pour la tem- pérature 20° est l'unité. Lepremremrouride disetie eee 7. 1,54:1 Le troisième TE ENS ME nee 1,40: 1 Le cinquième RE a nn rene a à 1,40:1 Nous voyons que, plus le mycélium est affamé, moins léléva- 32 K. POURIEVITCH hion de la tempéralure influe sur le changement du rapport C0? 0? que la présence dans les tissus des acides organiques et des hv- En comparant ce résultat avec les faits cités plus haut drates de carbone contribue le plus à augmentation du rapport BEE à & “os Par l'élévation de la température, on peut admettre avec une certaine probabilité que, dans un mycélium affamé, dispa- raissent les hydrates de carbone etles acides et que Fexhalation de Pacide carbonique dans cette période de temps se passe aux dépens de la destruction des matières protéiques. Toutes les expériences précédentes démontrent que lâge du mycélium n'a aucun rôle dans le cas donné; les expériences dans lesquelles les mycéliums étaient couverts de nombreuses spores, par conséquent déjà vieux, faisaient voir les changements du C0; rapport sous l'influence de Ta température élevée, toutes les fois qu'on introduisuit la nouvelle substance nutritive. CONCLUSIONS Les conclusions générales de mes recherches sont les sui- vantes : CO? iVLEe rapport change avec la température, en S'accrois- sant avec son élévation. 3 k 20° ce 2° L'influence de là température sur le rapport y fait voir d'autant plus clairement que les objets sont plus jeunes. 3° L'influence de la température dépend de la qualité de la malière nutritive qui se trouve dans les üissus végétaux. 4" La disparition de la matière nutritive du tissu est accom- pagnée d'une influence moins sensible de la température sur LÉO? le rapport ——— RP (2 SUR LES DIVERSES SORTES DE MÉRISTELES CORTICALES DE LA TIGE Par M. PH. VAN TIEGHEM. On sait que lastèle de la tige peut séparer des portions d’elle- même, qui cheminent ensuite Hibrement dans lécorce, dont l'assise interne les entoure chacune d'un endoderme particulier. J'ai nommé dans tous les cas néristèles les portions de stèle ainsi détachées; ce sont toujours des méristèles corticales. Mais il en faut distinguer de plusieurs sortes. Le plus souvent, la séparation intéresse, de Ta périphérie au centre, toute la profondeur de la stèle, dont elle détache tout un secteur. La méristèle corticale se compose alors d'au moins un faisceau libéroligneux tout entier, avec la portion de péricvele adossée en dehors à son liber, la portion de moelle contiguë en dedans à son bois et les deux moitiés des rayons qui le sépa- raient des faisceaux voisins, en un mot avec loute la gaine de conjoncüif qui Fentourait dans la stèle, gaine que, dans la méri- stèle, J'ai désignée sous le nom de péridesme. Formée ainsi d'un faisceau libéroligneux et d’un péridesme, la méristèle peut être dite complète, puisqu'on y retrouve, semblablement disposées, les diverses régions de la stèle totale. Complète de la sorte au point où elle quitte la stèle, la méri- stèle demeure ordinairement telle dans out son parcours à l'intérieur de l'écorce. Mais il arrive aussi qu'elle va bientôt S'appauvrissant progressivement à mesure qu'elle s'y élève, ANN. SC. NAT. BOT., 9° série. 1, 3 J# PH. VAN TIEGHEM perdant d'abord le bois, puis le Hiber de son faisceau Hbéroli- gneux, pour se réduire finalement à son péridesme dans toute sa région supérieure. C'est alors une méristèle devenue 2rcom- plètle par réduction. Ailleurs, la séparation ne porte dès Le début que sur une partie de l'épaisseur de Ja stèle, par exemple sur sa région péri- phérique, située entre lendoderme et les tubes criblés les plus externes du Hber, en un mot sur son péricevele, toutes les régions plus profondes, liber, bois, ravons et moelle, restant en place. La méristèle, qui conserve ensuite cette simplicité de structure dans tout son parcours à lintérieur de Fécorce, peut être dite incomplèle par essence. Examinons séparément ces trois sortes de méristèles corti- cales. 1° Méristèles rorticales complètes. — Suivant les plantes, les méristèles corticales complètes, et qui demeurent telles, se com- portent, comme on sait, de trois manières différentes. Tantôt, séparées de la stèle de la tige vers la base ou le mi- heu d'un entre-nœud quelconque, elles ne séjournent dans l'écorce que dans le reste de cet entre-nœud et pénètrent tout entières dans la feuille du nœud suivant. Ou bien, elles traver- sent ce nœud et c'est seulement après avoir parcouru encore un ou quelques entre-nœuds qu'elles se rendent, toujours tout en- üères, dans là feuille du second nœud où d'un nœud supérieur. Après leur départ total, plus où moins proche de leur entrée dans lPécorce, la stèle sépare aussitôt tout autant de nouvelles méristèles pour les remplacer. Les méristèles corticales qui se comportent ainsi doivent être regardées comme appartenant déjà à la feuille à laquelle elles sont destinées et où elles se ren- dent; en un mot, elles sont déjà foliaires. Leur sortie anticipée el successive, suivie de leur présence momentanée autour de la stèle, ne sont qu'une modification intéressante du {vpe mo- nostélique normal de la tige. Celle modification peut à son tour offrir deux aspects diffé- rents. Quelquefois, la feuille ne reçoit, au nœud où elle S'insère, qu'une de ces méristèles corticales, sans rien emprunter à la stèle à ce niveau, comme dans les Casuarines (Casuarina), par exemple. Le plus souvent, elle recoit deux où un nombre pair MÉRISTÈLES CORTICALES DE LA TIGE SL de méristèles corticales et, en même temps, üre directement de la stèle, au nœud même, sa méristèle médiane, comme dans les Diptérocarpacées, les Ochnacées, ete, par exemple. Tantôt, séparées de la stèle de Ta tige près de sa base, à son premier nœud, c'est-à-dire au nœudcotylaire, el toutes à Ta fois. elles cheminent dans l'écorce à côté de la stèle dans toute sa longueur, envoyant seulement à chaque nœud, à partir du se- cond, chacune une branche qui entre aussitôt dans la feuille correspondante, avec la méristèle médiane émise par la stèle au nœud même. Au même tre que la stèle elle-même, elles sont alors et demeurent parties intégrantes de la tige; en un mot, elles sont caudlinaires. Leur sortie simultanée et leur présence permanente à côté de la stèle caractérisent un tpe particulier de structure de la tige, tvpe que j'ai nommé mésostélique. Tantôt, enfin, la stèle de la tige sépare ses méristèles encore près de sa base, au nœud cotylaire, et toutes à la fois, comme dans le second cas: mais, comme elle en produit tout autant qu'elle possède de faisceaux libéroligneux, elle S'épuise du même coup en les formant et disparait comme telle, laissant l'écorce pénétrer Jusqu'au centre, en son lieu et place. N'en- voyant à chaque nœud dans la feuille qu'une branche chacune, caulinaires par conséquent, comme dans le second cas, ces mé- ristèles corticales constituent à elles seules tout le système Hbéro- lhigneux de la tige ; elles sont comme la monnaie de la stèle dis- parue. J'ai nommé schizostélique ce {pe de structure, qui se relie au type monostélique ordinaire par Pintermédiaire du pe mésostélique, dont il n’est en somme qu'une réalisation plus complète. Suivant les plantes, il offre trois modifications différentes. Ou bien les méristèles sont et demeurent hbres : 11 v à du- lyméristélie, comme dans la Prèle des bourbiers, les Ophioglos- ses, ete. Ou bien elles S'unissent bord à bord en un tube, soil seulement par leurs péridesmes, comme dans la Prèle des champs, ete., soit en même temps par leurs faisceaux Hbéroli- gneux, comme dans les Botryches, éte.; dans ce second cas, 1l Y à gamoméristélie. 2° Méristèles corticales incomplètes par réduction. — C'est sur les méristèles corticales incomplètes, soit qu'elles le deviennent 90 PH. VAN TIEGHEM par réduction progressive le long de leur parcours, soit qu'elles se trouvent à cel élal dès leur point de séparation, que la pré- sente Note voudrait attirer Fattention des anatomistes. Considérons d'abord eelles de la première sorte, en prenant pour premier exemple le rhizome des Acores (Acorus), notam- ment de FA. graminé (A. gramineus) (1). La stèle émet çà et là, en divers points de sa périphérie, des méristèles complètes, dont le péridesme est différencié tout au- our en une gaine fibreuse, elle-même entourée dun endo- derme dont les cellules épaississent et Tignifient leur membrane en forme d'U et contiennent chacune un eristal d’oxalate de cal- cium. De ces méristèles corticales, les unes, en petit nombre, demeurent complètes dans tout leur trajet à l'intérieur de l'écorce et pénètrent telles quelles dans les feuilles supérieures. D'autres, plus nombreuses, perdent progressivement, à mesure qu'elles S'élévent dans Pécorce, le bois de leur faisceau Hbéroli- eneux, se réduisent à un faisceau libérien entouré d'une gaine fibreuse plus épaisse et entrent ainsi dans les feuilles supérieures. D'autres, plus nombreuses encore, S'appauvrissent davantage, perdent aussi progressivement leur faisceau Hhbérien, se rédui- sent à un cordon fibreux péridesmique et pénètrent avec cette structure simplifiée dans les feuilles supérieures. La coupe lransversale du rhizome montre donc à tout niveau des méri- stèles à ces trois états, avec ous les passages de Fun à Fautre, disséminées en grand nombre dans toute l'épaisseur de Fécorce. yen à, par exemple, à un certain niveau, 17 complètes, 30 formées d’un faisceau hbérien et d’une gaine fibreuse péri desmique, et 65 réduites à un cordon fibreux péridesmique ; en tout, 112 à ce niveau. L'endoderme qui entoure ces cordons fibreux permet de distinguer les méristèles corticales ainsi ré- duites d'avec les cordons fibreux provenant d'une différencia- lion directe de l'écorce qu'on rencontre dans la tige de beau- coup d’autres plantes, par exemple dans le rhizome des Laiches (Carer). Complètes où incomplètes par réduction à divers de- orés, toutes les méristèles corticales du rhizome des Acores se {) Pour la structure de ce rhizome, voy. Ph. van Tieghem, Recherches sur la structure des Aroidées (Ann. des Sc. nat., Bot., 6° série, VI, p. 99, pl. VI, fig. 1-11, 1867). MÉRISTÈLES CORTICALES DE LA TIGE J1 rendent directement aux feuilles, remplacées à mesure par des méristèles complètes émanées de Ja stèle: elles sont donc toutes foliaires, et la tige ainsi construite appartient au tvpe mono- stélique. | Un second exemple de méristèles corticales devenant incom- plètes par réduction nous est offert par la tige de foutes les Buxces de l'Ancien Monde, aussi bien des trois genres africains Buxanthe (Buranthus), Buxelle (Burella) et Notobuxe (Noto- burus), que du genre Buis (Burus), dont les espèces croissent en Europe et en Asie (1). Au nœud même, la stèle de la tige de ces plantes sépare, pour chacune des deux feuilles opposées, une large méristèle en are, qui détache aussitôt de chacun de ses bords une petite branche. En Europe et en Asie, c'est-à-dire dans les diverses espèces de Buis, cette branche S'incurve aussitôt tout entière latérale- ment en dehors, et descend dans l'épaisseur de Fécorce de Fa lige, jusque vers la base de lentre-nœud, où elle se termine hbrement; la partie médiane de Parc entre seule dans la feuille. Pratiquée à peu de distance au-dessous du nœud, la coupe transversale de la tige quadrangulaire montre donc aux angles quatre méristèles corticales complètes, tournant en dehors le hber, en dedans le bois de leur faisceau Hibéroligneux, avec un péridesme différencié en arc fibreux en dedans du bois. A hesure qu'elles descendent.elless'amineissent et en même temps S'appauvrissent, perdant progressivement d'abord le bois, puis le hber de leur faisceau libéroligneux et se réduisant, avant de se terminer, à un mince cordon fibreux péridesmique. En Afrique, c’est-à-dire dans les Buxanthes, Buxelles et Noto- buxes, Ta branche issue de la méristèle foliaire à sa base se bifurque aussitôt ; le rameau interne passe dans la feuille, où il accompagne de chaque côté la méristèle médiane ; le rameau externe seuldescend dans l'écorce de la tige, où il se comporte comme 1} vient d'être dit pour la branche totale dans les Buis. Dans toutes les Buxées de l'Ancien Monde, la tige possède donc quatre méristèles corticales, complètes au point où elles (1) Pour la structure de la tige des Buxées, voy. Ph. van Tieghem, Sur l’élongation des nœuds (Ann. des Sc. nat., Bot., 8° série, V, p. 159, 1897), el Sur les Buxacées (Ibid., V, p. 301, 1897). 30 PH. VAN TIEGHEM quittent la stèle, mais devenant progressivement incomplètes, jusqu'à se réduire à leur péridesme. Ces méristèles Ÿ appartien- nent aux feuilles, elles y sont foliaires, mais tout autrement que chez les Acores. Là, était parce que, venant de la tige, elles y séjournaient quelque temps en montant dans son écorce avant d'entrer dans la feuille; ïer, c'est parce que, venant de la feuille à sa base, elles n'y entrent pas, mais restent dans la tige en des- cendant dans son écorce, où elles se terminent, Chacun des deux exemples qu'on vient de signaler offre donc le phénomène sous un aspect différent. 3° Méristèles corticales incomplètes par essence. — Lorsque la séparation n'intéresse que le périevele de Ta stèle, soit dans Ja totalité, soit seulement dans une partie de son épaisseur, la méristèle corticale est dès sa base et demeure dans toute son étendue très incomplète, étant de nature exclusivement périey- clique. Suivant les plantes, le péricyele de la tige offre, comme on sait, une grande diversité de conformation. La structure parti- culière qu'il possède au point où la méristèle S'en détache déter- minera, dans chaque cas, la composition de celle-cr. Bornons- nous à en citer ici deux exemples, où cette diversité de structure est très frappante. Pourvu qu'on en éloigne d'abord les Chiches (Cicer), qui ne lui appartiennent pas, les Viciées forment, comme on sait, dans la famille des Légumineuses et dans la sous-famille des Papi- honées, une tribu nettement caractérisée notamment par la remarquable structure de Ja tige, qui est mésostélique avec seu- lement deux méristèles corticales complètes, normalement orientées, alternes aux deux séries de feuilles distiques qu'elle porte. Par là, c'est déjà un bel exemple de la seconde des trois manières dont se comportent, comme il a été dit plus haut, les méristèles corticales complètes, c'est-à-dire du Lvpe mésosté- lique. Mais ce n'est pas tout (1). Considérée au milieu d'un entre-nœud quelconque, a Uge renferme, en outre, dans son écorce, en correspondance avec 1) Pour la structure de la lige des Viciées, voy. Ph. van Tieghem, Sur les faisceaux libéroligneux corticaux des Vicices (Bull. de la Soc. bot., XXXI, p. 133, 1884). MÉRISTÈLES CORTICALES DE LA TIGE 39 les deux séries de feuilles, c'est-à-dire sur un diamètre perpen- diculaire à celui des deux méristèles complètes, deux méristè- les cylindriques, plus étroites et beaucoup plus simples. Sous son endoderme, dont les cellules renferment chacune un cristal d'oxalate de calcium, chacune d'elles se réduit, en effet, à un paquet de fibres lignifiées, toutes semblables entre elles et toutes pareilles à celles qui, dans le périevele de la stèle, for- ment l'arc superposé à chacun des faisceaux hbéroligneux, ou qui, dans les deux méristèles corticales complètes, forment l'arc fibreux externe du péridesme. La présence d’un endoderme autour de chacun des faisceaux fibreux empêche déjà de les confondre avec ces faisceaux de fibres lignifiées qui, dans la tige d’autres plantes, par exemple dans le rhizome des Laiches (Carer),se différencient directement dans l'épaisseur de écorce, à laquelle ils appartiennent en propre. La série des coupes transversales pratiquées de Fa base au sommet d'un entre-nœud quelconque, ou la section longitudinale axile de cet entre-nœud, menée perpendiculairement au plan médian des feuilles, per- mettent d'en observer lorigine et le mode de formation. A la base même de l'entre-nœud, on voit Pare fibreux périev- clique situé en dehors du faisceau libéroligneux correspondant à la feuille inférieure proéminer au dehors, en son milieu, et former une côte qui n'en intéresse pas toute l'épaisseur. Puis, par une sorte de pincement, cette côte se sépare, entourée du repli de Pendoderme, d'avec la portion interne de Pare fibreux, restée en place eten dehors de laquelle lendoderme général se referme aussitôt. Ainsi détachée, la méristèle, non seulement est de nature exclusivement péricyelique, mais ne renferme même qu'une partie de Pépaisseur du péricyele. Elle monte, en s'écartant progressivement de la stèle, et chemine vers le milieu de l'épaisseur de l'écorce, dans toute la longueur de deux entre- nœuds. Au second nœud, où se trouve insérée la feuille super- posée à celle qui à servi de point de départ, la stèle sépare le secteur dont Parc fibreux péricyclique à fourni, deux entre- nœuds plus bas, la méristèle corticale incomplète, secteur qui pénètre aussitôt dans la feuille dont il forme la méristèle mé- diane, pendant que les deux branches produites par les méri- stèles corticales complètes + entrent aussi et y constituent les ’, #0 PH. VAN TIEGHEM méristèles latérales. En S'incurvant en dehors pour aller à la feuille, la méristèle médiane rencontre forcément, vers le mi- heu de l'épaisseur de l'écorce, la méristèle réduite dont il vient d'être question. Elle se fusionne avec elle; le faisceau fibreux cylindrique se confond de nouveau avec l'arc fibreux du secteur, dontil s'était détaché deux entre-nœuds plus bas, et le tout, en- touré d'un endoderme commun, reconstitue, avant d'entrer dans la feuille, une méristèle complète et Totale, comme si aucune séparation n'avait eu lieu. Immédiatement au-dessus de ce second nœud, la stèle de la tige reforme au même endroit, comme 1} à été dit plus haut, une nouvelle méristèle fibreuse, qui remplace la méristèle disparue. Contrairement aux deux méristèles corticales complètes, qui sont, comme on sait, caulinaires, les deux méristèles corticales incomplètes de la tige des Viciées entrent tout entières dans les feuilles, mais elles SY perdent comme telles en v entrant : elles sont donc foliuires, mais d'une facon très singulière et qui leur est propre. [en résulte une modification remarquable du tvpe mésostélique, qui caractérise ces plantes. Les choses sont pluscompliquées dans la tige des Calveanthes (Calycanthus), qui sera notre second exemple. Rappelons d'abord que, dans le genre voisin Chimonanthe (Chimonanthus), qui constitue avec Le premier la très intéres- sante petite famille des Calvcanthacées, la tige offre dans son péricyele une anomalie remarquable (1). La stèle est carrée, avec un péricyele plus mince sur les côtés, plus épais sur les an- cles. Sur les côtés, il se réduit à de minces arcs fibreux, bientôt unis bord à bord, par la sclérose en U des cellules intermé- diaires, en un étui scléreux continu, et à une où deux assises de cellules à parois minces, demeurées vivantes en dedans de cel étui. Sur les angles, 1lest composé de quatre choses. En dehors est un arc fibreux, plus épais et plus large que les ares fibreux des côtés, auxquels il est réuni, comme ceux-ci entre eux, par la sclérose en U des cellules intermédiaires. Contre le bord in- lerne concave de celarce, s'applique directement une bande tan- (4) Voy. à ce sujet : Ph. van Tieghem, Structure de la tige des Calycanthacées (Bull. du Mus., X, p. 68, 1904, et Ann. des Sc. nat., Bot., 8° série, XIX, p. 305, 1904). MÉRISTÈLES CORTICALES DE LA TIGE 41 sentielle formée de vaisseaux et de fibres, elle-même recouverte en dedans par un are plus épais et plus large, qui la dépasse de chaque côté, formé de tubes criblés etde cellules de parenchyme. Ensemble ces deux parties constituent un faisceau cribrovas- culaire inversement orienté. Enfin, les tubes criblés Les plus internes, souvent écrasés, de ce faisceau, sont séparés des tubes criblés les plus externes, également écrasés, du Hber, par trois à cinq assises de grandes cellules à parois minces, demeurées vivantes et renfermant des chloroleucites, qui appartiennent encore au péricvele. La tige du Chimonanthe possède done, dans l'épaisseur de son péricycle, entre la zone scléreuse externe et la couche paren- chymateuse interne, quatre faisceaux cribrovasculaires inverses, qui correspondent aux angles et par conséquent alternent avec les quatre séries de feuilles opposées décussées, Insérées sur les côtés. C'est là une anomalie singulière, caractérisant une modi- fication remarquable du type monostélique, sans exemple connu jusqu'à présent et qui donne à ce genre un grand intérêt au point de vue de la Science générale. Ceci rappelé, si l’on suppose que chacun des quatre angles de la stèle du Chimonanthe, constitué comme il vient d'être dit, se sépare du reste dès la base de la tige par un pincement opéré dans le milieu de la zone parenchymateuse interne du périevele et que chacune des quatre portions de stèle, ainsi découpées, chemine ensuite librement à l'intérieur de la zone interne de l'écorce, entourée d'un endoderme particulier, dans toute la longueur de la tige, on aura précisément la structure qui carac- térise les Calycanthes. Autour de sa stèle, qui est evlindrique et dont le péricyele est normal, la tige des Calycanthes possède, en effet, dans la zone interne de l'écorce, quatre méristèles corticales correspondant à ses angles, et älterne à ses quatre séries de feuilles, qui sont ici aussi opposées décussées. Sous son endoderme, chacune d'elles offre, en dehors, un large are fibreux, plus épais en son milieu, où il fait saillie vers l'intérieur, en forme de crête, sépa- rant deux concavités. Dans chaque concavité est logé un paquet de vaisseaux mêlés de parenchyme, bordé en dedans par un are épais de tubes criblés mêlés de parenchyme, formant ensemble 12 PH. VAN TIEGHEM un faisceau eribrovasculaire inverse, dirigé obliquement par rapport au ravon. L'arc fibreux externe recouvre donc deux pareils faisceaux, qui divergent vers Pintérieur en forme de V renversé, Chacun desares eriblés est bordé en dedans par un arc fibreux plus étroit et plus mince que Parc fibreux externe et ces trois ares fibreux sont reliés bord à bord par une assise de cel- lules à parois minces. Ainsi conslituée, la méristèle corticale offre bien la même structure que là portion de péricyele qui oc- cupe l'angle de la stèle carrée dans la tige du Chimonanthe. I y à seulement cette différence, tout à fait secondaire, que, dans l'angle de la stèle du Chimonanthe, le faisceau eribrovaseulaire inverse est simple, tandis que, dans la méristèle corticale des Calveanthes, il + à côte à côte deux faisceaux cribrovasculaires inverses. Bien qu'offrant une structure très compliquée, les méristèles corticales des Calveanthes n'en doivent done pas moins être considérées comme incomplètes, comme de nature exelusive- ment périeyelique, et même n'intéressant pas la totalité de l'épaisseur du péricyele aux points où elles S'en délachent, puisqu'elles laissent dans la stèle une partie de sa zone paren- chymateuse interne. Leur complexité de structure, elles Ta doi- vent à la structure complexe du périevele au point de Séparation. I n'en est pas moins vrai qu'elles Simulent par là des méristeles complètes, au point que, n'était orientation inverse de leur fais- ceau cribrovasculaire, on pourrait être porté à les considérer comme telles. Ce serait une erreur, qu'il faut éviter. En const- quence, il faut se garder aussi de dire libéroligneur le faisceau qu'elles renferment et de nommer péridesme la couche fibro- parenchymateuse qui Fentoure. Si maintenant lon suit, dans toute la longueur de la tige, la course de ces méristèles corticales, on voit qu'à chaque nœud elles émettent chacune une petite branche qui entre dans la feuille correspondante, en mème tempsque la large méristèle médiane produite par la stèle au nœud même. Elles sont done, comme la stèle, parties constitutives de la tige et contribuent seulement, au même Utre que la stèle elle-même, à la formation des feuilles: en un mot, elles sont caulinaires, comme les méri- stéles corticales complètes des Viciées, el non foliaires, comme MÉRISTÈLES CORTICALES DE LA TIGE 45 les méristèles corticales incomplètes de ces plantes. Par à, la tige des Calyeanthes se rattache au type mésostélique, dont elle offre une modification remarquable. Si les méristèles corticales complètes peuvent, suivant les plantes, être tantôt caulinaires et tantôt foliaires, on voit qu'il en est de même pour les méristèles corticales incomplètes par essence, notamment pour celles qui sont de nature exclusive- ment péricyclique, telles que Pon vient de les étudier chez les Viciées et les Calveanthes. Au lieu de se limiter au péricyele, comme dans les deux exemples précédents, la séparation peut intéresser une plus grande partie de Pépaisseur de la stèle, sans en atteindre cepen- dant toute la profondeur. Encore incomplète, par conséquent, la méristèle ainsi détachée l'est pourtant à un moindre degré et peut simuler, comme dans les Calyeanthes, mais d'une tout autre manière, une méristèle complète. Tel est le cas, par exemple, chez les Osmondacées. Le rhizome de FOsmonde royale (Osmunda regalis) à, comme on sait, dans son épaisse écorce, un grand nombre de méri- stèles, disposées sur plusieurs rangs, qui se rendent une à une et tout entières dans les feuilles supérieures, qui sont donc fo- liaires. Chacune d'elles se compose d'un large faisceau Hbéro- ligneux réniforme à concavité interne, dans lequel le second bois primaire où mélaxvlème, formé de larges vaisseaux scalart- formes, dépasse de chaque côté le premier bois primaire où protoxvlème, formé d'étroits vaisseaux spiralés et annelés, fais- ceau entouré d'un péridesme parenchymateux et bordé par un endoderme à cadres lignifiés. La zone corticale qui enveloppe cet endoderme conserve ses parois minces el incolores, tandis que le reste de l'écorce épaissit, lignifie et colore en brun ses membranes. Ainsi constituées, ces méristèles corticales paraissent com plètes. Elles ne le sont pourtant pas. Sous un péricyele parenchymateux, la stèle de ce rhizome contient, comme on sait, au nombre de 13, en rapport avec la disposition 5/13 des feuilles, des faisceaux Hibéroligneux rangés en un cercle unique autour d'une large moelle parenchyma- teuse. Les ares libériens de ces faisceaux confluent bord à bord 44 PH. VAN TIEGHEM en un anneau connu, mais leurs bois sont séparés par des ravons de parenchyme. Considéré à peu de distance au-dessous du départ de la méristèle correspondante, chaque massif Higneux a, sur la coupe transversale, la forme d'un fer à cheval à conca- vité interne. Le protoxylème $v réduit à un petit triangle d'étroits vaisseaux spiro-annelés, tout au fond de la concavité: tout le reste est un métaxylème à larges vaisseaux scalariformes, se développant de dedans en dehors au-dessus du protoxvlème Jusqu'au bord externe convexe, de dehors en dedans, au con- lraire, dans les deux branches replovées vers l'intérieur. En se séparant, la méristèle emporte un are péricyclique, l'arc hbérien sous-jacent, la portion externe du massif ligneux, c'est- à-dire l'arc unissantles deux branches du fer à cheval, composé du triangle de protoxvlème et de Pare de métaxvlème centrifuge qui lui est superposé et qui le déborde de chaque côté, enfin la por- ion de moelle qui borde le protoxvlème et qui se réunit aussitôt de chaque côté à l'arc périevelique externe pour former le péri- desme. Les deux grandes branches du fer à cheval, formées uniquement de métaxvlème centripète, restent en place dans la stèle ; c'est précisément ce qui rend la méristèle incomplète. La conséquence de cel amoindrissement, c’est qu'une fois dans l'écorce, entourée de son endoderme particulier, après que l'en- doderme général de la stèle S'est refermé en dedans d'elle, elle est simplement réniforme, comme il a été dit plus haut et non en fer à cheval à longues branches, comme elle serait si elle était complète. Muintenant que Fattention des anatomistes est attirée sur ces méristèles corticales incomplètes à divers degrés, soit par ré- duclion progressive, soit par essence, 1lestprobable que d'autres exemples viendront bientôt se joindre à ceux qui ont fait Pob- jet de ce petit travail. LISTE DES ALGUES MARINES DE LA BARBADE Par Mile A. VICKERS. HU En 1898, avant eu l’idée d'aller herboriser aux Antilles, j'ai fait venir les cartes marines des îles Antigua, Trinidad, Gre- nada et Barbados afin de me renseigner sur le‘choix d'un séjour pour l'hiver. Grâce à ces cartes, J'ai pu étudier ces îles, leurs côtes, les profondeurs de la mer autour des côtes, el jai constaté que la Barbade avait sur toutes les autres, outre Favantage de posséder un climat absolument idéal, un autre avantage inap- préciable au point de vue algologique, c'est que sa surface était plate, de sorte que la mer devait, en se retirant, découvrir une étendue de terrain beaucoup plus considérable qu'ailleurs. En cela, je ne me suis pas trompée. D'ailleurs, cet agrément, el celui d'avoir un excellent climat, ne sont pas les seuls que pré- sente la Barbade. L'ile étant petite, il est plus facile d'en faire le tour. Les routes sont bonnes, et suivent la côte presque tout le temps. Une des difficultés, lorsqu'on arrive à la Barbade, est de se rendre compte de Fheure et de Ta hauteur des marées. In'existe pas de tables des marées, et si lon se renseigne auprès des auto- rités et des marins du port, on est toujours induit en erreur. Si l'on suit leurs conseils, on arrive infailliblement à marée haute au lieu choisi pour lherborisation. #0 M': A. VICKERS Il faut se faire une expérience ; au commencement on se trompe souvent. Mais on finit à la longue par se tirer d'affaire. Les marées sont très irrégulières: elles ne sont pas aux mêmes heures, sur la côte sud, et sur la côte nord-est. IF + à presque deux heures de différence. À Ta Barbade, la marée procède par bonds ; pendant deux ou trois jours de suite, elle baisse à peu près à la même heure, puis, le quatrième jour, elle ne commence à descendre que trois heures plus tard, aussi faut-il Sv prendre à temps et remettre à point dans après-midi l'expédition du malin suivant. Il va des jours aussi où la mer ne baisse pas du tout, mais iln°v à rien de certain ni de régulier, de sorte que l'on ne peut savoir d'avance ce qu'il en sera. En somme, les marées aux Antilles ne ressemblent en rien aux marées de France. La côte sud commence à Bridgetown, suit tous les contours de Carlisle Bay, et finit au phare de South Point. Mon premier champ d'exploration à été Hastings Rocks, plage d'Hastings, qui s'étend en face de l'hôtel de la Marine. La plage, comme presque partout, descend en pente douce sur une étendue de trois où quatre mètres: puis cette pente s'arrête et Le terrain devient parfaitement plat. Ilest rarement tout à fait à décou- vert; pour herboriser, il faut marcher dans l'eau, au moins jusqu'à la cheville, quelquefois jusqu'aux genoux, et il arrive même d'avoir à entrer dans l'eau jusqu'à la ceinture quand il s'agit de passer sur un récif. Pour arriver à ce terrain plat, il faut done que là marée soit vraiment basse. À Hastings Rocks, on rencontré de temps en temps des trous artificiels, espèces de piscines creusées à lintention des baigneurs ; c'est dans ces en- droits-là, ou plutôt le long des bords de ces bassins que pous- saient les plus beaux échantillons de Caulerpa plumaris. Puis, dans les parties moins profondes, on aperçoit un certain nombre de Chlorophycées, Enleromorpha, Cladophora, et'aussi quelques Cyanophycées. Ce sont ces deux groupes qui dominent à Has- Uings Rocks. Au bout de la longue plage d'Hastings se trouve le coin déli- cieux qui se nomme Worthing. C'est un cap formé de grands rochers surplombants, sous lesquels S'étend une petite baie où l'eau peu profonde est toujours calme. Cette baie est encore LISTE DES ALGUES MARINES DE LA BARBADE KT protégée par un récif. Nous faisions là d'abondantes récoltes, car c'était un vrai Jardin pour les Caulerpes. Sur un fond légèrement vaseux, poussent, en grande quantité, le Caulerpa pinnata f. mericana, le Caulerpa cupressoides f. elegans. Un peu plus loin sur le récif, des masses de Liagora valida et pulreru- lenta, mélangés à de nombreux Cauler pa plumaris et Caulerpa clarifera. Ce récif conduit à marée très basse Jusqu'à la pointe. Tout en marchant on aperçoit de temps en temps de belles touffes rouge pourpre formées par le Galaraura marginata. A la pointe même, ce sont les Chlorophycées que l'on retrouve de nouveau, surtout à la basé des rochers surplombants, où pousse l'Ulra fasciata, dont les longues feuilles, d'un vert éclatant, sui- vent tout doucement le va et vient de l'eau. De l’autre côté de cette pointe est RockKley Bay, plage de sable assez étendue, mais protégée en partie par une longue barrière de rochers, sur laquelle les vagues déferlent en tout temps, même par les Journées les plus calmes. A Fabri de ces rochers, on peut explorer des flaques peu profondes, lesquelles, bien que sépa- rées jusqu'à un certain point de la mer, restent pourtant en communication avec elle, car les vagues en se brisant, passent par-dessus la barrière, forment cascade, et ces flaques, un mo- ment presque vides, se trouvent tout d'un coup pleines à débor- der, ce qui n'est pas toujours d'un grand agrément pour l'algologue. En suivant le côté intérieur de ces rochers, et passant Ta main dessous, on trouve dans les cavités de beaux échantillons de Caulerpa racemosa f. clavifera et de Caulerpa tarifolia. Dans les flaques, poussent les Padina gymnospora, Dictyota ciliata, Diloplhus alternans, Gracilaria caudata et Gra- cularia dentata; sur la plate-forme de rochers, les £rctorarpus lamatus et Duchassaingianus etle Pylaiella Hooperi. Non seu- lement toutes les richesses algologiques semblent S'être assem- blées dans ce coin, mais il v à celles qui viennent d’ailleurs, car le flot de la marée montante en amène de tous les côtés, et remplit ces flaques de nombreuses sortes d'Algues qui n'vont certes pas poussé. Une demi-heure de voiture, et nous arrivons à Saint-Laurence Rocks. Sa position ressemble un peu à celle de Worthing. Au pied de la petite église perchée sur la hauteur, sous les rochers 48 M''' A. VICKERS ” .. surplombants, j'ai cueilli à mi-marée le Murrayella periclados, poussant en compagnie du Caulerpa fastigiala. Les flaques à droite du rocher, sur la plage sablonneuse, ne contiennent guère que des espèces communes de Cladophora et d'Entero- morpla. Les points les plus intéressants de cette baie sont les récifs auxquels on ne peut guère arriver sans Paide d'un bateau. C'est li que poussent F'Hydroclathrus cancellatus, Xe S ymploca liydnoides f. fasciculata, le Digenea simpler, et cette Floridée étrange d'aspect, le Prichoglæwa lubrica. Au delà de Saint-Laurence, une côte intéressante à explorer est celle de Maxwell, côte excessivement plate dans certaines parties. Quand la mer baisse beaucoup, elle laisse à découvert de grands banes de Zostères formant des plaques autour desquelles on err- eule, et, faisant force zigzags, on peut en suivre les bords jusqu'à des distances considérables, mais 11 faut avoir soin de marcher sur les Zostères pour ne pas tomber dans quelque trou. Ces flaques sont remplies de Gracilaria cervicornis et de Valonia verlicillata. À Maxwell aussi, 11 v à beaucoup d'Algues flot- lantes rejetées par la mer. Parmi ces Algues, j'ai trouvé sou- vent de beaux échantillons de Dictyopteris Justu, de Polysi- phoma variegata eU de Ceraniun lenuissonumn. Kendal Point était un de nos coins favoris. La plage, de plus d'un kilomètre de long, est abritée des vents d'est par une véri- able falaise, celle qui se termine par le phare de South Point. La mer v était presque toujours calme. A marée très basse, on v trouve des tapis de Caulerpa cupressoides f. typica, forme bien moins commune que lelegans à la Barbade. C’est là qu'un jour nous avons trouvé le Cladophora crispula. Nous avons pu en faire ce jour-là une abondante récolte. Bien nous en à pris, car nous ne l'avons plus retrouvé: la fois suivante, ce Clado- phora ait remplacé par le Polysiphonia havanensis. La côte est est assez différente d'aspect de la côte sud. A parüir de South Point, l'abri fait complètement défaut. Toute cette partie de Pile est balavée par les vents d'est-nord-est qui règnent à la Barbade du mois de novembre au mois d'avril. Sur celle côle sauvage, lendroit de mes prédilections élait Valentia, village quise compose d’une réunion de huttes délabrées, situé sur une hauteur dominant la mer. En descen- LISTE DES ALGUES MARINES DE LA BARBADE 19 dant une pente rocailleuse on arrive sur une longue plage qui, d'un côté, va rejoindre le pied du phare, et de Fautre s'arrête court devant une falaise à pie, formant une baie où s'amassent, en grand nombre, les Algues rejetées par le flot. Pas un seul rocher à explorer ! Seulement une plage de sable qui descend en pente graduée vers la mer. Et la mer est terrible à cel endroit! Des vagues immenses roulent une infinité d'Algues marines. Avec un filet, on cherche à les attraper quand elles passent. Elles fuient si rapidement, que c'est à peine si Fon à le temps de les voir,et lon ne revoit jamais celles que Fon manque. La flore marine de Valentia varie beaucoup: à chaque visite, on récolte en abondance deux ou trois Algues, et ce ne sont jamais les mêmes deux fois de suite. Un jour nous n'avons récolté que du Polysiphonia variegata et du Griffithsia globiferx. un autre, des Bryopsis pennata et des Griffithsia opuntioides, un troisième, du Dictyopteris plagiogramma en assez grande quan- Uté (la plante est plutôt rare à la Barbade) et un quatrième, du Siphonocladus tropicus el du Diclyopteris delicatula, cette der- nière plante étant abondante au point de changer la couleur de l'eau, sur une cinquantaine de mètres carrés. Toutes ces Algues doivent provenir des récifs qui entourent l'ile comme d'une ceinture, récifs qui ne sont pas abordables, pour là raison que la plupart sont sous Peau. Bien qu'ils soient marqués sur la carte, on n'en aperçoit pas le moindre vestige des hau- teurs de Valentia. Plus loin, toujours en se dirigeant vers le nord-est, on arrive à un autre point battu par la mer, le Crane : c’est un endroit décourageant pour Palgologue. In°v a pas de rochers, on à devant soi la même plage de sable qui ne finit Jamais, et tou- Jours aussi, ces vagues se brisant sur le rivage. Très beau site, mais assez monotone. On essaie le même manège qu'à Valen- La ; on entre dans l'eau, on recoit le choc des vagues pour ne ramasser ren qui vaille. Une seule visite au Crane pour admirer la belle vue et le feuillage vert des Cocotiers qui longent la plage, c'est plus que suffisant. Remontant encore plus vers le nord, il + a Lords Castle, in- téressant à plus dun point de vue. Le château, où villa, qui appartient à un personnage nommé Lord, est une construction ANN. SC. NAT. BOT., 9° série. I. 4 0 M'' A. VICKERS de Ja fin du xvin où du commencement du xix' siècle; cest une des rares antiquités de File. Le château se trouve perché sur une hauteur: de là, on descend à travers un bois jusqu'à la plage, autre plage de sable, dont la monotonie es relevée par des rochers qui déterminent la formation, comme à Rockley Bay, de grandes flaques peu profondes, où nous avons trouvé quantité de Polysiphonit macrocarpa : mais, à Lord's Castle, ce n'est pas sur les rochers que Fon ramasse le plus d'espèces différentes, c’est en explorant les grands tas de plantes marines, rejetées par la mer, formant un véritable ma- lelas qui s'étale après une tempête, sur toute la longueur de la plage. Sur ce fouillis de toutes sortes de plantes, nous avons lrouvé de très beaux échantillons de Cryplonemia lururians, de Grateloupia filirina, el d'autres espèces intéressantes. De toutes les côtes de Ta Barbade, celle du nord-est est, selon moi, la plus belle. Les côtes sud et ouest sont baignées par la mer des Caraïbes, et se ressentent, plus ou moins, du voisinage de l'Amérique du Sud, surtout de cet immense fleuve Amazone, qui déverse une telle quantité d'eau douce, qu'à son embou- chure la mer S'en trouve toute dessalée. Rien d'étonnant d'après cela, que sur ces côtes plus où moins imprégnées d'eau douce, ce soient les Algues brunes, vertes et bleues qui dominent, landis que sur la côte nord-est, les Floridées se trouvent en plus erand nombre. D'aspect aussi, celle-ci est toute différente des autres. Cette côte, où du moins là partie que nous avons explorée, s'étend depuis Conselt jusqu'à Bathsheba. Le coup d'ail en est sévère, car, sur tout ce parcours, elle est hérissée de rochers. Du côté de la mer, on ne voit que des moutons blancs, à perte de vue. Ce n'est qu'une succession de lignes de rochers, de récifs, S'alignant les uns à la suite des autres: on ne voit partout que des brisants, des crêtes blanches, se perdant par moments dans une brume d'embruns. C'est seulement par les lemps absolument calmes que lon peut S'aventurer sur une pareille grève. La baie de Conset est découpée en de petites anses, formées par des rochers qui S'avancent dans la mer. On passe de Fune à l'autre assez facilement, tantôt contournant les rochers, tantôt passant par-dessus. De temps en temps,on rencontre des flaques LISTE DES ALGUES MARINES DE LA BARBADE )1 très profondes, où poussele Galaraura obtusata en beaux échan- tillons, ainsi que de superbes touffes de Bryothamnion Seaforthi (à Maxwell et à Rockley Bay, cette plante, quoique commune, reste toujours de petite taille) puis du Spyridia clavata en ma- enifiques exemplaires, dont la forme peut se comparer à de erandes feuilles de Fougères, du Gracilarin mullipartita ÿ. latior, et dans les anfractuosités de rochers le Bryopsis Leprieuru et le Strurea delicatula f. caracasan«. Entre Conset Bay et Bath, il y à quelques coins excellents, une petite baie entr'autres où la mer apporte une quantité d'es- pèces délicates, Crouania attenuata, Falkenberqia Hillebrandi et quelques Callithamnion rares. A Bath la flore marine varie. Il v a un plus grand nombre d'Algues brunes qu'à Conset. On y trouve souvent le Zonariu lobata ete Padinavariegata: les Dilophus alternans et quineensis y abondent. Les Floridées sont représentées par degrosses plantes d'Haloplegma Duperreyi, par l'Asparagopsis Delilei et le Chrysymenia uvarin. À Bath, tontes ces plantes sont rejetées sur la plage. En face de Bath, il v à au loin un récif avec de grands rochers. À marée très basse, si lon ne veut pas SY ren- dre en bateau, on peut v aller à pied, sous la conduite d'un pêcheur qui connaît le passage. On arrive d'abord sur de grands bancs, formés par lArrainrvillea longicaulis, puis on passe sur un autre plateau couvert d'innombrables flaques peu profondes, chautfées par un soleil ardent. C'est dans ces flaques que pousse l'Udotea conglutinata qui forme comme des petites coupes à pied se dressant çà et là. Dès que lon a le bonheur de tomber sur l'une de ces petites coupes, on en cherche d'autres. Quittant ce plateau, on arrive sur le grand récif, près des rochers, but de l'exeursion. Là, les flaques sont profondes, et lon y trouve de bonnes choses, entr'autres, le Codium repens et le Caulerpa Webliana, qui tapissent les parois de quelques rochers. L'endroit le plus intéressant de toute cette côte est Bathsheba, avec ses grands rochers, formant une pointe qui avance dans la mer. C'était là que j'avais, en 1899, trouvé rejetés par la mer, trois petits exemplaires d’une Algue dont la fronde en réseau rappelait l'Haloplegma et le Dyctyurus. Aussi, je n'avais qu'un désir en 1903, c'étaitde retrouver d’autres exemplaires de cette 52 M'': A. VICKERS Algue, et surtout de découvrir Fendroit où elle poussait. Après bien des recherches, nos efforts finirent par être couronnés de succès. En soulevant les longues franges de Sargassin qui couvrent un rocher de peu d'apparence, nous nous apereümes que la partie inférieure de ce rocher était couverte d'un tapis moelleux, assez épais en certains endroits. C'était PAlgue que nous cherchions. Ensuite, deux ou trois jours après, en herbo- risant de autre côté de la pointe, à droite de Fhôtel Atlantis, nous la retrouvions encore, lapissantle dessus d'autres rochers, Lrès avancés en mer. Nous avons fait notre récolte au milieu de mille difficultés, lutlant contre les vagues qui nous enlevaient de dessus le rocher où nous travaillons. Menacée de perdre la belle moisson que nous avions déjà faite, nous avons dû quitter notre poste trop périlleux, et certes nous ne Favons pas fait sans regret. Cette fois-ci les exemplaires étaient fructifiés, ce qui a permis de rattacher la nouvelle espèce au genre Thurelin. Frouvant intéressant de réunir les noms des deux amis dont la collaboration à rendu tant de services à la science algologique, je lai appelée Thuretia Bornetii. Abritées parles grands rochers de Bathsheba, 14 à d'immenses flaques très profondes, riches en Algues. On + cueille d'énormes exemplaires d'Halopleqinu Duperreyt, de Cryplonemia crenulata et lururians. Dans les endroits plus battus, le Laurencia cerricornis et le Chamaedoris culala, puis dans les parties moins profondes, dans les en- lfoncements de rochers ensablés plus exposés à La lumière, le Monospora herpeslica qui es{assez commun. En 1899, j'avais eu la chance de Tomber sur FAxtithanmion Bulleriae récem- ment décrit par M. Collins, mais je ne Fai pas retrouvé en 1903. [reste maintenant à mentionnerla côte ouest que nous avons explorée, depuis Fontabelle jusqu'à Reid’s Bay. Fontabelle estun endroit abrité, une espèce de port peu pro- Fond, où Pon garde les bateaux qui servent à la pêche au poisson volant. A marée basse, on v trouve de beaux exemplaires de Gracilara cercicornis el de Gracdaria mulliparlita. Nous Y fai- sions de fréquentes visites en 1899, mais en 1903, à cause du voisinage de Pelican Island, où lon transportail tous les malades atteints de pelite vérole pendant lépidémie de 1902-03, nous avons un peu négligé cette localité. ve LISTE DES ALGUES MARINES DE LA BARBADE 53 Un des bons endroits de la eôte ouest était Prospect, plage de sable et de rochers: à marée très basse, sur les cailloux. poussait en grande quantité le Wrangelia Argus. Au mois de février 1903, nous avons trouvé la côte couverte de Liagor« pariculata et de Liagora leprosa, deux Algues assez rares à la Barbade. A Burrows, nous avons encore revu les mêmes plantes ; à cet endroit aussi, à marée presque haute, les pierres étaient couvertes d'une mousse brune que nous avons trouvée être du Sphacelaria tribuloides. Plus loin sur la côte, on arrive à Porters, où abondent les Dictyota ciliata eUcrenulata. Nous avons cueilli aussi une quan- üté de Cladophora fascicularis et de Her posiphonia tenella. Le point le plus éloigné où nous avons herborisé, à été Cluffs Bay. La plage est assez difficile d'accès, on y descend par une pente raide et tortueuse., La mer est magnifique de ces côtés! c'est l'extrême nord de Pile. Près de là se trouve la célèbre caverne connue sous le nom de The animal flower Care. En quoi consistent ces animaux-fleurs, je n'ai jamais pu le savoir car ce n'est qu'en été, à de éerlains jours, que Fon peut pénétrer dans cette mystérieuse caverne. Nous nous sommes contentée d'explorer une baie où nous avons cueilli des Caulerpa racemosa {. clavifera, d'une taille prodigieuse, une Algue qui semble être un Prionitis, mais qui n'est malheureusement pas fructifiée, et des Galarauramarginata aussigrands que les Caulerpa racemosa. Nous avons fait une récolte assez fructueuse, malgré le peu de temps que nous avons pu rester dans cette baie, où la mer épou- vantable qui battait les rochers en plein nous empêechait de travailler comme nous Laurions voulu. En 1903, ce n'est que vers le milieu de mars que je me suis décidée à faire quelques dragages. En 1899, cela m'avait assez mal réussi. Le bateau était trop petit. Mes marins, deux grands nègres vigoureux, étaient paresseux el entêtés. Je n'arrivais pas à leur faire comprendre ce que j'attendais d'eux. Lorsque je maniais la drague et qu'elle commençait à tirer, comme par enchantement, les deux avirons se levaient en l'air et ne mar- chaient plus. Les rameurs, se reposant sur leurs lauriers, atten- daient tout tranquillement, croyant que la drague allait se rem- Ly 2+ M': A. VICKERS plir toute seule. Le résultat étant négatif, il à fallu essayer autre chose. Un d'eux proposa de plonger et de remplir la drague d’Algues. Puis les idées leur venant. toujours plus lumineuses, l'autre fit un plongeon, et revint à la surface rapportant une pierre couverte de Caulerpa, puis répéta le même manège à plusieurs reprises, toujours rapportant quelques Algues. Pendant ce temps-là, la drague servait d'ancre pour maintenir le bateau en place. Comme les espèces que le plongeur rapportait étaient les mêmes que je pouvais récolter à terre, J'y perdais mon temps et mon argent. En 1903, J'ai eu plus de chance. J'ai pu me procurer un grand bateau, avec quatre bons marins, qui, quoique nègres, ont tout de suite saisi ce qu'ils avaient à faire. Grâce à eux, j'ai pu récolter à Carlisle Bay, le Striaria ntricata, le Zonaria variegata, le Lophocladia trichoclados en assez grande quantité, le Meredithia nucrophylla et bien d'autres Algues intéressantes. J'ai fait des essais de dragages sur la côte ouest, mais la drague se prenait dans les bancs de corail, et c'est avec de grandes difficultés que l’on réussissait à la dégager. Du côté d'Oistin Bay, j'ai eu plus de succès, mais la mer était très agitée ; c'était la mer ouverte avec fonds de gravier et de cailloux. J'ai trouvé là quelques échantillons d'Aceltabularia caraibica et de Dictyota ndica, mais les dragages d'Oistin ne m'ont certes pas donné les bons résultats de ceux de Carlisle Bay. En somme, mes deux séjours à la Barbade ont été assez satis- faisants au point de vue algologique ; dans l’espace de six mois et demi, J'ai recueilli 215 espèces, dont 56 Chlorophvycées et Cyanophycées, 3% Phéophyeées et 125 Floridées. Parmi ces Algues, se trouvent 13 nouvelles espèces (2 Chlo- rophycées, 3 Phéophycées et8 Floridées), et {Æespèces connues, non encore signalées dans la région, ensemble, 27 espèces à ajouter à la flore marine des Antilles. ‘ke 42. 18. GE 5 LISTE DES ALGUES MARINES DE LA BARBADE DH) MYXOPHYCÉES Lyxésva (LEIBLEINIA) sorpina Gomont. Flaque abritée, à mi-marée. R.R. Maxwell. LyxéBya £sruarir Liebman. f. MINOR SYMPLOCOIDEA Gomont (ex ipso). Rochers battus, à basse mer, R. Janvier. Rockley Bay. LyNéBya maruscuza Harvey. Flaques abritées, à mi-marée. C.C. De jan- vier à mars. Bath et Bathsheba. LYNGBYA CONFERVOIDES Ag. Flaques abritées, à mi-marée.R. Janvier. Baths- heba, Lord’s Castle. SYMPLOCA HYDNOIDES Kützing. f. rascicuLaTA Gomont. Rochers battus, à basse mer, C.C. De décembre à avril ; récifs. Rockley Bay, Saint-Laurence, Prospect. HYDROCOLEUM LYNGBYACEUM Kützine. Var. RUPESTRE Kütz. Flaques abritées, à mi-marée, C. Décembre à mars. Hastings. HyYpROCOLEUM GLuTINOSUM Gomont. Rochers battus, à basse mer. R.R. Mars. Burrows. HYpROCOLEUM CANTHARIDOSMEM Gomont. Dans les endroits vaseux, à mi- marée. C.C. Hastings, Bathsheba. HORMOTRICHUM ENTEROMORPHOIDES Grunow. Flaques abritées peu pro- fondes, à mi-marée. C.C. Janvier, février. Bath, Bathsheba. CALOTHRIX ERUGINEA Thuret. Flaques abritées, à mi-marée. C.C. Jan- vier, février. Rockley Bay, Hastings. CHLOROPHYCÉES Ucva Lacruea L. Flaques abritées, peu profondes. C. Janvier à février. Hastings. Ucva rascrara Delile. Rochers ensablés, à basse mer. C.C. Janvier à mars. Hastings, Worthing. ENTEROMORPHA PROLIFERA J. Agardh. Plages abritées, à mi-marée. C.C. Décembre à février. Hastinges. f. rugucosa Reinbold. Lieux abrités, à mi-marée. C.C. Janvier à mars. Rockley Bay, Maxwell, Bathsheba, Hastings. ExreromoRPuA ERECTA J. Agardh. Attaché sur d'autres Algues. Janvier. Rockley Bay. ExteroMoRPHA Sp. ? Dragué à Oistin Bay. Un seul exemplaire ayant le port de l'E. forta. N'est sans doute qu'une forme flottante du pré- cédent. CHÆTOMORPHA CLAVATA Kützing. Rochers ensablés, à basse mer. R. Fon- tabelle, Carlisle Bay, Valentia. Février, mars, avril. CHETOMORPHA ANTENNINA Kützing. Rochers battus, à mi-marée et à basse mer. C.C. Décembre à mars. Hastings, Maxwell. RHIZOCLONIUM CcapiLLaE Kützing. Endroits abrités, à mi-marée. C.C. Janvier à mars. Hastings, Maxwell, Rockley Bay, Paynes Bay, Bathsheba. Ruizoccoxium Lixux Thuret., Dragué. R. Avril. Freshwater Bay. J0. 31%. M'' A. VICKERS CLADoPHOoRA PROLIFERA Kützing. Rochers battus, à basse mer. R. Novembre. Bathsheba (A. Henderson). Cianopnora Huremxsre Kützing. Rejeté à la côte, à basse mer. Janvier, février, Lord’'s Castle, Valentia. Quelques individus seulement, encore jeunes, dont la détermination est un peu incertaine. Crapopnora FascicrLams Kützing. A mi-marée, partout sur la côte, de décembre en avril. Se présente sous des formes extrèmement variées, et comme elles passent de l’une à l’autre, il n'y à pas lieu de les désigner par des noms. CLapopnora SERICEA Külzing. Baie abritée par des récifs, à basse mer. C.C. Décembre à mars. Rockley Bay. . CLabopuora crispura Vickers in herb. sp. nov. Intense viridis, filis contortis aggeres spongiosos, in ramis funicula- ribus varie divisos, formantibus. Filis vix capillaribus ubique fere æ&quicrassis (45-50 ») dense intricatis, ramosis. Ramis alternis vel oppositis, ultimis subsecundis, curvatis, articulis longis octies cir- citer diametro longioribus. Pour le port cette Algue rappelle les Rhizoclonium Antillarum el tor- tuosum dont elle est d'ailleurs absolument distincte. Si c'est la forme roulée de quelque espèce buissonnante, je ne sais à quelle espèce elle se rapporte. Jusqu'à plus ample information, il me semble pré- férable de la tenir pour distinete. Cette espèce est rare et ne se trouve qu'à Kendal Point et pas toujours. En 1899 je n'ai trouvé que trois ou quatre exemplaires. Au mois de décembre 1902, dans une seule marée j'en ai fait une copieuse récolte. Étant allée à Kendal Point quelques temps après, j'ai vu avec étonnement que cette Algue si abondante alors avait totalement disparu. CLaboPnora FLEXUOSA Harvey. Baies abritées, à mi-marée. GC. dans cer- laines localités, Maxwell, Kendal Point. SIPHONOCLADUS MEMBRANACEUS Bornet. Partout sur la plage, découvert à toutes les marées. C.C. Décembre à mai. Hastings, Bathsheba. SIPHONOCLADUS TRopicus J. Agardh. Rejeté sur la côte. C. Décembre à mars. Valentia, Bathsheba, Rockley Bay. STRUVEA DELICATULA Külzing. Sur les parois des rochers, à basse mer. R.R. Janvier à avril, Rockley Bay, Conset. STRUVEA DELICATULA Kützing, var. caracasaxa Grunow. Sur les parois des rochers, dans les coins abrités. R. Janvier, avril. Rockley Bay, Conset. ANADYOMENE STELLATA Lamouroux. Anfractuosités des rochers, à très basse mer. R. Janvier, février, mars. Bath, Bathsheba. DicrvospnarriA FAVULOSA Decaisne. Rochers battus, à basse mer. C. Jan- vier à mars. Hastings, Conset Bay, Bathsheba. Vazowia vENTrRICOSA J. Agardh. Rejeté à la côte. C. Février. Bath. VALONIA VERTICILLATA Külzing. Baies abritées par des récifs, à basse mer. C. Janvier à mars. Saint-Laurenee, Worthing, Maxwell. CuaAMAEDORIS ANNULATA Montagne. Flaques abritées, à basse mer; sou- vent rejelé à la côte. De janvier en avril. Bath, Bathsheba. Conrum pirrorue Kützing. Rochers batlus, à basse mer. R. De janvier à avril. Rockley Bay (dragué), Cluffs Bay, Saint-Laurence Rocks. Copium romExrosUM Agardh. Rejelté par la mer. C.C. Rockley Bay, Maxwell. Conivm REPENXS Crouan, mser. in herb.; C. TOMENTOSUM Var. SUBSIMPLEX Crouan in Schramm et Mazé, Alg. quad., éd. imprimée, p. #7; Coniuu TOMENTOSUM Var, REPTANS Crouan in Schramm et Mazé, Alg. guad., éd. 38"”. 59 RS er LISTE DES ALGUES MARINES DE LA BARBADE D 1 autographiée p. 115; CobIUM TENUE, Var. REPENS Crouan in Mazé et Schramm, Alg. gquad., éd. IE, p. 107. L'ouvrage de Schramm et Mazé étant peu NU je transcris la des- Nos donnée dans l'édition autographiée : « Fronde rampante, de consistance spongieuse, tubuleuse, ramiliée ; « rameaux simples, dichotomes, de couleur vert sombre, velouté « dans l’eau. La plante forme des lacis horizontaux, emmèlés, qui « adhèrent à la roche par des sortes de crampons radicaux qui se for- « ment au furet à mesure de l'accroissement de la fronde. » Contre les parois des roches, à basse mer. R. Février. Bath. CopruwisramocLanux Vickers in herb. sp. nov. C. tomentoso simillimum. Ab eo differt ramis basi plerumque constrictis et cellulis periphericis majoribus 2 ad 300 crassis. La mème forme se trouve à la Guadeloupe (Herb. Crouan.). Rejeté à la côte. R. Février. Bath. AVRAINVILLEA NIGRICANS Decaisne. Anfractuosités des rochers à basse mer. C. Janvier, avril. Rockley Bay. AVRAINVILLEA LONGICAULIS G. Murray et Boodle. Forme de vastes tapis qui se découvrent à marée basse. Janvier, avril. C.C. à Bath. Unorea coxéLuriNara Lamouroux. Flaques abritées, à très basse mer. Février, septembre. R. Bath. Hacmmepa ruxa Lamouroux. Flaques profondes, contre les parois des rochers, à marée basse. C.C. Janvier à avril. Bath, Bathsheba. Hacimenx opuxria Lamouroux. À mi-marée. Janvier à avril. Partout sur la côte. HazimEDa opunria, forma minor. Janvier. Bathsheba. Diffère de la forme ordinaire par la ténuité plus grande de ses articles. CAULERPA FASTIGIATA Montagne. Sur les rochers ensablés, à marée haute et à mi-marée. R. Saint-Laurence. CAULERPA PENNATA. Dans les endroits abrités, à basse mer, poussant avec d'autres Algues, entre autres le Caulerpa fastigiata et le Bryopsis Leprieurii. R.R. Janvier, février. Saint-Laurence, Conset, Bathsheba. CAULERPA VERTICILLATA J. Ag. v. pusiLLaA. Flaques abritées, à basse mer. Mars 1903, Conset. Rejeté à la côte. Février 1899. Bathsheba. CauLerPa WEgBraxa Montagne f. ToMENTELLA Harvey. Flaques abritées à basse mer. C. Janvier à février. Bathsheba, Bath. CauLERPA piNNaTA Weber f. MExIcANA. Baies peu profondes, abritées par les récifs, à très basse mer. C.C. Décembre à avril. Worthing. CAULERPA TAXIFOLIA Agardh. Dans les coins abrités, à basse mer. R.Jan- vier à mars. Roekley Bay, Saint-Laurence, Valentia, So Bay. CAULERPA PLUMARIS Agardh. Flaques abritées, à basse mer. C.C. Décembre à mars. Hastings, Worthing. CAULERPA CUPRESSOIDES Agardh, var. : Lycoponiuu f. rypica Weber. En- droits abrités, à basse mer. C. Février, mars. Carlisle Bay (Port de Bridgetown.) Kendal Point. f. ELEGANS Weber. Endroits abrités à mi-marée.C.C. décembre à mai. Worthing, Rockley Bay. CAULERPA RACEMOSA J. Agardh, var. cLavirera J. Agardh. Contre les parois des rochers à basse mer. C.C. Décembre à avril. Hastings, Rockley Bay, Worthing, Cluffs’ Bay. f. uvIFERA Agardh. Flaques abritées, et quelquefois rochers battus, à marée basse. C.C. Décembre à avril. Worthing, Rockley Bay, Bath, Bathsheba. f. micropuysa Weber. D8 68. 69. —) += M! A. VICKERS Rochers battus. R.R. à marée basse. Rockley Bay. Ces trois formes sont quelquefois difficiles à distinguer, car les échantil- lons passent d'une forme à l’autre d'une manière presque impercep- tible. Neouenis KeLLERt Cramer. Rochers abrités, à mi-marée et à basse mer. C. Décembre à avril; partout sur la côte. ACETABULARIA POLYPHYSOIDES Crouan. Flaques abrilées, à basse marée. R.R. Février. Rockler Bay. ACETABULARIA CRENULATA Lamouroux. Sur rochers, à marée très basse. R. Mars, octobre. Bath (Miss Henderson. ACETABULARIA CaRatBiCA Kützing. Dragué à Carlisle Bay. R. Mars, avril 1903. Bryopsis PExNATA Lamouroux. Rejeté à la côte, à marée basse. R. Fév., mars. Valentia. Brvopsis Lepnieurn Kützing. Anfractuosilés des rochers, à marée basse, partout sur la côte. R. R. Janvier à avril. Bryopsis Harveyaxa J. Agardh. Anfractuosilés des rochers, à marée basse. R. Février, mars. ClufFs Bay. Brvopsis nypxoines Lamouroux. Rejeté par la mer. R. R. Un seul échan- tillon. Le 1°* avril 1903. Conset Bay. PHÉOPHYCÉES SARGASSUM PLATYCARPUM Montagne. Rochers battus, à basse mer, le plus souvent rejeté à la côte. G.C. Rockley Bay, Bath, Crane, Holetown. Janvier à mars. SARGASSUM FOLIOSISSIMUM Lamouroux. SARGASSUM VULGARE V. FOLIOSISSIMUM J. Ag. Rejeté à la côte. Rockley Bay, Saint-Laurence Rocks, pous- sant sur les rochers battus à basse mer. Holetown, Burrows, Bathsheba. C.C. Janvier à avril. Zoxaria vVaRiEGATA Mertens. Dragué à Carlisle Bay. C.C. Mars à mai. ZLoxaria LoBarTa J. Agardh. Rejeté à la côte. R. Bath. Février. Panixa variEGara Vickers. Zonaria variegata Kützing. Rejeté à la côte. R. Kendal Point, Bath. Février, mars. Papixa Gvuxospora Vickers. Zonaria gymnospora Kützing. Flaques peu profondes, exposées au soleil, à mi-marée. C.C. Rockley Bay, Paynes Bay, Burrows. Janvier en avril. SPATHOGLOSSUM ArEsCHoUGn J. Agardh. Rejeté à la côte à Bath; poussant à basse mer, à Saint-Laurence Rocks. Dragué à Carlisle Bay. C. Février à avril. DicryopTERiS DELICATULA Lamouroux. Rejeté par la mer, en grande quan- tité, à Bath et à Valentia; poussant à marée très basse à Saint-Lau- rence Rocks et sur presque loute la côte. C.C. De janv. à mai. DicrvopreriS PLAGIOGRAMMA Montagne. Rejeté à la côte. Valentia, Kendal Point. R.R. Dicrvopreris Jusrir Lamouroux. Rejeté à la côte. Valentia, Lord's Castle, Maxwell et Saint-Laurence Rocks. C. Janvier à avril. Dicrvora BarTayresIaNA Lamouroux. Partout sur la côte ; flaques abritées à marée basse et à mi-marée. C.C. Dragué à Carlisle Bay. Janvier à mai. Dicryora MErTExSI Martius. Rejeté à la côte. Bath, Maxwell, Worthing. Dragué à Rockley Bay. R. Déc., janvier. Dicryora pENTaATA Lamouroux. Endroits abrités, à basse mer. C.C. Par- tout sur la côte. Janvier à mai. LISTE DES ALGUES MARINES DE LA BARBADE 59 75. Dicryora cRExULATA J. Agardh. Rochers ensablés, à marée basse. Burrows. Rejeté à la côte, Maxwell, Rockley Bay. C.C. De janv. à mai. 76. Dicrvora riéurara Kützing. Rejeté à la côte. Fontabelle. R.R. Janvier. 77. Dicrvora cuiara J. Agardh. Rochers ensablés, à basse mer. C.C. Maxwell, Freshwater Bay, Carlisle Bay, Burrows. Janvier à avril. 78. Dicryora ixpica Sonder, Trouvé flottant quelquefois, surtout dragué à Rockley Bay, à Oistin Bay, où il pousse à l'abri des récifs. R. De janv. à mai. 79. Dicopnus GuixeExsis J. Agardh. Rejeté par la mer. Freshwater Bay, Max- well, Bath, Bathsheba. Dragué à Rockley Bay. R. Janvier à avril. 84. Diropuus acTERxaNS I. Agardh. Flaques abritées. Rockley Bay; rejeté par la mer à Bath, Bathsheba ; dragué à Rockley Bay. C. Janvier à avril. 82. STRARIA ATTENUATA Agardh. Encoelium ramosissimum Kützing. Rejeté par la mer à Fontabelle; dragué à Oistin Bay. R.R. Janvier à avril. 83. SrrrariA INrRICATA Liebman. Encoelium intricatum Kützing. Dragué à Carlisle Bay. C.C. Mars, avril. 84. Corpomexix sixuosa Derbès et Solier. Rejeté à la côte, Maxwell, Kendal Point. C. Jan vier à mai. 85. Hyprocraruus caxcezraTus Borv. Rochers battus, à basse mer. Reid’s Bay. Récifs de Saint-Laurence, Bathsheba. C.C. Janvier, février, mars. 86. SPHACELARIA FURCIGERA Kützing. Sur coquilles et sur Sargassum . R.R. Kendal Point, Rockley Bay, Bathsheba. Janvier à mars. ST. SPHACELARIA TRIBULOIDES Meneghini. Sur des rochers, à mi-marée. Hole- town, Reid’'s Bay. C. Janv. à avril. 88. Pycaecra Hoopert Bornet. Forme un tapis sur certains rochers en- sablés, à mi-marée. C. Rockley Bay, Prospect. Janvier à avril. 89. Ecrocarpus DucnassaixGaxus Grunow. Pousse en petites touffes sur de grands rochers plats, à mi-marée. C.C. Rockley Bay, Bathsheba. Janvier à avril. 90. Ecrocarpus GuapELUPExSIS Crouan. Rejeté à la côte. C. Janvier à mars. Rockley Bay, Maxwell. 91. Ecrocarpus namarus Crouan. Pousse en touffes sur de grands rochers plats, à mi-merée. C.C. Rockley Bay, Prospect, Bathsheba. Janvier à avril. 92. Ecrocarpus varaBius Vickers, in herb. sp. nov. Fronde repente, filamentis erectis vix 2 mill. altis, 9-12 latis, ramis subsimplicibus vel semi-flabellatis, patentibus. Sporangiis unilocu- laribus sessilibus ; sporangiis plurilocularibus lanceolato-oblongis obtusis, numerosis, sessilibus aut pedicellatis, infra medium frondis . collocatis 45-75 & longis, 21-304 latis; artieulis diametro triplo lon- gioribus. Sur Gelidiun spathulatum, Galaxaura eylindrica et sur Gracilaria. Bathsheba. 93. Ecrocarpus RazrsiaE Vickers, in herb. sp. nov. Filis erectis, parce ramosis vix 1/2 cent. altis, filis primariis 21-27 & latis, articulis diametro aequalibus vel duplo-triplô longioribus. Spo- rangiis fusiformibus sursum attenuatis pedicellatis aut sessilibus, usque ad 135 u longis, 45 u latis. 28 janvier 1903 sur Galaxaura cylin- drica. R.R. 9%. Ecrocarpus moxirirormis Vickers, in herb. sp. nov. Fronde repente, substratum investiente, filis erectis vix 6 mill. altis 12-15 p latis subsimplicibus; articulis diametro aequalibus vel pau- lo longioribus; sporangiis ovatis, sessilibus, 30-36 4 longis, 18-21 y latis. 96. DRE age Lee 100. 101 107, 108, M''' A. VICKERS Sur Dictyopteris plagiogramma. Valentia, 28 février 1903. Ecrocarpus acanrnoines Kützing. Dragué à Carlisle Bay. Mars, avril. FLORIDÉES GONIOTRICHUM ELEGANS Zanardini. Sur Spermothamnion R. 4 avril 1903. ACROCHETIUM SaGRÆANUM Bornet. Cladophora Sagræana Montagne. Sur les vieilles feuilles de Zostère. Valentia. Avril. ACROCHAETIUM FLEXUOSUM Vickers in herb. Fronde nana in cæspites globosos sparsos ad genicula Chætomorphæ antenninæ insidentes colleela, e filis decumbentibus implexo-intri- catis et filis fructiferis erectis composila. Filis erectis flexuosis 10 y latis, a medio ramosis subfastigialis, ramis superioribus sensim bre- vioribus seriatis et secundatis erecto-patentibus. Articulis diametro 2-3-plo longioribus. Monosporis in ramulis secundatis. R. South Point. Sur Chaetomorpha. Février. Voisin de l'Acrochætium secundatum pour l'épaisseur des filaments, la brièveté relative des articles et la disposition des monospores; s'en éloigne par la nature de son thalle horizontal. CHANTRANSIA BARBADENSIS Vickers in herb. Affinis Ch. corymbiferæ Thuret. Ab ea differt thallo endophytico minus evoluto, filis crassioribus (42-14 u latis) et articulis brevioribus (36 x circiter longis). Les échantillons, mal conservés, ne se prêtent pas bien à l'étude. Sur le Liagora elongata rejeté par la mer, à Maxwell. R., décembre 1893. TrichoGLoEs LuBrIcA J. Ag. Sur les récifs, à très basse mer. R. Février, mars. Saint-Laurence et Rockley Bay. NEMALION BARBADENSE Vickers in herb. Fronde cylindrica carnoso-spongiosa a basi pinnatim ramosa, ramis 2 cent. longis, 2-4 mill. latis, obtusis, nodulis calcareis ad periphe- riam strati medullaris farcta ; axis filis elongatis articulatis dichotomis intricatis in stratum periphericum areuatim abeuntibus; filis peri- phericis dichotomis fastigiatis confertis tenuioribus : monosporis inter fila peripherica sparsis, oblongis, 20-24 u longis, 10-12 4 latis. Je rapporte cette Algue, dont je n'ai trouvé qu'un seul échantillon, au genre Nemalion. Elle se distingue de toutes les Nemaliées par la pré- sence de monospores semblables à celles des Acrochætium. Lorsque les anthéridies et les cystocarpes seront connus, peut-être y aura- t-il lieu d'en faire le type d'un genre nouveau. Sur les rochers à Rockley Bay, 3 mars 1899. LiAGoRa ELONGATA Zanardini. Liagora Cheyneana. J. Ag. Rejeté à la côte, en grande quantité. Décembre 1898. Rockley Bay. Liacora varipa Harvey. Sur les récifs, à très basse mer; sur presque toutes les côtes. C.C. Janvier à avril. Liacora LEPROSA J. Agardh. Sur les rochers, à mer très basse. Prospect, surrows. R.R., février. LiaGoRa PULYERULENTA Agardh. Sur les rochers, à marée basse. C.C. Holetown, Fontabelle, Worthing, Bathsheba. Janvier à avril. Liacora paxieuLATA J. Agardh. Sur les rochers à basse mer. C.C. Burrows, Prospect. Quelques échantillons rejetés à la côte à Rockley Bay et Maxwell. Janvier, février. GALAXAURA CYLINDRICA Lamouroux. Sur les rochers, à très basse mer. Bathsheba. Un échantillon rejeté à la côte au Crane. Janvier. GaLaxaurA oBrusara Lamouroux. Sur les parois des rochers, dans les flaques profondes. Conset Bay, Bathsheba. C. Janvier, février, mars. 109. 110. 129 =. 130. laiLe LISTE DES ALGUES MARINES DE LA BARBADE 61 GazaxaurA FRAGiLis Kützing. Rejeté par la mer. Rockley Bay, Maxwell, Valentia, Worthing, de janvier à mars. C.C. GaLaxaurA RuGosA Lamouroux. Sur les rochers, à basse mer, C.C. Sur toute la côte, depuis Hastings Rocks jusqu'à Kendal Point. De décembre à mars. GALAXAURA LAPIDESCENS Lamouroux. Sur les rochers, à basse mer. Has- tings Rocks, Rockley Bay, Kendal Point. C. De janvier à mars. GALAXAURA SUBVERTICILLATA Kjellman. Sur un rocher, à {très basse mer. Un exemplaire unique trouvé à Kendal Point. Mars. GALAXAURA MARGINATA Lamouroux. Brachycladia Schmitz. Sur les rochers, à très basse mer. Cluffs Bay, Worthing, Rockley Bay, Bath, Bathsheba. Dragué à Carlisle Bay. C. Décembre à mai. GaALAxAURA APICULATA Kjellman. À basse mer. Maxwell, Half Moon Fort (Miss Henderson). R. Décembre, février, avril. GaALAxAURA VEPRECULA Kjellman. A basse mer. Bath. Février. Mélangé au G. marginalta. \WWRANGELIA ARGUS Montagne (14860). Wrangelia plebeia J. Ag. (1863). A mi-marée dans les endroits balayés par la mer. Prospect, Burrows, Hastings Rocks. Janvier à mars. C.C. GELIDIUM CRINALE Lamouroux. Sur rochers ensablés, à mi-marée. Kendal Point. C.C. à cet endroit seulement. Mars 1903. GELIDIUM sPATHULATUM Kützing. Sur les rochers ensablés. Janvier, mars. Conset Bay, Bathsheba. Geubiüm REPENS Kützing. Enfoncements des rochers, à marée très basse. R.R. 26 janvier 1903. Bathsheba. GELIDIUM PECTINATUM Montagne. Rochers battus, à mer basse. R.R. trouvéseulement quelques exemplaires le 30 janvier 1903 à Bathsheba. PaYLLOPHORA GELIDIOIDES Crouan. Dans les endroits abrités, à très basse mer. R.R. 14 et 20 mars 1899. Reid's Bay et Burrows. MEREDITHIA MICROPHYLLA J. Agardh. Dragué à Carlisle Bay le 9 avril 1903. AGARDHIELLA TENERA Schmitz. Rejeté par la mer, en grosses (ouffes. C.C. Fontabelle. Février, mars 1899. Exemplaires stériles. Merisrorneca Ducnassunen J. Agardh. Rejeté par la mer, à Lords Castle et à Rockley Bay. R.R. Deux exemplaires seulement. Février. Evcueuma GEuinirun J. Agardh. Sur les récifs de Bath. C.C. Rejeté par la mer à Worthing, Rockley Bay, Kendal Point, Valentia. Décembre à février. GEumiopsis éRAGLIS Vickers in herb. (Gelidium gracile Grunow). Sur les rochers battus, à basse mer. Hastings Rocks. GEuibiopsis INrRicaTA Vickers in herb. (Gelidium intricatum Y. Agardh). Rochers battus, à basse mer. Rockley Bay, Cluff's Bay, South Point, Batsheba. Janvier, mars. : GEuiniopsis riGrbA Weber v. Bosse (Gelidium rigidum Greville). Sur les rochers, à marée basse. C.C. De janvier à mars à Rockley Bay. Cette plante est couverte assez souvent de petites boules qui ressemblent à des galles. Les Gelidiopsis n'ont ILES de fibres descendantes entre les cellules du thalle. GRACILARIA CONFERVOIDES Greville. Poussant sur un fond vaseux. C. Jan- vier à mars. Fontabelle. Carlisle Bay. GRACILARIA CONFERVOIDES Greville var. CAPILLARIS Kützing. Fonds vaseux, à basse mer. Fontabelle, Worthing, Hastings. GRACILARIA CAUDATA J. Agardh. Fonds légè rement vaseux, à basse mer ; Janvier à avril. Burows, Fontabelle, Carlisle Bay, Rockley Bay, Saint-Laurence, Maxwell. C.C. > ES no . DE M''' A. VICKERS GACILARIA CORNEA J. Agardh. Rochers battus, à basse mer. Rockley Bay, Bath, Bathsheba. C. GracizamA Porrer Lamouroux. Rejeté à la côté à Saint-Laurence ; dragué à Rockley Bay ; cueilli à Maxwell. Janvier à mars. C.C. GracizaRia WiGurn J. Agardh. Rochers battus, à basse mer. Rockley Bay. GRACILARIA MULTIPARTITA J. Agardh. Fonds vaseux, à basse mer. Fonta- belle, Rockley Bay, Hastings Rocks, Maxwell. C. C. Janvier à mars. GRACILARIA MULTIPARTITA J. Agardh, FRONLE LATIORI. À marée très basse. Conset Bay. C.C. GRACILARIA DENTATA J. Agardh. Fonds de sable un peu vaseux. Fonta- belle, Rockley Bay, Maxwell. Janvier à mars. C.C. GRACILARIA CERVICORNIS J. Agardh. Fonds vaseux, à très basse mer. Fon- tabelle, Maxwell, Conset Bay, Bath. C.C. De janvier à mars. HypxEa muscirorms Lamouroux. Partout sur côte, à mi-marée et à basse mer. Décembre à mars. CHRYSYMENIA UVARIA J. Agardh. nus profondes et abritées, à très basse mer. Bath, Bathsheba. C.C. De janvier à mars Cuampia PARVULA Harvey. Récifs * Bath. Février. PR. CHaMpiA SALICORNIOIDES Harvey. Rejeté par la mer, à Valentia. R.R. Un seul exemplaire. Niropuyzcum (LEPprosrroMA) LENORMANDI. Sur Halimeda Tuna, à mer très basse. Janvier, Bathsheba. Échantillons peu développés. R.R. CazoëLossa LEPriEURI Harvey. Dragué à Carlisle Bay. R.R. Mars 1903. TENIOMA PERPUSILLUM J. Agardh, Rochers battus, à marée très basse. Prospect. 12 janvier 1903. R.R. AsparaGopsis DELLE Montagne. Sur les récifs de Bath. Presque toujours rejeté par la mer. De janvier à avril. Reçu de miss Henderson de beaux échantillons à cystocarpes, trouvés au mois de juillet. LAURENCIA scopariA J. Agardh. Rochers battus, à très basse mer. South Point et Bathsheba. Février. C. LAURENCIA pivarieara J. Agardh. À marée basse. Port de Bridgetown (Car- lisle Bay). R. R. Un seul exemplaire. Mars. LAURENCGIA CERVICORNIS Harvey. Flaque profonde, abritée par les grands rochers à Bathsheba. Rejeté à la côte : Lord’s Castle, Bath. C. Janvier à mars. AcaxNrHoPnoRA Tuer Lamouroux, Rochers battus, à mi-marée et à basse mer. C.C. sur toute la côte. Décembre à mars. ACANTHOPHORA MUSCOIDES Bory. Rejeté par la mer. South Point, Lord's Castle, Valentia, Bathsheba. C. Décembre à mars. Cuoxpria PuMILA Vickers, in herb., sp. now. Thallo cæspitoso repente et stolonifero rhizinis affixo intricato ; ramis selaceis erectis (3 cent. altis) inferne ramulis truncatis paucis distan- tibus ornalis, cæterum nudis, ad apicem iterum ramulosis, ramulis brevibus alternis approximatis sporangia foventibus. Antheridia et cystocarpia non vidi. Par sa manière de végéter, cette espèce se rapproche du Ch. cærulescens ; mais elle Jon éloigne par ses dimensions beaucoup moindres Rockley Bay, 12 janvier 1899. . CHoxpriA BaLEyaxa Montagne. Rejelé par la mer. Fontabelle, 3 mars 1899. R.R. ï CHONDRIA DASYPHYLLA Agardh. Rejeté par la mer. Crane, 21 jan- vier 1899. R.R. Cuoxpria sebirouix Harvey. Un seul échantillon rejeté par la mer. Conset. Février. LISTE DES ALGUES MARINES DE LA BARBADE 63 156. CHoNpria ATROPURPUREA Harvey. Rejeté par la mer. Maxwell, Valentia, Crane, Lord’s Castle. C. Janvier, février. 157. Farkex8ErRGIA HitcegraNnit Falkenberg. Rejeté par la mer. Consef Bay, R.R. 158. PozysiPnoxrA sugritissima Montagne. Creux de rochers, à marée très basse. Rockley Bay. R.R. Janvier 1903. 459. PorysipHoxiA HAvANExSsIS Montagne. Sur feuilles de Zostères, à mer basse. Kendal Point, mars 1903. 160. PorysipnoxiA Macrocarpa Harvey. Flaques abritées à mi-marée. C. Lord’s Castle, 3 février 1903. 164. Porysipnonia sp. Se rapproche beaucoup du P. insidiosa Crouan (Alg. mar. du Finistère, n° 293). Se distingue des espèces précédentes par ses filaments plus gros s'atténuant de la base au sommet. Décembre, janvier. Maxwell, Worthing, Rockley Bay. 162. PorvsipnoniA PuLvINATA Agardh. Sur un grand rocher, à haute mer. Conset Bay. R. Janvier 1903. 163. PoLysiPHoxiA FERULACEA J. Agardh. Rochers battus, à basse mer. C. Rockley Bay, Saint-Laurence. Février, mars. 16%. PoLysiPHoNIA VaRIEGATA Zanardini. Rejeté par la mer. E.C. Maxwell, Valentia. Février. 165. Pozcysipnoxia cuspipara J. Agardh. Rochers battus, à très basse mer. R. Bath. Janvier à mars. 166. DiGENEA SIMPLEX Agardh. Sur les cailloux, à mi-marée. C. Hastings, Récifs Saint-Laurence, Bathsheba. Janvier à avril. 167. Lopnocranra TRicHocrapos Schmitz. Dragué à Carlisle Bay. Mars, avril. R. 168. BRYOTHAMNION TRIANGULARE Kützing. Rejeté par la mer. C.C. Bath, Baths- heba, Conset Bay. Janvier, février, mars, 169. BryorHamxiox SEarortui Kützing. Rochers battus, à basse mer. Maxwell, Bath. C.C. Décembre à mars. 170. DiprerosipHoxiA DEXDRITICA Falkenberg. Rochers battus, à très basse mer, sur Corallina subulata. K.R. Bathsheba. 28 janvier 1903. 171. HerposipnoniA TENELLA Naegeli. Flaques abritées, à basse mer. Porters. R. Dragué à Carlisle Bay. Février, mars, avril. 172. HERPOSIPHONIA-PROREPENS Schmitz. Sur Codium, à basse mer. Bathsheba. R. Janvier, mars. 173. MüRRAYELLA PERICLADOS Schmitz. Rochers ensablés, à mer presque haute. C. Saint-Laurence, Bathsheba. Décembre à avril. Les exemplaires de mars étaient fructifiés. 174. HerEropasya WurpEmaxxI Falkenberg. Creux de rochers, à mer très basse. Rockley Bay, Lord's Castle, Bathsheba. R. Décembre à mars. 175. Dasya Arguscuza Agardh. Dragué à Carlisle Bay, 6 avril 1903. R.R. 176. HaropicryoN MiRABILE Zanardini. Rochers battus, à mer très basse. R.R. Bathsheba. 177. Dicryurus occinexrauis J. Agardh. Rochers battus, à mer très basse. C. Bathsheba. 178". Taureria Borxern Vickers in herb. sp. nov. Fronde tereti subdichotoma ramis arcuatim divergentibus dorso ra- mulos plures cylindraceos unifariam emittentibus. Reticulo enervio ; areolis interioribus majoribus subregulariter pentagonis, exterioribus lineari-elongalis angustioribus. Articulis retieuli exterioris diametro subbrevioribus. Stichidia ut in Thuretia tereti. 1 Cette Algue est voisine du Th. teres Harvey. Elle en diffère par sa fronde plus étroite, plus compacte, lisse, par sa ramification unilatérale et par la brièveté des articles qui constituent les branches du réseau extérieur du thalle. © LI 180°. 186". 187". M': A. VICKERS La présence aux Antilles d'une espèce de Dictyurus, très voisine du Dictyurus purpurascens qui est propre aux mers de l'Inde, est un fait curieux. C’en est un autre non moins intéressant que l'existence à la Barbade d'une nouvelle espèce de Thuretia, appartenant, comme le Dictyurus, aux Rhodomélées à fronde réliculée, et dont les deux es- pèces anciennement connues sont de provenance australienne. On en peut conclure que les deux régions, séparées aujourd'hui par l'isthme de Panama, communiquaient librement aux périodes anté- rieures. Contre les parois des rochers, abrité sous les longues franges du Sar- gassum foliosissimum. À mer très basse. Bathsheba. Janvier, février, mars. C. SPERMOTHAMNION GORGONEUM Bornet. Sur Codium, à marée très basse. C. Rockley Bay, Maxwell, Bathsheba, Cluffs Bay. Janvier à avril. SPERMOTHAMNION INVESTIENS Crouan, Vickers in herb. Callithamnion inves- tiens Crouan in Schramm et Mazé. Alg. Guad. éd. 1, p. 7. Thallo cæspitoso villo denso lanuginoso Galazauram lapidescentem inves- tiente, epiphytico. Filo primario repente, rhizinis apice scutellatim dila- tatis affixo; filis secundariis erectis 2 mill. longis, 15 y latis, infra medium ramo uno alterove instructis. Articulis 60-100 y longis. Ra- mulis fructiferis deorsum seriatis, oppositis vel secundis, simplicibus vel ramosis. Tetrasporangiis subglobosis, 45 4 cireiter latis, triangule divisis. Hab. ad Galaxauram rugosam. J'ai vu dans l'herbier Thuret des exem- plaires et un dessin provenant de l'herbier de Crouan. SPERMOTHAMNION. Exemplaires stériles différents des précédents. GRIFFITHSIA THYRSIGERA Harvey. Rejeté à la côte. Maxwell, Valentia. Décembre, janvier, avril. R. GRIFFITHSIA GLOBIFERA J. Ag. Rejeté par la mer. Valentia. C. à cet en- droit ; rare partout ailleurs. Février à avril. GRIFFITHSIA OPUNTIOIDES J. Ag. Creux des rochers, à marée basse. Rockley Bay, Valentia, Bathsheba. C. Février, mars. GRIFFITHSIA SECUNDIRAMEA Vickers in herb., sp. nov. Fronde parva (2 cent. alta), cæspitosa, laxa, vix setacea à basi unilate- raliter ramosa, ramis divergentibus fastigiato-flabellatis interiore latere unifariam ramulosis, incurvis. Cystocarpia (favellae) ramulo insidentia, subterminalia ramellis abbreviatis incurvis involucrata. Cette petite plante a aspect d'un Bornetia, mais elle n'en a pas le fruit. Moxospora nERPEsTICA Vickers in herb., sp. nov. Fronde parva repente, rhizoideis apice scutellatim dilatatis affixa, irre- gulariter ramosa, ramis decumbentibus superiore latere unilateraliter ramulosa, ramis dichotomo-flabellatis. Propagula oblonga ad furcas ramulorum sessilia solitaria. Sur rochers couverts de sable, à marée très basse, C.C. Janvier à avril. Bathsheba. Ruopocnorrox GaraxaURAE Vickers in herb., sp. nov. Thallo cæspitoso velutino nano hemiendophytico. Filis inferioribus irregulariter intricato-ramosis, intra thallum Galaxaurae excurren- bus, fila ereclta supertficialia semi millimetrum alla, 48 w crassa, emittentibus. Articulis 30-60 y, longis. Tetrasporangiis terminalibus, rarius lateralibus, sub-globosis, cruciatim divisis. Hab. ad Galaæauram rugosam. Mastings, 19 février 1903. Remarquable par son thalle inférieur très développé composé de filaments qui se ramifient abondamment dans la fronde du Galaxaura. INE — 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (ve). ENT DE PARAITRE LA MONTAGNE PELÉ et ses EÉruptions A. LACROIX Membre de l’Institut, professeur au Muséum d'Histoire naturelle Chef de la Mission scientifique de la Martinique. Ouvrage publié par l’Académie des Sciences, sous les auspices des Ministères de l’Instruction publique et des Colonies. Un volume grand in-4 de xxu-664 pages avec 238 figures dans le texte et 31 planches hors texte, en héliogravure et photocollographie. ................ .. 60 ‘francs. L'ouvrage est divisé en trois parties. La première, et la plus importante, traite de toutes les questions qui se rattachent à la Physique du globe. L'histoire des éruptions volcaniques antérieurement constatées dans les Antilles sert d'introduction à l'étude des éruptions récentes de la Martinique et de Saint-Vincent. Deux phénomènes essentiels ont caractérisé celle de la Montagne Pelée, l'accumulation d'une masse énorme de lave andésilique et la production des nuées ardentes. Pour la première fois, il à été donné à des géologues d'assister à toutes les phases de l'édification de ce genre de montagne volcanique si fréquent cependant dans les volcans éteints, et que l’on appelle un dôme. Son histoire est faite jour par jour par l'auteur; ses principales étapes sont illustrées par de nombreuses figures (croquis et photographies) qui montrent en particulier les incessantes vicissitudes de l’aiguille qui en couronnait le faite. Les nuées ardentes, qui ont été l'agent destructeur des éruptions, constituent un phéno mène jusqu'alors inconnu des géologues. Les planches donnent une idée saisissante de la grandeur de cette terrifiante manifestation volcanique. M. A. Lacroix a pu fixer par la photographie plusieurs nuées en marche, masse énorme de gaz, de vapeur et de matériaux solides à haute température, constituant un mur mouvant qui atteint rapidement plusieurs milliers de mètres de hauteur, en descendant les pentes de la montagne et en s'avançant à la surface de la mer avec une vitesse qui, dans les grandes éruptions, était de beaucoup supérieure à 50 mètres à la seconde. L'étude de ces nuées à permis de reconstituer ce qui s’est passé lors des grands paroxysmes et en particulier le sombre drame du 8 mai. Les phénomènes secondaires, nombreux et variés, enfin les phénomènes électriques, magnétiques, météorologiques consécutifs sont successivement passés en revue dans autant de chapitres où abondent les illustrations. La seconde partie est consacrée à l'étude détaillée des produits rejetés par le volcan. Enfin, la dernière partie est consacrée à un sujet d’un tout autre ordre : Saint-Pierre n'a pas été seulement renversée, elle a été en outre incendiée par le souflle brûlant de la nuée du 8 mai. Les matériaux de tout genre recueillis dans les ruines ont fourni des documents scientifiques d’un puissant intérêt à de nombreux égards. PP ES TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER Influence de la température sur la respiration des plantes, par MAR SFODRIEVFEORS EST RTE 2 EUR A RS RE En EE 4 Sur les diverses sortes de méristèles corticales de la tige, par MS PEL ENAN TIEGHENS EL 4 TUE Dee LUS AR AT Mn 2: 33 Liste des Algues marines de la Barbade, par Mlle A. Vicxers.... 45 ———————————_—_—_—_———…—— 5974-09 — Consriz. Imprimerie En. Cnért. ANNALES DES SCIENCES NATURELLES NEUVIÈME SÉRIE BOTANIQUE COMPRENANT L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION DES VÉGÉTAUX VIVANTS ET FOSSILES PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. PH. VAN TIEGHEM TOME I. — N°2 MASSON ET Cr, EDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain 1905 PARIS, 30 FR. — DÉPARTEMENTS ET ÉTRANGER, 32 FR. Ge cahier a été publié en mai 1905. Les Annales des Sciences naturelles paraissent par cahiers mensuels. ae, _ Conditions de la publication des Annales des sciences naturelles Pet NEUVIÈME SERIE LAS BOTANIQUE # ; DE | | . . | HR Publiée sous la direction de M. Pu. VAN TIEGuEN. we L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 400 pages, avec les planches et les figures dans le texte correspondant aux > . mémoires. Ya Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d'une année. Les tomes I à XX de la Huitième série sont complets. hub ZOOLOGIE LE Publiée sous la direction de M. EDMOND PERRIER. Des: , - : . L 54 - L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 400 pages, 1 avec les planches correspondant aux mémoires. dr 12 Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle Nb à d'une année. F4 Pr Les tomes I à XVIIL sont complets. 2 QE ER RUE Prix de l'abonnement à 2 volumes : Paris : 30 francs. — Départements et Union postale : 32 francs. : ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES 4 p es … Dirigées, pour la parlie géologique, par M. HÉgerr, et pour la partie 25 ARE paléontologique, par M.-A. MizxE-Epwarps. __ Tomes I à XXII (1879 à 1891). Chaque volume .......... 15 fr. AL Cette publication est désormais confondue avec celle des Annales Æ _ des Sciences naturelles. Fe % % Prix des collections. ECS £ ASE PREMIÈRE SÉRIE (Zoologie et Botanique réunies), 30 vol. (/are) ES DEUXIÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie 20 vol. 9250 fr. Er | TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie 20 vol. 9250 fr. ne: QUATRIÈME SÉRIE (1854-1863). Chaque partie 20 vol. 250 fr. 3! CINQUIÈME SÉRIE (1864-1874). Chaque partie 20 vol. 250 fr. °i SIXIÈME SÉRIE (1875 à 1884). Chaque partie 20 vol. 250 fr. 4 : SEPTIÈME SÉRIE (1885 à 1894). Chaque partie 20 vol. 300 fr. | Géorocie; 22: volumes ni URI D EE SE St) fr. 191 LISTE DES ALGUES MARINES DE LA BARBADE 65 CazurrHamniox 8yssoibeuM Arnott. Rejeté par la mer. C.C. Bath, Maxwell, Bathsheba. CALLITHAMNION SPoxGIosuM Harvey. Rejeté par la mer. Lord’s Castle, 3 février 1903. CALLITHAMNION ? Sp. nov. ? A des anthéridies eylindriques, comme les Plonosporium, mais le sporanges ne renferment que quatre spores en tétraèdres. Je n'ai pas vu de cystocarpes. Il n'y a pas moyen de le mettre dans le genre Pleonosporium sans aller contre la définition de ce genre; n'ayant pas vu les cystocarpes, il est préférable de les laisser provisoirement parmi les Callitham- nion. CaLLITHAMNION? sp. nov. Je crois devoir ranger avec doute, dans le venre Callithamnion, à cause de son mode de ramification et de ses tétraspores à division triangulaire qui rappellent le C. byssoideum, un petit échantillon dont les filaments décombants sont fixés par des rhizoïdes filiformes comme ceux des Antithamnion. Al est surtout remarquable par ses ramules à sommet aigu dont les articles portent deux courtes cellules qui ne paraissent pas s’allonger en ramules. Par ce caractère il se rapproche encore du genre Antithamnion. 26 février 1899. Bathsheba. HacopzeGmA Duperreyt Montagne. Flaques profondes, à très basse mer. Bath, Bathsheba. C.C. Janvier à avril. CROUANIA ATTENUATA J. Ag. Rochers couverts de sable, à marée basse. Prospect, récifs Saint-Laurence; rejeté par la mer à Bath. R.R. HaLODICTYON MIRABILE Zanardini. Dans les flaques profondes, à très basse mer. Bathsheba. R.R. Janvier. 495. ANTITHAMNION CRUCIATUM Naegeli. Plante très jeune dont la détermination 196*. 497: 198. 199. 200". 201. spécifique reste incertaine. Décembre, pointe de Saint-Laurence sur des rochers légèrement couverts de sable. ANTITHAMNION BUTLERIAE Collins. Sur des rochers couverts de sable. Bathsheba, le 25 avril 1899. SPYRIDIA FILAMENTOSA Harvey. Dragué à Carlisle Bay. Avril 1903, R. SPYRIDIA CLAVATA Kützing. Partout sur la côte, à marée basse. C.C. Décembre à avril. CERAMIUM TENUISSIMUM J. Ag. Rejeté par la mer. Rockley Bay, Maxwell, Valentia. C.C. Décembre, janvier, mars. CERAMIUM TENUISSIMUM J. Ag. Var. PYGMAEUM, sur Gracilaria. R. Bathsheba. Janvier 1903. CEramium sp.? Se distingue du C. tenuissimum par ses articles unifor- mément courts, ses nœuds plus développés, ses tétraspores et ses anthéridies formant un verticille presque complet. Janvier, mars. Maxwell, Valentia. CERAMIUM CORNICULATUM Montagne. Récifs de Bath, à très basse mer, 10 février 1899. CERAMIUM STRICTOIDES Crouan. Rochers battus, à basse mer. Rockley Bay. C.C. en mars 1899. CENTROCERAS CLAVULATUM J. Ag. Partout sur la côte, à marée basse. C.C. Janvier à avril. CERAMOTHAMNION Conir Richards. Sur Codium. Rockley Bay. 23 fé- vrier 1903. R.R. ; HALYMENIA DECIPIENS J. Ag. Un seul exemplaire rejeté par la mer à Bath. R.R. 10 février 1903. CRYPTONEMIA LUXURIANS J. Ag. A l'abri des grands rochers. Bathsheba. Rejeté par la mer. Lord's Castle. Février, mars 1899. R.R. ANN. SC. NAT. BOT. 1, 66 M': A, VICKERS 208*. CRYPTONEMIA CRENULATA J. Ag. Dans une flaque profonde, à Bathsheba, à très basse mer. Janvier 1903. 209. GRATELOUPIA FILICINA Ag. Sur les rochers à marée très basse. Fonta- belle, Bridgetown (Carlisle Bay), Bathsheba. Rejeté par la mer. Lord's Castle. Janvier à mars. C.C. 210*. Prioxinis sp. Rochers battus, à mer basse. Cluffs Bay, Bathsheba. Jan- vier, février 1903. R.R. 211. Ocurones riirormis J. Ag. Rochers battus, à mer très basse. Rockley Bay, Maxwell, Récifs Saint-Laurence. Janvier à mars. C. en 1899. R.R. en 1903. MELOBESIA FARINOSA Lamouroux. Sur les feuilles des Sargasses. Mars. C. 213. Ampuiroa NopuLosa Kützing. Dragué à Rockley Bay. Février. R. AMPHIROA FRAGILISSIMA Lamouroux. Dragué à Rockley Bay. Février. R. 215. Ampuiroa RIGIDA Lamouroux. A très basse mer, parmi les Zostères à Worthing. C. 1903, Les espèces énumérées dans la liste précédente seront figurées dans une Iconographie des Algues de la Barbade dont une partie des planches est déjà prête. RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS Par M.C. HOUARD. Les Zoocécidies qui affectent la forme de gros bourgeons ou de petits artichauts sont parmi les plus intéressantes. Elles prennent naissance à l'extrémité des jeunes pousses sous l'action de parasites animaux {le plus souvent des larves de diptères ou des acariens) situés aux environs du bourgeon terminal ou à à l'aisselle des feuilles supérieures. Ces parasites agissent forte- ment sur les entre-nœuds, en arrêtent l'élongation, et v déter- minent l'accroissement du diamètre transversal. Les feuilles terminales des pousses subissent de même un arrêt dans leur développement en longueur; tout en restant courtes, elles s’épaississent, s’élargissent et se recouvrent les unes les autres. Dans un précédent travail, paru à la fin de l’année dernière dans ce périodique (1), j'ai étudié le développement de plu- sieurs acrocécidies appartenant à cette catégorie (chapitre IT) et montré comment se comportent les tissus des tiges et des feuilles parasitées. Des cécidies de forme semblable existent en assez grand (4) GC. Houard, Recherches anatomiques sur les Galles de Tiges : Acrocécidies (Ann. Sc. nat., Paris, Bot., (8) t. XX, p. 289-384, 189 figures). 68 C. HOUARD nombre sur les Genévriers européens ou exotiques: elles sont toutes l’œuvre de larves de diptères. Les entre-nœuds supérieurs, raccourcis et épaissis, des pousses et les feuilles terminales prennent part à leur constitution, comme le prouve un simple examen de morphologie externe. Le nombre des verticilles atta- qués étant variable (depuis un jusqu'à six ou huit), entraine pour les cécidies des Genévriers des formes qui offrent toutes les transitions entre celle d’un gros bourgeon et celle d'un fu- seau où d'un calice. De plus, la disposition de leurs feuilles en verticilles leur donne un aspect bien spécial. C’est pourquoi j'ai pensé qu'il était intéressant d'étudier les galles des Genévriers, d'examiner surtout la structure histolo- gique de leurs feuilles hypertrophiées ou de leurs entre-nœuds raccourcis etde préciser par Panatomie les caractères de cécidies terminales qu'elles possèdent. On connaît des cécidies sur un grand nombre de Genévriers : Juniperus communis d'Europe et sa variété naine, /uniperus Oxycedrus du bassin de la Méditerranée, Juniperus Sabina des régions subalpines de l'Europe, Juniperus ercelsa d'Asie et aussi Juniperus californica d'Amérique. Je n'ai pu étudier que des cécidies européennes et méditerranéennes, récoltées par moi au cours de mes voyages en France, en Algérie ou dans les Alpes, sur le Genévrier commun (cécidie en calice et cécidie due à l'Oligotrophus Panteli), sur sa variété alpine (céeidie en calice) et sur le Genévrier Oxycèdre ; de très Jolis exemplaires de galles de Genévrier Sabine (produites par l'Oligotrophus Sabinæ et par un Oligotrophus indéterminé) m'ont été confiés, pour en faire l'étude anatomique, par M. le professeur Thomas, d'Ohrdruf. J'adresse mes plus sincères remerciements à ce savant cécido- logue ainsi qu'à l'Association française pour l'avancement des sciences dont l'appui m'a grandement facilité la récolte des matériaux. Dans ce travail, je laisse de côté toute la bibliographie rela- tive aux cécidozoaires ou à la description de la forme des galles pour retenir seulement les renseignements histologiques conte- nus dans un mémoire que J'ai publiéily a six ans sur deux galles DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 69 de Genévriers (1). La première d’entre elles est engendrée par l'Oligotrophus juniperinus L., à l'extrémité des jeunesrameaux de la variété alpine du Juniperus communis (p. 298-304, fig. 1-4, pl. XX). L'accroissement en épaisseur des entre-nœ para- sités de la pousse tient à l'hypertrophie des canaux sécréteurs et surtout du parenchyme cortical, qui se montre constitué par de grandes cellules à contour irrégulier. L'hvpertrophie des feuilles est nettement caractérisée par l'augmentation en dia- mètre du canal sécréteur dorsal, par le grand développement des ailes vasculaires de tissu aréolé, par la multiplication des éléments du parenchyme ét du tissu palissadique et aussi par la largeur plus grande du faisceau libéro-ligneux. En somme, l'aiguille anormale présente à cet état un stade végétatif pen- dant lequel les éléments conducteurs atteignent leurs dimen- SiOns Maxima. J'ai étudié, en outre, dans le même mémoire (p. 304-309, fig. 4-6), l'anatomie d'une autre petite cécidie charnue, fort commune sur le Juniperus Oxrycedrus du midi de la France. Les aiguilles du second verticille de cette galle sont épaissies, très élargies et soudées à la base. Leurs dimensions anormales tien- nent surtout au grand développement du cylindre central, en particulier des ailes vasculaires de tissu aréolé, ‘et à la multipli- cation des éléments parenchymateux de l'écorce ; cette multipli- calion entraine une augmentation dans le nombre des stomates. De plus, un caractère histologique bien spécial de Paiguille anormale du verticille externe consiste en l'apparition d'abon- dantes fibres corticales qui indiquent un stade scléreux très net. L'étude anatomique de ces deux galles, jointe au présent mémoire, constitue un travail d'ensemble à peu près complet sur les diptérocécidies des Genévriers européens. Je terminerai ces préliminaires en rappelant que, imcidemi- ment, Lagerheim (2), dans son travail sur la cécidie des fruits (4) C. Houard, Étude anatomique de deux galles du Genévrier (Trav. station oi. Wimereux, t. VII, 1899, p. 298-310, 7 fig., pl. XX). (2) G. von Lagerheim, Beiträge zur nos der Zoocec ge n des Wachholders LJt Fa us communis L.] (Entomol. Tidskr., Stockhoim, XX, p:1197126; fig, pl): 70 C. HOUARD du Juniperus communis due à l'Eriophyes quadrisetus Thomas, donne quelques détails histologiques concernant les feuilles hypertrophiées du verticille externe de la galle en calice dont nous parlerons plus loin. Le même auteur montre en outre qu'au printemps cette diptérocécidie peut être déformée par un Ériophyide vivant entre les aiguilles : elle reste alors courte et ses trois feuilles externes, très larges à la base, se renflent dans leur région moyenne pour s'appliquer étroitement les unes contre les autres. La modification anatomique qui en résulte est considérable, car les éléments scléreux du mésophylle dispa- raissent, l'hypoderme devient moins épais et le canal sécréteur se déforme. Juniperus communis L. Cécidie produite par un Cécidomyide. Cette cécidie comprend deux verticilles de feuilles déformées. Les trois aiguilles externes, peu aiguës (E, fig. 1), sont plus courtes que les feuilles normales car elles atteignent à peine 10 millimètres de longueur ; étroites à la base, élargies au milieu, elles se terminent par une pointe recourbée en dehors, ce qui donne à la cécidie l'aspect d'un calice évasé (E). En dedans de ces aiguilles serrées les unes contre les autres se trouvent celles du verticille interne (1, en L, fig. 2) : elles sont courtes, atrophiées et ne mesurent guère que 5 où 6 milli- mètres de longueur; elles délimitent entre elles une cavité occupée par la larve du Cécidomyide. Cette cécidie est peu commune sur le Genévrier commun: j'en ai récolté quelques exemplaires dans la forêt de Fontaine- bleau et à Druves (Yonne). Structure d'une feuille normale. — La section transversale de l'aiguille saine à une largeur de 1,7 millimètre et une épaisseur d'un demi-millimètre (N, fig. 3). Les épidermes (eps, epi, en N, fig. 5) ont des parois épaisses el cutinisées. L'hypoderme /yp est continu etfortement hgnifié à DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 71 la face inférieure de la feuille ; sur l'autre face, il est interrompu par les rangées de stomates. Le tissu palissadique pa est parti- culièrement développé et serré à la face inférieure du limbe où il enveloppe un canal sécréteur circulaire es dont le diamètre varie de 90 à 100 en moyenne. Les cellules arrondies et régulières de lendoderme erdentou- Fig. 1 (E). — Aspect de la diptérocéeidie (en forme de calice) du Juniperus communs (gr. 1,5). Fig. 2 (L). — Coupe longitudinale de la galle (gr. 1,5). Fig. 3 (N). — Coupe transversale schématique d’une aiguille normale (gr. 15). Fig. # (A2). — Coupe transversale schématique d’une aiguille hypertrophiée appar- tenant au verticille externe de la galle (gr. 15). cs, canal sécréteur ; ep, épiderme ; sf, stomates, rent le faisceau libéro-ligneux bien développé //b, bordé à droite et à gauche d'ailes libériennes à gros novaux «l et d'ailes vasculaires 47: ces dernières comprennent chacune une douzaine de vaisseaux aréolés, à parois ponctuées ou irrégulièérement épaissies, groupés en un petit amas arrondi. La région infé- rieure du faisceau est en contact avec de grosses fibres pérides- miques /, à parois épaisses. Structure d'une feuille anormale appartenant au verticille erlerne de la cécidie. — Une section transversale pratiquée au milieu de laiguille déformée présente un contour allongé (A, fig. 4); ses dimensions atteignent environ 2,6 millimètres sur 0,6 millimètre. Les épidermes (eps, epi, en À,, fig. 6) ont des membranes minces et lhypoderme comprend des fibres à parois peu épaisses, sinueuses. Les cellules parenchymateuses pr sont volumineuses ; séparées entre elles par de grands méats, elles 72 C. HOUARD ne se différencient plus en un üssu bien net à la face inférieure du limbe. Enfin, le canal sécréteur 6s est caractérisé par un diamètre beaucoup plus petit que dans la feuille normale (60 fub--— 2 ee. SES 1e 22 hp es ept see 7 Fig. 5 (N). — Région médiane de la coupe transversale d’une aiguille de Juniperus com- munis : flb, faisceau de la nervure:; al, ar, ailes libérienne et vasculaire ; f, fibres péri- desmiques ; end, endoderme; cs, canal sécré- teur: pa, tissu palissadique: Ayp, hypo- derme; eps, epi, épidermes; sl, stomates (gr. 150). au lieu de 100 y), par un contourirrégulier et parles lailles très inégales des cel- lules de sa gaine et de ses cellules sécrétrices. Quant au cylindre cen- tral, sa largeur devient doubleenviron de ce qu'elle est à l'état normal, épaisseur ayant peu varié; il est entouré par les cel- lules endodermiques end, faciles à reconnaître à leur taille et à leur grande di- mension tangentielle. Le hbéro-li- gneux anormal //4 ne se développe pas autant que dans la feuille saine et Les fibres qui bordent sa région libérien- ne sont à peine différen- ciées. Par contre, le tissu son faisceau péricycliques aréolé 47 prend une grande extension : ses cellules, nombreuses et grandes, parfois allongées, ont des parois munies d'abondantes ponc- lualions. Dans la feuille anormale âgée, la sclérification débute au © milieu de la face supérieure et se propage ensuite à travers les cellules épidermiques, hvpodermiques où parenchymateuses situées aux environs du faisceau vasculaire : Toutes épaississent et hgnifient leurs parois de façon Imtense. En résumé, sous l'influence de la larve d'un Cécidomvide, la DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 15 région terminale des pousses du Jeniperus communis présente les modifications suivantes : 1° Le parasite externe aqil sur les entre-nœuds terminaux qui Fig. 6 (A;). — Région médiane de la coupe transversale d’une aiguille anormale appartenant au verticille externe de la cécidie en calice du Juniperus communis : pr, parenchyme; les autres lettres comme pour la figure précédente (gr. 150). restent courts et s'épaississent ; les feuilles des deux verticilles supérieurs, agglomérées et hypertrophiées, forment une cécidie ayant l'aspect d'un calice évasé; 2° Les feuilles du verticille interne, en contact direct avec le: parasite, se développent peu et se lignifient de bonne heure; 3 Les feuilles du verticille externe augmentent considéra- blement leur largeur (parenchyme abondant peu différencié, faisceau libéro-ligneux et canal sécréteur réduits, ailes vasculaires lypertropliées). C. HOUARD 1 a Juniperus communis L. (alpina Clus., nana Willd.). Cécidie produite par un Cécidomyide. Sur la variété alpine du Juniperus communs, 1 n'est pas rare de rencontrer en très grande abondance une cécidie semblable, comme forme et comme nombre de verticilles déformés, à celle qui vient d'être décrite sur le Genévrier de la plaine : elle est un peu plus élancée pourtant et de taille supé- rieure. J'en ai recueilli de nombreux échantillons au Brévent, en face de la chaine du Mont Blanc, le 16 août 1900, à 1 800 mètres d'altitude. Le verticille interne qui abrite la larve possède des aiguilles atrophiées, de 5 ou 6 millimètres de longueur sur 1,3 milli- mètre de largeur; les feuilles du verticille externe sont rétrécies à la base, beaucoup plus larges au milieu de leur hauteur, où elles mesurent # où 5 millimètres, et terminées par une pointe recourbée en dehors; leur longueur est de 10 à 12 mil- limètres. Colorées d'abord en vert, elles deviennent très vite d'un beau marron. Il est intéressant de rencontrer, sur la variété alpine du Gené- vrier commun, une cécidie possédant la forme bien spéciale de calice évasé offerte déjà par la galle du Genévrier de la plaine décrite plus haut. L'action cécidogène émanée des parasites arrive dans les deux cas à engendrer des cécidies d'aspect identique, bien qu'elle agisse sur des feuilles dont les structures sont distinctes par suite des climats très différents qu'elles supportent. Envisagée à un autre point de vue, la cécidie en calice de la variété alpine est encore intéressante, car elle permet de rechercher comment varient les caractères histologiques, déjà très accentués par le climat alpin, des feuilles qui la composent. En 1891, M. Gaston Bonnier (1), dans son intéressant article (1) C. R. Assoc. francaise pour l'avancement des Sciences, Paris, 1891, 2° partie, p- 521-522. DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 75 sur « la variation de la structure chez une même espèce » a montré combien est grande l'influence qu'exerce le climat sur la structure d'une plante donnée. Par exemple, dans la tige de la forme alpine du Genévrier, les canaux sécréteurs des entre- nœuds supérieurs sont très saillants et d'un diamètre bien flb Fig. 7 (N). — Coupe transversale schématique d’une feuille normale ce la variété alpine du Juniperus communis (gr. 15). Fig. 8 (A; — Schéma de la coupe transversale d’une aiguille appartenant au verticille interne de la diptérocécidie (gr. 15). Fig. 9 (A2). — Schéma correspondant pour une aiguille externe de la galle (gr. 15). Fig. 10 (A). — Coupe transversale schématique d'une aiguille anormale plus âgée (gr. 15). Fig. 11 (A7). — Coupe semblable pratiquée à l'extrémité de l'aiguille (gr. 15). flb, faisceau libéro-ligneux; ar, tissu aréolé ; end, endoderme ; f, fpr, fibres; cs, canal sécréteur ; kyp, hypoderme ; ep, épiderme, supérieur à celui des canaux de la forme de la plaine ; la cuticule est épaissie et l'écorce possède une épaisseur à peu près aussi grande que celle du cylindre central. Pour les feuilles, M. Bonnier à montré que tous les tissus destinés à l'assimilation et à la sécrétion, de même que tous ceux qui ont pour rôle de protéger l'organe contre les varia- üons de température, sont plus développés dans la forme alpine : 1° les dimensions du canal sécréteur dorsal S'accroissent et son diamètre devient deux fois supérieur au diamètre du canal sécréteur de Ja feuille de La plaine ; 2° l'épaisseur de là feuille de la forme alpine est plus considérable (parenchyme et üissu en palissade bien développés); 3° les tissus protecteurs sont aussi plus abondants (fibres hypodermiques mieux formées, couche lignifiée de la cuticule très accentuée). 10 C. HOUARD Ce sont ces caractères alpins qui se trouvent exagérés dans la galle que nous étudions ici. Structure d'une feuille anormale appartenant au verticille Fig. 142 (N). — Région médiane de la coupe transversale d'une feuille nor- male de la variété alpine du Junipe- rus : b, L, faisceau libéro-ligneux; al, ar, ailes libérienne et vasculaire ; f, fibres péridesmiques ; end, endo- derme; pr, parenchyme; cs, canal sécréteur ; kyp, hypoderme; eps, epi, épidermes (gr. 150). externe de la cécidie. — C'est sur- tout en largeur que la feuille parasilée (A,, fig. 9) diffère de l'aiguille normale : elle devient deux fois aussi large environ que celle-ci par suite du grand déve- loppement que prend le paren- chyme chlorophvllien. L'épiderme supérieur eps (en À, fig. 13) multiplie avec acti- vité ses cellules qui écartent un peu les files stomatiques les unes des autres; la disposition des stomates est moins régulière (comparer les dessins NS et AS, fig. 14 et15). L'épiderme anormal inférieur possède des cellules plus courtes que les cellules normales, mais par contre très larges et à mem- branes épaissies (comparer les dessins NI eC AT, fig. 16 et 17). En dedans des cellules épider- miques, l'hypoderme 2yp (en A, lig. 13) présente des éléments à parois épaisses. Il est mieux développé à la face inférieure qu'à l'état normal, mais c'est principalement sur l'autre face et juste au-dessus du faisceau hbéro-ligneux que les parois de ses cel- lules sont épaissies au point d'en obstruer presque entièrement la lumière. La lignification des fibres hypodermiques débute de bonne heure, au-dessus du faisceau vasculaire. Elle se propage ensuite à la périphérie du limbe, dans les galles plus âgées, dont elle occupe d'abord Fhypoderme avant d'envahir les cellules du DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS TT parenchyme situées au-dessus du faisceau ; ces dernières cons- ituent alors des fibres courtes, à parois très épaisses /pr (en À',, fig. 10). Souvent la lignification s'étend aux cellules endo- === b = - Fig. 13 (A2). — Région médiane de la coupe transversale d’une aiguille externe appartenant à la diptérocécidie caliciforme de la variété alpine du Juniperus; les lettres ont la même signification que dans la figure précédente (gr. 150). dermiques end (A, fig. 13): les parois de celles-ci deviennent épaisses et elles se relient, à la partie inférieure du faisceau, à un amas assez volumineux de fibres péricycliques /, lignifiées pour la plupart, beaucoup plus développées que dans la feuille normale. A l'extrémité des aiguilles recourbées, la lignification envahit presque complètement le parenchyme foliaire et, comme le 18 C. HOUARD montre la figure 11 (À”,), ne respecte plus qu'une mince bande parenchymateuse au niveau du canal sécréteur es. C'est le canal sécréteur de l'aiguille parasitée cs (en À,, fig. 13) qui présente l'hypertrophie la plus considérable, car il acquiert une dimension énorme par rapport au canal sain: 250 » de Fig. 14 à 17 (NS, AS, NI, AI). — Épideemes normaux et anormaux vus de face des feuilles saine et parasitée de la variété alpine du Juniperus (gr. 150). diamètre au lieu de 120. IT est parfaitement circulaire, bordé de cellules peu régulières et entouré d’une gaine bien nette. Le faisceau Hbéro-ligneux de Paiguille anormale b, / est plus étalé que celui de la feuille saine et environ un tiers plus large ; il possède latéralement deux ailes vasculaires 47 bien déve- loppées. On peut remarquer que la présence du parasite à provoqué le développement exagéré du issu aréolé. J'ai autrefois signalé ce fait en étudiant l'anatomie de la galle en artichaut engendrée par l'Oligotrophus juniperinus L. (1) sur le même Genévrier alpin ; l'étude de la diptérocécidie du Genévrier Sabine que nous ferons plus loin (page 95) nous montrera encore une pareille hypertrophie du tissu de transfusion. Structure d'une feuille anormale appartenant au verticille in- terne de la cécidie. — La section transversale médiane ‘est forte- mentconcave à la face supérieure (A, fig. 8) ; sa largeur est plus (1) C. Houard, loc. cit., p. 69 (1899, p. 298-304, fig. 1-4, pl. XX). DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 79 faible que celle de laiguille saine, mais l'épaisseur reste la même. Aux environs du canal sécréteur et aussi le long de la face inférieure du limbe, les fibres lignifiées sont très nombreuses : en particulier, les cellules de lhypoderme peuvent acquérir des parois si épaisses que leur canal devient difficilement visible. Les ailes vasculaires du faisceau hibéro-ligneux //4 sont peu développées et réduites, en général, à une seule cellule aréolée. : En somme, la différenciation dans les tissus des feuilles qui composent le verticille interne de la cécidie est arrêtée de bonne heure par suite du contact du parasite et la selérification se manifeste tôt également. En résumé, sous l'influence de la larve d'un Cécidomyide, la région terminale des pousses du Juniperus communis var. alpina présente les modifications suivantes : 1° Le parasite externe agit sur les entre-nœuds terminaux qui restent courts; les feuilles agglomérées des deux verticilles supé- rieurs forment une céridie ayant l'aspect d'un calice ; 2 Les feuilles du verticille interne se développent peu et se lignifient de bonne heure ; 3° Les feuilles du verticille externe augmentent considérable- ment leur largeur et présentent un certain nombre de caractères qui accentuent les caractères alpins qu'elles possèdent : épaisseur plus grande du limbe ; tissus protecteurs mieux développés (fibres hypoderniques et cuticule); canal sécréteur à diamètre énorme ; faisceau libéro-ligneuxr élarqi à tissu aréolé abondant. Juniperus communis L. Cécidie produite par l'Oligotrophus Panteli KiefT. C'est encore aux dépens des deux verticilles supérieurs de la pousse, que cette cécidie est constituée (1). Les aiguilles du (1) Il est assez probable que la cécidie précédemment décrite soit due, elle aussi, à l’action de l'Oligotrophus Panteli. Quant à la première que nous avons signalée, et sur laquelle on possède bien peu de renseignements, elle peut être envisagée comme une cécidie de l'Oligotrophus Panteli arrèlée dans son déve- s0 C. HOUARD verticille interne restent courtes e{ n'atteignent que 5 où 6 mil- limètres de longueur: elles sont blanchâtres à la surface et elles emprisonnent une pelite larve orangée d'un demi-millimètre de longueur (L, fig. 19). Celles du verticille externe (E, fig. 18) sont vertes comme les aiguilles ordinaires ; renflées à la base et accolées étroitement les unes aux autres, elles restent un peu Fig. 18 (E). — Aspect de la diptérocécidie (aiguë) du Juniperus communis (gr. 1,5). Fig. 19 (L). — Coupe longitudinale de la galle (gr. 1,5). Fig. 20 (N). — Coupe transversale schématique de la feuiile normale (gr. 15). Fig. 21 (A,). — Coupe transversale schématique d'une feuille anormale appartenant au verticille interne de la galle (gr. 15). Fig. 22 (A,). — Coupe transversale schématique d'une feuille anormale appartenant au verticille externe de la galle (gr. 15). Fig. 23 (A/). — Schéma d'une coupe semblable pratiquée au voisinage de la pointe de l'aiguille (gr. 45). flb, nervure médiane; ar, tissu aréolé; cs, canal sécréteur; 7, fibres ; kyp, hypo- derme. plus courtes que les feuilles normales (11,5 millimètres au lieu de 14). J'ai rencontré maintes fois cette jolie galle dans le bassin de Paris, en particulier à Druves (Yonne) et aux environs de Fon- tainebleau (août 1902). Structure de l’entre-nœud anormal. — L'entre-nœud situé au- dessous des feuilles déformées constituant la cécidie est très loppement, sans doute par suite de parasitisme ; les différents tissus de ses feuilles présentent, en effet, des caractères d’atrophie {rès nets : réduction du faisceau vasculaire, du canal sécréteur, etc. Ce serait un cas analogue à celui que Lagerheim a signalé en 1899 (Doppelcecidium) et que nous avons rappelé plus haut. Des recherches ultérieures justifieront peut-ètre cette manière de voir, DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS sf raccourci; la section offre l'aspect d'un triangle curviligne (A, fig. 25) et présente une écorce très développée ec à éléments hypertrophiés et à grands canaux sécréteurs es. L'amas vascu- laire /lb est réduit, plus arrondi que dans la tige saine, mais d'un diamètre moindre; il est composé de petits faisceaux libéro-ligneux ayant tendance à s'isoler les uns des autres. La , Fig. 24, 25 (N, A). — Coupes transversales schématiques pratiquées : la première dans une jeune pousse normale, la seconde à la base de la diptérocécidie aiguë du Juniperus (gr. 15). Fig. 26, 27 (N;, A). — Détails des faisceaux vasculaires représentés dans les deux dessins précédents (gr. 150). flb, faisceau libéro-ligneux; b, Z, bois et liber; f{, fibres libériennes; end, endo- derme ; es, canal sécréteur; ep, épiderme. région libérienne de ces faisceaux (/, en À,, fig. 27) possède très peu de fibres; le plus souvent même elles manquent com- plètement. Structure d'une feuille anormale appartenant au verticille interne de la cécidie. — La feuille de la pousse de Genévrier, qui se trouve en contact directavec le parasite, ne se développe pas (1,en L, fig. 19) etsa largeur reste faible (0,9 millim. seulement) ainsi que son épaisseur. Sa section transversale présente à la face supérieure une forte concavité où se loge la larve (A., fig. 28) et un épiderme eps formé de cellules irrégulières, sail- lantes, à parois très minces. L'épiderme de Pautre face ex est cuünisé et lignifié, et l'hypoderme sous-jacent 2yp possède des cellules à parois épaisses, lignifiées : enfin, le canal sécréteur es conserve des dimensions normales. C'est le faisceau libéro-ligneux //b de la nervure qui est le plus réduit, car il ne possède guère que dix à douze files de vaisseaux au lieu d’une vingtaine et ses ailes vasculaires ne sont pas développées. ANN. SC. NAT. BOT. 1, 6 82 C. HOUARD r Dans la feuille anormale âgée, presque toutes les cellules du limbe s'épaississent etse Hignifient fortement. Structure d'une feuille anormale appartenant au verticille externe de la cécidie.— La coupe transversale, pratiquée dans la région la plus large d'une aiguille déformée, offre un contour un peu concave à la face supérieure, une épaisseur double environ de Fépais- seur normale et une lar- geur de 2,5 millimètres (au heu de 1,8 millim. pour la feuille saine). Les deux moitiés du limbe situées de chaque côté de la nervure médiane sont hypertrophiées et arron- dies (A, fig. 22). L'accroissementen lar- | geur de la base de la Fe. #8 VAL Région édine de EoUpe nr ee SO rmle e-tureen versale d’une feuille anormale appartenant au verticille interne de la cécidie aiguë du Juni- orande partie à l'aplatis- perus et représentée par la figure 21: lb, © faisceau vasculaire; es, canal sécréteur; Ayp, sement du cylindre SL ] 7 ler »* DS nm) ini 1m AG op (| a. e 2 iypoderme; eps, ep, épidermes (gr. 150). tral: celui-ci se montre entouré par des cellules endodermiques exd (en AÀ,, fig. 29) allongées el peu distinctes. Ces cellules enveloppent aussi les ailes vasculaires 47 abondam- ment garnies de vaisseaux aréolés. Les fibres péricycliques voisines / sont moins nombreuses que dans la feuille normale, leurs parois étant minces el sinueuses. Quant à l'accroissement en épaisseur de la feuille anormale, il provient surtout, à la face inférieure, du grand diamètre qu'acquiert le canal sécréteur cs (160 y au lieu de 110) dont le contour reste bien circulaire. Dans la région opposée du limbe, c'est-à-dire à la face supérieure, les cellules hypodermiques liyp n'épaississent pas leurs parois et s'allongent en direction radiale par rapport au parasite. IPen est de même de toutes les cellules parenchymateuses pr comprises entre le cylindre central DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 83 elles augmentent aussi leur longueur dans la et lhypoderme : même direction radiale, tout en restant en contact les unes avec t 402 MON AS e CÈ ce & Fig. 29 (A;)}. — Région médiane de la coupe transversale d'une feuille anormal appartenant au verticille externe de la cécidie du Juniperus : flb, faisceau libéro- ligneux ; ar, tissu aréolé; f, fibres péridesmiques : end, endoderme: pr, paren- chyme ; cs, canal sécréteur; Lyp, hypoderme; eps, epi, épidermes (gr. 150). les autres par de larges surfaces, et elles prennent l'aspect curieux représenté par la figure 29 (A). S 4 C. HOUARD Lorsqu'elle est un peu âgée, la feuille anormale présente de nombreuses cellules lignifiées. La hignification débute dans les cellules hypodermiques Lyp (en A7, fig. 23) situées aux deux extrémités des ailes du himbe et s'étend vers Le evlindre central, à travers Les cellules du parenchyme. Vers la pointe des feuilles, les fibres / envahissent Loute là région située au-dessus du faisceau Hbéro-ligneux //b. Ala face supérieure de laiguille anormale, le nombre des files de stomates est double environ de ce qu'il est dans la feuille saine {28 rangées au lieu de 13 ou 1%). En résumé, sous l'influence de lOligotrophus Panteli, la région terminale des pousses du Juniperus communs présente les modifications suivantes : 1° Le parasite externe agit sur les entre-nœuds terminaur qui restent courts el s'épaississent (écorce très développée, faisceaux vasculaires isolés); les feuilles ajglomérées des deur verticilles supérieurs forment une cécidie allongée aiquë ; 2 Les aiguilles du verticille interne restent courtes et se liqgni- Jient fortement ; 3° Celles du verticille externe augmentent beaucoup leur largeur el leur épaisseur (parenchyme hypertrophié, à cellules médianes élirées en direction radiale; canal sécréteur agrandi; faisceau libéro-ligneux élalé et ailes vasculaires bien déreloppées ). Juniperus Oxycedrus L. Cécidie produite par un Oligotrophus. Cetle cécidie terminale est constituée par les deux verti- cilles supérieurs dont les feuilles sont déformées; elle peut être allongée ou courte. Mes échantillons proviennent de Saïda (département d'Oran) où je les récollai Le 17 avril 1900. 1° CÉCIDIE ALLONGÉE. La forme longue comprend deux verticilles d’aiguilles défor- mées sur toute leur longueur (1,2, en E et L, fig. 31 et 32), DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 85 plus un troisième verticille (3) dont les feuilles, épaissies seu- lement à la base, conservent une taille normale. Fig. 30 (N). — Coupe transversale schématique d’une aiguille normale de Juniperus Oxycedrus (gr. 15). Fig. 31 (E), — Aspect de la forme longue de la diptérocécidie terminale de la même plante (gr Fig. 32 (L). — Coupe longitudinale de cette galle (gr. 1). Fig. 33 (A,). — Schéma de la coupe transversale d'une aiguille anormale appartenant au verticille interne de la galle longue (gr. 15). Fig. 34 (A9). — Schéma identique pour une aiguille appartenant au second verticille (gr. 15). Fig. 35 (A3). — Schéma identique pour une aiguille appartenant au troisième verti- cille (gr. 15). Fig. 36 (E'). — Aspect de la forme courte de la diptérocécidie (gr. 1). Fig. 37 (L'}. — Coupe longitudinale de cette seconde forme (gr. 4). Fig. 38 (A!). — Schéma del a coupe transversale d’une aiguille appartenant au verti- cille interne de la galle courte (gr. 15). Fig. 39 (A/). — Schéma identique pour une aiguille appartenant au verticille externe (gr. 15). ftb, faisceau libéro-ligneux ; ar, tissu artolé; cs, canal sécréteur ; /, Lyp, fibres du parenchyme et de l’hypoderme ; ep, épiderme. Les aiguilles les plus internes (1) restent très courtes (4 ou 5 muillim.); leur teinte est brunâtre ; elles abritent une larve orangée qui se métamorphose dans la céeidie. 86 C. HOUARD Les aiguilles du second verticille (2) acquièrent seulement les trois quarts de la longueur normale (22 millim. environ au lieu de 30); elles sont aiguës à la pointe, renflées dans leur moitié inférieure et munies d'une forte carène dorsale. Accolées étroitement par leurs bords, elles enferment d'une facon com- plète le verticille interne et la larve. Structure de l'entre-nwud anormal. — TL'énorme raccourcis- sement que subit lentre-nœud du rameau anormal ne modifie pas son diamètre transversal, Phypertrophie de l'écorce étant compensée par la réduction que subissent les canaux sécréteurs et le cylindre central. De plus, les éléments de l'anneau vascu- laire ne se différencient plus en petits faisceaux, situés en face des canaux sécréleurs, et en gros faisceaux intermédiaires (A, fig. 41): tous les faisceaux anormaux ont sensiblement la même faille, un contour elliptique et un liber peu étalé ; ils présentent, en outre, une forte réduction dans la taille et QE 1 A 3% #4 sa €: à RL Fig. 40 (N). — Schéma du cylindre central de l’entre-nœud normal d'une pousse de Juniperus Oxrycedrus (gr. 15). Fig. #1 (A). — Schéma du cylindre central de l'entre-nœud de la pousse anormale. au-dessous de la cécidie (gr. 15). Fig. 42 (N,). — Moitié d'un faisceau libéro-ligneux normal (gr. 150). Fig. 43 (A,). — Faisceau vasculaire anormal (gr. 150). b, L, bois et liber d'un faisceau libéro-ligneux. le nombre des éléments ligneux ou libériens (comparer N, et À,, fig. 42 et 43). . 1 © Structure de la feuille normale. — Les dimensions de la sec- ion transversale du limbe sont 1,4% millimètre de largeur sur 0,5 millimètre d'épaisseur (N, fig. 30). La face supérieure presque plane, sauf en son milieu, présente deux plages de: DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 871 cinq ou six lignes de stomates chacune. L'hypoderme 2yp (en N, fig. 4%), aux cellules à parois épaisses non lignifiées, possède plusieurs assises cellulaires sur les bords du limbe ; il enveloppe presque entièrement le canal sécréteur es, dont la section très étroite ne mesure pas plus de 36 à 40 & de dia- mètre. Le tissu palissadique pa se développe bien. Le faisceau libéro-ligneux de la nervure médiane de la feuille normale est large de 210 w et peu épais; il comporte de 25 à 30 files ligneuses et hbériennes b, /. Les vaisseaux du bois sont flanqués latéralement de deux amas de vaisseaux aréolés ar, bien délimités du parenchyme environnant par les cellules arrondies et régulières de l'endoderme exd. Une ving- taine de grosses fibres /, à parois cellulosiques épaisses, ren- forcent la partie inférieure du faisceau. Structure d'une feuille anormale appartenantau verticille interne de la cécidie. — La section d'une feuille (A,, fig. 33) a l'aspect d'un triangle isocèle dont la base, représentant la face supé- rieure de l'aiguille, serait un peu concave. L'épiderme conserve des parois minces et non cutinisées. Il entoure un gros amas de fibres / à paroi externe très épaisse et à faible lumière; ces fibres occupent la partie supérieure du himbe et entourent presque le faisceau Hbéro-ligneux qui, du reste, est très réduit. La section du canal sécréteur cs diffère peu de celle de l'or- gane normal. Structure d'une feuille anormale appartenant au second verti- cille. — Les dimensions en largeur et en épaisseur de la feuille parasitée (A. fig. 3%) atteignent au moins deux fois ce qu'elles sont dans l'aiguille saine. De plus, la forme de la section est beaucoup modifiée : Les parties latérales du limbe s'élargissent et les deux faces de laiguille se distinguent peu l'une de l'autre, la concavité de la face supérieure avant disparu. L'épiderme et l'hypoderme comprennent de grosses cellules, à parois non sclérifiées, qui entourent un parenchyme devenu homogène constitué par de grandes cellules peu riches en grains de chlorophylile. 88 C. HOUARD Vu de face, l'épiderme supérieur ne présente plus de sto= mates et toutes ses cellules sont considérablement hypertro- phiées (comparer les fig. 47 et 48, NS et AS). Les cellules de < l'épiderme inférieur ont aussi beau- ROSES (COUP agrandi leurs. dimensions: leurs parois poncluées restent épaisses Fig. 44 (N). — Région médiane de la coupe transversale d'une aiguille normale de Juniperus Oxycedrus (gr. 150). Fig. 45 (A:). — Moitié droite du faisceau vasculaire de l'aiguille anormale représentée par la figure 35 (gr. 150). Fig. 46 (A!). — Faisceau libéro-ligneux de l'aiguille anormale représentée par la figure 39 (gr. 150). b, L, faisceau libéro-ligneux: ar, tissu aréolé; f, fibres péridesmiques : end, endo- derme ; pa, tissu palissadique ; es, canal sécréteur: hyp, hypoderme : ep, épi- derme; s{, stomates. comme à l'état normal (comparer les fig. 49 et 50, NT et AT). La modification histologique la plus intéressante de l'aiguille parasitée est présentée par le faisceau hbéro-higneux de la ner- vure, car il a suivi dans une certaine mesure le développement latéral pris par le Himbe. Sa largeur est, en effet, devenue pres- que double de ce qu'elle est dans la feuille normale: les vais- seaux du bois ont acquis de grandes dimensions (diamètre triple), mais ils sont peu nombreux et irrégulièrement placés ; DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 59 les éléments des ailes vasculaires ont des tailles variées. Quant aux fibres péricyeliques situées au-dessous du faisceau, elles sont irrégulières et à parois minces. Enfin, le canal sécréteur conserve ses dimensions normales. La feuille âgée présente d'abondants tissus sclérifiés : la selé- rification débute par la région médiane de Pépiderme supérieur et envahit ensuite tout le parenchvme situé au-dessous de Ta nervure. Structure d'une feuille anormale appartenant au troisième ver- ticille. — La section transversale pratiquée au milieu de la ré- gion basilaire renflée de la feuille déformée est bombée à la face supérieure (A,, fig. 35); son épaisseur atteint celle de la feuille du verticille précédemment étudié, mais sa largeur est un peu plus faible: ses plages stomatifères sont très développées. Au centre de la section transversale du Himbe anormal, le faisceau vasculaire se montre allongé, aplati, composé de vais- seaux ligneux (4, en A,, fig. 45), grands et réguliers, mais peu nombreux dans chaque file (quatre au maximum); les ailes vasculaires comprennent des cellules polygonales régulières 47, munies de parois rectilignes à aspérités peu accentuées et de nombreuses ponctuations. Enfin, le rayon vertical de paren- chyme, qui dans la feuille normale sépare nettement le faisceau en deux parties égales, devient difficile à reconnaitre; il en est de même dans les feuilles du second verticille de la eécidie. 2° CÉCIDE COURTE. La forme courte ne comprend que deux verticilles d'aiguilles déformées sur toute leur longueur (E', fig. 36). Le verticille interne possède des feuilles très courtes, de # mul- limètres environ, fortement sclérifiées (A’,, fig. 38). Le verticille externe est composé de feuilles élargies à la base (# ou 5 millimètres), assez courtes, n'ayant que 10 à 12 millimèe- tres de longueur et peu aiguës au sommet. En somme, par son aspect, cette cécidie rappelle celle que j'ai étudiée dans un précédent travail (f) et qui provenait d'un (1) C. Houard, Loc. cit., p. 69 (1899, p. 304-309, fig. 4-6). 90 C. HOUARD Genévrier Oxycèdre de la vallée de Cèze (Gard). Si j'ai tout lieu de croire que les deux cécidies en question sont engendrées par le même parasite, je dois signaler pourtant que la cécidie re- cueillie dans le midi de la France ne dépasse presque jamais AS D Fig. 47 à 50 (NS, AS, NI, AI). — Epidermes normaux et anormaux vus de face des feuilles saine et parasitée de Juniperus Orycedrus (gr. 150). 9 millimètres de longueur ; de plus, la forme courte provenant de Saïda présente très souvent une modification de structure intéressante du faisceau vasculaire: celui-ct est séparé nette- ment en deux amas libéro-ligneux formés de vaisseaux à grande section, à parois minces, disposés sans ordre. Les files libé- rennes vont converger vers quelques fibres non lignifiées, comme le represente le dessin A’, (fig. 46). En résumé, sous l'influence de la larve d'un Oligotrophus, les pousses du Juniperus Orycedrus présententles modifications suivantes : 1° Le parasite erterne agit sur les entre-nœuds terminaux qui restent courts (réduction des faisceaux vasculaires et des canauw.r sécréleurs) et donne des qalles lonques ou courtes ; 2° Les feuilles du verticille interne se sclérifient de bonne heure : celles du verlicille externe, un peu raccourcies, s’élargissent et présentent un faisceau libéro-lignewr et des ailes vasculaires très réduits ; le diamètre du canal sécréleur ne rarie pas. DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 91 Juniperus Sabina L. Cécidie produite par un Oligotrophus. Cette jolie petite céeidie se rencontre à l'extrémité des rameaux de la Sabine : elle est ovoïde et mesure de 3 à 5 milli- mètres de hauteur sur presque autant en largeur (fig. 51). Quatre grosses aiguilles hypertrophiées, très + D D à élargies à la base et quelque peu obtuses au sommet, prennent part à sa constitution. D'autres aiguilles plus internes et atrophiées délimitent une loge centrale où se trouve la larve de l'Oligotrophus. Cette larve provo- que aussi le raccourcissement des derniers entre-nœuds de la tige et leur épaississe- ment. La cécidie jeune est jaune verdâtre ; elle devient brune quand elle est abandonnée par la larve: les feuilles qui la composent à s'écartent alors les unes des autres et tom- HET Fig. 51. — Aspect de la JENL. diptérocécidie ovoïde Les échantillons étudiés dans ce travail du Juniperus Sabina : £ TPE E ; a, rameau portant la m'ont été gracieusement envoyés par M. le gale:b, galle: e, cou- Pantin _— Û lee GE se pe transversale d’une professeur Thomas, d Ohrdi uf, qui L S aVall fouille RE oies recueillis aux environs de Cogne (Piémont), le 17 juillet 1888, à près de deux mille mètres d'altitude. Je me contenterai dans cette étude de comparer la structure anatomique d'une feuille normale à celle d'une feuille parasitée choisie parmi les plus hypertrophiées de la cécidie. Feuille normale. — Ses dimensions sont faibles : 0,7 milli- mètre de large sur un millimètre de longueur et 0,# millimètre d'épaisseur; la section transversale d'une telle feuille est convexe à la face supérieure et presque aplatie à l'opposé (N, fig. 53). Les épidermes supérieur et inférieur ont des parois très épaisses et lignifiées ; l'hypoderme inférieur Lyp (PL IN) 92 C. HOUARD est fortement épaissi. Le faisceau de la nervure //b possède un nombre assez restreint de vaisseaux de bois, peu de formations secondaires, onze ou douze cellules de tissu aérolé seulement et ilest entouré par un endoderme bien net erd. Les fibres péricy- cliques ont des parois épaisses. Le parenchyme qui enveloppe le cylindre central esttrès serré à la face inférieure du limbe : lâche, au contraire, au-dessus du faisceau vasculaire, il comprend de longues cellules « souvent cloisonnées en travers et munies de gros amyloleucites. Le canal sécréteur est développé seulement à la base de Ja feuille. Feuille anormale. port à celles de la feuille saine car sa largeur peut attemdre Ses dimensions sont énormes par rap- Fig. 52 (E). — Aspect d'une feuille hypertrophiée appartenant au verticille externe de la diptérocécidie du Juniperus Sabina (gr. 1,5). Fig. 53 (N). — Schéma de la coupe transversale d'une feuille normale (gr. 15). Fig. 54 (A). — Schéma de la coupe transversale d’une feuille anormale (gr. 15). Fig. 55 (Aj). — Schéma d'une feuille parasitée présentant trois canaux sécréteurs (gr. 15). ftb, faisceau libéro-ligneux ; es, canal sécréteur. 2,2 millimètres. Concave à la face supérieure (A, fig. 54), la feuille parasitée affecte la forme d'une cuiller; sa région dorsale présente en son milieu un sillon longitudinal profond qui sépare presque complètement le limbe en deux moitiés symétriques. Dans la région rétrécie, comme le montre la figure 5%, le gros canal sécréteur es atteint presque 100 ÿ de diamètre ; quelque- fois il est remplacé par trois canaux, un médian assez petit el deux latéraux plus gros (A, fig. 55). Entre le canal sécréteur et lépiderme supérieur, s'étale le faisceau hbéro-higneux //4 (PL T, A): celui-ci est comprimé, moins épais que le faisceau de la feuille saine et flanqué à droite DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 93 età gauche de deux ailes vasculaires 47, également aplaties, environ trois fois aussi longues que laile normale. Ces ailes sont composées d'une seule assise de grandes cellules aréolées enveloppées par les cellules endodermiques anormales hyper- trophiées end. Le faisceau libéro-ligneux //b est séparé de Pépiderme supé- rieur eps, dont les cellules sont grandes et à parois minces, par les cellules corticales c allongées en direction radiale : ces der- nières présentent parfois jusqu'à trois cloisons parallèles à la surface du himbe. L'hypertrophie la plus considérable de l'aiguille anormale se produit à droite et à gauche de la région médiane rétrécie. Elle est due surtout à l'allongement démesuré des cellules parenchy- maleuses pr situées à la partie inférieure du limbe, de chaque côté du canal sécréteur. Les méats 721 qui séparent ces cellules deviennent très grands. Les cellules elles-mêmes s'allongent et prennent la forme de Gübias ; placées bout à bout, elles consti- tuent parfois des files étroites, de plus d'un millimètre de lon- œueur, partant des environs du canal sécréteur pour aboutir à l'épiderme inférieur. Toutes ces cellules sont remplies de proto- plasma finement granuleux. Les cellules de l'épiderme inférieur epi se multiplient avec achivité et s'allongent ; leurs parois restent minces. Elles sont en contact vers l'intérieur avec les cellules hypodermiques Lyp, à membranes contournées peu épaisses, qui constituent des amas irrégulièrement espacés. En résumé, sous l'influence de la larve d'un Oligotroplus, là région terminale des pousses du Juniperus Sabina présente les modifications suivantes : | 1° Le parasite externe agit sur les entre-nœuds terminaux qui restent courts ; 2° Les feuilles agglomérées s'hypertrophient considérablement , surtout de chaque côté de la nervure (faisceau libéro-ligneur aplati ; aile vasculaire étalée; cellules du parenchyme élirées el alignées en lonques files ; canal sécréteur bien développé). 94 C. HOUARD Juniperus Sabina L. Cécidie produite par l'Oligotrophus Sabinæ KiefT. La petite cécidie que détermine la larve de ce Diptère à l'ex- trémité des rameaux de la Sabine mesure environ 13 millimètres de longueur sur quatre ou cinq millimètres de plus grande di- mension transversale. Elle comprend de trois à cinq paires d'aiguilles fortement grossies consti- tuant par leur ensemble une pyramide quadrangulaire à pointe tournée vers le rameau (fig. 56). Les écailles imférieures Fis. 56 (a, b, c). — Aspect de la diptérocécidie du Juniperus Sabina : a, rameau portant la galle; b, galle: ce, coupe transversale d'une feuille hypertrophiée très concave. Fig. 57 (N). — Schéma de la coupe transversale d'une feuille normale de Juniperus Sabina (gr. 15). Fig. 58 (A). — Schéma de la coupe transversale d'une feuille déformée (gr. 15). ftb, faisceau libéro-ligneux ; ar, tissu aréolé. sont courtes, les supérieures au contraire sont hypertrophiées et très aiguës : entre ces dernières se trouve la larve. Lateinte de la galle jeune est vert jaunâtre ; elle tend plus tard au brun. Mes échantillons proviennent des environs de Cogne (Piémont) où ils furent recueillis, le 17 juillet 1888, à une altitude d’envi- ron 2000 mètres par M. Fr. Thomas. Structure d'une feuille anormale. — La section transversale pratiquée vers le milieu d'une écaille hypertrophiée se montre au moins trois fois aussi large que la feuille normale, mais elle conserve à peu près la même épaisseur (comparer les figures 57 et 8, Net A). DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 95 Le faisceau de la nervure (//6, en A”, PI. D) est très élargi ; il possède de nombreux vaisseaux ligneux et d'abondantes for- mations secondaires. C'est Le issu de Paile vasculaire 47 qui pré- sente l'hypertrophie la plus considérable, car il acquiert ici un développement bien supérieur même à celui que j'ai décrit au- trefois (1899, p. 301, pl. XX) pour la cécidie de la variété alpine du Juniperus communis. Les vaisseaux aréolés du tissu de trans- fusion occupent, en effet, à droite et à gauche du faisceau Hbéro- ligneux, une plage peu épaisse, longue de 500 à 900 w, c'est- à-dire atteignent presque un millimètre ; leurs parois sont minces, sinueuses, fortement lignifiées et munies de ponctuations arron- dies ainsi que d’épaississements de dimensions variables. L'épiderme supérieur de là feuille anormale eps est composé de cellules irrégulières, saillantes, à parois minces et cellulosi- ques; l'épiderme et l'hypoderme de la face opposée sont régu- liers, lignifiés, mais à membranes moins épaisses que dans l'écaille saine. En résumé, sous l'influence de FOligotrophus Sabinæ, la partie terminale des pousses du Juniperus Sabina présente les modifi- ‘ations suivantes : 1° Le parasite externe agit sur les entre-nœuds terninaur qui restent Courts ; 2° Les feuilles agqlomérées s'hypertrophient et se développent surtout en largeur sans s'épaissi" (extension considérable des ailes vasculaires). CONCLUSIONS L'étude détaillée des cécidies de quelques Genévriers euro- péens exposée plus haut permet de déduire un certain nombre de caractères communs concernant leur aspect extérieur et leur structure histologique. 1° ASPECT EXTÉRIEUR DES CÉCIDIES. Le parasite consiste toujours em une larve de diptère située à l'extrémité de la tige, à la place du bourgeon terminal, entre les feuilles du verticille supérieur. L'action cécidogène engendrée par ce parasite agit directement sur les entre-nœuds terminaux qui restent très courts, s'épais- sissentet présentent une forte écorce, des canaux sécréteurs bien développés et des faisceaux Hbéro-ligneux isolés, à dimensions réduites. Les feuilles des verticilles supérieurs s'allongent peu, mais S'élargissent et augnientent leur épaisseur. Elles S'appliquent étroitement les unes contre les autres et S'agglomèrent en une sorte de bourgeon où d’'artichaut. Et comme le parasite, situé suivant l'axe de symétrie de la pousse déformée, agit avec une égale intensité dans toutes les directions, il en résulle que l’agglomération foliaire produite conserve le même axe de sv- métrie et présente {ous les caractères généraux des acrocécidies caulinaires. 2° MODIFICATIONS DANS LES TISSUS DES FEUILLES COMPOSANT LES CÉCIDIES. Les {issus des feuilles parasitées sont soumis à des phéno- mènes d'arrêt ou d'eragéralion dans leur développement normal et dans leur différenciation. DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 97 Arrêt de developpement et de différenciation. — Plusieurs cas sont à distinguer : «. Influence du contact du cécidozoaire. — Un tel arrêt se ma- nifeste dans les aiguilles du vertieille interne des galles qui sont en contact direct avec la larve. Cet arrêt se traduit par Fabsence du tissu palissadique et par la réduction des appareils vasculaire et sécréteur. En outre, une lignification in- tense, qui débute par les cellules de Pépiderme et de l'hypoderme situées à la face externe du limbe, suc- cède à l'épaississement des arois. Ces à, este). « HER paroi ont là, du rest Fig. 59. — Diagramme général des diplérocéci- des phénomènes que l'on dies des Genévriers. — Les feuilles du premier ‘encontre à sment verticille (1) sont en contact direct avec le céci- l'encontre COMMUNEMENL Gozoaire z et entourent la chambre larvaire chl; leur développement est arrèté et leurs fibres OH ERE ee lisgnifiées f abondantes. Les aiguilles du ver- situées au contact des COCI- ticille (2) réagissent à l’action cécidogène « NES ENT ; AE émanée du parasite et développent une réaction dozoaires. Ier encor la li- végétale 5, dirigée dans le même sens, mise en onification Ss'’accentue au évidence par l'allongement et le cloisonnement D ; RE ee: ra » : Re des cellules €. A l'hypertrophie de chacune des fur el à mesure que la céci- aiguilles prennent part le faisceau libéro-ligneux die vieillit, elle peut même flb, les ailes vasculaires de tissu aréolé ar, le s parenchyme pr et le canal sécréteur cs. envahirtoutle parenchyme foliaire qu'elle transforme en une masse compacte fibreuse enve- loppant le faisceau de la nervure et le canal sécréteur. b. Influence du climat. — Un arrêt dans le développement'et dans la différenciation des tissus est parfois dù à Finfluence du climat. C'est ainsi que dans les galles du Juniperus Oxycedrus des régions chaudes de l'Algérie il y à réduction du faisceau vasculaire, du tissu chlorophyllien et des stomates, e’est-à-dire dans les régions gallaires des appareils d'assimilation et de sécrétion. c. Influence parasitaire. — Telle est peut-être la cause qui amène l'atrophie des appareils d'assimilation et de sécrétion dans la galle en forme de calice évasé du Genévrier de Ex plaine, Nous y avons trouvé en effet un faisceau libéro-ligneux réduit, un canal sécréteur à faible section et un parenchyme peu diffé- rencié. ANN. SC. NAT. BOT. 1, 7 98 C. HOUARD Exagéralion de développement et de différenciation. — On peut distinguer aussi plusieurs cas : a. Influence de la distance du tissu au cécidozoaire. — V'une facon générale, lhypertrophie la plus grande offerte par les lissus se manifeste à une certaine distance du parasite, dans les aiguilles du second ou du troisième verticille de la pousse. Les dimensions anormales en largeur et en épaisseur acquises par ces feuilles se traduisent presque toujours par l'allongement en direction radiale des cellules parasitées, accompagné de leur cloisonnement transversal :tels sontles cas étudiés pour la céci- die de l'Oligotrophus Panteli Mig.29) et pour la galle ovoide du Juniperus Sabina (PI. 1, A). Nous avons déjà fait remarquer ce phénomène d’alignement des cellules en direction radiale par rapport au cécidozoaire dans la plupart des acrocécidies et des pleurocécidies cauli- naires. En employant la même notation que dans nos travaux anté- rieurs, nous pouvons schémaliser ainsi le mode de développe- ment des diptérocécidies des Genévriers : l'action cécidogène x (fig. 59), émanée du parasite z, rayonne dans tous les sens avec la même intensité et provoque l'hypertrophie des cellules. Ser- rées les unes contre les autres, ces cellules ne peuvent se déve- lopper que vers l'extérieur, c'est-à-dire en direction radiale cen- trifuge : elles s'allongent donc et se cloisonnent ensuite trans- versalement un certain nombre de fois. Cet allongement centrifuge met en évidence une sorte de réaction végétale 0, qui repousse vers l'extérieur les nouveaux tissus formés, etdont la direction coïncide avec celle de l'action cécidogène & (1). Tels sont les caractères propres aux cécidies terminales des Genévriers que met en évidence le schéma de la figure 59. b. Influence du climat. — L'exagtration du développement de certains tissus et de leur différenciation peut aussi tenir à une influence climatérique. C’est ainsi qu'il peut y avoir accen- tuation des caractères alpins, c’est-à-dire développement (1) Rappelons, pour terminer, qu'une (elle coïncidence en direction de l’ac- tion parasilaire & et de la réaction végétale 9 existe aussi dans toutes les céci- dies caulinaires à parasite situé dans la moelle et à axe de symétrie confondu avec celui de la tige (cécidie de l'Agropyrum repens, de l'Hieracium umbella- tum, etc.). DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 99 exagéré des appareils d'assimilation et de sécrétion (grande taille acquise par le faisceau hbéro-ligneux, par les ailes vas- culaires et par le canal sécréteur), dans les feuilles des galles recueillies à de hautes altitudes sur la variété alpine du Gené- vrier commun et sur le Genévrier Sabine. EXPLICATION DELA PLANCHE I Diptérocécidies du Juniperus Sabina. Fig. N. — Région médiane de la coupe transversale d’une feuille normale de Juniperus Sabina (gr. 150). Fig. A. — Région correspondante d'une feuille anormale de la première céci- die, montrant la grande hypertrophie des cellules du parenchyme {gr. 150). Fig. A". — Détails du faisceau libéro-ligneux et de l'aile vasculaire de tissu aréolé dans la feuille anormale de la seconde cécidie (gr. 150). fl1b, faisceau libéro-ligneux ; ar, lissu aréolé ; end, endoderme ; pr, paren- chyme foliaire ; cs, canal sécréteur; c, cellules eloisonnées transversalement; hyp, hypoderme; eps, epi, épidermes supérieur el inférieur ; mt, méats. ÉTUDES ENTOMOPHTHORÉE SAPROPHYTE Par M. I. GALLAUD. hi On connait un certain nombre d'Entomophthorées pouvant mener une vie saprophytique. Ce sont les Conidiobolus trouvés par Brefeld !86;{(1) sur l'hyménium de certaines Trémellinées, les Basidiobolus isolés par Eidam [87] du contenu intestinal des grenouilles et des lézards, et enfin le Delacroiria coronata (Cost.) Sacc. el Syd. que Costantin [97] à rencontré sur les lames du Champignon de couche (2). Ces Entomophthorées, appartenant à un groupe où le para- sitisme est de règle, sont fort intéressantes parce qu'elles se laissent facilement cultiver sur les milieux les plus divers, et qu'on peut commodémentles étudier en faisant varier les condi- ons de leur vie. Les travaux de Brefeld [84] sur le C'onidiobo- lus, de Eidam {87}, de Fairchild [96], de Raciborski [96|, de Lœventhal 03! sur le Basidiobolus, ont fait connaitre ces deux genres dans leurs principales particularités biologiques, anato- miques et cytologiques. [n’en est pas de même du Delacroirin, qui, à ma connaissance, n'a été étudié que dans la courte (1) Les chiffres entre parenthèses, qui suivent un nom d'auteur, sont les deux derniers chiffres de l’année de la publication et renvoient à l'index bibliographique. (2) Cette dernière espèce a été primitivement décrite par Costantin (97) sous le nom générique, déjà employé, de Boudierella que Saccardo et Sydow ont changé en celui de Delucroixin. 102 I. GALLAUD notice que lui à consacrée Costantin 97! dans le « Bulletin de la Société mycologique de France ». Un heureux hasard m'avant permis de retrouver et d'isoler en culture pure le Delacroirit coronata, où tout au moins un type très voisin, J'en ai entrepris l'étude dans le but de faire mieux connaitre ce Cham pignon etde tâcher d'élucider quelques points encore fort obscurs dans la biologie et le evele évolutif de ces formes d'Entomophthorées totalement où partiellement saprophvtes. Le Delacroiria à été rencontré par Costantin sur les lames du Psalliota campestris Sans qu'il ait pu déterminer son origine d'une facon plus précise. Le champignon que J'étudie ici provient d'un semis d'Orchidées fait en serre. Les graines de ces plantes avaient été récoltées sur une fleur de Cattleya Mendeli fécondée par le pollen d'un Cattleya tenebrosa. Les pieds parents provenaient d'Amérique et étaient en végétation dans une serre où se trouvaient beaucoup d'Orchidées importées directement des pays tropicaux. Le champignon a-t-1l une origine exotique ou ses spores étaient-elles simplement dans le compost formé de sciure de bois et de terre où on à semé les graines de l'hvbride ? Je ne saurais le dire. Toujours est qu'avant transporté une Jeune plantule de POrchidée dans un tube de carotte, J'ai vu les parois de celui-ci et la surface de la carotte se couvrir d'un voile formé par de grosses spores arrondies, projetées à partir de la plantule. Un repiquage de ces spores m'a donné de suite une culture pure d’un Champignon qu'il m'a été facile de reconnaître pour une Entomophthorée à la srosseur et au contenu de ses filaments, au mode de production et de projection de ses spores. Je dirait dès maintenant que parmi toutes les Entomophthorées connues c'est du Dela- croiria coronata qu'il se rapproche le plus, comme cela ressor- üra de la suite de ce travail (1). (4) M. Costantin qui a bien voulu examiner mes cultures et mes prépa- rations a confirmé cette détermination. ENTOMOPHTHORÉE SAPROPHYTE 103 $ 1”. CULTURES EN TUBES. Cette Entomophthorée pousse avec la plus grande facilité sur les milieux nutritifs les plus variés, solides ou liquides, (pomme de terre, tranches de carotte, décoction de pruneaux, de fumier de cheval, jus d'orange, bouillon de viande peptoni- sée, etc.). Mais c'estsurla carotte qu'elle prend le développement le plus rapide et le plus complet. En 2 ou 3 jours, un tube ensemencé se couvre, sur toute la surface de la carotte et de la paroi de verre qui lui fait face, d’un voile d'abord blanc, puis blane jaunâtre, formé des grosses spores projetées et des tubes germinalifs qui en sortent. Ces tubes germinatifs prennent un développement plus où moins grand et donnent bientôt de nouvelles spores qui sont projetées à leur tour. De Ja sorte, le voile va s’épaississant, par suite de l’entasse- ment des tubes germinatifs et des spores formant un amas pul- vérulent. Il peut atteindre, dans certains cas, jusqu'à # mulli- mètres d'épaisseur. Les spores sont lisses dans les débuts de Ta culture, mais elles sont bientôt recouvertes de fins échinules qui les font ressembler à autant de petits oursins. Sur milieux liquides, le champignon donne un abondant mycélium se développant en masses sphériques immergées qui ne produisent que fort peu de spores, sauf si une des boules sphériques vient à la surface, où elle en projette alors un grand nombre. Il est à remarquer que sur jus de pruneaux ou d'orange la germination des semis et la croissance du mycélium sont très lentes. Il semble qu'il faille attribuer ce retard dans le développement à l'acidité naturelle de ces deux milieux. Si on les neutralise, l'évolution du champignon se fait alors avec la même rapidité que dans le bouillon de viande ou la décoction de fumier. Le Delacroiria, contrairement à la plupart des champignons, pousse donc mieux en milieu alcalin ou neutre qu'en milieu acide. Ajoutons qu'il liquéfie facilement la gélatine. Si on examine au microscope la structure du voile formé dans un tube de carotte, on voit qu'il est constitué par un enchevè- trement de filaments et de spores. 104 l. GALLAUD Les filaments ont parfois un diamètre très faible (2%) dans les régions où le feutrage est très serré (voile formé à la surface du liquide); mais ils sont généralement très gros eC ont une épaisseur variant de 10 à 16. Les plus gros sont formés de tubes germinatifs courts, peu où pas ramifiés. LS présentent à une de leurs extrémités la spore qui leur à donné naissance, el, Fig. 1. — À, spore munie d'une papille p, et d'un tube germinatif terminé par une deuxième spore. — B, baside. — C, spore vide portant une papille et une baside à tube court. — D, spore lisse avec papille claire. — E, spore échinulée. — F, spore germant. — G, germination plus avancée; tout le protoplasme à émigré dans le tube germinatif. — H, début de la ramification. — I, kyste formé dans un milieu nutritif épuisé; latéralement tubes vides et contractés. (Grossissement = 130 pour G, H, et 360 pour A, B, C, D, E, F, I.) à l'autre, une seconde spore en voie de formation (fig. 1, A). Si celle-ci s'est déjà séparée, le tube et la spore origine sont vides et lextrémité du filament porte une sorte de chapeau conique, comme celui représenté sur la figure 1, B. Nous verrons qu'il s'agit Là d'un organe qui à parlicipé à la projection de la spore, en un mot d'une baside. Souvent ces basides sont isolées en grand nombre dans la préparation par suite de la résorption des filaments dont la membrane, plus mince, est moins résis- lante que celle de la baside. Parfois, on trouve fréquemment ces basides fixées directement sur une spore vide, comme le réprésente la figure 1, C. IT S'agit de spores qui, dès le début de leur germinalion, ont donné une nouvelle spore, ou spore secondaire, Sans allonger beaucoup leur tube germinatif. Dans une même culture, les spores sont très variables d'aspect et de dimensions. Au début, pendant les deux premiers jours, ENTOMOPHTHORÉE SAPROPHYTE 105 elles sont très semblables entre elles : ce sont des corps arron- dis, lisses, dont le diamètre varie de 25 à 50 uv. Leur membrane est relativement mince; leur protoplasme est bourré de granu- lations qui les rendent opaques : latéralement, elles portent toutes une papille claire et très réfringente, de forme conique. dépourvue de granulations (fig. 1, D). Mais, dans une culture plus vieille, les spores changent. Au milieu de spores semblables aux précédentes, on en rencontre de beaucoup plus petites ne dépassant pas 15 de diamètre. D’autres, enfin, sont couvertes d'échinules en nombre variable fig. 1, E), d'autant plus fins qu'ils sont plus nombreux. Ces spores échinulées, dont le nombre augmente avec l'âge de la culture, sont aussi très variables comme diamètre (15 à 90 2). Toutes les spores, quels que soient leur taille et leur aspect, ont une papille claire. S 2. CULTURES EN GOUTTE SUSPENDUE. (GERMINATION DES SPORES. Ilest assez difficile, dans les cultures précédentes, faites en masses relativement grandes, de se rendre exactement compte des phénomènes de la germination des spores, de la production du mycélium, de fa formation des divers tvpes de spores et de leur projection. L’enchevêtrement des filaments, la surabon- dance des spores, sont génants pour l'observation. Enfin, dans un même tube où se produisent les différentes sortes de spores que J'ai décrites, il n’est pas possible de démêler et d'isoler les conditions particulières de leur formation. Aussi, pour cette étude, j'ai dû utiliser d'autres modes de culture, comme les cultures en gouttes suspendues en chambre humide et les cul- lures sur lame. Pour les cultures en cellules Van Tieghem, j'ai surtout employé comme milieu nutritif la décoction de fumier solidi- liée par la gélose ou lagélatine. Sur ce milieu, ilse fait facilement un mycélium assez abondant et des spores qui ne sont pas en op grand nombre; ce qui permet de les étudier avec plus de commodité. Le milieu à la gélatine se liquéfie rapidement comme Je lai dit, mais 1l garde assez de viscosité pour qu'on puisse déplacer les cultures sans risquer de faire couler 106 I. GALLAUD la goutte nutritive le long des parois de la chambre humide. Des spores lisses ensemencées sur un tel milieu entrent rapi- dement en germination. Au bout de très peu de temps, on voit se produire des modifications dans l'intérieur de la spore. Les eranulations, qui, au début, sont réparties uniformément dans la spore, se groupent en plus grand nombre au centre, tandis que la zone périphérique devient plus claire. On voit bientôt apparaitre un ou plusieurs renflements qui seront l'origine d'autant de tubes germinatifs. Ces renflements sont limités par une membrane très fine qui n'est pas autre chose que la membrane de la spore amincie et distendue en ces points. Leur contenu est {out à fait hvalin, sans granulations, et à ce stade, ils ressemblent beaucoup, comme aspect, forme el dimensions, à la papille claire que porte chaque spore (fig. 1, F): mais ils ne tardent pas à s'allonger. Deux heures après le semis, certains tubes atteignent déjà une longueur de 30%. Leur con- tenu, toujours hyalin, commence de montrer quelques granu- lationsentrainées hors de la spore parle courant protoplasmique. La croissance se continue régulièrement. Le tube germinatif atteint 50 w au bout de trois heures, 160 w au bout de six heures. Le protoplasme est alors rempli de granulations sorties de la spore ou formées dans son sein, qui, par leur déplacement lent, traduisent à l'œil les différents mouvements dont le proto- plasme est animé. Seule, l'extrémité en voie de croissance esl toujours hyaline et sans granulations. Les phénomènes de la germination des spores échinulées sont les mêmes, sauf qu'ils se produisent beaucoup plus lente- ment. Des spores échinulées, ensemencées au milieu des précé- dentes et en même temps, ne sont entrées en germination qu'au bout de quatre heures. mesure que le tube germinatif s'allonge, la spore se vide de plus en plus de son protoplasme. Son contenu devient vacuo- laire et les vacuoles en s'agrandissant se fusionnent de façon à occuper entièrement la cavité de la spore (fig. 1, G). Parfois, cependant, il y subsiste un peu de protoplasme granuleux qui n'aura aucune utilité ullérieure. La masse protoplasmique homogène s'avance dans le tube au fur et à mesure de sa crois- sance, de facon à occuper loujours la région distale. Elle laisse ENTOMOPHTHORÉE SAPROPHYŸTE 107 ainsi en arrière d'elle une vacuole claire qui va s'agrandissant. comme cela arrive dans les Mucorinées. Bientôt apparaissent les premières cloisons. La masse proto- plasmique, dans son déplacement en avant, S'isols de la région vacuolaire par une cloison formée en arrière d'elle ; ce sont de fausses cloisons à parois courbes, à convexité tournée vers le protoplasme en mouvement, tout à fait analogues à celles des Mucorinées. Mais, souvent aussi, les cloisons se produisent au milieu du protoplasme, partageant ainsi sa masse en plu- sieurs articles. Chaque segment isolé ainsi dans le tube germi- natif a dès lors un développement indépendant des autres. Le protoplasme, se déplaçant toujours en direction centrifuge, s'accumule dans la région distale et forme une vacuole dans la région proximale de chaque segment. Peu après la formation des premières cloisons, on peut constater l'apparition des premières ramifications. Elles se produisent généralement dans la région distale de chaque article, tout contre la cloison qui isole de Particle voisin (fig. 1, H). Il est clair que la présence de cette cloison est une des causes qui provoquent la formation des rameaux. Le proto- plasme jeune et en voie de croissance, arrêté par la cloison, ne peut plus avancer en direction centrifuge. Lorsque la crois- sance intercalare de Particle est terminée, la poussée proto- plasmique provoque dans la membrane encore mince et extensible, la formation d'une hernie qui ira s'accroissant et constituera une branche latérale dont le développement sera analogue à celui du tube germinatif dont elle provient. D'ail- leurs, la cause invoquée pour expliquer la formation des rameaux n'est pas la seule qui intervienne, car on rencontre aussi des cas où la ramification précède le cloisonnement. Le protoplasme des différents articles émigre peu à peu dans les branches latérales, de sorte qu'au bout de peu de temps la spore et le filament initiaux sont uniquement remplis d'un liquide clair. Le même phénomène se produit pour les branches primaires qui se vident au profit de ramifications d'ordre supérieur. Peu à peu, la goutte nutritive est envahie tout entière par le mycélium du champignon en largeur et en épaisseur. La culture apparaît alors comme un lacis très com- [OS l. GALLAUD pliqué, formé en grande partie d'hyvphes plus où moins dif- luentes remplies d'un liquide transparent. Seules les extrémités distales des filaments appartenant aux dernières ramificalions formées sont occupées par du protoplasme bien vivant. Ce développement du champignon sous forme mveélienne se fait assez rapidement. En deux jours, la culture s'est éten- due dans toute l'épaisseur de la goutte ensemencée. Alors commence d'ordinaire la formation des spores. Toutefois ilm'est arrivé quelquefois el sur des milieux variés (bouiïllons de veau ou de poisson, jus de pruneaux, décoction de fumier) de voir le développement du champignon S'arrêter avant que la sporu- lation ne se produise. Dans ces cas, la croissance cesse : la masse protoplasmique acecumulée à l'extrémité d'une hyphe revient sur ses pas dans le tube, S'immobilise et s'isole par deux cloisons. L'ensemble garde Fa forme evhindrique (fig. 1,1 ou s'arrondit en sphère. En tout cas, la membrane s'épaissit légèrement. Tv à ainsi formation d'une sorte de Kyste, d'une chlamvydospore analogue à celle des Mucorinées, bien que moins différenciée. Les portions de tubes vides qui de part el d'autre prolongent ces kystes se contractent ; leur diamètre diminue beaucoup, tandis que leurs cloisons transversales conservant leur rigidité forment des saillies très caractéris- tiques. Reportés sur une goutte nutritive fraiche, ces kystes serment et le champignon reprend son évolution. Il semble bien que c'est le manque de matériaux nutritifs ou laccumu- lation trop grande des produits d'excrétion dans la culture qui provoquent cet enkystement. IPest plus fréquent dans les cultures qui se contaminent où dans celles qui se dessèchent accidentellement. S 3. FORMATION DES SPORES. — BASIDES.— MODES DE PROJECTION. Sauf les cas précédents, qui sont accidentels, le champignon forme toujours des spores. Les organes qui les donneront com- mencent à se différencier au moment où presque toute la soutte nutritive est envahie par le mycélium. On voit alors certains filaments, bien remplis de protoplasme dense, sortir du milieu nutritif et se dresser dans l'air. Leur extrémité se ENTOMOPHTHORÉE SAPROPHYTE 109 renfle en une sphère qui grossit peu à peu. Quand tout le proto- plasme à émigré dans la sphère, celle-ci cesse de s'accroitre et s’isole par une cloison plane. La masse sphérique, remplie de protoplasme granuleux, sera la spore : le tube qui la porte, la baside. Ce tube aérien est rempli d'un liquide clair et on remarque à sa partie supérieure, au voisinage de la spore, une vacuole renfermant un liquide très réfringent (fig. 2, A). La vacuole va s’accroissant peu à peu et Gistend légèrement la baside. IT s'établit évidemment une forte pression dans la baside du fait de laccroissement de volume de la vacuole. On voit bientôt la membrane de séparation, entre la spore et la baside, se courber et faire saillie à lintérieur de Ia spore en forme de bouton conique, étranglé suivant la ligne de contact avec la membrane de la spore (fig. 2, B). C’est une véritable columelle. Fréquemment la vacuole réfringente de la baside s’allonge jusqu'à son intérieur. Arrivée à ce stade, la spore est mûre et la projection ne tarde pas à se produire. La séparation est st brusque qu'il est bien difficile de voir comment elle a lieu et, même à un faible gros- sissenrent, 1l est impossible de suivre la spore de l'œil, tant est grande la vitesse qui l'anime. Mais si on recueille les spores ainsi projetées en disposant une lame devant la culture, on constate que chacune d'elles est maintenant munie d'une papille claire, faisant saillie. La présence constante de cette papille permet de se rendre compte de Ta facon dont se font la séparation et la projection. La membrane formant la columelle se délamine sur Loute sa surface. La forte pression interne résultant de la présence à l'intérieur de la spore d’une masse de protoplasme très dense, et aussi la compression produite par la saillie de la columelle, déterminent bientôt une rupture annulaire tout le long de la ligne de contact des membranes de la spore et de la bastide. Le contenu de la spore fortement comprimé peut alors prendre toute son extension. La papille, primitivement en creux el coiffant la columelle, se retrousse et fait brusquement saillie ; le mouvement de réaction qui en résulte projette violemment la spore. La force qui déplace ainsi la spore apparaîtra comme très 110 I. GALLAUD considérable, si on réfléchit que la résistance de air est très grande pour cette spore de volume non négligeable et de faible masse. Dans certains cas, la spore peut être lancée Jusqu'à : centimètres en distance verlicale, ainsi que Je m'en suis assuré en plaçant au-dessus d'une culture des lames de verre à des hauteurs différentes. Il faut donc que la vitesse au départ soit très considérable, et on s'explique qu'ilne soit pas possible de suivre de Pal le déplacement de la spore, surtout qu'on est obligé de lobserver avec un microscope qui, amplifiant les distances, mulliplie la vitesse apparente dans le mème rapport. Dans cette séparation, la spore seule est projetée. Les basides restent tout entières attachées aux tubes mycéliens qui les ont produites et, dans une culture avancée, on les voit en grand nombre dressées au-dessus de la surface. Peu à peu, cepen- dant, les tubes qui les portent S'affaissent, leur membrane se résorbe et on retrouve dans les vieilles cultures de nombreuses basides isolées el vides, encore surmontées par la columelle. La formation des spores aériennes et leur déhiscence brusque paraissent être le cas normal dans le Delarroiria. Cependant on peut observer d'autres modes de sporulation sans projec- ion. Il arrive, en effet, dans les cultures sur goutte nutritive solide ou hiquide, qu'une extrémité de filament encore plongée dans la masse se renfle en sphère et que du protoplasme sv accumule. Il se fait ainsi une spore entièrement immergée. La formation de la spore et de la baside est à peu près la même que dans le cas des spores aériennes, sauf cependant que la membrane de séparation entre la spore et la baside se renfle du côté de la baside, de sorte que c'est la spore qui envoie une columelle dans la baside (fig. 2, D). Quand la spore à atteint sa maturité, la déhiscence se produit sans projection. Elle a lieu très lentement à cause de la résis- lance présentée par le liquide extérieur, mais surtout à cause de la turgescence relativement faible de la baside. On peul suivre facilement la série des phénomènes et ils justifient plei- nement l'interprétation donnée plus haut de la déhiscence brusque des spores aériennes. Mais ici les rapports de la spore et de la baside sont inversés ; aussi, après la délaminalion el ] le décollement circulaire, on voit la calotte en creux rattachée ENTOMOPHTHORÉE SAPROPHYTE [11 à la baside faire saillie et se retrousser peu à peu comme un doigt de gant en repoussant la papille saillante de la spore qu'elle moulait (fig. 2, E), de sorte que lorsque la baside a pris toute son extension, elle présente elle aussi un bouton conique saillant en face de la papille de la spore (fig. 2, F). L'état de turgescence relative de la baside dure peu. Après la séparation 1l se fait au-dessous du bouton conique une contrac- tion assez brusque et cette portion du tube s’affaisse et se pisse (fig. 2, G,H). La membrane du tube se résorbe, mais le bouton conique et sa base subsistent comme dans le cas des basides aériennes. Il existe donc deux formes de columelle, saillante ou en creux, suivant que la baside est aérienne ou immergée. Ce dimorphisme n’est qu'apparent et dépend d’un simple phéno- mène d’osmose. Dans le cas des spores aériennes, le tube mycélien plonge seuldans le liquide nutritif et la tension osmo- tique à son intérieur doit croître plus vite que dans la spore placée dans l'air. Dans le cas des spores immergées, baside et spore sont en contact avec le même liquide. La spore, bourrée de protoplasme, substance à pouvoir osmotique considérable, doit prendre une turgescence plus grande que la baside remplie d'un hquide hyalin. La columelle formée d'une membrane souple se gonfle du côté où la turgescence est moindre. Il est facile de montrer expérimentalement le bien fondé de ces déductions & priori et de passer sur la même baside d'une forme de columelle à l’autre. Si on transporte sur une lame, sans adjonction d’eau, une portion du voile aérien d’un tube de carotte en voie de sporulation, on constate que toutes les basides ont une columelle saillante à l'intérieur de la spore. Si alors on ajoute une goutte d’eau à la préparation, on peut voir que toutes les columelles se retroussent : au bout d’un moment elles font saillie dans la baside. On peut suivre pas à pas ce retroussement de la columelle. C’est d’abord la pointe du bou- ton conique qui fait hernie du côté de la baside (fig. 2, J) ; bientôt la hernie s’accentue au point d'occuper toute la largeur du tube de la baside ; à ce stade, on voit la membrane latérale de la columelle repliée sur elle-même et présentant un double contour (fig. 2, K). Le mouvement se fait lentement, à la façon 112 I. GALLAUD d'un mouvement amiboïde, mais dès que la hernie à dépassé l'étranglement annulaire de la baside le retroussement s'achève brusquement, et, si la spore est presque mûre, la secousse est parfois assez forte pour la détacher. Sur les spores non mûres il nv a pas séparation et on constale que c’est maintenant la Fig. 2. — À, B, C, stades successifs de la déhiscence d'une spore aérienne (déhis- cence brusque). — D, E, F, G, H, stades successifs de la déhiscence d'une spore inmergée (déhiscence lente). — D, spore avec papille en saillie dans la baside. — E, retroussement lent de la columelle. — G, H, rétrécissement et affaissement du col de la baside. — I, J, K, L, M, stades successifs du retroussement de la colu- melle obtenus en transportant une -spore aérienne dans l'eau. (Grossissement — JUL) spore qui envoie dans la baside une papille conique (fig. 2, M}. Une autre expérience, qui contrôle la précédente, consiste à mettre sur la lame portant les basides à sec, au leu d'eau pure, un liquide à forte tension osmotique, comme de Ta glvcé- rine où une solution de nitrate de potassium à 10 p. 100. Dans ce cas, on n'obtient plus le retroussement de la columelle qui reste saillante dans la spore plasmolvsée. J'ai insisté quelque peu sur le mode de Séparation des spores dans le Delacroiria. C'est que, outre Fintérêt qu'il peut présen- ler en lui-même, il me parait constiluer un caractère de déter- minaltion important pour les espèces d'Entomophthorées, tou- jours signalé avec soin par les auteurs qui ont décrit des espèces nouvelles. ENTOMOPHTHORÉE SAPROPHYTE 173 On peut distinguer trois modes principaux de projection des spores dans les Entomophthorées connues jusqu'ici : 1° Le tube simple qui porte la spore, toujours isolée par une cloison, se rompt juste au-dessous de cette cloison. Le contenu plasmique est projeté violemment et entraine la spore à laquelle il sert en quelque sorte de manteau protecteur et d'organe d'adhésion. C’est le cas de l'£mpusa Muscæ, du Lamia Culicis. 2° La rupture du tube se fait au-dessous d’une baside diffé- renciée, de sorte que baside et spore sont projetées ensemble. La séparation ultérieure de la spore et de la baside à lieu pendant le trajet aérien. C'est le cas, unique, d’ailleurs, du Basidiobolus. 3° La baside différencie une columelle saillante dans la spore. La spore seule est projetée, et on constate qu'elle présente au point où elle était primitivement rattachée à la baside une papille claire, saillante, qui est la reproduction de la columelle. Ce type de projection se rencontre dans l'£mpusa Grylli, Ento- mophthora radicans, ÆE. ovispora, EE. curvispora, E. conica et aussi dans le Delacroirin. L'étude de ce dernier, dans le cas où les spores sont immer- gées, montre que lPinterprétation donnée pour expliquer la déhiscence est bien exacte, car on voit le phénomène se pro- duire sous les yeux de l'observateur avec une lenteur suffisante, ce qui est impossible pour les autres espèces citées, à cause de la violence et de la rapidité de la déhiscence. Cette observation montre aussi que la présence d’une colu- melle faisant saillie dans l'intérieur de la spore n’est pas un caractère constant. Elle peut être en saillie ou en creux par rapport à la baside, et c'est le jeu des forces osmotiques qui en règle la forme suivant le cas. Aussi faut-1l mettre dans la même catégorie que le Dela- croirit, au point de vue de la déhiscence, le Conidiobolus où la cloison de séparation entre spore et baside, d’abord saillante vers la spore, devient bientôt concave de ce côté. D'ailleurs, après la séparation, la columelle en creux redevient bientôt convexe comme dans le cas du Delacroiria immergé. ANN. SC. NAT. BOT. es 114 I. GALLAUD S 4. FORMATION DES SPORES SECONDAIRES. Quel est le sort des spores formées sur une baside ? Pour les spores aériennes, il dépend évidemment du substratum sur lequel elles tombent el nous verrons plus loin quelques cas particuliers de leur évolution ultérieure. Les spores qui restent immergées dans la substance nutritive à la suite d'une déhis- cence lente ou les spores aériennes qui Y sontprojetées ne tardent pas à germer el, si la nourrilure estencore abondante, elles don- nent un mycélium comme la spore d’où nous sommes partis : la même évolution recommence. Mais le fait se présente rarement: lorsqu'une culture en goutte suspendue a déjà donné des spores, le milieu est épuisé: aussi voit-on le plus souvent les spores évoluer de la facon sui- vante : elles donnent un tube germinatif qui s'allonge peu. Si dans ce parcours il à atteint la surface libre, il se fait à son extrémité une nouvelle spore et une baside qui la projette. Il ne reste dans le substratum qu'une spore et une baside vides (fig. 3, A). La spore considérée a eu une évolution très courte et a donné de suite une spore secondaire. Ce cas est très fréquent dans les cultures en tube de carotte et on s'explique la rapidité avec laquelle de pareils tubes se recouvrent de spores sur toute leur surface interne. La mince couche liquide qui recouvre la carotte est rapidement traversée et la spore projetée tombe sur la paroi de verre située en face. Là, cette nouvelle spore rencontre des conditions analogues, évolue tout aussi vite el projette sa spore secondaire à nouveau sur la carotte. À la suite de cette sorte de fusillade réciproque, il s'entasse à la fois sur le verre et sur la carotte des couches successives de spores vides, munies de courtes basides, qu'on retrouve parfois en très grand nombre et qui épaississent peu à peu le voile, Il arrive un moment où ces débris sont assez abondants pour empêcher le liquide de mouiller les nouvelles spores projelées. Nous verrons plus loin ce que deviennent alors ces dernières. Si le tube germinatif court, issu d'une spore, ne rencontre pas la surface libre immédiatement, il ne se renfle pas moins (ER 0 NU PO 0 ARS SU IE ST fu ENTOMOPHTHORÉE SAPROPHYTE 115 en une sphère où s’aceumule le protoplasme sorti de la spore origine. Il se forme alors parfois une nouvelle spore secondaire immergée à déhiscence lente. Mis, très fréquemment, la diffé- renciation ne va pas aussi loin. En un point de la sphère nou- velle ilse fait une saillie qui évolue en un tube mycélien. I1v a eu évidemment ébauche d’une spore qui s'est arrêtée dans son développement par suite d’un départ de germination préma- turée. Il se produit souvent ainsi à la suite Fune de Fautre plu- sieurs ébauches de spores disposées comme les grains d'un collier et réunies par de courts filaments (fig. 3, B). Finalement, un dernier tube mycélien vient affleurer la surface nutritive. forme une spore aérienne et la projette. On voit donc que, sauf le cas où il se forme des chlamvydo- spores dans l'intérieur de la masse nutritive et où alors toute évolution ultérieure est arrêtée, tout le protoplasme provenant de la spore du semis initial et celui qui résulte des accroisse- ments faits aux dépens du substratum nourricier, tout ce qui est vivant en un mot, émigre dans les spores projetées. [ne reste dans le substratum épuisé et dorénavant inutile que des membranes vides qui ne tardent pas à se résorber plus ou moins. SD CULTURES SUR LAMES DE VERRE SANS SUBSTRATUM NOURRICIER. SPORES ÉCHINULÉES. — SPORES EN COURONNE. Qu'arrive-tl si la spore projetée dans lair rencontre un support inerte? L'observation des tubes de culture ne permet pas de donner une réponse précise. À la vérité, les premières spores projetées de la carotte sur le tube de verre semblent bien répondre à ces conditions, mais très rapidement leur accu- mulation constitue un voile continu qui par imbibition el capillarité s'imprègne du liquide nutritif où baigne la carotte. Les spores entrent alors en germination normale. D'ailleurs, leur multiplicité est gênante pour l'observation. Un moyen plus commode consiste à disposer au-dessus de cultures larges, dans des cristallisoirs plats, des lames de verre sèches sur les- quelles on reçoit les spores projetées. Ces spores adhèrent assez fortement au verre pour qu'on 116 l. GALLAUD puisse retourner la lame ou la choquer fortement sans qu'elles se détachent. On peut même faire toutes les manipulations du fixage, de la coloration et du montage dans le baume sans qu'elles soient entrainées par les différents liquides dans lesquels on les plonge. Les lames sont lransportées sous cloches et placées à des hauteurs différentes au-dessus de Ta couche d'eau qui en occupe le fond. Ce n’est que très lentement, comme Fa montré Lesage 195! que la vapeur d’eau se diffuse dans toute la cloche, eton a ainsi des couches superposées où Fétal hygrométrique va décroissant. Dans de semblables conditions, les spores, privées de nour- riture, évoluent de facon fort différente, suivant qu'elles sont dans Fair plus où moins humide. Les spores placées non loin de la surface, et par conséquent en milieu très humide, germent bientôt. Elles donnent un tube mycélien très gros qui s'allonge peu en général. Rarement ce tube se ramifie. Dans ce cas, le protoplasme sorti de la spore se distribue dans les différentes branches, mais son évolution est bientôt arrêtée, car, ne recevant aucun apport extérieur, il est insuffisant pour assurer le développement du champi- e#non et surtout la formation des spores. Mais le plus souvent le tube germinalif reste simple ; 1l se renfle en sphère à son extrémité, tout le protoplasme S+ condense et il se fait une spore secondaire presque aussi grosse que la spore origine. Le tube différencie une baside et l'ensemble à l'aspect déjà déerit pour les basides el spores immergées, c'est-à-dire que la papille fait saillie à l'intérieur de la baside (4). I n°4 à d'ailleurs pas de déhiscence ou déhiscence lente sans projection et cela se comprend, car la baside plongée dans lair est vide et n'a aucune turgescence. Le tube germinatif et sa baside s'affaissent d'ailleurs très vite et souvent à mesure que le protoplasme émigre dans la spore nouvellement formée. Celle-ci peut ger- mer de la même facon à plusieurs reprises en donnant chaque 1) Remarquons en passant que la baside et la spore qu'elle porte se {rouvant dans le mème milieu, qui est ici de l'air humide, c'est la turgescence de la spore qui l'emporte comme dans les expériences citées plus haut à propos des spores immergées dans un liquide. ENTOMOPHTHORÉE SAPROPIHYTE 117 fois une nouvelle spore secondaire diminuée comme volume. A chaque germination, la masse vivante se trouve ainsi transportée plus loin de la longueur du tube germinatif. Dans la nature, ce mouvement de progression doit finir par amener la spore survivante en contact avec une substance nutritive, et alors le champignon reprend son évolution normale. IL est à remarquer que le transport se fait dans le même sens pour toutes les spores. Le tube germinatif est, en effet, doué d'un phototropisme positif très accusé. Il suffit de mettre la lame devant une fenêtre bien éclairée pour voir tous les tubes germinatifs s’allonger parallèlement les uns aux autres dans cette direction. Si on à placé la lame recouverte de spores assez loin de Ja surface de Peau, c'est-à-dire dans une atmosphère moins humide que précédemment, on reproduit le second mode de sporula- üon déjà vu plus haut. La spore initiale donne un tube germi- natif très court etil se forme à son extrémité une spore secon- daire où tout le protoplasme vient se condenser. Le tube court est une baside, mais, ici encore et pour les mêmes raisons, iln°y à pas de déhiscence ou déhiscence lente sans projection. Enfin, dans un milieu moins humide encore, mais non tout à fait sec, J'ai pu obtenir la forme des spores échinulées qu'on trouve très fréquemment dans les cultures âgées sur carotte {Voy. fig. 1, E). La présence de ces sortes de spicules à la sur- face des spores pourrait faire croire qu'il existe un dimorphisme conidien assez prononcé dans ce champignon. En réalité, ces formes singulières ne sont qu'un mode d'évolution particulier des spores ordinaires placées dans des conditions spéciales, et non pas une forme normale différente de celle des spores lisses que j'ai décrites Jusqu'à présent. L'observation directe de ces spores tend d'ailleurs à le mon- trer. En effet, les spores formées sur les basides dans les diffé- rents modes de sporulation que j'ai passés en revue sont toujours lisses. De même, les spores récemment projetées et recueillies sur lame n'ont jamais d'échinules à leur surface. Ce sont d’ailleurs des spores normales et arrivées à malurité complète, puisque placées dans un milieu nutritif elles y germent et 118 I. GALLAUD reproduisent le champignon dans le délai ordinaire. Ce n'est que sur des spores projelées depuis quelque temps et privées de nourriture et d'humidité, que les spicules apparaissent et il est tout naturel de penser qu'ils résultent d'une évolution de la spore postérieure à sa différenciation complète. Les cultures sur lames de verre sèches m'ont permis de m'en assurer et de déterminer dans quelles conditions se forment ces spicules. En effet, dans une atmosphère peu humide (partie supérieure d’une cloche où simplement dans l'atmosphère du laboratoiré) et sur un substratum inerte comme le verre, on voit bientôt {toutes les spores primitivement lisses se recouvrir de spicules. Ces spicules sont de forme et de taille très variables (fig. 3, C). Tantôt ils n'ont que 2 à 3 de long, tantôt ils atteignent 15 à 20 w. Même dans quelques cas exceptionnels, ils dépassent 40 w. Ce sont des tubes fins limités par une fine membrane: leur lar- geur varie de 1 à 3 u. Sur une même spore ils sont tous sensi- blement de même taille et ils semblent être d'autant plus gros qu'ils y sont moins nombreux. Le plus souvent ils sont termi- nés en pointe fine, mais quelquefois ils ont à leur extrémité un léger renflement sphérique ou aplati ; d'autres enfin sont limités par une pointe mousse. Le contenu de ces {ubes parait hyalin, mais au moven de Phématoxyline au fer, après fixation, on peut y mettre en évidence la présence d'une masse fortement colo- rable, qui semble bien être un noyau plus ou moins déformé par son déplacement dans ce tube étroit. Ce noyau occupe souvent la base élargie du spicule (fig. 3, CG, w et 4), mais on peut le rencontrer à Toutes les pla:es dans le spicule, notam- ment à son extrémité. Quelquefois il Ÿ a deux noyaux, soit à la suite lun de l’autre, soit dans chaque branche, si le spicule est exceplionnellement ramifié, comme c’est le cas de la figure 3, C, c. La production presque constante de ces spicules sur des spores placées en milieu peu humide et non nutriif montre bien qu'ils résultent d'un mode spécial de germination que nous n'avions pas encore observé Jusqu'à présent. La spore qui, dans les condilions ordinaires, ne donne qu'un nombre restreint de tubes germinatifs, toujours très gros relativement, ENTOMOPHTHORÉE SAPROPHYTE 119 en donue ici un nombre très grand et chacun d'eux est très fin. Leur évolution est, d’ailleurs, très rapidement arrêtée à cause des conditions de germination défavorables. IIS s'atro- phient à leur extrémité, le fin canalicule qu'ils présentent Sobstrue plus où moins par suite de lépaississement de la membrane. Les spores échinulées ne sont donc pas autre chose que des spores ayant subi une germination exceptionnelle et bientôt arrêtée. Ces mêmes spores sont, d’ailleurs, capables de germer à la facon normale, car, transportées dans un milieu humide et nutriuf, elles donnent lieu au même développement que les spores lisses, quoique avec un retard de germination très sen- sible par rapport à celles-ci. Il faut sans doute attribuer ce retard au durcissement plus grand de la membrane de ces spores qui ont séjourné dans une atmosphère relativement sèche. Îl arrive d’ailleurs quelquefois dans les cultures sur lame de verre que certains spicules évoluent en tubes germinatifs véri- tables. On voit, en effet, dans certains cas quelques spicules (2 ou 3 par spore), s’allonger beaucoup, tandis que les autres restent courts. Is donnent des tubes parfois très longs (jusqu'à 400 y) et très fins (2 v), le plus souvent rectilignes (fig. 3, D). Quelques-uns produisent à leur extrémité une spore ronde qui est toujours de petite taille (15 y de diamètre), mais le plus souvent ils se dessèchent, les membranes se contrac- tent, la lumière interne du tube disparait et on aperçoit sur la culture des fils très fins qui sont, en somme, des spicules déme- surément allongés. Sur le trajet de ces fils ténus subsistent des renflements qui correspondent aux membranes transversales qui ont conservé au tube son diamètre primitif (fig. 3, D). Enfin, 1l est un dernier mode d'évolution des spores échinu- lées fort curieux, qui se présente parfois dans ces cultures sur lame de verre, en milieu peu humide, pour les spores ayant des spicules relativement gros et en petit nombre. Chacun d'eux se renfle à son extrémité sans s’allonger davantage et donne une spore de pelite taille, un peu pvriforme. Tout le protoplasme de la spore initiale émigre dans ces spores secon- daires d’une nouvelle sorte qui sont bientôt projetées à une 120 |. GALLAUD faible distance, car les spicules évoluent en basides plus ou moins nettement formées fig. 3, E). La spore origine s'affaisse complètement vidée. Le nombre des spores secondaires ainsi formées est variable. I ne s’en fait quelquefois que 3 où #, mais on peut aussi en Fig. 3. — A, spore et baside vides ayant projeté une spore secondaire. — B, forma- tion de spores successives germant avant d'être projetées. — C, différentes formes de spicules; à, b, ec, spicules pourvus de noyaux. — D, développement exagéré d’un spicule en milieu peu humide, — E, spore vide et affarssée ayant donné des spores en couronne. — F, G, spores ayant donné des spores en couronne sur de petites basides placées latéralement. — H, spore ayant donné des spores en cou- ronne qui germent. — I, J, production de spicules et de spores en eouronne provoquée artificiellement sur des filaments. (Grossissement — 70 pour C et 360 pour les autres figures.) compter souvent de 15 à 20 autour d'une spore mère. Elles se produisent le plus souvent sur toute sa surface libre, mais quelquefois aussi toutes sont accumulées du mème côté Vite UT 7 Les petites spores germent elles-mêmes très rapidement et n'ont pas besoin d'une grande humidité, puisque sur la lame même où elles se sont produites, et sans qu'on Îles transporte dans un nouveau milieu, elles donnent un tube germinatif étroit et allongé (fig. 3, H). Ces formations singulières de spores secondaires ne sont pas autre chose qu'un cas particulier du fait signalé précédemment ENTOMOPHTHORÉE SAPROPHYTE 124 de spicules s'allongeant beaucoup et donnant une petite spore à leur extrémité. Iei tous les spicules entrent en action, mais ils restent courts el produisent de suite chacun une petite spore. Il s’agit très nettement, dans ce dernier cas, des spores en couronne déjà signalées par Costantin et qui ont valu au champignon son nom d'espèce (1). Ce n'est d'ailleurs pas seulement les spores échinulées qui peuvent ainsi entrer en sporulation immédiate et donner la forme de spore couronnée. La figure 3, Let J, représente un cas de sporulation qui se produit quelquefois quand on fait passer brusquement une lame chargée de spores d'un milieu très humide dans un autre qui l'est beaucoup moins. Le gros tube germinatif formé dans le premier milieu, donne de suite des rameaux fins qui se terminent en petites spores où s'accu- mule tout le protoplasme, C'est évidemment une forme de sporulation assez analogue à celle des spores en couronne et elle se produit sous l'influence des mêmes causes. S 6. RARETÉ DU « DELACROIXIA » DANS LA NATURE. — FRAGILITÉ DES SPORES. — ABSENCE DES ŒUFS. Nous venons d'étudier l'évolution du Delacroiria dans des milieux et sous des conditions physiques variés et la conclusion qui se présente à Pesprit c'est que c'est une forme bien adaptée à la vie saprophytique. Sa rapidité de germination et de crois- sance lui permet d'envahir en peu de temps un milieu nutritif et de s'assimiler rapidement une grande quantité de matériaux qui augmentent sa masse vivante. D'autre part, aussitôt que le milieu devient impropre à sa vie et dangereux pour lui, (1) Je dois dire que je n'ai jamais rencontré de spores en couronne dans les cultures en tube de carotte ou dans les cultures larges. En revanche, les spores échinulées y sont très abondantes au bout de quelques jours el donnent au voile une teinte un peu plus foncée qu'au début. On comprend facilement que des conditions assez semblables à celles réalisées ici sur les lames à sec se produisent bientôt dans les tubes de culture, grâce à la présence du voile qui empèche la vapeur d'eau de venir saturer l'espace vide, et grâce aussi à l’entassement des tubes mycéliens et des basides vides qui isolent les nouvelles spores projetées du substratum nourricier. Il est possible mème, qu'il s'y forme des spores en couronne, bien que je ne les y aie jamais observées. 122 l. GALLAUD il peut, par des séries de sporulations répétées à de très courts intervalles (spores secondaires), atteindre très vite l'atmosphère. Là, la spore où s'est condensée toute la partie vivante du champignon est projetée el court ainsi la chance de rencon- rer dans sa chute un nouveau milieu nutriif où la même évolution recommencera. Mème si ce dernier cas n'est pas réalisé et que la spore pro- jetée tombe sur un support inerte, nous avons vu que le cham- pignon, pourvu qu'il rencontre un peu d'humidité, peut encore survivre en donnant de nouvelles générations de spores (spores secondaires, spores en couronne) qui, plus petites et plus mobiles. auront chance d'assurer sa persistance. IL semblerait donc que l'énorme puissance de sporulation du Delacroirir, son aplüitude à accepter les milieux les plus variés, à les fuir quand ils deviennent toxiques ou insuffisants, devraient lui assurer une grande extension. C'est pourtant un champignon rare, qui, à ma connaissance, n'a été vu Jusqu'ici qu'à deux reprises. On peut invoquer plusieurs causes pour expliquer cetle rareté : c'est d'abord la grosseur et le poids relativement grand des spores. Elles ne peuvent rester en suspension dans l'air comme des spores de Peniciliunr où d'Aspergillus et ainsi les mouvements de l'atmosphère ne sauraient contribuer à leur dispersion. De plus, dès qu'elles ont touché un support, même {très lisse comme une lame de verre, elles + adhèrent assez fortement el ne peuvent plus être reprises et transportées plus loin par le vent, si par hasard le milieu rencontré ne leur convient pas. Mais une raison qui à mes veux est plus importante encore pour expliquer la rareté du Delacroiria, est la grande fragilité des spores. Nous avons vu que les spores aussitôt projetées entrent en germinalion si elles trouvent un milieu nutritf ou simplement assez humide. Si ce degré d'humidité leur fait défaut, très rapidement elles deviennent incapables d'aucune cermination ultérieure, même dans les meilleures conditions d'humidité et de nutrition. L'examen des spores pouvait faire prévoir ce résultat. Leur membrane est très mince el protège mal le protoplasme inté- ENTOMOPHTHORÉE SAPROPHYTE 125 tt rieur contre la dessiccation. J'ai pule vérifier directement par l'expérience et déterminer la durée du pouvoir germinatif dans quelques conditions bien déterminées. Les spores reçues sur une lame de verre sèche sont abandonnées pendant un temps variable dans une enceinte desséchée ou même dans latmo- sphère du laboratoire. On les porte ensuite dans l'eau où d'ordi- naire elles germent facilement, ou mieux dans un liquide nutritif (jus de carotte). Dans ces conditions, on constate qu'une dessie- cation de 12 heures suffit pour empêcher un grand nombre de spores de germer. Après 24 heures, sur plusieurs centaines que porte une lame, quelques-unes seulement émettent un tube germinalif. Enfin, au bout de 10 jours de séjour dans un air sec, toutes les spores sont mortes et incapables d'évoluer. On voit combien peu de temps persiste le pouvoir germinatif des spores du Delacroiriu. Cette fragilité est loin d'atteindre celle qui à été signalée par Eidam pour le Basidiobolus, dont les conidies ne résistent pas à une dessiccalion de 10 minutes. Elle est toutefois très accusée relativement à celle des spores des Mucédinées les plus communes. Les spores du Delacroiria ne sont donc nullement des organes de conservation, mais sim- plement des organes de multiplication, des ronidies en un mot. De plus, nous avons vu qu'elles sont fort mal adaptées pour une dispersion dans lespace, malgré li projection par les basides. On comprend donc que le champignon soit toujours très étroitement localisé, et que sa facilité à se nourrir aux dépens des milieux les plus variés n'a pu suffire à lui assurer une ubiquité comparable à celle des Mucorinées ou des Mucé- dinées les plus communes. Celte fragilité des spores, jointe aux difficultés que présente leur dispersion, font douter que le champignon puisse subsister sans le secours d’autres organes mieux adaptés à une conserva- ion facile. Il est bien probable que nous ne connaissons qu'une faible partie de son cycle évolutif et qu'il produit dans des conditions inconnues encore des œufs ou des spores durables. Les Entomophthorées saprophvtes étudiées jusqu'ier, le Coni- dobolus et le Basidiobolus, produisent facilement des œufs en culture artificielle. Le Delacroiria n'en donne jamais dans ces conditions. Le fait avait déjà été constaté par Costantin. Je puis 12% I. GALLAUD le confirmer ei. Jai observé le Delacroiria pendant un an et demi et je Fai placé dans les conditions les plus variées, espé- rant voir se produire une fécondation où un œuf résistant. Des cultures nombreuses sur milieux très pauvres ou dans de mauvaises conditions physiques (froid, air raréfié, cultures contaminées) ou bien n'ont rien donné, ou bien ont abouti à la formation des différents {vpes de spores que j'ai déjà décrits. S 7. ESSAIS D INFECTIONS ARTIFICIELLES. Le Delacroiria semble donc bien incapable de donner sur milieu artificiel autre chose que la forme saprophyte à conidies. J'ai employé pour la recherche des œufs une dernière méthode : celle des infections sur des êtres vivants. Je dois dire tout de suite qu'elle ne m'a encore donné, de même qu'à Costantin, aucun résultat positif. Toutefois, elle m'a fourni certaines indi- cations qui tendent à confirmer l'hypothèse que le Delarroiria présente en dehors de sa vie saprophvtique un stade de parasi- isme qui assure sa persistance. En dehors de l'intérêt botanique qu'il y aurait à connaître le evele évolutif complet de cette Entomophthorée un peu aberrante, on comprend le grand avantage qui peut en résulter dans la lutte contre certains insectes où animaux nuisibles. C'est pourquoi j'exposerai lei dès maintenant les observations que j'ai pu faire, bien qu'elles soient encore fort incomplètes et que Je n'aie pu encore leur donner l'extension que j'aurais désirée à cause de la pénurie des insectes pendant l'hiver. Toutes les Entomophthoréesconnues ontun stade de vie pen- dant lequel elles habitent des êtres vivants. Pour beaucoup même on ne connait que ce stade. Le Conidiobolus eU le Basi- diobolus, que leur faculté de pousser en milieu artificiel rap- proche du Delacroirin, sont parasites : le premier vit sur les Trémellinées, le second dans l'intestin des grenouilles et des lézards. Ina pas été fait depuis Brefeld de nouvelles recherches sur le parasilisme des Conidioholus, mais les travaux récents de Lœwenthal 1037 ont montré que le lézard n'est pas un simple collecteur occasionnel pour le Basidiobolus Larertæ et que le champignon, après avoir subi une active multiplication ENTOMOPHTHORÉE SAPROPHYTE 125 dans l'estomac de son hôte, forme des Kystes résistants (Darmform) dans son intestin. On sait aussi que Giard [89] a émis l'hypothèse que le Baxidiobolus des grenouilles est une forme de F£ntomophthora Calliphoræ. Il y a donc, outre les raisons théoriques exposées plus haut et fondées sur l'absence des œufs et la fragilité des spores du Delacroirix, des raisons d'analogie pour penser que ce cham- pignon doit avoir aussi un stade de vie parasitaire. Malheureu- sement les conditions dans lesquelles on la trouvé jusqu'ici ne donnent pas beaucoup de renseignements sur son hôte éventuel el j'ai dù opérer un peu au hasard dans mes recher- ches. De plus, la saison avancée ne m'a permis d'expérimenter que sur un nombre restreint d'animaux. Mes recherches ont porté sur des mouches (Musca domes- tica, Calliphora vomitoria) à Vétat adulte et larvaire, sur des larves de Bihio, sur des Cloportes et surtout sur des Blattes (Blatta germanica, Periplaneta orientalis). Sur aucun de ces animaux je n'ai pu obtenir d'infection ayant sûrement amené leur mort. Quand on met des Blattes affamées par un jeûne de quelques jours dans un vase contenant des morceaux de carotte sur lesquels à poussé le Delacroirin où de la farine mélangée à des spores, elles mangent avidement el absorbent ainsi des spores en grand nombre, mais dans ces conditions elles ne meurent pas plus vite que les animaux témoins. Jai ouvert les Blattes infestées ainsi par leur tube digestif. Dans beaucoup d’entre elles, les spores avalées sont visiblement attaquées, mais un assez grand nombre semblent encore intactes. De fait, jar pu relirer fréquemment du jabot, du gésier ou de l'estomac, des spores qui ont germé. Mais jamais celles de Pintestin ne m'ont montré trace d'évolution. Il semble donc que le Delacroïria ne puisse normalement traverser le tube digestif des Blattes sans être tué (1). Ce n’est donc pas par cette voie qu'il peut les infester. Je n'ai d’ailleurs pu découvrir aucun autre point de pénétra- (1) I n'en est pas de mème pour les grenouilles. Je leur ai fait avaler des morceaux de carotte recouverts de spores et j'ai retrouvé dans les excréments qu'elles ont rejetés, èn dehors de filaments et de spores manifestement tués et en partie digérés, des spores en bon état qui ont très bien germé,. 126 I. GALLAUD Uion sur le vivant. Mais, si on laisse une Blatte morte en contact avec des spores, on la trouve bientôt remplie des filaments de l'Entomophthorée. En particulier, les muscles de lPabdomen, du thorax et des pattes sont complètement envahis. Au bout de très peu de temps (un jour ou deux) il s'est faitune véritable pseudomorphose, le champignon S'élant substitué aux muscles qu'il à digérés. Par où s'est faite la pénétration ? I est difficile de le dire. Peut-être Les spores du tube digestif non encore atteintes se sont développées après la mortdePanimal ; plus vraisemblablement, sans doute, l'infection vient du dehors. Les filaments percent la cuticule aux points où elle offre le moins de résistance, aux articulations. I semble même qu'ils pénètrent de préférence à la partie inférieure du thorax, là où le premier article des pattes protège le corps eLoù par suite a chitine est très mince : ce qui semble le prouver, c'est que si on suit l'extension du champignon dans le corps de la Blatte, on voit qu'il s'étend toujours du thorax dans les pattes, envahissant d’abord les articles proximaux pour gagner ensuite les plus éloignés. L'allure du champignon qui attaque ainsi le cadavre de la Blatte n'est pas sans présenter quelque intérêt. On le trouve toujours sous sa forme mycélienne et ilne forme des spores qu'à l'extérieur, au niveau des articulations, lorsqu'il a réussi à per- cer la carapace. Ce mycélium ne ressemble pas, d'ailleurs, à celui obtenu en culture arlificielle, I est formé d'éléments séparés, peu où pas ramifiés, généralement peu allongés (fig. #, A). Peut-être ces sortes de boudins résultent-ils de la désarticula- lion des articles à mesure qu'ils se forment. En tout cas, ils présentent une assez grande analogie avec le mycélium de l'Enpusa qui remplit le corps des mouches envahies. Jar pu observer encore ce même aspect du mycélium dans une Guêpe et des Cloportes envahis par le champignon après leur mort. Ces expériences et observalions montrent évidemment que la Blatte n'est pas Fhôte normal du Delarroirin, mais elles semblent prouver que son immunité vis-à-vis de lui Gent plutôt aux moyens de défense extérieurs de Finsecte qu'à une Imcapa- cité du champignon à vivre dans ses tissus. M°° Filatof [031 a déjà insisté sur la grande résistance offerte par les parois ENTOMOPHTHORÉE SAPROPHYTE 127 digestives des Blattes à la pénétration des parasites et sur Ja puissance de destruction de leurs sucs digestifs pour diverses bactéries. On comprend donc que les spores ingérées ne se développent pas et n’amènent pas l'envahissement de linsecte, mais la grande rapidité d'extension du Delacroiria dans les muscles de lanimal mort, son mode de eroissance rappelant celui de PÆ£rpusa font penser qu'il pourrait fort bien s'attaquer à un insecte qui lui offrirait une porte d'entrée moins résis- tante que les Blattes. S 8. OBSERVATIONS CYTOLOGIQUES SUR LE «€ DELACROIXIA ». La facilité avec laquelle pousse le Delacroiriu permet de l'obtenir à volonté à tous les stades de son développement. Jai donc pu en faire une étude eytologique assez détaillée. Les tra- vaux de Eidam [87], Vuillemin {90,95}, Cavara [99], Raci- borski [96], Fairchild /96}, Lœæwenthal [03], nous ont déjà fait L connaître assez exactement la structure intime des Ento- mophthorées. Aussi je ne signalerai ici que les particularités les plus importantes que j'ai remarquées ou celles qui me paraissent propres au Delacroirin. 1° La membrane. — La membrane du Delacroiria est tou- jours très mince. Elle s'épaissit légèrement sur les kystes signalés plus haut et sur les spores ; enfin, les spores échinu- lées ont elles-mêmes une membrane un peu plus épaisse que les spores lisses. Cette membrane est très souple et jamais rigide. Nous en avons eu une preuve dans les mouvements variés que peuvent subir la columelle de la baside et la papille de la spore. Malgré cela la membrane est assez fragile, surtout celle des filaments mycéliens ; le simple fait de transporter une touffe de filaments dans une goutte d’eau en fait se rompre un grand nombre qui laissent échapper leurs granulations. Au point de vue de sa nature chimique, la membrane ne présente pas la réaction de la cellulose. Si l’on vient à traiter par le chlorure de zinc ou le chlorure de calcium 1odés un léger fragment de carotte et les filaments qui y adhèrent, seule Ja membrane des cellules de la carotte se colore en bleu ou en 128 1. GALLAUD bleu violet, alors que les filaments souvent logés dans ces cel- lules restent incolores. De même, le rouge de ruthénium qui colore vivement les membranes de la carotte n'agit pas sur celles du champignon, ce qui indique pour ces dernières Fabsence de composés pectiques. Avec le bleu d'aniine lon n'obtient pas non plus la colora- Uion de la membrane, sauf cependant pour la portion annu- laire qui est située immédiatement au-dessous du chapeau de la baside et qui se teint en bleu ciel. Ies{Cintéressant de remar- quer que c'est celle portion de la baside qui S'affaisse sur elle- même dès que la déhiscence lente s'est produite; il est fort probable que le fait ent à là structure chimique spéciale de la membrane en cel endroit. Les colorants des matières azotées, Fhématoxvline, la lfuchsine, se fixent énergiquement sur les membranes. L'iode les teint en jaune chur. Je n'ai puessaver sur le Delacroiria les réactions de la chitine indiquées par Van Wisselingh !98! et ne puis dire S'ilen ren- ferme. En tout cas, Pensemble des réactions précédentes semble indiquer dans la membrane la présence d'une substance azotée, l'absence de composés pectiques et de cellulose, la localisation de la callose en des points nettement délimités. 20 Le protoplasme el ses granulalions. Si on cherche à exa- miner le protoplasme sur un filament vivant de Delacroiria, il est difficile de se faire une idée exacte de sa constitution à cause de là grande abondance des granulations de nature variée qu'il renferme. Ce n'est qu'aux extrémités des Jeunes filaments en voie de croissance qu'ilen est dépourvu. Là 1l'appa- rait comme une substance très hyaline et homogène, puis il se charge de granulalions fines dont le nombre et le volume aug- mentent de plus en plus quand on s'éloigne du point de croissance (fig. #, B). Dans les filaments jeunes, par exemple dans les tubes germinalifs qui sortent des spores, le proto- plasme remplit exactement le tube mycélien et on peut + constater l'existence de mouvements internes qui provoquent le déplacement des granulations ; mais bientôt là masse homo- sène se creuse de vacuoles qui s'accroissent avec l'âge du Ann. des Sciences nat., 9° série. =) LT Cécidies du Juniperus Sabina. Bot. Tome Li PIN: Masson et Ci, Éditeurs. Li . ET el (CES MASSON ET C", ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MEDECINE — 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (vit). VIENT DE PARAITRE COURS ÉLÉMENTAIRE d'Histoire Naturelle (Zoologie, Botanique, Géologie et Paléontologie) Rédigé conformément aux programmes du 31 mai 1902 PAR MM. M. BOULE E.-L. BOUVIER PROFESSEUR AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE PROFESSEUR AU MUSÉUM D HISTOIRE NATURELLE MEMBRE DE L'INSTITUT H. LECOMTE PROFESSEUR AU LYCÉE SAINT-LOUIS 8 volumes in-16, cartonnés toile anglaise et illustrés de très nombreuses figures PREMIER CYCLE Notions de Zoologie (Classes de sixième A et B), par E.- L. Bouvier... .... 2 fr. 50 Notions de Botanique (Classes de cinquième A et B), par H. LecomTE ...... 2 fr. 75 Notions de Géologie (Classes de cinquième B et quatrième A), par M. Bouc. 1 fr. 75 Notions de Biologie, d'Anatomie et de Physiologie appliquées à l'homme (Classe de troisième B}, par E:-L: BouvIER:.........,..........:...... 2 fr. 50 SECOND CYCLE Conférences de Géologie (Classe de seconde A, B, C, D), par M. Boure..... 2 fr. 50 Anatomie et Physiologie végétales (Classes de philosophie et de mathéma- uques A'el/D} par becomes ee me... ... AA 1e 2 MSN 2 fr. 50 Anatomie et Physiologie animales (Classes de philosophie et de mathéma- tiques-A. et B},;parE.=L'BoUvIER:......:...:.,...........:.... 4%. 4:ir.-Uy Conférences de Paléontologie (Classes de philosophie A et B et de mathé- matiques Xet B); par Me BOULE... ..............:.0. anne. 2fr. » TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER Liste des Algues marines de la Barbade (/in), par Mlle A. VicKkeRrs. 63 _ Recherches anatomiques sur les Diptérocécidies des Gené- snors-par MC. HOUARDE 7 Se RP TESTS EE 67 Études sur une Entomophthorée saprophyte, par M.J. GaLLaup. 101 TABLE DES PLANCHES ET FIGURES DANS LE TEXTE CONTENUES DANS CE CAHIER _ Pcancne I — Diptérocécidies du Juniperus Sabina. Figures dans le texte 1 à 59. — Diptérocécidies des Genévriers. ©" Consrit. Imprimerie En, Cugrt. ELA . AR Le ee 1 Pod t ele RSS Es St 7 2 LU v sut À bé: dé sféhpte me. ia ART LT ET T. L N° 3, À et 5 ANNALES | DES £ Lo: 4 SCIENCES NATURELLES 4 NEUVIÈME SÉRIE ; BOTANIQUE : COMPRENANT 4 L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION 2 DES VÉGÉTAUX VIVANTS ET FOSSILES 57 PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE F M. PH. VAN TIEGHEM ; TOME I. — N°3,4et5. PARIS MASSON ET Cx, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain 1905 Paris, 30 FR. — DÉPARTEMENTS ET ÉTRANGER, 32 FR. Ce cahier a été publié en juillet 1905. Les Annales des Sciences naturelles paraissent par cahiers mensuels. NEUvIÈNE ÊTE BOTANIQUE Publiée sous la direction de M. Pu. vAN TIEGHEM. L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 400 pages, _ avec les planches et les figures dans le texte correspondant aux mémoires. é Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle 9 _ d’une année. Les tomes I à XX de la Huitième série sont complets. dun pi M'A . hu : n CT ZOOLOGIE Publiée sous la direction de M. EpMOND PERRIER. L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. _ Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle 2 » d'une année. LS _ Les tomes I à XVIII sont complets, 3 Prix de l'abonnement à 2 volumes : Paris : 30 francs. — Départements et Union postale : 32 francs ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES | Dirigées, pour la partie géologique, par M. HÉBERT, et pour la partie | # “#4 paléontologique, par M. A. MILNE-EDWaRDs. _ Tomes I à XXII (1879 à 1891). Chaque volume ......... 5 fr. Cette publication est désormais confondue avec celle des Annales _ des Sciences naturelles. 4 Prix des collections. _ PREMIÈRE SÉRIE (Zoologie et Botanique réunies), 30 vol. (Rare) ; _ DEUXIÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie 20 vol. 9250 fr. à TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie 20 vol. 250 fr. 54 QUATRIÈME SÉRIE (1854-1863). Chaque partie 20 vol. 250 fr. CINQUIÈME SÉRIE (1864-1874). Chaque partie 20 vol. 250 fr. SIXIÈME SÉRIE (1875 à 1884). Chaque partie 20 vol. 250 fr. SEPTIÈME SÉRIE (1885 à 1894). Chaque partie 20 vol. 300 fr. DÉOLOGTE, 22 - NOMBRE MENT. HN COREERRSE 330 fr. ENTOMOPHTHORÉE SAPROPHYTE MEN AS filament:; peu à peu ces vacuoles constituent, par leur réunion dans la région proximale, une grande vacuole qui repousse le protoplasme vivant et homogène vers Fextrémité du filament. Sur des échantillons fixés au pieroformol de Bouin et colorés au vert lumière, la structure du protoplasme apparait plus nettement, car les granulations ne prennent pas le colorant. Dans ces conditions, le protoplasme se montre sous l'aspect d'un réticulum assez régulier formé d'une substance colorable au vert lumière ; Fhyaloplasme maintenu dans les mailles est moins coloré (fig. #,C, D, H). Cette structure, facilement visible dans les jeunes filaments, se retrouve dans les spores (fig. #, E). Cavara {99}, qui a étudié à ce point de vue un certain nombre d'Entomophthorées, signale chez elles Ta même structure, observée, d'ailleurs, après un mode de fixation différent. Les granulations st nombreuses dans le protoplasme sont très variables de forme, de dimensions et aussi de nature chimique. Elles se présentent sous forme de grains réfringents, à contours arrondis, dont la taille peut atteimdre 3 . Ces grains sont très nettement délimités, mais on ne saurait admettre pour eux la présence d'une membrane propre. Ce sont simplement les diffé- rences de tension superficielle entre eux et le protoplasme qui les maintiennent isolés et comme en émulsion. Cette émulsion est détruite en partie par ladjonction à la préparation d'une goutte d'acide lactique ou de glycérine. On voit alors certaines eranulations s'agglomérer el se souder en amas plus considé- rables, Toutes les granulations protoplasmiques n’ont pas, d'ailleurs, la même constitution. Certaines sont formées de substances grasses que les vapeurs d'acide osmique colorent en noir fig. 4, F). Elles sont particulièrement abondantes dans les spores. D'autres se colorent en jaune d'or par liode et fixent énergi- quement lhématoxyline, la fuchsine et, en général, tous les colorants des matières azotées. Enfin, j'ai pu mettre en évidence parmi les granulations protoplasmiques la présence de corpuscules métachromatiques, qui, à ma connaissance, n'avaient pas encore été signalés dans -les Entomophthorées. Peut-être faut-il regarder comme tels ANN. SC. NAT. BOT. I. 9 130 I. GALLAUD les granulalions signalées par Cavara [991 dans le protoplasme de l'£rpusa Muscæ qui sont capables de prendre les colorants nucléaires. En tout cas, 1l est facile de les caractériser dans le Delacroirin. Après fixation au picroformol et par des colora- lions à l'hémalum ou mieux au bleu polychrome et régression Fig. #4 — À, différentes formes de filaments isolés, retirés d’une patte de Blatte. — B, extrémité d’un filament en voie de croissance. — C, filament jeune montrant læ structure réticulée du protoplasme : noyaux et corpuscules métachromatiques. — D, filament avec corpuscules métachromatiques groupés dans des vacuoles. — E, spore montrant la structure réticulée du protoplasme qui contient quelques corpuseules métachromatiques. — F, filament avec gouttelettes huileuses. — G, noyaux arrondis et noyaux étirés. — H, noyaux étoilés sans membrane. — I, noyaux déformés par des déplacements protoplasmiques. (Grossissement = 130 pour À, et 780 pour les autres figures.) dans un mélange de glvcérine et déther on aperçoit, souvent en grande abondance, des grains qui tranchent par leur cou- leur rouge sur le fond bleu de la préparation. IIS sont isolés et alors souvent entourés d'une auréole clure où bien groupés en grand nombre dans une sorte de vacuole dont ils occupent les parois (fig. 4, D). Généralement de petite taille et arrondis, ils peuvent parfois fermer des masses plus grandes de 3 à 4 y de large à contours irréguliers. Ts semblent alors résulter de la soudure de granules plus petits. Dans les spores où 1ls existent aussi, ils sont en général isolés (fig. 4, E). 3° Le noyau. — Je me suis attaché plus particulièrement à l'étude des noyaux. Dans un travail récent, Cavara [991 à insisté sur l'importance des noyaux pour la détermination et la déli- mitalion des groupes dans les Entomophthorées. Il a pu ainsi séparer très nettement les deux genres souvent confondus des Entomophthora et des Empusa. Dans le premier, 1l existe un ENTOMOPHTHORÉE SAPROPHYTE 131 seul noyau par segment et par conidie ; dans le second, il y a un grand nombre de noyaux dans chaque conidie et dans chaque segment, qui est ainsi un article. C'est à ce dernier groupe qu'appartient le Delacroiria. On peut mettre les noyaux en évidence par la méthode de colora- lion à l'hématoxyline ferrique après fixation au picroformol ou à la liqueur de Perenyi. Toutefois, on ne les observe avec une grande netteté que dans les filaments où les granulations sont rares, car ces dernières fixent fortement l'hématoxvline. Les noyaux se présentent le plus souvent sous la forme de petites sphères de 2 à 3 » de diamètre, limitées par une fine membrane. Leur masse est formée d'une substance hyaline peu colorable, au centre de laquelle se trouve un globule arrondi fixant énergiquement lhématoxyline. C’est la structure ordinaire des noyaux des levures et de beaucoup d'hyphomyeètes. Is sont plongés dans le protoplasme et sou- vent réunis en groupe (fig. #, G). La substance qui les forme est très plastique et la membrane limitante très élastique, car, s'il arrive qu'ils soient entraînés par les mouvements protoplasmiques dans un espace restreint (par exemple, entre une vacuole et la membrane du filament), ils s'allongent et prennent une forme elliptique très aplatie (fig. 4, G). La structure précédente est celle du novau au repos, mais il arrive fréquemment d'observer d’autres aspects nucléaires. Souvent le noyau se montre dépourvu de membrane et réduit à une masse chromatique fortement colorable d'aspect étoilé dont les branches sont orientées suivant les mailles du réseau protoplasmique (fig. #, H). À cet état, Le noyau est encore très plastique, car, dans les filaments où le réseau est manifeste- ment étiré dans une direction déterminée, les noyaux s’allongent alors en filaments étroits (fig. #4, 1). De même, lorsqu'un noyau s'engage dans les spicules des spores échinulées, on le voit s'étirer et se mouler sur la cavité interne du spicule (fig. 3, C, a et b). Dans les spores les noyaux sont fort nombreux. Ils ont la structure en étoile sans membrane nette. Je n'ai pas réussi, à cause de la petitesse des noyaux, à voir 132 I. GALLAUD des divisions nucléaires authentiques et ne puis indiquer sui- vant quel mode elles se produisent. SO. AFFINITÉS DU « DELACROIXIA ». Il est peut-être prématuré de vouloir donner une idée des affinités du Delacroirix dans la famille des Entomophthorées, surtout si, comme je le pense, nous ne connaissons qu'une partie de son eyele évolutif. La découverte des œufs de ce champignon donnera sans doute des indications précieuses à cet égard. Toutefois, ce qu'on connaît de son genre de vie el de son appareil végétatif et conidien permet de Jui assigner une place déterminée parmi les formes de cette famille où, pour beaucoup d'entre elles, on est beaucoup moins bien ren- selgné. Le Delacroiria, par son aptitude à vivre sur des milieux nutritifs inertes, se range naturellement à côté des Coridiobolus et des Basidiobolus. Ce dernier, ainsi que Pont montré les tra- vaux de Fairehild {96}, de Raciborski [96 !et de Læwenthal 105}, se place tout à fait à part dans les Entomophthorées, à cause de sa structure cylologique, de ses réactions en présence de différents milieux nutritifs et de son mode de conjugaison. C'est un véritable être monocellullaire vivant en colonies que Raciborski rapproche des Chvtridinées et Læwenthal des Pro- listes. Nous avons vu, en outre, que Ja structure de ses basides et son mode de projection:des spores, décrits par Eidam {87}, lui sont bien spéciaux et ne se rencontrent que chez lui. Le Delacroiria, par sa structure en articles pourvus de nombreux novaux, à cause du mode de projection de ses spores, s'éloigne nettement de lui. Au contraire, ilme parait se rapprocher étroitement du Conidiobolus par son habitat pro- bable dans la nature, par son mode de végétation en cultures arlificielles, par la formation et la projection de ses spores. Je ne saurais dire si lanalogie se poursuit jusque dans la struc- Lure evtologique, car elle n'a pas été étudiée pour le Conidio- bolus. Malgré ces ressemblances, le Delacroiria mérite cependant ENTOMOPHTHORÉE SAPROPHYTE 133 de former un genre différent de celui du Conidiobolus. L'ab- sence des œufs en culture artificielle, la haute différenciation des basides, et surtout le mode d'évolution des spores ordinaires en spores échinulées et spores en couronne, justifient pleine- ment la création d'un genre et d'une espèce pour cette forme que Costantin à le premier découverte et dénommée (1). (1) Ce travail a été fait au laboratoire de Botanique de l'École normale supérieure, sous la direction de M. Matruchot, à qui j'exprime ici mes vifs sentiments de reconnaissance pour l'hospitalité qu'il a bien voulu m'y donner. 1884. 1899. 1899. 1897. 1887. 1896. 1904. 1889. 1895. 1903. 1896. 1890. 1895. 1898. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE BrerELp (0.), Untersuchungen aus den Gesammtgcbiete der Mykologie, VI. Cavara (F.), 1 nuclei delle Entomophthoreæ in ordine alla filogenesi di queste piante. Bull. d. Soc. bot. itul. Cavara (F.), Osservazioni citologiche suile Entomophthoreæ. Nuovo Giorn. bot. ital. (Nuova Serie), VE. CosraxTix (J.), Sur une Entomophthorée nouvelle. Bull. Soc. mycol. de France, XUI. Eipax (Ep.), Basidiobolus, eine neue Gattung der Entomophthoraceen. Cohn's Beiträge, IV. FuremzLo (D.-G.), Ueber Kerntheïlung und Befruchtung bei Basidio- bolus Ranarum Eid. Pringsheim's Jahrbüch., XXX. Ficarorr (E.-D.), Ueber das Verhalten einiger Bakterienarten zu dem Organismus der Bombyx Mori (L) und der Periplaneta orientalis bei artificieller Infection derselben. Centralbl. f. Bakt., I° Abt, Bd XI. Giarp (A.), Sur quelques types remarquables de champignons entomo- phytes. Bullet. de la France et de la Belgique, 3° série, I. LEsAaGe, Formation lente, distribution et propriétés de la vapeur d'eau dans une enceinte fermée. Association française pour l'avancement des Sciences (Congrès de Bordeaux). Lowexruaz, Beitrage zur Kenntnis des Basidiobolus Lacertæ. Archiv für Protistenkunde. Racisonskr (M.), Ueber den Einfluss üusserer Bedingungen auf die Wachsthumsweise des Basidiobolus Ranarum. Flora. VuiLEmIX (P.), Titres et travaux scientifiques. Paris. VuiLLEMIN (P.), Deuxième notice sur les travaux scientifiques. Nancy. WissELINGH (C. va), Microchemische Untersuchungen über die Zellwände der Fungi. Jahrb. f. wiss. Bot., XXXI. RECHERCHES LES BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS Par M.E. GOUMY INTRODUCTION Tous les horticulteurs ont essayé de régulariser et d’aug- menter les productions des arbres fruitiers. Les plus habiles d’entre eux, après une observalion rigoureuse et souvent fort bien faite des caractères extérieurs des diverses parties des arbres à fruit, ont effectué de nombreuses expé- riences sur les transformations que ces parties peuvent subir. {ls ont pu établir ainsi un certain nombre de règles et de prin- cipes relatifs à la culture et surtout à la taille des arbres de nos vergers. Ces arbres ne fructifient pas dès la première année de leur existence. Alors que la plante herbacée annuelle ne présente que des ramifications développées dans une seule période de végétation, et une seule fructification, l'arbre fruitier ne donne des fruits qu'après s'être constitué, parfois en plusieurs années, une charpente capable de les supporter. Les arboriculteurs ont parfaitement reconnu qu'il y à une relation entre la production fruitière et la production rameuse annuelle de l'arbre, entre les rameaux à fleurs et les rameaux à bois. Ce rapport, nul d'abord, puisque dans les premières années l'arbre ne produit pas de fruit, va peu à peu en crois- sant pour l'arbre adulte à mesure que sa fructification devient 156 E. GOUMY plus abondante et finit par se renverser dans l'arbre vieilli lorsque l'arbre donne d'autant plus de fleurs qu'il produit moins de bois. La taille a pour but de maintenir à ce rapport une valeur sen- siblement constante. En exagérer lun des termes, c'est sacri- fier la récolte à la beauté du sujet, où inversement ruiner l'arbre en exigeant de Jui en une seule année une excessive production. La taille doit être raisonnée. Guidés par les seuls caractères extérieurs, la plupart des arboriculteurs la pratiquent aujourd'hui selon certains prin- cipes empiriques dont la valeur réelle ne peut se mesurer qu'aux résultats obtenus. I nous à paru intéressant de rechercher S'il ne serait pas possible de découvrir une méthode rationnelle de taille, fon- dée sur l'observation des caractères anatomiques des plantes à fruits. Comme il peut se faire que des productions rameuses pla- cées dans certaines conditions se transforment en productions fruitières et inversement, il est évident que la recherche des méthodes de taille rationnelle doit reposer sur la connaissance des conditions dans lesquelles ces transformations peuvent S'accomplir. Iest clair d'autre part que cette méthode est su- bordonnée à la connaissance parfaite des organes capables de subir ces transformations. Au nombre de ces organes eten première ligne se place le bourgeon à fruit. C'est donc par l'étude complète du bourgeon à fruit que nous commencerons la série de nos recherches. M. Daniel, en accomplissant ses remarquables travaux sur la greffe, à été tout naturellement amené à parler des produc- lions fruitières. Nous avons puisé dans ses ouvrages d'excel- lents renseignements et leur lecture nous à encouragé à persé- vérer dans lidée que nous avions eue de commencer une série de recherches dont le présent travail n’est que Fintro- duction (1). (1) Peu d'auteurs ont recherché jusqu'ici les caractères particuliers des productions fruitières et la question a été peu étudiée au point de vue scienli- fique. Nous citerons ces auteurs au cours de notre travail. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 151 Voulant examiner en détail et avec une scrupuleuse atten- tion l'organisation du bourgeon à fruit, nous nous sommes adressés d'abord à une seule espèce : Pirus communis: nous avons suivi sur de nombreux sujets le développement de ce bourgeon depuis son apparition Jusqu'à léclosion des fleurs. Les nombreux échantillons que nous avons recueillis nous ont permis de faire une étude anatomique de ce bourgeon pen- dant les différentes périodes de son existence. Nous allons donc, dans les pages qui vont suivre, écrire en quelque sorte l'histoire morphologique et anatomique du bourgeon à fruit. CHAPITRE PREMIER ÉTUDE MORPHOLOGIQUE ET ANATOMIQUE DES YEUX A BOIS ET DES YEUX A FRUIT SUR LE RAMEAU DE L'ANNÉE. Le bourgeon terminal d'une branche de Poirier (fig. 1) se développe au printemps et donne une production feuillée dont la longueur s'accroît très rapidement. Nous con- = À serverons à cette pousse annuelle le nom que les Ë arboriculteurs lui ont donné : le Rameau, et nous conviendrons de lui laisser ce nom jusqu'au mo- ment où, après avoir subi la taille et passé lhi- ver, il commencera à donner lui-même par celui de ses bourgeons que la taille à rendu terminal, Fig. 1. — Bour- un nouveau rameau. geon devenu © Fa : se terminal après Ce rameau, examiné vers le mois de Juin, par la taille. exemple, présente à sa surface de petits corps coniques, écailleux, que les botanistes appellent d'un nom général de bourgeons, et qu'il nous parait préférable d'appeler des yeur pour éviter une confusion qui deviendra plus tard évidente. Aspect erlérieur des yeur. — Si, laissant de côté la dispo- sition de ces veux, nous nous occupons plus spécialement de l'aspect de chacun d'eux, nous apercevons des caractères extérieurs très nets qui permettent de les distinguer entre eux. Biégion inférieure. — Les veux placés à la base du Rameau Mig. 2) (ordinairement au nombre de 3 ou #) sont plats et se déve- loppent difficilement. HS restent «œil dormant ». Les feuilles du rameau, el par suite les veux, sont à celendroit séparés par des entrenœuds plus courts que dans la partie moyenne. Les yeur dormants, bien que les premiers formés, ne sont guère que des yeur de remvolacement. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 139 Région moyenne. — Les entrenœuds augmentent alors assez brusquement de longueur, et, dans la partie suivante du rameau, les veux sont bien développés, légèrement arrondis, d'une teinte brun foncé. Les feuilles à laisselle des- quelles ils sont nés présentent un pétiole bien constitué, mais nous avons pu remarquer, en \ examinant de très nombreux échantillons, que X] ces feuilles ne possèdent généralement pas de L stipules à la base de leurs pélioles(1). \ Cette région comporte, en général, de 3 à 5 entrenœuds. K Réçion supérieure. — Enfin, la partie termi- nale du rameau, d’une longueur très variable, . suivant les espèces, la nature du sol, la tempé- K rature et le degré d'humidité, porte des veux l Zn assez différents des précédents: en général, ils | sont moins volumineux, d’une teinte plus elaire, el présentent chez les espèces vigoureuses un 4 commencement de développement. L) Ils portent, en effet, le plus souvent, deux sea Ne Fig. 2. — Division peltes feuilles naissantes et quelquefois même théorique du ra deux autres feuilles plus petites en forme de "eu 0 en pointes barbelées; enfin la feuille enserrant distinctes. l'œil présente le plus souvent deux stipules à la base de son pétiole, un seul quelquefois est développé (2). La division que nous venons de faire du rameau d’un an en trois régions correspond bien à une réalité, car le simple examen d'une branche plus âgée montre, par la disposition. des fruits qu'elle porte, que, seuls, les veux de la région moyenne sont destinés à la fructification, ceux de la région terminale ayant tous donné des productions rameuses et ceux de la région basilaire ne s'étant pas développés. Est-ce à dire qu'aussitôt formés sur le rameau de lPannée, ces yeux sont déjà différenciés en vue d'un rôle spécial et qu'ils (1) Celte observation ne s'applique pas aux espèces très vigoureuses. (2) Ces observations s'appliquent, nous le répétons, à de jeunes rameaux du mois de juin. Une semblable étude, faite quelques mois plus tard, donnerait des résultats un peu différents et moins précis, comme nous le verrons par la suite. 140 E. GOUMY ne sauraient se développer autrement qu'en produisant: ceux-ci des fleurs, ceux-là du bois? I ne semble pas que la spécialisation soit ausst précoce, car les horticulteurs savent fort bien qu'en tullant un rameau au- dessus d'un œil présentant tous les caractères de œil à fruit», celui-ci s'emporte à bois. Par conséquent, notre division en trois régions du rameau d'un an, bien que correspondant à la généralité des phéno- mènes, ne saurait être prise dans un sens trop absolu (1 Ces observations avant trait uniquement aux caractères extérieurs, il nous à paru intéressant de rechercher si elles correspondent à des différences internes. Étude anatomique. L'étude anatomique de œil comporte un ensemble de re- cherches avant pour but de déterminer : 1° La structure de l'œil au mois de juin, c'est-à-dire à une époque telle que le rameau de printemps ait acquis un dévelop- pement suffisant pour que les veux qu'il porte soient complète- ment formés. 2° Les différences de structure entre un œil à fruit et un œil à bois. 3° La structure de ces mêmes organes à la fin de l'automne et au commencement même de Fhiver, de manière à se rendre comple des transformations qu'ils subissent pendant Fété. 4° Les différences entre un œil bien constitué et le bourgeon terminal du rameau, chaque œil pouvant être considéré comme un bourgeon auquel ilne manque, comme nous le verrons plus lard, qu'un afflux de sève pour donner un rameau. 5 Enfin, nous avons pratiqué certaines opérations bien connues des arboriculteurs : le pincement et le cassement, el nous avons étudié la répercussion qu'elles peuvent avoir sur la structure des veux de la portion du rameau laissée en place (2): (1) Nous étudierons à la fin de ce travail des cas de développements très différents, el nous essaierons de montrer qu'ils ne sont pas en contradiction avec les règles que nous venons d'exposer. (2) M. Daniel a étudié surtout les structures comparées d'un rameau pincé et d'un rameau conservé entier, Il nous a paru intéressant de rechercher si BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 141 Nous expliquerons plus loin en quelques lignes en quoi con- sistent ces opérations et les résultats qu'elles nous ont permis d'obtenir. 6° Chaque fois que nous avons eu l'occasion de faire une série de coupes à divers niveaux d'un bourgeon, nous en avons distrait quelques-unes pour v rechercher Famidon et v observer les quantités relatives d'oxalate de calcium et sa localisation. C'est dans l’ordre que nous venons d'indiquer que nous pré- senterons la série de nos recherches sur ce point spécial de notre sujet. I. — Étude de l'œil à fruit au mois de juin. Examinons une coupe transversale faite à la base d'un ail à fruit. Cette coupe est faite à un niveau Lel que les tissus qui 2 Fig, 3. — Coupe transversale à la base d'un œil à fruit de Pürus communis : flb, fais- ccau libéro-ligneux ; 4, bois; £, liber ; ag, assise génératrice; scl, sclérenchyme : cr, cristaux d'oxalate de calcium. continuent directement ceux du pétiole fassent partie inté- grante de la coupe, sans qu'on puisse encore observer entre les issus de l'ail ‘proprement dit et ceux du péliole aucune solu- cette opération n'a pas un retentissement sur la structure des yeux laissés en place à la base du rameau. 1 42 E. GOUMY 19 ion de continuité. La coupe renferme donc, comme le repré- sente la figure 3, ensemble des tissus de l'œil et les trois fais- ceaux Hbéro-igneux qui se rendent au pétiole. Région médullaire. — La région médullaire présente des cel- lules allongées dans le sens radial, établissant la continuité entre le issu médullaire du rameau et la moelle de l'œil. La région centrale est formée de cellules à parois minces, dont la plupart sont arrondies, ce qui explique la présence de petits méats intercellulaires très nombreux. Tissu conducteur : Bois. — Un méristème vasculaire assez abondant, renfermant un nombre assez restreint de vaisseaux lignifiés, constitue l'appareil conducteur de la sève brute. Ces fibres ligneuses ne forment pas dans l'ensemble un anneau cir- culaire ou affecté d'une légère dorsiventralité semblable à celui que forment les vaisseaux ligneux du rameau, mais la courbe qu'ils décrivent présente deux pôles très marqués. Aux points extrêmes, cependant, les fibres sont plus abon- dantes et les vaisseaux plus nombreux : elles proviennent des faisceaux libéro-ligneux médians des deux écailles basilaires. IL est du reste facile de remarquer que, par endroits, des fibres sont ainsi réunies en pelits paquets, lesquels proviennent égale- ment des faisceaux se rendant aux écailles qui s’'insèrent à un niveau un peu supérieur. L'assise génératrice (ag) est très bien représentée. Le liber (l) est relativement beaucoup plus abondant que le bois. Il est formé de petits éléments, séparés par de grandes cellules parenchymateuses. Dans un œil à fruit complètement formé, nous verrons que le Hber prédomine toujours sur le bois. | Péricycle. — Le hber est limité par une ou plusieurs rangées de cellules plus aplaties, assez irrégulièrement réparties. Le périeycle est done mal définr. Selérenchyme. — Le sclérenchyme fait défaut, sauf en quel- ques points, voisins du rameau (sc/). Tissu corlical. — Xe issu cortical, qui fait suite au péricyele, estformé de cellules semblables à celles de la moelle, mais plus irrégulières, moins arrondies. Enfin, une nouvelle assise de cellules aplaties limite la zone BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 143 du tissu cortical qui appartient en propre à l'œil. Au voisinage des trois faisceaux libéro-ligneux quise rendent au pétiole, et surtout au niveau des deux faisceaux latéraux, on observe une assise formée de plusieurs rangées de cellules très aplalies, mais à parois peu épaisses. Nous trouvons enfin des cellules analogues à celles du paren- chyme cortical, ces cellules entourent les trois faisceaux libéro- ligneux qui se rendent au pétiole. Proportions relatives des tissus. — Si, prenant pour unité l'écorce (au sens ancien du mot) on essaie d'établir Les propor- tions relatives des divers tissus entre eux, on obtient les résul- tats suivants : ÉCOrCe se PMR Re et DEN: 1 TON MIIDE LEE RER : DS Teva er à de Quelques fibres. MOCITOS RE LEE RE RE MR RE Er. 9 .l Répartition de l'oralate de caleiuin. — La moelle ne renferme que de rares cristaux d’oxalate de calcium. Dans la région libé- rienne, l’oxalate est plus abondant ; mais les cristaux, beaucoup plus petits, ne sont généralement pas maclés. L'écorce au contraire renferme d'abondants cristaux, surtout dans la région correspondant à l'insertion du pétiole de la feuille à l'aisselle de laquelle naît l'œil. Recherche de l'amidon. — La solution iodée, agissant sur des coupes analogues à celle que nous venons de décrire, permet de constater que l’amidon est peu abondant à cette époque dans la moelle et dans les faisceaux Hbéro-ligneux. Mais il est une région de l'écorce où l'amidon est plus abon- dant : c'est la partie, formée surtout de tissu cortical entou- rant les faisceaux qui se rendent au pétiole. Dans ces faisceaux mêmes, les cellules allongées qui séparent les fibres ligneuses sont gorgées d’amidon, et, d'une manière générale, on peu dire que les tissus du pétiole contiennent à cette époque beau- coup plus d'amidon que les tissus de l'œil correspondant (1): (4) Disons, une fois pour toutes, que l'endoderme est la région de l'écorce qui présente toujours le plus d'amidon, comparativement au parenchyme cortical. 14% E. GOUMY RÉGIONS SUPÉRIEURES DE L'ŒIL Étudions la structure de Fœil à un niveau tel que le pétiole de la feuille à laisselle de laquelle il Sest développé soit mainte- nant presque complètement détaché et ne présente plus que quelques points de contact avec Poil (fig. #). Fig. 4. — Coupe transversale de l'œil à fruit, au niveau de décollement du pétiole : l, liège; pc, parenchyme cortical ; b, bois; £, liber; ag, assise génératrice; cr, cristaux d'oxalate de calcium. L'aœil est done indépendant du péliole à ce niveau, mais il estencore en relation avec le rameau (1). La wr0elle est formée d'éléments semblables à ceux de la région correspondante des niveaux inférieurs. Tissu conducteur. — Le bois est moins abondant, le Liber également, mais la réduction subie par le Hiber est moindre que celle subie par le tissu ligneux. L'écorce ne présente rien de particulier. Examinons enfin là figure 5 représentant schématiquement uné coupe à un niveau tel que lait complètement isolé du péliole soit sur le point de Sisoler également du rameau. P'issu conducteur. — Le bois diminue de plus en plus. Iest 1) Dans certains cas, l'œil se sépare du rameau avant de se séparer du pétiole. Les phénomènes se passent alors dans l'ordre inverse. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 145 bientôt réduit à quelques paquets de fibres correspondant aux faisceaux des écailles, avec, dans les intervalles compris entre ces faisceaux, des vaisseaux isolés. L'ensemble du tissu ligneux forme cependant un cercle bien individualisé quoique très incomplet et légèrement aplati du côté du rameau. Fig. 5. — Coupe transversale de l'œil à fruit, isolé du pétiole et du rameau : /g, liege; pe, parenchyme cortical: {, liber; ag, assise génératrice; d, bois; cr, cristaux d'oxalate de calcium. Le Liber est presque aussi abondant que dans les régions inférieures. L'œil est encore rattaché au rameau, mais 1l serait complè- tement isolé à un niveau supérieur très voisin. Écorce. — La zone corticale encore en rapport avec l'écorce du rameau est en pleine transformation. La région opposée est maintenant constituée : elle présente un parenchyme cortical bien développé. Enfin, dans une région latérale, on distingue de petites écailles bien formées et entourant ce que nous appellerons un sous-æil latéral non développé. Une zone de cellules aplaties existe éga- lement dans cette région. Certains veux vigoureux présentent deux ou plusieurs sous-veux, développés où non. Oralate de calcium. — V'oxalate de calcium se montre plus abondant que dans les coupes des régions inférieures. La différence est très sensible dans la région médullaire ; mais l’oxalate est surtout très abondant dans la partie périphé- ANN. SC. NAT. BOT. 1210 146 E. GOUMY rique de l'écorce. Enfin, les régions voisines du sous-œil et les petites écailles de ce dernier en sont littéralement gorgées. Andon. — L'amidon est plus abondant à ce niveau qu'aux niveaux plus inférieurs. EXTRÉMITÉ TERMINALE DE L'ŒIL Si nous considérons enfin la partie tout à fait terminale de l'œil, à un niveau tel que l'ail soit complètement indépendant du pétiole et du rameau, et que les écailles qui recouvrent son extrémité ne soient pas encore séparées latéralement de ses propres lissus, nous ne trouvons plus qu'un amas de cellules de méristème à membranes minces. Il est possible cependant de distinguer une région centrale dont les cellules renferment moins d'oxalate que les tissus qui l'entourent ; une région périphérique formée d'éléments allon- gés dans Le sens radial, et une zone externe où loxalate de cal- cium est plus abondant. Enfin des cellules allongées marquent une séparation entre ces issus et ceux des écailles non encore séparées de Poil proprement dit. L’amidon est très abondant dans cette partie terminale, et les cellules médullaires surtout en renferment abondamment. Nous pourrons constater par la suite que c’est toujours par le sommet du bourgeon que commence l'envahissement des cel- lules par l'amidon et loxalate de calcium; les quantités de ces deux corps semblent du reste varier dans le même sens à l’inté- rieur des bourgeons. Ex RÉSUMÉ .4 réduction du tissu conducteur et l'excessif déve- loppement de la moelle et de l'écorce semblent indiquer que l'œil à fruit bien constitué n'est pas un orqane destiné à un immédiat développement. Le tissu ligneu.r est très peu abondant, ce qui indique un faible mouvement de la sève brute à l'intérieur de Pœil. Le liber est au contraire bien représenté, eU il prédomine sur le bois. Ceci s'explique par labsence de feuilles véritables s'insérant sur l'œil lui-même. La transpiration et les phénomènes chimiques qui ont pour siège la feuille sont ainsi supprimés ou considéra- BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 147 blement modifiés puisqu'ils doivent s'effectuer dans les écailles se recouvrant les unes les autres ; la quantité de sève brute n'a donc subi aucune réduction sensible du fait de la transpiration. Un tel organe ne peut s'aceroître beaucoup dans ces conditions, mais 1l peut modifier le contenu de ses cellules. Nous verrons en effet que si aucune opération (taille, pince- ment, cassement, ete.) n'intervient, sa structure se modifie peu pendant sa première année d'existence ; seule la quantité des réserves contenues dans les différents tissus subit de grandes variations. Il. — Œil à fruit et œil à bois. De nombreuses coupes faites dans des veux à bois ne nous ont pas permis de découvrir de différences spécifiques entre la structure interne de Pœil à fruit et celle de Poil à bois. IE n°v a entre eux qu'une différence de volume et souvent de forme, mais cette différence d'aspect ne correspond pas à des modifications appréciables de structure. L'œil à bois est en général plus petit, et souvent plus allongé que l'œil à fruit, lequel est plus arrondi, mais les proportions relatives entre les issus sont sensiblement les mêmes dans les deux cas Nous verrons plus tard que d'autres différences plus frap- pantes apparaissent au moment où ces deux organes se déve- loppent. IT. — Étude de l’œil à la fin de l’automne. Nous avons, au printemps, marqué un certain nombre de ra- meaux avant sensiblement la même longueur, le même dia- mètre et occupant une position analogue sur des branches de même âge. Ces rameaux, destinés à des comparaisons, out été choisis sur des sujets de même force, où même, chaque fois que nous avons pu Île faire, sur le même sujet. C'est dans ces conditions qu'il nous à été possible d'étudier là structure d'un œil à fruit à Fautomne, pour la comparer à celle de Poil de printemps, cette dernière avant été décrite dans les pages pré- cédentes (1). (1) Il est inutile de dire que les rameaux d'automne sur lesquels nous avons prélevé ces yeux, n’ont subi aucun pincement ni cassement d'aucune sorte. 148 E. GOUMY Au point de rue morphologique, la différence entre Poil d'au- tomne et l'œil de printemps consiste en un léger accroissement de volume, excepté cependant chez les espèces très vigoureuses où les différences sont plus grandes. Mais nous aurons locca- sion, au cours du chapitre V, de revenir sur le développement de certaines variétés dont les productions ligneuses prennent un développement considérable, Nous ne nous occupons, au cours de ces premiers chapitres, que des variétés moyennes, plantées dans un sol convenable, chez lesquelles les productions frui- üières et les productions ligneuses sont dans un rapport normal, sans que les unes se développent d'une maniere excessive au détriment des autres, ceci non sans dommage pour le sujet Tui- même. Au point de vue anatomique. Nous avons, parmi toutes les coupes transversales faites à différents niveaux, choist celles qui correspondent aux figures 3, 4 el 5. Résumons brièvement les différences anatomiques que nous avons constatées. Le issu médullaire n'a pas varié, et la sclérification qui à envahi les parois des cellules de la moelle du rameau n'a pas atteint la moelle de Fœil. Pissu ligneur. — Le bois à légèrement augmenté en quan- üté; de plus, on rencontre un certain nombre de vaisseaux ligneux formés au moment de la sève d'août, et facilement re- connaissables à leur forme aplatie et à leur faible calibre. D'une manière générale, tous les vaisseaux ligneux ont aug- menté dans de notables proportions l'épaisseur de leurs parois, laquelle à sensiblement doublé. La couche de bois d'automne est visible et présente de nom- breux vaisseaux dans les faisceaux libéro-ligneux qui se rendent au péliole. Liber. — Le liber à pris plus de développement que le bois, el on peut dire que son épaisseur estenviron double de celle du Uissu ligneux. Écorce, — L'écorce S'est accrue également en épaisseur, par la prolifération des cellules de parenchyme cortical. Ilest done possible de dire que les proportions relativesdes issus, par rap- port à l'écorce, sont restées sensiblement les mêmes. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 149 Les différences anatomiques entre l'œil d'automne et l'œil de printemps se bornent donc : 1° À une légère augmentation du nombre des vaisseaux ligneux, due surtout à la poussée de sève qu'on est convenu d'appeler sève d'août: 2° A une augmentation relativement très grande de lépais- seur des parois des vaisseaux ligneux. Annidon.— La quantité d'amidon à beaucoup augmenté dans toutes les parties de la coupe; on en trouve abondamment dans l'écorce et plus encore dans la moelle. Oralate de calcium.—1%'oxalate semble également plus abon- dant dans cet œil d'automne. Il nous à paru que la moelle ren- ferme alors plus de cristaux que quelques mois auparavant. EX RÉSUMÉ : il est possible de dire que l'énorme dévelop- pement du bois dans le rameau lui-même, et la selérification plus ou moins forte de son tissu médullaire (1), n'ont qu'une très faible répercussion sur les faisceaux ligneux et sur là struc- ture générale de Poil. Quand un rameau ne subit aucune opération pendant l'été, l'accroissement est presque exclusivementterminal, et, pendant la première année de son existence, les veux qu'il à formés amassent à leur intérieur une grande quantité de réserves, sans modifier beaucoup leur structure. IV. — Comparaison entre un œil bien constitué et le bourgeon terminal du rameau. Au fur et à mesure que, le long du rameau, s'étagent des feuilles à l'aisselle desquelles se trouvent des veux qui, pour la plupart, ne se développent que l'année suivante, le rameau s'ac- croit de plus en plus par son bourgeon terminal. L'œil n'étant en somme qu'un bourgeon latéral, il nous à paru intéressant de comparer la structure de læil, pour ainsi dire au repos, à celle du bourgeon terminal en plein dévelop- pement, et, à cette occasion, de rechercher les différences qui (4) La structure de ce rameau sera décrite plus loin. 150 E. GOUMY peuvent exister entre eux au point de vue de la répartition de l'amidon et de l'oxalate de calcium dans leurs divers tissus. Nous ferons cette comparaison à deux niveaux seulement de l'extrémité du rameau : 1° Nous avons fait des coupes au voisinage de l'extrémité, dans une région telle qu'un pétiole soit encore en relations avec le rameau ; 2° Nous avons étudié, comme nous l'avons fait pour l'œil, l'extrémité la plus voisine du sommet du rameau. COUPE DANS LA PARTIE TERMINALE DU RAMEAU ENCORE EN RELATIONS AVEC UN PÉTIOLE. Écorce. — L'épiderme (ep) est simple et formé d'une assise de cellules arrondies sur leur face externe. L'assise sous-épidermique comprend quatre rangs de grandes celluls régulières à parois épaissies. Ces cellules ne présentent pas lallongement caractéristique des cellules du liège, lequel fait défaut. On trouve en effet, aussitôt après cette assise, un parenchyme cortical (pc) tès abondant, formé de grandes cellules irrégu- lières à parois minces. Le péricycle esltrès apparent et formé d'une assise unique de cellules peu aplaties. Assise libérienne. — Le liber (/) est abondant, formé de grandes cellules très nombreuses, entourées de cellules petites à parois très minces. L'assise génératrice (ag), épaisse, est formée d'éléments plus grands que ceux de l’assise génératrice de l'œil. Bois. — Le méristème vasculaire (#17) occupe une place comparable à celle qu'il occupe dans l'œil. Les vaisseaux ligni- fiés sont peu abondants, à large calibre et à parois peu épaisses: ils sont disposés plus régulièrement qu'à la base de l'œil. Les régions de la coupe où les fibres ligneuses sont le plus abondantes el sont groupées en faisceaux (/) correspondent aux pétioles des feuilles très jeunes. Indépendamment de ces faisceaux, on trouve (en /” par exemple) des files radiales 1s0- lées formées seulement de quelques vaisseaux. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 151 Moelle. — Elle est formée de grands éléments, arrondis pour la plupart, ee qui explique la présence d'une grande quantité de méats intercellulaires. On voit à la partie supérieure, la coupe transversale de l'œil né à l'aisselle de la feuille. Proportions relatives des tissus. — En prenant, comme dans les exemples précédents, l'écorce comme unité, on trouve Fig. 6. — Coupe transversale de la partie terminale d’un rameau de Pinus communis ; ep, épiderme ; pe, parenchyme cortical; £, liber; ag, assise génératrice; /lb, fais- ceau libéro-ligneux; /”, files radiales isolées ; er, cristaux d'oxalate de calcium. comme proportions des tissus des chiffres comparables à ceux que nous avons obténus pour l'œil : moelle sensiblement égale à l'écorce, dont le Liber représente environ le tiers de l’épais- seur. Nous allons trouver des différences beaucoup plus sensibles dans la recherche de l’'amidon et de l’oxalate de calcium. Amidon. — L'amidon, si abondant dans l'œil, fait à peu près défaut dans cette région du rameau. Oxalate de calcium. — Nous avons également trouvé de grandes quantités d'oxalate de calcium à la base de l'œil, 1l 152 E. GOUMY manque à peu près totalement 1e1. C’est à peine si on distingue quelques cristaux maclés dans l'écorce et dans la moelle. EXTRÉMITÉ TERMINALE DU RAMEAU On ne rencontre plus 1e1 que quelques vaisseaux ligneux isolés; néanmoins, ilexiste Loujours un méristème vasculaire, mais peu abondant, et une assise génératrice. Le Liber est presque aussi développé que dans les coupes des régions inférieures. Entre les paquets de fibres libériennes, on voit de grandes cellules allongées établissant des sortes de ponts entre le tissu médullaire et le parenchyme cortical. Mais il est possible ici d'établir encore une différenciation très nette entre les tissus de l'écorce et les Ussus de la moelle, sépa- rés par du über et un méristème vasculaire. L'anidon et l'oralate de calcium font à peu près défaut. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES Sion fait un rapprochement entre la faible quantité de tissu ligneux existant dans le bourgeon terminal et dans l'œil laté- ral, on est amené à conclure que la quantité de sève qui tra- verse ces tissus doit être sensiblement la même. Il devient donc difficile d'expliquer le développement continu du bourgeon terminal par un afflux de sève beaucoup plus considérable à l'extrémité de la tige. Un deuxième facteur peul être mis en avant pour expliquer le développement du bour- seon terminal : la vitesse d'arrivée de la sève. Nous aurons à revenir plus longuement sur ce sujet quand nous traiterons de la formation du bourgeon à fleur. EX RÉSUMÉ, il y a, comme nous le supposions, de grands rapports entre le bourgeon terminal d'un rameau et les veux latéraux qu'il porte. La proportion des lissus entre eux est sensiblement la même dans les deux cas, mais alors que le premier continue à s'accroître indéfiniment pendant toute la durée de la végé- tation, les seconds s'arrêtent presque complètement dans leur développement. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 153 Aussi, le premier renferme peu de réserves et de résidus ; il consomme et élimine (1). Les veux, au contraire, sont gor- gés de réserves à la fin de l'automne ; ils ne sont pas destinés à un immédiat développement. Si aucune modification ne vient contrarier la végétation normale, les seuls veux de l'extrémité, sous linfluence de la sève montante, se dévelop- peront l'année suivante en donnant des rameaux, les autres continueront à préparer la fructification, c’est-à-dire la repro- duction du végétal, laquelle n’a lieu généralement pour un bourgeon donné que la troisième année de son existence (2). Nous verrons plus tard que la taille permet de modifier tout à la fois et la charpente de l'arbre et la disposition des organes floraux, — encore convient-l de ne pas négliger les lois naturelles de la végétation. V. — Modifications apportées dans la structure des yeux par le pincement du rameau. Empiétant un peu sur le sujet que nous avons réservé pour des études ultérieures, nous avons pratiqué le pincement de certains rameaux, pour étudier sa répercussion sur la struc- ture de la partie du rameau laissée en place et sur celle des yeux qu'il supporte. Nous avons fait également divers cassements (3), mais trop tardivement. Une période d’excessive sécheresse avant d'autre part entravé la végélalion, nous craindrions de donner des résul- tats erronés, et nous nous bornerons à l'étude du pincement. Le pincement. — Le pincement consiste à supprimer lextré- mité d’un rameau trop vigoureux. Il est pratiqué par tous les horticulteurs, bien que tous ne soient pas d'accord sur Pépo- que qui convient le mieux pour cette opération. (1) L'excès de résidus est entraîné par la sève et se localise ailleurs, précisé- ment dans les endroits où la vitesse de la sève est ralentie. (2) Nous aurons, dans un chapitre suivant, l'occasion d'étudier les cas nor- maux ou anormaux de formation de bourgeons à fruits en une année, et d'émettre une opinion au sujet de leur valeur, comparativement à celle des bourgeons de deux ans. (3) Pour éviter toute confusion, disons en passant que nous entendons par cassement toute suppression d'un rameau à bois, dans le but de faire naitre à sa base des productions fruitières. 154 E. GOUMY Nous avons fait des pincements vers la mi-juillel, pour réa- liser le maximum de conditions avantageuses en vue des résultats que nous voulions obtenir : d'une part les rameaux pincés avaient acquis un développement suffisant: d'autre part, la saison n'étant pas trop avancée, l'ail terminal de la partie laissée en place pou- Ÿ vaitencore donner un pelit W rameau qui, dans la plu- À 4 part des cas, à atteimtune re ; y longueur de 20 à 25 cen- / y timètres. 146 4 Examinons rapidement ÿl j les conséquences de cette " | 1 opération au point de vue d V7 de la structure de Ta partie EE RS du rameau laissée en place Fig. 7. — Développement d'un rameau pincé el (fig. 7). d'un rameau non pincé. Cette région est néces- sairement affaiblie, au moins pendant un certain temps. En effet, deux causes essen- lielles contribuent au mouvement de la sève dans un rameau : (la poussée exercée de bas en haut par la sève brute venant des racines ; 2° l'appel de haut en bas déterminé par l'évapo- ralion quise produit à la surface des feuilles. Or, supprimer brusquement une grande partie du rameau revient précisément, à ‘priver de cet appel, la partie restante. La sève va donc circuler dans ce rameau pincé moins abon- damment el avec une vitesse moins grande tant que l'œil ter- minal n'aura pas commencé son développement. Étudions rapidement ce que devient la structure : 1° Du rameau non pinré ; 2° De la partie restée en place. Structure du rameau non pinré (Fig. 8). Évcorce. — Nous signalerons seulement l'existence d’une couche de liège (ly) dont l'épaisseur est variable suivant l'espèce, l'âge et la saison. TU BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 159 Parenchyme cortical (pe). — West formé de cellules arrondies, à parois plus minces, et l'épaisseur de ce parenchyme est envi- ron double de celle du hège. Selérenchyme. — Un anneau continu de selérenchyme (srl) sépare le parenchyme cortical du parenchyme libérien. Le liber est formé d'éléments assez grands et assezsemblables entre eux. L'assise génératrice (aq) est bien représentée. Bois. — Le rameau de Poirier non pincé présente un déve- Fig, 8. — Coupe transversaic faite à l'automne dans un rameau non pincé : lg, liège; pe, parenchyme cortical: sel, scérenchyme: ag, assise génératrice; /, liber; b, bois ; er, cristaux d’oxalate de calcium ; », moelle. loppement considérable du tissu ligneux; la sève ayant cir- culé normalement pendant l'été, les vaisseaux ont tous un calibre moven, excepté ceux de la périphérie, plus aplatis, à lumière étroite et à parois épaisses et qui correspondent à la sève d'août. Avant de déterminer les proportions entre ces divers tissus, nous allons étudier rapidement la structure du rameau pincé. Structure du rameau pincé (Fig. 9). Écorce. — Le liège (lg) est souvent plus épais que dans le cas précédent. Le parenchyme cortical (pe) est beaucoup plus développé que le rameau non pincé. Le sclérenchyme (sel) est à peu près semblable, mais le lier est beaucoup mieux représenté dans ce cas que dans l’autre. 156 E. GOUMY PROPORTIONS RELATIVES ENTRE CES DIVERS TISSUS Nous présenterons ces rapports avec le plus de précision possible. Ces mêmes tissus se retrouvent en effet dans Poil et y sont disposés d’une manière analogue, mais ils n°v affectent pas cependant la même régularité. La partie laissée en place du rameau pincé à pris un peu Fig. 9. — Coupe transversale faite à l'automne dans la partie laissée en place d’un rameau pincé : lg, liège : pe, parenchyme ‘cortical : {, liber; ag, assise géntra- trice ; b, bois: cr, cristaux d’oxalate de calcium ; »1, moelle. plus de développement que la partie correspondante du rameau non pincé. Pour comparer exactement l'épaisseur de ces divers tissus, représentons dans les deux cas le rameau par le nombre 10; un calcul très simple nous permet d'établir les chiffres sui- vants RAMEAU NON PINCÉ. RAMEAU PINCÉ. Rayon : 10 Rayon : 10. HCOnCE 50% EN 2,25 ÉCOLE EE VIRE LME ES BDIS SSSR RARE 5,5 BOIS EE 2 MARNE 3,7 MO6TleRtE Pere OA Moelle:: 9 CAL Re 2.8 Le simple examen de ces chiffres permet de constater que, dans un rameau pincé : le issu ligneur est beauroup moins abondant que dans le rameai non pincé, mais que l'écorce et la moelle ont pris un très grand développement. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 157 Etude particulière de l'écorce. —1s nous à paru intéressant de rechercher quels sont les tissus de Pécorce qui, prenant un plus grand développement, déterminent laccroissement de cette partie de la tige. Les chiffres ne présentent pas 1er une rigueur absolue, car la limite entre ces divers Uissus est tou- jours imprécise, mais ils suffisent cependant à donner de très nettes indications. Nous prendrons tels quels les chiffres représentant lépais- seur de l’écorce dans ces deux cas. Nous avons obtenu, en mesurant aussi exactement que pos- sible l'épaisseur des divers tissus, les résultats suivants : RAMEAU NON PINCE. | RAMEAU PINCE. Écorce : 6. | Écorce : 9,5. HR ÉERSERR EEE LAVAGE 1,0 BAC ESS RMS 1,0 Parenchyme cortical.... 2,2 Parenchyme cortical ... 4,4 SClÉTENChYME : - ........ 0,6 Sclérenchyme:."""2"0 0,5 Deere en En s 1,6 ÉINER RE RRT 3,0 Assise génératrice. ..... 0,6 Assise génératrice. ..... 0,6 Les chiffres relatifs au liège, au selérenchyme et à lassise génératrice étant restés sensiblement les mêmes, l'en résulte nettement que l'accroissement de volume de Pécorce est dû au développement du parenchyme cortical et du Hber. Ainsi donc, quand on opère le pincement d'un rameau, on ralentit beaucoup la formation des productions ligneuses, mais la moelle et les parenchymes de l'écorce s'accroissent rapide- ment. Dans un rameau normal, les tissus vivants se forment beau- coup plus abondamment à l'extrémité, une grande partie du ameau n'étant en quelque sorte qu'un appareil conducteur de la sève. Mais si, parune opération telle que le pincement, on supprime l'extrémité du rameau, l'accroissement de cel organe se mani- feste par une prolifération des tissus vivants de la partie restée en place. L'appareil conducteur reste sensiblement stationnaire jusqu'à ce que l'œil devenu terminal ait commencé son déve- loppement. De telles variations dans la structure du rameau entrainent- 158 E. GOUMY elles dans les veux supportés par la partie restée en place après le pincement des modifications aussi considérables ? Tout d'abord, notons ce premier caractère : l'augmentation du volume de Pœil. L'ail à fruit resté en place après le pince- ment estau minimum deux fois plus volumineux que celui du rameau non pincé (les deux rameaux en question élant, au momèént de lopéralion, absolument comparables). Le pincement a done pour effet de faire emporterà bois l'œil devenu terminal et quelquefois même le précédent, mais égale- ment de provoquer un accroissement de volume des yeux infé- l'ICUrS. Essavons de déterminer quels sont les tissus qui se dévelop- pent le plus et qui produisent cet accroissement de organe ? STRUCTURE DE L'ŒIL DU RAMEAU PINCÉ 1° Coupes dans la région basilaire de l'œil. — (Niveau compa- rable à celui que représente la figure 3.) Tissu conducteur.— Le méristème vasculaire est un peu plus abondant, mais le nombre des vaisseaux ligneux ne parait pas avoir augmenté. On observe cependant une couche non continue formée de un ou deux vaisseaux de bois d'automne. Le liber à sensiblement augmenté d'épaisseur. Évcorce. — L'écorce présente les mêmes éléments que dans le cas du rameau non pincé, mais le parenchyme cortical s'est beaucoup développé. 2° Des coupes faites à des riveaur supérieurs (et comparables à celles que représentent les figures #, 5, 6) permettent d'observer une réduction du bois plus sensible encore que dans le cas du rameau non pineé. Le hber diminue également, mais en revanche, l'épaisseur de Pécorce est Toujours très erande. Proportions relatives des tissus. — Les proportions relatives des tissus (établies en prenant pour unité l'écorce) sont sensi- blement les mêmes que dansle cas de Fail non pineé, excepté cependant pour le bois qui serait représenté par une fraction plus faible. Mais l'écorce elle-même avant beaucoup augmenté d’'épais- BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 159 seur, il est facile d'en conclure que l'accroissement de volume de l'œil est dù presque exclusivement à l'augmentation d'épaisseur des tissus vivants. Avant de tirer une conclusion pratique de ces observations, examinons d'abord les quantités d’amidon et d’oxalate de cal- cium que contiennent les tissus. Recherche de l’'amidon dans le rameuu. — Dans le rameau lui-même, resté en place après le pincement, on trouve des quantités considérables d'amidon. La moelle surtout, à parois entièrement selérifiées eC très épaisses, en renferme abondam- ment. On peut dire que toutes les cellules de la moelle, sauf quelques-unes de place en place (lesquelles renferment en géné- ral des cristaux maclés d'oxalate de calcium) sont gorgées de gros grains d'amidon. Les cellules allongées situées entre les fibres ligneuses en sont également gorgées eton trouve encoredesgrains très nombreux dans les intervalles compris entre les vaisseaux ligneux. L'assise génératrice et le Hber en renferment très peu ou pas du tout. En revanche, lPendoderme et toute l'écorce en général en contiennent beaucoup, moins cependant que la moelle, car les grains sont ici disséminés dans la cellule. Les grains d'amidon de l'écorce ont un diamètre très infé- rieur à celui des grains de la moelle, et ils se colorent moins facilement que ces derniers. Recherche de l'armidon dans l'œil lui-méme. — L'amidon remplit complètement les cellules de la moelle, mais il prend une teinte à peine violacée alors que déjà l’amidon de la moelle du rameau est devenu noiràtre. Il est aussi extrêmement abondant dans l'écorce, et il est peu de cellules qui n'en renferment un certain nombre de grains. Cette quantité d'amidon augmente encore S'il est possible dans les régions supérieures de Pail, et une coupe longitudi- nale montre pareille abondance dans les écailles supérieures elles-mêmes. Oralate de calcium. — L'oxalate de calcium est plus abon- dant dans l'œil du rameau pincé que dans Pœil du rameau non pincé. Il nous parait facile d'expliquer ce fait en faisant remarquer 160 E. GOUMY que dans le rameau pineé: la vitesse de la sève est ralentie et que les feuilles restées en place doivent être le siège de phéno- mènes plus actifs que st le rameau est entier et feuillé; donc, en S'en tenantstrictement aux théories les plus récentes relatives à la production de loxalate de calcium, il est possible de com- prendre pourquoi les veux du rameau pincé en contiennent plus que ceux des rameaux qui n'ont subi aucune opération. EX RÉSUMÉ, le pincement d'un rameau détermine : Une diminution relative des tissus morts, et particulièrement dur bois ; 2 Une augmentation de l'épaisseur des tissus vivants. et parlicu- lièrement de l'écorce. L'œil augmente de volume, mais ses tissus vasculaires se modifient peu; à part peut-être dans la région tout à fait infé- rieure. Les réserves en amidon sont donc plus abondantes, puisque toutes les parties du bourgeonen contiennent de grandes quan- utés. L'oxalate de calcium est également plus abondant. On s'explique ainsi pourquoi le pincement favorise la mise à fruit des veux laissés en place sur la partie inférieure du l'ameau. VI. — Un autre pointeütétéintéressant à étudier : le rèle de la feuille sur la nutrition de Faœil et les modifications subies par ce dernier quand cette feuille inférieure est supprimée dès le mois de juin. Pour éviter des redites, nous reviendrons sur ce point parti- culier et intéressant en étudiant les modifications subies par le bourgeon d'une lambourde quand on supprime toutes les feuilles qui lenserrent à sa base où plusieurs seulement de ces feuilles : les mêmes conclusions s'appliqueront au cas qui nous OCCUpPEe actuellement. VIE. —— Enfin. etcomme nousle disionsdansnotreintroduction, le développement en deux ans d'un bourgeon à fruit aboutis- sant la troisième année à une fructification, est un développe- ment normal, mais non général. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 161 Naturellement, sous l'influence de causes très diverses (vigueur du sujet, température, humidité, exposition) ; ou artificiellement, quand des procédés expérimentaux inter- viennent, il n’est pas rare de voir les yeux portés par de très longs rameaux présenter une structure particulière : il se développe à leur base une sorte de gros bourrelet du milieu duquel Fœæil semble émerger. Certains de ces veux grossissent à l'automne et les fleurs se forment pour le printemps suivant. Il n'est pas rare également de rencontrer (et cecrest fréquent chez certaines espèces) des yeux normaux tout le long du rameau et un bourgeon prêt à fleurir àson extrémité. Ce dernier cas nous conduit directement à la notion de branche fruitière ou « brindille ». Mais l'exposé de tous ces cas particuliers risquerait de déborder du cadre que nous avons tracé à ce premier chapitre, dans lequel nous nous sommes proposé d'étudier seulement Ja structure normale de l'œil à fruit aux diverses périodes de son existence annuelle. Nous reviendrons sur ces sujets particuliers à la fin de ce travail, et nous essaierons de les relier aux règles générales de la fructification du Poirier. Résumé. — 1° L'œil à fruit est généralement situé dans le Riers moyen du rameau. 2° La circulation de la sève brute y est très faible : le issu ligneux y est peu abondant. 3° Contrairement à ce qui eriste dans le rameau, le parenchiyme libérien prédomine sur le tissu ligneur. 4° Les réserves en amidon, faibles au commencement de l'été, sont très abondantes à l'automne. 5° L’oralate de calcium est également plus abondant à l'au- lomne qu'au printemps. 6° Quand un rameau est pincé pendant l'été, les yeur de la par- tie inférieure de ce rameau grossissent pendant que l'œil ternrinal donne un petit rameau d'automne. Les tissus morts augmentent alors très peu d'épaisseur ; beau- coup moins que dans le rameau non pincé. L'accroissement en volume de ces yeux est dû à une augmentation d'épaisseur des ANN. SC. NAT. BOT. 1, 11 162 E. GOUMY tissus vivants el en particulier de l'écorce. Les réserves en amidon sont dans ce cas plus abondantes. De telles modifications de structure indiquent, nous l'avons vu, une tendance à la muse à fruit ; elles expliquent pourquoi le pin- cement détermine la formation de productions fruitières. CHAPITRE II LES PRODUCTIONS ISSUES DE L'ŒIL. ÉTUDE MORPHOLOGIQUE ET ANATOMIQUE DE LA LAMBOURDE ET DU BOURGEON A FRUITS L'œil est l'origine de toute production : fruitière ou rameuse. En prenant ce terme dans son sens le plus général, on peut dire que l'œil donne naissance, la seconde année, à quatre organes différents auxquels nous conserverons les noms usités en arboriculture : Unépreduchonrameuse PAR NPEC I ECeCERre Le Rameau. La Lambourtle. Troissproductions fCuIIÈreS rer em ne Le Dard. La Brindille. Mais l'étude distincte de ces trois sortes de productions frui- tières ne peut avoir d'intérêt que pour « lentrelien » et la « conduite » des arbres fruitiers : telle d'entre ces productions très fréquente chez certaines espèces, est rare chez d’autres. Elles ne sont toutes trois que les swpports des bourgeons à fruits, et nous prendrons comme {vpe celle sur laquelle ce bour-- geon paraît se développer le plus normalement, c'est-à-dire la lambourde (1 JE Développement de la lambourde. — Au printemps de la deuxième année, les veux situés à l'extrémité du rameau laissé en place (qu'il ait été taillé où non), commencent leur dévelop- pement et donnent des productions rameuses. L'œil terminal surtout donne un rameau vigoureux. Les veux de la région | Ô ) moyenne (fig. 10) donnent en général des lambourdes, Îles ile Le) yeux inférieurs ne se développent pas (2). (4) Nous aurons plus loin l'occasion de revenir sur les autres productions et de donner leurs caractères essentiels. (2) C'est là une règle à peu près générale, mais que nous nous gardons bien de donner comme absolue. Un œil de la région moyenne peut quelquefois donner un rameau la deuxième année, lequel se trouve ainsi placé entre deux lambourdes. Ceci doit, à notre avis, être considéré comme une exception. 16% E. GOUMY La lambourde commence son développement au printemps. Sa longueur varie de quelques millimètres à 3 ou # centimè- Fig. 10. — Productions issues du rameau taillé. — Les yeux de la ré- gion supérieure don- nent des rameaux : ceux de la région mo- yenne, des lambourdes; les yeux inférieurs ne se développent pas. tres. Elle ne s’allonge que peu à peu, tan- dis que les autres productions fruitières atteignent de suite leur longueur. Complè- tement ridée à sa base, surtout quand elle est âgée de quelques années, elle se casse très facilement; elle prend cependant plus de consistance si, les années suivantes, 1l se développe sur elle une pousse ligneuse, un dard où une brindille. À son extrémité, se trouvent quelques feuilles ({rois à six en général), insérées en des points très voisins. Nous désigne- rons du nom de bourgeon à fruit (1) l'organe qui la termine. On peut donc résumer ainsi le mode de végétation de la lambourde : Première année : une feuille sur le ra- meau de l'année el un œil à son aisselle (fig. 11). Deuxième année : un support avec une rosette de feuilles à son extrémité, et un bourgeon à fruit terminal, dans lequel les fleurs se forment à l'automne (fig. 12). Troisième année : floraison en avril et fructification à l'automne (fig. 13). L'étude de ce bourgeon de deurième année el de son support fera l’objet de ce second chapitre. Mais avant de tracer le plan de cette deuxième partie, 11 nous parait utile de donner une description anatomique de la lambourde encore Jeune, mais bien constituée et dont le sup- port à atteint, pour l'année, son entier développement. Nous choisirons pour Types des lambourdes bien formées 1) Par opposition à l'œil qui représente essentiellement un organe de 4re année BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 165 recueillies en avrilk-mai sur des sujets assez vigoureux ayant poussé dans un verger réalisant des conditions parfaites rela- üivement à la nature du sol et aux soins donnés aux arbres fruitiers. A. — Études de lambourdes jeunes. Le support de la lambourde à seul atteint à cette époque sa longueur définitive. La partie terminale qui doit par la suite donner le bouton à fruits est encore très réduite, et dépasse Fig. 12. Fig. 13. 9 Développement normal de la lambourde de Pirus communis en 3 années. Fig. 11. {re année. 1 œil naït à l’aisselle d’une feuille. — Fig. 12. 2e année. Dévelop- pement de la lambourde, portant une rosette de feuilles. — Fig. 13. 3° année. Flo- raison au printemps et fructification à l'automne. peu le niveau d'insertion des feuilles. Les feuilles insérées sur le support sont bien développées, mais les entrenœuds sont, en général, presque nuls. IL est cependant facile de distinguer trois régions très dis- {inctes dans la partie annuelle d'une lambourde, ce qui facilite l'étude anatomique : 1° Le bourgeon, c'est-à-dire la partie terminale recouverte par les écailles. 2° La partie feuillée du support. 3° La partie basilaire du support, de dimensions très variables. Nous étudierons successivement la structure de la lambourde dans chacune de ces régions. 1° Etude du bourgeon. n'a, à cette époque, que quelques millimètres de longueur. Une coupe transversale, faite dans une région très voisine du sommet, ne présente qu'un amas de cellules de méristème for- 166 E. GOUMY maleur, el on ne rencontre, à proprement parler, ni biber, ni assise génératrice, ni bois bien définis. La partie centrale de la coupe est formée de cellules irrégu- lières, gorgées de réserves, et à parois très minces. Cette région est entourée par un anneau mal défini, formé de cellules allon- gées dans le sens radial, cellules à parois également très minces et de dimensions très variables. Enfin, le tissu qui entoure cette région est formé de cellules plus régulières, à parois un peu plus épaisses, représentant l'écorce de la partie centrale du bourgeon. Autour de ce petit axe médian, les écailles très Jeunes sont encore accolées, sans qu'aucune ligne de démarcation précise soit bien visible entre ces divers organes. De place en place, au milieu du tissu représentant l'écorce, on trouve deux ou trois petits paquets de cellules qui diffèrent de celles qui les entourent : elles sont plus petites, irrégulières, à parois très minces; elles renferment au milieu d'elles un ou deux petits vaisseaux lignifiés, à lumière très petite. Si, dans ces conditions, on essaie d'établir les proportions entre les divers issus, on peut dire que la moelle et lécorce ont la même épaisseur. 2° Partie feuillée du support. Prenons comme premier point de repère le niveau d'insertion de la première feuille, c'est-à-dire un niveau tel que le péliole ne soit pas encore détaché de l'écorce, bien que les faisceaux libéro-ligneux du pétiole soient encore distincts el n'aient pas pris leur place dans le cylindre central du support. Une coupe, faite à un tel niveau, présente les caractères sui- vants : Écorce. — Le liège est peu épais, formé d’une ou plusieurs assises dont le bord externe est arrondi. Le parenchyme cortical est Urès abondant, formé de cellules irrégulières, à parois minces. n'y à pas de sclérenchyme à ce niveau. Une assise péricyclique unique fait suite au parenchyme cortical. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 167 Au milleu des tissus de l'écorce, et assez régulièrement dis- posés, on trouve de véritables petits faisceaux libéro-ligneux comprenant un parenchyme libérien, quelques cellules aplaties analogues à celles de lassise génératrice et cinq ou six vaisseaux ligneux très petits. Ces petits faisceaux libéro-ligneux se ren- dent aux écailles. Tissus conducteurs. — Le liber est relativement abondant, formé de petits éléments entourant de grandes cellules paren- chymateuses. | L'assise génératrice est bien représentée, quoique assez mal définie par endroits. Un néristème vasculaire très peu abondant et très irréguliè- rement réparti lui fait suite. Quelques rares vaisseaux sont lignifiés. Les vaisseaux ligneux qu'on rencontre à ce niveau dans le cylindre central du support correspondent aux écaillesles plus inférieures. Leur disposition montre une analogie frappante entre le système de vascularisation de la feuille et celui de l'écaille. Moelle. — La moelle est formée de grands éléments, la plu- part en voie de division. Partie de la coupe correspondant au pétiole. — Ya partie de la coupe correspondant au pétiole de la feuille supérieure du support comprend trois faisceaux libéro-ligneux: les vaisseaux sont à large calibre, à parois minces. Chacun de ces trois fais- ceaux est entouré d'une ou plusieurs assises péricyeliques à cel- lules allongées. Entre la tige et Le pétiole, on trouve un méristème formateur, origine d'un petit œil supplémentaire. Dans la généralité des cas, ce petit œil développe quelques écailles et avorte. Enfin, on rencontre, comme nous l'avons déjà montré en étudiant l'œil, un tissu à cellules allongées, véritable feutrage de cellules, faisant suite au liège qui existe dans une région supé- rieure, quand le pétiole est détaché du rameau. Anudon. — Il n'existe pas encore à cette époque d'amidon dans les cellules du support. Oxalate de calcium. — L'oxalate est très peu abondant, mais uniformément répandu dans toutes les régions. Cette région ainsi connue, nous n'avons pas cru devoir bor- 168 E. GOUMY ner là nos recherches, et nous avons voulu étudier en détail la parie feuillée du support. Nous avons pu déterminer un cer- ain nombre de points de repère et de coupes qui nous ont fourni: ceux-là autant de niveaux faciles à retrouver dans toutes les lambourdes que nous avons étudiées, celles-ci autant de termes de comparaison. En effet, les faisceaux libéro-ligneux qui émanent de la feuille supérieure (puis bientôt des deux ou trois autres), font bientôt partie intégrante du cylindre central du support, et, tant que les faisceaux Hibéro-ligneux émanant des feuilles sont en nombre assez restreint, il est facile de se rendre compte du nombre de feuilles qui surmontent la région coupée et de rapporter un faisceau de la coupe à une feuille déterminée (1). (1) A chaque pétiole correspondent en effet trois faisceaux libéro-ligneux principaux, dont le plus central est le plus développé. Imaginons une coupe présentant la disposition représentée par la figure ci-contre (fig. 14) : im UP 4 \ ’ 1 : 1 1 Æ ! cme , = 3 TLeuille Es AT Leuille 1 1 - Û Fig. 14. — Figure théorique, montrant la disposition des faisceaux libéro-ligneux dans une coupe faite au-dessous du niveau d'insertion de la quatrième feuille. Puisqu'il n'existe, entre les faisceaux libéro-ligneux émanant des pétioles, aucun vaisseau lignifié, il nous est facile de rapporter chaque groupe de trois faisceaux à une feuille différente. D'autre part, les faisceaux les plus rapprochés du centre de la coupe, c'est-à- dire ceux qui ont pris leur place normale dans le cylindre central, sont évidem- ment ceux qui émanent de la feuille la plus éloignée, et, réciproquement, les faisceaux les plus éloignés du centre émanent de la feuille la plus rapprochée. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 169 Étude complète de la partie feuillée du support. — Eludions donc la structure de ce support à différents niveaux. 1° Niveau d'insertion de la deurième feuille (fig. 15). — Les faisceaux libéro-ligneux de la première feuille sont incorporés Fig. 15. — Coupe transversale du support de la lambourde, au-dessous du niveau de la deuxième feuille : Zg, liège : pe, parenchyme cortical : Z, liber ; ag, assise géné- ratrice ; /Lb, faisceau libéro-ligneux ; mv, méristème vasculaire; b, bois; cr, cris- taux d’oxalate de calcium ; », moelle, au cylindre central du support, ceux de la deuxième feuille sont aussi presque réunis. Si nous comparons cette coupe avec la précédente, nous constatons que les seules différences intéressent le tissu vascu- laire; l'écorce et la moelle ne varient pas sensiblement. Le liber augmente d'épaisseur, et se spécifie de plus en plus ; les grandes cellules parenchymateuses deviennent moins nom- Si done une coupe d’un support au niveau des insertions foliaires présente l'aspect représenté par la figure 14, on peut en déduire : 1° Qu'il n'existait que quatre feuilles au-dessus de cette coupe; 20 Il est possible d'évaluer approximativement la quantité de tissu conduc- teur appartenant à chaque pétiole. En choisissant une coupe bien appropriée, on pourrait arriver ainsi à déter- miner la formule selon laquelle les feuilles s'insèrent sur la tige dans certaines espèces déterminées. 170 E. GOUMY breuses. L'assise génératrice est bien représentée. Un méris- tème vasculaire lui fait suite, avec des éléments plus grands, plus réguliers, mais la lignification est presque nulle. Si, à ce niveau, on essaie d'établir une proportion relative entre ces divers tissus, on oblient sensiblement les résultats suivants : — En [œ . . . . —_ ' i OONTIADER. ER CE RE PE RE NN EE ee ie = Mn É 1 MÉTISTEMENASCUIAITE ER IEEE EEE RE # MOCLLE RE M nee = 2° Niveau inférieur. — La distinction entre les faisceaux libéro-ligneux devient plus difficile quand le nombre des feuilles a augmenté, car ces dernières tendent ensuite à se superposer en direction (1). I est toujours facile, malgré cela, de constater qu'à cette époque, ensemble du bois est composé de paquets de fibres ligneuses avant tous l'origine que nous indiquons plus haut. Entre ces paquets, on trouve seulement par endroits trois à quatre vaisseaux ligneux réunis. Ces vaisseaux ligneux, quels qu'ils soient, sont toujours à large calibre et à parois minces. L'assise génératrice est toujours formée d'éléments petits, aplatis. Le liber présente de moins en moins de grands éléments parenchymateux. Les proportions relatives entre les Tissus sont les suivantes : Écorce lent 2 de ET DURE 2 ere l dont ENPRR RE ES. ÉRIC MER ANT ONE ON Eee NES . ROIS PEUT NOMER DER GR TELE RER CAT EX AE PAPERS ETES : Moelle st ER RAR EE NRC IES TONER = Anidon. — W n'existe pas d'amidon à ce niveau. Oralate de calcium. — V'oxalate est plus abondant dans l'écorce que dans la moelle. (1) Ce qui se produit rarement, car leur nombre oscille le plus généralement entre 3 et 5. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 171 Structure de la partie basilaire de la lambourde (Mig. 16). — Au-dessous de l'insertion de la dernière feuille, le rapproche- ment des faisceaux libéro-ligneux est tel que Panneau de bois Fig. 16. — Coupe transversale de la partie basilaire du support de la lambourde recueillie en mai : /q, liège : pe, parenchyme cortical ; Z, liber; ag, assise généra- trice ; b, bois; m, moelle, cr, cristaux d'oxalate de calcium. peut paraître continu ; seule, la disposition des vaisseaux trahit leur origine (fig. #7). Les vaisseaux ont un calibre relativement considérable. Le parenchyme hbérien présente un grand développement. Proportions relatives des lissus. HCORCOR ER RAR EP A ENT Et ca tee il ï 1 condor 336% PTE EE Se RP DE ne RUES AE LNNRNE Er à ; i BOIS MAS NE A te NS Abe D60 CS EP EE - 4 3 MOIS RER ES PR RESRRR 2 NE EL ICE LME GE ART RE = L'amidon n'existe pas non plus dans la partie basilaire du support. Oxalate de calcium. — Le nombre des cristaux répandus dans la moelle est si petit, qu'on peut dire que la moelle ne renferme pas d'oxalate de calcium. L'écorce en contient peu, mais c'est surtout le lier qui en contient assez abondamment. 172 E. GOUMY EX RÉSUMÉ : indépendamment des considérations relatives aux feuilles de la Tlambourde, étude de cet organe au prin- temps permet de faire les constatations suivantes : 1° Le support de la lambourde est, à cette époque, seul dére- loppé; le bourgeon élant encore très réduit. 2° Ce support possède comme tissu ligneur les faisceaux qui émanent de la roselte de feuilles qu'il supporte, et, indépendam- ment d'eur, un méristème vasculaire peu abondant possédant de rares vaisseuutr lignifiés. 3° Le liber prédomine sur le mnéristème vasculaire ou sur le lissu ligneur proprement dit. 4° L'amidon fail presque totalement défaut à celte époque dans les issus du support. »° L'oralate de calcium est peu abondant : d'abord uniformé- ment répandu dans toutes les parties au sonumet de l'organe, il se rencontre plus abondamment dans l'écorce que dans la moelle dans les régions inférieures. Modifications de structure de la Lambourde déterminées par la saison et le milieu. La structure de la lambourde au mois de mai étant connue, il nous à paru intéressant de suivre son développement et d'étudier les modifications qu'elle peut présenter suivant la saison, le milieu etles circonstances normales ou accidentelles auxquelles elle peut être soumise. Indiquons tout d’abord ordre dans lequel nous présenterons la série de nos recherches relatives à ces divers sujets : Modificalions de la lambourde suivant la saison. — Nous avons recueilli à diverses époques de l'année, sur les mêmes sujets qui nous ont fourni les lambourdes étudiées dans le paragraphe précédent, un certain nombre d'échantillons que nous avions marqués au printemps. Ces échantillons étaient tous semblables à cette époque. Ces prélèvements nous ont permis de suivre pas à pas les transformations du bourgeon à fruit et de son support. Une semblable récolle, faite au commencement de lhiver, nous à permis de compléter ces données et d'établir la structure BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 113 de la lambourde au moment de la formation des fleurs dans le bourgeon. Cette étude fait l'objet du chapitre second. Les arbres sur lesquels nous avons prélevé les échantillons dont il est question plus haut poussaient dans un sol bien approprié au mode de eullure du poirier, et des arrosages compensalent la sécheresse trop forte pendant la période d'été. Nous avons recueilli à Fontainebleau des échantillons sur des arbres plantés en terrain sableux et dans un sol extrêmement see. L'expérience prouve que, dans ces conditions, la floraison est abondante et la fructification presque nulle. Nous avons cherché à déterminer si des différences de structure corres- pondent à ces différences de milieu. Les résultats seront erposés dans le troisième chapitre. Enfin, nous avons, dès la fin de mai, effeuillé totalement un certain nombre de lambourdes, les unes poussées sur des arbres plantés en sol normal, les autres sur des sujets plantés en ter- rain très sec. Nous avons choisi pour chaque effeuillage des témoins convenables. Nous pourrons ainsi comparer les modifications de structure produites dans les supports et la répercussion de cet effeuillage sur le développement du bourgeon. Ces modifications sont erposées au cours du chapitre IV. Une comparaison s'impose en outre, entre le support du bourgeon à fruit (partie annuelle) et le rameau. Tous deux se développent la même année, mais le développement de l'un est continu, le développement de l'autre ne lest pas. Le rameau porte de nombreuses feuilles et les entrenœuds sont très grands. La lambourde possède peu de feuilles, et ses entrenœuds sont très courts. Sans vouloir consacrer un chapitre spécial à ce rapproche- ment, nous élablirons des comparaisons assez fréquentes au cours de notre exposé. Enfin, dans les chapitres IE, HE, IV, nous considérons tou- jours des lambourdes à développement normal, se formant en 17% E. GOUMY deux ans et fruclifiant la troisième année: 1} était nécessaire d'indiquer le mode de développement de cerlaines espèces, l'une très vigoureuse, Fautre donnant presque exclusivement des productions fruitières, le sujet se trouvant ainsi dans ce dernier cas, ruiné en quelques années, A ce propos, uous étudierons les productions fruitières autres que la lambourde, et, de divers rapprochements, nous essaie- rons de tirer quelques conclusions relatives au développement d'un rameau et aux productions fruitières qui doivent norma- lement SY développer. Cette étude fait l'objet du chapitre V. A l'occasion de ces différentes recherches, nous avons essayé de déterminer les quantités relatives d’amidon et d'oxalate de calcium contenues dans les sujets étudiés et leur localisation dans les divers tissus. Nous indiquerons les résultats relatifs à ce point particulier à la suite de l'exposé de nos recherches sur chacun des cas que nous allons successivement passer en revue. Modifications de structure de la lambourde suivant la saison (1. Avant d'étudier les modifications de structure dues au milieu dans lequel vit le sujet, il est nécessaire de connaître les diffé- rentes phases du développement des lambourdes recueillies sur les sujets que nous avons pris comme {ypes. Nous étudierons donc tout d'abord des échantillons prélevés en été sur les sujets qui nous ont fourni les lambourdes étudiées précédemment. Les nouveaux prélèvements ont été faits vers le 1% juillet, c'est-à-dire deux mois exactement après les premiers. Nous aurons donc à comparer les résultats qui nous seront fournis par ces observalions : d'une part avec ceux qui résultent (4) Ce deuxième chapitre ayant pour objet de fixer les époques pendant les- quelles les diverses parties de la lambourde effectuent leur développement, nous donnerons nos conclusions à la suite de chaque paragraphe, chacun d'eux marquant en quelque sorte une étape nouvelle dans le développement de l'organe que nous étudions. Nous éviterons ainsi, à la fin du chapitre, des répétitions inutiles. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 175 de l'étude précédente, et cette comparaison nous renseignera sur les modifications qui s'acepmplissent dans le bourgeon à fruit et dans son support pendant la deuxième moitié du prin- temps. (Nous avons en effet déjà constaté que le support à atteint une certaine longueur au commencement du mois de mai.) Nous aurons enfin par la suite à comparer ces résultats avec ceux que nous obtiendrons en faisant des coupes dans des lambourdes recueillies aussi vers le 1% juillet sur des arbres de même espèce vivant en terrain sableux et très sec (Fontaine- bleau). Cette étude nous fera connaître l'influence de la séche- resse sur la constitution du bourgeon à fruit. ÉTUDE ANATOMIQUE DE LAMBOURDES RECUEILLIES LE 1° JUILLET. CSujel ayant vécu en terrain propre à la culture.) Le bourgeon proprement dit. — Le bourgeon, dont la longueur atteignait à peine, deux mois auparavant, quelques millimètres, a commencé son développement. I n'a pas atteint sa longueur maxima, el nous verrons que son développement correspond plus exactement à la période d'été, mais 11 présente dès main- tenantune organisation qui lui est propre etilest possible de faire un certain nombre de coupes transversales permettant d'étudier sa structure, les tissus étant maintenanttrès suffisamment diffé- r'enciés. Nous laissons de côté son extrémité terminale qui ressemble en tous points à la région semblable déjà décrite lors de l'étude précédente, nous y retrouvons en effet le méristème formateur qui caractérise le sommet de tout organe appelé où non à un développement immédiat. Coupe transversale dans le bourgeon proprement dit. Si nous faisons une coupe transversale, au-dessus du niveau d'insertion de la première feuille supérieure, à égale distance entre ce niveau et l'extrémité terminale du bourgeon propre- ment dit, nous y distinguons très nettement les tissus propres du bourgeon de ceux qui constituent les écailles. Écorce. — L'écorce du bourgeon étant limitée par les tissus propres aux écailles, on trouve autour du parenchyme cortical 176 E. GOUMY età l'extérieur, une couche de cellules allongées, à parois minces, issu en voie de différenciation. . Le parenchyme cortical forme une couche assez épaisse, mais le périevele est peu net. Tissus conducteurs. — Les issus conducteurs sont ici diffé- renclés. Le liber est formé de petits éléments séparés par de grandes cellules allongées dans le sens radial. L'assise génératrice est très nelle; enfin, non seulement un méristème vasculaire représente le tissu conducteur de la sève brute, mais un certain nombre de vaisseaux sont Hignifiés. La moelle est formée d'éléments qui différent beaucoup de grandeur entre eux. . Anridon. — On trouve à cette époque peu d'amidon dans le bourgeon proprement dit. En revanche, l'oxalate de calcium est Oralate de calcium. beaucoup plus abondant que dans les coupes correspondantes de La série précédente. I parait, d'autre part, uniformément réparti dans les divers Uissus (moelle, parenchymes). Ainsi done, pendant ces deux mois, le développement de la lambourde s'est manifesté par un léger accroissement du bour- geon lui-même, mais aussi par des modifications dans la struc- Lure du support, structure que nous allons maintenant étudier. Étude de la partie feuillée du support. — Pour éviter des répé- Hilions inutiles, nous éludierons seulement deux niveaux diffé- rents. 1° Coupe au niveau de l'insertion de la première feuille supé- rieure. Écorce. — Un liège (/q) très réduit recouvre une couche formée de plusieurs assises de cellules allongées à parois assez épaisses. Le parenchyme cortical (pe) est abondant: le péri- cycle, formé d'une seule assise de cellules, est quelquefois indis- Uinct. Tissus conducteurs. — Le iber est formé de petits éléments à parois minces. L'assise génératrice (ag), formée de plusieurs rangées de petites cellules, donne naissance à un éristème vasculaire (me) formant une couche composée de une à six BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 114 rangées de cellules de formes très irrégulières. On rencontre par endroits plusieurs vaisseaux lignifiés. Ainsi done, à cette date, indépendamment de la formation d'un méristème vasculaire formant un anneau continu, la ligni- fication d'un certain nombre de vaisseaux forme l’esquisse d’un véritable anneau ligneux. Le nombre des faisceaux Hbéro-ligneux émanant des feuilles n'augmente plus cependant, puisque aucune feuille nouvelle ne Fig. 17. — Coupe transversale de la lambourde dans la région immédiatement supé- rieure à l'insertion de la premiére feuille : /g, liège; Z, liber; b, bois ; /1b, faisceau libéro-ligneux des écailles ; ag, assise génératrice ; m, moelle : cr, cristaux d'oxalate de calcium. se forme plus, mais nous avons vu que l’aceroissement du bour- seon proprement dit, détermine l'augmentation du nombre des écailles. Les nouveaux vaisseaux ligneux, groupés où non, et disposés souvent sans régularité apparente, correspondent à ces écailles nouvelles. L’anneau de bois ne sera cependant, jamais complet à ce niveau, mais nous verrons le nombre des vaisseaux hgnifiés augmenter de plus en plus à mesure que le bourgeon terminal s'accroît. Anidon. — L'amidon commence à apparaitre à cette époque un peu au-dessus du niveau que nous étudions en ce moment. ANN, SC. NAT. BOT. 1, 12 178 E. GOUMY Il apparait tout d'abord dans la moelle, et l'écorce n'en con- bent pas encore. Ozralale de calcium. L'oxalale de calcium (67) est beaucoup plus abondant à cette époque el à ce niveau que dans les échantillons comparables de la série précédente. Sa répartition se modifie un peu: il est moins abondant dans la moelle que dans l'écorce, et très abondant dans le hber. Si nous mesurons l'épaisseur des divers tissus, et st nous comparons les chiffres Proportions relatives des tissus entre eur. obtenus au rayon de la coupe, ramené à 10, nous obtenons, en faisant une réduction analogue pour tous les chiffres : RAYON ER CRE AIT NE EE RE srELO ÉCOTOE A ee LS ASoit AECOLCR: EP re { , : 1 dontiliber ee REC 10" dontPiber een = Méristème vasculaire. 0,5 LA A RER TE 0 MoglléF re. ere 288 4,0 MOBNE een Ce . Avant de tirer aucune conclusion, nous décrirons tout d'abord des coupes faites à des niveaux inférieurs. 2° Coupe au-dessous du niveau d'insertion de la deurième feuille (fig. 18). Évorce. — L'écorce (er) est formée d'une assise assez mince de liège (lg) entourant un parenchyme cortical dans lequel on peut distinguer deux régions : la région voisine de l'assise géné- ratrice du liège est formée d'éléments relativement petits, l'autre partie du parenchyme cortical, qui se termine au péri- evele, est formée d'éléments plus grands. Tissus conducteurs. — Le liber est plus développé que dans les régions supérieures; Jes vaisseaux lignifiés sont aussi beaucoup plus nombreux que dans la partie supérieure du support. Proportions relatives entre les tissus. — Nous pouvons établir ici les proportions relatives entre les lissus et placer en regard les chiffres obtenus lors de l'étude que nous avons faite de la lambourde au mois de mai. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 179 Le diamètre de la lambourde, considérée à la hauteur à laquelle nous venons de faire cette dernière coupe, est un peu supérieur à celui de la coupe correspondante faite dans la lambourde plus jeune. L'écorce présente sensiblement Ta même épaisseur, c'est-à- dire les 2/5 environ du rayon. Le liber est un peu mieux représenté dans ce dernier cas, Fig. 148. — Coupe transversale du support de la lambourde au-dessous du niveau Le) . . CR mn . Ï . . . d'insertion de la deuxième feuille : {g, liège ; pe, parenchyme cortical; £, liber: Ts D y b, bois ; tb, faisceau libéro-ligneux ; ag, assise génératrice ; er, cristaux d’oxalate D g 5 de calcium ; »7, moelle. mais la différence est assez peu sensible et ne peut être traduite en chiffres d’une manière bien exacte. Le bois s'est accru, au contraire dans de notables propor- lions : égal aux 2/10 du rayon dans le cas de la lambourde de mai, ilest ici égal aux 3/10. La moelle occupe sensiblement la même place et présente le même développement dans les deux cas. Anuüdon. — À ce niveau, le support renferme peu d’amidon, mais toujours cet amidon est plus abondant dans la moelle que dans l'écorce. Nous verrons plus loin que la quantité d’amidon est très variable à une même époque dans des organes semblables et à des niveaux identiques, suivant la nature du sol. 180 E. GOUMY Oxalate de calcium. — En très petite quantité dans la moelle, il est assez peu abondant dans l'écorce, mais on en trouve tou- jours de grandes quantités dans le Hiber. On en trouve des amas, formant une ligne presque continue, à la place même qu'occupe l'anneau de selérenchyme dans le rameau. Etude de la région basilaire de la lambourde. Coupe faite dans la partie annuelle de la lambourde, au-des- sous du niveau d'insertion de la dernière feuille. — Le liège (lg) est plus épais que dans les parties supérieures. Quant au parenchyme cortical (pe), 1 affecte la même disposition que Fig. 19. — Coupe transversale de la région basilaire de la lambourde: 9, liège ; pe, parenchyme cortical; cr, cristaux d’oxalate de calcium; Z, liber: ag, assise génératrice ; b, bois ; #1, moelle. dans les niveaux déjà étudiés. Il en est de même du hber (/), mais les caractères particuliers présentés par ces Üssus dans les régions supérieures de Ta lambourde s'accentuent encore (augmentation d'épaisseur du Hiber, abondance d'oxalate de calcium dansles régions où nous avons tout à l'heure indiqué sa présence). Tissus ligneur. — Le bois forme à ce niveau une assise presque continue, Les vaisseaux sont tous à large calibre et à parois minces. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 181 Notons enfin que la selérification envahit quelquefois les cel- lules de la moelle, voisines des vaisseaux ligneux. Les proportions relatives entre les tissus sont sensiblement les mêmes que dans la région voisine étudiée plus haut. Amidon. — L'amidon est beaucoup moins abondant dans cette partie du support que dans la région feuillée. Mais on en trouve de gros grains et même de véritables amas gorgeant les intervalles des faisceaux libéro-ligneux. L'oxalate de calcium présente la même disposition que dans la région supérieure. EN RÉSUMÉ, la comparaison entre plusieurs lambourdes mai el recueillies, er semblables et semblablement placées le 1 les unes le 1° mai, les autres le 1% juillet, donne les résultats suivants relalifs au développement de cet organe pendant ces deux mois de Pannée. 1° Le bourgeon proprement dit «à légèrement accru son volume, il possède un liber assez abondant el seulement quelques vaisse ur lignifiés provenant des écailles qui le recouvrent. 2 Le support a subi quelques modifications de structure : a) Des vaisseaur ligneur indépendants des faisceaur libéro- ligneu.r des pélioles se forment au printemps ; peu abondants en- core, leur nombre grandira de plus en plus. Du reste, on retrouve nécessairement dans le support, les vaisseaux ligneux dont nous avons constaté la présence dans le bourgeon propre- ment d b) Le liber prédomine toujours sur le méristème vasculaire, sur- tout dans le bourgeon et la partie feuillée du support. c) L'amidon commence à apparaitre. On en trouve dans le bour- geon proprement dit et dans la partie du support qui supporte les feuilles. d) L'oralate de calcium est plus abondant à cetteépoque que deux mois auparavant. — Xl est toujours plus abondant dans l'écorce que dans la moelle, Nous l'avons trouvé en abondance dans le liber et près du liège, c'est-à-dire au voisinage des assises géné- ratrices. Nous aurons plus loin l’occasion de revenir sur cette disposition générale des eristaux doxalate de calcium. 182 E. GOUMY ÉTUDE DE LA LAMBOURDE EN OCTOBRE. (Sujets recueillis entre le 1° et le 15 octobre. En marquant dans l'étude du développement du bourgeon à fruit trois élapes successives, nous n'avons pas choist arbitrai- rement les époques auxquelles nous nous arrètons pour l'étude anatomique de cet organe. Nous venons de voir qu'au printemps, c'est le support du bourgeon qui s'accroit et développe ses feuilles, le bourgeon demeurant très réduit. Mais ces feuilles de lambourde ont géné- ralement atteint leur complet développement vers le commen- cement de juin; la période qui commence vers cette époque semble marquer en quelque sorte la phase d'organisation du bourgeon lui-même, phase que nous limitons au moment de là formation des fleurs. C'est ainsi que, pendant l'été, le bourgeon proprement dit à pris un grand développement: il s’est allongé etil a gross. Nous devons done nous attendre à trouver dans le bourgeon lui-même des changements de structure importants, tandis que les modifications que nous serons appelés à constater dans le support ne seront en quelque sorte que le retentissement des “hangements survenus dans le bourgeon. ÉTUDE DU BOURGEON PROPREMENT Dir. — Laissant de côté l'extrémité tout à fait terminale qui ne- présente en coupe transversale qu'un amas de cellules de méristème formateur déjà décrit, nous étudierons en détail la structure du bourgeon à différents niveaux. Dans un tel organe, il est difficile de désigner d'une facon très précise les niveaux auxquels correspondent les coupes. Les écailles, en effet, S'insérent très près les unes des autres, et le bourgeon se présente avec une telle régularité d'aspect qu'on ne trouve pas à sa surface de points de repère suffisants pour indi- quer avec une grande exactitude les niveaux par où passent les coupes qu'on étudie. Nous indiquerons cependant trois plans différents dans un tel organe, et nous ferons des coupes: 1° au voisinage de l'extré- milé terminale, alors qu'il est possible de distinguer une sépa- BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 183 ration nette entre les tissus des écailles e{ ceux du bourgeon ; 2° vers le mieu de l'organe, niveau relativement facile à déter- miner, à cause du renflement produit par les écailles très abon- dantes à cet endroit, toutes les écailles, excepté les plus infé- rieures, se prolongeant au moins Jusqu'à cette hauteur; notre coupe intéresse une région un peu inférieure à ce renflement:; 3° à la base même du bourgeon et immédiatement au-dessus du niveau d'insertion de la première feuille du support. de telle manière cependant que les tissus du pétiole ne soient pas com- pris dans la coupe. 1° RÉGION TRÈS VOISINE DU SOMMET. — L'érorce est formée d'un épiderme simple, recouvrant une assise sous-épidermique à cellules allongées, la plupart cloisonnées et en voie de division. Le parenchyme cortical débute par un certain nombre d'assises de cellules plus petites, arrondies, et se compose ensuite d’élé- ments plus grands. Toutes ces cellules sont à parois très minces. Une assise péricyclique constitue une ligne de démarcation très nette entre le parenchyme cortical et le liber. Le liber forme une couche d'aspect irrégulier. Les cellules qui le constituent, petites, à parois minces, sont groupées en petits paquets auxquels fait suite un méristème vasculaire peu abondant. Tissu ligneur. — On voit de place en place quelques groupes de deux à quatre vaisseaux lignifiés, petits, à calibre très réduit, à parois peu épaisses. Ces vaisseaux ligneux si peu nombreux constituent le système de vascularisation des rares écailles qui s'insérent au-dessus du niveau par où passe la coupe. La moelle est formée de grandes cellules arrondies, laissant entre elles de nombreux méats intercellulaires. Amidon. — Nous trouverons dans toutes ces coupes du bour- geon de grandes quantités d’amidon. Les régions supérieures que nous étudions en ce moment en renferment beaucoup et les cellules de la moelle en sont absolument gorgées. Les tissus des écailles supérieures (intéressées par la coupe) en présentent également une extrême abondance. Oralate de calcium. — On trouve à ce niveau des macles d'oxalate assez nombreuses, et uniformément répandues dans les divers tissus (moelle et parenchymes de l'écorce). 184 E. GOUMY Ainsi donc, à ce niveau très voisin de l'extrémité terminale, les tissus sont nettement différenciés, renferment beaucoup de réserves, mais le système de vascularisation est presque nul. La structure du bourgeon est très différente quand on étudie les régions inférieures. 2° COUPE DANS LA RÉGION MOYENNE DU BOURGEON. — Le nombre des écailles à beaucoup augmenté à mesure que le bourgeon s'est accru et ces écailles sont insérées en des points très voi- sins. [en résulte qu'au milieu du parenchyme cortical formé de petits éléments très abondants et très serrés, on observe la présence de petits faisceaux renfermant un ou plusieurs petits vaisseaux lignifiés entourant de petites cellules parenchyma- teuses à parois minces, el correspondant aux faisceaux lbéro- ligneux des écailles supérieures (x), ces faisceaux n'avant pas encore pris leur place dans le evlindre central du bourgeon (fig. 20). Cylindre central. — Un péricyele à grands éléments entoure un liber (l) beaucoup plus abondant, et plus régulièrement disposé que dans les régions supérieures. Une assise génératrice (ag) très nette donne vers l'intérieur un vréristème vasculaire (me) formant un anneau continu; les vaisseaux lignifiés, réunis par groupes de deux à cinq, forment un cercle de tissu Higneux, presque ininterrompu. Les vaisseaux sont à parois épaisses et à calibre assez étroit. La #0elle (in) est formée de grands éléments à parois minces. Étudions enfin les coupes faites à la base du bourgeon, le niveau étant déterminé ainsi que nous l'avons dit plus haut. 3° RÉGION INFÉRIEURE DU BOURGEON. — Érorre. — Nous signa- lerons seulement l'épaisseur plus grande des parois des cellules du parenchyme cortical. Cylindre central. — Le liber est très abondant et formé de deux assises distinctes : une région voisine de lassise généra- trice et formée d'éléments petits et aplalis, une seconde, exté- rieure par rapport à la précédente, formée d'éléments plus erands. Les vaisseaux ligneux forment à ce niveau un anneau con- linu. Ces vaisseaux forment des files comprenant de trois à huil éléments lignifiés, séparés par des éléments de méristème vas- BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 185 culaire. Ces vaisseaux sont assez variables comme forme el comme aspect. I est possible de distinguer un certain nombre d'entre eux, les plus récemment formés, qui présentent une forme aplatie, un calibre très réduit, des parois épaisses : ils correspondent à la séve d'août. Amidon. — L'amidon est très abondant à tous ces niveaux. Fig. 20. — Coupe transversale vers le milieu du bourgeon à fruit de Pèrus com- munis. (Lambourde recueillie au commencement d'octobre) : {g, liège: pe, paren- chyme cortical; /, liber ; b, bois ; ag, assise génératrice ; », faisceau libéro-ligneux d'une écaille supérieure. On en trouve toujours beaucoup plus dans la moelle que dans l'écorce. Oralate de calcium. — On rencontre beaucoup plus d'oxalate à ce niveau que dans les régions supérieures, mais cet oxalate n'est plus également réparti dans tous les tissus : rare dans la moelle, peu abondant dans l'écorce, on le trouve surtout dans le liber. L'élude anatomique de ce bourgeon nous permet de le consi- dérer comme un organe nettement individualisé, possédant des caractères qui lui sont propres, une structure particulière. Cel organe, qui ne possède comme système ligneux que des vais- seaux provenant des écailles, est le siège de phénomènes inté- [86 E. GOUMY ressants qui s'effectuent en un temps relativement très court : la formation des fleurs. Mais avant d'aborder cette partie du développement qui n'intéresse que le bourgeon proprement dit, étudions rapidement la structure du support à l'automne, les modifications anatomiques que nous pourrons v observer sont pour là plupart déterminées par les changements que nous venons de constater dans le bourgeon lui-même. Érube Du support. — Nous considérerons comme précédem- ment trois niveaux différents que nous délerminerons facile- ment par Pinsertion des feuilles. L° Coupe au niveau d'insertion de la 17° feuille. — Celte région élant Très voisine de la base du bourgeon que nous venons de décrire précédemment, les mêmes tissus doivent évidemment se retrouver dans les deux coupes. Mais le diamètre du support à ce niveau est sensiblement supérieur à celui de la base du bourgeon. Il en résulte une diminution apparente du Ussu ligneux. Or, les vaisseaux dont nous avons constaté la présence à la base du bourgeon se retrouvent nécessairement dans cette partie du support; nous pouvons même ajouter qu'ils Sy retrouvent seuls, car aucune feuille ne s'est encore insérée sur le support à cette hauteur. Le Liber présente sensiblement la même épaisseur que dans la coupe précédente. En ce qui concerne l'écorce, notons seu- lement une épaisseur plus grande du liège. Des modifications plus importantes dans la structure appa- raissent presque immédiatement, si on fait une série de coupes dans une région inférieure du support. 2° Coupe au-dessous du niveau d'insertion de la 2% feuille (ig. 21). Un Piège (lg) relativement assez épais, et dont lassise génératrice fonctionne encore, recouvre plusieurs assises de parenchyme corlical à cellules irrégulières et à parois épaisses. On rencontre ensuite un anneau de parenchyme cortical à cellules arrondies el à parois moins épaisses. Le Liber est abondant. Bois. — Indépendamment des faiscenur libéro-ligneuxr (tb), le nombre des vaisseaux lignifiés est très grand, et, dès ce niveau, BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 187 on trouve un cercle presque complet de vaisseaux ligneux. Les cellules médullaires voisines sont sclérifiées, et la sclérification se produit donc dans ce cas de Ta périphérie vers le centre. Nous Fig. 21. — Coupe transversale du support d'une lambourde au niveau d'insertion de _ la deuxième feuille; /g, liège ; pc, parenchyme cortical; L, liber ; ag, assise géné- ratrice ; b, bois ; f{b, faisceau libéro-ligneux ; m, moelle; m. sel. cellules médul- laires sclérifiées ; er, cristaux d’'oxalate de calcium. verrons plus loin qu'en terrain sec, la sclérification de la moelle est plus rapide et nese produit pas ainsi. La couche de vaisseaux ligneux est plus épaisse entre les fais- ceaux libéro-ligneux que dans les régions qui n'en possèdent pas encore. L'appel foliaire qui s'exerce détermine très certai- nement cette formation de vaisseaux ligneux plus nombreux. Amidon. — À un tel niveau, la moelle est gorgée de grains d’amidon, le parenchyme cortical en renferme moins. Oralate de calcium. — On en trouve très peu dans la moelle, un peu plus dans l'écorce, il est extrêmement abondant dans le liber et les cellules péricycliques. Le pétiole de la feuille en renferme beaucoup: 188 E. GOUMY 3° Etude de la région basilaire du support. (Coupe au-dessous du niveau d'insertion de la dernière feuille.) (fig. 22). Écorce. — Notons simplement l'épaisseur de la couche de hège (lg) el La quantité moindre de parenchyme cortical (per. Le liber est très abondant. Bois. — Le bois est plus abondant qu'il n'était au printemps. Fig. 22. — Coupe transversale de la partie basilaire de la lambourde recueillie en octobre : Zg, liège ; pe, parenchyme cortical; £, liber: ag, assise génératrice ; /{b, faisceau libéro-ligneux ; #1.scl, moelle sclérifiée; er, cristaux d'oxalate de calcium. La couche de bois à larges vaisseaux s’est augmentée d'un anneau, peu épais ilest vrai, de bois d'automne, mais les parois des vaisseaux formés depuis cette époque ont toutes une grande épaisseur. La #10elle est entièrement sclérifiée. RAPPROCHEMENT ENTRE LA PARTIE BASILAIRE DE LA LAMBOURDE ET LE RAMEAU DE L'ANNÉE. — Cette partie basilaire de la lam- .bourde présente aspect d'un rameau normal, dans lequel les issus vivants ont pris un grand développement, tandis que les issus morts sont réduits de beaucoup. Nous avons eu locca- sion, au cours du premier chapitre, d'étudier en détail la struc- Lure du rameau de l'année, et nous avons établi certains rap- ports entre les différents issus. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 189 Si nous faisons le même calcul pour les tissus de la lam- bourde (région basilaire), nous obtenons des nombres différents qu'il est intéressant de rapprocher des précédents. Résumons donc dans un tableau les divers résultats obtenus : 1° Pour le rameau normal ; 2° Pour le rameau pincé ; 3° Pour la lambourde {région basilare). Nous pouvons d'autant mieux faire ce rapprochement que les rameaux et les lambourdes ont été recueillis le même jour sur les mêmes sujets ou sur des arbres de la même espèce très voisins les uns des autres. RAMEAU NON PINCE. RAMEAU PINCE. LAMBOURDE (partie basilaire). Rayon : 10. Rayon : 10. Rayon : 10. HICOLCER AAA 4; GP] Écorcer state D OM MÉCOrCE en 33 MIDeR A as ere POS PTIber RTE PAS ÉIDenE rente 2,0 DRE A PAR MR CER 55D BOIS RTE PAL M PIB OIS RECU AEr EURE 2,0 Moelle es 2,3 Moellé res PSI MOEller ACER 2,6 Si, comme nous l'avons fait précédemment, nous prenons pour unité l'écorce, au sens ancien du mot, nous obtenons pour les autres Üissus, les rapports suivants : RAMEAU NON PINCÉ. RAMEAU PINCÉ. LAMBOURDE . HeorCer si 22.02 +—+- Écorte ........1.. { Écorcers eu eee I À 3 . 1 : o dontmlaber 727 — dontiber 2eme = dOontBIDer rene = . . 9] BOIS PR 2,4 BOIS EE 151 ROIS ta [ ) ï Moelle 1,0 Moelle - Moelle. .…...... : Le simple examen de ces tableaux permet de constater la ré- duction du bois dans la partie annuelle de la lambourde. En effet, dans un rameau normal, le tissu ligneux représente à lui seul _ du rayon, c'est-à-dire plus de la moitié; dans la partie basilaire de la lambourde, ce rapport n’est plus que de = L'écorce, au contraire, sensiblement égale au : du rayon, dans le rameau, est avec lui dans le rapport = si on considère la partie basilaire de la lambourde. Nous pouvons constater 190 E. GOUMY également que le Hiber occupe une place plus grande dans cette région de Ja lambourde que dans un rameau quelconque. Nous ne voulons pas en ce moment rer d'autres conclusions de cet exposé. La lambourde n'esUpas, en effet, la seule produc- ion fruitière : nous en avons cité deux autres : le dard et la brindille, nous les étudierons au cours d'un chapitre suivant. Nous rapprocherons les chiffres que nous établirons à leur su- jet de ceux que nous venons d'obtenir, et les conclusions que nous pourrons üirer seront d'un ordre plus général que celles que nous pourrions déduire du seul rapprochement que nous venons de faire. CONCLUSIONS RELATIVES AU DÉVELOPPEMENT DE LA LAMBOURDE PENDANT LA PÉRIODE D ÉTÉ Nous pouvons ürer de cette étude les conclusions suivantes : 1° La période d'été représente la phase d'organisation du bour- geon proprement dit. (La période de végétation du printemps représentant plutôt celle du support.) Pendant cette saison, le bourgeon augmente de longueur et de volume, développe de nombreuses écailles : 1len résulte /4 formation dans le bourgeon lui-même d'un anneau complet de vaisseaux lignewr, lesquels émanent uniquement des écailles. Le liber est abondant. L'écorce et lu moelle sont très développés. 2 Le support subit un certain nombre de modifications : les unes corrélalives aux changements survenus dans le bourgeon, les autres indépendantes de ces transformations. En effet, les vaisseaux ligneux émanant des écailles se retrouvent évidem- ment dans le evlindre central du support: d'autre part, 4 se constitue dans le support un anneau complet de bois d'automne. T'ous les vaisseaur du bois. quels queuls soient, épaississent beau- coup leurs parois. La sclérification de la moelle, incomplète encore à la partie supérieure du support, mais complète à sa base, débute au voisinage des vaisseaux ligneux et gagne progressivement le centre. 3° L'amidon, que nous avons trouvé en faible quantité dans les divers lissus du bourgeon et de son support pendant le prin- temps, es{ maintenant en grande abondance, surtout dans le bour- BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 191 seon lui-même. Les cellules de la moelle en renferment toujours beaucoup plus que les cellules de lécorce. L'amidon mis en réserte par UN OTGjUne de celte nalure se trouve donc nette- ment déterminé comme amidon d'été. Cet amidon ne sera con- sommé que lPannée suivante, au moment du développement des fleurs, développement qui précède celui des feuilles et qui devance par conséquent la poussée de sève du printemps. 4° Quant à lPoralale de calcium, a quantité existant en juillet a certainement augmenté. Le bourgeon à fruit, examiné à l'automne, contenant à la fois en abondance de lamidon et de l'oxalate de calcium, deux hypothèses peuvent être faites : ou bien la formation de l'oxalate est corrélative à la production de l'amidon, ou bien il nv à au contraire aucune relation entre ces deux corps. Nous avons pu constater que loxalate de cal- cium existe déjà en notable quantité, alors que Famidon est très peu abondant. I parait done plus légitime d'admettre que loxalate de calcium est corrélalif à la formation des tissus eux- mêmes, véritable résidu laissé en place ou entrainé par la sève et entassé pour ainsi dire dans les parties de la plante où le mouvement de la sève est Le plus lent. Nous avons vu, il est vrai, que la quantité d’oxalate s'accroît pendant que l’amidon devient lui-même plus abondant, mais, pendant cette période d'été, le travail de prolifération des cel- lules-du bourgeon proprement dit et les modifications qui s’ac- complissent dans le support paraissent fournir une explication plus rationnelle de augmentation du nombre des cristaux d’oxalate dans les tissus. En résumé, la quantité d'orulate de calcium ne parait pas varier quand'il s'opère dans certains organes un travail d'emmagasinement de réserves à l’intérieur de leurs cel- lules. MODIFICATIONS SUBIES PAR LE BOURGEON PENDANT LE DÉVELOPPEMENT DES FLEURS Nous avons montré dans le paragraphe précédent que, par sa structure, le bourgeon qui termine une lambourde est un organe très particulier, et qui diffère beaucoup, par exemple, du bourgeon terminal du rameau que nous avons décrit au cours du chapitre premier. 192 E. GOUMY Cet organe n'est pas seulement très différencié par ses carac- {ères anatomiques, mais 1l présente dans son mode de déve- loppement d'autres particularités. L'expérience montre que, dans la grande majorité des cas, et à moins de circonstances tout à fait particulières, ce bourgeon de lambourde doit por- ter des fleurs. C'esten effet au moment même où loutes les productions rameuses cessent de S'accroitre, c'est-à-dire à la fin de Fau- tomne, que le bourgeon appelé à fructifier présente son maxi- mum d'activité. Le bourgeon à fruit accroit légèrement son volume, et les transformalions qui se produisent peuvent se résumer ainsi : 1° allongement de la partie terminale du bour- geon ; 2° formation de productions nouvelles qui, par une suite de transformations successives, donnent des organes floraux peu développés, mais bien caractérisés ; 3° à côté de ces organes destinés à la fructification, il se produit également, non des écailles comme 1ls$'en est formé pendant tout Fété, à Pex- trémité du bourgeon, écailles qui S'élagent maintenant latéra- lement, mais formation de véritables petites feuilles, destinées à un précoce développement (1). Nous n'avons pas à revenir sur la suite des transformations que subit un organe folhaire naissant pour se déterminer en fleur, cette question à déjà été traitée el est exposée avec beaucoup de détails dans les ouvrages de botanique. Nous signa- lerons seulement les particularités qui accompagnent ces lransformalions et nous donnerons succinctement la struc- Lure de l'axe du bourgeon qui subit cel allongement pendant que les nouveaux organes se forment en des points {rès rap- prochés. Si nous faisons une coupe transversale dans une région très voisine de l'extrémité, coupe intéressant là partie du bourgeon qui se développe tardivement, nous trouvons ie la structure des parties jeunes en voie de subdivision. Énumérons rapidement les détails anatomiques qu'on peut relever : (1) Le développement des fleurs peut avoir lieu dès la fin de l'automne, quand une cause accidentelle fournit au bourgeon une température suffisante. (Observations de M. Jolly.) BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 193 L'épiderme est composé d’une seule assise de cellules, dont quelques-unes présentent des poils. Une assise sous-épidermique à parois un peu plus épaisses lui fait suite, puis une ou deux assises de cellules plus allongées et en voie de division. Le parenchyme cortical est composé de cellules arrondies présentant entre elles de larges méats intercellulaires. Les faisceaux libéro-ligneur, souvent distincts, sont entourés d'une ou plusieurs assises périeycliques allongées et sont:com- posés d'un liber à petits éléments, d'une assise génératrice en plein fonctionnement et d'un méristème vasculaire avec quelques vaisseaux lignifiés. La moelle est composée de grands éléments arrondis, présen- tant de grandes vacuoles circulaires. On remarque enfin, à l'aisselle de l’écaille, un petit œil très réduit, formé d’un amas de cellules de méristème for- maleur. Mais l'étude de cette partie du bourgeon, en voie de trans- formations, a été faite au sujet d'espèces différentes; nous renvoyons donc aux auteurs qui ont déterminé la série de modi- fications que subit le renflement d’un axe de bourgeon, renfle- ment qui, de prime abord, semble devoir donner naissance à une feuille et qui donne, au contraire, un organe floral très différencié. Nous avons voulu établir, dans ce chapitre, les modifications successives que subit une lambourde de deux ans depuis Île printemps jusqu'à l'automne. Le bouton à fleurs est maintenant formé et se développera au printemps suivant. Il nous reste à rechercher les circonstances qui occasionnent ou qui déterminent la formation des lambourdes et celles qui, au contraire, entravent leur formation. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES RELATIVES AU DÉVELOPPEMENT DE LA LAMBOURDE Pour justifier nos conclusions, nous emprunterons la théorie des capacités fonctionnelles à M. Daniel, dont les remarquables travaux font autorité en la matière. ANN. SC. NAT. BOT. 1,48 19% E. GOUMY Rappelons brièvement quelques-unes des idées générales émises par cel auteur. … ES = _ «I + à lieu de distinguer plusieurs catégories de points d'ap- pel d’après leur rôle et leur position sur la plante. «Ils sont Zigellaires quand ils sont situés sur l'appareil végé- latif aérien : «_ 4) Ceux des bourgeons ou points d'appel gemmellaires ter- minaux ou latéraux. « b) Ceux des feuilles ou points d'appel foliaires. «e) Ceux de l'écorce ou points d'appel corticaux. « Is sont fructifères quand il s'agit des appels exercés par les diverses parties de l'appareil reproducteur. « Enfin, il peut v avoir des appels de réserves en des points variés, à certains moments de la vie de la plante, quand celle- 1 fabrique plus qu'elle ne consomme. « La quantité g de liquide qui passe dans un capillaire ligneux en un temps {, est donnée par la formule de Poi- seulle : )p)s , ÿ— PD° X Constante. et de Nægeli : D JUS 2 , d'où on bre, après réduction, la formule très importante de la vitesse : PD? L = X Constante. « La branche horizontale recoit moins que la branche à angle aigu..., etc. « La valeur d'un point d'appel est fonction de la vitesse » d'arrivée de la sève, c'est-à-dire qu'elle dépend, en dehors de Pet de la constante, simultanément de trois valeurs particu- lhières : «@ 1° De la longueur Let du diamètre D des capillaires qui S'Y rendent ; BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 195 « 2° De l'angle + que ces vaisseaux forment avec la verticale ; « 3° Du nombre N de ces vaisseaux. » Nous avons, au début de ce deuxième chapitre, distingué trois périodes dans le développement de la lambourde : 1° En effet, la première est marquée par le développement du support, à l'exclusion presque du bourgeon proprement dit. Si, comme le dit M. Daniel, «le tissu ligneux est un véritable appareil enregistreur, qui note à chaque moment la valeur des capacités fonctionnelles de la plante entière où de lun quel- conque de ses organes », on conçoit facilement que pendant toute la période de développement du support, le bourgeon pro- prement dit ne se développe pas. En effet, les vaisseaux ligneux qui lui sont propres sont en nombre extrêmement réduit. Les seuls qui existent sont en effet ceux des pétioles : or, le support n'est en réalité que la réunion de plusieurs pétioles. Chaque feuille constituant un point d'appel, chacune d'elles se développe parfaitement au printemps et, par suite, le support atteint dès l'été son développement maximum. On conçoit également que les feuilles de la lambourde, si voisines les unes des autres, déterminent un véritable « appel de réserve » à l'extrémité supérieure du support. Sans être les seuls agents de formation de l'amidon, qu'on rencontre à cet endroit en extrème abondance, elles paraissent être une des causes de sa formation et de sa localisation. 2° Mais bientôt le rôle de la feuille diminue d'importance et le support est complètement formé. La lignification interfascicu- laire s'accroît comme nous l'avons montré, et le point d'appel, de folhiaire, devient gemmellaire. Nous arrivons à la deuxième période que nous avons délimitée et que caractérise le dévelop- pement du bourgeon proprement dit. Mais, au point de vue pratique, ce mode de développement est-1lle même chez tous les sujets ? Nous aurons l’occasion, au cours de notre dernier chapitre, d'étudier des cas particuliers de développement, et notamment le cas de sujets très vigoureux, chez lesquels les divers veux ou bourgeons sont loin de présenter dans leur position respective et dans leur développement, la régularité que nous avons cons- 196 E. GOUMY tatée chez les sujets pris comme type. Il en résulte que la pro- duction des bourgeons à fruit sur les jeunes branches est tout à fait différente de celle que nous venons d'exposer. Nous essaierons, dans notre dernier chapitre, de montrer quelles sont les productions fruitières qu'il convient de faire développer sur de tels sujets. 3° Enfin, de la troisième période (formation des fleurs), nous connaissons par des travaux antérieurs les détails de transfor- malion des organes et nous avons examiné d'autre part avec soin les circonstances qui entourent cette transformation. Ce n'est pas, nous l'avons vu, au moment d'une montée de sève qu'elle s'accomplit, mais après la poussée de la « sève d'août ». Nous sommes donc ici dans un cas extrèmement par- ücuher de végétation lente dans un organe qui, peut-être, à recu moins de sève que l'extrémité Lerminale du rameau, mais dans lequel certainement la sève à cireulé lentement, puisqu'il se trouve généralement placé à angle droit par rapport au rameau. Cet organe, de plus, est gorgé de réserves ; la végéta- lion qui doit s'accomplir se fait sous un manteau épais formé par de nombreuses écailles qui enserrent de très prèsles organes axiles du bourgeon. Il se produit dans ces circonstances parti- culières un très léger accroissement de l'organe et une transfor- mation des rudiments de feuilles terminales en appareils de reproduction. De cette transformation, nous connaissons done maintenant, avec le mécanisme, les circonstances qui l'environnent. La cause seule nous échappe, et sa recherche reste un important pro- blème à résoudre. LA LAMBOURDE APRÈS LA FRUCTIFICATION Nous devons, en terminant ce chapitre, indiquer sommaire- ment ce que devient la lambourde, quand son bouton à fleur est complètement formé. Certains auteurs et surtout beaucoup d’arboriculteurs admettent qu'une fois son bouton à fleur formé, la Tlambourde ne peut plus développer de pousse terminale. Ceci est vrai dans la grande majorités des cas, et c’est ce qui BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 197 se produit normalement. Il n'est pas d'usage en effet (hormis le cas où il est utile de rabattre l'arbre), de faire porter la taille sur ls branches de deux ans. Il serait cependant intéressant d'étudier les modifications anatomiques qui se produiraient dans une lambourde de deux ans bien constituée, et qu'on aurait rendue terminale en supprimant la partie de la branche placée au-dessus d'elle, modifications qui accompagneraient la reprise de la végétation au printemps suivant (1). Ainsi donc, une lambourde, après avoir fructifié, développe des veux latéraux (le plus généralement deux), placés sur les côtés de la base du bourgeon. Un nouvel organe se forme le plus souvent, « la bourse » renflement de l'axe d’inflorescence, etc’est sur cette partie char- nue que de nouveaux yeux se développent, lesquels yeux donnent, dans la grande majorité des cas, de nouvelles Tam- bourdes. Sur la bourse cependant, peuvent naître des yeux donnant naissance aux appareils rameux ou fructiféres : rameau, dard ou brindille. Mais cet appareil particulier à été étudié avec beaucoup de soin, par M. Daniel, et nous préférons renvoyer pour ce qui le concerne au remarquable travail de cet auteur (2). Les nouvelles productions ainsi formées, fructifieront par la suite. Mais nous n'avons plus affaire ici à l'organe simple dont nous nous sommes proposé d'étudier la structure. Nous ne sommes plus en présence d'une simple lambourde, mais d’une véritable branche fruitière issue de la lambourde. Cette branche fruitière bien dirigée donnera pendant une période de quelques années une production belle el assurée. L'étude de la « conduite » de cette branche fruitière doit constituer un chapitre très important d'un traité de la tulle du poirier. (1) Nous avons trouvé dans certaines espèces des modifications intéressantes des supports floraux, modifications que nous étudierons en détail, mais qui sortiraient du cadre de ce présent travail. (2) La théorie des capacités fonctionnelles et ses conséquences en agriculture. CHAPITRE II MODIFICATIONS DE STRUCTURE DE LA LAMBOURD SUIVANT LE MILIEU Après avoir tudié le développement des lambourdes recueil- lies à diverses époques de l’année sur des sujets vivant dans un sol propre à la culture du poirier, nous avons pensé qu'il serait intéressant d'étudier la structure des lambourdes recuerl- lies sur des sujets poussant dans un sol sableux et très sec. Les échantillons que nous allons étudier maintenant ont été prélevés sur des sujets vivant à Fontainebleau. Il parait dif- ficile, à première vue, de tenter une comparaison entre des organes issus de divers arbres d'âges différents. Nous avons choisi des lambourdes sur des sujets de même âge (2 ans), présentant sensiblement la même longueur, et, les nombreux échantillons recueillis nous avant toujours fourni les mêmes résultats, nous nous crovons autorisé à présenter 1e1 cette étude. Nous avons fait des prélèvements à deux époques de l’an- née : dans les premiers jours de Juillet et au commencement d'octobre. Les comparaisons que nous pouvons faire entre ces organes el ceux dont nous avons décrit la structure dans le chapitre précédent portent donc sur des lambourdes de même âge recueillies aux mêmes époques de l’année. I. — Étude de la Lambourde recueillie dans les premiers jours de juillet sur des sujets vivant en sol sableux et tres sec. {° ÉTUDE DU BOURGEON PROPREMENT Dir. — Le bourgeon pro- prement dit est fort peu développé à cette époque, le support seul à atteint son complet développement. Le bourgeon atteint cependant une longueur de quelques millimètres. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 199 Son extrémité terminale est composée d’un méristème formateur dont les éléments vont proliférer, puis se différen- cier pendant la période d'été qui va suivre. Si nous faisons une coupe dans la région inférieure de ce bourgeon, à un niveau très voisin de l'insertion de la 1" feuille supérieure du support, sans que pour cela, la coupe intéresse le pétiole de cette feuille, nous pouvons constater que la moelle occupe une place moins grande par rapport à lécorce que dans le bourgeon de la lambourde déjà étudiée. Les écailles sont peu nombreuses et le nombre des vaisseaux hignifiés est extrêmement réduit. Nous n'insistons pas davantage sur le bourgeon proprement dit, réservant son étude pour le moment où 1l est complète- ment form Amidon. — En terrain sec, l'amidon à déjà, à cette époque, envahiles cellules du bourgeon, et les écailles supérieures en contiennent également. Oxralate de calcium.—L'oxalade de calcium paraît aussi abon- dant dans un cas que dans l’autre 2° ÉTUDE DU SUPPORT. Nous choisirons comme niveaux pour effectuer noscoupes des régions qui correspondent à celles que nous avons décrites dans le chapitre précédent. 1° Coupe au niveau d'insertion de la 1° feuille supérieure. Évorre. — Le liège (lg) forme une couche relativement épaisse, à plusieurs rangs de cellules, recouvrant un paren- chyme cortical dont les petits éléments forment un tissu compact. Tissus vasculaires. — Le liber (1) bien représenté est formé de cellules petites à parois minces, englobant de grandes cel- lules parenchymateuses. À l'assise génératrice (ag) succède un vnérislème vasculaire (mr) peu abondant. Le nombre des vaisseaux lignifiés est beaucoup moins grand qu dans la ré- gion correspondante de la lambourde considérée comme nor- male (fig. 23). On ne compte guère ici, à ce niveau, indépen- damment des faisceaux libéro-ligneux du pétiole de la feuille, 200 E. GOUMY qu'une trentaine de pelits vaisseaux lignifiés, lesquels sont à parois épaisses et à calibre étroit. La moelle (2) présente un certain épaississement des parois de ses cellules. Proportions relatives des Lissus entre eur. — Calculons les , * LA Er Pris) | Ve 8 RS pet q neo L cos Gore "22 + Fig. 23. — Coupe transversale au niveau d'insertion de la première feuille supé- rieure, du support de la lambourde de Pirus communis. Echantillon recueilli en juillet sur un sujet vivant en sol très sec : Zg, liège: pe, parenchyme cortical ; L, liber : ag, assise génératrice ; b, bois ; »#, moelle; er, cristaux d'oxalate de calcium. proportions relalivesdes tissus, par rapport au rayon que nous faisons égal à 10, et par rapport à l'écorce prise pour unité. Nous rapprocherons ensuite ces chiffres de ceux que nous avons obtenus en faisant le même calcul pour des échantillons recueillis sur des sujets vivant en terrain plus humide. SOL NORMAL. | SOL TRÈS SEC. Rayon : 10. | Rayon : 10. Écorce... 4,5 Soit: Écorce.... 1 | Écorce... 6,3 Soit: Écorce.... 1 Liber... 41,0 dont Liber... +|Liber.... 1,2 dont Liber... ; Mér. vasc. 0,4 Mér. vase. + Mér. vasc. 0,3 BON SET . Moelle .. 4,0 Moelle ... 2 |Moelle... 2,4 Moelle .… x VPETS BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 201 Ainsi donc, à ce niveau, le parenchvme libérien présente une certaine réduction par rapport à lécorce et le bois est moins abondant. ŒU de remplacement. — Cet œil est bien développé dans le cas qui nous occupe. Nous avons du reste pu observer dans un cerlain nombre d'échantillons que cet œil existe de préférence là où la sève est moins abondante et subit un ralentissement ; dans le cas contraire, il manque assez fréquemment. Anidon. — L'amidon est, à ce niveau, très abondant dans la moelle. I l’est moins dans l'écorce, mais il v est à peu près uniformément répandu. Rappelons à ce sujet que, dans la lambourde prise pour type, l'amidon n'existait à ce niveau et à cette époque qu'en très faible quantité. Nous aurons plus loin de nombreuses occa- sions de constater que, si le sujet pousse en un sol très sec, les grains d’amidon se forment plus abondamment et plus vite que lorsque le sol est plus humide. Oralate de calcium. — On en rencontremoins dans la moelle que dans l'écorce, beaucoup dans le liber ; enfin il gorge les cellules qui entourent le méristème formateur de l'œil de rem- placement. Étudions maintenant la structure des supports à des niveaux inférieurs, pour continuer la comparaison commencée, el voir si les différences observées sont toujours du même ordre. 2° Coupe faite entre le niveau d'insertion de la 9° et de la 3° feuille. Écorce. — Le liège s'épaissit, enveloppant une couche formée de plusieurs assises de cellules allongées à parois épaisses qui recouvre elle-même un parenchyme cortical com posé de petits éléments dans sa partie périphérique, et de cel- lules plus grandes ensuite, ces dernières moins grandes cepen- dant que les éléments du parenchyme cortical de la coupe correspondante de la lambourde normale. Tissus vasculaires. — On retrouve encore des éléments plus petits au voisinage du liber, lequel renferme d'abondants cris- taux d’oxalate de calcium. L'assise génératrice donne naissance à un mérisième vascu- A | + ON E. GOUMY laire, renfermant peu d'éléments lignifiés. Les vaisseaux ligneux sont encore ici moins abondants que dans la coupe corres- pondante ; de plus, les vaisseaux sont à calibre étroit et à parois relativement très épaisses. Proportions relatives des tissus entre eur. — Les proportions sont ici sensiblement les mêmes qu'au niveau comparable de la lambourde normale ; ais nous avons ru que les éléments dif- Fig. 24. — Coupe transversale de la région basilaire du support: /g, liège : pe, parenchyme cortical; /, liber ; ag, assise génératrice ; tb, faisceau libéro-ligneux : b, bois; #.scl, moelle sclérifiée ; er, cristaux d'oxalate de calcium. fèrent beaucoup Suivant qu'on les considère dans une coupe ou dans l'autre. Une différence assez sensible Gent à la sclérification de la moelle. En effet, dans la lambourde de terrain sec, la sclérifica- Uüon de la moelle commence au niveau d'insertion de la troi- sième feuille qui dans la circonstance était la plus inférieure, c'est-à-dire la première formée. Sans vouloir donner à ce niveau une importance quelconque ou une signification précise, l'est intéressant de constater que la moelle épaissit ses parois assez brusquement et se sclérifie bientôt tout entière. + a là un caractère différenciel entre les deux organes que nous comparons, car, dans le cas étudié précédemment, nous n'avons trouvé aucune trace de sclérifi- calion à des niveaux comparables à ceux-ci. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 203 3° Étudions enfin /a région basilaire de la lambourde, c'est-à- dire la partie du supportsituée au-dessous duniveau d'insertion de la dernière feuille inférieure (fig. 2%). Une couche relativement épaisse de liège (lg) entoure un parenchyme cortical (pe) formé de petits éléments, renfermant beaucoup d'oxalate de caletum. Le liber est composé d'éléments petits à parois minces, englobant des cellules parenchymateuses assez nombreuses. L'assise génératrice (ag) est bien représentée, Enfin, le bois forme ici un anneau presque continu, mais les vaisseaux ontun faible calibre et leurs parois sont très épaisses. Ilen est de même des cellules de la moelle, laquelle est entièrement sclérifiée. Proportions relatives entre les tissus. — Si nous comparons la coupe dont nous venons de faire une rapide description à celle qui intéresse une région analogue d'une lambourde vivant en solnormal, nous obtenons les chiffres suivants : SOL NORMAL. SOL TRÈS SEC. Rayon : 10. Rayon : 10. Écorce... 3,8 Soit: Écorce.... 1|Écorce... 3,9 Soit: Écorce fl Fibers 04,7 dont liber.:7:. : iBiber #04 Me dontuEtTber 2727 : Bois... 1,6 buis... Bois nee 1,3 DIS Cl : Moelle... 2,8 Moelle.... -|Moelle... 3,6 Moelle .... © Amidon et oralate de calcium. — L'amidon est ici extrème- ment abondant dans toutes les parties de la coupe. Quant à l’oxalate de calcium, on en trouve fort peu dans la moelle, il est en revanche abondant dans lPécorce, et on le trouve en grande quantité dans le Hiber. Conczusions. — Résumons très brièvement les conclusions fournies par la comparaison entre les lambourdes recueillies au commencement de l'été, les unes sur des sujets plantés en sol très sec, les autres s'étant développées dans un sol plus humide. Le bourgeon proprement dit étant à celle époque fort peu développé, ces données n'ont trait qu'à la structure du support de la lambourde. 20% E. GOUMY Les conclusions suivantes s'appliquent aux sujets de sol très seCT 1° Le liber est moins développé. 2° Le bois est moins abondant, surtout dans la région supé- rieure du support, et les vaisseaux sont tous à parois épaisses. 3° La sclérification envahit la moelle dès cette époque. 4° L'amidon est beaucoup plus abondant dans tous les tissus et particulièrement dans la moelle. 9 L'oralate de calcium parait plus abondant en terrain sec qu'en terrain humide. II. — Étude de la lambourde recueillie en octobre sur des sujets ayant vécu en terrain sableux et très sec. Dans ce deuxième chapitre qui complète le précédent, nous allons exposer les différences qui existent entre des lambourdes semblables au mois de juillet, dont quelques-unes ont été prélevées à cette date (chapitre précédent, et dont les autres ont continué leur développement Jusqu'à l'automne. Nous pourrons comparer la structure de ces lambourdes d'automne recueillies à Fontainebleau avec les lambourdes normales recueillies à la même époque dans des vergers où la culture est particulièrement soignée, lambourdes dont nous avons décrit la structure au cours du chapitre IT. Il estbien évident qu'en ce qui concerne le bourgeon propre- ment dit, la comparaison n'a d'intérêt que si elle est faite entre des lambourdes recueillies en automne et avant vécu dans des sols différents. Nous savons en effet que le bourgeon ne s'accroil sensible- ment que pendant la saison d'été. Le support, au contraire, étant développé dès juillet, 11 nous sera possible de suivre danstous les cas les modifications de cel organe. Nous éludierons donc la structure de la lambourde, en décrivant comme nous l'avons fait jusqu'ici quelques coupes faites à des niveaux tels que nous puissions comparer l'organe décrit, soit à la structure qu'il avait au début de lété, soit à d'autres organes identiques, mais recueillis sur des sujets vivant dans un terrain suffisamment humide. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 205 I. Érupe pes BouRGEONS. — Le bourgeon proprement dit est plus développé que deux mois auparavant, mais il est toujours moins long et moins volumineux que dans les lambourdes des sujets normaux. Laissant de côté l'extrémité toutà fait terminale de ce bour-- geon qui ne présente qu'un amas de cellules de méristème formateur, nous étudierons sa structure à deux niveaux com- Fig, 25. — Coupe transversale au milieu de la hauteur d'un bourgeon de lambourde de Pirus communis. Echantillon recueilli en octobre sur un sujet vivant en sol très sec : /g, liège; ec, écorce; L, liber; ag, assise génératrice ; b, bois ; m, moelle ; cr, cristaux d’oxalate de calcium. parables à ceux que nous avons déjà choisis pour la lambourde normale recueillie à la même époque. 1° Étudions d’abord une coupe faite au milieu de la hauteur du bourgeon (fig. 25). L'écaille est protégée par une couche épaisse de liège (lg). L'écorce du bourgeon comprend un épiderme (ep) auquel font suite plusieurs assises de’ cellules aplaties à parois minces, puis un parenchyme cortical (pe) à éléments relativement petits et renfermant de nombreuses macles d’'oxalate de calcium (er). Le péricycle, formé d'une assise de cellules aplaties, entoure 206 E. GOUMY le liber dans lequel les cristaux sont également très abondants. Le néristème vasculaire (mr) est assez mal représenté et le nombre des vaisseaux lignifiés est peu élevé. La moelle n'occupe qu'une faible partie de la coupe. Proportions relatives des tissus. d'établir pour le bourgeon ne présentent jamais une grande exactitude, carla limite préciseentre les tissus qui appartiennent en propre au bourgeon et ceux qui constituent l'écaille est dif- ficile à établir. Nous avons déjà fait un travail analogue pour le bourgeon d'une lambourbe considérée comme normale, et les écarts entre les résultats obtenus sont suffisamment élevés pour que les conclusions soient justifiées, malgré le peu de précision Leschiffresqu'il est possible des résultats. SOL NORMAL. | SOL TRÈS SEC. Rayon : 10. | Rayon : 10. ÉCOrCOR. LCA 4,2 ÉCAICERL ELU MERS ;,6 LABELS ALAN ANS 153 LABO RARE ARR. 0,8 ROIS INSEE. LE ERRAUEE 0,3 Bois SA RE ALL ES 0,15 MOIE” 4 2000 4,3 MOÉHEE TIC NE 2.6 Anadon. — L'amidon, qui gorgeait déjà les cellules du bour- geon de la lambourde de juillet avant vécu en sol très sec, est extrêmement abondant à l'automne dans tous les tissus du bourgeon. Oxralate de calcium. Abondant dans la moelle et dans l'écorce ; plus abondant encore dans le liber, la localisation de ce sel est moins marquée que dans le bourgeon normal. 2 Étude de la région basilaire du bourgeon. — Si nous exa- minons, comme nous l'avons déjà fait dansune étudesemblable, une coupe très voisine de insertion de la première feuille du support, nous trouvons peu de chose à ajouter aux différences que nous venons de signaler. La constitution de l'écorce est la même qu'au niveau supérieur. L'épaisseur du Hber est toujours relativement plus réduite que dans Forgane normal et nous trouvons également moins de bois. La moelle, en revanche, occupe une place beaucoup plus grande qu'au niveau supérieur. EX RÉSUMÉ, quand le sol est sableux et très sec, la struc- BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 207 ture du bourgeon à l'automne est très différente de celle qu'il affecte quand le sol est normal et suffisamment humide. /éduc- tion du liber, du bois et de la moelle, (els sont les caractères distinctifs; ces caractères se retrouvent, excepté en ce qui con- cerne la moelle, dans la région basilaire du bourgeon. La réduction du bois indique une réduction du nombre des écailles et la réduction du calibre des vaisseaux est déterminée par l'insuffisance de leur vascularisation, résultat du manque d'humidité. L'écorce devient, élant donnée lextrème sécheresse (été 190%), un véritable appareil de protection. IL. Érube pu supporr. — 1° Étudions tout d'abord une coupe correspondant au niveau d'insertion de la première feuille supé- rieure du support. Une couche épaisse de liège recouvre plusieurs assises de grandes cellules à parois très épaisses, puis un parenchyme cor- tical à éléments relativement assez grands, mais à parois plus minces. Le péricyele, formé d'une ou plusieurs assises de cellules aplaties, limite Le liber formé de petits éléments. Il renferme de grandes quantités d'oxalate de calcium. L'assise génératrice bien représentée donne naissance à un nérislème vasculaire peu abondant et ne comprenant qu'un petit nombre de vaisseaux lignifiés, aplatis et à parois épaisses. La moelle, au voisinage du méristème vasculaire, est formée d'éléments plus petits que dans sa partie centrale. La sclérifi- cation de la moelle commence très tôt. et débute centralement, souvent même au niveau d'insertion de la première feuille supé- rieure du support, c'est-à-dire au voisinage immédiat de la base du bourgeon. On trouve, au centre de la région médullaire, des cellules à parois sclérifiées. L'amidon est toujours extrêmement abondant dans le support d’une lambourde ayant vécu en sol très sec. À tous les niveaux, les cellules de la moelle en sont gorges, et l'écorce en renferme également de nombreux grains dans toutes ses cel- lules. L'oxalate de calcium semble également un peu plus abondant 208 E. GOUMY à ce niveau qu'il n'était trois mois auparavant, surtout dans le parenchyme libérien. Proportions relatives des tissus entre eur. Établissons les proportions relatives des tissus el plaçons en regard les chiffres qui correspondent aux coupes comparables faites dans des lambourdes recueillies à la même époque sur des sujets vivant en sol normal. SOL NORMAL. SOL SEC. Rayon : 10. Rayon : 10, Écorce... 4,5 Soit: Écorce ..… 1'Écorce ... 4,8 Soit: Écorce... 1 Hnbersee. 4 dont ‘Jaibèr. 27. - 1ber. 24 dont eliber re 5 Mér. vase. 0,5 Mér. vasc. : Mér. vasc. 0,25 Mér. vase. = Moelle 4.0 Moelle... © |Moelle... 4,0 Moelle..….. = Ainsi donc, quand lesol est très sec, la structure du support, comparativement à celui de la lambourde vivant en sol nor- mal, présente dès le niveau d'insertion de la première feuille des différences très sensibles : wne augmentation d'épaisseur de l'écorce, une diminution des tissus conducteurs. Si nous compa- rons également les chiffres que nous venons d'établir avec ceux que nous avons déjà donnés pour des lambourdes analogues, originairement semblables, mais recueillie rois mois plus tôt, nous pouvons remarquer que les proportions relatives entre les divers tissus n'ont pas varié d'une manière sensible pendant cette période d'élé. Quand, au contraire, le sol est bien approprié à la culture, et suffisamment humide, la structure du support subit des modifi- cations qui se traduisent par une augmentation du parenchyme libérien et du méristème vasculaire. 2° Décrivons, sans nous arrêter bien longuement, une coupe faite au milieu de la partie feuillée du support, e£ passant par eremple entre les niveaur d'insertion de la deurième et de la troi- sième feuille. En comparant celle coupe à la précédente, nous pouvons observer les différences suivantes : La couche de liège est plus épaisse et toutes les cellules du BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 209 parenchiyme cortical, surtout les cellules voisines du liège, ont des parois très épaisses. L'aspect du liber ne varie pas, mais le bois présente, par endroits, des vaisseaux formés à l'automne, facilement reconnaissables à leurs parois plus épaisses que celles des vaisseaux de printemps, à leur forme aplatie et leur lumière presque nulle. Nous avons établi comme précédemment les proportions relatives des tissus entre eux et nous pouvons en rer les indica- tions suivantes : La quantité de Liber n'a pas varié d’une ma- nière appréciable pendant les mois d'été, tandis qu'elle augmente beaucoup quand le sol est humide. L'épaisseur du bois à auq- menté au contraire dans de notables proportions : le bois qui pouvait être évalué à & de l'écorce en Juillet, est mainte- ; l et E nant égal au-. La moelle est plus réduite ; du reste, elle est à + ce niveau entièrement sclérifiée, et ses cellules ont des parois très épaisses. Après ce que nous avons dit précédemment au sujet de l'ami- don et de l’oxalate, nous n'avons plus à revenir sur ces deux corps, et nous passons à l'étude de la région basilaire du support. 3° Légion basilaire du support. Signalons seulement le développement de la couche de liège, qui atteint son maximum à ce niveau (véritable üssu de protec- tion), et l'épaisseur des parois des issus sous-jacents, etétudions immédiatement les proportions relatives qui existent entre les divers {issus à ce niveau de support : SOL NORMAL. SOL SEC. Rayon : 10. Rayon : 10. Écorce... 3,3 Soit : Écorce. 1 Écorce... 3,8 Soit : Écorce.... 1 Piber. 1 2,0 dont. Liber... iber R1,10 dontt,Biber... £ PSE. 2,0 bols ae . Bois etre 1,8 MBDIS LEE =: Moelle ... 2,6 Moelle.... +|Moelle... 3,6 Moelle..….. © Ainsi donc, quand la lambourde est recueillie sur un sujet ANN. SC. NAT. BOT. 17: 210 E. GOUMY vivant en terrain sableux et très sec, on observe dans la partie basilaire du support une augmentation relative de l'écorce, aug- mentation due en partie à l'épaisseur plus grande du liège, une réduction très sensible du parenchyme libérien, une augmen- lalion de la moelle par rapport à la lambourde normale. L'épais- seur de Ja couche de bois est légèrement diminuée. Si nous essavons d'autre part de déterminer quels sont les Uissus qui, dans cette lambourde, se sont modifiés depuis juillet jusqu'en octobre dans ce support, nous constatons que seul le Uissu ligneux présente un accroissement sensible, les auéres n'ont pas varié. EX RÉSUMÉ, l’exposé que nous venons de faire de la strue- ture de Ja lambourde vivant en terrain see et les comparai- sons que nous avons établies avec le développement de Ta lam- bourde prise sur un sujet de même espèce que celui qui à fourni les premiers échantillons, mais vivant en terrain propre à la culture, nous permettent de Urer les conclusions sui- vantes : | f° La lambourde se forme plus rapidement au printemps (c'est-à- dire au début de la végétation) quand le sol est sec que lorsqu'il est lruride. Le support de cette lambourde prend de suite une structure qu'il conserve ensuile jusqu'à l'automne; seul, le tissu ligneuxr augmente d'épaisseur. En sol suffisamment humide, au contraire, nous avons vu que la lambourde ne prend que progressivement sa structure définitive. Son support formé accroît encore son volume et les proportions relatives entre les divers tissus sont très différentes suivant les époques auxquelles on les établit. Cette différence dans le développement explique aisément si on considère que, lorsque la température estélevée et le sol très sec, pendant la période d'été, le rôle de la feuille est nécessaire- ment très réduit. Si nous comparons la structure du support de la lambourde de terrain sec à celui de la lambourde normale, nous pouvons lirer les conclusions suivantes qui s'appliquent aux sujets de Lerrain sec : BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 211 L'écorce du support est plus développée, surtout à cause du développement du liège. Le liber présente au contraire une réduction très marquée. Le tissu vasculaire, moins abondant dans la partie supérieure du support (dont la structure dépend du bourgeon), est assez abondant dans la partie basilaire; mais les parois des vaisseaux sont toujours très épaisses, et le calibre est plus réduit. La sclérification envahit les cellules de la moelle de très bonne heure et quelquefois la moelle du support est entièrement scle- rifiée. 2° CONCLUSIONS RELATIVES AU BOURGEON PROPREMENT DIT. L'accroissement du bourgeon est moindre en lonqueur et en volume. Le liber, le méristème vasculaire et la moelle y sont relativement réduits. 3° AMIDON ET OXALATE DE CALCIUM. L'anudon se forme plus tôt et plus abondamment, et les cellules des Lissus du bourgeon proprement dit en sont gorgées dès le mois de juillet. Ceci nous parait une des raisons de la détermination précoce de ces organes en bourgeons à fleurs. L'oralate de calcium nous à paru dans beaucoup d'échantillons plus abondant quand le sol est sec que lorsqu'il est humide. CHAPITRE IV MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L’EFFEUILLAGE DANS LA STRUCTURE ANATOMIQUE DE LA LAMBOURDE Certains auteurs, et notamment M. Daniel, ont recherché si la mise à fruit des bourgeons peut être obtenue par l’effeuillage des rameaux, effeuillage associé où non au pincement. Nous avons voulu savoir quelle serait la répercussion de cet effeuillage sur un organe déjà nettement différencié comme organe frucüfère. Nous avons choisi pour sujets de ces expé- riences des lambourdes de deux ans et nous avons pratiqué l'effeuillage d'un certain nombre de ces lambourdes. Nous avons pris comme termes de comparaison une où plu- sieurs lambourdes témoins, toujours placées dans le voisinage des premières, sur le même rameau, et d'aspect semblable aux sujets au moment de l'effeuillage. Pour la commodité de l'exposition, nous diviserons en deux parties l'exposé de ces observations : 1° ésullats obtenus par l'effeuillage des lambourdes (arbres cullivés en terrain propre à la culture) : 2° Biésultals oblenus par l'effeuillage de ces organes {arbres cul- livés en terrain sableu.xr et très sec). Nous avions essayé de pratiquer l'effeuillage au moment de la pousse des feuilles. Cetie opération ne nous à donné aucun résultat qui pût présenter un intérêt quelconque, car les lam- bourdes ainsi privées de feuilles étaient impuissantes à dévelop- per leur support et avortaient. Nous avons cependant réussi à obtenir un développement complet de l'organe en ne suppri- mant les feuilles qu'après leur entière formation, par exemple dans la période comprise entre le 15 juin et Le 1° juillet, le sup= port de la lambourde étant déjà constitué. Les variations à enregistrer présentent une grande netteté, BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 13 mais sont nécessairement moins appréciables quantitativement que celles que nous avons été à même de constater dans le cha- pitre premier à la suite du pincement d'un rameau. En effet, nous sommes iei en présence d’un organe de petites dimensions et dans lequel nous avons constaté une grande réduction du tissu ligneux. L'appareil fructifère est en effet, au point de vue de la capacité fonctionnelle, un organe faible. Si, par Peffeuillage, nous l’affaiblissons encore, les modifications seront au premier abord moins apparentes que si cet affaiblis- sement est obtenu sur un organe vigoureux et dont la capacité fonctionnelle est enregistrée par un tissu ligneux très abondant. I. — Résultats obtenus par l’effeuillage de lambourdes vivant en terrain propre à la culture. Des sujets effeuillés le 12 juin ont été recueillis avee des témoins le 25 septembre. A cette dernière époque, le bourgeon de la lambourde effeuillée était moins développé que celui des témoins ; aucun des deux n'avait encore formé ses fleurs. Au lieu de procéder comme nous l'avons fait jusqu'ici, c'est- à-dire de commencer notre étude par la recherche des caractères propres au bourgeon, nous étudierons tout d'abord la structure du support à divers niveaux, et nous comparerons nos résultats aux données déjà acquises, c’est-à-dire à la structure de lam- bourdes normales recueillies également le 25 septembre, En effet, les modifications qui peuvent s'être produites dans le bourgeon sont déterminées par le changement d'état du sup- port, qui, d'abord feuillé, est brusquement privé de feuilles. 1° Étudions tout d'abord une coupe faite av niveau qui cor- respondait à insertion de la 1° feuille supérieure. L'écorce comprend une assise épaisse de liège, une couche formée de plusieurs assises de cellules aplaties à parois épaisses, puis des cellules plus régulières, et un péricvele à assise unique, qui limite un liber contenant d'abondants cristaux d’oxalate de calcium. Tissu ligneur. — Le bois forme un anneau presque continu, quoique peu épais par rapport au rayon, mais les vaisseaux 214 E. GOUMY ont des parois beaucoup plus épaisses que lorsque le sol est suf- fisamment humide; ce dernier caractère se retrouve pour les cellules de la moelle. Proportions relatives des lissus. — Établissons, comme nous l'avons fait jusqu'ici, les proportions relatives des tissus entre eux, et rapprochons des chiffres obtenus ceux que nous à don- aés l'étude de Ta lambourde témoin. LAMBOURDE EFFEUILLÉE. LAMBOURDE NON EFFEUILLÉE. Rayon : 10. Rayon : 10. Écorce... 5,2 Soit: Écorce.... 1 |Écorce... 4,5 Soit: Écorce...."M a À AE - | Mber "00 7Rdontélahere#2e-"\Liber 0 dont fiber . .…. G B = 0 3 PAS B CES 0.5 30)S Lt )OIS ..... >" )OIS...... 99 | DOIS ..... >2 )OIS.,..... > (] 9 Moelle... 3,8 Moelle.... à Moelle ... 4,0 Moelle . 5 2° Avant de tirer aucune conclusion, étudions une coupe faite entre les niveaur d'insertion de la Ÿ et de la 3° feuille (les fais- ceaux non disparus des pétioles enlevés nous donnent des points de repère très suffisants) (fig. 26). L'écorce (er) se distingue chez le sujet par une épaisseur plus grande du liège (/4), lequel est surtout très abondant dans les régions voisines de l'endroit où la suppression des feuilles à eu lieu. [joue en effet dans ce cas le rèle d’un véritable tissu de cicatrisation. Le parenchyme cortical (pr) est formé, dans le témoin, de cellules à parois plus épaisses que dans le sujet. Tissu ligneur. — Le nombre des vaisseaux ligneux est la plu- part du temps moins élevé que dans la lambourde témoin, mais ces vaisseaux affectent une disposition plus régulière ; de plus, il est facile de distinguer dans celte coupe d'une lambourde effeuillée, deux parties dans l'anneau ligneux : une région cen- trale où les vaisseaux sont peu nombreux, à calibre assez large, quoique à parois épaisses, el une région, externe par rapport à la précédente, où le nombre des vaisseaux est plus grand el forme une ligne presque continue. Ces vaisseaux ont tous un calibre étroit et des parois très épaisses. Est-ce à dire cepen- dant que tous représentent du bois d'automne ? Nous ne le pen- Sons pas. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 25 Il nous parait possible de donner de ces faits une explication fondée sur les {héories que nous avons reproduites au cours du chapitre précédent. La suppression des points d'appel foliaires à placé l'organe Fig. 26. — Coupe transversale dans le support d’une lambourde effeuillée, entre les points où s'inséraient la deuxième et la troisième feuilles : {g, hège; pe, paren- chyme cortical ; ec», cristaux d’oxalate de calcium ; /, liber ; ag, assise génératrice ; b, bois ; /{b, faisceau libéro-lisneux, 2», moelle. dans des conditions toutes nouvelles de végétation. Cette sup- pression à eu pour premier résultat une diminution de capacité fonctionnelle, qui s'est traduite immédiatement par une dimi- nulion du nombre des vaisseaux ligneux à large calibre. Mais, aux points d'appel foliaires, s'est substitué le point d'appel gemmellatre, dont l'action, quand les feuilles existent, est probablement plus réduite sur la montée de la sève. Cette action de l'appel gemmellaire se manifeste par la formation d'un anneau de bois continu La disposition régulière des vais- 216 E. GOUMY seaux indique la nature de l'appel qui les produit, et la rédue- ion de leur calibre est en même temps une preuve de la fai- blesse relative de cet appel, si on compare son intensité à celle des appels foliaires. Ce bois se forme donc, malgré son appa- rence, en été. Il esten effet facile de distinguer en certains points de la coupe trois sortes de vaisseaux (fig. 27); les plus centraux (4,), à large ca- hibre : ce sont ceux quiexistaient avant l'effeuillage ; des vaisseaux à calibre étroit, mais dont la forme est encore arrondie et les parois très épaisses (4,) : ce sont ceux qui se sont formés pendant l'été, et qui conduisaient la sève dans le bourgeon propre- ment dit. Enfin, dans une région externe par rapport au bois dé- jà décrit, il est facile de distin- Fig. 27. — Aspect du tissu ligneux dans DUC deux ou trois vaisseaux à une coupe transversale du support lumière très étroite. el que leur d'une lambourde effeuillée : m, moelle: ; Lee bi, bois de printemps ; bo, bois formé forme aplatie désigne nettement après l’effeuillage pendant la période d'été ; 03, bois d'automne; ag, assise génératrice; , liber. tomne ! b,). Liber. — Le liber est mieux comme vaisseaux de bois d’au- représenté dans le témoin que dans le sujet effeuillé. I forme, dans ce dernier cas, une assise très régulière parfaitement limi- ée par une ou plusieurs assises génératrices. La diminution du liber est une conséquence si naturelle et si attendue de la disparition des feuilles, que cette nécessité même nous dispense d'insister sur ce point particulier. Moelle. — On s'attendait à trouver dans la moelle des modi- ficalions importantes et des variations de dimensions par rap- port à l'écorce. Nous avons en effet relaté des modifications de celle nature lors de notre étude du pincement. Nous sommes ici en présence d'un organe dont l'accroissement est très réduit après le printemps, et qui, après cette époque, modifie plus ses Lissus qu'il ne les accroît. La moelle subit peut-être des varta- Lions de dimensions par rapport à l'écorce, mais elles sont d'une BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 217 trop faible amplitude pour que nous puissions les évaluer avec une suffisante approximation. Oxralate de calcium. — Nous avons déjà fait remarquer l’'ex- trème difficulté éprouvée par l'observateur à comparer les quan- tités d'oxalate de calcium localisées dans certaines régions des bourgeons de poirier. En effet, dans les échantillons où, com- paralivement à d'autres, on croit en trouver moins, il est encore très abondant. Le dépôt d'une grande partie de cet oxalate est corrélatif, comme nous l’avons dit, à la formation des tissus, et nous devons déjà, par conséquent, trouver ici, dans le sujet et dans le témoin, cet oxalate formé dans Fun comme dans l'autre avant que la suppression des feuilles n'ait modifié les conditions de la vie du sujet. D'autre part, dans les deux cas, nous trouvons dans la moelle une quantité très faible d’oxalate et une grande quantité d'amidon. Nous donnerons plus loin nos conclusions relatives à l'amidon; notons en passant cet argument en faveur de la théorie qui n'admet aucune relation entre la formation de Poxa- late et lemmagasinement des réserves. Il semble enfin que, dans le liber du sujet, et un peu aussi dans l'écorce, loxalate soit moins abondant que dans le témoin. Ceci nous confirme dans Fopinion déjà émise : que le travail foliaire, qui s’enregistre surtout dans le liber, donne comme principal résidu de loxalate de calcium que laisse en place la sève élaborée. Les feuilles ayant disparu, la quantité d’oxalate reste ce qu'elle était avant leffeuillage. Amidon. — L'amidon est aussi abondant dans la moelle du sujet que dans celle du témoin, mais, dans les cellules de l'écorce du sujet, les grains d’amidon sont plus clairsemés que dans les cellules des régions semblables du témoin. Si nous ajoutons que l'amidon de la moelle est très différent comme aspect de l'amidon de l'écorce dont les grains sont plus petits, disposés au voisinage des parois, surtout dans les assises sous-épidermiques et le liège, et enfin se colorent moins par la solution iodurée, nous pouvons conclure à une dualité d'origine de lamidon du bourgeon, et avancer que lamidon qui gorge les cellules de la moelle ne se forme pas par l'intermédiaire direct des feuilles, puisque leur suppression n'entrave pas sa formation. 218 E. GOUMY 3 EÉtudions enfin la région basilaire annuelle de la lambourde. — Nous n'avons ici rien à ajouter au point de vue de Ja strue- Lure ; nous ne pourrions que répéter à la suite les uns des autres ous les caractères particuliers que nous avons énumérés au fur elà mesure qu'ils se présentaient à nous (épaisseur de la couche de liège, épaisseur des parois, discrimination entre les diffé- rentes sortes de vaisseaux ligneux, ete.) ; tous ces caractères se trouvent réunis dans cette région de la lambourde. Proportions relatives des tissus. — Rapprochons comme nous l'avons fait plus haut les chiffres qui nous sont fournis par l'étude de la lambourde effeuillée et des témoins. | Nous avons également déterminé ces proportions pour des lambourdes non effeuillées provenant de sujets analogues à ceux que nous étudions en ce moment, mais vivant en terrain très sec. Placons en regard les chiffres que nous avons obtenus: LAMBOURDE EFFEUILLÉE (SUJET). LAMBOURDE NON EFFEUILLÉE (TÉMOIN). Rayon : 10. Rayon : 10. Écorce... 4,1 Soit:Écorce.... 1/|Écorce... 3,3 Soit : Écorce .... 4 9 m1 Biber #59 04,25 Sdontæbiber 200 Miberttr 02302 donft oDibersenr : Bois. ee 1,50 Bots Ne liBois ee 2,0 Bois = 41 5 3 k l Moelle ... 3,0 Moelle... =|Moelle ... 2,6 Moelle. = LAMBOURDE NON EFFEUILLÉE (SUJET DE TERRAIN SEC). Rayon : 10. Écarce LU el 3,8 Soit : Écorce........ l [ÉTI LYS RL SRE SRE 1,1 AONPAIIDEL ANNEE £ BOIS RER AS 1,8 BOIS EEE - MOBLLE- ARMES 3,6 Moelle....... , EX RÉSUMÉ, de l'élude que nous venons de faire du support de Ta lambourde, nous pouvons ürer les conclusions suivantes. Quand une lambourde est privée de ses feuilles : 1° L'écorce du support augmente d'épaisseur ; 2° Les issus vasculaires S'accroissent beaucoup moins à partir de l'effeuillage. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 219 Nous avons vu d'autre part qu'en terrain très see, la lam- bourde se présente avec les mêmes signes d’affaiblissement par rapport à la lambourde normale. Le rapprochement que nous avons fait nous autorise à dire qu'une lambourde effeuillée, sur un sujet vivant en sol propre à la culture, est un organe plus faible qu'une lambourde analogue mais feuillée d’un sujet sem- blable, vivant dans un sol privé presque complètement d'hu- midité pendant la saison d'été. Il nous reste maintenant à montrer les différences anato- miques qui existent entre le bourgeon de la lambourde effeuillée et celui de la lambourde témoin. Nous avons dit au commen- cement de ce chapitre que le bourgeon est moins allongé el beaucoup moins volumineux quand on à pratiqué leffeuillage. Les particularités que nous avons exposées en décrivant la coupe faite dans la partie supérieure du support se retrouvent nécessairement dans la région basilaire du bourgeon, région très voisine de la précédente. Signalons seulement, par com- paraison avec la lambourde témoin, une réduction du liber, du nombre des vaisseaux ligneux ; mais ces vaisseaux, bien que formant une couche moins épaisse que ans la lambourde nor- male, forment cependant un anneau continu. Dans les régions supérieures du bourgeon, le bois diminue très brusquement. Le développement du bourgeon étant en effet beaucoup moindre, le nombre des écailles est moins grand et le système ligneux du bourgeon proprement dit subit de ce fait une réduction. Notons encore la réduction du liber et l'abondance moins grande d’oxalate de caleium, trahissant une diminution d'activité cellulaire. Mais ces caractères étant de même ordre que ceux que nous avons donnés pour le support, nous n'avons pas à insister davantage, et nous passons à l'étude des transformations subies par des lambourdes de sujets vigoureux, vivant en terrain très sec, ces lambourdes avant été privées de leurs feuilles. Il. — Résultats obtenus par l’effeuillage total de lambourdes. (Terrain sableux et très sec. Fontainebleau. Été 1904.) La comparaison entre un sujet effeuillé et un ou plusieurs lémoins convenablement choisis ne donne pas de résultats aussi 220 E. GOUMY nets que lorsque le sol est approprié à la culture. On conçoit en effet que si la quantité d’eau fournie est insuffisante, et, si, par surcroit, l'air est très sec (été 190%), le rôle de Ia feuille est considérablement diminué (la chute de ces dernières en est du reste beaucoup avancée). Notons cependant, comme nous l'avons fait précédemment, les différences appréciables entre les sujets effeuillés et les té- moins. Le bourgeon ne présente aucun caractère particulier. La structure est sensiblement la même dans le sujet et le témoin. Nous étudierons done simplement la structure du swpport de la lambourde effeuillée. | Une coupe correspondant au niveau d'insertion de la pre- mière feuille supérieure ne présente comme caractères distinctifs qu'une légère augmentation du nombre des vaisseaux ligneux interfasciculaires, mais il est impossible de marquer à ce niveau une différence dans l'épaisseur des parois de ces divers vais- seaux, étant donnés la grande épaisseur des parois et le faible calibre des uns et des autres. 2° Si nous faisons une coupe dans la partie du support qui correspondait à Pinsertion de la deurième feuille, nous observons les caractères suivants : Écorce. — Un liège très épais, exfolié déjà en partie par en- droits, forme un anneau presque régulier, composé de nom- breuses rangées de cellules à parois très épaisses. Dans le témoin, l'épaisseur du liège varie suivant la région coupée ; il est en effet moins abondant ou plus abondant suivant qu'un pétiole se réunit où non au rameau au voisinage de la partie coupée. Dans le sujet, au contraire, la suppression des feuilles avant eu lieu de bonne heure, il s'est formé une couche très épaisse de liège formant un tissu de cicatrisation. Les cellules du paren- chyme corlieal ont leurs parois plus épaisses chez le sujet que chez le témoin. Selérenchyme. — Enfin, on voit apparaître ici, à des niveaux un peu différents suivant les échantillons, un anneau de sclé- renchyme, très incomplet il est vrai et formé seulement de petits paquets isolés, chacun d'eux comprenant deux ou trois éléments. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 291 Tissus vasculaires. — Le liber forme un anneau un peu moins épais que dans le témoin. Quant au boës, l'espace occupé par l'anneau ligneux est sensiblement le même dans les deux cas, mais cependant, il est possible d'observer que les vaisseaux, chez le sujet, sont plus serrés et à parois un peu plus épaisses que dans le témoin. Œil de remplacement. — Notons enfin que, dans un certain nombre d'échantillons, nous avons trouvé un pelit œilde rem- placement au niveau qui correspondait à l'insertion de chaque feuille. Ce fait ne se rencontre pas en général dans les lam- bourdes non effeuillées, chez lesquelles on ne rencontre en gé- néral qu'un petit œil à l'aisselle de la première feuille supé- rieure. Proportions relatives des tissus. — Dans ces conditions, 11 nous parait inutile de présenter comme nous lavons fait jusqu'ici un tableau comparatif des dimensions des issus les uns par rapport aux autres. L'épaisseur de l'écorce est légère- ment augmentée; le Hiber subit une faible réduction par rap- port à l'écorce. L'épaisseur de la couche de bois est la même dans les deux cas ; seul l'aspect des vaisseaux est différent. 3° Région basilaire du support. — Lassons de côté ce qui à trait à l'écorce et au liber : les observations faites précédem- ment s'appliquent également à cette région du support. Mais le bois, qui forme ici un anneau complet, mérite quelque attention. L'anneau ligneux est continu, et, chez le sujet, les vaisseaux présentent entre eux des différences très apparentes. Il est en effet possible de distinguer deux zones dans l'épaisseur du tissu ligneux, l’une interne formée de vaisseaux à calibre moyen, l’autre formée de vaisseaux à calibre très réduit, ces deux zones avant sensiblement la même épaisseur; la transition entre ces deux régions est très brusque. L’effeuillage, en effet, a modifié brusquement les conditions d'existence du sujet (les points d'appel foliaires avant disparu). Il en estrésulté un appel de sève moins considérable, et c’est cette diminution qu’enregistre l’an- neau ligneux de la partie basilaire de la lambourde. Au sujet de l'épaisseur relative des divers issus les uns par 222 E. GOUMY rapport aux autres, nous ne pourrions que répéter ce que nous avons dit en étudiant les niveaux supérieurs, ilen serait de même pour l’oxalate et Pamidon. Nous pouvons donc résumer très brièvement les conclusions qui nous sont fournies par cette étude des caractères des lam- bourdes effeuillées appartenant à des sujets vivanten sol sableux et très sec : Une augmentation du liège ; 2 Une légère diminution du liber ; 3° La formation d'un anneau épais de bois dont les raisseawr sont à calibre très petit S La formation d'un anneau incomplet de sclérenchyme ; | 5° La présence, dans un certain nombre d'échantillons, d'un petit œil de remplacement au niveau qui correspondait à l'aisselle de chaque feuille. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS DU CHAPITRE IV L'effeuillage des lambourdes, dans les conditions où àl à été pratiqué, a done une double conséquence: il détermine : 1° Des modifications de structure des tissus vivants ; 2° La réduction des tissus vasculaires, comparativement à leur développement dans les échantillons normaux. Enfin, le bourgeon qui surmonte le support feuillé prend un développement moindre ; il ne présente pas les qualités de gros- seur et d'aspect qui déterminent un bourgeon comme devant donner l'année suivante une production florale. 1° MODIFICATIONS DE STRUCTURE DES TISSUS VIVANTS. — On peut les résumer ainsi : a) É paississement de la couche de liège ; b) É paississement des parois des cellules du parenchyme cortical. 2° Tissus VASCULAIRES. — L'effeuillage d’une lambourde à pour conséquence immédiate une diminution de sa capacité fonction- nelle, et cette diminution se traduit aussitôt par les caractères suivants : c) Diminulion d'épaisseur du liber ; d) Augmentalion d'épaisseur des parois des vaisseaur ligneuwr qui se forment ; e) Formation d'un anneau ligneur complet formé de vaisseaux BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 295% à calibre très faible, vaisseaux qu'on peut distinguer des vais- seaux de printemps et des vaisseaux d'automne. Notons ensuite : f) La sclérification très précoce de la moelle ; o) La formation en terrain sec d’un anneau incomplel de sclé- renchyme. Enfin, l'aralate de calcium parait sensiblement moins abon- dant. Quant à l’amidon,il est tout aussi abondant dans la moelle, mais on en rencontre moins dans l'écorce, La feuille semble donc n'avoir aucun rôle sur la formation de ce corps dans la moelle, puisque la suppression des feuilles n'entrave pas là formation abondante des grains d’amidon dans cette partie de l'organe. CONSÉQUENCES PRATIQUES L'effeuillage est donc un moyen d’'affublir un organe, quel qu'il soit. M. Daniel déconseille avec raison Peffeuillage d’un rameau, opération qui serait pratiquée dans le but de faire mettre à fruit les bourgeons de ce rameau. Nous avons de plus constaté nous-même que l’effeuillage d'un organe déjà déterminé comme bourgeon à fruit produit un affaiblissement tel que organe Tui- même peut disparaître si leffeuillage est trop hair. Cependant, quand il s’agit d'arbres très vigoureux, dévelop- pant, comme nous le verrons dans le chapitre suivant, des ra- meaux très longs, lesquels se couvrent dès la première année dans leur partie movenne d'yeux portés par des supports mal constitués ou de rameaux très courts que termine un @1l assez volumineux; dans ces cas spéciaux, ilest possible d’affaiblie par l'effeuillage un certain nombre de ces organes parmi ceux qui doivent être conservés à la taille (en respectant toujours les feuilles de l'œil ou des veux terminaux). Il est à peu près certain que, dans ce cas, la production sera nulle l'année suivante à l'extrémité de ces organes effeuillés, mais cette opération aura souvent pour résultat de les transfor- mer par la suite en branches fruitières proprement dites, e’'est- à-dire d'assurer une production pour les années suivantes, el d'éviter par Là même l’emportement à bois d'un grand nombre de ces organes. CHAPITRE V VARIATIONS SUBIES PAR LES YEUX SUIVANT LA VIGUEUR (1) DU RAMEAU. Nous avons exposé dans le chapitre premier les caractères cénéraux présentés par la branche fruitière qui se développe normalement. On peut très brièvement les résumer ainsi: Première année : Production d'veux latéraux à structure identique, quoique différents comme grosseur el comme aspect. Deuxième année : Trois régions dans la branche de l’année précédente. a) Quelques veux ont avorté à sa base. b) Des lambourdes se sont formées dans la région moyenne. c) Les veux de la région supérieure ont donné naissance à des rameaux nouveaux. Mas s'il est possible de rapprocher la plupart des rameaux de ce schéma théorique, il n’en existe pas moins de nombreuses exceplions. Suivant qu'on à affaire à des sujets vigoureux ou à d'autres peu enclins à donner des productions rameuses, il est possible de constater d'importantes modifications que nous devons étudier. Considérons tout d'abord des rameaux recueillis sur des arbres d'espèce, et de vigueur différentes plantés dans un même sol. 1° Sujels très vigoureur. Certaines espèces fournissent des rameaux qui peuvent atteindre une longueur variant entre 1°,25 et 1,75, quelquefois moins, rarement plus. (1) La vigueur d'un sujet s'entend ici par son aptitude plus ou moins grande à développer des rameaux à bois. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 223 1° Les yeux de la base sont mieux développés que ceux des rameaux considérés jusqu'ici (fig. 28). Fig. 28. — Rameau bien développé d’une espèce vigoureuse. (Var. Triomphe de Jodoigne.) S ANN SC. NAT. BOT. 45 296 E. GOUMY 2° Dans la région movenne, les veux sont volumineux, sup- portés par une partie renflée formant un véritable bourrelet dans lequel l'ail paraît quelquefois en- foncé (fig. 29). Certains de ces veux se trouvent à l'extrémité de véritables sup- ports à bois lisse, plus longs en général que la plupart des lambourdes de deuxiè- me année, el présentent l'aspect de la production fruitière qu'en arboriculture on appelle «le dard ». On trouve souvent des veux, avec bour- relet à la base, alternant irrégulièrement avec de véritables rameaux secondaires de faible dimension. Fig. 29, — OEil très grossi nr Ponte RO En } 2 d'un rameau. d'espèce wi 00 La tpartie terminale) du/ramenn goureuse. porte des veux latéraux moins développés que ceux-ci, mais toujours plus gros que ceux que nous avons rencontrés sur les rameaux déjà éludiés. 90 2° Sujels peu vigoureux. D'autres espèces présentent des rameaux entièrement diffé- rents de ceux-ci (fig. 30). Leur longueur dépasse rarement 50 centimètres. l° On trouve à la base quelques yeux très faibles. 2° Mais la région moyenne est ici la plus longue et pré- sente de nombreux veux bien développés et d’égale grosseur. 3° Quelquefois, la partie terminale est plus grêle et porte des veux très faibles : cette région s'est constituée au moment de la montée de la sève d'août. Mais, le plus souvent, le rameau se termine par un gros bouton à fruits dans lequel les fleurs se forment de très bonne heure à l'automne. Examinons rapidement ce que deviennent ces divers veux au printemps suivant. Au mois de février suivant (alors que le bouton à bois est stationnaire et que le bouton à fruits se gonfle et présente un commencement de développement), on peut constater : BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS DA 1° Que les yeux de la base el quelques veux inférieurs de la région moyenne sont restés stationnaires. 2° Mais presque tous les autres, et surtout le terminal, offrent un commencement de développement. Après avoir établi la structure de l'œil à fruit normal et son développement pendant la deuxième année, nous nous trouvons donc en présence de deux exceplions constituant pour ainsi dire deux cas extrêmes : d’une part #n rameau très long, por- tant des yeux relativement petits, supportés par une sorte de renflement en forme de bourrelet, ou même par un pelit support ligneux de quel- ques centimètres de longueur; d'autre part: wn rameau court portant de gros veux, dont la plu- part sont, dès l'automne de la première année, déterminés comme yewr à fruit. Ce rameau se termine généralement par un bourgeon fructi- fère. Fig. 30. — Ra- LR meau d’un su- Il nous à paru intéressant, pour compléter jet peu vigou- z T- ; : reux. (Var.Wil- notre étude du développement du bourgeon à jam Mie fruit : 1° D’entreprendre une série de recherches et de comparaisons entre les veux de ces divers rameaux, pour établir entre eux, s'il est possible, des différences anatomiques, à côté des diffé- rences morphologiques. 2° Les rameaux eux-mêmes présentent des aspects si diffé- rents les uns des autres qu'il est nécessaire de comparer leurs structures. 3° De plus, l'un s’allonge constamment pendant l'été et l'au- tomne; l’autre se développe beaucoup moins et donne à son extrémité un bouton à fleurs. Nous avons recherché: d'une part, ce qui caractérise au point de vue anatomique ces deux régions de rameaux si dis- semblables, et, d'autre part, les circonstances qui déterminent la formation d'un bourgeon fructifère terminal. Nous essaierons enfin d'établir une liaison entre la vigueur du rameau et les productions fruitières qu'il supporte, et, à ce sujet, nous serons amenés à faire des rapprochements entre: 228 E. GOUMY le rameau d'un arbre peu vigoureux, le rameau affaibli d'un arbre vivant en terrain impropre à la culture, le rameau pincé el la structure de la lambourde qui $'Y développe toujours en abondance. I. — Étude comparative des yeux suivant la vigueur du rameau qui les porte. À. SUJET TRÈS VIGOUREUX. — RAMEAU TRÈS DÉVELOPPÉ. Les veux sont formés de deux parties très distinctes : un bourrelet Urès volumineux du milieu duquel lil semble émerger (fig. 29). 1° Étudions d’abord la structure anatomique de cet œil. L'écorce est constituée par un liège peu épais dans les régions qui ne correspondent pas à l'insertion d'une écaille, puis par un parenchyme cortical à petits éléments. Un péricycle à une ou plusieurs assises de cellules entoure un hber peu épais, formé de petits éléments entourant de grandes cellules parenchymateuses. On rencontre enfin un méristème vasculaire peu abondant, dont presque tous les vaisseaux sont hgnifiés. La structure anatomique de cet œil ne se distingue donc par aucun caractère essentiel de la structure de l'ail que nous avons considéré comme normal. Sa longueur est plus grande, mais les proportions relatives entre les tissus restent sensible- ment les mêmes. 2 Étudions la structure du support, sorte de renflement qui porte dans l'échantillon que nous étudions deux feuilles bien développées. Faisons une coupe transversale dans ce support à un niveau tel que les faisceaux Hibéro-ligneux des pétioles fassent partie intégrante du cylindre central du support (fig. 31). Les différents éléments constituant le support se présentent de l'extérieur vers Pintérieur dans l'ordre suivant: Un liège (lg) peu épais, puis une couche formée de cellules parois épaisses: enfin un parenchyme cortical (ne), composé d'éléments laissant entre eux de nombreux méats. Une assise de sclérenchyme naissante (sel) formée de petits groupes d’'élé- ments disposés cireulairement ; un liber (7) dans lequel l'oxalate BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 299 de calcium (cr) est moins abondant que dans une coupe corres- pondante du support d'une lambourde; enfin un réristème Fig. 31. — Coupe transversale dans le support rudimentaire d'un œil de rameau très vigoureux. — lg, liège ; pe, parenchyme cortical : Z, liber ; ag, assise génératrice ; b, bois: scl, sclérenchyme; f/b, faisceau libéro-ligneux ; m»m, moelle; cr, cristaux d'oxalate de calcium. vasculaire (me) formant une couche relativement très épaisse et dans laquelle un grand nombre d'éléments sont lignifiés. Proportions relatives des tissus. — La coupe que nous venons d'étudier est comparable à une coupe faite dans la partie annuelle d'une lambourde à un niveau correspondant à la partie immédiatement inférieure à l’insertion de la deuxième feuille supérieure. Étudions donc les proportions relatives des tissus dans ces deux cas : SUPPORT DE L'OEIL. SUPPORT DE LA LAMBOURDE. Rayon : 10. Rayon : 10. Écorce... 3,8 Soit: Écorce.... 1/|Écorce. 4,1 Soit: Écorce. 1 . à : i Miben-2. 1,0 dont Liber:.:.. - Eiber::"1,5: dont Liber. F 3 £ - ADS ET Vi BOIS! 1,4 BOIS à Bois. 010 D01S MIE ï 1 Moelle... 3,8 Moelle. . =| Moelle. 3,2 Moelle. ñ 230 E. GOUMY Un tel organe présente donc, par rapport à la partie annuelle correspondante du support de la lambourde, une légère diminu- tion de l'épaisseur du liber, et'une augmentation du tissu ligneur. I se rapproche donc par ces caractères d'un véritable rameau à bois, et il apparaît immédiatement comme devant avoir subi un arrêt brusque de développement. La sève brute, très abon- dante dans le sujet que nous étudions, détermine la formation de ces gros veux, et, S'il était possible d'imaginer un afflux permanent de cette sève, à la fois vers extrémité du rameau, et latéralement, 11 v aurait, dès la première année, formation d'autant de jeunes rameaux que d'veux, c'est-à-dire de feuilles. Mais l'appel terminal emportant de beaucoup sur les autres, il en résulte un arrêt de développement du Jeune rameau qui prend alors l'apparence et la structure que nous avons in- diquées. Cette distribution différente de Ja sève est si bien la cause de ces modifications qu'il est possible d'obtenir artificiellement des modifications de ces veux latéraux en diminuant la valeur du point d'appel terminal. I suffit, en effet, de tordre Pextrémité d'un rameau vigoureux en évilant soigneusement toute cassure, pour voir, au bout de très peu de temps, l'œil inférieur à la torsion prendre un grand développement. Si la torsion est faite au printemps ou pendant l'été, l'œil ou les veux inférieurs donnent de véritables rameaux: si elle est faite à l'automne, l'œil inférieur grossit et, très sou- vent, produit des organes floraux. Au contraire, l'œil quise développe ensuite au-dessus de la partie tordue est {rès faible: les suivants seulement sont un peu plus développés, mais toujours moins forts que ceux de la partie inférieure du rameau. Avant d'aborder Fétude du deuxième cas que nous devons examiner, suivons le développement de ce rameau et recher- chons ce que deviennent ces différents veux au cours de leur évolution. Nous venons de voir qu'un tel rameau est tout naturellement destiné à donner d'autres productions rameuses, mais 1} peut aussi porter dès la première année les productions fruitières BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 251 qu'en arboriculture on désigne sous les noms de dards et de brindilles. Quelquefois aussi, ces organes fructifères se forment les années suivantes, de la même manière qu'une lambourde. Dans un arbre de cette espèce, il est donc nécessaire de conserver soigneusement les productions fruitières (dards et brindilles). Ces productions, taillées par la suite, peuvent devenir de véri- tables branches fruitières. B. SUJET PEU VIGOUREUX. — RAMEAU PEU DÉVELOPPÉ. Ce rameau qui, pendant tout l'été, porte, latéralement, des veux bien développés, semblables à l'œil normal déjà étudié, et, à son extrémité, un bourgeon terminal ne présentant aucune particularité, accroît peu sa longueur vers le commencement de l'automne; laspect présenté par ce rameau est alors très particulier : La plupart des veux latéraux se gonflentetse disposent à former des fleurs. On trouve de plus, à l'extrémité du rameau, deux ou trois veux très rapprochés les uns des autres; 1ls sont de- venus des boutons à fruit. L’œil terminal n'a pas échappé à cette transformation et constitue un bouton plus volumineux que les boutons latéraux (fig. 30). Examinons donc la structure anatomique de cet œil terminal au moment où, son volume s'étant accru, 1l commence à for- mer à son extrémité des organes floraux. Nous pouvons com- parer ce bouton à fruits à celui que nous avons considéré et étudié comme normal, c’est-à-dire celui qui termine le support de la lambourde. Nous aurons ensuite à nous occuper de la struc- ture du rameau lui-même. Étude de l'œil terminal d'un rameau, wil qui se transforme dès la première année, en bouton à fruit. — Cet œil terminal est très différent du bourgeon qui termine un support de lam- bourde ; il est plus long et plus volumineux. Nous l'étudierons à trois niveaux différents : 1° à un niveau très voisin de l'extré- mité terminale, mais notre coupe n'intéressera que l'axe de l'œil, elle sera donc inférieure à l'insertion des organes floraux ; 232 E. GOUMY 2° au milieu de la hauteur du bourgeon: 3° à la base même de ce bourgeon, au niveau correspondant à l'insertion de la pre- mière feuille supérieure du rameau terminal. l° ÆErtrénuité terminale de l'œil. — Un épiderme simple recouvre une assise de grandes cellules en voie de cloisonnement. L'écorce comprend en outre une zone collenchymateuse de plusieurs assises de cellules arrondies, laissant entre elles de nombreux méats, puis un parenchyme cortical composé d'élé- ments de formes plus irrégulières. Un péricycle à cellules apla- lies entoure le Hiber formé de petits éléments. On ne rencontre pas au milieu d'eux de grandes cellules parenchymateuses. Le bois comprend un méristème vasculaire, relativement abondant et beaucoup d'éléments lignifiés à Parois épaisses, mais dont le calibre est assez grand. La moelle est formée de grands éléments à parois minces. Proportions relatives des tissus. — Test difficile de déterminer avec quelque précision à ce niveau les rapports entre les issus, surtout dans le bourgeon normal. Nous nous bornerons à con- stater que le liber à dans le bourgeon que nous étudions et dans le bourgeon témoin, sensiblement la même épaisseur. Quant au méristème vasculaire, il peut être évalué dans le 1 . , bourgeon normal au = de l'écorce : il est égal dans le bourgeon Re SON M RQ 2 à terminal el à ce niveau au : de l'écorce. ) En étudiant les régions inférieures du même bourgeon, nous allons constater que l'épaisseur du tissu ligneux va sans cesse en augmentant dans de notables proportions, et beaucoup plus vite que dans le bourgeon normal, et, déjà, dans le bourgeon lui-même, nous trouvons des files de vaisseaux lignifiés. 2° Une coupe faile au milieu de la hauteur du bourgeon présente les caractères particuliers suivants : L'écorce diffère assez peu de celle des régions supérieures, mais on observe ici une grande abondance doxalate de cal- cium, localisé, non dans le Hiber, mais dans l'écorce. Proportions relatives des lissus. — Si nous rapprochons les chiffres obtenus en établissant les proportions relatives des lissus à ce niveau, de ceux que nous pouvons déterminer dans BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 9239 un bourgeon normal à un même niveau, nous obtenons le tableau suivant : SUJET. TÉMOIN. Rayon : 10. Rayon : 10. Écorce ... 3,4 Soit: Écorce.….… 1|Écorce... 3,5 Soit: Écorce..… il Bibere --#Wdontt Liber: = Liber 441 dont -diber 2% e Mér. vase. 1,0 Mér. vase. à Mér. vasc. 0,4 Mér. vase. _ Moelle ... 4,0 Moelle ... | Moelle... 5,0 Moelle. .. : "1 Etudions enfin très rapidement la région basilaire de re bour- geon, déterminée ainsi que nous l'avons dit plus haut. UE lé Ni] Fig. 32. — Coupe transversale de la partie basilaire du bourgeon à fruit terminal d'un rameau d'espèce peu vigoureuse. — {g, liège; pe, parenchyme cortical: cr, cristaux d’oxalate de calcium; sc£, sclérenchyme : Z, liber: ag, assise généra- trice ; b, bois : mn, moelle. Les caractères se modifient ici très brusquement (fig. 32), et, dans cette région basilaire du bourgeon, on constate une faible réduction de la #0elle (m) et du liber (l) par rapport à l'écorce, tandis qu'au contraire, le méristème vasculaire (nr) prend un grand développement. Un grand nombre de vaisseaux sont hgnifiés. A cette époque, l'anneau de bois présente deux zones très 234 E. GOUMY nettes : celle qui correspond au bois de printemps est très épaisse; elle comprend des vaisseaux à large calibre, mais beau- coup d'éléments ne sont pas lignifiés. Le bois d'automne forme un anneau continu de # à 8 vaisseaux. Sclérenchyme. — On observe enfin à ce niveau un anneau très incomplet de sclérenchyme (sel), anneau constitué de petits paquets formés chacun de quelques éléments. Oxralate de calcium. — Enfin loxalate de calcium n'est plus, comme dans les niveaux supérieurs, localisé dans Fécorce, c'est-à-dire en grande partie dans le {issu cortical correspon- dant à l'insertion des écailles: c'est maintenant dans le hber qu'il est le plus abondant. Amnidon. — Notons que lamidon est abondant dans toutes les parties de ce bourgeon, à quelque niveau que passe la coupe : l'écorce, comme dans tous les échantillons déjà étudiés, en renferme moins que la moelle. Proportions relatives des tissus. — Établissons, comme nous venons de le faire pour un niveau supérieur, les proportions relatives des Ussus : SUJET. TÉMOIN. Rayon : 10. Rayon : 10. Écorce... 4,0 Soit: Écorce..... 1|Écorce... 4,2 Soit : Écorce..…. I : : é : { per, :- 40 dont, Liber... -|Liber.... 1,1 dont [nber 2e Mér. vasc. 2,1 Mér. vasc.. : Mér. vasc. 0,4 Mér. vase. . 3 | 4 Moelle ... 3,0 Moelle.... -=|Moelle... 4.3 Moëlle "= De ces rapprochements nous pouvons conclure que les diffé rences anatomiques entre œil devenu bouton à fruit et le bour- geon normal portent sur les deux points suivants : Une légère diminution du parenchyme libérien ; 2 Une augmentation relativement considérable du tissu liyneur. Ces deux caractères indiquent nettement qu'un tel bouton à fruit est mal constitué el que sa fruclificalion est incertaine. Mais ce bourgeon devant être considéré comme anormal, estil au moins possible, à l'aide des données acquises, d'expli- quer sa formation? BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 239 Formation du bourgeon à fruit terminal. — L'absence de croissance terminale, marquée avant la formation du bourgeon à fruit par la réduction extrême des entre-nœuds supérieurs, est la seule cause de la formation de ce bourgeon. Cet arrêt de la crois- sance est brusque, car une coupe faite immédiatement au-dessous de la partie inférieure du bourgeon présente encore la structure normale du rameau, structure que nous étudierons plus loin. Immédiatement au-dessus, la structure change et devient telle que nous l’avons montrée tout à l'heure. L'absence d’allongement intercalaire à done pour consé- ‘ quence : la formation de nombreuses écailles à la partie supé- rieure du rameau; l'augmentation des tissus de l'écorce et de la moelle par prolifération des cellules vivantes; une formation réduite de vaisseaux ligneux puisque la sève arrive en moindre abondance. La partie supérieure d’un tel rameau se trouve donc brusque- ment placée dans les conditions qui favorisent le développement du bourgeon proprement dit d’une lambourde, et il est facile d'admettre par analogie la formation des fleurs. Ajoutons cependant qu'au printemps suivant, si un tel rameau n'est pas taillé, l’afflux de la sève est trop abondant, et, après la floraison de tous ces boutons à fruits, la grande majorité des fleurs avortent (1). En ce qui concerne Le supérieur, 1l est très . (4) Sans vouloir entrer dans les détails de la taille, notons en passant les difficultés qui se présentent dans ce cas. Supposons, en effet, un rameau constitué comme celui que nous venons de décrire, et choisi parmi les rameaux principaux d’un sujet en espalier (fig. 30). Un tel rameau doit-il être taillé long ou court”? Une taille longue, faite, par exemple, au-dessous du deuxième œil latéral supérieur, détermine l'avortement des deux ou trois yeux suivants qui s'em- portent à bois; mais quelques veux plus inférieurs peuvent devenir lambourdes l'année suivante. 11 faut toutefois remarquer que, chez un tel sujet, la flèche ainsi déterminée est rarement vigoureuse, et prend souvent une mauvaise direction. É Une taille courte, faite, par exemple au-dessous du sixième œil latéral, dé- termine l’emportement à bois des rares yeux qui restent; la flèche est mieux formée et plus vigoureuse l’année suivante, mais toute production fruitière aura disparu sur le rameau jeune. Beaucoup d’arboriculteurs préfèrent cepen- dant cette taille courte, et s'appliquent à conserver les branches fruitières por- tées par les branches plus âgées. Ils obtiennent ainsi une production fruitière plus abondante que dans le premier cas, mais il faut considérer cependant l'affaiblissement du sujet causé par ce procédé de taille, et le contraste peu agréable qu'il présente ensuite avec les arbres vigoureux voisins. 230 E. GOUMY rare de trouver un fruit à l'extrémité d'un rameau; il v a quel- quefois un commencement de développement, mais le fruit tombe au bout de très peu de temps. Nous avons, dans les premiers chapitres, étudié la structure et le développement de l'œil à fruit, puis de la lambourde ; nous venons d'étudier deux cas très particuliers de développement de rameaux et des veux qu'ils supportent. nous reste enfin à voir Sil n'existe pas une relation entre les rameaux et les produc- Lions fruitières qu'on y rencontre habituellement. Il. — Structure des rameaux et des productions fruitières. — Rapprochement entre la structure anatomique des rameaux et celle des productions fruitières qu'ils supportent norma- lement. Avant de tenter un rapprochement entre la structure d'un rameau et celle des productions fruitières qu'il porte, nous de- vons indiquer sommairement ce qui distingue entre elles les différentes productions fruitières. La lambourde à été étudiée au cours de ce travail. Nous n'avons pas l'intention d'étudier séparément avec autant de détails chacune des autres produc- lions; nous nous bornerons au contraire à quelques brèves considérations sur les rapports entre leurs divers tissus. Le dard estun petit rameau très court, dont le développe- ment s'arrête brusquement ; Poil qu'il porte à son extrémité se développe donc comme le bourgeon qui termine la lam- bourde. Le support du dard peut donc être comparé à la partie annuelle du support de la lambourde. Déterminons quelles sont les productions relatives entre les tissus dans le dard (1) : Rayon : 10. Écorchi eue lus 3,9 Soit : Écorce......... l ; - ! HIDET TS ee 1,0 dont AADer EPP Re 1 3 3 BOIS AR RE. (07 BOlS PAL ER 5 Moellesse ss. 3,8 Moelle 258 = 4) Nous prenons toujours comme niveau une région voisine de la base, de manière à pouvoir comparer Les résultats avec les chiffres obtenus en étudiant la région basilaire de la lambourde. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS FI La brindille se développe en un an et n'accroit plus sa lon- gueur si elle n’est pas taillée. C’est un rameau très grêle qui porte de petits veux latéraux et se termine dès la première année par un bouton à fruit. Établissons, comme nous l'avons fait pour les autres productions, les proportions relatives entre les divers tissus : Rayon : 10. ÉCorcenetesrnn DAS Soit : Écorce ....... 1 Éiber ets nn es 1,2 dont Biber erreur = ER MER PA an 1,4 Bois = Moellessrten ets x, 4 Moelle....... I Rappelons pour mémoire les chiffres obtenus dans l'étude semblable que nous avons faite de la partie basilaire de la lam- bourde : HCOrCEREL ea, 313 Soit : Écorce ........ ! (11 Éiperre rss te de 2,0 dont B1ber... "77% = [9] BOIS Per Poe 2,0 Bois SE : 1 Moelle mere ee 2,6 Moelle 4 Nous possédons maintenant tous les chiffres relatifs aux pro- ductions fruitières; nous pouvons d'autre part présenter dans un tableau les rapports analogues relatifs aux divers rameaux. Nous avons examiné un grand nombre de rameaux de lan- née, et, pour chacun d'eux, nous avons déterminé exactement les proportions relatives entre les divers tissus. En prenant une moyenne de tous les résultats obtenus et en tenant compte éga- lement des phénomènes de dorsiventralité, nous avons obtenu les chiffres que nous donnons plus loin. Nous pouvons présenter ces résultats en les groupant sous deux titres différents : 1° les rameaux rigoureux ; 2° les rameaur peu vigoureux. Cette deuxième catégorie comprend : a) Les rameaux des sujets faibles qui produisent peu de bois, mais se couvrent de productions fruitières ; b) Les rameaux de sujets très vigoureux, mais vivant dans un terrain très sec; 238 E. GOUMY ec) Les rameaux normaux avant subi le pincement. Nous aurons ainsi, en face de la structure normale moyenne du rameau à bois, différentes structures provenant de sujets naturellement faibles où affaiblis. RAMEAU NORMAL. SUJETS FAIBLES. Rayon : 10. Rayon : 10. Écorce... 1,6 Soit: Écorce... 1 |Écorce... 2,0 Soit: Écorce .... 1 Liber... 0-6 dont Liber... - l'Liber.:7 A4 dont Tber.- : DIS 2 5,9 215) CAISSE DD BDIS See 3,8 Bois: -L$5 1,2 Moelle ... 2,3 Moelle... 1 | Moelle... 3,0 Moelle.... 1 SUJET VIGOUREUX (TERRAIN SEC). RAMEAU PINCE. Rayon : 10. | Rayon : 10. Écorce... 2,3 Soit: Écorce..... 1|Écorce... 2,2 Soit: Écorce... { Liber... 0,8 dont Liber... *|Liber.... 1,1 dont Liber... 3 OS ec D DOISEE SL 154 BOIS aol DOIS sa 1,1 Moelle... 3,0 Moelle .... 1|Moelle... 2,8 Moelle © Récapitulons dans un autre tableau les résultats obtenus en étudiant les productions fruitières : DARD,. BRINDILLE. Rayon : 10. Rayon : 10. Écorce ... 3.5 Soit : Écorce.... 1|Écorce... 2,8 Soit: Ecorce.... 1 J ) MIEL 1 3 fiber De dont Liber: < Liber ..::.-42 Adont Mnbere-cr T Bois 1,7 Bois À | Bois 1,4 Bois L ss. 1 S...... x |DOIS..... : Same 3 Moelle ... 3,8 Moelle... ‘|Moelle... 4,4 Moelle... 1 LAMBOURDE.,. Rayon : 10. Ecorce....... 3,3 Soit =Ecorce.. 2%. Il e] CDiber er. 2 0 dont «ÏAber ir 2 = 9 BOIS RES 2,0 BOIS SR RTE = L 1 Moelle se 2,6 Moelle:: 227 = BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 239 Nous pouvons, de ce seul rapprochement, tirer les concelu- sions suivantes : Les productions fruitières se différencient des productions rameuses par une grande diminution du tissu ligneux par rap- port à l'écorce, et, par une augmentation du Hiber par rapport au tissu ligneux. Dans une production rameuse, le bois est toujours plus épais que l'écorce, ou au moins égal à l'écorce. Dans une production fruitière, le bois est plus petit que la moitié de l'écorce, ou au plus égal à la moitié de l'écorce. Dans une production rameuse, l'épaisseur du liber est toujours moindre que la moitié de l'épaisseur du tissu ligne. Dans une production fruitière, l'épaisseur du Liber est toujours plus grande que la moitié de l'épaisseur du tissu ligneur. RAPPROCHEMENT ENTRE LA STRUCTURE DES RAMEAUX ET CELLE DES PRODUCTIONS FRUITIÈRES QU'ILS SUPPORTENT. La division que nous avons faite au début de ce chapitre, en arbres vigoureux et en arbres peu vigoureux, est évidemment moins nette que ne peut le faire supposer une étude ainsi pré- sentée. Cependant, nous avons vu que la structure des rameaux (bien développés dans les deux cas) est très différente selon le sujet que l’on considère, et nous avons observé également que les productions fruitières qui se développent sur Fun ou sur l’autre de ces rameaux sont très variables ; sur un sujet vigou- reux, les dards et surtout les brindilles prédominent (chez cer- taines espèces, la brindille est le seul appareil fructifère). Chez les espèces moins vigoureuses, la lambourde prédomine. Est-ce à dire qu'un rameau ne peut porter que Fune ou l’autre de ces productions, à l'exclusion des autres? Il n'en est rien, et les exceptions sont relativement nombreuses. Tous les intermé- diaires existent entre les deux sujets, que nous avons présentés comme des cas extrêmes, et tous les sols existent également, très variables suivant les régions, et quelquefois dans la même région. Or, la capacité fonctionnelle d'un rameau en voie de développement varie suivant le milieu dans lequel il se déve- loppe et celui dans lequel il respire. Si les sujets sont livrés à 240 E. GOUMY eux-mêmes, les productions fruitières ou rameuses, qui naissent sur leurs branches, prennent plus où moins de développement, et, selon les circonstances, se déterminent en productions fruitières ou rameuses. L'habileté de l'arboriculteur consiste précisément à produire accidentellementles circonstances qui favoriserontsur un sujet la formation de la production voulue ; encore doit-il, dans tous les cas, tenir compte des qualités propres du sujet sur lequelilopère. On conçoit facilement en effet que, seuls, les sujets vigou- reux, capables de développer ce que nous avons appelé des rameaux secondaires, puissent porter, dès la première année, des rameaux fructifères (dards, brindilles ou même lambourdes de première année). Examinons au contraire les rameaux affaiblis, et considérons l'ensemble des tissus conducteurs qu'ils renferment. Nous obte- nons., dans chacun des cas étudiés, les résultats suivants : RAMEAU PINCE. SUJET VIGOUREUX SUJET PEU VIGOUREUX. (TERRAIN SEC). Tissus conducteurs. 4,9 Tissus conducteurs. 4,8 | Tissus conducteurs. 4,7 5,3 | Écorce et moelle... 5,0 Écorce et moelle... 5,0 | Ecorce et moelle... Faisons le même caleul pour la région basilaire de la lam- bourde (partie annuelle), et nous voyons qu'en terrain propre à la culture, le total des espaces occupés par les issus conduc- teurs est de #, contre 5,9, chiffre qui représente les épaisseurs réunies de l'écorce et de la moelle. En terrain sec, ces chiffres ne s'abaissent pas au-dessous de 3, représentant les tissus con- ducteurs, contre 7 pour la moelle et l'écorce. I y a donc une analogie frappante à ce point de vue entre la parle annuelle de là lambourde et le rameau de l'année d'un sujet faible, La réduction du bois dans la lambourde est due tout à la fois à la quantité moindre de sève qui passe dans un organe placé à angle droit par rapport à la branche, position qui diminue également la vitesse d'arrivée de la sève. L'ubon- dance relative du liber S'explique par la présence de feuilles réunies sur un {très petit espace. La lambourde à donc là même origine qu'un rameau quel- conque, mais des circonstances particulières dues à la nature du BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 241 sujet et au milieu dans lequel il vit, déterminent un brusque arrêt de développement. Cet arrêt de développement entraine l'absence d’accroissement intercalaire, et les feuilles ne sont - séparées que par des entre-nœuds extrêmement réduits. Le bourgeon se développe alors à son extrémité. Notons en passant que, dans cet organe réduit, dans lequel les phénomènes végétatifs s'accomplissent lentement, nous avons pu suivre pas à pas la formation des vaisseaux lignifiés entre les faisceaux des pétlioles etle processus de sclérification médullaire, phénomènes qui s’'accomplissent trop brusquement pour y être facilement étudiés, dans un organe qui se développe el s'accroit. Cet arrêt de développement et d’accroissement intercalaire suffit à expliquer pourquoi la lambourde est très abondante chez les sujets faibles où affaiblis ; et il fait de cet organe, étant donnée l'épaisseur relative des divers tissus, un rameau normal de ces sujets, rameau que les circonstances déterminent en véritable branche fruitière. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS Nous avons vu que sur le rameau normal de Pirus commons les diverses productions s’étagent dans l'ordre suivant : le som- met du rameau porte les productions rameuses, la partie moyenne les productions fruitières, la région basilaire, les veux de remplacement (en nombre très réduit). Dès que le rameau à atteint un développement suffisant, les veux qui naissent à laisselle des feuilles prennent un aspect différent selon la région dans laquelle ils se forment. L'étude anatomique des yeux prouve cependant qu'il n'y a aucune diffé- rence spécifique entre l'œil à bois et l'œil à fruit, et ces deux termes désignent deux stades d'évolutions différentes d'un même organe : l'œil issu d’un rameau. ANN. SC. NAT, BOT. 1, 16 1S — Ÿ E. GOUMY Les caractères essentiels de l'œil sont les suivants : a) Prédominance du liber sur le tissu ligneur ; b) Les lissus de l'œil renferment, au commencement de l’élé, peu d'amidon et d'oralate de calcnum. Ces deur corps y sont beaucoup plus abondants en automne : ce) Le pincement d'un rame détermine une auymentalion de volume des yeur, augmentation due à l'épaisseur des tissus vivants el en particulier de l'écorce. Tout œil peut donner naissance à Fune des quatre productions suivantes : rameau, brindille, dard ou lambourde. Résumons tout d'abord le développement de la lambourde. Il est possible de marquer rois phases dans l'évolution de cet organe : 1° développement du support feuillé ; 2° dévelop- pement du bourgeon proprement dit: 3° formation des fleurs. 1° Le développement du support feuillé, qui commence au printemps, dès le début de la végétation, s'arrête assez brus- quement. Le support ne possède tout d’abord comme système ligneux que les vaisseaux correspondant aux pétioles. Contrai- rement à ce qui se produit dans un rameau à bois, cette struc- Lure se maintient ici pendant plusieurs mois et la formation de vaisseaux ligneux nouveaux est ici très lente ; elle dure jusqu'à l'automne. Dans la région supérieure du support, Panneau ligneux est quelquefois encore très 1rrégulier à cette époque. La selérification des cellules de la moelle, qui débute au voisi- nage des vaisseaux ligneux, gagne progressivement le centre. La moelle n'est pas selérifiée à la partie supérieure du support, quand le sol est suffisamment humide : 2° Le bourgeon, très réduit pendant le printemps, se déve- loppe surtout pendant la période d'été. augmente de longueur el de volume, développe de nombreuses écailles : il en résulte la formation, dans ce bourgeon, d'un anneau complet de vais- seaux ligneux. Ces vaisseaux, émanant tous des écailles, sont Lous à parois épaisses el à calibre étroit. Le liber est également, dans le bourgeon, mieux représenté que le üissu ligneux : 3° Les fleurs se forment lardivement dans le bourgeon ; 1l se produit à cet effet un léger allongement du bourgeon el une différenciation des bourgeons foliaires en organes floraux. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 943 Le développement dont nous venons de résumer les diffé- rentes phases est celui d'une lambourde vivant sur des sujets, poussant en lerrain propre à la culture du poirier. Si le sol est sableux et très sec, le développement des Tambourdes portées par des sujets de même espèce que les précédents, présente les caractères suivants : La lambourde se forme plus rapidement au printemps; le support prend de suite une structure qu'il conserve jusqu'à l'automne ; seul, le tissu ligneux augmente d'épaisseur. De plus, dans les sujets de terrain sec : L'écorce du support est plus développée, surtout à cause du développement du liège. Le liber présente au contraire une réduction très marquée. Le Ussu ligneux, moins abondant dans la partie supérieure du support (dont la structure dépend surtout de celle du bourgeon), est assez abondant dans la partie basilaire ; mais les parois des vaisseaux sont toujours très épaisses et le calibre est plus réduit. La selérificalion envaluit les cellules de la moelle de très bonne heure el quelquefois la moelle du support est entièrement srlérifiée. Observations relatives au bourgeon proprement dit : L'accroissement du bourgeon est moindre en longueur et en volume. Le liber, le méristème vasculaire et la moelle y sont relative- ment réduits. L'amidon se forme plus tôt et plus abondamment dans les cellules du bourgeon et du support; les tissus du bourgeon en sont gorgés dès le mois de juillet. E ffeuillage des lambourdes. — L'effeuillage des lambourdes, dans les conditions où il a été pratiqué, à une double consé- quence, 1! détermine : 1° Des modifications de structure des tissus vivants: 2° La réduction des tissus vasculaires, comparativement à leur développement dans les échantillons normaux. Enfin, le bourgeon qui surmonte le support feuillé prend un développement moindre ; il ne présente pas les qualités de grosseur et d'aspect qui déterminent un bourgeon comme 244 E, GOUMY devant donner l'année suivante une production florale. [Modifications de structure des tissus vivants. On peut les l'ésUMeEr ainsi : a) Épaississement de la couche de liège. b) Épaississement des parois des cellules du parenchyme cor- liral. 2° Tissus vasculaires. — L'etfeuillage d'une lambourde à pour conséquence immédiate une diminution de sa capacité fonc- lionnelle, et cette diminution se traduit aussitôt par les carac- tères suivants : a) Dinunulion d'épaisseur du l'iber ; b) Augmentalion d'épaisseur des parois des vaisseaux ligneur qui se forment ; c) Formation d'un anneau ligneur complet constitué par des vaisseaux à calibre très faible, ces vaisseaux sont à calibre plus étroit que Les vaisseaux formés en été dans les lambourdes normales ; on peut, dans la coupe même qui intéresse un organe effeuillé, les distinguer des vaisseaux formés au prin- temps avant l'effeuillage, et des vaisseaux d'automne qui cor- respondent à la fin de la végétation. Notons ensuite : d) La sclérification très précoce de la moelle ; e) La formation en terrain sec d'un anneau incomplel de sclé- rencliyne. Observcalions relatives à l’amidon. L'amidon est beaucoup plus abondant dans un rameau à fruit que dans un rameau à bois. Il se forme presque exelusi- vement pendant là période d'été, ausst bien dans œil que dans le bourgeon qui termine une lambourde. Sa formation est plus précoce quand le sol est très sec. Enfin, dans un organe tel que la lambourde, Famidon de la moelle se présente sous un aspect très différent de celur de l'écorce (coloration, gros- seur et disposition des grains). D'autre part, leffeuillage d'une lambourde cause une diminulion des grains d'amidon dans l'écorce, sans que la quantité contenue dans la moelle semble varier, La feuille semble donc n'avoir aucun rôle sur la for- malion de lamidon dans la moelle. BOURGEONS DES ARBRES FRUITIERS 9245 Observations relatives à l’oralate de calcium. L'oxalate de calcium existeen grande abondance dans le bour- geon et dans le support. Il est déjà assez abondant dans ces organes avant que l’amidon ne s'y localise. La quantité d'oxalate augmente à mesure que le support grossit et que le bourgeon s'accroît. Très peu abondant dans la moelle, on en trouve des cristaux disséminés dans l’écorce, mais 1l'est presque exelusive- ment localisé dans le liber. Il parait done légitime d'admettre qu'il constitue un véritable résidu laissé en place ou entraine par la sève et entassé pour ainsi dire dans les parties de la plante où le mouvement de la sève est le plus lent. Rameaur et productions fruitières. L'étude des divers rameaux, normaux ou affaiblis (terrain sec, variélés peu vigoureuses, pincement) et celle des diverses productions fruitières nous permet de formuler les conclusions suivantes : Dans une production rameuse, l'épaisseur du bois est plus grande que celle de l'écorce, ou au moins égale à celle de l'écorce. Dans une production fruitière, l'épaisseur du bois est toujours plus petite que la moitié de celle de l'écorce. Dans une production rameuse, l'épaisseur du Liber est toujours plus pelile que la moitié de l'épaisseur du tissu ligneuxr. Dans une production fruitière, l'épaisseur du liber est toujours plus grande que la moitié de l'épaisseur du tissu ligneur. D'autre part, on sait que les espèces vigoureuses produisent surtout des dards et des brindilles, et que les sujets faibles ou affaiblis se couvrent de lambourdes. La production des dards et des brindilles ne semble déter- minée par aucune loi bien rigoureuse. Au contraire, l'étude que nous avons présentée de la lambourde et de son développe- ment, ainsi que les rapports des divers tissus entre eux nous permet de conclure que la lambourde est un 7ameau normal d'un sujet faible ou affaibli, lequel, à cause surtout de sa dispo- sition sur la branche, subit un arrêt de développement et se détermine en branche fruitière. La mise à fruit d'un sujet vigoureux doit done se faire de deux manières différentes : 246 E. GOUMY |‘ Conservation des dards, des brindilles hien constituées, là où ils se produisent. 2 Production artificielle de lambourdes. I est possible de répartir les variétés cultivées en un certain nombre de groupes, selon la vigueur des sujets, les produc- lions fruitières qu'elles portent naturellement, et le sol qui leur convient le mieux. Chacun de ces groupes doit être étudié au point de vue des caractères généraux des variétés qu'il ren- ferme ; ilest nécessaire d'indiquer ensuite les diverses opéra- lions qui peuvent assurer la mise à fruit selon les deux prin- cipes que nous indiquons plus haut, et époque à laquelle ces opérations doivent être effectuées. Les considérations géné- rales que nous avons pu déterminer trouveront là leur apph- cation pratique. Le présent travail à été fait au Laboratoire de Botanique de la Sorbonne, sous la haute direction de M. Gaston Bonnier, Membre de l'institut, qui ne nous à ménagé ni ses encourage- ments, ni ses précieux conseils. Nous sommes heureux de lui exprimer ici toute notre reconnaissance. Pour faire nos recherches, nous avons eu besoin de très nombreux échantillons, dont la plupart constituaient des organes utiles où des rameaux nécessaires dessujets dont nous entreprenions l'étude. Quelques arboriculteurs ont bien voulu faire le sacrifice d'un certain nombre d'arbres fruitiers en plein rapport. Nousleur adressons à tous, et en particulier à M. Léonce Charlot, propriétaire à Saint-Germain-lès-Arpajon (S.-et-0.), nos sincères remerciements. SUR LES IRVINGIACÉES Par PH. VAN TIEGHEM. Créé en 1860 par M. J. Hooker, et dédié à Trving, qui en à récolté Les premiers échantillons à Abbeokuta, au Bénin, le genre frvingie (/rringia) a été, malgré son défaut d'amertume, classé par lui dans la famille des Simarubacées (1). Ivy à été maintenu par presque tous les botanistes qui ont suivi, el encore en 1896 par M. Engler, qui l’a considéré, il est vrai, comme le tvpe d'une sous-tribu distincte de cette famille, les Jrvingiées (2). Pourtant, dès 1867, Ballon, pour qui les Simarubacées ne formaient qu'une série, les Quassiées, dans la famille des Ruta- cées, s'était pris à douter, sans s’en expliquer autrement, que la place des Irvingies fût bien dans cette série (3). Plus tard, en 1884, après avoir étudié les Simarubacées au point de vue de l'existence et de la disposition des canaux sécréteurs dans Fa üge et dans la feuille, j'ai fait voir que, non seulement par ) l'absence de ces canaux, qui peuvent manquer aussi chez de véritables Simarubacées, mais surtout par la présence de grandes cellules à mucilage dans l'écorce et la moelle de la tige et du pétiole, les Irvingies différent de toutes les plantes de cette famille (4), observation confirmée depuis par divers auteurs, notamment M. Vignoli, en 1886. (5), M. Pierre, en (4) J. Hooker, Transactions of the Linnean Society of London, XXI, p. 167, 1860. (2) Engler, Nat. Pflanzenfam, WE, 4, p. 227, 1896. (3) Baillon, Études sur l'herbier du Gabon (Adansonia, VIII, p. 82, 1867) el Histoire des plantes, AV, p. 412, 1873. (4) Ph. van Tieghem, Sur les canaux sécréteurs des Liquidambarées et des Simarubées (Bull. de la Soc. bot., XXXI, p. 247, 188%), et Second mémoire sur P E ’ . les canaux sécréteurs des plantes (Ann. des Sciences nat., Bot., 7° série, f. p. 93, 1885). Here (5) Vignoli, Le Cay-Cuy, Thèse de pharmacie, Montpellier, 1886, 245 PH. VAN TIEGHEM 1892 (1), M. Solereder, en1899 (2), et M. Jadin, en 1901 (3). Dès 1892, ce caractère de structure avait paru à M. Pierre assez important pour exiger la séparation de ce genre d'avec les Simarubacces et son érection en une famille autonome, les Lrengiac ‘es, famille qui serait à classer, suivant lui, dans le voisinage immédiat de; Anacardiacées. Bien qu'elle n'ait pas été admise par M. Engler dans sa revision de 1896, comme 1l a été dit plus haut, Fautonomie de cette famille à été main- lenue depuis par M. Pierre, qui a eu la bonne fortune de la doter de deux genres nouveaux, originaires, comme la plupart des Irvingies, de l'Afrique occidentale, la Klainedoxe (Alaine- dora), décrite en 1896 (#), et la Desbordésie (Dexhordesia), non encore décrite, mais dont les échantillons et les dessins ont été communiqués en 1901 aux principaux Herbiers publics. Grâce aux échantillons de son herbier, que m'a très obli- geamment communiqués M. Pierre, et à ceux que J'ai trouvés dans notre Herbier du Muséum, j'ai pu faire une étude assez approfondie de ces trois genres et d'un quatrième que j'ai été amené à établir pour un groupe d'espèces comprises jusqu'ici dans le premier. Cet examen à achevé de me con- vaincre de la nécessité qu'il y a de les exclure tous les quatre de la famille des Simarubacées, pour les constituer en une famille nouvelle, les Irvingiacées, famille qui parait toutefois, contrairement à lopinion de M. Pierre, plus éloignée encore des Anacardiacées que des Simarubacées. Résumons d'abord, dans le petit tableau suivant, quelques- uns des caractères distinctüifs des quatre genres : axillaire. Graine inal- Drupe unisémin‘e. | buminée.......... lrvingie. deux \ Inflorescence.. | terminale. Graine al- HT carpeiles. y 1# buminée. .:.::21.41 Irvingelle. Samare uniséminée., Graine albuminée... Desbordésie. cinq carpelles, Drupe à cinq noyaux. Graine albuminée. Klainedoxe. uis, étudions chacun de ces genres séparément. Pierre, Flore forestière de Cochinchine, fase. XVII, pl. 263, 1892. Solereder, Syst. Anatomie der Dicotyledonen, p. 207, 1899. Jadin, Contribution à l'étude des Simarubacées (Ann. des Sciences nat., 8° série, Bot., XII, p. 224 et p. 289, 1901). +) Pierre, Plantes du Gabon (Bull. de la Soc. Linnéenne de Paris, p. 1235, 1896). I 2 SUR LES IRVINGIACÉES 249 1. GENRE IRVINGIE. 1. Conformation externe. — Les Irvingies (/rvingia Hooker fil. pro parte) sont de grands et beaux arbres pouvant attemdre 40 mètres de hauteur, glabres dans toutes leurs parties, dont les rameaux, à surface lisse et côtelée, sont marqués à chaque nœud d'une cicatrice annulaire. Les feuilles y sont caduques, isolées distiques, simples, stipulées à stipules caduques, pé- tiolées à pétiole creusé en gouttière en haut, à limbe ovale, légèrement dissymétrique, l'une des moitiés étant un peu plus étroite que l'autre à la base, atténué en pointe au sommet, à bord entier, penninerve à nervures latérales espacées, remon- tant et s’unissant en arcades vers le bord, à réseau de nervules saillant sur les deux faces. Dans l'une des deux rangées de feuilles, si c’est la moitié de droite qui est plus étroite à la base, dans l’autre rangée, c’est la moitié de gauche ; de sorte que toutes les feuilles tournent leurs moitiés étroites du même côté de la tige, leurs moitiés larges du côté opposé. Les stipules, qui mesurent 15 à 20 millimètres de long, sont remarquables. Elles sont latérales et libres, mais prennent chacune pour son insertion toute la moitié de la circonfé- rence du raméau, de manière à ne laisser, après leur chute, que celte seule cicatrice, en forme d'anneau complet, située entre le pétiole et son bourgeon axillaire, dont il a été question plus haut. De plus, elles développent leurs deux bords au delà de leur insertion, de telle façon que lune d'elles recouvre l'autre en avant et en arrière, sans toutefois les rejoindre, et que celle-ci les rejoint et les enroule en spirale l'un autour de l’autre ; en un mot, la première est équitante, la seconde convolutée. Ensemble elles forment un double étui conique, rigide et pointu comme une épine, souvent recourbé en corne, qui, persistant après l'épanouissement de la feuille, protège le bourgeon terminal jusqu'à l'épanouissement de la feuille suivante, à la manière de la pièce unique qui résulte de la concrescence postérieure des deux stipules dans le Figuier élastique, par exemple. Sous cet étui, le bourgeon terminal offre d'abord une Jeune 250 PH. VAN TIEGHEM feuille involutée, opposée à la feuille épanouie, puis les deux stipules de cette feuille enveloppant, comme il vient d'être dit, la jeune feuille suivante, et ainsi de suite. Il faut remarquer seulement que si, pour une feuille donnée, c'est la stipule de droite qui engaine l'autre, pour la feuille suivante ce sera la stipule de gauche. Le sens du recouvrement change done d'un nœud à lautre, de manière que d'un même côté de la Uige les stipules sont loutes recouvrantes, de Pautre toutes recou- vertes. La chose se comprend bien si lon remarque que la stipule la plus large, recouvrante, est toujours située du côté de la moitié la plus large du limbe à sa base. C’est done la dissvmétrie basilaire du Himbe qui se retrouve, plus accusée encore, dans les stipules. Quand le bourgeon terminal, après un temps de repos plus ou moins long, se dispose à allonger son premier entre-nœud, el à épanouir sa première feuille, les deux stipules se séparent, s'écartent, déroulent leurs bords, puis se détachent à la base el tombent, ne laissant comme trace de leur présence que la cicatrice annulaire signalée plus haut. Au-dessus de son premier el très court entre-nœud, le bour- geon axillaire est aussi muni d'un étui extérieurement semblable à celui du bourgeon terminal, eadue comme lui plus tard, mais d'une lout autre valeur morphologique. Il est formé également de deux pièces latérales libres, imsérées en face lune de l'autre, presque à même hauteur, et dont lune engaine l'autre, qui est enroulée en cornet; mais ces deux pièces sont ici chacune une feuille entière : en un mot, ce sont deux écailles. Elles n'ont pas, en effet, au-dessous d'elles, une feuille dont elles puissent dépendre et chacune d'elles porte un petit bour- seon de second ordre à son aisselle. En dedans d'elles, le bour- seon offre d'abord une troisième écaille, superposée à la pre- mière el convolutée comme la seconde, puis une feuille invo- lutée superposée à la seconde écaille, puis les deux stipules de cette feuille, conformées comme dans le bourgeon terminal elenveloppant d'un étui les jeunes feuilles suivantes. Quand ce bourgeon axillaire ainst protégé se développe, sans accroitre son entre-nœud basilaire, 1l sépare, déploie et rejette ses deux écailles, et allonge lentre-nœud suivant, au sommet SUR LES IRVINGIACÉES 951 duquel la troisième écaille s'enroule en gaine autour du bour- geon devenu terminal. Plus tard, quand la croissance reprend, cette écaille unique est rejetée à son tour et un second entre- nœud s'allonge, au sommet duquel s'épanouit la première feuille verte, avec ses deux stipules enveloppant le nouveau bourgeon terminal. Après quoi, la croissance de Ta pousse se poursuit de la même manière. Tout rameau commence donc par trois écailles tout entières protectrices, avant de former la première feuille verte el les suivantes, qui ne demeurent désormais protectrices que par leurs stipules. C'est sans doute cette ressemblance des stipules qui recou- vrent le bourgeon terminal durant toute la croissance inter- mittente de la pousse feuillée avec les trois écailles qui protègent seulement à son début le bourgeon axillaire, qui à conduit M. J. Hooker à les considérer aussi comme des écailles et à regarder, en conséquence, les feuilles de ces plantes comme entièrement dépourvues de stipules (1). S'ilavait vu plus exac- tement les choses, peut-être n’eût-il pas classé ce genre parmi les Simarubacées, qui sont, comme on sait, sans stipules. Si l’on à insisté sur ce point, qui parait peu important, c'est parce que ces écailles basilaires d'abord, et ensuite ces stipules tout du long, avec la même forme et la même disposition, aussi remarquables que rares, se retrouvent dans les trois autres genres et qu'elles constituent ainsi Fun des caractères extérieurs les plus frappants du petit groupe de plantes que l'on se pro- pose d'étudier ici. Elles permettent à ces arbres, pendant les fréquentes intermittences de leur végétation, entre lépanouis- sement de deux feuilles consécutives, de protéger fortement leurs bourgeons, axillaires où terminaux, contre les rayons trop ardents du soleil tropical. 2. Nombre et distinction externe des espères. — Dans Îles limites qu'on lui assigne ici, le genre Irvingie est localisé en Afrique tropicale occidentale, mais il s'y présente sous plusieurs formes spécifiquement distinctes, quoique voisines, qu'il faut tout d’abord énumérer et distinguer. Elles sont jusqu'à présent au nombre de trois seulement, dont (1) J. Hooker, loc, cit,, p. 167, 1860, 292 PH. VAN TIEGHEM deux, FT. de Barter (Z. Barteri Hook. fil.), de l'ile du Prince, et PT ténuifoliée (Z. tenuifolia Hook. fil.), du Bénin, ont été décrites en 1860 par l'auteur du genre, tandis que la troisième, récollée au Gabon par Aubry-Lecomte, qui la tenue pour un Manguier el la nommée en 1857 Mangifera gabonensis (A), a été plus lard décrite par Baillon et rapportée par lui au genre frvingie, sous le nom d'Irvingie du Gabon !/. gabonensis (Aubry-Lecomte) Ballon! (2). Ces trois espèces se réduiraient même à une seule, si lon admettait, avee M. Oliver, que PT. ténuifohiée n'est qu'une simple variété de FE. de Barter (3), et avec Ballon que FT. du Gabon est identique à l'E. de Barter, dont le nom devrait, dès lors, comme postérieur, passer aux synonymes (4). Mais ces deux opinions ne me paraissent pas fondées. D'une part, TE ténuifoliée, trouvée par Irving au Bénin, me semble, comme à M. J. Hooker, bien distincte de l'E. de Barter, décou- verte par Barter à l'île du Prince ; de l'autre, l'examen compa- nalif des divers échantillons récoltés successivement au Gabon par Mann, Duparquet, Griffon du Bellay, M. Jolly, M. Masson et surtout par le P. Klaine, au Dahomey par M. E. Poisson, au Cameroun par M. Zenker, au Congo par Smith, M. Lecomte et M. Chevalier, m'a convaincu non seulement que ces plantes différent spécifiquement de FE ténuifohée et de FE de Barter, mais encore qu'elles représentent plusieurs espèces, qu'il faut tout d'abord distinguer et caractériser sommairement par rap- port aux deux précédentes et entre elles. Pour FT. ténuifoliée, à défaut de l'échantillon tvpe de Irving, J'ai étudié la plante récoltée par Mann au Cameroun en 1863 (n° 2206), distribuée sous ce nom par l'Herbier de Kew et qui répond bien à la description, notamment par ses feuilles mem- braneuses. Rameaux, pétioles et pédoncules floraux y sont très srèles et noirâtres, ainsi que les gaines slipulaires. A son (4) O'Rorke, Note sur le pain de Dika du Gabon (Journal de Pharmacie et de Chimie, XXXI, p. 275, 1857, el Répertoire de Pharmacie, XIV, p. 264, février 4858). 2) Baillon, Études sur l'herbier du Gabon (Adansonia, VII, p. 381, et VII, p. 82, 1863). (3) Oliver, Flora of trop. Africa, 1, p. 31%, 1868. (#) Baillon, lc. cit., p. 86, 1867. © SUR LES IRVINGIACÉES 53 second nœud, le pédoncule floral porte, au lieu de bractée, une feuille verte, plus petite que les feuilles végétatives. Pour l'I. de Barter, à défaut de l'échantillon type de Barter, j'ai étudié la plante récoltée par Mann en 1861 au même lieu (n° 1123), c'est-à-dire à l’île du Prince, distribuée sous ce nom par l'Herbier de Kew. Elle diffère de la précédente, notamment par ses feuilles coriaces, vert pâle, plus atténuées à la base et au sommet, et plus grande, mesurant en moyenne 10 centi- mètres sur #, au lieu de 6 centimètres sur 3. Le fruit, ovale aplati, ne mesure que 2°%,5 de long sur 1**.5 de large et 1 centimètre d'épaisseur. L'I. du Gabon se distingue tout de suite de FT. de Barter par son fruit beaucoup plus grand qui, d'après l'auteur même de l'espèce, est covoïde, jaune et de la grosseur d'un œuf de cygne ». Des échantillons portant à la fois des fleurs et de pareils fruits ont été récoltés pour la première fois en 1901 aux environs de Libreville, au Gabon, par le P. Klaine (n° 2553 en fleurs : n° 2571 en fruits). La drupe, brunie et durcie par la dessicca- tion, y mesure 6 à 7 centimètres de long sur 4 centimètres de large et 3°",5 d'épaisseur. Le noyau, très dur, Jaune vemé de blanc, à 5 millimètres d'épaisseur ; la pulpe, après dessiceation, à 8 millimètres d'épaisseur ; les filets qui la traversent en rayonnant à partir du noyau sont Jaunes, rigides el mesurent 1 millimètres de long. Les feuilles, de dimension assez inégale ont en moyenne 9 centimètres de long sur 4 de large pour le limbe, avec environ 5 millimètres de long pour le pétiole. L'inflorescence offre un caractère particulier. À Paisselle d'une feuille, au lieu d’une panicule trifurquée dès la base, comme dans la plupart des autres espèces du genre, c’est ici d'ordinaire un rameau feuillé, qui produit à sa base, à Paisselle des deux écailles inférieures du bourgeon primitif dont il a été question plus haut, deux pédoncules ramifiés à un ou deux degrés, semblables aux deux branches inférieures de la panicule dans les espèces précédentes. Ce sont ces échantillons complets que j'ai étudiés comme types de cette espèce. Je crois pouvoir Y rap- porter d'une part les rameaux sans fleurs n1 fruits (n° 112), de l’autre les fruits isolés (n° 9 et 11), récoltés à Libreville par M. Jolly en mars 1891. 254 PH. VAN TIEGHEM Smith à rapporté du Congo, en 1859, des rameaux avec fleurs et fruits d’une plante que l'Herbier de Kew a distribuée comme Irvingie, sans numéro, ni nom spécifique, et que Baillon a identifiée à tort dans l'Herbier du Muséum avec FT ténuifoliée du Cameroun et du Bénin. Elle en diffère beaucoup par ses feuilles coriaces plus allongées, mesurant 7 centimètres sur 3, par ses rameaux el pétioles moins grèles el grisätres, comme les gaines stipulaires. Les pédoncules floraux, grisàtres aussi, mais très grêles, sont fortement renflés aux nœuds. Le disque hypogvne y est plus développé et le fruit à la même dimension que dans FT. Barter. C'est une espèce distincte, que je nommerai I. noueuse (7. nodosa \.T.). Mann à trouvé au Gabon, Lat. 1°N, en 1862, des échantil- lons (n° 1829), que l'Herbier de Kew a distribués sous le nom de 1. Barteri, el que Ballon à identifiés à tort dans l'Herbier du Muséum avec FT. du Gabon. De Pune et de Fautre, ils différent notamment par l'aspect luisant des deux surfaces de la feuille, qui mesure en moyenne 8 centimètres sur #, el par létroitesse des sépales réfléchis à la base des jeunes fruits. Ce sera FE. de Hooker (7. Hookeriana x. T.). Les échantillons récoltés par le P. Klaine, avec fruits en sep- tembre et fleurs en décembre 1900 (n° 1931), constituent aussi une espèce bien distinete. D'abord, les feuilles sont plus grandes, mesurant 13 à 15 centimètres de long sur 5 à 7 centimètres de large. Ensuite, le fruit est aplati, large à la base, progressive- ment atlénué au sommet, comme triangulaire, mesurant 6,5 de long, 4,5 dans sa plus grande largeur et 3 centimètres d'épaisseur, avec un noyau plus mince, moins dur, blanchâtre, et recouvert après la disparition de la pulpe de fibrilles fines et molles qui lui donnent un aspect velouté. Ce sera PE veloutée (Z. velutina \.T.). Le P. Klaine l'avait déjà trouvée en fleurs en août el septembre 1896 (n° 61 et 501). De pareils fruits isolés (n° 186) et les plantules qu'ils pro- duisent en germant (n° 157) avaient été récollés dans la même région, dès avril 1891, par M. Jolly. Le P. Duparquel à récolté au Gabon, en 186%, un échan- Ullon en fleurs (n° 67) que Baillon a identifié à Lort avec l'espèce dont Aubry-Lecomte ne lui avait rapporté que les fruits, et SUR LES IRVINGIACÉES 255 même seulement les noyaux des fruits, c’est-à-dire avec FT. du Gabon. Il en diffère notamment par son inflorescence, dont le pédoncule, dépourvu de branches à laisselle de ses deux bractées basilaires, ne se ramifie qu'à deux degrés, en un mot, est une grappe simplement composée. D'autres, différences seront signalées plus tard. C’est une espèce distincte, que je nommerai 1. de Duparquet (7. Duparqueti NV). Griffon du Bellay a rapporté du Gabon, en 1863, sous le même numéro 217, les rameaux en fleurs de deux plantes bien diffé- rentes, que Baillon a identifiées à tort, comme la précédente, entre elles et avec PTE. du Gabon. L'une se distingue aussitôt par une ramification touffue, en balai et par des feuilles petites, ne mesurant que 5à7 centimètres de long sur 2 à 3 centimètres de large. Ce sera lT. de Griffon (Z. Griffoni v.T.). Elle à été retrouvée par le P. Klaine aux environs de Libreville, avec fruits en Janvier 1896 (n° 292), avec fleurs en septembre 1896 (n° 751) et en août 1900 (n° 1899). La drupe est petite, mesurant seule- ment 3°%,5 de long sur 2,5 de large, à pulpe mince, à noyau très épais et très dur. L'autre, parses feuilles beaucoup plus grandes, mesurant 11 et jusqu'à 14 centimètres de long sur 6 et jusqu'à 8 centi- mètres de large, se montre, autant qu'on en peut juger en l'absence des fruits, identique à VI. veloutée. C'est le moment de remarquer que la description de PE du Gabon, telle qu'elle a été donnée par Baillon (1), à été tracée d'après des matériaux appartenant à quatre espèces différentes, savoir : pour le fruit, d'après les noyaux de FT. du Gabon, rap- portés par Aubry-Lecomte; pour les rameaux, les feuilles, Pin- florescence et les fleurs, d’après l'échantillon de Duparquet et les deux échantillons distincts de Griffon du Bellay, représentant respectivement, comme on vient de le voir, FT. de Duparquel, l'I. de Griffon et FI. veloutée. Cela résulte déjà des seuls docu- ments que l’auteur avait alors à sa disposition ; mais la preuve matérielle en est fournie par l'existence dans l'Herbier du Mu- séum d’une feuille où ce botaniste à cru devoir grouper les élé- ments hétérogènes dont il s'est servi. On y voit côte à côte, (1) Loc. cit., p. 83, 1867. 256 PH, VAN TIEGHEM attachés de sa main, un sachet avec les noyaux de l'T. du Gabon et un fragment de chacun des échantillons types des trois autres espèces. Celle singulière méthode de travail explique à la fois le vague de la description et qu'elle puisse tout aussi bien con- venir, non seulement à PE. de Barter,commel'admettait l'auteur, mais encore à beaucoup d’autres espèces. M. Chevalier à trouvé au Soudan français, à Koulave- Harave, en février 1900, des rameaux feuillés avec fruits mûrs (n° 3 157) qui, pour la forme et la dimension des feuilles, res- semblent à FE veloutée:; le limbe, qui mesure 11%,5 à 12 centi- mètres de long sur 6 centimètres à 6,5 de large, est pourtant moins atténué à la base. Mais surtout le fruit est différent. je Ovale et presque sphérique, il mesure 5 centimètres de long sur %,5 de large. Le noyau v est très mince ettrès tendre, mesurant seulement { millimètre d'épaisseur ; la pulpe, épaisse de 15 mil- limètres, est traversée par des filets rayonnants {très ténus el très mous. Ce sera VE ténuinueléée (2. lenuinucleata v.T.). Le même botaniste à récolté au Congo, près du confluent de l'Oubangui, en décembre 1903, des rameaux avec inflores- cences et très Jeunes fruits (n° 10979 e{ n° 1100%) d'un arbre remarquable par ses feuilles brunes, à limbe ovale arrondi, mesurant 10 centimètres de long sur 5 à 6 centimètres de large, el par la brièveté de la gaine stipulaire du bourgeon terminal, qui atteint à peine # millimètres. Ce sera PTE. brune(Z. fusea x... M. Masson à rapporté du Gabon, en 1883, des échantillons en fleurs ressemblant, pour la forme et la dimension des feuilles, à FE. de Duparquet, mais s'en distinguant par linflo- rescence, qui est à la fois axillaire des feuilles et terminale de la pousse feuillée, ainsi que par la couleur bleue que prend l'ovaire quand il se développe en jeune fruit. Ce sera FT. bleue (1. cærulea V.T.). Elle à été retrouvée en 1896 à Yaunde, au Cameroun, par M.Zenker (n° 806) et distribuée comme Z. Barteri. Le P. Klaine à trouvé aux environs de Libreville, au Gabon, en septembre 1900, des échantillons en fleurs qu'il a rapportés à L'Z. Barteri, mais qui S'en distinguent nettement par la forme et la couleur des feuilles, qui sont d’un beau vert gai. Ce sera l'T. gaie (Z. læta v. T.). Les échantillons récoltés au Dahomey, en 1903, par SUR LES IRVINGIACÉES 251 M. E. Poisson, identifiés avec lZ. Barteri dans l'Herbier du Muséum, en diffèrent aussi nettement, surtout par le calice qui, après l'épanouissement de la fleur, demeure relevé, dressé autour du jeune fruit, au lieu de se rabattre vers le bas comme d'ordinaire, et par le style long et tortillé. Ce sera FT. dressée Merectav: T.): M. Zenker à récolté au Cameroun, à Bipinde, en 1896 et 1901, des échantillons en fleurs (n° 1706 et n° 2329), distribués comme /. Barleri, mais qui s'en distinguent, notamment par l'in- florescence pauerflore. Ce sera VE. pauciflore (Z. pauciflora v.T.). Malheureusement, dans la plupart de ces espèces, on n'a pas encore pu observer le fruit mür. C'est le contraire pour la sui- vante, dont on ne connait pour le moment que le fruit. Au cours de son voyage au Congo en 1896, M. Lecomte à ramassé dans la forêt de Ta côte, entre Mavomba et Kitabi, un fruit appartenant à ce genre, mais y caractérisant probable- ment une espèce nouvelle, I est aplati, presque orbiculaire, mesurant 8 centimètres de largeur sur 3 centimètres d'épais- seur. Le novau, hérissé de longues fibrilles raides et brunâtres, est très épais, mesurant jusqu'à 7 millimètres, et surtout extrè- mement dur. En attendant qu'on puisse connaître l'arbre qui le produit, ce fruit suffit à définir une espèce distincte qui, puis- que la graine + est totalement dépourvue d'albumen, appar- üent bien au genre Irvingie. Ce sera FE platvcarpe (7. pla lycar pa Ne |. Le genre Irvingie se trouve done composé actuellement de quinze espèces. Je les ai étudiées Loutes sur les échantillons ori- ginaux, de manière non seulement à fixer avec plus de précision qu'il n'a été fait Jusqu'à présent les caractères du genre, tels que les fournissent la structure de la tige, de la feuille et de la racine, Porganisation de la fleur, du fruit et de la graine, enfin la conformation de la plantule issue de la germination, mais encore à signaler les différences internes qui, à ces divers points de vue, existent entre les espèces et qui viennent s'ajouter aux caractères externes pour les mieux définir. 3. Structure de la tige. — La jeune tige à un épiderme glabre, formé de petites cellules à membrane externe faiblement euti- ANN. SC. NAT. BOT. 1,217 258 PH. VAN TIEGHEM nisée et Hignifiée, muni de stomales situées au fond d'autant de petites dépressions. La première assise de l'écorce, où exoderme, n'offre rien de particulier ; mais la seconde assise produit de bonne heure, dans la plupart de ses cellules, un cristal octaédrique d'oxalate de calcium, dont le grand axe est dirigé transversalement sui- vant la langente:; puis, elle épaissit et lignifie fortement ses membranes sur les faces interne et latérales, en forme d'U, pro- duisant ainsi autant de petits alvéoles, qui enchàssent chacun étroitement un cristal. En un mot, elle se différencie en un eris- larque, semblable à celui des Ochnacées (1) et jouant le même rôle de cuirasse, à la fois dure et réfléchissante, avec cette diffé- rence seulement que chaque alvéole renferme là une mâcle sphérique, ici un simple octaèdre. Un tel cristarque à octaèdres se rencontre, comme on sait, dans les Érvthroxylacées, chez l'Aneulophe (Aneulophus), où il se différencie dans lexoderme, el chez divers Érythroxyles (Zrythrorylum) où il est tantôt localisé, comme ici, dans la seconde assise de Fécorce, tantôt diffus dans toute son épaisseur (2). Ici aussi, celte cuirasse a nécessairement ses défauts. Le cristarque est, en effet, discon- linu, interrompu çà et là, dans sa longueur e{ dans sa largeur, par des cellules ordinaires, sans cristal et sans sclérose, demeu- rées vivantes. Par ces places réservées, qui restent molles et perméables, lépiderme et lexoderme continuent à recevoir du dedansles éléments nutritifs nécessaires à l'entretien de leur vita- lité. Par elles aussi, la zone interne de l'écorce et la stèle qu'elle entoure continuent à entretenir avec Fatmosphère ambiante les échanges gazeux indispensables à leur activité. Les stomates sont, en effet, toujours situés en regard de ces places réservées. En dedans du cristarque ainsi constitué, l'écorce, formée de cellules à parois minces el sans cristaux, renferme, disposées en un seul cercle vers le milieu de son épaisseur, qui est faible, de grandes cellules à mucilage, ordinairement isolées, parfois groupées plusieurs côte à côte. En dehors des faisceaux fibreux 1) Ph. van Tieghem, Sur les Ochnacées (Ann. des se, nat. Bot., 8e série, XVI, p. 167, 1902). 2) Ph. van Tieghem, Structure et affinités des Erythroxylacées ; un nouvel exemple de cristarque (Bulletin du Muséum, IX, p. 287, 1903). SUR LES IRVINGIACÉES 9259 du péricycle, l’assise corticale interne, c’est-à-dire l'endoderme, épaissit et lignifie ses cellules en forme d'U et produit dans chacune d'elles un octaèdre d'oxalate de calcium, tandis que dans leurs intervalles, elle Les conserve à parois minces et sans cristal. En un mot, ilse différencie dans endoderme un second cristarque, qui double l'action protectrice du premier. Dans la stèle à contour onduleux, le péricycle différencie dans les saillies, en dehors des faisceaux libéroligneux, tout autant de faisceaux fibreux, séparés d'abord dans les creux par des arcs de parenchyme. Ce sont ces faisceaux fibreux qui, sous la mince écorce, se traduisent au dehors par les côtes de la surface, signalées plus haut. Plus tard, les ares de paren- chyme épaississent et lignifient fortement leurs membranes sur les faces interne et latérales, en forme d'U, mais sans v pro- duire de cristaux, et le péricyele se trouve formé en définitive d’un anneau fibro-seléreux continu. Le liber, primaire et secon- daire, est tout entier mou, avec rayons unisériés. Le bois, primaire el secondaire, est normal, avec rayons unisériés ou bisériés. Dans le bois primaire, les cellules qui séparent les files rayonnantes des vaisseaux gardent leurs parois minces et cel- lulosiques. Dans le bois secondaire, les compartiments renfer- ment, outre les vaisseaux et les fibres, du parenchyme lignifié, disposé en bandes tangentielles alternant avec des bandes libreuses. Sans les épaissir notablement, la moelle lignifie de bonne heure les membranes de ses cellules dans sa zone périphéri- que, tandis qu'elle les conserve cellulosiques dans sa région centrale, plus ou moins réduite, qui renferme quelques gran- des cellules à mucilage, confluant çà et là en une seule large lacune. Aux différents niveaux où il n'existe pas de cellules à mucilage, la lignification envahit jusqu'au centre loute la moelle, qui est homogène en ces points; de sorte qu'une sec- Uon transversale faite à un tel niveau pourrait faire croire à l'absence de cellules à gomme. Il y a là une erreur à éviter, Le périderme se forme dans l’assise corticale externe, ou exo- derme, ce qui explique la situation du cristarque externe dans la seconde assise. Le liège épaissit et lignifie plus tard ses mem- branes sur la face interne des cellules. Il n°y à pes de phello- 260 PH. VAN TIEGHEM derme au début; plus tard, il se réduit d'ordinaire à une seule assise. Telle que l'on vient de lesquisser, la structure de là tige ne subit, suivant les espèces, que de légères modifications. Le crislarque externe est plus où moins interrompu. Les places réservées y sont tantôt, et le plus souvent, étroites el espacées . du Gabon, de Griffon, ete.), tantôt plus larges et plus rappro- chées (LE de Barter, veloutée, elc.), jusqu'à réduire parfois la curasse à des plaques étroites, où même çà et là à des cellules isolées (LE ténuifoliée, de Duparquet, ete.) Par contre, lorsqu'il est peu interrompu, il Sv ajoute parfois çà et Là, sur la face interne, quelques cellules appartenant à la troisième assise cor- cale, qui renforcent la cuirasse (LE de Griffon, etc.). Outre ses erandes cellules à gomme, l'écorce renferme quelquefois des cellules isolées, de forme et de dimension ordinaires, conte- nant une malière résineuse jaunàtre (LE ténuifoliée, du Gabon de Duparquet, ete.) IS +4 forme aussi parfois des cristaux octaédriques d'oxalate de calcium (E ténuifolhée, de Griffon, veloutée, ténuinucléée, gaie, ete.) Le hber secondaire ren- ferme aussi parfois de pareils cristaux octaédriques (1 du Gabon, de Griffon, gaie, elc.). Dans FE noueuse, il est relative- ment plus épais et ses rayons unisériés se dilatent progressive ment vers l'extérieur, par suite de la croissance tangentielle de leurs cellules. Dans FT. de Duparquet, il$'v différencie de bonne heure des paquets de fibres, irrégulièrement distribués. La moelle, dont la région centrale cellulosique et gommifère, est parfois très réduite (E ténuifoliée), renferme quelquefois, dans les cellules de x zone externe lignifiée, de gros octaëdres d'oxalate de calcium (4 de Griffon, ténuinueléée, gaie, ete). Dans son travail sur les Simarubacées cité plus haut, M. Jadin à fait, en 1901, une étude sommaire de la structure de la tige d'une Frvingie, qu'il a nommée LE du Gabon. I n'a pas manqué d'\ retrouver, dans Fécorce et la moelle, les grandes cellules à mucilage que j'avais signalées dans ce genre dès 1886, mais le erislarque, aussi bien Finterne que lexterne, lui à échappé comme tel 1 {) Jadin, loc. cil., p. 293, 1901. SUR LES IRVINGIACÉES 261 4. Structure de la feuille. — La feuille reçoit de la stèle de la tige sept méristèles, qui s'en séparent toutes au nœud même; la médiane, plus large, à trois faisceaux libéroligneux côte à côte, les autres un seul. La médiane entre d'abord tout entière dans le pétiole en se trifurquant:; les latérales SY rendent aussi de proche en proche; mais, en S'incurvant hori- zontalement dans l'écorce, elles SV divisent et laissent en de- dans d'elles de nombreuses petites branches, qui pénètrent aussitôt verticalement de chaque côté dans les deux larges sti- pules dont il à été question plus haut et où nous les retrou- verons tout à l'heure. Creusé en gouttière sur sa face supérieure, le pétiole à un épiderme glabre à cuticule lignifiée. La seconde assise corti- cale y est différenciée en un cristarque pareil à celui de la tige, dont il est le prolongement. Vers le milieu de son épaisseur, l'écorce renferme, isolées et disposées en un seul rang, de grandes cellules à mucilage, semblables à celles de la tige. Les méristèles se sont fusionnées latéralement en un are, qui a rap- proché ses deux bords jusqu'au contact en haut, pour les fu- sionner ensuite et devenir finalement une courbe fermée. Con- sidérée au voisinage du limbe, cette courbe, convexe en bas, concave ou plane en haut, à ses faisceaux libéroligneux distincts, au nombre de neuf d'ordinaire dans l'arc inférieur convexe, et de deux plus larges dans la bande supérieure plane, munis chacun d'un arc fibreux péridesmique en dehors du liber. Ces arcs fibreux sont réunis bord à bord en un anneau continu par la sclérose en U des cellules intermédiaires, sclérose qui porte aussi sur les rayons séparant les libers. L'endoderme qui borde l'anneau fibro-seléreux se différencie en un eristarque interne, comme dans la tige. Enfermée dans la courbe, la région médul- laire du péridesme lignifie ses membranes dans sa zone péri- phérique et les conserve cellulosiques au centre, où se trouvent quelques grandes cellules à mucilage, souvent réduites à l'unité. Cette structure du pétiole à son sommel se conserve en- suite dans la nervure médiane du limbe, en s'atténuant pro- gressivement à mesure que des cornes de la courbe fermée se détachent les méristèles qui constituent les nervures latérales. Il faut remarquer pourtant qu'à son entrée dans la côte mé- 262 PH. VAN TIEGHEM diane du limbe, le cristarque externe passe progressivement dans l'exoderme, devient finalement sous-épidermique. À la naissance du limbe, on trouve donc çà et là deux cristarques superposés. I faut remarquer aussi que, dans la côte médiane, la région médullaire du péridesme de la courbe méristélique cesse bientôt de contenir de grandes cellules à mucilage et lignifie ses membranes dans toute son étendue. Ainsi constituée, la structure du pétiole se complique d'une singulière anomalie. Dès la base, alors que la courbe méristé- lique n'a pas encore rejoint ses bords pour se fermer en haut, le péricycle de chaque bord épaissit beaucoup sa couche interne parenchymateuse et + différencie, au-dessous de Ta couche fibreuse, un faisceau cribrovasculaire annulaire, plus épais en bas qu'en haut, séparé du liber sous-jacent par une couche de parenchyme qui appartient encore au péricyele. A mesure qu'il s'élève dans le pétiole, ce faisceau perd progressivement son arc supérieur et se réduit finalement à un faisceau bilatéral à région criblée inférieure, à région vasculaire supérieure appuyée en haut contre la couche fibreuse, inversement orienté, par conséquent, par rapport au faisceau libéroligneux sous-jacent. Dans cet état, il se prolonge ensuite, suivant les espèces, comme il sera dit tout à l'heure, plus où moins loin dans le pétiole et dans la côte médiane du Himbe, en s'atténuant peu à peu et finissant par disparaitre. Cette formation, plus ou moins durable, de faisceaux eri- brovasculaires inverses dans lPépaisseur du péricyele de la feuille, alors que rien de semblable ne s'observe dans la lige, rappelle le phénomène signalé dans un travail récent chez les Ancistrocladacées (1), avec cette différence toutefois qu'icr elle est localisée dans la bande supérieure de la courbe méristé- lique. Il faut remarquer encore que les deux faisceaux surnu- méraires sont ici ordinairement inégaux, le moins gros deve- nant bilatéral plus tôt que autre et se terminant aussi avant l'autre. Cette différence est en relation avec Pinégalité signalée plus haut entre les deux moitiés du limbe à sa base, le fais- ceau surnuméraire le plus développé correspondant à la moitié 1) Ph. van Tieghem, Sur les Ancistrocladacées (Journ. de Bot., XVII, p. 451, 1903). ui dal amant SUR LES IRVINGIACÉES 963 du Himbe la plus large. La dissymétrie du limbe n’est donc que l'expression extérieure d’une dissymétrie interne dans le pétiole et celle-ci réside uniquement dans les faisceaux surnuméraires péricycliques, tout le reste de la structure étant, comme d'or- dinaire, symétrique par rapport au plan médian. Dans la lame, l’épiderme supérieur est formé de grandes cellules à membrane mince et ondulée sur les faces latérales, épaisse el gélifiée sur la face interne. L'épaississement gé- hfié est bordé en dehors, contre le protoplasme, par une pelli- cule demeurée cellulosique, tendue suivant la tangente d’une face latérale à l’autre. Il en résulte, comme on le sait en général pour cette sorte d’épiderme foliaire, assez fréquente dans les plantes tropicales, lapparence d'un cloisonnement tangentiel et par conséquent d'un épiderme composé : d'où la possibilité d'une erreur, que plusieurs anatomistes, même récents, n'ont pas su éviter. M. Jadin, par exemple, en 1901, parlant précisément de la feuille d'une Irvingie, qu'il appelle FE. du Gabon, s'exprime en ces termes : « L'épiderme supérieur présente des cellules souvent pourvues d'une paroi (sic) transversale, qui découpe alors un hypoderme plus ou moins irrégulier »:; et plus loin, à propos de la feuille de l'E. de Barter : «Il faut noter lexis- tence d’un hypoderme constant bien délimité » (1). Dans ce peu de mots, il n'v à pas moins de trois erreurs super- posées. D'abord, le terme « hypoderme » est très incorrect et doit être proscrit du langage anatomique. Il est employé, en effet, par abréviation pour Lypo-épiderme, puisqu'on désigne par lui l’assise corticale la plus externe, quand elle est de quelque facon différenciée, assise qui à reçu par ailleurs le nom correct d'exoderme. D'après l'étymologie, ce mot devrait désigner tout ce qui est sous le derme, sous l'écorce, c’est-à-dire la stèle dans la tige ou la racine, la méristèle dans la feuille. Ensuite, dans le cas actuel, s'il y avait réellement un cloisonnementtangentiel, l'assise interne ne serait pas pour cela un hypoderme, mais sim- plement la moitié interne d'un épiderme composé. Enfin el surtout, un tel cloisonnement n'existe pas en réalité. (1) Jadin, loc. cit., p. 293 et p. 294, 1901, 26% PH. VAN TIEGHEM Ainsi plus ou moins fortement gélifié et protégeant plus ou moins efficacement dans la même mesure Fécorce verte sous- jacente, Pépiderme supérieur est entièrement dépourvu de stomales. Pareillement constitué, mais avec moins de cellules sélifiées, lépiderme inférieur en possède, au contraire, un grand nombre. Hs sont bordés de deux cellules annexes, paral- lèles aux cellules stomatiques. Peu épaisse, mais néanmoins nettement hétérogène, palis- sadique en haut, lacuneuse en bas, entièrement dépourvue à la fois de cristarque périphérique et de grandes cellules à gomme, l'écorce de la lame passe Hbrement, avec deux assi- ses, au-dessus et au-dessous des méristèles. Celles-ci ne sont donc pas cloisonnantes: elles ont un arc fibreux pérides- mique au-dessous du Hber et un autre au-dessus du bois, reliés latéralement en une gaine continue; lendoderme qui la borde est différencié, en haut et en bas, en une bande de cristarque à octaèdres, continuation du cristarque endoder- mique de la üige et du pétiole. C'est sans doute la gélification des deux épidermes qui expli- que, par une sorte de compensation, l'absence de grandes cellules à mucilage dans l'écorce de Ta lame. Car sur la côte médiane, où l'écorce renferme de pareilles cellules, Fépiderme n'est pas gélifié. Chaque large stipule, avons-nous dit (p.261), recoit de la stèle de la lige au nœud un assez grand nombre de petites méris- tèles, issues de là ramificalion interne des méristèles foliaires, qui S'v élèvent parallèlement dans loute sa longueur. L'épi- derme externe v conserve ses parois minces, el sans gélifica- ion, mais les deux ou trois assises externes de l'écorce 6épais- sissent et Hignifient leurs membranes en dedans et sur les côtés en forme d'U, sans toutefois produire de cristaux dans leurs cellules, formant ainsi une couche scléreuse protectrice, qui ne mérite pas le nom de eristarque. Cette sclérose n'a pas Heu sous Pépiderme interne, qui ne se gélifie pas non plus. Entou- rées chacune dune épaisse gaine fibreuse el séparées l'une de l'autre par tout autant de grandes cellules à mucilage, les méri- stèles cheminent parallèlement en grand nombre de la base au sommet, On en compte plus de quarante, par exemple, dans la SUR LES IRVINGIACÉES 265 stipule externe, de moins en moins grosses à mesure qu'on s'avance vers le bord, où elles sont très petites et n'ont plus entre elles de cellules à gomme ; il Ÿ en à davantage dans la stipule interne, plus large et plus enroulée. Grâce à la couche scléreuse externe et aux gaines fibreuses des méristèles, les sti- pules sont très rigides et protègent efficacement le bourgeon. Il est singulier qu'il s'v développe en même temps un si grand nombre et de si grandes cellules à gomme, à moins que ce mucilage ne contribue lui-même à leur rôle protecteur. Ainsi constituée dans ses trois parties : pétiole, limbe el sti- pules, la feuille n'offre dans sa structure que de légères modi- fications suivant les espèces. Dans le pétiole, le cristarque, plus ou moins interrompu, es souvent renforcé en dedans çà et là par des cellules sembla- bles appartenant à la troisième assise corticale où à une assise plus profonde (1. du Gabon, de Griffon, de Duparquet, ete.). Considérée vers la naissance du limbe, la courbe est fermée en haut sur la ligne médiane, tantôt par simple rapprochement au contact des deux bords fibreux de are primitif, reployés en dedans (1. de Barter, de Griffon, veloutée, etc.), tantôt et le plus souvent par confluence du péricyele, du liber et du bois de ces deux bords (E du Gabon, ténuifoliée, de Dupar- quet, etc.). Les deux faisceaux cribrovasculaires différenciés, comme il à été dit plus haut, dans l'épaisseur du péricyele de la bande supérieure de la courbe méristélique, un de chaque côté de la ligne médiane, se prolongent plus où moins loin suivant les espèces. Dans les L du Gabon, de Barter, de Dupar- quet, ténuinucléée, veloutée, brune, etc., on les retrouve non seulement au sommet du pétiole, où ils sont déjà devenus lous deux bilatéraux, mais encore dans la côte médiane du limbe, jusqu'au milieu de sa longueur et au delà. Dans FE ténuifoliée, on les voit encore, bien que très réduits, à la naissance du limbe, mais ils s'arrêtent bientôt dans la côte médiane. Dans les L. de Griffon, pauciflore, ete., ils ont déjà pris fin au som- met du pétiole, où la structure est de tout point normale, mais on les retrouve à la base et vers le milieu. Dans le limbe, tantôt les deux épidermes sont fortement géli- fiés Lous les deux, quoique inégalement, toujours moins en 266 PH. VAN TIEGHEM bas qu'en haut (T. de Barter, ténuifoliée, du Gabon, velouté, ete.). Tantôt l'épiderme inférieur n'est gélifié que çà et là dans des cellules isolées (1 de Griffon, de Duparquet, ete.). L'écorce a ses cellules palissadiques tantôt disjointes, séparées par des méals (LE. veloutée, du Gabon, etc.), tantôt serrées côte à côte sans méals (LE de Griffon, de Duparquet, etc.). Dans FE. brune, l'écorce est aussi palissadique en bas, quoique moins fortement qu'en haut, ce qui n'empêche pas les stomates d’être localisés sur la face inférieure. De plus, les deux épidermes ont 1er leurs parois latérales planes et non ondulées. M. Jadin affirme que, dans la feuille de FI. de Barter, « lépi- derme inférieur à une tendance à prolonger ses cellules en papilles » et que l'écorce v renferme « de véritables sclérites courant généralement parallèlement aux faces de la feuille, mais souvent plus ou moins ramifiées » (1). Pas plus que dans les autres, je n'ai observé, dans cette espèce, ni ces papilles, mi ces sclérites,. 5. Structure de la racine. — Sur une plantule d'T. veloutée, j'ai pu étudier la structure de la racine terminale et de ses radicelles. Devant v revenir plus loin, je me borneraï à dire 1€1 que cette structure, tant primaire que secondaire, est normale. L'écorce éphémère et la moelle, qui est large et persistante, Y sont également dépourvues de ces grandes cellules à mucilage, si abondantes dans la üge et dans la feuille. 6. Organisation florale. — Toujours axillaire d’une feuille, l'inflorescence est Loujours aussi une grappe composée, à pédi- celles rapprochés côte à côte et groupés en ombellules au som- met des branches et des rameaux. D'ordinaire, le pédoncule produit d'abord à sa base même, à l'aisselle des deux étailles latérales opposées du bourgeon primitif dont il à été question plus haut (p. 250), deux branches inégales, qui le rendent trifurqué ; l'une d'elles peut avorter. Puis, à de longs intervalles, il produit en superposition avec les premières, à l’aisselle de bractées caduques, une où deux branches de plus en plus 1) Loc. cit., p. 29%, 1901, SUR LES IRVINGIACÉES 267 courtes. Enfin il porte côte à côte sur son extrémité renflée un certain nombre de pédicelles, formant une ombellule. Toutes les branches se terminent de même par une ombellule. Les deux inférieures et souvent aussi la suivante, produisent d'abord sur leur flanc une ou deux courtes branches de second ordre, terminées de même; les supérieures, très courtes, ne se rami- fient pas; la dernière se réduit à un petit moignon, de sorte que son ombellule est sessile. L'ensemble ainsi constitué est donc une grappe lâche et divariquée, composée à deux degrés à la base, à un seul degré au milieu, simple au sommet, où les pédicelles, qu'ils soient de troisième, de second ou de premier ordre, sont groupés en ombellules. Une telle inflorescence peut être dite une panicule sessile. Ballon à laissé subsister quelque obscurité sur ce point. « Le véritable caractère de l'inflorescence nous échappe, ditl. Elle forme probablement une grappe, simple ou peu rameuse, de cymes pauciflores » (1). Par ce qui précède, on voit qu'il n'entre pas de cymes dans sa constitution. Dans quelques espèces, l'inflorescence subit une modifica- üon qui peut servir à les caractériser, comme il a été dit plus haut en quelques mots (p. 253). Dans les L de Duparquet et veloutée, par exemple, elle se simplifie par avortement des branches inférieures. Dans l'E du Gabon, ce qui est ordinai- rement le pédoncule devient souvent un rameau feuillé portant à sa base, à l’aisselle des deux écailles du bourgeon primitif, deux grappes qui sont les homologues des deux branches inférieures de l’inflorescence trifurquée ordinaire. Le pédoncule floral et ses branches de premier ordre ont essentiellement, avec des parties plus réduites, la même struc- ture que la tige. L'écorce, notamment, renferme dans sa zone interne un cercle de grandes cellules à mucilage, dont on trouve aussi quelques-unes, mais rares, dans la moelle. Mais le cristarque externe fait presque entièrement défaut; par contre, le cristarque endodermique est bien développé. Au-dessous de lui, les cannelures de la stèle ont chacune un faisceau de fibres péricyeliques faiblement lignifiées. Le pédicelle floral à aussi (4) Loc, cit., p. 86, 1867, 268 PH. VAN TIEGHEM un cercle de cellules à mucilage dans l'écorce, sans en avoir dans la moelle: mais il n'a plus trace de cristarque, ni externe, niendodermique; le péricyele + est aussi dénué de fibres. Toujours dépourvu de bractées propres, le pédicelle se ter- mine par une fleur bisexuée, actinomorphe, pentamère à pistil dimére (1). Le calice à cinq sépales courts, égaux, concrescents à la base, ce quile rend faiblement gamosépale, à préfloraison quinconciale, réfléchis après l'épanouissement el persistants. La corolle à cinq pétales alternes, plus longs que les sépales, Jaunàlres, égaux, entièrement libres, se recouvrant dans le bouton en préfloraison cochléaire, étalés après lépanouisse- ment et caducs. Baillon, qui n'a pas pu déterminer la préfloraison du calice, dit imbriquée celle de la corolle (2). M. J. Hooker avait attribué la préfloraison imbriquée à la fois au calice et à la corolle (3), el M. Engler à fait de même plus récemment (4). I a là une erreur. La préfloraison du calice est quinconciale: celle de la corolle l'est aussi au début et le demeure à la base, au voisinage de l'insertion. Plus tard et plus haut seulement, le second pélale du evele, d'externe devient interne, de recouvrant recouvert, ce qui rend cochléaire la préfloraison. Sépales et pétales renferment dailleurs dans leur écorce de grandes cellules à mucilage. L'androcée à dix élamines libres, en deux verticilles alternes, l'externe épisépale, linterne épipétale ; en un mot, ilest direc- tement diplostémone. Les filets, longs et grèles, les épipétales un peu plus courts que les autres, sont reployés dans le bouton eldemeurent torüllés dans la fleur épanouie; les anthères, très courtes, insérées sur l'extrémité pointue du filet près de la base de la face dorsale, oscillantes par conséquent, ont quatre sacs (4) En décrivant la fleur de FT. du Gabon, d'après les échantillons fleuris récoltés par Le P. Duparquet et par Griffon du Bellay, comme il a été dit plus haut (p. 255), Baïllon l'a dite « normalement létramère » (loc. cit., p. 83). de l'ai étudiée à mon Lour sur ces mèmes échantillons, représentant, comme on sait, trois espèces distinctes entre elles et de FT. du Gabon, et je lai trouvée normalement pentamère, comme dans toutes les autres espèces du genre. 2) Baillon, loc. cit., p. 83, 1867. 3) J. Hooker, loc. cit., p. 167, 1860. +) Engler, loc. cit., p. 223, 1896. SUR LES IRVINGIACÉES 269 polliniques s'ouvrant en long. Le pollen est formé de grains libres à trois pores, ce qui les rend triangulaires. Entre l’androcée et le pistil, le réceptacle laisse un entre- nœud, où gynophore, dont l'écorce, plus ou moins rentflée suivant lesespèces, mais toujours dépourvue de grandes cellules à mucilage, est formée de petites cellules saccharifères el recou- verte par un épiderme à cellules faiblement prismatiques, mais non prolongées en papilles. Dans cet anneau nectarifère, Jaune à l’étal frais, les filets staminaux sont enchâssés dans le bouton ; il est marqué, par conséquent, de dix sillons séparés par autant de cannelures. Bien qu'il ne se relève pas 1ct en coupe autour de la base de l'ovaire, on peut, avec tousles auteurs précédents, considérer ce bourrelet comme un disque, mais il faut convenir que c’est un disque rudimentaire (1). Porté par ce gynophore nectarifère, le pishil se compose de deux carpelles antéro-postérieurs, fermés et concrescents dans toute leur longueur en un ovaire biloculaire ovoide, surmonté d'un style unique, filiforme, plus long que lui, terminé par un stigmate entier, à peine renflé. Dans sa paroi externe et dans chaque côté de la cloison, l'ovaire à de grandes cellules à mu- cilage, disposées sur un seul cercle. Chaque loge renferme, atta- ché au sommet de la cloison, un seul ovule qui la remplit complètement, anatrope, pendant à raphé interne, hyponaste, par conséquent. Cet ovule à un nucelle persistant jusqu'après la formation de l'œuf, recouvert de deux téguments. L'externe n'a que trois assises du côté opposé au raphé; Pinterne à qua- tre assises de cellules plus petites. L'endostome, où le nucelle enfonce son cône terminal amincei, reste au-dessous de Pexo- stome. En un mot, l’ovule est perpariété, bitegminé, dipore. Au-dessus de lexostome, le funicule porte une protubérance qui recouvre d'abord l'exostome, puis développe sur sa face inférieure une petite excroissance conique, qui s'enfonce pro- (4) M. Engler a figuré, ilest vrai, dans une Irvingie qu'il nomme I. du Gabon, un disque cupuliforme très développé, tel qu'il n’en existe ni chez cette espèce ni chez aucune Irvingie (loc. cit., p. 227, fig. 132, E et F). I doit y avoir eu confusion avec une espèce d'Irvingelle, genre dans lequel, comme on le verra plus loin, on observe en effet un pareil disque. L'inflorescence repré- sentée dans la même figure étant terminale, à pédicelles espacés en grappe, n'est pas non plus d’une Irvingie, mais bien plutôt d'une Irvingelle. 270 PH. VAN TIEGHEM gressivement dans lexostome et dans lendostome au-devant du sommet aminei du nucelle. Sans quitter le tissu où il s'al- longe en parasite, le tube pollinique peut pénétrer ainsi direc- lement dans le nucelle. Cette disposition, déjà signalée par Baillon (1), rappelle celle qui est bien connue chez diverses Eu- phorbiacées, où la proltubérance en question à reçu le nom d'obluralteur. La cloison de l'ovaire a, dans son milieu, deux groupes de méristèles inverses, à Hiber interne el bois externe ; la médiane de chaque groupe se sépare au sommel pour entrer el descendre dans Povule correspondant. La composition de la fleur ainsi conformée peut être expri- mée par la formule : F—(5S)+5P+5E + 5E+(2C). Dans cette fleur, c'est peut-être le gynophore nectarifère qui se modifie le plus suivant les espèces. Très peu renflé, par “exemple, dans les LE veloutée et du Gabon, au point de n°v pas mériter vraiment le nom de disque, il se développe, au con- Lraire, en un large bourrelet en plateau dans FI. noueuse. Le calice a ses sépales tantôt étroits (TE. de Hooker, dressée, ete.), lantôt larges (LE. du Gabon, veloutée, ete.). La corolle, ordinai- rement jaune, est parfois blanche ou rosée. Le style est quel- quefois plus long que d'ordinaire et alors fréquemment tortillé (1. du Gabon, dressée, ete.). 7. Fruil el graine. — Dans linflorescence, les pisüls de toutes les fleurs commencent d'abord par se développer en autant de jeunes fruits, le plus souvent bleuàtres, à la base desquels le calice, ordinairement réfléchi vers le bas, rarement relevé (1. dressée), persiste longtemps sans S'accroitre au-dessous du gynophore. Mais de tous ces fruits, un seul, situé vers la base, parvient en définitive à maturité; tous les autres cessent de croître, se détachent el tombent avec leurs pédicelles. Le fruit mûr est done solitaire, attaché à la branche à laisselle d'une feuille par un pédicelle simple, qui, dans FT du Gabon, mesure 2 à 3 centimètres de long sur 2 à 3 millimètres d'épaisseur. Ce fruit est une drupe à un seul noyau. (1) Loc. cit., p. 84, 1867. ut SUR LES IRVINGIACÉES LE: Le péricarpe est formé de trois couches. Sous l’épiderme hgnifié, l’externe, ou exocarpe, assez mince, est composée de petites cellules toutes semblables, à parois minces et cellulo- siques ; elle contient les méristèles carpellaires dans son bord interne. La moyenne, ou mésocarpe, plus épaisse, renferme de très nombreuses et très grandes cellules à mucilage dissé- minées dans toute son épaisseur; en outre, elle est traversée par des filets rayonnants et rigides, qui sont de deux sortes. Les uns, composés d'un faisceau libéroligneux entouré d'une gaine libreuse péridesmique, sont des branches internes des méri- stèles carpellaires, qui s'unissent en dedans au noyau par leurs extrémités fibreuses. Les autres sont de simples faisceaux de longues cellules scléreuses émanés de la surface du noyau, qui en est toute hérissée, et se terminant librement vers la péri- phérie au-dessous de Pexocarpe. Ensemble ces deux couches constituent la pulpe du fruit, pourvue, comme on voit, outre l'appareil sécréteur gommifère, d'un appareilmécanique double, comprenant à la fois des filets de soutien centrifuges et des filets de transport centripètes. La couche interne, ou endocarpe, se sclérifie tout entière et forme un noyau, ordinairement très épais et très dur, jaune Jaspé de blanc, autour de l’ensemble des deux loges de l'ovaire, dont la cloison ne durcit pas; le noyau est donc typiquement biloculaire et aplati. Mais l’une des loges S'y développe seule d'ordinaire avec l’ovule qu'elle renferme, l’autre avortant et se réduisant à une petite fente dans le côté correspondant. Les longues cellules à paroi très épaisse et forte- ment lignifiée qui composent le noyau v sont groupées en deux sortes de faisceaux étroitement enchevêtrés, les uns parallèles, les autres perpendiculaires à la surface. Sur la section trans- versale les premiers sont coupés en travers et jaunes, les seconds en long et blancs : d'où la jaspure signalée plus haut. Ce sont les derniers qui se prolongent en rayonnant dans l'épais mésocarpe, jusqu à la limite de l'endocarpe. La graine unique, qui remplit complètement le noyau et qui est aplatie comme lui dans le plan médian, se compose d'un tégument et d’un embryon, sans trace d’albumen. Le tégument, dont la surface externe est luisante et jaune 272 PH. VAN TIEGHEM brun, se compose, entre les deux épidermes, d'une couche épaisse et homogène, formée de cellules arrondies, séparées par des méals et à peine adhérentes, où même fout à fait dis- sociées et pulvérulentes, dont Ta membrane est remarquable- ment épaissie el lignifiée, en forme de spirale ou de réseau. Au milieu de son épaisseur, elle renferme de grosses méris- teles provenant de la ramification pennée de Ta large mé- ristèle du raphé, transversales el parallèles, çà et lt ramifiées. Cette abondante nervalion pennée accuse très nettement le plan de symétrie du tégument. L'embrvon qu'il renferme est droit, à larges elépaisses cotvles plan-convexes, auriculées à la base, disposées de part et d'autre de ce plan de symétrie, qui est aussi le plan médian de la fleur. En un mot, il est accombant au raphé. Ilest oléagineux et aleu- rique, sans trace d’amidon. Mais ses cotvles renferment dans leur écorce un très grand nombre de grandes cellules à somme, visibles à Poil nu sur la tranche comme autant de points blanes. Cette gomme abondante contribue certainement avec a malière grasse à donner à lembrvon ses qualités nutritives bien connues. On en prépare, comme on sait, non seulement le pain de Dika où d'Odika, mais encore une graisse, le 4eurre de Dika, etune sorte de cacao, avec laquelle on fait le chocolat des pauvres où chocolat Pahouin. La pulpe de la drupe elle- mème, malgré son peu d'épaisseur et les filets rigides qui la traversent, malgré sa forte saveur de térébenthine, est mangée par les indigènes. Pour ces divers usages, ceux-e1 utilisent indifféremment, semble, toutes les espèces d'Irvingie, qui portent collectivement le nom de On. Suivant les espèces, pour autant qu'il v est connu, le fruit varie pourtant de forme, de dimension et de structure. Aplati et mesurant seulement 22 à 25 millimètres de long sur 15 à 17 maillimètres de large dans FE de Barter et dans l'E. ténuifohée, 35 millimètres de long sur 25 millimètres de large dans FE de Griffon, il est ovoïde et atteint 6 à 7 centi- mètres de long sur # centimètres de large dans FE du Gabon. Celui de FT. veloutée, notablement aplati, est large à la base, progressivement atténué en pointe au sommet, comme {rran- SUR LES IRVINGIACÉES Dre gulaire, et mesure 6°°,5 de long sur 4,5 de large et 3 centi- mètres d'épaisseur ; son noyau, blanchâtre, relativement mince, léger et tendre, est hérissé de fibrilles serrées, courtes et molles, qui donnent à sa surface un aspect velouté : d'où le nom spéci- lique. Celui de PE. ténuinucléée, presque sphérique, mesure en- viron » centimètres de diamètre el son novau, très mou aussi, est très mince, mesurant à peine { millimètre d'épaisseur : d'où le” nom donné à l'espèce. Dans PE platvearpe, dont on ne connait encore que le fruit, là drupe est orbiculaire et plate mesurant 8 centimètres sur 7, avec 2,5 d'épaisseur; le novau, hérissé de filets très raides, est très épais et d’une dureté extrème. La graine aussi varie de dimension. Mesurant seulement 10 millimètres de long sur 5 de large dans FI. de Barter, elle atteint 40 millimètres de long sur 22 de large et 10 millimètres d'épaisseur dans FT du Gabon, 40 millimètres de long sur 28 de large, et seulement 6 millimètres d'épaisseur dans FE pla- Lycarpe. S. Gernunation el structure de la plantule. — M. Joly à récolté, en avril 1891, aux environs de Libreville, au Gabon (n° 157), deux plantules d'Irvingie issues de germination el déjà assez développées, que la forme, la dimension et la struc- Lure des fruits qui les accompagnent, jointes à la forme et à la dimension des feuilles, m'ont permis d'identifier avec FL ve- loutée. La racine terminale, longue de 18 à 20 centimètres, porte dans sa région supérieure, voisine du collet, de nombreuses rangées de radicelles. L'hypocotyle mesure 5 centimètres dans une des plantules, 7 centimètres dans l'autre. Les deux cotvles, nettement épigées, sont tombées: lune des plantules à déjà formé à leur aisselle deux branches feuillées. Le premier entre- nœud épicotylé mesure, sur Fune des plantules 12 centimètres, sur l’autre 19 centimètres de longueur, et se termine par une pare de feuilles opposées, portant à leur aisselle chacune un rameau feuillé dans la plantule la plus avancée. Il est surmonté dans cette plantule par quatre, dans l'autre seulement par trois entre-nœuds, portant chacun une feuille isolée, avec ses deux stipules caractéristiques. Les feuilles, à limbe atténué progres- ANN. SC. NAT. BOT. 1, 18 974 PH. VAN TIEGHEM sivement à la base el brusquement au sommet en une longue pointe, sont grandes el mesurent jusqu'à 1# et 17 centimètres de long sur 6 centimètres de large. La longueur totale de la plantule est de 50 centimètres pour lune, de 4% centimètres pour l’autre. Considérée à un centimètre au-dessous du collet, la racine ter- minale à déjà perdu son écorce, exfoliée par Le périderme, qui pris naissance à la périphérie du périevele, comme à l'ordi- naire, Sous le phelloderme, le reste du péricyele à épaisst el henifié fortement ses cellules en forme d'U, de mamére à entourer d'un anneau seléreux continu le Hiber, primaire el secondaire, qui est tout entier mou et renferme des octaèdres d'oxalate de calcium. Le bois secondaire, déjà très développé, à rayons unisériés, contient, mêlé aux fibres dans les compar- liments, beaucoup de parenchyme ligneux:; ce parenchyme x prédomine même sur les fibres. entoure une très large moe Île homogène, à membranes médiocrement épaissies, mais forte- ment hignifiées, entièrement dépourvue de cellules à mucilage. A la périphérie de cette moelle, on à quelque peine à distin- euer, à cause de sa lignification, les faisceaux ligneux pri- mitifs. Is sont nombreux; on en comple jusqu'à vingt à ce niveau, ce qui explique le grand nombre des séries de radicelles dans cette région. La même structure se retrouve, mais amoindrie, si Fon étudie la racine terminale plus bas, par exemple à 15 centi- mètres du collet. La moelle v est seulement moins large et n'of- fre à sa périphérie que 10 à 12 faisceaux ligneux primaires. L'étude des radicelles, où la structure primaire subsiste en- core, permet de retrouver l'écorce avec sa structure normale, el de s'assurer qu'elle ne renferme pas de cellules à mucilage. On y assiste à la formation du périderme dans l'assise externe du périeyele. La sclérose en U des assises internes du péri- cycle n'a pas encore commencé, Le pachyte v est aussi à ses débuts. La moelle, dont les membranes sont déjà fortement épaissies et lignifiées, est dépourvue de cellules à mucilage. A sa périphérie, on distingue cinq faisceaux ligneux primaires, aux intervalles desquels correspondent, en dehors du pachyte, cinq ares libériens primaires écrasés. SUR LES IRVINGIACÉES 975 En résumé, la racine des Irvingies est remarquable d'un côté par l'absence de ces cellules à mucilage, qui abondent dans la üige et dans la feuille, et qui existent déjà dans les cotyles de l'embryon, de l'autre par le grand diamètre de la stèle, le grand nombre de faisceaux ligneux et libériens qui alternent à sa périphérie et l'anneau scléreux péricyelique qui l'entoure. Dans l'hypocotvyle, considéré à un centimètre au-dessus du collet, sous un épiderme glabre et très faiblement cutinisé, l'écorce épaisse, dépourvue de toute trace de cristarque péri- phérique, mais renfermant déjà çà et là dans sa zone moyenne quelques grandes cellules à mucilage, se trouve de bonne heure exfoliée par un périderme développé, comme dans la racine, aux dépens de Fassise externe du péricycle, ce qui explique qu'il ne S'y différencie pas de cristarque. La stèle est très large et possède, autour d'une moelle volu- mineuse, un grand nombre de faisceaux libéroligneux, vingt- quatre environ, dont le bois primaire est nettement centrifuge. Les faisceaux ligneux centripètes du pivot ont disparu. On voit par là que, dès sa base, l'hypocotyle prend ici la structure caractéristique de la tige. C’est vraiment une tige hypocotvlée el non pas, comme chez tant d'autres plantes, une rhizelle allongée vers le haut, douée, comme il convient alors, d'une structure de racine. En dehors de chaque faisceau libéro- ligneux, le péricycle se différencie, à partir de sa seconde assise, la première avant produit le périderme, en un large arc fibreux, appliqué contre le phelloderme. Plus tard, ces arcs se réunissent bord à bord par la sclérose en U des arcs intermé- diaires, demeurés d’abord à l'état de parenchyme, et il se fait de Ja sorte un anneau fibro-scléreux continu. Le liber et le bois secondaires, déjà bien développés, sont normaux. La large moelle lignifie ses membranes dans sa zone périphérique et les conserve cellulosiques dans sa région centrale, où elle ren- ferme de nombreuses et très grandes cellules à mucilage : 11° en à aussi quelques-unes dans la zone hgnifiée périphérique. L'étude du premier entre-nœud épicotylé et des entre-nœuds suivants montre que la tige prend, à partir des cotyles, tous les caractères que nous lui connaissons à l'état adulte. L'écorce, notamment, est désormais persistante, différencie sa seconde 276 PH. VAN TIEGHEM assise en un ceristarque à octlaèdres et produit le périderme dans son exoderme. L'étude des feuilles de la plantule, encore opposées au second nœud, isolées distiques aux nœuds sui- vants, montre aussi qu'elles prennent dès le début, avec leurs stipules caractéristiques, la dimension, la forme et Ta structure que nous avons observées dans les feuilles de la plante adulte. On est ramené ainsi au point de départ. 2, GENRE IRVINGELLE. Défini sommairement comme il a été dit plus haut (p. 248), c'est-à-dire comprenant toutes les Trvingiacées à pisül dimère et fruit drupacé qui ont linflorescence terminale et la-graine albuminée, le genre Irvingelle (/rringella X.T.) offre un très grand intérêt au point de vue de la géographie botanique. Il compte, en effet, deux sortes d'espèces tropicales, croissant les unes en Afrique occidentale, les autres en Indo-Chine eten Ma- laisie, sans représentant actuellement connu dans aucune des nombreuses régions intermédiaires. Nombre el distinction erlerne des espèces. — Wne renfermait jusqu'à présent que trois espèces, décrites comme Irvingies, savoir: PI. de Smith (7. Suuthiu Hook.fil.), du Congo et du Niger, publié en 1860 par l’auteur du genre, M. J. Hooker (1), VE malaise (2. malayana Oliver), de Malacca, publiée en 1875 par M. Bennett (2), et l'E. d'Oliver (7. Oliveri Pierre), de la Cochin- chine, publiéeen1892 par M. Pierre (3). Ce seront respectivement l'Irvingelle de Smith (/reimgella Snuithi (Mook. fil.) v. TT.) FIrvin- selle malaise (/reingella malayana Oliver) v. FT.) et lIrvingelle d'Oliver (/roingella Oliveri (Pierre) v. T.). Je puis ici en ajouter sept autres, six de l'Afrique occidentale, une de l'Indo-Chine. M. Spire à récollé au Gabon, près d'Azombé, en avril 1899 (n° 14%), un rameau feuillé, sans fleurs ni fruits, d'un arbre de 35 mètres, reconnaissable aussitôt à ses stipules pour une lrvingiacée et que sa structure caractérise comme Irvingelle. Ce 1) J. Hooker, loc. cit., p. 167, 1860. (2) Bennett, Flora of Brit. India, 1, p. 522, 1875. 3) Pierre, Flore forestière de la Cochinchine, pl. CCLAXIII, 1892. SUR LES IRVINGIACÉES DT sera lT. de Spire (Z. Spirei v. T.). La tige est noirâtre et cô- telée. Les feuilles ont un limbe luisant en haut, terne en bas, atténué à la base, prolongé brusquement en pointe au sommet, à réseau de nervures saillant sur les deux faces, et mesurant 18 centimètres de long sur 7°",5 de large. On verra plus lom pourquoi le mat de la surface inférieure du limbe, qui est finement chagrinée, suffit à distinguer une Irvingelle d’une Irvingie. Par la forme, la couleur et la dimension des feuilles, ainsi que par la couleur des rameaux, cette espèce diffère beau- coup de FT. de Smith. Thollon a récolté en mars 1888, au bord de l'Alima, au Congo français, des rameaux fleuris (n° 939) d’un arbre de ce genre, qui diffère nettement de FT. de Smith par ses entre-nœuds longs el noirs, par ses feuilles sombres, à nervures noirâtres et plus petites, ne mesurant que 7°",5 sur 3°",5, et par son inflores- cence moins longue que les feuilles, à branches noires, courtes el pauciflores. Ce sera FT. de Thollon (7. Tholloni .T.). M Chevalier a rapporté du Chari, à Krébedgé (Fort-Sibut), en octobre 1902, des rameaux sans fleurs (n° 5731) d’un arbre à fruits rouges, croissant au bord des rivières et mesurant 20 mètres de hauteur sur 1",50 de diamètre. C’estune Irvingelle, qui diffère à la fois de l'E. de Smith par la couleur sombre de ses feuilles et de FT. de Thollon par leurs nervures blanchâtres et par la plus grande dimension du limbe, qui mesure jusqu'à 13 centimètres de long sur 6 centimètres de large. Ce sera, à cause de la couleur des fruits, ordinairement jaunes dans ces plantes, l'I. rouge (7. rubra v.T.). Les rameaux sans fleurs, ni fruits, eueillis par le même bota- niste en décembre 1902 dans la même région, aux bords du Bahr Tété (n° 7023), sur un grand arbre dont le tronc avait 2 mètres de diamètre, me paraissent encore une espèce différente: les feuilles, plus coriaces et moins sombres que dans les deux pré- cédentes, y sont plus foncées que dans VE de Smith, où elles sont, comme on sait, d’un vert pâle et jaune caractéristique. Ce sera l'I. de Chevalier (7. Chevalieri x. T.). Le P. Klaine a ramassé dans la forêt, aux environs de Libre- ville au Gabon, en 1895, des fruits (n° 151) d'un arbre dont le feuillage’et les fleurs sont jusqu'ici inconnus, mais qui ressem- 278 PH. VAN TIEGHEM blent par leur forme et leur structure à ceux des Irvingies, avec cette différence importante que la graine est albuminée comme dans les Irvingelles. Au dos des cotvyles, la couche d’albumen est épaisse et verdâtre:; sur leurs bords, elle est très mince el parait manquer. La drupe est étroite et longue, mesurant 5,5 de longueur, sur 3 centimètres de largeur et 2°%,5 d'épaisseur. Le noyau est très dur et très épais mesurant 6 millimètres, l'épaisseur Lotale du péricarpe à l'état sec n'étant que de 7 mil- himètres. Ce fruit diffère nettement de celui de FE de Smith, qui est beaucoup plus petit, mesurant seulement 3 centimètres de long sur 1°%,5 de large et 1 centimètre d'épaisseur. I carac- térise probablement une espèce nouvelle, que je nommerai Irvingelle de Klaine (7. Alainei x. T.). Au cours de sa mission en Guinée francaise, M. Maclaud à trouvé, en Juin 1899, les fruits (n° 184) d'un très grand arbre nommé Pôl0 par les indigènes, dont les graines mucilagineuses « servent à donner du liant au pot-au-feu ». C'est encore une Irvingelle. Sous son tégument jaune et brillant, la graine, qui est concave au milieu, renferme, en effet, appliquées contre les faces dorsales el concaves de ses deux épaisses cotyles, deux plaques d'albumen, qui vont S'amincissant sur les bords, où elles manquent tout à fait. La graine mesure 36°" de long sur 28°" de large et 10°%* dans sa plus grande épaisseur, c'est-à-dire au bord. Quant au fruit, son novau plat, ovale, un peu trian- gulaire, hérissé de filets durs, mesure 52% de long sur 45°* de large et 22° d'épaisseur. Par ce fruit, qui diffère à la fois de celui de FT de Smith et de celui de FT. de Klaine, la plante se montre une espèce probablement distincte, que je nommerai I. Boto (Z. Boto v.T.). Ces additions portent à sept le nombre des Irvingelles actuel- lement connues en Afrique occidentale. La plus répandue parail être la première décrite, c'est-à-dire FE de Smith. Découverte à Nupé, au Niger, en 1858, par Barter (n° 1319), elle à été retrouvée depuis, notamment au Congo belge, d'abord par Laurent à Mayvombé en 1893, puis par Dewèvre (n Lukungu en 1895 (1), el au Congo français, d'abord par o 147) & { De Wildeman et Durand, -Reliquiæ Dewevreanæ, p. 35, 1900. SUR LES IRVINGIACÉES 279 M. Dybowski (n° 675) aux bords de la Kemo en 1892, puis par la mission Foureau à Tinnda aux bords du Gribingui (n° 3022) en 1900, enfin par M. Chevalier au territoire du Chari, région de Ndellé, en 1902 (n° 7422) et 1903 (n° 7813). M. Harmand à découvert en 1877 au Cambodge, province de Compong Xoai, deux échantillons dont un avec fruits (n° 653) d'une Irvingiacée que M. Pierre à d'abord distinguée spécifique- ment sous le nom de Zrengia Harmandiana (1), mais que plus tard il à identifiée avec l/. malayana d'Oliver (2). À tort, semble-t-il, car si les feuilles se ressemblent par leur forme et leurs dimensions, elles diffèrent nettement par leur structure, comme il sera dit plus loin ; les fruits aussi sont plus petits. Ce sera donc désormais l'Irvingelle de Harmand (/roingella Har- mandiana (Pierre) v.T.). M. Pierre dit avoir vu au Musée de Leyde une autre Irvingiacée, sans fructifications, provenant de Bornéo, qui, d'après Lui, est peut-être PT. malaise, peut-être aussi une espèce nouvelle. C'est à ces dix espèces, sept de Afrique occidentale ettrois de l'Indo-Chine et de la Malaisie, que se réduit pour le moment le genre Irvingelle. J'ai pu les étudier toutes sur les échantillons OrIgIN AUX. 2. Conformalion erterne. — Toutes sont de grands et beaux arbres; FE. d'Oliver notamment, dont la hauteur dépasse trente mètres, est un des plus beaux arbres forestiers de la Basse- Cochinchine et le tronc de PE de Chevalier, qui croit au Chari, mesure plus de deux mètres de diamètre. Les rameaux sont côlelés et marqués à chaque nœud d’une cicatrice annulaire. Les feuilles sont caduques, isolées distiques, simples, avec des stipules libres, pareilles à celle des Irvingies et qui peuvent atteindre 35 millimètres de long (E de Smith, rouge): d'où les cicatrices annulaires (3). Elles sont pétiolées, à pétiole creusé en gouttière en haut, à limbe ovale, tantôt atténué (1 d'Oliver, (1) Dans Lanessan, Plantes utiles des colonies françuises, p. 306, 1886. (2) Pierre, Flore forestière de Cochinchine, pl. CCLXII, 1892. (3) M. Vignoli affirme qu'autour du bourgeon terminal les stipules de VI d'Oliver sont « soulées, comme chez les Artocarpées, en un cornet fendu du côté de la feuille » (Loc. cit., p.27, 1886). Il y a là une erreur. 280 PH, VAN TIEGHEM de Spire), tantôt arrondi el comme aurieulé à la base (TL de Smith, malaise, de Harmand) dont les deux moitiés sont lége- rement inégales, toujours atténué en pointe au sommet, à bord entier, penninerve à réseau de nervures saillant sur les deux faces, surtout en haut. Celles-ci ont un aspect très diffé- rent: la supérieure est lisse et luisante, Pinférieure mate el Lerne, comme chagrinée. Celle différence, qui S'expliquera tout à l'heure par la structure des deux épidermes, permet déjà de distinguer à coup sûr, même sur un pelit fragment de feuille, une Irvingelle d'une Frvingie. 3. Structure de la tige. — La structure de la tige est pareille à celle des Irvingies. Sous un épiderme glabre à petites cellules peu cutinisées, même écorce mince à cristarque oclaédrique, différencié dans la seconde assise, à grandes cellules à mucilage dans la zone moyenne, à cristarque octaédrique dans lendo- derme ;: même stèle à anneau fibro-scléreux péricychique, où les arcs seléreux reliant les ares fibreux ont leurs cellules épaissies en U, à liber secondaire tout entier mou, à bois nor- mal, avec ravons unisériés el parenchyme ligneux dans Îles compartiments, à moelle Hignifiée à la périphérie, cellulosique dans la région centrale, où elle renferme de grandes cellules à mucilage. Même périderme aussi, formé dans lPexoderme, el dont le phelloderme se réduit longtemps à une seule assise. Elle subit aussi des modificalions analogues suivant les espèces. Le cristarque externe + est parfois renforcé çà et là en dedans par des cellules appartenant à la troisième assise où à des assises plus profondes (E de Smith, de Spire): dans FE de Thollon, ses cellules sont dépourvues de cristaux. Aïlleurs, au contraire, 1lest très réduit, représenté seulement par de rares cellules isolées (E malaise, de Harmand, d'Oliver). De là, une différence remarquable entre les espèces africaines et les astali- ques. Le Hber secondaire à quelquefois des paquets de fibres très espacées, disposées en un seul rang dans sa zone externe (1 de Smith} où dans sa zone interne (E d'Oliver). Dans les espèces africaines, où le cristarque externe est très développé, le liège conserve ses parois minces, au moins pendant longtemps ; dans les asiatiques, où le crislarque externe est rudimentaire, 1l SUR LES IRVINGIACÉES 281 épaissit, au contraire, et lignifie de bonne heure la face interne de ses cellules. À défaut d'une cuirasse primaire, la protection de l'écorce est done assurée ici par une cuirasse secondaire. &. Structure de la feuille. — La feuille prend à la tige, dans VI. de Smith, par exemple, jusqu'à 11 méristèles qui se sépa- rent de la stèle sur tout son pourtour au nœud même. La mé- diane, beaucoup plus large, à trois faisceaux libéroligneux côte à côte, les autres un seul. Elle entre d’abord dans le pétiole, suivie bientôt par les deux latérales voisines et de proche en pro- che par les autres, qui en contournant la stèle se divisent et lais- sent en place côte à côte de nombreuses petites branches, qui s'élèvent verticalement dans les deux stipules. Coupées trans- versalement dans le bourgeon terminal qu'elles enveloppent d’un étui conique, celles-ci renferment donc un grand nombre de méristèles parallèles, entourées chacune d’une gaine fibreuse péridesmique et séparées par autant de très grandes cellules à mucilage. On en compte, par exemple, 37 dans la stipule externe eto1 dans la stipule interne, plus large et plus enroulée, dimi- nuant progressivement de grosseur vers les bords. Le pétiole offre aussi la même structure que dans les Irvin- gies. Sous un épiderme glabre, en effet, écorce à un cristarque oclaédrique externe dans sa seconde assise, de grandes cellules à mucilage dans sa Zone moyenne, un cristarque oclaédrique interne dans son endoderme et les méristèles y sont réunies en une courbe fermée convexe en bas, plane en haut, entourée d’un anneau fibro-scléreux péricyclique et enveloppant une moelle à zone externe lignifiée, à région centrale cellulosique avec de grandes cellules à mucilage, pouvant se réduire à une seule très large au centre. Lei aussi, sur la face supérieure plane de la courbe fermée, au-dessous de là bande fibreuse périey- clique, se trouve, de chaque côté de la ligne médiane, un faisceau cribrovaseulaire, d’abord annulaire plus développé en bas qu'en haut, puis bilatéral par cessation de la moitié supérieure el tournant sa région vasculaire en haut, sa région criblée en bas, inversement orienté, par conséquent, par rap- port au faisceau libéroligneux sous-jacent. La plage criblée de ce faisceau est séparée du liber du faisceau sous-jacent par 282 PH. VAN TIEGHEM une couche de parenchyme où se différencient quelques fibres el qui appartient encore au périevele. C'est done bien dans l'épaisseur du péricycle que se trouvent nichés les deux fais- ceaux surnuméraires. En un mot, on retrouve ici, plus accusée encore, la remarquable anomalie décrite plus haut chez les Irvingies (p. 262). Conformé de la sorte, le péliole subit quelques modifications suivant les espèces. Ainsi le cristarque externe, très développé el presque continu dans les LE de Smith, de Thollon et de Spire, est rudimentaire el réduit à quelques cellules isolées dans les EL malaise, d'Oliver et de Harmand. On retrouve 11, entre les espèces d'Afrique et celles d'Asie, la différence déjà signalée dans la Uüige. Considérée au sommet du pétiole, à la naissance du limbe, la courbe méristélique, fermée en haut; partout ailleurs, par la fusion du péricycle, du hber et du bois des méristèles, Y demeure ouverte, avec simple rapprochement des bords replovés de l'arc, dans FL. de Harmand. Bien déve- loppés dans les LE. de Smith et de Thollon, les deux faisceaux cribrovasculaires inverses du périeyele de la bande supé- rieure sont moins grands dans les FE de Spire, d'Oliver et de Harmand. Dans FE de Chevalier, il y en a 2 ou 3: dans VI. malaise, on en compte 5 ou 6 plus petits de chaque côté de la ligne médiane: en tout 10 ou 12 dans la seconde espèce, séparés du liber sous-jacent par une épaisse bande fibreuse, en un mot, nichés dans l'épaisseur du péricvele fibreux. Par la structure du pétiole, FE. de Harmand se montre done une espèce bien distincte de FT. malaise, comme il à été dit plus haut (p.279). Dans la côte médiane du limbe, la structure du pétiole se prolonge, mais avec deux modifications. D'abord, le eristarque externe \ devient exodermique, en contact direct avec l'épi- derme, comme chezles Irvingies. Puis, dans la courbe fermée méristélique, les faisceaux cribrovasculaires périeycliques in- verses, qui SY prolongent loujours ici plus où moins long- lemps, s'atlénuent peu à peu et finissent par disparaitre tou à fait, d'ordinaire avant le milieu de la longueur. C'est dans FT. malaise qu'ils se continuent le plus loin, en se réduisant progressivement à quatre, puis à deux avant de s'évanouir, SUR LES IRVINGIACÉES 283 Dans la lame, l'épiderme supérieur, dépourvu de stomates, est formé de cellules à parot externe plane et cutinisée, à parois latérales minces, ondulées et cellulosiques, à paroï interne plus ou moins fréquemment et fortement gélifiée; en un mot, il est pareil à celur des Irvingies. Mais Pépiderme inférieur est bien différent. Ses cellules ont leurs faces latérales rectilignes, leur face interne sans trace de gélification et leur face externe fortement bombée en une papille à membrane épaisse et lor- tement cutinisée. [renferme des stomates nombreux et ser- rés, sans cellules annexes. Ce sont les papilles de cet épiderme, déjà aperçues par M. Vignoli dans FE d'Oliver, en 1886 (loc. cit), qui donnent à la face inférieure du limbe laspect mat et rugueux qui à été signalé plus haut (p. 280). L'écorce est hétérogène, palissadique bisériée en haut, à cellules dis- sociées et séparées par des méats dans toute leur longueur, lacuneuse en bas et dépourvue à la fois de grandes cellules à mucilage et de selérites. Les méristèles, dont le faisceau Hbéro- ligneux est entouré d’une gaine fibreuse péridesmique, sont étroites et hautes, ne laissant entre elles et Pépiderme qu'une seule assise corticale, en un mot, cloisonnantes. En haut eten bas, cette assise, qui est à la fois lexoderme et lendoderme, se différencie en une étroite bande de cristarque octaédrique, qui peut être regardée à volonté comme le prolongement soit du cristarque exodermique de la côte médiane, soit du cris- tarque endodermique de cette côte et du pétiole. Ce qui, dans la structure de la lame, varie suivant les espèces, c’est surtout le degré de gélification de Pépiderme supérieur. Gélifié çà et là seulement, dans un petit nombre de cellules, chez FI. de Snuth, il l'est beaucoup plus fréquemment et beau- coup plus fortement dans FI. d'Oliver, où nombre de ses cel- lules plongent dans l’assise palissadique sous-jacente. C'est pourquoi M. Pierre à pu dire de cette espèce : «Le limbe est mince el contient çà et là, à l’hypoderme, une cavité à gomme » (1). M. Jadin a donné, en 1901, une coupe transversale de la feuille de cette aspèce. On y voit fortement gélifiées presque loutes les cellules de l'épiderme supérieur, avec l'apparence de elot- (4) Pierre, loc. cit., pl. CCLXIII, 1892, 284 PH, VAN TIEGHEM sonnement langenliel qui résulte de ce phénomène, comme il a été expliqué plus haut pour les Irvingies (p. 263), et qui a lrompé, 161 aussi, l'auteur en lui faisant croire, comme à M. Pierre, à lexistence d'un hvpoderme (1). Chez cette mème espèce, M. Jadin signale de « rares selérites » dans l'écorce du Himbe; je n'en ai pas vu trace chez elle, n1 dans aucune autre frvingelle. En résumé, la structure de la feuille permet de distinguer les Irvingelles des Irvingies, et l'un des traits de cette structure, la papillosité de lépiderme inférieur du limbe, en se reflétant dans l'aspect de la surface correspondante, rend cette distinc- lion facile, même en l'absence de microscope. 5. Structure de la racine. — La structure de la racine et de ses radicelles a été étudiée, chez FE de Harmand, sur une plan- lule en voie de germination. Devant v revenir tout à l'heure, on se bornera à dire ici qu'elle est, comme chez les Irvingies, de tout point normale, sans cristarque ni externe, ni endo- dermique, et sans trace de cellules à mucilage n1 dans lécorce, qui est caduque, comme à l'ordinaire, ni dans la moelle, qui est large et persistante. 6. Organisation florale. — V'inflorescence termine directe- ment le rameau feuillé, sans interposition à sa base d’un an- neau de bractées stériles au-dessus de la dernière feuille. A l’aisselle de bractées caduques et distiques comme les feuilles, le pédoncule produit d'abord, à angle droit, quelques branches espacées, puis un assez grand nombre de pédicelles échelonnés tout du long, suivant la divergence 2/5, en cinq séries provo- quant sur le pédoncule autant de côtes saillantes. Les branches inférieures portent d'abord une ou deux bran- ches de second ordre, puis cinq séries de pédicelles espacés. Les branches supérieures ne portent que de pareils pédicelles el il en est de même des branches de second ordre produites par les branches inférieures. Le out forme une grappe composée à 1) Jadin, loc. eit., p. 29%, 1901. Dans la feuille de cette même plante, M. Vignoli a cru voir que l'épiderme supérieur « repose sur une assise SOUS- épidermique incolore, constituée par des éléments beaucoup plus grands à parois minces » (loc. cit.). Ces grands éléments ne sont pas autre chose que l’épaisse face interne géliliée des cellules épidermiques. SUR LES IRVINGIACÉES 285 deux degrés en bas, à un seul degré au milieu, simple en haut : en un mot, une panicule terminale. Non seulement par sa situa- tion terminale et non axillaire, mais encore par la disposition des pédicelles en grappe et non en ombelle, cette inflorescence diffère beaucoup de celle des Frvingies. La fleur, dont le pédicelle n'a pas de bractées propres, est con- formée comme chez les Irvingies, à une différence près. Ier le gynophore, non seulement renfle davantage son écorce el se relève en cupule autour de la base de Povaire, formant ainsi un véritable disque hypogyne, marqué de dix sillons par la pression des filets staminaux dans le bouton, mais encore pro- longe les cellules de son épiderme en autant de courtes papilles. Ainsi conformé, ce disque nectarifère offre un nouveau carac- tère différentiel par rapport aux Irvingies. Dans chaque loge de lovaire, lovule, conformé et disposé comme dans les Irvingies, à un gros nucelle persistant, à sur- face cutinisée, avec deux téguments, l'externe de trois assises du côté opposé au raphé, linterne de cinq assises avec deux épidermes fortement différenciés. 7. Fruit el graine. — Comme dans les Trvingies, Finflores- cence, bien que développant d'abord également tousses ovaires, n'amène d'ordinaire à maturité qu'un seul de ses fruits, situé dans sa région inférieure. Ce fruit mür est donc solitaire au sommet de la branche, que son pédicelle termine. C’est aussi une drupe à noyau biloculaire, où lune des loges avorte d'or- dinaire. Une seule fois, j'ai rencontré, dans l'E de Harmand, un fruit dont le noyau avait deux loges égales, séparées par une cloison molle et contenant chacune une graine. M. Pierre l'a liguré en coupe transversale, mais en l'attribuant à l'E malaise (pl. CCLXTIT, fig. 10, 4); ilen a figuré un autre, également bilo- culaire, dans FT. d'Oliver (fig. 11, et 4). Mais c’est là une très rare exception. Le péricarpe est formé de trois couches, conformées comme dans les Irvingies; la moyenne, notamment, ou mésocarpe, parsemée de grandes cellules à mucilage, est traversée par des filets rigides rayonnants, qui sont de deux sortes el disposés comme dans le genre précédent (p.271). 286 PH. VAN TIEGHEM L'unique graine est aussi disposée et conformée comme dans les Frvingies, mais avec cette différence, très importante, suivant nous, qu'entre le tégument et l'embryon il subsiste, à la matu- rlé, une couche d'albumen oléagineux et aleurique sans trace d'amidon, assez épaisse au dos des cotvyles, très mince sur leurs bords où elle peut manquer tout à fait, entièrement dépourvue de ces grandes cellules à gomme qu'ici, comme dans les Irvin- gies, on distingue à lail nu comme autant de petits points blancs dans l'épaisseur des cotvles. Ballon à remarqué le premier, dès 1867, que, dans le genre Irvingie, S'il v a des espèces, comme FI. de Barter et LE du Gabon, qui n'ont pas d’albumen, iv en a d’autres, comme FE de Smith, qui en ont un et que, par conséquent, en assignant au genre tout entier, d'abord en 1860 le second caractère (4), plus tard en 1867, et par correction, le premier (2), M. J. Hooker à émis deux opinions également vraies et fausses (3). Mais 11 s'est borné à ne voir dans cette différence qu'une nou- velle preuve du peu de valeur de la présence ou de l'absence de l'albumen en général, au lieu de se demander si elle ne serait pas 11 Pindication d'une distinction générique et de recher- cher, comme j'ai essayé de le faire, si tout un ensemble d'autres caractères, en venant Ss'ajouter à celui-là, ne changerait pas celle indicalion en certitude. Il à passé ainsi à côté de la question. Ensemble, lalbumen et l'embryon, comme l'embryon seul dans les Irvingies, sont comestibles. La graine de FI. d'Oliver, en parliculier, arbre nommé Cay-Cay par les indigènes, est, suivant M. Pierre, un aliment précieux pour les populations forestières de la Cochinchine. Elles en retirent aussi une ma- lière grasse analogue à la cire et qui sert à fabriquer des bou- gies. La pulpe du fruit, malgré son amertume, est très recher- chée des Cervidés (#). 8. (rermainalion el structure de la plantule. — M. Pierre (4) Hooker, loc. cit., p. 167, 4860. 2) Bentham et Hooker, Genera plant., 1, p. 993, 1867. 3) Baillon, loc. cit., p. 85, 1867. +) Pour la composition chimique et les applications de la graisse de Cay- Cay, voir aussi Vignoli : Le Cay-Cay, Thèse, Montpellier, 1886. SÛR LES IRVINGIACÉES DST a figuré, en 1892, la germination dans FE. d'Oliver (1). Les cotyles y paraissent hypogées; la tige Y porte déjà cinq feuilles épanouies, les deux premières opposées, les trois autres 1s0- lées distiques, toutes avec leurs stipules caractéristiques. Je n'ai pas retrouvé cette plantule parmi les échantillons de cette espèce dans lherbier de M. Pierre. Mais J'ai pu étudier à l'état vivant une des plantules obtenues aux serres du Muséum par la germination de graines de PT. de Harmand. Le semis avant eu lieu en juin 190%, la plantule avait environ dix mois. Elle mesurait en totalité 3% centimètres de longueur, dont 8 centimètres pour la racine terminale, qui porte de nombreuses séries de radicelles, et 26 centimètres pour la tige, qui porte, au- dessus des deux cotyles tombées, d’abord une paire de feuilles opposées, puis huit feuilles isolées et distiques, toutes encore atta- chées. La distance entre le collet et l'insertion des cotyles, en un mot lhypocotvle, est très courte, mesurant 2 à 3 millimètres seulement, de façon que les cotyles ont dû demeurer hypogées. De là, une nouvelle différence, et très frappante, avec les Irvingies. Le premier entre-nœud épicotylé, qui porte la paire de feuilles opposées, mesure 7 centimètres, le second 6 centi- mètres; les suivants sont de plus en plus courts. À chaque nœud de feuille isolée, la tige est marquée d'une cicatrice an- nulaire provenant de la chute de ses deux larges stipules; celles-ci sont encore adhérentes, mais bien séparées, de chaque côté de la dernière feuille épanouie; elles mesurent 20 milli- mètres de long. Au-dessus de la feuille la plus jeune, encore involutée mais en voie d’épanouissement, la gaine terminale, formée par lenroulement des deux stipules de cette feuille, mesure aussi 20 millimètres. Considérée vers sa base, près du collet, la racine terminale a déjà son écorce exfoliée par un périderme périeyelique. Le liber secondaire, tout entier mou, est entouré d'un anneau de cellules épaissies et lignifiées en U, provenant de la différencia- Uon tardive, non du phelloderme comme on pourrait le croire, mais de la Zone interne du péricycle. Le bois secondaire, qui est normal, à rayons unisériés, entoure une large moelle lignifiée, (1) Pierre, Flore forestière de la Cochinchine, fasc. XVII, pl CCEXIT, B, fig. 12, 1892. 288 PH. VAN TIEGHEM sans cellules à mucrlage, à la périphérie de laquelle on distingue difficilement les faisceaux ligneux primaires, qui sont nom- breux, 18 à 20. Aussi les radicelles sont-elles disposées sur le pivot en nombreuses rangées parallèles. Vers le milieu de la longueur, la stèle compte encore 8 à 10 faisceaux ligneux au- tour d'une large moelle, Enfin, vers lFextrémilé, on retrouve l'écorce encore présente avec sa structure ordinaire, sans trace de cellules à mucilage, et la stèle n'a plus que 6 faisceaux primaires de chaque sorte. Les radicelles, qui sontencore à l'état primaire, offrent aussi la structure normale, avec ordinairement 5 faisceaux ligneux autour d'une moelle déjà lignifiée et un périevele unisérié. Considéré vers son milieu, le très court hvpocotyle à déjà la structure caulinaire, avec faisceaux libéroligneux à bois cen- trifuge autour d'une large moelle encore dépourvue de cellules à mucilage. Pourtant, l'écorce + à été exfoliée, comme dans la racine, par un périderme péricyelique. rQuate de ces faisceaux libéroligneux,-rapprochés deux par deux, ont leur bois plus saillant dans la moelle que les autres etoffrent chacun, en dehors de leur liber, sous le périderme, un gros faisceau fibreux péri- evelique. Au nœud cotylaire, chaque paire passe dans la cotvle correspondante, qui reçoit ainsi de la stèle deux méristèles. Au-dessus, au nmulieu du premier entre-nœud épicotvlé, par exemple, la Uige prend tout à fait la structure définitive que nous lui connaissons. Le périderme, notamment, y est exoder- mique, el l'écorce permanente commence à différencier, ainsi que la moelle, de grandes cellules à mucilage. La seconde assise corlicale ne forme loutefois que çà et là quelques cellules isolées de cristarque: mais on à vu plus haut que cette réduc- lion du cristarque est précisément un des caractères de FE de Harmand. L'une quelconque des feuilles de cette plantule offre la même forme et la même structure que celles de la plante adulte étu- diée plus haut à l'état see. La face imférieure du Himbe, notam- ment, y est lerne el male, Dans le pétiole, les méristèles fusionnées forment un arc qui rapproche ses bords vers le haut, mais ne les rejoint pas encore et demeure largement ouvert, même au sommet, à la naissance du limbe, pour ne se SUR LES IRVINGIACÉES 289 fermer que plus loin dans la côte médiane. C'est, comme on Pa vu plus haut, un des caractères de cette espèce. Dans le limbe, la lame a son épiderme supérieur fortement gélifié, son épiderme inférieur sans trace de gélification, mais forte- ment papilleux, son écorce à cellules palissadiques dissociées el ses méristèles cloisonnantes. 9. Comparaison du genre Ircingelle avec le genre précédent. — Pour terminer l'étude du genre Irvingelle, il convient de réunir, en les résumant, les caractères par où il se distingue du genre Irvingie. Irvingie. — Limbe foliaire luisant sur deux faces, à épi- derme inférieur lisse et gélifié comme le supérieur, avec sto- males munis de deux cellules annexes, à méristèles non eloi- sonnantes. Inflorescence axillaire, à pédicelles groupés en om- bellules. Graine sans albumen. Germination fortement épigée. Irvingelle. — Limbe foliaire Lerne sur la face inférieure, à épiderme inférieur papilleux et non gélifié, avec stomates sans cellules annexes, à méristèles cloisonnantes. Inflorescence ter- minale, à pédicelles espacés en grappes. Graine albuminée. Ger- minalion hypogée. Indiquée seulement au début de ce travail (p. 248), la caractérisation de ces deux genres se trouve de la sorte com- plétée. 3. GENRE DESBORDÉSIE. Le P. Klaine à récolté aux environs de Libreville, au Gabon, d'abord en juin 1899 {n° 1580), puis en septembre (n° 405) et en décembre 1900 (n° 1930), des échantillons en fleurs et fruits d'un grand arbre, nommé A//6 par les indigènes. M. Pierre y à reconnu aussitôt une Irvingiacée, très différente des Irvingies par son fruit, qui est une large et longue samare, el en à fait le tvpe d’un genre distinct, dédié au général Borgnis-Desbordes et nommé Desbordésie (Deshordesia Pierre). l. Nombre el distinction erterne des espèces. — Echantillons el dessins de cette remarquable plante ont été communiqués par M. Pierre aux principaux Herbiers publies, en février 1904, ANN. SC. NAT. BOT. 1, 19 290 PH. VAN TIEGHEM sous le nom spécifique de D. insigne (D. insiqnis Pierre) ; mais jusqu'ici aucune deseriplion, ni générique, ni spécifique, n’en a été publiée par lur. D'autre part, M. Sovaux à Sibange Farm au Gabon, dès 1880 (n° 102) et M. Staudt au Cameroun en 1897 (n° 940) ont récolté des échantillons en fleurs, mais sans fruits, que M. Engler à rapportés au genre /rringia el décrits ensemble, en 1903, sous le nom de Z. glaucesrens (A). La comparaison de la plante de Staudt avec celle de Klaine m'a montré que, si c'est bien une Desbordésie el même une espèce très voisine de la D. insigne, autant qu'on en peut juger en Fabsence de fruits, elle en est pourtant bien distincte. Ce sera donc désormais la D. glauque (D. glaucesrens (Engler) v. T.). Quant à la plante de Sovaux (n Le) 102), distribuée comme variété de l'E. de Barter, c’est un arbre grêle à petite cime s'élevant à 33 mètres de hauteur, dont les feuilles sont plus petites que dans les deux espèces précédentes, ne mesurant que 6°%,5 de long sur 3 centimètres de large. C'est une espèce distincte, que je nommerai D. de Sovaux (D. Soyauri N.T.). Le P. Klaine à récolté au Gabon, de septembre à décem- bre 1902, de nombreux échantillons avec fleurs et fruits (n° 3036 et n°3184) d'un arbre du même genre, voisin aussi de la D. insigne, mais qui en diffère notamment par l'inflores- cence, où le pédoncule el ses branches sont plus grêles, plus longs el plus étalés, par le fruit, qui est un peu plus petit, non cordé à la base et plus violacé, et par la graine, plus petite aussi, mesurant 30 millimètres de long sur 4 millimètres de large, au lieu de 50 millimètres de long sur 9 millimètres de large. C’est une espèce distincte, que je nommerai D. de Pierre (D. Pierreana v. T.). On verra plus loin que la feuille de ces plantes offre dans son pétiole de notables différences de structure, qui permettent de distinguer ces quatre espèces. Thollon a ramassé à N'Djolé au Congo français, en dé- cembre 189%, des fruits (n° 55) d'un arbre de ce genre, « nommé Alho par les Pahouins et dont la graine, grillée et pilée, sert à 1) Engler, Simarubaceæ africunæ (Bot. Jahrb. f. Syst., XXXII, p. 124, 1903). SUR LES IRVINGIACÉES 291 faire du chocolat ». Ce sont des samares blanchâtres, pàles et très membraneuses, mesurant 12 centimètres de long sur 4,5 de large, et renfermant assez souvent deux graines pareilles, mesurant 3,5 de long sur { centimètre de large. Notablement différentes de celles de la D. insigne et de la D. de Pierre, elles suffisent à caractériser une espèce distincte, que Je nommerai D. pâle (D. pullida v.T.). Le genre se réduit pour le moment à ces cinq espèces, dont deux seulement sont connues dans toutesleurs parties. À moins que lPéchantillon san fleurs ni fruits, récolté au Gabon par M. Spire (n° 144), que, d’après sa structure, on à rapporté plus haut avec quelque doute au genre Irvingelle, ne doive être rattaché au genre actuel. Ce qui porterait à le croire, e’est que cet arbre est nommé A/ou par les indigènes. Ce serait alors la D. de Spire (1. Spirei v.T.). La découverte des fruits de cette plante pourra seule trancher la question. On y reviendra dail- leurs un peu plus loin. 2, Conformation externe. — Quoi qu'il en soit, les Desbor- désies sont de grands et beaux arbres, pouvant atteindre 30 et 35 mètres de haut, glabres dans toutes leurs parties, à rameaux côtelés munis à chaque nœud d'une cicatrice annulaire. Les feuilles sont caduques, isolées distiques, simples et stipulées, à stipules caduques pareilles à celle des frvingies et des Trvin- selles, mais beaucoup plus courtes, ne mesurant pas plus de 4 à 5 millimètres. Elles sont péliolées, à pétiole canaliculé en haut. Le limbe est ovale atténué à la base, mais plus d’un côté que de l’autre, de manière à y être asymétrique, comme dans les Irvingies et Irvingelles, atténué aussi au sommet, où il se prolonge en pointe, luisant en haut, terne et un peu glauque en bas, à bord entier, penninerve à réseau de nervures visible sur les deux faces, mais saillant surtout en haut, mesurant en movenne 12 centimètres de long sur 5 centimètres de large dans la D. insigne, moitié plus petit dans la D. de Soyaux. 3. Structure de la tige. — La tige à essentiellement la même structure que dans les deux genres précédents. Sous un épi- dermeglabre à petites cellules, même écorce à cristarque externe 292 PH, VAN TIEGHEM dans la seconde assise, çà et là ren‘orcé en dedans par des cel- lules semblables plus profondes, à grandes cellules à mucilage sur un seul rang dans la zone moyenne, à cristarque interne endodermique: mêmes faisceaux fibreux péricveliques, bientôt unis en un anneau fibro-scléreux par la sclérose en U des cel- lules intermédiaires ; même hber secondaire tout entier mou, à rayons unisériés ; même bois secondaire à ravons unisériés el à parenchyme lHigneux dans les compartiments: même bois primaire à parenchyvme cellulosique ; même moelle hgnifiée à la périphérie, cellulosique au centre où elle contient de très grandes cellules à mucilage. Môme périderme aussi, produit dans lexoderme. Très tardivement il se fait, dans le hber secondaire, des nodules de cellules scléreuses. 4. Structure de la feuille. — La feuille prend à la stèle de Ta Uige sept méristèles, qui S'en séparent toutes et progressive- ment d'avant en arrière au nœud même, La médiane plus large el qui se trifurque aussitôt, entre d'abord dans le pétiole, puis les deux latérales, puis les suivantes ; en contournant la stèle, celles-ci produisent vers l'intérieur de petites branches destinées aux stipules. Le péliole à la même structure générale que dans les Irvin- etes etles frvingelles. Mème cristarque externe bien développé dans la seconde assise corticale et fréquemment renforcé en dedans, mêmes cellules à mucilage dans la zone moyenne et mème cristarque interne dans Pendoderme. Les méristèles, au nombre de onze, s'unissent latéralement par leurs péridesmes en un are dont les bords, formés chacun d'une méristèle, se reploient else rapprochent en haut, mais sans se Joindre, et qui demeure ouvert avec dans son parenchyme interne, Hgniié à sa périphérie, cellulosique au centre, une très large cellule à muci- lage en face de louverture. Même au sommet du pétole, à la naissance du himbe,oûù les ares fibreux péricyeliques sont réunis en un couche continue par la sclérose en U des cellules intermé- diaires, sclérose qui se prolonge dans les ravons Hbériens, la courbe méristélique demeure largement ouverte en haut, avec ses deux faisceaux marginaux séparés par la cellule à mucilage. C'est seulement plus loin, dans la côte médiane du Himbe, que SUR LES IRVINGIACÉES PUS les bords s'unissent en fusionnant leurs péricyeles fibreux, leurs libers et leurs bois et que la courbe se ferme complète- ment. Là aussi, le eristarque externe passe progressivement de la seconde assise corticale dans la premiere. Suivant les espèces, cette structure du pétiole et de la côte médiane du Himbe subit quelques modifications intéressantes, qui peuvent servir à les distinguer. Dans la D. glauque, le péricyele de chaque bord de la courbe ouverte s'épaissit beaucoup et produit, sous sa couche fibreuse, un faisceau cribrovasculaire annulaire, plus développé en bas qu'en haut, séparé du liber sous-jacent par une couche de parenchyme périevelique. C'est Fanomalie signalée plus haut chez les Irvingies et Irvingelles. En montant dans le pétiole, ce faisceau devient bilatéral inverse par perte de son arc supérieur, et on le retrouve à cette place, non seulement à la naissance du limbe, mais encore tout le long de la côte médiane, jusque bien au delà du milieu de sa longueur. Dans le D. insigne, la même anomalie existe à la base du pétiole, mais elle à presque disparu à la naissance du Himbe, el cesse tout à fait dans la côte médiane. Dans la D. de Pierre et dans la D. de Sovaux, au contraire, l'anomalie n'existe pas dans le pétiole et ne fait son appa- rilion que dans la côte médiane, sous forme d'un petit faisceau cribrovasculaire inverse, situé de chaque côté dans la bande supérieure de la courbe méristélique fermée. Dans la lame, l'épiderme supérieur, dépourvu de stomates, est formé de grandes cellules à paroi externe plane et cuti- nisée, à parois latérales minces, cellulosiques et ondulées, à paroi interne fortement et également gélifiée, avec cette appa- rence de cloisonnement tangentiel, signalée plus haut chez les Irvingies et les Irvingelles. L'épiderme inférieur, pourvu de nombreux stomates sans cellules annexes,est formé de cellules plus petites, à faces latérales planes, à face interne sans trace de gélification, et à face externe relevée en une papille à membrane eutinisée et couverte de petits granules cireux. Fer, comme dans les Irvingelles, c'est cette papillosité de lépiderme qui rend la surface inférieure du limbe terne et mate, pendant que les granules cireux la rendent bleuâtre. L'écorce est palis- Ÿ 294 PH. VAN TIEGHEM sadique unisériée en haut, à cellules dissociées, lacuneuse en bas, sans grandes cellules à mucilage, ni sclérites. Les méri- stèles, dont le faisceau hbéroligneux est entouré d'une gaine fibreuse péridesmique, ne sont séparées de lépiderme que par deux assises de cellules, dont Finterne se différencie en haut et en bas en une étroite bande de cristarque endodermique; en un mot, elles ne sont pas cloisonnantes. Par la structure de la feuille, les Desbordésies ressemblent donc à la fois aux Irvingies et aux Irvingelles, mais plus au second genre qu'au premier. Avec le premier elles ont en commun le non-cloisonnement des méristèles du Hmbe, avec le second la conformation de lépiderme inférieur du limbe, qui est papilleux, non gélifié, avec stomates sans cellules an- nexes. De tous les deux, elles diffèrent par la non-fermeture de la courbe méristélique du pétiole à la naissance du limbe. Reprenons maintenant l'examen de la plante de Spire (n° 14%), dont il a été question plus haut. La Uge n'offre dans sa structure aucun caractère particulier el ressemble de tout point à celle des Irvingies, des Irvingelles et des Desbordésies. L'épiderme inférieur du Himbe foliaire est papilleux, sans trace de gélification, ce qui explique l'aspect mat et terne de la sur- face, constaté plus haut. Par là, la plante s'éloigne des Irvin- gies, pour se rapprocher des Irvingelles, mais tout autant des Desbordésies. Les méristèles du limbe y sont cloisonnantes:; la courbe méristélique du pétiole y est complètement fermée en haut par la fusion des péricyeles fibreux, des Hibers et des bois des faisceaux extrêmes de Pare primitif, et cela non seulement au sommet, à la naissance du limbe, mais déjà vers la base. Par ces deux derniers caractères, c'est au genre Irvingelle qu'il convient de rattacher cette plante, comme il à 616 fait plus haut, el non au genre Desbordésie. Toutefois cette attri- bution ne deviendra définitive que lorsqu'on en connaitra le fruit. ». Orgarisalion florale. — L'inflorescence des Desbordésies est à la fois terminale de la pousse feuillée, comme dans les lrvingelles, et axillaire des feuilles supérieures de cette pousse, comme dans les frvingies, SUR LES IRVINGIACÉES 295 Dans le groupe terminal, le pédoncule produit, à partir de sa base et assez espacées à Paisselle de bractées ordinairement caduques, çà et là foliacées et persistantes, le plus souvent quatre branches distiques, relevées obliquement. Seule la branche inférieure porte une branche de second ordre. Puis cette branche de second ordre ainsi que les branches de premier ordre elle prolongement du pédoncule au-dessus d'elles, portent, échelonnés en ordre distique, un grand nombre de très courts rameaux, terminés chacun par un petit nombre de pédi- celles très grèles, deux à cinq, groupés en ombellule. L'ensemble constitue une grappe plus longue que les feuilles. composée à trois degrés en bas, à deux degrés au milieu, à un seul degré au sommet, en un mot, une panicule, qui, par le groupement des pédicelles en ombellules, ressemble à celle des Irvingies, mais qui en diffère parce que les pédicelles v sont toujours de second ordre par rapport à la branche qui les porte. Voisins du groupe terminal et composant en quelque sorte avec lui l'inflorescence totale, les groupes axillaires des feuilles supérieures sont conformés de la même manière, à cette légère différence près, que la branche inférieure ne produit pas de branche de second ordre et que la grappe n'vest, même à la base, composée qu'à deux degrés. Sur un pédicelle très grêle, plus long qu'elle et sans bractées propres, la fleur, qui est jaune, à la même conformation géné- rale que dans les Irvingies et Irvingelles, et il n°y aurait pas lieu d'y revenir si le pistil n'offrait quelques différences inté- ressantes. L'entre-nœud qui le sépare de landrocée, c'est-à-dire le ovnophore, se renfle tout autour en un bourrelet qui se relève en une coupe distante autour de l'ovaire, formant ainsi un véri- table disque, à bord creusé de dix sillons par la pression des filets staminaux dans le bouton. Son épiderme est hérissé de papilles et son écorce est dépourvue de cellules à mucilage comme dans les Irvingelles ; mais elle est parcourue par des filets vasculaires ramifiés, émanés de la stèle, ce qui n'a pas lieu dans les deux genres précédents et ce qui marque un progrès nouveau dans la différenciation du disque. L'ovaire est étroit et long, avec de grandes cellules à muc- 296 PH. VAN TIEGHEM lage dans sa paroi externe el un cercle de méristèles normale- ment orientées au milieu de sa cloison. [renferme dans cha- que loge, attaché au sommet de la cloison, un ovule étroit et long, anatrope pendant à raphé ventral, en un mot hyponaste. Celovule à un nucelle persistant jusqu'après là formation de l'œuf, recouvert de deux minces Léguments à orifices superpo- sés, L'externe n'a que deux assises en dehors du raphé, Fexté- rieure à cellules plus grandes que autre. L'interne à aussi deux assises tout autour, Fextérieure à cellules très petites, l'autre à grandes cellules dédoublées par une cloison tan- sentielle. L'ovule est donc perpariété, bitegminé, dipore. Comme dans les Frvingies, 11 est muni d'un obturateur. 6. Fruit el graine. — Pendant le développement du pistil en fruit, le calice persiste à sa base en rabattant ses sépales, mais sans les accroître: le disque aussi demeure au-dessous de l'ovaire _et le style à son Sommet. En grandissant, Fovaire S'aplatit dans le plan médian et forme une lame fusiforme, quise colore bientôt en beau bleu violacé. Cette lame S'accroil rapidement en longueur et en largeur et devient en définitive une grande lanière membraneuse, jaune brun plaquée de violet, ovale très allongée à bords presque parallèles, arrondie au sommet el aussi à la base, où elle est plus où moins nettement auriculée. Elle est partagée en deux moitiés égales par une nervure médiane correspondant à la cloison, d'où partent tout du long des nervures latérales recourbées vers le bas, excepté dans le quart supérieur où elles se dirigent en haut, ramifiées à leur tour et anastomosées en réseau. Celle Tlanière, qui mesure 14 centi- mètres de long sur # centimètres de large dans la D. insigne, et qui ressemble au Himbe d'une feuille dont le pédicelle épaissi serait le péliole, est une remarquable samare. Bien que les deux carpelles du pisül primitif SY soient déve- loppés également, en formant chacun une des moiliés de la lame, Fun des ovules primitifs S'accroit ordinairement seul en une graine ; Pautre avorte le plus souvent, L'une des moitiés de la samare est done plate dans toute son étendue, Fautre est un peu renflée dans son Liers médian par la présence de la graine dans la loge fertile. Tout le long de la première, dans le tiers SUR LES IRVINGIACÉES 297 inférieur et dans le tiers supérieur de la seconde, Pépiderme interne du earpelle est en contact avec lui-même; en un mot, la loge est oblitérée. Parfois cependant, les deux ovules se déve- loppent également et la samare, légèrement renflée des deux côtés dans son tiers médian, contient deux graines symétriques. La chose est plus fréquente dans la D. pale que dans la D. inst- one; sur huit fruits examinés, trois avaient deux graines. Plus rarement, on observe des fruits de même forme et dimen- sion que les autres, qui ne sont renflés d'aucun côté, où les deux ovules ont également avorté. Comme dans les Frvingies et Irvingelles, Pinflorescence com- mence par développer également de cette facon ses très nom- breux ovaires; mais un seul, dans la région inférieure, par- vient en définitive à maturité. La samare mère est donc solitaire au sommet de la branche ou à laisselle d'une feuille supérieure, portée par un pédicelle qui mesure 1° de long. Semblable à un limbe de feuille, le péricarpe en a aussi la structure générale. L'épiderme externe est cutinisé, non gélifié et muni de stomates à deux cellules annexes; l'interne, dont les cellules ont les parois très minces, n’est ni cutinisé, ni gélitié, ni pourvu de stomates. L'écorce renferme de grandes cellules à mucilage. L'assise située au-dessous de lépiderme interne allonge fortement ses cellules transversalement. suivant la tangente, en en épaississant et lignifiant la membrane, surtout au pourtour de la loge fertile. La seconde assise de ee côté interne est formée de très petites cellules, épaissies et Tignifiées en dedans et sur les côtés. en forme d'U, et contenant chacune un octaèdre d'oxalate de calcium. Il y à donc ici, sur la face interne du péricarpe, un crislarque périphérique qui n'existe pas sur sa face externe. Les méristèles, où le faisceau Hbéro- ligneux est entouré d'une épaisse gaine fibreuse, ne sont pas cloisonnantes et sont entourées chacune d’un cristarque endo- dermique. Au milieu de la cloison, se forme de bonne heure, entre le liber et le bois des faisceaux normalement orientés qui occupent cette région de l'ovaire, comme il a été dit plus haut (p. 296), une assise génératrice qui produit du Hber secon- daire en dehors, du bois secondaire en dedans, en un mot un pachyte, entouré d'un anneau fibreux péricyclique ; e'esl 298 PH. VAN TIEGHEM lui qui constitue la grosse nervure médiane de la samare, Extraite de sa loge, la graine, aplatie dans le plan médian, est étroite el longue, mesurant 40 à 45 millimètres de long sur T à 8 mullimètres de large, arrondie au sommet au-dessus du hile, atténuée à la chalaze en une pointe recourbée en dedans. Son tégument est noir et luisant. L'épiderme externe est formé de grandes cellules à parois minces et incolores. L'écorce est constituée par une couche de cellules à parois minces et bru- nâtres, fortement allongées {ransversalement suivant Ta tan- sente; elle est dépourvue de méristèles, à l'exception de celle du raphé, qui reste indivise ici ; elle est bordée en dedans par une assise de cellules fortement allongées suivant Faxe, à membrane jaune, {très épaisse et lignifiée, en un mot, par une assise fibreuse. En dedans d'elle, se trouve une pellicule brune formée de membranes écrasées, résidu de la digestion par lalbumen des assises internes du tégument ovulaire, digestion qui à été arrêtée par lassise fibreuse. Sous le tégument s'étend une mince couche d'albumen oléa- gineux et aleurique, entourant l'embryon. Celui-ci est droit, à deux larges cotyles plan-convexes, disposées de part et d'autre du plan médian du pistil, qui est aussi le plan de symétrie du tégument, en un mot, accombant au raphé. Les cotvles ren- ferment beaucoup d'huile et d’aleurone, sans trace d’'amidon ; en outre, leur écorce contient un grand nombre de grandes cellules à mucilage, visibles à Foœil nu sur la tranche comme autant de petits points blancs. Moins développée que dans les Jrvingelles, la couche d'albumen n'atteint guëre 1er qu'une épaisseur égale à celle du tégument, tout au plus le quart de l'épaisseur d’une des cotxles. On ne connait pas encore, dans ce genre, le mode de Sermi- nation de la graine et la structure de la plantule. 7. Comparaison du genre Desbordésie avec les deur genres précédents. — Ressemblant aux deux genres précédemment étudiés par la conformation de la fleur, notamment par la dimérie du pisüil, le genre Desbordésie s'en distingue par une série de caractères qu'il faut maintenant résumer. Des Iryingies, il diffère par la papillosité et la non-gélification SUR LES IRVINGI!CÉES 299 de Pépiderme inférieur du limbe, d'où résulte Paspeelt mat de la surface correspondante, par linflorescence terminale, par le disque cupuliforme du gynophore et par la graine albuminée, tous caractères qui le rapprochent des frvingelles. Des Irvingelles, il se distingue par les méristèles non cloison- nantes du limbe, par l’inflorescence axillaire et le groupement des pédicelles en ombellules, tous caractères par où 1l res- semble aux [rvingies. Des deux ensemble, il diffère, outre la brièveté des stipules, par la non-fermeture de la courbe méristélique au sommet du pétiole, par l'inflorescence à la fois terminale et axillaire, par la présence de fascicules vasculaires dans le disque cupuliforme issu du gynophore, mais surtout par la conformation remar- quable du fruit, qui est une longue et large samare foliacée, et par la structure du tégument de la graine, qui est dépourvu de méristèles autres que celle du raphé. 4. GENRE KLAINEDOXE. Le P. Klaine a découvert, en 1895, aux environs de Libre- ville, au Gabon, un grand arbre, nommé N’ÆAondjo par les indigènes, dont il à envoyé à M. Pierre des rameaux en fleurs et en fruits (n° 188). Aux stipules caractéristiques, ce botaniste y à reconnu aussitôt une Irvingiacée ; mais l'ovaire, qui à cinq loges au lieu de deux, et le fruit, qui est une drupe plus large que longue, discoïde, à cinq côtes et à cinq novaux, en font un genre bien distinct des trois précédents. Il l'a dédié à son pré- cieux et infatigable collecteur, sous le nom de Klainedoxe (Klainedora), en appelant l'espèce en question K. du Gabon (K. gabonensis Pierre). Publiée d'abord par M. Engler, en février 1896 (1), d’après le texte, les dessins et l'échantillon à lui communiqués, peu de jours auparavant, par M. Pierre, à description du genre, accompagnée de celle de l'espèce, Pa été bientôt après par M. Pierre lui-même, en mars 1896 (2). (1) Engler, Nat. Pflanzenfam., lL, 4,.p. 227, février 1896. (2) Pierre, Bull. de la Soc. Linn. de Paris, p. 1235, 6 mars 1896. Le texte autographié et les dessins distribués par M, Pierre sont datés du 17 f6- vrier 4896, 300 PH. VAN TIEGHEM 1. Nombre et distinction externe des espèces. — Outre la K. du Gabon (n° 188), dont les feuilles ovales mesurent 13 cen- Limètres de long sur 8 eentimètres de large, le P. Klaine à récolté dans la même région d'autres échantillons de ce genre se rapportant à plusieurs espèces bien distinctes, dont M. Pierre à reconnu el nommé quelques-unes dans son Her- bier, sans les avoir encore décrites jusqu'à présent. Le ne 283, récollé en fleurs en janvier 1898, est un arbre de 15 à 20 mètres, à fleurs roses, ressemblant, par la forme ovale de ses feuilles, à la K. du Gabon, à laquelle M. Pierre Pidentifie dans son Herbier ; mais le Himbe v est plus petit, ne mesurant que 8 à 9 centimètres de long sur 5 à 6 centimètres de large, et surtout il est remarquable par sa surface luisante et sa cou- leur cuivrée. Ce sera la K. cuivrée (A cuprea NT.) On n'en connait pas les fruits. Déjà trouvée anciennement, en 1863, au Gabon, par Griflon du Bellay, sans fleurs, n1 fruits, sous le nom indigène de Aondgio, celle espèce à été examinée par Ballon dans l'Herbier du Muséum. Il Fa regardée comme le type d’un genre nouveau Condgiea el la nommée C. oru- lifolia; mais ce nom n'a pas été publié. L'étiquette porte, de sa main : « /rinqia ? Artocarpea? Condqiea ovalifolia M. Bn. ». Le n° 1081, en fruits en septembre 1897, le n° 1145, en fleurs en décembre 1897, et le n° 2946, en fleurs aussi en août 1902, apparliennent à une autre espèce, que M. Pierre identifie aussi dans son Herbier avec la K. du Gabon. Elle S'en distingue, el de la K. cuivrée, par des feuilles plus allongées, mesurant 15% sur 7°, plus pâles, non cuivrées, par des fruits plus petits et sur- tout par des épines, qui hérissent le tronc et les grosses branches, et qui sont des racines aériennes arrêtées dans leur croissance. Ce sera la K. épineuse (A, spinosa NT). Le n° 983, récollé en 1897, est un arbuste de 3 mètres, à feuilles étroites, très longues el très pâles, à Himbe atténué à la base, prolongé en pointe au sommet, mesurant 28 à 32 cenli- mètres de long sur 5 centimètres de large : c'est la K. longifo- liée (A. longifolia Pierre ms.) Le n° 1329, découvert en 1898, est un arbre de 10 mètres, avec de grandes feuilles d'un vert clair, membraneuses, à limbe ovale étroit, atténué à la base el au sommet où il se termine SUR LES IRVINGIACÉES 301 en pointe, mesurant 32 à 35 centimètres de long sur 8 à 9 cen- imètres de large : c’est la K. macrophville (A, macrophylla Pierre ms.). Le n° 1590, trouvé en 1899, est aussi un arbre de 10 à 12 mètres, avec de grandes feuilles, mais d'un vert sombre, coriaces, à limbe plus large, arrondi à la base, progressivement atténué en pointe au sommet, mesurant 32 centimètres de long sur 11 à 12 centimètres de large; les rameaux + sont noi- râtres et plus fortement côtelés : c’est la K. latifoliée (A lati- folia Pierre ms.). Ces trois dernières espèces sont remarquables par la très grande longueur de leurs stipules qui, autour du bourgeon terminal, atteignent jusqu'à 17 et 18 centimètres de long, celles de la K. du Gabon, déjà très longues pourtant, ne dépassant pas 7 centimètres. On n'en connait jusqu'à présent ni les fleurs, ni les fruits. Le P. Trilles a récolté en 1903, au Congo francais, aux envi- rons de N'Djolé, des rameaux à fruits (sans n°) d'un arbre de ce genre, nommé £vel par les indigènes. Par la forme et par la dimension des feuilles, qui sont ovales, atténuées à la base et au sommet, et mesurent seulement 10 à 11 centimètres de long sur 6 centimètres de large, 1l ressemble à la K. du Gabon, où elles sont pourtant plus grandes, surtout plus larges et arrondies à la base. Mais il en diffère, notamment par le fruit, qui est moitié plus petit, mesurant seulement 25 millimètres en largeur comme en hauteur, au heu de 45 à 50 millimètres de large sur 30 millimètres de haut. C'est la K. de Trilles (K. Trillesu Pierre ms.). Thollon a trouvé aux bords de lOgooué, au Congo français, en Juillet 1887, un arbre du même genre, remarquable par ses feuilles, semblables à celles de la K. latifoliée, mais encore beau- coup plus grandes, puisqu'elles mesurent 45 à 50 centimètres de long sur 15 à 17,5 de large, avec une gaine stipulaire ter- minale, longue de 30 centimètres. Ce sera la K. de Thollon (A. Tholloni v.T.). Il est regrettable que l'échantillon ne porte ni fleurs, ni fruits. M. Dybowski à vu au Congo français, à Achouka, dans le Bas Ogooué, un grand arbre « poussant droit », nommé Licongo par 302 PH. VAN TIEGHEM les indigènes, dontil a cueillir, en août 1895, des rameaux feuillés (n° 97) et, en octobre, des fruits mûrs conservés dans l'alcool. Par ses feuilles, la plante rappelle Ta K. du Gabon: mais le limbe v est plus allongé, mesurant 16 centimètres sur 7 centi- mètres, avec une gaine stipulaire longue de 10 centimètres. Le fruit aussi est différent; marqué de # ou 5 sillons, il n'a pas de côtes saillantes, mesure 5 centimètres de diamètre sur 3 centi- mètres de hauteur, etles noyaux, quoique rapprochés par leurs ailes internes, sont libres au-centre, qui est occupé par une plage molle, au Heu d'y être unis en étoile comme d'ordinaire. C'est une espèce distincte, que je nommerai K. de Dybowski (K. Dybowskü v.T.). M. Lecomte à rapporté de Fernand Vaz, au Congo francais, en 1891, un rameau feuillé d'un grand arbre de ce genre, qui élait en fleurs le 25 avril et dont les feuilles, rappelant par leur forme celles de la K. latifoliée, sont beaucoup moins grandes, ne mesurant que 20 centimètres de long sur 6 à 7 centimètres de large. Ce sera la K. de Lecomte (A. Lecomtei v.T.). M. Zenker à récolté à Bipinde, au Cameroun, d'abord en 1899 (n°1932), puis en 1903 (n° 2620), deséchantillons en fleurs, mais sans fruits, d'un arbre de ce genre, que M. Engler à rap- portés, en 1903, à la K. du Gabon, comme variété distincte oblongifoli (Hs ressemblent à la K. de Dybowski plus qu'à toute autre, mais en différent notamment par des feuilles moins grandes, moins foncées, et par des gaines stipulaires plus courtes, atteignant à peine 6 centimètres. Ce sera la K. de Zenker (K. Zenkeri x. T.) | De son voyage au Congo français, en 1891, M. Lecomte a rapporté un fruit ramassé dans la forêt de la côte, entre Kitabi et Mayvomba, qui appartient certainement à une Klainedoxe, mais diffère par sa forme el sa plus grande dimension de ceux des autres espèces, pour autant qu'ils sont connus. Il n'a pas de côtes saillantes, comme dans la K. du Gabon, mais seulement cinq larges sillons entre les loges, qui sont parfois au nombre de six ; il est fortement aplali et mesure 7 à 8 centimètres de large sur # de haut. Provisoirement, on peut, comme à fait M. Pierre 1) Engler, Bot. Jahrbücher für Syst., XXXIHL, p. 125, 1903. SUR LES IRVINGIACÉES 303 dans son Herbier, le regarder comme représentant une espèce nouvelle, que je nommerai K. macrocarpe (A. macrocarpax.T.). M. Spire à ramassé dans la même région des fruits d'un arbre, nommé £veuss par les indigènes. Par leur structure, ils appartiennent à une Klainedoxe. Mais ils sont sphériques ou légèrement ovoïdes, sans côtes ni sillons, et mesurent 3 à 4 centi- mètres de diamètre. Sans s’amincir en dedans, les Cinq noyaux y sont largement unis au centre en un noyau unique étoilé. IIS représentent une espèce nouvelle, que je nommerai K. sphéro- carpe (A. sphærocarpa \.T.). De même, M. Autran à rapporté de Libreville, au Gabon, un petit fruit de ce genre, trouvé dans la forêt, mesurant seule- ment 4 centimètres de large sur 3 centimètres de haut, remar- quable parce qu'il n’a que trois côtes saillantes à sa surface et ne renferme aussi que trois noyaux, mais surtout parce que les novaux sont libres au centre, où leurs ailes internes ne con- fluent pas, comme d'ordinaire. Provisoirement, on peut consi- dérer la plante qui la produit comme une espèce distinete, qu'on nommera K. tripyrène (A. tripyrena v.T.). Dewèvre à trouvé, à Lukolela, au Congo belge, en 1896, un arbre (n° 83%), nommé Æ£fele par les indigènes, se rapportant au genre actuel par la conformation du fruit, mais qu'à défaut de fleurs MM. De Wildeman et Durand n’y ont classé qu'avec doute el sans attribution spécifique (1). Par ses feuilles coriaces, d'un vert foncé en-dessus, mesurant 25 centimètres de long sur 7 centimètres de large, 1l se rapproche de la K. latifoliée plus que de toute autre des espèces précédentes. Peut-être aussi celle plante, que je n'ai pas encore pu étudier, est-elle une espèce distincte, à nommer plus tard. Enfin, anciennement, en 186%, le P. Duparquet a rapporté du Gabon, sans numéro, un rameau, sans fleurs ni fruits, d’un grand arbre nommé N’Aondjo par les indigènes. Baillon la regardé comme représentant, dans son genre nouveau Conde, une seconde espèce, qu'il a nommée €. lanceolala dans l'Her- bier du Muséum; mais, pas plus que pour la première (voir p. 300), ce nom n’a jamais été publié. L’étiquette porte, (4) De Wildeman et Durand, Reliquiæ Dewevreunæ, fasc. 1, p. 35, 1901. 304 PH, VAN TIEGHEM en outre, de sa main: « Verisiniliter Dipterocarpeu novi yeneris. lroinçgia ? Artocarpea ? 5 Par ses stipules caractéristiques, cette plante est certainement une Frvingiacée : la très grande longueur de ces stipules, qui mesurent 12 centimètres, en fait non moins certainement une Klainedoxe, et ses feuilles étroites et longues, lancéolées, la rapprochent de Ta K. longifoliée dont il a été question plus haut. Elle en diffère pourtant par sa tige, qui est un grand arbre el non un arbuste, el par ses feuilles moins erandes, ne mesurant que 22 centimètres sur 4°%,5, plus mem- braneuses et d'un vert foncé. Ce sera la K. lancéolée (A, lan- ceolata {Bailon ms.) v. F). L'échantillon, également sans fleurs ni fruits, rapporté du Congo francais, route de Brazzaville, forèt de Mavumbe, par Thollon en janvier 1891 (n° 4023), avec celte mention « Kondjo à feuilles étroites », paraît appartenir à celle même espèce. Le Timbe Ÿ mesure 30 centimètres de long sur 5,5 de large, el la gaine stipulaire est longue de 16 à 17 centimètres. Somme toute, le genre Klainedoxe est actuellementreprésenté par au moins quinze espèces, croissant toutes en Afrique occi- dentale, et que Jai étudiées toutes sur les échantillons ori- 2INAUX. 2, Conformalion erlerne. — Ce sont ordinairement de grands arbres atteignant jusqu'à 25 mètres de hauteur, glabres dans toutes leurs parties, à rameaux côtelés marqués à chaque nœud d'une cicatrice annulaire. Dans une seule espèce Jusqu'à pré- sent, la K. épineuse, le tronc et les grosses branches sont héris- sés d'épines, plus longues sur le tronc que sur les branches, simples où ramilfiées latéralement. Tardivement formées, dis- posées sans aucun rapport avec les cicatrices des feuilles tombées et sans aucun ordre, ici très espacées, là très rappro- chées à la fois en long eten large, d'origine endogène, recou- vertes par un périderme qui prolonge celuide la tige, ces épines sont autant de racines adventives, arrêtées plus où moins tôt dans leur croissance, comme cela résulte déjà de ce qui pré- cède et comme on le démontrera plus loin par leur structure. Les feuilles sont caduques, isolées distiques, simples, stipu- lées, à stipules conformées el disposées comme dans les trois SUR LES IRVINGIACÉES 305 genres précédents, mais beaucoup plus longues, mesurant au moins » centimètres et dans certaines espèces jusqu'à 20 et 30 centimètres. Elles sont pétiolées, à péliole canaliculé, à limbe ovale, plus ou moins atténué à la base, mais inégalement des deux côtés, d'où une légère dissymétrie, comme dans les trois autres genres, atténué aussi et terminé en pointe au som- met, poli en bas, luisant en haut, à bord entier, penninerve à nervures latérales unies par un très fin réseau visible sur les deux faces, saillant surtout en haut. Le bourgeon axillaire porte, à sa base même, deux écailles latérales opposées, mais successives, dont la première enveloppe l'autre, el qui le protègent comme les deux stipules protègent le bourgeon terminal. En s'épanouissant, il rejette d'abord ses deux écailles basilaires et allonge son premier entre-nœud, qui ne porte pas de feuille verte, mais seulement une gaine enve- loppant le nouveau bourgeon devenu terminal et mesurant dans la K. du Gabon 5 centimètres, dans la K. latifoliée 10 centi- mètres de long. La coupe transversale de ce bourgeon dans sa région inférieure y montre en dehors une seule lame, insérée sur toute la périphérie, puis enroulée sur elle-même en spirale de manière à faire presque trois tours, ayant à son aisselle un pelit bourgeon de second ordre. C’est donc une feuille complète, réduite à une écaille, qui prend la forme et joue aussi vis-à- vis des parties internes le rôle protecteur que les stipules des feuilles végétatives remplissent plus tard dans les bourgeons terminaux. Cette écaille à en face d'elle une feuille ordinaire à limbe involuté, avec ses stipules envelcppant les parties plus internes. Plus tard, le bourgeon rejette cette troisième écaille et allonge son second entre-nœud, au sommet duquel s'épanouit la pre- mère feuille verte dont les deux stipules constituent maintenant là gaine du bourgeon, disposition qui se continue ensuite indé- finiment dans la végétation de la pousse. Avant sa première feuille stipulée normale, tout rameau produit donc ici, tout d’abord et successivement, trois écailles protectrices, semblables aux stipules ultérieures ; les deux pre- mières, rapprochées à la base, forment ensemble la gaine du bourgeon axillaire avant toute croissance ; la troisième forme ANN. SG. NAT, BOT, 1, 20 306 PH. VAN TIEGHEM à elle seule, après lPallongement du premier entre-nœud, la gaine du bourgeon devenu terminal. La quatrième feuille, portée par le second entre-nœud, c'est-à-dire insérée au troisième nœud, est la première des feuilles complètes et normales qui se succèdent ensuite régulièrement. En un mot, les choses se passent 1er comme il à été expliqué plus haut (p.250) pour les [rvingies. Sans que cela ait été dit explicitement pour les Irvin- celles et Les Desbordésies, ce même mode de végétation se retrouve dans ces deux genres. 3. Struclure de la tige. — La tige des Klainedoxes partage dans tous ses traits essentiels La structure décrite plus haut dans les Frvingies et retrouvée dans les deux genres suivants. Sous le même épiderme glabre, même écorce avec un cris- larque externe différencié dans la seconde assise, mais ren- forcé fréquemment en dedans par des cellules semblables em- pruntées à la troisième el à la quatrième assise, avec de grandes cellules à mucilage rangées d'ordinaire en un seul cercle dans la Zone moyenne, avec un cristarque interne différencié dans lendoderme. Même stèle ondulée aussi, avec faisceaux fibreux péricycliques dans les saillies, plus tard réunis dans les creux, par la sclérose en U des cellules intermédiures, en un anneau fibroscléreux continu, dont les cannelures S'accusent au dehors à travers la mince écorce par les côtes de la surface ; avec hber secondaire tout entier mou, à larges rayons unisériés: avec bois secondaire riche en parenchyme lignifié, à rayons unisériés ; avec bois primaire à parenchyme cellulosique : avec moelle lignifiée à sa périphérie, cellulosique au centre, où elle contient de très larges cellules à mucilage. Même périderme aussi, produit par lPexoderme. J'ai pu étudier, dans la K. de Lecomte, la structure du bois secondaire dans la ge âgée. Elle est remarquable par lalter- nance régulière des couches de parenchyme lignifié, renfer- mant cà el là un très large et solitaire vaisseau ponctué, et des couches de fibres sans vaisseaux. Les ravons qui les traversent ont de un à trois rangs de cellules. D'une espèce à l'autre, la structure de la tige n'offre que de très légères différences. Dans la K. de Trilles, le cristarque SÛR LES IRVINGIACÉES 307 externe a la plupart de ses cellules dans la troisième assise corticale ; dans la K. longifoliée, 1l est rudimentaire, réduit à quelques cellules isolées. L'écorce, le liber et la région externe de la moelle ont quelquefois un grand nombre d’octaèdres d’oxalate de calcium (K. macrophylle, lancéolée, etc.). Dans la K. longifoliée et la K. de Lecomte, les grandes cellules à muci- lage de l'écorce, plus nombreuses que partout ailleurs, sont disposées sur plusieurs rangs dans les sillons de la stèle. Le péri- derme épaissit et lignifie parfois les cellules du liège sur les faces tangentielles et celles du phelloderme sur les faces interne et latérales en forme d'U (K. de Trilles). Tardivement, il se fail quelquefois des nodules scléreux dans l'écorce et dans le hber secondaire (K. de Trilles, macrophylle, ete.). 4. Structure de la feuille. — La feuille prend à la stèle de la tige neuf méristèles, qui s'en séparent tout autour au nœud même ; la médiane, plus large, à trois faisceaux libéroligneux côle à côte, les autres un seul. La médiane et les voisines passent tout entières dans le pétiole; les autres se divisent avant dv entrer et laissent des branches qui montent dans les stipules. Le péliole a, comme la tige, un eristarque externe différen- clé dans la seconde assise corticale, plus ou moins discontinu, et plus ou moins renforcé en dedans, des cellules à gomme dans la zone moyenne el un cristarque interne dans lendoderme. Les méristèles issues de la tige S'Y unissent bord à bord en une courbe fermée, convexe en bas, plane en haut, entourant une moelle lignifiée à sa périphérie, cellulosique au centre, où elle renferme quelques très grandes cellules à mucilage, parfois réduites à une seule centrale. Dans la bande supérieure plane de la courbe, le péricycle épaissit beaucoup sa zone interne parenchymateuse et v diffé- rencie de chaque côté de la ligne médiane, sous sa couche fibreuse, un faisceau cribrovasculaire, d’abord en forme d’an- neau entourant une plage de parenchyme, dont l'arc inférieur est plus épais que le supérieur. Plus loin, ce dernier se réduit de plus en plus jusqu'à s’annuler et le faisceau est désormais bilatéral, formé d’un arc criblé en bas et d’un are vasculaire en haut, inversement orienté donc par rapport à la bande libéro- 308 , PH. VAN TIEGHEM ligneuse sous-jacente. C'est sous cet aspect que la chose se présente d'ordinaire au sommet du pétiole, à la naissance du hmbe, et qu'elle se continue ensuite dans la côte médiane, plus ou moins loin suivant les espèces. En un mot, on retrouve 1c1, mais beaucoup plus accusée, la remarquable anomalie signalée plus haut successivement dans chacun des trois autres genres. Dans le limbe, le cristarque externe du pétiole se prolonge sur les deux faces de la côte médiane, mais en y devenant progres- sivement exodermique, tandis que le cristarque interne conserve sa situation dans Fendoderme. L'épiderme supérieur de la lame, dépourvu de stomates, est fortement gélifié sur la face interne dans nombre de ses cellules, dont les faces latérales sont ondu- lées. L'épiderme inférieur à aussi ses parois latérales ondulées, mais sans trace de gélification interne, et sans trace de papilles sur sa face externe ; les stomates v sont nombreux et munis de deux cellules annexes, parallèles à la fente. L'écorce est palis- sadique en haut, lacuneuse en bas, et les méristèles, entourées d'une gaine de fibres péridesmiques, sont de deux sortes, les plus grosses cloisonnantes, les autres plongées dans la couche lacuneuse, enveloppées toutes d'un cristarque endodermique. Les slipules, comme aussi les trois écailles inférieures de chaque rameau feuillé, ont, avec un développement plus grand, la même structure que dans les Irvingies (p. 26%). La troisième écaille du rameau, notamment, située au sommet du premier eptre-nœud allongé, a, sous son épiderme externe, une où deux assises corlicales à membranes épaissies et lignifiées en ÿ, mais sans oclaëdres. Nombreuses et parallèles, les méristèles v ont leur faisceau entouré d'une épaisse gaine fibreuse péridesmique, qui les rend presque cloisonnantes: on en compte environ trente de chaque côté de la médiane. Entre elles, Fécorce ren- ferme de très grandes cellules à mucilage. En un mot, cette écaille offre dans sa structure, comme les stipules, les meilleures conditions pour la protection du bourgeon qu'elle enveloppe. Ainsi constituée, la structure de la feuille ne subit que quel- ques modifications suivant les espèces. Les plus importantes intéressent le péliole et surtout les faisceaux cribrovasculaires surnuméraires que la bande supérieure de la courbe méristé- lique renferme dans son péricycle, SUR LES IRVINGIACÉES 309 Pour fixer les idées, considérons partout le pétiole à son sommet, c'est-à-dire à la naissance du limbe. Dans la K. de Trilles, la couche méristélique n'est fermée en haut que par l'union des bords recourbés de la couche fibreuse du péricyele ; le liber etle bois demeurent séparés. Dans l'épaisseur de chaque bord, le péricycle à un faisceau cribrovasculaire à région vas- culaire supérieure, à région criblée inférieure, en un mot bila- téral, séparé du liber sous-jacent par une bande fibreuse, qui est la zone interne du péricycle. Dans les autres espèces, la courbe méristélique est fermée en haut par la fusion bord à bord du péricycle, du liber et du bois. Dans la bande supérieure ainsi fusionnée, le péricyele ren- ferme, de chaque côté de la ligne médiane, tantôt un faisceau cribrovasculaire bilatéral avec fibres sous-jacentes, comme dans la K. de Trilles (K. lancéolée), tantôt un faisceau plus large et encore annulaire, comme il l’est à la base, séparé du liber par du parenchyme péricyclique avec quelques fibres (K. du Gabon). Aïlleurs, 1l ne renferme qu'un seul très large faisceau annulaire médian, séparé du liber par une couche de parenchyme (K. macrophylle), ou par une couche fibreuse (K. longifoliée) : ou bien il contient côte à côte trois faisceaux annulaires, un mé- dian et deux latéraux, séparés du liber par une couche fibreuse (K. latifoliée). Quelle qu'en soit la disposition au sommet du péliole, l’'anomalie se prolonge dans la côte médiane du limbe el se retrouve d'ordinaire vers le milieu de sa longueur, tantôt à peine modifiée (K. de Trilles, latifoliée), tantôt plus ou moins simpli- fiée. Ainsi, au lieu d’un faisceau annulaire, on trouve à ce niveau, dans la K. du Gabon, trois faisceaux bilatéraux de chaque côté de la ligne médiane, avec couche fibreuse sous-jacente ; au lieu d'un seul faisceau annulaire médian, occupant toute la lar- geur, la K. longifoliée a deux faisceaux annulaires côte à côte, avec fibres sous-jacentes, et la K. macrophylle en à cinq, devenus bilatéraux, plongés côte à côte dans la couche fibreuse. On voit que c’est dans la K. longifoliée que l'anomalie de structure de la feuille conserve le plus longtemps son carac- tère primitif. Au contraire, c'est dans la K. lancéolée qu'elle disparaît le plus tôt, car, vers le milieu de sa longueur, la côte 310 PH. VAN TIEGHEM mdiane du himbe n'en offre déjà plus trace. Sion se rappelle que ce sont précisément les deux espèces qui se ressemblent Le plus par la forme el la dimension des feuilles, on attachera quelque intérêt à celle remarque. C'est aussi dans la K. lancéolée que la lame offre dans son écorce la plus grande minceur et la plus grande homogénéité, la couche palissadique + faisant défaut, ce qui n'empêche pas les stomates d’être localisés, comme par- tout ailleurs, sur la face inférieure. 5. Structure de la racine aérienne épineuse. — Sur le tronc et les branches âgées, la K. épineuse produit tardivement des épines plus où moins longues, simples ou ramifiées, comme il a été dit (p. 30%). Elles n'ont été observées Jusqu'à présent que dans cette espèce, qui leur doit son nom. Sur des branches de 5 à 10 millimètres d'épaisseur, elles sont déjà bien développées, mesurant 1 à 2 centimètres de long, mais sont encore simples. Sur des branches plus grosses, elles sont plus épaisses, coniques, atteignent 3 centimètres de long, et portent 2 où 3 rameaux à quelque distance du sommet. La périphérie en est occupée par un périderme, formé par une assise périphérique de l'écorce, qui subsiste au-dessous. Le liège, assez épais, à ses parois minces; le phelloderme, réduit à une ou deux assises, épaissit et lignifie les siennes en forme d'U. Sous ce phelloderme, se voit un cristarque fréquemment interrompu. La zone moyenne de l'écorce est dépourvue de cel- lules à mucilage, mais offre çà et là quelques nodules scléreux. L'endoderme est différencié en un cristarque interne. La stèle offre, à sa périphérie, un péricyele fibroscléreux pareil à celui de la tige, au-dessous duquel un anneau de liber secondaire mou entoure un anneau plus épais de bois secondaire. Celui-cr, à son tour, enveloppe une large moelle à membranes hgnifiées, dépourvue de cellules à mucilage et où lon voit à la périphérie douze à quinze faisceaux vasculaires équidistants et centripètes. L'épine est donc bien une racine et ses ramifications sont bien des radicelles. Ces racines aériennes ont, en commun avec les racines ter- restres étudiées plus haut dans les Irvingies et les Irvingelles, mais que je n'ai pas encore pu analyser dans le genre actuel, SUR LES IRVINGIACÉES 314 l'absence de cellules à mucilage dans lécorce et dans la moelle. Mais, précisément parce qu'elles sont aériennes, elles en différent, d'abord par la formation périphérique du péri- derme et la persistance de l'écorce, puis par la présence, dans cette écorce persistante, des deux cristarques que lon v ren- contre dans la tige et dans la feuille. Le même besoin de pro- tection contre Fardeur du soleil provoque done 1e1 la formation de la même cuirasse, et ce serait Là, S'il en élait besoin, une preuve nouvelle du rôle protecteur joué par le eristarque. Dans son travail sur les Simarubacées, cité plus haut, M. Jadin à fait, en 1901, une étude sommaire de la lige et de la feuille des Klainedoxes, d'après les échantillons de trois espèces, dont deux inédites, que lui a communiqués M. Pierre (K. du Gabon, macrophylle, longifohiée) (1). I y à retrouvé, dans l'écorce et la moelle, les grandes cellules à mucilage signa- lées par moi dans les Irvingies dès 1885, mais le cristarque lui a échappé. I n'a pas davantage remarqué, dans la bande supé- rieure de la courbe méristélique du pétiole, les faisceaux eri- brovasculaires péricyeliques, déjà signalés dans la K. du Gabon par M. Pierre en 1896 (2). En outre, comme on Fa vu plus haut chez les Irvingies, la gélification de l'épiderme supérieur du limbe a été, ici aussi, méconnue comme telle et regardée comme un cloisonnement tangentiel séparant en dedans un « hypo- derme ». Enfin, les stomates y sont décrits comme avant quatre cellules annexes, alors qu'ils n'en ont que deux. 6. Organisalion florale. — V'inflorescence est exclusivement terminale. Au-dessus de la dernière feuille, le pédoncule produit une branche à sa base même et deux autres un peu plus haut; la première seule porte à quelque distance une branche de second ordre. Après quoi le pédoneule, les trois branches pri- maires et la branche secondaire, qui sont marqués de cinq côtes, produisent tout du long, échelonnées sur chacune d'elles en disposition 2/5, à l’aisselle de petites bractées persistantes, munies chacune de deux dents latérales stipulaires, un grand (1) Jadin, loc. cit., p. 290, fig. +4-48, 1901. (2) Pierre, loc, cit., p. 1234 et p. 1235, 1896, 312 PH. VAN TIEGHEM nombre de pédicelles. L'ensemble constitue donc une grappe composée à trois degrés, au moins à la base, c'est-à-dire une panicule digitée, plus courte que les feuilles. Par cette in- florescence exclusivement lerminale, à pédicelles espacés el solitaires, les Klainedoxes ressemblent aux Irvingelles et dif- férent à la fois des Irvingies et des Desbordésies. Portée par un pédicelle sans bractées propres, la fleur offre la mème consüitution que chez les Irvingies, avec la même pré- floraison quinconciale pour le calice, cochléaire pour Ja corolle (1), mais avec trois différences. Le calice à ses sépales libres jusqu'à la base: il parait complètement dialysépale. Le gvnophore nectarifère se relève en un disque cupuliforme, à épiderme papilleux, autour de la base de l'ovaire, qu'il enve- loppe dans la moitié de sa hauteur en s'appliquant à sa sur- face: il est toutefois dépourvu de ces fascicules vasculaires qu'on y à signalés chez les Desbordésies. Mais surtout le pisül est pentamère, à carpelles épisépales, comme 1} convient dans une fleur à androcée directement diplostémone. La fleur est donc ici pentamère dans ses cinq verticilles, et sa composition peut être représentée par la formule : F—5S + 5P+45E+5E"+(50). L'ovaire, ovoide et à cinq loges, est surmonté d'un style simple, de même longueur, tortillé dans le bouton, renflé au sommet en tête sligmatique. Sa paroi externe à de grandes cel- lules à mucilage ; sa région centrale, où s'unissent les cloisons, a un cercle de méristèles inversement orientées. Chaque loge renferme, attaché tout en haut de l'angle interne, un ovule anatrope pendant à raphé ventral, hyponaste, par conséquent, composé d’un nucelle persistant et de deux tégu- ments. L'externe n'a que deux assises, en dehors du raphé, l'extérieure formée de cellules plus grandes, lintérieure de cellules plus petites et plates. L'interne à aussi deux assises, extérieure formée de très petites cellules, lintérieure de grandes cellules dédoublées chacune par une cloison tangentielle. Au-dessus du micropyle, le funicule forme une protubérance, (4) M. Pierre dit la préfloraison du calice imbriquée (loc. cit., p. 1235), mais passe sous silence celle de la corolle, que M. Engler dit également imbriquée loc. cit., p. 227). N'y a là une double erreur et la remarque faite plus haut p. 268) à ce sujet chez les lrvingies s'applique également au genre actuel. SUR LES IRVINGIACÉES 315 de la face inférieure de laquelle se détache une sorte de bouchon qui s'enfonce dans le micropyle et qui conduit le tube polli- nique au nucelle, disposition déjà constatée plus haut chez les Irvingies (p. 269) et retrouvée chez les Desbordésies (p. 296). En se transformant en fruit, le pistil dé- 7. Fruil el graine. veloppe toujours également bien ses cinq carpelles et le fruit est, en conséquence, plus ou moins fortement quinquélobé en dehors el quinquéloculaire en dedans. D'ordinaire chaque loge ren- ferme une graine, mais il arrive assez souvent qu'une ou plu- sieurs graines avorlent et que la cavité correspondante soit remplacée par une fente, sans que la forme extérieure du fruit en soit altérée dans sa symétrie, même lorsque quatre graines avortent sur cinq. C'est aussi de cette manière que les choses se passent dans les Desbordésies, comme on la vu (p. 296), tandis qu'il en est tout autrement dans les Irvingies et Irvingelles. Malgré le grand nombre de ses fleurs, linflorescence ne conduit d'ordinaire à maturité qu'un seul de ses fruits, situé dans sa région inférieure. Comme dans les trois autres genres et pour la même raison, les fruits mürs sont donc solitaires. Chacun d'eux est une drupe, attachée par un court pédicelle au sommet d’une branche feuillée. | Le péricarpe mûr, qui est vert clair à létat frais dans la K. de Dybowski, est formé, en effet, de trois couches. L’ex- terne, ou exocarpe, est mince, notrâtre et durcie par la des- siccation ; sous l’épiderme très fortement cutinisé, elle se com- pose de cellules toutes semblables à membranes minces et cellulosiques, à contenu brun, et renferme dans sa zone interne les méristèles de l'ovaire. L'interne, ou endocarpe, épaisse, Jaunâtre, très dure et formée exclusivement de longues cel- lules seléreuses, disposées comme dans les Irvingies en deux sortes de faisceaux enchevètrés, enveloppe chaque loge d'un noyau très résistant, jaunâtre et strié de blanc ; elle envahit aussi d'ordinaire toute la région centrale en réunissant les cinq noyaux en un noyau unique étoilé, à cinq branches renflées, contenant chacune une graine. La moyenne, ou mésocarpe, qui sépare les branches du noyau, latéralement l'une de Pautre el extérieurement de l’exocarpe, est molle, roussàtre, formée 314 PH. VAN TIEGHEM en grande partie, à l’état frais, de très nombreuses et très grandes cellules à mucilage ; elle est traversée par des filets rigides émanés de la périphérie du noyau et rayonnant vers l'extérieur, qui sont de deux sortes et disposés comme il a été dit plus haut dans les Irvingies (p. 271). A l'état frais, le méso- carpe à déjà une tendance à se séparer par une fente radiale au milieu de chaque cloison. Par la dessiccation, cette fente S'élargit de plus en plus et les cinq branches du noyau se trou- vent séparées par autant de lacunes pleines d'air. D'ordinaire, notamment dans la K. du Gabon, chaque bran- che du noyau, étroite à sa base interne où elle conflue avec les autres, en se renflant en dehors autour de la loge, s'épaissit beaucoup le long de trois arêtes, une externe et deux latérales, se trifurque, pour ainsi dire, et forme ainsi trois ailes, qui s'en- foncent dans le mésocarpe, jusqu'à en atteimdre parfois la limite externe. Muni d'un péricarpe ainsi conformé, le fruit est une drupe dont lexocarpe et le mésocarpe forment ensemble la pulpe, d'ailleurs assez mince, et dont le noyau unique, étoilé à cinq branches renflées et trifurquées, renferme normalement une graine dans chaque branche. n'est pas rare pourtant qu'une ou plusieurs des cinq graines avortent; la loge correspondante est alors réduite à une fente étroite, sans que la forme et la dimension de la branche, et par conséquent la forme et la di- mension du fruit total, en soient changées. Dansles quelques espèces où ilest connu, le fruit subit, dans sa forme, sa dimension etsa structure, diverses modifications inté- ressantes qui peuventet doivent être utilisées dans leur définition. Celui de la K. du Gabon est remarquable par les côtes forte- ment saillantes qui marquent le dos des loges, séparées par des sillons profonds correspondant aux cloisons. Il n'a parfois que quatre côtes; c'est lorsque la fleur était tétramère. Ilest sur- baissé et mesure en travers 4,5 d'une côte à l'autre, 3 centi- mètres d'un sillon à l'autre, en hauteur 3 centimètres. Celui de Ja K. épineuse, muni aussi de côtes saillantes, est plus petit, ne mesurant que 3 centimètres de large et 2,5 de haut. Celui de la K. de Trilles, également côtelé, est encore plus petit, SUR LES IRVINGIACÉES À Hi LA Dans la K. macrocarpe, il est discoïde, sans côtes, mais à cinq larges lobes, séparés par cinq sillons peu profonds ;1l est aussi plus grand, mesurant 8 centimètres de large sur 37,5 de haut. Les noyaux, moins minces en dedans, ont leurs grosses ailes latérales moins saillantes etFaile externe v est séparée de l'exocarpe par une couche pulpeuse. Dans la K. sphérocarpe, il est sphérique, à surface unie, sans côtes, mlobes, ni sillons, et mesure 3 à 4 centimètres de diamètre. Les cinq noyaux, trifurqués en dehors, ne sont pas amineis en dedans, mais largement confondus dans la région centrale en un NOVau unique. Dans la K. de Dybowski, il est discoïde, mesure 5 centimè- tres de diamètre sur 3 centimètres de hauteur et les cinq noyaux y sont libres au centre, les minces ailes rayonnantes internes ne s'y rejoignant pas. Dans laK. tripyrène, il est plus petit ne mesurant que 3 centi- mètres de diamètre: il n'a que trois noyaux, parce que le pisül v est trimère, et ces noyaux, qui ont aussi quatre ailes, sont entière- ment libres, les minces ailes internes ne se rejoignant pas. La graine ovale, aplatie, comme la loge qui la renferme, dans le sens du rayon, à un tégument mince, noir et luisant. Entre les deux épidermes dont l'externe à ses cellules fortement cutinisées en dehors et gélifiées en dedans et sur les côtés, il est formé par une couche hyaline de cellules à parois minces, allon- gées tangentiellement, comptant une douzaine d'assises. Vers le milieu de cette couche, se trouve une assise fortement différen- ciée, dont les petites cellules ont épaisst et lignifié leur mem- brane en forme de diapason ouvert en dehors; elle parait provenir de l'épiderme externe du tégument ovulaire interne. Comme chez les Desbordésies, le tégument est dépourvu de méristèles autres que celle du raphé, qui ne se ramifie pas. L'embryon est droit à larges cotyles planes, où l'écorce, riche en huile et en aleurone sans trace d'amidon, est entière- ment dépourvue de ces grandes cellules à mucilage qui v abondent dans les trois genres précédents. Les cotyles sont situées de part et d'autre du plan de symétrie du tégument, ce qui rend, ici aussi, l'embryon accombant au raphé. Entre l'embryon et le tégument, on observe, dans la graine 316 PH. VAN TIEGHEM mûre, une couche d’albumen, oléagineux et aleurique sans trace d'amidon, qui l'enveloppe tout entier, aussi bien sur le bord que sur le dos, el qui est plus épaisse que dans les Irvingelles et surtout que dans les Desbordésies, car elle dépasse souvent l'épaisseur des deux cotyles réunies. Je n'ai pas pu jusqu'à présent observer ni la germination de celle graine, ni la conformation de la plantule qui en provient. 8. Comparaison du genre Klainedozxe avec les trois genres pré- cédents. — Des trois genres précédents, le genre Klainedoxe diffère par la très grande longueur des stipules, par la dialysé- palie du calice, mais surtout par la pentamérie du pisül, par la conformation du fruit qui en résulte, par la structure du tégument de la graine et par l'absence de cellules à mucilage dans l'embryon. Par là, il se distingue de ces trois genres ensemble plus fortement que ceux-ci entre eux, point sur lequel on reviendra tout à l'heure. Des Trvingies, il diffère, en outre, par la non-gélification de l'épiderme inférieur de la feuille, par linflorescence terminale à fleurs espacées en grappes, par le disque hypogyne cupuli- forme el papilleux, par Fabsence de méristèles autres que celle du raphé dans le tégument de la graine et par la pré- sence d’un albumen autour de l'embryon. Des Irvingelles, 11 ne s'éloigne, en outre, que par le luisant de la face inférieure de la feuille, dont l'épiderme ne prolonge pas ses cellules en papilles et par l'absence de méristèles autres que celle du raphé dans le tégument séminal. Pisül et fruit à part, c'est de ce genre qu'il se rapproche le plus. Des Desbordésies, enfin, 1l se sépare, en outre, par l'absence de papilles à lépiderme inférieur de la feuille, par Pinflores- cence exclusivement terminale avec fleurs espacées en grappes, et par le disque appliqué sur l'ovaire et dépourvu de fascicules vasculaires. 5. FAMILLE DES IRVINGIACÉES. Composée actuellement de ces quatre genres avec quarante- cinq espèces, au lieu des trois genres avec six espèces seule- went qu'elle comptait avant le présent travail, la fanulle des SUR LES IRVINGIACÉES SIT Irvingiacées sera définie par l'ensemble des caractères qui sont communs à tous ses membres et qu'il convient de résumer 1e1. Ce sont de grands arbres, entièrement glabres, à rameaux côtelés et annelés à chaque nœud. Les feuilles sont caduques, isolées distiques, simples, à stipules libres et inégales, l'une équitante, l'autre enroulée autour du bourgeon terminal, qu'elles protègent après l'épanouissement de la feuille et dont elles ne se détachent qu'à la reprise de la croissance, en laissant une cicatrice annulaire. Elles sont pétiolées, à pétiole canali- eulé, à limbe ovale, légèrement dissymétrique à la base, entier. penninerve à nervures visibles sur les deux faces. La tige et le pétiole ont un cristarque à octaëdres dans la seconde assise de l'écorce, un rang de grandes cellules à muei- lage dans la zone moyenne et un second cristarque à octaèdres dans l’endoderme ; leur stèle ou courbe méristélique fermée à un anneau fibroscléreux péricyclique ou péridesmique ; sa moelle, lignifiée à la périphérie, renferme dans sa région centrale cellulosique de grandes cellules à mucilage. La feuille prend à la stèle de la tige de nombreuses méristèles, séparées tout autour au nœud même, qui s'unissent dans le pétiole en une courbe fermée, contenant dans l'épaisseur du péricyele de sa région supérieure deux faisceaux eribrovasculaires Inverses. Le limbe gélifie son épiderme supérieur. Le périderme est exo- dermique. La racine n'a de cellules à mucilage ni dans son écorce n1 dans sa moelle, qui est large, à nombreux faisceaux. L'inflorescence est une panicule, diversement conformée el située. La fleur est hermaphrodite, actinomorphe, pentamère, à calice quinconcial persistant, à corolle dialypétale cochléure caduque, à androcée dialystémone et directement diplostémone, avec anthères dorsifixes à quatre sacs s'ouvrant en long, à pisül supère formé de carpelles fermés et concrescents dans loute leur longueur, uniovulés avec ovule anatrope pendant à raphé ventral, c'est-à-dire hyponaste, perpariété, bitegminé, dipore, muni d'un appareil conducteur pour le tube pollinique. Dans le fruit, qui est indéhiscent, la graine à, sous son tégu- ment, un embryon droit, accombant, à larges cotyles planes. 318 PH. VAN TIEGHEM Ce qui varie suivant les genres et sert à les définir, c'est, à part la longueur des stipules, Faspect luisant où mat de la face inférieure de la feuille, dù à l'absence ou à la présence de pa- pilles à lépiderme de cette face; c'est la disposition, cloison- nante où non,des méristèles dans le Himbe, dont lépiderme inférieur peut se gélifier ou non ; c'est linflorescence, terminale, ou axillaire, ou les deux à la fois, à fleurs échelonnées en grappes où rapprochées en ombelles: c’est le calice, ordinaire- ment quelque peu gamosépale, parfois tout à fait dialvsépale ; c'est le gynophore, d'ordinaire muni d'un disque cupuliforme papilleux, avec ou sans fascicules vasculaires, dont ilest parfois dépourvu; c'est le pisül, le plus souvent dimère, parfois pen- lamère ; c'est le fruit, qui est le plus souvent une drupe, tantôt avec une seule graine, tantôt avec autant de graines que de carpelles, parfois une samare uniséminée ; c'est la graine, dont le tégument est tantôt muni, tantôt dépourvu de méris- tèles autres que celle du raphé, qui à le plus souvent un albu- men, quelquefois pas, dont l'embryon a ses cotvles tantôt pour- vues, tantôt dépourvues de cellules à mucilage; c'est, enfin, la germination, qui est tantôt hypogée, tantôt épigée. A elle seule, la graine suffirait déjà, par ses modifications, à distinguer les quatre genres. Si le raphé est ramifié, sans albumen, c'est une Irvingie, avec albumen, une Irvingelle: si le raphé est simple, avec cellules à mucilage dans l'embryon, c'est une Desbordésie, sans cellules à mucilage dans l'embryon, c'est une Klainedoxe. A elle seule aussi, l'extrémité d’un rameau feuillé permet- trait la même distinction. Si la face inférieure de la feuille est luisante, avec gaine stipulaire de movenne longueur, c'est une Irvingie, avec gaine stipulaire très longue, c'est une Klaine- doxe. Si la face inférieure de la feuille est mate, avec gaine stipulaire de moyenne longueur, c'est une Irvingelle, avec gaine stipulaire très courte, c’est une Desbordésie. De tous ces caractères variables, le plus important est fourni par le pistil, qui est tantôt dimère à carpelles antéro-posté- rieurs, tantôt pentamère à carpelles épisépales dont un pos- lérieur. D'après lur, les quatre genres peuvent être groupés en deux tribus: les /roingiées, à pisul dimère, avec trois genres, SUR LES IRVINGIACÉES 319 et les Aainedorées, à pisul pentamère, avec un seul. Ce grou- pement parait préférable à celui qu'on pourrait ürer aussi de la conformation du fruit, qui est tantôt une drupe, dans trois genres, tantôt une samare, dans un seul. Le tableau suivant résume cette subdivision de la famille en deux tribus et la définition de chaque genre dans sa tribu : inalbuminée. Inflorescence axil- laire à fleurs en ombelles. Epi- Drupe ASS : oR £ derme inférieur lisse ........ Irvingie. 2) a = dimère. une er : = EN RGTEES : albuminée. Inflorescence termi- E RVINGIÉES. graine j TE RE = E | : nale à fleurs solitaires. Epi- 2 derme inférieur papilleux.... Irvingelle. £= Samare à une graine albuminée Desbordesie. — pentamère. KLaiNEDoxÉES. — Drupe à cinq graines albu- MTÉ CSP TS ne AS sn RIRE CCR Klainedoxe. Toutes ces plantes sonttropicales. Trois des genres : Irvingie, Desbordésie et Klainedoxe, avec 35 espèces, croissent exclusi- vement en Afrique occidentale. Le quatrième, Irvingelle, se partage, mais imégalement, entre l'Afrique occidentale et PAsie centrale, ayant sept espèces dans la première région et trois seulement dans la seconde, distribution singulière qui lui donne un grand intérêt pour la Géographie botanique. A la famille ainsi constituée, quelle place conviental d’attri- buer dans la Classification des Dicotyles? C'est la dernière ques- tion que nous ayons à résoudre. L'ovule y étant perpariété bitegminé, c’est dans ordre, dé- fini par là, des Perpariétées bitegminées, ou Renonculinées, qu'elle vientprendre place. Cet ordre est immense etcomprend, comme on sait, 14 alliances (1). La corolle étant et dialvpé- tale, le pistil libre et l’androcée diplostémone, c'est à l'alliance des Géraniales, définie par la réunion de ces trois caractères, que notre famille se rattache. Cette alliance, très nombreuse, ne comprend pas moins de 30 familles distinctes. Par leur carpelle uniovulé avec ovule hyponaste, les Irvingiacées se dis- ünguent aussitôt de toutes ces familles, à l'exception d’une (1) Ph. van Tieghem, L'œuf des plantes considéré comme base de leur classifica- tion (Ann. des Sc. nat., 8° série, Bot., XIV, p. 327, 1901). D'ALPAS 47, à s :ià à lin LÉ A » Le | si 320 PH. VAN TIEGHEM seule, les Simarubacées. En sorte que, si lon voulait établir dans cette alliance une subdivision fondée sur la conformation du carpelle, cette subdivision comprendrait ces deux familles, etelles seulement (1). On est ramené ainsi bien près de la manière de voir adoptée par les botanistes jusque dans ces derniers temps, comme 1l à été dit au début de ce travail (p. 247). Mais c'est pour s'en écarter aussitôt considérablement. Par le corps végétalif, en effet, notamment par les si remarquables stipules qui les font reconnaitre à première vue, le double eristarque de l'écorce, les cellules à mucilage de l'écorce et de la moelle, les faisceaux eri- brovasculaires péricycliques de la courbe méristélique du pé- liole, l'absence complète de canaux sécréteurs ; et tout autant par la fleur, notamment la diplostémonie directe, la con- crescence des carpelles et Ta présence tout au moins très fréquente (dans 3 genres sur 4) d'un albumen dans la graine, la famille des Irvingiacées s'éloigne beaucoup de celle des Simarubacées. Si c'est là, comme 1l parait, sa plus proche voisine, c'est seulement la preuve qu'elle occupe, dans l'alliance des Géra- niales, une place tout à fait à part, et c'est aussi ce qui lui donne un grand intérêt au point de vue de la Science générale. (4) Chez les Anacardiacées aussi, le carpelle est uniovulé à ovule anatrope pendant, mais l’ovule est à raphé dorsal, c'est-à-dire épinaste, ce qui, con- trairement à l'opinion de M. Pierre, rappelée au début (p. 248), éloigne beau- coup celte famille de celle des Irvingiacées. # é” 4 à A Pas, dat ï rs Er __ MASSON ET C*, ÉDITEURS ES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE — {20, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (vie). VIENT DE PARAITRE COURS ÉLÉMENTAIRE ‘Histoire Naturelle (Zoologie, Botanique, Géologie et Paléontologie) F' Rédigé conformément aux programmes du 31 mai 1902 PAR MM. M. BOULE E.-L. BOUVIER PROFESSEUR AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE PROFESSEUR AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE 4 MEMBRE DE L'INSTITUT H. LECOMTE PROFESSEUR ‘AU LYCÉE SAINT-LOUIS 8 volumes in-16, cartonnés toile anglaise et illustrés L- de très nombreuses figures PREMIER CYCLE - Notions de Zoologie (Classes de sixième A et B), par E.- L. Bouvier... .... 2 fr. 50 . Notions de Botanique (Classes de cinquième A et B), par H. LecouTE ...... 2-fr. 75 … Notions de Géologie (Classes de cinquième B et quatrième A), par M. Boure. 1 fr. 75 1 otions de Biologie, d'Anatomie et de Physiologie appliquées à l’homme (Classe de troisième B), par E.-L. BouvIER: .. .....::................. 2 fr. 50 SECOND CYCLE Conférences de Géologie (Classe de seconde A, B, C, D), par M. Boute. 2 fr. 50 | 4 natomie et Physiologie végétales (Classes de philosophie et de mathéma- ue CFD per He ÉBCOMTE Re... 2 fr. 50 Anatomie et Physiologie animales (Classes de philosophie et de mathéma- Ÿ ue A ctb) par EL: RouvIER,. 2200... ........:.4... &fr, » c onférences de Paléontologie (Classes de philosophie A et B et de mathé- ques À cb par Mo BouLk RSR 125... ,., 4. Mr. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER Recherchessurles bourgeonsdesarbresfruitiers, par M.E.Goumy. Sur les Irvingiacées, par M. Pa. van TiEGuEm TABLE DES FIGURES DANS LE TEXTE CONTENUES DANS CE CABIER Figure dans le texte 4. — Entomophthorée parasite. Figures dans le texte 1 à 32. — Bourgeons des arbres fruitiers. Conneic. Imprimerie En. Cuért. 155 ANNALES DES SCIENCES NATURELLES | | NEUVIÈME SÉRIE BOTANIQUE ‘4 L’ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION DES VÉGÉTAUX VIVANTS ET FOSSILES | PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE : M. PH. VAN TIEGHEM EE | | TOME L. — N°6. % | | ns D | _ PARIS MASSON ET Cx, EDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain 1905 PARIS, 30 FR. — DÉVARTEMENTS ET ÉTRANGER, 32 FR. - Ce cahier a été publié en octobre 1905. d Les Annales des Sciences naturelles paraissent par cahiers mensuels. Conditions de la atlas des Annales des sciences HR S NEUVIÈME SÉRIE : ‘ BOTANIQUE ; : j Publiée sous la direction de M. Pu. VAN TIEGHEM. L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 400 pages, __ avec les planches et les figures dans ‘le texte correspondant aux mémoires. Te Ces volumes paraissent en dia fascicules dans l'intervalle d’une année. à Les tomes I à XX de la Huitième série et le tome I de la Neuvième série sont complets. NS . Re ZOOLOGIE 18 Publiée sous la direction de M. EDMOND PERRIER. L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 409 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d'une année. | Les tomes I à X VIIT sont complets. Prix de l'abonnement à 2 volumes : Paris : 30 francs. — Départements et Union postale : 32 francs. ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES _ Dirigées, pour la partie géologique, par M. HÉBERT, et pour la partie paléontologique, par M. A. MiLNE-Enwanps. | Tomes 1 à XXII (1879 à 1891). Chaque volume .......... 15 fr. :À € “A Cette publicalion est désormais confondue avec et le des Annales +4 des Sciences naturelles. t Prix des collections. PREMIÈRE SÉRIE (Zoologie el Bolanique réunies), 30 vol. (Æare) 4 DEUXIÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie 20 vol. 250 fr. ‘4 TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie 20 vol. 9250 fr. à QUATRIÈME SÉRIE (1854-1863). Chaque partie 20 vol. 250 fr. | CINQUIÈME SÉRIE (1864-1874). Chaque partie 20 vol. 250 fr. 14 SIXIÈME SÉRIE (1875 à 1884). Chaque partie 20 vol. 9250 fr. vf SEPTIÈME SÉRIE (1885 à 1894). Chaque partie 20 vol. 300 fr. GÉOLOGIE, 22 volumes.#: . . . . . .*. . MORIN S ie PT e LL 1! SUR LES RHAPTOPEÉTALACÉES Par PH. VAN TIEGHEM. Mann a récolté en 1862, à Fernando-Po, des échantillons d'un arbre où M. Oliver à reconnu le type d’un genre nouveau, qu'il a décrit et figuré en 186%, sous le nom de Rhaptopétale (Raplopetalum) : c'est le R. coriace (/?. coriaceum Oliver) (1). Il l’a incorporé à la famille des Olacacées. D'après des échantillons d'un arbre découvert par Thollon au Congo français, Baillon à décrit en 1886 le genre nouveau Brazzeier (Brazzeia), en nommant l'espèce B. du Congo (PB. con- goensis Baillon) (2). 11 l'a classé dans la famille des Tiliacées. Un peu plus tard, en 1890, le même botaniste, d’après des échantillons récoltés aussi au Congo français, au bord de FOu- bangui, par le même collecteur, à créé le genre Oubanguier (Oubanquia), en nommant Fespèce O0. d'Afrique (0. africana Baillon) (3). Il l'a classé aussi dans la famille des Tiliacées et l'a regardé comme établissant des relations étroites entre les Tiliacées et les Dipl'rocarpacées. Cette place lui à été conservée en 1897 par M. Schumann (4). Plus récemment, en 1896, M. Pierre, ayant reçu du P. Klaine les échantillons d'un arbre qui croît aux environs de Libreville, au Gabon, y à reconnu le type d’un genre nouveau, qu'il à nommé Secytopétale (Scytopelalum) : c'est le Sc. de Klaine ) Oliver, Journal of the Linnean Society, VIX, pl. XI, p. 159, 1864. ) Baillon, Bull. de la Soc. Linnéenne de Paris, p. 609, 1886. ) Baillon, 1bid., p. 869, 1890. (4) Dans Engler et Prantl, Nat. Pfanzenfan., Nachträge zu W-[V, p. 233, ANN. SC. NAT: BOT. 9° série. RS | RE Pa 2 RTE ae 2 mp pas Te or le x ne dl ss 2 PDAs FORST I MEL" ht 322 PH. VAN TIEGHEM (Se. Alainearnum Vierre), dont il à distribué aussitôt les des- sins et les échantillons aux principaux Herbiers publics. A Parde de ces matériaux et des notes de son Herbier que lui à com- muniquées M. Pierre, M. Engler à publié en 1897, en l'accom- pagnant de figures, la description de ce genre (1). La même année, sur d’autres échantillons envoyés du Gabon par le P. Klaine, M. Pierre à cru pouvoir établir le nouveau senre Érythropyxide (Erythropyris), en nommant l'espèce É. grimpante (Æ. scandens Pierre) (2). On verra, par la suite de ce travail, que ce genre se confond avec le Brazzeier de Ballon. Enfin, plus récemment, {oujours d'après des échantillons récoltés au Gabon parle P. Klaine, M. Pierre à cru pouvoir créer le genre nouveau Égassée (£gassea), en nommant l'espèce É. laurifoliée (Æ. laurifoliu Pierre). D'après les notes, dessins et échantillons de son Herbier, que luia communiqués M. Pierre, M. De Wildeman à publié, en 1903, en laccompagnant de figures, la description de ce prétendu genre (3). On verra toul à l'heure qu'il se confond avec l'Oubanguier de Baillon. Ce sont ces six genres, ainsi réduits à quatre, unis entre eux par d'étroites affinités, que l'on se propose d'étudier dans le présent travail. D'après M. Oliver, les Rhaptopétales seraient des Ola- cacées. Qu'ils ne puissent à aucun degré, malgré une certaine ressemblance de port, être incorporés à cette famille, c'est ce que j'ai montré dès 1896, en établissant la nécessité de son démembrement (4). D'après Baillon, les Brazzeiers etles Oubanguiers seraient des Tiliacées. Dans l'opinion de M. Pierre, consignée dans les notes et dessins de son Herbier, les genres Rhaptopétale, Seytopétale et Brazzeier constitueraient une famille disünete, les Æhapto- pélalacées, el je suis arrivé de mon côté à la même manière de (1) Engler, Nat. Pflanzenfam., Nachträge zu H-IV, p. 242, fig. 514, 1897. 2) Pierre, Bull. de la Soc. Linn. de Paris, p. 1265, 1896. (3) Je Wildeman, Etude de Systématique sur la flore du Bas et du Moyen Congo, 1, p. 31, pl. XVII, 4903: 4 Ph. van Tieghem, Sur les Phanéroqgumes à ovules sans nucelle formant le groupe des Innucellées ou Santalinées Bull. de la Soc. bot., XLIIE, p. 566, 1896). SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 393 voir, en publiant ce nom de famille dès 1896 (1). Cette opinion a été admise bientôt après, en 1897, du moins en ce qui con- cerne les deux premiers genres, seuls connus de lui, par M. Engler, qui a eru pouvoir, contrairement aux règles, changer ce nom en celui de Seytopétalacées (2). Mais, tandis que M. Pierre place cette famille à côté des Théacées, M. Engler préfère la classer à côté des Malvacées, tout en reconnaissant que cette situation ne lui parait pas définitive. L'étude de la conformation externe et de la structure de la tige, de la feuille, de la fleur, du fruit et de la graine dans les diverses espèces de ces quatre genres, que j'ai pu examiner toutes sur les exemplaires originaux, va nous permettre d'abord de démontrer que, ne pouvant être incorporés à aucune autre famille, ils sont bien les membres d'une famille autonome, puis de rechercher quelle place il convient d'attribuer à cette nou- velle famille dans la Classification. Pour mettre de l’ordre dans notre exposé, remarquons d'abord que, d'après linflorescence, dont les fleurs naissent Lantôt à l'extrémité des rameaux feuillés ou à laisselle de leurs feuilles, tantôt tardivement n'importe où el par voie endogène sur le tronc et les branches âgées, d’après la conformation de la corolle dans le bouton, tantôt sillonnée en long, tantôt sans sillons, d'après la déhiscence des anthères, tantôt longitudinale, tantôt poricide, d'après la conformation du pistil, dont les carpelles sont tantôt biovulés, tantôt multiovulés, et d'après le fruit, qui est tantôt toujours uniséminé à graine sans tunique, tantôt uniséminé ou pluriséminé à graines pourvues d’une tunique filamenteuse, les quatre genres se groupent, deux par deux, en deux tribus : les Owbanquiées et les Rhaptopé- talées. Dans la première, avec une grappe composée, une capsule loculicide et un albumen entier, c'est le genre Oubanguier:; avec une grappe simple, une drupe et un albumen ruminé, cest le genre Seytopétale. Dans la seconde, avec un ovaire supère, une capsule loculicide pluriséminée et un albumen enter, c’est le genre BrazZzeier ; avec un ovaire semi-infère, une (1) Loc. cit., p. 566, 1896. (@MLoc. cit., p. 242, 1897. 324 PH. VAN TIEGHEM drupe uniséminée et un albumen ruminé, c'est le genre Rhapto- pétale. Le tableau suivant résume cette caractérisation sommaire des quatre genres et leur groupement en deux tribus: terminales ou axillaires. \ Corolle sillonnée. Anthè- composée. Capsule loculi- res à déhiscence longitu-} 2 | cide. Albumen entier.... Oubanguier. dinale. Carpelles biovu- = lés. Fruit uniséminé. | HS Drupe. Albumen Graine sans tunique. ruminé 22-207. Ja Je ISCUIOPAGIE n OUBANGUIÉES. & Jendogènes sur les branches : ! ve ägées. Corolle sans sillons. ARR Capsule, RE Anthères à déhiscence p ET à Albumen Brazzeier. enr AL TEM MANN oporicide. Carpelles pluri- vulés. Fruit uni-ou pluri- séminé. Graine (uniquée. RIAPTOPÉTALEES. Ovaire semi-infère. Drupe unisé- ; ae minée. Albumen ruminé. Rhaptopétale. Aux quelques caractères différentiels externes mentionnés dans ce tableau, la suite de cette étude en ajoutera plusieurs autres, les uns tirés de la conformation extérieure, les autres de la structure, de manière à compléter la définition, seulement esquissée 1c1, des genres et des tribus. TRIBU DES OUBANGUIÉES Fleurs en grappe terminale et axillaire. Corolle sillonnées Anthères à déhiscence longitudinale. Pisül à carpelles biovuléss Fruit uniséminé. Graine sans tunique. 1. GENRE OUBANGUIER. Grappe composée à deux degrés. Capsule loculicide. Albus men entier. L. Type du genre. — Thollon à récolté, en mai 1889, au Congo français, au bord de lOubangui, des rameaux feuillés et * SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 329 J % florifères (sans numéro) d’un arbre que Baïllon à décrit l'année suivante comme type d’un genre nouveau, sous le nom d'Ouban- guier (Oubanguia) : c'est l'O. d'Afrique (0. africuna Ballon) (1). Comme point de départ, J'en transcris ici la description : « Les feuilles sont alternes, distiques, à peine pétiolées, lancéolées, acuminées, entières, coriaces et glabres. Les inflorescences sont des grappes lâches, composées, terminant les rameaux ou occupant l’aisselle des feuilles supérieures. Le calice coriace a la forme d’une petite cupule à bord entier. La corolle est formée de cinq à huit pétales valvaires. inégaux en largeur, sessiles, acuminés, avec une petite pointe rentrante au sommet. Les étamines sont très nombreuses et groupées en autant de faisceaux qu'il y a de pétales ; mais elles ne sont guère monadelphes et ne se trouvent unies que tout à fait à leur base. Les anthères sont courtes, biloculaires et introrses, L'ovaire, sessile au fond du calice, a la forme d'un petit dôme, que surmonte un style entier à sommet stig- matifère tronqué ; le nombre de ses loges est de trois à cinq, souvent quatre, et il ya dans chaque loge deux ovules collatéraux, descendants et anatropes. » Les échantillons n'en portant pas, le fruit et la graine devaient. nécessairement demeurer inconnus. Mais la description laisse bien d’autres lacunes, qui auraient pu facilement être comblées. Elle ne signale, en effet, ni la remarquable conformation du rameau, ni labsence de stipules, ni l'inégale largeur des deux moitiés du limbe à sa base, ni sa couleur. qui est pâle, ni sa nervation, qui est pennée avec nervures latérales visibles seule- ment en bas, espacées, remontantet s'unissant en arcades non loin du bord, ni sa dimension, qui mesure 9 à 10 centimètres de long, dont 15 millimètres pour la pointe qui le prolonge, sur 3 à 4 centimètres de large. Elle n'indique pas davantage n1 le degré de composition de la grappe, dont le pédoneule ne se ramifie que deux fois, mais dont les rameaux de second ordre portent une ou deux bractées attestant la possibilité d’une troi- sième ramification, ni la courte pubescence qui en couvre toutes les parties, ni la forme excavée du stigmate, ni le sens de l’anatropie des ovules qui, avant le raphé dorsal, sont épinastes. En outre, elle offre plusieurs inexactitudes. Le bord du limbe (1) Baiïllon, loc. cit., p. 869, 1890. 326 PH. VAN TIEGHEM n'est pas entier, mais faiblement crénelé; les pétales, dont le nombre n'est jamais de cinq, mais varie entre six et huit, ne sont pas libres et valvaires, mais concrescents tout du long: les élamines ne sont pas « groupées en autant de faisceaux qu'il y a de pélales », mais réparties uniformément autour de laxe. On reviendra plus loin sur tous ces points: il suffit iei d'avoir, autant que possible, en l'absence persistante du fruit et de la graine, complété et rectifié les caractères de celte espèce, qu est le tvpe du genre. Le P. Klaine a 2, Nombre et distinction externe des espèces. trouvé aux environs de Libreville, au Gabon, en 1900, des ra- meaux feullés, florifères en septembre (n° 40% et n° 1925), frucüifères en décembre (n°2042), d'un arbre de 12 à 15 mètres à fleurs jaunes. Comparée à l'O d'Afrique, cette plante se montre certai- nement du même genre. Mais elle v constitue une espèce bien distincte, notamment par ses feuilles un peu plus grandes, mesurant 10 à 12 centimètres de long sur 4 à 4,5 de large, moins brièvement péliolées, moins coriaces, plus ovales, plus vertes, à nervures latérales visibles en creux sur la face supé- rieure, par ses grappes plus longues et doublement compo- sées, à rameaux de troisième ordre dépourvus de bractées et par ses fleurs un peu plus grandes, Jaunes, à calice marqué de peliles dents blanches alternes aux pétales, à corolle non pointue au sommet dans le bouton, formée de pétales plus nombreux, variant de huit à douze, plus étroits, moins inégaux en largeur, séparés par de fines lignes blanches en saillie et non par des silons élargis au milieu en forme de boutonnières. Aussi est-ce seulement parce qu'il ne connaissait alors FO. d'Afrique que par la description de Baillon, citée plus haut, incomplète eLen plusieurs point erronée, comme on Fa vu, que M. Pierre, en étudiant la plante du P. Klaine, a cru y voir le type d'un genre nouveau, qu'il a nommé Égassée (£gassea), en appelant l'espèce É. laurifoliée (Æ. laurifolia Pierre). Publié en 1903 par M. De Wüildeman, comme il a été dit plus haut, ce senre doit donc être supprimé comme tel et relégué aux syno- nymes. Quant à l'espèce, elle sera nommée désormais 0. lauri- SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 327 folié (O. laurifolia (Pierre) v. T.). Par elle, puisque la des- cription qui en à été publiée comme Égassée s'étend à ces deux parties, on se trouve connaître maintenant le fruit et Ja graine des Oubanguiers, non encore observés jusqu'ici dans l'O. d'Afrique. Thollon a récolté à N'Djolé, au Congo francais, en dé- cembre 1895, sous le même n°32, des rameaux feuillés de deux arbres appartenant à ce genre el y constituant deux espèces, distinctes des deux précédentes et entre elles. Les uns, pourvus de fleurs, mais sans fruits, ont des feuilles assezgrandes, largement ovales, arrondies à la base, prolongées d'ordinaire en longue pointe au sommet, à bord muni de petites dents espacées, très coriaces, à nervures latérales à peine visibles en haut, mesurant 12 à 1% centimètres de long, dont 5 milli- mètres pour le pétiole et 12 à 15 millimètres pour la pointe, sur 6 centimètres de large. La grappe, aussi longue que la feuille, n'est composée qu'une seule fois, les branches de premier ordre ne portant que deux ou trois rameaux de second ordre ; mais, dans la région inférieure, plusieurs de ceux-ci ont une ou deux bractées, attestant la possibilité d’une troisième rami- fication. En un mot, la grappe est, comme dans l'O. d'Afrique, virtuellement composée à deux degrés, tandis qu'elle Fest réellement dans FO. laurifolié. Cà et là, sous une branche primaire, la bractée se développe en une petite feuille. La fleur, qui est jaune rouille, comme dans l'O. laurifolié, mais encore un peu plus grande, n'a pourtant que sept pétales, parfois six, de largeur très inégale, séparés dans le bouton par autant d’étroits sillons, comme dans l'O. d'Afrique. Le style, qui persiste sur l'ovaire, est plus long que dans FO. d'Afrique, mesurant 7 millimètres, au lieu de 4 millimètres. Par tous ces caractères, cette espèce se distingue nettement des deux premières : ce sera l'O. de Thollon (0. Tholloni v. T.). Les autres, pourvus à la fois de fleurs et de fruits, ont des feuilles beaucoup plus petites, ordinairement repliées en deux suivant la nervure médiane après dessiccation, mesurant seule- ment 4 à 6 centimètres de long sur 3 centimètres de large, à bord muni de petites dents plus aiguës et plus rapprochées. La grappe, moins rameuse, v est ordinairement simple, mais ses 328 PH. VAN TIEGHEM rameaux portent une ou deux bractées attestant la possibilité d'une seconde ramification. Les fruits sont rougeàtres, ovoïdes, surmontés par le style persistant, et mesurent 15 à 20 centi- mètres de large. Ce sera FO. denticulé (0. denticulata x. T.). Le P. Klaine à récolté aux environs de Libreville au Gabon, en octobre 190%, des rameaux feuillés etflorifères (n°3514) d’un arbre de 7 à 9 mètres à fleurs blanches, qui appartient au même genre, mais se distingue des quatre espèces précédentes, notamment par ses feuilles à bord presque entier, crénelé seu- lement vers le milieu de la longueur, où le réseau de nervures est tout entier visible sur la face supérieure, et qui sont de dimension très inégale, les plus grandes mesurant 10 centimètres sur # centimètres, les plus petites seulement 3 centimètres sur ! centimètre. La grappe est courte, ne dépassant pas 5 à 6 cen- limètres de long, et composée à un seul degré, les rameaux de second ordre étant groupés par deux ou trois à la base même des rameaux. primaires. Le bouton, pointu comme dans FO. d'Afrique, à de huit à dix pétales, séparés par autant d'étroits sillons. Ce sera l'O. de Klaine (0. Alainei v. T..). Enfin, M. Duchesne a récolté au Congo belge, en 1893, dans la région du Bas-Congo, des rameaux florifères d'un arbre que M. Engler à rapporté au genre Seytopétale et décrit, en 1903, sous le nom de Sc. de Duchesne (Se. Duchesnei Engler) (1). Je n'ai pas encore pu étudier cette plante; mais, bien qu'on n’en connaisse ni le fruit, ni la graine, d'après linflorescence, qui est une panicule, c'est-à-dire une grappe composée, et d'après le petit nombre des pétales, qui est de cinq, paraitAl, ce n’est certainement pas un Sevtopétale, mais bien un Oubanguier. Ce sera donc désormais F0. de Duchesne (0. Duchesnei (Engler) v. T.). Sile nombre des pétales y est réellement et constamment de eimq, par là cette espèce s'éloigne beaucoup de toutes les précédentes. C'est de ces six espèces, dont trois nouvelles et deux déjà décrites, mais attribuées à deux genres différents, que se compose pour le moment le genre Oubanguier et c'est d'après les échantillons originaux qui représentent les cinq premières 1) Engler, Scytopetalaceæ africanæ (Bot. Jahrbücher für Syst., XXXI, p. 101, 1903). _. SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 329 J= dans notre Herbier du Muséum que nous allons v étudier succes- sivement, d'abord la conformation externe et la structure de la tige et de la feuille, puis Porganisation de la fleur, du fruit et de la graine. 3. Conformaltion erlerne. — Ce sont des arbres, pouvant atteindre 15 mètres de hauteur, glabres dans tout le corps végé- tatif adulte, dont les rameaux, qui portent des feuilles isolées distiques, sont marqués tout du long et d’un seul côté de deux côtes rapprochées, laissant entre elles un sillon en forme de gouttère. L'une d'elles, celle de gauche, par exemple, se termine au bord droit d'un pétiole, tandis que l’autre, celle de droite, se prolonge sur lentre-nœud suivant pour se terminer au bord gauche du second pétiole, et ainsi de suite. En d’autres termes, si l'on veut, les feuilles sont décurrentes sur le rameau l'espace de deux entre-nœuds, mais chacune d'un côté seulement, qui est le côté droit pour l'une des séries, le côté gauche pour l’autre, en sorte que les deux arêtes de décurrence se trouvent rapprochées du même côté du rameau. Il résulte de cette disposition que la tige n’a, dans sa confor- mation externe, qu'un seul plan de symétrie, passant par l'axe et par le milieu du sillon, plan qui est perpendiculaire au plan médian commun des feuilles. En un mot, quoique dressée, elle est bilatérale. C'est déjà là un caractère singulier, dont on ne connait pas, que Je sache, d'autre exemple jusqu'à présent. I s'efface d'ailleurs peu à peu par le progrès de l'âge; à mesure que la tige s'épaissit, en effet, par le développement du pa- chyte, la saillie des côtes diminue et la forme devient cylin- drique. Les feuilles sont simples et sans stipules, très brièvement péliolées, à limbe ovale, atténué à la base, mais inégalement, la moitié décurrente étant constamment la plus étroite : d’où une dissymétrie de la feuille, en rapport avec la symétrie bilatérale de la tige. Le limbe est aussi atténué au sommet, où il se pro- longe brusquement par une pointe étroite, à extrémité tronquée où arrondie, pouvant atteindre 15 millimètres de long sur 2 millimètres de large. Il est penninerve, à bord plus ou moins nettement crénelé ou denté, à nervures latérales très espacées, 390 PH. VAN TIEGHEM remontant el s'unissant en arcades vers le bord, peu saillantes et visibles surtout en bas. Par rapport à la branche qui le porte, le rameau dispose ses feuilles dans le plan médian: en un mot, le distique v est longitudinal. Les deux arêtes et Ja gouttière qu'elles bordent sont donc situées latéralement sur le rameau, et c'est toujours du côté décurrent de la feuille mère, c'est-à-dire du côté où la branche elle-même porte ses deux arêtes el sa gouttière. De sorte que, si l’on regarde de face la gouttière de la branche, on voit du même coup les goutlières de tous ses rameaux de divers ordres et les côtés étroits de tous leurs Hmbes foliares. Si lon insiste un peu sur cette singulière conformation externe du corps végélalif des Oubanguiers, c'est qu'elle se retrouve exactement la même dans les trois autres genres et qu'elle constitue lun des caractères les plus remarquables et le plus facile à constater de la famille dont ils sont les membres. Existe-t-elle déjà dans la ge primaire à son début et dans les premières feuilles qu'elle porte ? Sinon, à quel moment fait-elle son apparition, soit dans cette tige primaire, soit dans ses branches successives? C'est une question qui ne pourra être complètement résolue que par l'étude de la plantule issue de Ta germination de la graine, étude qui n'a pas encore pu être faite jusqu'à présent. On reviendra tout à l'heure sur ce point, en étudiant lembrvon. On à vu plus haut dans quelles limites la forme et la dimen- sion de Ja feuille, ainsi que la visibilité de ses nervures latérales sur la face supérieure, se modifient suivant les espèces, que ces différences extérieures aident à caractériser. 4. Structure de la lige. Sous un épiderme glabre, dont les cellules ont leur face externe cutinisée hérissée de fines crêtes, l'écorce, peu épaisse, conserve minces et cellulosiques les mem branes de son assise externe: mais, dans toutesles autres assises, y compris l'endoderme, li plupart des cellules épaississent el henifient leurs membranessurles faces interne, latérales et trans- verses, en forme d'U, el beaucoup y produisent en même lemps chacune un cristal oclaédrique d'oxalate de calcium, enchàssé dans l'alvéole Hignifié. En un mot, il se fait ici un crislarque SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 391 occupant toute l'épaisseur de lPécorce, car dans l'exoderme lui- même on en trouve çà et là quelque cellule isolée. A intérieur de cet épais cristarque se trouvent pourtant réservées des cel- lules à parois minces el sans cristaux, demeurées vivantes, par l'intermédiaire desquelles peuvent S'opérer d'une part les échanges gazeux entre la stèle et latmosphère, de l'autre l'apport des matériaux nutritifs de la stèle à lépiderme et à l'exoderme, par lesquelles aussi peut se produire plus tard la dilatation progressive de l'écorce nécessitée par le dévelop- pement du pachyte. Ce sont les défauts nécessaires de lépaisse cuirasse protectrice. Suivant chacune des deux génératrices correspondant aux deux côtes unilatérales dont il a été question plus haut, écorce est plus épaisse et renferme un faisceau hbéroligneux norma- lement orienté, entouré d’un péridesme fibreux tout autour et &'un endoderme spécial, différencié comme lendoderme général en une assise de cristarque, en un mot une méristèle, dont nous verrons tout à l'heure l'origine et la destinée. La stèle à dansson péricyele un grand nombre d'ares fibreux rapprochés, à fibres faiblement lignifiées, la lignification Sv limitant d'ordinaire à la lamelle mitoyenne, séparés seulement l'un de Fautre par quelques cellules de parenchyme. Le Hiber secondaire, dont les rayons unisériés se dilatent plus tard et progressivement vers Fextérieuren forme d'éventail, produit de bonne heure dans ses étroits compartiments, en alternance avec les tubes criblés, de petits groupes de fibres très peu lignifiées, seulement dans leurs lamelles moyennes, dont le nombre aug- mente avec l’âge et qui y déterminent une stratificalion marquée. On y voit aussi des cellules à octaèdres. Le bois, pri- maire et secondaire, est normal, avec rayons unisériés, çà el là bi- ou trisériés, et parenchyme mêlé aux fibres dans les com- partiments. La moelle est hétérogène, formée de cellules plus grandes, hyalines, mélangées de cellules plus petites, contenant une matière brune; sans les épaissir notablement, elle lignifie de bonne heure les membranes de toutes ses cellules, dont quelques-unes, parmi les hyalines, renferment de gros octaèdres. Le périderme s'établit dans l'assise corticale externe ou exo- 332 PH. VAN TIEGHEM derme, demeurée dans ce but à parois minces, à l'exception de quelques rares cellulesisoléesde cristarque, au-dessous desquelles l'assise génératrice péridermique se complète en empruntant une cellule à la seconde assise corticale. De bonne heure bien développé, le phelloderme épaissit et lignifie, progressivement de dedans en dehors, les membranes de ses cellules sur les faces interne, latérales et transverses, en forme d'U, mais sans v produire d'octaèdres, par où il se distingue du cristarque sous- jacent. Une cuirasse secondaire s'ajoute ainsi à l'épaisse eui- rasse primaire pour protéger la stèle. La présence des deux méristèles corticales d'un seul côté de la stèle à pour résultat de rendre ensemble de la structure de la tige symétrique seulement par rapportau plan qui passe par axe et par le milieu de leur intervalle, lequel est déjà unique plan de symétrie de sa forme extérieure, comme on Fa vu plus haut. En un mot, la structure de la tige est bilatérale, comme sa forme. Suivant les espèces, la structure qu'on vient d'esquisser offre quelques différences. Simple dans l'O. d'Afrique et dans l'O. de Klaïne, l'épiderme allonge ses cellules suivant le rayon et les dédouble, par une mince cloison tangentielle, çà et là seulement dans FO. lauri- folié, également tout autour dans 0. de Thollon: dans ce dernier, ilse fait mème çà et là successivement deux ou trois cloisons tan- gentielles. On y observe aussi en divers points une mince cloison longitudinale, surtout dans la cellule externe. Il s'agit 1er, bien entendu, d'un véritable cloisonnement, donnant naissance à un épiderme composé, et non pas de cette apparence de cloison nement qui résulte, comme on sait, chez beaucoup de plantes tropicales, de la gélification de la face interne des cellules épi- dermiques. Le cristarque cortical est plus riche en octaèdres dans FO. au- rifolié que dans FO. d'Afrique et dans FO. de Thollon; il est moins développé dans FO. de Klaine que dans les autres espèces. Les arcs fibreux péricycliques sont plus larges et plus rappro- chés dans les O0. laurifoliés, de Thollon et de Klaine, plus étroits et plus séparés dans PO. d'Afrique. Les fibres du péricycle et celles du liber secondaire sont fortement lignifiées dans toute leur épaisseur chez l'O. de Thollon. SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 399 5. Structure de la feuille. — Les feuilles, on l'a vu, sont dis- tiques, et leur plan médian commun est perpendiculaire à l'unique plan de symétrie du rameau qui les porte. Chacune d'elles recoit de la stèle de la tige au nœud une très large méri- stèle en forme d'arc. Au-dessous du nœud, la méristèle corticale voisine s’est divi- sée d'abord en deux, puis en trois branches côte à côte. Aussitôt séparée, la large méristèle en arc détache de son bord de chaque côté un petit rameau, mais ces deux rameaux ont un sort différent. Celui du bord opposé à la gouttière demeure dans l'écorce, à côté de l'arc; l'autre s’unilt immédiatement à la branche la plus voisine de Ta méristèle corticale trifurquée. Après cette anastomose, toutes ces méristèles, la médiane très large, flanquée du côté opposé à la gouttière d'une seule petite latérale, du côté de la gouttière de trois petites latérales, passent ensemble dans le pétiole. Un peu plus haut, en même temps que se sépare la stèle du bourgeon axillaire, la stèle de la tige émet, au point correspondant à la méristéle corticale sortie, une nouvelle méristèle, qui la remplace en demeurant, comme elle, dans l'écorce, l'espace de deux entre-nœuds. L'insertion de la feuille sur la tige est donc dissymétrique, la méristèle la- térale du côté opposé à la gouttière se séparant de la médiane au nœud même, tandis que celle du côté de la gouttière à quitté la stèle deux entre-nœuds plus bas. C'est cette dissymétrie d'insertion interne, qui S'exprime au dehors par la décurrence unilatérale signalée plus haut (p. 329). Au nœud suivant, les choses se passent de même et c'est l'autre méristèle corticale qui entre, après s'être trifurquée et anastomosée avec la médiane, dans le bord de nom con- taire de la feuille correspondante. Puisqu'elles se rendent ainsi, tout entières et une à une, dans les feuilles successives, après avoir séjourné chacune dans l'écorce la longueur de deux entre- nœuds, les deux méristèles corticales de la tige sont donc foliaires. En entrant dans le pétiole, la méristèle latérale du côté opposé à la gouttière se trifurque, comme l’autre à fait déjà au-dessous du nœud, de sorte que, dès sa base, le pétiole à sept méristèles disposées en arc, la médiane très grande, flanquée à droite et à 334 PH. VAN TIEGHEM sauche de trois latérales très petites. La médiane se replie aus- sitôt en haut, et rejoint ses deux bords en une courbe fermée, où le péricyele renferme des arcs fibreux rapprochés, à fibres lignifiées d'ordinaire seulement dans leurs lamelles moyennes, et où la moelle lignifie ses membranes comme dans la tige. L'écorce qui, sous un épiderme glabre, entoure cet ensemble de méristèles, renferme, comme dans la tige, un cristarque à octaèdres diffus dans toute son épaisseur, depuis Fexoderme jusque dans lendoderme; comme dans la tige aussi, bon nom- bre des cellules épaissies en U ne renferment pas de cristal. Dans l'O. de Thollon, lescellules du cristarque sont assez souvent adossées deux à deux par leurs cupules lignifiées. Dans le limbe, dont les méristèles Tatérales du pétiole con- stituent les premières nervures latérales, la côte médiane offre, comme le pétiole, un épais cristarque diffus dans son écorce et une courbe méristélique fermée, où le péricycle forme une couche fibreuse continue, à fibres Hignifiées dans toute leur épaisseur. La lame à dans son épiderme, qui n’est pas gélifié, et dont les parois latérales sont faiblement ondulées, des sto- males sur les deux faces, beaucoup moins nombreux en haut qu'en bas, mais conformés de la même manière, qui est remar- quable. Les deux cellules stomatiques y sont bordées, en effet, d'un cadre de Lrois cellules annexes, deux plus grandes perpen- diculaires, la troisième, plus petite parallèle à la fente, et ces lrois cellules sont remplies d'un liquide violacé. Ensemble, elles forment, autour du stomate incolore, un anneau coloré. L'écorce est palissadique en haut, lacuneuse en bas, et renferme des selérites lignifiées et rameuses, rattachées çà et à aux fibres péridesmiques, qui se dirigent vers lépiderme, au-dessous duquel elles rampent plus ou moins loin, surtout en haut. Les méristèles y sont étroites el cloisonnantes, leur péridesme fibreux n'étant séparé de l'épiderme en haut et en bas que par une seule assise corlicale, différenciée en une bande de cris- larque à octaèdres. Celle structure du Himbe foliaire offre quelques différences d'une espèce à lautre. Simple et formé de cellules plates dans les O. d'Afrique, de Klaine et laurifolié, l'épiderme à ses cellules plus hautes et recloisonnées tangentiellement, et aussi çà et là SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 390 Jongitudinalement, dans PO. de Thollon, où il est, en outre, entièrement dépourvu de stomates sur la face supérieure. Dans l'O. d'Afrique et l'O. laurifolié, la couche lacuneuse de l'écorce, sans les épaissir, lignifie les membranes de bon nombre de ses cellules étoilées ; cette lignification est plus fréquente dans la seconde espèce que dans la première, tandis que, par contre, les selérites S'Y montrent moins nombreuses. 6. Organisation florale. — L'inflorescence est une grappe composée à deux degrés, à bractées mères distiques et caduques, terminale de la pousse feuillée et axillaire des feuilles supérieu- res de cette pousse. Dans FO. laurifolié, la grappe développe ses trois degrés de ramifications : les pédicelles latéraux y sont tous de troisième ordre et sans bractées propres. Dans les autres espèces, comme on Fa vu plus haut, la grappe ne ramifie qu'une seule fois ses branches de premier ordre; on pourrait donc la croire simplement composée; mais les branches de second ordre portent quelques bractées, qui attestent qu'elles sont capables de se ramifier une fois de plus, et que la grappe est, au moins virtuellement, composée à deux degrés. Le pédoncule, ses branches des deux ordres et les pédicelles sont couverts de poils courts, lesuns unicellulaires, les autres sub- divisés par quelques eloisons transverses. Cette pubescence cendrée commence brusquement au-dessus de la dernière feuille, et contraste avec la surface lisse de la tige jusqu'à ce niveau. Comme la tige, mais à un moindre degré, le pédoncule et ses branches de premier et de second ordre offrent deux côtes unilatérales, séparées par une rainure, et possèdent, dans leur écorce, une petite méristèle dans chacune de ces côtes: les bractées mères qu'ils portent en deux séries sont donc, comme les feuilles, mais beaucoup plus faiblement, décurrentes d'un seul côté. Au-dessus de leur dernière bractée mère, le pédoncule etses branches des deux ordres sont dépourvus à la fois de côtes et de méristèles corticales. La conformation externe et la structure y redeviennent normales et symétriques par rapport à l'axe. Il en est de même dans toute la longueur pour les ra- meaux de troisième ordre, quand ils se développent, c'est-à- 390 PH. VAN TIEGHEM dire pour les pédicelles proprement dits, qui sont dénués de bractées propres. Le calice est court, largement ouvert dèsle début, gamosépale dans toute salongueur et dans toute son épaisseur. I forme ainsi une pelite coupe coriace, à surface externe jaune, papilleuse et sans trace de sillons, à bord entier ou légèrement sinué, offrant parfois de très petites dents blanches, alternes avec les pétales. La corolle, qui dépasse longuement le calice, est aussi gamo- pétale dans toute sa longueur et forme dans le bouton, autour des parties internes, un étui complet et coriace. La face externe et jaune de cet étui, qui est papilleuse comme celle du calice, est marquée de lignes longitudinales blanchâtres, qui sont autant de sillons plus ou moins profonds, mais ne pénétrant que jusqu'à la moitié où au plus jusqu'aux trois quarts de son épaisseur, el permettant de compter le nombre des pétales concrescents, de largeur souvent très inégale, qui entrent dans sa constitution. I + en à de cinq à douze, et le nombre en est variable d'une fleur à l’autre dans la même espèce, mais entre des limites différentes suivant les espèces, comme il a été dit plus haut. Près du sommet, chaque pétale, dont l'extrémité est reployée vers le bas, porte sur sa face externe une petite corne indépendante de ses voisines et surmontée d'une touffe de poils; l'ensemble de ces appendices constitue une sorte de couronne externe. En coupe transversale, chaque pétale renferme, sui- vant sa largeur, un plus où moins grand nombre de méri= stèles, petites et rapprochées. Une pareille corolle ne peut S'ouvrir que par déchirure de sa couche interne continue, et, en effet, au moment de l'épa= nouissement, elle se déchire du sommet à la base, tantôt suivant tous les sillons, tantôt le long de certains d'entre eux seule- ment, séparant alors des lanières plus larges et moins nom= breuses que les pétales. Celle complète gamopétalie de la corolle et l'épanouissement par déchirure qui en est la conséquence nécessaire, ont également échappé à tous les auteurs précédents, notamment à Ballon, qui, dans l'O. d'Afrique, à décrit les pétales comme JHibres et valvaires (1), et à M. De Wildemans {) Baillon, loc. cit., p. 869, 1890. SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES FIL qui, dans FO. laurifolié, dit les pétales « valvaires » et « sub- connés » (1). Le calice, avons-nous dit, est dépourvue de sillons, mais lorsque son bord est muni de petites dents, elles sont en même nombre que les pétales et alternent avec eux. On est donc conduit à admettre que, dans tous les cas, il entre dans la com- position du calice exactement autant de sépales que la corolle comple de pétales, en un mot, que le calice et la corolle forment deux verticilles isomères et alternes. L'androcée se compose d'un grand nombre d'étamines, ré- parties également tout autour et disposées sur plusieurs cercles concentriques, cinq où six; les internes ont leurs filets plus courts, les autres de plus en plus longs vers l'extérieur. Toutes ont des anthères courtes, basifixes, à quatre sacs polliniques s'ouvrant en long, avee grains de pollen sphériques, munis de trois pores, ce quilesrend'un peu triangulaires. C'est done par erreurque Baillon a décrit les étamines de FO. d'Afrique comme « groupées en au- tant de faisceaux qu'il y à de pétales » (loc. cit., p. 869). La série des coupes longitudinales et transversales de la fleur montre que le calice, la corolle et landrocée demeurent d'abord unis à la base, après la séparation du pistil, en une cupule commune. Le calice s'en sépare le premier, laissant en dedans un tube qui renferme côte à côte de nombreuses méristèles, disposées en un seul cercle. Elles se dédoublent d'abord radia- lement et le cercle externe se sépare pour former la corolle, andis que le cercle interne forme un tube court qui est la base de l'androcée; dans ce tube, les nombreuses méristèeles se di- visent radialement à plusieurs reprises, cinq fois de suite, par exemple, pour former six cercles concentriques de méristèles, qui se rendent ensuite progressivement, de dedans en dehors, dans autant d'étamines séparées ; vu leur très grand nombre, qui peut dépasser 240, celles-ci sont serrées et comme collées ensemble tout du long, par leurs filets et par leurs anthères, dans l'étroite enceinte du bouton. Ainsi constitué, l'androcée se montre donc nettement méristémone et en même temps faiblement gamostémone à la base. I faut même remarquer que (1) De Wildeman, loc. cit., p. 31 et p. 32, 1903. ANN. SC. NAT. BOT., 9° série. 10 & 390 PH. VAN TIEGHEM ses méristèles ont, comme dans les Malvacées, par exemple, une origine commune avec celles de Ja corolle. Le pisul qui, dès la base, est libre d'adhérence avec les par- lies externes, qui est, en un mot, tout à fait supère, se compose de quatre carpelles dans les fleurs à huit pétales, de trois car- pelles dans les fleurs à six pétales, tantôt de quatre et tantôt de lrois carpelles dans les fleurs à sept pétales. HS sont fermés et concrescents tout du long en un ovaire à autant de loges com- plèles, à paroi externe {très épaisse, à cloisons très minces, surmonté d'un style unique plus long que lui, à extrémité stig- malique à peine renflée et légèrement excavée en coupe. L'épaisse paror externe de l'ovaire est formée de trois couches. L'externe, jaune en dehors, rouge en dedans, est constituée par des cellules isodiamétriques à paroi mince et renferme les méristèles dorsales des carpelles. La movenne, incolore, à déjà épaissi et lignifié la membrane d'un grand nombre de ses cellules isodiamétriques et plus tard se sclérifiera tout entière dans le péricarpe du fruit, L'interne, qui est la plus épaisse, incolore aussi, est composée de cellules isodiamétriques à membranes minces avec de nombreuses mâcles sphériques d'oxalate de calcium. Les minces cloisons sont unies par con- crescence dans la région centrale, qui renferme un cerele de méristèles imverses. Chaque loge renferme, attachés côte à côte vers le sommet de l'angle interne, deux ovules longs et minces, anatropes, pen- dants à raphé dorsal, épinastes par conséquent. La méristèle du raphé v remontesur la face ventrale Jusque vers le micropyle, en forme de boucle, Sur la coupe transversale, les deux ovules de chaque loge sont arqués l'un vers l'autre en forme de vir-" geule, sans doute par Peffelt de la dessiecalion. C'est seulement au sommet, au-dessus de Pinsertion des ovules, que les bords carpellaires, concrescents jusque-là, se séparent et que lovaire, lres rétrécr, devient uniloculaire, La loge unique se prolonge ensuite dans toute la longueur du style sous forme d'un canal étoilé, L'ovule à un nucelle très étroit, dont la paroi externe est complétement résorbée au moment de la formation de l'œuf, de manière que le prothalle femelle se trouve en contact direct SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 399 avec la face interne du tégument: en un mot, il est transpariété. Autour de ce nucelle transitoire se trouve un tégument unique assez épais, comptant une dizaine d'assises cellulaires, dont la plus externe, qui est l'épiderme extérieur, est formée de grandes cellules à contenu brun, et dont la plus interne, qui est l'épi- derme intérieur, est aussi fortement différenciée, formée de grandes cellules hyalines allongées radialement. La base étroite du nucelle disparu est occupée par quelques cellules à mem- brane lignifiée formant une très petite hypostase. L'ovule transpariété est donc unitegminé, comme chez la grande majorité des Gamopétales. Cette structure de Fovule est un fait important qui, joint au reste de Porganisation florale, notamment à la complète gamopétalie, nous sera plus tard d’un grand secours quand il s'agira de fixer la place que doit occuper, dans la Classification, la petite famille que nous étudions en ce moment. Ainsi consütuée, et pouvant être exprimée par la formule E=(mS)+{(mP)+{(nE) + Ê 2), où » est très grand et indéter- miné, la fleur ne subit, suivant les espèces, que de légères modifications, portant principalement sur le nombre, toujours le même, des sépales et des pétales, facile à compter sur la corolle dans le bouton, et sur le nombre toujours moitié moindre, des carpelles du pistil. L'un et l'autre sont, ilest vrai, variables suivantles fleurs dans lamêème espèce, mais les limites de leur variation changent d'une espèce à l'autre. Comme on l'a vu plus haut, le nombre des pétales varie entre cinq et sept dans l'O. de Thollon, entre six et huit dans FO. d'Afrique, entre huit et dix dans l'O. de Klaine, entre huit et douze dans l'O. laurifolié. 1. Fruit el graine. Le fruit, dont il se développe un plus ou moins grand nombre par grappe de fleurs, n’est connu que dans PO. laurifolié, par les échantillons du P. Klaine (n° 2042) el dans l'O. denticulé par ceux de Thollon (n° 32). Entouré à sa base par le calice persistant, mais non accru, dont ilse détache à la maturité, et terminé longtemps parle style également per- sistant, 1lest sec, sphérique ou ovoïde, mesurant 15 millimètres de diamètre dans la première espèce, 15 à 20 millimètres de 340 PH. VAN TIEGHEM long sur 10 à 12 millimètres de large dans la seconde. Il s'ouvre le long de la ligne dorsale des loges de l'ovaire en trois ou quatre valves, suivant le nombre de celles-ci, et met en liberté l'unique graine que d'ordinaire il renferme, tous les ovules avant avorté à l'exception d'un seul. En un mot, c'est une cap- sule loculicide monosperme (1). Le péricarpe est formé de trois couches, correspondant aux trois couches distinguées plus haut dans la paroi ovarienne. L'externe, mince, est un parenchyvme renfermant des cellules isolées de eristarque, ainsi que les méristèles médianes des carpelles : la moyenne est plus épaisse, fortement scléreuse dans toute son étendue, interrompue en face de ces méristèles mé- dianes ; linterne, plus épaisse encore, est un parenchyme renfermant des branches des méristèles carpellaires. La nature capsulaire du fruit et son mode de déhiscence pouvaient done être prévus d'après la structure de la paroi ovarienne. Cette remarque sera utilisée plus tard. La graine est sphérique, mesurant 10 millimètres de diamètre. Son tégument, quiest noir mat, chagriné, comme charbonneux, a son plan de symétrie accusé au dehors par une fine crête blanche qui en fait tout le tour; elle correspond au raphé, dont la méristèle remonte, comme dans lovule, du côté opposé Jus- qu'au micropvle, en forme de boucle. Il est formé par une couche de parenchyvme, dans laquelle la méristèle médiane envoie de nombreuses ramifications, revêtue d'un épiderme à grosses cellules rouge brun, dissociées latéralement et arrondies, à la façon de gros poils : d'où l'aspect pulvérulent de la surface. Il recouvre un volumineux albumen corné, d'un blanc d'ivoire, à contour externe circulaire, sans trace de rumination, formé vers la périphérie de cellules fortement allongées suivant le ravon, vers le centre de cellules isodiamétriques, toutes à membrane très épaisse et cellulosique. Cet albumen renferme suivant son axe un embrvon droit, à grosse et longue tigelle, portant deux larges et minces cotyles foliacées, appliquées l'une sur l'autre et phissées en long, phissement qui est plus prononcé dans l'O. denticulé que dans FO. laurifolié. Elles sont situées de 1) Une seule fois j'ai observé, dans une capsule d'O. laurifolié, deux graines hémisphériques, appliquées l'une contre l'autre par leurs faces planes. SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 341 part et d'autre du plan de symétrie du tégument. En un mot, l'embryon est macropode et accombant au raphé. Parfaitement evlindrique, sans trace de côtes, sa üigelle à une écorce homogène, sans méristèles, autour d'une large stèle, où deux faisceaux libéroligneux diamétralement opposés ont déjà quelques vaisseaux différenciés. Ce sont ceux qui, au nœud coty- laire, passent dans les cotyles. L’embryon n'offre donc aucune trace ni de cette symétrie bilatérale de la tige, ni de cette dis- symétrie d'insertion des feuilles, que l'on a constatées plus haut dans le corps végétatif adulte. Elles n'y apparaissent qu'au- dessus des cotyles, quelque part dans la tige épicotylée. Le mode de germination de la graine n’a pas encore pu être observé. On a dit (p. 330) tout l'intérêt qu'offrirait l'étude de la plantule qui en dérive, au point de vue de la date et du mode d'apparition de la singulière structure qui caractérise la plante adulte. 2. GENRE SCYTOPÉTALE. Grappe simple. Drupe. Albumen ruminé. 1. Type du genre. — Le P. Klaine à récolté aux environs de Libreville, au Gabon, d'abord en 1896, puis de nouveau à di- verses reprises en 1899, 1901 et 1903, des échantillons avec fleurs et fruits (n° 446) d'un arbre dont M. Pierre à faiten 1896 le type d'un genre nouveau, qu'il a nommé, à cause de ses pétales coriaces, Seytopétale (Scytopetalum) (1). D'après les dessins, les notes et les échantillons de son”’Herbier que lui à communiqués M. Pierre, M. Engler à publié en 1897, en l'ac- compagnant de figures, la description de ce genre (2). Je la transcris ici, comme point de départ : « Kelch flachschüsselformig, undeutlich gezähnt, fast ganzrandig. Blu- menblätter 6-7, linealisch, mit eingebogener Spitze und oberwärts eingebogenen Rändern, zusammenneigend und aneinander schliessend, zuletz ganz zurückgebogen. Staubblätter , in 4 bis mehr unregelmäs- (1) De 549505, cuir, et z:7akov, pétale (Bull. de la Soc. Linnéenne de Paris, 1896, p. 1266). (2) Engler, Natürl. Pflanzenfam., Nachträge zu H-LV, p. 2#t, fig. 51 a, 1897. 342 PH. VAN TIEGHEM sisen Kreisen am Grunde der Blumenblätter und auf dem scheibenfôr- migen Discus eingefügt; Staubfiden fadenfürmig, die der inneren Kreise gradweise kürzer ; Antheren am Grunde aufsitzend, linglich, oben ausgerandet, mit länglichen, sich berührenden und durch seitigen Lüängspalten sich 6ffnenden Thecis. Fruchknoten läinglich G-ficherig, in jedem Fach mit 2 vom Scheitel herabhängenden linealischen Samen- knospen mit dorsaler Raphe und nach oben gekehrter Mikropyle ; Grilïel cylindrisch mit 6 kurzen Narbenlappen. Steinfrucht länglich, mit sebr dünnen Sarcocarp, einsamig. Same mit zerklüfteten Nährgewebe, Embryo mit cylindrischem, nach oben gekehrtem Stimmchen und etwas kürzeren, rundlichen, gefalteten Keimblätter in der oberen Häülfte des Samens. — Baum mit abwechselnden, kurzgestielten, leder- arligen, länglichen oder länglich-eifürmigen, schmal und stumpf zug'e- spitztem Blätter mit 6-7 abstehenden Seitennerven. Blumen weiss, lang sestielt, in lockeren achselständigen Trauben. » Qu'il v ait, dans cette description, non seulement plusieurs lacunes à combler, mais encore plusieurs erreurs à corriger, notamment en ce qui concerne le nombre des pétales et leurs rapports dans la corolle, c'est ce qu'on verra plus loin. L'espèce tvpe du genre à été nommée par M. Pierre Sc. de Klaine (Se. Alainearium Pierre). Aucune description n'en à encore été publiée. C'est un arbre de 6 à 7 mètres, à feuilles brièvement pétolées, à limbe très coriace, ovale arrondi à la base, où les deux moi- liés sont un peu inégales, prolongé brusquement en une pointe au sommet, à bord ourlé vers le bas et très faiblement denté, paraissant entier, peuninerve à nervures latérales peu saillantes en bas, invisibles en haut, rugueux et comme chagriné sur les deux faces. Le limbe mesure S à 9 centimètres de long, dont { centimètre environ pour la pointe, sur 5 à 6 centimètres de large; le pétiole n'a que 5 millimètres de long. La grappe, aussi longue que la feuille, à de longs pédicelles pouvant atteindre et dépasser 3 centimètres: les boutons près de s'épas nouir mesurent 7 à S millimètres de long. Les fruits, ovales” atténués en cône au sommet, fusiformes, ont 2 centimètres de long sur 10 à 12 millimètres de large. 2, Nombre et distinction erterne des espèces. — Au Sc. de Klaine, seule espèce actuellement connue de ce genre, on peut en ajouter 1c1 trois autres. à « SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES J A] to Parmi les échantillons rapportés à cette espèce sous le même n° 446,1l en est un, récolté en fruits par le P. Klaine en juin 1900, qui lui ressemble par la longueur des pédicelles, mais s'en distingue par des feuilles pâles, blanchâätres, plus coriaces, plus larges et à pointe plus courte, presque arrondies, mesu- rant 10 centimètres de long sur 8 centimètres de large, et par des fruits plus gros, presque globuleux, mesurant 20 millimètres sur 18 millimètres. C'estune espèce distincte, que je nommerai Sc. latifolié (Se. latifolium v.T.). Dewèvre à récolté en janvier 1896, au Congo belge, à Wan- gala, des rameux fleuris (n° 666) d'un arbre nommé Boyo par les indigènes, que M. De Wildeman a rattaché au genre Ægassea et qu'il à décrit et figuré en 1903, sous le nom de Æ. Pierreanu, à la suite de F£. laurifolis de M. Pierre (1). Celui-ci est un Ou- banguier, comme on la vu plus haut (p. 326); celui-là, par tous ses caractères, bien qu'on n'en connaisse pas encore le fruit, notamment par sa grappe simple et non composée à deux degrés, appartient certainement au genre Seytopétale. Ce sera donc désormais le Se. de Pierre (Se. Pierreanum (De Wilde- man) v. L.). J'ai pu en étudier l'échantillon original. I diffère du Se. de Klaine non seulement par des feuilles plus petites, ne mesurant que 6 centimètres de long sur 2 centimètres de large, mais encore par des grappes plus courtes et plus grêles, dont les pédicelles n'ont que 5 millimètres et dont les boutons près de s'épanouir n'ont que 4 millimètres de long. Le P. Klaine a trouvé aux environs de Libreville, au Gabon, en 1898, 1899 et 1900 (n° 152-2P#ebren19027n2839%et n° 2945), des rameaux avec fleurs et fruits d'un arbre de 20 à 25 mètres que M. Pierre, dans son Herbier, à rattaché à son genre Seytopétale, comme espèce distincte, sous le nom de Sc. brévipède (Sr. breripes Pierre ms.), sans en avoir donné la deseription jusqu'à présent. I se distingue du Se. de Klaine par des feuilles un peu plus petites, mesurant 7 à 8 centimètres de long sur # centimètres de large, mais surtout par des grappes beaucoup plus courtes dont les pédicelles, progressivement renflés sous la fleur, ne dépassent pas 10 millimètres de long, (1) De Wildeman, Études sur la flore du Bas et du Moyen Congo, E, p:32, pl. XVII, 1903. 344% PH. VAN TIEGHEM les boutons qui les terminent n'avant que 5 millimètres: le fruit, plus court el plus gros, mesure 20 millimètres de long sur 5 millimètres de large. I diffère du Sc. de Pierre par des feuilles plus grandes et par des grappes plus courtes, à pédoncule et pédicelles plus gros. C'est à ces quatre espèces, dont deux nouvelles et une déjà décrite mais rapportée à un genre différent, et dont deux seulement sont connues dans toutes leurs parties, les fleurs manquant dans la seconde et les fruits dans la troisième, que se réduit pour le moment le genre Seytopétale. Je Les ai étudiées toutes sur les échantillons originaux. 3. Conformation erterne et structure de la tige et de la feuille. — Ce sont des arbres entièrement glabres, dont les rameaux, qui portent des feuilles isolées distiques, sont pourvus, comme chez les Oubanguiers, de deux côtes unilatérales, provenant de la décurrence également unilatérale des feuilles ; mais 1e1 ces côtes sont moins saillantes et plus tôt effacées par la croissance en épaisseur du rameau, qui devient bientôt evlindrique. Ce n'est qu'une différence de degré, mais qui permet pourtant de distinguer immédiatement les deux genres. Les feuilles sont simples et sans stipules, brièvement pé- liolées, à limbe ovale atténué à la base où les deux moitiés sont un peu inégales, la moitié décurrente étant la plus étroite, pro- longé brusquement en pointe au sommet, penninerve à bord ourlé et presque entier, à nervures latérales très peu visibles en bas, pas du tout en haut, à surface rugueuse et chagrinée en haut et en bas. L'épiderme de la tige jeune est formé de cellules étroites et allongées radialement, à cuticule hérissée de fines crêtes et qui de bonne heure se dédoublent çà et là par une cloison tangen- üielle. Il est pourvu de stomates situés chacun au fond d'une pelite crypte. L'écorce, assez mince, offre çà et là dans son assise externe, une cellule épaissie et lignifiée en forme d'U, renfermant un cristal octaédrique. Le cristarque est done ici exclusivement exodermique, mais il est très peu développé et manque dans bien des sections. Par contre, l'écorce a, dans toute son épais- SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 349 seur et jusque dans l'endoderme, un grand nombre de cellules à paroi uniformément épaissie et lignifiée, mais sans cristaux, tandis que les cellules intermédiaires à paroi mince contiennent çà et là un octaèdre. À son défaut presque complet, les deux fonctions simultanées du cristarque sont donc dévolues 1er sé- parément à deux sortes de cellules, la fonction protectrice aux cellules scléreuses, la fonction réfléchissante aux cellules cris- talligènes. Ainsi conformée, l'écorce renferme deux méristèles corticales, rapprochées d'un même côté par rapport au plan médian des feuilles, à faisceaux libéroligneux tournant leur bois lun vers l’autre, et dont la présence suffit à rendre la structure de la tige symétrique seulement par rapport au plan perpendi- culaire à ce plan médian: C'est donc sous ce rapport comme chez les Oubanguiers, avec cette seule différence que les méri- stèles corticales s'accusent ici moins fortement au dehors, les deux côtes y étant moins saillantes et séparées par une partie plane et non par une gouttière, comme il a été dt plus haut. La stèle est pareille à celle des Oubanguiers. Mèmes fibres périeyeliques, ici presque complètement réunies en un anneau continu et lignifiées dans toute leur épaisseur; même liber se- condaire stratifié par des fibres très peu lignifiées; mème bois secondaire avec rayons unisériés et parenchyme dans les com- partiments ; même moelle bientôt lignifiée. Le périderme se forme iei de très bonne heure, par la conti- nuation du cloisonnement tangentiel très précoce des cellules palissadiques de l'épiderme, avec un liège et un phelloderme à parois minces. Son origine épidermique explique la situation exodermique du cristarque, en même temps que sa précocilé en provoque la réduction presque complète. La feuille ne prend à la stèle de la tige au nœud qu'une seule très large méristele en arc, comprenant côte à côte neuf, onze et jusqu'à treize faisceaux libéroligneux distinets. Dans le Se. de Pierre, une fois séparée etant qu'elle reste dans l'écorce, cette méristèle ne détache pas une petite branche sur chaque bord, comme chez les Oubanguiers. Elle demeure entière et entre ainsi dans le pétiole, entrainant avec elle d'un côté la méristèle cor- üicale voisine, préalablement divisée en deux latéralement au- 340 PH. VAN TIEGHEM dessous du nœud. Un peu plus haut, après Le départ des fais- ceaux du bourgeon axillaire, el avant de se refermer, la stèle détache du bord correspondant de l'ouverture une méristèle, qui vient dans l'écorce prendre la place de la méristèle corticale passée dans la feuille. Dans le Se. de Klaine et dans le Sc. brévipède, la large méri- stèle, avant de se séparer fout à fait, détache de son bord opposé à la méristèle corticale une petite branche qui Faccompagne dans le péliole, en même temps que de l'autre côté v pénètre une méristèle corticale dédoublée, De à une ressemblance avec les Oubanguiers, mais qui n'est pas complète puisqu'il ne se fait pas ici de branche anastomotique entre la large méristèle el la méristèle corticale. En somme, l'insertion de la feuille, pour être un peu plus simple, n'en est pas moins tout aussi dissymétrique que chez les Oubanguiers, puisqu'elle prend au nœud même sa méristèle médiane et d'un côté seulement une méristèle corlicale qui à quitté la stèle deux entre-nœuds plus bas. Sa décurrence unila- térale reste plus cachée dans l'écorce else manifeste moins au dehors : c'est toute la différence. Dans les Se. de Klaine et brévipède, Fare médian avant d'en- trer dans le pétiole est déjà flanqué d'un côté de deux, de Pautre d'une seule méristèle latérale. Dans le Se. de Pierre, cette der- nièrenese détache de Pare médian qu'en passant dansle pétrole : ce m'est là qu'une légère différence. Partout, cette branche ne tarde pas à se diviser latéralement en deux, puis en trois: de sorte que désormais lv a, de chaque côté de l'arc médian, le même nombre de méristèles latérales el que toute trace de la dissymétrie primitive se trouve effacée. Considéré vers son sommet, à la naissance du limbe, le pétrole a, sous un épiderme palissadique comme celui de la Gige et dont certaines cellules çà et là se sont dédoublées par une cloison tangentielle, une écorce lantôt entièrement dépourvue de cris- larque et de cellules scléreuses, mais contenant des cristaux octaédriques (Se. de Klaine, brévipède), tantôt munie, en haut el sur les côtés, d'un cristarque formé de cellules isolées, dissé- minées dans loute son épaisseur (Se. de Pierre). Flanquée de chaque côté de trois petites méristèles latérales, la méristèle SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 347 médiane demeure ouverte, étalée, en forme d’are, presque plane, avec une couche fibreuse péridesmique au-dessus de son bois comme au-dessous de son liber, au lieu de se replover et de se fermer en anneau, comme dans les Oubanguiers. Ce caractère, qui persiste tout le Tong de Ta côte médiane du limbe, permetde distinguer aussitôt Les deux genres. Dans la lame, l’épiderme, dont les cellules étroites et pris- matiques ont leurs parois latérales rectilignes et se montrent çà et là dédoublées par une mince cloison tangentielle, à des sto- males sur les deux faces, beaucoup plus nombreux toutefois en bas qu'en haut, dans le Sc. de Pierre et le Se. brévipède: ils sont très rares en haut dans le Sc. de Klaine et y manquent tout à fait dans le Se. latifolié. IS sont conformés comme dans les Oubanguiers, avec un cadre de trois cellules annexes semblable- ment disposées, mais ici toutes incolores. Palissadique unisériée en haut, lacuneuse en bas, l'écorce renferme, dans les Se. de Klaine brévipède et latifolié, un grand nombre de sclérites rameuses, peu lignifiées, allant aux épidermes sous lesquels elles rampent plus ou moins loin, et les méristèles n'y sont pas cloi- sonnantes. Dans le Se. de Pierre, elles sont cloisonnantes et les compartiments corticaux qui les séparent sont presque dépour- vus de selérites. Partout, elles ont, en haut eten bas, un bande de cristarque à octaèdres, située dans l'endoderme chez les trois premières espèces, dans l'unique assise corticale dans la qua- trième. Dans le Se. de Klaine, M. Engler à déjà signalé, en 1897, la présence dans l'écorce de la tige de petits faisceaux Hibéroligneux, mais sans en indiquer ni le nombre, ni la disposition, niles rap- ports avec Les feuilles. Il a vu aussi les étroites couches fibreuses du liber secondaire de la tige. Enfin, il à constaté l'existence, dans l'écorce du limbe foliaire, de nombreuses sclérites, qu'avec tous les anatomistes allemands, depuis A. de Bary, il nomme des idioblastes (1). 4. Organisation de la fleur, du fruit et de la graine. — L'inflo- rescence est une grappe, à la fois terminale et axillaire, où les (4) Engler, loc. cit., p. 242, 1897. J48 PH. VAN TIEGHEM rameaux primaires sont toujours dépourvus non seulement de rameaux secondaires, mais de bractées mères de pareils rameaux, qui est done simple par essence el non pas composée plus où moins complètement à deux degrés, comme chez les Oubanguiers, ce qui permet de distinguer immédiatement les deuxgenres. Le pédoncule produit ses pédicelles à laisselle de petites brac- lées mères, distiques et caduques. Comme la tige, 1lest muni sur un de ses côtés de deux petites arêtes provenant de la décur- rence unilatérale des bractées mères. Comme elle aussi, il ren- ferme dans son écorce une méristèle dans chacune de ces arêtes. L'insertion de la bractée mère Sv opère done, en petit, comme celle de la feuille sur la tige. L’écorce + est d'ailleurs dépourvue de cristarque et de cellules seléreuses ; mais Fépi- derme produit un périderme, dont le liège sclérifie ses cellules également tout autour. Dépourvu de bractées propres, le pédicelle n'a pas non plus de côtes saillantes et son écorce, dénuée de cristarque et de cellules scléreuses, ne renferme pas de méristèles. La structure y reprend done sa symétrie axiale ordinaire. Il ne S'y fait pas de périderme. Pédoncules et pédicelles ont leur épiderme glabre, comme sur la tige, et non pas velu comme dans les Oubanguiers. La fleur est conformée, à de légères différences près, comme dans les Oubanguiers. Même calice persistant, court et cupuli- forme, gamosépale jusqu'au bord, quiest à peine sinué ou denti- culé. Même corolle gamopétale dans toute sa longueur, à pétales coriaces, concrescents seulement dans la moitié interne de leur épaisseur, munie par conséquent, sur sa face externe jaune, d'autant de lignes longitudinales correspondant aux sillons, qui permettent, 1e1 comme dans les Oubanguiers, d'en compter le nombre dans le bouton, mais qui sont toutefois moins nettes que chez les Oubanguiers. Dans chaque espèce, ce nombre varie de 12 à 16 suivant les fleurs, etilssont très étroits. A lépanouis- sement, la corolle se déchire en un certain nombre de lanières, comprenant chacune plusieurs pétales, en six ou sept lanières, par exemple, dans une fleur à 14 pétales de Se. de Klaine, La déchirure à lieu tantôt de haut en bas, les lanières restant SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 349 quelque temps attachées à la base (Sc. de Klaine, brévipède), tantôt {transversalement à la base, puis de bas en haut, la corolle tombant tout d'une pièce en forme de bonnet, puis de roue (Sc. de Pierre). Ici, comme dans les Oubanguiers, tous les auteurs, M. Pierre, M. Engler, M. De Wildeman, s'accordent à regarder cette corolle comme dialypétale à préfloraison valvaire, S'épanouissant par simple écartement des pétales, dont le nombre est tenu dès lors pour égal à celui des lanières. C’est par suite de cette erreurque, dans la description citée plus haut, M. Engler a attribué à ce genre une corolle à 6-7 pétales. Comme chez les Oubanguiers et pour la mème raison, le calice, dépourvu ici aussi de sillons. doit être considéré comme formé d'autant de sépales que la corolle compte de pétales. Calice et corolle ont d'ailleurs leur face externe glabre et non pas velue comme dans le genre précédent. Même androcée aussi, à nombreuses étamines réparties éga- lement tout autour, disposées en quatre cercles concentriques, unies de la même manière à la base les unes aux autres et à la corolle, à filets plus longs que les anthères, et de plusen plus longs vers l'extérieur, à anthères courtes, à quatre sacs pollini- ques S'ouvrant en long pour mettre en liberté les grains de pollen, qui sont sphériques à trois pores, ce qui les rend trian- gulaires. Même pisül enfin, supère, à carpelles fermés et concrescents dans toute leur longueur en un ovaire pluriloculaire surmonté d'un style unique, terminé ici par un stigmate renflé et plurilobé. Il y à 7 carpelles et l'ovaire est à 7 loges avec un stigmate à 7 lobes, quand la corolle à 1% pétales, ce qui est le cas le plus fréquent. Il y à 6 ou 8 carpelles et l'ovaire à autant de loges, avec un stigmate à autant de lobes, quand la corolle à 12 ou 16 pétales. Avec 13 ou 15 pétales, il + a dans le premier eas tantôt 6, tantôt 7 carpelles, dans le second tantôt 7, tantôt 8 carpelles. Iei done, comme dans les Oubanguiers, la fleur à dans son pisüil moitié autant de carpelles que de pétales dans sa corolle. Cette remarque sera utilisée plus tard. L'ovaire à une paroi externe très épaisse, différenciée nette- ment en deux couches: l’externe, rouge brun, contient les 390 PH. VAN TIEGHEM méristèles carpelluires: Pinterne, incolore, traversée suivant l& ligne médiane de chaque carpelle par une lame rayvonnante de cellules spéciales, deviendra plus tard le noyau du fruit. Les cloisons, alternativement renflées el amincies, comme bour- souflées, surtout en bas, sont unies par concrescence dans la région centrale, qui renferme un cercle de méristèles mverse- ment orientées. Vers le haut de chaque loge s'insérent côte à côte, sur le bord interne de la cloison, deux longs et minces ovules anatropes, pendants à raphé externe, épinastes par conséquent, conformés comme chez les Oubanguiers, e'est-à- dire transpariétés et unitegminés. Immédiatement au-dessus de l'insertion des ovules, les bords carpellaires se séparent au centre et l'ovaire + devient uniloculure. La cavité unique, ainsi consütuée au sommet, se continue ensuite tout le long du stvle, sous forme d'un canal étoilé à autant de branches que de carpelles. Le fruit, à la base duquel le calice cupuliforme persiste sans S'accroitre, est indéhiscent et ne renferme qu'une seule graine, tous les ovules avant avorté à l'exception d'un seul. [n'est pas encore connu dans le Se. de Pierre ; dans les autres espèces, il est ovale, plus où moins amineien cène au sommet, parfois étranglé au milieu, et mesure 20 à 25 millimètres de long sur 10 à 15 millimètres de large. Le péricarpe est formé de trois couches : l'externe, recouverte par lépiderme incolore, à des membranes minces el un contenu rouge ; la moyenne à aussi des membranes minces, mais un contenu incolore ou jaunàtre ; linterne, qui renferme aussi des méristèles carpellaires, a toutes ses membranes épaissies et lignifiées, en un mot est scléreuse. Les deux premières forment ensemble une pulpe rougeûtre, mince dans les Se. de Klaine et latifolié, plus épaisse dans le Sc. brévipède; la troisième constitue un noyau. Le fruit est done une drupe, comme on pouvait le prévoir d'après la structure de la paroi ovarienne. Le novau à une forme pvramidale, avec autantde pans que l'ovaire avait de loges, ordinairement 7 ou 8. Dans le Se. de Klaine, où la pulpe est mince, ces pans sont visibles à la sur- face du fruit après dessiccalion. Le long des arêtes, qui corres- pondent à la ligne médiane des carpelles el au dos desloges pri SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 3)! mitives, la couche scléreuse est interrompue dans toute son épaisseur par une bande de cellules à parois minces. Aussi voil- on parfois, après la maturité, notamment dans le Se, de Klaine, le noyau se fendre au sommetdans ces places en autant de lanières pointues, entrainant la déchirure de la pulpe et la déhiscence loculicide partielle du péricarpe. Appliquée contre la face interne du noyau, la graine offre d'un côté un large et profond sillon occupé par le raphé et qui accuse le plan de symétrie du tégument. Celui-ci, qui est rouge brun et formé de quatre ou cinG assises de cellules à parois minces, enfonce profondément vers lintérieur de nombreux replis dirigés en tous sens, au fond desquels se voient les méri- stèles produites par la ramification du raphé. C'est la plus grande résistance opposée par le réseau des méristèles à lac- croissement de la masse interne qui à provoqué les sillons correspondants. Sous ces replis, qui le divisent en un grand nombre de lobes irréguliers, se trouve un volumineux albumen corné incolore, formé de petites cellules isodiamétriques, à membranes cellulosiques extrêmement épaisses. Cet albumen est done, comme on dit, profondément ruminé. Suivant son axe, il renferme dans sa moitié supérieure un embryon droit à radicule supère, à hügelle où l'écorce est encore dépourvue de méristèles, à deux larges et minces cotxles foliacées, plissées en long, tout pareil à celui des Oubanguiers. Les cotyles étant situées de part et d'autre du plan de symétrie du tégument, l'embryon est, iei aussi, accombant au raphé. 5. Camparaison du genre Srytopétale avec le genre Oubanquier. — Tribu des Oubanquiées. :— Ainsi constitué, le genre Sevto- pétale diffère du genre Oubanguter et lui ressemble aussi par un ensemble de caractères qu'il convient maintenant de résumer. Dans le corps végétatif,1l S'en distingue par la moindre saillie des deux côtes sur les rameaux, la décurrence unilatérale des feuilles restant plus cachée dans l'épaisseur de Fécorce, par l'origine épidermique du périderme, par l'absence du cristarque cortical dans la tige, et par la non-fermeture de la large méri- stèle médiane dans le pétiole et dans la côte médiane du Hmbe. Dans la fleur, ils'en éloigne par le défaut de pubescence sur le 392 PH. VAN TIEGHEM pédoncule, les pédicelles et les boutons ; par le nombre plus grand des pétales et des carpelles, les seconds étant toujours moitié moins nombreux que les premiers, ainsi que par le stig- male lobé. Dans le fruit, il en diffère par la structure et lindéhiscence du péricarpe, qui en font une drupe. Dans la graine enfin, il s'en distingue par la profonde rumination de l'albumen. A côté de ces caractères différentiels, ces deux genres ont un certain nombre de traits communs, qui ne se retrouvent pas dans les deux autres genres et qui définissent la tribu qu'en- semble ils constituent: les Owbanquiées. C'est l'épiderme glabre dans toute l'étendue du corps végétatif, la présence de cellules scléreuses dans l'écorce de la tige et l'existence de stomates sur la face supérieure du Himbe. C'est Pinflorescence en grappe axillaire où terminale, là séparation externe des pétales dans la corolle, qui permet d'en compter le nombre et d'en déduire celui des sépales du calice, la déhiscence longitudinale des sacs polliniques de Panthère et la dualité des ovules dans chaque carpelle. C’est enfin le fruit, toujours uniséminé, et la graine, dépourvue de tunique. I TRIBU DES RHAPTOPÉTALÉES Fleurs endogènessur les branches âgées. Corolle sans sillons. Anthères à déhiscenee poricide. Pisül à carpelles pluriovulés. Fruit pluriséminé où uniséminé. Graine tuniquée. 9. GENRE BRAZZEIER. Ovaire supère. Capsule loculicide pluriséminée. Albumen entier. L. Type du genre. — Le genre Brazzoier (Prazzeia) a élé établi, en 1886, par Ballon pour une plante récoltée à Brazzaville, au Congo français, par Thollon (n°60%), au cours de l'exploration dirigée par P. Savorgnan de Brazza, à qui il l'a dédié : c'est SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES JD le B. du Congo (2. congoensis Ballon). J'en transeris ici la des- description (1) : «Ses organes de végétation ne nous sont pas entièrement connus ; nous savons seulement que c’est un bel arbuste haut de 4 mètres, à feuilles alternes, glabres et lancéolées, portant des fleurs blanches, insérées sur l'écorce de son trone, C'est la structure de ces fleurs qui présente le plus d'intérêt, « Elles sont régulières et hermaphrodites, avec un réceptacle eupuli- forme. Sur les bords de ce réceptacle s'insèrent un court calice à quatre dents et quatre pétales, oblongs, coriaces, à bords épais et valvaires. Lors de l’anthèse, ces pétales se réfléchissent fortement en dessous ; leur sommet peut alors arriver au contact du pédoncule. Légèrement périgvnique comme le périanthe, l’androcée est formé d'un grand nombre d'étamines à filets libres, à anthères dressées, allongées, tétra- gones, à deux loges qui s'ouvrent vers les bords par des fentes longitu- dinales. Le gynécée, inséré dans la concavité de la cupule réceptaculaire, à un ovaire généralement quadriloculaire, surmonté d'un style long et assez grèle, à extrémité stigmatifère capitée. Dans chaque loge ova- rienne se voit un placenta axile, qui supporte un grand nombre d'ovules. anatrépes et descendants. «Il y acàet là des variations dans le nombre des diverses parties de la fleur : le calice peut présenter cinq divisions ; la corolle trois pétales (ou bien deux des quatre pétales normaux peuvent demeurer unis en une seule pièce) et il v a des ovaires à trois ou einq loges. La même varia- üon s'observera done dans le fruit, qui est une capsule globuleuse, accompagnée à sa base du calice, à péricarpe mince, et déhiscente à partir du sommet en valves triangulaires. Une fois la déhiscence opérée, les graines se montrent, en petit nombre, réunies en une sphère com- mune, grâce à un duvet abondant qui les recouvre. Leur coupe longi- tudinale est réniforme et laisse apercevoir un abondant albumen bilamellé, dont la cavité donne place à un embryon allongé, à radicule obclaviforme et cotylédons ovales, minces, appliqués exactement l’un contre l’autre. «Sicette plante appartient, comme il semble, aux Tiliacées, nous avons sous les yeux un type de cette famille, généralement hypog vne, remar- quable par la légère périgynie de son périanthe et de son androcée. » C'est avec raison que Baillon n'a pas insisté sur l'appareil végélalif. Tel qu'il est actuellement conservé dans l'Herbier du Muséum et qu'il a été mis à ma disposition, l'échantillon type est, en effet, dépourvu de tige et consiste en deux feuilles (1) Baillon, Quelques nouveaux types de la flore du Congo (Bull. de la Soc. Linn. de Paris, p. 609, juillet 1886). ANN. SC. NAT. BOT., 9°$érie. 102) 394 PH. VAN TIEGHEM détachées et°en quatre fleurs également détachées, quelques autres fleurs el tous les fruits avant dù être sans doute sacri- liés pour l'étude. Heureusement, lorganisalion de la fleur et du fruit à été représentée par une série de dessins dus au cravon de Faguet et formant une planche conservée dans nos Collections. On à eu tort seulement d'y figurer aussi une des deux feuilles, car c'est par erreur que Ballon les à attribuées à sa plante. J'ai pu m'assurer qu'elles ne lui appartiennent pas. Elles renferment, en effet, dans le péliole et dans le Himbe, des canaux sécréleurs résinifères, dont Loutes les plantes que nous étudionsier sont entièrement dépourvues. Par là, ainsi que par leur mode différent de nervation, elles proviennent probable- ment de quelque Clusiacée. De sorte que Féchantillon {vpe du genre se réduit actuellement à quatre fleurs séparées. I n'a été possible pourtant de le compléter et d'achever ainsi l'étude de cette remarquable espèce. Thollon a récolté, en effet, deux ans plus tard, en avrilisss, aussi à Brazzaville, au Congo francais,un rameau feuillé et des fleurs (n° 962) d'un arbre de ce genre « commun en forêt ». Comparées à celles du B.du Congo, les fleurs se montrent de tout point identiques ; il faut donc admettre que ce second échan- üillon, que Ballon parait n'avoir pas connu, appartient à la même espèce. Le jeune rameau, où le Hège se fait de très bonne heure, est couvert d'une pubescence rousse. Isolées distiques, simples et sans stipules, les feuilles sont pétiolées, très brièvement et d'un seul côté, à limbe coriace, brunâtre par-dessus, roussätre par- dessous, ovale, faiblement atténué à la base où ses deux moi- Uiés sont un peu inégales, prolongé en pointe au sommet, pen- ninerve à nervures secondaires espacées, au nombre de trois ou quatre de chaque côté, peu visibles en haut, relevées et réunies en arcades vers le bord, qui estentier dans la moitié inférieure, mais muni de quelques petites dents espacées dans F1 moitié supérieure. Elles mesurent S°°,5 à 9 centimètres de long sur 4 centimètres à #%,5 de large ; nul du côté le plus étroit, le pétiole à un millimètre de long du côté le plus large. En ce qui concerne là fleur de cette espèce, 1 faut remarquer que Ja description de Ballon offre, non seulement des lacunes, SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 399 puisque ni le mode d'inflorescence, ni le sens de l'anatropie de l'ovule, ni l'origine du « duvet » qui recouvre la graine, nt là nature de l'albumen ne sontmentionnés, mais encore plusieurs inexactitudes. Ainsi, le calice n'a pas quatre dents, ni la corolle quatre pétales, libres et valvaires, pouvant se réduire à trois. Ainsi encore, lesanthères ne s'ouvrent pas sur les bords par des fentes longitudinales. On reviendra plus loin sur tousces points :1l suffit ici d'avoir complété la description du B. du Congo, c'est- à-dire de l'espèce type du genre. 2. Nombre et distinction externe des espèces. — Soyaux à récolté à la ferme de Sibange, au Gabon, en septembre 1880, des rameaux feuillés et des fleurs détachées de branches âgées (n° 130) d'un arbre que M. Oliver à rapporté à son genre Rhap- topélale et qu'il a décrit et figuré en 1883 sousle nom de Rh. de Sovaux (/èh. Soyaurii Oliver) (1). J'en transeris 1er la des- €ription : « Arborescens, ramulis ultimis gracilibus glabris, foliis ellipticis obtuse acuminatis denticulatis membranaceis glabris brevissime petiolatis, flo- ribus e trunco nascentibus fasciculatis breviter pedicellatis, staminibus pluriseriatis filamentis basi breviter coalitis antheris fere duplo lon- gioribus, ovario 5-7 loculare. « Rami lenticellati, fuscescentes. Folia 2-3 poll. longa, 1-1/2 poll. lata, basi rotundata, venulis primariis utrinque 3-6. Flores 1 1/4 poll. diam., glabri; pedicelli glabrati 2-3 lin. longi. Calyx patelliformis, margine crenato-undulatus. Petala basi brevissime coalita, ovato-oblonga, coria- cea, æstivatione valvata. Antheræ basifixæ, oblongæ, obtusæ, apice poris obliquis dehiscentes. Ovarium depresso-globosum, glabrum ; ovula ©, horizontalia vel pendula, anatropa. « | have not seen fruit nor seed ». Par les feuilles dentées, par les filets staminaux plus longs que les anthères, par l'ovaire supère et, ajoutons-le, bien que M. Oliver n'ait pas connu ces deux nouvelles différences, par son fruit, qui est une capsule loculicide et non une drupe, et par sa graine, où l'albumen est entier et non ruminé, cette plante s'éloigne trop du Rh. coriace pour pouvoir demeurer comprise «dans le même genre. Tousces caractères la rattachent, au con- (4) Oliver dans Hooker, Icones plantarum, XV, p. #, I. MCCCCV, 1883. 390 PH. VAN TIEGHEM traire, à côté de l'espèce précédente, au genre Brazzeier. Ce sera done désormais le B. de Soyaux (2. Soyauru (Oliver) Au PE I diffère du B. du Congo par ses feuilles membraneuses, quoique opaques, à nervures visibles sur les deux faces, en creux en haut, en relief en bas, à bord nettement denté tout du long, etplus petites, mesurant 5 à 6 centimètres de long, dont 1 centi- mètre environ pour la pointe, sur 2°%,5 à 3 centimètres de large. Il s'en distingue aussi par son calice non festonné et par sa corolle non pointue dans le bouton. M. Jolly a récolté près de Libreville, au Gabon, en 189%, des rameaux feuillés, accompagnés de fleurs et de fruits, d'un arbuste grimpant de 10 mètres de haut (n°50), nommé Aro/la par les pahouins. M. Pierre en à fait, en 1895, le type d'un senre nouveau Érvthropyxide (Ærythropyris), sous le nom d'É. grimpante (Æ. scandens Pierre). Ce genre, il la d'abord classé avec doute parmi les Stvracacées. Mais bientôt après, en 1896, en avant mieux connu la corolle et l'androcée, 11 Pa placé à côté des genres Rhaptopétale, Sevtopétale et Braz- zeler (1). L'étude de cette plante m'a montré que, par lous ses caractères, c'est purement et simplement un Brazzeier (1). Le genre Érvthropyxide doit done être Supprimé comme tel et passer aux synonymes, C'est seulement parce qu'il ne connais- sait à cette époque le genre Brazzeier que par là description sommaire et en plusieurs points inexacte de Ballon, citée plus haut, que M. Pierre à été conduit à cette création, Mieux informé, il y renonce aujourd'hui, comme en témoignent les notes de son Herbier. Par ses feuilles membraneuses à bord denté, cette plante ressemble plus au B.de Soyaux qu'au B. du Congo. Elle en différe pourtant, non seulement par ses rameaux grèles el flexueux et son port grimpant, mais encore par ses feuilles, qui ne sont pas seulementmembraneuses, mais encore translucides, à nervures opaques etsombres. C'est donc une espèce disünete, qu'on nommera désormais B. grimpant (B.scandens (Pierre) v. T. La capsule y est rouge, globuleuse, surmontée d'une 1) Pierre, Plantes du Galon Bull. de la Soc. Linn.de Paris, p. 1265 et p. 1266, juin 1896). SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 357 pointe, base persistante du style, à cinq ou six valves, el mesure environ 3 centimètres de diamètre. M. Engler à déjà remarqué, en 1903, que la plante de Sovaux doit être retirée du genre Rhaptopétale où Favait classée M. Oliver ; mais, ne connaissant pas le genre Brazzeier et tenant pour justifiée la création par M. Pierre du genre Érvthropyxide, c'est à ce genre qu'il l'a rapportée, sous le nom d'É. de Sovaux (E. Soyaurü (Oliver) Engler).[l a bien vu aussi, mais seulement d'après sa description, que l'É. grimpante de M. Pierre est très voisine del'É. de Sovaux, «sice n'est pas, dit-il, la mème plante », doute qu'il n'aurait probablement pas émis S'il avait pu com- parer les deux échantillons (1). 11 faut dire que le même doute règne dans l'esprit de M. Pierre, comme on le voit par les notes de son Herbier; mais pour lui, c'est parce qu'il ne connaît pas la plante de Soyaux. Au B. grimpant M. Engler rattache Parbuste dressé de ! mètre de haut dont M.Zenker à rapporté de Bipinde, au Cameroun, en novembre 1891, des rameaux feuillés et des fleurs (n° 1119). Je ne connais pas encore ces échantillons, mais comme M. Engler n'a pas pu les comparer à ceux de M. Pierre, il est permis de conserver quelque doute sur cette identification. Dewèvre a récolté, en novembre 1895 (no 469) eten mars 1896 (n° 808), au Congo belge, des échantillons avec fleurs et fruits dun arbre de 7 à 10 mètres que MM. De Wildeman et Durand ontrapporté au genre Rhaptopétale et décrit en 1901 sous le nom de R. de Eetveld (2. Eetreldianum De Wildeman et Durand) (2). Je n'ai pas encore pu étudier cette espèce, dont les auteurs ne disent pas si l'ovaire est supère ou semi-infère, n1si Palbumen y est entierou ruminé, deux caractèresqu'ilest pourtant nécessaire de connaître. Mais puisque les étamines v ont le filet beaucoup plus long que l'anthère, elle me parait devoir être séparée des Rhaptopétales et rattachée aux Brazzeiers. Ce serait done le B. de Eetveld (2. £etveldiana (De Wildeman et Durand) v.T). M. Engler a fait de son côté cette séparation, en 1903, mais en (1) Engler, Scytopetalaceæ africanæ (Bot. Jahrb. für Syst. XXXIE p. 103. 1903). (2) De Wildeman et Durand, Reliquiæ Dewevreanæ, |, p. #2, 1901. 398 PH. VAN TIEGHEM classant la plante, à côté de celle de Sovaux, dans le genre Érvthropyxide (1 Le P. Klaine à récolté aux environs de Libreville, au Gabon, de 1898 à 1901, des rameaux feuillés, accompagnés, soit de fleurs, soit de fruits, soit des deux à la fois, naissant sur des branches âgées, qui, par leurs feuilles membraneuses et dentées, ressemblent au B. de Sovaux et au B. grimpant, mais où une comparaison attentive reconnait plusieursespèces, disüinetes. des précédentes et entre elles. C'est d'abord « une liane à fleurs rougeàtres », trouvée en fleurs en octobre 1898 (n° 1340), ressemblant par son port au B. grimpant, mais S'en distinguant aussitôt par ses feuilles péliolées, à pétiole mesurant 3 à # millimètres, à Himbe moins transparent et faiblement denté. Elle S'en éloigne encore par son ovaire à six loges renfermant chacune deux séries dovules seulement el non pas quatre séries. Ce sera donc le B. bisérié (D. biseriata NX. T.). On n'en connait pas encore le fruit. C'est ensuite un arbuste dressé de 2 mètres de hauteur à fleurs roses, trouvé en fleurs en novembre 1900 (n° 2015), en fruits en juillet 1900 (n° 1893), en juin 1901 (n° 2247) et en Juillet 1901 (n° 2329), remarquable par ses feuilles subsessiles, semi- {ranslucides et faiblement dentées, par sa corolle longuement conique dans le bouton, S'ouvrant par déchirure en 2 ou 3 larges lanières seulement, par son ovaire sphérique à # ou 5 loges à ovules quadrisériés, et par sa capsule sphérique parfois à #, ordinairement à 5 valves, mesurant environ 2 centimètres de diamètre. Ce sera le B. rose (2. rosea \. T.). C'est enfin un arbuste plus grand, atteignant 6 à 8 mètres, également à fleurs roses, trouvé en fleurs en septembre 1898 (n° 1319), en fruits en décembre 1898 (n° 1319) et en no- vembre 1900 (n°2024). Il diffère du précédent par ses feuilles, qui sont péliolées, à limbe translucide et nettement denté, plus crandes, mesurant 8 à 11 centimètres de long sur # à 5 centi- mètres de large, mais surtout par son fruit, également à », rarement # ou 6 valves, mais qui est aminei en pointe au sommet et non sphérique, mesurant 2%,5 de long sur 2 centi- 1) Engler, loc. cit., p. 103, 1903. SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 399 mètres de large. Cette espèce a déjà été reconnue distincte par M. Pierre, qui Fa nommée dans son Herbier B. de Klamne (B. Klainei Pierre ms.). On lui conservera ce nom. Le P. Trilles à récolté au Gabon, en 1897, des rameaux feuillés, avec fruits sur les branches âgées (n° 10) d'un arbre de 15 à 20 mètres, croissant au bord des ruisseaux, nommé Obiaugian par les indigènes et « très recherché par eux comme médecine ». Par ses feuilles sessiles, translucides et dentées à longue pointe, 1l ressemble à plusieurs des espèces précé- dentes: mais de toutes ilse disüingue par son fruit, sphérique comme dans le B. rose, mais plus gros, mesurant 3 centimètres de diamètre, et S'ouvrant en 8 valves, parce que l'ovaire qui l'a formé avait 8 loges. M. Pierre à reconnu déjà l'autono- mie de cette espèce, qu'il a nommée, dans son Herbier, B. de Tuilles (2. Trillesiana Pierre ms.). M. Lecomte à trouvé à Pimbi, au Congo frauçais, en mars 189%, un petit arbre à fruits rouges attachés aux branches âgées (E. 114). C'est encore un Brazzeier, qui par ses fruits à 4 où » valves, amincis en pointe au sommet, ressemble au B. de Klaine, mais qui en diffère d'abord parce qu'ils sont plus gros, mesurant 3 centimètres à 3°%,5 de long sur 2,5 à 3 centi- mètres de large, ensuite parce que les feuilles sont brièvement pétiolées à limbe très faiblement denté. C'est une espèce dis- üncte, que je nommerai B. acuminé (2. acununata N. T.). M°° Leroy à récolté au Gabon, en 1895 (n° 14), un rameau feullé, avec fleurs et fruits insérés sur une branche âgée, d'un arbre du même genre, à fruit sphérique s'ouvrant en 5 valves, qui diffère du B. de Soyaux par ses feuilles pellucides et du B. rose par sa corolle brièvement conique dans le bouton. C’est encore une espèce nouvelle, que je nommerai B. pellucide (B. pellucida v.T.). En somme, le genre Brazzeier se trouve done composé pour le moment de ces dix espèces, toutes de l'Afrique tropicale occidentale, dont six nouvelles et trois déjà décrites, mais rap- portées à deux genres différents. A part le B. de Eetveld, j'ai pu les étudier toutes sur les échantillons originaux. 3. Conformalion externe et structure de la tige et de la feuille. 300 PH. VAN TIEGHEM — Ce sont des arbres où des arbustes, parfois grimpants, couverts dans le jeune âge d'une pubescence rousse, dont les rameaux, qui portent des feuilles isolées distiques, offrent d'un seul côté deux côtes longitudinales séparées par un large sillon, provenant de la décurrence unilatérale de ces feuilles. Tout ce qui à été dit à cet égard pour les Oubanguiers (p. 329) el pour les Seytopétales (p. 3%%) s'applique 161 exactement. La feuille ést simple, sans stipules, à Himbe ovale plus ou moins atlénué à la base, mais loujours inégalement des deux côtés, ce qui le rend dissymétrique, la moitié la plus étroite, qui est décurrente, descendant plus bas que l'autre, quine Fest pas. Il est ordinairement sessile du côté le plus étroit, pétiolé sur une longueur de un millimètre environ du côté le plus large, rarement péliolé des deux côtés sur une longueur de 3 où # milli= mètres (B. bisérié, de Klaine). Il est atténué au sommet, oùilse prolonge en une pointe plus ou moins longue, pouvant atteimdre 10 à 15 millimètres. Son bord est toujours denté, quelquefois très faiblement au point de paraitre d'abord entier (B. du Congo, acuminé). Il est tantôt coriace (B. du Congo), tantôt membraneux (B. de Sovaux, etc.), souvent même translucide B. grimpant, pellucide, de Klaine, etc.). Sa nervalion est pennée, à nervures latérales distantes et peu nombreuses, remontant et s'unissant en arcades non loin du bord, visibles sur les deux faces, en saillie en bas, en creux en haut, moins apparentes en haut lorsqu'il est coriace (B. du Congo). Sa dimension, assez peu variable suivant les espèces, oscille entre 5 et 10 centimètres de long sur 2 à 4 centimètres de large. L'épiderme de la jeune Uge prolonge bon nombre de ses cellules en poils courts, unicellulaires, à membrane bientôt épaissie et lignifiée : d'où la pubescenee rousse signalée plus haut; les cellules qui ne se développent pas en poils épais- sissent aussi et Hignifient leur face externe. L'écorce est très peu épaisse, réduite à quatre assises de cellules à parois min- ces, dont quelques-unes renferment des cristaux octatdriques; excepté Loutefois le long de chacune des déux côtes où, s'épais- sissant davantage, elle renferme une méristèle à faisceau ltbéro- ligneux normalement orienté, ou plus exactement tournant son bois vers son congénère, entouré d'un péridesme fibreux, SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 361 à fibres lignifiées seulement dans la lame mitoyenne. L'écorce n'a done ici ni cristarque, comme chez les Oubanguiers, n1 cel- lules scléreuses, comme dans les Seytopétales. La stèle a son péricyele différencié en larges et minces ares fibreux, à fibres lignifiées seulement dans la lame mitoyenne, séparés par quelques cellules de parenchyme, qui s'élargissent plus tard en écartant davantage les ares fibreux. Le liber secon- daire, où les rayons unisériés se dilatent en éventail vers Pex- térieur et renferment des octaèdres, à ses compartiments for- més d'une alternance d'assises de lubes criblés et d'assises fibreuses à fibres peu lignifiées ; en un mot, 1l est stratifié. Le bois secondaire, divisé par des rayons 1-3 sériés, a ses compar- timents formés, entre les vaisseaux, par un mélange de fibres lignifiées et de cellules de parenchyme à membranes non ligni- fiées, où ces deux éléments alternent çà et là très régulièrement. Sans les épaissir notablement, la moelle lignifie de bonne heure les membranes de ses cellules. Malgré ses poils, c'est l'épiderme qui engendre de très bonne heure le périderme. L'assise externe du liège, formée par les calottes externes lignifiées des cellules épidermiques, çà et là prolongées en poils scléreux, à ses éléments aplatis; la seconde assise, au contraire, el les suivantes sont formées de grandes cellules à section carrée, qui conservent minces leurs parois subérisées. Le phelloderme se réduit longtemps à une seule assise. C’est peut-être l'extrême précocité de ce périderme qui explique ici l'absence de cristarque et de cellules scléreuses dans l'écorce. Ainsi constituée, la structure de la tige n'est, comme sa forme, symétrique que par rapport à un seul plan, qui passe par axe et par le milieu de lintervalle entre les deux méristèles corti- cales. En un mot, elle est bilatérale, de la même manière et pour la même raison que chez les Oubanguiées. Les feuilles ÿ sont insérées de façon que leur plan médian commun soit perpendiculaire à ce plan de symétrie. Chacune recoit de la stèle au nœud une large méristèle en are. En sé détachant, celle-ci sépare de son bord voisin du sillon, une petite branche qui s'unit aussitôt avec la méristèle corticale voisine demeurée indivise. Un peu plus haut, son bord opposé sépare 302 PH. VAN TIEGHEM aussi une pelite branche, qui demeure à côté d'elle, puis le tout passe dans la feuille, dont la base possède ainsi au milieu une large méristèle et de chaque côté une méristèle plus petite. Après le départ, la stèle de la tige détache, au point correspon- dant à la méristèle corticale sortie, une petite méristèle qui en prend la place dans l'écorce, où elle chemine ensuite la lon- eueur de deux entre-nœuds avant de sortir à son tour dans la feuille superposée. En un mot, linsertion de la feuille, dissymé- lrique en dedans comme en dehors, s'opère ici exactement comme il a été dit plus haut chez les Oubanguiers. Dans le pétiole, Fépiderme, tantôt muni sur la face inférieure de papilles (B. de Klaine, grimpant, rose, ete.) ou de poils (B. acuminé, etc.), tantôt glabre (B. du Congo), renferme dans la plupart de ses cellules une substance sécrétée particulière, fortement colorée en rouge par le carmin. L'écorce, formée out entière de cellules à membranes cellulosiques, contient d'ordinaire des cristaux octaédriques, parfois aussi des màcles (B. de Klaine, grimpant). Ouverte en arc à la base même, la large méristèle médiane se reploie aussitôt vers le haut et réunit ses bords en une courbe fermée, qui se continue ainsi dans toute la côle médiane du limbe, comme chez les Oubanguiers, au lieu de rester plane, comme chez les Sevtopétales. Dans le limbe, à part les méristèles latérales passées dans la lame à la base, la côte médiane est conformée comme le pé- liole, avec un épiderme inférieur papilleux, velu ou glabre, sui- vant les espèces. La lame à son épiderme formé de grandes cellules bombées en dedans, dont un plus où moins grand nombre, surtout en haut, sécrètent cette substance colorée fortement par le carmin qu'on à signalée déjà dans le pétiole: leurs parois latérales sont ondulées. En haut, il est dépourvu de stomales, qui sont localisés sur la face inférieure. Is ont la mème structure que chez les Oubanguiées, c'est-à-dire qu'ils sont entourés d'un cadre de trois cellules annexes, deux plus grandes perpendiculaires et une plus petite parallèle à la fente: mais 161, celte dernière seule renferme la substance violette que loutes les {rois possèdent chez les Oubanguiers et dont toutes les trois sont dépourvues chez les Seytopétales : d'ou, sous ce SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 303 rapport, une transition remarquable entre ces deux genres. Tantôt faiblement palissadique en haut (B. du Congo, rose, de Sovaux), tantôt pas du fout (B. pellucide, grimpant, de Klaine, ete.), l'écorce est mince et renferme un grand nombre de selérites filiformes, très faiblement ou pas du tout Hignifiées, rampant sous l’assise palissadique quand elle existe (B. du Congo, rose, de Soyaux). Les méristèles y sont pelites, non cloi- sonnantes, avec fibres péridesmiques peu ou point lignifiées. 4. Organisation de la fleur, du fruit et de la graine. — Les fleurs ne se développent pas ici, comme dans les Oubanguiées, à l'extrémité du rameau feuillé et à laisselle de ses feuilles supérieures; elles naissent tardivement sur le tronc etles bran- ches âgées, en des points quelconques sans rapport avec les feuilles tombées et par voie endogène. Produit dans la région interne du liber secondaire, le bourgeon floral endogène doit percer successivement la zone externe de la stèle, l'écorce et le périderme pour paraitre au dehors. Avant de se terminer par une fleur, le pédoncule produit sur ses flancs, vers sa base, quelques bractées distiques, qui tantôtdemeurent toutesstériles, et l'inflorescence est solitaire, tantôt forment à leur aisselle un ou quelques pédicelles secondaires, eux-mêmes dépourvus de bractées et terminés chacun par une fleur, et linflores- cence est une courte grappe simple, ombelliforme et pauciflore. Dans tous les cas, on peut dire que linflorescence est, tantôt virtuellement, tantôt réellement, une grappe simple, ressem- blant ainsi à celle des Seytopétales. Le pédoneule primaire, considéré au-dessus de sa dernière bractée, ou l'un de ses rameaux, considéré dans loute sa lon- eueur, le pédicelle floral, en un mot, à son écorce dépourvue de côtes en dehors et de méristèles en dedans: il possède donc la symétrie axiale ordinaire. L'épiderme y est, comme dans la tige, muni de papilles et de poils courts unicellulaires. Le calice est gamosépale, court, cupuliforme, largement ou- vert dès le début et persistant. Le plus souvent, la concrescence règne dans toute la longueur, le bord de la coupe est entier et rien n'indique le nombre des sépales qui entrent dans sa constitution. Quelquefois pourtant, elle n'atteint pas Île 30% PH. VAN TIEGHEM sommet, le bord de la coupe est festonné et le nombre des festons accuse celui des sépales; 11 4 a, par exemple, ordinai- rement dix festons dans le B. du Congo. La corolle, qui dépasse beaucoup le calice et protège seule les parties internes dans le bouton, est épaisse et coriace, con- sistance qu'elle doit à ce que toutes les cellules de son écorce ont leurs membranes fortement épaissies dans les angles, en un mot sont du collenchyme. Elle est gamopétale et Ia con- crescence s'étend ici, non seulement à toute la longueur des pétales, jusqu'à leur pointe extrême, mais encore à toute leur épaisseur, d'un épiderme à l'autre, de sorte qu'il n'y à 1e1 sur la face externe ni lignes longitudinales, ni sillons permettant de compter dans le bouton le nombre des pétales constitutifs, comme cela à toujours lieu chez les Oubanguiées. Dans ce bonnet conique homogène, pas plus que dans la cupule du calice à bord entier, il n'est possible d'estimer le nombre des feuilles constitutives d'après l'étude de Ia section transversale, ant les petites méristèles, dont il + a plusieurs pour chaque feuille, + sont nombreuses et rapprochées, comme on Pa vu plus haut chez les Oubanguiées (p. 336) Quand le calice est festonné, on peut admettre, ilest vrai, dans la corolle, autant de pétales que de festons, dix par exemple dans La fleur du B. du Congo, citée plus haut. Mais lorsque le calice est entier, et c'est le cas le plus fréquent, cette ressource fait défaut et la question demeurerait, pour les deux verticilles, également indécise, s'il n'y avait, comme on le verra tout à l'heure, une autre manière de la résoudre. À plus forte raison encore que chez les Oubanguiées, une telle corolle ne peut s'épanouir que par déchirure. Celle-ci s'opère parfois cireulairement à la base même et le bonnet se détache tout d'une pièce; le plus souvent, elle s'opère longi- tudinalement de haut en bas à partir du sommet, en séparant des lanières, au nombre de deux à cinq, d'autant plus larges qu'elles sontmoins nombreuses, composées chacune de plusieurs pétales, qui s'étalent en se recourbant vers le bas et finalement se détachent à la base. Ici, comme chez les Oubanguices, tous les auteurs ont admis que les pétales sont libres et valvaires, ne faisant que se SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 302 séparer au moment de l'épanouissement, ce qui les à conduits à regarder chaque lanière comme un simple pétale et à attribuer en conséquence à la corolle de ces plantes un nombre de pétales beaucoup plus petit qu'il n'est en réalité, C'est ainsi que Baillon a donné trois ou quatre pétales au B. du Congo, M. Oliver, et tout récemment encore M. Engler, cinq pétales au B. de Soyaux, MM. De Wildeman et Durand quatre pétales au B. de Eetveld. Seul, M. Pierre paraît avoir vu plus exactement les choses dans le B. grimpant: « La corollé, dital, en forme de dé à coudre, très charnue, est entière... Elle tombe d’une seule pièce » (Loc. cit., p. 1266, 1896). Plus complète encore iei que chez les Oubanguiées, puisque la concrescence porte sur toute l'épaisseur des pétales, celte ga- mopétalie est un fait important, qui devra être pris en grande considération plus tard, quand il s'agira de rechercher la place que ces plantes dorvent occuper dans la Classification. L'androcée se compose d’un grand nombre d'étamines, égale- ment réparties tout autour et disposées d'ordinaire en quatre cercles concentriques. Chacune d'elles à un filet grèle plus long que Panthère, qui est basifixe, étroite, à quatre sacs polliniques S'ouvrant au sommet par deux larges pores obliques: quelque- fois, les sacs dépassent un peu le connectif et Panthère est bifurquée au sommet (B. du Congo); le plus souvent c'est, au contraire, le connectif qui dépasse un peu les sacs et elle est pointue au sommet (B. grimpant, de Soyaux, etc.). Comme il arrive fréquemment dans les anthères poricides, lassise externe de l'écorce qui entoure les sacs polliniques ne prend pas de bandes d'épaississement: en un mot, il n’y à pas d'assise méca- nique. Les grains de pollen sont sphériques à trois pores, ce qui les rend un peu (riangulaires. C'est done par erreur que Ballon a attribué aux anthères du B. du Congo une déhiscence longitudinale, tandis que M. Oliver avait, trois ans plus tôt, reconnu la déhiscence poricide dans le B. de Sovaux. La série des coupestransversales et longitudinales, pratiquées dans la base de la fleur à l'état de bouton prêt à s'épanouir, montre que la stèle du pédicelle, en se dilatant, produit quatre cercles concentriques de nombreuses méristèles, destinés res- pectivement, de dehors en dedans, au calice, à la corolle, à lan- 366 PH. VAN TIEGHEM drocée et au pisül; après quoi, les quatre verticilles se séparent presque en même temps, sous forme d'autant d'anneaux. Dans le lroisième anneau, les méristèles ne tardent pas à se diviser chacune radialement à trois reprises, de manière à former quatre cercles concentriques: puis s'opère progressivement, de dedans en dehors, la séparation de loutes ces méristèles dans autant de filets stanimaux inégaux, les plus longs en dedans, les plus courts en dehors, terminés par autant d'anthères, serrées côte à côte el accolées dans létroite enceinte du bouton. Les nom- breuses élamines procèdent donc de ramification et sont con- crescentes à la base; en un mot, l'androcée est méristémone et légèrement gamostémone, comme chez les Oubanguiées; mais ici, l'androcée n'est pas concrescent à la corolle à la base et linégalité de longueur des étamines S'v produit en sens inverse. Faiblement concrescent à la base avec les trois verticilles externes, mais supère en somme, le pisül est formé de carpelles fermés et concrescents dans toute leur longueur en un ovaire pluriloculaire, surmonté d'un style plus long que lui, terminé par un renflement stigmatique lobé. Variable d'une fleur à l’autre dans la même espèce, le nombre des carpelles et des loges oscille entre trois et huit comme Himites extrêmes : 1l est ordinairement de cinq, pouvant s'abaisser à quatre ou s'élever à six. Dans les espèces à calice festonné, le nombre des loges est moitié de celui des festons, cinq par exemple, dans la fleur à dix festons au calice du B. du Congo, citée plus haut. Si lon se rappelle que, dans les Oubanguiées aussi, le nombre des carpelles est moitié de celui des pétales et des sépales, on en conclura que, pour connaitre le nombre des sépales et des pétales d'une fleur à calice entier, il suffit de doubler le nombre des loges de son ovaire. S'il v en a cinq, comme le plus souvent, il faut attribuer dix sépales au calice et autant de pétales à la corolle. S'il y en à huit, comme dans le B. de Trilles, il faut compter seize sépales el autant de pétales. Le problème posé tout à l'heure se trouve ainsi indirectement résolu. On en conclut, par exemple, que dans le B. du Congo, qui a trois à cinq carpelles, 11 4 à six à dix pétales, et non trois ou quatre suivant Baillon: que dans le B. de Sovaux, il v à SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 3071 dix à quatorze pétales, et non cinq d'après M. Oliver el M. Engler ; que dans le B. de Eetveld, qui à aussi cinq à sept carpelles, 11 v a aussi dix à quatorze pétales, et non quatre suivant MM. De Wildeman et Durand. L'ovaire a une paroi externe très épaisse el des cloisons minces unies par concrescence au centre, où se trouve un cercle de méristèles inverses ; mais celle concrescence cesse vers le milieu de la hauteur. Là, les cloisons se séparent, entraînant chacune dans son bord une des méristèles, mais restent néanmoins rap- prochées; de sorte que, siles carpelles sont maintenant en réa- lité ouverts et si l'ovaire est devenu par là uniloculaire, 1 n'en reste pas moins partagé en autant de compartiments qu'il à de loges plus bas. C'est l'exagération du fait constaté déjà chez les Oubanguiées, mais au sommet de l'ovaire seulement, au-dessus de l'insertion des deux ovules. La paroi externe de l'ovaire offre, vers le milieu de son épais- seur, une assise de cellules remarquablement différenciées. Elles sont très courtes et très fortement allongées suivant le ravon, à bout externe arrondi, à bout interne pointu, à membrane fortement épassie et lignifiée. En dedans comme en dehors, l'écorce renferme des méristèles. Bien que tout autrement con- formée, cette assise scléreuse correspond à la couche scléreuse signalée plus haut (p. 338) dans l'ovaire des Oubanguiers, et annonce un fruit de même sorte. Pour permettre la dilatation ultérieure de Ta paroi ovarienne, elle conserve, 1e1 aussi, çà et là quelques cellules à membranes minces, demeurées vivantes, qui s'accroissent, se cloisonnent et ne se selérifient qu à la fin dans le péricarpe mür. Stériles dans leur région inférieure, les bords carpellaires portent chacun, à partir d'une certaine hauteur, mais dès avant leur séparation, côte à côte deux séries longitudinales d'ovules, qui s'y continuent ensuite au-dessus de leur séparation. Les ovules forment donc, à l'angle interne de chaque loge, quatre séries et plus haut, dans la région uniloculaire, sur le bord libre et épaissi de chaque cloison, aussi quatre séries continuant Îles premières. On en comple souvent six superposés dans chaque série. IL v à pourtant des espèces, comme le B. bisérié, qui doit son nom à cette disposition, où chaque bord carpellaire ne porte 308 PH. VAN TIEGHEM qu'une seule série d'ovules, qui sont bisériés dans chaque loge et au bord bre de chaque cloison. Ainsi insérés, en placentation axile tout du long, les ovules sont anatropes, pendants, à raphé dorsal, épinastes par consé- quent, comme chezles Oubanguiées. Is ont aussi la même struc- Lure que dans cette tribu, c’est-à-dire qu'ils sont transpariétés unitegminés. Entouréàlabase par le calice cupuliforme persistant, mais non accru, le fruit, qui est ordinairement rouge el sphérique, parfois atténué en pointe au sommet (B. de Klaine, acuminé), est une capsule loculicide, marquée d'autant de côtes que l'ovaire avait de loges et s'ouvrant de haut en bas, le long de ces côtes, en autant de valves triangulaires : 11% ordinairement cinq valves, pouvant s'abaisser à quatre els'élever à six, dans la même espèce ; il ven à huit dans le B. de Trilles. C'est donc par erreur que M. Pierre à décrit, en 1896, la capsule du B. grimpant comme seplücide (loc cit; \p: 4265): De même que la paroï externe de lPovaire dont il dérive, le péricarpe est formé de trois couches : l’externe est parenchy- maleuse à cellules isodiamétriques: la moyenne est scléreuse à cellules sur un seul rang, {très courtes, mais très allongées radialement et effilées en dedans: linterne est parenchyma- teuse, comme l'externe, mais à cellules très étroites et très allongées dans le sens de la longueur. Les deux couches parenchymateuses renferment des méristèles. En rapport avec la nature capsulaire du fruit, cette structure rappelle, avec une structure différente de la couche moyenne seléreuse, celle qui a été observée plus haut dans le fruit, également capsulaire, des Oubanguiers. D'où une remarque qui, permettant de pré- voir la nature du fruit quand on connaît la structure de Fovaire, se trouve être très utile dans le cas assez fréquent où le fruit est inconnu. On y reviendra plus loin. A l'intérieur du péricarpe, où les minces cloisons ovariennes ont totalement disparu, un certain nombre des ovules de chaque loge se sont développés en autant de graines, appliquées l'une contre l’autre el assez intimement unies en boule par une couche filamenteuse, blanche et glutineuse, qui revêt chacune d'elles. La graine est aplalie, renflée au milieu el sur les bords, SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 309 avec deux larges sillons sur chaque face. Le long du bord el tout autour, le tégument, qui est mince, parenchymateux el rouge brun, renferme une large méristèle, provenant du raphé prolongé en boucle du côté opposé jusqu'au micropyle et fixant le plan de symétrie. Tout le long de cette boucle et dans toute sa largeur, l'épiderme prolonge toutes ses cellules en poils blancs très longs, simples et sans cloisons transverses, serrés et agglutinés, formant une sorte de crinière. Cette crinière annu- laire se partage aussitôt par une raie médiane en deux ban- deaux, qui se rabattent sur chaque face plane et se rejoignent au milieu en la recouvrant complètement. Telle est l'origine très simple de cette tunique filamenteuse, apercue dès 1886 par Ballon sous forme « d'un duvet abondant » dans le B. du Congo et signalée plus explicitement, en 1896, par M. Pierre dans le B. grimpant. Ce tégument recouvre un abondant albumen corné, blanc d'ivoire, à bord entier, sans trace de rumination, dont les cellules, petites et à parois cellulosiques très épaisses, sont disposées en séries radiales. Il renferme suivant son axe, dans sa moitié supérieure, un embrvon droit à radicule supère, à longue tigelle sans côtes ni méristèles corticales, à larges et minces cotyles foliacées, appliquées Pune contre l'autre suivant la largeur de la graine et légèrement plissées en long vers les bords. Les cotyles étant situées de part et d'autre du plan de symétrie du tégument, l'embryon est, ici aussi, accombant au raphé. >. Comparaison du genre Brazzeier avec les deux genres préré- dents. — Comparé aux deux genres Oubanguier et Seytopétale, le genre Brazzeier offre une longue série de différences, qu'il convient de résumer 1c1. La jeune tige, le pétiole, pour autant qu'il existe, et la côte médiane du limbe sur sa face inférieure sont munis de poils unicellulaires et scléreux. L'écorce de la tige est dépourvue à la fois de cristarque et de cellules scléreuses. La feuille est dentée. Toujours simple et sans stomates en haut, lépiderme v à de nombreuses cellules sécrétrices. Les fleurs naissent par voie en- dogène sur les branches âgées. La corolle est dépourvue de sillons ANN. SC. NAT. BUT., 9° série. 12 LE 310 PH. VAN TIEGHEM permettant d'y compter dans le bouton le nombre des pétales. L'anthère, dénuée d'assise mécanique, s'ouvre par deux pores au sommet. Dans le pistil, les carpelles, fermés seulement en bas, ouverts en haut, sont pluriovulés. Le fruit est pluriséminé et la graine est tuniquée. Des Oubanguiers, dont ils partagent la fermeture de la mé- ristèle dans le pétiole et la cûte médiane du limbe, ainsi que le fruit capsulaire et Falbumen entier, les Brazzeiers diffèrent, en outre, par l'origine épidermique du périderme. Des Seytopétales, dont ils partagent le périderme épidermique, ils diffèrent, en outre, par la non fermeture de la méristèle médiane de la feuille, ainsi que par le fruit capsulaire et lalbumen non ruminé. Somme toute, ce genre diffère des deux précédents beaucoup plus que ceux-ci ne différent entre eux et par là se montre le représentant d'un groupe distinct, d'une tribu nouvelle, où il a pour compagnon le genre suivant, qui nous reste à étudier. 4. GENRE RHAPTOPÉTALE. Ovaire semi-infère. Drupe uniséminée. Albumen ruminé. 1. Type du genre. —- Mann a récolté à Fernando-Po, en 1862, des rameaux feuillés avec fleurs et fruits (n° 1443) d'un arbre où M. Oliver à reconnu le {vpe d'un genre nouveau, qu'il a appelé Rhaptopétale (Æhaptopelalum) à cause de sa corolle rose piquée de blanc et qu'il a décrit en 186%, en nommant l'espèce, pour la consistance de sa corolle, Rh. coriace (RA. coriaceum Oliver) (1). Jen transeris 1e la description générique : « Calvx parvus, cupulatus, margine subinteger vel dentato-lobulatus, ructifer immutatus. « Petala tria perigyna ad marginem disei inserta, coriacea, glabra, æ#slivatione valvata. « Stamina indefinita (30-40), filamentis brevibus in tubum ad basin petalorum adnatum coalilis, antheris elongatis anguste linearibus erectis, apicem versus rima longitudinali breviter dehiscentibus. 1) Oliver, Journal of the Linnean Society, VIN, p. 159, pl. XII, 1862. De gaztos, piqué, et zerahov, pélale. SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES SL « Ovarium in discum leviter immersum, semi-inferum, quadriloculare, dissepimentis ad apicem attingentibus, stylo filiformi, stigmate minuto; ovula in quoque loculo ad 6, ab apice centrali pendula. « Fructus ellipsoideus veloblongus, pericarpio crustaceo vel sublignoso, unilocularis, monospermus. « Arbor glaberrima. Folia alterna, integra, coriacea. Fiores pedicel- lati in fasciculos umbellulatos sæpius paucifloros dispositi. » Incomplète en ce qu'elle ne mentionne ni la disposition des fleurs sur la tige, ni la nature du fruit, ni la conformation de la graine, inexacte aussi en ce qu'elle dit la tige glabre et en ce qu'elle attribue à la corolle trois pétales Hibres et valvaires, cette description générique sera complétée et rectifiée plus loin. Quant à l’espèce type du genre, l'auteur la définit comme il suit : « Arbor 30-pedalis, ramulis teretibus, lineis brevibus parum elevatis a basi foliorum decurrentibus utrinque notatis. Folia breviter petiolata, elliptica vel ovato-elliptica, sæpius obluse et breviter apiculata, basi rotundata vel subacutata, utrinque glabra 3 1/2-5 1/2 poll. longa, 1 1/2-2 3/4 poll. lata, petiolus 1-3 lin. longus. Flores sæpe paulo supra- axillares, pedicellis gracilibus, alabastra 3-4 lin. longa, ovoideo-oblong'a, subacuta. Fructus (indehiscens an subdrupaceus?) 9-10 lin. longus. » Incomplète aussi en ce qu'elle ne mentionne ni la pubes- cence de la tige, ni la véritable disposition des fleurs, ni la conformation de la graine, ni même avec certitude la nature du fruit, cette description spécifique se trouvera complétée par ce qui va suivre. 2, Nombre et distinclion externe des espèces. — Plus tard, « mai 1889, Thollon à récolté au Congo français, dans l'Ouban- gui, des rameaux feuillés avec fleurs détachées, mais sans fruits, d'un arbre où Baillon à cru reconnaître une seconde espèce de son genre Brazzeier, qu'il a décrite en 1890, sous le nom de B. de Thollon (2. Thollon Ballon), dans les termes suivants : « Les fleurs se développent également en eymes sur le tronc. La péri- gynie disparait à peu près DR dans cette espèce, dont les (1) Baïllon, Observations sur quelques nouveaux types du Congo (Bull. de la Soc. Linn. de Paris, p. 868, 6 août 1890). 312 PH. VAN TIEGHEM pédicelles supportent un calice en cupule, crénelé sur tout son pour- tour. La corolle est extrèmement épaisse, coriace, valvaire. Elle s'ouvre inégalement en deux ou trois parties au sommet. Les étamines sont très nombreuses; elles ont des filets grèles et des anthères basifixes, linéaires-oblongues, à sommet obtus et émarginé ; là les deux loges se séparent l’une de l’autre dans une étendue variable : les fentes de déhis- cence sont presque marginales. L’ovaire est surbaissé, partagé en 3-5 loges par de minces cloisons; dans chaque loge, il y a d'assez nombreux ovules descendants, Le style dépasse finalement les étamines ; son som- met obtus se partage en 3-5 petites dents valvaires. « Les feuilles de cette espèce sont alternes distiques, ovales acumi- nées, entières ou finement sinuées, d'un vert glauque, surtout en dessus. Les nervures secondaires sont distantes, peu nombreuses, arquées. Le pétiole est presque nul. » D'après ces caractères, puisque les véritables feuilles du B. du Congo, qui sont dentées comme on l'a vu, lui étaient inconnues et puisque les échantillons de Ta plante actuelle sont dépourvus de fruits, on comprend que Baiïllon ait cru avoir affaire à un Brazzeier. Mais outre qu'ici les feuilles sont entières, 1l est possible, ainsi qu'il à été dit plus haut, d’après la structure de l'ovaire, de préjuger la nature du fruit quand il est inconnu. C'est ici le lieu d'appliquer cette remarque. Or la structure de l'ovaire de cette plante, très différente de celle de lovaire des Brazzeiers, qui conduit à une capsule loculicide, est toute semblable à celle de lovaire du Rhapto- pétale cortace, qui conduit à une ‘drupe, comme on le verra bientôt, toute semblable aussi à celle de l'ovaire des Sevto- pétales, qui conduit également à une drupe, comme on l'a vu plus haut (p. 350. Il en faut conclure que le fruit, encore inconnu, de cette plante est aussi une drupe et qu'elle appartient par conséquent au genre Rhaptopétale et non au genre Braz- zeier. Ce sera donc désormais le Rh. de Thollon (/?4. Tholloni (Baillon) v. T.). Du Rh. coriace 1l se distingue par des feuilles glauques et non roussàtres, plus minces et à bord gondolé, moins larges, entièrement sessiles d'un côté, et par des fleurs jaunàtres et non rougeàtres, à calice plus large et plus haut, nettement festonné, à corolle beaucoup plus large dans le bouton, qui mesure 7 milli- , mètres de largeur, au lieu de # millimètres, à filets staminaux SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 1 plus longs que les anthères, qui mesurent un peu plus d'un millimètre. Cette même espèce, qui est un petit arbre de 4 à 6 mètres, a été trouvée de nouveau avec fleurs, mais malheureusement encore sans fruits, par M. Dybovski, dans le Haut Oubangui, en mars 1892 (n° 1, B.). Thollon à trouvé encore au Congo français, sans lieu, ni date, ni numéro, un rameau feuillé, avec fleurs sur une branche âgée, mais sans fruits, d'un arbre du même genre, ressemblant à l'espèce précédente, mais s'en distinguant d'abord par ses feuilles, pétiolées des deux côtés, plus coriaces, moins glauques et un peu plus grandes, mesurant 10 centimètres sur 4°%,5, puis par ses fleurs, solitaires, plus petites, à calice faiblement crénelé, à anthères également moins longues que les filets et bifurquées au sommet, mais beaucoup plus courtes, mesurant nioins de un demi-millimètre. C’est une espèce distincte, que je nommerai Rh. brachyanthère (24. brachyantherum x. T.). M. Zenker à récolté à Bipinde, au Cameroun, en 1901, des rameaux feuillés, avec fleurs et fruits (n° 2389 et n° 2391), d’un arbre de 6 mètres, que M. Engler à rapporté au genre Rhapto- pétale et décrit en 1903 sous le nom de Rh. sessilifolié (22. sessilifoliuum Engler) (1). Par ses anthères plus longues que les filets, il ressemble au Rh. coriace, mais il se distingue aussitôt des trois espèces précédentes par la grande dimension de ses feuilles, qui mesurent Jusqu'à 22 centimètres de long sur 8 centimètres de large, et par leur forme, qui est fortement auriculée et amplexicaule à la base. Il en diffère aussi par la brièveté de ses pédicelles et la longueur de son calice. Je n'ai pas encore pu en étudier le fruit. M. Engler affirme que c’est une capsule loculicide. Il doit y avoir à une erreur. La struc- ture de l'ovaire est, en effet, identique à celle de lovaire du Rh. coriace, où le fruit est une drupe, et diffère beaucoup de celle de l'ovaire des Oubanguiers et des Brazzeiers, où le fruit est une capsule. C'est de ces quatre espèces, dont une nouvelle et une déjà décrite mais rapportée à un autre genre, toutes originaires de (1) Engler, Scytopetulaceæ africanæ (Bot. Jahrb. f. Systematik, XXXII, p. 101, 1903). 314 PH. VAN TIEGHEM l'Afrique tropicale occidentale, que se compose pour le moment le genre Rhaptopétale. IP v en à deux à anthères courtes et filets longs, comme dans les trois genres précédents (Rh. de Thollon, brachvanthère) et deux à anthères longues et filets courts, caractère nouveau (Rh. coriace, sessilifohé). Jar pu les étudier toutes les quatre sur les exemplaires originaux. 3. Conformation externe el structure de la tige et de la feuille. — La jeune tige, qui porte des feuilles isolées distiques, offre, sur l'une de ses faces seulement, deux côtes longitudinales rap- prochées, séparées par une rainure, résultant de la décurrence unilatérale de ses feuilles: elle n'est par conséquent symétrique que par rapport à un plan. Les choses se passent icr, sous ce rapport, comme dans chacun des trois genres précédents et il n'y a pas lieu d’v revenir. La feuille est simple, sans stipules, à limbe ovale ordinaire- ment atténué à la base et imégalement des deux côtés, Ta moitié décurrente étant la plus étroite et descendant plus bas, parfois auriculé à la base et amplexicaule (Rh. sessihfolié). I est brièvement pétiolé, tantôt des deux côtés (Rh. coriace, brachv- anthère), tantôt d'un côté seulement, sessile de l'autre côté (Rh. de Thollon, sessiifolhié). IF est prolongé en pointe au sommet, à bord entier, penninerve à nervures latérales espacées remontant et S'unissant en arcades vers le bord, saillantes en bas, peu visibles en haut. La tige à essentiellement la même structure que celle des Brazzeiers. Même épiderme à cellules prolongées en papilles ou en poils courts unicellulaires, produisant de très bonne heure un périderme dont le Hège épaissit et hignifie ses membranes sur les faces interne et latérales, en forme d'U, et dont le phelloderme garde ses parois minces. Même écorce sans cristarque, ni cel- lules scléreuses, pourvue de cristaux octaédriques, épaissie aux deux côtes el renfermant dans chacune d'elles une méristèle à péridesme fibreux tout autour et à bois concentrique. Môme stèle aussi, avec arcs fibreux péricveliques formés de fibres lignifiées seulement dans la lamelle mitovenne, avec liber secondaire lraversé par des rayons unisériés dilatés vers l'extérieur et offrant dans ses étroits compartiments une alternance régulière de GLS SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 919 tubes criblés et de fibres faiblement lignifiées, en un mot stra- lifié, avec bois secondaire à rayons unisériés, riche en paren- chyme lignifié dans ses compartiments, avec moelle de bonne heure lignifiée. Comme dans les trois genres précédents aussi, cette structure n'est symétrique que par rapport à un plan. Les deux rangées de feuilles ont leur plan médian commun per- pendiculaire à unique plan de symétrie de la forme et de la struc- ture de la tige. La feuille prend à la stèle de la tige au nœud une large méristèle en arc, qui passe dans le péliole, en entrainant avec elle la méristèle corticale voisine, bientôt remplacée par la stèle au même point. Mais, pour le reste, il y a quelque différence suivant les espèces. Ainsi, dans le Rh. de Thollon, l'arc, au mo- ment où 1l se sépare de la stèle, détache de son bord opposé à la méristèle corticale une branche, qui passe ensuite avec lui dans le pétiole, où elle fait pendant à la méristèle corticale sortie el demeurée indivise. Dans le Rh. coriace, Pare ne forme pas et n'a pas à former une telle branche sur son bord opposé. De ce côté, en effet, la stèle à détaché au nœud inférieur une méri- stèle, qui a séjourné dans l'écorce et qui, au nœud actuel, s'échappe dans La feuille en même temps que lare médian et que la méristèle corticale normale, 1e1 préalablement dédoublée. Cette espèce possède done, dans un entre-nœud quelconque, {rois côtes saillantes et trois méristèles corticales, deux destinées à la feuille prochaine, la troisième à la feuille suivante. C'est un retour partiel à la structure normale. La feuille v est,en effet, décurrente des deux côtés, mais inégalement, la décurrence portant d’un côté sur deux entre-nœuds, de lautre sur un seul. Dès son entrée dans le pétiole, l'are médian se reploie aussitôt en haut et rejoint ses bords en une courbe fermée, comme dans les Brazzeiers et dans les Oubanguiers, accompagnée de chaque côté par une petite méristèle latérale, bientôt dédoublée. Cette courbe fermée se continue ensuite dans la côte médiane du limbe. Dans le court pétiole et dans la côte médiane du limbe, l'épiderme est papilleux sur la face inférieure : lécorce, dé- pourvue de cristarque et de cellules scléreuses, renferme beau- coup de cristaux, parfois mâclés (Rh. coriace); la méristèle médiane à une couche fibreuse péridesmique. 310 PH. VAN TIEGHEM Dans la lame, l'épiderme est formé de cellules plates, à parois latérales ondulées et sans stomates en haut, à parois latérales planes et avec de nombreux stomates en bas: ceux-ci sont bordés de trois cellules annexes, disposées comme dans les trois genres précédents et remplies, toutes les trois 1et, comme dans les Oubanguiers, d'un liquide brun ou violacé, formant ensemble autour de chaque stomate un cadre coloré. L’épiderme est dépourvu dans ce genre des grandes cellules sécrétrices qu'on y à observées chez les Brazzeiers. Palissadique en haut, tantôt. nettement (Rh. coriace), tantôt faiblement (Rh. de Thollon, sessilifolié), lacuneuse en bas, l'écorce renferme partout des. selérites filiformes, à membrane très épaisse et peu (R. coriace) ou pas lignifiée (Rh. de Thollon, sessiifolié), rampant çà et là sous l'épiderme. Les méristèles, entourées d'un péridesme fibreux, ne sont pas cloisonnantes. 4. Organisalion de la fleur, du fruit et de la graine. — Comme dans les Brazzeiers, les fleurs naissent en des points quelconques. el par voie endogène sur les branches âgées. Pourtant, le Rh. coriace en produit déjà sur des rameaux encore pourvus de leurs feuilles, parfois même non loin de laisselle, mais nota- blement au-dessus, ce qui à fait croire à M. Oliver, comme on l'a vu plus haut (p.371), que l'inflorescence est axillaire. On en observe aussi, au-dessus de l'aisselle des feuilles tombées, dans le Rh. sessilifolié, Après avoir percé l'écorce, le pédoncule porte à sa base plusieurs bractées distiques et rapprochées, puis se termine par une fleur. Ces bractées demeurent parfois stériles el la fleur est solitaire (Rh. brachyanthère) ; d'ordinaire, plu- sieurs d'entre elles produisent un rameau terminé par une fleur el l'inflorescence est une grappe ombelliforme, sessile el pauci- flore (R. coriace, sessilifolié, de Thollon). À son tour, chaque rameau porte à sa base plusieurs bractées distiques et rappro- chées, quisont souvent stériles (Rh. de Thollon, sessilifolié), mais qui attestent la possibilité d'une nouvelle ramification. Celle-ci se produit quelquefois, avec rameaux de second ordre dépourvus de bractées, et la grappe ombelliforme est composée (Rh. co- riace). L'inflorescence totale est donc essentiellement une SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 911 erappe ombelliforme sessile et composée, réduite parfois à une grappe simple, parfois même à une fleur solitaire. Le rameau floral, considéré au-dessus des bractées qu'il porte, ou dans toute sa longueur s'il est de second ordre, e’est- à-dire le vrai pédicelle, à, comme la tige, un épiderme muni de papilles et de poils courts unicellulaires et une écorce sans cristarque, ni cellules scléreuses, renfermant aussi des cristaux, mais dépourvue de côtes en dehors et de méristèles en dedans. Il est donc, dans sa forme et dans sa structure, symétrique par rapport à l'axe. Le calice est gamosépale, court, cupuliforme, largement ouvert dès le début et persistant. Quelquefois la concrescence n'atteint pas tout à fait l'extrémité des sépales et le bord est crénelé, ce qui permet d'en compter le nombre; il y en à ordi- nairement dix, par exemple, dans le Rh. de Thollon. Mais le plus souvent la concrescence est complète, le bord est entier et le nombre des sépales constitutifs demeure indétermimé. La corolle, qui dépasse beaucoup le calice et protège seule les parties internes dans le bouton, est épaisse el coriace. Dans le Rh. coriace, elle est rose piquetée de blanc, caractère d'où M. Oliver a tiré le nom du genre, tandis que la consistance lui donnait celui de l'espèce. Les points blancs correspondent à autant de petits groupes de cellules corticales demeurées inco- lores dans la couche périphérique, pendant que toutes les autres deviennent rouges. Elle est gamopétale dans toute sa longueur, jusqu'au sommet, qui est parfois prolongé en pointe (Rh. de Thollon), et dans toute son épaisseur, d’un épiderme à l'autre, sans présenter sur sa face externe ni lignes longitu- dinales, ni sillons qui permettent d'y compter dans le bouton le nombre des pétales constitutifs. En un mot, elle est tout d'une pièce, en forme de bonnet, et plus tard s'épanouil par déchirure en lanières, comme celle des Brazzeiers. Tout ce qui a été dit plus haut (p. 364) au sujet de la corolle de ces plantes s'applique done exactement ici. Aussi est-ce, ici aussi, par erreur que M. Oliver à attribué trois pétales au Rh. coriace, et tout récemment M. Engler trois aussi au Rh. sessilifohié. Déter- miné indirectement, comme il a été dit pour les Brazzeiers (p. 366), soit par les festons du calice, soit par les loges de 918 PH. VAN TIEGHEM l'ovaire, le nombre des pétales est plus grand, en réalité, et varie de six à douze suivant les espèces et suivant les fleurs dans une même espèce. L'androcéese compose d'un grand nombre d’étamines, égale- ment réparties tout autour, à filets concrescents à la base en un tube. Suivant les espèces, elles offrent deux dispositions et aussi deux conformations différentes. Tantôtlefilet estlong, l'anthère courte, comme il arrive {oujours dans les trois genres précé- dents et elles sont aussi très nombreuses, disposées en quatre séries, avec anthère bifide au sommet (Rh. de Thollon, brachv- anthère). Tantôt, au contraire, le filet est court, Panthère longue et elles sont moins nombreuses, disposées seulement en deux séries, avec anthères indivises au sommet (Rh. coriace, sessili- fohé,. Mais, dans lun comme dans l’autre cas, Panthère ouvre ses quatre sacs polliniques par deux pores obliques à Pextré- mité et elle est dépourvue d'assise mécanique, comme dans les Brazzeiers. Le pollen est aussi formé de grains sphériques à trois pores, faiblement triangulaires. La série des coupes transver- sales el longitudinales de la base de la fleur montre qu'ici. comme dans les trois genres précédents, les étamines procè- dent de ramificalion et demeurent unies à la base en un tube, tantôt lui-même concrescent avec la corolle dans sa région inf6- rieure, comme dans les Oubanguiées (Rh. coriace, sessilifolié), tantôt libre, comme dans les Brazzeiers (Rh. de Thollon, bra- chvanthère). Elles montrent aussi que le pisüil est concrescent dans la région inférieure de l'ovaire avec les trois verticilles externes, tantôt faiblement (Rh. de Thollon, brachyanthère), lantôt plus fortement (Rh. coriace, sessilifolié); dans ce der- nier cas, l'ovaire est semi-infère. Ainsi plus ou moins enfoncé, le pisüil est formé de carpelles fermés el concrescents dans toute leur longueur en un ovaire pluriloculaire, surmonté d'un style plus long que lui, terminé par un stigmale entier. Le nombre des carpelles et des loges y varie non seulement d'une espèce à l’autre, mais d'une fleur à l'autre dans la même espèce. Dans les fleurs étudiées, j'en ai compté, par exemple, {rois dans le Rh. sessilifolié, quatre dans le Rh. coriace, cinq dansle Rh. de Thollon, six dans le Rh. bra- chyanthère, Comme il a été dit plus haut, il faut, d'après cela, SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 219 attribuer respectivement six, huit, dix et douze sépales au calice et pétales à la corolle de ces mêmes fleurs. L'ovare à une paroi externe très épaisse, nettement diffé- renciée en deux couches, toutes deux parenchymateuses l'externe sombre, à nombreuses mâcles sphériques et à mem- branes minces, contenant sur son bord interne les méristèles carpellaires; l'interne claire et brillante, à membranes épaisstes «ans les angles, ce qui la rend collenchymateuse, traversée de part en part suivant la ligne médiane par une mince bande sombre. La première deviendra plus tard la pulpe du fruit, la seconde le noyau. L'assise moyenne scléreuse, si caractéristique dans l'ovaire des Brazzeiers, fait iet entièrement défaut. Les cloisons sont minces et concrescentes au centre, où se trouve un cercle de méristèles inverses, tantôt seulement jus- qu'à mi-hauteur (Rh. de Thollon, brachyanthère), tantôt jusque vers le sommet (Rh. coriace, sessilifolié) ; puis elles se sépa- rent, en demeurant toutefois rapprochées ; de sorte qu'à stric- tement parler, les carpelles sont ouverts et l'ovaire unilocu- laire’dans une plus ou moins grande étendue de sa région supérieure. La loge unique se continue ensuite dans le style par un canal étoilé. Stériles dans la région inférieure, les bords carpellaires por- tent chacun, dès avant leur séparation, et aussi après si elle s'opère à mi-hauteur, tantôt un seul (Rh. coriace, sessihfolié), tantôt côte à côte deux rangs d’ovules (Rh. de Thollon, brachy- anthère), superposés en placentation axile tout du long. Ceux- ei sont done disposés tantôt en deux, tantôt en quatre séries dans chaque loge en bas, dans chaque compartiment en haut. Ils sont anatropes, pendants, à raphé dorsal, épinastes par conséquent, comme dans les trois genres précédents. TS ont aussi la même structure, c'est-à-dire qu'ils sont transpariétés el unitegminés. La méristèle du raphé v remonte du côté opposé jusqu'au micropyle, en forme de boucle. Le fruit n’est connu que dans le Rh. coriace et dans le Rh. sessilifolié; je n'ai pu l'étudier que dans la première de ces deux espèces. Entouré à la base par le calice cupuliforme per- sistant, mais non accru, c'est une drupe ovoide rouge, mesu- rant 20 millimètres de long sur 12 millimètres de large, ne 380 PH. VAN TIEGHEM renfermant qu'une seule graine, par suite de l'avortement de tous les ovules primitifs moins un. La couche externe charnue du péricarpe, qui est mince, procède de la couche externe, et le noyau, qui est plus épais, de la couche interne de la paroi ova- renne primitive, deux couches dont la différenciation profonde el très précoce à été signalée plus haut. Cette même différen- clalion se manifestant dans l'ovaire du Rh. de Thollon et du Rh. brachvanthère, on en peut conclure, en attendant la preuve directe, que le fruit y est également une drupe. La mème con- clusion s'impose pour le fruit du Rh. sessilifolié, dont l'ovaire offre la même structure que celui du Rh. coriace, bien que M. Engler l'ait décrit en 1903 comme étant une capsule loculi- cide, ainsi qu'il a été dit plus haut. Entourée d'une boucle marginale provenant de la méristèle du raphé prolongée du côté opposé jusqu'au micropyle et mar- quant le plan de symétrie du tégument, la graine est revêtue d'une tunique filamenteuse blanchâtre, de même conformation etde même origine que chez les Brazzeiers. En appelant récem- ment laltention sur cette {unique chez le Rh. sessilifolié, M. Engler l'a regardée comme étant un arille, « ein sehr eigen- artiger Arillus » (1), nom qui ne saurait lui convenir, puisqu'elle est une dépendance du tégument et non du funicule. Mais 1ct le tégument s'enfonce çà et là profondément à l'intérieur de la graine, que ses replis en réseau, correspondant à ses nervures, divisent en portions irrégulières. La partie sous-jacente ainsi divisée est un albumen corné d'un blanc d'ivoire, qui se trouve par là profondément ruminé, comme chez les Seytopétales. parmi les Oubanguiées et pour la même cause mécanique (p.351). Suivant son axe, il renferme dans sa moitié supérieure un embryon droit à radicule supère, à longue tigelle, dont l'écorce est dépourvue de méristèles, terminée par deux larges et minces cotvles foliacées. Celles-ci étant appliquées lune contre l'autre dans le plan de symétrie du tégument, embryon est ici, comme dans les (rois genres précédents, accombant au raphé. Conformée de la sorte chez les Rh. coriace et sessilifolié, la 1) Engler, loc. cit., p. 102, 1903. SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 381 graine n’est pas encore connue dans les Rh. de Thollon et bra- chyanthère. Car s'il a été permis, d'après la structure de l'ovaire de ces plantes, de préjuger la nature de leur fruit, on n° trouve aucune indication sur la future conformation de la graine. Cette remarque offre ici un certain intérêt. On a vu, en effet, que les quatre espèces qui composent actuellement ce genre sont de deux sortes. Chez deux d’entre elles, le tube staminal est indé- pendant de la corolle à la base, les étamines sont très nom- breuses, sur quatre cercles concentriques, avec un filet long et une anthère courte à sommet bifide, et l'ovaire v est supère à cloisons séparées au milieu de Ta hauteur (Rh. de Thollon, brachyanthère). Chez les deux autres, le tube staminal est concrescent à la corolle à la base, les étamines sont moins nombreuses, sur deux cercles concentriques, avec un filet court et une anthère longue à sommet entier, et l'ovaire v est semi- infère à cloisons unies jusqu'en haut (Rh. coriace, sessilifolié). A toutes ces différences, si la graine venait à en ajouter une autre, si, par exemple, l’albumen sv montrait entier et non ruminé, 1l serait nécessaire de séparer le premier groupe du second et d'en faire un genre distinct, intermédiaire au Brazzeier et au Rhaptopétale, ressemblant au premier par les caractères qu'on vient de rappeler et par Palbumen entier, au second par le fruit drupacé. En attendant que les recherches de avenir décident la ques- lion, 1l est nécessaire, dès à présent, d'établir dans le genre Rhaptopétale deux sections, définies comme il à été dit plus haut : la première, Eurhaptopétale (ÆEurhaptopetalum), où les anthères sont plus longues que les filets, comprenant les Rh. coriace et sessihifolié ; la seconde, que je nommerai Tholonelle (Tholonella), où les anthères sont plus courtes que les filets, renfermant les Rh. de Thollon et brachyanthère. C'est cette seconde section qu'il deviendra peut-être nécessaire d’ériger plus tard en un genre distinct. ». Comparaison du genre Rhaptopétale avec les trois genres précédents. — Tribu des Rhaplopétalées. — En résumé, les Rhap- topétales ressemblent beaucoup aux Brazzeiers, dont ils diffe- rent d’un côté par la feuille, dont le bord est entier et dont 02 PH. VAN TIEGHEM l'épiderme est dépourvu de cellules sécrétrices, de Pautre par l'absence d'assise scléreuse dans la paroï ovarienne, le fruit dru- pacé el, pour autant qu'il y est connu, lalbumen ruminé. IIS s'éloignent davantage des Oubanguiers et des Seytopétales, avec lesquelsils présententles différences signalées plus haut (p. 369) pour les Brazzeiers. Ensemble le genre Brazzeier et le genre Rhaptopétale forment done un groupe distinct, une Uibu, les Rhaplopétalées, définie par rapport à la tribu des Oubanguiées par un ensemble de caractères communs. C'est lépiderme pourvu de poils sur le corps végétalif, notamment sur la tige, et l'absence de eris- larque ou de cellules scléreuses dans l'écorce de la tige. C'est l'absence de stomates sur la face supérieure de Ta feuille. C'est l'inflorescence endogène sur les branches âgées, l'absence de loute séparation externe dans la corolle, là déhiscence poricide des anthères et la pluralité des ovules dans chaque carpelle. C'estenfin la graine, pourvue d'une tunique filamenteuse. Dans celle tribu, les Rhaptopétales, qui ont la paroi de l'ovare différenciée en deux couches, le fruit drupacé et l'albumen ruminé, sont aux Brazzeiers, qui ont une paroi ovarienne différenciée en trois couches, une capsule loculicide et un albumen entier, ce que les Sevtopétales sont aux Oubanguiers dans la tribu des Oubanguiées. III FAMILLE DES RHAPTOPÉTALACÉES Ensemble ces deux tribus, avec les quatre genres qui les consutuent, le dernier comprenant deux sections, représentés actuellement par vingt-quatre espèces, dont douze nouvelles, croissant toutes en Afrique tropicale occidentale, composent une famille très homogène, les Æhaplopélalacées, dont il convient de résumer maintenant les caractères généraux. Ce sont des arbres où des arbustes dont les rameaux, qui portent des feuilles isolées distiques, offrent, rapprochées sur l'une de leurs faces, deux côtes longitudinales séparées par SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 303 une rainure, provenant de la décurrence unilatérale des feuilles. décurrence qui intéresse alternativement l'un et l'autre bord. Dans chaque côte, l'écorce renferme une méristèle qui, séparée de la stèle à un nœud, + chemine la longueur de deux entre- nœuds, avant de sortir dans la feuille superposée, qui est donc une méristele corticale foliaire. Grâce à cette forme et à cette structure, la tige n'est symétrique, au dehors comme au dedans, que par rapport à un seul plan, lequel est perpendi- culaire au plan médian commun des feuilles. En un mot, elle est bilatérale et ce caractère, sans exemple connu jusqu'à présent chez les plantes dressées, suffirait à lui seul pour donner à cette famille un grand intérêt au point de vue de la Morphologie générale. La stèle de la Uige à dans son périeyele des arcs fibreux, qui sont et demeurent plus où moins séparés par des bandes de parenchyme et dont les fibres, très épaissies, ne sont lignifiées que dans leurs lamelles mitoyennes. Traversé par des rayons ‘unisériés, progressivement dilatés vers l'extérieur, le liber secondaire à ses étroits compartiments formés d'une alternance de tubes criblés mèêlés de parenchyme et de fibres à membrane très peu hgnifiée ; en un mot, il est nettement stratifié. Traversé de même par des rayons umisériés, le bois secondaire à dans ses compartiments, mélangé aux vaisseaux et aux fibres for- tement lignifiées, beaucoup de parenchyvme à membranes lignifiées. La moelle, sans les épaissir notablement, lignifie de bonne heure les membranes de toutes ses cellules. La feuille est simple, sans stipules, à limbe ovale, prolongé en une pointe obtuse plus où moins longue, à bord le plus souvent entier, parfois denté (Brazzeier), penninerve à nervures laté- rales espacées, remontant et s'unissant en arcades non loin du bord. À la base, les deux moitiés en sont un peu inégales, la plus étroite, qui descend aussi plus bas, étant du côté décurrent et alternant, par conséquent, d'une feuille à l'autre. Le limbe est donc dissymétrique à sa base et cette dissymétrie est en rapport avec la symétrie bilatérale du rameau qui le porte. Il est tantôt brièvement pétolé des deux côtés, tantôt sessile du côté décurrent, mais gardant de autre un très court pétiole. Au nœud, la feuille prend à la stèle de la tige une très large 384 PH. VAN TIEGHEM méristèle en are, qui Ÿ pénètre en entraînant avec elle la mé- ristèle corticale voisine, en mème temps qu'elle détache sur son bord opposé une petite branche, pour faire pendant de ce côté à la méristèle corticale. Le pétiole renferme done trois méristèles, une grande médiane et deux petites latérales. La première se reploie d'ordinaire vers le haut et rejoint ses bords en une courbe fermée, qui se prolonge ainsi dans la côte mé- diane du Himbe ; rarement elle reste ouverte et plate tout du long (Seytopétale). Dans la lame, l'épiderme a ses stomates entourés d'un cadre de trois cellules annexes, deux plus grandes perpendiculaires, la troisième plus petite parallèle à la fente, cadre qui est souvent coloré en violet, tantôt dans toutes ses cellules (Ouban- guier, Rhaplopétale), tantôt seulement dans la troisième (Brazzeier), rarement incolore (Seytopétale). L'écorce, plus ou moins palissadique en haut, lacuneuse en bas, renferme un erand nombre de sclérites filiformes à membrane très épaisse, mais lignifiée très faiblement ou pas du tout, dirigées en tous sens, notamment vers l'épiderme, sous lequel elles rampent plus où moins longuement. Les méristèles ont un péridesme fibreux plus ou moins développé. L'inflorescence est une grappe, simple où composée, diver- sement située et conformée. Dépourvu à la fois de côtes uni- latérales et de méristèles corticales, le pédicelle floral reprend la symétrie normale par rapport à son axe. Le calice est court, cupuliforme, coriace, gamosépale dans toute ou dans presque toute sa longueur, à bord entier dans le premier cas, crénelé dans le second, largement ouvert dès le début et persistant, C'est seulement lorsqu'il est crénelé, ce qui est rare, qu'on y peut compter directement le nombre des sépales constitutifs, nombre qui varie non seulement d'une espèce à l'autre, mais encore d’une fleur à l’autre dans la même espèce. La corolle, qui dépasse longuement le calice et protège seule les parties internes dans le bouton, est épaisse, coriace, gamo- pélale dans toute sa longueur jusqu'au sommet même, replové en dedans, tout d'une pièce en forme de bonnet, et, par consé- quent, ne pouvant sépanouir que par une déchirure en ? » i (2 Le NET + eo SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 389 lanières, dont le nombre, parfois égal, est souvent plus petit que celui des pétales constitutifs. Celui-ci, qui peut être déter- miné directement chez les Oubanguiées, mais non chez les Rhaptopétalées, où l’on est réduit à le déduire de celui des carpelles du pistil, est égal à celui des sépales, avec lesquels les pétales alternent régulièrement : comme ce dernier, il varie suivant les espèces et, dans chaque espèce, suivant les fleurs considérées. L'androcée se compose d'un grand nombre d'étamines issues de ramificalion, également réparties tout autour du centre et disposées sur plusieurs cercles concentriques, concrescentes dans leur région inférieure en un tube, lui-même d'ordinaire concrescent à la corolle à la base: en un mot, il est à la fois méristémone el gamostémone. L'étamine à une anthère basifixe, à quatre sacs polliniques, où les grains de pollen sont sphériques à trois pores, ce qui les rend légèrement tri- gones. Le pisül, ordinairement supère, est formé de carpelles con- crescents dans toute leur longueur en un ovaire surmonté d'un style plus long que lui, terminé par un stigmate entier ou lobé. Ces carpelles sont fermés par concrescence des bords, parfois seulement dans la moitié de la longueur de lovaire, le plus sou- vent jusque vers son sommet, et dans la même mesure l'ovaire est pluriloculaire. Plus haut, les bords se séparent en restant rap- prochés, l'ovaire devient à proprement parler uniloculaire et sa loge unique se continue tout le long du style par un canal étoilé. Le nombre des carpelles et des loges varie d’une espèce à l’autre et, dans la même espèce, suivant la fleur considérée. I est moitié moindre de celui des sépales et des pétales, toutes les fois que celui-ci peut être déterminé directement. On doit donc admettre qu'il en est de mème dans les autres cas, ce qui permet d'y déterminer indirectement le nombre des éléments constitutifs du calice et de la corolle. Chaque bord carpellare porte tantôt au-dessous du niveau où il devient libre un seul ovule, tantôt à la fois au-dessous et au-dessus de ce niveau un, deux ou plusieurs rangs d'ovules superposés ; biovulé dansle pre- mier cas (Oubanguiées), le carpelle est multiovulé dans le second (Rhaptopétalées). Dans les deux cas, lovule est anatrope, ANN. SC. NAT. BOT., 9° série. 20 380 PH. VAN TIEGHEM pendant, à raphé dorsal, épinaste par conséquent; dans les deux cas aussi, il est br'anspariété et unitegminé. La constitution de la fleur ainsi conformée peut être exprimée par la formule : F= (mS) + (mP) +(nE) + (SC), où mest variable d'une fleur à l'autre, mais ne dépasse pas 16, el où » est très grand et indéterminé. Entouré à sa base par le calice cupuliforme persistant, mais non accru, le fruit est tantôt une capsule loculicide, uniséminée (Oubanguier, ou pluriséminée (Brazzeier), tantôt une drupe uniséminée (Seytopétale, Rhaptopétale). La graine à un Légument pourvu d'une méristèle médiane, qui en fait Lout le tour en forme de boucle en SV ramifiant latéralement en réseau et qui en marque nettement le plan de symétrie. À l'extérieur, ce tégument est tantôt nu (Oubanguiées), Lantôt muni, tout le long de la boucle, d'une crinière de longs poils glutineux, divisée en deux bandeaux rabattus latéra- lement sur chaque face et SV rejoignant en formant une tunique blanchâtre complète (Rhaptopétalées). A intérieur, il est Lantôt lisse, tantôt replové plus où moins profon- dément, suivant son réseau de nervures, de manière à diviser la masse interne en segments polvédriques irréguliers. Cette masse est un volumineux albumen corné, blanc d'ivoire, qui est dit entier dans le premier cas (Oubanguier, Brazzeier), ruminé dans le second (Seytopétale, Rhaptopétale). Suivant son axe el dans sa moitié supérieure, il renferme un embryon droit, à radicule supère, à tigelle assez longue où lécorce est dépourvue de méristèles, à deux larges cotyles minces et fo- liacées, plissées en long vers les bords, et appliquées lune contre l'autre dans le plan de symétrie du tégument. C'est dire que le plan médian de Fembrvon est perpendiculaire au plan de symétrie du tégument, en un mot que lembrvon est accombant au raphé. La germination de la graine n'a pas encore été obtenue. On ignore done la conformation et la structure de la plantule qui en provient. La structure de la tigelle de embryon étant nor- male, normale aussi sera certainement celle de Fhypocotyle de la plantule. C'est donc seulement dans la région épicotylée que l'anomalie caractéristique de la tige de ces plantes, savoir les ’ SUR LES RHAPTOPÉTALACÉES 387 deux côtes unilatérales et les deux méristèles corticales correspondantes, fait son apparition. Mais à quelle hau- teur et comment la symétrie, multilatérale jusque-là, v devient-elle bilatérale? C'est la question, très intéressante, qui ne peut être résolue que par l'étude directe de la plan- tule. A la famille ainsi caractérisée, quelle place convient-il d’attri- buer dans la Classification des Dicotyles? C'est le dernier problème que nous avons à résoudre. Deux des caractères les plus importants, signalés au cours de ce travail dans lorga- nisation florale de ces plantes, notamment dans la confor- mation de la corolle et la structure de l’ovule, vont nous être ici d'un grand secours. Ces plantes avant un ovule, cet ovule avant un nucelle, ce nucelle avant une paroi transitoire et étant recouvert d’un seul tégument, c’est dans la sous-classe des Ovulées et dans l'ordre des Transpariétées unitegminées ou Solaninées qu'elles viennent tout d’abord prendre place. Cet ordre est très vaste, comme on sait (1), el comprend six alliances. La corolle v étant gamopétale et le pisül libre, c’est à l’alliance des Solanales, définie par ce double caractère, que notre famille se rattache. Cette alliance est très étendue et comprend actuellement trente-neuf familles. Malgré cette grande extension et ce grand nombre de représentants divers, l'androcée n°v offre cependant que trois des cinq modifi- cations dont il est capable. Hémistémone dans les seules Oléa- cées, isostémone dans la plupart des familles, 11 est diplosté- mone dans quelques autres (Ericacées, ete.), et c’est tout. La méristémonie et la polvstémonie + sont jusqu'à présent incon- nues (2). C'est la première de ces deux lacunes que notre famille vient combler. Elle apporte, en effet, à l'alliance des Solanales un membre méristémone, qui lui faisait défaut jusqu'ier et en complète, sous ce rapport, l'organisation. Par là, elle prend nécessairement dans cette alliance une place à part el supé- (4) Ph. Van Tieghem, L'œuf des plantes considéré comme base de leur Classi- fication (Ann. de Sciences nat., 8° série, Bot., XIV, p. 342, 1901). (2) Loc. cit., p. 349. ASS PH. VAN TIEGHEM rieure, Celle place à part lur est assurée encore par la remar- quable conformation de la corolle, ainsi que par la singulière indélerminalion du nombre des sépales el des pétales dans le calice el la corolle, el aussi de celui des carpelles dans le pistül, loujours moitié du précédent. Dans l'ordre des Transpariétées unilegminées, elle repré- sente ce que sont les Malvacées, par exemple, ou les Filiacées, qui sont aussi méristémones, dans lordre des Perpariétées bilegminées, ce que sont les Théacées, par exemple, où les Clusiacées, également méristémones, dans lordre des Franspa- riélées bilegminées,. | I est intéressant de remarquer qu'elle ressemble encore d'un côté aux Malvacées par la stralification du hber secon- daire de la tige, de l'autre aux Théacées par les selérites de l'écorce de la feuille, Aussi comprend-on que, croyant là corolle de ces plantes dialypélale el n°4 connaissan{ pas la structure de l’ovule, Ballon autrefois el récemment M. Engler les aient rap- prochées des Malvacées, Tandis que M. Pierre les place à côté des Théacées. Moi-même, avant de les mieux connaitre, je me suis rallaché, avec doute el provisoirement, à là première de ces deux opinions (1). Sans ètre du tout voisines, puisqu'elles apparliennent à trois ordres différents, Malvacées, Rhapto- pélalacées el Théacées, ces trois familles occupent, au point de vue de landrocée, des places correspondantes dans leurs ordres respecUfs : eest là toute leur ressemblance. (1) Loc. cit., p. 335, p. 374 et p. 385, 1905. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME. Influence de la température sur la respiration des plantes, par M. K. Pou- D ue nae na ndraitale te DU D LODEL à D ARS Sas Sur les diverses sortes de méristèles corticales de la tige, par M. Pu. vax ne Mdr een de os I DO I UD TU; Liste des Algues marines de Ja Barbade, par Me À, Vickens........ HE Recherches anatomiques sur les Diplérocécidies des Genévriers, par MAC NORD Re, NAT TE IT PARC ÎR NCIS SNL PER NTI de Études sur une Entomophthorée saprophyte, par M. J. Gairatp. ee iecherches sur les bourgeons des arbres fruitiers, par M. E. Goumx .. . pures Irvingiacées, par M: Pa, van Tigcugm ,..,..,......... Sur les Rihaplopétalacées, par M. Pr, vas Tiecueu trs esp 0 rs Dr/20 vs 5 2e TABLE DES PLANCHES ET DES FIGURES DANS LE TEXTE CONTENUES DANS CE VOLUME. Planche LE — Cécidies du Genévrier. Figures dans le texte 1 à 59. — Diptérocécidies des Genévriers. Figures dans le texte 1 à 4. — Entomophthorée saprophyte. Figures dans le texte 1 à 32. — Bourgeons des arbres fruitiers. » , "ae Va ce AS 4 + nf camisd ct FN ae nn N SA 4 Se je ae PA {is NTRS 3 Won) A: A: ee 2T# Vheaf TE | EE 2° 0R k TC +: vs ps gl < à 5 Pt Abe k x st sh 1 A" je ee TR Le Emo LE À (ARE) " É RE à Peer ik VS et Ki 0 ae TABLE DES ARTICLES PAR NOMS D'AUTEURS. GaLLauD (J.). — Études sur une Entomophthorée saprophyte............ Gouy (E.). — Recherches sur les bourgeons des arbres fruitiers... .... Houaro (C.). — Recherches anatomiques sur les Diptérocécidies des Gené- ME RSS RE LE ASE 2e Rue un 0 2e eu tee Re te EL Le Me nn A HP de AS PS Pourievrren (K.). — Influence de la température sur la respiration des DT SAS A UT ES ae Re ot ea Tiecneu (Pu. VAN). — Sur les diverses sortes de méristèles corticales de D AE LR EL CARO PER ER A CE ET SE EE LP ORNE Decaeme (Pa van); Surles Irvingiacées =... 22.220. in ne Tiecuen (Pn. van). — Sur les Rhaptopétalacées........................ 3861-05. — Corse. Imprimerie Éo. Créri. 101 135 "4 [= + cu : LE Pt de | | : | à : è à its nids fs de 4 L ef ; à & IASSON ET C“, ÉDITEURS à 27 FRS VIENT 0E PARAITRE COURS ÉLÉMENTAIRE LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE — 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (vie). d'Histoire Naturelle (Zoologie, Botanique, Géologie et Paléontologie) Rédigé conformément aux programmes du 31 mai 1902 PAR MM. M. BOULE E.-L. BOUVIER FROF&SSEUR AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE MEMBRE DE L'INSTITUT H. 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SERRES Anatomie et Physiologie animales (Classes de philosophie et de mathéma- ques eMB) DAT EE BODMEREN EE .... ......., UP Conférences de Paléontologie (Classes de philosophie À et B et de mathé- mahquesst et Dan ME Bou. 2222%un.......... +0 SR < PROFESSEUR AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE 4 fr:79 2 fr. 50 TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER x > L" - 0 |, en ——————_—_—_—_———— Cousriz. Imprimerie En. Cnéré. ANNALES SCIENCES NATURELLES NEUVIÈME SÉRIE BOTANIQUE ANNALES DES SUIENCES NATURELLES NEUVIÈME SÉRIE BOTANIQUE COMPRENANT L’ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION DES VÉGÉTAUX VIVANTS ET FOSSILES PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. PH VAN TIEGHEM COLUMBIA UNIVERSITY LIBRARY TOME Il PARIS MASSON ET C'*, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINT-GRRMAIN 1905 Droits de traduction et de reproduction réservés. REX, LPS SAR? Ke (rh LE LE Rs FAI 1 T. IL Nes 1,2 et 3. ANNALES SUIENCES NATURELLES : BOTANIQUE COMPRENANT L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION DES VÉGÉTAUX VIVANTS ET FOSSILES PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. PH. VAN TIEGHEM TOME IL. — N°1, 2 et 3 : Fe MASSON ET:C& EDITEURS | LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE É 120, Boulevard Saint-Germain 1905 Paris, 30 FR. — DÉPARTEMENTS ET ETRANGER, 32 FR. Ce cahier a été publié en novembre 1905. ; . Les Annales des Sciences naturelles paraissent par cahiers mensuels. : 3 #1 HR: AUS : Mi | RE Qu de “ K VU RE QUES ne . De £ Conditions de la publication des Annales des sciences NEUVIÈME SÉRIE BOTANIQUE Publiée sous la direction de M. Pu. VAN TIEGHEM. EUR L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 400 pages, avec les planches et les figures dans le texte correspondant aux mémoires. Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle _ d'une année. _* Les tomes I à XX de la Huitième série et le tome I de la Neuvième série sont complets. ZOOLOGIE Publiée sous la direction de M. EpmonNn PERRIER. L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 409 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d’une année. | Les tomes I à XX de la Huitième série sont complets. Prix de l'abonnement à 2 volumes : - Paris : 30 francs. — Départements et Union postale : 32 francs. ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES Ÿ Le Dirigées, pour la partie géologique, par M. HégBerr, et pour la partie paléontologique, par M. A. MILNE-EDWARDS. Tomes I à XXII (14879 à 1891). Chaque volume ......... . Br. . des Sciences naturelles. Prix des collections. PREMIÈRE SÉRIE (Zoologie et Botanique réunies), 30 vol. (Æare) DEUXIÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie 20 vol. 250 fr. TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie 20 vol. 9250 fr. QUATRIÈME SÉRIE (1854-1$63). Chaque partie 20 vol. 250 fr. CINQUIÈME SÉRIE (1864-1874. Chaque partie 20 vol. 250 fr. SIXIÈME SÉRIE (1875 à 1884. Chaque partie 20 vol. 9250 fr. GÉOLOGIE, 22 volumes. RSS SO TE Cette publication est désormais confondue avec celle des Annales SEPTIÈME SÉRIE (1885 à 1894). Chaque partie 20 vol. 300 fr. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'ANATOMIE DES PLANTES AFFINES Par ALFRED SARTON INTRODUCTION La question que j'ai abordée touche au problème délicat de l'Anatomie végétale appliquée à la Classification. Bien qu'à la suite de Linné les botanistes descripteurs se soient basés unique- ment sur la morphologie externe pour la détermination des espèces, de réels efforts ont été faits depuis le milieu du x1x° siècle pour introduire l'anatomie dans la classification. Nombreux sont les savants qui ont considéré qu’en systéma- tique la structure des plantes est non moins significative que la morphologie externe. Il suffit de citer à cet égard les impor- tantes recherches de M. Van Tieghem sur les familles Les plus diverses. L'éminent professeur du Muséum à montré qu'il faut faire entrer en ligne de compte, dans la description des espèces, les caractères de la structure interne au même ütre que ceux fournis par la morphologie externe. La préoccupation commune aux auteurs qui se sont occupés de cette question a été de grouper un certain nombre de caractères anatomiques permettant de définir les familles, les genres et les espèces, travail laborieux qui, à côté des résultats acquis, à laissé encore bien des points controversés. ANN. SC. NAT. BOT. AE | 2 A. SARTON C'est celte méthode que j'ai essayé d'appliquer à l'étude des espèces affines. On sait en effet qu'en dehors des espèces lin- néennes, l'école qui se recommande de Jordan et de ses parti- sans à créé une mulüitude de formes nouvelles auxquelles elle attribue la valeur de véritables espèces, bien qu'elles ne diffè- rent entre elles que par des caractères extérieurs presque insi- gnifiants. À ces différences légères de morphologie externe correspond-il des différences de structure et quelle en est Ja valeur ? C'est une question qui a séduit peu de chercheurs. La plupart des botanistes auxquels je viens de faire allusion semblent s'être exclusivement occupés des espèces linnéennes el, en dehors de rares essais, je ne connais aucun travail spé- clal sur ce sujet. En 1896, M. Paul Parmentier (1), dans un intéressant Mé- moire, a montré comment, dans certains cas, l'anatomie pouvait venir en aide à la morphologie externe pour la détermination de quelques espèces litigieuses. Jen dirai autant d'un travail de M. John Briquet (2), entrepris en 1901 pour démontrer par l'anatomie comparée de la feuille que le Pistacia Saportæ 6lait un hybride du P. Lentiscus L. et du P. Terebinthus L. D'ailleurs, ces travaux n'ont été soumis à aucun contrôle de cultures expérimentales. Le problème n'a donc pas encore été posé au sujet des espèces jordaniennes. Voici comment j'ai essayé de le résoudre. Jai d'abord fait l'anatomie comparée des espèces affines récoltées en divers endroits où elles poussaient spontanément. Puis, afin d'éliminer les causes d'erreur provenant des modifications de structure dues à ladaptation, j'ai semé parallèlement, dans différents terrains, des graines des types linnéens et des types jordaniens. Mes cultures m'ont ainsi procuré un double avan- lage : elles m'ont permis de multiplier les termes de compa raison, tout en réalisant pour lestypes et les variétés des condi- lions aussi identiques que possible, En outre, chez le plus grand nombre des espèces examinées, j'ai pu faire varier, pour une 1) Du rôle de l'anatomie pour la distinction des espèces critiques ou litigieuses Ann. Sc. nat. Bot., 8° série, t. I). 2) Anatomie comparée de la feuille chez les Pistacia Lentiscus, P. Terebinthus ét P. Saportæ (Bull. de l’Herbier Boissier, 2° série, 1901). MASSON Er C', ÉDITEURS 4 | 120, boulevard Saint-Germain, PARIS (6°) Lo SPPPIA Pr. n° 453 Vient de paraître : Traité de Gécloâie PAR A. DE LAPPARENT Membre de l'Institut, Professeur à l'École Libre des Hautes-Études. CINQUIÈME ÉDITION REFONDUE ET CONSIDÉRABLEMENT AUGMENTÉE 3 volumes grand in-8°, contenant XVI-2016 pages, avec 883 figures dans le texte. Prix : 38 fr. w Tous ceux qui font usage du Zraité de Géologie de M. de Lapparent savent que cet ouvrage est, de la part de l’auteur, l’objet d'une continuelle remise en chantier. On ne s’étonnera donc pas si la cinquième édi- tion témoigne d'un effort de rajeunissement plus considérable encore que d'habitude. Ce devoir s’im- posait avec une force particulière, en raison des progrès remarquables qu'a réalisés tout récemment l'exploration géologique. Ce n’est plus sur la con- naissance d’une petite partie de l'hémisphère nord que la construction de l'édifice doctrinal en est réduite à se baser. Toutes les parties du globe y viennent maintenant apporter leur pierre. De tous les pays autrefois les moins connus sont arrivées depuis cinq ans de continuelles découvertes. D'autre part, les problèmes de la structure des montagnes ont été, dans ces derniers temps, l’objet de travaux qui ont modifié Qu tout au tout la conception qu'on s'était faite du phénomène orogénique. Jamais donc l'opportunité d’une édition, entièrement PA CAC . . L Molaire d'Ælephus primi- remaniée, ne pouvait être plus manifeste qu'à genius. Blumb. des gra- , ; viers de Billancourt. l'heure présente. (Réduite au quart.) : description des terrains cambrien, silurien et dévonien s’est accrue faute de données suffisamment sûres, il lui était arrivé de réunir deux Accompiir cette transt te nton sans grossir démesurément lou vrage, telle a été la préoccupation de l'auteur. 7 TS C'est ainsi qu'aucun changement ne semble avoir été introduit dans la Première Partie, consacrée aux phénomènes actuels. Pourtant une foule de rectifications de détail y ont été apportées. En outre, grâce à quelques suppressions faites çà et là, il a été possible d'insérer un alinéa sur les anomalies de la pesanteur et un paragraphe sur l'éruplion des Antilles. Le chapitre relatif aux tremblements de terre à été totalement remanié, et mis au courant des résultats si remar- quables obtenus depuis trois ou quatre ans par le concours des obser- vatoires groupés au- tour de l'Association britannique. La Zithologiea subi unerefonte complète. L'auteur a mis la clas- sification des roches en harmonie avec les vues des pétrogra- phes les plus autori- sés. Grâce au sacrifice de quelques détails secondaires, on a pu, sans augmenter le nombre des pages, introduire des pa- ragraphes nouveaux sur l'interprétation des analyses de ro- ches et la représen- tation graphique des principaux types lithologiques. Le chapitre de l’archéen a été refait, de manière à mieux marquer la part du mélamorphisme dans la formation des schistes cristallins. La F16. 722. — Esquisse de la France lutétienne. Le pointillé marque ]C régime lagunaire. d'une quinzaine de pages,consacréessurtout aux types extra-européens. Le chapitre relatif au carboniférien est à lui seul augmenté de quinze pages et de dix figures. L'auteur a cherché à donner une idée sufii- sante de la constitution de tous les bassins houillers, non seulement en Europe, mais en Amérique. Sous ce rapport, l'utilité de l'ouvrage, pour les ingénieurs et les exploitants de mines, se trouve grandement accrue. Dans la quatrième édition, l'auteur s'était imposé l'obligation de prendre, pour base des descriptions, la division en étages, au lieu de grouper ces derniers par sys/èmes. Seulement, à diverses reprises, L | 4 * a 2 “ <à : - A Ne tages ‘dans une même description. Cette fois tous ont été séparés, et He l'étude de chacun d'eux est précédée par un exposé succinct des con- à ditions de la période, ainsi que de ses divisions paléontologiques. é Les améliorations apportées aux chapitres du permien, du {rias et du É jurassique ont produit une augmentation de quinze pages. De la même A façon, la part des terrains crélacés s’est accrue de vingt-cinq et celle 1 des terrains tertiaires de quinze pages. Encore ne s’est-on maintenu ï dans ces limites que grâce à une sévère revision du texte entier, ce 4 qui a permis de gagner une notable partie de la place nécessaire. = 5e Tant d’acquisitions nouvelles entraïnaient forcément une refonte des Le esquisses paléogéographiques de l'édition de 1900. L'auteur ne les avait Ÿ d’ailleurs présentées alors que comme de simples ébauches. Sans doute, * sous leur forme présente, elles gardent le caractère d'esquisses provi- Se N-NE Pe 5 ès Drocourt' Concession de Courrières Conc® de Carvin & É: ; Charb Eee #19% Rae Er Yi 4 PE Re Charb° PL RU Des re À ; x A LA À Massif de recouvrement Lambeaz de poussée. ET #orts-torrans. k F1G. 387. — Coupe prise à travers les concessions de Courrières. F, Faille du Midi; . { faille des Plateures. . Th ant Le + PUS soires. Néanmoins, le nombre des données sur lesquelles le tracé des mers anciennesa été basé s’est beaucoup accru et la partie hypothétique des contours est devenue moins incertaine. A cette occasion, l’auteur a pensé que le moment était venu d’inau- gurer l'emploi d’un canevas géographique mieux approprié aux besoins de la géologie. Jusqu'ici la projection de Mercator avait été seule usilée pour les essais de paléogéographie; mais ce mode de représentation, - excellent pour les marins, convient très mal aux géologues; car il # déforme considérablement les contrées de la zone tempérée froide, c'est- AU, à-dire celles d’où la géologie tire presque toutes ses informations. De Fe plus, il rend impossible le figuré des terres polaires. L'auteur a donc fait choix d’un mode de perspective, déjà réalisé dans … l'Atlas physique de Berghaus, et où le globe est partagé en deux moïitiés * par un plan parallèle à l'horizon de l'Europe centrale. La terre ferme « presque tout entière se trouve ainsi concentrée dans un seul hémi- 3 Sphère, auquel il sufiit d'ajouter deux croissants symétriques, pour repré- senter l'Australie et la partie méridionale de l'Amérique du Sud. ACROSS = 3 | _- É e <é ES TR » Des Ft ot AS, À MASSON ET C'°, Éditeurs, 120, boulevard Saint-Germain, PARIS (6). ps: 1 La La place ainsi occupée par le pôle nord met mieux en évidence la dis- position circulaire que les terres ont de tout temps affectée autour de ce point, ainsi que la permanence de la mer arctique à travers les âges. Mais de toutes les transformations par lesquelles se distingue la cinquième édition du 7raité, la plus importante est le remaniement opéré dans l'exposé des Phénomènes orogéniques. Depuis trois ou quatre ans, les géologues de langue française, développant une remarquable conception de M. Marcel Bertrand, ont fait subir à l'interprétation des dislocations alpines, et par suite à la théorie de la genèse des montagnes, une évolution qui ouvre à la science des horizons inattendus. Pénétré de l'excellence de la nouvelle conception, qui a permis à MM. Lugeon, Termier, Schardt et Haug, de réunir les éléments d'une brillante. synthèse des Alpes, l’auteur du 7raité s’est efforcé de la présenter de manière à an bien faire apprécier tout le mérite. Il y a lieu de signaler encore les soins donnés au Lexique alphabé- tique, si utile pour faciliter les recherches et qui comprend maintenant environ 6.200 noms et 22.000 renvois de pages. Enfin le souci qu'a tou- jours eu l’auteur, d'indiquer les sources originales auxquelles il avait puisé, se traduit cette fois par un total de sir mille références biblio- graphiques. Rien n’a été négligé pour assurer le bon aspect de cette édition, où le nombre des figures entièrement nouvelles ou redessinées exprès atteint juste la centaine sur un total de 883. DU MÊME AUTEUR Abrégé de géologie. Cinquième édilion, considérablement augmentée, avec esquisses des anciennes mers. 1 vol. in-18 de xvi-424 pages, avec 158 figures dans le texte et une carte géologique de la France en chromolithographie, CATÉONNEMOILE» 1.5. :5 015 CR Re meet Mere RUN EP TUE EC RATE 4 fr. La géologie en chemin de fer. Description géologique du Bassin parisien et des régions adjacentes (Bretagne aux Vosges. — Belgique à Auvergne). 1 vol. in-18 de 608 pages, avec 3 cartes chromolithographiées, cartonné LOL EME T Re te à» vel dE PRE OR MÉCU C EN I 2e 7 fr. 50 Cours de minéralogie. Troisième édilion, revue et augmentée. 1 vol. grand in-8° de xx-103 pages, avec 619 gravures dans le texte et une planche chro- MOTO PEADDIÉ ES. 242 222.120. 5 ARNO D. AUTO MINE NE 45 fr. Précis de minéralogie. Quatrième édilion, revue et corrigée. 1 volume in-18 de xu1-412 pages, avec 335 gravures dans le texte et unc planche chromoli- thographiée, cartonné toile. . . . M... RUSSE TN EU ER RON 5 fr. Leçons de géographie physique. Deuxième édilion, revue et augmentée. 1 volume grand in-8° de xvi-118 pages, avec 162 figures dans le texte et une planche eMEQUIEUTS ER à. 0 ee Or OC EN DT 42 fr. Le siècle du fer. Un volume in-18 de 360 pages, broché. . . . . . . . 2 fr. 50 La question ‘du charbon de terre. Un volume in-16 de 122 pages. . 1 fr. 50 Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. — 11308. ANATOMIE DES PLANTES AFFINES J même forme étudiée, Les conditions physiques ou chimiques du sol, ce qui permettait de voir quels étaient les caractères qui se maintenaient dans les conditions les plus diverses, et d'exa- miner les caractères qui, au contraire, varient immédiatement avec le changement de milieu. Toutes ces cultures ont été réa- lisées au Laboratoire de Biologie végétale de Fontainebleau. Pour d’autres espèces affines, à défaut de graines, je me suis contenté d'étudier des exemplaires ausstnombreux que possible de l'espèce linnéenne et des espèces entre lesquelles elle à été démembrée. En tenant compte des résultats fournis par mes études expérimentales et en m'adressant à des échantillons très variés, je crois avoir pu donner une interprétation légitime de la structure de ce second groupe d'espèces. Enfin, j'ai étudié des individus d’une même espèce linnéenne mais très différents, soit par leur port général, soit par la cou- leur de leurs fleurs, pour rechercher S'ils ne renfermaient pas dans leur structure des différences comparables à celles que j'avais rencontrées chez les espèces affines. Parmi les différentes espèces que j'ai examinées, J'ai choisi les plus caractéristiques : c’est leur étude que J'ai résumée dans ce travail. Pour le mener à bonne fin, j'ai dû, à de nombreuses reprises, recourir à la science de distingués botanistes familia- risés avec les espèces affines. Aussi est-ce un devoir pour moi de leur offrir tous mes remerciements les plus sincères. Je dois avant tout une mention spéciale à M. le D°Beille, professeur agrégé à la Faculté de médecine et à l'École de phar- macie de Bordeaux, et à M. le D°Offner, préparateur à la Faculté des sciences de Grenoble. L'un et autre ont mis à ma dispo- sition une bienveillance et un dévouement que je ne saurais assez reconnaitre. Je les prie d'agréer l'expression de ma vive gratitude. Je tiens également à remercier Mille Belèze, M. Reynier, M. l'abbé Hy et M. Jumelle du concours effectif qu'ils ont bien voulu me prêter. PREMIER GROUPE Espèces affines soumises au contrôle des cultures expérimentales. 1. RANUNCULUS BULBOSUS L. — RAN. DURIÆI Baille. Le Ranunculus Duriæei que J'ai étudié m'a été envoyé de Bor- deaux par M. le D' Beille, comme une espèce affine du 2?. bul- bosus. L'anatomie comparée du type et de la variété m'a révélé de telles différences de structure dans ce À. Duriæi que j'ai tenu à me procurer des échantillons du À. bulbosus récoltés dans la même localité, Très aimablement, M. Beille me fit par- venir des échantillons frais du type et de la variété que j'ai pu examiner immédiatement et'des graines de l'un et de l'autre que J'ai semées parallèlement dans différents terrains à Fontai- nebleau. Voic la description inédite que M. Beille donne de cette espèce affine : < Ranunculus Duriæi Beille (2. bulbosus L., forme Duriæi, Hortus burdigalensis). Plante à souche vivace bulbiforme, pourvue de racines grèles, Tiges de 4-5 décimètres dressées ou élalées, velues. — Feuilles pubescentes, les radicales longuement péliolées: les caulinaires à pétiole plus court, muni, comme celui des précédentes, d'un sillon étroit bien marqué sur son bord supérieur. Limbe à contour ovale, 2-terné ou 1-terné :; segment moyen plus longuement pétiolulé {sa largeur moyenne atteint 0,05-0,07), bords incisés, dentés, un peu velus. — Pédoncule floral sillonné; fleur atteignant 0,025 de diamètre, réceptacle un peu velu, sépales réfléchis velus; pétales jaune vif, sauf ANATOMIE DES PLANTES AFFINES à) une zone inférieure très petite, décolorée; onglet bien marqué : écaille nectarifère triangulaire, à bord supérieur arrondi, un peu plus étroite que l'onglet, ordinairement marquée d'un sillon transversal; carpelles en tête arrondie, bec court plus arqué, dépression péri-ovulaire bien nette; graine rouge brun clur, bordée d’une zone linéaire plus pâle. « Cette forme diffère du Æ. bulbosus L. cultivé dans les mêmes conditions : 1° par la largeur de ses feuilles; 2° par le plus grand diamètre de ses tiges et de ses pédoncules fructi- fères ; 3° par la forme de ses pétales ; 4° par la diminution de sa zone décolorée, deux fois plus grande que le nectaire dans R. bulbosus, 1/2 fois à peine dans le 2. Duriæi; 5° par ses fleurs plus larges : 6° par ses fruits plus développés, de couleur plus claire que ceux du À. bulbosus {ype. » Dans cette étude je commencerai par faire l'anatomie com- parée des individus adultes du À. bulbosus et du R. Duriæi, puis j'indiquerai les résultats que m'ont fournis les cultures. [. — PLANTES DU JARDIN BOTANIQUE DE BORDEAUX 1° TiGE. — Sur une section transversale pratiquée dans une région moyenne de la tige, le Ranunculus bulbosus (PI. T, fig. 1) possède un épiderme sans cuticule dont les cellules, en général isodiamétriques, ont des parois cellulosiques peu épaisses. Le parenchyme cortical est constitué par des éléments assez irré- guliers, polygonaux ou plus où moins arrondis et lâchement unis entre eux de facon à former de nombreux méats. Le ca- libre des cellules augmente en allant de l'épiderme vers l'en- doderme. Les faisceaux libéro-ligneux disposés sur un seul cercle sont complètement entourés d'une gaine de sclérenchyme qui relie les faisceaux les uns aux autres. Le liber forme des massifs arrondis : les éléments qui le composent sont polvgonaux, pour la plupart allongés radialement. Les vaisseaux du bois secon- daire sont disposés sur des files radiales dont les deux princi- pales limitant, sur les deux côtés le massif ligneux, renferment cinq ou six gros vaisseaux arrondis; à l'intérieur du massif, les vaisseaux sont beaucoup plus petits et entremélés de cellules Ô A. SARTON ligneuses. Le bois primaire est représenté par quelques vaisseaux plus où moins écrasés et isolés dans le parenchyme ligneux mou. La moelle en partie détruite renferme des cellules très régulières au voisinage des faisceaux hibéro-ligneux, mais irré- gulières, arrondies ou elliptiques dans la direction de la lacune centrale. Dans la tige du À. Duriæi (PL T fig. 2), également récolté à Bordeaux, les membranes de lépiderme sont plus épaisses, et les cellules sont plus allongées radialement. L'écoree ec surtout est très différente; elle est plus développée, et elle présente de véritables canaux aérifères formés par des trabécules unisériées de cellules ajustées bout à bout. D'autre part dans le cylindre central les éléments de soutien sont plus développés. La gaine fibreuse des faisceaux lHbéro- ligneux est plus importante: elle forme en dehors du hiber une masse presque deux fois plus considérable, en même temps plus compacte, la lumière des fibres étant plus réduite par suite de lépaississement des parois. De leur côté, les cordons scléreux 7» qui vont d'un faisceau à l’autre sont également plus importants ; la sclérification à envahi sept ou huit assises péricyeles, tandis que dans le BR. bulbosus quatre ou cinq de ces assises sont lignifiées. Ajou- tons que les fibres ont leurs parois plus épaisses que celles du type. D'ailleurs les mêmes différences persistent en s'accen- tuant avec l’âge de la plante. Dans des coupes pratiquées au bas de la tige des mêmes échantillons, j'ai retrouvé un déve- loppement intense des éléments de soutien et en même temps une abondance considérable de canaux aérifères dans le paren- chyme cortical. Les faisceaux libéro-ligneux sont plus importants que dans la ge de 2. bulbosus. Le hber est sensiblement le même dans les deux cas: mais les vaisseaux du bois sont plus nombreux et plus largement'ouverts dans le 2. Duriri. Dans la moelle, il n'y a pas de différences sensibles à noter. 2 Fecilze. — J'ai retrouvé dans l'étude du pétiole des diffé- rences analogues à celles de la tige relativement aux lacunes du parenchyme fondamental et aux faisceaux hbéro-ligneux. Dans le Himbe du À. Duriri les palissades sont plus hautes que ANATOMIE DES PLANTES AFFINES T dans le À. bulbosus et en même temps le tissu lacuneux est beaucoup plus méatique. Vues de face, les cellules de l'épiderme inférieur sont presque une fois plus allongées dans l'espèce affine que dans le type; elles portent un plus grand nombre de poils (PL. IT, fig. 12 et fig. 13). 3° RAGINE. — N'ayant pas à ma disposition de racines de BR. bulbosus récolté à Bordeaux, j'ai été obligé de prendre pour terme de comparaison des racines de 2. bulbosus (PL. TI, fig. 3) des environs de Fontainebleau. Dans le 2. Duriæi (PI. T, fig. 4), l'écorce très développée est plus lacuneuse que dans les échantillons de /?. bulbosus que j'ai étudiés comparativement. Mais ce qui est très caractéristique, c’est le cylindre central. Il renferme un massif énorme de bois ayant l'aspect d’une étoile à cinq rayons. Chaque rayon est formé par deux ou trois files de vaisseaux d'un calibre moyen compris dans une douzaine d'assises d'éléments très petits et complètement lignifiés. Le centre est occupé par de larges vaisseaux polygonaux à parois très épaisses. Entre le périeyele et les faisceaux ligneux sont compris les cinq faisceaux du liber. D COULTURES Étudions maintenant les cultures faites à Fontainebleau. 1° Racine. — Voici la structure de la racine de 2. bulbosus cultivé dans le terreau. L’épiderme est peu cutinisé et en partie exfolié; dans la première moitié de l'écorce le parenchyme ren- ferme cinq ou six grandes lacunes cireulaires dues à autant de déchirures, le reste forme un tissu plus dense. L'endoderme présente des plissements caractéristiques : il est suivi d'une assise unique de péricyele. Les éléments vasculaires sont repré- sentés par trois faisceaux du bois alternant avec les faisceaux du liber; la moelle est très régulière. Le Æ. Duriei culivé aussi dans le terreau n'offre pas de différences sensibles dans Pépi- derme. L'écorce renferme des lacunes semblables aux précé- dentes, le parenchyme yest plus che. Dans le cylindre central le nombre des faisceaux est porté à quatre, les vaisseaux du bois sont plus nombreux et plus développés, la moelle est en partie sclérifiée et vers la pointe des faisceaux les cellules ligneuses 8 A. SARTON sont plus abondantes. Les masses libériennes sont également plus compactes. Les graines semées dans le calcaire ont donné des échan- Ullons plus chétifs; cependant le 22. Duriæi diffère du type par le nombre des faisceaux qui est de quatre au lieu de trois, par l'abondance du tissu vasculaire. En effet, dans chaque faisceau du 2. Duriæi on trouve en général huit à dix vaisseaux, et sept seulement dans le 2. bulbosus. 2° ice. — J'ai trouvé respectivement dans les tiges des R. bulbosus et R. Duriæi une structure tout à fait sembla- ble à celle que j'ai décrite plus haut. 3° FeuiLe. — 1. Pétiole. Comparons d'abord les individus qui ont poussé dans le terreau. Comme dans la tige, on remar- que de nombreux méats dans le parenchyme fondamental du pétiole de 22. bulbosus. Les faisceaux libéro-ligneux présentent en dehors du liber et à la pointe du bois des paquets de fibres non encore sclérifiées. Le pétiole du Z?. Duriæise distingue du précédent par une plus grande abondance des lacunes dans le parenchyme et la plus grande épaisseur des parois des fibres. 2. Limbe. Une section transversale perpendiculaire à la ner- vure médiane montre que la feuille du À. Duriri est plus épaisse que celle du 2. bulbosus. Les faisceaux des nervures sont plus importants. Les palissades du mésophylle sont plus allongées et plus adhérentes les unes aux autres. De plus, 11 y à deux assises palissadiques très nettes, tandis que dans le type les cellules de la seconde assise sont à peine élirées. Malgré le développement du tissu palissadique, le tissu lacuneux est tres abondamment représenté dans le 2. Duriæi. Les lacunes y sont plus nombreuses et plus considérables, surtout au voisi- nage de la nervure médiane. Si nous passons à l'examen de la structure des plantes cul- tivées dans le calcaire, nous avons à peu près à noter les mêmes observations, en tenant compte des réserves déjà faites sur la morphologie externe de ces échantillons. L'étude du limbe offre quelques particularités intéressantes. L'épiderme ventral est plus épais dans le Z?. hulbosus, mais la deuxième assise du lissu palissadique, très nette près de la nervure médiane, perd ANATOMIE DES PLANTES AFFINES 9 bientôt cette différenciation, tandis que dans l'espèce À. Duriæi les deux assises palissadiques persistent dans toute l'étendue du limbe: d’ailleurs, comme précédemment, les cellules y sont plus allongées et moins larges. Ce qui frappe surtout dans la struc- ture de ce limbe, c’est l'abondance et l'étendue des lacunes. La nervure médiane est encore mieux développée que dans le type; le parenchyme qui la sépare de part et d'autre de l'épi- derme est plus collenchymateux. Vues de face, les cellules épidermiques sont moins larges que celles du 22. bulbosus, elles portent beaucoup plus de poils. Ainsi, pour ne parler que des différences les plus notables, il res- sort des comparaisons faites plus haut que le À. Duriæi se dis- hingue du 22. bulbosus {ype par la présence des lacunes dans le parenchyme cortical et par une grande abondance des éléments de soutien. Cette variété est done caractérisée par une structure mixte appartenant à la fois aux plantes humides et aux végé- faux soumis à la sécheresse. La coexistence de semblables caractères s’exeluant ordinai- rement est pour le moins très surprenante. Pour en saisir toute l'importance, je me suis adressé à de nombreux et variés échantillons de 2. bulbosus des environs de Paris. En récoltant ces matériaux, je me suis attaché à réunir les conditions qui me permettaient de préciser entre quelles limites pouvait osciller la structure du À. bulbosus. J'ai d'abord tenu le plus grand compte des différences de milieu : c'est ainsi que j'ai comparé des pieds de À. bulbosus récoltés, les uns à Chaville, sur le talus d’une route forestière, d'autres dans la vallée de Che- vreuse, à la fois dans une prairie et dans un fossé humide, d'autres enfin à la Mare aux Fées, près de Fontainebleau. Dans le but d'augmenter ces documents, j'ai étudié des échantillons que les différences de morphologie externe ren- daient plus intéressants : par exemple, j'ai comparé de beaux pieds de Z2?. bulbosus très bien développés avec d'autres Renon- cules récoltées au même endroit en terrain sec ou sur un sol humide, mais plus chétives et rabougries. Enfin, je n'ai pas négligé les plantes d'herbier de provenances différentes quand J'ai trouvé les indications nécessaires sur l'habitat, le lieu et l'époque de la récolte. 10 A. SARTON Je n'entrerai pas dans la description détaillée de la struc- ture de ces différents échantillons que j'ai étudiés avec le plus grand soin dans leurs principaux organes végétatifs. Il me suffira de noter les observations capables de jeter quelque lumière sur la structure paradoxale du À. Duriri. Commençons par l'étude de la racine. 1° Racixe. — Le 2?. bulbosus récolté sur le bord de la route, dans les bois de Chaville, présente une structure moyenne entre toutes celles que j'ai observées. L'épiderme est un peu cutinisé; les cellules de l'écorce sont régulières, polygonales, à parois minces. Dans l'endoderme une douzaine de cellules sont nettement sclérifiées. Les éléments vasculaires du cylindre central for- ment quatre faisceaux de bois et quatre faisceaux de liber. Les vaisseaux sont au nombre de sept ou huit dans chaque faisceau ; mais on voit la lignification envahir les cellules de la moelle et le faisceau est séparé du péricyele par de petites cellules ligneuses. Nous trouvons à peu de chose près la même struc- ture dans le grand échantillon récolté dans une prairie de la vallée de Chevreuse, mais les cellules de Fécorce sont moins régulières; l'endodermeest presque entièrement sclérifié, la dif- férenciation du bois est plus avancée, la moelle est complète- ment lignifiée. Un second pied, également récolté à Chevreuse mais plus rabougri, se distingue du précédent par un épiderme relativement plus large, alors que les cellules du parenchyme corlical sont plus petites de moitié, plus régulières et à mem- branes plus épaisses. Mais c'est le cylindre central qui est de beaucoup le plus in- téressant. La différenciation est poussée à l'excès, tout y est lignifié : vaisseaux, moelle, parenchyme périmédullaire, péri- cycle et endoderme. L'ensemble des faisceaux et de ces éléments ligneux forme les quatre bras d'une croix enserrant les massifs libériens. D'ailleurs, si lon tient compte de la section de la ra- cine, le diamètre du cylindre central est plus grand que dans tous les cas précédents. Avec le 22. hulbosus récolté dans le sable de Fontainebleau nous retrouvons un evlindre central plus réduit: il ne renferme que trois faisceaux groupés autour d'un gros vaisseau central et contenant chacun huit ou neuf vaisseaux ANATOMIE DES PLANTES AFFINES 11 de bois. L’endoderme est complètement sclérifié. L'épiderme est plus cutinisé que ceux que nous avons examinés Jusqu'ici et les cellules de parenchyme cortical sont plus grandes et moins régulières. C'est la même structure du cylindre central que présente un échantillon d'herbier récolté dans le département de Ia Marne, mais la lignification est moins avancée et, d'autre part, les cellules de lécorce sont plus pelites et très régulièrement polygonales. Ces exemples prouvent évi- demment qu'un même végétal offre une grande plasticité dans sa morphologie interne, et dès lors une extrême prudence s'impose quand il s’agit d'interpréter l'anatomie d'une plante. Mais pour le sujet qui nous occupe une autre conclusion se dé- gage. Si l'on se rappelle en effet la structure de la racine du R. Duriæi, il est facile de voir qu'elle ne ressemble exactement à aucune de celles que nous venons d'étudier. Le nombre de ses faisceaux est supérieur dans tous les cas et surtout on ne trouve jamais dans le 22. bulhosus cette association d'un paren- chyme cortical lacuneux avec un grand développement des éléments de soutien. Ainsi, pour ne faire que cette compa- raison, par son cylindre central le 2. Duriæi se rapproche du R. bulbosus de Chevreuse petit échantillon, mais il s'en sépare nettement par son écorce. Si nous étudions l'anatomie de la tige, nous voyons qu'elle résout Le problème dans le même sens. 2° Tige. — Commençons par un 22. bulbosus récolté sur le bord d'un fossé très humide. Une coupe, faite au bas de la üge fleurie, montre que l'écorce est très lacuneuse ; les faisceaux libéro-ligneux sont très bien développés, mais il n°y à pas trace de sclérenchyme, alors qu'une coupe du premier entre-nœud de la tige du 22. Duriei montre déjà un anneau fibreux autour des faisceaux. J'ai retrouvé à peu près la même disposition dans le 2. bulbosus des bois de Chaville, seulement les lacunes sont moins nombreuses. Les fibres manquent également dans le bas de la tige du 2. bulbosus de Fontainebleau récolté dans un endroit très sec; les faisceaux libéro-ligneux ont entourés d'un véritable manchon de fibres très selérifiées, mais dont Fen- semble est moinsimportant que chez le À. Duriei. D'ailleurs, l'anneau continu de selérenchyme qui va d’un faisceau à l'autre 12 A. SARTON di . dans ce dernier, manque ici. IPest très développé dans le grand échantillon de Chevreuse, de même que les anneaux fibreux des vaisseaux. Mais si, en raison de l'abondance des tissus de soutien, ces deux tiges de Z?. bulbosus rappellent la structure du 22. Duriæi, elles en diffèrent notablement par l'absence de lacunes dans l'écorce. Le 27. bulbosus de la Mare aux Fées pré- sente au contraire une écorce assez lacuneuse, mais en re- vanche, comme chez les échantillons par lesquels j'ai com- mencé ces comparaisons, celle adaptation au milieu humide se traduit par une réduction des éléments de soutien. Il est donc impossible de faire rentrer le À. Duriæi dans aucun des cas précédents. L'étude de la feuille va encore accentuer notre affirmation. 3° FEUILLE. — Je ne dirai rien de particulier sur le pétiole, au sujet duquel il faudrait faire des observations analogues à celles qu'a suggérées l'examen de la tige. Occupons-nous exclu- sivement du Jimbe. Dans une coupe transversale de la feuille du Z?. bulbosus de Fontainebleau récolté dans un endroit très sec, nous trouvons, après l’épiderme supérieur non cutinisé, deux assises palissadiques très nettes, mais les cellules de la se- conde assise sont moins allongées; le tissu palissadique remplit exactement la moitié de l'épaisseur du limbe. La seconde moitié est représentée par un tissu lacuneux d’ailleurs assez compact el l'épiderme inférieur très aplati. Nous voyons deux assises palissadiques dans le 22. bulbosus récolté à Chevreuse dans un fossé : elles sont égales toutes les deux, mais presque de moitié moins allongées que dans le premier exemple. Le tissu lacuneux est très dense, les lacunes n'existent guère qu'au voisinage de la nervure médiane. Le tissu palissadique esl réduit à une seule assise dans les deux autres échantillons de Chevreuse, mais les cellules qui forment la palissade sont très allongées et larges en proportion ; à elle seule cette assise vaut les deux précédentes ; elle est suivie d’un tissu lacuneux normal. D'après ces descriptions, le 2. Duriæi ressemble surtout à ce dernier échantillon ; il en diffère cependant par l'allongement considérable des cellules palissadiques et par un excessif déve- loppement des lacunes. ANATOMIE DES PLANTES AFFINES 13 Conclusion. — Des études comparées que nous venons de faire successivement, il ressort que, à quelque organe qu’on s’a- dresse, l'anatomie du Æ. Duriæi demeure quelque peu décon- certante. La présence simultanée de caractères ordinairement séparés permet, pour le moins, de supposer qu'à elle seule l’in- fluence immédiate du milieu semble insuffisante à expliquer la structure de cette espèce affine du 2. bulbosus. Pour nous, ces caractères différentiels, que nous avons essayé de mettre en relief, ont la valeur et la signification de caractères acquis hé- réditaires, par conséquent spécifiques. 2. ANEMONE PULSATILLAL. — ANEMONE BOGENHARDTIANA Pritz. — ANEMONE RUBRA Lamk. Parmi les sous-espèces rattachées à l'Anemone Pulsatilla L., J'ai étudiéles À. Bogenhardtiana Pritz. et A. rubra Lamk., que j'ai reeues de Bordeaux où elles poussent spontanément, et j'ai cultivé à Fontainebleau des pieds de lune et de l’autre venant également des environs de Bordeaux. Je les ai comparées au type linnéen. L'A. Bogenhardtiana diffère du type par: fleurs à la fin pen- elliptiques, assez abondamment velus extérieurement ; divisions des feuilles allongées, ténues: stigmates d’un beau violet. L'A. rubra possède les caractères différentiels suivants : fleurs à la fin inclinées ou penchées, bien moins étalées au som- met que dans le type ; hampes poilues à poils courts ; stigmates d’un beau violet. 1° Tige. — La section transversale de la tige, immédiate- ment au-dessous du pédicelle floral, est très nettement circulaire. Dans l'Anemone Pulsatilla (PL IE, fig. 7), l'épiderme est muni de poils scléreux unicellulaires et de quelques stomates faisant légèrement saillie vers l'extérieur. Les éléments dont il se com- pose sont carrés ou rectangulaires: leurs parois externes, arrondies, sont épaissies et protégées par une cuticule mince et 14 A. SARTON striée. Cet épiderme recouvre un parenchyme cortical arrondi, collenchymateux, très méalique, à sept assises. L'endoderme et l'assise précédente ont des cellules encore plus épaissies, polygonales, et plus intimement unies entre elles. C'est en face des faisceaux hbéro-ligneux surtout que le collenchyme est abondant. En ces endroits, lendoderme forme des concavités logeant des arcs périeyeliques de sept assises de fibres peu épaisses. Dans les espaces interfasciculaires, on trouve, au-des- sous de lendoderme, de grosses cellules polyvgonales se con- fondant avec les ravons médullaires de Ta moelle qui est le siège d'une grande lacune. Les assises les plus externes de ce lissu commencent à se lignifier, tandis que les plus voisines de la lacune centrale ont des parois plus minces et plus irrégu- lières. Les faisceaux Hbéro-ligneux, de grandeurs différentes, ont un hber très abondant et formant un massif arrondi: le bois est peu ou pas triangulaire, il renferme des vaisseaux po- Ivgonaux non disposés en files et entremélés de parenchyme mou; les premières trachées sont écrasées; au contact du cambium, les vaisseaux forment une ligne d'éléments serrés el étroits ; à l'extrémité intérieure, le faisceau plonge dans un pa- renchvme primaire abondant. Dans la tige comparable de FA. Bogenhardtianax Pritz. (PI IE, fig. 8), les cellules de lépiderme sont en général plus aplalies, les stomates sont construits sur le même plan que dans le type. Les dimensions moyennes des éléments corti- eaux sont plus grandes que dans A. Pulsatilla, et les méats sont moins nombreux. La différenciation semble au même stade dans les deux cas, mais les faisceaux Hbéro-ligneux sont plus importants: d'ailleurs ils sont plus rapprochés les uns des autres et leur nombre est double de celui des fais- ceaux de la Uige de PA. Pulsatilla. L'appareil de soutien est également plus développé, chaque arc fibreux péricyclique com- prend dix assises, au lieu de sept ou huit; de plus, dans sa plus srande largeur on compte vingt-cinq rangées de fibres, tandis que dans l'Anemone Pulsatilla nv en à que quatorze ou quinze. Le liber diffère de celui du {ype tant par sa forme générale qui est rectangulaire au lieu d'être arrondie, que par la disposi- lion de ses éléments moins allongés radialement Au contraire ANATOMIE DES PLANTES AFFINES 15 la forme triangulaire du bois est plus franchement accusée, et le nombre des vaisseaux est plus grand. Il faut encore noter que l'endoderme et la partie extérieure du sclérenchyme qu'il limite sont moins convexes que dans A. Pulsatillu. Dans d’autres échantillons d'A. Pulsatilla plus différenciés, j'ai fait les mêmes remarques sur l'appareil de soutien et sur la forme des faisceaux hibéro-ligneux. Les gaines scléreuses sont toujours moins épaisses et surtout moins larges que dans la sous-espèce Bogenhardliana, etle bois est plus étalé. C'est aussi ce que j'ai constaté en comparant avec des pieds d'A. Pulsatilla récoltés à Fontainebleau des individus d'A. Bo- genhardtiana que J'ai reçus de Bordeaux et que j'ai transplan- tés dans le sable de Fontainebleau. Toutefois les différences portant sur la forme des faisceaux Hibéro-ligneux sont moins nettes. La tige d'A. Bogenhardtiana diffère donc de la tige d'A. Pul- satilla surtout par l'importance et la forme des massifs sclé- reux du péricyele, ainsi que par le développement plus con- sidérable du tissu vasculaire. Dans la tige d'A. rubra Lam. de Bordeaux il m'a été 1m- possible d'étudier lPécorce qui à disparu des coupes que J'Y ai faites en plusieurs endroits. Le nombre des faisceaux libéro-ligneux du cylindre central est plus grand: il s'élève jusqu'à vingt, alors qu'il est de douze seulement dans FA. Pulsatilla; dans tous les cas observés J'ai relevé cette supé- riorité de l'A. rubra. Les gaines scléreuses sont généralement moins développées: à ce point de vue PA. zubra se distingue donc très nettement de l'A. Bogenhardtiana, dont l'appareil de soutien est plus puissant. Il diffère surtout de l'espèce linnéenne par la moindre importance de ses faisceaux libéro-ligneux : ils ne renferment en effet qu'une moyenne de onze files radiales de vaisseaux, tandis qu'on en trouve dix-sept environ dans l'A. Pulsalilla; le liber présente une réduction analogue. En m'adressant à des plantes desséchées que J'ai fait ramollir, je me suis heurté à la même difficulté que celle que J'ai rencontrée dans les échantillons envoyés de Bordeaux, pour l'étude de l'écorce de cette Anémone. Je n'ai pu recueillir que 16 A. SARTON de rares lambeaux, je les ai trouvés tous plus méaliques que le parenchyme cortical d'A. Pulsatilla. C'est seulement sur un échantillon frais d'A. rubra (PL IE lig. 9) dont je suis redevable à M. le D° Offner, que J'ai pu étudier l'écorce intacte, Jar remarqué, en effet, qu'elle était plus méatique que dans l'espèce Tinnéenne; mais ce qui nr'a frappé surtout, c'est son peu d'épaisseur. En effet, elle ren- ferme seulement cinq assises, tandis que lécorce de FA. Pudlsatilla en renferme huit ou neuf, C'est sans doute à cette particularité qu'il faut attribuer à fragilité de l'écorce d'A. rubra dans les individus plus âgés. Dans cet échantillon, comme dans les plantes d'herbier, j'ai constaté, avec quelques modifications de détail, les mêmes diffé- rences générales entre la ge d'A. rubraet d'A. Pulsatilla, notam- ment celles qui portent sur Fimportance des massifs fibreux péricyeles, le nombre et là forme des faisceaux libéro-ligneux. En résumé, la ge d'A. zwbra diffère de la tige d'A. Pudsa- alla par la réduction de l'écorce, la moindre importance de l'appareil de soutien, Le plus grand nombre des faisceaux Hbéro- ligneux et la moindre intensité de la lignification. 2 FeuiLze. — Dans l'Anemone Pulsatilla, le pétiole à une section triangulaire arrondie et il porte une échancrure assez profonde à sa face supérieure. L'épiderme est semblable à celui de la Uige, 1lest revêtu de quelques poils unicellulaires scléreux ; l'assise sous-6pidermique se compose d'éléments plus pelitset plus arrondis (elle présente l'aspect d'un hypoderme). Le reste du issu cortical comprend des cellules arrondies et chement unies entre elles, Les faisceaux libéro-ligneux au nombre de six ou sept, sui- vant qu'en face l'échancrure médiane on en trouve un ou deux, sont disposés tout autour suivant le contour triangulaire du péliole. Ts sont coiffés d'un are fibreux qui déborde un peu sur les côtés: autour du faisceau médian, cet are comprend quatre où einq assises scléreuses. Le péricvele interfascieulaire ainsi que les rayons médullaires renferment des éléments po- lygonaux plus grands que ceux de l'écorce, Le bois etle Hber présentent la même disposition que dans les faisceaux de la tige. ANATOMIE DES PLANTES AFFINES 17 Le limbe porte les deux sortes de poils signalés dans le pétiole, 1l présente des stomates sur les deux faces. Les cellules de lépiderme inférieur sont, en général, plus petites et plus arrondies que celles de lépiderme supérieur. Le méso- phylle, dans lequel sont plongés les faisceaux libéro-ligneux. possède une seule assise de palissades atteignant à peine le tiers de l'épaisseur du Himbe. Le reste est du tissu lacuneux formé d'éléments arrondis. La coupe du pétiole d'A. Bogenhardtiana Pritz diffère de la précédente en ce que la forme triangulaire qu'elle affecte est celle d'un triangle isocèle et non d’un triangle équilatéral comme dans PA. Puwlsatilla. Les dimensions sont plus grandes: l'échancrure de la face supérieure, relativement moins profonde, intéresse presque toute cette face. Les poils et les stomates de l’'épiderme sont plus nombreux que dans le type; le tissu cor- tical, beaucoup moins méatique, est plus épais, il comprend en effet 6 assises (au lieu de 4) de cellules plus régulières et assez intimement unies entre elles, À Ja face ventrale, la différence est encore plus grande : on compte 10 assises au lieu de 5. En raison de la surface du pétiole, le nombre des faisceaux libéro- ligneux est de 13 ou 1%; ces faisceaux, de dimensions très inégales, sont répartis comme dans l'A. Pulsatilla. Les arcs scléreux renferment un nombre double d'assises de fibres, ils débordent davantage sur les côtés et rejoignent presque le bois. L'importance relative du hber est moindre, mais en revanche les massifs ligneux sont une fois plus étendus. On observe les mêmes différences dans les faisceaux de la face ventrale du pétiole : toutefois la gaine fibreuse ne comprend que deux ou trois assises. Le limbe, comme dans l'A. Pulsatilla, possède deux épidermes construits sur un type différent, mais la différence des dimen- sions des cellules est plus sensible. Les palissades sont plus hautes et plus étroites, elles arrivent presque au milieu du mésophvile. Le péliole d'A.rubra Lamk. possède aussi une section trans- versale triangulaire, mais beaucoup plus aplatie que dans Île cas précédent. ANN. SC. NAT. BOT. Il, 2 18 A. SARTON Par le développement du selérenchyme et le nombre des fais- ceaux libéro-ligneux 11 se rapproche davantage du pétiole d’A. Bogenhardtiana, mais il s'en distingue comme du type par l'irrégularité et Ta réduction du parenchyme fondamental. Quant au /imbe, il possède des palissades plus hautes que celles de PA. Pulsatilla, el moins serrées les unes contre les. autres. Conclusion. — Dans tous ses organes l'A. Bogenhardtiana diffère nettement de l'A. Pulsatilla. Comme la morphologie externe, l'anatomie fournit des caractères différentiels qui sont, dans l'A. Pogenhardtiana : importance et surtout l'extension des ares fibreux péricycliques sur les flancs du liber, la dispo- sition générale du tissu vasculaire et l'épaisseur de Pécorce. De même, par la structure de sa tige et de sa feuille l'A. rubra est assez différente de l'A. Pulsatilla. On peut dire que la réduction de l'écorce et le nombre des faisceaux li- béro-ligneux permettent de caractériser cette sous-espèce ; 101 encore l'anatomie rend service à la classification. 3. THALICTRUM FLAVUM L. — THALICTRUM ANGUSTI- FOLIUM Jacq. — THALICTRUM NIGRICANS Jacq. J'ai étudié comparativement trois pieds de Thalictrum vé- coltés au Jardin Botanique de Grenoble: le Thalictrum flacum L. et deux variétés, le TA. anqgustifolium Jaeq. etle Th. nigricans Jacq. | J'ai semé parallèlement dans différents terrains des graines de l'espèce type et des deux espèces affines et J'ai pu faire l'étude comparée des germinations et des plantes adultes que j'ai obtenues. Je ferai d'abord l'anatomie des trois TAalictrum du Jardin Botanique de Grenoble ; j'éludierai ensuite les indi- vidus provenant des semis. ANATOMIE DES PLANTES AFFINES 1® fie. — Examinons une coupe faite au sommet de la tige du Thalictrum flavum, immédiatement au-dessous de l'inflo- rescence. L'épiderme est fortement cutinisé, surtout sur les angles (ici au nombre de 12); il ne renferme que de rares stomates. Les cellules épidermiques sont irrégulièrement cir- culaires, les parois externes et internes sont très épaissies. Le parenchyme cortical comprend trois couches d'éléments. arrondis ou elliptiques renfermant de nombreux méats. Dans les pointes de la tige, ce même parenchyme est très collenchy- mateux et plus ou moins méatifère. L'endoderme, à cellules de grosseur moyenne entre celles de l'écorce et celles du péricycle et à parois épaisses, est assez net- tement marqué. Au-dessous, le péricycle fibreux forme un amas continu de trois assises. Les fibres sont d'autant plu sclérifiées qu'elles sont plus proches de l’endoderme; dans la première assise le lumen des cellules est extrêmement réduit. Les faisceaux libéro-ligneux, 1e1 au nombre de 40, com- prennent 12 faisceaux foliaires adossés au selérenchyme péri- phérique et correspondant exactement chacun à une côte sail- lante dela tige. Au dire de M. Mansion (1),les faisceaux foliaires situés sous les côtes de la tige ont une section pointue et s’a- vancent notablement vers le centre. Des 12 faisceaux dont nous parlons, # ne remplissent pas cette condition; ce cas: particulier, joint à d’autres observations analogues sur plusieurs tiges, montre que le fait énoncé par M. Mansion n'a pas une: rigueur absolue. Les autres faisceaux, dits réparateurs, de taille variable, sont répartis sur deux rangs, et d'autant plus re- jetés vers l'extérieur qu'ils sont moins volumineux. Ils ont une forme ovale à pointe arrondie. Tandis que dans les fais- ceaux foliaires le bois primaire est allongé en pointe, dans ces faisceaux réparateurs 1l est plus étalé, et les éléments du bois secondaire sont beaucoup plus abondants. Chaque massif libéro-ligneux est relié à l'endoderme par une zone scléreuse (4) Contribution à l'anatomie des Renonculucées : le genre Thalictrum {Arch. de l'Inst. Bot. de l'Univ. de Liége, vol. [, 1897). 20 A. SARTON de 8-10 assises plus où moins fibreuses. Les éléments du liber très réguliers, allongés radialement, sont écrasés en partie au contact du péricycle. Entre les faisceaux les rayons médullaires se sont épaissis; les cellules restent très nettement polygonales. Le parenchyme ligneux primaire, tendre, est suivi de 3 ou # assises de cellules en voie de sclérification, puis d'une vaste lacune à la place de la moelle. Une coupe faite dans une région comparable du TA. anqusti- folium permetde noter les différences suivantes. La cuticule, en général mieux développée sur tout l’épiderme, n'offre pas à l'extrémité des pointes l'épaisseur considérable qu'on remarque dans le type. Le nombre des stomates est sensiblement le même. Les cellules épidermiques sont moins grandes que dans le type, tandis que lassise sous-épidermique est plus nette et aussi plus collenchymateuse. Le parenchyme cortical est plus compact, on ne retrouve aucun méat dans les pointes de la tige. L'anneau fibreux péricyclique est plus différencié. Dans les arêtes le péricyele est complètement sclérifié. Les fibres diffè- rent de celles du TA. flavum, ant par leur nombre plus consi- dérable que par le degré de selérification beaucoup plus intense ; la lumière des cellules est presque entièrement obstruée. Les faisceaux Hbéro-ligneux ne sont qu'au nombre de 32, bien que la section de la tige soit plus grande que celle du T#. flavum. On les peut considérer comme répartis sur une même ligne, mais 1ls sont d'autant plus près de la moelle qu'ils sont plus gros. La différence entre les faisceaux foliaires et les faisceaux réparaleurs est plus nette et plus constante. Les premiers ont une section pointue, et la section ovale des seconds est beaucoup plus arrondie que dans le {vpe. Dans les uns et les autres, les vaisseaux du bois primaire et secondaire sont plus nombreux, el au mieu du parenchyme ligneux tendre, trois fois plus abondant que dans le T4. flarum, les restes isolés du bois primaire sont plus apparents. La sclérification est aussi plus avancée dans les 3 ou % assises du parenchyme périmé- dullaire. Il faut noter toutefois que le tissu des rayons médullures est moins épaissi que dans le {vpe, bien qu'en général, nous l'avons ANATOMIE DES PLANTES AFFINES 21 vu, la sclérification soit plus accentuée dans le péricyele : les dernières assises de ce tissu sont restées cellulosiques et les cel- lules ont une forme polygonale très régulière. Ilen est de même des quelques éléments de la moelle, qui bordent la lacune centrale. Dans le TA. nigricans, les cellules épidermiques sont plus petites, moins régulières que dans le type. Leurs parois in- ternes et externes sont également épaissies. La cuticule est assez développée à l'endroit des angles, mais moins que dans le TA. flavum. En revanche, l’assise sous-épidermique est plus 1m- portante. Le parenchyme cortical, qui comprend une assise de cellules de plus, est aussi plus collenchymateux, moins méa- tique, surtout dans les pointes où les cellules, assez régulière- ment polygonales, ne laissent entre elles aucun méat. Lasection de la tige est plus petite, on ne compte que 26 fais- ceaux libéro-ligneux, parmi lesquels il serait assez difficile d’éta- blir une distinction en foliaires et réparateurs. Ils ont en effet une forme moyenne intermédiaire entre les deux formes que nous avons trouvées jusqu'alors : d’une part ils ne sont pas assez pointus pour rentrer dans la définition qu'en à donnée Mansion, et, d'autre part, la forme ovale n’est pas assez arrondie pour qu'ils aient franchement l'aspect de faisceaux réparateurs. Seule la position en face des crêtes de la tige désigne les fais- ceaux foliaires. Ils sont tous accolés à l'anneau de fibres péri- cycliques, aussi important dans son ensemble que chez le type. Les massifs libériens sont sensiblement les mêmes, tandis que les éléments du bois tant primaire que secondaire sont plus abondants, surtout dans les faisceaux foliaires, 101 beaucoup plus importants. IL. — CULTURES. Voici les observations que J'ai pu faire sur les cultures des trois espèces de Thalictrum dans le terreau, l'argile, le calcaire et le sable. A. Germinalions. Je ne parlerai ici que des feuilles préle ées sur des indivi- dus âgés de cinq mois. 22 A. SARTON FeuiLze. — 1. Pétiole. — Étudions d'abord les cultures faites dans le calcaire. k Le pétiole du TA. flarum est de forme triangulaire, les angles aux sommets étant assez arrondis. Une mince cuticule recouvre l'épiderme, elle s’épaissit aux angles du pétiole. Les cellules épidermiques ont leurs parois externes plus collenchymateuses que leurs parois internes. L'écorce comprend 2 ou 3 assises de parenchyme assez lâche et mince, si ce n'est dans les côtes où les éléments sont nettement polygonaux, épaissis, sans laisser entre eux de méats. Le péricycle forme un anneau fibreux continu, plus épais en face des faisceaux libéro-ligneux qui lui sont accolés. Ces derniers, au nombre de 6, sont de trois gros- seurs : les trois plus gros sont situés aux angles du pétiole. M. Marié (1) dit que dans le Th. flavum les faisceaux sont tous directement appuyés contre la face interne du péricycle, sauf un seul, enfoncé plus profondément, isolé au milieu du bord supérieur et, de plus, concentrique par inclusion du liber entre les cornes antérieures du V prolongées. Il m'a été impossible de vérifier cette assertion, à ce stade du développement. Les fais- ceaux libéro-ligneux ont tous une forme plus ou moins arron- die, le bois est étalé. | La coupe du pétiole du TA. anqgustifolium à une forme vague trapézoïde dont les angles sont plus accentués que dans le cas précédent. Elle est au moins le double de celle du tvpe. La cuticule est plus mince, même au niveau des côtes, que dans le Th. flavum. Les cellules de l'épiderme ne sont guère plus grandes que celles de l'écorce, leurs parois sont moins épaisses ; l'assise sous-épidermique est plus régulière, et le paren- chyme cortical est plus compact que dans le type. L'anneau fibreux péricyelique n'offre aucune différence sensible avec le précédent; il est relié à huit faisceaux hbéro-higneux d'inégale grosseur, les quatre plus gros faisant face aux angles. Ces der- niers sont bien plus importants que ceux du Th. flarum, ils sont plus allongés, la pointe du bois primaire s'avance plus profondément vers la moelle. Avecle Th. migricans nous retrouvons dans la coupe du pétiole (4) Recherches sur lu structure des Renonculacées (Ann. Sc. nat., 6° série, Bot., t. XX, 1885). ANATOMIE DES PLANTES AFFINES 23 la forme triangulaire. Par son épiderme et son écorce il diffère peu du Th. anqustifolium; le parenchyme cortical contient dans les deux cas une assise de plus que dans le type. Dans l'anneau péricyclique la selérification n'a encore envahi qu'une assise de cellules. Les faisceaux lbéro-ligneux, au nombre de 6, sont plus gros et plus allongés que dans le T4. flavum ; les massifs libériens surtout sont plus importants. Les cultures faites dans le terreau m'ont donné, pour les trois espèces, des échantillons plus robustes et mieux différenciés. L'étude de ces plantes m'a fourni des résultats absolument concordants avec les précédents; les différences notables per- sistent, comme nous allons le voir. Pour ne pas allonger ces descriptions anatomiques, je ne prendrai que deux termes de comparaison, le T4. flavum et le Th. anqustifoliunn. La section du pétiole du 74. flacum demeure triangulaire, mais, par suite du développement de Ta côte médiane sur la base qui s’est fortement courbée vers l'extérieur, le triangle primi- tivement équilatéral tend à engendrer un quadrilatère. La euticule est assez développée, mais le parenchyme cortical est peu collenchymateux dans les côtes. Le péricyele comprend deux assises très fortement sclérifiées, le lumen des fibres est à peine visible. Les faisceaux Hibéro-ligneux, au nombre de 8, sont arrondis. La symétrie bilatérale est complètement masquée dans le pétiole du T4. anqustifolium, dont la section transversale à la forme d'un octogone irrégulier, les sommets formant 8 côtes à l'extérieur. Si l'on néglige quelques petites différences de détail touchant l'épiderme et lécorce, ce qui frappe avant tout c'est l'aspect des faisceaux, 161 au nombre de 13. IIS ont tous, même les plus petits, une forme ovale très allongée. L'ensemble du faisceau est d'ailleurs plus important que dans le Th. flavum. Si le liber est moins abondant, en revanche les éléments du bois sont beaucoup plus nombreux. Enfin, si nous comparons les cultures faites dans le sable, nous voyons des échantillons beaucoup moins développés que les précédents, gardant dans les deux cas, en section transver- sale, une forme triangulaire et une symétrie bilatérale très nettes. Chez le Th. angustifolium, la base du triangle isocèle 2% A. SARTON s'est déjà déformée vers l'extérieur en donnant deux côtes situées de part et d'autre de la ligne médiane. Les faisceaux sont encore plus nombreux et plus importants que ceux du Th. flavum, et surtout ils s’en distinguent par la forme ovale. 2. Limbe. — À ce stade les différences sont assez légères entre les trois espèces de Thalictrum. Les faisceaux des nervures reproduisent assez exactement la forme des faisceaux du pétiole dans chaque cas. Quant au mésophylle, 1l est très nettement bifacial dans les trois individus. Il renferme dans le T4. flavunr deux assises de palissades peu élevées, suivies d’un nombre égal d'assises de tissu lacuneux. Le limbe du Th. anqustifolium est généralement plus épais ; les palissades sont plus adhérentes les unes aux autres, et le {issu lacuneux est plus abondant. B. Plantes adultes. 1° Tige. — Au printemps suivant, J'ai pu. étudier la tige de ces trois Thalictrum. Pour ce qui est de la différencia- lion des tissus, et en particulier de la sclérification de l'an- neau fibreux péricyclique et des massifs de fibres situés à la pointe du bois, j'ai constaté qu'elle ne pouvait fournir au- cun renseignement sur la distinction du TA. flarvum et des deux autres, Th. anqustifolium et Th. nigrirans. Au con- traire, J'ai retrouvé des différences très nettes dans la forme des faisceaux libéro-ligneux. D'une manière générale les fais- ceaux de la tige de Th. flavum sont plus étalés, même les fais- ceaux foliaires, tandis que dans le T4. angustifolium ds sont beaucoup plus allongés et que leur distinction en faisceaux folaires et réparateurs est très facile. Quant aux faisceaux du T4. nigricans, ls ont tous une forme triangulaire assez régulière; les faisceaux foliaires sont plus importants et aussi plus allongés. 2° FeuiLe. — 1. Pétiole. J'ai retrouvé dans cet organe adulte les mêmes différences que dans le pétiole jeune, entre les trois espèces de Thalictrum, relativement à l'importance et à la forme des faisceaux libéro-higneux. De plus, tandis que dans le Th. flavum (PI. HT, fig. 18) les faisceaux sont répartis sur une seule ligne, même sur la face ventrale du pétiole, dans ANATOMIE DES PLANTES AFFINES 25 le Th. angustifolium (PI. WE, fig. 19), au lieu d'une seule rangée de faisceaux on en trouve trois sur cette même face. Chez le Th. nigricans (PI. TH, fig. 20), en dehors de la rangée de faisceaux accolés au péricyele, ici très riche en sclérenchyme, il existe au voisinage de la lacune centrale, à la face supérieure du pé- liole, un faisceau arrondi; le iber est au centre et complète- ment entouré par le bois qui a débordé sur ses côtés. 2. Limbe. — Les différences relatives aux faisceaux se main- tiennent plus ou moins atténuées dans les nervures du limbe. Le mésophylle est plus épais dans Le Th. anqustifolium: les palissades, plus étroites et plus adhérentes les unes aux autres, forment un Uissu très dense; dans le tissu lacuneux les méats sont moins nombreux et plus réduits. L'épiderme supérieur de cette espèce est assez différent de celui du Th. flarum : ses cellules sont plus grosses, plus allongées tangentiellement et munies. d'une forte euticule. Le Himbe du T4. nigricans semble avoir une structure intermédiaire. Vues de face, les cellules de l'épiderme inférieur sont moins ondulées dans le Th. anqusti- folium que dans le Th. flavum; dans le Th. nigricans elles sont presque une fois plus petites et sensiblement polygonales. Conclusion. — Les différences constantes que nous avons signalées dans la forme et l'importance des faisceaux libéro- ligneux, jointes à celles qui sont encore plus sensibles dans le pétiole et dans le limbe, semblent devoir être considérées comme caractéristiques des trois Thalictrum éludiés. L'anatomie, comme la morphologie externe, maintient done une distinction très nette entre le 7%. flavum L. etles Th. anqustifoluum Jacq. et Th. nigricans Jacq. 4. CHELIDONIUM MAJUS L. — CHELIDONIUM LACINIATUM Mill. Le Chelidonium var. laciniatum (Chelidonium. laciniatum Mill.), que nous allons étudier en même temps que le Ch. ma- sus, a suscité de nombreuses polémiques, et pourtant la question 26 A. SARTON s reste ouverte. «S'il est une plante critique, écrit M. E. Roze (1), dont le nom même est encore douteux et qui a été tour à tour élevée au rang d'espèce ou rabaissée à l'état de simple variété, cest bien la plante que nous désignons sous le nom de Celi- donuun laciniatun Mill. » IT ressort, en effet, de l'historique de celle plante, que, parmi les botanistes anté-linnéens, les uns la considéraient comme une simple variété, les autres comme une espèce véritable. I suffira de citer, parmi les auteurs récents qui ont fait des semis où des observations importantes, M. Roze qui considère le CA. laciniatum comme un type spécifique et M. Gillot (2) qui ne voit qu'une variété dans cette forme. Je dois à l'obligeance de Mlle Belèze d'avoir pu étudier au microscope des échantillons de Chelidonium majus et de Ch. laciniatum Mill, récoltés aux environs de Montfort- Amaury, et, grâce aux graines qu'elle a bien voulu n'envoyer, J'ai fait à Fontainebleau des semis de ces deux Papavéracées, dans du sable, du calcaire, de l'argile et du terreau. La mor- phologie externe des germinations m'a fourni des remarques analogues à celles de M.E. Roze; je ne répéterai pas ce qu'il en à dit. Je ferai dès maintenant l'étude anatomique des plantes adultes que j'ai reçues de Montfort-l'Amaury et, avant de passer à mes cultures de Fontainebleau, j'étudierai des pieds adultes de Ch. majus et Ch. laciniatum que M. Offner à bien voulu m'envoyer de Grenoble. 1° Tice. Sur une section pratiquée dans un entre-nœud moyen de la tige adulte du C4. majus de Montfort-l'Amaury, l'épiderme se compose de cellules allongées tangentiellement, sans cuticule et dont les parois externes e{ internes sont légè- rement épaissies. Il porte quelques stomates et des poils assez longs, pluricellulaires. unisériés avec un massif basilaire de quelques cellules. Sous Fépiderme le tissu cortical ne comprend que deux assises à éléments chlorophvlliens. La plus externe est intimement adhérente à l'épiderme, mais elle se détache de l'assise interne sur de larges surfaces. Toutes les deux sont complètement selérifiées. Elles sont suivies de cinq assises de 1) E. Roze, Journal de Botanique, 1895, p. 296. (2) X. Gillot, Journal de Botanique, 1897, p. 349-353. ANATOMIE DES PLANTES AFFINES Al cellules plus grandes et plus fortement sclérifiées, car leurs parois sont au moins deux fois plus épaisses. Ces assises appar-- liennent à l'endoderme et au péricycle. La sclérification à éga- lement envahi les faisceaux libéro-ligneux. Ces derniers, au nombre de douze et de dimensions variables, sont répartis sur un seul cercle. Les rayons médullaires de la moelle, en partie détruite, sont parenchymateux. La partie extérieure du hber s’est différenciée en une gaine scléreuse d'une douzaine de fibres ; les tubes criblés constituent la majeure partie du Hber secondaire. Le bois à une forme triangulaire; à sa pointe 1l renferme un massif parenchymateux de trois ou quatre assises séparant les premières trachées du parenchyme médullaire. Examinée au milieu d'un entre-nœud correspondant, la tige du Chelidonium laciniatum apparait un peu moins différenciée. En effet, les assises corticales, qui sontselérifiées dans le CA. ma- jus, ne sont pas différenciées ici, sauf en face des faisceaux libéro-ligneux ; et, de plus, l'épaisseur moyenne des parois des éléments sclérifiés est moindre, L'importance des massifs de fibres libériennes est sensiblement Ia même, mais les faisceaux libéro-ligneux sont tous moins gros que dans le C4. majus. Je n'ai rien de particulier à signaler au sujet des laticifères : dans les deux cas ils sont localisés à la périphérie des faisceaux, dans le liber secondaire et dans les rayons médullaires. Jai fait les mêmes observations sur des coupes pratiquées dans des régions plus rapprochées du sommet de la tige : seulement, dans les deux cas les deux assises du parenchyme cortical ne sont pas encore sclérifiées. En étudiant des échantillons d'herbier de ces deux Papavé- racées, J'ai trouvé que les différences touchant la selérification de l'écorce et l'épaisseur des parois des fibres ne se maintenaient pas, qu'elles affectaient tantôt le CA. majus, tantôt le Ch. lari- niatum Mill. Elles s'expliquent par une adaptation immédiate ou par une simple différence de développement. Au contraire, J'ai remarqué que les faisceaux libéro-ligneux du Ch. ma- jus étaient généralement plus gros que ceux de la variété, le bois plus étalé, le calibre des vaisseaux plus grand. 2° FeuiLce. — 1. Pétiole. La section du pétiole de CA. majus à la base des dernières folioles inférieures a la forme d’un crois- 28 A. SARTON sant semicireulaire. Son épiderme est constitué par des cellules courtes, polvgonales, à parois allongées tangenüellement. I porte des stomates à fleur de l'épiderme dans les régions interfasci- culaires, et des poils pluricellulaires, unisériés, ayant une seule cellule à leur base. Il existe un hypoderme sur toute la péri- phérie du pétiole; ses éléments rappellent de très près ceux de l'épiderme. Aux angles du pétiole, ce tissu est renforcé par trois assises d'éléments collenchymateux. Sur la face externe, au-dessus du faisceau médian, les cellules adossées à l'hypo- derme forment également un ilot collenchymateux. Le reste du péliole est formé par un parenchyme conjonetif, à grandes cellules polvgonales, au milieu duquel les faisceaux hHbéro-ligneux, au nombre de cinq en cet endroit, sont isolés sur un seul arc. Les faisceaux marginaux sont de petite taille; le faisceau médian est le plus gros, ilest elliptique et les deux régions libé- rienne et ligneuse ont une importance à peu près égale. Les éléments du liber primaire ont une section polvgonale, leur diamètre diminue graduellement en allant de la périphérie à l'intérieur. Le liber secondaire est bien développé; il est formé d'éléments peu larges, également polygonaux, et il ren- ferme de nombreux laticifères. Le bois porte à sa partie ventrale une masse assez considé- rable de parenchyme dépourvu de vaisseaux. Les premières trachées sont écrasées où plus où moins détruites; des vais- seaux, entremêlés de nombreux éléments parenchymateux très étroits, forment le reste de la région ligneuse. Les vaisseaux sont plus ou moins régulièrement rangés en trois lignes tangen- Uielles. Les derniers formés sont étroits, ceux qui les précèdent immédiatement ont un diamètre deux fois plus grand. Le péliole du CZ. laciniatum offre la même disposition. Seu- lement il semble à un stade de développement plus avancé: car le bois secondaire est complètement différencié, alors que dans le type les derniers vaisseaux formés ne sont pas encore ligni- liés. De plus le liber des faisceaux marginaux est protégé par trois où quatre assises de fibres libériennes, tandis que, dans le Ch. majus, ce Ussu est simplement collenchymateux. No- (ons aussi que les faisceaux de la variété sont tous plus gros ANATOMIE DES PLANTES AFFINES 29 que ceux du type; le nombre des faisceaux est au moins double, mais leur calibre est plus petit. L'étude que J'ai faite sur différents pétioles des plantes d'herbier dont J'ai déjà parlé m'a prouvé qu'il ne faut pas considérer comme une différence spécifique la présence de fibres libériennes dans le pétiole du CA. laciniatum. T'en ai trouvé où elles manquaient et, d'autre part, je les ai observées dans quelques échantillons du Ch. majus. Dans un travail très important sur les Papavéracées, J. Lé- ger (1), en traitant du CA. majus, indique que le collenchyme du liber primaire peut quelquefois devenir scléreux, mais que cette transformation est rare. Ce qui n’est qu'une exception chez le type deviendrait-11 pour la variété une loi presque générale ? Il m'a manqué pour le vérifier un nombre suffisant d'exemplaires. Malgré cela, Je crois pouvoir affirmer que le collenchyme est généralement plus développé dans le C4. la- cinialum; que les faisceaux Hbéro-higneux sont plus importants et les vaisseaux du bois beaucoup plus nombreux. 2. Limbe. — L'épiderme de la face supérieure des folioles est formé de cellules allongées tangentiellement, aplaties extérieu- rement, tandis qu'elles sont fortement convexes vers l'intérieur. Les cellules de l'épiderme des nervures sont presque isodiamé- triques. Sur la face inférieure, les cellules sont moitié moin- dres ; leur calibre n’est pas constant, leurs parois externes sont moins allongées que sur la face supérieure. Les stomates, très rares sur cette face supérieure, sont, au contraire, très nombreux sur la face inférieure ; ils sont situés à fleur de l'épiderme où ils font légèrement saillie vers lexté- rieur. Les deux faces portent de longs poils semblables à ceux du pétiole. Le mésophylle est nettement bifacial avec un tissu palissa- dique d’une seule assise, à cellules peu hautes, adhérentes entre elles, et un parenchyme lacuneux de quatre où cinq assises à éléments irréguliers laissant entre eux de nombreux méats. La nervure la plus importante de la foliole que nous étudions proémine fortement sur la face inférieure. Elle est unifascicu- (4) J. Léger, Recherches sur l'appareil végétatif des Papavéracées (Thèse, p. 122). 90 A. SARTON lée et formée, en dehors de l'appareil conducteur, d'un paren- chyme à grandes cellules polygonales non différenciées, à lexception des éléments de lassise adossée à l'hypoderme qui possèdent des parois collenchymateuses. Dans le Himbe d'une foliole de C4. laciniatum comparable à la précédente, les épidermes sont construits sur le même type que ceux du CA. majus. Le mésophylle est encore plus nettement bifacial, car sur l'épiderme supérieur repose une assise de palissades très serrées les unes auprès des autres et atteignant le tiers de l'épaisseur du limbe, alors qu'elles sont très étroites dans le type. Le parenchyme lacuneux est un peu moins méalique. La nervure médiane fait plus fortement saillie ; elle est aussi plus importante que celle du Ch. majus. Le bois est vaguement disposé sur quatre files tangentielles dont la dernière formée comprend une vingtaine de vaisseaux relativement petits, sauf trois où quatre qui ont un diamètre trois fois plus grand. Le liber est très développé; il forme un massif double de celui du bois. L'épaississement des éléments du hiber primaire est plus sensible et le parenchyme qui le sépare de lhypoderme est lui-même plus collenchymateux. Étudions maintenant le CA. majus et le Ch. laciniatum de Grenoble. Les deux pieds étaient en fleurs ; J'ai étudié la tige à un centimètre environ au-dessous du nœud d'où partent les rameaux florifères. 1° Tice. — Dans aucun des deux échantillons, l'épiderme n'est muni de euticule; les deux assises corticales sont encore cellu- losiques ; l'épaississement des parois externes et internes de l'hypoderme est plus intense dans la variété. De même, dans le cas où le péricycle forme des îlots de collenchyme en face de certains faisceaux libéro-ligneux, ce collenchyme est plus abondant dans le CA. laciniatum. Les faisceaux libéro-ligneux ont sensiblement la même forme, et dans l'un et l'autre cas les massifs Hibériens sont plus importants que les massifs ligneux. Le liber primaire est entiè- rement mou ; à peine a-l-il épaissi ses éléments. Le bois affecte toujours une forme triangulaire très nette, à pointe très aiguë ; ANATOMIE DES PLANTES AFFINES 31 à la base on compte, sur les plus gros faisceaux, une dizaine de vaisseaux chez le type, 7 ou 8 seulement dans la variété où ils sont plus petits en même temps que leur lignification est un peu moins intense. Le parenchyme périmédullaire est égale- ment développé dans les deux tiges. Les différences sont done peu profondes. En résumé, la tige du Ch. laciniatum se distingue de la tige du CA. majus par l'a- bondance plus grande du collenchyme, la grandeur moindre des faisceaux libéro-ligneux et le calibre plus petit des vaisseaux. 20 FeuiLze. — 1. Pétiole. — Dans le Ch. mayjus le tissu con- ducteur est représenté presque uniquement par un seul faisceau libéro-ligneux médian ; les deux faisceaux marginaux sont très petits; dans le CA. laciniatun nous retrouvons quatre fais- ceaux d'importance à peu près égale. La différence dans le calibre des vaisseaux se maintient. 2. Limbe. — Pas de différence dans les épidermes. La hau- teur des palissades est plus grande dans le CA. majus et le tissu lacuneux est plus méatique. Ainsi plusieurs différences qui existaient entre le Lype et Ta variété dans les.premiers individus étudiés disparaissent, par exemple : la longueur des palissades et Pimportance du fais- ceau de la nervure dans le Ch. laciniatum. X reste au contraire comme caractères constants : dans le pétiole le calibre des vaisseaux, et dans le limbe l'épaisseur du mésophyile. CULTURES. 1° Tice. — Dans les échantillons étudiés les fleurs commen- caient à s'ouvrir. J'ai fait des coupes transversales au même niveau que dans les pieds de Celidonium de Grenoble, et J'ai retrouvé exactement la même différenciation générale des tissus. Je négligerai donc les détails; d'ailleurs, en dehors de la forme des cellules épidermiques et corticales très aplaties dans le Ch. laciniatum, je n'ai aucune différence nouvelle à signaler entre le type et la variété. Comme précédemment, les faisceaux libéro-ligneux sont un peu plus petits dans le CA. laci- niatum, mais la différence touchant le calibre des vaisseaux est moins sensible. 32 A. SARTON Du reste, sur des individus cultivés dans des terrains diffé- rents 1} m'a été impossible de noter les mêmes observations : souvent, en passant d'un terrain à l'autre, les différences étaient plus sensibles entre deux exemplaires de lespèce linnéenne qu'entre le type et l'espèce affine. 2° FEUILLE. — 1. Péliole. — Des coupes pratiquées à la base et au milieu du pétiole permettent de constater que, à ces deux niveaux, le Ch. lacimiatum diffère du Ch. majus par ses fais- ceaux libéro-ligneux qui sont plus petits et dont les vaisseaux ont une ouverture plus étroite. 2, Limbe. — Les cellules épidermiques sont plus grandes en coupe transversale dans le Timbe du CA. lacinialum, et vues de face elles sont une fois plus larges et plus irrégulières que dans le Ch. majus. Le mésophylle est plus épais dans la variété ; au contraire, là nervure médiane y est moins importante, ses vaisseaux ont une lumière plus étroite. Conclusion. — Si nous résumons les différences que nous avons relevées au cours de cette étude entre les différents indivi- dus de Ch. majus et de Ch. laciniatum, nous vovons qu'elles se réduisent à très peu de chose. Elles portent sur la forme et les dimensions des faisceaux libéro-ligneux, généralement plus gros et plus étalés dans le type que dans la variété, sur l'épais- seur du mésophyile plus considérable dans le C4. laciniation et sur la forme des cellules épidermiques plus grandes et plus sinueuses dans celle même variété. Ce sont là, 1l faut l'avouer. des différences d'autant plus délicates à saisir qu'elles sont peu accentuées. Aussi, ilnous semble impossible d'admettre qu'elles puissent suffire pour faire du CA. laciniation Mill. une espèce différente du Ch. majus L. ANATOMIE DES PLANTES AFFINES 99 5. GERANIUM ROBERTIANUM L. — GERANIUM PURPU- REUM Vill. Le Geranium purpureum Vill., que j'ai comparé au Geranium Robertianum L., en diffère, comme on le sait, par: fleurs plus petites, pétales une à deux fois plus longs que le calice, à limbe sensiblement atténué en onglet; anthères jaunâtres, rare- ment presque orangées; stigmates rouges ou roses. J'ai d'abord étudié deux pieds adultes de ces deux plantes, récoltés à l'époque de leur fructification aux environs de Gre- noble. De plus, des graines du G. Roberlianum et du G. pur- pureum envoyées également de Grenoble ont été semées paral- lèlement dans différents terrains et m'ont donné des individus nombreux que j'ai pu comparer à plusieurs stades de leur déve- loppement. Enfin, J'ai tenu à contrôler le résultat de mes recherches en étudiant de nombreux échantillons d'herbier. Les deux échantillons de Grenoble, en dehors des caractères énoncés plus haut, différaient sensiblement par leur port général. Le G. purpureum était moins étalé et plus rigide que le G. Robertianum. Examinons leurs différences anatomiques. Tice. — Dans le G. Robertianum (PI. IL, fig. 10), lépi- derme est formé de cellules dont les dimensions sont très variables ; les plus petites sont isodiamétriques ou allongées ‘adialement, les plus grosses allongées tangentiellement. Elles sont revêtues d’une cuticule très mince, mais leurs parois sont très épaissies, leur lumen est presque réduit de moitié. IT à quelques stomates enfoncés au-dessous du niveau de lépi- derme. L'écorce, relativement mince, comprend quatre ou cinq assises dont les deux ou trois premières, très lacuneuses, sont constituées par de petites cellules arrondies, à parois minces. ANN. SC. NAT. BOT: Il, © 34 A. SARTON Le reste du parenchyme cortical possède des éléments elliptiques beaucoup plus grands, surtout dans l'assise voisine de l'endo- derme, où ils sont collenchymateux et où ils ont des dimensions environ six fois supérieures à celles des cellules des premières assises corticales. Le péricycle forme un anneau fibreux de deux ou trois assises presque entièrement scléritiées; en face de quelques faisceaux Hbéro-ligneux, il devient un massif épais de cinq ou Six assises scléreuses. Les faisceaux libéro-ligneux, au nombre de huit, sont de grosseur variable ; les plus petits sont adossés aux massifs fibreux péricycliques, tandis que les gros sont situés plus pro- fondément dans le evlindre central. Le Liber forme un massif arrondi assez compact ; les éléments du hber primaire ont leurs parois un peu épaissies. Le bois est disposé sur trois files de vaisseaux largement ouverts et plongés dans un parenchyme ligneux mou. Les rayons médullaires ainsi que le parenchyme médullure, en partie détruit, sont entièrement cellulosiques. Dans la tige du G. purpureum (PL IT, fig. 11), étudiée sur des coupes comparables à la précédente, Jai retrouvé la même disposition générale des tissus avec quelques différences de détail. Les cellules épidermiques sont plus petites, plus régu- lières, généralement isodiamétriques ou plus allongées tangen- liellement ; au contraire, les deux assises sous-épidermiques sont plus importantes et elles forment un tissu plus com- pact. Mais c’est dans le péricycle que se trouvent les plus grandes différences. On y compte généralement une assise fibreuse de plus que dans la première tige; la sclérification des fibres est beaucoup plus intense. Il faut noter la même différence dans les massifs scléreux des faisceaux libéro-ligneux adossés au péri- cycle, tant pour le nombre des fibres que pour le degré de sclérification. La disposition et la forme générale des faisceaux sont les mêmes que dans le G. Robertianum ; toutefois, dans les gros faisceaux, le bois est généralement plus embrassant et plus étalé. Les vaisseaux sont plus nombreux, mais leur calibre moyen est ANATOMIE DES PLANTES AFFINES 3) plus petit; leurs parois sont d'un tiers plus épaisses et le paren- chyme ligneux est en partie lignifié. Aucune différence sensible à signaler dans la moelle ni dans les ravons médullaires. D'autres coupes pratiquées à un niveau supérieur dans les endroits comparables de ces deux tiges m'ont fourni des résul- tats identiques. En résumé, le G. purpureum diffère du G. Roberlianum par son épiderme plus petit et plus aplati, par son anneau fibreux péricyelique plus épais et plus fortement sclérifié, par les vais- seaux du bois plus étroits et plus lignifiés. En tenant compte des différences que j'ai signalées dans la morphologie externe de ces deux pieds de Geranium, on voit que leur structure est en relation avec leur port général, et que les différences ana- tomiques qui distinguent le G. purpureum du G. Robertianum, € < TS ® Ca le NL esse Fig. 5. — Section transversale dans la région renflée de l’hypocotyle. Gr. 60. région renflée, et dans une plantule de 8 à 10 centimètres de longueur (fig. 5). L'épiderme est légèrement cutinisé, mais à parois minces. À partir de là s'étendent jusqu'au centre une vingtaine d'assises irrégulières de cellules plus ou moins arrondies dont le diamètre va en augmentant de la périphérie au centre. Examiné en coupe transversale, tout le tissu entouré par 202 MARCEL MIRANDE l’'assise périphérique à l'aspect d'un conjonctif amvylacé homo- gène au sein duquel n'apparait aucune différenciation d’endo- derme ni de péricyele. Cependant, avec un peu d'attention l’on peut remarquer que la cinquième ou sixième assise sous- épidermique est plus riche en amidon que les autres. Sous l'action de l'eau de Javel, l'amidon persiste dans cette assise, plus longtemps que dans les autres. Cette assise limite l'écorce proprement dite. En dedans de cette assise se trouvent rangés, en cercle, les faisceaux conducteurs. Le nombre total de ces faisceaux n'est pas rigoureusement fixe, 1l oscille entre 1% et 16, dépassant rarement ce dernier nombre. Au stade représenté par la figure 5, tous les faisceaux sont libériens, à l'exception de quatre faisceaux qui sont libéroligneux. A des stades plus âgés, où à des niveaux plus élevés de la même plantule, on trouve quelques éléments vasculaires adjoints aux faisceaux primitivement libériens et les transformant en faisceaux complets avec prédominance du liber; mais toujours l'on reconnait, par leur position et par leur importance, les quatre faisceaux libéroligneux qu'on peut nommer primordiaur. Ce nombre quatre des faisceaux primordiaux fait sentir déjà la corrélation, que nous étudierons plus loin, existant entre eux et les quatre racines latérales. Dans cette région, l’épiderme est à petites cellules plus longues que larges; les faces internes et radiales portent un fin granulé de petites ponctuations, avec, çà et là, quelques ponctuations plus grandes et allongées transversalement. La première assise sous-épidermique est à cellules à peu près identiques mais un peu plus larges. Les trois assises qui suivent sont à cellules allongées, mais plus larges que les précédentes. Les parois langentielles sont minces, ornées d'un semis de petites poncluations : les parois transversales ont un semis encore plus fin sur le fond duquel tranchent quelques ponctuations plus grosses, espacées et arrondies ; les faces longitudinales portent aussi des ponctuations plus grosses, irrégulières et rapprochées en petits groupes. Viennent ensuite deux assises de cellules à peu près isodiamétriques dont la dernière, en coupe longitudinale, représente nettement lendo- LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 203 derme qui, en coupe transversale, se remarque difficilement. À un niveau plus élevé, cette assise endodermique, vue en coupe longitudinale, devient plus nette encore, mais déjà, en face des faisceaux et çà et là en quelques points entre les faisceaux, elle prend le caractère curieux sur lequel nous insis- terons plus loin ; contre l’endoderme, on voit de longues et larges cellules, en une où deux files longitudinales et par groupes tangentiels de deux environ; ces cellules s'appuient longitudinalement contre six ou sept cellules endodermiques, et, à leurs deux extrémités, contre deux cellules endoder- miques plus grandes, auxquelles nous donnerons plus loin, à cause de leur forme, le nom de cellules ex marteau (fig. 10) : ces cellules allongées possèdent un long noyau en fuseau ou recourbé en S. Ce sont les cellules mères des paquets de fibres qui plus haut, en face des faisceaux, sont complètement différenciées et qui représentent, en ces points, le péri- cycle. Le hber est formé d’un paquet de tubes criblés et de paren- chyme libérien à éléments étroits et allongés; les plus longs Lubes criblés sont à la périphérie. Les eribles transversaux sont horizontaux ou plus ou moins obliques, mais simples et à pores très fins. Les faces longitudinales sont ornées de plages eriblées transversalement orientées, à pores d’une extrême finesse; ces plages sont très serrées et alors de formes irrégulières, ou bien, espacées et, dans ce cas, elliptiques; elles sont rangées en une ou deux files plus ou moins parallèles. Les tubes criblés portent souvent des cellules compagnes. Les tubes les plus longs, qui sont placés vers la périphérie des faisceaux, sont souvent à parois longitudinales lisses. Les premiers vaisseaux formés dans les faisceaux pri- mordiaux sont spiralés et finement rayés. De bonne heure apparaît une zone cambiale ; les vaisseaux nouveaux sont de larges éléments à ponctuations aréolées disposées en une ou deux files parallèles. La pointe des faisceaux primordiaux esl entourée, comme cela a lieu dans presque toutes les plantes, d'une bordure de cellules petites et minces dont les parois vont en rayonnant autour des vaisseaux primitifs. Les vaisseaux sont tous fermés. 204 MARCEL MIRANDE Les cellules de la moelle sont courtes, vers le centre seule- ment elles sont un peu plus longues que larges. Voyons maintenant comment se différencient les tissus de l'hypocotyle, de la base au sommet. L'épiderme, d'abord à parois minces, épaissit légèrement ses parois externes et prend le caractère régulier des épidermes en général. Ce caractère normal est atteint complètement dans la partie mince de lhypocotvle. De la base au sommet on (trouve de nombreux stomates, semés d'abord irrégulièrement el verticaux. Peu à peu c'est un mélange de stomates verticaux et plus ou moins obliques ou horizontaux. Au-dessus des eica- trices cotylédonaires, c'est-à-dire dans la vraie tige, l’orienta- tion transversale S'accentue et l'on arrive enfin aux stomates uniquement horizontaux et rangés en file dont la régularité atteindra son maximum dans la tige adulte. C'est la disposition curieuse qui a frappé beaucoup les premiers observateurs. Au centre de la moelle 11 n'est pas rare de voir se former, par déchirement des tissus, une lacune offrant des solutions de continuité. En avançant vers le niveau d'insertion des cotylédons, les membranes de l'écorce s’épaississent légèrement, les cellules S'arrondissent, le issu prend un aspectplus compact. Au-devant des faisceaux se forment peu à peu des paquets de fibres d'origine péricyclique, provenant de la division longitudinale et de la différenciation des longues cellules dont j'ai parlé plus haut. Chaque paquet est formé de sept ou huit éléments. En outre, des paquets analogues mais plus petits s'installent çà et là entre deux faisceaux conducteurs. Les fibres sont striées dans deux sens qui se croisent et portent des ponctuations en fentes dans le sens des stries. Elles sont à membranes épaisses, élas- liques, mais jamais sclérifiées, assez longues et terminées en pointe ou en biseau. Les faisceaux uniquement Hhbériens de la base deviennent peu à peu complets par adjonction d'éléments vasculaires fermés. Ce sont des vaisseaux à larges ponctuations, presque scalariformes, entremèlés de vaisseaux à petites ponctuations et de quelques vaisseaux à un ou deux rangs de ponctuations aréolées. Les faisceaux Hibéroligneux primordiaux se font LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 205 toujours remarquer par leur importance et leur position carac- téristique ; des vaisseaux à grosses ponctualions simples et à ponctuations aréolées viennent en augmenter l'épaisseur. Cà et là les parties ligneuses de quelques faisceaux tendent à se réunir par un pont de bois formé de vaisseaux à petites pone- tuations et de fibres scléreuses. C'est le début d’un anneau qui sera complet dans la tige, et contre lequel, en bordure de la moelle, commencent à se montrer quelques-uns de ces énormes vaisseaux à multiples rangs d'aréoles, qui contribueront à donner plus tard à la tige adulte, son aspect caractéristique. Dans quelques faisceaux libéroligneux l’on aperçoit, entre le paquet de fibres périeyeliques et le Tiber, une grande lacune qui constitue un appareil hbérien très curieux qui n’acquerra toute l'ampleur de son développement que dans la tige adulte para- site et que nous étudierons plus loin. Ces lacunes commencent à se montrer dès la base, mais en petit nombre; vers le niveau des cicatrices cotylédonaires on en compte à peine cinq ou SIX. Cette différenciation des faisceaux Hibéroligneux qui, de la base au sommet, s'est fait remarquer par une formation ligneuse de plus en plus marquée, après avoir passé par un certain maximum, devient régressive dans le voisinage des cica- trices cotylédonaires. Les éléments vasculaires deviennent de moins en moins nombreux, ils s'éteignent complètement dans plusieurs vaisseaux qui redeviennent purement libériens. Dans les quatre faisceaux primordiaux eux-mêmes, 1} y à une perte sensible d'éléments ligneux. Les lacunes libériennes déjà rares diminuent aussi, les fibres péricycliques prennent des parois plus minces. Course des faisceaux dans l’hypocotyle. — Pour bien com- prendre la curieuse disposition de l'appareil conducteur dans l'axe hypocotylé, suivons d'abord la course des faisceaux dans une jeune plantule un peu après que l'hypocotyle s'est fait jour à travers la graine, par conséquent avant la naissance des racines latérales. La figure 6 représente schématiquement un cas des plus fréquents. A La base de lhypocotyle se trouvent organisés quatre cordons procambiaux qui peu à peu se différencienten faisceaux 206 MARCEL MIRANDE hbéroligneux. C'est l'origine des quatre faisceaux primordiaux que nous avons déjà vus. Le liber se forme Le premier, puis le bois progressivement et à différents niveaux pour les divers faisceaux (4, D, c). Au début, la partie vasculaire est formée de un, deux ou trois éléments spiralés et finement annelés. Bientôt la partie hibérienne de ces quatre cordons se ramifie à un ou deux degrés à droite et à gauche de leur position première (ce). A un certain niveau, on compte un certain nombre de faisceaux Fig. 6. — Schéma représentant la disposition des faisceaux dans l’hypocotyle. Pas- sage de ces faisceaux dans les cotylédons et dans la tige. hbériens intercalés aux faisceaux lhibéroligneux primordiaux et même, très souvent, simplement intercalés aux pôles vascu- laires de ces faisceaux (d, e). En effet, à ce stade jeune, par suite de la ramification de la partie libérienne des faisceaux primordiaux, leur partie vasculaire n'est pas toujours exacte- ment superposée à une parle hbhérienne. Les cordons hbériens contigus aux faisceaux vasculaires oscillent à droite et à gauche du pôle vasculaire (4, e). Mais dans ce cas, lon reconnait bientôt celui de ces cordons de liber qui appartient en propre à chaque faisceau hbéroligneux primordial, surtout dès que LR LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 207 de nouveaux éléments ligneux se sont formés et qu'une légère activité cambiale se fait sentir. Ces faisceaux Hbériens ne sont pas répartis en nombre égal entre les quatre faisceaux vasculaires ou entre les quatre faisceaux lhibéroligneux primordiaux, parce que leur nombre total n’est pas toujours un multiple de #. Les faisceaux primor- diaux ne sont pas placés exactement en croix, mais limitent deux arcs généralement oblus, au-dessus et au-dessous de la ligne AB, qui déterminent dans lhypocotyle une symétrie bilatérale. Cette symétrie n'est autre que celle de l'embryon lui-même. Elle se dessine parfois avec clarté dès la base, au-dessus du futur niveau d'insertion des racines latérales. Chaque are obtus correspond donc à la position d’un cotylédon (fig. 5 et fig. 6). Dans la figure 6, le plan de symétrie est représenté par la ligne AB qui passe par deux faisceaux libériens. À droite et à sauche de chacun de ces faisceaux s'en trouve généralement un autre; en un mot, dans les ares aigus délimités par les quatre groupes primordiaux, 1} y à généralement trois faisceaux libériens. Le nombre total des faisceaux libériens v compris ceux qui appartiennent aux faisceaux complets primordiaux, est variable, de 13 à 16 en général. Le nombre 15 est fréquent; c'est le cas représenté par la figure 6, 4, e; le nombre 16 n’est pas rare. Il arrive même, dans des cas de 15 où 14 faisceaux, de trouver, en cheminant de bas en haut, des rudi- ments de un ou de deux faisceaux qui s’éteignent après un petit parcours. Tout cela nous autorise à considérer le nombre 16 comme le nombre total primitif des faisceaux libériens dans l'hypocotyle de cette plante où le parasitisme à amené de nombreuses et diverses réductions. Dans ce cas de 16 faisceaux, entre chaque faisceau libéro- ligneux primordial, s'intercalent 3 faisceaux libériens: le schéma f reconstitue alors cette structure primitive et repré- sente du reste un cas qu'il n'est pas rare de rencontrer fout réalisé. Telle est l'organisation de l'appareil conducteur à un stade jeune. Nous avons vu plus haut comment celle structure se différencie avec l'âge de l'hypocotyle. Les faisceaux libériens 208 MARCEL MIRANDE ; deviennent peu à peu des faisceaux complets par ladjonction de quelques éléments vasculaires. La partie Hibérienne reste longtemps prépondérante et parfois toujours; de plus, on à vu plus haut qu'en arrivant vers le niveau des cicatrices cotylé- donaires, ces faisceaux subissent une différencialion régressive et perdent de nouveau leur bois pour redevenir Hbériens. Deux faisceaux libéroligneux voisins tendent çà et là à réunir par un arc ligneux leur partie vasculaire ; 114 à là un essai d’anneau ligneux complet réunissant le bois de chaque faisceau, anneau qui sera réalisé complètement dans la tige adulte, surtout pendant la vie parasilare. Il n'est pas rare de voir se con- stituer dans les faisceaux primitivement simplement hbériens ou au-dessus des faisceaux restés Tibériens, une zone cambi- forme destinée à n'aboutir à aucun résultat de différenciation et même à disparaître au bout d'un certain parcours. On a done sous les veux une indication de la structure ancestrale de la plante parasite et il semble que lon assiste à un essai infructueux pour parvenir à réaliser une organisa- tion plus complète. Les faisceaux libériens semblent bien repré- senter de primitifs faisceaux libéroligneux normaux dont la partie vasculaire s’est atrophiée el ne reparait plus que d'une manière irrégulière, restreinte et éphémère. Entrée des faisceaux dans les cotylédons. Passage de l'hypo- cotyle à la tige. — Lorsque les cotylédons tiennent encore à l'hypocotyle, ce dernier présente la structure du stade jeune où les faisceaux, à l'exception des quatre primordiaux, sont encore tous libériens (fig. 5 etfig. 6). Avant d'arriver aux cotylédons, la symétrie bilatérale de l'hypocotyle s'accentue (fig. 6, y, 4). Les faisceaux Hbériens extrêmes des arcs cotvlédonaires ce’ tendent à se rapprocher de plus en plus, chacun, du faisceau primordial voisin, et viennent remplacer sa partie Hbérienne. Il en résulte que bientôt, il n’y a plus dans lhypocotyle à 16 faisceaux, par exemple, que 12 faisceaux seulement. Comme cela a lieu dans la plupart des plantes, les cotylédons sont insérés à des niveaux un peu différents. Arrivés aux cobylédons, les faisceaux y pénètrent successivement du centre de Farc à la périphérie. Ainsi les faisceaux intermédiaires LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 209 1, 2,3 (fig. g) entrent les premiers ; ensuite entrent, par moitié environ, les faisceaux primordiaux. Des faisceaux réparateurs hbérohigneux viennent se souder aux faisceaux primordiaux disparus et pénètrent dans la tige. À un niveau un peu supé- rieur (2), le même phénomène se produit pour l'autre trace cotylédonaire symétrique; deux nouveaux réparateurs viennent remplacer les deux autres faisceaux primordiaux disparus. Les faisceaux hibériens intermédiaires ne sont pas réparés et laissent une large brèche entre les faisceaux primordiaux. Au dessus des cotylédons, dans la tige, il ne reste done plus que les quatre nouveaux faisceaux primordiaux et les deux faisceaux de l'axe AB qui seuls, de tous les faisceaux hypocotvlaires, ont pénétré dans la tige. Il y à donc en tout, dans la tige, six faisceaux (2). Lorsque les cotylédons sont tombés, ne laissant que leurs cicatrices à la surface de l'épiderme, que la jeune plante à un peu grandi, la course des faisceaux est évidemment la même, mais ces derniers ont une structure un peu plus compliquée par suite des différenciations survenues que nous avons décrites plus haut. L'état de la tige, au-dessus des cicatrices cotylédonaires, à un stade où les différenciations ci-dessus sont à peu près complètes, est Le suivant : les six faisceaux hbéroligneux qui forment, à ce niveau, l'appareil conducteur caulinaire ont une partie ligneuse bien développée. La brèche produite par la sortie de la méristèle cotylédonaire se referme peu à peu par le rapprochement des faisceaux extrèmes el aussi par la forma- ion d’un pont ligneux réunissant la partie ligneuse de ces faisceaux. Au-dessous de ce pont ligneux apparaissent même un où deux cordons libériens détachés de la partie Hbérienne des faisceaux bordant la brèche. Le cercle total Hbéroligneux tend à se fermer de plus en plus, mais les quatre faisceaux pri- mordiaux et les deux faisceaux A et B du plan de symétrie de l’hypocotyle se reconnaissent toujours avec netteté. L'un de ces faisceaux, B, venu de lhypocotyle, est destiné à l’écaille caulinaire la plus âgée, toujours voisine du dernier coty- lédon. Ce faisceau entre presque en ligne droite dans l'écaille, mais en partie seulement ; tous les vaisseaux s'éleignent à L ANN. SC. NAT. BOT. IT, 14 210 MARCEL MIRANDE l'entrée de l'écaille, sauf les éléments spiralés et annelés qui seuls y pénètrent. À Paisselle de cette écaille naît un rameau caulinaire dont les faisceaux viennent se souder par deux ou lrois branches aux faisceaux libéroligneux placés à droite et à gauche de la brèche produite par le départ du faisceau de l’écaille. Cette brèche est fermée et réparée avant le détache- ment complet de la jeune tige axillaire. Passage des faisceaux de l'hypocotyle dans les racines. — Le passage des faisceaux de lhypocotyle dans les racines est très intéressant. La figure 7 représente les principaux termes de ce passage dans une plante portant des racines adultes. Un peu au-dessus du niveau d'insertion des racines, on voit tous les faisceaux s'orienter en quatre ares dont la convexité es tournée vers le centre de lhypocotyle et dont le sommet est occupé par un faisceau Hbéroligneux primordial (4, b). Chaque arc, dans le cas où le nombre total des faisceaux est de 16, contient 4 faisceaux. À mesure que l’on s'avance vers les bases des racines, la convexité des ares augmente de plus en plus, les faisceaux prennent, en se dirigeant vers les racines, une direc- tion de plus en plus oblique à l'axe. Bientôt les extrémités de deux arcs contigus finissent par se rejoindre pour former à leur tour des ares très aigus à concavité tournée vers le centre de lhypocotvle (ec). C hacun de ces arcs nouveaux, R,,R,, R,,R,. est la trace d'une stèle de racine latérale ; aux extré HiLeS de ces arcs encore conligus se trouvent encore les quatre faisceaux primordiaux F (fig. 7, -). Enfin, chacun de ces quatre faisceaux primordiaux se bifurque et, à ce moment, la séparation des stèles est accomplie (4, e, f); elles s'arrondissent de plus en plus à mesure que les racines dans lesquelles elles pénètrent se détachent de lhypocotvle. On voit donc que les racines latérales exogènes prennent nais- sance entre deux faisceaux libéroligneux primordiaux, et que l'appareil conducteur de chaque racine est formé des deux moiï- liés des faisceaux primordiaux entre lesquels elle est placée et de tous les faisceaux intermédiaires. Au-dessous du point de bifurcation de chaque faisceau pri- mordial, celui-er est réparé par un faisceau très réduit qui con- linue seul sa course dans là partie inférieure de Fhypocotyle en LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 211 se rapprochant brusquement du centre de l'axe (d, e, f). Nous avons vu, en effet, que l'hypocotyle ne se termine pas en un cène aigu, Mais par une large surface convexe au centre de laquelle se trouve la pointe radiculaire. Fig. T. — Principaux niveaux de passage de l'hypocotyle aux racines, dessinés à la chambre claire : F, faisceaux libéroligneux primordiaux; Ri, Ro, Rs, R,. stèles des quatre racines latérales ; Rf, stèle de la racine terminale. Les quatre faisceaux primordiaux, seuls désormais, conti- nuent leur course dans la base de l'hypocotyle et, de à, dans fa racine terminale R{ (fig. 7). Cette dernière, nous le savons déjà, se développe plus ou moins. Les quatre faisceaux se soudent peu à peu pour finir par un tronc unique, lui-même terminé au voisinage de la pointe par une file d'éléments méristématiques. 212 MARCEL MIRANDE Nous savons aussi que, dans les racines latérales, les vais- seaux se soudent peu à peu, diminuant ainsi de nombre en même temps que diminue le nombre de leurs éléments, et viennent finir vers la pointe en un mince trone com- mun, puis au méristème terminal. Pour la simplicité de la description j'aisupposé que la formation des stèles ra- dicales et la ramification des quatre faisceaux pri- mordiaux étaient synchro- niques et s'effectuaient au même niveau. Nous savons qu'en réalité il n'en est pas tout à fait ainsi, parce que les racines naissent sur une hélice très surbaissée et de la base au sommet de l'hx- pocotyle. Cela est indiqué aussi sur les figures 7 des- sinées à la chambre claire ; ene el en / on voit que les stèles radicales sont déjà bien détachées et au centre l'on aperçoit les quatre fais- Fig. 8. — Schéma de la course des faisceaux à ceaux primordiaux qui con- travers l’hypocotyle, les racines et les coty- ,: lédons: les quatre faisceaux primordiaux unuent seuls leur course Sont EUR TER ent "RIRE er 1 hase dé DEV pocos quatre racines latérales; R{, racine termi- É z È nale: Cof, cotylédons. et la racine terminale. Nous pouvons mainte- nant schématiser d'une manière très simple la course totale des faisceaux hypocotylaires. En faisant abstraction des fais- ceaux secondaires, issus du reste des faisceaux primordiaux. et en ne considérant que les seuls faisceaux primordiaux qui impriment, en somme, l'allure générale, la figure 8 rend compte de la disposition de lappareil conducteur dans lhy- LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 213 pocotyle, et de la facon dont les faisceaux se distribuent dans les cotylédons, la racine terminale et les racines latérales. On voit que deux racines latérales sont à peu près situées dans le plan des cotylédons. Hiacines concrescentes. -— Il arrive parfois que, dès la base, les quatre faisceaux primordiaux et leurs faisceaux intermédiaires ont une différenciation plus considérable que d'habitude, sur- tout dans leur partie ligneuse. Dans ce cas se forment les racines mulliples concrescentes que nous avons étudiées précédemment. Nous savons qu'elles sont issues cependant de quatre troncs communs. Ces derniers occupent les mêmes plans que les racines latérales ordinaires, c'est-à-dire naissent, chacun, entre deux faisceaux libéroligneux primordiaux, empruntant les deux moi- liés de ces faisceaux ainsi que les faisceaux intermédiaires. Mais les faisceaux intermédiaires plus gros que d'habitude, cons- Uituant un appareil plus puissant, au lieu de former une stèle radicale unique, se scindent en plusieurs stèles, incitant la for- mation d'autant de bourgeons radicaux conerescents. Le nombre de racines issues d’un tronc commun ne dépasse guère trois. Le phénomène des racines multiples concrescentes est done dû à l'importance plus grande que prend parfois l'appareil conduc- teur de l'hypocotyle. CHAPITRE IV Structure de la tige. La tige est un mince filament coloré en beau vert, qui, pen- dant sa période de vie libre, acquiert une longueur très variable ; ainsi, au bout de cinq ou six mois, elle peut atteindre une taille de 40 ou 50 centimètres sans s'être encore définitivement fixée en parasite sur une plante hospitalière. Elle forme, çà et là, quelques sucoirs mal développés comme organes de nutrition et qui sont plutôt des organes de soutien. La physionomie générale de la structure de la Uüige, pendant la période de vie libre de la plante, rappelle évidemment celle de la tige adulte parasite, mais les diverses régions anatomiques ont moins d'ampleur et de régularité. 214 MARCEL MIRANDE L'épiderme est formé d'éléments réguliers, un peu allongés, recouverts d’une cuticule mince. Il porte des files de stomates transversaux comme dans la phase adulte. La première assise corticale est formée de cellules étroites et longues; la seconde, de cellules larges et courtes; la troisième el la quatrième assises sont formées de cellules longues et larges. La cinquième assise forme l’'endoderme plus amylifère que les autres assises corticales et suivant en festons le cercle des fais- ceaux conducteurs. Lorsque la tige est jeune, elle est riche en amidon; peu à peu cette matière diminue et disparaît progres- sivement de lécorce, de lendoderme et des rayons médul- laires. Quand la tige est un peu plus âgée, la deuxième assise corti- cale allonge un peu ses cellules radialement du côté le plus éclairé, C'est un début de formation palissadique. Cette forma- lion n'acquiert jamais l'ampleur qu'on lui trouvera dans la tige parasite. Dans la tige très jeune, le péricvele n’est pas différencié en section transversale. À partir d’un certain âge, il est représenté par des arcs fibreux préfasciculaires et par des cordons fibreux en face des rayons médullaires. Ces cordons fibreux sont en petit nombre et ne sont pas encore placés dans tous les inter- valles, en face de chaque rayon médullaire, comme cela sera dans la tige parasite. Les membranes de ces fibres s'épaississent sans se Hignifier. L'appareil conducteur est constitué par 6 ou 7 faisceaux en en général, mais de valeurs différentes. Ces faisceaux, assez rapprochés entre eux, sont séparés par des ravons médullaires qui convergent jusque vers le centre, de sorte que la moelle, de peu détendue, semble être, au premier abord, constituée par la rencontre de ces rayons. À une courte distance du sommet il à a 3 où 4 faisceaux libéroligneux, c’est-à-dire complets. Le bois n'est représenté que par quelques vaisseaux rayés et spiralés rangés en séries radiales. Ces séries sont continuées jusqu'au hber par des cellules méristématiques. Dans la région hbérienne, se trouvent, au centre, une ou deux grosses cellules dont nous verrons la signification un peu plus loin. Les tubes criblés débutent contre ce massif de grandes cel- LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 215 lules, à droite et à gauche. Des divisions cambiales se montrent bientôt en arcs convexes en dehors el au-dessus de ces grandes cellules. Les autres faisceaux sont uniquement libériens sans alter- nance régulière avec les faisceaux complets précédents ; de plus, ils sont de valeur inégale. Les plus parfaits contiennent un massif de une ou deux grandes cellules; au-dessus d'eux s'orga- nisent un ou deux arceaux de cellules cambiales. Les plus petits sont formés simplement par un cordon de cellules libériennes et de tubes criblés. Les quatre faisceaux hbéroligneux complets restent fixes en nombre, dans la tige à l'état de vie libre, très généralement. Ils correspondent aux quatre faisceaux primordiaux que nous avons étudiés dans hypocotyle ; on les suit du reste jusque dans cette région. L'âge apporte à la structure que je viens de décrire les modi- fications suivantes. Dans chacun des quatre faisceaux complets, au-dessous du pôle vasculaire primitif, dans les séries radiales cellulosiques, bien marquées dès l’origine, apparaissent des vais- seaux bien lignifiés. Des vaisseaux analogues se forment au- dessus du liber dans quelques faisceaux incomplets, mais pas dans tous. En même temps, les rayons médullaires changent peu à peu d'aspect; dans les intervalles qui séparent la région ligneuse des faisceaux, ces cellules se cloisonnent tangentielle- ment et deviennent polvédriques, ensuite elles se sclérifient. Ces ares sclérifiés réunissent finalement la partie ligneuse des faisceaux complets primitifs et des faisceaux qui, à l'origine purement libériens, sont devenus complets, et ils passent au- dessus des faisceaux restés simplement libériens. Un anneau ligneux entoure donc complètement la moelle, il est d'autant plus épais qu'il se rapproche de l'hypocotyle. Le faisceau primordial adulte est formé de vaisseaux spiralés, de vaisseaux à grosses ponctuations aréolées et à ponctuations ordinaires, de cellules scléreuses à ponctuations dites {owrnantes espacées, et de cellules scléreuses à ponctuations irrégulières et clarrsemées. L'anneau scléreux est formé de cellules vivantes, allongées. Vers l'extérieur. ces cellules sont à grosses ponctuations en série 216 MARCEL MIRANDE unique sur les faces longitudinales ; vers l'intérieur de l'anneau sont placées de grosses cellules à plusieurs rangs d’aréoles. Ces éléments sont entremèêlés de cellules à petites ponctuations espa- cées et à ponctuations tournantes. Ces derniers éléments do- minent dans l'intervalle des faisceaux. Les grandes cellules que lon remarque au centre de quelques faisceaux libériens ont, à l’origine, une membrane assez épaisse. Plus tard, cette membrane s'aminceit, les parois contiguës à plu- sieurs de ces cellules voisines se résorbent et il en résulte une grande cavité au centre du hber, que nous étudierons plus loin avec plus de détails. Sous lacüon de la croissance du liber, cette cavité s'écrase de plus en plus et prend la forme d'une large fente tangentelle. Elle est bordée, en dedans par le liber, en dehors par les arcs fibreux péricycliques. Vers l'hypocotvle il y a T ou 8 faisceaux parmi lesquels dominent toujours les quatre faisceaux primordiaux. TU TEL DEUXIÈME PARTIE STRUCTURE DE LA TIGE CHEZ LA PLANTE DEVENUE PARASITE CHAPITRE PREMIER Tige jeune. Les auteurs qui jusqu'à ce Jour se sont occupés des Cassvthes se sont bornés à décrire la structure de la tige adulte chez la plante devenue parasite, c’est-à-dire parvenue à cet état normal qui seul frappe l'attention quand on observe cette plante dans la nature. L'étude de cette tige à létat jeune, à parür du bour- geon, nous permettra de nous rendre compte de bien des détails intéressants inaperçus jusqu'ici, ainsi que de la vraie nature de certains organes. Dans une coupe axile du sommet végétatif de la tige, les imi- tiales des diverses régions anatomiques sont légèrement enche- vêtrées, mais une observation attentive permet dy reconnaitre les formations suivantes : la première assise terminale donne naissance, comme d'habitude, à l'épiderme ; la seconde contient les initiales de l'écorce : la troisième donne naissance au péri- cycle et au tissu conducteur ; la cinquième, enfin, est l'origine de la moelle. C’est dans les bourgeons axillaires encore Jeunes, c’est-à-dire à peine sortis de l'écaille caulinaire, que ces détails se reconnaissent avec le plus de netteté. La figure 9 représente une section transversale de lige, prati- quée à une courte distance du sommet, à un niveau où les tissus encore jeunes sont sortis cependant de l'état de méristème homogène. L'épiderme est formé de cellules régulières, courtes en hau- teur, allongées radialement, et porte des files longitudinales de 218 MARCEL MIRANDE stomates transversaux. Je ne parlerai pas de ces stomates, dont la disposition et la structure ont été bien décrites à partir de Decaisne. À ce stade, l'écorce est formée généralement de cinq assises de cellules un peu plus longues que larges, qui vont en dimi- nuant de diamètre de la périphérie à la troisième assise, puis de nouveau augmentent de diamètre dans la quatrième et surtout la cinquième assise qui constitue lendoderme. Ce nombre de REIN UE TR OS. ® CLR ON miss Et D IR EN SA nee RC ORNE SS M ren MURS ee aN< ee 7 \ Prey L ep SR | gites ID = Fig. 9. — Section transversale d'une tige de Cassytha filiformis au-dessous du bour- geon terminal : End, endoderme ; », cellules endodermiques en marteau; L, cel- lules mères des lacunes mucilagineuses libériennes. Gr. 132. cinq assises corlicales reste désormais à peu près fixe à tous les ages de la tige. Les membranes corticales portent des petites ponctuations allongées transversalement et réunies en petits ilots. Endoderme. — L'endoderme mérite une mention spéciale. En coupe transversale il se différencie assez facilement par ses té hi PL hés en nt me “ie Ü LE DÉVELOPPEMENT ET L' ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 219 cellules un peu allongées tangentiellement, amyhfères, où l'ami- don persiste plus longtemps que dans les autres assises quand on traite les coupes à l’eau de Javel. Cette assise entoure le cylindre central d’une ligne qui suit les ondulations du cerele des faisceaux. En coupe longitudinale l’endoderme à un aspect particulièrement caractéristique qui le fait reconnaitre d’un pre- mier coup d'œil. Les cellules sont courtes, allongées radiale- ment, possèdent un gros noyau et un protoplasme à grandes vacuoles. Devant l'emplacement des futurs cordons fibreux, ou au- devant de ces cordons s'ils sont déjà formés et quisont placés, comme nous le verrons plus loin, en face des faisceaux conduc- teurs et des ravons médullaires — l'endoderme se fait remar- quer par de curieuses cellules qui se distinguent des autres cellules endodermiques par leur taille, leur forme, leur contenu, et leurs propriétés à l'égard des divers réactifs colorants (fig. 10 et fig. 12, 4). Ces cellules sont intercalées de loin en loin el isolément dans les files des cellules endodermiques ordinaires. Elles sont plus grandes que les autres dans toutes leurs dimen- ‘sions et font saillie à l'intérieur sous la forme d'un coi à quatre faces et à pointe mousse. À cause de leur forme, et pour la facilité de la description, je les nommerai des cellules en marteau. Entre deux de ces cellules consécutives, du côté intérieur de la tige, se trouve une cellule allongée et large qui appuie ses sommets contre l'extrémité de ces cellules en mar- teau; en coupes optiques successives on reconnait plusieurs de ces longues cellules encastrées entre les biseaux des marteaux. À un stade jeune (fig. 10, «), ces cellules endodermiques en marteau sont très rapprochées; les cellules encastrées entre elles sont encore courtes et légèrement renflées en leur milieu. Ces cellules en marteau se cloisonnent transversalement et four- nissent des cellules endodermiques ordinaires dont le nombre s'aceroît de plus en plus, et qui se segmentent elles-mêmes de loin en loin. Ces segmentations augmentent de plus en plus là distance qui sépare deux cellules en marteau consécutives. Les cellules encastrées s’accroissent aussi en longueur pour suivre la croissance longitudinale de Fa file endodermique contre laquelle elles sont accolées (fig. 10, 2). Ces cellules en marteau jouent 220 MARCEL MIRANDE donc déjà un rôle de cellules mères destinées à contribuer à l'accroissement en longueur de l'enveloppe endodermique. Ces curieuses cellules en marteau possèdent un gros noyau sphérique et un protoplasme épais, granuleux, avec, généra- lement, deux grosses vacuoles. Leur membrane est un peu plus épaisse que celle des cellules ordinaires de lendoderme et pes- sède une affinité plus grande pour les divers colorants. Tandis que ces cellules ordinaires produisent plus tard de Famidon en End End Fig. 10. — Sections radiales d'une tige jeune à travers la région endodermique : End, endoderme avee ses cellules en marteau m;: p, cellules péricycliques encas- trées entre les cellules en marteau. Gr. 371. grande abondance et des grains chlorophylliens, les cellules en marteau conservent leur contenu uniquement plasmique. Sous l'action des colorants, le protoplasme et le noyau des cellules en marteau ne se colorent pas de la même manière que dans les cellules endodermiques ordinaires où même dans les autres cellules en général. Ils se colorent en bleu par le vert d'iode et non en vert; par l'hématoxyline, le protoplasme se colore en bleu plus foncé et le noyau, au contraire, en bleu plus pâle que dans les autres cellules. Par la safranine le noyau se colore en jaune clair ou en rose au lieu du beau rouge ou du brun dont se teignent les novaux voisins. LE DÉVELOPPEMENT ET L ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 221 Ces réactions permettent de distinguer facilement ces cellules en coupes transversales (fig. 9). En outre, sur de telles coupes décolorées et privées de leurs contenus cellulaires par Faction de l’eau de Javel, ces cellules se reconnaissent par le traitement des coupes au brun Bismarck : leurs membranes se colorent plus fortement que les autres membranes cellulaires. Enfin, tandis que la membrane des cellules endodermiques ordinaires porte des îlots de petites ponctuations allongées transversalement, la membrane des cellules en marteau est complètement lisse. Ces cellules particulières commencent à se différencier très près du sommet de la tige, où elles ne sont séparées entre elles parfois, que par une seule cellule endodermique ordinaire. Je n'ai pas parlé plus tôt de ces cellules en marteau parce que c’est dans la tige parasite que cette formation acquiert toute son ampleur. Mais on les trouve dans la tige pendant la période de vie libre, dans l'hypocotvle, et elles sont déja même bien for- mées dans l'embryon (fig. 10, ). Nous verrons plus loin, comment on peut retrouver ces cel- lules, dans l'endoderme de la tige adulte. Péricycle. — Dans la tige jeune, le péricyele qui n'a pas encore donné naissance aux faisceaux fibreux que l’on observera plus tard, ne se reconnait qu'avec un peu d'attention dans les coupes transversales. C'estsurtout contre les cellules en marteau qu'on le distingue avec le plus de netteté sous la forme d’un petit are d’une ou de deux assises cellulaires à parois minces. En coupes longitudinales (fig. 10 etfig. 12, 4) nous venons d'ob- server de longues cellules encastrées entre deux cellules en mar- teau consécutives. Ces cellules s’allongent à mesure que s'accroil la distance des deux cellules en marteau; à l’état jeune, elles possèdent un protoplasme assez clair et un long noyau lusi- forme. Parfois, lorsqu'elles ont atteint une certaine longueur ces longues cellules se découpent transversalement. Ces cellules appartiennent au péricyele; en se divisant, de bonne heure, dans le sens longitudinal, elles sont l'origine des cordons fibreux qu'on trouve dans la tige adulte. Cylindre central. — En dedans du péricycle se trouve un cercle de faisceaux jeunes ou plutôt de cordons procambiaux de 222 MARCEL MIRANDE plusieurs sortes. Les uns, les plus gros, ont au centre une grosse cellule où un massif de deux, trois et parfois cinq grosses cel- lules. Ce massif cellulaire, qui donne un aspect caractéristique au jeune faisceau, est l'origine d'un appareil curieux que nous étudierons dans un instant (fig.9 etfig. 11,4). Autour de cet ilot de grosses cellules se trouve une bordure de plusieurs assises procambiales. Au sein de ce massif procambial l'on voit apparaître les pre- miers tubes criblés à membrane épaissie, légèrement nacrée, réfringente. Ils se placent généralement à droite et à gauche des grosses cellules, mais souvent aussi en avant. Ces cordons procambiaux sont donc de futurs faisceaux libériens (phloème) avec, au centre, un îlot de grosses cellules spéciales. Au- dessus de ce massif, les cellules ont un aspect plus où moins cambiforme. En dedans d'un certain nombre de ces cordons libériens, et séparés d'eux par un tissu méristématique de plus en plus découpé, se forment de petits faisceaux vasculaires formés de vaisseaux annelés et spiralés (protoxvlème). Cet ensemble est donc l'état jeune d'un certain nombre de fais- ceaux libéroligneux, c'est-à-dire complets. I + en à ainsi, sui- vant les niveaux, 4, 5, 7 ou 8. Les autres cordons libériens restent tels quels et sont lori- gine d'un certain nombre de faisceaux incomplets, c’est-à-dire purement libériens, entremèêlés, sans alternance régulière, aux faisceaux complets. Outre ces Jeunes faisceaux complets ou incomplets, mais possédant un massif de ces grosses cellules spéciales, 11% à encore un petit nombre de cordons libériens sans cellules spéciales destinés à donner de petits faisceaux hbériens plus simples encore que les précédents. En face de {ous les faisceaux complets où incomplets se forment de petits cordons de cellules allongées issus des cellules encastrées entre les cellules en marteau de lendoderme. Ce sont de futurs faisceaux de fibres péricyeliques. Enfin, entre la plupart de tous ces faisceaux qui forment, en somme, un cercle assez serré, se forme aussi un petit cordon de futures fibres. Appareil mucilagineur du Liber. — Revenons maintenant à ces grandes cellules, seules où groupées en un massif, que lon LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 293 remarque au sein de la plupart des jeunes faisceaux libériens. Elles sont l’origine d’un curieux appareil très particulier à ces plantes parasites et con- tribuent beaucoup à donner de lintérèt à l'étude de leur structure anatomique. Les pre- miers tubes criblés à paroi épaisse el nacrée, apparaissent contre Îles flancs, à droite et à gauche, de ce gros mas- sif cellulaire, parfois même en avant, mar- quant bien la valeur libérienne de ces volu- mineuses cellules. Du liber abondant se formera plus tard en arrière du massif. Ces grosses cellules sont en forme de dis- ques, c'est-à-dire larges et plates, empilées les unes sur les autres el formant ainsi au sein du jeune faisceau Hbé- rien de larges files cellu- ireselues ct, ny, el fig. 12). Sur le parcours longitudinal d'un fais- ceau hibérien on passe souvent d'une file unique à la réunion de plusieurs Fig. 11.— a, Faisceau libérien jeune avec ses cellules mères de la lacune mucilagineuse; en avant. l'endoderme amylifère. — D, faisceau libérien adulte: La, lacune mucilagineuse libé- rienne bordée en avant par un arc de fibres péricycliques. Gr. 267. files et réciproquement. Les coupes transversales d'un même faisceau libérien, montrent en effet, suivant les niveaux, une seule grosse cellule ou un groupe de plusieurs grosses cellules. Ces grosses cellules libériennes sont pourvues en leur centre 224 MARCEL MIRANDE d'un noyau assez volumineux qui, dans les cellules les plus courtes, pressé entre les cloisons transversales, prend une forme presque cubique (fig. 12, 4). Il est noyé dans un protoplasme épais et granuleux, creusé, à droite et à gauche du noyau, d'une grosse vacuole. La membrane, peu épaisse, a, dès lort- eine, une affinité plus grande que celle des autres cellules, pour les divers colorants. Elle est lisse, sans aucune ponce- tuation. Ces cellules sont appelées à une transformation curieuse qui Fig. 12. — Sections radiales à travers les cordons de cellules mères des lacunes libériennes mucilagineuses L : E, endoderme avec ses cellules en marteau m#m:; p, péricycle; a, cellules mères jeunes; b, ces cellules agrandies, commençant à se gélifier. Gr. 293. débute généralement de très bonne heure, à une très courte distance de la pointe de la tige. Tout d'abord elles grandissent, écrasant les issus environ- nants; peu à peu le noyau et le protoplasme se réduisent aux dépens de la membrane qui s'épaissit considérablement par de nombreuses couches concentriques très visibles et qui se trans- forme enfin en muctlage (fig. 12, 4). Bientôt, le contenu pro- téique à complètement disparu, le lumen cellulaire s'éteint; les cellules, accolées les unes contre les autres, laissent encore voir assez hettement leurs contours primitifs, mais elles sont transformées en masses mucilagineuses striées concentrique- LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 293 ment. Ces masses mucilagineuses augmentent de plus en plus de volume, çà et là diffluent les unes dans les autres. leurs limites s'effacent plus ou moins, et dans tous les cas perdent leur régularité primitive. Finalement, le cordon de ces grandes cellules est transformé en un long cordon mucilagineux qui, lui-même enfin, devient une longue lacune remplie d’une gelée plus ou moins épaisse. C'est l'origine de cette vaste lacune à mucilage, puis de cette lacune vide, que l’on trouvera plus tard, à l’âge adulte, en avant de chaque faisceau entre le liber et l'are fibreux péricyclique (fig. 11, d ; fig. 12). Ces lacunes mucilagineuses libériennes existent déjà dans l'hypocotyle, mais en petit nombre. Pendant la période de vie libre de la plante, c’est surtout vers le niveau du passage de l'hypocotyle à la tige qu'elles commencent à se montrer, Mais c'est dans la tige adulte parasite qu'elles acquièrent leur beau développement. Les auteurs qui ont observé la structure des Cassythes ne pouvaient moins faire que de remarquer ces grandes lacunes qui, dans la tige adulte, sont creusées entre le liber et les arcs fibreux péricycliques. Naturellement, Chatin les signale ; ce sont pour lui des lacunes appartenant au système ligneux, puisqu'il croit, du reste, à l'absence complète du liber. Cette erreur est due vraisemblablement à l’état très adulte des matériaux qu'il a examinés et où toutes les formations libériennes ont été écra- sées et résorbées par le développement des lacunes. IT dit cepen- dant que l’on constate parfois la présence d’un fissu cellulaire délicat à la place même des lacunes. Ce sont, en effet, les restes des membranes des cellules initiales des lacunes qui, çà et là, restent souvent visibles pendant quelque temps et qui auraient pu révéler à ce savant la véritable origine de ces cavités. Pour Hackenberg : « ces vastes cavités de forme irrégulière, creusées entre le liber et le péricyele, qui traversent la tige dans toute sa longueur, doivent leur origine, en premier lieu, aux couches de cellules externes des tubes criblés dont les parois sont modifiées et résorbées par un processus de désorganisation. La couche la plus interne du péricycle participe aussi, très sou- vent, à l'agrandissement de cette cavité ». A. Schmidt (/oc. cit., p. 175) reconnait bien que l'origine est ANN. SC. NAT. BOT. 1, 19 226 MARCEL MIRANDE tout autre. En étudiant des parties de tiges encore jeunes, cet auteur trouve qu'entre le périeyele (/iber) et le liber (/eplome) s'accumulent de grosses cellules muqueuses filiformes dont la membrane épaisse montre nettement la disposition striée de ses couches ; à la place de ces cellules se formera plus tard la cavité. En somme, si cet auteur n'a pas assisté à la genèse complète de la lacune libérienne, 1l a aperçu un stade de cette genèse et à compris l'origine cellulure de ces cavités. Pour H. Boewig enfin (/oc. cit., p. 411), comme pour Hacken- berg, la cavité creusée au-dessous de chaque faisceau est formée par la dégénérescence du phloëme dont les restes aplatis se montrent encore sur ses bords. L'on voit donc qu'il était utile et intéressant d'étudier d’une manière complète l'origine et le développement de ces curieuses lacunes mucilagineuses Hihbériennes. CHAPITRE Il Tige adulte. Lorsque les tissus de la phase précédente sont complèle- ment différenciés, la tige prend laspect représenté par la figure 13 demi-schématique qui permet de voir, d’un seul coup d'œil, combien diffère l’état adulte de celui que Je viens de décrire. Cet état de structure adulte est le seul qui ait été exa- miné jusqu'ici par les divers observateurs qui ont étudié les Cassythes. Les grandes lignes de la structure adulte sont donc connues ; Je ne les reprendrai que sous la forme d'une esquisse rapide qui servira ensuite de cadre aux détails histologiques nouveaux que mes observations vont introduire dans la connais- sance de ces plantes. La figure 13 guidera cette description sommaire. Au-dessous d'un épiderme muni de stomates transversaux en files longitudinales, se trouve une écorce de 5-6 assises dont quelques-unes sont palissadiques. Le péricyele est représenté par des ares fibreux placés en face de chaque faisceau et par de pelits cordons fibreux intercalés à ces ares. Un cercle de fais- LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 297 ceaux entoure une moelle assez grande : les uns sont complets, cest-à-dire libéroligneux avec pôle de protoxvlème bien mar- qué, les autres incomplets, c’est-à-dire simplement libériens. Tous ces faisceaux sont réunis par des arcs scléreux dont la région périmédullaire contient ces énormes vaisseaux à plusieurs Fig. 13. — Représentation demi-schématique de la structure de la tige adulte de Cassytha filiformis : L, lacunes mucilagineuses libériennes; P, péricyele: A, an- neau ligneux avec ses gros vaisseaux aréolés V ; Li, liber; {, pôles vasculaires des ue libéroligneux au sein de leur tissu conjonctif particulier ; M, moelle. BAPE rangs de grosses ponctuations aréolées qui ont frappé tous les observateurs ; il est rare, en effet, de rencontrer des éléments aréolés d’un si beau développement. Le bois forme done en totalité un anneau complet qui présente à sa périphérie externe des arcs concaves dans lesquels, en face des arcs fibreux péri- cycliques, sont logés les faisceaux hibériens. Dans chaque fats- ceau, entre le Liber et l'arc fibreux, se trouve une grande lacune, irrégulière, qui pendant longtemps est pleine de mucilage : e'esl 298 MARCEL MIRANDE le canal mucilagineux libérien dont nous avons étudié plus haut l'origine. Entrons maintenant dans quelques détails (fig. 1%). L'épiderme est à cellules plus longues que larges, recouvert ee, pres. NUS EL Z LE LA 2 IR eu IL À nus 1e) ee ‘ AT (| aa RE HA ae ‘ ; à (À , a Fig. 14. — Fragment d’une section transversale de tige adulte : L, lacunes mucila- gineuses libériennes; a, gros vaisseaux aréolés de l’anneau ligneux. Gr. 79. d'une cuticule assez épaisse qui se colore généralement en beau bleu par le vert diode. La première assise corticale est formée d'éléments étroits et allongés. À partir de là, les cellules, Le plus souvent, s'accroissent radialement et prennent l'aspect palissadique ; elles sont d'au- tant plus longues dans le sens radial qu'elles s'éloignent de la périphérie. Cette transformation en tissu palissadique est due à la lumière. Dans des régions identiques de tige elle peut ou non avoir lieu ; lorsqu'elle à lieu, c'est souvent simplement sur la LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE LES CASSYTHACÉES 229 face externe des spires, qui est la mieux éclairée ; sur la face interne, ce développement est moindre et parfois nul. Lorsque l'écorce ne se transforme pas en tissu palissadique, ses éléments s’allongent verticalement. Appareil mucilagineux cortical. — Çà et là quelques cellules de la seconde assise sous-épidermique subissent une transfor- mation particulière. Elles acquièrent un assez grand diamètre avec une section à peu près circulaire et s’allongent considéra- blement dans le sens vertical. Ensuite, la paroi se transforme en mucilage. Ces cellules mucilagineuses sont isolées ou dispo- sées en files plus ou moins longues. Des cellules en files arrivent mème à se fusionner par suite de la résorplion de leurs parois transversales et à former des réservoirs ou des canaux mucila- gineux plus où moins vastes. Des régions identiques de liges diverses, des niveaux diffé- rents d'une même tige, des tiges provenant de diverses stations ou de divers pays offrent une grande diversité dans Pimportance de cet appareil mucilagineux cortical ; il peut ne pas exister du (out sur une certaine étendue d’une tige, en des parties quel- conques de cette tige, tandis qu'il est bien développé en d'autres parties. Il semble qu'il y J ait une corrélation entre la présence de cet appareil et le développement du üssu palissadique cor- tical. Cet appareil mucilagineux cortical offre donc un dévelop- pement variable qui est régi par certaines influences qu'une étude de la plante en culture pourra faire connaître. Endoderme. — Lorsque leur rôle est terminé, c'est-à-dire dans les régions tout à fait adultes où les formations fibreuses péricyeliques sont complètement différenciées, les cellules en marteau de l'endoderme sont assez difficiles à retrouver. Elles sont écrasées par la pression des cellules vivantes voisines, finissent par se vider et deviennent méconnaissables. Cependant, çà et là, on peut encore suivre leurs traces pen- dant quelque temps. La taille de ces cellules, non seulement n'augmente Jamais, mais encore diminue par suite de l'écrasement provoqué par la pression de toutes les cellules voisines qui, au contraire, gran- dissent beaucoup. Les cellules endodermiques, pour ne pas parler des autres, 230 MARCEL MIRANDE s'accroissent considérablement, soit en devenant palissadiques comme celles des assises corticales qui les précèdent, soit dans le sens de la longueur. Les cellules en marteau qui, dans les files endodermiques Jeunes, tranchaient sur les autres par leur grande taille, con- trastent maintenant, au contraire, par leurs proportions exiguës. De plus, elles ont souvent conservé un résidu protéique carac- léristique se colorant encore, par les divers réactifs, d'une manière spéciale. Péricycle. — Nous avons vu comment se forment les fibres péricycliques dont les initiales sont les cellules encastrées entre les cellules en marteau endodermiques. Les arcs fibreux sont formés de trois où quatre assises, parfois davantage. Les cor- dons fibreux intermédiaires peuvent contenir de trois à vingt fibres et plus. Ces fibres sont à section polygonale, à membrane épaisse et élastique ne se selérifiant qu'à la longue, dans ses strates périphériques. Étudions maintenant le développement des faisceaux à partir du stade jeune examiné précédemment. Liber. — Nous avons vu les premiers tubes criblés apparaître à droite el à gauche, el aussi au-dessous de l’îilot des grosses cellules mères de la lacune mucilagineuse Hbérienne. Au-dessus de cet îlot le tissu méristématique fournit plusieurs couches de liber formées de tubes criblés et de parenchyme. Pendant l'ac- croissement des cellules mucilagineuses et la formation de la lacune qui résulte de la fonte finale de leurs parois, les deux ou trois assises libériennes antérieures, avec leurs tubes criblés primordiaux, sont refoulées, écrasées, et finalement, résorbées. Pendant que s'accroît ainsi, en épaisseur, la lacune mucrlagi- neuse,se forme, par le mécanisme étudié plus haut, Parc fibreux péricyclique qui établit en avant de là lacune un obstacle solide bordant définitivement cette lacune du côté extérieur (fig. 14, 0: fig. 13; fig. 14). Pendant longtemps l'on peut voir dans la lacune, en coupe transversale, même après la disparition du mucilage, les débris des membranes des cellules primitives sous la forme de minces filaments. C'est évidemment ce qui à donné à Hackenberg l'illusion d'une lacune schizogène formée aux dépens du hber. LE DÉVELOPPEMENT ET L' ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 231 Les assises nouvelles libériennes formées par la zone généra- trice refoulent de plus en plus les assises antérieures. La lacune, maintenue béante tant qu'elle est pleine de mucilage, s'écrase peu à peu lorsque son contenu diminue. Parfois, elle arrive à prendre, en avant de l'arc fibreux, l'aspect d'une longue fente. D'autres fois, dans les tiges les plus grosses et surtout aux envi- rons des nœuds, elle finit par s'oblitérer presque comple- tement. A certains niveaux de la tige 1l n’est pas rare d'observer le phénomène inverse. Ce n’est plus le Hiber qui refoule le canal mucilagineux, c'est ce dernier, au contraire, dont le contenu est longtemps persistant, qui écrase le hber contre le bois, le résorbe même en partie et le réduit en un mince feuillet. On voit donc que, dans ce cas, la lacune s’est bien un peu agrandie aux dépens du liber, ce qui a rendu aisée l'erreur des auteurs antérieurs qui n'ont eu devant les yeux que ce stade âgé de la tige. Le liber est formé de tubes criblés et de parenchyme. Ce dernier est à éléments allongés, avec un long noyau cylindrique terminé par deux surfaces sphériques. Le protoplasme, très épais, est creusé de deux grandes vacuoles aux extrémités de la cellule (fig. 15). Les tubes criblés sont étroits, et vers la périphérie du Hber, sur les bords de la lacune mucilagineuse, ils acquièrent parfois une longueur assez grande. Les eribles transversaux, à pores très fins, sont horizontaux ou peu obliques et généralement simples ; çà et là quelques cribles composés. Les faces longitu- dinales présentent toutes le même aspect. Elles sont ornées de plages criblées à pores très fins. Ces plages sont allongées trans- versalement, parfois de formes irrégulières el rangées en une ou plusieurs files, parfois de forme elliptique, mais presque toujours très rapprochées (fig. 15). La sculpture de la paroi des tubes criblés des Cassvythes pré- sente donc une grande uniformité et non la grande diversité de dessins que nous offrent les tubes criblés des Cuscutes (F). Ces tubes criblés n'offrent rien de particulier dans leur cons- (1) Mirande, loc. cit., p. 237-250. 232 MARCEL MIRANDE litution interne ; 1ls sont accompagnés de cellules compagnes très étroites munies d’un noyau mince et long. La cellule com- pagne se cloisonne parfois en donnant deux cellules. Les cellules libériennes qui bordent le canal mucilagineux, s'accroissent parfois, à l'intérieur de ce canal, en doigt de gant ou en boule de thermomètre, comme la déjà observé 4 ©) Oo 0000060000 € * C a Fig. 15. — a, faisceau de tubes criblés avec cellules compagnes dans la tige de Cas- sytha filiformis. Gr. 348. — b, file de tubes criblés dans la racine. Gr. 348. — c, un tube criblé de la tige. Gr. 348. — d,e, cellules du parenchyme particulier entou- rant le pôle vasculaire des faisceaux libéroligneux. Gr. 154. A. Schmidt. Il arrive aussi, très fréquemment, que des tubes criblés. solitaires ou en files, détachés latéralement du fais- ceau libérien, mais attachés à lune de leurs extrémités ou à toutes les deux, viennent flotter à l’intérieur du canal mucila- SINeUX. Bois. — Dans les faisceaux complets, au-dessous du pôle de protoxvlème, se disposent des séries radiales de plus en plus longues de vaisseaux et de parenchyme ligneux à éléments LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 233 allongés. Au-dessous du pôle vasculaire se forment une ou deux assises de vaisseaux à très large ouverture, à parois transver- sales et longitudinales aréolées, à 4 ou 5 files d’aréoles. Les mêmes formations ligneuses s’établissent synchroniquement au-dessus des faisceaux incomplets primitifs, c’est-à-dire sim- plement libériens. En même temps aussi se sclérifient les ravons médullaires, et ainsi est constitué l'anneau de bois complet entourant la moelle (fig. 13 et 14). Cet anneau ligneux est formé, vers le bord interne, par les larges vaisseaux aréolés dont je viens de parler. Beaucoup de ces vaisseaux aréolés sont contigus ; dans le cas contraire, ils sont séparés par des éléments scléreux allongés, aréolés sur les faces de contact avec les gros vaisseaux aréolés, et à petites ponctuations sur les faces d'acco- lement entre eux-mêmes. A la périphérie interne de l'anneau, en contact avec la moelle, séparant la moelle des gros vaisseaux aréolés, se trouvent des éléments seléreux allongés, à ponctua- üons petites et irrégulièrement distribuées, à faces transver- sales criblées de petites ponctuations allongées dans le sens du ravon. Les éléments de l'anneau seléreux diminuent de diamètre en allant vers le bord externe. Beaucoup sont à petites ponctua- ons irrégulièrement distribuées, surtout ceux qui sont placés dans les ares correspondant aux rayons médullaires primitifs. À la périphérie externe de l'anneau, surtout vers le Liber, ce sont des éléments à petite ouverture transversale, à parois lon- gitudinales ornées de ponctuations assez grosses sur une ou deux files, d'aspect scalariforme. À part les éléments du protoxylème, tous les autres éléments hgnifiés sont fermés, c'est-à-dire munis de membranes {rans- versales, et restent longtemps vivants et munis de leur noyau fusiforme, surtout ceux qui bordent les gros vaisseaux aréolés. En face du liber des faisceaux complets on trouve des vais- seaux largement ponctués ou presque rayés et des VaIsseaux à grosses ponctuations simples sur une ou plusieurs files longitu- dinales. Les vaisseaux du pôle vasculaire sont des trachées fines, des trachées à spire moyennement serrée, des vaisseaux annelés. 234 MARCEL MIRANDE Moelle. — La moelle est formée d'éléments plus longs que larges, à membranes munies de petites ponctuations transver- salement allongées et groupées en îlots, et à noyau fusiforme. M°* A. Schmidt (1) à signalé la première, dans la moelle, des faisceaux de Hiber interne (leptome). Elle fait remarquer que ces faisceaux qui, dans quelques familles (Cucurbitacées, Apo- evnacées, Asclépradacées, etc.), sont purement médullaires et sans corrélation avec les faisceaux Hibéroligneux, font partie, dans les Cassytha, de la constitution même de ces faisceaux ; elle insiste même en ajoutant qu'on n'observe ce fait que chez ces végétaux. À la suite de cet auteur, Boewig (2) relate aussi l'existence de ce Liber interne (phloème interne). Ce liber interne acquiert, dit-il, une importance de plus en plus grande, à mesure que le hber externe est plus réduit par Pâge et qu'il se désorganise en donnant les lacunes libériennes. I décrit ce Hhber interne comme formé de faisceaux de délicates cellules de phloème au milieu desquelles se trouvent trois ou quatre éléments de protoxylème en files ou séparés. Or, en réalité, il n°4 à pas de liber interne, pas même lorsque la structure de la tige à atteint son plus complet développement. Ces auteurs ont pris pour du Hber interne les cellules qui entourent la pointe des faisceaux Hgneux. On sait que, dans la plupart des plantes, le pôle vasculaire des faisceaux est entouré de cellules à membranes cellulosiques, dont les parois trradient autour de lui. Bien souvent, ces cellules se découpent autour du pôle Higneux entourant ainsi la pointe du faisceau d'un tissu conjoncüf particulher plus ou moins développé. Le rèle de ce Lissu de la pointe interne des faisceaux libéroligneux est à peine entrevu, pour ne pas dire inconnu, mais un @1l exercé ne le confond jamais avec du liber interne. Dans les Cassylha,ce issu s'accroît avec l’âge ; il arrive même à entourer complètement le pôle Higneux et à lisoler même du reste du faisceau. Ce fait, qui se produit cependant chez d’au- tres plantes, à contribué évidemment à l'erreur des auteurs précités (fig. 13, 14 et 16). (1) À. Schmidt, loc. cit., p. 175. 2 Boewig, loc. cit. P. 109 et 412. LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 235 Parfois, ce üssu conjonctif de la pointe des faisceaux se détruit pour former une lacune; fait analogue à celui qui se produit dans une foule d'autres plantes et que, dans les Cassv- thes, J'ai observé surtout dans des échantillons de Cassytha fihiformis provenant de Madagascar. L'erreur de ces auteurs m'a invité à donner les figures d, e (fig. 15) qui représentent ce tissu et à le mettre en regard du véri- table Liber. Il est formé d'éléments allongés, à membranes minces et cellulosiques, à ponctuations allongées transversalement, peu serrées et irrégulièrement distribuées. Ces cellules restent tou- jours vivantes, avec un protoplasme clair finement granuleux contenant un noyau en forme de fuseau orienté dans le sens vertical, et souvent des petites granulations protéiques brillan- les. Dans cet îlot de tissu conjonctif de la pointe interne des faisceaux on trouve parfois les restes de quelques trachées pri- mitives, complètement écrasées et réduites en un mince fila- ment. Vers les vaisseaux, les cellules de ce tissu particulier sont étroites. Parfois, les minces membranes de deux de ces cellules contiguës se résorbent; les protoplasmes et les noyaux de ces cellules se mélangent dans la cavité commune. Rien, dans ce tissu, ne rappelle done ni les tubes eriblés ni les cellules de parenchyme qui constituent le liber d'une manière absolument générale ; dans les Cassythes 11 n'existe donc pas de liber interne. Axes floraux. — Les üges florales possèdent la structure générale que nous venons de décrire mais se font remarquer par le grand développement de leur appareil mucilagineux sort cortical, soit libérien. Les cavités libériennes à mucilage sont toujours pleines d’un contenu épais el ne sont jamais obstruées sous la poussée des formations secondaires qui, du reste, sont ici d'intensité médiocre ou nulle, après la formation complète de l'anneau scléreux. Le liber est pauvre et se désagrège au profit de la cavité libérienne ; le bois Femporte en importance, et de beaucoup, sur le Hiber. Tiges âgées. — Nous venons de décrire l'état de la struc- Lure secondaire en général. Cette structure est édifiée par le fonctionnement d’arcs générateurs habituels intra-libériens. Mais dans certaines régions de tiges âgées, et la plupart du temps 250 MARCEL MIRANDE au voisinage des nœuds de toutes les tiges bien adultes, les formations secondaires acquièrent un maximun d'intensité, comme l'on peut en juger par la figure 16. L'assise génératrice se met à fonctionner activement en dehors de Fanneau ligneux. Les faisceaux libériens s’accrois- sent beaucoup, arrivant souvent à oblurer à peu près complète- ment les lacunes mucilagineuses déjà vides. L'anneau scléreux Fig. 16. — Formations secondaires de la tige : bs, rubans de bois secondaires. Gr ere s'épaissit par adjonction d'assises nouvelles, mais ce sont sur- tout les faisceaux ligneux qui prennent l'accroissement le plus considérable. En dedans de tous les faisceaux libériens, que ceux-ci apparliennent à des faisceaux complets où incomplets, s'intercalent de larges rubans vasculaires formés par de lon- gues séries radiales d'éléments. Entre les faisceaux, la zone cénératrice fonctionne pour donner des rayons de parenchyme dont les cellulles allongées sont disposées en séries radiales. Dans ces rayons, quelques cellules, çà et là, isolées ou grou- pées, se transforment en vaisseaux. Toutes ces formations ligneuses sont identiques ; ce sont des vaisseaux fermés à grosses ponclualions irrégulières passant parfois à la ravure. LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 237 Ces faisceaux secondaires s'anastomosent à travers les ravons par d’épaisses ramifications. Dans ces régions voisines des nœuds, l'appareil conducteur est donc très puissant avec pré- dominance du bois sur le liber. La zone génératrice fonctionne irrégulièrement; son maximun d'intensité se fait sentir du côté externe des spires d'enroulement de la tige, c'est-à-dire du côté le plus éclairé. Thylles. — Le parenchyme scléreux qui unit les gros vais- seaux aréolés de la bordure interne de Panneau, reste, ai-je dit, très longtemps vivant. Les cellules qui bordent les vaisseaux aréolés produisent à l’intérieur de ces derniers, à travers leurs grosses ponctuations, des thylles que Boewig à bien décrites. . Mais cette formation n’est pas constante. On trouve ces thylles dans les niveaux les plus divers ; on peut n’en pas rencontrer sur de longues étendues et passer ensuite à des régions où elles sont fort abondantes. Leur formation est évidemment soumise à certaines conditions physiologiques que seule l'étude atten- tive de la plante à l'état vivant pourra nous permettre de connaitre. Remarques diverses. — J'ai examiné des échantillons de Cassytha filiformis de diverses provenances, principalement de Cochinchine, de Madagascar, du Gabon, du Brésil. La structure sénérale est la même, mais l’on peut constater quelques varia- tions dans l'importance de l'appareil péricyelique, de lappa- reil mucilagineux de l'écorce ou de celui du liber, dans la richesse de l'appareil libérien, variations dues à des causes adaptationnelles évidemment. Un des caractères très vartables est fourni par l’épiderme ; cette assise périphérique porte par- fois des poils qui ont la structure de ceux que nous trouverons sur les écailles. Ils sont courts, raides, monocellulaires, termi- nés en pointe aiguë, à parois épaisses el quelquefois lianifiées. Ces poils sont à peu près constants dans les axestdes inflores- cences et très fréquents surles Jeunes bourgeons axillaires. Mais, suivant le pays d’origine, la tige ordinaire est plus où moins riche en poils; de plus, sur une même tige, pour des raisons inconnues, des régions sont très velues tandis que les autres sont dépourvues de poils. La tige, à tous les âges, est'colorée en vert intense. Dans les 296 MARCEL MIRANDE corpuscules chlorophylliens se trouvent de petits cristaux rouges déjà signalés par Hackenberg. Ces cristalloleucites sont répan- dus aussi, parfois, dans le protoplasme cellulaire, principale- ment dans lhypocotyle et dans la tige en phase de vie libre. On les trouve aussi dans les cellules amylifères. L'acide sulfu- rique les dissout en donnant autour d'eux une coloration bleue : c'est done de la caroline. La tige présente, en quantité souvent abondante mais encore soumise à des varations, des cristaux d'oxalate de calcium. Ces cristaux sont renfermés dans les parenchymes de la tige ordi- naire et aussi dans tous les organes de la plante Ÿ compris l'embryon. Cet oxalate est répandu parfois en poussière cristal- line, le plus souvent en cristaux fusiformes aplatis. On le trouve aussi sous forme de raphides, de petits prismes plats, de cris- aux octaédriques plus où moins volumineux. CHAPITRE III Structure des écailles caulinaires. Les feuilles des Cassythes, comme celles des Cuseutes et de bien d'autres plantes parasites, sont rudimentaires et réduites à de simples écailles. Les premières écailles, celles qui provien- nent du premier développement de la gemmule dans la plantule, ont la forme d’une languette effilée. Elles sont formées d'un parenchyme de cellules à peu près isodiamétriques avec quel- ques cellules mucilagineuses. Elles n'ont pas de cils marginaux et leur nervure unique est formée, du côté du bois, d'un petit nombre de vaisseaux annelés el spiralés. L'écuille caulinaire ordinaire est sessile, ovale, creusée en cuiller et S'épanouit légèrement en un lobe arrondi et charnu au-dessous de sa surface d'insertion. Vue de face, elle res- semble, de cette facon, à un pelit écusson concave accolé contre la tige (fig. 17). La coupe transversale d’une telle écaille a la forme d’un crois- sant. Elle présente un parenchyme de cellules trrégulières un peu allongées, avec petits méats. Sous les deux épidermes, quelques LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 239 -J: cellules mucilagineuses d'un large diamètre donnent à la coupe son aspect particulier. Les deux assises sous-épidermiques sont parfois entièrement mucilagineuses. L'épiderme externe est à cellules bien orientées radialement, grandes et isodiamétriques, revêtues d'une cuticule qui se colore en bleu par le vert d'iode, comme celle de la tige. Dans lépiderme in- terne les cellules sont minces, plus étendues tan- gentiellement que radiale- ment, et un peu allongées dans le sens vertical. L'écaille est bordée de cils analogues à ceux que l'on trouve dans les fleurs et parfois aussi sur les liges. Ce sont des cellules épider- miques plus petites que les autres qui se prolongent en poils pointus, raides, à pa- roi très épaisse qui parfois se sclérifie. Ce sont comme de petites aiguilles encas- tréescäet là dans lépiderme et spécialement sur les bords. Fig.17. — Ecailles caulinaires : fragments de tiges grossies; structure de ces écailles. Gr. 153. L'endoderme de la tige se poursuit dans lécaille; les files de cellules endodermiques se terminent par des éléments de plus en plus petits qui s'éteignent dans la base de l'écaille. Les cel- lules mucilagineuses libériennes. initiales de la cavité hbé- vienne, ne pénètrent jamais dans l’écaille. L'écaille est traversée par une unique nervure médiane. Cette nervure est libéroligneuse avec bois prédomimant 10 où 12 vaisseaux en moyenne, annelés, finement ravés el spiralés. TROISIÈME PARTIE LA FLEUR ET LA GRAINE CHAPITRE PREMIER Le Réceptacle et le Périanthe. Les caractères morphologiques de la fleur des Cassythacées ont été décrits, dans leurs grandes lignes, par tous les auteurs de grands ouvrages sur la Systématique. Les meilleures descrip- tions sont celles de Bentham et de Baillon. Ces caractères ont e permis à tous les auteurs de mr faire de ces plantes une tribu des Lauracées ou une famille N Voisine. pe à | Les pages suivantes vont © | faire connaître d’une manière a o° plus complète la fleur de ces SA ta: F6 plantes parasites en prenant C toujours comme type le Cas- 7 sytha filiformis. Avant d'entrer dans la connaissance détaillée de cette fleur, il est utile d'en Fig. 18. — = 4 de la fleur de se 7 NT Cassytha filiformis. acquérir une première idée par une courte description de ses caractères généraux (fig. 18 et 19). Caractères généraux. — Les fleurs des Cassytha sont petites, sessiles, disposées en épis, insérées suivant la fraction 2/5 sur une spire montant de droite à gauche. Chaque fleur est placée à l’aisselle d’une bractée charnue accompagnée latéralement de deux autres bractées. Lorsqu'elle est Jeune, elle porte le gyné- cée au fond d’un réceptacle légèrement concave sûr les bords LE DÉVELOPPEMENT ET L' ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 241 duquel s'insèrent les pièces du calice, de la corolle et de l’an- drocée. Le calice est formé de 3 petits sépales, largement sessiles. alternant avec les bractées ; il y à donc un sépale postérieur, La corolle possède 3 pétales alternant avec les sépales, dont un antérieur, par conséquent. L'androcée est formé de 4 verticil- les, de 3 étamines chacun. Les étamines du premier et du troi- sième verticille sont oppositisépales et à anthères introrses pour le premier, extrorses pour l’autre. Les étamines du second et du quatrième verticille sont épipétales : les premières sont à anthères introrses, les autres sont stériles et se réduisent à des staminodes courts et charnus. Au centre est un gynécée libre, à ovaire uniloculaire, surmonté d’un style court et trapu por- tant un stigmate triangulaire. Dans l'ovaire se trouve un seul ovule anatrope, pendant, inséré légèrement en avant, dont le raphé est tourné du côté de l’axe floral. Le fruit est un achaine entouré complètement d’une enveloppe formée par le récep- tacle qui, après la fécondation, s’est accru et épaissi. Autour du bord de cette induvie réceptaculaire persistent les restes dessé- chés du périanthe et de l’androcée. Sur un même épi (fig. 19), l'on trouve, du sommet à la base, des fleurs jeunes, des fleurs dont le réceptacle se développe peu à peu, des fleurs à récep- tacle complètement développé en induvie, et enfin des fruits mürs entourés de leur enveloppe réceptaculaire. Maintenant, examinons cette fleur d’un peu plus près. Ordre de développement des divers verticilles. — Les pièces de chaque verticille ne sont pas exactement insérées à un même niveau, comme celasemble paraître quand on examine la fleur à l'œil nu et même à la loupe. Des coupes en séries, examinées au microscope, montrent qu'elles sont disposées sur une spire très surbaissée, et que leur insertion se fait, de la base au som- met de la fleur, sur les bords de la coupe réceptaculaire, dans le sens du mouvement des aiguilles d’une montre. Apparaissent d'abord, sur l'axe de la fleur, les deux bractées latérales puis la bractée antérieure, au milieu desquelles se déve- loppe la fleur. Sur les bords du réceptacle, c'est le sépale qui se montre le premier; dans la corolle, c'est le pétale antérieur qui apparaît le dernier. ANN. SC. NAT. BOT., 9° série. nu, 16 2 42 MARCEL MIRANDE L'ordre de naissance des étamines est intéressant à suivre : ce sont les étamines oppositisépalesqui se montrent les premiè- res, c'est-à-dire les étamines du premier et du troisième verticille de l'androcée. Cesdeux étamines qui tournent l'une contre l'autre Fig. 19. — a, fragment de rameau floral de Cassytha fili- formis. Gr. 5. — b, étamine du 3° verticille de l'androcée munie d'appendices latéraux. Gr. 8. — €, pistil. Gr. 8. — d, fruit. Gr. 5. — e, noyau contenant la graine. Gr. 5. — f, fruit entouré du réceptacle accru en induvie et sur- monté des pièces du périanthe. Gr. 8. — g, moitié d’une graine ouverte suivant le plan passant entre les deux cotvlédons. Gr..10. leurs anthères, naissent d'un tronc commun sur le bord ré- ceplaculaire en même temps que commence à se dessiner sur ce même bord Ja base largement sessile des pé- tales. Apparais- sent ensuite, sen- siblement au- dessus de ce ni- veau. lesélamines du deuxième el du quatrième ver- Hicille. Ces éta- mines sont, non seulement oppo- silipétales mais encore épipéla- les. Elles ont en effet, avec les pé- {ales, un certain parcours COm- mun en concres- cence basilaire. C'est d'abord l'élamine du quatrième verticille (qui se réduit, avons-nous dit, à un staminode) qui se détache la première du pélale ; à un viveau au-dessus se détache ensuite du pétale Féta- mine du second verticille. En résumé, en ce qui concerne l'androcée, l'ordre d'appart- LE DÉVELOPPEMENT ET L' ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 243 tion des quatre verticilles n’est pas le même que l'ordredes verti- cilles : le premier verticille apparaît le premier, le second verti- cille apparaît le quatrième, c’est-à-dire le dernier: le troisième verticille apparaît le second, et enfin le quatrième et dernier verlicille formé de staminodes apparait le troisième ; les stami- nodes se détachent des pétales très près du centre de la fleur et ainsi forment le cycle le plus profond de l’androcée. Enfin, au fond du réceptacle, le gynécée se forme en der- nier lieu. Lorsque la fleur estcomplètement développée les étamines du premier et du deuxième verticille soulèvent leurs anthères légè- rement au-dessus du stigmate. Les anthères du troisième verti- cille sont un peu plus basses et enfin les staminodes viennent se terminer au niveau de la base des sacs polliniques des éta- mines de ce troisième verticille. Course des faisceaux, du rameau floral dans le réceptacle. — Une fleur prend naissance sur le rameau floral en face d’un faisceau libéroligneux. Ce faisceau, comme tous ceux que nous avons étudiés dans la lige, possède généralement une grande lacune mucrlagineuse libérienne. Cette lacune vient se termi- ner au niveau d'insertion de la future fleur. En se dirigeant vers l'axe de la fleur, le faisceau se divise peu à peu en deux tronçons, puis lune des branches se divisede nouveau en deux, de sorte que la stèle de l'axe floral, tout à fait à sa base est formée de trois petits faisceaux libéroligneux, l'un antérieur, les deux autres latéraux (fig. 20, 1). Dès la base, le faisceau anté- rieur détache un petit cordon uniquement vasculaire destiné à la bractée antérieure ; ce petit cordon s'élève légèrement dans celte bractée charnue près de son épiderme interne, puis, au sein du parenchyme il s’infléchit subitement vers l'extérieur, devient presque horizontal et vient s'étendre non loin de lépi- derme externe. Cette bractée antérieure est la seule qui pos- sède une nervure : de plus, cette nervureest purement vasculaire, les bractées latérales n’empruntent aucun faisceau à l'axe. I arrive parfois que le cordon vasculaire destiné à cette écaille antérieure se détache le premier de lun des deux troncs libéro- ligneux primitifs avant que le troisième faisceau ne soit isolé. Les trois faisceaux qui, à la base, forment la stèle de l'axe 244 MARCEL MIRANDE floral, se ramifient de telle sorte qu'à un niveau légèrement voisin de celui du calice la stèle est formée enfin de six faisceaux (fig. 20, Il). A ce moment, la stèle florale est définitivement formée et Fig. 20. — Principaux niveaux de la course des faisceaux, de l'axe floral dans le ré- ceptacle et le pistil : B, bractées florales ; $S, faisceaux sépalaires; P, faisceaux pétalaires ; C, faisceaux carpellaires; Ca, pièces du calice; d, faisceau dorsal, et PZ, faisceau placentaire du pistil. ses six faisceaux sontrégulièrement orientés dansla section, de forme générale triangulaire, de l'axe floral, au niveau des trois bractées, presque au niveau où va se détacher le sépale pos- térieur, Dansies coupes IE, TT de a figure 20, trois faisceaux oc- cupentles sommets du {triangle qui correspondent aux bractées ; LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 245 ce sont les faisceaux (P) destinés aux pétales et aux élamines qui en dépendent. Les autres faisceaux (S) sont placés au mi- lieu des côtés du triangle et sont destinés aux sépales et aux étamines oppositisépales. Les six faisceaux prennent rapide- ment une disposition encore plus accentuée, par suite d'un léger refoulement des assises internes de parenchyme qui forment, au-dessus de chacun d'eux, des arceaux d'assises un peu ser- rées, tournant leur convexité vers l’intérieur et dessinant au centre de l'axe un massif cellulaire hexagonal à côtés concaves (fig. 20, IT). A partir de ce niveau, si l’on suit la série des sections suc- cessives de bas en haut, l’on voit apparaître dans cet hexagone central, sans liaison aucune avec les six faisceaux périphéri- ques, des trainées d'éléments vasculaires rayés, qui peu à peu s’orientent sur les six angles de l'hexagone et qui enfin aboutis- sent en ces points, à ces faisceaux libéroligneux inverses, c'est- à-dire à bois orienté en dehors et à liber orienté en dedans (C). Ces faisceaux inverses sont tout d’abord dirigés obliquement el apparaissent, eux aussi, soudain, sans liaison aucune avec les six faisceaux périphériques. Puis ils se redressent et enfin, à un certain niveau, la section présente deux cycles de faisceaux : l'externe formé par les six faisceaux primitifs directs, linterne formé par les six vaisseaux inverses qui alternent avec les pre- miers (fig. 20, DIT, IV, V). Au-dessus du niveau que nous venons d'examiner laxe se creuse légèrement en coupe ; les sections à travers celle coupe réceplaculaire prennent par conséquent la forme d'une cou- ronne au milieu de laquelle se trouvent lessections de la base du pistil, puis, peu à peu, les sections de l'ovaire. Dans cette cou ronne se trouve toujours le système des six faisceaux périphéri- ques directs et des six faisceaux internes inverses alternant avec les premiers (fig. 20, VI, VIT). Au niveau marqué par la figure 21, 1, qui ne représente qu'un fragment de la paroi de la coupe réceptaculaire, se trouve Fin- sertion d'un sépale, après le détachement de ce sépale lon voit naître peu à peu, sur la paroi, le tronc commun aux deux étamines oppositisépales appartenant au premier et au troisième verticille. Presque au même niveau commence à 246 MARCEL MIRANDE se dessiner la base des pétales largement sessiles (fig. 21). La course des faisceaux dans le réceptacle se fait avec une remarquable harmonie et elle est très instructive. Jai dit plus haut la destinée des six faisceaux périphériques, nous étudie- rons plus loin leur distribution dans le périanthe et dans l'an- drocée, mais il nous faut comprendre d'abord la signification du second cercle de faisceaux inverses alternant avec les fais- ceaux du cercle périphérique. Considéronsle niveau (fig. 21). Ce niveau correspond à lin- sertion d'un sépale. On trouve là un groupe de trois faisceaux : l'un antérieur, direct, appartenant au premier cercle, les deux autres inverses, placés à droite et à gauche du premier el appartenant au second cercle. Le faisceau médian sépalaire, vers le niveau de l'insertion du sépale, divise en trois cordons sa partie libérienne. Le cordon hbérien central pénètre dans le sépale et y constitue sa nervure unique purement libérienne. Après le départ de cette nervure sépalaire, il reste dans l'axe un faisceau libérien central répa- rateur, mais les deux cordons Hbériens latéraux cheminent vers le liber des faisceaux inverses, tandis que le bois du fais- ceau central se raccorde peu à peu, à droite et à gauche, avec le bois des faisceaux inverses (fig. 21, 11, I, IV). A ce niveau, le faisceau sépalaire semble être réuni aux deux faisceaux inverses par une anastomose. Nous voyons enfin se dessiner une liaison entre les faisceaux périphériques et ces faisceaux internes inverses qui nous sont apparus subitement à un niveau inférieur. É En réalité, c'est à ce niveau même, c’est-à-dire au point culminant de la paroi réceptaculaire, que se forment ces faisceaux inverses, de la manière suivante : après le départ de la nervure libérienne sépalaire, le faisceau libéroligneux péri- phérique se ramifie en trois tronçons, Fun central, qui n'esl autre chose que la continuation du faisceau primitif ou son réparateur, et deux latéraux. Les deux faisceaux latéraux cheminent presque horizontalement dans la paroi du réceptacle, formant deux trainées Hbéroligneuses en forme de V avec hber en dehors et bois en dedans, par conséquent, d'orientation normale. Mais arrivés vers le bord interne de la coupe récepla- LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 247 culaire, ils descendent vers la base du réceptacle et cheminent désormais de haut en bas. Dans ce changement de direction. ils forment naturellement des cordons libéroligneux inversement Fig. 21. — Course des faisceaux dans les étamines oppositisépales, formation de ces étamines, origine des faisceaux inverses carpellaires C: Sep, sépales ; P, pétales: E,, E>, étamines oppositisépales formant le {er et le 3° verticille de l'androcée. orientés, c’est-à-dire présentant le bois en dehors et le liber en dedans. Si maintenant nous examinons les sections transversales pré- cédentes dans un ordre inverse, nous suivrons, avec facilité, la course de ces faisceaux inverses de haut en bas du récep- tacle et nous en comprendrons la signification. Ces faisceaux, issus par paire, comme nous venons de le voir, du faisceau 248 MARCEL MIRANDE libéroligneux sépalaire, arrivés au point culminant de la coupe réceptaculare, se retournent et cheminent de haut en bas en se dirigeant vers le fond du réceptacle. Là, ils marquent les six sommets de la masse parenchymateuse centrale hexagonale (fig. 20, V, IV). C'est à ce niveau qu'ils nous étaient apparus précédemment, et où, au premier abord, leur présence nous avait étonné. Dans leur course descendante, ils s'acheminent vers le centre de la coupe réceptaculaire, en prenant, par suite, une direction un peu oblique (fig. 20, IV) et ils viennent s'éleindre, au centre de cette coupe, en un bouquet d'éléments purement vasculaires (IV, ITE, fig. 20). En résumé, les trois faisceaux externes sépalaires sont la source des six faisceaux internes qui, après s'être retournés au sommet du réceptacle, viennent s'éteindre au fond de la cavité réceplaculaire. Au fond de cette cavité, mais à un niveau un peu supérieur à celui marqué par la figure IT précédente, s'in- sère la base du pistil, le pied de l'ovaire. Nous verrons un peu plus loin, et onle devine déjà, que les six faisceaux inverses ne sont autre chose que les faisceaux destinés au pistl, e’est-à- dire des faisceaux carpellaires. Cette course des faisceaux nous fait comprendre la vraie structure du réceptacle floral: à un niveau inférieur, représenté, par exemple, par la figure 20 (IT, IT), l'axe floral, plein, possède une stèle formée par six faisceaux libéroligneux sépalaires et pétalaires régulièrement distribués dans Pordre que nous avons décrit. Au niveau de l'insertion du calice, ou, plus exactement, au niveau de l'insertion des dernières pièces opposilisépales de l'androcée, l'axe s'invagine légèrement pour former un réceptacle en forme de coupe, peu profonde au début. Cette invagination se produit après que les trois faisceaux sépalaires ont détaché la nervure unique hbérienne destinée à chaque sépale et donné naissance, chacun, à deux faisceaux hbéroligneux. Nous verrons plus loin que ces deux faisceaux libéroligneux fournissent, en haut, les {tronçons des- linés aux deux étamines oppositisépales, mais, après cela, ils continuent leur course. Entraiïnés par linvagination du réceptacle, ils se retournent et cheminent de haut en bas en prenant, de ce fait, l'orientation inverse. Ces six faisceaux sont LE DÉVELOPPEMENT ET L ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 249 destinés au pistil, ainsi que nous le verrons plus loin. Un peu au-dessous du niveau où ils pénètrent dans le pisül, ils viennent s’éteindre en un bouquet d'éléments vasculaires. au centre même de la coupe, à un niveau qui représente, par conséquent, le véritable sommet anatomique de l'axe floral. On voit donc que les carpelles ne sont pas insérés exactement au sommet de l'axe floral, et que ce sommet invaginé se trouve au-dessous du niveau de naissance du pédoncule ovarien. Le sommet de l'axe ne prend donc aucunement part à la forma- on de la fleur, puisqu'il est invaginé au-dessous des carpelles qui forment le verticille le plus profond de la fleur, c’est-à- dire au-dessous de la fleur même. C'est ce sommet invaginé qui, pressé par la région périphérique à six faisceaux sépalaires et pétalaires, prend la forme d'une masse parenchymateuse hexagonale. Nous connaissons maintenant la signification générale de l'appareil conducteur de l'axe floral. Nous verrons comment cet appareil se distribue avec une grande symétrie dans les diverses pièces florales, à mesure que nous étudierons la structure des divers verticilles. Bractées. — Chaque fleur, sessile, est entourée de trois bractées oppositipétales ; il v a, par conséquent, une bractée antérieure et deux latérales. Ce sont de simples petites écailles triangulaires dont les bords sont munis de cils épidermiques raides, analogues à ceux des écailles caulinaires (fig. 19). Le parenchyme est presque entièrement transformé en tissu mucilagineux. Des cellules mucilagineuses confluent entre elles en nombre variable et forment des poches plus ou moins vastes pleines d’un épais mucilage (fig. 20, I). Les deux bractées latérales sont insérées à peu près à un même niveau, inférieur au niveau d'insertion de la bractée antérieure. Seule, cette bractée antérieure reçoit un faisceau de l'axe floral, faisceau uniquement vasculaire dont nous avons étudié ci-dessus la course et la structure. Calice. — Les sépales sont, comme les bractées, de simples écailles charnues, épaisses, ciliées sur les bords et dont la forme rappelle celle des écailles caulinaires. Comme ces dernières, les sépales sont largement sessiles et se prolongent en un lobe 250 MARCEL MIRANDE arrondi au-dessous de leur surface d'insertion ; charnus et con- caves dans la partie centrale, ils s'amincissent vers les bords. Le {issu est presque entièrement constitué par de grosses cellules mucilagineuses qui, par leur confluence, forment çà et là de grosses poches à mucilage; en de nombreuses places, l'épiderme prend part à la formation de ces poches. Nous avons vu plus haut que le sépale n’est irrigué que par un seul faisceau, court et simplement hbérien, rameau détaché du faisceau libéroligneux que j'ai nommé sépalaire et qui, dès la base de l'axe floral, est placé au milieu du côté de la section triangulaire de cet axe (fig. 20). Ce faisceau est formé d’un mince cordon de 3-4 cellules criblées, courtes et trapues, qui traverse horizontalement lécaille dans sa région la plus charnue et ne s'élève pas verticalement, Corolle. — Les pétales, largement sessiles, concaves el triangulaires, commencent à se détacher de la paroi de la coupe réceplaculaire, à peu près au même niveau où se détache le tronc commun aux deux élaminesoppositisépales. L'épiderme externe est fortement cutinisé, linterne est à membranes minces. Le parenchyme est formé, dans la région médiane, de 4-5 assises de cellules irrégulières à petits méats. L'assise sous- épidermique externe est formée presque entièrement de grosses cellules mucilagineuses ; çà et là, dans le parenchyme, se trouvent disséminées quelques cellules à mucilage. Vers les deux tiers de la hauteur du pétale, lorsque la dernière étamine conscrescente est détachée complètement, l’assise sous-épider- mique interne devient aussi, peu à peu, mucilagineuse. Le parenchyme devient lui-même progressivement mucilagineux el, vers le sommet, il ne forme plus qu'un gros amas de mu- cilage. Vers la base de l'axe floral, il v a trois faisceaux pétalaires destinés chacun à un pétale, et placés aux trois sommets de la section triangulaire du réceptacle (fig. 20). Au niveau de déta- chement du pétale, ce faisceau pétalaire unique est réuni, à droite et à gauche, à Fappareil conducteur du tronc commun des élamines opposilisépales par une anastomose purement hbérienne qui aboutit aux faisceaux uniquement libériens des appendices staminaux du troisième verticille de landrocée. LE DÉVELOPPEMENT ET L' ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 231 =! Dans le limbe du pétale, ce faisceau pétalaire se divise en trois branches libéroligneuses, dont une centrale et deux latérales. Chaque pétale est concrescent, pendant un certain parcours, avons-nous dit plus haut, avec les élamines du qua- trième et du troisième verücille, L'étamine du quatrième ver- ticille réduite à un staminode, se détache du pétlale la première, progressivement. Le faisceau central envoie dans cette étamine un faisceau libéroligneux. Ensuite, se détache du pétale l'étamine du second verticille, qui emprunte, elle aussi, à la nervure centrale un cordon libéroligneux. La nervure médiane, au sein du pétale, est formée de 4-5 éléments vasculaires el d'autant d'éléments libériens. Ce Le s'élève dans le Himbe Jusqu'à une faible distance du sommet, mais le liber s'éteint le premier. Les faisceaux latéraux se bifurquent parfois, ordi nairement une seule fois, et souvent d’un seul côté seulement. I ya alors deux faisceaux latéraux d'un côté de la nervure médiane, et un seul de l’autre côté. Le liber des faisceaux latéraux s'éteint à une faible hauteur, le bois, au contraire, formé d’abord de 3-4 éléments, s'accroît en montant dans le limbe en s'adjoignant des éléments rayés ou longuement ponctués d’un diamètre relativement assez grand. CHAPITRE Il L'androcée Nous avons vu que l'androcée est formé de quatre verticilles trimères, les étamines du premier et du troisième verticille sont oppositisépales ; celles du second et du quatrième verticille sont épipétales. Les anthères sont à deux sacs polliniques s’ouvrant par un clapet selon le mode connu chez les Lauracées; les grains de pollen sont sphériques et légèrement verruqueux (fig. 22). EÉtamines oppositisépales. — Ce sont celles qui ap paraisse nl les premières. Elles naissent sur un tronc commun qui com- de la mence à se dessiner, au point culminant de la paroi 292 MARCEL MIRANDE * coupe réceplaculaire, au même niveau que la base d'insertion des pélales sessiles. L'étamine du premier verticille est à anthère introrse ; léta- mine du troisième verticille est à anthère extrorse faisant face à l'anthère précédente, elle porte sur son filet court et trapu, latéralement et de chaque côté, un petit appendice charnu, sessile, se lerminant en pointe vers à base des anthères (fig. 19, à). Les figures 21 montrent la disposition de l'appareil con- ducteur dans le tronc commun à ces deux étamines. Ce tronc commun commence à se former un peu au-dessus du niveau où le faisceau sépalaire à envoyé au sépale sa nervure libérienne el s'est divisé lui-même en deux rameaux destinés aux car- pelles qui, par suite de linvaginalion de l'axe, forment, comme nous l'avons vu plus haut, deux faisceaux descendants à orien- tation inverse. Le faisceau libéroligneux central, continuateur ou mieux réparateur du faisceau sépalaire, est destiné à irriguer, seul, létamine du premier verticille. Les deux faisceaux Hbéro- ligneux issus du faisceau sépalaire, avant de continuer leur course descendante et d'orientation inverse vers le pisül, déta- chent vers le haut deux tronçons libéroligneux qui se réu- nissent bientôt en un seul et qui est destiné au filet de l'étamine du troisième verticille, Arrivé vers le bord interne de la coupe réceplaculare, au moment où 1ls vont se retourner pour che- miner de haut en bas, ces mêmes faisceaux détachent encore, chacun, un cordon uniquement libérien destiné à chaque appen- dice de la même étamine (V, VE VIT, VIT. Le tronc commun aux deux étamines se bifurque bientôt pour donner à lexté- rieur létamine du premier verticille et à l'intérieur celle du lroisième verticille. La première à donc un unique faisceau libéroligneux; la seconde possède trois faisceaux : un central libéroligneux qui irriguera l’étamine elle-même, et deux cordons latéraux pure- ment libériens destinés aux appendices staminaux (IX, X, XP). Cette description complète exposé de la course des faisceaux sépalaires. Pour la commodité de la description j'ai suivi les faisceaux staminaux comme des rameaux détachés des faisceaux carpellaires, eux-mêmes issus par paire de chaque faisceau : LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 252 253 sépalaire. En réalité, ces faisceaux carpellaires ne sont que les réparateurs des derniers faisceaux staminaux. Le filet de l’étamine du premier verticille, d'abord de section tfiangulaire et étroite, s’élargit peu à peu et devient foliacé. 1 section de ce filet, avant le niveau de l'anthère. à l'aspect de celle d’une écaille caulinaire. Cette région foliacée embrasse le filet de létamine qui est en face, au-dessus des appendices. Au centre du filet se trouve le faisceau libéroligneux, presque tout le parenchyme est mucilagineux. Avant d'arriver à l’anthère, le filet se réduit peu à peu, perdant sa forme foliacée et devenant plus épais. Le fais- ceau vient s'étendre peu à peu dans le connectif, vers le mi- lieu de la hauteur des sacs polliniques ; il n’a guère que deux tubes criblés et autant de vaisseaux spiralés ; le bois s'éteint le pre- Fig. 22 Pa Sen transversales, à un même niveau : = dans les anthères des étamines oppositisépales ; mier. Dans la region cellules et cavités à mucilage. Gr. 97. qui entoure les clapets de déhiscence et dans la région qui sépare ces deux clapets, l’épiderme est papilleux. Au-dessus des sacs polliniques le connectif se continue par un massif épais à section d'abord pentagonale, qui s’atténue peu à peu en pointe, et dont le üissu finit par être uniquement formé de grosses cellules à mucilage (fig. 22). 14 Les étamines du troisième verticille sont les plus différenciées de tout le système (fig. 19, 4): leurs appendices charnus, pvri- formes, sessiles, ont la valeur de lobes foliaires. L'appareil conducteur est formé, comme nous l'avons dit plus haut, d'un faisceau libéroligneux central et de deux faisceaux hbériens latéraux. Le faisceau central s'élève verticalement dans le filet 294 MARCEL MIRANDE et vient se terminer au-dessous de l’anthère;: le liber s'éteint avant le bois. Les deux faisceaux libériens latéraux sont des- linés aux appendices staminaux ; une fois arrivé dans l'ap- pendice, Le faisceau libérien se ramifie en deux ou trois cordons de 2-3 tubes criblés, qui irriguent la masse de lPap- pendice et s'éteignent avant d'arriver au sommet. Vers la base, le filet est formé d’un parenchyme ordinaire avec quelques cellules à mucilage. Ces cellules mucilagineuses deviennent de plus en plus nombreuses et forment bientôt la masse générale du tissu; elles se fondent, par places, les unes dans les autres, formant de grosses poches mucilagineuses, séparées çà et là par des murs d'une seule assise de cellules ordinaires. Le filet, en cette région, est une vraie éponge à mucilage au centre de laquelle se trouve le petit faisceau libéroligneux. Entre les appendices et l'anthère, le mucilage diminue et tend à occuper seulement la partie périphérique, tandis que le tissu central passe peu à peu au parenchyme homogène à cellules polvédriques. Dans l’anthère le tissu muei- lagineux est localisé sur les côtés et en dedans de la fleur, puis en avant. Au-dessus des sacs polliniques l'axe se continue par une pelite pointe constituée uniquement par du tissu mucila- 2INeEUX. Les appendices sont recouverts d'un épiderme assez régulier à éléments allongés tangentiellement. Le tissu interne est un parenchyme entremêlé de grandes cellules mucilagineuses qui deviennent de plus en plus abondantes vers le sommet. Étamines épipétales. — C'est l'étamine du quatrième verti- aille, c’est-à-dire la plus centrale de l'androcée, qui se détache la première du pétale. Elle se réduit à un staminode pyriforme supporté par un court filet. Cette masse, convexe du côté externe, est légèrement creusée, du côté interne, par un sillon qui commence un peu au-dessous du sommet et qui se prolonge sur le filet lui-même. Le sillon divise done le staminode en deux lobes latéraux assez bien dessinés. Ces deux lobes se prolongent à la base, à droite et à gauche du filet, par deux appendices arrondis presque aussi longs que le filet. La section longitudi- nale axile a done un aspect cordiforme. Dans la région médiane du staminode le tissu est formé d'un LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 299 parenchyme central de cellules arrondies, entouré d'un cercle de grosses cellules mucilagineuses qui, du côté externe, sont sous-épidermiques. Un peu plus haut, l'appareil mucilagineux se divise en deux massifs sous-épidermiques, l'un du côté extérieur de la fleur, l'autre du côté intérieur. Vers le sommet le tissu devient presque entièrement mucilagineux. L'appareil conducteur est constitué par la ramification d'un unique faisceau libéroligneux issu du faisceau central péta- laire. Ce faisceau, encore contenu dans le pétale, est formé d'un liber de 9-10 tubes criblés et d’un bois de 1-2 trachées. Quand il pénètre dans le filet, la partie Hbérienne se divise en deux petits cordons à droite et à gauche et un peu en dehors de la partie vasculaire. Le cordon vasculaire s'élève verticale- ment, sans se ramifier, et s'éteint vers la région médiane du staminode. Les deux cordons libériens se ramifient et se répandent à lravers la masse charnue et dans les appendices basilaires latéraux du staminode. | Ce staminode, avec ses rudiments d'appendices latéraux libres seulement dans leur partie basilaire, avec son appareil conducteur réduit, mais comparable à celui de lPétamine du troisième verticille, semble provenir de lavortement d’une étamine semblable à cette dernière. Ce staminode représente- rait done une étamine à appendices latéraux, opposant ses sacs polliniques extrorses aux sacs introrses de la seconde étamine épipétale. Les deux étamines épipétales formeraient done un groupe d'étamines analogue au groupe oppositisépale. Les étamines du second verticille, opposées aux staminodes, sont analogues aux étamines du premier verticille, mais plus petites que ces dernières, ce qui renforce la comparaison pré- cédente. Le filet se détache du pétale au niveau de la région médiane du staminode ; son tissu est presque entièrement muct- lagineux. Au centre, au sein d’une mince zone parenchymateuse se trouve un petit faisceau libéroligneux de 3-4 tubes criblés et de 3-7 vaisseaux. Le faisceau s'éteint à la base de l’anthère, le hber avant le bois. 256 MARCEL MIRANDE CHAPITRE II Le pistil. Le pistil est formé d'un ovaire uniloculaire, plus où moins ovoïde, supporté par un court pé- dicelle et surmonté d’un style au- dessus duquel s'épanouit un stig- male triangulaire. À parür d'un certain stade de développement, l'on peut distinguer sur la surface de l'ovaire six légers sillons dessi- nant autant de lobes superticiels (fig. 19, c). Le style a grossière- mement la forme d’un prisme triangulaire tournant une arête du côté de l'axe floral. Sa face antérieure est parcourue par un léger sillon longitudinal se con- inuant jusqu'au stigmate qui, de ce côté, présente une légère échancrure. Si l’on considère une coupe axile du pisüul, passant par le plan an- téro-postérieur de la fleur (fig. 23), on remarque, au-dessus de la loge ovarienne, un petit canal oblique Fig. 23. — Section du pistil dans S’ouvrant au dehors, à la base du son plan antéro-postérieur de En AT symétrie : 4, faisceau dorsal se Style et du côté antérieur de la Un Me leur, et débouchant au dedans au se rendant dans l'ovule unique; plafond de l'ovaire (co). La loge a,anastomose circulaire reliantles , s \ deux faisceaux à et fd: Co, canal OVarienne contient un seul ovule, garer dé TT | SUSpen du) aULSOMMET AUHPPEUNEN conducteur du style. Gr. 78. avant. au bord de l'orifice interne de ce canal ovarien dont nous comprendrons plus loin la signification. L'ovule est ana- trope, à raphé tourné du côté de l'axeffloral, son micropyle est LE DÉVELOPPEMENT ET: L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 257 ramené en haut, du côté du placenta, son plan de symétrie coïncide avec le plan floral antéro-postérieur. L'étude de cette partie de la fleur est très intéressante et nous allons voir que l'anatomie va jeter un jour tout nouveau sur la structure du pistil des Cassythacées et même de {outes les Lauracées. Suivons d’abord la marche des faisceaux carpellaires. Marche des faisceaux carpellaires. — Nous connaissons l’ori- gine des six faisceaux inverses observés dans la paroi du récep- tacle. Ces faisceaux sont destinés au pistil. Entrainés par l'in- vagination du réceptacle, ils cheminent de haut en bas et vien- nent s'étendre en un bouquet d'éléments vasculaires au centre de la coupe réceptaculaire à un niveau qui marque le véritable sommet anatomique de l'axe. Mais auparavant, c'est-à-dire au-dessusde ce niveau de l'axe invaginé, soit, en réalité, un peu au-dessous du sommet de l'axe, ils pénètrent dans le pédon- cule ovarien pour constituer l'appareil conducteur du pistil (fe 2 0 TE TV ENV). Si l'on considère un pistil jeune, avant la fécondation, cet appareil conducteur n’est pas complètement différencié, mais il présente cependant le caractère principal qu'il aura d’une manière définitive. Les six faisceaux inverses, après avoir pénétré dans le pédon- eule ovarien (fig. 20, VI), s’anastomosent d'une manière un peu confuse pour former en définitive deux branches placées dans le plan antéro-postérieur, l’une en avant, l’autre en arrière de la fleur (fig. 20, VIT). Ces faisceaux sont d’abord simplement libé- riens, peu à peu ils deviennent libéroligneux. Le faisceau pos- térieur chemine dans la paroi de l'ovaire, pénètre dans le style en arrière du cordon de tissu conducteur, c’est-à-dire du côté interne de la fleur. Ce faisceau vient s'étendre au voisi- nage du stigmate. Le faisceau antérieur est destiné à l'ovule, c'est le faisceau placentaire. Il s'élève dans la parot de Povaire jusqu'à son point culminant, puis s’incurve et descend le long du canal ovarien; il pénètre enfin dans le funicule et le raphé de l'ovule, et nous verrons plus loin de quelle manière curieuse il s'épanouit dans la chalaze. La course de ces deux faisceaux est représentée dans la figure 25. ANN SC. NAT. BOT., {9° série. ou LT 258 MARCEL MIRANDE Après la fécondation, dans le jeune fruit en voie de dévelop- pement, cet appareil conducteur se différencie davantage. Les six faisceaux inverses, venus de haut en bas du réceptacle, pénètrent dans le pédoncule du jeune fruit, en reprenant, na- turellement, par leur redressement, leur orientation normale de bois en dedans et de liber en dehors. Une coupe, à la base du pédoncule, a une forme grossièrement hexagonale, avec, dans chaque angle, un faisceau libéroligneux direct. Ces six faisceaux originels s’anastomosent, et se mêlent bientôt d'une facon confuse en même temps qu'ils donnent des branches libéroligneusesqui s'élèvent dans la paroi du jeune péri- carpe. À un certain niveau, on reconnaît toujours la forme pri- mitivement hexagonale de la section, mais les côtés deux par deux se sont évasés pour donner à la section une forme domi- nante triangulaire, avec un angle orienté du côté de l'axe flo- ral (fig. 27, IV). Le nombre des faisceaux, dans la paroi, est irrégulier, mais les principaux occupent les sommets et les milieux des côtés du triangle. Tous ces faisceaux s’éteignent un peu avant le sommet de l'ovaire, à l'exception de deux qui. dès l’origine, se font remarquer par leur importance. Ce sont les faisceaux examinés plus haut, les seuls formés dans l'ovaire jeune et qui même débutent à l’état purement libérien, c’est-à- dire le faisceau postérieur ou stylaire, placé dans l'angle posté- rieur de la paroi, et le faisceau antérieur ou placentaire placé au milieu du côté antérieur de la paroi triangulaire (fig. 20 et 23). Au sommet de l'ovaire, dès l’état Jeune, les deux faisceaux stv- laire et placentaire sont réunis à droite et à gauche par une anastomose. Ces anastomoses constituent un cordon circulaire entourant la base du canal ovarien et situé dans un plan incliné d'arrière en avant (fig. 23). Origine tricarpellaire du pistil. = Dans une coupe axile an- téro-postérieure, nous avons remarqué déjà ce curieux canal placé antérieuremeut, à la base du style, et faisant communi- quer la loge ovarienne avec l'extérieur (fig. 23). Sur une coupe transversale pratiquée au sommet de l'ovaire sous la base du style, on aperçoit, au centre, la section de ce canal. Cette section se présente sous l'aspect d'un orifice bordé par trois lèvres épi- dermiques, une antérieure el deux latéro-postérieures, ou mieux LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 259 sous l'aspect d'une fente à trois branches, l’une postérieure, les deux autres antéro-latérales. Cette fente, apparemment formée par la soudure de trois épidermes, provient évidemment des bords soudés de trois carpelles ouverts, l'un postérieur, les deux autres antéro-latéraux, c'est-à-dire, tous trois oppositisépales. On retrouve done au sommet de l'ovaire les traces bien nettes de trois carpelles oppositisépales avant constitué cet organe. La position de ces carpelles correspond exactement à la position théorique qu'ils doivent avoir, 4 priori, dans une telle Fig. 24. — Sections transversales pratiquées au sommet de l'ovaire, au-dessous du style, à travers le canal ovarien : cd, tissu conducteur; m”, cellules mucilagi- neuses. fleur. Cette fleur, en effet, de la corolle au pistil, possède six verticilles trimères de pièces alternant entre elles dun vertieille à l'autre. Les staminodes, pièces du sixième verticille, sont oppo- sitipétales; les trois pièces du septième verticille, c'est-à-dire les carpelles constituant le pistil, si elles sont normalement pla- cées, doivent être oppositisépales. L'étude plus approndie de ee sommet de l'ovaire, va, du reste, fortifier encore cette opinion. Si l'on fait une série de coupes à travers le canal ovarien, on voit que la fente à trois branches se rapproche, naturelle- 260 MARCEL MIRANDE ment, de plus en plus du bord antérieur floral à mesure que l'on se rapproche de l'orifice externe de ce canal. Les deux bran- ches latérales de la fente étoilée se raccoureissent de plus en plus, et enfin, à l'ouverture externe du canal, la coupe trans- versale de l'ovaire, où mieux, de la base du style, ne présente plus que la branche primitivement postérieure de la fente à trois branches (fig. 2%). À proprement parler, 1ln°v à plus qu'une fente simple S'ouvrant désormais du côté antérieur de la fleur. À parür de ce point, c’est-à-dire à parür de lorifice externe du canal ovarien, les coupes du style continuent à présenter une fente antérieure, et cette fente correspond au sillon antérieur du style, qui se continue Jusqu'au stigmate. On voit donc qu'au sommet de l'ovaire, où mieux à la base du style, on ne trouve plus qu'un seul repli carpellaire. Des trois carpelles constituant le pistil, seul le carpelle postérieur se continue Jusqu'au sommet par son style et son stigmate. Les deux carpelles latéro-antérieurs ne prolongent pas en style leur région médiane, ou, du moins, ont un style très réduit. Au sommet de l'ovaire, les styles ne sont concrescents et ne forment une base commune que pendant un court parcours. Pendant ce court trajet, ils laissent entre eux un canal stylaire qui s'ouvre à l'extérieur au point où se terminent les deux styles latéro-antérieurs et où se continue le style unique posté- rieur. Le canal ovarien de tout à l'heure n'est donc qu'un canal stylaire interrompu au point où cessent deux des styles qui le constituent, les styles antérieurs, et S'ouvrant, par suite de cette interruption, au sommet de l'ovaire et à la base du style uni- que persistant. Dans les fleurs de nombreuses plantes où les styles et le canal stylaire se continuent {ous jusqu'aux stigmates, c'est dans ce canal que se forme, la plupart du temps, le Üüissu conducteur des tubes polliniques. Ter, le issu conducteur n'a pu se former que dans la région du canal stylaire appartenant au seul car- pelle se prolongeant en style, aussi S'est-1l installé au sommet de la branche postérieure de Ja fente à trois branches, c'est-à-dire, faute de canal stylaire complet, au fond de la gouttière stylaire formée par le repli de l'unique carpelle se continuant en stvle et en stüigmate (fig. 24 LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 261 Quel est le rôle de ce canal ovarien, d’origine stylaire, placé dans le plan de symétrie de la fleur? Peut-être sert-il simple- ment à mettre la cavité ovarienne en large communication avec l'air pendant le développement de l'ovule en graine ; peu à peu, en effet, ce canal s’oblitère ; après la fécondation et à la matu- rité du fruit il est complètement fermé. La considération de la structure de la base du stvle nous montre d’une manière évidente l'origine tricarpellaire de l'ovaire. D’autres considérations secondaires militent en faveur de cette assertion : la forme hexagonale de la section du pédon- cule ovarien à un certain stade de développement, la forme trian- gulaire à angles oppositisépales et à côtés bilobés des parois de l'ovaire; les six lobes persitants au sommet du fruit (fig. 19, d). Mais c'est surtout la configuration de l'appareil conducteur de l'ovaire ou du péricarpe qui à conservé encore la symétrie pri- mitive de son origine. Considérons en effet cet appareil : remarquons le nombre 6 des faisceaux pistllaires. Nous savons qu'ils sont issus par paire de chaque faisceau sépalaire. Il y à done une paire posté- rieure et deux paires latéro-antérieures. Chaque paire, en un mot, correspond à un carpelle oppositisépale. Ces six faisceaux qui se sont divisés comme nous l'avons vu précédemment, cor- respondent à trois carpelles ouverts. Dans la section triangu- laire du jeune péricarpe (fig. IV), les sommets des triangles avec leurs faisceaux D, D, D, correspondent donc aux nervures dorsale des carpelles. Les milieux des parois avec leurs fais- ceaux P, P, P, correspondentauxsutures marginales. Dans Puni- queloge ovarienne ne se développe qu'un seulplacenta portantun seul ovule placé antérieurement. On comprend donc, que, seul, le faisceau placentaire P, formé par la suture de deux faisceaux marginaux se développe complètement. D'autre part, seul aussi se développe le faisceau dorsal ou stylaire D, appartenant au carpelle postérieur qui seul se développe en style eten stig- mate. Ce faisceau stylaire est placé postérieurement, en arrière du cordon de tissu conducteur des tubes polliniques. Les deux autres faisceaux stylaires avortent. Ces deux faisceaux D, et P se différencient les premiers et restent toujours les plus impor- tants. Les autres se développent plus tardivement, après la 262 MARCEL MIRANDE fécondation, uniquement pour nourrir le fruit et s’éteignent avant d'arriver à la base du style. La plupart des auteurs ont admis jusqu'à ce jour, que le pis- til des Cassythes, comme, d'ailleurs, celui des autres Laura- cées, est formé d’un seul carpelle clos. C'est notamment l'avis de Baillon (1) qui remarque cependant que dans le genre Cn- namomum le style est un peu excentrique, comme nous venons de le voir dans les Cassytha. Van Tieghem (2) dit aussi que le pistil des Lauracées parmi lesquelles il place Les Cassythes estfor- mé d’un seul carpelle clos médian postérieur. Cependant Meiss- ner (3) avait entrevu l'origine pluricarpellaire desLauracées. La phrase que cet auteur dit à ce sujet, et que Baïllon ne cite que pour la contredire, mérite d'être reproduite ici aussi : « Pistilla 2, 3, in unum intime connata ; ovarium e carpophyllis 2, 3, val- valim connatis formatum.…, placentis 2, 3, parietalibus nervi- formibus, unica fertili excepta. Baillon ajoute que les résultats de l'observation organogénique sont contraires à cette théorie. Nous venons de voir que l'étude anatomique attentive du pis- til des Cassythes nous révèle que ce pistil est bien primitive- ment constitué par trois feuilles carpellaires. De même que les auteurs, généralisant les caractères des Lauracées, ont attribué aux Cassythes un pistilunicarpellaire, nous pourrions, avec quel- que chance de certitude, étendre le caractère des Cassythes aux Lauracées en général et conclure à l’origine tricarpellare de leur gynécée. Mais il est évident que l'étude directe du fait est seule digne de la méthode scientifique. Structure du pistil. — Le parenchyme ovarien est homogène, formé de cellules plus longues que larges qui augmentent de diamètre de la périphérie au centre. Dans la région moyenne de l'ovaire commencent à se montrer quelques grandes cellules mucilagineuses sous-épidermiques ; elles augmentent en nombre quand on se rapproche du style. L'épiderme qui tapisse la cavité ovarienne est à cellules petites, régulières, aussi hautes que larges, sauf vers le sommet. Vers ce sommet, à mesure qu'on se rapproche du plafond de la loge, les cellules augmentent de 1) Baillon, Histoire des Plantes, {. 1, p. 429 et 430. (2) Van Tieghem, Botanique, p. 1593. (3) Meissner, Prodr., 2. LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 263 longueur radialement. Cette assise est le futur endocarpe. L'ovule est suspendu sur le bord de l’orifice interne du canal ovarien ; l'épiderme tapissant le canal du côté antérieur de la fleur est continué par l'épiderme du funicule. L'épiderme externe de l'ovaire est formé de cellules plus grandes, allongées ; vers le sommet de l'ovaire, les cellules deviennent plus courtes, bom- bées à l'extérieur et cutinisées. Le style présente quelques grosses cellules mucilagineuses sous-épidermiques surtout localisées sur le côté postérieur. Son épiderme, légèrement papilleux vers le sommet, est recouvert d'une cuticule finement striée en long. Les cellules épidermiques styvlaires sont plus longues sur le côté postérieur que sur le côté antérieur. Le cordon de tissu conducteur se forme au fond du repli épidermique du style unique persistant. Au fond de cette gout- üière, dans la région basilaire commune encore aux trois styles, les cellules épidermiques de la pointe du replise divisent et isolent bientôt un petit ilot de cellules conductrices (fig. 24). Le cordon, une fois isolé, chemine un peu en avant du faisceau dorsal car- pellaire, vers le côté postérieur du style. Vers le sommet, le cordon devient central et s’'épanouit en une masse glanduleuse stigmatique triangulaire, un peu échancrée en avant, du côté de la gouttière. Les cellules du cordon conducteur et du stigmate ont un protoplasme très dense et une membrane épaisse el gélifiable. Vers la fécondation, l'ovaire commence à montrer dans sa partie médiane six renflements longitudinaux dessinant des lobes légers. Ils seront plus accentués après la fécondation et correspondent aux six pans de l’induvie réceptaculaire. CHAPITRE IV Le fruit et le réceptacle adulte. De bonne heure l’ovule grossit et, à la fin, la graine remplit complètement le péricarpe. Le fruit devient un achaine dont voici le développement et la structure. 264 MARCEL MIRANDE Epicarpe. — Les cellules de lépiderme externe se cutinisent peu à peu, surtout au sommet du fruit, à la partie basilaire CRUE C1 Pr LT Fig. 25. — Fragment de section transver- sale à travers l'achaine non encore sec de Cassytha filiformis : Ep, épicarpe ; M, mésocarpe ; Ed, endocarpe ; Tg, té- gument séminal bmité du côté interne par une zone vasculo-libérienne Al, albumen. Gr. 130. VE commune aux trois styles, où se forme une rosette de six lobes de plus en plus accentués. En cette région, l’épiderme externe ou épicarpe possède des membranes extérieures et une cuticule très épaisses (fig. 19, d). Mésocarpe. Entre les deux épidermes, le parenchyme qui constitue le mésocarpe est à cellules un peu plus longues que larges, rangées en 6-7 assises dans la région moyenne, et en une douzaine environ vers le sommet. Cà et là, sous l'épiderme, se trouvent quel- ques cellules et parfois quelques poches à mucrlage. Nous avons étudié plus haut la distribution des faisceaux dans l'ovaire et le fruit, nous n'y reviendrons pas. L'assise la plus interne du mésocarpe, c'est-à-dire lassise sous-épi- dermique interne, subit une transformation particulière que nous étudierons avec lendo- carpe (fig. 25). Endocarpe. — La transfor- mation de l’épiderme interne ovarien qui va devenir l’endo- carpe est progressive el com- mence par la voûte de la cavité. Là, les cellules s’allongent considérablement, perpendiculaire- ment au plan de lépiderme : leur noyau, au centre d’un riche LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 265 contenu protéique, s'allonge aussi dans le même sens. En même temps qu'elles s'allongent, ces cellules épaississent considéra- blement leur membrane ; la voûte s'épaississant ainsi, autour du funicule de la future graine, enclave ce funicule de plus en plus fortement. Pendant qu’au plafond de la cavité de l'ovaire les cellules grandissent ainsi pour former une voûte épaisse, l’autre partie de l’épiderme reste sensiblement sans transformation et se divise simplement perpendiculairement à son plan pour suivre l'exten- sion en diamètre du fruit. Mais peu à peu ces cellules s'allongent à leur tour radialement, ainsi que leur noyau, mais restent tou- Jours beaucoup plus courtes que les cellules de la voûte. L'épi- derme interne à à peu près acquis ses dimensions définitives au moment où le petit embryon, dont l'évolution est assez lente, ébauche ses cotylédons. Il se sclérifie peu à peu et cette seléri- fication est déjà assez avancée, mais non complète, au moment où la digestion de l’albumen commence à être active (fig. 25, 26, 30). Pendant qu'évolue ainsi l’épiderme interne, l'assise sous- épidermique qu'il recouvre se transforme aussi. Ses cellules deviennent régulières et possèdent un contenu riche avec noyau arrondi. A la voûte de la cavité, au-dessus de la calotte épider- mique de cellules allongées, cette assise sous-épidermique s'al- longe dans le même sens pour former une seconde calotte superposée à la première, mais à cellules plus courtes. En même temps qu'elles s’allongent perpendiculairement à la surface, elles se cloisonnent dans le même sens. Cette calotte sous- épidermique se sclérifie peu à peu, mais le reste de lassise sous-épidermique reste à l’état purement cellulosique (fig. 30). Fruit mûr. — Lorsque l'achaine est mür et qu'il se détache de la tige, il demeure, comme nous le verrons plus loin, entouré du réceptacle accru en induvie. Sorti de cette enveloppe (fig. 19, d) il a une forme ovoïde. Vers le sommel surmonté du style flétri, dans la région où était creusé le canal ovarien, le fruit présente six lobes, deux par carpelles, marqués par des sillons qui convergent vers l'extrémité apicale. On voit que, jusqu’à la fin, le fruit conserve des traces extérieures de son origine tricarpellaire. Dans la région de ces lobes les mem- 266 MARCEL MIRANDE branes épidermiques sont très épaisses, formées de couches nombreuses devenant rapidement bleues sous l’action de liode après un courtséjour dans l'eau de Javel, et recouvertes d'une épaisse cuticule naturellement colorée en jaune. Sur toute la surface du fruit, sauf sur les lobes, on trouve quelques stomates à orientation quelconque. Quand l’achaine est complètement sec, on enlève avec faci- lité l'enveloppe noirâtre formée par l’épicarpe et le mésocarpe, et l'on met à nu un véritable noyau for- mé par l'endocarpe lignifié qui entoure intimement la graine. Cette enveloppe, formée par l'épicarpe et le CET TS ON mésocarpe, ne contient plus dans ses cellules écrasées que des matières noirâtres et des résidus amylacés ; le mucilage à complètement disparu. La dernière assise 72 Æ = + Fig. 26. — Fragment d'une section transver- estformée d’élémentscourts sale de l'achaine à l'état sec, après gonfle- {ancentiellement allongés : ment dans les réactifs (eau de Javel, ete.) : : 2 MATE : Ep, M, Ed, épicarpe, mésocarpe, endocarpe;: C'est le sous-épiderme 1in- Ty; tégument séminal; Z, zone DE terne rempli d'un résidu forme formée par l'écrasement de toutes les ; ; assises sous-épidermiques ; V, vaisseaux protéique contracté et noi- béants de la zone vasculolibérienne écrasée. x TA F2 CMD râtre (fig. 26). C'est sous la forme de noyau (fig. 19, 6) que se présente la graine dans le sens vulgaire du mot, c'est-à-dire la semence qu'on soumet à la germination. Ce noyau, que Fon met à nu en enlevant l'enveloppe précédente, est formé par l'endocarpe sclérifié, dont les cellules sont considérablement allongées à la voûte, comme nous venons de le voir, recouvert au-dessus de celte voûte de la calotte sous-épidermique sclérifiée qui reste accolée à l'assise épidermique. Cette calotte, légèrement sail- lante sur l'apex du fruit, est divisée en deux parties par un sillon placé dans le plan de symétrie de la fleur. LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 267 Les cloisons des cellules de l'endocarpe sont très épaisses, imprégnées de lignine dans les couches externes, plus forte- ment lignifiées à la voûte. Le lumen cellulaire est étroit et en fentes rayonnées, vers les extrémités de la cellule : vers le centre se forme une cavité un peu plus grande, allongée, avec débris de contenu protéique. Cette enveloppe est colorée en Jaune ou en brun et donne à la semence, ou à l'achaine tout entier une consistance très dure (fig. 26). A la surface du noyau et anté- rieurement, on aperçoit une ligne noirâtre qui marque l'empla- cement interne du raphé. Le réceptacle. — Dès que la fécondation est opérée, le récep- tacle floral qui, à l'origine, à la forme d'une coupe peu pro- fonde, s'accroît en diamètre et en hauteur. suivant l'extension du fruit qu'il entoure sans cesse. A la maturité, il forme autour de lui une enveloppe complète, persistante, qui, même flétrie, présente encore à son sommet les restes du périanthe el même de l’androcée (fig. 19). À la base, au niveau où va se dégager le pédicelle du fruit, le réceptacle a une section triangulaire avec angles oppositipé- tales. La section présente les faisceaux sépalaires et pétalaires, ainsi que les faisceaux inverses carpellaires, que nous connais- sons déjà. Le réceptacle s'accroît par une simple division con- fuse de ses cellules, cependant la couche sous-épidermique externe se cloisonne un peu tangentiellement et radialement. Vers Ja partie centrale de la section, entre les six faisceaux inverses, se trouvent six ilots mucilagineux très volumineux formés par la confluence de nombreuses et grosses cellules à mucilage (fig. 27, I). Peu à peu, dans sa région creuse, le réceptacle prend la forme hexagonale (fig. 27, IT, IT). Chaque arète de l'hexagone corres- pond aux faisceaux sépalaires et pétalaires, le milieu des faces aux faisceaux inverses. Plus de la moitié de la paroi du récep- tacle, du côté interne et en dehors de la ligne des douze fais- ceaux, est occupée par du parenchyme mucilagineux. Ce paren- chyme, formé de grosses poches mucilagineuses, contient, dans le réceptacle sec, mais qui a séjourné au préalable dans l'alcool, d'énormes blocs blancs de mucilage durci, qu'on peut extraire facilement avec des aiguilles. Ce tissu mucilagineux occupe les 268 MARCEL MIRANDE deux tiers de l'épaisseur totale du réceptacle. Le reste de la paroi est formé de 6-7 assises de cellules ordinaires; les assises les plus internes sont légèrement écrasées par la pression du üissu mucilagineux (fig. précédentes et fig. 30). Ces cellules Fig. 27.— I, Il, I, sections transversales successives du réceptacle accru en indu- vie : P, faisceaux pétalaires : S, faisceaux sépalaires ; C, faisceaux inverses carpel- laires ; »2, cavités à mucilage. — IV. Section transversale dans la région moyenne du jeune fruit; D;, D,, D;, faisceaux dorsaux carpellaires; P,, Ps, P3. faisceaux marginaux soudés carpellaires. Tous ces faisceaux s'éteignent après un court tra- jet, à l'exception des faisceaux D, (stylaire), et P, (placentaire) destiné à l'ovule unique. contiennent, à l'état frais, de la chlorophylle et de l’oxalate de calcium en petits cristaux. Les douze faisceaux, dont nous avons étudié la course, se sont accrus en épaisseur. Les faisceaux sépalaires et pétalaires pré- sentent 2-3 files radiales de 5-6 vaisseaux, et un liber plus volumineux. Les faisceaux inverses sont un peu plus gros que LE DÉVELOPPEMENT ET'L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 269 les précédents. Entre ces douze faisceaux, se trouvent quelques cordons libériens provenant de la division des faisceaux directs. L'assise sous-épidermique externe possède un grand nombre de cellules contenant, à la maturité, des produits résineux. Par- fois, cette assise est entièrement formée de ces cellules que l'on trouve aussi, çà et Là, dans l’épiderme lui-même. Ces cellules se retrouvent aussi, mais en moindre abondance, dans les pièces du périanthe et dans le fruit, et contiennent très probablement à l'état frais une huile essentielle qui donne aux fleurs et aux fruits leur odeur caractéristique. Je n'ai pas eu les échantillons nécessaires pour l'étude de ce produit cellulaire. L'épiderme est chlorophyllien et possede une cuticule assez épaisse. Vers la maturité, l'épiderme interne, avec une ou deux couches sous-épidermiques prennent des membranes épaisses, brillantes, c'est-à-dire une forme collenchymateuse qui donne au réceptacle sa rigidité. Enfin, le réceptacle persiste à l’état see autour du fruit détaché qu'il entoure d'une enveloppe papyracée. Les assises cellulaires sont écrasées les unes contre les autres et contiennent quelques résidus brunâtres. Les produits résineux se trouvent dans les deux épidermes et sous-épidermes. Le muerlage à disparu, et les poches qui le contenaient sont fréquemment envahies par des moisissures. CHAPITRE V L'ovule et la graine. Nous avons vu qu'il ne se forme qu'un seul ovule dans là cavité ovarienne, suspendu à la voûte de la cavité, un peu en avant, au-dessous de l'orifice du canal ovarien. Le raphé de cel ovule anatrope est tourné du côté de l'axe floral en dehors du placenta (raphé interne) ; le micropyle, dans l'ovule jeune sur- tout. est ramené au-dessous du funicule qui est presque hori- zontal. De bonne heure l'ovule arrive à remplir à peu près com- plètement la cavité ovarienne. Ovule. -— Le nucelle ne possède qu'un seul tégument formé 270 MARCEL MIRANDE de 5-6 assises cellulaires. Il n'est pas rare de trouver dans ce légument, pendant une grande partie de son développement, une assez grande quantité de cristaux d'oxalate de calcium. Au sommet du nucelle, sous Pépiderme, se différencient de bonne heure un certain nombre de cellules mères de sacs embryon- naires. Ces cellules se découpent transversalement en haut et en Fig. 28.— Section de l'ovaire et de l'ovule dans leur plan de symétrie; sacs embryon- naires multiples. Gr. 123. bas un assez grand nombre de fois pour former, supérieure- ment, une calotte, et en bas une zone de cellules anticlines. Finalement, il existe un certain nombre de cellules mères définitives de sacs embrvonnaires, six, sept et parfois davan- lage. Ce nucelle à multiples sacs embrvonnaires est compa- rable, avec les antichines en plus cependant, aux nucelles des Heliaithemum, des Rosacées, par exemple (fig. 28 et 29). Un genre de Lauracées, les Persea, possèdent aussi, quoique acei- dentellement, cette pluralité de sacs embrvonnaires; je fera LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 271 remarquer en passant que le diagramme floral d beaucoup d'analogie avec celui des Cassythes. Comme d'habitude, un seul de ces sacs se développe en digé- rant les autres, ainsi que les anticlines calotte. es Persea offre et une partie de la Je n'ai pas eu assez de matériaux pour suivre le développe- ment complet du sac embryonnaire et les di- verses phases de l'évolu- RS; ES = ton de l'embryon; aussi. pour le moment, me contenterai-je de don- ner, au sujet de l’ovule, les simples détails néces- sares à l'intelligence de la graine. Dans le sac embryon- naire se développe un abondant albumen digé- ant le nucelle jusqu'au tégument et qui persiste pendant un temps assez long, avant d'être digéré lui-même par l'embryon dontl'évolution estlente. c : . Fig. 29. — Sacs embryonnaires de l'ovule de Cas- La graine à déjà acquis sytha filiformis. Gr. 383. son volume définitif etses üssus adultes avant la disparition complète de l'albumen dont la digestion continue pendant quelque temps encore après la chute du fruit. Tégument séminal. — La figure 30 représente la coupe axile antéro-postérieure d'un achaine jeune dont la graine présente encore un abondant albumen; elle nous servira à étudier la curieuse disposition de l'appareil conducteur de la graine. La base du funicule est fortement enclavée dans la voûte épaissie de l'endocarpe et l'on remarque encore dans le fruit la trace du canal ovarien. Le faisceau placentaire dont nous avons étudié le parcours dans la paroi de l'ovaire et du fruit, arrivé 212 MARCEL MIRANDE au sommet de l'ovaire, s'incurve, longe la paroi du canal ova- rien, pénètre dans le funicule et le raphé et vient former à la base du sac embryonnaire une chalaze largement épanouie en un bouquet d'éléments vasculaires et libériens. Ce bouquet se divise en deux massifs dont l'un donne naissance, en avant, à si, il \ ll Q Ne & N) os 2 Ÿ es Fig. 30. — Section du réceptacle et de l'achaine jeune dans leur plan antéro-posté- rieur de symétrie : Co, reste du canal ovarien ; Ep, épicarpe ; M, mésocarpe; Ed, endocarpe; Tg, tégument séminal avec sa zone vasculo-ibérienne VL entoutant l'albumen Al; Emb, embryon jeune; Fp, faisceau placentaire ; Ra, raphé ; Ch, cha- laze : IR, induvie réceptaculaire; m, poches et cellules mucilagineuses : B, une brac- tée florale. Gr. 7. un faisceau cheminant dans le tégument pendant un très court trajet. Les éléments vasculaires du raphé S'éteignent dans la chalaze, mais les éléments hhériens continuent leur course : 1ls remontent, formant un issu serré enveloppant complètement l’albumen et plus tard l'embryon, d'une véritable membrane hbérienne. Au sommet de la graine, c’est-à-dire dans la région micropylaire, tous ces éléments viennent se réunir en une nouvelle chalaze, qui se réduit en définitive en un cordon libérien qui vient rejoindre le Liber du faisceau placentaire à travers le funicule. LE DÉVELOPPEMENT ET L' ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 272 Cette enveloppe libérienne est formée de 2-3-4 couches d'élé- ments orientés dans le sens des méridiens de la graine. Ces éléments sont des tubes criblés, un peu plus courts que ceux de l'appareil végétatif de la plante, mais absolument analogues. En dehors de cette membrane libérienne s'en forme une autre, mais complètement vasculaire, composée d’une assise unique d'éléments, cà et là de deux assises. Ces éléments sont assez volumineux, plus longs que larges, à épaississements fine- ment réliculés et serrés. Ils sont disposés d'une manière légèrement oblique au plan de leur assise, et inclinés sur laxe floral de haut en bas. Vers l'extrémité micropylare ces éléments se réunissent en une À nouvelle chalaze qui se réduit à l'E son tour en un cordon vasculaire 1 qui va rejoindre la partie vascu- laure du faisceau funiculaire. Du côté opposé, c'est-à-dire du côté du hile — où se trouve la chalaze normale — ces éléments s'arrê- tent .à une courte distance de la base du sac, formant autour de cette base une bordure cireulaire délimitant une calotte libre d'élé- ments vasculaires. En un mot. RénNéloppemvasculaire nest pas Me #5 = Rranent te ro D fermée à la base et ne se rejoint ment séminal. Gr. 236. pas avec le raphé (fig. 30 et 31). En résumé, il se forme autour du sac embryonnaire, lorsque l'albumen à pris son développement le plus complet, une mem- brane libéroligneuse enveloppant complètement la masse plus ou moins sphérique de l’albumen et qui plus tard s'appliquera intimement sur l'embryon. Cette enveloppe libéroligneuse ne communique avec le raphé, du côté du hile, que par son liber, tandis que du côté opposé, micropylaire, elle communique par son bois et son liber avec le faisceau placentaire. Cette enve- loppe libéroligneuse à bois externe se forme aux dépens des ANN. SC. NAT. BOT., 9° série. 1, 18 274 MARCEL MIRANDE trois où quatre assises internes du tlégument séminal. Elle est déjà complètement formée au moment où la voûte de l'endocarpe est déjà sclérifiée et que le reste de cette assise est encore à l’état mou. Les assises tégumentaires qui donneront naissance à cette zone libéroligneuse commencent à se diffé- rencier au même moment que celles de l’épiderme ovarien interne qui formera l'endocarpe. Le tégument est formé d'un parenchyme de 7-8 assises irré- gulières, avec méats, au sein duquel on trouve çà et là quelques cellules à mucilage. L'épiderme est formé de grandes cellules isodiamétriques qui, dès le jeune âge de l'ovule, tranchent par leur grande faille sur le reste du tissu. Cette assise périphé- rique vient s'appliquer intimement contre l’assise sclérifiée de l'endocarpe (fig. 25 et 28). Lorsque la graine est complètement mûre, que l'albumen a disparu, l'embryon avec ses cotylédons charnus reste enveloppé par le tégument complet, mais il écrase ce tégument contre les parois de l’endocarpe. Le tégument séminal se réduit alors à un test papyracé. À l'extérieur de ce test on trouve lépiderme du tégument dont les grandes cellules, à cloisons radiales plissées par l'écrasement mais élastiques, reprennent facilement leur turgescence et se redressent au contact de l'eau. Cet épiderme desséché contient des débris protéiques, des novaux, des grains de chlorophylle. À la limite interne du test se trouve la zone libéroligneuse que nous venons d'étudier. Les éléments vasculaires et les cellules molles du Liber, dans leur écrasement, ont formé un mince feutrage. Entre ces deux zones : épiderme et zone hibéroligneuse, toutes les autres assises du tégument sont complètement écrasées (fig. 26). Quand on brise le noyau endocarpique qui est accolé à la graine et que l'on veut mettre à nu cette graine, on entraine, avec l’endocarpe arraché, tout le test qui adhère à ses cellules allongées, sauf la dernière couche papyracée formée par la zone hhéroligneuse. Cette membrane papyracte adhère sur les cotvlédons comme une mince pellicule ; on peut, sans effort, dépouiller les cotvlédons de cette mince pellicule. Embryon. — L'embrvon est formé d'une tigelle rectiligne très courte, renfermée entre deux cotviédons charnus qui se LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 279 développent considérablement au-dessous de leur niveau d'in- sertion. Il constitue une masse ovoide renflée, ou presque arrondie. La région hypocotylée est épaisse, renflée comme une massue vers la base et terminée par une surface conique au sommet de laquelle se trouve une petite pointe brunâtre, reste flétri du suspenseur. La région épicotylée se réduit à une très courte gemmule cachée entre les cotylédons (fig. 19, y). Le plan vertical qui passe entre les deux cotylédons, et divise l'axe de l'embryon en deux parties symétriques, ne correspond pas avec le plan antéro-postérieur de symétrie de la fleur et de l’ovule, mais lui est perpendiculaire. Ce plan de symétrie de l'embryon, perpendiculaire au plan de symétrie de l'ovule, est un des caractères des Lauracées. Dans la figure 30, on voit un Jeune embryon dont les cotylédons commencent à se déve- lopper. L'embryon estsuspendu à la voûte du sac embryonnaire par un suspenseur conique, incliné légèrement d’arrière en avant de la fleur et terminé en une pointe fine unicellulaire. Ce suspenseur persiste sous la forme d’un filament flétri jusqu'au premier stade de la germination ; lorsqu'il tombe, il met à nu l'extrémité de la racine terminale dont nous avons étudié la structure dans la première partie de ce mémoire. Si l’on considère une coupe exactement axile du sommet de l'embryon, à travers la gemmule, on trouve à la partie api- cale une cellule épidermique plus grande que les autres, qui est la cellule mère de l’épiderme. L'assise sous-épidermique est formée, au sommet, de grandes cellules allongées qui donnent naissance, en se divisant sur les flancs, à toute l'écorce. Les troisième et quatrième assises terminales donnent naissance au péricyele et au procambium. La cinquième assise pro- duit la moelle. La structure de l'embryon est assez différenciée. Déjà, dans l'axe, sont organisés les cordons procambiaux qui, après la germination, donneront les quatre faisceaux primordiaux et les faisceaux secondaires. Comme dans l'hypocotyle bien développé, on compte déjà de 14 à 16 faisceaux, et quand ce nombre 16 qui se présente comme le nombre type normal n'est pas atteint, il nest pas rare de trouver à divers niveaux les rudiments des 276 MARCEL MIRANDE faisceaux manquants qui s'éleignent après un parcours restreint. Au sein de ces faisceaux procambiaux se diffé- rencient déjà un ou deux vaisseaux et un tube eriblé pri- mitif à paroi épaisse. Au point d'attache des cotylédons se distinguent les cordons procambiaux qui formeront bientôt les faisceaux nourriciers par où les matériaux nutritifs de réserve passeront des cotylédons dans l'axe pendant la germi- nation. L'écorce montre, en coupe longitudinale, une différen- ciation très sensible : une région externe de deux assises de cellules plus longues que larges, suivie d’une région de cellules à peu près isodiamétriques. Après ces quatre assises vient Pen doderme bien caractérisé par ses éléments courts et assez larges radialement, et régulièrement empilés, surtout du côté des cordons procambiaux. En face de ces faisceaux procambiaux se trouvent déjà les cellules mères des fibres péricycliques encastrées entre ces curieuses cellules endodermiques en marteau étudiées précédemment (fig. 10, 4). L'axe de lem- bryon contient une certaine quantité d'huile grasse. Les cotylédons sont formés d’un tissu de grandes cellules plus ou moins arrondies, riches en amidon et huile grasse et contenant des grains aleuriques de très petites dimensions. Comme l’a déjà remarqué Bæwig, cet amidon est très lente- ment attaquable par les réactifs ordinaires, comme l'eau de Javel. L'opinion de Chatin (loc. cit. p.27), d'après laquelle les cotylédons des Cassytha ne contiennent pas d’amidon, est donc complètement erronée. Le parenchyme cotylédonaire est par- semé de grands méats ou mieux d'espaces intercellulaires. Ces cavités sont des réservoirs à mucilage. Par l’acétate de plomb, et mieux encore par l'alcool absolu, on peut coaguler, après un certain temps, la masse mucilagineuse, au sein de ces méals, en blocs réfringents striés concentriquement. Avec l'eau, lon obtient la liquéfaction immédiate de ces blocs. Dans des maté- riaux longuement traités à l'alcool, les blocs intercellulaires de mucilage peuvent se détacher avec des aiguilles ou par pression. En outre de ce mucilage préformé dans ces méals, existe dans toutes les cellules cotylédonaires une substance mucilagineuse plus abondante encore qui provient de la géli- fication de toutes les membranes au contact de l'eau. Un frag- LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 277 ment de cotylédon placé dans l’eau donne immédiatement naissance à une abondante quantité de mucilage. En plaçant une coupe dans une goutte d'eau sucrée, le gonflement des membranes et leur transformation en mucilage se font lente- ment et peuvent être suivis au microscope ; procédé bien connu pour l'étude des muerlages. Ce mucilage se colore fortement par les colorants basiques comme l'hématoxyline alcaline, le bleu de méthylène, le brun Bismarck, la safranine, etc. On provoque avec facilité l’hydrolyse de ce mucilage par une courte ébullition avec l’eau acidulée à l'acide chlorhydrique. Après cette opération, le liquide réduit fortement la liqueur de Fehling. Les réserves nutritives des cotylédons sont done à la fois amylacées, oléagineuses, et mucilagineuses. La présence de ce mucilage constitue peut-être un fait particulier aux cotylédons des Cassythes ; si, en effet, la présence de mucilage à été cons- tatée dans certains albumens, elle est, Je crois, très rare, et peut-être inconnue dans les cotylédons des autres plantes. RÉSUMÉ DÉVELOPPEMENT ET STRUCTURE D'UN JEUNE Cassylhu. Au bout de deux, trois et même quatre mois, un jeune plant de Cassytha, issu de graine, consiste en une üige fiiforme d'une longueur de quelques centimètres seulement, terminée par une région hypocotylée assez longue, comparativement à la faible dimension que possède encore la tige à ce moment. À partir des cicatrices cotylédonaires, l'hypocotvyle se renfle progressive- ment en massue pour se terminer par une surface arrondie au centre de laquelle se trouve une racine terminale très courte el très mince. Autour de cette racine terminale et à la base de lhv- pocotyle se sont développées quatre racines latérales, insérées sur unespire très surbaissée, par paires situées dans deux plans verticaux qui ne se coupent pas tout à fait à angle droit. L'ordre d'apparition de ces racines est basifuge, elles atteignent au maximum une longueur de 2 centimètres. Ces cinq racines sont garnies, de la base au sommet, de poils absorbants. Souvent, au lieu de quatre racines latérales simples, la base de l’hypocotyle donne naissance, aux mêmes points, à quatre faisceaux de racines concrescentes. Il peut v avoir ainsi alors, terminant l'hypocotyle, une douzaine de racines. La Uige porte à chaque nœud une petite écaille qui représente une feuille rudimentaire ; elle est colorée en un beau vert dont l'intensité s'atténue dans Fhypocotvle pour passer peu à peu au blanc dans la région enfoncée dans le sol. Seule, la racine terminale est une racine normale, mais de structure très réduite. Elle ne possède ni coiffe, ni épiderme proprement dit; le cylindre central et l'écorce se terminent hibrement, au sommet de lorgane, par leurs initiales rangées en une plage cellulaire superficielle. Le cercle des cellules péri- phériques de cette plage engendre l'écorce dont Passise la plus externe, détachée très près du sommet, devient lassise pilifère. Vers la base de cette très courte racine, c’est-à-dire LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 279 dans sa région la plus large, l'on trouve, au sein d'un conjonctif homogène, quatre petits faisceaux qui sont les continuateurs des quatre faisceaux principaux de l'hypocotyle. Cet appa- reil conducteur se réduit, de la base au sommet de la racine. par le rapprochement et la fusion de ces quatre faisceaux qui se terminent, au sommet, par un mince tronc vasculaire commun. Les quatre racines latérales, ou les quatre troncs latéraux communs à plusieurs racines concrescentes, sont exogènes, appartiennent à l'hypocotyle, et naissent, à la manière d'un bourgeon, du eloisonnement d’une cellule épidermique et de quelques cellules corticales. A l'extrémité d'une racine latérale se trouvent quatre assises de cellules initiales : l’extérieure donne naissance à un épiderme simple quise continue par l’épiderme de l'hypocotvle; les deux assises au-dessous donnent l'écorce, la plus interne donne le cylindre central. Dans chaque assise n'existe peut-être qu'une seule cellule mère terminale. Dans sa région moyenne, une racine latérale présente une écorce de 5-6 assises, et un cylindre central formé de cellules plus petites que celles de l'écorce, au sein duquel circulent, sans ordre et sans corrélation entre eux, de fins cordons vasculaires et libériens dont les plus étroits sont formés d’une simple file de vaisseaux ou de tubes criblés. En approchant de la pointe, cet appareil conducteur se réduit progressivement ; les cordons se rejoignent, se soudent, diminuant ainsi de nombre en même temps que diminue le nombre de leurs éléments. Bans l'hypocotyle, au sein d’un conjonctif homogène, l'on remarque un appareil conducteur formé d’un cercle de 1%, 15, 16 faisceaux, les uns libéroligneux, les autres simplement Hibé- riens. Parmi ces faisceaux, 4 libéroligneux se font remar- quer par leur importance et par leur position qui donne à la structure générale de cette région une symétrie bilatérale dont le plan passe entre les deux cotylédons. Ces quatre faisceaux principaux existent seuls, à l'origine, à la base de l'hypocotyle: dès cette partie inférieure ils se ramifient pour former les fais- ceaux de second ordre au milieu desquels ils tranchent lou- Jours. Ce nombre 4 des faisceaux primordiaux de lhypocotyle 280 MARCEL MIRANDE régit l'harmonie du système des racines latérales. Chaque racine exogène latérale prend naissance entre deux faisceaux libéro- ligneux primordiaux et emprunte la moitié de chacun des deux faisceaux entre lesquels elle est placée, ainsi que tous les fais- ceaux de second ordre placés entre les deux primordiaux. Au-dessous du niveau des racines latérales, les quatre fais- ceaux primordiaux, après s'être bifurqués pour entrer dans les racines latérales, sont continués par les quatre minces fais- ceaux qui se perdent dans la racine terminale. Cet ensemble particulier de racines forme un appareil de nutrition très réduit évidemment si on le compare à l'appareil radical des plantes ordinaires, mais qui permet aux Cassytha de vivre pendant un temps assez long à l'état de vielibre, c'est-à-dire non parasitaire. La nutrition, assurée par les racines, est encore renforcée par les réserves accumulées dans la partie renflée de l'hypocotyle lors de la germination, qui nourrissent les parties supérieures de la Jeune plante. Tant que la jeune plante filiforme, dont la ge d'ailleurs est abondamment pourvue de chlorophyile, peut se nourrir ainsi elle-même, elle ne se presse pas de s'installer en parasite. Elle s'enroule sur les plantes voisines, SV cramponnant çà et là par de rares suçoirs, organisés plutôt pour le soutien que pour la nutrition du végétal. J'ai pu conserver pendant huit mois des plants de Cassytha se suffisant ainsi parfaitement à eux- mêmes. Pendant cette première période de vie hbre de la plante, la croissance est lente. Au bout de quelques mois une tige fili- forme peut n'atteindre qu'une longueur de 30 ou 40 centi- mètres. Lorque la plante s'est enfin fixée, au moven de suçoirs bien développés, sur une plante hospitalière, sa partie infé- rieure déjà presque épuisée se flétrit complètement et disparait. La croissance de la plante parasite est désormais rapide, elle envahit du lacis serré de sa végétation toutes les plantes envi- ronnantes qui lui agréent. Ces plantes à végétation cuscutoiïde sont donc fort bien outil- lées pour la vie libre si on les compare aux Cuscutes. L'hy- pocotyle des Cuscutes ne porte qu'une racine terminale très courte dont la vie est éphémère; leur tige, au premier âge, est LE DÉVELOPPEMENT ET L'ANATOMIE DES CASSYTHACÉES ?Sf généralement privée de chlorophylle. Chez les Cuscutes qui croissent sous les mêmes cieux que les Cassythes, la phase de vie libre ne peut durer que quelques jours. DÉTAILS PRINCIPAUX DE L' ANATOMIE GÉNÉRALE Endoderme. — L'endoderme se fait remarquer par une par- ticularité très remarquable. Dans les files longitudinales de cel- lules endodermiques se trouvent, de loin en loin, des cellules isolées plus grosses que les autres, proéminant du côté intérieur de la tige, par une pointe mousse en forme de coin à quatre faces le plus souvent. Ces cellules en forme de marteau ne for- ment jamais ni amidon ni chlorophyile comme les autres cellules de l'endoderme; elles conservent toujours un gros novau et un riche contenu protoplasmique creusé de deux grosses vacuoles. Le contenu protéique se comporte, vis-à-vis des réactifs colo- rants, d’une facon très différente de celle des autres cellules de la plante. La membrane de ces cellules est lisse el non ponc- tuée comme celle des autres cellules endodermiques et, de plus, se colore avec plus d'intensité, sous l'action des colorants appropriés, notamment du brun Bismarck après Paction de l'eau de Javel. Entre deux cellules en marteau consécutives se trouvent en- castrées, appuyant leurs sommets sur les faces en com de ces cellules, de longues cellules à noyau fusiforme. Ces cellules en- castrées sont les initiales des faisceaux fibreux périeycliques. A l'état jeune de la tige, sous le bourgeon, ces cellules parti- culières sont très rapprochées entre elles. Elles se cloisonnent transversalement pour donner des cellules endodermiques ordi- naires, et ainsi s'accroît la distance qui sépare deux cellules en marteau consécutives dans les files de lendoderme. Les cellules encastrées péricycliques suivent l'accroissement longitudinal des files endodermiques contre lesquelles elles sont adossées. Parmi les propriétés encore inconnues de ces cellules, S'il en a plusieurs, on peut donc discerner un rôle de cellules mères destinées à l'accroissement longitudinal de la ceinture endo- dermique. Cesystème cellulaire remarquablement développé dans la tige 282 MARCEL MIRANDE parasite S'observe déjà dans la jeune tige, dans lhypocotxle et méme dans lembrvon. Liber. — Le véritable rôle des tubes eriblés n'est pas encore défini. L'on pense encore communément que l'appareil hbhérien est en relation étroite avec le phénomène de lassimilation chlorophyllienne et sa présence dans la plante estencore liée à l'idée fausse de la circulation de la sève descendante. Far mon- tré déjà combien cet appareil est remarquablement développé chez les Cuscutes, où cependant l'assimilation est nulle ou très réduite. L'étude du hiber des Cassvthes, comme celle du Hiber des Cus- cultes, offrait donc beaucoup d'intérêt, malgré la présence chez les Cassythes d’une grande quantité de chlorophylle. Le liber est formé par des tubes ecriblés épars au sein d'un parenchyme libérien. Les cellules du parenchyme libérien sont allongées et possèdent un noyau cylindrique au sein d’un riche protoplasme creusé de deux vacuoles de chaque côté du noyau. Les tubes eriblés, munis de cellules compagnes à épais proto- plasme et noyau allongé, portent des eribles transversaux hori- zontaux ou légèrement obliques, toujours simples et à pores très petits. Les parois longitudinales sont ornées d'un grand nombre de plages finement criblées, très rapprochées. La structure des tubes criblés présente une grande uniformité, elle est la même dans toutes les régions de là plante, embryon, hypocotyle, tige jeune où parasite, pièces florales, ovule, et zone particulière hbéro-vasculare entourant Fembrvon. Les tubes criblés des Cassvthes n'offrent done pas cette grande diversité de structure que l'on trouve dans une seule et même espèce quelconque de Cuseute ; comme dans les Cuscutes, l'appareil hbérien est largement développé, mais moins que dans les Cuscutes st lon compare son importance à limpor- lance de l'appareil Heneux. Contrairement à Fopinion de deux auteurs récents, le hber interne où périmédullure n'existe pas dans les Cassythes. Des faisceaux uniquement Hibériens sont intercalés en nom- bre variable, mais irrégulièrement, avec les faisceaux complets hbéroligneux. La présence de ces faisceaux incomplets doit pro- bablement, comme chez les Cuscutes, être attribuée à un avor- LE DÉVELOPPEMENT ET L ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 9283 tement de la partie vasculaire d'un grand nombre de faisceaux foliaires, réduction amenée par le parasitisme. Appareil mucilagineur. — Les Cassythes possèdent un appa- reil mucilagineux très développé. Dans l'écorce, 1l est formé de cellules sous-épidermiques plus grosses que les autres, isolées ou disposées en files plus ou moins longues. Les cellules enfiles se fusionnent çà et là par suite dela résorption des parois transversales et arrivent à former des réservoirs ou des canaux plus ou moins vastes. Les écailles caulinaires possèdent aussi de grosses cellules sous-épidermi- ques à mucilage. Le liber présente un appareil muecrlagineux particulièrement remarquable. Au sein du Jeune faisceau libérien se trouve une grosse cellule où un massif de 2, 3, 5 grosses cellules. Elles sont larges et aplaties et empilées les unes sur les autres, formant de longs et larges cordons cellulaires. Elles sont pour- vues, en leur centre, d’un noyau volumineux, sphérique, devenant cubique dans les cellules les plus basses par suite de la pression subie entre les deux faces transversales. Le proto- plasme est épais, granuleux, creusé de deux grandes vacuoles à droite et à gauche du noyau; la membrane cellulaire est lisse. Ces cellules grandissent, écrasant les tissus environnants, en même temps que leurs parois s'épaississent considéra- blement jusqu'au centre en se transformant en muctlage. On peut faire coaguler ce mucilage en blocs striés concentrique- ment. Les strates périphériques des parois cellulaires, formant les régions mitoyennes des cellules, se gélifient en dernier lieu; lorsque la gélification est compiète, ces cordons de grosses cel lules font place à de longs canaux mucilagineux. Le mucilage remplit longtemps la cavité du canal ; lorsqu'il a disparu, ilne reste plus qu'une longue lacune vide, très grande, placée en avant du liber et bordée antérieurement par un arc de fibres péricycliques. Les cellules libériennes qui bordent cette lacune s'accroissent parfois, dans la cavité, en doigt de gant ou en boule : souvent, des tubes criblés ou des files de tubes eriblés, suspendus par un bout, y flottent librement. Ces lacunes mucilagineuses libériennes existent dans Fhypo- 284 MARCEL MIRANDE cotyle et la tige à vie libre, mais c’est surtout dans la tige para- site qu'elles atteignent leur plus beau développement. Dans la fleur, l'appareil mucilagineux est très développé: 1l appartient au parenchyvme du limbe des diverses feuilles flo- rales. IL est formé de grosses cellules, parfois isolées, mais le plus souvent accolées les unes aux autres sur de grands espaces, dont les cloisons mitovennes finissent par se rompre et se résorber. Toutes ces cellules, confluant entre elles, arrivent à former des poches, des réservoirs à mucilage, de grande étendue. Les bractées florales, les sépales, sont entièrement formés, dans toute leur épaisseur, par du tissu mucilagineux. Dans les pétales, l'appareil mucilagineux, d’abord sous-épidermique, S'accroit de manière à oceuper, vers le sommet, toute l'épaisseur du limbe. Les filets des étamines, les staminodes, les appen- dices staminaux, le prolongement du connectif au-dessus des anthères sont autant de masses spongieuses à mucilage. L'ovaire jeune contient quelques cellules à mucilage, on en trouve aussi dans le style jusque sous le stigmate. On en trouve aussi dans le fruit, mais c’est le réceptacle qui en contient là plus grande quantité. Lorsque le réceptacle s'est développé en une induvie entourant l'achaine, les trois quarts de la masse totale de son parenchyme emmagasinent une quantité énorme de mucilage. Après avoir durei par Falcoolce mucilage, on peut le détacher en gros blocs, avec des aiguilles, sous la loupe et même à l'œil nu. On trouve enfin des cellules mucilagineuses isolées, dans le tégument séminal, et de nombreux et gros méals ou espaces intercellulaires, remplis de mucilage, dans les cotylédons. En outre de ce mucilage préformé, les cotylédons produisent au con- tact de Feau et aux dépens de toutes les membranes cellulaires une grande quantité de mucilage. Les Lauracées en général possèdent du muceïrlage, mais les Cassythes semblent être les plantes de cette famille où cette matière est répandue le plus abondamment. Ce mucilage, entre autres propriétés, joue évidemment le rôle de pourvoyeur d'eau dans les tissus où il est emmagasiné. Pistil, — Le pistil des Cassythes, comme celui de toutes les Lauracées, a été considéré jusqu'ici comme formé par un seul LE DÉVELOPPEMENT ET L' ANATOMIE DES CASSYTHACÉES 9285 carpelle. Un certain nombre de caractères tirés, notamment, de l'étude de la course des faisceaux et de l'architecture de l'ovaire, montrent que le pistl à une origine tricarpellaire. Trois car- pelles constituent le pistil, mais un seul de ces carpelles est muni d'un style et d'un stigmale. Il résulte de l'avortement des deux autres styles, un canal stylaire incomplet, qui, au lieu de se poursuivre jusqu'au-dessous du stigmale, s'ouvre antérieu- rement à la base du style unique persistant, faisant communi- quer la loge ovarienne avec l'extérieur. L'ovule possède plusieurs sacs embryonnaires, dont un seul, ainsi qu'il arrive en pareil cas, vient à terme. La graine na qu'un seul tégument; la région interne de ce tégument forme une curieuse zone libéro-vasculaire, à bois orienté en dehors, appliquée contre l'albumen et plus tard contre les cotylédons. NOUVEAU GROUPE DU GENRE EUPHORBIA RAR RIT ANT, NA D A G À SCA R Par MM. J. COSTANTIN et |. GALLAUD. M. Geay, dans un voyage effectué en 190% dans le sud- ouest de Madagascar, à récolté un certain nembre d'Euphorbes qu'il à bien voulu nous confier. Nous en avons fait l'étude et publié quelques indications à leur sujet dans une courte note (1: parue dans le Bulletin du Muséum. Nous nous proposons de donner ici d'une façon plus complète les résultats de nos recher- ches, que nous avons été amenés à étendre à un grand nombre de représentants du genre Euphorbi. Nous avons tout d'abord repris l'étude des espècesdéjà décrites par M. Drake del Castillo (2) et provenant des voyages de MM. Alluaud, Decorse et Guillaume Grandidier dans cette m me région sud et sud-ouest de Madagascar. M" Drake del Castillo à bien voulu mettre à notre disposition tous les matériaux réunis par son mari; nous lui en présentons ici nos vifs remerci- ments. (1) Costantin et Gallaud, Note sur quelques Euphorbes nouvelles on peu con- nues de la région sud-ouest de Madagascar, rapportées par M. Geay (Bull. du Mus. d'hist. nat., XI, 1905). (2) Drake del Castillo, Note sur quelques plantes de la région sud et sud-ouest de Madugascar (Bull. du Mus. d'hist. nat., V, 4899, p. 305). — Note sur l'Intisy de Madagascur (Bull. du Mus. d'hist. nat., VI, 1900, p.257). — Note sur quel- ques plantes recueillies par M. Guillaume Grandidier dans le sud de Madagascar en 4898 et 1901 (Bull. du Mus. d'hist. nat., IX, 1903, p. 35). 285 J. COSTANTIN ET I. GALLAUD Aucun des échantillons qui ont servi de types pour les dia- gnoses de M. Drake n'avait d'étiquette de détermination. Il nous à fallu recommencer lidentification de toutes les espèces qu'ilavait dénommées. Nous y sommes parvenus en nous aidant de ses descriptions et aussi des caractères anatomiques des échantillons qui étaient parfois en plusieurs exemplaires sépa- rés mais toujours de petite taille. Ce dernier travail anatomique nous à montré nombre de par- licularités intéressantes dans les Euphorbes de M. Drake et dans celles de M. Geavy. Aussi avons-nous été amenés à étendre nos investigations au genre Æuphorhia tout entier. Nous avons étudié, pour chacune des nombreuses sections que Boissier a isolées dans ce genre, les principales espèces que nous avons trouvées dans lherbier, dans les serres ou dans les jardins du Muséum. Nous n'avons laissé de côté que deux ou trois sections de minime importance et pour lesquelles nous n'avons pu nous procurer d'échantillons. Ce long travail a été pour nous plein d'enseignements. Pour le moment, nous en reltiendrons seulement ce fait que nous n'avons retrouvé, dans aucun des nombreux types examinés par nous, les caractères qui nous avaient frappés dans les Euphorbes du sud-ouest de Madagascar. Ces Euphorbes malgaches présen- tent entre elles les plus grandes ressemblances dans le port, la morphologie externe et l'anatomie. De plus, les caractères qui les rapprochentleur sont spéciaux et ne se trouvent pas ailleurs dans ce genre pourtant si développé quicomprend plus de 900 es- pèces. Si nous ajoutons que toutes ces plantes vivent ensemble dans une aire géographique restreinte, sous un climat tout à fail spécial, nous comprendrons l'intérêt qu'il peut y avoir à faire connaître ces plantes qui constituent un petit groupe biologique tout à fait remarquable. Jusqu'à maintenant on à peu étudié ces Euphorbes mal- gaches, ce qui s'explique par le fait que les échantillons en sont rares et proviennent d'une région peu accessible Jusqu'à ces dernières années. À notre connaissance, 1l n'existe au sujet de ces Euphorbes que les descriptions de M. Drake (1), de 1) Loc. cit. SR ETES NOUVEAU GROUPE DU GENRE EUPHORBIA 289 courtes notes de M. Fron (1) et de MM. Dubard et Viguier (2 sur lZatisy, la mieux connue des Euphorbiacées de cette légion, à cause de limportance commerciale du caoutchouc qu'on en relire. M. Gaucher (3), qui a fait des recherches anatomiques étendues sur le genre Ewuphorbia, n'a étudié aucune de ces plantes, ni même aucune Euphorbe du groupe Trucalli dans lequel on les range d'ordinaire. CHAPITRE PREMIER Etude anatomique des Euphorbes du groupe de l/rtisy. Les Euphorbes dont nous allons nous occuper sont les sui- vantes : £uphorhia Intisy Drake, £. Laro Drake, £. Geuyi Cost. et Gall EE: Tirucalli Lin. E. ripsaloides Ch. Lemaire (#), E. alcicornis Backer, Æ. pendulu Boissier, E. oncoclada Drake, E. Alluaudi Drake, E. leucodendron Drake, Æ. Decorsei Drake, £. enterophora Drake, Æ. stenoclada Drake, E. cirsioides Cost. et Gall. Sauf VÆ. pendula, dont l'origine estinconnue et même l’exis- tence douteuse, etlÆ. Tirucalli, dont la présence à Madagascar à été contestée, toutes ces Euphorbes se trouvent localisées dans la région sud et sud-ouest de Madagascar. A l'exception de VE, pendula et del £Æ. alcicornis dont on a fait des Arthrothum- nus, celles qui ont été étudiées au point de vue uniquement externe ont été rangées par les botanistes descripteurs dans la section Tirucalli (Boissier). Nous verrons plus loin ce qu'il faut penser de ces attributions. Pour le moment nous remarquons qu'elles sont assez justifiées par l'aspect extérieur de ces plantes. Toutes sont charnues, au moins sur les rameaux terminaux: les tiges jeunes sont vertes, plus ou moins articulées, les (1) Fron, Note sur l'Euphorbia Intisy (Journ. de Bot., XIV, juin 1900). (TE (2) Dubard et Viguier, Sur l'anatomie des tubercules d'Euphor biu Intisy GC: R. Acad. des Sc., 25 juillet 1904). — Le système radiculaire de l'Euphorbia Intisy (Rev. gén. de Bot., XVIT, 1905). on (3) Gaucher, Étude anatomique du genre Euphorbia L., Paris, 1898. je (4) Cette Euphorbe, souvent conservée dans les serres el dans les herbiers sous ce nom, n’est autre chose que l'E. Tirucalli (Voy. Boissier, Prodrome). 1, 19 ANN. SC. NAT. BOT., 9° série. 290 J. COSTANTIN ET I. GALLAUD feuilles sont ou bien totalement absentes ou bien très réduites et tombant de bonne heure. L° Æuphorbia Intisy Drake. LE, Intisy est un arbre atteignant de 4 à 5 mètres de haut. Son tronc à écorce crevassée à la surface est fortement li- gnifié et ce caractère s'étend jusqu'aux branches de faible dimension. Il faut s'adresser aux dernières ramificalions, à celles qui ont en général au moins # millimètres de diamètre pour trouver la carnosité caractéristique des Euphorbes de ce croupe. Les dernières branches se ramifient abondamment en ba- gueltes enchevêtrées partant fréquemment à peu près du même point, de sorte que la couronne de l'arbre est très touffue ; les derniers articles sont charnus, lisses, d'un vert clair. À la loupe on reconnaît la présence des stomates à de petites taches blanches disséminées sur toute la surface. Sur les rameaux plus àg mais ayant encore conservé leur épiderme, ces stomates sont groupés en lignes blanchâtres, courtes, sans orientation déter- minée. Les feuilles apparaissent sur les derniers rameaux sous forme demamelons pointus dont la pointe est rabattue du côté de la tige. Une fois développées, elles sont spathulées, rétrécies à la base, sans pétiole et atteignent 3 centimètres de long sur 2 millimètres de large. Dans nos serres relativement humides, elles persistent assez longtemps mais tombent de bonne heure dans la nature, surtout sur les rameaux fertiles qui donneront des fleurs à leur extrémité. és, C'est surtout dans les jeunes rameaux, encore peu lignifiés et peu moditiés par les formations secondaires, que l'anatomie de la Uige est bien caractéristique. Une coupe transversale de ces rameaux (PL 8, fig. 1) montre la grande prédominance de l'écorce molle et charnue sur les tissus du bois et de la moelle. L'écorce est himitée par un épiderme simple à cellules sensible- ment isodiamétriques (PI 8, fig. 2). Ces cellules un peu bombées vers l'extérieur sont assez régulièrement accolées et pourvues d’une cuticule relativement mince, renforcée souvent d'une couche cireuse. Elles se dédoublent fréquemment par for- mation d'une cloison de direction radiale. Les stomates sont nombreux; au voisinage de chacun d'eux l'épiderme s'incurve NOUVEAU GROUPE DU GENRE EUPHORBIA 291 légèrement en dedans et forme une petite dépression circulaire (PL 8, fig. 2) au fond de laquelle est le stomate formé de deux cellules un peu plus petites que les cellules épidermiques. Les deux cellules stomatiques sont elles-mêmes comme enchâs- sées dans deux cellules d’épiderme qui sont ainsi des cellules annexes. L'ouverture du stomate, dont la fente est parallèle à l'axe de la tige, conduit à une chambre sous-stomatique, relativement petite dans l'/ntisy el creusée dans Le tissu parenchymateux de l'écorce qui prend souvent au voisinage immédiat du stomate l'aspect trabéculaire. Sous lépiderme est une seule assise de cellules hypoder- miques allongées en direction tangentelle, interrompue aux stomates. Puis commence l'écorce proprement dite, formée d'un grand nombre d'assises cellulaires. La partie externe est un tissu palissadique de cellules à chlorophylle, allongées radra- lement, sans méats. La partie profonde est constituée par des cellules plus arrondies, laissant entre elles quelques méats el renfermant surtout de l'amidon. La délimitation précise entre l'écorce et le cylindre central est difficile à déterminer, car 1l n'y a pas d’endoderme différencié. L'écorce est parcourue dans toute son épaisseur par des laticifères du même {type que celui déjà décrit pour les autres Suphorbes. On les rencontre à partir de Phypoderme, mais dans la région profonde de l'écorce ils sont plus abondants et plus larges (PL. 8, fig. 1). Ce sont des tubes rameux, non cloi- sonnés, de direction générale parallèle à l'axe de la tige. Leurs membranes sont épaissies régulièrement et également sur tout leur pourtour (PI. 8, fig. 3). Outre les laticifères, on rencontre dans l'écorce des fibres d'une nature très spéciale et bien caractéristiques de tout le groupe que nous étudions. Isolées et peu nombreuses dans toute la portion externe de l'écorce, elles augmentent en nombre à mesure qu'on se rap- proche du eylindre central. Dans la zone corticale à cellules rondes on les trouve soit isolées, soit accolées plusieurs ensem- ble (PL. 8, fig. { et 3). Elles finissent par former des paquets de fibres contiguës et, par suite de leur situation 90 profondeur 292 J. COSTANTIN ET |. GALLAUD et de leur position en face de faisceaux primaires, nous sommes autorisés à les regarder comme d'origine périeyelique. Ces fibres cortical s ou péricycliques ont toutes la mème struc- ture que nous retrouverons dans tout le groupe : ce sont des 1 Jamais affaissées ni comprimées comme c’est le cas général des Euphorbes qui ne font pas partie de ce groupe. On y re- marque une première enveloppe cellulosique, mince, dans fibres simples ou rameuses, rondes en section transversale, el l'intérieur de laquelle des épaississements concentriques très nombreux ont fini par obstruer presque complètement la lumière (PL S, fig. 3). Dans les fibres très jeunes, on observe par- fois seulement une où deux couches d'épaississement et une lu- mière encore large; mais ce stade est vite passé, car elles se ansforment très rapidementen fibres pleines. Malgré celte évo- lution avancée, les fibres restent presque entièrement formées de cellulose très réfringente. La lignine v est très peu abondante et elles ne prennent que très faiblement les colorants de cette substance. Les fibres se forment de très bonne heure dans l/rtsy. On les rencontre en grand nombre déjà sur une coupe d'une jeune plantule venue degraine et avant seulement { millimètre d’épais- seur, alors que les laticifères sont au contraire encore très rares et peu différenciés. Le cylindre central se caractérise dans latisy par là pré- sence très précoce des formations secondaires. Elles apparaissent dans la ge dès qu'elle atteint 1 millimètre d'épaisseur, à un moment où le bois ne présente dans les faisceaux primaires qu'un nombre très restreint des vaisseaux (1). se fait très rapidement un anneau continu de Hiber peu abondant et de bois bien développé (PL 8, fig. 1,4). Dans la suite le Hiber prend peu d'accroissement, maisle bois, ou domine le selérenchyme en petites cellules serrées, forme des couchessuccessives d'épaississement qui augmentent le dra- metre de la lige. L'écorce persiste longtemps sans changer L) MM. Dubard et Viguier (loc. cit.) ont montré que dans les racines, au contraire, et en particulier dans les racines tuberculeuses, le parenchy me ligneux prend un grand développement et ce n’est qu'assez tard que les for- mations secondaires s'établissent. NOUVEAU GROUPE DU GENRE EUPHORBIA 293 d'épaisseur. Il se fait dans sa masse des cloisonnements locaux de direction radiale qui assurent son extension circulaire. Ce n'est que sur les tiges déjà très grosses qu’une assise périphé- rique péridesmique exfolie l'épiderme et donne du liège super- ficiel. La moelle, proportionnellement {très abondante dans les tiges Jeunes etcharnues, se réduit de plus en plus sans devenir tout à faitnulle dans les tiges âgées. Elle est formée de grandes cellules parenchymateuses laissant entre elles des méals où courent des laticifères. Les fibres y sont toujours absentes ; nous verrons au contraire que la moelle de beaucoup d'Euphorbes de ce même groupe en renferment. 2° Euphorha Laro Drake, Euph. Geayi Cost. et Gall., Euph. Disucalli Yainn., Euph. ripsaloides Ch. Lemaire. Nous avons quelque peu insisté sur les caractères anato- miques de la tige de l'Æ. /ntisy, à cause de l'importance écono- mique de cette plante qu'ilest utile de savoir bien distinguer des voisines, el aussi pour préciser la nature des caractères par- üculiers du groupe d'Euphorbes dont nous faisons Fétude. Celle description du type nous permettra d'être plus bref dans la la description des espèces suivantes pour lesquelles nous nous contenterons de signaler les particularités Les plus intéressantes et celles qui permettent de les reconnaitre plus sûrement. RENE Gr ne "102%3,24,5:6), Geaye (PI6, fe) Türucalli (PI. 6, fig. 8) ressemblent beaucoup à P£. Zntisy. Ce sont des plantes à tiges charnues, rondes, vertes, sans feuilles ou à feuilles debonneheure caduques.Toutefoison peut aisément les distinguer de l'/ntisy. En premier lieu elles ne prennent Fap- parence ligneuse que très tard. Destiges de { centimètre et den dediamètre sontentièrement molles et présentent en section un anneau de bois très mince (PL. 8, fig. 4). Dans une plantule d'E. Laro (PI. 6, fig. 6), venue de graine dans les serres du Muséum, nous n'avons pu constater aucun début de forma- tions secondaires, bien que la tige ait atteint 20 centimètres de longueur et un diamètre de 5 millimètres. Des üiges d'y de même diamètre ont déjà un bois secondaire très épais. Un second caractère distinctif pour ces Euphorbes est la loca- lisation des stomates dans des cannelures longitudinales plus 294 J. COSTANTIN ET I. GALLAUD ou moins allongées, très visibles à cause de la couleur blanche des stomates. Dans l'Æ. Laro, ces mêmes lignes de stomates prennent rapidement une teinte noire qui les fait aussi aisément reconnaître (PI. 6, fig. #). Au point de vue anatomique, ces trois Euphorbes s'éloignent peudel/ntisy. Les différences les plusimportantes à signaler cor- respondent aux caractères externes que nous venons d'énon- cer. C’est d'abord la localisation des stomates qui en section transversale se montrent logés uniquement dans les creux de l'épiderme correspondant aux cannelures (PL 8, fig. #). I faut signaler aussi le grand développement de la moelle et de l'écorce et la réduction des tissus secondaires. L'anneau ligneux, très mince, n’est pas régulièrement circulaire mais présente des saillies dues à ce que les faisceaux primaires ne sont pas tous formés à égale distance du centre de la moelle. Le métaxvlème dans les intervalles prend la forme d’arcs à concavité tournée vers l'extérieur (PI. 8, fig. #). Les faisceaux primaires très visibles ont leur pointe entourée de parenchyme périmédul- laire. En dehors de ces différences, les autres particularités anatomiques vues pour l/Atisy se retrouvent ei : même épi- derme et hypoderme, mêmes stomates et même chambre sous-stomatique (PI. 8, fig. 5), sauf leur localisation précise : mème écorce et même moelle sauf leurs dimensions : même distribution des fibres et des laticifères dans ces deux tissus (P1.8, 6g. 4'et 6). Entre ces trois formes évidemment très voisines les diffé- rences anatomiques sont trop faibles pour qu'on puisse les distin- guer à l'inspection des coupes. Il faut s'adresser aux caractères extérieurs. On a déjà donné pour lÆ. Laro et pour FÆ. Tiru- calli des descriptions de la fleur ; nous n°v reviendrons pas. Les fleursd’'Æ. Geayisont encoreinconnues. On peut ajouter d'autres caractères distincüfs aux précédents. Pour PÆ. Laro un carac- ère non signalé est la forme du pédoncule du fruit, recourbé à sa base à angle droit. I nous à paru très constant car nous l'avons vérifié sur d'assez nombreux échantillons provenant des voyagesde MM.Alluaud, Decorse, Geay,Alfredet Guillaume Gran- didier. Un autre caractère assez net de FÆ. Laro est la dimen- sion des derniers rameaux. Ils n'ont jamais moins de 4 milli- NOUVEAU GROUPE DU GENRE EUPHORBIA 20h mètres de diamètre sur les rameaux fertiles. Les rameaux stériles sont aussi de fort diamètre et portent des rameaux secondaires courts, terminés très rapidement en pointe, sur lesquels sont fixés des feuilles alternes groupées vers le sommet. Elles sont charnues, sessiles, liguliformes et atteignent 12 millimètres de long sur # millimètres de large (PL 6, fig. 5 et 6). Dans l'E. Geayi et VE. Tirucalli les derniers rameaux sont beaucoup moins gros. Sur les branches stériles les ramifica- tions terminales partent presque toutes du même point et s'ef- filent en pointe très allongée (PI. 6, fig. 7 el 8). Les feuilles qu’elles portent à leur extrémité sont minces et étroites (1% mil- limètres de long sur 2 millimètres de large). Si l'Æ. Laro se distingue assez aisément des deux autres, 1l n'en est pas de même de lÆ. Geayi et VE. Tirucall. Leurs caractères d'ordre végétatif et anatomique sont les mêmes, Seul, leur lieu d'origine est différent. L'£. Geayi habite la brousse à /ntisy qui couvre le sud et le sud-ouest de Mada- gascar. L'Æ. Tirucalli à été trouvé sur la côte orientale d'Afri- que et dans l'Inde. M. Drake del Castillo nie sa présence à Madagascar et pense que l'opinion de Baiïllon, qui en fait une Euphorbe malgache, est erronée. Nous n'avons pas pu nous procurer les fleurs et les fruits de VÆ. Geayi qui seuls permet- traient de trancher la question. Il est done prudent de les connaitre pour se prononcer de façon définitive sur l'existence réelle de P£. Geayi et sur l'absence à Madagascar de PZ. Tru calli. En tout cas, même si ces espèces sont bien des espèces distinctes, il ressort de ce qui précède qu'elles sont très VOI- sines. Ajoutons enfin qu'il faut mettre également très près de VE, Tisucalli, sinon le confondre avec lui comme le fail Boissier, l'E. ripsaloides qui, de même que l'E. Geayi, ne sen distingue en aucune facon par l'anatomie de sa tige. 3° Euph. alcicornis Baker, E. Decorsei Drake, E. enterophora Drake, £. stenoclada Baïllon, Æ. rirsioides Cost. el Gall. (1). (1) Nous avons retrouvé, dans la collection de M. Drake, un échantillon à l'état sec qu'il n'avait pas décrit et qui, par sa morphologie externe et son anatomie, appartient à la mème espèce que celle rapportée par M. Geay et à laquelle nous avons donné le nom d'E. cirsioides {PL. 6, fig. 10). 296 J. COSTANTIN ET I. GALLAUD Ces diverses Euphorbes forment à côté des précédentes un groupe des plus homogènes au point de vue analomique. Ce groupe est d'ailleurs étroitement apparenté à celui que nous venons de décrire. Il s'agit encore de plantes charnues, à ra- meaux verts, nus, toujours dépourvus de feuilles où à feuilles étroites sans péliole ni stipule ettombant de bonne heure. Les rameaux dans l'E. alcicornis et VÆ. Decorsei (PI. 7, fig. 2) sont, comme pour les Euphorbes précédentes, des baguettes rondes, articulées, ramifiées fréquemment et s'insérant plusieurs à la mème hauteur sur la branche qui leur donne naissance. Dans l'E. enterophora (PI. 7, fig. 3 et 4), ces rameaux s'aplatissent fortement et prennent parfois une largeur de 3 centimètres, ce qui donne à la plante une apparence fasciée. Dans lÆ.stenoclada (PL. 7, fig. 5) et V£. crsioides (PL. 6, fig. 9 et 10 et PI 7, fig. 1) la modification à porté sur un autre point: ces plantes sont devenues épineuses par suite de la transforma- lion des extrémités ‘des tiges. L'Æ, slenoclada porte en effet de nombreuses ramificalions rondes, très courtes, quis'amincissent rapidement en pointe. Celle-ci se Lermine par une épine dure, un peu émoussée à l'extrémité. Elle a done la valeur morphologique d'une tige, à la différence des Euphorbes de la section Diacun- Liu où les aiguillons sont des stipules transformées. Dans l'Æ. cirsioides (PL. 7, fig. 1), l'aspect épineux es encore exagéré. Les rameaux très nombreux s'effilent beaucoup et se terminent en une épine caulinaire fine et acérée. De plus, des expansions en forme d'ailes relient, à la façon d'un Cu- sium, ces pelils rameaux épineux aux liges sur lesquelles ls ont pris naissance. Ces Euphorbes sont donc très différentes d'aspect. Les fruits, qui sont connus pour l'Æ. stenoclada VE. Decorsei, permel- lent aussi une distinction très nette. Le fruit de VZ£. stenoclada estune capsule arrondie de 5 à 6 millimètres de diamètre sur la- quelle les lignes de suture des trois carpelles sont marquées par une légère dépression. Le pédoncule du fruit est légèrement courbé à sa base et il a 5 à 6 millimètres de longueur. Dans lÆ. Decorsei (PI. 7, fig. 2) le fruit est une capsule /rigone avant 8 à 10 millimètres de côté, supportée par un pédoncule de 8 à 12 millimètres de long. Les lignes de suture des carpelles NOUVEAU GROUPE DU GENRE EUPHORBIA 207 forment une saillie assez prononcée sur le milieu des faces de la capsule trigone. On trouve une petite collerette à 3 dents au point où le pédoneule est fixé sur la capsule. Dans FÆ. ri sioides, les fleurs et les fruits sont inconnus. Ces Euphorbes, si différentes dans leur morphologie externe, se ressemblent beaucoup au point de vue anatomique: les mêmes particularités se retrouvent dans toutes; seules les formes et les dispositions relatives des différents issus sont changées, ce qui résulte évidemment des formes différentes des tiges. Les liges, que nous avons seules étudiées, sont construites sur le même type et rappellent de très près ce que nous avons dil pour P£. Pntisy où VE. Laro. Aussi nous nous contenterons de renvoyer le lecteur aux figures (PI. 8, fig. 7 et 8). Nous soulignerons seulementlesdifférencesque présententces Euphorbes avec les précédentes pour justifier leur groupement un peu à part. Une première différence réside dans la structure de l’épiderme. Sauf peut-être pour PÆ. cirsioides, les cellules épidermiques sont ici beaucoup plus allongées dans le sens ra- dial. Elles sont nettement distinctes les unes des autres, font saillie en dehors à la facon d'une papille, de sorte que lacuticule qui les recouvre, au lieu d’être un peu ondulée, comme dans l'Æ. Pnüsy où VE. Laro, est fortement contournée (PL 8, fig. 7). Les stomates, à fente longitudinale, de même structure que dans V£. Laro, sontrépartis d'une facon uniforme el non dans des cannelures longitudinales. Aussi, à Pœil nu ou à la loupe, la surface de la tige paraît lisse. Tout le reste de la structure de la tige rappelle ce que nous avons vu pour PÆ. /ntisy. HN faut cependant signaler le faible développement des faisceaux Hbéro- ligneux et des formations secondaires dans le cylindre central. Les fibres ont encore la même constitution si spéciale déjà signalée, mais elles sont iei remarquablement abondantes et, de plus, on les rencontre en grand nombre jusque dans la moelle. La plante compense ainsi par le grand développement des fibres isolées sa faible lignification dans les issus du bois. 4 ÆE. leucodendron Drake, £. oncocladu Drake. E. Alluaudi Drake. Ces trois Euphorbes méritent d'être étroitement rapprochées à cause des grandes ressemblances qu'elles présentent dans 298 J. COSTANTIN ET |. GALLAUD leur port, dans leur morphologie externe et dans leur anatomie. Bien que constituées en gros sur le type des précédentes, elles ont loutes en commun quelques particularités qui les font mettre un peu à part. Ce sont des Euphorbes à rameaux cylindriques, verts, arti- culés, fortement charnus. Les dernières ramifications restent loujours assez grosses et leur diamètre ne descend pas au- dessous de 1 centimètre (PI. 7, fig. 6,7 et 8). Elles portent des feuilles alternes, étroites et courtes, spathulées, sans pétiole, qui tombent de très bonne heure et laissent sur la tige de petites cicatrices plus ou moins en forme de croissant. Dans FÆ. Alluaudi et VE. leucodendron, les articles des rameaux peuvent atteindre de 15 à 20 centimètres de longueur. Dans lÆ. oncoclada (PI. 7, fig. 7 el8), ces mêmes rameaux son étranglés à de courts intervalles et on à une succession de mas- ses ovoides superposées de 2 à 3 centimètres de long. Dans aucune de ces Euphorbes n'existent les cannelures longitudi- nales où sont logés les stomates comme dans l£, Laro. La sur- face des tiges est lisse et les stomates apparaissent comme des points blancs répartis de façon uniforme. Au point de vue anatomique ces Euphorbes sontearactérisées par le grand développement de l'écorce et de la moelle et la réduction de l'anneau ligneux (PL 8, fig. 9). Elles se distin- euent des précédentes par des caractères très précis : lPépi- derme est formé de cellules rectangulaires étroitement unies entre elles, non saillantes, pourvues à l'extérieur d’une euticule continue. L'épiderme multiplie ses cellules par des cloisonne- ments de direction radiale. On trouve fréquemment deux cloi- sons jeunes et non épaissies sur une même cellule épidermique initiale (PL 8, fig. 10). Les stomates sont aussi spéciaux : alors que dans toutes les Euphorbes précédentes la fente stomatique était parallèle à l'axe de la tige, elle estici perpendiculaire où peu inclinée sur cette direction, de sorte qu'une coupe transversale destigesne rencontre jamaisqu'une des deux cellulesstomatiques. Saufcette différencelesstomates etleschambres sous-stomatiques ont la constitution déjàadécrite pour les autres Euphorbes. L'hypo- derme existe également eLil est formé d'une seule assise de cel- lules allongées en direction fangentielle, mais comme il est NOUVEAU GROUPE DU GENRE EUPHORBIA 209 presque toujours en voie de eloisonnement pour constituer de nouvelles cellules corticales, il finit par comprendre plu- sieurs assises (PI. 8, fig. 10). Le cloisonnement se fait dans toutes les directions. L'écorce proprement dite comprend ici encore deux parties : une partie périphérique d'aspect palissadique à cellules à chlorophyile un peu allongées radialement, sans méals, et une partie profonde formée de cellules rondes à amidon. L'écorce renferme des fibres et des laticifères ; ceux-ci sont présents dans toute l'écorce depuis l'épiderme jusqu'au eylindre central, mais ils sont beaucoup plus nombreux et plus larges à son voisinage, comme cela arrive dans toutes les Euphorbes décrites jusqu'à présent. Les fibres, au contraire, ont une distri- bution spéciale. On n’en trouve aucune dans la portion corticale externe. Dans la région limite entre l'écorce externe et Pécorce interne on en rencontre quelques-unes isolées, comme dans les cas précédents, mais {très rapidement elles se groupent en ilots compacts formés chacun d’une vingtaine de fibres isolées (PL. 8, fig. 9). Les îlots se présentent en plusieurs rangées Jus- qu'au voisinage du cylindre central et jusque dans le péricyele dont la délimitation est encore ei fort indistincte. Les fibres qui les constituent sont un peu différentes de celles que nous avons vues Jusqu'ici. Elles n’ont, outre la zone cellulosi- queexterne, qu'une ou deux couches d’épaississement el par suite la lumière centrale en est encore relativement large. Toutefois elles sont encore du même {vpe que celles du groupe de FZ, 7n- tisy, car elles sont ramifiées de la même facon et très peu ligni- fiées. Leur aspect particulier tient sans doute à ce qu'elles sont encore peu évoluées. Les Euphorbes de ce groupe doivent croître beaucoup plus vite que l'Æxtisy, ainsi que le prouve le peu de développement des fibres et l'abondance des cloisons de division dans les cellules corlicales. Le cylindre central présente aussi des particularités par rapport aux Euphorbes précédentes. Le liber est relativement plus abondant tandis que le bois est plus réduit. Ce dernier, même dans les tiges de la grosseur du pouce, est constitué par un anneau très étroit. Souvent, dans des tiges de ! centimètre de diamètre, les faisceaux primaires sont encore indépendants 300 J. COSTANTIN ET I. GALLAUD ou ne présentent que des ébauches de formations secondaires (PI: 8, fiso9) La moelle aussi est un peu spéciale. Elle à un très grand déve- loppementetelle renferme de nombreuses lacunes aérifères, par- fois très larges, limitées par du tissu trabéculaire formé de gran- des cellules parenchymateuses, à parois très minces, comme on en rencontre dans la moelle de beaucoup de plantes aquatiques. Dans les méats de ce tissu trabéculaire courent des laticiféres et des fibres isolées et ramifiées du même type que celles de l'écorce. La direction de ces fibres est rarement parallèle à l'axe de la tige (PI. 8, fig. 9). Comme on le voit, ces Euphorbes, bien que construites sur le Lype général de l/xtisy, ont cependant en commun de nombreu- ses particularités anatomiques qui justifient la place un peu à part que nous leur donnons dans l'ensemble du groupe. Ces Euphorbes sont voisines les unes des autres et ne présentent, au point de vue anatomique, que des différences légères. C'est ainsi que lÆ. leucodendron peut se reconnaitre sur une coupe à la rareté des fibres médullures et au développement relative- ment grand de la zone interne à fibres corticales. Les laticifères ont des parois assez minces el ne se distinguent bien des cel- lules voisines que par leur contenu granuleux et la présence des erains d'amidon en forme de bâtonnets. Dans les Æ. Alluaudi et oncoclada, au contraire, les fibres médullaires sont très nombreuses et dirigées dans tous les sens. La zone à fibres corticales est relativement étroite et les fibres y ont souvent une direction tangentielle. Enfin les laticifères sont loujours nettement reconnaissables alors même qu'ils n'ont plus leur contenu à cause de lPépaississement de leurs parois. Pour l£. Alluaudi VE. oncoclada, la distinction des deux espèces ne peutse faire sûrement sur des coupes de liges, mais il est loujours facile de les différencier par l'aspect extérieur, comme nous l'avons dit plus haut. NOUVEAU GROUPE DU GENRE EUPHORBIA 301 CHAPITRE II Caractères distinctifs et caractères généraux des Euphorbes du groupe de l'Intisy. — La sous-section Intisy. Nous résumons dans le tableau suivant les principaux carac- lères anatomiques qui permettent de distinguer toutes les Euphorbes précédentes : 2 RÉRarnQuese Re RD E. Intisy Drake. - Stomates grou- / Stomales en Feuilles char- E. Laro Drake. 2 2 | pés dans des | plusieurs files nues. = cannelureslon- dans Feuilles min- E.GeayiCost. et Gall. ÊE Ce de ‘les cannelures. [ ces. ce D ou NE a En ee Stomates en une seule file dans di IE SR = JESCANREIUTES.. 2.20... A ol | charnues. FRENR Lem. RE PA / Fruit trigonede ÆE. Decorsei Drake. Me nn TEesn) ait decote. ou Z transformés en ; rondes. ) Fruit de moins E. alcicornis Baker. £ 3 53 épines. | des 2 3È2 Tiges aplaties.......... E.enterophora Drake. = Na Rameaux Tiges rondes non ailées. E. stenoclada Baillon. = 3 transformés en JTies AÉeS ere 0. E. cirsioides Cost. el = épines. Gall. 2 = » $ Fibres médullaires | Laticifères à parois E. leucodendron Dr. = DES rares. l minces. = 2.2 5 JFibres médullairess Tige régulièrement E. Alluaudi Drake. Sa abondantes. cylindrique. SE) Laticifères à parois) Tige à étranglements E. oncocluda Drake. \&m À épaissies. successifs. Nous pouvons voir par l'inspection de ce tableau que les douze espèces d'Euphorbes que nous étudions peuvent facile- ment se distinguer les unes des autres par des caractères d'ordre purement anatomique. Cette distinction à son impor- tance, car les caractères extérieurs ne suffisent pas loujours à eux seuls pour déterminer sûrement ces espèces. Beaucoup d'entre elles présentent, en effet, le même aspecl. Comme, d'autre part, elles manquent le plus souvent de feuilles, que les fleurs et les fruits ne se forment qu'à des périodes déter- minées de leur vie, on peut être très embarrassé pour les 302 J. COSTANTIN ET I. GALLAUD dénommer avec quelque certitude. Pendant longtemps, beau- coup d’entre elles ont été réunies sous le même nom d°Z. Ti- rucalli; d'autres fois une même espèce a été désignée sous des noms différents comme VÆ. Tirucalli el VE. ripsaloides, faute de caractères morphologiques suffisamment précis et assez nettement distincts. En dehors de cette nettelé des caractères distincüfs que prennent toutes ces Euphorbes, et qui montrent bien quels services peut rendre l'anatomie pour la classificalion, un second fait important ressort des études précédentes. C'est la constance de certains caractères, leur persistance dans toute la série, malgré les adaptations nombreuses que présentent ces Euphorbes (lignification, aplatissements, étranglements, for- malion d'épines et d'ailes). Nous pouvons résumer brièvement ces caractères communs de la facon suivante : L'épiderme a des cellules toujours cuticularisées et souvent en voie de cloisonnement radial : les stomates, à fente longi- tudinale ou transversale, sont formés de deux cellules petites, enchâssées dans deux cellules épidermiques modifiées en cel- lules annexes ; la chambre sous-stomatique est toujours pré- sente et souvent bien développée ; 11 existe toujours un hypo- derme différencié formé d'une assise de petites cellules plus ou moins allongées tangentiellement. L'écorce, bien déve- loppée, est constituée dans sa partie externe par de nom- breuses rangées de cellules allongées radialement, bourrées de chlorophylle et de grains d’amidon et ayant en gros l'aspect d'un parenchyme en palissade. Au voisinage du cylindre central, les cellules corticales sont arrondies et renferment de l'amidon sans chlorophylle. Les laticifères, très abondants dans cette dernière région, sont larges, légèrement épaissis. On les retrouve dans toute l'écorce et jusque sous l’épiderme, mais ils y sont d’un diamètre plus réduit. L'écorce est égale- ment parcourue par de nombreuses fibres rameuses de struc- ture spéciale et bien caractéristique : en section transversale elles présentent une première membrane cellulosique mince à l'intérieur dé laquelle se trouvent de nombreux épaississe- ments concentriques qui en obstruent plus ou moins com- plètement Ja lumière. Ces fibres, toujours très faiblement ligni- NOUVEAU GROUPE DU GENRE EUPHORBIA 303 fiées, sont iso/ées dans les régions périphériques el moyennes de l'écorce et groupées en paquets de plus en plus gros dans la région profonde. Le bois et le liber se présentent de bonne heure en anneau continu, mais ne prennent jamais, sauf dans lntisy, un grand développement. La moelle, toujours pré- sente et bien développée, est formée de cellules grandes à parois minces. Elle renferme des laticifères et souvent des fibres isolées de mème structure que dans l'écorce. Ces caractères anatomiques communs à loutes les Euphorbes que nous avons étudiées leur sont bien spéciaux. On les retrouve dans toutes à côté des différences anatomiques qui permettent de distinguer les espèces entre elles. Si à cela nous apoutons que ces plantes présentent aussi en dehors de lana- tomie les plus grandes similitudes dans le port, la morphologie externe et l'habitat, on trouvera assez fondée la création d’une sous-section spéciale que nous appellerons la sows-section Intisy (4) et qui sera définie anatomiquement par l'ensemble des caractères signalés plus haut. CHAPITRE IT Affinités des Euphorbes de la sous-section Intisy avec les Euphorbes des sections voisines. Parmi les plantesquenous mettons ainsi à part, quelques-unes sont nouvelles ; d'autres, déjà décrites, n'ont pas reçu de place déterminée dans la classification du genre; d'autres ont été rangées par M. Drake del Castillo dans la section Tiru- calli, sans spécifier d’ailleurs s'il s'agissait de la section Trru- calli de Boissier ou de la section Tirucalli de Bentham, beau- coup plus compréhensive puisqu'elle renferme les sections Tivucalli, Arthrothamnus et Lyciopsis de Boissier ; enfin VÆ, at- (4) Nous préférons le nom de sous-section lulisy à celui de Tirucalli que nous avions précédemment employé (Bull. du Mus., 1905), pour ne pas aug- menter la confusion qui résulte de ce que ce nom de l'irucalli a déjà été ap- pliqué par Boissier d’une part, et Bentham d'autre part, à des groupes non correspondants. L'ancien groupe Tirucalli devra aussi changer de nom puisque la plante type correspondante est rattachée à une nouvelle section. 90% J. COSTANTIN ET |, GALLAUD cicornis à été placé par Baker parmi les A7/hrolhamnus. Pour justifier la création de la sous-seclion /ntisy, nous avons entrepris l'étude anatomique des sections Tirucalli, Arthrothamnus et Lyciopsis de Boissier en choisissant les plantes qui, par leurs caractères extérieurs, semblaient se rap- procher le plus de nos Euphorbes. Nos recherches ont porté sur : E. melanostica, E. Bottæ, E. Hydnoræ, E. aphylla, E. Dre- geana, E. Schimperi, E. obtusifolia, E. Larica, E. mauritanica, E. spicata placées dans la section Taucalli par Boissier ; E. ephedrioides, E. brachiata, EE Burmanni, E. serpiformus, E. racemosa, de la section Arthrothamnus et E. cuneata de la section Lyciopsis. Nous les avons ensuite étendues à tout le senre Zuphorbia en choisissant dans chacune des nombreuses sections établies par Boissier le plus grand nombre possible d'échantillons de comparaison. Cette vaste enquête nous à montré que les divisions que l'on à établies uniquement sur les caractères extérieurs ne correspondent pas toujours à celles que lon peut fonder sur les caractères anatomiques et qu'il y aurait lieu de faire une revi- sion de tout le genre en tenant compte des affinités profondes qui ont marqué leur empreinte dans les tissus. Nous nous contenterons ici d'insister particulièrement sur les sections que met en cause la création de la sous-section fntisy. Aucun des représentants des sections A7/hrothanmnux, Tirucalli et Lyciopsis (sauf les Æ, Tirucalli et pendula que nous rattachons à la section /ntisy) ne présente les caractères distinctifs de F/atisy et des Euphorbes de son groupe. En particulier, dans aucun d'eux on ne trouve les fibres si caractéristiques de l/atisy, isolées dans l'écorce où dans la moelle. À la vérité, la plupart des Arthrothamnus el des Tiru- calli renferment des fibres, mais elles présentent un petit nombre de couches d'épaississement et ont une lumière rela- livement large. En outre, ces fibres, presque toujours affais- sées sur elles-mêmes, sont groupées étroitement en paquets nellement péricyeliques correspondant exactement aux fais- ceaux primaires (PLS, fig. 11). D'autres différences secondaires viennent s'ajouter à celles-là. L'épiderme est formé de cellules NOUVEAU GROUPE DU GENRE EUPHORBIA 305 plates, allongées tangentiellement, à cuticule très épaisse et continue, de sorte que les cellules épidermiques sont toujours étroitement unies sur toute leur surface latérale et qu'aucune d'elles ne fait saillie à l'extérieur. Les cloisonnements qu'elles présentent ne sont pas tous de direction radiale. Les stomates n'occupent pas le fond d’une dépression formée par les cellules épidermiques voisines. Enfin l'hypoderme est le plus souvent sclérifié et les cellules qui le forment sont fréquemment en voie de cloisonnement. La moelle est souvent aussi sclérifice et formée de cellules à ponctuations rondes. En revanche, on retrouve chez ces plantes, qui sont toutes charnues à la facon des Euphorbes malgaches, le grand développement de l'écorce par rapport aux éléments ligneux et sa subdivision en deux zones : l’une externe renfermant de la -chlorophyile et de structure palissadique, autre interne où les cellules sont arrondies et où dominent les laticifères larges. Comme nous le voyons, les Euphorbes que nous rappro- chons de l’/ntisy, ÿ compris Æ. Tiruculli, sont bien distinctes de ce qui reste des anciens groupes Trucalli et Arthrothamnus de Boissier. À la vérité même, des affinités très étroites se manifestent entre les Tirucalli et les Arlhrothamnus et leur fusionnement en un seul groupe comme l'a fait Bentham est beaucoup plus justifié encore qu'avec le groupe de F/2#isy. Ce n’est pas cependant que le groupé de l'/atisy doive en être entièrement isolé. Il existe, en effet, des termes de passage. Nous avous vu que dans les Æ. léuéodendron, Alluaudi et onco- clada les fibres perdent un peu de leur ressemblance avec celles d'£. Laro ou Decorsei, par exemple. La formation des épaississements ne va-pas assez loin pour faire disparaitre entièrement la lumière de la fibre. De plus, dans ces Euphorbes, les fibres ont une tendance plus grande à se grouper autour du cylindre central et la portion externe de l'écorce n'en ren- ferme aucune. L'hypoderme ne reste pas non plus toujours simple et peut se dédoubler par formation de cloisons tangen- tielles ou obliques. D’autres Euphorbes, dont nous n'avons pas encore parlé el qui proviennent de la même région de Madagascar, présentent d'ailleurs ces caractères de transition d'une façon plus accen- ANN. SC. NAT. BOT., 9 série. 11, 20 306 J. COSTANTIN ET I. GALLAUD tuée encore et se rangent franchement dans les types anato- miques des Ar{hrothamnus et des Twucalli de Boissier. C'est le cas de l£. plagiantha, de VE. vepretorum et de VE. cynan- choides. La première est un arbre dont le port rappelle celui d'Æ. Laro. Son épiderme présente des stomates rangés en séries longitudinales superficielles, mais non situées dans une cannelure. Les deux autres sont des lianes. Dans l'Æ. pla- giantha (PI. VU, fig. 12) l'épiderme se cloisonne et donne de bonne heure une légère couche de liège sous lépiderme persis- tant. Les fibres, avant une ou deux zones d'épaississement, se groupent toutes en paquets péricycliques correspondant aux faisceaux primaires. Dans l'Æ. vepretorum et dans VE. cynan- choides, qui sont d’ailleurs très voisines, la réduction des fibres va encore plus loin. Totalement absentes dans l'£. cynan- choides, on en retrouve une ou deux seulement au-dessus du liber dans VÆ. vepretorum. L'on pourrait multiplier ces exem- ples de caractères transitoires. Qu'il nous suffise de constater que, si la section /ntisy S'isole franchement des Artlrothamnus et des Turucalli, 1 convient cependant de la ranger à côté de ce qui reste de ces anciens groupes. Quant à ces derniers, leur revi- sion soigneuse s'impose et il y aurait lieu de classer autrement les espèces qu'ils renferment en tenant mieux compte des affini- nités que l'anatomie rend manifestes. Les deux groupes Tiru- calli et Arthrothamnus, auxquels d’ailleurs Bentham donne seulement la valeur de sous-groupes réunis dans une même section Tirucallh, sont séparés par Boissier uniquement par le fait de la position relative des feuilles. Bien qu'il mette ces deux sections assez loin l’une de l'autre, c'est un caractère de faible importance et de difficile observation pour des plantes où les feuilles très réduites tombent de très bonne heure ou sont groupées en bouquets à l'extrémité des tiges quand elles persis- tent. Il y aurait donc lieu de rapprocher plus étroitement les Artlirothamnus et les Tirucalli de Boissier et de placer dans leur voisinage, mais à part, la sous-section /ntisy lelle que nous l'avons constituée plus haut. | Quant à la sous-section Lyciopsis, représentée par l'E. cu- neula, vien ne justifie sa réunion avec les A7throthamnus et les Tirucalli. Le port de la plante est celui d’un buisson épineux NOUVEAU GROUPE DU GENRE EUPHORBIA 307 et ligneux. Les feuilles abondantes et les épines rappellent le Prunus spinosa. Enfin l'anatomie est bien différente de celle des Int is : CHAPITRE IV Distribution géographique du groupe de lIntisy. Sa biologie. Nous n'insisterons pas davantage sur le groupe de l'/ntixy. Nous pensons avoir mis suffisamment en évidence son homo- généité et ses affinités avec les groupes voisins. Mais une der- nière question se pose qui doit être le complément naturel et la principale raison d'être de ces études de classification un peu détaillées: Quelle est la valeur taxonomique de ce groupement ? Comment s'est-il constitué? Les Euphorbes que nous rappro- chons sont-elles étroitement apparentées ou bien sont-ce des types d'origines diverses qu'une convergence de formes fait placer les uns à côté des autres ? L'étude de la distribution géographique et de la biologie de ce groupe nous donnera à ce sujet d'utiles indications. Les Euphorbes du groupe de l'Intisy sont toutes des espèces malgaches localisées dans le sud et le sud-ouest de Madagascar. Il ne peut yavoir de doutes que pour l'£. Tirucalli. Ballon la rattachait à Madagascar; M. Drake del Castillo pensait qu'elle était étran- gère à cette île. Boissier signale Zanzibar (1) comme lieu de pro- venance. On l’a récoltée dans l'Inde, mais elle y aurait été introduite, d'après Hamilton (2); aux Molluques et aux Philip- pines, il en serait de même. L'herbier du Muséum renferme des échantillons rapportés de l'Ile de France et des Comores, iles voisines de Madagascar. Rappelons enfin que lEuphorbe que nous avons provisoirement appelée £. Geayi pourrait bien n'être autre chose qu'une petite espèce d'£. Tirucalli. Toutes ces données nous conduisent à penser que l'Æ£. Tirucalli habite (1) Le Muséum possède dans ses serres de beaux échantillons de l'E. Tiru- calli qui ont été rapportés de Zanzibar par le Père Sacleux et dont il a bien voulu nous certifier l'origine. (2) V. Boissier, Prodrome. 308 J. COSTANTIN ET I. GALLAUD Madagascar. En tout cas, si vraiment elle est étrangère à l’île, c'est sur la côte orientale d'Afrique et dans les îles voisines qu'il faut aller chercher son habitat naturel. Nous voyons donc que le groupe que nous avons délimité dans la classification des Euphorbes est parfaitement délimité au point de vue géographique. La partie méridionale de Mada- gascar renferme tous les représentants du groupe à l'exception, peut-être, d'un seul qui vit sur la côte africaine. En dehors de ces régions aucun ne pousse ailleurs à l'état spontané. On est donc amené à penser que Madagascar est la patrie d’origine des Euphorbes de la sous-section /ntisy, où bien qu'elles y ont émigré à parlir du continent africain. À cet égard, l'étude de la distribution géographique des plan- tes des sections T'rucalli et Arthrothamnus, sections affines, comme nous l'avons vu, à celle de l'/ntisy, est pleine d'ensei- gnements. Les A7throthamnus que signale Boissier habitent toutes le Cap, sauf deux qu'on trouve dans l'Amérique centrale, et encore ces deux plantes (Æ. cassithoides et E. alata) ont un aspect et une anatomie assez différents des autres A7thro- thannus pour qu'on puisse douter de la légitimité de leur attribution à ce groupe. Parmi les Tirucalli une Euphorbe est chilienne (Æ. lactiflua), et encore est-elle très spéciale. Sur les 14 autres que décrit Boissier, 9 habitent aussi le Cap ou la côte orientale d'Afrique, 3 le sud de l'Arabie et de la Perse. L'ensemble des groupes apparentés des Arthrothamnus, des Tirucalli el des Pnlisy à done un habitat nettement africain ou malgache. Or il résulte de nombreuses constatations d'ordre botanique, zoologique et paléontologique que l’île de Mada- gascar n'a pas toujours été isolée du continent africain. Les derniers travaux de MM. Boule {({) et Guillaume Grandidier (2) ont montré que la séparation à eu lieu à une époque beaucoup plus récente qu'on ne l'avait pensé. Les affinités très .nom- breuses entre les Lémuriens actuels ou fossiles de Madagascar el ceux qui vivent ou qu'on a retrouvés en Afrique, la présence, |) Boule, Sur de nouveaux fossiles de la côte orientale de Madagascar (Bull. de la Soc. géol. de France, février 1904). 2) Guillaume Grandidier, Recherches sur les Lémuriens disparus (Thèse pour le doctorat, Paris, 1905). NOUVEAU GROUPE DU GENRE EUPHORBIA 309 à Madagascar, où ils ont aujourd’hui disparu, de l'Hippopotame et du Sanglier (1) ainsi que des oiseaux coureurs à facies éocène, prouvent que de larges communications ont persisté Jusqu'à la fin de l’oligocène entre l'Afrique et Madagascar et ont per- mis à la faune africaine de peupler l'ile malgache. Les plantes ont dû suivre le même chemin et les Euphorbes que nous étu- dions ont sans doute une semblable origine. Issues de types apparentés aux A7throthamnus et aux T'rucalli, réfugiés au- jourd'hui pour la plupart dans l'Afrique australe, elles ont di- vergé peu à peu du type primitif tout en gardant des traces de leur parenté avec les espèces restées continentales (2). L'habitat des Euphorbes du groupe de l/xtisy est si spécial qu'il à dû avoir une grande influence sur leur évolution. Les régions sud et sud-ouest de Madagascar sont, en eflet, consti- tuées par des plateaux très sees. D'après M. Geay, lpeuts y passer des périodes de trois années consécutives sans une seule goutte de pluie. Aussi l'ensemble de la flore à pris un aspect singulier et bien caractéristique. Ce qui domine dans le paysage ce sont les plantes à la fois buissonnantes et charnues. Les feuilles ont disparu ou bien sont très réduites et tombent de bonne heure. Les tiges sont charnues, vertes, rondes ou aplaties, affectant sur- tout la forme de cylindres aux ramifications nombreuses el enchevêtrées, munies souvent d’épines. C’est dans cette région qu'abondent les Didierea, plantes sisingulières qu'on alongtemps hésité pour les attribuer à une famille botanique. Mais ce qui y domine surtout ce sont les formes que nous avons décrites pour les Euphorbes et qui ont valu à ces régions le nom souvent employé de brousse à Intisy (Voy. PL 7, fig. 9). Ces conditions de vie sont si spéciales qu'il n’est pas dou- (4) Dans un travail récent (Revision des Buprestides de Madagascar, Dey- rolle, 1905), M. A. Théry montre par l'étude des Insectes et en particulier par celle des Buprestides que, dans le domaine de l'entomologie, c'est avec l'Afrique plutôt qu'avec l'Indo-Malaisie, que. Madagascar présente les plus grandes affinités. C'est aussi à la même conclusion qu'arrive M. F. son travail sur les Mousses de Madagascar (2) Il existe à Madagascar un autre groupe d'Euphorbes parfaitement homo- gène et à facies bien spécial aussi, qui diffère très nettement des Intisy, mais qui a peut-être la même origine. Ce sont les Goniostema qu'on trouve unique- ment à Madagascar et à l'ile Bourbon, d’après Boissier. Renauld, à la suite de 310 J. COSTANTIN ET I. GALLAUD teux qu'elles n'aient eu une grande influence sur l'évolution des plantes vers les formes singulières que nous constatons aujourd'hui. On retrouve d'ailleurs des adaptations tout à fait semblables dans des familles différentes des Euphorbiacées, commeles Apocynées etles Asclépiadées. Certaines Asclépradées, comme les Sarcostemma par exemple, ressemblentà S'Y mépren- dre (1) à quelques-unes des Euphorbes du groupe de l/rtisy. Les Euphorbiacées et les Asclépiadées sont deux familles qui n'ont pas beaucoup de points communs. Il faut donc voir dans ces convergences remarquables l’action de facteurs identiques agissant sur des plantes différentes placées dans un même milieu. (4) Nous avons eu l’occasion d'étudier cette année des Asclépiadées qui sont distribuées par plusieurs jardins botaniques sous les noms d’Euphorbia ripsa- loides et d'E. pendula. Leur ressemblance avec des Euphorbes, frappante dans l'aspect extérieur, se retrouve dans des détails anatomiques, comme la locali- sation des stomates dans des rainures longitudinales, la constitution et la dis- tribution des fibres et des laticifères. Il y a même lieu de se demander si l'E. pendula avec ses feuilles opposées réduites à des squamules triangulaires, telles que les décrit Boissier, qui n'avait pas vu les fleurs, n'est pas une As- clépiadée classée par erreur parmi les Euphorbiacées. Nous aurons d’ailleurs bientôt l'occasion de revenir d'une facon plus étendue sur cette convergence remarquable entre les Asclépiadées et les Euphorbes du groupe Intisy. Note ajoutée pendant l'impression. — Grâce à l'obligeance de M. le Professeur Granel, nous avons eu communication, au cours de l'impression de ce travail, d'un exemplaire de l'E. æylophylloides A. Brongn. Cette plante, que Boissier considère avec doute comme une Euphorbe, se range bien réellement dans ce genre, ainsi que l'avait déjà reconnu Gaucher (loc. cit.). Elle appartient in- contestablement à la sous-section Intisy et habite Madagascar. À cause de la forme aplatie de ses rameaux, de ses stomates à fente transversale, de ses libres isolées, présentes à la fois dans l'écorce et dans la moelle, elle se place très nettement au voisinage immédiat de l'E. enterophora. EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE VI Fig. 1. — Port de l'Euphorbia Laro (à gauche) et de l'Euphorbia Intisy jeune (à droite, dans la main de la femme malgache). Fig. 2. — £Euphorbin Laro femelle. Fig. 3. — Euphorbia Laro. Branches fructifères montrant le mode de ramifica- tion des rameaux qui partent tous à peu près du même point. Fig. 4. — Euphorbia Laro. Portion de tige montrant les cannelures longitudi- nales où sont logés les stomates. Fig. 5. — Euphorbia Laro femelle. Rameau portant des fruits et des feuilles. Les ramifications terminales, qui ont des feuilles, finissent assez brusque- ment en pointe. Fig. 6. — Euphorbia Laro. Jeune plantule venue de graine dans les serres du Muséum. A la base,'les deux cotylédons ; au-dessus, se voient les feuilles alternes qui, en serre, prennent un plus grand développement que dans la nature. Fig. 7. — Euphorbia Geayi. Extrémité d'une branche montrant le mode de ramification de la plante. Les rameaux terminaux qui ont des feuilles finis- sent en une pointe allongée. Fig. 8. — Euphorbia Tirucalli. Jeune plante provenant de Zanzibar et cultivée dans les serres du Muséum. Fig. 9. — Euphorbia cirsioiles. Rameaux à épines très effilées et à ailes réduites. Fig. 10. — Euphorbia cirsioides. Plante entière, munie d'épines moins longues et d'ailes plus larges que la précédente et montrant le grend développe- ment des racines. PLANCHE VII Fig. 4. — Euphorbia cirsioides. Portion de rameau représenté en crandeur naturelle. Fig. 2. — Euphorbia Decorsei. Extrémité d’une branche fructifère. A droite et à gauche, fruits trigones montrant la petite collerette de la base. Fig. 3 et 4. — Euphorbia enterophora. Rameaux aplatis portant des fleurs à leur extrémité. Fig. 5. — Euphorbia stenoclada. Échantillon montrant le mode de ramilication des branches qui se terminent en épines caulinaires. Fig. 6. — Euphorbia leucodentron. Extrémité de deux rameaux, l'un fructifère, l'autre stérile et portant des feuilles très réduites. de Fig. 7 et 8. — Euphorbiu oncoclada. Extrémités de rameaux florifères montrant les étranglements caractéristiques. | Fig. 9. — Un coin de la brousse à Intisy. De grands Didierea dominent des amas de buissons touffus formés par l'enchevêtrement de nombreux rameaux €y- lindriques, charnus et dépourvus de feuilles. E 2: 24 EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE VIII LETTRES COMMUNES A TOUTES LES FIGURES : ep, épiderme. f.», fibres péricycliques. hyp, hypoderme. l, laticifère. ch.s.st, chambre sous-stomatique. lib, liber. s, liège. b, bois. f, fibre. | m, moelle, Toutes les figures ont été dessinées à la chambre claire. Dans les figures demi-schématiques le tissu parenchymateux de l'écorce et de la moelle n'a pas été représenté. Fig. 1. — Euphorbia Intisy. Coupe transversale semi-schématique montrant les proportions relatives du bois, de l'écorce et de la moelle et la distribution des fibres et des laticifères. Fig. 2. — Euphorbia Intisy. Coupe transversale au travers d'un stomate mon- trant sous l'épiderme à cellules peu saillantes et sous l'hypoderme le tissu palissadique de la tige. Fig. 3. — Euphorbia Intisy. Coupe transversale de la tige montrant la struc- ture des fibres et leur groupement en paquets autour du cylindre central dans la région profonde de l'écorce. Fig. 4. — Euphorbia Laro. Coupe transversale semi-schématique de la tige montrant la disposition des stomates au fond de cannelures, la réduction du tissu libéroligueux et la distribution des fibres et des laticifères. Fig. 5. — Eupñortia Tirucalli. Coupe transversale d’un stomate au fond d’une cannelure de la tige. Fig. 6. — Euphorbia Tirucalli. Portion d'une coupe transversale semi-schéma- tique de la tige. Fig. 7. — Euphorbia stenoclada. Coupe transversale d'un stomate formé de deux petites cellules enchäâssées dans deux cellules annexes. Cellules épi- dermiques papilleuses. Fig. 8. — Euphorbia stenoclada. Coupe transversale semi-schématique de la tige montrant la réduction du tissu libéroligneux et l'abondance des fibres isolées, développées même dans la moelle. Fig, 9, — Euphorbia Alluaudi. Portion d'une coupe transversale semi-schéma- tique d'une tige ayant 1 centimètre et demi de diamètre. Il n°y a pas encore de formations secondaires. Les laticifères et les fibres sont localisés dans la région profonde de l'écorce ; dans la moelle très développée les fibres ont pour la plupart une direction oblique. Fig. 10. — Euphorbia leucodendron. Portion d’une coupe transversale d'une tige montrant le mode de cloisonnement des cellules épidermiques et l'hy- poderme dédoublé. Fig. 11. — Euphorbia Schimperi. Coupe transversale semi-schématique de tige. Les fibres sont toutes groupées en paquets péricycliques. Fig. 42. — Euphorbia plagiantha. Coupe transversale semi-schématique de tige. Formation de liège épidermique. Les fibres sont toutes groupées en paquets péricycliques. SUR LES MYCOCÉCIDIES D'E'S GYMNOSPORANGIUM Par L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE Dans une précédente note, j'ai étudié les déformations que produisent sur les arbres du groupe des Pomacées les /ws- telia (1), qui sont les formes à spermogonies et à cécidies des Champignons du genre Gymnosporangium, et je suis arrivé à tirer quelques conclusions générales sur l’action de ces cham- pignons sur leurs hôtes. Il en est résulté, en effet, ce fait que les diverses espèces étudiées, bien que se développant sur des hôtes différents (appartenant, il est vrai, au même groupe), arrivent à produire des déformations avant certainscaractères communs, bien que les détails secondaires puissent parfois différer. Le fait le plus frappant qui s’est dégagé de cette étude est le retard et même l'arrêt de la différenciation ap- porté dans les tissus de l'hôte par le mycélium parasite, arrêt qui maintient la plupart des cellules plus près de leur forme originelle, par conséquent embryonnaire, plus près de la forme parenchymateuse pure. Cette parenchymatisation des tissus, accompagnée ordinairement d'hypertrophie, est, on le sait, un des caractères principaux et le plus frappant peut- être des organes végétaux atteints de sbérisation, el j'avais fait remarquer l’analogie qui existe entre les mycocécidies des Restelia et les tubercules en général. Les recherches de divers (4) Sur les mycocécidies des Ræstelia Rev. gén. de Bot., t. X, 1898, p. 225 314 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE auteurs, en particulier de M. Noël Bernard (1), tendent à démontrer qu'un grand nombre de tubercules, sinon tous, ont un point de départ fongique et sont le résultat d'une symbiose. Les mycocécidies des Ææsteliu sont donc une sorte d'épisode particulier du phénomène général de la tubéri- sation. Mais si les formes fongiques classées autrefois dans le genre /?æstelia, el qui ne sont en réalité que des cécidies de Gymnosporangium, produisent des cécidies obéissant à cer- taines lois, on pouvait se demander siles cécidies des Gymno- sporangium eux-mêmes, se développant sur des hôtes, les Genévriers, appartenant à un groupe tout à fait différent des Pomacées, au point de vue systématique, avaient la même manière d'agir et obéissaient aux mêmes lois. C’est à la solution de cette question que je me suis attaché dans le présent travail. J'y ai étudié l’action du G.clavariæ forme etdu (x. juniperinum, deux espèces bien différentes l’une de l’autre, qui cependant ont un hôte commun, le Genévrier (Juniperus communs) . / I. — CÉCIDIES DU GYMNOSPORANGIUM CLA VA- RLÆFORME. Le G. clavariæforme est la forme téleutosporifère du Ææs- telix lacerata. Ce dernier est une forme écidienne qui se développe sur l'Aubépine (Cratæqgus Oxyacantha) et y produit des cécidies remarquables sur les tiges, les feuilles et les fruits, mais ces cécidies n’ont qu'une existence éphémère. Elles se développent sur les organes jeunes, en voie de crois- sance, puis, lorsque le Champignon a émis ses écidiospores, le mycélium périt et la cécidie disparaît à sa suite. Le /ws- telia lacerata ainsi que ses congénères, est donc annuel et monocarpique. Les écidiospores transportées par le vent sur les Genévriers (Juniperus communis) germent sur les parties jeunes des tiges non encore munies de périderme. Le mycé- um s’installe dans l’intérieur des tissus, y produit les cécidies (1) Études sur la tubérisation (Rev. gén. de Bot., &. XIV, 1902, p. 5). SUR LES MYCGOCÉCIDIES DES GYMNOSPORANGIUM 319 remarquables que je vais étudier plus loin, et aboutit à la formation des téleutospores Gymnosporangium clavariæ forme. Il est à remarquer toutefois que le mycélium, contrairement à celui du ARæstelia, est vivace et qu'il produit des spores pen- dant une série plus ou moins longue d'années: il est donc en même temps polyvcarpique. La maturation des écidiospores a lieu, sous le climat cham- penois, à la fin de mai ou au commencement de juin. Il est vraisemblable d'admettre que la contamination du Genévrier se fait vers cette époque ; mais je n’ai point de fait précis à apporter à ce sujet. Toutefois il est remarquable que la maturation des téleutospores du Gymnosporanqgium n'a lieu qu'au printemps. À la fin d'avril ou au commencement de mai, dans les années tardives, on voit apparaître des expan- sions gélatineuses, jaunes, en forme de cornes simples ou ramifiées, qui couvrent la surface des cécidies ; l'aspect rappelle bien celui d’une petite Clavaire (ou mieux d’un Calocera), ce qui à valu au champignon son nom spécifique. Ces sporanges en corne percent le liège qui couvre la cécidie d'un tissu protecteur, puis un peu plus tard, lorsqu'ils tombent, il se forme à la place une nouvelle couche de liège qui obture l'ouverture produite par le sporange, et l’on voit toujours une cécidie âgée couverte depetites plaques arrondies ou ovales dont chacune correspond à la place d’un sporange tombé. Chaque sporange est formé par un ensemble de téleu- tospores assez semblables à celles que forment les Puc- cinies. La tête est en effet bicellulaire ; mais le pédoncule est très long, et il gélifie la portion externe de sa membrane, ce qui donne au sporange entier sa consistance gélatineuse. Les téleutospores germent directement sur le sporange, car elles ne sont pas caduques. Par leur développement printanier et leur germination immédiate ces spores forment contraste avec un grand nombre de téleutospores d’Urédinées qui s'étant formées en automne passent l'hiver et ne germent qu'au prin- temps suivant. Les sporidies produites ainsi à la fin d'avril ou au commen- 316 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE cement de mai peuvent contaminer à leur tour les jeunes pousses ou les fleurs de l’Aubépine qui sont alors en voie de développement. Connaissant dans ses grandes lignes le cycle évolutif de ce champignon, nous pouvons aborber maintenant l'étude des cécidies qu'il produit. 4. — CÉCIDIES DE LA TIGE. Morphologie externe. — Je n'ai pas pu observer de rameau jeune attaqué par le début du mycélium. Cependant j'ai pu profiter d’une circonstance particulière qui m'a permis d'étudier de jeunes rameaux infectés. Sur les cécidies d'un certain âge il se développe assez souvent des rameaux latéraux. Ces organes se forment quelquefois en très grand nombre sur un espace restreint, de sorte que la cécidie devient le support d’une sorte de buisson analogue aux balais de sorcières des Pins et des Sapins. Mais ce fait n’est pas constant, 1] s'en faut. Parmi ces rameaux beaucoup sont indemnes ou ne montrent de mycélium que tout à fait à leur base qui est alors renflée et cécidiforme, mais l’excroissance ne s'étend Jamais bien loin (à 1 ou 2 centimètres au plus de la base) et le sommet s’affranchit bientôt du champignon. Ces rameaux peuvent avoir une vie assez longue ; cependant, comme on trouve fréquemment des balais de sorcières où tous les élé- ments sont morts, on est en droit de supposer que le Champi- gnon finit par épuiser le Genévrier et le tuer. Les cécidies des tiges du Genévrier sont de taille et de forme extrêmement variable parce que leur âge est aussi très différent. Tandis qu'on en observe qui ont à peine la taille d'un pois, d’autres peuvent atteindre 15 à 20 centimètres de ,ongueur, sur 7 à 8 centimètres de largeur. D'ailleurs le rapport du diamètre à la longueur est très variable. Certaines sont courtes et grosses, presque globuleuses, d’autres sont longues et peu épaisses, elles sont alors fusiformes. En géné- ral le renflement se produit sur tout le tour de la tige, à peu SUR LES MYCOCÉCIDIES DES GYMNOSPORANGIUM SITE près uniformément, mais il arrive quelquefois de rencontrer des cécidies plus ou moins excentriques et presque latérales. Les cécidies du Gymnosporanqium ne produisent généra- lement pas de courbures sensibles des organes attaqués, même quand elles se développent latéralement, tandis que celles du Ræstelia amènent presque toujours une courbure très nette des organes attaqués. Il est vrai que le développement de ce dernier Champignon est excessivement rapide, tandis que celui du Gymnosporangium est beaucoup plus lent, de sorte que les différents tissus de l'hôte peuvent beaucoup mieux régula- riser leur croissance et se modeler les uns sur les autres. Morphologie interne. — Nous passerons en revue les diffé- rents tissus des rameaux jeunes et âgés, en comparant pour chacun d'eux le développement normal, et celui qui a lieu en présence du Champignon. A. — Épiderme. Sur les rameaux jeunes et normaux (PI. IX, fig. 1) on constate que l’épiderme est formé d’une seule assise de cellules. Dans la paroi externe qui est épaisse, on peut distinguer trois lames : l'extérieure souventplus développée, jaunâtre ou même jaune d'or sur le frais, constitue la cuticule. Celle-ci ne fixe pas le vert d’iode, mais se colore fort bien en rouge par le soudan III et se montre par là même comme formée de cutine. La zone moyenne au contraire fixe le vert d'iode, et se colore mal par le Soudan III, ce sont les couches cuticulaires. La zone interne en continuité directe avec les parois radiales et internes des cellules de l’épiderme se colore en rouge par le carmin aluné, et ne présente que les réactions ordinaires des parois cellulosiques et pectosiques; elle est par conséquent complè- tement dépourvue de cutine. L'épiderme d’un rameau contaminé (PL. IX, fig. 2, ep) naissant sur la cécidie présente à peu près les mêmes caractères que l’'épiderme normal, et la présence du champignon ne paraît pas avoir d'influence notable sur le développement de cette couche protectrice; tout au plus constate-t-on dans certains 318 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE cas que les cellules sont un peu plus étroites dans le sens tangentiel, ainsi que le fait voir la figure 2 de la planche IX, mais cette modification n’est pas constante. B. — Æcorce. La coupe transversale d’un rameau normal de Genévrier encore Jeune est triangulaire (fig. 1) et cette disposition affecte surtout l'écorce, car le cylindre central montre un contour circulaire. Chacun des sommets du triangle est occupé par un gros canal sécréteur dont il sera question plus loin. Une légère encoche marque le mi- lieu de chaque face et corres- pond à une faible rainure visi- ble à l'extérieur. Dans l'écorce on peut distin- guer quatre régions différentes: A l'extérieur se trouve un hypoderme assez variable, dont les cellules, disposées ordi- nairement sur un seul rang, ont, tantôt des parois assez minces, colorées fortement en rouge par le carmin aluné ; dans ce cas elles sont à peu près semblables aux cellules sous-jacentes de l'écorce. Tantôt au contraire les cellules de l’hypoderme ont des parois plus épaissies, mais alors à peine colorées par le carmin aluné (rose pâle) (PI IX, fig. 1, 2p). Dans ce cas elles ont l'aspect de fibres non lignifiées. Les deux sortes de cellules paraissent distribuées sans ordre, toutefois les pseudo-fibres sont plutôt localisées sur les trois faces de la tige qu'aux angles. L'écorce se continue ensuite par une ou deux assises de cellules à parois un peu épaissies et collenchymateuses, inti- mement unies et ne laissant entre elles que de petits méats triangulaires. Au niveau des angles de la tige cette assise s'épaissit en multipliant ses éléments et c’est dans son sein que se différencie le gros canal sécréteur oléo-résineux. Celui-ci est entouré d’une rangée de cellules sécrétrices à SUR LES MYCOCÉCIDIES DES GYMNOSPORANGIUM 319 parois minces, bordées à leur extérieur par une assise de cellules à parois également minces mais subéréfiées, qui forment comme une gaine protectrice au canal sécréteur. La subérification se fait d’une façon irrégulière dans le cours de la première année; elle envahit parfois Les cellules hypo- dermiques adjacentes (qui toujours dans ce cas ont des parois minces). Dans d’autres cas elle manque sur une étendue plus ou moins grande. La seconde année, lasubérification s'accentue, elle envahit tous les tissus entourant le canal sécréteur et les cellules sécrétrices elles-mêmes. A cette époque, le canal sécréteur est sur le point d'être éliminé avec les tissus voisins, par le périderme. La troisième zone de l'écorce est plus épaissie que les précé- dentes, elle est constituée par de grandes cellules chlorophyl- liennes irrégulières auxquelles s’intercalent de grandes lacunes provenant soit de méats agrandis, soit de cellules partiellement détruites, le tout simulant assez bien le tissu lacuneux d’une feuille normale. Ces cellules sont divisées en trois groupes, parce que la deuxième zone, au niveau du milieu des faces, envoie une ou deux rangées de ses cellules rejoindre la qua- trième zone (fig. 1). Enfin, la quatrième zone est constituée par l’endoderme, à cel- lules ovales, un peu aplaties dans le sens radial, à parois un peu épaissies et dont les cadres d’épaississement sont peu visibles. L'endoderme est souvent doublé à l'extérieur d’une assise de cellules qui ont la même forme, mais sans cadres, et qui peuvent aussi bien se rattacher à la zone précédente. Dans un jeune rameau contaminé, tel que celui dont la coupe est schématisée à la figure 3, et quiest tout à fait compa- rable au rameaude la figure 1 pour l’âge etle développement,on voit, par la seule comparaison des figures, que lhyper- trophie est considérable, et l'écorce prend une part impor- tante à cette hypertrophie. Je vais passer en revue chaque région d’une manière détaillée. 320 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE On constate d’abord des modifications importantes de l'hy- poderme. Nulle part on ne trouve de pseudo-fibres déve- loppées à la façon normale (PL IX, fig. 2 p). Les cellules sont plus grandes et surtout plus dévéloppées dans le sens tangentiel qu'à l’état normal; les parois peu épaisses sont colorées en rouge par le carmin aluné. Cependant dans certaines cellules on peut observer une mince lame interne colorée très faiblement en vert par le vert d'iode, et qui se rencontre comme lignifiée. Ce fait est assez important : il montre que l’hypoderme qui, à l’état normal, n'est ni subérifié, ni lignifié, et qui ne joue par conséquent qu'un rôle protecteur assez secondaire, peut, sous l'influence du champignon, subir un commencement de modification qui le rend plus apte au rôle de protection. La deuxième zone de l'écorce perd une grande partie de sa disposition régulière (PI. IX, fig. 2, c/), sauf au voisinage des canaux sécréteurs. La forme des cellules reste à peu près la même, mais leur taille grandit jusqu’à atteindre le double et le triple de la taille normale, et parfois, dans les plus grandes cellules on voit intervenir des cloisonnements tangentiels comme dansle parenchymesous-jacent; enfin les parois restent minces. Somme toute, dans cette zone où, à l’état normal, il y a une tendance à la forme collenchymateuse, l’action d’un para- site à pour effet de maintenir les tissus plus près de la forme parenchymateuse, c'est-à-dire dans un état de moindre diffé- rencialion, accompagné d'hypertrophie. Quant aux canaux résineux, leur sort est variable. Dans cer- tains rameaux j'ai pu observer qu'ils n'avaient pas subi de modification appréciable ; toutefois la saillie qu'ils font aux angles de la tige est moins sensible (fig. 3) parce que, à la suite de l’hypertrophie générale de l'écorce, le rameau tend à passer de la forme triangulaire nette à la forme cylindrique. Dans d’autres rameaux les canaux sécréteurs ont subi un arrêt de développement; les cellules sécrétrices restent à l’état de méristème plus ou moins avancé, et le méat central est souvent à peine indiqué. La subérification de l’assise protectrice se fait plus irrégulière et moins abondante, et l’on constate encore ici un retard dans le développement et unstade plus rapproché de l'étatembryonnaire. SUR LES MYCOCÉCIDIES DES GYMNOSPORANGIUM 321 La troisième zone de l'écorce, la zone parenchymateuse pro- prement dite, présente le maximum de l’hypertrophie (PI. IX, fig. 3, er). Certaines cellules v atteignent une taille considé- rable, tout en gardant leurs parois minceset celluloso-pectosi- ques. La forme d’ailleurs en est très irrégulière. Plusieurs prennent des cloisons tangentielles. D’autres cellules plus petites sontentremêlées aux précédentes, surtout vers la partie interne, au voisinage de l’endoderme. Elles correspondent vraisemblablement à la rangée extra-endodermique signalée plus haut ; mais comme tout ici est dans le désordre le plus extrême, il devient très difficile d’assigner une origine et une valeur exacte à certains éléments. On remarque encore ceci que les espèces de cloisons cellulaires qui marquaient à l’état normal le milieu des faces dela tige sont à peu près disparues, ou tout au moins à leur place on ne trouve que quelques cel- lules arrondies dispersées sans aucun ordre appréciable. Enfin on remarquera que les cellules de la troisième zone, qui ont à l’état normal une tendance à disparaître pour faire place à des lacunes irréguliers (/, PI. IX, fig. 4), persistent dans le rameau ANN. SC. NAT. BOT., 9e série. nn, 21 322 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE cécidié en se gorgeant de substances de réserves (ec et cellules voisines (PI. XI, fig. 3). Quant à l’endoderme, il perdtout caractère spécial, et il cesse tout à fait d'être distinct. Les cellules n’affectent plus la dispo- sition en rangée tangentielle régulière et elles évoluent vers la forme parenchymateuse de l’assise précédente et dèslors il n°y a plus de limite nette séparant l'écorce du cylindre central (PAIX is 370) C. — Périderme. L'assise subéro-phellodermique, chez le Genévrier, ne se forme pas dans le courant de la premièreannée, au moinsdans les rameaux principaux et dans l'axe. C'est au cours de la deuxième année qu'elle apparaît, et elle débute profondément, au voisinage de l’endoderne, de sorte que lécorce est éliminée d’un seul coup. J'ai fait voir que chezles Cratæqus attaqués par les Aestelia le périderme pouvait être supprimé complètement. Mais cette suppression, qui n'a dans ce cas aucun inconvénient puisque la cécidie estessentiellement passagère et n’atteint pas l'hiver, pourrail, chez le Genévrier, dont la cécidie est vivace, laisser sans protection les organes de l'hôte les plus nécessaires à la vie du Champignon. Aussi n'a-t-elle pas lieu, et j'ai pu cons- tater chez des rameaux contaminés, nés latéralement sur une cécidie, que la formation du périderme avait lieu à la même époque que sur les rameaux normaux, c’est-à-dire dans le courant de la deuxième année. I se forme ensuite des péridermes successifs, à mesure que les plus anciens se stérilisent et cessent de fonctionner. Les choses se passent donc pour les divers péridermes à fa façon normale, au moins pour les tout premiers. Maisoutreces péridermes généraux, il y a de petits péridermes particuliers de cicatrisation qui se produisent au niveau des points d'émer- gence des sporanges. Ceux-ci, en efet, au moment où ils se développent, percent en maints endroits le périderme qui les recouvre; arrivés à maturité, ils tombent en se désarti- culant à la base et en laissant une surface nue, de forme ovale, recouverte seulement au début par la base des filaments téleu- SUR LES MYCOCÉCIDIES DES GYMNOSPORANGIUM 323 tosporifères, qui, serrésles uns contre les autres, forment une assise continue, assez semblable à un hyménium. Cette assise peut pendant un certain temps servir de couche protectrice et masquer la plaie laissée béante par la chute du sporange. Mais cette protection serait insuffisante pour la cécidie, et on ne tarde pas à voir les cellules du liber secondaires situées immédiatement au-dessous de la cicatrice, subérifier leurs parois sans modifier leur forme. Généralement plusieurs assi- ses prennent part à la constitution de cette sorte de bouchon qui devient lenticulaire, et qui par la suite, au moment de la mortification des tissus externes, consécutive à la formation de périderme nouveau, tombera sous forme de croûte lenti- culaire (fig. #, c). Mais ce tissu de cicatrisation n’est pas le seul qui se forme. Ordinairement les assises les plus extérieures de celluleslibé- riennes secondaires qui sont en contact avec les cellules subé- rifiées les plus internes, se mettent à sediviser et constituent un petit périderme partiel, qui sur les bords de la plaie se met en rapport avecle périderme général, et achève la cicatri- sation. Comme dans la région de la cécidie où naissent les sporanges ceux-ci sont très serrés les uns contre les autres, il en résulte que le périderme total est presque entièrement composé de ces péridermes partiels, le tout est éliminé pour la plusgrande partie l’année suivante, par Le fait des nouveaux péridermes partiels qui naissent sous les cicatrices causées par la chute des nouveaux sporanges. D. — Péricycle et liber primaire. Le péricyele du Genévrier est loin d'atteindre la compli- cation que présentent certains péricveles d'arbres Dicotylé- 324 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE dones, en particulier de celui des Cratæqus. reste parenchy- mateux, et ses cellules à l’état normal subissent quelques cloisonnements peu nombreux. Dans la jeune cécidie on constate qu'à l'endroit où devrait se trouver le péricycele, il n’y a qu'un parenchyme uniforme qui ne se distingue pas de celui qu'on peut attribuer à la zone interne de l'écorce et à l’endoderme. Toutes ces régions ont subi les mêmes modifications, et sont occupées par des paren- chymes à réserves nutrives (PL IX, fig. 3, pr). Les mêmes remarques s'appliquent au liber primaire qui ne se distingue plus des tissus précédents. E. — Liber secondaire. L'ensemble des formations du liber secondaire du Genévrier constitue un anneau complet autour du bois. Cet anneau est divisé en un certain nombre de tranches radiales ou de com- partiments par les rayons médullaires qui sont la continuation exacte de ceux du bois secondaire. Chacun des rayons du liber secondaire est constitué par une seule rangée de cellules, à parois minces, non lignifiées et allongées dans le sens radial (PI. X, fig. 1, 7"). Sur les coupes tangentielles, on peut constater que le nombre des cellules superposées consti- tuant chaque rayon, n'est jamais bien grand: il varie en général de 3 à 10, et dépasse rarement ce dernier cnifire ; il se maintient de préférence aux environs de # à 6 (PI X, fig. 3, rm). Le contour des cellules est arrondi, de sorte que l'ensemble de la cellule se rapproche assez bien d’un cylindre plus ou moins régulier. La distance tangentielle entre deux rayons médullaires voisins, observés sur la coupe transversale, ou, si l’on veut, la largeur des compartiments du liber, est essentiellement variable ; mais elle est toujours assez notable et comprend généralement six à dix rangées radiales d'éléments libériens, de sorte que les compartiments ou faisceaux peuvent être considérés comme assez larges (PI X, fig. 1, où le faisceau possède huit rangées radiales). Dans chaque faisceau les éléments sont disposés avec une régularité remarquable, quasi-géométrique. Ce qui frappe SUR LES MVCOCÉCIDIES DES GYMNOSPORANGIUM 329 d'abord dans l'examen d’une coupe transversale, ce sont les fibres à section rectangulaire, à parois épaissies à peu près régulièrement et lignifiées. Lorsqu'elles sont âgées, leurs faces tangentielles sont souvent un peu concaves, et leur cavité se réduit quelquefois au point de ne plus former qu’une fente. Ces éléments de soutien forment des rangées concen- iriques, interrompues seulement au niveau des rayons médullaires. Les cercles qu'ils forment sont équidistants, car ils sont séparés par trois rangées concentriques de cellules, la médiane formée de parenchyme, les deux autres constituées uniquement par des tubes criblés. Toutes ces cellules ont une section transversale rectangulaire, et sont à peu près égales entre elles dans le jeune âge; mais dans les portions plus âgées du liber, on voit que les cellules parenchymateuses prennent un contour arrondi en écrasant contre les fibres adjacentes les deux tubes criblés qui les bordent en dedans et en dehors (PI. X, fig. 1, cpetfc). Sur les coupes radiales on voit que les cellules du parenchyme libérien sont peu allongées, et terminées brusquement par des cloisons perpendiculaires à leur grand axe (PI. X, fig.2, cp). Les tubes criblés, {c, sont plus allongés et terminés ordinairement par des cloisons obliques (PI. X, fig. 3, coupe tangentielle). Dans la cécidie la région du liber secondaire présente les mêmes éléments que dans la tige normale, mais il intervient d'importantes modifications dans leur nombre, leur taille, leur forme et leur disposition. Si d’abord l’on compare l'épaisseur du liber normal et celle du liber dans la cécidie, on constate que ce dernier, toutes choses égales d’ailleurs, est beaucoup plus épais. On peut déjà s’en rendre compte pour les rameaux encore jeunes, par la comparaison des figures { et 3 (dans le texte) où le liber est représenté en /s, les deux rameaux figurés étant comparables. D'autre part, en comparant le liber de la tige au-dessus et au- dessous de la cécidie, à celui de cette dernière région, on voit que l’hypertrophie est considérable et forme une bonne partie de l’excroissance produite par le champignon, et comme le bois est épaissi également à ce niveau, le cercle libérien s'agrandit d'autant. 396 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE Si nous passons maintenant à l'analyse des tissus, nous voyons que les rayons médullaires sont formés de cellules beaucoup plus larges (deux à trois fois), souvent plus longues, à contours plus irréguliers et comme boursouflées, surtout dans les portions âgées. Dans la région jeune, au voisinage du cambium, la régularité des cellules est beaucoup plus grande. Il arrive fréquemment que les rayons médullaires présentent deux rangées de cellules au lieu d’une, ce qui contribue à les élargir fortement. Mais ce qui est surtout frappant, c'est leur multiplication inusitée. En effet, tandis que dans le liber normal il n’est pas rare de voir jusqu'à dix rangées radiales d'éléments, situées côte à côte sans présenter de rayons médul- laires, au niveau de la cécidie, il y a au plus trois ou quatre rangées de cellules entre deux rayons, et plus souvent il n'y en à qu'une ou deux (PL. X, fig. 4 et 7, rm). Non seulement les rayons médullaires sont plus nombreux et plus larges, mais ils sont encore beaucoup plus hauts, et on y compte souvent de vingt-cinq à cinquante cellules superposées, et même davantage dans certains cas (PL X, fig. 6). On peut estimer approximalivement que dans ces conditions, les rayons médullaires forment le tiers ou presque la moitié du volume total du liber, tandis que dans la structure normale, on peut admettre qu'ils en forment à peine le sixième. Sur les coupes tangentielles et radiales, on voit aussi que le contour des cellules des rayons médullaires est moins régulièrement arrondi, que le diamètre des cellules est très inégal et qu’il y a souvent des vides entre elles, occupés par les filaments du mycélium. | Les rayons médullaires dans le liber ont pour rôle principal de faciliter la circulation dans le sens radial. Dans le cas du Genévrier, où la présence des rangées régulières et continues d'éléments de soutien fibreux, aussi peu conducteurs que possible, vient diviser le Liber en cercles concentriques isolés les uns des autres, l'existence des rayons médullaires est rendue plus indispensable que dans tout autre cas, pour établir des communications rapides et faciles entre les diverses régions formées de cellules vivantes. Mais leur multiplication inusitée dans le liber de la cécidie ne s’expliquerait pas 1 SUR LES MYCOCÉCIDIES DES GYMNOSPORANGIUM 32 suffisamment par cette seule nécessité. 11 y a là une autre raison : c'est qu’en effet les cellules des rayons médullaires restent voisines de l’état parenchymateux simple et présentent une différenciation moins avancée que les fibres et les tubes criblés. Elles peuvent emmagasiner d’abondantes réserves, et comme elles sont voisines du champignon qui est toujours plus spécialement localisé dans le liber secondaire, elles peuvent par le fait même lui fournir une bonne réserve d’ali- ments. Leur multiplication rentre donc dans le cas général de l'hypertrophie des parenchymes que l'on constate à chaque pas dans l'étude des cécidies. Les autres éléments du liber, au niveau de la cécidie, sont loin d’avoir conservé le bel ordre en séries radiales et concentriques qui caractérise l’état normal, chez le Gené- vrier et les autres Cupressinées. Encore assez régulière- _ment rangés au voisinage du cambium, ils ne tardent pas, à mesure qu'ils s’en éloignent, à présenter le désordre le plus complet (Comparer, dans la planche X, les fig. 4 et 7 à la fig. 1). Quelques fibres peuvent se montrer aplaties de différentes façons ; mais dans un grand nombre de cas elles conservent leur contour quadrangulaire. Cependant ces contours sont souvent irréguliers, et les côtés ne sont pas rectilignes. La coupe transversale est carrée ou rectangulaire, et dans ce dernier casles grands côtés sont dirigés dans le senstangentiel, comme dans le liber normal, ou bien ils sont disposés dans le sens radial. Le diamètre est un peu plus développé que dans le liber normal, mais leur longueur m'a paru être la même dans les deux cas. Toutefois leur course longitudinale est plus sinueuse dans la cécidie, tandis qu’elle est presque rectiligne à l'état normal (PI. X, fig. 8 j). L’atrophie ou la transformation des fibres libériennes en parenchyme n’est pas fréquente ; elle serait facile à consta- ter par suite de l'alternance régulière des cellules consti- tutives du liber. On observe càaet là l'absence d'une fibre, comme par exemple en x (PI. X, fig. 7), mais on n'assiste pas à cette modification complète du tissu de soutien si frappante dans les cécidies des Ræstelia, chez les Cratægus. La pérennité 328 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE de la cécidie du Gymnosporangium est sans doute la raison qui exige le maintien du selérenchyme. Les tubes criblés et les cellules parenchymateuses du liber sont ici encore disposés par groupes radiaux de trois, la cellule parenchymateuse occupant le milieu. Mais à très peu de distance du cambium, et beaucoup plus tôt que dans le liber normal, on voit cette dernière prédominer comme taille sur les tubes voisins. Plus on approche de la périphérie, plus cette inégalité s'accentue, en même temps que les points d'adhérence entre les éléments diminuent de largeur et que les espaces intercellulaires augmentent pour logerles filaments mycéliens qui deviennent de plus en plus nombreux. D'autre part, la taille absolue des éléments augmente considérablement, surtout celle des cellules du parenchvme, ainsi qu'on peuts’en rendre compte par la figures (PI. X).Il est vraique la longueurn’augmente pas danslesmêmes proportions que la largeur, parce qu'il intervient des eloisonnements transversaux qui multiplient le nombre des cellules. On à donc encore iciune hvpertrophie considérable du parenchyme qui s'ajoute à celle des rayons médullaires. EF. — Cambium. Lorsqu'on pratique des coupes transversales dans des tiges normales recueillies en hiver, par conséquent au moment du repos de la végétation et de l'arrêt des cloisonnements, on constate que la ligne de séparation du bois et du liber secon- daires est une courbe très régulière. Il n’en est pas de mêmeauniveau de la cécidie prise à la même époque. La ligne de séparation des deuxrégions vestau contraire très irrégulière et comme brisée ; il y a des sortes d’encoches de tissus non lignifiés alternant avec des trachéides bien développées. Ici encore la présence du champignon amène le désordre dans la formation des éléments (PI. X, fig. 9) qui ne se différencient pas tous simultanément sur un même cercle. Certains paraissent subir un retard marquésurtout dans l’épais- sissementet la Hignification des parois. SUR LES MYCOCÉCIDIES DES GYMNOSPORANGIUM 329 G. — Bois secondaire. On sait que, d’une façon très générale, l’ensemble du bois secondaire constitue un cylindre dont le diamètre augmente avec l’âge de la tige par suite de la formation de couches annuelles constituées chacune par du bois de printemps et du bois d'automne. Les tiges du Genévrier se conforment à cette règle générale. Les rayons médullaires, en continuation directe avec ceux du liber secondaire, et espacés comme eux (un peu moins toutelois, parce qu'ils vont en convergeant à mesure que l’on s'approche du centre), entrecoupent la masse du bois, et la divisent en paquets triangulaires, inégaux, mais assez larges. Les cellules des rayons sont allongées dansle sensradial; leurs parois épaissies ne sont lignifiées qu’en partie seulement, car la lame qui borde la cavité ne présente pas les réactions de la lignine. La hauteur des rayons est la même dansle bois que dans le liber et varie de deux à dix cellules, quelquefois même elle se réduit à une seule (PI. X[, fig. 1 et 2). Dans les compartiments limités ainsi par les rayons médul- laires, on ne trouve, comme c’est la règle générale chez les Conifères, qu'une seule sorte de cellules, les trachéides, à la fois fibres et vaisseaux, jouant simultanément le rôle con- ducteur et Le rôle de soutien. Ces trachéides allongées dans le sens de l’axe de la tige, sontaiguës aux extrémités, etmontrent une section transversale quadrangulaire, passant du carré au rectangle. Les faces radiales seules portent des ponctuations aréolées (PI. XI, fig. 6). Les trachéides sont disposées assez régulièrement en rangées radiales et en cercles concentriques, mais l’ordre est un peu moins régulier que dans le liber secondaire. Les parois sont épaissies et lignifiées, plus dans le bois d'automne que dans le bois de printemps, les proportions relatives des deux sortes de bois variant avec chaque année, et souvent aussi, dans chaque couche annuelle, avec le côté de la tige considéré. Certaines trachéides, souvent réparties sansordre, quelque- fois cependant affectant la disposition en cercles assez réguliers etconcentriques, conservent des parois relativement minces qui 330 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE ne subissent pas la lignification. D'ailleurs même les trachéides ordinaires montrent dans la lame la plus interne de leur paroi, celle qui borde immédiatement la cavité, une réaction ligneuse moins forte que le reste des parois, et quelquefois cette réaction est nulle. Le bois, au niveau de la cécidie, semble affecté de modifi- cations moins importantes que le liber; toutefois elles sont loin d'être négligeables. Les couches annuelles sont plus épaisses qu à l’état normal, de sorte que le bois entre pour une portion dans l’hypertrophie de la région cécidiée. Bien que partout cette hypertrophie ne se fasse pas sentir également, on peut admettre que les couches annuelles du bois de la cécidie sont deux à trois fois plus épaisses que celles d’une région comparable prise en dehors. Cette épaisseur est due pour la plus grande partie à l'augmentation du nombre des trachéi- des sur un rayon donné. Le diamètre de ces éléments n'est pas augmenté dans la même proportion. Je n’ai pu arriver à établir cette proportion d’une manière suffisamment exacte, à cause de l’extrème variabilité du diamètre transversal des trachéides, même alors qu'elles sont prises dans une région restreinte. Les parois des trachéides sont épaissies et lignifiées, à peu près comme dans les échantillons normaux. Toutefois la lame interne montre moins laréaction lHigneuse que celle des trachéi- des normales. On rencontre aussi çà etlà des éléments inache- vés qui ont conservé leurs parois cellulosiques, au moins partiellement. Le bois d'automne est relativement moins développé que dans les échantillons normaux, j'ai même pu observer des couches annuelles où il manquait entièrement. Toutefois, dans ce cas, les trachéides qui correspondent au bois d'automne ont un diamètre un peu plus petit que celles du bois de printemps, mais leurs parois ne sont guère plus épaissies, de sorte que leur cavité conserve une taille notable (PI. XIE, fig. 3). Le plus ordinairement il se forme à l'automne quelques rangées de trachéides plus petites, aplaties radiale- ment et à parois plus épaisses. Si dans certains cas le nombre des couches de trachéides d'automne arrive à être aussi grand que dans les échantillons normaux, la proportion par rapport SUR LES MYCOCÉCIDIES DES GYMNOSPORANGIUM 334 au bois de printemps reste toujours plus faible que dans les échantillons non cécidiés, parce que le bois de printemps présente à lui seul l’hypertrophie constatée plus haut dans les couches annuelles. Il en résulte done que le bois d'automne dans la cécidie est toujours moins développé que dans le type, soitabsolument parlant, soitrelativementau bois de printemps. Les ponctuations aréolées présentent aussi une légère modi- fication dans le bois cécidié (PI. XT, fig. 7) qui n’est visible que sur des coupes transversales ou tangentielles. On sait, en effet, qu'une ponctuation aréolée de Conifère vue en coupe optique représente une sorte d'espace lenticulaire, placé dans l'épais- seur des parois, sur la ligne de séparation des cellules. Cet espace est traversé par une mince membrane, qui n’est autre que la continuation de la lame intercellulaire pectique qui se trouve sur la ligne de séparation des trachéides. Cette mince paroi se renfle en sa portion médiane et forme une sorte de disque lenticulaire, qui se colore en rouge noirâtre par le car min aluné ; ce disque est assez mince dans le bois ordinaire mais dans le bois cécidié il prend un développement transver- versal beaucoup plus fort; il est, lui aussi, hypertrophié. Si on considère que les trachéides, au moins pendant la période de repos de la végétation, servent quelque peu à l'emmagasinement de réserves, que les trachéides d'automne jouent plutôt le rôle de soutien que le rôle conducteur et le rôle de réservoirs, leur cavité étant plus réduite par rapport à l'épaisseur de leurs parois, on concevra facilement que le bois d'automne soit peu utile au champignon et qu'ici comme dans les autres cas l’action du parasite aitpoureffet defavoriser le développement du tissu conducteur pouvant servir à l’occa- sion de réservoir, au détriment du tissu de soutien le mieux approprié qui estle bois d'automne. Ce dernier devantêtre consi- déré comme plus différencié dans un certainsens que le bois de printemps, et plus éloigné de la forme parenchymateuse pri- mitive,nousconstatons ici encore un retarddans la différencia- tion etune tendance à la parenchymatisation des tissus, fait déjà constaté à maintes reprises. Toutefois ce retard est moins accentué que dans le bois des cécidies du Cratægus, parce que chez le Genévrier nous avons affaire à une cécidie pérennante 339 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE pour laquelle l'absence complète ou la trop grande réduction des appareils de soutien pourrait être nuisible en amenant la destruction de la cécidie elle-même, et dans ce bois nous assistons à la lutte entre deux nécessitéscontraires dont l’action se contrebalance, et la structure que l’on v observe est une sorte de résultante de l’action de ces deux influences con- traires Entre le bois d'automne d’une année et le bois de printemps de l’année suivante, la limite des couches annuelles est une ligne courbetrès régulière, dansles échantillons non cécidiés ; au contraire, dans la cécidie cette courbe est transformée en ligne brisée, plus ou moins irrégulière, ce qui correspond au fait déjà signalé plus haut de lirrégularité du cambium. Restent à examiner les rayons médullaires, et c’est iei que se rencontrent les modifications les plus profondes. En ce qui concerne le nombre, l’écartement, la largeur et la hauteur des rayons médullaires du bois, les modifications sont les mêmes que pour ceux du liber secondaire, les uns et les autres étant en continuité parfaite. Il y a done des ravons médullaires, plus nombreux, plus rapprochés, plus larges et beaucoup plus hauts dans le bois de la cécidie que dans le bois normal. Vus sur une coupe tan- gentielle (PI, XL, fig. 4), les rayons médullaires forment aussi des lignes moins droites, parce que les trachéides auxquelles elles sont intercalées ont une course plus sinueuse que dans le bois normal. Le diamètre des cellules est un peu plus fort, les parois sont un peu moins épaisses, mais encore assez bien lignifiées, sauf dans la lame interne qui est purement cellulosique. Cettemultiplication des rayons médullaires du bois doitavoir sa raison d'être dans leur rôle de réservoirs des substances nutrilives. Ils dérivent sans doute aussi dans le sens transver- sal et radial une forte partie du courant de la sève ascendante qui, il est vrai, n'étant point élaborée ne peut fournir au champignon des substances nutritives toutes formées, mais qui peut procurer au moins au mycélium une forte proportion d'eau nécessaire à sa végétation, et aussi peut-être des sels qui sont employés directement par celui-ci. Ce détournement SUR LES MYCOCÉCIDIES DES GYMNOSPORANGIUM SEE de matières premières est probablement la cause qui amène, mais à la longue seulement, la mort destiges cécidiées. HR Dors prunaire et moelle. Je n’ai point observé de modifications importantes dans ces deux régions qui ont généralement atteint leur complet déve- loppement à l’époque de l’inoculation du Champignon. I. — Comparaison de la cécidie avec les portions de la tige situées au-dessus et au-dessous. Des coupes transversales sont pratiquées à cinq centimètres au-dessus et au-dessous du point où l’hypertrophie cesse d’être visible extérieurement. Au-dessous de la cécidie on constate d’une facon très nette que la formation du bois d'automne est favorisée et que souvent elle envahit toute la couche annuelle. Mais en dehors de ce fait tout parait être à l’état normal. Au-dessus de la cécidie on ne trouve pas cette sclérification spéciale, tout parait s’y passer comme à l’état normal. J. — Rameaux atrophiés. Sur les cécidies il peut se former des rameaux latéraux dont certains sont hypertrophiés, comme on l’a vu plus haut, ce sont ceux qui nous ont servi à l'étude de l’action du Cham- pignon sur les régions jeunes et les tissus primaires. Mais à côté des précédents se développent quelquefois d’autres rameaux dans lesquels, pour une cause que nous ignorons, le mycélium du parasite ne pénètre pas. Ces rameaux n’ont pas en général une végétation bien vigoureuse et leur vie n'est pas de longue durée. La figure 2 représente la coupe schéma- tique d’un de ces rameaux latéraux qui peut être mise en parallèle avec la coupe d’un rameau normal comparable représenté à la figure 1. On voit que les angles sont moins prononcés, tandis que les rainures des faces le sont davan- tage. L’épiderme a des parois plus minces que sur les échantillons normaux ; nulle part l’hypoderme n’épaissit ces parois. En dehors de ces deux caractères, il nv à noter qu'une grande 334 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE réduction de la taille des canaux sécréteurs et de la plupart des régions de l'écorce et du cylindre central, sans déforma- tions particulières. K. — Localisation du parasite et durée descécidies. Dans les différentes cécidies de la tige queJ'ai pu étudier j'ai constaté que toujours la région ligneuse secondaire entière présentait les caractères du bois cécidié. C'est donc toujours au cours de la première année du développement du rameau que le Champignon s’introduit chez son hôte et commence à exercer son influence. Le mycélium se localise d’abord, autant qu'on peut le présumer, dans l'écorce primaire qui offre à son développement un milieu favorable et se propageant peu à peu de l'intérieur à l'extérieur, ilinfecte successivement l’endo- derme, le péricyele, le liber primaire, puis le liber secondaire. On sait que dans le courant de deuxième année de la végéta- tion du rameau, la formation du périderme élimine à peu près toute l'écorce ; à cette époquelemycélium, âgé déjà d’un an, est localisé dans les tissus profonds et en particulier dans le liber secondaire. Ce sera là désormais son siège d'élection, car à mesure qu'il se formera de nouveaux péridermes, plus inter- nes par rapport au premier, il y aura élimination des portions les plus âgées du liber secondaire et aussi élimination d’une partie du mycélium âgé. Je n'ai point vu de traces äe mycélium parasite dans le bois et je crois que les modifications observées dans cette région sont dues seulement à un changement dans la nutrition du cambium, etil est probable que le parasite ne franchit pas cette dernière zone. Il setient même à une certaine distance à l’exté- rieur de celle-ci, au moins autant que j'ai pu en juger. Le parasite agirait donc à une certaine distance, soiten produisant des substances particulières, modifiant la vie cellulaire de l'hôte, soit en accaparant certaines substances nécessaires à la vie normale des cellules de ce dernier. Toutefois sa présence n'est pas nuisible au point de tuer l'hôte en peu de temps. Il s'établit entre le mycélium et les tissus une sorte de consortium, d'association symbiotique comme chez les Lichens, qui peut se prolonger un grand SUR LES MYCOCÉCIDIES DES GYMNOSPORANGIUM 5e © nombre d'années. J'ai en effet observé des cécidies volumi- neuses qui atteignaient une vingtaine d'années, et je ne crois pas invraisemblable qu'on puisse en observer de plus âgées. Il est probable cependant que l’action du Champignon finit par épuiser sinon l'hôte dans son entier, au moins le rameau cécidié, car on trouve assez fréquemment ces rameaux complè- tement morts et desséchés. Mais il estune mort accidentelle pour ainsi dire, qui atteint assez fréquemment la cécidie et par là même le rameau qui la porte. On trouve, en effet, des axes porteurs de cécidies dont l'écorce (c’est-à-dire le liber secondaire, pour être plus exact) est entièrement rongée jusqu'au bois. Le dégât ne n’étend pas au delà de la cécidie: il faut reconnaître ici l’action d’un animal quelconque qui trouvant à son goût les réserves emmagasinées dans les tissus du Genévrier sous l'influence du Champignon, en profite pour sa propre nourriture. Rameau et cécidie, rongés jusqu'au cambmim, ne tardent pas à périr. Je n'ai pu définir exactement quelle était la nature du second parasite, qui venait ainsi détruire les réserves du Gymnosporançgium ; mais je ne serais pas éloigné de croire que le Lapin et le Chevreuil soient les auteurs du méfait, car les cécidies ainsi rongées présentent tout à fait l'aspect des mangeures de ces animaux telles qu’on les observe trop souvent sur les écorces. 2. — CÉCIDIES DE LA FEUILLE. On sait que la feuille du Genévrier présente une coupe transversale à peu près triangulaire (fig. 5) avec une face supé- rieure plane, montrant sur la plus grande portion de son éten- du e de nombreux stomates. L'épiderme y est d’ailleurs forte- ment cutinisé. Sous l’épiderme, dans la moitié supérieure de la feuille, les cellules du parenchvme chlorophyllien sont irrégu- lières et présentent entre elles de nombreux méats, de sorte que l’ensemble a l'aspect d’un tissu lacuneux de feuille ordi- naire. La moitié inférieure de la feuille est occupée par un parenchyme chlorophyllien en partie semblable au précédent, mais qui, au voisinage de l’épiderme inférieur, tend à prendre 336 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE la forme en palissades. Sur la ligne médiane se trouve un grand et unique canal sécréteur ; enfin l’assise hypodermique de la face inférieure est formée par une rangée de cellules à parois épaissies et lignifiées, qui s'étend jusque sur les bords de la face supérieure ; au niveau du bordde la feuille cet hypoderme est doublé par une seconde rangée de cellules fibrifiées. L'épiderme de la face inférieure, dépourvu de stomates, est couvert d'une cuticule assez épaisse. La cavité des cellules est obli- térée en grande partie par un épaississement notable de la face interne de la paroi; cette lame se colore par le vert d’iode (PL. IX, fig. 5, ep). La méristèle quise trouve dans le plan médian de la feuille parallèle aux faces, présente du bois à sa face supérieure, du liber à sa face inférieure, et elle est flanquée de chaque côté par un paquetde cellules partiellement lignifiées et munies de ponctuations aréolées. Les feuilles contaminées que j'ai pu étudier provenaient toutes de rameaux contaminés eux-mêmes, car, comme Je l'ai dit plus haut, je n'ai pas trouvé de feuilles présentant les premiers stades de développement du Gynnosporangium clavariæforme. Ces feuilles sont envahies dès leur jeune âge par le mycélium provenant des rameaux sur lesquels elles naissent ; aussiles modifications, se faisant sentir sur des tissus très jeunes sont-elles profondes. La base des feuilles parait d’ailleurs plus fortement attaquée et modifiée que le sommet ou même que la partie moyenne; c'est qu'en effet le mycélium ne s’'aventure pas très loin dans la feuille et l’action à distance ne parait pas aussi intense que l’action immédiate. La portion de la feuille cécidiée est moins coloréeen vert, elle est presque jaunâtre, épaisse, charnue, et le contour d’une coupe pratiquée à ce niveauest ovale et non triangulaire. (Comparer la figure 6 à la figure 5.) L'épiderme supérieur ne présente pas de stomates, alors SUR LES MYCOCÉCIDIES DES GYMNOSPORANGIUM 331 qu'ils sont si nombreux à l'état normal. Sa membrane est cutinisée à l'extérieur, mais on n'y voit point d’épaississement interne comblant la cavité de la cellule, et celle-ci reste nota- ble. L'épiderme inférieur ressemble beaucoup à l’épiderme supérieur. L'hypoderme existe surtoutle pourtour, maisil est profondé- ment modifié. Rarement il présente des cellules à parois épais- sies comme l’hypoderme normal, et jamais dans ce cas les parois ne sont lignifiées ; le plus souvent elles restent minces ; la taille de la cellule s’agrandit (2p, PI. XI, fig. 5), son contour s'arrondit et tend à se rendre libre des cellules voisines. En somme, hypertrophie fréquenteet arrêt de différenciation des cellules, tel est le résumé des modifications de cette assise. Le canal sécréteur persiste ordinairement, mais son calibre diminue souvent de moitié et même plus; quelquefois même il s'arrête à un état de développement très peu avancé, si bien que le méat central commence à peine à se montrer. Les cellules sécrétrices (cs, PL XE, fig. 5) sont plus arrondies qu'à l’état normal. | Tout le parenchyme du mésophylle hypertrophie assez for- tement ses cellules, et de grandes méats se font jour entre elles. Ce parenchyme tend à prendre l'aspect de celui de l'écorce des tiges cécidiées et la tendance à la disposition en palissades disparaît (#es, PL XI, fig. 5, comparer avec {p, PL AT, lig. 9). Enfin laméristèle réduit son volume de plus de moitié, mais les éléments y restent à peu près normaux, quoique diminués beau- É coup de nombre (comparer la figure 6 à la figure 5). Si l'on pratique des coupes à un niveau plus élevé, vers la mi- hauteur ou le sommetde la feuille cécidiée on trouve des élats inter- cs médiaires entre la structure de la cécidie pure et celle des feuilles non contaminées. La figure 6 (PL. IX) montre un de ces états intermédiaires pour la partie de la coupe avoisinant le canal I! “).) 3 —— ANN. SC. NAT. BOT., Je série. 338 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE sécréteur. Il est à remarquer que les cellules de l'hypoderme à ce niveau ont des parois épaissies, mais non lignifiées. La localisation du parasite dans la feuille ne paraît pas res- treinte ; elle s'étend à tout le mésophylle, sauf à l’'hypoderme et à la méristèle. Ce sont donc les tissus les plus proches de la forme parenchymateuse qui sont encore ici attaqués, et les méats de différenciation se font encore voir avec une netteté, remarquable (hypoderme, stomates). I. — CÉCIDIES DU GYMNOSPORANGIUM JUNIPERINUM. Le G. juniperinum est la forme téleutosporifère du Ææstelia cornuta et du /?. penicillata, forme écidienne qui se développe sur un certain nombre d'arbres du groupe des Pomacées, appar- tenant en particulier aux genres Pirus, Malus et Sorbus. Les cécidies de ces arbres, qui ont été étudiées dans un travail précédent, mûrissent vers Le mois de juin et de juillet, et c'est à cette époque que les Genévriers sont contaminés. Cependant les téleutospores ne se forment et ne mürissent qu'au prin- temps suivant, à peu près en même temps que celles du G. clacariæforme, c'est-à-dire à la fin d'avril ou au commence- ment de mai. Cette espèce présente donc dans son cycle évo- lutif à peu près les mêmes particularités que sa congénère. Nous trouverons cependant, dans l'étude de ses cécidies, quel- ques caractères intéressants qui la distingueront au point de vue.de son action sur son hôte. 4. — CÉCIDIES DE LA TIGE. Nousexaminerons seulementles déformations produites dans le liber et le bois secondaire, les plus importantes et les seules qui méritent une mention. A. — Liber secondaire. Le liber secondaire subit une hypertrophie, qui pour n'être pas aussi considérable que celle qui est produite par le G.clavariæ forme, n'en est cependant pas moins importante. Les SUR LES MYCOCÉCIDIES DES GYMNOSPORANGIUM 3939 modifications produites dans les divers éléments du liber sont aussi quelque peu différentes. L'augmentation du nombre des rayons médullaires est encore un fait facilement constatable dans le cas présent, au moins dans certaines régions ; mais il est des points où cette augmentation n'a pas lieu, et où les rayons médullaires sont aussi espacés qu'à l'état normal. La largeur des rayons est plus grande, mais elle tient surtout à la dilatation tangentielle des cellules qui les composent, car il est rare de voir ces cellules ; se disposer sur deux ou trois ran- gées. Leur hauteur est aussi beau- coup moins grande que dans la cécidie précédente et il est fréquent de rencontrer des rayons qui n’ont pas plus de six cellules de hau- teur. Vers la périphérie, c’est-à- dire dans les portions âgées du liber, les rayons médullaires se dilatent beaucoup et pren- nent une part importante, sinon prépondérante à la forma- tion de l’hypertrophie. Les fibres libériennes, avec le parenchyme et les tubes criblés, affectent au voisinage du cambium une disposition régulière encore assez voisine de l’ordre normal : mais le désordre se fait beaucoup plus vite que dans la cécidie du G. clavariæforme, et il est beaucoup plus accentué surtout à la périphérie. Les fibres peuvent dans un petit nombre de cas ne pas se différencier complètement et rester alors à l’état de parenchyme. On voit en effet cà et là des ilots peu considé- rables en être tout à fait dépourvus, ou bien des rangées radiales isolées, n'en point présenter sur une certaine étendue. Mais ce n'est pas là le cas le plus fréquent : la fibre se diffé- rencie le plus ordinairement. Toutefois la taille reste plus petite qu’à l’état normal et il y a toujours un commencement d’atrophie (PI. XI, fig. 8). Les tubes ceriblés sont les éléments les plus sacrifiés du liber cécidié; généralement écrasés de bonne heure entre la cellule de parenchyme qui s’hypertrophie et la fibre voisine, 340 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE ils disparaissent, ou bien même ils ne se développent pas du tout, et l’on trouve fréquemment des rangées radiales où les éléments parenchymateux alternent régulièrement avec les fibres sur une certaine étendue, sans intercalation de tubes criblés. En somme, ce sont les cellules du parenchyme qui avec celles des rayons médullaires finissent par prendre le dessus en se dilatant fortement; à la périphérie on ne voit plus qu’un parenchyme fortement lacuneux, à cellules irrégulières et dispersées sans ordre, dans lequel serpentent çà et là des fibres isolées les unes des autres et se faisant de plus en plus rares. En résumé, bien que par quelques détails ce liber paraisse différer de celui des cécidies du G. clavariæforme, il n'en est pas moins vrai que le résultat général est le même, c'est-à-dire que les tissus de parenchyme dominent d’une façon tout à fait particulière en s’hypertrophiant et en se trans- formant en réserves nutritives, tandis que les tissus de sou- tien et le tissu conducteur s'atrophient à des degrés divers. B. — Pois secondaire. Le bois secondaire est, lui aussi, fortement modifié. En ce qui concerne les rayons médullaires on trouve les mêmes caractères que dans les ravons du liber, les uns faisant suite aux autres. Il y a cette seule différence que dans le bois les cellules sont lignifiées, tandis que dans le liber elles ne pré- sentent pas trace de lignine. La lame interne des cellules des rayons médullaires du bois reste cependant sans incrus- tation et se colore nettement en rose par le carmin aluné. Dans les compartiments les trachéides affectent un ordre et une forme très irréguliers. La coupe transversale de ces élé- ments est encore quadrangulaire dansla plupart des cas, mais les carrés et les rectangles sont ordinairement déjetés et déformés, et souvent on observe des formes approchant du losange. Les cercles concentriques d’ailleurs ne sont plus aussi régulièrement disposés. Le désordre plus grand constaté dans les éléments libériens se fait done voir aussi dans le bois. La lignification à cependant encore lieu d'une façon à peu près normale. SUR LES MYCOCÉCIDIES DES GYMNOSPORANGIUM 341 Le bois n'est pas hypertrophié ; il aurait plutôt une certaine tendance à s’atrophier et à subir un retard dans son déve- loppement. Le bois d'automne est peu abondant, souvent il ne s’en forme qu'une ou deux assises chaque année, mais sur certains points il arrive à prédominer dans la couche annuelle aux dépens du bois de printemps (PI. XII, tig. #). C. — Bois primaire et moelle. Ces deux régions ne m'ont pas offert de modifications sen- sibles, ce qui s'explique par ce fait que leur différenciation est à peu près achevée au moment de l'invasion du Cham- pignon. 2. — CÉCIDIES DE LA FEUILLE. Il n’est pas rare de voir des feuilles de Genévrier conta- minées isolément par le (7. Juniperinum. Au moment de la fructification du Champi- gnon, elles portent un ou deux sporanges, bruns ou jaunâtres, plus ou moins globuleux, qui fortement gonflés par l'humidité peu- vent atteindre un diamètre de 2 à 3 millimètres. En dehors de la pré- sence du sporange, rien dans la forme extérieure de la feuille ne vient dé- celer l'action du parasite, car l'hypertrophie est très peu marquée ‘elle se voit mieux au microscope sur des coupes transversales (fig. 5). Cette hypertrophie est localisée à la région de la feuille qui se trouve en dessous du sporange et qui forme une portion forte- ment bombée vers l'extérieur. Le sporange fait toujours saillie sur la face supérieure de la feuille: et dans tous les cas observés, son éruption se fait sur un des côtés, et non sur la ligne médiane. La première année du développement 349 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE du Champignon, on voit tous les filaments fructitères aboutir côte à côte au-dessous de l'épiderme supérieur sur une petite région ovale et y constituer un véritable hyménium continu ; puis le développement de cet hyménium soulève l’épiderme qui finit par se rompre suivant une ligne longitudinale, les spores germent ensuite sur le sporange lui-même, puis la moyenne partie de ce dernier disparaît et il ne reste que les bases des filaments, très serrées les unes contre les autres, probablement cutinisées, et constituant un premier organe de protection recouvrant la blessure produite par l’éruption du sporange. Mais cette protection serait insuffisante dans la mauvaise saison, et il se forme alors une couche de liège aux dépens decellules de l'hôtefsous-jacentes à l'hyménium ; celiège est un véritable tissu de cicatrisation. C’est sous cette couche de liège qu’au printemps suivant se formera un nouvel hymé- nium, qui viendra au Jour en déchirant la couche protectrice. J'ai pu observer des feuilles où la couche de liège était double etexfoliée; il y avait donc eu pendant trois années de suite pro- duction de spores. Je n'en ai observé dans aucun cas un plus grand nombre de fructifications successives, mais cela suffit à démontrer que le mycélium du G. juniperinum des feuilles est pérennant et polycarpique. Si nous passons maintenant aux modifications produites par le Champignon dans le structure de la feuille, nous constatons des changements assez notables dans les tissus de cet organe. L'épiderme supérieur qui à l’état normal présente un grand nombre de stomates que sur une coupe transversale on voit très rapprochés les uns des autres, et séparés ordinai- rement pas une seule cellule, sont, sur la feuille cécidiée, beaucoup plus rares et plus écartés, au moins dans le voisi- nage du point habité par le Champignon. Ils peuvent rede- venir plus nombreux et plus serrés à mesure qu’on s'éloigne du point cécidié. Sur la face inférieure de la feuille, l'épi- derme parait peu modifié, et même souvent il ne subit pas de changements appréciables (PI. XIT, fig. 1 et 2). L'hypoderme fait défaut, comme on le sait, dans toute la région stomatifère de la face supérieure, et comme cette dernière est la portion qui à le plus à souffrir à l'attaque du SUR LES MYCOCÉCIDIES DES GYMNOSPORANGIUM 343 Champignon, il en résulte que l'hypoderme pris dans son ensemble se trouve moins exposé que les autres tissus. On trouve, en effet, qu'il reste tout à fait indemne : ses cellules s'épaississent et se lignifient à la façon ordinaire. Le méso- phylle de la face supérieure de la feuille qui à l’état normal est un parenchyme assez lacuneux dont les lacunes sont des sortes de méats arrondis et dilatés (PL. XII, fig. 1), est sensi- blement modifié. Les cellules, au lieu d’être à peu près isodia- métriques, s’allongent perpendiculairement à la surface, surtout dans la portion où le mycélium à le plus de dévelop- pement, c’est-à-dire au-dessous du point d'émergence du sporange, et aussi sur les côtés (PI. XIE, fig. 2 et3). Immédia- tement sous l’hyménium, les cellules sont plus courtes et presque arrondies (fig. 3). On pourrail croire qu'on à ici une transformation du tissu lacuneux normal en tissu palissadique et il semble qu'il y aurait là quelque apparence de vérité ; mais on sait que, d’une façon générale, chez les parenchvmes cécidiés l'allongement des cellules dans le sens perpendicu- laire aux surfaces libres est fréquent. Sionse reporte aux modifications produites par les /?æstelia sur les feuilles du Sorbus Aucuparia,on verra que la modifi- cation du tissu lacuneux se fait exactement dans le même sens ; il y a ici cette seule différence que chez le S. Aucu- paria le tissu lacuneux se trouve à la face inférieure de la feuille, c’est-à-dire en position normale, tandis que chez le Genévrier, il est à la face supérieure de la feuille, ce qui est exceptionnel. Toutefois on pourrait peut-être assimiler au tissu en palis- sades ce tissu lacuneux ainsi modifié. On sait, en effet, que la disposition des cellules chlorophylliennes en palissades peut jusqu’à un certain point mettre obstacle à une transpiration trop forte et l’on constate que plus une plante est xérophile et surtout héliophile, plus elle développe ce tissu. Cette idée, basée sur l'observation et l’expérimentation, pourrait nous porter alors à cette conclusion que le Champignon donne à la plante cécidiée, au moins dans la région qu'il habite spécia- lement, une trop grande perte d'eau. De là résulterait, au moins une disposition qui empêche partiellement, cette turgescence 344 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE considérable et cette hypertrophie facilement constatable dans les tissus attaqués. La mésophylile de la face inférieure, qui déjà à l’état normal a tendance à former des palissades (PL. IX, fig. 5) exagère cette disposition par suite de l’action du Champignon, et l’on voit ordinairement plusieurs assises de cellules assez fortement hypertrophiées se superposer el se disposer perpendiculaire- ment à la face inférieure. D'ailleurs il faut noter que dans tout le parenchyme du mésophylle Les cellules ont relativement peu de points de contact entre elles, et que de nombreuses lacunes irrégulières les séparent, dans lesquelles circulent les filaments du parasite. Quant au canal sécréteur, son sort m'a paru variable avec différentes feuilles, et probablement il y a ici un rapport entre son développement et l’époque de l'invasion du Champignon. D'une façon générale le calibre du canal sécréteur est toujours moindre dans les feuilles cécidiées que dans les feuilles normales. Mais la réduction est variable. I arrive quelquefois à être très petit; parfois même il manque entièrement. Je n'ai pu dans ce cas définir s'il y avait avortement dans le dévelop- pement, ou disparition par compression des tissus voisins. J'ai observé ce dernier cas avec beaucoup de netteté dans certaines coupes, mais il serait téméraire d'affirmer qu'il en soit toujours ainsi. La position du canal sécréteur peut aussi varier. Ordi- nairement il reste assez voisin de l’épiderme inférieur, ce qui est d’ailleurs sa position normale. Mais j'ai pu observer des cas où il s’en éloigne beaucoup par suite du développement entre son bord externe et l’épiderme de plusieuts assises de cellules en palissades. Dans ce cas, le canal sécréteur se résorbait. La méristèle subit d'une façon générale une légère hyper- trophie qui porte surtout sur le liber ; mais il n'y a pas de modification de forme qui soit importante, saufsur un point : la ligne de fibres plus ou moins lignifiées qui borde la face dorsale du liber est transformée en parenchyme à peu près semblable au mésophylle. SUR LES MYCOCÉCIDIES DES GYMNOSPORANGIUM J Localisation du Champignon. On constate la présence du mycélium dans tout le méso- phylle, aussi bien à la face supérieure qu’à la face inférieure. Je n'en ai pas observé de traces dans la méristèle. Étant donné que le mycélium est répandu partout dans la feuille, la sortie constante du sporange par la face supérieure, s'ex- plique sans doute par l’absence d’hypoderme àceniveau, ce qui constitue une zone de plus faible résistance. Toutefois il faut remarquer aussi que dans le Sorbus Aucuparia, comme dans la plupart des feuilles attaquées par des formes écidiennes, l'éruption des écidies a lieu par la face inférieure, c’est-à- dire celle qui correspond au parenchyme lacuneux. Dans le cas du Genévrier, le parenchyme lamineux se trouvant à la face supérieure de la feuile, c’est de ce côté aussi que se fait la sortie du sporange. Il y a là une règle assez générale pour l’ensemble des Urédinées, mais qui n'est pas sans présenter de nombreuses exceptions. CONCLUSIONS L'étude comparative des cécidies produites sur le Genévrier (Juniperus communs) par les Gymnosporangium clavarix forme et Juniperinum amène l'observateur aux conclusions sui- vantes : 1° Les deux parasites bien que différant spécifiquement, présentent beaucoup de points communs dans leur maniere d'agir à J’égard de l'hôte, et les réactions des tissus de ce dernier, bien que diverses par certains détails, sont fonda- mentalement les mêmes. 2° Une des principales modifications consiste dans l'hyper- trophie et la déformation des tissus de parenchyme. L'hyper- trophie a pour résultat la formation du renflement qui rend visible la cécidie extérieurement, même en dehors de l'époque de la fructification du Champignon. La déformation des tissus de parenchyme est due en grande partie au développement du mycélium parasite qui s'insinue 346 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE dans les espaces intercellulaires préformés, et creusés par lui. L'hypertrophie et la déformation s'étendent aussi, mais d'une facon moins nette et moins constante, aux tissus consti- tuant le bois secondaire, au moins dans le cas du Gymno- sporangqium clavariæ forme. Dans les cécidies du (r. juniperinumn il y a plutôt atrophie du bois. 3° Les tissus de soutien sont quelque peu diminués, mais en général leur atrophie n'est pas très sensible. 4° Les tissus protecteurs se développent comme à l'état normal. 5° Le tissu sécréteur subit des modifications variables. 6° Le phénomène de la parenchymatisation, si marqué dans bon nombre de cécidies, paraît l'être moins dans le cas présent. 7° Enfin la localisation du mycélium se fait, pour les feuilles, dans le mésophylle parenchymateux, et, pour la tige, princi- palement dans le liber secondaire. Si maintenant l’on essaie de comparer la manière d'agir du mycélium des Gymnosporangium, c’est-à-dire de la phase de la vie du Champignon qui aboutit à la formation des téleutos- pores, à celle du mycélium des Ziwstelia, c'est-à-dire de la phase qui aboutit à la formation des spermogonies et des écidies, on ne peut s'empêcher d'être frappé tout d’abord par la grande différence qu’on observe dans les cécidies produites. 1° Les Gymnosporanqium et leurs cécidies sont vivaces et polycarpiques, alors même qu'ils fructifient sur les feuilles du Genévrier, tandis que les /wstelin sont annuels et monocar- piques, alors même qu'ils se développent sur des organes destinés à vivre plusieurs années, comme les tiges d’Aubépine. L'action du /æstelia est mortelle pour l'organe attaqué ; si celui-ci estvivace ; tandis qu'il s'établit une symbiose de plus longue durée entre le mvycélium des Gymnosporangium et les tissus des Genévriers. On constate aussi que les modifications produites par les /?wstelin dans les tissus de leurs hôtes sont plus profondes et plus étendues. Il y à surtout à noter l'arrêt du développement du cambium et une parenchymatisation du tissu de soutien et du tissu SUR LES MYCOCÉCIDIES DES GYMNOSPORANGIUM 347 conducteur qui sont probablement la cause de la mort rapide des parties infestées. Faut-il attribuer ces faits à une nocivité plus grande du mycélium du Ræstelia, ou à un moindre degré de résistance de ses hôtes. Les faits observés jusqu’à présent ne permettent pas de décider encore de la question. ps LÉGENDES DES FIGURES DU TEXTE Fig. 4. — Schéma de la coupe transversale d’une jeune lige de Genévrier nor- mal. — cs, canal sécréteur; cl, collenchyme; pe, parenchyme cortical lacu- neux; end, endoderme ; pr, péricycele et liber primaire ; {s, liber secondaire ; bs, bois secondaire. Fig. 2. — Schéma d'un rameau atrophié; mêmes lettres. Fig. 3. — Schéma d'un rameau cécidié; mêmes lettres. Fig. 4. — Mécanisme de la cicatrisation des sporanges. — a, place d'un spo- range récemment tombé : la subérification n’a pas encore eu lieu; b, place d’un sporange de l’année précédente, tout est subérifié, et il y a un péri- derme particulier pp, qui rejoint le périderme général pg; e, place d’un spo- range plus ancien, la lentille subérifiée se détache et tombe laissant à nu le périderme particulier pp; ls, lentilles subérifiées. Fig. 5. — Schéma de la coupe transversale d’une feuille normale. — cs, canal sécréteur ; b, bois ; L, liber. Fig. 6. — Schéma de la coupe transversale d'une feuille cécidiée ; mêmes lettres. Fig. 7. — Schéma de la coupe d'une feuille cécidiée, dans sa partie non en- vahie par le Champignon ; mêmes lettres. Fig. 8. — Schéma de la coupe transversale d'une feuille cécidiée après la for- mation du sporange de la troisième année, — cs, canal sécréteur ; L, liber ; b, bois; ep, épiderme; k, place du sporange ; {s, lentille subérifiée, soulevée par le développement du sporange. EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE IX Cécidies du Gymnosporangium clavariæforme. Fig. 4. — Portion externe d’une jeune tige de Juniperus communis normal. — ep, épiderme ; hp, hypoderme ; «{, collenchyme ; pe, parenchyme cortical. Fig. 2. — La même région dans un rameau cécidié ; mêmes lettres. Fig. 3 et 4. — Région interne de l'écorce, endoderme, péricycle et liber d'un rameau cécidié (fig. 3) et d’un rameau normal (fig. 4). — ec, écorce; L, la- cune ; ed, endoderme; pr, péricyele; L, liber; rm, rayon médullaire ; fl, fibre libérienne. Fig. 5. — Coupe transversale d'une feuille normale de Genévrier, au niveau de la face inférieure. — cs, canal sécréteur; tp, tissu en palissades; Ap, hy- poderme ; ep, épiderme. Fig. 6. — Mème région d'une feuille cécidiée à la base, mais non au sommet; portion non cécidiée. (La portion cécidiée est représentée à la pl. XI, fe5) PLANCHE X Cécidies du Gymnosporangium clavariæforme. Fig. 1. — Coupe transversale du liber secondaire normal de Genévrier à petite distance du cambium. — rm, rayon médullaire; te, tube criblé; fl, fibre ; cp, parenchyme. Fig. 2. — Coupe radiale ; mêmes lettres. Fig. 3. — Coupe tangentielle ; mèmes lettres. Fig. 4. — Coupe transversale du liber cécidié, comparable à la figure 1, même planche ; mêmes lettres. y Fig. 5. — Coupe radiale du même, comparable à la figure 2; mêmes lettres. Fig. 6. — Coupe tangentielle du même; comparable à la figure 3; mêmes lettres. Fig. 7. — Prolongement de la figure 4, montrant quelques détails parti- culiers. Fig. 8. — Coupe tangentielle du liber à la périphérie, montrant le maximum des déformations. Fig. 9. — Coupe transversale au niveau du cambium, au moment de l'arrêt de la végétation. — rm, rayon médullaire; tr, trachéide. PLANCHE XI Cécidies des G. clavariæforme et juniperinum. Fig. 1. — Coupe transversale du bois secondaire du Genévrier normal. — rm, rayon médullaire; p, bois de printemps; 4, bois d'automne. Fig. 2. — Coupe tangentielle du mème. — 7m, rayons médullaires ; fr, tra- chéides. Fig. 3. — Coupe transversale du bois cécidié, comparable à la figure 1. Fig. 4. — Coupe tangentielle du même, comparable à la figure 2. 350 L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE Fig. 5. — Coupe transversale d'une feuille de Genévrier cécidiée, comparable à la figure 5, planche IX. — es, canal sécréteur. Fig. 6. — Coupe transversale de ponctuations aréolées normales. — €, paroi médiane de la ponctuation. Fig. 7. — La mème dans le bois cécidié. Fig. S. — Coupe transversale du liber secondaire du Genévrier cécidié par le G. juniperinum.— rm, rayon médullaire ; ep, parenchyme libérien; f{, fibre. (Comparable aux fig. # et 7 de la pl. X.) PLANCHE XII Cécidies du Gymnosporangium juniperinum. Fig. 1. — Coupe d'une feuille normale de Genévrier ; région de la face supé- rieure. — ep, épiderme; sf, stomates ; cp, parenchyme lacuneux ; m, méat. Fig. 2. — Mème région dans une feuille cécidiée. Fig. 3. — Coupe transversale d'une feuille cécidiée au niveau du point d'émer- gence du sporange. — ep, épiderme; cp, parenchyme du mésophylle: la, liège ancien formé au-dessous du premier sporange : /n, liège plus récent formé au-dessous du second sporange. (Le premier sporange a exfolié l'épi- derme.) Fig. 4. — Coupe transversale du bois secondaire d'une tige cécidiée par le G. juniperinum. — rm, rayon médullaire; tr, trachéides. (Comparable à la fig. 3, pl. XI.) Fig. 5. — Coupe tangentielle du même ; mêmes lettres. Fig. 6. — Coupe tangentielle du liber (comparable aux fig. 5 et 8, pl. X). — rm, rayon médullaire ; te, tube criblé; cp, cellules du parenchyme ; fl, fibre. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME techerches expérimentales sur l'anatomie des plantes affines, par M. A Sarlons:..... ini Cons sie aies ses i ete ne te o 2810 HI TT iecherches sur quelques Aspergillus pathogènes, par MM. Costantin ef A TE PME PR EEE À a RATES à À DST E 2e AS dues 8 TARA ITR Sur la chambre gemmaire de quelques Légumineuses, par M, Ph, van Tieghem ......... PRE RÉ DO P OO O DRE EE Le Recherches sur le développement et l'anatomie des Cassythacées, par DO D ie nide nm aies saise à : orales de Nouveau groupe du genre Euphorbia habitant Madagasc ar, par MM. Cos- tantin et Gallaud..... oo Ar TPE PR RRS DPR BI PE Er Se Sur les mycocécidies des Gymnosporangium, par M. L. Géneau de La- IMMÉL Dr radar eee die se ee RP CLS rune es NOT IS ANS dE TABLE DES PLANCHES ET DES FIGURES DANS LE TEXTE CONTENUES DANS CE VOLUME Planches J à IV. — Structure des plantes affines. Planche V, — Aspergillus pathogènes, Planches VI à VIT. — Structure des Euphorbia de Madagascar. Planches IX à XII. —- Cécidies des Gymnosporangium. Figures dans le texte 1 à 31. — Anatomie des Cassythacées. Figures dans le texte 1 à 8. — Cécidies des Gymnosporangium. TABLE DES ARTICLES PAR NOMS D'AUTEURS Cosraxnix et Gazraun. — Nouveau groupe du genre Euphorbia habitant RAM D RU ee creme cratee tes on ions ae des de rt de e tait CosraxTIx et Lucer. — Recherches sur quelques Aspergillus pathogènes. Géxeau pe LamarciÈre. — Sur les mycocécidies des Gymnosporangium. . Miraxpe. — Recherches sur le développement et l'anatomie des Cassy- ET à PP ME EN TOP OPDDDPP EE LEE De RAS A à POP RP tre 7 Santox. — Recherches expérimentales sur l'anatomie des plantes affines. Tiecnem (Pn. vax). — Sur la chambre gemmaire de quelques Légumi- ANUS DENAIN PE IT DEEE CORTE LIRE CO LE LE CET". dort s#HON # [TER sue : ra Le el gr , din a s 1$ “u 0 \ a 14 k 4 Yen 0 A GALTEE IQ TOET TE, Ann. des Sciences nal., % Série. Bot. Tome II, PI. 6 Costantin el Gallaud, phot. Phototypie Berthaud, Paris TEVTVUOT AG LERRAX 1 Ann. des Sciences nal., 9% Série. Bot. Tome II. PI. 7 Phototypie Berthaud Paris Costantin et Gallaud, phot. Ann. des Sciences nat. 9° séri at, serie. Bot. Tome 11. P1. & Costanün et Gallaud, del. MTS En LL Ua su té RATERE 11111 Ann. des Sciences nat., 9% Série. Bot. Tome II, P1. 9. Cécidies du Gymnosporangium clavariæforme. LITNVICR NAITTIVIEL tLr1 l = 1 ' * . = ‘ ï 1 | / à \ j v ‘ k La 1 û ’ £ L L 2 LCR "+ La Av r4 i j « . = * à LI ‘ : _ . Bot. Tome II, PI. 10. Ann. des Sciences nat., 9 Série. $ Noir C ©) 2e rh F TT KI l Il | (o10[0 O[O\U)U\L QW © 4 VE UORRRE [T5 01214101 : | RSS OS su RSS = _>»—— DT Cécidies du Gymnosporangium clavariæforme. 0 INR A2 LUTWNUIOU an Ù D, YATLRIN UN x : Lf 4 + . DTA | C2 L sb a ,1 F'aux ER CR t or État CE D AS, Cr 22 * ; 4 . " { A ss ‘ & b N à L ñ : 4 û , . 11 L « , D . . x - ' 1 à ’ D fl * 0 t l = 1 t . i : ; ? 1 * j . » L à à eh; vi n F î ° 4 L Î n': * « : Ù k 7. à ' Î = ’ c re ‘ . b ‘ ñ à l Ces ‘ = % FA MN : k Le ; Ù e « : (l 1 \ 4 “ #. [LES 1 ; ; &  Π4 + i n LA L v ' i EU E L Û « "4 i - Le L ] PPT rs Le se t + 7 CR Red | : MANQUE À: c u … pe EN NL È ÿ L “ à { = | ' Li 1 ba ’ ; À N'a 1 * : ” (l d } ’ es D: leo | 1 : ù | \ 4 LA \ ñ d \ à il LA { LE À : À ps po] i à | r È } I 2 1 D ee ; hé . 1 1 LI 1 1] i { t i A L L = LA N'ES L NO IA DEAN EEE AUS MONA “ ù « : as 1h 14 t Len, ® En L ; € LL , 5 = (* be dei _ > en ue” Doit e LE h - à +. di L — or] e Bot. Tome II, P1. 11. SISOSS ACTES Ann. des Sciences nat., 9° Série. JO Feusen Cécidies des G. clavariæforme et juniperinum, : y | | - | | 4 de , l ' | ‘ | 3 = RES | | | = . | | 2 : 2 a nn 04 med come me c : [ Sons 6 . s : ‘ 7 PIN A EE. LE POSE , LA : _ | T a : | | - | | 7 ; : hu | | — _— ; : | ri | : | Re Ë Gé — - | _—_… - ; — | : | _ . Ên | ; ét | ù e IT, PI. 12. Ann. des Sciences nat., 9 Série. sporangium juniperinum Cécidies du Gymno eg td C2 DE Sy 5 nero ed À 2 D NS ; , ets, A AA LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MEDECINE — 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (wie). Le Su Le MASSON ET C*‘, ÉDITEURS VIENT DE PARAITRE Mission de Segonzac Explorations AU MAROC (Dans le Bled es Siba) PAR Louis GENTIL DOCTEUR ÈS SCIENCES MAITRE DE CONFÉRENCES A LA SORBONNE, MEMRRE DE LA MISSION OUVRAGE PUBLIÉ SOUS LE PATRONAGE DU COMITÉ DU MAROC Un volume petit in-4 tiré sur beau papier couché, et richement illustré de 223 figures d'après des photographies originales..... ARNO 12 fr. Le Maroc, ce pays autour duquel s’agitent de si graves discussions, est à peine ettrès partiellement connu. Malgré les nombreuses explorations, la plupart fran- çaises, dont il a été l’objet, il conserve tout l'intérèt des contrées neuves, tout lattrail des pays mystérieux. Le Bled es Siba, la région insoumise, le domaine du Prétendant, demeurait jusqu’à ce jour pour l'Européen une terre presque vierge, beaucoup plus impénétrable que la plupart des régions du Centre Africain. — C'est à poursuivre son étude et son exploration que s'est consacrée la Mission de Segonzac, organisée par le comité du Maroc et patronnée par plusieurs Sociétés scientitiques. L'ouvrage que nous présentons au public comprend le récit de quatre voyages effectués consécutivement dans le Bled es Siba par M. Louis Gentil, membre de la Mission, l’un dans le Nord du Maroe, les autres dans le Haut-Atlas. Dès son retour, M. L. Gentil a tenu à exposer le résultat de ses études. Au prix d'artifices sans nombre, sous le costume d'un musulman modeste, s’efforcant de passer inaperçu, l'auteur s’est appliqué à parcourir des régions tout à fait inconnues. Non seulement il a traversé très rapidement les pays Mahkzen déjà étudiés, mais encore il a eu soin, dans le Bled es Siba mème, de s'écarter des itiné- raires déjà suivis par des explorateurs tels que le vicomte de Foucauld et le marquis de Segonzac. C'est ainsi qu'il a parcouru, sur une élendue d'environ 300 kilom., le flanc méridional du Haut-Atlas, dans la vallée du Sous et la vallée du Draa et qu'il est parvenu à explorer le massif du Djebel Siroua qui forme le trait d'union entre la haute chaîne et l’Anti-Atlas, et qui n'avait été apercu que de loin, grâce à son altitude de 3000 mètres et ses crètes neigeuses, par les explorateurs Rohlfs, Hooker, Thomson et de Foucauld. à | Cet ouvrage présente donc, surtout à l'heure actuelle, une importance de premier ordre. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER Recherches sur le développement et l'anatomie des Cassy- [hacées, Soar M-IMMRANDE 0. ELLE NÉ PRE ACTE Nouveau groupe du genre Æuphorbia, habitant Madagascar, par MM-:COSTANTIN el GAILLAUD PSS ARE CRE ESS Sur les Mycocécidies des Gymnosporangium, par M. GÉNEAU PARA RARE C7 ENV CN EE RAR AE SP RENE Table des matières contenues dans le tome I............. Table des planches et des figures dans le texte contenues dans ORPI E RAR Sr ANR RTE RE EE te ES 5 Table des articles par noms d'auteurs.... ................ 181 287 TABLE DES PLANCHES ET DES FIGURES DANS LE TEXTE CONTENUES DANS CE CAHIER Planches VI à VIIT. — Structure des Zuphorbia de Madagascar. Planche IX à XII. — Cécidies des Gymnosporangium. Figures dans le texte 1 à 31. — Anatomie des Cassythacées. Figures dans le texte 4 à 8. — Cécidies des Gymnosporangium. Conseic. Imprimerie Ep, Cuers. 1 LE RS A de Le + * cé s [1 3 5185 00260 2660 New York Botanicai Garden LU