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MUSÉE COLONIAL

DE MARSEILLE

FONDÉES EN 1893 par

M. ze PRoresseur 1)' EbDouARD HECK EL

el publiées sous sa direction.

Vingt-troisième année, série. ee" volume (1915)

Les Sapotacées du groupe des Sideroxylinées-Mimusopées, par M. Marcel DUBARD.

Contribution à l'étude des Crassulacées malgaches, par MM. RAYMOND-HAMET ET PERRIER pe La BATHIE.

. Sur quelques Kalanchoe de la flore malgache, par M. R.-HAMET.

Le Cocotier de Mer, « Lodoicea Sechellarum », par M. A. FAUVEL.

MARSEILLE PARIS MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL

5, Rue Noaizzes, 5 17, rue Jacos, 17

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Principaux Mémoires parus antérieurement dans les ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE

D: Hrcke : Les Kolas africains. Année 1893. (Volume presque épuisé.) D' Rançox : Dans la Haute-Gambie. Année 1894. (Volume complètement épuisé.)

R. P. Düss : Flore phanérogamique des Antilles françaises. Année 1896. (Volume complètement épuisé.)

E. Georrroy : Rapport de Mission scientifique à la Martinique et à la Guyane. Année 1897.

D' Hecxez : Les Plantes médicinales et toxiques de la Guyane française. Année 1897.

Dr HecxeL : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. Année 1897.

D' Hecker : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. Année 1898.

H. Jumezze : Le cacaoyer. Année 1899.

D' H. Jacos ne Corpemoy : Gommes, gommes-résines et résines des colonies françaises. Année 1899.

L. Laurenr : Le Tabac. Année 1900.

D: H. Jacos pe Corpemoy : Les Soies dans l’'Extrême-Orient et dans les colonies françaises. Année 1901.

L. Laurenr : L'Or dans les colonies françaises. Année 1901.

A. Cnevazier : Voyage scientifique au Sénégal, au Soudan et en Casamance. Année 1902.

GarrareL : L'Exposition d'Hanoï. Année 1903.

Dr HeckeL : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. Année 1903.

Dr H. Jacos de Corpemoy : L'Ile de La Réunion. (Géographie physique ; richesses naturelles, cultures et industries.) Année 1904.

Capitaine Marre : Étude ethnographique sur la race Man du Haut-Tonkin. Année 1904.

E. Lereuvre : Étude chimique sur les huiles d’Indochine. Année 1905.

H. Jumeze : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest de Madagascar. Année 1907.

H. Jumezze et H. Perrier DE LA BaTuie : Notes sur la Flore du Nord-Ouest de Madagascar. Année 1907.

H. Jumezce et H. Perrier DE LA BaTute : Notes biologiques sur la végétation du : Nord-Ouest de Madagascar ; les Asclépiadées. Année 1908.

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ANNALES

DU

MUSÉE COLONIAL

DE MARSEILLE

FONDÉES EN 1893 par

M. ce Pproresseur D' EDOUARD HECKEL

el publiées sous sa direction.

6 Vingt-troisième année, série volume (1915)

Les Sapotacées du groupe des Sideroxylinées-Mimusopées, par M. Marcel DUBARD.

._ Contribution à l'étude des Crassulacées malgaches, par MM. RAYMOND-HAMET ET PERRIER pe La BATHIE,

Sur quelques Kalanchoe de la flore malgache, par M. R.-HAMET.

Le Cocotier de Mer, « Lodoicea Sechellarum », par M. A. FAUVEL.

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MARSEILLE PARIS MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL

5, Rue Noaiczes, 5 17, RUE JACOB, 17

Le

Dr

Edouard

Heckel.

LE Dr HECKEL

Le directeur de ces Annales, qui les fonda en 18%, et, depuis lors, y consacra toujours, et jusqu'à la fin, le meilleur de ses efforts puisque l'impression de ce volume était à peu près terminée lorsque nous avons pris la charge d’en assurer la publication le D' Edouard Heckel est mort le 20 février 1916, après une courte maladie.

Fils d'un médecin de la marine, Ed. Heckel était le 24 mars 1843 à Toulon. À 16 ans, en 1859, il sortait de l'École de Médecine navale de cette ville comme Pharmacien aide-major de classe, et il effectuait, en cette qualité, sur le navire-hôpital La Cérés, son premier voyage dans nos colonies. Il séjourna pendant trois ans dans nos Antilles, et c'est que, tout en s'oc- cupant de ses fonctions officielles, 1l commença à se fami- liariser, dans ses heures de loisirs, avec la flore tropicale et se rendit compte de toutes les ressources que celte flore peut offrir à la thérapeutique et à l’industrie. Peut- être même dès ce moment le jeune botaniste entrevit- al sa véritable voie, celle qui, après quelques autres séjours en Guyane française, en Nouvelle-Calédonie et à Sidney, devait le détourner de la carrière de marin qu'il avait tout d’abord choisie, et l’entrainer vers l'Uni- versité, qui pouvait mieux lui fournir les moyens de

satisfaire ses goûts de chercheur, et aussi le plaisir, qu'il éprouva toujours très vif, d'exposer ses théories et ses idées.

En 1875, Heckel, qui était déja docteur en médecine depuis 1869, soutenait à Montpellier deux thèses de Doc- torat ès Sciences naturelles, l’une sur Le Mouvement Végélal, l'autre sur Quelques phénomènes de localisa- lion minérale et organique dans les tissus animaux, et leur importance au point de vue biologique. Et, la même année, 1l débutait comme professeur à l'École supérieure de Pharmacie de Nancy. Il passa de là, peu après, à la Faculté des Sciences de Grenoble; et enfin _en 1877 il était nommé à Marseille, qu'il ne devait plus quitter. Il y trouvait son milieu de prédilection. |

Ses études personnelles ne furent cependant pas tout de suite d'ordre colonial; pendant assez longtemps, aussi bien en zoologie qu'en botanique, elles relevèrent de la science pure bien plus que de la science appliquée. Ce ne fut qu'en 1885 que, par un premier travail sur le doundaké, fait en collaboration avec le professeur Schlag- denhauffen, de Nancy, dont il devait, dans la suite, asso- cler si souvent le nom au sien, Heckel s’orientait plus neltemént vers la botanique coloniale. Et les plantes qui immédiatement sollicitèrent plus particulièrement son allention furent presque simultanément celles qui devaient toujours principalement le préoccuper, les plantes médicinales et les végélaux oléagineux. De par son passé, Heckel s’intéressait tout naturellement aux: premières; dans les seconds il voyait avec raison les pro- ducteurs de l’une des matières premières dont l’étude était de la plus haute importance pour les progrès de l'industrie marseillaise,

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Ainsi parurent successivement, de 1885 à 1893, entre autres mémoires :

Du Doundaké (Sarcocephalus esculentus) ef de son écorce, dite Quinquina d'Afrique e{ Quinquina du Rio- Nunez (Journal de Pharmacie et de Chimie, 1885).

Des graines de Chaulmoogra (Gynocardia odorata) et sur leur composition chimique (Xd., 1885).

Recherches sur les graines d'Hydnocarpus Wightiana, succédané de celles de chaulmoogra (Xd., 1885).

Des écorces de Morinda citrifolia, subs{iluées ou méêlées à celles de doundaké, et des moyens de les recon- naître chimiquement (Id., 1885).

Sur le Karité, nouvel arbre à qutta-percha (La Nature, 1885).

Du Téli (Erythrophloeum guineense), poison d'épreuve

des nègres de la Côte Occidentale d'Afrique (Diction-

naire des Sciences médicales, 1885).

Le Maloukang, ou Polygala butyracea (Bulletin de la Société de Géographie de Marseille, 1885).

Nouvelles Recherches sur le Bondnce ef ses graines (Les Nouveaux Remèdes, 1886).

Nouvelles Recherches sur le vrai el le faux jéquirity (Fortschritt de Genève, 1887).

Sur le Mhentamaré, ou fedegosa (Cassia occidentalis), au point de vue botanique, chimique el thérapeutique. (Archives de Médecine navale, 1887).

Du café du Soudan, ou Parkia biglobosa (Journal de Pharmacie et de Chimie, 1887).

Recherches sur le Thapsia villosa (Les Nouveaux Remèdes, 1887).

Sur la Sécrélion gommo-résineuse des Araucarta (Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 1887).

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Sur le Baliatjor (Vernonia nigritiana), nouveau poi- son du cœur (Archives de Physiologie, 1888).

Un faux Kola nouveau. Recherches sur les graines de Pentadesma butyracea, qui fournissent le beurre de Kanya etc. (Répertoire de Pharmacie, 1888).

Recherches sur les Guttas-perchas fournies par les Mimusops el les Payena (Journal de Pharmacie de Lorraine, 1888).

Sur le Balancoufa, ou Dadigogo, nouveau lénifuge de la Côte Occidentale d'Afrique (Revue Horticole de Provence, 1890.)

Sur le Gaertnera vaginata ef sur ses graines considé- rées comme vrai café (Répertoire de Pharmacie, 1890).

Un médicament nouveau. De l'emploi des feuilles de Kinkélibah contre la fièvre bilieuse hématurique des pays chauds (Nouveaux Remèdes, 1891).

Sur la graine d'Owala, ou Pentaclethra macrophylla ; son ulilisalion comme aliment el comme source de malière grasse concrète (Répertoire de Pharmacie, août 1892).

Sur le Copaifera Salikounda de l'Afrique tropicale et sur ses graines à coumarine (Annales de la Faculté des Sciences de Marseille, 1892).

Sur le pain et le beurre d'Odika et sur le beurre de Cay-Cay (Revue des Sciences naturelles appliquées, 1893).

Etudes de nouvelles plantes néo-calédoniennes. Résine de Gardenia ; gomme-résine de Garcinia; produits des Spermolepis (Annales de la Faculté des Sciences de

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Marseille, 1893). Mais, en 1893, Heckel, qui, jusqu'alors, s’était confiné presque exclusivement dans ses travaux de laboratoire,

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tout en faisant créer vers 1880, par la ville un Jardin Botanique au Parc Borély pressentait que le moment était venu de « s’extérioriser » davantage, selon l’expres- sion qu'il employait volontiers. Il importait de prendre plus directement contact avec le public, en mettant sous les yeux mêmes de ce public, qui, à cette époque, il faut bien le dire, restait encore assez indifférent aux richesses de notre domaine colonial les preuves matérielles de ces richesses trop ignorées. De cette idée naissait le Musée colonial de Marseille.

Grâce à une souscription locale, dont une parte des fonds fut mise à sa disposition par l'Université, grâce aussi à une subvention permanente du Ministère des Colonies, qui, sachant reconnaître immédiatement l'importance de l'œuvre entreprise, lui apporta un concours qui, dans la suite, n'a jamais fait défaut, Heckel put installer dans les locaux du Service colonial de Marseille les collections que depuis une vingtaine d'années 1l amassait patiemment, et que les apports con- ünuels de nos colonies, puis diverses Expositions ont aujourd'hui si considérablement accrues.

Tous ces matériaux pouvaient d’ailleurs fournir le sujet de nombreuses recherches, et ce fut pour s'assurer les moyens d’en publier les résultats qu'Heckel fonda en même temps ces Annales. Le premier volume assura tout de suite le succès du nouveau recueil : le directeur y réunissait en un travail d'ensemble toutes les observa- tions et expériences qu'il poursuivait depuis une dizaine d'années sur les kolatiers et les kolas. Ce volume fait époque, puisqu'il marque l'entrée dans la thérapeutique d'un produit aujourd'hui universellement connu et quo- tidiennement employé.

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Heckel, vers le même moment, provoquait au Sous- Secrétariat des Colonies l’organisation de diverses mis- sions scientifiques, et notamment celles du D' Rançon, puis du Pharmacien Geoffroy. La relation de l'explora- ion Rançon en Haute-Gambie fournit la matère du second volume. Geoffroy, qui avait été chargé d'aller en Guyane française, étudier la question des arbres à balata, revint en France très gravement atteint de la maladie contractée là-bas, et qui'devait bientôt l’'empor- ter, mais il eut encore le temps et le courage de rédiger son rapport, qui fut inséré dans le quatrième volume. Du même auteur avait paru auparavant dans le second volume un mémoire sur le Aobinia Nicou.

N'oublions pas, non plus, que c'est grâce à ces Annales que le P. Düss put publier en 1896 sa belle Flore phanérogamique des Antilles françaises.

Heckel, au reste, tout en faisant appel, dans les années qui suivirent, à divers collaborateurs, donna lui- même l'exemple. Sous son nom parurent successive- ment :

Sur le Bakis et le Sangol (1855).

Les Plantes médicinales el toxiques de la Guyane française (1897).

Sur les graines grasses nouvelles ou peu connues des Colonies francaises (1897).

Du bois piquant de la Guyane française, fournit par le Zanthoxylum Perrotetn (1897).

Une seconde étude Sur les graines grasses nouvelles ou peu connues des Colonies françaises (1898).

Sur l'Ousounifing du Soudan (1901).

Sur le processus germinatif des Onguekoa ef des Strombosia (1901).

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Sur l'Igname plate ud Japon (1901).

Une troisième étude Sur les graines grasses nouvelles ou peu connues des Colonies françaises (1903).

Catalogue alphabétique raisonné des Plantes médici- nales et toxiques de Madagascar (1903).

Sur un nouveau copal el sur un nouveau kino (1904).

Une quatrième étude Sur les graines grasses nou- velles ou peu connues des Colonies françaises, el, en particulier, de Madagascar (1908.).

Les Plantes utiles de Madagascar (1910).

Nouvelles observations sur les plantes de Nouvelle- Calédonie (1912).

Et cette longue jiste ne nous donne pas encore une idée complète de l’activité scientifique d’'Heckel, qui, dans la Revue des Cultures coloniales, dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences dans les Comptes- rendus des Congrès de l'Associalion française pour l’Avancement des Sciences, dans le Répertoire de Phar- macie, dans la Revue générale de Botanique, dans les Comptes rendus de l'Académie d'Agriculture, dans le Journal d'Agriculture tropicale, dans le Bulletin de la Sociélé d'Acclimatalion, faisait paraître d’autres articles, notes ou mémoires sur les Araucaria, les Ouvirandra, l'Allanblackia floribunda, le Ximenia americana, les Sterculia (omentosa, les Dioscorea, le Brucea sumatrana, les Psathurea, le Menabea venenata, le Daniella thuri- fera, VErylhrophloeum Couminga, le Telfairea pedata,

le Lychnophora van Isschoti, l'Heisteria Trillesiana, les

Coelocaryum, les Myristica, les Dumoria, les Dasillipe et les Symphonta.

Ceux qui n’ont pas intimement connu Heckel et n'ont pas été les témoins de ses méthodes de travail ne compren-

XI

dront jamais comment il lui fut possible, au milieu de cette accumulation de recherches personnelles, de pour- suivre la réalisation du rêve qui, depuis la fondation du Musée colonial, ne cessait de le hanter, et qui était l'or- gamsation d'un « cycle de créations didactiques capables d'assurer à Marseille le titre de Métropole coloniale ». Nous reprenons la phrase même qu'il prononçait le jour où, en 1907, fses,amis lui remettaient en une séance solennelle une médaille d’or commémorative. Mais déjà, au reste, ce jour-là, les vastes projets d’Heckel avaient abouti. Sur son initiative, la Chambre de Commerce de Marseille avait, comme complément du Musée colomal, créé en 1900 six chaires d'enseignement colomial; un peuplus tard la Municipalité marseillaise avait subven- tionné à l’École de Médecine trois chaires également coloniales. La brillante Exposition de 1906, dont il fut l’incontestable promoteur, avait été le couronnement de toute cette organisation, qui aboutissait finalement à la création de l'Institut colonial marseillais, dans les locaux duquel le Musée colonial était transféré.

Il n’est plus, à l'heure actuelle, de sacrifice que Mar- seille ne soit disposée à faire pour notre expansion colo- niale. Sans les événements qui ont si soudainement surgi on en aurait une preuve nouvelle dans la seconde Exposition qui devrait être sur le point de s'ouvrir au moment nous écrivons ces lignes. Ce n’est que jus- ce de rappeler ici qu’à l’origine de tout ce mouvement il y eut surtout un homme: celui qui pendant vingt-trois ans dirigea ces Annales fondées par lui, et dont nous ne reprenons pas sans quelque appréhension la lourde

succession. Commandeur de la Légion d'Honneur depuis 1907,

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LES SAPOTACÉES DU GROUPE DES S/DEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES

Par M. Marcel DUBARD,

On pourrait s'étonner qu'avant publié précédemment dans ce recueil ! la classification du groupe des Sideroxylinées, J'y apporte aujourd'hui mes observations sur les Wimusopées, sans avoir traité auparavant des Chrysophyllinées.

C'est que l’on considère généralement les Mimusopées comme une sous-famille s’opposant à toutes les autres Sapo- tacées, qui constituent dans leur ensemble la sous-famille des Palaquiées. Les Palaquiées ont été presque toujours réparties par les auteurs en {llipinées, Sidéroxylinées, Chrysophyllinées et, comme j'ai déjà exposé les résultats de mes études sur les deux premiers de ces groupes, on pourrait s'attendre aujour- d'hui à me voir présenter un tableau d'ensemble du troisième.

Si j'aborde d'abord l'étude des Wimusopées, ee n'est pont par manque de méthode, mais parce qu'au contraire ce groupe ne me parait pas pouvoir être écarté des Siderorylinées. Les grandes lignes de la classification des Sapotacées sont en elfet basées sur des caractères fournis par l'androcée. Chez les Illipinées, celui-ci est constitué par au moins deux cycles d'éta- mines fertiles, l’un épipétale, l'autre alternipétale : chez les Sideroæylinées les étamines alternipétales se trouvent rem- placées par des staminodes ; chez les Chrysophyllinées le eyele épipétale subsiste seul.

_ Il est donc logique de se préoccuper de la constitution de l'androcée chez les Mimusopées, pour saisir dès l’abord leurs

1. Marcer Dogaun, Les Sapotacées du groupe des Sideroæylinées, Annales du Musée Colonial de Marseille, série, vol. X, 1912.

Annales du Musée colonial de Marseille, série, vol. 1915. 1

2 M. DUBARD

relations avec les groupes précédents et l’on ne peut qu'être frappé à ce point de vue de l'analogie étroite qui existe entre ce groupe et celui des Sidéroxæylinées ; de part et d'autre, nous trouvons en effet une série d’étamines fertiles épipétales et une série de staminodes alternes. On doit alors se demander pourquoi, lorsqu'il s'agit des Mimusopées, les auteurs ont cru devoir mettre en vedette un autre caractère et baser cette sous- famille sur la présence d'appendices dorsaux aux lobes de la corolle, véritables pièces stipulaires des feuilles qui constituent cette enveloppe florale.

On peut s'étonner à Juste titre qu'on ait attribué à ce carac- tère une telle importance, alors que certains genres de la même famille, tels que les Bumelia et les Dipholis, sont rangés par tous les botanistes parmi les Siderorylinées, quoique les pétales y présentent aussi des appendices, de valeur stipulaire, mais disposés latéralement. Peut-on d'autre part tirer argument de caractères spéciaux bien tranchés, qui viendraient en quelque sorte souligner la constitution de la corolle, pour classer ainsi à part les Mimusopées ? Nous n'en avons trouvé aucun et l'étude de l'ensemble des formes de ce groupe nous a, au con- traire, mis en présence d’affinités extrêmement étroites avec les Sideroxylinées et nous a fait concevoir un parallélisme frappant des genres de ces deux groupes.

Il est donc bien naturel de faire état en première ligne pour les Mimusopées comme pour les autres groupes de la même famille de la constitution de l’androcée, ce qui nous conduit à une classification assez nouvelle de l'ensemble des Sapo-

tacées.

I. Androcée formé de 2 séries au moins

d'étamunes fertiles ins: One, Palaquiinées. IT. Androcée formé Lobes pétalaires d'une série sans appendices d'étamines fertiles dorsaus.-. 2% Sideroxylées. épipétales et { d'une série de Lobes pétalaires staminodes alternes avec appendices (Sideroxylinées) doOrsaux Mimusopées.

IT. Androcée formé d’une seule série d’éta- mines épipétales, sans staminodes... Chrysophyllinées.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 3

Ce n'est pas ici le lieu d'insister sur le parallélisme des deux subdivisions du groupe des Sideroxylinées ; une connaissance approfondie des genres est d'abord nécessaire pour en com- prendre les affinités ; Je tenais seulement au commencement de ce travail à me justifier d’une critique possible à prévoir.

DONNÉES GÉNÉRALES SUR LA CLASSIFICATION DES MIMUSOPÉES

Les Mimusopées sont donc caractérisées dans leur ensemble par l’adjonction à chaque lobe pétalaire de deux appendices dorsaux, ce qui triple en apparence le nombre des pièces de la corolle.

La plupart du temps ces pièces supplémentaires sont aussi développées que les pétales proprement dits; le plus souvent entières, 1l arrive cependant que leur limbe soit très profon- dément divisé; mais on ne peut guère tirer de ces variations que des caractères spécifiques : rarement les appendices se dis- tinguent des lobes principaux par une taille excessivement

réduite (Northea).

En somme, les caractères fournis par la corolle sont d'assez minime importance et peut-être paraîtra-t-1l excessif d’opposer à ce titre le genre Northea à l'ensemble des autres Mimusopées groupées en un genre très hétérogène Mimusops, comme on l'a fait presque universellement jusqu à présent. Il semble au con- traire beaucoup plus logique de mettre au premier plan les caractères qui nous ont donné satisfaction dans la classifica- tion des Sideroæylées : 11s sont tirés de la position de l'ovule et de la structure de la graine.

Nous rangerons donc, d'un côté, toutes les formes chez les- quelles le hile et le micropyle sont rapprochés (anatropie absolue) et la cicatrice typique de la graine des Sapotacées est basilaire et relativement de peu d’étendue (ce sera le type eumimusopé correspondant au type eusiderorylé, parmi les Siderorylées), et, d'autre part, les formes chez lesquelles le hile et le micropyle sont assez éloignés ou occupent même les pôles opposés de la graine (hémianatropie ou atropie) et sont

4 M. DUBARD

réunis par une cicatrice latérale allongée: ce sera le type manil- karé correspondant au type lucumé, parmi les Siderorylées.

Dans ce deuxième type, tantôt l’ensemble de la tigelle et de la radicule (caudicule) forme un organe fortement saillant en dehors de la commissure des cotylédons, tantôt un simple organe punctiforme: il faut remarquer en outre que, si les embryons à caudicule punctiforme correspondent toujours à des graines exalbuminées, on peut trouver au contraire des Manilkarées à caudicule sallante avec ou sans albumen et que ces dernières forment: transition vers les types à caudi- cule courte.

Chez les Æumimusopées, nous n'avons pas rencontré d'exemple la graine fût dépourvue d'albumen ou à caudi- cule punctiforme ; de telle sorte que les caractères de l’ovule et de la graine nous permettent déjà d'établir les subdivisions suivantes :

Graines à Graine fortement albuminée,

à caudicule \

cicatrice allongée é allongée

Graine sans albumen ou

tovule hémitrope) faiblement albuminée.

ou atrope Manilkarées

pe ——

à caudicule punctiforme,

Graines à cicatrice !/ s acdlare redoute \ Caudicule allongée ; graine fortement albuminée.

em

Eumimusopées

Les caractères les plus importants, après ceux que fourmt la graine, sont tirés du type floral; chez la plupart des Manil- karées, le type floral est 3, le calice étant formé de deux ver- ticilles trimères et la corolle de six pétales en une seule série ; chez la plupart des Eumimusopées, il est au contraire #4, le calice comprenant deux verticilles tétramères et la corolle 8 pétales en une seule série.

Les autres caractères génériques peuvent être tirés soit de l’androcée qui, dans quelques cas exceptionnels, peut com- prendre deux verticilles fertiles (Muriea) ou au contraire se réduire à un seul cycle épipétale (Northea), soit de la nerva-

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 5

on de la feuille qui, dans le seul genre Baillonella, est trans- versale par rapport aux costules, alors que, chez toutes les autres Mimusopées, on observe une ou plusieurs nervures des- cendantes entre celles-er.

Quant aux caractères tirés de la forme et de la subdivision des appendices pétalaires, de la forme et de la grandeur des staminodes, du nombre des carpelles, de l'isomérie de l'ovaire avec les verticilles externes, caractères qui ont souvent été invoqués par les auteurs, ils sont tellement sujets à varia- tions, parfois dans une espèce définie, parfois même et pour certains dans une fleur unique, qu'on ne doit en user qu'avec une extrême prudence, même s'il s'agit de définir des espèces.

En résumé : Le groupe des Mimusopées ne mérite nulle- ment l'autonomie qu'on lui a conférée jusqu'ici ; il doit être logiquement ramené au rang de sous-tribu et mis sur le même plan que les Siderorylées.

Les caractères dominants sur lesquels on doit baser les grandes lignes de leur classification sont fournis par l’ovule et la graine comme chez les Sideroxylées.

Des caractères génériques importants peuvent être tirés du type floral, de l’androcée, du degré de développement des appendices pétalaires, de la nervation de la feuille.

Les caractères résultant de la forme des appendices et des staminodes et du nombre des carpelles sont d’une importance très discutable et peuvent tout au plus servir à définir les espèces.

Enfin, comme à propos des Siderorylées, nous devons remarquer que les caractères fondamentaux fournis par l’ovule et par la graine, tout en donnant une base solide à la elassifi- cation, n'empèchent pas de reconnaître entre les divers groupes secondaires des convergences indéniables, qui assurent une continuité remarquable dans la famille des Sapotacées.

6 M. DUBARD

A. MaANILKARÉES

Ce groupe correspond identiquemeut aux Lucumées parmi les Sidero.rylées et se définit de la même manière :

Graine à cicatrice allongée, provenant d’un ovule atrope ou hémitrope, inséré, plutôt vers le haut de la loge carpellare; le hile occupe l'extrémité supérieure de la cicatrice et le micro- pyle l'extrémité inférieure.

Une première série de genres comprendra ceux chez lesquels les cotylédons sont minces, foliacés et les réserves de la graine sont formées par l’albumen ; dans ce cas, la caudicule est toujours allongée.

Cette série est parallèle à celle des Planchonella, Micropho- lis, Achras, parmi les Lucumées.

Le genre fondamental de ce groupe est le genre Manil- kara.

Manilkara Rheede !.

Cet ancien genre de Rheede (in Adanson) fut toujours con- sidéré comme rentrant dans le genre Mimusops de Linné, l'on range encore actuellement à peu près toutes les Mimuso- pées. Les considérations générales qui précèdent nous ont montré que, si l'on veut tenir compte des caractères de la graine, 1] est absolument nécessaire de démembrer ce genre Mimusops se côtoient les types les plus disparates du groupe; nous avons donc rétabli le genre Manilkara que nous opposons aux vrais Mimusops, caractérisés par l’anatropie de leur ovule, c'est-à-dire pour les mêmes raisons qui nous avaient fait rétablir le genre Planchonella pour l'opposer aux vrais Siderorylon.

En agissant ainsi, nous ne faisons d'ailleurs que nous con- former à l'opinion de L. Pierre, maintes fois exprimée dans les notes manuscrites qui accompagnent ses herbiers ; cette opinion, il hésita cependant à lui donner toute sa valeur,

1. Adans, Fam. 1Il,1763.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 7

puisque dans les Symbolæ Anlillanæ!, 11 ne mentionne les Manilkara que sous forme de section du genre Mimusops, bien qu'en y faisant valoir les excellentes raisons qui militent à 4

en faveur de l’autonomie de ce groupe et en souhaitant de le voir restituer comme un véritable genre.

Le genre Manilkara, tel que nous le comprenons, corres-

) Ù I Ï

pond aux Ternariade de Candolle, aux Æumimusops d'Eichler et Miquel, aux Euternaria d'Engler pour la plus grande part ; nous y faisons également rentrer le genre Mahea de Pierre, à titre de section.

Caractères généraux des Manilkara. Calice à 6 sépales bisériés ; corolle isomère unisériée, à segments dorsaux équi- valents aux lobes, le plus souvent entiers ; staminodes ovales, acuminés, le plus ordinairement dentés ou lobés. Étamines épipétales, insérées au même niveau que les staminodes.

Ovaire de 6 à 14 loges ; ovule avec hile placé vers le milieu de la face interne, par conséquent hémitrope ; cicatrice oblongue, souvent linéaire, s'étendant depuis le hile jusqu'au micropyle qui est basilaire. Nervation fortement descendante entre les costules ; dans chaque intervalle de 2 costules consé- cutives, on compte plusieurs nervures parallèles à celles-c1, très fines.

Obs. : Engler, dans les Sapotacées africaines”, attache une importance peut-être excessive au nombre des loges ova- riennes, en classant dans une subdivision (/sogynæ) des Euter- naria, les espèces l'ovaire est isomère avec la corolle et dans une autre section (Pleiogynæ) celles il est formé de plus de 6 carpelles.

L'étude générale de la famille nous a montré combien sont peu constants les caractères tirés du nombre des pièces flo- rales ; à notre avis, la quantité des échantillons examinés est à l'heure actuelle trop restreinte pour pouvoir affirmer qu'une espèce déterminée présente, d’une manière invariable, 6 car-

pelles.

EUNOIE NV fasc;T;-p.:4162. 2. ENGLER, Sapotaceæ africanæ, p. 52.

8 M. DUBARD

Dans le groupe même que nous étudions on a, d'ailleurs, signalé déja des variations ; à supposer enfin qu'il y ait con- stance, 11 paraïtrait aussi nécessaire d'établir des subdivisions spéciales pour un nombre quelconque de carpelles, diffèrent de 6, que pour ce nombre 6.

Dans la nomenclature des espèces, nous nous bornerons done à indiquer, pour chaque forme, le nombre de carpelles admis d'après les observations antérieures,

Répartiion géographique. Les Manilkara présentent une sure considérable d'extension, car ils se trouvent à la fois aux Antilles, sur la côte Est de l'Amérique du Sud, dans PAsie méridionale, en Malaisie, en Australie, sur les côtes occidentale et orientale d'Afrique, à Madagascar, ete.

Ce genre correspond donc, au point de vue de la réparti- ton géographique, à la fois aux Planchonella qui sont indo- malais et australiens, et aux Wicropholis et Achras qui sont américains; mais 1l donne, en outre, un groupe africain très important et renfermant des espèces très variées réparties dans presque toute la zone tropicale.

Obs. : Parmi les trois genres de Lucumées qui correspondent aux Manilkara, c'est le genre Achras qui, par son organisa- ion générale, s'en rapproche le plus: alors, par exemple, que la cicatrice de la graine est allongée d’un pôle à l’autre chez les Planchonella et les Micropholis, elle n’atteint guère que la moitié de la hauteur de la graine chez les Achras comme chez les Manilkara ; les autres caractères concordent d’ailleurs par- faitement: cette remarque permet de supposer, avec quelque vraisemblance, que les Achras et les Manilkara dérivent assez directement d'une souche commune américaine et qu'on: doit, par conséquent, regarder les Manilkara américains comme représentant les types fondamentaux du genre.

Section Eumanilkara.

Cette section est caractérisée par des appendices pétalaires bien développés et par des fleurs hermaphrodites.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINEES-MIMUSOPEES y

Manilkara Kauki. | | Syn. : Mimusops KaukiL.; M. Manilkara G. Don. ; M. dis-

secta Hook. : M. Hookeri À. DC. ; M. Bojeri À. DC.; M. Balata BL. non Gærtn., non Aublet; M. Browniana Benth.: M. Elengi Boj. non L.

Fig. 1. Corolle étalée de Manilkara Kauki, montrant les étamines et les staminodes, 5 gr.

Noms vern. : Phlé-mut (annamite); Pohon (Javanais).

Exs. : Cochinchine, cultivé à la base du Mont Diai, prov. de Chaudoc [Pierre 3260]; iter javanicum [Zollinger 2887); Java, dans les cultures [Zippel] ; cultivé à Buytenzorg ; Jamaïque | Hart. 1109): Guyane, cultivé | Voisin).

Obs. : Cette espèce présente un ovaire de 6 à 8 loges ; le nombre le plus fréquent parait être de 6; elle se rangerait

donc plutôt parmi les /sogynæ.

Manilkara hexandra.

Syn. : Mimusops herandra Roxb.:; M. indica A. DC.

Noms vern. : Cay-viêt ; Cay-gang (annamite).

Exs. : Indes orientales, Malabar, Concan [Coll. Stocks Law., ex. herb. Hook. f. et Thomson |: cultivé au Jard. bot. de Calcutta [3261 H. P.]; [Wallich. 4149 E]; Indore [éch.

10 M. DUBARD

transmis par M. Holmes}: Cochinchine!Thorel ; Monts Dinh, près Baria |Pierre 3261): Monts Mu-xoai, Binh-Dinh, prov. Baria | Pierre 3261]: Cho-ben, prov. de Baria | Pierre 3261]; httoral de la prov. de Baria | Pierre 3261 |; Thu-duc, prov. de Saïgon [Pierre 3261]; Tri-Huyen, prov. de Bien-hoa !Pierre 3261}; littoral de l'ile de Phu-quoc [Pierre 3261); Ile Condor

ll \V \ VI Fig. 2. Aspect comparatif de la graine de M. Kauki (1-IIT) et de celle

de M. hexandra (IV-VI), 2 gr.

[Harmand 742]; Cambodge, au mont Sruoi [Pierre 3261 |; littoral de la péninsule malaise, à Caulai (Siam) [Pierre 3261.

Obs. : Cette espèce est proche de la précédente et a été

souvent confondue avec elle; cependant, les graines sont dans l’une et l’autre bien distinctes ;: celles du M. hexandra sont plus petites et non bosselées vers le haut comme celles du M. Kauki.

Manilkara Roxburghiana. Syn. : Mimusops Roxburghiana Wight; M. Conteshiana Pierre mss.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 1

Nom vern. : Nakeliquian (tamoul).

Exs. : Indes orientales, Annamallays hills [King |: Pondi- chéry |Contest-Latour (5553 H. P.)|. |

Obs. : Espèce pleiogyne, dont le nombre habituel des car- pelles est de 9.

L'échantillon de Contest-Latour présente certains caractères particuliers qui avaient poussé Pierre à en faire une espèce distincte ; les pétioles y sont plus allongés que dans le type, le fruit y est sphérique et non ovoïde, les pédoncules sont moins nombreux aux axes; en l'absence de fleurs, nous n'avons pas cru devoir maintenir le M. Contestiana qui doit plutôt être regardé comme une variété, à notre avis.

Fig. 3. Corolle étalée de M; Roxburghiana montrant les étamines et les staminodes, 5 gr.

Manilkara littoralis.

Syn. : Mimusops liftoralis Kurz.

Exs. : Tenasserim et Andamans.! Helfer 36131.

Obs. : Cette espèce est extrêmement voisine du M. heran- dra et possède aussi un ovaire généralement à 9 loges : d'après Kurz, la fleur renfermerait deux fois autant d'éta- mines et de staminodes qu'il y a de pièces au calice; c’est pour cette raison qu'Engler fit pour cette forme, dans le

Pflanzenfamilien !, un sous-genre spécial qu'il baptisa Pleio- g I

1. Pflansenfamilien, IV Th., Abt.1, p. 152.

12 M. DUBARD

mimusops ; mais la description de Kurzest certainement erro- née, la fleur renferme seulement 6 étamines et 6 stami-

nodes.

»° Manilkara Pancheri.

Syn. : Mimusops Pancheri Bal. :; M. Vieillardi Pierre.

Exs. : Nouvelle-Calédonie | Petit 63, ex. herb. Exp. col. |: :Sébert et Fournier 63, ex. herb. Exp. col.|; Ile des Pins {Vieillard 904}.

Obs. : Cette espèce se rapproche assez du M. Kauki; l'ovare y est généralement à 6 loges, La dénomination de M. Vieil- lardi est plus ancienne que celle de Baillon !, mais elle se trouve dans une simple nomenclature, sans aucune indication de caractères, sans que L. Pierre ait même indiqué qu'il s'agis- sait d’une espèce nouvelle; ce n'est que grâce aux notes manuscrites renfermées dans son herbier que jai pu faire l'identification du M. Vieillardi avec le M. Pancheri décrit par Baillon, dans le même recueil, en février 1891, et je pense que dans ces conditions c'est le nom spécifique de cet auteur qui doit prévaloir.

Manilkara Teysmanni.

Syn.: Mimusops Teysmanni Pierre mss.

Exs. : Échantillon reçu du Jard. bot. de Buytenzorg ! Treub. (4188 H. P.)].

Obs. : Cette espèce n'est connue que par ses feuilles et sa graine ; l'analyse de celle-ci à été figurée par Pierre dans ses planches autographiées ; nous en indiquons ci-contre les traits principaux d'après ses dessins.

Les feuilles sont oblongues elliptiques, obtuses aux deux extrémités, munies d’un assez long pétiole. Dim. moy. : Limbe, 13 em. >< 6 em.: pétiole, 2 cm. 1/2. Limbe subco- riace, plus clair sur sur sa face inférieure, portant des costules très fines, formant environ 24 paires, avec nervures intermé- diaires surtout descendantes, nombreuses, d'un relief aussi

4. Bull. Soc. Linn. Par., p. 504.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 143

accentué que les costules, ce qui donne à la feuille un aspect finement strié dans le sens des nervures secondaires (carac- tère rappelant les Micropholis). La graine présente tous les caractères des semences de Manilkara: la figure # précise mieux ceux-ci qu'une description.

Il

[V

Il

Fig. 4. Structure de la graine de M. Teysmanni: I, aspect général du fruit,

gr. nat.; IL, graine vue de profil, gr. nat., If, graine coupée en long, mon- trant l'embryon, 2? gr.; IV, graine coupée transversalement montrant la disposition des cotylédons et de l'albumen, 2 &r.: V, embryon isolé, 2 gr.

VW Manilkara dissecta. Syn. : Mimusops dissecta R. Br.

14 M. DUBARD

Exs. : Tonga-Tabu | Forster 77}.

Obs. : Cette espèce se rapproche, à certains égards, d'une espèce américaine, le M. Jaimiqui; elle a, en particulier, comme celle-ci, des appendices pétalaires notablement plus courts que les lobes principaux. Elle se reconnait facilement par ses étamines dont le connectif dépasse les loges en un appendice élargi, par son ovaire velu surmonté d’un long style

exsert,.

Manilkara duplicata.

Syn. : Mimusops duplicata Urb. ; M. Pleeana Pierre ; M. globosa Griseb. ? Achras duplicata Sessé et Moc.; Sapota Sideroxylon Bello.

Nom vern. : Zipote, Sapote, Mamequelo (Porto-Rico).

Exs. : Porto-Rico, près Manati | Sintenis 6669 (5550 H. P.)]; près Vega Baja |Stahl 466]: près Penuelas [Sintenis 4765] ; près Rincon, in Bario-Punta [Sintenis 5767]; [Plee 237); (Sintenis 3829); Ile de Vieques (Crabb-Island) |Duchas-

saing |.

Fig. 5. Corolle étalée de M. duplicala, 5.gr.

Obs. : L'ovaire présente un nombre de loges variant entre 6 et 10. Dans l'échantillon de Duchassaing, les appendices

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 15

pétalaires sont notablement plus courts que les lobes princi- paux de la corolle, tandis que dans les formes de Porto-Rico il y a sensiblement égalité.

9 Manilkara Sideroxylon.

Syn. : Mimusops Sideroxylon Pierre; Sapota Siderorylon Griseb.; Achras Sapota var. 6. L. : A. Siderozylon Hook.

Nom vern. : Bully, Bullet Tree (Jamaïque).

Exs. : Jamaïque, in Blue Mountains | Harris 5379); March 1887]; [ex. herb. Hook.|.

Obs. : L'ovaire comprend de 6 à 9 loges.

Fig. 6. Corolle étalée de M. Sideroxzylon, 5 gr.

10° Manilkara Grisebachii.

Syn.: Mimusops Grisebachii Pierre: M. dissecta Griseb., non R. Brown.

Exs. : Cuba, Las Remales, La Grifa ! Wright 2927 (5548 HP AI:

Obs. : Cette espèce se rapproche beaucoup du M. Siderory- lon, mais s'en distingue facilement par ses feuilles à faces concolores et par le nombre des loges de l'ovaire qui est le plus souvent de 12.

Parmi les formes du genre Manilkara, ces deux dernières espèces paraissent être les termes les plus proches du type Achras.

16 M. DUBARD

[l

Fig. 7. —Ovaire entaillé de M. Sideroxæylon, montrant la disposition des ovules, 5 gr.

11° Manilkara Jaimiqui.

Syn. : Mimusops Jaimiqui GC. Wright,

Nom vern. : Jaimiqui, Sapotillo (Cuba).

Exs. : Cuba, près Chacco de Toro | Wright 2918. Obs. : L’ovaire présente de 7 à 8 loges.

12° Manilkara Wrightiana.

Syn. : Mimusops Wrightiana Pierre ; Sapota Achras Griseb.

Exs. : Cuba [Wright 2917].

Obs. : Espèce très voisine de la précédente et qui pourrait bien n'en être qu'une simple variété; ses feuilles et ses fleurs sont plus grandes, ses staminodes plus nettement dentés, son style est velu jusque vers le milieu et le nombre des carpelles atteint 9 à 10.

13° Manilkara parvifolia.

Syn.: Mimusops parvifolia Radl.; M. dissecta Griseb. (pro parte); M. floridana Engl.; M. bahamensis Pierre; M. de- pressa Pierre: Sapota Achras, var. depressa À. DC.: Achras

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 17

Zapotilla var. parvifolia Natt.: A. bahamensis J. G. Baker.

Nom vern. : Wild Düilly (île de Key); Wild Sapodilla (Bahamas).

Exs. : Iles Bahamas, Fortune Island |Eggers 3837 (5549 1 ANNE

Obs. : Cette espèce se distingue bien par ses nervures secondaires qui confluent assez loin de la marge, par le grou- pement sub-ombellé de ses fleurs, par le développement du tube de la corolle.

L'ovaire est généralement à 6 loges.

Fig. 8. Corolle étalée de M. parvifolia, 5 gr.

14° Manilkara Riedleana.

Syn. : Mimusops Riedleana Pierre; ? M. dissecta Griseb. ; M. martinicensis Pierre mss.

Nom vern. : Sapotillier marron, Sapotillier noir, bois noir (Guadeloupe); Balata (Martinique).

Exs. : Guadeloupe, morne de Houelmont, morne Hirondelle {Duss}; Martinique | Duss 252}, Hahn 1365}.

Obs. : Cette espèce est voisine du M. Balala, que nous relatons ci-après, mais elle s'en distingue par ses feuilles presque toujours émarginées, des pédicelles moins nombreux à l’aisselle des feuilles, un fruit plus allongé.

Annales du Musée colonial de Marseille. série, vol. 1915. 2

18 M. DUBARD

Fig. 9. Corolle de M. Riedleana vue de l'extérieur: les appendices pétalaires ont été rabattus de manière à montrer les staminodes, 5 gr.

15° Manilkara nitida.

Syn. : Mimusops nitida Urb.; M. Riedleana Pierre (pro parte); Achras nitida Sessé et Moc.; Sapota Siderorylon Bello.

Nom vern. : Ausubo, Acana (Porto-Rico).

| [l

Fig. 10. T, Corolle de M. nitida vue de l'extérieur, les appendices pétalaires ont été rabattus de manière à montrer les staminodes, 5 gr.; II, ovaire,

Das

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 19

Exs. : Porto-Rico, près Bayamon fSintenis 971]; près Manati |Sintenis 6753]: près Yabucoa |Sintenis 5174, 5308 |: sierra de Luquillo, dans les forêts du Mont Jimenes [Sintenis 1422]; [Stahl 715]; | Riedlé (in herb. de Juss. 7260)|.

Obs. : Cette espèce se rapproche aussi berucoup du M. Ba- lala. Elle s'en distingue par ses feuilles velues et rougeàtres dans le jeune âge; par ses appendices pétalaires le plus souvent entiers; d'autre part, elle diffère du M. Riedleana par ses feuilles plus grandes, ses sépales adultes non gibbeux et son fruit plus petit. L'ovaire est formé assez constamment de six carpelles.

16° Manilkara Balata.

Syn. : Mimusops Balata Pierre; M. bidentata À. DC.; M. Balata Miq. (pro parte); M. Pierreana Bal.:;°? M. globosa Gærtn. f.; Achras Balata Aublet: Sapota Mülleri BI.

Noms vern. : Bolletrie (Surinam); Balala rouge (Guyane française). :

Exs. : Guyane française |Richard, ex herb. Delessert|; Cayenne [de Montjoly 1!.

Obs. : Cette espèce a été divisée par Pierre en un certain nombre de variétés, dont les unes ont été publiées dans le Bulletin de la Société Linnéenne de Paris, les autres dans les Symbolæ Antillanæ d'Urban. Ces variétés ne nous paraissent pas également légitimes ; en effet, les caractères tirés de la forme des feuilles, de la subdivision des appendices pétalaires, de la forme des staminodes, sur lesquels elles sont basées, présentent un haut degré de variabilité et ne peuvent souvent permettre une attribution bien certaine d’une forme donnée à l’une des variétés de Pierre. |

Pour pouvoir diseuter ces variétés, 1l faudrait disposer de nombreux échantillons bien complets, portant des fleurs adultes, des fruits et des graines, ce qui n’a pas été notre cas: certaines variétés n'ont pu être examinées par nous que sur un seul échantillon, en mauvais état; aussi nous bornerons- nous à donner ici une liste des variétés, en indiquant d'après

leur auteur leurs caractères particuliers ainsi que Îles eXSsIC-

20 M, DUBARD

cata qui peuvent y être rapportés. Ajoutons enfin qu'Engler considère plutôt les variétés Siebert et Melinonis comme des espèces distinctes el que cette manière de voir est partagée

par Urban en ce qui concerne la première.

Var. a : Cruegeri Pierre.

Syn. : Mimusops globosa Griseb.:? M. Balata Crueger mss.

Caractères : Rameaux épais avec lenticelles grisâtres; feuilles obovales-oblongues, obtuses ou arrondies, coriaces, glabres, concolores; plus de 10 pédicelles par groupe, un peu plus courts que le pétiole: sépales intérieurs, membraneux, ciliés; appendices pétalaires 2-3 partits, plus longs que les lobes principaux; staminodes, vers leur milieu brusquement lancéolés, subulés; ovaire lancéolé à 6-9 loges.

Exs. : Trinidad |Crueger 158 |.

Var. b: Schomburgkü Pierre.

Caractères : Feuilles oblongues, atténuées ou en coin à la base, arrondies à l'extrémité ou brièvement acuminées, glabres ou à peine pubescentes; plus de 10 fleurs par groupe, longue- ment pédicellées, pédicelles à peu près égaux au pétiole; appendices pétalaires entiers ou rarement 1-3 fides: ovaire avec 6-10 loges.

Exs. : Guyane française [Melinon 14]; | Aublet|:

Guyane anglaise, près du fleuve Barama [Schomburgk 1509; monts Canuku |Schomburgk 1238 |; Roraima |Schom- burgk 780 |; Barbades |Schomburgk}|; in New Castle |Eggers 1260 |.

Var. c: Sieberi Pierre.

Syn. : Mimusops Sieberi A. DC.; M. dissecta Griseb. (pro parte); Achras mammosa Sieb, non L.

Caractères : Rameaux légèrement pubescents, ainsi que la face inférieure des feuilles de teinte grisâtre; feuilles obovales émarginées, plus courtes que dans l'espèce précédente; fleurs axillaires par groupes de 6-8 : appendices pétalaires bifides ou bipartits; ovaire avec 6 à 8 loges.

Exs. : Trinidad [Sieber 33].

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 21

Var. d : Hartü Pierre.

Caractères : Feuilles obovales acuminées, à apiculum sou- vent abrégé, en coin à la base, à limbe légèrement coriace, brillantes en dessus: pédicelles groupés par 6, plus courts ou plus longs que le pétiole; sépales obtusément acuminés; -appendices pétalaires, le plus souvent bifides: staminodes oblongs lancéolés, entiers; ovaire le plus souvent à 6 loges.

Exs. : Trinidad Hart 4784, 5378 |.

Var. e : domingensis Pierre.

Caractères : Feuilles elliptiques, arrondies aux deux extré- mités ou obtuses à la base, presque glabres: fleurs axillaires en groupes de 6 à 8, réfléchies; appendices pétalaires rarement entiers, souvent 2-3 partits ou fides ; anthères émarginées à l'extrémité: staminodes 1-3 fides ; ovaire 6-loculaire.

Exs. : Saint-Domingue |Herb. Ventenat |.

Var. f: Gutta Pierre.

Caractères : Feuilles oblongues, obtuses à la base, légère- ment acuminées à l'extrémité, pubérulentes en dessous ou glabres; appendices pétalaires 2-3 fides ou partits; staminodes bifides; ovaire à 8-10 loges.

Exs. : Guyane française | Mélinon 37|.

Var. g : Melinonis Pierre.

Caractères : Rameaux épais à lenticelles rougeätres ou blanches: feuilles larges, oblongues ou obovales, brièvement acuminées, arrondies ou émarginées, glabres: fleurs briève- ment pédicellées; appendices pétalaires 2-3 partits ou fides denticulés ou en partie entiers.

Exs. : Guyane française | Mélinon 1841}.

Les caractères les plus simples permettant de reconnaitre ces variétés sont groupées dans le tableau suivant :

22 M. DUBARD Appendices pélalaires le plus souvent entiers. .... V. Schomburgkü. Feuilles elliptiques arrondies aux extrémités. Ovaire 6-loc. V. domingensis. { émarginées.Ov.6-

Feuilles \ S'IOCSerRnERe V. Sieheri. obovales | acuminées. Ov. 6, loc ses Va Hart:

Appendices péla- J ë . Slaminodes bifi-

laires plus ou des. Ov. 8-10

moins profon-

AL LOC RU RSEEN V. Gulla. dément divi- +14 ; ; 2e Feuilles Slaminodes brus- | oblongues } quement lan- ou obovales- céolés-subulés. oblongues Ov. 6-9:loc,>.. Vi "Cruegere

Staminodes étalés | et denticulés au sommel ne. 4 V. Melinonis.

17 Manilkara surinamensis.

Syn. : Mimusops surinamensis Miq.

Nom vern. : Balata rouge.

Exs. : Guyane, à Karouany [Sagot 836]; près du fleuve Casiquari |Spruce 3351); Surinam |Coll. du D" Hostmann 139a |.

Obs. : Cette espèce ne parait différer que fort peu de la précédente et pourrait vraisemblablement y être rattachée comme variété, s'il était possible de la discuter sur des docu- ments plus complets.

18° Manilkara floribunda. |

Syn.: Mimusops floribunda Mart.:;: M. Glaziowii Raunk.

Nom. vern.: Wassaranduba do Taboleiro (Brésil).

ëxs. : Brésil, Rio de Janeiro [Glaziou 11158]; Cabo Trio [Herb. Mart. 27 ,;.| Sellow 572].

Obs. : Ovaire assez régulièrement à 6 loges.

19° Manilkara longifolia. Syn. : Mimusops longifolia A. DC. Exs. : Brésil, Iheos, prov. de Bahia [herb. Mart. |.

20° Manilkara subsericea. Syn. : Mimusops subsericea Mart.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 23

Nom vern.: Massaranduba (Brésil).

Exs. : Brésil, Rio de Janeiro {Glaziou 12071 |; |Gaudichaud 197]; [Weddell 114]; [Galeotti, ex herb. Mart.}; [Richard |; sans désignation de localité [Glaziou 18357, 18357a, 1547); [Sellow 108, 391, 603); [herb. Mart. 487/; | Clausen 8 |.

Obs. : Ovaire généralement à 6 loges.

21° Manilkara costata. Syn. : Mimusops costata Pierre mss. Exs. : Madagascar | Chapelier, éch. comprenant seulement

feuilles et fruit |; | Richard, in herb. Franqueville (5944 FH, P.)1.

22° Manilkara cuneifolia.

Syn. : Mimusops cuneifolia Bak.:; M. angolensis Engl.

Exs. : [ter angolense | Welwitsch 4836]; Mayomba |Dy- bowski 30}. Obs. : Cette espèce est voisine du M. subsericea du Brésil et du M. lacera d'Afrique. Engler range le W. cuneifolia dans les Pleiogynæ, le M. angolensis dans les Zsogynæ ; c'est d’ail- leurs à peu près la seule différence qui résulte de ses descrip- tions: en comparant les échantillons ci-dessus mentionnés, j observe que le nombre des loges doit varier au moins de 6 à 9, ce qui n’est pas surprenant d'après ce que nous avons vu dans beaucoup des formes précédentes. [n'y a nul doute à ce quil faille fusionner ces deux espèces et nous trouvons ainsi un nouvel argument contre la distinction illusoire en isogynes el pleiogynes.

24 M. DUBARD

Je rapporte également, d'une manière provisoire à cette espèce un échantillon du Congo, recueilli par Mgr Carrie, sous le n°102, et baptisé par Pierre Mimusops qabonensis. L'échantillon est dépourvu de fleurs; les feuilles rappellent beaucoup celles du M. cuneifolia, mais avec quelques diffé- rences : péliole plus épais, limbe plus développé, terminé par un acumen court et arrondi, Jamais émarginé. Ces diffé- rences, en somme peu accentuées, peuvent fort bien tenir à l’âge plus jeune du rameau mis en herbier; d’ailleurs l’échan- tillon de Dybowski présente aussi des formes de feuilles assez

analogues.

23° Manilkara lacera.

Syn. : Mimusops lacera Bak.

Nom vern. : M'Bimo (Gabon).

Exs. : Nun River :Mann 489, 14270}; Gabon, région de Libreville [Jolly 991: [Klaine 26]; [Chalot 16/; région du

J (8 J

Te ae UN (Bar Niger près de Nupe |Barter|. Obs. : Espèce très nettement pleiogyne.

24° Manilkara multinervis.

Syn.: Minusops multinervis Bak.:; ? M. densiflora Bak.

Exs. : Région du Niger, près Nupe | Barter in Baikie's Nig. expéd. 1123: Dahomey, près Badagba, le long du fleuve Zou [E. Poisson 104, 144}.

Fig. 12. M. Mullinervis, var. Poissoni, Corolle étalée et'ovaire, 5 gr.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 29

Obs. : Ovaire ne comptant pas moins de 1# à 15 loges : nous indiquons iei le M. densiflora Bak. comme synonyme, mais avec doute, car nous n'avons pas vu celte espèce: c'est la manière de voir d'Engler, dans les Sapotacées africaines : mais, d'après Baker, les feuilles du M. densiflora seraient éga- lement vertes sur les deux faces et d'autre part celles du M. mullinervis ne peuvent pas être considérées comme con-

colores. Var. : Poissont. + Syn. + Manilkara Poissont Pierre mss.

Exs. : Dahomey, dans la forêt Zomou, près de Zaguanado [E. Poisson 96 |; à Dogba, bords de l'Ouémé [Le Testu 2171.

Obs. : Les feuilles sont moins coriaces que chez le {ype, de teinte plus claire en dessous, plus foncée en dessus: les sta- minodes sont moins profondément subdivisés, l'ovaire parait présenter moins de loges.

25° Manilkara Schweinfurthü.

Syn. : Mimusops Schweinfurthü Engl.

Exs. : Djurland à Seriba Ghattas, [Schweinfurth 1378; Addaï, pays des Bongo, [Schweinfurth 1529 |.

Obs. : Espèce très voisine de la précédente, à ovare nette- ment pleiomère.

Var. : Chevalieri.

Syn. : Mimusops Chevalieri Pierre; Manilkara Maclaudi Pierre mss.

Nom vern. : Jensa (Gouin).

Exs. : Soudan, Kouroussa |Chevalier!|: Dassoulami, cercle de Bobo-Dioulasso | Vuillet 518}: Manambougou entre Kouli- koro et Bammako !Vuillet 452]: Guinée à Dindiena et à Sineia, dans la région de Kouroussa | Pobéguin 193): !D° Ma- claud |.

Obs. : Cette forme tient à peu près le milieu entre les deux espèces précédentes qu'il serait peut-être légitime de réunir: elle diffère du M. Schweinfurthii type par ses feuilles un peu plus étroites, moins pubescentes, caractère assez net au lou-

26 M. DUBARD

cher, ses fleurs un peu plus petites, ses staininodes plus larges, souvent trilobés (au lieu de 1-2 lobés); ces différences sont d'ailleurs très minimes et ne peuvent justifier une espèce

autonome.

26° Manilkara Mochisia.

Syn. : Mimusops Mochisia Baker.

Exs. : Zanzibar | Boivin |: Zambèze, Liwingstone’s Zambezi Expédition | Kirk |.

27° Manilkara sulcata. Syn.: Mimusops sulcala Engl. ëxs. : Mombaza, côte orientale d'Afrique | Boivin |.

Var. : Sacleurtii Pierre.

Nom vern. : Mzinzi (Zanzibar).

Exs. : Zanzibar à Mondera | P. Sacleur 993].

Caractères : Diffère du tvpe par ses feuilles plus petites, ses sépales plus obtus, plus elliptiques, sa corolle à lobes plus courts, ses staminodes entiers et non 1-3 lobés, son style moins long.

Obs. : L'ovaire semble régulièrement du type isogyne dans l'espèce et la variété.

28° Manilkara Welwitschii.

Svn.: Mimusops Welwitschii Engl.

Exs. : Iter angolense, Queta | Welwitsch 481%}. Obs. : Dans cette espèce, l'ovaire est à 12 loges.

29° Manilkara zanzibarensis.

Syn.: Mimusops zanzibarensis Engl.

Exs. : Zanzibar (Boivin); [P. Sacleux 443].

Obs. : Dans cette espèce l'ovaire est à 9-12 loges.

30° Manilkara remotifolia Pierre. Exs. : Dahomey à Baseila [E. Poisson 95}.

31° Manilkara argentea Pierre. Syn.: Manilkara dahomeyensis Pierre. E. Poisson 145]; Niger

Exs. : Dahomey Barter|.

L

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 27

32° Manilkara Pobeguini Pierre. Nom vern. : Xo-acé (Guinée). Exs. : Guinée française, Sankaran [Pobéguin 843.

20 Section Mahea.

Le genre Mahea, que nous ramenons au rang de section, fut créé par Pierre !, qui le caractérise de la manière sui- vante :

La fleur possède 6 sépales disposés en deux séries et une corolle partagée en 6 lobes, plus longs que le tube et à peu près égaux aux sépales. Au dos et à l'extrême base de chacun des lobes, on voit quelquefois une sorte de glande ou point placé de chaque côté des lobes, mais si peu apparent que, sans un examen attentif, on peut en nier existence. Ces points indiquent vraisemblablement l'initiale des divisions externes des pétales, caractéristiques des Mimusopées, ici à peine indi- _quées, mais qui le sont un peu plus dans les Vorthea et les Semicipium. N'ayant analvsé qu'une fleur, il se peut que ces divisions externes des lobes de la corolle soient plus appa- rentes dans d’autres fleurs. Entre chaque lobe de la corolle, il y à un staminode subulé ou terminé par une petite anthère difforme. En face de chaque pétale et toujours au sommet du tube, 1l y à une autre rangée des mêmes staminodes que nous venons de décrire, avec cette différence que l'extrémité de chaque filet porte une anthère stérile un peu plus grosse. Les deux séries, situées à peu près sur le même plan, sont à peu près aussi de même longueur, la série épipétale étant un peu plus longue à cause du volume de l’anthère avortée. L'ovaire, sphérique et velu, contient sir loges, accentuées au dehors: le style glabre est deux fois plus long que l'ovaire et un peu plus long que la corolle. L'ovule dans chaque loge est attaché au sommet de l'axe; le fruit est inconnu: les feuilles sont celles des Manilkara, particulièrement en ce qui concerne la nerva- ion.

1. Notes botaniques, p.S8.

28 M, DUBARD

Cette description nous montre que les Mahea ont les carac- tères essentiels des Manilkara (feuille, type floral trimère, position de l'ovule). Ce dernier caractère laisse supposer que la graine inconnue peut avoir la même constitution que dans ce genre. Je propose donc de faire des Mahea une simple section des Manilkara, suivant en somme ainsi l'opinion d'En- gler qui les fait rentrer dans son genre Mimusops en une section voisine des Ternaria. Nous définirons donc les Mahea comme des Manilkara à fleurs unisexuées et à appendices pétalaires rudimentaires.

33° Manilkara natalensis. Syn. : Mahea natalensis Pierre.

Exs. : Natal | Wood|.

Muriea Hartog !.

Syn.: Æichleria Hartog:; Murieanthe Bail (Sect. des Mimu- sops). Ce genre possède les caractères essentiels des Manil- kara ; mais les staminodes y sont remplacés par des étamines fertiles. Engler l’a considéré comme une simple subdivision de la section Æutfernaria du genre Mimusops, pris au sens le plus large, tandis que Pierre en fait un sous-genre des Mimu- sops, envisagé dans un sens plus restreint, c'est-à-dire corres- pondant en somme aux Manilkara et Muriea.

Nous croyons que la clarté de la classification exige d’en faire un genre indépendant. Est-il logique de faire des Wahea une simple section du genre Manilkara et de mettre comple- tement à part les Muriea? Il nous semble pouvoir admettre l’affirmative, parce que dans la fleur femelle des Mahea, que nous connaissons seule, les staminodes des deux cycles ne sont pas absolument comparables, ceux qui correspondent aux étamines fertiles des Manilkara sont plus grands et rap- pellent davantage les organes normaux, ce qui nous permet de supposer logiquement que dans la fleur mâle il doit y avoir 6

1. In Journ. of Bot., XVI, 1878.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 29

étamines fertiles épipétales et 6 staminodes alternes, organi- sation typique des Manilkara ; la section Wahea est donc caractérisée uniquement par ses fleurs diclines ou polygames. Chez les Muriea, au contraire, nous avons bien un androcée à 2 cycles staminaux fertiles; c'est une organisation bien distincte de celle des Manilkara et nous devons ajouter d’au- tant plus d'importance à ce caractère que c'est sur la fertilité ou la stérilité, la présence ou l'absence de certains cycles de -l’androcée que sont constamment basées les grandes subdi- visions de la famille.

Muriea albescens Hartog.

Syn. : Mimusops albescens Hartog; Bassia albescens Griseb.: Labourdonnaisia albescens Benth ; Eichleria albescens Hartog ; Sapota Acana Morales ; S. Marta Morales.

Exs. : Cuba occidental, près Retiro | Wright 2919).

Obs.: Dans cette espèce les deux cycles staminaux sont insérés au même niveau et l'ovaire présente 9-10 loges.

Muriea discolor Hartog.

Syn.: Mimusops discolor Sond.: Æichleria discolor Har- tog ; Labourdonnaisia discolor Sond.: L. sericea Benth. et Hook.

Nom vern. : Umpumbulu (Natal).

Exs. : Inanda, Natal !: Wood 13549!.

Obs. : Les étamines du cycle alternipétale ont une tendance à s'insérer plus bas que celles du cycle épipétale. L'ovaire est formé de 6 carpelles.

Une deuxième série de genres comprendra ceux chez les- quels les cotylédons sont épais et charnus et renferment la plus grande partie ou toutes les réserves de la graine ; l'albu- men est mince ou manque d'une manière complète ; mais la caudicule de l'embryon y est assez proéminente.

30 M. DUBARD

Fig. 13. I, corolle étalée de Murieà discolor ; IT, IIT, ovaire en perspective et en coupe; IV, position de T'ovule par rapport au placenta, 5 gr.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 91

Lecomtedoxa Pierre mss.

Ce genre a été créé par L. Pierre pour une espèce du Gabon, mais il n'en a point publié la diagnose. Engler l’a rattaché comme sous-genre aux Mimusops au même titre que les Ternaria et les Quaternaria 1.

Fig. 14. Lecomtedoxæa Klaineana. Graine, I, vue de côté: II, vue par la face ventrale: IT[, albumen: IV, embryon vu de côté: V, embryon en perspec- tive: gr. nat

Ce groupe peut être caractérisé de la manière suivante leurs du type # ou du type 5 ; appendices de la corolle tou- Jours entiers, sensiblement égaux aux lobes principaux : an- drocée formé d'étamines épipétales alternant avec autant de

{. Engler, in Pflanzenfamilien, Nachträge 1900, p. 289, el Sapolaceæ

africanæ, p. 55,

32 M. DUBARD

staminodes, Pistilisomère : ovules complètement atropes. Baïe obovoïde, allongée, fortement atténuée à la base, à péricarpe mince, uniséminée ; graine oblongue, avec longue cicatrice, s'étendant d'un bout à l’autre du côté ventral. Albumen mince. Embryon avec cotylédons épais, plan-convexes, à caudicule saillante, courbée. Feuilles portant de fines costules, avec ner- vation intermédiaire fortement descendante, comme chez les Manulkara.

De telle sorte que le genre Lecomtedora correspond à un type dégradé de Mimusopées, le nombre des pièces du ca- lice et de la corolle s'abaisse à 5 et même à 4; en particulier, le calice, au lieu d'être formé de deux verticilles trimères, n’est plus constitué que par une seule série de pièces à disposition imbriquée.

Lecomtedoxa Klaineana Pierre.

Syn.: Wimusops Klaineana Pierre.

Nom vern. : Ouquembé (Gabon).

Exs. : Gabon au cap Estirias | Klaine 408, 507 (5382 H. P.)|

Lecomtedoxa Ogouensis.

Syn.: Mimusops Ogouensis Pierre.

Exs. : Gabon (Ogoué), à Samkita | Thollon 146}.

Lecomtedoxa Vazii.

Syn. : Mimusops Vazi Pierre mss.

Nom vern.: Noumaqou.

Exs.: Gabon, Fernan-Vaz | Klaine 5.

Obs. : Cet échantillon ne porte que des feuilles ; celles-ci sont à pétiole assez allongé, à limbe obové, arrondi ou obtus à l'extrémité, atténué en coin à la base, sinueux sur les bords. Les costules sont très nombreuses, peu distinctes reliées par des arcs vasculaires très rapprochés de la marge, avec ner- vation intermédiaire descendante.

Dim. moyennes : Pétiole 20 mm., limbe 8 c. X4 c.

Les feuilles sont groupées à l'extrémité des rameaux, qui sont noueux et recouverts d'un liège épais et grisâtre.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 93

Dumoria À. Chev. !.

Dans l’'herbier de L. Pierre conservé au Muséum, se trou- vait une Sapotacée de la Côte d'Ivoire, désignée sous le nom indigène de Makerou et étiquetée Tieghemella ? Heckeliana : la plante n'était représentée que par quelques graines. Au cours de sa mission forestière à la Côte d'Ivoire, A. Chevalier put étudier complètement l'essence correspondante, la décrire et fut conduit à en faire le type d’un genre nouveau. Cette plante a été rapprochée d'une façon beaucoup trop étroite des Baillonella ; elle présente des caractères extrèmement distincts, qui justifient pleinement son autonomie générique ; ses affini- tés seraient beaucoup plutôt du côté des Lecomtedora, quoi- qu'elle en diffère par le type floral.

Les caractères les plus saillants de Dumoria sont les sui- vants :

Feuilles non stipulées, à costules très fines, presque paral- lèles, distantes de 5 à 7 mm., au nombre de 15-à 20 paires, avec une nervure parallèle, intercalée entre deux costules consécutives, en un mot nervation ordinaire de Manilkara.

Fleurs du type # correspondant à la formule :

LSLXS LIS(2A,-EP}+ 8:.:9+8E]+80C

Le calice est cadue après la floraison ; il se déchire en lais- sant une cicatrice circulaire et la base seule du tube calicinal persiste en formant une sorte de réceptacle au-dessous du jeune ovaire ; c’est là, d’après Chevalier, un caractère dilté- rentiel par rapport à toutes les Sapotacées africaines connues et c'est sur lui principalement que cet auteur fonde la légiti- mité de son genre Dumoria.

La corolle présente un tube égalant les lobes et ceux-ci sont

flanqués dorsalement chacun de deux segments stipulaires Ap.

1. À. Cuevazier, Sur un genre nouveau de Sapotacées de l'Afrique occt- dentale, à graines fournissant une matière grasse comestible. Comptes rendus Acad, Sce., 22 juillet 1907.

Annales du Musée colonial de Marseille, série, vol, 1915. 3

34 M, DUBARD

L'androcée se compose de 8 staminodes triangulaires, épais et de 8 élamines fertiles épipétales.

L'ovaire est à 8 loges : la graine présente un tégument ex- terne ligneux très épais, portant une très large cicatrice qui s'étend sur toute la longueur de sa face ventrale ; elle est dépourvue d'albumen et renferme un embryon à cotylédons

épais, charnus, dépassés par une caudicule de 5 à 6 mm.

[l

Fig. 15. Graine de Dumoria, 1, vue par sa face ventrale: IL, de profil : ITT., embryon isolé : gr. nat.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 35

Alors que les caractères foliaires rapprochent les Dumoria de toutes les autres Mimusopées, ils l'éloignent au contraire des Baillonella. Les caractères particuliers du calice, l’orga- nisation tétramère de la fleur, la structure de la graine en font un genre bien distinct se rat{achant d'une manière évidente aux Manilkarées.

Dumoria Heckeli A. Chev.

Nom vern. : Dumori (agni) : Mako, Makoré, Makerou (appollonien), Mhabu (attié); Butusu (néouolé) ; Garesu (bété).

Répartition géographique : Côte d'Ivoire, Gold Coast, République de Libéria ; vit dans la grande forèt vierge, tou- jours en individus dispersés.

Exs. : Côte d'Ivoire, Grand Bassam; serait très abondant à Assinie | Comm. Heckel (6024 H. P.)|; [Lecomte|.

Baïllonella Pierre !.

Ce genre fut créé par Pierre pour une graine du Gabon, désignée sous le nom de Noumgou et dont les cotylédons con- üennent une forte proportion d'un beurre analogue à celui du Vitellaria paradoxa et pas trace d'amidon. Pierre, ne connais- sant ni les fleurs ni les fruits de la plante, avait rapporté Le nouveau genre aux Lucumées: il avait baptisé l'espèce Bassia torisperma, dont il décrivait ainsi la graine :

« La graine est longue de 6 em. ; son plus grand diamètre (36 mm.) est au-dessous du milieu de la face ventrale à la face dorsale et ce diamètre n’est plus que de 15 mm. près du som- met ; 1l est de 25 mm. transversalement. Elliptique, un peu comprimée, subgibbeuse dans la partie confinant au micropyle, arrondie aux deux bouts, même à la face dorsale, elle a une cicatrice ventrale longue de 56 mm., recouvrant un peu moins la moitié de sa superficie. Là, l'épaisseur de son tégument (environ mm.) un peu rugueux, d'aspect terne, est à peu près la même que dans les autres régions. La partie vernissée a

1. Prerre, Notes botaniques, p. 13.

30 M. DUBARD

une teinte brun foncé ou chocolat. L’omphalodium (4 mm. sur 4 mm.) est situé à l'extrémité supérieure de la cicatrice, qui est aussi le sommet organique de la graine ; la marche de son raphé à travers le test est par conséquent presque rectiligne. Le deuxième tégument est intimement adhérent à l’externe et s'en détache difficilement. Le système vasculaire quoique bien développé est sans relief. L'embryon se présente entouré du nucelle et d'une mince couche d’albumen. Les cotylédons ellip- tiques, entièrement libres, bien appliqués l'un contre l’autre malgré leur épaisseur, ne sont pas bombés. Ils se terminent en bas en une tigelle courte, recourbée en forme d’hameçon et dirigée vers le micropyle. »

Engler, après avoir fait des Baïllonella, suivant examen de documents complets, une section des WMimusops (Pflanzenf. Nacht., 1897), donne, dans les Sapotacées africaines, une description de ce groupe qui forme la section VIII du genre (sous-wenre Quarternaria). Les fleurs ont en effet une structure fort analogue à ce qu'on voit chez les « Euquaternaria. integræ », principalement en ce qui concerne le calice et la corolle qui sont tétramères ; les étamines ont des filets égalant les anthères, qui sont subovales, légèrement apiculées ; les staminodes, plus étroits dans leur tiers inférieur, se dilatent au-dessus en une lame lancéolée et dépassent les étamines fertiles ; l'ovaire est à 8 loges. É

Ces caractères n'ont rien de particulier et si, par l'organi- sation florale, les Baillonella ont plus d’affinités avec les £u- mimusopées, la structure de leur graine en fait indéniablement des Manilkarées. Mais ce qui caractérise le mieux le genre, c'est la nervation très particulière de la feuille, bien différente de ce qu'elle est chez toutes les autres Mimusopées. Les cos- tules sont nombreuses, très saillantes sur la face inférieure du limbe, d'un parallélisme très net, tandis que les nervures in- termédiaires sont fines, un peu obliques par rapport aux cos- tules, mais non descendantes : d’autre part la feuille possède des stipules persistantes.

Convaincu par nos études antérieures de l'importance des caractères foliaires et en particulier de la nervation pour déli-

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 37

miter les groupes d'espèces chez les Sapotacées, nous n'hési- tons pas, à cause des particularités de la feuille des Baïllo- nella, à restaurer ce groupe comme genre autonome: si nous y ajoutons les ‘caractères morphologiques de la graine, nous pensons même’qu'il est un des mieux définis dans l’ensemble des Mimusopées. Nous définissons donc le genre Baillonella de la manière suivante :

Feuilles à costules saillantes, à nervation intermédiaire transversale, à stipules persistantes. Ovule atrope ; graine à cicatrice allongée d'un pôle à l’autre, très large ; albumen très réduit ; embryon à caudicule courbe et relativement peu suil-

lante.

Baïllonella Djave Pierre.

Syn.: Bassia Djave de Lanessan ; B. {orisperma Raoul : Baillonella torisperma Pierre ; Mimusops Djave Engl.

Nom vern. : Dave (nom du fruit et de la graisse des graines en pongoué); Madi Djave (nom de la plante et de la graisse chez les Adoumas de l'Ogoué) : Agalin-javi (nom de la plante et de la graisse chez les Acotas et les Apingis, dans l’'Ogoué) ; Oréré (nom de l'arbre en pongoué) ; Noumyou (Cameroun.

Exs. : Gabon, environs de Libreville [E. Pierre, comm. Heckel (6381 H. P.)}; [Autran, comm. Heckel|; !Klaine 106, 117, 1735 (6381, 6650 I. P.)|; cultivé au Jardin des missions à Libreville [Jolly 124 (6381 H. P.)]; [Aubry le Comte:

P. Duparquet |; Jolly (6649 H. P.)|; !Ech. de graines comm.

par Holmes, Soc. pharm. de Londres {South african poison), a servi à faire la première description de la graine |.

Baillonella obovata Pierre.

Syn. : Mimusops obovata Pierre (in Engler et Prantl) : M. Pierreana Engl. Noms vern. : Moabi (nom de l'arbre au Gabon): Maniki

(nom du fruit au Cameroun). Exs. : Région de Loango | Lecomte 66. Obs. : Cette espèce n’est connue que par ses feuilles et sa

graine,

39 M. DUBARD

Al

Fig. 16. Graine de Baillonella Djave, I, de profil; IT, du côté ventral: IT, embryon isolé ; gr. nat.

Tieghemella Pierre !.

L'étude de ce genre paraïîtrait devoir plus logiquement venir après celle du genre Dumoria auquel nous le rattachons pro- visoirement ; cependant, la connaissance du genre Baillonella était nécessaire, pour comprendre la discussion suivante, parce que certains auteurs ont rattaché les Tieghemella à ce groupe, sans d’ailleurs en fournir de raisons.

Pierre décrit, dans ses Notes botaniques, sous le nom de Tieghemella africana, une graine du Gabon rapportée pour la première fois par Aubry le Comte en 1853 et à laquelle on avait attribué au Musée de l'Exposition coloniale à Paris le nom d'Ouréré et au Muséum le nom de Djave. Pierre range ce genre mal défini parmi les Lucumées.

La description de la graine diffère en somme assez peu de

1. Prerre, Not. bot., p. 18.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 99 celle qui est donnée au sujet des Barllonella ; les principales différences portent : sur la longueur de la cicatrice ventrale qui n'atteint pas toute la hauteur de la graine mais est séparée du sommet de celle-ci par un intervalle de 20 mm. environ (la graine a 8 cm. de longueur) ; sur le plus grand déve- loppement de l'omphalodium très bombé, très épais et qui atteint une longueur de 25 à 28 mm. ; sur l'épaisseur plus considérable du tégument ligneux. L'albumen, très appauvri autour des parties supérieures de lembrvon, est réduit souvent au nucelle et forme une calotte épaisse, rostrée autour de la caudicule. Celle-c1, qui a 7-8 mm. de longueur, notablement plus longue, par conséquent, que chez le Baillonella Djave est légèrement incurvée.

Il semble bien diflicile devant de semblables différences d'identifier purement et simplement le 7. africana avec le B. Djave, comme l’a fait Perrot f.

D'autre part, la constitution de la graine rappelle de trop près ce que nous avons vu chez les Baillonella pour oser affirmer à priori que l'on ait affaire à un genre différent.

La question peut être rendue plus claire par l'examen d'un échantillon de l'herbier du Muséum, envoyé par le P. Klaine sous le 1343 his et portant le nom indigène Noumgou : ce document est constitué par de jeunes plants d'une Sapotacée accompagnés de fragments de graines. Dans une note manu- serite de L. Pierre, on peut lire l'identification probable avec une espèce du genre Tieghemella, basée sur ce fait que la cicatrice de la graine n'atteint pas toute la longueur de la face ventrale. Cette graine offre d'ailleurs des analogies très étroites avec celle du T. africana, quoique le tégument ligneux y soit notablement moins épais, et l’on est bien fondé à conclure à une identité générique.

Si l’on remarque d'autre part que les jeunes plants ont des feuilles privées de stipules et de poils, et que, bien que les costules soient assez largement espacées, la nervation inter-

1. Perrot, Le Karilé, l'Argan et quelques autres Sapotacées à graines grasses de l'Afrique (in Végét. ut. de l'Afrique trop. française.

10 M, DUBARD

médiaire est assez nettement descendante, on ne peut admettre qu'on ait affaire à un Baïllonella et c'est ainsi que Pierre conclut : « Par l'absence de stipules, par la nervation tertiaire subparallèle aux nervures secondaires, cette plante représente un genre bien distinct du Baillonella et plus voisin des Mimu- sops et des Manilkara. » C'est un fait mdéniable, lorsqu'on vient de parcourir tout l'ensemble du groupe.

Donc, des caractères de la graine (chez T. africana) et de ceux de la feuille, dans l'échantillon du P. Klaine qui semble devoir être rapporté au même genre, on peut déduire, d'une façon presque certaine, que le genre Tieghemella est bien dis- tinct du genre Baillonella. La question se pose alors de savoir s'il pourrait être rattaché au genre Dumoria.

Il possède des feuilles glabres, non stipulées, à nervures secondaires assez fines, nervures tertiaires en partie parallèles aux costules ; l'omphalodium de la graine est très développé, l'embryon présente une caudicule relativement longue ; tous ces caractères peuvent convenir au genre Dumoria.

[l'est vrai qu'ici la cicatrice de la graine s'étend d’un pôle à l’autre, ce qui dénote une atropie absolue de l’ovule, tandis que chez Tieghemella, 1 Y a un commencement d'anatropie. Mais tout démontre dans notre étude générale des Mimuso- pées que l’anatropie complète doit être opposée à l'atropie ou à la subatropie ; il n’y a donc pas de ce côté obstacle à l'iden- tification générique de deux formes voisines dont l'ovule se comporte d'une façon légèrement différente.

Faute de pouvoir observer les fleurs, il nous est impossible de rechercher si les Tieghemella présentent pour leur calice le caractère si particulier invoqué par Chevalier pour définir les Dumoria.

En résumé, il nous semble logique d'admettre pour le moment que le genre Tieghemella peut être rapporté au genre Dumoria ; ce n'est pas une certitude mais une hypothèse très vraisemblable, dont la connaissance de documents plus complets peut seule démontrer la valeur ; dans tous les cas, une telle conclusion est plus en harmonie avec les faits obser- vés que l'identification certainement erronée du T. africana avec le B. Djave.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 41

Quoique le nom de Tieghemella soit le plus ancien, 1l nous semble préférable pour le moment de lui substituer celui de Dumoria qui correspond à un type complètement défini ; mius si, plus tard, l'identification des deux genres devenait certaine, la dénomination ancienne devrait conserver la priorité.

Nous baptiserons done Dumoria avec doute l'espèce suivante.

Dumoria aîricana.

Syn. : Tieghemella africana Pierre; T. Jollyana Pierre.

Noms vern. : Acola, Noumgou.

Gabon, Fernan Vaz, à 50 lieues de Libreville |Klaine (6646 H. P.)}; [Klaine 1348 Dis, 1468 (6652 IH. P.)); [E. Pierre 97] ; [Aubry le Comte 3604 (5633 H. P.)]|; [Jolly (6025 H. P.)|.

Obs. : Pierre a cru devoir faire une espèce spéciale pour ce dernier échantillon, espèce correspondant également au 1348 bis du P. Klaine, parce que la graine y est plus petite que dans les autres échantillons et porte une cicatrice plus longue. Mais l'examen de l’ensemble des documents précé- dents nous a montré des variations assez importantes dans la taille, la forme et l'aspect des graines, suivant leur nombre dans le fruit ; plus celles-ci sont nombreuses, plus forte est la compression qu'elles subissent et c'est à cette seule cause, croyons-nous, qu'il faut attribuer les variations sur lesquelles Pierre a tenté de baser son T. Jollyana.

Une graine provenant du Cameroun, communiquée par Engler est conservée dans l’herbier du Muséum et rappelle au premier examen celle du Tieghemella. Par la forme de sa cicatrice, par l'épaisseur de son test elle fait penser au T. africana, mais par son albumen assez abondant, plus épais même que les cotylédons, elle s'éloigne de ce genre et des Baillonella. Cet albumen assez développé et la courbure des cotylédons rappellent les Lecomtedora, mais la forme de la cicatrice est bien différente, non linéaire, ovale, suboblongue avec un hile médian indiquant un certain degré d'anatropie. Cette graine correspond donc probablement à un genre spécial f.

1. D'après des renseignements communiqués par le professeur Heckel, cette graine appartiendrait au Mimusops congolensis de Wild.; inutile

12 M. DUBARD

Le peu que nous en connaissons Jusqu'à présent, permet de supposer que la flore des Sapotacées de ces régions équatoriales de l'Afrique réserve encore bien des surprises, et que la con- naissance plus approfondie des genres qui la composent entrai- nera probablement un remaniement assez profond de la classification que nous essayons d'ébaucher; malheureusement, les documents sont d'autant plus difficiles à réunir, qu'il s'agit presque toujours d'arbres gigantesques dont les floraisons sont inaccessibles et dont on se contente de ramasser les

vraines. Inhambanella Engler !.

Ce groupe à été considéré par son auteur comme une simple section du genre Mimusops au sens large et rangée par lui dans le sous-genre Quaternaria, par conséquent au voisinage même des vrais Mimusops.

Il est ainsi défini : Fleurs du type #4, ignorées quant au reste : fruit formé d'une grosse baie riche en latex, oblongue, monosperme. Graine oblongue, légèrement comprimée, munie d'une cicatrice large et allongée, dépourvue d’albumen ; embryon avec cotylédons épais, plan-convexes, oléagineux.

D'après la figure donnée par Engler, dans les Sapotacées africaines (FT. XXV), la graine proviendrait d'un ovule à peu près atrope et la caudicule, quoique courte, ne serait pas véri- tablement punctiforme. Les feuilles ont entre les costules de fines nervures disposées en réseau, mais ce type de nervation ne s'éloigne pas sensiblement de ce que nous avons vu chez les Manilkara. D'après l'ensemble de ces caractères, nous voyons que les Znhambanella, malgré leur type floral tétra- mère, se rapprochent plus, et surtout par la disposition de leurs ovules et la conformation de leurs graines, des Manil- kara que des vrais Mimusops.

d'ajouter qu'une pareille désignation générique ne saurait être mainte- nue, La déhiscence de ces semences se fait d’une façon très curieuse par une sorte de panneau ventral, comme l’a mis en évidence le profes- seur Heckel,

1. ExGLer ET PranrL, Pflanzsenfamilien. Nacht., 1900.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 49

Ce genre rentre donc dans la série des Manilkarées à ovules

atropes, à caudicule non punctiforme, et vient se ranger près

des Dumoria, qui ont aussi des fleurs tétramères et une graine à large cicatrice !.

Inhambanella Henriquezi. Syn. : Mimusops Henriquezit Engl. et Warb. Obs. : Je n'ai pu examiner aucun échantillon de cette espèce.

Inhambanella natalensis.

Syn. : Mimusops Schinzii Engler ; M. nafalensis Schinz.

Exs. : Natal, forêts près de Korugha [Schlechter 6220}.

Obs. : C'est la disposition des ovules chez cette espèce, disposition presque atrope, qui laisse supposer que la graine doit avoir une cicatrice très allongée ; dès lors ce ne peut être un Mimusops véritable et, comme le type floral est tétramère, il est logique de ranger l'espèce dans le genre /7nhambhanella.

De plus, Engler, dans la description qu'il en donne, indique que les fleurs sont quelquefois trimères ; c'est une raison de plus pour l’éloigner des Mimusops et pour souligner les affi- nités des Znhambanella et des Manilkara.

Une troisième série de genres comprendra ceux chez les- quels les cotylédons sont épais et charnus et renferment toutes les réserves de la graine qui est dépourvue d'albumen et où, en outre, la caudicule est punctiforme et ne fait pour ainsi dire pas saillie en dehors de la commissure des cotylédons.

Cette série correspond aux Lucumées proprement diles parmi les Sideroxylées, c'est-à-dire aux genres Calocarpum, Lucuma, Bakeriella, Pouteria, Labalia, Sarcaulus, Butyrospermum. L'ovule dans cette série est constamment atrope et par consé- quent la graine a toujours une cicatrice allongée d'un pôle à l'autre, vers les extrémités de laquelle on trouve d'une part le hile, d'autre part le micropyle. |

1. Les Inhambanella diffèrent des Dumoria par leur graine compri- mée, à cicatrice moins large, n’atteignant pas toute la hauteur de la graine, la structure de leur calice, etc.

_— _—

M, DUBARD

Northea Hook f. !.

Ce genre est ainsi caractérisé :

Fleurs du type trimère ; appendices pétalaires très réduits, beaucoup plus courts que les lobes principaux : androcée formé d'un seul cyele staminal superposé aux pétales, pas de stami- nodes. Pistil isomère. Ovule complètement atrope ; graine à cicatrice s'étendant d'un pôle à l’autre, très large, dépourvue d'albumen. Embryon à cotylédons épais, à caudicule presque punctiforme.

C'est done un genre bien distinet, se rapprochant des Manilkara par son type trimère, formant transition vers les Mahea par la réduction des appendices dorsaux des pétales, rappelant enfin les Dumoria et les Baïllonella par l'atropie de son ovule, le développement de la cicatrice séminale, l'absence d'albumen et l'aspect de l'embryon.

Parmi les Siderorylées, c'est surtout du genre Lucuma que semble se rapprocher le Norfhea.

Northea Seychellana Hook f.

Syn. : Mimusops Hornei Hartog. -

Nom vern. : Capucin (Seychelles).

Exs. : Seychelles ; [Graine communiquée par M. Holmes HP

Obs. : L'organisation de la graine rappelle de très près ce qu'on trouve chez les Lucuma.

Vitellariopsis Bail. *.

Ce groupe a été considéré par son auteur comme une section du genre WMimusops et c'est à titre de section des Quaternaria qu'il figure dans la classification d'Engler. Il mérite cependant, à notre avis, d'être considéré comme un genre distinct, car on peut fort bien le caractériser de la manière suivante :

1. In Hook, lc. PL., 1884. 2. Bul. Soc. Lin. Par:, p. 942.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 45

Fleurs tétramères ; corolle avec 8 lobes principaux accom- pagnésde petits lobes accessoires ; androcée normal, formé de 8 étamines fertiles épipétales et de 8 staminodes alternes : fruit de petite taille, subglobuleux, 1-2 sperme ; graine pré- sentant une cicatrice allongée d'un pôle à l’autre, très large, recouvrant la moitié de sa surface, dépourvue d’albumen, con- tenant un embryon à cotylédons épais et à caudicule puncti- forme. Le tégument séminal est coriace, mais peu épais el fragile.

Vitellariopsis Kirku.

Syn. : Mimusops Kirkiü Bail: M. Bakeri Engl.; Butyros- permum ? Kirki Baker.

Exs. : Mombasa [J. Kirk]; Zanzibar, le long du fleuve Wamé, près Mandera | F. Alexandre, in herb. Sacleux 852.

Obs. : Ce deuxième échantillon a été considéré comme une espèce distincte par Pierre ; mais l’aspect de la graine parait bien identique à l'échantillon de Kirk et les documents sont trop incomplets pour permettre une affirmation de l'opinion de Pierre.

L'organisation florale, la structure de la graine montrent des affinités très étroites entre le Vifellariopsis et les Butyros- permum, parmi les Sideroxylées.

B. EumImusopPées.

Ce groupe correspond aux Æusiderorylées et se définit de la même manière. __ Graine à cicatrice réduite basilaire, provenant d'un ovule

complètement anatrope, inséré vers la base de la loge carpel- laire ; le hile et le micropyle sont rapprochés à la partie infé- rieure de la graine.

Chez les Eumimusopées, toutes les formes connues ont une graine albuminée, des cotylédons minces et une caudicule saillante ; nous ne trouvons done pas ici l'équivalent des Bumelia et des Sarcosperma parmi les Sideroxylées.

== ——. _—.

M. DUBARD

Mimusops L. !.

Ce genre, tel que nous le comprenons, à un sens infini- ment plus restreint que celui qu'on lui prête généralement, puisque toutes les Manilkarées, à l'exception des Northea, en ont été extraites et que nous aurons encore à en retirer un senre secondaire. Il correspond ainsi à toute la section Qua- lernaria À. DC. du sous-genre Æumimusops Miq. et Eichl ainsi qu'au sous-genre /Zmbricaria Comm., en suivant la elas- sification d'Engler donnée dans le Pflanzenfamulien ; d’après celle, plus récente, que cet auteur expose dans les Sapotaceæ africanæ, 11 correspond aux sections Æuquatlernaria Eng. et Imbricaria Comm. du sous-genre Quaternaria À. DC.

Caractères généraux des Mimusops. Calice à 8 sépales bisériés ; corolle isomère, unisériée, à segments dorsaux équi- valents aux lobes, entiers ou laciniés ;: staminodes bien déve- loppés comme chez les Manilkara ; étamines épipétales insé- rées au même niveau que les staminodes : ovaire presque cons- tamment à 8 loges *. Ovule complètement anatrope ; graine présentant une cicatrice assez réduite, le hile et le micro- pyle sont rapprochés.

iéparlition géographique. Les Mimusops, comme les Manilkara, présentent une grande aire d'extension et se trouvent sensiblement dans les mêmes régions, sauf en Amé- rique.

Obs. : Le genre Wimusops joue parmi les Mimusopées le même rôle que les Sideroæylon parmi les Sideroxylées et l’on peut schématiser d’une manière simple Les principales relations

.

des deux groupes par une sorte de proportion :

Mimusops Sideroryion

Manilkara Planchonella

1: Nov: pl.Mgen:,/ 1141:

2. Il est à remarquer que chez les Mimusops le nombre des carpelles varie beaucoup moins que chez les Manilkara. La formule florale des Mimusops peut s’écrire 4 S + 4#S' +18 (2 Ap + P)+H8 cs+s +8 E)] + 8 C.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 4

1

Section Euminusops.

Cette section est caractérisée par une graine à cicatrice basilaire, non profondément excavée, et à tégument non pourvu de De sallantes.

2. Sous-section. /ntegræ. Appendices dorsaux des pétales entiers.

a. Groupe indo-malais.

Mimusops Elengi L.

Fig. 17. Corolle étalée de Mimusops Elengi, 5 gr.

Exs. : Archipel indien [ex Herb. Hort. Bot. Bog.]; Kei- Koteil [Beccari, plantes de l'ile Kei!; Expédition du Mékong | D' Thorel 1866-68 |; Siam, Bangkok | Zimmerman 47, 161; Birmanie, Ava, MF Circars [cultivé au Jardin botanique de Calcutta. Pierre 3264}; Bengale {Pierre 3264}; Réunion, cul- üvé au Jardin botanique de Saint-Denis ! Pierre 3259! ; cultivé au Jardin botanique de Saïgon | Pierre 3259]; Dahomey sur les rives du fleuve Oueiné, près Djebé, vraisemblablement cultivé LE. Poisson 71}; cultivé dans les jardins botaniques du Dahomey | Lemierre| ; Martinique, cultivé [P. Duss}.

Var. : longepedunculata BI. Diffère surtout du type par ses feuilles plus longuement

LS M. DUBARD

pétiolées 3-5 ce. au lieu de 1,5-2,5 c. et par ses fleurs à pédi- celles plus longs, 16 mm. au lieu de 7 mm. Exs. : Java, cultivé au Jard. bot, de Buytenzorg. (5101 H.P.).

Var. : Javensis.

Syn. : Mimusops javensis Burck ; M. parvifolia R. Br.

Cette variété diffère du type par ses feuilles plus étroites, à pétiole plus court, par le tomentum plus rouge des organes jeunes, par les dimensions moindres des diverses parties de la fleur.

Les lobes principaux de la corolle y sont un peu plus longs que les appendices, tandis que, dans le type et dans la variété longepedunculata, les lobes sont notablement plus courts que les appendices.

Exs. : Java, cultivé au Jard. bot. de Buytenzorg [5551 H. P.); Célèbes, péninsule SE de Kandari | Beccari| ; province de Minahassa | Koorders 18855 £ ,; province de Ménado | Koor- ders}; Pulo Babi | Plantes de l'ile Ara, Beccari] ; Kulo Kadi | Piante papuane Béccari |; Nouvelle-Guinée, Kaiserwilhelms- land |Hollrung ; Australie [R. Brown! ; Nouvelle-Calédonie : Balansa 1306.

Obs. : Les feuilles sont plus petites et les staminodes plus

=“

aigus dans les formes de Nouvelle-Calédonie et d'Australie ; mais 1] nous semble difficile de bien définir même une simple variété parvifolia.

Var. : phillipensis.

Feuilles beaucoup plus petites que dans le type, comparables aux formes les plus petites de la variété Javensis, mais moins allongées comparativement à la largeur. Les étamines sont ici glabres sur le connectif ! et les staminodes sont relativement larges ; enfin les lobes de la corolle sont un peu plus courts que leurs appendices.

Exs. : Philippines | Vidal 4}.

Obs, : Cette forme se rencontrerait aussi aux Moluques.

1. Les formes à petites feuilles de la var. javensis ont parfois les étamines glabres sur le connectif ; peut-être, serait-ce un caractère permettant de définir une variété parvifolia.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 49

Var. : {imorensis.

Syn. : Mimusops timorensis Burck.

Cette forme est très voisine de la précédente et tient à peu près le milieu entre celle-ci et le type ; en effet, les feuilles sont plus étroites que dans le type, mais presque aussi lon- guement pétiolées, le tomentum des parties jeunes est rou- ceâtre. Les dimensions de la fleur sont sensiblement les mêmes que dans le type. On observe de très légères différences dans la forme des staminodes ; quant aux lobes principaux de la corolle, ils sont sensiblement égaux aux appendices.

Exs. : Timor [Teysmann (5552 H. P.)|.

Mimusops gracilis Eichl.

Syn. : Mimusops lucida Waill., non Poir (pro parte). Imbri- caria lucida Pierre.

Exs. : Penang [ Wallich|.

Obs. : Le Wimusops lucida Wall est généralement considéré comme une synonymie du Payena lucida; mais le 4147 de Wallich correspondant au type comprend deux plantes, l'une qui est le Payena lucida et l’autre qui est un Mimusops. Cette plante, étant vraisemblablement différente du M. lucida Poir, doit changer de nom; c’est pourquoi nous lui appliquons le nomen nudum inscrit par Eichler dans l'herbier de Berlin.

b. Groupe africain.

Mimusops fruticosa Bo].

Noms vern. : Mafarruma (Zanzibar); Mnié-ou (Bagamoyo); M'kana, M'tanda (Dar es Salam).

Exs. : Zanzibar [John Kirk}; [P. Sacleux 548]; Bagamoyo {Stuhlmann|.

Mimusops Kirkii Bak. Exs. : Rivière Shine à Shamo, Zambèze ! Kirk |.

Mimusops Zeyheri Sond. Exs. : Afrique du Sud [Zeyher 1130].

Obs. : Espèce très proche du M. Elengi.

Annales du Musée colonial de Marseille, série, vol. 1915. i

)0 M, DUBARD

Fig. 18. Corolle étalée de Mimusops frulicosa, 5 gr.

Mimusops obovata N. ab. Es. Syn.: /Zmbricaria obovata N. a. Es. Exs. : Afrique australe [Mac Owan|.

Mimusops caffra E. Meyer. Exs. : Cap de Bonne Espérance | Dreges-Ecklon|.

5. Sous-section Lacinialæ. Appendices dorsiux des pétales

lacimiés.

Mimusops longipes Bak. Exs : Lagos [Rowland|.

N \} m K

DS NA KR

> KR ÈS

Fig. 19. Corolle étalée de Mimusops longipes, 5 gr.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSCPÉES 31

Mimusops Schimperi Hochst.

Noms vern. : Baora (Tigré); Lebbach, Daragh (Yemen).

Exs. : Abyssinie | Schimper 697]; Arabie, Yemen |Schwein furth |.

10° Mimusops Kummel Bruce.

Nom vern. : Xummel (Tigré).

Exs. : Abyssinie, Montagnes près Amba-Sea |Schimper 869]; à Aman-Eski [Schimper #73}; montagnes Scholoda

[Schimper (4956 H. P.)].

11° Mimusops djurensis Engler. Exs. : Pays de Djur, Seriba Ghattas |Schweinfurth 2428 |. Obs. : Espèce extrêmement voisine de la précédente.

12° Mimusops fragrans Engler. Syn. : IZmbricaria fragrans Baker. Exs. : Niger à Yomba (Barter, Bakies. Nig. Exp. 12171.

Fig. 20. Corolle étalée de Mimusops fragrans, 9 gr.

13° Mimusops comorensis Engler.

Syn. : Mimusops Humblotiana Pierre.

Exs. : Comores | Humblot 32 (5545 H. P.)|.

Obs. : Cette espèce a des appendices pétalaires tantôt entiers, tantôt profondément subdivisés dans la même fleur, et peut être considérée comme formant transition entre les deux sous-sections précédentes,

M. DUBARD

[24 LEO]

Section Zmbricaria.

Ce groupe est un ancien genre de Commerson ! que Baillon ? a ramené au rang de section des Wimusops, en le définissant de la manière suivante :

« Les Zmbricaria sont des Mimusops a double calice tétra- mère, dont les pétales accessoires sont, dans l'intervalle de deux lobes principaux, au nombre de deux, entiers ou bi- trifides ; les étamines fertiles et les staminodes, au nombre de 8 et les loges ovariennes au nombre de 8. Leur fruit, parfois très gros, renferme une ou quelques graines, compri- mées, lisses ou ternes, irrégulièrement triangulaires, à bords entiers ou parfois crénelés, à hile basilaire intérieur, concave, souvent protégé en dedans par une sorte de processus obtus des téguments. Leur embryon albuminé a des cotylédons foliacés et latéraux. »

On voit, par cette description, que les Zmbricaria diffèrent bien peu des Æumimusops, dont ils possèdent tous les carac- tères essentiels; les particularités externes de la graine per- mettent seules de les classer à part.

Engler, dans les Pflanzenfamilien, en fait un sous-genre de Mimusops, qu'il caractérise par la subdivision des appendices pétalaires en nombreux segments étroits et linéaires et par leurs staminodes linéaires; on ne voit pas bien ainsi en quoi les Zmbricaria diffèrent des Fumimusops laciniés, surtout si l’on remarque que les staminodes ont sensiblement le même aspect dans les deux groupes et ne sont pas toujours linéaires.

Dans les Sapotacées africaines, les Imbricaria ne sont plus pour Engler qu'une simple section du sous-genre Quaternaria, mais ils sont mieux définis cette fois par les caractères de la graine de la façon suivante : graine comprimée, lisse ou terne, quelquefois crénelée sur le bord dorsal, présentant trois bandes saillantes s'étendant de la base jusque vers le milieu du côté ventral, à tégument épais et albumen abondant entou-

rant les cotylédons.

{. Commersox ex Juss. Gen. (1789). 2. Histoire des plantes, XI, p. 268.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES Le:

Nous considérerons ici les Zmbricaria comme formant une simple section des Mimusops et nous les définirons par les caractères extérieurs de la graine, précédemment indiqués.

Les {mbricaria appartiennent aux Mascareignes et à Mada- gascar.

Fig. 21, Corolle étalée de Mimusops Imbricaria, 5 gr.

Mimusops Imbricaria Willd.

Syn. : Zmbricaria maxima Poir.; 1. borbonica Gærtn. f.

Noms vern. : Grand natte; Natte à grandes feuilles (Réu- nion).

Fig, 22, Graine de M. Imbricaria, 1, vue de côté: IT, par la face ventrale : III, par la face dorsale.

D4 M. DUBARD

Ï

Fig. 23. TI, section transversale de la graine de M. Imbricaria: II, section longitudinale.

_

Exs. : Réunion | Turpin : | Commerson |: | Boivin |: | Bernier pe WA L 1271); | Dupetit-Thouars!: Ile de France | Commerson |, Js LUUT [

Mimusops macrocarpa. Svn. : {mbricaria macrocarpa Gærtn. f. Analyse de graines (H. P.).

Mimusops petiolaris.

Syn.: /mbricaria petiolaris A. DC.

Exs. : [le Maurice, bois de la montagne du Pouce | Boivin |; sans localité | Commerson).

Obs. : Dans cette espèce, les appendices pétalaires sont très divisés et présentent de # à 9 franges.

‘D \ L.\_4 {| LT MIVMT À | } h | Il f EEE Ur, /

2 Ur,

Fig. 24, Corolle de Mimusops Commersonit, 5 gr.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES DD

Mimusops Commersonii Engl. Syn. : Imbricaria coriacea À. DC. ; I. Commersonii G. Don. :

Fig. 25. Mimusops gigantea: 1, corolle: IT, fragment de corolle montrant les staminodes: IT, ovaire, 5 gr.

Mimusops Imbricaria Wall.: M. Balata Gærtn f.; M. coriacea Miq.

Exs. : Madagascar; cultivé un peu partout, principalement

56 M. DUBARD

dans les montagnes de Java, de l’île Maurice et de La Réunion, ainsi qu'au Jardin botanique de Calcutta, à la Guyane, aux Anülles. [Comm. Dybovwski 8}; {Forbes}; [Ph. Voisin]; [P. Duss |.

Mimusops gigantea Pierre.

Exs. : Ile de La Réunion, depuis le littoral jusqu'à une alti- tude de 400 à 500 mètres [Pothier (5559 H. P.)}; [Richard 117]; [Boivin].

Fig. 26. Fruit d'Imbricaria gigantea, 1/2 gr. nat.

Mimusops Pierrei Bail. Exs. : Maurice, Montagne du Pouce | Boivin |.

Mimusops oblongifolia.

Exs.: Ile Bourbon, cultivé au Jardin botanique de Saint- Denis [H. P. 3259!.

Obs. : Cette espèce est représentée dans l'herbier Pierre seulement par deux rameaux fewillés. Les rameaux sont cylin- driques et recouverts d'un liège rougeâtre; les feuilles, lui- santes à la surface supérieure, sont ovales oblongues, mais se distinguent surtout par leur acumen, et la désignation spéci-

PAU

fique acuminata conviendrait bien ici, si elle n'avait déjà été

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 57

employée pour une forme de Java. Dim. moy.:pétole, 1,5 c.: limbe, 9e. >< 4 e.; acumen 6 mm.

C’est également à cette section qu'il convient de rattacher la Sapotacée décrite sous le nom générique de Semicipium par L. Pierre !. Engler dans les suppléments aux Pflanzenfa- milien (1897) la rattache déjà aux /mbricarta.

Pierre définit ainsi son Semicipium :

Son calice est celui d'un Zmbricaria, de même son facies:; sa corolle également formée de huit parties subit dorsalement et au sommet du tube un bourgeonnement. On compte en effet 5-6 lanières subulées, inégales en longueur de chaque côté dorsal de chacun des pétales. Ces pièces adventives sont libres jusqu'à la base du pétale et tout à fait indépendantes l’une de l'autre. Elles sont minces, étroites, subulées et rap- prochées en petits faisceaux comme dans les Northea. Une seule de chaque côté du pétale (dans le bouton) devient aussi longue que ce même pétale. Les staminodes sont de petits mamelons arrondis ou nains (dans le bouton). Les étamines fertiles sont elliptiques, acuminées. L'ovaire, surmonté d'un style glabre comme lui, aussi long que les pétales, contient

14 loges.

Fig. 27. Corolle étalée de Semicipium, 5 gr.

L'ovule du très jeune ovaire est horizontal. »

Ces caractères peuvent permettre le rattachement du Semi- cipium soit à la série des Northea et Vitellariopsis, soit au contraire aux Zmbricaria. La connaissance du fruit et de la

1. Notes botaniques, 10 p.

DS M, DUBARD

graine permettrait seule de trancher la question d'une manière certaine. Cependant l'observation de l'ovaire permet de sup- poser que l'’ovule est anatrope: dans ce cas, on peut prévoir ce que doit être la graine, et les aflinités pour les Zmbricaria doivent être admises d’une façon plus vraisemblable ; nous ferons done simplement rentrer le Semicipium dans la section Imbricaria de notre genre Mimusops.

Mimusops Boivini Hartog.

Svn. : Jmbricaria Boiwint Hartog: Semicipium Boivini Pierre.

Exs. : Madagascar | Boivin].

Labramia A. DC. !.

Syn. : Delastrea À. DC.

A ce genre doivent être rattachés également les ZLabra- miopsis d'Hartog, considérés par Engler, dans les Pflanzen- familien, comme un sous-genre distinct des Labramia à l'in- térieur du genre Wimusops.

Les Labramia se distinguent surtout par leurs fleurs tri- mères; les appendices pétalaires sont bien développés et sub- divisés; le pistil est pleiogvne. L'ovule anatrope donne une graine à cicatrice restreinte et basilaire: l'embryon a des cotylédons minces et est entouré d'un albumen abondant. Ce sont bien des caractères de Mimusops, à part le type floral ; les Labramia peuvent donc être définis comme des Mimusops trimères.

Labramia Bojeri A. DC.

Syn.: Mimusops Thouarsiüi Hartog: M. Chapelieri Hartog : M. connectens Bal.

Noms vern. : Voa-sohihi | Madagascar |.

xs. : Madagascar | Helsenberg |; [Humblot 353]; | Dupetit- Thouars ; :Chapelier |; Sainte-Marie de Madagascar | Boivin |; téunion, cultivé dans le jardin botanique de Saint-Denis [Pothier|.

1. Prodrome VIII, p. 672.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 39

Labourdonnaisia Bo). {.

Ce genre fut d'abord rattaché aux Zllipéées par Eichler, parce que toutes les étamines y sont généralement fertiles et que la véritable organisation de la corolle avait été mécon- nue.

C'est l'opinion qu'avait adoptée Engler, dans ie Pflanzen- familien, Le genre est ainsi défini :

Calice 3 + 3 ou # + 4: corolle aussi longue que le calice, constituée de pétales unis seulement à la base, en nombre double des pièces du calice, et disposés en deux verticilles alternes; étamines en même nombre que les pétales, appar- tenant à deux séries, mais insérées au même niveau; ovaire de 6 à 8 carpelles. Baie avec une seule grosse graine munie d'un tégument brillant et d'un albumen corné.

Dans les suppléments aux Pflanzenfamilien (1897), les La- bourdonnaisia sont placés à côté des Mimusops, mais sans que les raisons de cette modification soient exposées.

C'est la sans doute le reflet de l'opinion de Baillon, formulée dès 1892, dans l'Aistoire des plantes : « Les Labourdonnaisia, rangés d'ordinaire bien loin des Mimusops, sont cependant des plantes de ce genre à anthères toutes fertiles, comme celles du Murieanthe. Leurs six pétales sont bisériés. Les lobes de leur corolle, principaux et accessoires, sont le plus souvent au nombre de 18 et il y a un même nombre d'éta- mines fertiles, avec un ovaire ordinairement à six loges. La graine a un ombilic tricaréné qui remonte plus moins le long de son bord interne. »

En somme, on peut se représenter les Labourdonnuisia comme des types mal fixés de Mimusopées. Imaginons, par exemple, une Mimusopée du type 3 ou du type #, dont le calice correspondrait à peu près régulièrement à l’organisation 3 + 3 ou # + # et la corolle serait constituée respective- ment par 6 ou 8 lobes principaux avec lesquels alterneraient des lobes dorsaux en même nombre, chaque lobe dorsal

1. Mém. Soc. phys. Genève, IX, 18%1.

60 M. DUBAR

correspondant alors à la soudure des deux appendices inter- pétalaires habituels, c'est-à-dire appartenant à la fois aux deux pétales adjacents. Supposons de plus que le nombre de ces lobes dorsaux ne soit pas très constant et que certains d’entre eux soient susceptibles d'avorter. Enfin, imaginons un androcée formé d'un cycle épipétale et d’un cycle alternipétale tous deux fertiles, mais les étamines typiques se dédoublent quelquefois et fort irrégulièrement, et un pistil isomère avec les lobes principaux de la corolle.

Tel serait le type très fluctuant des Labourdonnaisia.

La constitution même de la graine montre qu'une telle sup- position n'est pas gratuite, car nous y retrouvons tous les traits principaux des graines de Mimusops, avec une excava- tion basilaire très prononcée, entamant latéralement la graine, comme une exagération de ce que nous avons observé précé- demment dans la section Zmbricaria.

Les Lahourdonnaisia se distinguent donc surtout des Mimu- sops par une organisation très inconstante de la fleur et aussi par leur andrpcée formé généralement d’étamines toutes fer- tiles, ce qui rappelle les Muriea, et l'on serait véritablement très embarrassé pour fixer leur place dans la classification des Sapotacées, si la structure de leur graine ne venait, à notre avis, lever toute hésitation.

Labourdonnaisia calophylloides Boj. Nom vern. : Bois de natte à petites feuilles (Réunion). Exs. : Maurice | Bojer|; [Bouton|; Réunion |Pothier|; {Richard |. Obs. : Calice de (3 + 3) sépales, corolle à 10-14 lobes en

deux séries, androcée de 10-14 étamines ; ovaire de 6 à 8 loges entouré d'un disque en coussin assez net Le

Labourdonnaisia revoluta Bo). Exs. : Maurice (Mus. bot. Hauniense). Obs. : Calice de (4 + #) sépales ; corolle à 14-17 lobes très

1. L'existence d'un pareil disque semble d’ailleurs générale dans le senre et on doit lui attribuer la situation apparente très élevée des loges ovariennes.

SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 61

irrégulièrement bisériés; androcée de 14-17 étamines; ovaire

à 8 loges ?

Labourdonnaisia Thouarsii Pierre mss.

Exs. : Madagascar | Dupetit-Thouars |.

Obs. : Calice de (3 + 3) sépales; corolle à 12 lobes; andro- cée à 12 étamines ; ovaire à 7-8 loges.

Labourdonnaïisia ? Boivini Pierre mss. Exs. : Sainte-Marie de Madagascar | Boivin 1823 |. Obs. : Espèce très mal connue et douteuse.

Labourdonnaisia madagascariensis Pierre mss.

Nom vern.: Nanto (Madagascar).

Exs. : Madagascar, côte est [Chapelier|.

Obs. : Pierre propose dans ses notes manuscrites de faire de cette espèce une section spéciale (Nanfoua), parce que, entre les étamines, on trouve de petites dents insérées vers la base des lobes de la corolle, formations qu’on pourrait consi- dérer comme des staminode. Cette particularité se retrouve dans le L. glauca Bo].

Nous pouvons résumer la classification des Mimusopées

dans le tableau suivant : (Voir page 62).

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TROISIÈME CONTRIBUTION À L'ÉTUDE |

DES CRASSULACÉES MALGACHES

Par MM. RAYMOND-HAMET & H. PERRIER DE LA BATHIE

AVANT-PROPOS

N'ayant eu à ma disposition, lors de la rédaction de ma Monographie du genre Kalanchoe!, que les échantillons incomplets et peu nombreux conservés dans les collections botaniques du Museum national d'Histoire naturelle de Paris, J'avais dü, dans cet ouvrage, me résoudre, non seulement à ne point étudier toutes les espèces alors connues, mais encore à limiter mes diagnoses à une description sommaire des caractères foliaires et floraux.

Fort heureusement les abondants matériaux que M. Perrier de la Bâthie a récoltés à Madagascar, et dont il a accru la valeur par des notes descriptives souvent fort complètes, m'ont permis, d'une part, de compléter un grand nombre de mes diagnoses primitives tant au point de vue des caractères floraux qu'à celui des caractères végétatifs, d'autre part, de préciser la répartition géographique de plusieurs espèces qui n'étaient connues jusqu'alors que par les échantillons récoltés sans indication par le Révérend Baron, enfin de créer vingt- deux espèces nouvelles dont l'étude apporte, à la connaissance

1. Monographie du genre Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, sér. 2, t. VII, p. 869-900, ett. VIII, p. 17-48 (1907-1908.

64 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE

de la classification naturelle du genre Aalanchoe, la plus utile et la plus fructueuse des contributions.

Ces différents résultats ont fait l’objet de quatre mémoires publiés de 1912 à 1916. Le premier !, qui, sur la demande de mon vénéré maitre, M. le Professeur Philippe van Tieghem, fut rédigé pour les Annales des Sciences naturelles, donne la description de six Æalanchoe nouveaux. Le second?, publié dans les Annales du Musée colonial de Marseille, fait con- naître, en même lemps que onze Xalanchoe inédits, quatorze Kalanchoe et deux Crassula déja connus. Le troisième ?, inséré dans le Bulletin de Géographie Botanique, est relatif à la création du ÆXalanchoe Poincarei. Enfin le quatrième, ‘qu'on trouvera ci-après, est consacré à l'étude de quatre Kalanchoe nouveaux et de six Xalanchoe imparfaitement con- nus. Ce travail étant le dernier de ceux que j'ai consacrés à l'étude des plantes recueillies par M. Perrier de la Bâthie, J'ai cru devoir y ajouter un index bibliographique indiquant, pour chaque espèce, la page du mémoire Je l’ai décrite.

RAyYMoNp-Hauer.

Kalanchoe Chapototi Raymond-Hamet et Perrier de la Bâthie.

Le Xalanchoe Chapototi est une plante vivace. Haute de 28 à #4 centimètres, couverte de poils glanduleux longuement pédiculés, érigée mais un peu couchée dans sa partie infé- rieure, la tige, dont le diamètre varie de #.50 à.7 millimètres à la base et de 2 à 2.50 millimètres au milieu, ne se ramifie point mais émet, à la base, des rameaux stériles qui fleuriront ultérieurement.

1. Contribution à l'étude des Crassulacées malgaches, in Ann, Sc. nat., Bot., sér. 9, t. XVI, p. 361-376 (1912).

2. Sur un nouveau Kalanchoe malgache, in Bull. Géogr. Bot. t. XXIII, p. 148-151 (1913). |

3. Nouvelle contribution à l’étude des Crassulacées malgaches, in Ann. du Mus. col. de Marseille, sér. 3, t. II, p. 113-207 (1914).

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 63

Les tiges, qui, dans leur Jeunesse, portent des feuilles sur toute leur longueur, se dénudent bientôt presque entièrement. Opposées, décussées, pétiolées, couvertes de poils glanduleux longuement pédiculés, les feuilles, assez distantes les unes des autres, sont assez régulièrement espacées. Le premier le second, de 48 à 78 millimètres ; le troisième, de 22 à 65 mil-

entrenæud supérieur est long de 40 à 70 millimètres ; limètres ; le quatrième, de 17 à 55 millimètres ; le cinquième, de 10 à 38 nullimètres ; le sixième, de 10 à 40 millimètres ; le septième, de 15 à 17 millimètres; le huitième, de 10 à 30 millimètres ; le neuvième, de 10 à 15 millimètres. Un peu plus bref que le limbe, grêle mais légèrement dilaté à la base, le pétiole est haut de 8 à 92 millimètres et large de 2 à 4.50 millimètres à la base et de 1 à 2.25 millimètres au milieu. Haut de 10 à 75 millimètres, large de 7 à 140 millimètres, tripartit, rarement 5-partit, le limbe se compose d’un seg- ment terminal et de deux, rarement de quatre, segments laté- raux, opposés deux par deux et un peu plus petits que le segment terminal. Le plus souvent ces segments, qui ont des bords garnis de lobes irréguliers pourvus à leur tour de créne- lures obtuses séparées par des sinus arrondis, sont oblongs, subaigus au sommet, longs de 25 à 70 millimètres et larges de 6.50 à 25 millimètres. Quelquefois ces segments sont linéaires, subobtus, longs de 10 à 20 millimètres, larges de 1.25 à 2.60 millimètres, rarement simples, le plus souvent prolongés eux-mêmes en un petit nombre de segments secon- daires latéraux, linéaires et subobtus. Les cicatrices foliaires, en forme de croissant, ne se rejoignent point par leurs extré- mités latérales.

À son sommet, la tige se termine par une inflorescence corymbiforme, haute de # à 7 centimètres, large de 4.5 à 9.5 centimètres, formée d'une cyme bipare régulière, une fois ramifiée, dont les rameaux terminaux portent un assez grand nombre de pédicelles.

Assez grêles, non dilatés au sommet, hauts de 6 à 10 nul- limètres, couverts de poils glanduleux longuement pédiculés, les pédicelles portent des fleurs érigées.

Annales du Musée colonial de Marseille. série, vol. 1915. 5

66 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE

Couvert extérieurement de poils glanduleux longuement pédiculés, le calice se compose d'un tube un peu plus bref que les segments, haut de 0.80 à 1.05 millimètre, et de quatre segments un peu plus hauts que larges, deltoïdes, longs de 1.90 à 3.60 millimètres et larges de 1.60 à 2 millimètres ; ces segments, dont les bords sont entiers, se rétrécissent depuis la base jusqu'au sommet aigu et légèrement sub- acuminé.

Beaucoup plus longue que le calice, couverte extérieure- ment de quelques poils glanduleux longuement pédiculés, la corolle, d'un beau jaune d'or, à son plus grand diamètre un peu au-dessus de la base : au-dessous de ce niveau, elle se rétrécit peu à peu jusqu à la base : au-dessus elle s'atténue peu à peu Jusqu'au tiers inférieur, puis s'évase très lentement et presque insensiblement jusqu'à la base des segments étalés. Plus long que les segments, haut de 19.50 à 21.75 millimètres, son tube est pourvu, dans sa partie inférieure, de quatre côtes ver- ticales peu sællantes, disposées en face des filets oppositipé- tales. Largement ovés, un peu plus hauts que larges, longs de 6.60 à 8 millimètres et larges de 5 à 5.60 millimètres, ces segments, dont les bords sont entiers, ont leur plus grande largeur au-dessous du milieu; au-dessous de ce niveau, ils s'atténuent peu à peu jusqu'à la base; au-dessus, ils se rétrécissent peu à peu Jusqu'au sommet aigu ils se pro- longent en une longue ariste grêle et haute de 3.40 à 4.50 millimètres.

L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles. Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous de la base des segments corollins, dépasse à peine leur point d'inser- tion; très brefs, subdeltoïdes, ces filets s'élargissent insensi- blement depuis le sommet jusqu'à la base qui n'est, elle- même, n1 élargie, ni rétrécie ; leur partie soudée, qui fait à peine saillie à l'intérieur du tube de la corolle et jusqu'à la base de celui-ci, est haute de 16.25 à 18.50 millimètres ; leur partie libre, longue de 0.25 à 0.30 millimètre, est large de 0.20 millimètre à la base et de 0.12 millimètre au milieu. Le sommet des filets oppositipétales, insérés un peu plus

CONTRIBUTION A L' ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 67

haut que les filets alternipétales et à très peu de distance de la base des segments corollins, dépasse un peu le sommet du tube de la corolle; linéaires-subdeltoides, ces filets s’élar- gissent peu à peu depuis le sommet jusqu'à la base qui n'est elle-même ni élargie ni rétrécie ; leur partie soudée, qui ne fait pas saillie à l'intérieur du tube de la corolle, est haute de 19.30 à 21.15 millimètres ; leur partie libre, longue de 1.10 à 1.40 millimètre, est large de 0.35 à 0.45 millimètre à la base et de 0.25 à 0.30 millimètre au millieu. Un peu plus hautes que larges, jaunes, ovées, émarginées à la base, les anthères, qui sont longues de 2.20 millimètres et larges de 1.30 millimètre, portent, au sommet oblus, un petit globule subsphérique.

Soudés entre eux sur un sixième ou un septième de leur longueur totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les autres ; assez étroitement oblongs, ces carpelles s’atténuent peu à peu à partir du milieu, d’une part jusqu'a la base, d'autre part jusqu'au sommet, ils portent un style grêle, vert, beaucoup plus long qu'eux et terminé au sommet par un stigmate jaune légèrement dilaté ; la partie soudée des carpelles est haute de 1.40 à 1.60 millimètre ; leur partie libre, longue de 6.50 à 9.75 millimètres, est large de 1.75 à 1.90 millimètre; les styles sont hauts de 15.60 à 18 mulli- mètres. Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent sur toute leur longueur des funicules assez écartés, sont réduits à deux grêles cordons verticaux parallèles à chacun des deux bords internes des carpelles.

Beaucoup plus hautes que larges, linéaires, élargies à la base, obtuses au sommet, les écailles sont longues de 2.50 à 2.90 millimètres et larges de 0.40 à 0.45 millimètre,

Près de deux fois plus hautes que larges, obovées, obtuses au sommet et à la base, les graines, au nombre de trente environ dans chaque follicule, sont longues de 0.90 à ? milli- mètre et larges de 0.55 à 0.60 millimètre. Leur test, couvert de rides longitudinales nombreuses et peu saillantes, s'applique exactement sur l'amande.

Cette espèce, qui est dédiée à M. le Docteur Chapotot, méde-

68 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE

cin-chef de l'Hôpital 189 bis à Lyon, a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie, en juillet 1903 et en octobre 1905, sur les rochers calcaires et boisés de Namoroka (Ambongo).

Elle appartient au groupe 13 proposé par M. Raymond-Hamet et se rapproche beaucoup du Xalanchoe Briqueti Raymond- Hamet et du Xalanchoe Boisi Raymond-Hamet et Perrier de la Bâthie.

Du premier elle se distingue : par le tube de la corolle proportionnellement beaucoup plus long ; par les sépales un peu plus hauts que larges, deltoïdes, rétrécis depuis la base jusqu'au sommet aigu et légèrement acuminé, et non beaucoup plus longs que larges, très longuement deltoïdes, rétrécis depuis la base Jusqu'au sommet aigu ; par les pétales ovés, aigus, non point suboblongs, rétus ; par les filets proportionnellement beaucoup plus brefs ; par les styles plus longs, et non plus brefs que les carpelles.

Du second, elle diffère : par les feuilles à limbe tri- ou 5-partit, non point ové, entier ; par les styles plus longs, et

non plus brefs que les carpelles.

Kalanchoe Stapfi Raymond-Hamet et Perrier de la Bâthie.

Le Xalanchoe Stapfi est une plante vivace, glabre, haute de 0.50 à 1 mètre. Assez grêle, érigée et ligneuse, sa tige, dont le diamètre médian est de 8 millimètres, parait être primitivement simple, mais, au moment de la floraison, elle donne naissance à des bourgeons qui apparaissent au voisi- nage immédiat des cicatrices foliaires et se développent bientôt en rameaux stériles qui fleuriront l’année suivante.

Au moment de la floraison, les tiges florifères, feuillues dans leur jeunesse, sont complètement dénudées, mais les rameaux stériles portent encore, à leur sommet, deux ou trois paires de feuilles opposées, décussées, pétiolées, peltées et assez espacées. Le premier entrenœud supérieur de la tige florifère est haut de 11 centimètres ; le second, de 3 centi- mètres. Haut de 3.50 à 4 centimètres, large de 1.50 à 2 mul- limètres, assez grêle mais élargi à la base, le pétiole s’insère à une distance de 6 à 8 millimètres de la base du limbe ;

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 69

autant qu'on en peut juger par le contour des cicatrices foliaires, il forme une lame légèrement canaliculée sur sa face supé- rieure et portant, au milieu de sa face inférieure, une carène correspondant à la nervure médiane. Un peu plus haut que large, ové, arrondi ou quelquefois légèrement émarginé à la base, haut de 5 à 7 centimètres, large de 3.50 à 5.50 centi- mètres, obtus au sommet, le limbe est bordé de larges créne- lures assez irrégulières, obtuses et séparées par de larges sinus anguleux ou arrondis, Les cicatrices foliares ont à peu près la forme d’un triangle dont la base serait tournée vers le som- met de la plante ; les extrémités latérales de ces cicatrices sont très proches mais, cependant, ne se rejoignent point,

La tige se termine, au sommet, par une inflorescence lâche, subcorymbiforme, haute de 13 centimètres et large de 16 cen- timètres ; cette inflorescence se compose de deux pédoncules primaires latéraux divisés presque dès la base en trois pédon- cules secondaires terminés par des cymes bipares et pauci- flores, et d’un pédoncule primaire terminal se confondant, d'ailleurs, avec l'axe de l'inflorescence, pédoncule divisé lui aussi en trois pédoncules secondaires terminés par des cymes bipares et pauciflores.

Grêles, longs de 16 à 22 millimètres, les pédicelles sup- portent des fleurs pendantes.

Subcampanulé, brusquement rétréei à la base, le calice se compose d'un tube plus bref que les segments, haut de 2.25 à 3 millimètres, et de quatre segments appliqués contre le tube de la corolle mais légèrement récurvés dans leur partie supérieure ; ovés, plus hauts que larges, longs de # à 5 mil- limètres, larges de 3 à 3.50 millimètres, ces segments, dont les bords sont entiers, ont leur plus grande largeur au-dessous du milieu; au-dessous de ce niveau, ils se rétrécissent assez brusquement jusqu'à la base ; au-dessus, ils s'atténuent jus- qu'au sommet aigu.

Beaucoup plus longue que le calice, la corolle suburcéolée a son plus grand diamètre au-dessous du milieu ; au-dessous de ce niveau, elle s'atténue progressivement jusqu'à une faible distance de la base puis s'atténue plus lentement jusqu'à la

70 RAYMOND-HAMET ET H, PERRIER DE LA BATHIE

base elle-même ; au-dessus, elle se rétrécit lentement jusqu’à la base des segments dressés. Beaucoup plus long que les segments, son tube est haut de 26 à 26.50 millimètres. Un peu plus hauts que larges, largement ovés, longs de 5.25 millimètres, larges de 5 millimètres, ces segments, dont les bords sont entiers, ont leur plus grande largeur un peu au dessous du milieu ; au-dessous de ce niveau, ils se rétrécissent jusqu'à la base ; au-dessus, ils s’atténuent jusqu'au sommet aigu et légèrement acuminé.

L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles. Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessus du milieu du tube de la corolle, dépasse un peu le milieu des segments corollins ; grèles, très longuement linéaires-subdel- toïdes, ces filets s'élargissent insensiblement depuis le sommet jusqu'à la base, qui n'est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie-: leur partie soudée, qui fait à peine saillie à l'intérieur du tube de la corolle, est haute de 24.50 à 25 millimètres ; leur partie libre, longue de 4.75 millimètres, est large de 0.15 milli- mètre à la base et de 0,12 millimètre au milieu. Le sommet des filets oppositipétales, insérés plus haut que les filets alter- nipétales, et un peu au-dessous de la base des segments de la corolle, dépasse un peu le sommet des filets alternipétales ; grèles, très longuement linéaires-subdeltoides, ces filets s'élargissent insensiblement depuis le sommet jusqu'à la base, qui nest, elle-même, ni élargie, n1 rétrécie ; leur partie soudée est haute de 23.50 à 24 millimètres : leur partie libre, longue de 2.50 millimètres, est large de 0.15 millimètre à la base et de 0.12 millimètre au milieu. Un peu plus larges que hautes, suborbiculaires-subréniformes, émarginées à la base, très obtuses au sommet, les anthères sont longues de 1 mil- limètre et larges de 1.40 millimètre.

Soudés entre eux sur un quart environ de leur longueur totale, nettement divergents, oblongs, rétrécis assez brusque- ment dans leur partie inférieure Jusqu'à la base insensiblement atténuée, les carpelles se rétrécissent dans leur partie supé- rieure, puis s’atténuent insensiblement en styles plus longs qu'eux, grêles et terminés par des stigmates légèrement

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 71

dilatés ; la partie soudée des carpelles est haute de 3 milli- mètres ; leur partie libre longue de 13 millimètres, est large de 3.80 millimètres ; les styles sont hauts de 20 millimètres. Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent des ovules sur toute leur longueur, sont réduits à deux grêles cordons subverticaux parallèles à chacun des deux bords internes des carpelles.

Plus larges que hautes, obovées-subquadrangulaires, non dilatées à la base, portant au milieu de leur partie supérieure une très large cuspide très obtuse dont la largeur atteint un tiers de leur largeur totale, les écailles sont longues de 1.25 millimètre et larges de 2.25 millimètres.

Cette espèce qui est dédiée à M. le Docteur Stapf!, cura- teur des Jardins Royaux de Kew, a été récoltée, en décembre 1912, par M. Perrier de la Bâthie, à une altitude d'environ 2.500 mètres, sur les cimes à lichens du Mont Tsaratanana.

Elle appartient au groupe 1 proposé par M. Raymond- Hamet et se rapproche beaucoup du Xalanchoe peltata Baillon, dont elle se distingue : par ses sépales plus hauts que larges, aigus au sommet, et non plus larges que hauts, large- ment émarginés au sommet; par ses sépales un peu plus hauts que larges, aigus et légèrement acuminés au sommet, non point plus larges que hauts, obtus et largement émar- ginés au sommet.

Kalanchoe Waldheimi Raymond-Hamet et Perrier de la Bâthie.

Le Kalanchoe Waldheimi est une plante glabre et vivace. Assez grêle, haute de 22 à 30 centimètres, sa tige, dont le diamètre varie de #4 à 7 millimètres à la base et de 2.50 à k millimètres au milieu, est primitivement simple et érigée ; après la floraison, les parties médiane et supérieure de la tige se dessèchent et disparaissent ; la portion inférieure, qui sub-

1. La bienveillance de M. le D' Stapf nous a permis de comparer, avec les

originaux du Kalanchoe peltala, l'échantillon authentique du Kalanchoe Slapfi. Nous sommes heureux de lui exprimer ici notre vive et cordiale gratitude.

72 RAYMOND-HAMET ET H, PERRIER DE LA BATHIE

siste seule, s'étale sur le sol, s'y enracine et émet des rejets stériles qui, l’année suivante, se développeront en tiges flori- fères. Les plantes âgées forment donc des touffes de tiges stériles et florifères, issues du caudex rameux et rampant en quoi se sont transformées les portions basilaires des anciennes tiges florifères.

Dans leur jeunesse, les tiges portent des feuilles sur toute leur longueur, mais leurs régions basilaire, moyenne et supé- rieure se dénudent bientôt, de telle sorte que persistent seules les quelques paires de feuilles de la région inférieure. Opposées, décussées, planes mais charnues, subsessiles, longues de 42 à 68 millimètres, larges de 22 à 35 millimètres dans leur plus grand diamètre et de 4 à 5 millimètres à la base, obovées, ces feuilles, dont les bords sont entiers dans leurs deux tiers inférieurs mais garnies dans le tiers supérieur de larges crénelures obtuses, séparées par des sinus étroits et anguleux, ont leur plus grand diamètre au-dessus du milieu ; au-dessus de ce niveau, elles se rétrécissent jusqu'au sommet très obtus ; au-dessous, elles s’atténuent peu à peu jusqu'à la base elles se prolongent en un très bref pseudo-pétiole à peine distinct du limbe. Les feuilles inférieures et infra- médianes sont assez régulièrement espacées et assez rap- prochées les unes des autres; les feuilles médianes et supé- rieures sont irrégulièrement espacées et plus ou moins dis- tantes les unes des autres. La longueur du premier entrenœud supérieur varie de-2.50 à 6 centimètres ; celle du second, de 2.80 à 7 centimètres ; celle du troisième, de 3 à à centimètres ; celle du quatrième, de 0.80 à 2.50 centimètres ; celle du cin- quième, de 0.70 à À centimètre : celle du sixième, de 0.50 à 0.80 centimètre ; celle du septième, de 0.80 à 1 centimètre ; celle du huitième, de 0.60 à 1.30 centimètre ; celle du neu- vième, de 0.40 à 1.50 centimètre ; celle du dixième, de 0.60 à 0.80 millimètre. Les cicatrices foliaires ont la forme d’un croissant ; leurs extrémités latérales arrondies ne se rejoignent point.

L'inflorescence, assez lâche et corymbiforme, qui termine la tige, se compose d'un pédoncule terminal et d'une paire de

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 13

pédoncules primaires latéraux qui, tous trois, se terminent par des cymes bipares une fois ramifiées et assez peu florifères,

Grèles, longs de 6 à 17 millimètres, légèrement dilatés au sommet, les pédicelles supportent des fleurs pendantes.

Le calice subcampanulé-suburcéolé se compose d'un tube haut de 14 à 16 millimètres et de quatre segments plus brefs que le tube. Deltoïdes, un peu plus hauts que larges, atténués depuis la base, non dilatée ni rétrécie, jusqu'au sommet, aigu et subacuminé, les segments, qui ont des bords entiers, sont longs de 5.40 à 5.80 millimètres et larges de 3.50 à 3.60 millimètres.

Plus longue que le calice, colorée en rose, la corolle est nettement étranglée au-dessous du milieu ; au-dessous de cet étranglement, elle se dilate peu à peu puis se rétrécit jusqu à une faible distance de la base ; à partir de ce niveau elle garde un diamètre identique jusqu'à la base elle-même et forme ainsi une sorte de petit tube basilaire qui lui donne une apparence stipitée ; au-dessus de l’étranglement, elle se dilate peu à peu puis se rétrécit légèrement au-dessous des segments dressés. Un peu plus long que les segments, son tube est haut de 16 à 17 millimètres. Longuement obovés, plus hauts que larges, longs de 11 à 11.25 millimètres et larges de 5 à 5.25 muli- mètres, les segments, dont les bords sont entiers, ont leur plus grand diamètre au-dessus du milieu ; au-dessus de ce niveau, ils se rétrécissent assez brusquement jusqu'au sommet angu- leux et subaigu ; au-dessous ils s'atténuent peu à peu jusqu’à la base qui n’est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie.

L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles. Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous du milieu du tube corollin, atteint presque le milieu des seg- ments de la corolle ; grêles, très longuement et très étroite- ment linéaires, ces filets, dont la partie soudée fait légèrement saillie à l’intérieur du tube de la corolle et jusqu'à la base de celui-ci, gardent un diamètre identique sur la presque totalité de leur longueur, mais, dans leur partie inférieure, s élargissent peu à peu jusqu'à la base qui n'est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie ; leur partie soudée est haute de 6.75 à 7 millimètres ;

74 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATRIE

leur partie libre, longue de 14 à 15 millimètres, est large de 0.70 millimètre à la base et de 0.50 millimètre au milieu. Le sommet des filets oppositipétales, insérés au même niveau que les filets alternipétales un peu plus haut que ces derniers, dépasse légèrement l'extrémité supérieure des filets alterni- pétales mais n'atteint pas le milieu des segments corollins ; crèles, très longuement linéaires, ces filets conservent un diamètre identique sur presque toute leur longueur, mais, dans leur partie inférieure, s’élargissent peu à peu jusqu'à la base qui n'est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie ; leur partie soudée est haute de 7 à 7.25 millimètres ; leur partie libre, longue de 14.50 à 15 millimètres, est large de 0.70 millimètre à la base et de 0.50 millimètre au milieu. Ovées-subréniformes, un peu plus hautes que larges, émarginées à la base et. obtuses au sommet, les anthères sont longues de 1.25 à 1.60 milli- mètre et larges de 1.20 à 1.50 millimètre.

Soudés entre eux sur près d’untiers de leur longueur totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les autres ; ovés- oblongs, rétrécis dans leur partie inférieure, ils sont atténués en styles grêles, beaucoup plus longs qu'eux et terminés par des stigmates légèrement dilatés ; leur partie soudée est haute de 2 à 2.25 millimètres ; leur partie libre, longue de 5 à 5.25 millimètres, est large de 2.25 millimètres; les styles sont hauts de 17 à 18 millimètres. Dans chaque carpelle, les pla- centes, qui portent des ovules sur toute leur longueur, sont constitués par de nombreuses petites lames subsemicirculaires sur lesquelles s'insèrent les funicules ; ces lames sont dispo- sées le long de deux cordons grêles verticaux et presque parallèles, quoique très légèrement incurvés en dedans, à cha- cun des deux bords internes des carpelles. |

Un peu plus larges que hautes, subsemiorbiculaires, obtuses au sommet, élargies à la base, les écailles sont longues de 0.60 à 0.75 millimètre et larges de 0.80 à 1.25 millimètre.

Cette plante, qui est dédiée à S. E. le Docteur Fischer de Waldheim, directeur des Jardins botaniques Impériaux de Petrograd, a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie, en juin 1912, à une altitude d'environ 1.200 mètres, sur les rocailles granitiques des environs de Betafo.

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CTASSULACÉES MALGACHES 19

Elle appartient au groupe 9 proposé par M. Raymond-Hamet et se rapproche beaucoup du Xalanchoe Tieghemi Raymond- Hamet, dont elle se distingue pourtant fort aisément : par ses feuilles obovées, contractées à la base en un très bref pseudo-pétiole, et non longuement pétiolées, à limbe ové et pourvu à la base de deux oreillettes obtuses et crénelées qui se replient sur le limbe : par ses pétales un peu plus brefs que le tube corollin, longuement obovés, anguleux au sommet, non point beaucoup plus brefs que le tube de la corolle, obo- vés-subquadrangulaires, très obtus au sommet.

Kalanchoe Fedtschenkoi Raymond-Hamet et Perrier de la Bâthie.

Le Kalanchoe Fedtschenkoiest une plante glabre et vivace. Assez grèle, haute de 25 à 27 centimètres, la tige, dont le diamètre varie de 3 à 4 millimètres à la base et de 2.60 à 3 millimètres au milieu, est primitivement simple et érigée. Après la floraison la tige émet, dans sa partie inférieure, un ou deux rameaux latéraux d’une longueur de 8 à 10 centi- mètres et d'un diamètre variant de 1.50 à 2 millimètres à la base et de 1 à 1.25 millimètre au milieu, cependant que les portions basilaires de la tige se courbent, s'étalent sur le sol et s'y enracinent. Les plantes âgées sont done pourvues d’une longue tige nue, rampante, enracinée de loin en loin et ter- minée à son extrémité par une tige florifère érigée, à la base de laquelle se développent des rameaux stériles. Quand le stat est particulièment favorable, la portion rampante de la tige se ramifie et se prolonge, à l'extrémité de chacune de ses rami- fications, par une tige florifère érigée pourvue à sa base de rameaux stériles : la plante forme alors une grosse toulfe.

Les tiges, qui, dans leur jeunesse, portent des feuilles sur toute leur longueur, se dénudent bientôt, de telle sorte qu'au moment de la fructification, les tiges florifères sont complète- ment nues et que quelques paires de feuilles persistent seule- ment à l'extrémité des rameaux stériles. Opposées, décussées, planes mais assez charnues, obovées-suborbiculaires, obovées ou obovées-oblongues, les feuilles, dont les bords sont garnis

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de dents aiguës assez peu nombreuses et séparées par de larges sinus arrondis ou anguleux, sont rétrécis brusquement à la base en un très court pétiole grêle, très étroitement linéaire, long de À à 5 millimètres, large de 0.75 à 1.75 millimètre, ni élargi ni rétréci à la base ; la hauteur du limbe varie de 9 à 37 millimètres, sa largeur, de 6 à 16 millimètres. Les feuilles des tiges florifères sont assez régulièrement espacées, mais les entrenœuds inférieurs sont un peu plus brefs que les : entrenœuds supérieurs. La hauteur du premier entrenœud des ges florifères varie de 2 à 2.50 centimètres ; celle du second, de 2 à 2.30 millimètres: celle du troisième est de 2 centi- mètres; celle du quatrième, de 2.50 centimètres ; celle du cin- quième varie de 2.50 à 2.60 centimètres ; celle du sixième, de 3.29 à 4.50 centimètres ; celle du septième est de 1.50 centi- mètre ; celle du huitième, de 1 centimètre ; celle du neuvième, de 1 centimètre; celle du dixième, de 0.7 centimètre ; celle du onzième, de 0.7 centimètre ; celle du douzième, de 0.7 centimètre; celle du treizième, de 0.9 centimètre; celle du quatorzième, de 0.7 centimètre; celle du quinzième, de 0.4 centimètre : celle du seizième, de 0.5 centimètre: celle du dix-septième, de 0.6 centimètre; celle du dix-huitième, de 0.3 centimètre: celle. du dix-neuvième, de 0.40 centimètre ; celle du vingtième, de 0.50 centimètre; celle du vingt et unième, de 0.40 centimètre; celle du vingt-deuxième, de 0.30 centimètre; celle du vingt-troisième, de 0.40 centimètre ; celle du vingt-quatrième, de 0.30 centimètre ; celle du vingt- cinquième de 0.40 centimètre. Les feuilles des tiges stériles sont semblables à celles des tiges florifères mais un peu plus épaisses et plus fortement dentées. Les feuilles des tiges stériles sont, elles aussi, assez régulièrement espacées, mais les entrenœuds inférieurs sont un peu plus longs que les entre- nœuds supérieurs. La longueur du premier entrenœud infé- rieur des tiges stériles est de 3 centimètres ; celle du second, de # centimètres ; celle du troisième, de 5 centimètres ; celle du quatrième, de # centimètres ; celle du cinquième, de6 cen- timètres ; celle du sixième, de 4 centimètres ; celle du septième, de 4 centimètres ; celle du huitième, de # centimètres ; celle

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 77

du neuvième, de 3 centimètres; celle du dixième, de 2? centi- mètres ; celle du onzième, de 3 centimètres: celle du douzième, de 5 centimètres: celle du treizième, de 6.50 centi- mètres ; celle du quatorzième, de 8 centimètres: celle du quinzième, de 8 centimètres ; celle du seizième, de 10 centi- mètres ; celle du dix-septième, de 7 centimètres ; celle du dix-huitième, de à centimètres. Les cicatrices foliaires subse- micirculaires ne se rejoignent point par leurs extrémités laté- rales.

L'inflorescence, lâche et corymbiforme, qui termine la tige se compose d'un pédoneule terminal et de deux pédoncules primaures latéraux et opposés, terminés, tous trois, par des cymes bipares pauciflores et une fois ramifiées.

Grêles, légèrement rétrécis au sommet, longs de T à 10 millimètres, les pédicelles supportent des fleurs pendantes.

Le calice, campanulé-suburcéolé, se compose d’un tube haut de 12.25 à 13.25 millimètres et de quatre segments plus brefs que le tube. Deltoïdes, plus hauts que larges, atténués depuis la base non élargie ni rétrécie jusqu'au sommet aigu et suba- cuminé, les sépales, qui ont des bords entiers, sont longs de 6 à 6.60 millimètres et larges de 4.40 à 4.80 millimètres.

Plus longue que le calice, pourpre, la corolle à son plus grand diamètre un peu au-dessus de la base; au-dessous de ce niveau elle se rétrécit assez brusquement jusqu’à une très fuble distance de la base, puis, à partir de ce point, conserve un diamètre identique jusqu'à la base elle-même, formant ainsi un tube grêle et court qui lui donne une apparence stipitée; au- dessus de ce niveau, elle se rétréeit peu à peu jusqu'au-dessous du milieu, puis, à partir de ce point, conserve un diamètre iden- tique jusqu’à la base des segments légèrement récurvés, for- mant ainsi un long tube dont le diamètre, un peu plus faible que celui de la partie inférieure de la corolle, est cependant beaucoup plus grand que celui du petit tube qu'on observe à la base même de la corolle. Plus long que les segments, le tube est haut de 17.50 à 18.25 millimètres. Subobovés, un peu plus hauts que larges, longs de 6.25 à 6.50 millimètres, larges de 4,25 à 4.60 millimètres, les segments, dont les bords

18 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE

sont entiers ou quelquefois légèrement érodés-sinueux à leur extrémilé supérieure, ont leur plus grande largeur au-dessus du milieu: au-dessus de ce niveau, ils se rétrécissent assez brusquement jusqu'au sommet arrondi et très obtus: au- dessous, ils se rétrécissent assez rapidement jusqu'à un niveau voisin du milieu, puis, à partir de ce point, ils s’atténuent peu à peu jusqu'à la base qui n'est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie.

L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles. Le sommet des filets alternipétales, insérés un peu au-dessous ou un peu au-dessus du milieu du tube de la corolle, atteint presque ou mème dépasse légèrement le milieu des segments corollins: grèles, très longuement linéaires, ces filets, dont la partie soudée fait très légèrement saillie à l'intérieur du tube de la corolle et jusqu'à la base de celui-ci, gardent un dia- mètre identique jusqu à une distance voisine de la base: à partir de ce niveau, ils s'élargissent légèrement jusqu’à la base qui n'est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie ; leur partie soudée est haute de 8.25 à 9.25 millimètres ; leur partie libre, longue de 10.75 à 12.75 millimètres, est large de 0.60 milli- mètre à la base et de 0.30 millimètre au milieu. Le sommet des filets oppositipétales, insérés un peu au-dessous du niveau d'insertion des filets alternipétales, dépasse un peu le som- met de ces derniers; grêles, très longuement linéaires, ces filets gardent un diamètre identique jusqu à une faible dis- tance de la base; à partir de ce niveau, ils s’élargissent très légèrement jusqu à la base qui n'est, elle-même, ni élargie, mi rétrécie; leur partie soudée est haute de 7:25 à 8.25 mulh- mètres; leur partie libre, longue de 12.25 à 14 millimètres, est large de 0.50 millimètre à la base et de 0.25 millimètre au milieu. Subréniformes, un peu plus hautes que larges, large- ment émarginées à la base, légèrement émarginées au som- met, les anthères sont longues de 1 à 1.10 millimètre et larges de 0.60 à 0.70 millimètres.

Soudés entre eux sur près d'un tiers de leur longueur totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les autres ; ovés- oblongs, rétrécis dans leur partie inférieure, ils s'atténuent, dans leur partie supérieure, en styles grêles, plus longs

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 79

qu'eux et terminés par des stigmates légèrement dilatés; leur partie soudée est haute de 3.90 à 4 millimètres; leur partie libre, longue de 5.25 à 5.60 millimètres, est large de 2.40 millimètres ; les styles sont hauts de 13.25 à 14.50 milli- mètres. Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent des ovules sur toute leur longueur, sont constitués par de nom- breuses petites lames subsemicirculaires sur laquelle s'insèrent les funicules; ces lames sont disposées le long de deux cor- dons grèles, verticaux et presque parallèles, quoique très légè- rement ineurvés en dedans, à chacun des deux bords internes des carpelles.

Un peu plus hautes que larges, subtrapéziformes-subsemi- orbiculaires ou longuement subtrapéziformes, non élargies ou légèrement dilatées à la base, émarginées au sommet, les écailles sont longues de 0.80 à { millimètre et larges de 0.60 0.70 millimètre.

Obovées, légèrement arquées, très obtuses au sommet et arrondies à la base, les graines, très nombreuses dans chaque follicule, sont hautes de 0.60 millimètres et larges de 0,20 millimètre. Leur test, couvert de rides longitudinales assez nombreuses et peu saillantes, s'applique exactement sur l'amande.

Cette espèce, qui est dédiée à M. le docteur Boris de Fedtschenko, le savant et aimable curateur du Jardin Impe- rial botanique de Pétrograd, a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie, en septembre 1911, à une altitude d'environ 1.000 mètres, sur la rocaille du Mont Tsitongabalaa, près d'Ihosy {Bassin du Mangoky).

Elle appartient au groupe 9 proposé par M. Raymond-Hamel et se rapproche du KXalanchoe Tieghemi Raymond-Hamet et du Kalanchoe Waldheimi Raymond-Hamet et Perrier de la Bâthie.

Du Kalanchoe Tieghemi, elle se distingue : par ses feuilles subsessiles à limbe obové-suborbiculaire, obové ou obové- oblong, bordé de dents aiguës, brusquement rétréei à la base en un très court et très étroit péliole, et non longuement

pétiolées, à limbe ové, erénelé et pourvu à la base de

S0 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE

deux oreillettes obtuses et crénelées qui se replient sur le limbe ; par ses écailles un peu plus hautes que larges, non point un peu plus larges que hautes.

Du Xalanchoe Waldheimi elle diffère : par ses feuilles à limbe obové-suborbiculaire, obové, ou obové-oblong, bordé de dents aiguës, brusquement rétrécies à la base en un très court et très étroit pétiole, et non à limbe obové, crénelé seulement dans son tiers supérieur et contracté à la base en un très bref pseudo-pétiole à peine distinct du limbe ; par ses pétales proportionnellement plus brefs, très obtus au sommet, non point anguleux-subaigus au sommet; par ses écailles un peu plus hautes que larges, et non un peu plus larges que hautes.

Kalanchoe miniata Hilsembach et Bojer, ex Tulasne. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. hb. Boissier, sér. 2,t. VIIL, t. 21 (1908).

Le Xalanchoe miniata est une plante glabre et vivace. Assez grêle, érigée, mais couchée et radicante dans sa partie infé- rieure, la tige, dont le diamètre est de 5 millimètres à la base et de 2 à 3 millimètres au milieu, à une hauteur variant de 30 à 60 centimètres.

La tige porte des feuilles opposées, décussées, planes mais charnues, assez régulièrement espacées. La longueur du premier entrenœud supérieur varie de 5 à 5.50 centimètres ; celle du second, de 2.50 à 7 centimètres ; celle du troisième, de 2.50 à 8.50 centimètres; celle du quatrième, de 2.50 à 6.70 centimètres; celle du cinquième, de 1.50 à 3 centi- mètres; celle du sixième, de 0.80 à 2.80 centimètres; celle du septième, de 1 à 2 centimètres; celle du huitième, de 0.90 à À centimètre; celle du neuvième est de 2.50 centimètres ; celle du dixième, de 3 centimètres. Les feuilles, à l'exception de celles qui sont situées à l'aisselle des pédoncules latéraux de l'inflorescence, sont pétiolées. Le pétiole subcylindrique, légèrement aplati sur sa face supérieure, est nettement élargi dans sa partie inférieure il forme une sorte de plate-forme ovée-subsemicireulaire, amplexicaule, haute de 5 à 9 milli- mètres, large de 6 à 13 millimètres ; cette plate-forme, qui a son

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES S1

plus grand diamètre au-dessous du milieu, d'une part se rétré- cit à partir de ce niveau jusqu'à la base, d'autre part s'atténue jusqu'à son extrémité supérieure elle se continue par la partie cylindrique du pétiole ; dans les feuilles inférieures, le péliole, qui s'insère à la base du limbe, a une ds cylindrique haute de 6 à 9 millimètres, large de 2.50 à 3.25 millimètres et, par conséquent, très Brève et à peine plus haute que la plate-forme pétiolaire ; dans les feuilles médianes, le pétiole, qui s'insère également à la base du limbe, a une portion cylin- drique haute de 15 à 20 millimètres et large de 2.50 à 3.50 millimètres, et, par conséquent, beaucoup plus longue que la plate-forme pétiolaire ; dans les feuilles supérieures, le pétiole, qui s'insère non pas à la base du limbe mais à une faible dis- tance (2 à 5 millimètres) au-dessus de celle-ci, a une portion cylindrique haute de 16 à 22 millimètres, large de 2 à 2.75 millimètres, et par conséquent beaucoup plus longue que la plate-forme pétiolaire. Ové, obtus, subobtus ou même subaigu au sommet, le limbe, dont les bords sont, tantôt très légère- ment sinueux, tantôt bordés de crénelures obtuses et séparées par des sinus étroits et anguleux, est arrondi à la base dans les feuilles inférieures et médianes, mais émarginé dans les feuilles supérieures qui sont ainsi subcordiformes ; sa longueur varie de 25 à 80 millimètres ; sa largeur, de 11.50 à 39 mil- limètres. Sessiles, subdeltoides-subsemilancéolées, les feuilles supérieures, dont les bords sont entiers, sont légèrement étran- glées dans leur tiers inférieur ; au-dessus de ce niveau, elles s'élargissent peu à peu, puis s’atténuent lentement jusqu'au sommet aigu ; au-dessous de.ce niveau, elles s'élargissent peu à peu, puis se rétrécissent assez brusquement jusqu'à la base amplexicaule ; leur:hauteur varie de 1% à 23 millimètres ; leur largeur de 3.50 à 8.50 millimètres. Les cicatrices rhiaites forment un anneau légèrement évidé qui entoure complète- ment la tige.

L'inflorescence, qui termine la tige, est une panicule subco- rymbiforme, très lâche, haute de 6.50 à 20 centimètres, large de 6 à 26 centimètres, composée d'une cyme bipare terminale pauciflore et une fois ramifiée et de deux à quatre pédoncules

Annales du Musée colonial de Marseille, série, vol. 1919, (ni

82 RAYMOND-HAMET ET H, PERRIER DE LA BATHIE

primaires latéraux opposés et terminés au sommet par une cyme bipare pauciflore simple ou une fois ramifiée. Quelque- fois l'inflorescence avorte partiellement et se réduit à une cyme bipare une fois ramifiée et très pauciflore ; dans ce cas, on observe, à l’aisselle des ramifications de l'inflorescence et à l'extrémité de certains pédicelles stériles, des subglomérules de pseudo-bulbilles constitués par deux paires de feuilles extrèé- mement rapprochées et presque contiguës ; obovées, aiguës, les feuilles de la paire supérieure ont des bords entiers et sont hautes de 3.80 millimètres et larges de 2.70 millimètres ; obovées, aiguës et légerement subcuspidées au sommet, les feuilles de la paire inférieure ont des bords entiers et sont longues de 1 millimètre et larges de 0.65 nullimètre.

Assez grêles, un peu dilatés au sommet, les pédicelles, longs de 7 à 20 millimètres, supportent des fleurs dressées.

Linéaires-subdeltoïdes-subsemilancéolées, aiguës au som- met, légèrement dilatées à la base, les bractées, dont les bords sont entiers, sont hautes de 3.70 à 7-10 millimètres et larges de 1.20 et 1.85 millimètre.

Le calice, subcampanulé, se compose d'un tube un peu plus bref que les segments, haut de 5.10 à 7.20 millimètres, et de quatre segments non appliqués contre le tube de la corolle; deltoïdes-subsemiorbiculaires, un peu plus hauts que larges, aussi hauts que larges, ou même un peu plus larges que hauts, longs de 6 à 8.40 millimètres, larges de 7 à 8 millimètres, ces segments, qui ont des bords entiers, se rétrécissent peu à peu depuis la base jusqu'au sommet aigu et acuminé.

Plus longue que le calice, la corolle, qui est extérieurement d'un beau rouge vif avec de fines macules Jaunes, intérieure- ment d'un rouge jaunâtre avec des stries d’un rouge foncé, est nettement étranglée au-dessous du milieu : au-dessus de cet étranglement elle se dilate assez brusquement, puis s'élargit insensiblement jusqu'au dessus du milieu, enfin se rétréait peu à peu, à partir de ce niveau, Jusqu'à la base des segments dressés et légèrement récurvés ; au-dessous de l’étranglement, elle se dilate presque insensiblement, puis se rétrécit jusqu'à la base. Dans le fruit, la corolle, marcescente et subtubuleuse,

CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 83

a son plus grand diamètre à une faible distance de la base du tube ; au-dessous de ce niveau, elle se rétrécit assez brusque- ment jusqu'à la base ; au-dessus, elle se rétrécit peu à peu jusqu'au tiers inférieur et, à partir de ce niveau, conserve un diamètre identique jusqu'à la base des segments corollins. Plus long que les segments, haut de 24 à 31 millimètres, son tube est pourvu extérieurement de quatre côtes verticales, peu saillantes, disposées en face des filets oppositipétales. Un peu plus larges que hauts ou aussi hauts que larges, longs de 4.40 à 6 millimètres, larges de 6 à 6.80 millimètres, subdeltoïdes- subsemiorbiculaires, les segments, qui ont des bords entiers, s'atténuent insensiblement depuis la base non élargie mi dilatée jusqu'au sommet aigu et légèrement cuspidé. L'androcée se compose de huit étamines libres entreelles. Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous du milieu du tube de la corolle, atteint presque ou dépasse légèrement la base des segments corollins ; gréles, colorés de rouge, ces filets, dont la partie soudée fait à peine saillie à l'intérieur du tube de la corolle, sont linéaires et gardent une largeur identique sur toute leur longueur sauf dans leur partie infé- rieure ils s'élargissent peu à peu jusqu'à la base qui n'est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie ; leur partie soudée est haute de 6.40 à 8 millimètres; leur partie libre, longue de 17.25 à 24 millimètres, est large de 0.50 à 0.60 nullimètre au milieu et de 1 à 1.20 millimètre à la base. Le sommet des filets oppositipétales, insérés un peu plus haut que les filets alternipétales, dépasse un peu l'extrémité supérieure de ceux- ci, et, comme eux, atteint presque ou dépasse légèrement la base des segments corollins; grèles, colorés en rouge, ces filets sont linéaires et gardent une largeur identique sur toute leur longueur sauf dans leur partie inférieure ils s'élar- gissent peu à peu jusqu'à la base qui n'est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie; leur partie soudée est haute de 7 à 9 millimètres ; leur partie libre, longue de 17.10 à 24 millimètres, est large de 0.50 à 0.55 millimètre au milieu et de 1.20 à 1.30 milhi- mètre à la base. Noires, un peu plus hautes que larges, ovées, émarginées à la base, obtuses au sommet, les anthères sont

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longues de 1.60 millimètre et larges de 1.20 à 1.30 milh- mètre.

Soudés entre eux sur un cinquième environ de leur lon- gueur totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les autres ; ovés-oblongs, ils ont leur plus grand diamètre au-dessus du milieu; au-dessous. de ce niveau, ils se rétrécissent jusqu'à la base ; au-dessus, ils s'atténuent peu à peu jusqu à leur extrémité supérieure ils se prolongent en styles grêles, rouges, plus longs qu'eux et à peine dilatés au sommet ; la partie soudée des carpelles est haute de 1.75 à 2.25 millimètres; leur partie libre, longue de 6.20 à 8.60 millimètres, est large de 2.90 à 3 millimètres ; les styles sont hauts de 18 à 24.25 millimètres. Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent des ovules sur toute leur longueur, sont constitués par deux cordons grèles, verticaux, et presque parallèles, quoiqu'un peu incurvés en dedans, à chacun des deux bords internes des carpelles.

Un peu plus hautes que larges, rarement un peu plus larges que hautes, subtrapéziformes-subsemioblongues, subquadran- gulaires, ou sublinéaires, toujours émarginées au sommet, non élargies ou légèrement élargies à la base, les écailles sont hautes de 0.90 à 1.40 millimètre et larges de 0.60 à 1.60 millimètre.

Presque trois fois plus hautes que larges, obovées, légère- ment arquées, obtuses au sommet et à la base, les graines, très nombreuses dans chaque follicule, sont longues de 0,85 millimètre et larges de 0,32 millimètre. Leur test, cou- vert de rides longitudinales nombreuses et peu saillantes, s’applique exactement sur l’amande.

Cette plante aétérécoltée, en septembre 1911, par M. Perrier de la Bâthie, à une altitude d'environ 1.100 mètres, sur les gneiss humides du sommet du mont Ivohibe (Bassin du Man-

goky).

Kalanchoe pinnata Persoon. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, sér. 2, t. VIIT, p. 21 (1908).

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* LE 7 a à ;

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 835

Var. genuina Raymond-Hamet. Le Xalanchoe pinnata, var. genuina, est une plante glabre et vivace. Verte mais maculée de petites taches blanchâtres, subeylindrique ou plus ou moins anguleux, haute de 1 à 2 mètres, érigée mais un peu couchée dans sa partie inférieure, la tige ne se ramifie point, mais émet, à la base, des rejets stériles qui fleuriront ultérieurement.

Les tiges portent des feuilles sur toute leur longueur sauf à la base elles sont généralement dénudées. Opposées, décussées, pétiolées, simples, 3- ou même 5-foliolées, les feuilles, assez distantes les unes des autres, sont assez régu- lièrement espacées dans la partie inférieure de la tige, mais, dans sa partie médiane et dans sa partie supérieure, elles sont séparées par des entrenœuds plus allongés. Subeylin- drique, légèrement canaliculé sur sa face supérieure, haut de 2.50 à 7.50 centimètres, large de 1.75 à 2.25 mullimètres dans sa partie médiane, le pétiole s’élargit à la base en une sorte de plate-forme haute de 3 à 5 millimètres, large de 3.50 à 6 millimètres, subsemicireulaire, amplexicaule, dont les extrémités latérales se rejoignent à celles de la plate-forme du pétiole opposé. Lorsque la feuille est simple, le pétiole porte, à son extrémité supérieure, un limbe oblong, très obtus à la base et au sommet, haut de 6 à 18 centimètres, large de 4 à 11 centimètres, bordé de larges crénelures obtuses séparées par de larges sinus arrondis; le limbe, vert sur les deux faces, est strié de violet sur sa face supérieure et coloré en brun à sa périphérie. Lorsque les feuilles sont 3- ou 5- fohiolées, le pétiole porte au sommet une foliole terminale et, un peu au-dessous de celle-ci, deux ou quatre folioles laté- rales opposées et un peu plus petites que la foliole ter- minale ; les folioles, semblables au limbe des feuilles simples, s'insèrent sur le pétiole commun par un bref pétiolule dont la longueur varie de 3 à 5 millimètres pour les folioles laté- rales et de 5 à 12 millimètres pour la foliole terminale et dont la largeur oscille entre 2 et 2.50 millimètres; la foliole ter- minale atteint parfois une longueur de 20 centimètres et une largeur de 12 centimètres, les folioles latérales une hauteur

sb RAYMOND-HAMET ET II, PERRIER DE LA BATHIE

de 12 centimètres et une largeur de 8 centimètres. Les feuilles conservent la même forme pendant la saison des pluies et pendant la saison sèche, mais, pendant cette der- nière, elles sont un peu plus épaisses et plus petites.

La tige se termine, au sommet, par une inflorescence pani- culiforme composée d'un petit nombre de pédoncules latéraux terminés par des cymes hbipares et pauciflores.

Grêles, hauts de 10 à 12 millimètres, non dilatés au som- met, les pédicelles supportent des fleurs pendantes.

Oblongues-subovées, subaiguës au sommet, légèrement contractées dans leur partie inférieure en un large pseudo- pétiole, les bractées, dont les bords sont entiers, sont longues de 5.90 à 18.50 millimètres et larges de 2.40 à 8.25 milli- mètres.

Coloré en vert franc ou en blanc verdâtre, subcampanulé, le calice se compose d'un tube plus haut que les segments, long de 21 à 31 millimètres et de quatre segments non appli- qués contre le tube de la corolle ; subdeltoïdes-subsemiorbi- culaires ou subdeltoïdes, un peu plus hauts que larges ou un peu plus larges que hauts, longs de 6.80 à 10.40 millimètres, larges de 7 à 11.25 millimètres, les segments, dont les bords sont entiers, ont leur plus grande largeur à la base, et, à partir de ce niveau, se rétrécissent peu à peu jusqu’au som- met aigu et acuminé.

À peine plus longue que le calice, la corolle est nettement étranglée au-dessous du milieu ; au-dessous de cet étrangle- ment, elle se dilate peu à peu, puis se rétrécit jusqu'à une faible distance de la base, et, enfin, à partir de ce niveau, conserve un diamètre identique jusqu'à la base elle-même, formant ainsi une sorte de tube grêle qui lui donne une apparence stipitée ; au-dessus de l'étranglement, elle se dilate assez brusquement, puis conserve un diamètre presque identique jusqu'à la base des segments dressés-récurvés. Plus long que les segments, rougeâtre ou décoloré, le tube, qui porte, dans sa partie infé- rieure, quatre côtes assez saillantes situées en face des filets, oppositipétales, est haut de 30 à 40 millimètres. Subovés, plus larges que hauts, colorés en rouge brique, longs de 9 à

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 87

14 millimètres, larges de 4.30 à 6.60 millimètres, les segments, dont les bords sont entiers, ont leur plus grand diamètre à une faible distance de la base ; au-dessous de ce niveau, ils se rétrécissent jusqu à la base : au-dessus, ils s'atténuent peu à peu jusqu’au sommet aigu et subacuminé.

L'androcée se compose de huit étamines hbres entreelles. Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous du milieu du tube de la corolle, dépasse un peu la base des segments corollins, mais n'atteint pas leur milieu; grêles, très longue- ment linéaires, ces filets, dont la partie soudée fait légèrement: saillie à l’intérieur du tube de la corolle et jusqu'à la base de celui-ci, conservent un diamètre presque identique depuis le sommet jusqu'à la base qui n'est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie; leur partie soudée est haute de 10.40 à 12.20 millimètres; leur partie libre, longue de 2% à 30.75 milli- mètres, est large de 0.85 à 1.05 millimètre à la base et de 0.65 à 0.85 millimètre au mulieu. Le sommet des filets oppositipétales, insérés un peu plus bas que les filets alter- nipétales, atteint à peu près le même niveau que ces der- niers ; grêles, très longuement linéaires, ces filets conservent un diamètre presque identique depuis le sommet jusqu'à la base qui n’est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie; leur partie soudée est haute de 9 à 10 millimètre ; leur partie libre, longue de 25 à 31.75 millimètres, est large de 0.90 à 1.05 milli- mètre à la base et de 0.80 à 0.90 millimètre au milieu. Un peu plus hautes que larges, ovées, obtuses au sommet et émarginées à la base, les anthères sont longues de 2.65 à 3 millimètres et larges de 1.60 à 2.20 millimètres.

Soudés entre eux sur un cinquième environ de leur longueur totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les autres; ovés, rétrécis dans leur partie inférieure, ils s’atténuent, dans leur partie supérieure, en styles grèles, plus longs qu'eux et

terminés par des stigmates à peine dilatés ; leur partie soudée

est haute de 2,20 à 3.50 millimètres; leur partie libre, longue de 7.80 à 13 millimètres, est large de 3.40 mill- mètres; les styles sont hauts de 22.50 à 25 millimètres. Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent des ovules

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ten RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE

sur toute leur longueur, sont constitués par deux cordons grêles verticaux et presque parallèles, quoique très légère- ment incurvés en dedans, à chacun des deux bords internes des carpelles.

Un peu plus hautes que larges, subquadrangulaires, légère- ment contractées ou même non contractées à la base, obtuses ou émarginées au sommet, les écailles sont longues de 1,80 à 2,60 millimètres etlarges de 1.40 à 1.80 millimètre.

Deux fois plus hautes que larges, obovées, obtuses au sommet et à la base, les graines, très nombreuses dans chaque follicule, sont hautes de 0.80 millimètre et larges de 0.35 millimètre. Leur test, qui s'applique exactement sur l'amande, est couvert de rides longitudinales peu saillantes et assez nombreuses.

Le Xalanchoe pinnata, var. genuina, qui jusqu'alors n'avait été récolté à Madagascar qu’à Port-Leven | Boivin 2551] et aux environs de Fort-Dauphin | Paroisse 44 et Scott Elliot 2930] a été recueil par M. Perrier de la Bâthie en août 1905, sur les bords d'un ruisseau à Ampasimentera (Boïna) ; en mai 1908, sur les confins d’un bois à Ankarafantsika, près de Marovay ; enfin, plus récemment, sur les dunes de l'Est.

Le Kalanchoe pinnata, var. genuina, est souvent cultivé par les indigènes qui le désignent sous le nom de sodifafana et attribuent à ses feuilles des propriétés thérapeutiques. Les uns les emploient in nafura pour le pansement des plaies, ce qui ne semble point illogique, car ces feuilles de grande taille, souples et charnues, doivent constituer un excellent panse- ment humide. D’autres en font une infusion qu'ils absorbent dans les cas de céphalée, de cystite et d’affections rénales. Cette médication n’est peut-être qu'illusoire, mais il serait intéressant cependant de rechercher si les feuilles du Xalan- choe pinnata, var. genuina, ne renferment point un principe actif utilisable par la thérapeutique.

Var. brevicalyx Raymond-Hamet et Perrier de la Bâthie. La tige, haute de 0.60 à 1 mètre, est, comme dans la variété genuina, maculée de petites taches blanchâtres.

CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES S9

Les feuilles inférieures, généralement détruites au moment de la floraison, sont simples et pétiolées ; assez grêle, haut de 3 à 7 centimètres, le pétiole est, comme dans la var. genuina, subeylindrique, légèrement canaliculé sur sa face supérieure et élargi à la base en une sorte de plate-forme subsemicireu- laire et amplexicaule ; longuement ové, bordé de petites crénelures rougeâtres arrondies et séparées par des sinus étroits et anguleux, haut de 9 à 20 centimètres et large de 4.50 à 11 centimètres, subobtus au sommet, le limbe est émarginé à la base, ce qui donne à la feuille un aspect cordi- forme. Les feuilles médianes et supérieures sont 3-, 5- et même T7-foliolées ; haute de 6 à 12 centimètres, large de 2 à 5 centimètres, presque identique au limbe des feuilles simples mais un peu plus étroite que celui-ci, la foliole terminale, qui n'est point émarginée à la base, est supportée par un grêle pétiolule haut de 1.50 à 3 centimètres et large de 1 à 2.50 millimètres ; subsessiles, opposées deux par deux, hautes de 4.50 à 10 centimètres, larges de 1 à 2.50 centimètres, les folioles latérales, qui,elles non plus, ne sont pas émarginées à la base, sont supportées, à la base, par un très bref pétiolule haut de 2 à 3 millimètres et large de 1.50 à 2.20 millimètres.

Haute de 12.50 centimètres et large de 14 centimètres, subcorymbiforme ou subpaniculiforme, l'inflorescence émet, après la floraison, un grand nombre de bulbilles.

Le calice rougeàtre se compose d’un tube haut de 10.20 millimètres, et de quatre segments à peine plus brefs que le tube, hauts de 6 à 7.25 millimètres et larges de 5.80 à 6 mul- limètres, de même forme que dans la var. genuina.

La corolle, semblable à celle de la var. genuina, se compose d'un tube haut de 24.50 millimètres et de quatre seg- ments hauts de 7.60 à 10.60 millimètres et larges de 4.70 à 6.30 millimètres.

L'androcée est identique à celui de la var. genuina. La partie soudée des filets alternipétales est haute de 9 millimètres ; leur partie libre, longue de 18.25 millimètres, est large de 0.52 millimètre. La partie soudée des filets oppositipétales est haute de 8.25 millimètres ; leur partie libre, longue de 20

90 RAYMOND-IHAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE

millimètres, est large de 0.62 millimètre. Les anthères sont hautes de 2.80 millimètres et larges de 1.60 millimètre.

Les carpelles, semblables à ceux de la var. genuina, sont soudés sur une longueur de 1.50 millimètre et libres sur une hauteur de 7.25 millimètres ; les styles sont longs de 24 à 24.75 millimètres.

Oblongues, un peu plus hautes que larges, émarginées au sommet, les écailles sont longues de 1.75 à 1.90 millimètre et larges de 1.40 à 1.55 millimètre.

Cette variété a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie sur les bords ombragés et rocailleux du Haut-Bemarivo.

Kalanchoé porphyrocalyx Baillon. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hh. Boissier, sér. 2, t:MITLI,;p. 41, (1908):

Le Kalanchoe porphyrocalyx est une plante épidendre et vivace. Assez grêle, haute de 15 à 74 centimètres, sa tige, dont le diamètre varie de 4 à 6 millimètres à la base et de 2 à 2.50 millimètres au milieu, est érigée mais couchée dans sa partie inférieure. Simple, très rarement divisée vers le milieu en deux rameaux florifères, la tige donne naissance, dans sa partie inférieure et couchée, à des rameaux stériles longs d'environ 14 centimètres et dont le diamètre est de 3 mil- limètres à la base, de 1.75 millimètre au milieu. Ces rameaux stériles se développent et fleurissent l’année suivante, de telle sorte que les plantes âgées possèdent une longue tige rampante et ramifiée, émettant, à l'extrémité de chacune de ses ramifications, une tige florifère à la base de laquelle naissent des rameaux stériles.

Les tiges portent, sur presque toute leur longueur, des feuilles opposées, décussées, assez distantes les unes des autres et assez régulièrement espacées. Le premier entrenœud supérieur des rameaux stériles est de 0.5 centimètre ; le second, de 0.8 centimètre ; le troisième, de 1 centimètre ; le quatrième, de 1.70 centimètre; le cinquième, de 3 centi- mètres. Le premier entrenœud supérieur des tiges florifères varie de 2.40 à 6.20 centimètres ; le second, de 1.30 à 4.20

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES af

centimètres ; le troisième, de 0.50 à 3.50 centimètres: le quatrième, de 1 à 2.50 centimètres ; le cinquième, de 1.50 à 2.90 centimètres ; le sixième, de 1.50 à 3 centimètres ; le septième, de 1.50 à 4 centimètres ; le huitième, de 1.30 à 3.50 centimètres ; le neuvième, de 1.50 à 2 millimètres ; le dixième est de Î millimètre. Orbiculaire, orbiculaire-oblong, oblong-obové, toujours obtus au sommet, haut de 23 à 50 millimètres, large de 7 à 17 millimètres, le limbe, dont les bords sont ornés de larges crénelures irrégulières plus ou moins profondes et séparées par des sinus anguleux ou rare- ment arrondis, est atténué à la base en un large et bref pétiole, souvent à peine distinct du limbe, haut de 2 à 6 milli- mètres, large de 1.75 à 2.25 nullimètres au milieu et de 2 à 2.50 millimètres à la base. Les cicatrices foliaires, en forme d'étroit croissant, ne se rejoignent point par leurs extrémités latérales.

Haute de 3 à 11 centimètres, large de 3 à 9 centimètres, paniculiforme ou subcorymbiforme mais toujours lâche et pauciflore, l'inflorescence, qui termine la tige, se compose d'un pédoncule primaire terminal et de deux à quatre pédon- cules primaires latéraux, opposés deux par deux et terminés, de même que le pédoncule terminal, par une cyme bipare simple ou une fois ramifiée. Quelquefois même l’inflorescence est réduite à une simple cyme bipare une fois ramifiée.

Grèles, très légèrement renflés au sommet, longs de 7 à 20 millimètres, les pédicelles portent des fleurs érigées.

Obovées, subaiguës au sommet, légèrement contractées à la base en un bref pseudo-pétiole très peu distinct du limbe, les bractées, dont les bords sont entiers, ont une longueur de 3.60 à 6.60 millimètres et une largeur de 1.20 à 3 milli- mètres.

Le calice, campanulé, ne s'applique point contre la corolle. Plus bref que les segments, son tube est haut de 1.50 à 4 millimètres. Un peu plus hauts que larges ou un peu plus larges que hauts, longs de 3 à 7 millimètres et larges de 3 à 5.90 millimètres, les segments, dont les bords sont entiers, sont tantôt subdeltoïdes-subsemilancéolés, tantôt largement

92 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE

ovés-subdeltoides ; dans le premier cas, ils s’atténuent peu à peu depuis la base jusqu'au sommet aigu et subacuminé ; dans le second cas, leur plus grande largeur se trouve au-des- sous du milieu ; au-dessous de ce niveau, ils se rétrécissent jusqu à la base ; au-dessus, ils s'atténuent peu à peu jusqu’au sommet aigu et subacuminé.

Colorée tantôt en Jaune citron, tantôt en rouge pourpre, plus longue que le calice, urcéolée-subcampanulée, la corolle a son plus grand diamètre au quart inférieur ; à partir de ce niveau, d'une part elle se rétrécit peu à peu jusqu’à la base, d'autre part elle s’atténue jusqu’au sommet du tube elle se prolonge en quatre segments dressés. Beaucoup plus long que les segments, haut de 12 à 31 millimètres, le tube porte extérieurement quatre côtes verticales peu saillantes disposées en face des filets oppositipétales. Un peu plus hauts que larges ou un peu plus larges que hauts, longs de 3 à 5.50 millimètres, larges de 2.80 à 7.40 millimètres, les segments, qui ont des bords entiers, sont tantôt subdeltoïdes-subsemi- oblongs, tantôt plus ou moins largement ovés; dans le premier cas, ils se rétrécissent peu à peu depuis la base jusqu'au sommet obtus au milieu duquel ils portent une cus- pide aiguë; dans le second cas, leur plus grand diamètre se trouve au-dessus du milieu ; au-dessous de ce niveau, ils se rétrécissent assez brusquement jusqu'à la base ; au-dessus, ils s'atténuent peu à peu jusqu'au sommet obtus émarginé au milieu duquel ils portent une cuspide aiguë.

L'androcée se compose de huit étamines confluentes dans leur partie inférieure. Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous du milieu du tube de la corolle, atteint la base des segments corollins, ou même dépasse un peu ce niveau sans atteindre toutefois le milieu desdits segments ; longuement linéaires, ces filets conservent un diamètre presque identique jusqu'au tiers inférieur, et, à partir de ce niveau, s'élargissent peu à peu jusqu'à la base, ni élargie, ni rétrécie, de leur partie libre, base ils sont contigus à l'extrémité inférieure de la partie libre des filets oppositi- pétales: dans la portion supérieure de leur partie non libre

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 93

haute de 2.80 à 6 millimètres, ces filets ne sont soudés au tube de la corolle que par leurs bords, mais la largeur de leur partie soudée croît peu à peu, et, dans la portion inférieure, ils sont soudés sur toute la largeur de leur surface, de telle sorte que le filet laisse, entre le tube de la corolle et lui, une assez profonde cavité en forme de cône, cavité dont le diamètre, presque aussi large au sommet que le filet lui-même, se rétrécit peu à peu jusqu'à une faible distance de la base, niveau la cavité elle-même disparait ; la partie hibre des filets alterni- pétales, longue de 8 à 25 millimètres, est large de 0.45 à 0.60 millimètre au milieu et de ! à 2 millimètres à la base. Le sommet des filets oppositipétales, insérés un peu plus haut que les filets alternipétales mais encore bien au-dessous du milieu du tube de la corolle, dépasse le sommet des filets alternipétales et atteint parfois le milieu des segments corol- hins ; longuement linéaires, ces filets conservent un diamètre Rréeque identique jusqu'au tiers inférieur et, à par tir .deïce niveau, s'élargissent peu à peu jusqu'à la base, ni élargie, ni rétrécie, de leur partie libre, base ils sont contigus à l’extré- mité inférieure de la partie libre des filets alternipétales ; dans la portion supérieure de leur partie non libre haute de 3.40 à 7 millimètres, ces filets ne sont soudés au tube de la corolle que par leurs bords, mais la largeur de leur partie soudée croit peu à peu et, dans la portion inférieure, ils sont soudés sur toute la largeur de leur surface, de telle sorte que le filet laisse, entre le tube de la corolle et lui, une assez profonde cavité en forme de cône, cavité dont le diamètre, presque aussi large au sommet que le filet lui-même, se rétrécit peu à peu jusqu’à une faible distance de la base, niveau la cavité elle-même disparait ; la partie libre des filets oppositipétales, longue de 10 à 25 millimètres, est large de 0.40 à 0.65 mil- limètre au milieu et de 1.50 à 2 millimètres à la base. Un peu

plus hautes que larges, ovées, obtuses au sommet et émar-

ginées à la base, les anthères sont longues de 1.20 à 1.90 millimètre et larges de 0,80 à 1.30 millimètre.

Soudés entre eux sur un tiers ou même sur presque la moitié de leur longueur totale, appliqués les uns contre les autres,

94 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE

les carpelles, oblongs, ont leur plus grand diamètre vers le milieu ; au-dessous de ce niveau, ils se rétrécissent peu à peu jusqu'à la base ; au-dessus, ils s’atténuent peu à peu jusqu'au sommet ils portent de longs styles grêles un peu plus brefs, de mème longueur, ou un peu plus longs qu'eux ; leur partie soudée est haute de 2.90 à 7 millimètres ; leur partie libre, longue de 5 à 9 millimètres, est large de 1.80 à 2.60 milli- mètres; les styles sont hauts de T à 16 millimètres. Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent des ovules sur toute leur longueur, sont constitués par deux cordons grêles subver- ticaux presque parallèles, quoique très légèrement incurvés en dedans, à chacun des deux bords internes des carpelles.

Plus hautes que larges, toujours émarginées au sommet, longues de 1.90 à 2.80 millimètres et larges de 0.70 à 1.30 millimètre, les écailles sont tantôt linéaires, tantôt subtrapé- ziformes, tantôt longuement ovés-sublinéaires ; dans le pre- mier cas, elles ont une largeur identique sur toute leur lon- gueur ; dans le second cas, elles ont leur plus grande largeur à la base et se rétrécissent peu à peu depuis ce niveau Jus- qu'au sommet; dans le troisième cas, à partir du niveau de leur plus grande largeur qui se trouve au-dessus du milieu et à peu de distance de la base, d’une part elles se rétrécissent assez brusquement jusqu'à la base elle-même, et, d'autre part, s’atténuent peu à peu jusqu'au sommet.

Les graines, très nombreuses dans chaque follicule, se composent d'une amande haute de 0.70 à 0.80 millimètre et large de 0.32 millimètre, pourvue à l’une de ses extrémités d'une longue aile diaphane longuement subdeltoïde aiguë et haute de 1 à 1.15 millimètre, à l’autre extrémité d’une longue aile diaphane assez étroitement sublinéaire obtuse et haute de 1.10 millimètre.

Cette espèce n'était connue jusqu'ici que par l'échantillon authentique recueilli dans la région centrale de Madagascar par le Révérend Baron et conservé dans l'herbier de Kew sous le 1708. Elle a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie, une première fois en mai 1909 à une altitude d'environ 1.500 mètres dans le massif du Manongarivo, une seconde fois

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 95

en novembre 4911 à une altitude d'environ 1.400 mètres dans la Forêt d'Andasibe (Bassin de l’Onive), enfin une troisième fois en octobre 1912 à une altitude d’environ 500 mètres sur le versant d'Antalaha dans la presqu'ile Masoala. Dans ces différentes localités, le Xalanchoe porphyrocalyx croissait dans la mousse recouvrant de gros arbres.

Kalanchoe Bouveti Raymond-Hamet et Perrier de la Bâthie, Nouv. Contrib, à l'étude des Crassulacées malgaches, in Ann. du Mus. colon. de Marseille, sér., IF, p. 192-195 (1914).

En août 1912, M. Perrier de la Bâthie a récolté de nou- veaux échantillons de cette espèce, à une altitude d'environ 800 mètres, sur les gneiss et les basaltes de la Mazy, à l'ouest de Miarinarivo.

Kalanchoe beharensis Drake del Castillo. Raymond- Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hh. Boissier, sér. 2,t. VII, p. 29 (1908); Kalanchoe Aliciæ et K. beharensis, in Bull. Soc. bot. France, t. LVII, p. 193 et 194 (1910).

Le Kalanchoe beharensis est une plante frutescente et poly- carpienne !. D'une hauteur atteignant souvent 2 et même 3 mètres, et d'un diamètre oscillant entre 2 et 12 centimètres, la tige reste généralement simple mais émet parfois quelques rameaux latéraux dont le diamètre varie entre 8 et 13 milli- mètres à la base, 6 et 10 millimètres au milieu, Dans ses

1. Ainsi que l’a fait connaitre M. E. Heckel dans une note à l’Acadé- mie des Sciences (Comptes rendus 1909, 146, p. 1073-1075), les écorces de ce Kalanchoe beharensis, comme celle de X, Grandidieri Baillon et K. Delescurei Hamet, présentent dans leur liège une résine qui a quelque rappports avec celles des Sarcocaulon du Cap et qui permet à ces écorces de brûler même à l'état frais. L'odeur qu'elles dégagent en

brûlant ainsi se rapproche sensiblement de celle que répand le benjoin

en ignition dans le Papier d'Arménie ou mieux de l'encens, L'étude de ces trois espèces à écorces résinifères a fait l'objet d'un mémoire anatomique de MM. Jadin et Juillet qui a paru dans les Annales du Musée Colonial de Marseille (20° année, série, 10° vol., 1912, pp. 136-156), [Note de la Direction.!

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parties Jeunes, elle est nettement crassulante, mais sa couche corticale se dessèche et se transforme bientôt en un revête- ment résineux Jaunâtre et assez mince qui brûle en produisant une flamme fuligineuse.et en dégageant une odeur rappelant un peu celle de l'encens. Les tiges et les rameaux qui n'ont pas encore produit d'inflorescence sont couverts d’une épaisse pubescence blanchâtre dont l'aspect rappelle celui du velours et dont les éléments, déjà décrits par nous dans un mémoire anatomique ! publié en collaboration avec M. Dauphiné, sont des poils stellés composés « d'un pédicule bref, pluricellulaire, supportant trois longues branches aiguës constituées par les ramifications d'une cellule unique ». Cette pubescence ne sub- siste que dans les parties supérieures de la tige et des rameaux

et disparait bientôt par plaques, de telle sorte que, dans leur

région inférieure, ces organes sont complètement glabres. Quant aux tiges et rameaux qui ont fleuri, ils sont toujours complètement glabres. La tige et les rameaux, dénudés sur presque toute leur lon- gueur, portent, au sommet, un petit nombre de feuilles oppo- sées, décussées, assez rapprochées les unes des autres pour paraitre rosulées. Les tiges et les rameaux qui n’ont pas encore fleuri portent des feuilles pétiolées, peltées et couvertes d’un épais indument, roux sur la face supérieure, blanchâtre sur la face inférieure, indument formé de poils stellés à pédicule bref supportant trois longues branches aiguës. Très charnu, subey-

lindrique, prismatique, légèrement aplati sur sa face supé-

rieure, comprimé sur ses faces latérales, rétréci dans sa moitié inférieure en une large carène prismatique, le pétiole, qui conserve un diamètre presque identique sur toute sa lon- gœueur mais est nettement élargi à la base, s'insère à 10-25 mil- limètres au-dessus de la base du limbe: sa hauteur varie de 4 à 10 centimètres: son diamètre oscille entre 7 et 24 milli- mètres à la base, 4.50 et 18 millimètres au milieu. Aigu ou subaigu au sommet, légèrement émarginé à la base, subdel-

1. Raymond-Hamet et A. Dauphiné, Contribut. à l'étude anatomique du g. Kalanchoe, in Ann. Sc. Nat., Bot., sér. 9, t. XVI, p. 217, fig. 19 (1912).

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 97

#

RACE A | ANT 4 TEL LE | A VE RAR RQ ORX

Kalanchoe beharensis Drake del Castillo Spécimen cultivé au Jardin Botanique de Marseill

Annales du Musée colonial de Marseille. série, vol, 1915. :

98 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE

toïde ou trilobé-subhasté, le limbe, nettement concave, forme une cavité que l’on trouve souvent remplie d'eau pendant la saison des pluies; ses bords sont ornés de larges dents aiguës elirrégulières séparées par de larges sinus arrondis; sa hau- teur varie de 7.50 à 35 centimètres, sa largeur, de 8 à 25 cen- timètres. Presque entièrement glabres, portant seulement, sur la base des pélioles et sur le pourtour du limbe, quelques rares poils stellés à court pédicule supportant trois longues branches aiguës, les feuilles, qui se développent sur les tiges ou rameaux ayant déjà fleuri ou même sur les rameaux n'ayant pas encore produit d'inflorescence mais situés à plus d'un mètre du sol, sont plus grandes et plus nettement lobées que celles que nous avons déjà décrités. Lorsque les feuilles tombent, elles laissent, sur la tige, d'énormes cicatrices sail- lantes, subtriangulaires, prolongées à chacun de leurs angles en une pointe dure et épaisse qui affecte à peu près la forme d'une pyramide à trois faces.

À l’isselle des feuilles moyennes de la rosette qui les ter- mine, les rameaux et la tige émettent deux, trois ou quatre hampes hautes de 40 à 50 centimètres. Ces hampes, dont le diamètre est d'environ 12 millimètres à la base et de 5.50 mil- limètres au milieu, sont couvertes primitivement d’un épais indument composé de poils stellés dont le bref pédicule sup- porte trois longues branches aiguës ; cet indument disparait bientôt par plaques et ne persiste que dans les parties supé- rieures de la hampe. Généralement nues, les hampes portent parfois deux paires de feuilles, la première paire distante d'environ 10 centimètres des premiers rameaux de l'inflores- cence, la seconde distante de 11 centimètres de la partie supé- rieure. Couvertes d’un épais indument composé de poils stellés à court pédicule supportant trois longues branches aiguës, ces feuilles sont pétiolées mais ne sont pas peltées ; haut de 7 à 8 centimètres, le pétiole a un diamètre de 12 mil-

limètres à la base et de 6 millimètres au milieu; plié en.

forme de gouttière, oblong-lancéolé, aigu au sommet, nette- ment émarginé à la base, le limbe, dont les bords sont garnis de larges dents aiguës séparées par de larges sinus arrondis,

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 99

atteint une longueur de 1# centimètres et une largeur de 8 centimètres.

Au sommet, la hampe se termine par une large panicule haute de 20 à 30 centimètres, large de 12 à 30 centimètres, composée d'un pédoncule terminal et de 6 à 10 pédoncules primaires latéraux opposés deux par deux. Les pédoncules latéraux supérieurs, de même que le pédoncule terminal, sont toujours simples mais les pédoncules médians et inférieurs émettent le plus souvent une ou deux paires de pédoncules secondaires. Les pédoncules primaires simples et les pédon- cules secondaires sont terminés par des cymes bipares.

A la base des pédoncules primaires supérieurs, des pédon- cules secondaires et des pédicelles, on observe des bractées ovées, à bords entiers, aiguës ou subaiguës, d'autant plus petites qu'elles se rapprochent davantage de l'extrémité des rameaux de l'inflorescence; toujours couvertes d'un épais indument composé de poils stellés à bref pédicule supportant trois longues branches aiguës, longues de 2.20 à 15 nulhi- mètres et larges de 0.85 à 7.80. millimètres, ces bractées sont précocement caduques.

Assez grêies mais nettement dilatés au sommet, longs de 4 à 13 millimètres, les pédicelles, qui supportent des fleurs érigées, sont couverts d'un épais indument composé de poils stellés dont le bref pédicule supporte trois longues branches aiguës.

Couvert sur les deux faces de poils stellés dont le bref pédi- cule supporte trois longues branches aiguës, le calice subcam- panulé se compose d'un tube plus bref que les segments, haut de 1.10 à 3 millimètres, et de quatre segments subérigés ; deltoïdes et légèrement élargis à la base ou ovés et atténués dans leur partie inférieure, aigus et mucronés au sommet, plus hauts que larges, les segments, qui ont des bords entiers, sont longs de 5.50 à 13 nullimètres et larges de 2.50 à 6.40 millimètres.

Plus longue que le calice, couverte extérieurement de poils stellés à pédicule bref supportant trois longues branches aiguës et de poils glanduleux brièvement pédiculés, intérieu-

L és.

100 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE

rement de poils glanduleux brièvement pédiculés, très rares à la base du tube, assez nombreux dans sa partie supérieure, nombreux sur les segments, la corolle suburcéolée a son plus grand diamètre un peu au-dessous du milieu du tube; au- dessous de ce niveau, elle se rétrécit jusqu’à la base large ; au- dessus, elle s'atténue peu à peu jusqu'à la base des segments légèrement récurvés. Un peu plus long, rarement un peu plus bref que les segments, le tube, d’un jaune verdâtre, est haut de 6.50 à 9.20 millimètres. Plus hauts que larges, longs de 9.90 à 9 millimètres, larges de 2.50 à 5 millimètres, colorés en jaune verdâätre mais marqués à l’intérieur de linéoles violettes, longuement obovés, très obtus ou émarginés au sommet, les pétales portent souvent au milieu de leur sommet une petite cuspide ; si le sommet du pétale est très obtus, cette cuspide le dépasse légèrement ; s'il est émarginé, elle reste à peu près sur le même niveau que l'extrémité supérieur des deux larges obtus de l’émargination.

L'androcée se compose de huit étamines hbres entre elles. Le sommet des filets alternipétales, insérés un peu au-dessous du sommet du tube corollin, dépasse le milieu des segments corollins et parfois atteint presque le sommet de ces derniers ; grèles et étroitement linéaires, ces filets, dont la partie soudée fait, du moins dans sa portion supérieure, saillie à l’intérieur, du tube de la corolle, conservent une largeur presque sem- blable depuis leur sommet jusqu'à leur base qui n’est elle- même, ni élargie, ni rétrécie; leur partie soudée est haute de 5.170 à 7.80 millimètre ; leur partie libre, longue de #.20 à 8.50 millimètres, est large de 0.25 à 0.35 millimètre à la base et de 0.15 à 0.20 millimètres au milieu. Le sommet des filets oppositipétales, insérés un peu plus haut que les filets alternipétales et presque au sommet du tube de la corolle, dépassent le milieu des segments corollins et parfois même atteignent presque le sommet de ces derniers ; grêles et étroi- tement linéaires, ces filets conservent une largeur presque identique depuis le sommet jusqu à la base qui n'est, elle- même, ni élargie, ni rétrécie; leur partie soudée est haute de 6.10 à 8.60 millimètres; leur partie libre, longue de #.20 à

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 101

9.50 millimètres, est large de 0.30 à 0.35 millimètre à la base et de 0.18 à 0.20 millimètre au milieu. Un peu plus larges que hautes ou un peu plus hautes que larges, ovées- subréniformes ou subréniformes, émarginées à la base et très obtuses au sommet, les anthères sont longues de 0.60 à 1.50 millimètre et larges de 0.80 à 1.80 millimètre.

Soudés entre eux sur un cinquième environ de leur lon- gueur totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les autres; assez largement ovés, rétrécis assez brusquement dans leur partie inférieure, ils s'atténuent, dans leur partie supé- rieure, en un appendice grêle plus ou moins long qui se con- fondrait avec le style s'il n'en était pas séparé par un léger renflement qui indique la séparation des deux organes et qui, d'ailleurs, se trouve souvent dans une même fleur à des niveaux variables: la partie soudée des carpelles est haute de 0.90 à 2.20 millimètres ; leur partie libre, longue de 4.40 à 10 millimètres, est large de 2.80 à 4.10 millimètres ; grêles, un peu plus longs ou un peu plus brefs que les carpelles, ter- minés au sommet par des stigmates dilatés, les styles sont hauts de 5.25 à 10.40 millimètres. Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent des ovules sur toutes leur longueur, sont constitués par deux grêles cordons subverticaux, presque parallèles, quoique incurvés en dedans, à chacun des deux bords internes des carpelles.

Plus larges que hautes, les quatre écailles sont soudées entre elles sur la moitié de leur longueur totale ; leur partie soudée est haute de 0.40 à 0.60 millimètre ; très largement subsemi- orbiculaire, leur partie libre est haute de 0.40 à 0.60 milli- mètre et large de 1.50 à 3.40 millimètre ; leur sommet tou- jours très obtus est, tantôt émarginé et pourvu de deux larges lobes obtus séparés par un large sinus arrondi, tantôt muni de trois lobes assez larges oblus et séparés par de larges sinus arrondis, tantôt garni de nombreuses crénelures obtuses étroites et peu profondes, tantôt enfin orné de cinq crénelures obtuses : deux situées aux extrémités latérales du sommet de l'écaille et séparées par un large sinus arrondi des trois autres disposées au milieu de ce sommet.

102 RAYMOND-HAMET ET H, PERRIER DE LA BATHIE

Très nombreuses dans chaque follicule, plus hautes que larges, obovées, le plus souvent arquées, obtuses au sommet et arrondies à la base, les graines sont longues de 0.60 à 0.75 millimètre et larges de 0.25 à 0.40 millimètre. Leur test, qui s'applique exactement sur l’amande, est couvert de rides longitudinales nombreuses et assez peu saillantes.

Cette espèce, qui n'était connue jusqu'ici que par l'échan- tillon authentique très incomplet recueilli à Behara, le 8 juillet 1901, par M. Guillaume Grandidier et par un spécimen stérile cultivé au Jardin Botanique de Marseille, a été observée en fleurs, entre juin et août, par M. Perrier de la Bäthie sur les rocailles calcaires du plateau Mahafaly, dans les sables, sur les gneiss et les grès de l’Androy, dans tout le bassin de l'Onilahy, sur les grès de l'Isalo et du Makay (Bassin du Mangoky), sur les gneiss de la rive droite de la Menamaty (Bassin du Mangokv), enfin sur la Sakenv.

Kalanchoe tomentosa Baker. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, sér. 2, t. VIII, p. 31 (1908).

Le Kalanchoe tomentosa est une plante vivace atteignant près d’un mètre de hauteur. Sa tige, dont le diamètre varie de 12 à 14 millimètres, est divisée, dès la base, en de nombreux rameaux subérigés, les uns stériles, les autres florifères. Les rameaux stériles, hauts d'environ 10 centimètres, presque toujours simples mais émettant quelquefois une ou deux branches latérales, portent au sommet un petit nombre de feuilles nettement alternes, si peu distantes les unes des autres qu'elles constituent de véritables rosettes. Quand ces rameaux fleurissent, les entrenœuds de la rosette, très brefs primitivement, s'accroissent rapidement et atteignent une longueur d'autant plus grande que les feuilles qu'ils séparaient étaient plus proches du centre. En même temps, ces feuilles, qui étaient de taille très réduite, se développent, cependant que du centre de la rosette s'élève une hampe bien distincte de la tige par son diamètre réduit. Quand cette hampe aura donné naissance aux fleurs et que celles-ci auront été

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 103

fécondées, les feuilles qui formaient à sa base une rosette plus ou moins lâche se dessécheront et tomberont ; à l’aisselle de leurs cicatrices, quelques bourgeons apparaîtront, dont un petit nombre se développera en rejets stériles. Stériles ou florifères, les rameaux, ainsi que la hampe, sont couverts primitivement d'une pubescence extrèmement dense dont l'aspect rappelle celui d'un velours rougeâtre et dont les éléments sont des petits poils stellés composés d'un court pédicule supportant trois longues branches inégales et aiguës. Cette pubescence que les hampes conservent jusqu à leur disparition, les tiges la perdent peu à peu et deviennent complètement glabres, sauf à leur sommet. Toujours alternes, sessiles, très épaisses, canaliculées sur leur face supérieure, obtuses au sommet, légèrement rétrécies à la base, les feuilles sont couvertes d'une pubescence blanchâtre extrêmement dense dont l'aspect rappelle celui du velours et dont les éléments sont des poils stellés composés d'un court pédicule supportant trois longues branches inégales et aiguës. Leurs bords, quelquefois entiers, sont le plus souvent pourvus, dans la partie supérieure de la feuille, de larges crénelures rougeàtres, arrondies et inégales, séparées par de larges sinus arrondis ou angu- leux. Les feuilles présentent des formes assez variables souvent même sur un unique échantillon : tantôt petites, ovées ou ovées-orbiculaires, un peu plus hautes que larges, longues de 23 à 26 millimètres et larges de 16 à 17 milli- mètres, tantôt de taille moyenne, oblongues ou subobovées- oblongues, environ deux fois plus hautes que larges, longues de 40 à 45 millimètres et larges de 16 à 22 millimètres, elles sont le plus souvent grandes, oblongues-linéaires ou subo- bovées-oblongues-linéaires, environ quatre fois plus hautes que larges, longues de 70 à 75 millimètres et larges de 16 à 17 millimètres ; ces différentes formes de feuilles présentent, d’alleurs, entre elles, de nombreux intermédiaires.

Nue, simple, érigée, haute de 48 à 80 centimètres, la hampe florifère, dont le diamètre est de 7.50 millimètres à la base et de 5 à 6 millimètres au milieu est, elle aussi, poilue. Le plus souvent elle est couverte, sur toute sa longueur, d'une pubes-

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cence rougeâtre très dense dont l'aspect rappelle celui du velours et dont les éléments sont des poils stellés composés d'un court pédicule supportant trois longues branches inégales et aiguës, mais, quelquefois, elle porte, dans sa partie supé- rieure, à la place de cet indument, un revêtement de petits poils glanduleux simples, rougeâtres, visqueux et brièvement pédiculés.

Paniculiforme ou très rarement subcorymbiforme, haute de 8 à 32 centimètres, large de 2.75 à 11 centimètres, l'inflo- rescence, qui termine la tige, se compose de trois à douze Déloeee primaires alternes, terminés chacun par une cyme bipare, dense, régulière, pauciflore et une fois ramifiée.

Assez charnus, légèrement renflés au sommet, couverts, tantôt d'une pubescence rougeñtre très dense dont l'aspect rappelle celui du velours et dont les éléments sont des poils stellés composés d’un court pédicule supportant trois longues branches inégales et aiguës, tantôt d’un indument rougeâtre et visqueux constitué par de petits poils glanduleux, simples, brièvement pédiculés, les pédicelles sont longs de 4 à 10 milli- mètres.

Longuement ovées, hautes de 2.80 millimètres et larges de 1 millimètre, les bractées ont leur plus grande largeur au- dessus du milieu ; au-dessous de ce niveau, elles se rétrécissent jusqu'à la base, ni élargie, ni rétrécie; au-dessus, elles s'atténuent Jusqu'au sommet subaigu. Elles sont couvertes, tantôt d’une pubescence rougeâtre très dense dont l'aspect rappelle celui du velours et dont les éléments sont des poils stellés composés d’un court pédicule supportant trois longues branches inégales et aiguës, tantôt d’un indument rougeñtre et visqueux constitué par de petits poils glanduleux, simples, brièvement pédiculés.

Couvert extérieurement, tantôt d'une pubescence rougeâtre très dense dont l'aspect rappelle celui du velours et dont les éléments sont des poils stellés composés d’un court pédicule supportant trois longues branches inégales et aiguës, tantôt d'un indument rougeâtre et visqueux constitué par de petits poils glanduleux simples et brièvement pédiculés, le calice se

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 105

compose d’un tube beaucoup plus bref que les segments, haut de 0.40 à 0.80 millimètre, et de quatre segments appliqués contre le tube corollin ou étalés ; deltoïdes ou linéaires-subdel- toïdes, légèrement élargis à la base, un peu plus hauts que larges, longs de 3.20 à 5.20 millimètres et larges de 2 à 3 millimètres, ces segments, qui ont des bords entiers, sont atténués depuis la base Jusqu'au sommet plus moins obtus.

Plus longue que le calice, campanulée au moment de l'anthèse, la corolle devient bientôt urcéolée ; elle a alors son plus grand diamètre, non plus au sommet, mais au-dessous du milieu ; au-dessous de ce niveau, elle se rétrécit peu à peu jusqu'à la base ; au-dessus, elle s'atténue jusqu'à la base des segments qui sont à peine récurvés. Elle est parfois recouverte d'un indument composé exclusivement de poils glanduleux, simples, rougeûtres, visqueux et brièvement pédiculés, mais porte le plus souvent deux sortes de poils : les uns, dont le nombre est à peu près constant sur toute la hauteur de la corolle, sont rougeâtres, stellés, à court pédicule supportant trois branches inégales et aiguës ; les autres, dont le nombre va en augmentant depuis le sommet de la corolle jusqu'à sa base il atteint son maximum, sont simples, glanduleux, rougeâtres, visqueux et brièvement pédiculés. D'une couleur jaunâtre, plus long que les segments, haut de 10.50 à 12 millimètres, le tube de la corolle est orné, extérieurement, de quatre côtes verticales peu saillantes, disposées en face des filets oppositipétales. Colorés en violet, subsemiorbiculaires, très obtus, ou subsemiorbiculaires-subdeltoides, obtus, les segments, toujours plus larges que hauts, sont longs de 2.40 à 3.30 millimètres et larges de 4.10 à 5.40 millimètres.

L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles. Le sommet des filets alternitipétales, insérés un peu au- dessous du milieu du tube de la corolle, dépasse nettement ce niveau, mais n'atteint pas la base des segments corollins ; très longuement linéaires-subdeltoïdes, ces filets s'élargissent insensiblement depuis le sommet jusqu'à une faible distance de la base et, à partir de ce niveau, se dilatent plus rapide-

106 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE

ment jusqu à la base ; leur partie soudée, qui fait très légère- ment saillie à l'intérieur du tube de la corolle et jusqu'à la base de celui-ci, est haute de # à 5.70 millimètres ; leur partie libre, longue de 3.25 à 3.80 millimètres, est large de 0.25 à 0.45 millimètres au milieu et de 0.80 à 1 millimètre à la base. Le sommet des filets oppositipétales, insérés un peu plus haut que les filets alternipétales, dépasse le milieu du tube de la corolle et, parfois même, atteint la base des segments corollhins ; très longuement linéaires-subdeltoïdes, ces filets s’élargissent insensiblement depuis le sommet jusqu'à une très faible dis- tance de la base et, à partir de ce niveau, s’élargissent plus rapidement jusqu'à la base ; leur partie soudée est haute de 4.20 à 5.90 millimètres ; leur partie libre, longue de 3.70 à 6.10 millimètres, est large de 0.25 à 0.35 millimètre au milieu et de 0.70 à 0.80 millimètre à la base. Un peu plus larges que hautes, subréniformes, émarginées au sommet et à la base, les anthères sont longues de ? millimètre et larges de 1.25 millimètre.

Soudés entre eux sur près d’un tiers de leur longueur totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les autres ; oblongs, rétrécis dans leur partie inférieure jusqu'à la base, ils s'atténuent, dans leur partie supérieure, en styles assez grèles, plus brefs qu'eux et terminés par des stigmates légèrement dilatés ; leur partie soudée est haute de 1.60 à 3 millimètres ; leur partie libre, longue de 5.20 à 7 millimètres, est large de 2.20 à 3.10 millimètres ; les styles sont hauts de 1.40 à 2.40 millimètres. Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent des ovules sur toute leur longueur, sont constitués par deux cordons grêles subverticaux et presque parallèles, quoiqu'un peu incurvés en dedans, à chacun des deux bords internes des carpelles.

Un peu plus larges que hautes, subquadrangulaires non élargies à la base, ou subtrapéziformes-subsemiorbiculaires élargies à la base, émarginées ou parfois obtuses au sommet, les écailles sont longues de 0.85 à 1.20 millimètre et larges de 1.10 à 1.40 millimètre.

Un peu plus de deux fois plus hautes que larges, obovées,

CONTRIBUTION À L' ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 407

légèrement arquées, obtuses au sommet et à la base, les graines, dont le nombre varie de 30 à 40 dans chaque follicule, sont longues de 1.70 à 2 millimètres et larges de 0.65 à 0.85 millimètre. Leur test couvert de rides longitudinales nombreuses et peu saillantes s'applique exactement sur l’amande.

En septembre 1911, M. Perrier de la Bâthie a récolté de beaux échantillons de cette espèce, à une altitude d'environ 800 mètres, sur les gneiss dénudés situés entre la Menamaty et le Zamandao, dans le Bassin du Mangoky.

Kalanchoe prolifera Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, sér. 2, t. VIII, p. 19-20 (1908).

Le Kalanchoe prolifera est une plante glabre et vivace. Verte, mais maculée de nombreuses taches blanches, quadrangulaire sauf dans sa partie inférieure elle est cylindrique, haute de 0.80 à 1.50 mètre, érigée mais sou- vent couchée dans sa région basilaire, la tige ne se ramifie point, mais émet à la base des rejets stériles qui fleuriront ultérieurement.

Les tiges portent des feuilles sur toute leur longueur, sauf à la base elles sont généralement dénudées au inoment de la floraison. Opposées, décussées, pétiolées, vertes mais rougeâtres pendant la saison sèche, les feuilles, assez dis- tantes les unes des autres, sont assez régulièrement espacées. Charnu, haut de 6 à 12 centimètres et large de 4 à 7.50 mil- limètres au milieu, subcylindrique mais caréné sur sa face inférieure et canaliculé sur sa face supérieure, le pétiole, qui s'élargit à la base en une sorte de plate-forme large de 14 à 20 millimètres subsemicirculaire et! amplexicaule, se continue par le rachis qui n'en diffère aucunement, mais qui porte sur ses côtés quatre à six folioles opposées deux par deux et qui se termine par un groupe de trois folioles, l'une terminale, les deux autres latérales et opposées. Sessiles, inéquilatères, étroitement oblongues, obtuses au sommet, longues de 7 à 15 centimètres et larges de 1.50 à 5 centimètres, les folioles

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latérales, dont les bords sont garnis de larges crénelures obtuses, séparées par d'’étroits sinus anguleux, s’insèrent directement sur le rachis ; celui de leurs côtés qui est tourné vers les trois folioles terminales forme, à la jonction de sa base et du rachis, un large sinus arrondi ; par contre, celui de leurs côtés qui regarde le pétiole forme à sa base une large oreillette arrondie, d'autant plus décurrente sur le rachis que la foliole qui la porte est plus proche du sommet de la feuille. Quant aux trois folioles supérieures, elles ne diffèrent presque point des folioles latérales, mais sont si rapprochées que la foliole terminale semble plutôt former la division médiane d'une foliole supérieure trifoliolée, que s’insérer, elle-même, sur le rachis commun.

Paniculiforme, haute de #0 à 80 centimètres, large de 20 à 40 centimètres, l'inflorescence, qui termine la tige, se compose d'un petit nombre de pédoncules latéraux, opposés deux par deux et émettant latéralement quelques pédoncules secon- daires également opposés deux par deux et, comme ceux-ci, terminés par des cymes bipares pauciflores et peu rami- fiées. Les fleurs avortent souvent et l'on voit se développer à leur place de petits pseudo-bulbilles analogues à ceux que nous avons signalés chez le À. miniata.

Grêles, hauts de 8 à 15 millimètres, non dilatés au sommet, couverts de papilles subconiques, mais obtusiuscules au sommet, les pédicelles supportent des fleurs pendantes.

Quadrangulaire, subcampanulé, couvert en dedans et en dehors de papilles subconiques, mais obtusiuscules au sommet, le calice se compose d'un tube plus haut que les segments, long de 15 à 16 millimètres, et de quatre segments non appliqués contre le tube de la corolle ; largement sub- semiorbiculaires, plus larges que hauts, longs de 3.25 à k millimètres et larges de 5.50 à 7.70 millimètres, les seg- ments, dont les bords sont entiers, ont leur plus grande largeur à la base et, à partir de ce niveau, se rétrécissent assez rapidement jusqu'au sommet anguleux et brusquement acuminé.

Un peu plus longue que le calice, cylindrique mais nette-

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 109

ment quadrangulaire dans sa partie inférieure, la corolle est nettement étranglée au-dessous du milieu ; au-dessous de cet étranglement, elle se dilate peu à peu, puis se rétrécit jusqu'à une très faible distance de la base, et, enfin, à partir de ce niveau, conserve un diamètre presque identique jusqu'à la base elle-même, formant ainsi une sorte de tube large et court qui lui donne une apparence stipitée; au-dessus de l'étranglement, elle se dilate peu à peu jusqu'à la jonction du tiers médian et du tiers supérieur, puis, à partir de ce niveau, se rétrécit lentement jusqu'à la base des segments dressés- récurvés. Plus long que les segments, le tube, qui porte, dans sa partie inférieure, quatre côtes assez saillantes situées en face des filets oppositipétales, est haut de 18 à 24 muilhi- mètres. Très largement subovés, un peu plus larges que hauts, longs de 2.75 à 3.30 millimètres et larges de 3 à 4 millimètres, les segments, dont les bords sont entiers, ont leur plus grand diamètre au-dessous du milieu ; au-dessous de ce niveau, ils se rétrécissent jusqu'à la base; au-dessus, ils s'atténuent peu à peu jusqu’au sommet arrondi et brus- quement subacuminé.

L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles. Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous du milieu du tube de la corolle, dépasse le sommet des segments corollins ; très longuement linéaires, ces filets, dont la partie soudée fait légèrement saillie à l'intérieur du tube de la corolle et jusqu'à la base de celui-ci, conservent un diamètre presque identique depuis le sommet jusqu'à une faible dis- tante de la base, ils s’élargissent très légèrement ; leur partie soudée est haute de 5.50 à 8.60 millimètres ; leur partie libre, longue de 16.50 à 20.50 millimètres, est large de 0.55 millimètre. Le sommet des filets oppositipétales, insérés un peu plus bas que les filets alternipétales, dépasse un peu le sommet de ces derniers ; grêles, très longuement linéaires, ces filets conservent un diamètre presque identique jusqu’à une faible distance de la base ils s'élargissent un peu ; leur partie soudée est haute de 4.25 à 7.20 millimètres ; leur partie libre, longue de 18 à 26 millimètres, est large de

110 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE

0.60 à 0.90 millimètre. Un peu plus hautes que larges, ovées, obtuses au sommet et émarginées à la base, les anthères sont longues de 2 à 2.60 millimètres et larges de 1.30 à 1.45 millimètre.

Soudés entre eux sur un quart environ de leur longueur totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les autres ; ovés, rétrécis dans leur partie inférieure, ils s'atténuent, dans leur partie supérieure, en styles grêles, plus longs qu'eux et terminés par des stigmates à peine dilatés ; leur partie soudée est haute de 2 millimètres; leur partie libre, longue de 5 à 6.20 nullimètres, est large de 3 millimètres ; les styles sont hauts de 17 à 20 millimètres. Dans chaque carpelle, les pla- centes, qui portent des ovules sur toute leur longueur, sont constitués par deux cordons grèles, subverticaux et presque parallèles, quoique très légèrement incurvés en dedans, à chacun des deux bords internes des carpelles.

Un peu plus larges que hautes, subtrapéziformes-subsemi- orbiculaires, légèrement dilatées à la base, largement et peu profondément émarginées au sommet, les écailles sont longues de 1.30 à 1.60 millimètre et larges de 2 à 2.40 mil- limètres.

Cette plante a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie sur les rocailles basaltiques et humides de l’Analamahitso, à une altitude d'environ 800 mètres.

Obs. C'est Bowie! qui, sous le nom de Bryophyllum proliferum, décrivit pour la première fois, d'après un spécimen cultivé au Jardin de Kew et qu'il crut originaire de l'Afrique australe, la plante dont nous venons de donner les caractères. Mais, en 1883, Baker ayant étudié deux Crassulacées récoltées par le Révérend Baron dans la région centrale de Madagasear et distribuées par ce collecteur sous les 1270 et 1465, les considéra ? comme identiques au Bryophyllum proliferum et

1. Bowie ms. ex Botanical Magazine, tab. 5147. 2. J. G. Baker, Contrib. to the F1. of Madagascar, in The Journ. of the Linn, Soc., Bot.,t. XX, p. 139 (1883).

CONTRIBUTION A L ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALAGCHES 111

infirma ainsi l'hypothèse émise par Bowie sur l'origine géo- graphique de cette espèce.

Un long séjour à Kew ayant permis à l'un de nous de com- parer ces spécimens avec l'échantillon original du Br. proli- ferum, il a pu constater, tout d'abord, que la plante, distribuée -par Baron sous le 1465 possédait des folioles nettement pétiolées et ne pouvait, par conséquent, être confondue avec le Br. proliferum, mais qu'elle ne portait aucune fleur et ne pouvait ainsi être déterminée avec certitude. Il à constaté, ensuite, que le spécimen récolté par Baron sous le 1270 différait un peu de l'échantillon authentique du Br. proliferum par ses sépales proportionnellement plus larges, mais que cette différence était sans intérêt parce que les fleurs du premier étaient pleinement épanouies, tandis que celles du second n'étaient encore qu'en boutons.

Quant aux échantillons récoltés par l’un de nous, ils ne diffèrent aucunement de celui qu'a recueilli Baron et, comme lui, appartiennent à l'espèce qui, par suite de la réunion! du genre Bryophyllum au genre Kalanchoe, doit être désignée sous le nom de Xalanchoe prolifera.

Kalanchoe rubella Raymond-Hamet, nom. nov.

Le Xalanchoe rubella est une plante glabre et vivace, dont la tige colorée en vert brunâtre et maculée de taches blan- châtres, porte, sur toute sa longueur, des feuilles opposées, décussées, assez distantes les unes des autres.

Les feuilles inférieures, presque toujours détruites au moment de la floraison, sont simples et pétiolées ; assez grèle, subcylindrique mais légèrement canaliculé sur sa face supé- rieure, le pétiole s'élargit, à la base, en une sorte de plate- forme subsemicirculaire et amplexicaule ; ové, subobtus au sommet, coloré en blanc argenté mais parcouru par des ner- vures d'un beau vert sombre, le limbe est bordé de larges crénelures obtuses et arrondies séparées par des sinus étroits

1. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, sér, 2,t. VII, p. 871-872 (1907).

112 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE

et anguleux. Les feuilles médianes et supérieures sont 3-, 5-, 1-, et même 9-foliolées ; haute de 6 à 12 centimètres, large de 2.50 à 5 centimètres, presque identique au limbe des feuilles simples mais un peu plus étroite que celui-ci, la foliole ter- minale est supportée par un grêle pétiolule haut de 12 à 15 millimètres et large de 1.25 à 2 millimètres ; oppo-

4 à 12 centimètres et

sées deux par deux, hautes de larges de 1.80 à 3 centimètres, toujours obtuses au som- met, colorées en vert sombre, mais maculées de taches blanches, les folioles latérales, qui ont des bords garnis de larges crénelures arrondies séparées par d'étroits sinus angu- leux, sont supportées, à la base, par un bref pétiolule grêle haut de 2 à 8 millimètres et large de 1 à 2.25 millimètres ; assez largement ovées sur les ‘feuilles de petite taille, elles deviennent d'autant plus étroites que la feuille qui les sup- porte est plus amplement développée et arrivent ainsi, sur les plus grandes feuilles, à affecter une forme si longuement et si étroitement ovée qu'on les croirait presque sublinéaires ; quant au pétiole assez grêle, subcylindrique mais légèrement canaliculé sur sa face supérieure, il s’élargit, à la base, en une sorte de plate-forme subsemicireulaire et amplexicaule large de 5 à 6 millimètres.

L'inflorescence paniculiforme, qui termine la tige, se com- pose de pédoncules latéraux portant un petit nombre de pédoncules secondaires opposés deux par deux et terminés par des cymes bipares simples, très pauciflores et très lâches.

Grêles, non dilatés au sommet, les pédicelles sont longs de 12 à 23 millimètres.

Longuement oblongues-sublinéaires, subaiguës au sommet, légèrement contractées à la base en un large pseudo-pétiole à peine distinct du limbe, les bractées, dont les bords sont entiers, sont larges de 3.20 à 7.40 millimètres et larges de 0.60 à 1 millimètre.

Le calice, subcampanulé, se compose d'un tube plus haut que les segments, long de 14à 16 millimètres, et de quatre segments non appliqués contre le tube de la corolle; deltoïdes, un peu plus larges que hauts, longs de 6.20 à 7.40 milli-

+170

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 113

mètres et larges de 7.20 à 8.50 millimètres, les segments, dont les bords sont entiers, se rétrécissent peu à peu depuis la base jusqu'au sommet aigu et acuminé.

Un peu plus longue que le calice, la corolle est nettement étranglée au-dessous du milieu; au-dessous de cet étrangle- ment, elle se dilate peu à peu, puis se rétrécit jusqu'à une très faible distance de la base, et enfin, à partir de ce niveau, conserve un diamètre presque identique jusqu’à la base elle- même, formant ainsi une sorte de tube large et court qui lui donne une apparence stipitée; au-dessus de l’étranglement, elle se dilate peu à peu jusqu'à la jonction du tiers médian et du tiers supérieur, puis, à partir de ce niveau, se rétrécit len- tement jusqu’à la base des segments dressés-récurvés. Plus long que les segments, le tube est haut de 22,50 à 23 milli- mètres. Subsemiorbiculaires-subsemioblongs, un peu plus larges que hauts, long de 5 à 5.70 millimètres et larges de 5.40 à 5.80 millimètres, les segments, dont les bords sont entiers dans leur moitié inférieure et nettement rongés dans leur moitié supérieure, ont leur plus grand diamètre à la base ; au-dessus de ce niveau, ils s’atténuent presque insen- siblement jusqu’au milieu, puis, à partir de ce niveau, se rétrécissent assez rapidement jusqu'au sommet anguleux et brusquement subacuminé.

L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles. Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous du . milieu du tube de la corolle, dépasse un peu la base des seg- ments corollins sans atteindreleur milieu ; grêles, très longue- ment et très étroitement linéaires, ces filets, dont la partie soudée fait légèrement saillie à l'intérieur du tube de la corolle et jusqu’à la base de celui-ci, conservent un diamètre presque identique depuis le sommet jusqu’à la buse, qui n'est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie: leur partie soudée est haute de 4.80 à 5.70 millimètres; leur partie libre, longue de 18.50 à 19.50 millimètres, est large de 0.55 à 0.60 mil- limètre. Le sommet des filets oppositipétales, insérés un peu plus bas que les filets alternipétales, dépasse légèrement le sommet de ces derniers et tantôt n'atteint pas le milieu des

Annales du Musée colonial de Marseille, série, vol, 1915, 8

114 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE

segments corollins, tantôt le dépasse un peu; grêles, très longuement linéaires, ces filets conservent un diamètre presque identique depuis le sommet jusqu à la base qui n’est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie; leur partie soudée est haute de 3.80 à 4.20 millimètres ; leur partie libre, longue de 20 à 22 millimètres, est large de 0.55 à 0.65 mill- mètre. Un peu plus hautes que larges, ovées, obtuses au sommet et émarginées à la base, les anthères sont longues de 2.50 à 2.70 millimètres et larges de 1.85 à 2.20 mulh- mètres.

Soudés entre eux sur un quart environ de leur longueur totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les autres; ovés, rétrécis dans leur partie inférieure, ils s’atténuent, dans leur partie supérieure, en styles grêles, plus longs qu'eux et terminés par des stigmates à peine dilatés ; leur partie soudée est haute de 4.10 à 1.20 millimètre; leur partie libre, de 3.10 à 4.50 millimètres ; les styles sont longs de 15 à 17.75 millimètres. Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent des ovules sur toute leur longueur, sont constitués par deux cordons grêles verticaux et presque parallèles, quoique très

légèrement incurvés en dedans, à chacun des deux bords.

internes des carpelles.

Environ trois fois plus hautes que larges, suboblongues- sublinéaires, longues de 2.30 à 2.60 millimètres et larges de 0.70 à 0.80 millimètre, les écailles ont leur plus grande largeur vers le milieu et, à partir de ce niveau, se rétrécissent, d'une part vers le sommet émarginé, d'autre part vers la base ni élargie, ni rétrécie.

Cette plante a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie dans le bassin de l'Ankisompobe.

Obs. Quoique, lors de la rédaction de sa monographie du genre Xalanchoe, lun de nous n'ait connu le Bryophyllum rubellum que par sa diagnose originale !, il avait cru pouvoir

1. J. G. Baker, Furth. Contrib. to the FI. of Madagascar, in Journ, of the Linn. Soc., Bot., t. XXV, p. 314 (1890).

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 115

indiquer ! que cette espèce était probablement identique au Bryophyllum proliferum. Fort heureusement ayant pu, depuis lors, étudier, non seulement les échantillons authentiques de ces deux espèces, mais encore les spécimens récoltés par Baron et Perrier de la Bâthie qui doivent être rapportés à ces deux Crassulacées, 1l a pu acquérir sur cette question une opinion mieux fondée. Certes, la comparaison des échan- üllons authentiques de ces deux plantes eût suflire à baser sa conviction, mais cette comparaison était fort diflicile. En effet, on sait déjà que, le spécimen original du Br. proliferum ne portant que des boutons, nous avons dû, pour rédiger une description complète de cette plante, faire appel aux spéci- mens de cette espèce qu'ont récoltés Baron et Perrier de la Bâthie. D'autre part, l'échantillon authentique du Br. rubellum étant extrêmement incomplet, il eût été presque impossible, sans les spécimens récoltés par M. Perrier de la Bâthie, de décrire tous les caractères de cette intéressante Crassulacée. On pourrait, il est vrai, nous objecter que ces spécimens sont peut-être distincts de léchantillon authen- tique, mais il suflirait, pour réfuter cette assertion, de faire remarquer qu'ils sont absolument identiques à ce dernier, non seulement au point de vue de la forme des différents organes, mails même

ainsi que l’établit le tableau suivant (voir page 116) sous le rapport de leurs dimensions : L'identité des échantillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie et des spécimens originaux des Br. proliferum el Br. rubellum étant ainsi démontrée, nous disposions d'un matériel suflisant pour constater que le Br. rubellum diffère du Pr. proliferum: par les feuilles à folioles pétiolées, non point sessiles et décurrentes sur le rachis; par les sépales deltoides, et non subsemiorbiculaires : par les pétales subsemiorbiculaires-subsemioblongs à bords rongés, non point largement subovés à bords entiers ; par les écailles suboblongues-sublinéaires près de trois fois plus

1. Raymond-Hamet, Monogr. du g Kalanchoe, in Bull. Ib. Boissier, sér. 2,t. VIII, p. 20 (1908).

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_laires, plus larges que hautes.

hautes que larges, et non subtrapéziformes-subsemiorbicu-

Le Br. rubellum doit donc être considéré comme une espèce distincte du Br. proliferum, espèce qui, par suite de la réu- nion! du genre Bryophyllum au genre Kalanchoe, devra porter le nom de Kalanchoe rubella.

1. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier,

_ sér. 2,t. VII, p. 871-872 (1907).

2

INDEX BIBLIOGRAPHIQUE

DES CRASSULACÉES RÉCOLTÉES

Par M. PERRIER DE LA Barure

Crassula cordifolia Baker; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3

p. 205-207.

» nummulariæfolia Baker ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér.

t. II, p. 203-205.

Kalanchoe Aliciæ Raymond-Hamet; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3

t. II, p. 482-187.

» antanosiana Drake del Castillo ; Ann. Mus. Col. Marseille,

sér. 3, t. II, p. 167-170. » beharensis Drake del Castillo: Ann. Mus. Col. ser 35t. HE p; «05:

à) Bergeri Raymond-Hamet & Perrier de la Bàthie; Ann. Mus.

Col. Marseille, sér. 3, t. II, p. 199-202.

Un Bitteri Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Mus.

Col. Marseille, sér. 3, t. II, p. 120-124.

» Boisi Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Mus.

Col. Marseille, sér. 3, t. Il, p. 149-153.

» Bouveti Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; Ann. Mus.

Col. Marseille, sér. 3, t. I, p. 192-195.

» Bouvieri Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; Ann. Se.

Nat., Bot., sér. 9, t. XVI, p. 366-368.

» Chapototi Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann.

Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT, p.64.

» Daigremontiana Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. II, p. 128-132. » Fedtschenkoi Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann.

Mus. Col. Marseille, sér, 3, €. II, p. 73.

n Gastonis-Bonnieri Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ;

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» gracilipes Baillon ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér.

p. 173-176.

120

RAYMOND-HAMET ET H, PERRIER DE LA PBATHIE

Kalanchoe Grandidieri Baillon; Ann. Mus. Col. Marseille, sér, 3, t, I,

»

»

»

p. 464-166. Guignardi Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Sc. Nat., Bot., sér. 9, t. XVI, p. 368-370. Heckeli Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IL, p. 117-120. Hildebrandtii Baillon; Ann. Mus. Col. Marseille, sér, ‘3, t. II, p. 461-164. integrifolia Baker ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT, p. 113-117. Jongmansi Raymond-Hamet & Perrier de la Bäthie; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. II, p. 195-199. Jueli Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT, p. 135-139. lanceolata Persoon ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. [, p. 146-149. linearifolia Drake del Castillo; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. Il, p. 170-173. Mangini Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Sc. Nat., Bot., sér. 9, t. XVI, p. 370-373. Milloti Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Sc. Nat., Bot., sér. 9,t. XVI, p. 374-376. miniata Hilsembach & Bojer; Ann. Mus, Col. Marseille, sér. 3, t. III, p. 80. parviflora Baïllon ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér, 3,t, II, p. 179-182. peltata Baillon ;? Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT, p. 176-179. pinnata Persoon, var. genuina Raymond-Hamet; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT, p. 84. » » var. brevicalyx Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT, p. 88. Poincarei Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Bull. Géogr. Bot., t. XXIIT, p. 148-151. porphyrocalyx Baïllon ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t’ TTL, pp. 90° prolifera Raymond-Hamet ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér, 3, HILL, p: 2407: Rolandi-Bonapartei Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; Ann. Sc. Nat., Bot., sér. 9, t. XVI, p. 361-363. Rosei Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér, 3, t. II, p. 132-135. rubella Raymond-Hamet; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. LD: 411:

à Li À : ;

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 121

Kalanchoe Stapfi Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Mus.

»

Col. Marseille, sér. 3, t. III, p. 68. streptantha Baker ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t, H, p. 139-143. synsepala Baker; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT, p. 153-156. Tieghemi Raymond-Hamet; Ann. Mus. Col. Marseille, sér.3, t. II, p. 143-145. tomentosa Baker; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT, p. 102. tubiflora Raymond-Hamet ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT, p. 125-128. Viguieri Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. II, p. 187-189, » » var, genuina Raymond-Hamet & Perrier dela Bâthie ; Ann, Mus. Col, Marseille, sén> 3,6. Il p..189-190: » » var, latisepala Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér, 3, t. II, p. 190-192.

Waldheimi Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann,

Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. III, p. 71.

SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE

Par M. RAYMOND-HAMET,

I. Bryophyllum crenatum Baker, Kalanchoe laxiflora Baker, Kalanchoe Tieghemi Raymond-Hamet et Kalanchoe crenata Raymond-FHamet.

C'est en 1883 que Baker ! créa, pour quelques échantillons récoltés à Madagascar par Lyall (n° 38) et par Baron (n° 608, 956, 1121 et 1411), le binôme nouveau de Bryophyllum cre- nalum qu'il caractérisa comme suit : « Perennis, erecta, glabra, foliis oppositis oblongis conspicue crenatis, inferioribus majo- ribus crenalis superioribus sensim minoribus cymis pauciflo- ris laxifloris terminalibus, calyce oblongo inflato dentibus del- loideis corollae tubo ampullaeformi quam calyx paulo lon- giore limbi segmentis parvis rubris orbiculari-cunealis, slaminibus supra medium corollae tubi insertis antheris minu- lis, stylo ovaria aequilongo vel paulo longiore. À glabrous succulent perennial, with slender terete stems 2-3 feel long, erect or decumbent towards the base. Leaves distant, opposite, oblong, green, fleshy, deeply crenate, obtuse, the lower 2-3 in. long, with a petiole 1 1} long, the upper

growing gradually smaller and more remote. Flowers in a lax

terminal compound corymbose cyme, on slender erect pedi-

1.J. G. Baker, Contribut. to the F1. of Madagascar, in the Journ. of the Linn. Soc., Bot., t. XX, p. 139 (1883).

ne ==

RAYMOND-HAMET

cels 441 in. long. Calyx oblong, inflated, membranous, reddish !-? in. long, in. diam. with # deltoid segments about a third as long as the tube. Corolla with an ampulliform tube rather longer than the calyx and # orbicular deltoid crimson

segments lin. long and broad. Filaments ? in. long, inserted

above the middle of the corolla tube: anthers minute, orbi- cular. Fruit-carpels with narrowly ampulliform contiguous ovaries + in. long and slender styles about in. long ».

Quatre ans plus tard, Baker ! donnait le nom de Xalanchoe lariflora à une Crassulacée malgaché récoltée par Baron et conservée dans l’herbier de Kew sousle 4306, Crassulacée à laquelle il attribuait les caractères suivants : «. Perennis glabra, foliis oblongis, obtusis carnosis crenatis caule elon- galo, floribus in paniculam laxam corymbhosam dispositis, panicula ramis primarüs elongatis ascendentibus pedicellis flexuosis elongatis cernuis, calyce laro membranaceo rubello tu bo campanulato dentibus deltoideis corollæ luteae tubo medio constricto, segmentis parvis ovalis, stylis elongatis. À peren- nial, glabrous in all its parts, with flovering-stems 2-3 feet long. Petiole slender, an inch long; blade 15-2 in. long, conspicuously crenate. Panicle a foot long, with 3 main branches, each several times dichotomously forked; pedicels very slender,!-?in. long. Calyx £ in. long. Corolla pale yellow, twice as long as the calyx, ampullaeform at the base and the tube dilated again above the middle ; segments as broad as long. Stamens as long as the corolla tube. Styles? in. long. »

Si l’on s’en tient à la comparaison des descriptions que je viens de transcrire, les caractères différentiels du Bryophyl- lum crenatum et du Kalanchoe laviflora seraient les suivants:

4. J. G. Baker, Contrib. to the F1. of Madagascar, in Journ. of the Linn. Soc., Bot.,t. XXII, p. 473 (1887).

SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 125

Bryophyllum crenatum. Kalanchoe laxiflora. Cymis paucifloris (compound Floribus in paniculam corymbo- corymbose cyme), sam, panicula ramis primariis

elongatis ascendentibus (panicle a foot long, with 3 main branches, each several times dichotomously

forked). Calyce tubo campanulato, Calyce oblongo, 5-+ in. Sin. Corollae tubo ampullaeformi ; Corollae tubo medio constricto

Campullaeform at the base and the tube dilated again above the

middle) tubo quam calyx paulo longiore ; Corolla twice as long as the calyx segmentis rubris Corollae luteae obiculari-cuneatis. segmentis ovalis. Styles about ? in. long Styles + in. long.

Lors de la rédaction de ma monographie du genre Xalan- choe, je m'étais rendu compte de l’insigmifiance systématique de ces caractères différentiels; mais, n'ayant pu obtenir com- munication de l'échantillon authentique du Xalanchoe laxi- flora, je n'avais point osé réunir cette espèce au Bryophyllum crenatum et avais été contraint de le ranger parmi les Species non salis notae |.

D'autre part, m'étant convaincu de l'impossibilité de consi- dérer le genre Bryophyllum autrement que comme une sec- tion du genre Xalanchoe, j'avais transporté, dans ce dernier genre, le Bryophyllum crenatum, d'abord sous le nom de Kalanchoe Tieghemi Raymond-Hamet?, puis sous celui de Kalanchoe crenata Raymond-Hamet*®. Mais l'étude de nou- veaux matériaux m'ayant contraint de reconnaitre, au Malan-

4. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, sér. 2, t. VIII, p, 40 (1908).

2. Raymond-Hamet, loco cil., L. VIT, p. 876, 878 et 881 (1907).

3. Raymond-Hamet, loco cit., t, VII, p. 19 (1908).

126 RAYMOND-HAMET

choe crenata d'Haworth, l'autonomie spécifique que je lui avais déniée dans ma monographie, je dus, dans un récent mémoire !, restituer à la plante de Baker le binôme que je lui avais primitivement imposé.

Quelques années auparavant, la Direction de l'herbier de Kew m'ayant fait parvenir un dessin exécuté, par M. Smith, d'après l'échantillon authentique du ÆXalanchoe laxiflora, javais signalé? la similitude probable de cette espèce et du Xalanchoe crenata R. H.. Mais c'est seulement au cours de l'an dernier que l'étude des spécimens originaux du Æalan- choe laxiflora et du Bryophyllum crenatum me convainquit de l'identité de ces deux plantes.

En effet, parmi les caractères que la comparaison des diag- noses originales permettrait de considérer comme différentiels de ces deux Crassulacées, la couleur de la corolle, rouge dans le Bryophyllum crenalum, jaune dans le Xalanchoe laxiflora, et la forme des pétales, orbiculaire-cunéiforme dans le premier, ovée dans le second, pourraient seuls être prises en considération ; mais l'étude des spécimens authentiques m'a permis de constater que ces prétendues différences n'’exis- tient que dans les descriptions. Cette étude m'a permis en outre de me convaincre de l'identité du Bryophyllum crena- tum et du KXalanchoe laxiflora, non seulement au point de vue de la forme des organes, mais même à celui de leurs dimensions. Ces deux espèces doivent done être réunies en une seule qui portera le nom de Xalanchoe lariflora. En effet, s'il est exact que le nom le plus ancien qui ait été attribué à cette espèce soit celui de Bryophyllum crenatum, 11 est évident qu'on ne peut, dans le transfert reconnu obligatoire de cette plante dans le genre Xalanchoe, lui conserver son épithète spéci- fique princeps, puisqu'il existe déjà un Xalanchoe crenata créé valablement par Haworth. Quant au nom de Xalanchoe Tieq-

{. Raymond-Hamet (en collaboration avec Perrier de la Bäthie), Nouv. Contrib. à l'étude des Crassulacées malgaches, in Ann. du Mus. Colon. de Marseille, sér. 3, t. II, p. 31-33 (1914).

2. Raymond-Hamet, Sur quelques Kalanchoe peu connus, in Bull. Soc. bot. France, t. LVII, p. 24 (1910),

ae

SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 127

hemi, il est postérieur à celui de Xalanchoe lariflora et doit donc s'’effacer devant lui depuis la constatation de l'identité de ce dernier et du Bryophyllum crenatum.

II. Kalanchoe orgyalis Baker et Kalanchoe antanosiana Drake del Castillo.

Sous le nom nouveau de ÆXalanchoe orgyalis, Baker a décrit !, en 1882, deux échantillons récoltés par Baron dans la région de Betsiléo et conservés dans l’herbier de Kew sous les n% 105 et 279, échantillons auxquels il a attribué les caractères suivants : « An erect glabrous succulent perennial, with stems 6-7 feet long. Lower leaves oblong-spathulate, entire, 3-5 in. long. Flowers in dense corymbose cymes: bracts minute ; pedicels as long or shorter than the flowers. Sepals #, deltoid, glabrous! in. long, connate only at the very base. Corolla vellow, urceolate, lin. long, with four sprea- ding deltoid cuspidate segments not morethan ? as long as the ovoid tube, which is 5-7 in. diam. Stamens 8, inserted biseriately near the throat of the corolla-tube; filaments very short : anthers minute, ovate. Fruit-carpels #, ? in. diam., as long as the corolla, narrowed gradually into the short styles. »

En 1903, Drake del Castillo?, ayant étudié un intéressant Kalanchoe récolté dans le Sud de Madagascar par M. G. Grandidier, le considérait comme une espèce nouvelle que, sous le nom de Xalanchoe antanosiana, 11 décrivait ainsi « Sulfrutex (?) foliis oratis (0 m. 010 >< 0 m. 009) vix acutis basi in petrolum brevem constrictis. Panicula ampla (pedalis etultra), laxa, ramis ascendentibus, ramulis brevibus puberulis, podicellis longiusculis (ad. 1 centim.) ad apicem ramulorum

subconfertis. Calyx campanulatus, lobis deltoideis reflexis.

1. J. G. Baker, Contrib. to the F1. of Madagascar, in Trimen's Journ. of Bot., N. sér., t. XI, p. 110 (1882).

2. Drake del Castillo, Note s. les pl. rec. par M. G. Grandidier dans le S. de Madagascar, in Bull. Mus, Iisl, natur. de Paris, p. #1 (1903.

128 RAYMOND-HAMET

Corolla urceolata (8-10 millim.) extus superne puberula. Car- pella conniventia. »

À ne considérer que les descriptions originales que je viens de transerire, le Xalanchoe antanosiana devrait être considéré comme une espèce distincte du Xalanchoe orgyalis, puisqu'il posséderait des feuilles toutes « ovatis! », et non « lower leaves oblong-spathulate », des fleurs disposées en « pami- cula ampla (pedalis et ultra), laxa, ramis ascendentibus ramu- lis brevibus puberulis, pedicellis ? longiusculis (ad. 1 centim.) ad apicem ramulorum subconfertis » et non point « in dense corymbose cymas ». De plus, alors que le Xalanchoe orqyalis serait complètement glabre, le Xaianchoe antanosiana aurait des « ramulis.. puberulis » et une corolle « extus superne puberula ».

Ces caractères n'ont point, il est vrai, une extrême impor- tance, mais ils présentent cependant une valeur systématique suffisante pour autoriser la distinction spécifique des Æalan- choe antanosiana et K. orgyalis. C’est pourquoi, ayant eu à ma disposition, lors de la rédaction de ma monographie du genre Kalanchoe, non point les échantillons authentiques du K. orgyalis, mais seulement quelques fragments incomplets de ces spécimens, je n'avais point osé m’autoriser de la compa- raison de ce matériel rudimentaire avec l'original du Æ. antanosiana, pour réunir cette espèce au À. orgyalis, et, provi- soirement du moins, j'avais tenu pour distinctes ces deux Crassulacées.

Certes, cette distinction était basée principalement, ainsi que le prouve mon tableau analytique”, sur la forme des feuilles que je n'avais pu malheureusement vérifier que dans une seule des deux prétendues espèces, mais elle reposait aussi sur quelques caractères différentiels de très minime valeur, il est vrai, mais qui, par suite de la défection de celui que Drake del Castillo avait cru pouvoir tirer de l'inflores-

1. Le texte porte : oratis. 2. Le texte porte : podicellis. 3. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Herb. Boissier,

sér. 2, t. VII, p. 880 (1907).

SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 129

cence et que l'examen des échantillons m'avait fait rejeter, me paraissaient fort utiles pour consolider une séparation que seule la pauvreté du matériel mis à ma disposition m'avait contraint d'admettre et de justifier. C'est ainsi que, si l'inflo- rescence m'avait paru « corymbiformis » aussi bien dans le K. antanosiana que dans le À. orgyalis, J'avais cru pouvoir attribuer au premier! : des pédicelles « quam corollae tubus breviores », une corolle « segmentis late ovato-orbiculatis, leviter mucronatis », des anthères « superiores corollae seg- mentorum basim attingentes », des carpelles « ovato-lanceo- lata » ; au second? : des pédicelles « quam corollae tubus lon- giores », une corolle « segmentis ovato-suborbicularibus, abrupte cuspidatis », des anthères « superiores corollae seg- mentorum medium attingentes », des carpelles « oblonga ».

Fort heureusement un séjour en Angleterre mayant per- mis d'étudier les échantillons authentiques du ÆXalanchoe orgyalis, je puis reviser aujourd’hui mon assertion première et discuter, en pleine connaissance de cause, la création propo- sée par Drake del Castillo. Ces échantillons, qui sont au nombre de deux et qui, comme Je l'ai déjà dit plus haut, ont été récoltés l’un et l’autre dans la province de Betsiléo par le Révérend Baron, sont conservés dans les collections bota- niques des jardins de Kew sousles n°105 et 249. Ils sont tous deux dépourvus de feuilles, mais le 105 porte une étiquette le collecteur supplée à cette absence en attri- buant à la plante « leaves opposite spoon-shaped 3-5 in. long ». C'est par une interprétation abusive et erronée que Baker a, dans sa description, transcrit cette mention par « Lower leaves oblong-spathulate », car le mot « spoon- shaped », qui est l'équivalent de notre mot « trulliforme », ne peut nullement être pris dans l'acception de « oblong-spa- thulate », mais doit être considéré comme synonyme d'ové ou d'ové-oblong. Le caractère différentiel primordial des A. orgyalis et À. antanosiana disparait donc, et seuls demeurent,

{, Raymond-Hamet, loco cilalo, p. 891 (1907). 2. Raymond-Hamet, loco citalo, p. 890 et 891 (1907).

Annales du Musée colonial de Marseille. série, vol, 1915. 9

L AN "TE A

130 RAYMOND-HAMET

pour distinguer ces deux espèces, les caractères secondaires que j ai indiqués dans ma monographie. Ces caractères sont- ils bien constants et l'étude des échantillons originaux aboutit- elle à confirmer ou à infirmer leur existence ? C'est ce que je vais maintenant examiner.

Un problème se pose tout d'abord : L'inflorescence est-elle corymbiforme dans le Æ, orgyalis et paniculiforme dans le X. antanosiana, ainsi que l'affirment les diagnoses originales de ces deux plantes, ou est-elle corymbiforme dans l’un comme dans l'autre, ainsi que je l'ai admis dans ma monographie ? En réalité les échantillons originaux du X. orgyalis, tout comme ceux du X. antanosiana, sont réduits à des fragments qui interdisent de se prononcer, sur ce point, d'une façon définitive; si le 249 de Baron montre, en effet, des fleurs disposées en une cyme incontestablement corymbiforme, le 105 du même collecteur, ainsi que le spécimen authentique du X, antanosiana, laissent voir, au contraire, des axes flo- raux émettant des rameaux secondaires opposés et terminés par des cymes corymbiformes, ce qui donne à l’ensemble de chacun des fragments conservés l'aspect d'une véritable pani- cule. L'échantillon récolté par M. Perrier de la Bâthie m'a per- mis de comprendre la raison de cet apparent dimorphisme. En réalité les fragments examinés sont, non point des axes, mas des pédoncules primaires : les uns, simples, proviennent du sommet de l'inflorescence; les autres, ramifiés, sont extraits de la base de cette dernière.

Mais si les feuilles et l'inflorescence, sur la forme desquelles était basée la distinction originelle des Æ. orgyalis et X. antanosiana, sont absolument identiques dans ces deux plantes, n'en est-il point de même des caractères secondaires dont J'avais jadis admis l'existence ?

La mensuration d'un certain nombre de pédicelles montre que leur longueur est tantôt supérieure, tantôt inférieure, à celle du tube corollin, non seulement dans chacune des deux prétendues espèces, mais encore sur un même fragment.

Les segments corollins, aussi bien dans le À. orgyalis que dans le À, anlanosiana, sont plus ou moins largement ovés

SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 131

et se rétrécissent peu à peu, à partir du niveau de leur plus grande largeur, niveau qui se trouve toujours au-dessous du milieu, jusqu'au sommet aigu et légèrement cuspidé.

Dans les deux plantes, le sommet des anthères oppositipé- tales, qui dépasse l'extrémité supérieure des anthères alterni- pétales, atteint environ le milieu des segments de la corolle.

Quant aux carpelles, ils sont absolument identiques dans les deux prétendues espèces.

On peut donc conclure à l'inexistence de tous les carac- tères distinctifs invoqués pour séparer le X, antanosiana du K. orgyalis, et il nous suflira, pour justifier la réunion de ces deux espèces, de faire remarquer que chaque organe est pra- tiquement identique dans l'une et dans l’autre, non seulement au point de vue de la forme mais même sous le rapport de la dimension.

C'est ce qui résulte du tableau comparatif suivant :

Voir p. 132.

On pourrait peut-être nous opposer que les sépales et les pétales sont un peu plus grands dans le X, antanosiana que dans le À. orgyalis, mais les échantillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie m'ont montré, non seulement que les chiffres, exprimant la longueur de ces organes dans les spé- cimens originaux, étaient reliés par de nombreux intermé- diaires, mais encore qu'ils ne représentaient même point les extrêmes de la série que la mensuration de nombreuses fleurs m'a permis de constituer. La longueur des sépales varie, en effet, de 1.60 à 4.80 mm. en passant par 1.75-2.20-2.40- 2.80-2.90-3.20-4: leur largeur, de 1.40 à 2.85 mm. avec 5 chiffres intermédiaires : 2-2.40-2.50-2.70 et 2.75. La lon- gueur des pétales varie de 2.25 à 3.90 mm. en passant par 2.50-2.80-3 et 3.20 ; leur largeur va de 1.75 à 5.80 mm., avec # chiffres intermédiaires : 2.50-3.05-3.10 et 3.20.

On pourrait aussi arguer contre nous de ce que les sépales sont un peu plus larges que hauts dans le X, orgyalis, alors que dans le X. antanosiana, ils sont un peu plus hauts que larges. Mais cette différence tient à l’âge dissemblable des échantillons considérés. Les sépales, un peu plus hauts que

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132

SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 133

larges dans leur jeunesse, s'élargissent peu à peu en vieillis- sant et parviennent à être plus larges que hauts.

IT. Kitchingia porphyrocalyx Baker, Kalanchoe porphy- rocalyx Baillon et Kalanchoe sulphurea Baker.

C’est pour une plante récoltée par Baron dans la région centrale de Madagascar, et conservée dans l'herbier de Kew sous le 1708, que Baker créa, en 1883, le binôme de Ait- chingia porphyrocalyx qu'il caractérisa ! comme suit « Perennis, qlabra, caulibus decumentibus, foliis oppositis obo- obtusis serralis sessilibus, floribus in paniculam lerminalem paucifloram ramis corymbhosis dispositis, pedicellis calyce longioribus, calycis laxi {ubo brevissimo segmentis orbicu- laribus mucronatis, corollae rubrae tubo infundibulari segmentis deltoideis, staminibus supra medium fubi insertis filamentis brevibus, antheris orbicularibus minultis, stylis carpellis aequilongis. A fleshy perennial, glabrous in all its parts, with stout simple decumbent stems above a foot long. Leaves opposite, sessile, decussate, 1-15 in. long, very obtuse deltoid at the base, thick in texture, distinctly inciso-crenate green and glabrous on both surfaces. Flowers in à lax terminal panicle with corymbose branches ; pedicels slender, under ? in. long ; bracts minute, falling before the

flowers expand. Calyx fin. long & in. in diam. ; tube very

3 short, segments orbicular, with a distinct mucro. Corolla ?-7 in long with a funnel-shaped tube 5-5 in. in diam. and #4

deltoid segments. Stamens inserted above the middle of the corolla-tube ; filaments rather flattened, under { in. long ; anthers minute, orbicular, just protruded from the corolla- tube. Fruit-carpels subcylindrical, £ in. long, narrowed gra- dually into filform styles of the same length. »

Deux ans plus tard, Baillon * ayant, comme on sait, réuni

1. J. G. Baker, Contribut. Lo the FI. of Madagascar, in Journ. of the Linn. Soc., Bot.,t. XX, p. 142 (1883).

2. H. Baillon, Liste pl. Madag., in Bull, mens. Soc. linn. de Paris, n. 69, p. 469 (1885).

134 RAYMOND-HAMET

le genre Xifchingia au genre Kalanchoe, substitua au nom de Xitchinqia porphyrocalyr celui de Kalanchoe porphyro- calyr, mais, n'ayant pu examiner l'échantillon authentique de cette espèce, il dut se borner à la faire figurer, sans aucune observation, dans son énumération des Crassulacées mal- gaches.

En 1887, le créateur du Xüchingqia porphyrocalyx, consi- dérant, comme un Âalanchoe nouveau, l'échantillon récolté par Baron sous le 4180, lui attribuait le nom spécifique de sulphurea et le décrivait ainsi! : « Perennis, glabra, foliis caulinis sessilibus oblongis obtusis carnosis, floribus paucis lare cymosis pedicellis elongatis cernuis, calyce laro tubo cam- panulalo dentibus deltoideis tubo aequilongis, corollae luteae tubo cylindrico, seymentis latis brevibus stylis elongatis. À perennial, glabrous in all its parts. Leaves thick, fleshy, sessile, oblong, entire. Cymes lax-few-flowered : pedicels very slender, cernous 5 in. long. Calyx in. long. Corolla an inch long, with a cylindrical tube { in. in diam., and 4 short segments as broad as long. Stamens reaching halfway up the corolla segments. Ovaries cylindrical, narrowed gra- dually in a style ? in. long. »

N'ayant pu étudier, lors de la rédaction de ma monographie du genre ÆXalanchoe, les échantillons authentiques des K. porphyrocalyx et K. sulphurea, je dus alors me résigner à considérer ces deux espèces comme « non satis notae » et me résoudre à n’en publier qu'une incomplète description ? extraite de la diagnose originale.

Mais, en 1910, la direction de l'Herbier de Kew ayant, sur mes instances pressantes, consenti à mettre à ma dispo- sition, sinon les spécimens originaux des X. porphyrocalyæ et Æ. sulphurea, du moins des dessins exécutés d'après eux par M. Smith, j'ai pu, dès lors, non seulement affirmer que ces deux plantes appartenaient à mon groupe 9, mais

1. J. G. Baker, Contribut. to the F1. of Madagascar, in Journ. of the Linn. Soc., Bot., t. XXII, p. #71 et 472 (1887).

2. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe in Bull. Hb. Boissier, sér.2,t. VII, p. #1 (K. porphyrocalyæ) et 42 (K. sulphurea) (1908).

SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORÉ MALGACHE 135

encore décrire leurs caractères ! aussi fidèlement du moins que le permettaient de simples dessins d’une exactitude tou- jours contestable. Pourtant, quoique les affinités des Æ. por- phyrocalyx et K. sulphureä m'aient alors paru fort étroites je n'avais point osé réunir ces deux plantes, car il eût fallu pour cela faire abstraction des caractères différentiels révélés par les dessins de M. Snuth, dessins que, jusqu'à preuve contraire, J'étais contraint de considérer comme exacts.

Fort heureusement un séjour à Kew m'ayant permis d'étu- dier les échantillons authentiques des X. porphyrocalyx et K. sulphurea, je puis émettre, enfin, sur les affinités de ces deux plantes, une opinion que la simple comparaison de leurs diagnoses originales eûùt été impuissante à édifier. En effet, si l’on se borne à rapprocher l’un de l’autre les deux textes de Baker, on est conduit à admettre l'existence d'un certain nombre de caractères différentiels qui permettraient de séparer le X. sulphurea du X. porphyrocalyx, caractères dont voici l’énumération :

K. sulphurea. K. porphyrocalyz.

Foliis oblongis, entire. Foliis obovatis, deltoid at the base, serratis (distinctly inciso- crenate).

Floribus laxe cymosis (cymes Floribus in paniculam pauci-

few-flowered). floram ramis corymbosis (lax ter- minal panicle). Pedicels + in. long. Pedicels under + in. long. Calyx + in. long, Calyx £in. long, dentibus deltoideis segmentlis orbicularibus mucrona- tis, tubo aequilongis. tubo brevissimo. Corollae luteae Corollae rubrae an inch long, 2 in. long, tubo cylindrico tubo infundibulari £ in. in diam. 5-5 in. in diam.

Stamens reaching halfway up the Anthers just protruded from the

corolla segments. corolla-tube.

1. Raymond-Hamet, Sur quelques Kalanchoe peu connus, in Bull. Soc. Bot. France,t. LVII, p. 49 (Æ. porphyrocalyæ) et 51-52 (K, sul- phurea) (1910),

136 RAYMOND-HAMET

Ces prétendus caractères distinctifs sont, les uns inexis- tants, les autres sans valeur systématique.

En réalité, les feuilles sont, dans les deux plantes, oblongues et rétrécies à la base en un très court et assez large pétiole. Il est vrai que celles du Æ, porphyrocalyæ sont un peu plus larges que celles du X. sulphurea et ont des bords sinués et non largement crénelés: mais ces caractères ne peuvent être pris en considération, car les nombreux échan- tillons de X. porphyrocalyx récoltés récemment m’ont permis de constater la présence fréquente, sur un même individu, de feuilles plus ou moins larges et plus ou moins crénelées.

L'inflorescence est subcorymbiforme, pauciflore et lâche dans le À. sulphurea comme dans le X. porphyrocalyæ.

Les pédicelles ont une longueur de 10 millimètres dans le K. porphyrocalyx, de T à 16 millimètres dans le X. sul- phurea.

Le calice se compose, dans le X. porphyrocalyx, d'un tube haut de 2.50 à 3.75 mm. et de quatre segments longs de 4.75 à 5.50 mm. et larges de 5.50 à 6 mm. Dans le X. sulphurea, le tube du calice est haut de 3 mm., les segments sont longs de 5 mm. et larges de 4.50 mm. Dans les deux plantes, les segments calycinaux sont ovés et mucronés au sommet; ils sont seulement un peu plus étroits dans le K. porphyrocalyx que dans le X. sulphurea, mais les échan- üllons recueillis récemment montrent, non seulement l’insi- - gnifiance d’un tel caractère distinctif, mais encore la présence, sur un même individu, de sépales un peu plus hauts que larges et un peu plus larges que hauts.

La différence observée dans la couleur de la corolle peut d'autant moins être prise en considération qu'elle repose sur l'examen d'échantillons d’herbier dont les nuances varient suivant les circonstances de la dessiccation. La lon- gueur du tube corollin est assez nettement différente dans les deux espèces puisqu'elle atteint 31 mm. dans le A. sulphurea alors qu’elle ne dépasse pas 22 mm. dans le X. porphyroca- lyx, mais les échantillons récoltés récemment ont montré non seulement que le hiatus entre ces chiffres était comblé par

SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 137

de nombreuses valeurs intermédiaires, mais encore que ces chiffres ne représentaient même point les extrêmes de la série exprimant la longueur du tube corollin dans les diffé- rents individus examinés, série qui va de 12 à 32 millimètres, en passant par 14, 15, 17.60, 21.50, 22, 23.50, 24.60, 25, 26.25 et 31. Quant à la forme du tube corollin et à son dia- mètre, les deux plantes sont identiques.

Les étamines dépassent le sommet du tube de la corolle aussi bien dans le X, porphyrocalyx que dans le Æ. sulphu- rea. Bien plus, à l'encontre de l’assertion de Baker, elles le dépassent même davantage dans le premier que dans le second.

D'ailleurs une étude approfondie des échantillons authen- tiques des À. porphyrocalyx et K. sulphurea m'a permis de me convaincre que tous les organes de ces deux plantes étaient absolument identiques et qu'il était impossible de trouver la moindre différence, non seulement dans la forme de leurs pétales, de leurs étamines, de leurs carpelles, de leurs styles, de leurs écailles et de leurs graines, mais encore dans les dimensions de ces différentes parties. On en trouvera la preuve dans le tableau suivant :

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1:

SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 139

IV. Kitchingia campanulata Baker, Kitchingia parviflora Baker, Kitchingia panduriformis Baker, Kitchingia amplexi- caulis Baker, Kalanchoe campanulata Baillon, Kalanchoë parviflora Baillon, Kalanchoe panduriformis Baillon et Kalanchoe amplexicaulis Ballon.

C'est en 1881 que le binôme de Xifchingia campanulata fut créé par Baker ! pour une Crassulacée malgache présentant, d'après cet auteur, les caractères suivants: « Stems stouter than in the other species, terete, flexuose. Leaves sessile, linear-oblong, obtuse, cuneate at the base, conspicuously crenate, 2-3 in. long. Flowers 12-20, in a lax globose com- pound terminal cyme ; bracts minute, linear ; pedicels 5-* in. long. Calyx { in. long : segments deltoid, subacute, rather lon- ger than the tube. Corolla bright red * in.long, the tube broadest at the throat, where it is ? in. diam. ; segments deltoid orbicular, half as long as the tube. Stamens inserted about the middle of the corolla tube ; filaments filiform, 5-5 in. long; anthers minute, globose, Ovaries oblong ? in. long ; style rather longer than the ovary; stigma minute, capi- tate. »

En 1883, Baker fit connaître trois Aifchingia nouveaux récoltés dans la région centrale de Madagascar par le Révé- rend Baron.

Le premier fut, sous le nom de ÆXïchingia parviflora, décrit ? comme suit : « Perennis, erecta, glabra, foliis caulinis sessilibus oblongo-lanceolatis obtusis crenatis, floribus in cymam compositam terminalem dispositis, pedicellis bresibus, calycis tubo campanulato segmentis semiorbicularibus, corollae luteae tubo oblongo segmentis ovalis, staminibus infra tubi medium insertis antheris orbicularibus, stylo quam ovarium longiore. An erect perennial terete, glabrous in all its parts, with stilf simple stems a foot long. Leaves in

1.J.G. Baker, Not. on a collect. of flow. pl. made by L. Kitching in Madagascar, in The Journ. of the Linn. Soc., Bot., t. XVIII, p. 269 (1881).

2. J. G. Baker, Contrib, to the F1, of Madagascar, in The Journ. of the Linn. Soc., Bot.,t. XX,p. 1#1 (1853).

140 RAYMOND-HAMET

pairs 5-1 in. apart along the lower half of the stem, decus- sale, erecto-patent, fleshy, obtuse, distinctly crenate, the lower 2-3 in.long, the upper growing gradually smaller and more remote. Flowers numerous, in a corymbose terminal compound eyme 15-2 in. in diam.; pedicels 5-5 in. Calyx campanulate, ? in.long, with a short tube and # semiorbi- cular segments. Corolla yellow, under ? in. long, with an oblong tube and # obtuse segments one third as long as the tube. Stamens 8, inserted below the middle of the corolla- tube, with filiform filaments À in. long and small orbicular anthers. Ovaries #, ovoid, Lin. long: styles divergent, longer than the ovary ; stigma capitate. »

Au second, Baker imposa le nom de Xifchingia panduri- formis et attribua ! les caractères suivants : « Perennis, erecta, glabra, foliis caulinis sessilibus panduriformibus obtusis crenalis, floribus in paniculam terminalem ramis densifloris corymbosis dispositis, pedicellis flori subaequilongis, calycis parvi tubo campanulato segmentis suborbicularibus stamini- bus ad tubi corollae medium insertis, stylo quam ovarium paulo longiore. À glabrous perennial herb, with stiff simple erect stems. Leaves numerous along the lower part of the stem, in pairs 1-1 ? in. apart, sessile, ascending, oblong-pan- duriform, obtuse, fleshy, 4-5 in. long, crenate, subamplexi- caul. Flowers very numerous, arranged in a broad terminal paniele with dense-flowered corymbose branches and a long g, with

a short tube and 4 suborbicular segments. Corolla reddish, under fin. long, with an oblong tube ? in. in diam. and 4 suborbicular spreading segments. Stamens inserted at the middle of the corolla-tube, with filiform filaments £ in. long and small reniform anthers. Carpels as long as the corolla in the fruitingstage, diverding ; style ? in. long. »

Quant au troisième, il reçut le nom de Æitchinqia amplexi-

caulis et fut caractérisé? comme suit : « Perennis, glabra,

naked peduncle. Calyx campanulate, glabrous Lin. lon

4.3. G. Baker, loco cit., p. 1#1 et 142. 2. J. G. Baker, loco cit., p. 142 et 143.

SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 141

caulibus erectis simplicibus, foliis oppositis oblanceolatis obtu- sis crenalis cordato-amplexicaulibus floribus in paniculas amplas terminales ramis corymbosis dispositis, pedicellis calyce longioribus, bracteis minutis lanceolatis, calycis tubo brevissimo segmentis ovalis, corollae rubrae seygmentis orbicu- laribus quam tubus infundibularis quadruplo brevioribus staminibus infra medium tubi insertis, filamentis elongatis, antheris orbicularibus minutis, stylis quam carpella longio- ribus. À glabrous succulent perennial, with stiffly erect unbranched stems 1 1-2 ft. long. Leaves erecto-patent in dis- tant decussate pairs, the longer ones 5-6 in. long, f-15 in. broad, those near the panicle much smaller. Flowers in a dense corymbose panicle 3-4 in. broad ; pedicels slender, about ? in. long. Calyx ? in. long, with # segments reaching down nearly to the base. Corolla above À? in. long with a funnel-shaped tube £-£ in. in diam. and #4 orbicular segments. Stamens 8, inserted below the middle of the corolla-tube : filaments ? in. long ; anthers minute, orbicular, Just protruded from the corolla tube. Fruit-carpels ? in. long, filiform styles a little longer. »

En 1885, Ballon‘ ayant, comme on sait, réuni le genre Kilchingia au genre Kalanchoe, transporta, dans ce dernier genre, en leur conservant leurs épithètes spécifiques princeps, les quatre espèces dont les diagnoses ont été ci-dessus trans- crites.

Lors de la rédaction de ma monographie du genre Ka/an- choe, je me ralliai à l'opinion de Baillon et, n'ayant eu à ma disposition que des matériaux très incomplets, je dus admettre, comme lui, l'autonomie des quatre espèces décrites par Baker. Certes, quoi qu'ayant réussi à distinguer ces espèces dans ma clef analytique, j'avais, dès cette époque, constaté la faiblesse des caractères différentiels que j'avais été contraint d'employer ; mais ce n’est qu'après avoir pu étudier minutieusement, non seulement les échantillons authentiques

1. H. Baillon, Liste d. pl. de Madagascar, in Bull, mens. de la Soc. Linn. de Paris, 1.1, p. 468 (1885).

142 RAYMOND-HAMET

des espèces de Baker, mais encore les matériaux récoltés plus

récemment par M. Perrier de la Bâthie, que J'ai été con-

vaincu de la nécessité de réunir en un seul les quatre alanchoe créés par le botaniste anglais.

Pourtant, à en croire les descriptions originales, ces espèces seraient assez nettement distinctes. Le Xalanchoe parviflora se distinguerait, en effet, du À. campanulala par les caractères suivants :

K. campanulata. K, parvi/flora. Stems flexuose. Erecta. Leaves linear-oblong... cuneate Foliis oblongo-laceolatis. at the base. Flowers 12-20 in a lax globose Flowers numerous, in a corym- compound terminal cyme. bose terminal compound cyme. Pedicels ii in. Pedicels £-£ in. Calyx £ in. long, Calyx £ in. long, segments deltoid, subacute. semiorbicular segments Corolla bright red Corolla yellow £in.long. under 5 in. long, the tube broadest at the base ; with an oblong tube, segments deltoid-orbicular segmentis ovatis, obtuse, half as long as the tube. one third as long as the tube. Stamens inserted about the Stamens inserted below the middle of the corolla-tube ; middle of the corolla-tube ; filaments £-{ in. long ; filaments + in. long; anthers globose. anthers orbicular. Ovaries oblong Ovaries ovoid < in. long; sin. long ; styles rather longer than the styles longer than the ovary.

ovary.

Quelle qu'ait été la pauvreté du matériel mis à ma dispo- sition lors de la rédaction de ma monographie, j'avais cru pouvoir rectifier sur certains points les diagnoses originales, de telle sorte que les caractères différentiels des X. campanu- lata! et X. parviflora? devenaient les suivants :

1. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb, Boissier, sér. 2, t. VII, p. 884 (1907), 2, Raymond-Hamet, loco cit., p. 885 (1907),

SUR QUELQUES KALANCHOE DE

K,. campanulala.

Lamina lineari-oblonga. Inflorescentia subcorymbiformis, Flores magni. Calyx segmentis quam tubus paulum longioribus deltoideis subacutis paulum longioribus quam latio- ribus. Corolla campanulata, segmentis ovato-orbiculatis

oblusis tam longis quam latis. Antherae superiores paulum

supra corollae segmentorum basim attingentes. Carpella oblongo-lanceolala, stylis carpellis æqualibus. Squamae subquadratae integrae obtusae tam longae quam latae

143

LA FLORE MALGACHE

K. parviflora.

Lamina ovato-oblonga,

Inflorescentia corymbiformis. Flores parvi.

Calyx segmentis tubo æqualibus

semiorbicularibus abrupte cuspidatis lalioribus quam longioribus.

Corolla urceolata, segmentis suborbicularibus abrupte cuspidatis longioribus quam latioribus. Antherae superiores corollae sesmentorum gentes. Carpella oblongo-ovata,

medium attin-

stylis quam carpella longioribus. Squamae semiorbiculares leviter emarginatae

paulum longiores quam latiores.

A l'exception de la couleur des fleurs qui m'a toujours paru sans valeur surtout lorsqu'on l'observe sur des échantil-

lons d’herbier, à l'exception aussi du rapport

corolle corolle

segments de la tube de la

qui m'avait paru identique dans les deux plantes,

les caractères différentiels auxquels j'avais eu recours, notam- ment la forme des sépales sur laquelle j'avais, dans ma clef analytique, basé la distinction des deux plantes, la grandeur des fleurs et la forme du tube corollin, sont les mêmes que ceux qu'avait employés Baker dans ses diagnoses originales.

Quelle était la réalité et la valeur systématique de ces caractères? c'est ce que l'étude minutieuse des échantillons authentiques des XÀ. campanulala et K. parviflora m'a, seule, permis de savoir.

144 RAYMOND-HAMET

J'ai pu constater, tout d'abord, que, dans les deux plantes, les feuilles ne sont nullement distinctes. Dans l’une comme dans l’autre, elles sont sessiles, oblongues, légèrement étranglées à la jonction du tiers médian et du tiers inférieur, obtuses au sommet, crénelées dans les deux tiers supérieurs mais entières dans le tiers inférieur. Dans le À. parviflora, de même que dans le X. campanulata, elles ont leur plus grand diamètre vers le milieu et, à partir de ce niveau, se rétrécissent peu à peu jusqu'à la jonction du tiers médian et du tiers inférieur, puis, à partir de ce point, s’élargissent peu à peu jusqu'au milieu du tiers inférieur, et enfin se rétrécissent légèrement à partir dudit milieu jusqu'à la base amplexicaule. L'identité des feuilles est même telle que leurs dimensions sont presque semblables dans les deux plantes. En effet, longues de 87 millimètres dans le À. campanulata et de 80 millimètres dans le X. parviflora, les feuilles sont larges de 23 millimètres dans le premier et de 23.50 millimètres dans le second. ;

J'ai constaté ensuite que les deux échantillons authentiques n'avaient point été récoltés à la même phase de leur dévelop- pement. Tandis que les fleurs du Æ. campanulata sont pleine- ment épanouies, celles du X. parviflora sont encore en bou- tons. C’est à cette dissemblance dans le stade végétatif des spécimens originaux que sont dues les différences constatées dans la grandeur de leurs fleurs, dans la forme de leur tube corollin et dans celle de leurs écailles, enfin dans la longueur relative des carpelles et des styles. En ce qui concerne la dimension des fleurs, il est presque inutile de faire remarquer que les différents organes doivent être plus grands dans la fleur épanouie que dans le bouton. Pour la forme du tube corollin, les échantillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie m'ont prouvé que ce tube avait primitivement son plus grand diamètre au-dessus du milieu et, à partir de ce niveau, d'une part se rétrécissait jusqu'à sa base, d'autre part s'atténuait peu à peu jusqu'à l'extrémité inférieure des segments ; mais que, après l’anthèse, il devenait souvent campanulé s’élar- gissant alors peu à peu depuis son extrémité inférieure jus-

SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 145

qu'à la base des segments. Quant aux écailles nous savons depuis longtemps que, dans les Xalanchoe, elles sont indiffé- remment obtuses ou émarginées et s'élargissent progressive- ment au fur et à mesure de la transformation de la fleur en fruit. Aussi ne faut-il point s'étonner de trouver, dans les fleurs jeunes du À. parviflora, des écailles un peu plus hautes que larges, alors que, dans les fleurs plus âgées du X. campa- nulata, elles sont aussi hautes que larges ou même un peu plus larges que hautes. Leur forme est d’ailleurs identique dans les deux espèces qui présentent l’une et l’autre des écailles subquadrangulares ou subquadrangulaires-subobtrapézi - formes, très obtuses. IL est vrai qu'elles portent au sommet, dans le À. campanulata une crénelure centrale, dans le X. parviflora quatre crénelures situées une à chaque extrémité latérale de l'organe, les deux autres en son milieu; mais l'étude des matériaux récoltés par M. Perrier de la Bâthie m'a prouvé que la désinence des écailles était assez variable dans cette espèce et qu'il n’y avait pas lieu de tenir compte d'un tel caractère. Enfin s'il est vrai que, dans le X. parviflora, les styles sont un peu plus longs que les carpelles, alors que, dans le X. campanulata, ils sont un peu plus brefs que ceux-ci, ce n'est point parce que leur longueur est réellement différente dans ces deux espèces, mais seulement parce que les carpelles sont complètement développés dans le second, alors que, dans le premier, ils n'ont point encore dépassé les stades initiaux de leur évolution.

Une troisième constatation a été celle de l’inexistence de certains caractères distinctifs, de très minime importance d'ailleurs, que les fragments mis jadis à ma disposition m'avaient paru présenter. C'est ainsi qu'à l'encontre de ce que J'avais signalé, les anthères oppositipétales atteignent dans les deux plantes un niveau identique, puisque, dans l’une comme dans l'autre, leur base dépasse très légèrement Île sommet du tube de la corolle sans que leur extrémité supé- rieure atteigne le milieu des segments corollins. C'est ainsi également qu'il n'y a aucune différence dans la forme des carpelles et que les inflorescences sont pratiquement iden-

Annales du Musée colonial de Marseille. série, vol. 1915. 10

146 RAYMOND-HAMET

tiques. C'est ainsi, enfin, que les segments corollins ne pré- sentent pas la moindre différence de forme dans les deux plantes, et sont, dans l'une comme dans l’autre, un peu plus larges que hauts, largement ovés, oblus au sommet au milieu duquel ils portent une petite cuspide.

Un seul caractère distinctif nous reste donc à examiner, celui que j'ai, après Baker, tiré de la forme des sépales et sur lequel, comme je l’ai déja indiqué plus haut, j'ai, dans ma clef analytique, basé la distinction des X. campanulata et K. par- viflora. À dire vrai, les échantillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie m'avaient déja démontré que l'on trouvait quel- quefois, sur un même individu, des sépales subdeltoïdes et d’autres largement ovés ; mais il n’était point inutile de cons- tater, comme j'ai pu le faire, l'existence, sur l'échantillon ori- ginal même du À. campanulala, de ces deux formes de sépales. Il faut d'ailleurs remarquer qne les sépales ovés ne diffèrent des sépales deltoïdes que parce qu'ils sont rétréceis dans leur partie inférieure ; qu'ils affectent, en effet, l’une ou l'autre de ces deux formes, ils s'atténuent toujours depuis le niveau de leur plus grande largeur jusqu’au sommet subobtus au milieu duquel ils portent une brève cuspide. Il faut pourtant reconnaître que les sépales sont proportionnellement plus larges dans le X, parviflora que dans le ÆK. campanulata ; mais, outre que cette différence est en elle-même assez faible, les échantillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie m'ont révélé la présence fréquente, sur un même échantillon, de sépales un peu plus hauts que larges ou un peu plus larges que hauts. Bien plus, l'échantillon original du X. parviflora m'a montré, lui aussi, des sépales qui, quoique proportionnel- lement un peu moins larges que ceux du À. campanulata, étaient quelquefois un peu plus hauts que larges.

Enfin si l’on remarque qu'il existe une absolue simillitude entre tous les organes du X, parviflora et ceux du A. cam- panülata, non seulement sous le rapport de la forme, mais même, à condition toutefois de tenir compte de la différence d'âge des deux spécimens originaux, et ainsi qu'on pourra s'en rendre compte par l'examen de tableau comparatif qui

SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 147

termine cet article, au point de vue de leurs dimensions, on peut conclure avec certitude que le À. parviflora doit être réuni au À. campanulala.

Cette première réunion effectuée, nous devons étudier main- tenant s'il convient de réunir aussi, en une seule espèce, le X. campanulata et le X. panduriformis : et, afin d'éclairer notre religion surce point, nous allons comparer les descriptions originales pour en extraire les caractères que Baker a consi- dérés comme distinctifs de ces deux espèces, caractères qui sont les suivants:

K. campanulata. K. panduriformis.

Stems flexuose. Erecta. Leaves linear-oblong Leaves oblong-panduriform.., subamplexicaul,

2-3 in. long. Flowers 12-20, in a lax globose compound terminal cyme.

4-5 in. long.

Flowers very numerous,arranged in a broad terminal panicle with dense-flowered corymbose bran- ches and a long naked peduncle.

PAT REMP TE Calvx + in. long, Calyx : in. long,

segments deltoid subacute.

Corolla ? in.long ; the tube broadest at the base where il is ? in. diam., segments deltoid-orbicular. 4

= Tade: : : Filaments ;-? in. long ;

anthers globose.

suborbicular (semiorbicularibus) sewments. Corolla under ? in. long,

with an oblong tube,

+in. in diam., and suborbicular segments.

Filaments £ in. long ;

anthers reniform.

Style rather longer than the ovary (ovaries £ in. long.

Style * in.long.

Quoique ces caractères distinctifs n'aient point une valeur Systématique bien grande, je n'avais point voulu m'autoriser, de l'étude d'échantillons incomplets, pour contester, dans ma monographie, l'autonomie des deux espèces qu'ils permettent de séparer. Me basant surtout, ainsi qu'il appert de ma clef analytique, sur la différence de forme des feuilles, différence

148 RAYMOND-HAMET

que Je n'avais pu malheureusement vérifier, j'avais tenu pour distinctes ces deux espèces et en avais donné! une description complétant sur certains points les diagnoses originales et admettant l'existence des caractères différentiels suivants :

K, campanulata. K, panduriformis. Lamina lineari-oblonga. Lamina oblongo - panduriformis,

Inflorescentia subcorymbiformis, Inflorescentia corymbiformis. Pedicelli quam corollae tubus | Pedicelli corollae tubo aequales.

longiores.

Flores magni (corollae tubus 12- Flore parvi (Corollae tubus 8- 14 mm. lg.; segmenta 5,75-6,25 | 10 mm. lg. ; segmenta 3,75-4 mm. mm. lo.) lg.).

Calyx campanulatus, Calyx subcampanulatus,

segmenlis deltoideis segmentis semiorbicularibus subacutis abrupte cuspidatis

paulum longioribus quam latio- latioribus quam longioribus.

ribus.

Corolla campanulata, Corolla urceolata,

segmentis ovato-orbiculatis segmentis semiorbicularibus obtusis abrupte cuspidatis

tam longis quam latis. latioribus quam longioribus.

Antherae superiores paulum Antherae superiores corollae supra corollae segmentorum basim tubi medium attingentes. attingentes.

Carpella oblongo-lanceolata. Carpella ovata.

Squamae subquadratae Squamae semiorbiculares integrae obtusae leviter emarginatae tam longae quam latae. latiores quam longiores.

Ainsi, si l'on excepte, d’une part ceux que Baker avait tirés ; pte,

de la forme de l'inflorescence et des anthères qui m'avait paru semblable dans le X. campanulata et le K. panduri- formis, d'autre part ceux que j'ai été le premier à signaler et qui sont basés sur la longueur proportionnelle des pédicelles

4. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, sér. 2,t. VII, p. 883 (K, panduriformis) et 885 (K. campanulala), (1907).

SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 149

des tubes corollins, sur le niveau d’émergence des anthères et sur la forme des carpelles et des écailles, les carac- tères différentiels que Jai employés sont ceux-là même qu'avait utilisés le botaniste anglais.

Quelle est la valeur de ces caractères ? C'est ce que m'a montré l'étude des échantillons authentiques et des spécimens récoltés par M. Perrier de la Bâthie.

En premier lieu, la longueur proportionnelle des pédicelles et des tubes corollins est semblable dans les deux plantes. Aussi bien chez le X. campanulata que chez le X. panduri- formis, les pédicelles sont indifféremment un peu plus brefs ou un peu plus longs que les tubes corollins.

Comme je l'avais déjà fait remarquer dans ma monographie, l’inflorescence du À. panduriformis n'est pas paniculiforme mais subcorymbiforme, donc pratiquement identique à celle du À. campanulala. Peut-être est-elle cependant un peu plus florifère que dans ce dernier, mais c'est un caractère sans sigmification systématique.

Si l’on veut bien se rappeler que l’étude du spécimen ori- ginal du À. campanulata nous à appris que les sépales de cette prétendue espèce étaient tantôt subdeltoïdes tantôt lar- gement ovés, et si l’on sait, d'autre part, que les segments calycinaux des échantillons authentiques du A. pandurifor- mis sont en réalité largement ovés, il suffira de constater que, dans l’un comme dans l’autre, ces segments s’atténuent peu à peu jusqu'au sommet subobtus et pourvu en son milieu d'une brève cuspide, pour pouvoir affirmer que, sur ce point encore, les deux prétendues espèces sont pratiquement iden- tiques. On pourrait cependant nous opposer que les sépales du À. campanulata sont un peu plus hauts que larges, alors que, dans le X, panduriformis, 1s sont aussi hauts que larges ou même un peu plus larges que hauts, mais, pour rétorquer une telle objection, il suffirait de rappeler ce que nous avons dit à propos du X. parviflora, à savoir que les échan- tillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie montrent souvent sur un même individu des sépales plus hauts que larges et d’autres plus larges que hauts. On pourrait d'ailleurs faire

150 RAYMOND-HAMET

encore remarquer que les sépales aussi hauts que larges, que l'on observe sur l'échantillon authentique du X. pandurifor- mis, constituent un incontestable intermédiaire entre les sépales plus larges que hauts dont on constate la présence sur le même spécimen et les segments calycinaux plus hauts que larges du Æ.campanulata.

En ce qui concerne le caractère différentiel tiré de la forme du tube corollin, il paraîtrait logique de se borner à rappeler ce que J'ai dit plus haut à propos du X, parviflora, et cela sem- blerait d'autant plus admissible que la petitesse des fleurs du K. panduriformis, par rapport à celle du X. campanulata, inci- terait à induire que, comme la constriction de la partie supé- rieure du tube de la corolle, cette relative exiguité florale lient à ce que les fleurs du À. panduriformis ne sont pas encore épanoules. Il n’en est rien pourtant, car il résulte de l'examen de l'échantillon authentique de cette espèce que ses fleurs ont été récoltées longtemps après l'anthèse. La vérité est qu'en se desséchant, la fleur diminue de grandeur, en même temps que la partie supérieure du tube corollin {se resserre légèrement. La corolle, urcéolée avant l’anthère, le redevient donc après celle-ci.

Quant à la forme des segments corollins, elle est absolu- ment identique dans les deux espèces. Dans le X. panduri- formis, comme dansle X. campanulata, on observe des pétales plus larges que hauts, très largement ovés, très obtus et brusquement cuspidés au sommet.

Dans les deux plantes, les anthères oppositipétales, subor- biculaires-subréniformes, dépassent un peu la base des seg- ments corollins, mais n'atteignent point leur milieu ; dans les deux plantes, les carpelles, eux aussi, ont une forme identique.

Dans le X. panduriformis, comme dans le X. campanulata, les écailles un peu plus larges que hautes, sont subquadran- gulaires et portent, au milieu de leur sommet très obtus, une large crénelure obtuse.

Il ne me reste plus qu'à discuter la valeur du caractère sur lequel sont basés à la fois le nom même du X. panduriformis et sa distinction dans notre clef analytique ; je veux parler de

\

SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 151

la forme des feuilles que, comme je l'ai dit plus haut, je n'avais pu vérifier, lors de la rédaction de ma monographie, ni dans le X. campanulata ni dans le K. panduriformis. Or l'examen des échantillons authentiques m'a permis de consta- ter que les feuilles du À, campanulala sont, en réalité, sessiles, oblongues, légèrement étranglées à la jonction du tiers médian et du tiers inférieur, obtuses au sommet, crénelées dans les deux tiers supérieurs mais entières dans le tiers inférieur où, au-dessous de l’étranglement, le limbe se dilate un peu puis se rétrécit jusqu'à la base amplexicaule; dans cette espèce, les feuilles sont donc légèrement panduriformes : elles le sont à peine plus nettement dans le À. panduriformis où, à la jonction du quart inférieur et du quart médian, elles s’étran- glent un peu, puis, au-dessous de ce niveau, se dilatent légèrement et, enfin, se rétrécissent peu à peu jusqu'à la base large et amplexicaule. Si l’on ajoute que, comme celles du K. campanulata, les feuilles du À. panduriformis sont ses- siles, suboblongues, obtuses et légèrement crénelées sur leurs bords, il deviendra évident que le caractère différentiel fonda- mental de cette espèce est absolument inexistant.

Pour conclure à la nécessité de réunir ces deux espèces en une seule, il suflira de faire remarquer que le plus scrupuleux examen de leurs échantillons authentiques ne m'a point per- mis de découvrir le plus léger caractère différentiel qui per- mette de les séparer. Ainsi que l'établit le tableau compara- tif qui termine cette étude, la grandeur même de chaque organe est pratiquement identique dans le A. campanulata et le À. panduriformuis.

Ayant démontré la nécessité de réunir, au X. campanulafa, les À. parviflora et X. panduriformis,il ne me reste plus qu'à faire une étude critique des caractères différentiels du X. ampleæicaulis, caractères qui, si l’on en croit les diagnoses authentiques, seraient les suivants :

RAYMOND-HAMET

K. campanulata.

Leaves linear-oblong,

2-3 in. long. Flowers 12-20, in a lax globose compound terminal cyme.

Pedicels 5? in. long.

Bracts linear. Talux 1: pe Calyx + in. long, segments rather longer than the

tube

K. amplexicaulis.

Foliis oblanceolatis cordato- amplexicaulibus,

the longer ones

5-6 in. long.

Flowers in dense corymbose panicle (floribus in paniculas amplas terminales ramis corymbo- sis dispositis).

Pedicels about £in. long. Bracteis lanceolatis. Calyx £in. long

wilh segments reaching down

nearly the base

deltoid,. Corolla ? in.'long; the tube broadest at the throat

ovatis. Corolla above + in. long ; with a funnel-shaped (infundibu- laris) tube 5-5 in. diam. ;

orbicular segments quam tubus quadruplo brevioribus. Stamens inserted below the middle of the corolla-tube ;

anthers orbicular

where it is £ in. lin diam. ; segments deltoid-orbicular half as long as the tube. Stamens inserted about the middle of the corolla-tube ; anthers globose.

Quoique je n’aie jamais pu douter de l’insignifiance de ces caractères différentiels, l'insuffisance du matériel mis à ma disposition ne m'autorisait point à les tenir pour inexistants et à réunir les deux espèces qu'ils permettaient de séparer. C'est pourquoi j'ai dû, dans ma monographie du genre Kalanchoe, admettre l'autonomie du X. ampleæicaulis et en donner une diagnose nouvelle ! basée sur l'étude de fragments des échantillons authentiques. Cette diagnose, qui précise et augmente la description originale, fixe, comme suit, les carac- tères distinctifs des À. campanulata et K. amplericaulis :

1. Raymond-Hamet, Monosr, du g. Boissier, sér.2,t. VII, p. 885 (1907).

Kalanchoe, in Bull. Hb.

SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE

153

K, campanulata,

Lamina lineari-oblonga 6-9 cm. longa. Inflorescentisaubcorymbiformis. Pedicelli quam corollae tubus :ongiores

K. amplexicaulis.

Lamina ovata 14-15 cm. longa, Inflorescentia corymbiformis. Pedicelli quam corollae tubus breviores

15-20 mm. longi. Calyx 8.75-9.50 mm. le. ; segmentis deltoideis subacutis tam longis quam latis. Carpella.. oblongo-lanceolota stylis carpellis aequalibus.

10-11 mm. longi. Calyx 5.25-5,75 mm. Ig.; segmentis suborbicularibus abrupte mucronatis latioribus quam longioribus. Carpella..…. ovato-lanceolata stylis quam carpella paulum longioribus. Squamae semiorbiculares, leviter emarginatae, paulum longiores quam latiores.

Squamae subquadratae, integrae, obtusae, tam longae quam latae.

La comparaison de ce tableau et du précédent permet de se rendre compte que, si l'on excepte, en même temps que les différences de forme des bractées et des anthères, différences que je n'ai pas prises en considération, les particularités que Baker avait cru pouvoir tirer de la longueur proportionnelle du tube et des segments de la corolle, de la grandeur de cette dernière ainsi que de la forme de son tube, enfin du niveau d'insertion des étamines, particularités qui m'avaient paru inexistantes, et si, d'autre part, on ajoute aux caractères dif- férentiels signalés par le botaniste anglais ceux qu'il m'avait paru possible de tirer de la forme des carpelles et des écailles ainsi que de la longueur proportionnelle des carpelles et des styles, les caractères différentiels sur lesquels j'avais basé la Séparation des À. campanulata et X, amplexicaulis sont prati- quement identiques à ceux que Baker avait utilisés dans le même but. Ce sont tous ces caractères que l'étude minutieuse des échantillons authentiques me permet de critiquer aujour-

d'hui.

154 RAYMOND-HAMET

Les feuilles, qui ont une forme identique dans les deux plantes, sont, dans l’une et dans l’autre, sessiles, oblongues, légèrement étranglées à la jonction du tiers médian et du tiers inférieur, obtuses au sommet, crénelées dans les deux tiers supérieurs, mais entières dans le tiers inférieur. Dans le X. ampleæicaulis comme dans le À. campanulata, elles ont leur plus grand diamètre vers le milieu et, à partir de ce niveau, se rétrécissent peu à peu jusqu’à la jonction du tiers médian et du tiers inférieur, puis, à partir de ce point, s’élargissent peu à peu jusqu'au milieu du tiers inférieur, et, enfin, se rétrécissent légèrement à partir dudit milieu jusqu’à la base amplexicaule. Si, sur un des échantillons authentiques du À. ampleæicaulis, elles sont un peu plus grandes que celles du spécimen original du À, campanulata, elles sont, sur un autre, non seulement de même taille mais même un peu plus petites que ces der- nières.

Dans le À. ampleæicaulis, comme dans le À. campanulata, l'inflorescence est nettement corymbiforme ; dans l'un comme dans l’autre, les pédicelles sont indifféremment un peu plus longs ou un peu plus brefs que le tube corollin.

Les bractées, absolument identiques dans les deux pré- tendues espèces, sont, dans l’une et l’autre, oblongues, subob- tuses au sommet, un peu dilatées à la base, pourvues de bords entiers et plus hautes que larges.

La longueur du calice varie en réalité de 4 à 5.75 milh- mètres dans le À. ampleæicaulis et de 7.25 à 8.25 milh- mètres dans le À. campanulata ; mais, outre que ce hiatus est peu profond, ilest comblé par de nombreux intermédiaires qui révèlent l'existence d’une série continue dont les extrêmes sont occupés non point par les chiffres ci-dessus, mais, d’une part, par ceux qui représentent la longueur du calice du Æ. panduriformis que nous savons identique au À. campanulata et, d'autre part, par ceux exprimant la longueur calycimale des échantillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie, échan- tillons qui appartiennent incontestablement à la même espèce. Cette série est la suivante:

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K. parviflora K. amplexi- caulis

Quant à la différence tirée de la forme des sépales, 1l me suffit de reproduire à ce sujet les observations que j'ai déjà faites à propos du X. parviflora, et de rappeler que dans le spécimen original du X. campanulala, de même que dans les échantillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie, on observe souvent, sur un même individu, à côté des sépales subdeltoïdes, des segments calveinaux largement ovés qui se rétrécissent peu à peu, à partir du niveau de leur plus grand diamètre, situé un peu au-dessous de leur partie médiane, jusqu'au sommet subobtus et pourvu en son milieu d'une brève ceuspide. Ces segments calycinaux sont absolument identiques à ceux du X. amplericaulis, non seulement par leur forme mais encore par leurs dimensions relatives, car si ces derniers sont parfois aussi hauts que larges, ils sont le plus souvent un peu plus hauts que larges, absolument comme dans le À, campanulata.

La corolle est identique dans les deux plantes. Dans l'une comme dans l’autre, le tube corollin est généralement campa- nulé, mais nous avons constaté que quelques-uns des spéci- mens authentiques du À. amplericaulis présentaient parfois, sur un même individu, des fleurs dont la corolle s'évasait depuis la base jusqu'au sommet et d'autres chez lesquelles elle se rétrécissait un peu dans sa partie supérieure. Comme je l'ai fait remarquer plus haut il faut voir dans ce dimorphisme l'influence de l’âge de la plante et peut-être aussi du degré de compression exercé sur ses fleurs au cours de la dessicea- tion. En tous cas, la présence, sur une même plante, de corolles

156 RAYMOND-HAMET

campanulées et urcéolées démontre irréfutablement l'insigni- fiance systématique de ce prétendu caractère distinctif.

Quant aux segments corollins, peu importe qu'ils soient quelquefois émarginés dans le À. amplexicaulis, alors qu'ils sont toujours très obtus et brusquement cuspidés dans le X. campanulata ; peu importe, puisque les spécimens originaux du Æ. amplericaulis présentent souvent, sur un même indi- vidu, ces deux modes de désinences ; peu importe puisque, par leur forme générale, les pétales sont semblables dans les deux plantes ils sont toujours largement ovés et plus hauts que larges. La hauteur de la corolle peut d’ailleurs être con- sidérée comme pratiquement identique dans les deux pré- tendues espèces ; elle varie en effet de 17.75 à 20.25 mil- limètres dans le À. campanulata et de 16.75 à 18.60 milli- mètres dans le X. amplexicaulis. Enfin la longueur propor- tionnelle du tube et des segments de la corolle est la même

tube corollin dans les deux plantes ; le rapport ——— varie segments corollins en effet de 2.07 à 2.60 dans le À. ampleæicaulis et de 2.19 à 3.16 dans le X. campanulata.

Le niveau d'insertion des étamines ne diffère nullement dans les échantillons authentiques du X. amplexicaulis et dans ceux du À. campanulata. Dans les uns comme dans les autres, les filets staminaux oppositipétales sont soudés au tube de la corolle jusqu'à un niveau dépassant un peu le milieu de ce dernier.

Les anthères, absolument identiques dans les deux plantes, sont, dans l'une comme dans l’autre, suborbiculaires-subré- niformes.

Les carpelles, eux aussi, sont semblables dans les deux plantes, et, s'il est vrai que chez le X. campanulata ils sontun peu plus brefs ou de même longueur que les styles, alors que dans le À. amplexicaulis ils sont un peu plus longs que ces derniers, 1l est évident qu'on ne peut attribuer aucune valeur systématique à ce caractère qui est incontestablement arti- ficiel.

Quant aux écailles, elles semblent un peu différentes dans

SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 157

les deux plantes. En effet, alors que, dans le X. amplexicaulis, elles sont un peu plus hautes que larges, subsemioblongues, légèrement émarginées au sommet, elles sont dans le K. cam- panulata, un peu plus larges que hautes, subquadrangulaires- subtrapéziformes, pourvues au mieu de leur sommet très obtus d'une petite crénelure obtuse; mais J'ai déjà fait remarquer plus haut, d'une part que, chez de nombreux Kalanchoe, les écailles étaient indifféremment obluses ou émarginées et s’élargissaient en même temps que s'épanouis- sait la fleur, d'autre part que les matériaux récoltés par M. Perrier de la Bâthie m'avaient montré la variabilité de la désinence dans les écailles de notre plante. On ne peut donc prendre en considération la très légère différence que présente cet organe dans les échantillons authentiques du X. campa- nulata et du À. ampleæicaulis.

D'ailleurs une étude minutieuse de ces échantillons m'a démontré que tous leurs autres caractères étaient absolument identiques, non seulement au point de vue de la forme de leurs organes, mais même sous le rapport de la dimension de ces derniers. On pourra de plus se convaincre par la lecture du tableau suivant : d’une part, que les chiffres exprimant les dimensions absolues de chaque organe, dans les quatre pré- tendues espèces qui viennent d'être étudiées, forment une série continue et dépourvue de hiatus ; d'autre part, que chacune des séries, constituées par les chiffres représentant les différentes mensurations de chacun des organes d’une de ces espèces, ne forme point une entité autonome et caractéristique, mais que le plus souvent un ou plusieurs des chiffres qui la composent sont communs avec la série appartenant à l’une des trois autres espèces.

158 RAYMONLD-HAMET

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162 RAYMOND-HAMET

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EcatLres....... GRAINES

NOTICE

SUR

A.-A. FAUVEL

Albert-Auguste Fauvel naquit à Cherbourg en 1851. Dès son enfance, il montra un goût très vif pour l'his- toire naturelle. Fils d'un officier de marine distingué, il hérita, en outre, de son père de l'amour de la mer et des voyages. En 1872, à peine âgé de 21 ans, il entrait dans l'Administration des Douanes Maritimes Chinoises et partait pour la Chine il devait résider de longues années. Il y dressa une carte détaillée de la Province du Shantung!, puis il eut la bonne fortune de découvrir et de décrire l’Alligator sinensis Fauvel, la seule espèce asiatique de ce genre que l’on croyait alors spécial à l'Amérique.

Chargé, en 1880, d'organiser la section chinoise de l'Exposition Internationale des Pêches de Berlin, il fit une fructueuse croisière dans l'archipel des Chusan et eut ainsi l’occasion de réunir de précieuses collections de Poissons, Mollusques et Crustacés, dont plusieurs espèces étaient nouvelles, et un matériel de pêche indi- gène important.

Revenu en France en congé, 1l épousa, en 1882, Mie M. de La Vaulx qui l'accompagna ensuite en Chine.

1. Carte de la Province du Shantung. Paris, Lanée, 1877.

166 NOTICE SUR A.-A. FAUVEL

Mais, au moment du bombardement de Fou-Tchéou par l'amiral Courbet, il quitta le service de la Chine et rentra en France 1l ne larda pas à être nommé Inspecteur des Messageries Maritimes, ce qui lui procura l’occasion de retourner plusieurs fois en Chine et de faire de nombreux et longs séjours en Orient, dans l'Inde, à Java, en Argentine, au Brésil, à Madagascar, à la Réunion et aux Seychelles.

Les nombreuses collections de Zoologie, de Botanique, de Pétrographie, récoltées au cours de ses voyages, lui valurent le titre de Correspondant du Muséum de Paris.

Sinologue distingué, 1l s'était fait, en outre, une spé- cialité des questions coloniales sur lesquelles il publia de très nombreux articles.

Ayant enfin pris sa retraite, A.-A. Fauvel était revenu se fixer à Cherbourg, son pays natal. Il n'eut hélas! guère le temps d'en jouir ; quelques mois plus tard, en novembre 1909, une mort prématurée l’enlevait à l’affec- tion des siens alors qu'il semblait avoir encore devant lui un long avenir scientifique.

Indépendamment de nombreux articles dans les revues françaises et étrangères, les principaux ouvrages d'A.-A. Fauvel, relatifs à l'histoire naturelle, sont les suivants :

Alligators in China. Royal Asialic Society, North China Branch, 13 déc. 1878.

Chinese plants in Normandy.Xbid., Hong-Kong, 1884.

Promenades d'un Naturaliste dans l'archipel des Chusan. Mém. Soc. Nat. Sciences Natur. Cherbourg, t. XXII-XXIV, 1880.

Cataloque des plantes recueillies aux environs de

Tché-Fou par M. A.-A. Fauvel déterminées par

NOTICE SUR A.-A. FAUVEL 167

M. A. Franchet. In-8°, 216 p., ibid., Cherbourg, 1884.

La Province chinoise du Chan-Toung. Géographie et Histoire Naturelle. Rev. Quest. Scient. de Bruxelles, 1890-91-92.

Les Séricigènes sauvages de la Chine. Paris, Leroux, 1895.

Le mémoire sur le Cocotier de Mer devait faire partie d’un ouvrage considérable sur les Iles Seychelles, dont le premier volume, relatif à la cartographie!, édité par ordre du Gouvernement des Seychelles, a seul paru, la publication ayant été interrompue par la mort de l'auteur.

Je suis très reconnaissant au regretté D' Heckel d'avoir bien voulu faire paraître dans les Annales du Musée Colonial cette Monographie du Cocotier des Seychelles à laquelle mon frère aîné avait consacré tant d'années de patientes recherches et dont il avait tant désiré voir la publication.

Pierre FAUVEL. 1. Unpublished Documents on the History of the Seychelles Islands

anterior to 1810, together with a Cartography (in-8°, 417 p. avec Atlas de 38 cartes. Mahé, Seychelles, 1909).

2

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LE COCOTIER DE MER DES’ ILES SEYCHELLES

(Lodoicea Sechellarum)

par A.-A. FAUVEL.

CHAPITRE I

Nomset histoire du fruit :

fo d'après les anciens navigateurs : Ant. Pigafetta, 1519: Joäo de Barros, 1553; Garcia de Orta, 1560 ; Jan Huygen van Linschoten 1579;

d’après les naturalistes, poètes, voyageurs : Dalechamps, 1587; Camoëns, 1572; Christophorus Acosta, 1593; Carolus Clusius, 1593-1605; Pyrard de Laval, 1602; Jean Bauhin 1619; Nieremberg, 1635 ; John Johnston, 1662: D. Chabreus 1677; François Redi, 1685; John Ray, 1686: Pomet, 1694 et 1735: L. Plukenet, 1696; Valentin, 1732 ; Wormius, 1655; Samuel Dale, 1739; Weinmann, 1745: G. E. Rumphius, 1750 ; etc.

Description et usages du fruit d’après ces auteurs.

Le Cocotier de Mer des Iles Seychelles est un des arbres les plus rares et les plus curieux qui existent. En effet, on ne l’a jamais trouvé que dans une île et deuxilots de ce mer- veilleux archipel des Seychelles, situé au milieu de l'Océan Indien, à quatre degrés et demi au sud de l'Équateur, entre l'Afrique et les îles de Sumatra et de Java, l'Inde et Mada- gascar, et séparé de la côte la plus proche (celle de l'ile de Madagascar) par 275 lieues de mer et des profondeurs attei- gnant plus de 3.600 mètres. Il n’y fut découvert, dans l'île Praslin, qu'en 1769, soit 27 ans seulement après la première visite de ces îles par Lazare Picault en 1742. La forme et les

170 A.-A. FAUVEL

dimensions extraordinaires de ses fruits; les nombreuses années qu'il leur faut pour arriver à maturité, la germination originale de ses graines; les dimensions de ses feuilles, dont il ne pousse qu'une par an; la taille du tronc, sa longévité étonnante, la forme curieuse de ses racines; la structure et le nombre extrêmement considérable de ses fleurs mâles ; tout, sans parler des légendes relatives à son habitat et des propriétés médicinales, longtemps attribuées à ses noix; qu'on payait autrefois au poids de l'or, contribue à faire de l'histoire et de la description détaillée de ce végétal un sujet aussi instructif qu'intéressant. Plusieurs de ces particularités uniques dans la connaissance des végétaux, sont encore peu connues même parmi les botanistes. Aussi, après avoir eu l'occasion d'admirer plusieurs fois, aux Seychelles mêmes, ce magnifique palmier et ses fruits, nous n'avons pu résister au désir d'en connaître à fond l'histoire et la description. Nous les avons trouvées tellement curieuses qu’elles nous ont entrainé à condenser en un mémoire le résultat de nos nom- breuses et patientes recherches dans les bibliothèques et musées d'histoire naturelle. Ce travail, commencé en 18891 et achevé seulement cette année, grâce à la complaisance du gouverneur des Seychelles M. W. E. Davidson, et de nos correspondants dans ces îles, aussi bien qu’à Maurice, Ceylan et au Jardin Botanique de Kew, nous l’offrons aujourd'hui aux lecteurs et amateurs d'histoire naturelle coloniale.

Nous commencerons par donner l'histoire et la description du fruit, d'après les anciens auteurs, qui ne connurent que la noix dépouillée de son enveloppe fibreuse, nous rapporterons les légendes curieuses au sujet de l'arbre que l'on supposait la produire. Nous raconterons ensuite la découverte du pal- mier de l’île Praslin sur lequel pousse ce fruit extraordinaire et y ajouterons les descriptions scientifiques qui en furent faites à l'Académie des Sciences, en les complétant par des travaux plus récents, dus à plusieurs voyageurs et naturalistes.

1. Ce mémoire a été achevé en 1906 et représente donc 17 années de echerches. (Note de la Direction.)

2.7

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 171

Nous éluciderons, d’après nos propres observations et celles de nos correspondants scientifiques aux Seychelles et ailleurs, certains points restés obscurs jusqu'ici. Le tout sera terminé par une liste bibliographique aussi complète que possible des sources auxquelles nous avons pu puiser, tant imprimées que manuscrites. Enfin, un certain nombre d'illustrations permet- tront au lecteur de comprendre plus facilement les descrip- tions un peu obscures des anciens écrivains.

Ceci dit, entrons dans le corps du sujet.

La noix double du Cocotier de Mer fut certainement connue des populations des îles Maldives, de Sumatra et de Java bien avant la date de la découverte de ces terres insulaires de l'Asie orientale. Leurs habitants, qui, de loin en loin, les trouvèrent portées sur leurs rivages par les courants de l'Océan Indien, frappés par leur forme singulière et leur grande rareté, leur attribuèrent, comme à tout objet rare, une valeur d'autant plus grande qu'on les trouvait plus rarement. Puis, considérant leur forme, ils s'imaginèrent, comme cela avait lieu en Europe au moyen-âge, que, suivant la théorie de Porta, dite des signatures, ces fruits devaient posséder des vertus médicinales en rapport avec leur forme, et leur valeur s’en accrut d'autant. Comme nous le verrons plus loin, les fragments de ces noix devaient guérir toutes sortes de maladies.

Les nations d'Europe ne connurent ces noix qu'après la découverte du Cap de Bonne-Espérance, lorsque les naviga- teurs portugais entrèrent en relation avec les habitants des îles de Java, Sumatra et les Maldives.

La première mention que nous en ayons se trouve consi- gnée, sous une forme quelque peu mythologique, dans l'his- toire manuscrite du premier voyage de Magellan, allant, par le détroit qui porte encore son nom,à la découverte des Indes, Cette histoire, écrite en italien par un compagnon de voyage du grand navigateur, le patricien de Venise Antonio Pigafetta!, se trouve aussi dans un manuscrit français de la

1. Anthoine Pigaphete, patrice vincentin et chevalier de Rhodes, à l'illustrissime et très excellent seigneur de Villers de l'Isle Aden, inclite

17

12 A.-A. FAUVEL

Bibliothèque Nationale, dédié à Philippe de Villiers de l'Ile Adam, par le traducteur anonyme français.

Voici ce qu'on y lit : « Aussi nous dirent les pilotz que au dessoubs de Java, la grande, vers la tramontain au goulfe de China (que les anciens appellent Sino Magno) se trouve ung arbre tres grand ouquel habitent oyseaulx dits Garuda, tant grandz quils emportent ung beuf et un elephant au lieu est l'arbre. Lequel lieu est appelé Puzzathar, l'arbre Caiu paugganghi. Le fruit Bua paugqanghi qui est plus grand queung concombre. Les Mores de Burne que avions en noz navires nous dirent qu'ilz en avoyent veu pour ce qu'on en avoit envoyé deux à leur Roy du Royaulme de Siam. Aucun junche ny aultre barque ne peult de troys ou quatre lieues approucher du lieu de l'arbre, pour les grandz oraiges deaux qui sont la autour. Et la premiere fois que fut sceu de cest arbre fut ung junche que par violance des ventz se gecta en cest endroit, ou fut tout rompu et pery, et tous les hommes se noyerent excepte ung petit garson. Lequel si estant pris sur ung ais de boys fut par miracle transporté auprès de cest arbre, et estant monté dessus se mist sans s’en appercevoir soubz une aille de lun de ces oyseaulx, et le lendemain alla en terre, et avant pris ung beuf ce garson sortit et s’eschappa de dessoubz laille le mieulx qu'il peut. Et par cestuy on sceut le tout. Et alhours les peuples voisins congneurent les fruictz qu'ilz trouverent par mer estre venus de cest arbre. »

Il était intéressant de chercher la signification des noms

étranges donnés par Pigafetta à l’arbre et au fruit, et aussi la situation de l’endroit il pousse. Nous avons donc, dans ce but, consulté le texte italien imprimé en 1800 à Milan pour la première fois sur un manuserit de la Bibliothèque Ambro-

orand maitre de Rhodes, son seigneur excellentissime. Navigation et descouvrement de la Indie supérieure, faicte par moy Anthoine Pigha- phate Vincentin chevalier de Rhodes (Bibliothèque Nationale. Manu- scrits, Fonds français n°5650, p. 90-91).

6j LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 173

sienne !. L'orthographe des noms propres diffère quelque peu de celle du manuscrit français, le texte étant presque exacte- ment le même quant au récit et à la description. L'arbre y est appelé Campauganghi (sans doute une erreur de l'écrivain ou plutôt de l'éditeur de 1800, Cam étant mis pour Caiu). Le fruit y est appelé Buapauganghi; c'est, à une lettre près, le nom du texte français qui a redoublé le g comme il a redoublé le 3 de l'italien Puzathaer pour le nom de lieu.

La traduction anglaise, faite en 1894 par Lord Stanley? reproduit exactement les noms propres du texte imprimé ita- lien mais elle donne wafer-melon comme signification de an- quria (pastèque) ce qui est plus exact que le mot concombre, employé plus haut.

Il est assez difficile d'identifierle pays appelé Puzzathar ou Puzathaer. Peut-être est-ce un nom indigène ancien dési- gnant soit Sumatra, soit les Maldives, furent trouvées pour la première fois les noix du Cocotier de Mer. En tout cas, les noms de l'arbre et de son fruit sont reconnaissables, en partie au moins, comme appartenant à la langue malaise dans laquelle Caiu (prononcez Caiou) signifié bois ou arbre, et Bua (Boua) veut dire fruit. Quant à pauganghi, il faut lire sans doute Pau jangqi, que certains orthographient Pauh Jangqi, Po Jangai, ou Pau sengi (d’après M. Sheat). Or, Pau, Pauh ou Po en bon malais est le nom d'une espèce de mangue sauvage.

Pour ce qui est de ganghi— janggi—senqi, il est peut-être

1. Primo Viaggio intorno al Globo Terracqueo, ossia Ragguaglio della Navigazione alle Indie Orientali per la via d'Occidente fatta dal Cavaliere Antonio Pigafetta, Patrizio Vicentino Sulla Squadra del Capit. Maga- glianes negli anni 1519-1522. Ora pubblicato per la prima volta, tratlo da un Codice Ms. della Biblioteca Ambrosiana di Milano e corredato di note da Carlo Amaretti Dottore del Collegio Ambrosiano, con un Tran-

sunto del Trattato di Navigazione dello stesso Autore. In Milano MDCCC (1800), in-4°, pp. 11-237, p. 174, Bibliothèque Nationale G. 6513.

2. The first voyage round the world by Magellan, translated from the account of Pigafetta... by Lord Stanley of Alderley, Hackluyt Society, 1874,p. 155, et cité par le colonel Yule dans : Glossary of indian words and phrases. London. Au mot Coco de Mer, p. 227.

174 A.-A. FAUVEL

d'origine arabe, s'il faut en croire le naturaliste Rumphius qui dit ceci en parlant du Coco de Mer :

« Fructus itaque hic marinus duplex est major et minor. « Major est geminus, est Cocus Maldivicus..... Malayensibus « (dictus) Calappa laut, Boa Pausengi et Boa sengi quod illi « pronuntiant Bootjungi..….…. », et un peu plus loin:

« Flamines Aethiopes..…... arbor ipsa is dicitur Pauseng1.… « Fructus vero hujus arboris vocant Boa pausengi vel Boa « sengi suntque nuces celebris istius Calappi marinae quae « contra undas sese elevantes aliquando in Javae et Solorae « littore projiciuntur..... Sic quoque credo hosce flamines « verbum Pausengi audivisse ab Arabibus, atque arborem esse « crescentem in magno Indico mari, quod Africanam oram « Orientalem insulasque Majottos irriguat quarum incolae « vulgo Zangi seu Zengi. h. e. tosti Aethiopes vocantur, ubi « minor horum fructuum species reperitur quam postea des- « cribemus!. »

Buapausenghi signifierait donc: Fruit du manguier sauvage du pays des Zengi ou éthiopiens brülés (noirs), et Rumphius était bien près de la vérité en plaçant dans la partie africaine de l'Océan Indien la patrie du Calappa laut Coco de Mer des Malais et Javanais.

Par contre, nous n'avons pu trouver nulle part dans Rumphius le passage où, suivant l'anglais Skeat cité par Yule, il aurait correctement traduit Zangi par magie malaise ?? D’après ce même Skeat, Pauh Jangqi ou Pau sengi est, jusqu'à ce jour, le nom donné dans tout l'archipel malais à l'arbre qui pousse dans le tourbillon central des océans, dit aussi le nombril des mers, suivant la mythologie de ces pays.

Rumphius nous apprend encore que les Chinois appellent ce fruit Hayja (Haï-ya) Mer noix ou coco de mer, traduc- üon littérale du malais Calappa laut, coco marin, aussi connu

1. Georgi Everhardi Rumphiü. Med. Doct. Hanavensis..... Herba- rium Amboinense (MDCCL), Liber XII, cap. 8, p. 210-241.

2. « Janggi, according to Rumphius, and he is quite correct, means Zangi, malay magic ». Yule, À Glossary of Indian Words and phrases, in-8°, London, 1893, au mot Coco de Mer, p. 227.

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 175

dans l'Inde, nous dit Yule, sous le nom de « Daryas Nariyal or cocoa nut of the seal ».

Après Pigafetta, les premiers auteurs européens qui ont parlé du Coco de Mer sont naturellement les voyageurs por- tugais. Dès 1553, une allusion y est faite par Barros, qui, sans le nommer, fait pousser au fond de la mer ce fruit plus gros que le coco ordinaire, et dont les propriétés médicales sont supérieures à la pierre de*Bezoar. En effet, après avoir parlé du cocotier ordinaire aux îles Maldives il ajoute : « A « fra estas arvores, que se eriam naquellas Ilhas sobre a « terra, parece que e tam viva a semente dellas, que a natureza « alli repositon; que em alguas, pärtes debaixo da agua sal- « gada nasce outro genero d’ellas, as quaes dam hum pomo « maior que o coco; e tem experiencia que à segunda casca « delle à muito mais efficaz contra a peçonha, que a pedra «UBeZOATE: : 5%: »

C'est du reste ce que chantait le Camoëns, dès 1572, dans les vers suivants, il ne nomme pas plus le fruit que Barros :

Nas ilhas de Maldivas nasce a planta

No profundo das aguas soberana

Cujo pomo contra o veneno urgente

He tido por antidoto excellente (Lusiades, X, 136).

Un autre auteur portugais, Garcia de Orta, dans ses Dia- logues sur la pharmacopée de l'Inde, imprimés à Goa en 1563, nous entretient avec plus de détails du Coco des Maldives.

Les passages du Livre de Garcia de Orta* que nous allons

1. Nous avons cherché en vain dans nombre d'ouvrages de botanique et de médecine chinois sans réussir à y découvrirla moindre mention du Haï-ya.

2. Barros(Joao de), Decadas da Asia... decada terceira, livro terceiro, capit. vi, p. 311-312. Lisboa, Regia officina typografica, 1777.

3. Garcia de Orta, Colloquios dos Simples e drogas e couzas medici- naes da India e assi de algunas fructas achadas nella (varias cullividas no Brazil) compostos pelo Doutor Garcia de Orta Physico del Rei D, Joño : Feita moscimamente pagina per pagina pela primeira impressa em Goa por Joäo de Endem no anno 1563. Lisboa na impresa nacional, 1872.

176 A.-A. FAUVEL

analyser nous apprennent, qu'à son époqué le Coco de Mer s'appelait Coco des Maldives en Portugal, on en avait reçu des noix rapportées des Indes par les navigateurs. D’après le témoignage de personnes dignes de foi, les noix et surtout l'amande étaient fort réputées dans ces pays comme un excel- lent remède contre les poisons, la colique, la paralysie, l’épi- lepsie et denombreuses maladies nerveuses, contre celles des entrailles qui causent des vomissements. Elle prévient d’autres maladies quand on boit de l'eau conservée quelque temps dans la noix avec un peu de l’amande. Garcia n'ose affirmer que tout cela soit exact, car il n’en a pas fait l'expérience et il ne sait si le mieux ressenti par ceux qui s’en sont servis est à l’action du médicament ou à l'effet de l'imagination.

Il décrit la noix comme plus noire et plus brillante que celle du coco ordinaire. Elle est aussi plus grande et ovale au lieu de ronde. L'amande intérieure est très dure, d'un blanc tirant un peu sur le jaune; vers la partie centrale elle est fendillée et très poreuse. Elle n’a aucun goût marqué. En médecine, on en mélange un poids de dix grains de blé avec du vin ou de l’eau.

Il ne donne pas les dimensions de cette noix mais il dit qu'il en a une de la contenance de sept chopines (sete quartillios). On en trouve d'ailleurs de très grandes et de petites rejetées toutes par la mer sur le rivage. Garcia continue en disant que : d'après la croyance populaire, les îles Maldives faisaient autrefois partie du continent (de l'Asie), mais elles en furent séparées par une inondation marine. Dans ce cata- clysme les palmiers porteurs de ees noix furent ensevelis sous la terre et les eaux, et c’est pour cela qu’elles sont devenues aussi grandes et aussi dures que nous les voyons.

Comme personne n'a encore pu voir les troncs ou les feuilles de ces palmiers, il n’est pas facile de dire s'ils appartiennent ou non au même genre que ceux que l'on connaît. D'après ce que l'on sait de la structure des noix et de leurs propriétés diverses, ces arbres doivent appartenir à une autre espèce que le cocotier commun. Les noix sont généralement réunies deux à deux, ce qui leur donne l'apparence de fesses d'animaux

Gr 4 1

LE COCOTIER DE MER DES ÎLES SÉYCHÈLLES { 11

(arcos de bésta), mais on les trouve aussi quelquefois séparées. On en tire l’amande comme on tire celle des cocos ordinaires pour la sécher et faire le copra, mais (au contraire de celle-ci) elle devient très dure et la partie interne prend l'apparence de très bons fromages debrebis. Un Portugais qui connaissait fort bien les Maldives et lui a donné ces informations a ajouté que toute personne qui trouve ces noix sur le rivage doit, sous peine de mort, les apporter au roi. C'est pour cela qu'elles ont une si grande renommée.

Le roi des Maldives gardait ces précieuses noix pour en faire des présents aux grands du pays ou aux souverains étrangers, ainsi qu'on le trouve consigné dans le livre des voyages du navigateur hollandais Jan Huygen von Linschoten aux Indes Orientales, fait en 1579. Parlant des noix bonnes contre les venins qu'il vità Ceylan il dit :

« De ces noix y en a aucunes fort estimées entre toutes les « noix d'Inde pour la vertu qu'on tient qu’elles ont contre les « venins, lesquelles sont fort grosses et belles et de couleur « noire. J'en ai vu présenter au viceroy de l'Inde qui estoient « chacune de la grandeur d’un pot de mesure, estimées de la « valeur de trois cents pardauves! quiestoyent gardées pour en « faire un présent au Roy d'Espagne. De cet arbre et de ses « fruits sera parlé plus amplement cy-après?. »

Cette promesse ne semble pas avoir été tenue, car malgré toutes nos recherches, il nous a été impossible de trouver les informations complémentaires annoncées.

Les Dialogues de Garcia de Orta furent promptement tra- duits. Ce fut d’abord en latin par Charles de l'Écluse, plus

1. Pardauves Pardaw ou Pardawes ou Pardaus. Xeraphius Pardao d'Ouro. Cette monnaie portugaise valait du temps d’Albuquerque trois testons de Portugal, soit 370 Reis actuels ou environ 1 shilling 6 pence 1/2 de monnaie anglaise actuelle. C'était une pièce d'or de l'Inde Occidentale, changée plus tard à Goa en monnaie d’argent (Yule, Glos-

Say; fc. . 5 au mot Pardauve).

2. Histoire de la navigation de Jean Hugues de Linscot Hollandais, et de ses voyages aux Indes Orientales, ..., à Amsterdam MDCX (1610), des iles dénommées Maldives, chap. XIII, page 30. (Il était parti du Texel en 1579.)

Annales du Musée colonial de Marseille, série, vol. 1915, 12

178 A.-A. FAUVEL

connu sous son nom latinisé de Carolus Clusius ou Clutius. La date de la première édition de son livre doit être antérieure à 4587 puisque Dalechamp le cite dans son Historia genera- lis plantarum, parue cette même année 15871, comme ayant vu à Lisbonne et en autres lieux des vases faits du Coco des Maldives. Nous avons retrouvé ce passage en note au bas de la page 110 de la édition de Clusius imprimée à Anvers en 1593°?, parlant du Coco des Maldives ildit: d. « Vidimus vas- « cula ex hoe cocco de Maldiva confecta Ulyssipone (Lis- « bonne) tum aliis locis, oblongiora plerumque 1is quam quae « ex vulgari cocco parantur, et nigriora nitidioraque. Sed et «ipsam medullam siccatam Ulyssipone venalem reperias, « cujus facultates mirifice extollunt, atque omnibus fere alex1- « pharmis praeferunt : eamque ob causam magnum eJjus « pretium. Quäm verd parum fidei sit adhibendum hujusmodi « fabulosis et commenticiis facultatibus, Auctor noster satis « declarat. »

On voit par cette note que la vertu médicinale de lamande de ce coco était connue même au Portugal. Dans l'édition de 1605, une belle gravure (Planche Ï) nous montre une aiguière en argent ayant la forme d'un oiseau à queue de serpent dont le corps est formé par une moitié de coco des Maldives.

C'est la première représentation du Coco de Mer que nous ayons encore pu trouver; malheureusement on ne peut guère se faire une idée de la forme exacte de ce fruit, la gravure ne laissant voir à travers les ornements d'argent qu'une bien faible partie d'une moitié du coco. A côté, le graveur a repré- senté un petit fragment de l’amande à une échelle légèrement

1. Dalechamp, Historia generalis plantarum, ? vol. in-folio, Lugduni, MDLXXXVII (1587), vol. 2, p. 1762 De nuce indica.

2. Aromatum et simplicium aliquot medicamentorum apud Indos nascentium Historia primum quidem lusitanica lingua ôtæhoytx@s cons- cripta a D. Garcia ab Horto proregis Indiae medico; deinde latino ser- mone in Epitomen contraclus et iconibus ad vivum expressis locuple- tioribusque annotationibus illustrata a Carolo Clusio Atrebate. Quarta editio. Castigatior et aliquot locis auctior. Antwerpiae, ex Officina Plan- tiniana apud viduam et Joannem Moretum, MDXCIII (1593). Liber I, p. 102, De nuce indica, p. 107-110 note d.

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 179

réduite, mais qui n'est pas plus indiquée que celle de l'aiguière. On peut déduire du texte, qui lui donne comme dimensions 14 pouces de longueur sur 7 de largeur, qu’elle état faite d'un petit échantillon de noix des Maldives dont les beaux spécimens atteignent jusqu'a 50 centimètres de longueur sur 24 de largeur pour la demi-noix.

La note d de l'édition de 1593 est complétée par ces mots dans celle de 1605 :

« Longè autem reliqua vascula ex simili cocco confecta « magnitudine superabat illud quod argento inclusum in « prætoria illa navi MDXCIT ab anglis occupata repertum « est, longum enim erat quatuor et decem, latum septem, « ovalis infernà parte figurae superne paullo planioris, latere « dextro magis rotundum et tumens, externae parti calcei pedi « inducti paenè instar, color qualis in cocco vulgari laevi- « gato et expolito. Ilius iconem qualem Jacobus Garetus ad « 1psius vasculi normam expressam ad me mittebat huc intu- « limus . »

Ce texte nous éclaire, un peu plus que la gravure qu'il accompagne, sur la forme de la moitié seulement de la noix des Maldives. On s'en rend cependant encore difficilement compte. Quant aux qualités de l'amande, Dalechamps ajoute ce qu'aucun auteur ne nous a encore appris :

« Medulla sive nucleo recenti cum carne et piscibus ves- cuntur non aliter quam nos pane nec amygdali duleis sapori cedit. » C'est d’ailleurs une erreur. En effet, à cette époque on ne connaissait encore que le fruit flotté, c'est-à-dire déjà vieux et à demi décomposé par l’eau de mer à la suite de son long séjour dans l’onde amère. L'auteur le confond évidem- ment avec le fruit frais du cocotier ordinaire dont la jeune amande constitue un mets très agréable. D'ailleurs, celle du Jeune coco de mer est absolument insipide, comme nous

1. Caroli Clulii Atrebatis aulae Caesareae quondam familiaris Exotica- rum libri decem quibus Animalium, Plantarum, Aromatum Aliorumque peregrinorum Fructuum historiae describuntur item Petri Belloni observationes. Ex officina Plantinianä, Raphelengi, 1605. { vol. in-foho. Liber I, Aromatum hisloriae, pp. 190-193.

180 A.-A. FAUVEL

l'avons constaté nous-même, et elle ne peut être consommée que sur place, car elle se gâte très rapidement

Mais d'où venaient ces noix mystérieuses, c’est ce qu'on ne savait pas encore à l’époque des historiens et naturalistes que nous venons de citer. Un voyageur français, Pyrard de Laval, qui partit le 20 mai 1601 de Saint-Malo pour les Indes Orientales et fit naufrage l’année suivante (juillet) sur l'île Pouladon de l'archipel des Maldives, va nous renseigner à sa façon sur cette question!. Ayant passé plusieurs mois dans ces îles, il y apprit quantité de choses intéressantes, consignées dans la relation de son voyage, parue en 1615 à Paris. Voici ce que nous y trouvons concernant le Coco dit des Maldives : « Isle étrange à découvrir. Quelque temps après « le Roy envoya par deux fois un très expert pilote pour « aller découvrir une certaine isle nommée Poulloys, qui « leur est encore presque inconnüe... Ils ont opinion que ces « gros cocos médicinaux, qui sont si chers là, en viennent. « D'autres pensent que c’est du fond de la mer. »

Pour ce qui est du coco des Maldives, voici ce qu'il en dit:

« L'ambre gris appartient au Roy et nul n'oserait le retenir « qu'il n’eût le poing couppé. Il en est ainsi d’une certaine « noix que la mer jette quelquefois à bord, qui est grosse « comme la teste d’un homme, qu'on pourrait comparer à « deux gros melons joints ensemble. Ils la nomment « Täâvarcarré et ils tiennent que cela vient de quelques arbres « qui sont sous la mer. Les Portugais la nomment Cocos des « Maldives : c’est une chose fort médicinale et de grand prix. « Souvent à l’occasion de ce Tavarcarré ou bien de l’ambre « gris et noir (qu'ils appellent gomen ou meunare quand il « est préparé) comme il s’en trouve aussi, les gens et les « officiers du Roy maltraitent de pauvres gens quand ils « les soupçonnent d’en avoir trouvé et même quand on veut « faire déplaisir à un homme, on luy impute et on l’accuse de

1. Voyage de (François) Pyrard de Laval, contenant sa navigation aux Indes Orientales, Maldives, Moluques, etc., divisé en trois parties par le Sieur Du Val, géographe ordinaire du Roi. Nouvelle édition. Paris, M. DC;LXXIX (1679), 4 vol. in-4°, 1e partie, chap. XXI, p. 212.

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 181

« cela, comme on fait ici de la fausse monnoye, afin qu'il en « soit recherché : et quand quelqu'un devient riche tout à « coup et en peu de temps on dit communément qu'il a « trouvé du Tavarcarré ou de l’ambre comme si c'était un « thrésor.....»

L'île Poulloys serait-elle les Seychelles ? C'est ce que le colonel Yule incline à croire. À notre avis, la position de dix degrés au sud de l'Equateur, qu'elle occupe d’après le pilote des Maldives, et les tourmentes qui la désolent, ainsi que les maladies qui firent périr ses hommes, sans parler des maléfices des diables qui l’habitent, tout cela se rapporterait beaucoup mieux aux Comores. Celles-ci sont en effet par 11° Sud dans la zone des cyclones et leur climat est des plus insalubres, et l'une d'elles au moins possède un volcan en activité, aussi sont-elles souvent bouleversées par les tremblements de terre, d'où les craintes superstitieuses des habitants des Maldives à leur endroit.

Pour ce qui est du nom donné aux Maldives au coco de mer ef que nous trouvons mentionné pour la première fois par Pyrard, voici comment Yule, ayant cité en partie ce pas- sage, l'explique :

Tavarcarré Tava-karhi : karhi means Coco-nut. Properly it is Tava’karhi the hard shelled nut!.

Continuant nos recherches dans les ouvrages scientifiques du commencement du xvu* siècle, nous trouvons pour la pre- mière fois dans l’histoire générale des plantes de Jean Bauhin et de J. H. Cherler, imprimée en 1619, un dessin des deux moi- tés séparées d'un coco des Maldives, on dirait deux gros haricots et l’on ne se rend pas encore bien compte de la forme du fruit entier. La description qui accompagne la gravure est empruntée pour une partie au texte de Garcia de Orta,

1. Yule, Glossary of.... etc., citant Gray ou Pyrard de Laval, Hack- luyt Society, au mot Coco de Mer. On trouve encore à Ceylan le noms suivants pour ce fruit: Dyria kanaril; Kadil tagingai; Sumatrapoo tainkaya. (Vide Le Naturaliste, Revue illustrée des Sciences naturelles, XIII: année, série, 1 janvier 1894, p. 14-15, le Lodoicea Seychel- larum.)

182 A.-A.' FAUVEL

aussi nous ne citerons que celle qui nous renseigne un peu te)

plus que cet auteur.

« Hujus cocci medullae fragmento nos donavit Illustr. noster Princeps : fungosum est, consistencià quam videmus in fungis nucum, colore foris in luteo cinereo, intus pallido, fibris variatum subinde ferrugineis et eroceis, gustu insipido. Integras autem duas nuces apud eumdem, Il. nostrum principem vidimus Stutgardiae, nuce seu Cocco indico majores, longiores, admodum capaces ; pedem sunt longae, rotunditatem vix duabus. manibus amplecti poteramus ; pars compressa erat sex uncias lata, in quâ amplum foramen apparebat ab alio fructu separatum, ita ut gemellus fuerit fructus, conjunctorum fructuum ingen- tem fuisse magnitudine apparebat. Utriusque capacitas erat insignis : cortex durus et spissus, qualis aliis nucibus, externè strus obliquis, longis, excavatis, colore nigro : pulsatus ollae modo resonans. Sic corticem etiam villosum habet, ut aliae nuces Indicae, praegrandem fructum esse oportet capiteque humano majorem multà : foramen tantum est, ut pugnus‘inde possit. Dicuntur CC (ducentis) aureis gallicis emptae. Ejus ieonem geminam damus utramque faciem ostendentem. »

« Acosta testatur hanc nigriorem, nitidiorem, longiorem, majoremque esse quam vulgata Nux Indica, Coccum de Maldiva vocat idem ex Vers. Clus. Garcias verd Cocecum de Maldiva. Item Coccus de Maldiva Hist. Lugd. Et rursus in append. (ne ei deesset numerus) Coccus de Nalediva eidem. Grana maldivana : Nuces Maldivanae : Cocci di Maldiva. Aein frombde purgiriende Frucht Catal. Francofurt.

« Sed cur purgantem fructum Germania vocet nescimus. Nec placet tam magnum fructum grani nomine vocari!.

4. Joh. Bauhini. D. ill. Cels. Wirtemb. archiatri et Joh. Hen. Cher-

leri Basil D. Phil. et Med. Historiae Plantarum nove et absolutiss.... Prodomus qui velut in Sciagraphia quadam.. Ebroduniex Typographia Societatis Caldorianae. Anno M.DC.XIX. (1619), 1 vol. in-4°, Liber IN,

P:

11, Nux indica ad venena celebrata sive Coccus Maladiva,,

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 183

« Vires et usus. » Il cite ici intégralement le texte de Garcia puis il ajoute :

« Fiunt in eam gratiam ex illo pocula quae auro vel « argento excipiuntur et in navium triremiumque figuram « efformantur, ad aquam bibendam in quam ex catenula « medullae ipsius cocci fragmentum pendere sinunt : sibique « certo persuadent 1llis qui aquam ex his poculis hauriunt « nullum venenum nocere posse futurosque immunes a nullis « [multis] morbis in quos sanè memini multos incidere qui ex « ls poculis bibere soliti erant. Et licet omnem diligentiam « adhibuisset Costa, nunquam tamen observare potuit similia « pocula aliquem ex morbis curare ad quos utilia esse « creduntur. Potius igitur arbitratur et is tantam laudem « obtinuisse a vulgi opinione.

« Nonnullos ex hujus modi vasculis bibere solitos sibi « affirmasse ait seu experientia didicisse jecur incendi, renes « noxam contrahere et calculum generari : nihilominus « tamen magnum esse eorum pretium longè que pluris « aestimari lis locis ubi inveniuntur, quäm als procul inde « dissitis : nam interdum ejusmodi nuces nudas, neque auro « aut argento exornatas L (quinquaginta) aut amplius aureis « nummis aestimari..... RENE

« Paludanus quoque a se tentatum, an contra venena « aliquid posset tradit sed nullo successu !. »

Comme on le voit, on ne se rendait pas encore bien compte de la forme du fruit entier. Quant aux vertus et aux défauts dudit coco et de son amande au point de vue médicinal, on commençait à n y plus croire, Paludanus les ayant essayés en vain. Gaspar Bauhin, en 1623, cite Garcia, Acosta et Linschot, sans nous apprendre rien de neuf?. Il en est de

1. Historia Plantarum universalis auctoribus Johanne Bauhino archiatro, Joh. Henrico Cherlero Doctore Basiliensibus quam recensuit et auxit Dominicus Chabraeus D. Genevensis, juris vero publici fecit Fr. Lud. À Graffenried Düs in Gertzensee. Ebroduni els. 19. cL. (1650), 4 vol. in-folio, t. I, Liber IT, cap. CLXXIX, p. 38#.

2. Pinax Theatri Botanici Caspari Bauhini sive Index in Theophrasti Dioscoridis Plinii et Botanicorum qui a seculo scripserunt opera M.DC.XXIIT Basileae Helvet. sumptibuset Typis Ludovici Regis, { vol, in-4°, Liber XIT, sect, VI, p. 509, col, I.

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même du père Eusèbe Nieremberg en 16351. IL semble ignorer la monographie aussi complète qu'on pouvait alors l'écrire sur ce fruit curieux et qui avait paru l’année précé- dente à Amsterdam, sous forme d'un petit opuscule in-4°, de 57 pages illustrées de 10 gravures sur bois et due à la plume du médecin hollandais Augerius Clutius ??.

L'une de ces gravures (PI. IT, fig. 1) représente pour la première fois en grandeur naturelle (33 centimètres de long sur 27 de large), et hors texte, une noix de coco des Maldives ou plutôt une coupe bilobée et polie formée d’un fruit de cet arbre. Cinq autres gravures également sur bois et à petite échelle sont intercalées dans le texte du chapitre IX et repré- sentent aussi pour la première fois la noix entière ou section- née de façon à bien faire comprendre sa forme à l’état naturel, tant à l’intérieur qu'à l'extérieur. L'échelle n'étant pas indi- quée on ne peut se rendre compte des dimensions de la noix qu'en consultant le texte elles sont données. A la fin de l'ouvrage, l’auteur donne en annexe (Paralipom seu praeter- missum) deux gravures montrant un fragment de l’amande et un de l'écorce interne placée entre cette amande et la noix. Il figure aussi, sans doute en grandeur naturelle, le germe du coco ordinaire et celui du coco des Maldives, d’après des échantillons à lui donnés par D. Samuel Blommert, probable- ment quelque navigateur. La noix ouverte est dessinée en grandeur naturelle d'après la coupe en possession de l’amiral

Wolphard (Harmansen).

4. Johannis Eusebii Nierembergi, Madritensis ex Societate Jesu in academià regia madritensi Physiologiae professoris Historia Naturae maxime peregrinae Libris XVI distincta(1 vol. in-folio). Antwerpiae, ex Officinà Plantinianä, Balthasari Moreti, M.DC.XXXV Liber XIV, cap. IX, pag. 298. De Cocco Maldivensi.

2. Augeri Clutii M. D. Opusculum. De Nuce Medica. Amstelodami, typis Jacobi Charpentier, anno 1634, 1 vol. petit in-4° avec figures.

Se trouve aussi imprimé avec un second opuscule sur l'Ephémère sous le titre :

3. Augeri Clutii M.D. Opuscula duo singularia. De Nuce Medica. de Hemerobio sive Ephemero insecto. { vol. petit in-4° avec figures. Amsterodami, Typis Jacobi Charpentier, anno 1634.

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 155

L'ouvrage est aussi complet que possible puisqu'il prétend contenir tout ce qu'on connaissait alors sur ce sujet: « Opusculum in quo Medici, Physici, Historici, Politici, Critici exercitium suum invenient », comme l'annonce le titre. Il n’a pas moins de trois pages de préface, trois d'avis au lecteur. Douze sont consacrées à l'index ; une à ce que nous appelons aujourd'hui la Bibliographie : « Nomina eorum quorum opera in utroque opusculo adjuti fuimus ». Nous y relevons, pour ce qui a trait au Coco des Maldives, non seulement les noms des écrivains qui en ont parlé, mais aussi ceux des personnes qui possèdent des échantillons de cette noix ou qui lui ont procuré des renseignements ;

?

ce sont : Laurentius Realius Eques et Senator ; Jacobus Speccius Ind. Or. generalis quon- dam ; Godefridus à Clermont, civis Harlemensis possessor geminali coceci ; D. Bontius P. M. Indicarum Plantarum quarundam et autor [sic] ; Johannes van Maerle, jocularius Amsterodamensis, scyphi in India argento excepti ex Coco Medico possessor ; Samuel de Bendana, Lusitanus mercator duos Antwerpiae quondam argento munitos usuique aptatos habet : Johannes Tradescantius Regiae Majestatis Angliae Botanicus, dimidiam nucem habet.

L'ouvrage intitulé : Catagraphus Cocci Maldivensis Tavar- care 20 est dédié comme suit: D. Wolfardo Harmans Thalassiarcho... dati et consecrati anno cl. I. cL. (1650). Une page de compliments adressés à « Gothofredo Clermontio » est datée «23 sept" 1634» et signée «T. Augerius Clutius ».

Les pages 1 à 60 comprennent XV chapitres que nous allons analyser. Le chap. I, au-dessus duquel on lit: Historiae Cocci de Maldiva seu Nucis Medicæ Maldivensium, n’est, suivant les habitudes de l’époque, qu'un long discours sur l'invention des médicaments « immensum beneficium Dei ». « Pharmaca exotica a Nautu nostro orbi illata sunt et Nucis Medicae primatus. »

Le chap. Il contient une longue description des Maldives sur les rivages desquelles les flots rejettent l'ambre et la Nux Medica qu'on ne trouve que là. Il cite Barros et Acosta,

Au chap. IIL, il rapporte les fables concernant l'origine de

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la noix et ce que nous a appris Pyrard de Laval sur l'Ile Palloys (sic pour Poulloys).

Au chap. IV, il décrit la noix : « Nux Medica gemina semper « qualfiguraet dividi nequit propter vincula. Medulla N. Med: « tegit interiora utriusque putaminis, ejus forma rotunda seu « fabacea.. .. Nucleum N. Med. tunicae quaedam tutantur.… « Totus nucleus non excernitur, ubi seyphus inde fabricatur, «_ pars relicta in duritiem ipsius Cocei vertitur..... N. Med. « adaperta exprimit cymbia duo et usüs interno et externo « applicatur, medulla ex catenulà aureà appenditur..... « Poculi gemini ex Nuce Medicà extremitates nisi auro con- « jungantur ad usum inhabiles Pixidis vicem aliquando « supplet Scyphus ex N. Med. remedia plurima contra « morbos habet., Nucis expolitae putamen naturali caela-

Magnitudo

«_tura dotatum, color cujus ex nigrosaturatus. « a melonum majorum specie et magnitudine non recedit. « Modus poliendae nucis oleum in poliendâ nuce noxium. » Il faut employer pour la polir du tripoli et de l’eau, car l'huile lui fait contracter une mauvaise odeur. Nous n'avions encore trouvé cette donnée nulle part.

Dans le chap. V, l'auteur, qui l'intitule Catagraphus Nucis Medicae, nous raconte comment, vers la fin de son règne, l'Empereur des Romains Rodolphe IT offrit à la famille de l'amiral Wolfert Hermanssen! de lui céder pour une somme de 4.000 florins d'or (environ 80.000 francs) la noix de coco des Maldives que celui-ci avait reçue en présent du roi de la ville de Bantam Java) comme remerciement pour le cou- rage qu'il avait montré en 1602 lorsqu'il délivra cette ville assiégée par les Portugais. Cette noix était cependant incom- plète, comme le montre la gravure. Clutius explique, en effet, que le roi de Bantam en avait fait enlever au préalable la partie supérieure pour ne point offenser la pudeur du noble amiral.

1. Wolphard Harmans ou Wolfart Hermanzen, suivant Yule, loc, cit, On le trouve ailleurs écrit Wolfart Harmenz,

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 187

Il décrit ensuite les diverses formes de noix, tant entières que coupées par le milieu dans le sens de la longueur.

Le chap. VI est une série de considérations d’après Cl. D. Realius, surtout au point de vue médicinal et au sujet de son origine probable. En somme, un tissu d'erreurs et de fables attribuant à ce coco une origine sous-marine, et à l'amande et au germe transformés en pierre des propriétés curatives. |

Le chap. VII ne nous apprend pas grand'chose d’intéres- sant sinon qu'en 1614 Speccius ! et Coenius virent ce coco à la cour du rajah de Bantam. Coenius essa ya en vain de s’appro- prier quelques parcelles de l’amande que ledit roi était en train de retirer d’une noix pour s’en servir comme d'un médi- cament précieux contre les poisons, la fièvre, etc. Il fabriquait avec les fragments de la coque diverses sortes de vases et cuillers, « caliculis, scyphulis, cochlearibus », en somme ce qu'on appelle aux Seychelles la vaisselle de Praslin. Speccius finit par obtenir un petit coco : « Speccius.... minutulum « Coccum Maldivensem conquisivit, sed a nostro differen- « tem. Specciani cocci ovi anserini magni testa scabra, crassa, « color saturatus, odor fragrans (?) sapor amaricans ossea « durities. Speccius proprio satu Plantarium vulgarium Coc- « corum adornavit. » Cette description nous fait supposer qu'il s'agit d’une autre espèce de noix.

Le chap. VIII ne contient rien d’intéressant, c'est une série de digressions à la mode du temps qui n'ont rien à faire avec notre étude.

Le chap. IX, par contre, est le plus curieux de l'ouvrage parce qu'il est orné des cinq figures déjà citées qui nous per- mettent de nous former, pour la première fois, une idée assez exacte de la noix vidée de son amande. Le texte complète les figures et les explique. La figure À représente une noix ouverte par une section à travers les deux lobes, dans le sens de sa longueur ; en B, on voit le dos de cette même coquille,

1. Jacob Spex et Jean-Pierre Koen, deux chefs nobles envoyés par le préfet Pierre Booth,

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Û A.-A. FAUVEL

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un trait ponctué indiquant la partie enlevée : « Sessilem et « summam partem exhibet, quae sensim declinat in modum « interfeminei, facie oculis pudicis aspicienti horrida.... »

Il n'a fait représenter, n1 dans cette figure n1 dans la précé- dente, l'ouverture qui donne passage au germe et 1l semble attribuer à la noix deux autres trous comme dans le coco ordinaire : « Dein spiracula duo consideranda esse lateraliter « in parte hac punctulis annotatae et suprema regione locata « quae ceteris paribus magnitudine etiam non superant vul- « gariorum coccorum spiracula. Ea ad scyphum consoli- « dandum obturantur, quod videre est in minore Cymbio mal « divensi honestissimi mercatoris Samuelis de Bendana qui « duo possidet ab artifice quondam Antwerpiensi argento « affabre investita. Tertium verd non est praetereundum, «in integra Maldivensi nuce colliculum quasi Veneris, « foemineae pubis faciem dextrè aemulari quae serrae moli- « mine transadacta deperditur. »

La fig. C montre l’autre face de la noix entière.

De la fig. D, il dit: « Dimidiatum Coccum ad schyphi (sic) usum omnibus numeris concinnum ostendit parte sinistra cui si jungatur dextra apprime referunt par Calceorum rusticorum e faginà materie id est een paer Hulften of Clompen. »

Pour E, il ajoute qu'elle montre le dos de la coquille vue en D par l'intérieur.

Dans le chap. X, Clusius rapporte ce que Garcia de Orta et les médecins portugais ont dit. Parlant de l’amande, qu'on fait sécher comme celle du coco ordinaire ou copra, il dit qu’elle devient dure comme de la corne et qu'on la vend fort cher à Lisbonne ainsi que la noix entière.

Du chap. XI, qui est fort long, nous ne citerons que ce qui n'a pas été encore dit ailleurs et qui intéresse notre sujet : « Putaminis rasura insipida est, sine odore sine ullà quali- « tatis repugnantia.... Nucis Med. putaminis instar ebeni « ater ut vulgaris aetate et tinctura ater redditur.... Nux « est frigida ‘temperamento.... Nucis M. integumentum « internum non minorem Leptomeriae gustuve gratiam habet

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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 189

« quam Thamariscus. Medulla solitaria atque aliis simplicibus « mixta ad effectum valens est. Medulla ob corneam duritiem « lima radi nequit, sed cultro et malei percussu adacta « finditur. Medulla mortario aeneo et pistillo ferreo in pol- « linem redigitur qui inodorus et insipidus est ut Lapis Bezoar « occidentalis cui strus et colore affinis est. Medulla ovilli « casei crustae veteri assimulanda, cujus pars interna rimosa, « externa soliditatis firmae et spani coloris. Integumentum « internum tenellum est, coloris ferruginei, crassitudine coru « hircini ex quo calcamenta formantur. Cortex fibris quibus- « dam varie distinctis praeditus est. Cortex seu integumentum « internum crassiorum partium ignave seu subastringit. « Cortex non se colligit inter mandendum sed per universam « linguam se spargit. »

Le chap. XII est une longue digression médicale.

En tout douze cas de maladies diverses et de couches difficiles, dans lesquelles ce remède fut souverain.

Le chap. XV est entièrement consacré à ce coco. L'auteur cherche la signification de T'avarcarré : « Carè fruitus seu coccos insularibus Mald. est nuncupatus; quid Tavar significat ignoratur. » Il pense que le nom de Tofocke donné par CI. de Laet à un coco dont l'enveloppe très dure et ligneuse contient deux noix se rapporte au fruit d'un palmier des Maldives, sans doute celui qui produit le coco de ces îles.

Suivent quelques formules médicales à employer contre la dysenterie, les accouchements difficiles, la peste et les fièvres malignes.

On sait depuis longtemps déjà que la noix de Coco de Mer, aussi bien que son amande, ne possède aucune vertu médi- cinale, Dalechamp dans son Hisloria generalis plantarum, parue en 1587, se moquait déjà, comme nous l'avons vu, des croyances des Portugais à ce sujet et il est encore plus expli- cite dans l'édition française parue en 16531. Elle ne fait

1. Dalechamp, Histoire générale des Plantes contenant XVIII livres également départis en 2 tomes. Tirée de l'exemplaire latin de la biblio- thèque de M. Jacques Dalechamp, puis faite par Jean des Molins,

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d'ailleurs que reproduire en français le texte de Garcia déjà até en latin dans l'édition de 1587.

En 1658, le médecin hollandais Guillaume Pison consacre 23 pages in-quarto à l'histoire du Tavarcare « seu Nuce Medicà Maldivensium » dans le chap. XIX de son livre sur les productions naturelles et médicinales des deux Indes‘. Suivant l'usage du temps, il cite les auteurs précédents, mais précise la profondeur à laquelle ont été ensevelies sous la mer les îles qui portaient autrefois les palmiers fournissant les cocos des Maldives. Il la fixe, on ne sait sur quelles preuves, à un minimum de «sedecim orgyarum »? (soit environ 120 mètres). « Unde est quod nonnisi singulari fortuna a « supernavigantibus et linum demittentibus, nux capiatur. »

Il décrit la situation des Iles Maldives, leur richesse en fruits de toutes sortes, puis revient au fameux coco dont le lieu d'origine est inconnu {anceps et incerta), car on ne connaît pas la situation géographique exacte de l'ile Palloys cer- tains le font encore croître. Le nom de l'amiral Wolfert Hermanssen y est latinisé Wolfredius Harmanides (!). Compa- rant le coco des Maldives au coco ordinaire des Indes, qui a tant d'emplois utiles, il estime évidemment beaucoup moins celui des Maldives qui ne sert que d'amulette, « Nux Maldi- vensis amuleta in se continet ».

Il donne cinq figures, dont trois montrant la noix ouverte, un morceau de l’amande et le germe comparé à celui du coco

médecin très fameux de leur siècle. A Lyon, chez Philippe-Borde, Louis Armand et CI. Rigaud, M. DC. LIII, 2 vol. in-folio, t. II, ch. XXXIII, p. 654.

1. Gulielmi Pisonis Medici Amstelodamensis, De Indiae utriusque re naturaliet medica, libri 14mquarum contentu pagina sequens exhibet.…. Amstelodami apud Ludovicum et Danielem Elzevirios A°. clo. lo. czvirr. 1658, 1 vol. in-4°, caput XIX, De Tavarcare seu Nuce Medicà Maldiven- sium, pp. 203-226, et non pas dans Mantissa aromalica.…. relatio nova, comme l'indique Yule. (Cette dissertation formant le chapitre VI du même ouvrage) qui indique l’année 1650 comme date de l'ouvrage de Pison.

2. Orgya, mesure grecque valant environ 2 mètres (peut-être la brasse ancienne 1 ® 82).

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 191

ordinaire sont des copies des figures de Clusius. La cinquième seule, montrant une noix entière, a été évidemment dessinée d'après nature sur un échantillon en sa possession et qui diffère sensiblement comme forme de celui de Clusius. Il en compare la forme aux vases antiques dits Cymbia dont on se servait autrefois dans les sacrifices ou encore aux barques (accouplées ?), dites Sambuques, et dépourvues de leurs agrès, dont Marcellus se servit au siège de Syracuse. Il explique que les chainettes d’or qu'on y fixe servent à les plonger dans les liquides destinés à la boisson. Pour plus de détails, il renvoie au livre de Bontius : « Descriptio plantarum Indiae orientalis », 1l nous a été impossible de rien trouver à ce sujet.

Il est à remarquer que plusieurs auteurs de la fin du xvii* siècle, par suite postérieurs à ceux que nous venons de citer, voulant illustrer de figures leurs informations sur le coco des Maldives en donnent des dessins beaucoup moins exacts, quelquefois, même entièrement faux.

C'est ainsi que, par exemple, John Johnston dans son His- toire naturelle des arbres et des fruits, parue en 16621, repré- sente la noix des Maldives avec une forme différant entière- ment de toutes celles données par les auteurs précédents. Il lui donne la forme ovale avec un mamelon à l’une des extré- mités, ce qui le ferait prendre pour un gigantesque citron dont il diffère cependant par les longs poils frisés représentés à sa surface, On pourrait supposer qu'il a représenté un coco de mer encore en partie revêtu de son enveloppe fibreuse à demi détruite par son long séjour dans la mer. Nous pensons cependant que le dessin a été fait d'après un vulgaire fruit du Cocos nucifera remarquable par des dimensions plus qu'ordi- naires et qu on aura pris pour un petit coco des Maldives. En

1. Historia naturalis de arboribus et fruticibus Johannis Jonsloni, medicinae doctoris. Libri X cum aeneis figuris Johannes Jonstonus. Med. Doctor concinnavit Francforti ad Moenum Impensis haeredum Math. Meriani. La page du titre porte : Dendrographias sive Historia naturalis de arboribus etc. Anno MDCLXIT, 1 vol. in-folio, p. 147, col. 2. Palma Naldivensis (sic).

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effet, l'enveloppe de ce dernier résiste beaucoup mieux que celle du coco de mer, à demi charnue, et par suite pourrissant très facilement et très promptement. Il est done plus que certain qu'avant la découverte des Seychelles on n'avait jamais vu un coco de mer avec son écorce.

La description qu'il en donne est copiée presque textuelle- ment sur celle de Clusius dont il explique la description du fruit.

Quelques années plus tard, en 1677, Chabreus ne consacre qu'une douzaine de lignes à ce sujet et 1l se contente de reproduire le dessin déjà donné (sans doute par lui) en 1650 dans l'Histoire universelle des plantes de Bauhin, et avec la même légende : Coccus de Maladiva seu Indica !.

On trouvait cependant déjà un certain nombre de cocos des Maldives, tant en Hollande qu’en Portugal, ils étaient con- sidérés comme des trésors de haute valeur, généralement montés en aiguières ou coupes avec des ornements d'or et d'argent. Tous les princes désiraient en posséder, témoin la Reine de Portugal, comme nous l'avons déjà vu dans Barros, et cette lettre écrite de Dacca en 1678 et citée par Yule : « Pray remember Coquer nutt shells (Doubtless coco de mer) and long nutts formerly desired for Prince?. »

Dans l'ouvrage de François Redi, imprimé en 1685 à Amsterdam, on trouve la meilleure représentation qui ait encore été faite d’une de ces noix entières. Dans cette gravure, de 11 centimètres 1/2 de longueur sur 11 de largeur, on peut remarquer, pour la première fois, un rudiment d'attache qui indique que c'était par l'extrémité opposée aux deux lobes que la noix était fixée à l'arbre. L'auteur ne paraît pas y avoir attaché d'importance, car il n’en parle pas dans le texte.

Par contre, il s'étend longuement sur diverses expériences

1. Stirpium icones cum omnibus quae de plantarum natura natalibus synonymis, usu et virtutibus scitu necessaria quibus accessit scriptorum circa eas consensus et dissensus authore Dominico Chabraeo. Med. Doctore apud Joannem Anthonium Choüet. Genevae, MDCLXX VIT. 1 vol. in-folio, p. 28.

2, Yule, Glossary, etc..., loc. cit. Coco de mer.

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plus qu'enfantines qu'il a effectuées avec cette noix et qu'il raconte dans une lettre écrite au savant naturaliste Jésuite Athanase Kircher.

Une première édition de cet ouvrage imprimé en italien à Florence en 1671 est pareille à celle de 1685 quant à la teneur du texte, mais elle ne possède pas de figure f ?.

L'écrivain anglais John Ray consacre près d'une page de son histoire des plantes, imprimée à Londres en latin en 1686, à l'étude de notre coco, mais il n'ajoute rien de nouveau à ce que nous savons déjà par les auteurs précités auxquels d'ailleurs il renvoie ses lecteurs. Il doute fort des vertus cura- tives qu'on lui attribue *.

Malgré cette opinion, la noix des Maldives se trouvait encore en 169% chez tous les grands apothicaires, s'il faut en croire Pomet, marchand épicier et droguiste à Paris, auteur d'une Histoire générale des drogues, imprimée en un bel in-folio orné de 400 figures en taille-douce exécutées d’après nature {. Il ne semble pas très au courant cependant de la forme exacte dudit coco, car la figure qu'il en donne est fort petite et représente plutôt un coco ordinaire, garni de son enveloppe fibreuse, qu'une véritable noix de coco de mer. Il ajoute pourtant, à la fin du volume, qu'il possède dans son

1. Esperienze intorno a diverse cose naturali e particolarmente a quelle che ci son portate dall Indie, fatte da Francesco Redi e scritte in una lettera al reverendissimo padre Atanasio Chircher della Compagnia di Giesù; in Firenze all'insegna della Nave, MDCLXXI, 1 vol. in-40, p. 27-29.

2. Franciscus Redi Opusculorum. Francisei Redi nobilis Aretini Experimenta circa varias res naturales speciatim illas quae ex Indiis afferuntur ut et alia ejusdem opuscula quae pagina sequenti narrantur. Amstelodami apud Hen. Wetstenium, clo In CLXXXV (1685), { vol. in-12, p. 30.

3. Historia plantarum species hactenus......... autore Joanne Raio, Londini, cl9. 15. CLXXXVI (1686), 3 vol. in-folio, vol. IT, p. 1359.

4. Histoire générale des drogues traitant des plantes, des animaux el des minéraux, Ouvrage enrichi de plus de 400 figures en taille-douce tirées d'après nature par le Sieur Pomet, marchand épicier et droguiste à Paris, MDCXCIV (1694), 1 vol. in-folio, p. 215.

Annales du Musée colonial de Marseille. série, vol, 1915. 13

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magasin toutes les drogues qu'il a décrites. Or la description qu'il en donne confirme ce que nous avançons au sujet de sa connaissance imparfaite du sujet. En effet, au chapitre XXIV, intitulé des Cocos il dit : « Outre ces cocos il y en a encore « une autre sorte mais beaucoup plus rare qui est ce que « Jean Bauhin appellé Nux indica ad venena celebrata sive « Coccus Maladiva. J'en ai un qui ne diffère des autres cocos « qu'en ce qu'il est plus long, plus pointu et que sa coque est « plus brune. Ses propriétés sont cause qu'il est extrêmement « rare et cher. » Dans la seconde édition, parue en in-#4° en 17351, il cite en plus les qualités médicinales d’après Dalechamp. Il ne semble pas, d’après texte et planche, avoir eu entre les mains un véritable coco de mer.

Leonard Plukenet y attache encore moins d'importance, car dans son Almagestum Botanicum publié à Londres en 1696? il ne consacre que tout juste cinq lignes à ce sujet, dont deux pour la synonymie. Il partage l'erreur de plusieurs auteurs qui croyaient à tort que cette noix était quelquefois simple *.

L'ouvrage consacré par les Valentin père et fils, en 1732, à l'histoire des simples, et qui n’est que la mise au point d'un travail analogue de Jean Conrad Becker, traitant du Coco des Maldives, lui attribue la forme d’un cœur.

Puis 1l ajoute ce renseignement complètement nouveau et fort intéressant : « Difficulter comparatur, quod Sinenses « istum tanquam idolum, domibus suis custodiunt, istum « que ubique conquirunt teste Rumphio in Epist. XII. Indiae « orientalis in Appendice hujus tractus legenda » (p. 59). Nous n’en avons jamais entendu parler en Chine, pendant un séjour effectif de dix années que nous y avons fait, et nous n'en avons trouvé aucune trace dans les livres si documentés

1. Même ouvrage, 1 vol. in-40, 1735, p. 226.

2. Phytographia sive Séirpium illustriorum et minus cognitarum Icones, in-40, Londini, Davis, 1691, # tomes en 5 volumes, vol. 2, Alma- gestum Botanicum, p. 277.

3. Almagestum Botanicum sive Phytographiæ Plukenetianae Onomas- ticon..... a Leonardo Plukeneto. Londini, MDCXCVI (1696), 2 vol. in- 20 "LE NT "D. 219:

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 195

des lettrés chinois touchant la religion ou la médecine. D'après ce que nous savons des mœurs si spéciales des Japo- nas et de leur culte impur du phallus, nous inclinons à penser qu'il est beaucoup plus probable que c’est eux et non les Chinois qui ont fait de ce fruit une amulette (comme le disait G. Pison) ou une idole, comme l'avance Rumphius, cité par Valentin.

Il cite ensuite Wormius. Comme nous n'avons pu trouver le livre de cet auteur, on nous permettra de renvoyer à la citation de Valentin qui est intéressante parce qu'elle attribue au germe dudit coco une valeur curative en quelque sorte spéciale et plus importante que celle de l’amande!,

Dans l'ouvrage de Samuel Dale paru à Leyde en 1739, on ne trouve en fait d'indications sur ce sujet, dans huit lignes de synonymie, que les suivantes dont nous n'avions pas encore trouvé trace ailleurs et que nous n'avons pu vérifier :

« Coccus de Maldiva Office. Park. Theat. 1598 (?) The Mal- diva nut. Gal. Noix de coco des îles Maldives. G. Maldivische Coccus Nuss. B. Maldivise Cocos-Noot. In India orientali repéritur ?, »

L'Allemand Weinmann résume ce que nous connaissons déjà dans le quatrième volume de sa description de milliers de plantes tant indigènes qu'exotiques, publiée à Ratisbonne (de 1737 à 1745), moitié en latin, moitié en allemand et illus- trée de planches en couleur. Le texte allemand, qui forme la seconde colonne de chaque page, est plus explicite que la partie latine. Sa citation de la lettre XII des Indes orientales de Rumphius, déjà mentionnée par Valentin, semble

1. Michaelis Bernhardi Valentini, archiatri Harriaci et Prof. Medici Gesseni Historia simplicium reformata sub Musei Museorum titulo, D. Joh. Conrado Beckero,.... a Christophoro Bernhardino Valen- tini M.B.filio, 1 vol. in-folio, MDCCXXXII (1732), Liber IT, Caput XVII, pag. 224. |

2. Samuelis Dalei M. L. Pharmacologia seu Manuduclio ad Materiam Medicam,..... Quarta Editio, Lugduni Batavorum, MDCCXXXIX (1739), 1 vol. in-4°, p. 295.

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plus complète. C'est pourquoi nous la reproduisons ici n'ayant pu la trouver dans Rumphius !.

« Die Maldiviseche Coccus-Nuss ist sehr raar und schreibet « Rumphius in dem zwolfsten Ost-Indianischen Send- « Schreiben, p. 59. Es soll wohl Mühe haben den Coco de « Maldiva oder Calappa Lauüoet (Läut) bei die Hand zu « bringen, die weil ich hôre dass die Sinesen uberall auf der « Hut stehen, solchen in ihre Klauen zu bekommen, nicht « zwar, dass sie damit artzeneyen, sondern denselben als « einen Abgott in 1hren Häusern zu bewahren ; weswegen « man denselben auf der West-Küste, da sie frisch ankom- « men, und von denen davor liegenden Insuln gebracht « werden suchen müsse. »

Il se trompe évidemment quand il suppose que ces noix peuvent être apportées fraiches de la côte occidentale ou des iles des environs. Il fait une nouvelle erreur en attribuant à cette noix la grosseur d’une poire (le coco ordinaire, déjà plus d'un tiers moins gros que celui des Maldives, étant toujours plus gros qu'une poire) et trois côtes ou carènes dans le sens de la longueur. « Wenn von dieser Nuss der Bast abgeson- dert worden, so ist die Nuss gemeinlich so gross wie eine Birne, oval-rund an beiden Enden zugespitzet, hart, schwartz und gleissend, glatt und poliert und hat nach der Länge hin drey erhabene Rippen. »

Il confond avec les 3 carènes dont sont munies les noix du coco commun.

Dans la planche en couleur 781, il représente sous cette légende : « a, Palmae fructu de Maldiva sive Coccus Maldi- vensium, Maldivische Coccus-Nuss », un coco ordinaire garni de son écorce fibreuse de couleur brun clair et un autre décor- tiqué, dont les trois yeux montrent aussi bien que la couleur brune dont il est peint, qu'il s’agit d'un fruit du Cocos nucifera et non d’une noix des Maldives.

1. Phytanthoza Iconographia sive conspectus...... a Johanne Gui- lielmo Weinmanno... Ratisbonae. MDCCXLV (1737-1745), 4 vol. in- folio avec planches en couleur; vol. IV, p. 11 et 12, pl. 781 a.

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Comme c'est la première fois que nous trouvons un ouvrage illustré en couleurs, il est à regretter que ce perfec- tionnement tombe justement à faux. Cela montre d'ailleurs avec quelle légèreté travaillait l’auteur, qui n’a pas pris garde au fait que ses gravures ne cadraient nullement avec les des- criptions et les dessins de ses prédécesseurs.

Si nous n'avons pu trouver la lettre citée par Rumphius antérieurement à 1736, nous avons lu, par contre, sa longue étude sur le Coco des Maldives dans son Herbier d’'Amboine paru en 1750. Tout en essayant de faire la lumière sur des faits qu'il qualifie avec raison de fabuleux, en ne citant que ce qu'il a pu apprendre de personnes dignes de foi, il n’en con- tinue pas moins de propager l'erreur commune que c'est un fruit de la mer.

Il parle cependant de deux cocos marins, l’un gros et l’autre petit, dont le gros, géminé, serait le Coco des Maldives (Coccus Maldivicus, vulgo Coccos de Maldiva, Lusitanicè Coquo de Maldiva, Coccos Maldivica [de Bontius|. Nux Medica Maldivensis Malayensibus Calappa Laut, Boa pau- sengi et Boa sengi quod illi pronuntiant Bootjungi. Tavarcare et Tavarcarze apud incolas Maldivensium, quae nomina mihi videntur esse corrupta. Sinice Hayja h. e. Calappa marina). Le petit serait le « Cocus Melindanus vulgo ex Lusitanica Hingua Coquinto. dictus ».

Pour ce qui est des lieux d’origine du végétal, 1l cite les fables dont nous avons déjà trouvé la teneur dans Clusius, d'après Pigafetta et autres. Nous n’en citerons que les parties complétant ces premiers textes. D’après lui, les navigateurs malais, chinois et autres indigènes croient que l’on aperçoit quelquefois le feuillage du cocotier de mer sous les eaux.

Il reprend ensuite l’histoire racontée par Pigafetta, qu'il commente en appelant Pausengi l'arbre dont les feuilles dépassent le niveau de la mer. Il le dit habité par l'oiseau Geruda qui est le Gryps et dont le Javanais etautres insulaires

1. Yule met en note : « Kalappa or Klapa is the Javanese word for « Coconut palm and is that commonly used by the Dutch. Glos- « sary..., etc., loc. cit. Voir plus haut p. 5, »

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de ces mers ont une telle peur « anxïi sunt sese conferre « ulterius tribus milliaribus, vel extra conspectum terrae, « comperientes enim per undam ulterius et ad Zephyream « magis plagam propelli, in cymbam sese conjiciunt relin- « quentes navem ac remis in cymba petunt terram, timentes « coeterum in abyssum Pausengi devolvi ex quà nemo redit « ut putant. » Ils croient, en effet, que la Geruda se nourrit non seulement d'éléphants, de tigres et de rhinocéros mais aussi des cadavres des hommes dont les tourbillons ont jeté les navires près de l’arbre et qui y sont morts de faim, car ils ne peuvent plus sortir de ce lieu.

« Adfirmant porro Javanos quosdam hoc expertos fuisse atque Javae pro vero narravisse, qui navibus nempe eo deve- nerant, sed qui pennas avis Gerudae tenentes ab ipsa Javam feliciter translati fuere. »

Les fruits de cet arbre (Boa pausengi ou Boa Singi ne sont que les noix de ce célèbre cocotier de mer (Calappi marinae) qui s’élevant sur leseaux sont quelquefoisjetés sur les rivages de Java et de Solo : « Ubi talem etiam exercent reluctantem « vim, utin ipsa regione usque in ipsas prorepant silvas ubi « homines eas non invenirent nisi a canibus detegerentur « prius, qui contra hasce latrant. »

Rumphius essaya en vain de démontrer aux indigènes (de Java et Amboine) que l’abyme du Pausengi ne pouvait exister sur la côte occidentale (in Zephyrea plaga) de Java, bien connue des navigateurs hollandais que le préfet Abel Takmann y avaitenvoyés en exploration et qui n’avaient pu y trouver l’arbre en question. Ils ne purent que lui répondre que cet arbre devait y être puisque l’on en trouvait les fruits jetés sur ces rivages. Alors il en conclut ceci :

« Quod facile concedi potest quum inter Javam et itam (sic) « Zephyream plagam ultra centum milliaria amplum est mare « ubi multae arbores esse possunt, licet non vero simile, sit « talem arboremin Abysso vel maris profundo provenire sed « quidem in fundo ducentarum vel trecentarum orchiarum !, »

1. Orchiarum, de Orchia ou Orgya, mesure grecque ancienne valant environ ? mètres, sans doute l’origine de la brasse marine (1 82).

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 199

Il discute ensuite sur le nom et le lieu d’origine qu'il croit être, d'après le nom Boa pausengi, le pays des Zengi ou Ethiopiens noirs.

Il décrit ensuite le fruit du Calappus marinus : « Externe « nihil alhiud habet quam tenuem rugosam seu muscosam « pelliculam cum crassis venis putamini ineumbentibus uti in « vulgari Calappi putamine quae abstrahitur, sub ea putamen « seu Tampoerong ! locatur oblongum, ad unam partem acute « desinens, unaque ora magis protuberat altera, quaedam vero « nuces simplices sunt, quaedam geminae acsi binae simul « concretae essent quales plurimae sunt. »

Au texte est jointe une grande gravure d’une noix double qui semble avoir été dessinée plutôt de souvenir que d’après nature, car, bien qu'il la dise de grandeur naturelle. elle ressemble peu aux noix des Maldives dessinées par Clusius, Redi et d’autres auteurs déjà cités, et plus anciens d’un siècle. Il y a donc fort peu de progrès de ce côté.

Il ne semble avoir vu qu'un fruit défectueux, ressemblant pour la taille et la forme à deux cocos ordinaires accolés, et ne parait pas connaître l'excellente figure de François Redi, car 1l se trompe évidemment sur le côté par lequel son fruit tenait à l'arbre.

Son échantillon était fort petit : « Totus fructus octo pollices « longus erat et novem latus in diametro, sed majores etiam « sunt, ab uno nempe pede usque ad sesquipedem sique « externe conspiciantur duplices haud melius comparari pos- « sunt quam cum scrotum tauri, inveniuntur enim quidam « haud multo majores. » Il avait d'ailleurs été travaillé et avait perdu sa surfacé naturelle, Dans le passage suivant, il nous paraît être le premier à avoir soupçonné l'existence de l’enve- loppe fibreuse

« Figura in medio rotundum exhibet formam, quod ab « hominibus in eo perforatum est ut interna medulla seu « nucleus extrahi posset et ut elegans res domestica seu sup- « pellex ex putamine formetur. Hoc putamen a vulgari

1. Tampoerong : la noix du coco ordinaire en malais et javanais.

200 A.-A. FAUVEL

quoque differt Tampoerong quod substantiam, durius enim est, mixtam que videtur häbere naturam ex ligno et saxo instar aliarum plantarum marinarum. Interior nucleus pre- tiosissima hujus fructus pars, undique putamini adhaeret uti in vulgaribus Calappi nucibus, non albus sed flavescens fere instar casei ovilli dissecti ac tam durus siccatur ut corneus quasi fit, qui eximendus, in frusta dissecandus, sic- candus et ad usum medicum servandus est, nullum pecu- liarem praebet odorem vel saporem nisi supra porphyritim cum aqua contritus saporem quodammodo praebet corneum et quasi marinum, sine alus notabilibus qualitatibus, nisi quod refrigeret.

« An vero quidam liquor in interno reperiatur cavo, in hoc detegere non potui, dicitur autem quemdam in eo contineri si recens e mari deferatur!. Lympha tum mox ebibitur, nucleus eximitur et tanquam pretiosum medicamentum servatur, quum nunquam mucidus vel nidorosus sit star alius Calappi nucleï.»

Quant à la provenance connue, voici ce qu'il en dit après

avoir parlé des Maldives et des usages dont ce fruit est l’objet dans ces iles :

« In Javae ora septentrionali et Zephyrea praesertim prope sinum occidentalem Sampanthau? uti et in Zephyreae. Sumatrae plaga ac porro per totam occidentalem plagam et a Sinensibus nautis Kuynsay (Kinsay) dicitur et circa insu- las ante oram occidentalem sitas apud incolas vulgo Nyas* vocatur et a sylvestribus incolis 1ibi saepe inveniunt et venalis 'defertur Padangam, Priamangam et ad alias Metro- poles, qui omnes fructus gemini sünt quales etiam obser- vantur qui in Javae ora Zephyrea inveniuntur a pugni magnitudine usque ad minorem Astam seu ulnam in lati-

1. Sans doute de l’eau de mer, qui a pu y pénétrer en plus ou moins

grande quantité, après un long flottage, par l'ouverture du germe, et s’y modifier légèrement au contact de l’amande, car ce fruit n’a jamais de liquide ou lait comme le coco ordinaire.

2. Pour Sam-pan-tao, l’île de la barque, en chinois. 3. Poulo Nyas (Ile Nyas), sur la côte ouest de Sumatra.

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 201

« tudine. Hi ultimi vendentur singuli nempe a 60% ad 100" et « viginti imperiales qui vero aequalis sunt longitudinis et « latitudinis, optimi censentur, quorum quivis pedem latus « pro centum et quinquaginta imperialibus venditus est. « Immo notum est, quosdam reges harum nucum adeo cupi- « dos esse, ut navem onustam pro unica dederint nuce.

« An jam Poa pausengi de quo Solorenses jactant per « mare Zéphyreum in suam projectum fuisse terram et per « canes latrantes in sylva detectum fuisse unum idemque sit « cum vero Calappa laut, nondum indagare potui, tot enim « fabulas addunt sine vera descriptione ut alicui taediosum sit « eas audire. »

S'occupant ensuite des divers usages de ce fruit, il dit qu'on n’a pu en faire aucun essai sérieux en Europe parce que cela aurait coûté beaucoup trop cher et qu’il est même impos- sible de l'avoir entier à cause des pénalités terribles (sen- tence de mort) qu'encourent ceux qui ne le remettent pas aux mains du roi ou des grands dans le pays on le trouve; or, ceux-ci ne veulent le vendre à aucun prix l'état complet), puis : « Quis etiam centum et quinquaginta imperiales vellet « hic in India dare pro isto fructu eumque in Hollandiam « demittere quum nesciat an decima nummorum pars resti- « tueretur. »

Il se contente donc de citer Garcia de Orta en ajoutant un peu de son cru çà et là. Il raconte comment les grands ne permettent pas qu'on casse la coquille mais ils la font scier de façon à en former des boites à couvercle dans lesquelles ils conservent les éléments de leur masticatoire (la noix d’arec et le bétel qu'il appelle siri (betel) pinang (arec), la chaux, le tabac et autres ingrédients qu’ils mâchent continuellement). Ils croient en effet que, conservées dans cette coquille, ces matières acquièrent la vertu de neutraliser toutes sortes de poisons et de guérir quantité de maladies. L'eau de boisson qu'on y conserve acquiert les mêmes vertus.

Il cite ensuite et commente ce qu'en ont dit Wilhelm Pison, d’après Clusius et Pyrard de Laval, qu'il appelle Pyrardus de La Valla. Il raconte à nouveau l’histoire de Rodolphe IT qui ne

202 A.-A. FAUVEL

put réussir à acheter pour 4.000 florins le seul exemplaire qui se trouvait alors en Belgique dans les mains des héritiers de l'amiral « Wolferus Hermanides ». Il complète l’histoire de celui-ei en disant que ce coco lui avait été donné en reconnais- sance par le sultan ou Pangoram de Bantam dont l'amiral hollandais avait en 1602 délivré la capitale depuis longtemps assiégée, en battant avec quelques navires la flotte immense des Portugais sous les ordres d'Andrea Fortado de Mendoza. Ce sultan n'avait pu rien trouver de plus précieux dans son trésor, pour l’offrir à son libérateur, que le vase (Cymbium) monté avec la double noix d'un coco des Maldives. Ce fut le premier que l’on ait vu en Hollande. Il raconte l'histoire que nous avons déjà lue dans le chapitre VII de l’Opuscule de Clusius concernant Speccius et Coenius que Rumphius appelle Jean-Pierre Koen et Jacob Spex envoyés par le préfet Pierre Both au Pangoram (sorte de sultan) de Bantam vers 1614.

Il cite la lettre écrite à Clusius en 1615 par Laurent Reaal! qui fut le troisième préfet des Indes. Dans cette lettre, se trouvent divers aphorismes qui ne prouvent rien autre que la similitude entre le coco des Maldives et le coco vulgaire : « Quam praeterimus, quum multae in ea obcurrant res quae « divinationes modo videntur esse. »

Il accorde l'honneur au Docteur Pison d'avoir été le premier à prouver par de nombreuses expériences le peu de vertu qu'il fallait attacher à cette noix pour la guérison des maladies.

Un renseignement nouveau et plus intéressant est celui que nous trouvons consigné dans Rumphius concernant une petite espèce de Coco de mer que l’on trouve à Java :

« Praeter majorem nucem Calappae laut, alia minor in Java reperitur species ex eorum relatu per mare Zephyreum pro- « jecta a priore quam maxime diversa, non enim ultra dimidüi

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« pedis magnitudinem obtinet, interne paucam vel nullam « fere gerens medullam quae pro novem vel decem imperia- « libus venalis est. Talisque fructus anno 1678 a pueris meis

41. Laurentius Realius, Eques et Senator. (Vide supra in Clusius, p. 18.)

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 203

« repertus fuit in mari fluctuans, circa insulas Xulanenses, « cujus diameter erat quatuor pollices in longitudine et tres « in latitudine, duplex quoque acsi duo mangii (mangue ?) « fructus sibi adcreti essent.....

@ Una dimidia pars ad sinistrum latus paulo planior « etiam erat acsi compressa esset, externe nux glabra erat acsi « saepius tractata fuisset coloris obscure fusci fere instar puta- « minis Calappi cum vestigiis quibusdam venularum acsi « gluma obducta fuisset.

« Aperta haec nux interne vacua erat sine lympha vel « medulla sed in interiore parte variae protuberantes detege- « bantur costae vel dorsa ejusdem substantiae et duritiei cum « putamine sed odoratus quidam gratusque odor cum quadam « pinguedine exhalabat instar olei odorati Minjac mony dicti « velinstar floris Pandani qui tertio demum anno evanes- « cebat » !.

Il est difficile de dire quelle peut être cette noix. Elle appartenait peut-être à l'espèce que Spex avait rapportée de Bantam et que Clusius mentionne dans le chapitre VII de sa monographie sous le nom de Minutulum coccum Maldi- vensem. D’après ce qu'ils en disent l’un et l’autre, on peut comprendre qu'il s’agit d'un autre fruit que celui du Coco des Maldives, le Coco de Mer moderne, dont il n'existe qu'une seule et unique espèce, aujourd'hui bien connue dans sa nature et dans ses origines.

L'on voit par ces différents extraits d'auteurs anciens dont plusieurs ont cependant une réputation scientifique bien assise, qu'il existait encore beaucoup d'erreurs touchant la forme exacte et les dimensions de la noix du Coco de Mer, dont le fruit entier n'avait encore Jamais été vu avec son enveloppe fibreuse. Quant à l'endroit exact d’où il provenait et l’arbre qui le portait, ils étaient encore complètement inconnus en 1742, date de la découverte des Iles Seychelles.

1. Georgii Everhardi Rumphii Med. Doct. Hanavensis..... Herba- rium Amboinense...cura et studio Joannis Burmanni, MDCCL (1750), in-folio, t. VI, Liber XII, Cap. VIII, p. 210-217.

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CHAPITRE II

Découverte du Cocotier de Mer aux Seychelles. Histoire et descriptions diverses par les navigateurs et les voyageurs. Lazare Picault découvre en 1744 l'île de la Palme, depuis l'ile Praslin. Barré la visite, en rapporte des Cocos de Mer, 1768. Poivre les reconnait pour des Cocos de Mer. Duchemin en porte le premier chargement dans l'Inde, 1768. L'abbé Rochon rapporte un coco et une palme à Paris, 1770, Sonnerat, 1776. Degrandpré, 1789-1790. Bory de Saint-Vincent, 1801-1802. Quéau de Quincy, 1803.— J.Prior, 1810-1811.— Leidenfrost, 1811.— Frappas, 1818. D'Unienville, Dumont-d'Urville, 1825-1829. Laplace et Päris, 1830-1832. Harrison, 1837. Pike, 1871.

Le capitaine de la Compagnie des Indes Lazare Picault ayant, en 1742, découvert la plus grande île du groupe des Seychelles (l’île d'Abondance, aujourd'hui Mahé) fut renvoyé dans ces îles en 1744, pour en prendre une connaissance plus approfondie. Ce fut alors qu'il découvrit une seconde île presque aussi importante, qu'il nomma sur sa carte manuscrite Ile de Palme. Ce nom très suggestif nous porte à croire qu'il y avait remarqué les superbes cocotiers de mer qui y for- maient alors de véritables forêts et dont les palmes plus grandes que celles de tous les autres palmiers durent le frap- per d’admiration. Autrement il aurait sans doute donné ce nom à la première île sur les rivages de. laquelle son plan cavalier, dressé le 21 novembre 1742, montre quantité de cocotiers. Comme les magnifiques Cocotiers de Mer ne poussent que dans la dernière île (sauf quelques-uns dans sa voisine, l'Ile Curieuse) il eût été juste de lui conserver le nom imposé par Picault. Malheureusement pour la science et l’histoire, Nicolas de Morphey, chargé en 1756 de prendre régulièrement

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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYŸCIELLES 205

possession des Seychelles au nom du Roi de France, sacrilia à la politique du jour, en rebaptisant l’île d'Abondance : île Mahé de la Bourdonnais, et l'ile de Palme : île Praslin, en l'honneur, pour la première, du gouverneur des Iles de France et de Bourbon, et, pour la seconde, du ministre de la Marine à cette époque.

En tout cas, si, comme nous en sommes persuadé, par la lecture de son journal de bord, Lazare Picault a eu le pre- mier l'heureuse chance de contempler, sur le seul lieu du monde ils croissent, les merveilleux cocotiers de mer, il ne semble pas s'être rendu compte qu'il venait de faire une découverte botanique importante. Il ne parait pas avoir poussé la curiosité jusqu'à ouvrir les gros fruits en forme de cœur qu'il vit sur la cime de ces arbres. L’eût-il fait que son instruction scientifique, probablement incomplète, ne lui eût pas sans doute permis de reconnaître dans la noix géminée, cachée sous l'enveloppe fibreusé, le fameux et très précieux coco des Maldives. Voici tout ce que nous avons pu trouver à ce sujet dans son journal de bord !:

« 12 et 13 juin 1744. Visité l'isle de Palme et l'ile Rouge.

« L'Isle de Palme ainsi nommée parce qu'elle porte beau- « coup de palmistes et lataniers portant coton. » Ces derniers sont évidemment les cocotiers de mer que les naturalistes ont longtemps classés parmi les lataniers. Le coton en ques- tion est la bourre abondante que l’on trouve à la base des feuilles et dont on remplit des coussins.

S'il faut en croire Alexis Rochon, c’est l'ingénieur Barré qui aurait le premier découvert le cocotier de mer, alors qu'accompagnant une mission d'exploration des Seychelles sous les ordres de Marion Dufresne il dressait le plan de ces iles en 1768?.

4. Extrait d'un journal d'un voyage de l'Isle de France aux Ami- rantes par le sieur Lazare Picot (Picault) dans la tartanne de la Compa- gnie des Indes de France l’Elisabeth. Manuscrit de 17 pages, Archives du dépôt hydrographique de la marine, Paris.

2. Il s'y serait rendu sur la frégate la Curieuse commandée par M. Lampérière d'où le nom de l'ile Curieuse donné à l'ile voisine et

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« Il trouva à l'ile de Palme, sur les bords du rivage, un « fruit qu'il prit d’abord pour un coco de mer. Il le cacha « soigneusement, mais s'étant enfoncé dans le bois il vit avec « peine que la terre était couverte de ces fruits et des arbres « qui les portaient. Ces arbres s'élèvent à la hauteur de cin- « quante pieds, leur tête est couronnée de dix à douze palmes « de vingt pieds de longueur en forme d'éventail ; chacune de « ces grandes palmes est portée sur un pédicule de six pieds « de longueur et ce pédicule est échancré dans son contour. « De l’aisselle des feuilles sort un panicule raméfié dont les « rameaux sont terminés par des fleurs femelles ; le pistil des « fleurs donne, en mürissant, un fruit qui, avec son brou, peut « peser cinquante livres.

En examinant attentivement cette forêt, Barré se per- « suada que le coco de cette île ne pouvait être le vrai coco « de mer. Il se borna à recueillir, par pure curiosité, une « trentaine de noix que le célèbre Poivre déclara formelle- « ment être ce fruit si recherché aux Indes et dans toute « l'Asie; et dès lors il accéléra notre départ dans la vue d'ob- « tenir à ce sujet de prompts renseignements. »

Nous supposons que ce Barré est le même que celui dont nous avons trouvé le nom, orthographié Baré, signant comme témoin au bas du procès-verbal de la prise de possession des iles Seychelles exécutée le novembre 1751 au nom du Roi par Nicolas de Morphey capitaine de la frégate de la Compa- gnie des Indes le Cerf et qui était officier de la marine.

L'abbé Rochon qui résida un mois aux Seychelles en 1769 (13 juin au 14 juillet), et visita l'île de Palme, dit en parlant de notre cocotier :

Cette île est couverte d’une espèce de latanier qui porte un

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fruit fort recherché des Indiens, connu sous le nom de Coco « de mer ; c'est un gros coco, d’une forme bizarre, l'enveloppe du fruit est épaisse et fibreuse, l’intérieur de la noix est «rempli d'une substance laiteuse d'un goût amer. Les

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sur laquelle poussent aussi les Cocotiers de Mer. C'est sans doute l’île Rouge de Lazare Picault.

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 207

Indiens attribuent à l’'amande de grandes vertus médici- nales. Ces cocos étaient d'un prix excessif avant l'année 1769, époque l'ingénieur Brayer reconnut ce fruit dans les forêts qui couvrent l'ile de Palme.On divisait alors l’amande en petits morceaux et on les vendait au poids de l'or dans les marchés de l'Inde et de la Chine. (Ce fait est connu de tous les voyageurs.) « L'intendant Poivre, ravi de la découverte du lieu croissait actuellement ce fruit si renommé, nous chargea de visiter l'ile de Palme et de rapporter de jeunes plants de cette espèce de latanier afin de les transplanter à l'île de France. Nous remplimes avec zèle cette commission ; nous fimes plus, nous apportâmes pour le Cabinet d'Histoire naturelle de Paris une grande palme de 20 pieds de long et divers renseignement qui sont été accueillis avec intérêt. J'apportai à mon retour en Europe à l'académicien Le Monnier, le médecin, un beau coco de mer (car c'est ainsi qu'on le nomme) qui avait germé dans ma malle par la chaleur de la calle (sic). Le germe fut sans doute altéré, car 1l cessa sa germination malgré les soins que ce savant botaniste prit pour le faire réussir. La forme de ce fruit et de son germe représentait des objets que la pudeur oblige à voiler, et cette singularité n'a peut-être pas peu contribué à la célébrité de cette noix désignée par les botanistes sous la dénomination de Nur Medica. Les Indiens le regardent non seulement comme un puissant contrepoison mais encore comme unexcellent remède pour les maladies vénériennes, On aurait pu tirer un parti avantageux de cette décou- verte, mais les Anglais ont sceu seuls profiter de cette nou- velle branche de richesse. .... « En quittant l'ile de Palme, j'observai que les courants doivent se diriger sur les Maldives; en effet les noix dont nous venons de parler sont encore connues sous la déno- mination de Cocos des Maldives, parce qu'on en trouve fré- quemment dans ces parages!. »

1. Alexis Rochon.., Voyages à Madagascar, à Maroc et aux Indes

Orientales..... 3 vol. in-8°, Paris, an X de la République (1802), vol, f. Di scours préliminaire, p. xuiv et xzv, et vol. E, p. 146.

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Nous avons cité tout au long ces passages du livre d’A. Rochon parce qu'il fut le premier à décrire sommairement l'arbre et le fruit et à nous renseigner sur leur découverte in suu.

En novembre 1769, le sieur Du Chemin {ou Duchemin), parti du Bengale sur la palle l'Heureuse Marie, alla à l’île Praslin prendre un chargement de cocos de mér qu'il porta dans l'Inde. Il en ruina par ce fait le commerce. En 1771, une corvette anglaise l’Aigle, expédiée de Bombay, fut mouil- lée à Praslin pour y prendre des cocos de mer et mit le feu sur l’île Curieuse !, ce qui fit périr un grand nombre de ces précieux palmiers. C’est sans doute à cause de ces deux faits que Rochon disait, en 1802, que les Anglais avaient seuls su tirer parti de ce commerce.

La première description du grand palmier de l’île Praslin, vulgairement appelé Cocotier de Mer, lue à l’Académie le 13 décembre 1773, parut sous ce titre en 1776 dans le Voyage à la Nouvelle-Guinée par le botaniste Sonnerat. On la trouvera au chapitre suivant. Notons seulement ce passage, au point de vue historique que nous traitons plus spécialement 1c1: « Parmi les îles de cet archipel, il y en a une que M. de la « Bourdonnais désigna sous le nom d'Isle des Palmiers lors- quilen fit la découverte en 1743 ou 1744. » Nous avons vu qu'elle avait été découverte en 1744 par Lazare Picault et appelée par lui isle de Palme ou de la Palme : « Cette isle, « examinée de plus près en 1767, a été nommée L'Isle Praslin, « nom que l'usage qui prévaut en tout a changé depuis en « celui d’Isle des Palmiers (pour reprendre peu après celui « du ministre de la Marine de Louis XV). C'est sur cette isle « qu'on trouve le palmier qui produit ce fruit si recherché « qu'on n'avait connu jusqu'alors que sous le nom de Coco de « mer, Coco de Salomon (c’est la première fois que nous trou- « vons ce nom), Coco des Maldives. L'Isle Praslin ou l'Isle des « Palmiers est jusqu’à présent le seul endroit l’on ait trouvé

1. Mémoire sur les Iles Seychelles, par M. M. Maillard et Ternay, administrateurs des Iles de France et de Bourbon, 1775, Manuscrits; Carton des Seychelles, Bibliothèque du Ministère des Colonies, Paris.

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 209

« l'arbre qui produit ce coco. »1Il explique comment les coco- tiers s'élevant en beaucoup d’endroits de l'ile sur le rivage de la mer, la plus grande partie de leurs fruits tombant dans les eaux et flottant à la surface étaient poussés par le vent et les courants vers Ll'Est-Nord-Est jusque sur les rivages des Mal- dives, seule partie du monde l'on avait trouvé ce fruit avant la découverte de l'Ile Praslin, et qu'il y était appelé Travarcarne (sic), ce qui veut dire trésor. « I] futappelé ensuite « Coco de Salomon pour lui donner apparemment un nom « qui répondit au merveilleux qu'on attachait à son origine. « Les grands seigneurs de l'Indostan achètent encore ce « fruit à très haut prix, ils font faire de sa coque des tasses « qu'ils enrichissent d'or et de diamans: ils ne boivent « Jamais que dans ces tasses, persuadés que le poison qu'ils « craignent beaucoup, parce qu'ils s’en servent trop eux- « mêmes, ne saurait leur nuire quelqu'actif qu'il soit, quand « leur boisson a été versée et purifiée dans ces coques salu- ealres. L'ie » Il continue sur ce ton, racontant ce que nous savons déjà de l'usage qu'en faisaient les gens des Maldives.

Il se demande comment il se fait qu'on n'a trouvé le coco- tier de mer Jusqu'ici que dans la seule île Praslin. Comment ne croît-il pas dans les îles voisines? Il semble donc qu'à cette époque on ne l'avait pas encore trouvé à l’île Curieuse et à l’île Ronde on le mentionna depuis.

Après avoir donné une description de l'arbre et du fruit, 1l ajoute : « I serait à souhaiter qn'on pût savoir, par différens « essais, si l'opinion des Indiens sur les propriétés de cette « noix est fondée!, »

Quelques années plus tard, nous trouvons dans le Voyage de L. Degrandpré dans l'Inde et au Bengale, une nouvelle désignation pour notre coco : « Ces iles (Seychelles) pro- « duisent une espèce de cocotier qui leur est particulier, c'est « ce qu'on appelle le Coco de Mer ou Coco Jumeau : ce fruit

1. Voyage à la Nouvelle-Guinée, par M. Sonnerat, in-4° enrichi de 125 figures en taille-douce. Paris, MDCCLXXVI (1776), chap. I, p. 1-2.

Annales du Musée colonial de Marseille. série, vol. 1915. Li

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« représente parfaitement les parties postérieures humaines ; « on le recherche dans toute l'Asie à cause de sa rareté !. »

Les Anglais essayèrent sans doute de bonne heure d’accli- mater dans l'Inde un arbre aussi précieux. La frégate l’Aigle, que nous avons vue partir de Bombay en 1771 pour l'Ile Praslin, leur en rapporta des noix fraîches, sinon de Jeunes plants. C’est peut-être aussi pour imiter les Hollandais qu'ils détruisirent par le feu les forêts de l'Ile Curieuse afin de rendre ces fruits plus rares.

On sait, en effet, qu'aux Moluques les Hollandais détrui- saient les arbres à girofle, canelle et muscade, partout ils ne pouvaient en surveiller la récolte. Toujours est-il que Thunberg, allant au Japon, en 1777, eut l’occasion d'admirer, dans le jardin du gouverneur de l’île Ceylan à Pass, un Cocotier de Mer dont il parle ainsi :

«Il y avait aussi un palmier maritime dont on avait « apporté l’amande des Maldives (?). Elle ne produisit sa « première feuille qu'après être restée huit mois sous terre « et n'avait que trois feuilles la troisième année ?. »

Il est plus que certain que cette noix avait été rapportée des Seychelles par les Anglais ou même les Français com- merçant avec Bombay. En effet, les noix flottées qu'on trou- vait aux Maldives devaient avoir perdu toutes leurs facultés germinatives par un long séjour dans l’eau salée. Autrement elles auraient sans doute poussé sur les rivages elles étaient Jetées. Or, on n’a Jusqu'à ce jour jamais trouvé un Cocotier de Mer poussé spontanément ailleurs qu'aux Seychelles. La citation suivante, que nous trouvons dans le Glossaire de Yule, après celle de Thunberg, ne peut donc s'appliquer à des noix fraiches : « Cocoa-nuts from the Maldive Islands, or

1. Voyage dans l'Inde et au Bengale fait dans les années 1789- 1790, contenant la description des Séchelles.... par L. Degrandpré, offi- cier de la Marine française, avec de belles gravures... A Paris, chez Dentu, an IX (1801), 2 vol. in-8, p. 2.

2. Voyages de C. P. Thunberg au Japon. Paris an IV (1796), 2 vol. in 4°, Vol. Il, p. #13. Description des arbres et plantes du jardin du gouverneur de Ceylan...

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 211

« as they are called Zee Calappus are said to be annually « brought hither (Colombo) by certain messengers and pre- « sented among other things to the governor. The kernel « of the fruit.... is looked upon here as a very efficacious « antidote..... they call it Tavarcare !, »

Bory de Saint-Vincent, qui, de 1801 à 1802, fit par ordre du gouvernement un voyage dans les quatre principales îles des mers d'Afrique, ne put aller aux Seychelles, mais il n'oublie pas dans la relation de ce voyage, parue en 1804, de parler du « Cocotier géant dont le fruit est improprement « nommé Coco des Maldives ». Comme tant d’autres il se pose la question suivante :

« Ces cocos venus des Séchelles, enveloppés d’une coque « si impénétrable à l’eau et abordés sur les plages de l'Inde « ou de ses archipels y ont-ils jamais produit un cocotier de « mer? Et l'arbre qui donne ces fruits errants connus par « tout le monde a-t-il jamais cru ailleurs qu'à Praslin ?? » Il laisse malheureusement la question sans réponse. Nous savons déjà cependant, par le voyage de Duchemin sur la Dique, accompagné du capitaine Lempérière sur la Curieuse, que l’on trouvait aussi des cocotiers de mer sur l'île, voisine de Praslin, qu'il baptisa du nom de son navire : Ile Curieuse, en 1768.

À peu près à la même époque que le voyage de Bory de Saint-Vincent (vers 1802), un ancien capitaine d'artillerie de marine français, attaché à l'état-major du Lieutenant-Général Decaen, gouverneur des Iles de France et de Bourbon (récem- ment renommées Maurice et La Réunion), et qui resta à Maurice jusqu'en 1826, occupait ses loisirs à mouler en cire

1. Yule, Glossary of Indian words and Phrases, citant l'édition anglaise de Travels of Charles Peter Thunberg M. D. (ET.) IV, 209, au mot Coco de Mer.

2. Bory de Saint-Vincent, Voyage dans les quatre principales iles des mers d'Afrique fait par ordre du gouvernement pendant les années 9 et 10 de la République (1801-1802),.... par J.-B.-G.-M. Bory de Saint- Vincent, officier d'état-major, naturaliste en chef sur la corvette le Naturaliste, dans l'expédition commandée par le Capitaine Baudin. Paris, an XIII (4804), 3 vol. in-8°; vol. III, p. 156-157 el 245.

212 A.-A. FAUVEL

coloriée d'après nature tous les fruits tropicaux cultivés dans l'ile. 11 n'eut garde d'oublier cette merveille végétale qui a nom Coco de Mer et il en exécuta une série d'une dizaine de moulages qui furent acquis il y a quelques années, de ses héritiers, par le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Nous en donnerons la description à la. partie technique. Cette collection, réunie sous le nom de Carporama, avait, après la mort de son auteur, fait, pendant plusieurs années, le fond d'un musée d'histoire naturelle que l’on montrait au public, 2, rue Grange-Batelière, à Paris. Un catalogue raisonné donnait les noms et la description des objets et se vendait 0 fr. 50 centimes.

Le Commandant administrateur civil aux îles Seychelles, Quéau de Quincy, était tout désigné pour donner aux savants et aux amateurs d'histoire naturelle des renseignements de visu sur l'arbre extraordinaire qui poussait dans ses îles. Ce fut sans doute à l’instigation de Sonnerat qu'il écrivit en 1801 ce qu'il savait de l'histoire et de la nature de ce qu’il appelle l'arbre cocotier de mer des îles Seychelles, et c'est sans doute ce mémoire qui forma la base d'une communication lue par Labillardière à l’Académie des Sciences le 14 octobre 1801.

Il est probable qu'il en avait écrit un autre antérieurement et quil servit à une première communication faite à l'Aca- démie des Sciences sur ce sujet le 13 décembre 1773, ainsi qu'il résulte de la note suivante que nous avons trouvée à la page Î du Voyage à la Nouvelle-Guinée, de Sonnerat (édition 17176), parlant de l’île Praslin : « La description de ce palmier « (de l’isle des Palmiers) a été lue à la séance de l’Académie « le 13 décembre 1773. » Peut-être avait-elle été transmise par Commerson, qui se trouvait à cette époque à l’île de France et y étudia le cocotier de mer ainsi qu'en témoignent ses manuscrits et les dessins qui les accompagnent. Nous en reparlerons,

Ayant relevé dans une collection bibliographique récente l’annonce de la publication d'une « Monographie sur l’arbre cocotier de mer des Isles Seychelles », publiée à l’île Maurice en 1905 par Quincy, nous résolûmes de nous procurer à tout

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 213

prix ce travail et nous fümes extrêmement surpris, en le recevant, de constater que ce n’est autre chose qu'une réim- pression du mémoire de 1801 de Quéau de Quincy lui-même, qui avait sacrilié à la politique démocratique de l'époque en se contentant de le signer Quéau Quincy. Dans la copie que nous possédons, datée cette fois de 1803, la signature est réduite à Quincy tout court, ce qui, sur le vu de la fiche bibliographique du Jusfs Botanischer Jahreshericht, nous fit croire tout d’abord à un travail nouveau écrit par un descen- dant du dernier commandant français des Iles Seychelles et habitant Maurice, bien qu'aux Seychelles même nous n’ayons pu réussir à trouver aucune personne portant encore ce nom. En le comparant avec le mémoire annexé à la communication de Labillardière nous pûmes nous convaincre que nous pos- sédions le document original dont le savant académicien a retranché quelques passages qu'il n’a sans doute pas trouvés assez scientifiques. N'ayant pu retrouver au Muséum le manuscrit original, nous donnerons le travail de Quincy in exætenso dans le chapitre suivant.

Dans le récit du voyage dans les mers de l'Inde sur la frégate anglaise le MNisus, l'officier de la marine royale britannique James Prior donne une longue description des Iles Seychelles, il arriva le # avril 1811. Il ne manque pas de nous décrire le Coco de Mer: «a curious production « unknown in any other part of the habitable globe; the « shape is somewhat oval.... If you can conceive two, three, « or four enormous eggs united in a circular manner, by « having the surface of union slighthly flattened some idea « may be formed of the Coco de Mer. The Indians value it « highly from being supposed to stimulate the worship of « the Paphian Goddess.... The cabbage, which though more « bitter than that of the common palm, forms an excellent

pickle. À hundred leaves make a good house f, »

1. James Prior, Narrative of a Voyage in the Indian seas in the Nisus frigate to the Cape of Good Hope, Isles of Bourbon, France and Seychelles,.,. during the years 1810-1811, by James Prior Esq. R. N.,

»

in-8°, London, 1812, p. 55.

214 A.-A. FAUVEL

À. Rochon avait le premier mentionné les vertus anti- syphilitiques de l’amande, ce dont nous n'avions trouvé aucune mention dans les auteurs antérieurement cités. Prior nous apprend pour la première fois qu'elle était également aphrodisiaque et que le cœur (bourgeon terminal) peut se manger comme le chou palmiste. Cet ouvrage de Prior a été trouvé assez intéressant pour être traduit en allemand quelques années plus tard (1819) par Leidenfrost.

Un enseigne de vaisseau de la marine française, qui passa quelque temps aux Seychelles en 1818-1819, M. Frappas, publia en 1820, dans les Annales Maritimes et Coloniales, un récit très détaillé de son voyage. On y trouve plusieurs pages consacrées au Lodoicea, le nouveau nom du Cocotier de Mer, qu'il dit «avoir été assez mal décrit par les botanistes « Linscot, Garzias, Acosta, Clusius, Gaspard Baubhin, ete.., « par Valmont de Bomare même, qui ensuite a le plus appro- « ché de la vérité, mais n’est pas exempt de grandes erreurs ».

Aussi se donne-t-il la peine d'en faire une description assez longue et minutieuse qui ne nous apprend guère plus que celles de Jussieu, Commerson, Sonnerat, Thunberg et Lamarck, Labillardière, Quéau de Quincy, toutes antérieures à celles de Frappas qui semble n’en pas avoir eu connais- sance ou à négligé, on ne sait pourquoi, de les citer, se con tentant de critiquer Valmont-Bomare, qui d'ailleurs n'a fait que résumer les travaux de plusieurs de ces savants. Il nous apprend cependant que le chaton mâle s'appelle baba, terme que nous n'avions pas trouvé encore dans les auteurs con- sultés.

Dans sa notice sur l'état présent de toutes les dépendances de l’île Maurice, parue en 1818, le Baron d'Unienville, parlant de l'île Praslin dont les montagnes pleines de roches et presque impraticables sont en grande partie couvertes de Cocotiers de Mer, dit qu'aucune plante ne pousse à leur

1. C. FT. Leidenfrost, Beschreibung einer Reise in das Indische meer...und den Seychellen in 1810-1841,,,.. Berlin (?), 1819.

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 215

ombre !. C'est la première et la dernière fois que nous aurons à relever cette particularité (d'ailleurs eroyons-nous inexacte) et qui n'a été mentionnée depuis par aucun autre observateur ou écrivain. Il ajoute que les Cocos de Mer se trouvent aussi sur l'île Curieuse qui n’a qu'une lieue de long sur une demi- lieue de large et 5 à 600 arpents cultivés.

Lorsque la Corvette la Favorite, sous les ordres de Laplace, visita les Seychelles en 1830-1832, ses officiers, dont était le Capitaine Paris (depuis Amural), qui illustra de son crayon le récit de ce voyage, trouvèrent que le Cocotier de Mer avait donné naissance à une industrie nouvelle.

« Un commerce tout récent a été trouvé par les dames de « Mahé. C'est le tissage des feuilles de cet arbre singulier « que l’on nomme le Cocotier des Seychelles, ou Cocotier de « Mer (Lodoicea Sechellarum). Elles font avec ses feuilles, « larges et pointues, fortes et lisses, des ouvrages gracieux et « délicats, des éventails et des chapeaux qui imitent ceux de « paille d'Italie. Le Cocotier dit des Seychelles n'a été « trouvé jusqu'ici indigène qu'à Praslin.... Sonnerat l’a trans- « porté depuis à l'Ile de France, les Anglais l'ont aussi natu- « ralisé dans l'Inde; mais nulle part il ne s’est reproduit « aussi beau que dans le sol originaire..... Lee

« .. Le cocotier des Seychelles est plus petit que le coco- tier ordinaire. (Ceci, soit dit en passant, est une erreur) »

L'auteur de ce récit, consigné aussi dans le livre de Dumont- d'Urville? résumant le voyage de la Favorite, n'est pas

1. Laplace (Le Capitaine de frégate), Voyage autour du monde, par les mers de l'Inde et de la Chine exécuté par la Corvette d'Etat La Favorite pendant les années 1830-1832. 5 vol. grand in-8° et Atlas. Paris, 1835, vol. I, p. 134-138 et 155 (article par le Capitaine Paris).

2. Dumont-d'Urville, Voyage pittoresque autour du monde. Résumé général des voyages de découvertes de Magellan, Tasman, Dampier, Laplace, etc... Publié sous la direction de Dumont-d'Urville, capitaine de vaisseau, avec cartes et gravures par Sainson. 2? vol. in-#°,2 col. Paris, 1834-1835, vol. 1, p. 83-85. L'archipel des Seychelles, pl. X, fig. #, cocotier des Seychelles. Cette figure est mauvaise car elle donne à l'arbre les feuilles du cocotier ordinaire, les cocos entiers et ouverts sont empruntés de Sonnerat,

EMEA

216 \.-A; FAUVEL

nommé. On voit, seulement par la suite, qu'il était sur le brick anglais le Victory, capitaine Lewis, et qu'il fut reçu par le gouverneur Harrison. Comme celui-ci administrait les Seychelles en 1826 cela donne la date de cette visite.

Le grand navigateur anglais Owen!, dans le récit de ses voyages exécutés de 1820 à 1826 sur les côtes d'Afrique, d'Arabie et de Madagascar, n'oublie pas les Seychelles et leur merveilleux coco appelé Coco do mar par les Portugais, et qu'il fait pousser dans les interstices des rochers des iles Praslin et Curieuse. I se trompe en donnant l'année 1789 comme date de la découverte de l'archipel seychellois. Il dit que tout les efforts faits pour cultiver le Cocotier de Mer sur les autres îles du groupe sont restés vains. On sait que, par la suite, les gouverneurs réussirent à en transplanter ou même à en faire pousser de semence sur l’île Mahé ainsi qu'à Maurice et à La Réunion. Il dit que l'écorce du fruit fournit une fibre ressemblant à celle du coco et avec laquelle on fait des cordages. Il ne parle pas de l'industrie des pailles du Cocotier de Mer qui y battait alors son plein, ayant été intro- duite dans l'île Mahé en 1815 par un soldat des armées de la République nommé Antoine Benezet. à Bordeaux en 1789, fait prisonnier par les Anglais, il resta pendant bien des années sur les pontons de Plymouth. Il y apprit à travailler la paille et à la teindre. Il arriva aux Seychelles en 1815 après les traités, y devint clerc de notaire, puis greffier du tribunal de paix en 1829 et mourut en 1842 après avoir doté le pays de l’industrie des pailles dites des Seychelles.

Nous avons eu la bonne fortune de retrouver cette histoire dans la Revue historique et littéraire de l'Ile Maurice en 1890. A la petite notice biographique ci-dessus était jointe la lettre suivante :

1. Narrative of Voyages to the shores of Arabia and Madagascar, performed in H. M. Ships Leven and Barraconta, 1820-1826, under the direction of Captain W. F. W. Owen R N... 2 vol. New-York, MDCCCXXXIL (1832); vol. IT, chap. XV, p. 96 à 102 et 110 à 112,

‘[RJU2AQ HA] ‘SAN 0P jonbnoq jo QUUOINOD ‘SAJIOU ‘JOIULA ‘(AMIJOIEUY ) MOV 9pP 9 biruejog urpar

SOHID[LS SO[ SUBP JUPANOIJ 9S 79 SO[[OUD ADS XNE soubriqe] ‘V9910p0TT 9P ofpred uo sJofqo] 01991107) II

XX XX XX x X x X x X X X x X X XX X X XX

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 217

« Port-Louis (Ile Maurice), 5 décembre 1889.

« Cher Monsieur Pitot,

« Depuis plus de 80 ans, l'île Mahé (Port Victoria depuis 1842) est en possession de nous munir des pailles dites des Seychelles : ce sont des chapeaux frais et légers à tresses plates ou pointues, quelquefois à jour ; ces corbeilles de la mariée garnies de houppes et de pompons ; ces éventails à double ou triple évolutions ; ces étuis en mosaique pour lunettes, ces petits paniers en mousse et en zigs (sic). Enfants gâtés par l'habitude, à peine faisons-nous cas de ces petites merveilles : à peine les voit-on dans les salons et encore faut-il que la dame soit des Seychelles, ou quelque dilettante. Et pourtant je les ai retrouvés dans le musée botanique du jardin de Kew près de Londres, on les apprécie, et à Paris le faubourg Saint-Germain, Je le sais, n'en fait pas peu de cas.

« C’est assez dire le prix que les connaisseurs y attachent, non pas seulement comme objets de l'art exotique, mais aussi comme produits d'une curiosité naturelle. En effet, les formes gracieuses dont ces palmes sont revêtues surpassent en teint, en moelleux, en fraicheur, toutes les beautés de leurs concurrentes connues ; et elles ont de plus, comme vous le savez, l’avantage de provenir des jeunes palmes du plus noble des palmiers : du Zodoicea Sechellarum, de ce cocotier de mer si merveilleux parmi les végétaux de la mer des Indes et que naguère encore le vainqueur des Taïpings, l'infortuné général Gordon, exaltait dans ses élucubrations bibliques, comme l'arbre du paradis terrestre, à l'exclusion de l'arbre à pain qu'il abandonna.

« Oui, cher Monsieur, depuis plus de 80 ans, cette char- mante industrie est exclusive aux Seychelles ; elle y est des plus récréatives ; les machines modernes n'y ont que faire, Aux Seychelles, les dames, les jeunes demoiselles, les jeunes gens, presque tout le monde, on peut laffirmer, sait

218 A.-A. FAUVEL

«

«

plus ou moins tresser la paille et la transformer en surprises.

« Pendant l'inertie, en 1838, alors que les terres étaient privées de bras pour la culture, que les propriétaires lan- çaient sur Maurice des cargaisons de laboureurs africains, sur des navires de quelques centaines de tonnes, dans l'espérance d'être mieux payés en indemnité, que le com- merce du tabac, de l'huile de coco, de la caouenne (écaille de tortue de mer) qui avait relevé l'ancien commerce du coton, languissait ; seuls les ouvrages en paille de Coco de Mer prirent de l'extension et bien des familles appauvries vécurent de cette industrie. Au point que, vers 1841, un règlement administratif fut mis en vigueur pour protéger les palmiers de coco-de-mer ; de pauvres gens les abat- taient pour en recueillir et vendre les jeunes palmes.

« Enfin depuis ces cinq dernières années, l’année 1889 non comprise, et d'après un relevé de la douane, que je dois à l'obligeance de M. Lavers, et des recherches de M. Méyépa, le commerce de cette industrie se chiffre comme suit, à l'article Hats and Straws, sans compter les corbeilles, les éventails qui sont mêlés à l’Haberdashery :

Hats and Straws. |

Année. Valeur. Année. Valeur. 1883 22.45 Roupies! 1886 20.00 Roupies 1884 3,258» 1887 64.50 » 1885 264.94 » 1888 171.50 »

« Les trois dernières années (1886-1888), droits et changes non compris. Voilà, me direz-vous, une industrie qui court sûrement à son centenaire. Oui, j'en suis persuadé. Vous me demanderez sans doute quel est l’heureux mortel qui intro- duisit cette précieuse ressource à Mahé. »

Il raconte qu'on la doit à Antoine Benezet, fils d'un Jardi-

4. La valeur de la Roupie à cette époque était d'environ 2 francs. En

1906 elle ne vaut plus que 1 fr. 66.

à

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 219

nier des environs de Bordeaux, devenu soldat de la Répu- blique, prisonnier des pontons anglais, qui arriva à Mahé en 1815, âgé de 29 ans, ayant pour toute ressource le talent de travailler et teindre la paille. Il fut accueilli par M. Jean Remy d'Argent, ancien chouan de l’armée de Charette, devenu notaire à cause de sa belle écriture, et en devint le jeune clerc ; mais pendant les heures de récréation, Benezet et ses élèves travaillaient la paille: «Je ne vous dirai pas « avec quelle joie il prit dans ses bras la première palme du « cocotier de mer qu'il vit ; ce fut une exultation, d'après ce « quil disait lui-même. Il fit le passage en bateau de Mahé « à Praslin, lieu originaire du cocotier de mer, pour y « prendre des fleurs mâles et féconder un palmier de ce « genre qui se trouvait stérile chez son hôte. Et c’est, dit-on, « le premier qui réussit ainsi dans l’île. »

Cette citation fixe donc à peu près l'époque (pas avant 1815) l'on put obtenir à Mahé les premiers fruits d’un Cocotier de Mer qui devait être âgé d'une trentaine d'années au moins, d'après ce que nous verrons plus loin, dans la description scientifique de cet arbre. Son introduction sur l'île Mahé devait donc remonter au plus tôt à 1795! et était due sans doute au Commandant lui-même, M. Quéau de Quincy.

Celui-ci mourut en 1828, après avoir conservé sous le gouvernement anglais la direction de la colonie, puis en être devenu juge et greffier. Sa succession officieile se partagea alors entre MM. G. A. A. Fressange, attaché au service du greffe à Maurice, qui accepta de venir présider le tribunal des Seychelles et on prit sur les lieux le clerc de notaire A. Benezet pour en faire le greffier. Il resta garçon et mourut le 15 décembre 1842 dans les bras de M. R. Young, percepteur, qui l'avait recueilli. Il avait 56 ans, dont 27 passés à Mahé. La reconnaissance publique donna son nom

1. D'après Hooker, Quéau de Quincy en planta un chez lui en 1787; voir chap. III, article de J. Hooker dans le Curtis Bolanical magazine de 1827,

220 A.-A. FAUVEL

à une ruelle de Port-Victoria dans laquelle se trouvait sa maison !,

Quoi qu'en aient dit plusieurs des auteurs déjà cités, on ne paraissait pas encore absolument certain, en 1832, que le Cocotier de Mer ne poussait qu'aux Seychelles. En effet, le navigateur anglais Owen, qui était pourtant aussi un natu- ralhiste, parlant des îles Maldives dans un mémoire lu par lui devant la Aoyal Geographical Society de Londres le 9 avril 1832, disait en citant J. de Barros : « Their productions he « also enumerates minutely especially the Cocoa nut both of « the ordinary kind and of that called «Coco de Mer », « almost peculiar to the Seychelles, the seed of which « appears to have been borne thence to the Maldives, by the « currents of the ocean, thus showing them to flow princi- « pally from west to east as T found them. » Cela ne prouve pas, loin de là, que ces fruits aient pu germer et y pousser avant d'y avoir été apportés à l’état frais, après la découverte de leur pays d’origine, c'est-à-dire postérieurement à 1744.

C'est ce passage d'Owen qui beaucoup plus tard a induit E. Reclus en erreur quand il dit :

« D'après Owen, la flore des Maldives comprendrait aussi « le Lodoicea des Seychelles, le palmier qui donne les cocos « de mer à double noix qui se conservent si longtemps sur « les flots et qui dans l'Inde, les apportent les courants, « sont tenus pour des fruits sacrés guérissant toutes les « maladies, »

Or, cinq ans seulement après la communication d'Owen, M. G. Harrison, Gouverneur des Seychelles, indiquant au capitaine Barrow, du navire de Sa Majesté Britannique Rose, en visite dans l'archipel, les productions du pays, citait les Cocos de Mer et ajoutait qu'ils ne poussaient que au monde *,

1. Revue historique et littéraire de l'Ile Maurice, année, janvier 1890, 31, pp. 338 à 340, l'Industrie des pailles de Lodoïcea aux Seychelles, par Fressanges (Docteur).

2. The Nautical Magazine and naval chronicle for 1839, sér. S., 1839, The Seychelles communicated by G. Harrison Esq. to the Com- mander of H. M. S. Rose on his visits to these islands in March 1837, p. 443-446.

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCIELLES 221

Depuis cette époque, un certain nombre de voyageurs, ou simplement d'écrivains, ont mentionné le Cocotier de Mer dans leurs travaux, se contentant, la plupart du temps, de rapporter sans le vérifier ce qu'en ont dit les auteurs déjà cités et analysés. Ce sont entre autres : Charlier et E. de Froberville en 1848 ; Pridham en 1849; le colonel Pelly en 1865. On trouvera dans le prochain chapitre ce qu'ils ont pu dire d'intéressant et de nouveau en ce qui concerne la des- cription de l'arbre et du fruit.

Le seul auteur que nous puissions encore citer au point de vue historique et commercial est H. C. Ball, qui, dans un rapport sur les îles Maldives, nous apprend qu'en 1882 on expédiait encore dans les Indes des noix de Cocotier de Mer. On voit par sa note que les courants marins porteraient encore de nos jours les noix de coco de mer aux Maldives elles s'appellent encore du même nom que nous ont révélé les plus anciens auteurs, entre autres Pyrard de Laval; à savoir: Tavakarhi pour l’ancienne transposition Tavarcaré.

Le a. AT

CHAPITRE III

Descriptions scientifiques des naturalistes :

Sonnerat, 1776: Commerson et Jossigny, premiers des- sins d’après nature, 1769-1773. Labillardière, 1781; Quéau de Quincy, 1803, mémoires ; Robillard d'Argentelle, moulages, 1802-1826; Hooker, 1827, première figure à peu près exacte de l'arbre ; Martius, 1840, diagnose latine et figures. Planchon, 1849; Seemann, 1856, l’amande comme aliment; Owen, Miss North; Swinburne Ward, mémoire, 1863, « the bowl » ; Ch. Naudin, 1864. Gar- dner’s chronicle, 1864, théorie du socle ou bowl ; Ch. Dupont, 1906. D' Perceval Wright, 1867; détails ana- tomiques ; essais d'introduction en Angleterre, À. Roussin, 1868-1870, description comparative et figures; John Horne, 1875, plaidoyer en faveur de la conservation de l'arbre ; H. Gordon Pacha, 1881, théories mystiques et dessins; citations diverses, 1883-1887 ; D' Trimen, le Lodoicea à Ceylan, 1892; Ch. Anastas, 1897, le Zodoicea au Dahomey, erreur. Carl. Chun, 1899, excellentes photogravures prises aux Seychelles. A.-A. Fauvel, 1906, détails structuraux des fleurs mâles et femelles, du fruit, appareil de germination, parasites, etc.

Le premier savant qui put observer le fruit frais et complet, c’est-à-dire pourvu de son brouet de son calice, fut le botaniste Poivre, qui, comme nous l’avons vu, se trouvait à l’Ile de France, en 1769, époque à laquelle l'ingénieur Baré lui en rapporta de l'île Praslin une trentaine de fruits, après s'être rendu compte de l'arbre qui les portait et qu'il avait hésité à reconnaître pour le Cocotier de Mer, tant il avait été surpris par sa découverte. Poivre en fit venir de jeunes plants {qu'il eultiva à l'ile Maurice) par l'abbé

D 27 MS C'EN 7

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 223

Rochon qui visita l'île de Palme et en apporta en France un fruit mûr entré en germination dans sa malle, ainsi qu'une grande palme de 20 pieds de long. Il remit, comme nous l'avons vu, ces deux échantillons, avec divers renseignements, au Docteur Le Monnier, qui en entretint sans doute l’Aca- démie en 1770. Les deux savants botanistes avaient reconnu dans l'arbre comme une espèce de Latanier. La description en fut lue, nous ne savons par qui, à la séance de l’Académie des Sciences du 13 décembre 1773!. C’est sans doute celle que l’on trouve dans le Voyage à la Nouvelle-Guinée, de Son- nerat, paru en 1776. Sonnerat qui, lui aussi, fut un remar- quable botaniste, dont le nom fut donné à un certain nombre de plantes tropicales, visita les Seychelles en juillet 1771. Il était embarqué sur la Flûte du Roi l’Zle de France, comman- dée par M. de Coëtivy. Nous avons déjà cité la partie histo- rique de son récit concernant l'île Praslin et le Cocotier de Mer. Voici maintenant la partie scientifique : « L'Isle Praslin « ou l'Isle des Palmiers a tout au plus 6 à 7 lieues de tour... « C'est dans cette Isle d’une étendue si bornée et dans « cette isle seule, qu’on a découvert jusqu’à présent ce coco « si précieux dans l'Inde.

« Cet arbre observé attentivement a été reconnu pour une « espèce de latanier ou de lontard des Indes ; il s'élève jus- « qu’à 42 pieds de hauteur; sa tête se couronne de 10 à 12 « feuilles en éventail, de 22 pieds de haut sur 15 pieds de « large, portées sur des pédicules longs de 6 à T pieds; elles « sont échancrées assez profondément dans leur contour et « chaque lobe est lui-même subdivisé en deux portions par le « haut ;leur consistance est ferme et coriace, ce qui les rend « préférables aux feuilles des cocotiers ordinaires pour faire « des couvertures de maison à la façon indienne. De l’aisselle « des feuilles s'élève une panicule considérable et très ramifiée « de 6 pieds de longueur; sa base est charnue, épaisse, ses « rameaux sont terminés par des amas de fleurs femelles,

1. Ainsi que nous l’apprend une note du Voyage à la Nouvelle- Guinée, par Sonnerat, ch. [, p. 1-2.

224 A.-A. FAUVEL

« qui paraissent avoir {outes un calice composé de plusieurs « pièces à 5, 6 et quelquefois 7 divisions ; leur pistil en müris- « sant devient un fruit sphérique d'un pied et demi de dia- « mètre, dont l'enveloppe est très épaisse et fibreuse, comme « celle du coco; elle renferme trois coques dont une avorte le « plus souvent. Ces coques sont très grosses, presque sphé- « riques, comprimées sur un de leurs côtés et divisées « jusque dans le milieu de leur longueur en deux portions, « ce qui leur donne une figure très bizarre. Leur intérieur se « remplit d’abord d'une eau blanche d'un goût amer et assez « désagréable; à mesure que le fruit mürit, cette eau se « change, comme dans les cocos ordinaires, en une substance « solde, blanche, huileuse (?) qui s'attache aux parois inté- « rieures du fruit. Clusius donne une légère description « de ce coco sous le nom de Nux Medica..…….

« Ces fruits ont, chacun à leur base, le calice dont j'ai parlé « ei-dessus, qui ne les quitte point, même après leur parfaite « maturité.

« Le tronc de l'arbre, semblable à celui du cocotier pour « la forme, est en général plus gros, plus dur et d'une cou- « leur plus noire.

« On a transporté à l'Isle de France des plans et des noix « de cet arbre qui ont très bien réussi. L'arbre que je viens de « décrire est, à ce qu'il paraît, un individu femelle. Je n'en « ai point rencontré d’autres, ainsi que ceux qui ont voyagé « comme moi dans ces isles j'étais en juillet, qui était « sans doute le temps de la parfaite maturité de leur fruit, « mais depuis, j'ai reçu de M. Cosdé!, qui avait relâché dans « cet archipel en octobre, une portion d'un régime de fleurs « mâles de cet arbre, qui semble fixer le temps de sa florai- « son au mois de septembre qui répond au printemps de « l'Europe, et le temps de sa maturité aux mois de juin et « de Juillet qui répondent à notre hiver. Cette portion de « régime avait environ deux pieds et demi de longueur sans

1. Le Capitaine Cosdé {d'autres écrivent Cordé) commandait la Cor- velte Le Nécessaire qui vint aux Seychelles en juin 1772.

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEŸCHELLES 225

« aucune ramification ; elle était d’une forme cylindrique, « de quatre pouces de diamètre, couverte entièrement d'un « nombre infini de fleurs mâles, composées d’un calice à 6 « divisions et de 6 étamines opposées à chacune de ces divi- « sions. Les régimes de fleurs mâles n'ayant point encore été « rencontrées sur les pieds qui produisent les fruits, 1l est « probable que cet arbre les porte sur des individus diffé- « rents, de sorte que l’on peut regarder ce palmier comme « une espèce de latanier, ainsi qu'il a déjà été dit, c'est-à-dire « de lontard des Indes auquel il ressemble d’ailleurs par « toutes ses autres parties!. »

Les figures de ce travail au nombre de six représentent d'abord PI. IT : « Le grand palmier de l'Isle Praslin vulgai- rement appelé Cocotier de Mer. » Il est chargé de quatre fruits presque aussi gros que le tronc, de forme ovoiïde, égaux entre eux et disposés en couronne à la base des feuilles, sans qu'il y ait trace de régime (ce qui est une erreur évi- dente du dessinateur et ne répond nullement à la description du texte). Ce dessin est encore erroné, en ce qui concerne la forme des feuilles, qui ne répond pas mieux à celle indiquée par l’auteur, puisqu'elles sont représentées ovales. La forme trop grêle, tortueuse et inclinée du tronc n'est pas conforme à celle de l’arbre décrit, qui est toujours droit, vertical et assez gros. On l’a trop fait ressembler à celui du cocotier ordinaire. Le dessinateur a évidemment travaillé de mémoire ou d'ins- piration, et non d'après nature. Il a sans doute pris son modèle sur les dessins de cocotiers, dits de mer, que nous avons trouvé figurés au lavis au coin de quelques cartes manuscrites des Seychelles. C’est ainsi que, dans celle de Laflite de Brasier, datée 1777, cet arbre est représenté avec des feuilles de bananier et des fruits bilobés, par conséquent décortiqués !

Dans la superbe gravure servant de frontispice à l'ouvrage on voit l’auteur dessinant à l'ombre d’un Cocotier de Mer

1. Voyage à la Nouvelle-Guinée, par M. Sonneral, in-4, enrichi de 120 figures en taille-douce, Paris, MDCCLXXVI (1776), chap, I, p. 1-2, pl. IT et frontispice. ;

Annales du Musée colonial de Marseille, série, vol. 1915. 19

226 A.-A. FAUVEL

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pareil à celui de la planche IT. La planche IV, p. 3, donne une assez bonne représentation du fruit avec son enveloppe et son calice, mais le pédoncule trop grêle et trop long paraît avoir été dessiné d'inspiration. Le fruit est peut-être aussi un peu trop ovoïde, et on ne se rend pas compte de sa forme exacte qui est le plus souvent celle d’un cœur aplati. C’est la première fois qu’on le voit représenté en entier.

La planche V représente le même fruit décortiqué mais 1l ne vaut pas, comme exactitude, celui que nous avons trouvé dans l'ouvrage de F. Redi paru près d’un siècle auparavant (1685).

La planche VI donne deux sections la noix intitulées : Coupe perpendiculaire du coco de l'Isle Praslin; Coupe horizontale du même fruit. On ne s’y rend pas compte’ des épaisseurs respectives de la coque et de l’'amande figurées ensemble. Ce dessin, fait sans doute d’après un fruit sec, est insuffisant comme renseignement scientifique.

La planche VII figure un chaton entier ainsi désigné: « Portion de fleur mâle de Coco de l'Isle Praslin »; à côté, on a figuré à part une fleur avec au moins 1# étamines et 2 pétales seulement, ce qui ne correspond nullement au texte. Aucune des planches n'indique l'échelle des grandeurs pro- portionnelles, c'était d’ailleurs l'habitude peu scientifique de l’époque.

C’est sans doute d'après les informations de Le Monnier, Rochon, Poivre et Sonnerat que A.-L. de Jussieu donna la première diagnose latine du Cocotier de Mer, en 1785, dans son Genera Plantarum.

« Lontarus Rumph. Borassus L. Rondier, Lontar « Dioica. Spatha polyphylla. Mas. Spadix amentaceus..……. « Huc retulit D. Sonnerat speciem novam. (ZLodoicea Com- « mers. absque descript.) folis distinguendam pinnato- « palmatis spadice et fructu majori et praecipuè seminibus « semididymis maximis rotundatis 4 aut 2 saepè abortivis, « Gallis dictam Cocotier de Mer : an genus diversum!. »

1. Antonii Laurentii de Jussieu, Genera plantarum secundum ordines naturales disposita, juxta methodum in horto regio Parisiensi exaratam

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES PPY

On voit quil cite Commerson, qui l’a décrit et nommé Lodoicea. Nous n'avons pu réussir à retrouver de cet auteur le texte manuscrit, qui ne semble pas d’ailleurs avoir été imprimé; en tout cas il nous a échappé. Nous avons eu l’heureuse chance de pouvoir consulter à la Bibliothèque du Muséum d'Histoire naturelle de Paris les grands cartons con- tenant les dessins à la plume et au crayon faits par ce grand botaniste et P. Jossigny. Nous y avons trouvé un cahier in- folio intitulé : « Liste des dessins originaux des Plantes de la « famille des Palmiers, » et au-dessous: « Palmarium volu- « men in quo usque desiderata palmarum arborum seu bul- « borum arboreorum historia methodice ad iconographia « illustratum curis et observationibus Philiberti Commerson CLDTME

« Monographie du Coco Maritime, 12 planches, de 1 à « 12, dont une triple.

« Lodoicea callipyge. Coco Royal ou Coco de Mer des « îles Séchelles, 3 planches, 13 à 15, dont une double, ceci « de la main même de Commerson., »

Quant aux dessins ils sont au crayon noir et de grandeur naturelle, sauf le premier, représentant le Cocotier, naturelle- ment à petite échelle, 0"22, et qui est à la plume. Tous sont signés P. Jossigny et ont été faits, sauf ce dernier, d’après nature, sans doute à l'ile de France, Commerson quitta Bougainville vers 1766, et il mourut en 1773 sans être rentré en France. Il ne paraît pas avoir même été aux Sey- chelles, l’expédition de Bougainville ne toucha pas. C'est ce qui explique sans doute pourquoi il accepta comme repré- sentation exacte du palmier, qu'il baptisa en l'honneur du Roi Lodoicea, une figure absolument inexacte et qui paraît avoir été inspirée par celle de l'ouvrage de Sonnerat, à moins tou- tefois que ce ne soit l'inverse. La seule différence est que les feuilles sont ici beaucoup plus allongées, plus étroites à la base et en nombre double. Elles paraissent avoir été dessinées

anno M.DCC.LXXIV (1774), Parisiis, 1789, in-8°, p, 39, Ordo Palmae. Il n'y a pas de figures.

228 Â.-A. FAUVEL

d'après une jeune feuille qui forme en grandeur naturelle la planche 1. Or, on sait que les premières feuilles sont, comme celle du cocotier ordinaire d’ailleurs, entièrement différentes de celles qui leur succèdent après un an ou deux. Jossigny n’a donc pas vu la grande palme rapportée en France par l'abbé Rochon, et il n'a eu sous les yeux que celles de très jeunes plants (1 an ou 2) rapportés de Praslin à Poivre par le même auteur.

Au dos de la planche 1, de format in-4°, on lit écrit à l'encre, de la main et avec la signature de Commerson : « Je « ne doute nullement que le Cocotier de Mer (qui rentre dans « l'ordre des palmiers à feuilles en éventail) ne soit « comme tous les genres de cet ordre, à pieds mâles et femelles « séparés.

« Des gens qui ont été sur l'ile Curieuse, qui les produit, « ayant été interrogés s'ils n'avaient pas vu parmi les coco- « tiers de mer, qu'ils y ont trouvés, plusieurs pieds qui « quoique aussi grands que les autres ne portaient pas de « fruits, m'ont répondu très affirmativement que oui ». (Ceci prouve bien qu'il n'y a pas été lui-même.)

Il semble bien être le premier naturaliste qui ait signalé que le Lodoicée est dioique.

La planche 2, formée de trois feuilles collées bout à bout, représente trois rameaux fructifères avec les fleurs femelles, deux fruits très jeunes, un adulte (dessiné à demi), et les calices après la chute du fruit mür.

Les planches 3 et 4, presque exactement pareilles, mon- trent un morceau du tronc vu extérieurement et en coupe longitudinale (diamètre 0"22 1/2).

Le 5 est le dessin d’une jeune palme longue de 0"60, large de 0"34. Elle fut sans doute copiée sur l’une des premières feuilles sorties du coco après sa germination ; elle a, en effet, la forme ovale très allongée qui les caractérise à ce moment.

Le 6 est une noix décortiquée avec un champignon pous- sant à la jonction des lobes et croissant évidemment sur le germe sans doute pourri. À première vue, on croit que l’au-

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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 229

teur a dessiné une noix germant. À côté, ce champignon est figuré en entier et dégagé de la noix. Il semble appartenir au genre Auricularia ! (dimension de la noix, 0 "20><0 "17, du champignon, 0"14).

Le 7 montre une noix coupée longitudinalement à tra- vers les deux lobes : longueur 0" 32, largeur 0 "30, épaisseur de la coque 0"005, de l’amande 2 à # centimètres, ce qui indique un fruit âgé. Dans le fruit jeune, l’amande remplit entièrement la noix.

Le 8 représente une noix vue de trois quarts et coupée dans le sens de la longueur à travers l’un des lobes; à gauche, le demi-lobe enlevé (dimensions : longueur 0"27, largeur 020).

Le n°9 donne la figure de deux noix coupées en travers par le milieu : Pune de 0 "295 de largeur sur 0"145 d’épais- seur (coque et amande).

Le 10 est une noix entière, avec son brou et son calice ; elle est de forme arrondie (dimensions : 0 "43 >< 0 "32),

Le 11 montre de profil la même noix (0"42 x<0"26 d'épaisseur).

Le 12 est une autre grosse noix entière vue de face, ovale (0mM43 x 0"315).

Le 13 en est une autre encore avec brou et calice (0m425< 040).

Le 1% est une noix décortiquée vue du côté plat (0m 90 x 0 » 33).

Le 15 est une noix ouverte du haut en bas entre les deux lobes (dans le sens de l'épaisseur). Elle montre bien le trou de communication entre les deux lobes et le germe placé contre la coquille juste à l’orifice du trou qui doit laisser passage à l'axe cotylédonaire (dimensions : longueur 0"25, largeur 024, épaisseur 0" 15).

Il manque à cette collection pour être complète le dessin d'une noix décortiquée montrant la face supérieure avant et

1. Un champignon pareil ayant poussé sur une noix que nous possé- dons, nous avons cru y reconnaître le Lentinus flabelliformis (tribu des Agaricinées).

230 A.-A, FAUVEL

après la germination. Ces dessins ne sont pas datés. Ils ont été sans doute exécutés pendant le séjour de Commerson à l'Ile de France, soit de 1766 à 1773. Ils sont très heureuse- ment complétés par la collection des moulages de Robillard d'Argentelle, dont nous reparlerons plus loin. Malheureusement ni l'un ni l'autre n'ont donné un dessin ou un moulage de la fleur, sur la structure exacte de laquelle nous ne serons ren- seignés que plus tard (1800). Il est étonnant que Commerson se soit contenté du dessin très imparfait que donne Sonnerat du chaton mâle et d’une fleur séparée.

Labillardière en avait sans doute reçu, ce qui lui permit le 14 octobre 1801 de lire à une séance de l'Académie des Sciences le premier mémoire décrivant complètement le Cocotier de Mer avec ses fruits et ses fleurs. Nous l'avons rétrouvé dans les Annales du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, nous avons pu examiner, dans la galerie de botanique, les échantil- lons de fleurs, fruits et feuilles provenant sans doute de l’abbé Rochon ou des envois faits ensuite et qui ont évidemment servi à Labillardière, aidé aussi par les dessins de Commerson et des renseignements fournis par Quéau de Quincy, dont la description légèrement abrégée se trouve à la suite du mémoire à l'Académie, Vu l'importance historique de ces deux documents nous les citerons ici in extenso.

Voici d'abord ce que dit Labillardière :

« Le palmier connu vulgairement sous le nom de Cocotier « des Maldives croît, comme on sait, aux Iles Séchelles. Il « avait été pour Commerson le sujet d’un nouveau genre qu'il « avait appelé Lodoicea, nom que je conserverai, mais sa des- « cription ne nous est pas parvenue. Sonnerat l'a depuis rap- « porté au genre Borassus (sans doute en 1773).

« Il ne restera, je le présume, aucun doute, d’après la des- « cription que je vais donner, qu'il ne forme vraiment un « genre à part.

« Le Lodoicea porte ses fleurs mâles sur des pieds diffé- « rents de ceux qui en produisent les fleurs femelles. Elles « sortent les unes et les autres de spathes formées de plu- « sieurs feuilles oblongues, aiguës.

Pages 230-231.

Annales du Musée colonial de Marseille, série, l'® volume 1915,

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PI. IV. Labillardière, 1801. Annales du Muséum, Fig, a. Le palmier femelle. Fig. b. Le fruit. Fig. ce. Rameau de jeunes fruits. Fig. d. Portion de régime mâle. Fig. e. Ecaille de régime mâle avec bouquet floral, Fig. f. Faisceau de fleurs mâles vu en dessus. Fig. g. Le même vu de côté. Fig. h. Petite écaille qui sépare chaque fleur. Fig. i. Fleur mâle ouverte. Fig. 1. Etamines vues en diverses positions. De e à 1 légère réduclion.

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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 231

« Le régime des fleurs mâles est composé d'un très petit nombre de chatons cylindriques d'environ 2 pieds 17/2 (8,1210 décimètres) de longueur sur 3 à # pouces (8,1210 à 10,8280 centimètres) de diamètre, dont les larges écailles imbriquées se divisent en dessus et vers le quart de leur longueur en 2 lames à peu près verticales qui enveloppent presque en entier un faisceau de fleurs dirigé dans sa plus grande longueur vers l'intérieur du chaton. Chaque fais- ceau est à peu près réniforme et composé de 30 à 40 fleurs, disposées sur deux rangs se croisant alternativement dans la moitié de leur épaisseur et séparées chacune par une petite écaille oblongue, renflée du côté externe, attachée comme les fleurs à un réceptacle presque demi-circulaire dont la partie supérieure et postérieure est mobile, ce réceptacle étant divisé postérieurement par une fissure oblique dans les deux tiers de son étendue.

« Les fleurs ont pour calice 6 folioles étroites, creusées en forme de gouttière dans leur longueur; les folioles exté- rieures, échancrées d'un côté vers l'extrémité, l’autre côté présentant une pointe oblique, sont plus longues et un peu plus coriaces que les intérieures alternes dont la sommité est obtuse, et sont attachées à 2 millimètres au-dessous d'elles, sur le même pédicelle, qui s'amincit par le bas. Les étamines, au nombre de 20 à 36, sont portées sur un récep- tacle central de 2 millimètres environ d'élévation et qui semble être le prolongement du pédicelle dont nous venons de parler. Elles onten outre un petit filament pour chaque anthère vacillante, oblongue, obtuse, à 2 loges s'ouvrant par le côté et un peu à l'intérieur, en répandant une pous- sière globuleuse et jaunâtre.

« Il est remarquable que le faisceau de fleurs porté par chaque écaille est en grande partie couvert par l'écaille supérieure, de sorte qu'il ne reste à la partie inférieure et externe entre les deux lames mentionnées ci-dessus, qu'une petite ouverture par il ne peut sortir à la fois qu'une seule fleur. Leur développement successif s'exécute par un mécanisme facile à concevoir à la première inspection de

232 A.-A. FAUVEL

la figure g. Les fleurs les plus avancées se trouvent toujours en d. et leur épanouissement n'a lieu qu'après avoir quitté le réceptacle pour sortir par la petite ouverture dont il vient d'être fait mention et faire place à la fleur qui sort à son tour, et ainsi de suite jusqu'à ce que par l’évolution de ce même réceptacle, les fleurs les plus éloignées en o. aient aussi été amenées vers d. pour trouver passage par la même ouverture, ce qui prolonge irrégulièrement, comme on voit, le temps que mettent ces fleurs à répandre leur poussière fécondante, en assurant d'autant plus la réussité des indi- vidus femelles. Alors les petites écailles intermédiaires se sont rapprochées les unes des autres et n'occupent plus que fort peu d'espace.

« Le régime des fleurs femelles, assez divisé, porte vers l'extrémité ses fleurs qui sont sessiles. Le calice est formé de 5 à 7 folioles ovales et très larges. L'ovaire, presque sphérique, est surmonté de 3 ou # stigmates sessiles, aigus. Il devient une baie ovale d'environ 1 pied 1/2 (4,8726 déci- mètres) de long, quelquefois terminé par une sorte de mamelonet renfermant dans son enveloppe fibreuse 3 à 4 noyaux qui rarement viennent tous à bien. Ces noyaux, d'une dureté extrême, sont de forme ovale, aplatie, ayant au milieu une dépression répondant à une saillie intérieure qui représente assez bien une demi-cloison. Ils sont séparés en deux lobes supérieurement, c’est-à-dire à leur extrémité la plus éloignée du calice, rarement en 3 à # lobes. On en a vu plus rarement qui avaient jusqu’à 5 lobes. C'est entre ces mêmes lobes qu’on remarque dans le noyau une ouver- ture oblongue garnie de fibres sur ses bords et donnant issue à la radicule et à la plantule lors de la germination.

« L'amande, qui ne laisse pas d'acquérir une grande consis- tance, a la forme du noyau. On voit différentes coupes de l’un et l’autre dans le Voyage à la Nouvelle-Guinée, pl. VI. « L'embryon est enfoncé dans une cavité de l’amande abou- tissant à sa superficie entre les lobes, vis-à-vis de l’ouver- ture oblongue du noyau mentionnée ci-dessus, aussi doit-on le regarder comme supérieur. Je n’en donnerai pas la figure,

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 233

le fruit sur lequel je l'ai observé n'ayant pas acquis le degré de maturité nécessaire pour être bien conservé. Je dirai cependant que la plumule dirigée vers l'intérieur se termine en pointe recourbée, la radicule étant ovale, tuber- culeuse à l'intérieur, l'on remarque une dépression lon- gitudinale.

« Les caractères énoncés ci-dessus, la position surtout de l'embryon et la forme des noyaux de la baie fibreuse, le nombre des étamines, leur disposition et celle des fleurs mâles suffisent bien pour l'établissement du nouveau genre qui vient d'être proposé. Il ne peut être confondu avec le genre Borassus quoique d’ailleurs il ait avec lui beaucoup d’affinités.

« J’ai appelé ZLodoicea Sechellarum (Lodoïcée des Seychelles) le palmier qui fait le sujet de ce mémoire, dénomination tirée comme on voit du groupe d’iles dont il est originaire. Mais on doit présumer qu'à l'exemple de Son- nerat, qui l’a transporté à l’île de France, il se trouvera des navigateurs jaloux d'enrichir quelque autre terre de cette belle production de la nature.

« Le Lodoïcée des Seychelles s'élève assez droit à 15 ou 18 mètres (46 à 55 pieds), quelquefois même beaucoup au delà. Son tronc fibreux, assez semblable à celui du cocotier, est marqué, dans toute sa longueur, par l'empreinte des feuilles qui se détachent à mesure qu'il croit; d’autres feuilles se développent en nombre à peu près égal chaque année, de sorte qu'il se trouve assez constamment couronné du même nombre de feuilles (15 à 20). On ne les a pas représentées toutes dans la figure ci-jointe, afin de faire mieux sentir leur forme. Elles sont d'une texture assez ferme et, comme on voit, en éventail, ovales, échancrées à la base, divisées inégalement dans leur pourtour, les divi- sions inférieures étant les plus courbes. Les pétioles longs de T à 8 pieds (227 à 259) sont élargis à la base ils se déchirent quelquefois en deux parties, à mesure que les feuilles supérieures se développent.

« L'amande de ces gros fruits est un aliment assez mé-

234 A.-A. FAUVEL

« diocre. Je ne dirai rien des vertus imaginaires que lui avaient « attribué quelques botanistes et voyageurs des xvi° et xvi* « siècles, et l'on doit bien présumer que je ne répéterai pas « non plus les fables qu'ils racontent sur l’origine de ce pal- « mier, On trouvera ces matières traitées au long dans l’Her- « barium Amboinense du célèbre Rumphius, livre x11, cha- « pitre 8. Il ya même la figure d'un noyau de cet arbre inté- « ressant. On y verra encore cités la plupart des auteurs qui « en ont parlé avant lui.

« Les feuilles servent à couvrir les toits : leur consistance « les rend encore plus durables que celles du Corypha « umbraculifera.

« Le tronc peut être employé avantageusement à tous les « usages auxquels on fait servir celui du cocotier. Quoique « Sonnerat ait donné dans son Voyage à la Nouvelle-Guinée, « planche III, une figure du Lodoïcée des Séchelles, j'ai « pensé qu'on verrait encore avec plaisir celle-ci faite aux « Seychelles par M. Lilet, correspondant de l’Institut; mais «il était indispensable de donner les détails de la fructifica- « tion. Je les ai dessinés d’après des échantillons conservés « dans l'esprit de vin, qu'il a bien voulu me communiquer. »

Cette planche est fort bonne, sauf pour la forme des feuilles qui semble inspirée par celle de la planche de Sonnerat, avec cette différence qu’elles sont plus ovales, plus profondément et plus largement échancrées. C'est la troisième manière de les représenter, mais elle n’est guère plus exacte que les deux autres.

Par contre, nous y voyons pour la première fois une approche de la vérité en ce qui concerne le pétiole fendu en triangle à la base, comme on l'observe sur l'arbre. Les fleurs femelles sont représentées pour la première fois, ainsi que l'anatomie des fleurs mâles et la position des fruits sur leur régime. Labillardière aurait pu mieux figurer les feuilles s'il les avait dessinées d’après la palme rapportée par Rochon, au lieu de $’en rapporter au dessin de Lilet, qui, bien que Corres- pondant de l'Institut aux Seychelles et les ayant soi-disant faites d'après nature, nous paraît un observateur aussi peu

LE LS À DE MER DES ILES SEYCHELLES 235

exact que peu scientifique. On peut se demander s'il n’y a pas eu aussi une interprétation du graveur.

A la suite de ce mémoire, on trouve, dans le vol. IX des Annales du Muséum, un extrait du mémoire envoyé par M. Quéau-Quincy. Labillardière s’est borné à ne citer que les parties ne faisant pas double emploi avec ce qu'il avait com- muniqué à l'Académie. Ainsi que nous l'avons dit dans le chapitre précédent, il a été publié in ertenso en 1905 à l'île Maurice et nous avons pu en obtenir une copie.

Nous allons citer tout ce qui nous paraît compléter les infor- mations déjà fournies et que l'auteur n'a fait que répéter d’après les anciens écrivains :

« Cet arbre vient dans toutes les parties de l'Isle de Praslin « et de l'Isle Curieuse ; l'on en trouve partout dans les pleines « (sic) de sable, au bord de la mer, dans les mares, parmi les « rochers les plus arides, il ne paraît point de terre, et « une très grande partie sur le sommet des plus hautes mon- « tagnes qui n’est formé que de tuf.

« L'Isle Praslin et l'Isle Curieuse ! ayant un sol très mau- « vais, neseraient point habitables s'il n'y avait pas de mares, « aussi le coco de mer vient-il très bien partout on le « plante, dans toutes les autres isles de l'archipel et même « aux isles de France et de La Réunion (Bourbon) il y en a, « mais qui ne sont pas encore en rapport, cet arbre étant très « long à venir.

« Le tronc de cet arbre s'élève communément de 50 à 60 « pieds; l’on en trouve cependant beaucoup qui ont 80 et « 100 pieds de hauteur, il est droit comme un mât? | parfaite- « ment cylindrique}, sa grosseur varie très peu aïant à peu « près 12 pouces de diamètre, sans diminution sensible jus-

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« qu'à son sommet qui est couronné par une toulle d'environ

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« 12 à 20 feuilles, ce qui forme sa tête.

1. Ces deux isles sont séparées l’une de l’autre par un étroit canal d'environ 300 toises et de la distance de 6 lieues de Mahé.

2. Le rapport cité par les Annales ajoute « parfaitement cylindrique », les parties entre [| | sont celles qui sont en plus dans la rédaction des Annales dues à Deleuze, l'éditeur,

36 A.-A. FAUVEL

« Cet arbre ne produit point de branches mais seulement de grandes feuilles dont les anciennes tombent à mesure qu'il sélève. La feuille de cet arbre est très grande, for- mant l'éventail; j'en ai mesuré qui avaient 20 pieds de long, sur 10 à 12 de largeur, leurs queues sont quelquefois aussi longues que la feuille; elles ne sont cependant pas toutes de cette largeur, leur dimension la plus commune est de 8 à 10 pieds de longueur sur 5 à 6 pieds de largeur, les vieux arbres produisent ordinairement de ces dernières. « La tête de l'arbre d'où partent les feuilles qui les cou- ronnent (sic) s'appelle choux ; il se mange comme le choux palmiste, le choux du latanier des Indes et celui du coco- tier ordinaire, mais cependant il n’est pas aussi délicat ayant un petit goût d’amertume; confit au vinaigre, l’on en fait d'assé bons achards.

« Le bois de cet arbre est assez dur, mais il diminue de soli- dité en approchant de son centre, n'étant dans cette partie qu'un composé molasse de longues fibres que l’on sépare facilement du reste de l'arbre lorsqu'il a été coupé et fendu dans sa longueur. Son écorce est extrêmement mince, l’on pourrait dire même qu'il en est à peu près dépourvu.

« Les feuilles de cet arbre sont d’un gros verd tirant sur le Jaune; elles deviennent même toutes jaunes en séchant, leur tissu est croisé et chaque feuille sort du milieu de la touffe du sommet. Elle est fermée, lisse, longue de 6 à 8 pieds, en diminuant comme un jet : chaque branche de cet arbre n'est done exactement qu'une longue queue d’une très grande feuille, qui dans le commencement ressemble à un évantail fermé, mais qu'en se développant ensuite forme un grand évantail ouvert, dont les plis sont exactement marqués ; sur les côtes qui forment les plis des vieilles feuilles on y trouve attaché un duvet assez épais qui est semblable à celui qu’on trouve sur les feuilles des lataniers des colonies.

« Le cocotier de mer mâle produit des fleurs qui fertilisent les fleurs du cocotier de mer femelle. Cette fleur du coco- tier de mer mäle sort à l’origine des feuilles. Elle est

LE COCOTIEÉR DE MER DES ÎLES SEYCHÈLLES 231

oblongue, de couleur pourpre ou violet, elle est parsemée dans toute sa longueur à des distances égales de jolies petites fleurs jaunes qui en ressortent et qui font le plus bel effet. La longueur de cetté fleur est de 2 pieds à 2 pieds 1/2, même trois pieds, et sa grosseur, à la partie la plus forte, est d'environ 6 pouces de circonférence.

« Il sort à l’origine des feuilles du cocotier de mer femelle un régime appelé communément dans le pays, ainsi qu'au bananier et au cocotier ordinaire, un Baba ! ; les fleurs femelles ont un ovaire qui produit un fruit d’une forme toute particulière qui mérite bien, par toutes ses singularités, d'être décrit, ne l’ayant pas encore été par aucun naturaliste, à ce que Je crois.

« Le fruit qui succède aux fleurs femelles est très gros, comme le plus gros melon de France, au nombre de #, 5 et 6 quelquefois à chaque régime, 1l est recouvert par une enveloppe extérieure en peau, qui a beaucoup de rapport à l'enveloppe ou peau qui couvre les noix de France et ayant même en grand à peu près la forme, la même couleur, c'est- à-dire d’un verd foncé, mais en considérant en détail ce sin- gulier coco lorsqu'il est dépouillé de sa première peau, et de son enveloppe filandreuse, l’on voit d’un côté, qu'il res- semble parfaitement à des fesses, l’entre-deux qui les sépare représente la partie naturelle de la femme, on y remarque même une protubérance ressemblant absolument à l'une des parties extérieures de la génération de la femme, autour de laquelle plusieurs petits filaments qui y existent représentent des poils parfaitement imités; c’est aussi de ces entre-deux que sort le germe, qui, dans les premiers jours, lorsqu'il ne passe pas la longueur de 6 à 8 pouces, ressemble parfaitement au membre viril. C'est cet instant qu'il faut saisir pour avoir un coco de mer qui soit on ne peut plus curieux par sa singularité et ses formes *,

1. Baba (ou Bava ?), nom indien. 2. Ce sont évidemment ces singularités qui ont suggéré aux indigènes

de l'Inde et autres pays d’en faire un remède antisyphilitique et aphro- disiaque, et à Gordon Pacha le fruit défendu du paradis terrestre.

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38 A.-A. FAUVEL

« Quand l’amande du coco de mer n'est pas encore dans sa parfaite maturité, l’intérieur du coco, dans la partie supé- rieure par laquelle il est attaché au régime, est divisé en deux parties, il contient une substance en forme de gelée blanche, ferme, transparente, excellente et agréable au goût, un seul coco peut en contenir deux bonnes assiettes à soupe; pour peu qu’il y ait quelques jours que le coco ait été cueilli ou coupésur l'arbre, cette gelée s’aigrit, ellen’est plus mangeable ayant alors l’odeur, la couleur et la consistance réelle de la semence humaine.

« L'intérieur de la noix de coco de mer est partagé en deux par une cloison assez forte qui communique par le trou d'où sort le germe ; au lieu de gelée il est rempli, lorsqu'il est en maturité, d'une amande fort dure, très coriace, qu'on a de la peine à couper, et qui peut se rapper, c'est de ces deux amandes que sort le germe, elles semblent lui servir de testicules.

« L'arbre cocotier de mer est très long dans sa croissance, un coco de mer planté est environ un an avant de pousser, il est 20 à 30 années avant que de rapporter des fruits, et ce fruit, du moment qu'il commence à paraître sur l’arbre, est plus d’un an à acquérir sa parfaite maturité. J'en ai vu qui ont resté 3 ans sur pied avant que de tomber à terre.

« Chaque arbre porte environ 20 à 30 cocos qui font un poids considérable au sommet de cet arbre, car l’on peut compter que l'un dans l’autre, chaquecoco peutbien peser 20 à 25 livres, il y a ordinairement 2 cocos dans une même enveloppe et quelquefois trois ; l’on en trouve aussi de fort curieux qui, au lieu de ne former que deux parties, setrou- vait (trouvent) en former 3 et 4. Et j'en ai possédé un seul (en ayant) jusqu’à 5; ces derniers sont extrêmement rares et fort recherchés des curieux ; ils ne peuvent être considérés que comme des jeux ou bizarreries de la nature

Usages et propriétés du coco de mer.

« Le tronc de l'arbre après avoir été fendu et netoyé de sa partie mole et fibreuse, sert à faire de longues jumelles

«

«

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 239

pour recevoir l'eau, l'on en fait des palissades pour entourer les cazes ou maisons, les jardins, etc.

« Les feuilles servent à faire de très bonnes couvertures aux cazes, aux maisons, même à les entourer, car avec cent feuilles l’on peut faire une maison commode, la couvrir, l’en- tourer, même faire les cloizons pour séparer les chambres ainsi que les portes et fenêtres; à l'Isle Praslin, la plus grande partie des maisons des habitants et les magasins sont ainsi construits.

« Le duvet qui est attaché aux feuilles sert à faire des mate- las et des oreillers comme la ouate.

« Les côtes des feuilles et le cotton de la queue servent à faire des paniers et des balais.

« Les feuilles tendres, ou pour mieux m’exprimer, les cœurs des feuilles, quand elles ne sont point encore épanouies en éventail, séchées au soleil, coupées dans leurs longueurs par petites bandes de deux à trois lignes de largeur, et pressées, servent à faire des chapeaux bons pour hommes et pour femmes, l'on ne s’en sert pour ainsi dire pas d’autres aux Isles Seychelles.

« La noix, que l’on appelle communément le Coco de mer, sert de vases à différents usages, en le conservant entier, et lui faisant un ou deux petits trous à son sommet, l’on s’en sert pour porter de l’eau ; les noirs en portent ainsi plusieurs qu'ils attachent aux deux bouts d’un bâton, il y a de ces cocos qui contiennent 6 à 8 pintes, quand on lés scie en deux, droit par la moitié ils servent à faire des plats, des assiettes, suivant leurs grandeurs, et quand l’on en trouve de petites, ils servent à faire des vases pour boire, à peu près comme l’on se sert des tasses du coco de terre ; mais celui du coco de mer est préférable étant beaucoup plus fort et plus épais. Voilà pourquoi on l'appelle aux Isles Seychelles, la vaisselle de l'Isle Praslin, Les cocos de mer sont vraiment d'une grande utilité et économie pour les pauvres gens et pour les nègres; aussi les vaisseaux qui passent aux Seychelles tâchent de s'en procurer le plus qu'ils peuvent étant très commode pour les matelots, car

240 Â.-A, FAUVEL

« les cocos de mer sont très forts, et ne cassent point en tom- « bant, l’on en fait aussi de jolis plats à barbe, que l’on fait « graver et garnir en argent. Ils se gravent facilement; ils « prennent un très beau poli et une couleur fort noire.

« Les Indiens avaient attribué aux premiers cocos de mer, « que l’on avait trouvé sur la mer près des Isles Maldives, « plusieurs vertus chimériques qui les avaient fait rechercher « avec le plus grand empressement, ce qui ne paraîtra pas « étonnant quand l’on saura que l’on a vendu dans l'Inde «jusqu'à 2 et 300 Roupies (750 livres) un seul coco de mer; « en raison de ce que les Indiens prétendent. à cette époque « que l’amande qui était dans l’un des côtés du coco de mer « était un poison très violent, tandis que celle qui était du « côté opposé était un contrepoison ; ils lui attribuaient éga- « lement une vertu propre à exciter l'amour, aujourd’hui que « le coco de mer est parfaitement connu, tout le merveilleux « est évanoui et sa valeur tombée aux Indes en raison de ses « vertus supposées et de ce quil est devenu commun.

« L'amande du coco de mer, lorsqu'il est en maturité, est, « comme je l'ai déjà dit, très compacte, elle a de la ressem- « blance avec de la corne blanche, elle n’est employée à aucun « usage ; jusqu'à présent, elle n'a aucune qualité encore par- « faitement connue ; cependant l'on la croit propre à être ‘« employée comme astringent, dans les dissenteries et les flux « de sang. L'on ne peut en tirer de l'huile et elle ne peut que « faire beaucoup de mal si l’on en mange pendant quelque « temps ou une trop grande quantité, étant très indigeste, « l’on a même vu des matelots indiens mourir pour en avoir « fait un usage immodéré à la mer. La gelée de coco de mer «_ est très froide, la quantité en serait très indigeste.

«A Mahé, Iles Seychelles, Le Thermidor an II [le 20 juil- « let 1803 v. s. (vieux style)]. « Le Commandant administrateur civil, aux Iles Seychelles,

« QUINCY. »

M. Deleuze en terminant dans les Annales du Muséum la citation d'une petite partie du travail de Quéau de Quincy,

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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 241

remercie l'auteur et ajoute: « Le nom ZLodoicea Sechellarum « proposé par M. La Billardière sera sans doute adopté par « les Botanistes, mais s'il ne passait pas dans le langage ordi- « naire, il faudrait du moins, pour éviter une erreur, substi- « tuer à cette dénomination de Cocotier des Maldives celle-là : « Cocotier des Séchelles f, »

Revenons maintenant à la collection des moulages en eire de Robillard d'Argentelle, dont nous avons raconté l'histoire dans le chapitre précédent. Ces moulages, admirablement exé- cutés d'après nature et ayant conservé les couleurs qui ont forcément disparu sur les échantillons conservés à sec ou dans l'alcool, nous permettent de comprendre les descriptions ei- dessus données, et les complètent d’ailleurs.

Is sont d'autant plus exacts qu'ils ont été faits sur des objets encore frais provenant des Seychelles, et que l’auteur a utilisé pour certains d'entre eux la coque même du Coco de Mer. Un seul nous paraît insuffisant, c'est celui qui représente un chaton mâle couvert de fleurs. Ces dernières y sont simple- ment imitées et on n'y peut distinguer la forme exacte des anthères et pétales. Les pièces, au nombre de dix, sont dispo- sées dans deux vitrines. Dans la première, on voit marqué A un chaton mâle entier couvert de ses fleurs épanouies, puis en B un régime femelle chargé de deux fleurs, dont l'une parait déja fécondée, et de deux cocos, l’un jeune, l’autre adulte.

Dans la seconde vitrine se trouvent huit pièces, à savoir : C. Un coco coupé transversalement un peu au-dessous de la réunion des deux lobes, soit au tiers de la partie supérieure (du côté opposé au pédoncule *). On y distingue parfaitement : le brou charnu et fibreux ; la coque ayant à peu près la même

1. Annales du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, 1807, in-#°, vol. IX, p. 146. Sur le Cocolier des Maldives. Extrait d'un mémoire lu à l'Académie des Sciences le 14 octobre 1801 par M. Labillardière, et Extrait d'un mémoire envoyé au Muséum par M. Quéau-Quincy, com- mandant et administrateur général des [les Séchelles, sur le palmier qui produit les fruits appelés Cocos des Maldives.

2. L'auteur doit vouloir dire du côté du pédoncule, il semble avoir pris une extrémité pour l’autre.

Annales du Musée colonial de Marseille, série, vol. 1919, 16

242 A.-A. FAUVEL

épaisseur, ce qui indique que le fruit est encore jeune et que cette coque est encore à l'état mou; l’amande remplissant entièrement chacun des lobes. E. L'amande entière dépourvue de son revêtement brun (épisperme). D. F. Deux moitiés supé- rieures de la coquille (côté opposé au pédoncule) : l'une F vide, l’autre D contenant encore dans le lobe gauche l’amande müre et desséchée, avec un léger vide central, indiquant que le coco est arrivé à maturité complète et est prêt à germer. La nature fibreuse et radiée de l'amande est fort bien imitée. Dans cette section, l'ouverture qui doit laisser passer le germe montre bien le coussin fibreux élastique qui la ferme presque complètement, mais qui, grâce à son élasticité, permet à l'axe cotylédonaire d'en écarter les bords. Cette organisation origi- nale rappelle au naturaliste l'ouverture élastique de certains cocons soyeux du genre Affacus. De même que dans ceux-ci, les poils élastiques garnissant intérieurement et extérieure- ment l'ouverture du coco semblent destinés à en défendre l'entrée contre les insectes rongeurs, tout en permettant la sortie du germe!. G représente l’amande entière (revêtue de son enveloppe brune) arrivée à maturité et germant. H nous montre la noix müre dépourvue de son brou avec un germe déjà bien développé. Enfin, deux pièces aujourd’hui séparées, K, L, mais qui devaient sans doute n’en faire qu'une autrefois (sans doute cassées) montrent l'amande flétrie, considérable- ment diminuée de volume, sa substance avant été absorbée par le germe en forme de massue allongée que l’on voit à côté, K, et dont la base est encore adhérente à l’amande. Il est probable que, comme cela arrive dans toutes les graines, la germination produit des ferments qui ramollissent lamande et la font ser- vir à la nourriture de la jeune plante tant que celle-ci n’a pas encore poussé de racines. C’est ce qui explique, sans doute, comment l'on peut transformer en gourdes les coques du

1. L'auteur dans ce moulage a exagéré la grandeur et l’a entourée de beaucoup trop de poils libres et trop longs. Il en a beaucoup figuré aussi autour du germe dans le moulage H. On croit y reconnaitre l'intention d'exagérer d’une façon obscène, sans doute en vue de l'exposition en public.

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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 243

Lodoicea. On sait en effet, par Quéau de Quiney, qu’à l'état de maturité l’amande a la dureté de la corne et qu'il est par suite impossible de l'extraire de la noix en conservant la forme de celle-ci!.

Le catalogue accompagnant la collection de moulages men- tionne aussi cette particularité, citant en plus quelques lignes du mémoire du Commandant des Iles Seychelles. Parlant de l'amande, il change les mots de semence humaine, de ce mémoire, en substance humaine.

Il nous faut attendre jusqu'à l'année 1827 pour avoir de nouveaux renseignements concernant le Zodoicea. Nous les trouvons consignés dans le Botanical Magazine de Curtis sous la signature du célèbre botaniste anglais Hooker. C'est une description botanique complète du Cocotier des Seychelles soigneusement illustrée de cinq planches en couleurs d'après nature.

Après avoir indiqué la synonymie, il passe à la description de l'arbre, auquel il donne un tronc droit, ce qui jure avee la planche sont représentés ensemble, pour la première fois, les deux sexes, mais portés par des troncs trop minces pour leur élévation et surtout beaucoup trop tortueux. Par contre, nous pouvons enfin y reconnaitre les feuilles exactement des- sinées, ce que n'avaient encore fait aucun des auteurs ayant traité de cet arbre. Hooker, n'ayant pas été lui-même aux Seychelles, a s'adresser à un artiste qui fit ce dessin sur place d’une façon plus consciencieuse que Lilet Geoffroy. Les planches du Botanical Magazine ne sont pas signées, mais, d'après le texte, il est probable que le dessin représentant les deux arbres est à Charles Telfair de Maurice, ami et corres- pondant de Hooker.

Il décrit de plus le tronc comme « apparently destitute of bark », fait que n'a pas mentionné Labillardière, tandis que Quéau de Quincy dit que «cette écorce est extrèmement

1. Cela explique aussi comment ces noix peuvent flolter jusqu'aux Maldives. En effet, avant la germination, elles sont d'une densité bien supérieure à celle de l’eau de mer.

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241 A.-A. FAUVEL mince, l'on pourrait dire même qu'il en est à peu près dépourvu». Hooker n'en aurait done pas vu d'échantillon parfait. |

Parlant des feuilles il dit : « The colour is a bright vellow « green, the texture thin and dry, and, when viewed under the « microscope, is seen to be composed of a beautiful tissue of « fine network, having quadrangular aureolae or meshes. « The old leaves when withered hang down upon the stem, « previously to falling off... The male and female flowers are « produced upon different trees each constituting a Spadix, « which bas a small sheathing Spatha at the base. »

IL décrit minutieusement le Spadice mâle, dont il ne men- tionne qu'une pièce, la gravure, par contre, en figure quatre partant de la base des feuilles du palmier mâle. Nous ne cite- rons que les informations complétant celles données par Labillardière, Une bonne gravure (2735 B) montre le chaton entier très réduit; une section en travers de grandeur natu- relle (pl. 2735, fig. 2) ainsi que les fleurs (2735, fig. 5 et 6) dont une étamine (2735, fig. 8) est figurée avec un grossis- sement d'au moins 5 longueurs. La figure T est l’ensemble des étamines en grandeur naturelle, comme les fleurs.

Il décrit mieux le chaton que le botaniste français :

« The Spadir (male) is... amentaceous, ... cylindrical, ta- « pering however towards the extremity, closely covered on « all sides with a densely imbricated, semi circular, slightly « convex scales, which so completely form a continuation of « the substance of the spadix as not to be separated but by « force (et, nous pouvons ajouter, en déchirant les tissus dont « il font partie intime).

« The aperture ... from which the sfamens issue, though « near the base (of these scales) is not in the centre of each « scale, but constantly on one and the same side ; and as the « scale laps over, with that side, the one next above it, so « the aperture and the stamens will be found to pass through « both (pl. 2735, fig. 2)».

La figure 3 de la même planche 2735 fait parfaitement com- prendre (en grandeur naturelle) la position des faisceaux de fleurs disposés sous forme rayonnée dans le plan diamétral et

Annales du Musée colonial de Marseille, volume 1915.

3°série, 4°:

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\ =D À, \4 Ka À —— N a MS nt HE RS a Tao à = Dec. ns A) = Do ; : PR ER A4 SPA Ce PP ne É FT. er ÊFT ES i 2797 - 1ÿ9o Ÿ 9 Ars Yyheblanunn PI. VII. Hooker, 1827. Curtis Botanical Magazine. PI. 2734 A. Lodoicea Seychellarum arbres mâle et femelle. PI, 2735 B. Fig. 1. Chaton de fleurs mâles. Fig. 2. Fleur mâle sur le chaton, Fig, 3. Coupe du chaton mâle. Fig, 4 Une fleur mâle fermée, Fig

Faisceau de fleurs mâles, Fig, 5. 6. Une fleur mâle ouverte. Fig. 7. Faisceau d'élamines Fig. 8. Une étamine fortement grossie. PI. 2736 c. Fig. 1. Rameau de fleurs femelles, Fig, 2, Pistil. Fig. : 5 Pétale. Fig, 5. Une fleur femelle. PI. 2737 D. Fig. 1. Coupe transversale de l'ovaire. Fig Fig. 3. Coupe transversale d'un jeune fruit. ñ J PI. 2738 E. Fig. 1. Noix avec son brou, Fig o

3. Sépale. Fig. 4. >, Coupe longitudinale de l'ovaire

2, Noix à trois lobes, Fig. 3, Noix germée.

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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 245

sans doute en ligne spirale suivant l'axe du chaton comme les écailles elles-mêmes, bien qu'il ne parle pas, dans le texte, de ces positions géométriques des faisceaux. La figure 2 (2735, fig. 2) montre le bouquet d’étamines sortant de l'ouverture à l'intersection de deux écailles. L'auteur explique comment les faisceaux de fleurs sont coupés en portions plus ou moins grandes, suivant que la section a passé par le plus grand dia- mètre de l'alvéole ovoïde qui les contient et qui correspond à l'ouverture, au-dessus ou au-dessous, à différentes hauteurs. La figure montre ainsi dix alvéoles. L'axe du chaton est élastique : « tough (between fleshy and fibrous) ».

La figure # montre, aussi grand que nature, un des fais- ceaux de fleurs avec en a le point d'attache, beaucoup mieux dessiné que celui figuré sur la planche de Labillardière. Ilen est de même du reste de la fleur (fig. 5 et6) dont la masse des étamines est montrée à part fig. T avec celle qui est grossie fig. 8. Il donne 50 à 60 comme nombre moyen de fleurs de chaque faisceau, dont la forme spirale rappelle les inflores- cences scorpioïdes du myosotis et de l'héliotrope : « After « they have withered they still remain within the cavity a « mere mass of husky scales, 1f possible more closelv com- « pacted than before. Each flower is composed of 6 pieces, of « which the 3 outer ones have been generally considered a « calyæ, and the 3 inner a corolla : they are oblong, membra- « naceous, yellowish brown, the outer ones are rather « larger and more regular than the inner. Stamens 15 to 20 « (L. met 20 à 36) anthers terminating in 2 globular heads.

« The spadix has a short compressed footstalk with a groove « on one side. » Cette gouttière est cachée par les spathes dans la figure de Labillardière qui du reste n'en parle pas.

« Spadix of the female plant (planche 2736, fig. 1) also « springing from the axil of the leaves, pendent, 2 to 3 feet « long, thick and woolly, tortuose, clothed with large shea- « thing

œ, red brown scales, which are singularly fimbriated or « more generally erose at the margin, and support several « more or less distantly placed female flowers, of different

« ages, at the same time and of various sizes : for along with

12 _

6 A.-A. FAUVEL |

« the fully formed ripe fruit is often seen the still unfertilized « germen in itself about the size of a hen's egg, but eave- « loped in the six leaves of the perianth, of so thick a nature « as to render the whole of the dimensions and form of a « moderate sized apple (pl. 2736, fig. 5 natural size). The « 3 outer and 3 inner leaves (or Calyx and Corolla) are all- « most hemispherical and one inch thick at the base ; the « outer ones the largest, their margins crenated ; but « both remain and increase in size prodigiously with « the fruit, so as then to be 5 or 6 inches in diameter. « (ermen almost concealed by the perianth, broadly ovate, « narrow at the base above the insertion of the perianth, and, «in that lower part only, exhibiting an appearance of three « cells (pl. 2737, fig. 1). The whole upper part, a little above « the letter à offig. 2, pl. 2736, is a pulpy mass, traversed by « longitudinal vessels. In other germens there is no trace of « cells. The Sfigma is sessile (unless the great mass above « the insertion of the ovules may be considered as a Style) « having a minute three lobed aperture. As the fruit advances « to maturity, 1 or 2 of the cells become abortive and the « germen rounded before then appears depressed on one side « (A vertical section of an unripe fruit is given at fig. 2, pl. « 2737 and a transverse section at fig. 3 of pl. 2737 in both « of which there appears to be but a single seed or nut). « Many, mdeed, ofthe germens are wholly abortive. A single « spadix ripens from 5 to 6 fruits each as large as the largest « melon often 1 foot 1/2 inlength, weighing 20 or 25 pounds, «_ oval, rounded or compressed on one side, and more or less « acuminated, the base surrounded by the greatly enlarged « perianth, (pl. 2738, fig. 1). The external coat or Pericarp « 1s formed by a thick envelope, or husk... of a deep green. »

Comme Labillardière et Q. de Quiney, il dit qu'avant sa complète maturité la noix est remplie d’une gelée blanche ferme et transparente, mais seul il lui donne un goût sucré (sweet to the taste), devenant sure, épaisse et immangeable si on la garde quelques jours, et prenant en même temps une odeur très désagréable,

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 247

Il décrit alors la noix, dont on trouve, dit-il, quelquefois 2, 3 et rarement # dans le même péricarpe ; cette description con- corde avec les précédentes. La figure 2 de la planche 2738 en montre une à 3 lobes et une germant avec un axe cotylédo- naire très long (3 fois la longueur de la noix), renflé considé- rablement à l'extrémité l’on voit la plumule et les racines (pl. 2738, fig. 3). Il faut, dit-1l, un an pour que le fruit atteigne sa grosseur normale, puis il reste 3 ans sur l'arbre avant de tomber. La germination se fait dès que le péricarpe a disparu et avant que la noix ne pourrisse. Nous pouvons ajouter que la noix met sans doute de nombreuses années à pourrir tant elle est dure. En général, il s'écoule une année entre le moment le fruit tombe et celui il commence à germer. On compte d'ordinaire de 20 à 30 cocos mürs en même temps sur l'arbre, qui ne porte fruit qu'à l’âge de 20 à 30 ans.

Hooker donne ensuite l'histoire du Cocotier de Mer telle que nous la connaissons, et d'après les mêmes auteurs. Il ajoute qu'il a fait son travail sur des spécimens reçus par lui et par M. Barclay, et qui avaient été envoyés par son ami et cor- respondant Charles Telfair, habitant de l'Ile Maurice !, Il ajoute qu'un autre de ses amis, plus tard gouverneur, M. Har- rison, visita les Seychelles. Il décrit l'aspect offert par les forêts de Cocotiers de Mer poussant par milliers proche les uns des autres, les sexes mélangés et avec de nombreux jeunes plants croissant de tous côtés à l'ombre de leurs parents, dont les plus vieux n'ayant plus que des feuilles Jaunes et dessé- chées tombent rapidement en poussière.

« À new leaf is formed upon the tree annually and on fal-

_

« ing away, at the end of the year, it leaves a scar or ring ; « by this it is estimated that 130 years are required before

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« the tree attains its full developement. The foliage is the lar-

_

« gest and most beautiful in young plants... » Ilrépète ici ce que nous savons de leur forme et de leur couleur d'abord Jaune clair, puis verte. » There is a space of about # inches (10 cen-

1. Ch, Telfair fut même un peu plus tard, 1855 à 1858, acting civil commissionner, c'est-à-dire gouverneur civil par intérim de ces iles,

(TEE ñ

2LS A.-A, FAUVEL

« timètres) between the rings of the trunk. À Coco de Mer « planted on M. de Quincey's estate on the Isle of Mahé is 13 « feet 1/2 high, has 39 marks or rings, and was planted 40 « years ago (1787) itis a female plant, but there being no male « plant in the island the fruit never comes to maturity !. »

Il nous faut maintenant attendre jusqu'à l'année 1840 pour entendre de nouveau parler du Cocotier des Seychelles. Cette fois c'est un botaniste allemand, Martius, qui donne une excellente diagnose et un peu d'histoire du Zodoicea dans son histoire naturelle des Palmiers publiée en latin à Munich. Nous ne eiterons ici que les parties de ce travail pouvant nous donner des informations complémentaires sur ce que nous connaissons déjà.

Le texte est très clair et montre, aidé d’excellentes planches, comment les fleurs mâles sont disposées dans l'inflo- rescence scorpioïde, à savoir sur deux rangs alternés : « emer- gentes alternatim distichi (eincinnati) bracteis biseriatis

summis vacuis... Rudimentum pistilli nullum. Stamina numerosa (24-36)... ».

Pour la fleur femelle, il compte quelquefois jusqu’à 4 loges dans l'ovaire, et avec autant naturellement de stigmates, plus exact en ceci que Hooker qui ne donne au maximum que trois stigmates et trois loges ovariennes. La noix, soudée intime- ment au sarcocarpe par des fibres, est quelquefois trilobée par suite de l'avortement ou de la coalescence des carpelles. Les feuilles sont plus exactement décrites que dans Hooker qui les donne comme largement ovales, tandis qu’elles sont ici « palmato-flabelliformes ». Il fait remarquer que les spadices sont bruns et persistants. « Spadices inter frondes emergentes, maximi, fusci, perennantes. »

Ses descriptions des fleurs et des fruits sont faites d'après les spécimens pris aux Seychellés par J. Harrison, et transmis par son ami Charles Telfair à Hooker, qui voulut bien les communiquer à Martius.

1. Curtis Botanical Magazine or flower garden displayed, conducted by Samuel Curtis F. L. S. The description of the Lodoïicea Sechellarum by Jackson Hooker L. L. D. In-8, London, 1827. Vol. I of the New Series.

PI. n°5 2734 à 2738.

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 249

Il décrit minutieusement le pétiole et les feuilles :

« Petiolus fere dimidiam totius longitudinis æquans, vagina ampla, tandem longitudinaliter findenda amplexicaulis, antice ultra pollicem crassus, superne sulco longitudinali exaratus, subtus convexus. Lamina e rachi media longe praemissa facie cristae linearis extenditur ampla, obovato-subrhombea, basi cuneata, obtusa 6 ped. lata, flabellato-fissa, lacinns per 1 [5 longitudinis connatis, linearibus, apice bifidis, lacinia postica plerumque minore ; versus rachin arcte et eleganter plicata, dum junior tomento dense ferrugineo obsessa ; textura tenui sicca, sub microscopio venarum areolas elegantes subquadran- gulares monstrante. »

Il déclare quele spadice mâle sortant à la base des feuilles

ilest garnide plusieurs spathes : « oblique truncatis ligneo-

coriaceis ad basin, aliisque secundi ordinis ad ramos parvos

vestitur », porte des chatons (amenta) rameux (in ramis), peut-

être les plus grands du règne végétal, puisqu'ils atteignent

jusqu'à 2 pieds et plus de longueur sur # à 5 pouces de diamètre

au milieu, car ils s’effilent aux deux extrémités : « apice brevi-

obtusiusculo ». Les écailles sont décrites d’après deux spéci- mens de chatons, et cela plus minutieusement que dans

Hooker :

« Squamae... phyllotaxi 18/47 dispositae, peltatae ita est in quavis singula partem interiorem, quasi petiolarem, et exteriorem, sive laminarum, distinguere queas. Pars squa- marum interior cuneiformis cum axi spadicis arctissime connata, colore testaceo ; pars peripherica transverse linear oblonga et applanata, vicinis anterioribus dense imbricata, utroque latere cum lateralibus connata, lineas 15 et 18 lon- ga, 6 circiter lata, in uno latere, quam in altero nonnihil latior, fusca, ipso in margine fere nigricans, versus margi- nem anticum extenuata, leviter crenulata et medio emargi- nata ; postice quaevis squama uno latere (in nostro speci- mine latere sinistro) excavatur sinu profundo usque ad axin spadicis producto, quocum concavitas vicinae squamae impressa ita conspirat ut fovea s. cella ampla formetur, cui funiculus multiflorus immersus haeret : flores promit- tens lenta successione deorsum efflorentes. »

23

250 A.-A. FAUVEL

Il donne une description si nette de l'inflorescence et des fleurs elles-mêmes qu'il y a lieu de la transcrire ici in extenso, d'autant qu'elle complète celle de Hooker :

« Constituitur autem talis fasciculus s. cincinnus duplhiei « serie bracteolarum sub- 30, alternatim positarum sibique « partim imbricatarum praecedente una majore in 1mo fundo « foveae, quae bracteae omnem fasciculum parienti stat ex « adverso. Bracteolae interiores (in quavis serie circiter 10) « vacuae, reliquae floriferae (cfr. Tab. Z. V f. VIII. Introd., « p. exv. B I et CXXVIIT !) omnes lineari-lanceolatae, acu- « tae, longitudinaliter nervosae planiusculae, basi plus minus « oblique adnatae, indeque, ob mutuam tam ipsarum quam « florum pressionem, arcuatae s. falcatae, 4-5 lin. longae, 1- « 1 1/2 latae, castaneae, margine pallidiores. In pluribus quos « examinavi, racemis flores defuerunt, quasi elastica squama- « rum pressione expressae fuerint.

« For. Mas. 4-5 lin. longi. Calyx triphyllus. Foliola oblan- « ceolata, versus basin cunealo-attenuata et fundo plus minus « connexa, apice obtusa et rotundata vel cristula aucta, lon- « gitudinaliter nervosa, colore carneo fuscidulo. Petala rubella. « Stamina 24 aut 25 (Hooker dit 15-20 ; Labill., 20 à 36\e « basi perigonu. Filamenta calyce inclusa tenuiora, lineari et « angusto oblonga apice rotundata perbrevia compressa, ima « basi in corpus carnosum coalita, alba. Antherae subbasi « fixae, lineares truncatae, locellis binis interioribus paullo « altius promissis, non solum omni longitudine sed et vertice « aperiundae flavae. Pollen globoso-ellipticum rima longitudi- « nali hians, flavidum, membranam exteriorem exhibens e «_pluribus cellis densis factam. » C’est la première description que nous ayons du pollen qui est aussi montré fortement grossi dans la figure 13 de la planche 122. Celle-ci donne également,

parfaitement dessinées, deux vues (2 et 3) des écailles du cha-

\

ton en grandeur naturelle : l'une représente la partie supérieure

1. C’est la planche ZV, fig. VIII de l'Introduction. Le faisceau floral vu par la partie supérieure et fortement grossi montre parfaitement la disposition des fleurs et la forme crénelée du bord des pétales, ainsi que l'écaille séparant les fleurs,

Annales du Musée colonial de Marseille, Page 250.

série, 1% volume 1915.

AA vel C474 ET T]

o RE nn D on D nn el PI. VIII. A.A.Fauvel, 1906. Fig. 1-2. Deux sections d'un chalon de fleurs

mâles montrant les fleurs à divers états. Fig.3,4,5, 6. Fragments de chaton mon- trant les fleurs à divers états.

Fig. 7. Fleur mâle ouverte (Fig. 1 à 7 en grandeur naturelle),

Fig. 8. Diagramme schématique d'une fleur mâle grossie.

Fig. 9. Grain de pollen fortement grossi.

Fig. 10. Diagramme schématique d'une fleur femelle réduite.

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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 251

a dorso de trois écailles ; l'autre, la face intérieure de deux

; autres avec la loge du groupe floral. Celui-ci est dessiné fermé: « a fovea depromtus eum bracteis fertilibus et sibi appressis « sterilibus a verlice visus », fig. #. La figure 5 montre vues de côté les fleurs de l'extrémité du faisceau Cincinnus avec les bractées stériles ; le 6 est un autre faisceau plus petit vu de côté ; T est une fleur entière fermée : 8 la corolle avec les étamines, entr'ouverte ; 9 le bouquet d’étamines (an- droecium) ; 10 une étamine (face ventrale) ; 11 une autre (face dorsale); 12 la même vue de côté. Dans toutes ces figures, plus grandes que nature et d'échelles différentes, le grossisse- ment n'est pas indiqué. 14 le pistil avant son développement, en grandeur naturelle.

Cette même planche montre : I le chaton de fleurs mâles, choisi parmi les moindres et de grandeur naturelle, avec, à côté, | une section horizontale laissant voir 12 alvéoles de fleurs et la façon dont celles-ci (deux sont figurées) sont fixées à l’axe du chaton, grandeur naturelle. [T est aussi en grandeur naturelle, l'extrémité d'un spadice femelle avec deux fleurs dont l'une est déjà fécondée et double de grosseur de la pre- mière. Enfin III, une drupe entière : « in perigonio nucem simplicem fovens, magnitudine dimidio imminuta. » Elle est allongée et terminée en pointe arrondie. La description du spadice femelle, étant aussi parfaite que possible et beaucoup plus complète que celle de Hooker, mérite aussi d'être citée en entier.

« Sranix Foëx. 4-5 ped. longus, suffultus pedunceulo pedem « et quod excedit longo, inter frondes erumpente teretiusculo « antice, incrassato, robusto, pendulus, ramosus, ramis e spa- « this alternis. Rachis flexuosa, dense obvoluta spathis cras- « so-coriaceis rufo-fuscis cylindricis, orificio truncato vel « emarginato, margine extenuatis et irregulariter crenatis. « Hisce spathis flores foeminei nonnulli breviter pedunculati « distiche immersi sunt diversae aetatis et magnitudinis et aucto « volumine inde emergunt, tune spathas suas cristarum specie « revolventes. Tomentum rufum per juniores spadices spar- « sum mox deciduum. Passim inter flores fructusque semi-

252 A.-A. FAUVEL

maturos apparent processus conici 4-6 poll. longi, pariter ac rhachis primaria spathis vaginati, qui verisimiliter pro ramis spadicis sunt habendi cum floribus nonnullis abortienti- bus et legitimam molem inter reliquos non adipiscentibus. Flos foemineus depresso-globosus, virgineus magnitudine ovi gallinacei mox capitis infantis, affert calycem et corol- lam triphyllam foliolis crasso-coriaceis, versus marginem extenuatam flexuosis, concavis sibique arctissime imbrica- us.

« Pistillum lato-ovatum, ima basi subpedicillatum 1bique, auctore cl. Hooker callis tribus transversis linearibus (forsan rudimentis petalorum interiorum ?) instructum exhibens in parte inferiore loculos tres compressos, in als vero, tan- quam abortivis, locullum nullum rite evolutum. Stigma ses- sile, apertura parva triloba pertusum. Ovulum plerumque unicum evolutum, rare 2 aut 3. Spadix singulus, 4-6 fructus trium annorum spatium maturare dicitur. Fructus ingentis molis forsan omnium Monocotyledonearum maximus, est drupa lato-ovata, elliptica aut obovata, obtusa rariusve acu- tiuscula, aequalis aut hinc compressa, imo pedem cum dimidio longa, sessilis in perigonio amplicato spithamam lato, cujus foliola lato-transverse oblonga, basi sunt incras- sata et gibba, versus marginem attenuata et inaequaliter incisa. Epidermis laevigata glabra, nitida, olivaceo-viridis. Cortex nonnullos pollices crassus, spissus, griseo-fuces- cens, fibris longitudinalibus ramosis, percursus atque earum ope eum nucleo arete connatus. Pyrenae plerumque solita- riae, raro 2, rarissime 3 evolvuntur, fructu tunc in molem praegrandem aucto ; substantia ossea, colore nigricante ; singula pedem longa, lato-ovata vel elliptica, basi rotundata, superne profunde biloba, in latere exteriore convexa, in interiore compressiuscula, in commissura loborum crassior, extus sulculis tenuibus exculpta, intus laevigata atque repleta albumine, priusquam maturavit gelatinoso, pellu- cido lacteo dulci, demum indurescente atque substantiam corneam duram albam sistente. Embryo intra commissuram loborum in fovea albuminis, ellipticus, lacteus, quam albu-

LE COCOTIER DE MER DES ÎLES SEYCHELLES 253

« men tenerior, magnitudine fabae minoris. Interdum fit, ut « duae pyrenae in unum corpus coalescant, aut utroque cujus- « vis lobo evoluto, aut uno alterove abortiente qua quidam « ratione fructus quadrilobus aut trilobus formatur nunc duos « embryones, nunce unum solummodo ferens. Rarissimo exem- « plo pyrenae quadrilobae obventunt. »

I le fait encore pousser spontanément : « in duabus solum- « modo parvis insulis 15 stadia distantibus ; quae Curiosa « aut Praslin et Rotunda appellantur ». Ici il se trompe il s'agit bien des 3 îles Praslin, Curieuse et Ronde, et non de deux seu- lement, car il confond Praslin avec Curieuse, prenant ces deux noms pour ceux d'une même ile.

Sur la foi d'anciens auteurs, il attribue encore, par erreur, la découverte de Praslin à Mahé de la Bourdonnais en 1743, qui l'aurait baptisée Ile des Palmiers, à cause du grand nombre de cocotiers ordinaires et de Lodoïcées dont il l'aurait trouvée couverte. Cette histoire n’a d’exact que ceci: c’est que Lazare Picault avait été envoyé en 1742 à la découverte de cet archi- pel par Mahé de la Bourdonnais qui l'y renvoya en 1743 et 1744, puis en fit prendre possession par M. Morphey en 1756.

La planche 109 montre en couleurs un paysage de |l'île Curieuse avec, au premier plan, deux Cocotiers de Mer, l’un mâle en fleurs et l’autre plus grand, femelle, avec 3 régimes de fleurs et fruits. Ils sont un peu plus petits et un peu moins finement dessinés que ceux de Ja planche de Hooker dans le Botanical Magazine, mais comme ceux-ci ils ont un tronc grêle et légèrement tortueux, s'accordant d’ailleurs avec la description de Martius, mais un peu moins avec la nature réelle de l'arbre, telle que nous la révéleront plus tard les photo- graphies. Ce dessin est au crayon de Edme Fraser qui l'a fait sur place.

Dans la planche X, on trouve, fig. 1, une noix coupée ver- ticalement pour montrer la position de l'embryon à la jonction des deux lobes. Il est peint en bleu clair se détachant sur le blanc pur de l’amande durcie, tandis que le centre (encore mou ?} de celle-ci est gris jaune. La noix est d'un noir violacé exté- rieurement et jaune brun clair dans la partie sectionnée. Cette

254 A.-A. FAUVEL

figure est au tiers de la grandeur naturelle, 0 "125 >< 0759. La fig. 2 est, comme la précédente, une reproduction également au tiers des dessins de P. Jossigny que nous avons trouvés dans les manuscrits de Commerson et qui représentent : un champignon « forsan agarici species (Cfr. Introd. Cap. I, « S 147) qualis e nuce maldivica enascitur, a facie inferiore. « m. n., etfig. 3: Ejusdem caespes integere putamine pro- « pullulanst. »

La synonymie est fort bien indiquée ainsi que les noms des auteurs ayant parlé du Coco de Mer et de l'arbre qui le pro- duit. Nous les avons déjà tous cités à leur place respective, d'après les dates de leurs publications. Notons seulement cette remarque de Martius :

« Auctores nonnulli hane saepè cum Cocoë nucifera con- « fundebant (Cfr : Dalechamp, Il, p. 1762; Nieremberg, « Hist., p. 297 et inter recentiores : Veinm., Phytanth. « Iconogra., IV, p. 11 et t. 781.) »

Parmi ceux que nous n'avons pu trouver il cite: Gmelin, Syst. natur., Il, p. 569; Wildenow, Spec. Plant, IV, p. 402, n. 6 ; Gieseke, Lin. Prael. in ord. nat., p.86; Linné, Gen. Plant., edit. Spreng., p. 448, n. 2213; Lamarck, Encycl. Suppl., I.

Après Martius, Endlicher et Kunth, en 1843, se contenteront de résumer en une vingtaine de lignes les diagnoses de Labil- lardière, Hooker et Martius. Ils ne nous appennent rien de nou- veau sur le sujet ? 5.

Charlier, décrivant dans l'Univers pittoresque, en 1848, l’île

1. C. F. de Martius, Historia naturalis palmarum a Carolo Fried. Phil. de Martius (La date de l'achèvement du manuscrit est ainsi fixée à la fin de l'introduction : Dabam Monachii ex Museo Regio Botanico die XVII m, Aprilis a. MDCCCL (1850) natali LVI, 3 vol. in-folio, Munich, 1843. Vol. Ill, p. 221. Tab. 109-122. Tab. X, fig. I, I, Il et Tab7° V. fig. VIII. Lodoicea Seychellarum.

2, Endlicher, Genera Plantarum, 1843, Lodoïcea Seychellarum.

3. C.-S. Kunth., Enumeratio plantarum omnium hucusque cognita- rum secundum familias naturales disposita, adjectis characteribus, differentiis et synonymis, auctore Carolo Sigismundo Kunth. Stutgardiae et Tubingae sumtibus J. G. Cottae M.DCCC.XLIII (1843). In-8°, vol. IT. Palmae, p. 225, Lodoicea,

Aunales du Musée colonial de Marseille. série, volume 1915.

\Moche de Mablance 1891, Lodoicea Sechellaruin. Arbre mâle

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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLE 255

Bourbon, parle du cocotier marin ou des Seychelles comme s'il existait dans l'ile, il est possible qu'il ait été apporté de Prashin ou de Maurice, mais il est trop imprécis pour que nous puissions trouver une indication sérieuse, car il se contente de dire : « En attendant il nous faut constater une espèce particulière du Cocotier appelé marin ou des Seychelles dont il est originaire », puis il décrit en latin le fruit dépouillé de sa bourre !.

En 1848 également E. de Froberville décrivant dans l'Uni- vers les Seychelles et Amirantes cite naturellement ce que nous connaissons déjà du Cocotier de Mer. Son texte varie à peine de celui de Quéau de Quiney. Pour l’amande vieillie, il lui donne une odeur d'urine et une amertume détestable.

I se trompe en disant : « On a essayé en vain de trans- planter le cocotier de mer dansles autres iles des Seychelles

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« quoique le solet le climat de l'archipel soient partout sem- « blables, cet arbre végète mal et reste toujours stérile ailleurs « qu'à Praslin et à La Curieuse. »

Nous avons vu, en effet, que Quéau de Quincy et Benezet avaient réussi à le faire fructifier à Mahé etqu'il végète bien à Maurice.

Dans son histoire de Maurice et de ses dépendances, parue en 1849, l'Anglais Ch. Pridham n'oublie pas de raconter tout ce qu'il sait, par les auteurs que nous connaissons, sur le Cocotier des Seychelles. Malheureusement il ne cite pas ses sources et n'y ajoute que fort peu de renseignements nou- veaux. Il dit cependant le premier avec de Froberville que le poids énorme formé au haut de l'arbre par les régimes de fruits pesant chacun environ 50 livres est la cause du balancement continuel que le moindre vent leur imprime?.

L'article si intéressant de Sir W. Hooker dans le Botanical Magazine de 1827 est reproduit in extenso, avec les 5 planches

4. Victor Charlier, L'Univers, Histoire et description .,... Îles Madagascar, Bourbon et Maurice, par M. Victor Charlier, Paris, in-8°, MDCCCXLVIII (1848), p. 34-35,

2. Charles Pridham, Mauritius and its dependencies, by Ch. Pridham Appendix, p. 398-399,

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256 A.-A. FAUVEL

réduites, dans la Flore des Serres el Jardins de l Europe de Van Houtte en 1849. L'auteur de la traduction, J.-E. Planchon, y ajoute quelques détails sur les industries utilisant la noix avec laquelle « on fait encore des boîtes à savonnettes noires admirablement polies montées en argent et ciselées »!,

Il signale que, dans les planches de Martius, le pied mâle du Zodoicea est représenté avec des spadices rameux parais- sant plus gros et plus courts que ceux des planches de Hooker. Il se demande si ces différences tiennent à une erreur de la part des dessinateurs ou si elles se retrouvent dans la nature.

Nous savons aujourd'hui, d’après les observations sur place et de nombreuses photographies rigoureusement exécutées par des naturalistes compétents, que les chatons mâles ne sont pas ramifiés bien qu'un ou deux puissent sortir de la même spathe, ce qui a causé sans doute l'erreur.

Les opinions diffèrent au sujet de la valeur de l’amande à l'état frais (et Jeune), comme aliment. Sonnerat, le premier qui en parle, est d’ailleurs le seul à signaler au début « l'existence à l'intérieur de la noix d’une eau blanche d'un goût amer et assez désagréable », se changeant plus tard en une amande « solide blanche huileuse », mais 1l ne la donne pas comme comestible, même à l’état mucilagineux qu'il oublie de men- tionner.

Labillardière (d’après ses correspondants) en fait un aliment assez médiocre, tandis que Quéau de Quincy, l'appréciant sur place, la considère comme excellente et agréable au goût quand elle est encore à l'état de gelée blanche, ferme et transparente, et venant d'être retirée de la noix encore jeune, car elle se cor- rompt très vite. Robillard d’Argentelle, qui n'a sans doute goûté à Maurice que des noix venant des Seychelles, et par conséquent peu fraiches, vu la longueur du voyage à cette époque, la déclare seulement assez bonne. Frappas qui en a mangé aux Seychelles, à l'état frais, la trouve agréable au goût « mais provoquant souvent des indigestions par sa froi- deur sur l'estomac ». Nous avons appris par Quéau de Quincy

1. Flore des Serres et Jardins de l'Europe. Publiée à Gand sous la direction de Louis Van Houtte,in-8°, vol. IV, 1849, pp. 523-526, 294, Le Cocotier des Séchelles, par J.-E. Planchon.

LP tte math 2e 7 AR LOTS LS se Ed LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 257

qu'elle avait causé la mort de nègres qui en avaient trop mangé sur les navires ils avaient embarqué des provisions de Cocos de Mer. Sans doute elle s'était altérée. Owen, qui parle par expérience, ayant été aux Seychelles en 1823, dit : « The shell... containing a light coloured jelly, which, « although brought to table, is without any flavour and as « a fruit valueless ».

En 1856, Seemann disait : « The immature fruit called Coco tendre . . is easily cut with a knife andthen affordsa sweet and melting aliment of agreable taste ». Roussin, dans son A/hum de la Réunion, 1868-1870, dit : « Avant la maturité complète « du fruit, le noyau renferme deux à 5 litres d'un liquide « analogue par la nature, le goût à celui du fruit du cocotier « ordinaire ; ce liquide lui-même occupe la partie centrale « d'une amande remplissant toute la cavité de la coque, d’abord « gélatineuse, blanche, d'une saveur fade, douceitre, assez « estimée cependant par bon nombre de personnes. .... »

Miss North, qui en 1873 goûta sous l'arbre de jeunes fruits cueillis à son intention, déclare : « I ate some of the jelly from « inside, there must have been any to fill a soup tureen, of « the purest white and not bad!. »

Pour notre part, nous en avons goûté durant l'été 1906, à Paris, dans un fruit arrivé encore frais des Seychelles et nous avons trouvé cette gelée absolument insipide. On voit donc que pour cette question il faut admettre l’adage « de gustibus non est disputandum ».

Mais revenons aux renseignements plus scientifiques des botanistes.

Seemann, dans son histoire populaire des palmiers, nous documente comme suit sur la maturité, la germination et la floraison :

4. Citation de Yule dans son Glossary. Dans l'édition de 1893 de Recollection of happy life, par Miss North, vol. 2, p. 289, nous remar- quons qu'elle ne parle plus du goût, et la phrase ci-dessus est remplacée par : « The inner shell was double and full of while jelly, enough to fill the largest soup tureen ,., »

Annales du Musée colonial de Marseille, série, vol. 1915. 17

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258 A.-A. FAUVEL

« When the fruit is ripe it drops to the ground and is no « longer fit for food. In a few months, 1f not buried in the « earth or exposed to the rays ofthe sun, the fallen nut begins « to germinate and a new plant is formed... It bears only « one spadice in each year (ce que nous n'avions vu indiqué « encore nulle part) and yet has often above ten in blossom « at once. It has flowers and fruits of all ages at one time; « grows on all kinds of soil, the best is in deep gorges and « on damp platforms. »

IT regrette qu’on les coupe, car ils finiront par disparaître rapidement. Une bonne planche en couleurs accompagne cet article’. Elle représente les deux sexes de ce palmier d’une façon assez exacte. M. Swinburne Ward, qui fut de 1862 à 1868 Commissaire civil (autrement dit Gouverneur) des Iles Seychelles, s'intéressa (comme le firent ses prédécesseurs Quéau de Quincy, Charles Telfair (1856-1858) et G. Har- rison), au fameux Cocotier. Il envoya à Sir W.J. Hooker, membre de la Société Linnéenne de Londres, un mémoire dont ce dernier donna lecture en séance de cette Société le 3 mars 1864, et que nous trouvons publié en 1864-65 dans la partie botanique de son journal (1865). Vu son importance, nous en citerons les passages qui complètent les renseigne- ments déjà donnés.

Il nous met d'abord en garde contre les informations trans- mises au sujet de ce palmier, dont on ne connaît encore que fort imparfaitement les conditions de croissance, à cause du long espace de temps qu'il met pour arriver à maturité et de la difficulté qu’on éprouve à obtenir les données exactes en ce qui concerne son développement. Les détails fournis par les habitants du pays n'ont pas grande valeur, parce que. ces personnes n'ont pas l'esprit d'observation et que la sincérité de leurs réponses à toutes les questions qu'on peut leur poser : est loin d’être parfaite.

1. Berthold Séemann; Popular history of the palms and their allies, by Berthold Séemann Ph, D. M. A. F.L. S. Petit in-4°, Lon- don, 1856, p. 230. Genus XXXVIT. Lodoicea Labill. Planche en couleur n°43.

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 259

On admet en général qu'il ne fleurit qu'après 30 ans et qu'il n'atteint guère son entier développement qu'au bout d’un siècle. Personne ne peut dire jusqu'à quel âge 1l peut vivre, ni quel est celui des pieds les plus grands,qui sont vrai- ment gigantesques. Aucun de ceux que les Anglais ont semés depuis qu'ils ont pris possession des Seychelles (1815) n'est encore arrivé à toute sa taille. Celui planté en 1848 dans le jardin de la maison du Gouverneur (Government House) est encore dans l'enfance. Bien qu'âgé de 15 ans, il mesure seulement 16 pieds de haut et cette dimension est réalisée avec les feuilles seules, car il n’a pas encore de tronc visible. Ces feuilles partent encore du sol, comme celle du Palmier du Voyageur Ravenala Madagascariensis! et leur ressemblent. Svwinburne Ward se trompe ici évidemment, car les feuilles même jeunes du Æavenala ressemblent beau- coup plus à celles du bananier qu'à celles d'un Latanier ou d'un Lodoicea. I continue comme suit :

« Nine months after the nut has been planted, supposing « germination to have begun at once, the leaf sprouts at an « angle of 45° from the root; it is very closely folded, with à « smooth hard surface terminating in a sharp point. When « about two feet above the surface it expands, and in nine « months after another leaf follows, coming up the grooved « surface of the midrib of that which preceded it, and so on « at intervals of nine months, each succeeding leaf becoming « larger in size. All these leaves cluster together and support « each other, no stem appearing above the ground. From the « age of 15 to 25, the tree is in its greatest beauty and the « leaves at this period much larger than they are subse- « quently. They consist of two layers of fibres crossing each « other at right angles imbedded ina thick stratum of paren- « chyma enclosed in a tough skin. The stem of the full- « grown tree, like that of all palms, consists of hard fibres « imbedded in medullary substance enclosed in a hard sheath

1. Au moins quand cet arbre est jeune, car il a plus tard un tronc très élancé.

200 A.-A, FAUVEL

« lavec alternance de blanc ou jaune clair et de noir) so that « a good axe is required to cut it (en travers, car en long ce « bois se fend très facilement). It splits readily but 1s extre- « mely durable. Unlike the eocoa-nut trees, which bend to « every gentle gale (flecti sed non frangi (sic)) and are never « quite straight, the Coco de mer trees are upright as 1ron « pillars (frangi sed non flecti (sic) undisturbed in their posi- « tion by the heavy gales and violent storms so often occur- « ring in tropical regions.

« At the age of 30, the tree puts forth its blossoms. The « female tree is 20 feet shorter than the male tree which fre- « quently attain a height of 100 feet. » Ceci nous montre combien peu exacts sont les dessins publiés jusqu'alors et qui, tout particulièrement dans le Botanical Magazine et dans le livre de Martius, nous montrent juste le contraire : à savoir le Lodoicea femelle plus élevé que le mâle, et tous deux avec des troncs tortueux et inclinés.

Il décrit ensuiteles chatons de fleurs mâles dont les écailles sont disposées en spirale. Il assigne une durée de 8 à 10 ans à la floraison mâle. Ces chatons, d'un brun rouge, émettent une odeur huileuse des plus désagréables. Si, après les avoir cou- pés, on les met dans un endroit accessible aux fourmis, celles-ci les dévorent rapidement. Les arbres mâles en ont toujours un certain nombre à tous les degrés de développe- ment, en pleine fleur, fanés, ou complètement pourris.

Il est encore le premier à mentionner que les fleurs femelles laissent couler de leur sommet une sécrétion gommeuse qui sans doute arrête et fixe le pollen, et assure ainsi leur fécon- dation :

« The fruit stalk is supported by 3 very strong bracts; the « outer one of these, the top of which is wedge shaped, « penetrates the stalk of the leaf immediately above it, in the « underside of which nature has left a fissure accessible to it: « By this provision the stalk is enabled to support the « weight of thefruit which hangs upon it, sometimes exceeding « four hundred weight (203 kilos). Eleven nuts have been seen « on one stalk, the probable weight of each being about

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 261

forty pounds (18 kilos). Such clusters are however very rare, and # or 5 maybe taken as the average number on one stalk. « From the fructfication to full maturity a period of nearly 10 years elapse. The fruit attains its full size in about 4 years and is then soft, and full of semi-transparent jelly- like substance of an insipid sweetish taste. The mesocarp is a leathery substance of a brownish green colour adhe- ring to the shell. As the nut ripens, this gradually dries up into a white horny kernel, about 1/2 an inch {1 centi- mètre) in thickness and of no use whatever, supposed to be poisonous, but, probably only quite indigestible. The nut in its perfect state is about 18 inches (45 centimètres) long and of the same breadth, something in the shape of a heart with two separate compartments. It is enveloped like the cocoa-nut in a fibrous husk:; but its texture is not nearly so thick or so strong, and it drops off soon after the nut falls from the tree. The nuts sawn in half and divested of the kernel form excellent calabashes, and are universally used for baling btoas. The entire nut is frequently used as a water-keg and holds 3 or # gallons (13 1/2 à 18 litres) of water. It has however to be « caulked » in the centre, where germination takes place, before it becomes com- pletely water-tight.

« The arrangements provided by nature for the roots of both male and female trees are of a most peculiar nature, quite distinct from those provided for any other known tree. The base of the trunk is of a bulbous form and this bulb fits into a natural bowl or socket, about 2 and 1/2 feet in diameter (0"755) and 18 inches (0"45) in depth, narrowing towards the bottom. This bowl is pierced with hundreds of small oval holes about the size ofa thimble (0%015) with hollow tubes corresponding on the outside through which the roots penetrate the ground on all sides, never, however, becoming attached to the bowl: their par- tial elasticity affording an almost imperceptible but very necessary « play » to the parent stem when struggling against the force of violent gales. This bowlis of the same

262 A.-A; FAUVEL

substance as the shell of the nut, only much thicker. As far as can be ascertained, it never rots or wears out. It has been found quite perfect and entire in every respect 60 years after the tree has been cut down. At Curieuse, many sockets are still remaining which are known to have belonged to trees cut down by the first settlers on this island.

« This curious arrangement renders it impossible that the trunk could grow in a slanting position ; and there 1s no known instance of its doing 50, either on the flat or on the: steep sides of the mountains in both of which situations the tree thrives equally well. The high price still fetched by the nuts will ultimately be the cause of their complete extinction on these islands. The growth of the palm is so very slow that no one can expect to reap where he has sowed and the people consequently never take the trouble to plant any for the benefit of posterity. Not content too with dgging up the nuts that have fallen and taken root, they ruthlessly destroy whole trees by cutting them down for the sake of the nuts and the heart leaves, which later are used for making hats, fans and baskets. Many of the trees still standing are quite spoilt by the practice of cutting out these centre or heart leaves, leaving the tree shorn of its beauty and with an untidy ragged appearance. Besides the ravages of man, fire is a terrible enemy to these forests, a year seldom elapsing, without their being sufferers by acci- dental conflagrations, especially those forests situated at the north-west end of Praslin on which are now found only such male trees that from their height overtopped the flames that destroyed the females. At the south-east end. of Praslin, they are more plentiful, the dry season, being in the south-east monsoon and as the forests are to windward, they are not exposed to much danger from spreading fire. « No suggestion will induce proprietors to abandon their present habit of wilfully destroying the trees for the sake of the nuts and leaves, or to take some pains for the culti- vation and reproduction of this magnificent Palm. Not

FA

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 263

« many years will elapse before the Coco de mer becomes in « reality as rare as it was supposed to be when first picked « up at sea by the wondering mariners, and the only relics « left of its former magnificence will be the decaying blacke- « ned stumps of the trees so wantonly destroyed and the « curious sockets in which they stood for so many years.

« Seychelles, April 16, 1863. » A ce rapport Sir W.J. Hooker a ajouté

« In a letter received from M" Ward, he requests me to « accompany this communication with a statement that seve- « ral of the facts here described were also noticed by « D" Barnard and published in a volume of the Asiafic Socie- « tys Journal, and that these have all been verified by « himself !.»

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Le rapport ci-dessus de M. Swinburne Ward attira l’atten- tion d'un naturaliste français, M. Ch. Naudin, qui en publia, cette même année 1862, une analyse résumée dans la Revue Horticole, et il ajouta : « Le mémoire de M. Ward a eu certai- « nement pour objet d'éveiller l'attention de la Société Lin - « néenne de Londres sur le danger que court cet arbre et de « l'intéresser à sa conservation. Son vœu a été entendu, et la « Société Linnéenne, sur la proposition du D' Hooker, a décidé « à l'unanimité qu'une requête serait adressée au gouvernement « de l'Ile Maurice (dont dépendent les Seychelles), pour l'invi- « ter, au nom de la science, à prendre les mesures nécessaires à « la conservation d'un végétal aussi remarquable par son orga- « nisation qu'utile par ses produits, et qui à ce double titre

1. Journal of the proceedings of the Linnean Society. Botany, vol. VII, 7,8, 1864-1865, p. 155. On (he, Double Cocoa-nut of the Seychelles { Lodoicea Sechellarum). Sea Cocoa-nut, Double Cocoa-nut, Coco de mer, by Swinburne Ward Esq'® Civil Commissionner. Communicated by Sir W, J. Hooker F, R. S, and L, S., etc, Read March 3, 1854.

DT Barnard, Asiatic Society’s Journal (1862-63?) 'on the Lodoicea Seychellarum.

264 A.-A, FAUVEL

« Joint celui d'être un des derniers survivants de l'antique « végétation du globe, »

Le Gardner's Chronicle reproduisit en 1864 la partie du rap- port de M. Ward concernant le bowl, en l'accompagnant d'une gravure ? : ilen fut de même de la Flore des serres et Jardins au cours d'un nouvel article sur le Cocotier des Sey- chelles. Après avoir rappelé le premier article publié 15 ans auparavant par M. J.-E. Planchon, et cité la partie de l’article de Naudin rectifiant les erreurs commises au sujet de l’âge de maturation du fruit, maintenant fixé par Ward à 9 à 10 années au lieu de 3 à # données par Quiney, ete., il ajoute : « La pulpe à ce moment est devenue tellement résistante « que le ciseau peut difficilement l’entamer... Nous ne con- « nalssons pas dans la nature d'exemple d’une parturition « aussi patiente, aussi longue. » Au sujet du bowl, ou socle, il demande en terminant : « D'où vient ce socle et est-il le col- let de la racine primitive? »

Dans le vol. XVI de sa Flore, Van Houtte‘revient en 1865- 67 sur ce sujet, reproduisant, avec la gravure du bowl, celle d'une noix de Coco de mer germant, parce qu'il a trouvé dans le Gardner's Chronicle des renseignements sur ce point com- plétant ceux qu'il a déjà donnés. Voici la traduction de ces derniers détails :

« Une des pièces les plus curieuses qui font partie de la « collection des bois du Musée de Kew (Botanical Gardens) « est bien certainement une grosse masse ayant la forme « d’un chaudron percé d'une multitude de trous correspon- « dant à autant de tubes ouverts à leur extrémité inférieure.

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_

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1. Ch. Naudin, Revue horticole, journal d’horticulture pratique... publié sous la direction de J.-A. Barral, in-8°, Paris, 1864, p. 147, col, 2, Le Lodoicea Sechellarum, par M. Ch. Naudin.

2. Gardner's Chronicle, 1864. Lodoicea Sechellarum. The bowl, with 2 fig., 132, ibid.

3. Flore des Serres et Jardins de l'Europe, Annales générales d’hor- ticulture, Gand, t, XV, 1862-65,. p. 168, n°, 1427, Le Cocotier des Sey- chelles, avec 2 figures par Louis Van Houtte.

#. Ibid., Louis Van Houtte, vol. XVI, p. 114 et figure.

«

«

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 265

Les trous assez larges pour y introduire le doigt servent de passage aux racines du palmier... » Ce n'est en somme qu'une traduction, variant à peine du

texte de S. Ward et appliquée à un échantillon de la collec-

tion de Kew. Mais il ajoute le renseignement suivant :

«

«

Lors de la germination, le cotylédon (voir la figure) est ter- miné inférieurement par une gaine épaisse qui entoure la semmule et dont la base livre passage à plusieurs racines. Les feuilles qui se développent ensuite sont également engainantes et se succèdent durant 15 à 25 ans sans qu'il se forme à leur centre une tige apparente. Pendant ce temps les racines se multiplient en se pressant les unes contre les autres, leur tissu extérieur se durcit vers leur base, les intervalles qui les séparent se remplissent d'une matière extrêmement dure et le sommet de leur masse entoure la base épaissie et tendre de la partie aérienne de l'arbre. Il paraïîtrait, mais cela demande confirmation, que l'arbre, quand plus tard son tronc s’est développé, peut, sous l’ef- fort des vents, jouer librement dans le socle qui le sup- porte. » L'auteur de la Flore critique ce passage comme

suit : « On ne peut faire que des suppositions. Si les tubes

étroitement réunis et soudés l’un contre l’autre ne sont pas constitués par la partie extérieure des racines dont la por- tion centrale ou médullaire aurait disparu, il faut alors y voir autant de coléorhizes fournies par les gaines du cotylé- don et des feuilles radicales qui lui succèdent, coléorhizes qui.se prolongent jusqu'à une certaine distance autour de chaque racine. Nous ne pensons pas que ces tubes aient pu être formés par une excrétion corticale des racines. L'examen anatomique peut immédiatement dévoiler quelle est la nature morphologique de cette étrange production. De même que le rédacteur du Gardner's Chronicle 11 nous est difficile de croire que les racines si nombreuses de ce palmier puissent jouer dans leurs gaines quand le trone et la cyme sont battus par les vents. F. C.f.

1. Flore des Serres et Jardins, Annales générales d'horticulture,

Gand (Belgique), Louis Van Houtte, 1865-1867, vol. XVI, p. 1f#et 2 figures. Le Cocotier des Seychelles, par FC:

266 A.-A. FAUVEL

Nous pouvons ajouter que nous ne voyons pas pourquoi la nature aurait pourvu le Lodoicea d’une sorte de condyle dans lequel la base du tronc et les racines pourraient jouer au moment des coups de vents pour la bonne raison que, les Seychelles étant situées dans la zone des calmes équato- riaux, les vents violents y sont si rares que les premiers navigateurs qui y abordèrent y ont trouvé de grands arbres morts depuis des années et pourrissant sur pied. Ils n’ont pas manqué d'en déduire avec raison que les cyclones de l'Océan Indien n’atteignaient pas la latitude de cet archipel.

Cet appareil bizarre se rapproche beaucoup de la formation curieuse découverte dans les racines d’une Graminée fossile croissant hors de terre comme le Verschaffeltia splendida, un autre palmier spécial aux Seychelles, qui, comme les beaux Pandanus de ces îles, paraît monté sur des échasses obliques. M. Dupont, directeur du jardin botanique de l’île Mahé, qui a bien voulu se donner la peine de nous envoyer un superbe échantillon du fameux how! déterré à l’île Praslin, par l’inter- médiaire du gouverneur Sir E. W. Davidson, écrivait à ce dernier :

« In Lindley's Treasury of botany, p. 962, a reference is « made to the bowl which is mentioned by M. Fauvel. The « note in question is however erroneous and if the bowl « (which is simply the cavity left by the base of the stem at « the point ofjunction with the roots)is an interesting feature, « it is not particular to the Coco de mer. Ï have seen it in « the common aloe (Fourcroya gigantea) and it is probably « common toother plants which are provided with soft stems « and a mass of convergent roots. »

Parlant ensuite des fruits du Coco de mer il ajoute :

« One very strange fact or story is the case of dimorphism « which is found in the fruits. If a collection of fruits is exa- « mined, a certain number of them are found to be different « in shape from the others. Those that have the two lobes « provided with a deep sinus in the middle in such a way as « to give them such a nasty appearance are called by the Sey- « chellois female fruits, and those that have the two lobes

Î

Page 267.

Annales du Musée colonial de Marseille,

l°* volume 1915.

série,

Noix mâle décortiquée vue de face.

. Noix femelle

Collection A .-A

Pl:

indication de l'enveloppe fibreuse qui la contenait) vue de face.

avec

.Fauvel).

5)

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 267

« parallel and forming nearly two straight lines from top to « bottom are called male fruits. The female fruits are suppo- « sed to produce female plants and the same with male « fruits. [ was struck lately in visiting Curieuse and Praslin « to find a very greater number of male trees than of female « trees, whilst the proportion of male fruits in a given heap «is generally very small. However at Anse aux Courbes « there are two lines of Coco de mer trees planted by « M. Despilly one of which is entirely composed of male « trees and the other entirely of female trees... thus lea- « ving one to believe that there is a certain amount of « probability in the selection of nuts according to shape!. »

Le howl envoyé par M. Dupont et qui nous est parvenu à Paris, en août 1906, nous a permis de constater que les pertuis laissés par les racines sont du diamètre moyen de un centimètre et qu'ils sont cylindriques, comme les racines d’ailleurs, et non point ovales comme l'a écrit par erreur Swinburne Ward à la Société Linnéenne. La gravure accom- pagnant l’article du Gardner's Chronicle, et qui a été faite d'après un dessin, les montre ovales, il est vrai, mais c'est un effet de la perspective?. La photographie que nous avons prise avec soin les montre bien circulaires dans la partie vue de face. Ces trous sont, sur notre spécimen, parti- culièrement abondants sur les bords supérieurs de l'alvéole, (bowl), tandis qu'au fond ils ont disparu. On remarque aussi au milieu du fond une masse rayonnée qui semble avoir fait corps avec le tronc de l'arbre, ce qui semble prouver qu'ainsi soudé avec cet appareil 11 lui était impossible d'y remuer sous la poussée. des vents, comme le croyait probable le rédac- teur du Gardner's Chronicle.

1. Lettre de M. R, Dupont, Curator of the Botanical Garden, Port Victoria, Mahé, Seychelles, à son Excellence W, E, Davidson, Gouver- neur des Iles Seychelles, le 22 mai 1906, et communiquée par ce dernier à l’auteur... 26 juin 1906,

2. Ou plutôt de l'intersection du tube cylindrique par la surface sphé- rique du bowl, Leur section perpendiculaire à l'axe est en effet circu- laire comme celles des racines elles-mêmes, A,F,

268 A.-A. FAUVEL

Le Journal de la Société de Géographie de Londres publia, en 1865, un article sur les Seychelles par le Lieutenant-Colo- nel Lewis Pelly. Parlant du Cocotier de mer, qui ne pousse qu'une feuille par an, il dit qu'on peut facilement par ce fait connaître son âge en ajoutant au nombre des anneaux laissés sur son tronc par les feuilles disparues, celui de celles de sa couronne. Il ajoute : « The shell of the fruit you may find «-turned into the scallop of some Fukeer in Northern Indiaf. » Nous avons trouvé, en effet, dans plus d’un musée, des tasses de mendiants fakirs de l'Inde et de la Perse taillés dans une demi-noix de Coco de mer, ornées de fines gravures et d'inscriptions arabes ou persanes, et portant aux deux extré- mités des chaînettes permettant de les suspendre au cou.

L'un des plus beaux échantillons de ces sébilles polies et gravées est représenté sur ses trois faces par une bonne gra- vure que nous avons trouvée un jour par hasard en feuilletant une vieille collection du Magasin Pittoresque.

Ce demi-coco, que l’auteur anonyme de l’article qui accom- pagne la gravure appelle, par erreur, Gourde d'un derviche, est un superbe échantillon de l'art persan moderne facilément reconnaissable par le fait que les inscriptions en caractères arabes qui y sont gravées sont accompagnées d'une scène formée de trois personnages, tous trois coiffés du grand bon- net persan. D'ailleurs les Arabes et les Turcs n'étaient pas, comme on le sait, les représentations de la figure humaine.

L'article explique que ce vase s'appelle en persan ketchkoull, de ketch cintré, courbé et de koull épaule, à cause de la convexité de sa surface. C'est une espèce d’écuelle gourde que le cherletdar ou échanson porte suspendue à l'épaule au moyen d’une chaînette fixée aux deux extrémités. Les dimensions de l'objet sont : 0"26 de longueur, sur 0%15 de largeur et 0"13 de profondeur. Le contenu des versets du Coran gravés à la surface n'offre aucune allusion

1. Journal of the Geographical Society, vol. XXXV. London, 1865, On the Island of Mahé Seychelles, by Lieutenant-Colonel. Lewis Pelly, p. 231-237.

Annales du Musée colonial de Marseille, Page 268.

3e série, 1°" volume 1915.

>

PI. XI. Magasin Pilloresque, 1S54, La Gourde du Derviche. Demi-noix de Coco de Mer gravée en Perse.

LE COCOTIÈR DE MER DES ÎLES SEYCHELLES 269

soit au vase sur lequel on les a inscrits, soit aux personnes qui s’en serviraient. Ils ne sont que pour porter bonheur à celui qui les a écrits, lus ou gardés près de lui, suivant la croyance des musulmans qui attribuent une vertu magique à la lettre morte.

Noùs avons eu l'occasion de voir plusieurs fois dans l'Inde ces moitiés de Cocos des Seychelles pendues au cou des fakirs mendiants qui bien certainement n'en connaissaient pas l'origine.

Un autre naturaliste, le Docteur Ed. Perceval Wright, résidant aux Seychelles, accompagna en juin 1867 le gouver- neur civil Swinburne Ward dans son voyage d'inspection autour de l'île Praslin, M. P. Wright explorait alors les forêts des Seychelles. Il a fait paraître plus tard dans ses Spicileqia biologica le résultat de ses études sur place du ZLodoicea.

Nous en citerons seulement les passages complétant les renseignements déjà fournis par S. Ward. Notons dès le début qu'il observa un bouquet de # à 5 de ces arbres sur la côte Est de Praslin : «growing erect to a height of about 40 « feet, from between a mass of granite boulders quite close to « the sea-shore. » Cette citation est importante en ce qu'elle permet de comprendre comment les noix des Cocotiers de Mer, qui, avant leur destruction par les premiers colons, poussaient jusqu’au bord même de la mer, pouvaient soit tomber directe- ment dans les flots, soit y être portées par les pluies toujours fort abondantes dans ces îles. Cependant il y a heu de remarquer que, vu le poids très considérable de ces fruits, ils ne pouvaient flotter qu'après que l’amande était complètement desséchée à l'intérieur ou détruite par les ferments de la germination. Dans ce dernier cas surtout, la noix, allégée de son brou, qui comme nous l'avons vu tombe en peu de jours, devait flotter comme un tonnelet vide.

. En débarquant sur la côte orientale de Praslin, P. Wright remarqua que « the double cocoa-nut trees were all male

1. Magasin Pilloresque, vol. 22, 1854, pp. 54-56, La Gourde du Derviche.

270 A.-A. FAUVEL

« plants ; the ground at their feet was covered with the « remains of the long catkins, erumbling into dust when « touched. The trees appeared to grow almost out of the « rock, and the little earth seen near the roots was a tena- « cious yellow clay. Two, and sometimes, three leaves hung « suspended from the stem. In the distance, along the coast « and up the mountains side, I saw other specimens ; but « they were but slightly scattered along this eastern side of « Praslin. »

Le cri d'alarme jeté par M. Swinburne Ward et par Sir W. T. Hooker dans sa conférence sur le Lodoïcea à la Société Linnéenne en mars 1864, au sujet de la disparition pro- chaine de cette merveille du monde végétal, avait ému l'opi- nion des botanistes, et la visite de MM. Ward et P. Wright à l'île Praslin avait pour but d'étudier la question en vue des mesures à prendre pour la conservation de ces palmiers. Ils purent constater que si beaucoup de centaines de Cocotiers de Mer avaient été détruits dans le Nord-Ouest de Praslin, 1l en restait encore quelques grandes forêts dans le reste de l'île et que l'arbre ne risquait en rien de disparaître. Ils en trouvèrent encore sur l'ile Curieuse et l'île Ronde. Cette toute petite île est située à l’entrée d'une grande baie profonde qui s'ouvre sur la côte Nord-Ouest de Praslin. Il parait bien que les Lodoicea sont spontanés dans ces trois îles tandis que partout dans les autres îles du groupe des Seychelles ils ont été plantés par la main de l’homme. Sur l'île Ronde, 1l n’en restait plus que deux ou trois. Sur l'île Curieuse, qui est pro- priété de l'État, ils ont été plus respectés et on en trouve encore en grand nombre, particulièrement sur la côte Nord. Sur la côte Sud, le sol est très pauvre et la plus grande partie de la terre végétale a été enlevée par les pluies parce qu'elle n'était plus protégée par les broussailles arrachées par les colons. Aussi les Cocotiers de Mer, qu'on y trouve d’ailleurs en petit nombre, ne s’élèvent-ils pas à plus de 10 à 12 pieds, tandis qu’au Nord ils deviennent fort grands.

Il explique alors que la conservation de ces arbres sur l’île Curieuse est surtout due au fait de l'établissement d’un lazaret

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 271

pour les lépreux qui y fut fondé en octobre 1829 sous la direction de M. Georges Forbes. Le Gouverneur d'alors (G. Harrison?) s'étant, bien avant MM. Swinburne Ward et Hooker, préoccupé de la conservation des Cocotiers de Mer, avait donné des ordres écrits au directeur pour qu'il fût défendu de couper les feuilles et de manger les fruits. Il exprimait même le désir que, une fois par mois, l’on plantät à une distance de dix pas l’une de l’autre, toutes les noix müres trouvées sous les arbres. Aucune embarcation ne pou- vait aborder dans l'île à moins d'être en charge de quelque officier du gouvernement. Il est curieux de remarquer, ajoute M. P. Wright, que, les lettres de Sir W. Hooker sur ce sujet étant arrivées aux Seychelles juste au moment l'on donnait ces instructions, on ne risque guère de se tromper en les attribuant dans une grande mesure au désir de remplir ses vœux. fl ajoute, pour être juste, que, d'après le témoignage de plusieurs gouverneurs et d'après ce qu'il a pu constater lui-même (en sa qualité de médecin du gouvernement chargé de l'Ile Curieuse), M. Forbes a depuis 1829 jusqu'en juin 1867, soit pendant près de #0 ans, rempli fidèlement son mandat tant pour l'esprit que pour la lettre, tant pour les merveilleux palmiers que pour les malheureux malades habi- tant l'ile.

Mais c’est à Praslin même qu'il faut voir le Zodoicea dans toute sa gloire. La forêt de ces arbres, la plus facile à visiter, se trouve dans la propriété de M. Campbell, sur la côte Nord- Est. ils poussent en grand nombre jusqu'au bord même de la mer. Les plus élevés se trouvent dans la vallée et atteignent de 100 à 130 pieds de haut. On y trouve les deux sexes en nombre à peu près égal. Sur cette propriété, un certain nombre sont dépouillés de leurs feuilles qui sont envoyées à Mahé on en demande beaucoup pour la fabrication des chapeaux, paniers et éventails. On laisse un certain nombre de noix germer sur le terrain ; en plus de celles-là, un grand nombre de celles qui tombent ne sont jamais trouvées et un bon nombre sont envoyées à Mahé et à Maurice pour y être vendues. Mais, à moins que quelque catastrophe soudaine ne

272 A.-A. FAUVEL

vienne détruire cette forêt qui contient plusieurs mulhers d'arbres, de toutes dimensions et de tous âges, elle restera pour longtemps un objet bien digne d'être visité par les curieux de la nature.

Une autre forêt de ces palmiers, plus belle encore selon M. P. Wright, est celle qui se trouve dans une grande vallée située dans les montagnes entre la plantation de cocotiers ordinaires, dont M. Osucree est l'agent sur la côte orientale, et l'école et église protestantes sur la côte Ouest. Une pro- menade d'environ deux heures au delà de la maison de l'agent hospitalier vous amène au sommet de la montagne et alors on voit s'ouvrir devant soi la vue de la noble vallée que ces notes sont trop restreintes pour décrire comme elle le mérite. Dans sa partie la plus étroite, elle peut mesurer environ un mille de largeur et 500 pieds de profondeur. Au centre prend naissance un petit ruisseau dont les méandres se dirigent vers le Nord-Ouest à travers une vallée plus étroite. on pouvait admirer des centaines de Verschaffellia grandiflora et un Stevensonia atteignant de 30 à 40 pieds de hauteur; dans des coins ombragés se trouvaient des bosquets de fougères arbo- rescentes avec des troncs de 50 pieds de hauteur; mais dominant le tout comme des géants au milieu de pygmées, se trouvaient des Zodoicea Sechellarum, en si grand nombre qu'il était impossible de les compter. Ils poussaient souvent par groupes de trois, à savoir deux arbres femelles avec au milieu, les dépassant quelque peu, un arbre mâle. Ils mesuraient de 100 à 150 pieds (30 " 50 à 46 mètres) et avaient des fleurs et des fruits de tout âge. La spathe du spadice mâle est plus grande que celle du spadice femelle ; et cette dernière, au moment le fruit mürit. devient très dure et élancée (spike-like). C'est cette partie de l'arbre dont parlent les créoles quand ils vous racontent que « le régime des fruits est « porté par trois fortes bractées, dont la plus externe traverse « le pétiole immédiatement supérieur et dans le dessous duquel « la nature a laissé une fissure accessible audit régime », ce qui permet à celui-ci de soutenir le poids des fruits qui y sont attachés. M. Perceval Wright, tout en citant ce passage du

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 213

“rapport de M. Ward, se défend de lui attribuer cette théorie, En examinant soigneusement les Cocotiers de Mer, notre auteur découvrit qu’ils avaient une sorte d'écorce, fait d'autant

plus intéressant que, comme nous l'avons vu plus haut, ils

avaient passé jusqu'alors pour n'en pas avoir. Vu l'importance

de cette constatation, nous citons ici les propres termes du

D: P. Wright :

« I found on all the trees that I examined, a paren- chymatous barky layer that in trees that had fallen was easily peeled off. This barky layer ‘was curiously pitted; this pitting was caused by the intrusion into the parenchymatous layer, and piercing through it, of the woody fibres of the stem; but without illustrations, it would not be easy to explain this structure, and I must therefore reserve it for another occasion. Some of the so called « bowls » were met with on the mountain-slopes : here I need only add that section made through both young and old trees revealed no peculiarity of structure in this portion of the stem other than what is met with in almost all palms.

« From an examination of all these forests, I arrived at the conclusion that the growth of the stem depended very much on the soil in which it grew ; and I was pleased at being able to determine this by the following facts. Many nuts have been planted on Isle S'° Anne, in different parts of Mahé, and at Silhouette, and the date of the plantation of these nuts is in many cases known with great accuracy. Thus M. Charles Savi planted some seven or eight at Silhouette in one long row, some twenty feet apart, on the side of a mountain, but only some two or three feet above high water mark; the nuts were planted at the same time, in the year 1812. Of these, some six germinated, and for the first year or two grew without one showing any great advantage over the other; now after the lapse of fifty six years, three of these trees (two females and one male) measure four feet in diameter at the base of their stem, which is twenty six feet in height, and they bore their first

Annales du Musée colonial de Marseille. série, vol. 1915. 18

274 A.-A. FAUVEL

« fruit and flowers in the year 1851, when they were, ar « nearly as possible, forty years old ; the other three are to « this day without stems, and have borne neither fruit nos « flowers..……. [found that the thriving Cocos de mer had « fallen upon good ground, where they could grow abun- « dantly, and that the others had fallen upon poor, stony « soil, where the puzzle was to find from what they did get « suflicient food to keep them alive now these fifty five years.

M. P. Wright raconte ensuite comment il essaya d'intro- duire en Angleterre des spécimens vivants du Cocotier de Mer :

« I brought with me in December 1867 to Alexandria three « young trees, about three years old of this palm. The wea- « ther was too cold at this period of the year to permit their « being brought either to Paris or Kew ; and I left them in « the care of my good friend M. Calvert H. B. M. Vice-con- « sul at Alexandria, well known as an excellent botanist, « who gave them to that excellent horticulturist Herr: Win- « terstein to keep during the winter. Unfortunately these « trees did notsurvive {. »

Au commencement de cet article, M. P. Wright dit qu'il était en train de préparer un petit volume dans lequel il don- nerait une histoire détaillée du Zodoicea, laquelle serait accompagnée des photographies de l'arbre, de ses fruits mûrs et de sections des troncs d'arbres jeunes et vieux. Malheu- reusement ce travail n'a pas encore été publié et c’est ce qui nous à donné l'idée d'écrire cette monographie. ;

Dans une lettre écrite le 9 octobre 1868 par le même auteur à À. Searle Hart? et intitulée « Six months at the Seychelles »,

1. £. Perceval Wright, Spicilegia biologica or papers on zoological and botanical subjects written by E. Perceval Wright M. D.— F. L.S. F. R. C.S. L. etc... professor of Botany, Dublin University, in-8°, Part. I, January 1870 (only 75 copies printed), p. 4. Notes on the Lodoicea Sechel- larum Labill, [from the Annals and Magazine of Natural history for November 1868].

2. E. Perceval Wright, Spicilegia biologica. Six Months in the Seychelles, in-8°, London, p. 68-71.

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 279

il raconte son voyage dans cet archipel et sa visite aux îles Praslin et Curieuse dont nous venons de prendre connais- sance. Il ajoute ceci au sujet de l'âge que peut atteindre le Lodoicea :

« One tree of the known age of 25 vears, was found to « have a stem of but six inches in height and hence it was « asserted and generally believed that a stem of 100 feet was « at least 5000 years old. The large male catkins were said « to last in flower for five or six years, and the fruit was « supposed to take twice as many years to come to perfection. « Some mysterious relation was supposed to exist between « the upright stem and that portion near the ground called « the « bowl» by which the stem of this palm tree could « grow only straight ; but the language of science failed to « describe in what this relation differed from that met with « in other palms. Many of these strange statements had been « explained away prior to my visit; some of them still remain « unexplained ; but I trust that my investigations will in some « measure settle those points that have been hitherto unsett- « led, and that in my work on the Seychelles I! may be « enabled to clear up whatever is still indistinet in the history « of the Lodoicea. 1 have presented to the College Herbarium « (of Trinity College Dublin) the fruit in all its stages, a com- « plete specimen of the young palm, and a section from the « summit through the centre of the stem, to the termination « of the roots, of a full grown, though dwarfed specimen, « from the Island of Curieuse. »

Le livre sur les Seychelles que préparait le D' Perceval Wright n'a pas encore paru à notre grand regret.

Avec le cours des années et surtout avec les relations régu- lières établies avec les Seychelles, grâce aux progrès de la navigation à vapeur, la connaissance de leur Cocotier de Mer se répand peu à peu dans le monde et se précise sur certains points. Dans l'Album de La Réunion, publication faite en 5 volumes, édités de 1868 à 1870, à Saint-Denis (Réunion), par M. A. Roussin, nous trouvons une longue description du Lodoicea annotée et illustrée par les soins de M. J. Potier,

276 A.-A. FAUVEL

alors directeur du Jardin botanique de Saint-Denis. Ce dernier est plus versé dans l'histoire naturelle que dans l'histoire de France, car 1l écrit qu'« en 1768 Bougainville, dans le cours « de son voyage autour du monde, visita les Seychelles et « vint dans l'île Praslin avec Commerson... qui créa le genre « Lodoicea ». À notre connaissance ni l'un ni l’autre n’ont été aux Seychelles. M. Potier n'y a probablement pas été non plus et il emprunte aux auteurs que nous connaissons sa description du Cocotier de Mer qui, d’après lui, atteint 25 à 32 mètres de haut sur 30 à 40 centimètres de diamètre. Il fixe à 12 centimètres l’écartement entre les cicatrices laissées par les feuilles sur le tronc ; ceci est le seul renseignement nou- veau et il nous permettrait, en comptant une feuille par neut mois, de donner près de 300 ans à un Cocotier de Mer de 32 mètres d'élévation, à la condition toutefois qu'il ait poussé en bonterrain et régulièrement en formant son tronc de bonne heure.

La description des feuilles, auxquelles il donne 7 mètres de long sur # à 5 de large pour les plus grandes, est accom- pagnée d'une bonne photographie montrant deux per- sonnes debout devant une feuille étalée, ce qui donne une bonne idée de leur grandeur. Comme il donne la même lon- gueur au pétiole cela montre que du tronc à l'extrémité les grandes feuilles peuvent atteindre 14 mètres de longueur. Nous n'en connaissons pas de dimensions supérieures dans les plantes actuelles. Il y a d’ailleurs lieu de noter que la palme figurée dans l’Alhbum de Roussin a poussé à Bour- bon dans des conditions différentes de celles du sol natal du Zodoicea et que par suite on peut sans doute en trouver de plus belles encore aux Seychelles qui sont plus chaudes et plus humides. Elle a été fournie par un Lodoicea de # mètres de haut seulement, âgé de 32 ans 1/2, poussé en bon terrain, à 100 mètres du bord de la mer et à 60 mètres d'altitude, dans la propriété des dames Vendriès. Il n’a pas encore fleuri. D'après des renseignements fournis par d'anciens habitants de l'ile Praslin, qui ont fait à ce sujet les plus patientes observations, 1l ne faut pas au fruit moins de 12 ans

A'EPLATS

DA 07 FE

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES ART

pour accomplir entièrement son évolution physiologique, à partür du moment la fleur a noué jusqu'à celui où, parfaite- ment mûr, 1l se détache lui-même de l'arbre.

Deux autres photographies faites sur des fruits venus de Praslin donnent une excellente idée de leurs formes et de leurs dimensions en les montrant tant entiers que décortiqués à côté de noix du cocotier ordinaire dans les mêmes condi- tions.

Parlant des essais d’acclimatation de ce palmier tentés dans l'Inde, dans les îles de la Sonde, pourtant à la même latitude que les Seychelles, il dit que nulle part ils ne sont aussi beaux et aussi productifs que dans leur pays d'origine : « Ce palmier « remarquable entre tous paraît donc devoir être rangé par- « mi ces espèces végétales sur lesquelles, pour des causes « que nous n'avons pas à étudier ici, l'acclimatation complète « ne semble avoir que peu de prise!. »

Au point de vue esthétique, les opinions diffèrent comme au point de vue gastronomique. Si certains voyageurs ou naturalistes sont pleins d’admiration pour le Zodoicea d'autres le trouvent beaucoup moins gracieux que quantité d’autres palmiers. Voici comment en juge le colonel améri- cain Pike, Consul des États-Unis à Port-Louis, Ile Maurice, qui fit un voyage aux Seychelles en 1871 :

« À première vue, le Cocotier de mer cause un désappoin- « tement, le cocotier ordinaire étant décidément plus gracieux. « En effet, les plus vieux ZLodoicea ont un tronc mince s'éle- « vant à plus de cent pieds, avec une tête échevelée formée « d'un bouquet de feuilles moitié vertes, moitié desséchées. « Les arbres femelles dépassent rarement 60 à 70 pieds. « Étant moins élevés, ils sont moins battus par les vents que « les mâles. Cependant en vieillissant ils deviennent aussi

1. A. Roussin, Album de l'Ile de la Réunion, 5 vol. in-4°, Saint-Denis- de-la-Réunion, 1868-1870. Collection de vues, paysages, plantes et insectes de Bourbon, en lithographie et photographie, par A. Roussin, vol. V, p. 124-130. Description du Lodoicea Seychellarum avec photo- graphies d'une feuille et de 2 cocos entiers et décortiqués. Article signé A. JT.

278 A.-A. FAUVEL

« laids que ces derniers. Ce ne sont que les jeunes, ceux dont « la tige ne fait que commencer à s'élever, qui sont véritable- « ment «one of the loveliest vegetable productions », les « feuilles ayant sans doute leur plus grande dimension et leur « plus grande vigueur juste avant qu'ils commencent à pro- « duire. Il faut 9 à 10 mois pour que le coco germe une fois « en terre. Le germe une fois sorti court souvent à près de « 20 pieds de la noix avant de pousser la première feuille. « Si la noix tombant de l'arbre vient reposer sur le plus « mauvais côté, c'est-à-dire si le germe ne se trouve pas « dessous, il s’allonge en vain de quelques pieds en dehors, « et, ayant épuisé les sucs de la noix, il se dessèche et meurt « faute d'humidité !. »

Ces singularités concernant la germination n'avaient pas été observées ou mentionnées par les auteurs déjà cités. Elles sont d'autant plus importantes que, faute de les connaitre, nombre de personnes ayant voulu cultiver cet arbre ont perdu leur temps. Cette année même, au Muséum d'Histoire Natu- relle de Paris, deux noix fraîches envoyées par le directeur du jardin colonial de Nogent-sur-Marne étant entrées en germination, on décida de les placer dans la serre chaude et d'essayer d’en obtenir de jeunes plants. Les jardiniers ne sachant comment les traiter et ne trouvant pas de vase assez grand pour les placer, imaginèrent de les mettre sens dessus dessous au-dessus d'un pot rempli de terreau. Au fur et à mesure que l'axe cotylédonaire s’allongeait on était obligé de relever les cocos pour éviter que la pointe du germe ne s'écrase contre le fond du vase. Les supports, faits d'abord de pots de fleurs devenant insuflisants, on imagina de sus- pendre les cocos au moyen de cordes passant sur une poulie et l’on hissait le tout de temps en temps. Quand nous visi- tâmes les serres en Juillet 1906, les cocos étaient déjà à

4. Colonel L. Pike, Transactions of the Royal Society of Arts and Sciences of Mauritius, in-8°, vol. VI. New Series, 1872. À visit to the Seychelles Islands by Colonel L. Pike, p. 83-112, antérieurement paru dans The Commercial Gazette of Port Louis, 1871.

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Anuales du Musée colonial de Marseille, Page 279

scrie, 1* volume 1915,

PLENLI Dr Moche de Mablanc, 1S91. Lodoicea Sechellarum, arbre femelle en fruits.

Jardin du Gouverneur des Seychelles à Port-Victoria, Ie Mahé

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LE COCOTIER MER DES ILES SEYCHELLES 279

plus d’un mètre au-dessus de la terre et ils menaçaient les jardiniers d'aller jusqu'au vitrage. Nous conseillâmes à ceux- ci de disposer le tout horizontalement dans le plus long compartiment de la serre, mais il était déjà trop tard, les noix ayant manqué d'humidité suffisante, l'axe cotylédonaire commençait à se dessécher.

John Horne, directeur des Jardins Botaniques royaux de l’île Maurice, chargé d’une mission aux Seychelles, fit en mai 1875 un rapport sur les différents plants pouvant être cultivés dans ces îles. Au cours de ce voyage, exécuté en 1874, 1l visita Praslin et Curieuse, et constata que «dans sa pre- mière jeunesse le Cocotier de Mer est de beaucoup au- « dessus de toute comparaison avec les autres palmiers. Plus « avancé, il semble inférieur au palmier talipot (Corypha « umbraculifera) de Ceylan. La vue du ravin de Praslin, « ilcroît dans toute sa beauté, rappelle vivement une des « descriptions et des tableaux de la végétation du Monde «avant le déluge, de Louis Figuier..…. L'âge que doivent « avoir les arbres avant de fructifier a été, je crois, exagéré. « Celui qui croit au Gouvernement de Port-Victoria, et qui « est un type en tous points, fleurit vers sa 34° année. IT fut « fécondé en juillet 1874 et les ovules étaient considérable- « ment gonflés en septembre. S'il a été fécondé avec succès « on pourra aisément s'assurer du temps que le fruit met à « mürir».

Nous avons eu l'heureuse chance au cours de plusieurs voyages aux Seychelles de voir cet arbre et d'en faire exé- cuter une photographie par notre ami le D' Moche de Mablane, médecin de la Compagnie des Messageries Maritimes. IL était couvert de fruits lors de notre première visite, le 16 juin 1889. La photographie fut faite en 1891. On voit qu'il avait alors au moins quatre régimes chargés de beaux fruits.

C'est à J. Horne que l'on doit la mesure prise par le gou- vernement anglais pour assurer la conservation des forèts de Cocotiers de Mer de l’île Praslin. Il disait en effet en termi- nant son rapport :

« Une chose que je voudrais porter à la connaissance de

280 A.-A. FAUVEL

« son Excellence (le Gouverneur), c’est l'achat de la Ravine « aux Cocotiers de mer à Praslin, qui devrait être conservée «_et entretenue par le gouvernement. Je n'imagine pas qu'il « existe dans le monde un lieu à l'aspect plus antédiluvien « que cette ravine. La destruction des arbres qui s’y trouvent « serait un outrage à la science et un déshonneur pour la « civilisation. »

De plus sa conservation ne serait pas en même temps sans « valeur , car les noix valent chacune 2 à 4 shillings (3 à 5 « francs)! On en demande tellement qu'elles sont enlevées « des arbres et vendues avant d’être müres. Même comme « futur article de commerce, ces arbres devraient être plan- « tés sur toutes les réserves du gouvernement à Mahé, à « Praslinet à Félicité. Si la ravine ne pouvait s'acheter, je « suggérerais qu'elle soit échangée contre quelque autre por- « tion de la Couronne. »

Ce cri d'alarme et ce vœu, répétés en Angleterre à la Société Linnéenne par le savant botaniste Hooker, ont été entendus par le gouvernement qui donna les ordres et crédits néces- saires au gouverneur des Seychelles pour l'acquisition de la fameuse ravine, Des mesures furent ensuite prises pour la conservation des arbres et leur reproduction?.

Les auteurs qui de 1876 à 1881 ont parlé du ro n'ont rien ajouté d'intéressant à ce que nous connaissions ; le botaniste Baker, dans sa Flore de Mauriceetdes Seychelles, parue en 1877, ne lui consacre qu'une vingtaine de lignes. Sa diag- nose est basée sur celle de Labillardière corrigée sur Martius mais elle leur est inférieure, vu le manque de figures. Nous le mentionnons cependant parce que cette Flore est le premier ouvrage de ce genre concernant les Seychelles.

1. En 1906, ayant voulu en acheter une à Paris chez un importateur de produits coloniaux on nous en a demandé 25 fr.

2. John Horne, Rapport sur les différents plants pouvant être cul- tivés aux Seychelles. \

3. J. G. Baker, Flora of Mauritius and the Seychelles, a description of the flowering plants and ferns o1 those islands by J. G. Baker, F. L.S,in-8°, London, 1877, Lodoicea.

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 281

En 1881, le fameux général anglais Gordon Pacha, se trou- vant aux Seychelles, s’enthousiasma tellement pour ces îles qu'il crut y retrouver le Paradis terrestre. Il écrivit un article mystique et scientifique sur le Cocotier de Mer qu'il regardait comme l'arbre de la science du bien et du mal, et le fruit comme celui qui causa dans l’'Éden la perte de nos premiers parents. Ce sont les particularités de sa forme et de sa ger- mination qui lui ont inspiré cette idée plus originale encore que le coco lui-même qu'il appelle avec les indigènes du pays: Coco indécent ou Cul de négresse. Le reste de son travail n’est qu'unecompilation sans intérêt pour nous, mais les dessins dont il l’a accompagné sont si curieux que nous avons cru utile de nous les procurer et de les reproduire ici. Le D Prain, du Musée de Kew, a pu nous en envoyer deux photographies. Quant au manuscrit qui devait les accompagner et dont nous avons vu une copie aux Seychelles même, en juin 1889, il nous a été jusqu'ici, à notre grand regret, impossible d'en obtenir un double. Il n’en existe ni à Kew, ni au Jardin Botanique des Pamplemousses à l’île Maurice l’on nous avait ditqu'il s’en trouvait un. À Kew, on possède les dessins ainsi que des spécimens desséchés de bractées de spadice mâle; une sec- tion du tronc ; un socle de pendule et une canne faits avec le bois, ainsi qu'un modèle du fruit. Tous ces objets, collection- nés aux Seychelles en 1881, furent donnés au Musée Bota- nique de Kew (en 1883), sans doute après la mort du général, par sa sœur Miss Gordon.

Les deux planches dessinées par Gordon au lavis, à l'encre de Chine, sous le titre Lodoicea Sechellarum, sont annotées de sa main, mais non signées. La première comprend à dessins et la seconde 11. C’est d'abord le fruit entier vu de profil avec son calice.

Au-dessus du titre on lit : « Found only on Isles Praslin « and Curieuse 20 miles North of Mahé Seychelles discovered « in 4743 named by Laballadière {sic) after Louis XV Lodoicus «1.e. Lodovicus. »

A droite du fruit : « Ripe nut in husk. Weight 30 to 40 Ibs. « Length 15” cireumference 210”. Takes 7 years to ripen.

» When ripeit falls. »

CNRS

282 A.-A. FAUVEL

Au-dessous, trois sections du fruit, dont la première montre l'axe cotylédonaire sortant de l’amande indiqué par ces mots: « Radicle 1” diam”, smooth white and round. » La seconde sec- tion est celle du fruit mür faite aussi en longueur à travers les deux lobes"; la troisième section, faite en travers au-dessous des deux lobes, montre le trou par sort le germe.

Au-dessous, la base fendue des feuilles de l'arbre femelle avec un spadice femelle fermé par ses trois spathes veinées sortant d'une de ces fentes et un régime femelle déjà sorti du spadice et couvert de fleurs. Le premier est indiqué : « Female Baba, » et le second: « Female fruit branch. Immature, 10 nuts will be on one branch, weight 300 Ibs. This has flowers, buds and fruit of all ages of maturity. » Ce dernier dessin est à lui seul le plus important de la planche parce qu'il nous montre pour la première fois d'une façon exacte et détaillée les premiers stades et la position exacte de la floraison femelle. Sur la seconde planche, on voit également bien représentée pour la première fois l'inflorescence mâle, sortant comme la femelle d’une fente à la base des feuilles et protégée par deux spathes. A côté on lit: « Male tree : male Baba long 3 1/2” diam. » A gauche on voit un fragment du chaton (male Baba) couvert de fleurs dont l’une est représentée au-dessus. A droite, un régime femelle : « Fruit Branch » : une fleur femelle : « Immature nut with artichoke leaves » (les pétales) et une fleur femelle sans calice : « Immature nut without d°. In this stage it is full of fibre and the double nuts are not developed. Fecundation takes place by bees or byplacing male flowers from baba on apex of immature nut. »

Un très petit dessin représente ensuite un arbre entier, avec sa racine bulbeuse, couronné de huit feuilles en losange autour du tronc duquel s’enroule le serpent tentateur, puis une noix germée encore reliée à la jeune plante garnie de trois feuilles ovales par l'axe cotylédonaire On lit au-dessous : «The tree grows to 120 to 130 ft. (12”to 15 diam.) in about « as many years; it bears in its 40-50 year, the fruit takes 7 « years to ripen. Nutis placed on surface, the radicle descends « some 3 ft, or more in form of stout tap rootwhenitsplits and

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 283

« allows plumule to ascend. The radiele is 1” diameter white, « smooth and round. When germ leaves nut, the latter is not «injured, the ivory like substance is like pith. » Ceci confirme bien ce que nous pensions, à savoir que la noix se vide sans éclater, l’'amande se ramollissant au furet à mesure qu'elle est absorbée par le germe, l'axe cotylédonaire et le cotylédon.

Plus bas, on voit la section d'une noix verte en longueur à travers les deux lobes : « Unripe nut (Coco tendre) can be cut with knife. » Des tirets aboutissant aux diverses couches montrent : « Skin of outer husk ; white sago like substance « which forms the hard shell and fibre. Skin between the jelly « and sago like substance. Jelly which when ripe becomes « hard and white. »

Enfin deux feuilles sont figurées avec leur pétiole. L'une, vue de face, est en forme de losange ; l’autre, vue de profil, est pliée par le milieu en gouttière et a la forme d'un croissant. L'inscription porte entre les deux : « Leaf 25° long 14° wide. »

La note suivante termine la planche : « This tree has a « fibrous rope which runs through male and female Babas « through fruit branches, buds etc. and grips them strongly « together; the fruit branches even when the fruit is ripe do not hang down as might be expected, but stick out as if the « tree rejoiced in its strength. » Cette dernière remarque montre bien la tendance plus philosophique que scientifique du mystique général Gordon.

Le docteur Coppinger nous apprend en 1882 que le pied femelle quipoussait chez le Gouverneur à Port-Victoria étant isolé avait être fécondé artificiellement par les soins de M. Brodie, secrétaire du Conseil, qui fit venir de Praslin un régime de fleurs mâles et le plaça sur le régime femelle’,

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« L'arbre avait 30 ans alors. »

1. Dr R. W. Coppinger, The Cruize ofthe Alert, Four years in Patago- nian, Polynesian and Mascarene waters 1878-1882, by DR. W. Coppin- ger M. D. with 16 fullpage woodeut illustrations from photographs by F. North R. N. from sketches bytheauthor. London, in-4°, 1883, chap. XI, p.206-219, Seychelles and Amirante Islands,

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281 A.-A. FAUVEL

Dans le Genera Plantarum de Bentham et J.-D. Hooker, paru à Londres en 18831, la diagnose du Zodoicea est réduite à21 lignes qui ne nous apprennent de nouveau que ceci :

« Genus Zodoicea non nisi staminibus et fructu magno Borasso distinguendum » ; il n'ya donc rien d'étonnant à ce que les premiers botanistes l’aient confondu avec le Latanier ou Lontar des Indes qui appartient au genre Borassus.

Malgré les informations données par les derniers observa- teurs, entre autres par Gordon, Wright, ete., on n'en continue pas moins en 1886 à commettre des erreurs sur la durée de la fructification. C’est ainsi que Watson, dans une courte descrip- tion de quatre principales espèces de palmiers, parlant du Lodoicea dit : « Nach der Reife hängt die Frucht bisweilen + 2-3 « Jahre auf dem Baume. Ein Jahr nach dem Abfallen keimen « die Samen (Nüsse). » Puis il nous apprend que les noix n'ont pu donner de jeunes plants en Europe «: Zu Kew, Hanover « und andern Orten, ist es noch nicht gelungen, aus keimen- « den importirten Samen Palmen zu erziehen”. »

Un autre naturaliste allemand, Carl Salomon, dans son ouvrage Die Palmen paru à Berlin en 188T *, se contente éga- lement d'un article de 20 lignes sur le Lodoicea. Il donne par contre une bonne gravure représentant exactement l'arbre femelle et à côté un fruit décortiqué vu de face. D’après lui, les feuilles ont de # à 6 mètres de long etun pétiole de 6 à

1. G. Bentham and J. D. Hooker, Genera plantarum, ad exemplaria imprimis in herbariis Kewensibus servata, definita auctoribus G. Ben- tham et J. D. Hooker, 5 vol, in-4°, Londini, M. DCCC.LXXXIII (1883), vol. IT, part. 2, p. 92. Tribus V, Borassae. Lodoicea.

2. L. Just’s Botanischer Jahresbericht. Th., p. 717, 346. W. Watson (#17), Kurze Beschreibung von# Palmen Lodoiceae, 1886.

W. Watson, The Gardner’s chronicle. Garden Palms by W. Watson, t. XXV, New Series, January to June 1886, p. 557. col. 1-2, Lodoicea, with, fig., 122 (Germinating nut and cup like base of stem...)

3. Carl Salomon, Die Palmen nebst ihren Gattungen und'Arten für Gewächshaus und Zimmer-Kultur von Carl Salomon, Künigliches Gar- ten Inspeektor in Wurzburg, in-8°, Berlin, 1887, p. 44-46. Lodoiceae.

LE COCOTIER DE MER DES ÎLES SEYCHELLES 285

8. Les étamines sont au nombre de 34-36. Le fruit pèse de 10 à 25 kilos, décortiqué.

Pour la culture récente de ce palmier dans les serres euro- péennes nous trouvons quelques renseignements dans le Gardner's Chronicle: « Hitherto all attempts to obtaina plant « from imported seeds have failed both at Kew, Hanover and « elsewhere, although they have been got to germinate and « leaves grown to the height of a yard or so.

« The nearest approach to success was made in Liverpool « Botanical Garden where a plant was raised from seeds and « grew vigorously for about two years after which it died. « À plant with leaves 41/2 feet long and established in a « tub, the whole weighing 10 cwt. (508 kilos) was received « at Kew from the Seychelles in 1853 but it did not long « survive the change. »

Il ajoute qu'on y attend un nouvel échantillon parfaitement emballé (c'est sans doute celui qui s’y trouve encore aujour- d'hui). Il nous apprend encore que le Musée de Kew possède une série de spécimens de paniers et boîtes faits de feuilles et fruits du Lodoicea : « There is also a photograph of a healthy « young plant established in the botanical gardens in Ceylan. « In the « North » (Miss North)picture gallery may be seen « beautiful pictures ofthis palm in various aspects. »

Il s'agit ici de la galerie construite pour loger les remar- quables collections de peintures faites au cours de ses nom- breux voyages par Miss North qui, comme nous l'avons vu, visita les Seychelles en 1883. Malheureusement, les règle- ments du Musée, conformément aux désirs de la donatrice, s'opposent à ce qu'il soit fait des copies de ses œuvres, c'est pourquoi nous ne pouvons offrir à nos lecteurs une repro- duction photographique du ZLodoicea peint par cette artiste. Les directeurs nous ont envoyé avec la liste des collections concernant notre Cocotier des photographies des dessins de Gordon et des objets fabriqués avec les feuilles.

D'un autre côté, avant écrit au D' Trimen, directeur du Jardin Botanique de Peradenya à Ceylan, pour avoir des ren- seignements sur les Lodoicea cullivés par ses soins, nous en

286 A.-A. FAUVEL

avons reçu une excellente photographie, montrant un jeune pied âgé de 32 ans, et qui doit être celle-là même dont le Musée de Kew a un double. Voici ce qu'a bien voulu nous écrire le D' Trimen en janvier 1892 :

« Lam glad to afford you what information I possess as to « the Lodoicea plants growing in Ceylon. The large plant in « these gardens (Peradenya) was obtained in 1850 and is « therefore now 42 years old. It is a male tree, as was shown « from the first time in 1890 when it put out its first inflores- cence which was however unfortunately cut off by some mis- « chievous person before it fully expanded. Last year however « (1894)it put out in September another spike which has gone « on expanding flowers a few at a time till the end of the « year and still continues. The flower spike is nothing to look « atand has not been photographed asfar as I know; so [am « unable to send you a picture, but I forward one of the « plant taken before it wasin flower. We had a finer specimen « of the same age, in the garden, but this was unfortunately « uprooted and killed by a cyclonic gale in August 1885. At « the branch garden at Heneratgoda near Columbo, I have « however another plant which sprung from a nut received « in 1884. Ten seeds were sent me direct from Seychelles in « that year, but this one alone germinated. It is nowa « healthy young tree with seven leaves (one for each year) « and I hope may prove to be a female. »

Le 16 novembre 1891 il nous écrivait déjà : « Ï am not « aware that the Zodoicea has ever fruited except in the « Seychelles. The plant at Peradenya is a male. »

Il semble résulter de cette communication qu'à Ceylan au moins la végétation du Lodoicea est moins rapide que dans le sol de Praslin et Curieuse, puisque le spécimen en question au bout de 32 ans n’a pas encore de tronc et qu'il ne pousse qu'une feuille par an, tandis qu'aux Seychelles, en bonne terre

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au moins, il donne une nouvelle feuille tous les 9 mois.

M. Trimen ajoutait en effet : « Peradenya being 1550 feet « above the sea level with chilly nights at this time of the « year (November) I do not expect the Lodoicea to attain to

Annales du Musée colonial de Marseille, Page 286.

série, volume 1915.

PI. XIII. D: Trimen. 1892. Jeune Lodoicea de 3? ans au Jardin botanique

de Peradenya à Ceylan, en 1892

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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 287

« a great size here : there is a much better chance at Hene- « ratgoda which is nearly at sea-level. As you will see from « the photograph sent, our tree has yet scarcely any trunk « showing; the height to top of topmost leaf is about 35 feet « and the plant is very healthy but grows slowly forming « but a single leaf each year. The photograph I send you « is a very poor one ; it was taken in 1882. (ten years « ago)!. »

En 1892, M. Charles Alluaud, Correspondant du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, chargé d'une mission scienti- fique aux Seychelles, visita les forêts de Cocotiers de Mer de l'Ile Praslin et en rapporta des échantillons des fruits, une section d’un tronc et des photographies. L'une d'elles, repro- duite en gravure dans le Tour du Monde, est particulièrement intéressante en ce qu’elle est la première représentation exacte que nous possédions de l'ensemble des Cocotiers croissant à l’état spontané. Elle montre le port de l'arbre parfaitement vertical. Au cours de l’article relatant sa visite à l'Ile Praslin, M. Ch. Alluaud résume tout ce que nous savons déjà du Cocotier de Mer mais il se trompe ‘en disant :

« On a pu en faire pousser à Ceylan, dans l'Inde, voire « même dans les serres de ÆXew en Angleterre l'on à « obtenu un fruit en 1891. I y en a aussi un exemplaire « vivant au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Le Zodoi- « cea est probablement l'exemple le plus extraordinaire que « l'on puisse citer de la localisation d'une espèce gigantesque « sur une très petite île »..…... L'appel de M. Horne pour la « conservation de ces arbres a été entendu et le gouvernement « anglais est aujourd'hui propriétaire et conservateur de « la portion de Praslin sont les plus beaux Zodoicea. On « peut aisément se procurer des cocos doubles sur les pro- « priétés particulières, mais il est formellement interdit de « prendre une noix sur les crown lands; ainsi se trouve assu- « rée la conservation de cette intéressante espèce. »

1. Henry Trimen, Director of Botanical Garden at Peradenya, Ceylon, Lettres à M. A.A, Fauvel, en date du 16 Novembre 1890 et 19 Janvier 1892.

285 À.+A. FAUVEL

Il raconte ainsi l'impression qu'il ressentit à la vue de la ravine aux Cocotiers de Mer après une marche d'environ deux heures en forêt à travers une broussaille impénétrable faute de sentier :

« Mais tout à coup l'on fait halte, et l’on relève la tête, on «_est alors saisi par la majesté unique du site. Les Zodoicea « aux troncs puissants montent d'un seul jet à une vingtaine « de mètres et étalent 7 ou 8 feuilles d’une forme et d'une « ampleur inconnues. Les pieds les plus élevés ne sont pas « les plus beaux. Rien ne rappelle mieux le poteau télé- « graphique qu'un tronc de palmier qui n'en finit plus et les « feuilles, trop exposées haut aux fortes brises, se déve- « loppent mal et sont déchiquetées. Le silence le plus absolu « règne en cet endroitet, malgré soi, on parle à voix basse « comme en un lieu sacré ; 1l semble que l’on soit transporté « à une autre époque géologique à la vue de ces arbres si « différents de ceux auxquels nous sommes accoutumés » et il cite la comparaison de Horne avec un paysage antédi- luvien.

ne trouva plus de Cocotiers de Mer à l'Ile Ronde les der- mers ont disparu. Il nous montre encore dans une gravure un fruit décortiqué, un seau, une gourde, un bol et un plat à riz faits avec la noix privée de son amande,

La mention faite par M. Alluaud d’un Zodoicea ayant porté fruit à Kew en 1891, ayant été depuis répétée par M. Charles Anastas dans sa brochure intitulée : Histoire et Description des Iles Seychelles, paru à Maurice en 1897? et même ampli- fiée par ce dernier qui ajoutait : « Au Dahomé le Zodoicea « forme à une heure de Whydah, vers Savi et vers Godomé, « de vastes forêts il croît presque seul ». Nous écrivimes au Directeur du Jardin Botanique de Kew pour savoir si ce fait dont nous doutions fort était exact. Le 28 mars 1906,

1. Charles Alluaud, Le Tour du Monde, périodique illustré, in-4°, Paris, 3 février 1894, p. 74-76. Voyage aux Iles Seychelles, par Ch.Alluaud.

2, Charles Anastas, Histoire et description des Iles Séchelles, in-8°, 77 pp. Maurice, 1897, p. 18-21. Ile Praslin.

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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 289

M. Prain nous répondait : « In reply to your letter of 21 March I have to inform you that the statement that an example of Lodoicea Seychellarum has born fruit at Kew in « 1891 is, as you had suspected, quite incorrect. [ cannot, « imagine how the erroneous belief could have originated 1,»

Nous ne savons M. Anastas a pu apprendre que le Lodoicea formait de vastes forêts au Dahomey : il ya une erreur évidente et l'on a pris pour ce palmier les Rôniers, Borassus flabelliformis, qui y sont nombreux comme au Sénégal et qui étant de la famille des Lataniers, peuvent être confondus par des observateurs peu compétents avec des Lodoicea sans leurs fruits.

Au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, on ne possède pas actuellement de jeunes plants de Cocotier de Mer, mais à l’époque écrivait M. Ch. Alluaud nous avons pu en voir un jeune plant avec les feuilles encore ovales dans les serres de M. Emmanuel Liais, maire de Cherbourg, serres qui, à sa mort, ont été léguées à la ville.

Nousavons lu aussi quelque part que des Cocotiers de Mer poussèrent avec succès dans l’Ile de la Trinidad ou sur la côte orientale de l'Amérique Sud. Nous n’avons pu encore obtenir confirmation de cette citation.

Le dernier ouvrage que nous ayons pu consulter donnant des détails scientifiques sur le Cocotier de Mer est le livre magnifiquement illustré de nombreuses photogravures de Carl Chun qui en 1898-99 accompagna sur la Valdivia l'expédition d'océanographie allemande. Dans ce beau volume in-4° nous trouvons tout un chapitre consacré aux Seychelles l'expédition passa quelque temps. On n'a pas oublié le glorieux Lodoicea dont l’auteur résume l'histoire et la deserip- tion. Il nous raconte sa visite aux Cocotiers de Mer de l'Ile Praslin, en compagnie de l'inspecteur des forêts M. Baty, le 8 mars 1899. Il cite comme ses devanciers les anciens auteurs,

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oravures fort

mais ne nous donne de nouveau que plusieurs g

1. Dr Prain, Director ofthe Royal Gardens Kew, Letter to M, A, A, Fauvel, 28 March 1906.

Annales du Musée colonial de Marseille. série, vol, 1915. 19

290 A.-A. FAUVEL

bien réussies d'après d'excellentes photographies. C'est en somme la partie la plus intéressante et la plus nouvelle, Citons celles qui concernent notre sujet. Ce sont, p. 434: « Urwald auf Praslin mit Lodoicea »; p. #36, « Stamm einer jungeren weiblichen Lodoicea mit Fruchten » ; p. 438, « Lodoicea Seychellarum auf Praslin », qui nous montre deux Cocotiers chargés de fruits; p. #39, « Urwald auf Praslin » ; à gauche, un Lodoicea femelle, et à droite, un jeune Cocotier de Mer avec les pétioles des feuilles ; p. 440. Très bonne gra- vure hors texte in-4° : « Lodoicea Seychellarum » auf Praslin !,

Il ne nous reste plus pour terminer cette longue monogra- phie du Cocotier de Mer qu'à parler des détails que nous avons pu observer nous même, tant sur place aux Seychelles qu'à Paris sur les échantillons conservés au Muséum ou sur ceux que nous avons reçus du Gouverneur des Seychelles, Son Excellence W. E. Davidson, et du directeur du Jardin Bota- nique de Port-Victoria, île Mahé, M. Dupont, et enfin de M. Laurier père, correspondant de la Compagnie des Messa- geries Maritimes dans cette ile.

Nous avons tout particulièrement étudié un point qui nous a paru imparfaitement élucidé jusqu'ici, à savoir le mécanisme de la germination qui diffère beaucoup de celui du cocotier ordinaire. L'ouverture ménagée par la nature dans la noix du Cocotier de Mer pour permettre la sortie du germe se trouve (comme nous l'avons vu consigné dans les auteurs pré- cités) entre les deux lobes, elle n'est que fort difficilement visible de l'extérieur, l’espace, d’ailleurs très restreint (envi- ron # centimètres sur nos # échantillons), entre ses lobes étant à demi rempli par des fibres noires, assez fortes, prenant naissance, avec d’autres plus fines situées au-dessous, sur la noix même. En ouvrant la noix, on s'aperçoit que son ouverture ovale (0"045 >x 0004) a son grand axe dirigé d'arrière en avant du coco, c’est-à-dire parallèle au

4. Carl Chun, Auf den Tiefen des Weltmeeres, Schilderungen von der deutschen Tiefsee-Expédition mit6 Chromolithographièen, 8 Helio- gravüren, 32 als Tafeln gedruckten Volbildern, 2 Karten und 390 Abbil- dungen in Text.In-4°, Verlag von Gustav Fischer in Jena, 1900.

Annales du Musée colonial de Marseille, Pages 290-291. série, volume 1915.

FALL TE

PI. XV.— A.-A.Fauvel,1906. Appareil de la germination du Coco des Seychelles. Fig. 1. Section transversale de la noix au-dessus des deux lobes montrant l'ouverture du hile après enlèvement de l’amande ou albumen. Fig. 2. La même ouverture après enlèvement de l'appareil fibreux de la fermeture. Fig. 3. L'appareil fibreux élastique vu de côté. Fig. 4. Section en travers de cet appareil dans le sens de la longueur (de haut en bas). Fig. 5. Section de la noix à travers l'appareil de fermeture du hile dans le sens de son grand diamètre (de la face supérieure à la face inférieure de la noix). Fig. 6. Aspect de la noix par la face supérieure (bombée) après enlèvement de l'appareil du hile. Fig. 7. Coupe à travers l'embryon, l’amande et l'appareil fibreux de la face supérieure à la face inférieure en grandeur naturelle. Fig. 8. Portion de la coque en gran- deur naturelle montrant les impressions qu'y laissent les fibres du péricarpe ou brou. Grandeur naturelle. Fig. 9. Fragment de l'écorce externe du fruit (épisperme) montrant sa structure fibreuse, des Coccus hémisphériques et les traces laissées par eux. Gran- deur naturelle.

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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 291

petit diamètre et allant de la face inférieure (la plus plane) à la face supérieure (la plus bombée). Un appareil élastique, formé de fibres ondulées (PI, XV, fig. 3, #, 5), réunies à la sur- face par une sorte de cellulose brune, ayant la forme d'un entonnoir ovale en haut, à ouverture inférieure linéaire de 2 centimètres de longueur, lui sert de fermeture. Par sa con- struction et sa disposition, cette sorte d'entrée de nasse per- met au germe de sortir, tout en écartant, de chaque côté, la paroi fibreuse, mais s'oppose à l'entrée de tout animal ron- geur ou de tout insecte destructeur qui voudrait s'attaquer à l’amande et à l'embryon. Celui-ci, qui au début ne dépasse pas la grosseur d’une noisette, est encastré solidement dans l'albu- men corné, sur le fond blanc duquel il se détache en jaune clair. La pointe est séparée de l'appareil de sortie par une mince écaille d’un brun noir recouverte elle-même, comme l’amande tout entière, d'une sorte de seconde coque qui adhère intimement à l’amande et est séparée de la coque externe par une petite épaisseur de tissu brun spongieux. C'est ce qui permet d'enlever l’amande sans briser la coque. L'amande en vieillissant prend la dureté de l’ivoire, elle est formée de fibres disposées normalement à la coque donnant à la cassure dans ce sens un aspect soyeux. La cassure en travers est au contraire lisse. Le tout séché rapidement après ouverture de la noix se crevasse fortement, ce qui rend inutili- sable pour l'industrie cette matière qui, ressemblant de très près à l'ivoire végétal ou corozo, pourrait rendre les mêmes services si elle était plus homogène et moins chère.

Dans un des spécimens très anciens conservés dans les gale- ries de botanique du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, l'intérieur de la noix, ayant sans doute séché très lentement, ou après avoir été, peut-être, conservé dans l'alcool, offre une amande d'apparence homogène (non radiée), de couleur jaune crème et d'une dureté analogue à celle de l'ivoire animal, Dans ce cas, on pourrait l'utiliser dans l'industrie, Nous n'avons pas connaissance que cela ajt été jamais tenté, Il nous a été impossible de constater, tant sur les sections de troncs que nous avons vues que sur les troncs eux-mêmes

292 A.-A. FAUVEL

des Cocotiers de Mer examinés à l'île Mahé, la curieuse dispo- sition dont parlele D' Perceval Wright. Il est probable que cela n'est visible que sur certains arbres et dans des condi- tions spéciales de culture.

Personne n'a remarqué que la surface extérieure de la noix (PI. XV, fig. 8) est marquée de deux sortes de sculptures, l'une {la seule mentionnée par les auteurs précités) consiste en des sillons peu profonds formés par les plus grosses fibres dans le sens de la longueur du coco. Ces fibres, très dures et cassantes, d'un demi-millimètre de diamètre environ, prennent naissance sur la coque même, dans laquelle elles s'impriment pendant la croissance et le durcissement de celle- ci. Mais la coque est’ encore marquée d’une sorte de vermi- culature très fine qui lui donneun aspect chagriné tout parti- culier et qui est sans doute causée par l'impression de la pointe des fibres plus fines de l'enveloppe. Celles-ci sont, à l'inverse des premières, très longues car elles ont pour la plu- part la longueur même du fruit entier. Elles sont légères, d’un brun clair et peuvent servir à la confection des cordages, comme les fibres du coco ordinaire connues dans l'Inde sous le nom de Coïr. Elles sont séparées par un parenchyme aqueux qui pourrit après la chute du fruit, ce qui permet à l'enveloppe de se détacher facilement, au contraire de ce qui se passe pour le brou du coco commun. Ces fibres et leur parenchyme sont enfin recouverts par l'enveloppe externe qui est très cassante à cause même de sa constitution. Elle est formée en effet (fig. 9) de fibres très courtes (1 à 1 1/2 milli- mètre), disposées normalement à un épiderme de l'épaisseur d'une feuille de papier ordinaire, et très serrées les unes contre les autres; le tout se déchire avec unegrande facilité mon- trant à l'intérieur l'apparence d'une brosse ou d'un tapis à poils très serrés. L'extérieur est luisant, vert olive à l'état frais, brun clair à l’état sec. Sur cette écorce on remarque sou- vent une multitude de petits Kermès ou Coccus hémisphé- riques de 1 millimètre de diamètre sur 1/2 "" d'épaisseur, d'un noir brillant à l’état sec, laissant après leur chute des marques blanches circulaires en O ou en fer à cheval. Nous

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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 293

n'avons pu les identifier encore. On les voit représentés en grandeur naturelle sur la figure 9.

La coque elle-même semble composée de fibres brun noi- râtre entrecroisées, devenant noires en vieillissant, Sa surface interne est semée de ces fibres qui serpentent entre la coque et l'écorce intérieure de l’amande. L'épaisseur de la coque ne dépasse guère # à 5 millimètres, la partie la plus épaisse se trouvant entre les deux lobes vers la queue de la noix.

Nous avons reçu des Seychelles un fruit anormal ayant la forme d’un énorme concombre légèrement courbé. M. Dupont, le Directeur du Jardin botanique de Port-Victoria, auquel nous devons cet envoi, nous signale qu'on en rencontre souvent de semblables, Il les croit non fécondés, et s'étonne de les voir cependant atteindre ces dimensions. Le nôtre a 50 centim. de long sur 15 centim. de diamètre. En l’ouvrant, nous y avons trouvé une noix réduite à un lobe. Il avait donc bien été fécondé, mais il était attaqué par une végétation cryptogamique de la consistance et de la couleur de l’amadou. L'amande avait disparu, entièrement absorbée par ce parasite qui avait également détruit les 3/4 de la coque et envahi le brou. Placé dans une cave, 1l nous a donné à la surface du brou des champignons blancs absolument pareils à celui des- siné par Jossigny.

A la surface d’un échantillon entier, arrivé en bon état, nous avons remarqué de petites vermiculatures blanches en forme de fer à cheval, d'un millimètre à peine de diamètre et qui paraissent dues à un parasite animal, sans doute quelque Coccus que nous n'avons pu trouver et qui sera tombé pen- dant le voyage, au fur et à mesure de la dessiccation de l'écorce.

Mentionnons enfin que M. Alluaud a remarqué à Prashn, sur les troncs des Cocotiers de Mer, la rare et superbe /Zelir Studeriana, escargot spécial aux Seychelles. Il est encore pos- sible que le cœur de ces arbres soit attaqué comme celui des Cocotiers ordinaires par l'Oryctes Rhinoceros, un énorme coléoptère, mais nous n'en avons entendu parler nulle part.

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LIST OF SPECIMENS AND ILLUSTRATIONS OF COCO-DE-MER LODOICEA SEYCHELLARUM LAB.) IN THE MUSEUM AT THE ROYAL BOTANICAL GARDENS, KEW

. Fruit with husk from Seychelles, presented by Ce Button, 1883.

1

2, » 3lobed » » » » H. Nillet, 1891.

3 » 4 ]lobed » » » » Swinburne Ward, 1871.

&. 5 lobed » » » » C. Button, 1888.

5. » Globed » » » » Marquis of Ripon, 1388.

6. » shewing mode of germination. 7

» » » ») »

8. » Model from Seychelles presented by Major General Gordon, 1883. 9. » 2lobed presented by the Linnean Society. 10. » Section containing # imperfect seeds, presented by Linnean Society, 1873. 11.5) » (longitudinal) collected by Major General Gordon presented by Miss Gordon. 42. » Absorptive organ of cotyledon from a nut, about 7 years

after germination. Royal Gardens Kew, 1896, 143. » Section of nut shewing cotyledon after absorption of endos- perm, about 7 years after germination.

1%. » Section (longitudinal) shewing position of the cotyledon in the endosperm. 15. » Section shewing endosperm and cavity left by embryo.

16. » Kernel or endosperm as sold in the bazaars at Bombay. 17. Bract, Seychelles. Collected by Major General Gordon. Presented _ by Miss Gordon. 18. Bract, Seychelles, presented by C. Button, 1884. 19. Male Spadix. Botanic garden Peradeniya, D' Trimen, 1893. 20. » » Seychelles. Presented by General Gordon, 1882. 21. Section of the base of the trunk, Seychelles, General Gordon. Presented by Miss Gordon, 1887. 22. Section of the base of the trunk, Seychelles Islands, 23. Bowl-like base of the stem. 24. Clock-case made of the wood. Collected by General Gordon. Pre- sented by Miss Gordon, 1887.

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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 295

25. Drinking cup of an Indian Fakeer, made of the carved shell, Pre- sented by N. S. Frere.

26. « Tazzas », made of the shells of a small fruit, mounted in silver,

Seychelles. M. Swinburne Ward.

7. Walking stick of the wood, Seychelles, C. Button, 1883,

8. » » ES) » ») , General Gordon.

29. Split petiole, Seychelles. M. Swinburne Ward.

30. Leaves prepared for splitting. Seychelles, 1873.

31. Basket made of the finely split petiole of the leaves, Seychelles, Mrs Morris, 1873.

32. Basket made of the split petiole of the leaves, Seychelles, Mrs Morris, 1873.

33. Hat made of the plaited leaves.

34. Specimens of Plait from the split leaves. Seychelles, presented by M. Swinburne Ward.

35. Various articles ; Basket, Fans, made in the Seychelles, presented by the Royal Society of Arts and Sciences of Mauritius, 1859.

36. Photograph of a Female tree.

37. Photograph of a Male tree.

NN 1

38. Photograph of Male and Female trees, Seychelles, presented by M. Sweet Escott. C.M.G., 1902.

39. Photograph of tree in Botanical garden Trinidad, presented by M. J. H. Hart, 1904.

40. Sketch showing germination by General Gordon, presented by Miss Gordon, 1887.

41. Drawings (2 plates) by General Gordon, presented by Miss Gordon, 1887.

42, Dräwings showing germination by John Allen, 1890.

LISTE D'OBJETS CONCERNANT LE LODOICEA SE TROUVANT DANS LES GALERIES DE BOTANIQUE DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE A PARIS

Sept noix décortiquées dontune très grande (0M50><0%40), une offerte par M. A. Grandidier en 1882, une par M. Ch. Alluaud, 1892.

Une noix entière avec le brou dans l'alcool, offerte par M. A. Gran- didier en 1880.

Deux noix entières avec le brou desséché et entr'ouvert,

Deux noix décortiquées à trois lobes.

Quatre noix décortiquées à quatre lobes.

Une noix sectionnée verticalement à travers les deux lobes, montrant l'amande peu épaisse jaune clair. Echantillon très ancien.

296 A.-A. FAUVEL

Une noix coupée entre les deux lobes, amande peu épaisse, très dure, jaune clair, Echantillon très ancien.

Une noix à quatre lobes, sectionnée en longueur à travers les lobes.

Trois spadices mäles et deux spadices femelles desséchés, provenant de l'Exposition universelle de Paris 1878.

Une fleur femelle avec fruit naissant. Même origine.

Une section transversale d’un tronc de Lodoicea, 0 " 10 de hauteur sur 0®35 de diamètre, Offert par M. Ch. Alluaud en 1892.

Un petit échantillon de bois poli. Mème origine.

Une grande feuille. Sans doute celle envoyée par l’abbé Rochon.

Une collection d'objets en paille de feuille de Cocotier.

Fleurs dans l'alcool.

Socle des racines (The bowl) offert en 1906 par M. A.-A, Fauvel,

a

BIBLIOGRAPHIE CONCERNANT LE LODOICEA SEYCHELLARUM PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE

MANUSCRITS

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IMPRIMÉS

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.

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 299

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300 A.-A. FAUVEL

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3 na

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 301

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49. Th. Frappas (1818-1819). Extrait d'une relation d'un voyage fait à Madagascar, à Anjouan et aux Seychelles pendant les années 1818- 1819, par M. Frappas, enseigne de vaisseau, dans Annales Maritimes et Coloniales, par M. Bajot, in-8°, Paris, 1820, 1"° série, partie, p. 229 et 258-259.

50. Th. Frappas (1818-1819). Souvenirs d’un jeune marin ou récit de plusieurs voyages faits de 1816 à 1822 à la côte de Coromandel et au Bengale, aux Iles de France et de Bourbon, et aux Seychelles, Mada- gascar, etc., par M. Théophile Frappaz (sic), dans Journal des Voyages, découvertes et navigations modernes ou Archives géographiques et statistiques du xixe siècle. In-8°, Paris, 1821, vol. XXI, p. 268, chap. V. Les îles Seychelles.

54. Lamarck (1813). Dictionnaire botanique de l'Encyclopédie métho-

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53. Owen (W.F. W.) (1820-1826). Narrative of voyages Lo the shores of Africa, Arabia and Madagascar, performed in H. M. Ships Leven and

302 A.-A. FAUVEL

Barraconta, 1820-1826, under thedirection of Captain W, F, W. Owen, R. N, by command of the Lords of the Admiralty, 2 vol. New-York, MDCCCXXXII (1832). vol. II, chap. XV p. 96-102 et 112,

54. Deleuze (1823), Histoire et description du Muséum Royal d'His- toire naturelle..., par Deleuze, avec 3 plans et 1#vues, 2 vol. in-8°, Paris, 1823, vol. I, chap. IT, Galerie de Botanique, p. 322-323.

55 W. J. Hooker (1827). Description of the Lodoicea Seychellarum by W. J. Hooker in Curtis's Botanical Magazine or flower garden dis- played, conducted by Samuel Curtis F. L. S., vol. I, new series. In-8°, London, 1827, n°5 2734 et 2736: 5 plates and 8 figures,

56. E. Pâris (1830-1832). Album du Voyage de la Favorite, 1830-1832, In-folio, Paris. Lithographies d’après les dessins du capitaine Pâris… Vue de la Rade de Mahé, d’une habitation près Mahé, d’un moulin à huile à Agalega.

57. Laplace et Pàris (1830-1832) (Le Capitaine de Frégate La Place). Voyage autour du Monde parles mers de l'Inde et de la Chine, exécuté par la corvette d'État La Favorite pendant les années 1830-1832... 5 vol. grand in-8° et Atlas, Paris, 1833, vol. I, p.13#et 138 à 155. Article sur Les Seychelles par le Capitaine Pâris.

58. Owen(W. F. W.) (1832). Geography of the Maldives Islands by

Owen (W, F, W.), R. N. Read April 9-1832 in The Journal of the Royal

Geographical Society of London, in-8°, London, 1832, vol. 2, p. 82.

59. Dumont d’Urville (J. S. C.) (4834-1835). Voyage pittoresque autour du monde, Résumé général des voyages de découvertes de Magellan, Tasman, Dampier, Laplace, etc..…, publié sous la direction de M. Dumont d'Urville, capitaine de vaisseau, accompagné de cartes et de nombreuses gravures en taille-douce sur acier, d’après les dessins de M. Sainson, dessinateur du voyage de l’Astrolabe (1826-1829), 2 vol. in-4° à 2 colonnes, Paris, 1834-1835, vol. I, p. 83-85, l’Archipel des Sey- chelles; pl. X, fig. #. Cocotier des Seychelles; détails du Coco.

60. Meisner (1836-1843). Plantarum Vascularium Genera secundum ordines naturales digesta cumque differentiae et affinilates Tabulis diagnosticis expositae auctore Carolo Frederico Meisner. Lipsiae, 1836-1843, in-fol., p. 357. Lodoicea.

61. G. Harrison (1839). The Nautical Magazine and naval Chronicle for 1839, série, in-8°, London, The Seychelles, communicated by G. Har- rison, Esq. to the Coinmander of H.M.S. Rose on his visit to these islands in March 1837, p. 443-446.

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63. Endlicher (1843). Genera plantarum, 1843. Lodoicea Seychellarum.

64. Kunth (C. S.)(1843). Enumeratio plantarum (omnium hucusque

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 303

cognitarum secundum familias nalurales disposita adjectis characteribus differentiis et synonymis) auctore Carolo Sigismundo Kunth Stutgar- diae et Tubingae sumtibus{sic) J.G, Coltae, MDCCCXLIIT (1843), in-8?, vol. III. Palmae, p. 225, Lodoicea.

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72. Sw. Ward (1864), Gardner's Chronicle, 1864. Lodoicea Seyclel- larum the Bowl, note by Swinburne Ward, with 2 figures, 422, Lon- don, in-8°, 186%,

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13. Dr Barnard (1863)(?). Transactions of the Royal Asiatic Sociely (Journal),in-8°, London, 1863? Description of the Lodoicea Seychellarum ?

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304 A.-A. FAUVEL

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79. E. Perceval Wright (1868). Spicilegia biologica, etc..…., part I, 4870. Six months in the Seychelles, p. 68-71. (A letter to Searle Hart, 90ctober 1868.) Contributions towards a flora of the Seychelles, Dublin, 1869.

80. H. Jouan (1870). Notes sur les archipels des Comores et des Séchelles. Extraits des Mémoires de la Société Impériale des Sciences naturelles de Cherbourg. Cherbourg, in-8°, 1870, p. 72. Lodoi- cea Seychellarum.

81. A. Roussin (1868-1870), Album de l'Ile de la Réunion, 5 vol.in-4°, Saint-Denis-de-la-Réunion, 1868-1870. Collection de vues, de paysages, plantes et insectes de Bourbon, lithographies et photographies par A. Roussin, vol. V, p. 124-130. Description du Lodoicea Seychellarum et photographies d'une feuille et de deux fruits entiers et décortiqués comparés avecceux du cocotier ordinaire (3 planches).

82. L. Pike (1871-1872). Transactions of the Royal Society of Arts and Sciences of Mauritius, in-8°, vol. VI, new series. A visit to the Seychelles Islands, by Colonel Pike, pp. 53-142, déjà paru dans The Commercial Gazette of Port Louis Mauritius, 1871.

83. John Horne (1875). Rapport sur les différents plants pouvant être cultivés aux Seychelles, par John Horne, sous-directeur des Jardins botaniques royaux, Ile Maurice, 20 mai 1875,in-4°, imprimé en 1881. Lodoicea.

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85. John Horne (1876). Le Rapport est reproduit par Mac Nab dans Nature, in-4°, London, 14876, vol. XIV, 344, et dans Transactions of the Royal Society of arts and Sciences of Mauritius, vol. IX, 1876, pp. 52 à 77.

86. Elie Pajot (1876). L'Exploration, journal géographique et com- mercial, in-#°, Paris, vol. III, 1876, p. 523-526. Les Seychelles, par Elie Pajot, de l’ile Bourbon.

87. J. G. Baker (1877). Flora of Mauritius and the Seychelles a des-

ER :” RS: L

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 305

cription of the flowering plants and ferns of these Islands, by J. G. Baker, F. L.S., in-8°, London, 1877. Lodoicea.

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102. E. Reclus (1888). Nouvelle géographie universelle, la terre et les hommes, par Elisée Reclus, t. XIV : Océan et terres océaniques, p. 435; chap. IV. Amirantes et Seychelles, p. 136.

103. Henri Joret (1891). Le Cocotier des Séchelles. Lodoïicea Sechel- larum, par H. Joret, dans Le Naturaliste, revue illustrée des Sciences naturelles. In-4°, Paris, XIII® année, série, 92, 1°" janvier 1895, avec 1 figure.

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105. H. Baillon (1891), Dictionnaire de Botanique, 4 vol. in-#4°, Paris, 4891, vol. III, p. 269. Lodoicea Seychellarum.

106. H. Baillon (1890). Dictionnaire encyclopédique des Sciences médicales, Paris, 1890, série 2, IT, 2.

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108. Dr Trimen (1892). Lettre [du D' Trimen, directeur du Jardin Botanique de Peradenya (Ceylan), à M. A. Fauvel, 19 janvier 1892, Lodoicea.

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110. Ch. Alluaud (1892-1894). Voyage aux Îles Seychelles, par Ch. Alluaud, dans Le Tour du Monde, périodique illustré, in-4°, Paris, 3 février 1894.

1141. Miss M. North (1895). Recollections of a happy life .… edited by his sister Mrs J, A. Symonds, 2 vol. in-8°, London, 4895, vol. IT, chap. XV, p. 285. The Seychelles Islands.

112. S. Quincy (1893). Description de l'arbre Cocotier de Mer des Iles Seychelles, par S. Quincy. Réimpression par Le Cernéen, journal de Maurice (8, rue du Vieux-Conseil, Maurice, décembre 1893), du mémoire de Quéau de Quiney envoyé en 1808 au Jardin du Roi et lu à l'Académie des Sciences par Labillardière, imprimé à la suite du mémoire de celui-ci dans les Annales du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, q. v.

Une seule édition de cinquante copies ; 232 X158mm, Prix 0.50 cent. de Roupie, éditée en décembre 1893 à Port-Louis, Ile Maurice, par le Cernéen (Journal de l'Ile Maurice).

LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 307

113. Ch. Anastas (1897). Histoire et Description des Iles Sechelles. In-8°, 77 p., Maurice ; 14897, p. 18-21, l'Ile Praslin.

114. F.-A. Barkly (1897). From the tropics to the North Sea, in-8, Westminster, 1897, p. 252. Seychelles.

115. D" Keller (1898). Die Ostafrikanischen Inseln, in-8°, 1898, dans Bibliothek der Ländeskunde. 2. Seychellen Inseln.

116. Carl Chun (1899-1900). Auf der Tiefen des Weltmeeres von Carl Chun. Schilderungen von der Tiefsee. Expedition mit 6 chromolitho- graphieen ; 8 heliogravüren; 32 als Tafeln gedruckten Volbildern ; 2 Karten und 390 Abbildungen im text. In-4° von Gustav Fischer in Jens, 1900.

117. Albert K. (1900-1901). Pflanzenwunder in Natur, Berlin, 4900, 1 vol., p. 243-245. Die Wundernuss Lodoicea Seychellarum. Cité par Just's Botanischer Jahresbericht, t. XXIX, 1901, 2te abth.

118. Col! Yule (1903). Hobson-Johnston. À Glossary of Colloquial anglo-indian words and phrases and of kindred terms etymological, historical and geographical, by Colonel Henry Yule, C. I. E. New Edition, in-8°, London, 1903, Coco de Mer, p. 229, et Seychelles, p.814. La 1re édition a paru en 1893.

119. A.-A. Fauvel (1906). Notes sur quelques points nouveaux de l’anatomie du Cocotier de Mer. Lodoicea Seychellarum. Extraits du Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle, Paris, 1906, 7, p. 585.

120. Augeri Clutii M. D. (1634). Opusculum. De Nuce medica. Amste- lodami typis Jacobi Charpentier, anno 1634. 1 vol. petit in-4#° avec figures.

121. Johannis Eusebii Nierembergi (1635), Madritensis ex Societate Jesu in academiäregia Madritensi Physiologiae professoris, Historia Natu- rae maxime peregrinae Libris XVI distincta ({ vol. in-folio). Antwerpiae, ex Officinà Plantinianà, Balthasari Moreti, MDCXXXV. Liber XIV, cap. IX, p. 298. De Cocco Maldivensi.

122. F. E. Guérin (1836). Dictionnaire Pitloresque d'Histoire Natu- relle. 9 vol. in-40, Paris, rue Saint-Germain-des-Prés, no 4, T. IV, p, 481. Lodoicée. Article de Thiébaut de Berneaud.

TABLE DES MATIÈRES

AND EN LT CO RSR RE PRE RE RER ed Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées-Mimusopées... Contribution à l'étude des Crassulacées malgaches......... Sur quelques Kalanchoe de la flore malgache... .... nt Le cocotier de mer Lodoicea Sechellarum................

TABLE DES PLANCHES

Kalanchoe hbeharensis Drake del Castillo............. NES Carte des Iles Praslin, Curieuse et Rond................., Collection d'objets en paille de Lodoicea................. Normale etinoix femelle dé-Lodoicea..:...........,.1%. Lodoicea Sechellarum femelle et portions d’inflorescence

Ne ee cons ne Re Moulages en cire d'inflorescences de Zodoicea........... Ye Moulages en cire des fruits......:..... D Sr CE ANCCITONES Inflorescences et fruit de Lodoicea........... AENE Sections d'inflorescences et fleurs de Zodoicea............ Lodoicea Sechellarum mâle à Mahé................... de le EP non femielens. Ne Eu. se. don Demi-noix de coco de mer gravée en Perse................ Lodoicea Sechellarum femelle à Mahé.................... donne Lonoiced4iCeylan 225. 4, ue denis eee s à » + Le. La région des cocotiers de mer à l'ile Praslin.............. Gérmination du! coco des Seychelles. .,................... Deux noix de Lodoicea décortiquées......................

MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS

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Des À 2

Principaux Mémoires parus antérieurement dans les ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE

Dr Hecxez : Sur quelques plantes à graines grasses nouvelles ou peu connues _des colonies françaises, et en particulier de Madagascar. Année 1908.

CLaverie : Contribution à l'étude anatomique et histologique des plantes textiles exotiques. Année 1909.

pe Wicnemax : Notes sur des plantes largement cultivées par les indigènes en Afrique tropicale. Année 1909.

Louis PLanxcmox et Jurzer : Étude sur quelques fécules coloniales. Année 1909. D' Hecxez : Les Plantes utiles de Madagascar. Année 1910.

H. Juuerze et H. Perrier DE LA Baruie : Fragments biologiques de la flore de Madagascar. Année 1910.

GuizLaumix : Catalogue des Plantes phanérogames de la Nouvelle-Calédonie et dépendances. Année 1911.

Dusanp : Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées. Année 1912.

Baupox : Sur quelques plantes alimentaires indigènes du Congo français. Année 1912.

DE WiLpemax : Les Bananiers; culture, exploitation, commerce ; systématique du genre Musa. Année 1912.

H. Juuezce et H. Perrier DE LA Battre : Palmiers de Madagascar. Année 1913.

P. Cuoux : Études biologiques sur les Asclépiadacées de Madagascar. Année 1914.

MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE VENTE

Les Annales du Musée colonial de Marseille, fondées en 1893,

paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules.

Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance, sont en vente chez M. CHALLAMEL, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à qui toutes les demandes de renseignements, au point de vue commer- cial, doivent être adressées.

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. Henri JUMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée colonial, 5, rue Noailles, à Marseille.

Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gra- tuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à leur frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avec titre spécial sur la couverture.

Les mémoires ou ouvrages dont un exemplaire sera envoyé au

Directeur du Musée colonial seront signalés chaque année en fin

de volume dans les Annales.

Le prochain volume (année 1916) contiendra : Aer FASCICULE. Catalogue descriptif des Collections botaniques du Musée Colonial de Marseille : Madagascar et Réunion.

2e rascICULE. Etude sur les bois de la Guyane Française, par .

M. Stone. Les progrès accomplis dans les colonies françaises et étrangères ; informations et bibliographie.

Le 1+ fascicule paraîtra prochainement.

MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS.

ANNALES

DU

MUSÉE COLONTAL DE MARSEILLE

FONDÉES EN 1893 par Epouarn HECkEL

DIRIGÉES PAR

M. Henri JUMELLE

Professeur à la Faculté des Sciences. Directeur du Musée Colonial de Marseille,

Vingt-quatrième année, série, volume (1916,

1 Fascicule.

Catalogue descriptif des Collections Botaniques du Musée Colonial de Marseille : Madagascar et ia Réunion, par M. Hexrt JUMELLE. ;

MARSEILLE PARIS MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 9, Rue NoaiLzes, 9 17, rue Jacop, 17 1916

Principaux Mémoires parus antérieurement dans les ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE

Dr Hrcker: Les Kolas africains. Année 1893. (Volume presque épuisé.) Dr Rancox : Dans la Haute-Gambie. Année 1894. ! Volume complètement épuisé.)

R. P. Düss: Flore phanérogamique des Antilles françaises. Année 1896. (Volume complètement épuisé.)

E. Georrroy : Rapport de Mission scientifique à la Martinique et à la Guyane. Année 1897.

D: Heckec : Les Plantes médicinales et toxiques de la Guyane française. Année 1897.

Dr Hecker : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. Année 1897.

D' HrckeL : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. Année 1898.

H. Juuerzr : Le cacaoyer. Année 1899.

D' H. Jacos pe Conpemoy : Gommes, go mmes-résines et résines des colonies françaises. Année 1899.

L. Laurexr : Le Tabac. Année 1900.

Dr H. Jacoe pe Conpemoy : Les Soies dans l'Extrême-Orient et dans les colonies françaises. Année 1901.

L. Laurenr : L'Or dans les colonies françaises. Année 1901.

À. Cnevacier : Voyage scientifique au Sénégal, au Soudan et en Casamance. Année 1902.

GarrareL : L'Exposition d'Hanoï. Année 1903.

Dr HeckeL : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. Année 1903.

D' H. Jacos de Corpemoy : L'Ile de la Réunion. (Géographie physique ; richesses naturelles, cultures et industries.) Année 1904.

Capitaine Marre : Étude ethnographique sur la race Man du Haut-Tonkin. Année 1904.

E. Lereuvre : Étude chimique sur les huiles de bois d’'Indochine. Année 1905.

H. Juuerce : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest de Madagascar. Année 1907.

H. Jumezce et H. Perrier pe LA Barre : Notes sur la Flore du Nord-Ouest de Madagascar. Année 1907.

H. Juuerre et H. Perrier pe La Barute : Notes biologiques sur la végétation du Nord-Ouest de Madagascar ; les Asclépiadées. Année 1908.

ANNALES

DU

MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE

#

(Année 1916)

PRIMEURS

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ANNALES

DU

MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE

FONDÉES EN 1893 par Epouarn HECKkEL

DIRIGÉES PAR

M. Henr: JUMELLE

Professeur à la Faculté des Sciences, Directeur du Musée Colonial de Marseille,

Vingt-quatrième Poe série, volume (1916,

1% Fascicule.

Catalogue descriptif des Collections Botaniques du Musée Colonial de Marseille : Madagascar et la Réunion, par M. Henri JUMELLE.

MARSEILLE PARIS MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 5, Rue NoarLies, 9 17, nue Jacon, 17

1946

MADAGASCAR ET COMORES

I. PLANTES FÉCULENTES ET CÉRÉALES

1. Farine de Medemia nobilis. Palmiers. 2. Fruits de Medemia nobilis.

Le Medemia nobilis est un palmier de l'Ouest de Mada- gascar nommé satranabé et satrafotsy. C'est le latanier des colons. Les Sakalaves, après l'avoir abattu, retirent du tronc les 2 à 5 kilos de moelle qu'il contient, et, en pulvérisant cette moelle, obtiennent une farine jaunâtre alimentaire. Cette farine a pour composition :

Le RL tes A751$ RÉCOE ES R nE en 66,833 Par Gellülosernt rares 12,939 Substances albuminoïdes. 10,538 Substances grasses...... 1,037 Substances minérales.... 8,200

La farine de Medemia est donc particulièrement riche en substances albuminoïdes.

H. Gallerand : Une farine de Palmier de Madagascar.C.R. de l'Aca- démie des Sciences, mai 1904. IH. Jumelle: Les ressources agricoles el forestières des colonies françaises. Barlatier, Marseille, 1907.)

3. Fécule de Manihot utilissima. Æuphorbiacées.

4. Racines de Manihot utilissima .

Annales du Musée colonial de Marseille.— série, vol, 1916. 1

2

4 y.

li, JUMELLE

Rondelles de Manihot utilissima.

Les variétés de Manihot utilissima, ou manioc, introduites et cultivées à Madagascar sont surtout des variétés douces » La culture du manioc s’est beaucoup étendue depuis une dizaine d'années dans la colonie, elle réussit dans toutes les terres saines un peu fertiles et dont l'humidité n'est pas trop grande. Les exportations de manioc brut ou desséché étaient en 1912 de 22.000 tonnes environ. Les débouchés de la fécule sont nombreux ; et des usines de tapioca sont déjà installées ou en voie d'installation dans le Centre, le Nord-Ouest et l'Est.

(A. Fauchère : La culture du manioc à Madagascar. L’Agriculture

pratique des pays chauds, novembre et décembre 1913.)

6. Fécule de Tacca pinnatifida. T'accacées.

Le Tacca pinnatifida, de la famille des Taccacées, voi- sine des Amaryllidacées, est une plante à tubercule, indi- gène à Madagascar, mais qu'on retrouve sur le continent africain et en Polynésie, c’est le pia. À Madagascar, c'est le kabitsa, ou kabija, des Sakalaves, le favolo des Betsimisaraka. Les Säkalaves pilent les tubercules, puis les ràpent sur une pierre, et ils jettent la pulpe ainsi désagré- gée sur un tamis, dans lequel ils font couler de l'eau jusqu’à ce que le liquide passe clair. Ils laissent ensuite la fécule se déposer, décantent et font sécher. Cette fécule est con- sommée cuite, à l'eau ou au lait.

(H. Jumelle : Les plantes à tubercules alimentaires. Doin, Paris, 1910.)

7. Tubercules de Tacca sp.

8. Tubercules de Tacca sp.

Le Tacca pinnatifida n'est pas à Madagascar la seule espèce du genre. On y connait encore d’autres favolo (Taëca umbrarum Jum. et Perr. dans le Nord; Tacca artocarpi- folia Seem. dans l'Est), les uns à tubercule entier, les autres, au contraire, à tubercule très divisé. Peut-être est-ce

MADAGASCAR ET COMORES 4

le Tacca arlocarpifolia qui est de plus en plus exploité dans la province de Mananjary, les indigènes ont vendu en 1913 plus de 700 tonnes de cette fécule de tavolo.

9. Tubercules de Maranta arundinacea., Cannacées.

10. Fécule d arrow-root.

Le Maranta arundinacea, surtout cultivé à la Barbade et à Saint-Vincent, et d'origine américaine, donne le véritable arrow-root, ou arrow-root de la Barbade, Introduit à Mada- gascar, il n'y est pas exploité, quoiqu'il y réussisse fort bien.

11. Tubercules d'Aponogeton Guillotii. Aponogétonacées.

Les Aponogeton sont des plantes aquatiques submergées dont les feuilles, dans deux espèces (Aponogeton fenestralis et Aponogeton Guillotii), sont fenêtrées. Tous ces Aponoge- ton sont les ovirandra des indigènes, qui en consomment les tubercules.

12. Igname (Dioscorea sp.). Dioscoréacées.

Il y à à Madagascar de nombreuses espèces sauvages de Dioscorea, ou ignames, dont les tubercules sont consommés de diverses manières, crus ou cuits, par les indigènes.

(H, Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Fragments biologiques de la Flore de Madagascar. Annales du Musée colonial de Marseille, 4910.)

13. Farine de Banane. -- Musacées.

13 bis. Fruits de Musa paradisiaca. Wusacees.

La farine de banane a été l'objet d’appréciations très diverses ; les uns lui attribuent une haute valeur nutritive, d’autres lui reprochent la couleur grise qu'elle prend après cuisson et qui restreindrait ses emplois à certaines spécia- lités, telles que la biscuiterie. En fait, c’est une farine qui n'a pas encore été réellement utilisée industriellement en France, Madagascar pourrait exporter aussi soit la. farine

à:

4 H. JUMELLE

même, soit, mieux, des tranches longitudinales sèches de bananes non müres, débarrassées de la partie fibreuse cen- trale, et qui seraient réduites en farine en France. Ces tranches de bananes à fécule (Musa paradisiaca) ne doivent d'ailleurs pas être confondues avec les bananes sèches dont on a déjà tenté l'exportation, et qui sont des tranches de bananes mûres (Musa sapientum), consommables comme fruits.

(H. Jumelle : Les cultures coloniales, fase. I. Baillière, éditeur, 1912.)

14. Graines de Typhonodorum madagascariense. Aracces.

15. Fruits de Typhonodorum madagascariense.

Le Typhonodorum madagascariense, viha, est une Aracée qui vit au voisinage de la mer, dans les marais et sur le bord des cours d'eaux boueux. Les graines en sont consommées par les Sakalaves, cuites dans le lait. Ces mêmes Sakalaves préparent une fécule avec la souche de la plante. Après que ces souches ont été râpées, la farine obtenue est desséchée à feu doux; puis la fécule en est séparée selon le procédé ordinaire, par lavage, tamisage et décantation. Malgré l'action du feu, cette fécule conserve d'ailleurs une certaine quantité de ces principes caustiques que contiennent tous les tubercules d'Aracées, et elle cause dans la bouche, et même dans l'æsophage, une sensation spéciale.

(H. Jumelle : Les ressources agricoles el forestières des colonies fran- caises. Barlatier, Marseille, 1907.) j

16. Fruits et graines de Ravenala madagascariensis. Musacées.

Le ravinala, ou arbre du voyageur, caractérise dans l'Est de Madagascar le premier gradin de la chaîne montagneuse de l’île. Dans le Nord, on le retrouve sur le versant Ouest. Ses graines pulvérisées sont consommées dans le lait. L'arille bleu qui les enveloppe contient une substance grasse

MADAGASCAR ET COMORES La

concrète qui serait intéressante pour la stéarinerie, s'il était possible de l'obtenir en quantité suffisante.

19. Oryza sativa; variétés diverses. (rraminées.

Le riz, ou vary, cultivé de si longue date à Madagascar, et dont la culture, un moment délaissée au début de l'occupa- tion française, a largement repris en ces dernières années, est et doit de plus en plus devenir pour notre colonie un de ses grands produits d'exportation. Les variétés de riz malgaches sont excessivement nombreuses et feront l’objet d'u catalogue spécial ultérieur.

(H. Jumelle : L'agriculture à Madagascar. Rapport au Congrès de l'Afrique orientale, 1911.)

20. Hordeum vulgare. Graminées.

L'orge peut, comme le blé, donner lieu à une petite cul- ture dans les parties élevées de l’île, principalement dans l’'Ankaratra, dans la région de Bétalo.

II. GRAINES ALIMENTAIRES

21. Fruits de Voandzeia subterranea. Zéqumineuxes.

Les fruits de voanjo mürissent en terre comme ceux de l’arachide. Les graines, moins riches en huile que celles de cette arachide, et consommées cuites, sont surtout bonnes avant maturité complète. Elles ne contiennent pas de glu- coside cyanogénique. Des graines de la Nigérie anglaise analysées à l'Imperial Institute de Londres contenaient,

pour 106 : EN RUN dE dE mL PRE PU 13,1 Substances azotées...,....... 16 2 CHANSON JANET 0,8 AMIAON NE... LR NSE TRUE NE 08,4 OLIS RP a à hs 3,9 CGéndres intimes A EL

(er

H. JUMELLE

22. Noix d'Anacardium occidentale. 7'éréhinthacées.

D'origine américaine, l'acajou à pomme est à Madagascar un arbre introduit.

La « pomme » est le pédoncule fortement épaissi et charnu qui porte le fruit proprement dit. Ce pédoncule, qui est rouge, blanc ou jaune selon les variétés, contient un suc abondant, astringent et acide; il est consommé cru ou cuit et est d'ailleurs médiocre. On en fait aussi des conserves et il sert également, en certains pays, comme au Brésil, à préparer, par fermentation, un vin et, par distillation, une eau-de-vie.

La « noix » est le fruit même, plus petit que le pédoncule, et rémiforme ; le péricarpe, coriace, contient une substance huileuse, très caustique et âcre, qui sert à marquer le linge ou avec laquelle on enduit les planches et les bois pour les préserver de l'attaque des insectes.

La graine qui est à l'intérieur de cette noix est de saveur douce, comestible, et utilisable en confiserie comme les amandes douces. Elle représente 30 °/, environ du fruit tout entier. Elle à pour composition, comparée à celle d'amande douce : |

Amande d’acajou. Amande douce. DEV EE DNS LM RS EE 16, OA SEE RER EEE 6 Albüminoides #10 LOS ER EN CAT PRIT RS TETE PEN ER 24 QUE PER AE Le 91380 46 PE none NS TRES D4 Hydrates de carbone. .... EN TR PR SA I DA AE À - 10 Celiinses serre ces DD no PR SAR 3 GERS TES CARE RAD) LL EL 2 RE NASSEES S

L'huile de l'amande d’acajou n'est pas siccative ; elle est jaune pâle et de saveur douce. Ses caractères, comparés à ceux de l'huile d'amande, sont :

Huile d’acajou. Huile d'amande.

Densité sente DOMISDI GE ES EE RE ee 0,917-0,919 Indice de saponification. 12108 EE PR Re 189-195

Indice “diotle 225" HE SO MR: MEGA R EEE re 93-102,2

Le

MADAGASCAR ET COMORES 7

Pour extraire plus facilement la graine de la noix, on tor- réfie légèrement celle-ci. Pendant la torréfaction il faut d’ailleurs se préserver le visage et les yeux contre les vapeurs caustiques qui se dégagent de l'huile du péricarpe. Le rôtissage assure une plus longue conservation des amandes, mais en brunit un peu la chair, qui normalement est très blanche.

23. Graines de Phaseolus lunatus. Zéqumineuses.

Le haricot du Cap, ou pois du Cap, qui, à Madagascar, est surtout cultivé pour l'exportation dans la région de Tuléar, c'est le kabaro des Sakalaves, serait la variété inamoe- nus du Phaseolus lunatus. Les graines de certaines de ces variétés de Phaseolus lunatus sont très dangereuses, en rai- son du glucoside cyanogénique, la phaséolunatine, qu'elles contiennent; mais les haricots du Cap provenant de Tuléar sont l’une des sortes la teneur en ce glucoside est minima. D'après les analyses faites à l'Imperial Institute de Londres, cette teneur ne serait, en effet, que de 0,0025 à 0,007 °/, d'acide cyanhydrique, alors que celle des pe-qya de Bir- manie est de 0,015 à 0,040 et celle des kawl-be de 0,040 à 0,055. C’est la raison pour laquelle on songe en Birmanie à introduire la variété malgache.

‘La composition centésimale de ces pois du Cap de Mada- gascar est la suivante, comparée à celle des haricots de Rangoon (autre variété de Phaseolus lunatus) et des hari- cots ordinaires (Phaseolus vulgaris).

Haricots du Cap de Madagascar. Haricots de Rangoon. Haricots ordinaires.

(LEO ER ER E LAON ER ER. ges RCE PE 14 mubstancas azotées:,:: 25,10 ....1.12,.,. 4, A ER RR PE RTE 23 PLDSISnCes, grassps::1. 0,900. sde... Pnau ce 2,3 MoidR 2 6.0. DR D UE Diet 7 ue TN GPA 52,3 OEM 47 ee DA EN RE ve Aie LA CÉSAR 5,5 CEDAPEST, 52 272,0 SAT a ÉTER 5! 4 CRM RNA 2,9

Les haricots du Cap sont exportés de Madagascar à la

8 H. JUMELLE

Réunion, dans les colonies anglaises, au Mozambique et en Angleterre. Sur une exportation totale de près de 4 millions de francs de ces haricots en 1914. il en a été expédié pour 359.000 francs dans les colonies anglaises et 2.815.000 francs en Angleterre. En 1914, le quintal anglais valait, sur le marché de Londres, de 16 à 20 shellings.

(A. Fauchère : Le pois du Cap à Madagascar, dans l'Agriculture pra- tique des pays chauds, avril 1914. Beans of Burma, dans le Bulletin of the Imperial Institute, juillet-septembre 1944 et avril-juin 1945.)

24. Graines rouges de Dolichos Lablab. Zéqumineuses.

Les graines de dolic, ainsi que les gousses jeunes, sont couramment consommées dans les pays chauds.

25. Graines d'Entada scandens var. discosperma. ZLéqu- mineuses.

Cette Légumineuse grimpante est, dans l'Ouest de l’île, le vaheabe et le vaheakarabo des Sakalaves. Ses énormes gousses sont les voan-karabo. Les grosses graines qu'elles contiennent sont consommées par les Sakalaves, qui, après les avoir épluchées et fait tremper dans l’eau courante pen- dant deux jours, les soumettent à une ébullition prolongée, en renouvelant l’eau plusieurs fois.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Fragments biologiques de la flore de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1910.)

26. Gousses de Mucuna utilis. Zégqumineuses. 27. Graines de Mucuna utilis.

Le Mucuna utilis est voisin du Mucuna pruriens, mais les poils qui couvrent les fruits sont soyeux et couchés, au lieu d'être rigides. L'espèce est aujourd'hui cultivée un peu partout dans la zone tropicale. Les graines sont surtout connues dans nos colonies sous le nom de pois Mascate ; elles sont blanches, jaspées ou noires selon les variétés. Les graines noires sont encore appelées pois noir. Toutes servent

MADAGASCAR ET COMORES )

principalement pour l'alimentation du bétail. Elles con- tiennent, à raison de 10 °/, d’eau, 2,91 de matières grasses, 93,98 de matières non azotées et 24,25 de substances azo- tées. Mais la plante, qui est de culture facile, est principa- lement cultivée comme améliorante, pour l’enfouissement en vert, notamment dans la culture de la canne à sucre.

(P. de Sornay : Etude sur les Léqumineuses, dans le Bulletin de la Station Agronomique de Maurice, 24, 1910.)

HI: FRUITS ALIMENTAIRES

41. Fruits de Citrus decumana. Aufacées.

Les pamplemousses sont de gros fruits globuleux dont on confit l'écorce comme celle du cédrat. Les grape-fruits des Américains sont une variété de pamplemousse.

42. Fruits de Citrus Aurantium (Oranges). /iufacées. 43. Fruits de Citrus Limonum (Citrons) liutacées.

44.-Fruits de vangasay. liutacées.

Le vangasay a été tour à tour rapporté, comme variété, au Citrus Limonum, au mandarinier, au Citrus japonica et au Citrus madurensis. Cette dernière espèce est souvent considérée comme identique au Cifrus japonica, qui, lui- même, offre beaucoup de caractères du mandarinier. En tous cas, les vagansay, par leur forme déprimée, rappellent les mandarines.

45. Fruits de Psidium Guajava (Goyaves). Wyrtacces. 46. Fruits de Carica Papaya (Papayes). Biracées.

47. Fruits de Mangifera indica. (Mangues). 7érébintha- cées.

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48. Fruits de Passiflora quadrangularis (Barbadines). Passi- floracées.

49. Fruits de Nephelium Litchi (Letchis). Sapindacées.

50. Fruits d'Ananassa sativa (Ananas). Broméliacées.

51. Fruits de Persea gratissima (Avocats). ZLauracées. 52. Fruits d'Anona squamosa (Pommes-cannelles). Ano-

naceées.

Tous ces arbres fruitiers, originaires de pays divers, ont été introduits à Madagascar.

(H. Jumelle : Légumes et fruits. Baillière, Paris, 1913.) 53. Fruits de Jacquier. Artocarpées.

L'Artocarpus integrifolia, voisin de l’arbre à pain, qui est l’Artocarpus incisa var. non seminifera, est originaire de l'Inde. On en consomme la pulpe, quiest d’ailleurs d'odeur désagréable et indigeste, et les graines, qu'on fait cuire comme les châtaignes.

54. Rhizomes et fleurs d'Hydnora esculenta. Aa/fflésiacées. L’Hydnora esculenta, dans le Sud-Ouest de Madagascar, dans les bassins de la Menarana et de la Linta, croît sur les racines d'Acacia et d’autres Légumineuses. Son fruit, qui est le voantany, ou fruit de terre, des Mahafaly, assez gros et de forme turbinée, contient, sous une mince enve- loppe ferme et rougeâtre, une pulpe blanchâtre, juteuse et acidulée, remplie d'innombrables petites graines noires; et cette pulpe a un goût délicieux de pomme-reinette. Le voantany est donc un très bon fruit. Pour le récolter, il faut creuser dans le sable à quelques centimètres de profondeur, car, lorsqu'en mai ou juin les baies nées sur les rhizomes souterrains sont müres, les restes seuls du périanthe qui les surmontent affleurent au niveau du sol.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Quelques Phanérogames parasites de Madagascar. Revue générale de Botanique, 1912.)

MADAGASCAR ET COMORES 11

J

IV. SUCRES ET ALCOOLS

61, Sucre de canne de 4er Jet (Saccharum officinarum). Gramineées.

62. Sucre canne debrun.

63. Sucre blanc brut.

La culture de la canne à sucre a depuis longtemps perdu toute importance à Madagascar. Il n'y a plus dans l'ile d'industrie sucrière; et les quelques champs de canne qui restent encore dans l'Est ne servent plus guère qu'à la fabrication de la betsabetsa. La réinstallation de nouvelles sucreries serait cependant une question à étudier dans notre colonie. La canne à sucre y pousse bien sur toutes lès terres qu'on peut irriguer en saison sèche, sans engrais sur les sols alluvionnaires, avec engrais sur les terrains moins fertiles.

64. Rhum de Toaka. 65. Eau-de-vie de papaye.

66. Eau-de-vie de fruits d'Opuntia. Cactées. Dite eau-de-vie de Cactus.

67. Alcool de fruits d'Hyphaene Shatan. Palmiers. L'Hyphaene Shatan est le satrana viehy (?) ou satrana mira des Sakalaves.

- 68. Alcool de fruits de Flacourtia Ramontchi. Bixracées.

Le Flacourtia Ramontchi, dit prunier malgache, est indi- gène à Madagascar.

69. Alcool de tubercules de manioc. Æuphorbiacées.

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H. JUMELLE

. Alcool de pulpe des fruits de tamarinier. ZLéqumi- neuses,.

V.— CAFÉIQUES

. Fruits de Coffea liberica. /?uhiacces.

82. Café en grains de Coffea liberica.

Le caféier de Libéria, qui semble avoir été introduit à Madagascar vers 1882, dans la région de Fort-Dauphin, est le principal caféier de la côte Est. Les plantations en sont surtout nombreuses dans la province de Mananjary, dans la basse vallée du fleuve, entre son embouchure et les premiers rapides. D'autres ont été aussi établies dans les provinces de Vatomandry, d'Andevorante et de Tamatave. Il y a également quelques cultures à Nossi-Bé.

83. Fruits de Coffea canephora. Rubiacées.

84. Graines de Coffea canephora.

La croissance assez lente du caféier de Libéria, les diffi- cultés de préparation de ses graines, puis aussi sa valeur relative ont incité les colons de l'Est de Madagascar à ten- ter l'introduction de nouvelles espèces de caféiers. Leurs essais ont ainsi porté sur le Coffea canephora, ou caféier du Kouilou, et sur l'espèce suivante. Il y a déjà dans lîle une petite production de ces deux sortes de cafés, qui sont l'une et l’autre à petits grains. k

Les grains de café du Kouilou sont assez souvent un peu plus allongés et de contour moins arrondi que ceux du café suivant, dit plus spécialement du Congo. Ce café du Kouilou, expertisé à Marseille d’après les échantillons en collection, est en partie caractérisé par son goût rioté, qu'on ne constate guère, ordinairement, que dans les cafés brésiliens de la région de Rio de Janeiro et dans certains

MADAGASCAR ET COMORES 13

cafés venézuéliens. Il manque aussi, aujourd'hui, d'un peu de force à la tasse.

Le Coffea robusta, très cultivé actuellement à Java, n’est peut-être qu'une variété de ce Coffea canephora.

85. Graines de Coffea congensis. /{ubiacées.

Le Coffea congensis est le caféier du Congo, également introduit dans l'Est de Madagascar. Son café, d'après les échantillons en collection, n’a pas le goût rioté du précé- dent ; il serait plutôt caractérisé par son goût légèrement aromatisé et un peu àpre. L'espèce, comme la précédente,

peut être améliorée par la culture. 86. Fruits de Coffea sp. /iubiacées.

87. Café sauvage de Coffea Perrieri.

Diverses espèces de Coffea, telles que le Co/ffea Perrieri, le Coffea madagascariensis, le Coffea tetragona, etc., croissent à l’état sauvage à Madagascar. Certains de ces cafés de Madagascar, tels que le C. Gallienti, le C. Bonnierti et le C. Mogeneti, de la montagne d’Ambre, ne contiennent pas de caféine, d'après les recherches de M. G. Bertrand. Le Coffea Perrieri, dont les grains n'ont pas été encore analysés, est un arbre qui peut atteindre une dizaine de mètres de hauteur, avec un tronc de 20 à 30 centimètres de diamètre. Il habite, dans le Boina, les ravins frais et abrités et les bords des torrents ; 1l est commun notamment vers le confluent de l'Ikopa et de la Betsiboka. On le retrouve encore dans le Haut Bemarivo, vers 400 mètres d'altitude. Dans l'Ambongo, il croît sur les bords rocailleux et cal- caires du Kapiloza. La fructification a lieu en décembre et janvier.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bäthie : Fragments biologiques de la flore de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1910,

88 Fèves de Theobroma Cacao. S/erculiacées.

La "als ve +

44 H, JUMELLÉ 89. Fleurs de Theobroma Cacao.

Le cacaoyer a été introduit dans l'Est de Madagascar, depuis le sud de la province de Vohémar jusqu’au nord de celle de Mananjary.

90. Fruits et graines de Thea viridis. Ternstroemiacées.

91. Fleurs de Thea viridis.

L'arbre à thé n'est guère cultivé à Madagascar,

VI. CONDIMENTS ET AROMATES

101. Piments ; Capsicum sp. Solanacées. 102. Poivre noir. Pipeéracées.

Le poivrier noir, Piper nigrum, est peu cultivé à Madagascar, qui n’exporte pas de poivre. le)

103. Poivre long ; Piper longum. Pipéracées.

104. Clous de girofle. Myrtacces.

La culture du giroflier(Caryophyllus aromaticus) est loca- lisée dans l’île de Sainte-Marie et dans les provinces de Tama- tave et de Maroantsetra. Les plantations en rapport sont surtout celles de Sainte-Marie et de Fénérive.

105. Griftes de girofle.

105 bis. Essence de griffes de girofle.

Ces griffes, qui contiennent une petite quantité d'essence, moins fine que celle des clous, sont les bouquets de pédi- celles floraux du giroflier dont on a détaché les boutons, ou clous.

MADAGASCAR ET COMORES 15 106. Anthoîles, ou mères de girofle.

Fruits de giroflier incomplètement mûrs, qu'on consomme confits.

107. Graines de muscade. Myristicacees.

108. Noix de muscade.

Ces graines avec leur tégument ligneux, et les noix, ou amandes, roulées dans de la poudre calcaire qui provient de la pulvérisation des coraux de Sainte-Marie, ont été récol- tées à la Station d’Essais de lIvoloina. Le Myristica fragrans, muscadier, n'est pas assez cultivé à Madagas- car pour que ces produits donnent lieu à des exportations.

109. Noix et rameaux de Ravensara aromatica. Lauracées.

110. Feuilles de Ravensara aromatica.

111. Écorces de Ravensara aromatica.

La graine de ARavensara aromalica, Agatophyllum aromaticum, est dite noir de ravensara, muscade de Madagascar, ou même aussi noir de girofle de Madagascar. Elle est à goût de piment giroflé et peut donc être employée comme condiment. Les feuilles et l'écorce ont aussi une forte odeur. de girofle.

112. Écorces de cannelle. ZLauracées.

Les canneliers de Madagascar, qui appartiennent à une espèce introduite, mais indéterminée, forment de petits peuplements presque naturels en quelques points de la côte Est. Ce sont évidemment les restes d'anciennes plantations. En plus de la cannelle rouge, qui est la plus appréciée, on connaît aussi à Madagascar une cannelle blanche. L'échan- tillon en collection a été considéré par les experts comme se rapprochant de la cannelle du Tonkin, mais avec une écorce plus grosse et un parfum moins prononcé.

16 H. JUMELLE 113. Graines d'Aframomum angustifolium. Zingibéracées.

L'Aframomum angustifolium est le longoza de Mada- gascar. Les graines sont aromatiques, mais ne sont pas employées. La plante est surtout abondante dans le Sambi-

F L

rano. 114. Rhizomes de Curcuma longa. Zingibéracées.

115. Poudre de Curcuma longa.

La plante, dite safran de l'Inde, est, en effet, originaire de l'Inde et de la Malaisie. Les rhizomes contiennent une matière colorante jaune ; pulvérisés, ils servent comme con- diment.

1

116. Gousses de Vanilla planifolia. Orchidacées. 117. Gousses de vanille de Nossi-Bé.

118. Gousses de vanille de Mayotte.

La vanille est cultivée depuis longtemps à Madagascar. Sa culture est très rémunératrice en diverses localités de la côte Est, notamment à Antalaha, ainsi qu'à Nossi-Bé, dans le Nord-Ouest. Les exportations étaient en 1912 de 113.662 kilos, d'une valeur de 3.941.521 francs. Aux Comores, Mayotte est également un centre important de culture.

(H. Lecomte : Formation de la vanilline dans la vanille. L'Agriculture pratique des pays chauds, juillet-août 1913.)

119. Gousses de Vanilla Phalaenopsis (?) de Nossi-Bé.

120. Fleurs de Vanilla Phalaenopsis (?) de Nossi-Bé.

La Vanilla Phalaenopsis est une espèce aphylle, indigène aux Seychelles. À Madagascar, il est une autre espèce sau- vage, la Vanilla madagascariensis, également sans feuilles.

a

MADAGASCAR ET COMORES 17

VII. PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES

431. Feuilles d'Eupatorium Ayapana. Composées.

Originaire du Brésil et des Guyanes, l'Eupalorium Aya- pana, ou Eupatorium triplinerve, à été introduit en beau- coup de pays chauds. Ses feuilles, employées en infusion théiforme, et dont on a souvent exagéré les propriétés, sont digestives et sudorifiques.

(Düss : Flore phanérogamique des Antilles françaises. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1896.)

132: Gousses de Cassia occidentalis. Zéqumineuses.

Le Cassia occidentalis est une espèce tropicale ubiquiste. Sa graine, qui est le m'hentamaré ou fedegosa de l'Afrique occidentale, est appelée parfois café nègre parce qu'elle a été souvent employée, après torréfaction, pour remplacer ou

_ falsifier le café.

133. Fruits de Cinnamosma fragrans var. Perrieri. Canellacées.

Toutes les Canellacées sont des végétaux aromatiques, dont les écorces, en particulier, ont une saveur chaude et piquante et servent comme stimulantes et toniques. Le genre Cinnamosma a été créé par Baillon en 1867 pour l'espèce Cinnamosma fragrans, mais dans laquelle M. Cour- chet a distingué deux variétés : la variété Baillont, spéciale au Nord de Madagascar et la variété Perrieri, du Boina et de l'Ambongo.

(Courchet : Contribution à l'étude du genre Cinnamosma. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1906.)

Annales du Musée colonial de Marseille. 3 série, vol. 1916. 2

18 Hi. JUMELLE 134. Feuilles d'Erythroxylum laurifolium. Zinacees.

Ces feuilles sont astringentes et diurétiques. 135. Inflorescences de Cedrelopsis Grevei. Méliacées. 136 bis. Fruits secs de Cedrelopsis Grevei. 137. Écorces de Cedrelopsis Grevei.

Le Cedrelopsis Grevei est le katafa ou le katrafay des Sakalaves. Son écorce est employée pour bonifier le rhum et usitée aussi en médecine indigène comme vermifuge et fébrifuge.

(Courchet : Recherches morphologiques et anatomiques sur le katafa

ou katrafay de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1906.)

138. Fruits de Cola nitida. Sferculiacées.

Le Cola nitida de l'Afrique occidentale est l'espèce du genre Cola qui donne les meilleures noix de kola. Ses graines, de couleurs différentes selon les variétés, sont à 2 cotylédons, tandis qu'il y a plus de deux cotylédons dans les autres espèces employées.

139. Racines de Menabea venenata. Asclépiadacées.

Le Menabea venenata, de la tribu des Sécamonées, est le langena sakalava ou le kita, et aussi le kisompa des Saka- laves, et un des kimanga des Hova. L'espèce croît dans le Nord-Ouest de l'ile. Sa racine, purgative et émétocathar- tique à petites doses, est très toxique et sert aux Sakalaves comme poison d'épreuve.

(Baillon : Sur le langhin du Ménabé. Bulletin de la Société Lin- néenne de Paris, 5 février, 1890. Perrot : Sur le ksopo ou tanghin de Ménabé. C. R. de l’Académie des Sciences, 3 février 1902. E. Heckel : Sur le Menabea venenala, qui fournit par ses racines le tanghin de Ménabé ou des Sakalaves. C. R. de l’Académie des Sciences, 10 février 1902. H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Notes biologiques sur

PT Fe *

MADAGASCAR ET COMORES 19

les Asclépiadacées de Madagascar, Annales du Musée Colonial de Mar- seille, 1908.)

140. Noyaux secs de Tanghinia venenifera. Apocynacées. 141. Noyaux frais de Tanghinia venenifera. 142. Écorces de Tanghinia venenifera.

143. Rameaux et fruits de Tanghinia venenifera.

Les graines de cet arbuste constituent le vrai fanghin, le fameux poison d’épreuve de Madagascar.

144. Feuilles d'Aphloia theaeformis. Biracées.

Les feuilles de ce petit arbuste, qui est le voafotsy et le fandramanana des Hova, sont employées en infusion théi- forme et seraient, comme les feuilles de kinkélibah, un remède contre la fièvre bihieuse hématurique.

145. Feuilles d'Adansonia Grandidieri. WMalvacées.

Ces feuilles, comme celles de l’Adansonia digitata, sont émollientes.

146. Fruits frais de Perriera madagascariensis. Simaru- bacées.

147. Fruits secs de Perriera madagascariensis.

Le Perriera madagascariensis, ou kirondro, est un arbre des collines sablonneuses de l’'Ambongo, mais qu'on retrouve encore plus au Sud, au moins jusque dans la vallée de la Sakeny. Toutes ses parties, et principalement ses fruits, sont très toxiques. Dans la Sakeny, les écorces sont employées à petites doses comme amer et comme tonique.

(Courchet : Le Kirondro de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1905. H,. Jumelle et Perrier de la Bâthie : Les plantes à caoulchouc de l'Ouest el du Sud-Ouest de Madagascar. L'Agriculture pra- tique des pays chauds, 1914.

20 H. JUMELLE 148. Écorces d'Erythrophloeum Couminga. Zéqumineuses.

C'est le kominga des Sakalaves et le kimanga des Hova; et c'est le plus violent poison des Sakalaves. Toutes les parties de la plante sont vénéneuses, mais c’est surtout l'écorce qui est employée. À très petites doses, elle sert comme médicament. Elle renferme, d'après MM. Planchon et Laborde, 0,653 °/, d’érythrophléine.

L'Erythrophloeum Couminga est un arbre de haute taille qui, dans l'Ouest de Madagascar, apparaît au sud de la Mahavavy et, vers l'intérieur, ne s'éloigne pas à plus de 30 kilomètres de la mer. Il semble calcifuge. En dehors de Madagascar, on le retrouverait aux Seychelles.

149. Rameaux et fruits d'Eugenia sp. Myrtacées.

Les Eugenia sont appelés rotra à Madagascar. Les feuilles et les écorces de l'Eugenia Parkerii, ou vavarotra, ou maro- lampona, seraient un remède contre les diarrhées et les dysenteries des pays chauds.

150. Écorces de Rourea orientalis. Connaracées.

C'est le kitsongo du Boina et de l'Ambongo, et, plus par- üculièrement, le kitsongo lahy dans la région croît un autre ki{songo, le kitsongo vavy. Le terme de kifsongo paraît d'ailleurs s'appliquer à diverses plantes qui sont toutes très toxiques. La partie employée est l'écorce.

(L. Courchet : Le kilsongo vrai de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 14907.)

151. Écorces de Laurus Sassafras. Lauracées.

Le Laurus Sassafras est de l'Amérique du Nord. Ses racines sont utilisées en pharmacie pour leur bois et leur écorce, qui contiennent une essence.

- MADAGASCAR ET COMORES 21

MILI-"OLÉAGINPEX

161. Fruits et graines de Jatropha Curcas. Æuphorbia- cées. 162. Fruits frais de Jatropha Curcas. Æuphorbiacées.

Le pulghère, ou pignon d'Inde, est un arbrisseau aujour- d'hui très répandu dans presque toutes les contrées tropi- cales. Les graines comprennent 66 °/, environ d'amande: et les amandes rendent en fabrique 40 °/, environ de leur

I poids d'huile. Celle-ci, qui a pour densité 0,919 à 0,925, se solidifie vers - 8°. On indique comme caractéristiques :

Acides gras libres (en acide oléique).... 0,36 à 11,8 0, Indice d'acide des acides gras libres. ... 4,47 Indice de saponification.: "..2; TX 192 à 240

FAC TETE CO RS ON AE EC ACER 98 à 110

Les acides liquides de cette huile sont les acides oléique et linoléique. L'huile de pulghère est très purgative et d'emploi dangereux (huile infernale); ses propriétés toxiques semblent dues à une globuline, la curcasine. Au point de vue industriel, elle est assez difficilement saponifiable et donne un savon de soude blanc et moussant bien.

Ce sont surtout les iles du Cap Vert qui cultivent le Jatropha Curcas pour l'exportation des graines; et la fabri- cation de l'huile et son utilisation en savonnerie sont sur- tout importantes au Portugal, très rares à Marseille.

(E. Bontoux : Les matières premières utilisées ou utilisables en savon- nerie. Les Matières grasses, 25 juillet 1910.)

163. Péricarpe des fruits de Raphia Ruffia. Pamiers. 164. Fruits de Raphia Ruffia. Palmiers.

ne

I

2 H. JUMÈLLE 64 bis. Corps gras et dérivés des fruits de Raphia Ruffia.

La pulpe des fruits de ARaphia Ruffia, appelée voampiso et morandra par les Sakalaves, est comestible et contient, d'après Schlagdenhauffen, 14,2 °/, d'un beurre formé par 3,13 d'acide palmitique et 10,59 d'acide stéarique. Il y a, d'autre part, dans la pulpe, 4,20 °/, de glucose, 1,20 de saccharose, 4,17 de matières extractives non déterminées, 0,60 de résine, 12,154 de gomme et matière colorante, 2,596 de substances minérales.

(Decrock et Schlagdenhauffen : Étude du péricarpe du Raphia Ruffia.

Annales du Musée Colonial de Marseille, 1905.)

65. Cire de Raphia Ruffia.

La cire de raphia, qui donne lieu à quelques exporta- tions, provient de l'épiderme inférieur des segments foliares, dont elle recouvre la surface. Pour l'obtenir, on bat dans une grande toile ces segments desséchés; la poussière cireuse qui se détache est, après tamisage, jetée dans l’eau bouillante, elle s’agglutine en masse.

C’est une substance un peu grasse au toucher, assez facr- lement cassante, et qui, par plusieurs caractères, se rap- proche de la cire de Carnauba. Elle a le même point de fusion (entre 83° et 84°) que cette cire. Sa densité est de 0,954. Comme dans la cire de Carnauba et dans la cire d'abeilles, l'acide libre le plus abondant èst l’acide céro- tique, et l'acide combiné le plus important est l'acide pal- mitique. D'après Descudé, si on mélangeait la cire de raphia en certaines proportions avec la cire du Japon, on aurait un produit qui rappellerait à peu près la cire d’abeilles.

(H. Jumelle : Les ressources agricoles el forestières des colonies fran-

çaises. Barlatier, Marseille, 1907. M. Descudé : Une nouvelle cire végé-

tale. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, mars 1907.)

1

66. Graines de Jatropha mahafalensis. Æuphorbiacées.

Le Jatropha mahafalensis, ou betatatra,'est un arbre de

4

MADAGASCAR ET COMORES 23

> à 6 mètres de hautéur, du Sud-Ouest de Madagascar, et commun surtout sur le plateau calcaire mahafaly. Ses graines se composent de 75 °/, d'amande et 25 °/, de tégu- ment ; et l’'amande donne, par le sulfure de carbone, 60 °/, de substance grasse. Par pression, on en retire 44,5°/,. C'est une huile bien liquide, ambrée, légèrement fluores- cente.

Indieerdiode rs est Re Sa ES Indice de saponification...... 184,6 à 194 Acidité en acide oléique...... 15,79 Fusion des acides gras, ..,., 2308

Proportion d’insaponifiables.. 7,16 °/,

D'après M. Bimar, cette huile ne contient pas d'acide de poids moléculaire inférieur à celui de l'acide palmitique, et elle renferme une assez forte proportion d'acide linolénique. Elle prendrait donc place, parmi les huiles siccatives, à côté

1 , de l'huile de pulghère, et elle pourrait sans doute servir aux mêmes usages que cette huile.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Un pulghère de Madagascar.

Les Matières grasses ; décembre 1910.) 167. Fruits de Dilobeia Thouarsii. Protéacées.

168. Graines de Dilobeia Thouarsii.

Ce Dilobeia Thouarsii, ou vivaona, ou mankaleo, a été souvent signalé sur le versant oriental de Madagascar ; et la substance grasse de ses graines est depuis longtemps uti- lisée par les Tanala.

C'est une huile jaune foncé, qui laisse déposer vers 15° la moitié de son volume de matière concrète blanchâtre.

Indice: d'inde ras y: 84,4 à 84,0 Indice de saponification, 196,%à 196,7 Acidité en oléique....... 54,14

Fusion des acides gras, 36°

Les amandes contiennent 63,4 à 63,9 de substance grasse L'inconvénient, au point de vue industriel, est que la graine est incluse dans un épais noyau qu'il fut briser.

24 II, JUMELLE

169. Fruits d'Elaeis madagascariensis. Palmiers.

Le palmiste croît à l’état sauvage à Madagascar sur la côte Ouest, entre 17° et 21° de latitude Sud. C'est le ésin- qilo des Sakalaves, qui, dans la région de la Tsiribihina, extraient parfois l'huile de ses fruits. La productivité de cette variété est. malheureusement très faible ; les fruits sont petits et la pulpe mince. On ne peut songer à une exploitation.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les Palmiers de Madagascar.

Annales du Musée Colonial de Marseille, 1943.)

170. Graines de Symphonia Louveli. Clusiacées.

Le Symphonia Louveli est le kizavavy d'Analamazaotra, dans l'Est de Madagascar C’est un arbre de 20 à 25 mètres de hauteur, à gros fruits coniques. Les graines donnent 40 °/, d'une substance grasse de consistance pâteuse, jaune foncé, fondant entre 15° et 16°.

Indices: dinder PRES ANNE ARE NT EE 67,6 Indice de saponification................. 189 Indice d'acdité Mere EE Enr 2 8,4 Indice de Reichert (acides gras volatils). 1,65 Fusion des acides gras. 4.1.4... 43°

Ces acides gras sont composés de 35 °/, d'acides saturés et de 65 °/, d'acides non saturés. Les acides saturés fondent à 55°: les non saturés sont liquides, jaunâtres et doivent ètre surtout composés d'acide oléique. Les acides saturés seraient des acides margarique, arachidique, laurique et caprique.

Cette graisse serait donc utilisable en savonnerie, à cause de sa petite proportion d'acides liquides, et aussi en stéari- nerie, en raison du point de fusion assez élevé de ses acides gras solides. |

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie: Quelques Symphonia à graines grasses de l'Esl de Madagascar. L'Agriculture des pays chauds, 1913. À, Hébert: Composition des graines grasses de deux espèces de Sym-

s

MADAGASCAR ET COMORES 25

phonia de l'Est de Madagascar. Bulletin de la Société chimique de France, 20 novembre 1913.)

171. Graines de Symphonia laevis. Clusiacées.

Cet autre Symphonia est à Amalamazaotra le kizalahy. Il a 10 à 15 mètres de hauteur, avec des fruits en poire plus petits que les précédents. Les graines donnent 35 °/, d'une substance grasse ana- logue à la précédente et utilisable de la même manière:

Les points de fusion de la substance, les indices d'acidité et de saponification sont les mêmes que pour le kizavauy. Les acides gras sont composés de 40 °/, d'acides saturés et

5 Ï 60 °/, d'acides non saturés, et ces acides semblent les mêmes ? que dans l’autre espèce.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Loc. cit.— A. Hébert : Loc. cit.)

172. Graines et fruits de Symphonia fasciculata. Clu- siacées.

C'est un des hazina des Hova. Ses très gros fruits con- tiennent de nombreuses graines qui ont les dimensions et la couleur d'un marron ; et ces graines donnent par le sulfure de carbone 65 °/, d'une matière grasse semi-solide dont le rendement en acides gras de saponification est de 95 °/,,et en stéarine de saponification 34,39. Le point de solidifica- tion de la stéarine est de 64° et le rendement en glycérine est de 10,26 °/,. C'est donc une bonne matière première pour la stéarinerie et peut-être la savonnerie.

(E. Heckel : Quelques plantes à graines grasses nouvelles ou peu

connues des colonies françaises el en particulier de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1908.)

473. Graines de Sterculia foetida. Sferculiacées.

26 H. JUMELLE 174. Huile des graines de Sterculia foetidà et ses dérivés.

Le Sterculia foetida, de l'Inde, est répandu dans les pays tropicaux les plus divers. Ses graines contiennent 25 °/o environ d'une huile propre à la savonnerie.

175. Fruits de Calophyllum Inophyllum. Clusiacées.

176. Noyaux de Calophyllum Inophyllum.

Cette espèce de Calophyllum, qui est le famanou de Nouvelle-Calédonie, le ndilo des Fidji, le panang de l'Inde Anglaise, le foraha de Madagascar, est encore un arbre lar- gement distribué entre les tropiques. En beäucoup de contrées l'huile est employée pour l'éclairage. Cette huile est jaune verdâtre, résineuse, un peu visqueuse, amère. Les graines en contiennent 70 °/, environ et elle a pour caracté- ristiques, d'après des échantillons analysés dans l'Inde en 1942

Poïds SPÉCIQUE 24 AR Laine 0,880 Point de solidification des acides gras. 369,3 Indice d'acide nn CR Re 77,5

Indice de saponification............... 194,9 fadice diode ne RTL Re 93,1

Indice de Hehner te". Here 94,3 Acides gras insolubles °/,.:........... 92,9 Insaponifiables: ar AS RR ENTREE 1,4

Acides volatils solubles.............. 0,50 Acides volatils insolubles............. 0,45

Cette huile ne vaudrait évidemment rien pour l’alimen- tation, mais est bonne pour la savonnerie. Le tourteau con- viendrait comme engrais.

177. Fruits de Calophyllum Tacamahaca. Clusiacées. 178. Huile de Calophyllum Tacamahaca.

179. Tourteau de Calophyllum Tacamahaca.

Le Calophyllum Tacamahaca Willd. est une espèce très

4 A

“MADAGASCAR ET COMORES 27

voisine du Calophyllum Inophyllum, mais spéciale à Mada- gascar et à la Réunion. Ses feuilles sont plus longuement pétiolées et à sommet plus aigu que celles de l'espèce pré- cédente ; les fleurs sont plus petites et les fruits sont plus piriformes .

180. Fruits de Calophyllum parviflorum Bojer. Clusiacées.

Cette espèce malgache est le vinfanina des Hova. Ses graines, comme toutes celles du genre, donnent une huile résineuse.

. e- . . Li . n L4 181. Fruits de Quisqualis madagascariensis. Combre- tacées.

C'est un des {amenaka des Hova. 182. Fruits de Quisqualis indica. Combrétacées. 183. Graines de Brochoneura Vouri. Myristicacées. 184, Fruits et rameaux de Brochoneura Vouri. 185. Huile des graines de Brochoneura Vouri. 186. Tourteau des graines de Brochoneura Vouri.

Ce muscadier malgache est un arbre de 15 mètres envi- ron de hauteur, de la région de Farafangana. C’est le vory et le rarabé des Betsimisaraka. Sa graine est très parfumée et fournit aux indigènes une graisse dont ils se servent comme pommade pour la chevelure et contre la gale. La richesse des beurres de Brochoneura en myristine semble les rendre peu propres à la stéarinerie, mais ils pourraient peut-être être utilisés en savonnerie.

(H. Jumelle : Les ressources agricoles et forestières des colonies fran- çaises. Marseille, 1907. E. Heckel : Sur quelques plantes à graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises el en particulier de Madagascar, Annales du Musée Colonial de Marseille, 1908.)

187. Graines de Brochoneura Dardaini. Myrislicacées.

Cette autre Myristicacée de l'Est de Madagascar est le

28 H. JUMELLE

molotrandrongo et le molotsandrongo des Betsimisaraka, qui extraient la substance de ses graines par les mêmes procédés et pour les mêmes usages que ceux de l'espèce

précédente. 188. Fruits et rameaux de Brochoneura sp. 189. Graines de Brochoneura Freneei. 190. Huile de Brochoneura Freneei.

191. Tourteau de Brochoneura Freneei.

Cet arbre de la région de Fort-Dauphin est le mafotra des indigènes. Ses fruits sont de la grosseur, à peu près, d'une mandarine. L'huile des graines sert encore pour la chevelure et contre la gale. La graine comprend 70 °/, d'amande. Celle-ci abandonne au sulfure de carbone 71,50 °/, d'une substance grasse semi-fluide en été, solide en hiver, de couleur isabelle foncé et sans odeur aromatique. Cette graisse a pour densité 0,9439; elle est composée de 40 °/, environ de myristine et d’oléine. Cette dernière est en plus forte quantité que dans le beurre de muscade:

Acides gras de saponification. ......./:........ 93,30 °, MINES Ne Eee AR RE RS 339 49 Solidification des acides gras de saponification.. 36°80 Neides seras dedistillation#., 1%) 69 °

I y a 13,50 °/, d'insaponifiables. La substance ne paraît convenir ni en stéarinerie, ni en savonnerie; mais a des propriétés siccatives.

192. Fruit d'Adansonia madagascariensis. Malvacées.

Les baobabs du versant occidental de Madagascar appar- tiennent à diverses espèces d'Adansonia, différemment ré- parties sur tout ce versant. On trouve surtout l’Adansonia madagascariensis dans le Boina. Les fruits de ce baobab sont généralement un peu plus larges que hauts. Les graines,

MADAGASCAR ET COMORES 29

d’un poids moyen de Ü gr. 250, donnent une huile senu- liquide à la température ordinaire.

193. Fruit d'Adansonia Za.

Le za est l'espèce de baobab qui a l’aire de distribution la plus large dans l'Ouest de Madagascar, car cette aire semble comprise entre la Sofia et le Menarandra. Ses fruits sont toujours beaucoup plus longs que larges, et à surface sillonnée. Les graines pèsent en moyenne 0 gr. 870 et donnent une huile qui paraît plus fluide que les huiles des autres espèces malgaches actuellement connues.

194. Fruit d'Adansonia Bozy.

Le bozy est le baobab du Sambirano. Les fruits ont en moyenne 10 centimètres de longueur sur 7 à 8 cm. 5 de largeur. Les graines ont un poids moyen de O0 gr. 610 et donnent une huile de consistance analogue à celle de l'A. madagascariensis.

195. Fruit d'Adansonia rubrostipa.

C’est le samena, ou ringy, de l'Ambongo, et c'est un petit baobab à folioles elliptiques dentées, à écorce rougeûtre, se détachant par plaques. Les fruits sont généralement un peu plus hauts (10 cm.) que larges (9 cm.). Les graines ont pour poids moyen Ü gr. 180, et donnent une huile de même consistance que la précédente.

196. Fruit d'Adansonia alba.

C'est le baobab de l’Andranomalaza. Les fruits, beaucoup plus longs (20 cm. par exemple) que larges (10 cm.), sont elliptiques, en séction longitudinale, et la coupe du péri- carpe est blanche. Les graines pèsent en moyenne 0 gr. 610. Leur substance grasse est moins fluide et se solidifie plus rapidement que dans les espèces précédentes.

30 H. JUMELLE

197. Fruit d'Adansonia Fony.

Le fony a un large habitat entre le cap Saint-André et Fort-Dauphin. Ses folioles sont dentées comme celles de l'A. rubroslipa, mais ovales. Ses fruits sont turbinés, ou ovoides, ou arrondis, et côtelés ou non, généralement plus longs (10 cm. par exemple) que larges (8 em.), et pointus ou mamelonnés, ou arrondis au sommet, Nous n'avons aucun renseignement sur la substance grasse de ses

graines, 198. Fruit d'Adansonia Grandidieri.

199. Tourteau d'Adansonia Grandidieri.

C'est le reniala de la région de Morondava. Ses fruits sont de forme un peu variable, mais, le plus souvent, oblongs, à extrémité comme tronquée, avec péricarpe très mince et très fragile. Les graines, dont les Sakalaves sont friands, sont plus grosses que celles de toutes les autres espèces, et donnent une substance grasse plus concrète. De toutes les huiles de baobab, c’est celle qui a été le mieux étudiée jusqu'alors. D'après M. Balland, les graines de reniala se composent de 63,3°/, d'amande et de 36,7 d’en- veloppe ; et les amandes contiennent 63,20°/, d’un beurre qui, à la température ordinaire, est blanchâtre et grumeleux, de rancissement difficile, commençant à se liquéfier vers 25°, entièrement fluide à 34°, employable pour l’alimenta- tion, et propice à la fabrication des savons de luxe.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les baobabs de Madagascar. L’Agriculture des pays chauds, Challamel, 1914. Id. : Nouvelles notes biologiques sur la flore malgache. Annales de la Faculté des Sciences de Marseille, 1915.)

200. Fruit d'Adansonia digitata.

Cette espèce de baobab est originaire du continent afri- cain et a été introduite à Madagascar, on la trouve autour des habitations, ou sur les emplacements des anciens

MADAGASCAR ET COMORES 31

villages, dans l'Ambongo et dans le Boina. C'est le sefo des Sakalaves. Nous ne connaissons pas de façon cer- taine la composition de ses graines et de son huile, car les analyses rapportées aux graines d’Adansonia digitata ont, en réalité, été faites, pour la plupart, avec des graines de baobabs malgaches, et particulièrement de l'Adansonia Grandidierr.

201. Graines d'Ampelosicyos scandens. Cucurbitacées.

Cette Cucurbitacée grimpante est le voanono d'Analama- zaotra. Ses gros fruits, vaguement obpiriformes, con- tiennent de nombreuses graines qui ont un peu la forme de haricots. Le tégument de ces graines représente 23°/, et l'amande 717°/,. Le rendement de l’amande en huile, par le sulfure de carbone, est de 49,50°/,, et cette huile, analy- sée à Marseille à l'usine Fournier, a donné les caractéris- tiques suivantes :

Poids spéciique.à159:,: et 0,940 Pointede fusion Er Re 40 Indice de saponification............ 181 Epdice d'en er ie Men Tee 152 Desré Maument er mere rec 88 Bromures insolubles dans l’éther... Néant,

Pour les acides gras, les caractéristiques sont :

Acides gras insolubles, plusinsaponi-

DA DES 67 ent a ar AERSEREREERS 94,40 ©, Pont ue URiOnt nr) nn Eee: 280 Point de solidification.............. 26° Indice/dersatfuration 71% 185 ie diodes Ter CR Ent 161 Poids moléculaire moyen...,....... 302

Cette huile a une odeur âcre et s'oxyde spontanément à l'air. Son indice d'iode et son degré Maumené sont parti- culièrement élevés. Toutefois, l'absence de dérivés bromés insolubles dans l'éther excluant la présence de glycérides

32 H. JUMELLE

linoléniques, elle ne peut être comprise dans le groupe de l'huile de lin et doit être classée parmi les huiles moyenne- ment siccalives.

D'autre part, le faible point de fusion de ces acides gras indique une teneur en acides concrets insuffisante pour jus- üilier son emploi en stéarinerie. Par contre, son utilisation en savonnerie parait indiquée, particulièrement dans la fabrication des savons mous.

Il est encore dans l'Est de Madagascar un autre Ampelo- sicyos, l'Ampelosicyos major, dont les graines, un peu plus grosses, n'ont pas été jusqu'alors étudiées.

Toutes ces graines de voanono sont consommées crues par les indigènes, elles ont le goût de noisette. Grillées comme les arachides, elles sont délicieuses. La pulpe du fruit est farineuse, très odorante, de saveur également parfumée, mais laisse dans la bouche une sensation brülante.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Nouvelles notes biologiques sur la flore malgache. Annales de la Faculté des Sciences de Marseille,

1945.)

202. Huile de Sapindus Saponaria. Sapindacées.

Les Sapindus sont surtout intéressants pour leurs fruits, dont le péricarpe contient de la saponine et, par suite, est utilisable comme le bois de Panama. Mais les graines sont en outre oléagineuses. Celles du Sapindus trifoliatus de l'Inde contiennent, par exemple, une substance grasse dont l'indice d'acide est 42,75, l'indice de saponification 191,8, l'indice de Reichert 1,61, l'indice d'iode 58,58, et qui compte en insaponifiables 1,1 et en acides gras insolubles 93,9 °/,. Le point de fusion de ces acides est de 54°4 et leur indice d'iode 57 °/,. D'après les analyses faites au Jardin colonial de Nogent, la matière grasse de Sapindus Sapo- naria représente 4,70 °/, du poids du fruit et 10,15°/, du poids de la graine. L'élasticité du péricarpe empêche d'em- ployer le concasseur centrifuge pour le cassage des fruits.

203. Fruit et graines d'Amoora Rohituka. Méliacées.

MADAGASCAR ET COMORES SK.

Cette espèce indienne a été introduite à la Station d'Essais de l'Ivoloina. C’est le raina du Nord et de l'Est du Bengale et de l'Annam; ce serait aussi le /o/ goi du Tonkin. Les graines ontété étudiées en ces dernières années à Londres, à l'Imperial Institute, à Paris par MM. Weitz et Lecoq, et à Marseille à l'usine Tassy, Rocca et de Roux.

Pour les graines du Musée Colonial de Marseille, prove- nant de l’Ivoloina, le rendement a été de 34,08 à 34,20 °/, d'une huile ainsi caractérisée :

Acidité en oléique............ 0,6% Indice:digde 5502 e 122,74 à 125,40 Indice de saponification.,,..... 18%

Insaponifiables............... 1,44 9/0 Indice d’iode des acides gras... 132,44 Indice de saponification de ces

ACIER SES 134,61

A l'Imperial Institute, avec des échantillons de l'Inde, les graines ont donné, à raison de 7,5°/, d'humidité, 43,5 °/, d'une huile visqueuse, claire, brun jaune, d’une odeur désa- gréable et de saveur amère.

Ses caractéristiques étaient :

Poids spécifique. .:.:....:, 0,931 Point de solidification des

ACTES ETS. PR RNA EEE 3204 mice d'acides MER TER 24,7 Indice de saponification ...... 192,3 Indice d’iode pour 100,.,..... 1547 Indice de Hehner............. 92,4 Indice de Reichert ........... 1775 Acides gras insolubles........ 1 Acides gras insaponifiables.... 1,4

Dans l'Inde, l'huile d’Amoora serait employée comme lini- ment stimulant contre les rhumatismes. Elle est prinei- palement utilisée comme huile à brûler. Elle ne peut être alimentaire, mais conviendrait en savonnerie. Le tourteau

Annales du Musée colonial de Marseille, série, vol. 1916, 3

34 Hi, JUMELLE

en raison de son goût amer, ne peut être donné au bétail; il est d’ailleurs pauvre en azote.

(R. Weitz et R. Lecoq : Contribution à l'étude des semences huileuses d'Amoora Rohiluka. Bulletin des Sciences pharmacologiques, mars-avril 1915:)

204. Graines de kapok. Walvacées.

Le Ceiba pentandra, ou kapokier, introduit à Madagas- car et qui sera cité de nouveau plus loin, à propos des textiles est surtout intéressant pour la bourre de ses fruits, qui est le kapok du commerce; mais les graines, d'autre part, contiennent 21 à 24°/, d’une substance grasse, qui est une huile comestible, limpide, de couleur blond clar, et dont le goût assez prononcé rappelle celui de

l'arachide, La densité de cette huile (0,914 à 0,923) est vor-

sine de celle de l'huile de coton épurée, que l’huile de kapok pourrait remplacer avantageusement dans ses applications, puisqu'elle est immédiatement limpide. L'indice d'acide est de 26, celui diode 101,5 et celui de saponitication 194,2. Le tourteau est riche en matière azotée, et blanc; il peut être employé comme alimentation et comme engrais.

(Grisard : Note sur le kapokier ou fromager des colonies françaises. Bulletin de l'Office Colonial, janvier-février 1916. Economic Pro- ducts from the Zansibar Protectorate, dans le Bulletin of the Imperial Institute, juillet-septembre 1914.)

205. Fruits frais de Pentadesma butyracea. Clusiacées.

Cet arbre à graines grasses a été introduit à la Station de l'Ivoloina. C’est une espèce de l'Afrique occidentale, les indigènes utilisent la substance grasse de ces graines pour l'alimentation. Cette graisse, ou beurre de {ama, ou beurre de lamy, est jaunâtre, assez consistante à la température ordinaire ; elle se solidifie, après fusion, à 20° environ. Elle sera étudiée dans le Catalogue de l'Afrique Occidentale

française.

Co à ER ÉRIC , + 0 + in. "x,

MADAGASCAR ET COMORES 35 206. Cire de Cynanchum Messeri. Asclépiadacées.

Le Cynanchum Messeri est une Asclépiadacée sans feuilles qui, dans la région de l’'Ihosy (affluent du Man- goky), sur le mont Bekinoly, la cire a été recueillie, pousse dans les bois secs, sur les rocalles gneissiques, vers 600 à 800 mètres d'altitude. La cire obtenue forme un revé- tement sur les tiges. Pour la récolter, il est deux méthodes possibles. La première consiste à débiter la plante en petits tronçons, qu'on fait sécher, puis qu'on bat sur un drap. La poussière quise détache est jetée dans l'eau bouillante et on recueille l’écume. L'inconvénient de ce premier procédé est sa lenteur ; par la seconde méthode, on opère plus rapide- ment. Les rameaux sont alors trempés directement dans l’eau bouillante. La cire s’en sépare en se liquéfiant et monte à la surface de l’eau elle est encore recueillie par écumage. La quantité ainsi obtenue est toutefois moindre que par le premier procédé. Six pieds de Cynanchum Messert ont fourni 200 grammes. .

Cette cire et les deux suivantes ont été étudiées au point de vue chimique par MM. Hébert et Heim, qui ont déter- miné leurs constantes. Toutes trois sont très voisines et se rapprochent des autres cires végétales connues, notamment des cires de Chine et du Japon, bien qu'elles contiennent une certaine quantité d'hydrocarbures, comme la cire d’abeilles. Toutes trois fondent à 88°, alors que la cire du Japon fond entre 43° et 54°et celle de Chine à 539,5, la cire d'abeilles jaune pure fondant à 63° ou 64°. L'iode fixé, pour 100 de cire, est de 3,2 pour la cire de Cynanchum Messeri, 5,3 pour celle d'Euphorbia æylophylloides, et 5,9 pour celle d'Euphorbia stenoclada.

MM. Hébert et Heim ont reconnu que les méthodes “ordinaires de blanchiment ne donnent pour ces cires que des résultats peu satisfaisants: ils ont mieux réussi avec les méthodes basées sur l’action des solvants neutres.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Trois plantes à cire de Mada- gascar. Journal d'Agriculture tropicale, avril 4912. Hébert et Heim :

36 H. JUMELLE

Sur trois nouvelles cires de Madagascar. Bulletin de l'Office Colonial, février 1915. Id.: Blanchiment des cires de Madagascar. I., mars 1915.)

206. Cire d'Euphorbia xylophylloides. ÆEuphorbiacées.

Cette euphorbe est à port arborescent, avec des rameaux verts très aplatis, sans feuilles. Dans la région de l'Ihosy, elle se trouve, comme le Cynanchum Messeri, sur le mont Ambohipanana, sur les rocailles gneissiques, vers 800 mètres d'altitude. La cire est obtenue comme précédemment. Un pied donne au minimum #70 grammes de produit.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit. Hébert et Heim : loc. cit.)

207. Cire d'Euphorbia stenoclada. ÆEuphorbiacées.

Cette seconde euphorbe aphylle, qui croît dans la même région que la précédente, est exploitée de même; mais son rendement est un peu moindre, car, après passage à l’eau bouillante, il reste sur les rameaux un enduit plus persistant que dans les deux autres plantes, et que l’eau bouillante n’entraîne pas ou entraine difficilement. Un pied de petite taille donne cependant encore 500 grammes. On admet qu'un indigène pourrait aisément préparer journel- lement # à 5 kilos de ces cires par les procédés que nous venons d'indiquer.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit. Hébert et Heim : loc. cit.)

208. Cire de Chrysalidocarpus. Palnuers.

Cette cire provient des feuilles d'un Chrysalidocarpus de Marambo encore indéterminé.

209. Cendres de sambiky.

210. Savon préparé avec des cendres de sambiky.

MADAGASCAR ET COMORES Ed

IX. TEXTILES ET PAILLES

221. Coton non égrené de Gossypium sp. Malvacces.

222. Coton de Géorgie (Mayotte).

Le cotonnier a été jadis cultivé à Madagascar; et sa culture pourrait peut-être être reprise, notamment dans le Nord-Ouest.

223. Bourre de Ceiba pentandra. WMalvacées.

Le kapok provient surtout de Malaisie l'arbre déjà cité dans la section des Corps gras est cultivé ; mais nos colonies françaises, le Ceiba pentandra a été introduit et s'est acclimaté, pourraient en fournir. Quelques essais de plantation ont été faits à un moment donné dans le Nord- Ouest de Madagascar.

224. Aigrettes de Marsdenia verrucosa. Asclépiadacées.

Cette espèce et la suivante seront citées plus loin comme lianes à caoutchouc.

225. Aigrettes de Cryptostegia madagascariensis. Ascle- piadacées.

226. Aigrettes d'Orchipeda Thouarsii. Apocynacées.

Les aigrettes des graines de ces Asclépiadacées et Apocy- nacées pourraient peut-être être employées comme le kapok.

227. Fruits de Toxocarpus tomentosus. Asclépiadacées.

Cette liane, nommée à tort par Decaisne Pervillea tomentosa, est le voansifitra des Sakalaves. C'est une espèce silicicole du Boina et de l’'Ambongo. L'épais duvet

30 H. JUMELLE de ses fruits est employé comme amadou par les indigènes.

H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Notes sur la flore du Nord- Ouest de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.)

228. Filasse d'aloès de Madagascar. Armnaryllidacées.

228 bis. Objets divers en aloës.

L'aloès de Madagascar est donné par la variété malgache du Fourcroya gigantea, dont une autre variété, la variété créole, donne à Maurice et à la Réunion l'aloès vert de Maurice, bien connu dans le commerce. Le Fourcroya gigantea s'est naturalisé dans le Centre de notre colonie, Les indigènes utilisent sa filasse, qui n'est guère exportée ; ils en font, entre autres, les tissus et objets exposés.

229. Filasse et cordes d'Urena lobata. WMalvacées.

L'Urena lobata est un arbrisseau qui croît à l'état spon- tané dans beaucoup de pays chauds. C'est le kirijy, le tsikilenjy et le paka de Madagascar, le carrapicho du Brésil, le bun-ochra du Bengale, le pat{a appele de Ceylan. D'après des recherches faites au Brésil par M. Silva Telles, professeur à Sao Paulo, sa filasse, qu'on a appelée l’ara- mina, et qui est ligneuse, serait supérieure au jute pour la fabrication des cordes et des sacs. Elle peut servir aussi pour la fabrication de pâte à papier. Les Sakalaves la préparent en battant les écorces, qu'ils ont fait tremper dans l'eau pendant quelques jours. Cette filasse, par dessic- cation, perd 10,43 °/, d’eau; incinérée, elle laisse 8,03 °L de cendres, qui contiennent des cristaux d'oxalate de cal- cium. Au peignage, 520 grammes de filasse ont laissé sur le peigne 350 grammes d'étoupe, soit 67 °/, environ. Des 170 grammes restés dans la main de l’ouvrier, la moitié a fourni 26 mètres de ficelle à 2 fils, de 2 mm. de diamètre, et l’autre moitié 18 m. 30 de corde à 3 fils, de 3 mm. Les 350 grammes restés sur le peigne ont donné 18 m. 65 de corde à 4 fils, de 7 mm. de diamètre. La résistance des

MADAGASCAR ET COMORES 39

ficelles à 2 fils est à peu près trois fois moindre que celle de ficelles de chanvre analogues et de même grosseur.

(H. Jumelle : Sur une filasse appelée ramie indigène à Madagascar.

Annales coloniales, 15 février 1903.)

230. Filasse et cordes de Cryptostegia madagascariensis.

Asclépiadacées.

Le lombiro est une plante à caoutchouc de l'Ouest de Madagascar, mais ses tiges fournissent, en outre, une bonne filasse cellulosique. Les Sakalaves décortiquent les tiges à la main, puis, sans faire rouir ni battre ces écorces, comme celles de l'Urena lobata, dégagent avec les ongles les fila- ments fibreux, que leur blancheur et leur espacement rendent bien visibles. Desséchée, cette filasse perd 8,58 °/, d’eau ; incinérée, elle donne 1,83 de cendres °/,. 210 grammes laissent sur le peigne 92 grammes d’étoupe, soit 43 °/, environ. Avec la filasse restée dans la main de l’ouvrier, il a été fait 15 mètres de corde à 3 fils, de 2 mm. de diamètre, pesant 72 grammes, et 14 mètres de ficelle à 2 fils, de 2 mm., pesant 35 grammes. Les 92 grammes d'étoupe restés sur le peigne ont donné 5 m. 45 de corde à 4 fils, de 6 mm. de diamètre. Tous ces cordages sont d'une grande blancheur. Leur résistance, tout en étant inférieure de moitié à peu près à celle du chanvre, est sensiblement supérieure à celle de l'Urena lobata.

H. Jumelle : Trois plantes à corderie de Madagascar. Revue des

cultures coloniales, 20 juillet 1903.)

2

31. Filasse et écorces de Typhonodorum madagascariense.

Aracées.

Le viha, mangibo, mangoka, vit sur le littoral de Madagascar, dans les endroits humides. Sa filasse, qui est jaunâtre et que les Sakalaves utilisent beaucoup pour la fabrication de leurs filets de pêche, est extraite des gaines des feuilles. Pour l'obtenir, les Sakalaves brisent ces feuilles

10 H, JUMELLE

en deux d’un coup sec; il suflit ensuite de tirer doucement les filaments fibreux qui apparaissent au niveau de la cassure. L'opération est parfois facilitée par un battage préalable, Cette filasse est très extensible après dégommage, mais est ligneuse et de résistance seulement moyenne.

(P. Claverie : Etude du Typhonodorum madagascariense, textile de Madagascar. Revue générale de Botanique, Paris, 1906. H. Jumelle : Les ressources agricoles et forestières des colonies françaises. Barlatier, Marseille, 1907.) ;

232. Écorce, filasse et cordes de Pachypodium Rutenbergia- num. Apocynacées.

Cette plante est un des hontaka ou vontaka des Sakalaves. La filasse se présente en longues lanières, blanc jaunâtre ou jaunes, auxquelles une matière gommeuse desséchée donne une certaine raideur. Elle est de travail assez diffi- cile et les Sakalaves ne l’emploient que pour confectionner des cordages. Sa résistance est moindre que celle de l'Urena lobata.

(H. Jumelle : Trois plantes à corderie de Madagascar. Revue des

\

cultures coloniales, 20 juillet 1903.)

233. Filasse de sisal. Amaryllidacées.

L'Agave rigida, dont les deux variétés longifolia et sisalana donnent le henequen ou chanvre de Sisal du Yucatan, à déja été introduit avec succès en diverses contrées tropicales, à Porto-Rico, aux Hawaï, en Afrique orientale, à Maurice. Sa culture serait peut-être intéressante et rémunératrice en certains points de Madagascar.

(H. Jumelle : Les cultures coloniales, vol. VI. Baillière, Paris, 19145.

Slockdale : L'industrie des fibres à Maurice, in Bulletin of Department of Agriculture, Mauritius, 1915, 5.)

234. Filasse d'abaca. Musacces.

Le Musa textilis des Philippines, qui donne l'abaca ou

MADAGASCAR ET COMORES a

chanvre de Manille, n'est cultivé jusqu'alors à Madagascar qu'à titre d'essai, notamment à la Station de l'Ivoloina.

(Guide et catalogue de la Station de l'Ivoloina. Tananarive, 1916.)

235. Filasse de sansevière. Ziliacees.

Le Sansevieria zeylanica, qui, avec d'autres espèces du genre, indiennes ou africaines, donne la filasse de sanse- vière, est cultivé à Madagascar dans les mêmes conditions que le Musa tertilis.

236. Filasse de Paritium tiliaceum. Walvacces.

Le Paritium tiliaceum, voisin des Hibiscus, est vraisem- blablement originaire des iles océaniennes, mais a été introduit aujourd'hui en beaucoup d'autres contrées. C'est le bourao de Nouvelle-Calédonie, sa filasse, qui est ligneuse comme toutes les filasses de Malvacées, est cou- ramment utilisée par les indigènes. La plante n'a aucune importance à Madagascar.

2371. Régime de Raphia Ruffia. Palmiers.

2371 his. Lanières, rabanes et objets divers en raphia.

Le Raphia Ruffia se plait à Madagascar dans les endroits humides, même marécageux. Sur le versant vccidental, le palmier est rare au-dessus de la Sofia, très commun dans le Boina et l'Ambongo, puis disparait plus au Sud, vers le Ranobé et le Mananbaho. Dans l'Est, il cesse d'être spon- tané au-dessous de Mananjary, il est seulement planté par les Tanala et les Antaimoro. Ses lanières sont les épi- dermes supérieurs des segments des jeunes feuilles. Ces épidermes doivent toutefois leur résistance à ce qu'ils entrainent sur leur face interne, lorsqu'on les détache, les faisceaux fibreux qui, dans les feuilles, leur sont intime- ment accolés. Il y à d’ailleurs plusieurs qualités de raphia, suivant les provenances. Pour obtenir la /ilasse de raphia,

12

H. JUMELLE

on divise les lanières en fils au moyen d'une aiguille ou d'une petite broche en os, puis on réunit ces fils et on les tord comme des fils de soie. Les lanières servent en cha- pellerie et en vannerie; c'est le raphia du Japon de nos jardiniers. Avec la filasse, seule ou en mélange avec d’autres textiles tels que la soie, les Malgaches font leurs rabanes.

Les exportations de raphia de Madagascar sont de 7.000 tonnes environ par an.

(H. Jumelle : Les ressources agricoles et forestières des colonies fran- caises. Marseille, 1907. H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Pal- miers de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1913.)

238. Crin végétal du Vonitra Thouarsiana. Palmiers.

Le Vonitra Thouarsiana, tout d’abord appelé à tort Dictyosperma fibrosum, est le vonitra de l'Est de Mada- gascar. Le crin végétal qu'il fournit, et qui est formé de gros et longs filaments bruns employés en brosserie, est récolté sur le tronc du palmier, 1l représente ce qui reste après la décomposition des vieilles gaines foliaires. Les exportations annuelles de crin végétal de Madagascar étaient en 1912 de 129.728 kilos. On connaît dans le Nord-Ouest de l'ile, dans le Manongarivo, un autre vonitra, le Vonitra crinita, qui actuellement n’est pas exploité.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Loc. cit.)

239. Paille de dara. Palmiers.

Le dara des Tanala et des Antaimoro est encore un Pal- mier, le Phoenix reclinata var. madagascariensis. Sur le versant occidental, c’est le faratra et le faratsy des Saka- laves. Avec la paille fournie par ses feuilles on fait des chapeaux solides, de teinte vert pâle, mais ne changeant ni au soleil, ni à la pluie.

(E, Perrot et A. Goris : Recherches sur les pailles à chapeaux de Mada- gascar. L'Agriculture pratique des pays chauds. Challamel, Paris, 1907.)

240. Paille de satranamira. Palmiers,

MADAGASCAR ET COMORES 43 241. Régime d'Hyphaene Shatan.

L'Hyphaene Shatan est le satranamira ou le satrana viehy (?),ouencore le hanty de l'Ouest de Madagascar. Avec ses segments foliaires, les Sakalaves confectionnent des paniers à riz, des nattes, etc. Ils se servent aussi des fais- ceaux isolés pour la confection de cordages.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit.)

242. Paille de latanier. Palmiers.

Le latanier, satranabé des Sakalaves, est le Medemia nobilis, qui forme sur tous les terrains du versant occidental de Madagascar des peuplements étendus. On le retrouve vers le Nord sur le versañnt oriental. Les segments foliaires servent comme les précédents pour la confection d'objets de vannerie.

243. Paille et filasse de lafa. Palmiers.

Les Tanala, dans l'Est de Madagascar, désignent sous le nom de lafa plusieurs palmiers, et notamment le Neodypsis tanalensis, qui est aussi le matitana, et le Chrysalidocärpus mananjarensis. Il n’a jamais été bien établi quel est celui de ces deux palmiers qui donne la filasse de lafa.

244. Paille et chapeaux de manarana. lalmuers.

Le manarana de la région d'Antalaha est un palmier encore indéterminé, presque acaule, et qui n’est pas le manarana d'Analamazaotra, Beccariophoenir madagasca- r'iensis.

La paille du vrai manarana d'Antalaha est très fine ; on en fait de très beaux chapeaux. Malheureusement, le pal- mier devient de plus en plus rare, et la paille est trop sou- vent remplacée par celle de quelques-uns des manarana suivants, qui est pelucheuse, et de bien moindre valeur.

245. Paille de manarampotsy. l’almiers.

(a. H. JUMELLE

Cette paille a été récoltée dans la région de Mandihizana, dans le district de Maroantsetra. La plante croit un peu partout, mais plutôt en dehors de la forêt. La paille sert pour la fabrication de nattes et de paniers.

216. Paille de manaramalemy. Palmiers.

La plante croit dans la province de Maroantsetra et est particulièrement abondante dans le haut d'Antsampirano : elle se plait dans les sols élevés et humides.

247. Paille de manarambato ou manaramena. Palmiers.

La plante croît également dans la province de Maroant- setra. Les échantillons ont été récoltés, comme les précé- dents, dans la forêt, aux environs d'Analambola et de Fihi- trosy (canton d'Andratambé).

Les pailles de ces divers manarana autres que le vrai manarana ne semblent pas toutes également appréciées par la chapellerie européenne ; certaines conviendraient plutôt chez nous pour la fabrication de la pâte à papier.

248. Paille et chapeaux d'ahibano. Cypéracées.

L'ahibano est le Cyperus nudicaulis des terrains tour- beux de l’Imerina, et que l’on retrouve dans l'Ouest Jusque dans l'Ambongo. La paille qui sert en chapellerie provient de la tige, qui est dépourvue de feuilles,

(H. Jumelle : Loc. cit. Perrot et Goris : Loc. cit.) 249, Paille et chapeaux de penjy. Cypéracées.

Le penjy, ou mahampy, ou rambo, est le Lepironia mu- cronata des régions occidentale et centrale. Les tiges aplaties ou découpées en lanières sont employées en chapellerie et en vannerie.

250. Paille de tsindrodrotra. Graminées.

Le fsindrodrotra des Hova et le fsiana des Betsileo est le

L ©

MADAGASCAR ET COMORES 49

Sporobolus indicus, qui abonde dans les terres humides des environs de Tananarive. Sa paille est utilisée en chapel- lerie.

251. Paille de zozoro ou isatra. C‘ypéracces.

Le z0z:0r0 des Hova, qui est l'isatra de l'Ouest, est le Cyperus madagascariensis Cyperus imerinensis. Les tiges servent pour la fabrication de nattes et de paillassons, et pour les cloisons des cases.

252, Paille d'herana. Cypéracées.

L'herana est le Cyperus latifolius. Sa paille est utilisée pour la fabrication de nattes et pour les toitures.

253. Paille de vinda. Cypéracces.

Le vinda des Sakalaves est le Cyperus alternifolius. Sa paille sert encore pour la fabrication de nattes et de pail- lassons.

254. Paille d'haravola. Graminées.

L'haravola des Hova est le hozaka des Betsileo (qui n’est

pas le bozaka des Hova) ; et ce serait l’Arundinella stipoides.

Sa feuille serait utilisée pour la fabrication de paniers indi- gènes et de chapeaux.

(Perrot et Goris : loc. cit. 255. Paille d'harefo. Cypéracées.

Les harefo des Hova sont diverses espèces d'Eleocharis, telles que l'Eleocharis plantaginea et V'Eleocharis limosa. La paille, qui a une structure presque analogue à celle de penjy, sert pour la confection de chapeaux ordinaires, de nattes et de sacs,

256. Paille de telorirana.

Paille indéterminée, peut-être de Graminée,

46 Hi. JUMELLÉ 257. Paille de mangarana.

Paille indéterminée, n'appartenant pas au Lepironia mu-

cronatla. M DOIS

Nous ne citons ici que quelques bois de Madagascar. Un catalogue spécial plus complet de notre collection de ces bois sera publié ultérieurement.

271. Ébène de Madagascar. Æhénacces.

L'ébène du Nord-Ouest de Madagascar, qui est le lopingo, et un des hazomainty des Sakalaves, est le Diospyros Per- rieri. C'est un arbre de 15 à 25 mètres de hauteur, dont le tronc a une écorce noirâtre ou blanchâtre qui se détache par plaques comme celle du bouleau. Il croît principalement dans les bosquets forestiers à sol rocailleux et sur le bord

des torrents.

(H. Jumelle : Quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.)

272. Acajou de Madagascar. Méliacces.

L’acajou du Nord-Ouest de Madagascar, qui est le hazo- mena des Sakalaves, est le Khaya madagascariensis. C’est un arbre de 20 à 30 mètres de hauteur, à tronc très droit et cylindrique, dont l'écorce est brunâtre, maculée de gris. Dans l’Ambongo et le Boina, 1l pousse dans toutes les allu- vions calcaires et humides des bords des rivières. Il ne manque que sur les sols siliceux, il est remplacé par des Canarium. Son bois, qui est un bon bois de sciage, est par- fois exporté au Havre, il a été rapproché de celui de l’aucoumé (Aucoumea Klaineana) du Gabon et vendu aux

mêmes prix.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Notes sur la flore du Nord- Ouest Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.)

23) eh AO Vi. Hit het 2 2 » LE LU ne , d / ge ht > _

MADAGASCAR ET COMORES 17 273. Bois de manipika. Zéqumineuses.

Le manipika des Sakalaves est le Dalberqia Perriert Drake (Dalberqgia boinensis Jum.). C’est un arbre de 10 à 25 mètres de hauteur, mais dont le tronc ne dépasse pas 40 cm. de diamètre. C’est le principal arbre à palissandre du Boina, il est plus commun que l'espèce suivante.

« (H. Jumelle : Quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest de Madagascar. Annales du Musée Colonial, 1907.)

274. Bois de manary. Zéqumineuses.

Le manary des Sakalaves est le Dalbergia 1kopensis Jum. (Dalberqia Perrieri Jum.). C'est un arbre de 10 à 20 mètres de hauteur, mais dont le tronc peut attemdre 60 em. de diamètre. Il se plait surtout dans les bois secs; on le rencontre notamment sur le terrain siliceux du haut bassin de la Betsiboka et de l'Ikopa. C’est encore un arbre à palissandre, mais moins fréquent que le précédent, et, par conséquent, moins exploité.

(H. Jumelle : loc. cit.) 275. Bois de kominga. Zéqumineuses.

Le kominga est l'Erythrophloeum Couminga, déjà cité dans la section des Plantes médicinales et toxiques.

276. Bois d'hazomalanga. //ernandiacces.

L'hazomalanga est une Hernandiacée encore mal connue, mais qui semble devoir constituer un genre nouveau. L'arbre, qui est de très haute taille, est très rare dans l'Am- bongo. Il ne devient plus commun qu'au sud du Cap Saint- André, dans les forêts à sol rocailleux calcaire ; mais encore ne croit-il que par pieds isolés, et on ne trouve guère plus d’un individu par hectare. Son bois, inattaquable par les insectes, est excellent à tous égards et a été, de tout temps, exporté dans l'Inde, Les Indiens en font, paraît-il, des galoches. Les Chinois s'en serviraient pour la fabrication

LS I. JUMELLE

des cercueils. C’est objet d'un commerce assez considérable à Majunga; on en fait des caisses, des meubles, et, en général, tous les objets en bois destinés à préserver des malières quelconques contre les attaques des insectes.

2771. Bois de torotoro. T'éréhintlhacces.

Le {orotoroestle Giluta Turlur, qu se trouve à Nossi-Bé et, au nord du Boina, dans les massifs forestiers de la vallée de l’'Ambamalandy. Il y a d'ailleurs été, sans doute, intro- duit, puisque tous les Gluta sont des espèces de l'Archipel Indien. Il donne un bois brun orangé; sa résine passe pour vésicante.

H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les Landolphia et les Masca- renhasia à caoutchouc du Nord de l’Analalava. L'Agriculture des pays chauds, 1910.)

218. Fruits de teck. Verbénacées.

Le {eck, Tectona grandis, bien connu pour le bois qu'il fournit, est un arbre de l'Inde. Les drupes exposées, et dont quelques-unes sont encore enveloppées par le calice accru, proviennent de la Station d’Essais de l'Ivoloina.

XI. ESSENCES

291. Graines, feuilles et essences de Pelea madagascarica. Rutacées.

Cet arbrisseau de l'Est de Madagascar et de Sainte-Marie comprendrait deux variétés : une variété {olongoala, à feuilles étroites; et une variété {olongoala manilra-anisette, à feuilles larges. [1 donne une essence à forte odeur d'amis, ou plutôt de badiane. Cette essence est contenue, dans la proportion de # à 5°/, dans toutes les parties de la plante, mais plus particulièrement dans le fruit. Elle a pour pou- voir rotatoire + 32° 22, et son indice de réfraction est de

MADAGASCAR ET COMORES 49

1,51469, Elle est soluble dans 4 volumes d'alcool à 80°, La teneur en anéthol est minime, mais 1l y a une forte propor- tion d'aldéhydes probablement anisiques. La plante existe- ait également à Mayotte.

(E. Heckel : Sur une plante nouvelle à essence anisée de Madagascar.

Comptes Rendus de l'Académie des Sciences, 6 mars 1941. Juillet : Recherches anatomiques et morphologiques sur le Pelea madagascarica. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1912.)

292. Fruits d'hazomalanga. Æernandiacées.

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L'hazomalanga, déja cité dans la section précédente, donne des fruits qui contiennent, en même temps qu'un principe rubéfiant, une huile et une essence. Cette essence donne aux fruits et à l'huile qu'on en extrait une très forte odeur aromatique. Le principe rubéfiant est également entrainé par l'huile retirée du fruit.

293. Essence d'Eucalyptus globulus. Myrtacces.

L'Eucalyptus globulus, introduit aujourd'hui non seule- ment en beaucoup de pays chauds, mais même dans la partie chaude de la zone tempérée, notamment sur le litto- ral provençal, est originaire d'Australie. L’essence de ses feuilles, aromatique et antiseptique, est employée en parfu- merie, surtout pour les eaux, poudres et pâtes dentifrices, et aussi en thérapeutique. Elle entre également dans la composition des mélanges qui servent à parfumer les appartements et à en éloigner les mouches. Beaucoup d'autres espèces d'Eucalyptus donnent des essences plus ou moins analogues, mais qui, en général, sont inférieures à celle d'Eucalyptus globulus, dont la valeur est essentielle- ment due à sa teneur (jusqu’à 85°/,) en cinéol ou eucalyp- tol. Les essences d’autres espèces contiennent du citronétol, ou du citrol, ou sentent la menthe poivrée, ou n'ont pas d'odeur bien définie. L'essence d'£. globulus est jaune clair, d'odeur rafraichissante ; la teneur exigible en cinéol est de 78 à 80°/,. Une partie d'essence doit se dissoudre sans trouble dans trois parties d'alcool à 70°, Les sortes

Annales du Musée colonial de Marseille. série, {+ vol. 1916. i

50 H. JUMELLE

qui proviennent d'arbres ayant poussé sous des climats tempérés semblent supérieures à celles de provenance tro- picale. Les feuilles même de l'E. globulus ont la réputation d'être toniques, astringentes et fébrifuges. M. Faulds, dans le British Medical Journal de 1902, prétend que leur infu- sion a aussi, dans les cas de diabète, une action curative

énergique.

294 à 300. Essences diverses de Mayotte.

Toutes ces essences (essence de menthe, essence et camphre d'Ocimum canum, essence de sauge, essence de verveine, essence d'ayapana, essence de patchouli) ont été préparées à Mayotte par M. Touchais. A Madagascar, ces essences sont surtout fabriquées dans le Nord de l'ile.

XII. GOMMES ET RÉSINES

311. Gomme de Khaya madagascariensis. Wéliacées.

Le Xhaya madagascariensis, hazomena, a déjà été cité dans la section des Bois. La gomme que donne son tronc se concrète sur l'écorce sous l'aspect de petites stalactites, dont les unes sont jaune clair, les autres plus brunes et d'autres verdâtres. Cette gomme, lorsqu'elle est récoltée depuis quelque temps, contient 21°/, d'eau. Complètement desséchée, elle se compose de 85 parties solubles dans l’eau chaude et de 15 parties gonflables, mais insolubles. La portion soluble dans l’eau chaude reste dissoute après refroidissement et donne des solutions épaisses, mais encore parfaitement liquides, en présence de 12 fois son poids d'eau. Ces solutions plus ou moins colorées ont l'aspect de solutions de gomme arabique ordinaires. Etendues en couche mince sur le papier, elles lui donnent une certaine

oué de, bi

MADAGASCAR ET COMORES 5

adhésivité. C'est une gomme sans tannin, sans saveur ni odeur.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bàthie : Notes sur la flore du Nord- Ouest de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.)

912. Gomme d’'Anacardium occidentale. 7éréhinthacées.

La gomme de cet acajou à pomme si répandu dans la plupart des contrées tropicales, et qui est le mahabiba et l’ahiba des Sakalaves, se présente en masses parfois volumi- neuses, dont la couleur varie du jaune pâle au brun foncé, à cassure vitreuse et transparente, du moins quand la colora- tion de la substance est päle. Elle n'est que partiellement

soluble dans l'eau, et la partie soluble constitue un mélange peu adhésif.

(H. Jacob de Cordemoy : Les plantes à gommes el à résines. Doin, Paris, 1911.

313. Gomme d'Albizzia Lebbek. Zéqumineuses.

313 bis. Gousses d'Albizzia Lebbek.

L'Albizzia Lebbek, originaire du Bengale, s'est naturalisé en beaucoup de pays chauds ; c’est le bois noir de nos colo- nies, le honara des Sakalaves. Tronc et grosses branches fournissent en abondance une gomme tantôt rougeâtre et tantôt Jaunâtre, en gros morceaux mamelonnés. En contact avec l’eau froide, elle ne se dissout qu'en faible proportion ; la partie insoluble se gonfle énormément et se transforme en une masse gélatineuse, rougeâtre et translucide, d'aspect grumeleux. Cependant, par la chaleur et sous pression, cette gomme devient soluble dans l’eau en donnant un mucilage adhésif.

(H. Jacob de Cordemoy : Loc. cit. 314. Gomme de Tamarindus indica. /équmineuses.

315, Gousses de Tamarindus indica.

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DZ Il. JUMELLE

Comme les deux espèces précédentes, le {amarinier, qui est le madiro et le kily de Madagascar, et qui est vraisem- blablement originaire de l'Inde, se trouve aujourd’hui en beaucoup de pays chauds. Il est commun dans l'Ouest de Madagascar, et jusque dans l'extrême Sud. Il est de préfé- rence calcicole. Pour le reboisement, c’est une meilleure essence que le bois noir, qui est de croissance plus rapide, mais est plus facilement détruit par les incendies. La gomme de madiro, assez claire, se présente souvent en morceaux volumineux. Elle est complètement insoluble dans l’eau; elle se gonfle seulement en formant une gelée

compacte.

(H. Jacob de Cordemoy : Gommes el résines d'origine exotique. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1900. Louvel : Les forêts de l'Ouest de Madagascar. L'Agriculture pratique des pays chauds. Challamel, Paris, 1914.)

316. Fruits et gomme de Sclerocarya Caîffra. Térébin-

thaceées.

Le Sclerocarya Caffra est le sakoa des Sakalaves. Comme le famarinier et le sakoa, on le trouve un peu par- tout dans l'Ouest, en plus ou moins grande abondance. Son écorce épaisse et riche en tannin le rend particulièrement résistant aux feux de brousse. Il donne d’ailleurs un bois qui brüle mal. La pulpe des fruits contient de l'acide atrique, et les graines, que consomment les Sakalaves, renferment une huile alimentaire quelquefois utilisée aussi par ces Sakalaves et par les Mahafaly. Un pied femelle peut fournir plusieurs centaines de kilos de fruits, qu'il suffit de ramasser sous l'arbre en saison sèche. La gomme du tronc est brun clair, assez transparente, à cas- sure lisse et brillante. Elle est entièrement soluble dans l'eau, mais la solution est à peu près sans adhésivité. Le perchlorure de fer n’y détermine pas de précipité et ne modifie pas la coloration ; c'est donc une gomme sans tannin.

(Louvel : loc. cit. H. Jumelle : Quelques latex el quelques gommes et

MADAGASCAR ET COMORES 53

résines de l'Ouest de Madagascar. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha,

mars et avril 1911.

317. Fruits de Stereospermum euphorioides. igno-

niacees. 318. Gomme de Stereospermum euphorioides.

Le mangarahara des Sakalaves est spécial, dans l'Ouest, aux forêts sèches des terrains siliceux. Le grattage super- ficiel de son tronc provoque une sécrétion gommeuse. La substance ainsi obtenue est d'ailleurs de nature assez spé- ciale ; elle se rapproche des gommes sans avoir exactement les caractères de ces gommes. C'est une matière brunâtre, assez dure, terne à la surface, mais à cassure brillante. Elle est inodore et sans saveur. Après qu'elle a été laissée pen- dant quelque temps au contact de l’eau, elle colle au doigt, mais très légèrement. Elle se dissout dans l'eau bouillante, l'alcool à 959, l’'acétone et le terpinéol. Elle se précipite en partie pendant le refroidissement de l’eau chaude, et est donc très imparfaitement soluble dans l’eau froide. C'est une substance sans intérêt pratique.

(H. Jumelle : Quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.)

319. Gomme d'hazongia. Biracées.

L'hazongia est une espèce indéterminée, et vraisemblable- ment nouvelle d'Jomalium. La gomme n’a pas encore été étudiée.

320. Gomme de talio. Combhrétacées.

Le /alio est une espèce de Terminalia ; la gomme n'a pas encore été étudiée.

321. Latex de Jatropha mahañfalensis. Æuphorbiacées. 322, Tanno-gomme de Jatropha mahafalensis.

Le betatatra a déjà été cité dans la section des Graines

4 H, JUMELLE

grasses; mais la tige de ce Jatfropha donne en outre un liquide brun noirâtre, limpide, et qui, après évaporation, abandonne une sorte de kino. La substance ainsi obtenue est, en effet, brune, sèche et friable, insoluble dans l’acétone et le chloroforme, mais soluble dans l'alcool absolu et dans l'eau. Dans la solution aqueuse le sous-acétate de plomb détermine un précipité grumeleux, pendant que le perchlo- rure de fer provoque un précipité bleu noirâtre. Cette tanno-gomme est parfois désignée sous le nom de sefo.

(H. Jumelle : Quelques latex et quelques gommes et résines de l'Ouest de Madagascar. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, 1911.)

323. Excrétat de Rhizophora mucronata. /hizophoracées.

Le Rhizophora mucronata est un des principaux arbres de la mangrove. Le produit exposé

et qui est de nature encore indéterminée est excrété en saison sèche par les souches qui proviennent de l'abatage des arbres.

324. Résine copal de Trachylobium verrucosum. Zéqumi- neuses.

325, Fruits de Trachylobium verrucosum. 326. Bois et rameaux de Trachylobium verrucosum.

Le Trachylobium verrucosum est l'arbre dont la résine fossile, récoltée surtout sur la côte orientale d'Afrique, en Afrique Orientale Allemande, constitue le meilleur des ‘copals, dit copal de Zanzibar. C'est le fandro- roho de Madagascar, on ne le trouve que dans l'Est, dans les terres sablonneuses de la région des lagunes. Il est obtenu surtout par l'incision des grosses branches et du tronc : on en récolte aussi un peu dans le sol. Le copal de Madagascar, un peu moins dur que celui de Zanzibar, et qui donne lieu à quelques faibles exportations (15 à 20 tonnes par an), est donc en partie récent et en partie fos- sile.

(Prudhomme : L'agriculture de la côte Est de Madagascar. Paris, 1901. H. Jacob de Cordemoy : loc. cit.)

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MADAGASCAR ET COMORES 1)

327. Résine fossile de kominga. Zéqumineuses.

Cette résine, qui provient de l'Erythrophloeum Cou- minga déjà cité dans la section des Plantes toxiques, est rouge. Elle nest pas emplovée et n'a pas encore été étudiée.

328. Résine de Genipa Rutenbergiana. /uhiacées.

Cet arbrisseau de l'Ambongo et du Boina est le kari- pedahy des Sakalaves, surtout commun sur les gneiss et les micaschistes. Sa sécrétion résineuse recouvre les bourgeons et les jeunes fleurs. À ces niveaux, la résine exsudée se concrète sous la forme de petites perles irrégulièrement globuleuses. La substance est de couleur jaune clair ; pul- vérisée, elle est jaune soufre et exhale, lorsqu'on la frotte entre les doigts, une légère odeur assez agréable qui rap- pelle un peu celle de certaines résines de Burséracées. Elle est entièrement soluble dans le chloroforme, le sul- fure de carbone, l’éther et l'essence de térébenthine ; elle se dissout partiellement dans l'alcool à 95°, le toluène et la benzine. Les Sakalaves la récoltent peu et ne l'utilisent qu'exceptionnellement pour confectionner, en la mélangeant, après pulvérisation, avec de la graisse de bœuf, une pommade qui, prétendent-ils, fait repousser les cheveux.

(H. Jumelle : Quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest

de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.)

329. Résine d'Ophiocaulon firingalavense. Passifloracées.

La liane est un des ola-boay des Sakalaves. Sa base est fortement renflée en forme de pain de sucre : et c’est la cuticule de l'épiderme de ce tubercule qui est recouverte de la substance résineuse. Pour obtenir cette résine, on frappe et râcle l'écorce, puis on met le tout dans un linge, que l’on plonge dans l’eau bouillante. On obtient ainsi un pain d'une matière vert brunâtre, terne extérieurement, bril- lante, au contraire, sur la cassure. L'ensemble paraît formé de nombreuses lames brillantes, incluses dans une petite

56 H, JUMELLE

quantité de poussière vert pâle qui dessine des veines sur les brisures. Le toucher un peu gras indique que la résine est accompagnée d'un peu de cire. Le produit est très facilement pulvérisable, et il se dissout en fortes propor- tions dans le chloroforme, le sulfure de carbone, l’éther, la benzine, l'alcool froid, le toluène et l’acétone. La quan- tité d'iode fixée par 100 parties de la portion soluble dans le chloroforme est de 34,7, titre beaucoup plus fort qu'il ne l’est pour les cires. Dans l’eau chaude, la substance com- mence à se ramollir vers 65°, et est complètement pâteuse entre 85 et 900.

(H. Jumelle : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-

ouest de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.)

330. Résine de Canarium multiflorum. Purséracées. 331. Graines de Canarium multiflorum.

332. Résine fossile de ramy.

Les Canarium de Madagascar donnent les oléo-résines dites ramy, que les indigènes emploient comme encens, comme colophane ou pour faire des soudures. La substance est récoltée comme exsudat spontané, à la base du tronc et sur les grosses racines ; on provoque aussi sa sécrétion par des entailles sur le tronc. Il y a également une sorte de ramy demi-fossilisé. Commercialement, les ramy sont de la catégorie des élémis et pourraient donc peut-être être utilisés pour la préparation de certains vernis à l'essence ou à l'alcool. Ce sont des résines à odeur de citron, solubles dans les alcools éthylique et amylique, le chloroforme, la benzine, l’éther et l'essence de térébenthine. Avec ce der- nier dissolvant elles donnent, comme le galipot d'Amérique, d'après M. Coflignier, des vernis qui, ne durcissant pas les couleurs au plomb, permettent de les étendre. Ces propriétés varient d’ailleurs peut-être selon l'origine botanique, car on connaît, entre autres espèces malgaches, le Canarium multiflorum de l'Ouest, le Canarium madagascariense de

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MADAGASCAR ET COMORES 57

Morondava, le Canarium oblusifolium, qui serait à la fois à Fort-Dauphin et à Nossi-Bé, le Canarium Boivini du Nord et de l'Est, le Canarium pulchro-bracteatum de Farafan- gana. Or le Canarium multiflorum produit une résine jaune verdâtre, la résine du Canarium Boivini, ou ramy fotsy, est jaune citron, non transparente et à cassure vitreuse, celle du ramy mainty, d'espèce indéterminée, est verdâtre, presque transparente et reste longtemps assez tendre pour être coupée au couteau. Le ramy semi-fossilisé est rou- geûtre.

(H. Jacob de Cordemoy: Les plantes à gommes el à résines. Doin, Paris, 4911. Guillaumin: Les ramy de Madagascar. Bulletin écono- mique de Madagascar, semestre, 1909. Id. : Les produits utiles des Burséracées. L'Agriculture pratique des pays chauds, mai-août 1909.)

333. Oléo-résine de Calophyllum parviflorum. Clusiacées.

334. Oléo-résine de Calophyllum laxiflorum.

Ces oléo-résines des Calophyllum passent en divers pays pour être des topiques efficaces contre les ulcères.

333. Écorces de Kalanchoe Grandidieri. Crassulacées.

Le Kalanchoe Grandidieri est un des mongy de Mada- gascar, Ses écorces, remplies de résines diverses, brülent . facilement, avec une odeur de benjoin ou d'encens d'Arménie,

336. Gomme-résine d'haronga. //ypericacées.

L'Haronga madagascariensis donne une substance qui, comme la gomme-quitte, forme avec l'eau une émulsion jaune. Cette gomme-résine contient 8 °/, de gomme soluble et 85 °/, d'une résine très foncée.

(HI. Jacob de Cordemoy : loc. cit.) 337. Gomme-résine de manipika. /équmineuses.

Le manipika est le Dalbergia Perrieri Drake, du Boina, déjà mentionné dans la section des Bois. Dans le bassin du

DS H. JUMELLE

Bemarivo, un coléoptère longicorne, en attaquant l'écorce, provoque la sécrétion d’une sorte de gomme-résine à forte odeur de cannelle. Cette substance est complètement soluble dans le terpinéol, avec lequel elle donne des solutions d’un rouge vif, mais il s'en dissout aussi une petite quantité (3°/, environ) dans'l’eau froide, qui prend une teinte jaune paille. La solubilité complète dans l'alcool permettrait d'obtenir, avec la substance, des vernis rouges, tels que ces vernis pour métaux qu'on prépare avec les accroïdes ou le sang-dragon. (H. Jumelle : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord- Ouest de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.)

338. Gomme-résine de tsimatimanonta. Clusiacees:

Le fsimatimanonta des Sakalaves est le Tsimalimia Per- villei de l'Ambongo et du Boina. La sécrétion de son tronc est tout d'abord jaune d'or, mais brunit peu à peu à l'air. Fraiche, la substance a un peu la couleur de l’encaustique, qu’elle conserve intérieurement: elle est sans odeur, un peu adhésive au doigt et est cassante et friable, mais ne se pul- vérise pas facilement à cause de sa consistance légèrement visqueuse. L'eau en dissout 13°/, environ et l’acétone 62°/,. La gomme, au sortir de l’étuve, est sèche et très friable, jaune rougeâtre ; sa solution aqueuse est jaunâtre. La résine, dans les mêmes conditions, est liquide et ne se solidifie que par refroidissement ; elle est rouge foncé, et ses solutions dans l’acétone, le chloroforme, la benzine, le toluène, l'alcool absolu, sont d’un rouge sang.

(H, Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les Clusiacées du Nord-Ouest de Madagascar. Annales des Sciences naturelles, Botanique, 1910.)

339. Résine de famata. Æuphorbiacées.

Les famata sont des Euphorbia aphylles, de la sous-sec- tion Laro. La résine qui semble sans emploi possible est le coagulat friable qui reste après l’évaporation du latex.

(H. Jumelle: Quelques latex et quelques gommes et résines de l'Ouest de Madagascar. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, 15 avril 1911.)

MADAGASCAR ET COMORES 59 340. Latex de fiamy.

Le /iamy est peut-être un Ficus. Le coagulat obtenu par évaporation à chaud de son latex est de couleur brun foncé ; il est tout d’abord un peu élastique et légèrement visqueux, mais, en se refroidissant, il durcit et devient cassant en perdant toute élasticité. Le produit semble encore sans emploi possible.

HT. Jumelle : loc. cit.)

341. Latex résineux d'adabo. Arfocarpées.

L'adabo est le Ficus Sakalavarum. La substance rési- neuse qu'abandonne son latex est inutilisable.

342. Latex concrété de Sideroxylon rubrocostatum. Sapotacees.

Ce Sideroxylon est un des nombreux nato de Madagascar. Il est commun dans le Boina, dans le bassin du Bemarivo, parmi les rocailles des bords des torrents. Le latex donne un coagulat gris brun, qui, d'abord poisseux, devient, en se desséchant, cassant et assez facilement pulvérisable. Jeté dans l’eau bouillante, ce produit redevient visqueux et se désagrège ; 1l ne peut donc même pas être considéré comme matière guttoïde et est dénué de tout intérêt,

H. Jumelle: La flore du Nord-Ouest de Madagascar, Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.)

XII, CAOUTCHOUCS ET GUTTAS

391. Fruits de Landolphia Perrieri. Apocynacées. 352. Liane de Landolphia Perrieri.

353. Latex de Landolphia Perrieri.

60 H. JUMELLE

394. Caoutchouc de Landolphia Perrieri.

C'est le Landolphia Perrieri qui donne la plus grande partie du « caoutchouc rouge de Majunga », « Majunga rouge ». Cette liane se plait dans les sols secs jusqu’à T00 mètres d'altitude. Elle est plus ou moins commune : dans le Nord, on la trouve sur les deux versants ; dans le Nord- Ouest, c'est le piralahy vahealahy ; dans l'Ouest, c'est le rehea et le voahena, et elle descend jusqu'au bassin de la Tsiribihina, les derniers pieds disparaissant vers les sources de la Sakeny. Après avoir recueilli le latex qui s'écoule des tronçons de la liane, les indigènes le laissent se coaguler spontanément ou bien provoquent la coagulation par le jus de citron. Dans le Sambrano, on trouve la variété ambatensis, qu est le dify vahea des indigènes.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie: Les plantes à caoutchouc du Nord de Madagascar. L’'Agriculture pratique des pays chauds, 1911. Id. : Les plantes à caoutchouc de l'Ouest et du Sud-Ouest de Madagascar. Id., 1911. H. Jumelle : Les plantes à caoutchouc et à quitta. Challamel, Paris, 1903. Id.: La flore caoutchoutière de Madagascar. Congrès du Caoutchouc de Batavia, 1914.)

359. Fruits frais de Landolphia sphaerocarpa. Apocry-

nacces. 396. Fruits secs de Landolphia sphaerocarpa.

391. Caoutchouc de Landolphia sphaerocarpa.

Le Landolphia sphaerocarpa est encore une liane à caoutchouc de l'Ouest, mais qui ne recherche plus, comme l'espèce précédente, les sols secs; elle préfère les endroits humides, tels que les alluvions des bords des cours d’eau. Son aire de répartition est plus restreinte que celle du Lan- dolphia Perrieri, car elle ne commence, vers le Nord, qu’au- dessous de la Sofia. Elle descend, par contre, plus bas vers le Sud, car elle a pour limite l'Onilahy. C’est le reiabo ou l’ariabo des Sakalaves. Son caoutchouc est encore rouge, mais la rareté de la liane le rend moins important,

‘H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit.)

MADAGASCAR ET COMORES 61 358. Fruit de Landolphia Boivini. Apocynacées.

Cette espèce est de Nossi-Bé, elle est d'ailleurs rare. On ne la trouve plus guère qu'en quelques endroits comme sur les bords de l'Ankarankely. Son caoutchouc est de médiocre ténacité.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les plantes à caoutchouc du

Nord de Madagascar. L'Agriculture pratique des pays chauds, 1910. Id. : Les Landolphia du Nord et de l'Est de Madagascar. Id., 191%.

359. Caoutchouc de Mascarenhasia arborescens coagulé par l'acide sulfurique. Apocynacées.

360. Caoutchouc de Mascarenhasia arborescens coagulé par l'alcool.

361. Tiges de Mascarenhasia arborescens.

362. Écorces de Mascarenhasia arborescens.

C'est le Mascarenhasia arborescens qui donne la plus grande partie du « caoutchouc noir de Majunga », ou « Majunga noir ». Ce Mascarenhasia arborescens à pour habitat, sur le versant occidental, le Nord, le Sambirano, et le Nord-Ouest ; 1l s'arrête au cap Suint-André. L'arbre se plait dans les endroits un peu humides ; en forêt, il est élevé et à tronc simple (forme longifolia), tandis que dans les endroits découverts il est plus bas et à plusieurs troncs (forme anceps). C'est, suivant les régions, un barabanja, un gidroa le gidroandrano. Pour l’exploiter, les Saka- laves abattent l'arbre, puis incisent les troncs annulure- ment ; ils laissent ensuite le latex se coaguler spontanément sur le tronc, ou bien ils font bouillir le latex.

Dans l'Est on trouve le Mascarahenasia arborescens var. coriacea cité plus loin (n° 353).

363. Caoutchouc de Mascarenhasia lisianthiflora. Apocy-

nacées.

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3

2 H. JUMELLE 64. Latex coagulé de Mascarenhasia lisianthiflora.

Cet autre gyidroa donne dans l'Ouest un caoutchouc analogue au précédent, mais 1l croît dans les endroits secs et est beaucoup moins fréquent que le M. arborescens. I] est inconnu dans le Nord et dans le Sambirano : 1l ne com- mence qu'au-dessous du Maivarano, pour se continuer de là, à travers le Boina et l’Ambongo, puis le Menabé, jusque vers la Linta. Il descend donc plus loin vers le Sud que l’autre espèce, C’est le gidroanosy des Bara. Dans le Boina, il est exploité comme le M. arborescens. Au nord de Ja Linta, les Bara pilonnent les écorces des tiges et des racines. Ces écorces, arrachées par martelage entre deux pierres, sont desséchées au soleil et emportées au village, le pilonnage est effectué par les femmes et les enfants dans les mortiers à riz. Le caoutchouc ainsi préparé, et assez défec- tueux, est en petites plaques minces de 7 à 10 cm. de côté, d’un rouge noirâtre.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cut.)

365. Caoutchouc de Secamonopsis madagascariensis. A sc/é-

piadacées.

366. Tiges de Secamonopsis madagascariensis.

Le Secamonopsis madagascariensis donne avec le Gono- crypla Grevei une grande partie de caoutchouc de Tuléar. Ce Secamonopsis madagascariensis, ou vahimainty, ou lan- galora, apparaît au niveau du Manambolo, mais ne devient commun qu'au-dessous de la Tsiribihina, 1l est très fré- quent sur les dunes, entre cette Tsiribihina et l'Onilahy ; 1l redescend dans le Menanrandra, puis, vers l'Est, jusqu'à Tsivory. Dans les bassins du Mangoky et de l’Onilahy, les Bara l’exploitent à la façon du bokabé; ils sectionnent les fruits. Chaque follicule abandenne environ 75 milligrammes de caoutchouc, et, un pied pouvant porter 100 à 500 de ces follicules, le rendement d’une souche est de 8 à 40 grammes.

MADAGASCAR ET COMORES 63

Le caoutchouc n'est bon que si-les fruits sont bien mürs. A Tsivory, les indigènes incisent le bas des tiges.

(H. Jumelle : Deux nouvelles plantes à caoutchouc de Madagascar. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, juin-juillet 14905. H. Jumelle et HI. Perrier de la Bâthie: Les plantes à caoutchouc de l'Ouest et du Sud-Ouest de Madagascar. L'Agriculture pratique des pays chauds, 1911.)

367. Caoutchouc de Gonocrypta Grevei. .{sclépiadacces.

Le Gonocrypta Grevei, ou kompitso, a à peu près le même habitat que le Secamonopsis madagascariensis, quil accom- pagne ; il commence cependant un peu plus bas, sur la côte, que ce langalora, car on ne le rencontre pas au nord du bassin du Mangoky. Dans ce bassin du Mangoky et dans celui de l'Onilahy, les Bara exploitent le £ompitso comme le langalora, en sectionnant les fruits. À Tsivory, on saigne le bas des tiges. Le caoutchouc est sensiblement de même valeur que le précédent.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit.)

368. Fruits et tiges de Cryptostegia grandiflora. Asc/é-

piadacées .

Le Cryptosteqia grandiflora est, avec l'espèce suivante, le lombiro de l'Ouest; mas cette forme grandiflora, qui n’est peut-être qu'une variété du C. madagascariensis, est plus particulièrement localisée dans la partie méridionale et ne semble pas, vers le Nord, dépasser beaucoup Tuléar. Son caoutchouc est le même que celui de l'autre lombiro.

H. Jumelle: Le Cryplostegia grandiflora dans le Sud-Ouest de Mada- gascar. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, novembre 1908. NH, Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit. Id. : Nouvelles notes bio- logiques sur la flore malgache. Annales de la Faculté des Sciences, 1915.)

369. Fruits et tiges de Cryptostegia madagascariensis. Asclépiadacées .

370. Caoutchouc de Cryptostegia madagascariensis.

64 H. JUMELLE

Tout en accompagnant dans le Sud l'autre espèce du senre, le Cryplostegia madagascariensis remonte sur le ver- sant occidental de l'ile jusque dans le Nord. C'est le seul lombiro de l'Ambongo et du Boina. Ce caoutchouc de lom- biro a, à plusieurs reprises, attiré l'attention des industriels ; et quelques cultures de ja liane ont été tentées à un moment donné dans le Nord. Le produit ne parait cependant que de qualité moyenne et n'est intéressant que pour certaines industries qui ne recherchent pas des sortes d'une grande nervosité.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bäthie : loc. cit.) 371. Caoutchouc de Marsdenia verrucosa. Asclépiadacées. 372. Fruits frais de Marsdenia verrucosa.

373. Fruits secs de Marsdenia verrucosa.

Le Marsdenia verrucosa est le bokabé bokalahy du versant occidental de Madagascar. Délaissé dans le Boina et dans l'Ambongo, ce Marsdenia, qui s'étend de la Sofia à l'Extrême-Sud, est exploité, dans l'Ouest proprement dit, par les Bara, qui incisent ses fruits. Chaque liane peut fournir 20 à 40 follicules, qui donnent chacun, en moyenne, 60 centigrammes de caoutchouc. Cueillis un peu avant maturité complète, ces fruits sont apportés au village voisin; les femmes et les enfants en coupent successivement les deux extrémités, qu'ils font égoutter, après sectionnement, au-dessus d'un treillis sous lequel est placé un récipient. La décoction est effectuée avec une décoction de fruits de tama- rinier. Le caoutchouc ainsi obtenu est d’abord assez tendre et d'un bon aspect, mais il devient rapidement poisseux ; et c'est le mélange du latex de bokabé avec les latex du lan- galora (Secamonopsis madagascariensis) et du kompitso (Gonocrypta Grevei) qui a été souvent une des principales causes de la dépréciation de certains caoutchoues de Tuléar ou de Morondava.

I. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit.)

MADAGASCAR ET COMORES 65

314. Caoutchouc de Plectaneia elastica. Apocynacées.

315. Bois de Plectaneia elastica.

Le Plectaneia elastica est, dans le Haut-Bemarivo, sur l’'Analamahitso, le piravaovao des Sakalaves et, dans le Sud, à l’ouest de Tsivory, entre le Mandraré et le Menarandra, le vahivanda. C'est partout une espèce des altitudes supé- rieures à 800 mètres. Sur l’Analamahitso, la liane acquiert d'assez grandes dimensions ; il est des troncs qui peuvent avoir jusqu'à 20 centimètres de diamètre. Dans le Sud, au contraire, ces troncs ne dépassent guère 3 ou 4 centimètres. Il en résulte une différence dans le mode d'exploitation. Les pieds du Nord-Ouest peuvent être incisés et donnent jusqu'à deux litres de latex, d'où l’on retire 32 grammes de caout- chouc, pendant qu'on récolte, en outre, sur la même tige 30 grammes de {songone fitra, c'est-à-dire de petits fragments de caoutchouc qui se sont coagulés sur l'écorce. A Tsivory, le pilonnage des écorces est le seul procédé possible et le ren- dement par pied ne dépasse pas 15 grammes. Le caoutchouc de Plectaneia elastica est blanc noirâtre ou brun ambré, assez tenace, mais aussi assez fortement résineux. En tout cas, la rareté relative de la plante et son faible rendement (4 à 2 °/, de caoutchouc dans le latex) l’empêéchent d’avoir un grand intérêt.

H, Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Une nouvelle plante à caout-

chouc de Madagascar. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, 15 février 1908. [d.: Le genre Pleclaneia. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1908. H. Jumelle : Le Pleictaneia elastica et le Mascarenhasia lisianthi-

flora dans le Sud-Ouest de Madagascar. Le Caoutchouc et la Gutta- Percha, juin 1908.) :

376. Caoutchouc d'Euphorbia Intisy. Æuphorbiacées. 317, Rameaux et fleurs d'Euphorbia Intisy.

L'Euphorbia Intisy fut découvert, comme plante à caout- chouc, en 1890 dans le Sud-Ouest de Madagascar. Le pro- duit est blanc et de bonne qualité, et son intérêt serait

Annales du Musée colonial de Marseille, série, vol. 1916. 5

66 H. JUMELLÉ

d'autant plus grand que la région croît la plante est cette partie méridionale de l’île caractérisée, au-dessous de l'Oni- laby, par la brousse à xérophytes qui recouvre son sol aride. La contrée est donc à peu près dépourvué de toute autre plante ayant une valeur économique. Malheureusement aussi l'intisy, soumis à un traitement barbare, puisque les indigènes incisent même ses racines, devient de jour en jour plus rare. Dès aujourd’hui, il n'en reste plus que des individus tout jeunes, encore incapables de fructifier ; la multiplication par graines est donc, par même, supprimée.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Loc. cit.)

318. Caoutchouc d'Euphorbia Pirahazo. Æuphorbhiacées.

Cette autre espèce d'Euphorbia est, dans l'Ambongo, dans la région d'Andranomavo, le pirahazo des Sakalaves. On en retrouve quelques pieds, mais de plus en plus rares, sur les contreforts du plateau central, sur la Mahajamba, le Bema- rivo et la Sofia. La saignée donne par pied de 400 à 800 grammes d'un caoutchouc de bonne valeur moyenne.

(H. Jumelle : Deux nouvelles plantes à caoutchouc de Madagascar. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, juin-juillet 1905.)

319. Fruits de Landolphia Mandrianambo. Apocynacces.

380. Tiges de Landolphia Mandrianambo.

Les espèces de Landolphia du versant oriental de Mada- gascar sont nombreuses mais de valeurs très inégales. La meilleure, et l’une des plus productives, qui donne le caout- chouc rouge de l'Est, serait le Landolphia corticata, ou fin- gibahea. Le Landolphia Mandrianambo, qui est le man- drianambo de Masoala, le voahena d'Analamazaotra et un herotravahy du Sud-Est, est très inférieur. Non seulement ce mandrianambo ne contient qu'une substance visqueuse dans ses parties toutes jeunes, mais même dans ses parties voisines du sol il fournit plutôt une matière à toucher gras que du véritable caoutchouc; et ce n'est qu'à une certaine

-disiiitt at

PES : td

MADAGASCAR ET COMORES 67

distance au-dessus de terre qu'il donne parfois (/ingikahazo) du caoutchouc.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Quelques Landolphia à caout- chouc de l'Est de Madagascar. L'Agriculture pratique des pays chauds, Id. : Les Landolphia du Nord et de l'Est de Madagascar. 1., 1914. Id.: La diversité et les variations des latex dans une liane à caoutchouc.

Id., 1914.) 381. Tiges de Landolphia madagascariensis. Apocynacées.

Le Landolphia madagascariensis, ou Landolphia Richar- diana, est un mamolava, un robanga et un falandoha de l'Est. Son produit est sans valeur.

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Loc. cit.)

382. Fruit de Landolphia Mamolava. Apocynacées.

Le Landolphia Mamolava, comme le Landolphia Mamavo, le ZLandolphia compressa et quelques autres espèces, est une liane à produit sans valeur; son latex ne donne qu'un coagulat poisseux et très élastique. En général, toutes ces lianes nommées sur la côte Est mamolava, ro- banga falandoha ne sont pas exploitables ; et l’utilisa- tion de leurs latex a toujours pour résultat de déprécier les bons caoutchoucs avec lesquels on les mélange.

(Costantin et Poisson : Notes sur les plantes à caoutchouc et à latex du Sud et du Sud-Est de Madagascar. Revue générale de Botanique, 1909. H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les Landolphia « mamolava » de l'Est de Madagascar. L'Agriculture pratique des pays chauds, 1913.)

383. Fruits de Mascarenhasia arborescens var. coriacea. Apocynacées.

L'arbre qui donne le principal « caoutchouc noir » de l'Est est une variété à gros fruits du Mascarenhasia arborescens de l'Ouest. Ce M. arborescens var. coriacea est, suivant les régions, le babo, ou, en tanala, un herofrahazo, ou encore, à Mananara, le gidroafotsy ; c’est aussi à Analamazaotra

6S I. JUMELLE

l'hazondrano des bas. L'arbre est à peu près exploité comme dans l'Ouest.

I. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie: Les Mascarenhasia de l'Est de Madagascar. L'Agricullure pratique des pays chauds, 1912. Id.: Nou- velles observations sur les Mascarenhasia de l'Est de Madagascar. W., 1914.)

384. Gutta de vatodinga. Sapotacées.

Le valodinga de l'Est est le Mimusops costata, Manil- kara costata. Son produit, comme la gutta-percha, est plas- tique à chaud (65° à 70°) et est capable de recevoir des empreintes. Il contient moins de résines que la balata, mais ne présente pas la même imperméabilité n1 la même stabilité chimique que la gutta-percha; il ne pourrait donc être utilisé qu'après une amélioration obtenue par l'incor- poration de substances chimiques appropriées, de même que le caoutchouc du commerce est bien meilleur isolant que le

caoutchouc pur.

(Marcel Dubard : Note sur la qutta de Madagascar. Bulletin écono- mique de Madagascar, semestre, 1909.)

XIII TANNINS ET COLORANTS

401. Écorces de nato. Sapotacées.

402. Fruits de natondriaka.

On désigne sous le nom de nato diverses espèces de Sapo- tacées, notamment le Mimupsos Commersonti (ou Imbri- caria coriacea),le Labramia Bojeri (ou Mimusops C'hapeliert, ou M. Thouarsii), le Labourdonaisia madagascariensis et le Sideroxylon rubrocostatum. Le nalolahy est même une Clu- siacée, le Calophyllum laxiflorum. Il n’est pas bien établi

quelle est, de toutes ces espèces, celle dont l’écorce donne

MADAGASCAR ET COMORES 69

la couleur rouge employée par les indigènes pour la teinture des filaments de raphia et des rabanes.

(M. Dubard: Les Sapotacées du groupe des Sidéroxæylinées. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1915.

403. Écorces de Rhizophora Mangle. /#hi=ophoracces.

Les écorces de palétuvier sont très employées aujourd'hui pour la tannerie, surtout à l'étranger. Des écorces sèches contiennent environ 25 °/, de tannin. Les palétuviers sont au nombre des principaux représentants de cette flore arbo- rescente spéciale qu'on nomme la mangrove. Madagascar exporte annuellement 40 à 50 mille tonnes d'écorces tan-

nantes. 404. Tronc jeune d'Avicennia officinalis. Verhénacées.

L’Avicennia officinalis est un autre arbre de la mangroye, mais dont l'écorce n'offre pas pour la tannerie l'intérêt des écorces de palétuvier.

105. Feuilles d'indigotier. Zéqumineuses.

IL y a à Madagascar de nombreuses espèces sauvages d'Indigofera, mais on trouve en outre dans beaucoup de régions, à l’état subspontané ou cultivé, l’Zndigofera tinc- toria et l'Indigofera Anil. L'Indigofera tinctoria, importé de l'Inde, à été cultivé jadis par Laborde dans l'Imerina. C’est une culture qui est aujourd’hui à peu près abandonnée. Avant l'introduction de l'espèce indienne, l'espèce indigène employée par les Malgaches était surtout l’Zndigofera hir- suta. On sait que dans l'Indé, comme à Java, le principal indigo actuel devient l’Zndigofera arrecta du Cap.

_ (Drake del Castillo : Histoire naturelle des plantes. Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar, par Grandidier, 1902, vol. XXX, EX; partie)

406. Orseille de Nossi-Bé. Zichens.

L'orseille de Nossi-Bé, emplovée pour la teinture, serait , yeée ,

70 H. JUMELLE

surtout, semble-t-il, le Roccella Montagnei, qu'on retrouve dans le Sud-Ouest et le Sud.

107. Graines de rocou. Pixacées.

Ces graines proviennent de la Station d'Essais de l’Ivo- loina, la plante a été introduite. Le Bixa Orellana est encore aujourd'hui plus ou moins cultivé aux Antilles Fran- çaises, à la Jamaïque et dans le Nord du Brésil. Quoique les couleurs d’aniline aient fortement restreint l'intérêt du rocou, la substance est encore usitée comme colorant par quelques industries, notamment pour la fabrication des fro- mages de Hollande et dans la préparation de certains vernis ou de tissus et de peaux.

(H. Jumelle : Les cultures coloniales, vol, VIII. Baillière, Paris, 1916.)

XIV. PLANTES DIVERSES

421, Fruits de Pandanus sp. Pandanacées.

422. Graines de Pandanus sylvestris. Pandanacées.

123. Casuarina equisetifolia, ou filao. Casuarinacées. 124, Bois de Solanum erythracanthum. Solanacées.

125. Fruits et écorces de landemy, ou Anthocleista rhizo- phoroides. —— Loganiacées.

426. Inflorescence de Buddleia madagascariensis. Zoga niacées.

497. Fruits de Mussaenda arcuata. /iubiacées.

128. Rameaux et fruits d'Homalium scleroxylon. Bixa-

cees.

| #4F3sË - Êr NE

MADAGASCAR ET COMORES 71 429. Fruits de Barringtonia racemosa. Myrfacées. 430. Écorces de Phylloxylum ensifolium. Zéqumineuses.

431. Écorces de Samadera madagascariensis. Simaru- bacées.

432. Fruits d'Omphalea biglandulosa. Æuphorbiacées. 433. Fruits d'Elaeocarpus sericeus. 7'iliacées. 134. Fruits d'Elaeocarpus quercifolius. Tiliacées.

435. Fruits de Carpodiptera Boivini. Tiliacées.

INDEX DES COLLECTIONS BOTANIQUES DE MADAGASCAR !

A

Abaca, 234. Ababa, 272,312. Acajou, 272. Acajou à pomme, 22, 312. Adabo, 341. Adansontia alba, 196. Bozy, 194. digitata, 200. Fony, 197. Grandidierti, 20,198,

199. madagascariensis, 192, rubrostipa, 195. Za, 193. Aframomum angustifolium, 113. Agalophyllum aromalicum, MIE:

Agave rigida, 233.

Ahibano, 248.

Albizzia Lehhek, 313.

Aloës, 298 et 228 bis.

Amoora Rohiluka, 203.

Ampelosicyos scandens, 201.

Anacardium occidentale, 22, Si:

Ananas, 90.

Ananassa saliva, 50.

Anona squamosa, 52.

Anthocleista rhizophoroides, 495.

Anthofles, 106.

Aphloia theaeformis, 144. Aponogelon Guillotit, 11. Arrow-root, 9, 10. Arlocarpus integrifolia, 53. Ariabo 355-357. Arundinella slipoides, 254. Avicennia officinalis, 404. Avocat, 1.

Ayapana, 131, 299.

B

Babo, 383.

Banane, 13.

Banty, 241.

Baobabs, 20,192-200.

Barabanja, 359-362.

Barbadine, 48.

Barringlonia racemosa, 4929.

Beccariophoenix madagasca- riensis, 244.

Betatatra, 166, 321, 322.

Bixa Orellana, 407.

Bokabe, 224, 371-373.

Bokalahy, 224, 371-373.

Bois noir, 313.

Bonara, 313.

Bontaka, 232.

Bourao, 236.

Bozaka, 254.

Brochoneura Dardaint, 187.

Freneei, 189-191. sp., 188.

4. Les numéros indiqués sont ceux du Catalogue.

_-

H.

83-186. madagascariensis,

Brochoneura Vouri, 1 Buddleia 426.

Bun-ochra, 229,

C

Cacao, 88, 89. Cafés, 81-87. Café nègre, 132. Calophyllum Inophyllum, 175, 176. laxiflorum , 402, parviflorum, 389: T'acamahaca, 177- 179: Canarium Boivini,

334

180,

DO madagascariense, 332. mu lliflorum, 02. pulchro-bracteatum, 392: obtusifolium, Cannelle, 112 Capsicum sp., 101. Carica Papaya, 46. Carpodiplera Boivini, :Carrapicho, 229. Caryophyllus aromaticus, 104- 106. Cassta occidentalis, 131. Casuarina equisetifoliæ, 423. Cedrelopsis Grevei, 135-137. Ceuba pentandra, 204, 223. Chrysalidocarpus mananjaren- sis, 243. sp., 208.

33 0

332.

435.

JUMELLE

Cinnamomum sp.,

112;

Cinnamosma fragrans, 133.

Citrus Aurantium,

Citror

42. 41. 43.

decumana, Limonum,

1, 43.

Coprs canephora, 83, 84.

Cola

congensis, 85. liberica, 81, 82. Perriert, 87. sp., 86.

nilida, 138.

Coton, 221. Coton de Géorgie, 222.

Crin végétal, Cryptosteqia

' D9DE

238. grandiflora, 368.

madagascariensts,

225,:250,:309:4910: Curcuma longa, 114, 115. Cynanchum Messert, 205. Cyperus alternifolius, 253.

Dalbe

imerinensis, 291. latifolius, 252. madagascartiensis, 251. nudicaulis, 248.

D

rqta boinensis, 273.

Dalberqia 1kopensis, 274.

Dara,

Perrieri, 21378010

239.

Diloheia Thouarsti, 167, 168.

Diospyros Perriert,

27Le

Dioscorea sp., 12.

Dolie,

24.

Dolichos Lablab, 24.

E

Ebène, 271.

MADAGASCAR ET

Elaeis madagascariensis, 169. Elaeocarpus quercifolius, 434. sericeus, 433. Eleocharis sp, 255. Entada scandens, 25.

Erythrophloeum Couminga, 148, 275, 327. Erythroxzylum laurifolium,

134.

Eucalyptus globulus, 293. Eugenia sp., 149. Eupalorium Ayapana, 131. Euphorbia Inlisy, 376, 377.

Laro, 339.

Pirahazo, 378.

Z- stenoclada, 207.

æylophylloides, 206.

F

Famata, 339.

Fandramanana, 144.

Fedegosa, 132.

Fiamy, 340.

Ficus Sakalavarum, 341.

Filao, 423.

Fingibahea, 380.

Flacourlia Ramontchi, 68.

Fony, 197.

Fourcroya 228 bus.

gigantea, 228,

G

Genipa Rulenberqiana, 328. Girofle, 104-106.

Gluta Turtur, 277. Gonocrypla Grever, 367. Gossypium sp. 221, 222,

COMORES 19

Goyave, 45.

Gidroa, 359-362. Gidroafotsy, 383. Gidroandrano, 359-362, 364. Gidroanosy, 363, 364.

H

94.

Haravola, 2 Harefo, 255 Haricot du Cap, 23.

Haronga, 336.

Haronga madagascartiensis, 336. Hazina, 172. Hazomalanga, Hazomainty, 271. Hazomeéna, 272, 311. Hazondrano des bas, 383. Hazongia, 319.

Herana, 292.

Herotrahazo, 383.

Herotravahy, 380.

Homalium scleroxylon, 428. Hordeum vulqare, 20. Hydnora esculenta, 54. Hyphaene Shalan, 67, 240, 241.

I

Igname, 12. Imbricaria coriacea, 402. Indigofera Anil, 405. —— hirsuta, 405. tincloria, 403. Intisy, 376, 377.

Isatra201. J

Jatropha Curcas, 161, 162, maha/falensis, 9219322;

166,

70 H.

Jacquier, 53.

Kabaro, 23.

Kabija, 6.

Kaboka, 226.

Kalanchoe Grandidierti, 335.

Kapok, 204, 223.

Karipedahy, 328.

Katafa, 137:

Katrafay, 137.

Khaya madagascariensis, 272, À M Le

Kily, 70, 314, 315.

Kimanga, 139, 148, 275.

Kirijy, 229.

Kirondro, 146, 147.

Kisompa, 139.

Kita, 139.

Kiltsongo, 150.

Kizalahy, 171.

Kizavavy, 170.

Kola, 138.

Kominga, 139, 148, 275, 327.

Kompitso, 367.

Ksopo, 139.

L

Labourdonaisia madagascarien- sis, 402, Labramia Bojeri, 402. == coriacea, 402. Lafa, 243. Lamy, 205. Landemy, 425. Landolphia Boivini, 358. _ corlicata, 380.

JUMELLE

Landolphia madagascariensis, 381. Mamolava, 382. = Mandrianambo, 379 380. Perrieri, 351-354. sphaerocarpa, 355 7913 Langalora, 365, 366. Latanier, 1, 2, 242, Laurus Sassafras, 151. Lepironia mucronala, 249. Letchi, 49. Lombiro, 225, 230, 368-370. Longoza, 113. Lopingo, 271. Lot goi, 203.

M

Madiro, 70, 314, 315. Mafotra, 191. Mahabiba, 272, 3192. Mahampy, 249. Mamolava, 381, 382. Manaramalemy, 246. Manarambato, 247. Manaramena, 247. Manarana, 244. Manarampotsy, 245. Manary, 274. Mandrianambo, 380. Mangarahara, 317, 318. Mangarana, 257. Mangibo, 231. Mangifera indica, 47. Mangoka, 231. Mangue, 47. Manihol utilissima, 3, 4, 5, 69 Mantilkara costala, 384. Manioc, 3, 4, 5, 69.

MADAGASCAR ET COMORES KT

Manipika, 273, 337. Mankaleo, 167, 168. Marantla arundinacea, 9, 10. Marotampona, 149. | Marsdenia verrucosa, 224, 371- 373. Mascarenhasia arborescens, 359- 362. _ coriacea, 383. —- listanthiflora,363, 304.

M'hentamaré, 132. Medemia nobilis, 1, 2, 242. Menabea venenala, 139. Menthe (essence), 294. Mimusops Chapeliert, 402.

coslala, 384.

si Commersonti,

=? T'houarsti, 402. Mongy, 339. Molotrandrongo, 187. Molotsandrongo, 187. Morandra, 164. Mucuna ulilis, 26, 27. Musa paradisiaca, 13 bis. Muscade, 107, 108. Mussaenda arcuala, 427. Myrislica fragrans, 107, 108.

402.

N

Nato, 342, 401.

Natolahy, 401. Natondriaka, 401.

Ndilo, 176.

Neodypsis lanalensis, 213. Nephelium Litchi, 49.

[e)

Ocimum canum, 295, 296.

Ola-boay, 329.

Omphalea biglandulosa, 432. Ophiocaulon firingalavense,329. Opuntia sp., 66.

Orange, 42.

Orchipeda Thouarsii, 226. Orge, 20.

Oryza saliva, 19.

Orseille, 406.

Ovirandra, 11.

P

Pachypodium Rutenbergianum, Dr Ps

Paka, 229.

Palétuvier, 403.

Palissandre, 273.

Palmiste, 169.

Pamplemousse, 41.

Panang, 176.

Pandanus sp., 421.

Pandanus sylvestris, 422,

Papaye, 46, 65.

Parilium liliaceum, 236.

Passiflora quadrangularis, 48.

Patchouli, 300.

Patta appele, 229.

Pelea madagascarica, 291.

Penjy, 249.

Pentadesma bulyracea, 205.

Perriera madagascariensis, 146, 147.

Persea gralissima, 51.

Phaseolus lunalus, 23.

Phoenix reclinata, 239.

Phylloxylum ensifolium, 430.

Pignon d'Inde, 161, 162,

Piments, 101.

_

| (D

Piper lonqum, 103.

nigrum, 102. Pirahazo, 378, Piralahy, 351-354. Piravaovao, 374, 375. Plectaneta elastica, 374, 375. Pois du Cap, 23.

Pois Mascate, 26, 27. =="moir, 26, 27, Poivre noir, 102.

long, 103. Pomme-cannelle, 52. Prunier malgache, 68. Psidium Guayava, 45. Pulghère, 161, 162.

Q

Quisqualis indica, 182. = madaqgascariensis, 181.

R

Raina, 203.

Rambo, 249.

Ramy, 330-332.

Ramy fotsy, 332.

Ramy mainty, 332.

Raphia Ruffia, 163-165, 237, 237 his.

Ravenala madagascariensis, 16.

Rarabé, 186.

Ravensara aromatica, 109-111.

Ravinala, 16.

Rehea, 351-354.

Reiïabo, 355-357.

Reniala, 199,

Rhizophora Mangle, 403.

mucronala, 323.

1. JUMELLE

Ringy, 195.

Riz, 19.

Robanga, 381, 382. Bioccella Montagnei, 406. Rocou, 407.

Rotra, 149.

Rourea ortentalis, 150.

S

Saccharum officinarum, 61, 62, 63.

Safran de l'Inde, 114, 115.

Sakoa, 316.

Samadera 431.

Sambiky, 209, 210.

Sansevière, 239.

Sapindus Saponarta, 202.

Satrafotsy, 1.

Satranabe, 1, 242,

Satranamira, 67, 240, 241.

Satrana viehy, 67, 240, 241.

Sauge (essence), 297.

Savon de sambiky, 209, 210.

Sclerocarya Caffra, 316.

Secamonopsis madagascarten- sis, 365, 366.

Sefo, 200, 322.

Sideroxylon 342.

Sisal 233;

Solanum erythracanthum, 424.

Sporobolus indicus, 250.

Sterculia foetida, 173-174.

Slereospermum euphorioides, 317,918

Sucre, 61, 62, 63.

madagascartensis,

rubrocostalum,

.Symphonia fasciculata, 172.

= laevis, 171. Louveli, 170.

(FAR E 4 4

MADAGASCAR ET COMORES 19

Æ

T'acca pinnatifida, 6. SET TRACE

Talandoha, 381, 382.

Talio, 320.

Tama, 204.

T'amarindus mt

Tamarinier, 70, 314, 315.

Tamenaka, 181.

Tandroroho, 324-326.

Tanghin, 139-143.

Tanghinia venenifera, 140-143.

Taratra, 239.

Taratsy, 239.

Tavolo, 6-8.

Teck, 278.

T'ectona grandis, 278.

Telorirana, 256.

.Terminalia, 320.

Fhé, 90, 91.

T'hea viridis, 90, 91.

Theobroma Cacao, 88, 89.

Toaka, 61.

Tolongoala, 291.

Torotoro, 277.

Toxocarpus lomentosus, 227.

Trachylobiumverrucosum, 324- 326.

Tsiana, 250.

Tsikilenjy, 229.

Tsimatimanonta, 338.

Tsimatimia Pervillei, 338.

Tsindrodrotra, 250.

Tsingilo, 169.

Épe à TA

indica, 70

T'yphonodorum madagasca- riense, 14, 15, 231. U

Urena lobata, 229.

V

Vaheabe, 25.

Vaheakarabo, 25.

Vahealahy, 351-354.

Vahimainty, 365-366.

Vahivanda, 374, 375.

Vangasay, 44,

Vanilla Phalaenopsis, 119, 120. planifolia, 116-118.

Vanille, 116-118.

Vary, 19.

Vatodinga, 384.

Vavarotra, 149.

Verveine essence), 298.

Viha, 14, 15, 231.

Vindaz953;:

Vintanina, 180.

Vivaona, 167, 168.

Voalotsy, 144.

Voahena, 351-354, 380.

Voandzeia subterranea, 21

Voanjo, 21.

Voan-karabo, 25.

Voanono, 201.

Voampiso, 164.

Voansifitra, 227,

Voantany, 94.

Vonitra Thouarsiana, 238.

Vontaka, 232.

Vory, 186.

Las 198: Zamena, 195. Zozoro, 251.

RÉUNION

RUN BE ÆENTESS FÉCULENTES

1. Moelle féculente de Cyathea excelsa. Fougères.

La moelle de diverses Fougères arborescentes est riche en fécule, que les indigènes de certains pays extraient parfois, en cas de besoin.

. Amidon des graines de Cycas circinalis. Cycadacées.

Le Cycas circinalis, comme plusieurs autres espèces du genre, est à moelle très amylacée. La fécule extraite de cette moelle est un faux sagou et peut être utilisée comme le vrai sagou des Metrorylon de Malaisie. Mais les graines, en outre, sont riches également en amidon, et M. Pothier autrefois, à la Réunion, a proposé l'extraction de cet amidon, qui pourrait être employé comme la fécule du tronc. Cette extraction aurait sur celle de la fécule l'avantage de per- mettre la conservation de l'arbre. M. Pothier a calculé qu'un Cycas femelle peut rapporter annuellement 550 graines environ; et l'amande, qui pèse à peu près 25 grammes, donne 22°/, d'un amidon qui, d’après les chimistes Chatel et Lapeyrère, serait de première qualité. Le Cycas circinalis, qu'on trouve ça et à la Réunion, surtout dans les localités humides, y a été introduit.

. Amidon des graines de Dioon edule. Cycadacées.

Cette Cycadacée est originaire du Mexique, on extrait parfois l’amidon de ses graines.

Annales du Musée colonial de Marseille, série, 4* vol. 1916. 6

82 H. JUMELLE

4. Feuilles carpellaires fraîches de Cycas revoluta. Cyca- dacées.

(21

. Feuilles carpellaires sèches de Cycas revoluta.

6. Graines de Cycas revoluta.

Le Cycas revoluta est du Japon. Les graines pourraient fournir de l’amidon comme celles du Cycas circinalis.

7. Fécule de Manihot utilissima. Æuphorhiacées. 8. Tapioca de manioc en grumeaux. 9. Tapioca petits grains.

10. Racine de Manihot utilissima.

La Réunion exporte annuellement un peu plus de 2 mil- lions de kilos de tapioca et un demi-million de kilos de fécule de manioc. Les féculeries de la colonie possèdent aujourd'hui un outillage très perfectionné.

(H. Jacob de Cordemoy : Etude sur l'ile de la Réunion. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1904.)

41. Arrow-root de Maranta arundinacea. Cannacées.

C'est l'arrow-root de la Barbade, et, par conséquent, le véritable arrow-root. Il ne donne lieu à aucun commerce à la Réumon.

12. Bulbilles de Discorea Hoffa. Droscoréacées.

Le Dioscorea Ho/ffa, ou hoffe noire, ou hoffe marronne, est la seule espèce de Dioscorea indigène à la Réunion. Ses grosses bulbilles, aux aisselles des feuilles, rappellent celles du Dioscorea sativa. Elles ne sont pas toxiques et sont consommées couramment par les indigènes. Fraïîches, elles contiennent, d’après les analyses de M. Schlagdenhauffen, 6,4 °/, de fécule et 4°/, d'albuminoïdes, et elles seraient

RÉUNION 83

donc plus riches en ces deux principes que les bulbilles de Dioscorea sativa. Elles contiennent, en outre, 0,141°/, d'un mucilage qui n'a pas été signalé dans l’autre espèce.

19. Maïs. Graminées.

Le maïs peut être cultivé à la Réunion depuis le littoral jusqu'aux altitudes moyennes; mais il est surtout destiné à la nourriture des animaux, et il entre fort peu dans l’ali- mentation de la population indigène, qui préfère de beau- coup le riz.

\

(H, Jacob de Cordemoy : Loc, cit.)

HA ALEGUMES

21. Fruits de Psophocarpus tetragonolobus. Zéguimi- neuses.

Originaire probablement de l'Inde, le pois carré est cul- tivé à la Réunion. On consomme les gousses comme des haricots verts, lorsqu'elles ont atteint la moitié de leur développement. Les graines sont aussi comestibles, mais sont de cuisson difficile lorsqu'elles sont sèches.

(De Sornay : Etude sur les Léqumineuses. Slation agronomique de Maurice, bulletin 24, 1910.)

22. Graines de Cajanus indicus. /“qumineuses. 23. Rameaux et feuilles de Cajanus indicus.

L'ambrevade, ou cytise de l'Inde, est sans doute encore originaire de l'Inde, mais a été connu de tout temps à la Réunion et à Madagascar. C'est un arbuste vivace. Ses graines encore vertes peuvent servir à l'alimentation de l’homme. Elles servent aussi à la nourriture des animaux.

S4 H. JUMELLE

Elles contiennent, d'après des analyses faites à l'Imperial Institute de Londres sur une sorte du Soudan :

LAURE MMS EE 1,490 Substances azotées... 20,11 Substances grasses... 1,66 AALCION ES PR N ’, 60,58 CEUIOBE Sen ee 6,21 Gendres 26528. 20 3,95

Elles contiendraient un principe actif stimulant. Les feuilles fraiches écrasées avec un peu de sel sont employées contre les maux de dents et les petits abcès des gencives: leur décoction chaude produit les mêmes elfets.

(De Sornay : loc. cil. P. Advisse-Desruisseaux : Quelques pro- priétés médicinales de l'ambrevade, L'Agricullure pratique des pays chauds, juillet 1913. Challamel éditeur. IH. Jumelle: Les cultures

coloniales ; fase. IT. Baillière éditeur, Paris.) 24. Pois Mascate blanc. /équmineuses. 25. Pois Mascate noir.

Le Mucuna utilis a déja été cité, comme le Cajanus indicus, dans le Catalogue de Madagascar. Les graines sont souvent employées pour l’alimentation du bétail, mais doivent être mélangées avec des substances moins riches. La plante est très cultivée comme plante améliorante.

(De Sornay : loc. cit.)

26. Pois-manioc. Zéqumineuses.

Le pois-manioc,ou pois cochon, est le Pachyrhizus anqu- latus, ou Dolichos bulbosus, originaire d'Océanie et cultivé en beaucoup de pays chauds. Les graines ne sont pas ali- mentaires et sont peut-être même dangereuses, mais, en diverses contrées, les tubercules jeunes et non encore trop fibreux sont consommés par les indigènes. Ce sont les cam- bares chinois de Maurice. C'est d'ailleurs un médiocre ali-

RÉUNION 85

ment, de cuisson difficile. La composition est la suivante d'après M. Bonâme :

DETTE AVES ENT 84,50 0/, Substances minérales. 0,56 Gélluisse Reese 0,78 Matières grasses ..... 0,08 Matières sucrées ..... 5,03 Matières non azotées.. 7,40 Matières azotées...... 1,65

Pour l'alimentation du bétail, ces tuberéules peuvent être récoltés plus tard que pour la nourriture de l’homme. La plante est de grand rendement.

27. Pois-dragée. Zéqumineuses.

Le pois-dragée est une variété à graines blanches et ordi- nairement inoffensives du Phaseolus lunatus, auquel appar- tient aussi le pois du Cap (Phaseolus inamoenus) de Mada- gascar, déjà cité dans le Catalogue de cette autre colonie.

Les graines mûres du pois-dragée contiennent, d'après M. Bonàäme :

Orne Le en ue 11,100), Gendrés vtr 3,10 Gellaloser: 1221210 6,25 Matières grasses..... 0,94 Matières non azotées, 53,29 Matières azotées .... 24,12

Même pour l'alimentation du bétail il est toujours pru- dent de faire euire ces graines.

‘De Sornay : loc. cit.)

28. Ambériques. /cqumineuses.

L'ambérique, déjà citée dans le Catalogue de Madagascar, serait peut-être le Phaseolus helvolus. La graine, d'après M. de Sornay, a un goût sauvage très prononcé, et sert sur-

PANNES *

86 H. JUMELLE

tout à Maurice à l'alimentation de la basse classe. Sa com- position est la suivante d'après M. Bonâme :

PEU NP Ad LU 11,63 °) Matières minérales... 2.27 Gelllose ss MOSS 5,05 Matières grasses, .., 0,75 Matières sucrées ..., 7,80 Matières non azotées, 47,75 Matières azotées ,,... 23,15

L'ambérique. jaune, lorsqu'elle croît dans de bonnes con- ditions, donne une forte récolte de matière verte.

(De Sornay : loc. cit.) 29. Antaques. Zéqumineuses,

L'antaque est le Dolichos Lablab, sans doute originaire de l'Inde, mais très cultivé aujourd'hui dans beaucoup de 1 pays chauds. On consomme les graines, qui sont de cou- leur variable, et les gousses jeunes.

30 à 37. Variétés diverses du haricot ordinaire. Zéqumi- rneuses.

Ces diverses variétés du haricot ordinaire, ou Phaseolus vulgaris (mange-tout, haricot-bœuf, haricot blanc Bour- bon, haricot noir, rouge, Soissons, haricot Perdrix, haricot sang de bœuf) sont cultivées, à la Réunion, dans la zone d'altitude moyenne et à climat tempéré, comprise entre 800 et 2.000 mètres.

(H. Jacob de Cordemoy : Etude sur l'ile de la Réunion. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1904.)

38. Lentilles vertes. Zéqumineuses.

39. Lentilles de Cilaos.

La lentille, ou Ærvum Lens, est cultivée à la Réunion dans la même région que le haricot ordinaire,

D 4

RÉUNION 87

40. Graines de Trichosanthes Anguina. Cucurbitacées.

Le Trichosanthes Anguina est le patole de la Réunion. On mange les fruits jeunes, lorsqu'ils ont de 15 à 20 jours.

(H. Jumelle : loc. cit.)

{

DÉS UCRES =CAFÉS.- CACGAOS

. Sucre ordinaire. Graminees. . Cassonade.

Sucre 1er jet.

. Sucre 2e jet.

. Sucre 3e jet.

L'industrie sucrière reste toujours la grande industrie de la Réunion, qui exporte normalement 40.000 à 50,000 tonnes de sucre, lorsque les conditions climatiques et économiques sont favorables. La culture de la canne à sucre ne dépasse guère, d’ailleurs, à la Réunion une certaine altitude. Dans la Partie du Vent, ou mieux dans toute la partie humide et la plus fraiche de l'ile, elle ne s'élève pas au-dessus de 400 mètres : dans la région Nord-Ouest, au contraire, la chaleur est plus forte et la sécheresse habituelle sur le litto- ral, elle croît jusqu'à 1.000 à 1.200 mètres.

H. Jacob de Cordemoy : Etude sur l'ile de la Réunion. Annales du

Musée Colonial de Marseille, 1904.)

. Café Bourbon. /{uhiacées. . Café d'Aden.

. Café en grains.

88 H. JUMELLE 59. Café du pays, ou café rond.

60. Café Leroy, ou café pointu.

61. Coque des fruits de caféier.

62. Fleurs et fruits de Coffea arabica 63. Fleurs sèches de Coffea arabica.

64. Feuilles de Coffea arabica.

La culture du ca/féier d'Arabie a été jadis une des grandes sources de revenu de la Réunion, qui cultivait surtout deux variétés : le café du pays, ou café rond, à graine ovale, avec extrémités arrondies, et le café Leroy, ou café pointu, à graine plus allongée, avec extrémités aiguës. Le cauféier d'Arabie croît, à la Réunion, aussi bien dans la zone basse que jusqu'à 1.000 à 1.100 mètres. Mais l’Hemileia vastatrir à considérablement réduit cette culture.

(H. Jacob de Cordemoy : Loc. cit.) 65. Café en coques de Cofîfea liberica. ARubiacées. 66. Café hybride de Coffea arabico-liberica.

C'est la disparition partielle du caféier d'Arabie, à la suite des attaques de l’Hemileia vaslatrir, qui a amené les plan- teurs de Bourbon à introduire dans l'île la culture du caféier de Liberia.

67. Café marron en grains. Aiubiacées.

Le caféier marron est le Coffea mauriliana, très commun dans les forêts de l'ile, entre 200 et 1.200 mètres d'altitude. Les graines servent aux mêmes usages que celles du caféier d'Arabie, auxquelles on les mélange parfois, mais les effets physiologiques en sont plus prononcés.

(H. Jacob de Cordemoy : Flore de l'ile de la Réunion. 4895.)

RÉUNION 89

68. Café du Kouïlou.

Le Coffea canephora n'est jusqu'alors cultivé que très exceptionnellement à la Réunion.

69. Fruits de cacaoyer. S'erculiacées. 10. Fleurs et fruits de cacaoyer.

71. Graines torréfiées de cacao.

12. Coque des fruits de Theobroma Cacao. 13. Extrait sec des coques de cacao.

14 Beurre de cacao.

Le cacaoyer a été jadis beaucoup cultivé dans la zone littorale de l'ile, mais sa cullure a été peu à peu abandonnée et il n'y a plus, depuis longtemps, aucune exportation de cacao de la Réunion. É

IV. CONDIMENTS ET AROMATES

81. Vanille de première qualité. Orchidacées.

82. Fruits de vanille dans l'alcool.

La culture de la vanille est, après celle de la canne à sucre, la culture la plus importante de la Réunion. La vanille de Bourbon a toujours été hautement estimée. Le tuteur aujourd'hui préféré par les planteurs de la colonie est le vaquois, Pandanus utilis, aux racines aériennes duquel la base se fixe solidement. Les exporta- ions annuelles sont de 50.000 à 60.000 kilos, représentant un peu plus d'un million et demi de francs.

(H. Jacob de Cordemoy : loc, cit.)

90 H, JUMELLE S3. Feuilles d'Angraecum fragrans. Orchidacées.

84. Fleurs d'Angraecum fragrans.

L'Angraecum fragrans est le faham de la Réunion, il vit en épiphyte sur les arbres des forêts. La plante exhale un parfum agréable de coumarine. Ses feuilles, qui consti- tuent le {hé de Bourbon, sont employées en infusion théi- forme.

(E. Jacob de Cordemoy : loc. cit.) 85. Clous de girofle. Myrtacées.

La culture du giroflier est aujourd'hui délaissée à la Réunion. L'espèce est devenue subspontanée,

86. Fruits de Myristica fragrans. Myristicacées.

S7. Fruits de Myristica fragrans.

Le ynuscadier, devenu subspontané au voisinage des plantations, dans les localités humides de la Partie du Vent, est aujourd'hui délaissé comme le giroflier.

88-89, Noix de Ravensara aromatica. Lauracées.

90. Feuilles de Ravensara aromatica.

Le ravensara, apporté de Madagascar, est devenu sub- spontané à la Réunion, mais sans se naturaliser. La graine est très usitée dans l’île comme épice ; les feuilles sont aussi employées comme celles de notre laurier.

91. Rhizomes de Curcuma longa. Zingibéracées.

Le Curcuma longa, que nous avons déjà signalé à Mada- gascar, et qui est aussi appelé safran à la Réunion, est cultivé ou subspontané,

92. Feuilles de Pimenta acris. Myrtacées.

RÉUNION 91

Le Pimenta acris, du Centre-Amérique et des Antilles, est encore cultivé ou subspontané à la Réunion. Ses feuilles sont employées dans l'art culinaire comme celles de notre laurier. L'essence est riche en eugénol.

93-94. Écorces de cannelle. Zauracées.

Le Cinnamomum zeylanicum, ou cannelier de Ceylan, et d'autres espèces de Cinnamomum, ont été introduits à la Réunion dans les mêmes conditions que les plantes précé- dentes.

95. Gros piments. Solanacées.

Diverses espèces de Capsicum sont cultivées à la Réunion. Le Capsicum minimum, piment enragé, est même sub- spontané.

V. PLANTES MÉDICINALES ET TOXIQUES Nous mentionnons seulement la plupart de ces plantes, qui n'ont qu'intérêt local et dont les propriétés sont indi-

quées dans la Flore de la Réunion de M. E. Jacob de Cordemoy.

101. Polypodium lanceolatum. Fougères.

102. Racines de Cynodon Dactylon. Graminées, 103. Feuilles d'Andropogon elegans. Graminées. 104, Racines de Smilax anceps. Ziliacées.

105. Racines d'Obetia ficifolia. l’rticacées.

106. Bois et rameaux de Maillardia borbonica. WMorées.

92 H. JUMELLE 107. Écorces de Trema Commersonii. Celtidacées.

108. Charbon de bois de Trema Commersonii.

Ce charbon en poudre est utilisé comme la poudre de

charbon du Codex. 109. Rameaux et feuilles de Piper borboneuse. Pipéracées.

110. Feuilles de Chenopodium ambrosioides. Chénopo-

diacees.

Le Chenopodium ambrosioides, espèce cosmopolite, est le thé du Mexique, qu'on prend, en effet, en infusion théi- forme.

111. Feuilles de Clematis ee Renonculacées. 112. Pâte de feuilles de Clematis mauritiana.

113. Fruits et galles de Clematis mauritiana.

114. Feuilles d'Anona muricata. Anonacées.

115. Pâte des feuilles d'Anona muricata.

116. Racines de Triumfetta glandulosa. Tiliacées. 117. Fruits de Guazuma tomentosa. Sferculiacées. 118. Pulpe d'Adansonia digitata. WMalvacées.

119. Graines d'Adansonia digitata.

120. Écorces d'Adansonia digitata.

Le hbaobab est cultivé et se reproduit spontanément dans quelques localités de la Réunion. L'écorce et les feuilles servent à préparer des décoctions émollientes. La pulpe donne une boisson acidulée: tamisée, c'est la ferre de

RÉUNION 93

Lemnos des anciens médecins, qu'on emploie délayée dans de l’eau contre les hémoptysies et la dysenterie.

(E. Jacob de Cordemoy : Flore de la Réunion, 1895.)

121.

Fleurs d'Hypericum lanceolatum. Æypéricacces.

. Feuilles d Hypericum angustifolium.

. Euphorbia pilulifera. Æuphorbiacées. . Euphorbia indica. Æuphorbiacees.

. Latex de Carica Papaya. Biracées.

. Fleurs de Carica Papaya.

. Racine de Carica Papaya.

Toutes les parties du papayer contiennent un latex dont

le principé actif, la papaïne, dédouble à la façon de la pepsine les albuminoïdes.

128.

Le latex de papayer contient, d'après Peckolt :

LD Re PR ER RTS LE 14,974 Substance analogue au caoutchouc. . 4,929 CAISSE CIFOHR ON NE RAP res 2,494 Résme-hlonde pete eee L 0,110 RÉSDE DEURERr RP LT ee 2,116 Substances albuminoïdes ..,........ 0,006 Papayotine (papaïne de Wurtz) ,.... 1,059 Mabières exiraCtrvest 7008 Ant dus 5,303 Reidemalique ts 7, 20 ne ae 0,443 Substances pectiques ............. 7,100

Bois et écorces d'Aphloia theaeformis. Biracées. L'Aphloia (heaeformis, déjà mentionné dans le Catalogue

de Madagascar, est un arbuste très commun à la Réunion dans les zones basse et moyenne.

129.

Feuilles de Passiflora alata. l’assifloracces.

Cette espèce a été appelée Passiflora mauriliana par du

P

S &

H. JUMELLE

etit-Thouars, qui la considéra comme indigène, alors qu'il igissait de l'espèce américaine naturalisée. Les feuilles

seraient vomitives.

(E. Jacob de Cordemoy: loc. eit.) 130. Écorces de Moringa pterygosrerma. Morinyacées. 151. Fumaria officinalis. umariacces. 152. Rameaux d'Erythroxylon hypericifolium. Zinacées. 133. Racines et bois de Toddalia aculeata. /?utacées. 154. Feuilles de Triphasia trifoliata. Æutacces. 135. Écorces de Quivisia heterophylla. Méliacces. 136. Écorces de Cupania alternifolia. Sapindacées. 137. Tronc de Cupania alternifolia.

138. Écorces d'Hippobromus apetalus. Sapindacées. 159. Feuilles de Cardiospermum Halicacabum. Sapin- dacées.

140. Écorces et racines de Caesalpinia Bonducella. Légu- mineuses.

141

. Graines de Caesalpinia Bonducella. Zéqumineuses.

Cet arbuste sarmenteux de l'Inde est aujourdhui sub-

spontané çà et à la Réunion, comme en beaucoup d’autres pays chauds. Les graines, aux Indes, ont la réputation d'être un fébrifuge de premier ordre. Le principe actif serait une substance amère, la bonducine, qui, d’après Isnard, agirait comme la quinine, On administre la poudre de graine de bonduc comme cette quinine.

142

. Gousses de Tamarindus indica. Léqumineuses.

(Je [+4

RÉUNION 143. Écorces de Tamarindus indica.

Le famarinier, indigène en Afrique tropicale, est depuis longtemps naturalisé à la Réunion comme en beaucoup d'autres pays chauds.

144. Graines de Cassia occidentalis. Zéyumineuses.

Le Cassia occidentalis est le gros indigo sauvage de la Réunion, il est très commun dans la zone basse.

145. Graines d'Abrus precatorius. —— Zéqumineuses.

146. Racines d'Abrus precatorius.

Le jéquirity, qui est la réglisse marronne de la Réunion, est surtout commun dans les localités sèches de l'ile.

147. Teramnus labialis. Zéqumineuses.

148. Graines de Tephrosia candida. Zéqumineuses.

Ces graines de l’indigo blanc sont vénéneuses. 149. Rameaux d'Elaeodendron orientale. Célastracées.

150. Écorces des tiges de Terminalia Benzoin. Combre- lacées.

Le Terminalia Benzoin Lan. f. est le Terminalia mauri-

liana Lamk. Son écorce, riche en tannin, comme celle de la ? plupart des autres badamiers, laisse exsuder, d’après M. E. Jacob de Cordemoy, une résine qui rappelle le bentoin. Y; Ï J M. Magenc n'a pas trouvé dans la plante de canaux sécré- 8 Ï

teurs.

(Magenc : Les Badamiers. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1914.)

151. Écorces et graines de Terminalia Catappa. Combré- lacces.

96 H. JUMELLE

Ce badamier proprement dit, originaire de l'Inde, est naturalisé à la Réunion et est devenu très commun. Ses feuilles et ses écorces sont astringentes. L’écorce contient 12 0/, de tannin. Le péricarpe du fruit en contiendrait 20 °/5. La graine, qui est comestible, renferme 50 °/, environ d’une huile, dite huile de badamier, qui se compose de 54 °}, d'oléine et 46 °/, de palmitine.

(Magenc : loc. cit.) 152. Écorces de Punica Granatum. Myrtacées.

Le grenadier est encore une plante cultivée et subspon- tanée à la Réunion.

153. Écorces d'Eugenia Jambos. Myrtacées.

Le jamrosa, originaire de l'Inde et de la Péninsule Ma- laise, est naturalisé dans la colonie, 1l est surtout

commun sur le bord des ravines.

154. Écorces de Psidium pomiferum. Wyrlacées.

Le goyavier-pomme, goyavier rouge, est originaire d'Amérique.

155. Bois et feuilles d'Icacorea borbonica. Primulacées.

156. Graines en coque de Gaertnera vaginata. ZLoga-

niacées. 157. Graines décortiquées de Gaertnera vaginata. 158. Graines torréfiées de Gaertnera vaginata. Le Gaertnera vaginata est le bois-café de la Réunion. 159. Bois d'Arduina xylopicron. Apocynacées. 160. Poudre du bois d'Arduina xylopicron.

Ce bois très amer est tonique et stomachique.

PL AE LS Liré Mal mé. Ats ee » FLO À AE - AA +. Le. » Ÿ -

RÉUNION 97 161. Écorces d'Ochrosia borbonica. Apocynacées. 162. Tiges de Sarcostemma viminale. Asc/épradacées.

Le Sarcostemma viminale, qu'on retrouve à Madagascar et sur le continent africain, est une liane sans feuilles, uti- lisée comme astringente.

163. Feuilles de Tylophora asthmatica. Asclépiadacées.

C'est l’ipéca du pays, et qui sert, en effet, aux mêmes usages que le véritable ipéca.

164. Racines de Danais fragrans. iubiacées. 165. Feuilles de Mussaenda arcuata. /ubiacées.

166. Écorces d'Ixora borbonica. Aubiacées.

167. Rameaux et feuilles de Psathura angustifolia. /u- biacées.

Les feuilles de tous les Psathura, ou bois cassants, de la Réunion, sont très usitées en infusion théiforme, mais les meilleures sont celles du Psathura angustifolia.

168. Bois de Guettarda verticillata. /?ubiacées.

169. Écorces de Cinchona succirubra. Æubiacées.

Le Cinchona succirubra, originaire des Andes, est le quinquina rouge.

170. Fleurs de Morinda citrifolia. /ubiacées.

Le Morinda citrifolia est originaire de l'Inde. Ses feuilles sont toniques et fébrifuges ; l'écorce fournit une matière colorante rouge.

171. Ageratum conyzoides. Composées.

Annales du Musée colonial de Marseille. 3" série, 4* vol. 1916, ç:

Y8 H. JUMELLE 172. Feuilles de Psiadia trinervia. Composées.

Get arbuste serait originaire de Maurice et est seulement cultivé à la Réunion.

E. Jacob de Cordemoy : loc. cit.)

173. Tiges de Spilanthes Acmella. Composées.

174. Tiges et feuilles de Siegesbeckia orientalis. Com- posées.

175. Feuilles de Senecio Ambavilla. Composées.

176. Feuilles de Pyrethrum indicum. Composées.

C'est l'herbe de Saint-André, subspontanée au voisinage des habitations.

177. Feuilles d'Eupatorium Ayapana. Composées.

L'ayapana, déja mentionné dans le Catalogue de Mada gascar, a été introduit à la Réunion comme en beaucoup d’autres contrées.

178. Feuilles d'Eupatorium odoratum. Composées.

Cette autre espèce d’Eupatorium est usitée comme la précédente et est également d’origine américaine. Elle est indigène notamment aux Antilles.

179. Feuilles d'Artemisia Absinthium. Composées.

L'absinthe n’est pas citée à la Réunion par M. E. Jacob de Cordemoy, mais y est sans doute plus ou moins cultivée, comme en beaucoup d’autres pays.

RÉUNION 99

VI. BOIS

Un catalogue spécial des Bois de la Réunion, dont le Musée Colonial possède une riche collection, paraîtra ultérieurement, lorsque les déterminations botaniques de ces bois, qui ne sont pas accompagnés d'échantillons botaniques, auront été tout au moins contrôlées par l'examen anatomique.

LR OLÉAGINEUX

192. Fruits de Raphia Ruifia. Pamiers. 193. Cire des feuilles de Raphia Ruffia.

Ce palmier de Madagascar, qui est le mouffia de la Réu- nion, est naturalisé dans certaines localités de l'ile, au bord des cours d’eau.

19%. Fruits de Litsea laurifolia. ZLauracées.

Cette Lauracée asiatique est naturalisée partout dans la région basse de l'ile.

(E. Jacob de Cordemoy : loc. cil.) 195. Corps gras d'Ocotea cupularis. Zauracées, 196. Tourteau d'Ocotea cupularis. 197. Fruits d'Ocotea cupularis.

198. Feuilles d'Ocotea cupularis.

L'huile d'Ocotea cupularis est aromatique et brûle en

100 H. JUMELLE

donnant une belle lumière, Elle paraît un produit intéres-

sant.

E. Jacob de Cordemoy : Loc. ci.) 199. Graines de Ricinus communis. Æuphorbiacées.

Le ricin ne donne pas lieu, à la Réunion, à une culture

industrielle. 200. Fruits de Jatropha Çurcas. Æuphorbiacées.

201. Graines de Jatropha Curcas.

Le pignon d'Inde est à la Réunion un des supports de la vanille, quoique le Pandanus utilis lui soit de plus en plus préféré depuis quelque temps. Il est subspontané dans l’île. L'huile des graines sert dans les classes pauvres comme huile à brûler. Mêlée à l'huile de ricin, elle est employée comme purgalif, à des doses variant de 12 gouttes à 4 grammes. Deux à quatre graines broyées produisent le même résultat. Mais les empoisonnements par ces graines

ne sont pas rares.

(E. Jacob de Cordemoy : Loc. cit. 202. Noix d'Aleurites triloba. Æuphorbiacées.

203. Huile des graines d’Aleurites triloba.

Le bancoulier, originaire des îles de l'Océanie, est natu- ralisé à la Réunion. Les noix se composent de 64 °/, environ de coque et 56 °/, d'amande, et celle-ci contient de 60 à 68 °/, d’une huile brun jaunâtre, qui est/siccalive et peut servir d'huile à brüler. L'indice d’iode est 151 et l'indice de saponification 193,7.

204. Graines de Moringa pterygosperma. WMoringacées.

Le mourounque, qui passe pour être originaire de l'Inde, est naturalisé à la Réunion comme en beaucoup d’autres

RÉUNION 101

pays chauds. Il peut fournir, comme le Moringa aptera d'Afrique, l'huile de ben, qui est une huile inodore, claire, presque incolore, de rancissement difficile et contenant les glycérides des acides margarique, oléique et béhénique (ou bénique). A l’Imperial Institute de Londres, des graines de Moringa pterygosperma provenant de la Nigérie ont donné 38°/, d'une huile pâle dans laquelle on a séparé la par- tie solide de la partie liquide. Pour la partie solide, l'indice de saponification a été de 194,4 et l'indice d'iode 68,3. Pour la partie liquide, on a trouvé :

MO ELLS DATE ER er Ne rt 0,914 ahice d'acides 5er ie 15,3 Acides gras libres {en acide oléique).. 7,7 o Indice de saponification............. . 189,2 mdicehéthen ee TUE ioireh ee 173.9 Indice diode PME MT TES IN S 70,7

Dans de l'huile de graines de la Jamaique, on a séparé 60°/, de partie liquide et 40 °/, de partie solide. Les cons-

tantes étaient :

Partie liquide. Partie solide,

HIPRRTÉE RARE AR ete TE 1e 0,9124 à 15° 0,8650 à 1000 Indice d'acier, Lors en. 8,1 Te

Acide gras libres.....,.... 4,40/9 3,6 °/

Indice de saponification... 196,3 193,6 Hiheedéthers: #1. CAT 187,6 186,4

nee ile Me URTRR 10,1 65,2

L'huile de ben est une bonne huile d'éclairage. Démarga- rinée, elle est très fine et a été employée en horlogerie comme huile de graissage. En parfumerie, elle à la pro- priété de fixer énergiquement les odeurs sans en diminuer

la suavité.

{The nature and commercial uses of Ben Oil. Bulletin of the Impe-

rial Institute, juin 1904.)

205. Beurre d'Adenanthera pavonina. Zéqumineuses.

206. Graines d'Adenanthera pavonina.

102 H. JUMELLE

207. Fruits d'Adenanthera pavonina.

208. Fleurs et feuilles d'Adenanthera pavonina.

Cet arbre de l'Inde, subspontané et cultivé à la Réunion, donne de belles graines rouges qui sont de poids constant et servent dans l'Inde à la pesée des pierres précieuses.

209. Fruits d'arachides. Zéqumineuses.

L'arachide, ou pistache de terre, est cultivée et subspon- tanée à la Réunion.

210. Huile des graines de Momordica Charantia. Cucurbi- tacées.

La margose, d'origine asiatique, est cultivée et subspon- tanée à la Réunion. Le fruit est consommé non mûr de diverses manières, mais est très amer et doit être soumis à une ébullition prolongée dans l’eau. On peut le manger comme hors-d'œuvre, à la façon des concombres, après l'avoir laissé dégorger pendant quelque temps dans du gros sel. Les graines sont très oléagineuses.

211. Corps gras et dérivés de Momordica Balsamina. Cucurbitacées.

212. Fruits de Momordica Balsamina.

213. Fleurs de Momordica Balsamina.

Les fruits du Momordica Balsamina seraient toxiques à haute dose, mais à petites doses seraient hydragogues. Les graines sont, comme les précédentes, très oléagi- neuses,

F2 Ve T . À

RÉUNION 103

VIII. TEXTILES ET PAILLES

221. Graines et bourre de Ceiba pentandra. Malvacées.

L'ouatier, kapokier, est cultivé et même subspontané à la Réunion.

222. Coton cardé de Gossypium sp. Walvacées.

L'espèce de cotonnier qui s'est naturalisée à la Réunion est le Gossypium barbadense.

223. Fibres textiles de Celtis. Celtidacées. ;

Planchon a signalé à la Réunion le Celtis mauriliana, que M. J. Cordemoy dit n'avoir jamais rencontré.

224, Feuilles de Pandanus utilis. Pandanacées.

225. Bretelles en feuilles de vaquois.

Le Pandanus utilis, ou vaquois, est très cultivé à la Réunion comme support de la vanille, et aussi pour ses feuilles. Avec les larges feuilles souples de l’arbre jeune, on fait des sacs et des nattes,

226. Paille brute et paille préparée de Sechium edule. Cucurbitacées.

227. Porte-montre en paille de chouchou.

D'origine américaine, le Sechium edule, chouchou, s'est abondamment naturalisé dans la zone moyenne de l'île. La paille que fournit la partie fibreuse du péricycle de ses tiges est blanc argenté et brillante; sa ténacité permet de l'utiliser en chapellerie et pour la confection d'objets de fantaisie, On la prépare en fendant les tiges longitudinale-

104 IH. JUMELLE

ment et en grattant tous les tissus qui recouvrent de part et d'autre la lamelle péricyclique; puis on lave et on des- sèche. Le produit, il y a quelques années, était exporté en France pour la chapellerie ; il ne semble pas, cependant, avoir réalisé les espérances des fabricants européens, et son prix de vénte (2 francs le kilo) en France était devenu, en 1911, inférieur aux prix de revient sur place. L'industrie de la paille de chouchou dans la colonie est en décroissance très marquée.

IX. PLANTES A ESSENCES

231. Racines de Vetiveria zizanioides. Graminées, 232, Essence de vétiver.

Originaire de Ceylan et de l'Inde, le vétiver s’est natura- lisé et est cultivé à la Réunion, qui distille sur place les racines fraiches et exporte l’essence (866 kilos en 1911,

1.170 kilos en 1912 et 1.893 kilos en 1913). 233. Essence de géranium. (éraniacées.

Le géranium rosat est le Pelargonium roseum Willd., qui est soit une variété du Pelargonium Radula Lhéritier, soit un hybride du Pelargonium Radula et du Pelargonium graveolens. En tout cas, ce Pelargonium roseum Willd. a pour synonymes le Pelargonium Radula Lhérit. var. roseum Willd. et le Pelargonium Radula var. rosodorum Hoffmgg.

La plante est cultivée à la Réunion depuis 1880. Les plantations sont établies dans la zone moyenne entre 400 et 1.200 mètres. Les exportations d'essence étaient de 43.138 kilos en 1912 et 37.614 kilos en 1913. Cette essence de géranium de la Réunion sert principalement pour parfumer les savons de toilette.

(H. Jumelle : Les cultures coloniales, fase. VIII. Baillière, Paris, 1916.)

0 È À ]

RÉUNION 105 234. Essence d'ylang-ylang. Anonacées.

235. Essence de Cananga odorata.

L'introduction du Cananga odorata, ylang-ylang, à la Réunion est très ancienne. La colonie exportait 1.225 litres d'essence en 1911 et 2.527 en 1912.

236. Essence de citronnelle. Graminées.

+ Les Cymbôpogon dont on distille l'essence sont deve- nus subspontanés à la Réunion, mais une nouvelle déter- mination botanique de ces Cymbhopogon serait nécessaire, car divers échantillons d’ « essence de citronnelle » de la Réunion n'ont pas, à l'analyse, présenté trace de géramiol et, au contraire, étaient très riches en citral. Ce serait donc plutôt, en réalité, une essence de lemon-grass.

237. Essence de patchouli. Zabices.

238. Essence de basilic. Zabices.

X. GOMMES

241. Gomme d Acacia dealbata. Zequmineuses. L'acacia Bernier est naturalisé dans l'île et cultivé sur

les hauteurs.

242. Gomme et fruits de Sterculia foetida. Sterculiacées.

243. Bois de Sterculia foetida.

Originaire de l'Inde, le Sferculia foetida est aujourd'hui répandu dans les pays tropicaux les plus divers, Ses graines, connues quelquefois sous le nom d'olives de Java de graines de beliquo, contiennent environ 25 pour 100 de leur poids en huile. Cette huile est jaune clair, épaisse à 20° et

* Ti CU 17

| 106 I. JUMELLE

se solidifie à 0°, Elle rancit facilement. On peut l'employer en savonnerie:; certains la considèrent comme comestible. À 240° elle se transformerait en une substance solide et élastique, par suite d’une polymérisation. Le produit ainsi obtenu par simple chauffage ou bien encore par chauffage en présence de chlorure de soufre ou de soufre, et qui ressemble au caoutchouc, est jaune clair s'il a été uniquement chauffé, et brun s'il a été sulfuré. Dans ce dernier cas, 1l convien- drait plus particulièrement pour la fabrication des factices. Par contre, les essais d'oxydation de l'huile n’ont conduit qu'à des résultats insuffisants ou négatifs, et les produits obtenus ne semblent pas utilisables pour la préparation des vernis.

(Heim : Utilisation de l'huile de Sterculia foetida. Bulle- tin de l'Office colonial ; août-septembre 1916.)

244. Feuilles d'Eucalyptus resinifera. Myrtacées.

L'Eucalyptus resinifera est originaire d'Australie, c'est, dans la région de Sydney, le red mahoyany, ou forest mahogany. C'est aussi, à cause de son kino, le Botany Bay gum tree, le red-qum et le grey-qum.

XI. TANNINS

251. Ecorces d’Albizzia Lebbek. Zéqumineuses. 252. Graines d’Albizzia Lebbek.

Le bois noir est naturalisé et commun partout à la Réu-

nion. 253. Gousses d'Acacia Farnesiana. Zéqumineuses. La cassie est encore un arbre naturalisé dans la colonie.

254. Ecorces d'Eugenia cymosa. Myrtacées.

C'est le bois de pomme, commun dans les forêts.

LA ral

dr Ce RS

RÉUNION

XII TABAC

_ 261. Graines de tabac et tabac en carotte. Solanacées.

+ x

Le Nicotiana Tabacum pousse, à la Réunion, aussi bien dans la zone basse que sur les hauteurs de moyenne alti- tude. La culture en est libre et est faite un peu au hasard et

sans méthode. Elle pourrait être améliorée et devenir une #s source de revenu pour la colonie si la France importait,

comme il en a été question, les tabacs de ses colonies. Pour les essais faits en France à ce sujet en 1912 avec nos 4 tabacs coloniaux, la Réunion a exporté dans la métropole È 368 kilos de tabacs en feuilles et 300 kilos de tabac en | poudre. Les exportations de tabacs de la Réunion étaient de 100.000 kilos environ en 1911 et en 1912, à destination principalément de Maurice.

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INDEX DES COLLECTIONS BOTANIQUES

DE LA

A

Abrus precatorius, 145, 146. Absinthe, 179. Acacia dealbatla, 241.

Farnesiana, 253. Adansonia digitata, 119, 120. Adenanthera pavonina, 205-208. Agatophyllum aromalicum, S8-

90.

Ageralum conyzoides, 171. Albizzia Lebbek, 251, 252. Aleurites triloba, 202, 203. Ambérique, 28.

Ambrevade, 22, 23. Andrepogon elegans, 103. Angraecum fragrans, 83, 84. Anona muricala, 114, 115. Antaques, 29.

Aphloia theaeformis, 128. Arachide, 209.

Arduina æylopicron, 159, 160. Arrow-root, 11.

Arlemisia Absinthium, 179. Ayapana, 177.

B

Badamier, 150, 151. Bancoulier, 202, 203.

REUNION:

Baobab, 119, 120. Basilic, 238.

Ben, 204.

Bois-café, 136-158 Bois cassant, 167. Bois noir, 251, 252. Bois de pomme, 254.

C

Cacao, 69-74.

Caesalpinia Bonducella 141.

Cafés, 56-68.

Cajanus indicus, %

Cambare chinois, 26.

Cananga odorala, 234, 235.

Cannelle, 93, 94.

Capsicum minimum, 95.

Cassonade, 52,

Cardiospermum Halicacabum, 139.

Carica Papaya, 125-127.

Cassia occidentalis, 144.

140,

Cassie, 253.

Ceiba pentandra, 221. Cellis mauritiana, 223. Chenopodium ambrosioides,

110.

1. Pour l’Index des collections botaniques de Madagascar, voir. p. 73.

110 H.

Chouchou, 226, 227. Cinchona succirubra, 169. Cinnamomum zeylanicum, 93, 94. Citronnelle, 236. Clematlis mauriliana, 111-113. E arabica, 56-63, arabico-liberica, 66. canephora, 68. liberica, 65. mauriliana, 67. Ce allernifolia, 136, 137. Curcuma longa, 91 À Cyathea excelsa, 1. Cycas cireinalis, 2. revoluta, 4-6. Cymbopogon, 236. Cynodon Dactylon, 102. Cytise de l’Inde, 22, 23.

D

Danais fragrans, 164. Dioon edule, 3. Dioscorea Hoffa 12. Dolichos bulbosus, 26. Lablab, 29.

E

Elaeodendron orientale, 149. Ervum Lens, 38, 39. Erythroxylon hypericifolium,

132:

Eucalyptus resinifera, 244. Eugenia cymosa, 254.

_ Jambos, 153. Eupalorium Ayapana, 177. odoratum, 178. Euphorbia indica, 124.

pilulifera, 123,

JUMELLE

F

Faham, 83, 84. Forest-mahogany, 244. Fumaria officinalis, 131.

G

Gaerlnera vaginala, 156-158. Géranium, 233.

Girofle, 85.

Gossypium sp., 222. Goyavier, 154.

Grenadier, 152.

Grey-gum, 244.

Guazuma tomentosa, 117. Guettarda verticillata, 168.

ET

Haricots, 30-37.

Herbe de Saint-André, 176.

Hippobromus apelalus, 138.

Hoffe marronne, 12.

Hypericum lanceolatum, 191. anguslifolium, 122.

I

Icacorea borbonica, 155. Indigo (gros), 144. Indigo blanc, 148.

Ipéca du pays, 163. Ixora borbonica, 166.

J

Jamrosa, 153. Jalropha Curcäs, 200, 201. Jéquirity, 146.

RÉUNION 411

L

Lemon-grass, 236. Lentilles, 38, 39. Litsea laurifolia, 194.

M

Maillardia borbonica, 106. Maïs, 19.

Manihot utilissima, 7-10. Manioc, 7-10.

Maranta arundinacea, 11, Margose, 210.

Momordica Balsamina, 211-213.

Charantia, 210. Morinda citrifolia, 170.

Moringa plerygosperma, 204.

Mouffia, 192, 193. Mouroungue, 204.

Mucuna utilis, 24, 25. Muscadier, 86, 87. Mussaenda arcuata, 165. Myristica fragrans, 86, 87.

N Nicotiana Tabacum, 261. O Obecta ficifolia, 105. Ochrosia borbonica, 161. Ocotea cupularis, 195-198,

>

Pachyrrhizus anqulalus, 26. Pandanus ulilis, 224, 295.

Papayer, 123-127. Passiflora alata, 129. Patchouli, 237.

Patole, 40.

Pelargonium Radula, 233. Phaseolus helvolus, 28.

inamoenus, 27.

lunatus, 27.

vulgaris, 30-37. Pignon d'Inde, 200, 201. Piment, 95.

Pimenta acris, 92, Piper borbonense, 109. Pois du Cap, 27.

- carré, 21.

cochon, 26.

dragée, 27.

manioc, 26.

Mascate, 24, 95, Polypodium lanceolatum, 101 Psathura angustifolia, 167. Psiadia lrinervia, 172, Psidium pomiferum, 154. Psophocarpus letragonolobus,

21e Punica Granalum, 152. Pyrethrum indicum, 176.

Q

Quinquina rouge, 169. Quivisia helerophylla, 135.

R

Raphia Ruffia, 192, 193. Ravensara, 88-90. Red-gum, 244. Red-mahogany, 244. Réglisse marronne, 146. Bicinus communis, 199,

112 H.

S

Saccharum officinarum, Safran, 91.

Sagou (faux), 2. Sarcostemma viminale, 162. Sechium edule, 226, 227. Senecio Ambavilla, 173. Siegeshbechkra ortentalis, 174. Smilax anceps, 104. Spilanthes Acmella, 173. Sterculia foetida, 242, 243.

Sucre, 21-55.

Tabac, 261.

T'amarindus indica, 142, 143.

Tamarinier, 142, 143.

Tapioca, 8, 9.

T'ephrosia candida, 148.

Teramnus labialis, 147.

Terminalia Benzoin, 150. Catappa, 151.

JUMELLE

T'erminalia mauriliana, 150 Thé de Bourbon, 83, 84. Thé du Mexique, 110. Theobroma Cacao, 69-74. Toddalia aculeala, 133. Trema Commersonit, 107, 108. T'richosanthes Anquina, 40. T'riphasta (rifoliala, 134. T'riumfetla glandulosa, 116. T'ylophora asthmatica, 163.

V

Vanille, 81-82.

Vaquois, 224-225.

Vétiver, 231-232.

Vetiveria zizanioides, 231, 232.

Y Ylang-ylang, 234, 235.

Z

Zea Mays, 19.

ERRATA

Page 21, 62 : A la dernière ligne, au lieu de : « très rares à Marseille », lire : « peu à Marseille, les importations annuelles de craines sont de 500 tonnes en moyenne ».

Page 65, 13° ligne du 375, lire : (songonefitra, en un seul mot.

s

MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS

Principaux Mémoires parus antérieurement dans les ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE

D: HeckeL : Sur quelques plantes à graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises, et en particulier de Madagascar. Année 1908.

CLavene : Contribution à l'étude anatomique et histologique des plantes textiles exotiques. Année 1909.

pe Wicoemax : Notes sur des plantes largement cultivées par les indigènes en Afrique tropicale. Année 1909.

Louis PLaxcnox el Jurrer : Étude sur quelques fécules coloniales. Année 1909. Dr Heckez : Les Plantes utiles de Madagascar. Année 1910.

H. Juuezze et H. Perrier DE LA Baruie : Fragments biologiques de la flore de Madagascar. Année 1910.

GuniLaumix : Catalogue des Plantes phanérogames de la Nouvelle-Calédonie et dépendances. Année 1911.

Duganp : Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées. Année 1912.

Baupox : Sur quelques plantes alimentaires indigènes du Congo français. Année 1912.

pe WiLpemaAx : Les Bananiers; culture, exploitation, commerce ; systématique du genre Musa. Année 1912.

H. Jumecce et H. Perrier DE LA Baruie : Palmiers de Madagascar Année 1913.

P. Cuoux : Études biologiques sur les Asclépiadacées de Madagascar. Année 1914.

H. Juuezce : Le Dr Heckel. Année 1915.

R. Hauer et H. Perrier DE LA Baruie : Contribution à l'étude des Crassulacées malgaches. Année 1915.

À. Fauver: Le Cocotier de Mer. Lodoicea Sechellarum. Année 1915.

I. Jumezze : Les Recherches récentes sur les ressources des Colonies françaises et étrangères et des autres Pays chauds. Année 1916.

MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE VENTE

Les Annales du Musée colonial de Marseille, fondées en 1893,

paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules.

Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance, sont en vente chez M. CnaLLamez, libraire, 17 rue Jacob, à Paris, à

qui toutes les démandes de renseignements, au point de vue commer- cial, doivent être adressées.

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. Henri JUMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée colonial, 5 rue Noxlles, à Marseille.

Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gra- tuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à leurs frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avee titre spécial sur la couverture.

Les mémoires ou ouvrages dont un exemplaire sera envoyé au Directeur du Musée colonial seront signalés chaque année en fin de volume dans les Annales.

Le fascicule de l'année 1916 (Recherches récentes sur les ressources

des Colonies françaises et étrangères et des autres Pays chauds), est déjà paru.

Le fascicule (Les bois utiles de la Guyane francaise, par M. H. Stone) sera publié ultérieurement.

Le prochain catalogue descriptif du Musée Colonial sera consacré aux Collections botaniques de l'Afrique Occidentale Française.

MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS.

a 5 un So hd EC A, = La P pt -

INSTITUT COLONIAL MARSEILLAIS

ANNALES

DU

MUSÉE COLONTAL

DE MARSEILLE

FONDÉES EN 1893 par Epouarp HECREL

DIRIGÉES PAR

M. Henrr JUMELLE

Professeur à la Faculté des Sciences, Directeur du Musée Colonial de Marseille.

Qualrucne Vingt-eïnquième année, série, volume (1916). 2e Fascicule.

Quelques graines oléagineuses africaines, par M. J. Pirraerrs, Conservateur au Musée du Congo Belge.

2 Les Monocotylédones aquatiques de Madagascar, par M. Henri JUMELLE.

Les Bois utiles de la Guyane Française, par M. Herbert Stone, de Birmingham.

2c

MARSEILLE PARIS MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 5, Rue Noires, 9 17, RUE JAcoB, 17

1917

Principaux Mémoires parus antérieurement dans les ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE

Dr Hrcker : Les Kolas africains. Année 1893. (Volume presque épuisé.) D: Raxcox : Dans la Haute-Gambie. Année 1894. {Volume complètement épuisé.)

R. P. Düss: Flore phanérogamique des Antilles françaises. Année 1896. (Volume complètement épuisé.)

E. Grorrroy : Rapport de Mission scientifique à la Martinique et à la Guyane. Année 1897.

D' Hrcker : Les Plantes médicinales et toxiques de la Guyane française. Année 1897.

Dr Heckez : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. Année 1897.

Dr Hecker : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. Année 1898.

H. Jumerze : Le Cacaoyer. Année 1899.

D' H. Jacos ne Conprmoy : Gommes, gommes-résines et résines des colonies françaises. Année 1899.

L. Laurenr : Le Tabac. Année 1900.

D: H. Jacor pe Conpemoy : Les Soies dans l'Extrême-Orient et dans les colonies françaises. Année 1901.

L. Laurexr : L'Or dans les colonies françaises. Année 1901.

À. Curvauien: Voyage scientifique au Sénégal, au Soudan et en Casamance. Année 1902.

Garrarez : L'Exposition d'Hanoï. Année 1903.

Dr Hecker : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. Année 1903.

Dr H. Jacos de Corpemoy : L'Ile de la Réunion. (Géographie physique ; richesses naturelles, cultures et industries.) Année 1904.

Capitaine Marne : Étude ethnographique sur la race Man du Haut-Tonkin. Année 190%.

E. Lereuvre : Étude chimique sur les huiles de bois d'Indochine. Année 1905.

H. Juuezce : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest de Madagascar. Année 1907.

H. Jumezze et H. Perrier DE LA Barure : Notes sur la Flore du Nord-Ouest de Madagascar. Année 1907.

H. Juuerce et H. Perrier pe La Barure : Notes biologiques sur la végétation du Nord-Ouest de Madagascar ; les Asclépiadées. Année 1908.

ANNALES

« DU

MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE

(Année 1917)

(MACON PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS

INSTITUT COLONIAL MARSEILLAIS

ACNENCANEETS

DU

MUSÉE COLONIAL

DE MARSEILLE

FONDÉES EN 1893 par Epouarp HECKEL

DIRIGÉES PAR

M. Henri JUMELLE

Professeur à la Facullé des Sciences, Directeur du Musée Colonial de Marseille,

- Vingt-cGinquième année, série, volume (1916). 2e Fascicule.

Quelques graines oléagineuses africaines, par M. J. Pirrarrrs, Conservateur au Musée du Congo Belge.

Les Monocotylédones aquatiques de Madagascar, .par M. Henri JUMELLE.

Les Bois utiles de la Guyane Française, par M. Herbert SroxE, de Birmingham.

MARSEILLE PARIS MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 5, RuE NoaiLres, 9 17, RUE Jacos, 17 1917

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à él 4

»

JUN £ AS 1916

QUELQUES GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES

par M. J. PIERAERTS

CONSERVATEUR AU MUSÉE DU CONGO BELGE

Des trois graines que nous allons étudier ici, les deux premières proviennent du Congo Belge et la troisième de l'Afrique Britannique.

SÉLÉ

La plante oléagineuse désignée sous le nom vernaculaire de sélé semble jouir en quelques parties du Congo Belge d'une certaine vogue auprès des indigènes. Il en est ainsi notam- ment dans la région de Mowbasa, district des Bengala, la quantité de graines de sélé récoltée en 1915 fut telle, selon l'agronome de Giorgi!l, qu'en plus des notables quantités consommées sur place, il en restait une disponibilité qui s'éle- vait à {4 tonnes. x

L'échantillon d'huile que nous avons eu entre les mains provenait de Mowbasa ; il a été préparé par un chef noir de Bolende, sous la direction de l'agronome du district.

La méthode de préparation usitée n'offre rien de spécial; c'est le procédé habituellement en usage, là-bas, en vue de

4. Bulletin agricole du Congo Belge, vol. VI, 1916, p. 169,

Annales du Musée colonial de Marseille, série, vol. 1916, I

K

1 IFÇRARY

NEW YORE "| F À N ICAL Us RE,

2 J. PIERAERTS

l'extraction de toute huile : torréfaction de la graine, décor- tication et vannage ; désagrégation de l’amande par pilon- nage ; sépdration de l'huile par l’eau bouillante ; enlève- ment de l'huile surnageante et clarification par repos et fil- tration.

L'huile obtenue de la sorte était transparente, d'une cou- leur jaune d'or et d'un goût agréable. Son emploi comme huile de table donna des résultats tellement encourageants, d’après de Giorgi, qu'elle fut préférée par les Européens à n'importe quelle huile importée, qui, si souvent, arrive rance et est de médiocre qualité. Par suite de la longueur du voyage, l'échantillon que nous avons reçu était très trouble ; mais après un repos de cinq jours, à la température du laboratoire, la quasi totalité de la partie en suspension se liquéfia de nou- veau. Le faible dépôt restant fut éliminé par filtration. On obtint de la sorte un produit d'un beau jaune d’or, à odeur empyreumatique, à saveur douce et agréable, avec arrière- goût de brülé.

La composition et les caractéristiques auxquelles nous con- duisit l'examen chimique de l'huile de sélé sont les suivantes :

A. Huile.

Constantes physiques :

159 Poids spécifique 455..................................... 0,9231 Port défsolidificatiônt#..L RARE ER TETE PRET limpide à + Pouvoirrotitone FR CREER ERA CRE EST sensiblement nul Examen spectroscopique................ pas de bandes d’absorption. Température critique de dissolution dans l'alcool absolu 819,9 Indice derétraction 21200 PE MC Med RU oi à 3 1,4716 Indice: Maumené. = #19, PAR Re ENONCE ENPPER 80° Température spécifique deréaction ie Thomsom et Ballantyne. 197

20 Constantes chimiques :

4. Pris un volume d’huileet deux volumes d'alcool absolu ; opération

effectuée en tube scellé.

GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES s ce de SDOnLReAIODN AR CE 2 Mat Ie NN 190,4 RS LE ns Se 119,5 Indice de Reïichert-Meissl: . ...................... dr RE 433 Pr ne AT Le 0,67 °/s PTE LINE EE I OR ON PER RE PR 11,23 °Jo Indice d’acétyle (selon Lewkowitsch)...................... 5,3 Indice de saponification de l'huile acétylée.....:........... 196,6 Acides gras insolubles et insaponifiable......... FENTE RE 93,97 2h

Essais qualitatifs :

Essai de: l'élaïdine. ........... masse butyreuse d’un brun rougeâtre- Et lhexahromurer. RTE es JL 1 0 négatif RE RUE 40 noce ET Le 50 négative PE NE ENT ONS SPORE RTE NE ER ES TER ES de Milliau-Becchi......... coloration d’un brun noirâtre avec

Essai de siccativite :

De l'huile étalée en couche mince sur une plaque de verre, puis ex- posée à l'air durant un mois, n’accusa jamais la moindre augmentation de poids et ne changea ni de consistance, ni d'aspect.

B. Acides gras insolubles mélangés.

LR LE 0 ENS EMPREITE PO IEEE ALES DE SE CPS NC ES 35° 1.à 369,5 2 amedesoldifeution (Hbre EME A RL TS re LUE 33°,2 ces denentralisalionre er I RE Re in Dee ne 180,9 (Poids moléculaire moyen correspondant —- 3101 PER GC /AADOnIRCalIOD EE A EN EL Re DT ce 193,7 (Poids moléculaire moyen correspondant 294,7) Re Le RS 7 GT 4 To M Re. 102,6 Essai de l’hexabromure. ......... A ST ee De négatif ROC Dan AT ben re ee ME Am 2e . négative pee 4 EU PE GENRE PARA ERNE EN Du ele AUS SORTE LAS 00e Millau Become LOUE, a très légère réduction. Proportion approximative d'acides solides, ,,........,...... 30 °/o —— liquides.....,.... 5 SAT 70 °/,

1. Température de fusion commençante. 2. Température de fusion complète.

4 J. PIERAERTS C. Acides gras liquides.

Indice deréfractionià 2000 06 08 PT RE PAPAS 1,4686 Indicé:d'iode 45 2, .7: ras NE TER RAC TI DER 126,4

En vue de caractériser les individualités chimiques existant dans le mélange d’acides liquides, nous en avons soumis une portion à la bromuration ; une autre fut traitée par le nitrate” acide de mercure, et le reste fut oxydé par le permanganate de potassium en solution alcaline.

Bromuration.

20 grammes d'acides liquides furent dissous dans 50 c. c. d'acide acétique glacial et refroidis ensuite dans de la glace. Lorsque le thermomètre marqua 2°, on ajouta goutte à goutte la quantité voulue de brome, tout en agitant continuellement la masse. Le produit bromé qui avait pris naissance fut lavé à l’eau jusqu'à réaction neutre, puis séché dans le vide sulfu- rique vers 50°. Repris par 50 c. c. d'éther, tout passa en dis- solution, ce qui dénote l'absence des dérivés hexabromés et, partant, la non-existence, dans l'huile de sélé, des acides lino- lénique et isolinolénique.

Tout l’éther de pétrole étant actuellement réquisitionné par les services militaires, il ne nous fut pas possible, faute de ce réactif, d'isoler l'acide linoléique tétrabromé. Aussi avons- nous identifié le C4, H;, O, par voie d'oxydation.

Orydation permanganique.

20 grammes d'acides liquides furent saponifiés par 15 e. c. de Na OH, de densité 1,30. Le savon formé fut dissous dans 1200 c. c. d’eau, et la solution portée à la température de 55° à 60°. On y ajouta alors goutte à goutte, et tout en agi- tant continuellement, un litre de KMn Of à 2°/,. Quandtout le caméléon fut ajouté, on neutralisa l’alcali libre par de l'acide sulfurique à 10 °/,. L’oxyde de manganèse précipité fut réso- lubilisé au moyen d’un peu de bisulfite de soude. Par ce trai- tement on obtint un liquide incolore, dans lequel nageait un

GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES pl volumineux précipité cristallin blane. Celui-e1 fut séparé par essorage, puis lavé à l’eau froide, et finalement pressé pour en éliminer les dernières traces d'eaux mères. Le gâteau restant fut malaxé dans un mortier avec un peu d'éther, qui enleva les acides gras originaux ayant échappé à l'oxydation.

Quand la désagrégation des grumeaux au sein de l'éther fut parfaite, on essora la masse, et on soumit une seconde fois l'insoluble à un nouveau malaxage avec une petite quantité d'éther.

Le produit purifié de la façon décrite fut ensuite mis en contact d'un grand volume d'éther anhydre (1 1/2 litre par 10 grammes de substance) et laissé en macération durant une semaine, On eut soin d'agiter énergiquement de temps à autre. Au bout du laps de temps indiqué, la solution éthérée fut fil- trée, puis distillée au bain-marie à siccité. Il resta un dépôt cristallin blanc qui, après deux recristallisations dans l'alcoo à 95°, présentait les caractères suivants :

Pot de fusion (bloc de Maquenneé).:;..:.:.:......,4..,.. 1290 Hier ide SADOnAUAIOn ss 2200 Rs drame. vai te 176,9 après acétylation.................. 442

Ce sont les caractéristiques de lacide dioxystéarique, pro- venant de l'oxydation de l'acide oléique existant dans le mé- lange d’acides liquides examiné.

Quant à l’insoluble laissé par l'éther, il fut épuisé à plusieurs reprises par de grandes quantités d'eau bouillante. Les cris- taux qui se déposèrent par le refroidissement au sein du fil- trat aqueux furent recueillis et purifiés par cristalhsations répétées dans de l'alcool à 80°. Convenablement séchés au préalable, les cristaux récoltés fondaient à 170° (bloc de Ma- quenne) ; de plus la forme cristalline correspondait nettement à celle de l'acide sativique.

Du filtrat restant après l'élimination des acides dioxystéa- rique et sativique, il ne nous fut point possible de retirer ni de l'acide linusique, ni de l'acide isolhinusique.

Aloncidu nitrate acide de mercure.

Quelques grammes d'acides gras liquides, additionnés de

6 J. PIERAERTS

8 °/, de leur poids de nitrate acide de Hg, préparé selon Archutt!, furent agités vigoureusement pendant deux minutes. Le mélange émulsionné ne tarda pas à se prendre en uné masse solide, qui fut lavée à l’eau chaude jusqu'à élimination de toute trace d'acide minéral, et ensuite purifiée plusieurs fois par voie de cristallisation dans de l'alcool fort. Les cristaux recueillis, après dessiccation dans le vide sulfurique à 28°, accu- saient un point de fusion de 44,2 (tube capillaire). Nous avions donc bien affaire, en l'occurrence, à de l'acide élaïdique. Les essais de caractérisation que nous venons de détailler nous autorisent à admettre la présence, dans l'huile de sélé, des acides oléique et linoléique, dans les proportions respec- tives de 60,99 °/, et 39,01°/, environ ?. L’acide linolénique de même que l'acide isolinolénique semblent absents dans la matière oléagineuse qui nous occupe.

D. Acides gras solides.

Les sels plombiques insolubles dans l’éther furent décom- posés par ébullition prolongée avec de l'acide chlorhydrique dilué. Le gâteau d'acides gras, débarrassé de toute trace d'HCI par lavage à l’eau, fut dissous dans de l’éther. La solution éthé- rée, déshydratée sur du sulfate de sodium anhydre, fut filtrée et abandonnée à l’évaporation spontanée, à la température du laboratoire. Le résidu, après deux cristallisations dans de l'alcool à 95°, se présentait sous forme de cristaux enchevé- trés, d'abord d'un blanc pur, mais prenant une très légère teinte brunâtre au bout d’un jour. Des purifications répétées à l'alcool n'enlevèrent pas cette teinte. Les acides solides, résultant des précédentes manipulations, accusaient les carac- téristiques suivantes : ï

Point.de fusion {tubeteapillaite) #22 RER REEReRe 5805 desohidfication/{(tube/capillaire) ere SM ER Re D 1050540 Inidiceé diode RME RME ETS AE ETES CE 2,18 =: de -SAPODtEALIONERS AT RES Ie et MI PUISE 229,7

1. Lewkowitsch traduit par Bontoux : Technologie et analyse chimiques des huiles, graisses et cires. Paris, 1906, €. I, p. #05. 2, Chiffres déduits de l'indice d'iode trouvé,

GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 7

Une série de fractionnements, effectués sur les acides solides purifiés, nous révéla la nature des individualités chi- miques dont ces acides formaient le mélange.

Première fraction :

LOT CRIE RS AR ee RSR TERRES RENE TRE RE 6705 DRM EN ER ARR Re UT, ne à RE 7 19,25

Ba en°/ - Ê ER Wealonié pour Ba (GisHaO).2.2.: 7. 19,54 RCE RATER ASE. MU UL Li, NT 188,2

Ces caractères sont ceux de l'acide stéarique, mélangé d’une faible proportion d'un acide à poids moléculaire plus élevé.

Deuxième fraction :

DOUAI ne ni men mb à Une A ve en 6898 D'ÉLDOUVÉ RE MR RTS M Le is er ALES En, 19,6

Ba en °} { É D RON CA EN CISENOS À 2 EE AR ER OR A te 19,54 DES EADORIRER LION EMMA ET AT RE er te 195,1

Ces caractères correspondent à ceux de l'acide stéarique.

Troisième fraction :

ÉCRIS SION NE RD RARES RUE DE Re Re PA 6005 CLOUVÉ ERN MRT RAC ÉON TE ee DR ET a ROC 21,18

Ba en°|, $ (RBAAMIGIE AE OS) ET RE MU ve 19,5% ] calculé pour : Ces ;

RS EE On MALE: 21,24

Indice de saponificalion, ,.... ARE MARS Pc CONTE EN RE L n RU 214,2

Ces caractères dénotent la présence des acides palmitique et stéarique en proportions respectives de 95 °/, et de 5 °/,.

Quatrième fraction :

BOTH TE EUSION ESA EURE ERRET LA nee A AR 5602

LOUE NS LS TR RE ART RL nr 22,45

Ba en °) LL Ba (Ci6H3102)2 CAT Te rt. Sr PIRE F 21,24 calculé pour ere

| Ê F Ba (C19H5309}2 MAT ENER LA AM Os 222 29,70

Indice de saponification,.,............ LR A de Rest 236,3

Ces caractères correspondent à ceux d’un mélange de 75 °/, d'acide palmitique et de 25 °/, d'acide laurique,

ÿ J. PIERAERTS

De l'ensemble des essais précédents nous concluons que l'huile de selé est essentiellement formée d'un mélange de glycérides des acides oléique, linoléique, stéarique, palmi- tique et laurique.

Les pourcentages approximatifs de chacun des acides pré- sents sont les suivants :

AGide-oléique:. der. RTE RER EAN t AE ETES RE 43 0/9 noléIQue in RES 2 ae Te SR RE IEE e CIEE 26 »

»." « SÉÉATIQUE SE 2 mer DEP ANR TTL NN PRE 15 »

D, DAIMIIQUES MES EE LRU 9 SR SR NE CT ET ER 12,5 »

ne MOriIqUe CRE TOR UNENE LA El ET ER PACE 2,9 »

On trouve, en outre, dans l'huile examinée une faible quan- tité d'un acide à poids moléculaire plus élevé, dont l'identifi- cation, faute d'un échantillon suffisant de matière première, ne put être poursuivie.

L'huile de sélé constitue une excellente huile de table d'une saveur douce et agréable, et qui, préparée d’une façon moderne et soignée, ne présenterait aucune odeur de brülé. Sa résis- tance au rancissement ! accroit encore davantage sa valeur.

L'huile de sélé conviendrait indubitablement à la fabrica- ion du savon et il est probable que sa teneur relativement élevée en glycérine la ferait prendre en sérieuse attention par les fabricants de ce triol.

Pour la stéarinerie, l'huile de sélé est inutilisable : son taux en acides solides est trop faible.

De par l'ensemble de ces caractères el par sa composition,

l'huile de sélé doit être considérée comme une huile demi-sie-

cative et est à classer dans le groupe dit de l'huile de coton.

À cause de sa grande ressemblance (pour ne pas dire son identité) avec l'huile da cocorico étudiée dans ce même mémoire, nous opinons que l'huile de sélé a été extraite d’une Cucurbitacée appartenant à une espèce très voisine du Citrul- lus vulgaris, sinon même à une variété de ce Citrullus.

1. Il se passa près de deux ans entre le moment de sa préparation rudimentaire et son analyse, et cependant elle n’accusait qu'un indice d’acidité insignifiant, moins élevé que celui de nos huiles alimentaires les plus réputées,

GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 9

COCORICO

Le cocorico est une variété du Cifrullus vulgaris.

Les Cucurbitacées à graines grasses sont abondamment répandues en maintes régions du Congo belge. L'extension que prend d'année en année leur culture est attribuable, non seulement au peu d'exigence de ces plantes au point de vue de la qualité du sol, mais en outre et surtout (car l'indigène congolais est chaud partisan de la théorie du moindre effort) au fait que leur culture ne réclame aucun travail d'entretien. La végétalion de ces Cucurbitacées, en effet, est tellement rapide et vigoureuse qu'elle empêche les mau- vaises herbes de l'envahir.

Dans son intéressant mémoire sur l'agriculture indigène dans la province orientale du Congo belge, Tharin ! relate que, en 191%, on comptait plus de 200 hectares de Cucurbi- lacées à graines oléagineuses parmi les seules plantations, situées le long de la route de Lokandu à Schuka.

Il importe de faire remarquer qu'au Congo belge le terme « Cocorico » ne possède pas une signification botanique des -plus précises. C’est ainsi que dans le Haut-Tturi * on réserve le nom de cocorico aux graines d’une variété de courge ou melon appelée maboke, encore n'du, en langue Kilendu, alors que dans la province orientale* on désigne sous le terme onosmatique de cocorico une variété distincte du maboke plus lente à mürir et contenant, dit-on, moins de malière oléagineuse.

L'huile sur laquelle ont porté nos investigations fut pré- parée, le 25 avril 191%, à Yangambi (district de Stanleyville), au moyen de la méthode dite « arabisée » qui n’est, somme toute, qu'une variante du procédé indigène décrit à propos de l'huile de sélé. La seule différence à mentionner pour ces deux modi operandi, c'est que dans la méthode arabisée

1. Bullelin agricole du Congo belge, 1. VI, 1915, p. 147.

2. De Greef, L'agriculture indigène dans la région du haut Ituri, dans le Bulletin agricole du Congo belge, VI, 1916, p. 3,

3. Tharin, loc, cit,

10 J. PIERAERTS

‘du moins d'après l'exposé que nous en reçûmes) la torréfac- tion suit le décorticage.

Tout comme l'huile de sélé, au moment de son arrivée au laboratoire (février 1916) l'huile de cocorico était très trouble et accusait un abondant dépôt.

Après un séjour de six jours dans un local dont la tempé- rature resta voisine de 16°, la quasi-totalité du magna solide repassa en dissolution. L'insoluble restant fut alors séparé par filtration. L'huile filtrée présentait une couleur d’un Jaune d'or, moins accentuée toutefois que celle de l'huile d'olive vierge. La saveur était douce et agréable, quoique à arrière- goût de brûlé. L'odeur « sui generis » très peu marquée rap- pelait celle que produisent les feuilles fraiches de Graminées quand on les froisse.

Voici le résumé de nos opérations : À. Huile.

Constantes physiques.

PO BPÉGITQUE enr ennui eo ER 0,924 Température critique de dissolution dans l'alcool absolu {...... 8101 Indice de réfietion.2/2001 567 PUR EC SEP EEE 1,4710 Constantes chimiques. Indice d’acidité. ::: 1. me ue PS PI TE ne ETS LC EN EEE 3 (soit en acide oléique °/, = 1,5). Indice de saponification.......... DER PRO ET PAS LE ISR PE RAS MT : 196,4 Indice d'iode.;:7.76 re ae PAM AT CCR RER 113,9 Indice de-Reichert=Meissli #25 120 2 En FAT Glycérine ., 1/55 Nr PET PR AE ra CAC IMIENRRE 10,14, Acides gras insolubles et insaponifiable..................... 94,449) Insaponifiable "A4 RP ER ER er RENE TPE 0,76°/0 Indice de saponification de l'huile acétylée.................. 207,2 Indice réel d’acétyle (selon Lewkowitsch)................... 13,5

4. Pris un volume d'huile et deux volumes d’alcool absolu ; opération effectuée en tube scellé,

GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 11

* Essais qualitatifs.

Essai de l’élaïdine. .... masse butyreuse d'un jaune orange légèrement brunâtre

RE REA OMR RTL Ms. 2. OM CE RARES négatif Réaction de Bauduin........... Aus : TROT ES négative -—- HAINE PART OU RS Dee: . : PME ee re

légère réduction ; coloration d'un brur

noirâtre Essai de siccativite.

Ni augmentation de poids, n1 changement de consistance ou d'aspect après un mois d'exposition à l'air en couche mince sur lame de verre.

B. Acides gras insolubles mélangés.

ERRONÉE STONE RE AL TS At à mi MD ue dau 359 5.1 à 369 7.2 Pom Te so hCAtIOn "Es. NE Men Le Lens MER 33° 2 RC HO e BA UN SE RS EUR EEE ANA NE RTSe L négative _ DAAIDROREE TA SRE ESRI Ne, a me RARE us R de Milliau-Becchi..... légère réduction ; coloration d’un brun noirâtre Essai de l’hexabromure Indise déneniralsa One A PR En CRE An 7 Le 183,3 (Poids moléculaire moyen correspondant 306 RUE SAMOA RON LE ER Te ee ns can Vans ra à 196,5 (Poids moléculaire correspondant 285,4) IR eB Id dei A RAT 0 0 TA MISE r'A LUS fe ma Le à 100,4 Proportion approximative d'acides liquides, ................ 60°/, _ —— SOAES AL FFT, 10 Indice de saponification des acides acétylés................. 249,4 Indice réel d'acétyle (Lewkowitsch} ...,...........,....... 49,1

C.— Acides gras liquides.

laoesde rétrACHOMA2 UMR ee PO ser Ÿ. 1,:4663 Indice d'iode 125,8

1. Température de fusion commençante. 2. Température de fusion complète. 3. En tube capillaire; je ne dis donc pas «titre ».

12 J. PIERAERTS

En appliquant aux acides liquides de l'huile de cocorico, les moyens de caractérisation détaillés à propos de l'étude de l'huile de sélé, nous avons constaté que le mélange de ces acides liquides se résumait aux acides oléique et linoléique, existant en des proportions sensiblement les mêmes que celles données pour l'huile de sélé.

D. Acides gras solides.

Les sels insolubles fournis par la méthode « Plomb-éther », décomposés par de l’acide chlorhydrique, laissèrent des acides qui furent cristallisés par deux fois dans de lalcool à 95°. Obtenus de la sorte, ces acides se présentaient sous forme de masse blanche, cristalline, avec aiguilles enchevêtrées, dont les constantes sont les suivantes :

Point de fusion {tube capillaire) ! 14989 TRAME Point de solidification (tube capillaire)................. Indicedisde:- 2e al at nn RER Er OP CE e DTA 2,06

Faute de matière première, il ne nous fut point possible de pousser plus loin la caractérisation des acides solides con- tenus dans l'huile de cocorico. Les résultats acquis autorisent à croire que ces acides sont identiques à ceux décelés dans l'huile de sélé. Nous espérons d’ailleurs revenir sur cette question dès que l’occasion s’en présentera.

Il ressort à l’évidence, de l'examen chimique que nous venons de détailler, que l'huile de cocorico constitue une denrée de valeur qui jouit de toutes les précieuses qualités de l'huile précédente.

Nous avons examiné également les graines de cocorico, provenant du même lot que celles d’où fut extraite l'huile dont la composition vient d’être décrite.

5 7! 100 grammes de graines comportaient 8 8 P | 22°), de coques

(spermoderme) Poids/de100/#raines saines PAR RES re 12 gr. 20 Poids minimum d’une graine saine,,..,............ Mise 0er e0AT

S8 0, d'amandes

# Rosie il se A VAS CAN

GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 13

Poids maximum d’une graine saine...,................... 0 gr. 1854

7 Un spécimen exceptionnel... 1... Ogr. 2274 Longueur minima d'une graine ...,,..:..:..........:.. 142 mm

= maxima En Te eue Te DER 17 5 Eargeur minima". 4... CNRS «AS Paie T7

-—- maxima + 9 5

La graine de cocorico contenait 37,50 °/, de matière hui- leuse qui, rapportée à l'amande, s'élevait à une teneur de 50,46 °/, sur matière sèche.

L'huile extraite à l’éther anhydre présentait les caractères suivants :

Mhecderéfractionsà 2020/0800: Ma M, LRU IR ,#738 Température critique de dissolution dans l'alcool absolu... 8006

RTC CAC TALLIÉ AR MR PAL AS UE tn Len Net hr Ne 1,40 (soit en acide oléique ®/, 0,70

ee Sa DORIRCAMHOR AIRE... nd e dome ete 194,2 RRCRCER CAT EAP SR Re RNA La RIRE Li eee NU 11157 ÉIMECRIDRNES RE ne Ne PP LAURE et AA 10,32 0/4 Acides gras insolubles et insaponifiable., .................. 95 °/0 ESA On MARIE PAT NUE dus oae : EUR MTS: 0,87 °/0 HESde Re AD EOMUATE AR AE ee LE ee ect T2. négatif ROHEPOn ER IDRONS 228. Re NM RE ST sa négative ROSE AQU UE AE Aa Ms En ten con MR auf. à dues MIA BeCCS ME ER ON RNA TRE douteuse Acides gras insolubles mélangés : REDON GER ne Te PS NE ES EE POSE EC ET RIRE Er 340 4 à 360 6 MidheeAdeneEnubrANSAON NE RE LA ARRET RE ere 185,2 TE SADONICAHIONS Pre LE Ne M Le, 196 D ER Le en DEA À RM ei ed 102,1 Proportion approximative d'acides solides, .,....,......... 30°, _ liquides ee 10/6

Il résulte à l'évidence, de ces chiffres, que l'huile extraite par l’éther présente la même composition que l'huile préparée par la méthode arabisée.

1. Unique spécimen d'un lot de 300 graines.

2, Longueur = dimension suivant le grand axe.

3. Largeur diamètre perpendiculaire au précédent pris au point de son plus grand développement.

14 J. PIERAERTS

Le tourteau de l’amande, laissé après épuisement par l'éther, nous donna :

Humidité A A0. AE ES k,129/0

Matière SÉGRE eee MEN RCE 95,28°/,

Matières minérales................. 3,83 sur 100 parties matière sèche Azote total. ...... ioters units RS 6,18 Feuiosanés ana : UN HAE 2,31 _ Matière amylacée.....%4...,::... néant

AlcalintérenKACOP RAR PR RE 11,10 sur 100 p. de cendres Manpanpse Mn) PAL Rois 0,235 sur 100 p. de cendres:

Ce tourteau est donc riche en azote ; 1l constituerait évi- demment un excellent engrais azoté.

Sous réserve de la présence de substances nuisibles ou toxiques {ce qui est peu probable), le tourteau d'amande de cocorico serait également une bonne denrée alimentaire pour le bétail et la volaille, surtout si on y incorporait des matières amylacées ou sucrées. La coque {tégument) de la graine de cocorico contient une dose d'azote appréciable ; on pourrait en faire d'excellents composts.

Cette coque renferme, notamment, en fait de matières sèches :

Matières minérales "eee ER eR Ana PRen 1,87 °/0

Azotedotalr "nr 20e der. In OM RENE 1,57/0

Pentosanes:t ES tu SE NCAA 3,940) Alcalinité ne: Re ue 12,65 sur 100 p. de cendres Menpanèse Mn) A PC Re 0,877 sur 100 p. de cendres

La teneur en humidité 100°) était de 8,69°/,.

Malgré son incontestable valeur, à titre de matière oléagi- neuse, rien pour l'instant ne fait prévoir que le « cocorico » soit susceptible d’un sérieux commerce d'exportation, et cela quand bien même le procédé d’extraction en usage serait modernisé et fournirait un rendement plus élevé en substance

utile. Le faible rapport du « cocorico » à l'hectare * et la

1. Le Mn fut déterminé parl'élégantetsiexact procédé de G. Bertrand. 2. Selon Tharin, les Cucurbitacées à graines grasses produisent à l’hectare à peine 800 kilos de graines.

GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 15

décortication lente et pénible de sa graine rendent impossible, à notre avis, semblable commerce. En revanche, il y aurait opportunité à stimuleret à favoriser au Congo belge lecommerce intérieur, tant interrégional que local, de l’huile de « cocorico » ou d’autres Cucurbitacées voisines, spécialement au voisinage des villes et postes importants, les colons, qui d'ores et déjà préfèrent ces huiles à toutes celles importées d'Europe, leur assureraient une vente certaine et très rémunératrice. La pre- mière initiative à prendre dans cette voie consisterait à faire l'éducation technique de l’indigène et à le familiariser à l'emploi de la presse et des dispositifs perfectionnés de filtra- tion. L'industrie fournit de nos jours, en fait d'appareils de cette sorte, des modèles réduits aisément transportables et n'exigeant aucune fondation. L'indigène, malgré qu'on le dise récalcitrant et revêche à tout progrès, ne bouderait pas long- temps sur un outillage dont il apprécierait bien vite l'indé- niable utilité, surtout si au début on lui en laissait le libre usage, sous la surveillance d’un agent blanc.

Après que le mode de préparation indiqué aurait été mis réso- : lument en pratique, il serait sage de procéder, sans trop tarder, à un essai d'extraction d'huile par pression de la graine entière, c'est-à-dire non décortiquée, mais préalablement broyée ou moulue. Il resterait enfin à vérifier si, obtenue de la sorte, l'huile de « cocorico » aurait conservé ses précieuses qualités.

XIMENIA AMERICANA

Le Ximenia americana est un arbuste appartenant à la famille des Olacacées, et qui se rencontre dans la généralité des régions tropicales de l'Ancien et du Nouveau Continent. Le Ximenia a:nericana est particulièrement abondant en Amé- rique et sur la côte occidentale d'Afrique. Le Dr. Ed. Heckel! a décrit très en détail les variations botaniques que présente cette plante «insi que ses qualités alimentaires et ses pro- priétés toxiques.

1. Heckel: Les graines nouvelles ou peu connues des colonies françaises,

Paris, 1898, p. 27.

16 J. PIERAERTS

Les appellations vernaculaires sous lesquelles on désigne. le Ximenia sont multiples et propres aux divers pays d’origine. Alors qu'on le connaît sous les noms de prune de montagne ou prune de mer à la Jamaïque, on l'appelle elozy ou zéqué ou citron de mer au Gabon.

in Afrique Australe Britannique, d'où provient l’échantil- lon qui a servi à nos recherches, et que nous devons à l'obli- geance de M. le Directeur des Services botaniques à Prétoria

à qui nous réitérons ici tous nos remerciements les gens du pays réserverit au Nimenia le nom de « zuur pruim », autrement dit prune acide. À

La valeur du cifrôn de mer tient avant tout à la forte teneur en huile qu accuse sa graine. Selon toute probabilité, cet oléa- gineux sera appelé à un sérieux avenir commercial, sitôt qu'il sera mieux connu et quon le cultivera avec plus de soin et d’une manière intensive.

Heckel un des premiers attira l'attention sur la richesse en huile des graines du Nimenia, ainsi que sur les avantages que pourrait en retirer l'industrie, spécialement la savon- nerie.

Suzzi | ensuite, puis Grimme ? se sont occupés également de l'étude chimique de l'huile d’elozy, mais leurs travaux sont incomplets et, en outre, peu concordants. Par cette première communication, nous apportons quelques données nouvelles à la question. Hâtons-nous d’ajouter, toutefois, que notre œuvre reste fragmentaire, faute d'une quantité suffi- sante de matière première. Nous espérons être en mesure sous peu d'entreprendre l'examen chimique, systématique, tant du fruit que de la graine du Ximenia. Les noix, c'est-à-dire les graines recouvertes de l’endocarpe, comportent 25 °/, de coque (endocarpe) et 75 °/, d'amande (graine proprement dite).

Ces chiffres se rapportent à des noix, dont la paroi externe fut, au préalable, complètement débarrassée des débris de pulpe

1. Lewkowitsch traduit par Bontoux : Technologie et analyse chimiques des huiles, graisses et cires. Paris, 1909, t. IT, p. 861. 2. Chem., Revue der Felt und Iarzindustrie, 17 (1910), p. 137.

GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 17

qui y restaient adhérents, 100 noix pèsent en moyenne 192 grammes. La longueur de l’amande oscille entre 18 et 22 millimètres. L'amande titre 63,2 °/, d'huilet, soit 44,7 2}, pour la noix entière. É

L'huile extraite était trouble et possédait une odeur rappe- lant vaguement celle de l'oignon. Après filtration, l'huile était devenue limpide, d'une couleur jaune pâle et extrêmement visqueuse. Le passage de l'huile au travers du papier Chardin était sensiblement lent et ne se trouvait guère acceléré lorsque l'opération s'effectuait dans une étuve chauffée vers 50. Après quelques jours d'exposition à l'air (en réalité, à la fin de la laborieuse filtration) l'odeur alliacée avait fini par dispa- raitre totalement, À ce moment la saveur de l'huile était douce, mais très peu marquée.

À. Caractéristiques de l'huile.

Poids spécifique = RTE re ee DR à DE UNS A mr 0,9218 J

RME dE fTaC tone AE RCE EE TE 1,4751

ET NCA TONER CL RTE eh SE NU PEU PAR : pul

Réaclion d'Halphen,..... SE AU AO NE NS ME tan» négative

de Milliau-Becchi.,.... MAT RS Us très légère réduction

Essai de l’élaïdine, ,...., ....: masse consistante d’un jaune gutte

d'abord, prenant le lendemain une très légère nuance brunâtre.

ESondeberabromunpes RM PAT Rens SNS 6,24 0, DRE NIET GUERRE SEE STAR POSE AURA GUERRE RUES ) l

(soit en acide oléique en °/, = 0,5)

Rec saPOR CAIN 722.0 EAN MORE" LT 170,8 Indice d'iode,,...... re en PE A ENS TRE ne Len RON CNT 04,5 Acides gras insolubles et insaponifiable.,...,,............. 95,07 oo LEO NE CESR NAS ARE LIT RER ns VESTE REUTERS 1,88 °/ ÉCRAN MORE RS re LE AR nR PTARE LR 2 8,61 ©}, Indice de saponification de l'huile acétylée, ................ 190,4

1. L'extraction fut faite au moyen d'éther anhydre. 2. Solution de 4,0276 d'huile dans 25 c. c. de chloroforme, examinée dans un tube de 100 millimètres.

Annales du Musée colonial de Marseille, série, vol, 1916. 2

- 24 28 ü

18 J. PIERAERTS B.— Caractéristiques des acides insolubles mélangés. Point de füsiGn ist ne MR ETS PNR 440,5 1 à 4702 Point de 60H c4Gon*, 20e CRE NE Pr .… 440,2 à° 430 Indice de-nettralisation A LCI NRA MS 173,9 (Poids moléculaire moyen correspondant 322,6 Indice: de.saponification "25; 200242 ONE 184,2 (Poids moléculaire moyen correspondant = 304,5 Indice diode #4, RP Eee. ER RUE SUCER 88,8 Réaction dé-Milau-Becchi? sn een 70 très légère réduction C. Caractéristiques des acides liquides. Indice de réfraction à: 4160. 4.402 SENTE RER 1,4676 Indice diodes. ue MAC MR ER LT CNE 100,06 D. Caractéristiques des acides solides. Pointide fusion. 725.2 4eme ent Et FN ARE 590,7 à 600,8 Pot de solidifcationet germe eme lise 0800 GIE Indice 'saponificationt en er me Ee 147,2

(Poids moléculaire moyen correspondant = 381,1)

Ces acides solides, précipités partiellement par l’acétate de baryum, fournirent un sel titrant 14,79 °/, de Ba; alors que le calcul indique pour le Ba (C;,H,,0,); une teneur centési- male en Ba de 14,717.

Nos chiffres relatifs à l'indice de réfraction, au poids spéci- fique et à l'indice d’acidité de l'huile confirment ceux ren- seignés par Grimme. Quant à l'indice de neutralisation des acides insolubles mélangés, nos résultats coïncident sen- siblement avec ceux donnés par Suzzi et par Grimme.

Nous avons trouvé un indice diode plus élevé que celui cité par ces auteurs, et d’une valeur telle qu’il est évident qu’en fait d'acides liquides l'huile de Ximenia compte d’autres représentants que l'acide oléique.

L'indice de réfraction (20° ?) des acides mélangés que donne Grimme a été vraisemblablement obtenu à l’aide d'un fac-

1. Température de fusion commençante. 2. Température de fusion complète. 3. En tube capillaire ; je ne dis donc pas «titre ».

GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 19

teur de correction, car lesdits acides sont solides à la tempé- rature indiquée.

Parmi les caractères nouveaux que nous relatons, nous attirons particulièrement l'attention sur l'essai de l’hexabro- mure !, et aussisur les propriétés spéciales des acides solides. D'après son pourcentage de dérivés bromés insolubles dans l'éther, l'huile de Xiémenia devrait suivre immédiatement les huiles de lin et de bancoulier dans la classification des huiles siccatives sous le rapport de leur teneur en acide hnolénique. Cependant l'indice d'iode relativement faible, la non sic- cativité et le degré Maumené peu élevé (40°,5 d'après Heckel, 69° suivant Suzzi ?) laissent présumer que le composé, inso- luble dans l’éther, que nous eûmes entre les mains n'était pas au glycéride linolénique hexabromé. D'ailleurs une première indication (en attendant des preuves péremptoires, déduites de recherches plus approfondies) qui nous ancra davantage dans l'opinion émise, nous fut fournie par la bro- muration des acides insolubles mélangés.

En effet, ces acides extraits de leur savon potassique, débarrassé de l'insaponifiable avant sa décomposition par HCI, n'abandonnèrent, après action du brôme, qu'une infime quantité d'un composé solide, blanc, insoluble dans l’éther ainsi que, tant à chaud qu’à froid, dans de l'alcool à 95°. En revanche, ce composé se dissout dans le chloroforme avec une extrême facilité et il se prend, par évaporation spontanée du dissolvant, sous forme de gouttelettes huileuses. Chaulfées dans une étuve vers 100°, ces gouttelettes brunissent rapide- ment et se prennent en une pellicule translucide très flexible. La quantité tellement minime de cette étrange substance ne nous permit pas de pousser plus avant son identification. La faible proportion de ,glycérine, l'indice de saponification de

4. L'huile de Ximenia, étalée en couche mince sur une lame de verre, n’accusa pas la moindre augmentation de poids, ni ne changea de con- sistance ni d'aspect, après un mois d'exposition à l'air.

2. L'examen de Suzzi porta sur de l'huile extraite de graines récoltées à Seraé (Erythrée), alors qu'Heckel opéra sur de l'huile provenant du Ximenia du Gabon.

20 J. PIERAERTS

l'huile, l'indice de neutralisation des acides mélangés et surtout les caractères des acides solides obtenus après précipitation par l'acétate de baryum, font supposer qu'il existe dans l'huile de Ximenia un glycéride à acide gras de poids molé- culaire très élevé (vraisemblablement du cérotate de glycéryle), glycéride auquel cette matière grasse doit peut-être son excep- tionnelle viscosité.

Le tourteau que laisse l'épuisement par l'éther renfermait

notamment :

Humidiiéra 10 PR RE ere An 6,19 0

Matière RéChemereie ) R neER Re 93,81 0,

Matièresmuineralest 205" 5,09 sur 100 p. de mat, sèche AIZOLETO LA + MERE A NU TNT IAE 7,65 _ = Æ Pentosines tas Arme A Eee re F110,08 Alcalinité en Ro CO me en 5,69 de cendres Mansanèse (Mn) ec re 2 0,112 sur 100 p. de cendres

Dans la coque (endocarpe) nous avons trouvé :

Humidié (amOU0) PARENT PREMIER en ce DPODMESS

Matière Seche rem er Literie, 90,04}

Matières minérales MORT EEE 1,75 sur 100 p. de mat. sèche NZ O LOTO ARE Er PR rt MR CRe TE 0,75 PERLOSARESER NN EN CAN ER En 4,96 = area: Alcalinité enloiCOs TR ER 04,64 de cendres Manpanese{Mn}# tes Res ere 0,075 sur 100 p. de cendres

Nous n'avons pu déceler la présence d’amidon soluble dans la graine du Ximenia provenant de Prétoria, mais nous y avons trouvé de la matière amylacée à structure organisée, se pré- sentant sous forme de granules ordinairement isolés, excep- tionnellement réunis par deux ou trois et plus rarement davantage. Ces granules sont fort petits; les plus volumineux sont ovoïdes, les autres discoïdes. Certains granules libres affectent, en certaines portions de leur contour, des parties rectilignes à angles arrondis, ce qui dénote et confirme l’exis- tence de grains composés. Ni hile ni couches visibles. La croix noire en lumière polarisée est nettement apparente. Le tour- teau agité avec de l’eau iodée ou de la teinture d'iode très diluée se colore en bleu foncé quasi instantanément.

GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 21

Schlagdenhauffen !, par contre, dit qu'il y a de l’amidon soluble dans le Ximenia du Gabon et non de la matière amy- lacée à texture organisée. Nous voilà doncen présence de deux constatations contradictoires, Il serait intéressant de vérifier si ce caractère nettement différentiel est constant ou acciden- tel. Dans la première hypothèse, on aurait à sa disposition un moyen infaillible pour diagnostiquer et différencier le Ximenia du Gabon de celui de l'Union Africaine du Sud. Qui sait si l’on ne constaterait pas une corrélation entre l'état d’agrégation de la matière amylacée d'une part et les qualités alimentaires ou les propriétés toxiques des variétés de Ximenia d'autre part ?

Le tourteau produit par les graines de Ximenia reçues de Prétoria, possède la même composition que celui fourni par la variété du Gabon°?; aussi pourrait-il servir aux mêmes usages que ce dermier. Notre distingué correspondant ne nous a donné aucun renseignement quant à l'état édule de la graine du Ximenia croissant en son pays, mais 1l nous a signalé que l'huile extraite de cette plante est utilisée par les aborigènes pour la fabrication des chandelles et pour oindre leur corps. Le fruit sert, paraît-il, à préparer d'excellentes conserves.

1. Ed. Heckel, loc. cit. 2. Ed. Heckel, Loc, cit.

LES MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR

par M. Henri JUMELLE

Nous nous proposons de publier ultérieurement, au cours d’un travail d'ensemble, une étude plus détaillée des Monocot v- lédones aquatiques de Madagascar, mais nous croyons pouvoir dès maintenant tenter une révision générale de ces Monocotylé- dones, que nous présenterons sous la forme de tableaux synop- tiques des genres et des espèces. Nous faisons suivre ces tableaux d’une énumération rapide des localités pour les- quelles nous avons pu relever la présence de chaque espèce, soit d'après les échantillons que nous avons examinés dans l'herbier du Muséum, soit d'après ceux que nous avons déter- minés ! dans le riche herbier de notre «mi M. Perrier de la Bâthie. Exceptionnellement nous avons aussi cité quelques stats qui sont déjà signalés dans des mémoires antérieurs. Toutes les espèces mentionnées ici ont été revues par nous, sauf dans les rares cas que nous indiquerons.

Les familles étudiées sont les Lemnacées, les Naïadacées, comprises au sens le plus large, les Alismacées et les Hydro- charidacées,

1. Nous faisons suivre des lettres P.B. les localités ont été recueil- lis les échantillons de l’herbier Perrier dela Bâthie. Pour la plupart des autres échantillons, la source sera indiquée dans le travail plus complet qui paraîtra plus tard,

12

H. JUMELLE

I. LEMNACÉES

Deux genres :

Une seule racine sur la face inférieure du cladode. Lemna Plusieurs racines sur cette face inférieure. ...... Spirodela

Chacun de ces deux genres est représenté à Madagascar par une seule espèce.

Lemna. Lemna paucicostata Hegelmaier.

Eaux silico-calcaires du lac de Gnamby, près du mont Tsitondraina, dans le Boina (P.B. 7202.

Eaux des sources thermales alcalino-sodiques et chargées de chaux d’Ampasimbasimba, dans l’Itasy, vers 800 mètres (P.B. 7202 bis).

Marais à Raphia, à eaux ferrugineuses et siliceuses, à Stampika, sur la rive gauche de la Mahavavy (P.B. 1611).

Mares à eaux calcaires, avec Typha et Marsilia, dans la vallée de la Sakandy, affluent de l'Onilahy, dans le Sud-Ouest (P.B. 4397).

Spirodela.

Spirodela polyrhiza Linné.

Eaux séléniteuses des ruisseaux des environs d'Andrano- mavo, dans l'Ambongo (P. B. 7205).

Petit lac près de Besavo, aux environs de Madirovalo, dans le Boina (P. B. 988).

Eaux très calcaires de la Mahavavy, au Zony (P. B. 7199).

En mélange avec des Lemna dans la vallée de la Sakandy, affluent de l’Onilahy (P. B. 4398).

Eaux des sources thermales d'Apasimbasimba, dans l'Itasy,

vers 800 mètres (P. P. 7201).

MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR 25

Source dans le basalte, aux environs d'Antsirabé, vers

1500 mètres (P. B. 7198). II: NAIADACÉES

Huit genres, dont trois marins et un des eaux saumâtres:

I. Plantes des eaux douces ou saumâtres : A. Fleurs hermaphrodites. a) Tige réduite à un tubercule: 1 à 3 bractées par fleur : ordinaire- ment 6 étamineset 3 carpelles. 1 Aponogeton b) Tige allongée. {. Fleurs nombreuses en épi ; pièces sépaloïdes par fleur ; 4

étamines et # carpelles..... 2 Potamogeton 2. Fleurs par 2: aucune pièce sépa- loïde ; 2 étamines.......... 3 Ruppia B. Fleurs unisexuées. al Acarpellesr- Mn 7. 4 Zannichellia DIR ARPATDOIlE ee HET ) Naias II. Plantes marines. A. Dioïques : fleurs mâles à 2 anthères soudées sur un long filet commun ; fleurs femelles à 2 carpelles. a) 2 stigmates par carpelle....... 6 Cymodocea b) 1 stigmate par carpelle........ 1 Diplanthera

B. Monoïques : fleurs mâles à 1 anthère sessile ; fleurs femelles à 1 carpelle. 8 Zostera

I. Aponogeton. Neuf espèces.

I. Feuilles fenêtrées. A. Trabécules formées presque exclusi- vement par les nervures.,....., | À. fenestralis.

12 CS

H. JUMELLE

B, Trabécules formées par

les nervures accompagnées d'une certaine épaisseur de‘isst mois air IT. Fewlles pleines.

A. Limbe beaucoup plus long que large, à base en coin, ou arrondie, ou très légère- ment cordée. >... 1.7

a. Deux épis par pédoncule. a Feuilles gaufrées, limbe arrondi à la base...

a Feuilles non gaufrées. 1. Limbe de moins de 15 mm. de largeur.

. Limbe de plus de 15

mm. de largeur.

1’. Long pétiole (20 à

25 cm.); pédoncule

floral élargi vers le

©

SOMMEL Er dr

2’. Court pétiole (10 em. ); pédoncule floral rétréciverslesommet.

b. Plus de deux épis ordi- nairement par pédon-

cule ; feuilles gaufrées.

h' Limbe ordinairement arrondi à la base ; cellules à tannin visi- bles par transparence : nervures transversales descendantes........

b” Limbe en coin à la base ; pas def cellu-

les à tannin visibles

2 A, Guillotu.

2 A. Boiviritana.

4 À. viridis.

5 À. ulvaceus.

4 À. ambongensis. .

7 A, Bernierianus.

MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR 2

TT

par transparence nervures transver- sales non descendan- DÉS RE Te ee S À, quadrangqularis. B. Limbe au plus trois fois plus long que large, fortement Cordé Ha basers ter 9 À. cordatus.

1. Aponogeton fenestralis Hooker fils (Un des ovrrandra des Hova).

Ranomena, près d'Ivohibo, chez les Bara.

2. Aponogeton Guillotii Hochreutiner (Ovirandra et ovirandrana des Hova).

Dans les rivières aux eaux claires et vives, lorsque ces rivières coulent sur les rochers. Manankaza, au nord-est d'Ankazobé, à 1500 mètres (P.B. 7149).

Dans l'Ikopa, au-dessus de Mevatanana, dans le Boina (P.B. 282 bis).

Rapides de la Mahavavy, sur les basaltes, dans le Boina (P.B. 7144).

District de Vatomandry, dans les cascades (Guillot, d'après Hochreutiner).

3. Aponogeton Boivinianus Baillon.

Nord-Ouest de Madagascar.

Nossi-Bé.

Rivières du flanc oriental de la montagne d’Ambre, sur les basaltes (P.B. 7145).

k. Aponogelon viridis Jumelle {Ovirano des Sakalaves).

Ruisseaux de Morataitra, sur la rive droite de la Betsiboka, près de Mevatanana (P.B. 393). à

Ruisseaux d'eaux vives, sur les grès liasiques, dans le bassin du Bas-Maivarano, province d'Analalava (P.B. 7143).

5. Aponogeton ulvaceus Baker. Dans les montagnes de l'Ankaratra (Kitching, d'après

Baker).

28 H. JUMELLE

Mars de l'Imerina, Lac d'Ambahipo, dans l'Imerina.

6. Aponogeton ambongensis Jumelle. Eaux calcaires de Namorokä, dans l'Ambongo (P.B. 1546).

7. Aponogelon Bernierianus Decaisne. Rivières de Sainte-Marie de Madagascar. Torrents de la Simiane, sur la côte Est (P.B. 7167).

8. Aponogeton quadrangularis Baker.

Chez les Tanala, dans l'Est (Baron, d'apres Krause et Engler).

Rivière Rahinaimamy, dans le bassin du Matitana, à 100 mètres d'altitude (P.B. 7153).

9. Aponogeton cordatus Jumelle. Marais de la forêt d'Analamazaotra, vers 800 mètres (P B. 7160).

ID

Potamogeton. Huit espèces.

I. Stipules libres. A. Feuilles non embrassantes à la base. très rarement semi-embrassantes. a. Feuilles nettement pétio- lées, jamais embrassan- ES LS Re NO Tr LE a. Feuilles submergées linéaires. 1. Feuilles nageantes à limbe de moins de 3 em. de longueur.. 1 P. javanicus. 2. Feuilles nageantes à limbe de plus de 3 em. de longueur... 2 P. natans. a. Feuilles submergées ovalesoulancéolées,

MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DEF MADAGASCAR 29

1. Pétiole de plus de 3 cm. 1’. Pédoncule floral aussi épais ou plus épais que la tige... 2°. Pédonculeplusgréle que latige........ 4 P. perfoliatus. 2, Pétiole de moins de 2 cm. ; pédoncule flo- ral plus gros que la: tige : imbe acuminé ou mucroné DPALITR

d'un ete etat se

Ce

P. fluilans.

b. Feuilles sessiles ou subses- siles, parfois semi-em-

brassantes mme Ps 6 P, lucens. B. Feuilles nettement embras- saintes la base. 1": 1 P. perfoliatus.

Il. Stipules soudées en gaine avec le pétiole : feuilles toutes très étroites; épi discontinu.... 8 P. pectinatus.

1. Potamogeton javanicus Hasskarl.

Andrangoalaka, près de Tananarive, dans l'Imerina.

Alixville (P.B. 187).

Marais des sources thermales d'Antsirabé, à 1.500 mètres (P.B. 7152).

Mêmes marais à 1.600 mètres (P.B. 7142, 2248).

Lac d'Andranobé, près d’Antsirabé, à 1600 mètres (PER: 1150).

2. Potamogeton natans Linné. Côte Sud-Ouest de Madagascar (Grandidier).

3. Potamogeton fluitans Roth.

Marais de Marovoay (P.B. 7164).

Environs de Mahevarano, près de Majunga (P.B. 7165). - Lac de Kimadio, près de Mevatanana (P.B. 7166).

4. Potamogeton polygonifolius Pourret. Près de Tananarive.

30 H,. JUMELLE

Nanisana (Herbier de Nanisana, 311).

Lac d'Ambohipo.

». Potamogeton Zizii Martens et Koch. Rivières et marais des environs d'Ivodro.

6. Potamogeton lucens Linné.

Environs de Tananarive (sous-espèce vaginans Bojer).

District de Vatomandry, dans la lagune (sous-espèce vagi- nans) (Guillot, d'après M. Hochreutiner).

1. Potamogeton perfoliatus Einné.

Ruisseaux de Marofandelia, près de Morondava (variété ovatus) (P.B. 7151).

Centre et Ouest ; eaux courantes aux environs des sources thermales d’Ampasimbasimba sur la Mazy (variété ovato-lan-

ceolatus) (P.B. 7148).

S. Potamogeton pectinatus Linné.

Eaux très calcaires, dans les ravins de Miaro, bassin du Fiherena (P.B. 4383).

Antsirabé, fossés des sources thermales, à 1.500 mètres d'al-

titude (P.B. 7162 et 7168).

3. Ruppia. Une seule espèce.

Ruppia maritima Linné.

Dans les eaux saumâtres du lac HOME, dans le Sud-Ouest (P.B. 8140).

Lagunes entre Sambava et Antalaha, dans le Nord-Est (P.B. 2068).

4. Zannichellia. Une seule espèce.

Zannichellia palustris Linné. Dans les eaux stagnantes d'Antsirabé.

ne ,

MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR 31 D, Naias. Trois espèces dioïques.

I. Fleur femelle avec spathe... 1 N. madagascariensis. IT. Fleur femelle sans spathe. a. 12 à 18 petites dents sur chaque bord du limbe.. 2 N. australis. b. 4 à 8 fortes dents sur chaque bord du limbe. 3 V horrida.

1{. Naias madagascariensis Rendle. Près de Tananarive.

2. Naias australis Bory. Aucune indication de localité.

3. Naias horrida À. Braun !. District de Vatomandry, dans les lagunes (Goudot, d’après Hochreutiner).

6. Cymodocea. Quatre espèces.

I. Feuilles à limbe rubané; fleurs isolées. A. Rameaux dressés courts : faisceaux fibreux sous-épi- dermiques dans le limbe. a. Limbe de 2 à 4 mm. de lar- geur, à 7 à 13 nervures. 1 C. rotundata. b. Limbe de 8 mm. de lar- geur, à 15 à nervures. 2 C. serrulata. B. Rameaux dressés plus al- longés et très ramifiés ; pas de faisceaux fibreux sous-épi- dermiques ; limbe de 7 à 10 mm. de largeur, avec 17 à 25 tits ve SPP ITEN EE DRRURTS 3 C. ciliala.

1. Nous n'avons pas vu cette espèce, que nous citons d'après Hochreu- tiner,

32 H, JUMELLE

IT. Feuilles à limbe cylindrique : fleurs groupées ere 4 C, isoelifolia.

l. Cymodocea rotundata Aschers. et Schweinf. Sur la côte Nord-Ouest : Noronsangana, 13° 52’ lat. S.

2. Cymodocea serrulata Aschers. et Magnus. Noronsangana. Nossi-Bé.

3. Cymodocea ciliata Ehrenberg. Noronsangana.

Nossi-Bé, à marée basse.

Baie de Bombetoka (P. B. 1631).

4. Cymodocea isoetifolia Ascherson. Beravi. Nossi-Bé.

7. Diplanthera. Une espèce.

Diplanthera uninervis Ascherson. Noronsangana, sur la côte Nord-Ouest.

Nossi-Bé. 8 = TZostera: Une espèce.

Zostera nana Roth. Nossi-Bé.

III ALISMACÉES

Les quatre genres d’Alismacées actuellement connus à Madagascar appartiennent à la tribu des Alismées.

I. Corolle bien visible, plus grande que les sépales.

MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR 33

A. Carpelles sur un réceptacle plan. a. Fleurs hermaphrodites ; paroi du fruit non creusée | HE CANIEN ET ESS LU { Caldesia. b. Fleurs andromonoïques : paroi du fruit creusée de

2 cavités latérales. ..... 2 Limnophyton. B. Nombreux carpelles sur un réceptacle bombé........ 3 Lophiocarpus. IT. Corolle invisible, plus petite queries Sépales. AMENER L Wiesneria.

FL = ECaldesia: Une espèce.

Caldesia parnassifolia Parlatore. Dans le Centre : marais d'Antsirabé, à 1.500 mètres d'alti-

* tude (P.B. 7235). 2.— Limnophyton.

Une espèce.

Limnophytum obtusifolium Miquel.

Morondava (Grandidier).

Dans les marais de l'Ambongo et du Boina, pendant la saison des pluies : à Mahevarano, près de Majunga (P.B. 71238) ; à Marovoay (P.B. 7231) ; à Suberbieville (P.B. 217); à Ankisihitra, près du mont Tsitondraina (P.B. 217 Bis).

3. Lophiocarpus.

Une espèce.

Lophiocarpus quyanensis Smith. (Le voalefokamboa des Hova).

Marais de Mahevarano, près de Majunga (P.B. 7239).

Annales du Musée colonial de Marseille, série, 4* vol, 1916, 3

34 H. JUMELLE

Etangs, près de Tsarasaotra (P.B. 417).

Environs du lac Kinkony, dans l'Ambongo, dans les fos- sés (P.B. 417 Dis).

Eaux dormantes du Mampikeny, dans le Boina (P.B. 72140).

Mares de Maroantsetra, sur la côte Est (P.B. 7236).

Environs de Tananarive.

Analamahitsy, dans le Centre (Herbier de Nanisana, 110).

4. Wiesneria.

Une espèce.

Wiesneria filifolia Hooker fils. Dans les lacs du Centre de Madagascar (Parker gt Baron, d’après Baker).

IV. HYDROCHARIDACÉES

Six ou sept genres, dont deux marins.

I. Plantes d'eau douce. A. Tiges allongées etramiliées. a. Feuilles verticillées..... 1 Hydrilla. b. Feuilles en spirale. ..... 2 Lagarosiphon. B. Tiges courtes: feuilles en rosette. a. Toutes les feuilles ruba- M ANS Ron 3 Blyxa.

ATOME: MR NEE 4. Fleurs dioïques ; spa- thes non allées re. 4 Boetia. 2. Fleurs hermaphrodites; spathes aubes-ris ti ta 5 Ottelia. II. Plantes marines. A. Un calice, mais pas de co-

MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR

Co OC

rolle ; placentas peu sail-

lants dans l'ovaire ; feuil-

les à bords non épaissis. 6 Halophila. B. Calice et corolle ; placentas

saillants ; feuilles à bords

CAISSES PRE le . : T Enhalugs. 1. Hydrilla.

Nous ne sommes nullement sûr de la présence de l'Hy- drilla à Madagascar, car nous n’avons vu dans aucun herbier de l’île un échantillon qui puisse être rapporté certainement à ce genre.

Le 3523 Hildebrandt, que Palacky considère comme l'Hydrilla verticillata, est un Lagarosiphon.

2. Lagarosiphon.

Deux espèces.

I. Feuilles espacées, avec 50 paires , de dents au minimum, assez rap- ) Ï prochées, même à la partie inférieure du limbe ,

ARE ANR ON ME RE EC 1 L. madagascariensis. IT. Feuilles denses, avec 35 paires

de dents au maximum, rares et

espacées dans la partie inférieure

SU TT INR ARR PERS PSE densus

Î. Lagarosiphon madagascariensis Caspary. Mahamba, sur le lac Alaotra. Diego-Suarez.

Côte Sud-Ouest (Grandidier),

Environs de Mevatanana (P.B. 90).

Imaloto, bassin de l’'Onilahy (P.B. 7146).

2. Lagarosiphon densus Ridley, Imerina.

Lac d'Ambohipo.

Analamahitsy (Herbier de Nanisana, 117).

DL 4

36 H. JUMELLF- 3. Blyxa.

Une espèce. Blyxa Auberti Richard.

Haut-Bera vi.

Eaux près de Marovoay.

Eaux des environs de Tananarive.

Mares et étangs de l’Ambongo et du Boina (P.B. 7142, 1115).

Mares d’Ambodiroka (P.B. 81).

Etangs de Moratatra, sur la rive droite de la Betsiboka (P.B. 826). :

Eaux profondes, sous les berges ou dans les endroits ombragés, à Mahevarano, près de Majunga (P.B. 7159).

Ruisseaux à eaux calmes du Haut-Bemarivo (P.B. 7180).

RO PE00UA

Ce genre doit être assez rare à Madagascar, car nous ne connaissons ni l’un ni l'autre des deux espèces suivantes, que nous ne citons que d'après M. Ridley, qui les a vues dans l'herbier de Fordes, du British Museum.

I. Feuilles très nettement cordées à la base; spathe non fendue latérale- ment, à sommet denté...... NE Ne 1 B;Tcordata:

IT. Feuilles non ou très légère- ment cordées ; spathe profondé- ment fendue latéralement, à som- méttriide see remet a Lierne 29 "DCS

Î. Bootia cordata Walhch. Sans indication de localité.

2. Bootia exserta. Sans indication de localité.

MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR 37

», Ottelia. Une espèce.

Ottelia ulvaefolia Buchenau (Oftelia lancifolia Richard). (Le fantangindrano et l'ivirandrana des Hova).

Marais de l’Imerina.

Andrangaloaka.

Marais temporaires du mont Belambony, vers 1.000 mètres d'altitude (P.B. 7173).

Marais de l'Analamazaotra, vers 800 mètres (P.B. 7141).

Eaux dormantes de l’'Ambongo et du Boina (P.B. TIS1,.

Etangs de la vallée de la Menavava (P.B. 876).

Eaux courantes, bords du lac Kinkony, dans l'Ambongo

(P.B. 1436). 6. Halophila.

Deux espèces.

I. Feuilles ovales ou oblongues,

assez longuement pétiolées. ....... | H. ovalis. II. Feuilles étroites, brièvement PRO nn ir me ia 2 H. slipulacaea.

1. Halophila ovalis Hooker fils. Nossi-Bé.

2. Halophila stipulacaea Ascherson., Nossi-Bé.

Li

1. Enhalus.

Une espèce, que nous n'avons vue dans aucun herbier de Madagascar, et que nous citons d'apres Ridley.

Enhalus Koeniqu Richard. Nossi-Bé, dans la mer, à 5 ou 6 mètres de profondeur.

LES BOIS UTILES

DE LA GUYANE FRANCAISE

par M. HERBERT STONE

DE BIRMINGHAM

Mon but, en écrivant cet ouvrage, a été de réunir tous les renseignements que nous possédons actuellement sur les bois de la Guyane française, de les comparer, d’éclaireir la syno- nymie tant scientifique que populaire, enfin de fournir des descriptions complémentaires de toutes les espèces représentées soit au Musée Colonial de Marseille, soit dans les autres col- lections que je citerai plus loin et que j'ai pu étudier.

J'ai voulu, en même temps, attirer de nouveau l’atten- üon du public sur les richesses trop négligées des forêts de la Guyane.

Ce délaissement était déjà déploré, il y a un siècle, par Du- monteil, par de Malonet et par beaucoup d’autres ; il est plus grand encore depuis que le fer a remplacé le bois dans les con- structions navales. On ne peut que rarement trouver dans un magasin de Paris un article fait avec un bois de la Guyane. Et cependant, il est des essences qui peuvent servir aux usages les plus divers.

Les auteurs que je viens de citér faisaient allusion aux préjugés qu'il y avait contre ces bois ; je n'ai jamais rien pu relever de tel dans la littérature. Peut-être ces préventions étaient-elles propres au monde maritime. Aujourd'hui, en tout cas, si ces bois ne sont pas employés, c'est plutôt parce que l'industrie ignore la plupart de ces espèces et ne connaît

10 H. STONE

que les très beaux bois de couleur employés par l'ébénisterie et la marqueterie. On se figure que tous sont lourds, durs, difficiles à travailler, et surtout de prix élevés, alors que, au contraire, il en est qui ne reviendraient pas plus cher que les bois des États-Unis, qui nous arrivent en si grandes quantités en Europe, malgré le coùt de la main-d'œuvre. Et le fret est à peu près le même:

Si le Bois blanc du Nord peut être envoyé avec bénéfices au Cap de Bonne-Espérance, si le Pitch-pin, le Noyer noir, le Hickory, le Frêne d'Amérique, le Tulipier, les Chênes blanes et rouges peuvent être reçus à bon marché de l'Amérique du Nord, pourquoi des bois semblables ne pourraient-ils pas provenir de l’Amérique du Sud ? Le Japon même expédie du Chêne en Angleterre.

Cette absence de tout commerce des bois guyanais peut évidemment s'expliquer.

En premier lieu, les exploitants ont été découragés par les déboires subis. Beaucoup de cargaisons ont été envoyées avec pertes. Or une espèce qui a été une première fois mal reçue n'est plus expédiée et est perdue pour le marché.

En second lieu, les moyens employés pour faire connaître ces bois n'ont jamais été ceux qui conviennent. Les échantil- lons qui figurent aux Expositions ne sont pas présentés de manière à attirer l'attention des acheteurs. Ce sont trop sou- vent de mauvaises büches, préparées par des gens qui ne sont pas du métier, qui ne connaissent pas les besoins du marché ; et ce sont principalement des bois à meubles, dont la vente est, somme toute, limitée.

L'énorme emploi de bois fait pendant la guerre rend cepen- dant l'heure propice pour un essai d'utilisation des richesses forestières coloniales ; et 1l faut espérer qu’on va s’efforcer de tirer parti des essences d'un emploi général, convenant, par exemple, pour traverses de chemin de fer, pavage, construc- tion, crosses de fusils, canonnerie, architecture navale, pilotis, merrains, rayons de roues d'automobiles, etc. On doit recher- cher aussi les bois qui peuvent remplacer le Frêne, toujours cher, et le Bois de lance.

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—— ——

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE

Ce n'est, certes, la faute ni des explorateurs, ni des auteurs, si tous ces bois sont délaissés.

Beit, dès 1564, écrivait à ce sujet ; et plus tard encore ont paru de nombreux ouvrages. Barrère en 1749, Préfontaine, en 1752, décrivaient de nombreuses espèces.

En 1774, Michel Dumazet présentait un rapport sur des échantillons de la Guyane.

J. Bagot (1777), un explorateur dont de Malonet a fait grand éloge,; accomplissait un voyage dans le but précis de découvrir des bois propres à la construction ; et de Malonet lui-même engagea vivement le Gouvernement à accepter les offres avan- lageuses qu'il avait obtenues des exploitants.

En 1785, Guisan écrivait un mémoire sur l'exploitation des lorêts et décrivait diverses essences ; en 1788, Lescallier signa- lait leur abondance.

Ce ne fut pourtant qu'en 1823 que fut publié un travail vraiment scientifique, et qu'on ne saurait trop louer, celui de Dumonteil, qui est un modèle de précision, témoignant d'une grande connaissance non seulement des bois, mais encore de leurs usages. Malheureusement l'ouvrage est rare, et, de tous les auteurs qui l'ont cité, Sagot est le seul qui semble lavoir connu, ou, en tout cas, apprécié à sa valeur. Et comme Dumonteil, naturellement, n'employait que les noms indigènes, l'identification est souvent difficile. Mais l’auteur défendait vivement les bois de la Guyane. Il sut démontrer que, sur les 119 sortes qu'il trouva pendant ses deux ans de voyages, 1l y a toute la gamme, depuis les bois aussi lourds, élastiques et forts que l'Ebène, jusqu'à ceux qui flottent comme le hège. Ce ne sont pas d'ailleurs ces extrêmes qui sont rares, mais ce qui est intéressant c'est le fait de toute cette série d'intermé- diaires.

En 1826, une Commission de Brest essayait certains de ces bois de Dumonteil et en établissait la valeur en les employant dans la construction des navires, Ces essais, ainsi que d’autres sur la force et l'élasticité, ont été bien menés, avec, pour terme de comparaison, Chêne 1. Malheureusement la base d'appréciation ne fut pas celle de Dumonteil; ce qui rend

42 H. STONE

impossible toute comparaison entre les deux séries de chiffres.

En 1827, Noyer décrivit les forêts ; puis surtout en 1867 Sagot nous donna pour la première fois un ouvrage se trouvent réunies des connaissances techniques, appliquées sur place, et des connaissances scientifiques. Aublet, qui s’inté- ressa pourtant aussi au côté industriel de la question, ne peut, comme compétence, être comparé à Sagot.

Depuis lors, aucune étude de quelque valeur ne peut être citée. Les botanistes qui publient surle sujet décrivent plus ou moins bien les écorces, mais ignorent les bois. Les praticiens donnent, d'autre part, des renseignements pratiques, mais accompagnés de descriptions trop vagues pour qu'une identi- fleation spécifique sûre soit possible. Enfin, certains vulgari- sateurs, ne connaissant ni la botanique ni les bois, copient les uns sur les autres en mélangeant les synonymes systéma- tiques et les termes vulgaires. Qu'on veuille bien jeter un coup d'œil sur les chapitres consacrés plus loin au Bois de Licari, ou Bois de rose de Cayenne (n° 6200) et à l’Ebène verte (n° 5474), tous deux d'une importance industrielle considé- rable, et on verra quelles difficultés sont accumulées au sujet de l'identité de bois qu'un büûcheron reconnaïtrait au premier coup d'œil.

Cette confusion me parait encore une des causes qui ont fait négliger ces bois. On ne sait jamais ce qu'on va acheter sous un nom quelconque. Un exemple suffira. Un auteur que Je ne veux pas nommer, et qui, d’ailleurs, a fait en d’autres cir- constances du bon travail, n’a pas seulement confondu deux synonymes systématiques erreur facile mais, de deux bois désignés sous un même nom indigène, a fait un seul bois composé des caracteres de trois espèces différentes. Etil na pès été le seul à décrire ainsi des « bois composés » ; d’autres auteurs, en adoptant les chiffres de Dumonteil sans rechercher s'ils se rapportaient vraiment aux bois qu'ils étudiaient, en ont fait également. Nous avons des bois « légers » à 800 kilos le mètre cube.

La détermination systématique d'un arbre présente d'énormes

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 43

difficultés, car il faut des fleurs, des feuilles et des fruits. Les espèces de la Guyane sont clairsemées et ne constituent pas des peuplements exclusifs, et les arbres sont souvent si serrés qu'il faut en abattre un avant de pouvoir voir même les feuilles ; mais, les saisons de floraison et de fructification n'étant pas toujours connues, il faut savoir reconnaitre l'arbre sur pied, par son écorce et par son port, ce qui n'est possible que pour un bücheron expérimenté. Comme les noms indigènes ont souvent une application générique, naturellement le bücheron fait erreur.

C'est cependant un travail qui devrait être entrepris. Les collections faites par les botanistes ne manquent pas de pré- cision, mais un explorateur n'a pas le {temps d’abattre de grands arbres et se contente des petits, dont le bois ne peut guère être comparé avec les bois commerciaux de bonne qua- lité de la même espèce. Pour réunir une collection de bois bien déterminés, de valeur industrielle, 1l faut la collaboration d'un forestier qui connaît ces bois sur pied, ainsi que leur période de floraison, et d’un commerçant local. Le premier choisiraït les arbres et de bons échantillons de fleurs, fruits et feuilles, le second s’assurerait que le bois convient pour l'exportation. Enfin, les échantillons de toutes sortes peuvent être envoyés en France en vue d’une détermination. Tout échantillon serait alors numéroté, avec des timbres en acier, sur le bout du tronc (section transversale), car tout autre mode de marquage est incertain.

De telles conditions sont évidemment de réalisation difficile , aussi je propose qu'on se borne à un petit nombre d'espèces choisies parmi les plus abondantes, les meilleures connues, localement appréciées et d’une utilité générale. On ne prendra pas, par exemple, les bois à meubles. Les arbres choisis devraient être débités en madriers de 6 em. d'épaisseur envi- ron, qui, après avoir été mis à sécher dans des magasins, seraient expédiés en France.

Une fois arrivés, on les débiterait en morceaux convenables, destinés à tous les Musées, avec, pour chacun, une fiche don- nant tous les renseignements nécessaires.

F n

H. STONE

Un tel procédé coûterait moins cher qu'une collection de cinquantemauvaises bûches vermoulues, fendues, malrécoltées, telles qu'on en voit à toutes les Expositions, elles ne sont qu'une mauvaise réclame pour les essences qu'elles repré- sentent. AS

Je recommande l'Angélique (n° 1927) pour remplacer le Chêne. Il a à peu près la même densité, est deux fois plus fort, el plus élastique ; en conséquence, les trois quarts de la quantité suffiraient pour une même besogne.

Le Wapa huileur (n° 1948) convient pour les traverses, pour le pavage, pour les constructions grossières exposées aux intempéries.

L'Ehène verte (n° 5474) est une fois et demie (2,53 à 1) plus forte que le chêne, et d'une force et d’une élasticité hors pair pour rayons de roues d'automobiles, baguette de fusil, etc:

Le Genipa (n° 3183 A) est très bon pour crosses de fusils.

Sont encore intéressants les bois suivants, cités par Dumonteil, s'il est possible de les reconnaitre d'après leurs noms indigènes :

Le Bois crapaud (pt. Il), tres élastique et fort, mais lourd :

Le Saint-Martin rouge (n° 1851 J), capable de rendre les mêmes services que le Chêne, avec une économie de 40 p. 100 des dimensions et de 30 p.100 de poids, bon aussi —- si c'est le même que le bois des collections de Marseille (Guyane, 101} pour les crosses de fusils, ainsi que le Chêne vert (voir pt. IT);

Le Saint-Martin blanc (n° 1851 K.), inférieur au précédent, bon néanmoins :

Le Saouari rouge (n° 664).

Je ne parle pas des bois mous, pouvant remplacer les Pins et les Sapins, car il paraît peu probable qu'ils soient actuelle- ment exportables, en raison de leurs prix inférieurs.

Dans ce volume, on trouvera énumérées toutes les espèces d'arbres (non d’arbrisseaux) citées par Aublet, Sagot, Barrère,

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 45

Préfontaine, Dumonteil, la Commission de Brest, de Lanessan, Brousseaux, Bassières, Bell et Martin-Lavigne, qui se sont occupés des bois de la Guyane ; on trouvera aussi toutes les espèces mentionnées dans les ouvrages qui traitent des bois en général, comme ceux de Roubo, Varenne-Fenille, Guibourt, Laslett, Wiesner, Noerdlinger et Grisard.

Les descriptions de la plupart des auteurs laissent à désirer ; il faut souvent deviner ce qu'ils veulent dire. Le premier qui pour cette étude eut recours à la loupe fut Varenne-Fenille en 1807 ; aussi ses descriptions sent-elles très exactes. Gui- bourt plus tard adopta la même méthode ; puis, à une époque plus récente, ce sont surtout les pharmaciens qui, comme Planchon et Collin, G. Planchon et Boquillon, ont fait plus encore en se servant du microscope. Il nous ont alors donné une nomenclature méthodique et des descriptions minutieuses.

Pour les bois de la Guyane, Martin-Lavigne est le seul auteur qui se soit servi de cette méthode ; malheureusement il n'eut à sa disposition qu'une pauvre collection, et il ne fut pas plus heureux que ses prédécesseurs dans la détermination des espèces.

Les collections que j'ai eues à ma disposition sont les sui- vantes, auxquelles j'ajoute le mot « déterminé », lorsque les échantillons sont accompagnés d’un matériel d'herbier, ou étiquetés par des personnes compétentes. Il est regrettable

que ; les échantillons de bois des Musées soient si souvent

dépourvus d'une histoire documentaire. Musée Colonial de Marseille : a) Collection Jeanneney ; 25 échantillons. b) Collection envoyée à l'Exposition de Marseille de 1906 : 45 échantillons, c) Provenances diverses ; 97 échantillons. d) Collection du Jardin Botanique, appartenant au Musée Colonial de Marseille ; 12 échantillons. Collection J. Laslett ; 4 échantillons, Collection Berkhout; 8 échantillons. Collection de l'Institut Impérial de Londres; 22 échantil- lons,

46 H. STONE

Collection Bell ; 97 échantillons dont 32 déterminés.

Collection du Révérend J. Aiken ; 9 échantillons.

Collection du Parc de la Tête-d'Or, à Lyon ; 14 échantil- lons, dont 4 déterminés.

Collection Noerdlinger (coupes déterminées) ; 4 échantil- lons.

La synonymie adoptée est celle de l’?ndex Kewensis : mais je ne cite que les synonymes qui se trouvent dans la littéra- ture spéciale des bois.

L'ordre de classification adopté est celui de Durand ; et, afin que les très nombreuses références données puissent rester bonnes pour les additions futures, j'ai employé le numéro- tage de Durand, ce qui a bien facilité ma tâche.

Puisqu'il est fort probable qu'Aublet a énuméré toutes les espèces d'arbres dont les bois peuvent avoir un emploi indus- triel et sont au nombre des plus connus, il en résulte que, parmi les bois ici décrits, ceux qui ne sont pas déterminés doivent être des doubles qui seront tôt ou tard rApPOr A à ces arbres d'Aublet.

J'ai plaisir à dire la grande aide que j ai reçue du Directeur du Musée Colonial de Marseille, M. le Professeur Jumelle : J'ai été aussi secondé par MM. les Professeurs Gérard et Chifflot, de la Faculté des Sciences de Lyon, et par M. Brune, bibliothécaire du Musée Colonial de Marseille,

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 47

INTRODUCTION

La place me manque pour tenter même d'aborder une étude générale du bois qui seule nécessiterait un volume, mais, comme on connait peu les moyens qui permettent de déterminer un bois ou de le comparer avec les descriptions déjà faites, j'insisterai davantage sur ce point. Et comme je désire y inté- resser tout amateur, j'éviterai, autant que possible, la termi- nologie botanique, au surplus inutile, puisque les histologistes ne s'occupent guère du bois bien formé et se contentent de l'examen de jeunes tiges à structure encore incomplète. Houlbert, en 1893, a été, je crois, le premier à indiquer le fait que la structure se développe lentement ; mais il saute aux yeux de tous qu'il a regardé ses échantillons à la loupe.

Un tronc s'accroît par l'addition continuelle de nouvelles couches se superposant aux couches antérieures. La petite plante de la première année est cachée à l'intérieur d’une couche ou d'un cône de bois de la deuxième année : elle peut même parfois être retirée de sa gaine. Les couches des années suivantes sont à leur tour superposées, chacune dépassant toujours en hauteur la précédente.

Dans les pays froids, le cône eflilé ainsi produit, et qui constitue le tronc, a, au sommet, une seule couche avec la moelle, et, en bas, vers le pied, plusieurs couches dont le nombre augmente avec l'âge.

Dans les régions tropicales, au contraire, les saisons ne correspondent pas avec les nôtres, et beaucoup d’arbres n'ont pas de période de repos bien marquée, il y a du bois nouveau en hiver comme en élé, et formation de deux, trois, quatre ou même cinq couches par an.

Je laisse, bien entendu, dans tout ceci, les exceptions, pour ne considérer que le cas général.

Il est intéressant de rappeler que ce fut Léonard de Vinci qui signala ce fait, approximativement vrai, qu'on peut con- naître l’âge d’un arbre d'après le nombre de ses couches.

Le même de Vinci fit encore le premier des essais sur la

48 H. STONE

résistance des bois de construction (Codice atlantico, folio 82, recto, b).

Chez beaucoup d’espèces, le bois reste indéfiniment à l’état d'aubier (Bouleau, Tulipier, Quassia) : mais, plus souvent, après un nombre d'années variable suivant l'espèce, il se transforme en cœur (2 à 4 ans chez le Robinia Pseudacacia et le Cytisus Laburnum, #5 environ chez le Frêne, un siècle peut-être dans le Bois de lettres). On entend par que ce bois se colore et devient plus lourd, plus dur, plus résis- tant aux facteurs extérieurs. Et, à dater de ce moment, au fur et à mesure de l'addition saisonnière de nouvelles couches externes, une couche interne de l’aubier acquiert les caractères du «cœur ».

Ce changement peut être brusque, et la ligne de sépara- tion est alors nette (Laburnum, Wacapou, Robinia), mais 1l peut être, quoique rarement, graduel avec une zone intermé- diaire (Chène) ou régulièrement progressif (Sorbier, Pom- mier, beaucoup de Sapotacées ; voir 4507 B à I).

Chaque couche a sa structure propre et devrait être étudiée indépendamment de ses voisines, formées à un autre moment. Elle a donc son individualité, à laquelle ne participent pas les rayons qui, permettant la circulation radiale de la sève, relient toutes ses couches. Ces rayons vont du centre de la moelle à l'écorce ; ils remplissent les espaces que laissent, sous forme de mailles, les fibres ligneuses qui forment le massif du bois.

On peut observer une (Bouleau, Faux-Platane), deux (Chêne) même trois (Hêtre, d’après Hartig) sortes de rayons dans le même bois ; il y en a toutefois rarement plus d'une dans les bois de la Guyane (1823 A, Cacao). Que la différence entre ces sortes de rayons soit réelle, j'en doute fort (v. 1156 J), mais c'est la théorie admise.

En coupe transversale (ou horizontale si larbre est sur pied) les rayons et les limites des couches dessinent une toile d'araignée. En coupe radiale (ou longitudinale ou verticale), prise sur la ligne de la moelle, les fragments de rayons que la scie a épargnés forment des taches ou des mouchetures,

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 49

qu'on appelle les « mailles », si belles sur le bois de Chêne, elles sont exceptionnellement grandes. En coupe tangen- tielle (contre-mailles, bois de fil), ou vus de l'extérieur après l'enlèvement de l'écorce, les rayons ont une forme de fuseau étroit et sont beaucoup moins apparents. En définitive, ce sont des lames à double fil, presque parallèles, mais qui naissent en quelque sorte les unes des autres, car espacées à la périphérie, elles convergent et se réunissent au centre.

On peut souvent observer des rayons qui se bifurquent, chaque branche devenant un rayon nouveau, et toutes ses branches s'écartant de plus en plus les unes des autres avec la croissance de l'arbre. Parmi les bois de notre série, j'ai observé de ces rayons qui se divisent simultanément en quatre branches (1823, Cacao).

Dans la terminologie scientifique, ces rayons sont appelés «rayons médullaires », mais comme ils ne sont médullaires que dans la première couche autour de la moelle, nous nous passerons de ce terme encombrant qui devrait disparaître.

Parmi les fibres ligneuses se trouvent ces petits tubes qui traversent verticalement les couches et sont les « vaisseaux ». En coupe verticale, ces vaisseaux se présentent comme de petits sillons formant « grain » : en coupe transversale, ils semblent des piqüres.

- La disposition des vaisseaux, variant avec l'espèce, est très

caractéristique et aide à reconnaître les familles, souvent le genre. Les vaisseaux peuvent être serrés (Bouleau, Hêtre), petits et nombreux, et jusqu'à 400 par millimètre (Buis), ou isolés, grands et rares (la plupart des Légumineuses), au point qu'il n'y ait plus que ! par 3% millimètres (n° 1856 A) ; ils peuvent être disposés en lignes obliques ( Terminalia, n°2249), radiales (Houx, Châtaignier), dendritiques (Chênes), ou en groupes subdivisés radialement et par échelons (Wimusops, 4508, et beaucoup d'autres Sapotacées), ou sans ordre appa- rent.

Les anneaux concentriques de gros vaisseaux, si apparents et bien connus dans le Chêne, n'ont qu'une valeur spécifique

Annales du Musée colonial de Marseille. série, vol. 1916. 4

H. STONE

et ne se trouvent que rarement dans les bois exotiques Melia Azedarach, 1171). On ne les constate même pas dans beaucoup de chênes ; le Chêne vert en a à peine.

Enfin, il est une sorte de tissu moins vulgairement connu, mais d'une importance capitale pour la détermination des espèces : c'est le « parenchyme ». Terme, au reste, assez défec- tueux, car il englobe beaucoup de tissus différents, comme le tissu de la moelle et des rayons, et deux autres sortes qui sont le «paratrachéal» et le « mésotrachéal ». On peut se servir de ces deux dernières dénominations, si l’on veut; Je les remplacerai, cependant plutôt par Pa et Pb, car je les juge inutiles, n'étant pas assez précises pour nous, à notre point de vue spécial.

La nature des cellules et des tissus ne nous intéresse pas ici : c'est leur ensemble et surtout leur apparence qu'il nous faut considérer. Et comme ces cellules de parenchyme sont associées suivant quatre modes distinctes, j'admettrai les quatre divisions suivantes :

Parenchyme a. Le tissu entoure plus ou moins complète- ment les vaisseaux. Il est toujours plus mou que les fibres ligneuses et, à de très rares exceptions près (dont aucune ne se présente pour notre série), également plus clair. Le cas le plus fréquent est celui ce tissu forme gaine autour des vaisseaux et, sur une section transversale, apparaît comme une petite auréole autour de l'orifice. À un état de plus grand développement, il peut s'étendre tangentiellement sous forme de petites ailes, qui peuvent être de plus en plus longues, jusqu'à unir des groupes de vaisseaux et à faire des lignes ou couches concentriques continues. Il est des cas ce tissu peut constituer jusqu'aux deux tiers du massif du bois. (Ormosia, 1876 A).

Parenchyme b. C'est un tissu d'une nuance et d’une nature différentes du précédent, mais ici nous rencontrons la plus grande difficulté de notre tâche, car il ne faut absolu-

ment pas prendre les lignes concentriques de Pa pour celles

de Ph. Quand les deux types coexistent, il est toujours facile de les distinguer, mais on a tendance à oublier les différences

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISF HA

qu'ils représentent lorsqu'on emploie une clef ou qu'on litune description. Il faut toujours examiner si la couleur des lignes est la même que celle du parenchyme qui entoure les vais- seaux, car le Ph (qui est toujours des lignes) peut être à proximité tout à fait immédiate des vaisseaux.

Parenchyme c. Ce tissu peut être de même nature que Pa, mais il n'est pas groupé en massifs de forme déterminée. Il consiste en cellules isolées ou en fibres peu apparentes (sauf au microscope), disséminées parmi les fibres hgneuses. Je le néglige le plus souvent, car ilne nous fournit aucun aide sys- tématique.

Parenchyme d. Ce tissu ne se trouve que de temps en temps et forme les limites des couches chez certaines espèces. Sa nuance diffère encore de celles des précédents. Comme il est possible que Pa et Ph suivent également les bords des couches, 1l convient de faire bien attention à cette nuance. Ce Pd toutefois avant peu d'importance pour la détermination des espèces, on peut le regarder comme une variété de Ph.

En définitive, nous avons donc surtout à nous préoccuper de deux sortes de parenchyme : celui qui entoure les vaisseaux avec sans expansions concentriques ; et celui qui n'a aucun rapport avec les vaisseaux, et qui est toujours concen- trique.

Le parenchyme ligneux est le plus capricieux des tissus. Il peut être tellement abondant qu'ilest visible à l'œil nu, et il peut aussi à peu près manquer dans du bois de la même espèce.

Les fibres ligneuses, malgré leur quantité et leur importance au point de vue de la couleur et de la force, ne nous servent pas par elles-mêmes, sauf chez les Conifères, la sculpture et les perforations des parois aident à distinguer quelques espèces. Mais il n'y a pas de Coniféres à la Guyane.

Étant donné que la couche est la base de nos détermina- tions, 1l faut tout d’abord examiner la section transversale, c'est-à-dire l'extrémité de la planche qu'on veut identifier. L'interprétation des tissus sur les faces n'est possible qu'après l'étude de l'extrémité. Le tronc d'un arbre étant un emboîte-

52 H. STONE

ment de longs cônes, la scie, en le traversant, rencontre toutes les couches, dont les limites se dessinent en lignes ou en lacets courbes suivant la plus ou moins grande obliquité de la sec- tion. Une coupe radiale bien faite montre les limites sous forme de lignes presque paraïlèles, entrecoupées à angle droit par les mailles ou rayons. Une planche découpée vers la sur- face de la bûche (bois de fil, section tangentielle) présente ces mêmes limites comme des courbes ou lacets paraboliques dirigés vers le sommet de l'arbre, tandis que les lignes sont à peu près parallèles vers le pied. Tout se ramène à des sections de cône. La coupe verticale radiale donne un triangle, la coupe transversale horizontale un cercle, la coupe transversale oblique une ellipse, et la coupe tangentielle une parabole.

Si l’on veut bien examiner avec attention un parquet en bois de Chêne, une planche sur vingt montrera de jolis mail- lettes claires entrecoupées de lignes parallèles ; c’est une coupe radiale avec des rayons coupés par les limites des couches. Sur quelques autres planchettes, on remarquera des couches paraboliques plus ou moins irrégulières ; c'est une coupe tangentielle. Il est aisé de comprendre que, même lors- qu'une bûche de Chêne a été préalablement coupée en quar- tiers, on ne peut avoir que quatre planches en coupe radiale ; les autres sont forcément plus ou moins tangentielles, et les mailles sont de moins en moins nettes au fur et à mesure qu'on s'éloigne du centre de l'arbre. Finalement, elles sont à

peine visibles.

De ces coupes diverses, il résulte qu’un petit orifice, comme un vaisseau, de la section transversale, devient un sillon en section verticale : et sur une surface courbe on voit toutes les transitions jusqu'au cercle, en passant par l’ellipse.

La planche I d’un cylindre de Bois serpent montre à l’extré- mité supérieure les vaisseaux comme autant de points blancs, sur les côtés comme des lignes blanches : et l'irrégula- rité de la course des fibres a donné fortuitement une coupe un peu oblique (comme dans la partie inférieure de la figure), ces vaisseaux se présentent comme de petites ellipses allongées.

Lorsqu'on débite un tronc d'arbre en planches, on n'obtient

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE )3

jamais deux de ces planches absolument semblables ; et on comprend aisément que c'est seulement aux extrémités de la planche que la structure transversale peut donner des rensei- gnements précis. Un charpentier reconnait bien ses bois en planche, car c'est chez lui une question d'habitude et d'expé- rience longuement acquise ; mais veut-on déterminer un bois jusqu'alors inconnu, les sections radiales et tangentielles n'ont qu une importance spécifique.

À mon avis, la meilleure façon de procéder est de bien polir l'extrémité de la planche avec du papier de verre 00 ou avec un racloir. Le rabot convient bien pour les bois mous européens, mais les bois exotiques importés sont générale- ment trop durs, et le rabot écrase les fibres, au lieu de les couper. Le papier de verre et le racloir, par contre, ravivent pour ainsi dire le parenchyme ; ils le rendent même plutôt exagérément visible, mais c'est un avantage et on peut tou- jours contrôler en coupant avec un canif bien aiguisé un coin de la planche.

Presque toujours la structure devient plus évidente quand le bois a été immergé au moins pendant un moment dans l'eau et s'est imbibé. Un autre avantage de cette imbibition est que l'eau fait parfois réapparaitre l'odeur du bois, qui peut être un bon caractère.

On doit toujours chercher la couche la plus large et, par conséquent, la plus développée, et surtout fire attention aux bandes de couleur anormale qui caractérisent beaucoup de bois (Palissandre, Bois d'olive, Bois-serpent) dans lesquels elles serpentent en tous sens sans aucun rapport avec la structure.

Les coupes transparentes ne peuvent être obtenues qu'avec les bois mous. Elles sont surtout utiles quand elles sont em- playées, avec ou sans inclusion au baume de Canada, comme clichés de projection. L'emploi du baume est nécessaire quand on veut photographier les coupes, mais la préparation enlève les gommes et les résines qui se trouvent dans les tissus et les rend moins caractéristiques. Il faut se livrer à un premier examen des coupes avant qu elles soient préparées. Les sec- tions des bois à comparer peuvent ensuite être projetées côte à côte sur l'écran et être étudiées à loisir,

11 H, STONE

J'ai étudié ainsi à la lanterne les 1.100 sections de Noerd- linger, et mon jeune fils, qui assista à toutes ces séances, se familiarisa bientôt, à tel point, avec les caractères des struc- tures de beaucoup de genres, qu'il en criait le nom aussitôt que la figure apparaissait sur l'écran. Je ne cite pas seule- ment ce fait en souvenir de mon petit collaborateur, mais aussi pour montrer combien il est facile de reconnaître beaucoup d'espèces et combien la structure peut venir en aide à la sys- tématique.

Mais les coupes minces {transparentes ont, somme toute, une importance secondaire ; le bois devrait être étudié avant tout sur une surface lisse. Les rapports des tissus entre eux ressortent ainsi beaucoup plus nettement que lorsqu'on examine séparé- ment les coupes des troissens. J'emploie une loupe à grossis- sement de 3 diamètres et un microscope à grossissement de 10. Ce dernier est un microscope d'étudiant dont le pied a été supprimé, mais qui est muni d’un manche ou tube glissant à la surface pour permettre de régler la distance focale. Une partie du tube est coupée, pour permettre à la lumière d’arri- ver au bois : l'extrémité inférieure est découpée en parabole, en vue d'éviter la production d'une ombre, par l’interférence des ravons lumineux.

Grâce à ce dispositif, on peut examiner le bois, non pas sur une surface restreinte comme à l'ordinaire, mais beaucoup plus largement : et les variations de structure, qui sont très grandes, sont plus certainement observées. Une petite coupe préparée pour le microscope ne peut jamais être typique, même pour le fragment de bois sur lequel elle a été prélevée.

Un autre avantage de mon dispositif est qu'il permet d'exa- miner des échantillons de Musée qu'on ne doit pas endomma- ger, et le grand nombre des observations rendues ainsi pos- sibles donne à l’étudiant l'expérience nécessaire pour recon- naître rapidement des types de familles, tout comme l'ébéniste reconnait ses bois à meubles.

Les dimensions de tous les tissus augmentent proportionnel- lement. Je décris toujours les lignes de parenchyme comme étant plus ou moins grandes que les rayons, les intervalles

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 55

entre les rayons comparativement au diamètre des vaisseaux, etc. : et les visibilités à l'œil nu, à la loupe (+ 3) et au mi- croscope (+ 10) servent comme des sortes de mesures qui, si elles laissent à désirer au point de vue de l'exactitude, sont bien pratiques, et en accord avec les faits.

Lorsqu'on compare deux bois, il faut toujours les placer côte à côte afin de voir simultanément à la loupe des portions des deux. |

M. Martin-Lavigne. en critiquant mon Timbers of Com- merce, ne m'a pas compris. Je ne proscris pas l'emploi des coupes microscopiques si on ne néglige pas, d'autre part, l'étude du bois massif ; je dis seulement qu'il y a danger d'erreur si l'on s'appuie exclusivement sur ces coupes. Le parenchyme est souvent composé de ceHules tellement sem- blables, en sections transversales, aux fibres ligneuses qu'il est impossible de les distinguer (Simaruba, 1100 : Oranger, 1102 ; Noyer, etc.); nous avons, par suite, une description d'un bois qui, à la loupe, « présente du parenchvme en petites lignes concentriques » et une figure agrandie qui montre seu- lement quelques cellules isolées (Hopkinson, Rhizophora Mangle, p. 451, fig. 15, 2232). Martin-Lavigne lui-même décrit très bien à la loupe l'Æbène verte, mais sa deseription au microscope et ses figures ne correspondent guëre au bois, que Je connais bien.

En raison, d'autre part, de la difficulté de couper les bois durs avec le microtome, on est tenté de prendre des tiges d'herbier ou de jardin botanique, en rapportant, d'ailleurs, sans certitude suffisante, à une espèce connue, un bois mal déterminé comme ceci est plus d'une fois arrivé à M. Mar- ün-Lavigne et on a un bois « composé » nouveau.

L'inconvénient encore est qu'un tissu qui offre un caractère bien visible à l'œil nu ou à la loupe peut le perdre entièrement lorsqu'il est fortement grossi. Un bon exemple est celui de la figure que nous donnerons pour le Xurahara. La disposition des vaisseaux en lignes dendritiques, caractéristique du genre Calophyllum, et bien visible à l'œil nu, disparaît avec Île grossissement, pourtant faible, employé pour la figure.

56 H. STONE

M. Perrot dit que mes figures sont à une échelle trop petite. Pour l'histologie, oui. Pour la détermination pratique du bois, non.

Quant aux mensurations de cellules, de vaisseaux, de rayons, de fibres, qui font le bonheur des histologistes, je n'exagère pas en disant qu'elles sont fausses. Elles ne valent que pour le fragment placé sous le microscope ; un autre morceau pris sur le même arbre et également examiné le démontrerait. Un coup d'œil, même sans loupe, jeté sur les vaisseaux et les rayons d’une large planche de Chène coupée en section radiale convaincra n'importe qui que les éléments s'accroissent tou- jours jusqu au moment l'arbre à atteint son optimum (com- parer les fig. 17 et 18). J'ai vu des bois qui, à la première couche, près de la moelle, avaient des vaisseaux à peine visibles à la loupe, tandis que ces vaisseaux, dans la sixième couche à partir du centre, étaient assez grands pour être comptés à l'œil nu. Je donne des mesures chaque fois qu'il est possible, mais il est bien entendu que, comme pour la densité et les autres caractères du bois, elles peuvent être extrêmement variables.

La résistance à la rupture est encore une donnée dont il faut se mélier, et d'autant plus qu'il s’agit de la sûreté de la construction. En plus des variations individuelles, il y a des « lignes de faiblesse » qui suivent, soit les cercles (Frêne, Manguier, 1508), soit les rayons (bois de fente, merrain, Chêne) ; et le résultat de l'essai dépend de la position de la pièce à essayer. Si les lignes de faiblesse sont à angle droit

avec la ligne de force, le bois cède vite ; si, au contraire, il y

a parallélisme entre ces lignes, 1l résiste bien. Enfin, les petites pièces ne valent rien pour l'essai. Les expériences de Léo- nardo, de Buffon et de Duhamel de Monceau sont les seules à retenir, car tous ces expérimentateurs possédaient les notions que je rappelle, tandis que tous les auteurs plus modernes les ont ignorées.

Le poids, ou plus exactement la densité, peut varier énor- mément. Pour le Pin sylvestre, par exemple, les variations

vont de 0,310 à 0,840 ; pour l'If, de 0,470 à 1; et iln'y a

. |

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE o1 aucune raison de croire que ces cas sont anormaux et spéciaux à ces espèces. Ce sont des espèces bien étudiées et rien de plus.

Il est réellement ridicule de citer des chiffres qui prennent l'apparence d'une certitude scientifique lorsque les deux mor- ceaux d'une pièce à essayer, et qu'on à divisée en deux moi- liés, donnent deux densités différentes. Le chiffre donné est donc bon pour l'échantillon essavé, mais n'a pas d'autre valeur.

Il ne faut pas, au reste, accepter les chiffres qui sont basés sur un procédé impliquant l'immersion dans l'eau. Ce genre d'essai est bon pour se faire une idée approximative quand le temps presse, mais le bois est tellement absorbant qu'il com- mence immédiatement à s'imbiber d'eau. Qu'on mette, par exemple, un petit tronçon transversal de Bouleau, de 1 centi- mètre d'épaisseur, sur de l’encre rouge, et l'encre apparaîtra sur la face supérieure avant qu'on ait pu tirer sa montre pour calculer le temps nécessaire à la pénétration dans le bois. Ou bien encore qu'on place sur l'eau une mince coupe transver- sale de Saule, par exemple un copeau obtenu au rabot, et cette coupe tombera immédiatement au fond.

En réalité, le bois a pour densité environ 1,540 : et c'est l'air contenu dans ses pores qui le fait surnager et qui déter- mine les différences de densité des diverses espèces. Si le copeau de Saule est pris sur la planche de face, c'est-à-dire en section verticale, l’air,ne pourra pas s'échapper, et le copeau flottera. Il donnera une densité d’à peu près 0,280, soit une différence de 1.260 kilos par mètre cube pour le même bois.

Le Gaïac, le plus lourd des bois connus, n'arrive jamais à 1,540 ; le chiffre le plus élevé que j'aie rencontré est 1,400.

Une curiosité est le bois de Cocotier cité par Beauverie (Les Bois industriels, p. 30), qui est plus lourd que le Gaïac. Curieuse aussi est la remarque de Moeller, qui « ne trouve pas que le bois des Eucalyptlus est lourd ». Un bois de Grisard sert en même temps pour faire flotter les filets et pour la fabrication de moyeux (v. 762 A),

La dureté est, de tous les caractères, le plus difficile à

58 H. STONE

exprimer. J'ai Jadis expérimenté avec une machine qui était certes très imparfaile et qui, néanmoins, était assez bonne pour me mettre sur la trace d'un principe sur lequel je base mes comparaisons. Quand je constate dans mes descriptions que la dureté d’un bois quelconque est égale à celle du Buis, mon appréciation se base sur une règle et n’est pas simple devination, Mais comme il n'y a pas de série d'essais pour chaque espèce, ces comparaisons restent essentiellement modifiables.

Les noms indigènes sont utiles pour faciliter les recherches, mais 1l ne faut les utiliser qu'avec prudence. Ils sont souvent écrits de façons très diverses. Si les termes comme Caju, Cautabally et Sapotle ne se trouvent pas à la table, on devra les chercher à Acaju, Kaju, Kautabally, Zapateri, etc.

Les Caraïbes avaient parfois deux noms pour le même arbre, l'un à l'usage des hommes et l’autre à l'usage des femmes (1514 et 494); et les indigènes du Brésil font chan- ger le nom en régime avec son adjectif, variante qui ne sim- plifie pas notre tâche (v. 1880 A). Puis un nom indigène mal compris par les colons subit des variations bizarres. Aouacate devient Avocat, et le Minquar devient Lamencouard. Le mot balli qui veut dire « arbre » est devenu Balata, Bulètre, et, en anglais Bully, même Bully-tree, ce qui signifie dès lors « arbre-arbre ». Carapa signifie en galibi « mort aux animaux », et il a été transformé en KXrapa, Crab-wood (c'est-à-dire en anglais « bois de crabe »), et, selon Grisard, aussi en Crapaud. Les termes les plus génants sont les termes descriptifs, comme icica, ou « résine », jacaranda, qui est un bois quelconque, de couleur foncée, coupi qui signifie « dur », calaba « huile », acajou « bois », mapou « bois mou », _Saoua « piquant », simira, qui est tout bois donnant une teinture violette, foura, ou « pleureur », fapiri « rouge », wapa, « bois à charpente », para « bigarré », sapote, ou « sabot », etc.

Le nom maho, d'après Préfontaine, signifie un arbre à écorce filamenteuse, bonne pour la fabrication des cordages, et 1l s applique surtout aux Malvacées arborescentes à fleurs

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 59

de mauve, comme les Hishicus. Il est fort probable que les Galibis l'ont appris des Espagnols. Wahoe, en espagnol, signifie « mauve ». Mais aujourd'hui il s'applique également aux arbres du genre Lecythis, qui ont une écorce analogue et des fleurs de Mvrtacées.

A relever encore, à propos de noms étranges, celui de mango pichle, cité par Grisard (v. 1508), qui est la conserve si appréciée des Anglo-Indiens, mais qui n'est ni un arbre ni un bois.

Les descriptions de nos échantillons, dont le nombre atteint 147, ont été ainsi établies. Après les noms et synonymes, j'ai donné tout d'abord un certain nombre de caractères généraux, suffisants pour le lecteur qui veut avoir june simple idée du bois sans l’étudier à fond. J'ai mentionné ensuite la densité et les autres caractères physiques qui nécessitent un essai quel- conque, puis l'écorce, la moelle et aubier. J'ai détaillé la struc- ture du bois en plaçant toujours les tissus dans le même ordre, pour mieux permettre les comparaisons entre espèces. Suivent des renseignements sur l'emploi, indication des échan- tillons-types, l'iconographie s'il y en a, et les références d'auteurs.

Certains détails font parfois défaut, surtout quand un échantillon de Musée ne présente pas de section verticale. Je serais reconnaissant aux amateurs de bois qui pourraient m'aider à combler ces lacunes, ainsi qu'à déterminer les trop nombreuses espèces encore sans nom systématique.

Les échantillons du Musée Colonial de Marseille étaient ou trop durs ou trop secs pour qu'il fût possible d'en faire des coupes transparentes ; j'ai donc me contenter de repro- duire les coupes de mon Timbers of Commerce et du Timbers of British Guiana publié par le D' Freeman et moi. Lorsque les vaisseaux sont représentés en blanc, la photographie à été prise sur une coupe transparente; lorsqu'ils sont repré- sentés en noir, ce sont des photographies directes du bois. En tout cas, les rayons sont orientés de haut en bas; le côté correspondant à la moelle est en bas, et celui correspondant à l'écorce en haut. Le grossissement est de 3,

60 H. STONE

L'Zcones lignorum donne de très belles illustrations, colo- riées à la main, de 96 bois de Surinam. Beaucoup sont des doubles, et souvent le même bois est figuré sous des noms divers: on peut néanmoins en reconnaître un assez grand nombre. Je les ai toujours cités quand j'ai cru pouvoir m'assu- rer de leur identité : les autres sont signalés dans le chapitre des Bois Indéterminés, dans l’ordre alphabétique.

Ma Bibliographie est composée de livres dans lesquels j'ai pu puiser quelques renseignements, à l'exception de quelques- uns que je n'ai pu me procurer, et qui sont cependant néces- saires pour compléter cette histoire des bois de la Guyane. Pour qui n'’habite pas Paris, la recherche des livres est très difficile. Il v a encore 37 ouvrages sur la Guyane que je n'ai pu voir jusqu'alors. L'absence de toute organisation qui aide- rait dans ces recherches le travailleur sérieux est ce que j'ai le plus déploré en France.

Ces remarques faites, et avant d'aborder l'étude descriptive des bois de la Guyane Française, je crois devoir rappeler com- ment ont été établies les classifications des bois par Dumonteil et par la Commission de Brest.

Dumonteil, p. 160, a réparti le bois en six classes:

le classe. Bois plus lourds que le Chêne ; propres pour la construction des pièces de la partie inférieure de la carène des navires, qui exigent une conservation de longue durée.

2 classe. Bois d'un poids équivalent à celui du Chêne ; propres pour bonnes membrures et excellents bordages, pour la construction de la coque en général, mais tout particulière- ment pour celle de l'œuvre vive.

classe, Bois équivalents à ceux des Pins, Sapins, etc. ; propres pour membrures, bordages et, particulièrement, pour la construction de l’œuvre morte.

classe. Bois très abondants et jolis; bois à meubles ; bois de couleur. |

Sous-classe. Bois jugés propres à faire des rouets de poulies.

classe. Bois de qualité inférieure, Ces bois pourraient

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 61

être utilement employés pour planches, dont la qualité serait au moins équivalente à celle des planches de Peuplier dont on fait un si grand usage en France.

classe. Bois d’une très faible valeur en général : leur emploi ne conviendrait pas pour nos arsenaux, excepté, peut- être, pour faire quelques bouées ou autres objets d'une grande légèreté.

La Commission de Brest, p. 190, admet quatre classes, qu'elle divise en sous-classes :

{1 classe. Bois dont les dimensions, la configuration, la force, l’élasticité et la pesanteur spécifique conviennent à toutes, ou presque toutes les parties du navire; et aussi les Bois que leur pesanteur exclut des hauts, lorsque leurs dimensions et leur configuration permettent de les employer comme pièces de membrures.

Sous-classe a. Bois plus forts, aussi élastiques, mais pas plus lourds que le Chêne de France, pouvant le remplacer avec avantage dans toutes les parties d'un navire.

Sous-classe h. Quoique légèrement inférieurs à ceux de la sous-classe précédente. Bois susceptibles de faire à peu près le même service.

Sous-classe c. Bois plus lourds que les précédents, mais pouvant encore remplacer le bois de Chène avec avantage, pour les membrures des vaisseaux, les bordages de fond, les préceintes et pièces de liaison.

Sous-classe d. Bois lourds, très peu élastiques, ne pou- vant être employés que pour la membrure de l’œuvre vive des navires, pour quille et carlingue. Ils sont placés cepen- dant dans la première classe, à cause de la longue durée qu'ils assurent à cette partie des: navires dont la destruction entrai- nerait soit la disparition du bâtiment, soit, tout au moins, une réfection coûteuse.

classe. Sous-classe a. Bois inférieurs au Sapin du Nord; pour border les ponts et les hauts des navires, mais compa- rables pour cet emploi au Sapin du Canada.

Sous-classe b. Bois encore plus tendres et moins élas- tiques que les précédents, ne pouvant être employés que

62 H. STONÉ

comme vaigrage des hauts ou bordages, d'entre-sabords et pour la menuiserie,

classe. Sous-classe a. Bois supérieurs en apparence à ceux de la classe précédente, mais jugés moins favorablement à cause du peu de consistance de leur résine qui, en s’en écoulant facilement, laisse leurs fibres sans appui ni adhérence, ce qui doit déterminer une prompte détérioration.

Sous-classe D. Bois comparables par leurs qualités à quelques-uns des Bois de la classe, mais avec une odeur fétide qui en restreint l'emploi.

classe. Bois propres seulement à faire des rouets de pou- lies, mais inférieurs pour cet emploi à l'Ébène noire et à l'Ébène verte qui, elles-mêmes, ne valent pas le Gaïac ordi- naire,

Remarquons que les essais pour la force de résistance de ces bois ont été effectués dans des conditions différentes par Dumonteil et par la Commission de Brest. Les essais de Dumonteil furent faits sur des cabrions (barrotins) de 12 dm. de longueur sur 5 cm. d'équarrissage. Il est à présumer que les pointes de support étaient à une distance d’un mètre, quoique l'auteur ne dise rien à ce sujet. Le mot « force » exprime le poids en kilogrammes supporté par ces cabrions jusqu'à la rupture. Le mot « flexibilité » signifie l'augmenta- tion, en millimètres, de la flexion produite par l'addition suc- cessive d’un poids de 5 kilog. L'élasticité est le sinus moyen de l'angle de la flexion au moment de la rupture.

Les essais de la Commission de Brest furent faits sur 11 espèces des bois de Dumonteil, conservés partie à couvert et partie à découvert, et encore sur 7 autres espèces. Les cabrions étaient de 11 dm. 5 de longueur sur 5 cm. -d'équarrissage

La force (ou effort supporté par les pièces) n’est pas exprimée de la même manière par la Commission et par Dumonteil. Le nombre donné, par exemple, par Dumonteil, pour la force du Panacoco, est 400, tandis que celui de la Commis- sion de Brest est de 1.480 à 1.700. Les nombres relatifs à l'élasticité (ou flèche de l'arc) ne concordent pas non plus dans les deux cas, car, pour le bois cité, Dumonteil donne 115 et la Commission de Brest de 15 à 20. ;

Ée ère

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 63 La Commission de Brest a pris le Chêne (du Bassin de la ne) comme unité de force. Dans nos citations, nous adop- ns la formule suivante : Panacoco, de 2,06 à 2,43, si le

êne 1. s chiffres donnés par Grisard et de Lanessan ne sont

#

à F.

accompagnés d'aucune explication sur le procédé par lequel _ont été obtenus les résultats.

ÉTUDE DESCRIPTIVE DES BOIS DE LA GUYANE FRANÇAISE

PREMIÈRE PARTIE

PANIER TE PMDILLÉNIACÉES TRIBU I. DÉLIMÉES

Curatella americana, Loefl, 33 A.

Aublet, p. 519, écrit au sujet de cette espèce: « Ecorce roussätre, épaisse, ridée, gercée ; elle tombe en plaques plus ou moins grandes. »

Pulle, p. 296 : Bosch-cachou, Wilde-cachou.

Grisard, 1891, [, p.31: Cajueiro bravo,|Caimbahiba (Brésil), Chaparro colorado (Vénézuela), Acajou bâtard (Cayenne), Parica (Guyane fran- çaise), Curatahie (Indiens). Bois rougeâtre, veiné ou jaspé, selon le sens dans lequel on le travaille ; lourd et dense ; écorce pour tannage et médecine.

Huber, p. 162 : Paimbé (Brésil).

Curatella alata, V., 33 B. Synonyme : Davilla brasiliense DC. Sagot : Catalogue, X, p. 382.

FAMILLE V. ANONACÉES

TRIBU I. UVARIEES Guatteria Ouregou, Dunal, 75. Synonyme: Cananga, Oureqou, Aubl.

Annales du Musée colonial de Marseille. 3* série, vol, 1916,

66 H. STONE

Aublet, p. 608 : Ouregou (Galibis); écorce lisse cendrée, marquée de taches roussâtres ; bois blanchâtre, compact et légèrement aromatique. N'est pas le Cananga de Rumphius.

TRIBU IL. UNONÉES Duguetia quitarensis, Bth, 76 A.

Synonymes : Guatteria virgala Dunal ; Oxrandra virgata Rich. (non Sw.) ; Anona lepidota Miq. (Sagot, Cat.).

Noms vulgaires : Bois de lance, Lancewood, pour deux varié- tés de la Jamaïque et de Cuba : Beriba (Guyane, d’après Miers); Yaya (Honduras, d’après Boulger) ; Yari yari (Wies- ner).

Quoique ce bois soit connu depuis longtemps, il y a beau- coup de confusion, tant dans la synonymie systématique que dans les noms vulgaires.

Fawcett, II, p. 20 : « Black Lancewood (Bois de lance noir); grand, fort et élastique, d'un grain fin, très dense et brillant, aussi dur que le buis ; importé en Anglelerre comme Lancewood-spars (Vergues) ; densité : 0,830 à 1,004. »

Il est évident qu'il s'agit de notre bois, mais sa synonymie est compliquée : Oxandra virgata Baill.; Uvaria virgata A. Rich.; Guatteria virgala Hook. Aucun de ces synonymes ne s'accorde avec ceux de l'Index Kewensis. Fawcett cite encore un White Lancewood {Bois de lance blanc), mais qui estle Xylopia glabra ; c'est un bois qui a une saveur amère.

Grisard, 1891, p. #34, cite : Oxandra virgata À. Rich.; Guatteria vir- gata Dunal ; Uvaria lanceolata SW. ; U. virgata Sw., comme bois de lance, Sous le nom de Duguetia quitarensis, il signale un autre bois de Cuba et de la Jamaïque employé pour gaulettes et qui ne peut être le nôtre.

Nous avons done huit synonymes différents. Sagot cite encore Lancewood, Yari yari (de Demerary) ou Jejerecou, qui

est un Xylopia sp.

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 67

Swartz, IT, p. 999 : Lance sparwood (Jamaïque), Bocagea virgata, et encore Lancewood, Uovaria virgala, U. lanceolala Prodr. qui a une écorce d’une saveur amère, piquante et aromatique quand elle est fraîche, un petit arbre.

Ce n'est pas le nôtre. Bremer, p. 203: Pilri jari.

Caractères généraux. Bois lourd et dur, compact, de cou- leur blanche souvent jaunâtre ou grisätre uniforme. Surface très unie, brillante, froide au toucher. Ne fonce que peu à l'air.

Caractères physiques. Densité, 0,835 à 1,001. Dureté, celle du Palissandre. Odeur : à sec, celle du miel ; à frais, celle de l'huile de ricin, d’après Gardner. Saveur légèrement astrin- gente. Solutions aqueuse et alcoolique incolores. Brüle bien, mais en pétillant beaucoup ; la chaleur fait sortir un suc rouge. Se fend suivant une surface droite et lisse. Se casse en longs éclats. Très résistant et surtout élastique.

Caractères anatomiques de l'écorce. L'écorce, de # mm. d'épaisseur environ, est lisse, un peu écailleuse, avec des rides dans lesquelles pénètrent les rayons, qui convergent en pinceau. Chaque pinceau a, dans la variété de Cuba, 12 rayons, et, dans la variété de la Jamaïque, 100 rayons envi- ron.

Structure du bois. L’aubier n'est pas différent du cœur. La structure du bois est à comparer avec celle de la figure [, pl. IT, dans laquelle toutefois le parenchyme n'est pas sufti- samment apparent.

Section transversale. Couches mal délimitées ; les limites ne sont constituées que par la différence de densité entre les zones qui sont plus ou moins riches en vaisseaux.

Vaisseaux visibles à la loupe, grands (0 mm. 25), uniformes, de distribution régulière, mais serrés par zones, et avec une tendance à se disposer en quinconce ou en des lignes obliques ; isolés ou par groupes de 2 à 8: nombreux (80 à 100 par mm. al

Rayons juste visibles, fins, uniformes, réguliers, laissant entre eux des intervalles droits, égaux au diamètre des gros

68 H. STONE

vaisseaux. 8 à 10 par millimètre, blancs. (La variété de la Jamaïque a des rayons de deux rangées de cellules rectangu- laires.)

Le parenchyme appartient à trois catégories : a, entourant étroitement les vaisseaux ; b, en nombreuses lignes minces ou en traits concentriques, plus fins, et unissant les rayons en filets ; c, des cellules isolées, qui, dans la variété de Cuba, font des taches composées de files radiales.

Parfois 1l y a dans ce bois un défaut qui est sans doute à des piqûres d'insectes, mais le canal se remplit d’un cal qui est noir et dur comme de l’ébène.

Section radiale. Couches peu apparentes, quoique sou- vent délimitables. Vaisseaux peu apparents, souvent brillants. Les rayons sont de fines lignes blanchâtres, obscures. L’as- pect d’ébène, quand on l’observe, dessine des raies noires très nettes.

Section tangentielle. Comme.la radiale, mais avec couches un peu plus apparentes ; les rayons ne sont visibles qu'au microscope.

Emplois. Lances, brancards, vergues, bouts de canne à pêche, baguette de fusils, tour, etc. D'après Sinclair, le bois de Cuba est bien supérieur à celui de la Jamaïque ; il estplus résistant et présente beaucoup moins de défauts intérieurs. Les deux sortes se distinguent facilement par l'écorce ; elles sont rarement de grandes dimensions.

L'échantillon-type, d’après lequel J'ai donné les caractères précédents, correspond aux n% 7 et 8 de ma collection.

Duguetia (Aberemoa) guianensis Aubl. (DC.), 76 B.

N'est pas cité dans l'Index Kewensis.

C’est l’'Aberemou (Galibis) d’Aublet, p. 618, qui n'est pas celui de la page 953 (voir Perebea 6633).

Duguetia longifolia Baill., 76 C. Synonyme: Anona longifolia Aubl.

Aublet, p.615 : Pinaioua (Garipous et Galibis), Corossol Pinaioua.

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 69 Clef des espèces de Duguetia et Anona :

A. Traits concentriques de pareuchyme abondants.

1. Bois blanchâtre. Vaisseaux, en section transversale, visibles seulement à la loupe. Rayons juste visibles à l'œil nu... Duquetia 76 A.

2. Bois brunâtre ou jaunâtre. Vaisseaux juste visibles à l'œil nu. Rayons visibles seulement à la loupe... Howadanni, 108 G.

B. Traits concentriques rares et souvent absents. Bois res- semblant au « Cœur vert »... Arrewerwa 108 F.

Références. Sinclair, ms. ; Gardner, ms.; Stone, Timbers of Com- merce, pl. I, fig. 2, et pl. XXII, fig. 79 et p. 2.

Waria zeylanica Aubl., 83.

La synonymie de cette espèce est curieuse. D'après l'Index Kewensis, le Waria d'Aublet est l'Uvaria de Linné ; mais Aublet a décrit et figuré deux espèces sous le mème nom, et sa description de la page 604 se rapporte à l'Uvaria zeylanica, tandis que la planche 243 représente l'Unona discolor Vahl. (non Wall.). Or, dans l'Index, l’Uvaria zeylanica Aubl. (p.605, t. 245) est synonyme de d'Unona concolor Willd., alors que l’Uvaria zeylanica Linné (non Deless., Domb., Lamk.) estune bonne espèce, sans que je puisse affirmer que c'est le Waria zeylanica Aubl. Durand donne Waria comme étant un X7ylo-

pia.

Barrère, p. 2, dit : « Bois d’écorce, Poivre d’'Æthiopie, arbre de haute futaie ; Acacia procera, genre de Cassie. »

Aublet, p. 605 : « Narum-panel de Rheed, avec deux variétés, le bois blanc à grandes feuilles et le bois blanc à petites feuilles ; écorce cen- drée, bois blanc et peu compact. »

TRIBU IV. XYLOPIÉES

Rollinia multiflora Saint-Hilaire, 106 A. N'est pas cité dans l’Index Kewensis. Est-ce celui de Splitz?

70 H. STONE

Grisard, 1891, I, p. #44: Lancewood ; bois souple et élastique, bran- cards, carosserie.

Rollinia longifolia Saint-Hilaire, 106 B. Grisard : mêmes détails que pour l'espèce précédente. Lancewood.

Rollinia muscosa Baill., 106 C.

Synonymie douteuse. Selon l'Index Kewensis, c'est l’An- nona muscosa Aubl., le ARollinia muscosa Baill., et encore le Rollinia Sieberi DC.

Aublet, p. 618: Cachiman sauvage.

Anona reticulata Lin., 108 A. N'est pas celui de Sieber ni celui de Velloz.

Barrère, p. 58 : « Guanabanus, Pomme cannelle, Cachiman ». Mais est-ce bien celte espèce ?

Préfontaine, p. 157: « Anona, Petit Corossol, Cœur de bœuf, Alaca- lyoua (Carib) ».

Même doute que précédemment.

Aublet, p. 617: « Anona maram de Rheed ».

Baillon : Custard apple, Marie-Baise, Atte (voir 108 G).

Icones lignorum : fig. 2, pl. LXXII en couleur. « Mariabas ».

Grisard, 1891, I, p. 427: Bois mou et filandreux, de petites dimen- sions, peu employé, cassure assez longue et fibreuse. Pour la construc- tion. Densité 0,556 ; élasticité 871 ; rupture 970.

Rodrigues, 1893, p.8 : Coracào de boi, Milolo (Brésil, voir 762), Fructo de Condessa, Fructo de Conde | Angola).

Heckel: Hobohobo en malgache.

Fawcett, III, p. 197: Custard apple.

Au Musée Colonial de Marseille, il y a un petit échantillon de 15 centimètres de diamètre (n° 123, Guyane), de l'étude

duquel je tire les détails qui suivent :

Ecorce se présentant comme une pellicule brun foncé, lisse,

plus claire à l’intérieur ; elle porte encore des cicatrices de feuilles. Bois {aubier) de la couleur d'une toile écrue, très dur,

n . Re Lx en

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 71

Structure du bois en section transversale,

Couches très vagues ; la nuance de la coupe est un peu plus foncée que celle des autres sections.

Vaisseaux visibles à la loupe, petits, fortement AV régu- lièrement distribués, avec une tendance à se disposer en lignes obliques ; simples pour la plupart, mais quelques paires sub- divisées.

Rayons très fins.

Parenchy me peu apparent. Entoure-t-il les vaisseaux ?

Je ne peux donner aucun autre détail,

Anona muricata Lin., 108 B. Synonyme : À. sylvestris Burm. {non cité dans l'Index Kewensis).

Aublet, p. 17 : Cachiman morveux.

Icones lignorum : PI. LXXXII, fig. 3 : Soorsack.

Pulle : Zuurzak (Surinam.

Rodrigues, 1893, p. 8 : Guanabano, Sapodille, Graveola (Brésil.

Grisard, 1891, I, p. 158 : Bois blanc très léger ; densité, 0,#00 ; de peu de durée. ;

Diaz, p. 270: Guanabanus (Vénézuéla).

Bremer, p. 209 : Bousi soursakka (Surinam.

Anona paludosa Aubl., 108 C. Synonyme : Annona paludosa Aubl.

Aublet, p. 611: Corossol sauvage, écorce lisse roussàätre, bois blan- châtre, peu compact, aromatique.

Sagot, Cal., XI, p. 134: Guimauve.

Rodrigues, 1993, p. 9 ; Aralecu do brijo, Cortica, Maca do cobra (Bré- sil}, Corkwood, Alligator apple (Jamaïque).

Fawcett, IT, p. 197: Anona paludosa Lin. Bois liège pour bou- chons, flotteurs, filets, radeaux.

Anona punctata Aubl., 108 D.

Aublet, p. 614: Corossol pinaou, Pinaou (gal), bois blanc et fort dur, bon pour lattes, à cause de la facilité à le fendre, charrons.

Anona Ambotay Aubl.. 108 E.

Aublet, p. 616: Ambotay (gal); l'écorce a un goût piquant {et aromas tique,

72 H. STONE

Anona sp., 108 F.

Arrewewa de Bell.

L'échantillon a été déterminé d'après des fruits et des feuilles par le D' Freeman. Ce n’est aucune des espèces déjà citées. Provenance : Guyane.

Caractères généraux. Bois très lourd et dur, d’une cou- leur brun noisette foncé, rappelant le « Cœur vert », car il a quelquefois une nuance verte. Surface à peine brillante, fon- çant un peu à l'air, à grain fin et compact. Nuance de la coupe transversale plus foncée que celle des autres sections.

Caractères physiques. Densité, 1,112 environ. Dureté, celle du Cœur vert. Odeur nulle quand il est sec; saveur nulle.

Caractères de l'écorce. Lisse comme celle du Faux-Pla- tane ; 6 mm. d'épaisseur environ ; très dure et ligneuse; inté- rieurement brun foncé. Au-dessous de cette écorce, la sur- face de la büche est finement striée.

Structure du bois. L'aubier n'est pas différent du cœur.

La structure est celle du Bois de lance (76 A). Couches mal définies ; limites vagues, d’après seulement une différence de densité entre les couches successives.

Vaisseaux visibles à cause de la couleur claire de leur bor- dure de parenchyme et de leur contenu blanc ; grands, Jus- qu'à 0 mm. 25 de diamètre, réguliers, mais çà et là, une zone ils sont moins serrés; simples ou subdivisés en groupes radiaux de 2 à 8; peu nombreux, | à 10 par mm. q.

Rayons visibles à la loupe, fins, uniformes, réguliers, avec des intervalles ayant la largeur d'un gros vaisseau, 6 à 10 par mm. ; rouges quand ils sont humectés.

Parenchyme a entourant étroitement les vaisseaux, et, entre les rayons, de rares petits traits correspondant au parenchyme b.

Section radiale, Nuance un peu plus claire que celle de la section tangentielle. Couches peu marquées ; Vaisseaux peu apparents ; rayons en fines lignes mates et blanchôâtres.

Section tangentielle. Semblable à la radiale, mais avec couches un peu plus apparentes et rayons visibles seulement au microscope.

à Var p u A4 F3 :

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 19

Emplois. « Manches de haches ; madriers très durables : peut être obtenu en büches de 2 à 3 cm. d'équarissage » (Bell); très dur à travailler, se fend facilement et se prête mal au clouage ; polissage médiocre.

Échantillon type, 2,2658 Bell. Référence : Stone et Freeman, p. 2.

Anona sp., 108 G. Probablement À. squamosa Lin. (non Vell ni Delile). Synonyme : À. {uberculosa Rumph.

Saint-Hilaire cite A. muricata Vaud., mais cette espèce ne se trouve pas dans l'Index Kewensis. L'échantillon 2694 de la collection de Bell a été déterminé, autant que possible, d'après les feuilles et des fruils parle D' Freeman.

Les diverses citations suivantes se rapportent en tous cas à l'Anona squamosa, sauf le terme Howadanni (Bell) qui se rap- porte à l'échantillon 2694 cité ci-dessous.

Noms populaires : Hattier, Pommier-cannelle, (Rumphius), Cachimentier, Attier, Atocire, Ata, Pinha, Atas, Sweetsop, Sugar-apple, Custard, apple, Chirimoya (Antilles, Urban). Cachiman, Guanabanus, Anona (Préfontaine) ; est-ce cette espèce ? Fructa de Conde, Araticutitaya (Brésil, Rodrigues), Boewa-nona (Malais, Filet), Sirikaya (gén. v. 1102 A), Ate (Guyane française, Sagot). Cay-mang-cau, üên (Cochinchine, Loureiro). Anon (terme général, mais, à Porto- Rico, d'après Pittier, s'appliquant plus spécialement à la pré- sente espèce), Fructo de Condessa (rarement) ; Atta (Brésil, Pecholt). Attier (Maurice), Marie-baise, Pomme cannelle (Cayenne), l'Atamaran de Rheed (Aublet). Baillon dit que le vrai Custard apple, Cachiman ou Marie-baise est l'A. reticu- lala (108 A). Kameelappel (Surinam, Pulle), Boeah nona : Sirikaju (Sunda, Miquel). Peut-être le Conti hout de l'Icones hign., pl. 82, fig. 7 ; mais non le Hatti de Rodway, qui est un Hevea.

Caractères généraux du Horwvadanni. Bois lourd et dur, d'une couleur brun jaunâtre, qui fonce un peu à l'air; surface

Î

L H. STONE

froide au toucher, grain fin. La nuance de la coupe transver- sale est un p u plus foncée que celle des autres sections.

Caractères physiques. Densité, 0,942 environ. Dureté, | celle du Bois de lance. Odeur nulle, quand il est sec ; saveur | astringente.

Caractère de l'écorce. % mm. d'épaisseur environ. Formée de deux couches, au-dessous d’un épiderme mince et cassant; la première de ces couches sous-épidermiques, brune, pleine de fins sclérites blancs, et celle de l'intérieur présen- tant en section transversale les rayons. Surface de la bûche sillonnée par ces ravons.

Caractères du bois. L'aubier a 1 em. 5 à 2 cm. 5 d'épais- seur environ ; 1l est plus foncé que la région plus interne et nettement distinct du cœur.

La structure du bois est celle du Duguetia ou Bois de lance (76 A). La section transversale est à comparer avec la fig. 1, pl. IT.

Couches mal définies, mais 1l y a des zones de couleurs diverses.

Vaisseaux Juste visibles à cause de leur nombre et de leur contenu un peu plus clair ; peu de variations, même dans les groupes ; quelques-uns simples, mais la plupart en groupes radiaux de 3 à 8, même plus. À la loupe, ces groupes paraissent comme de petits traits plus clairs ou des files de piqüres situées entre les rayons.

Rayons visibles à la loupe, très fins mais bien apparents: intervalles ayant le diamètre d’un gros vaisseau ; rayons uni- formes, réguliers.

Parenchyme h en traits extrêmement fins entre les rayons.

Section radiale. Couches peu marquées: vaisseaux très fins, constituant des sillons disposés par deux ou plus, côte à côte ; rayons Juste visibles ; parenchyme (au microscope) en lignes très fines. À la loupe, cette section ressemble à la sec- tion transversale, car les cloisons des vaisseaux peuvent être prises pour les séries de piqüres et le parenchyme pour les rayons.

Section tangentielle, Comme la radiale, mais le paren-

LL ORÉ Ps

ROIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 14

chyme b se présente en taches et non en lignes. Il est abon- dant mais difficile à voir. Les vaisseaux sont simples, non dis- posés par paires.

Emploi. Construction ; de petites dimensions, jusqu'à 12 à 15 cm. d'équarrissage (Bell). Dur à travailler, se fend et ne se prête pas au clouage ; polissage médiocre.

Echantillon type 38,2694, Bell.

Références : Baillon I, p. 274; Aublet, p. 617 ; Bell, p. 6; Stone et Freeman, p. 38.

Xylopia frutescens Aubl., 3. (non Gaertn, nec Sie- ber).

Aublet, p. 602. Embira, Pindaiba, Ibira (Brésil, Marcg.) Jéjérécou (nègres), Couquerecou (Gal.) ; écorce lisse, cendrée, piquante, aroma- tique ; bois blanchâtre.

Guibourt, III, p. 677, cite Embira, Pindaiba de Pison, et Pacova comme étant le Xylopia grandiflora À. Saint-Hilaire.

Pulle, p. 177. Pegrekoe (Surinam).

De Lanessan, p. 358: « Bois un peu brunätre ; charpente ; densité 0,626 ».

FAMILLE XVI VIOLARIACÉE

TRIBU II. PAYPAYROLÉES

Paypayrola quianensis Aubl., 474. Synonyme : Periclistia latifolia Bth.

Aublet, p. 249 : Un arbrisseau. Martin-Lavigne, p. 70 : Faja hoedoe, Faja boedoe ; couleur blanche.

L'auteur donne une description et des figures, mais le bois est sans importance commerciale. Il est cependant assez curieux au point de vue de la structure, car 1l a deux sortes de rayons, qui, avec les vaisseaux, forment environ la moitié du bois.

TRIBU III. ALSODÉIÉES

Alsodeia guianensis Eichl., 476. Synonyme : Passoura quianensis Aubl., p. 21,

76 H, STONE

FAMILLE XVIII BIXACÉES

TRIBU I. BIXÉES

Bixa Orellana Lin., 494.

Pomet, p. 302; Roucou, Achiot (Indiens); Orleane (hol., pour la fécule).

Barrière, p. 79 ; Urucu (Piso, v. 663) ; Roucou ; Müella ameri- cana.

Préfontaine, p.205. « Roucou, Ematebi : appelés Cochene par les hommes, Bichet par les femmes caraïbes. »

Aublet, p. 533. Roucouier, cultivé.

Grisard, 1891, I, p. 616 : Écorce pour cordage et liens.

Rodrigues, 1892, p. 18 : Uruku, Arnotto (Brésil) ; Bixa, Kisapu, Diteque (Angola), pour en faire des poudres et le Wahaki des Indiens.

Gaebelé, p. 57: Venay verai Cédy (Tamoul), bois peu utilisé; les Indi- gènes s'en servent en guise d’amadou.

Il ne faut pas le confondre avec l’Urucurana (6434) ni le Rookoorookoo (Pt, IT), ni l'Urucaru.

TRIBU IIL FLACOURTIÉES Lætia hirtella H. B. et K., 503 A.

Grisard, 1891, 1, p. 617 : Trompelli, Trompite (non le Trompetto de Sagot, v. 6645 et 1178). Plus dur que le cèdre ; charpente, tables, ébénisterie ordinaire.

Lætia procera Eichl., 503 B.

Lætia casearoides Sag., 503 C.

Sagot, p. 911. Coupy fou pour les deux espèces. FAMILLE XXII VOCHYSIACÉES

Qualea cœrulea Aubl., 559. Grignon fou. Il y a plusieurs bois qui portent ce nom, mais des renseignements précis manquent,

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 17

Préfontaine, p. 169 : « Couaille, Couatta (Caraïbes) ».

Est-ce cette espèce ? |

Aublet, p.8: Quale (Galibis), écorce ridée et gercée, bois roussâtre et compact.

Dumonteil, p. 156 : Grignon fou ; densité, 0.577; force, 146 ; élasti- cité, 183 ; flexibilité, 2,79. Classe 3, qui est celle du Pin. Le même auteur cite un Grignon fou rouge qui a pour caractères : densité, 0,411; force, 96 ; élasticité, 136 ; flexibilité, 3,88. Classe 6 (de très faible valeur).

La Commission de Brest, p. 174 : Grignon fou, 1/3 moins fort que le Chêne, 1/3 plus léger, un peu moins élastique ; rouge pâle tirant sur le rose ; le grain un peu gros, le bois plus mou que le sapin ; de belles dimensions, cassant, se tourmente et diminue considérablement de volume. Il a le défaut d'être très hygrométrique ; il peut remplacer le Pin de basse qualité ; très commode à travailler: Essais faits sur le bois de Dumonteil, conservé à couvert : force, 340 à 520 (0.64 à 0.67 si Chêne 1) ; élasticité, 25 à 33; à découvert: force, 470 à 630 (0.70 si Chêne 1) ; élasticité toujours 30 ; cassure à fibres longues; classe 2 (inférieur au Sapin du Nord). Essai sur un autre échantillon : densité, 0,413 à 0,513 ; force, 400 à 500 (0.67 si Chêne 1) ; élasticité, 30 à 40. Un des cabrions craque légèrement avant de se casser, el deux ont cassé net sans la moindre déchirure des fibres ; retrait de 5 à 6 mm. sur 5 cm.

Sagot, p. 924, donne trois noms systématiques : Qualea, ou Casearta procera (qui n’est pas dans l’Index) et Byrsonima ; p.913, Byrsonima densa, qui est peut-être le Grignon fou des Chantiers, ou le Moureila (voir 940), à bois rougeâtre, sans dureté et sans qualité; puis, 3°, p. 911, Couai, ou Q. cœrulea Aubl., rougeàtre, presque tendre, se sciant assez bien en planches ; et aussi, p. 232, Grignon fou ou Couaie, Q. cærulea, extrêmement commun, bien inférieur au Grignon en force et en con- servation.

Grisard, 4891, 1, 623 : Q. cœrulea, rougeûtre, léger, très liant, mais inférieur au Grignon franc; densité, 0,798.

Il est évident que le bois de Grisard est un autre bois, car le poids est bien plus élevé que celui des bois de Dumonteil et de la Commission qui indiquent un bois plutôt faible que liant, Le mot « léger » ne s'accorde pas très bien avec une

densité de 0,798.

Bassières, p. 101: Q. cœrulea, rougeñtre, presque tendre; densité, 0,800.

Peut-être est-ce le même bois que celui de Grisard.

78 H. STONE ;

Qualea rosea Aubl., 559 B.

Aublet, p. 6: Labalaba (Galibis) ; bois rougeätre, compact ; écorce ridée et gercée. Sagot, Cat., 1883, p. 314 : pas abondant.

Vochisia tetraphylla DC., 561 A.

Synonymes : Vochya., Vochy, Vochuysia. 2) ». (7 , VE t

Noms populaires : Bois Cruzeau (Lanessan), Etaballi (Bell), nom géné- ral. (N'est pas l'Edaballi, 658 B, ni le [taballi}. Kwasi houdou (Bremer) Kwalie (Surinam, Pulle) : Bois Cruseau (Dumonteil). Schomburg cite un Itaballi, quiestle Vochisia quianensis Lamk. ; Brousseau, un Etaballi qui estle Bocoa Bocoa Aubl., et Sagot un Etaballi qui est le Bocoa proua- censis Aubl. (Voir 1856 A.)

Notre échantillon 2682 a été déterminé d’après les feuilles et fruits par le D' Freeman, qui le considère comme étant probablement le Vochisia tetraphylla.

Provenance. Amérique tropicale, Guyane.

Caractères généraux. Bois plutôt dur et pesant, d’une cou- leur rosée ou brun-rougetre, uniforme, avec de jolies mailles. Il ressemble aux acajous d'une qualité inférieure. Surface un peu mate. Rougeâtre pâle, d'après Sagot.

Caractères physiques. Densité, 0,611 à 0,764 ; force, 142 ; élasticité, 102 ; flexibilité, 2.51, d'après Dumonteil. Dureté, celle du hêtre. Quand il est sec, odeur et saveur nulles.

En le grattant, on soulève de nombreuses peluches qui peuvent le faire reconnaitre (Sagot).

Caractères de l'écorce. Brune, légèrement gercée, tom- bant en plaques, qui laissent à découvert une couche lisse ; couleur de terre cuite. Entre cette couche et l’épiderme se trouve une mince couche presque blanche. Epaisseur, 6 à 12 mm. environ. Surface de la büche striée.

Structure du bois. L'aubier n'est pas très différencié du cœur; il est seulement un peu plus blanchàätre ou grisâtre.

La moelle a 3 mm. de diamètre environ : elle est arron- die, ligneuse et de la même couleur que le bois.

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 719

Section transversale. Couches bien définies, les limites étant constituées par des anneaux de vaisseaux.

Vaisseaux très apparents, grands, peu variables, distribués régulièrement, simples ou par groupes de 2, rarement 3 ou 4.

Rayons juste visibles, paraissant être de deux sortes ; irréguliers, les intervalles entre les petits très inférieurs et entre les grands très supérieurs au diamètre d'un gros vais- seau ; les uns et les autres, ondulés, rouges.

Parenchyme a entourant les vaisseaux et parfois s'étendant en de minces ailes qui unissent des groupes tangentiellement.

Section radiale. Vaisseaux plutôt gros, pour la plupart vides, mais laissant çà et sortir de la gomme.

Rayons petits, mais très apparents, en lignes curieusement ondulées et brisées. Cette forme est due à la course ondulée des rayons en section transversale,

Section tangentielle. Comme la radiale, mais les rayons sont à peine visibles, ou à la loupe seulement; hauteur, Î mm. environ.

Emplois. Douvelles pour barriques à sucre ; ne résiste pas aux intempéries (Lanessan). Peut être facilement obtenu jusqu'à 20 m. sur 34 cm. d'équarrissage ; réputé comme se conservant bien dans l'eau salée (Bell). Dur à travailler, il peut servir à remplacer l’acajou de qualité inférieure.

Commun dans l'Intérieur de la Guyane (Sagot).

Echantillon-type : 26,2682 Bell. Références : Bell, p. 5; de Lanessan, p. 1#1. Sagot (Richesses de la Guyane), p. 12, et (Catalogue), 1883, p. 313. Dumonteil, pp. 156, 162.

Vochisia quianensis Aubl., 561 B. Synonyme : Cucullarea excelsa Wild.

Aublet, p. 19: Bois dur, vert jaunâtre ; écorce lisse, vert grisätre. Schomburgk : voir l'espèce précédente. FAMILLE XXVIII. HYPERICACEES TRIBU II. VISMIÉES

Vismia, 636. Hypericum, selon Durand, n°631.

s0 H. STONE

Vismia guianensis (non Seem, ni Choisy DC., 635 A). Synonyme : Hypericum quianense Aubl. (non Linné).

Aublet, p.784: Coaopia de Marcgraff, Caopia de Pison; Pao de lacra, Millepertuis de la Guyane ; écorce raboteuse gercée.

Sagot, p. 912: Bois dartre (lerme général), rouge pâle.

Grisard, 1891, p.823: V. quianensis Pers, Bois sanglant, Bois cossais, Bois d'accossais (terme général), arbre de la fièvre (Guyane, terme général), Lacre blanco (Vénézuéla). Bois rouge pâle, parsemé de veines fines et claires, assez léger; dureté régulière, grain fin, texture fibreuse; assez joli, peu employé ; construction. Densité, 0,650.

Vismia latifolia H.B. et K., 635 B. Synonyme : Aypericum latifolium Aubl., p. 787.

Vismia rufescens Pers., 635 C. Synonyme: Hypericum sessilifolium Aubl.

Aublet, p. 787: Bois Baptiste, Bois dartre, Bois de sang, Bois d’acco- sois, Bois de la fièvre (Créole).

Vismia cayennensis Pers., 635 D.

Lanessan, p. 148 : Bois de la fièvre, Bois à dartres ; rouge pâle ; pour constructions. Grisard : Bloodwood (Trinité). Bois Baptiste de la Guyane.

Vismia ferruginea H.B. et K., 635 E. Synonyme: Æypericum cuspidatum Willd (Steud. ?)

Grisard, 1891, 1, p. 824 : Onotello {Vénézuéla), jaune rougeûtre, assez compact; peu employé.

FAMILLE XXIX. GUTTIFÈRES

TRIBU I. CLUSIÉES

Clusia rosea Jacq., 638 A. Synonyme: Clusia alba Kunth. (non Choisy, ni Jacq). Clusia retusa Poir.

Aublet, p. 933: Coapoiba (Brésil, d’après Marcgraff)}, Paogamelo (Portugais), Pérépéré (Galibis). Aublet cite encore C. alba Jacq.

D

MOSS 1 Las LS .

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 81

Grisebach: Star-of-the-Night, Balsam fig. Scotch Attorney (lerme général, Antilles Anglaises).

Grisard, 189,1, p. 834: Cupey (Trinité), Copey ou Cupay (Vénézuéla). Ecorce lisse; bois rouge, assez pesant ; combustible.

Niederlein, p. 10: Figuier maudit, Bois Roi (terme général, voir partie IT).

Clusia insignis Mart., 628 B.

Grisard, 1891, I, p. 832: Balsam tree (colonie anglaise en Guyane). Bois de Parcouri (voir 662 et 651).

Bassières, p. 99: Parcouri, Coopa, Cowassa {voir 5495), Wild Mam- mee (Demarary, voir 662). Grain assez fin et compact ; densité, 0,816 ; fibres assez régulières et serrées.

Le chiffre de densité indique que l'auteur a pris pour cette espèce le Parcouri noir de Dumonteil {voir 651). Il me semble qu'il y a quelque part une erreur de Bassières.

Niederlein, 1902, p. 7: Parcoury franc, P. Soufré, P. rouge, Bois Lemoine (Guyane).

Clusia venosa Lain., 638 C (non Jacq.).

Aublet, p. 934 : Votomite (Galibis, voir 6#7). Grisard, 1891, I, 855 : Palétuvier de montagne {terme général).

Clusia sp., 638 D. Espèce non déterminée.

Niederlein, p. 2 : Parcauri mani, Parcouri-Goupi, Bois serpent (terme général, voir 198%). Le mème 1902, p. 7 : Parcoury-mani et Pao Cora (Guyane).

Tomovita guianensis Aubl., 647.

Aublet, p. 947 : Votomite (Galibis, voir 638 C)\. Ecorce rougeûtre, bois compact, dur ; aubier blanc, cœur rouge. On trouve sur l'écorce des larmes d'une résine jaune et lransparente.

Sagot, Cat,, 1883, p. 334: Volomila quianensis Aublet, planche 35 seulement.

Annales du Musée colonial de Marseille, 3* série, 4* vol, 1916. 6

02 H. STONE

TRIBU II. MORONOBÉES

Symphonia globulifera Lin. (non Arruda), 648. Synonymes: Moronobea coccinea Aubl. : Moronobea escu- lenta Arruda (partim).

Noms vulgaires : Moronoba, Coronobo (Galibis), Mani (Aubl.), Gulan- dim, Gouandim (Amaz. R. negro, Peckolt). Ejale, Nkum, Une variété s'appelle Arquane chez les Mbonoi, d’après Harms. Hog-gum tree, Mawna tree (Jamaïque). Numgundo (Angola, d’après de Willemin). Cerillo (Costa Rica, d'après Pittier). Oanany, Ounany (Brésil, d’après Peckolt). Mangle blanc (Catalog. Exposit. Chicago). Anany (Amazones), Manniballi (Guyane Anglaise, d'après Bell). Palétuvier jaune (Guade- loupe, d’après Duss). Bois cochon (Saint-Domingue, d’après Baillon), Bois cochon (Soudan), Karamani. Pour la gomme : Doctors'gum (Gui- née Anglaise, d’après de Cordemoy).

Je me demande si cette espèce n’est pas le Maniballi, Can- dlewood, Carmen, Caramen ou Buck-wax cité, p. 18, dans le Catalogue Exposit. Paris, 1867, et p. 26, le Cari-mani. Ce bois peut être obtenu de 9 à 16 m. sur 17 à 25 cm. d’équar- rissage. La cire (wax) est employée pour fixer les pointes des flèches et les hameçons pour la pêche.

Baillon donne Moronobea globulifera comme synonyme à Symphonia globulifera, mais 11 met à part le Moronobea coc- cinea, qui est le Mauna tree et l'Oanani du Brésil.

Il s'agit peut-être du Mani de Dumonteil, et je cite plus loin les chiffres s'y rapportant. De Lanessan cite un Mauniballi qui est un Amyris sp. (voir 1156, [), et Grisard en signale un autre qui est un Platonia (voir 651).

Mon échantillon-type a été déterminé d’après des feuilles et des fruits par le D' Freeman.

Provenance: Amérique tropicale.

Caractères généraux. Bois d'un poids moyen et d'une dureté moyenne, d’une couleur brun verdâtre, « Jaunâtre » (Aublet); jaune brun rappelant le Chlorophora (Chevalier, voir 6609). La coupe transversale présente un amas de fines lignes claires ; cependant la nuance est plus foncée que celle

RPC ce ? à

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 83

des autres sections. Surface brillante, fonçant un peu à l'air ; grain plutôt gros.

Caractères physiques. Densité, 0,519 à 0,632 (0,888 Gri- sard). Dureté du Noyer. Odeur, à sec, et saveur nulles. Cassure longue et très fibreuse (Grisard).

Dumonteil, p. 15% : Densité, 0,714; force, 174; élasticité, 163 ; flexibilité, 2,19. Classe 3, celle du Pin.

Caractères de l'écorce. Ecorce de 6 mm. d'épaisseur envi- ron, formant une seule couche sous-épidermique, qui est rem- plie de sclérites blancs et durs qui peuvent être écrasés en miettes avec l'ongle. Lisse, cendrée (Aublet).

Grise, se détache par petites plaques minces ; exsude une résine Jaune, qui devient ensuite rouge (Chevalier).

D'après un autre échantillon (Musée Colon. de Marseille, 100 Guyane), épaisseur # mm. environ, épiderme jaune- verdâtre, couche intérieure présentant des rayons ; couche extérieure stratifiée, s'émiettant facilement : saveur amère. Exsudant de la gomme rouge sang. Surface intérieure lisse.

Structure du bois. Aubier gris, beaucoup plus foncé que le cœur et bien distinct ; épaisseur, 12 mm. environ. Moelle ?

Section transversale. Couches souvent mal définies ; la limite en est au plus une interruption peu sensible dans la succession régulière des lignes de parenchyme. Contour régu- her.

Vaisseaux juste visibles comme des points blancs ; peu de variations, sauf lorsqu'ils sont par paires, et, en ce cas, un des vaisseaux beaucoup plus grand que l’autre. S'ils sont séparés, distribution régulière, et alors fortement isolés, contenant souvent de la gomme qui rend la coupe brillante.

Rayons visibles à la loupe, très fins, uniformes, à intervalles réguliers, plus étroits que le diamètre d'un gros vaisseau, et restant droits malgré leur finesse. Même couleur que celle du parenchyme.

Parenchyme a bien visible; une multitude de fines hgnes claires très serrées, concentriques, continues, unissant les Vaisseaux.

Taches médullaires de places en places, ovales,

S4 H, STONE

Section radiale, Nuance plus claire que celle de la section tangentielle. Couches rarement délimitables. Vaisseaux plu- tôt gros, mais peu apparents, pour la plupart remplis de perles gommeuses brillantes et aussi d'une matière blanche.

Section langentielle. Comme la radiale, mais moins bril- lante. Le Pa se présente en lignes verticales serrées. Rayons visibles au microscope seulement.

Emplois. —Facilement obtenu jusqu'à 13 m. sur 30 à 35 em. d'équarrissage (Bell).

Il résiste aux vers et aux intempéries (Duss).

Un des plus mauvais bois de la Guyane (Sagot).

Cependant, à en juger par les chiffres de Dumonteil, et si le bois se conserve bien, l'opinion de Sagot paraît trop sévère. Le bois se travaille facilement.

Échantillon type : 62,2718 Bell ; Musée Colon. de Marseille, Guyane, 100 {écorce seulement). ,

Références : Bell. 8 ; Duss p. 151 ; Chevalier (a), p. 167 ; Grisard, 1891, p. 140; Sagot, p. 234; Aublet, p. 788; Dumonteil, pp. 154 et 160; Baillon, VI, #15 ; de Lanessan, p. 140 ; Stone et Fr., p. 62,

, Les Parcouris, 651.

Plusieurs bois sont désignés sous ce nom, et notamment Platonia insignis Mart., le Clusia insignis Mart. (638 B), et le Mammea americana Lin. (662). Malheureusement, sur sept auteurs qui s'en sont occupés, il n'y a que Grisard qui parle de la couleur. Il dit de Mammea « Bois blanc ou rouge pâle » ; de Platonia « Parcouri du Commerce, d'une belle couleur jaunâtre » ; mais les deux échantillons de provenances diverses qui se trouvent au Musée de Marseille sont d’une belle couleur rouge foncé, tirant sur le brun, avec des stries blanchätres.

Sagot a exprimé tour à tour des opinions diverses : p. 198, il dit Parcouri, Platonia insignis Mart. ; p. 228, Parcouri (Clusiacées). Puis p. 912 Parcouri parait un Calophyllum, un Aheedia ou un Clusia.

En présence de renseignements tellement contradictoires, je me borne à citer les auteurs, en donnant seulement la des-

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANUAISE 85

cripüion des bois du Musée de Marseille et du Pareouri de Bell, sans risquer une opinion sur le nom systématique. Il faut dire pourtant que les deux échantillons du Musée de Marseille ont une structure de Légumineuse, voisine de celle du Peltoqyne des Amherstiées ; ils devraient plus justement être placés dans cette tribu.

Il ne faut pas confondre cette espèce avec le Pacourea de Aublet.

Enfin Je signale les deux bois de Dumonteil pour lesquels je n ai que des chiffres pour me guider :

Parcouri noir, p. 154. Densité, 0,816 ; force, 1T3 : élas- ticité, 1,98 (198 ?) ; flexibilité, 2,65 ; p..160. Classe 2, qui est celle du Chêne ;

Parcouri jaune. Densité, 0,748 ; force, 177 ; élasticité, 113; flexibilité, 2,47. Classe 3 (celle du Pin). ;

Platonia insignis Mart., 651 A. Synonyme : Symphonia esculenta Steud. {non Arruda).

Sagot, p. 228 (Mais est-ce cetle espèce) : « Se place entre les bois durs et les bois légers ; grain assez fin el compact, sans être cepen- dant trop lourd et sans offrir une résistance trop grande aux outils.

Rodriguës : Bakury. P. insignis.

Grisard, 1891, IT, p. {#1 : Parcouri Parcoury (Guyane française) ; Parcury-guaza (Paraguay) ; Manniballi, Pakooru, Pakoort (Guyane angl.) ; Pacari {Arg.); Uba Coupari (Brésil). Le Parcouri du commerce est d'une belle teinte jaunätre, à grain fin ; fibres régulières el assez serrées; compact, sans être trop dur ; passe pour incorruplible. Il donne des planches de 6 à 15 m. de longueur.

Bassières, p. 99 : Parcouri. Clusia insignis (voir 63$S A).

Niederlein, p. #: Pacouri grand, Bacury (Guyane), et encore Bacury, Rheedia virens Planch.

Bell, 70 : Pakoorie, Wild mammee-apple (voir 662), décrite par Stone et Freeman p. 71, et cité ci-dessous.

Parcouri de Bell, 651 B.

Caractères généraux.— Bois d'un poids moyen et d'une dureté moyenne, d'une couleur blanc-rougeâtre, veiné. La structure, en section transversale, est exceptionnellement

86 HI. STONE

visible. Surface mate, quelquefois un peu luisante : fonce un peu à l'air, Nuance de la section transversale un peu plus foncée que celle des autres sections. Caractères physiques. Densité, 0,977; dureté, celle de l'If: odeur et saveur nulles. Caractères de l'écorce.

Écorce de 1 em. 3 à 2 em. 5 d'épais- seur environ ; dure, formée de deux couches, une interne, de { em. environ, brune, ligneuse, et une externe en écailles, qui, sur la section, sont bien tranchées ; sillonnée irrégulière- ment et pleine de sclérites durs et blancs, en couches concen- triques régulières. Surface externe de la büûche, striée ou unie.

Caractères du bois. Aubier blanchâtre ou de couleur écrue, épais de 7 cm. environ ; nettement distinet du cœur.

Moelle ?

Section transversale. Couches peu marquées, à limites vagues ; contour à peu près régulier.

Vaisseaux bien visibles, se présentant comme des piqüres ; grands, sans diminution de calibre sur toute la largeur d’une même couche, mais augmentation en diamètre d’une couche à l'autre.

Par ailleurs, peu de variations, sauf dans les groupes qui présentent quelquefois jusqu’à 22 vaisseaux, distribution uniforme et peu nombreux; bien isolés et pouvant être comptés à l'œil nu sur le vieux bois ; contenu luisant.

Rayons juste visibles sans loupe, quand ils sont humectés ; très fins, uniformes, réguliers, écartés les uns des autres d'une distance inférieure à celle du diamètre d'un gros vaisseau, et s’écartant un peu au niveau de ces vaisseaux. Couleur, celle du Pa.

: Parenchyme à visible, même très apparent, en lignes con- centriques continues, nombreuses, serrées, d’une couleur claire et d'un contour régulier. Dans le jeune bois, les zones ne sont pas développées, et le Pa ne fait que des ailes aux Vaisseaux.

Section radiale. Couches non marquées. Vaisseaux gros, rouges, ayant des cloisons qui sont visibles à l'œil nu, Le Pa

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 87

se présente en lignes rouges, qui sont plus visibles quand le bois est humide,

Parcouri du Musée Colonial de Marseille, 651 C.

Caractères généraux. Bois dur et lourd, d'une couleur brun rougeâtre, rayée de lignes d’un rouge plus foncé, et avec des stries claires. Surface luisante, qui prend déjà un polis- sage naturel sous le fil des outils. Fonce un peu à l'air. Grain. fortement à rebours. Nuance de la coupe transversale beau- coup plus foncée que celle des autres sections.

Caractères physiques. Odeur et saveur nulles. Cassant. I] brûle mal en pétillant beaucoup, peu de fumée, odeur agré- able.

Écorce et moelle inconnues.

Structure du bois.

Aubier de couleur écrue ; épaisseur, 2 em. environ.

Section transversale. Couches, en apparence, bien défi- nies ; limites peut-être formées par les zones qui ont peu de Valsseaux.

Vaisseaux très apparents à cause de leurs bords clurs, plutôt grands (0 mm. 2), diminuant un peu et régulièrement vers le bord externe de la couche ; fortement isolés, distri- bués irréguliérement, peu nombreux (1 à # par mm. q.), pour la plupart vides. Ils s'agrandissent beaucoup avec l'âge de l'arbre.

Rayons juste visibles ou à peine, excessivement fins, uni- formes, un peu sinueux, presque réguliers; intervalles égalant le diamètre d'un gros vaisseau, mais sans écartement au niveau des vaisseaux.

Parenchyme très apparent, 4, en fuseaux, ou en losanges, ou ailé autour des vaisseaux : couleur brun clair ou rouge, parfois unissant deux groupes de vaisseaux, surtout vers la limite externe de la couche, le Pa est moins déve- loppé.

Section radiale. Couches délimitables. Vaisseaux fins, sillons ouverts, parfois avec des perles gommeuses ou rési- neuses, rouges ou noires. Rayons à peine visibles ou visibles

88 H, STONE

à la loupe, minuscules, rouges, translucides. Parenchyme en lignes minces, blanchâtres, quelquefois très apparentes.

Section tangentielle. Comme la radiale, mais les vais- seaux sont beaucoup plus apparents, montrant beaucoup de parenchyme clair le: long des sillons. Rayons visibles seule- ment au microscope. Ce sont de courtes lignes, hautes de 6 cellules environ.

Échantillons types : 15, Parcouri jaune. Guyane, au Musée de Mar- seille, et 100, Parcouri étiqueté : « Mahot blanc ».

TRIBU IV. CALOPHYLLÉES

Kurahara, Kurahura Bell., 658 A.

Ce bois a une telle ressemblance avec certaines espèces de Calophyllum de ma collection, et sa structure est s1 caracté- ristique que je le place ici, sans hésiter. Un caractère parti- culier, et qui est très rare, se présente bien dans ma fig. 21,pl. V ; c'est le parenchyme en lignes concentriques dis- continues, ce qui arrive quelquefois dans d’autres genres, mais jamais de la même manière. Un échantillon du Musée de Mar- seille est bien semblable (n° 25 Guyane), et je crois que c'est le même que celui de Bell.

Caractères généraux. Bois plutôt dur et lourd, d'une couleur rougeâtre ou brun rougeâtre uniforme ; grain forte- ment à rebours; surface brillante qui fonce un peu à l'air. Nuance de la coupe transversale un peu plus foncée que celle des autres sections.

Caractères physiques. Densité, 0,810 ; odeur et saveur nulles. Caractères de l'écorce. KEcorce de 6 mm. d'épaisseur

environ, rugueuse, gercée, subéreuse, tombant en plaques qui sont molles, rouges, et stratifiées sur la section. Couche médiane, 3 mm. d'épaisseur environ, plutôt dure, brun foncé. Couche interne, stratifiée, présentant les rayons surtout sur la coupe radiale. Surface de la bûche ridée ou sillonnée.

Caractères du bois. Aubier un peu plus clair que le cœur, épais de 3 em, 5 environ,

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 89

La structure du bois est à comparer avec la fig. 21, pl. V.

Section transversale.

Limites des couches douteuses.

Vaisseaux bien visibles à cause de leur disposition en lignes radiales dendritiques. C'est la un des caractères spéciaux des Calophyllum, dans la figure, à cause du trop fort gros- sissement, mais qui paraît mieux à l'œil nu.

Rayons visibles à une forte loupe seulement, très fins ; uni- formes, réguliers ; intervalles beaucoup moindres que le dia- mètre d’un gros vaisseau, et s’écartant légèrement au niveau de ces vaisseaux.

Parenchyme a entourant les vaisseaux et les unissant par- fois en lignes radiales, et Parenchyme en lignes concen- triques irrégulièrement courbées et interrompues, claires. Elles paraissent foncées dans la figure, qui a été prise sur une coupe transparente employée comme cliché.

Section radiale. Vaisseaux plutôt fins, foncés, très obliques. Rayons étroits, juste visibles.

Section tangentielle. Rayons minuscules, de 0 mm. 2 de hauteur.

Emplois. Pour corials et pour planches pour bateaux : peut être facilement obtenu jusqu'à 17m. sur 55 cm. d'équar- rissage (Bell). Ce bois devrait servir à remplacer les qualités inférieures d'Acajou ; très commode à débiter.

Échantillon type : 58,2713. Références : Stone et Fr., p. 58.

Eda-balli, Wild Calabash (Bell ,fn° 658 B.

Calebassier sauvage. Encore un bois du genre des Calophyl- lum. Pour le distinguer de Kurahara, on peut citer les différences les plus importantes suivantes :

Parenchyme h en lignes concentriques beaucoup plus larges que les rayons. Kurahara, 658 A.

Parenchyme b en lignes un peu plus larges seulement que les rayons. Eda-balh, 658 B.

Il ne faut pas confondre cette dernière espece avec Eta-balli ni avec Itaballi (voir 561 A et B). Le mot Ita ou Eta, en

90 H. STONE

langue indigène brésilienne veut dire (er; par conséquent il est d'une application générale à tous les bois durs.

Caractères généraux de l'Eda-balli. Bois d'une dureté moyenne et d'un poids moyen, d'une couleur brun rougeâtre uniforme à brun clair. Surface légèrement micacée, qui ne fonce que peu à l'air. Nuance de la coupe transversale un peu plus foncée que celle des autres sections.

Caractères physiques. Densité, 0,752 ; dureté, celle du Hêtre. Odeur et saveur nulles.

Caractères de l'écorce. KÉcorce de 4 à 6 mm. d'épaisseur environ, brune, lisse. Couche interne mince, fibreuse, brun foncé ; couche externe plus claire, s'émiettant. Fortement adhérente. Surface de la büche lisse.

Caractères du bois. Aubier non différencié du cœur.

La structure du bois est celle du Kurahara, mises à part les différences suivantes.

Section transversale. Vaisseaux juste visibles, apparais- sant comme des piqüres.

Parenchyfne h en lignes concentriques continues, nom- breuses, légèrement ondulées, un peu plus larges que les rayons, avec lesquels elles forment un filet.

Seclion radiale. Brillante. Vaisseaux apparaissant par paires, ou 3 côte à côte, ce qui donne au grain une apparence grossière ; plus foncés que le fond. Rayons très étroits, lui- sants, cristallins. Parenchyme en très fines stries parallèles.

Section tangentielle. Comme la radiale, mais non bril- lante ; les rayons ne sont visibles qu'au microscope,

Emplois. Ce bois possède l'avantage de ne pas se fendre ; crosses de fusils ; pas abondant ; peut être obtenu jusqu'à 20 à 27 cm. de côté (Bell). Commode à travailler.

Ech. type : 25,2681 Bell. Références : Stone et Fr., p. 25.

Penoga, 658 C. Berkhout, p. 25. Calophyllum sp. Surinam.

Mammea americana Lain., 662. (Voir 651.)

Préfontaine, p. 157: Mamie, Manchiboui, Abricotier,

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 91

Aublet, p.917 : Abricotier d'Amérique.

Icones lignorum : pl. LXVII, fig. 1, Mamaavy.

Sagot, p. 912 : cultivé à la Guyane.

De Lanessan, p. 148: dimension considérable ; bois blanc, assez dur, homogène et facile à fendre.

Rodriguès, 1893, p. 59 : Abrico do Parà, A. de $. Domingo, A. selva- gina (Brésil).

Grisard, 1891, If, p. 135: Wild Mammee-apple, Pakoorie, Parcouri soufré, Abricotier des Antilles, Mammee-tree (angl.). Bois blanc rose ou rouge pale, gommeux, à fibres droites. Poids, 0,990. Lourd et assez dur, se fendant. avec facilité ; pour merrains, bardeaux, aissantes, planches, poulies, solives. Bonne conservation à l'air ou dans le sol.

TRIBU V. QUIINÉES

Quiina guianensis Aubl. (non Crueg.), 663.

Synonyme: Touroulia quianensis Aubl]. : Touroulia solitaris Stokes.

D'après l’Index Kewensis, Aublet à décrit la même plante sous des noms différents.

Aublet, p..492: Touroulia guianensis. Ecorce épaisse, ridée ; bois roussätre. À la page 19, Suppl. : Quiina guianensis, Quiina-rana.

FAMILLE XXX. TERNSTROEMIACÉES

TRIBU I. RHIZOBOLÉES

Caryocar butyrosum Aubl., 664.

Synonymes : Pekea butirosa Aubl.: P. lentiscos Aubl. (non mentionné dans l'Index Kew.).

Noms vulgaires : Pekea (Galibis et noiragues à Ayapoco et à Caienne : Aubl.). Pekia, Pequi, Piquy (Para, Rodrigués). Schwari (Bassières). Chawari (Dupré). Saouary, Saouarou, Soeri (Surinam, Berkhout). Schaouarouy (Caraïbes, Préfon- taine).

Il règne une certaine confusion autour du nom Pekea, qui s'applique encore à d'autres espèces, par exemple au C. hra- siliensis Saint-Hilaire, qui, selon Rodrigues, est le véritable Pequia. Pereira cite ce Caryocar brasiliensis en donnant les

92 H. STONE

noms additionnels de Pequia-bravo et Pequi. Da Gama parle d'un Pequia qui serait l'Aspidosperma sessiliflorum Muell., de l'ile Trinité. Le nom Souari est commun, ou du moins est attribué également aux autres espèces de Caryocar.

De Lanessan eite le C. fomentosum comme syn. de C. buty- rosum, ce qui n'est pas juste d'après l'Index Kew.

Le bois que je décris ci-dessous parait être celui de Bas- sières, de MeTurk et de da Gama. Il a été déterminé d'après les fruits et les feuilles par le D' Freeman.

Prov.: Am. trop.

Caraclères généraux. Bois dur et lourd extrêmement compact, d'une couleur gris-brun clair. Surface lisse, devenant mate. Roussâtre, dur, compact (d'après Aublet). Il ressemble au Genipa (d'après la Com. de Brest). Nuance de la coupe transversale plus foncée que celle des autres sections.

Caractères physiques. Densité, 0,943 à 1000. Dureté, celle du Buis. Odeur à sec, faible, même nulle.

Solutions aqueuse et alcoolique presque incolores.

Dumonteil. Essais : densité, 0,820 ; force, 211 ; élasticité, 162; flexibilité, 2,00. Classe 2, qui est celle du Chêne.

Commission de Brest. Essais avec le bois de Dumonteil : lorsqu'il est consérvé à l'abri, force, 720 à 920, (1,11 à 1,28 si le Chêne 1); élasticité, 20 à 28. Conservé à découvert : force, 860 à 940 (1,16 si le Chêne 1) ; élasticité, 22 à 25; a cassé après craquement avertisseur.

Même Commission. Essais d’un autre échantillon : densité, 0,794 ; force, 620 à 880 (1,11 si le Chène 1), élasticité, 20 à 30. Deux sur trois des cabrions ont cassé net, l'autre fait entendre un craquement avertisseur ; fibres bien déchi- rées. Il est intéressant de voir que le bois, conservé à décou-

vert, a gagné en force et en élasticité.

Caractères de l'écorce. Kcorce grisätre, d’après Aublet. Surface de la bûche rayée de petites côtes tortueuses.

Structure du bois. Aubier blanc, mat, nettement dis- ünct du cœur; épaisseur de 1 em. environ.

Moelle ?

Section transversale. Couches mal définies, mais il y a

des zones plus ou moins denses,

bi:

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 93

Vaisseaux visibles quand ils sont humectés : uniformes, sans diminution de diamètre vers l'extrémité de la couche; peu variables ; distribution régulière, mais avee tendance à se disposer en chapelets ; groupes radiaux par 2 à # vaisseaux ; contenu souvent brillant, donnant à la coupe une apparence de givre.

Rayons visibles à la loupe, très fins, uniformes, réguliers, laissant entre eux des intervalles moindres que le diamètre d'un gros vaisseau et s'écartant au niveau de ces vaisseaux. Ces rayons apparaissent comme des soies blanchätres.

Parenchyme 4 peu abondant, entourant étroitement les vaisseaux.

Section radiale. Vaisseaux moyens. Rayons peu appa- rents, semi-translucides. Pa assez apparent le long des vais- seaux, ce qui donne à la coupe un aspect glauque.

Section langentielle. Comme la radiale, mais les rayons ne sont visibles qu'à la loupe et sont composés de cellules plus grandes qu'elles ne le sont ordinairement.

Emplois. Très bon pour la charpente (Bassières).

Très tenace, à grain entrelacé : peut être obtenu jusqu’à 60 em. d'équarrissage : peu employé (MeTurk).

Ech. type. 83,2739 Bell. 0104, Impr. Inst. Références: Rodriguès, p. 18%; Bassières, p. 89; Pereira, p. 65 ; MeTurk, p. 3 ; Bell, n°83; Dumonteil, 1823, IT, partie 2, pp. 156 et 158; Comm. de Brest, 1826, IT, partie 2, pp. 170 et 188 ; da Gama, 1876, p. 170 ; Préfontaine, p. 207 ; Aublet, p. 597.

Caryocar glabrum Pers., 664 B. Synonymes : Saourari glabra Aubl. : Pekea ternata Poir.

Aublet, p. 599: Saourari (Cayenne) ; pour chaloupes, pirogues, canots à rocou ; courbes dés jumelles, des madriers, des bardeaux.

Pulle, p. 300 : €, glabrum var. edule Cas. Ningre notto (Surinam).

Sagot, Catal., XII, p., 188 ; Schawari,

Grisard indique la densité 0,820 de Dum., cité pour l’espèce précé- dente.

Huber, p. 192: Pequea rana (Amazone).

De Lanessan, p. 139: Schwari ; dur, compact ; jantes de roues de voi- ture; de grandes dimensions.

94 H. STONE

Caryocar villosum Pers., 664 C. Synonymes : Saourari villosa Aubl. ; Pekea tu bercalosa Poir. (non Aubl.), et non cité dans l’Index Kewensis.

Garyocar tomentosum Willd., 664 D. Synonymes : C. {uberosum H. Bn (Baillon) ; Pekea tuber- colosa Aubl. (non Poir.).

Aublet, p. 587 : Tala-youba (Garipons); écorce roussâtre, ridée, ger- cée ; bois roussâtre, dur, compact.

Dumonteil, p. 156 : Bois-Marie. Densité, 0,717 ; force, 159 ; élasticité, 154; flexibilité, 2,08, p. 163. Classe 5 (celle du Peuplier).

De Lanessan, p.139, cite comme synonymele Pekea bulyrosa Aubl., ce qui ne s'accorde pas avec l’Index Kewensis et crée une confusion avec 664 A. « Dur, résistant »,

Grisard, 1891, IT, p. 301: Peki, Pekea, Pekeya (Guyane) ; Bois de Tatayouba Tatajuba ; pour charronnage, parquets, arbres à moulin à sucre ou à eau.

Niederlein, p. 2: Bois Mary. C. {fomentosum.

Saourai rouge, 664 E. Dumonteil, p. 158 : Densité, 0,410; force, 71; élasticité, 322 ; flexibi-

lité, 10,45, p. 63. Classe 6. De très faible valeur.

Je me demande si ce bois n’est pas le C. glabrum. Sa densité indique un bois propre à faire des canots. C, villosum n'est point cité comme bois industriel, et les autres sont lourds.

TRIBU II. MARCGRAVIÉES

Norantea guianensis Aubl., 667.

Aublet, p.55#: Conoro-antegri (Galibis. Ecorce inégale, gercée et marquée de petites côtes lisses; bois blanc dur, à centre moelleux.

TRIBU I. TERNSTROEMIÉES

Ternstræmia dentata Sw., 676 À (non Spreng.). Synonyme : T'aonabo dentata Aubl. Durand conserve Dupi- nia comme genre.

BOIS UTILES LA GUYANE FRANÇAISE 95

Aublet, p. 569: Palétuvier de montagne (terme général). Ecorce épaisse, cendrée en dehors et rougeàlre en dedans ; elle sert pour le tannage des cuirs ; bois blanc qui devient roussâtre : pour bardeaux.

Ternstræmia punctata Sw., 676 B. Synonyme : T'aonabo punctata Aubl.

Aublet, p. 571: Palétuvier de montagne (terme général}. Les mêmes emplois que ceux de l'espèce précédente.

TRIBU VI. BONNETIÉES Caraipa parvifolia Aubl., 700 A.

Aublet, p. 561: Caraipe (Garipons, terme général). Manches-haches (Créoles). Ecorce brune, lisse et gercée; bois à aubier, roussâtre et à cœur rouge, dur et compact, considéré comme l'un des meilleurs bois pour faire des manches de haches et de cognées, de serpe et d’autres instruments propres à couper.

Caraipa latifolia Aubl., 700 B. Synonyme : C. angustifolia Aubl. Aublet, p.561 et 562: Caraipés.

Caraipas, 700 D. (espèces non déterminées).

Sagot, p. 924 : Pagelet, Caraipa sp.

Dumonteil, p. 154: Pagelet. Densité, 0,787; force, 196; élasticité ; 214 ; p. 160. Classe 3,

Mahurea palustris Aubl., 701.

Aublet, p. 558: Mahuri aquatique. Ecorce lisse, roussàtre ; bois blanc ;

peu compact.

Sagot, p. 908 : Mauria, Sans valeur (Est-ce bien cette espèce ?)

FAMILLE XXXIII MALVACÉES

TRIBU Il. URÉNÉES

Pavonia spinifex Cav.,n° 753. Synonyme : Hibiscus spinifeæ Aublet (p. 706).

© (er)

H. STONE

TRIBU IIL HIBISCÉES

Hibiscus tiliaceus Lin., 762 A. Synonyme : Paritium tiliaceum À. de Juss.

Loureiro, p. #19: Novella Daun (Rumph.) ; Ca tla làm chieo. Ecorce pour faire de petites cordes, des filets, des stores, ete.

Aublet, p. 704: Pariti, Tali-Pariti (Rheed), Maou. On fait des cordes avec.la seconde écorce dans l’île de France.

. Maiden, p.557. Cotton Tree : Talwalpin des indigènes d'Australie. Poids 35 à 38 livres par pied cube d’après Gamble.

Grisard, 1892, 1, p. 97: Bois de liègedes Antilles, Bourao, Milolo (Afr. Portug.), Majugna (Am. cent.), Majagua (Ant.), Evonoue (Gabon), Liège des Antilles (Guat.), Bala (Beng. Sanscrit), Belli-patta (Cyngalais), Bola (Hindou) ; Waroe-lavet, Waroc-wombhong, Waroe-laut (Malaisie) ; Waroe (Sandwich), Dawoenbaroe (Soudan), Varo, Baro (Malgache), Hau (Marquises ; Sandwich), Peuh, Bois de flot, Grand Mahot, Bois de liège (NIle-Calédonie), Bourao, Bourau, Pourau, Poureau, Fau (Tahiti), Mahot du bord de la mer (frinité),Sea-side Mahaut (Angl. ?), Mahagua del mar (Esp.), Bois de rose, d'une nuance plus foncée que celle du Noyer ; tendre, léger, quoique de texture assez fine. Densité, 0,777 ; pour flottes, pour filets de pêche, moyeux, moulins à riz. Ecorce pour cordages qui sont assez résistants.

Huber, p. 216: Uacima da praia (Para),

Rodriguès, 1893 ; Maho (Brésil).

Cordemoy H., p. 331: Foulsapate (Réunion.

Bernardin, p.##: Balibago (Dominique).

La description de Grisard se rapporte évidemment à un bois composé. Un bois d'une densité de 0,777 qui servirait en même temps pour flottes et pour moyeux serait un bois extraordinaire.

Je n'ai malheureusement pas actuellement de ce bois entre les mains, mais il m'est bien connu, et c'est un bois très léger, même l’un des plus légers qui existent. Il est extrême- ment mou, et on peut le déchirer avec l'ongle. Grain très lilandreux et gros. Il se déchire plutôt qu'il ne se coupe sous la scie. La couleur est gris sale, souvent panachée de bleu, ou, plus exactement, teintée, car je crois que cette couleur est due à une réaction entre la sève et la rouille des scies, Ce caractère devrait servir à le distinguer de tout autre, car la

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 97

réaction bleue est rare. Le seul autre cas que je connaisse est celui du Mahot bleu, ou Hibiscus elatus Sw. ; et c'est proba- blement cette autre espèce que Grisard a mélangée avec l’Hibiscus tiliaceus DC. Cet H. elatus est, en effet, un bois dur qui ressemble au Bois de lance et peut très bien servir pour moyeux. Densité, de 0,700 à 0,790. (Voir Stone, T. of Abd): j

Un échantillon d’écorce du Musée Colon. de Marseille éti- queté « Poeping (Malaisie) » montre un liber en rubans lisses, un peu cornés au toucher, d'une couleur brun cannelle. Vu à la loupe par transparence, il présente une infinité de petites perforations, dues aux rayons qui ont 1 mm. de hau- teur environ. Entre ces petits orifices se dessinent des lignes transversales très minces.

Hibiscus brasiliensis Lin., 762 B.

Cité par Aublet, p. 706. Hibiscus mutabilis Lin., 762 C.

Aublet, p. 706: Rose changeant (Cayenne); la seconde écorce peut servir pour faire des cordes.

Hibiscus esculentus Lin.. 762 D.

Barrère, p. 66 : Catalou, Karoulou, Ketmia brasiliensis.

Préfontaine, p. 158: Ouaouayama (Caraïbes) ; Citrouille, Poliron, Giraumont. C'est le Quingombo Lusilanis de Marcg.

Aublet, p. 707 : H. esculentus Lin. Bois Calalou ou Caralou.

Sagot, XI, p. 150: Calalou, Gombo.

Bromer, p. 209 : Okro houdou (Surinam)

TRIBU IV. BOMBACÉES

Bombax malabaricum DC., 771 A. Synonyme : B. Ceiba Burm.

Préfontaine, p. 173 : Mapou, qui signifie « bois mou » ; Fromager ; Ceiba (Plume. ); Zamaouna (Piso).

Aublet, p. 703 : Bombax Ceiba Lin., Moul-clauou (Rheed\.

Maiden, p. 390 : Malabar Silk cotton tree. Densité 0,320 à 0,488

Annales du Musée colonial de Marseille, série, 4* vol, 1916. 7

98 H. “TONE

Grisard, 4891, II, p. 552: Silk cotton tree (Angl.}, Ceibo (Am. esp), Gou-rung (Annam), Gommier blanc (Guad.), Mullu buraga ({ndes, Canara), Kanton-ka-semal (Dukin ?), Mul-elava, Moullou-eleven-marom Télenga), Dangdoer, Dangdoer-allas (Indes Holl. ). La racine est nommée Musla-Semul. Ecorce épaisse, fibreuse, d'un tissu lâche de couleur gris rosé ; astringente; on en fait des cordes. Bois blanchâtre, très léger, fibreux, à grain lâche et spongieux, peu solide et peu durable. Caisses d'emballage, flotteurs pour filets, canots. Densité, 0,202. :

Gaebelé, p. 67 : Moullou elavan marom (Tamoul). Ce bois est utilisé surtout dans les manufactures de l'Inde Anglaise, pour la confection de boîtes à thé. ;

Ce bois n’est pas le Mapa de Dumonteil qui est trop lourd. C'est le Mappoe boom de l’/cones lignorum et peut-être le Cotoen boom. PI. LXVI, fig. I, et pl. LXXI, fig. 8.

Bombax globosum Aubl., 771 B.

Aublet, p. 701 : Fromager à fruit rond. Écorce lisse, cendrée. Bois blanc mou el peu compact. Sagot, Catal., XI, p. 153 : Cotonnier grand bois.

Eriodendron anfractuosum DC., 772. à

Synonyme : Bombar pentandrum Lin. non Jacq.

Je ne suis pas sûr que les bois cités par Sagot appar- tiennent à une seule espèce et non à deux. Je cite donc cet auteur sous réserve.

Sagot, p. 912: B. pentandrum. Bois coton, cotonnier grand bois; puis Eriodendron anfractuosum : Fromager, Bois coton, Cotonnier grand bois.

Grisard (tirage à part), p. 17: E. anfractuosum, Kapokier ; bois blanc mou, léger; pour pirogues ; doublage de placage en Allemagne.

Cordemoy (H.), p. 771 : Ouatier (Réunion).

Gaebelé, p. 67: Capoquier, White Cotton tree (Angl.); Elavan marom (Tamoul). Bois d’une qualité médiocre, il sert à la confection des jouets. L'écorce donne des fibres qui servent à la confection des cordages grossiers.

Le Bombax pentandrum Jacq. est le E. caribaeum.

Icones lignorum, pl. LXXXI, fig. 6 : gris, d’un grain grossier.

Quararibea guianensis Aubl., 778.

Aublet, p. 692: Écorce grisätre, gercée ; bois blanc, peu compact.

E 2750

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 99

RANDÉEUNN NET EN STERCULIACEES

TRIBU I. STERCULIÉES

Sterculia vira Sw. (non Pers.), 791 A. Synonyme : luira pruriens Aublet.

Aublet, p. 693 : Tourou-tourou (Galibis) ; Ivira (Gar.) ; Mahot-cochon (Saint-Domingue). Écorce roussâtre, épaisse, filandreuse. Bois blan- châtre, peu compact.

Ce n'est pas l'Ibira puteana de Marcgraff (voir partie I), ni le Caca- tier d’Aublet {voir 1067).

Bois de Caca divers.

Sterculia foetida Lain., 791 B.

Varenne-Fenille, p. 159: Fétide et nauséabond quand on le coupe ; cette odeur s'évapore ensuite. Couleur rouge brun foncé, avec bandes claires ; chacune de ces bandes alterne avec un trait ondoyant d'envi- ron une ligne de largeur et de couleur de sang coagulé. Grain fin. Vais- seaux et rayons presque imperceptibles. Poids, 826. Bois de caca de Cayenne.

No 791. C

Dumonteil, p. 154: Bois caca. Densité, 0,674 ; force, 200 ; élasticité, 210 ; flexibilité, 1,99 ; p. 160. Classe 3 (celle du Pin). Mais est-ce bien cette espèce ?

191. D

Rousselet, p.271: Bois de Caca, Bois puant, Bois de corne fétide, Bois de merde, Bois de Cavalone (Cayenne) ; rougeâtre ou blanc moiré de jaune, très compact, très lourd, d'un grain fin, ne se gerçant jamais. Les naturels du pays en font des vases.

TRIBU VIL. BUETTNÉRIÉES Theobroma Cacao Lin., 823. Synonyme : Cacao sativa Aubl.

Aublet, p. 689 : Cacoier cultivé. Grisard, 1892, I, p. 315 : Cacaoyer, cacaotier (Fr.), Cacaveiro (Afr,

100 H. STONE

Port.), Cacao, cacau (Brésil), Tjoklat (Java), Cocoa-tree (Ang.), Palo de Cacoa (Esp.). Bois gris et quelque peu rougeêtre vers le centre, mou, léger, assez flexible, mais d'une faible résistance ; couches annuelles peu distinctes ; rayons assez larges, composés de cellules rarement droites, quelque peu dilatées. Assez médiocre pour chauffage. Densité,

0,431.

Niederlein, p. 7 ; Mahot cacao.

Le nom indigène javanais me parait avoir beaucoup de rapport avec le mot « chocolat ».

La description que je vais donner est faite d’après l’échan- tillon 216, du Musée de Lyon, série IT ; c'est une petite tige de 5 cm. de diam. toute en aubier jaune clair, très léger et mou, un peu luisant sur la coupe radiale et présentant, en coupe transversale, les rayons très apparents, clairs et gracieusement courbes.

Caractères de l'écorce. Écorce de 1 à 2 mm. d'épaisseur environ, forte, adhérente, faiblement rugueuse, d'une couleur brun foncé ; couche interne gris clair, ligneuse, fibreuse, tra- versée par les rayons. Saveur nulle. |

Structure du bois. En section transversale, couches très bien marquées par l'anneau des vaisseaux qui y sont très apparents. L'anneau est de 1 à trois rangées de ces vaisseaux très grands, de Ü mm. 5 de diam. En dehors de l'anneau, ils sont à peine visibles, et de 0 mm. 25 de diamètre. La diminu- tion de largeur se fait brusquement à partir de l'anneau. Les vaisseaux plus petits sont fortement isolés, 1 à 4 par mm. q., simples ou par groupes de 2 à 6, radialement disposés, avec quelques paires divisées tangentiellement.

Rayons très apparents de deux sortes : les uns larges, clairs, courbés se divisent en 2 à # branches (caractère très rare); les autres plus étroits sont visibles seulement au microscope et écartés les uns des autres avec des intervalles égaux au diamètre d'un petit vaisseau.

Parenchyme non apparent, tous les tissus étant très gros- siers. à

Section radiale. Vaisseaux peu apparents. Rayons grands, incolores mais assez visibles par réflexion.

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 101

À noter que l'anneau des vaisseaux, dans l'échantillon, araît être dégénéré par une gommose, D

Cacao guyanensis Aubl., 823 B. Aublet, p. 683 : Cacao galibi (gal. et gar.), Cacao sauvage.

Guazuma ulmifolia Lamk. (non Wall.), 825 A. Synonyme : Theobroma Guazuma Lin.

Aublet, p. 689 : Cacaoyer à feuille d'orme ; Orme d'Amérique. Niederlein, p. 3 : Bois puant (Guadel.).

Saldanha da Gama, 1867, p. 83: Mutamba (Brésil).

Cordemoy H., p. 321 : Cèdre de la Jamaïque (Réunion).

Échantillon, 71 du Musée Col. de Marseille (Martinique) : composé seulement de l'écorce. Épaisseur de cette écorce de 13 mm. environ, jaunâtre, faiblement gercée, intérieurement dure, ligneuse, brun rougeätre. Formée de trois couches mal définies : celle de l'intérieur rouge foncé, ligneuse, fibreuse avec des rayons: celle du- milieu présentant beaucoup de sclérites blancs, disposés radialement ; celle de l'extérieur for- mée par des écailles. Un peu de liber. En section radiale, les rayons rouges sont très apparents. Cassure grenue, Saveur nulle.

Espèce douteuse, 825 B.

Aublet, p. 689: ŒGuazuma Aniba Aubl. (ne se trouve pas dans l'Index .

Préfontaine, p. 166 : Cèdre, Anhuiba (Caraïbe).

Annales Maritimes, 1826, II, partie 2, p. 422: Cèdre jaune. G, aniba ; pour meubles.

FAMILLE XXXV. TILIACÉES

TRIBU IV. APEIBÉES Apeiba Tibourbou Aubl., 875 A.

Aublet, p. 538 : Tibourbou (Galibis, Écorce inégale, gercée, molle épaisse, fibreuse, et propre à faire des cordes. Boiïs blanc, léger,

102 H. STONE

Sagot, p. 912 : Bois Calalou.

Saldanha da Gama, 1867, p. 83 : Pao de Jangada (Brésil), Cateza de negro, Erizo (Vénézuéla) ; bois de peu de durée.

Rodriguès, p. 12 : Peignes macaques (Brésil).

Huber, p. 121 : Pente de Macaco (Amazones), Cortica |Para). Apeiba glabra Aubl., 875 B.

Aublet, p. 541 : Ivouyra (Garipons), Bois de mèche (terme général créole) ; écorce lisse, mince, verdâtre ; bois blanc, tendre, et tellement léger que, d'une seule main, on peut porter un tronc de 10 à 12 pieds sur 8 à 10 pouces de diamètre.

Huber, p. 161 : Pente de Macaco (Brésil).

Apeiba Petoumo Aubl., 875 C.

Aublet, p. 543: Petoumo (Galibis). Écorce brune, épaisse, filamen- teuse, propre à faire des cordes. Bois blanc, léger.

Apeiba aspersa Aubl., 875 D.

Barrère, p. 10 : Patoumou, Epeiba de Marcgr.

Aublet, p. 545 : Pitoumo (Galibis). Écorce grisâtre, inégale, épaisse, filamenteuse, propre à faire des cordes. Bois blane, léger.

Dumonteil cite deux sortes de « Bois grage », en plus du Bois-banane, mais j'ignore si ces deux sortes appartiennent à cette espèce. L'auteur indique, p.156 : Bois grage blanc. Densité, 0,588 ; force, 152 ; élasti- cité, 179 ; flexibilité, 2,40. p. 160; classe 3 (celle du Pin). Bois grage noir. Densité, 0,667 ; force, 158; élasticité, 198 ; flexibilité, 2,46 ; classe 5 (valeur très faible).

Sagot, p. 912 : Bois grage ; À. aspersa.

Grisard, 1892, I, 317 ; Bois grège, Mahot chardon.

Apeiba (espèce douteuse), 875 E.

1o Lescallier, p. 56: Bois banane, bois impropre à la construction maritime.

Dumonteil, p. 156 : Bois banane. Densité, 0,548 ; force, 131 ; élas- ticité, 158 ; flexibilité, 3,43, p. 163. Classe 5 (celle du peuplier).

Sagot, p. 924 : Bois banane, Apeiba sp.

TRIBU VI. SLOANÉES

Sloanea sinemarensis Aubl., 882 A. Synonyme : $. Aubleti Sw,

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 103

Aublet, p. 534: Quapalier à petit fruit; Oulougua-palou (Galbis). Écorce épaisse, roussâtre, ridée, gercée. Bois rouseûtre, dur, compact.

Grisard, 1892, I, p. 584: Châätaignier de la Martinique, pour planches, pirogues. Écorce astringente.

Niederlein, p. 7: Châtaignier.

Sloanea dentata Lin., 882 B. Synonyme : $. Plumerii Aubl.

Aublet, p. 536 : Quapalier à gros fruits. Huber, p. 190: Urucurana (Brésil).

Sloanea guianensis Aubl., 882 C.

Aublet, p. 585 : Goulougou-Albani (Galibis). Ecorce lisse, roussatre, Aubier blanchâtre ; cœur rougeâtre.

FAMILLE-XXXVII. HUMIRIACÉES

Vantanea quianensis Aubl. (non Poir.), 906.

Aublet, p. 572 : Louantan (Noiragues . Ecorce brune, lisse ; bois blan- châtre, compact. Huber, p. 184: Uchirana (Brésil, terme gén.).

Humiria floribunda Mart., 907 A.

Noms vulgaires : Couramira, Nieri, Turamira, Tourameira (da Gama, Brésil), Towarnero (Morris). Bastard Bully ou Bastard Bullet-wood, Umuri (Amaz. et Prov. sept. du Brésil ; Cat. des Colonies françaises) ; Arbre à brai (Dalton), Arbol a brea (Descourtilz). Caramura (Peckolt). Cacao grand bois, Mori (Galibis) ; Couranoura (Arrhouages, d'après Lanessan). Toweroenierou (Icones lign.). Bois rouge tisane (Guy. fr., Huber, voir 907 C).

À noter que quelques-uns des noms précédents se rap- portent aussi à l'espèce suivante.

De Lanessan dit que le bois résiste peu aux intempéries. Densité, 0,496, chiffre qui est loin de correspondre à ceux plus élevés que citent les autres auteurs. De Lanessan doit avoir pris le Cacao Grand Bois de Dumonteil pour le nom vulgaire de Æ. floribunda, ce qui n'est mentionné nulle part ailleurs,

104 H. STONE

Du reste, j'ai une confiance médiocre dans les citations de Lanessan relatives aux bois.

Les chiffres de Dumonteil pour Cacao Grand Bois sont : densité, 0,496 ; force, 102 ; élasticité, 223 ; flexibilité, 3,70. Classe 6 (de très faible valeur).

Caractères généraur. Bois dur et lourd, d'une couleur rouge plus ou moins foncée, ou même avec une nuance orange. Surface luisante, froide au toucher, d’un grain gros- sier (sect. rad.\, ou fin (sect. tang.); fonce un peu à l'air. La nuance de la coupe transversale est plus foncée que celle des autres sections.

Caractères physiques. Densité, 0,950 à 1,187 (0,818, Pec- kolt). Dureté, celle du Cœur vert. Odeur et saveur nulles. Il brûle bien avec beaucoup de flamme, en pétillant. Se fend facile- ment. D'après Hubert, le bois fraîchement coupé laisse exsuder une huile assez abondante.

Caractères de l'écorce. KÉcorce rouge, aromatique (Pec- kolt).

Structure du bois. Aubier blanc brunâtre, bien distinct du cœur. Épaisseur : 2 à 5 cm. environ. ;

Moelle ?

Section transversale. Couches mal délimitées, mais il y

a des zones plus ou moins denses.

Vaisseaux très apparents çà et là, à cause de leur bordure blanche, larges de 0 mm. 22, peu variables, fortement isolés, régulièrement distribués ; 0 à 6 par mm. q. ; pour la plupart simples. Contenant des thylles.

Rayons à peine visibles à la loupe, fins, uniformes, à inter- valles égaux, un peu plus petits que le diamètre d’un gros vais- seau ; 8 à 13 par mm.

Parenchyme a abondant, entourant les vaisseaux en nom- breuses fines lignes concentriques, continues, de même lar- geur que les rayons, auxquels elles ressemblent par la cou- leur et l’écartement, et constituant ensemble un beau tissu formant un filet régulier ; contour dentelé ; 9 à 11 par mm.

Section radiale. Vaisseaux plutôt gros, mais peu nom- breux, remplis de thylles, Rayons juste visibles, minuscules,

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 105

blanchâtres. Parenchyme b visible à la loupe comme de fines hachures. |

Section tangentielle. Comme la radiale, mais les limites des couches se présentent comme des lignes et des lacets peu apparents, avec des franges irrégulières blanchâtres.

Emplois. Constructions, rayons de roues. Plus estimé même que le Cœur vert ; peut être obtenu jusqu'à 30 m. sur 59 em, d'équarissage (McTurk).

Constructions, bardeaux (Aublet).

Éch. type : 2712. Dépt. agric. Guyane Angl.

Références : McTurk, 1#; de Lanessan, p. 140; Grisard, 1892, p. 592; Dumonteil, 1823, IT, partie 2, loc. cit.; Stone, T. of C., p. 46, pl. IV, fig. 48, Icones lignorum, pl. LXXII, fig. 4, en couleur.

Humiria balsamifera Jaume, 907 B.

Synonymes : 7. multiflora Mart. ; H. amplericaule Mart. : Myrodendron amplexricaule Wild. ; Houmiribalsamifera Aubl.

Noms vulgaires : Houmiri baumier, Bois rouge (Créoles), Houmiri (Garipons), Touri (Coussaris, d'après Aublet). Gom- mier de montagne, Bois à flambeau (Moeller). Triane (Geof- froy). Umiri balsamo (Peckolt). Bois d’encens (Grisard, voir 1156 C. D.). Omiry, Homiry, Umery (Rodriguëès), qu'il ne faut pas confondre avec Umary amarello ou roxo (voir 1240). Umiry de casca cheirosa (Amazone : Huber).

Grisard indique que le bois est assez léger, mais il donne la densité de 0,700. Je pense donc qu'il a confondu deux bois différents.

L'échantillon 2712 a été déterminé d'après les fruits et les feuilles par le D' Freeman.

Provenance : Amérique tropicale.

Caractères généraux. Bois dur et lourd, d’une couleur rougeâtre à rouge brun (Aublet), d'un grain fin et compact. Surface luisante. Nuance de la coupe transversale beaucoup plus foncée que celle des autres sections.

Caractères physiques. Densité, 0,950. Dureté, celle du Teck. Odeur et saveur faibles ou nulles.

Caractères de l'écorce, Écorce, 4 à 6 mm. d'épaisseur

k.

106 H. STONE

environ, brune, légèrement gercée, tombant en plaques ; des fibres très rudes intérieurement.

Épaisse, rougeàtre, ridée, gercée (Aublet).

Rougeûtre, résineuse, aromatique (Peckolt).

Caractères du bois. Aubier et moelle inconnus.

Section transversale. La même que celle de l'espèce pré- cédente, sauf que le parenchyme est rare et entoure (?) les vaisseaux.

Section radiale. Vaisseaux plutôt fins, par rapport à ceux de l’autre espèce, remplis d’une gomme ou résine rouge ou d’une matière blanche. Rayons juste visibles, rougeûtres. Sur la coupe fraiche, les vaisseaux laissent exsuder un suc cramoisi qui, en se desséchant, forme des perles brillantes, réfléchissant la lumière.

Ce bois diffère un peu de celui décrit par Moeller, qui indique : Vaisseaux unis par le parenchyme; toutes les mem- branes cellulaires colorées en jaune ; section transv. cornée. Cette description conviendrait plutôt à 907 A.

Emplois. Barriques à sucre (Moeller).

Plutôt dur à travailler, se fend et ne prend pas les clous.

Éch. type: 86,2712, Bell., Nordlinger; section transv. (synonyme : Myrodendron).

Icones lignorum, pl. 72, fig. I.

Références : Bell., p. 10; McTurk, p. #4; Aublet, p. 564; Moeller, p. 519.

Humiria guianensis Bth., 907 C.

Sagot, p. 115 ; Bois rouge tisane, selon Melinon. (Voir 907 A.)

Humiria sp. (non déterminé), 907 D.

Hoorihee (Bell.), Hoorihea (Hawtayne).

L'échantillon a été déterminé, d'après les feuilles et les fruits, par le D' Freeman.

Caractères généraux. Bois lourd et dur, d'une couleur brun marron à brun chocolat, uniforme, à pores remplis d'une matière blanche, bien visible sur toutes les sections. Surface un peu luisante, fonçant un peu à l'air. Nuance de la coupe

transversale plus foncée que celle des autres sections.

n 1

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 107

Caractères physiques. Densité, 0,886. Dureté, celle du Charme. Odeur et saveur nulles.

Caractères de l'écorce. Ecorce de 3 à # mm. d'épaisseur

environ, coriace, lisse, tombant en feuilles ; intérieurement

grenue, s'émiettant. Sur la surface intérieure on voit les em- preintes des rayons.

Structure du bois. L'aubier n'est pas différencié du cœur, le bois externe étant presque aussi foncé.

Moelle ?

Section transversale. Couches mal définies, les zones claires et foncées ne les indiquant pas suffisamment.

Vaisseaux visibles par leur contenu blanc, petits, ne dimi- nuant pas de grandeur vers le bord de la couche, mais aug- mentant beaucoup avec l’âge de l'arbre ; distribués régulière- ment ; en apparence serrés ; simples, ou quelquefois par paires.

Rayons à peine visibles à la loupe, tres fins, uniformes, réguliers, à intervalles beaucoup plus grands que le diamètre d'un gros vaisseau; sinueux. |

Parenchyme ? Un fragment d’échantillon présente vague- ment des indications de lignes concentriques, mais que je n’ai pas retrouvées ailleurs.

Section radiale. Vaisseaux fins, striés blanc de chaux, quelquefois assez abondants et très apparents. Rayons fins, semi-transparents, juste visibles par réflexion.

Section tangentielle. Comme la radiale, mais les rayons sont visibles seulement au microscope, car ils sont très petits.

Emploi. Très facile à travailler et prend bien les clous. Facilement obtenu jusqu’à 10 m. sur 30 em. d'équarissage (Bell.).

Éch. type : 36,2962, Bell. Références : Hawtayne, p. 388; Stone et Fr., p. 36.

Bois rouge tisane, 907 E.

Sagot, p. 226. Clef des espèces d'Humiria.

l Densité, 0,818 ou même plus.

108 H. STONE

1,1 Parenchyme avec nombreuses lignes concentriques. H. floribunda 907 A.

1,2 Lignes de Parenchyme quelquefois développées, mais toujours obscures.

1,2,1 Les pores suintent quand le bois est fraichement

coupé. H. balsamifera 907 B. 1,2,2 Les pores ne suintent pas. Humiria sp. 907 D. 2 Bois léger, de densité 0,496 environ. Cacao grand

bois de Dumonteil., {Voir 907 A.)

FAMILLE XXXVIIT. MALPIGHIACÉES

La

TRIBU I. MALPIGHIÉES

LA

Byrsonima spicata Rich. (DC.), (non Poepp.), 910 A.

Synonyme : Malpighia altissima Jacq. (non Aublet).

Noms vulgaires : Bois tan (terme gén.), Merisier doré (Schomburgk). Hitchia (Bell.). Pigeons-berry, Itchia(Rodway). Surelte (Grisebach). Surette des grands bois, Cereza del monte (Trinité), d'après Boulger. Moricypre (t. gén.), Shoemakers bark (Catal. Kew.). Bois dysentérique, Bois de Tani(Gd. En- cyc.), Maricao (Ant., Urban). Mauricif {t. gén., Duss). Pao de cortume (Peckolt). Mauricie, Moureiller (Guatem., Luers- sen). Mourresif {Catal. Exp. Chic.). Bois canne (Guad., Nie- derlein).

L'échantillon 2690 a été déterminé d'après les feuilles et les fruits par le D' Freeman.

Provenance : Am. trop. Antilles.

Caractères généraux. Bois n1 trop lourd, n1 trop dur, d'une couleur brun noisette, clair, uniforme. Surface un peu mate ; fonce légèrement à l’air ; grain fin. Nuance de la sec- tion transversale plus foncée que celle des autres coupes.

Caractères physiques. Densité, 0,804. Dureté, celle du Charme. Odeur, à sec, nulle. Saveur légèrement aromatique.

Caractères de l'écorce. Écorce de 5 à 6 mm. d'épaisseur environ, lisse, et d’une couleur de terre cuite l’épiderme

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 109

a été interrompu ; pleine de sclérites blancs. Surface de la bûche finement ridée.

Structure du bois. L'aubier n'est pas différencié du cœur, Moelle ? î Section transversale. Couches assez bien délimitées, si

on les regarde à la loupe. Limites formées par des zones ayant des vaisseaux de grandeurs diverses,

Vaisseaux à peines visibles, ressemblant à des piqüres : moyens, diminuant quelque peu vers le bord extérieur ; régu- lièrement distribués ; assez serrés ; simples, par paires ou par groupes de 3 à #. Point de gomme ni de matière blanche.

Rayons plutôt grands, uniformes, réguliers, laissant entre eux des intervalles égaux au diamètre d'un gros vaisseau et s écartant légèrement au niveau des vaisseaux.

Parenchyme d en cellules isolées.

Section radiale. Vaisseaux très fins (pas de gomme rouge). Rayons très étroits et peu apparents.

Emplois. Très bon pour constructions ; facilement obtenu Jusqu'à 10 à 12 mètres sur 17 à 22 cm. d'équarrissage (Bell). Facile à travailler ; se fend facilement, mais ne prend pas les clous. Se prête mal au polissage.

Ech. type : 34.2690, Bell. Références : Bell, p. 7 ; Stone et Fr., p. 34.

Byrsonima altissima DC., 910 B.

Synonymes : B. densa H. B. et K. (non DC. N'est pas cité . dans l'index).

Malpighia altissima Aubl. (non Jacq.).

Aublet, p. #55 : Moureila (Galibis). Ecorce épaisse roussâtre, ridée garcée. Bois rougeâtre, dur, compact.

Sagot, p. 913 : B. densa. Bois rougeàtre ayant peu de dureté, et sans aucune qualité ; peut-être le Grignon fou des Chantiers; Moureila.

De Lanessan, p. 143: B. densa H, B. et K.; Synonyme; Malpighia altissima Aubl. Rougeëtre, mou, sans valeur.

Il me semble que tous les synonymes ont amener une certaine confusion, car Aublet indique « Bois dur et compact»,

110 H. STONE tandis que Sagot et de Lanessan expriment une opinion con- traire.

Byrsonima densa DC. (non H.B.et K.), 910 C.

Synonyme : Malpighia densa Por.

Byrsonima crassifolia DC. (non H.B.et K.), 910 D. Synonymes: Malpighia Moureila Aubl. : Byrsonima Mou- reila Loud.

Aublet, p. 457 : Moureila (Galibis). Ecorce roussâtre, ridée, gercée. Bois rougeûtre.

Grisard, 4892, I, p. 593: Yaca, Nanci (Colombie) ; Peralejo (Cuba) ; Moureiller de montagne. Bois quinquina des savanes (Guad.); Chaparro manteco (Vénéz.). Bois assez dur et compact, peu employé ; l'écorce fournit le Nance-bark des Pharmaciens ; astringente.

Pittier, p. 107: B. crassifolia H. B.et K., Nance, Merdiera (Esp.).

No 910 E. (Espèce non déterminée.)

Kokeeru (Bell). La structure du bois de cette espèce res- semble à celle de Byrsonima spicata, 910 A.Caractère très rare : la couleur de l’aubier est aussi foncée que celle du cœur. Je crois que c'est bien ici que doit se placer la description de

ce bois. L'arbre est de petites dimensions et rabougri (Bell). Caractères généraux. Bois lourd, dur, compact, d'une cou-

leur brun noisette, uniforme ; grain fin, surface luisante, Fonce un peu à l'air.

Caractères physiques. Densité, 0,897. Dureté, celle du Bois de lance. Odeur et saveur nulles.

Caractères de l'écorce. Inconnus. Surface de la büûche ridée.

Structure du bois. L'aubier n’est pas différencié du cœur, tout le bois étant de la même couleur foncée.

Moelle ?

Section transversale. Pareille à celle du B. spicata, sauf

les différences suivantes : Couches non marquées. Vaisseaux à peine visibles, ceux remplis de matière blanche étant plus distincts ; de grandeurs

2

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE i11

diverses. Distribués régulièrement, presque tous simples. Les plus grands sont remplis de matière blanc de chaux ; les petits, d'une gomme ou résine rouge.

Rayons visibles à la loupe, rouges.

Section radiale. Vaisseaux fins, sillonnés de perles rouges minuscules. Rayons très étroits, mais très apparents à cause de leur couleur rouge.

Section tangentielle. Comme la radiale, mais sans mailles. Rayons visibles seulement au microscope; hauteur de Ü mm.28 environ.

Emplois, Jantes de roues. Très dur à travailler, se fend facilement.

Ech. type : 472.703 Bell. Références : Stone et Fr., p. 49.

Clef des espèces précédentes.

1 Bois rougeûtre : 1,1 Bois dur : B. altissima (B), et B. crassifolia (D). 1, 2 Bois mou : les epèces de Sagot et de Lanessan. 2 Bois brun noisette : 2,1 Vaisseaux remplis de matières blanches et rouges. Mailles très apparentes, rouges. Xokeeru, 910 E. 2, 2 Vaisseaux sans matière blanche ou rouge. Mailles peu apparentes. B. spicata, 910 A.

Malpighia punicifolia L., 911.

Barrère, p. 72: Malpighia fructu cerasino suleato.

Préfontaine, p. 166 : Cerisier cannelé; Achvoulou (Caraïbes). L'Ibipi- tanga de Marcgralf.

Ce n'est pas l'Ibiripitanga de Maregraff, qui, d'après Guibourt, IT, p. 339, doit être le Bois de Brésil, Cæsalpinia echinata.

Aublet, p. 462 : Malpighia punicifolia ; Moureiller lisse,

Dans ce cas, l’auteur ne cite pas Barrère comme il en a l'habitude,

Miers, ms. : Ibipitanga, Moureiller des Antilles, Achyoulou des Caraïbes ; bois blanc, léger et cassant,.

Lanessan, p. 461 : Cerisier (Martinique) ; bois de petites dimensions bon pour la marqueterie. Le même, p. 450: Son écorce sert à tanner et à teindre en rouge,

112 H, STONE

FAMILLE XLI == 'RUTACEÉES

TRIBU V. ZANTHOXYLÉES

Zanthoxylum Clava-Herculis Lin. (non DC., ni Lam. ni Lour). 1067 A.

Synonymie : Z. caribeum Lamk. (non Gaertn., d'après Bth. et Hook).

Noms vulgaires : Clavalier des Antilles (Musée Col. Mars.). Bois jaune des Antilles, Bois épineux jaune (Ant.), Cay-muong- trouong (Coch.), Bois manche-houe (Guad.), Bois piquant (Guy.), Prickly Yellow-wood (Jam.), Palo mulato hoja larga (Mexiq.), Yellow Sanders (Trinité), Mapurito, Espin de bobo (Esp.), d'après Grisard. Pini jaune, Epineux jaune, Bois jaune (Guad., Niederlein). Geel Steckel boom (Icones ligno-

rum). Provenance : Am. trop. Caraïbes. Caractères généraux. Bois d'un poids moyen et d'une

dureté moyenne, d’une couleur de pain bis à jaune clair, qui fonce jusqu’au brun doré. Surface légèrement satinée ; grain fin etondulé. Ce bois ressemble beaucoup au Satiné jaune (Z. fla- vum, 1067 D.), mais il n’a pas l'odeur de l'huile de coco. Nuance de la coupe transversale beaucoup plus foncée que celle des autres sections.

Caractères physiques. Densité, 0,430 à 0,540. Dureté, celle de l'Aune. Odeur faible et désagréable ; saveur nulle. Solutions incolores.

Caractères de l'écorce (Ech. 84, Guy., Musée col. Mars.).

externe grenue, fibreuse ; celle de la couche interne fibreuse.

Écorce d'une couleur jaune vif. Cassure de la couche

Surface intérieure incrustée d'une gomme jaune ; surface exté- rieure munie de fortes épines plates et crochues, à base strati- fiée. Jeune, l'écorce est unie, épaisse de 1 mm. environ, en couches très minces, visibles à la loupe. Vieille, elle est com- posée de trois couches: celle de l'intérieur fibreuse, brune ; celle du milieu ligneuse, noire, et celle de l'extérieur formée

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 113

D'après Guibourt, cette écorce à plusieurs traits de ressem- blance avec la véritable angusture ; elle est mince, pourvue d’une odeur semblable, et elle offre une saveur amère très désa- gréable, qui laisse une impression d'âcreté au bout de la - langue et qui porte à la salivation. Elle s'en distingue facile- - ment cependant parce qu'elle est d'un jaune serin et qu'elle colore la salive en jaune ; enfin elle est formée à l'intérieur de . lames fibreuses qui l’empêchent de casser net.

% Structure du bois. L'aubier n'est pas différencié du Ÿ cœur.

» 5 = : > ct

, Section transversale, Couches bien marquées ; limites

. indiquées par un changement de densité.

4 Vaisseaux à peine visibles : diamètre de Ü mm. ! à Ü mm. 2, très réguhèrement distribués, un peu plus nombreux cepen- dant dans l'intérieur de la couche ; simples pour la plupart, mais beaucoup de paires et quelques groupes de 3 ; vides; 6 à 20 par mm.q.

Rayons se voyant très bien à la loupe, et à peine à l'œil nu; fins, irréguliers, à intervalles qui varient du diamètre d’un gros vaisseau au double de cette largeur; 3 à 5 par mm.; rou- geàâtres.

Parenchyme à en très petite quantité ; entoure les vais- seaux.

Section radiale. Couches à peine indiquées par des lignes minces. Vaisseaux rougeâtres visibles à la loupe. Rayons très visibles, surtout sur le bois qui a foncé à l'air.

Section tangentielle. Comme la radiale, mais les rayons sont visibles seulement à la loupe. Emploi. Construction ; ébénisterie. L'écorce sert pour la

DL Le oi Rés eo di Ch io ti ns « vi

teinture en jaune, et, en médecine, comme tonique et fébri- fuge, d'après Grisard. Sagot : Peu abondant en Guyane française. Ech. type : Musée Colonial de Marsseille, 84 de la Guyane; Musée de Lyon, 1438, série IT. Références : Icones lignorum, pl. LXXXII, fig, 1; Kraemer fig. 238 Le) [ Le)

Annales du Musée colonial de Marseille, série, 4: vol, 1916, S

$ à J ,, x,

114 H. STONF

(coupe de l'écorce) ; Planchon, p. 152 ; Grisard, 1892, II, p. 290; Sagot, Catal., XII, p. 207; Guibourt, III, p. 557,

Zanthoxylum hermaphroditum Willd., 1067 B.

Synonyme : Fagara pentandra Aubl.

Aublet, p. 78: Cacatier (Galibis). Poivre des nègres, Ecorce grisâtre chargée d’épines. Bois blanc, dur, compact.

Niederlein, p. 5 : Epineux blanc (Guad.),

Icones lignorum, pl. 68, fig. 8: Kaka. (Fig. en couleur fauve rayé). Mais est-ce bien cette espèce ?

Zanthoxylum rhoïfolium Lamk., 1067 C. Synonyme : Z. Perrotetü DC.

Sagot, Catal., XIT, p. 207 : Synonyme Z. caribaeum Herb. Juss.

L'Index Kewensis donne deux Z. caribaeum : un de Lamk., qui est la bonne espèce, et l'autre de Gaertner, qui est synonyme de Z. ameri- canum Mill.

Zanthoxylum flavum Vahl., 1067 D.

Satiné jaune ; Noyer de la Martinique (Musée de Lyon).

Je ne sais si ce bois est indigène, mais le Musée Colonial de Marseille possède un échantillon qui proviendrait de la Guyane.

Bois dur, lourd, légèrement huileux au toucher, d’une couleur jaune uniforme et d'une odeur caractéristique, celle de l'huile de coco. (Voir Stone, T. of C., p. 23, pl.11, fig. 16.) C'est le West Indian Satin-wood des Anglais et peut-être le Clairem- bourg de Roubo, p. 769, le Nover de la Guadeloupe d'après Fenille, le Hispanille de Cayenned’après Guibourt, mais pro- venant probablement des Antilles.

Ech, type: 84, Musée de Marseille (Guyane) ; Musée de Lyon, série II, n°143.

No 1607 E.

Bois citron, Bois de rose, Bois Jaune aux Iles, d'après Pré- fontaine : odeur légère de rose ; employé pour fourches et poteaux fixés en terre. Peut-être est-ce un Zanthoxylum,

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 115

mais ce n'est sûrement pas le Bois de rose 6200, qui est impropre à de tels usages.

TRIBU VII AURANTIÉES

Citrus Aurantium Lin., 1102 A.

Synonyme : €. vulgaris Risso.

Noms vulgaires: Bois d'oranger, Naranga, Narango, Na- ranga dulce (Castell.), Taronges (catalan, Willkomm). Laran- jeira (port. Coutinho). Larangeira doce (Brésil, Miers). Djeroeh, Djeerook, Limon manie (N. Java, Miquel). China orange (Barb.), Arancio, Cedro arancio(Petrocchi). Pomeranze (Nem- nich). Anani (Tahiti, de Cordemoy). Feruk manis (Blum).Oran- ger, Agrume (terme général, en Italie, pour tout arbre de ce- genre d'après Rolland). Chinones (Duchesne).. Boenga tadjong Malaisie), Sengkam (Chine), Sirikaya (termegén. Java M.R. voir 108 G), Kam-se (Ch. Borneo), Kam-tjieh (Chine), Lemo manis besaar, Lemo tjina (Malaisie, Filet). Cam-tien (Annam, Narung (Arabie), Kranch poursat (Cambodge. Grisard). Larangi (Malgache, Heckel). Orange-wood (Angl.). Iloshi (Gabon: Jardin).

Provenance : Chine. Cultivé dans tous les pays tropicaux et sous-tropicaux.

Caractères généraux. Bois lourd, dur et compact, d'une couleur citron ou jaune clair.

La couleur jaune devient blanche en peu de temps, d'après Rousselet. |

D'après Fenille, la couleur ressemble à la teinte que produi- rait de l'encre délayée dans beaucoup d’eau et répandue sur du bois-blanc.

Surface unie, luisante, se salissant difficilement : fonce un peu à l'air. Grain fin et dense comme celui du Buis. Nuance de la coupe transversale beaucoup plus foncée que celle des autres sections.

Caractères physiques. Densité, 0,764à 924. Dureté, celle du Palissandre. Odeur à sec nulle.

Odorant, d'après Duchesne, Inodore d'après Lanessan,

" : Rs 5 7

116 H. STONE

Odeur suave quand il est fraîchement coupé, d'après Rous- sillet.

Saveur nulle, Solutions incolores. Brülant bien avec beau- coup de flamme.

Cassure longue et fibreuse d'après Grisard,

Caractères de l'écorce. Kcorce très mince, de 1 mm. d'épaisseur environ, fortement adhérente, lisse ou légèrement ridée et gercée. Epiderme variant du brun doré au brun foncé, tacheté de petits points jaunes. La couche jaune de l’intérieur apparaità travers les gerçures. La coupe transversale présente des rayons visibles à la loupe.

Structure du bois. L'aubier n’est pas différent du cœur.

Moelle. Tri-lobée.

Section transversale, La limite des couches est indiquée par la différence de densite des zones. 4

Vaisseaux visibles à la loupe, plutôt petits, mais variables, pouvant atteindre Jusqu'à 0 mm. O8 ; isolés ou par groupes radiaux de 1 à 4 peu nombreux, 10 à 90 par mmq. D’après Moeller, ils sont moins nombreux que dans le Citrus medica.

Rayons visibles à la loupe, uniformes, à intervallesréguliers égaux au diamètre d’un vaisseau ;6 à 9 par mm. ; légèrement ondulés: blancs.

Parenchyme a visible à la loupe, entourant les vaisseaux, et les unissant çà et ; et P. b visible à l'œil nu, en étroites lignes blanches concentriques et continues, un peu plus larges que les rayons; intervalles irréguliers ; # à 8 par mm. En coupe transparente, d’après Moeller, le parenchyme est peu visible au microscope à cause de la similitude entre les cellules et les fibres ligneuses.

Section radiale. Limites des couches visibles à la loupe. Vaisseaux fins, sillons mats. Rayons blanes, à peine visibles, mais ils donnent à la coupe une nuänce plus claire.

Section tangentielle, Comme la radiale, mais les rayons minuscules ont de 1 à 3 rangées de cellules, d’après Moeller. Le parenchyme se présente en lacets ou en lignes formant alternativement des angles saillants et rentrants; peu visible.

Emploi. Très beau bois pour ébénisterie, marqueterie,

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 117

. tabletterie, D'après Grisard, il est exporté d'Algérie sous le

nom de « Baguettes d'Algérie » pour faire des cannes et des manches de parapluies. Il perd vite son polissage, d'après Rousselet,

Ech. type: 1576 de Hough et sa section 103. Section de Noerdlinger.

Icon lignorum: PI. 27, 47 et 68, en couleur.

Références : Descourtilz, V, p. 160; Roussell, [, 309 ; de Lanessan, p. 196 ; Grisard, 1891, p. 88; Moeller, p. 279 ; Aublet, p. 780.

Citrus limonum Risso et medica Lin., n°° 1102 B et C.

Noms vulgaires : Bois de citronnier; Cidreira (port. d'après Coutinno). Toronja, Cedra, Ponciles, Limoniera, Limon agrio (esp. d'après Arechavaleta). Cedro, Cedrero (castil.). Pon- cerner, Ponciller (catalan, d’après Willkomm). Oesse ala (Banda) ; Oessi wale (Ambon d'après Filet, Voamandina, Voasary, Voasarimandina (malgache d'après Dandouau). Limon de Florida {Costa-Rica d’après Pittier). Feruk assim (Batavia, d’après Blume). Taporo .(Poroi), Tapora (Tahiti, d’après Jouan). Cedro comune, Cedro limone (italien, d'après Petrocchi). Lima (Van Eeden |. Citronnier des halles {Descour- ülz). Limonier, Limao; Zitrone (Rolland). Lemmetje, Citroer, Limo karbouw (Surinam, d'après Pulle). Citronnier vrai, Citr. des juifs ; Cédratier (France) ; Citron ! (Angl.); Utrez (Arabie), Béjoura, Bejouree (Hindou), Cedro (Italie), Turcre (Pers.), Boeja poora (sanscrit) Trendj (Tunisie, d'après Grisard). agha (Gabon d'après Jardin).

Ces noms doivent être acceptés sous réserves, car la syno- nymie est très compliquée et les variétés cultivées sont très nombreuses. Le nom italien Cedro est souvent appliqué au Cèdre, surtout quand il s'agit du bois. Le citron, ou lignum citrinum, des anciens est le Callitris quadrivalvis. Le citron de la Guyane de Roubo qui ressemble au Santal est évidem- ment une autre espèce : celui des Anglais est le Cédratier.

Caractères généraur. Mêmes caractères que ceux de l'es- pèce précédente quoique j'aie cru trouver quelques différences, que je cite sous toutes réserves,

118 H. STONE

Caractères physiques. Densité, 0,730 à 0,798. On dit sou- vent « odeur agréable », mais c'est l'écorce fraîche qui est : odorante, non le bois.

Caractères de l'écorce. Ecorce vert pâle (Descourtilz).

Section transversale du bois. Nuance aussi claire, sinon plus, que celle des autres coupes, à cause de l'abondance du parenchyme blanc, dont les lignes isolées sont visibles seu- lement à la loupe. Couches très nettes.

Section verticale. En général, les vaisseaux sont plus luisants que dans l'espèce précédente et contiennent de la gomme brun Jaunâtre ; de même les limites des couches sont plus visibles à cause de leurs anneaux de vaisseaux. Les rayons donnent à la coupe une nuance plus foncée.

Emplois. Comme l'espèce précédente.

Ech. type : 1592 el 0471 Hough et sa section, 105. La section de Noerdlinger.

Références : Icones lignorum, pl. 27, 64, 67, 68, en couleur. Fogli, p. 61 ; Descourtilz, V, p. 31 ; Moeller, p. 279 ; Aublet, p. 780.

FAMILLE XLII. SIMARUBACÉES

TRIBU I. SIMARUBÉES

Bois amers, 1106.

Quoiqu'il y ait trois arbres voisins quidonnent un bois amer, je ne crois pas que, dans la pratique, ils soient confondus. Ce sont :

Le Quassia amara des pharmaciens et de Linné, qui est un arbrisseau ;

Le Simaruba, ou Simaruba amara Aubl. (non Hayne), qui est aussi le Picræna officinalis Lindl., et qui est un grand arbre avec une écorce médicinale amère, tandis que le bois n'a. qu'une faible amertume etn'’est employé dans la médecine que comme falsification du vrai bois :

Enfin le Picræna excelsa Tindl., qui est un arbre de taille

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 119

moyenne d'un bois extrêmement amer, aujourd'huiadmis dans la pharmacopée et employé aussi comme insecticide.

La synonymie est très embrouillée et la plupart des syno- nymes ne se trouvent pas dans l’Zndex Kewensis. Le Picræna est regardé depuis 1809 comme le vrai Quassia en Angleterre il est ordinairement préféré au Quassia amara.

Clef des bois amers.

L Couleur blanchâtre fonçant un peu à l'air. 1,1. Saveur amère, persistante, intense, Ecorce adhé- rente. Rayons de 2 à 5 rangées de cellules (Krämer). Densité, 0,532 à 0,769. Picræna excelsa, 1120, 1-2. Saveur amère, mais non intense, disparaissant avec letemps. Densité, 0,403 à 0,480. Simaruba amara, 1110. 2: Couleur blanchâtre un peu fauve, qui fonce à l'air, et devient brun doréelair. Saveur intense. Ecorce se détachant sous forme de gaines. Rayons de 1 à 2 rangées de cellules (Krämer). Densité, 0,450 environ, Quassia amara, n°1106.

Quassia amara Lin., n°1106.

Le véritable Quassie de Surinam.

Noms vulgaires: Lignum Quassiæ Surinamensis. Jamaica- holz (Henkel). Surinam Quassia (Holmes). Fliegenholz (Wies- ner). Hombre grande, Guabo {Costa-Rica, vernaculaire Chiri- qui, d'après Pittier. Coachi (terme gén. Geoffroy). Bois de Frêne : Bois d’absinthe ou du Petit Frêne (Antilles) ; Quina de Cayenne (Guyane): Kwassi (Surinam, d'après Grisard). Bois de Quassie. Bois amer, Bois de Surinam, Quassia verum (Planchon).

Provenance : Amérique tropicale, Antilles, Guyane.

Caractères généraur. Bois mou et léger, d'une grande amertume ; couleur blanche un peu fauve, fonçant à l’air el devenant d'un brun-clair doré très joli. Nuance de la coupe

120 1H, STONE

transversale un peu plus foncée que celle des autres sections. Surface brillante.

Caractères physiques. Densité, 0,450. Dureté, celle de l’'Aune. Légère odeur d'huile de coco, surtout quand le bois esthumide. Solution aqueuse couleur paille claire « légèrement fluorescente », d'après Ballon. Pas de réaction avec le chlorure de fer ‘Henkel),

Le bois brûle bien doucement, sans arome spécial ; 1] laisse exsuder par la chaleur un suc rougeâtre ou brun. Ne se fend pas et se coupe bien dans tous les sens.

Caractères de l'écorce. Echantillon du Musée de Marseille, 36, Antilles. Ecorce détachée en gaine, lisse, légèrement ridée en dehors, et présentant une couche épaisse, très molle, très fibreuse, argentée, en dedans; épaisseur de 4 à 6 mm. La couleur de l'écorce est ordinairement très noire ; mais bien lavée, elle devient d'un brun clair. Les fibres blanches prennent souvent une couleur bleu gris caractéristique. La surface de la bâche {ou tige) est finement striée, et elle présente à la loupe un effet moiré aux rayons.

Planchon indique l'écorce comme recouverte d'une partie scléreuse blanchâtre, tantôt mate, tantôt micacée. Quand cette couche manque, on voit la couche sous-jacente qui forme des taches de couleur gris noirâtre. La face interne grisâtre est mélangée de taches longitudinales d'un bleu noirâtre, dues à une Cryptogame. La cassure est grossièrement fibreuse dans la partie interne. Epaisseur de 1 à 2 mm. La section transver- sale présente une ligne jaune brun très évidente, formée d'une série non interrompue decellules pierreuses, quisépare l'écorce

en deux parties égales : uneintérieure fibreuse, présentant les :

rayons ; et l’externe subéreuse est pleine de sclérites.

Structure du bois. L'aubier n’est pas différent du cœur. Moelle ? Section transversale, Couches en apparence limitées ;

voir Parenchyme.

Vaisseaux visibles comme de petites piqüres, grands, diminuant en diamètre et en nombre vers l'extérieur de la couche ; simples ou par groupes de 2 à 3, rarement #, radia-

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 121

lement subdivisés : quelquefois un anneau de vaisseaux for- tementinterrompu. Vaisseaux peunombreux,2 à 10 parmm. q. ; fortementisolés ; souvent remplis d'une gomme rouge ; parais- sant être attachés aux rayons.

Rayons à peine visibles quand ils sont humectés ; fins, uni- formes, 5 à 7 par mm., de 1 à 2 rangées de cellules, sinueux et s'écartant légèrement quand ils rencontrent les vaisseaux (Krämer).

Parenchyme à visible, même sur une coupe faite à la scie; abondant, entourant les vaisseaux et s'étendant en forme d'ailes qui, en s'unissant, forment des lignes et même des cer- cles concentriques entiers ; intervalles irréguliers de 4 à 2 mm. ou 8 par em. environ, avec, entre eux, des lignes fragmen- taires ; une à quatre fois plus larges que les rayons; non blancs, mais plus clairs que les fibres du fond.

Planchon dit que les lignes ne sont visibles qu'à la loupe. Or le parenchyme est toujours très variable.

Section radiale. Surface brillante, soyeuse. Couches peu apparentes. Vaisseaux juste visibles, comme de fins sillons, avec des perles çà et là. Rayons visibles par réflexion lorsque le bois est fraîchement coupé ; s'il a foncé à l'air, ils sont bien visibles à l'œil nu. Parenchyme visible à la loupe comme des lignes blanchâtres.

Section fangentielle. Moins brillante que la radiale, et néanmoins luisante. Les ravons, étant radialement parallèles, et, d'autre part, verlicalement superposés, produisent un effet moiré, malgré leur minceur.

Emplois. Médicinal, tonique, fébrifuge ; devenu rare et remplacé dans la pharmacopée française par le Picræna. Peu prescrit, sauf d'après Baïllon, sous forme de gobelets amers, mais je pense qu'il s'agit plutôt du Picræna, le vrai Quassia étant rarement assez gros pour qu'on puisse y tailler des tasses.

Ech. {ype: 99, Musée Colonial de Marseille, vitr. Guyane ; don de l'Ecole de Médecine de Marseille,

Icon: Krämer, p. 544. Sect. transv.(Surinam et Jamaïque) et fig. 239, d'après Meyer, Boquillon, pl. IT,

122 H. STONE

Références : Descourtilz, I, p. 23, Planchon etC., II, p. 78; description très complète. Boquillon,p. 37, descr. micros. mais copiée de Planchon en grande partie, Sagot, Catal., XIT, p. 207, Vair aussi Références aux 1110 et 1120,

Simaruba amara Aubl. (non Hayne), 1110.

Synonymes : $. quyanensis Rich.: S. officinalis DC. (non Mac Fad) ; Picræna officinalis. Lindl.; Quassia Simaruba Lin. fils (non Blanco).

Cette espèce a beaucoup d'analogie avec les 1106 et 1120.

Noms vulgaires : Simaruba (Bell). Acajou blanc (Guad., d'après VWiesner). Bitter-wood, Bitter Ash, Bitter Esche, Mountain Damson, Stavewood Jamaïque, d'après Brown). Marupauba (Brésil d'après Huber). Pao Pomba, Aruba, Maruba (Guy. Angl. ; Amaz.), Gall-tree (Barb., d’après Lindley). Walkara (Surinam, Brewer). Arbore de las camaras, Macre (Brahman, d'après Descourtilz). Bois blanc (Martin, d’après Duss). Chipiou ? (Préfontaine). Bois de Cayan (Grisard). Simaruba de la Jamaïque, le Simaruba amara de Hayne (Baïllon). Ce dernier est le Q. amara, mais comme Baillon dit que l'écorce seule est employée en médecine, il est évident qu'il s'agit de l'espèce présente.

L'écorce s'appelle écorce de Macre ou de Macer (Régis).

D'après la description de l'écorce par Aublet, il y a tout lieu de croire que cet auteur veut parler du Picræna.

Le Chipou de Préfontaine doit être Bursera 1155 A.

Provenance. Amérique tropicale, Antilles, Guyane.

L'échantillon 2936 a été déterminé d'après les feuilles et les fruits par le D' Freeman.

Caractères généraux. Bois léger et mou, d'une saveur amère quand il n'est pas tropsec, et d'une couleur blanclaiteux. Surface luisante, fonçant peut-être un peu à l'air, mais très légèrement. Nuance de la coupe transversale plus foncée (mais plus mate) que celle des autres sections.

Caractères physiques. Densité, 0,432 à 0,480 et 0,403, d’après Dumonteil ; force, 96 ; élasticité, 156 : flexibilité, 3,74,

Dureté, celle du Cèdre à crayons.

Frais, très mauvaise odeur ; sec, sans odeur,

, | | : ;

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 123

Saveur moins intense que celle du Picræna et du Quassia : dans les vieux échantillons, la saveur est pour ainsi dire nulle.

Solutions incolores.

Caractères de l'écorce. Ecorce de 4 à 5 mm. environ ; exté- rieur gris argenté, intérieur Jaune. Les rayons, convergeant en pinceau et aussi durs que le bois, sont bien visibles en section

transversale.

Ecorce lisse, grisâtre, d'après Aublet.

Ecorce (d'après Planchon, cité par Boquillon ; mais est-ce l'écorce des racines?) grisâtre, face externe fibreuse, couverte d'une couche subéreuse de couleur blanc jaunâtre, légèrement marquée de petits mamelons verruqueux et de lignes saiïllantes transversales assez régulières, à intervalles de ! à2 em. Couche sous-jacente de couleur fauve foncé. La face interne est com- posée de fibres très plates, qui seséparent facilement et donnent une surface fibreuse très grossière. Dans le sens dela longueur, elle se déchire en fragments irréguliers, et il est impossible de la couper transversalement. Une zone interne striée occupe les trois quarts de l'écorce, parcourue par les rayons: les couches externes sont granuleuses. Très amère, se pulvérise difficilement.

Caractères du bois. L'aubier n’est pas différent du cœur.

Moelle ?

La structure du bois ressemble à celle de Quassia. (V. clef, 1106.)

Section transversale. Couches quelquefois délimitées ; un anneau de petits vaisseaux très interrompus forme-t-il les limites ?

Vaisseaux visibles, très grands, 0 mm. 36 ; peu de variation, distribués régulièrement, en groupes de 2 pour la plupart, par- fois 3, et pouvant aller jusqu'à 23; irrégulièrement subdivisés, vides.

Rayonsblances, à peine visibles.

Parenchyme abondant: les lignes sont d'une plus grande largeur que celle des rayons, mais elles sont absentes sur de larges espaces. En coupe transparente, le parenchyme est im- perceptible, quoique visible sur la surface du bois,

124 H. STONE

Section radiale, Nuance plus claire que celle de la section tangenlielle. Couches et parenchyme non marqués. Vaisseaux très apparents, brunâtres, plutôt grossiers, mats. Rayons peu apparents, mais bien visibles, étroits, brillants.

Section tangentielle. Comme la radiale, mais les rayons sont à peine visibles, étant minuscules et étroits par rapport à leur hauteur.

Emploi. Construction (Brésil, d'après Miers) ; Tannage (Saurellef}. Peut être obtenu jusqu'à 17 à 30 mètres sur 60cm. d'équarrissage (Bell). Très bon pour cloisons ; se fend très facilement en se desséchant (Laslett). Bon pour planches à râper le manioc, (Aublet). Allumettes (Bull. Agr. Mart.).

D'après le père Labat, les viandes cuites avec ce bois sont très amères. |

Quand on abat un arbre, Le suc (des racines ?) donne la gale aux bûcherons (Préfontaine). À comparer le Cucuberanda, Partie IT. |

Très commode à travailler, mais ne prend pas les clous car il se fend très facilement ; polissage médiocre.

Éch. type: 80,2936 Bell. ; 0296 D, agric. Guy. Angl. ; 221, série I, Lyon ; IT, Musée Colonial de Marseille (Guyane).

Icones lignorum: pl. 67 (pl. 65, fig. #, est-ce bien cette espèce ?)

Références : Bulletin agricole de la Martinique, janvier 1899. Préfon- taine, p. 208 ; de Lanessan, p. 365 ; Baïllon, II, p. 873; Grisard, 1891, IE, p. #33; Boquillon, IV, p. 59 ; descr. microsc. de l'écorce : Aublet, p. 860 ; Dumonteil, 1823, IT, partie 2, p. 158 ; Laslett, p. 288; Miers M. S. ; Stone et Fr., p. 81; Stone, T. of C., p. 27; Règne végétal, Il, 326.

Picræna excelsa Lindl., 1120.

Synonymes : Simaruba excelsa DC.; Picrasma excelsa Planch.

Il y a beaucoup d'autres synonymes encore pour tous ces bois amers, par exemple: Biftera febrifuga Bel. (Heckel) ; Picrasma antillana Planc.; Picræna excelsa Gris. (Urban) ; Quassia excelsa Sw. (Guibourt). Picræna excelsa R. Br. (Bail- lon) et Simaruba (Sagot, Schwartz).

Noms vulgaires : Bitter Ash (terme général, îles danoises), Peste à poux, Bois noyer, Graines vertes (Guad.); Bois amer

sr.

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 125

(Martin.) ; Bitterwood (Barb. Urban). Quassia amara du commerce mais non des pharmaciens ; Quassia amara R. Bn (de Lanessan ; Mouillefert). Bois de Saint-Martin (Heckel). Ecossier (Quassia excelsa Schw.); Bois de Suarinam Quassia (Roussell). Bitteresche, Quinquina de Cayenne (Miers). Kwassiehout, Gramman Kwassie (Berk.). Cassia lignea (Pe- trocchi). Quassia (Fluckiger). Bois de Quassia de la Jamaïque ; Bois de la Jamaïque, Lignum Quassiae novæ ; Lignum Quas- sia jamaicense (Planc.). Coissi (nom ancien, Rodriguès). Jamaica holz (Henkel). Quachi, Coache (Guyane française, Bassières). Ligno de Surinam (Vargioni). Bois amer de Su- rinam (Baillon). Simaobat (Guad., de Lanessan). Simarouba mâle (Grisard).

Les échantillons types qui ont servi à la description sui- vante ne sont pas déterminés systématiquement, mais se rap- portent bien au bois qui est vendu pour insecticide. Ils pro- viennent de grands arbres, non d'arbrisseaux, et je crois pou- voir affirmer qu'ils sont de cette espèce. Il me semble que c'est le même bois que celui de Schwartz « arbor trunco erec- tissimum crassus », mais le bois de Dumonteil, dont la densité est de 0,769, me parait trop lourd. Cependant, puisqu'il cite le Simaruba à part, nous sommes forcés de l’accepter. Le bois mentionné par Grisard, jaune, brillant et satiné, souvent par- semé de tâches noirâtres sinueuses, d’une teinte obscure, était probablement attaqué par un champignon. D'après Fluc- kiger, le bois est souvent strié par un champignon en dessins délicats.

Provenance. Amérique tropicale, Antilles, Guyane. Caractères yénéraur. Bois léger et tendre, d'une cou-

leur blanc laiteux et d’une saveur très amère et très persis- tante. La couleur peut varier du blanc jaunâtre à la couleur citron. Surface satinée, très belle, fonçant un peu à l'air ; grain plutôt fin, ouvert. La nuance des coupes est à peu près la même,

Caractères physiques. Densité, 0,532 à 556 ; 0,715 d'après Lanessan,

Dumonteil donne comme densité de son bois amer 0,769 ;

126 H. STONE

comme force, 170 ; comme élasticité, 173 ; comme flexibilité, 2,63.

Dureté, celle de l'Aune. A sec, odeur nulle, Saveur beaucoup plus amère que celle du Simaruba.

Solutions incolores. D'après Henkel, avec le perchlorure de fer elle donne un précipité en flocons gris ou blancs.

La solution aqueuse a une belle fluorescence, d'après Fluc-

kiger. Il brûle bien sans odeur spéciale. Caractères de l'écorce. Certains auteurs disent qu’elle est

fortement adhérente ; d'autres indiquent qu’elle se détache facilement. À la vérité, elle est assez bien adhérente si on la compare avec celle de vrais Quassia, qui se détache en fourreau, mais elle n’est pas tenace comme celle de la plupart de nos arbres indigènes. ;

D'après Baillon, l'écorce ressemble à celle du jeune tilleul ; elle est presque lisse, de couleur gris terne, ou noirâtre ou blanchâtre, fibreuse dans son épaisseur.

Striée longitudinalement, dit Grisard.

Gris cendré, tachetée de noir, fragile: se sépare facilement, d’après Roussellet.

Fortement adhérente, dit Planchon.

Gris brun avec de larges bandes d'un noir brillant. La sec- tion transversale présente une zone libreuse, blanche, qui pénètre parfois presque dans l'intérieur de la tige lhigneuse. Rayons très visibles à la loupe jusque près des couches péri- phériques. Les cellules pierreuses si abondantes dans l'écorce du Quassia de Surinam n'existent pas dans celle du Picræna, (Planchon et Collin). |

Cendrée, blanc Jjaunâtre intérieurement, fibres tenaces (Schwartz). Fortement adhérente, noir brunâtre d'après Henkel.

D'après un échantillon du Musée Colonial de Marseille, de la Guyane :

Écorce épaisse de 2 à 4 mm. environ, gris jaunâtre, presque lisse, fibreuse, tenace en dedans, mais non molle comme dans le Quassia ; épiderme comme celui du Frêne.

Structure du bois. L'aubier n'est pas différent du cœur.

es -

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 127

Moelle arrondie ou lobée, 2 à 4 mm. de diamètre, blanche ou grisâtre ou brunâtre.

La structure du bois est la même que dans le Simaruba 1110, à part quelques différences de faible importance :

Section transversale. —— Couches non délimitées, Voir Parenchyme.

Vaisseaux bien apparents, plutôt petits, 0 mm. 13 de dia- mètre, 4 à 24 par mm. q., par groupes de 3 à 11; ronds quand ils sont simples.

Rayons, 6 à 8 par mm. ; plus denses que les fibres ligneuses en coupe transparente ; la distance des intervalles est égale au diamètre d’un gros vaisseau ; couleur blanche aussi claire que celle du parenchyme. D'après Krämer, de 2 à 5 rangées de cellules, et de 1 à 3, d'après Fluckiger.

Parenchyme bien visible en coupe transparente. D'après Planchon, de 5 à 6 rangées de cellules de largeur. Notre figure 2, planche V, prise d'une coupe transparente, montre à peine le parenchyme.

Section radiale. Souvent couleur citron. Vaisseaux com- posés de cloisons 3 à 4 fois plus longues que larges.

Section tangentielle. Rayons larges, comparativement à leur hauteur qui atteint jusqu'à 15 cellules, d’après Fluckiger. Couches et parenchyme se présentant comme des lignes et des lacets bien apparents, en formant alternativement des angles saillants et rentrants.

Emplois. Coupes amères inventées par Alibert Planché (Descourtilz). D'après Fluckiger, l'usage du bois a été interdit en Allemagne en 1872.

Un succédané du houblon en Angleterre, d'après Lindley ; et on s'est servi aussi de l'écorce dans le même but, d'après Duchesne, mais je n'ai jamais entendu parler de cet usage.

Insecticide contre les pucerons, et il parait même qu'une décoction appliquée sur la peau vous protège des moustiques.

Ech, lype : Musée Colonial de Marseille, 5 de la Guyane, et n°* 0787 et 0045 de ma collection, provenant de sources commerciales.

Icon. : Baillon, IL, fig. 2565 ; Krämer, fig. 239 ; Stone, T. of C., pl. I, fig. 18 ; Fuckiger et Hanbury, fig. 74 et p. 236,

128 H. STONE

Références : Henkel, p. 379-; Holmes, p. 19; Schwartz, IL p. 741 ; Gri- sard, 4891, IT, p. #31 ; Urban, V,p. 378 ; Roussell, p. 323 ; Planchon, G., p. 80; Dumonteil, 1823, JT, partie2, p. 154,

LI

FAMILLE. XLIIL OCHNACÉES

,

LTRIBUL "= OCANRES

Gomphia guianensis Rich., 1140. Synonyme : Quralea quianensis Aublet.

Aublet, p. 397 : Oura-ara (Galibis); Avouou-yra (Garipons). Note. Durand cite Ouratea au lieu de Gomphia.

FAMILLE XLIV. __ BURSÉRACÉES

Bursera gummifera Lin., n°1155 A.

Grisebach : West Indian Birch., Mastick-tree (Antilles anglaises.)

Guibourt, IT, p. #79: Chibou Cachibou, bois blane (Voir 1120.)

Grisard, 4892, IT, p. 517: Bursera qummifera Jacq. (ne se trouve pas dans l’Index}. Gommart des Antilles, Gommier, Gomard, Gommart de l'Amérique, Gommur, Arbre à baume, Bois de gommier blane (Antilles), Almacego (Cuba, N. Grenada). Palo ziote (Mexique), Carano (Trinité). Amacéga, Almacega, Indio desnudo (Vénézuéla). Bois blanchâtre, léger, mou et résineux ; se fend facilement grâce à ses fibres longues et droites. Clôtures, palissades. L'écorce est astringente.

Pittier, p. 107: Almacego, Jiñote, Jiñnocuave. Écorce grisätre qui se renouvelle régulièrement, Xioquauitl (Mex. Costa-Rica),.

Niederlein, p. 2: Gommier gris (Guadeloupe).

Bursera angustifolia Sagot (n'est pas dans l'Index), 1155 B.

Sagot : Voir Grignon 2249.

Protium Aracouchini Mart., 1156 A. Synonymes : P. Aracouchini Mart. ; P. Aracouchi Marsh. ;

| | À |

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 129

Îcica Aracouchi Aubl. : /. Acuchini Gmel. : Z heterophylla

A. D.C.; Amyris heterophylla Willd.

Noms vulgaires : Acouchini (Aublet). Breu-branco, [ssica- tan (Brésil, Rodriguès). Acouchi (Heckel). Hiawa (terme général, Bell).

L'échantillon 2688 a été déterminé d'après les fewlles et les fruits par le D' Freeman.

Le bois Jaoua de Dumonteil peut être le Protium Aracouchini ou P. quianensis, ou encore P. heptaphylla. Je le cite 1e1 sous réserves. Voir aussi 1156 B.

Provenance. Amérique tropicale, Guyane.

Caractères généraux. Bois dur et lourd, d'une couleur rouge pâle (blanc, d'après Aublet). Surface brillante, soyeuse, fonçant légèrement à l'air. Nuance de la section transversale plus foncée que celle des autres coupes.

Caractères physiques. Densité, 0,796 à 0,843. Dureté, celle du Charme. A sec, odeur nulle. Saveur astringente.

Dumonteil, p. 154: Densité, 0,819 : force, 239 ; élasticité, 135, p. 160. Classe 2, qui est celle du chêne. Cassant, d'après Aublet.

Caractères de l'écorce. Epaisse de 2 à 3 mm. d'épaisseur, presque lisse ; brune et fibreuse intérieurement et pleine de sclérites clairs. Lisse et cendrée, d’après Aublet. Surface de la bûche lisse.

Structure du bois. L'aubier est couleur toile écrue. Epais- seur : © à 7 cm. ». Bien distinct du cœur, mais sans déli- mitation brusque.

Section transversale. Couches en apparence délimitées, les zones ne se trouvent pas beaucoup de vaisseaux pou- vant indiquer, semble-t-il, les limites.

Vaisseaux visibles en raison de leur grand nombre, mais petits ; peu variables ; distribués régulièrement, plus ou moins abondants par zones ; fortement isolés, simples pour la plupart, mais parfois par groupes subdivisés de 2 à 9 vaisseaux.

Rayons à peine visibles à sec ; humectés, ils le sont mieux. Fins, uniformes, irréguliers, écartés les uns des autres d'une distance égale à celle du diamètre d'un gros vaisseau et ne s’écartant pas au niveau de ces vaisseaux ; rouges.

Annales du Musée colonial de Marseille. série, 4* vol. 1916. 9

130 H. STONE

Parenchyme d, se présentant en cellules dispersées.

Section radiale. Vaisseaux visibles à la loupe en minces sillons brillants. Rayons apparents comme de petits traits ou des points d'hermine.

Section tangentielle. Comme la radiale, mais moins pointllée. Rayons visibles au microscope seulement. Emplois. Peut servir pour tiroirs de meubles, etc. Faci-

lement obtenu jusqu'à 17 m. sur 35 cm. d’équarrissage, d'après Mc.Turk.

Conservation limitée, d’après Bell.

Très commode à travailler ; se fend facilement,

Ech. type : 32,2688 Bell. Références : Bell, p. 5 ; Mc.Turk, p. 6; Laslett, p.19; Aublet, p.343; Sagot, Catal,, XIII, p. 291 ; Stone ét Fr., p. 32.

Protium aitissimum Marsh., 1156 B.

Synonymes : P. altissima Marsh.; Amyris altissima Willd. ; Icica altissima Aubl. ; I. cuspidata H. B. et K. ; Bursera altissima Ballon. :

Noms vulgaires : Iciquier cèdre (Guad.); Cèdre blanc et rouge, deux variétés. Les indigènes préfèrent la variété rouge au point de vue de la durée, d'après Aublet. Cedar (Laslett). Samaria-wood (Leman). Oelo (Icon. lign.). Oolu (Bell). Caragne blanche (Geoffroy). Bois de rose femelle (de

Lanessan ; voir 6200 A). Cèdre bagasse (Musée Colonial de

Marseille ; voir 1156 H). Cedro (Brésil); Soly (Surinam, d'après

Martin-Lavigne).

L'échantillon 2725 a été déterminé d'après Les feuilles et les fruits par le D' Freeman. Ce n'est ni le bois décrit par Lavigne, ni l'Oulou de Préfontaine (voir 1514), ni le Bagasse (voir 6608). Plusieurs auteurs confondent le Cèdre blanc et le Bois de rose femelle avec cette espèce. (Voir 1698 A et 6200 A et D).

Provenance : Amérique tropicale, Guyane.

Caractères généraux. Bois léger, mou, d'une couleur:

blanc brunâtre ou sale, d'après Bell ; couleur de cèdre pâle

| 3

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 131

(Me.Turk); couleur rougeâtre (Aublet ? Surface brillante, satinée ; fonce légèrement à l'air : grain gros.

Caractères physiques. Densité 0,496 (voir 1156 H); dureté, celle de l’Aune ou le Tilleul. Odeur à sec nulle. D'après Me.Turk, fortement aromatique (voir 1156 C). Saveur légère, même nulle.

Caractères de l'écorce. Ecorce roussâtre, ridée, gercée (Aublet). Rouge (voir 1159), dure, ligneuse, ridée, épaisse de 9 mm. environ. Mince couche fibreuse à l'intérieur, mais en général composée par couches de selérites durs et blanes bien visibles. Surface de la bûche lisse.

Structure du bois. Aubier brunâtre, bien distinet du cœur ; épais de 13 cm. environ.

La structure du bois ne concorde pas bien avec celle de l'espèce précédente. (Voir la clef, 6201.)

Section transversale. —— Couches non délimitées. Vaisseaux visibles difficilement, même grands. Rayons à peine visibles.

Section radiale. Vaisseaux plus foncés que les fibres ligneuses. Ravons bien visibles, apparaissant comme de petites rayures brunâtres. Les autres détails manquent.

Emplois. Bon pour charpente d'intérieur, mais se con- serve mal et est sujet aux attaques d'insectes ; très abondant et obtenu facilement jusqu à 17 m. sur 48 à 55 cm. d'équar- rissage (Bell).

D'après Laslett, bon pour pirogues.

Polissage médiocre : commode à travailler, se fend facile- ment et ne prend pas les clous.

Ech. types : 69,2725 de Bell. Musée Colonial de Marseille, 10, de la Guyane, écorce et bois. (Ce bois diffère quelque peu du 2725,

Icones lignorum : pl. 62, fig. 8.

Références : Aublet, p. 342 ; Bell, p.8; Laslett, p. 381 ; Martin-Lavigne, p. 86; Sagot, Catal., XIII, p. 291; Stone et Fr., p. 70.

Protium heptaphyllum Marsh., 1156 C. Synonyme : /cica (Bursera) heptaphylla Aublet.

Aublet, p. 337 : Arouaou (terme général des Galibis. Encens des

132 H. STONE

Nègres). Ecorce roussâtre, ridée, gercée, inégale, raboteuse. Le boisest blanc, mais rougeâtre au centre. S

Duss : Gommier blanc (Guad.); Bois gommier (Martin.).

Peckolt, 1898 : Protium heptaphyllum var. brasiliense Engl. Almace- gueira vermelha ; Breo vermelha, |

Corrèa : Protium brasiliense. Almacegueira. Densité, 0,771. (Est-ce bien cette espèce ?) |

Saldanha de Gama cite l'Almecegueira comme étant l’Jcica (Protium) Icicaiba March.

Laslett, p. 1147: Hiawa (terme général). Bois ayant une forte odeur aromatique (voir 1156 B) ; il produit le Hiawa ou résine de Couma.

Grisard, 1892, II, p. 524: Bois d'encens, Bois cochon {terme gén., Guyane ; Incense-tree (Trinité anglaise) ; Couroucay (Esp. ) ; Karun-phul (Hindou) ; Tacomhaca, Tacamahaca (terme général au Vénézuéla). Les intempéries font pourrir ce bois rapidement.

Guillaumin, 1909, p. 1##: Protium heplaphyllum ; fournit la résine Couma et la gomme Hyowa.

Pulle : Tienjie monnie (Surinam). |

Jeanneney (ms.) cite un Arourou conime étant le Protium Schomburg kianum Engl. du Brésil. Fe

Bremer. p. 24: Tingi moni (Surinam), Icicaleptaphylla.

Protium guianensis Marsh., 1156 D. Synonyme : /cica quianensis Aubl.; Amyris quianensis

Aubl. (non Willd.).

Aublel, p. 336: Amyris quianensis; pas de détails.

Aublet, p. 340: Jcica quianensis ; Bois d'encens. Ecorce roussâtre, ridée, gercée. Bois blanchätre et léger.

De Lanessan, p. 142 : Icica quianensis ; synonyme : Bursera quianen- sis H. Bn. Encens grand bois ; Arouaoa (voir 1156 C): Hiawa (Arrou- hages). Ce bois n'offre que peu d'intérêt.

J. de Cordemoy : Arouaou (Galibis).

Guillaumin, p. 156 : Hiawa. Le Hyowava ou Carâna est le Protium Carana.

Grisard, 1832, Il, p. 523 : Copal (Cuba); Youcamoney (Guyane) ; Den- sité, 0,662 ; force, 186 (voir 1156 F.). ; ÿ

Protium decandra Aubl., 1156 E. Synonymes : /cica decandra Aublet : 7. enneandra Aubl.

Barrère, p. 197: Icicariba (Piso); Sipo ; Arbre d'encens ; Terebinthus pistachiæ. (Est-ce bien cette espèce ?) Aublet, p. 345 : Zcica enneandra, Arouaou (Galibis).

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 133

Le même, p. 346: Icica decandra, Chipa (Galibis). Ecorce rougeâtre, ridée, gercée, d'où sort un suc à odeur de citron, qu'on trouve pär mor- ceaux sur l'écorce et au bas du tronc. Le bois est blanchâtre, peu com- pact etest employé pour encens.

Je me demande si ce n’est pas le Chipiou de Préfontaine, p. 208. | ; is

Les espèces suivantes ne sont pas déterminées, mais sont probablement des Protium. |

Bois Encens, n°1156 F.

Dumonteil, p. 154 : Densité, 0,662 ; force, 186 ; élasticité, 158 ; p.163. Classe 5, qui est celle du nes

Jaowa, 1156 G.

Dumonteil, p. 154 : Densité, 0,819 ; force, 239; élasticité, 135 ; p. 160. Classe 2, qui est celle du chêne.

La densité concorde assez bien avec celle du Protium Ara- couchili 1156 A.

Cèdre Bagasse, 1156 H.

Dumonteil, p.154 : Densité 0,842 ; foree, 226 ; élasticité, 154 ; p. 164. Classe 2, qui est celle du chêne.

Faute de renseignements plus précis, je ne puis placer ce bois sous le nom de Protium altissimum 1156B, car la densité de mon échantillon (0,496) est loin de concorder avec celle de Dumonteil (0.842). Pour la même raison, j'ai placé son Cèdre

blanc (densité 0,331) au 6200 D.

De Lanessan, p. 140 : Amyris sp. Bois dur et serré. La résine dont il est imprégné lui permet de brûler avec flamme. (Voir 648.)

D'après Durand, le genre Amyris est bon ; d'après l'Index Kew., il est synonyme de Protium.

Icones lignorum, pl. LXXIV, fig. # : « Kandell boom » en couleur

134 H. STONE

(grise rayé de bleu). Mais évidemment le dessin a été fait d'après un échantillon détérioré, (Est-ce bien cette espèce ?)

Barada-balli (Bell), 1156 J.

Ce bois est une Burséracée, selonle D' Freeman qui l’a déter- miné d'après les feuilles et les fruits.

Caractères généraux. Bois plutôt lourd, dur, d'une couleur brun uniforme, fonçant légèrement à l'air. Nuance de la coupe transversale un peu plus foncée que celle des autres sections. Bell, qui envoya l'échantillon, dit que la couleur est blanche.

Caractères physiques. Densité, 0,811 ; dureté, celle du charme, Ni odeur, ni saveur.

Caractères de l'écorce. Ecorce épaisse de 3 à 6 mm. envi- ron, ridée, ligneuse et pleine de sclérites blancs ; intérieur brun foncé. Surface de la bûche finement striée.

Structure du bois. L'aubier n’est pas différent du cœur.

Section transversale, Couches en apparence bien délimi- tées, mais les limites exactessont douteuses ; contour régulier.

Vaisseaux visibles quand ils sont humectés ; peu variables, distribués régulièrement ; simples pour la plupart, quelquefois par paires.

Rayons à peine visibles, très fins, de deux sortes, coloriées toutes les deux. Les grands rayons sont écartés les uns des autres d'une distance beaucoup plus grande que le diamètre d'un gros vaisseau, tandis que les petits, qui sont très nom- breux, ont leurs intervalles à peu près égaux à ce diamètre.

Parenchyme a entourant les vaisseaux.

Section radiale. Vaisseaux en fins sillons incolores. Rayons enfines lignes, visibles par réflexion.

Section tangentielle. —Commela radiale, mais, sur une coupe préparée pour le microscope, les grands rayons se présentent comme des fuseaux de ! mm. de hauteur environ, terminés à chaque extrémité par une cellule qui correspond au quart de la hauteur totale: la partie intermédiaire se compose de plusieurs rangées de cellules plus petites. Contrairement à ce que pré- sentent d'ordinaire les cellules analogues de la plupart des autres espèces, les grosses cellules sont iciremplies de matière colorante. Les petits rayons sont aussi colorés et ressemblent

BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE. 135

aux grosses cellules des grands rayons. Cette circonstance me fait penser qu'il n'y a, en réalité, qu une seule sorte de rayon et que les petits ne sont autre chose que les extrémités des grands. Tous les cas intermédiaires peuvent, en effet, être observés. Cette remarque s'applique d'ailleurs à beaucoup d'espèces, et elle me fait supposer qu'il n y a jamais qu'une seule sorte de rayons, même dans le Hêtre, Hartig admet pourtant qu'il y en trois.

Emplois. Très utile comme bois pour meubles (Bell). Commode à travailler. Se fend facilement.

Ech. types : 7,2633 Bell. Références : Stone et Fr., p. 7.

Hedwigia balsamifera Sw.{non Engler|, 1159. Synonymes: Bursera balsamifera Pers. ; Icica Edwigia,

A. Rich.

Barrère,p. 180 : « {cicariba balsamifera. Bois à flambeau, appelé aussi Bois rouge à cause de la couleur de l'écorce ».

Est-ce bien cette espèce ? Voir 1156 B au sujet de l'écorce.

De Lanessan, p. 142: Gommier ; bon pour constructions de canots et d’avirons.

Guibourt, IIf, p. #79: Sucrier de montagne ; Bois cochon; bois rou- geâtre (Voir 1156 C.

Grisard, 4892, Il, p: 531 : Gommier de montagne ; Bois de gommier rouge ; Bois à flambeau (term. gén.); Bois à barriques (Antilles, Créoles); Palo cochin ; Azucarero de montagne (Cuba); Copal (Salvador) et la gomme, Gomma azucarada (Cuba). Ecorce blanchâtre et brillante ; bois de couleur rougeiïtre, à longues fibres, léger, flexible; dureté au-des- sous de la moyenne, mais assez résistant pour ètre employé dans la construction. On s’en sert aux Antilles pour canots, pour merrains des tonneaux destinés à exporter les sucres en Europe, pour torches et pour flambeaux.

(A suivre.)

MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS

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serpent.

ndron quiinense. Bois-

Stryplhnode

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Section tangenticlle,

PI. II Séryphnodendron quianense. Bois-Serpent.

Section transversale.

dd

Principaux Mémoires parus antérieurement dans les ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE

HreckeL : Sur quelques plantes à graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises, et en particulier de Madagascar. Année 1908.

CLaverie : Contribution à l'étude anatomique et histologique des plantes textiles exotiques. Année 1909,

ve Wizoemax : Notes sur des plantes largement cultivées par les indigènes en Afrique tropicale. Année 1909.

Louis PLaxcnox et Juirver : Étude sur quelques fécules coloniales. Année 1909. Dr HeckeL : Les Plantes utiles de Madagascar. Année 1910,

H. Juuezce et H. Perrier DE LA Barre : Fragments biologiques de la flore de Madagascar. Année 1910.

GuicLaumix : Catalogue des Plantes phanérogames de la Nouvelle-Calédonie et dépendances. Année 1911.

Dusarp : Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées. Année 1912.

Bauvox : Sur quelques plantes alimentaires indigènes du Congo français. Année 1912.

pe Wirpemax : Les Bananiers; culture, exploitation, commerce ; systématique du genre Musa. Année 1912.

H. Juuecre et H, Perrier DE LA BATHiIE : Palmiers de Madagascar. Année 1913.

P. Cnoux : Études biologiques sur les Asclépiadacées de Madagascar. Année 1914.

H. Jumezce : Le D' Heckel. Année 1915.

R. Hamer et H, Perrier DE LA Baruie : Contribution à l'étude des Crassulacées malgaches. Année 1915.

A. Fauvez: Le Cocotier de Mer, Lodoicea Sechellarum. Année 1915.

H. Juuezre : Les Recherches récentes sur les ressources des Colonies francaises et étrangères et des autres Pays chauds. Année 1916.

H, Juuerre : Catalogue descriptif des Collections botaniques du Musée Colonial de Marseille : Madagascar et Réunion. Année 1916.

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MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE VENTE

Les Annales du Musée Colonial de Marseille, fondées en 1893,

paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules.

Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance, sont en vente chez M. CHaLLameL, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à qui toutes les demandes de renseignements, au point de vue commer- eial, doivent être adressées. ù

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. Hem JUMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée Colonial, 5, rue Noailles, à Marseille.

Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gra- tuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à leurs frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avec titre spécial sur la couverture.

Les mémoires ou ouvrages dont un exemplaire sera envoyé au Directeur du Musée Colonial seront signalés chaque année en fin de volume dans les Annales.

Le 1% fascicule de l’année 1916 (Catalogue descriptif des Collections Botaniques du Musée Colonial de Marseille : Madagascar et Réunion) et le fascicule de la même année (Recherches récentes sur les res-

sources des Colonies françaises et étrangères et des autres Pays

chauds) sont déjà parus, ainsi que le 1* fascicule de l’année 1917 (Catalogue descriptif des Collections Botaniques du Musée Colonial de Marseille : Afrique Occidentale Française).

MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS.

ANNALES

DU

MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE

FONDÉES EN 1893 PAR EDOUARD HECKEL dirigées par

M. HENRI JUMELLE

Professeur à la Faculté des Sciences,

Directeur du Musée Colonial de Marseille.

Vingt-quatrième année, série, volume (1916)

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Les Recherches récentes sur les Ressources des Colonies françaises et étrangères et des autres Pays chauds, par M. Hexrr JUMELLE.

CNE TUSA Xÿ MARSEILLE PARIS MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 5, RUE NOAILLES, 3 17, RUE JACOB, 17

1916

ANNALES

MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE

(Année 1916)

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ANNALES

DU

MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE

FONDÉES EN 1893 PAR EDOUARD HECKEL dirigées par

M. Henri JUMELLE

Professeur à la Faculté des Sciences,

Directeur du Musée Colonial de Marseille.

Vingt-quatrième année, série, clame (1916)

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Les Recherches récentes sur les Ressources des Colonies françaises et étrangères et des autres Pays chauds, par M. Hexrt JUMELLE.

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LES RECHERCHES RÉCENTES

SUR LES

RESSOURCES.DES .COLONTES

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ALGÉRIE

L 1

Programme des Chemins de fer dans les Territoires du Sud. Ce titre est le titre même d’une brochure forte- ment documentée, écrite avec clarté et méthode, que vient de publier M. le lieutenant-colonel du génie P. Godefroy, actuellement Chef du Service Technique des Travaux des Territoires du Sud.

On sait que ces Territoires du Sud-Algérien, organisés en colonie autonome par la loi du 24 Décembre 1902, et dont la superficie représente environ 2.200.000 kilomètres carrés, sont divisés en quatre commandements militaires : le Zerri- toire d'Ain-Sefra, au sud du département d'Oran et à cheval sur les Hauts-Plateaux et le Sahara; /e Territoire de Ghardaïa, au sud du département d'Alger, s'étendant aussi, partie sur les Hauts-Plateaux et partie vers le Sahara; Le Territoire de Touggourt, au sud du département de Constantine, situé presque entièrement dans la zone saharienne ; /e Territoire des Oasis, au sud des précédents et, en totalité, au Sahara.

Tous ces Territoires, ainsi que le fait bien remarquer M. le Colonel Godefroy, ne pourront être réellement mis en valeur que le jour des voies ferrées assureront des communica- tions rapides et faciles entre leurs diverses régions, et aussi et surtout entre ces régions et le littoral, puis de au dehors.

M. Godefroy précise quelles sont les voies ferrées qu'il y

aurait lieu de construire, leur ordre d'importance, et dans

ÿ RESSOURCES DES COLONIES

quelles conditions et suivant quel plan elles pourraient être installées.

Sur cette seconde partie du mémoire qui est celle intéres- sant particulièrement l'ingénieur, nous n'avons pas à nous arrêter ici, mais les chapitres sont énumérées les ressources naturelles ou culturales que peut offrir le Sud- Algérien méritent de retenir l'attention du naturaliste, de l'économiste et du colon.

Dans l'ensemble, la valeur économique actuelle de tous ces

territoires est la suivante

Population..." à RAS eo 500.000 habitants Valeur en capital....... {r :--: 175.000.000 francs Production 1427-40 4 54.000 000 » Exportations. 1 42e. rer 18.500 000 » Importations...... PORC * 22.500.000 » TRAME 2 mesurée eneare 9.000 000 » Commerce extérieur général... 50 000.000 » Cormerce spécial: à. ". 41 .000. 000 » GCapitalpar habitant: 7702 350 » Production par habitant ....... 108 » Commerce extérieur par habitant 82 »

A titre de comparaison, M. Godefroy rappelle que, pour l'Algérie du Nord, le commerce spécial s'élève à environ 1.200.000.000 francs, soit 240 francs par habitant.

Les principales ressources des indigènes du Sud sont : pour les nomades, les troupeaux et leurs produits ; pour les sédentaires, les dattes et les céréales ; sur certaines parties des Hauts-Plateaux, l’alfa.

En 1913, le nombre de dattiers en rapport, dans les Terri- toires Militaires, était évalué approximativement :

Aïn-Sefra.. 1.620.000 produisant... 16.200 tonnes de dattes Ghardaïa .. 240.000 » a". “A600 » » Touggourt. 2.400.000 Die Tant AO: 00DE- EU » Oasis ... . 1.240.000 » Paso A2 400 »

5.500.000 81.400

ALGÉRIE 9

On sait que la bonne datte d'exportation est la deglet-nour.

Elle provient du Territoire de Touggourt ; les autres Territoires produisent surtout les dattes communes. A Touggourt, la valeur d’un palmier peut être fixée à 15 francs et celle de sa production à 5 francs, annuellement. L'ouver- ture du chemin de fer de Biskra à Touggourt vient de donner un nouvel essor aux plantations de la contrée ; preuve nouvelle, s’il en était nécessaire, de l'influence qu'ont ces voies ferrées sur le mouvement colonisateur. |

Pour le moment on peut estimer à 25.000 tonnes l'exploi- tation des dattes du Sud-Algérien. À remarquer que, pour les dattes communes que consomment les indigènes du Tell, l'Algérie du Nord doit encore recourir à l'étranger et importe annuellement de 2.000 à 3.000 tonnes de dattes pressées provenant de Bassorah, à l'extrémité du golfe Persique. D'où cette anomalie, que le Nord-Algérien manque de dattes pendant que le Sud en a beaucoup trop pour son alimentation et ne peut même pas utiliser l'excédent comme monnaie d'échange pour d’autres productions. Tout cela par suite de l'insuffisance des moyens de transport. « Ce grand réservoir de dattes que constitue le groupe des oasis saha- riennes est en partie inexploité, comme une mine trop écartée de la voie ferrée, qui pourrait seule y apporter le travail et la vie. Plus le rail s’avancera vers le Sud, plus la datte verra développer sa valeur latente; et plus les habitants verront s'améliorer leur situation matérielle grâce à la hausse immédiate qui se manifestera dans leur pouvoir d'achat”.

La culture des céréales dans ces mêmes Territoires est peu développée ; les superficies cultivées en 1913, en blé ou en orge, étaient :

Aïn-Sefra : 2 809 hectares de blé, ayant produit 13.558 quintaux

4.839 » d'orge » 21.534 »

Ghardaïa : 7.372 » de blé » 17.862 » 12.759 » d'orge » 51.295 »

Touggourt : 3.790 » de blé » 11.090 » 6.890 » d'orge » 17.200 »

Oasis : 1,045 » de blé » 1,819 »

436 » d'orge » 1.082 »

10 RESSOURCES DES COLONIES

Le rendement moyen, très faible, est donc de 3 qx 3 à l'hectare. Au total, les Territoires du Sud cultivent 40.000 hectares de céréales diverses, d'une valeur de 6 millions de francs, produisant 15.000 tonnes de graines valant 4.500.000 francs. Actuellement cette production est insuffi- sante pour la consommation locale ; et 35.000 tonnes doivent être importées de l'Algérie du Nord.

D'autres cultures qui seraient susceptibles d’une grande extension sont celles des arbres fruitiers, des légumes, des fourrages et aussi de quelques plantes industrielles, comme le tabac, le coton et le ricin. L'olivier est recommandé dans certaines régions comme celle des Ziban. Pour le tabac, la région du Souf en produit d'assez grandes quantités (100.000 kilos environ), d'excellente qualité, recherchée par les indigènes comme tabac à priser. Au Touat, on a tenté la culture du cotonnier ; à Biskra, on a introduit celle du ricin.

Comme produit naturel, le principal est lalfa, qui se rencontre sur les hauts plateaux du Territoire d'Ain-Sefra, il occupe 1.300.000 hectares, et sur ceux du Territoire de Ghardaïa, il en couvre 300.000. Mais seule aujourd’hui la zone du Territoire d’Aïn-Sefra est exploitée, dans la région voisine du chemin de fer. En ces dernières années, la produc- tion moyenne a été de 18.000 tonnes environ, représentant, à la sortie du Territoire, à peu près 600.609 francs. Au point de vue animal, la grande ressource des populations du Sud est l'élevage, qui permet de tirer parti de terrains impropres à la culture. Approximativement, les indigènes des quatre territoires possèdent : 1.580.000 moutons, 480.000 chèvres, 20.000 bœufs, 140.000 chameaux, 35.000 chevaux, ânes ou mulets, 165.000 animaux de basse-cour. Cela représente un capital de 44.465.000 francs, donnant un produit de 22.315.000 francs. Depuis 1905, le nombre des moutons et des chèvres a peu varié, celui des bœufs a, au contraire, beaucoup augmenté. L'exportation porte sur les moutons ainsi que sur les laines et les peaux. ‘* Le mouton est Ii monnaie d'échange du nomade comme la datte est celle du sédentaire.” Les quantités annuellement dirigées sur le Nord sont, en

. ALGÉRIE 11

moyenne, de 400.000 têtes, dont 200.000 pour l'Algérie et 200.000 pour la France. La valeur est de 15 francs par tête environ; soit donc 6 millions de francs au total, auxquels il faut ajouter 3 millions de francs provenant de la vente de 200 tonnes de laines, cuirs et peaux.

Quant à la production minérale, elle est nulle aujourd’hui, au point de vue de l'exportation. Le sel gemme peut bien être obtenu dans tout le Sud, et particulièrement dans tout le Territoire de Ghardaïa, mais la faible valeur du produit restreint son commerce aux limites des besoins de la popu- lation du pays. On ne connaît, d'autre part, jusqu'alors, aucun gisement important de minerai quelconque.

En résumé, la culture et l'élevage peuvent être les deux grandes sources de revenus du Sud-Algérien : la culture, surtout celle du dattier, dans le Territoire de Touggourt ; l'élevage dans le Territoire d'Aïn-Sefra; de nouveau, la culture dans celui de Ghardaïa ; et la culture aussi, notamment dans la grande palmeraie d'Ouargla, dans le Territoire des Oasis, le plus déshérité.

Et si alors, comme le fait M. Godefroy, on tient compte de toutes les caractéristiques qui permettent d établir les degrés de productivité, actuelle ou possible, de toutes ces régions, on arrive à admettre que les quatre premières lignes ferrées nouvelles les plus urgentes sont :

Celle de Bouktoub à Géryville, qui, dans le Territoire d'’Aïn-Sefra, servirait tout d’abord au transport de l’alfa des Hauts-Plateaux, puis, progressivement, provoquerait l'exten- sion de l'élevage et l'accroissement du commerce des produits de cet élevage, moutons, laines et peaux ;

Celle de Dieffa à Laghouat, qui, dans le Territoire de Ghardaïa, aurait exactement les mêmes influences ;

Celle de Djamaa à Guémar, qui, dans le Territoire de Touggourt, favoriserait l'exportation des dattes des oasis du Souf, augmenterait peut-être l'importance de la culture du tabac, assurerait le transport des moutons que vendent les nomades, enfin donnerait certainement une impulsion

12 RESSOURCES DES COLONIES

nouvelle à l'industrie des tapis, qui font déjà l'objet d’un certain commerce ;

La ligne de Touggourt à Ouargla, qui, dans le même Territoire, et comme la précédente, indépendamment des facilités qu'elle offrirait au tourisme dans ces contrées pittoresques, faciliterait l'exportation des dattes et du bétail.

Les Territoires du Sud pourraient ainsi, comme le dit M. le colonel Godefroy, en terminant sa très remarquable

étude, ‘‘ si on leur en fournit les moyens, jouer un rôle utile dans l’œuvre de régénération de demain, et, après la lutte sur les champs de bataille donner, avec l'Algérie du Nord,

leur appoint pour la guerre économique qui se prépare.

Le Phœnix canariensis. Le Phœnix canariensis, qui s'est bien acclimaté et est fréquemment planté sur le littoral du Sud-Est de la France, a été aussi introduit sur le littoral algérien. C’est le PAœnix dactylifera var. Jubae Webb. et Berth., et aussi le Phœnix tenuis Hort., le Phæœnix Vigiert Hort., le Phœænix Jubae Christ. Le Bulletin of Miscellaneous Informations de Kew de 1916, 4, donne les caractères qui permettent de le distinguer du Phœnix dactylifera et du Phænix sylvestris.

A Corolle femelle deux fois plus longue que le calice. a Des rejets. Fruits cylindriques, à péricarpe charnu

et sucré.

Ph. dactylifera

b Troncs solitaires. Fruits oblongs-elliptiques, à péri-

carpe à peine charnu. Ph. sylvestris

B Corolle femelle à peine plus longue que le calice. Troncs solitaires, épais. Fruits globuleux ou ovoïdes,

à péricarpe à peine charnu. . Ph. canariensis

L’orange Washington Navel. L'orange Vavel, ombi- liquée et sans pépins, a pris aujourd’hui en Californie, elle est très appréciée, une très grande importance. Dix millions

ALGÉRIE 13 de caisses étaient expédiées en 1914. La culture de cette variété a été tentée en Algérie; il importe donc de connaître - les origines et les caractères de l'arbre, et M. A. D. Shamel a publié, à ce sujet, dans le /ournalof Heredity, de Washington, plusieurs notes intéressantes.

L'oranger ‘‘ Navel”estoriginaire de Bahia, il a été obtenu vers 1822 par une mutation gemmaire d'une variété portu- gaise, dite /aranja selecta, introduite au Brésil, aux premiers temps de la colonisation. C’est encore à Bahia, il y a 50.000 arbres en production, à raison de 270 pieds par hectare, que sont les principales plantations brésiliennes. Les orange- ries y sont situées dans ies terres des coteaux et ne reçoivent aucune irrigation, la pluviosité annuelle étant de 1 m. 30 environ. La principale récolte a lieu en saison des pluies, de Mai à Juillet; une autre récolte est faite de Décembre à Février.

Aux Etats-Unis, la véritable introduction date de 1873. Deux orangers, plantés à cette époque chez M. Tibetts, ont été le point de départ de la plupart des pieds actuels, qui couvrent plus de 40.000 hectares, en Californie. La multipli- cation est faite comme à Bahia.: On greffe sur F ‘orange douce des Missions”, ou sur cette variété de pamplemousse qui est le grape-fruit, sur bigaradier {Florida sour Orange), ou sur le citronnier Æough Lemon.

Mais, les mutations gemmaires de la variété étant fréquentes,

il n’y a pas, en réalité, un seul type de ‘* Washington Navel”, mais plutôt un mélange de types différents, dont plusieurs sont sans valeur. Dans les meilleures orangeries de la Cali- fornie méridionale, 25 pour cent des arbres sont improductifs ou donnent des fruits inférieurs. Pour propager et améliorer le meilleur type, M. Shamel recommande la méthode de sélection par bourgeon. On choisit le greflon sur les arbres et les branches qui ont produit nettement, pendant plusieurs années, les récoltes les plus abondantes et les plus régulières, et on grefle les bourgeons sur les arbres reconnus peu productifs, en même temps qu'on élimine, par élagage, tous

les rameaux plus ou moins stériles. La plantation est ainsi

14 RESSOURCES DES COLONIES

uniformisée. (74e Journal of Heredity, Washington, Octobre 1915 et Février 1916).

Le café de figues. L'intérêt qui, depuis un certain nombre d'années déjà, s’attachait à la question du commerce

algérien des figues pour ‘‘ café de figues”, s’est trouvé accru par le fait de la guerre. Avant l'ouverture des hostilités, en effet, l'Algérie exportait annuellement 20.000 quintaux, environ, de figues en Autriche-Hongrie, l'industrie du ‘‘ Feigenkaffee” s'était localisée. Ce débouché a disparu, mais l'occupation de la Belgique et du Nord de France, se centralisait en grande partie la fabrication de la chicorée, peut encourager d’autres contrées à reprendre l’industrie autrichienne ; et la Suisse notamment, la consommation du café au lait est considérable, est en état de développer ce commerce. Déjà des fabriques sont installées à Bâle, à Lausanne, dans le canton de Berne et de Saint-Gall; ces maisons emploient, en plus des figues d'Algérie, des figues d'Espagne, d'Italie et de Turquie, mais elles ont déclaré que les provenances algériennes donnaient le meilleur rendement en qualité et pour la fabrication. Les prix de vente du café de figues, en Suisse, sont de 1 fr. 10 le kilo en gros et 1 fr. 40 au détail, alors que ceux de la chicôrée sont respectivement de 0 fr. 90 à 1 franc; mais la chicorée devenant rare, le moment est favorable, à la fois, pour les exportations algériennes de figues sur le marché helvétique et pour l’industrie du café de figues dans notre colonie.

Pour la fabrication de ce café, on emploie indifféremment la figue noire ou la figue blanche, et, de préférence, les figues provenant des triages, la seule condition étant la présence de nombreux grains dans les fruits traités. La torréfaction est faite au moyen de séchoirs à tiroirs et à feu continu ; il faut environ 10 heures pour sécher une figue sans la brûler. Ces séchoirs sont les seuls appareils qui permettent d'obtenir un bon résultat. |

Les figues torréfiées ont, comme caractéristique, un pouvoir colorant intense, qui donne une teinte identique à celle du

ALGÉRIE 12

bon café, un goût neutre et une valeur nutritive supérieure à celle de la chicorée.

En 1915, avec matériel qui avait été acheté vers 1900 en Autriche-Hongrie, on a produit en Algérie 30.000 kilos de café de figues. {Rapport sur le fonctionnement de l'Office du Gouvernement Général de l'Algérie en 1915. Supplément au n°7; 1916).

L'utilisation de l’alfa pour la fabrication de la pâte à papier. Très employées en Angleterre, pour la fabrication de la pâte à papier, les feuilles d’alfa le sont peu en France. D'après M. A. Crolard, président intérimaire du Syndicat des fabricants de papier de France, cet emploi limité tient chez nous à plusieurs raisons :

Le prix de revient est très élevé, la pâte d’alfa blanchie valant 10 francs de plus environ que les pâtes chimiques de bois ou de paille. Cette pâte d’alfa ne peut donc en remplacer d’autres qu'avec un renchérissement dans Île prix de la composition du papier. La fibre d’alfa, d'autre part, étant excessivement fine, ne peut être utilisée comme fibre de remplissage, c'est-à-dire concourant, avec des pâtes à qualités nettement caractérisées, à compléter la préparation de certains papiers. Se dispersant sans profit à travers les autres fibres, elle ne peut être employée en proportions réduites et il faut atteindre des proportions de 75 à 80 pour cent, qui déterminent tout de suite un prix plus élevé et des usages déterminés. Quant aux causes du prix de revient élevé, ce sont : en premier lieu, la sorte de monopolisation établie actuellement par les maisons anglaises chez les concessionnaires des alfas algériens ; en second lieu, le fret moins avantageux pour nous que pour l'Angleterre, qui profite du retour de ses nombreux bateaux fréquentant la Méditerranée ; et enfin les frais plus élevés pour nous du traitement chimique, en raison des prix du charbon et de la soude. Cette soude, en outre, dans les grandes usines anglaises, est régénérée dans des fours coûteux que ne peuvent pas installer des usines à petite

production ;

16 RESSOURCES DES COLONIES

Il y a en Angleterre un écoulement plus grand que chez nous du papier supérieur, surtout pour l'illustration et le papier à lettres ;

On emploie beaucoup en Angleterre des papiers épais et légers ;

Les fabricants anglais ont acquis le tour de main qui leur permet de tirer le meilleur parti d’une. fibre de travail difficile ;

La teinte de la pâte d’alfa est toujours un peu jaunâtre, alors qu'on préfère en France les teintes azurées.

Mais toutes ces raisons ne sont pas de celles qui créent des difficultés insurmontables. Le prix de revient peut être diminué ; l'impulsion donnée par la guerre à notre industrie chimique peut avoir un retentissement sur le traitement de l’alfa, en raison des usines créées pour la fabrication du chlore et du développement des procédés électrolytiques ; les condi- tions de fret peuvent être améliorées. Et nous pourrions alors, avec les ressources que nous offrent les Hauts-Plateaux, préparer une pâte dont la valeur pour la fabrication du papier d'imprimerie en raison de la souplesse avec laquelle ce papier d’alfa reçoit la pression des caractères, en même temps qu'il garde dans toute leur intensité et toute leur finesse les encres grasses est depuis longtemps bien reconnue.

M. Crolard pense que la pâte doit être livrée écrue, après simple lavage à l’eau bouillante, et comprimée en blocs plats qui permettent l’empilage, ces blocs étant d’un poids de 60 kilos environ, et recouverts de papier collé. {Office du Gouvernement Général de l'Algérie ; 1-15 Juillet 1916).

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TUNISIE

La pomme de terre. - La culture de la pomme de terre est encore très peu développée en Tunisie, cependant elle pourrait être rémunératrice comme elle l'est en Algérie. Dans cette dernière colonie, les exportations annuelles sont de plus de 300.000 quintaux, alors que la Régence est obligée de recourir à des importations de plus de 60.000 quintaux. D’après M. Chenevard, la cause réelle de certains insuccès constatés en Tunisie est la confusion trop fréquente entre les pommes de terre dites //o/lande, longues et à chair jaune, et qui sont de première qualité, et diverses pommes de terre ordinaires ou de grande culture. Or il y a deux cultures absolument différentes, avec des exigences diverses; et vouloir faire l’une avec les méthodes de l'autre, c’est courir au-devant d'un échec certain. La culture des Æ/ollande est possible toute l’année, parce que, toute l’année, les prix de vente sont assez élevés pour être rémunérateurs. Il n’en est pas de même pour les ordinaires, qui nécessitent un plus grand emplacement et qui, en dehors de la saison qui leur est favorable, ne fournissent plus, pour un prix de vente inférieur, qu’un rendement qui ne dépasse plus celui des //ollande. Dans une étude très complète, M. Chenevard indique les procédés que doivent suivre les cultivateurs tunisiens, selon qu'ils veulent obtenir lune ou l’autre de ces deux catégories bien distinctes de tubercules. (Bulletin de la Direction Générale de l'Agri- culture de Tunisie ; Mars-Avril 1916.)

Dans la Æevue Horticole de l'Algérie de Janvier-Février 1916, on trouvera la traduction d’un article d’Z7 Colfivatore,

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dans lequel M. E. Voglino indique le procédé à employer pour augmenter par sélection la production de la pomme de terre.

D'autre part, dans le Bulletin de la Direction de l'Agricul- ture de Tunisie de Janvier-Février 1916, M. Marès rappelle que la pomme de terre est depuis longtemps cultivée à Porto-Farina, dans beaucoup de jardins qui s’étagent entre le rivage et le Djebel-Nadour. M. Marès donne les moyens qui doivent assurer la réussite et le développement de cette culture, sans le secours de l'irrigation, dans le Nord-Tunisien.

L’olivier. D’après un article de la Revue Oléicole de Janvier 1916, la meilleure variété d'olive en Oranie est la Sigoise ou Olive du Tell;et la Revue préconise cette variété pour ‘‘toutes les régions de l'Afrique du Nord favo- rables à la culture de l'olivier, et pour le Maroc notamment.” M. Marcille estime que cette généralisation est un peu hâtive. La variété citée peut convenir aux conditions culturales de l'Oranie, mais d’autres variétés peuvent être préférables ailleurs. Ainsi, dans les régions sèches du Centre tunisien, à Sousse, à Sfax, la meilleure variété, devenue dominante, est la petite olive, du poids de 1 gramme, nommée Chemlali de Sfax, alors que dans les oasis à climat maritime, comme Gabès et ses environs, la variété à propager est la Zarazi de Gabëés, du poids moyen de 4 grammes ; et, dans les oasis intérieurs des plateaux, telles que Gafsa et Fériana, on a choisi avec raison la Chemchali, Chermnlali de Gafsa, du poids de 3 grammes. La Chemlali de Sfax et la Zarazi de Gabés contiennent plus de 28 pour cent d'huile et rendent plus de 20 pour cent. La Tunisie possède aussi une excellente olive de table, la Zarazi de Tunis, aussi fine que la Zucgue, mais plus productive et de forme plus régulière. (Bulletin de la Direction Générale de l'Agriculture ; Novembre- Décembre 1915. Sur les variétés d'olives tunisiennes et leurs caractères respectifs, voir aussi la remarquable étude de M. Ruby dans l'Agriculture Pratique des Pays chauds, de Juillet 1913.)

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L’abricotier. L'abricotier est largement cultivé dans les oasis du Sud-Tunisien, il atteint une très grande taille. Il y a donc utilité de savoir qu'aux Baléares et aux Canaries, il y a également de grandes cultures de cet arbre fruitier, il s’est établi avec l'Angleterre un commerce régulier des amandes extraites des noyaux.-Ces amandes sont employées en pâtisserie, comme celles de lamandier. Le quintal valait dans le premier semestre de 1916 145 francs environ.

D'après M. Trabut (Revue Horticole de l'Algérie, Sep- tembre-Octobre 1915), ces petits abricots des oasis convien- draient parfaitement aussi pour la préparation de la pulpe en boîte. Enfin, après avoir été passés à la soufreuse et dénoyautés, ils peuvent également être facilement séchés en 24 heures ; et on peut ainsi obtenir de très beaux fruits secs, qui, paraît-il, ont été cotés à Paris, en 1905, 100 à 110 fr. Leur belle couleur vive les rend très appétissants et leur faible grosseur n’a aucun inconvénient pour la vente.

Sur Findustrie des pulpes de fruits, voir un article de M. Blin, dans la Vie Agricole et Rurale du 26 Août 1916.

Les légumes secs. Le commerce des légumes secs avait acquis en France, avant la guerre, une certaine importance. Nous recevions en 1913 892.285 quintaux de légumes secs divers, 747.520 quintaux de fèves et 500.286 quintaux de pois pointus. Les légumes secs venaient surtout de Roumanie (229.727 quintaux), de Russie (216.774 quin- taux), d'Allemagne (213.500 quintaux), d’Autriche-Hongrie (75.367 quintaux) et de Belgique (28.671 quintaux). Les légumes achetés à l'Allemagne provenaient d'ailleurs, en réalité, de Russie, d’où l'Allemagne les importait, pour nous les réexpédier ensuite, entiers ou cassés. Il y a, en effet, peu de casseries en Russie ; et c'est à Marseille, qu'étaient cassés, d'autre part, les pois ronds, qui nous venaient directement d'Odessa. Nous trouverions évidemment avan- tage à augmenter le nombre de nos usines de cassage et, en même temps, à étendre chez nous et dans nos possessions

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de l'Afrique du Nord la culture pour légumes secs. Dans le Bulletin de la Direction du Service de l'Agriculture de Tunisie de Mars-Avril 1916, M. Fleury du Sert préconise, pour la Régence, une plus grande culture de la féverole. Déjà cette féverole est traitée en grande quantité dans les moulins marseillais pour la production de la févette, qui est la féverole cassée, et de la farine de fève ; et certains de ces moulins produisent, en moyenne, 100.000 quintaux de févettes par an. La Tunisie trouverait donc des débouchés pour cet article d'exportation. La Régence pourrait aussi entreprendre la culture pour pois à casser. Les variétés qui, d'après M. Blin (Vie Agricole, 1915, p. 91), conviennent tout spécialement dans ce but sont le pois bleu et ses sous- variétés, dont il y eut jadis une certaine culture dans le Nord de la France, puis le gros carré vert normand et le pois nain vert ardennais. M. du Sert, dans l’article plus haut cité, donne les indications culturales nécessaires pour la Tunisie. D'après la Revue Horticole de l'Algérie de Septembre- Octobre 1915, on peut obtenir, selon la variété, 20 à 45 hecto- litres de pois secs et 20 à 40 quintaux de tiges et feuilles desséchées par hectare. Comme féverole, la plus estimée actuellement est celle d'Egypte, plus blanche que celle de Tunisie.

Rappelons que le cassage des légumes secs consiste à passer les graines entre deux meules convenablement réglées le réglage variant naturellement suivant les espèces, fèves ou pois pour éviter le broyage et obtenir seulement le bris du tégument et la séparation des deux cotylédons. Tous ces cotylédons détachés sont ensuite blutés; et, après avoir été ainsi débarrassés des tigelles (vulgairement germes) et des

brisures, ils sont classés par grosseur.

La lignite. Piusieurs mines de lignites sont déjà exploi- tées en Algérie. La plus connue est celle de Condé-Smendou, à 78 kilomètres de Philippeville. D’autres ont été signalées en divers points.-En Oranie, par exemple, au sud-ouest de Tlemcen, ainsi qu’à Eckmül, près d'Oran, il y a des bancs

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importants du combustible. La Tunisie, à son tour, se préoccupe de cette exploitation, qui, d’après les /nformations Algériennes, a été récemment entreprise au cap Bon.

Les phosphates. La production des phosphates, qui avait été de 946.587 tonnes en 1914, s'est élevée en 1915 à 983.601 tonnes, dont 859.879 pour Metlaoui et 393.722 pour Redeyef.

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[En be

MAROC

Le Maroc au 31 Juillet 1914. Après un retard qu'expli- quent suffisamment les événements qui ont surgi au moment l'impression en était commencée, le Rapport Général sur la situation du Protectorat du Maroc au 31 Juillet 1914 est paru pendant le premier semestre de 1916; et c'est un. remarquable résumé de la belle œuvre accomplie dans notre nouveau Protectorat par M. le Général Lyautey. Nous n'avons pas à analyser ici tout ce document de 500 pages ; nous n’y relevons que quelques faits relatifs à la culture et au commerce.

Sur une superficie totale du Maroc de 600.000 kilomètres carrés, la superficie de la zone française est de 572.000 kilo- mètres (la superficie réellement occupée au 1‘ Janvier 1914 étant de 205.000 kilomètres). La superficie totale de la zone espagnole est, d’autre part, de 28.000 kilomètres carrés, le territoire effectivement occupé couvrant 4.000 kilomètres.

Nos exportations en 1913 étaient les suivantes :

Amandes 2.100. 3.796.598 kilos 7.593.196 francs laine en stint- 27.2. 32047:093 09 40370-21200 Œuts 752 RER 2:346.391 0 », 3:574:220 09 Peaux de chèvres..... 1:660:765 5. 3.504-92110%5 »e-de-bœuts.7. 1.554.264, 1.» 253-077-4490 »- de moutons:.-. 101-792-3495 12981-96200 Orge amet cree 6. 465 -900 » 12999: 739 » Conandre:- 0e 1.447.100 546.527 » Graines de lin.---. 1.619.678 » 502.100 » laine‘ Tavée.ft see 221-2580 0 486.725 » Pois chiches 2547 1.610.800 » 483.240 » Gomme sandaraque... 321.150 » 481.725 » Fenugrec ecrire 3 981.700 » 219.974 000

COMITE ER EEE 436.882. » 192.228 »

MAROC 23

Dans la région de la Chaouïa, qui exporte principalement par Casablanca, la surface des cultures et le rendement en 1911-1912, qui fut une très bonne année, étaient les suivants :

Oïrge.........,... 197.000 hectares 21 hectolitres par hectare à RER ER .. ‘104.000 » 13 » » |, FTCARAMENEPEAREE 24.000 » 90 » » Pois chiches .., 13.000 » 8 » » Graines de lin.. 7.000 » 9 » » Fenugrec... ... 6 500 » 12 » » Henesi ti, Let 6.000 » 34 » » Coriandre . ..... 2.000 » 22 » » SoÉgho::,. 7 2.000 » 100 » »

Au 1°" Janvier 1913, les propriétés possédées par les Euro- péens dans cette Chaouïa représentaient une superficie de 28.769 hectares, dont 24.751 aux Français et 1905 à des Allemands (au lieu de 6.310 au 1‘ Janvier 1912). Dans l'ensemble des parties occupées du Protectorat français, on admettait provisoirement en 1914 qu'il y avait 2.561.989 ovins, 368.525 bovins, 39.299 chevaux, 22.763 juments, 9.273 poulains, 150.353 ânes et 33.016 mulets. Dans tout le Protectorat, la superficie des propriétés rurales européennes était, au 1* Janvier 1913, de 101.037 hectares, dont 95.857 à des Français et 2.075 à des Allemands.

En 1913, le commerce extérieur a dépassé 225 millions de francs, si l’on tient compte, à la fois, du mouvement maritime et du trafic terrestre. Or, si l’on songe que le commerce extérieur de la Tunisie, par terre et par mer, a été exactement de la même somme en 1910 et de 265 millions en 1911, alors que la Tunisie est occupée depuis 34 ans et que les exporta- tions de minerais et de phosphates contribuent pour une large part au développement de son commerce, on doit évidemment augurer très favorablement de l'avenir du trafic marocain.

Le principal facteur de la richesse publique reste d’ailleurs l’agriculture. En 1912, sur un total de 66 millions de francs de marchandises exportées, les produits agricoles représentent 61 millions.

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Il y à donc bien lieu de se préoccuper des améliorations culturales, et c'est dans ce but qu'ont été créés les trois Jardins d'Essais de Rabat, de Marrakech et de Meknès.

A Meknès est, en outre, entretenue l’autrucherie qui avait été créée par le Makhzen, et continue à être étudiée la question de l'élevage au Maroc.

Dans le Maroc occidental, une des possibilités envisagées est celle de la culture du cotonnier. Pour être fixé sur la réalité des espoirs conçus à ce sujet, les Services de l'Agriculture ont fourni aux agriculteurs, des semences sélectionnées des variétés égyptiennes : Mit-Afifi, Nubari, Yanowitch et Sakellaridès. Les essais en cours dans le Haouz, en Chaouïa, dans les plaines des Beni-Hassen et du Gharb et dans les Cherarda permettront de déterminer les aptitudes régionales et la mesure dans laquelle lirrigation est

plus ou moins nécessaire.

Les forêts au Maroc.— Le Maroc présente trois zones forestières bien distinctes.

Au Nord-Ouest, dans la région comprise entre Casa- blanca, Mehdia et Meknès, s'étend la zone du chène-liège, dont le principal massif est celui de la Mamora. Cette immense forêt, qui n’a pas moins de 125.000 hectares de superficie, est peuplée, soit exclusivement de chènes-lièges, soit, en certains points, de ces chênes mélangés avec des poiriers sauvages(1). La végétation est généralement vigoureuse.

La caractéristique est l'absence presque complète de ce sous-bois brousailleux qui rend si difficile l’accès et l’exploita- tion des forêts d'Algérie et de Tunisie. L'aspect est celui d’un immense parc. C’est sur ce massif que le Service forestier a porté ses premiers efforts, en arrêtant les dévastations des charbonniers de Salé et des écorceurs. Ces derniers, pour récolter les 10.000 quintaux de tannin nécessaires aux tanneries locales, tuaient annuellement, en les décortiquant

(1) M. Pitard, dans son ouvrage sur la Flore du Maroc {Exploration Sciert- tifique du Maroc; Masson, 1913), signale dans la Mamora le Pirus cordata et le Pirus longipes,

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sur pied, 100.000 à 150.000 beaux arbres de 1 mètre à 1 m. 50 de circonférence. Le remède provisoire employé par l'Admi- nistration à consisté à prendre en main la fabrication du charbon et du tannin. Pour le charbon, on a substitué, aux procédés anciens une exploitation régulière en régie des arbres écorcés ou mutilés, impropres à la production du liège. Pour le tannin, les quantités nécessaires aux besoins locaux sont fournies par les chantiers de l'Etat ; et, comme la destination de ces peuplements est, avant tout, la production du liège, une partie du charbon et du tannin viendra désormais de l'extérieur, et l’usage des extraits tanniques sera vulgarisé chez les tanneurs.

D'autres forêts que la Mamora, en Chaouïa, chez les Zamer, les Zemmour etc., représentent encore des boisements importants de chèênes-lièges ; et la surface totale de ces chènes, au Maroc, ne doit pas être inférieure à 200.000 ou 225.000 hectares exploitables. La valeur économique de l'ensemble doit être, au moins, d’un revenu de 4 millions.

Dans le Moyen-Atlas, principalement sur le Territoire des Beni-Mtir et des Beni-Mguild, c’est la zorze du cèdre. Les premiers boisements que l’on rencontre au sud de Meknès sont ceux de Jaba. Cette forêt, peuplée par le chêne- liège et le chène zeen {/Quercus Mirbeckii), se relie insen- siblement au grand massif des Beni-Mguild, qui s'étend sur ies versants du Moyen-Atlas, entre 1.400 et 2.500 mètres. D'abord mélangé avec le chêne vert et le zeen, le cèdre devient, à partir de 1.800 à 2.000 mètres, l'essence principale. La grande forêt de cèdres va de l'Est à l'Ouest, du pays des Beni-Ouaraïn au delà de Khénifra, et, vers le Sud, jusqu’à la Moulouya, soit sur 120 à 150 kilomètres de longueur et 50 à 60 kilomètres de largeur. La valeur économique de ce massif, d'une superficie minima de 300.000 hectares, est considérable. Malheureusement toutes ces forêts sont encore mal exploitées, et les indigènes ne savent pas débiter le cèdre, car ils ne tirent le plus souvent d'un arbre de 1235 à 250 ans qu'un madrier de 4 à 5 mètres de longueur et 7 à 8 centimètres d'épaisseur. La mesure eflicace à préconiser

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est de restreindre l'emploi du cèdre dans la charpente et la menuiserie communes, en remplaçant cette essence par d'autres. L'emploi de bois du Nord ne pourra toutefois se généraliser qu'après la construction du chemin de fer de Tanger à Fez. La difficulté d'exploitations méthodiques réside dans le fait que les forêts de cèdre se trouvent encore en dehors de la zone d'occupation.

3% Au sud de Tensift, sur le Territoire des Haha et des Chiadma, est la troisième zone forestière, qui est la zone de l'arganier. Cette Sapotacée à graines grasses, dont l'huile est très employée dans l’alimentation indigène, et qui croît sur les sols les plus ingrats, forme d'immenses boisements dans la région de Mogador et dans le Sous, et recouvre les versants des derniers contreforts de lAtlas. A côté de l’arganier, ou en mélange avec lui, poussent le thuya et le genévrier de Phénicie. Il faudra encore réprimer dans cette zone les dévastations causées par les charbonniers en vue de leur commerce sur Casablanca et sur Tanger. (Général Lyautey : Rapport général sur la situation du Protectorat du Maroc, au 31 Juillet 1914). Sur la végé- tation du Maroc, voir Pitard : Exploration Scientifique du Maroc; Botanique, 1912, Masson Paris.

Sur l’arganier, voir l'étude de M. Perrot, dans Les re. Utiles de l'Afrique Occidentale Française, fascicule II. Challamel, Paris, 1907.

Les gisements de pétrole. Des gisements de pétrole ont déjà été signalés en divers points de notre Afrique du Nord. En Tunisie, on en connaît dans la vallée de l'Oued- Cartonna, dans le Djebel-Bou-Debbout. En Aigérie, on a constaté leur présence notamment en Oranie, sur les deux flancs de la vallée du Chélif, dans la grande dépression quaternaire qui commence à la Grande Sebkra, au sud d'Oran, pour finir, vers l'Est, à Orléansville ; on la reconnu également dans la région de Blida, à Boghar, au sud de Médéa, sur le Territoire de Ferdjioua, à Aïn-Beidah, près de

Constantine, et enfin à Claire-Fontaine.

MAROC 27

Or le Maroc semble être beaucoup plus riche en pétrole que l'Algérie, principalement dans la région de Fez;et les recherches de M. Meunier ont déjà permis d'isoler de nombreux points pétrolifères. Les travaux de forage com- mencés par une Société Française se présentèrent dans des conditions très favorables. Le pétrole se trouve dans des calcaires bleus et on a pu l’obtenir, avec une venue d'eau, à quelques mètres de profondeur.

Des analyses de ce pétrole marocain faites par M. Boyer ont donné :

RER Un rase ne 5 o/o init himpante. "arreter set SO Paraffine ..... RU, Rues En D im Huile de graissage......... ; 435

C'est un type d'huile lourde excessivement riche en paraffine. (Georges Boyer : Les gisements de pétrole de la province d'Oran et du Maroc, dans Les Matières Grasses, 15 Août 1916.)

28 RESSOURCES DES COLONIES

AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE

La Mauritanie en 1913. La campagne de pêche, qui en Mauritanie dure ordinairement de Novembre à Mai, a été écourtée en 1913 par le départ, au début d'Avril, d’une partie des pêcheurs bretons. En cette année 1913, il a été exporté 197.000 kilos de poisson salé et 34.000 kilos de poisson séché. Au début de l’année, un droit de douane de 240 pesetas par tonne, réduit ensuite à la moitié, a été établi aux Canaries sur le poisson apporté par les pêcheurs bretons; c’est alors que deux des Compagnies bretonnes sont rentrées en France. La Société coopérative bretonne mauritanienne, qui continua la pêche jusqu'en Juin, a cependant vendu son poisson dans de bonnes conditions à des commerçants de la côte, soit pour être consommé à Dakar, soit pour être expédié dans les colonies du Sud. Il y a un nouveau débouché à signaler. Si les Bretons sont habiles pêcheurs, le travail du séchage du poisson leur sourit peu ; il faudrait donc que des entreprises industrielles, comme il y en a déjà quelques-unes à Port- Etienne, achetâssent le produit brut de la pêche dans le but de le préparer.

Les exportations de langoustes ont été au minimum, en 1913, de 69.500 kilos, à destination surtout de France et un peu de Dakar. Les langoustiers fréquentent de préférence le Cap Blanc et Goreye, point situé à 40 milles environ au nord du Cap Blanc. Les langoustes, y étant plus volumineuses, ont une plus grande valeur, puisqu'elles sont vendues au poids.

Les principales lignes caravanières actuelles de la Mauri- tanie sont celles qui relient au fleuve Sénégal le Tagant-Hodh et surtout la région éloignée de lAdrar. En 1913, l’Adrar a

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expédié 150.000 kilos de dattes et plus de 100.000 kilos de sel. sur Boutilimit et Moudjéria. Ces deux centres paraissent être les deux principaux lieux de croisement des caravanes évoluant à l’est et à l’ouest de Ia Mauritanie.

Le sel provient des salines qui sont échelonnées le long du littoral, dans le Trarza, entre Saint-Louis et Nouakchott. Ces salines sont d'anciens étangs littoraux qui contiennent des bancs de sel continus, suffisamment épais pour qu'il soit possible d'y tailler des barres. Les plus importantes sont celles de N’Térert, Tin Djemaran, Touidermit et Tin Niébérar, dont l'exploitation indigène est en progression constante.

La vigne plantée à Atar pousse dans de bonnes conditions : des plantations d'arbres fruitiers à Aleg, Kaédi, Boghé, Lelibaby donnent aussi de bons résultats. Des essais d’intro- duction de riz du Soudan ont été tentés à Boghé et à Kaédi. (Rapport d'ensemble annuel du Gouverneur Général de l'Afrigue Occidentale Francaise pour 1913. Paris 1916).

L’arachide au Sénégal. [l'exportation des arachides du Sénégal, en 1913, fut de 237.882.507 kilos. Dans les cercles de Thiès et Sine-Saloum, du Cayor et du Baol, la récolte fut supérieure à celle de 1912. Au contraire, elle fut inférieure dans le cercle de Louga. Mais ce cercle est d’ailleurs le moins favorable pour la culture de larachide, car il correspond à la limite Nord de cette culture en Afrique occidentale, et la production de cette zone ne dépasse guère 8.000 tonnes, alors que celle du Sénégal est supérieure à 200.000 tonnes.

C’est aussi dans ce cercle de Louga que se sont principale- ment manifestés les dégâts, dus à des ennemis ou parasites divers, sur lesquels l'attention a été appelée en ces dernières années. Les insectes sont surtout dangereux pour les gousses des pieds encore en végétation, car ces gousses sont piquées ; et la proportion de ces gousses piquées, dans les provinces du cercle de Louga les plus voisines de Saint-Louis, est, en moyenne, de 20 à 25 pour cent et peut atteindre 30 à 40.

Les perforations semblent dues à des termites et à d’autres

insectes, et la question qui se pose est de savoir si les termites

30 RESSOURCES DES COLONIES

.sont la cause première ou bien pénètrent dans les fruits à la

faveur des altérations provoquées par les autres insectes, parmi lesquels serait principalement un Scydnoemus. On trouve dans les mêmes conditions, c'est-à-dire surtout par temps secs, une fourmi rousse, le /hogmus fascipennis.

Il n’est, au reste, jusqu'alors aucun moyen bien sûr de lutte directe ; et il est heureux que la zone sont constatés ces dégâts soit très restreinte, ce qui n’amène pas une déprécia- tion sensible pour l’ensemble de la colonie, d'autant plus que les rendements normaux de la région (souvent moins de 200 kilos à l’hectare) sont assez faibles.

Un autre danger plus grand, parce que plus général, est l'attaque des arachides récoltées, et mises en tas, par des insectes parfaits ou larvaires. Un Ténébrionide notamment, le Tribolium confusum, peut causer des avaries qui atteignent parfois de 6 à 13 pour cent des lots. Le traitement par l’acide cyanhydrique, sous l’action d’une dose de 12 à 24 grammes de cyanure de potassium par mètre cube, a seulement réduit cette proportion à 3 pour cent. Le sulfure de carbone (200 grammes par mètre cube), non plus que le gaz Clayton, n’ont eu d'action. En attendant qu’on ait perfectionné ces moyens ou trouvé les ‘doses convenables, le mieux est d'éliminer les coques piquées à demi-vides et les débris mélangés aux arachides, par un vannage au tarare. On a reconnu que ce nettoyage, même pratiqué tardivement, diminue très notablement la proportion des avaries.

C’est en 1912 que la question des insectes nuisibles à l’arachide fut brusquement soulevée au Sénégal ; et en 1913, un Laboratoire de Recherches sur l’arachide fut créé à M'hbambey, dans le Baol, avec mission de poursuivre, à la fois, des études culturales et pathologiques.

Au point de vue cultural, il est résulté des premiers essais que les variétés de Chine et de Birmanie sont inférieures, pour le Sénégal, aux variétés locales. Pour celles-ci, le rendement a été en fonction de la profondeur du labour, tout en présentant des différences selon qu'il s'agissait de la paille ou des fruits. Entre 2 et 30 centimètres, le rendement en paille

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n'a été accru que de 50 pour cent, tandis que celui des fruits a été de 300 pour cent. {Rapport d'ensemble annuel du Gouverneur Général de l'Afrique Occidentale Française pour 1913. Paris 1916.)

A propos de larachide, signalons qu'il est de plus en plus reconnu que ses tourteaux conviennent parfaitement pour la nourriture des chevaux en remplacement de lavoine. On peut, par exemple, dans la ration journalière du cheval, remplacer 4 kilos d'avoine par un mélange formé de 2 kilogrammes de gros son et de 2 kilogrammes de tourteau d’arachides. Le tourteau est donné en morceaux de la grosseur d’une noix ou d'une noisette. Après quelques jours d’hésitation, les chevaux absorbent volontiers cet aliment. On peut les habituer en leur donnant tout d’abord un mélange de tourteau et d'avoine.

Le déboisement au Sénégal. _ En raison des funestes effets d’un déboisement intensif au Sénégal, effets qui se sont particulièrement fait sentir dans les cercles de Louga, de Tivaouane et de Thiès, le lieutenant-gouverneur du Sénégal, par Circulaire du 10 Juillet 1916, a réglementé plus sévère- ment les autorisations de coupes. Il a de nouveau défendu l'abatage par la mise à feu, a fait surveiller plus rigoureuse- ment les défrichements par les indigènes et a recommandé de constituer des réserves d’un minimum de 2.006 à 3.000 hec- tares chacune. {Journal Officiel du Sénégal, 13 Juillet 1916).

L'élevage au Sénégal. Les avantages du Sénégal, au point de vue de l'élevage des bovidés, sont sa proximité de la métropole et la facilité et la rapidité des communications intérieures. Aussi lexportation des bœufs est-elle en progression constante.

Le bétail doit partir gras ; c'est donc après la saison des pluies, lorsqu'il y a encore de Fleau, vers Novembre et Décembre, que les troupeaux destinés à lexportation doivent être rapprochés du port d'embarquement, Dakar.

Des études pour l'amélioration des conditions de transport

sont toujours poursuivies, et l'on se préoccupe d'aménager

SS) [LS

RESSOURCES DES COLONIES

des points d’eau le long des routes que doivent suivre les troupeaux.

Parmi les bœufs sans bosse, le 7'dama, venu du Fouta- Djalon, représente un beau type de boucherie, mais sa taille empêche l'exportation sur pied, et il faudrait des frigorifiques pour expédier la viande abattue. Parmi les zébus, le gobra des Peulhs est assez bon pour la boucherie ; le zébu du Djoloff, d’engraissage facile, forme 75 pour cent des 96.000 bovidés de cette provenance.

Près de Kaolak, dans le Sine-Saloum, l'usine de Lyndiane était, en 1913, en voie d'installation. {Rapport d'ensemble annuel du Gouvernement Général de l'Afrique Occidentale Française pour 1913. Paris, 1916).

Cette usine de Lyndiane, dont il est question dans ce Rapport de 1913, a été fondée par la Société de Chanaud et Ci: et installée par M. de Chessin ; et elle est aujourd’hui, en 1916, en pleine activité. Elle fonctionne nuit et jour, avec une main-d'œuvre purement indigène. Munie de frigorifères qui peuvent abaisser la température jusqu'à —20 degrés, elle se livre à deux opérations principales : labatage, puis la frigorifi- cation des bœufs de grande taille, qui sont ensuite transportés en France, sur des navires frigorifiques spéciaux, appartenant à la Société ; l'abatage des bœufs de petite taille, qu’on prépare en conserves (3.000 à 4.000 kilos de boîtes par jour).

L'usine traite ainsi journellement une moyenne de 180 bêtes, dont les sous-produits, os, cornes, peaux, sang, etc., sont également utilisés. Cette nouvelle industrie exerce sur tout le Sine-Saloum une heureuse influence. {Dépéche Coloniale, 17 Août et 5 Septembre 1916).

L’arachide dans le Haut-Sénégal et Niger. Le Haut- Sénégal et Niger a exporté en 1913 8.677.134 kilos d’arachides, d’une valeur de 2.078.512 francs. La culture de l’arachide dans la colonie peut se développer non seulement dans la région que traverse le chemin de fer de Kayes au Niger, mais encore dans les cercles de Ségou, Mopti, Bandiagara, et surtout ceux de Bougouni, Sikasso, Bobo-Dioulasso. Ces trois derniers

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cercles, qui contiennent une population nombreuse et essentiellement agricole, pourront, lorsqu'ils seront reliés à la côte par les chemins de fer en projet, fournir 20.000 à 30.000 tonnes d'arachides à l'exportation, sans préjudice d'autres produits, comme le coton. {Rapport d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916).

Le sésame dans le Haut-Sénégal et Niger. En 1913 il a été exporté 50 tonnes de sésame, contre 16 en 1912. La culture de la plante ne semble cependant pas destinée à un grand avenir dans la région, car le sésame demande plus de soins que l’arachide, un sol mieux préparé, et est de rende- ment moins rémunérateur. Dans les essais faits de 1910 à 1912 à la Station agronomique de Koulikoro, les rendements ont été, en moyenne, à l’hectare: 290 kilos pour le sésame de Koulikoro, 199 kilos pour le sésame de Nioro, 387 kilos pour celui de San, 305 kilos pour celui de Kayes et 356 kilos pour celui de Banfora. En 1910 et 1911 les semis avaient été faits en poquets distants de un mètre en tous sens ; en 1912 les distances ont été réduites à 80 centimètres. {Rapport d'en- semble annuel pour 1913. Paris, 1916).

Le karité dans le Haut-Sénégal et Niger. Il à été exporté en 1913 pour 160.000 francs environ d'amandes de karité. L'exportation eût pu être plus forte, car le total des achats de noix de karité pendant la campagne de 1913 atteignait de 8.000 à 9.000 tonnes, qui, desséchées, devaient fournir 3.000 tonnes au moins. Mais les maisons de la place, insuffisamment outillées pour traiter d'aussi grosses quantités, semblèrent se désintéresser momentanément d'un produit acheté à un cours trop élevé, et que l'élévation des frais de transport, due aux difficultés de navigation sur le Niger ou le Sénégal, ne rendait exportable qu'à perte.

La production des amandes de karité pourrait être élevée, mais c’est toujours cette question de transport qui entrave le commerce du produit. La faible valeur des amandes sèches

(300 à 325 francs la tonne en Europe), les manutentions

3

34 RESSOURCES DES COLONIES

nombreuses et les frais élevés qu'entraînent le séchage et la décortication, le déchet de 65 à 70 pour cent du poids des noix résultant de ces deux opérations, rendent presque impossible l'exportation du karité sous cette forme, même avec une amélioration des communications. Il y a donc lieu de tenter une transformation en beurre sur place et c’est ce qu'ont déjà essayé plusieurs maisons. La Société Devès et Chaumet, notamment, a ainsi installé, en 1912, à Bénéni, près de San, une fonderie de karité. Le produit est expédié en caisses métalliques achevées à Bénéni même. D'après le rapport de l’'Administrateur du cercle de San, ‘‘ces caisses arrivent sous forme de feuilles de zinc découpées, et, par conséquent, sous un très faible volume ; une machine spéciale, et de maniement facile, assure le pliage de la caisse. Un seul ouvrier employé au maniement de la machine et à la soudure des caisses arrive à préparer 100 récipients à l'heure”. La tentative est évidemment intéressante. Le beurre de karité, grossièrement préparé, vaut, en effet, sur les marchés d'Europe, près de trois fois son poids d'amandes séchées ; les frais de transport sont, par conséquent, pour une valeur égale de beurre, trois fois moins élevés que pour les amandes.

En ce qui concerne le rendement des karités, la Station d'Essais de Koulikoro nous donne des renseignements intéressants, car on y note chaque année la production de 20 arbres de dimensions très diverses, de facon à obtenir un rendement moyen ; et la moyenne a été, en noix sèches, de 5 kil. 300 environ pour un arbre, d’après les récoltes faites en 1911, 1912 et 1913. Naturellement, d’ailleurs, les variations individuelles peuvent être très grandes ; en 1911, un arbre de 2 m. 22 de circonférence à 1 mètre du sol a donné, à lui seul, 38 kil. 700 de noix sèches. {Rapport d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916.)

Le coton dans le Haut-Sénégal et Niger. Le Haut- Sénégal et Niger a exporté en 1913, par la voie guinéenne Kouroussa-Conakry, 75 tonnes environ de coton. En plus d'essais de cultures irriguées tentés à Kayes, l'Association

, di !

AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE

Cotonnière a étendu son champ d’action dans les cercles de Ségou, San et Koutiala. Les maisons de commerce établies au Soudan commencent à acheter le coton brut, et ce fait est de nature à encourager la culture du cotonnier chez les indigènes. Inscrits à la cote du marché du Havre, les cotons de notre Afrique occidentale ont obtenu des prix supérieurs à ceux du coton américain #7iddling. (Rapport d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916.)

Le kapok dans le Haut-Sénégal et Niger. Il a été exporté du Haut-Sénégal et Niger, en 1913, 27.828 kilos de kapok égrené ; et ce kapok a été coté aux mêmes prix que celui de Java (1.600 à 1.900 francs la tonne). En raison de l'importance des peuplements de kapokiers, et surtout du développement dont ils sont susceptibles, il est permis d'espérer que la colonie deviendra une exportatrice impor- tante de ce produit, quoique les indigènes se livrent encore peu volontiers à cette récolte. (Xapport d'ensemble annuel

pour 1915. Paris, 1916.)

Le sisal dans le Haut-Sénégal et Niger. La culture du chanvre de Sisal tend à augmenter d'importance dans le Haut-Sénégal et Niger. Certaines concessions ont considéra- blement accru leurs plantations et monté les appareils mécaniques nécessaires au défibrage. Des plants ont été aussi distribués aux indigènes. La production du sisal pourrait prendre une grande extension dans le cercle de Kayes et dans ceux traversés par la ligne du chemin de fer. En 1914 il a déjà été exporté pour 6.000 francs de sisal ; et l'installa- tion d’une forte défibreuse à l’usine de Darsalam permet, dès maintenant, l'exploitation rationnelle des champs de sisal situés sur les deux rives du fleuve, l’un aux abords de Kaendi et l’autre à Darsalam même.

A la station de Koulikoro, une maladie s'est déclarée sur les feuilles ; une étude à ce sujet est nécessaire, car il y aurait à redouter une dépréciation de la filasse.

Sur la culture et la préparation de ce chanvre de Sisal, dont

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nous reparlerons encore à propos des colonies allemandes, de Maurice et du Mexique, mentionnons une étude parue dans le Bulletin of the Imperial Institute de Juillet-Septembre 1915.

L'auteur rappelle que trois espèces donnent ce chanvre de Sisal. La première, qui est à feuilles épineuses, est l’Agave rigida var. elongata, Agave rigida var. longifolia, ou Agave fourcroydes Lem. On la trouve au Yucatan, à Cuba, dans le Sud-Amérique, et elle a été introduite dans l'Est- Africain. C’est l’espèce exploitée au Yucatan, et elle donne 90 pour cent du chanvre de Sisal du commerce.

La seconde espèce, à feuilles inermes, est l’Agave sisalana cultivée, pour les usages locaux, par les indigènes du Centre- Amérique et du Sud-Mexicain, et cultivée commercialement aux Bahama, aux Antilles, dans l'Est-Africain, dans l'Inde, un peu à Java.

Moins importante est la troisième espèce, qui est l’Agave Cantala Roxb., le maguey des Philippines, cultivé sur une petite échelle à Java et dans l'Inde.

Le chanvre de Sisal est apparu pour la première fois dans le commerce en 1839 ;1il fut alors envoyé du Mexique à New-York. En 1913, les exportations mexicaines étaient de 76 millions 1/2 de francs environ, dont les 9 dixièmes étaient à destination des Etats-Unis. La même année, les Etats-Unis recevaient, outre les 136.559 tonnes du Mexique, 13.295 tonnes d'Allemagne (et originaires, sans doute, de lEst-Africain Allemand) et 3.236 tonnes des Bahama.

Les Agave à sisal exigent un climat tropical, avec une humidité atmosphérique modérée. Ils souffrent de pluies trop abondantes. Ils réussissent sur des sols secs, pierreux et rocailleux, mais vraisemblablement s’accommodent de bons sols (voir plus loin le paragraphe relatif au chanvre de Sisal dans FlEst-Africain Allemand). En général, le meilleur terrain serait celui qui est silico-argileux, un peu sec, perméable, avec une certaine proportion de calcaire. La multiplication a lieu par les bulbilles des inflorescences ou par les rejets. Les bulbilles sont mises en pépinière jusqu’à ce que les plants aient 20 à 30 centimètres de hauteur ; on

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repique ensuite. Les rejets peuvent être mis en place dès qu'ils ont été détachés du pied-mère, au moment de la saison pluvieuse ; ils sont mis sur des rangs distants de 2 m. 50, et à 2 mètres environ d'intervalle par ligne. La première récolte a lieu au bout de 3 à 5 ans. Au Mexique, on admet que chaque touffe peut donner annuellement 25 feuilles ; la durée de sa végétation, limitée par l'apparition de l'inflores- cence, varie, là, de 15 à 25 ans. Elle peut être très différente ailleurs, par exemple en Afrique, puisqu'elle dépend du sol et du climat. On peut la prolonger en coupant l'inflorescence qui commence à poindre.

Les feuilles doivent être défibrées aussi fraîches que possible, car, en cas contraire, le suc, en se desséchant et en devenant gommeux, rend l'extraction plus difficile. Les machines employées sont construites sur le type de l’ancien ‘‘raspador”. Dans l’Est-Africain, les modèles couramment usités sont le ‘New Corona”, le ‘‘Mola” et le ‘‘Finigan- Zabriskie”. Le premier est un outillage allemand, le second est construit à Mérida, au Mexique, et le troisième est une machine des Etats-Unis. La maison Lincoln, en Angleterre, construit le ‘‘Duodecor” pour les feuilles qui n’ont pas plus de 1 m. 30 de longueur, le ‘‘Sixdecor” pour celles qui dépassent plus ou moins cette dimension, et le ‘*Twendecor” pour les feuilles d'extrème grandeur. D'autres constructeurs anglais sont: MM. John Downham et Cie, à Bury : MM. Greenwood et Batley, à Leeds ; les Alma Machine Works, à Liversedge, dans le Yorkshire ; et MM. Lehmann, à Manchester. La petite machine Lehmann permet de traiter 10.000 feuilles en 10 heures. Il importe de bien laver les machines à grande eau dès qu'elles cessent de fonc- tionner.

De 1907 à 1914, le prix moyen du meilleur sisal du Mexique, dont les cours suivent les oscillations de ceux du chanvre de Manille, a été de 25 livres sterling environ la tonne. La bonne fibre de l'Est-Africain a, en général, réalisé 1 livre de plus par tonne. Dans l'Est-Africain Allemand, on admettait, comme profit net, entre 15 et 30 pour cent, suivant les prix du

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moment. {Bulletin of the Imperial Institute, vol. XWI, 3; Juillet-Septembre 1915).

L'élevage dans le Haut-Sénégal et Niger. Le Haut- Sénégal et Niger est, depuis longtemps, le grand réservoir : de bétail et de chevaux de l'Afrique Occidentale Française.

Mais la péripneumonie bovine cause’ de grands ravages, qu'on commence heureusement à enrayer par la vaccination.

En 1913, il a été exporté par Kayes et par Kouroussa- Conakry 660 tonnes de peaux et 325 tonnes de laine.

Les indigènes commencent à mieux préparer les laines et à perfectionner leurs procédés de tonte. En 1912, à la bergerie de Niafunké et à son annexe d'El-Oualadji, il a été procédé, à titre d'essai, à une seule tonte annuelle, dans le but d’obtenir une laine plus longue. Le résultat a été mauvais, 835 bêtes fournirent 435 kilos de laine, soit 0 k. 552 par mouton. Pour les deux tontes suivantes, espacées de 6 mois, on a obtenu, par tête, 0 k. 631 après la saison des pluies, puis 0 k. 325 six mois après ; soit un total de 0 k. 956. {Rapport d'ensemble annuel pour 1915. Paris 1916.)

La lutte contre la peste bovine. Le Journal Officiel de l'Afrique Occidentale Française du 26 Août 1916 a publié en supplément une notice sur la peste bovine, rédigée par M. Davanelle, vétérinaire aide-major de réserve.

Cette peste, ou typhus contagieux, que les Peulhs désignent sous le nom de sanoa, est caractérisée par un état typhoïde général très grave et par des accidents spécifiques sur les muqueuses. |

Le buffle, le mouton, la chèvre, le chameau peuvent en être plus ou moins atteints, mais elle ne devient ordinaire- ment grave que chez les bovidés. ;

Après avoir décrit les caractères et le mode de propagation, M. Davanelle à indiqué les moyens à opposer à la maladie.

Le résultat peut être obtenu, soit en rendant les animaux réfractaires, soit en encerclant les malades et les contaminés,

et en les surveillant pour qu'ils ne soient pas des agents de

AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 39

propagation, soit en supprimant le foyer par l’abatage radical des contagieux.

La première de ces trois méthodes, qui consiste en inocula- tions, et nécessite donc un nombreux personnel technique, n’est guère applicable actuellement en Afrique Occidentale Française. La méthode de l'abatage serait, d'autre part, le remède idéal, mais difficile à appliquer, car il ne faut guère compter sur la déclaration spontanée des Peulhs. Et, en définitive, les principales mesures possibles sont : l'isolement et la surveillance, dont l'application nécessite la délimitation de la zone infectée ; l'établissement, à la périphérie, de cordons sanitaires, plus ou moins complexes suivant les cas ; la visite et le recensement des troupeaux de la zone infectée, quand l'abatage des malades ést antiéconomique ; l'adoption à leur égard de mesures: de surveillance et de quarantaine, qui permettent d'éliminer les indemnes ; enfin l'isolement, la surveillance et le traitement, si possible, des animaux malades. L'isolement terminal doit être de 50 à 60 jours. Pour le traitement, le sérum, qui, dans l’état actuel, ne peut être employé que pour des animaux d’une valeur exceptionnelle, doit être donné en injections sous-cutanées ou intra-veineuses, à la dose de 100 à 300 centimètres cubes.

La conservation des peaux pour l’exportation. Le mode de conservation des peaux destinées à l'exportation présentant un gros intérêt pour le commerce des cuirs, le Service compétent du Sénégal a publié dans le Journal Officiel du Sénégal du 24 Août 1916 les instructions permet- tant d'assurer la bonne conservation de ces peaux jusqu’au moment de leur envoi en France :

« Les peaux devront être détachées avec toutes les précau- tions nécessaires pour éviter d'y faire des entailles.

« Le procédé de conservation généralement émployé au Sénégal, le séchage au soleil, a l'inconvénient de rendre les peaux dures et cassantes; de plus, si le dégraissage n’a pas été parfait, les particules de graisses, en fondant, imbibent

le cuir et entraînent des défauts de tannage.

0 RESSOURCES DES COLONIES

« Le salage n'avant pas de semblables inconvénients, l'on doit y recourir toutes les fois qu'il est possible.

« Ce procédé consiste, la peau étant étendue le poil en dessous, à la couvrir d’une couche uniforme de sel concassé ; on la replie ensuite de façon à n’en faire qu'un petit paquet de 30-35 centimètres de côté. Les paquets, séparés par des couches de sel, sont attachés ensemble pour former des balles. »

L'or dans le Haut-Sénégal et Niger. La quantité d’or exportée annuellement de la colonie varie entre 200 et 250 kilos, d’une valeur de 500.000 à 600.000 francs. En réalité, la quantité extraite du sous-sol par les procédés indigènes est supérieure à ces chiffres, mais une quantité assez grande du métal reste dans la colonie, pour la fabrication des bijoux.

Au chiffre indiqué s'ajoutent, pour 1913, 300.000 francs’ environ d'or extrait par dragage dans la Falémé par la Compagnie des Mines de Sénégambie, or qui est expédié en

France par la voie postale. {Rapport d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916.)

Dans le Territoire Militaire du Niger. Le Territoire Militaire du Niger, qui comprend les sept cercles de Niamey, Madaoua, Zinder, Gouré, Mainé-Soroa, Agadez et Bilma, a exporté en 1913 vers les autres colonies françaises ou vers la Nigéria pour 128.995 francs de mil et riz (correspondant à 1.696 tonnes), 459.105 francs de bœufs, 123.455 francs de moutons, 161.000 francs de peaux brutes, 172.125 francs de peaux de filali, 8.500 francs de plumes d’autruche, 20.300 francs de sel et natron, 5.560 francs de natron raffiné. L'élevage de l’autruche est commencé et est à encourager dans la région. Dans le secteur de Maradi (cercle de Madaoua), la culture des cotonniers américains a donné quelques résultats. (Rapport d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916.)

L'enseignement agricole en Afrique Occidentale Française, À la date du 5 Août 1916, M. Angoulvant,

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Gouverneur général par intérim de l'Afrique Occidentale Française, adressait aux lieutenants-gouverneurs et commis- saires de son Gouvernement Général des instructions qui ont été insérées dans le Journal Officiel du 12 Août 1916; et ces instructions méritent d'être relevées, car leur réalisation est de celles qui peuvent avoir l'influence la plus heureuse et peut-être la plus rapide sur nos progrès agricoles dans l'Ouest- Africain. M. Angoulvant rappelle qu'un plan d’études publié par le Gouvernement Général, le 1°" Mai 1914, prévoyait que chaque école, sans exception, devrait avoir pour annexe un jardin tous les élèves seraient exercés à des travaux pratiques sous la direction de l'instituteur. ‘Cette sage prescription, ajoute toutefois M. Angoulvant, est malheureuse- ment restée lettre morte dans certaines régions... elle est pourtant d’une réalisation aisée et elle constitue la condition indispensable de tout progrès agricole. J'entends qu’elle reprenne toute sa force et que, pour la rentrée prochaine, toutes les écoles, même et surtout les plus humbles, soient pourvues d’un jardin ; je n’admettrai d’autres exceptions à cette règle que celles qui seront fondées sur des raisons sérieuses”. L'énergie même des termes prouve que le Gou- verneur Général n'entend pas ajouter simplement une circulaire à tant d’autres: on sent qu'il veut réellement, comme i! le dit d’ailleurs lui-même, ‘‘aborder de front un des problèmes qui intéressent le plus directement les destinées de notre Afrique Occidentale”. Et, ne se contentant pas de donner des ordres, il précise, avec l'autorité que lui donne sa longue expérience personnelle, acquise en particulier à la Côte d'Ivoire, dans quelles conditions devront être établis ces jardins scolaires, les cultures qui y devront être faites, les procédés qu'il y aura lieu d'employer; il indique aussi comment seront recrutés et formés les moniteurs et institu- teurs, européens ou indigènes, qui seront chargés de cet enseignement. Des récompenses seront, d’ailleurs, décernées à ceux qui, ayant assumé cette tâche, l'auront accomplie avec le plus de zèle et de succès.

Voilà donc un effort sérieux en vue de substituer à l'exploi-

12 RESSOURCES DES COLONIES

tation routinière et insuffisante du sol de certaines de nos colonies des méthodes rationnelles de culture susceptibles d'assurer une plus large mise en valeur de pays qui vivent essentiellement de l'agriculture. {Journal Officiel de l'Afrique Occidentale Françaïse, 12 Août 1916).

Le caoutchouc et l’élevage en Guinée Française. Depuis plusieurs années le commerce d’exportation de la Guinée Française est en déficit notable, par suite de l’abaisse- ment des prix des caoutchoucs, qui a d'autant plus retenti sur les sortes guinéennes qu'on se plaint depuis longtemps de leur adultération par les indigènes. Si, en général, les caoutchoucs du Nunez, de Kankan et des environs de Kindia sont présentés en bon état, ceux de Bissikrima, de Dabola et de Kouroussa sont presque toujours très défectueux et chargés d'impuretés. Il fut un moment la valeur des exportations de caoutchouc représentait, environ, 60 pour cent de la valeur des exportations totales de la colonie, mais, depuis la baïsse des cours de ce produit, les indigènes se sont tournés vers l'élevage, et il était exporté en 1913 12.539 bovidés, 7.852 moutons, 1.001.815 kilos (d'une valeur de 1.753.177 francs) de peaux brutes de bœufs, 8.068 kilos de peaux brutes de moutons et de chèvres. La colonie se préoccupe, non seule- ment de développer l'élevage, mais de l'améliorer, et aussi de lutter contre les épidémies qui, comme la péripneumonie, éprouvent fortement les troupeaux. En 1912 il y avait en Guinée Française 400.000 bovins, 150.000 ovins, 140.000 caprins et 30.000 chevaux. Les deux grandes régions d'élevage sont le Fouta-Djallon et la Haute-Guinée. Il y a une forte exportation de ces animaux et des sous-produits vers Sierra-Leone. (Rapport d'ensemble annuel pour1913. Paris, 1916.— Bulletin de l'Office Colonial, Mars 1916).

L'arachide et le sésame en Guinée Française. La Guinée Française a exporté en 1913 3.541.106 kilos d’arachides en coques et 762.313 kilos de sésames, en 1914 3.325.450 kilos des premières destination de Marseille) et 889.321 kilos des

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secondes. La culture de ces deux plantes annuelles peut être pratiquée en Guinée Française depuis la côte jusque dans la vallée du Niger.

En Basse-Guinée, la culture de larachide augmente tou- jours ; et de grandes étendues de terrain sont encore utilisables dans la Moyenne et la Haute-Guinée. Le développement de cette culture sera facilité par l'introduction de variétés à grand rendement, par la culture mécanique, et par la création, pour la Moyenne-Guinée, d’un type d’arachide dont la qualité sera supérieure à celle de la côte. A la Station de Kankan, on a obtenu, à l'hectare, 1.000 kilos avec la variété le 7iga,tandis que le 7iga nin Kourou a donné 722 kilos et le Sama tiga 690 kilos.

A la Station de Kindia, le sésame a donné un faible rendement, par suite de son exigence au point de vue du sol et des attaques de la rouille. À la Station de Kankan, le sésame de Jaffa n’a donné aucun résultat ; la récoite a été de 145 kilos à l’hectare, alors que le sésame indigène à donné 216 kilos. ;

A la Station de Kindia, le sésame noir, dont la graine sert à l'alimentation indigène, mais qui est une tout autre plante que le sésame, puisque c’est l/Æ/yptis spicigera, a donné un meilleur rendement que le vrai sésame ; malheureusement la faible teneur en huile (18 pour cent) rend la culture de cette plante peu rémunératrice. {apport d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916).

Le riz en Guinée Française. Beaucoup d'indigènes, que les bas prix du caoutchouc ont détournés de cette exploitation, ont tourné leurs efforts vers la culture du riz ; et les exporta- tions de la céréale, pour 1913, ont été de 14.688 kilos, d'une valeur de 24.908 francs. A la Station d'Essais de Benty, les essais de riziculture ont, du reste, donné d'excellents résultats. Une variété Malalokitt Pyriontong a fourni 3.249 kilos de paddy à l’hectare, la variété Maronké 2.550, tandis que la variété Jaka n'a pas dépassé 1.300. À la Station de Kindia,

par contre, on à obtenu 1.900 kilos avec cette variété /aKa et

44 RESSOURCES DES COLONIES

1.679 kilos seulement avec le Maronké. À la même Station, les rendements des riz de montagne ont été très inférieurs : 720 kilogrammes avec le Saliforé et 318 kilogrammes avec le Zougué. A la Station de Kankan, le riz Fossa a donné 1.033 et 966 kilos. IT faut ajouter qu'à Benty et à Kindia on a procédé par repiquage, tandis qu’à Kankan, les rendements ont été plus faibles, on à semé directement. (Au sujet des avantages du repiquage, voir notre compte-rendu du Congrès de riziculture de Valence, en 1914, dans le Bulletin 79 de l'£xpansion coloniale de Vinstitut Colonial Marseillais de 1914).

Des études sur la culture du riz doivent être d'autant plus activement poursuivies en Guinée que la céréale peut être cultivée dans toute la colonie. (Rapport d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916).

Les bananes et les ananas en Guinée Française. Une culture intensive du bananier est à poursuivre en Guinée Française, en raison de la consommation toujours croissante des bananes en France. Le jour la question des transports serait résolue, notre colonie prendrait une place très impor- tante parmi les pays producteurs de ces fruits. Elle pourrait aussi fournir à l'exportation des ananas. Actuellement bananiers et ananas sont déjà cultivés dans de nombreuses concessions, l'irrigation est assurée, en Basse-Guinée et en Moyenne-Guinée, notamment au voisinage de la voie ferrée de Conakry au Niger. (Rapport d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916).

Le palmiste en Guinée Française. Ilétait exporté en 1913 164.261 kilos de beurre de palme et 35.172.165 kilos d'amandes. Tandis que le beurre de palme était principa- lement à destination de la France, c’étaient les marchés de Brême et de Hambourg qui absorbaient la plus grande partie de la production de palmistes ; d’où une diminution sensible dans les expéditions de ces amandes en 1914. (Rapport d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916).

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La friabilité du tourteau de palmiste et les difficultés de transport qui en résultent sont parmi les principales causes qui, en nuisant au commerce de ce tourteau, ont fait plus ou moins abandonner chez nous l'emploi des amandes de palme en savonnerie. Il résulte cependant de nombreuses expériences faites récemment dans divers Collèges agricul- turaux d'Angleterre, sous la direction générale de Sir Owen Philipps, président de la Section de lOuest-Africain de la Chambre de Commerce de Londres, que le tourteau de palmiste est un excellent aliment pour le bétail, valant, au point de vue nutritif, pour l'engraissement et pour la produc- tion du lait, les tourteaux de lin et de coton, et ayant l'avantage de coûter moins cher.

Les animaux, en général, acceptent assez volontiers le tourteau de palmiste s'ils y sont habitués de bonne heure, et avant d’avoir été accoutumés à d’autres aliments concentrés. Dans les cas individuels il y a plus grande répugnance, on mélange pendant quelque temps le tourteau avec une autre ration à saveur agréable. Les bouchers anglais ont déclaré de bonne qualité la viande des bœufs ainsi engraissés. Pour les vaches laitières, le tourteau de palmiste, d’après Jes essais faits à la Station Expérimentale de Garforth, augmenterait légèrement la production du lait. Cette augmentation aurait été de 5 livres 1/2 de lait par jour, sur 140 livres fournies par quatre vaches. Au Collège Armstrong, à Newcastle-sur-Tyne, on a constaté, d'autre part, que la teneur de lait en beurre a été plus élevée avec le tourteau de palmiste qu'avec celui de coton. Le beurre est un peu pâle, mais est de saveur agréable.

L'inconvénient du tourteau de palmiste est qu'il se conserve souvent assez difficilement et a tendance à rancir ; mais encore cet inconvénient ne s'est-il pas manifesté au même degré pour toutes les provenances. Lorsqu'il est destiné à des moutons, le tourteau doit être humecté la veille ; il est, au contraire, donné sec aux vaches laitières. (74e feeding value of Palm kernel cake, dans le Bulletin of the Imperial Institute de Juillet-Septembre 1915).

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Le cocotier en Guinée Française. - Les premières plantations de cocotiers effectuées dans la Mellacorée vont commencer à fructifier. En Basse-Guinée, les terrains favorables à la culture de ce palmier représentent de grandes surfaces, et le coprah peut devenir un des articles de com- merce de la colonie. (Rapport d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916).

Le touloucouna, le lamy et le mené. Toutes ces graines ont, en France, pour la stéarinerie, un écoulement certain, mais il faudrait que les usines marseillaises fussent assurées d’une alimentation régulière. Comme pour le karité au Haut-Sénégal et Niger, il y a peut-être intérêt à traiter les graines sur place et à expédier la substance grasse. C’est ce qui a déjà été commencé en 1913 ; et on aurait reconnu que c'est principalement sur le /ouloucoura que doivent porter les efforts. (apport d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916).

L’or en Guinée Française. - La seule exploitation en activité en Guinée Française est celle de la Compagnie des Mines de Siguiri, sur le gisement de Fatoya. D'’août à fin Décembre 1913, la production d’or a été de 16.811 grammes, avec un rendement, par tonne, de O0 gr. 982. Dans le cercle de Siguiri, les exploitations indigènes, d'autre part, auraient produit plus de 400 kilos d’or, qui a été acheté par les commer- çants de la région. (Lapport d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916).

* Le caoutchouc à la Côte d'Ivoire. Comme pour toute l'Afrique Occidentale Française, les exportations de caoutchouc de la Côte d'Ivoire sont en diminution (960.919 kilos en 1913). Il importe plus que jamais d’amé- liorer le produit de cueillette. Dans la Haute-Côte d'Ivoire surtout, les Zandolphia peuvent encore donner un bon caoutchouc, mais à la condition essentielle qu’un mode uni- forme de préparation soit imposé aux récolteurs. Une méthode

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à préconiser est celle qui consiste à obtenir des plaquettes minces fsheets), en soudant les unes aux autres, dans un moule en bois, les bandelettes de caoutchouc obtenues par coagulation -sur le tronc même, puis lavées et séchées. (Voir plus loin la note sur le caoutchouc au Gabon).

Il faut aussi remplacer par ces sheets les cakes de Funtumia elastica. D'excellents résultats ont déjà été ainsi obtenus dans les Gouros (Zuénoula) et le N’zi-Comoe (Ouelloé). (Rapport d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916.)

En 1914, les exportations de caoutchouc n'étaient plus que de 153.720 kilos ; elles ont été en 1915 de 218.476 kilos.

Les bois de la Côte d'lvoire. Les exportations de bois de la Côte d'Ivoire, essentiellement constituées par l'acajou du pays, étaient de 42.651.820 kilos en 1913, de 40.995.565 kilos en 1914 et de 17.867.300 kilos en 1915. Ces exportations vont surtout vers l'Angleterre et vers la France.

Les permis d'exploitation portent, pour la plupart, sur le cercle des Lagunes, et principalement en bordure du chemin de fer, ainsi que de la rivière et du Comoé. Le cercle de Lalou se place au second rang, avecles exploitations sur Île Bandama et ses nombreux afiluents.

Pour tirer leurs billes, les exploitants emploient de plus en plus le Decauville. La Compagnie Forestière a même installé à Ono un petit chemin de fer qui a, actuellement, une longueur de 10 kilomètres. (Lapport d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916.) Le fléchissement de 1915 tient au

manque de coupeurs et de moyens de transport.

Le palmiste à la Côte d‘Ivoire. Comme pour la Guinée Française, les amandes de palme en 1913 (6.166.105 kilos) étaient surtout expédiées à Hambourg et à Brême ; la France recevait plutôt le beurre de palme. Les exportations totales de la colonie en 1915 étaient de 4.983.447 kilos de beurre de palme et 6.112.611 de palmistes.

4 RESSOURCES DES COLONIES

Pour ces produits de l'Ælaeis guineensis, Ya Côte d'Ivoire, en Afrique Occidentale Française, vient au second rang, après le Dahomey. Et en 1913 des mesures étaient prises pour provoquer une exploitation plus intense des palmiers. Les arbres ont été dégagés de la haute brousse qui les entourait, et des concasseurs à main ont été cédés aux indigènes. Dans plusieurs provinces, des palmeraies jusqu'alors négligées ont été exploitées pour la première fois, à Adzopé et Agboville, dans le cercle des Lagunes, à Menlé, dans le Baoulé-Sud, à Dida, dans le Grand-Lahou, et à Guidéko, dans le cercle du Bas-Sassandra. La production actuelle est loin d’être ce qu'il serait possible d'obtenir.

Des huileries ont été établies. Celle de Drewin, très importante, a exporté plus de 460 tonnes d'huile et autant d'amandes. L'huilerie de Bingerville extrait l'huile par le système Fournier. Une nouvelle huilerie à Impérié, dans le cercle de Bassam, avait adopté en 1913 l'outillage Haake. Les Allemands eux-mêmes, cependant, au Togo, avaient, en définitive, préféré la presse Fournier. (Lapport d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916 ; et autres articles.)

Le piassava à la Côte d'Ivoire. Les indigènes du littoral s'intéressent peu à la récolte de ces filaments de Raphia (Raphia Hookeri sans doute), dont l'exportation a été en 1913 de 3.695 kilos. (Rapport d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916.)

Le copal à la Côte d'Ivoire. Les exportations de copal étaient de 5.599 kilos en 1913, et de 1.745 kilos seulement en 1915. Les indigènes ne récoltent pas la résine en saignant les arbres, comme en Guinée et à Sierra-Leone ; ils recueillent seulement les exsudations qui s'’écoulent des blessures naturelles, ou celles qui sont à l’état de blocs plus ou moins fossilisés dans les alluvions fluviales. (7/4. Paris, 1916.

AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 3 49

Le karité et autres arbres oléagineux à la Côte d'Ivoire. Le Bufyrospermum Parkii n'est abondant que dans le Nord-Est de la Côte d'Ivoire, vers Tengrela, Korhogo, Kong et Bouna. Les exportations de beurre étaient de 8.847 kilos en 1913.

Le fama (Pentadesma butyracea), le doumori (Dumoria Heckelii), le koubi (Carapa Touloucouna) et le mana {(Lophira alata), très communs dans diverses régions de la

colonie, ne sont exploités que pour le commerce local.

(Id. Paris, 1916.)

Le kolatier à la Côte d'Ivoire. Le kolatier, à la Côte d'Ivoire, n’est abondant qu’à proximité des villages, il est planté. Les principaux centres de production sont situés sur la limite Nord de la forêt dense, notamment dans l'Ouest de la colonie, vers Sinfra, Daloa, Vavoua et Man, les cara- vanes soudanaises viennent faire leurs provisions annuelles.

Dans la Basse-Côte, les noix sont moins bonnes, se conser- vent plus difficilement et sont plus souvent piquées. Les indigènes les préparent aussi moins bien.

Des pépinières ont été établies dans les cercles d'Odienné, de Touba, d'Ouorodougou, du N’zi-Comoé, de l’'Indénié et du Baoulé-Nord.

Les Européens ont fait des plantations dans les cercles d’Odienné et du Haut-Sassandra et dans celui de Boudoukou. (Id. Paris, 1916.)

Les exportations étaient de 18.282 kilos en 1913 et 32.740 kilos en 1915.

Le coton à la Côte d’Ivoire. Nulles encore en 1912, les exportations de coton égrené de la Côte d'Ivoire étaient de 18 tonnes en 1913, et de 100 tonnes en 1915; on espère 400 ou 500 tonnes pour 1916. Le cotonnier tient une place importante dans les cultures des cercles du Nord et surtout du Nord-Ouest; et c'est dans le Baoulé-Nord que la produc- tion est la plus élevée. La culture s'est développée, là, sous

l'influence de l'usine d’égrenage et de pressage de Bouaké, qui

1

50 RESSOURCES DES COLONIES

est exploitée par la colonie, avec le concours de l'Association Cotonnière. Dans les régions dont l'éloignement ne permet pas le transport du coton brut à cette usine, comme dans les cercles de Korhogo, de Seguela et des Tagouanas, des égreneuses à main pour confectionner des balles de 30 kilos ont été envoyées. Un matériel semblable a été réparti dans divers postes du Baoulé-Sud et du Comoé.

Les premiers cotons de la Côte d'Ivoire ont été payés au Havre 1.806 francs la tonne avant la guerre. Ce prix, vraisem- blablement, s’élèvera à mesure que la qualité s’améliorera et sera mieux connue. {Rapport d'ensemble annuel pour 1915. Paris, 1916.)

Le cacaoyer à la Côte d'Ivoire. Selon toute appa- rence, le cacaoyer fut introduit à la Côte d'Ivoire, vers 1870, par des indigènes voisins de la Gold Coast, et les Européens commencèrent vers 1880 à s'intéresser quelque peu à cette culture. Cependant jusqu’en 1908 toutes ces plantations étaient insignifiantes, et les exportations de cacaos n'étaient, en cette année 1908, que de 2.733 kilos. C’est depuis lors qu’elles se sont élevées progressivement à :

5.139 kilos en 1909 71289, 19) 140910 15-070 0240914 20.954 > D 1912 47-190 D) 0204013 39-970 0 000 1014 113 6066. 2222 1919

On espère plus de 300 tonnes en 1916 et 3.000 tonnes aux environs de 1921.

Il y a donc progression constante pour ce produit qu’exporte aujourd'hui en si grande quantité, comme nous le verrons dans un autre article, la Gold Coast.

C’est, en tous cas, à l’occasion de l'exportation des 100 tonnes de 1915 que M. Angoulvant, alors Gouverneur de notre colonie de la Côte d'Ivoire, a jugé, avec raison, opportun de retracer

AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE au

dans une Notice imprimée en 1916 à Bingerville ‘les déboires subis, les résultats obtenus et les perspectives d'avenir qu'il est permis d’escompter.

D’après cette étude, on comptait en Décembre 1915, dans les plantations indigènes, plus de 1.675.000 cacaoyers, dont 159.000 en rapport ; et le nombre de ces plantations, indivi- duelles ou collectives, était de :

155 dans le cercle de l'Agnéby

FELPMES) » d’Assinie 730 » » du Bas-Cavally 47 0 » de Bassam 22 D) » du Bas-Sassandra 645 » » de l’Indénié 165 » » des Lagunes 77 » » de Lahou 25 » » du N’Zi-Comoé

A la même époque, la surface plantée en cacaoyers par les 13 exploitations européennes était de :

350 hectares dans le cercle d’Assimie

140 » » » d'Agnéby

10 » » » du Bas-Cavally 10 » » » du Bas-Sassandra 60 » » » de Bassam

30 » » » des Lagunes

La colonisation agricole européenne, encore à ses débuts, n’a donc pas dès maintenant pris l'importance qu'elle devrait avoir, mais les plantations indigènes s’accroissent rapidement, et le cacaoyer est bien définitivement implanté dans toute la zone forestière voisine du littoral et même dans l’arrière-pays.

Toutes les populations ne manifestent pas sans doute le même goût pour la culture, mais, d’une part, parmi les autochtones, les Agnis, et prochainement à leur suite, certaines tribus Baoulès et les habitants du pays de Krou, et, d'autre part, parmi les étrangers, beaucoup d'employés ou artisans Sénégalais et Fantis montrent des aptitudes réelles.

52 RESSOURCES DES COLONIES

Et ce sont ces éléments qui ont créé les trois centres princi- paux de production du cacao, qui sont, de l'Est à l'Ouest :

Tout le pays Agni, qui longe la frontière de la Gold Coast, depuis l’Assikasso jusqu’au Sanwi ;

La région de Tiassalé et du Bandama, inférieur ;

Le pays de Krou, ou, mieux, les districts de Tabou et de Grabo du cercle du Bas-Cavally.

De ces trois régions, c’est le Bas-Cavally qui a toujours tenu le premier rang pour les exportations et qui le conser- vera certainement pendant plusieurs années encore.

Les exportations de Tabou (58.235 kilos en 1915) sont presque totalement alimentées par la production indigène.

Au contraire, celles d’Assinie (26.634 kilos en 1915) pro- viennent pour près des deux tiers des plantations européennes d’'Aboisso, de Noé et d’'Elima.

Le port de Bassam (8.185 kilos) n’est encore utilisé que pour l’embarquement du cacao récolté dans le cercle des Lagunes, et qui provient en majeure partie des plantations de M’'Bato, d’Impérié et d'Ingrakon. Les fermes des aborigènes n’ont donné en 1915 qu’un peu plus de deux tonnes, ce cercle des Lagunes étant certainement celui de la colonie les efforts déployés pour implanter la culture du cacaoyer chez les autochtones ont obtenu le moindre succès. Les races très variées qui composent cette population opposent une force d'inertie d'autant plus grande qu’elles trouvent dans la pêche et dans l'exploitation du palmiste des ressources largement suffisantes. Les Ebriès, en particulier, se montrent réfractaires à toutes les tentatives, et ce n’est pas sans peine qu'on parvient à leur faire récolter les cabosses produites par les quelques arbres qui subsistent des introductions de 1908.

Le quatrième port d'embarquement des cacaos de la Côte d'Ivoire est Lahou, dont les exportations (20.913 kilos en 1915) sont surtout fournies par Tiassalé et ses environs, car le cercle même ne donne guère qu’une tonne et demie à deux tonnes. La production européenne n'entre même pas ici pour la moitié du total.

Quant à la qualité de ces cacaos de notre colonie, elle est,-

3

Q\

AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE

d’après les appréciations des experts, au moins égale à celle des produits. de la Gold Coast; nous pourrons donc dans l'avenir nous procurer chez nous les quantités que nous importons actuellement (11.762.232 kilos en 1914) de la possession anglaise.

Mais il importe évidemment d'apporter à cette culture du cacaoyer, telle que la pratiquent encore aujourd’hui les indigènes, des améliorations qui ne pourront être introduites que peu à peu, par des études nouvelles et surtout l’organi- sation d’un Service Agricole. Décidé en principe avant les hostilités, ce Service n’a pu être créé dans les circonstances actuelles ; espérons qu'il le sera aussitôt que la situation le permettra. ‘Conduite rationnellement, sans absorber toute l'activité des planteurs, la culture du cacaoyer doit devenir un des principaux éléments de la fortune à la Côte d'Ivoire, qui, grâce à la variété et à l'abondance de ses productions, restera toujours l’une des colonies les plus prospères de lAfrique

»

occidentale”. (Développement de la culture di cacaoyer au

31 Décembre 1915, à la Côte d'Ivoire. Bingerville, 1916).

Les produits animaux à la Côte d’Ivoire.— L'élevage ne tient qu'une place secondaire à la Côte d'Ivoire. Le bétail, dans le Nord-Ouest, a été très éprouvé par la péripneumonie et le charbon symptomatique importés par les caravanes soudanaises. Dans le Baoulé, le cheptel se reforme. Les bœufs exportés proviennent, en réalité, pour la plus grande partie, du Haut-Sénégal et Niger. Les peaux expédiées ont une moindre valeur que celles de la Guinée ; et cela tient déjà à ce qu'elles ne sont pas arseniquées avant leur expédition.

La cire d’abeilles ne figure aux exportations que pour 2.500 kilos ; elle pourrait être récoltée en grande quantité dans le Nord de la colonie. (Rapport d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916).

Le palmiste au Dahomey. Comme pour la Côte

d'Ivoire, les amandes de palme du Dahomey, avant la guerre,

D4 RESSOURCES DES COLONIES

étaient presque totalement envoyées à Hambourg ; l'huile de palme, seule, était dirigée sur les ports français.

En 1913, la récolte des fruits a été défavorablement influencée par la sécheresse des derniers mois de 1912 et des premiers mois de 1913. L'ÆJaeis guineensis est, en effet, tributaire des pluies de l’année précédente, et surtout de la petite saison.

Les concasseurs d'amandes ont donné aux indigènes de bons résultats ; mais le prix en est un peu élevé et il faudrait donc que les habitants des villages achetassent à frais com- muns des appareils qui serviraient à tous. (/4., Paris, 1916).

Le maïs au Dahomey.— L'augmentation des exportations de maïs a compensé en partie, en 1913, la diminution des exportations de palmistes. La culture de la Graminée est, en effet, de plus en plus florissante dans toute la colonie. Il est toutefois regrettable qu’elle entraîne la déforestation et toutes ses conséquences. Il est sorti en 1913 13.256.163 kilos de

maïs. (/d., Paris, 1916).

Le cocotier au Dahomey. II est actuellement, au Dahomey, deux grands centres d’extension du cocotier : la région de Grand-Popo ; les environs de Ouidah. Dans la région de Grand-Popo, tout le cordon littoral qui s'étend de Grand-Popo à la frontière convient bien au palmier, sauf l'étroite bande de terrain qui touche à la dune. Les plantations nouvelles s’étagent tout le long de la route de Grand-Popo à Agoué et près du village de Bedjin. Les propriétaires sont de petits commerçants ou des traitants des maisons de commerce de Grand-Popo, qui confient l'entretien de leurs terrains à des indigènes du pays; mais cette culture nouvelle, actuelle- ment entre les mains de gens inexpérimentés, doit être, dans l'avenir, améliorée. A Ouidah, les plantations sont, au contraire, l’objet de grands soins. Les plants sont régulière- ment alignés sur des terrains bien préparés ; les distances observées sont régulières et normales, et beaucoup d’indigènes se livrent, en saison sèche, à des arrosages réguliers. Il ne

AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 55

reste plus à l'Administration qu'à développer cette émulation et, en prêchant d'exemple, à créer le même mouvement sur le cordon littoral qui s'étend de Cotonou à Porto-Novo.

L'augmentation de l'exportation n’est nullement parallèle à l'élévation de la production ; la raison en est l'accroissement de la consommation locale des noix vertes et aussi la création de pépinières. Les expéditions de coprah en 1913 étaient de 236.071 kilos. (Rapport d'ensemble annuel pour 1915. Paris, 1916).

Le cotonnier au Dahomey. La production de coton pour l'exportation s’est surtout développée dans le Moyen- Dahomey, et, en particulier, dans le cercle de Savalou. Savalou fournit 70 pour cent de l'exportation générale, Savé 15, Abomey 10 et Zagnanado 5. Dans le Haut-Dahomey, la culture reste limitée à l'emploi sur place. Dans le Nord du cercle du Mono, aux environs de Doncly, de nombreux terrains ont été affectés à la culture du cotonnier, mais qui est encore imparfaitement faite. Les plants notamment sont laissés trop nombreux par touffe. En 1913, le Dahomey expédiait 171.193 kilos de coton égrené et 37.740 kilos de coton brut. L'Association Cotonnière ne fait plus de culture personnelle, mais se contente de distribuer des graines de semence et d'entretenir ses ateliers d'égrenage. (/4., Paris, 1916).

Le karité au Dahomsy. Il a été exporté du Dahomey, en 1913, 136.850 kilos d'amandes de karité et 169.841 kilos de beurre. C’est donc un commerce en sérieuse augmentation. Mais, contrairement à ce qu'on admet aujourd’hui dans le Haut-Sénégal et Niger, on ne pense pas, au Dahomey, que ce soit le transport du beurre qui soit le mode d'expédition préférable, probablement parce qu'on n'a pas encore su trouver le moyen convenable d'expédition. Il est dit, en tout cas, dans le Æapport d'ensemble annuel de 1913 : ‘Le beurre présente de graves inconvénients de transport et accuse à l'arrivée en Europe un déchet assez considé- rable, au rancissement de la couche superficielle. I]

56 RESSOURCES DES COLONIES

faudrait, pour en assurer une meilleure conservation, en opérer la fusion sur la côte, de façon à le loger dans des tonneaux ou des récipients étanches qui empêcheraient la rancidité. C'est une opération coûteuse et longue ; aussi le commerce envisage-t-il plus favorablement l'expédition des amandes, dont la dessiccation peut être facilement assurée par un passage dans un four simple, de construction facile. Bien que ce produit soit encombrant, et, par suite, d'un transport malaisé, ce mode d'expédition apparaît comme devant être moins aléatoire que l’expédition du beurre, tout au moins pour les régions voisines de chemin de fer ou celles traversées par les voies d'automobiles.

Le cacaoyer et le kolatier au Dahomey. Le cacaoyer et le kolatier sont assez généralement associés dans les nouvelles plantations qui, au Dahomey, sont établies en bordure des marigots ; et c’est dans les cercles du Mono, d'Allada, de Zagnanado et de Porto-Novo (région de Sakété) que les nouveaux essais sont le plus intéressants.

La culture du cacaoyer est d’ailleurs récente au Dahomey. En 1910, il n’y avait qu'une plantation, celle des Pères des Missions Africaines à Zagnanado ; puis un centre s’est créé dans le Mono, mais plutôt aux étrangers qui ont antérieurement habité la Gold Coast. Les autochtones ne suivent que lentement cet exemple. La région réellement propice dans le Mono doit se limiter au centre de Niavo et aux terrains frais qui bordent la Sazaé et les nombreux marigots qui en dépendent. On comptait en 1913 dans ce cercle 21.210 cacaoyers, dont 2.260 de 6 à 7 ans, 6.550 de 3 à 5 ans et 9.550 de 1 à 2 ans.

Dans le cercle d'Allada, les progrès sont plus lents,quoi qu'il y ait beaucoup d’endroits, sur les bords des rivières, favo- rables à la culture. En 1912, la production du cacao au Dahomey a été de 7.182 kilos.

Dans les Stations d’'Essais de Sakété-Boukoutou et de Niaouli, on cultive le kolatier (sans doute le Cola nitida)

pour distribuer des graines aux indigènes, en vue de

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remplacer par la bonne espèce l'espèce indigène. La produc- tion des kolatiers de la Station de Niaouli est destinée à la propagation de l'arbre dans les cercles d’Allada, de Ouidah et du Mono. (Rapport d'ensemble annuel pour 1915. Paris, 1916.)

58 RESSOURCES DES COLONIES

AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE

Le commerce au Gabon en 1914. Les exportations de noix de palme de la colonie vers l'Angleterre ont augmenté en 1914. En huile de palme, la France a reçu 30.616 kilos et l'Angleterre 55.253 kilos.

Il est sorti 119.403 kilos de piassava, presque entièrement à destination de l'Angleterre. Un peu de ce produit, avant la guerre, était dirigé vers l'Allemagne.

Sur 180.274 kilos de caoutchouc, 159.888 kilos ont été pour la France et 20.184 pour l'Angleterre. La France a reçu 16.603 tonnes de bois, l'Angleterre 12.325, l'Allemagne 30.276 et les autres pays 28.253. (Bulletin de l'Office Colonial, Janvier-Février 1916.)

Le caoutchouc au Gabon. L'énorme importance prise par le caoutchouc de plantation diminue évidemment chaque jour l’intérêt du caoutchouc de cueillette. On estime que, en 1916, sur une production mondiale de 165.000 tonnes de caoutchouc, il y aura 125.000 tonnes de ce caoutchouc de plantation contre 40.000 tonnes de caoutchouc de cueillette ; et de ces 40.000 tonnes il n’y en aura guère que 9.000 provenant des pays autres que le Brésil. Nous avons, du reste, vu plus haut, à propos de l'Afrique Occidentale Française, quelle diminution ont subie dans leurs expor- tations de caoutchouc nos colonies comme la Guinée Française. Iln’empêche que, surtout en raison des besoins qu'entraînera après la guerre la réorganisation des industries, il y aura sans doute longtemps place encore, sur les marchés, tout au moins pour les caoutchoucs sylvestres bien préparés ;

AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE 59

et c'est dans le but d'obtenir précisément des indigènes, non seulement des récoltes plus importantes, mais surtout une amélioration dans la qualité, que, en Avril 1916, M. le Lieutenant-Gouverneur Guyon a adressé aux chefs de circons- cription du Gabon une notice relative au mode d’exploi- tation de ce caoutchouc. Les instructions ont été rédigées par l’Inspecteur d'Agriculture Antonin Bories.

Le gouverneur recommandait :

L'organisation de chantiers de cueillette, dirigés et surveillés, soit par de notables indigènes qui y seront encouragés par les remises sur la perception d'impôts, soit par des gardes régionaux choisis, et, de préférence, des gradés.

La vulgarisation des procédés de récolte et d’amélio- ration du caoutchouc, notamment sous la forme de plaquettes minces, ou crépes, préférables aux formes en boules.

Pour favoriser ce procédé, une différence de 500 francs par tonne a été prévue en 1916 dans les prix de rétrocession, au bénéfice du caoutchouc en plaquettes minces.

Les plantes à caoutchouc du Gabon sont : l’zreh, ou Funtumia elasfica, comme arbre, dans le Nord de la colonie ; le ZLandolphia Klainei et le Landolphia owariensis, comme lianes ; puis le Landolphia Thollenir, comme producteur du caoutchouc des herbes.

Les meilleures époques de saignée sont le début des saisons pluvieuses, Octobre et Novembre d'une part, et Février et Mars de l’autre. On doit faire, de préférence, les incisions dès le matin, avant 9 heures ; on peut encore les pratiquer à la rigueur le soir après 16 heures. Un temps couvert est le plus favorable ; et sur le tronc, le meilleur côté est celui qui n’est pas exposé au soleil.

Avant l’incision, on racle l'écorce de ce tronc avec un fort couteau et on lave. La coagulation sur le tronc peut être conseillée, mais il faut faire perdre à l'indigène l'habitude de provoquer cette coagulation avec l'urine, ou la sueur, ou le sel marin. Le meilleur goagulat est une décoction de feuilles,

qu'on filtre et qu'on décante ensuite,

60 RESSOURCES DES COLONIES

Lorsque la coagulation s’est opérée sur le tronc, M. Bories recommande de préparer le caoutchouc sous la forme de sheefs, suivant la méthode que nous avons déjà indiquée plus haut, à la Côte d'Ivoire. On fabrique un moule avec une planchette de bois non raboté, qu’on borde de 4 petites lattes formant côtés. La planchette a 20 à 25 centimètres de longueur sur 10 à 15 centimètres de largeur, et les lattes ont 1 à 2 centi- mètres de hauteur.

Toutes les larmes ou lanières du caoutchouc qui s’est coagulé sur le tronc des Landolphia sont placées les unes à côté des autres au fond de’ ce moule ; et, en les comprimant légèrement avec le pouce, on les soude les unes aux autres. Lorsque tout le fond du moule a été ainsi garni sur une seule épaisseur, la feuille, ou sAeef, est enlevée; on la lave, on la comprime entre deux surfaces planes, par exemple entre deux grosses pierres, puis on la fait sécher à l'ombre, dans un hangar peu éclairé et suffisamment aéré. Pour cette dessiccation, tous les sheets sont enfilés, à 2 à 3 centimètres d'intervalle, sur une ficelle ou une tige de liane. Ils sont suffisamment secs, en général, au bout d’une semaine. Il y a avantage, lorsqu'on le peut, à fumiger, en outre, ce caoutchouc en allumant du feu sous le hangar.

Le mode précédent de récolte se rapporte plus spécialement aux Landolphia. Pour le caoutchouc Funtumia elastica, M. Bories préconise la méthode indiquée, il y a quelques années, par M. Chevalier.

Pour le caoutchouc des herbes, le meilleur procédé semble celui qu'avait choisi le Service d'Agriculture du Congo Belge. Les rhizomes, déterrés et réunis en bottes de 1 à 2 mètres de longueur, sont transportés à l'endroit doit être opérée l’extraction'du caoutchouc. Quelquefois les bottes sont plon- gées pendant quelques jours dans l’eau, afin que l'écorce se détache ensuite plus facilement que par le battage ; mais cette sorte de rouissage paraît plutôt défavorable. Mieux vaut débiter les rhizomes en fragments de 30 à 40 centimètres. Aux extré- mités et sur les blessures se coagulent de petites larmes, qu’on recueille. Les fragments sont ensuite tapotés sur toute leur

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longueur avec un maillet, ce qui facilite la décortication, qu’on opère avec un couteau. Les écorces détachées sont alors séchées au soleil pendant deux à trois jours, et elles sont prêtes maintenant pour le pilonnage. Les mortiers à fond conique sont ceux qui conviennent le mieux. Après qu’une certaine pulvérisation a été obtenue, on verse de l’eau sur la masse, tout en continuant à pilonner ; le caoutchouc se dégage plus rapidement. De temps en temps on le presse entre les mains pour en éliminer le liquide chargé d’impu- retés ; et, lorsqu'il ne reste plus guère que le magma élastique, on le lave à grande eau et on le presse une dernière fois fortement entre deux rouleaux ou deux pierres arrondies, de façon à le rendre aussi compact que possible.

Le palmiste au Gabon. - À la suite de la Circulaire du Lieutenant-Gouverneur du Gabon que nous venons déjà de citer, M. Bories a donné également des conseils aux indigènes sur les meilleurs moyens de bien préparer, puis de bien conserver l'huile de palme. Après avoir rappelé les procédés employés au Lagos et au Dahomey, d’où proviennent les meilleures qualités de cette huile procédés qui seront d’ailleurs de plus en plus remplacés avantageusement par l'outillage moderne des maisons européennes M. Bories ajoute les renseignements suivants, qu'il est intéressant de reproduire :

« Il importe de faire ressortir aux indigènes que, en vertu de la faible quantité d'huile récupérée en une journée, ils ont tout intérêt à apporter le plus de soin possible aux diverses manipulations, afin d'obtenir un produit qui, par ses qualités, puisse être vendu à un prix rémunérateur. À ce sujet, il convient de rappeler aux fabricants que les meilleures huiles sont celles de coloration jaune rougeâtre, et qui, en outre, sont limpides.

« Bon nombre d'huiles indigènes ont une couleur plus ou moins foncée, provenant d’une mauvaise préparation. La fermentation et la cuisson que subissent les fruits au début de leur traitement (surtout la première de ces opérations), suivant

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qu'elles sont plus ou moins prolongées, ont pour conséquence d'accentuer plus ou moins la coloration de l'huile et de lui donner en même temps un mauvais goût. De même, l’ébulli- tion finale augmente la couleur en proportion de l'élévation de la température. Donc, si la fermentation et la cuisson sont poussées trop loin, l'huile obtenue est de coloration noirâtre et d’odeur désagréable.

« D'autre part, les huiles préparées avec des fruits tombés sur le sol, parce que trop mûrs, et ramassés après un contact prolongé avec la terre, ont une teinte noirâtre et un goût de moisissure souvent très prononcé.

« Il y a lieu de veiller à ce que les indigènes n’essayent pas de masquer la mauvaise qualité des huiles en ayant recours à la fraude. Dans certaines régions, les fabricants, pour donner une belle couleur rougeâtre à leurs produits, les additionnent de terre rougeâtre finement pulvérisée ou d’une décoction d'écorce de palétuviers. Ces falsifications ont pour consé- quence de corrompre rapidement lhuile et nuisent à sa conservation. »

Au sujet de cette conservation de l'huile, M. Bories écrit encore : « L'huile de palme, même de bonne qualité, rancit rapidement, mais cette défectuosité n'empêche pas une bonne vente, pourvu que le produit soit de belle coloration, suffisam- ment limpide et exempt d’impuretés. D'autre part, le contact de l'air est nuisible à la bonne conservation de l'huile. Il provoque des fermentations qui ont pour conséquence de corrompre ou de décomposer le produit.

« Pour conserver, pendant au moins une année, une huile de bonne qualité, il importe donc de loger celle-ci dans des récipients bien étanches, fermés hermétiquement. C'est chose facile dans les régions la fabrication de l'huile de palme est, depuis de longues années, effectuée sur une vaste échelle ; les indigènes y sont approvisionnés en récipients de diverses natures, tels que ponchons, jarres, etc... bien appropriés pour la circonstance. Mais au Gabon il n’en est pas de même; les récipients sont plutôt rares, et le moment n’est pas favorable pour s’en procurer. Cette question du

AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE 63

logement de l'huile est donc difficile à résoudre et, cependant, il me semble que, grâce à de persévérantes recherches, on doit arriver, dans cette voie, à de bons résultats. Il y a lieu de conseiller aux fabricants embarrassés pour loger leurs produits, l'emploi, par exemple, de fûts vides (barriques, demi-barriques, etc....), de bidons ayant contenu du pétrole, mais à la condition que ces récipients ne soient mis en service qu'après avoir été, au préalable, lavés minutieusement à l’eau bouillante. Cette précaution est indispensable, l'huile s'im- prégnant rapidement de la moindre odeur qui pourrait encore subsister dans les récipients. Enfin, pour obtenir la complète étanchéité des fûts et un bouchage hermétique des récipients, il est bon de faire des applications de mastic, à base de résine, de suif et d'argile mélangés en proportions convenables.

« Cette question du logement des huiles, en vue de leur conservation, est de grosse importance. Le fabricant qui dispose de récipients capables de garder la récolte pendant un certain temps, sans crainte de détérioration, a l'avantage de pouvoir écouler cette récolte au moment opportun, c’'est-à- dire quand le prix lui paraît plus rémunérateur. À cet égard, il y a presque toujours intérêt à grouper les récoltes par village, par tribu ou par famille; on réduit ainsi le nombre de récipients à employer, et, comme les stocks présentés à la vente sont plus importants et de qualité uniforme, l'acheteur est amené à faire des offres plus avantageuses. Partant de là, il convient de faire appel à la collaboration du commerce local pour faciliter aux fabricants l'acquisition ou la mise à leur disposition des récipients nécessaires. Les transactions n’en seront ainsi que plus faciles et plus profitables pour le marchand comme pour le vendeur. »

64 RESSOURCES DES COLONIES

MADAGASCAR

Le commerce général de Madagascar en 1915. En cette année 1913, le commerce global de la colonie s’est élevé à 109.833.000 francs ; c’est une plus-value de 19.383.000 francs environ sur 1914.

Les exportations de riz ont été de 19.323 tonnes ; l'Afrique du Sud et les Mascareignes importent de plus en plus ces riz malgaches, qui, aux Comores, remplacent également peu à peu les sortes de l'Inde.

Il a été exporté 1.726 tonnes de fécule de manioc, 530 tonnes de tapioca et 1.148 tonnes de maïs.

Les expéditions de bois ont été de 2.558 tonnes ; celles des fruits et graines à huile de 1.625 tonnes. Cette dernière augmentation est due à l'entrée en rapport des plantations du Nord-Ouest de l'île.

En 1914, les exportations de graphite, qui n'étaient que de 1.200 tonnes en 1911, s’élevaient à 12.000 tonnes ; elles ont été,

par conséquent décuplées en trois ans.

La culture du riz dans la région centrale de Mada- gascar. En Juin 1914, M. H. Leroy, Vice-Président de la Chambre d'Agriculture de Madagascar, faisait à la Chambre d'Agriculture de Tananarive une conférence sur la nécessité, et les possibilités de l'extension de la riziculture dans le Centre de l’île.

Que l'étendue des rizières actuelles soit nettement insuffi- sante pour répondre aux demandes toujours croissantes des usines, de l’exportation et de la consommation locale, c’est ce que démontre bien tout d’abord M. Leroy, en prenant pour

MADAGASCAR 65

exemple particulier la province Betsileo de Fianarantsoa, qui est une des régions les plus rizicoles de l'île.

Les surfaces de cette province cultivées en riz étaient de 23.971 hectares en 1911, 24.119 hectares en 1912 et 24.674 hec- tares en 1913. Soit une moyenne de 24.255 hectares, et, à raison d’une tonne parhectare,une production de 24.255 tonnes. Or la province a une population de 300.000 habitants dont la nourriture principale est le riz. Si l'on admet 500 grammes par jour et par individu ce qui est un minimum la consommation est de 150 tonnes par jour et 54.250 tonnes par an, et, par conséquent, notablement inférieure à la production, avec un déficit approximatif de 30.000 tonnes pour une année moyenne. Et très vraisemblablement on arriverait à des résultats identiques, par des calcuis analogues, pour les diverses provinces de l’île, exception faite pour celle de Tananarive où, surtout dans le voisinage de la ville, et grâce aux remarquables travaux du Service de Colonisation, la production fa pu être fortement augmentée.

Mais il importerait donc d'étendre à toutes les provinces cet accroissement de production et d'y encourager non seule- ment l'indigène mais aussi, et plus encore, le colon. Car M. Leroy s'élève énergiquement contre cette opinion, qui a été érigée en dogme, que la culture du riz à Madagascar ne pouvait être entreprise que par les Malgaches. Sans doute, le colon qui voudrait faire cette culture selon la méthode indigène éprouverait des déboires, mais il faut employer les instruments aratoires modernes et réduire la main-d'œuvre au strict minimum. Les résultats qu'a déjà obtenus dans ce sens, avec une vingtaine d'hommes, M. Leroy sont des plus encourageants.

Pour l'aménagement d’un marais encore vierge qu’on veut transformer en rizière, M. Leroy recommande de faire tout d’abord tous les travaux qui permettront de drainer ou d'irriguer à volonté cette rizière. Contrairement à ce que prétendent certains indigènes, il faut toujours pouvoir assécher le champ après la récolte, de même qu'il faut pouvoir l'irriguer aux moments voulus.

66 RESSOURCES DES COLONIES

Le marais convenablement desséché, les herbes seront brûlées si c'est possible. Un premier gros labour sera alors exécuté avec de robustes Brabant doubles, construites pour exécuter des labours de 30 centimètres de profondeur, mais qui, dans le cas présent, seront plutôt choisies en raison de leur solidité, car des labours de 18 à 20 centimètres sont suffisants. Un hersage énergique est ensuite nécessaire. Il sera suivi d’un second labour fait en travers, au moment de la plantation du riz ; et à ce second labour succèdera un second hersage, complété par l’action du piocheur vibrateur. Dans les terres feutrées comme celles des marais, ce piocheur vibrateur, qui est un scarificateur à lames flexibles, effectue un excellent travail; la vibration des lames empêche le bourrage. Ainsi préparé, le terrain peut, dès cette première année, donner une récolte passable, à la condition qu'il soit deux fois sarclé à la méthode indigène.

Lorsque, plus tard, la récolte a été enlevée et que l’eau s’est écoulée, on déchausse avec le piocheur vibrateur, et le sol déchaussé reçoit, cette fois avec la Brabant double, un unique labour, suivi de plusieurs hersages, puis d’un ou de plusieurs passages du piocheur vibrateur. Le sol étant bien scarifié, un sarclage ultérieur à la main, toujours onéreux, est inutile.

Mais autre question : faut-il semer directement ou repiquer ? M. Leroy, contrairement à l'opinion courante, est pour le semis direct, qui, selon lui, ne supprime pas seulement les frais de la transplantation, mais donne aussi un rendement supérieur. L'indigène, dit M. Leroy, repique : parce que, en général, à l’époque des semis, l’eau fait défaut, d’où la nécessité d’une pépinière d'attente ; parce que, avec l’'angady, le labourage est grossier et la rizière mal nivelée ; parce que cet indigène manque ordinairement de la quantité de paddy indispensable pour ce mode de semis, qui emploie presque le double de ce qu’exige la pépinière. Il faut ajouter que, par la bonne préparation préliminaire de son champ, M. Leroy a diminué la nécessité du sarclage, qui est un des inconvénients du semis direct.

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Un mois après le semis ou la plantation, la rizière doit être mise à sec, et hersée au moyen de la herse articulée.

La moisson est effectuée à la faucille, et le battage peut être obtenu par la batteuse à pointe, actionnée par un manège à quatre bœufs.

Quant à la fumure, elle est réalisée au moyen du fumier de ferme, qu’on enterre avec la charrue. Chaque parcelle de rizière n’est fumée que tous les deux ans.

Et M. Leroy évalue à 3 tonnes par hectare le rendement qu'il peut obtenir avec son mode de culture.

Au point de vue de l'amélioration de la qualité, le distingué Vice-Président de la Chambre d’Agricuiture de Madagascar a aussi poursuivi quelques essais de sélection, qu'il a principale- ment entrepris sur la variété vary lava. Nous aurons sans doute l’occasion de revenir plus tard sur ces expériences, sur lesquelles nous ne voulons pas insister aujourd’hui, la question de l’hybridation des riz, qu'a abordée M. Leroy, étant une question très discutée. En tout cas, M. Leroy émet l'opinion formelle que ‘* Madagascar paraît être un pays absolument propice à la culture du riz de luxe”.

La riziculture comparée à Madagascar et en Italie. Nous avons publié en 1914, dans un Bulletin de lÆ£xpansion Coloniale (Le Congrès de riziculture de Vercelli), et comme suite à une enquête que nous avions faite dans le Vercellèse, une petite étude sur la culture et la récolte des riz dans cette région du Nord de FlItalie. Ce rapport a servi de base à M. Leroy pour une étude comparée des procédés employés en Italie et de ceux employés ou employables à Madagascar ; nous croyons bon de reproduire en partie cette étude :

« En Italie, la rizière est divisée en pièces, ou appezza- menti, de 6 hectares environ, que bordent des saules ou des peupliers.

La configuration du sol malgache ne permettrait que rarement la détermination d'étendues aussi vastes. Sur nos

rizières, la pièce, ou ‘‘vala”, a 3 hectares environ. Chaque

vala est séparée par une digue peu élevée formant route,

68 RESSOURCES DES COLONIES

Aucun arbre n'est planté autour de la rizière, mais Fidée italienne est à retenir. Le riz craint, en effet, énormément le vent, principalement au moment de la floraison. Il est donc de toute évidence qu'une ligne d'arbres atténuerait la brise. L'expérience est à tenter. Les arbres attirent les oiseaux, en particulier les ‘‘fody”, disent les indigènes. En admettant que cette indication soit exacte, il faudrait encore contrôler si les dégâts causés par le vent ne sont pas supérieurs à ceux causés par les oiseaux. J’ai vu des rizières ne donner qu’une récolte à peu près nulle à la suite d’un coup de vent survenu à l’époque de la floraison.

En Italie, la pièce est divisée par des digues qu’on établit aux endroits le niveau du terrain se modifie. Ici c’est le

Ca

bourrelet de terre, ou ‘‘talaka”, qui, comme la digue italienne, est percé, coupé de distance en distance, pour permettre à l'eau de s’écouler dans le plan inférieur. L'emplacement de ces bourrelets est judicieusement choisi. Comme la digue italienne, le talaka est fixe. Sa construction demande des soins, et toute modification est onéreuse. D'autre part, il ne faut pas perdre de vue que le talaka ne doit, en aucune façon, entraver la marche des instruments aratoires. Dans ce but, et ne perdant pas de vue qu'à Madagascar les grandes surfaces planes sont une exception, il est à recommander de faire des planches étroites, mais longues. Il est, en effet, difficile de labourer avec un attelage de six bœufs si les sillons sont très courts ; par contre, le labour se fera très facilement sur une planche longue et étroite. Le peu de largeur de l’espace compris entre deux talaka ne gêne en rien la marche des herses et des piocheurs vibrateurs.

Le riziculteur italien apporte sur la rizière, avant le labour, du fumier, du superphosphate et de la corne torréfiée. Pour nos rizières malgaches, le superphosphate ne me paraît pas recommandable. J’ai indiqué à la Chambre d'Agriculture que je fumais au fumier de ferme et que je procédais en ce moment à des essais d'engrais à la poudre d'os. Nos rizières sont généralement acides, dépouvues

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presque totalement de chaux et d’une très faible teneur en acide phosphorique. En introduisant dans le sol de la poudre d'os, nous neutralisons l'acidité naturelle du terrain. Le phosphate de chaux devient, en outre, assimilable, grâce à sa combinaison avec les acides contenus en abondance dans la rizière. Ce double résultat a encore pour effet de favoriser la nitrification. En milieu acide, la nitrification est toujours ralentie, au point de devenir pratiquement nulle. L'absence de chaux, l'énorme quantité de débris végétaux accumulés dans les fonds des vallées, donnent naissance à une forte quantité d'acide ; d’où la nécessité d'introduire une base capable de la neutraliser. Le riz, et principalement le vary lava, le plus beau de nos riz, craint l'acidité du sol. Les indigènes savent reconnaître le sol acide, qu'ils appellent, en pays Betsileo, ‘‘tany manara”, ou terre froide. Dans ces rizières, la réaction est franche- ment acide et lessai à la teinture de tournesol ne laisse aucun doute à ce sujet. Pour amender ces terres, les indi- gènes brûlent la tourbe, apportent des cendres et des engrais très décomposés. Très vraisemblablement un apport de chaux ou de poudre d'os donnerait à meilleur compte un résultat supérieur. Les os sont abondants dans le pays ; les fabriques de conserves pourraient très vraisembla- blement en livrer à bon compte.

Les Italiens apportent encore sur la rizière des engrais azotés. Cette dépense toujours considérable me paraît inutile pour la rizière malgache, et il suffira, comme je viens de le dire, de favoriser la production d’azote assimilable par lintroduction d'une base calcaire.

Les engrais épandus, on laboure et on herse. Aucune différence entre les deux pays. Mais, tandis qu'en Italie le hersage est suivi d’un émottage à la houe, fait par des femmes, j'emploie ici l'émottage mécanique. Le cultivateur canadien, à lames flexibles, ou piocheur vibrateur, fait ce travail mieux et surtout plus économiquement. Il me semble qu'à ce point de vue le cultivateur italien est en retard,

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En Italie, on sème sous l’eau. Ce travail réclame l'emploi de semoirs spéciaux. J'ai indiqué à la Chambre d’Agri- culture que je semais à sec et que, par ce procédé, j'obtenais un rendement très supérieur à celui obtenu avec du riz repiqué ; mais il est fortement possible que la production soit encore augmentée en semant sous l’eau au semoir. D'ailleurs, le rendement considérable de 5 tonnes 1/2 à 6 tonnes à l'hectare indiqué par M. Jumelle, et obtenu dans le Vercellèse, semble le démontrer.

C'est un essai à tenter, mais il n’est pas facilement réalisable sans le semoir italien. A ce point de vue, on ne peut que regretter qu'aucune aide ne soit donnée aux riziculteurs de Madagascar.

La rizière italienne est mise à sec pour le sarclage. M. H. Jumelle ne nous donne aucune indication précise sur les instruments employés; c’est regrettable. Ici, je sarcle à la herse articulée, mais cet instrument donne un travail insuffisant dans les rizières nouvelles. La Station rizicole de Vercelli a établi des instruments qui donnent de bons résultats ; il serait intéressant de les essayer dans nos rizières malgaches.

Huit jours avant la moisson, on laisse écouler l’eau, en Italie. J’opère de même, mais ce n’est pas toujours possible pour les riz de première saison, qui arrivent à maturité en saison des pluies.

C’est quelques jours avant cet assèchement que, dans la mince couche liquide qui reste encore, lon sème, en Italie, le trèfle incarnat, qui sera enfoui plus tard comme engrais vert. Ceci est intéressant au plus haut degré ; mais il ne faut pas oublier que le trèfle incarnat, de même que la luzerne, ne réussit bien qu’en terrain riche en acide phosphorique. Sur nos rizières, cette culture à la dérobée ne sera possible que si la rizière a reçu une bonne dose d'engrais à la poudre d'os. Sous cette condition, il est certain que le trèfle incarnat pourra donner une bonne récolte, non seulement comme engrais vert, mais encore comme récolte de fourrage. Dans les mêmes conditions, une culture de blé pourrait être inter-

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calée, et la rotation établie dans le Vercellèse devrait donner ici de bons résultats. Cette rotation serait la suivante : quatre années de rizières, une culture de blé et un ou deux ans de prairies.

Succédant au riz cultivé dans les conditions que je préconise, le blé trouvera un sol parfaitement ameubli, débarrassé des mauvaises herbes, riche en acide phosphorique et en azote assimilable. L'aspect de la récolte, son rendement ne ressembleront alors en rien à ce que nous voyons dans les environs d'Antsirabe, nous semblons véritablement nous

être un peu trop mis à la remorque du cultivateur indigène ».

Le palmiste à Madagascar. L'Æ/aeis qguineensis du continent africain, dont une variété madagascariensis pousse spontanément dans l'Ouest de Madagascar, a été importé vers 1903 dans la colonie, et planté à la Station de lIvoloina. Sa végétation, sur les terrains alluvionnaires des plateaux qui longent la rivière, paraît très normale. Les premiers fruits sont apparus la et la année; et à dix ans il y avait 6 à 10 régimes par pied. Encouragés par ce résultat, de nombreux planteurs ont commencé à multiplier le palmier dans leurs concessions. D'après les analyses faites à Nanisana par M. Gohier, des fruits frais se composaient de 32 pour cent de pulpe et 68 de noyau, celui-ci correspondant à 45,5 pour cent de coque et 22,5 pour cent de graine. La pulpe contenait 54 pour cent d’huile à l’état frais, et 65 pour cent à l’état sec, l'humidité étant de 17 pour cent. Les graines, ou amandes, contenaient 49,5 pour cent de substance grasse. Des fruits récoltés depuis 6 mois se composaient de 29,33 pour cent de pulpe et 70,66 de noyau ; et celui-ci correspondait à 51,66 de coques et 19 d'amandes. La teneur de la pulpe en huile était de 59 pour cent.

Après comparaison entre ces résultats et ceux des analyses données pour certaines variétés africaines on peut reprocher aux fruits récoltés à Madagascar une proportion relativement faible de pulpe, et, inversement, une forte proportion de coque. Mais, la pulpe étant très riche en substance grasse, il

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n'y aurait donc qu'à introduire, semble-t-il, dans la colonie, des variétés choisies pour que cette culture du palmiste devint très rémunératrice. (Supplément au Journal Officiel de Madagascar du Samedi 18 Septembre 1915).

Les engrais à trouver sur place. L'installation des usines frigorifiques ou de conserves de viande a pour consé- quence de permettre la préparation, sur place, du sang desséché et de la poudre d’os.

De grandes quantités de sang sont chaque jour perdues dans les abattoirs de la colonie. Un bœuf fournit, en moyenne, 10 à 15 litres de sang, contenant 80 pour cent d’eau et 3 pour cent d'azote très rapidement assimilable. Ce sang peut être conservé par dessiccation. Or un essai de fabrication de sang desséché a été tenté au Laboratoire de Nanisana. 20 litres de sang frais ont été mélangés avec 5 pour cent de chaux vive en poudre. La coagulation s’est produite aussitôt et a donné un bloc qu'on a réduit en menus fragments; le tout a été étalé sur une aire de 1 mètre carré, au soleil. Au bout de 4 jours, le produit, qui avait été remué deux ou trois fois par jour, était suffisamment sec pour être mis en sac; et il dosait 28 pour cent d’eau, 8,5 d’azote et 14 de chaux, plus 0,5 à 1 pour cent environ d'acide phosphorique et de potasse. Par une plus longue dessiccation, le degré d'humidité peut être amené à 17 ou 18, avec 10 pour cent d’azote. Ce sang desséché est à recommander comme fumure pour les terrains qui tendent à s’appauvrir rapidement en azote, notamment pour les caféiers en colline.

D'autre part, des os livrés par l'Usine frigorifique de Tamatave, os qui ont été ébouillantés, et même passés dans les autoclaves, pour lextraction de la matière grasse, conte- naient 3,4 pour cent d'azote et 23,3 d'acide phosphorique. Pulvérisés très finement, ces os seraient un très bon engrais pour les terres tourbeuses. Les os, cornes et sabots livrés par les abattoirs doivent être brûlés dans un four à briques ordinaire ou à feu nu. Sur la propriété, le broyage peut être effectué au moyen d’un cylindre en pierre se mouvant dans

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une auge circulaire, en pierre ou en maçonnerie. Le mouve- ment peut être donné par un manège à bœufs ou au moyen d’un moteur quelconque.

A Nanisana, M. Gohier a encore analysé les balles de riz et a trouvé :

Pour des balles ordinaires, 0,39 pour cent d’azote, 6,14 d'acide phosphorique et 0,28 de potasse ;

Pour des balles brûlées, pas d'azote, 0,29 d'acide phospho- rique et 0,60 de potasse.

Ces chiffres sont faibles ; ‘les résidus en question ne sont donc guère utilisables que sur place, en mélange avec le fumier de ferme. (/4., 18 Septembre 1915).

La Station de l’Ivoloina. Le Service de Colonisation de Madagascar a publié en 1916 un Guide ef Catalogue de la Sfation de l'Ivoloina, comme ïl serait désirable qu’en publiassent les autres Stations d'Essais de nos colonies.

Le Catalogue de la Station de l'Ivoloina a été très méthodi- quement dressé par M. G. Carle, chef du Service de Colonisation, et M. Eug. Jaeglé, chef de la Station ; et il sera un excellent guide pour les visiteurs, planteurs ou simples curieux qui passent à la Station. L'inventaire de tous les végétaux qui y sont cultivés est accompagné d’un plan qui doit permettre de retrouver aisément chaque plante.

L'opuscule relate en même temps lhistoire de ce Jardin, qui a déjà rendu beaucoup de services à la colonie.

A 10. mètres environ d'altitude, à 3 heures à lest de Tamatave, la Station, qui fut créée en 1898, se trouve sur la route qui se dirige vers lelac Alaotra.C'est que viennent se terminer les derniers contreforts des falaises qui s’'étagent en escaliers successifs jusqu'aux Hauts Plateaux.

Le climat est celui de la côte Est, c'est-à-dire caractérisé par des pluies abondantes et presque continues. Il n'y a qu'une période presque sèche, en Octobre. La température est toujours assez élevée, surtout de Janvier à Avril, moindre de Mai à Septembre.

En 1915, la Station a délivré 356.056 plants divers et

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2,022.593 graines. Beaucoup d'espèces ou variétés de caféiers ontété ainsi distribuées. Une usine d'essais pour la prépa- ration des produits récoltés dans le domaine a, en outre, été installée. Un troupeau de bovins est aussi entretenu ; il sert pour les travaux de préparation du sol et fournit du fumier,

Les minerais à Madagascar. Un gisement de cuivre a été découvert en Septembre 1915 à 15 kilomètres de Vohémar : et les travaux effectués depuis lors ont mis à découvert un filon de 3 mètres de largeur sur 2 mètres à 2 m. 50 de hauteur. Le cuivre s'y trouve à l’état de carbonate de cuivre et d'oxyde cuivreux. D'une longueur supérieure à 1 kilomètre, le filon se suit très bien en affleurement sur un parcours de 400 mètres ; et il donnerait sur ce parcours, d’après les calculs, plus de 80.000 tonnes d'extraction facile. D'autres gisements seront, sans doute, découverts dans la région de Vohémar.

A signaler dans le Bulletin de l'Office Colonial de Janvier- Février 1916 une étude de M. Pétri, directeur du Laboratoire de Chimie de Tananarive, sur le traitement industriel des minerais uranifères, en vue de l'extraction des matières radioactives.

INDOCHINE 75

INDOCHINE

Les exportations en 1914. L'Indochine a exporté en 1914 1.418.966.950 kilos de riz sous ses diverses formes, 1.473.904 kilos de fécules diverses, et surtout de manioc, 99.205.200 kilos de maïs, 2.612.602 kilos de haricots (dont 2.477.423 kilos vers Hong-Kong), 11.923.109 kilos de fruits et graines à huile, 4.010.539 kilos de sucres divers, 3.249.141 kil. de poivre, 1.416.299 kilos de rotins, 8.010.852 kilos de cunao (dont 7.438.458 kilos vers Hong-Kong), 16.179 kilos de benjoin, 194.646 kilos de caoutchouc, 5.000 tonnes environ de bois à construire (dont la moitié au moins vers Hong-Kong), 4.171.195 kilos de coton brut, 1.166.279 kilos de coton égrené, 14.113 kilos de jute brut, 70.153 kilos de kapok, 21.281 kilos de chiendent, 53.603 kilos d'essence de badiane, 206.474 kilos de gomme-laque, d’une valeur de 165.180 francs, etc. (Journal Officiel de l'Indochine Française, 20 Mai 1915.)

Les exportations par Saigon en 1915. Les expor- tations de riz par Saigon en 1915 ont été de 1.091.437.000 kil., dont 7.328.000 de riz cargo, 777.739.000 de riz blanc, 48.358.000 de paddy, 138.656.000 de brisures et 119.346.000 de farine. Les expéditions de poivre ont été de 4.008.266 kilos, dont 724.787 kilos de poivre blanc et 3.283.479 kilos de poivre noir. Celles de maïs ont été de 36.614.734 kilos, dont 7:982.165 kilos de maïs blanc et 24.632.569 kilos de maïs rouge. Ilest sorti encore, notamment : 6.536.634 kilos de coprah ; 2.623.281 kilos de coton, dont 455.775 kilos de coton égrené et 2.067.507 kilos de coton non égrené ; 296.419 kilos de caoutchouc,

76 RESSOURCES DES COLONIES

La gomme-laque et son traitement industriel. [a gomme-laque, ou stick-lac, qui est la sécrétion résineuse d’un insecte, le Coccus Lacca, ou Carteria Lacca, ou Tachardia Lacca, a, pour les contrées elle est récoltée, et qui sont l'Inde et lindochine, le double intérêt d’être un produit d'utilisation locale et un article assez important d'exportation.

Dans l'Inde, au Siam, en Birmanie, on emploie la gomme- laque dans la'fabrication d'objets très divers : filaments dorés pour ornements, barattes à lait, navettes, bobines, meules, poignées de sabre ou de poignards, bracelets. La plupart de ces bracelets à bas prix que les indigènes portent aux pieds et aux mains dans toute l'Inde, lorsqu'ils ne sont pas en verre ou en métal, sont formés d’un déchet de la fabrication de ce que nous allons appeler le s4e//-lac. En Indochine, c’est la gomme- laque qui sert, entre autres usages, aux indigènes pour laquer leurs dents, comme moyen de préservation contre la carie.

Industriellement, la gomme-laque, en Europe, entre depuis longtemps, en proportions variables, dans la fabrication des vernis pour meubles, quoique, du reste, cette fabrication des meubles vernis ait beaucoup diminué, remplacée par les meubles cirés ; mais on utilise aussi beaucoup la gomme-laque comme isolant en machinerie électrique, ou encore pour la pâte à disques de phonographe, ainsi que pour les pierres lithographiques. Les sortes inférieures sont achetées pour la coutellerie, ainsi que pour la préparation des cires à cacheter, etc.

De tout temps, le grand pays exportateur a été l’Inde, qui expédiait, pendant la campagne 1913-1914, 17.000 tonnes environ de sortes diverses de cette gomme-laque, alors que notre Indochine n’en expédiait que 206 tonnes en 1914.

D'ailleurs jusqu’en 1905 toute notre production indochinoise n'était exportée qu'à l’état de matière première, qu'on déboi- sait et nettoyait seulement plus ou moins; et ce n’est qu’en cette année 1905 que l’‘ Union Commerciale Indochinoiïse” chargeait l’un des colons les plus actifs et les plus au courant de la culture et de l’industrie locales en Indochine Française, M. Hautefeuille, de propager auprès des indigènes les

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procédés depuis longtemps en usage dans l'Inde pour le raffinage de la gomme-laque.

Sur les 17.000 tonnes de gommes-laques exportées de l'Inde en 1913-1914, il n'y a, en eflet, que 60 tonnes au plus de stick-lac, et il y en a près de 14.000 de shell-lac et 1.000 de button-lac.

Et shell-lac et button-lac sont les deux grandes sortes de stick-lac raffiné, le s/e//-lac se présentant en écailles ou en paillettes, et le bufton-lac en boutons ou en macarons.

Grâce aux données qu'il avait pu se procurer au cours d’une mission agricole dans l'Inde en 1904, M. Hautefeuille montait, en 1905, à La Pho une modeste usine qui, depuis lors, s’est progressivement développée, et des ouvriers annamites, aussi habiles et plus soigneux que les Indous, savent mainte- nant préparer de la gomme-laque indochinoise raffinée.

Personne, dans ces conditions, n'était plus compétent que M. Hautefeuille pour résumer, comme il vient de le faire, dans le Bulletin Economique de l’Indochine de Novembre- Décembre 1915, toute l'histoire de la production et des procédés de récolte et de préparation de la gomme-laque. Cette histoire, au point de vue du raffinage du produit, se trouve complétée par un article antérieur de M. Pidance, paru . dans le même Bulletin en Mai-Juin 1914.

L’aire de production de linsecte à laque s'étend depuis le Tonkin jusqu’au Nord de lInde Anglaise; elle forme un rectangle assez régulier qui, commençant à Van-Yen, au Tonkin, et à Szémao, en Chine, pour se terminer aux confins du Punjab, couvre le Haut-Tonkin, le Laos, le Siam, Ha Birmanie, l’Assam Moyen, certains districts du Bengale et des Provinces Unies, les Provinces Centrales, le Sind et certains districts du Punjab.

Les arbres sur lesquels peuvent vivre les Zachardia sont nombreux et de familles diverses ; ce sont des Légumineuses, parmi lesquelles lAcacia arabica, le Butea frondosa, le Cajanus indicus, etc., des Sapindacées, telles que le ScAlei- chera trijuga, des Euphorbiacées, des Rhamnées, des Urtica- cées, parmi lesquelles les Æicus, des Térébinthacées, etc.

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Mais les insectes ne donnent pas sur tous ces arbres la même qualité de laque; et c'est sur le Schleichera trijuga, ou kusam des indigènes, abondant notamment dans les Provin- ces Centrales, qu’on récolte la meilleure de toutes les sortes,

avec laquelle on obtient le ‘‘ Fine Orange” du commerce. Une seconde qualité est recueillie sur le Putea frondosa, très répandu dans l'Inde, c’est le palas, ou dhak. On récolte aussi beaucoup sur le Ficus religiosa, Y Acacia arabica (dans les régions désertiques du Sind), l'A/bizzia Lebbek et le jujubier.

Presque toujours, dans l’Inde comme en Indochine, ces arbres exploités sont des arbres qui ont été semés et qui sont entretenus en vue de l'élevage de l’insecte. Lorsque ces arbres ont été préparés par une taille préalable, plus ou moins nécessaire suivant l'espèce, mais qui, en tout cas, a pour but de multiplier le nombre des branches tendres sur lesquelles le 7Zachardia sera apporté, on pratique l’inoculation. Celle-ci est faite avec le hroad-lac, qui est un fragment de stick-lac dont les œufs sont près d’éclore. On le choisit dans les parties saines des branches, exemptes de larves d’insectes. La brindille de bois qui le porte est coupée, et ce tronçon de 20 centimètres environ de longueur est fixé, avec une attache quelconque, sur le rameau devront apparaître les colonies. Souvent toutefois avant cette inoculation le broad-lac est laissé pendant quelque temps sur un cadre en bambou, dans un endroit frais et aéré ; et il n’est porté à sa place définitive que lorsque commence l'émergence, qui se manifeste par le rougeoiement des tronçons.

On ne peut souvent d’ailleurs inoculer un arbre qu'avec du broad-lac provenant d’un rameau de la même espèce; ce qui prouve bien qu'il est des races diverses de 7achardia Lacca, chaque race vivant plus ou moins exclusivement sur un ou quelques arbres déterminés.

L'insecte a deux évolutions par an. On peut donc, dans les pays du moins le climat le permet, faire deux récoltes annuelles. Les conditions pour la production du stick-lac sont une température moyenne, ni trop élevée ni trop basse, et

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une pluviosité annuelle d'environ 750 millimètres. En général, on ne trouve guère le 7achardia à moins de 350 ou 400 m. ni à plus de 700 mètres. Et il ne suffit donc pas que les arbres producteurs puissent croître dans une région pour que l’insecte réussisse également à vivre. On comprend de même que c’est suivant la plus ou moins grande rigueur de l'hiver dans une localité que la récolte sera unique ou double.

Lorsqu'elle est double, ce quiest le casle plus fréquent un même arbre, pour certaines espèces, peut à la rigueur supporter deux inoculations annuelles ; cependant il paraît préférable, la plupart du temps, de ne pratiquer sur un même pied qu’un seul ensemencement; et on divise les arbres en deux groupes. Dans le premier, les arbres sont taillés en Février et inoculésen Juin suivant ; dans le second, les arbres sont taillés de façon à être inoculés en Octobre. Les récoltes, sur un même pied, seront plus ou moins espacées suivant l'espèce ou la vigueur de ce pied.

D’après M. Maxwell-Lefroy, qui a surtout étudié l’insecte sur le jujubier, dans le Béhar, un rendement annuel de 2 kilos de stick-lac par arbre est modéré, et un pied en bon état doit pouvoir fournir jusqu'à 10 kilos.

Dans l'Inde, les opérations successives que subit ce stick-lac brut sont le déboisage, le lavage, le triage, puis la filtration, accompagnée d’une cuisson, et la mise en paillettes ou en macarons.

Un produit intermédiaire entre le s/ick-lac, d'une part, et le shelElac ou le bufton-lac, de l'autre, est le seed-lac. ou laque en grains, qui est le stick-lac déboisé, lavé et criblé, mais non raffiné.

Le déboisage consiste à détacher, avec un couteau ou à la main, selon Flespèce d'arbre, la résine qui recouvre les rameaux sectionnés. En certains cas, il faut achever l’enlè- vement de la gomme-laque en écrasant les brins au moyen d’un rouleau en pierre, ou dhenkli : c'est le concassage.

La laque recueillie est laissée dans l'eau pendant toute une nuit ; c'est le lavage, que les Indous complètent parfois avec du carbonate de soude monohydraté. On saupoudre alors

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avec ce carbonate, à la dose de 800 grammes pour 100 kilos, la matière qui a subi deux ou trois lavages et on lave de nouveau dans une petite quantité d’eau, en frottant aussi vivement que possible.

Après tamisage dans une pièce de toile assez serrée, la matière est séchée au soleil pendant 2 ou 3 heures, ou à l'ombre pendant 24 ou 48 heures; et un bon nettoyage par criblage donne enfin le seed-lac.

Ce seed lac est trié en:

Gros grain, qui est exclusivement employé pour la meilleure qualité de shell-lac ;

Grain moyen petit, pour la marque T N, qui est un bon shell-lac moyen ;

Poudre, pour le button-lac.

Pour la cuisson et la filtration, qui sont deux opérations menées simultanément, on ajoute au seed-lac 2 à 3 pour cent d’orpiment (trisulfure d’arsenic), qui donne la teinte jaune, et dont l'utilité est d’ailleurs contestable, et 4 à 5 pour cent de résine de pin qui facilite la cuisson.

Ce mélange est versé dans des tubes en toile, de 9 à 11 m. de longueur et de 7 à 8 centimètres de diamètre: et c’est dans ces tubes que le stick-lac va être, à la fois, porté à l’ébullition et filtré. 0

Une des extrémités du tube convenablement rempli est fixée à un tourniquet en bois, ou phirki, qu’un ouvrier tourne toujours dans le même sens, et qui tord ainsi cette espèce de boudin ; l’autre extrémité est tenue par un ouvrier à proximité d’un four chauffé avec du charbon de bois.

L'enveloppe qui constitue le tube diffère selon qu'on veut préparer du shell-lac ou du button-lac. Pour le shell-lac, elle est composée de deux toiles; pour le button-lac une seule toile, au contraire, suffit, mais elle doit être fine et très résistante.

D'autre part, les fours employés sont plus grands pour le shell-lac que pour le button-lac.

On prépare, du reste, beaucoup plus du premier de ces deux produits que du second, puisque nous avons déjà vu

INDOCHINÉE 81

que, sur 339.166 quintaux (de 50 k. 700) de laque que l'Inde à exportés pendant la campagne 1913-1914, il y avait 275.357 quintaux de shell-lac et 21.865 quintaux seulement de button-lac.

S'agit-il donc d’obtenir du shell-lac ? La masse qui a été introduite dans le boudin entre en fusion sous l'influence de la chaleur du four ; elle traverse alors les toiles, en formant une sorte d’enduit qui s’agglutine autour du boudin et tourne avec lui. Mais, se ramollissant de plus en plus, cet enduit tombe en gouttes sur une dalle qui est devant le‘ fourneau. L'ouvrier, avec une spatule, ramasse la masse fondue, la malaxe sur une pierre de marbre, puis la replace sur le boudin, il la maintient avec le plat de sa lame jusqu'au moment elle a la consistance et la teinte voulues. Alors il l’'enlève par raclage et la passe à un assistant qui l’étale sur une bouteille en faïence, remplie d’eau chaude et disposée horizontalement. La paroi de cette bouteille doit être à la température de 60 degrés environ. La masse y est étalée sous forme de peau, que l’ouvrier détache ensuite pour la présenter à la flamme du fourneau, en même temps qu'il l'étire en tous sens. Et finalement il obtient une feuille transparente qui rappelle assez par son aspect une peau de vache très mince. Elle est étendue sur une toile, et, lorsque le refroidissement en est complet, on enlève à la main les parties défectueuses des bords, parties restées épaisses, brunes ou plissées, qu'on remet sur la matière en fusion, pour les traiter à nouveau. Les pellicules tirées sont étendues en couches minces jusqu’au moment de l'emballage.

La fabrication du bufton-lac est plus rapide que celle du shell-lac, car, lorsque la matière, qui est à grain plus fin que précédemment, est cuite, le chef de fourneau, au lieu de létaler à la surface de la bouteille horizontale chauffée, la dépose simplement, par petits macarons, sur le dos de la gaine foliaire d’une espèce déterminée de Musa. Le choix de ce Musa n'est pas indifférent, car les gaines de certaines espèces sont trop aqueuses, et leurs gaines, en cuisant sous l’action de la température de la gomme, se déformeraient. Lorsque chaque

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petit macaon est bien refroidi, on le décolle ; il garde la forme d’un petit morceau de tuile creuse.

Telles sont donc les opérations pratiquées depuis longtemps dans l'Inde et que, nous l'avons dit plus haut, M. Hautefeuille s’est efforcé d'introduire au Tonkin.

Mais, en même temps, M. Hautefeuille s’est également préoccupé, au cours de plusieurs tournées en Indochine tournées momentanément interrompues d'établir la réparti- tion exacte de la production de gomme-laque dans notre colonie. Dès maintenant il est reconnu que les trois grandes régions de cette production sont celles de Sonla, du Song-Ma et du Nam-Hou, qui descend sur Luang-Prabang. Il reste cependant encore à dresser une carte plus précise de ces régions et de celles qui sont encore mal connues, de même qu’à élucider différentes questions relatives à l'élevage du Tachardia, au choix des arbres à cultiver, aux sortes de gomme-laque produites et à la préparation rationnelle du stick-lac raffiné, etc. Espérons”que, par des recherches sur tous ces points, M. Hautefeuille pourra peu à peu compléter la belle série d’études qu'il a commencée et qui doit être si profitable à notre commerce indochinois.

Le produit de notre colonie n’est pas entièrement identique à celui de l'Inde. Il a le défaut d’être plus coloré, mais il a, par contre, l'avantage de se présenter en morceaux plus gros, et plus facilement détachables de la brindille qui les porte, et d'être aussi moins friables ; et ces caractères physiques, ainsi que l’a reconnu M. Hautefeuille, rendent inutile, au moment de la cuisson, l'addition de résine. C’est une supériorité réelle qui doit contribuer à faire apprécier le shell-lac du Tonkin : et, en fait, l'article a déjà été bien accueilli sur les marchés européens. Nous n’aurions donc plus, désormais, à exporter à Calcutta, comme nous l'avons fait jusqu'alors, une partie de notre stick-lac, en vue de le faire soumettre au raffinage qu’exigent ordinairement les maisons d'Europe.

L'enseignement du raffinage de la gomme-laque est d’ailleurs officiellement reconnu par notre Administration, car, dans le Journal Ofiiciel de l’Indochine Française du 23 Septem-

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bre 1915, on pouvait lire que cet enseignement pratique de la transformation de la gomme-laque en shell-lac sera donné par M. Hautefeuille à La Pho, du Octobre au Novembre, et que des démonstrations d’une durée de cinq jours auront lieu aussi éventuellement à Hanoï. Les inscriptions devaient être prises à la Direction des Services agricoles et commer- ciaux du Tonkin.

C’est la juste consécration de tous les efforts que fait, depuis 1904, M. Hautefeuille, efforts qui, au reste, n’ont pas empêché le distingué agronome de s'intéresser en même temps, comme on va le voir, à d’autres branches de notre culture et de notre industrie coloniales. |

La ramie en Indochine. [a culture de la ramie en Indochine est, en effet, encore une de ces questions qu'a bien étudiées M. Hautefeuille ; et il l’a longuement traitée dans le Bulletin Economique de Septembre-Octobre 1915.

M. Hautefeuille dit au reste lui-même que son travail est surtout une compilation, mais à laquelle il a pu ajouter des observations tirées d’une longue pratique, ou recueillies au cours de voyages ou à la suite de ses expériences personnelles, et de celles notamment faites au Tonkin, depuis 1907, à cette même Station de La Pho, ont été poursuivies les recherches sur la gomme-laque.

Les quatre ramies qui ont été cultivées à La Pho sont la ramie blanche, la ramie verte et deux espèces ou variétés qui ont été trouvées au Laos et au Yunnam, l’une jaune et l’autre rouge.

Les deux premières sont les plus intéressantes ; il ne semble pas néanmoins jusqu'alors que leur culture puisse prendre une grande extension au Tonkin. La ramre verte, persistante, convient aux climats très chauds, mais ne supporte pas l'hiver ; inversement la ramie blanche est l'espèce des climats tempérés, mais souffre des rudes étés du Tonkin. Quant à la ramie jaune et à la ramie rouge, elles sont acclimatées en Indochine, mais sont moins vigoureuses que la blanche.

Le choix des emplacements convenables à la ramie étant

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très limité car les terrains argileux et humides sont à rejeter, tout autant que les terrains élevés, qu'ils soient durs, pierreux ou sablonneux; et les terrains alluvionnaires nécessi- teraient de grands travaux d'irrigation et de drainage on ne peut pas songer, au Tonkin, à une culture en grand des Boehmeria.

On pourra seulement faire presque partout de la ramie près des maisons, comme annexes du jardin, et avec de la terre rapportée. C’est ainsi que le textile est déjà cultivé en haut pays par les montagnards, qui pourraient faire beaucoup plus s'ils étaient sollicités et guidés.

Telle est, du moins, l'impression que donnent ces premières études, qui posent le problème et méritent d’être continuées. (L. Hautefeuiile : Nofes et observations sur la culture de la ramie, dans le Bulletin Economique de l’'Indochine, nouvelle série, 113).

Le jute dans l’Inde et en Indochine. On doit encore à M. Hautefeuille une étude sur le jute, analogue à celle que nous venons de résumer sur la ramie. M. Hautefeuille y examine d’abord ionguement les conditions culturales du textile dans l'Inde, ou, plus exactement au Bengale, puisque c'est dans cette région qu'est récolté, sur un minimum d’un million d'hectares, et principalement au voisinage des cours d’eau, tout le jute exporté, manufacturé ou brut.

La répartition des pluies, dans cette contrée les Corchorus sont cultivés, indique bien que ces plantes supportent mal la sécheresse. Ainsi que l’a écrit très juste- ment M. Tromp de Haas, le jute exige un climat chaud, avec des chutes de pluie de 50 à 75 centimètres, distribuées sur les quatre sixièmes des jours pendant la période de semis, et de 150 à 300 millimètres par mois pendant la végétation. Et, en effet, on sème en général au Bengale, suivant les localités, en Mai ou en Juin, plus rarement en Mars ou Avril. Or, à Dacca, les moyennes de pluie de 40 années ont été de 225 millimètres en Mai, 266 millimètres en Juin, 314 milli- mètres en Juillet, 315 millimètres en Août, 242 millimètres en

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Septembre; à Bardwan, elles ont été de 164 millimètres en Mai, 214 millimètres en Juin, 312 millimètres en Juillet, 450 millimètres en Août, 345 millimètres en Septembre. Et ce sont des indications analogues pour les autres postes du Bengale. ‘‘ L'idéal pour le jute, dit en définitive M. Haute- feuille, est un développement sans arrêt, assuré par une alternance de pluie et de soleil.”

Le sol a une importance moindre que le climat. Cependant les meilleurs terrains sont ceux qui sontalluvionnaires et argilo- siliceux ; les plus mauvais sont ceux qui sont graveleux, et aussi les latérites, les sables purs, les argiles compactes, et tous les sols qui durcissent trop au soleil. Il n’est pas indis- pensable que le sol soit très profond, ni que le sous-sol soit humide; au contraire, une bonne moyenne de sol arable, poreux, bien meuble, est ce qu'il y a de mieux. Il ne faut pas que l’eau séjourne, mais il est toujours utile qu'une bonne capillarité maintienne l'humidité.

Une excellente préparation de ces terrains est absolument nécessaire. L'ensemencement est ensuite une opération délicate, et qui doit être faite le jour même le sol a été bien ameubli. Le semis en lignes présenterait beaucoup d’avan- tages, mais il nécessite trop de temps pour que les indigènes le pratiquent ; ils sèment de préférence à la volée. Quant à la quantité de semence, elle doit être, par hectare, d'après M. Hautefeuille, de 12 à 14 kilos pour le semis en lignes, et de 18 à 20 kilos à la volée. M. Hautefeuille a reconnu encore que c’est le semis superficiel qui donne la levée la plus rapide, en même temps que la plus abondante. On éclaircit et sarcle en même temps ; ces deux opérations n’en font généralement qu’une, qui est presque toujours suffisante et doit avoir lieu quand la plante a 12 ou 15 centimètres, ou 20 centimètres au plus.

On peut laisser la plantation très serrée, et les pieds rappro- chés jusqu’à 10 à 15 centimètres les uns des autres. Ce qui importe plus qu’une distance plus ou moins grande, c'est une parfaite régularité.

Il importe beaucoup que le jute soit récolté et mis à l’eau

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en temps voulu. Dès que la récolte est commencée, elle ne doit pas être arrêtée.

Le moment de cette récolte est indiqué par la pleine floraison, qui commence trois mois à trois mois et demi après l'ensemencement. Au delà de cette époque, les fibres s’altè- rent, et le jute perd de sa valeur. Avant la floraison, par contre, la fibre est trop tendre. Il y a donc bien un moment précis de la maturité de la filasse. |

On récolte par coupe ou par arrachage, généralement par coupe. Dans l'Inde, ces tiges coupées sont étalées ou mises en tas sur le sol pendant un ou deux jours. Selon M. Hautefeuille, cette pratique n’est pas à recommander au Tonkin, il vaut mieux mettre immédiatement en bottes, qu’on laisse dressées pendant 24 heures. Ces bottes sont faites avec des tiges qui ont été triées suivant leur longueur et leur force; on les immerge d’après les procédés souvent décrits. La durée du ‘rouissage est variable : elle est de 8 à 12 jours dans les mares, par temps chaud, et de 12 à 20 jours en eau courante. À La Pho, au Tonkin, il faut ordinairement de 10 à 12 jours, exceptionnellement 8 à 15 jours.

Il ne faut défibrer ni trop tôt ni trop tard. Un bon ouvrier peut obtenir de 35 à 45 kilos de filasse dans une journée bien remplie. Dans l'Inde, les cultivateurs se servent de presses pour la mise en balles, ces balles étant de 180. kilos environ.

Comme rendement, M. Hautefeuille a obtenu par hectare de 1.056 à 1.420 kilos; mais il ajoute que la production du jute est très capricieuse.

Les Corchorus sont assez épuisants. Les fumures organi- ques sont plus avantageuses que les matières minérales; le fumier de vache est favorable. La plante, d’ailleurs, ne doit revenir sur le même sol qu'après 2 ou 3 ans d'interruption, au cours desquels toutes les autres cultures sont possibles.

Au sujet des variétés, de leurs caractères distinctifs et de leurs valeurs respectives, nous renvoyons au travail même de M. Hautefeuille. On y trouve la base d’une classification : qu'il y aura lieu, dans l'avenir, de compléter. Pour le jute comme pour toutes les autres plantes cultivées des pays

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chauds, l'étude des variétés reste à faire : et elle est, comme toujours, de première importance pour une amélioration culturale méthodique.

I! ne faut pas perdre de vue que le jute, dont les premières gxportations ont commencé vers 1828, est, après le coton et le chanvre, le textile le plus important. La récolte annuelle de l'Inde est estimée à près d'un million et demi de tonnes. La valeur du jute brut exporté en ces dernières années atteignait 200 millions de francs, et celle du jute manufacturé dépassait 150 millions. Calcutta fabrique annuellement plus de 250 millions de ces sacs dits ‘‘gunnies”.

De tout le jute brut indien, la Grande-Bretagne, avant la guerre, employait environ la moitié, l'Allemagne 20 pour cent, les Etats-Unis 14 pour cent et la France 12 à 13 pour cent.

Les prix de ce jute variaient de 30 à 45 francs les 100 kilos.

Et alors ia question qui finalement se pose puisque c’est dans le but d’y répondre que M. Hautefeuille, bien documenté par ses études dans l'Inde, a poursuivi, depuis 1907, ses essais à La Pho est de savoir si le jute peut, en Indochine, et particulièrement au Tonkin, prendre un certain déve- loppement.

En printipe, conclut à cet égard le distingué agronome, la culture des Corchorus ne rencontre pas dans notre colonie un empêchement absolu, d'ordre climatique, cultural ou économique. Il est possible et il peut être avantageux de cultiver le jute au Tonkin. La moyenne de chaleur estivale y est suffisante, les pluies sont assez abondantes, il y a des terrains favorables, et des facilités se trouvent réunies pour le rouissage. Cependant, au total, ces diverses conditions sont toutes moins favorables au Tonkin qu'au Bengale ; et l'une des moins bonnes conditions notamment est la répartition des pluies, qui présente au Tonkin une inégalité susceptible d'entraîner une production moins régulière et une moindre certitude de récolte. La somme de chaleur est aussi plus faible au Tonkin qu'au Bengale, avec également une moins bonne répartition. Pour la plante coupée, les effets du soleil sont

plus nocifs chez nous que dans l'Inde. Nous avons aussi, au

fe RESSOURCES DES COLONIES

Tonkin, à craindre des inondations, et nous avons moins de facilités pour le rouissage dans les mares, qui sont moins nombreuses et moins vastes que dans la colonie anglaise.

La culture du jute ne pourrait donc certainement pas, en tout cas, prendre en Indochine une importance qui nous permettrait une concurrence, ou même un appoint sérieux à la production indienne. Les étendues susceptibles d’être, chez nous, consacrées au jute, ne représentent qu’un quarantième de la surface que la plante occupe au Bengale. Puis, les centres de production étant un peu dispersés, il faudrait une organisation qui permettrait de centraliser les récoltes; et cette organisation ne sera du reste créée que si l’on pressent des chances de production croissante. C’est pourquoi, bien que la culture du jute ne soit pas payante pour un colon européen, la culture indirecte ou indigène ne sera probable- ment possible que si elle est provoquée, encouragée et soutenue pendant encore bien des années par des colons européens qui s’en constitueront les banquiers et les exporta- teurs”. (Léon Hautefeuille: La culture du jute dans l'Inde et en Indochine, dans le Bulletin Economique de l’Indochine, 113 et 114, Mai-Juin et Juillet-Août 1915).

La quinine japonaise. Par arrêté du Gouverneur Général de l'Indochine, en date du 10 Juin 1916, le médicament dit quinine japonaise, et connu en annamite sous le nom de KYy ninh nhut bôn, n'étant pas de la quinine, sa vente sous cette dénomination de quinine japonaise est interdite en Cochinchine. (Journal Officiel de l’'Indochine Française, Juin 1916).

Le développement minier au Tonkin. L'étude que nous allons résumer est due à M. le lieutenant Sire, attaché au Bureau Militaire du Gouvernement de l’Indochine. L'auteur y passe en revue les principaux gisements métallur- giques ou de combustibles du Tonkin, en indiquant l’activité économique qui se concentre autour de chacun d’eux.

Le métal de beaucoup le plus abondant au Tonkin.est le

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zinc, qui fournit 93 pour cent de l'exportation. Il se présente sous forme de calamine et de blende, minerais déjà connus autrefois des Chinois, qui en extrayaient le métal pour leurs sapèques. La valeur marchande de ces minerais de zinc du Tonkin est très supérieure à la moyenne, leurs teneurs varient de 36 à 65 et 70 pour cent. Les calamines, générale- ment plombeuses ou ferrugineuses, passent d’abord à la laverie, puis sont calcinées dans des fours spéciaux, et elles sont expédiées en Europe, elles sont définitivement traitées pour l'obtention du métal par distillation. Avant 1914, elles étaient dirigées en partie sur Marseille, Bordeaux, Le Havre, Dunkerque, l'Angleterre et le Japon, mais les plus grosses quantités étaient envoyées à Anvers, Hambourg et Brême. Elles contribuaient donc surtout à approvisionner, pour la production du zinc métal, les usines allemandes et belges.

En 1910, la production mondiale de ce zinc métal étant :

PERS EniS ESeR. + +... 250.000 tonnes AUEMRABREr TLC ERNST 5284600 ÿ Beiquon RQ UE T2 000"! 15 Angleterre...... ste OS ADD -S Framepy nest 5% PEER 51.000 » Hollandei, 1... santé D TTL 20 00 2 Autriche... Pot dote 13 000 » Russæ et Japon. ..,...:,1,. + 20-000 725

Soit un total de 817.000 tonnes ; et 71 concessions minières participaient, au Tonkin, à la fourniture des minerais traités.

Après le zinc, les minerais les plus importants de notre colonie sont ceux de wolfram et d’étain, surtout du premier. Le wolfram se trouve dans le massif du Pia-Ouac, à l'ouest de Cao-Bang. Les proportions relatives de tungstène et d'étain sont variables ; il peut y avoir 65 pour cent d'acide tungstique par exemple, et 1 pour cent d’étain, ou des propor- tions égales. Le massif du Pia-Ouac comprenait, en 1914, 29 concessions. L'étain qu'on extrait, au Yunnam, à Ko-Kieou, près de Mongtzeu, dans la vallée du Fleuve Rouge,

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d'où les exportations annuelles vers Hong-Kong sont d'environ 8.000 tonnes n'est qu'en petite quantité.

Le plomb est sous forme de galène ou de minerai mixte de blende et de galène. Il y a deux principales mines tonkinoises. Ce minerai de plomb est, en général, très argentifère. Au sud-ouest de Cao-Bang et au sud du Pia-Ouac, la mine de Ngan-Son est réputée pour sa teneur en argent ( 4 et 700 par tonne de minerai.)

Dans la région de la Haute Rivière Noire, il y avait encore en 1914 six exploitations cuprifères.

L’antimoine, si demandé en Europe pour la fabrication des aciers durs et des enveloppes d’explosifs, est à l’état de sulfure et d'oxyde dans les gisements situés au nerd de Port-Courbet, dans la province de Quang-Yen. On extrait aussi du sulfure dans la ‘province de Moncay et de l’oxyde et du sulfure près de Vinh. f

Le fer est peu exploité. Il y a cependant beaucoup de pyrites au Tonkin. ‘On peut regretter, dit M. Sire, qu'avec le charbon à proximité il ne soit pas construit de hauts fourneaux dans ce pays, surtout lorsqu'on songe que, par suite de occupation allemande en Meurthe-et-Moselle, la France se trouve actuellement privée des fameuses mines de Briey, qui produisaient à elles seules les 9 dixièmes du fer employé dans la métropole.” II y a, dans ces minerais, la présence presque constante de manganèse.

Pour le mercure, il y a lieu de mentionner deux gisements cinabrifères, ceux de Cao-Ma-Pe et de Khao-Loc, au nord de la province de Ha-Giang, entre la Haute Rivière Claire et le Song-Mieu.

Enfin il y a 12 concessions de gisements aurifères, notamment près de Ninh-Binh, de Hoa-Binh, de Son-La et de Cao-Bang. Mais il convient d’être très réservé à l'égard de la valeur et de l'étendue de ces gisements, que leur degré d’exploitabilité rendrait à peine payants.

Quant aux mines de combustibles, on sait depuis longtemps l'importance qu'ont les gisements de la baie de Hongay, la Société Française des Charbonnages du Tonkin a une

INDOCHINE é 91

concession de 21.932 hectares, avec 50 kilomètres de côte. Près de 10.000 coolies chinois et annamites y sont employés. Au nord-est d'Hongay, les gisements de l'île de Kebao acquièrent aussi de l'importance, de même que ceux de Port- Courbet, à l’ouest d'Hongay et de Mao-Khé.

Dans la haute vallée du Fleuve Rouge, on a découvert des affleurements de schistes bitumineux. (Sire: Le dévelop- pement minier au Tonkin et la participation allemande, dans le Bulletin Economique de l’Indochine de Septembre- Octobre 1915.)

En 1915, le mouvement général des sorties du charbon d'Indochine a été de 727.862 tonnes, chiffre le plus élevé qui ait été atteint jusqu'alors. La Société Française que nous venons de citer a produit 629.358 tonnes, soit 86 pour cent des ventes totales. Ces ventes, qui comprennent 98.318 tonnes de briquettes, 199.412 de criblé, et 430.132 de menu, se répartissent ainsi, suivant les lieux de production : Hongay 629.358 tonnes, Kebao 15.600 tonnes, Mao-Khé 33.311 tonnes, Port-Courbet 36.395 tonnes, divers 16.658 tonnes.

92

RESSOURCES DES COLONIES

NOUVELLE-CALÉDONIE

Les exportations en 1915. Le montant des expor-

tations de la colonie en 1915 a été de 16.020.278 francs, dont

5.431.690 francs à destination de la France. Il a été expédié

notamment :

4.322

742

Q1 à U1 SI © D

.464. L .529.167/mattes de nickel.

127 122 820

193 769 909 112 668 000 000

.-896 kilos de coprah. 1331 439. 88. .526 69. 4. 856. 398. 989. .800. .576.

de graines de coton.

de café.

de CAca0.

de bois communs.

de bois de santal.

d'essence de niaouli.

de conserves de viande.

de peaux brutes.

kilos de trocas, ou nacre en coquilles brutes. de phosphates.

de minerai de nickel.

203 de minerai de chrome.

Pos

La culture du caféier en Nouvelle-Calédonie est toujours

précaire, les plantations ravagées par l’Æemileia n'étant pas

encore reconstituées, malgré l'emploi des bouillies cupriques

et des pulvérisations sulfureuses. Le Coffea robusta a été,

d'autre part, introduit. Dans le total des exportations de

café indiquées plus haut, la Nouvelle-Calédonie n'intervient

d’ailleurs que pour 177 tonnes; 262 tonnes proviennent des Nouvelles-Hébrides.

Ce sont également les Etablissements français de l'archipel qui ont produit tout le cacao.

NOUVELLE-CALÉDONIE 93

Une bonne partie du coton est due aussi aux Nouvelles- Hébrides, dont le climat est plus favorable au cotonnier que celui de la Nouvelle-Calédonie. Le produit a été très estimé au Havre.

Une forte augmentation est à constater sur la fabrication de l'essence de niaouli, connue en France sous le nom de goménol.

Les phosphates, que la ‘* Société Austral Guano” a exportés en Nouvelle-Zélande, ont été extraits de l'île Surprise. Quoique la Société persiste à donner à ce produit le nom de guano, il s’agit bien, en réalité, de phosphates minéralisés, qui proviennent de la décomposition des guanos et de la combinaison de leurs éléments constitutifs avec les couches de corail sous-jacentes.

Les sorties de minerai de nickel ont presque diminué de moitié par rapport à 1914 (94.154.036 kilos); la cause en est que l'Allemagne absorbait avant la guerre une grosse partie de cette production (15 pour cent environ).

La diminution a été relativement moindre pour les minerais de chrome, le métal étant très demandé par les nations alliées et par les États-Unis ; elle a pour seules causes l'insuffisance de transports et l’augmentation du fret.

L'usine de conserves de viandes de Ouaco a travaillé avec activité, et surtout pour l'Angleterre. Elle a abattu plus de 6.000 têtes de bétail.

Nouméa possède deux usines pour l’égrenage du coton, qui provient de Nouvelle-Calédonie et des Nouvelles-Hébrides. Un de ces établissements se livre en outre à la décortication du café.

Le coprah est fourni par un million environ de cocotiers, dont la culture s'est développée en ces dernières années.

(Bulletin de l'Office Colonial, Juin-Juillet 1916).

94 RESSOURCES DES COLONIES

GUYANE FRANÇAISE

Les exportations en 1915. - La Guyane Française a exporté en 1915 :

22.424 kilos de cacao 159 . » de café

522 » de fécules 390 055 » de gomme de balata 24.668 » d’essence de bois de rose 2.852 » de vessies natatoires

63 » de plumes de parure

4 » d’écailles de tortue 2.530 » de cornes de bétail 3:279 0 MIrId'or-natif

Il faut encore ajouter 1.049 litres de rhum et tafia, dont 829 litres pour la France et ses colonies et 220 litres pour l'étranger. Les exportations de cacao, de café et de fécules ont été entièrement à destination de la France ; mais il a été expédié 204.550 kilos de gomme de balata et 1.642 kilos d'essence de bois de rose à l'étranger. Les cornes de bétail ont été dirigées au total vers l'étranger.

Les 3.339 kilos d’or natif représentaient une valeur de 10.022.114 francs.

MARTINIQUE ET GUADELOUPE 95

MARTINIQUE ET GUADELOUPE

Les exportations de la Martinique en 1915. Ces

exportations ont été de:

2 11 632 » de sucre brut 30 » de mélasse 791 litres de rhum et tafia .299 kilos de café .307 » de cacaos 17.124 » de casse 1.645 » de vanille

La plus grosse partie de ces exportations a été à destination de la France.

Le commerce de la Guadeloupe en 1914 Le com- merce général de la Guadeloupe en 1914 s'est augmenté, par rapport à l’année précédente, de plus de 5 millions de francs; et cette augmentation est due surtout à l'essor de l’industrie rhumière et au relèvement soudain, par le fait de la guerre, des cours du sucre et du rhum sur le marché français. Les expéditions de sucre d'usine ont été de 39.617.280 kilos, au lieu de 26.636.053 kilos-en 1913; celles de rhum ont été de 15.840.523 litres (7.405.596 francs) au lieu de 9.540.485 litres (3.971.333 francs) en 1915.

Presque toute la vanille (11.499 kilos au total) a été envoyée aux États-Unis. (Pulletin de l'Office Colonial, Mars 1916.)

96 RESSOURCES DES COLONIES

ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS DE L'OCÉANIE

Les exportations en 1915. I] à été exporté de l'Océanie Française en 1915 :

10.620.486 kilos de coprah 1.322.545 cocos en coques 4 015.650 oranges

292.883 kilos de nacres 163.880 » de vanille 8 046 » de champignons (fungus) 8.485 » de coton égrené 3.241 » de cire d’abeilles 2

.103 » de biches de mer

SJ EN I D = hR

.160 » de phosphates naturels

Le total de ces exportations représente, en valeur, 7.707.539 francs, soit 810,413 francs de moins qu’en 1914. Mais cette diminution de 1915 est essentiellement due à l'infériorité des prix atteints sur les marchés par les trois principaux produits qui sont le coprab, la vanilleet les nacres, car, au point de vue de la quantité, la production, dans l'ensemble, a plutôt augmenté (82.853.284 kilos au lieu de 81.061.468 kilos) et l’augmentation a été particulièrement forte (3.079.881 kilos) pour le coprah. Il y a eu, par contre, affaiblissement sensible pour les nacres; mais encore cet _affaiblissement est-il plus apparent que réel, car il restait au Janvier 1916 de forts stocks de ces nacres dont l’expé- dition a été retardée par suite du fléchissement des cours. (Journal Officiel des Etablissements Français de l'Océanie, Juin 1916.)

ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS DE L'OCÉANIE 97

Au sujet de ces Etablissements de l'Océanie, signalons que, dans le but de protéger la colonie contre les maladies des végétaux, un arrêté a été pris en 1916 par M. le Gouverneur Julien pour prohiber l'entrée de tous palmiers, des caféiers, des bananiers, etc., ainsi que des terres ou composts qui pourraient contenir les parasites redoutés. Des certificats d'origine sont désormais nécessaires pour l'introduction de tous les végétaux vivants ou de toutes les portions de végé- taux, y compris les graines.

Les vanilleries de Tahiti et Moorea. La Chambre d'Agriculture de Tahiti et Moorea chargeait en 1906 M. Mei- necke d’une étude sur les maladies de la vanille à Tahiti, et sur les remèdes à y apporter. En remettant son rapport au gouverneur des Etablissements Français de l'Océanie, M. Meinecke a résumé dans une lettre ses principales obser- vations.

A son avis, les vanilleries de Tahiti et Moorea sont, pour la plupart, dégénérées par suite d’un épuisement continu et d’un manque presque complet des soins les plus élémentaires. 1] faudrait donc améliorer la culture. Mais il importe aussi de débarrasser les plants de toute trace de maladie et de détruire tous les foyers d'infection, en brûlant toutes les lianes ou parties de lianes attaquées ou mortes. On doit aussi faire disparaître entièrement toutes les vanilleries abandonnées.

L'un des abus actuels, à Tahiti, est aussi de cueillir beaucoup de gousses avant maturité. La préparation de la vanille est presque complètement entre les mains des Chinois ; or les planteurs indigènes, se préoccupant plus du poids que de la qualité, et cherchant à vendre les plus grandes quantités possibles avec le minimum de travail, récoltent bien à la date fixée officiellement, mais détachent les grappes entières, au lieu de choisir les gousses isolément. Et on peut dire que 20 à 40 pour cent des fruits d'une grappe ainsi cueillie ne sont pas au degré voulu de maturité. Cela importe assez peu aux planteurs, qui sont payés pour le nombre total des

]

98 RESSOURCES DES COLONIES

gousses et qui donc provoquent une trop abondante féconda- tion, d'où résulte l'épuisement des pieds.

Un autre inconvénient qui résulte de cette façon de pro- céder, c'est que les gousses vertes, une fois préparées, ont bien l’aspect des gousses mûres, mais, en réalité, contiennent peu de vanilline. Et cela contribue à déprécier le produit de Tahiti. Le bas prix qui en résulte ainsi pousse, en retour, les planteurs à féconder beaucoup trop de fleurs. Il y a un véritable cercle vicieux.

Une autre question fort intéressante est soulevée par M. Meinecke. Alors que l'Europe, et surtout la France, emploie plutôt la vanille sous forme de gousses, le marché américain réclame de préférence la vanille destinée à la fabrication des extraits. Dans ce dernier cas, la valeur de la gousse dépend uniquement de la teneur en vanilline, indépen- damment de laspect ou de la longueur, qui entrent, au contraire, largement en ligne de compte dans les cours européens. Il y aurait lieu, dès lors, de remplacer l'unique classification actuelle par deux classifications correspondant à ces deux exigences différentes.

En terminant sa lettre, M. Meinecke fait remarquer que les. vanilleries ne sont pas, dans la colonie, la seule culture qu’il soit nécessaire de surveiller et pour laquelle il est urgent d’enrayer les dégâts causés par les maladies cryptogamiques et les insectes. Il importe aussi d'empêcher l'introduction de plantes infestées ; ce que, du reste, M. le gouverneur Julien a cherché à obtenir par l'arrêté cité plus haut. Mais cette première mesure ne suffit pas, et, comme le dit M. Meinecke, une inspection stricte et éclairée peut seule écarter tous ces dangers.

« Pour tous ces travaux touchant de si près aux intérêts agricoles de la Colonie, il faudrait un Service de phytopatho- logie. Le temps est passé depuis longtemps ce Service aurait pu être confié à d’autres que des spécialistes possédant une expérience étendue. Je me permets donc de proposer la création d’un Service d'Agriculture, qui se composerait d’un botaniste ayant fait des études spéciales en pathologie végétale

ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS DE L'OCÉANIE 99

sous les tropiques, et de lui associer comme aides, choisis par lui, un entomologiste pour l'étude des insectes et un chimiste pour les questions d'engrais, chimie du sol et chimie des produits agricoles. Un laboratoire bien‘installé, comprenant une bibliothèque scientifique et disposant d’un terrain destiné aux expériences nécessaires, complèterait le Service. » (Journal Officiel des Etablissements Français de l'Océanie, 15 Juillet 1916.)

100 RESSOURCES DES COLONIES

SIERRA-LEONE

Le piassava. C'est surtout à Sierra-Leone qu'est récolté le piassava de l’Ouest-Africain Anglais, fourni par les faisceaux libero-ligneux des gaines foliaires du Æaphia Hookeri; et les exportations de cette fibre à brosse étaient en 1914 de 983 tonnes, d’une valeur de 48.750 francs. Aucune exportation n'est indiquée, la même année, de la Gambie ni de la Gold Coast, mais 403 tonnes sortaient de la Nigéria.

La préparation du piassava laisse comme résidu une masse de fibres entremèêlées, rouge brunâtre, longues ordinairement de 50 à 75 centimètres, et qui ont l'apparence d’un coir inférieur. Ce déchet est resté jusqu'alors inutilisé, mais les expertises faites à Londres laissent penser qu'il pourrait peut-être être vendu comme une sorte de coir ; il a été estimé 150 à 200 francs la tonne. Des essais sur de plus grandes quantités sont en cours. {Bulletin of the Imperial Institute,

Octobre-Décembre 1915).

Le £roo de Sierra-Leone

Graines de Légumineuses. est le Vigna Catjang. D'après les analyses de l’Imperial Institute, les graines, qui ont une teneur de 55,2 pour cent d'amidon et de 24,3 d’albuminoïdes, pour 11,3 d’eau, ne contiennent ni alcaloïde, ni glucoside cyanogénique.

Le fowe de la même contrée est le Phaseolus lunatus. Les graines examinées à Londres étaient, les unes blanches avec des taches noires ou rouge brun, et les autres brun rosé avec des taches grises et noires. Les premières (55,7 d’amidon et 22,9 d’albuminoïides) contenaient 0,025 pour cent de glucoside cyanogénique, et les secondes (55,8 d’amidon et 23,4 d’albu- minoïdes) 0,03. Aucune ne contient d’alcaloïde. (Bulletin of the Imperial Institute, Octobre-Décembre 1914).

SIERRA-LEONE 101

Une graine oléagineuse. Le gor/i, ou Oncoba echinatfa, de la famille des Bixacées, croît en abondance dans le district de Yorney et à Gbatema, mais seulement dans ce qui reste de la forêt vierge ; et il est très difficile de se procurer de grandes quantités de graines.

Ces graines, qui pèsent en moyenne 46 milligrammes, et dont l’amande a une saveur douce et oléagineuse, avec toutefois un arrière goût particulier quand on la mâche, contiennent 46,6 pour cent d'huile, 17,5 à 18,1 d’albuminoïdes, 11,8 à 12,1 d’amidon.

L'huile est ferme, blanche et cristalline, avec une odeur spéciale caractéristique. Elle fond graduellement au-dessus de 35 degrés et est complètement liquide à 45 degrés. Les

autres caractéristiques sont :

Poids spécifique...... LE 0,896 à 0,898 lhocesdacide 4... -2. ADN A2.

Indice de saponification... 192, à 193,9

Indice diode 1: EE 10968 11997 1: pour cent Indice de Hehner....... 47 96,5

Indice de Reichert-Meisl... nul

Matières insaponifiables.... 13% 240 14,0, ,pour:cent

L'acidité de 22,4 a été constatée avec l'huile de graines sentant le moisi ; 4,5 se rapprocherait donc plutôt de l'indice normal.

Les acides gras ont pour indice d'iode 105,1 et sont un mélange approximatif de 87,5 pour cent d’un acide solide cristallin et de 12,5 pour cent d’un acide liquide. L’'acide solide a été identifié avec l'acide chaulmoogrique de l'huile de chaulmoogra de l'Inde. L'indice d’iode de l’acide liquide est122:

À priori, la substance grasse pourrait servir en stéarinerie- et en savonnerie. La présence de l'acide chaulmoogrique indique qu’elle ne peut être alimentaire. {Bulletin of the Imperial Institute, Juillet-Septembre 1913).

102 RESSOURCES DES COLONIES

GOLD COAST

Le cacao. D'après les renseignements donnés par le Colonial Office”, les exportations de cacao de la Gold Coast,

en ces dernières années, ont été de :

50.554 tonnes en 1913 2.888 en 1914 77.218 en 1915

La valeur des exportations de 1915 était de 91.284.000 francs environ. La très rapide extension des plantations de cacaoyers dans la colonie anglaise n’a pas d’ailleurs été sans quelques inconvénients. En raison même des larges surfaces cultivées, la culture n’a généralement pas été faite avec un soin suffisant ; de mauvaises habitudes dans le mode de préparation se sont implantées, qu'il devient difficile aujourd'hui de faire disparaître, et la main-d'œuvre n’est pas en rapport avec les besoins que nécessitent ces grosses récoltes. La quantité nuit finalement à la qualité. Comme conséquence de cette culture mal conduite, les rendements s’affaiblissent plus rapidement qu'il est normal, et les derniers rapports des fonctionnaires de la colonie notent la diminution rapide de production des plus vieux arbres.

. Tous ces rapports insistent donc sur l’urgence de mesures destinées à améliorer les méthodes de culture et de préparation.

Et c’est en constatant ce qui s’est passé à la Gold Coast, et en y trouvant ainsi une leçon et un enseignement, que le gouverneur de notre Côte d'Ivoire, M. Angoulvant, a cherché, en ces dernières années, tout en poussant au développement

GOLD COAST 103

des cacaoyères dans notre colonie, à éviter les errements qui

se sont produits dans la possession anglaise.

Le divi-divi. —- Des gousses de Caesalpinia coriaria récoltées à la Gold Coast ont donné, à l'analyse faite par l'Imperial Institute, 14,22 pour cent d’eau, 33,10 de tannin, et 14,63 de matières extractives. La teneur en tannin était donc faible, comparativement à celle du divi-divi ordinaire du commerce, elle est de 40 à 45 pour cent. Ces gousses ont été manifestement mal préparées, comme l'indique, au reste, déjà l'aspect du lot. Pour que la proportion de tannin soit maxima, il faut d'abord que les fruits soient cueillis juste à maturité ; ils doivent ensuite être ouverts longitudinalement, débarrassés de leurs graines et rapidement séchés au soleil. Une dessiccation lente permet un début de fermentation qui nuit évidemment à la valeur du produit. (Bulletin of the Imperial Institute, Juillet-Septembre 1913.)

Le Monodora Myristica. Cette Anonacée, qui est l'owere de la Gold Coast, et est un arbre de 15 à 20 mètres de hauteur, bien connu dans l'Ouest-Africain, donne, on le sait, des graines aromatiques utilisées sur place comme condi- ment. Par distillation à la vapeur, un lot de ces graines a donné, à lImperial Institute, 5,9 pour cent d’une huile essen- tielle incolore, ayant l'odeur et le goût de l'essence de citron. Sa densité était de 0,849, son indice d'iode 1,2, son indice d'éther avant acétylation 1,9, et après acétylation 52,9. Elle était soluble dans six volumes, ou plus, d'alcool à 90 degrés. Elle semblait surtout constituée par des terpènes. Le résidu après distillation a donné, d'autre part, dans la proportion de 36 pour cent de la graine, une huile fixe liquide, brun- rougeâtre, un peu visqueuse, légèrement odorante, ayant pour indice d’acide 20,2, pour indice de saponitfication 186,7, et pour indice d’iode 118,4 pour cent.

Un second lot, qui se présentait dans de moins bonnes conditions, n’a fourni que 2,2 pour cent d'essence jaune pâle, d'odeur moins agréable que la précédente. L'huile fixe, qui

104 RESSOURCES DES COLONIES

était dans la graine encore dans la proportion de 35 pour cent, avait pour caractéristiques :

Densité à 15 degrés...

PNR PE | RER T 0,917 Indice d'acides is eme er ee 2 Dee 56,7 Indice de saponGationss PR ire 180,6 Indice diOde EEE EE TR SORTE 110,6 Indice de Hehner ........ RARE HE PRE 94,4 Acides volatils SOl0bIES SRE ne ef. 1,0 » »* insolublés PME SORE EE REITUTE 0,23

Le tourteau, qui contient 2,8 pour cent d'huile, 17,6 d’albu- minoïdes, 29,1 d'hydrates de carbone, 47,4 de cellulose, n’a pas de goût prononcé, et semble dépourvu d’alcaloïdes ou de glucoside cyanogénique, mais n’est pas d’aspect agréable et contient trop de substance cellulosique ; il ne pourrait guère, sans doute, servir que comme engrais.

L'essence examinée par des experts ne paraît pas avoir été très appréciée; on lui reproche l'absence d’odeur caractéris- tique, qui fera donc, pour la savonnerie ou en parfumerie, préférer d’autres essences déjà connues.

L'huile ne serait pas davantage recherchée des savonniers, en raison notamment de sa saponification difficile. Elle a donné des savons de faible couleur et elle ne serait utilisable que pour des articles à bon marché. (Bulletin of the Imperial Institute, Juillet-Septembre 1915.)

Les Canavalia. Les graines de deux espèces de Canavalia, le Canavalia ensiformis et le Canavalia obtusifolia, ont été examinées à FImperial Institute. Ni l’une ni l’autre ne semblaient contenir d’alcaloïdes ou de glucoside cyanogénique, quoïqu'elles passent souvent pour suspectes. Des essais préalables, au point de vue de l’alimentation, sont donc à recommander, en dépit des résultats de l’analyse. (M. J. de Cordemoy signale de graves accidents dus aux graines de la seconde espèce.)

Les graines de Canavalia ensiformis de la Gold Coast étaient plus riches en albuminoïdes (27,4) que celles du

GOLD COAST 105

Canavalia obtusifolia (22 pour cent), mais plus pauvres en amidon (45,7 au lieu de 54,5). Les premières renfermaient 1,3 d'huile et 14,7 de cellulose et les secondes respectivement 1,9 et 8,1.

106 RESSOURCES DES COLONIES

NIGÉRIE

Le cacao de la Nigérie du Sud. Après le palmiste qui fournissait, en 1915, aux exportations 72.907 tonnes de beurre de palme, 153.900 tonnes de palmistes et 13 tonnes d'huile de palmiste le cacao est le produit le plus important de la Nigérie du Sud. Les exportations en étaient, en 1911, de 45.000 kilos environ.

Ces cacaos de la Nigérie, examinés à Londres, ont été considérés comme de même valeur que les sortes de la Gold Coast. Deux échantillons de fèves débarrassées des coques, mais dont l’un avait été séché au soleil et l’autre avec un dessiccateur rotatif, ont donné, pour cent :

Dessiccation au soleil Dessiccation artificielle Eau eee Dos ne eee 9,2 SubStance:grasses "51224 "NS a nee 50,5 Alcaloïdes totaux... 1 OZ RNE R oid tee je Do

Le pourcentage des alcaloïdes totaux est ici un peu au-dessus de la normale, mais il est d’autres fois plus faible, 1,58 à 1,80 par exemple.

Il y a peu de différences entre le cacao séché au soleil et celui séché artificiellement, pourvu que, dans les deux cas, la dessiccation soit bien conduite ; l'avantage serait plutôt cependant pour le produit séché au soleil.

Le caoutchoutier de Céara dans la Nigérie du Nord. Du caoutchouc de Céara examiné à l’Imperial Institute de Londres provenait d'arbres de 6 ans cultivés à Bida, et qui

NIGÉRIE 107

croissaient assez lentement en raison de la pauvreté du sol. Il était sous forme de bal{s et de sfrips et avait été obtenu par la méthode Lewa, entre 6 et 7 heures du matin. Après lavage à l’eau, il contenait 82,3 pour cent de caoutchouc, 7,6 de résines, 8,4 de substances albuminoïdes et 1,7 de cendres. Il était de bonne qualité ; la forme er strips a été jugée supérieure à celle ex balls. (Bulletin of the Imperial Institute, Juillet-Septembre 1913).

Le cotonnier dans la Nigérie du Nord. Le cotonnier est depuis longtemps cultivé par les indigènes en Nigérie septentrionale. Jusqu'à présent pourtant les efforts faits par l'Association Cotonnière Britannique ont été à peu près localisés aux vallées du Niger et du Bénué. Une usine a été installée à Lokoja, au confluent des deux rivières ; une autre a été montée aussi plus au Nord, à Zaria. Les statistiques d'exportation sont incomplètes ; on sait seulement que les quantités de coton brut achetées par l'Association Cotonnière et par les commerçants étaient de 375 tonnes en 1909 et 230 tonnes en 1911. On cultive un peu, outre de nombreuses variétés indigènes, le Nyasaland Upland; et les échantillons de cette variété américaine ont été regardés à Londres comme d'assez bonne qualité pour justifier la continuation des essais d’acclimatation. (/4., Janvier-Mars 1913).

108 RESSOURCES DES COLONIES

OUGANDA

Le cotonnier. Le développement de l’industrie coton- nière dans l'Ouganda date de 1904, année le Gouvernement importa des graines de trois variétés égyptiennes de coton- niers. Un peu plus tard, la ‘Compagnie de l'Ouganda” introduisait des Upland, des Péruviens, des Sea-1sland, etc. La culture ayant été faite tout d’abord sans méthode, il y eut pendant plusieurs années des mélanges, dans lesquels dominait seulement l'Upland. Cependant en 1908, après intervention du Gouvernement, il y eut une réglementation qui prescrivait la propagation de l'Upland Black Rattler et l'élimination, autant que possible, de toutes les autres variétés, en particulier celles d'Egypte. En 1911-1912, les exportations étaient de 3.007 tonnes de coton égrené et 2,319 tonnes de coton brut. Ce coton brut est égrené à Kisumu, dans le Protectorat Est-Africain, sur le bord du Victoria-Nyanza. Le coton égrené l’est dans des usines de la colonie, qui étaient au nombre de 5 en 1912.

En 1911-1912, les surfaces cultivées en cotonniers étaient de 27.380 acres dans le district de Boganda, 19.720 dans celui de Bukedi, 10.000 dans celui de Busoga, 3.700 dans celui de Bungoro, 120 et 100 dans ceux de Toro et d'Ankolé. Soit un total de 61.020 acres, c’est-à-dire environ 24.410 hectares.

Quelques essais sur le Caravonica ont donné un assez bon produit, mais la culture de ce cotonnier, comme de diverses autres espèces ou variétés, ne peut être recommandée, en raison des insectes ou des champignons qui s’y installent trop facilement et deviennent un danger pour les autres plantes de la région. (/4., Juillet-Septembre 1913).

OUGANDA 109

Le cacaoyer. Les premières plantations de cacaoyers dans l'Ouganda remontent à 1901; elles furent faites au Jardin Botanique d'Entebbe, avec de jeunes plants envoyés de Kew. Les cacaos obtenus furent reconnus en 1907 de très bonne qualité; et il paraît établi aujourd'hui que le cacaoyer peut constituer en certains points de la colonie une culture rémunératrice. Une Station expérimentale a été établie à Kampala. Il n'y a pas de statistiques de culture bien complètes ; on indiquait cependant en 1913-1914 que, sur 86 plantations, 500 acres étaient plantés en cacaoyers de moins de cinq ans, 111 acres en arbres plus âgés; et de petites surfaces portaient encore des plantations mixtes de cacaoyers et d’Æ/evea.(1d., Juillet-Septembre 1915.)

Le caféier. La culture du caféier progresse rapidement dans l'Ouganda. Dans les concessions européennes, il y avait en 1914-1915 3.825 acres de Coffea arabica de moins de deux ans, 5.726 acres de la même espèce au-dessus de deux ans, et respectivement, 74 et 293 acres de Co/ffea robusta; il y avait, en outre, quelques plantations mixtes avec //evea. D'autre part, et surtout dans le district de Bugana, 8.692 acres appar- tenaient aux indigènes. En 1914-1915 il était exporté 965.098 kil. de café en parche et 106.832 kilos de café décortiqué. Encore peu connu à Londres, ce café de FOuganda gagnera en valeur. (/d., Janvier-Mars 1916.)

110 RESSOURCES DES COLONIES

NYASSALAND

Le cotonnier. De grands efforts ont été faits au Nyassaland pour protéger l’agriculture contre l'introduction des insectes ou des champignons que pouvaient apporter des plants ou des graines d’origine étrangère; et une très sérieuse surveillance s'exerce, en particulier, sur les cotonniers. Il est prescrit aussi de brûler les vieux bois de cotonniers. Les plants doivent être arrachés et incinérés avant les derniers jours d'Octobre, sauf dans les districts de Lower Shire, de Ruo et de West Shire, la date est la fin de Décembre. En cas d'infraction au règlement, des pénalités sont prévues, et les plants sont déracinés et brûlés aux frais du contre- venant.

Tous les cotons que les indigènes récoltent sur les terres de la Couronne, avec des graines fournies par le Gouvernement, sont travaillés dans le Protectorat, et les graines provenant de l’égrenage appartiennent à l'Administration. La distri- bution de semences doit être approuvée par le Directeur de l'Agriculture. Il faut aussi une licence pour acheter le coton obtenu par les indigènes sur les terres de la Couronne avec les graines qu’ils ont reçues. La licence est accordée par le résident du district, après paiement d’un droit, et n’est valable que sur place et jusqu’au 31 Mars. (/d., Juillet- Septembre 1913.)

Le tabac. Le tabac est devenu le principal produit d'exportation du Nyassaland, qui en expédiait 25.775 kilos en 1904-1905 et 1.501.039 en 1914-1915. À cette dernière époque, la culture était de 3.851 hectares. Par suite du

NYASSALAND 111

manque de fumure, le rendement est inférieur à celui des Etats-Unis; il était de 236 kilos par acre en 1910-1911 et l'appauvrissement du sol l'a amené à 138 kilos seulement en 1912-1913. Les variétés préférées sont le Go/d leaf, le Warne, le Congueror, le White Stem Orinoco. Depuis 1908, la presque totalité des exportations va aux Etats-Unis. (/4., Janvier-

Mars 1916.)

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RESSOURCES DES COLONIES

AFRIQUE AUSTRALE ANGLAISE

Huiles essentielles. Plusieurs huiles essentielles de l'Afrique du Sud ont été examinées à l’Imperial Institute.

L'une provient des feuilles du Barosma venusta (Rutacées); elle diffère considérablement de l'essence du PBarosma betulina, et les feuilles ne peuvent donc pas être employées en médecine à la place de celles de ce dernier Barosira.

Une autre essence a été extraite des tubercules du sherun- gulu, qui est le Xaermpferia Ethelae (Zingibéracées). Il en a été retiré 1,5 pour cent des tubercules humides (avec 25 pour cent d’eau) et 2 pour cent des tubercules secs. L’essence, jaune brunâtre, a un peu l'odeur de la fleur d'oranger, avec cependant une autre odeur moins agréable. Elle est très intéressante scientifiquement et a une valeur commerciale. Une communication à son sujet a été faite à laSociété Chimi- que de Londres par MM. Goulding et Roberts.

Le Madia sativa au Cap. Cette Composée, originaire du Chili et de Californie, a été introduite en beaucoup de régions; en ces dernières années, la culture en a été tentée au Cap. Les grains reçus du Jardin Botanique de Kirsten- bosch contenaient 5,1 pour cent d’eau et fournissaient 36,5 pour cent d’une huile liquide, brun jaunâtre, qui avait pour caractéristiques :

Point de solidification des acides gras.... 21° 7 Indice d'acide" 0.222: ET Pc 2,2 Indice de saponification........ AE 194,5 Indice d'i0de xs: 252 ee ter ess | 428,0 DONCICERE Indice de Hlehnes- Re mere ee 95,8 Acides volatils solubles............. AE 0,1

» » INSOIUDIEST, 5-50 ets _ 0,7

AFRIQUE AUSTRALE ANGLAISE 113

C'est une huile semi-siccative, utilisable pour l'éclairage et en savonnerie ; elle est comestible. Le tourteau obtenu après broyage contient environ 28,2 d’albuminoïdes, 27 d'amidon, 7 d'huile, 24,4 de cellulose et 5,8 de cendres. La teneur en albuminoïdes est plus élevée que dans les tourteaux de soleil et de coton. L'inconvénient peut être, pour lalimentation, la présence des enveloppes des grains, qui sont très fermes. Il n'y a ni alcaloïde, ni glucoside cyanogénique. {Bulletin of the {mperial Institute, Juillet-Septembre 1915.)

En Rhodésie en 1914-1915. Dans la Rhodésie du Sud, la surface cultivée, du Avril 1914 au 31 Mars 1915, par les fermiers européens, était de 73.076 hectares, dont un peu plus des trois quarts dans le Mashonaland et le reste dans le Matabeleland. La culture du maïs a été de 66.600 hectares, avec une production de 326.353 sacs, soit environ 29.668 tonnes, à destination surtout du Royaume-Uni et de l'Australie. L’éle- vage se développe ; le nombre des bêtes à corne des Européens et des indigènes, en 1914, était de 748.058 contre 463.923 en 1911. On élève de plus en plus le mouton pour la viande et pour la laine. Il n’y a pas de maladie contagieuse grave. La récolte du tabac en 1915-1916 a été, d'autre part, de 450.000 livres. L'or extrait dans cette Rhodésie du Sud, en 19135, a été de 3.823.167 livres sterling, soit 95.579.175 francs.

Dans la Rhodésie du Nord, la surface cultivée par les Européens en 1914-1915 a été de 11.490 hectares, dont un peu plus de moitié en maïs, le huitième en cotonniers et environ 360 hectares en tabac. De fin Mars 1914 à fin Février 1915 la production du cuivre a été de 813 tonnes, d'une valeur de 31.618 livres sterling. L'extraction du minerai de bismuth 60 à 70 pour cent de rendement) s'accroît. {Bulletin of the Imperial Institute, Avril-Juin 1916.)

Produits divers. Le buis du Cap, Buxus Macowant Oliv., est un petit arbre des forêts de la Province du Cap. Son bois, d’après les premières études faites à Fimperial Institute,

semble pouvoiy être utilisé comme celui du buis d'Europe.

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114 RESSOURCES DES COLONIES

Jusqu'alors le buis exporté du Cap provenait du Gonioma Kamassi (Apocynacées); il est surtout connu, commerciale- ment sous le nom de buis de Knysna, d'après le port d'embarquement.

L'Imperial Institute a encore étudié, au point de vue de leur teneur en tannin (Bulletin de Juillet-Septembre 1913), les gousses de la variété Xraussiana de V Acacia arabica. Ces gousses complètes ont donné 11,6 pour cent d’eau, 19,6 de tannin, 20,8 de matières extractives et 3,7 de cendres. Des gousses également complètes, mais de lespèce-type, et pro- venant de la Nigérie du Nord, contenaient 26,69 pour cent de tannin.

L'or. L'Afrique Australe a fourni en 1915 pour 46.381.785 livres sterling, soit 1.159.544.625 francs, d'or, dont 38.627.461 livres représentent la part du Transvaal, et 4 millions environ celle de la Rhodésie.

En cette même année, la production mondiale a été de 97.869.870 livres, soit 2.446.736.750 francs, dont les deux tiers environ proviennent des possessions britanniques. (Dépéche Coloniale, 28 Avril 1916.)

ZANZIBAR 119

ZANZIBAR

Zanzibar est située entre 5°42 et 6°28 de latitude Sud; l'île de Pemba est à 64 kilomètres environ au Nord, entre 4°50 et 5°30 de latitude Sud. A Zanzibar même, la pluviosité moyenne est de 1 m. 525. Pemba a une moyenne plus élevée, surtout dans le centre ; à Banani, il est tombé, en 1913, 2 m. 172 d'eau. Les saisons pluvieuses sont bien délimitées ; les grosses pluies se produisent en Avril et Mai, avant le commencement de la mousson Sud-Ouest, et les petites pluies en Novembre et Décembre, avant le début de la mousson Nord-Est.

La superficie totale de Zanzibar est de 160.000 hectares, sur une grande partie desquels le sol est coralliaire, couvert d'une végétation buissonnante ou herbacée. La superficie de Pemba est d'environ 98.000 hectares. En 1910, il y avait 114.669 habitants à Zanzibar et 85.000 à Pemba.

La principale source de richesse du Protectorat est aujourd'hui le giroflier, dont les premières graines, en provenance de la Réunion, furent introduites en 1818. Un ouragan ayant détruit toutes les plantations de Zanzibar en 1872, les girofliers actuels de File datent, au plus, de cette année-là ; à Pemba, qui ne fut pas atteint, il y a des arbres de 80 à 90 ans. Le commerce annuel des clous est de plus de 400.000 frasilas, soit 8.242.000 kilos, la frasila étant de 55 livres anglaises. En 1913, il a été exporté 8.068.383 kilos ; et pour 1913-1914, les récoltes ont été de 135.399 frasilas à Zanzibar et ° 591.222 à Pemba. Pemba représente, avec 14.000 à 20.000 hec- tares, plus des deux tiers de la culture du giroflier ; et il y a probablement dans les deux îles réunies 5 à 6 millions d'arbres

en rapport. Les Arabes, d'ailleurs, qui s'occupent spéciale-

116 RESSOURCES DES COLONIES

ment de cette culture ont depuis longtemps cessé d'établir de nouvelles plantations.

Ce serait entre 30 et 40 ans que Îe giroflier donnerait son maximum de rapport. Les récoltes, on le sait, sont très variables ; il y en a une bonne tous les 3 à 5 ans. En bonne année, de gros arbres donneront 60 à 70 livres de clous secs, d’autres donneront beaucoup moins. La moyenne annuelle générale dans les plantations arabes peut être évaluée à 3 livres 1/2 à 4 livres de clous secs par pied. 100 livres de clous frais fournissent environ 47 livres 1/2 de clous desséchés.

Après le giroflier, l’arbre le plus important du Protectorat est le cocotier, dont l'importation est aussi cependant récente. On admet qu'il y a environ aujourd’hui 2.500.000 arbres, couvrant environ 18.000 hectares. Ces arbres correspondent à cinq variétés, dont deux de Pemba. Une variété rouge de Zanzibar est considérée comine la meilleure; lune des deux variétés de Pemba est surtout appréciée pour son lait, l’autre pour le coprah. D'une façon générale, le coprah de Zanzibar n'est pas de bonne qualité. Il est, soit séché au soleil, soit enfumé, mais, en ce dernier cas, est tout à fait inférieur. En 1913 les exportations des deux îles réunies ont été de 7.412 tonnes. Une certaine quantité d'huile est préparée dans les îles mêmes ; et les exportations réunies d'huile de coprah et d'huile de sésame ont représenté en 1913 35.918 roupies. Il n’y à pas de fabrication de coir.

Le caoutchouc indigène provient surtout du Zandolphia Kirkii, qui se trouve en forêt à Pemba; un peu aussf est donné par le Mascarenhasia elastica. En 1913, il a été exporté une tonne environ de caoutchouc. De grandes planta- tions de caoutchoutiers de Céara avaient été faites en 1907 dans ie Nord de Pémba, mais les difficultés de main-d'œuvre et de communications Îies ont fait abandonner.

À Zanzibar imnême on ne récolte plus aujourd’hui de copal. Les exportations (164.159 livres en 1915) étaient alimentées en ces dernières années par lEst Africain Allemand, mais la

diminution des récoltes dans la coionie allemande, puis la

ZANZIBAR 117

concurrence du kaori de Nouvelle-Zélande les ont fait décliner. 5

En déclin aussi l’industrie des piments, que cultivèrent un moment en grand, sur la bande coralliaire de la côte Est de Zanzibar, les indigènes de l'île, les Wahadima. La diminution de ce commerce est due à la fois au manque de soin des indi- gènes dans la récolte et dans la préparation et aux procédés déshonnêtes ou défectueux des maisons d'achat des villes. Puis les cultivateurs donnent de plus en plus la préférence au giroflier. Les exportations, en 1905, étaient de 500.309 livres ; en 1912, elles étaient de 104.720, et, en 1913, de 76.513, d’une valeur de 1.042 livres sterling.

L'industrie sucrière, qui fut prospère à l’époque de Fescla- vage, est aujourd'hui presque abandonnée. Quant à la vanille, dont le Gouvernement en 1897 encouragea la culture, et dont une plantation fut établie à Dunga, ni les Arabes ni les indigènes n’ont consenti à s’y intéresser, et sa production reste localisée aux Seychelles.

Parmi les cultures accessoires, il faut encore citer celle des Légumineuses, notamment de larachide et du voandzou, puis celle du sésame, du Jafropha Curcas, du Telfairia pedata— qui est principalement une culture des Wahadimu,— du ricin, du Sapindus Saponaria, du tabac que les Wahadimu et surtout les Wapemba, aborigènes de Pemba, cultivent avec l’arec et le bétel pour le chiquer —des agrumes et autres arbres fruitiers, etc. Le palmiste est indigène; le kapokier est commun. (Pulletin of the Imperial Institute, Juillet-Septembre 1914.)

Les noix de Canarium. L'Imperial Institute a analysé des graines du Canarium Colophania de Maurice, en compa- raison avec des graines de Canarium commune de Malaisie et de Canarium rufum des Straits Settlements.

Les noix de Canarium Colophania se composent de 96 pour cent de noyau et 4 pour cent de graine; celles de Canarium rufum de 95,3 pour cent de noyau et 4,7 pour cent

118 RESSOURCES DES COLONIES

de graine; et celles de Canarium commune de 87,1 pour cent de noyau et 12,9 pour cent de graine.

Toutes ces graines ont comme composition entésimale :

C. commune C. rufum C. Colophania Eau:ss ee tere > A MER EURS Dire flo See 4,2 Albuminoides.55.. 01153) 00r:-s 1104 Er ULEE 15,9 Amidonr 2e 21 - TA Ce APRES et 9 Substances grasses 072,300. 7000 ec re 64,6 Cellulose sm RARE Re an Re Te PEN 2,1 Cendres 72 DOTE Sn ne de 4,2

Ily a donc, dans les deux premières espèces surtout, un très haut pourcentage d'huile, mais la forte proportion de noyau et la difficulté qu'on éprouve pour le casser en diminuent l'intérêt, soit pour l'extraction de cette huile, soit pour l’utilisation de lamande en confiserie. Cette amande n’a d’ailleurs pas de saveur qui puisse la faire préférer aux autres sortes actuellement employées. (Bulletin of the Imperial Institute, Octobre-Décembre 1914.)

SEYCHELLES 119

SEYCHELLES

Le commerce des Seychelles en 1914. Les Seychelles ont exporté en 1914 3.683 tonnes de coprah, 18.905 tonnes de guano, 10.668 kilos de vanille, 600 tonnes d’écorce de can- nelle, 15.906 gallons (4 lit. 45) de beurre de coco, 1.870 gallons d’essences, 609 kilos d'écailles de tortue, 173.102 noix de coco, 2.746 cocos de mer, ces derniers à destination de l'Inde et de Maurice. La plus grande diminution par rapport à 1913 a surtout porté sur le guano, qui a pour provenance les dépôts des îles Aldabra. Les exportations d’écorces de cannelle sont toujours en décroissance, alors que au contraire le commerce des essences se développe. Une nouvelle industrie de !la colonie est celle de l'huile de baleine. (Bulletin of the Imperial Institute; Juillet-Septembre 1914,

et Juillet-Septembre 1915.)

120 RESSOURCES DES COLONIES

MAURICE

M. Stockdale, directeur du Département de l'Agriculture à l’île Maurice a repris sous une forme un peu différente la publication du Pullefin que dirigeait depuis de longues années son prédécesseur au Réduit, M. Bonâme.

Le Bulletin, rédigé en anglais et en français, comprend aujourd’hui une Série Générale, une Série Scientifique et une Série Statistique.

Ont paru jusqu'alors les Bulletins suivants :

SÉRIE GÉNÉRALE !:

1. /nstructions pour l'expédition des échantillons.

2, partie I. 7he Manufacture of Sugar in Cuba and Porto-Rico, par J. F. Clarenc.

2, partie Il. Précis des règlements contre les mala- dies ef les ennerris des plantes. :

3. Fssais de différentes vartétés de pistaches, de maïs et de riz en 1914.

Maurice reçoit annuellement 500.060 kilos environ d’huile d’arachide ; il y aurait donc intérêt à développer dans liîle la culture de la Légumineuse, Le maïs est cultivé sur 3.000 arpents (3.112 acres anglais) environ, et principalement dans les districts de la Rivière Noire et du Grand Port, mais la culture laisse beaucoup à désirer. Le Département a introduit diverses variétés, parmi lesquelles une variété blanche à gros grains, le Marlboro prolific, donnerait le rendement le plus élevé. Quant au riz, c’est la principale denrée alimentaire de la colonie, qui en importe annuellement plus de 60.000 tonnes. Maurice est donc sous la dépendance des récoltes de l'Inde,

MAURICE 121

-

et la riziculture devrait être étendue dans certaines zones marécageuses et sur quelques terrains bas, aux embouchures des rivières.

4, partie I. 7he Manufacture of Sugar in Louïisiana, par J. F. Clarenc.

4, partie Il. 7he Manufacture of Sugar in Java, par J. F. Clarenc.

5. L'industrie des fibres à Maurice, par Stockdale.

N. 6. L'irrigation de la canne à sucre à Maurice, par

Stockdale. SÉRIE SCIENTIFIQUE :

1. Pouvoir absorbant des sols de Maurice, par P. de Sornay.

2. /nsectes nuisibles aux grains, à Maurice, par d'Emmerey.

3. La composition des laits de Maurice, par Auchinleck.

Les laits de Maurice contiennent 3,65 à 3,84 de matière grasse, 3,20 à 3,27 d'albuminoïdes et 4,03 à 4,12 de lactose. Au point de vue de la teneur en lactose, en albuminoïdes et en cendres, ils sont au-dessous des laits anglais et français. En matières grasses, la teneur est plus élevée que la moyenne des laits français (3,50), mais moindre que celle des laits anglais (3,90). Le minimum légal de la richesse en beurre du lait frais mis en vente est de 3 en Angleterre ; il est fixé à 2,5 pour cent à Maurice. Dans la colonie anglaise, les traites sont, en général, également espacées, la différence dans les teneurs en matière grasse des laits du matin et des laits du soir n'est pas aussi marquée qu'en Europe, le lait du matin est plus pauvre que celui de l'après-midi, parce qu'il vient après une longue période de nuit.

SÉRIE STATISTIQUE : 1. Animaux de ferme du pays, par Henri Robert.

Il y avait à Maurice, en 1914, 13.288 vaches laitières, ce qui représentait 18 vaches par 500 habitants. La moyenne est

122 RESSOURCES DES COLONIES

basse, puisqu'elle était, avant la guerre, de 67 en Belgique, 89 en Allemagne, 107 aux Etats-Unis et 222 en Australie. A Maurice, la production totale annuelle du lait était, en 1914, de 17.654.500 litres, soit 1.328 litres 6 par vache et par an, alors qu'on admet 1.166 litres en Italie et 2.797 au Danemark.

L'auteur a établi des statistiques comparées analogues pour le beurre, la viande, les oiseaux de basse-cour et les œufs.

2. Sugar-Cane. Varieties of Mauritius, 1915, par Henri Robert, Mai 1916.

A la fin de 1914 la superficie totale des champs de canne à sucre à Maurice était de 159.172 arpents, soit 66.056 hectares. La variété la plus cultivée est la Big Tanna blanche.

La canne à sucre à Maurice. A Maurice, ce sont les terres rouges qui conviennent le mieux à la culture de la canne, à l'inverse de ce qui a lieu pour le maïs, qui préfère les terres noires. Ce sont, en outre, les sols rocheux qui donnent les plus belles récoltes dans les districts chauds et secs, mais la culture y est coûteuse, et on préfère ordinaire- ment pour cette raison les terres franches. Il n’est pas rare d'obtenir des rendements de 40 à 60 tonnes à l’arpent (80 arpents mauriciens correspondent à 83 acres anglais) pour les cannes vierges de grande saison. On a même atteint 60 à 70 tonnes en saisons très favorables. Les plantations ‘‘de grande saison” sont celles d'Avril; les plantations ‘‘ de petite saison sont celles d’Août.

D'après M. Harriott, il faut à la canne, à Maurice, par an et par arpent, 1.875 millimètres d’eau au maximum. Le maxi- muim des arrosages par mois doit être de 3, et le maximum d’eau, par arrosage, de 65 millimètres. (Stockdale, Bulletin de Maurice, 6).

L'industrie des fibres à Maurice.— L'étude de M. Stock- dale ainsi intitulée, et que nous avons déjà citée plus haut (n° 5 du Bulletin), fut rédigée à l’occasion du Congrès Inter- national d'Agriculture Tropicale qui se réunit à Londres

MAURICE 123

en 1914. Après l'industrie sucrière, l'industrie des fibres est à Maurice l’entreprise agricole la plus importante.

Les fibres sont extraites de plusieurs variétés de Fourcroya gigantea qui végètent dans la plupart des districts de File, mais prospèrent surtout sur les terres fertiles, entre 100 et 350 mètres. Sur les plateaux plus élevés, humides et froids, le Fourcroya se développe moins bien; et, sur le littoral, les pluies ne sont pas fréquentes, la végétation est lente.

Il y a à Maurice deux variétés de Fourcroya gigantea : le Fourcroya gigantea proprement dit, ou aloës malgache ; et le Fourcroya gigantea var. Willementiana, aloës créole, qui est une variété locale plus épineuse. Cet aloës créole est celui qui pousse le plus vite et rend le plus, mais il pousse moins bien que Flautre variété dans les hautes régions. Pour les deux variétés, il faut une température élevée et uniforme et une pluviosité suffisante. Les deux viennent bien sur tous les sols de la colonie, qui, en général, sont fertiles et ont pour principales caractéristiques leur richesse en sels de fer et leur pauvreté en carbonate de calcium. Ils contiennent souvent très peu de potasse et de phosphates assimilables.

On estime à 20.000 arpents (1 arpent 1 acre 043) la super- ficie couverte par les aloès, dont la plupart viennent aujour- d’hui à l’état spontané. Cepeñdant, depuis 10 ans, on en a entrepris la culture; et les plantations couvrent actuellement environ 1.500 arpents.

Depuis 1905, on a fait aussi des plantations de l’Agave rigida var. sisalara ; la superficie en était en 1915 de 60 à 75 arpents.

Ces plantations de sisal se sont bien développées, quoique, dans certains cas, la pousse ait été irrégulière. Elles nécessi- tent au début plus de soins que celles de Fourcroya. La filasse préparée a été bonne et vendue à un prix satisfaisant.

Sur quelques propriétés il y aurait des plantations annuelles d'aloës créole, et Von obtiemdrait ainsi de meilleurs résultats qu'avec les pieds sauvages. Certains planteurs préconisent la culture à l'ombre ; les feuilles sont moins rigides et plus

facilement manipulées.

124 RESSOURCES DES COLONIES

On multiplie par bulbilles ou par drageons de taille moyenne. Ces drageons sont généralement préférés; on transplante ceux qui ont des feuilles de 30 à 45 centimètres et sont alors âgés de 18 mois. On récolte au bout de 3 ou 4 ans.

D'après M. Carcenac, il faut mettre en terre à la fin de la saison sèche, et on plante en quinconce à 1 m. 30 de distance. Un nettoyage du terrain est nécessaire au bout d’un an. Après la première récolte, au bout de 4 ou 5 ans, on cueille aux intervalles de deux saisons pluvieuses. Un plant doit donner chaque fois 30 feuilles. Soit, pour 2.500 plants à larpent, 75.000 feuilles, donnant à peu près une tonne de fibres sèches, et par conséquent une demi-tonne par an.

Des chiffres recueillis dans les différentes usines à fibres de la colonie il ressort qu’il faudrait plus exactement 65.000 feuilles d’aloës créole pour lobtention d’une tonne de fibres sèches. C’est donc un rendement de 2,3 pour cent. Ces chiffres peuvent toutefois beaucoup varier avec la localité et la saison. La fibre sèche représente 16 à 18 pour cent de la fibre verte.

Les usines à fibres de Maurice sont petites. Leur production annuelle est, en général, de 50 à 100 tonnes de fibres sèches, avec une moyenne de 55 tonnes. Il y avait en 1913 42 usines, dont 25 étaient situées sur la Rivière Noire. Les défibreuses sont des ‘‘grattes”, qui donnent journellement 100 kilos de fibre sèche. Lorsque les fibres vertes ont été désagrégées, elles sont lavées en eau propre, puis trempées pendant 36 à 48 heures dans une solution qui contient de 5 à 10 kilos de savon ordinaire pour une tonne de fibres vertes, et de nouveau lavées. Elles sont ensuite séchées et blanchies au soleil sur des tringles en bois, et enfin nettoyées à la batteuse. Elles sont pressées en ballots de 200 à 250 kilos.

En 1913 il était exporté de Maurice 2.912 tonnes 7 de filasse, d’une valeur de 56.905 livres sterling, soit environ 2 livres sterling la tonne.

INDE 125

INDE

Matières tinctoriales. Depuis que nous avons cessé de recevoir les colorants artificiels que l'Allemagne nous fournissait, l'attention s’est reportée sur les colorants végétaux naturels, qui étaient de plus en plus abandonnés depuis longtemps. Ces colorants sont particulièrement nombreux dans Finde, ils ont toujours été très employés par les natifs; et M. Srivastava, chimiste technologique à Cawnpore, en cite une vingtaine dont il a recherché la valeur industrielle en les essayant sur la laine et sur le coton.

‘Pour la laine, les essais ont consisté dans l'emploi d’une infusion de la matière colorante, avec ou sans action d’autres substances ; et les substances employées, soit dans le bain de teinture, soit au préalable, ont été : l'acide acétique (4 pour cent dans le bain de teinture) le bichromate de potassium ajouté, dans la proportion de 2 pour cent, au bain précédent, après une première immersion dans ce bain); le bichromate et l'acide oxalique, utilisés comme mordant préalable, et le sulfate d’alumine et de tartre, utilisés de même.

Le coton a été plongé pendant une nuit dans une décoction de myrobalam, puis retiré le lendemain, pressé, et reporté, sans lavage, dans des bains frais contenant du tartre émétique, du chlorure d’étain, de l’alun et du sulfate ferreux.

D'une façon générale, tous les colorants ont donné les meilleurs résultats avec le chlorure d’étain. Viennent ensuite le tartre émétique et lalun. Le sulfate ferreux donne des teintes variant du gris au noir.

Voici maintenant les colorants essavés.

Les fleurs du Nyctanthes Arbor-fristis, rarsinghar, qui

est un arbre croissant en abondance dans les Provinces-Unies,

126 RESSOURCES DES COLONIES

donnent une couleur jaune, soluble dans l’eau, ainsi que dans l'alcool. On fait donc facilement un extrait avec des fleurs sèches. Sur la laine mordancée avec le bichromate et l'acide oxalique on obtient un beau brun, résistant bien au savon et aux alcalis.

Les fleurs du Cedrela Toona, fun, des forêts du pied de l'Himalaya, teignent égalementen jaune. La meilleure teintede la laine est donnée par l'acide acétique, mais est peu résistante.

Jaunes également les fleurs du Putea frondosa, ou fesa, ou dhak, des Provinces-Unies. Leur colorant est très employé par les villageois pour s'en asperger le corps comme marque de réjouissance au festival de Holi. Suivant le mordant, les teintes sur laine varient du brun au cramoisi sombre : elles sont résistantes.

Le Aaldi est bien connu, puisque c’est le rhizome desséché du Curcuma longa, safran des Indes ; et on sait qu'il contient un principe colorant, ou curcumine, faiblement soluble dans l’eau froide, plus soluble dans l’eau chaude, et complètement dissous dans lalcoo!. On sait encore que le papier qui est imprégné de ce colorant change en brun rougeûtre par les alcalis. Si ce papier, en outre, a été imbibé d'acide borique, il est rouge brunâtre, mais, en présence de la soude caustique, il devient bleu ou vert. Sur la laine, le meilleur mordant est un mordant chromé ; la résistance de la teinture est alors très grande.

Fournissent encore une couleur jaune les feuilles de l’arusa, qui est FAdhatoda Vasica. Le colorant est soluble dans l’eau et dans l'alcool. La présence de chlorophylle dans l'extrait alcoolique des feuilles lassombrit, mais on se débarrasse de la matière verte par une addition d’eau, qui la précipite. Sur la laine mordancée par le chrome, la teinte du pigment ainsi isolé tient bien.

Le zaspal est le grenadier. Outre le tannin, le péricarpe du fruit contient une couleur résistante variant du jaune au brun.

Le 7angli nil, ou indigotier sauvage, abondant dans les Provinces-Unies, est le Zephrosia purpurea, qui ne doit son nom vulgaire qu'à son aspect, car ses feuilles ne contiennent

INDE 127

pas d’indigo, mais un principe colorant voisin de la quercitine. La séparation de la chlorophylle et de ce principe est assez difficile. On traite les feuilles sèches par l'alcool, on dilue l'extrait avec l'eau et on lave avec le pétrole. Le colorant purifié donne avec divers mordants de bonnes teintes très fixes, surtout briilantes avec le chlorure d'étain.

Le £usum est le carthame, le sa/fflower des Anglais. Le colorant que fournissent les fleurs est depuis longtemps réputé partout. Il donne sur le coton des teintes rouges, variant du cramoisi sombre au rose le plus délicat. La fleur contient deux pigments différents : un jaune, soluble dans l’eau, et qui est le plus abondant; et un rouge, qui est en bien moindre quantité, mais est le plus intéressant. Pourles séparer, on fait macérer dans l'eau les capitules floraux; et la subs- tance jaune et dissoute. Quand cette dissolution est complète, les capitules sont traités par une solution diluée de carbonate de sodium, qui entraîne Îe colorant rouge. On teint le coton en acidulant le bain avec de Facide tartrique. Les indigènes emploient le jus de citron.

Dans le majith, ou Rubia cordifolia qui appartient au même genre que la garance ce sont les racines et les rameaux qui donnent le bon colorant rouge usité depuis si longtemps dans l'Inde pour la laine et pour le coton, et qui est la base d’un grand nombre de teintes recherchées par les imprimeurs sur calicot.

Le cutch, ou katha, est VAcacia Catechu; on sait que le cachou est obtenu en faisant bouillir le bois dans Feau. Pour teindre le coton, on fait bouillir le tissu avec l'extrait de cachou additionné de sulfate de cuivre dans la proportion, en poids, de 10 parties de sel de cuivre pour 100 parties d'extrait. Le tissu est pressé, laissé un moment en cet état, puis bouilli dans un bain frais et chaud, contenant 2 pour cent de bichro- mate de potasse; on lave et on sèche. C’est un des tinctoriaux les plus résistants.

Le patang est le bois de sappan, Caesalpinia Sappan. L'arbre est une variété de l'espèce brésilienne. Le pigment, ou

braziléine, est à Vétat incolore dans le bois fraîchement

128 RESSOURCES DES COLONIES

coupé; c'est par oxydation qu'il se colore. Rouge, cramoisi ou pourpre, il est excellent pour l'impression sur calicot.

Le £achnar est le Bauhinia racemosa. L'écorce donne un colorant rouge qui est largement associé avec du tannin et qui se fixe facilement sur le coton, même sans laide d’un mordant. Mais les bons résultats sont obtenus avec les mordants d’étain et d’alumine.

Dans le Pferocarpus santalinus, ou bois de santal, c’est ce bois qui est utilisé, et l'était énormément avant la décou- verte des couleurs d’aniline. Le pigment est la santfaline. Pour l'obtenir, on prépare une solution éthérée du bois. Les cristaux qui s'en séparent sont bien lavés à l’eau, redissous dans l'alcool et précipités par lacétate de plomb; le précipité est de nouveau lavé par l'alcool bouillant, puis décomposé par l'acide sulfurique en présence de l'alcool. On élimine le sulfate de plomb, et, par concentration de la solution, on a la santa- line, qui fond à 103 degrés à 105 degrés. La laine se teint même sans mordant. Sur le coton les bons mordants sont encore ceux d'étain et d’alumine. Le colorant ne se dissout pas dans l’eau, mais est bien soluble dans lalcool, l'éther et l'acide acétique. ;

Le Mallotus philippinensis, qui donne la poudre de roli, ou de £amela, est un petit arbre du pied de l'Himalaya et du Sud de l'Inde. Le pigment, qui est jaune, se trouve dans les poils elanduleux de la surface des capsules. Il est très employé dans l'Inde pour la teinture de la soie (roli ou kamela powder), qu'on mordance avec le sulfate d'aluminium. Les teintes sont aussi belles que celles que donne la chrysophéine.

L'akhrot de l'Inde est le /uglans regia. Le grand intérêt du tinctorial extrait de l'écorce est qu’il donne sur la laine une couleur résistante qu’on peut amener à la teinte khaki. Par divers essais on a constaté que la nuance la plus foncée. est obtenue par addition de 3 pour cent d’acide acétique dans le bain; mais la résistance à la lumière est faible, et il est préférable d’avoir recours à l'acide chromo-oxalique. L'emploi de 15 pour cent de sel de Glauber n’est pas satisfaisant.

Enfin sont encore utilisables :

Pour la teinture en jaune, le bois du £afhal, ou Arfocarpus

INDE 129

integrifolia, et Yécorce, ou les racines, ou la tige de lépine- vinette (raswat) des Kumaun Hills, dont le principe tincto- rial est un alcaloïde azoté, la berbérine; et, pour les teintes jaune orange ou rouge orange, le bois du ÆAAus Cofinus.

Avec ce bois de RAus Cotinus, le coton est jaune orange si le mordant est de l’alumine, et rouge orange si c'est un mordant d’étain. Mais la couleur résiste mal aux alcalis et aux savons.

Quant au /ac dye, il est d’origine animale, puisque c'est la matière colorante qui accompagne la résine de la laque. Cette matière est dissoute par l’eau ou par un alcali faible ; elle est précipitée de la solution au moyen de l'alun et pressée en gâteaux. Elle teint en écarlate et cramoisi la laine mordancée par le chlorure d’étain. (Srivastava : 7he dyeing values of some indigenous dye-stuffs, dans The Agricultural Journal of India, 1916, Indian Science Congress number).

Les oléagineux en 1914-1915. Pendant la campagne 1913-1914, c’est-à-dire du 31 Mars 1913 au 31 Mars 1914, l'Inde avait exporté au total 1.582.600 tonnes de graines oléagineuses, d'une valeur de 17 millions de livres sterling ; en 1914-1915, les exportations n’ont été que de 953.900 tonnes, d’une valeur de 9.750.000 livres.

La diminution a surtout porté sur les ricins (83.000 tonnes, au lieu de 135.000), les arachides (138.000 tonnes, au lieu de 278.000), les colzas (97.000 au lieu de 249.000), les sésames (47.000 au lieu de 112.000) et les mowrahs (7.000 au lieu de 33.000).

Elle a été beaucoup moindre pour les graines de coton (208.000, au lieu de 284.000), les coprahs (32.000 au lieu de 38.000) et les graines de lin (322.000 au lieu de 414.000).

Le fléchissement dans le commerce des arachides tient à ce que les exportations de l'Inde avaient surtout lieu vers la France (80 pour cent de l'exportation totale en 1913-1914). Or nous n'avons reçu de cette provenance, cn 1914-1913, que

109.108 tonnes, au lieu de 228.380 tonnes l’année précédente ;

,

x

le fret de Madras à Madagascar, qui était de 22 sh. 6 d. la

9

130 RESSOURCES DES COLONIES

tonne en Avril 1914, s'était élevé à 87 shilling à la fin de Mars 1915.

Les expéditions de coprah auraient pu être plus faibles qu'elles ne l'ont été en réalité, puisque l'Allemagne était le grand client pour les coprahs du Malabar ; mais, si les embarquements à destination de l'Empire Allemand, de la Russie et de la Belgique, ont diminué, ceux à destination de l'Angleterre, de la France et des Pays-Bas ont augmenté. L’Angleterre, qui n’importait que 352 tonnes-en 1913-1914, en a reçu 8.523 en 1914-1915.

C'est l'Angleterre encore qui a contribué au commerce des lins et empêché un plus grand abaissement de celui des colzas, car elle à importé en 1914-1915 50.000 tonnes de graines de lin de plus (206.110 tonnes) qu'en 1913-1914, et 10.000 tonnes de plus (soit 24.681 tonnes) de graines de colza.

Enfin le commerce des graines de coton a relativement peu varié parce qu'il a toujours eu lieu surtout de l'Inde vers sa métropole. (Les Matières Grasses, 96).

Le jute.

En 1914-1915 la récolte totale du jute de l'Inde a été de 7.428.733 balles, au lieu de 10.531.505 balles en 1913- 1914 ; soit un déficit de 29,4 pour cent.

Cette diminution est due aux bas prix payés après la déclaration de guerre et aux inondations survenues dans les

terres basses après les semis.

Les surfaces cultivées ont été, en acres :

1913-1914 1914-1919

Bengale occidental........ 467-4090 are 325.858 septentrional ..... Cols RER 601.614

+5 OTIENTAIS 7.7.2 4.349: 094 LE ME ASS TO Cooch Bihar........... AA AA RTE 2 27.556 Bihariet/Oriss a ere SIDA 2O MERS 188.090 ASSAI RE era nue aide 141-600 4-0 ; 75.400 3.358737 2377-9310

{Bulletin Economique de l'Indochine, Janvier-Février 1916).

2 INDE 1951

Le coton. - La superficie plantée en cotonniers dans l'Inde angiaise pendant la campagne 1915-1916 a été de 7.270.885 hectares, soit 2.682.219 hectäres de moins qu’en 1914-1915. Le rendement total a été de 3.819.000 balles de 180 kilos, soit 27 pour cent de moins que pendant la campagne précédente. Le rendement moyen général a été le même que celui de la récolte précédente, soit 96 kilos par hectare. (Board of Trade Journal, d'après le Bulletin Officiel du Gouvernement Général de l'Algérie, Maï 1916).

Le riz au point de vue de l’alimentation. ans une étude intitulée Æice as prepared for food in Bengal, M. Jitendra Nath Rakshit décrit diverses préparations culi- naires du riz au Bengale et cherche à établir les valeurs alimentaires respectives de chacune.

Le riz décortiqué est le czal. Mais la décortication peut être faite de plusieurs manières.

Le riz mécaniquement décortiqué est l’alo-chal.

Le riz étuvé, séché, puis mécaniquement décortiqué est le siddha-chal, bhater chal, et le boïled rice des Anglais.

Le riz deux fois étuvé, puis mécaniquement décortiqué est le r7uri chal.

Le riz macéré, légèrement grillé et comprimé, est le chinre payes et le chinre bhaja.

Le riz saccharifié et fermenté est le panchui et le handia. Le bhat est du chal cuit avec 4 ou 5 fois son poids d’eau pendant 20 à 30 minutes. A l'analyse, les différences entre le

chal et le bhat sont les suivantes :

Chal Bhat Albuminoïdes ............. DA CENALE PT PR LES QE SE 72 Re RE es S de o e m eine On Ne 0,1 Hydrates de carbone...... ET AO TEEN NE re SD CeloSe en re en TR OA deteste actes 0,4

Cendres ei SR are 0,7 Le

132 RESSOURCES DES COLONIES

Il ya donc pendant la cuisson perte de 7,2 pour cent d'hy- drates de carbone.

Pour préparer le s/ddah-chal, riz étuvé, boïled rice, on fait macérer pendant deux ou trois jours dans de grands vases le paddy qui a été nettoyé, puis on le transporte dans un pot en terre ou un vase en fer-blanc qui contient une petite quantité d’eau; et on chauffe jusqu'à ce que la vapeur semble avoir bien pénétré dans le paddy. Les balles alors s'ouvrent. Le paddy étuvé est séché au soleil. pendant un certain temps, dont on détermine la durée en pressant Île grain entre les dents. Il est ensuite décortiqué par les moyens ordinaires. Finalement, on le met dans des sacs en jute pour le livrer au commerce. ;

Ce riz étuvé a un aspect translucide blanc-grisâtre, qui le différencie bien de lalo-chal. West moins cassant. Pendant j’'étuvage et avant ia décortication, presque tous les grains sont gonflés, mais ils se contractent en séchant. Le bhaf fait avec ce riz étuvé est la principale nourriture à bon marché de beaucoup de Bengalais. Il passe pour plus digestible que lorsqu'il est préparé avec l’alo-chal.

De décortication facile, le s/ddha-chal donne une perte moindre que l’alo-chal, mais il est plus gris; et il passe pour moins nutritif parce qu’il y aurait pendant l'étuvage une perte de substances azotées. (7he Agricultural Journal of India. Calcutta, Avril 1916.)

Le teff. À Cawnpore, on a cultivé deux variétés de feff, ou Æragrostis abyssinica :Vun, ou feff Tseddia, venant du Sud-Africain ; l’autre, ou /e/f Hagaïz, provenant de Kew. La première variété a été la meilleure. Le Département du Sud- Africain recommande de semer au semoir, à raison de cinq à sept livres par acre. À Cawnpore, sur terrain irrigable, on ensemence à raison de sept livres, et on herse légèrement ensuite. Ïl est recomimandé de mélanger les grains avec

du sable.

INDE 133

La composition de ces grains est, pour 100 :

Cawnpore Transvaal PR AU 2 Aron Abd eut = ee 8,88 Albuminoïdes ....... HAE NE: LEE 6,21 HUE NN PAPETT 2 Lab PORT TC NE LAN 1,25 Hydrates de carbone ..... DRAM OI ru 39,08 (solubles) Cellniose, 7. -Hatray ri En | 29 ROC CE 39,97 Cendres:..::.:.... AT PEN Ç MAT ARLES 5,55

(Zhe Agricultural Journal of India. Calcutta, Avril 1916.)

Une maladie du bananier. Les fruits de bananier, ainsi que leurs pédoncules, sont attaqués pendant les pluies par le Gloeosporium Musarum, qui forme des taches noires s'étendant progressivement.

Comme remède, M. Jehangiv Fardunji Dastur recommande la bouillie bourguignonne, avec laquelle on asperge les fruits tous les quinze jours pendant deux mois jusqu'à maturité. On peut aussi employer ie carbonate de cuivre ammoniacal. (74. Avril 1916.)

Les plantes à thymol. La seule source de thymol a été jusqu'alors l'essence d'anjowan de l'Inde, extraite des graines du Carum copticum; et, avant la guerre, la totalité des graines exportées de la colonie anglaise était expédiée en Allemagne, le thymol était préparé. La graine contient 3 à 4 pour cent d'essence, qui renferme 40 à 55 pour cent de thymol.

Le Pulletin de l'Imperial Institute d'Octobre-Décem- bre 1914 fait remarquer que l'obtention de l'essence par distil- lation de ces graines broyées, et en présence de la vapeur d'eau, est facile, et que, d'autre part, il est d’autres plantes qui peuvent également, dans différentes contrées, fournir ce thymol.

Dans lPAmérique du Nord, la plante sèche de Cunila Mariana (Labiées), qui fournit l'essence de dictame, contient 0,7 pour cent d'une essence qui renferme 40 pour cent de

1354 RESSOURCES DES COLONIES

thymol. Le Monarda punctata (Labiées) donne 1 à 3 pour cent d'essence à 61 pour cent de thymol.

Au Japon, le Mosla japonica (Labiées) fournit, sec, 2,13 pour cent d'essence avec 44 pour cent de thymol.

En Afrique, les Ocimum offrent le même intérêt. Ainsi l'Ocimum viride, qui est le mosquito plant des Anglais, contient dans ses feuilles sèches de 0,35 à 1,2 pour cent d'essence avec 32 à 65 pour cent de thymol.

L'Origanum hirtum de Dalmatie, le 7hymus vulgaris peuvent aussi être exploités. La teneur du thym en essence est assez variable (de 20 à 42 pour cent) ; de même varient les caractères du phénol, qui est ordinairement du thymol, mais peut être aussi du carvacrol.

Ce carvacrol, qui est isomère du thymol, a d’ailleurs égale- ment des propriétés antiseptiques et est donc utilisable. On peut l'obtenir du Monarda fistulosa, de divers Origanum et Satureïa, et, d’une manière. générale, d’un certain nombre de Labiées.

Voir aussi sur ce sujet Les Matières Grasses, 15 Mai et

15 Juin 1915.

Les forêts de l’Inde. La Revue quinquennale de FAdmi- nistration forestière de liInde Anglaise résume les progrès qui ont été réalisés de 1909 à 1914 dans le développement commercial des forêts de lInde. En 1914, ces forêts, qui se divisent en forêts réservées, forêts protégées et forêts non classées, couvraient 631.222 kilomètres carrés, dont 362.177 non classés.

En ces dernières années, la demande des produits forestiers s’est accrue. On utilise notamment de plus en plus, pour la fabrication de la pâte à papier, les bambous, les herbes de savane et les arbres tels que les épicéas et les sapins. On envisage une plus large utilisation des matières tannantes. Dans l’Assam, on s'occupe tout spécialement de la fabrication des boîtes à thé. Le bois qui semble ie mieux convenir pour cette fabrication est le s/mal, Bombax malabaricum ; et

des plantations de l'espèce ont été entreprises,

INDE 135

Le Sorea robusta, sal, et le Cedrus Deodara sont déjà employés pour les traverses de chemin de fer, mais en raison des besoins croissants, auxquels ces deux essences ne sufisent plus, on a expérimenté l'usage de bois moins durables, mais soumis à un traitement antiseptique, par exemple, le chir, ou Pinus longifolia, des Provinces-Unies, et le gurgum, Diprerocarpus tfurbinatus, des îles Andaman.

De gros progrès ont encore été faits dans la récolte de l'essence de térébenthine et de la colophane des pins de l'Himalaya ; de nouvelles distilleries ont été montées dans le Punjab et les Provinces-Unies. {Quinguennal Review of Forest Administration in British India for the period

1909-1910 10 1913-1914).

Le blé en 1913. La superficie de l'Inde cultivée en blé en. 19131était de .12.207.120 .hectares:.: Le Punjab et. les Provinces-Unies sont les principales provinces productrices. Sur une production moyenne quinquennale de 9.269.000 tonnes en 1912-1913, la production a été de 3.485.000 tonnes dans le Punjab et 2.762.000 dans les Provinces-Unies. Les principaux clients de l’Inde sont la Grande-Bretagne (1.161.000 tonnes en 1912-1913) la Belgique (183.000) et la France (129.000).

Le thé en 1914. L'industrie du thé dans l'Inde à été particulièrement prospère en 1914. La superficie cultivée en arbres à thé a été de 2 pour cent supérieure à celle de 1913, l'accroissement étant de 6.400 hectares. L'augmentation de production a été de 2.718.000 kilos, soit 2 pour cent, et a porté exclusivement sur le thé noir. Le total des exportations par mer s'est élevé de 4.983.000 kilos, soit environ 4 pour cent. (Report on the progress of agriculture in India for 1914-1915. Calcutta, 1916).

Le coton en 1915. [après le 7zimes of India Mail, Va surface cultivée en cotonniers dans Flinde en 19135 était de

9.852.800 hectares, et la production était estimée par avance à

136 RESSOURCES DES COLONIES

5.232.000 balles de 181 kilos. Les deux principales provinces productrices devaient fournir : celle de Bombay, 1.495.000 ; les Provinces du Centre et Bérar 1.097.000. Les surfaces cultivées dans ces deux contrées étaient respectivement de 2.680.000 et 1.880.000 hectares. Viennent ensuite les provinces de Madras (953.000 hectares), de Punjab (740.000) et les Provinces-Unies (618.000).

Le riz en 1915. D'après la même publication, la surface couverte en rizières dans l'Inde en 1915 était de 30.472.000 hec- tares, dont 8.166.400 au Bengale, 6.464.000 au Bihar et Orissa, la province de Madras, la Birmanie, puis les Provinces-Unies venant ensuite. La récolte était évaluée, par avance, à 27.964.000 tonnes de riz blanc.

La soie en 1914. [La production mondiale de la soie, pour 1914, a été de 22.200.000 kilos de soie grège, dont 9.490.000 kilos du Japon et 6.055.600 kilos de Chine. Le Bengale et le Kashmire ont exporté 34.000 kilos. (Bulletin Econoniique de l’Indochine, Mars-Avril 1916).

Les insectes de l’Inde. M. Bainnbrigge Fletcher a publié dans le Bulletin de l'Agricultural Research Institute de Pursa un mémoire sur une centaine d'insectes de l'Inde, dont il décrit les caractères, les mœurs ou l'habitat (Calcutta, 1916).

GUYANE ANGLAISE 13

CS |

GUYANE ANGLAISE

La Guyane Anglaise est située entre 0°41 latitude Nord (source de l'Essequibo)et 8°33 22”{Punta Playa); sa superficie est à peu près celle de la Grande-Bretagne. On peut la diviser en trois régions : une région côtière basse, alluvionnaire et marécageuse ; une région intermédiaire, à sol sablonneux et argileux, avec dunes de sable; et une région intérieure plus haute, avec des chaînes montagneuses vers le Sud-Ouest et, çà et là, des monts isolés dans l'Est. La superficie totale est de 223.000 kilomètres carrés ; la population était en 1914 de 304.149 habitants, dont 14.000 Européens, 130.000 Indiens de l'Inde Anglaise, 115.000 Noirs, 7.000 aborigènes. Les Indiens se livrent surtout à la culture; les Noirs s’adonnent plutôt à l'exploitation des forêts et des richesses minières.

Sur la côte, la période la plus sèche est d’Août à Novembre, la chute d’eau moyenne annuelle est de 2.350 milli- mètres ; à l’intérieur elle est de 2.625.

La saison la plus sèche de la savane va de Novembre à Mars. Sur la côte, la moyenne de la température annuelle est de :26° 6:

Au point de vue agricole, la principale richesse de la colonie est la canne à sucre, dont les champs correspondent à environ 28.800 hectares, soit 44,7 pour cent de la surface cultivée. Et la production totale actuelle pourrait être plus grande encore, car on estime qu'elle serait, si on utilisait tous les sols favo- rables, de 1 million de tonnes de sucre-dans l'Est, récolte qui, avec la culture dans le Nord-Ouest, s'élèverait à 2 millions et demi. Le rendement annuel par hectare est de 3.250 à 5.500 kilos.

138 RESSOURCES DES COLONIES

En 1914 il était exporté 107.138 tonnes de sucre, 3.489.729 gallons, soit 15.843 hectolitres, de rhum, 83.197 gallons, soit 3.778 hectolitres, de mélasse, 2.427 tonnes de molascuit.

C'est la Guyane Anglaise qui, de toutes les colonies des Indes Occidentales, exporte les plus grandes quantités de rhum. Ce rhum est obtenu par la fermentation, pendant 36 à 18 heures, de mélasse diluée à la densité d'environ 1.060. Le rhum de Demerara est obtenu avec des levures pures et n’a donc pas le goût fort des rhums de fermentation lente, obtenus avec des levures sauvages mélangées de bactéries.

Quant au molascuit, c'est depuis une douzaine d'années que M. George Hughes a indiqué le mode de préparation de ce sous-produit, qui est un bon aliment pour le bétail, et, en particulier, au point de vue de la rapidité d’engraissement. Ce mélange de mélasse et de bagasse se présente sous l'aspect d’une poudre grossière sèche et brune, à odeur agréable, et a

pour composition centésimale :

Pau ee eee RE OR ES RTE AE OE ES SUDSTANCESIPTASSES T4 ere meet Cie 0,6 AIDIMINMOITES SRE ONE Re Ra ete 1,9 SACChATOSE 2 LL EN ARE CE PNR ES AD Glicose FLE eee SATA NC ROIEETS ARE 20,2 Autres hydrates de carbone solubles............ 7,3 Cellulose digestible .. ....... HENRUdE SRE 7,0 Ligneuxs: 2e SRE EN LS RÉTReT eneE 2,9 CENdreS PLAN PERRET TR OP © ST ve 6,3

Il y a donc bien un haut pourcentage (72 pour cent) de constituants digestibles. Pour lalimentation, on mélange le molascuit avec une autre nourriture plus riche en substances grasses et en albuminoïdes, comme le tourteau de coton.

Une autre importante culture de la Guyane Anglaise, surtout depuis quelques années, est celle du riz, qui couvrait en 1914 11.250 hectares et peut encore énormément s'étendre. Le rendement moyen, de 1911 à 1914, a été de 21 qx. 8 de paddy à l’acre, soit 2.773 kilos à l'hectare. Le paddy donne de

60 à 65 pour cent de son poids de riz décortiqué; on ne polit

GUYANE ANGLAISE 159

pas. Il y a un riz brun qu'on étuve avant de le passer aux meules, et un riz blanc qui est considéré comme moins nutritif.

Sur la côte, et surtout quand cette côte est plus ou moins sablonneuse, la culture du cocotier donne de bons résultats ; elle correspondait en 1914-1915 à 6.104 hectares, et les expor- tations, à destination des Etats-Unis, étaient de 1.400.000 noix environ ; on prépare peu de coprah (1.690 quintaux anglais en 1914.)

Jadis très cultivé, le caféier est aujourd’hui presque aban- donné; il n’occupe guère que 1.520 hectares. C’est du Co//ea arabica et du C. liberica. La récolte est, en grande partie, consommée sur place; il n'était exporté, en 1914, que 108.305 kilos.

Le cacaovyer réussit bien, mais le manque de capitaux des planteurs restreint les plantations, qui étaient de 926 hectares en 1914-1919.

Il y a quelques années, la diminution de ces cacaoyers a été surtout sensible parce que certains planteurs se sont, depuis 1907, tournés de préférence vers la culture des //evea, qui était, en 1914, de 1.616 hectares.

Ces arbres, tous jeunes, n’ont d’ailleurs pas encore été saignés.

Le caoutchouc exporté de la colonie sous le nom d’‘Oré- noque scraps provient des Sapium indigènes et sauvages, notamment du Sapium Jemmani. L'Hevea confusa, et peut- être d’autres espèces du genre, donneraient aussi un peu de caoutchouc mou inférieur.

Le citronnier et ses divers produits sont encore une des ressources de la colonie.

Comme textile, on a tenté en ces derniers temps la culture de l'Æedychium coronarium, mais sans grand avantage semble-t-il.

Parmi les produits de cueillette, le plus important est le balata, dont il était expédié en 1913 599.600 kilos. Les Mimusops Balata croissent en grand nombre dans les forêts

de la Guyane Anglaise.

140 RESSOURCES DES COLONIES

Ces forêts recouvrent 200.460 kilomètres carrés, donc au moins les six-septièmes de la superficie totale. Elles s'étendent à travers toute la colonie, mais avec des interruptions occupées par la savane. La partie actuellement exploitée est réduite à 1.280 hectares, au voisinage de la côte. Les arbres sont toujours en mélange. Les principaux sont : le greenhart, ou cœur vert, qui est l'essence la plus connue de la colonie; le crabwood, Carapa guyanensis, dont il y a deux variétés, la rouge et la blanche; le wallaba, qui correspond à plusieurs variétés d’Eperua, dont l’'Eperua falcata et VÆEperua Jemmani; Ve Dimorbhandra Mora ; le bullet free, ou Mimusops globosa ; le suradanni, Hieronyma alchor- neoïdes; le Copaifera pubiflora ; YHymenea Courbaril, etc.

La gomme animé du courbaril est exportée; on en trouve dans le sol d’assez gros blocs fossilisés. La Aiawa gum, ou résine de conima, usitée comme encens, est obtenue sur le Protium heptaphyllum.

L'arbre à fève Tonka croît avec vigueur au-dessus des rapides et dans les îles du Haut-Essequibo et de ses affluents ; ses fèves sont ramassées et exportées. On récolte aussi les noix oléagineuses de souari, Caryocar tomentosum. Les graines du crabwood donnent l’Auïile de crabwood, qui est surtout préparée pour la vente par les Indiens. (Harrisson et Bancroft : 7he field and forest resources of British Guiana. Bulletin of the Imperial Institute, Avril-Juin 1915.)

Le cokerite palm. Ce cokerite palm des Anglais, qui est un Maximiliana, et peut-être le Maximiliana regia, croît. dans presque toute la Guyane Anglaise, sauf au voisinage immédiat de la côte ; et les indigènes utilisent les parties les plus diverses de la plante. Ils en mangent notamment le péricarpe et extraient l'huile des graines, qu'ils appellent mareepa. |

Les fruits détachés des inflorescences, arrondis à la base et pointus au sommet, se composent de 12,4 pour cent de bractées, 17 de péricarpe charnu, 53,6 de noyau et 17 de graine, Les noix mêmes, débarrassées du péricarpe, com-

GUYANE ANGLAISE

141

prennent 76 pour cent de coque et 24 de graine. Le poids moyen d’un fruit est de 10 gr. 6, celui des noyaux 7 gr. 5, et celui des graines 1 gr. 3.

Le péricarpe, à 12 pour cent d'humidité, fournit 15 pour cent d’une huile semi-concrète, rouge orangé, représentant 2,6 pour cent du fruit complet. Cette huile a pour caracté- ristiques, comparées à celles de l'huile de palme :

Huile de cokerite Huile de palme

Solidification des acides gras... 2995 ..... 3508 à 46°4 Mdrce d'acide. NAT ALMA AIS 28,6

Indice de saponification...... CE NONAL OUR EM UE l4n96,3 à 205,5 ideid'indesss ur For eu re 51,4 p. 100 536:41597,4

Les amandes, ‘pour 11,3 pour cent d'humidité, ont fourni 56,9 pour cent d’une huile concrète, de couleur crème, avec odeur de coprah, représentant 64,1 pour cent de la graiñe sèche. Cette huile avait pour caractéristiques, comparées à celles d’autres huiles :

Huile préparée en Huile Huile Huile

Guyane préparée à de de

Anglaise Londres palmiste coprah IDÉES USERS ARE Abe DEEE MENE 0,8668 0,711 70 0,8736 ÉUSON eue and istrret 2705 270 23048300 182300 4270 Solidification desacidesgras ..,. ..... 2402,,-,. 200 à 2505.., 2102 à 2502 Indice d'arides. 2-2. 4,6 3,1 Indice de saponification.... 252,3 ...... 253 51242 4 AL20A0: 0 + 249) À 208 Inée diodes. rer EU ADERS 13, POIDS ART 728 S à 10 Indice’de Hehner..... .. 88,0 HR roue 88,6 à 90,5 Acides gras insolubles 0/5... -........... 88,6 Insaponifiables. ........ SORT ETS PTE 0,3 Acides volatils solubles ........,.... SERRE HEAR OR 600 14 Acides volatils insolubles..... LEOREEAR 7e 10 442.202 15 à 20

Le tourteau des graines est brun pâle, à saveur douce et

non déplaisante, rappelant celle du coprah. Sa composition,

142 RESSOURCES DES COLONIES

comparée à celles des tourteaux de palmiste et de coprah, est

la suivante :

Cokerite Palmiste Coprah Éau ER RON he Sr re SIOMSERELE 1255 MR TR 8,5 Albuminoïdes......... LOTO EE LS TERTE 24,5 5 LE SR OR PE ET en Fuite 55 ere 8,3 Hydrates de carbone.... PINOT ES 50 455 0000 Celltlose 777" RAT 12 6 EPS AO RATE UE 12,8 Cendrés.-:2.. seraemracs ALMA DT SANS 4 PRE

Ce serait un tourteau valant celui de palmiste, mais inférieur à celui de coprah. (Cokerite fruits and oïl from British Guiana, dans le Bulletin of the Imperial Institute, Janvier-Mars 1916).

ANTILLES ANGLAISES 143

ANTILLES ANGLAISES

Le coton. Le 4 du West Indian Bulletin de 1915 est consacré au compte-rendu de la Réunion cotonnière tenue à Saint-Kitts en Mars 1916, et dans laquelle ont été traitées les questions relatives à la culture et au commerce du coton dans les Antilles Anglaises.

L'exportation des cotons Sea-/sland de ces Antilles dans les cinq dernières années a été, au total, de :

Barbade ete 2.180.032 livres Saint-Vincent..." .2.110.0613::— Montserrat #0 JL 1.713.773 Antiean ss Pers ere _587.665 Saint-Kitts-Nevis....... 3-542:197 0— Iés Vierges.” Mer 184.511

ù

Les exportations de Saint-Kitts-Nevis se répartissent en 1.806.284 livres pour Saint-Kitts, 1.249.875 livres pour Nevis, 485.997 livres pour Anguilla.

Pendant la période 1912-1914 les exportations de coton ont représenté en valeur, comparativement aux exportations totales de chaque colonie :

EPA Le 10 COSTA RE TE . 2,2 pour cent Sant-Vincent ...,...4... 28,1 MONTRE ee ee 45,6 Ja NE EN POP TEE 2 Saint-Kitts-Nevis ........ 24,3

144 RESSOURCES DES COLONIES

Du Octobre 1914 au 31 Septembre 1915 il a été exporté :

Barbade. 2 290.347 livres Saint-Vincent..." “ss 201-620 MOntserrati;2.,..7.29e 380.923 Antena. 2. 7.L 32%, re: 80.750 SANTE PATES Faute ere En 57 007 Nevis 225 mrtoerarre eu 305.154 Anguilla ere ee 33.750 Hes Vierges. cames 31.361 |

En 1914-1915 il était planté en acres :

SALES RIÉES: Dan 07 eee Un Nevis? ee ER RE SE en" 2.500 : 5.500 Anouilla =: -+-corcce 50e) Antigua ..... MATE TO DCE 770 } 840 Barbade nee peer 70 \ Montsenat 0 ter 2.350

\ 4.266 en Sea-/sland

Saimt-Vincent:s cree | 1.260 en Marie-Galante

Le cotonnier Marie-Galante, exclusivement cultivé dans les Grenadines du Sud, est vivace. Son exportation en 1914-1915 a été d'environ 150 balles de 360 livres. La sorte est vendue à des prix assez satisfaisants.

Les rendements de coton égrené, par acre, en 1914-1915, ont

été de :

73 livres à Saint-Vincent 162 à Montserrat 180 à Saint-Kitts 120 = à Nevis

106 à Antigua

Au sujet des caractères employés comme termes de compa- raison entre les divers cotons, la Réunion cotonnière a surtout insisté sur la valeur du /inf index, qui est le poids total de poils fourni par 100 grammes de graines. L'indice est déter- miné sur un nombre de graines supérieur à 100, mais ramené

ANTILLES ANGLAISES 149

à 100. Le haut pourcentage des poils n'implique pas d'ailleurs un faible poids des graines, car il peut être donné par des graines qui sont elles-mêmes de poids relativement élevé. (West /ndian Bulletin, vol. XV, 4, 1916.)

Le citronnier à la Dominique. L'industrie citronnière, avec ses dérivés divers, tient de beaucoup la plus grande place dans les exportations de la Dominique. En 1914, sur une exportation totale de 210.087 livres sterling, ily avait pour 20.024 livres sterling de cacao (correspondant à 8.874 quintaux anglais) et 185.895 livres de citrons et de leurs produits.

Ces 183.895 livres sterling se décomposaient, en effet, en 42.237 livres de citrons verts, 25.753 livres de jus brut, 68.754 livres de jus concentré, 38.013 livres de citrate et 10.138 livres d'essence. Et ces valeurs correspondent à 45.283 barils de citrons verts, 379.875 gallons de jus brut, 148.179 gallons de jus concentré, 5.191 quintaux de citrate de chaux et 5.603 gallons d'essence.

On admet approximativement qu'un baril de citrons fournit 7 gallons 1/2 de jus brut, que 75 barils donnent 50 gallons de jus concentré, et 366 barils une tonne de citrate de chaux.

Le cocotier et la vanille sont deux autres cultures possibles à la Dominique, et qu'il y aurait lieu de développer. (Francis Watts : 7he development of Dominica, dans le West Indian Bulletin, vol. XV, 3, 1915.)

Le Pimenta acris. Les feuilles de cette Mryrtacée, voisine du Primenta officinalis dont les fruits sont les out- épices guatre épices, fournissent l'essence de laurier, ou bay oil, avec laquelle on prépare le bay rum, rhum de laurier, des parfumeurs. Antigua, Saint-Thomas, Montserrat se préoccupent de la culture de l'arbre et de la préparation de l'essence; et MM. Tempany et Robson rendent compte des expériences qui ont été poursuivies à la Station Botanique de Montserrat.

Les premiers essais de culture rationnelle du Prmentfa acris

à la Station Expérimentale d'Harris, à Montserrat, ont été faits

10

146 RESSOURCES DES COLONIES

en 1903 et ont consisté à planter de très jeunes pieds recueillis à l'état sauvage dans les montagnes. Une première récolte de feuilles a pu être faite en 1905 et a fourni alors 2.660 livres à l'acre; en 1911, le rendement, pour la même surface, était de 6.380 livres.

Mais il est préférable de semer les graines. L'arbre fructifie de Juin à Août. On cueille alors les fruits, ou bien, si les pieds sont très hauts, on nettoie le sol alentour et on ramasse les fruits qui sont tombés. Chacun contient de 2 à 8 graines, qu'on extrait en écrasant les baies dans un baquet d’eau ; les graines tombent au fond et la pulpe surnage.

Les graines perdent rapidement leur faculté germinative et doivent être vite semées. On les met sur couche ou dans des caisses ; elles lèvent en 15 jours. Au bout de 5 à 6 mois, on les apporte en pépinières, en rangées distantes de 20 centimètres et à intervalles de 15 centimètres par rang. Sur le terrain définitif, les plants, dont on a au préalable sectionné le pivot, sont aux distances de 3 mètres sur 2; soit 800 plantes à l’acre, 2.000 à l’hectare. Pour faciliter la cueillette des feuilles, on maintient les pieds, en les taillant, à une hauteur maxima de 2 m. 30. La récolte consiste à couper un certain nombre de branches, dont on détache ensuite les feuilles. En 1914, à la Station de Montserrat, il était recueilli 3.256 livres de feuilles vertes, qui ont fourni 631 onces, soit 17.687 centimètres cubes. Le rendement a donc été de 19 onces 5 par 100 livres de feuilles.

Antérieurement, à Saint-Thomas, M. Fishlok a calculé qu’une bouteille d'essence était obtenue avec 130 à 140 livres de feuilles vertes. Or la bouteille, aux Antilles Anglaises, contient un sixième de gallon impérial (4 lit. 54) soit 76 centi- litres. 100 livres donneraient donc 54 centilitres, qui correspondent à peu près à 19 onces.

L’essence de laurier se compose essentiellement d’eugénol et de myrcine, avec de plus petites quantités de chavicol, de méthyl-eugénol, de méthyl-chavicol, de phellandrène et de citral.

Mais les expériences poursuivies à la Station de Montserrat, et dans lesquelles on a, pendant plusieurs années, récolté et

+

ANTILLES ANGLAISES 147

distillé des feuilles tous les mois, établissent qu'au cours de l'année le rendement en essence et la composition de cette essence sont assez largement variables, sans qu'aucune règle puisse pour le moment être encore bien établie dans l'influence qu'à la saison sur ces variations. Il semblerait seulement que, de Mars à Août, l'essence a une plus haute teneur en phénol.

Au cours de la distillation, la fraction qui passe pendant la première heure, et qui représente le plus fort volume, est de densité moindre et plus pauvre en phéno!l que les petites fractions qui passent pendant les heures suivantes. La valeur de l'essence dépendant de sa teneur en phénol, il y a donc intérêt à prolonger l'opération. Le mélange des six premières fractions contient 54 pour cent de phénol; le mélange des 7 à8 fractions, correspondant à 7 à 8 heures, en contient 58. (Bay oil and the cultivation of the Bay tree as a crop plant, dans le West Indian Bulletin, vol. XV, 3, 1915).

Le sucre à la Trinidad.— La culture sucrière donne de bons résultats à la Trinidad. Les exportations ont été de 32.655 tonnes de sucre en 1913-1914, et 48.087 tonnes en 1914- 1915. 54 pour cent des expéditions de 1914-1913 ont été à destination du Canada, et 45 pour cent à destination des Etats- Unis. fAgricoltura coloniale, Juin 1916).

148 RESSOURCES DES COLONIES

TOGO!"

C’est le 13 Octobre 1884 que le Gouvernement Allemand faisait connaître officiellement qu'il établissait son protectorat sur le Togoland ; et la délimitation de [A nouvelle possession avec les possessions anglaises et françaises était fixée en 1885.

Bordé au Sud par le golfe de Guinée, le Togoland, dont la superficie totale est de 82.300 kilomètres carrés, est limité à l'Ouest par la Gold Coast, au Nord par le Haut-Sénégal et Niger, et à l'Est par le Dahomey. La zone littorale, que borde une série de lagunes, est sablonneuse. Le centre est traversé par une chaîne de montagnes, dirigée du Sud-Ouest au Nord- Est, d’une altitude moyenne de 650 à 800 mètres, et qui atteint ses plus grandes hauteurs dans le Sud; le pic le plus élevé est le mont Agu (1.020 mètres). Cette région centrale, qui est la partie la plus boisée, est la plus humide. La pluviosité, qui est de 700 à 800 millimètres sur la côte, atteint 1.500 milli- mètres environ au pied des montagnes, s'élève un peu plus encore dans la vraie zone montagneuse et redescend à 1 mètre environ dans les steppes de la partie septentrionale.

Sur la côte sont Anécho, l’ancienne capitale, que la fièvre jaune a fait abandonner, Lomé, la capitale nouvelle, Bagida, Poro-Seguro, et Kpémé. A l'intérieur, les principaux centres sont Atakpamé, Misahôhe (586 mètres), Kété-Kratschi, Bismarckburg, Sakodé, Bassari et Sansane-Mangu.

Trois voies ferrées relient respectivement Lomé à Anécho, à Atakpamé et à Palimé. Palimé étant à une petite distance

(1) Cette étude des colonies allemandes a été surtout faite d’après des articles parus avant 1914 dans la Quinzaine Colontale et depuis 1914 dans le Bulletin of the Imperial Institute.

TOGO 149

de Misahôhe, cette troisième voie ferrée est donc celle de la région du cacaover. En 1914, deux nouvelles lignes étaient en projet : celle dite ‘‘de lhuile” dans le district d'Anécho, et la ligne de l'Ouest.

En 1913, la population indigène était évaluée à 1.030.000 habi- tants, et il y avait 368 Européens, dont 320 Allemands. Le Protectorat ne recevait aucune subvention de l'Etat Allemand

et les recettes et les dépenses s'équilibraient à 4.174.341 marks.

Les principales exportations, cette même année, étaient :

7-025 tonnes de palmistes

1 Li He » d'huile de palme 493 » de coton brut ? 45 À 330 » de cacao 3.526 » de maïs 89 » de caoutchouc 129 » de coprah 9 » de kapok e RE A 3 » d'ivoire

Il était encore expédié pour 538.000 francs environ de bétail vivant ; il y avait également quelques expéditions de bois, de noix de kola, d’arachides et de graines de karité, ainsi que d'ignames et de fécule de manioc.

Mais, à tous égards, en valeur comme en quantité, le grand produit d'exportation du Togo est donc lamande de palme, à laquelle vient s'ajouter le beurre de palme. Comme dans la plupart des autres colonies du golfe de Guinée, le palmiste est, dans le Protectorat Allemand, larbre utile par excellence ; et son exploitation s’est surtout développée depuis l'introduction d'un outillage perfectionné, notamment dans les districts de Misahôhe, de Lomé et d'Anécho.

Le second produit indigène, par ordre de valeur, est le caoutchouc, principalement récolté dans les districts de Misahôhe, d'Atakpamé et de Kété-Kratschi, et dont les meil- leures sortes sont fournies par le Zandalphia owartensis, pendant que le Ficus Vogelii donne les qualités inférieures,

dites Sayi rubber, Zogo lumps.

120 RESSOURCES DES COLONIES

Parmi les cultures introduites, celles du cotonnier et du cacaoyer sont aujourd'hui les plus importantes. L'un et l'autre, suivant le principe toujours suivi par les Allemands au Togo, sont entièrement entre les mains des Noirs.

La culture du cotonnier à commencé en 1902, et il fut alors exporté 14 tonnes 1/2 de coton ; en 1912, il en sortait 542 tonnes. Les districts qui paraissent le plus favorables sont, à l'intérieur, ceux de Sagada, d’Atakpamé et de Nuatja, lon a introduit un $Sea-/sland. En 1911, une Station cotonnière a été ajoutée à l'Etablissement agricole de Nuatja.

Les plantations de cacaoyers sont presque entièrement confinées dans le district de Misahôhe:; il y en a beaucoup moins dans les districts d'Atakpamé et de Kété-Kratschi. Comme pour notre Dahomey, c'est, avant tout, l'exemple de la Gold Coast qui a encouragé les Noirs à cette culture.

En ces dernières années, des graines de kapok avaient été distribuées aux habitants des districts de Sokodé-Bassari, de Kété-Kratschi et de Mangu; et le produit, qui est de bonne qualité, peut devenir une bonne source de revenus pour ces régions de l'intérieur, est déjà, d'autre part, cultivée avec succès Farachide.

Sur la côte, les cocoteries, encore peu nombreuses, sont en voie d'extension.

Dans l'ensemble, d’ailieurs, le Togo, en raison de la nature de son sol et aussi de son climat très variable, semble peu propre à un grand développement de l’agriculture.

Au point de vue minéral, on signale au Togo la présence de minerais de fer, d’or, de chrome, de la bauxite et des pierres à chaux. Les minerais de fer sont de la variété hématite: ils contiennent 89,51 pour cent d'oxyde de fer et 9,47 de silice. On les trouve dans le district de Sokodé-Bassari, dans la vallée de Banyeli; et les gisements représenteraient environ 20 mil- lions de tonnes anglaises, contenant au moins 50 pour cent de fer métallique.

On trouve des quartz aurifères dans les gneiss de la partie orientale, dans les districts d’Atakpamé et de Sokodé, et de l'or naturel dans les dépôts d’alluvions de la rivière Monu.

TOGO 151 On rencontre les chromites, avec un peu de nickel, dans les serpentins du Sud-Sud-Ouest d'Atakpamé, la bauxite au sud-

est de Misahôhe, la pierre à chaux, qui est de bonne qualité, à Tokpli, sur le Monu.

122 RESSOURCES DES COLONIES

CAMEROUN

L'annexion du Cameroun par l'Allemagne date encore de 1884. À la suite de l'accord franco-allemand du 4 Novem- bre 1911, les 495.000 kilomètres carrés de superficie que repré- sentait alors la colonie s’accroissaïent, en outre, de près de 300.000 kilomètres prélevés sur notre Afrique Equatoriale. Nous cédions, le Octobre 1912, une large bande s'étendant à l’ouest de la Likouala aux herbes, de la Sangha, du Manam- béré et du Logone oriental, plus une partie située au sud de l'ancien Cameroun et de la Guinée Espagnole. Les districts du Nouveau-Cameroun étaient ceux du Rio Muni, de Woleu- Ntem, d'Ivindo, d'Eta, de Ju-Kaduma, de la Basse-Sangha, de Moyenne-Sangha-Lobaye, de Haute-Sangha-Ouham et du Haut-Logone.

La colonie est bordée au Nord-Ouest par la Nigérie, au Nord-Est par le Territoire Militaire du Tchad, à l'Est par lOubangui-Chari et le Moyen-Congo, au Sud par le Gabon.

La contrée, dans l’ensemble, est montagneuse: c’est la limite Nord-Ouest du plateau central africain. Dans l'Ouest, près de la frontière nigérienne, et en face de Fernando-Po, se dresse, sur la côte, le massif du Cameroun, dont le plus haut pic, celui de Fako, le plus élevé de l'Afrique occidentale, a 4.659 mètres de hauteur.

Sur la côte sont Victoria, Duala, Kribi et Ukoko. Bouéa est construit sur les pentes orientales du Cameroun. A l’intérieur sont Edea, Bare, Baïñi, Bamenda, Ossidinge, Banyo, Ngaundéré, Garua, Dume, Carnot, Bania, Lomié, Molundu, etc.

CAMEROUN 153

En 1913, la population indigène était de 2.650.000 habitants ; il vavait 1.871 Européens, dont 1.463 Allemands. La longueur des voies ferrées, qui n’est que de 250 kilomètres, est moindre qu'au Togo (340 kil.), et bien inférieure à celle des lignes de l'Afrique Orientale (1.400 kil.) et du Sud-Ouest (2.100 kil.). La Nordbahn” s'arrête à 160 kilomètres de la côte, au pied des monts Manenguba, en deçà de la savane proprement dite et de la région des plateaux; la ‘* Mittellandbahn”, qui, d’après le projet de 1908, devait être achevée en 1913, sur une longueur de 360 kilomètres, n'était exploitée, à l'époque prévue, que sur, 80 kilomètres. L'exécution d'une ‘‘Sudbahn” est restée toujours en suspens.

En 1914 le budget ordinaire de la colonie était de 17.260.409 marks; les recettes prévues étaient de 14.094.091 marks. Le budget extraordinaire s'élevait à 15.230.000 marks, dont 13 mi!- lions devaient servir à l'achèvement du chemin de fer de

Duala au Moven-Njong.

Les exportations de 1912 étaient :

2 766 tennes de caoutchouc

13,742 » de palmistes 4.479 » de cacao ST » de beurre de palme 11.109 » de bois 34 » d'ivoire 23H E A de noix de kola 139 » de graines de njavé 105 » de noix et beurre de karité 104 » de bananes et farine de barares

Il a été expédié aussi pour 32.000 francs environ de bétail vivant dans les pays voisins.

Le grand produit d'exportation est resté jusqu'alors le caoutchouc, dont les 2.766 tonnes de 1912 représentaient plus de 14 millions de francs. Presque tout ce caoutchouc est syivestre et donné surtout par le Funtumia elastica, dans les districts de Yoko, Dengdeng, Dume, Lomie et Molundu;

bien moindre est la quantité de caoutchouc récoltée dans

124 RESSOURCES DES COLONIES

les savanes sur le ZLandolphia Daiweï. Tous ces districts se sont fortement ressentis en ces dernières années de la crise caoutchoutière.

La production du caoutchouc de plantation ne dépasse guère 20.000 à 25.000 kilos. La surface des cultures, en 1911, était de 7.181 hectares, occupés de plus en plus par l'Æ#evea, en remplacement du Funtfuniia, dont le rendement ne paraît pas toujours satisfaisant.

Le cacao, dont les exportations étaient en 1912 de 5.300.000 francs environ, est principalement obtenu par les indigènes dans les parties basses du Mungo, du Wuri etdu Sanaga, dans les districts de Duala, Yabassi et Edea, et aussi sur les pentes du Cameroun. Les cacaovers réussissent surtout bien dans les terres et sous le climat du district d'Yabassi. Au total, en 1911, il y avait dans la colonie 10.674 hectares de ces plan- tations de cacaoyers.

Vers la même époque, il y avait 1.700 hectares plantés en bananiers, et les Allemands se préoccupaient d'assurer le transport rapide des bananes fraîches en Allemagne, car, au début de 1914, ils lançaient à Geestemünde %e premier grand vapeur destiné à ce transport. Le navire avait 124 mètres de longueur, 15 mètres de largeur et 10 mètres de profondeur ; et sa capacité de transport était de 4.600 tonnes. Les cales, subdivisées par des cloisons, étaient rafraîchiès à 10 et 12 degrés par des ventilateurs et des serpentins à gaz | carbonique.

Enfin, une cûlture qui tendait aussi à se développer au Cameroun était celle du tabac, dont il était planté 155 hectares en 1912; et c'est en cette année 1912 que le Cameroun obtenait le prix de 6.000 marks qui avait été fondé par un Brêmois, pour être décerné à la colonie allemande seraient obtenus les 100 premiers quintaux de tabacs propres à la fabrication des capes de cigares.

Parmi les produits de cueiilette, des exportations intéres- santes à constater sont celles des graines de Mimusops Djave,

principalement récoltées dans les districts occidentaux,

Q\

CAMEROUN 19:

d'Ossidinge à Kribi. Les noix de karité arrivent à la côte par Garua.

L'exploitation des forêts est encore une des ressources du Cameroun, qui expédiait ses bois, et principalement Facajou et l'ébène du pays, vers l'Allemagne et les Etats-Unis. Des réserves forestières ont été établies à Yabassi, Yaunde, Edea et Dschang. Sur un million de marks de bois coloniaux qu'ont fourni, en 1912, les possessions allemandes, 700.000 sont provenus du Cameroun.

A Dschaneg, d'autre part, avait été fondée en 1909 une Ecole d'Agriculture semblable à celle de Victoria, avec, pour but, l'élevage du bœuf à bosse, du cheval, du mouton et aussi de l'autruche.

Au point de vue géologique, aucune découverte minérale importante n'a encore été faite au Cameroun. Cependant une exploitation systématique pourrait donner des résultats, car on-connaît des minerais de fer, pouvant contenir 42,25 pour cent de fer métallique, dans le voisinage de Bali et de Bamenda ; on trouve aussi des minerais plus riches, du type magnétique. Il y a de la galène dans le crétacé d'Ossidinge : on signale aussi, dans ce district d'Ossidinge, de lasphalte, ainsi que des bancs de sel qui titrent de 5 à 8 pour cent de chlorure de sodium. À Manfé, il y aurait de lasphalte et du charbon. L'argile à briques est abondante ; la pierre à chaux,

au contraire, semble rare.

126 RESSOURCES DES COLONIES

SUD-OUEST AFRICAIN ALLEMAND

C'est en 1884 également que l'Allemagne prenait vraiment pied dans le Sud-Ouest Africain. Une convention de délimi- tation était passée le 30 Décembre 1886 avec le Portugal, pour la frontière Nord; le traité du Juillet 1890 avec l'Angleterre délimitait les frontières orientale et méridionale.

La colonie, bordée à l'Ouest par l'Atlantique, au Nord par lAngola Portugais, à F'Est par la Rhodésie et le Béchuanaland, au Sud par la Province du Cap, a pour superficie totale 832.100 kilomètres carrés.

La côte, d’une longueur approximative de 1.300 kilomètres, est basse et sablonneuse, mais la région littorale est ceinturée vers l'intérieur par une chaîne montagneuse dont les plus hauts somimets sont le mont Omatako (2.680 mètres), au nord-est d'Omaruru, et, dans le Sud-Est, les monts du Grand Karar. L'extrème Nord-Est est occupé par le désert d'Oma- heke; dans l'Est est la région aride de Kalahari.

Les principaux ports sont Swakopmund, au nord de la Baie de la Baleine, et Luderitzbucht, plus au Sud, dans la Baie de Luderitz. Dans lintérieur, les principaux centres sont Windhuk, la capitale, à 1.670 mètres environ, Okahanjo, Karibib, Omaruru, Otawi, Grootfontein, Rehoboth, Maïlta- hô5h:, Gibéon, Bethanien, Keetmanshop et Warmbad.

La population indigène est d'environ 300.000 habitants; en 1913 il vavait, en outre, 14.830 Européens, dont 12.292 Alle- mands et 1.799 sujets anglais, pour la plupart des Boers établis dans le Sud-Est.

Les voies ferrées. d’une longueur totale de 2.100 kilomètres,

sont assez nombreuses. L'une va vers le Nord-Est, de

SUD-OUEST AFRICAIN ALLEMAND 127

Swakopmund à Grootfontein, par Omaruru et Otawi, et présente un tout petit embranchement vers Khan et un autre embranchement d'Otawi à Fsumeb.

La seconde, qui se confond d’abord avec la précédente, mais redescend à partir de Karibib vers le Sud, va de Swakopmund à Mariental par Karibib et Windhuk.

La troisième, qui se dirige de l'Ouest à l'Est, puis du Sud au Nord, va de Lüderitzbucht à Mariental par Keetmanshoop, qur est le point elle se recourbe vers le Nord. Elle présente sur le littoral un premier petit embranchement, qui est la ‘ligne du diamant”, allant jusqu'à Bogenfels, puis, dans l'intérieur, un second embranchement plus long, de Seeheim à Kalkfontein.

En 1914 le budget ordinaire du Protectorat était de 41.423.150 marks. Le budget des recettes était de 27.799.450 marks.

Le commerce total, qui était de 6.134.000 mar!:s en 1897, était de 73.875.000 marks en 1911.

En 1912 les exportations étaient d'environ 49 millions de

francs, et les principales étaient, par ordre de valeur :

202.834 grammes de diamants non taillés

42.088 tonnes de minerais de cuivre 234 » de cuirs et peaux de chèvres et de moutons 184 » de laines 547 kilos de plumes d’'autruche

1.468 tonnes de guano

Les autres sorties ont porté sur le bétail vivant, le poil de chèvre, les cornes, la gomme arabique, le bois (77 tonnes), les grains, le minerai d'étain, le plomb, le marbre, etc.

Le Sud-Ouest Africain Allemand doit donc essentiellement sa valeur, en premier lieu, à son sous-sol, et, en second lieu, à l'élevage.

Les 202.834 grammes de diamants exportés en 1912 repré- sentaient une valeur de plus de 38 millions de francs.

L'exploitation de la pierre précieuse, qui occupait en 1912

128 RESSOURCES DES COLONIES

600 Blancs et 3.000 indigènes, a lieu sur le littoral sablonneux, au nord et au sud de Lüderitzbucht, et surtout dans la région que traverse le chemin de fer, déjà cité, de Lüderitzbucht à Bogenfels. Les plus gros diamants sont recueilis entre cette dernière station et Pomona ; on en a trouvé un de 17 carats 1/2 à Bogenfels et un de plus de 34 carats à Pomona. C'est en 1908 que le diamant fut découvert dans le Sud-Ouest Africain Allemand ; et en 1914 le budget de la colonie prévoyait une recette fiscale de 135 millions de marks provenant de ce commerce.

Les minerais de cuivre sont principalement extraits dans le district d'Otawi, la mine la plus importante est celle de TFsumeb ; mais on en trouve aussi dansle district de Windhuk, dans ceux de Swakopmund et de Lüderitzbucht. Leur extraction, comme celle de tous les autres minerais, serait déjà devenue encore plus importante s’il n’y avait pas une si grande rareté de main-d'œuvre.

Le district de Karibib fournit des marbres.

Pour l'élevage, et, en particulier, celui du mouton, les régions qui conviennent le mieux sont la partie méridionale, au sud de Windhuk, et la partie Nord-Ouest. Au 1‘ Avril 1912, les statistiques évaluaient à 47.000 le nombre des moutons à laine ; et le gouvernement local se préoccupait de pratiquer un élevage rationnel, d'améliorer la race par sélection et de lutter contre les maladies. Il songeait aussi à multiplier par des travaux d'irrigation les prairies et les pâturages.

Un de ses autres projets quoique le Sud-Ouest Allemand ne puisse jamais être vraisemblablement un pays agricole était d'étendre la culture de manière à assurer tout au moins au Protectorat les produits alimentaires nécessaires à la consommation sur place. Et, dans ce but, deux stations d'Essais pour le dry farming avaient été créées à Neudamm et à Grootfontein. Si ce dry farming, en effet, ne peut guère donner de résultats au sud et à l’ouest d'Omaruru, de Reho- both et d'Hoachanas, parce que dans cette partie du Sud-Ouest la pluviosité annuelle est trop faible (moins de 25 millimètres

à Lüderitzbucht et à Swakopmund) et inférieure aux 250 milli-

SUD-OUEST AFRICAIN ALLEMAND 129

mètres d'eau indispensables pour la culture des sols secs, l'application de la méthode américaine devient & priori possible, au point de vue du sol comme au point de vue du climat, à Gobabis (471 millimètres d'eau), à Otawi (591 milli- mètres), à Waterberg (564 millimètres), à Grootfontein (619 millimètres), etc., dans la partie Nord-Est.

A Gobabis, à Windhuk et à Grootfontein, des Ecoles d'arboriculture ont été créées. A Okahandja, la Station d'Essais s'occupait du tabac, dont le Protectorat a déjà récolté de bonnes sortes, soit pour la pipe, soit pour la confection des cigarettes turques.

Quelques tentatives de culture du cotonnier n'ont pas

encore fourni de données bien sûres.

160 RESSOURCES DES COLONIES

AFRIQUE ORIENTALE ALLEMANDE

D'après les diverses conventions ‘successives conclues de 1886 à 1891 entre FAllemagne et les autres puissances européennesauxquelles appartiennentles possessions voisines, l'Afrique Orientale Allemande, dont la surface totale repré- sente environ 995.000 kilomètres carrés, est comprise entre le premier et le douzième degrés de latitude Sud et 29 degrés et 41 degrés de longitude Est. Elle est bordée : à l'Est, par l'Océan Indien : au Nord, par l'Est Africain Britannique ; au Nord-Ouest, par lOuganda : à l'Ouest, par le Congo Belge ; au Sud-Ouest, par la Rhodésie et le Nyassaland ; au Sud, par l'Est Africain Portugais. Le lac Victoria-Nyanza, au Nord, les lacs Kiva et Tanganvka, à l'Ouest, le lac Nyassa, au Sud- Ouest, contribuent à établir ses frontières naturelles.

Dans l’ensemble, c'est une contrée montagneuse, puisqu'elle est traversée par la longue chaîne qui, en Afrique Orientale, s'étend de l'Abyssinie au Natal. Du Nord vers le Sud, cette chaîne, dans le Protectorat Allemand, s'éloigne de plus en plus de la côte ; elle laisse donc sur le littoral une partie basse qui, très étroite vers le Nord, elle peut ne pas dépasser 15 ou 16 kilomètres, s'élargit vers le Sud. C’est dans le Nord-Est, près de la frontière de l'Est Africain Anglais, que sont le Kili- manjaro (plus de 6.000 mètres d'altitude) et le mont Méru (près de 5.000 mètres). Sur la côte, les ports, du Nord au Sud, sont Tanga (en face de l'île anglaise de Pemba), Bagamoyo (au niveau du sud de l’île de Zanzibar), Dar-es-Salam, qui est le siège du gouvernement, Kilwa et Lindi. Dans l'intérieur, les

principaux centres sont Tabora, Dodoma, Langenbure,

AFRIQUE ORIENTALE ALLEMANDE 161

Bismarckburg, Ujiji, Urundi, Ruanda, Bukoba, Muansa et Moschi.

Une grande voie ferrée centrale, celle du Tanganyka, va de Dar-es-Salam au Tanganyka en traversant tout le pays de l'Ouest à l'Est ; elle passe à Morogoro, Kilosa, Dodoma et Tabora. Une voie plus courte, dans le Nord-Est, celle de l'Usambara, relie Tanga à Moschi, au pied du Kilimanjaro. C'est non loin de cette voie ferrée, au Nord, que se trouve l'Institut de Biologie Agricole d'Amani.

Administrativement, l'Est Africain Allemand est divisé en 24 districts. En 1913 la population indigène était de 7.600.000 habitants, et la population blanche de 5.336, dont 4.107 Allemands et 90 Anglais. Le budget ordinaire de 1914 était de 23.749.568 marks. Le budget extraordinaire com- portait 36.800.000 marks de dépenses, qui devaient être consacrées aux voies ferrées, et notamment à celle, en projet, de Tabora à la Kagera, dans le Nord-Ouest.

Les exportations totales, en 1912, représentaient 31.418.000 marks ; et les principaux produits expédiés, par ordre de valeur, étaient :

16.738 tonnes de chanvre de Sisal

998 » de caoutchouc de plantation. 2,885 » de peaux. 1 S44 » de coton brut. 1.544 » de café. 4 173 » de coprah. 5.957 » d'arachides. 181 » de caoutchouc de cueillette. 341 » de cire.

530.624 marks d'or.

1.844 tonnes de sésame.

181 » de mica. 17 » d'ivoire. 324 » de produits de laiterie.

3.893 » de bois. 902 » de riz

1 187 » de sorgho.

11

162 * RESSOURCES DES COLONIES

106 tonnes de copal.

2.445 » d'écorces tannantes. 52 » de kapok. 723 » de maïs.

2 36 » de tabac.

C'est donc le chanvre de Sisal qui était devenu en ces dernières années le grand article d'exportation de la colonie. La valeur des 16.738 tonnes de 1912 était approximativement de 9.200.000 francs. La culture de la plante textile dans FEst Africain remonte à 1893, époque elle fut introduite par la Compagnie de FEst Africain Allemand; en 1912-1913, elle couvrait environ 25.000 hectares. Elle réussissait d’ailleurs dans des conditions de climat et de sol très diverses, et aussi bien dans les terres riches et argileuses de lUsambara que dans les terrains calcaires du littoral, dans le Nord comme dans le Sud. Les régions côtières de Tanga, de Pangani, de Lindi et de Mikindani semblent particulièrement convenir, mais, dans l'intérieur, le long de la voie ferrée du Tanganyka, par exemple à Kilosa, les essais faits dans la terre des steppes ont aussi donné de bons résultats, d’après M. Bruck. (Die Sisalkultur in Deutsch-Ostafrica, in Verhandlungen des Vorstandes des Kolonial-Wirthschaftlichen Komitees, Décem- bre 1912). On observe, cependant, suivant les sols, certaines différences. Dans les terrains très riches, comme ceux de l'Usambara, la végétation est rapide, et les rejets plantés donnent une première récolte au bout d’un an et demi; mais la plante est épuisée à trois ans. Dans les terrains très pauvres, comme les terrains calcaires du littoral, la première récolte doit être attendue 4 ou 5 ans et la plante dure longtemps, car la floraison est tardive. Dans les terrains moyens, la première coupe a lieu à trois ans et on peut récolter pendant 5 à 7 ans. Ce sont ces dernières terres qui sont évidemment les meilleures, celles qui viennent ensuite étant les terres pauvres, de préférence aux terres trop riches. En ces sols de richesse moyenne, un pied de sisal, qui duré environ 10 ans, donne, au total, 200 feuilles, avec 3,5 à 4 peur cent de filasse. La croissance de la plante est surtout rapide

AFRIQUE ORIENTALE ALLEMANDE 163

si la plantation a été faite avec de vieux rejets, avant jusqu'à 59 centimètres de longueur. Il faut, en général, éviter plusieurs cultures successives de la plante sur la même terre. En sol convenable, et sans culture intermédiaire, les

meilleurs intervalles entre les pieds seraient de 2 m. 25

{

sur 1 m. 25.

Le second textile important pour l'Est Africain Allemand serait le coton; en tout cas, c'est dans cette colonie que les Allemands s'étaient activement attachés à la culture du cotonnier, qui occupait en 1913 22.000 hectares. Les 1844 tonnes de coton brut de 1912 représentaient plus de 2 millions et demi de francs, et en 1913-1914 les exportations étaient de 11.000 balles de 250 kilos, équivalant à 5 millions de francs. Sur les 22.060 hectares de 1913, 15.600 appartenaient aux indigènes et 6.400 aux Européens. Cette culture du cotonnier a surtout progressé dans les districts de Bagamoyo, Mohoro, Kilwa et Lindi, sur la côte, dans celui de Morogoro, sur le chemin de fer du Tanganyka, puis, plus au Nord, dans celui de Muansa, près du Victoria-Nyanza. Les meilleurs rende- ments ont été obtenus à Mohoro, Lindi et Kilwa. Dans le district de Morogoro, les insectes ont causé de grands dommages. Une des plus importantes plantations est la plantation Otto, créée en 1907 par un Wurtembourgeois à Kilosa, sur la voie ferrée du Tanganvka. Au moment des hostilités, quatre Stations cotonnières étaient déjà organisées dans le Protectorat. La sorte qui paraissait le mieux réussir était le ‘*Nyassaland Upland”, les variétés américaines semblant préférables aux variétés égyptiennes.

Enfin, une troisième culture textile qui était recommandée dans le Protectorat était celle du kapokier, qui était, en 1912, de plus de 2.500 hectares ; et nous avons vu, par le tableau donné plus haut, que les exportations étaient en 1912 de 52 tonnes (d'une valeur de plus de 78.000 francs.)

Par ce même tableau, on a pu se rendre compte aussi de l'extension qu'avait prise dans l'Est Africain la culture des caoutchoutiers, puisque le caoutchouc de plantation était

devenu en valeur le second article d'exportation (9.050.000 fr.),

164 RESSOURCES DES COLONIES

bien autrement important que le caoutchouc sylvestre donné par le Landolphia Stolzii de Langenburg, ou le Zandolphia dondeensis du Sud, ou encoreles Landolbhia Kirkii et lucida, le Mascarenhasia arborescens et le Clitandra kilimand- Jarica. Le principal caoutchoutier cultivé était le Manihot Glaziovii, ou caoutchoutier de Céara, sur le mode d’exploi- tation duquel M. Zimmermann, le directeur de la Station d'Amani, avait fait de si nombreuses expériences. Bien plus réduites étaient les cultures de Funtumia elastica, d'Hevea brasiliensis et de Ficus elasfica, qui ne représentaient au total, en 1912-1913, que 414 hectares, alors que le caout- choutier de Céara en couvrait 45.000 environ. Ce serait surtout dans les districts de Tanga et de Morogoro que cette culture s'était étendue.

Une tout autre culture, mais encore intéressante à citer, dans le Protectorat, est celle du caféier. Celle-ci s'est principalement développée dans le Nord-Ouest, vers la frontière de l'Ouganda, dans le district de Bukoba, près du Victoria-Nyanza, puis, dans le Nord-Est, dans les districts de Wilhelmstal, de Moschi et d’Arusha, ces deux derniers au sud-est du Kilimandjaro et du Méru. Dans toute cette région que dessert la voie ferrée de Tanga à Moschi, la zone des plantations s'élève jusque vers 1.500 mètres. La variété principale de caféier cultivée serait le Co//ea robusfa.

On sait que, d'autre part, lorsque, dans le Kilimandjaro- Méru, on s'élève en altitude et dans la direction du Nord-Ouest, la zone des plantations fait place à la zone des steppes ; et ces steppes Masai, moins humides et plus habitables à l'Européen que la zone plus basse, règne la malaria et l'indigène seul peut vivre, sont une région d'élevage, comme l'est encore, plus à l'Ouest, vers le Congo Belge, la contrée des Watussi (Ruanda, Urundi et Ujiji). Au total, on comptait en 1912 dans le Protectorat 2.500.000 bovidés ; et on relevait aux exporta- tions, outre les 2.885 tonnes de peaux plus haut mentionnées, 324 tonnes de produits de laiterie (beurre, lait, fromage, œufs), consommés en divers points de la colonie, ou expédiés à Zanzibar ou dansl'Inde. Malheureusement la présence de la

AFRIQUE ORIENTALE ALLEMANDE 165

tsétsé rend une grande partie du territoire impropre à l'élevage.

Comme minéraux, nous avons eu surtout à citer plus haut le mica et l'or.

Le mica, qui était entièrement exporté en Allemagne, est de la variété z1uscov1fe et est principalement exploité dans les districts de Bagamoyo, de Morogoro et de Mahenge, le grand centre étant dans les monts Uluguru, du district de Morogoro.

L'or est à l’état de dépôts alluvionnaires en divers points de la colonie, notamment dans le district de Muansa, sur le bord méridional du Victoria-N yanza et sur le plateau d'Iramba, au sud-est de Muansa.

Il faut encore signaler les grenats du district de Lindi, le charbon de la partie au nord du Nyassa, qui contient 60,60 pour cent de carbone et 18,50 de cendres, des minerais de fer, les minerais uranifères des pegmatites des monts Uluguru, etc.

Dans la région littorale et sur les plateaux avoisinants de Noto, Makondé et Muera les indigènes récoltent le copal, qu'ils extraient du sable d’une profondeur d'à peine C0 centi- mètres, et qui est exporté par Lindi et les autres ports vers

Zanzibar.

166 RESSOURCES DES COLONIES

NOUVELLE-GUINEE ALLEMANDE

»

La Nouvelle-Guinée Allemande, composée d'îles ou de parties d'îles disséminées dans FOuest du Pacifique, comprend :

la portion Nord-Est de la Nouvelle-Guinée désignée sous le nom de Kaiser-Wilhelmsland, ou Terre de FEmpereur Guillaume (180.000 kilomètres carrés ;

l'archipel de Bismarck (peut-être 50.000 kilomètres carrés);

lies îles Bougainville et Buka, du groupe des Salomon {10.000 kilomètres carrés environ);

les îles Carolines, les îles Palaos et les îles Mariannes (1.600 à 2.000 kilomètres carrés) ;

les îles Marshall (415 kilomètres carrés).

Tout cet ensemble se trouve compris entre environ 21 degrés latitude Nord et 10 degrés latitude Sud et 130 degrés et 170 degrés longitude Est.

La prise de possession du Kaiser- Wilhelmsland par l'Allemagne date de 1884 et les frontières furent établies en 1885. L'Archipel Bismarck fut également acquis en 1884. Le Protectorat des Salomon date du 14 Octobre 1885, celui des Marshall de 1885 et 1886.

L'annexion des Carolines, des Palaos et des Mariannes est plus récente, puisque ces îles n’ont été achetées à l'Espagne qu'en 1899.

Dans le Kaiser-Wilhelmsland, dont la superficie représente environ 28 pour cent de la superficie totale de la Nouvelle- Guinée, la principale ville, qui est le siège du Gouvernement de la Nouvelle-Guinée, est Rabaul. Les principaux refuges sont Friedrich-Wilhelmshafen et Konstantinhafen. La contrée

NOUVELLE-GUINÉE ALLEMANDE 167

est à climat très tropical, avec une température moyenne de 26 degrés ; d'Avril à Septembre elle reçoit les vents du Sud- Est, et d'Octobre à Mars la mousson Nord-Ouest. La population était en 1914 de 531.000 indigènes et 283 Blancs.

L'archipel Bismarck, d'origine volcanique, a pour principale île New-Pomerania (25.000 kilomètres carrés), dont les refuges sont Herbertshôhe et Simpsonhafen.

Bougainville, également volcanique, dont le mont Balbi a plus de 3.000 mètres de hauteur, est la principale île des

Salomon.

Les Carolines se composent d'environ 500 îlots ‘d'origine coralliaire, dont quelques-uns assez élevés.

Les Palaos sont les unes, (dans le Nord) volcaniques, et les autres (dans le Sud) coralliaires. Il en est de même des Mariannes.

Les Marshall sont toutes des atolls. La principale île, et le siège du Gouvernement, est Jaluit ; l'île la plus peuplée est Majera. L'île Nauru est intéressante par ses cocotiers et ses gisements de phosphates.

En 1912 les exportations du Protectorat Allemand, par ordre de valeur, étaient les suivantes, réparties en trois groupes :

De Kaiser-Wilhelmsland, de lArchipel Bismarck et des iles Salomon :

11.190 tonnes de coprah

9.837 peaux d'oiseaux du paradis

21 tonnes de caoutchouc

315 » d'écailles perlières DE

Ta 1018, dE: Cacao

SS » de trépangs

116 » d'ivoire végétal

540 kilos d'écailles de tortue

21 tonnes de chanvre de Sisal

2% Des Carolines Orientales et des îles Marshall (+ compris Nauru) : 136.496 tonnes de phosphates

# 747 » de coprah

168 RESSOURCES DES COLONIES

Des Carolines Occidentales, des Palaoset des Mariannes :

53.525 tonnes de phosphates 1.085 » de coprah

70 » d'écailles perlières

Dans l'ensemble, le grand produit d'exportation de la Nouvelle-Guinée Allemande est donc le coprah, qui représente pour les trois groupements une valeur globale d'au moins 7.600.000 francs. En plus des plantations indigènes, il y avait en 1912, sur 32.320 hectares environ cultivés par les étrangers, Chinois ou Européens, plus de 29.000 hectares de cocoteries, surtout étendues dans lArchipel Bismarck et les îles Salomon. La préparation du coprah a été grandement facilitée par l'installation de séchoirs.

Le cacaoyer, avec les Æevea, les Castilloa et les Ficus ces derniers arbres à caoutchouc étant aussi quelquefois cultivés avec les cocotiers constituent le reste des planta- tions. On peut remarquer, par les exportations, qu'il y a aussi quelques champs de sisal.

Les phosphates, qui sont, en valeur, le second produit commercial du Protectorat, et presque aussi important que le coprah (6.240.060 francs en 1912), proviennent de Nauru, dans le groupe des Marshall, ainsi que nous l'avons dit plus haut, et aussi d’Angaur, dans les Palaos. Ces gisements de phosphates sont de même nature que ceux de lAssomption, aux Seychelles. Un échantillon de Nauru a donné à Fanalvse 37,35 pour cent d'acide phosphorique, 49,72 de chaux, 6,04 d'eau et de matières organiques, 6,89 d’autres constituants. Sur Îes 190.021 tonnes de 1912, 54.756 tonnes seulement étaient à destination de l'Allemagne.

Enfin un autre commerce intéressant des possessions océaniennes allemandes est celui des plumes d'oiseaux de paradis. Ces oiseaux sont chassés exclusivement dans le Wilhelmsland, l'industrie est lucrative, par suite des prix élevés de l'article. Les 9.837 peaux exportées en 1912 avaient été estimées à plus de 560.000 francs. Chaque peau payait alors un droit de sortie de 5 marks, mais qui avait été élevé à

NOUVELLE-GUINÉE ALLEMANDE 169

20 marks depuis le Janvier 1913. Les colons chassaient rarement eux-mêmes ; ils accompagnaient dans la brousse les tireurs indigènes. Mais, dans la crainte d’une destruction, le Gouvernement Allemand avait pris èn ces dernières années des mesures de préservation. Il avait tout d’abord fait constituer trois grandes réserves dans la région de Flîle fréquentée par les colons ; puis la chasse avait été interdite

endant six mois. On l'avait même, à titre d'essai, défendue une année entière. Les oiseaux mâles devaient, en outre, être seuls tirés ; enfin il fallait des permis spéciaux, qui coûtaient assez cher. Avec six tireurs indigènes, la dépense revenait

annuellement à 700 marks.

1770 RESSOURCES DES COLONIES

SAMOA

L'Allemagne possède depuis 1899 dans l'archipel des Samoa— à mi-chemin à peu près entre la Nouvelle-Calédonie et Tahiti —les deux îles de Sawaï (1.691 kilomètres carrés) et d'Upolu (868 kilomètres carrés), plus les deux îlots de Manono (S kil. 5) et d’Apolina (4 kil. 7). Soit, au total, 2.572 kilomètres carrés d'îles montagneuses et volcaniques, à climat tropical, mais sain, avec une température moyenne de 27 degrés et une pluviosité annuelle de près de 3 mètres. La population indigène y était en 1912 de 32.612 habitants.

Les exportations de 1912 étaient de :

11.021 tonnes de coprah

722 0 de cacao 12 0 de caoutchouc 17 LS de racines de kawa

Comme pour la Nouvelle-Guinée, le coprah est aux Samoa le grand produit d'exportation. Le cocotier pousse un peu partout dans les îles, sauf dans l'Ouest de Sawaï, le sol n'est pas favorable. En seconde ligne se place le cacao. En 1912 la surface des cacaoyères était de 3.613 hectares. Les dégâts causés par le chancre au PAytophthora Faberti ont beaucoup nui à l'extension de la culture, qui réussit mieux dans les districts où, comme celui de la côte Nord-Ouest d'Upolu, les pluies sont moyennes, que dans ceux où, comme au voisinage d’Apia, ces pluies sont très abondantes. Les plantations de caoutchoutiers sont presque exclusivement des

LE

SAMOA 171

plantations d’Æevea (205 hectares en 1912), qui appartiennent surtout à une Compagnie. Les racines de kawa (Piper methysticum) étaient, depuis

1911, exportées en totalité en Allemagne.

1772 RESSOURCES DES COLONIES

INDES NÉERLANDAISES

Le sucre et le thé à Java en 1915. _— Java à pro- duit en 1915 21.800.000 piculs, soit approximativement 1.308.000.000 kilos, de sucre, en diminution de 950.000 piculs sur l'année précédente. Toutefois, le prix ayant augmenté, les usines ont réalisé de gros bénéfices.

La production dethé s'est élevée à 85 millions de livres, soit 38.503.000 kilos, contre 63 millions de livres en 1914. Une grande partie de la production vendue à Batavia est allée en Russie, en Australie et en Amérique. (Dépéche Coloïiiale, 15 Avril 1916.)

L'industrie sucrière, à Java, est surtout développée dans le Centre et dans l'Est. En 1911, la surface plantée était de 135.760 hectares ; et c'est cette surface qui donne la production annuelle approximative de ces dernières années, c’est-à-dire 1.400.000 à 1.500.000 tonnes de sucre. Il y a dans Pile 198 factoreries ; la saison de broyage dure du milieu de Mai à la fin d'Octobre. (Bulletin of Mauritius, 4, partie HI.)

Le caoutchouc en 1915. -- Les exportations de caoutchouc

de Java et de Madura en 1915 ont été de 7.454 tonnes, soit :

63 tonnes de caoutchouc de f7cus.

7 302 » » d'Aevea. 35 » : » de Céara. 54 » » de Castilloa.

3.336 tonnes de caoutchouc d’Æevea ont été expédiées directement aux Etats-Unis. (Le Caoutchouc et la Gutfa-

Percha, 15 Septembre 1916.)

INDES NÉERLANDAISES 173

Les textiles à Java. La culture du chanvre de Sisal a bien diminué à Java. En Janvier 1911 elle occupait 6.123 hec- tares ; en Janvier 1915, elle était tombée à 2.571 hectares. Beaucoup de propriétaires ayant toutefois coupé toutes les feuilles de leurs Agave pour supprimer leurs plantations, l'exportation de 1914 a été exceptionnellement très forte et a été de 13.304 tonnes de filasse, contre 8.741 en 1913.

La culture du Æourcroya gigantea Se maintient ; l'expor- tation était de 233 tonnes en 1914.

La culture de lArbiscus cannabinus serait abandonnée, le produit n'obtenant pas sur les marchés européens des prix rémunérateurs. La production par hectare ne dépasse pas 500 kilos de filasse, vendue 420 francs la tonne. (Æulletin Economique de l’Indochire ; Maï-Juin, 1915.)

La riziculture à Sumatra, exportation des riz de Sumatra est actuellement de 6.000 tonnes environ. La culture n'est pas absolument faite dans l'île selon les méthodes de Java. Les pépinières sont toujours sans irrigation. En repiquant, on met 10 à 20 plantules dans chacun des poquets, qui sont espacés de 40 à 50 centimètres, alors que, à Java, on met rarement plus de 5 plantules dans des poquets espacés seulement de 12 à 15 centimètres. Après le repiquage, on inonde ; mais, dès l'apparition des tiges secondaires, on fait écouler l’eau, qu'on ne ramène que lors de l'apparition des premiers épis, pour la supprimer encore dès que les épis jaunissent. On admet que la maturation est ainsi plus régu- lière que par Firrigation permanente de Java ; et l'on peut moissonner tout le champ à la faux, en une seule fois, au lieu de procéder à plusieurs récoltes en choisissant les épis. (Smits,

dans Zeysmannia, 26° année, fasc. 10. Batavia, 1915.)

Maladie des jeunes quinquinas. Cette maladie, étudiée par le Docteur Rant, est le 710po0, ou hamapopo, connu d’ailleurs depuis longtemps, et qui est une maladie des pépi- nières de quinquinas produite sous l'influence des gouttes d’eau tombant sur les feuilles. Mopo: est le terme sundanais ;

1741 RESSOURCES DES COLONIES

dans l'Est de Java, c'est le schimmeldraadijees et le mycelium- zickte des Hollandais et le /oujo des Javanais.

On l'observe sur d'autres plantules d'espèces très diverses, peut-être les arbres à thé.

On peut songer à la z17aladie de la toile, bien connue sur les tabacs, et qui a pour cause, suivant les auteurs, le Bofrytis cinerea, le Mortierella arachnoïides, le Monrliopsis Aderholdii. En réalité sur les quinquinas, ce serait, d’après M. Rant, la dernière de ces trois espèces.

Sur d'aussi larges espaces de culture, la stérilisation de la térre par cuisson n'est pas possible, mais on pourrait peut-être désinfecter avec le lait de chaux, qui neutralise l'acidité, ou employer la méthode de Raciborski contre le PAytophthora Nicotianae. On mélange de la chaux à la terre et on arrose avec du sulfate d'ammnoniaque. L'am- moniaque mise en liberté tue le champignon. M. Rant recommande encore des essais avec le paraformol ou le chinosol. Il indique également qu'il y aurait peut-être lieu de se méfier de la propagation de la maladie par l'eau d'arrosage, et, par conséquent, n'employer que de l’eau bien fraîche, qui n’a pas séjourné dans des vases en bois ou en fer.(Pulletini du Jardin Botanique de Buitenzorg, 1915.)

Les galles, Le Bulletin du Jardin Botanique de Buitenzorg (2° série XXI) contient deux études, lune sur les galles de Sumatra et de Sinaloer, l’autre sur les galles de Célèbes et des îles au sud de Célèbes, par MM. W. et J. van Leeuwen-Reijnvaan.

A

GUINÉE PORTUGAISE lp

GUINÉE PORTUGAISE

A la suite d'un voyage dont il fut chargé par le Gouverne- ment Portugais, en vue d'organiser des services agricoles en Guinée Portugaise, M. Machado da Fonseca a rédigé un rapport très documenté sur la situation actuelle de cette colonie.

En général, les terres cultivables sont argilo-humo-calcaires ; très fertiles, elles ne nécessitent pas pour le moment beaucoup d'engrais.

On cultive en grand le riz et le maïs, et il y a beaucoup de rizières de montagne. On récolte de Décembre à Mars; le rendement est de 40 à 42 hectolitres à l’hectare. On cultive aussi d’autres céréales, ainsi que les maniocs et la patate douce. ù

Le cotonnier est un peu cultivé dans les régions de Farim, Bolama, Bafata et Cacine, et semble donner de bons résultats.

Il y à de grandes cultures d’arachides par les Européens. On sème après les premières pluies, de fin Mai à Juillet ; les semis sont faits en lignes. On récolte de Décembre à Mars, et environ 1.300 à 1.800 kilos à l’hectare.

Le palmiste est abondant, mais peu productif (6 kilos d'amandes et 3 litres d'huile par pied); il est affaibli par les récoltes de vin de palme.

Des Landolphia, tels que le Z. Heudelofii (\'auteur ajoute, mais évidemment à tort, le Z. senegalensis) donnent du caoutchouc dans les régions de Farim et de Batafa, on les incise ou les abat de Novembre à Mai. On coagule avec le sel ou avec le suc du fruit de tamarinier, puis on sèche au soleil

et on faconne en boules.

176 RESSOURCES DES COLONIES

Il n'y a que de très petites cultures de caféier et de cacaoyer. La canne à sucre est surtout cultivée par les colons, et sur une très petite surface, dans les régions de Farim et de Batafa, la température moyenne annuelle est de 25 degrés à 26 degrés, la saison des pluies durant de Mai à Octobre. On plante de Mars à Mai: les boutures sont mises à 50 centi- mètres de distance, dans des sillons de 40 à 60 centimètres de largeur et de 30 à 50 centimètres de profondeur, espacés de 1 mètre à 1 m. 50. On récolte huit mois après, de Décembre à Mai. La plantation est renouvelée tous les trois ans, après trois coupes. On ne fabrique pas de sucre ; toute la canne est destinée à la fabrication de l'alcool. 14 colons seulement se livrent à cette culture, sur une superficie totale de 34 hectares. (Revista agronomica, 11° année, série, vol. 2).

ANGOLA 177 ANGOLA L’Euphorbia Tirucalli. Cette Euphorbiacée xérophile

croît spontanément en beaucoup de sols arides ou sablonneux de l'Afrique, dans l’Angola, au Natal et en Afrique Orientale Allemande. Elle est tout particulièrement exploitée dans l'Angola, elle fournit la substance commercialement connue sous les noms d’a/méidine, de potato gum, d'euphor- bia-gum, encore de caoutchouc de tirucalii.

Le latex que laissent écouler les diverses parties de la plante, après incision, est composé de 64 à 67 pour cent d’eau et 33 à 36 pour cent de coagulat. M. Scassellati-Sforzolini, qui juge cette euphorbe intéressante pour la Somalie italienne méridionale, indique comme composition centésimale moyenne du coagulat :

Caontchonc nsc 14,03 Résine rt tu s 7014 RrOtÉIneS 2eme 1,46 Substances insolubles..... 5,40 } EEE TOM PTE ME Rte: 00

C'est, selon l'auteur, une substance qui est de valeur commerciale secondaire, mais qui ne doit pas être exagérément dédaignée. Elle pourrait avoir, par exemple, Fintérêt du jelutong de Malaisie et entrer en mélange dans la préparation de certains caoutchoucs ou de certaines guttas, En fait, il v a depuis longtemps des exportations d'alméidine de lAngola en Angleterre ; et des essais sur le produit ont déjà été faits à Londres par l’Imperial Institute. En 1911-1912 12.000 kilos étaient exportés du Natal en Angleterre. (Agricol{ura Coloniale ; Florence, 1916).

12

179 RESSOURCES DES COLONIES

AFRIQUE ORIENTALE PORTUGAISE

Le territoire portugais du Mozambique, situé au sud de l'Afrique Orientale Allemande, s'étend, vers le Sud, au delà du tropique du Capricorne. Sa partie méridionale est donc extra-tropicale ; c’est le cas de la région de Lourenço- Marquès.

L'industrie sucrière est parmi les plus importantes de la colonie ; les exportations de sucre, qui étaient déjà de plus de 30.000 tonnes en 1910, ont peut-être doublé depuis lors. Les vallées de lInkomati, du Buzi et du Zambèze sont particu- lièrement favorables à la culture de la canne.

Dans les forêts, les Landolphia donnent du caoutchouc, qu'on retire également du Mascarenhasia elastica. Dans le district de Quilimane, les pluies atteignentannueilement 1 m: 950, en se répartissant à peu près régulièrement sur tous les mois, il y a des cultures de caoutchoutier de Céara. Au sud du Zambèze, la période de sécheresse est trop longue pour que ces mêmes cultures soient possibles.

Comme plantes oléagineuses, on connaît bien le 77afou- raire, 7richilia emetica, et le Telfairea pedatfa, jikungu, ou nkwèrme. Le mafouraire est abondant dans la région d'Inhambané et s'étend sur une vaste zone, mais les trop faibles prix offerts et le manque de moyens de transport restreignent l'exportation annuelle des graines, qui ne dépasse guère.1.000 tonnes.

Les arachides ne sont cultivées que par les indigènes, qui, dans la région de Quilimane, s’en servent comme paiement de taxe en nature, auprès des Compagnies Prazo.

AFRIQUE ORIENTALE PORTUGAISE 179

Parmi les textiles, le chanvre de Sisal semble particuliè- rement convenir au Mozambique, et, en fait, v est cultivé au voisinage des cours d’eau, notamment sur le territoire de la Compagnie du Mozambique et dans le district de Quilimane. La proximité de la rivière facilite l'extraction du chanvre. Le Fourcroya gigantea, qui peut croître à plus haute latitude que le chanvre de Sisal, est cultivé dans le district d'Inham- bané; une plantation a été aussi établie près de Lourenço- Marquès. Mais le plus faible rendement de cette espèce, comparativement à celui du sisal, ne laisse guère prévoir une grande extension de la culture. On pourrait essayer le Phormium tenax, qui, comme lAgave sisalana, est sans épines et fournit 12 pour cent de filasse.

Quant au cotonnier, les variétés égyptiennes n'ont pas jusqu'alors donné de bons résultats ; peut-être le Nyassaland- Uplandconviendrait-il mieux, mais sans qu'il soit actuellement possible de se prononcer.

Enfin une culture qui pourrait offrir de l'intérêt est celle du tabac, puisqu'elle est satisfaisante dans le Nyassaland et en Rhodésie. Elle est déjà faite à Inharrimé, au sud d’Inhambané, elle est principalement entre les mains des Grecs ; elle est entreprise également par la Compagnie du Zambèze à Bompona, sur les bords du Shire, on a introduit des types américains, et fait aussi des essais sur les sortes de Turquie, de Sumatra et de Cuba. (Lyne : 7he Agriculture of Mozanm- bique Province, Portuguese East Africa, dans le Bulletin of the Imperial Institute, Janvier-Mars 1913. Zobaccos from Portuguese East Africa, dans ie même Bulletin.

180 RESSOURCES DES COLONIES

ETATS UNIS

Le coton et la laine aux Etats-Unis. En 1913-1914, sur une production totale de 14.614.000 balles de coton de 227 kilos, 9.522.000 balles, soit 65,2 pour cent, ont été exportées, et 5.092.000 kilos ont été employés dans les filatures améri- caines. Sur les 9.522.000 balles exportées, 3.582.000, soit 37,7 pour cent, ont été importées en Grande-Bretagne, 1.139.000, soit 12 pour cent, en France, 2.884.000, soit 30,2 pour cent,en Allemagne. Le reste a été expédié en Belgique, en Autriche-Hongrie et en Hollande. Au total, 5.390.000 balles, correspondant à 56,5 pour cent de l'exportation totale, ont été à destination du continent européen. 500.000 balles (5,8 pour cent) ont été envoyées au Japon, au Canada et au Mexique. La consommation des Etats-Unis a peu varié depuis 1904.

La production de la laine brute en 1915 s’est élevée, aux Etats-Unis, à 130.815.981 kilos, contre 131.456.976 en 1914.

Les amandes en Californie, La Californie fournit, en moyenne, chaque année, 2.722 tonnes d'amandes. La consom- mation américaine est de 14.515 tonnes. 80 pour cent des amandes importées sont sans coque; le produit indigène est vendu avec coques, de Décembre à Février. On espère dans l'avenir une production de 13.600 tonnes, et la consommation augmentera. (Bulletin du Gouvernement Général de

l'Algérie, Mai 1916.)

Le sucre à La Louisiane. Il y a à la Louisiane

210 sucreries, qui sont divisées en deux groupes, correspondant à 15 districts, Les deux groupes sont celui du Mississipi et

ÉTATS-UNIS 181

celui de la Louisiane du Sud. Le travail dans les usines est, suivant l'importance de Fusine, de 300 à 2.400 tonnes en 24 heures. 58 pour cent de la canne sont récoltés sur des champs qui appartiennent aux factoreries mêmes; le reste est acheté aux planteurs. (Bulletin of Mauritius, 4, partie [.)

192 RESSOURCES DES COLONIES

PORTO-RICO

Le sucre à Porto-Rico. 20 pour cent de la surface totale de Porto-Rico (160.000 hectares) sont en culture, et la moitié de la superficie cultivée est occupée par la canne, principale- ment dans les sols alluvionnaires de Ia côte. Dans le Sud, la culture serait plus étendue si on pratiquait lirrigation en faisant venir les eaux du Nord, les pluies sont plus abondantes. La récolte en 1913 a été de 398.000 tonnes. Le travail de la canne est le même qu'à Cuba, mais suivant des méthodes peut-être moins modernes. {Bulletin of Mauritius ; n°22, p.01);

PHILIPPINES 183

PHILIPPINES

Le riz. M. John Runcles à publié dans le 6 (Novem- -bre 1915) du 7he Philippine Journal of Science (Botany) une étude sur les riz des Philippines, leurs caractères, les méthodes de sélection et l'influence qu'ont sur la récolte les espacements des touffes, ainsi que le nombre des plants par touffe. Les résultats ne sont pas d’ailleurs les mêmes avec

toutes les variétés.

Les bananiers.— Lans le même numéro du 7he Philippine Journal of Science, M. Nicanor Gregorio Teodoro a donné un long mémoire sur les bananiers, et, en particulier, sur les espèces ou variétés cultivées aux Philippines {A preliminary study of Philippine Bananas). L'auteur, qui mentionne un certain nombre de travaux antérieurs sur la question, semble ignorer la belle étude publiée en 1913 par M. de Wildeman dans les Annales du Musée Colonial de Marseille.

Dans le Syzopsis provisoire des bananiers actuellement connus aux Philippines, M. Teodoro cite neuf espèces. Deux sont à tiges non stolonifères : le Musa Ensete et le Musa glauca. Les sept autres sont à stolons, mais non renflés à la base : ce sont le Musa coccinea, le Musa textilis, le Musa errans (dont une variété nouvelle, la variété Botoan), le Musa humilis, le Musa sapientum, le Musa paradisiaca et le Musa Cavendishir.

Le Musa ÆEnsete, d'Abyssinie, qui s'est bien adapté aux contrées subtropicales, et est aujourd’hui répandu dans les cultures ornementales européennes, est cultivé aux Philippines au Collège of Agricultur, mais n'v a pas atteint une grande

taille.

184 RESSOURCES DES COLONIES

Le Musa glauca, espèce encore très ornementale, et qu’on trouve çà et à Luçon, est certainement indigène.

Le‘Musa coccinea, à bractées rouges, du Sud de la Chine et de lIndochine fcAuoï fau), n'existe qu’accidentellement dans les jardins des Philippines. |

Le Musa textilis, dont chaque tronc donne 10 à 15 rejets qui fleurissent, est labaca bien connu.

Le Musa errans Blanco, ou saguing machin, qui donne 23 rejets et davantage, est commun, à l’état sauvage, dans les forêts de Luçon. L’agofay d'Albay appartient peut-être à cette espèce. La variété Bofoan (botoan ou butuhan) s'en distingue par ses bractées plus persistantes et ses fruits subovoïdes, au lieu d’être subcylindriques. L'espèce et sa variété sont utilisées pour la fabrication de vinaigre. Les fibres du type sont utilisées comme celles de Fabaca. On fait des liens avec la variété, qui est aussi utilisée {nous ne savons comment) en médecine.

Le Musa utfilis, pitogo, eneflog, voisin du Musa sapientuin (et considéré par M. de Wildeman comme synonyme du Musa Cavendishit) a un tronc de 3 m. 30 à 3 m. 90, avec un diamètre, à la base, de 19 à 23 centiniètres, et des fruits petits, subovoïdes, longuement pédonculés, comestibles, bons pour la préparation de la banane sèche.

Pour l'espèce Musa sapientum, M. Teodoro cite aux Philippines vingt variétés, dont il donne encore le Syropsts.

Le /atundan, {ordan, ou letondal, ou rétundol, est le Musa sapientum var. cinerea. Ses fruits cylindriques, de 10 à 12 centimètres de longueur, à pulpe blanche, sont de qualité inoyenne pour être mangés Crus.

L'apple banana, manzana de Cuba, est le Musa sabientuim Var. cubensis, très voisin du précédent. Il a été introduit de Cuba à Los Banos. |

Le Cuban red estle Musa sapientumm Var. americana, à fruits presque oblongs, d’un poids moyen de 69 gr. 92.

Le r7crado est le Musa Sapienturr var. violacea, à fruits de 10 à 14 centimètres sur 5 à 6.

Le durogo est la variété glaberrima, appelée encore dinuguan.

PHILIPPINES 189

Le bongolan, bungulan, est le Musa sapientuntr var. suaveolens. Les fruits, longs et anguleux, sont parmi Îles meilleurs à manger crus.

Le binutig est le M. sapientum var. Binutig, dont les fruits ont la saveur de ceux de saba.

Le garangao est le M. sapientum var. Garangao, dont les gros fruits ont un poids moyen de 170 gr. 51.

Le {udlong dato est le M. sapientum var. Tudlong, qui est encore le gonyod, le Kinamay dalaga, le tudlo dalaga, le tudlug dato et le galamay senora. Ses fruits valent ceux du bungulan. Les fibres sont employées; et le tronc est utilisé pour la nourriture des porcs.

Le vernte cohol, ou finalong, est le M. sapientum var. glauca. Ses petits fruits sont excellents comme les précédents.

Le daryao, dalia, est le M. sapientum var. Daryao. Ses fruits sont mangés frais ou secs.

Le 7ernate, ou Gloria, est le M. sapientumt Var. ferna- tensis. Les fruits, consommés crus, sont de qualité moyenne, mais conviennent pour la banane sèche.

Bien meilleurs sont ceux du /acatan, Musa sapientunt var. Lacatarn.

Le canara est ie M. sapientum Var. Canard.

L'inarnrbhal est la variété /narnibal, dont les fruits valent ceux du /acatan et du bungulan.

Le fuldoc, à fruits un peu plus gros, est le M. sapientum var. 7Zuldoc.

Le qguinanayan est le M. sapientum var. longa, à fruit médiocre.

Le finumbaya, goyoran, est le AM. sapientumr var. Zombak.

Le sabang tloco est le M. sapientum Var. grandis, dont le fruit müûr pèse en moyenne 262 gr. 4. Peut-être, du reste, ce bananier, à fruits fortement anguléux, non entièrement aspermes, et convenant pour la cuisson, pourrait-il constituer une espèce à part.

Et la remarque est la même pour le Musa sapientum var.

compressa, qui se rapproche à divers égards de ce sabang

1S06 RESSOURCES DES COLONIES

loco et est le saba des indigènes. Les fruits de ce saba, ou Disco, assez gros, ne sont guère mangeables crus, mais sont excellents cuits. Is conviennent aussi pour la préparation de la farine de banane. Les fleurs, d'autre part, seraient cuites comme légumes; les feuilles servent pour lemballage; la filasse est employée comme celle d’abaca.

L'espèce Musa Cavendishii est représentée aux Philippines par plusieurs variétés, dont deux sont : le pefif bananier des Hawaï, var. Aawaensis, dont les fruits sont à pulpe agréable ; et le /ampohin, Musa Cavendishit var. pumila, dont le fruit ressemble à celui du hburgulan, mais est inférieur.

Enfin, comme Musa paradisiaca, plantain, M. Teodoro cite quatre variétés. La principale est le fundoc, boracho, ou {agalog, qui est le Musa paradisiaca variété magira. Les fruits, qui ont parfois plus de 30 centimètres de longueur, sont mangés cuits et sont aussi employés pour la préparation de la farine. Le Batavia, matavia, langai, anuang, qui est le Musa paradisiaca variété maxima, est à fruit très médiocres, ne convenant que pour la farine. On mange cuits les fruits du Musa paradisiaca variété ulnaris. W en est de même des fruits du Aanatuco morado, Musa paradisiaca variété subrubea.

BRÉSIL 197

BRÉSIL

Les exportations en 1915. Les exportations du Brésil, en 1915, ont été de 447.923.000 francs, contre 507.823.000 francs en 1913. Elles se sont réparties en :

BNP PET RS SU AE Se 303.723.000 francs Caantchout:. 172 69.175.000 » CACADS ER ele ete ed 17 825.000 » RL ne PAS MD nm me ne necde 14/9323 000 0 en Co CE A RE T2 NE TEE à 10.125 000 » Vabacss ARMES Penn ACL 5.275.000 » OO TES MP ee LOT de 3239000". . » LETTRE PM SP SC ETEN SE 2 19 325.000 » PAUL 1:07, tete she 0 ee Pat 4.650.000 » Viandes frigorifiées ............ 275.000 »

La Wileman's Brazilian Rewiew calcule que, pendant les onze premiers mois de la guerre, d'Août 1914 à Juin 1915, le Brésil a exporté 31.551 tonnes de cacao, tandis qu'il en avait exporté 39.453 tonnes pendant les onze mois correspondants de la période précédente (Août 1913 à Juin 1914).

Le même calcul a été fait pour les cafés brésiliens, dont il est sorti 12.700.170 sacs de 60 kilos d'Août 1914 à Juin 1915, tandis qu'il en était sorti 13.853.422 d'Août 1913 à Juin 1914. En 1913-1914 les sorties à destination de l'Allemagne, de l'Autriche et de la Belgique avaient été de 3.285.128 sacs, alors qu'elles ont été nulles en 1914-1915. (Bulletin Officiel du

188 RESSOURCES DES COLONIES

Bureau de Renseignements du Brésil à Paris, 15 Octo-

bre 1913).

Le pitanga. Le prifanga est VEugenia uniflora, qu'on cultive au Brésil en arbre, en buisson ou en haie. Son fruit ressemble à la cerise, mais est profondément bilobé. La

composition centésimale suivante a été trouvée aux Hawaï :

at Pme et TER A ee er 90,7

Substances insolubles dans l'eau .. 1,93 Aides sieste res EM rune ages ! 1,44 Albumimboiïdes, . :..:...8 LE 1,02 SUCrÉ nat onde een one tee 5555 00706 Matières erasses: Le he de ae 0,60

Ces fruits sont consommés tels quels, ou bien on en fait des gelées, des sorbets, des liqueurs, des sirops, des vins considérés comme médicinaux et apéritifs.

La culture de l'arbre paraît possible partout les agrumes réussissent. (Shamel et Popenoe Wilson, dans 7e Journal of Heredity ; Washington, Avril 1916.)

Plantes fourragères. La Direction de l'Agriculture à publié dans le Boletin de Agricoltura de VEtat de Sao-Paulo (Mars 1916} une étude sur le aida, capim de Rhodes, qui est le Àhodes grass d'Australie et le CAloris Gayana Kunth, de l'Afrique tropicale. Introduite dans FlEtat de Sao-Paulo, cette Graminée fourragère vit dans les terrains divers, même secs, mais préfère naturellement les sols un peu frais, dans les endroits non trop exposés aux vents. La culture est celle de beaucoup de Graminées. On sème en lignes ou à la volée, d'Août à Novembre ou de Février à Mars, à raison de 150 à 200 litres de graines par hectare. Pendant trois ans on peut faire cinq coupes par an, avec un rendement de plus de 300 tonnes de foin vert et 100 tonnes de foin sec par hectare. On coupe un peu avant la floraison.

Dans le numéro de Février 1916 du même Bulletin est un

BRÉSIL 189

autre article sur le grama de Macafhé, qui serait aussi une

bonne plante fourragère, contenant, à l'état sec, pour cent:

12,90 de matières azotées. 1,87 de matières grasses. 4,84 de substances non azotées. EE . 30,72 de substances ligneuses.

9,07 de substances minérales.

Le grama de Macahé serait la même Graminée que le grama de Pernambuco, qui est le Paspalum mandiocanumt Trinius ; ce serait la variété ellipticum de cette espèce. En Campinas, on a obtenu 7 coupes annuelles, correspondant chacune à 32.600 kilos de fourrage vert par hectare. D'autres agronomes indiquent pour chacune de ces 7 coupes 26.500 kil. d'abord, puis, l'année suivante, 33.000 kilos en 4 coupes.

Au Matto Grosso, la ‘Brazil Land Cattle and Packing C°”, entreprise affiliée à la ‘‘ Brazil Railway Company”, et qui a été fondée en vue de l'élevage et de la production de viandes à frigorilier, a planté 30.000 acres de sa fazenda en capim gordura, qui donne les meilleurs résultats pour lengrais- sement du bétail. Est-ce le Melinis minutiflora ?

Les viandes frigorifiées. Pendant les 5 premiers mois de 1916, le Brésil a exporté 10.919.289 kilos de viandes frigo- rifiées, au lieu de 381.085 kilos seulement pendant les cinq

premiers mois de 1915.

L'or. Depuis l'arrivée des Portugais au Brésil jusqu'à nos jours, il a été extrait au Brésil 700.000 kilos d’or. Cet or est connu et exploité dans presque tous les Etats, mais c'est l'Etat de Minas-Geraes qui en fournit la plus grande quantité. Les mines principales sont celles de la chaîne d'Espinhaçao, qui occupent une étendue de 1.200 kilomètres depuis la ville de Barbacena, dans l'Etat de Minas, jusqu'à la ville de Jacobina, dans l'Etat de Bahia. Il à été exporté, comme oren barres, 4.026.775 grammes en 1912 et 2.126.231 grammes pendant les

190 RESSOURCES DES COLONIES

six premiers mois de 1914. (Bulletin Officiel du Brésil à Paris, 15 Octobre 1915.)

Le fer. Le Brésil est très riche en minerais de fer. De la ville de Quéluz à celle de Sabara, le Chemin de fer Central, qui unit l'Etat de Rio à celui de Minas-Geraes, traverse une vaste étendue de terrains dont les couches superficielles sont des minerais de fer. Le mont Itabira, qui a donné son nom à l'{abirite, n'est tout entier qu’une masse énorme de minerai, donnant à l'analyse 75 pour cent de fer métallique. Dans le voisinage de cette montagne, ce ne sont partout que des gisements compacts renfermant 66 à 70 pour cent de fer métallique. {/d.).

CUBA 191

CUBA

Le sucre. Il y avait en 1912 à Cuba 172 factoreries de canne à sucre, qui étaient réparties dans toutes les provinces, mais plus spécialement dans celles de Santa Clara (62), de Matanzas (41) et d'Oriente (30). Il y en avait 19 à La Havane, 8 dans la Province de Pinar del Rio et 6 dans celle de Camaguey.

Ces 172 factoreries ont produit en 1912 1.912.875 tonnes de sucre. Elles broient de 500 à 6.000 tonnes de canne par heure ; mais les rendements ne sont pas aussi élevés qu'à Java et aux Hawaï.

La récolte de canne commence dans la seconde moitié de Décembre ; et, vers le milieu de Janvier, toutes les factoreries sont à l'ouvrage. Le travail continue jusqu'en Mai dans certaines provinces, jusqu'en Août dans d’autres. Dans les provinces de Pinar del Rio, de Havane, de Matanzas, les moulins broient de la fin de Décembre à Mai; plus au Sud, notamment dans l’Oriente, la saison de broyage dure de Janvier à Août. Toutes ces dates dépendent de la saison pluvieuse, qui varie beaucoup dans les diverses parties de l'île.

: Les factoreries travaillent nuit et jour, et il y a ordinaire- ment deux équipes d'ouvriers, qui travaillent chacune 6, 8 ou 12 heures. {Bulletin of Mauritius, n 2, partie I.).

192 RESSOURCES DES COLONIES

MEXIQUE

Le chanvre de Sisal au Yucatan. Le Yucatan, dont la superficie représente approximativement la moitié de celle de la Louisiane, a une population de 315.000 habitants: sa capitale, Mérida, a 60.000 habitants. Un service direct, celui de la Compagnie ‘Caribbean and Southern” met son port Progreso en relations rapides avec la Nouvelle-Orléans. Le heneguen, chanvre de Sisal, constitue les sept-huitièmes des exportations totales, l’autre huitième étant composé de chicle (pour le chewing-gum), d'acajou, de bois de teinture et de peaux. Les trois-quarts de la population sont occupés à l'industrie du sisal.

En 1915, les exportations de la filasse par Progreso ont été : en Janvier, de 34.342 balles de 170 kilos environ, soit 6.015.720 kilos; de Janvier à fin Juin, de 432.096 balles, soit 73.877.411 kilos. En 1914, les Etats-Unis ont reçu du Yucatan 957.107 balles ; ils avaient reçu, d’autre part, des Philippines, en chanvre de Manille, 402.918 balles, également de 375 livres. (EI Heneqguen ; n°1, Janvier 1916. Mérida).

30 Septembre 1916.

HENRI JUMELLE,

Professeur à la Faculté des Sciences, Directeur du Musée Colonial de Marseille.

MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE. VENTE

Les Annales du Musée colonial de Marseille, fondées en 1893, paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules.

Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance, sont en vente chez M. CHALLAMEL, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à qui toutes les demandes de renseignements, au point de vue commer- cial, doivent être adressées.

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. HER JuMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée colonial, 5, rue Noailles, à Marseille.

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Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gratui- tement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à leurs frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avec

titre spécial sur la couverture.

Les mémoires ou ouvrages dont un exemplaire sera envoyé au Directeur du Musée colonial seront signalés chaque année en fin

de volume dans les Arnales.

Le Fascicule de l’année 1916 (Catalogue descriptif des Collec- tions botaniques du Musée colonial de Marseille : Madagascar et La Réunion), paraîtra très prochainement.

Le Fascicule (Les Bois utiles de la Guyane Francaise, par M. H. Stone), sera publié ultérieurement.

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