QH 3 M3 T . 1 PT . 1 1882-83 SCIENCE THE LiBRARY OF me UNIVERSÎTY OF TEXAS AT AUSTÎN 3 M.? pKI itR-î) SCIENCE, Digitized by the Internet Archive in 2017 with funding from IMLS LG-70-15-0138-15 https://archive.org/details/annalesdumusedh1118muse_0 ANNALES DU MUSÉE D’HISTOIRE NATURELLE DE MARSEILLE PUBLIÉES AUX FRAIS DE LA VILLE - , . SOUS LA DIRECTION de M. le Profr A. -F. MARION ZOOLOGIE TRAVAUX DU LABORATOIRE DE ZOOLOGIE MARINE MARSEILLE TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE J. CAYER Rue , Saint-, Ferréol, £7. I 882-1883 ■ r fA^-y ^ *v I mm ' -, 7 7 y 7VT" u- >»■; jaRsV r A a>, ' > .., 7 • ? V y 7 'g.' / 'V’ ( ^ 7 WffA A 1 ' ' ‘ ,v " 77 Ï7 77: :7 ;..' , ^7^77:777777';:/; / ^ ° , 1 ‘ ‘7 ’ ^ , ” * 1 ' .: ■ - . . . 7; : ; .'■ '7, 7 7 / • 7'- ' ' . r-, - ....;- . «,-j " ; 7/ 77- 77;; , ’ - ■ . , > ■■ • ■■ V ' •..■'•• • ••:..•• : •■• ■ 7..: ■- • - .; -ïf . r / *•* r >. ; - •/ i'ï* 7 • ■-, -, ■ 7 v. *v .. 7.- - w;-.- ; . 'v ' A ' ■? 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Les personnes amies de la science seront reconnaissantes de ce vote éclairé. Il marque une dernière étape dans le mouvement que nous avons vu naître. Ce mouvement va s’accentuant toujours davantage , depuis une vingtaine d’années ; une courte revue des travaux d’enseignement supérieur dans notre ville , peut nous en donner l’exacte impression. La Faculté des Sciences de Marseille n’a été fondée qu’en décembre 1854 pour compléter le cadre des études dans l’Académie d’Aix et elle a dû suivre, dans son développement, les phases par lesquelles ont passé toutes les écoles provinciales du même ordre. II s’agissait peut-être davantage, au début, de plaire au public par un ensei- gnement aimable de vulgarisation, que de recruter un personnel d’élèves spéciaux disposés aux recherches ardues. Peu à peu, cependant, la pré- VI paration aux grades de licence et de doctorat prit de l’importance; ce ne fut, toutefois, qu’en 1869, avec la fondation de l’Ecole pratique des hautes études, que les véritables travaux techniques furent inaugurés, au moins en ce qui touche aux sciences physiques et naturelles. Nous ne croyons pas que l’on puisse se méprendre sur le sens de nos paroles. Nous n’avons point la pensée de rattacher à notre établissement universitaire tous les progrès réalisés dans l’étude des animaux, des plantes ou des fossiles de la Provence, mais il convient de reconnaître l’influence que son enseignement a eue sur la diffusion des notions de ce genre et sur la portée même des recherches. Mieux que tout autre nous voulons rendre hommage aux maîtres dont nous avons reçu, autrefois, les premières leçons et qui nous ont soutenu de leur exemple et de leur amitié. Les sciences d’observation ont ce caractère et cette prérogative qu’elles semblent être l’expression même de la région à laquelle elles s’appliquent et qu’elles lui empruntent un cachet original et comme une saveur particulière. Les mathématiques se déroulent dans leur progression régulière sans éprou- ver aucune impulsion du milieu ambiant ; le physicien et le chimiste peuvent, aussi bien, se dégager des influences extérieures, à moins qu’ils ne se consa- crent à des applications industrielles ; le naturaliste demeure lié au sol. Son oeuvre la plus magistrale n’est qu’un reflet de ce monde qui sollicite les recherches par des aspects si divers et si changeants, suivant les lieux. On dit d’une contrée qu’elle est riche ou stérile. Ces termes expriment bien l’impression qu& 1 1 botaniste, le géologue ou le zoologiste éprouvent en face d’une nature variée ou uniforme. La Provence se range parmi les privilé- giées. Aucune ne s’offre avec un terrain plus hétérogène, avec une orogra- phie plus accidentée, avec une flore ou une faune plus intéressante. Des embouchures du Rhône aux sommets des Alpes littorales, la scène se modi- fie fréquemment : toutes les époques zoologiques se manifestent en revêtant souvent des formes bien particulières, la végétation réalise les associations les plus curieuses, celles du climat de l’olivier avec ses faciès calcaires ou siliceux, celles de la région du laurier rose, et plus loin, enfin, dans les abris des environs de Nice se cachent les derniers survivants d’un monde refoulé VII vers le sud, les palmiers nains, les caroubiers et les euphorbes frutescentes. Les cimes neigeuses ne sont, toutefois, pas bien éloignées et le botaniste qui, de Villefranche, s’élève jusqu’aux sources du Var ou de la Tinée, son princi- pal affluent, assiste, sans parcourir une grande distance dans le sens des latitudes, à des changements aussi tranchés que si, parti du sud de l’Espa- gne, il arrivait brusquement dans le nord de la Suède. Si nous nous adressons à l’autre Règne, les animaux terrestres ou marins se pressent autour de nous dans une profusion merveilleuse. Comment supposer qu’une, telle patrie n’ait animé des observateurs, n’ait créé des naturalistes de grand nom ! En les énumérant tous, nous ferions l’histoire de la science naturelle. C’est à Tournefort que nous devrions remonter, à Adanson, à Garidel, à Plumier, à Gérard de Cotignac, à Aublet, à Lamanon, à Peyssonel, l’observateur profond qui sut reconnaître la nature animale du corail et qui inaugurait à Marseille, en 1720, les études exactes de zoologie marine. Plus près de nous, la tradition se continue en se pliant aux formes nouvelles que les recherches revêtaient successivement. Les spécialistes commençaient leur enquête et s’appliquaient à la flore, à la faune ou à la géologie de la Pro- vence. Polydore Roux, le premier directeur du Musée de Marseille, aussi habile artiste qu’excellent descripteur, figurait les principaux crustacés de nos côtes et publiait ensuite une belle ornithologie régionale, à laquelle son suc- cesseur, Barthélemy Lapommeraye, devait, en collaboration avec le docteur Jaubert, ajouter d’intéressants chapitres. Boyer de Fonscolombe et Sollier recueillaient les insectes; Derbès, après avoir donné d’importantes observations sur l’embryogénie des oursins, se consacrait aux algues marines dont les procédés de reproduction étaient encore inconnus. La flore terrestre avait occupé Castagne qui ouvrait la voie à toute une légion de botanistes. Dans un domaine différent, la géologie de la Provence n’avait été considérée que superficiellement par l’auteur de la carte géologique de France. Les caractères d’une région ne sont jamais mieux reconnus que par les hommes qui y sont nés et qui y ont grandi en VIII recevant tous les jours de sa nature une impression nouvelle. On nous par- donnera de revenir sur cette pensée. Nous ne pouvons réellement faire remonter les études exactes de géologie provençale qu’à Y Essai sur la cons- titution géognostique du département des Bouches-du-Rhône (r), de notre compatriote Philippe Matheron, et au cours de géologie professé par Coquand en 1840 au Musée d’histoire naturelle d’Aix. En 1842, Matheron donnait un relief nouveau à ses recherches par la publication de son Catalo- gue méthodique et descriptif des corps organisés fossiles du département des Bouches-du-Rhône et lieux circonvoisins. Il s’attachait ensuite plus spécialement à la classification des terrains fluvio-lacustres du midi de la France qui constituent peut-être la partie la plus intéressante de notre sol. De son côté, Coquand, après avoir décrit magistralement les roches primi- tives des Maures et de l’Estérel, explorait nos formations de la période secon- daire, dont il savait faire ressortir l’originalité. On peut, sans doute, appli- quer à l'œuvre de Coquand la éritique qui convient à toutes les productions des premiers adeptes de l’école de d’Orbigny. L’idée systématique qui inspi- rait leurs études de prédilection, ne répond plus aujourd’hui complètement aux aspirations des naturalistes ; il y aurait injustice, cependant, à ne pas reconnaître les services qu’elle a rendus et ceux qu’elle rend encore tous les jours, alors qu’il s’agit bien moins d’exposés synthétiques ou philosophi- ques qüe de descriptions techniques. H. Coquand et Ph. Matheron comptent parmi les géologues qui, par leurs monographies régionales, ont le plus contribué aux progrès de la science. A côté d’eux prend place Gaston de Saporta, dont le nom reste lié à l’his- toire des flores fossiles. Il nous est précieux de rappeler que nous avons reçu de ces trois savants les premiers principes et que, depuis vingt-deux ans, nous avons été plus ou moins intimement associé à leurs travaux. Coquand n’est plus parmi nous, et nous avons dû regretter que les dernières années de sa vie n’aient pas été uniquement consacrées à la géologie; le sou- venir de son brillant enseignement n’est pas effacé, néanmoins, et l’enthour (1) Répertoire de la Société de Statistique de Marseille. T. 3. — i839. — IX — siasme qui l’animait inspire encore les spécialistes et les nombreux amateurs qui furent ses élèves. Nous ne pouvons nous dispenser de citer encore, à côté des naturalistes du sud-est de la France, qui se sont voués à l’histoire du bassin méditerra- néen, Risso, Vérany, Baria, de l’ancien comté de Nice, nos frères véritables par la race, par l'idiome, l’esprit et le caractère. On se rappelle l’éclat que l’œuvre de ces savants a jeté sur notre pays. Nous le voyons, le goût des sciences d’observation n’est pas, au milieu de nous, une éclosion tardive et nous avons quelque droit à nous enorgueillir de nos prédécesseurs. Aujourd’hui les recherches ont pris une nouvelle direction. Les diverses parties de notre champ d’étude ont été reconnues, mais il s’agit de les creuser profondément. Les travaux deviennent, en conséquence, de plus en plus pénibles ; ils exigent un matériel important, un personnel nombreux dont chaque membre prend une fonction distincte. Cela est vrai surtout de la zoologie qui se consacre chaque jour davantage à la connaissance des faunes marines. L’embryogénie générale, qui doit nous apprendre l’évolution des organismes, la géographie zoologique, qui doit également nous indiquer les modifications éprouvées par les formes anima- les dans le temps et à travers l’espace, sont intimement liées aux recherches maritimes. Cette idée a certainement inspiré la création de tous les labora- toires qui, en peu de temps, ont été établis sur les rivages de l’Océan et sur ceux de la Méditerranée. La faveur que l’on témoigne en ce moment à tout ce qui se rattache à la biologie s’explique, sans doute, par les progrès rapides que cette branche de nos connaissances a réalisés et par l’influence qu’elle semble posséder sur la philosophie générale, sur la psychologie, sur l’économie sociale, sur la morale, c’est-à-dire sur toutes les sciences qui poursuivent la solution des plus graves problèmes posés à l’esprit humain. Ce mouvement répond incontestablement à une préoccupation nouvelle du public éclairé. Il est curieux de remarquer que les sciences les plus transcendantes ont d’abord absorbé son attention. Les premiers Observatoires, créés à grands frais, — X ® étaient des Observatoires astronomiques. La nécessité de doter des établisse- ments du même genre, consaçrés aux sciences physiques et naturelles, est maintenant acceptée. La ville de Marseille devait participer à ces institu- tions. Sa position privilégiée sur les bords d’un golfe d’une extrême richesse, la désignait à l’attention des spécialistes. Son riche Muséum, rattaché au laboratoire de zoologie marine de la Faculté des Sciences, devait offrir aux élèves et aux maîtres des facilités d'étude exceptionnelles. Ce laboratoire de zoologie marine, établi en 1869 comme une dépendance de l’Ecole prati- que des Hautes Etudes, a pu suffire, pendant douze ans, aux exigences de l’enseignement et des recherches ; l’affluence des observateurs et l’impor- tance même de leurs travaux nous ont cependant forcé à réclamer une instal- lation mieux appropriée et la construction d’une véritable station maritime, sur le bord de la mer. Nous nous acquittons d’un devoir bien doux en expri- mant ici toute notre reconnaissance aux Administrations qui ont accueilli nos demandes avec une bienveillance si marquée, 'et à toutes les personnes qui ont pris à cœur la réussite de nos projets. En janvier 1878, pendant une tournée d’inspection de M. le professeur Berthelot, M. Desservy, qui remplissait alors les fonctions de maire de Marseille, voulut bien faire une démarche auprès du représentant du Minis- tère de l’Instruction publique et lui déclarer que la municipalité n’hésiterait pas à contribuer aux dépenses d’une installation sur les bords de la mer, à Endoume. Il était réservé à un autre Conseil de donner une première forme à ce projet d’agrandissement et de transformation. La presse de Marseille, en la personne d’un de ses représentants les plus sympathiques, avait déjà disposé favorablement l’opinion publique. Le 12 août 1879, sous la présidence de M. le maire Ramagni, le Conseil municipal, sur le rapport de M. le docteur Gariel, votait, en principe, la création d’une station zoolo- gique, renvoyant le dossier à la commission des finances pour déterminer les voies et moyens. Le 26 septembre de la même année, un rapport de M. Penther faisait inscrire au budget un crédit de prévision de 20,000 francs, crédit porté à 6 5, 000 francs, après étude des devis dressés par l’architecte — XI de la Ville. Le Ministère de l’Instruction publique voulut, de son côté, contribuer à cette fondation et fit immédiatement verser une somme de 20,000 francs dans les caisses municipales. Le crédit total de 85,ooo francs fut maintenu successivement aux budgets de 1880, de 1881 et de 1882, grâce aux bons offices de M. Hugueny, puis de M. F. Morges, adjoints délégués à l’Instruction publique. Il demeurait, toutefois, sans emploi, par suite de diverses difficultés soulevées par le génie militaire, qui, ne connaissant sans doute que d’une manière imparfaite l’importance scientifique de cette affaire, demandait des sacrifices considé- rables à la ville de Marseille, en échange des terrains de l’ancienne batterie des Lions, sur lesquels la Station pouvait être établie, alors que ces terrains devaient naturellement demeurer à l’Etat. Nous n’oublierons pas que ces difficultés et les confusions qu’elles avaient entraînées, auraient fait échouer misérablement notre projet, sans les démarches de M. le maire Brochier et l’intervention de notre vénéré ami, M. Philippe Jourde, dont la haute influence a été, dans cette circonstance comme à l’occasion de l’établis- sement d’une nouvelle Faculté, si favorable aux intérêts scientifiques de notre cité. A la suite d’un vœu émis par le Conseil général des Bouches-du-Rhône, M. Jourde a su nous concilier l’attention bienveillante de M. le général Billot, ministre de la Guerre, et obtenir de lui le projet de déclassement que la Chambre a voté, au moment où les esprits les plus confiants avaient bien quelques raisons pour ne plus garder que de faibles espérances. Ces diverses péripéties devaient être exposées, dans toute leur complexité, au public scientifique. Nous avons l’espérance, aujourd’hui, que sous l’impulsion imprimée à toutes les questions d’enseignement et avec l’aide d’une Administration municipale éclairée et sincèrement sympathique, les travaux d’édification seront activés. Bientôt les savants français et étrangers trouveront auprès de nous les ressources qu’ils .sont en droit de demander à une grande cité maritime , qui n’ambitionne pas seulement la suprématie industrielle et commerciale. — XII — On comprend donc que le Recueil zoologique du Musée de Marseille, publié aux frais de la Ville, sous notre direction, soit destiné principale- ment à devenir l’organe du Laboratoire de zoologie marine. Ces Annales, dont l’importance va s’accroître, traduiront les développements de l’établis- sement qu’elles représentent , et nous pensons avoir exactement indiqué , dans cet avertissement, à qui nous serons redevables des services qu’elles sont appelées à rendre dans un avenir prochain. A.-F. MARION. Marseille, décembre 1882. ESQUISSE d'une TOPOGRAPHIE ZOOLOGIQUE DU GOLFE DE MARSEILLE ANNALES DU MUSÉE D’HISTOIRE NATURELLE DE MARSEILLE. — ZOOLOGIE Tome Ier MÉMOIRE N° 1 ESQUISSE d’une TOPOGRAPHIE ZOOLOGIQUE DU GOLFE DE MARSEILLE PAR M. A. -F. MARION PROFESSEUR A LA FACULTÉ DES SCIENCES ‘ Directeur du SWusée et du Laboratoire de Zoologie marine. MARSEILLE TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE CAYER ET Cie Rue Saint-Ferréol, 57. 1 883 ESQUISSE d’une TOPOGRAPHIE ZOOLOGIQUE DU GOLFE DE MARSEILLE La description complète d’une faune marine régionale est une œuvre longue et difficile; elle exigerait du zoologiste qui voudrait s’y consacrer des connaissances générales et des aptitudes rarement réunies dans une seule personne. Il est évident qu’une entreprise de cette nature ne peut être réalisée que par une succession de Monographies portant sur les divers groupes d’animaux et conduites conformé- ment à toutes les nécessités de la science, si rapidement changeantes. Le labora- toire de zoologie marine de Marseille a réglé, depuis plusieurs années, dans cette direction, le programme de ses travaux. Quelques études ont pu être déjà publiées dans divers recueils, notamment dans les Annales des Sciences naturelles ; elles n’ont mis à profit qu’une minime portion des matériaux qui s’offrent de toutes parts à nos recherches, dans un golfe d’une extrême richesse. Nous avons l’espé- rance que ces premières observations seront promptement complétées et étendues; mais, sans attendre ces monographies spéciales, nous pouvons donner une idée exacte de la physionomie de notre rade. Des dragages fréquemment répétés depuis 1869, nous ont fait connaître la nature des fonds et nous ont procuré déjà les prin- cipaux invertébrés qui les habitent. Nous possédons ainsi les éléments d’une sorte de topographie zoologique qui fournira d’intéressants documents à l’histoire de la distribution géographique des espèces marines et qui, d’ailleurs, devait naturelle- ment prendre place en tête d’un recueil destiné principalement à l’étude des côtes méridionales de la France. m PREMIÈRE PARTIE CONFIGURATION DU GOLFE DE MARSEILLE COTE — ILES DU GOLFE. — NATURE DES FONDS. — PROFONDEURS. MOUVEMENTS DES EAUX. Nous ne devons pas nous engager dans les descriptions minutieuses que compor- terait un travail de topographie physique. Le zoologiste qui voudra bien suivre notre esquisse, aura à sa disposition les belles cartes hydrographiques de la Pro- vence, publiées par le service de la Marine. La collection de ces cartes comprend diverses feuilles, les unes à grande échelle et ne donnant que le golfe de Marseille, du cap Couronne à Cassis, les autres reproduisant une partie plus considérable du littoral et s’étendant jusqu’à une assez grande distance des côtes, dans la haute mer. Nous avons adopté, pour figurer la nature des fonds que nous allons étudier, l’échelle de ces dernières cartes dites routières. Elles nous permettent de réunir sur une même feuille les côtes et les régions sous-marines du large, qui feront l’objet du mémoire suivant. Nous n’examinerons ici que la rade proprement dite, en la délimitant par une ligne fictive qui s’étendrait de la pointe de l’île de Maïré à l’est, vers l’écueil de Planier, pour se relever ensuite vers le nord-ouest, jusqu’au cap Couronne. La côte qui reçoit ce grand bras de mer, d’une largeur de plus de vingt kilomè- tres et d’une longueur presque égale, est ordinairement abrupte. Elle constitue le prolongement d’une vallée importante, la vallée de l’Huveaune, qui a joué un rôle assez remarquable, dans notre région, aux époques géologiques. Cette vallée est encore bornée par deux chaînes principales dont l’une, celle de Garlaban, de Notre-Dame-des- Anges, de l’Etoile et de la Nerthe, court assez régulièrement de l’est à l’ouest; tandis que l’autre, dont les pics de la Gardiole et de Carpiagne cons- tituent les principaux sommets, s’infléchit du nord-est au sud-ouest. Ces deux arêtes s’ouvrent ainsi comme les deux branches d’un compas et finissent par se ratta- cher au massif de la Sainte-Baume. La petite rivière qui coule, de nos jours, dans cette vallée occupe la place de cours d’eaux autrefois bien plus considérables, dont les traces sont très reconnaissables. L’ossature des deux chaînes de montagne dont nous venons de parler est formée par des terrains secondaires, jurassiques et cré- tacés. Ces dépôts de nature marine étaient déjà émergés et représentaient un conti- nent accidenté, au moment du tertiaire miocène. A cette même époque, la Méditer- ranée existait sans doute, mais son littoral était plus loin vers l’ouest, dans notre région provençale. La vallée correspondant à celle de l’Huveaune se prolongeait par conséquent davantage dans la direction des embouchures du Rhône actuel. Elle n’était point, du reste, fermée dans les environs de la Sainte-Baume et elle devait se continuer dans leVaretles Basses-Alpes, comme une sorte de Durance dont le cours aurait été dévié par des soulèvements postérieurs. Des séries de lacs, étagés depuis les environs de Marseille jusqu’à Saint-Zacharie, occupaient d’abord cette vallée ancienne. 1 1s firent place à un fleuve torrentueux, soumis à des crues violen- tes, auxquelles il faut attribuer les argiles rouges, les sables et les cailloux roulés qui s’étendent de Saint-Zacharie à Auriol, d’Aubagne à Saint-Henri et à Marseille. Ces argiles, comme les calcaires lacustres qui leur sont subordonnés, contiennent les restes des animaux et des plantes terrestres ou fluviatiles qui habitaient alors nos contrées. Nous pouvons suivre ces formations jusque vers Carry, où nous nous trouvons en face de couches marines colorées par les argiles rouges de la vallée. Il est aisé de reconnaître aux grandes masses de poudingues et de sables, la place du courant principal. En atteignant Marseille, il était rejeté vers le nord par le massif secondaire de Notre-Dame-de-la-Garde, dont le relief s’était accen- tué depuis l’époque des lacs; de telle sorte que le fleuve, au lieu de suivre la marche de la rivière actuelle, se détournait dans la direction d’Arenc, chassait ses limons les plus fins jusqu’à Saint-Henri , puis allait former un large estuaire vers Carry, dans l’espace compris entre les îles Pomègues et Ratonneau et la côte de Méjean. La configuration sous-marine de notre golfe se ressent encore de cette topo- graphie géologique ancienne. Toute la région N.-O. de la rade, celle qui cor- respond au courant miocène, est la région profonde, comme si la mer l’avait le plus longtemps occupée et creusée. La ligne des fonds de cinquante mètres, par exemple, touche la côte au cap Méjean, s’écarte ensuite de la plage de l’Estaque, mais pénètre vers Marseille en se rapprochant de la jetée de la Joliette jusqu’à moins de deux kilomètres. Nous la voyons ensuite border Ratonneau et le cap Cavaux de Pomègues, pour gagner l’île de Maïre, en laissant, vers l’embouchure actuelle de l’Huveaune, une plage de plus de cinq kilomètres de largeur, corres- pondant à un faible affaissement local, relativement récent, et auquel est due la nouvelle direction du faible cours d’eau qui prit la place du fleuve miocène, lors- que, plus tard, la vallée fut isolée, vers Saint-Zacharie ou vers Nans, de l’intérieur des terres. Ce n’est point ici le lieu de décrire complètement les phénomènes géo- logiques que nous rappelons. Il était cependant utile de les indiquer, car ils nous permettent de mieux saisir la raison des accidents orographiques sous-marins que les cartes nous signalent. Nous disions tantôt que la vallée primitive, lors de la période miocène, se prolongeait vers l’ouest, plus loin que de nos jours, puisque les dépôts marins ne se montrent pas en deçà du Rouet de Carry. Cette proposition implique des phénomènes consécutifs dont nous nous rendons parfaitement compte. Sous l’influence d’affaissements du sol, la mer tendit à progresser dans la vallée, en pénétrant plus largement, plus aisément, dans la partie nord qui correspondait à la région basse. Tout nous prouve que le massif de Carpiagne et de Marseille-à- Veyre était encore rattaché à l’écueil de Planier, constitué par les mêmes couches néocomiennes. Une ligne d’écueils sous-marins, connus par nos pêcheurs sous le nom de Mangespen, s’étend de l’île de Maïré à Planier, poussant ses cîmes plus ou moins près du niveau des eaux, arrivant quelquefois, comme au Veyron à 13 mètres de la surface. Un autre promontoire moins important, mais non moins intéressant, se dessine de la pointe d’Endoume aux îles de Ratonneau et de Pomègues, avec les saillies intermédiaires des îles des Pendus et d’Endoume, des roches de Taratatan, du Sourdava, du Canoubier, du Château-d’If, etc. Les fonds accusés par la sonde dans le golfe actuel indiquent encore nettement ce massif autrefois émergé et comprenant les sommets des îles du golfe, les élévations de Notre-Dame-de-la- Garde, et l’extrémité de la chaîne de Marseille-à-Veyre, sommets que la mer n’a pu atteindre alors qu’elle envahissait les terres basses qui s’étendaient à leur pied et qui correspondaient à la fois à une partie du Prado, aujourd’hui occupée par des atterrissements plus récents, et à tout l’espace compris, en dedans de la ligne de 40 à 50 mètres de fond, dans la portion sud de notre rade. Il nous paraît que l’on peut pousser plus loin cette recherche des variations survenues dans l’état physique de notre pays. Nous savons par la géologie de notre région , qu’après la période miocène , c’est-à-dire durant le pliocène et jusqu’aux premiers temps de l’époque quater- naire, le climat de la Provence était particulièrement humide. Des sources puissantes jaillissaient à un niveau élevé, le long du massif monta- gneux qui limite au nord la vallée de l’Huveaune. Ces sources versaient leurs eaux, d’une part sur le plateau de la Valentine, de Saint-Marcel, de Saint-Julien et de Saint-Barnabé, de l’autre, sur la plaine de Saint-Antoine etfcde la Viste, et elles déposaient dans ces diverses localités des tufs et des travertins puissants. Les plus faibles de ces sources reprenaient, par les Aygalades, la direction du golfe 2-: — IO — primitif, tandis que les plus abondantes se divisaient en deux branches, l’une sur l’emplacement du ruisseau de la Rose, parvenant jusqu’au vieux port, l’autre dans le lit actuel de l’Huveaune qui recevait, sans doute, du massif de la Sainte- Baume, en ces temps de pluies régulières, un débit considérable. Le géologue et le le paléontologiste devraient, en étudiant ces intéressantes questions, décrire avec plus de détails l’aspect de la Provence pliocène et quater- naire. Nous aurons l’occasion de reprendre nous-même le sujet à ce point de vue particulier. Il nous suffira de rechercher ici la configuration du golfe de- Marseille à ces époques qui précèdent immédiatement l’apparition de l’homme, ou qui correspondent aux premières phases de son existence. L’îlot de Planier fut certainement détaché promptement de la côte. Il ne corres- pondait qu’à la pointe d’une arête rocheuse, le Mangespen , attaquée par la haute mer et bientôt détruite. Par contre, le promontoire d’Endoume, de Ratonneau et de Pomègues put résister plus longtemps aux érosions. Alors que la mer avait gagné déjà sur les terres basses du petit golfe du Prado, en pénétrant plus profon- dément que de nos jours dans la vallée de l’Huveaune, dont les dépôts alluviens se sont accumulés depuis en abondance, les îles de Pomègues et de Ratonneau tenaient encore à la terre ferme par les îlots intermédiaires. Nous pouvons assurer que cet état persistait au début de la période quater- naire, tandis que les hommes de la pierre taillée prenaient possession de notre pays. En effet, au cours des travaux entrepris à Ratonneau par l’Administration des ponts-et-chaussées, pour la construction des jetées de la Joliette, les coups de mine donnés dans les carrières du Frioul, mirent à jour des brèches osseuses contenant les restes de plusieurs mammifères de la période quaternaire. Les osse- ments recueillis dans ces brèches se rapportent à des bêtes qui fréquentaient la région, qui y étaient mortes, et dont les cadavres, décomposés à l’air libre, avaient laissé diverses pièces résistantes de leur squelette à la surface du sol. Les pluies torrentielles devaient alors, comme de nos jours, entraîner parfois ces ossements avec la terre et les pierres meubles, et les accumuler dans les fentes des rochers. La géologie, depuis longtemps déjà, a expliqué ce phénomène qui se reproduit en mille endroits divers. Elle nous dit qu’à l’époque quaternaire, le piton le plus élevé de Ratonneau était fréquenté par des ours, des renards, des porcs-épics, des cerfs. Les dents d’ours delà brèche du Frioul indiquent une petite espèce, sans doute identique à 'celle trouvée dans les dépôts de l’Italie du Sud, et désignée sous le nom à’Ursus mediterraneus (i). Deux individus au moins ont vécu et laissé leurs dépouilles sur le rocher de Ratonneau : l’un était jeune, l’autre était arrivé aux (i) Atti aella Società italiana dette Scienze nùturali. T. XV, f. 2 dernières limites de la vieillesse. Le porc-épic était un grand animal, une sorte de race géante ( Hystrix major , Gervais) de l’espèce que l’on rencontre encore actuel- lement dans le sud de l’Italie. Le renard ne semble pas différer du renard actuel; le cerf est, sans doute, le même qui habitait les forêts de la Provence quaternaire. Comment supposer que deux ours, qu’un cerf, qu’un renard et qu’un porc-épic aient habité alors Ratonneau, si l’on admet que ce rocher était une île, d’une surface égale à celle que nous lui connaissons aujourd’hui ? Il est bien clair, d’ailleurs, que ces dépouilles fossiles laissent deviner une population animale assez dense. Elles indiquent des changements dans l’état des lieux, et cela d’une manière si évidente qu’il est inutile d’insister. Les mammifè- res qui parcouraient les rocs de Ratonneau et de Pomègues devaient trouver accès sur la terre ferme. Lorsque, peu à peu, les parties basses du promontoire furent envahies par la mer, la faune des îlots isolés s’appauvrit, tandis que des change- ments climatériques, modifiaient la flore, déjà fortement éprouvée, du reste, par les nouvelles conditions topographiques. Nous indiquons en quelques traits un intéressant sujet de recherches. Ces îlots abandonnés ont bien pu recevoir, depuis le moment de leur séparation, des immigrants. Des graines ailées ont dû leur parvenir chassées de la côte ; des insectes doivent les visiter; mais il existe des catégories de plantes et d’animaux dont l’organisation exclut des transports de ce genre et qui, par conséquent, parqués dans les îles, nous conservent un souvenir de ces époques lointaines. C’est là une source de documents qu’il faudra exploiter, lorsqu’on voudra reconstituer les scènes de la période quaternaire en Provence, et distinguer dans notre flore ou dans notre faune, les éléments anciens des espèces récentes. Les tufs quaternaires nous montrent bien les êtres qui fréquentaient les stations fraîches et humides, mais ils nous laissent sans indications sur les plantes ou sur les animaux qui vivaient ailleurs. L’histoire naturelle des îles du golfe de Marseille prendra un relief tout particulier, lorsqu’on l’écrira sous cette forme et dans cette direction d’études spéciales. L’auteur qui abordera ce sujet devra signaler sur le petit îlot d’Endoume l’intéressant Geckotien, Phyllodactylus euro- pæus, qui ne se retrouve plus nulle part ailleurs sur notre littoral. On comprend bien que ce reptile se montre ici comme la dernière épave d’une faune ancienne, relégué dans un coin où il a pu se maintenir malgré toutes les difficultés d’existence, et par cela seul qu’il était soustrait à la concurrence des autres espèces de sauriens. Sur l’îlot du Château-d’If, le naturaliste rencontrera une intéressante race du Lacerta muralis, façonnée par les mêmes influences qui ont donné naissance à toutes ces variétés éparses et isolées que les erpétologues ont su reconnaître récemment dans les diverses îles de la Méditerranée, et dont la multiplicité vient modifier si profondément la notion de l’espèce primitive. Sur ce même îlot du Château-d’If, aussi bien que sur Ratonneau et Pomègues, il conviendra d’étu- dier les insectes privés d’ailes , ou les coléoptères à élytres soudées comme Parmena Sollieri, les araignées, les coquilles terrestres, les plantes telles que Ephedra distachya , L., Sedum littoreum, Guss., Silene sedoïdes , J., qui pullulent dans ces stations, tandis qu’elles sont extrêmement rares sur le littoral. Les éléments de ces diverses études sont en partie rassemblés et ils seront utilisés un jour. Il nous suffit d’avoir donné ici leur signification en insistant seulement sur ce qui se rattache à la topographie ancienne de notre golfe. Nous n’avons pas à nous engager plus loin dans cette direction. Nous avons voulu mon- trer que, pour tout ce qui relève des sciences de la nature, il est indispensable de se reporter aux époques précédentes pour avoir la notion exacte des phéno- mènes actuels. Nous ne retiendrons de ce que nous venons d’écrire que les faits principaux. La Méditerranée actuelle, et en particulier le golfe de Marseille, ne s’offrent point à nous comme une région du globe façonnée depuis hier. Le lit de la Méditerranée a sans doute fréquemment varié dans ses limites. Il s’est autrefois étendu plus loin à travers les terres aujourd’hui émergées. Ce fut une mer de l’époque nummulitique, dessinant sur l’Europe centrale et méridionale un archi- pel aussi complexe que la Malaisie actuelle, dans lequel une longue presqu’île se détachait de la Provence et gagnait l’Algérie orientale en embrassant la plus grande partie de la Corse et de la Sardaigne. Ce fut encore une mer de l’époque miocène plus vaste, et communiquant plus largement avec l’Atlantique d’une part et avec la Mer Rouge de l’autre, par suite d’affaissements généraux survenus dans les terres émergées. Ce fut enfin une mer pliocène gardant des relations directes avec l’Océan, abritant dans ses stations littorales une faune à faciès tropical, mais se modifiant lentement à la suite de mouvements orographiques, inverses de ceux de l’époque précédente et qui en soulevant divers points de notre région, tendaient peu à peu à restreindre la Méditerranée dans ses limites actuelles, en la confinant dans les parties les plus profondes de son bassin, et en lui donnant de plus en plus le caractère d’une mer fermée, d’une vaste mer intérieure. Ces considérations générales n’étaient pas seulement nécessaires pour nous renseigner exactement sur la raison des conditions topographiques de notre petit golfe. Il était indispensable de rappeler aux zoologistes les phénomènes paléon- tologiques sur lesquels elles sont basées et qui nous obligent à garder toujours présente à l’esprit, dans nos études analytiques, cette idée que les faunes médi- terranéennes actuelles ne doivent pas être considérées comme des associations animales réalisées récemment dans une mer brusquement formée. Si nous avons à signaler sur nos côtes des types de Crustacés, de Mollusques, d’Echinides, de — i3 — Poissons à faciès exotique, nous le ferons en reconnaissant en eux les derniers survivants d’une faune plus ancienne, et ils nous rappelleront les temps tertiaires, durant lesquels notre Méditerranée était une région géographique sub-tropicale, dépendant bien plus directement qu’aujourd’hui de l’Océan et de la Mer Rouge. Nous devons maintenant aborder la partie technique de notre sujet. La côte du golfe de Marseille change plusieurs fois de nature, du cap Couronne à l’île de Maïré. Les considérations générales que nous venons d’exposer en expliquent les causes et nous dispensent de trop longs détails. Du cap Couronne au Rouet, le littoral est occupé par les couches marines de la molasse miocène. Ces assises se succèdent en stratifications régulières de l’est à l’ouest ; mais, indépendamment de cette superposition qui implique une incli- naison vers le couchant, tout le système plonge sous la mer, c’est-à-dire du nord au sud, dans le sens du soulèvement subi par le massif secondaire qui supporte la molasse. Les couches miocènes s’étendent ainsi sous l’eau, de telle sorte que le fond s’abaisse progressivement en constituant tout le long de la côte, jusque vers Gignac, un plateau incliné qui n’arrive à 50 mètres au-dessous du niveau de la mer, qu’à une distance d’environ deux kilomètres du bord. Cet espace est occupé jusqu’à 25 mètres par d’épaisses prairies de. Posidonia Caulini , très riches en poissons et en invertébrés de tous genres. A ces prairies succèdent les graviers à Bryozoaires , les fonds coralligènes ordinaires de notre golfe, au milieu desquels s’élèvent fréquemment des bancs de roches sous-marines semblables à ceux qui, au large de Carry, constituent le petit plateau appelé Plaine de Carry. Nous ne pourrions, dans les limites que nous avons assignées à ce travail, signaler toutes les petites roches éparses dans les divers points de la rade ; nous ne mentionnerons que les plus importantes. A mesure que nous nous rapprochons de Méjean, les couches tertiaires font place au massif crétacé comprenant, tantôt les couches urgoniennes à Caprotina , tantôt les assises turoniennes. La côte devient immédiatement abrupte et le fond tombe à pic le long du bord ; de telle sorte que les prairies de zostères ne constituent plus qu’une bordure insignifiante, de Gignac jusqu’à Niolon, sur quelques roches émergeant du fond. Il n’y a plus à proprement parler de prairie de zostères, mais seulement de petits groupes disséminés dans un fond rocheux. Les graviers et les sables vaseux à bryozoaires se rapprochent en conséquence de la côte, et ce n’est qu’en arrivant vers l’Estaque, à partir de la batterie de la Corbière, que le plateau côtier se rétablit, s’étendant jusqu’au cap Pinède. Dans le golfe secondaire du Prado, depuis les Iles jusqu’à Montredon, ces prairies se développent de nouveau sur de grandes étendues, par cela seul que leur existence est subordonnée à la présence de fonds terreux par 5, 10, 20 et 25 mètres. Ces stations correspondent à ce que nos pêcheurs appellent Found d'Aougo. C’est au milieu des plantes monocotylédones qui les couvrent, que l’on traîne le filet connu sous le nom de Gangui , sorte de petit chalut qu’un seul bateau actionne et dirige avec une certitude remarquable en évitant les roches, tandis que les pêcheurs à la ligne de fond ( 'Palangroto ) recherchent au contraire ces écueils sous-marins, et savent les retrouver même alors qu’il ne s’agit que d’une masse rocheuse très petite. Les plantes de ces prairies de zostères tombent leurs frondes en hiver, et l’on voit alors leurs débris arriver à la côte par les gros temps. Les rhizomes eux- mêmes se détachent et, sous l’action infatigable de la vague, s’entourent d’un feutrage de poils provenant des faisceaux fibro-vasculaires des frondes décom- posées. Ce feutrage produit les boules qui se montrent sur toutes nos plages. Cette chute régulière des frondes de Posidonies n’est pas sans action sur la vie des poissons qui abondent dans ces prairies. Les founds ddaougo sont fré- quentés par toute la brillante famille des Labro'ides , Girelles et Roucaou de tous genres, qui donne un faciès sub-tropical à notre Méditerranée. Ces poissons, comme les Scorpènes , comme les Gobio'ides , les Blennies , etc., affectionnent les creux de roches ( Rago ) et les endroits touffus, où ils demeurent à l’abri des poissons carnassiers. Cela est vrai, surtout des Labro'ides , des Gobius et des Blennies ( Bavarello ). Les Scorpènes étant de véritables poissons de proie, ne se dissimulent que pour mieux atteindre les espèces qui sauraient échapper par une fuite rapide. De toutes manières, au moment de la chute des feuilles, dans les prairies sous-marines, peu de poissons s’aventurent durant le jour hors de leurs retraites, et la pêche n’est guère fructueuse que pendant la nuit. Ces particularités sont bien connues des matelots qui règlent d’après elles leur pêche au filet traînant aux diverses époques de l’année. Cette pêche au gangui, dans les prairies de zostères, est l’une des plus lucratives, lorsqu’elle est faite par un homme expérimenté, et lorsqu’elle s’exerce dans une contrée où les fonds de Posidonies ont une grande étendue et une régularité parfaite : on comprend bien qu’une drague ne pourrait être traînée sur des fonds rocheux, ou bien sur de tout petits espaces. Les prairies de Posidonies se retrouvent, sans doute, partout sur nos côtes, mais plus ou moins développées ; celles de Carry, celles de Saint-Henri , et surtout celles de la Plage du Prado et de Montredon, sont les plus belles et les plus vastes. En dehors du golfe, entre la côte de Podesta et les îles de Riou, de Calseraigne et de Jarre, nous retrouvons des fonds analogues, d’une extrême richesse. On verra sur la carte qui accompagne ce mémoire, que les zostères se continuent plus loin, en reproduisant, de Cassis à La Ciôtat et à Toulon, les mêmes variations que nous venons d’indiquer à propos de notre golfe. 5 Vers la côte, les prairies de Posidonia Caulinï sont limitées, tantôt par le roc abrupte, tantôt par des plages de gravier ou de sable. Vers le large, elles sont bordées par des fonds que nos pêcheurs désignent collec- tivement sous le nom de broundo. Les Posidonies ne descendent pas au dessous de trente mètres. Souvent à 25 mètres elles cèdent déjà la place à des sables vaseux ou à des graviers. Dans le premier cas, on dit que la broundo est un fond mort ; dans le second, on dit que l’on trouve un fond vif. Ces stations sont fréquentées par les poissons du groupe des Pagels, des Gades, des Sparoïdes, etc. Dans le golfe de Marseille, la broundo de la région N.-O., entre les îles et la chaîne de la Nerthe, est particulièrement vaseuse, par suite de l’afflux des apports alluviens du Rhône; dans la région sud, c’est-à-dire au large du Prado, entre les îles et Planier, les graviers à Bryozoaires dominent, et les sables vaseux ne se retrouvent que vers le large ou dans un petit espace central indiqué sur notre carte. Il serait fastidieux d’entrer à propos de cette topographie dans de longs détails. Il nous suffira de dire que la partie N. et N.-O. du golfe, la plus profonde, est celle dans laquelle la vase domine. Les fonds de 70, 80 et 90 mètres correspondent au centre de ce bassin secondaire que les chaluts de la Vaco parcourent pour la pêche du Merlan, du Capelan, du Pageau, des Fiela (Congres), des Raies, des Soles, des Turbots, etc. Les graviers sont donc rares dans cette circonscription. Au sud, les graviers dominent et luttent contre l’envahissement de la vase venue de l’ouest. Mieux que toute description, notre carte exprime clairement cette disposition. En recherchant la nature des associations animales qui se rencontrent dans les divers points de la côte, nous aurons donc à décrire, indépendamment des Ports qui constituent une station spéciale un peu anormale, les divers faciès du littoral, les prairies de Zostères, les graviers à Bryozoaires et les sables vaseux, enfin les espaces boueux. Dans les graviers à Bryozoaires, se trouvent compris les fonds rocheux coralligènes qui entourent les îles de Ratonneau et de Pomègues et ceux de l’écueil Mangespen, que nous prenons comme limite, dans cette première étude de nos côtes. Il nous semble inutile de revenir sur les questions de profondeur ; mais nous voulons, dans cette esquisse préliminaire, dire quelques mots des courants, et en général de tous les mouvements des eaux dont la constatation puisse être faite aisément. Pour être traité d’une manière complète, ce sujet exigerait des documents qui n’ont pas été recueillis encore, mais que l’on possédera bientôt, puisque l’Adminis- tration des ports fait établir sur notre côte un appareil enregistreur. Nous pou- vons bien remarquer d’avance, toutefois, que ces phénomènes ne possèdent pas, dans notre mer intérieure, une énergie considérable. Nous ne voulons pas parler seulement de l’absence de fortes marées. Les récen- i6 — tes explorations ont montré que les grands fonds de la Méditerranée sont dans une sorte de stagnation ; notre bassin ne communique plus avec l’Atlantique que par un détroit relativement peu profond, et ses courants ne sont que des courants de surface. Le thermomètre accuse, à mesure qu’on le plonge dans les profondeurs, une diminution de température assez rapide, mais qui ne s’abaisse pas au dessous de 130 c. Ce minimum est atteint à 100 ou 150 brasses et demeure fixe, à peu de chose près, jusqu’à 3,000 mètres. Le seul fait de l’existence de cette immense zone, d’une température uniforme au dessous de 200 mètres, impliqueune immobilité à peu près complète, à ces profondeurs, et entraîne des conditions biologiques spé- ciales que nous examinerons avec attention dans un mémoire suivant. Mais si , quittant les grands fonds, nous nous bornons à examiner la surface et les parties côtières, nous devons mentionner quelques faits intéressants. L’existence d’un courant régulier marchant de l’est à l’ouest sur les côtes de Provence est depuis longtemps connue des marins. Ce courant passe devant Maïré, baigne Planier, rencontre^les eaux du Rhône et chasse leurs dépôts vers l’ouest, en formant les cordons littoraux d’Aiguesmortes. Toutefois, un courant inverse va des embouchures du Rhône vers l’est, pénétrant dans notre golfe par la côte du cap Couronne ; nos pêcheurs l’appellent la couren àoou Roi et l’opposent à la cou- vert dé levant. Du reste, le courant d’est- est incapable d’empêcher les eaux du Rhône, surtout au moment des grandes crues, de s’étendre au large. Il nous a été donné de voir des eaux troubles, dans ces circonstances, jusqu’au delà de Planier. C’est bien, du reste, au transport des particules les plus légères des alluvions entraînées par le Rhône qu’il faut rapporter l’origine des limons gluants qui occupent tous les grands fonds de notre bassin. Ajoutons que, sous l’influence des vents et des mers du large, le courant d’est est dévié avec plus de violence qu’à l’ordinaire dans le golfe du Prado, où il vient agir sur les eaux de l’Huveaune, en reproduisant en petit les doubles courants inverses des embouchures du Rhône. Arrivés dans notre golfe, les deux eourants d’est et d’ouest se décomposent en circuits très complexes. Leur sens peut se modifier localement en quelques heures, au point que les pêcheurs, interrogés sur ce sujet, ne peuvent rien dire de positif et finissent toujours par déclarer que les courants changent à chaque instant, bien que ces hommes aient la notion de deux courants dominants, en dehors ou à l’entrée du golfe. Il est enfin un dernier phénomène intéressant que tout Marseillais connaît. Nous voulons parler des périodes de basses eaux. Ce phénomène est abso- lument indépendant des marées. Il se manifeste en hiver et au printemps, lors- que notre région est soumise à de fortes pressions barométriques. On dit bien aussi que les eaux sont basses avec le beau temps. Elles descendent quelquefois jusqu’à 30 ou 40 centimètres au dessous du niveau ordinaire, en laissant émerger des rocs ordinairement sous l’eau. Les mois de janvier et de février 1882 ont été. particulièrement remarquables à ce point de vue; car la dépression du niveau se maintint sans interruption malgré les vents d’O. et de N.-O., de manière à influen- cer énergiquement et d’une manière fâcheuse les faunes littorales. Par contre, avec les gros temps de S.-E. et de S.-O., correspondant à des dépressions barométri- ques, les eaux du golfe atteignent leur plus grande élévation. Nous n’allons pas plus loin dans cette étude physique, qui ne peut être qu’une question secondaire dans notre travail, et nous nous hâtons d’aborder l’examen zoologique qui réclame tous nos soins. Cette seconde partie ne s’adresse qu’aux spécialistes, nous sommes donc autorisé à la traiter d’une manière technique. 3- DEUXIEME PARTIE DESCRIPTION DES FAUNES § I. — FAUNE DES PORTS. L’impureté des eaux des ports de Marseille est connue : les Marseillais eux- mêmes plaisantent volontiers sur ce motif. Il est clair que les égouts d’une grande ville venant se jeter dans un petit port presque fermé, tel que le vieux bassin, l’ancien Lacydon, doivent accumuler des détritus de tous genres qui auraient bientôt tout comblé sans l’action constante des dragues. Un courant d’eau de mer relativement pure pénètre bien par le côté nord, longeant le quai de la Santé et de l’ Hôtel-de-Ville, et déterminant un courant inverse desortie coulant à la surface le long du quai aux Huiles et de Carénage, mais son action est impuissante à assainir le fond du bassin vers la Cannebière. Les chimistes ont constaté cependant que les gaz qui se dégagent de la vase sont en plus grande partie des carbures d’hydrogène ; la présence de l’acide sulfhydrique est toute- fois incontestable, et l’on sait bien que de très faibles proportions de ce gaz suffi- sent pour gêner les êtres vivants. L’étude du bassin du vieux port est à ce point de vue parfaitement significative. Tandis que sur le quai de la Cannebière, de la palissade Sainte-Anne, des Huiles, etc., c’est-à-dire dans le fond même du port, on ne trouve qu’un enduit noirâtre de boue, contenant seulement les petits infu- soires des eaux putrides , à mesure que l’on se rapproche du fort Saint-Jean et du fort Saint-Nicolas, les algues et les invertébrés apparaissent, rares d’abord, plus nombreux ensuite. Les espèces ne sont pas variées, mais les individus abon- dent. Bientôt même, dans la passe, où les eaux du large arrivent, le voisinage du port semble devenir un attrait pour une foule d’animaux rares. La faune de cette passe est très riche. — 20 — Les mêmes faits se reproduisent pour les nouveaux bassins de la Joliette, où les avant-ports contrastent par l’abondance des êtres qu’ils abritent, avec les bassins intérieurs où des conditions biologiques analogues à celles du vieux port amènent le même appauvrissement. Nous passerons successivement en revue les différentes régions de ces bassins en signalant les animaux que nous avons pu y reconnaître. VIEUX PORT. Les navires qui pénètrent dans le vieux port amènent fréquemment sur leurs coques les représentants d’une faune exotique : Balanes, Anatifes et jusqu’à des Plagusies et des Nautilograpses de l’Océan Indien (i); mais ces animaux ne résistent que peu de temps à leur nouveau séjour. Il n’en est pas de même d’un assez grand nombre de Protozoaires, de Vers et de Crustacés que nous pouvons recueillir en divers points. Quai de la Cannebière. — Aux bouches d’égouts et sur le quai, la couche boueuse ne contient que quelques petits infusoires et cette foule de petits vibrions que l’on voit s’agiter sous le microscope, 'mais sur lesquels nous n’avons encore aucune donnée systématique bien sérieuse. Quai aux Huiles et palissade Sainte-Anne. — La vie est déjà plus abon- dante ; on trouve des groupes épais de Diatomées et d’Oscillaires de diverses sortes; au milieu grouille tout un monde d’infusoires qui pourrait donner lieu à une étude spéciale. On y rencontre quelquefois des Nématodes Enopliens, sexués, mais si petits que leur armature buccale ne peut pas être bien reconnue même avec les plus forts grossissements, et enfin quelques petits Copépodes. Quai de l’ Hôtel-de-Ville. — Le quai, au voisinage de l’égout, se tapisse fréquemment, principalement au printemps, d’une couche de ces Entêromorphes que l’on trouve partout où le moindre filet d’eau douce vient tomber à la mer. Sur ces Entêromorphes, on distingue à l’œil nu comme un revêtement cotonneux qui consiste en Oscillaires et en épaisses colonies de Vorticelles. Docks flottants du Vieux Port, bassin du Carénage. — Les Entéromor- phes et les Conferves recouvrent les flancs en bois du dock flottant, les bouées et tous les pilotis que l’on trouve vers le fort Saint-Nicolas. La faune commence en cet endroit à comprendre des animaux d’assez grande taille. On voit déjà quel- (i) Catta. Note sur quelques Crustacés erratiques. Ann. des Sc. Naturelles. 1876. ques exemplaires de l’Ascidie des eaux impures, Ciona intestinalis. Les Balanes s’établissent en divers points; ces Cirripèdes appartiennent à la forme Balanus amphitrite communis (Darwin, Monographie) qui s’accommode des stations les plus différentes. Elle existe dans les étangs saumâtres du littoral méditerranéen avec des caractères identiques. Les autres animaux observés aux environs du dock flottant sont : Gammarus locusta, Montagu, Polydora Agassizii, Clap., quelques Clitellio , de nombreux Nématodes énopliens ( Symplocostoma tenuicollis , Bastien, Amphïstenus agi U s, Mar.), des Copépodes, et rarement un petit Bryozoaire du groupe des Cylindrium. A l’intérieur même du bassin, dans des eaux plus impures, les animaux sont naturellement moins abondants. Les Entéromorphes n’abritent guère que des Copépodes , des Gammarus locusta , Montagu, et quelques Clitellio. Pont du bassin du Carénage. — Cette station est sans contredit la plus habitée de tout le vieux port. Les algues sont rares (quelques Bryopsis ), on y voit des amas de tubes d’Annélides et des groupes de Balanus amphitrite ; au milieu nagent des bandes de Nebalia Geoffroyi portant le rotateur parasite, Seison Nebalia\ Les tubes d’Annélides appartiennent à une belle espèce qui est en ce point particulièrement abondante, le Staurocephalus Chiaji , Clap., qui ne diffère pas du Staurocephalus Rudolphi de Ehlers. On trouve encore quelques Polydora Agassizii , des Clitellio, quelques petits Némertes et les Nématodes ordinaires ( Symplocostoma tenuicollis') qui résistent le mieux aux eaux impures. Les Crustacés Edriophthalmes sont représentés parle Gammarus locusta , Mont., et le Sphœroma s erratum, Fabricius. Les individus de cette dernière espèce sont très nombreux et offrent de nombreuses variétés de coloration. Ils possèdent tous le caractère des denticules de la lame externe du dernier uropode, mais le bord libre du telson est en réalité rectiligne plutôt qu’arrondi. Parmi les Bryozoaires, il faut citer de grands cormus d’une Bugula que nous ne distinguons pas de la Bugula avicularia, L., bien que ses aviculaires soient plus globuleux que ceux figurés récemment par Hincks ; Busk a donné des dessins se rapprochant davantage de notre forme. Un hydraire est assez fréquent et forme des touffes peu élevées mais très denses. Il se rapporte sans aucun doute à YObelia gelât inosa de Pallas. Bouées, Pilotis et quai de la Douane et de la Santé. — Les Entéromor- phes s’y montrent en tous temps et composent d’épais tapis ; elles portent les Vorticelles habituelles; les bouées placées un peu au large en plein courant se garnissent fréquemment de Balanes et de Ciones. Sur le quai on voit parmi les algues, des sociétés nombreuses d’un charmant petit Clitellio. Cette annélide oligochète se retrouve ailleurs, le long du port, jusqu’au Pharo, mais nulle part aussi abondante que sur le quai de la Santé. Le Gammarus locusta Montagu existe en assez grande quantité ; on rencontre quelques rares Orchestia mediter- ranea de petite taille. Nous ajouterons quelques mots à cette esquisse zoologique du vieux port. Il est clair que pendant l’été, la plupart des êtres que nous y avons cités disparais- sent, tandis qu’en hiver et au printemps, sous l’efFet du brassejment des eaux chassées par les grosses mers, la population animale est plus dense. Quelques poissons, à la faveur du courant profond, s’y engagent; les anguilles et les muges pénètrent quelquefois en hiver jusque vers l’Hôtel-de- Ville. Au printemps, on a vu des bandes de Caranx trachurus ( Severeou, Estranglo bello-mero ) et même des Sardines Venir se faire capturer jusque devant le poste des pilotes : mais ce sont là des faits exceptionnels, et d’ordinaire les muges et les anguilles, les seuls hôtes habituels du port, demeurent vers la passe, entre les deux forts. Cale du fort Saint-Nicolas, ancienne station des bateaux de plai- sance. — Les algues vertes sont plus denses. Les Entéromorphes s’associent à des Ulves, mais la vie animale est d’ordinaire assez pauvre. Du reste, il est bon de remarquer encore ici que les animaux disparaissent assez souvent dans ces diverses stations lorsque l’impureté augmente. Canal du fort Saint-Jean ou de la Tourette. — Ce canal, autrefois dis- posé comme bassin de radoub, fait communiquer aujourd’hui le vieux port avec le premier bassin de la Joliette. Quoique les eaux soient fréquemment trou- blées, les animaux s’y sont établis peu à peu en grand nombre. C’est ainsi que les tubes du Spio fuliginosus , Clap. tapissent absolument le quai. Cette région reste la station privilégiée du Nebalia Geoffroyi qui y pullule d’une manière surprenante ; la Ciona intestinalis s’y montre de petite taille. A diverses reprises, notamment en 1875, en 1876 et en 1878, j’y ai recueilli des Carcinus mœnasy hôtes ordinaires des eaux saumâtres ou impures et qui tendent, de plus en plus, à se développer dans le golfe, depuis la construction des ports de la Joliette. Exceptionnellement nous avons vu dans ce canal des Mytilus galloprovincialisy de petites Modiolaria marmorata et le Polycera quadrilineata , Muller. Parmi les Amphipodes, il faut surtout signaler Gammarus locusta , Mont, et Gammarella brevicaudata , M. Edw. Les deux Nereis de la côte, Nereis cultrifera et Nereis Dumerilii se mon- trent dans le canal, mais subordonnées aux Spio fuliginosus et aux espèces suivan- tes : Staurocephalus Chiajei , Clap. (St. Rudolphii , Elhers), Leptochone esthetica-* Clap., Clitellio de grande taille. — 23 — Les Nématodes Enopliens ( 'Thoracostoma , Leptosomatum, Anticoma , Lasiomi- tus , Symplocostoma') abondent dans cette station comme dans toutes les régions voisines des ports. On y trouve encore quelquefois : Microdeutopus gryllotalpa , Costa, non Sp. Bâte (la figure de l’auteur anglais se rapporte certainement à une autre forme); Campanularia flexuosa , Hincks; Gonothyrea Loveni varietas; Bugula neretina , L. et Bugula avicularia , Pallas. Passage du vieux port entre le fort Saint-Jean et l’ancienne Réserve. — J’ai dit déjà que la vie animale se montre brusquement en grande abon- dance aussitôt que l’on franchit la passe pour pénétrer dans l’avant-port. Les eaux de la surface restent bien impures, mais elks n’excluent plus le développe- ment des organismes. Partout les roches ou les pilotis sont couverts d’Ulves, d’Entéromorphes, de Bryopsis, et dans le fond, sur une boue caillouteuse, les invertébrés, évidemment attirés par l’afflux des matières organiques, constituent une faune très remarquable. J’examinerai d’abord la zone à fleur d’eau. Sous la tour carrée du fort Saint-Jean, au milieu des Ulves couvertes de Vorti- celles, les Sphœromes , les Gammarus locusta , les Nereis Dumerilii et quelques Gly- cera dominent. On rencontre quelquefois des Pirimela denticulata. Plus loin, vers l’écueil de Mange ovin, les Mytilus et les Balane s s’établissent en groupes épais, les Patelles , les Nasses {Nas s a corniculum , Olivier), les Troches ( Trochus turbinât us , Bom., Trochus articulosus , Lmk.) se montrent partout, et un Chiton particulier, Chiton Polii , Philippi, (Ch. cinereus , Poli non Linné) est fixé dans les cavités des roches couvertes de Conferves et d’Entéromorphes. L’habitat de ce Chiton Polii est fort remarquable. L’animal vit par petites familles et ne se manifeste sur nos côtes que dans quelques rares stations. Il appartient à la zone des Patelles, auxquelles il est associé. Logé dans les petites anfractuosités des roches, il ne semble pas se déplacer habituellement ; souvent on voit des individus qui ont grandi dans des cavités dont l’entrée est maintenant trop petite pour laisser passer le mollusque, et il faut briser la roche pour l’attein- dre. Sous son pied, le calcaire a conservé une teinte blanche qui contraste avec la couleur verte des parties recouvertes d’algues. Lorsque les eaux sont basses, tous les Chiton Polii restent à sec. Nous ne trouvons jusqu’ici cette espèce qu’à l’entrée du port, vers Mangeovin et dans le bassin des bains du Roucas-Blanc, où les eaux sont saumâtres, sous l’influence d’une source minérale saline et des apports de la vallée de l’Huveaune. Ce faciès se reproduit de l’autre côté de l’avant-port, sous l’ancienne Réserve. La zone du balancement des flots est ici déjà très appréciable. Elle est habitée par le Chthamallus stellatus et par les Littorina , Pollia d'Orbignyi , Payr., Murex — 24 — Edwardsii , Payr., Columbella rustica , L. Plus bas se montrent les Patella ccerulea et le Chiton Polii. Dans les trous et près de la passe, les Sphœroma serratum abondent et donnent même un caractère particulier à la station. On voit aussi des Anemone sulcata et quelques rares Sagartia troglodytes. A mesure que l’on s’éloigne du port’, les Sphœromes diminuent : les Fucacées, les Corallines apparaissent et les Plumularia echinulata , Lmk. deviennent abon- dants ainsi que les Mytilus. Au milieu des Corallines se trouvent des Syllis Krohnii et des Nereis Dumerilii. Dans les points où le bord est constitué par des graviers vaseux mélangés de débris de zostères, les Nereis cultrifera prédominent et sont associées à des Arenicola {A. branchialis, varie tas Grubii , Clap.) et à des Amphi- podes sauteurs Orchestia littorea. Les Nassa corniculum sont à peu près les seuls représentants des Gastéropodes. Sous les pierres s’abritent les Sphœroma serratum , les Gammarus locusta et les 'Jœra Normaniana , Rathke. La drague nous permet d’étudier les faunes qui hantent le fond de cet avant- port. Du reste, les pêcheurs de Clovisses {Tapes decussatus ) exploitent sans cesse la localité et nous offrent eux-mêmes des matériaux précieux. Une boue noirâtre empâte des graviers de petite taille et des débris de tout genre. Un coup de drague jeté au travers de la passe, de l’écueil Mangeovin à l’an- cienne Réserve, donne, dans une boue noire et puante, les invertébrés suivants : Annélides: Spio fuliginosus ; Nereis cultrifera, Praxilla collaris, Clap.; Arenicola branchialis Grubii , Clap.; Sipunculus nudus. Mollusques : Mytilus galloprovincialis , Lmk.; Corbula gibba, Ol.; Venus rudis , Poli; Tapes aureus , Gmelin; Tapes decussatus , L.; Venus gallina , L.; Dosinia line ta, Pult; Loripes lacteus , L.; Nassa mutabilis , L. ; Murex er inace us, L. Sur les bords, le long du fort Saint-Jean, à 3 ou 4 mètres de profondeur seule- ment, les animaux sont plus variés. J’ai recueilli dans cette station des crustacés, dont quelques-uns sont très rares : Ethusa mascarone , Roux. — Se rencontre d’ordinaire dans les fonds vaseux du large, par 30 et 60 mètres, et dans les graviers coralligènes. Atelecyclus heterodon , Leach. — Je n’ai capturé ce crustacé qu’à l’entrée du port et dans les plus grandes profondeurs au large de Cassidagne, par 200 mètres. Les individus des grands fonds étaient plus petits de moitié. Corystes dentatus , Latr. — Espèce rare à Marseille et trouvée seulement à l’en- trée des ports. Plus commune sur les plages du Languedoc, aux embou- chures des rivières ou des petits ruisseaux. Heterograpsus Lucasii, M. Edw. — N’a été pris jusqu’ici que dans le voisinage — 25 — de nos ports; curieuse espèce à aire disjointe et qui semble en voie de retrait. Dromia vulgaris , M. Edw. — L’espèce habite d’ordinaire le pourtour des prairies de Zostères. Cancer pagurus , L. — Espèce rare dans notre golfe et qui jusqu’ici n’a été vue que dans le voisinage des ports. Ilia nucléus, Leach. — Hôte ordinaire des régions coralligènes. Lambrus Massena, Roux. — Fréquente d’ordinaire les régions coralligènes. Ebalia Cranchii, Leach. — Fréquente les régions coralligènes. Mdia verrucosa , M. Edw. — Espèce des prairies littorales de Zostères. Cette association de Crustacés est fort intéressante ; car elle comprend à la fois des espèces, telles que Corystes dentatus et Heterograpsus Lucasii , que nous ne connaissons jusqu’ici que des eaux saumâtres du littoral et des types dispersés dans des régions plus ou moins profondes. Nous pourrions encore citer un Pinnotheres trouvé dans le Cardium paucicostatum, Sow. (C. ciliare auct.) et qui semble consti- tuer une forme nouvelle. Les Annélides du bord sont des Glycera , des Arénicoles et de grands Siponcles ( Sipunculus nudus ). Le Cérianthe se montre quelquefois représenté par de petits individus. Parmi les Mollusques, il faut citer d’abord comme espèces dominantes : Tapes decussatus, L., Tapes geographicus, L., Tapes aureus , Gm., Venus verrucosa, L.;puis : Haminea (Bulla) hydatis , L. Scalaria communis- Lmk. Trochus umbilicaris , L. Trochus succinctus , Mts. Murex erinaceus, L. Murex brandaris, L. Murex Blainvillii , Payr. Haliotis lamellosa , Lmk. Fissurella gibba, Ph. Fissurella græca, L. Euthria cornea , L. Cerithium vulgatum , Brug. Conus mediterraneus , Brug. Purpura hœmastoma , L. Triton parthenopæus, v. Salis (rare). Chenopus pes-pelicani, L. 4- — 2Ô — Natica Guilleminii , Pay. INatica intricata , Donov. Acanthochites fascicularisy L. Chiton olivaceus , Spengl. (siculus, Gray). Ostrea stentina , Payr. Mytilus galloprovincialis, Lmk. Cardium paucicostatum , Sow. Cardium exiguum , Gm. Circe minima, Mtg. Dosinia exoleta, L. Pecten glaber , L. Nucula nucléus , L. Area barbata , L. Cardium oblongumy Chemn. Cardium papillosum, Poli. Galeomma Turtoni , Sow. (rare). Lucina leucoma , Turt. (Loripes lacteus L.). Lucina (Jagonia) reticulata, Poli ; Lucina commutât a, (Loripes divaricatus L.). Car dit a calyculata , L. Venus rudis , Poli. Tellina donacina , L. Tellina serrata , Brocch. Tellina (Arcopagia) balaustina , L. Psammobia Ferroensis , Chemn. JVLactra triangula , (M. subtruncata, da Costa) Psammobia vespertinay Chemn. Solecurtus antiquatus , Pult. (S. coarctatus, Auct.). Venerupis irus , L. Thracia corbulo'ides , Desh. (très rare). Corbula gibbay Ol. Lut r aria elliptica, Lmk. Dans le sable qui s’accumule au fond de l’anse de la Réserve^ on trouve le Solen vaginay L., Solen siliqua y L., Solen ensis, L. A mesure que l’on sort de la passe et que l’on gagne le Pharo, la boue est moins puante ; le fond est constitué par du gravier mélangé de sable gris. Entre le P haro et la pointe du Château Impérial dite Tête de Maure y la drague ramène une foule de Pagures des stations sableuses, le Diogenes varians , Heller, logé dans des coquilles de Nassa reticulata et de — 27 — Cerithium vulgatum. Ces vieilles coquilles sont, de plus, couvertes par d’épaisses colonies de Podocoryne carnea , Sars. On trouve encore deux Crustacés, Inachus scorpio , Fabr. et Paguristes macula- tus , Heller. L 'Hermione hystrix est l’Annélide la plus remarquable de ces lieux. Parmi les Mollusques, il faut citer les divers Tapes, la Venus verrucosa, L., le Murex trunculus , L., YEuthria corne a, L., les Nas s a mutabilis, L. et reticulata, L., enfin le Cyclonassa neritea , L. qui n’est jamais que dans les eaux impures ou sau- mâtres, aux embouchures du Rhône, dans l’étang de Berre, etc. En s’éloignant encore davantage du fort Saint-Jean, devant la pointe de la bat- terie du Pharo , par 7 à 8 mètres de fond, le gravier sableux porte quelques pieds de Posidonia Caulini au milieu desquelles la faune est très variée. Les Echino- dermes sont représentés par les espèces suivantes : Phyllophorus ürna, Grube, Holothuria tubulosa , Gmelin, Astropecten spinulosus , Mull. et Tros., Ophioglypha lacertosa , Lyman (Link), Ophiothrix alopecurus , Lyman ^Echinus microtuberculatus , Blainville. Quelques Anemone sulcata sont fixées avec des tubes de Serpules sur les scories jetées des bateaux à vapeur. Les Annélides se rapportent à X Hermione hystrix , au Pontogenia chrysocoma , au Terebella Meckelii , au Fallacia sicula, etc.... Les Gammarus du port ont cédé la place aux Lysianassa spinicornis\ le Hiogenes varians persiste. La liste des Mollusques comprend les espèces suivantes : Lima tenera , Turt. (L. hians, Gm.). Tapes geographicus , L. Lucina leucoma , Turt. (Loripes lacteus L.). Gastrochcena dubia , Penn. Tapes aureus , var. bicolor Lmk. Modiola bar b ata, L. Area lacté a, L. Cardita antiquata, L. (C. sulcata Brug.). Circe minima. Mont. Modiola adriatica, Lmk. Cardium papillosum. Poli. Tellina donacina, L. Tellina, (Arcopagia) balaustina, L. Venus verrucosa, L. Nucula nucléus, L. P s ammobi a vespertina, Chem. Corbula gibba, Ol. Venus rudis , Poli. Cardium Norvegicum Spengl. Chama gryphina , Lmk. Murex trunculus , L. Murex erinaceus , L. Euthria cornea , L. Cerithium vulgatum , Brug. Chiton olivaceus, Spengl. (C. siculus Gray). Chiton marginatus , Penn. (C. variegatus. Phil.). Calyptrœa Chinensis , L. Trochus exasperatus , Penn. Trochus striât us, L. Phasianella pulla, L. Vermetus triqueter , Biv. sp. Nas s a incrassata , Mull. Marginella miliaria, L. Dentalium vulgare , Da Costa (Dent.Tarentinum Lmk). BASSINS DE LA JOLIETTE. Les fonds que nous venons de décrire autour de la pointe du Pharo et de la Tête-du-Maure s’étendent, sans changer notablement de caractères, dans l’avant- port de la Joliette. Nous les suivrons dans cette direction, pénétrant avec eux dans ces nouveaux bassins et les parcourant successivement jusqu’à l’autre extré- mité, vers le cap Pinède, achevant ainsi l’étude particulière de ces stations origi- nales, avant d’aborder l’examen des faunes du golfe proprement dit. Pierres-Plates et Quai aux Soufres. — Sur les rochers des jetées des Pierres-Plates et du quai aux Soufres, les animaux littoraux se multiplient et se diversifient à la faveur des eaux plus pures qui arrivent du large. Le faciès de ces stations se reproduit sur l’autre bord, dans l’anse du Pharo. Les Mytilus gallo- provincialis s’amassent en grand nombre. Les Algues appartiennent à des genres nombreux, les Ulves, les Bryopsis, divers Ectocarpes, quelques Floridées, rem- placent les Entéromorphes. Une annélide sédentaire de la famille des Sabelles, le Dasychone lucullana , tapisse de ses tubes enchevêtrés toutes les pierres jusqu’à plus de 2 mètres de profondeur. Elle est associée en quelques points à la belle espèce du même groupe, Spirographis Spallanzanii. Les Chétopodes sont encore représentés par les espèces suivantes : — 29 — Polyophthalmus pictus, Clap., Nereis Dumerilii , Nereis cultrifera, Grube, Syllis (Typosyllis) Khronii , Elhers, Typosyllis vittata , Grube, Cirratulus chrysoderma , Clap., Audouinia filigera , Delle Chiaje, Odontosyllisfulgurans, Clap., Staurocephalus Chiajei , Clap., Polydora Agassizii , Polydora looplura , Clap., Heteroterebella sanguine a 3 Clap., Oria Armandi , Clap., Amphiglene mediterranea , Leydig, Lepto- chone esthetica , Clap., Spirorbis cornu arietisy Ph. Les CÏ07ZÆ intestinalis et diverses formes de Botrylles se montrent au milieu des Mytilus sur lesquels on voit ramper le Doto coronata3 Gm., le Dori s virescens, le Polycera quadrilineata, Muller, le Goniodoris castanea , Aid. et Hanc., Y Antiopa cristâta , Delle Chiaje, YHermea dendritica3 Aid. et Hanc.', Y Embletonia funerea , Costa et une foule de Turbellariés, notamment le joli petit Némerte couvert de bandes longitudinales rouges et blanches ( Amphiporus splendidus , Borlasia splen- dida , Keferstein) que l’on a confondu à l’origine avec le Drepanophorus des fonds coralligènes dont la livrée est assez analogue. A une certaine profondeur, le long du quai aux Soufres, les Comatules ( Antedon rosaceus') abondent et sont toujours, en janvier, en février et en mars, accompa- gnées de leurs larves pentacrinoïdes. On voit quelquefois le long du quai, au début de l’automne, nager des bandes épaisses de Mysidiens, Macropsis Slaberi , Van Beneden. Le Pirimela denticulata , Leach, le Tandis vittatus , Ratke, le Sphceroma serratum et le Gammarus locusta sont les Crustacés sédentaires les plus fréquents ; on découvre quelquefois de petits Carcinus mœnas. On trouve en ce point les Campanularia flexuosa , Hincks, le Plumularia e chinât a, Lmk, le Plumularia similis , Hincks, le Tubularia mesembryanthemum , Allm., le Gonothyrea Loveni et les Bugula neritina et avicularia. Au niveau de l’eau, sur les rocs des Pierres-Plates, la Patella vulgata , les Troques 3 les Littorines et les Balanes se montrent par place, mais assez rares; YAplysia fasciata y est quelquefois représentée par de grands individus. L’ Asterina gibbosa , Forbes, qui devient très abondante un peu plus loin des ports, dans les algues de la côte, fait son apparition. Enfin l’Actinie des eaux impures, Anemone sulcata , se montre déjà en grand nombre. Les Echinodermes y sont représentés par quelques petits Strongylocentrotus lividus et par les Astéries et les Ophiures suivantes : Asterina gibbosa , Asterias glacialis, Amphiura squamata3 Amphiura Chiajei. On peut citer comme fait exceptionnel la rencontre sur les algues de ce quai d’un très jeune Astrophyton arborescens , Mull. et Troschel, large à peine d’un centimètre, mais parfaitement caractérisé. Ce petit animal provenait évidemment d’une larve égarée, entraînée par les courants de la région N.-O. du golfe, où habite l’espèce qui du reste est toujours assez rare sur nos côtes. — 3o — Bassins intérieurs de la Joliette, Côté intérieur du quai aux Soufres. — Vers la passe, les Ciona persistent, se montrant à certaines époques, puis dispa- raissant pour reparaître plus tard, suivant le procédé de reproduction ordinaire chez ces colonies de Tuniciers. Les Nebalia Geoffroyi et le Carcinus mænas sont fréquents dans ces eaux ; les Bugula s’y multiplient et abritent les espèces suivantes d’invertébrés : Antiopa cri st ata , Polycera quadrilineata , Nas sa corniculum ^ Amphiura squamata. En se rapprochant du canal du fort Saint-Jean, l’impureté des eaux augmente, les Ciona disparaissent et nous ne retrouvons plus que les tubes pressés du Spio fuliginosus et du Staurocephalus Chiajei. Quai nord de la passe de la Joliette, dit quai aux Forges. — Les eaux, par suite du voisinage de la passe, sont assez pures en ce point qui est le plus peuplé du bassin intérieur de la Joliette. Les diverses Bugula forment sur le quai des touffes épaisses. Le Ciona intestinalis est encore abondant ainsi que les Nebalia Geoffroyi, les Nassa corniculum et les Asteriscus verruculatus ( Asterina gibbosa , Forbes !). On rencontre encore Ophiothrix fragilis , Amphiura squamata , Gammarus locusta , Microdeutopus gryllotalpa , Costa, Mytilus edulis , Staurocephalus Chiajei , Sagartia troglodytes. Quai de la Santé ou de la Traverse de la Joliette. — L’impureté augmente rapidement à mesure que l’on pénètre dans les bassins. Sous le pavillon de la Santé, les Entéromorphes couvertes de Vorticelles font leur apparition. De rares Ciona persistent avec les Nêbalies et les Staurocéphales. Nous avons quelque- fois recueilli des Sagartia troglodytes de taille normale. Bassins du Lazaret d’Arenc et de la Gare Maritime. — Dans la première partie du bassin du Lazaret, les Nebalia Geoffroyi ne sont plus guère accompa- gnées que par les Staurocephalus Chiajei , Eupomatus uncinatus , Microdeutopus gryllotalpa , Costa; mais à mesure que l’on s’avance vers le bassin National, l’eau devient plus pure et nous voyons reparaître la faune de la passe du quai aux Soufres. Déjà, dans le bassin du Lazaret, au point où la jetée du large change de direction, les Ciona intestinalis se retrouvent couvertes de Vorticelles. Un peu plus loin sur le quai, en face le bassin d’Arenc, les Ciona sont de nouveau associées aux colonies de Bugula et aux Mytilus. Les Nêbalies i les Staurocephales , les Eupomatus persistent; dans la boue du fond, les Anguilles ne sont pas rares, les Muges parcourent ces bassins ; mais il est évident que si l’on quitte le quai intérieur de la jetée du large pour explorer les bords du quai de terre, l’impureté des eaux augmentant, la vie subit les réductions habituelles. Dans le bassin de la Gare Maritime, les Çiona se multiplient ainsi que les Bugules et les Nassa ; les Anvphiura squamata se montrent de nouveau. On pénètre enfin dans le bassin National où la faune est très variée et exige une description détaillée. Bassin National (bassin de Radoub et bassin National). — La côte de Marseille a été profondément modifiée dans la partie nord des ports de la Joliette depuis une vingtaine d’années. Autrefois la mer venait battre les falaises de la Taque et du cap Pinède ; le fond (de i à 3 mètres seulement) était couvert de Zostères. Le bassin Nord ou bassin National a été établi dans les parties profondes sur l’emplacement des prairies de Posidonia Caulini, tandis que la plage était creusée pour construire les bassins de Radoub. Ces bassins ont été promptement envahis par une boue noire, l’eau est devenue impure malgré le voisinage de la passe nord et les êtres que nous avons cités à l’entrée du vieux port n’ont pas tardé à s’établir dans cette autre région. Sur les pierres du quai du bassin de Radoub les Entéromorphes et les Ulves se montrent en tous temps. Quelques Mytilus galloprovincialis et des Ostrea stentina , Payr., sont fixés à la pierre, à côté des Ciona intestinalis et des Ascidia cristata , Risso. La Nassa corniculum et le Carcinus mænas , des Nymphons , des Nemertes splendida se trouvent au milieu des Ulves. Sur le fond, au sein d’un limon noir et puant, nous avons recueilli à diverses reprises des Carcinus mænas , des Philine aperta , des Nucula nucléus, des Ciona , quelques rares Comatules , des Nereis Dumerilii et des Eupomatus uncinatus , Ph. Sur les bouées de ces bassins, sur les coques des navires ayant séjourné longtemps dans ces eaux et sur les quais eux-mêmes, dans le voisinage du Canal et du Pont tournant, les animaux sont plus abondants. On trouve des Bugula neritina et avicularia portant des Sycon. Les Capr elles , les Gammarus locusta et les Micro- dentopus gryllotalpa pullulent en quelques points. Les Ciona intestinalis sont fréquemment couvertes par de petits cormus de Botrylles. Le Carcinus mænas n’ est pas rare, non plus que le Balanus amphitrite. Les Annélides appartiennent aux espèces suivantes : Dasychone lucullana , Spirographis Spallanzanii , Eupomatus uncinatus , Aricia Œrstedii. La Nassa corniculum est le Gasteropode le plus commun. On a pu récolter à diverses époques, au milieu des Campanularia flexuosa , des colonies de Pedicellina echinata , Sars, dont les tiges sont moins épineuses que — 32 — celles du P. echinata type ; toutefois ,cette forme est moins glabre que la variété littorale signalée à Roscoffpar M. Joliet. Si l’on sort du bassin de Radoub, la scène change promptement, la vie se manifeste très active et très variée. Le même phénomène s’est déjà offert à l’entrée du vieux port aussitôt que nous avons atteint la limite des eaux impures. Le bassin National a été pendant de longues années, extraordinairement peuplé. La digue du large ne consistait alors qu’en de simples enrochements à travers lesquels la vague pénétrait par places. Déjà le fond du bassin était modifié, mais les animaux pullulaient partout. Depuis que les travaux ont été achevés, les conditions sont devenues moins favorables et la faune si riche et si variée a été refoulée en quelque sorte, plus loin au nord dans l’ Avant-fort , en dehors de la passe. Il y a un intérêt particulier à donner une idée bien complète de ces changements. Nous décrirons d’abord la physionomie du bassin National, en nous reportant à l’année 1875. Les poissons étaient alors très abondants. Les Loups ( Eabrax lupus ), les Muges, les Rougets, les Daurades, les Labres eux-mêmes pénétraient dans ce bassin. Des espèces rares venaient s’y faire capturer, telles que le Sphyrœna spet, L. L’aspect des enrochements de la jetée était réellement magique : les innombra- bles larves constamment rejetées par tous les invertébrés du golfe et entraînées par les courants, avaient pris possession de cette station nouvelle qui s’offrait à elles comme un milieu exceptionnellement favorable. Une véritable forêt de Comatules couvrait toutes les pierres dans les parties abritées des rayons solaires, depuis la surface jusqu’à 6 à 7 mètres de profondeur. Il a été rarement donné à un naturaliste d’observer une telle profusion de Crinoïdes. La roche elle-même était par place tapissée par d’épaisses couches d’éponges (Reniera porrecta, O. Sch.). Les Botrylles et les Ciona jouaient ailleurs le même rôle, tandis que YAscidia cristata , Risso, affectionnait les pierres plus profondes. Les cormus de Synascidies atteignaient un développement vraiment extraordinaire. En certains points, les tubes de Y Eupomatus uncinatus s’élevaient en touffes épaisses de 2 à 3 décimètres de hauteur. La Sagartia troglodytes et Y Anemona sulcata se voyaient partout. Les Annélides Chétopodes fourmillaient au milieu des Spongiaires et des tubes d’Eupomatus ; elles appartenaient aux espèces suivantes : Polynoë Grubiana , Hermadion fragile, Syllis Khronii, Eulalia virens , Pterocirrus macroceros , Spirographis Spallanzanii, Dasychone lucullana , Cirratulus chrysoderma, Aricia Œrstedii, Polydora Agassizii , Polydora hoplura , Heteroterebella sanguine a, Perebella Mekelii, Arenicola branchialis var. Grubii, Nereis Dumerilii, Marphysa sanguinea. Les Mollusques se montraient aussi très abondants partout sur les pierres du — 33 - bord; en dehors de l’eau, la Littorina cœrulea occupait sa station habituelle. Puis on trouvait à une faible profondeur les Mytilus galloprovincialis), les Ostrea stentina , les Chantes, les Pecten varias , les Area barbata , divers Troques ( 'Prochus conulus L., Pr. Laugieri Payr., Pr. Gualterianus var. lœvigatus ). Au milieu des tubes d’Eupomatus, on rencontrait : Fissurella grceca , Papes geographicus , Papes decussatusym ., Papes floridus , Petricola lithophaga , Modiolaria costulata. Cette variété et cette profusion d’invertébrés contrastaient alors avec l’état de la face externe de la jetée où les blocs de rocher, baignés par les eaux pures du large, s’étaient couverts de Corallines et d’Ulves au milieu desquelles on ne voyait guère en abondance que les Lysianassa et les Mytilus. Plusieurs dragages opérés en 187*5 en divers points du bassin National, nous avaient permis de constater que les invertébrés vivaient en abondance sur le fond. Les Posidonia Caulini, qui autrefois couvraient ces lieux, avaient déjà dis- paru en 1875 et la drague ne ramenait plus que quelques rhizomes décomposés enfouis dans une boue noirâtre, fortement sableuse. On reconnaissait que les impuretés des ports de la Joliette gagnaient de plus en plus et devaient bientôt gêner le développement des animaux ; mais à ce moment la faune était encore très variée. Les Echinodermes étaient représentés par les espèces suivantes : Strongylocentrotus lividus. Psammechinus pulchellus. Echinus acutus (un individu de petite taille). Brissus Scillæ. Holothuria tubulosa. Cucumaria cucumis. Phyllophorus urna. Amphiura Chiajei. Ophioderma longicauda. Ophiomyxa pentagona. Ophioglypha texturata. Ophiothrix alopecurus et O. fr agi lis. Les Crustacés les plus nombreux étaient : Portunus depurator , Portunus arcuatus , Portunus holsatusf Stenorhynchus phalangium, Pilumnus spinifer, Pirimela denticulata. On trouvait aussi : Pilumnus villosus, Lissa chiragra , Mdia verrucosa , Pagu- ristes maculosus , Porcellana longicornis , Carcinus meenas et un Amphipode Ampe- lisca Gaymardi. • 5-i - 34 - Dans la vase accumulée autour de vieux rhizomes décomposés de Posidonia, des galeries assez vastes étaient occupées par un couple de Gebia dont tous les caractères concordent non point avec ceux attribués au Gebia littoralis , mais avec ceux du Gebia deltura de l’Atlantique. Dans les mêmes conditions, nous avons rencontré trois individus de la Bonellia viridis atteignant à peine un quart de la taille normale, mais appartenant bien au type littoral ordinaire. Les petits mâles parasites ne portaient pas les crochets qui caractérisent les mâles de la Bonellia minor des fonds coralligènes. La présence de la Bonellia viridis dans la vase du port National est anormale. Ce Géphyrien est rare dans le golfe de Marseille, mais nous l’avons toujours recueilli, soit dans la jetée des bains du Roucas- Blanc, soit dans la calanque de Morgilet à Ratonneau, au milieu des pierres et dans des eaux pures. Outre la 'Bonellia viridis , la vase du bassin National abritait des vers intéres- sants : Eunice Harassii , Eunice limosa, la belle Phyllodoce Paretti , Lumbriconereis . Nardonis , Staurocephalus rubrovittatus , Hermione hystrix , Pontogenia chrysocoma , Pectinaria belgica , Amphictene auricoma , Maldane cristagalli , Prichobranchus massiliensis nov. sp., Perebella Meckelii , Siphonostoma diplochditos et un Actiniaire Çerianthus membranaceus. L’abondance des mollusques était véritablement surprenante. Les individus étaient nombreux et se rapportaient à plus de 80 espèces dont quelques-unes assez rares. Anomia ephippium , L. Ostrea stentina , Payr. P e et en flexuosus , Poli. P e et en multistriatus, Poli. Pecten glaber, L. Lima inflata , Chemn. Mytilus galloprovincialis , Lmk. Modiola adriatica , Lmk. Modiola barbata , L. Modiolaria marmorata , Forb. Nucula nitida , S. B. Sow. Nucula nucléus , L. Area lactea , L. Lucina spinifera , Mtg. Lucina reticulata , Poli. — 35 — Axinus Jîexuosus , Mtg. Cardium Lamarckii Reeve (Ç. edule auct.). Cardium exiguum , Gm. Cardium paucicostatum, Sow. Cardium papillosum, Poli. Cardita anti quata, L. ( Cardita sulcata , Brug.). Car dit a trapezia , L. Çirce minima, Mtg. Venus verrucosa, L. Venus ovata, Penn. Venus rudis, Poli. Tapes decussatus, L. Tapes geographicus, L. Tapes aureus , Gm. Tapes floridus , Lmk. Tellina (Arcopagia) balaustina, L. Tellina nitida , Poli. Tellina déracina, L. Tellina serrata , Brocchi. Psammobia vespertina , Chemn. Mactra subtruncata , Da Costa. Syndosmia ovata , Ph. Syndosmia prismatica, Mtg. Syndosmia alba , W. Solecurtus antiquatus, Pult. ÇS. coarctatus auct.). Corbula gibb a, Oliv. Corbulomya mediterranea , O. G. C. Sphenia Binghami, Turt. Dentalium dent ali s, L. Dentalium vulgare, Da Costa. Calyptrœa Chinensis , L. Trochus succinctus, Montrs. (Tr. canaliculatus auct.). Trochus s triât us, L. Çlanculus Jussieui, Payr. Rissoa cimex , L. Rissoa ventricosa , Desm. Rissoina Bruguieri, Payr. Turritella triplicata, Brocchi. Eulima polit a, L. — 36 — Nat ica Guilleminii , Payr. Nat ica mittepunctata, Lmk. Natica Hebraea , Martyn {N. maculata auct.) Natica intermedia , Ph. Natica intricata, Donov. Lamellaria perspicua, L. Chenopus pespelicani, L. Cerithium vulgatum , Brug. Triforis perversa, L. Triton P arthenopœus , V. Sdl. Murex brandaris , L. Murex trunculus , L. Murex corallinus , Sc. Murex erinaceus , L. Murex Blainvillii , Payr. Euthria corne a , L. Nassa reticulata, L. Nassa corniculum, Oliv. Nassa incrassata , Mull. Nassa pygmœa, Lmk. Pleurotoma Ginnaniana , Sc. Pleurotoma attenuata , Mtg. Pleurotoma brachystoma , Ph. Mitra lut es cens, Lmk. Marginella miliaria , L. Akera buttât a, Muller. Haminea (Bulla) hydatis , L. Phi line (Bullæa) aperta , L. Aplysia Cuvieri , Dell. Ch. (^. punctata, Ph.). Etat actuel de la faune du bassin National (1882-1883). — Le con- traste entre l’état primitif de ce bassin, tel que nous venons de le décrire et celui que nous pouvons reconnaître aujourd’hui, est très saisissant. Aucun fait ne pourrait, à nos yeux, dénoter d’une manière plus claire l’in- fluence néfaste de l’extension des constructions maritimes sur les animaux établis aux abords de Marseille. Nous ne craignons pas que cette réflexion soit prise pour la manifestation d’un souci puéril de collectionneur. Un phénomène bien constaté peut toujours fournir d’utiles renseignements sur des sujets très divers. On se plaint depuis longtemps de l’appauvrissement de la faune ichthyolo- — 37 — gique dans le golfe de Marseille, et l’on accuse unanimement de cette préten- due dépopulation, la pêche aux filets traînants qui détruirait non seulement les poissons .de petite taille, mais encore le frai de tout genre. Il est parfaitement évident à nos yeux qu’un tel phénomène ne pourrait, s’il était positivement cons- taté, s’expliquer par cette seule cause. Il faut remarquer, en premier lieu, qu’une foule d’espèces de poissons pondent des œufs à vitellus graisseux abondant, œufs qui, au lieu de rester au fond de l’eau, s’élèvent et flottent à la surface de la mer. Il y aura lieu de déterminer un jour exactement, lorsque la station zoologique d’Endoume sera installée, quels sont les poissons dont la reproduction s’effectue dans ces conditions. Dès maintenant, on peut dire que le frai détruit par les filets traînants ne doit pas être bien important. Il est juste aussi de faire remarquer, sans prendre du reste parti pour ou contre la pêche aux filets traînants, que les grands chaluts des bateaux « bœufs », capturent en quantités considérables des Squales, des Raies, vertébrés très carnassiers dont la destruction n’est pas sans balancer, dans une certaine mesure, celle opérée par les mêmes engins sur la faune des Poissons proprement dits. D’autres considérations doivent intervenir. Sans parler du nombre des bateaux armés pour la pêche dans le golfe, nombre qui n’a cessé de s’accroître depuis les cinquante dernières années, il faut constater que la multiplication et la distribu- tion des diverses espèces de poissons de fond, peuvent être fortement atteintes, dans une région donnée, par des modifications apportées à la nature d’une surface importante du sol sous-marin. Si des ports viennent prendre la place d’une prairie de Zostères, autrefois très habitée, si des eaux impures jetées par des égouts et retenues par des digues viennent détruire dans ces fonds les divers invertébrés. Vers, Crustacés ou Cœlentérés qui y pullulaient autrefois et constituaient pour les poissons une proie assurée, si, d’autre part, les vases puantes recueillies par les dragues ou les détritus rejetés par les diverses industries, les terres de savonne- ries, par exemple, chargées de polysulfures, sont disséminées sans cesse en divers points de la rade, tombant sur des fonds qu’ils stérilisent promptement, il est clair que ce régime, né des exigences d’une grande ville, n’est point fait pour favoriser le repeuplement d’une partie de mer largement exploitée déjà par la pêche, sous toutes ses formes. Il y aurait lieu, peut-être, de réglementer le jet à la mer des résidus d’usines; on retirerait sans doute d’excellents résultats de l’établissement de certaines Réserves en divers points de la côte; mais cette question mérite d’être longue- ment étudiée et discutée dans d’autres circonstances et nous devons revenir à la description de la faune actuelle du bassin National dont les transformations nous ont conduit à cette digression. Le quai du bassin National est complètement achevé aujourd’hui et ne s’offre — 38 — plus aux animaux que comme une muraille sans anfractuosités. Les eaux du large ne passent plus à travers la jetée et le fond est bien moins aéré qu’autrefois. Sur le quai on ne voit que peu d’algues, mais des touffes épaisses de Bugula se montrent partout. Les Ciona intestinalis dominent, associées à quelques Ascidia aspera Risso, et à une Cynthia à test mamelonné qui semble correspondre au Cynthia opalina de Aider. Les Eupomatus uncinatus ont pu résister aux change- ments survenus, évidemment opprimés, cependant, par les Bryozoaires, et ils ne se groupent plus en faisceaux aussi épais. Le Spir'ographis Spallanzanii n’est pas rare. On voit encore quelques Reniera porrecta et quelques Antedon rosaeeus ; mais toutes ces espèces sont subordonnées aux Ciona , aux Nebalies et aux Spio fuliginosus qui pullulent. Il faut encore citer une foule de petits Copépodes qui contribuent à donner à cette faune le faciès des eaux impures. Le Nemertes splendidus et YHeteroterebella sanguinea se montrent, comme sur le quai aux Soufres, ainsique l’ Amphiura squamata , Y Asterina gibbosa , YEuthria cornea , le Nassa corniculum , YOstrea stentina , le Polycera quadrilineata , le Microdeutopus gryllotalpa. Cette association offre aujourd’hui un caractère nouveau par suite de la disparition de plusieurs espèces et de la prédominance que d’autres ont prise. Dans le fond, la vase s’est accrue et elle est devenue plus noire et plus puante qu’autrefois. Cependant, bien que notablement diminuée, la faune qui s’y abrite est encore variée. Plusieurs dragages opérés dans le bassin National, à peu près au centre, nous ont donné, en novembre 1882, les espèces suivantes : Tuniciers : Ascidia cristata, Risso, Microcosmus vulgaris. Vers : Phyllodoce Paretti , Hermione hystrix, P ontogenia chrysocoma. Crustacés : Carcinus mænas , Portunus dépurât or 3 Portunus plicatus , Inachus scorpio , Eurynome aspera , Paguristes maculosus. Echinodermes : Strongylocentrotus lividus (rares individus de petite taille), Holo- thuria tubulosa , Phyllophorus urna , Amphiura Chiajei , Ophiothrix alope- curus , Ophiothrix fragilis, Ophiomyxa pentagona3 Ophioderma longicauda, Antedon rosaeeus (rare). Mollusques : Mytilus galloprovincialis, Lmk., Modiola barbata , L., ISIucula nucléus , L., Area lactea , L., Cardium paucicostatum , Sow., Cardita anti- quata , L., Circe minima, Mtg., Venus verrucosa , L. junior. Venus ovata , Penn., Venus rudis, Poli, Tapes decussatus , L. junior, Tapes geographicus, L., Tapes aureus , Gm, Tellina nitida , Poli, Tellina balaustina , L., Syndos- mya alba3 W., Solecurtus antiquatus Pult., Corbula gibba Ol., Dentalium dent ali s 3 L., Clanculus Jussieui , Payr., Turritella triplicata, Brocchi, Natica millepunctata , Lamk., Chenopus pespelicani, L., Cerithium vulga- tum} B., Murex trunculus , L., Nassa reticulata , L., Nassa incrassata, - 39 - Muller, Pleurotoma atténuât a , Mtg. , Haminea hydatis , L., Philine aperta , L. Cœlentérés : Calliactis effœta , Cerianthus membranaceus. On voit que les Mollusques, par exemple, ont diminué de moitié. Déplus, les individus sont devenus moins abondants. Mais si nous franchissons la passe pour pénétrer dans l’avant-port du cap Pinède, nous nous retrouvons en face de la même faune exubérante qui, auparavant, peuplait le bassin National lui-même. Les enrochements de l’avant-port sont couverts d’Oursins (Strongylocentrotus lividus) et de Comatules (Antedon rosaceus). Les Spongiaires (Reniera porrecta) se développent partout. Les Ostrea stentina, les Lima inflata} les Pectens ( Pecten glaber ), les Troques, les Nasses pullulent. On peut même rencontrer des espèces très rares, telles que le Pecten pes-felis. Les Anemone sulcata , les Sargatia troglodytes et bellis , les Bunodes Balli se montrent de tous côtés et tous les Vers, tous les Crustacés, tous les Mollusques signalés dans les listes relatives à l’état ancien du bassin National, peuvent être recueillis. Cet avant-port est donc une station riche que les natura- listes pourront encore longtemps exploiter. Aussitôt que nous quittons ce point, nous pénétrons dans les prairies litto- rales de zostères dont la faune exige une étude spéciale ; mais il nous paraît bon de dire un mot auparavant de l’état de la partie du golfe située le long de la digue des ports de la Joliette, où divers égouts viennent déboucher, et où sont jetées le plus souvent ces terres de savonneries dont nous parlions au début de ce chapitre. Tous les fonds situés en dehors de la jetée de la Joliette faisaient partie des espaces vaseux et sablo-vaseux qui occupent la plus grande surface de la région N. -O. du golfe et dont nous parlerons plus bas. Ces fonds ont été ici profondément ravagés. Si nous draguons à une centaine de mètres des enrochements et par 17 à 20 mètres de profondeur, l’engin ne ramène que des fragments de poteries, des débris de tous genres, dans une boue noire. Les terres de savonneries forment par place, une croûte assez dure que la drague attaque, et au-dessous se trouve encore un limon verdâtre dégageant une odeur sulfhydrique. Ce sont ces polysulfures qui se sont accumulés et qui ont à peu près tout détruit. A peine avons-nous pu recueillir en ces points, sur le fond, les espèces suivantes de Vers : Marphysa sanguinea ; Eteone picta, Ophiodromus flexuo- sus, Pholo'ê synophthalmica, Clap. Les Mollusques sont presque absents ; nous n’avons vu que le Çhenopus pespeli- cani , le Murex trunculus , quelques Turritella communis , Tapes aureusi Corbula gibba , Lucina spinifera. Enfin quelques Crustacés et quelques Ophiures résistent aux influences de ce — 4o — milieu ; ce sont : Ophiotrix alopecurus , Ophiomyxa pentagona , Inachus dorynchus , Portunus arcuatus , Pilumnus villosus , Porcellana longicornis. Il sera utile de comparer cette faune appauvrie avec les listes que nous donnerons plus loin, à propos des sables vaseux situés à un mille au large de cette station. § IL — FAUNES DE LA ZONE LITTORALE. Il est impossible de décrire, en se bornant à des considérations générales, les faunes du rivage. Nulle station n’est plus variable que celle du niveau des eaux de la mer. Aucune ne revêt des caractères aussi divers, suivant les accidents orographi- ques de la côte, aucune n’est davantage soumise aux influences climatériques. Mais cette zone est toujours accessible aux observateurs; elle est, par conséquent, la mieux connue dans ses differents aspects. On trouvera, à son sujet, d’importants renseignements dans le mémoire que G. Berthold vient de consacrer à la distri- bution des Algues dans le golfe de Naples (i). Nous ne nous occuperons ici que des animaux; le lecteur saura compléter notre travail, s’il désire des notions sur la flore littorale du bassin occidental de la Méditerranée, à laquelle pourrait convenir complètement l’étude de l’auteur allemand. Nous ne pensons pas qu’il soit utile à la description que nous voulons esquisser, de dresser des listes plus ou moins complètes d’invertébrés côtiers. Ces êtres sont décidément vulgaires et tous les zoologistes ont pu les voir. Cependant la zone littorale doit nous intéresser au plus haut degré, puisqu’elle reflète, mieux que toutes les autres, le faciès de la région et les changements que la contrée peut éprouver. Nous avons dessiné à grands traits, dans notre première partie, la structure géologique du bassin de Marseille. La carte jointe au mémoire rend facile l’intel- ligence de cet exposé. Elle montre que le massif de Notre-Dame de la Garde, constitué par les couches du jurassique supérieur et du crétacé inférieur, demeure comme une sorte de promontoire divisant, entre le golfe secondaire de l’Estaque et celui du Prado, les eaux douces qui coulent dans la vallée de PHuveaune. Le volume de ces eaux s’est notablement accru, durant les trente dernières années, à la suite de l’arrivée dans le territoire de Marseille, du Canal de la Durance. Les irrigations ont combattu puissamment les effets d’une sécheresse légendaire, caractéristique du climat de Provence. Sans doute, une grande partie (i). Mittbeilungen aus der zoologischen Station zu Neapel. Dritter Band, IV. Heft, 1882. — 4 des eaux amenées par le canal de Montricher, retourne directement dans l’atmos- phère par évaporation, mais on ne peut nier que l’apport des eaux douces dans notre golfe n’ait été, de ce chef, considérablement augmenté. Sur tous les points de la côte, dans le fond de la rade du Prado, comme dans celle de l’Estaque, des branches du canal se sont déversées, des usines se sont établies, jetant leurs détri- tus à la mer, les égouts ont pris un débit plus important en même temps que les ruisseaux de Jarret, de l’Huveaune, des Aygalades, etc.yles nouveaux ports ont contribué eux-mêmes à étendre la portée de ce phénomène, nettement indiqué par la progression des faunes saumâtres. Nous avons vu la faune côtière fortement influencée, en quelques années, dans le fond du golfe, par ces conditions biologiques nouvelles. Une ligne s’étendant de Montredon à la calanque de la Fausse-Monnaie, et de Malmousque à l’Estaque, limite assez exactement la portion du littoral où les animaux et les plantes sont ordinairement soumis à des eaux troubles ou légèrement saumâtres. La pointe d’Endoume demeure en dehors de cette zone, baignée par les courants du large dont les eaux vives sont favorables au développement des Corallines et des Mélobésies. Ces courants régnent également autour des îles, vers Maïré, et tout le long de la côte N.-O., depuis l’Estaque jusqu’au cap Couronne. Nous devions signaler ces particularités et en tenir compte dans nos descrip- tions. Il est évident que Marseille, dans sa zone littorale, garde la physionomie ordinaire de toutes les côtes méditerranéennes; mais nous ne pouvons nous contenter de cet aperçu général et, sans insister sur les faits qui pourraient s’appliquer à toutes les régions de notre mer intérieure, nous allons parcourir les divers points de la rade en nous écartant peu à peu des ports dont nous venons de donner les caractères. (A). ZONE ÉMERGÉE. La faune dite sub- marine comprend un certain nombrede Crustacés, de Mollusques et de Vers, qui ne s’éloignent jamais des bords de la mer, mais qu’on ne rencontre qu’au-dessus du niveau ordinaire des hautes eaux, dans des stations où ils sont, sans doute, fréquemment atteints par la vague, sans être toutefois longtemps immergés. Les espèces de cette zone different suivant la configuration de la côte. Dans les régions rocheuses, la pierre est couverte de Littorina neritoides , L. (Z., ccerulescens , Lmk.) ordinairement immobiles. Dans les anfractuosités sont fixées les Balanes plates, Chthamalus stellatus , Ranz. Le Pachygrapsus marmora- tus , Stp., le plus vagabond et le plus agile de nos crabes, connu de spêcheurs sous le nom caractéristique de Courenüo , parcourt avec rapidité les roches émer- 6— i — 42 — gées, se jetant à l’eau à la moindre alerte, tandis que les Crustacés Isopodes du génre Lygia demeurent à sec et ne cherchent un refuge que dans les fentes ou entre les cailloux. Les Lygies ne sont pas répandues uniformément dans le golfe. Elles affectionnent le voisinage des ports, les endroits abrités et exposés au soleil. Nos individus marseillais atteignent souvent de grandes dimensions. Ils corres- pondent au Lygia italica , Desmarest (i). La faune émergée des localités escarpées du rivage ne peut être bien riche. Les conditions deviennent plus favorables à la vie dans les anses, sur le pourtour des plages, principalement dans les points où la vague et les courants dominants chassent les débris de zostères détachés du fond, en automne. Ces détritus sont longtemps brassés parles eaux avant qu’une grosse merles jette à la côte, pour les reprendre ensuite ou pour les couvrir de sable et de gravier. Tandis que ces débris de Posidonies flottent encore, ils attirent des bandes de Crustacés, quelques Balœmon Treillianus , et une foule d’Edriophthalmes, parmi lesquels dominent YIdotœa tricuspidata et le Gammarus marinas. Ces articulés appelés ici Baboue et Morpulo , sont recherchés par les pêcheurs à la ligne et servent d’appât pour les Loups, les Sars, les Daurades, les Salpes, etc. (pêche à la Baboue). Ils ont tous une livrée brunâtre, parfaitement en rapport avec la teinte des débris décomposés de zostères. Souvent, lorsque la vague accumule des débris d’algues vertes (Ulves et conferves), ces Crustacés changent, par mimétisme, de colora- tion. Quelquefois aussi, YIdotæa hectica , qui d’ordinaire demeure fixée sur lés (i) Polydore Roux a déjà cité nos Lygies sous le nom de Lygia italica, Desmarest, mais la diagnose de ce dernier doit être légèrement modifiée. Desmarest dit dans ses Considérations sur les Crustacés , p. 318, que le Lygia italica , Fabr. — Latr. a les antennes extérieures presque égales au corps en longueur, avec leurs derniers segments composés de 17 articles. Il ajoute que les stylets de la queue sont très longs et égaux entre eux, avec un pédon- cule commun étroit et allongé. — Roux ne dessine pas ses Lygies marseillaises conformément à cette description de Desmarest. Nous voyons nous-même que les Lygies adultes de Marseille ont le flagel- lum des grandes antennes composé de 19, 20 et 21 articles. Par contre, chez les jeunes, nous comptons tantôt 8, tantôt 10, 12, 14, 15, 16 même 17 articles dans la même région. Dans tous les cas, les 2 stylets de la queue ne sont pas égaux. Nous trouvons toujours les deux rames de ces derniers uropodes assez fortement inégales, mais très longues, ce qui distingue l’animal du Lygia oceanica. En définitive, les Lygies de la Méditerranée, très anciennement appelées Lygia italica, ont tous les caractères de la Lygie de la mer Noire nommée Lygia Brandtii, par Rathke ( Beitrage z. Fauna d. Krym, p. 96, pl. VI, fig. 6). Lorenz (Pbysic. Verh. und Vertb. d. Organis. in quarneriscben Golfe), imitant Grube ( Ausfiug n.Triest und Quarnero) a appelé Lygia Brandtii l’espèce de l’Adriatique. Nous pensons qu’il y a lieu de revenir à l’ancien terme spécifique pour désigner les animaux médi- terranéens aussi bien que ceux de la mer Noire, pourvu qu’il soit entendu que leurs caractères sont tels que Roux et Rathke les ont donnés. — 43 — frondes de Posidonies, à une profondeur de 3 à 20 mètres, est entraînée à la côte, avec les débris végétaux, et elle revêt alors, par un mimétisme inverse de celui que nous venons de signaler chez sa congénère, une belle teinte noire. Une fois jetées à la côte et enfouies sous les graviers ou sous le sable, les frondes décomposées de zostères forment un sol humide, pénétré par l’eau de mer. Les Crustacés chassés par la vague s’y abritent quelque temps. Un amphipode sauteur y demeure constamment ( Orchestia littorea ). Dans les parties vaseuses, les Vers et les Mollusques se montrent. Le Nereis cultrifera et l’ Arenicola branchialis , varietas Grubii , s’établissent profondément là où les eaux de la mer s’infiltrent. Au-dessus vivent des colonies de petits Enchytrœus blanchâtres, associés aux Pontodrilus Marionis , E. Perrier (1). On pourra aisément étudier ce faciès de la zone sub-marine, le long de la plage du Prado, dans la partie comprise entre l’embouchure de l’Huveauneet les bains du Roucas-Blanc, dans le fond de l’anse des Goudes, dans le fond de la baie de la Madrague-de-la- Ville, à l’Estaque, autour du pavillon du restaurant Mistral. Nous le retrouverions, en dehors de notre golfe, à la Seyne, à Balaguier, dans la rade de Toulon, en quelques points du port de Saint-Tropez, à Villefranche et à Saint-Jean, au-delà de Nice, etc. Les Lombriciens de la zone sub-marine sont associés à une multitude de Truncatelles (' Truncatella truncatulla , Drap.) et d’Auricules ( Alexia myosotis , Drap.). (B) ZONE LITTORALE IMMERGÉE. 0 A 2 MÈTRES. Nous devons distinguer encore les régions du fond du golfe et celles baignées par les eaux pures. Fond du golfe : Pharo, Madrague, Cap Janet, Mourepiano, Pointe Rouge de Montredon. Fond des Calanques.- — Ces diverses stations soumises à l’action des apports d’eau douce possèdent des caractères communs. Elles sont favorables, plus que toutes les autres, au développement des Vives. Ces algues zosporées y sont cependant associées à quelques Cystoseires et à diverses Flori- dées, mais ces dernières familles se multiplient et deviennent prédominantes à mesure que l’on pénètre dans les eaux plus vives. — A certaines époques, divers animaux, plus particulièrement des Mollusques, Aplysies et Nudibranches, se montrent en abondance pour disparaître ensuite. (1) E. Perrier. Organisation des ■ Pontodrilus, Archives de Zoologie. Vol. IX, p. 175- 248. PI. XIII à XVIII. “ 44 — Les Mytilus galloprovincialis , Lmk, forment, le plus souvent, des bancs épais, à quelques décimètres sous l’eau, dans la zone habitée par les Patella cœrulea , L., par les Balanus perforatus , var. angustus et var. Cranchii , et Balanus amphitrite , Darwin. Les Anemonia sulcata , Lmk., sont les Actinies les plus abondantes dans ces stations. Elles sont associées à quelques Paractis striata, Risso, principalement le long de la côte du cap Janet, ou à quelques Bunodes verrucosus , Bunodes Ballii , Sagartia troglodytes , etc. Au Pharo, sur les rochers voisins du nouveau petit phare, on rencontre en assez grande quantité les Balanophyllia regia , Gosse, reconnaissables sur la pierre au milieu des Bryopsis , des Codium et des Ceramium , à une faible profondeur, par leur brillante couleur jaune orange. Les Anemonia et les Bunodes sont fréquents au Pharo. Sous les petits cailloux, les Sphœroma serratum pullulent encore comme à l’en- trée des ports, associés à des Lepadogaster. Au milieu des Algues, on trouve les espèces suivantes : Annélides : Polyno'é Grubiana , Lagisca extenuata , Hermadion pellucidum, Euphro- syne Audouini, Staurocephalus rubrovittatus, Eunice vittata , Marphysa sanguine a, Nematonereis uni cornis, Syllis (Typosyllis ) Khronii , Syllis (Typosyllis) vittata , Syllis (Typosyllis ) variegata, Syllis (Typosyllis ) hyalina, Trypanosyllis zébra, O dont o syllis fulgurans, Odontosyllis ctenos- toma , Pterosyllis line ata, Magalia perarmata, Phyllodoce Paretti, Eulalia pallida, Eulalia viridis, Audouinia jiligera, Aricia Œrstedii, Polyophthal- mus pictus, Siphonostoma diplochditos, Terebella Meckelii. Mollusques : Pelta coronata , Ouatr. ( Runcina Hancockii , Fqrbes ); Hermaea dendritica, Aid. et Hanc. ; Hermaea bifida , Mont.; Eolis punctata, Aid.; et Hanc.; Eolis coronata, Forb. ; Doris virescens, Risso, var. nigra ; Aplysia fasciata, P.'; Aplysia depilans, L. ; Chiton olivaceus, Spengl.; Acanthochites fascicularis, L. ; Patella cœrulea, L. ; Mytilus gallopro- vincialis, Lmk.; Cardita calyculata, L.; Fissurella grœca, L.; Trochus varius, L.; Trochus turbinatus, Born. (Monodonta fragaro'ides, Lmk. J; Trochus Richardi, Payr. ; Trochus unidentatus, Ph. ; Trochus umbilica- ris, L. ; Trochus villicus, Ph.; Trochus divaricatus, L. ( Monodonta Lessoni, Payr.); Cerithium rupestre, Risso ; Murex Edwardsii, Payr.; Fasciolaria lignaria, L.; Euthria cornea, L.; Pisania maculosa, Lmk.; Pollia d'Or- bignyi, Payr.; Nas s a corniculum, Olivi; Columbellarustica, L. ; Columbella Gervillii, Payr. ; Conus mediterraneus, Brug. — 45 — (Obs. : Quelques Céphalopodes viennent ramper sur les rochers de la côte et s’approchent des ports. Un grand Octopus catenulatus, Fer., fut capturé au Pharo, il y a dix ans. U Octopus vulgaris, Lmk., n’y est pas rare). Echinodermes : Antedon rosaceus , Norm. (rare); Asterias glacialis, O.-F. Mul- ler; Echinaster sepositus , Mull. et Trosch.; Asterina gibbosa , Forbes ( Asteriscus verruculatus , Mull. et Trosch. ); Astropecten aurantiacus , Gray; Ophioderma longicauda , Mull. et Trosch.; Amphiura squamata , Sars; Amphiura Chiajei , Forbes; Ophiothrix fr agi lis, Dub. et Kor.; Strongylocentrotus lividus , Brandt. ; Phyllophorus urna, Grube; Holothu - ri a tubulosa , Gmelin. Nous ne citons pas tous les petits crustacés Copépodes, et tous les Nématodes que l’on peut trouver au Pharo, dans la terre amassée à la base des algues ou des Plumulaires. La liste que nous venons de dresser suffit pour donner la physiono- mie ordinaire de cette faune littorale du fond du golfe. La plupart des animaux qu’elle comprend se manifestent régulièrement le long de la côte, au sud comme au nord des ports. Ils sont cependant associés quelquefois à d’autres espèces plus localisées. La côte, du cap Janet à l’Estaque, doit être, à cette occasion, examinée à part. Sous le cap Janet, parmi les blocs éboulés et sur les couches miocènes, les animaux du Pharo se rencontrent, mais les algues floridées sont plus abondantes. Les Anemonia sulcata sont associées à quelques Actinia equina , à des Paradis striata , aux Bunodes Ballii et à de nombreuses Sagartia ( Sagartia Penoti , Jourd.) (i). Nous avons vu, il y a quelques années, dans cette station, sur les pierres roulées d’un certain volume, des colonies d’un Alcyonnaire dont les caractères concordaient bien avec ceux du Rhizoxenia rosea signalé autrefois, par Philippi, dans le golfe de Naples. Ces Rhizoxenia sont devenus aujourd’hui très rares et l’on ne voit plus guère, à leur place, que des Chitons , des Spirorbis cornu-arietis , et des tubes du Térebelles et de Vermilies. Au-delà de Saut de Marot, la côte est une plage sableuse ou caillouteuse, absolument stérile jusqu’aux brisants de Mourepiano, dont les assises de poudingues s’étendent assez loin au large. La faune du cap Janet se montre ici de nouveau, les Sagartia Penoti dominent. Sous les pierres à peine recouvertes par la vague, on trouve encore le Sphæroma serratum associé au Janira Nordmanni , Rathke (2), ( 1 ) J ourdan. Recherches zoologiques et histologiques sur les Zoanthaires du golfe de Marseille. Ann. sc. nat. 6° série, t. 10, pl. 1, fig. 3. (2) Beitrage zur F aura der Krym. Pl. 98, pl. VI, fig. 1-5. — 46 - très abondant ici comme dans la mer Noire. — Deux Amphipodes, Melita palmata et Nicea nudicornis , ne sont pas rares, non plus que les Dynamene Monta- gui , Leach. Les Xantho rivulosus , les Eriphia spinifrons et les Palæmon Treillia- nus les accompagnent. Sous les mêmes pierres s’abritent des Mysidiens que nous rapportons au Siriella crassipes, G. O. Sars, bien que leur rostre soit un peu moins long que sur la figure donnée par l’illustre naturaliste norwégien. Dans les espaces profonds compris entre les rocs émergés nagent, pendant les mers calmes, des bandes d’une autre espèce que l’on voit sur presque tous les points de la côte , le Siriella armata , M. Edw. Il nous est arrivé, à diverses reprises, de prendre, près de l’abri des pêcheurs de Mourepiano, quelques petits Carcinus mænas . .Toutefois cet hôte des eaux saumâtres est ici dépaysé et ne tarde pas à disparaître. Les Mollusques et les Annélides sont les mèmès qu’au Pharo ou au cap Janet. Il nous faut dire cependant que les Algues du genre Cystosira sont fort abon- dantes et qu’elles sont fréquemment couvertes d’éponges calcaires, Dunstervillia corcyrensis , O. Schm. et Sycon ciliatum^ Lieb. ( Grantia ciliata , Bow., Johnst.). Sur la côte de I’Estaque, des Riaux à la Corbière, les eaux deviennent un peu plus pures et les Actinia equina se multiplient. Les Mollusques sont plus nombreux. Dans les couches argileuses pénètrent les Pholas dactylus , L. et les Pholas candida , L. — On peut recueillir presque au niveau de l’eau : Mytilus galloprovincialis , var.. Area lactea , L., Chama gryphoides , L., Chiton olivaceus , Speng., Acanthochites fascicularis, L., Patella ferruginea , Gm., Patella lusitanica , Gm., Patella cœrulea , L., Fissurella græca , L., Prochus Richardi , Payr., Trochus divaricatus , L., Çlanculus Jussieui , Payr., Cerithium rupestre, Risso, Murex Blainvillei , Payr., Trophon rostratus , Ol., Euthria cornea , L., Pisania maculosay Lmk., Nassa reticulata , L., Nassa corniculum , Ol., Nassa incrassata, Mull., Columbella rustica , L., Columbella script ay L., etc. En passant dans l’autre région du golfe, c’est-à-dire, au S.-E. de l’embouchure de l’Huveaune, la faune côtière immergée reproduit à peu près les mêmes combinaisons. A la Pointe Rouge de Montredon, les mollusques littoraux sont abondants dans la zone de o à — 2 mètres. Les Nudibr anches sont repré- sentés par YEolis coronata3 YEolis lineata , YElysia viridis , le Flabellina neapoli- tana. Parmi les Testacés on peut citer : Modiola barbata , L., Cardium exiguum , Gm., Cardita antiquata , L., Saxicava gallicana , Lmk., Petricola lithophaga , Retz; Gastrochæna dubia , Perm., Lithodo- mus lithophagus , L., Chiton olivaceus , Spengl., Chiton Cajetanus , Poli, Acanthoahi- tesfascicularis, L., P atella ferruginea , Gm., Patella lusitanica ; Gm., Patella cceru- — Al- leu, L., Trochus turbinatus , Born., Trochus Richardi, Payr., Trochus varius, L., Tro- chus exasperatus , Penn., Trochus divaricatus, L., Clanculus corallinus, Gm,, Ceri- thium rupestre , Risso, Cerithiolum scabrum, Olivi, Murex Edwardsi, Payr., Nassa Cuvieri, Payr., Pisania maculosa , Lk., Conus mediterraneus, Brug., etc. Les algues abritent en grand nombre les Gammarella brevicaudata , les Pirimela denticulata et les autres crustacés habituels. Les Hermelles ont établi dans cette anse, comme dans celle de la Madrague de la Ville, des amas de tubes très considérables que nos pêcheurs désignent sous le nom de Peiro abillo pour rappeler la ressemblance de ces constructions avec une ruche d’abeilles. Un crustacé assez rare sur nos côtes creuse ses galeries au milieu des tubes d’Her- melles, c’est le Callianassa subterranea , Mont. ( Lou Bourbi des pêcheurs), dont le Callianassa laticauda, Otto, n’est peut-être qu’une variété. On trouve au milieu des Hermelles d’autres Chétopodes, Eulalia guttata , Lumbriconereis Nardonis, Nereis cultrifera, Marphysa sanguine a {Lou Mouredu des pêcheurs). FAUNE LITTORALE IMMERGÉE (0 A — 2 MÈTRES), DANS LA RÉGION DES EAUX VIVES. Avant de descendre plus profondément au dessous du niveau du balancement des vagues, il nous faut indiquer les caractères de la zone côtière des eaux pures. Depuis longtemps déjà le faciès spécial à cette station a été remarqué et signalé à l’attention des naturalistes. M. le professeur de Quatrefages, dans les gracieux chapitres du livre où il rappelle le voyage en Sicile, décrit cette sorte de « trottoir » qui borde partout la côte, dans la Méditerranée, là où les eaux vives du large ne sont pas troublées par les apports des vallées. — Ces bourrelets, constamment battus par la vague, sont des formations organiques curieuses que les botanistes et les zoologistes ont étudiées. Leur masse est constituée par des Algues floridées encroûtées de calcaire. Les galeries inextricables qui les percent ménagent des abris à des invertébrés de petite taille. On rechercherait vainement de grandes bêtes dans ces stations. Le roc est escarpé; il s’offre aux coups de la vague et il ne peut être hospitalier pour tous les êtres qui fréquentent les eaux calmes, dans le fond des anses. Cela donne déjà un cachet original à ces stations. La côte tombe à pic et ne doit être abordée qu’avec les mers calmes. La moindre brise détermine ün ressac assez violent. Si l’eau n’est pas agitée, l’observateur peut voir assez profondément les Actinia equina s’étager au milieu des Algues dont les espèces sont très variées. Le « trottoir » est constitué par des Melobesia corallinæ , des Lithophyllum incrustans et cristatum , des Amphiroa, des Corallines , des Peyssonne- - 48 - lia. Au-dessous se groupent en touffes denses les Cystosira abrotanifolia , ericoïdes et discors. En quelques points les Lithophyllum et les Melobêsies cèdent la place aux Corallines. Celles-ci se mêlent à quelques Ulves , à des Ectocarpes , aux Dictyota dichotoma , Halyseris polypodioides , Gelidium corneum , Plocamium coccineum , Ceramium rubrurn , à des Callithamnion , à des Vallonia , etc. Cette zone littorale est bien développée, à Marseille, sur la côte ferme, dans les environs du Cap Croisette, et le long du rivage de Niolon à Méjean et à Carry. Les îles du golfe, surtout vers le large, à Cap Cavaux et à Tiboulen de Raton neau, ou à Maïré, la montrent avec tous ses caractères. Dans les algues encroûtées abondent de petits Mollusques Lamellibranches, Lasaa rubra , Mont., Mytilus crispus , Cantr. var. minor et var. solida. On trouve encore : Patella lusitanica , Gm., var. minor , Fissurella graca , L., var. minori Fossarus ambiguus , L., Gadinia Garnoti , Payr., Modiolaria costulata , Risso, Murex Edwardsi , Payr. Quelquefois les Corallines dominent; on rencontre alors de véritables bancs de Mytilus galloprovincialis , varietas hesperianus , à test épais et totalement recou- verts d’algues calcaires. Au milieu d’eux se plaisent les Balanus perforatus , var. an gus tus. Les Vers, les Crustacés et les Cœlentérés eux-mêmes sont tous de petite taille, mais il suffit de placer dans un baquet un petit fragment de cette concrétion faite d’algues calcaires, pour voir se dégager, une foule d’espèces. Les Nématodes ( Amphistenus agilis , Thoracostoma Zola ) sont abondants, ainsi que divers petits Copépodes et de petits Nemertes armés et inermes. Les Annélides Chétopodes n’ont rien de caractéristique, si ce n’est leur petite taille. Elles appartiennent toutes à des espèces représentées ailleurs : Lepidonotus clava , Mont., Hermadion pellucidum , Marenz., Lagisca extenuata , Marenz. , Chrysopet alum fragile , Ehd. , Staurocephalus rubrovittatus , Grube, Nematonereis uni cornis , Gr. , Arabella quadri striât a . Grube, Lumbriconereis Latreillii , Aud. et Edw., Lumbriconereis coccinea , Ren., Nereis cultrifera , Grube, Nereis Dumerilii , Aud. et Edw., Syllis ( Typosyllis ) Khronii , Ehl., Syllis (Typo- syllis ) vittata , Grube, Syllis ( Fyposyllis ) variegata , Grube, Odontosyllis ctenostoma , Clap., Sphœrosyllis hystrixy Clap., Grubea tenuicirrata, Clap., Magalia perarmata> Mar. et Bobr., Eulalia pallida , Clap., Eulalia viridis , Sav., Audouinia filigera, D. Ch., Polyophthalmus pictuSj Duj., Amphiglene mediterranea , Leyd. Les Crustacés sont peut-être en proportions plus considérables ici que dans les eaux moins pures, les Décapodes ne sont cependant qu’en minorité : Acanthonyx , lunulatus , Latr. , Pi sa corallina , M. Edw., Lissa chiragra , Leach. , Pilumnus villosus , Risso, Eriphia spinifrons , Sav., Eupagurus anachoretus , Heller, Hippolyte — 49 ~ Cranchii , Leach, (salicoque dont la livrée s’adapte admirablement à la teinte de l’algue qui l’abrite, brune dans les Cystoseira , rouge dans les Ceramium ). Les Edriophthalmes des algues encroûtées comprennent les Craprella acuti- frons , Latr., Caprella équilibra, Say, Caprella grandimana , P. May., Çaprella dentata , Haller, ‘Tandis vittatus , Rathke, Eurysteus erythrophthalmus , Lij., Lepto- chelia Edwardsi , Kroy., Podocerus pulchellus, Leach., Allorchestes imbricatus , Sp., Bâte (nombreuses variations mimétiques dans la coloration), Amphithoë littorina, Sp. Bâte (coloration variée). Quelques petits Siponcles du genre Phascolosoma se cachent également au milieu des algues calcaires, presque entièrement enfouis dans leur masse, comme les zoanthaires Sagartia troglodytes , Phellia elongata, Corynactis viridis. Nous pouvons encore citer de ces stations les espèces suivantes : Anguinaria spatulata3 Sertularella fus if or mi s3 Pelta coronata. Nous avons donné, croyons-nous, des indications suffisantes pour caractériser la côte du fond du golfe, aussi bien que le rivage des eaux vives. Nous nous sommes attaché à mettre en relief les particularités de ces stations, en décrivant des localités typiques, à faciès nettement tranché.. Il est clair que toutes sortes de transitions s’offrent à l’observateur, en des points intermédiaires, dans lesquels divers groupes prédominent ou se trouvent au contraire subordonnés. La Calanque de Pomegues, réservée à la quarantaine des navires contaminés par les plus graves maladies épidémiques, se montre à nous comme une région complexe associant des êtres ordinairement disjoints. Elle est assez profonde et assez vaste pour se soustraire à l’action dominatrice des eaux vives qui baignent l’entrée, ou la côte voisine. Si nous voulions faire une étude descriptive bien complète de cette anse, la carte routière annexée à ce mémoire ne pourrait nous suffire et nous devrions nous servir du plan à grande échelle du port de Mar- seille (cartes de la Marine, n° 1,402). Nous verrions alors que la calanque ou port de Pomègues s’ouvre assez largement à l’est et qu’elle est protégée au sud par une petite jetée reliant l’îlot de Pomègues à la côte. A la pointe de Pomègues, comme en dehors de l’anse, se développe le trottoir ordinaire d’Algues encroûtées, abri- tant les animaux habituels que nous venons d’énumérer. Dans le fond de la calanque, vers la cabane des. câbles et autour de la chapelle, le faciès littoral change totalement et rappelle les stations des eaux impures. Les Conferves et les Ulves se multiplient abondamment et forment un épais tapis dans lequel nous avons un jour capturé un Carcinus mcenas. La roche et les pierres roulées sont percées pat les Mollusques perforants et par la Sabella saxicola. Un Phascolosoma de petite taille n’est pas rare dans les galeries de ces roches perforées et appartient au type du Phascolosoma tuberculosum. 7-1 — 5 o — Les principaux crustacés côtiers du fond de l’anse sont : Alpheus dentipes , Guer. (commun), Portunus arcuatus , Leach., Pirimela denti- culata , Leach., Paranthura costana , Sp. Bâte, Lysianassa spinicornis, Costa. Les Annélides Chétopodes sont très abondantes : Phyllodoce laminosa , Nereis cultrifera , Vermilia infundibulum, Ver milia poly tréma , Eupomatus uncinatus , Euphrosyne foliosa, Perebella Meckelii. Parmi les Zoanthaires on remarque surtout le Balanophyllia regiay les Sagartia troglodytes et Penoti , Y Actinia equina , le Phellia elongata et le Cerianthus mem- branaceus qui descend de la côte jusqu’à un mètre et plus profondément encore, dans le sable du fond de l’anse où croissent, au milieu des Posidonies, des algues rares (Caulerpa proliféra) et où s’abritent des Annélides chétopodes, Amphictene auricoma. Nous avons recueilli dans le port de Pomègues sur les pierres de la côte, les Mollusques suivants : Modiola barbata , L., Lithodomus lithophagus, L., Area barbata , L., Bornia Geof- froyi , Payr., Chama gryphina , Lmk. , Papes decussatus , L. (près la cabane des câbles), Gastrochœna dubiay Penn., Petricola lithophaga , Retz., Chiton olivaceus , Spengl., Chiton Cajetanus, Poli, Acanthochites fascicularis , L., Patella aspera, Ph., Patella lusitanica, Gm., Fissurella græcay L., Prochus varias, L., Prochus divari- catusy L., Prochus t ur binât us y Born., Prochus Richardi , Payr., Cerithium vulgatum Brug, Cerithium rupestre , Risso, Fasciolaria lignaria , L., Euthria corne a , L., Columbella rustica , L., Pisania maculosa , Lmk., Nassa corniculum , Olivi, Conus . mediteraneus , Brug., Murex Edwardsi , Payr., Polycera quadrilineata , Muller. Cette énumération prouve que, même dans les régions ordinairement baignées par les eaux vives du large, il suffit que la côte s’infléchisse, se creuse en une petite baie, pour que le faciès littoral se modifie. Les pluies d’orage suffiraient à elles seules pour créer un régime spécial dans les anses. Nous avons vü en été, à la suite d’une pluie violente de quelques heures, les eaux recueillies sur les pen- tes de la calanque de Pomègues troubler complètement le petit port et y entraî- ner même d’assez grandes masses de terres. Ces phénomènes n’ont pas la même énergie sur une côte à pic. Pour terminer cette description rapide d’une calanque du golfe, il nous faut indiquer les espèces de Mollusques qui descendent au-dessous du niveau du balancement des vagues et que l’on recueille dans le sable ou dans la terre vers un mètre et deux mètres de profondeur. Nous passons ainsi graduellement de la faune côtière proprement dite à celle des prairies littorales de zostères, et l’on comprend du resté qu’une limite bien tranchée ne pourrait être tracée entre les domaines respectifs des deux faunes. — 5i — A Pomègues, la drague ou le râteau à bras donne, à i m. et à 2 mètres, les espèces suivantes : Anomia ephippium, L., Pecten varius , L., Lima tenera, Turt, Nucula nucléus , L., Area lactea , L., Cardita antiquata , L., Tapes decussatus , L., Tapes floridus , Lmk., Tapes aureus , Gm., Arcopagia balaustina , L., Syndosmia ovata , Ph., Lucina spinifera , Mtg., Loripes lacté us, L., Circe minima , Mtg., Trochus s triât us, L., Trochus exasperatus , Penn., Trochus succinct us. Monts., Rissoa ventricosa, Desm., Rissoa cimex , L., Natica intricata, Donov., Cerithium vulgatum, Brug., Cerithium vulgatum varietas minuta , Ceriothiolum scabrum , Olivi, Scalaria communis, Lmk., Scalaria commutata , Monts, f ÔV. lamellosa , Payr. non Lmk.), Nassa incrassata , Mull., Nassa Cuvieri , Payr., Columbella rustica, L., Columbella scripta, L., Colum- bella Gervilléi, Payr., Pleurotoma rudis, Sc., Conus mediterraneus , Brug.. Margi- nella mi li aria, L., Cypræa pulex, Gray. (C) : R.ÉGION DES PLAGES. Il est un faciès de la zone côtière immergée que nous devons décrire et qui se présente d’ailleurs avec des caractères bien tranchés. Nous voulons parler des amas de petits cailloux roulés que l’on rencontre dans le fond de quelques calanques, et des plages sableuses telles que celle du Prado dont le développement est assez important pour nous donner une idée exacte de la côte basse du Languedoc. Graviers a Saccocirrus de Ratonneau. — Les petits graviers amassés au pied du quai de débarquement de l’anse de Ratonneau ne sont pas très riches en espèces animales, mais ils méritent une mention spéciale à cause des curieux Vers qu’ils abritent. On rencontre, en abondance, à quelques décimètres sous l’eau, et fixées sous les petites pierres que la vague roule, une Annélide Chétopode découverte pour la première fois dans la baie de Sébastopol par notre ami le professeur Bobretzky. Nous renvoyons pour tout ce qui se rattache à l’organi- sation de cet animal à nos Etudes sur les Annêlides du golfe de Marseille (1). Les Saccocirrus de Ratonneau sont associés à de petits Némertiens dont la couleur blanche s’allie, aussi bien que celle des Saccocirrus eux-mêmes, à la teinte des cailloux. Ces Némertiens nous semblent correspondre à l’ Ommatoplea alba, Thoms. — L’habitat de ces deux Vers est très restreint dans notre golfe. On trouve le Saccocirrus papillocercus et Y Ommatoplea alba seulement à Ratonneau et (1) Marion et Bobretzky : Étude des Annêlides du Golfe de Marseille. Annales des Sciences naturel- les, 1876, t. 11, pl. 9 et 10, pages 69-83. — 52 — dans les calanques de Lubo et du Fenouguié, dépendant de la même île. Le Saccocirrus n’a pas été signalé jusqu’ici dans d’autres localités de la Méditerranée, mais Langerhans l’a retrouvé à Madère (i). Pierres de la Calanque de Morgilet. — Les Posidonies et les Algues ne s’étendent pas jusqu’au fond de cette anse située derrière le port du Frioul. Des sortes de petites mares profondes, totalement occupées par de gros cailloux que la vague ne roule pas, pénètrent entre les roches de la côte. Sur ces pierres cou- vertes par quelques décimètres d’eau, sont attachées les colonies d’un Alcyonnaire très intéressant, vivipare, et par cela seul distinct déjà du Clavularia crassa vi- vant sur les rhizomes de Posidonies. Nous décrirons dans un mémoire spécial le Clavularia de Morgilet sous le nom de Clavularia petricoFa , nov. sp. — On trouve quelquefois entre les pierres de cette calanque, des Bonellia viridis (2), associées aux Phascolosomes du rivage. La calanque de Morgilet méritait encore d’être signalée parce que nous y avons recueilli plusieurs Arbacia pustulosa, Échi- nide très rare sur nos côtes. Elle montre ordinairement Y Holothuria impatiens , Y Asterias glacialis, Y As ter ina gibbosa, YOphioderma longicauda. Les Zoanthaires fixés sur les pierres sont : Corynactis viridis , Phellia elongata , Sagartia bellis. Les Annélides ne sont guère représentées que par Hermione hys- trix, Nereis Dumerilii , Nereis cultrifera , Spirorbis cornu-arietis, Vermilia poly- trema. Les Mollusques y sont rares : Chama gryphina, Lmk., Chiton olivaceus , Spengl., Acanthochites fascicularis , L., Lithodomus lithophagus , L., Petricola lithophaga , Retz., Ver met us tri que ter, Biv. Fond sableux du golfe de la Madrague-de-la-Ville ; profondeur i a 2 et 3 métrés. — Le fond du golfe de la Madrague, entre le cap Janet et les petits îlots, est occupé par une plage immergée, en partie couverte de Posidonies, principalement autour des quelques roches sous-marines. La profondeur n’est pas considérable dans la partie voisine du cap Janet, elle augmente progressivement quand on se dirige vers la passe des nouveaux ports, et le fond se rattache peu à peu aux prairies de Zostères. Sous l’usine Rozan, vers le point où les eaux du canal sont déversées à la mer, le sable vaseux contient les espèces suivantes : (1) Die Wurmfauna von Madeira. Zeitsch. w. Zool. t. 32 et 33. (2) Le Bonellie est rare à Marseille. Nous ne l’avons prise que dans le bassin National, à Morgilet, au Frioul et aux bassins du Roucas-Blanc. Il est plus aisé de se procurer la Bonellia minor des fonds coralligènes. — 53 — Carcinus mœnas , Xantho rivulosus , Spharoma curtum, Ioera Normanni ; Anemonia sulcata , Paradis Costa ; Tapes de eus s at us. Tapes aureus, Trochus turbinât us, Trochus Richard! , Cyclonassa neritea (dans les points voisins de la chute du canal), Nassa incrassata. Murex Edwardsi ; Marphysa sanguinea, Nereis cultrifera, Arenicola branchialis , varietas Grubii, Hermella alveolata (amas volumineux de tubes abritant la Çallianassa subterranea). Si l’on descend un peu plus profondément en se rapprochant des llettes, on trouve dans le sable, associés aux Tapes, des Dosinia lincta, Pult, quelques rares petites Cytherea Chione, L., et les grands Solen ( Solen vagina, L., Solen siliqua, L., Solen ensis, L .). Les pêcheurs de Clovisses ont recueilli à diverses reprises en ces lieux de belles Cypraa lurida, L. — Les Crustacés des mêmes régions sont : Ethusa mascarone , Ebalia Pennanti, Portunus pusillus, Portunus holsatus, Portu- nus arcuatus, Palcemon Treillianus, et enfin une espèce rare sur nos côtes, Thia polita. — Les sables de la Madrague abritent quelques Echinocardium cordatum et quelques Brissus Scilla, mais ces deux Echinides ne se rencontrent que d’une manière exceptionnelle. Nous retrouvons des stations analogues à celles de la Madrague, mais moins étendues et plus pauvres, dans l’anse des Catalans et à l’entrée de la calanque de Malmousque. Les Portunus holsatus et arcuatus y sont cependant abondants ainsi que les Tapes decussatus et aureus, associés aux espèces suivantes : Tellina incarnat a , Loripes lacteus, Phasianella speciosa, Cerithium vulgatum, Trochus varius, Cyclo- nassa neritea. Plage du Prado. — La plage sableuse du Prado ou de Montredon occupe un espace assez important depuis les bains du Roucas-Blanc jusqu’à la Pointe- Rouge. La portion côtière parsemée de nombreuses roches sous-marines n’atteint une profondeur de 5 mètres qu’à plus de 500 mètres du bord. Le sable s’étend au-dessous de cette profondeur jusqu’à 10 mètres, en pénétrant dans les prairies de Posidonies. Les fonds sableux purs ne sont pas riches en espèces; mais, par contre, les Inver- tébrés qui les fréquentent se multiplient abondamment. On connaît d’ailleurs cette particularité commune à toutes les plages. Dans le voisinage de l’embouchure de l’Huveaune, quelques espèces des eaux saumâtres dominent. Ce sont principalement : Cyclonassa neritea, L., Bonax trun- culus, L. (et nombreuses variétés), Donax semistriatus, Poli, Modiola adriatica, Lmk., Corbulomya mediterranea , Costa. - 54 - On trouve un peu plus loin de la côte et de l’Huveaune, les Mollusques sui- vants : Loripes lacteus , L., Cardium tuberculatum , L., Venus Gallina , L., Dosinia lincta, Pult., d’ellina pulchella, Lmk., Eellina donacina3 L., Donax venustus, Poli., Donax semistriatus , Poli, Mactra corallina , L., Mactra subtruncata, D. Cost., Cor- bula gibba , Olivi, Sol en vagina , L., Solen siliqua , L., Solen ensis , L., Ceratisolen legumen , L., Natica intricata3 Donav., Natica millepunctata , L., Natica Josephi- nia , Risso, Euthria corne a 3 L., Nassa mutabiïis ;, L., Nassa incrassata , Muller, Nassa Cuvieri , Payr., Nassa reticulata , L., Murex Edwardsi3 Payr., Chenopus pespelicani , L., Philine aperta3 L. Deux Échinodermes sont très abondants dans le sable de la plage, depuis j jusqu’à i o mètres. L’un, Ophioglypha lacertosa3 Lmk. (''O. texturata3 LmkJ, pos- sède une grande extension géographique et bathymétrique, puisqu’il descend sur nos côtes jusqu’au-delà de ioo mètres et qu’on le retrouve en Norwège et à Madère ; l’autre, Astropecten squamatus3 Muller et Troschel ( Astropecten aster , Filippi), est une espèce de la mer du Nord, assez rare dans la Méditerranée et n’ayant jamais que des aires très restreintes. On ne le trouve sur les côtes de Provence, qne dans la plage du Prado. On le cite encore de Livourne et de Naples. Les Crustacés les plus abondants de la plage sont des Portunes ( Portunus arcuatus3 Portunus holsatus3 Portunus depurator ). Aucun cependant ne pullule en aussi grande quantité que le Diogenes varians logé dans les Nasses et les Natices, Les principaux poissons de ces fonds sableux sont des Soles, des Aragnes ( Prachinus )3 des Blennies et des Gobies, sans parler des espèces errantes, Anguil- les, Congres, Loups, Muges, Dorades, Athérines, etc. Nous arrêtons ici notre revue des zones littorales. Les listes que nous avons données pourraient bien être complétées par l’adjonction d’un certain nombre d’espèces; mais, nous le répétons, nous n’écrivons pas une faune générale de nos côtes, mais une esquisse de topographie zoologique donnant la physionomie des diverses régions et nous devons dans ce but insister seulement sur les types caractéristiques. § III. — FAUNES DES PRAIRIES DE ZOSTÈRES. Le Posidonia Caulini, Kœnig, constitue à lui seul toutes les prairies de Zostè- res des côtes de Provence. Ce n’est que dans les étangs saumâtres des embouchu- res du Rhône et dans quelques anses soumises à l’influence des eaux douces, que l’on trouve les Zosteres véritables ( Zostera marina , L. et Zostera nana3 Roth. J. — 55 — Nous aurons plus tard l’occasion de décrire les faunes de ces estuaires et de ces lagunes, si bien représentées avec des aspects différents dans notre région. Nous n’avons à nous occuper ici que des prairies de Posidonies du golfe de Marseille. Ces plantes monocotylédones prospèrent dans les eaux vives et sur les sols résis- tants. Elles se montrent déjà à la côte, à quelques mètres de profondeur, pour descendre jusqu’à 1 8 ou 10 brasses. Au-dessous de 35 mètres, les Posidonies ne végètent plus. Les Algues trouvent encore assez de lumière pour effectuer leurs fonctions à 100 mètres, mais les phanérogames adaptées à la vie marine ne sem- blent plus rencontrer, à 40 ou 50 mètres, les conditions physiques de leur nutri- tion chlorophylienne. On comprend donc que les Posidonies se groupent le long du rivage, en constituant une bordure plus ou moins large suivant la profondeur ou la nature du sol sous-marin. Elles forment souvent des herbiers très étendus et très denses que nos pêcheurs appellent des founds d'augo. D’autres fois, elles sont éparses dans des creux de roches, ou bien encore elles sont séparées les unes des autres par des étendues de sable ou de vase. Les animaux qui fréquentent ces prairies diffèrent assez sensiblement suivant la profondeur, bien qu’ils réalisent des associations du même genre. Nous choisirons diverses stations, les unes littorales, les autres plus profondes, pour mieux faire saisir les faciès secondaires. Les premières se rattachent naturellement aux zones côtières immergées, les secondes passent aux fonds coralligènes et aux sables vaseux profonds. (A) : FOND DES « CALANQUES, » DANS LES EAUX PURES : CALANQUES DE RATONNEAU, DE POMÈGUES, etc. Transition de la Faune littorale a celle des Prairies de Zostères. — A 3 ou 4 mètres de profondeur, les Posidonia Caulini croissent déjà en abondance, au printemps et en été. Les Invertébrés pullulent parmi ces herbes. Sur les rhizomes, on voit de véritables couches de Spongiaires et un beau Foraminifère d’un rouge vif, que l’on ne saurait distinguer du Polytrema minia- ceum , Pallas, espèce fréquente dans l’Océan indien comme dans la Méditerranée. On trouve également des Rhizopodes amiboïdes, d’un jaune paille et atteignant souvent un centimètre de diamètre dans leur portion centrale, d’où rayonnent les pseudopodes. Ces amibes semblent dépourvues de noyau et elles ne se déplacent qu’avec une extrême lenteur. A Ratonneau, un Alcyonnaire du genre Clavularia forme des cormus épais sur les rhizomes de Posidonies. Ces colonies sont unisexuées et nous avons étudié, dans un mémoire qui trouvera sa place dans ce recueil, en collaboration avec notre ami M. le professeur A. Kowalevsky, l’organisation et le développement des individus qu’elles comprennent. Cet Alcyonnaire ( Clavularia crassa ) est — 56 ovipare. Il est quelquefois associé, dans la même station, au Çornularia cornu- copiæ. Les Cérianthes sont très nombreux dans l’anse de Ratonneau; on en trouve sur les Posidonies, mais les plus grands sont enfouis dans le sable ou dans la vase du fond. Sur toutes les tiges que l’on arrache, on découvre des gîtes de Lima hians , Gm. Les Modiola barbata , L., et les Area barbata se montrent partout. En faisant usage de l’engin connu de nos pêcheurs sous le nom de Man fadado , il est aisé de retirer des pierres assez volumineuses, sous lesquelles on recueille des Actinies ( Bunodes gemmaceus , Sagartia bellis , Vhellia elongata J, des Chitons ( Acanthochites fascicularis, Ac. discrepans , Chiton cajetanus ) et une foule d’Anné- lides chétopodes qui fréquentent aussi les Zostères. Les espèces de vers les plus abondantes sont : Euphrosine Audouini , Hermione hystrix , Nereis cultrifera , Staurocephalus rubrovittatus , Arenicola Grubii , Chœtopterus variopedatus, Bran- chiomma vigilans , Eusyllis as similis , Syllis Khronii , Lumbriconereis Nardonis , Eunice Harassii , Terebella Meckelii. Les Echinodermes sont représentés par : Srongylocentrotus lividus, Holothuria tubulosa , Phyllophorus urna , Ophioderma longicauda , Asterina gibbosa , Asterias glacialis , Muller, Echinaster sepositus , Astropecten aurantiacus. Les Crustacés sont aussi nombreux que les Echinodermes. Le plus gracieux amphipode est le Melitapalmata que l’on trouve entre les fron- des de Posidonies, associé à des Lysianassa et à des Anonyx. Les Décapodes ne font pas défaut. Souvent les Langoustes et les Scyllarus arctus se montrent dans les petites anses à de faibles profondeurs; il est aisé d’y découvrir des Mdia verrucosa , des Pilumnus spinifer , des Eriphia spinifrons, des Xantho rivulosus , des Tnachus scorpio , des Atelecyclus heterodon , des Alpheus dentipes , des Hippolyte Cranchii. Les Mollusques appartiennent à la faune littorale ; ce sont, indépendamment des Chitons, des Limes, des Modioles et des Arches déjà mentionnés : Rissoa ventricosa , Desm., Rissoa violacé a ^ Desm., Haliotis lamellosa, Lk., Trochus exas- peratus , Penn., Cerithium vulgatum , Brug., Cerithium rupestre , Risso, Fasciolaria lignaria , L., Euthria cornea , Pisania maculosa, Lk., etc. Il est bien évident que ces groupes côtiers de Posidonies n’ont pas une physio- nomie spéciale bien accentuée. Il nous font accéder dans les véritables prairies de Zostères et nous montrent l’extinction de la faune du rivage proprement dit. (B) : PRAIRIES LITTORALES DE ZOSTÈRES, DE 4 A 10 MÈTRES DE PROFONDEUR. Les parties peu profondes des prairies de Posidonia Caulini sont les plus riches en espèces animales. Les poissons, qui vivent d’ordinaire à 25 ou 30 mètres, — '5y — se montrent tous près du rivage, principalement au moment du frai, en avril et en mai. D’autre part, les Mollusques, les Arthropodes et les Vers s’établissent dans ces régions littorales en plus grand nombre qu’ailleurs. Nous donnerons plus loin la liste des poissons que le filet dragueur appelé gangui capture dans les founds d'augo profonds. Nous savons que les pêcheurs à la palangroto ( i ) les retrouvent à la côte là oA les roches sont trop nombreuses pour permettre le dragage à la voile. Il est possible toutefois de se servir dans ces stations d’un petit gangui à moulinet remorqué par un bateau à rames, mouillé sur un grappin. Cette pêche est exécutée en hiver le long de la côte, pour recueillir les Oursins que l’on consomme en grandes quantités à Marseille. C’est en employant les mêmes pro- cédés, que nous pouvons nous rendre compte des caractères zoologiques de ces fonds. Nous les décrirons en considérant successivement les régions N.-O. et S.-E. du golfe, et enfin le pourtour des îles. Zone des prairies littorales, de la Corbière a l’Estaque. — Les espaces sableux sont moins fréquents dans cette localité que vers le Prado. L’Echino- derme le plus abondant est naturellement celui que les pêcheurs recherchent : Strongylocentrotus lividus. On trouve encore quelques Sphcerechinus granularis , A. Ag., des Echinus microtuberculatus , Bl., les Holothuria tubulosa , Gm., Asterias glacialis , O.-F. Mull., Echinaster sepositus3 M. et Tros., Astropecten aurantiacus3 Gr. — Il faut remarquer que ces prairies littorales constituent la station ordinaire de X Astropecten spinulosus3 Mull. et Troschel, et de YOphioderma longicauda3 M. et Tr. Parmi les Crustacés, les Nika edulis , Risso, les Palœmon Treillianus3 Desm., les Galathea s quami fer a 3 Lech. dominent. On peut encore recueillir: Maja s quinado , Maja verrucosa3 Cancer pagurus (très rare, i individu), Xantho rivulosus , Pilumnus spinifer , Portunus arcuatus , Eupagurus anachoretus3 Porcellana platycheles (plus fréquente sous les pierres de la côte), Porcellana longicornis, Scyllarus arctus3 Scy Parus latus (rare), Palinurus vulgaris3 Gnathophyllum elegans (rare), Hippolyte Cranchii , Virbius viridis , Idothea hectica , Æga bicarinata3 Gammarus locusta. On trouve à la Corbière les Mollusques suivants : Pecten hyalinus , Poli. Lima tenera3 Turt. Modiola bar bat a, L. Modiola phaseolina3 Ph. (rare). (i) Ligne de fond tenue à la main. — 58 — Car dit a trapezia , L. Arcopagia balaustina , L. Psammobia costulata, Turt. Haliotis lamellosa , Lmk. Trochus fanulum, Gm. Trochus succinct us , Mts. Trochus umbilicaris, L. Trochus conulus L. Trochus Gualterianus, Ph. Trochus exasperatus , Penn. Trochus striatus , L. Clanculus cruciatus , L. Clanculus Jussieui, Payr. Phasianella pulla , L. Phasianella speciosa, v. Mulh. Rissoa ventricosa, Desm. Lamellaria perspicua , L. Natica intricata , Donn. Cerithium vulgatum, Brug. Cerithiolum scabrum, Olivi. Murex brandaris, L. Murex Edwardsii , Payr. Euthria cornea , L. Trophon rostratus , Olivi. Nassa incrassata, Mull. Nas s a retient ata, L. Columbella rus tic a. L. Columbella scripta , L. Columbella Gervillei , Payr. Pleurotoma reticulata , Br. Pleurotoma Leufroyi , Mich. Pollia d'Orbignyi, Payr. Mitra lut es cens, Lmk. Cyprœa pulex , Gray. Turritella triplicata, Brocchi. Aplysia Cuvieri , DelleCh. Pleurobranchus plumula, Mtg. Pleurobranchus membranaceus, Mtg. — 5g — Prairies littorales de Mourepiano. — Au-delà des brisants, les Posido- nies commencent à 4 mètres de profondeur et s’étendent au large. Les Oursins comestibles y abondent. Nous ne reproduirons pas la liste des Invertébrés de la Corbière ; il nous suffira de dire que nous avons recueilli à Mourepiano, plus fréquemment qu’ailleurs, les Gnatophyllum elegans , Clibanarius misant hro- pus , Fallacia sicula , Pecten multistriatus , Pecten testa :3 Cardium papillosum , Cardita trapezia , Scalaria communis , Turbo rugosus , Rissoa cimex , Triton cutaceus , Murex corallinus , Murex Blainvillii , Cypræa europæa, Pleurotoma reticulata } Pleurotoma Leufroyi. Si, quittant les brisants de Mourepiano, nous gagnons vers le N.-O., en péné- trant dans la plage de Saint-Henri, par le travers de la tour de Somaty, nous constatons que les Zostères sont envahies par le sable, mais qu’elles s’étendent au large en prairies plus régulières. Les Salicoques ( PalœmonTreillianus3Nika edulis ) sont très abondantes ainsi que les Galathea squamifera , Portunus holsatus , Idotea hectica. Les Acanthonyx lunulatus y sont d’une teinte plus foncée que parmi les Algues vertes de la côte. On y trouve aussi : Gnathophyllum elegans , Alpheus dentipes , Eupagurus timidus , Eupagurus anachoretus. Sur les rhizomes de Posidonies sont fixées les Éponges molles, Chondrosia reniformis et les Botrylles. Les Astropecten spinulosus et les Echinodermes qui les accompagnent d’ordinaire, se rencontrent partout. Nous n’indiquerons parmi les Mollusques que les espèces suivantes associées à celles que nous avons déjà énumérées : Circe minima3 Venus verrucosa3 Pecten multistriatus , Natica intricata , Turbo sanguin eus. Les prairies littorales qui bordent le chemin de la Corniche et celles du pour- tour des Iles, offrent avec plus d’abondance les animaux que nous venons de citer et elles en possèdent de particuliers. Nous devons les énumérer tous. Prairies littorales de Zostères, de l’anse de Maldormé au Roucas- blanc, de 5 a 10 métrés. — Cette station comprend de nombreux îlots de sable et de gravier. Elle est caractérisée principalement par l’abondance des Crustacés et des Mollusques. Crustacés : Stenorhynchus phalangi um3 Inachus dorynchus, Pisa corallina3 Maja squinado (fréquente au printemps), Maja verrucosa3 Eurynome aspera, Xantho rivulosus , Pilumnus spinifer , Portunus holsatus , Portunus arcua- tus3 Eupagurus Lucasi , Eupagurus anachoretus3 Diogenes varians , Pagu- ristes maculatus, Clibanarius misanthropus3 Galathea strigosa (rare et de petite taille), Galathea squamifera (très abondante), Scyllarus arctus3 — 6o — Palinurus vulgaris , Crangon trispinosus (i), Nika edulis , Lysmata seti- cauda , Gnathophyllum elegans, Palæmon Treillianus , Palæmon rectirostris, Alpheus dentipes , Hippolyte Cranchii , Virbius viridis , Squilla Pesmare- tii , Idotea triçuspidata , Idotea hectica, Lysianassa spinicornis. Annélides : Hermione hystrix , Phyllodoce Paretti , Glycera convoluta, Eunice siciliensis , Fallacia sicula , Praxilla prcetermissa , Amphictene auricoma, Amphicteis Gunneri. Echinodermes : Astropecten spinulosus (caractéristique de ces fonds et ne se montrant ailleurs que d’une manière exceptionnelle), Astropecten auran- tiacus , Asterias tenuispina , Asterias glacialis , Echinaster sepositus , Asterina gibbosa, Ophioderma longicauda , Amphiura filiformis , Amphiura squamata , Amphiura Chiajïi , Strongylocentrotus lividus , Sphærechinus granularis , Echinus microtuberculatus , Echinocyamus pusillus (rare), Phyllophorus urna , Holothuria tubulosa. Mollusques : Cette côte est surtout remarquable par l’abondance des espèces du genre Troque. Si nous exceptons le Prochus fanulum , qui n’est commun nulle part, nous pouvons dire que les Gastéropodes les plus fréquents sont : Prochus magus , Trochus succinctus , Prochus varius3 Tro- chus umbilicaris3 Prochus Richardi , Prochus conulus , Prochus Laugieri , Prochus exasperatus3 Prochus striât us, Çlanculus corallinus3 Clanculus Jussieui3 Çlanculus cruciatus, Purbo rugosus. Viennent ensuite les espèces de Phasianelles, de Nasses et de Pleuro- tomes, etc. : Phasianella pulla3 Phasianella speciosa , Nassa corniculum , Nassa incrassata , Nassa Cuvieri , Columbella Gervillii , Columbella rustica , Columbella script a3 Pleurotoma Ginnaniana , Pleurotoma brachys- toma3 Pleurotoma Vauquelini3 Pleurotoma Bertrandi3 Pleurotoma reticu- lata , Pleurotoma Leufroyi3 Pleurotoma rudis3 Pollia d’Orbignyi , Lachesis (i) C’est la première fois que l’on signale cette espèce dans la Méditerranée. Nous l’avons recueillie assez fréquemment à Marseille, mais seulement dans les prairies littorales de Zostères le long du chemin de la Corniche. Il s’agit bien d’un petit Crangon, de la section des Chera-philus, et qui nous semble correspondre au Crangon trispinosus, Hails. ; il faut cependant remarquer que les figures de cette espèce sont assez défectueuses. Il y aura lieu de reprendre l’étude des Crangonidés, aussi bien que celle des Galathées de nos côtes de Marseille. Nous avons à Marseille, le Crangon vulgaris dans les étangs saumâtres des embouchures du Rhône ; dans le golfe, nous trouvons des Crangon cataphractus (types) dans les fonds vaseux et sur le pourtour des Zostères, des Crangon spinosus (type de Heller) dans les fonds vaseux du large. Il reste à étudier avec soin, indépendamment de l’animal appelé ici Crangon trispinosus, une espèce des fonds vaseux, fort curieuse, réunissant un certain nombre de caractères du Cr. spinosus, à ceux du Cr. cataphractus. — 6i — minima , Euthria cornea, Murex Blainvillii , Trophon ro stratus , Triton cutaceus. On trouve encore: Pecten multistriatus3Lima tenera , Pectenhyalinus , Modiola barbata , Nucula nucléus , Area bar b ata , Area lacté a, Cardium papillosum , Cardium exiguum , Cardita t râpe A a , Cardita antiquata , Chama grypho'ides , CzVctf minima , Venus verrucosa. Venus gallina, Venus ovata , Venus rudis , Tapes aureus. Tapes geographicus , Tapes floridus , Tellina donacina3 Arcopagia balaustina3Mactrasubtruncata3Mactracoral- lina3 Psammobia vespertina, Venerupis irus3 Dentalium vulgare 3 Den- talium r.ubescens (i), Chiton olivaceus, Chiton Rissoi, Fissurella gibba3 Calyptræa chinensis , Haliotis lamellosa3 Rissoa cimex, Rissoa ventricosa3 Rissoina Bruguieri , Rissoa auriscalpium , Turritella triplicata3 Scalaria communis, Eulima polita3 Natica intricata , Lamellaria perspicua3 Ceri- thium vulgatum , Cerithium scabrum 3 Triforis perversa , Conus mediterra- neus , Mitra lutescens3 Marginella miliaria3 Cypræa europæa3 Cyprœa pulex, Philine aperta 3 Aplysia Cuvieri , Aplysia Webbii3 Doris vires- cens3 Sepiola Rondeletii, Octopus vulgaris. Prairies littorales de la côte de Ratonneau, sous le Lazaret. — Station des Pilotes. — Les Mollusques sont bien moins abondants dans cette région. Par contre, les Crustacés y dominent et comprennent, outre les espèces déjà citées : Pandalus pristis, Palæmon xiphias , Virbius varians , Idotea appendicu- lata (individus d’une belle teinte verte, correspondant exactement au type de Risso, mais différant par la pointe de leur telson, des exemplaires britanniques dessinés par Sp. Bâtes), Anilocra mediterranea3 Cirolana Cranchii , Paranthura Costana. Le fond tombe assez rapidement autour des îles et passe, par conséquent, immédiatement aux prairies profondes de Zostères. (C) : PRAIRIES PROFONDES DE ZOSTÈRES (DE 10 A 25 MÈTRES). RÉGION DE LA PÊCHE AU GANGUI. Il ne s’agit pas, sans doute, d’une zone nettement limitée, nous lui reconnais- sons cependant une autonomie zoologique. Les Posidonies croissent près de la côte et tendent à envahir le sol sous-marin. Le sable et la vase pure gênent leur végétation, tandis que les terres résistantes leur sont favorables. Près du rivage des rocs, des espaces sableux les disjoignent. Le fond est, par conséquent, assez (i) Très rare à Marseille. Nous n’avons recueilli que deux individus vivants. L’espèce est moins rare dans l’Archipel et dans les Dardanelles. — 62 — changeant et les espèces côtières se montrent très variées. Plus loin et plus bas, le faciès devient plus uniforme. Les herbes sont plus denses, plus hautes : elles occupent de plus grands espaces, d’un relief plus régulier. Le filet dragueur appelé gangui peut y être employé et il y capture une multitude de poissons parmi lesquels dominent les Labroïdes, les Gobies et les Sparoïdes. — Il est naturel d’énumérer d’abord ces espèces de Vertébrés : elles sont bien connues à Marseille et nous signalerons les noms vulgaires qui les désignent : Scy Ilium catulus , Cuv. ( Gat ). Jeunes individus. torpédo marmorata , Risso ; ( Torpillo ) rare. Torpédo oculata , Bel., rare. Rdïa clavata , Rond. ( Clavelado ), rare. Hippocampus guttulatus , Cuv. ( Chivaou marin ). Hippocampus brevirostris , Cuv. Syngnathus rubescens , Risso ( Ser ). Siphonostoma argentatum , Pallas. Siphonostoma Rondeletii , Delar. Nerophis annulatus, Kaup. Nerophis ophidion, Bp. Uranoscopus scaber, L. ( Rascasso blanco J, rare. Trachinus vipera, Cuv. ( Aragno ), Trachinus radiatus, Cuv., Trachinus draco , L., rares, recherchent, comme l’Uranoscope, les espaces vaseux ou sableux. Blennius pavo, Risso ( Bavarello). Blennius gattorugine , Willugh. Blennius tentacularis , Brunn. Blennius ocellaris , L. Clinus argentatus, Risso, plus fréquent à la côte. Tripterygion nasus, Risso, rare. Lophius piscatorius, L. ( Boudreuil ). Lophius budegassa , Spin. Gobius capito3 Valenc. ( Gobi ), commun. Gobius cruentatus, Gm. ( Gobi J, commun. Gobius niger, L., commun. Mullus surmuletus , L. ( Rouge de Roco ). Trigla line ata, Walb. ( Brigoto ). Scorpæna scrofa , L. ( Scorpèno , Rascasso ), commun. Scorpœna porcus , L. ( Rascasso ), commun. Sebastes dactyloptera , Delar. ( Badasco ), commun. Rolyprion cernium, Cuv. et Val. ( Mérou ! ), très rare. — 63 — Serranus scriba, Cuv. et Val. ( Sêran), commun. Serranus cabri lia, L. ( Sêran ), commun. Serranus hepatus, L. (Tambour), plus abondant dans les grands fonds. Epinephelus gigas, Brun, (appelé Mérou aussi bien que le Cernier ; très rare). Umbrina cirrosa, L. ( Umbrino ), très rare. Corvina nigra, Cuv. ( Pei Qjioua ), rare. Trachurus Trachurus, L. ( Severéou ), descend quelquefois avec les gros temps. Zeus faber, L. ( San Piarré ), assez fréquent. Z eus pungio, Bp. ( San Piarré ), rare. Lampris luna, Duh., très rare, deux individus ont été capturés à Marseille, en vingt ans. Brama Raii, Schen. ( Castagnole ), rare. Cepola rubescens, L. ( Jaretiero J, rare, plus fréquent dans les fonds vaseux. Sargus vulgaris, G. S. H. ( Veirado ), assez commun; vient à la côte. Sargus Rondeletii, Cuv. et Yal. ( Sar ), assez commun; vient à la côte. Sargus annularis, L. ( Pataclé ), commun; vient à la côte. Charax puntazzo, Risso (Sulo, Mourê pounchu ), assez commun; vient à la côte. Box Boops, Bp. ( Bogo ), rare, poisson de surface. Box Salpa , L. ( Saoupo ), rare; commune à la côte. Oblada melanura , Bell. (Blado ), rare; commune à la côte. Pagellus bogaraveo, Brunn. ( Bogo ravello ), espèce erratique. Chrysophrys aurata , Bell. ( Ourado ), rare; fréquente la côte ; pénètre dans les eaux saumâtres. Cantharus griseus, Duh. ( Canto ), rare. Mœna Osbeckii, Lac. ( Mendolo ), poisson erratique. Mœna jusculum, Cuv. et Val. ( Chusclo ), se montre au printemps. Mœna vomerina, Cuv. et Val. ( Mendolo J, rare. Smaris vulgaris, Cuv. et Val. ( Cagarello ), erratique. Smaris aie e do, Risso ( Çagarello ). Smaris chryselis , Cuv. et Val. ( Cagarello ), rare. Labrus turdus , L. ( i ) ( Roucaou ), commun. Labrus merula, L., Labrus festivus, Risso, Labrus luscus, L., Labrus viridis, L., Labrus mixtus , Friès (Tous les Labridés sont désignés par le nom de Roucaou ; il existe bien d’autres noms spéciaux à certains d’entre eux, comme Négré, (i) Les Labridés sont très nombreux dans les prairies de Zostères du golfe de Marseille et leurs changements de livrée sont si divers que leur détermination présente souvent de grandes difficultés. Une étude attentive de cette famille si polymorphe, aidée par de nombreuses représentations icono- graphiques, aurait un certain intérêt. L’espèce la plus fréquente est peut-être le Crenilabrus pave -64- Limbert , Lazagno , Varlet de villo, Pitomoufo ; mais, outre que ces désignations ne s’appliquent pas toujours à la même bête, elles changent à la fantaisie des pêcheurs). Labrus saxorum, Cuv. ( Nêgrê ). Crenilabrus ocellatus , Forsk., et variétés. Crenilabrus Roissali , Risso, et variétés. Crenilabrus melops , L. Crenilabrus melanocercus , Risso. Crenilabrus cœruleus , Risso. Crenilabrus mediterraneus , L. ( Nêgrê J, et ses variétés. Crenilabrus tinca , Brunn. Crenilabrus pavo , Brunn. ( Serê blanc , Lucrêço J, commun ; le mâle atteint une taille supérieure à celle de la femelle. Crenilabrus massa , Risso. Coricus rostratus, Bloch ( Sublet ). Ctenolabrus rupestris, L. Julis vulgaris , Cuv. et Val. ( Girello royalo J, très commune. Julis Geofredi , Risso ( Girello ) , très commune à Marseille , contrairement à l’assertion de Moreau. Julis pavo, Lac., très rare. Un exemplaire, à l’entrée du golfe vers Maïré, a été pris en 1878. Chromis castanea , Risso ( Castagnolo J, commune. Fierasfer imberbis3 Rond., rare. Phycis blenno'ides , Brunn. ( Moustelo J, assez commune. Phycis mediterraneus , Delar. ( Moustelo ), rare. Motella tricirrata , Bloch ( Moustelo ). Motella maculata , Risso ( Moustelo ), assez commune. Solea oculata , Will., rare. Microchirus variegatus , Duh. ( Pela-pelous ), assez commune. Sauras fasciatus , Risso {Pei Escaume\ est devenu assez fréquent dans le golfe depuis dix ans. Conger vulgaris , Cuv. {Fiela), abondant. Muræna helena , L. ( Mureno ), rare. dont la femelle est appelée S Cantr., Cacum trachea , Mtg., Cacum obsoletum , Carp., Cacum auriculatum , de Folin, Vermetus semisurrectus , Biv., Turritella communis , Risso, Turritella tricarinata , Brocchi, yA'/A supranitida , S. Wood, Odostomia nivosa , Mont., Odostomia . obliqua , Aid., Odostomia Lukisi , Jeffr. (0^. tenuicola, Montr.), Odostomia cono'idea , Brocchi, Odostomia plie ata, Jeffr., Odostomia pallida , Mtg., Odostomia rufa , Ph., Odostomia acicula , Ph., Odostomia attenuata , Mter., Odostomia ventricosa, Forbes, Eulima dis tort a, Auct., Eulima bi line ata, Aid., Eulima intermedia , Cantr., Natica intricata , Donov., Natica intermedia , Ph., Lamellaria perspicua, L., Cerithiolum pusillum, Jeffr. Tiphys tetrapterus , Auct., Murex brandaris, L., Murex trunculus , L., Murex erinaceus , L., Murex corallinus, Sc., Murex cyclopus , Benoît, Taranis cirrata, Brugn., Trophon muricatus , Mtg., Pseudomurex lamellosus, J., Cassidaria echino- phora , L., Nassa pygmaa, Lk., Columbella minor , Sc., Columbella Gervillii, Payr., Lachesis minima , Mtg., Pleurotoma Ginnaniana, Sc., Pleurotoma hystrix , de Cr. et J., Pleurotoma linearis , Mtg., Pleurotoma costata , Donov., Pleurotoma rudis , Sc., Pleurotoma brachystoma , P., Pleurotoma attenuata , Mtg., Mitra Savignyi, Payr., Mitra ebenus , Lmk., Marginella occulta , Mtrs., Marginella miliaria , L., Margi- — 86 — nella lavis. Don., Volvula acuminata , Brug., Cylichna umbilicata , Mtg., Utricu- lus mamillatus , Ph., Utriculus truncatulus , Auct., diaphana , Arad., Bulla hydatis ( var. elegans , Leach.), Philine catena , Mtg., Gadinia Garnoti , Payr. (B). SABLES VASEUX. Ces fonds, que nous rattachons aux graviers coralligènes, sont indiqués sur notre carte par une teinte gris-bleuâtre. Ils établissent bien naturellement une transition à la vase du Rhône; mais leur faune, par beaucoup de caractères, se lie plus intimement à celle des stations que nous venons d’étudier. Ilot sablo-vaseux de la rade de Montredon. — Le fond est très vaseux et ne porte plus aucune Mélobésie. Les grands Bryozoaires font presque complète- ment défaut. On ne rencontre que quelques Retepora cellulosa et quelques Eschares. — Parmi les Spongiaires, on remarque le Tethya lyncurium , l’Isodictya Ingalli , Bowerbank, et le Grantia ciliata ', Fleming. Les Ophiothrix alopecurus et fragilis sont bien plus abondantes que dans les graviers coralligènes, ainsi que les deux crustacés suivants : Ethusa mascarone , Dorippe lanata. Les Ebalia Cranchii et Pennantii se montrent encore. Parmi les vers, Y Hyalincecia tubicola est l’espèce la plus fréquente. Les Phascolion strombi et les Aspidosiphon scutatum se trouvent dans toutes les coquilles abandonnées de Turritelles, de Dentalium et de Trophon. On voit quelques Caryophyllia clavus et de petits Echinus acutus. Parmi les Mollusques, les Turritelles, les Nucules et les Lucines dominent. Les espèces ne sont d’ailleurs pas aussi variées que dans les graviers : Anomia ephippium , L. Anomia patelliformis , L. Pecten varius, L. Pecten opercularis , L. Pecten flexuosus , Poli. Pecten Jacobœus , L. Nucula nucléus , L. Nucula nitida , Sow. Nucula sulcata, Bronn. Lembullus commutatus , Ph. Area Polii, Mayer. Lucina spinifera , Mtg. — 87 — Lucina borealis , L. Cardium papillosum , Poli. Cardium echinatum, L. Cardium roseum , Lmk. Cardium norvegicum, Spengl. Cardita aculeata , Poli. Astarte fusca, Poli. CzVo? minima , Mtg. casina , L. Venus Brongniarti , Payr. ovata, Penn. Venus rudisy Poli. Dosinia line ta, Pult. Tellina serrât a, Brocchi. Syndosmia alba , W. Syndosmia prismatica , Mtg. Solecurtus antiquatus , Pult. Pandora obtusa3 Leach. Lyonsia norvegica , Chemn. Necera costellata , Desh. Corbula gibba3 Ol. Saxicava rugosa, L. Dentalium dentalis, L. Calyptrœa chinensis , L. Trochus magus, L. Trochus fanulum , Gm. Trochus turgiduluSy Brocchi. Rissoa inconspicua , Aider. Cæcum trachea , Mtg. Cæcum obsoletum} Carp. Turritella triplicata , Brocchi. Scalaria communis , Lk. Eulimella Scillæ, Sc. Eulimella acicula , Ph. Eulima bilineata , Aid. Natica intermediay Ph. Chenopus pes-pelicani , L. Cerithiolum pus ilium 3 Jeffi*. Triforis perversa, L. Murex brandaris , L. Trophon muricatus , Mtg. Pleurotoma rudis , Sc. Cyprœapulex , Gray. Cylichna umbilicata , Mtg. Volvula acuminata , Brug. Scaphander lignarius , L. Bordure sablo-vaseuse de la cote nord du golfe. Au large du Rouet et de Gignac. Profondeur : 40 a 60 métrés. — Nous savons déjà que cette zone est caractérisée par la prédominance de l’élément vaseux. Les Spongiaires que nous avons cités dans les graviers coralligènes s’y multiplient considérable- ment ainsi que les Esperia massa, O. Schmidt, et Clathria corallo'ides, O. Schm. — Il est intéressant de constater que les Bryozoaires se maintiennent aussi en grand nombre. On peut recueillir de gros Myriozoum truncatum, des Eschara fascialis , P allas, des Frondipora reticulata , des Retepora cellulosa , et les espèces moins apparentes: Lepralia pertusa,Bugula flabellata , Busk, Discoparsa patina. Quelques Alcy onium palmatum sont fixés sur des pierres jetées par les bateaux. On trouve dans les mêmes conditions une Gorgone à longs rameaux grêles, Lepto- gorgia viminalis , Pallas, qui ne s’éloigne pas des stations vaseuses, et que nous pouvons rapporter au Lithophyte 4 de Marsilli. Quelques Caryophyllia clavus accompagnent ces deux Alcyonaires, mais on ne les rencontre qu’exceptionnellement sur les corps résistants qui ont pu leur donner attache. Parmi les Annélides Chétopodes, on doit signaler principalement les Serpuli- diens du genre Salmacina qui élèvent des groupes assez volumineux de tubes entrelacés. Le Nephthys scolopendro'ides , hôte ordinaire des fonds vaseux, pénètre dans cette zone, ainsi que le petit Crangon cataphractus que nous avons assez souvent recueilli, associé à Y Ebalia Brayeri et à des Paguristes maculatus , logés dans des Murex brandaris dont la coquille est totalement couverte par des Palythoa arenacea. YuQsOphiotrix fragilis sont extrêmement abondantes et subordonnent tous les autres Échinodermes. On trouve encore cependant Astropecten aurantiacus , Echi- nus acutus , Psammechinus microtuberculatus , Brissus unicolor (rare), Schizaster canaliferus (rare), Stichopus regalis , Thyone raphanus , Dub. et Kor. (rare), Cucu- maria pentactes, Cucumaria Planci , Cucumaria tergestina. Les Mollusques sont variés. Nous ne citerons que les espèces non comprises sur la liste relative aux fonds sablo-vaseux de la rade de Montredon, ou bien celles qui sont ici particulièrement abondantes. - 89 - Les Rissoa se montrent partout : Rissoa inconspicua , Aider, Rissoa reticulata , Mtg., Rissoa cimex , L., Rissoa Montagui , Payr., Rissoa cancellata , da Costa, Rissoa punctura, Mtg., Rissoa Galvagni , Arad., Rissoa glabrata , Auct. Le groupe des Odostomes est aussi abondamment représenté : Odostomia conôidea , Brocchi, Odostomia polita, Biv., Odostomia pallida, Mtg., Odostomia acicula , Ph., Eulima poli ta, L., Eulima dis tort a, Auct., Eulima subulata , Donov., Eulima bilineata, Aider, Eulima intermedia , Cantr. Nous avons pris dans cette même zone, à la hauteur du Rouet de Carry, un bel exemplaire vivant d’un Gastéropode rare qui jusqu’ici n’avait pas été trouvé sur les côtes de Provence, le Scalaria celesti , Aradas. On peut encore signaler : Natica intermedia , Ph., Natica millepunctata , Lk., Natica HebrœaiMa.rt.) Pleurotoma rugulosa,Ph., PleurotomaLeufroyi,M\ch. Pleu- rotoma costata , Donov., Pleurotoma rudis, Sc., Pleurotoma gracilis , Mtg., Lachesis vulpecula , Mteros., Neæra cuspidata , Olivi, Neæra costellata , Desh., Cultellus tenuis, Ph., et tous les autres bivalves déjà mentionnés dans les sables vaseux. Broundo de Mourepiano au large de l’Estaque et de Saint-Henry. — En suivant vers l’est les fonds sablo-vaseux de Gignac et de Méjean, nous les voyons s’étaler à la hauteur de l’Estaque, et border directement les prairies de Zostères. Les pêcheurs au palangre prennent dans cette broundo diverses espèces de Pageaux, des Capellans, des Scorpènes, des Serrans, des Congres, etc. La faune des invertébrés est très analogue à celle de Gignac et du Rouet ; elle s’en distingue dans une certaine mesure par l’abondance des Alcyonium et des Leptogorgia viminalis , des Eschares et des Myriozoum. Chaque coup de drague en contient de nombreux exemplaires. Les Ophioglypha albida et texturata , les Ophiopsila aran'ea , les Ophiothrix alopecurus fourmillent en tous les points. Les crustacés appartiennent aux espèces suivantes : Bromia vulgaris , Ethusa mascarone , Borippe lanata , Pilumnus spinifer , Pisa armata , Inachus scorpio , Galathea strigosa , Alpheus platyrhyn- chus , Heller, P aratanàis forcipatus , Lillj. Nous ne signalerons spécialement parmi les Mollusques que les Neæra , les Tellines (principalement T. pulchella , Lmk.), le Cultellus tenuis , plus commun que partout ailleurs; puis la Bulla utriculus , Y Actæon tornatilis , Y Ovula spelta, la Modiola phaseolina , la Lutraria elliptica. Sable vaseux de la côte nord de Ratoneau. — Tandis que vers l’Es- taque les graviers coralligènes sont envahis par la vase et que la broundo sablo- vaseuse de Mourepiano réunit pour ainsi dire les animaux des fonds à bryozoaires à ceux de la vase sableuse, la distinction est plus nette sur la côte de Ratoneau. 2-1 — 90 ~ Les Bryozoaires et les Coralliaires demeurent parqués dans les graviers, plus près de la côte et des Zostères. Dans la bande sablo-vaseuse, on rencontre à peine sur quelques cailloux de petits cormus de Frondipora et des Myriozoum morts ou rabougris. Echinodermes : Echinocardium flavescens , Echinus acutus , Ophiothrix alope- curus, Ophiothrix fragilis , Ophioglypha texturata. Vers : Nephthys scolopendro'ides, Hyalinœcia tubicola , Eteone pic ta, Stheneldis fuliginosa , Clap., Eunice vit t ata, Amphictene auricoma, Müller, Amphic- teis intermedia , nov. sp., Ammochares hrachycera , nov. sp., Serpula aspera , Aspidosiphon scutatum , Cistella cuneata , Cistella neapolitana. Modlusques : Anomia ephippium, A. patelliformis , Pecten flexuosus , Pecten testa , Limea nivea , Modiola phaseolina , Nucula nucléus , Nucula nitida , Lembulus commutatus. Area tetragona , lactea , Kellia suborbicu- laris , Lucina spinifera , Cardium papillosum , Cardium fasciatum , Cardium roseum, Cardium minimum , Cardium oblongum , Astarte fusca , Circe minima. Venus Brongniarti, Venus ovata^Venus casina. Venus rudis , Tellina donacina , Tellina serrata , Arcopagia balaustina , Cultellus tenuis , Pandora obtusa , Lyonsia norvegica , Neara costellata, Neara cuspidata , Corbula gibba , Syndosmia prismatica , Psammobia costulata , Psammobia Ferroensis , Saxicava rugosa, Dentalium vulgare , Dentalium dent ali s, Dischides bifissus, Emarginula tenera , Tectura unicolor , Fissu- rella gibba , Fissurella græca , Calyptræa chinensis, Scissurella costata , Trochus conulus , Trochus exasperatus, Trochus striatus , Trochus fanu - Trochus guttadauri, Turbo rugosus, Rissoa auriscalpium, Rissoa cancellata, Rissoa violacea , Rissoa scabra , Rissoa Montagui , Rissoa punctura , Rissoa cingulata , Rissoa reticulata , Rissoa inconspicua, Rissoa cimex , Rissoa vitrea , Rissoa pusilla, Cæcum trachea , Cæcum obsoletum , Turritella triplicata , Vermetus semisurrectus , Aclis supranitida , Odos- tomia pallida , Odostomia elegantissima, Eulimella acicula , Eulimella Scillæ, Eulimella nitidissima, Eulima polit a, Eulima distorta , Eulima curva , Eulima bilineata , Natica intermedia , Chenopus pes-pelicani, Ceri- thium vulgatum , Cerithiolum scabrum , Cerithiolum pusillum , Triforis perversa , Cerithiopsis tubercularis, Cerithiopsis Metaxæ , Murex Blain- villei , Murex corallinus , Murex diadema , Trophon rostratus, Trophon Brocchii, Nassapygmæa , Pleurotoma gracilis, Pleur otoma linearis, Pleu- rotoma rudis , Pleurotoma Philibèrti , Colombella minor, Mitra Savignyi , Mitra ebenus , Marginella miliaria , Marginella clandestina, Margi- nella occulta , Marginella Philippii , Cylichna umbilicata , Utriculus — 9 mamillatus , Volvula acuminata, Utriculus truncatulus , Cylichna Jeffreysi , Actœon tornatilis , Bull a hydatis, var. elegans , Philine catena. Au-delà de Cap-de-Croix, en se dirigeant vers Canoubier, les sables vaseux conservent le même faciès et abritent les mêmes espèces. Nous avons pu cepen- dant recueillir dans cette station quelques formes rares, telles que Neœra rostrata et Poromya granulata. En divers points, les Turritelles sont très nombreuses. La vase devient plus abondante, les Diazona et les Veretilles se montrent alors, avec les Holothuries, Cucumaria Planci et pentactes. Plus au nord, par le travers de la jetée de la Joliette, les mêmes particularités se présentent. L’élément boueux devient même prédominant de manière à établir une véritable transition aux fonds vaseux proprement dits. Toutefois cette portion du golfe qui borde les ports de la Joliette revêt une physionomie originale et nécessite une mention spéciale. La pente y est fortement accentuée. Nous avons eu l’occasion d’indiquer que la dépression de la région N.-O. correspond à un bassin miocène immergé, tandis que les graviers vaseux de la rade secondaire de Montredon n’ont été que plus récemment portés au-dessous du niveau de la mer. De la jetée de la Joliette jusqu’à la partie du golfe comprise entre Cap-de- Croix et l’Estaque, le fond tombe rapidement de 20 mètres à 70 mètres. La vase n’y forme pas un dépôt meuble, mais un sol résistant vaso-sableux sur lequel croissent en abondance des Algues Phéosporées intéressantes, Sporochnus pedun- culatus et Nereia Montagnei. Cette station est remarquable par l’extrême abon- dance des Ophiothrix qui atteignent toutes de grandes dimensions. Elles sont associées à Y Ophioglypha texturata , à quelques Ophiomyxapentagona , et de petits Palmipes membranaceus. Les grands Bryozoaires y sont bien plus communs que dans les sables vaseux de Gignac ou de Ratoneau. On trouve surtout Eschara cervicornis , Eschara fascialis , Frondipora reticulata. Les Palythoa arenacea forment de volumineux cormus sur toutes les coquilles vides de Murex ou de Chenopus. Sur les pierres ou les scories jetées par les navires sont fixés quelques Gorgones > des Caryophyllées, des Balanophyllies et de petits Alcy onium. Les Ascidies ( Microcosmus, Styela, Phallusia , Cynthia ) sont fréquentes ainsi que les Annelides chétopodes {Hermione hystrix , Pontogenia chrysocoma , Phyllodoce Paretti , Lacydonia miranda , Eunice Harassii, Hyalinæcia tubicola , Glycera Gcesi , Siphonostoma diplochditos , Pomatoceros triquetro'ides , Serpula aspera , Vermilia infundibulum , Apomatus ampulliferus , Potamilla reniformis'. ) Les Mollusques ne diffèrent pas de ceux signalés aux stations précédentes. — 92 — Outre les crustacés habituels, nous avons recueilli quelquefois d’intéressants Isopodes que nous n’avons pas pu distinguer de deux espèces de la mer du Nord {Eurydice pulchr a, Rocinela Danmoniensis)}bien que l’on signale dans la Méditer- ranée deux formes voisines. En nous plaçant sur la ligne de l’entrée des ports, nous rencontrons des fonds toujours plus vaseux, mais leur faune est identique à celles que nous venons d’analyser. Quelques espèces de la vase pure, Alcyonium palmatum , Veretillum cynomorium , se montrent en plus grande quantité et ménagent ainsi une transition aux associations animales qu’il nous reste à étudier, celles des espaces vaseux de la région • N.-O. du golfe, dans lesquels nous aurons à distinguer les régions côtières et les stations du large. § V. — FAUNES DES FONDS VASEUX. Nous avons dit déjà comment toute la région N.-O. du golfe correspond à une dépression ancienne de notre bassin, et comment elle est soumise à l’influence dominatrice des courants du Rhône ( lei couren dou Roi ). Ces courants agissent avec une réelle énergie en entraînant une vase gluante qui s’accumule en sédi- ments épais. Nous voyons, sur la carte annexée à ce mémoire, que le limon occupe presque toute la partie comprise entre la côte nord et les îles, et qu’il tend, dans le sud, à empiéter de l’ouest à l’est, sur les graviers à Bryozoaires du golfe et plus au large encore, en dehors du golfe, sur les sables du plateau profond qui surmonte la falaise Peyssonel. Si nous demeurons dans les limites de notre rade, nous reconnaissons que cette vase du N.-O. est tantôt bordée vers la côte par des sables vaseux, tantôt par des graviers coralligènes. Nous avons étudié déjà ces stations. Le limon gagne vers les ports et pousse une sorte de goulet étroit qui vient se rattacher aux sables vaseux et aux couches impures des abords de Marseille. — Cet empiètement de la vase, progressant du couchant au levant, se manifeste encore dans la rade du Prado, où nous trouvons une bande boueuse s’engageant au milieu des graviers coralligènes et chassant des sédiments légers au milieu des éléments grossiers de la plage. Plus près du littoral, les pêcheurs ont depuis longtemps constaté l’existence, dans cette même rade du Prado, de deux groupes d’îlots boueux qui ne semblent plus dépendre uniquement des apports du Rhône, mais surtout de ceux de l’Huveaune. Le débit de ce cours d’eau est assez important; il est susceptible de prendre, à certains moments, un caractère torrentueux, sous l’effet des orages d’été et d’automne ; ses eaux, troublées par de grands établissements industriels, fournissent d’ailleurs en tous temps des dépôts - 93 - abondants. Suivant le régime ordinaire, les particules les plus lourdes se strati- fient près de l’embouchure pour former une plage sableuse ; les boues plus ténues se répandent au loin dans deux directions, le long de la côte du Roucas-Blanc au nord, le long du rivage de Montredon au sud. Les vents du N.-O. ou du S.-E. donnent alternativement plus ou moins d’énergie à l’un de ces courants. Les grosses mers soulèvent le fond et troublent les eaux, puis tout se décante peu à peu et la vase va s’accumuler, d’un côté aux Goudes et de l’autre autour du Château d’If, au milieu ou un peu en dehors des prairies de Zostères. Ces petits îlots s’offrent donc dans des conditions particulières et nous étudierons en premier lieu les animaux qui s’y sont fixés. (A). ILOTS BOUEUX DU CHATEAU D’IF ET DU FBIOUL. Entre le Château d’If et la côte, à peu près sur la limite des prairies de Zostères, s’étend une série de trous boueux, commençant environ à ioo mètres de l’îlot et se continuant, avec des interruptions, jusqu’à 200 mètres des îles d’Endoume. Vers le Château d’If, la boue est pure ; vers les îles de la côte, elle est mélangée avec des débris de frondes ou de rhizomes de Posidonies. La profon- deur varie entre 25 et 28 mètres. La vase est noirâtre et un peu sableuse ; en quelques points elle est dure, plus sableuse, et les Lithophylles s’y rencontrent avec des Spatangues. Les Mollusques les plus intéressants recueillis dans ces îlots boueux sont : Typhis tetrapterus , Bronn. (rare et le plus souvent habité par les Pagures). Neæra cuspidata , Oliv. Thracia corbulo'ides, Desh. (Junior). Pollia Orbignyi , Payr. Syndosmya alba , W. Psammobia ferroensis , Chemn. Lucina spinifera , Mtg. Modiola phaseolina , Ph. Erato lavis, Donov. Trivia pulex, Gray. Murex trunculus , L. Astarte fusca , Poli. Venus Brongniarti, Payr. Venus ovata, Penn. - 94 — Venus rudis , Poli. Turbo rugosus , L. Pectunculus bimaculatus, Poli. Dentalium rubescens, Desh. (rare). Dentalium dentalis , L. L’abondance des Spatangus purpureus et des Echinocardium flavescens (a) donne un cachet bien particulier à cette station. C’est principalement en se rapprochant du Château d’If que ces Échinides se rencontrent. Ils sont associés à quelques Sphœrechinus granularis et au Psammëchinus pulchellus. Le Schizaster canaliferus et Y Echinocyamus pusillus y ont été capturés quelquefois. Les Annélides ordinaires de la vase s’y trouvent : Sternaspis scutatus ; Hyali- nœcia tubicola , Pontogenia chrysocoma, Hermione hystrix , etc. Les Crustacés les plus communs sont : Inachus scorpio, Pisa Gibsii, Eurynome aspera, Pilumnus spinifer ; le Lambrus massena et Y Ethusa mascarone ne sont pas non plus très rares. Les Cynthia papillosa sont particulièrement fréquentes dans ces fonds, ainsi que les Phallusia mentula et mamillata. On y rencontre aussi une espèce de Styela. Il faut encore citer des Sertularella , Y Antennularia antennina , diverses Holothuries ( Holothuria tubulosa, Holothuria impatiens , Stichopus regalis , Cucumaria Planci ), des Astéries et des Ophiures : Luidia ciliaris, Astropecten aurantiacus, Ophioglypha texturata, Ophioglypha albida, Ophiopsila aranea, Ophiothrix fragilis et alopecurus, etc. L’espace vaseux situé plus au N. -O., de l’autre côté du Château d’If, vers l’entrée du Frioul , présente les mêmes caractères. Les Echinocardium flavescens qui y ont été recueillis étaient de véritables géants dans l’espèce, les plus grands individus atteignaient 4 centimètres 1/2 de long. On sait que Y Echinocardium flavescens n’avait pas été trouvé dans la Méditerranée avant nos dragages. Les premiers exemplaires furent pris dans les sables coralligènes du golfe, mais ils y étaient toujours rares. L’existence de colonies de cet oursin, parquées dans ces étroits espaces boueux, est fort remarquable. (1) Nous devons cependant formuler une réserve. En 1882, les Spatangues et les Echinocardium abondaient dans ces stations et les individus étaient tous de grande taille, comme s’il s’agissait de vieux exemplaires fixés depuis longtemps en ces lieux. Les récoltes réitérées faites dans ces fonds ont déjà diminué sensiblement ces Échinodermes, de même que la recherche des Ombrelles dans les prairies de Zostères a sulfi pour rendre ce mollusque, autrefois assez abondant, excessivement rare aujourd’hui dans notre golfe. — 9 5 — On pourrait encore décrire quelques îlots vaseux, épars au nord du Château d’If, vers l’anse de Ratoneau, mais leur étude n’ajouterait rien de saillant à ce que nous venons d’indiquer relativement à la faune de ces stations. (B). FONDS VASEUX DES GOUDES. Il s’agit encore d’un espace boueux isolé, mais celui-ci est incontestablement plus important que ceux que nous venons de décrire. Les fonds vaseux des Goudes, au sud de Montredon, succèdent immédiatement à des prairies de Zostères peu étendues, et ils sont bordés par des sables dans lesquels le limon se mêle. Cette station est assez vaste, car elle peut être suivie depuis la hauteur de l’anse de Samena jusqu’à Tiboul en de Maïré. Elle forme du reste une sorte de chevron dont l’une des branches se dirige à angle droit vers le large. Les pêcheurs au gangui peuvent, du côté de la terre, faire mordre leur drague un peu en dehors des Zostères, sur le bord de cette boue, pourvu que le poids de leur engin soit diminué ou que le fer de l’ouverture soit fixé à un rouleau de bois, pour éviter l’envasement. Ils y pêchent, en maneuvrant avec un peu d’adresse, de beaux poissons que l’on ne voit qu’exceptionnellement dans leurs filets. Nous y avons pris nous-même les espèces suivantes : Squatina angélus , L. sp. très rare ( Pei angi ). Torpédo marmorata, Riss. sp., rare et d’une teinte foncée ( Torpillo ). Raia clavata, Rond., rare et de petite taille ( Clavelado ). Uranoscopus scaber , L., assez fréquente ( Rascasso blanco ). Trachinus draco , L., assez fréquente ( Aragno ). Blennius ocèllaris , L., assez commune ( Bavarello ). Callionymus maculatus , Rafi, pas très rare. Lophius piscatorius, L., commun (Boudreuil ). Lophius Budegassa , Spinola, commun ( Boudreuil ). Gobius geniporus , Val., très rare ( Gobi ). Mullus barbatus, Will., très commun ( Rouge. Testo plato ). Peristedion cataphractum , Riss., assez commun en hiver et au printemps. Trigla lineata , Wal., (T. adriatica Gm. J ( Brigoto ), assez fréquent. Trigla aspera, Vivi., rare ( Pétdiré ). Trigla lyra , L., rare ( Galineto ). Sebastes dactyloptera , Del., assez commune ( Badasco ). Serranus hepatusi L., assez commun ( Tambour ). Zeus faber , L. fréquent en hiver ( San Piaré ) . - 96 — Capros aper, L., rare. Ophidinm barbatum , L., rare. Merlangus poutassou, Riss., très rare ( Merlan , Marins ). Merlucins vnlgaris, Costa., rare ( Merlan , Marins J. Solea vnlgaris , Risso., très commune. Sole a Kleinii, Risso., rare ( Pela-pelon ). Microchirns variegatus , Gunth., assez commun ( Pela-pelon ). Plenronectes citharns , Sp. Rondelet, assez commun ( Petro ). Rhombns lavis , Rond., rare ( Ronn ). Conger vnlgaris , Bell. , assez commun, de petite taille et décoloré ( Fiela ). Les espèces de Mollusques ne sont pas très variées dans la vase des Goudes, mais leur examen fait reconnaître quelques particularités intéressantes. Le Sca- phander lignarins , L., n’y était pas rare au début de nos pêches et de nos dragages, mais la faune des invertébrés de ces stations peu étendues a été sensiblement amoindrie par nos récoltes et la grande Bullidée ne s’y présente plus aujourd’hui qu’accidentellement. Tous les échantillons recueillis offrent une coloration parti- culière. La coquille est d’une belle teinte noire qui contraste avec celle des individus pris ailleurs. Le Scaphander lignarins , L., est associé aux Goudes aux espèces suivantes : Anomia ephippinm , L. Pecten opercnlaris var. Andonini , Pay. Venus rndis , Poli. Corbnla gibba , Oliv. Tellina donacina , L. Tnrritella commuais, Risso. Enlima polita, L. Natica intermedia , Ph. Trivia pnlex, Gray. Philine aperta , L. Lamellaria perspicna , L. Chenopns pes-pelicani, L. Tethys leporina (assez abondant). Enfin quelques crustacés et un alcyonaire donnent un cachet particulier à cette station. Nulle part dans le golfe, le Veretillum cynomorinm n’est aussi abondant que dans la vase des Goudes. On le recueille sans doute dans la boue de la région — 97 — N.-O. du golfe, associé aux Alcy onium palmatum et aux Pennatules, mais toujours subordonné à ces autres types, tandis qu’il s’est établi aux Goudes en excluant à peu près complètement ses congénères. Il est aisé par conséquent d’avoir à Marseille le Vérétille en bon état, suscep- tible de se déployer dans les aquarium. Les cormus complètement étalés montrent des Zooïdes de 5 centimètres de haut. La phosphorescence de ces Alcyonaires dépasse en intensité et en splendeur celle des Pennatules. Les principaux crustacés de la vase à Vérétilles des Goudes sont : Dorippe lanata , Bosc. Ethusa mascarone , Roux. Penœus siphonoceros , Ph. Crangon cataphractus , M. Edw. Alpheus ruber , M. Edw. ( 1 ) Viennent ensuite : Portunus plicatus , Risso, Stenorhynchus longirostris , M. Edw., Inachus scorpio , Fabr., Galathea nexa , Emb. (petits individus), Gonoplax rhomboïdes , Lmk. (rare) ( 2). Les Ophiures sont représentées par l’ Ophioglypha lacer tosa3 Lyman (Oph. texturata3 Lamk. et auct.). Les Chétopodes appartiennent aux genres Nephthys et Glycera. (B’) VASE SABLEUSE SUR LE POURTOUR DE L’ILOT BOUEUX DES GOUDES. Dans le chapitre précédent, relatif aux fonds connus par nos pêcheurs sous le nom de broundo , nous avons étudié diverses stations dans lesquelles le gravier vaseux ouïe sable vaseux borde tantôt les prairies de Zostères, tantôt la vase du large. Il nous a paru convenable de rattacher à l’étude de la région des Goudes, un espace assez étendu interposé entre les graviers ou entre les sables coralligènes du golfe de Montredon et la boue des Goudes. Le limon domine encore assez dans cette localité pour imprimer un cachet spécial à la faune. En décrivant les diverses broundo , nous avons analysé la faune des régions dont le (1) Ce crustacé fait entendre, lorsqu’il est en captivité, un craquement très bruyant en fermant brusquement le doigt mobile de sa grande pince. Les autres espèces du même genre ont la même habitude. (2) Les Inachus scorpio. et les Gonoplax de cette station portent quelquefois des Peltogaster. 1 3-i — 98 - fond est constitué par des sédiments grossiers plus ou moins mélangés de vase. Ici nous rencontrons une boue plus dense, plus ferme, plus résistante, laissant sur le tamis tantôt du sable fin, tantôt des particules végétales feutrées appartenant aux débris de Posidonies arrachés des prairies voisines. Cette vase sableuse dure est surtout remarquable par l’abondance des Turri- tëlles. Un coup de drague, jeté dans un point quelconque, donne immédiatement plusieurs centaines de ce Mollusque. Les deux espèces, Turritella communis , Risso, et Turritella triplicata , Brocc., sont également représentées. La plupart des coquilles retirées sont habitées par le Gastéropode, d’autres sont occupées par des Siponcles, Phascolion Strombi et Aspidosiphon scutatum. On rencontre dans les parties profondes, c’est-à-dire vers le large, par 30 ou 40 mètres, d’autres espèces de Mollusques, tandis que vers la côte les Turritelles sont à peine associées à quelques Corbules , à quelques Nucules et à divers Crus- tacés : Dorippe lanata , Ethusa mascarone , Crangon cataphractus , Penœus siphono- ceros, Eupagurus Prideauxi , Ebalia Çranchii , Eurynomè aspera. Le Çucumaria pentactes se montre assez fréquemment, surtout dans les parties les plus profondes où l’on recueille : Pecten opercularis , L. Nucula nitida , G. B. Sow. Area lactea , L. Area tetragona , Poli. Lucina spinifera , Mtg. Cardium paucicostatum, Sow. Cardium oblongum , Chem. Venus ovata , Penn. Tellina donacina , L. Dentalium dentalis, L. Trochus conulus, L. Murex brandaris , L. Murex erinaceus , L. Murex corallinus, Sc. Murex Blainvillei , Payr. Nas s a pygmæa , Lmk. Euthria cornea , L. La zone vaso-sableuse que nous examinons, est réellement fort intéressante. Elle forme une sorte de dépôt stérile qui n’est pas sans analogies avec certaines marnes de la molasse miocène de la Provence dans lesquelles on ne trouve que “ 99 “ quelques espèces de Mollusques fossiles. Nous répétons que les Turri telles, dans les parties les plus voisines de la côte, excluent presque complètement les autres animaux. Dans un seul coup de drague, donné en juin 1881, nous avons compté 863 Turritelles,3 Nassa pygmœa, 4 Tellina donacina et 8 Lucina spinifera. Ces nombres feront bien comprendre aux spécialistes la physionomie de la station. Nous pouvons encore signaler dans les mêmes lieux quelques invertébrés que l’on rencontre d’ordinaire dans la vase pure : Amphicteis Gunneri, Sars., Hyali- nœcia tubicola, O. Miiller, Glycera Gœsii, Malmgr., Ditrypa subulata, Desh.; quelques rares Ophioîhrix alopecurus , Lyman, et de petites Nebalia Geoffroyi. (C). GRANDES ÉTENDUES VASEUSES DE LA RÉGION N.-O. DU GOLFE. Nous avons indiqué l’origine et les limites de ces fonds. Pour décrire utilement la faune qui les caractérise, nous devons successivement considérer divers points, d’abord les parties les plus voisines des ports, puis, en nous éloignant de la côte et en descendant dans les plus grandes profondeurs, la vase située entre les Iles et Niolon, enfin la région comprise entre Planier et le cap Couronne. La profon- deur augmente progressivement depuis 40 mètres jusqu’à 85 et 90 mètres. De même que les prairies de Zostères se prêtent à la pêche au petit chalut {lou ganguï), les fonds vaseux dans lesquels on ne rencontre que quelques bancs rocheux (voir la carte), sont favorables à l’emploi des filets dragueurs. La grande pêche est exercée par des tartanes armées à Martigues, toutes assez fortes et traînant par couples de larges chaluts dits bœufs. Ce terme s’applique également aux deux tar- tanes qui actionnent l’engin et au mode de pêche lui-même. Les bateaux bœufs parcourent ordinairement les parties les plus éloignées de la côte, en dehors du golfe et leurs dragues descendent jusqu’à 150 et 200 mètres. Lorsque le temps les chasse du large, ils abordent toutefois jusque vers Méjean, en s’engageant sur les fonds ordinairement occupés par les tartanes de la Vaco dont le chalut est plus petit et ne dépend que d’un seul bateau. Autour de quelques roches perdues dans la vase, plusieurs pêcheurs jettent des filets fixes dits thys clar. D’autres y coulent des lignes de fond ( palangres ). Tous exploitent largement la faune ichthyologique de ces grandes étendues vaseuses et concourent dans une propor- tion considérable à l’alimentation de nos marchés. Bien qu’aucune mesure res- trictive ne soit depuis longtemps opposée à une pêche toujours plus intensive, les fonds vaseux du golfe de Marseille fournissent encore de nombreuses espèces. Nous les énumérons dans la liste suivante qui comprend à la fois les Téléostéens, les Ganoïdes et les Sélaciens. 100 — Scy Ilium canicula , Cuv., fréquent. Scy Ilium catulus , Cuv., fréquent. Alopias vulpes , Bp., peu commun. Oxyrhina Spallanzani , Bp., espèce errante assez rare. Carcharodon lamia , Rond., errante, assez fréquente. Mustelus vulgaris , Muller, fréquent. Galeus canis , Rond., commun. Thalassinus Ronde leti, Risso, très rare. Zygæna maliens, Valent., rare. Carcharias glaucus, Rond. ( Emperour ), assez commun. Acanthias vulgaris, Risso, commun ( Aguilla ). Acanthias Blainvillei, Risso, assez fréquent. Squatina angélus, Risso, rare. Torpédo marmorata, Risso, fréquente. Torpédo oculata. Bel., fréquente. Raia clavata. Rond., commune. Raia chagrina, Penn., rare ( Fias s ado ). Raia oxyrhynchus, Raf., peu commune. Raia macrorynchus, Raf., peu commune. Raia bâtis, L., peu commune. Raia miraletus , Bel., assez commune. Raia punctata, Risso, assez rare. Raia undulata , Rond., peu commune. Rhinobatus Columnæ , Bnp., très rare,i individu au large, par 80 mètres de fond. Cephaloptera giorna. Lac., très rare, espèce errante. Myliobatis aquila, Dum., rare. Trygon vulgaris, Risso, rare. Accipenser sturio (i), L., assez fréquent, surtout en été. Uranoscopus scaber, L., assez fréquent dans les parties les moins pro- fondes. Trachinus draco , L. ( Aragno ), commune. Blennius ocellaris, Q. ( Bavarello J, faibles profondeurs. (i) Divers individus, pris en mars, avaient le tube digestif absolument plein de Sternaspis. Une certaine quantité de ces Annélides avaient pénétré dans la poche œsophagienne (vessie natatoire) et y avaient subi une véritable digestion. J’ai vu, d’autres fois, dans l’estomac, dans la poche œsopha- gienne, comme dans l’intestin, outre les Sternaspis , Ats Alpheus ruber, des . Gonoplax de petite taille, des Nephthys, etc. IOI Callionymus lyra] L., très rare, grands fonds (70 à 80 mètres). Callionymus maculatus , Raf., assez commun. Callyonimus belenus, Rond., assez fréquent. Lophius piscatorius , Q., commun, moyennes profondeurs. Lophius Budëgassa , Spin., commun. Mullus barbatus , Will. ( Testo plato J, très commun. Peristedion cataphractum , L. f Malarma ) , commun. Trigla Fini, Bloch., assez commun f Gournaou ). Trigla lineata , Will. f Brigoto J, commun. Trigla cuculus , Risso, assez commun. Trigla gurnardus , L. ( Belugan ), rare. Trigla milvus , Rond, f Belugan ), assez fréquent. Trigla lyra , L. ( Galinetto ), assez fréquent. Trigla corax , Rond. (" Z,æ Galinetto ) , commun. Trigla aspera , Vivi. ( Lou P ê taire, lou Cavilloun ), très commun. Scorpæna scrofa , L. ( Scorpeno J, très rare dans ces fonds, près de la côte, autour des roches sous-marines. Sebastes dactyloptera , Delaroche ( Badasco ), assez fréquente. Serranus hepatus , L. f Tambour ), commun. Scomber scomber , L.; en hiver, avec les gros temps, le maquereau quitte la surface. Caranx trachurus. Rond, f Sêvêreou J, en hiver, par les gros temps. Zeus faber , L. ( San Piarré ), assez fréquent. Zeus pungio , Cuv. f ô’ætz Piarrê ), pas très rare. Capros aper , L., très commun ( lou Pouar ). Cepola rubescens, L., assez commun ( Jarretiero ). Box boops , L. ( Bogo J, en hiver, par les gros temps. Pagellus erythrinus , L., moins fréquent que dans la broundo. Pagellus bogaraveo , Brunn. f Bogoravello J, espèce errante. Pagellus mormyrus , Bell, f Mormo ), très rare. Pagellus centrodontus , Delar. f Belueil J, rare dans la vase. Pagellus acarne , Rond, f Pageou J, plus commun dans la broundo. Mæna vulgaris , L. f Mendole ), assez fréquent. Mœna jusculum , C. f Schusclo ), assez commun. Smaris vulgaris L., assez commun. Smaris alcedo , Bp., assez commun. Centriscus scolopax , L., assez commun f Cardelino ). Ophidium barbatum , L., assez fréquent. Gadus minutus , L. ( Capelan ) , commun. — 102 — Merlangus poutassou , Risso ( Poutassou )} assez rare. Merlucius vulgaris , T. ( Marins ), commun. Motella tricirrata, Bloch ( Moustelo J, assez commun. Macrourus cœlorhynchus , Risso, très rare à Marseille, tandis que ce même poisson est très fréquent à Alger, dans des fonds analogues. Solea vulgaris , L., assez fréquente, se retrouve près de la côte sur le sable ou dans la vase. Solea Kleinii , Risso, assez rare. Solea oculata , Rond., rare. Microchirus luteus , Risso, assez rare. Microchirus variegatus , Guth., plus fréquent ( Pela pelous ). Pleuronectes Grohmanni , Bp., peu commune. Pleuronectes arnoglossus , Bp., peu commune. Pleuronectes Boscii , Bp., peu commune., Pleuronectes citharus , Rond. ( Petro ), assez commune. Rhombus maximus , L. ( Roun clavela J, devenu moins commun. Rhombus lœvis, Rond. ( Roun ), assez commun. Argentina sphyrœna, L. ( Pei d'argèn J, assez commun. Conger vulgaris , L. ( Fïèla J, commun. Les tartanes de la pêche au chalut ( bœufs et vaches ) prennent dans leurs filets, en même temps que les poissons que nous venons de citer, un grand nombre de Céphalopodes réservés pour la consommation. Ces Céphalopodes ne sont pas tous parqués dans les fonds vaseux et plusieurs d’entre eux se rapprochent fré- quemment de la côte, surtout à l’époque de la reproduction. Les espèces qui ne quittent pas ordinairement les grands fonds sont au nombre de six : Sepia elegans , Bl. — Vérany, pl. 26, fig. ae. Sepia bisserialis , D. de M. — Vérany, pl. 26, fig fk. Octopus de Filippi , Vérany, pl. 11, fig. df. Loligo Marmorœ , Vérany, pl. 37 (Z. subulata , Lmk. ?). Ommastrephes sagittatus , Lmk. — Vérany, pl. 31-32. Ommastrephes todarus , Delle Chiaje. — Vérany, pl. 33. Elles sont associées, dans les fonds vaseux, aux espèces suivantes, plus erra- tiques : Octopus macropus , Risso. — Vérany, pl. 11. El'edon moschatusi Leach. o3 — Sépia, officinalis , L. ( vel S. Fillouxi ). Sepiola Rondeleti , Gesner. Loligo vulgaris , Lmk. Nous devons ajouter que les pêcheurs nous ont dit avoir pris quelquefois l’Argonaute, mais nous ne l’avons jamais eu entre les mains. Les seuls Céphalo- podes rares que nous ayons capturés jusqu’ici dans le golfe sont : Tremoctopus violaceus (deux individus pris, en septembre 1879, dans des filets à sardines, c’est-à-dire à la surface) et Octopus catenulatus (pêché à diverses reprises, tantôt dans les brisants de la côte, au voisinage des ports, tantôt dans les plus grandes profondeurs du golfe, à l’aide des palangres). Nous n’avons mentionné que les Poissons et les Céphalopodes. Ces animaux peuvent être rencontrés dans tous les points de la région vaseuse du nord-ouest, mais principalement dans les parties les plus éloignées de la côte. Il nous reste à donner la physionomie de diverses stations de ces fonds vaseux dont l’étendue est très considérable. Il nous suffira de transcrire un certain nombre de bulletins de dragages, choisis parmi ceux que nous avons fréquemment opérés depuis 1872 et de manière à parcourir successivement tout l’espace compris entre les ports de Marseille et la ligne allant de Planier au cap Couronne et limitant le champ d’observations que nous nous sommes assigné dans ce mémoire. (i°) Dragage au large du cap Pinède, par le travers de la passe des nouveaux bassins - et de l’ancien phare flottant « Bidon ». — Profon- deur : 58 mètres. Vase gluante d’un gris jaunâtre. Les Spongiaires calcaires abondent (Sycon, Ute) ainsi que Y Esperia syrinx. Toutes les coquilles de Murex et de Chenopus sont couvertes d’épaisses colonies de Palythoa arenacea. Les Echinodermes sont presque exclusivement représentés par les Ophiothrix fragilis. Les Annélides Chétopodes sont très variées. Les plus fréquentes appartiennent aux espèces suivantes : Sternaspis scutatus , Hermione hystrix , Harmothoe imbricata , Nephtys scolopen- droides. Pista cristata, Ampharete nov. sp. Amphictene auricoma, Syllis ( Ehlersia ) cor nuta, Owenia brachycera, nov. sp., Sabella pavonia, Notophyllum polyno'ides, Eupomatus pectinatus, Serpula aspera. — L ’ Aspidosiphon scutatum est dans les Nasses et les Turitelles. Les Crustacés sont assez rares. Nous n’avons recueilli que quelques Crangon cataphractus, des Inachus dorynchus, Y Ampelisca Gaymardi et de petites Galathea nexa. — i04 — Les Mollusques ne sont pas très variés, mais les individus sont nombreux : Pecten opercularis var. Audouini , Nucula nitida , Nucula su le ata, Area tetragona, Lucina spinifera, Lembulus commutatus, Cardium echinatum , Cardium paucicos- tatum, Cardium minimum, Syndosmia alba, Syndosmia prismatica, Cultellus tenuis, Pandora obtusa, Neæra costellata, Neæra cuspidata, Corbula gibba, Saxicava rugosa, Turritella communis, Turritella tricarinata, Turritella triplicata, Natica intermedia, Chenopus pes-pelicani. Murex brandaris (i), Trophon muricatus, Nassa pygmæa, Pleurotoma gracilis, Pleurotoma reticulata, Pleurotoma conccina, Cyprœa europæa. (20) Dragages au large deNiolon. — Même fond qu’à la première station. Vase gluante grise et jaunâtre. Profondeur : 70 mètres. Peu de Crustacés : Eurynome aspera, Portunus depurator, Stenorhynchus lon- girostris. Les Bryozoaires et les Coralliaires ne sont représentés que par des fragments de Frondipora et des Caryophyllia mortes. Les Spongiaires dominent toujours. Les Annélides, moins abondantes qu’à la station précédente, appar- tiennent à six espèces : Vermilia iufundibulum , Notophyllum polyno'ides, Eunice limosa, Sternaspis scutatus, Chetopterus variopedatus, Maldane nov. sp. Les Mollusques offrent exactement la même association qu’au large du Bidon. Nous ajouterons seulement : Pecten injlëxus, Cardium aculeatum, Lucina borealis-, Axinus flexuosus, Pleurotoma linearis. (30) Fonds vaseux au large de Méjean. — Cette région a été longtemps le siège de la pêche au petit chalut appelé vaco. Les filets du grand bœuf s’y enga- gent encore et y capturent les divers poissons que nous avons énumérés. Ils évitent le banc de roches situé vers le milieu de la rade, au large du cap Caveaux et de Tiboulen de Ratoneau, et abordent vers Gignac. La vase de ces fonds a un faciès particulier. La faune y est bien plus originale et bien plus riche qu’aux deux stations précédentes. Les Spongiaires se montrent avec une extrême abondance. On remarque prin- cipalement d’énormes masses d ’ Esperia syrinx , O. Schm., dont les tubulures sont pleines de Typton spongicola. Les Papillina suberea, les Axinella cinnamomea et les Geodia gigas atteignent aussi de grandes dimensions. Les Espëria foraminosa, O. Schm., et Stëllata dorsigera, O. Schm., comptent parmi les espèces dominantes. ( 1 ) Au moment de la reproduction, ces Gastéropodes se réunissent en grand nombre et, après accou- plement, pondent, en société d’énormes masses de coques nidamentaires, dans lesquelles ils restent emprisonnés jusqu’à ce qu 'après l’éclosion ces coques se décomposent. Nous avons vu plus de quarante Murex ainsi enfouis dans une seule masse d’œufs. :o5 — La dernière mime avec une exactitude surprenante le Microcosmus vulgaris dont on trouve quelques grands individus associés à des Molgules ( Mol gui a impur a, Heller) et à des Phallusia mentula. Les Diazona ne sont pas très rares. Un Bryozoaire se multiplie dans les fonds vaseux et contribue à leur donner leur caractère spécial ; nous voulons parler du Salicornaria farcimino'ides, Johnst., dont les fragiles colonies emplissent de leurs débris les filets des bateaux bœufs , mêlés aux éponges et aux ophiures. — - Nous avons vu des touffes de ce Bryo- zoaire atteignant plus de trois décimètres cubes. Sur leurs ramifications étaient fixées d’autres espèces telles que : Diastopora obelia , Discoparsa patina , Pustulo- pora deflexa , Pustulopora proboscidea , Tubulipora serpens , Crisia eburnea , Crisia cornula , Crisia d'enticulata , Cëllepora pumicosa , Cellepora ramulosa , Idmonea ser- pula , Idmonea Meneghinii , Lêpralia ciliata , Lepralia linearisi Scrupocelaria scru- posa , etc. Les Echinodermes appartiennent à d’intéressantes espèces. Il faut, à propos de ces invertébrés, signaler d’abord l’abondance des Ophiothrix , des Ophioglypha et des Comatules. Les Echinus acutus sont aussi assez nombreux. La liste des espèces d’Echinodermes est d’ailleurs assez longue. Antedon rosacea , Norman (individus de grande taille et dont l’avant- dernier article des cirres porte une forte apophyse). Antedon phalangium) Mar. (assez fréquent déjà par 75 mètres, se mul- tiplie davantage au-delà de 90 mètres). Palmipes membranaceus , Ag. (commun). Astropecten aurantiacus , Gray (peu abondant). Luidia ciliaris , Gray, grands individus très fragiles. Ophioglypha lacer t os a, Lyman (fréquent), se multiplie davantage encore plus profondément. Ophiothrix fragilis, Dub. et Kor. (extrêmement abondante). Ophiomyxa pentagona , Mull. et Tros. (rares individus). Astrophyton arborescens , Mull. et Tros. (très rare). Dorocidaris papillata , Ag. (très rare à cette profondeur). Echinus acutus , Lamk. (assez commun). Echinus melo , Lamk. (beaucoup plus rare). Brissopsis lyrifera , Ag. (extrêmement rare à cette faible profondeur). Cucumaria Planci , Marenz. (commun). Cucumaria pentactes , Forbes (commun). Cucumaria tergestina , Sars (rare). Phyllophorus urna} Grube (rares petits individus). 14-1 — io6 — Stichopus regalis , Sélenka (assez communs). Haplodactyla mediterranea , Grube (très rare). Quatre Alcyonaires s’offrent fréquemment : Y Aie y onium palmatum , représenté par des cormus longuement pédonculés, le Veretillum cynomorium, le Pteroïdes griseum et la Pennatula rubra. On recueille quelquefois de grands Aglaophenia , portant des Scapellum vulgare. Les Actiniaires ne sont guère représentés que par des Adamsia palliata et des Palythoa arenacea. Ces fonds ont cependant fourni un intéressant Ilyanthus (J. Mazeli), figuré par notre élève, M. le docteur E. Jourdan, dans sa thèse sur les Zoanthaires du golfe (Ann. Se. nat., X, 1880). Les principales Annélides Chétopodes sont : Aphrodite aculeata , Hermione hystrix , Euphrosyne Audouini , Lagisca extenuata, Syllis (Typosyllis) variegata, Syllis ( Haplosyllis ) hamata var. tentaculata , Eteone picta, Nereis hircinicola , Nephthys scolopendro'ides, Sternaspis scutatus , Amphitrite incana , Het'erophenacia Renouardi nov. sp., Basychone Balyelli , Sabella pavonia , Serpula crater, Psyg- mobranchus intermedius. Quelques Crustacés s’éloignent peu de ces stations. Tel est le cas du Crangon spinosus, du P en æ us siphonoceros , du Stenorhynchus longirostris , du Gonoplax rhom- bo'ides. Ils sont associés à d’autres espèces plus errantes : Inachus scorpio , Pisa Gibsii , Pilumnus spinifer , Portunus dépurât or 3 Dorippe lanata, Ethusa mascarone , Bromia vulgaris , Eupagurus P ride aux i3 Eupagurus angulatus , Eupagurus Lucasii , Galathea Andrew si 3 Crangon cataphractus3 Alpheus ruber3 Ampelisca G ay mardi, Rocinella , sp. Bien que ces fonds ne soient pas très riches en Mollusques, nous avons réuni cependant les espèces suivantes : Pecten multistriatus , Pecten varias , Pecten opercularis var. Audouini , Pecten flexuosus , Pecten Testa, Pecten Jacobaus, Modiolaria marmorata, Nucula sulcata, Nucula nucléus, Nucula nitida, Lembulus commutatus , Area Polii, Area tetragona, Lucina spinifera, Cardium papillosum, Cardium exiguum , Cardium echinatum , Cardium paucicostatum, Cardium tüberculatum. Car dit a antiquata. Car dit a aculeata Isocardia cor (rare), Circe minima. Venus casina, Venus ovata , Venus rudis, Tellina donacïna,Tellina serrât a, Arcopagia balaustina, Psammobia costulata, P sammobia Ferroensis, Lutraria elliptica , Syndosmia prismatica, Solecurtüs coarctatus, Cul- tellus tenais, Pandora obtusa, Thracia corbulo'ides, Corbula gibba, Saxicava rugosa, Fissurella græca, CapulUs hungaricus (caractéristique), Calyptraa chinensis, Tro- — I07 “ chus graaulatus (caractéristique), Turritella commuais, Seal aria commuais , Lamel- laria perspicua, Cheaopus pes-pelicaai, Tritoa aodiferus , Trophoa rostratus, Trophoa barviceasis, Nas sa pygmaa, Cypræa europœa, Bulla utriculus, Scaphaader ligaa- rius, Philiae aperta, Gasteropteron Meckelii, Tethys leporiaa, Doris tuberculata, Euplocamus croceus. (40) Régions vaseuses les plus profondes, sur la ligne de Planier au cap Couronne. — A mesure que l’on descend plus profondément, la faune se modifie par l’adjonction d’espèces rares. On voit alors au milieu des Alcyoaium palmatum et des Pennatules ordinaires, quelques Peaaatula phosphorea et même des Fuaiculiaa quadraagularis. Ce bel Alcyonaire n’a été recueilli jusqu’ici qu’au large du cap Couronne par 85 mètres. Les Ophioglypha texturata et les Aatedoa phalaagium deviennent très abon- dants et emplissent les filets des bateaux « bœufs ». Les grands Goaoplax rhom- boidës sont aussi plus communs et quelques individus à’Homola spiaifrons se montrent à côté des espèces plus vulgaires. D’ailleurs tous les poissons, tous les vers et presque tous les mollusques cités plus haut persistent ; mais ce qui donne un intérêt nouveau à ces vases profondes c’est l’abondance des Trochus graaulatus, des Isocardia cor, des Avicula tareatiaa, des Cassidaria Tyrrheaa, et surtout la présence de quelques types précieux, tels que Dyphyllidia liaeata, Pecten striatus, Poromya graaulata, Bucciaum Hum- phreysiaaum. A partir de cette zone, jusqu’à 100. mètres et au-delà, les fonds vaseux ne changent pas notablement de caractères. Nous ne les suivrons donc pas plus loin. Nous sommes arrivé d’ailleurs aux limites que nous avions assignées d’avance à notre esquisse. Partant des ports eux-mêmes, nous avons successivement par- couru les diverses régions du littoral, les plages, les prairies de Zostères, les graviers coralligènes. Nous avons atteint les sables vaseux et les limons profonds, mentionnant les principaux animaux qui les fréquentent. Notre mémoire ne comporte ni résumé final, ni considérations générales. Il n’est lui-même qu’une sorte de réyision méthodique, dans laquelle nous avons groupé, en les limitant au strict nécessaire, les nombreuses opérations de statistique zoologique que nous avons faites dans tous les points du golfe pendant plus de dix ans. Cette esquisse doit être complétée. Nous nous sommes arrêté dans le sud, à la ligne d’écueils sous-marins connus sous le nom de Mangespen. Ces *roches constituent un fond coralligène très riche, envahi par le sable vaseux et dans lequel les diverses Gor- gones abondent ainsi que les grands Bryozoaires et les grands Sertulariens, Sertu- o8 - larella polyzonias , Antennularia antennina , Aglaophenia myriophyllum. Au-delà commencent les fonds du large, bien plus variés vers l’est que dans la direction des embouchures du Rhône dont les limons conservent uniformément la physio- nomie des stations du golfe que nous venons de décrire. Nous consacrerons un second mémoire à l’examen des faunes de la haute mer. Les études de cette nature sont arides dans leurs détails techniques. Il n’est pas en notre pouvoir de les rendre attrayantes ; nos confrères nous sauront gré, espérons-nous, de les avoir exposées succinctement, inspiré uniquement par le vif désir de seconder leurs propres recherches. é "Marseille , janvier i883. CONSIDÉRATIONS SUR LES FAUNES PROFONDES DE LA MÉDITERRANÉE ANNALES DU MUSÉE D’HISTOIRE NATURELLE DE MARSEILLE. — ZOOLOGIE Tome Ier MÉMOIRE N° 2 CONSIDÉRATIONS SUR LES FAUNES PROFONDES DE LA MÉDITERRANÉE d’après LES DRAGAGES OPÉRÉS AU LARGE DES CÔTES MÉRIDIONALES DE FRANCE M. A.-F. MARION PROFESSEUR A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE MARSEILLE ‘ Directeur du oMuséum et de la Station écologique. MARSEILLE TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE GAYER ET C" Rue Saint-Ferréol, 5y. 1 883 4 CONSIDERATIONS SUR LES FAUNES PROFONDES DE LA MÉDITERRANÉE d’après LES DRAGAGES OPÉRÉS AU LARGE DES CÔTES MÉRIDIONALES DE FRANCE J’ai décrit, dans un Essai de Topographie zoologique du golfe de Marseille, les diverses associations animales qui peuplent les côtes de Provence, dans les stations accessibles aux filets des pêcheurs ou aux dragues du naturaliste disposant des moyens ordinaires de recherche. Ces régions marines sont incontestablement les plus riches. Elles abritent les faunes méditerranéennes proprement dites, dans lesquelles l’abondance des individus ne peut masquer la variété des types. Nous savons que les eaux peu profondes sont les seules qui subissent avec intensité les influences biologiques dues à des changements dans la température, dans la quantité de lumière, dans le degré de salure, ou dans la qualité du fond, principaux agents perturbateurs de la nature organique ou de la distribution géographique des êtres. C’est bien aussi par l’étude des zones littorales qu’il faut déterminer les caractères zoologiques d’une mer. J e me suis attaché à tracer, dans un premier mémoire, l’ébauche du faciès de notre golfe de Marseille considéré à ce point de vue. J’ai l’espérance que les naturalistes trouveront dans mon exposé statistique des renseignements utiles; mais ce travail demeurerait incomplet s’il n’était accompagné de quelques considérations sur les faunes qui succèdent à celles de la côte. Un assez grand nombre d’espèces animales littorales ne sont point étroite- ment parquées et se propagent au-dessous de leur habitat ordinaire. Ces formes vont à un moment donné s’unir à d’autres types qui, plus exigeants dans leurs — 6 — conditions d’existence, demeurent dans les stations profondes. Enfin, et c’est là l’intérêt le plus grand de cette nouvelle étude, la Méditerranée, mer intérieure presque fermée ou du moins ne communiquant plus avec l’Océan que par un canal superficiel, doit être soumise à des conditions biologiques bien particulières, et la détermination de ce régime spécial peut être également utile aux sciences géologiques et zoologiques. On me permettra d’exposer comment diverses circonstances m’autorisent à aborder ce sujet difficile. En 1875, al°rs que j’avais exploré toutes les parties de la côte, j’ai pu entreprendre avec l’aide pécuniaire de quelques personnes amies de la science (1), une série de dragages profonds dont les résultats ont été fruc- tueux. C’est ainsi que j’ai pu signaler le premier dans la Méditerranée quelques espèces des abîmes atlantiques, la belle Hyalosponge Pheronema Carpenteri , le Lophogaster typicus, YEthusa granulata, le Dentalium agile, et que j’ai recueilli des documents suffisants pour décrire les faunes qui s’étagent, en dehors de la rade de Marseille , depuis soixante-dix jusqu’à jusqu’à trois cent cinquante mètres. Nos explorations au large ont été continuées de 1875 à 1883 en employant tantôt de véritables dragues, tantôt de simples lignes de fond ou des fauberts lorsque la profondeur est trop considérable pour le matériel dont nous disposons. L’espace ainsi étudié s’étend au sud et à l’est de l’îlot de Planier, comprenant toute la surface du plateau sous-marin côtier, jusqu’à la falaise abrupte qui vient l’interrompre et que l’on trouvera indiquée sur la carte qui accompagne ce mémoire, sous le nom de falaise Peyssonnel. Les zoologistes admettront sans peine cet hommage à la mémoire de l’illustre médecin marseillais, qui reconnut la nature animale du Corail et dont les explorations, après celles de son maître Marsilli, ont donné les premières indications scientifiques sur la topographie physique de nos côtes. Qu’on veuille bien jeter les yeux sur la carte destinée à résumer nos études. La teinte rouge, indiquant la limite des fonds à coralliaires, court de Maïré à Planier. Les sables et les graviers vaseux du large s’étendent au-delà de cette ligne, la vase dominant à l’ouest et indiquant l’action puissante des apports alluviens du Rhône. Le fond descend en pente douce de soixante-cinq mètres jusqu’à cent, cent dix, deux cents et deux cent cinquante mètres, puis brusquement des chutes de rocs escarpés se présentent formant à l’ouest une première marche au pied de laquelle s’étend un petit plateau, le plateau Marsilli, occupé déjà par la vase gluante des grands fonds, et assez accidenté d’ailleurs pour que la sonde accuse tantôt trois cent cinquante, tantôt quatre cent vingt-deux, trois cents, quatre cent (1) MM. Talabot, Benet, Renouard, Meilhac, Mazel, Gallas et Martin. — Voy. Marion : Dragages au large de Marseille. Ann. Sc. naturelles, 6“ série, t. 8, 1 879. — 7 ~ cinquante-trois mètres. Ce n’est là qu’un premier gradin, précédant en ce point la grande falaise Peyssonnel dont le pied est à six cents ou à sept cents mètres sous l’eau. Cet escarpement trace au large de la Provence, du Languedoc et du Roussillon une ligne sinueuse, s’éloignant du rivage dans le golfe de Lion, se rapprochant, au contraire, des côtes montagneuses des Pyrénées-Orientales, des Bouches-du-Rhône, du Var, et des Alpes-Maritimes, et dessinant ainsi fidèlement au-dessous de la mer comme un reflet des terres émergées voisines. Marsilli avait déjà une connaissance assez exacte de cette orographie lorsque, dans son Histoire physique de la Mer , il protestait contre l’opinion superstitieuse des pêcheurs de Marseille qui croyaient à des abîmes sans fond toutes les fois qu’ils étaient entraî- nés parle mauvais temps, et qu’ils jetaient leurs palangres au-delà de la falaise sous-marine. La carte placée en tête de l’atlas de ce premier volume des Annales du Laboratoire de Zoologie marine , carte qui doit servir à la lecture des mémoires numéro i et numéro 2, montre bien que l’étonnement et la crainte de ces hommes étaient justifiés, et qu’en définitive ces sentiments étaient éprouvés par de hardis matelots qui savaient mieux que ceux d’aujourd’hui affronter la haute mer avec de misérables embarcations. Cette carte nous a servi déjà pour décrire les diverses régions du golfe proprement dit ; nous l’emploierons encore pour mieux fixer les idées, dans notre Etude des Faunes profondes des côtes de Marseille. Nous devrons cependant franchir ses limites. Commencées d’une manière modeste, dans le simple but de déterminer la nature des associations animales qui pouvaient exister en dehors de notre rade et d’établir entre elles et celles de l’Atlantique des liens plus intimes, nos recherches ont pris une importance inespérée lorsqu’en 1881, l’aviso de l’État le Travailleur fut chargé d’une explo- ration de la Méditerranée. La deuxième campagne de la Commission dont nous avons l’honneur de faire partie n’a pas été bien longue ; elle a suffi cependant pour donner de précieuses indications sur un sujet qui n’avait été qu’effleuré jusqu’ici. De plus, le navire le Washington , affecté à la même époque par le gouvernement italien à la reconnaissance des abîmes de la Méditerranée, a recueilli autour de la Sardaigne et principalement par le travers des Bouches de Bonifacio, de riches collections dont nous pouvons user déjà, grâce à la publication préliminaire dans laquelle M. le professeur H. Giglioli, notre éminent confrère de Florence, les a analysées. On connaît donc les diverses sources auxquelles nous avons puisé. — Nous ne nous proposons, dans ce court mémoire, que de présenter des documents, de réunir des matériaux d’étude, complétant ceux que nous avons employés pour décrire les zones zoologiques du golfe de Marseille. Mais nous abordons un sujet d’une importance particulière, celui de la nature des faunes profondes, et bien que nous devions avant tout nous attacher à des questions techniques, nous croyons pouvoir faire précéder l’exposé de nos observations de quelques consi- dérations générales se dégageant naturellement des faits constatés. Les recherches exécutées durant les trente dernières années ont fait connaître l’existence, dans les grandes profondeurs de l’Océan, d’une faune spéciale à peu près ignorée jusqu’alors. Il serait superflu de retracer ici l’historique de cette découverte ; tous les naturalistes ont été attentifs à ces travaux qui marquent une époque importante dans la science. Il est incontestable que l’exploration des abîmes de la mer est loin encore d’être achevée ; les dragages continueront à nous fournir une foule de types nouveaux; mais dès maintenant la physionomie générale de la faune abyssale se dessine avec ses caractères propres, et ses traits principaux ne seront pas modifiés par les récoltes futures. Le fait le plus certain, et celui qui a aussi le plus frappé les zoologistes, consiste dans l’immense extension horizontale des êtres composant la faune abyssale. De l’extrême nord à l’équateur et jusque dans les mers australes, ces êtres s’offrent associés d’après les mêmes règles, revêtus des mêmes caractères généraux, appartenant aux mêmes groupes et souvent aux mêmes espèces. Dans le golfe de Gascogne, par exemple, se trouvent réunis des types du golfe des Antilles et des espèces des mers arctiques. Divers Alcyonaires, un grand nom- bre d’Echinodermes et de Mollusques, fréquents sur les côtes occidentales de l’Espagne, ont leurs représentants dans les eaux profondes des mers du Sud. — Cette vaste distribution géographique laisse penser que les animaux qui en sont doués, se sont dispersés sous l’influence de causes anciennes et longtemps conti- nuées. D’ailleurs, les familles principales de ces faunes, aussi bien lorsqu’on s’adresse aux Cœlentérés qu’aux Echinodermes ou aux Crustacés, possèdent un faciès archaïque indéniable. On retrouve parmi elles des Spongiaires, des Echinides, des Crinoïdes, appartenant à des groupes fossiles; des espèces de Mollusques des grands fonds atlantiques ne peuvent être distinguées de celles enfouies dans les couches tertiaires (i). (i) Le sujet est si vaste et en même temps si complexe que les questions secondaires se pressent à chaque pas. En parlant ici des caractères archaïques de la plupart des représentants de la faune abys- sale, nous visons des groupes spécifiques ou génériques et diverses familles qui ont trouvé dans l’uni- formité des conditions biologiques des grands fonds une cause de permanence et la raison d’une fixité relative. C’est là un phénomène bien apparent, mais il n’implique pas que la faune demeurée littorale n’ait pu conserver de son côté, soit à l’état permanent, soit à l’état larvaire transitoire, des êtres por- tant un reflet plus direct des stades primitifs traversés par les grands embranchements. Cette question purement phylogénétique est d’une autre nature, et elle ne peut être abordée avec fruit que par des études embryogéniques. A l’époque de la formation des couches primaires, les grands types de l’animalité étaient représentés . Il existait, en outre des Protozoaires, des Cœlentérés, des Échinodermes, des Vers, des Mollusques, des Arthropodes et des Vertébrés primordiaux. En d’autres termes, l’évolution Les considérations que nous résumons ont amené les zoologistes à dire que la faune abyssale s’est constituée à mesure que le fond des Océans accentuait sa dépression au-dessous des continents émergés. On conçoit bien à -priori que les êtres marins aient dû se trouver un jour, au cours de leur dissémination, en face de conditions physiques telles que nous les supposons en ce moment ; mais l’observation directe nous démontre que ces conditions ne se sont pas offertes pour la première fois à une époque récente de notre globe, puisque il est possible aux géologues de reconnaître, avant le début des couches secondaires, avec une certitude parfaite, des formations de mers profondes et des dépôts côtiers synchroniques. Les caractères distinctifs de deux faunes de même âge, l’une ayant habité des régions littorales, l’autre ayant vécu dans les abîmes de la haute mer, s’étaient par conséquent affirmés avant l’établissement de l’état climatérique actuel, dans des temps géologiques que la paléontologie végétale nous montre soumis à une température chaude, uniformément répandue à la surface du globe, des pôles à l’Equateur. Il faut donc renoncer à l’idée que cette faune abyssale est régie par une adaptation spéciale à des eaux froides. Lors des temps miocènes ou oligocènes, les régions polaires avaient encore un climat tempéré ; leurs terres portaient, à la place des glaciers actuels, une végétation arborescente ; si une diffé- rence sensible existait déjà entre le pôle et les contrées équatoriales, elle était de toutes manières insuffisante pour occasionner des couches profondes aussi froides que celles qui occupent de nos jours les fonds de l’Atlantique ; et cepen- dant il existait déjà des faunes abyssales. Il est plus exact de dire que les faunes abyssales ont pu s’accommoder d’une diminution progressive de la température, par cela même que cette diminution était lente, c’est-à-dire ne comportait pas de changements brusques dans un court espace de temps. Les animaux marins ne sont réellement impressionnés que par les écarts de température dus aux saisons principale des embranchements était achevée ; les divers groupes de Métazoaires avaient pris posses- sion des milieux favorables, et les associations qu’ils avaient réalisées étaient bien destinées à se modifier par l’élaboration de nouvelles familles, mais le seul évènement ayant une portée considérable devait être l’arrivée des Vertébrés terrestres et leur différenciation croissante. Le monde de la mer était à l’écart, et nous pouvons à peine citer, au cours des périodes subséquentes, l’apparition des Téléos- téens subordonnant les Ganoïdes, et dans une sphère plus restreinte, l’élimination de certains types de Cœlentérés, d’Échinodermes, de Mollusques ou d’Arthropodes, c’est-à-dire, des modifications secon- daires ne comportant pas l’arrivée ou la disparition d’un embranchement tout entier. Il ne peut donc être question de rechercher, dans les grands fonds de la mer, des types ancestraux qui s’y seraient abrités en foule. Des animaux de cette nature peuvent s’y trouver, comme il s’en rencontre à la côte : tel est le cas de certains Ampbineura, de divers Enteropneustes, mais il est clair que l’existence de ces formes dites synthétiques ou primordiales, est absolument indépendante de la profondeur des eaux. 2-2 et le phénomène dont il s’agit ici n’avait rien de semblable. On peut dire que les conditions biologiques ont conservé dans le milieu abyssal un degré tout parti- culier d’uniformité, puisque les zones qui lui appartiennent, soustraites aux influences saisonnières, comme aux changements dus aux latitudes, n’ont éprouvé, même dans la série des temps, qu’un abaissement progressif de température auquel les êtres ne semblent pas très sensibles. Il est certain en effet que les animaux des faunes abyssales ont été rencontrés non seulement dans des zones dont la tempé- rature oscillait autour de o°c., mais encore dans des eaux plus chaudes de 130 à 150 c. : dans tous les cas, le degré thermique du lieu ne comportait que de faibles augmentations ou des diminutions insignifiantes suivant les saisons, et c’est bien là le seul fait important que nous ayons à retenir. Si donc l’étude de la distribu- tion verticale et horizontale des espèces actuelles de la faune abyssale, aussi bien que les données de la paléontologie végétale, nous montrent que le froid n’est pas le phénomène qui règle la distribution des animaux des grands fonds ( 1 ) , il faut bien admettre que la raison de cette faune abyssale réside dans une cause absolu- ment différente. Le professeur Fuchs (2) a récemment fait remarquer avec une grande perspicacité de vues, que l’absence de lumière doit être invoquée comme l’agent principal auquel il convient de rapporter la formation des faunes abyssales. Diverses catégories d’arguments peuvent être présentées en faveur de cette opinion que nous partageons. L’action physiologique de la lumière sur les organismes est connue. On comprend aisément les conditions spéciales que l’obs- curité établit dans les abîmes, où la vie végétale devient impossible, et où les appareils des divers animaux doivent s’adapter à des fonctions particulières. Les analogies que l’on reconnaît entre les associations animales des profondeurs de l’Océan et celles qui peuplent les cavernes ou les eaux souterraines des deux continents sont à ce sujet très significatives, et tout nous porte à croire que telle est bien la raison de cette faune des abîmes. Mais si nous possédons ainsi des données suffisamment exactes sur les grandes lois qui président à la distribution des êtres des grands fonds, il est incontestable qu’une foule de faits particuliers restent à déterminer, et l’histoire spéciale des profondeurs de la Méditerranée appartient à cette dernière catégorie d’études. On n’a pas oublié que Forbes fut amené à la pensée d’une rapide disparition (1) Voyez : Marion. Sur les progrès récents des sciences naturelles. Discours prononcé à las éance de rentrée des Facultés de l’Académie d’Aix, le 2 décembre 1882. — Revue scientifique, premier semes- tre, 1883. (2) Voyez : Th. Fuchs. Considérations sur la faune des mers profondes. Comptes-rendus de l’Institut impérial de géologie, 7 février 1882. — Traduction dans le T. XIII des Ann. des Sc. nat. — Zool., août 1882. de la vie animale dans les profondeurs, à la suite de ses études dans le bassin oriental de la Méditerranée. Si les conclusions de Forbes étaient prématurées et inexactes, il est certain néanmoins qu’elles étaient basées sur des observations assez rigoureuses, et que si elles ne pouvaient être généralisées, elles donnaient cependant la physionomie réelle d’une région. Le professeur Alph. Milne- Edwards décrivait bien en 1 86 1 des Vers, des Mollusques, et des Coralliaires, retirés avec les câbles électriques des fonds situés entre la Sardaigne et l’Afrique ; mais l’expédition du Porcupine en 1 870, dans notre mer intérieure, ne fournit au docteur Carpenter que de rares espèces abyssales, au point que le célèbre naturaliste anglais n’hésitait pas à déclarer qu’au dessous de quelques centaines de brasses, la Méditerranée est presque azoïque, les conditions s’y présentant, non pas absolument contraires, mais du moins particulièrement défavorables à la vie. Cette opinion si catégorique de Carpenter doit être certainement un peu adoucie ; les grands fonds de la Méditerranée ne sont pas partout uniformément azoïques, et les récentes explorations ont montré qu’un assez grand nombre d’espèces océaniques ou de formes similaires à celles de la faune abyssale atlantique s’y trouvent en divers points ; mais il est positif, d’autre part, que le zoologiste habitué aux riches coups de drague du golfe de Gascogne ou des mers du Nord, éprouve un réel désappointement alors qu’il opère dans une mer fermée, telle que la Méditerranée. Nous avons été dans le cas de constater nous-même cette impression qui justifie fort bien les conclusions de Carpenter. Mais s’il est inexact de dire que la Méditerranée est presque azoïque dans ses grands fonds, il serait également fautif de déclarer qu’elle y est aussi peuplée que l’Atlantique. Un explorateur serait assurément bien excusable de se laisser entraîner un instant au désir de mettre en relief l’importance de ses récoltes; mais il n’oublierait pas longtemps que, dans cet ordre de recherches, tout fait nouveau, même négatif, a une valeur considérable, suffisante pour le récompenser de tous ses efforts et de toutes ses fatigues. Sans doute, il existe une faune abyssale dans la Méditerranée, les premières observations de M. le professeur Alph. Milne-Edwards l’indiquaient, le Porcupine avait en réalité capturé quelques espèces atlantiques; nous avions nous-même, au large de Marseille, pris les premières Eponges siliceuses, les Pheronema Carpenteri associées au Lophogaster typicus , à YEthusa granulata; l’expédition du Travailleur est venue considéra- blement grossir cette liste; mais, même en y joignant les animaux pris par le Washington , nous demeurons encore bien au-dessous des associations animales atlantiques. La relation de notre éminent confrère, le professeur Giglioli, ne peut modifier à ce sujet notre point de vue, qui demeurera vrai, même alors que nos explorations futures auront, comme nous l’espérons, triplé ou quadruplé le nombre des représentants de la faune abyssale dans la Méditerranée. Cet appauvrissement est d’ailleurs parfaitement d’accord avec les curieuses conditions physiques constatées dans la Méditerranée par Carpenter et confir- mées par tous les observateurs. Elles s’appliquent sans doute d’une manière générale à tous les bassins océaniques fermés, et elles offriront, à ce point de vue, un intérêt tout particulier en ce qu’elles jettent un jour nouveau sur les questions des mers anciennes dont les géologues se préoccupent. La Méditerranée actuelle constitue sans doute une vaste mer, mais elle ne communique plus avec l’Océan que par un canal peu profond, de telle sorte que les eaux froides et aérées de l’Atlantique ne peuvent y trouver -accès. D’autre part, la Méditerranée s’étendant de l’ouest à l’est à travers des terres dont le climat n’offre pas un contraste bien marqué, les différences d’échauffement des eaux dans le bassin oriental et dans le bassin occidental, aussi bien que sur les rivages septentrionaux et sur les rivages méridionaux, ne sont pas assez grandes pour déterminer des courants énergiques aérant le fond d’une manière suffisante. On constate aussi que les oscillations thermiques ne portent que sur une zone superficielle d’une centaine de brasses. Au-dessous de cette profondeur, la tempé- rature demeure à I3°c. jusque dans les abîmes, avec des variations insignifiantes suivant les lieux, variations qui ne dépassent pas i°. — Cette température relati- vement élevée n’est pas, en elle-même, défavorable à la vie des animaux de la faune abyssale, mais elle est corrélative à une stagnation véritable du fond. Les eaux retirées des grandes profondeurs de la Méditerranée sont chargées d’acide carbonique en proportions bien plus considérables que dans l’Atlantique. — Dans ces conditions, les animaux de la faune profonde ont dû disparaître de divers points, se localiser dans d’autres plus favorables, et se cantonner d’une manière générale en se rapprochant des zones superficielles. Nous avons sous les yeux un phénomène en tout comparable à celui que nous présentent les fonds émergés de certaines mers anciennes des périodes secondaires, s’étendant sur de grandes sur- faces en couches absolument stériles, au milieu desquelles se montrent brusquement des îlots fossilifères. — De même, les abords de Marseille, au pied de la falaise Peyssonnel, sont habités par des associations animales assez nombreuses, tandis que, par la même profondeur, le long de la côte d’Antibes, au large des embou- chures du Var, la drague ne recueille qu’une vase dépourvue de toute trace de vie. Ce sont là des 'faits significatifs aux yeux du zoologiste qui a pu constater combien, dans des conditions sensiblement analogues, la faune se montre constam- ment abondante et variée dans une mer ouverte, dans le golfe de Gascogne, par exemple. Mais cet appauvrissement des régions profondes n’a pas toujours été le propre de la Méditerranée ; il est bien le résultat des derniers phénomènes géologiques qui, par suite d’un soulèvement général, ont enfermé peu à peu ce bassin dans ses — i3 — limites actuelles, supprimant ses larges communications anciennes avec l’Atlanti- que et amenant ainsi d’une manière progressive l’état physique actuel, dont nous venons de constater les effets. Il est évident, aux yeux de tous les géologues qui se sont occupés de la géographie botanique et zoologique du midi de la France aux époques crétacées et tertiaires, que depuis ces lointaines périodes le fond de la Méditerranée actuelle n’a pas été émergé. C’est là d’ailleurs un fait dépendant d’une loi générale. Les études stratigraphiques et paléontologiques ont montré que les mouvements orogéniques exercés sur nos continents depuis les derniers temps secondaires, n’ont modifié que les pourtours des mers anciennes sans déplacer sensiblement les grands fonds de ces mers, qui n’ont guère dû perdre au maximum qu’un millier de mètres de leur profondeur primitive. — A ces mouvements de soulèvement ont correspondu des affaissements locaux, portant sous les eaux des isthmes primitifs, tels que celui encore indiqué par Gibraltar. Sans doute l’Algérie et le Maroc ont été autrefois en dépendance directe de l’Espagne et du midi de la France. Leurs flores ont une communauté d’origine incontestable, mais leurs ressemblances sont dues à des phénomènes plus anciens que ceux de la période pliocène, et il faut remonter jusqu’au nummulitique et au paléocène, pour trouver la flore primitive dont dérivent les associations végétales actuelles des deux pays. Depuis ces époques reculées, la géographie méditerranéenne a changé sans doute bien des fois, sans que pourtant les espaces actuellement occupés par les grands fonds aient été émergés. A l’époque nummulitique, les communications de la Méditerranée avec le golfe de Biscaye, à travers le Roussillon et la Gascogne, étaient largement établies, de même que par la région saharienne actuelle. Des relations avec la mer Rouge et l’Océan Indien existaient aussi. Ces communica- tions n’ont pas été brusquement rompues. Elles existaient encore en grande partie à l’époque miocène, et n’avaient certainement point cessé encore lors du pliocène. L’étude des couches supérieures du tertiaire de Sicile prouve bien en effet que, immédiatement avant les temps quaternaires, les fonds de la Méditerranée étaient beaucoup plus peuplés que de nos jours, et qu’ils abritaient une faune abyssale très variée dont un grand nombre d’espèces existent encore dans l’Atlantique. Au point de vue de la richesse relative des associations animales, on pourrait dire que la Méditerranée pliocène était plus analogue à l’Atlantique que les fonds actuels que nous explorons, et dans lesquels se sont maintenus seulement les types qui ont pu résister aux effets défavorables causés par le confinement de ce bassin. Si donc la Méditerranée possède dans ses fonds une faune atlantique appauvrie, il n’en faut pas conclure que cette faune s’y est récemment établie. La faune abyssale est une faune ancienne, qui ne peut caractériser aucune mer. Nous le répétons, si cette association animale existe dans les grands fonds de la 4 — Méditerranée, c’est qu’elle y existait déjà aux époques qui ont immédiatement précédé la nôtre. Mais si la Méditerranée ne possède pas une faune abyssale propre, elle a du moins une faune littorale caractéristique, d’une richesse extrême, gardant des souvenirs des espèces anciennes et des représentants des mers chaudes. Nous avons, dans notre esquisse zoologique du golfe de Marseille, énuméré un grand nombre de types de cette nature ; il nous reste à mentionner les plus intéressants, ceux qui habitent au large, à de plus grandes profondeurs et qui établissent une transition entre la zone des abîmes et celle des rivages. Tel est le but du présent mémoire. Il est nécessaire d’indiquer dès maintenant la marche que nous devons suivre dans cette exploration. Nous nous sommes arrêté, en décrivant les faunes du golfe proprement dit, à la ligne de roches sous-marines, le Mangèspen , rattachant l’île de Maïré à Planier. Pour achever notre travail et pour nous conformer au programme que nous avons indiqué plus haut, nous allons parcourir, au-delà de cette ligne, une large bande s’étendant depuis la hauteur de l’île de Riou jusqu’à l’ouest de Planier, et corres- pondant par conséquent à un espace d’environ douze milles de large, compris entre 2°,47’ longitude Est et3°,4’ longitude Est. Partant des environs de l’île de Maïré, où les fonds n’atteignent encore que soixante-cinq à soixante-dix mètres, nous gagnerons progressivement la haute mer. Nous examinerons d’abord les divers points du plateau côtier, occupé par des sables et par des vases sableuses. Nous donnerons des listes assez longues pour faire connaître dans le détail la faune qui habite cette station jusqu’à deux cents mètres de profondeur, c’est- à-dire jusqu’à la falaise sous-marine (falaise Peyssonnel). A partir de ce point, nous nous engagerons dans le domaine des faunes abyssales : nous les rencontre- rons d’abord sur le petit plateau Marsilli, par trois cent cinquante et quatre cents mètres de fond ; nous les poursuivrons enfin au pied de la falaise, depuis six cent quarante-sept et six cent soixante-dix mètres, jusque dans les abîmes de deux mille vingt mètres que les dragues du Travailleur ont atteints en juillet 1 8 8 1 . Cette étude donnera déjà une idée exacte de la succession des faunes sur les côtes de Provence, depuis le rivage jusqu’à l’extrême limite des fonds de notre mer. Nous pourrons la compléter en nous dirigeant ensuite vers l’Est pour examiner les fonds coralligènes de Cassidagne et de Sicié, et pour suivre enfin la route de l’aviso le Travailleur dont les dragages nous permettront de signaler, loin de nos côtes, des faciès particuliers. Nous aurons ainsi réuni tous les documents relatifs à la distribution des animaux du bassin méditerranéen français, et nous aurons indiqué. exactement l’état de nos connaissances. — i5 — I. — SABLES VASEUX AU SUD DE MAÏRÉ, PROFONDEUR = 65 A 70 MÈTRES; ET VASE SABLEUSE DE 75, 80 ET 90 MÈTRES, PAR LE TRAVERS DE RIOU. En dehors de l’île de Maire, au pied de Mangespen et des hauts fonds de Planier, le sol sous-marin est occupé par un sable plus ou moins vaseux, suivant les points. Près de la côte, la vase est assez abondante; elle devient presque pure plus au large, à mesure que l’on pénètre dans une sorte de prolongement déta- ché des grands fonds boueux de la région ouest. Enfin, au-delà de cette bande vaseuse, les sables sont plus homogènes et descendent jusqu’à deux cents mètres. Le fond est d’ailleurs assez régulier, et s’incline progressivement sans secousses jusqu’à la falaise Peyssonnel. — Bien que les caractères des sédiments ne diffè- rent guère, d’un point à un autre, que par la proportion de vase mélangée au sable ou aux débris de coquilles, il faut délimiter sur ce plateau littoral des zones zoologiques distinctes. C’est ainsi que l’on atteint à son extrémité, vers deux cents mètres, l’habitat des Brachiopodes, et que, par contre, les portions voisines de la côte sont très analogues aux sables vaseux du golfe lui-même. Nous considérons ici les régions les plus rapprochées de l’île de Maïré. Elles sont indiquées sur la carte par le signe P. st. 6, qui se rapporte aux dragages opérés par le Laboratoire de Marseille à l’aide du remorqueur le Progrès. Le fond est un sable vaseux gris jaunâtre, dans lequel abondent les filaments décomposés des feuilles de Posidonies. Un courant d’est assez fort et permanent entraîne ces débris des prairies qui bordent les îles Riou, Calseraigne et Jarre. Quelques algues croissent dans cette station, à la profondeur de soixante-dix mètres. Ce sont des Zoosporées appartenant à un type ubiquiste, \' Enter omorpha ramulosa Hook., connu dans l’Atlantique jusque dans l’extrême nord, fréquent dans l’Adriatique, et signalé dans le Pacifique autour des îles Marion. Nous avons pu traîner au sud de Maïré de petites dragues et un petit chalut construit à cet effet. Les poissons capturés étaient tous des animaux des endroits vaseux. Les espèces n’étaient pas très variées, mais les individus étaient nombreux. Les Trigla aspera dominaient. On trouvait ensuite : Serranus hepatus, Serranus cabrilla , Gobius quadrimaculatus (espèce fort bien décrite et figurée par Canes- trini), et enfin Pleuronectes conspersus Canestr. (individus parfaitement caracté- risés). La Sepia biserialis et le charmant Gastéropode Gasteropteron Meckelii se montrent à chaque dragage. Les Cœlentérés de ces stations ne sont pas très abondants. Le Cladocora cespi- tosa n’y forme plus que des polypiers précaires dont la plupart des zooïdes sont 6 — morts. On prend encore fréquemment le Cary ophy Ilia clavus et le Balanophyllia Italie a. Il faut noter que cette station offre plus régulièrement que tous les sables vaseux du golfe le beau Pennatula rubra. Les grands Bryozoaires, Eschara fascialis , Myriozoum truncatum, Cellepora ramulosa , ne sont pas rares. A propos des Échinodermes, il faut remarquer que les Echinides ne sont représentés que par Y Echinus acutus. Le type prédominant estl’ Ophiothrix fragilis qui doit littéralement couvrir par places le sol sous-marin. A cette Ophiure sont associés l 'Ophiopsila aranea,YOphio- glypha texturata , YOphioglypha albida , le Stichopus regalis, et une forme de grande taille d ’Antedon rosacea , dont l’avant-dernier article des cirres porte une forte saillie en forme de denticule. L ' Esperia syrinx est l’Éponge habituelle; elle n’abrite que quelques Typton et de petits Alpheus lævimanus Heller. Les autres Crustacés de ce fond appartiennent aux espèces suivantes : Inachus scorpio, Eurynome aspera , Portunus dépurât or, Ebalia Cranchii , Eupa- gurus Lucasii Heller (petit individu), Eupagurus Prideauxii (petit individu), Paguristès maculatus (très petits individus dans de vieilles coquilles de Murex brandaris non recouvertes par les Suberites domuncula ), Crangon cataphractus , Lysianassa longicornis Lucas, Rocinella danmoniensis Leach. (ou espèce très affine). Les Annélides Chétopodes correspondent aux formes que j’ai déjà signalées dans les fonds vaseux de la région N.-O. du golfe, au-delà des îles, dans les points parcourus autrefois par le chalut de la Vaco. J e les énumère ci-dessous en donnant de courtes diagnoses pour deux espèces nouvelles, non encore figurées. Aphrodite aculeata , Hermione hystrix (petits individus), Pholoë synophthalmica. Chrysopet alum fragile , Lagisca extenuata , Hyalinæcia tubicola , Staurocephalus Chiaji , Nephthys scolopendroides , Trophonia eruca, Petta pusilla , Heteroterebella sanguine a, Heterophenacia Reno uar di , nov. spec. (i), Protula Meilhaci , nov. sp. (2), Salmacina incrus tans, Psygmobranchus multicostatus, Vermilia infundi- (1) Heterophenacia Renouardi, Mar. (Dragages profonds au large de Marseille. Note prélimi- naire. Revue des Sciences naturelles , t. IV, mars 1876). — Tube membraneux fixé le plus souvent sur les Spongiaires et encroûté par places de fragments de coquilles et de petits grains de sable. Coloration générale du ver, jaune orange tendre avec deux lignes blanches sur les flancs et des bourrelets uncinigères ventraux blanchâtres. Plus de trente cirres céphaliques, un peu plus clairs que le reste du corps. Premiers groupes branchiaux sur le deuxième segment. La face dorsale est absolument lisse. Soies capillaires à partir du troisième anneau. Tores uncinigères sur le cinquième segment. Les uncini ont une seule série rétrogressive. Ils montrent toujours plus de deux denticules. (2) Protula Meilhaci, Mar. (Dragages profonds, note préliminaire, etc.). — Grand tube, lisse comme celui du Protula intestinum , mais adhérent seulement par son petit bout. Abdomen — I7 — bulum clavigera , Eupomatus pectinatus , Serpula aspera , Branchiomma vigilans , Potamilla reniformis. Trois Siponcles se rencontrent assez abondamment, Aspido siphon scutatum (les uns dans les tubes des Serpules, les autres dans des Dentales), Phascolion Strombi (dans des tubes de Vermilies ou de Dentales et portant des Loxosomes), Phascolosoma margaritaceum. La liste des Mollusques ne comprend encore que des espèces des fonds du golfe : Pecten opercularis , var. Audouini. P e et en similis. Pécten Testæ. Lima Loscombii. Nucula nucléus. Nucula nitida. Lembulus pella. Lembulus commutatus. Area Polii. Area lactea. Lucina borealis. Lucina spinifera. Cardium papillosum. Cardium minimum. Car dit a aculeata. Venus ovata. Venus rudis. Astarte fusca. Tellina serrata. Syndosmia alba. Syndosmia prismatica. Lyonsia norvegica. Corbula gibba. couleur cinabre avec une légère teinte blanche à la face ventrale. Membrane thoracique de même aspect. Collerette blanc verdâtre avec quelques taches rouges. Branchies d’un blanc rosé à la base avec des taches rouge et orange sur les tiges. D’ordinaire seize paires d’ocelles pour chaque tige. L’armature du thorax est identique à celle du Protula intestinum , mais à l’abdomen le Protula Meilhaci porte des soies en serpe bien particulières, analogues à celles des Psygmobranchus et des Apomatus. 3-2 Neæra cuspidata. Neæra cos tell ata. Saxicava rugosa. Dentalium dentalis. Calyptræa chinensis. Trochus millegranus. Cæcum trachea. Cæcum subannulatum. Turritella communis. Eulima distorta. Natica intermedia. Chenopus pes-pelicani. Murex brandaris. Trophon Brocchii. Trophon muricatus. Nassa pygmæa. Pleurotoma Ginnoniana. Pleurotoma gracilis. Cylichna cylindracea. Actæon tornatilis. Bulla utriculus. Philine aperta. On le voit , cette première station ne nous fait encore connaître aucune association animale nouvelle. Son faciès est bien à peu près le même que celui des vases et des sables vaseux que nous avons déjà étudiés dans la rade de Marseille. En descendant encore un peu plus profondément, c’est-à-dire en gagnant le large, vers le travers de Riou, par soixante-quinze, quatre-vingts et quatre-vingt-dix mètres, ces mêmes caractères persistent en grande partie ; toute- fois les Spongiaires deviennent plus fréquents et parmi eux dominent les Esperia foraminosa , Sarcotragus spinulosus , Axinella cinnamomea , Esperia syrinx. Ces espèces n’abritent plus le Typton spongicola , mais sont pleines d’ Anonyx Edwardsi. Les beaux Gasteropteron Meckelii sont toujours très nombreux. On pénètre dans une zone plus vaseuse. Les poissons recueillis sont : Gadus minutus (très nombreux, mais tous de petite taille). Serranus cabrilla (assez gros, mais décolorés). Serranus hepatus (nombreux et de couleurs ternes). Peristedion cataphractum (nombreux et de belle couleur rouge). 9 — Trigla aspera (abondants et normaux). Trigla cuculus (assez fréquents). Gobius quadrimaculatus (nombreux). Pleuronectes conspersus (assez communs). Microchirus variegatus (nombreux et de belle taille, teintes foncées). Cepola rubescens (nombreux et grands individus avec des couleurs splendides rouges et bleues). Sebastes dactyloptera (un seul individu d’un beau rouge). Le filet nous a donné en assez grande quantité les quatre Céphalopodes suivants : Eledone Aldrovandi, Ociopus Salutii , Sepia èlegans , Sepia biseyialis. Citons encore : de gros cormus de Boiryllus Schlosseri , le Penœus siphonoceros , hôte ordinaire des fonds vaseux, Y Echinaster sepositus qui atteint presque ici la limite extrême de son habitat et qui se trouve associé à Stichopus regalis , Cucumaria Marioni (rare), Ophiothrix fragilis, Ophioglypha texturata , Echinus acutus. Les Caryophyllia clavus persistent en grande abondance. II. - GRAVIERS VASEUX AU SUD DE RIO U ET DE P LANIER. DE ioo A zoo MÈTRES. La région dans laquelle nous pénétrons va nous offrir une faune typique , comprenant un grand nombre d’espèces intéressantes. Cette région est indiquée sur notre carte par les stations i et 2 de nos anciens dragages du bateau le Progrès , et par les dragages plus récents marqués P. Quelques pêches au palangre ont été exécutées dans ces mêmes fonds et nous ont fourni les principaux poissons qui les habitent ; nous les énumérerons en premier lieu. Pristiurus melanostomus , Blainville (rare). Carcharias glaucus , Rond, (assez fréquent), Cagnaou. Spinax niger , Cloq. (assez fréquent). Scyllium canicula , Cuv. (très commun), Pinto-rousso. Mustelus vulgaris , Mull. (assez fréquent), Misolo. Rdia bâtis , L. (fréquent). Lophius bud'egassa , Sp. (rare). Trigla cuculus , Rond, (assez commun). Trigla gurnar dus, L. (commun). Trigla milvus , Rond, (commun). Trigla lyra3 Rond, (commun). 20 Trigla corax , Rond, (commun). Trigla aspera, Rond, (commun). Serranus cabrilla , L. (peu commun, grands individus à teintes pâles). Anthias sacer , Rond, (peu commun) Castagnolo rougeo (i). Cepola rubescens , Rond, (assez commun). Pagellus centrodontus , Delar. (assez fréquent). Labrus mixtus , Fries, (assez rare) (2). Julis vulgaris var. speciosa , Risso (peu commune) (3). Gadus minutus , L. (rare). Merlucius vulgaris, Bell, (assez commun). Ophisurus serpéns, L. (rare). Conger vulgaris, Cuv. (rare, petits individus décolorés). Les Céphalopodes semblent assez fréquents, si nous en jugeons d’après les diverses sortes d’œufs que la drague ramène en retirant les Spongiaires. Nous n’avons cependant capturé que les S épia elegans , Sepia biserialis, Octopus catenulatus. Sans nous engager plus avant dans l’énumération des Invertébrés de ces fonds, nous pouvons donner déjà une idée générale des caractères de la faune, en signa- lant les types qui sont spéciaux à cette zone et les particularités que leur associa- tion peut offrir. (1) Beaux individus avec des teintes vives. L’espèce est toujours rare sur nos côtes. On la prend cependant quelquefois plus près du rivage, autour des roches sous-marines, par trente à quarante mètres de profondeur seulement. (2) Ce Labre correspond suivant les sexes au L. trimaculatus ou au L. mixtus. L’individu que j’ai sous les yeux, provenant de ces stations profondes (xoo à 120 mètres), est une femelle longue de vingt-quatre centimètres. La teinte générale, ordinairement rouge et jaunâtre, est très pâle; cependant tous les ornements sont encore reconnaissables, par exemple les quatre taches blanches qui alternent sur le dos avec les trois taches noires. — Le Labrus jnixtus n’est pas très commun dans le golfe de Marseille. Il fréquente cependant d’ordinaire les prairies de Zostères et les fonds coralligènes. Les femelles semblent plus abondantes que les mâles. (3) Risso avait considéré cette forme de Girelle comme une espèce nouvelle. Il ne faut la regar- der que comme une variété liée à la vie dans les grands fonds. Les Girelles sont extraordinairement abondantes sur nos côtes; elles vivent en bandes dans les prairies de Zostères, depuis la côte jusqu’à la limite inférieure. On les voit sur les fonds de sable. Le pêcheur à la palangrote les rencontre dans les sables coralligènes, dans la broundo. Toutes ces bandes sont formées d’individus ordinairement de petite taille et à livrée brillante. Les Girelles que nous avons prises à cent vingt mètres de profondeur atteignaient, au contraire, vingt-cinq centimètres de longueur. Dans ces stations qui ne sont point troublées par la pêche, les poissons en vieillissant acquièrent une taille exceptionnelle. Mais, fait plus intéressant encore, leur Tandis que dans les sables vaseux moins profonds les Solénoconques sont repré- sentés parle Dentalium dentalis , ce mollusque est remplacé ici par le Dentalium panormeum Chenu, espèce méditerranéenne et adriatique, bien distincte de la précédente et exactement parquée sur cet horizon. Quelques animaux de la faune abyssale font leur apparition. Tel est le cas du Lophogaster typicus , l’intéressant Sçhizopode dragué pour la première fois par Sars, à de grandes profondeurs, sur les côtes de la Norwège. Parmi les êtres des stations littorales qui descendent dans ces régions, la plupart revêtent un faciès particulier, prennent des teintes pâles, et arrêtés dans leur croissance, semblent des individus rabougris. Les zoolo- gistes ont eu l’occasion de signaler des faits analogues chez les invertébrés sortis du domaine ordinaire du type auquel ils appartiennent, ou élevés dans un milieu confiné ; mais nous n’accordions à ce phénomène qu’une faible importance, jus- qu’au moment où nos dragages nous ont montré qu’il est bien plus général que nous ne pouvions le supposer à priori. Nous en citerons quelques exemples. Le Paguristes maculatus abonde dans les prairies littorales de zostères et se loge dans de vieilles coquilles complètement recouvertes par l’éponge en forme d’orange, Suberites domuncula. Dans ces conditions, le crustacé anomoure atteint sa taille maximum et porte toujours une livrée brillante et très vive. Au sud de coloration se modifie, ce qui indique bien que les grosses Girelles dont il s’agit ne fréquentent que les grands fonds et ne se rapprochent pas de la côte. Nous allons essayer de décrire les changements de livrée chez cette forme speciosa. Sur nos Girelles côtières vulgaires, la teinte bleue domine. Elle occupe toute la largeur du dos et descend sur la région ventrale. La ligne des flancs consiste en une bande orange très large, déchique- tée par des sortes de crénelures, mais cependant parfaitement continue. Une tache d’un noir bleuâtre, à contours vagues, est jetée sur cette bande en arrière de l’opercule et de la nageoire pectorale. On peut constater d’abord, chez les Girelles des grands fonds, que la teinte bleue a disparu. Le dos est d’un rouge carminé assez vif passant au violet. Le ventre est blanchâtre légèrement lavé de rouge en remontant sur les flancs. La bande longitudinale latérale, orange, qui chez les individus de la côte va du museau à la queue, est remplacée par une série de bandes irrégulières verticales, d’un jaune de chrome clair. Entre ces taches s’étend le rouge vineux de la région dorsale. La décoloration subie par l’animal a diminué le pigment de la bande latérale et a fortement éteint son intensité. Sur la tête, cette même zone s’est fondue en taches irrégulières. La macule bleue de la base de l’opercule est cependant encore très accentuée. D’autre part, la tache irrégulière noire de la région pectorale est devenue plus nette. La goutte indigo des premiers rayons de la région dorsale persiste, mais la belle bordure rouge qui la surmonte, chez les individus ordinaires, a fait place à une tache jaune de chrome, numéro 2. — Il faut encore remarquer que les premiers rayons durs de la dorsale ne dépassent que faiblement les suivants. De plus, les ventrales sont presque aussi longues que les pectorales. Je ne puis rien dire sur la distribution bathymétrique du Julis speciosa de Nice; toutefois je puis affirmer que les modifications que je viens de signaler ne s’offrent sur nos côtes que chez les individus des grandes profondeurs. 22 — Riou, dans les fonds dont nous nous occupons en ce moment, l’espèce n’est plus représentée que par des individus décolorés, plus petits de moitié que ceux de la côte et abrités par des coquilles sur lesquelles les Suberites ne sont pas fixés. Une autre espèce du même groupe, Y Eupagurus Prideauxii , le commensal ordi- naire delà gracieuse Actinie, Adamsia palliata , se propage jusque vers deux cents et même deux cent cinquante mètres ; mais ce n’est plus dans ces stations qu’un animal nain et ses belles couleurs ont entièrement disparu. Il est souvent privé de son Actinie, et lorsque celle-ci lui est associée, elle a subi comme son compagnon une décoloration complète et une diminution de taille. Au-dessous de cent mètres, Y Inachus scorpiso, tout en conservant la faculté de se reproduire, ne dépasse pas les deux tiers du volume normal. Il en est de même pour le Scalpêllum vulgare , pour les Amphiura Chiajei et filiformis , pour les Scaphander lignarius. Chez un Lamelli- branche, Venus rudis, les couleurs ont également disparu, la taille s’est extrême- ment réduite, les contours se sont un peu modifiés et l’animal a pris les caractères de la forme dite Venus mediterranea var. minor. Si l’on accepte les idées de Gwyn Jefireys sur les liens de parenté supposés entre le Kelliella abyssicola de Sars et Y Isocardia cor qui ne serait que la forme adulte de la première, ces arrêts de développement seraient susceptibles de dédoubler, pour ainsi dire, une seule espèce en deux types morphologiquement distincts et capables de se repro- duire également, l’un parqué dans les grands fonds ( Kelliella J, l’autre habi- tant dans les stations moyennes, où les jeunes C Kelliella) existent aussi. Cette curieuse particularité rappelle à certains points de vue les Amblystomes et les Axolotls. Nous ne devrions pas être beaucoup plus surpris si nous avions sous les yeux un crustacé décapode dont les larves zoéennes, parquées dans un milieu spécial et arrêtées dans leur développement, se reproduiraient sans atteindre le stade définitif. Mais ce n’est pas le cas de développer ici ces questions. De même que le Dentalium panormeum remplace dans les graviers vaseux du large le Dentalium dentalis , la Comatule de la côte cède la place à Y Ante don pha- langium qui en certains points doit couvrir absolument le fond, et que la drague rapporte toujours en grandes quantités. D’autre part, le Lophogaster typicus est le seul crustacé abyssal découvert jusqu’ici dans cette zone où nous rencon- trons encore YEthusa mascarone , dont le type est représenté plus bas par une espèce fort intéressante , trouvée en premier lieu dans les abîmes atlantiques, Y Ethusa granulata de notre excellent confrère le Révérend M. Norman. Dans cette même région de graviers, correspondant aux profondeurs de cent à deux cents mètres, se montre la Venus effossa, belle et rare espèce méditerranéenne, qui existait déjà dans la Méditerranée pliocène et qui tend à disparaître peu à peu comme d’autres mollusques analogues. En divers points de ce vaste plateau, se prolongeant vers le sud entre Riou et — 23 — Planier, jusqu’à la falaise Peyssonnel, et surtout à l’ouest où la vase domine, les Spongiaires sont très abondants et appartiennent principalement aux formes des fonds vaseux du golfe de Marseille mentionnées dans un autre mémoire. Les Tethya cranium et lyncurium , les Papillina suberea , les Isodictya Ingallii , sont très fréquents, associés à diverses espèces de Stellata , de Desmacidon , de Reniera , de Chalina , de Spongelia , etc. — Sur ces Éponges sont fixés les tubes du Serpula crater , du Protula Meilhaci , de Y Heterophenacia Renouardi et ceux des Salmacina groupés en touffes assez grandes. — Sur Y Isodictya on voit souvent une grande espèce de Zoanthus ( Zoanthus Afor/o/z/, Jourdan : Recherches zoologiques et his- tologiques sur les Zoanthaires du golfe de Marseille'). — Parmi les types les plus curieux de Spongiaires de ces parties vaseuses, il faut citer le Suberites claviger , O. Sch. (i) et le Chalina fangophila, O. Schm., que l’on trouve également dans la vase profonde de la région N. -O. du golfe, mais qui sont rares partout. Il nous reste à énumérer rapidement les principales espèces de Coelentérés, d’Échinodermes, de Vers, d’Arthropodes et de Mollusques réunies dans cette zone. CŒLENTÉRÉS : Zoanthaires : Adamsia palliatai petits individus complète- ment décolorés et associés au Pagure. Phellia elongata , individus de petite taille dont le revê- tement cuticulaire est mince et aisément caduc. Gephyra Dohrnii , groupes assez nombreux, sur des Aglaophenia. Zoanthus Marioni , colonies fixées sur les Isodictya. Caryophyllia clavus , très nombreux individus sur les scories et sur les vieilles coquilles, tous de petite taille. Paracyathus pulchellus , espèce rare sur nos côtes et affectionnant les grands fonds. Hydraires : Clytia Johnstoni. Aglaophenia myriophyllum , grands exemplaires portant quelquefois des Proneomenia gorgonophila. Gonothyrea gracilis, sur les Spongiaires. Antennularia antennina , très grêles. Halecium halecinum. Campanularia exigua. Obelia dichotoma. (i) O. Schmidt. Die Spongien des Meerbusen von Mexico. II Heft, p. 80, pl. IX, fig. I. CŒLENTÉRÉS : Alcyonaires : Pennatula rubra, beaux exemplaires sembla- bles à ceux delà station côtière étudiée plus haut; pas très rare. Alcy onium palmatum . (Il est intéressant de constater que les deux formes sont représentées dans ces fonds par des individus tantôt envasés, tantôt fixés sur des scories ou sur des coquilles mortes. Mais, dans les deux cas, les tissus de ces Alcyons sont beaucoup moins encroûtés de sclérites que chez les cormus côtiers, de telle sorte que les caractères différentiels des deux races tendent ici à s’effacer et ne résident plus qüe dans l’existence ou l’absence d’une région pédonculaire dépourvue de zooïdes). ÉCHINODERMES : Les Échinodermes les plus fréquents sont incontestable- ment, ainsi que nous le disions plus haut, les Antedon phalangium. On trouve associés à ces Comatules, de très petits individus qui semblent des Antedon rosacea rabougris. A ces deux Crinoïdes viennent s’adjoindre de nombreux Echinus acutus de taille moyenne, des Dorocidaris papillata de petite taille et munis de longs radioles aigus, de petits Echinocardium flavescens. Les Holothuridés appartiennent à quatre espèces : Thyone raphanus (espèce qui n’avait pas été jusqu’ici observée dans la Méditerranée), Cucumaria Marioni (Marenzeller, Beitr . z. Hol. Fauna d. Mittelmeeres ), Cucumaria Planci , Phyllophorus urna (rare). Les Astérides et les Ophiures sont assez abondantes et donnent lieu à d’in- téressantes remarques. On trouve surtout des Ophioglypha dont les uns, les plus grands, correspondent à l’O. lacertosa , et dont les autres, les plus petits, se rap- prochent de l’O. albida en présentant quelquefois des caractères qui tendent vers ceux de l’O. affinis. D’autre part, quelques grands O. lacertosa se rappro- chent également par diverses particularités de cette même forme affinis, de telle manière que les trois types sont rattachés par des transitions bien ménagées. — Citons encore parmi ces Échinodermes : Ophiothrix alopecurus, Amphiura squa- mata et Astropecten Muller i (i). (i) Astropecten Mulleri, Mull. et Trosch. — C’est la première fois que cette espèce est indi- quée dans la Méditerranée. Elle est signalée d’ordinaire des côtes occidentales de la Suède. Nous — 25 — VERS : Les Géphyriens sont les mêmes qu’à la station précédente : Aspldosiphon scutatum (dans les coquilles de Trophon muricatus ), et Phascolion Strombi. Tous les Bryozoaires appartiennent à des types dont les cor- mus n’atteignent pas de fortes dimensions : Salicornaria farciminôides , Carbasea papyrea var. Mazeli (Marion : Dragages au large de Mar- seille, p. 83, fig. 10), Lepralia ciliata , Tubulipora transversa, Idmonea Meneghinii (Heller, Bryoz. d. Adr. Meeres, pl. III, fig. 6-7), Pustulo- pora deflexa , Discoparsa patina, Lepralia annulata (sur le Paracyathus), Frondipora reticulata (un petit cormus mort). On prend quelquefois la variété minor de la Terebratula vitrea; mais, d’une manière générale, la station des Brachiopodes esta la limite extrême de cette zone, dans les parties les plus profondes, dont nous dirons quelques mots à la fin de ce paragraphe. adoptons pour la désigner le terme spécifique proposé par Muller et Troschel, réservant la question d’antériorité du nom d 'Astr. irregularis employé par Linck. Nous avons pu comparer les échantillons pris au sud de l’île de Riou, par cent huit mètres, avec des Astr. Mulleri de Suède que nous devons à l’obligeance du professeur Lôven, et nous avons retrouvé tous les caractères principaux sur les divers individus. Il est facile de distinguer d’ailleurs nos échantillons d’un Astr. aurantiacus à peu près de même taille. Quoique plus courts, les bras de Y Astr. Mulleri ont de chaque côté trente plaques marginales, tandis que Y aurantiacus n’en porte que vingt-sept. Nous trouvons également trente plaques marginales sur les petits individus de Suède et trente-huit sur les plus grands. Ces plaques marginales sont beaucoup plus armées chez l’espèce commune Astr. aurantiacus. En effet, chez elle, indépendamment des petits bâtonnets qui couvrent les plaques, on voit au centre un fort piquant épais et conique. A mesure que l’on considère des plaques voisines de la base des bras, cette pointe devient plus longue et se rapproche davantage du bord interne. Enfin, chez Astr. auran- tiacus, les plaques marginales qui bordent les parties concaves du disque, entre les bras, portent égale- ment des piquants assez forts. On constate précisément une structure inverse chez Y Astr. Mulleri des grands fonds de Riou. Les plaques marginales de la base des bras sont absolument dépourvues de piquants et ce n’est que sur les plaques de la région moyenne que l’on distingue, vers le bord externe , une petite tubérosité représentant un piquant mousse et très peu saillant. Nous devons remarquer que ce caractère est encore plus accentué sur nos individus méditerranéens que chez les échantillons atlantiques. Disons enfin que chez les Astr. Mulleri des deux mers, la plaque madréporique est beaucoup plus éloignée du bord du disque que chez Y Astr. aurantiacus ; elle offre aussi des sillons plus réguliers, à peu près tous droits et parallèles, tandis qu’ils sont contournés chez l’espèce vulgaire. L 'Astr. Mulleri de Marseille présente à l’état vivant une jolie couleur orange teintée de rose, plus intense vers la pointe des bras. 4-2 — 26 — Les Annélides Chétopodes sont variées et nombreuses. Nous allons énumérer les principales espèces. Polynoë ( Evarne ) antilopes , M. Int. (i). Lagisca extenuata , Grube. Nephthys scolopendro'ides , D. Ch. Eunice vittata, D. Ch. Hyalinæcia tubicola , Muller (rares et petits individus). Lumbriconereis fragilis , Mull. Glycera tessellata , Grube. Typosyllis variegata , Grube (décolorés). Typosyllis hyalina , Grube. Ehlersia cornuta , Rathke. Haplosyllis hamata var. tentaculata, Mar. (2). Trypanosyllis zébra , Grube. Trypanosyllis cæliaca, Clap. Autolytus prolifer , O. Mull. Odontosyllis gibba, Clap. Notophyllum foliosum , Sars. Psammathe cirrata , Kef. Chætopterus variopedatus , Ranz. (3). Heterophenacia Renouardi , Mar. Sabellides octocirrata var. mediterranea (4). Ephesia gracilis3 Rathke. Euchone rubrocincta , Sars (5). Potamilla reniformis3 Mull. Salmacina incrustant, Clap. Psygmobranchus intermedius , Mar. (6). Apomatus ampulliferus , Ph. (1) Harmothoe antilopes, M’Intosh. — Evarne Mazeli, Marion, Dragages profonds, note prélimi- naire. — Evarne antilopes, Marion, Dragages au large de Marseille, p. 13, fig. I. Méditerranée, Atlantique. (2) Marion, Dragages au large de Marseille, p. 19, fig. 4. (3) Petits individus atteignant à peine la moitié de la taille ordinaire. (4) Marion, Dragages, p. 21, fig. 5, variété de l’espèce norwégienne. (5) Espèce nouvelle pour la faune méditerranéenne. (6) Marion, Dragages, p. 28, fig. 7. — 27 — Protula Meilhaci , Mr. Apomatus similis , Mar. et Bobr. Spirorbis Beneti , Mar. (i). Serpula crater , Clap. Eupomatus pectinatus, Ph. (forme trypanon Cl.). Quatre espèces de cette liste, le Polynoe antilopes , les Sabellides octocirrata , YEphesia gracilis , le Spirorbis Beneti , n’ont pas été recueillies encore dans d’autres fonds. Les Heterophenacia , les E uni ce, les Syllidiens , les Salmacines et les Protules sont les plus fréquentes. Nous pouvons enfin signaler parmi les vers de cette région le curieux Nemertien Drepanophorus spectabilis. CRUSTACÉS : Stenorhynchus longirostris (individus normaux, mais rares). Stenorhynchus œgyptius (rare, 2 pointes de chaque côté de l’épistome). Inachus scorpio (fréquent, un tiers de la taille ordinaire). Eurynome aspera (fréquent, taille habituelle). Xantho tuberculatus (rare, trouvé seulement dans les grands fonds, au large). Ebalia Cranchii (caractères ordinaires). Ethusa mascarone (rare et de petite taille). Homola Cuvieri (très rare). Eupagurus Prideauxii (petits et décolorés). Pagurus striatus (grand individu dans une Ranelle et en commensalisme avec des Callactis effœta décolorés). Galathea nexa (2). Lophogaster typicus (identique aux exemplaires de Norwège). Scalpellum vulgare (petits individus). (1) Marion, Dragages, p. 29, fig. 8. (2) Les Galathées de ces fonds correspondent bien, par leurs pattes-mâchoires externes et par leur faciès général, aux figures de Galathea nexa données par Kinahan [On the britannic species of Crangon and Galathea, pl. XI) ; mais Th. Barrois (Catalogue des Crustacés podophthalmes de Concarneau) attribue à la nexa une patte-mâchoire différente du dessin de Kinahan et de l’organe de mes bêtes . De nouvelles études sont nécessaires pour fixer la question. D’ailleurs, la figure de patte-mâchoire externe du Galathea spuamifera représentée dans le même tra- vail par Th. Barrois est inexacte et ne correspond nullement au membre des animaux méditerranéens de cette espèce, membre qui, au contraire, ressemble davantage à la patte-mâchoire de l’espèce que le jeune naturaliste de Lille appelle Galathea Giardi. Il est évident que Barrois a été trompé par les figures inexactes données par Heller dans ses Crus- taceen des sudlichen Europa, pl. VI. Si l’on ajoute que les espèces anglaises sont bien mal décrites, on — 28 — MOLLUSQUES : Anomia patelliformis , L. Pecten varius , L. Pecten opercularis var.Audouini . Pecten inflexus , Poli. Pecten Testæ , Biv. Limea nivea, Br. Avicula tarentina , Lmk., minor. Pinna pernula, Chemn., minor. Modiola ploaseolina , Ph. Modiolaria costulata , Risso. Nucula sulcata , Bronn. Nucula nucléus, L., minima et hyalina. Nucula nitida, S. B. Sow. Lembulus commutât us, Ph. Area tetragona. Poli. Lucina spinifera, Mtg. Cardium aculeatum, L. Cardium echinatum, L. Cardium papillosum. Poli. Cardium fasciatum, Mtg. Cardium oblongum, Chemn. Cardium minimum , Ph. Cardita aculeata, Poli. Kelliella abyssicola , Sars. Astarte sulcata, Da Costa. Circe minima , Mtg. Venus casina var. Rusterucii, Pay. Venus effossa, Biv. (valves). Venus Brongniarti, Payr. Venus ouata , Penn. Venus rudis var. mediterranea, Tib. (i). fera aisément comprendre qu’une révision de nos Galathées méditerranéennes est indispensable. Je la publierai sous peu. Il me semble évident que le livre de Heller contient une confusion et que la figure 3, pl. VI, doit être attribuée à la G. squamifera et la figure 4 à la nexa. Barrois a reproduit ces dessins sans reconnaître l’erreur de l’auteur autrichien. ( 1 ) Les coquilles de cette espèce sont absolument blanches et demeurent toutes de petite taille. Il est facile de constater une diminution progressive de la coloration et des dimensions à mesure que l’on quitte la côte et que l’on descend dans les profondeurs. A cent vingt mètres de fond, les Venus rudis var. mediterranea ne dépassent pas un centimètre. — 29 — Tellina serrata, Brocchi. Lutraria elliptica , Lk. Syndosmia prismatica , Mtg. Lyonsia norvegica , Chm. Neæra costellata , Desh. Neæra rostrata , Spengl. Corbula gibba , Olivi. Saxicava rugosa, L. Dentalium Panormeum , Chemn. Calyptrœa chinensis , L. Trochus millegranus , Ph. Trochus granulatus , Born. Cæcum trachea , Mtg. Cæcum auriculatum , de Folin. Turritella tricarinata , Br. Acirsa subdecussata , Cantr. Eulima bilineata , Aid. Eulima intermedia , Cantr. Lamellaria perspicua, L. Cerithiolum scabrum , Olivi. Triforis pervers a, L. Triton no di fer us , Lk. Ranella gigantea, Lk. Murex erinaceus , L. Murex diadema , Arad. Trophon rostratus , Olivi. Trophon Brocchii , Mtr. Trophon muricatus, Mtg. Trophon vaginatus , Crist. Nas sa limât a , Chemn. Nas sa pygmæa , Lk. Pleurotoma gracilis , Mtg. Pleurotoma linearis , Mtg. Marginella lœvis , Donov. Cyprœa europæa, Mtg. (i). Cylichna Jeffrey si, Weinck. (i) Variété lisse. — 3o — Scaphander lignarius , L. (i). Phi line scabra, Muller. Nous devons, en terminant cette énumération, signaler un Tunicier, le Diazona violacea dont les groupes se montrent assez souvent dans les dragues. Il nous faut enfin indiquer que, vers la falaise Peyssonnel, la profondeur atteint cent quarante, cent soixante-dix et deux cents mètres, sans que les sédiments changent notablement de nature. La faune est constituée par la plupart des espèces précédentes ; mais quelques-unes deviennent plus abondantes. Ainsi les Dorocidaris papillata et les grandes Terebratula vitrea sont les hôtes ordinaires de cette partie profonde du plateau côtier. On y trouve encore le Buccinum Hum- phreysianum , Bennet. En résumé, la région de graviers et de sables vaseux s’étendant de Riou jusqu’à la falaise sous-marine, depuis cent jusqu’à deux cents mètres, constitue un horizon zoologique spécial. En la parcourant, nous ne sortons pas du domaine de la faune méditerranéenne, mais nous atteignons son extrême limite, puisque déjà quelques espèces abyssales apparaissent. Pour la caractériser, nous ne tiendrons pas compte des êtres qui n’y sont pas confinés et nous l’appellerons la zone des Antedon pha- langium , des Dorocidaris papillata , du Venus ejfossa, du Dentalium panormeum, de YAstarte sulcata. Ces animaux peuvent se rapprocher de la côte, ou se propager un peu plus bas avec le Necera rostrata , le Nucula sulcata , le Terebratula vitrea , mais le centre de leur habitat est bien dans les fonds que nous venons de décrire. III. — PLATEAU MARSILLI. — VASE GLUANTE PAR 300-450 MÈTRES. LIMITE SUPÉRIEURE DE LA FAUNE ABYSSALE. On peut voir sur la carte annexée à ce mémoire que le plateau Marsilli constitue une sorte de bande boueuse comprise entre deux lignes abruptes correspondant à une bifurcation de la falaise Peyssonnel. Le sol est d’ailleurs assez accidenté. La ligne de dragage et de sondage marquée par les lettres P et T (dragage du Progrès , sondage du Travailleur') indique une différence de soixante-dix mètres entre la région nord et le bord sud. En se dirigeant vers l’ouest, les accidents du fond disparaissent peu à peu, en faisant place à une pente assez raide, mais régulière, s’arrêtant à la partie sud de la falaise, qui persiste sous forme d’un abrupte de 300 mètres de haut. (1) Individus atteignant à peine le tiers de la taille normale et de teintes claires. — 3i — Nous ne connaissons encore la faune de ce plateau que par un dragage opéré en 1875 (P. st. 3) et par quelques pêches au palangre faites dans les parages de l’ouest; mais les espèces recueillies sont toutes significatives et elles annoncent clairement la faune abyssale. Cette région, peu profonde et cependant déjà habitée par les animaux des grands fonds, méritait une mention spéciale. En continuant les explorations vers l’est, nous reconnaîtrons que des stations analogues existent au-delà du banc des Blauquières, mais sur un sol tellement irrégulier que les dragages y sont à peu près impossibles. Le plateau Marsilli est donc désigné naturellement pour les opérations futures. Le limon qui l’occupe est très gluant et d’une couleur jaunâtre. Dans les parties étudiées jusqu’ici, la vie est singulièrement diminuée. Il y aura lieu de recher- cher plus tard si, vers l’ouest, dans les points où le fond passe sans ressauts, à l’aide d’une pente régulière, de la zone vaso-sableuse, par cent à deux cents mètres, aux limons gluants de trois cents à quatre cents mètres, le mélange des faunes ne s’effectue pas plus intimement. C’est dans cette région que nous avons pris au palangre, vers trois cents mètres, la Chimœra monstrosa , le Lœmargus rostratus et le Merlucius vulgaris. A la station 3 (voir la carte), par trois cent cinquante mètres, nous avons reconnu une association intéressante d’invertébrés. Nous allons en signaler les différentes espèces. Les Echinodermes ne sont représentés jusqu’ici que par deux espèces d’Ophiu- rides, les Amphiura Chiajei , Forbes, et Amphiura filiformis , O.-F. Muller. Les échantillons sont tous de petite taille. Nous insistons de nouveau sur cette réduc- tion des proportions ordinaires des animaux de ces régions, soit chez les types côtiers descendus dans la zone abyssale, soit chez les formes abyssales atlantiques soumises aux conditions défavorables de la Méditerranée. L’intérêt le plus grand de notre dragage sur le plateau Marsilli consiste dans la découverte d’une belle espèce de Balanoglosse , du groupe du Balanoglossus minutus. La région post-branchiale de cet animal est dépourvue de protubérances hépatiques. On sait que la distinction spécifique des Entéropneustes est difficile, par suite de l’absence d’organes externes diversement façonnés. Notre individu a cependant ses caractères propres dans la forme du collier et la structure branchiale. Nous pensons qu’il appartient au type déjà rencontré à l’entrée de la Méditerranée, dans les grands fonds, par les zoologistes du Porcupine. — M. Intosh parle incidemment, au cours de ses belles études sur les Némertiens, d’un Balanoglosse pris dans ces conditions. Les Entéropneustes sont évidemment répandus dans toutes les mers et ils pénètrent jusque dans les régions les plus profondes. Nous n’avons trouvé jusqu’ici sur les côtes de Provence aucun repré- — 32 — sentant du groupe dans les stations littorales. Le Balanoglosse du plateau Mar- silli a été désigné par nous sous le nom de B. Talaboti ; nous en donnerons bientôt la figure. Les vers retirés par la drague ne se rapportent qu’à deux espèces, une Annélide Chétopode et un Géphyrien. L’ Annélide est Y Euphrosyne Audouini qui existe déjà à la côte sur les rhizomes des Posidonies. Le Géphyrien donne lieu à quelques remarques intéressantes. Il appartient au genre Aspidosiphon et il est représenté par un assez grand nombre d’exemplaires. Les uns étaient contenus dans les coquilles du Nassa limata , les autres dans les tubes d’un Solénoconqne spécial, le Dentalium agile. Les Aspi- dosiphon des Nassa sont des individus de très petite taille sans doute, mais les rugosités constituant leurs deux boucliers n’offrent rien de particulier. On peut à peine constater que leur trompe est relativement plus longue que chez les Aspidosiphon des fonds coralligènes. Ceux logés dans les tubes du Dentalium agile ont un tout autre aspect. Leur bouclier antérieur n’est plus formé que par des rugosités à peine saillantes. Le bouclier postérieur a une pointe excentrique et des contours particuliers. La forme générale est plus grêle. On peut considérer ces Siponculides comme une race spéciale bien nette. Nous n’avons à signaler aussi que deux Crustacés, le Xantho tubèrculatus , déjà recueilli dans les graviers du plateau côtier, et l’espèce abyssale atlantique Ethusa granulata , Norman, que M. Alph. Milne-Edwards rapporte à son genre Cymo- nomus. Les échantillons méditerranéens sont plus petits que ceux du golfe de Gascogne et des mers britanniques. On sait que le type possède aux Antilles, dans les profondeurs, une espèce très affine. Les Brachiopodes se multiplient beaucoup dans ces fonds. — Les grandes Terebratula vitrea se montrent fixées sur les scories rejetées par les bateaux ou sur les coquilles mortes. La variété minor est plus fréquente. On trouve encore les Terebratulina caput-serpentis et Megerlia truncata. Le limon gluant du plateau Marsilli, comme celui des plus grands fonds, contient en abondance les dépouilles délicates des Hétéropodes, Clio pyramidata et Hyalëa uncinata , tombées de la surface ; il est habité par des Gastéropodes et des Lamellibranches intéressants, mais peu nombreux. Nous pouvons mentionner vingt espèces, et il importe de remarquer que les échantillons morts sont en majorité. Spondylus Gussoni , O.-G. Costa. Pleuron'ectia fenestrata, Forbes. Pecten inflexus , Poli. Pecten vitreus , Chemn. — 33 - Limea nivea, Brocchi. Area scabra , Poli. Nucula sulcata , Bronn. Cardium minimum , Ph. Axinus flexuosus, Mtg. As tarte sulcata , Da Costa. Neæra costellata, Desh. Neæra ro strata , Spengl. Syndosmia longicallis , Sc. Syndosmia nitida , Mull. Dentalium agile , Sars. Emarginula cancellata, Ph. Trochus millegranus, Ph. Murex vaginatus , de Chr. et J. Nassa limata, Chemn. Philine Monter os ati, Gw. Jeffr. De ces vingt espèces quelques-unes apparaissent pour la première fois ; Pecten fenestratus , Syndosmia longicallis , Syndosmia nitida , Philine Monterosati , Spon- dylus Gussoni , Dentalium agile. Elles appartiennent uniquement à la faune abyssale. D’autres, déjà représentées près de la côte, les accompagnent jusque dans les profondeurs; tel est le cas de Nucula sulcata et de Neæra costellata. Les dernières enfin dépendent surtout de la zone intermédiaire que nous avons étudiée dans le paragraphe précédent. Nous avons franchi déjà les limites de la zone abyssale en abordant le plateau Marsilli. L’exploration de ce point n’a pas été assez complète pour que notre énumération puisse donner le plus grand nombre des êtres qui l’habitent. L’appauvrissement du fond est toutefois bien évident. Nous aurons à le constater encore en descendant, avec les dragues du Travailleur , au pied de la falaise Peyssonnel, et cela malgré le succès réel des opérations. IV. — RÉGIONS ABYSSALES AU-DESSOUS DE LA FALAISE PEYSSONNEL DEPUIS 555 JUSQU’A 2020 MÈTRES. Aussitôt que nous dépassons la falaise Peyssonnel, nous nous engageons entiè- rement dans les abysses de la Méditerranée. — Nous pouvions considérer le plateau Marsilli comme effectuant une sorte de transition entre ces fonds et les zones littorales; mais, au pied de l’escarpement sous-marin, le limon n’est plus 5-2 - 34 - habité que par les êtres faisant partie de la faune qui, dans la Méditerranée, se propage jusqu’aux dernières limites de la vie. Les régions situées au sud de la falaise nous sont connues surtout parles dragages et les sondages opérés par le Travailleur pendant sa deuxième campagne. Nous n’avions pu, au laboratoire de Marseille, avec nos faibles ressources, jeter que des palangres sous le plateau Marsilli, au point marqué P. P. 670 mètres, et retirer avec leurs crochets quelques Mollusques et une belle Pheronema Carpenteri. Mais les récoltes du Travailleur ont été très fructueuses ; elles suffisent pour donner une idée complète de la faune abyssale du bassin méditerranéen français. L’orographie sous-marine indiquée par ces diverses opérations est intéressante. Au pied de la falaise Peyssonnel, la profondeur est partout à peu près la même. Elle varie suivant les points observés, entre cinq cent cinquante-cinq et six cent soixante-dix mètres. Mais le sol tombe immédiatement en une pente rapide, passant, sur une distance horizontale d’un mille, de six cent quarante-sept à mille quinze mètres. A partir de la ligne de mille mètres, le plateau se rétablit sur une largeur de neuf à dix milles et avec des oscillations de profondeur moins accen- tuées ; mais une nouvelle chute abrupte existe à la limite de ce deuxième plateau, de telle sorte que la sonde descend, en moins d’un kilomètre, de mille cent mètres à mille huit cents et deux mille mètres. Toutefois la nature du fond ne change plus et la faune ne diffère que par son appauvrissement très accentué. Le sol sous-marin est partout occupé par le même limon gluant, un peu sableux, qui couvre déjà le plateau Marsilli. La drague s’engage aisément dans cette vase et rapporte quelquefois des parties solidifiées identiques aux marnes des assises crétacées, aptiennes ou cénomaniennes, qui s’étagent dans les escarpements émergés de Cassis et du cap Canaille. Ces couches plongent sous l’eau, mais nous n’avons pas encore assez de documents pour dire si elles constituent réellement les falaises sous-marines. Nous ne pouvons pas apprécier non plus jusqu’ici d’une manière exacte, l’importance et la rapidité des sédiments qui s’accumulent dans les grands fonds, au large du plateau côtier. — Le Rhône entraîne sans doute une quantité considérable de matériaux en suspension; mais les éléments volumineux se déposent promptement, et l’espace sur lequel doivent s’étendre les particules vaseuses est tellement vaste, que l’épaisseur des dépôts ne doit pas croître beau- coup, même en une longue suite d’années. On peut, en tous cas, reconnnaître que les dragues pénètrent facilement au-dessous d’une mince couche superficielle occupée par les animaux vivants, et qu’elles ramènent une foule de coquilles mortes, d’un aspect particulier, appartenant soit à des espèces que l’on ne trouve que très rarement vivantes, soit à des formes dont les individus actuellement vivants n’ont plus que de faibles dimensions. On est naturellement amené à pen- ser que ces échantillons sont déjà fossiles dans des parties anciennes du fond, — 35 — correspondant à des temps antérieurs aux nôtres, intermédiaires entre le quater- naire et le pliocène dont nous connaissons des parties émergées et peut-être même touchant à cette époque géologique ancienne. Les Terebratella sept ata retirées du pied de la falaise Peyssonnel étaient, en effet, dans un état qui autorisait cette supposition. On n’aurait pu les distinguer des coquilles de même espèce des couches pliocènes de la Sicile. La plupart des Limopsis aurita pris à la même station pourraient être confondues avec les échan- tillons des formations de Biot près Antibes. Ces aperçus sont basés déjà sur un certain nombre de faits nettement constatés, mais il est certain qu’ils doivent être confirmés par des recherches spéciales qu’il sera possible d’entreprendre plus tard. La vase sableuse jaunâtre des régions abyssales est mélangée à une assez grande quantité de corps organiques, les uns vivants, les autres réduits à l’état de débris fragmentés. Lorsqu’on tamise le limon retiré par la drague on garde, sur la toile, des coquilles brisées, des restes de Bryozoaires et des Foraminifères, des piquants d’Echinodermes, de petits cailloux de quartz et de délicates enveloppes de Ptéropodes tombées de la surface. Les dépouilles de ces Mollusques pélagi- ques sont souvent en proportions considérables ; elles s’accumulent dans les grands fonds, où rien ne vient troubler le calme de la sédimentation, et elles se conservent intactes ; mais il est évident que nous ne devons pas comprendre cette catégorie d’êtres parmi les représentants de la faune abyssale. (a) zone de 500 a 700 mètres. — Nous aurons recours, pour décrire les asso- ciations animales qui vivent au pied de la falaise Peyssonnel, dans la région la moins profonde, entre cinq cents et sept cents mètres, aux récoltes faites par nospalangres (P. P. 670), aux câbles télégraphiques retirés par la Charente , et aux deux dragages du Travailleur , l’un fait par six cent quarante -sept mètres (dragage, n° 25), l’autre par cinq cent cinquante-cinq mètres (dragage, n° 1). Nous réunissons les animaux pris dans ces divers points qui appartiennent tous à la même zone. Les Foraminifères donnent lieu à quelques remarques intéressantes. Les curieux Rhizopodes arénacés du genre Rhahdamina , qui abondent dans les grandes profondeurs de l’Atlantique, se retrouvent dans la Méditerranée, ainsi que les Triloculina staurostoma , les Nodosaria radicula , les Chilostomella , les Lagena formosa. Les Spongiaires sont représentés par la belle Hyalosponge, Pheronema Carpen- teri , dont un exemplaire fut retiré déjà par nous en 1875. H contenait dans sa large cavité quatre œufs d’un Céphalopode indéterminé. A diverses reprises, nous avons eu dans les lignes ou dans les dragues, des fragments d’Isis elongata , indiquant des rameaux de forte taille, mais les cormus vivants nous ont fait défaut jusqu’ici. — 36 — Trois espèces de Coralliaires se fixent sur les corps résistants et se sont mon- trées en abondance sur les portions de câble relevées par la Charente . La plus fréquente est le Desmophyllum crista-galli, formant de beaux calices identiques à ceux des grands fonds du golfe de Gascogne et aux fossiles des couches pliocènes de Sicile. Le Caryophyllia clavus persiste, mais n’atteint plus que de faibles dimensions et il est subordonné à une autre espèce du même genre que M. le professeur Alph. Milne-Edwards avait appelée autrefois Caryophyllia elec- trica et qui est identique au C. Calveri figuré récemment par Duncan, d’après des échantillons provenant de l’expédition du Porcupine dans l’Atlantique. Quelques Annélides du groupe des Serpuliens étaient fixées sur le câble, par six cents mètres, ce sont les Serpula crater et Salmacina œdificatrix. Dans les tubes de Dentalium agile , on trouve, comme sur le plateau Marsilli, la forme grêle de Y Aspi do siphon scutatum. Déjà, dans cette première partie de la zone abyssale, les Echinodermes deviennent rares. L ’ Antedon phalangium est encore représenté par quelques échantillons. Le Brissopsis lyrifera atteint de belles dimensions, et nous rencontrons enfin pour la première fois le Brisinga \ mais les échantillons méditerranéens de cette remar- quable étoile de mer sont loin d’atteindre la taille des individus atlantiques. Cette particularité concorde bien avec tous les faits de rabougrissement signalés plus haut. Les Crustacés sont assez variés. Nous avons vu des Cuma, divers Amphipodes, et huit types de Podophthalmes fort intéressants, appartenant tous à la faune abyssale. Ce sont : Cymonomus ( Ethusa ) granulatus , Norm. Dorynchus ( Lispognathus ) Thomsoni, Norm. Pagurus levis , Norm. Munida tenuimana , Sârs. Calocaris Mac-Andrewsi , Bell. Eh ali a nux} Norm. Geryon longipes , A. Miln.-Edw. (i). Galathodes Marionis , A. Miln.-Edw. (2). C’est en ce point de la Méditerranée que les dragues du Travailleur ont recueilli le plus grand nombre de Mollusques. Nous allons en donner la liste, en (1) Espèce existant dans le golfe de Gascogne. (2) Alph. Milne-Edwards. Rapport sur les travaux de la Commission chargée par M. le Ministre de l’Instruction publique d’étudier la faune sous-marine, etc. — Archives des Missions scientifiques et littéraires. Troisième série, tome IV, p. 17, 1882. — 37 — ajoutant seulement quelques espèces à celles qui proviennent de l’exploration de de la Commission de dragages. Anomia ephippium , L. Pecten pes-lutrœ, L. Pecten fenestratus, Forbes. Pecten Hoskynsi, Forbes. Lime a nivea , Brocc. ( L. elliptica Jeffr. J. Limea subauriculata , Mtg. Limea crassa, Forb. {L. Sarsii, Lov.). Avicula tarentina , Lk. minor. Dacrydium hyalinum , Mtr. Nucula sulcata , Bronn. Nucula nitida , G. B. Sow. minor. Nucula tumidula , Malm. Toldia tenuis, Ph. Toldia messaniensis, Leg. Toldia striolata , Fisch. Malletia cuneata, Jeffr. Limopsis minuta , Ph. Limopsis aurita, Brocchi. Area tetragona , Poli. Area lactea , L. Area scabra , Poli. Area obliqua, Ph. Area pcctunculdides , Sc. Lucina spinifera, Mtg. Axinus flexuosus , Mtg. Axinus fer rugino s us, Forb. Cardium minimum, Ph. Kelliella abyssicola, Forb. ( Isocardia cor ). Astarte sulcata, Da Costa. Astarte triangularis, Mtg. Venus multilamella , Lk. Venus ovata, Penn. Syndosmia longicallis, Sc. Lyonsia formosa, Jeffr. Neœra costellata, Desh. Necera rostrata, Spengl. — 38 — Ringicula leptochsila, Brugn. Marginella clandestina , Br. Actœon pusillus , Forbes. Neœra eus pi data, Olivi. Pholadomya Loveni , Jeffr. Xylophaga dors ali s, Turt. Dentalium agile, M. Sars. Siphodentalium tetragonum, Brocchi. Helonyx tumidosus, Jeffr. Dentalium Jilum , G. B.Sow. Emarginula fissura , L. Emarginula pileolus, Mich. Scissurella costata , d’Orb. Scissurella crispât a, Plem. Craspedotus Tinei, Cale. Turbo romettensis, Seg. Hela tenella, J effr. Rissoa cimico'ides, Forb. Rissoa testæ, Ar. Rissoa subsoluta, Arad. Aclis V aller i, Jeffr. Aclis ( Cioniscus) gracilis, Jeffr. Odostomia Scillæ, Sc. Odostomia unifasciata , Jeffr. Odostomia acicula, Ph. Odostomia ventricosa, Forb. Odostomia compressa, J effr. Eulima dis tort a, Auct. Eulima stenostoma , J effr. Chenopus Serresianus, Mich. Cerithiopsis Metaxœ, Dell. Chiaje. Buccinum Humphreysianum, Benn. Trophon vaginatus, Crist. et J. Trophon multilamellosus , Ph. Nassa limata , Chemn. Nas s a Edwardsi, Fisch. (nov. sp.). Columbella costulata, Cantr. Pleurotoma Loprestiana, Cale. Pleur otoma galerita, Philippi. Pleurotoma Renieri, Ph. — 39 — Les Brachiopodes qui, on le sait, font partie intégrante des faunes abyssales, sont assez nombreux et variés dans cette zone. Les échantillons de Terebratella septata recueillis, étaient tous morts et comme fossiles ; mais il n’en est pas de même des Terebratula vitrea, des Terebratulina caput serpentis , et des Megerlia truncata qui sont représentés par des individus vivants. (b) . — deuxième zone, de iooo a 1200 mètres. — Cette zone se montre comme une dépendance directe de la précédente. La profondeur y est bien plus grande, mais la faune ne diffère que par la diminution considérable des éléments constitutifs. Nous allons en donner une idée en reproduisant les notes prises par nous, au moment même des dragages n° 2 et n° 3 de l’aviso le Travailleur , opérés dans la nuit du 4 au 5 juillet et le matin du 5 juillet, l’un par mille soixante et l’autre par onze cent soixante mètres. Dans les deux cas, la température du fond était à 130 c. La vase jaunâtre est plus gluante encore et contient moins de particules sableuses qu’au pied de la falaise Peyssonnel. Les coquilles de Ptéropodes tombées de la surface s’entassent toujours en grande quantité, mais les êtres de la faune abyssale sont devenus extrêmement rares. Nous retrouvons cependant le Brissopsis lyrifera , de petits exemplaires du Bheronema Carpenteriy des branches d ’lsis elongata. Dans les fauberts de la drague est engagé un poisson rare, Argyropelecus hemi- gymnus. Les Leda messaniensis, les Limopsis , les Xylophaga se montrent encore dans le limon avec quelques rhizopodes ( Biloculina depressa, d’Orb., Placopsilina vesicularisy Brady, Rhabdamina cornuta , Brady). Mais en ces points, la vie semble s’éteindre. Cependant à une profondeur presque double, au-delà d’une seconde falaise dont l’existence est bien reconnaissable, par des stations où la sonde indique mille huit cent soixante-deux, mille huit cent soixante-cinq, deux mille vingt mètres, les dragages ont été plus heureux, ce qui semble indiquer que la vie, dans les grands fonds de la Méditerranée, est concentrée dans des territoires disjoints et que la faune ne s’y répand plus avec la même uniformité ni la même exubérance que dans l’Atlantique. (c) . — Troisième zone, de 1800 a 2000 mètres. — Dragages du « Tra- vailleur », n° 4 et 5. — La vase ne change pas notablement de nature. Elle contient toujours en abondance les dépouilles des Ptéropodes pélagiques, mais ces coquilles s’enfouissent ici côte à côte avec les Gastéropodes et les Lamelli- branches de la faune abyssale. Nous ne voyons apparaître aucune espèce nouvelle de Mollusques. Toutes celles prises entre mille huit cent et deux mille mètres se montraient déjà par cinq cent cinquante-cinq mètres; ce sont : Bholadomya Loveni , Limea nivea3 Limea crassa , Malletia cuneatay Toldia messaniensis , Toldia striolata , — 40 Axinus flexuosus , Area pectunculôides, Neæra costellata , Xylophaga dor salis i Den- talium jilum, Trophon multilamellosus , tenella. Il faut encore remarquer que deux Échinodermes importants se propagent, dans cette portion de la Méditerranée, jusque dans la zone abyssale la plus pro- fonde ; l’un est le Brisinga déjà signalé plus haut, l’autre est l’ Archaster bifrons qui n’avait pas été rencontré jusqu’ici en dedans du détroit de Gibraltar. Les individus des deux types étaient également de petite taille, comparativement aux échantillons atlantiques. Nous pourrions arrêter en ce point notre étude. Partis du port de Marseille, nous avons parcouru successivement toutes les zones, depuis les stations littorales jusqu’aux plus grandes profondeurs. Les longues énumérations que nous avons données forment un tableau bien exact et suffisamment achevé, de la distribu- tion des animaux marins qui peuplent la Méditerranée ; on peut cependant lui ajouter quelques traits, en s’éloignant de notre golfe et en explorant avec le Travailleur les côtes du Var, des Alpes-Maritimes, et les grands fonds situés entre Villefranche et la Corse. Nous allons résumer dans le chapitre suivant ces explorations en les rattachant aux dragages que nous avons opérés sur le plateau côtier, à l’est de l’île de Riou. Nous suivons la même méthode dans cette seconde partie. Nous étudions d’abord diverses stations de la zone littorale profonde et nous donnons ensuite les résultats de divers dragages opérés dans le domaine de la faune abyssale. DEUXIÈME PARTIE. V. — DESCRIPTION DE LA RÉGION EST DU PLATEAU COTIER ET ÉTUDE DES ZONES ABYSSALES EXPLORÉES PAR LE TRAVAILLEUR ENTRE MARSEILLE ET LA CORSE. Sables et graviers coralligènes profonds entre l’ile de Riou et la Cassidagne. — Cette région est indiquée sur notre carte comme un prolon- gement des sables et des graviers vaseux que nous avons étudiés plus haut et qui s’étendent, au sud de Maïré, jusqu’à la falaise Peyssonnel. La faune se montre assez semblable à celle que nous avons déjà rencontrée ; cependant, à mesure que nous nous rapprochons de l’écueil de Cassidagne, le fond devient plus rocheux, l’élément vaseux diminue et nous voyons s’accentuer un — 4i — faciès particulier qui reproduit, à une plus grande profondeur et avec une propor- tion notable d’animaux spéciaux, les associations qui s’offraient dans les graviers à Bryozoaires et à Coralliaires du golfe de Marseille. Nous donnerons une idée exacte de ces fonds en analysant les résultats de quelques dragages marqués sur la carte P. st. 5 — P. st. 4 — P. st. 7 — P. st. 8 — P. st. 9. Disons d’abord que nous demeurons dans la zone du Dentalium panormeum et de l’ Antedon phalangium, étudiée dans le deuxième paragraphe. A la station 5, exactement à l’est de l’île de Riou et par quatre-vingt- quinze mètres, le fond est un gravier sableux dans lequel Y Echinus acutus abonde. L ’ Echinocardium flavescens est rare. Les Brachiopodes sont représentés par le Megerlia truncata. Le Dentalium dentalis persiste encore, associé au Den- talium -panormeum qui prédomine. On peut citer parmi les Mollusques gastéro- podes et acéphales : Pecten flexuosus , Pecten testa , Area Polii , Lucina borealis, Lucina spinifera , Lembulus commutatus , Cardium tuberculatum , Cardita aculeatai Venus casina , Venus Brongniarti , Venus ovata , Venus rudis var. mediterranea , Syndosmia prismatica , Syndosmia longicallis , Lyonsia norvegica , Poromya granulata, Neæra costellata , Saxicava rugosa , Fissurella costaria, Cheno- pus pes-pelicani , Turritella triplicata , Triforis perversus , Trochus millegranusy Trophon rostratus , Cypraa europaa. Quelques Annélides intéressantes se montrent, indépendamment des types ordinaires ; nous pouvons mentionner : Glycera tesselata , Nephthys scolopendro'ides , Petta pus i II a y Vermilia infundibulum forme galeata Grube, Maldane glebifex et une Dasychone trop voisine du Dasychone lucullana de la côte pour qu’il soit possible de lui attribuer un nom spécifique distinct, mais que l’on doit considérer du moins comme une race bathybia. A la station 4, par quatre-vingts mètres de fond et à un mille au sud-ouest de la balise de Cassidagne, nous pénétrons dans les graviers à Bryozoaires, sur lesquels les pêcheurs au palangre vont capturer des Trigles, des Congres, des Merlans et des Capélans. — Les mêmes caractères persistent à la station 7, au nord de la Cassidagne. Les Bryozoaires des fonds du golfe et les Spongiaires habituels se montrent en abondance. Les Hornera sont ici très nombreux. Les Algues sont aussi assez fréquentes, mais elles appartiennent toutes à des types exceptionnels : Phyllophorus nervosa Grev., Sphacelaria filicina Kuts., Sporochnus pedunculatus Ag. En définitive, nous nous trouvons dans des fonds à Coralliaires et à Bryozoaires analogues à ceux du golfe de Marseille, mais plus profonds, moins vaseux, baignés par des eaux plus vives, plus riches aussi en espèces rares. Le Dentalium panor- 6-2 — 42 ~ m'eum est ici très fréquent, tandis qu’il est absent des fonds de Marseille. A côté des Trochus millegranus , conulus , exasperatus , nous voyons le Craspedotus Tinei. Le Pecten fenestratus , le Pecten similis sont associés aux types habituels du même genre. La liste des Mollusques devient ainsi extraordinairement longue, puisqu’elle réunit des espèces rares ou des formes des grands fonds aux êtres des zones litto- rales. Elle dépasse le chiffre de cent cinquante, — nous ne la donnerons pas en entier. Il nous suffira de signaler les coquilles les plus intéressantes. Nous noterons, outre les Gastéropodes et les Acéphales cités plus haut : Area pectunculdides , Area obliqua, Neara rostrata , Astarte triangularis , Erato lavis, Cassidaria echino- phora, Helonyx Jeffrey sii, Cerithiolum pus ilium; et enfin de nombreuses valves de Venus effossa dont les plus fraîches sont toutes de petite taille. Les Annélides Chétopodes sont très nombreuses au milieu des Bryozoaires et des Spongiaires. Nous devons remarquer surtout les types suivants : Psammolyce arenosa, Notophyllum polyno'ides, Lysidice ninetta var. concolor, Lumbriconerëis fragilis, Hyalincecia tubicola , Glycera tesselata, Haplosyllis hamata, Nereis Costa , Amphictene auricoma , Heterophenacia Renouardi, Potamilla reni- formis, Spirographis Spallanzanii var. minor, Ditrypa subulata, Vermilia infundi- bulumvar. clavigera, Vermilia infundibulum var. emarginata,Placostegus crystal- linus, Eupomatus pectinatus, Serpula crater. Les Crustacés semblent trouver dans ces fonds des conditions favorables; cependant les espèces recueillies ne sont pas variées : Pilumnus hirtellus, Eury- nome aspera, Ebalia Pennantii, Paguristes maculatus, Eupagurus Prideauxii , Eupagurus angulatus, Pagurus striatus, Leucothoe denticulata, Lysianassa ciliata. Ces Arthropodes dénotent bien la nature des fonds à Bryozoaires. — Les Myrio- zoum truncatum, les Hornera, les Eschara, les Frondipora, sont en effet extrême- ment abondants, et ils sont associés à des Aglaophenia et à des Sertularella. Quelques Gorgones existent aussi ; elles sont toutes de petite taille, à l’excep- tion du Muricea placomus. Les Caryophyllia , les Balanophyllia sont associés au Flabellum anthophyllum. Les éponges sont très communes, mais elles n’atteignent que de faibles dimen- sions. Nous pouvons à peine constater une exception pour Y Euspongia adria- tica. Nous voyons dans les dragues, fixés sur les Eschara fascialis, Pallasii , et cervicornis, ou sur les Myriozoum , de petits groupes de Spongelia pallescens , de Cacospongia scalaris, de Chondrosia reniformis minor, de Geodia, d’ Amorphina, de Desmacidon , de Dictyonella , de Siphonochalina. Les Amphipodes et les Annélides affectionnent ces groupes. Aux stations 8 et 9, un peu plus au sud de la Cassidagne, le fond s’abaisse brusquement en atteignant la falaise Peyssonnel, qui se rapproche elle-même de -43 - la côte avant de délimiter le plateau des Blauquières. La sonde marque cent cinquante, puis deux cents, deux cent trente et deux cent cinquante mètres. La drague ne rapporte que de faibles quantités de sédiments. Le sol sous-marin n’est occupé en ces points que par de minces couches de fragments de coquilles et de petits graviers. L’élément vaseux fait presque complètement défaut ; aussi les Bryozoaires se multiplient-ils encore davantage, au détriment des Spongiaires. Ce sont toujours les Hornera frondiculata , les JVLyriozoum , les Cellepora et les Es char a qui jouent le rôle principal. Les Alcyonaires sont représentés par le corail rouge, par de petits Alcy onium acaules, par des Paralcy onium elegans et par de faibles branches de Gorgones ( Gorgonia verrucosa ). Dans ces stations pro- fondes, quelques algues rouges et quelques corallines persistent. Nous remarquons principalement : Fauchea repens , Montag. — Kallymenia Requieni , J. Ag. — Sphacelaria filicïna , Ag. — Volubilaria mediterranea , Bory. — Zonaria collaris , Ag. Bien que nous ayons atteint la plus grande profondeur du plateau côtier étudié précédemment, la faune compte ici un grand nombre d’espèces particulières. Le voisinage des hauts fonds de Cassidagne et du rivage lui-même, qui n’est pas à plus de trois milles, entraîne un faciès spécial. Les larves des animaux qui habitent les stations coralligènes ordinaires, peuvent aisément se propager jusqu’à cette distance et elles atteignent ainsi les zones profondes caractérisées par les types que nous avons déjà cités. Vers Maïré, la vase est trop abondante et le fond s’incline trop lentement pour permettre cette transition. Autour de la Cassidagne, comme plus à l’est, par le travers de Sicié, le mélange des deux faunes se réalise et la vie devient exubérante. Les pêcheurs disent que ces fonds sont très vifs, et ils entendent indi- quer par là que la vase n’y pénétrant pas, une foule d’espèces, que la boue aurait exclues, sont associées. Il y avait intérêt à signaler l’existence de ces faciès coralli- gènes profonds. Les Brachiopodes se multiplient dans cette station. La Terebra- tula vitrea et la Terebratulina caput-serpentis se montrent plus nombreuses que sur le bord du plateau côtier, au sud de Riou. Il ne faut pas oublier d’ailleurs que nous avons atteint les profondeurs de deux cents mètres où ces animaux trou- vent d’ordinaire les conditions favorables à leur existence. Nous recueillons, outre ces deux grandes espèces, les Megerlia truncata , Argiope décollât a > Cistella neapo- litana , Platydia anomo'ides. Les Ante don phalangium forment à la station la plus profonde (St. 9, 234 à 250 mètres) de véritables tapis ; les dragues en sont chargées jusqu’au bord. Quelques petits Echinus acutus et de rares Dorocidaris papillota les accompagnent. Les autres Échinodermes sont : Echinocardium flavescens , Echinocyamus pusillus , Asterias tenuispina , Ophioglypha albida , Ophioglypha téxturata , Ophiothrix fra- gilis, Cucumaria Marionii, Cucumaria pent actes. Les Spongiaires sont représentés — 44 — par une Ancorina , par des Axinella à larges prolongements, par une petite Geodia , par des Chondrosia reniformis et des Tethya lyncurium. Parmi les Crustacés, il importe de signaler surtout le Lophogaster typicus , es- pèce abyssale, et Y Atelecyclus heteredon , brachyoure très rare sur nos côtes. Viennent ensuite : Ebalia Pennaniii , Lambrus Massena , Eurynome aspera , Stenorhynchus longirostris , Xantho tuberculatus, Eupagurus Prideauxii , Paguristes maculatus , Galathea nexa , Nebalia Geoffroyi , Ichnopus t auras, Ichnopus calceolatus , Ampelisca Gaymardi , Scalpellum vulgare. Les Annélides chétopodes, par la prédominance des Euniciens, rappellent les associations des graviers à Bryozoaires côtiers. Les principales espèces sont : Pjzz- mmolyce arenosa , Eunice siciliensis, Eunice vittata , Eunice Harassii , Eunice Clapa- redii , Staurocephalus rubrovittatus , Hyalinœcia tubicola , Onuphis Jourdei nov. sp. (i), Haplosyllis hamata , Ehlersia cornuta ( Syllis sexoculata J, Eulalia ( Ptero- cirrus ) microcephala , Amphicteis Gunneri , Sabella stichophthalmos , Vermilia infundibulum emarginata , Placostegus crystallinus , Apomatus ampulliferus. Nous croyons indispensable de donner la liste tout entière des Mollusques recueillis dans ces deux stations, n° 8 et n° 9, entre cent et deux cent cinquante mètres, afin de permettre une comparaison complète avec le plateau côtier situé au sud de Maïré et de Planier, dont les sables et les graviers vaseux étudiés plus haut, n’ont pas exactement le même caractère. Pecten Testes, Pectën multistriatus , Pecten flexuosus , Pecten opercularis var. Audouini , Pecten varias , Pecten striatus , Pecten Bruei , Pecten inflexus , Pecten fenestratus , Lima squamosa var. minor , Limea subauriculata , Limea crassa , Avicula tarentina var. minor , Modiola phaseolina, Nucula nucléus var. minima, Nucula sulcata , obliqua , pectunculo'ides , lactea. Area scabra, Toldia tenais , Neolepton sulcatulum , Dacrydium hyalinum , Axinus flexuosus , Cardium minimum , Cardium roseum , Cardium papillosum, Cardita trapezia , C Province of Bahia, Brazil, in 1867. — Trans. Connect. Acad, of arts and sc. — ■ Generic relations and synonimy of sea-urchin of New-England. — Sill. Jour., 1870. — Echinoderms and Corals from Gulf of Califa. — Ibid. 1870. VULPIAN. Leçons sur la physiologie comparée du système nerveux. — Paris 1866. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I. Fig. i. Spatangue ouvert par la face ventrale. L’œsophage a été coupé au niveau de la bouche et la plaque de soutien détachée de la face interne du test. Tube digestif et système circulatoire. Grandeur naturelle. OE. Œsophage. Cl. Courbure intestinale -inférieure. CS. Courbure intestinale supérieure. R. Rectum. S. Siphon, SO et S’O’ ses deux orifices dans le tube digestif. MV. Grandé lamelle mésentérique ventrale s’insérant d’une part à la plaque de soutien P. et d’autre part à toute la longueur du bord interne de la courbure inférieure. mv. Petite lamelle mésentérique ventrale s’insérant sur le bord de l’œsophage. TM. Tractus mésentériques allant du tube digestif à la face interne du test. VMI. Vaisseau marginal interne ; a, point où il croise le siphon et donne naissance au vaisseau transversal d’où s’échappe la branche de communication BC ; b, son point de terminaison ; c, point où il passe sous la courbure inférieure pour se continuer le long du diverticulum. VME. Vaisseau marginal externe ; d, point où il abandonne la courbure inférieure pour atteindre le diverticulum. V, V’. Vaisseaux marginaux du commencement de la courbure inférieure ; e, point ou le vaisseau F se forme aux dépens du réseau capillaire qui entoure l’orifice du diverticulum. v. Petite branche formée par les petits capillaires qui naissent du vaisseau externe F, et qui se continue le long du diverticulum entre le vaisseau marginal interne et le canal du sable. C. Canal du sable. Fig. 2. Spatangue ouvert par la face dorsale ; les deux petites plaques PS qui recouvrent le canal madréporique ont été détachées du test, et les deux feuillets mésentériques dorsaux MD et md ont été coupés . D. Diverticulum. MD. Grande lamelle mésentérique dorsale qui s’étend du diverticulum à la courbure supé- rieure et s’insère à l’appareil de soutien PS; elle envoie un feuillet M’D’ qui court le long du rectum et le fixe à la face interne du test. md. Petite lamelle mésentérique dorsale. C. Canal du sable. CM. Canal du sable à sa sortie de l’organe d’excrétion ou canal madréporique. Oe. Organe d’excrétion ou glande madréporique. Les autres lettres comme dans la figure i . Fig. 3. Spatangue ouvert par la face dorsale ; le diverticulum a été rabattu en dehors ; la courbure supérieure et le rectum ont été enlevés. A. Branche transversale parallèle au siphon qui naît du vaisseau marginal interne et qui s’éteint après avoir donné la branche de communication. Les autres lettres comme dans les figures précédentes. Fig. 4. Anneaux vasculaires et nerveux péribuccaux. L’œsophage, dont les bords sont indiqués par une ligne ponctuée, a été enlevé ainsi que le bord postérieur de la lèvre supérieure. Grandeur naturelle. LS. Lèvre supérieure. C et c’, les deux canaux qui constituent le canal du sable au niveau de l’œsophage. BC. Branche de communication. AI. Anneau vasculaire interne ; AE. Anneau vasculaire externe. AN. Anneau nerveux. VE. Vésicules ambulacraires. VA. Vaisseaux ambulacraires ; va, branches qu’ils envoient aux vésicules ambulacraires. P. Plaque de soutien. Fig. 5. Œsophage et commencement de la courbure inférieure. L’œsophage et la zone péris- tomienne ont été retournés et renversés en dehors pour montrer l’insertion de la lamelle mésentérique il/F, la lèvre supérieure LS, et les petites bandes transversales claires, 6,6,6, qui indiquent le trajet des vaisseaux en cette région. Spat. purpureus. Grandeur naturelle. T. Faisceau de fibres conjonctives étendues de l’appareil de soutien au siphon. Les autres lettres comme dans les figures précédentes. PLANCHE II. Fig. 6. Extrémité postérieure du diverticulum avec l’organe d’excrétion Oe, injecté par le canal du sable C. Spatangus purpureus. Ca. Petits capillaires à la surface de l’organe d’excrétion. Vc. Canaux superficiels qui s’échappent de l’organe d’excrétion et forment un réseau à mailles irrégulières sur la lame conjonctive qui recouvre l’appareil de soutien ; CG, con- duits des glandes génitales sur lesquels se perd cette lame. Fig. 7. Œsophage et première portion de la courbure inférieure fendue sur toute sa longueur et étalée pour montrer le réseau vasculaire entourant l’orifice du diverticulum OD ; les deux vaisseaux marginaux VMI et VME, et les deux vaisseaux F et F’ qui naissent de ce réseau et accompagnent la courbure inférieure jusqu’au premier orifice du siphon. Spa- tangus purpureus. Grandeur naturelle. t. Anastomoses transversales unissant ces deux vaisseaux. s’o’. Premier orifice du siphon dans le tube digestif; M, rangée de petits tubercules qui suivent cet orifice. Fig. 8. Schéma de l’appareil circulatoire du Spatangue. Mêmes lettres que dans les figures précédentes. Fig. g. Coupe transversale de la glande madréporique du Spatangue injecté par le canal du sable. Injection au bleu de Prusse ; durcissement par l’alcool absolu. Grossissement 35/i. v représente la coupe du vaisseau v de la fig. 8. Fig. 10. Brissus unicolor ouvert par la face dorsale. L’œsophage est coupé au niveau de la bouche. Tube digestif et système circulatoire. Grandeur naturelle. Si. Siphon accessoire; g et h ses deux orifices dans la courbure inférieure. BG et B'C ’. Les deux portions de la branche de communication. PM. Pli formé par la grande lamelle mésentérique ventrale. Les autres lettres comme dans la figure i . Fig. ii. Brissopsis lyrifera ouverte par la face ventrale ; tube digestif et système circulatoire. Grandeur naturelle. DS. Dilatation en forme de poche que présente le siphon à son origine. Mêmes lettres que dans les figures précédentes. Fig. 12. Schi^aster canaliferus. Région dorsale du test, face interne, grossie deux fois. GG. Glandes génitales. AB, AL, AP. Zones ambulacraires antérieures, latérales et postérieures. PLANCHE III. Fig. i3. Sphœrechinus granularis. Face ventrale du test et appareil masticateur; la face dorsale a été enlevée, sauf l’extrémité apicale qui a été rabattue en dehors pour montrer les rapports des principaux vaisseaux. Grossissement : 2/1 . j4S. Anneau périœsophagien supérieur ou interne. AI. Anneau inférieur ou externe. VP. Vésicules de Poli. C. Canal du sable. CG. Canal glandulaire parallèle au précédent qui se continue avec la glande ovoïde. Oe. Organe d’excrétion ou glande ovoïde ; sa surface est couverte de ramifications vas- culaires. Pm. Plaque madréporique. Re. Rebord saillant qui entoure sur la face interne du test la zone abactinale. VM1. Vaisseau marginal interne. Fs. Vaisseaux ambulacraires superficiels ou internes. Vp. Vaisseaux ambulacraires profonds ou externes. Fig. 14. Schi^aster canaliferus , ouvert par la face ventrale. Tube digestif et appareil circulatoire. Grossi environ 4 fois. Lettres comme pour la figure 10. Fig. i5. Echinocardium flavescens, ouvert par la face ventrale. Tube digestif et appareil circula- toire. Grossi environ 6 fois. Lettres comme pour la figure précédente. Fig. 16. Dorocidaris papillata. Face ventrale du test et appareil masticateur. Grandeur naturelle. VP. Vésicules de Poli. Ml. Membrane épaisse qui recouvre la lanterne. Ap. Ses appendices particuliers. OE. Œsophage, et C, Canal du sable, coupés. Fig. 17. Dorocidaris papillata, ouvert par la face ventrale. Deux glandes génitales ont été légère- ment rejetées en dehors. Grandeur naturelle. OE. Œsophage. CI. Courbure intestinale inférieure. CS. Courbure supérieure. S. Siphon intestinal. C. Canal du sable. - 1 64 - GG. Glandes génitales. Im. Lamelle mésentérique qui accompagne la courbure inférieure. l’m’. Lamelle mésentérique qui accompagne la courbure supérieure. Fig. 18. Sphœrechinus granularis. Glande ovoïde. Le canal du sable a été enlevé, et les deux bords de son sillon légèrement entr’ouverts pour montrer le canal excréteur E et ses branches afférentes e,e. Grossissement io/i. Fig. 19. Spatangus purpureus. Glande madréporique disséquée pour montrer le canal madrépo- nque; les deux petites plaques qui recouvrent celui-ci au niveau de la plaque madréporique ont été détachées et rejetées en dehors. Groississement 10/1. Oe. Tissu spongieux de l’organe d’excrétion. CM. Canal madréporique ; r, ses branches afférentes. PS. Plaques calcaires qui recouvrent l’extrémité du canal madréporique. ts. Tissu spongieux qui comble l’espace, entre le canal madréporique et les deux petites plaques calcaires. Fig. 20. Echinocardium flavescens. Dernière portion du tube digestif. Cs. Courbure supérieure. R, Rectum, et d son diverticulum particulier. Zp. Périprocte ; an, anus. PLANCHE IV. Fig. 21-23. Coupes du tube digestif, Sp. purpureus. Grossissement 35o/i. Fig. 21. Coupe longitudinale de la région glandulaire comprise entre l’extrémité de l’œsophage et le premier orifice du siphon. Fig. 22. Coupe transversale de la courbure inférieure, face ventrale. Fig. 23. Coupe transversale de la courbure inférieure, face dorsale. E. Epithélium interne. El. Membrane élastique. TC. Couche conjonctive interne à fibres irrégulièrement entrecroisées, renfermant dé nom- breuses granulations G. ML et MT. Muscles longitudinaux et muscles transversaux. Ce. Couche conjonctive externe. Ee. Epithélium externe. F. Couche de fibres conjonctives fines et serrées apparaissant ordinairement sur les coupes sous forme d’une bande réfringente. Gm. Glandes à mucus de l’épithélium. Gl. Glandes en poire de l’intestin ; S, sécrétion coagulée dans la cavité de la glande et dans son canal excréteur. LV. Coupes de capillaires de l’intestin remplis de sang coagulé. Fig. 24. Coupe transversale du diverticulum et du canal du sable, Sp. purpureus. Grossisse- ment 40/1. C. Canal du sable divisé en plusieurs cavités secondaires. D. Paroi du diverticulum ; LV, coupes des capillaires qui s’y ramifient. VMI. Vaisseau marginal interne. V. Petit vaisseau qui court le long du diverticulum entre le canal du sable et le vaisseau marginal interne. MD. Grande lamelle mésentérique dorsale. Fig. 25. Fibres musculaires de l’intestin dissociées, Sp. purpureus. Grossissement 570/1. n, noyaux de ces fibres. 1 65 — Fig. 26. Cellules épithéliales dissociées de la courbure intestinale inférieure, face dorsale. Spatangus purpureus. Grossissement 55o/i. Fig. 27. Tissu gélatineux du siphon. Sp. purpureus. Grossissement 3oo/i. Ce. Cellules de tissu conjonctif à prolongements ramifiés et anastomosés. PLANCHE V. Fig. 28. Coupe de la glande madréporique, région périphérique, Sp. purpureus. Grossisse- ment 120/1. Ee. Epithélium externe. TC. Tissu conjonctif formant l’enveloppe de l’organe. FC. Trabécules de tissu conjonctif limitant des alvéoles irrégulières remplies de cellules à*, protoplasma présentant des prolongements, Cr, et de granulations, G, de pigment rouge ou jaune. F'ig. 29. Coupe de la glande madréporique, région centrale, Sp. purpureus. Grossissement 160/1 . Mêmes lettres que dans la fig. précédente. Fig. 3o. Coupe transversale des canaux compris entre la glande madréporique et la plaque ma- dréporique, Sp. purpureus. Grossissement 85/ 1 . CM. Canal madréporique (v. fig. 19, CM). CV. Canal superficiel allant de l’organe d’excrétion à la lamelle de tissu conjonctif recouvrant les deux petites plaques qui protègent l’extrémité du canal CM (v. fig. 6). Oe. Coupe de la dernière portion de l’organe d’excrétion. LC. Lame de tissu conjonctif recouvrant le canal CM qui appartient à la grande lamelle mésentérique dorsale et se continue sur l’appareil de soutien annexé au pôle apical. Fig. 3i. Vésicules de Poli ; lambeau obtenu par dissociation. Sphœrechinus granularis . Grossis- sement 23o/i. FC. Faisceau de tissu conjonctif qui limite les alvéoles remplies de cellules à, pourvu de prolongements C et de granulations de pigment G. Fig. 32. Coupe longitudinale d’un tube ambulacraire péristomien. Spatangus purpureus. Gros- sissement 440/1. E. Cellules épithéliales externes. Cb. Cellules basales. CT. Couche conjonctive à fibres transversales. CL. Couche conjonctive à fibres longitudinales. G. Granulations du tissu conjonctif. Ml. Muscles longitudinaux. Ec. Epithélium externe. F’ig. 33. Coupe d’un renflement terminal appartenant aux houppes des tentacules péristomiens. Sp. purpureus. Grossissement 370 / 1 . CC. Cavité centrale. TC. Couche de tissu conjonctif tapissé intérieurement de petites cellules dont on n’aperçoit que les noyaux. n. Noyaux des cellules épithéliales. Fig. 34. Coupe transversale des deux vaisseaux qui constituent le canal du sable au niveau de l’œsophage. Sp. purpureus. Grossissement io5/i. C. Canal le plus voisin de l’œsophage, tapissé de petites cellules endothéliales ordinaires. C\ Canal parallèle au précédent, tapissé par de nombreuses cellules à noyau très granuleux et par des granulations de pigment. 21-3 Im. Lamelle réunissant le canal C à l’œsophage. Fig. 35. Coupe transversale des- vaisseaux et du nerf ambulacraires. Sp. purpureus. Grossisse- ment 120/1. Vs. Vaisseau ambulacraire superficiel ou interne. Vp. Vaisseau ambulacraire profond ou externe. Cg. Espace périnerv-ien dépendant de la cavité générale. N. Nerf ambulacraire : l, un de ses rameaux latéraux. RC. Réseau calcaire du test. Fig. 36. Vaisseaux et vésicules ambulacraires d’un Oursin régulier. Echinus acutus. Grossisse- ment 4 lois. Fs. Vaisseau ambulacraire superficiel ; vs, vaisseaux qu’il envoie aux vésicules. Vp. Vaisseau profond ; vp, ses branches latérales. Ve. Vésicules ambulacraires. PLANCHE VI. Fig. 37. Coupe transversale du tube digestif vers le milieu de la courbure inférieure. Strongylo- centrotus lividus. Grossissement 490/1. E. Couche épithéliale interne offrant des cellules larges et très granuleuses dans la moitié interne de la couche, minces et dépourvues de granulations dans la moitié externe, ren- fermant de nombreux noyaux. TC. Couche conjonctive interne très mince, renfermant de nombreux îlots de . sang coagulé. M. Fibres musculaires . Ec. Couche épithéliale externe. Fig. 38. Coupe de la paroi du diverticulum à laquelle est restée adhérente une certaine quantité du liquide qu’il sécrète, coagulé par les réactifs. On voit les cellules épithéliales, distinctes à la base de la couche, se continuer insensiblement avec un tissu réticulé renfermant quelques noyaux, des débris de membranes et quelques masses de protoplasma : c’est l’aspect sous lequel se présente le plus ordinairement la sécrétion du diverticulum. Sp. purpureus. Grossissement 245/1. Mêmes lettres que dans les figures précédentes. Fig. 39. Vésicule ambulacraire péristomienne vue par sa face interne. Sp. purpureus. Grossisse- ment 390/1. ■ M. Fibres musculaires dont l’ensemble forme des lignes onduleuses. N. Noyaux appartenant aux cellules épithéliales internes dont les contours n’étaient pas visibles sur la préparation. Fig. 40. Coupe du canal du sable et du canal glandulaire. Sph. granularis. Grossissement i3o/i. Cs. Canal du sable. CG. Canal glandulaire dont la face interne envoie dans l’intérieur de nombreuses travées conjonctives Te, dont quelques-unes forment un réticulum très fin supportant des cellules à protoplasma ramifié. L. Intervalle qui sépare les deux canaux sur la plus grande partie de leur longueur. Fig. 41. Coupe transversale de la glande ovoïde. Sph. granularis. Grossissement 38o/i. TC. Trabécules conjonctives limitant des alvéoles dont les unes renferment des granulations de pigment G, les autres des cellules à protoplasma ramifié Cr\ vers la partie gauche de la coupe, correspondant à la partie centrale de la glande, les trabécules deviennent plus fines et irrégulières. Fig. 42. Coupe du canal madréporique plus grossi que dans la fig. 3o. Sp. purpureus. Grossisse- ment i85/i. — 167 — TC. Trabécules de tissu conjonctif qui divisent sa cavité en loges nombreuses renfermant des cellules Cr analogues à celles de l’organe d’excrétion, et remplies pour la plupart par une masse très finement granuleuse qui n’est autre chose que le liquide excrété coagulé par les réactifs. Fig. 43. Coupe transversale d’une glande génitale femelle. Sp. purpureus. Grossissement 35o/i. Ee. Epithélium externe. Ct. Couche conjonctive à fibres transversales; Cl, couche à fibres longitudinales. Alt. Muscles circulaires. Eé. Cellules épithéliales internes très granuleuses qui peu à peu deviennent de très gros ovules. Fig. 44. Coupe transversale du vaisseau marginal interne, dans sa portion recourbée et libre, avec la lamelle mésentérique adjacente. Sp. purpureus. Grossissement 3oo/i. AIT. Muscles circulaires. TC. Couche conjonctive du vaisseau qui se continue avec la couche de même nature appar- tenant à la lamelle mésentérique. AIL. Muscles qui recouvrent les deux faces de cette lamelle et qui se continuent sur la face externe du vaisseau. CS. Corpuscules figurés du sang appliqués contre la face interne du vaisseau, et dont l’en- semble offre l’aspect d’une couche cellulaire. Fig. 45. Cellules nerveuses à un ou deux prolongements d’un nerf ambulacraire. Sp. purpureus. Grossissement 1 200/1. Fig. 46. Développement des spermatozoïdes. Sp. purpureus. Grossissement 1000/1. a-h diverses, phases de l’évolution des spermatozoïdes. Fio. 47. Cellules épithéliales dissociées de la ventouse d’un tentacule ambulacraire. Strongylo- centrotus lividus. Grossissement 600/1. PLANCHE VII. Fig. 48. Coupe longitudinale d’un tentacule ambulacraire. Strongyl. lividus. Grossissement 220/ 1 . E. Epithélium externe. PN. Plexus nerveux sous-jacent à l’épithélium de la ventouse. n. Noyaux des cellules épithéliales de la ventouse, réunis par groupes nombreux. N. Coupe du nerf tentaculaire. Ct. Couche de tissu conjonctif à fibres transversales. Cl. Couche de tissu conjonctif à fibres longitudinales. Ce. Couche élastique. Ml. Muscles longitudinaux. Fig. 49, 5o et 5i Trois pédicellaires du Dorocidaris papillata. Fig. 52. Valve d’un pédicellaire ophicéphale d'Arbacia vue par la face interne. Fig. 53 et 54. Deux pédicellaires du Brissus unicolor. Fig. 55 et 56. Deux pédicellaires du Schi^aster canaliferus. Fig. 57. Petit pédicellaire d'Echinocardium flavescens. Fig. 58 Pédicellaire gemmiforme glandulaire d ’Echinus acutus. AI A. Muscles adducteurs des valves ; SG. Sacs glandulaires. Fig. 59 et 60. Pédicellaire gemmiforme de la face dorsale d'Echinocardium flavescens. Annales du. Musée de Marseille. Zoologie. T.I. Mémoire N? 3. PI /. R.Koehler ad liai. dd. 'ith Wïriw&dinter, Francfort S/M. Annales dn Musée de Marseille. Zoologie. T. I.Hemoire AP 3. PI 2. RMehler ad nat dsl. Ltih.hrer/ier&Wintes,Fixtncforts/M. Annales du Musée de Marseille. Zoologie. T. I. Mémoire MP5.Pl. 5. SJSbehler ad nat dcl litfi. WernerdWinter, Francfort Annales du Musée de Marseille Zoologie. T.IMémoireJSl°3. PL d. RKoehler ad naL de.1. Litfi. Wemer