th HRRERUENIT HR LRU 11252273. h fi il . : " | É ns DR LALLE Re ALT Émis Mgr * ñ CF UE ue n.. L ee AUN NA LES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE. nr Line art | IL n LR TS 2 ere EN D i ne PU M RUE Hi ni Hu té d: À RTE Re son LE AT TOUS hu 4 1 \ ra RL HORS wc Midi Î EAN TNT RCE ll. UP TS ANS 101 CEE 4 ‘on à ii “ nl tr A 'INUN AuLE S DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE, PAR LES PROFESSEURS DE CET ÊÉTABLISSEMENT. OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES. TOMËÉ QUATORZIÈME. A PARIS, cuez G. DUFOUR #r comPacnie, LIBRAIRES, RUE DES MATHURINS-SAINT-JACQUES , N° 7: 1809. NOMS DES PROFESSEURS. Messieurs , EURE TOME MMEUr Fauras-SarNT-Fonp . FOURGRON . :& 1 - NAHODELINLe 07 DESFONTAINES . . . AT ISUSSEU ee A. THouIN* . . MACEPEDEN Ne ae Minéralogie. Géologie, ou Histoire naturelle du globe, Chimie générale. Chimie des Arts. Botanique au Muséum. Botanique à la campagne. Culture et naturalisation des végétaux. Reptiles et poissons . . . . . GEOFFROY-ST.-HILAIRE. Mammifères et oiseaux. . . . . Zoologie. VAMARGR 20e PORTAL Us: le lames CUVIER MU CR: VANSPAENDONCK . . DELEUZE Mets se ele Insectes, coquilles, madrépores, etc. Anatomie de l’homme. Anatomie des animaux. Iconographie, ou l’art de dessiner et de peindre les productions de la nature. Secrétaire de la Société des Annales, ANNALES DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE. MEMOIRE Sur les tortues molles, nouveau genre sous le nom de Trionyx, et sur la formation des carapaces. PAR M. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE,. S. L Observations préliminaires. Dés êtres qui transportent avec eux une sorte de maison où ils se renferment et vivent en sécurité, devoient exciter l'intérêt des hommes les moins attentifs aux merveilles de la nature ; aussi voyons-nous qu’on les connut de tous les temps. On ne tarda pas à s’apercevoir qu'il en existoit dans la mer, dans les fleuves et sur la terre; et dans la persuasion où l’on fut que cette diversité de séjour tenoit à quelque chose d’es- sentiel dans leur organisation, on prit l'habitude de les dis- tinguer sous les noms de tortues de mer, de tortues de fleuve, el de tortues terrestres. 14. ï 2 ANNALES DU MUSEUM Linnæus, qui n’en fit qu’un seul grouppe, n’en donna pas moins les caractères de ces trois sous-genres; ce qu'il fit de la manière suivante : Testudines.marinæ : pedibus pinniformibus ———— fluviatiles : pedibus palmatis ———— terrestres : pedibus clavatis. Quand les voyageurs eurent fait connoître dans la suite un plus grand nombre de ces reptiles, l'on fut étonné d'apprendre que leurs habitudes n’étoient pas toujours en harmouie avec la conformation de leurs pieds. Les tortues à boite, testudo clausa, de Bosc, carolina, de Linnæus, qui ont les pieds des tortues fluviatiles, errent souvent dans la campagne, et il en est d’autres, celle du Japon, par exemple, qui ont les habi- tudes des tortues d'eau douce, quoiqu’elles soient organisées comme les tortues marines. Ce furent sans doute des observations analogues qui enga- gèrent, en 1788, M. le comte de Lacépède, à ne partager les tortues qu’en deux genres, et à ranger dans l’un les tortues à doigts réunis, allongés, aplatis et conformés en nageoires, et dans l’autre, celles qui ont les doigts séparés et distincts. Ce qui n'avoit été indiqué par Linnæus''que comme des soudivisions possibles, que de nouvelles découvertes autori- seroient un jour à faire, fut dernièrement établi par un de nos plus savans minéralogistes, dans un Mémoire imprimé parmi ceux de la première classe de l'Iustitut. (Savans étran- gers, tom. 1, pag. 587). Toutes les coupes des reptiles, quoique bien fäites, ne re- posoient encore que sur des caractères secondaires et sur des cousidérations un peu vagues. Mon célébre ami, M. Bron- D'HISTOIRE NATURELLE. 3 gniart, sentit qu'il falloit qu’elles fassent immédiatement don- nées par la considération des principaux viscères. Il disséqua dans cette vue un grand nombre de reptiles, et il déduisit de ce travail des ordres, et ensuite des genres trés-naturels. Pour nous borner à ce qui concerne les tortues, nous rappelerons qu'on lui doit Fétablissement des trois genres chélonée, émyde (x} et tortue, et qu'il traça ds chacun de ces grouppes des caractères plus rigoureux qu'on ne l'avoit fait avant lui. Mon savant confrére, M. Dis eut le mérite de per- fectionner ces premières bases, en séparant des émydes une espèce anomale, la matamata, l’une des plus singulières qui existent, et en fondant pour cette tortue un nouveau genre, sous le nom de chelys.(Lool. analyt. pag. 76). S. IL Du nouveau genre trionyx. Je crois le genre émyde susceptible d’un nouveau partage, et M. Brongniart en avoit sans doute déjà pris celte opinion, quand, traçant le caractère des émydes, il décrivit les unes- avec une carapace molle, où l'animal ne parvient jamais à renfermer tous ses membres, et les autres avec une carapace et un plastron entierement solides. Ce qui a sans douté engagé les naturalistes 3 laisser toutes ces tortues ensemble, est l'incertitude où ils ont toujours été au LL Dent des Lomme édcmcnt en actréleril. de Eloditet fig sh publicztion da volume des Szvans étrangers, le nom de syrinx au lien d@ celui d'émyd; mis M. Duméril ayant depuis proposé ce dernier nom, M. Brongniart Yadoptz lors de Vimpr-ssion de son Mémoire. UE 4 ANNALES DU MUSEUM sujet des espèces de la première division. Gmelin en inscrivit quatre dans son Catalogue où $ystema naturæ : mais quoique assez peu difficile sur ces sortes d’admissions, il jugea pourtant, d'après le peu de confiance que montroient les auteurs chez lesquels il avoit puisé, qu'il pouvoit avoir fait quelque méprise. Leur organisation, très-différente des autres tortues, a fixé l'attention de plusieurs savans : quelques-uns les ont même considérées comme de premières ébauches à l'égard du grand genre auquel elles appartiennent, et comme s'éloignant moins que la plupart des tortues des autres quadrupèdes ovipares. Blumenbach entr’autres les décrivit les premières dans ses Elé- mens d'histoire naturelle : mais de ce qu’elles ont les côtes non entièrement soudées , que leur carapace n’est qu’en partie osseuse, et qu’elles ne sont pas revêtues d’écailles, il ne s’en- su t point qu’elles ne réunissent pas toutes les conditions d’or- ganisation auxquelles on reconnoit les tortues. La vérité est même que ces animaux tiennent le milieu entre les tortues de mer et les émydes : leurs pieds les rap- prochent davantage de ces dernières, tandis que la carapace et le plastron leur donnent plus de rapports avec les tortues marines ou les chélonées. Mais ce qui établit surtout la nécessité d'en former un groupe à part, c’est que dans ces parties mêmes sont des différences essentielles, et réellement des empreintes d’un tout autre plan. Nous proposons pour ce nouveau genre le nom de trionyx ou de tortues à trois doigts; non que cette particularité soit en elle-mênr eessentielle, mais parce qu’elle est dans ce cas- ci le trait qui isole le mieux les tortues molles des autres groupes de la même famille. Forskaël en avoit ainsi jugé, D'HISTOIRE NATURELLE. 5 quand il appliqua le nom de triunguis à l'espèce qu’il avoit vue dans le Nil. Les trionyx et les chélonées sont les seuls genres où les côtes, confondues dans la carapace, soient cependant distinctes, et par un relief apparent en dedans, et par la portion libre qui les termine; mais un cercle osseux, composé de pièces articulées, est étendu tout autour des côtes dans les chélonées, et manque dans les trionyx : la carapace, ainsi bordée dans celles-là, est d’une solidité à laquelle ajoute encore celle des grandes écailles qui la terminent. Dans les trionyx au con- traire, libre dans son pourtour, la carapace demeure flexible; toutefois sa circonférence n’auroit pu obéir à l'action de radia- tions musculaires, si de grandes écailles en eussent encore constitué les tégumens ; mais c’est ce qui n’est pas : on trouve, et c’est une anomalie si remarquable, que je me dois d’en faire l'observation; on trouye, dis-je, qu’un vaste réseau épider- mique tenant lieu de ces écailles, forme la dernière enveloppe de cette singulière carapace. Le plastron des trionyx, comparé à celui des chélonées, est dans le même cas, semblable à quelques égards, et diffé- rent à beaucoup d’autres. $. III De la formation des carapaces. Avant d'établir cette comparaison, je m'arréterai à exami- ner le plastron en lui-même. Ce qu’on en sait, c’est qu'il remplace le sternum, et qu’il est formé d’un certain nombre de pièces. Mais d’où dérivent ces pièces ? pourquoi ce grand nombre? que sont-elles enfin dans le grand ensemble de l’or- gauisation ? Les recherches que j'ai faites sur le sternum des 6 ANNALES DU MUSÉUM poissons me donnent l'espoir de pouvoir répondre à ces ques- tions. - Le plastron est formé dans toutes les tortues par neuf points d’ossification : ou il arrive, comme dans les émydes et les tortues proprement dites, que ces neuf points croissent et s'étendent indéfiniment, jusqu'a ce qu'ils se rencontrent et ne forment plus qu’une seule plaque; ou bien, comme dans les chélonées et les trionyx, l’ossification de chacun s'arrête de manière à laisser au milieu de tous-ces os quelque espace vide. 4 Une circonstance particulière caractérise quelquefois les trionyx, c’est la réduction de ces neuf pièces à cinq, par la soudure des trois antérieures et celle des deux paires d'os qui suivent : ce nombre de cinq pièces nous rameneroit insensible- ment à l’idée de les comparer aux cinq pièces du sternum des oiseaux, quand nous n’aurions pas l'opinion qu'il en est des tortues comme des poissons osseux, qu'elles ont beaucoup plus de rapports avec les oiseaux qu’on ne l’avoit cru. Ce n’est pas ici le lieu de donner les preuves de cette opi- nion : nous nous bornerons à citer, dans cette occasion, un de ces rapports qui avoit jusqu'à présent échappé, c’est celui que présente la composition de l'épaule, Celle-ci est formée dans les tortues de trois pièces, du furculaire séparé de son congénère comme dans les poissons osseux, d'une omoplate soudée de bonne heure avec lui, et d’une clavicule articulée, et quel- quefois soudée avec tous les deux. La différence dans le nombre des pièces du plastron et du sternum des oiseaux pourroit faire croire qu'il seroit entré dans le plastron des tortues des pièces étrangères à la composition d’un sternum, comme des côtes sternales; idée D'HISTOIRE NATURELLE. 7 d'autant plus naturelle à admettre, que les parties latérales du plastron sont terminées par un certain nombre de digi- tations; cependant il n’en est rien. Les analogues des côtes sternales ne manquent point dans les tortues; elles existent dans ces pièces articulées dont j'ai parlé plus haut, et se voient à la suite des côtes vertébrales où elles forment le bord des carapaces. Le plastron, où le sternum des tortues s'attache sur ces côtes ou pièces sternales, en sorte qu'il ne manque rien d’essentiel dans le thorax de ces animaux, et que tout ce que cet ensemble présente de si singulier à un premier apercu, dépend uniquement d’une ossification plus ou moins com- plète de tout le coffre pectoral et des formés particulières qui résultent de cette circonstance (1). Le sternum des tortues, quoique dérivant, à mon avis, de. celui des oiseaux, présente dans l’arrangement des parties une combinaison en tout opposée, mais qui est d’ailleurs par- faitement appropriée aux diverses habitudes de ces animaux. En effet, les oiseaux obligés de ramer dans un fluide très-rare, et d'y employer une force considérable, avoient besoin que le centre de leur sternum fût irès-étendu et d'une certaine solidité pour offrir une grande surface et un point très résistant aux agens dont ils font usage dans le vol: c’est en conséquence los impair qui est chez eux la pièce la plus développée et la base des autres. ———————_—_—__———————ZZZ {:) Un fait dont on n’avoit pas plus aperçu la généralité que des précédens, c’est qu'il n’y a pas de carapace de tortues à ‘écailles où lon ne compte moins ou plus de cinq écailles de gauche à droite, Y en auroit-il une raison, et se trouveroit- elle dans cet autre fait que, de même en travers, on ne compte jamais moins ou plus de cinq os, une, vertébre au centre, les côtes articulées avec elle à droite et à gauche, et les deux pièces analogues aux côtes sternales? 8 ANNALES DU MUSÉUM Les tortues (du moins les tortues aquatiques) qui se dé- placent sans de pénibles efforts, se seroient accommodées d’un sternum foible et formé de cartilages, comme celui de la plu- part des marmmifères. Mais leur sternum, dérivant de celui des oiseaux, devoit être nécessairement osseux, La pièce im- paire et centrale, privée par la disposition des extrémités antérieures de conserver ses usages habituels, n’a plus que la dimension d’une pièce rudimentaire, tandis que celles que j'ai appelées annexes sternales dans les poissons et les oiseaux, ayant à soutenir tout le poids de la carapace, sont au contraire portées aux plus grandes dimensions. Ce sont ces annexes qui, au nombre de quatre dans les oiseaux, sont doublées dans les tortues, chacune au moyen d’un appendice, par lequel _elles sont terminées à leur extrémité opposée. Ces appendices appuient les uns sur les autres, et placés pour agir comme contrefort, maintiennent l’écartement des annexes. Dans les tortues à plastron solide, toutes ces pièces formant dans le principe autant de points osseux distincts, croissent jusqu’à leur rencontre et leur entière ossification. $. IV. Des caractères génériques des triony x. Présentement si, pour en revenir à l'exposition des carac- tères génériques de notre nouvelle famille, nous comparons le plastron des trionyx à celui des chélonées, nous le verrons formé par les mêmes pièces, le corps du sternum, les quatre appendices extrêmes, et les quatre ailes ou branches latérales, mais cependant par des pièces dont la forme est différente. Le corps du sternum , dans les trionyx, ressemble à un fer à cheval; il est articulé par ses deux extrémités à chacune D'HISTOIRE NATURÉLLE. 9 des branches antérieures, et porte sur ses flancs les appen- dices voisins. Au contraire, sa forme, dans les chélonées, est celle d’un fer de lance, qui est comme suspendu aux AE appendices antérieurs; ceux-ci sont très-grands, s'appuient lun sur l’autre, et sont en dehors terminés par une queue qui atteint les branches de devant , et s'articule avec elles. Ces appendices ne se touchent pas dans les trionyx, mais ils se dirigent parallèlement fort au-delà de la pièce impaire. La différence des branches latérales est dans leur propor- tion : elles sont beaucoup plus larges que longues dans les irionyx, et étendues en sens contraire dans les clones Enfin, les appendices postérieurs sont triangulaires.dans ceux-là, et curvilignes dans celles-ci. D. avons dit que les pieds de derrière semblent rapp o- cher les tortues molles des émydes : elles ont de même, en effet, les doigts distincts, réunis par une membrane et sus- ceptibles de mouvemens propres; mais il n’y a que les trionyx qui aient des pieds aussi larges, et seulement des ongles aux trois doigts intérieurs. Ce n’est pas que le troisième et le qua- trième doigts n'existent pas ou existent qu’en rudiment; ils sont tous deux , au contraire, d’une grandeur proportionnelle au volume it trois autres. Enfin les considérations suivantes éloignent encore les trio- nyx des autres tortues; l'existence d’une petite trompe, la mobilité des lèvres et la situation de l'anus. Il n’y a que les chélys qui aient, comme les trionyx, les narines placées à l'extrémité d’un assez long tube. Quant à de véritables lèvres qu’on trouve dans ces tortues, c'est un caractère dont l’anomalie a d’autant plus sujet de nous étonner, que l’affinité des tortues avec les oiseaux sem- 14. 2 J0 ANNALES DU MUSÉUM bloit nous donner le motif de cette absence totale des lèvres, et même de l'existence des enveloppes cornées des mâächoires. La position de l'anus n’est pas moins remarquable : on le trouve tout à l'extrémité du dessous de la queue. Si l’on se rappelle que c’est la seule ouverture qui existe en arrière, et qu'à elle aboutissent le rectum , les urétères et l’oviductus, on concevra ce qu’une telle position peut produire de difficultés pour l'accouplement. . Par leur id cou, les trionyx ressemblent à quelques émydes qui quittent peu le séjour des eaux. Ils rentrent à volonté tout leur cou dans l’intérieur de la carapace : la peau, qui ne tient aux muscles que par un tissu cellulaire tres-làche, se plisse en avant, assez quelquefois pour se rabattre par-dessus la tête, mais le plus souvent de façon à former en arrière une suite de plis égaux et réguliers. C'est plus habituellement de celte deruière manière qu'ils portent la tête; ils n’allongent le cou que tout-à-coup, et ne l’étendent droit que pour attein- dre leur proie, ou pour blesser par une morsure. La partie molle de la carapace a beaucoup plus d'utilité qu'on le pourroit croire. Les trionyx, en abaissant ou relevant, tantôt ensemble et tantôt séparément, les bords latéraux de celte large enveloppe, parviennent à nager avec une vitesse extrême, et ce qu'il y a de plus surprenant, par un mode qui leur est propre : elles roulent sur elles-mêmes, de manière que, lorsqu’elles nagent à fleur d’eau, on en apercoit alterna- tivement le dos et le ventre. Il suit de cette observation que j'ai faite en Egypte, que voilà des tortues qui emploient à la natation des parties analo- gues aux côtes Sternales; car il ne faudroit pas conclure de ce que j'ai dit ci-dessus, que ces os manquent absolument dans D'HISTOIRE NATURELLE. ‘ II les tortues molles. Un fort cartilage, contenu entre les tégu- mens du dessus et du dessous, en tient lieu, et de même que cela arrive à ces os dans les autres tortues, ce cartilage forme tout le bord de la carapace. La différence de consistance de ces parties, dans ces différentes tortues, n’a rien de plus sur- prenant que ce qu'on observe journellement dans les mam- mifères. Les quadrumanes, par exemple, ont leurs côtes ster- nales simplement cartilagineuses, et les chauve-souris les ont entièrement osseuses. S. V. Description des espèces. Il ÿ a eu jusqu'ici beaucoup d'incertitudes sur les espèces de tortues molles; il n’y a qu’à consulter les derniers mono- graphes qui ont écrit l’histoire de ces animaux, Schæpff, Latreille, Daudin et Bosc, pour sen faire une idée : tout ce qu'ils n’ont pu connoitre avec certitude, ils se sont accordés pour lattribuer à la tortue molle du Nil, parce que n'étant pas décrite, mais simplement annoncée par Forskal, elle s’est prélée à tout ce qu'ils ont imaginé à son sujet. J'ai rapporté d'Egypte cette espèce, et me suis assuré qu'il n’y a que Forskal qui l'ait connue. Des recherches que j'ai faites n'ont fait découvrir huit de ces tortues : en voici le tableau, dans un ordre relauf à la moindre convexité de leurs carapaces. 1. Le rmionvx aprati. Trionyx subplanus. PLrANcuelV, fig. 2. LA on . Caract. Carapace presque entièrement plate, sans zigzag, Sans arête dorsale, à surface finement et uniformément cha- ! rinée. 8 ne 12 ! ANNALES DU MUSÉUM Desc. Côtes ayant le septième de leur longueur dégagé de la partie solide de la carapace. Nofa. Je ne possède de ce trionyx d’autres parties que la carapace représentée planche V, g. 2. Ne connoissant pas les carapaces des trionyx de la Géorgie et de l'Euphrate, il se pourroit qu'elle appartint à l’une ou à l’autre de ces espèces; mais cependant je ne le présume pas, leurs carapaces étant décrites comme ayant plus de convexité, Patrie. Inconnue, 2. Le ruonyx D'Ecyere. Trionyx Ægyptiacus. Prancues I et II. Caract. Quatre callosités : carapace peu convexe : les deux appendices antérieurs très-écartés l’un de l’autre, et parallèles. Testudo tringuis. Fonsxar. « GMELIN. Desc. Carapace peu convexe, fort légèrement renflée au- dessus de la colonne épinière, cette légère saillie s'annonçant dans les jeunes sujets par une double série de petits points (ce qui se voit également dans les espèces précédentes ). D'un vert moucheté de blanc partout. S Côtes ayant le quart de leur longueur dégagé de la partie solide de la carapace. | L’extrémité antérieure de la partie molle de la carapace légèrement festonnée, et dépourvue de tubercules. Plastron ayant ses deux appendices antérieurs très-écartés l'un de lautre, et dirigés pararellelement en devant. Quatre plaques calleuses, formées aux dépens d’une partie des branches latérales et des appendices postérieurs. Les extrémités extérieures de ces branches à double bifur- D'HISTOIRE NATURELLE. 13 cation : leurs extrémités opposées partagées; les supérieures en quatre divisions; les inférieures en huit. Les appendices postérieurs articulés seulement par quelques , points de leurs bords antérieurs. , Queue plus courte que l'extrémité de la carapace. . Patrie. Le Nil; on l'y nomme Tyrsé : il s'en trouve d’un mêtre de long. 3. Le rrionyx éroisé. Trionyæx stellatus. 3 Q ,’ . . FR . , Caract. Cinq étoiles sur la partie postérieure de la carapace. Testudo cartilaginea. Bon». lettre au doct. W. Roëll. Amst. in-4, 1770, pag- 21, bonne figure. A, vu en dessus. B, vu en dessous, —— GMELIN. Desc. Carapace convexe, déprimée latéralement, légère- * ment renflée au-dessus de la colonne épinière, semée de petites crètes en Zig-Zags. L’extrémité antérieure de la partie molle bordée de tuber- cules. Plastron ayant ses deux appendices antérieurs contigus à leur base, et s’écartant comme les branches d'un V. Hestcotes die Les plaques osseuses. . . . ... Les appendices postérieurs. . . . . . . La queue plus courte que l'extrémité de la carapace. Cinq étoiles. sur la partie supérieure et postérieure de la portion molle de la carapace, chacune formée par une tache noire circulaire, et par une série de points blancs étendus autour, comme autant de rayons. . Patrice. Inconnue, 14 ANNALES DU MUSEUM DNota. Je suis d'autant plus certain de l'exactitude de cette synonymie, que c’est sur l'individu même de Boddaert que j'en ai donné les caractères : il a passé, avec le cabinet du Stathou- der, au Muséum d'histoire naturelle. Boddaert en a donné une figure de grandeur naturelle. Comme l'individu dont il s’est servi est un jeune sujet, le milieu de sa carapace n’étoit pas encore ossilié ; ce qui m’a privé d'en étudier la disposition des côtes, des plaques osseuses et des appendices postérieurs. Mais, quoiqu'il se rapproche beau- coup du trionyx à carène et du trionyx de Java, je suis resté persuadé que j'avois assez de données pour établir une espèce d’après lui; car il diffère du premier par ses appendices anté- rieurs qu’il a contigus, du second par le méplat de sa cara- " pace, et de tous deux enfin par les cinq étoiles qui ornent le dessus de la partie molle, par laquelle sa carapace est terminée, 4. Le TRionxx A CARÈNE. Trionyx carinatus. Prancue IV. Caract. Quatre callosités : carapace convexe, déprimée la- téralement, et saillante au-dessus de la colonne épinière. Testudo membranacea. ScHNEtpEn. ——————— BLumEnsacx. ——— rostrata. SCHŒPFF. Tortue à bec. Daupin. ——-————— Bosc. Testudo rostrata. SHaAw. Desc. Caparace convexe, déprimée latéralement, et relevée en carène au-dessus de la colonne épinière. Côtes, libres dans la moitié de leur longueur. D'HISTOIRE NATURELLE... 15 L'extrémité antérieure de la partie molle‘bordée de tuber- cules. Plastron ayant ses deux appendices antérieurs écartés à leur base, et se dirigeant en devant presque parallèlement. Quatre plaques calleuses formées aux dépens d’une partie des branches latérales et des appendices postérieurs. Les extrémités extérieures de ces branches à double bifur- cation : leurs extrémités opposées partagées; les supérieures en six divisions; les inférieures en quatre : la première de ces divisions articulée avec sa congénère. Les appendices postérieurs articulés ensemble par quelques points seulement de leurs bords intérieurs. La queue plus courte que l'extrémité de la carapace. Patrie. Inconnue. 5. Le rrionyx DE Java. Trionyx Javanicus. Caract. Deux callosités : carapace convexe et renflée laté- ralement : appendices antérieurs contigus à leur base. Amyda javanica. Scaweiccern, dansun manuscrit communiqué à l’Institut, Desc. Carapace convexe, renflée latéralement, semée lon- gitudinalement de petites crètes en zig-zags. , Côtes ayant le sixième de leur longueur dégagé de la partie solide de la carapace. L’extrémité antérieure de la partie molle de la carapace bordée de tubercules. " Plastron ayant les deux appendices antérieurs contigus à leur base, et s’écartant en devant comme les branches d’un V. 16 ANNALES DU MUSÉUM. Deux plaques calleuses correspondantes à une portion des branches latérales. Les extrémités de ces branches courtes, larges, et peu pro- fondément divisées. Les appendices postérieurs en partie ossifiés à leurs bords correpondans, L La queue plus courte que l'extrémité de la carapace. Patrie. Java et les iles voisines, où on le nomme boulousse, selon M. Leschenaulf. 6. Le rrionyx DE Coromanpez. Trionyx Coromandelicus. Prancue V, fig. 1, Caract. Sept callosités au plastron. Tortue chagrinée. LACÉPÈDE. , Testudo granosa. ScHærrr. ” Tortue chagrinée. Daupin. ” —— Bosc. Testudo granulata. Saw. Desc. Carapace bombée et lisse (1) : le bord antérieur et le postérieur de la partie molle ossifiés. . Les côtes étroites, grèles, et libres dans le tiers de leur longueur. Plastron long, et couvert de sept plaques calleuses, deux qui correspondent aux branches latérales, ‘deux aux appen- dices antérieurs, deux aux appendices postérieurs, et une à la pièce impaire. = (:) La carapace est lisse dans les sujets frais; elle n’est chagrinée ou grenue qué dans ceux qui sont desséchés. Il eh ést de même de toutes les tortues molles, dont les carapaces à l’état vivant sont lisses, et ne prennent de rides qu'après la mort. D'HISTOIRE NATURELLE. 17 Queue dépassant l'extrémité de la carapace. Patrie. La côte de Coromandel, Sonnerat, Schæpff. Nora. Je n'ai point vu les deux espèces suivantes, et je les range ici en appendice, et non selon l'ordre de la con- vexilé de leurs carapaces. 7. Le rmonyx DE Géorcir. Trionyx Georgicus. Caract. Deux callosités : la queue presque aussi longue que l'extrémité de la carapace, Testudo ferox. Penn. Trans. phil. tom. 61, part. 1, pag. 266, tab, 10, fig. 1, 2 et 3. ———— —— SCHNEIDER: La molle. Lacérèpe. Testudo ferox. GMELIN. La molle. BONNATERRE, Tortue de Pennant. Daupine Tortue molle. Bosc. Testudo ferox. SHAw. Desc. La carapace d’un brun noirûtre, lavé de verdâtre : le plastron blanc. Des tubercules lisses et oblongs sur le devant et le derrière de la carapace. Deux plaques calleuses au plastron, correspondantes aux appendices postérieures, La queue dépassant à peine l'extrémité de la carapace. Patrie. Les fleuves de la Géorgie et de la Caroline, 8. Le rrionyx DE L'Eupnrare. Trionyx Euphraticus. Caract. Sans callosités : queue dépassant l’extrémité de la carapace. 10: . 3 te 18 ANNALES DU MUSÉUM Tortue de l'Euphrate. Daupin, Hist. des rep. ————————— Bosc, Nouv. Dict. d'hist. nat. Ouvien, Voyage en Perse, tom. 3, p. 453, tab. 41. ————— — Desc. La carapace d’un vert obscur en dessus. Le plastron libre et d’un blanc pur. Queue dépassant d’un quart de sa longueur l'extrémité de la carapace. Patrie. Le Tigre et l'Euphrate. S. VI. D'une seconde espèce de chélys. Les naturalistes n’ont pu s'accorder sur la tortue molle qui existe dans les eaux de la Floride orientale, et qui a été décrite et figurée par Bartram. Schæpff, qui n’en eut sans doute pas d’autres motifs que de savoir qu'elle habitoit dans le voisinage du trionyx de la Géorgie, la rapporta à cette espèce. Eile est plate; elle porte des ongles à tous ses doigts; elle a sa colonne épinière couverte par une rangée de véritables écailles, et elle a enfin tout son cou orné de franges et de barbillons. Tous ces caracteres la rapprochent au contraire de la mata- mata où chélys fimbriatu. On ne sauroit la regarder comme un jeune ou une simple variété de cette espèce; comme un jeune, parce que Bartram parle d'individus grands et très- gros qu'il se faisoit servir à ses repas; ni comme une variété, puisque cette tortue n’est pas entièrement écailleuse, et qu’elle a ses yeux, non sur les bords, mais en dessus de la tête. Bartram n’a pu se méprendre à son sujet, l'ayant fait figurer de deux maniéres : cet'e espèce est donc réelle, et dans l'état qu'elle présente, elle me paroït former une deuxième espèce du genre de chélys établi par M. Duméril. D'HISTOIRE NATURELLE. 19 S'il étoit vrai qu’elle füt entièrement semblable aux tortues molles par le pourtour de la carapace, elle tiendroit le milieu entre ces tortues et la matamata; mais je ne le présume pas; Bariram en parle comme d’une tortue aux écailles douces et flexibles : et d’ailleurs, lanalogie porte à croire qu’elle est couverte d'autant d'écailles que la matamata. Bartram ne nous en ayant donné qu’une description très-incomplete, aura bien pu négliger de faire mention de cette dernière circonstance. C'est cependant là l'espèce qui, confondue avec la tortue Molle de Pennant, a fait attribuer à celle-ci des barbillons ou franges qu’elle n’a pas. Cette erreur, qui remonte à Daudin, a déjà été assez copiée pour qu'il soit nécessaire de la relever. N'y auroit-il pas une troisième espèce de chélys? Un indi- vidu des collections du Muséum, conservé dans la liqueur, n’a point ses écailles latérales relevées en bosse : celles du bord antérieur sont aussi grandes que les suivantes, et la gorge est d’une teinte uniforme, tous caractères par lesquels il diffère des matamatas de la Guyane; il est le plus petit de tous ceux qui composent la collection publique, mais peut-être ces diffé- rences tiendroient-elles à ce qu'il est beaucoup plus jeune. Je v’en ferois pas le moindre doute à l'égard des écailles latérales qui, en s’ossifiant davantage, peuvent croitre et se relever en bosses; toutefois je suis étonné de n’y pas trouver quelques traces de ces rubans noirâtres dont le cou des matamatas est orné. Attendons, pour prononcer, des renseignemens plus certains. 3 20 ANNALES DU MUSEUM EXPLICATION DES PLANCHES Letrionyx d'Egypte, représenté planche I, vu en dessous et de côté, nous donnant une idée exacte du port et des caractères génériques des trionyx, nous nous sommes bornés, dans les planches suivantes, à faire figurer les seules parties caractéristiques des autres espèces, telles que leurs carapaces en À, et leurs plastrons en B. Comme nous avons tiré de la convexité des carapaces des caractères pour la dis- tinction des diverses espèces, nous les avons rendus sensibles par une coupe trans- versale, supposée faite au milieu de la carapace. C’est l’objet de la figure gh : gest une courbe tracée et par une ligne pleine vers le milieu, et par deux lignes ponc- tuées aux extrémités; la ligne pleine représente la courbure de la partie solide de l& carapace, et les lignes ponctuées celle des côtes qui se prolongent au-delà. La courbe i nous donne aussi la courbure de la carapace, mais prise en sens contraire au-dessus de la colonne épinière. On a eu, en la traçant, les mêmes attentions que plus haut; la ligne pleine correspond à la partie solide de la cara- pace, et les lignes ponctuées à ce qui la termine au-delà. Détails des carapaces A. a. Pièce correspondante à la dernière vertèbre certicale. B. Pièce de la premiere vertèbre dorsale. . Extrémité de la premiére côte, d. Plaque formée par l'extension de la première côte. e. Plaque de la derniére côte. Délails des plastrons B, o. Pièce impaire. 1. Appendice antérieur, m. Brauche antérieure. n. Branche postérieure. p. Appendice postérieur, PU ML. 14. Dore’ seul. vue j® del. TRIONIX D EGYPT T'RIONIX D BCYPTE. [Caropaces du ) PT: F5. . de Nature à 4 » 1 AN ENS LS ET "2 ” = D _ LOU” A T'RIONYX DE NA. [Caropaces de] 4 12 Vip mA CUT EME 2/ LE de Nature 2 Crandeur Naturel! AU d 4, A LA Ab LA 4 OL FUTURE ee POIL 122 PTE À O ;, D'HISTOIRE NATURELLE, 21 EXTRAIT D'UN MÉMOIRE Sur l'analyse de différens tabacs préparés. PAR M VAUQUELIN. Es occupant de l'examen du tabac fabriqué, j'ai eu inten- tion de savoir si les principes que j'avois reconnus dans la nicotiane verte se retrouveroient dans les tabacs préparés, et, dans le cas contraire, de reconnoître le genre d’altération qu'ils auroient éprouvé; j'espérois que ce travail pourroit aussi conduire à la connoissance des matières que lon emploie pour la confection du tabac à priser. Ayant suivi à peu près les mêmes procédés pour ces ana- lyses que pour celle du tabac vert que j'ai donnée précédem- ment dans nos Annales, je crois devoir ne pas les répéter ici. Les petites différences nécessitées par l’état différent des ma- tères, sont faciles à imaginer pour ceux qui ont quelques notions de la chimie. Il suflira donc de dire que j'ai trouvé dans les tabacs pré- parés les mêmes principes que ceux que j'ai annoncés dans la plante verte, et de plus du carbonate d’annmoniaque et du \ 22 ANNALES DU MUSÉUM muriate de chaux, provenant sans doute de la décomposition mutuelle du sel ammoniac et de la chaux qu'ou y ajoute pour leur donner du montant. C’est pour cela que l’infusion du tabäc en poudre est sen- siblement alcaline, tandis que le suc de la nicotiane est acide: c’est aussi la présence du carbonate d’ammioniaque qui pro- duit les fumées blanches avec l'acide muriatique que l'on ex- pose au-dessus, et à quelque distance du tabac en poudre, M'étant spécialement occupé dans ce dernier travail à ca- ractériser le principe äcre du.tabac, je vais rendre compte des expériences auxquelles je l'ai soumis. Cette substance étant volatile, et cette propriété me four- nissant un moyen de l'obtenir séparée des autres principes fixes, ou au moins qui ne sont pas volatiles au même degré, j'ai disullé les infusions des tabacs ; et pour ne pas décomposer la matière animale et autres qui se trouvent dans ces infusions, j'ai mis l'appareil au bain marie lorsque les liqueurs ont été réduites en consistance d'extrait. Voici quelles sont les propriétés que j'ai reconnues au pro- duit de la distillation : 1° il avoit la même odeur que celle de la fumée de tabac; 2° une saveur äâcre et méine caustique, semblable à celle que produit la fumée de tabac, ou du tabac lui-même, lorsqu'il tombe dans la gorge; 3° l'infusion de noix de galle lg précipite en flocons blancs, qui sont solubles dans l'alcool et dans les alcalis; 4° les dissolutions d’acétate de plomb et de nitrate de mercure précipitent aussi ce prin- cipe en flocons blancs solubles dans les acides; 5° l'acide muriatique, avec lequel je l'ai mélé, ne l’a point détruit; car leur mélange, exposé pendant quelque temps à l'air, avoit encore son äcreté après que l'acide muriatique fut dissipé. D'HISTOIRE NATURELLE. 23 J'ai eu soin, avant de faire ces expériences sur l'eau dis- tillée du tabac, de saturer avec l'acide nitrique la petite quan- tité de carbonate d’ammoniaque qui s’y trouvoit, et qui auroit pu compliquer ou modifier les effets que je viens de rap- porter. , Ces nouvelles propriétés que je ne connoissois pas toutes quand je fis imprimer mon Mémoire sur l’analyse de la nico- tiane verte, me confirment dans l'opinion qu’elles appartien- nent à un principe nouveau, dont les chimistes n’ont jamais parlé, et que je n'ai trouvé jusqu'ici que dans le genre ni- coliane. Je lai déjà cherché en vain dans plusieurs autres plantes de la même famille; mais il est possible qu’il existe dans d’autres familles. J’ai donc retrouvé dans le tabac en poudre les mêmes matieres que j'avois annoncées dans la plante verte; ce qui prouve qu’elles n’ont pas été décomposées par les différentes opérations qu’elles ont subi pour étre converties en tabac en poudre. Je pense cependant que la matière animale a éprouvé un léger changement, duquel il a pu résulter du carbonate d’'ammoniaque et une matière grasse; mais j'ai trouvé de plus, dans le tabac en poudre, du muriate de chaux et du carbonate d’an:moniaque. Le tabac de Virginie en feuilles, et le tabac d'Espagne dont j'ai fait l'analyse avec soin, m'ont donné les mêmes produits que les tabacs de France, et de plus, environ un dixième d’une terre ferrugineuse rouge, à laquelle ce dernier doit sa couleur particuliere. Ces tabacs, aussi bien que la plante verte qui les fournit, 24 ANNALES DU MUSÉUM ne m'ont présenté de remarquable que le principe àcre dont j'ai exposé les principales propriétés plus haut C’est ce principe qui distingue le tabac de toute autre pré- paration végétale qu'on pourroit lui comparer; d'après ce que nous en avons dit, on conçoit comment il agit si promptement sur la membrane du nez, qu'il irrite au point d’exciter des éternuemens violens, et quelquefois dangereux chez les per- sonnes qui n’y sont pas accoutumées; comment il cause dans la gorge une âcreté insupportable, donne des nausées, et fait vomir lorsqu'il descend jusque dans l’estomac; comment, in- troduit en lavement dans les gros intestins, il rappelle quel- quefois à la vie, par Pirritation qu'il y produit, les personnes asphyxiées par submersion. Enfin ce principe, qui est soluble dans l'alcool et dans l’eau; qui est volatil, mais cependant pas au point de ne pouvoir pas être concentré dans l’eau, et sur- tout dans l'alcool, par une évaporation lente, peut être con- servé à part, et servir à former un tabac artificiel avec des poudres végétales inodores, pour raccommoder les tabacs avariés, ou enfin pour donner plus de force à ceux qui n’en auroient pas suffisamment : on peut donner à ce principe le nom d'essence de tabac. D'HISTOIRE NATURELLE. 25 EXAMEN CHIMIQUE De quelques substances végétales, envoyées au Museum. PAR M. VAUQUELIN. $. L Examen d'une excroissance végétale de Madagascar, envoyée à l'Ile-de-France par M. Cnareuzier, et de là en France, par M. Janner. Cxre substance est blanche comme un pain d’amidon; elle est perforée dans tous les sens d’une immense quantité de trous formés par de petits insectes; elle n’a aucune odeur ni saveur ; elle répand en brülant l'odeur du pain brülé, tirant un peu sur celle de lamadoue. ; 1. Traitée par une très-grande quantité d’acide nitrique, elle a fourni un peu d’acide oxalique, mais point d’acide mu- queux ; par conséquent elle ne contient pas de gomme. 2. L'eau ne l'attaque en aucune facon; mais si elle reste long-temps avec ce liquide, à une température suffisamment élevée, une partie de la matière animale, qui paroit y étre contenue, passe à la putréfaction, et donne à ce liquide une odeur fétide analogue à celle de choux-fleurs; ce qui paroit annoncer la présence du soufre. 14. [A 26 ANNALES DU MUSEUM La portion qui reste jouit encore de toutes ses propriétés. 3. L’acide acéteux, bouilli avec cette substance, lui enlève une matière qui paroît être de nature animale; car elle est précipitée par la noix de galle; mais elle ne l’est point par les alcalis. Ce qui n’est pas dissout par le vinaigre, jouit tou- jours des mêmes propriétés que la substance naturelle, ou au moins à très-peu prés. 4° Dix grammes de cette matière soumise à la distillation ont donné une huile empyreumatique, mélée d’une liqueur acide, qui répandoit une odeur d’ammoniaque lorsqu'on y méloit de la potasse. Le charbon brülé a fourni un décigramme de cendre jau- nâtre, contenant un peu de phosphate de chaux, de carbonate de la même base, et une trace d’oxide de fer. Cette matière ayant l'apparence de l'amidon, ou au moins paroissant en contenir, on a dirigé principalement tous les essais dans la vue de la découvrir; mais il a été impossible d'en séparer la plus petite trace. Il paroit résulier de cet examen que la substance qui en fait le sujet, est un mélange de matière ligneuse, sans organisation, et de substance végéto-animale, lesquelles , surabondantes dans le végétal, ont été repoussées à l'extérieur, où elles ont formé une excroissance. D'HISTOIRE NATURELLE, 27 $. IT. Analyse d'une gomme-résine , envoyée en l'an 13, de Madagascar, par feu M. Chapellier, à l'Ile-de-France, et de ce dernier lieu au Muséum d'histoire naturelle, par M. Vicror Janner, en novembre 1808. Cette gomme-résine a une couleur brune-verdtre; elle brûle en se boursoufflant et en répandant une fumée épaisse, une odeur peu agréable; elle laisse une cendre qui contient du carbonate de chaux, À laide d’une chaleur douce, l'alcool dissout en grande parue cette résine; il reste un résidu gras au toucher, que Pal- cool n’attaque qu’à l’aide de l'ébullition, encore la plus grande partie se précipite-t-elle aussitôt que la liqueur refroïdit. La matière qui se précipite ainsi par le refroidissement, a pré- senté toutes les propriétés de la résine laque; son poids s’éle- voit à six grammes sur dix grammes de résine. La portion (un dixième) de la résine sur laquelle l'alcool mavoit plus d'action, a été traitée par la potasse caustique dis- soute dans l'eau; ce réactif n’a pas eu sur ce résidu beaucoup plus d'action que l'alcool; il est resté sous forme de poudre brune, douce au toucher, et pesant encore près d’un gramme. Cette substance insoluble dans l'alcool et la potasse, a été distillée à une chaleur douce; elle a d’abord fourni un peu d’eau, puis il s’est élevé des vapeurs qui se sont condensées en une huile et une liqueur d’une saveur un peu aromatique, sans étre désagréable, ayant beaucoup d’analogie avec les pro- duits que donnent les gommes. Aucun des produits de cette distillation, mélangé avec de la chaux vive ou avec de la potasse, n’a donné la moindre trace d’ammoniaque. Il est resté dans la cornue un charbon 4% 28 ANNALES DU MUSÉUM facile à incinérer, et qui a laissé un décigramme de cendre jaunâtre, contenant de la chaux et un peu d’oxide de fer. La dissolution alcoolique de la résine avoit une couleur brune et une saveur particulière; on l’a évaporée à siccité dans une cornue : l'acool recueilli ne contenoit point de matière aromatique. On a fait bouillir la résine dans l’eau, à laquelle elle a com- muniqué une légère saveur; cette résine, ainsi purifiée, a une couleur brune-jaunûtre; elle retient l’eau assez fortement; car elle a de la peine à se dessécher, et conserve assez long-temps de la mollesse. Il paroïit donc que la matière à laquelle on a donné le nom de gomme-résine, contient sur 10 grammes de résine, LR RESTE TAQUE ER ere de Dee eilelletelie eee els elle tte 6 2° Résidu contenant encore un peu de résine laque et de matière végétale. cha sep totlstéot bhtoite tsir1 1130 Il reste donc pour le poids de la résine. . . . . . « . . . . + 8,4 C'est, à ce qu'il me semble, la première fois que l’on a trouvé la résine laque mélée à d’autres résines, et ce fait nous confirme dans l'opinion que le même végétal peut former plusieurs espèces de résines, de même que différens arbres peuvent donner naissance à la même résine. S. IT. Analyse de la racine de vetiver (andropogon schæ- nantus, L.), envoyée de l'Ile-de-France par M. Janner, en 1508. Cette racine a une couleur jaunâtre et une odeur analogue à celle de la serpentaire de Virginie. D'HISTOIRE NATURELLE. 29 On en a mis infuser vingt grammes dans l'alcool, qui a été renouvelé jusqu’à ce qu'il ait cessé de se colorer. ? Les dissolutions alcooliques filtrées avoient une belle couleur jaune d’or. Soumises à la distillation , elles ont donné de l’al- cool, dont les premières portions d'alcool n’avoient acquis aucune odeur étrangère; mais lorsque la liqueur de la cornue est devenue moins spiritueuse, et qu'il a fallu plus de chaleur pour soutenir l’ébullition, l'alcool affoibli qui a passé avoit une odeur assez sensible, et qui ressembloit un peu à celle de la racine. La matière restée dans la cornue est devenue trouble; on la décantée toute bouillante dans une capsule; par le refroi- dissement, elle a déposé une huile brune. La liqueur qui surnageoit cette huile avoit une couleur jaune, une saveur très-amère, légèrement salée et un peu aromatique; le dépôt huileux étoit épais, lisse au toucher, avoit une saveur àcre et brülante comme une huile essentielle, et une odeur irès-analogue à celle de la myrrhe. On a fait bouillir avec de Peau les vingt grammes de cette racine, épuisés par l'alcool. La décoction rapprochée avoit une couleur jaune, très-peu de saveur, ne précipitoit pas le sulfate de fer ni la colle de poisson; elle n’étoit pas troublée par l'alcool ni par la teinture de noix de galle : elle rougissoit assez fortement la teinture de tournesol; mais comme il y avoit très-peu de hHqueur, on n’a pas pu déterminer la nature de cet acide; ainsi l'alcool n’a laissé à l’eau presque rien à dissoudre dans ces racines. + Après avoir fait bouillir la racine de vetiver dans l’eau, on la mise infuser dans l’eau d'acide nitrique étendu d’eau; cette infusion a donné par lammoniaque un tres-léger précipité, 30 ANNALES DU MUSEUM qui ressembloit à l’oxalate de chaux; mais il y en avoit trop peu pour qu'on ait pu s'assurer de sa nature. + Vingt grammes de ces racines ayant été incinérés, ont laissé un résidu rouge pesant huit décigrammes. Ce résidu s'est dissout dans l'acide muriatique, en produisant une très- légère effervescence; la liqueur avoit une belle couleur jaune; elle a donné par l’'ammoniaque un précipité volumineux , d’un brun foncé; ce précipité, traité par la potasse caustique, a fourni un peu d’alumine ; mais la liqueur alcaline n’a pas fourni la moindre trace d'acide phosphorique. La liqueur ammoniacale, dont on avoit séparé l'oxide de fer, a donné un peu de chaux par l'acide oxalique : le résidu laissé par la potasse caustique étoit de l’oxide de fer. Ainsi cette racine contient, 1.” une matière résineuse d’un rouge brun foncé, ayant une saveur àcre, et une odeur abso- lument semblable à celle de la myrrhe : nous croyons que ce n’est, en effet, autre chose que de la résine de myrrhe; 2° Une matière colorante soluble dans l'eau ; 3. Un acide à nu; 4° Un sel calcaire, dont nous n'avons pas pu déterminer l'espèce ; 5° De l’oxide de fer en assez grande quantité, dont nous ignorons l’état de combinaison de la plante; 6° Une grande quantité de matière ligneuse. Le résultat le plus intéressant de cette analyse, c'est la pré- sence dans l’andropogon schœnantus d’une matière résineuse, entièrement semblable à la résine de la myrrhe ordinaire; elle n’en diffère que par un peu moins de solidité; mais si elle étoit mêlée, comme la myrrhe naturelle, à une certaine quan- tité de matière gommeuse, je ne doute pas qu’elle ne lui res- D'HISTOIRE NATURELLE. Gr semblât parfaitement. L'on pourra conclure de là que, dans plusieurs végétaux , il se forme de la myrrhe; car, quoiqu'on ne connoisse pas ici l'arbre d’où l’on tire la myrrhe du com- merce, 1l est vraisemblable que ce n’est pas de l’'andropogon Schœnantus. S. IV. Analyse des feuilles aromatiques du RaAveN-rsara (Agathophyllum Ravensara, L.), renuses par M. Taouix. J'ai fait digérer quinze grammes de ces feuilles dans l'alcool à trente-six degrés; celui-ci a pris une belle couleur verte; j'ai répété celle digestion jusqu'à ce que l'alcool, aidé de la chaleur, ne se soit plus coloré. Toutes les dissolutions réunies avoient une belle couleur verte; elles ont déposé, par le refroidissement , une petite quantité de flocons que j'ai reconnus pour être de la cire. L'alcool, séparé de ces flocons, a été distillé dans une cornue; lesprit-de-vin qu'il a fourni avoit une odeur et une saveur très-agréables. Le résidu étoit troublé par un peu de résine végétale verte ; la liqueur qu’on a séparé par la filtration, avoit alors une belle couleur jaune-brune; elle a encore déposé par le repos une petite quantité de matière brune, puis il s’est formé à sa sur- face quelques gouttes d'huile, qui avoit la saveur et l'odeur de l’huile de gérofle. La liqueur, évaporée spontanément à l'air, a donné encore une assez grande quantité de cette huile brune et une liqueur claire, épaisse comme un sirop, qui avoit la saveur de l'huile de gérofle, mêlée d’amertume. J'ai fait bouillir avec de l’eau les feuilles épuisées par l’ai- da ANNALES DU MUSÉUM cool; mais elles ne lui ont fourni qu'une légère couleur jaune, et la propriété de rougir légèrement la teinture de tournesol, : et d'être précipitée assez abondamment par l'alcool. Cette dé- coction n’éprouvoit aucun changement par la teinture de noix de galle, par la dissolution de sulfate de fer, ni par celle de la colle-forte. Après avoir laissé égoutter les feuilles, je les ai incinérées, et j'ai obtenu , de quinze grammes employés, sept décigrammes de carbonate de chaux, mélés d’un peu de phosphate de la méme terre. | Comme il étoit à présumer que cette chaaz étoit combinée à l'acide oxalique dans les feuilles, j'en ai mis huit grammes en digestion dans l'acide nitrique très-étendu d’eau; mais la liqueur acide n’a fourni qu’un très-petit précipité lorsqu'on l'a saturée par l'ammoniaque: . L'huile que nous avons obtenue du raven-tsara m'a pré- senté absolument toutes les propriétés de l’huile essentielle de gérofle, tant par sa couleur, son odeur, sa saveur, que sa pe- santeur, qui est un peu plus grande que celle de l'eau. Elle n’en diffère physiquement que par un peu plus de consistance; ce qui est dù probablement à l'ancienneté des feuilles dans lesquelles cette huile se sera épaissie, el en quelque sorte ré- sinifiée avec le temps. L'on pourra tirer de cette analyse la conclusion suivante, que les végétaux de différentes espèces penvent former de l'huile essentielle de la même nature, Ces feuilles pourront servir dans l’économie domestique, aux mêmes usages que le gérofle, en l'employant à des doses plus fortes, D'HISTOIRE NATURELLE, 33 DES OS FOSSILES DE CHEVAUX ET DE SANGLIERS. PAR G. CUVIER. Le ne nous reste plus à parler que de ces deux genres, pour avoir terminé l’histoire des quadrupèdes à sabots qui se sont trouvés à l’état fossile, et notre tâche, à leur égard, sera d’au- tant plus aisée, que l’on n’en a déterré que dans des sols. meubles, la plupart récens, et que celles de leurs dépouilles que l’on a recueillies ne peuvent les faire distinguer des espèces vivantes de nos jours, ARTICLE PREMIER. Des os fossiles de cnevaux. Ils sont aussi communs dans les couches meubles que ceux d'aucune autre grande espèce, et cependant l’on en a peu fait mention dans les ouvrages sur les fossiles, soit parce que l’on considéroit leur présence comme un phénomène fort simple, et quine méritoit point d'attention, soit parce qu’on ne lef reconnoissoit point pour ce qu’ils étoient. Il y a des preuves nombreuses de ce dernier motif, qui paroitroit bien extraordinaire, si l’on ne savoit quelle légèreté 14. 5 34 ANNALES DU MUSÉU M a toujours été mise dans les déterminations des fossiles et des pétrifications. : Ainsi l’on trouve dans le Traité des monstres d'Aldrovande, publié par Bernia , p. 37, deux dents de cheval, données pour des dents de géans, tandis que dans le Museum metallicum de-cet auteur, publié par Æmbrosinus, pag. 830, des dents du même animal sont données pour ce qu’elles sont véritable- ment, Nous avons déjà dit ailleurs que Lang, dans son Historia lapidum figuratorum Helvetiæ, tab. XI, f. 1, 2, avoit pris une dent de cheval pour une dent d’hippopotame. Nous pouvons ajouter que Aundmann en a fait graver d’autres, sans savoir à quoi les rapporter ( Rar nat. et art. tab. 11, f 4et 5), et que /F'alch, qui en avoit recu de Quedlim- bourg, se borne à remarquer leur ressemblance avec celles de Lang et de Kundmann, sans vouloir non plus les déter- miner (Monumens de Knorr. I, sect. IT, pag. 152 ). Il n’y a qu'un petit nombre d'auteurs qui aient été plus har- dis, tels que Bourguet, qui cite une seule dent machelière de cheval trouvée à soixante pieds de profondeur, en creusant un puits pres de Modène ( Traité des pétrifications), et Romé- de-Lille, qui compte au nombre des objets du cabinet de Davila , une dent de cheval fossile dans son alvéole d'aupres de Canstadt. ( Cat. de Davila, WA, pag. 230). C’est sans doute à ce silence de la plupart des naturalistes, sur les os fossiles de cheval, qu'est dù celui que garde M. Faujas sur le même objet dans sa Géologie, quoiqu'il eût pu en tirer grand parti, pour soutenir son opinion favorite de l'identité des animaux fossiles avec ceux de nos jours. Eu effet, les os fossiles de chevaux ne peuvent se discerner D'HISTOIRE NATURELLE, 35 des os de chevaux vivans, et cependant on les trouve certai- nement dans les mêmes couches qui recèlent des animaux inconnus. Nous avons déjà dit qu'il y avoit des milliers de dents de cheval dans ce célèbre dépôt d’ossemens d’éléphans, de rhinocéros, de tigres et d'hyènes, découvert en 1700, près de Canstadt en }Virtemberg : leur association avec les éléphans paroît générale. A Nous avons vu retirer, de nos propres yeux, des centaines d’os et de dents de cheval du canal de l'Ourcq, dans le lieu même d’où l’on retiroit en même temps des os d'éléphans, et parmi ceux de cheval il y en avoit quelques-uns de véritable- ment pétrifiés. Dans le dépôt de Fouvent le Prieuré, département de la Haute-Saone, d’où l'on a extrait des os d’éléphant et des os d’Ayéne, on a trouvé en méme temps plusieurs os et dents de cheval, qui ont aussi été envoyés à notre Muséum. M. de Drée possède une portion de mâchoire de cheval trouvée à Argenteuil, à peu près au même endroit qu'une mâchelière d’éléphant. M. Fabbroni w’a envoyé des dessins de plusieurs portions semblables, déterrées dans le Fal d’Arno supérieur, avec des os d’éléphans, de rhinocéros et de mastodontes à dents étroites. Enfin M. Fischer n’a procuré des dessins de dents de cheval, apportées de la Bergstrasse au cabinet de Darmstadt. Je suis persuadé, d’après ces observations, que, si l’on n’a pas fait plus souvent mention de ces os de chevaux déterrés avec ceux d'éléphans, c’est qu'on jugeoit les premiers trop peu intéressans en comparaison de ceux-ci. j 5 * 1 36 ANNALES DU MUSEUM Nous ne répéterons pas ce que nous avons dit de ceux que Ton rencontre quelquefois dans les brèches osseuses; mais c'est dans les alluvions récentes qu’on en trouve le me conime lon devoit s’y attendre. Il n’est presque point de vallée où l’on puisse creuser dans quelque étendue sans en rencontrer dans les dépôts des ri- vières ; la vallée de la Seine, celle de la Somme, et bien d’au- tres sans doute, en fourmillent. M: Traullé m'en a envoyé beaucoup des bords de la Somme, et j'en ai vu retirer moi-même des fondations du pont que lon construit en ce moment vis-à-vis l'Ecole militaire. Ceux-là nous intéressent peu, puisqu'ils ont été déposés depuis que nos continens ont pris leur forme actuelle; mais les premiers, ceux qui accompagnent les éléphans et les tigres, sont d'un ordre de choses antérieur. Les chevaux qui les ont fournis ressembloient-ils en tout à nos chevaux d’aujourd’hui? J'avoue que lAnatomie comparée est hors d'état de ré- pondre à cette question. J’ai comparé avec soin les squelettes de plusieurs variétés de chevaux, ceux de mulet, d'âne, de zèbre et de couagga, sans pouvoir leur trouver de caractère assez fixe pour que josasse hasarder de prononcer sur aucune de ces espèces, d’après un os isolé; et quoique je n’aie pu encore me pro- curer le squelette de l’émione où dgigguetai, je ne doute point qu'il ne ressemble autant à toutes ses espèces qu’elles se ressemblent entre elles. Si l'on avoit une tête fossile en- ère, on pourroit peut-être établir quelque comparaison ; mais avec les autres os, encore la plupart mutilés, l’on n’ob- tiendroit aucun résultat. On peut donc assurer qu’une espèce du genre du cheval D'HISTOIRE NATURELLE, 37 servoit de compagnon fidele aux éléphans où mammouths, et aux autres animaux de la même époque, dont les débris remplissent nos grandes couches meubles; mais il est impos- sible de dire jusqu’à quel point elle ressembloit à l’une ou à l'autre des espèces aujourd’hui vivantes. Il ne me reste autre chose à faire que d'indiquer les carac- tères auxquels on peut distinguer les débris de chevaux. Comme c’est surtout avec ceux de bœuf ou de buffle que l’on pourroit les confondre, c’est avec eux qu'il faut les comparer. Les dents mächelières supérieures de chevaux sont pris- maliques comme celles de bœuf et de buffle, et marquées de méme de quatre croissans ; mais elles en ont de plus un cin- quième au milieu du bord interne. Les inférieures sont plus comprimées, et ont quatre crois- sans dans le cheval comme dans le bœuf; mais au lieu d’être parallèles deux à deux, ils sont alternatifs, le premier du bord interne correspondant à l'intervalle des deux du bord exlerne. L’omoplate du cheval a son épine plus élevée au tiers su périeur, et s’abaissant de là jusqu’à l'endroit de lacromion. Dans les ruminans, il y a bien aussi une élévation au tiers supérieur; mais c'est à l'extrémité inférieure à l'endroit de Pacromion que lépine est le plus saillante. Dans lhumérus du bœuf, la grande tubérosité s'élève beau- coup au-dessus du reste de la tête supérieure, et il n’y a qu'une rainure pour le biceps; dans le cheval, cette tubérosité ne s'élève pas plus que les autres, et il y a deux rainures diffé- rentes en avant, Le chameau et d'autres ruminans ressemblent plus au che- val qu'au bœuf à cet égard. 38 ANNALES DU MUSÉUM Le cubitus du bœuf, quoique soudé au radius, s’en laisse distinguer sur toute sa longueur ; celui du cheval s'y confond entièrement dès son tiers supérieur, n’y restant marqué que par une espèce de filet. La tête inférieure du radius du cheval est divisée en deux facettes, par une arête presque perpendiculaire; celle du bœuf est divisée en trois, par deux arêtes fort obliques. Le bœuf a un os de moins au carpe que le cheval, parce que son trapézoide est confondu avec son grand os. Chacun sait- aussi la différence de leur métacarpe et de leurs doigts. L’ischion de bœuf relève sa tubérosité beaucoup plus que celui du cheval, et l'os des iles de celui-ci relève, au contraire, beaucoup plus son angle supérieur; ce qui fait la différence si sensible de la croupe de ces deux animaux. Le fémur du cheval a trois trochanters; celui du bœuf n’en a que deux, et le grand s’y élève moins. La tête inférieure du tibia du bœuf est rectangulaire, et porte à son bord interne une facette pour l'articulation de l'osselet péronien; celle = cheval est très-oblique, et presque triangulaire, Il en résulte la même S diférense d’obliquité pour les astra- gales; celui du cheval n’a d’ailleurs qu'une très-petite facette pour le cuboïde; celui du bœuf appuie sur cet os près de moitié de sa tête inférieure. Le scaphoïde du cheval est beaucoup plus large que son cuboïde, et en reste toujours distinct ; dans le bœuf, ces deux os sont également larges et toujours confondus. Le cheval n’a qu'un seul cunéiforme, et le bœuf en a deux. Les différences du métatarse et des doigts, qui ont occa- D'HISTOIRE NATURELLE. 39 sioné celles du tarse, sont connues de tous les naturalistes. Au moyen de ces caractères simples et courts, on pourra distinguer aisément les os d’extrémités des deux espèces. Chacune des vertèbres, prise à part, donneroit aussi des caracteres ; mais le détail en seroit infini, et il est bien rare que l’on trouve des vertébres isolées sans aucun autre os; je crois donc avoir fourni aux géologistes tout ce qui leur est nécessaire. ArTicze IL Des os fossiles de sanquiers. Je ne trouve pas non plus beaucoup d'indications de ces dents dans les auteurs; tous ceux que que j'ai vus venoient de tourbières ou d’autres terrains récens, et je ne sache pas qu’ils aient jamais accompagné les éléphans. WValch ne cite que la vertébre de cochon pétrifiée men- tionnée par Luid, et d’après lui par d’Argenville ; mais on ne peut se fier ni à de pareils auteurs, ni à de pareilles in- dications. Gmelin, Wallerius, et d’autres que j'ai consultés, ne parlent point du tout de cette sorte de fossile. Il ya cependant déjà dans le Muséum Beslerianum, pl. XXXI, un germe fossile de mâchelière de cochon, sous le nom bisarre de pseudo-corona-anguina, et Grew dit que le cabinet de la Société royale en possede de semblables ( Mus. soc. reg: p. 250); mais ni l’un ni l’autre n’en assigne l’origine plus que l'espèce. M. Delaunay, dans son Mémoire sur l'origine des fossiles accidentels des provinces belgiques, pag. 36, rapporte que, daus les environs d’Alost, en creusant une tourbière, « l’on ko ANNALES DU MUSÉUM » trouva la partie osseuse de la tête d’un sanglier inconnu en » Europe, vu la taille extraordinaire que devoit avoir l'ani- » mal vivant», et ajoute que ce qui avoit fait reconnoitre l'animal, « c'étoient les défenses d’une longueur tout-à-fait » remarquable ». Il auroit été bien simple d’ajouter la longueur de ces défenses, et quelque figure ou description de cette tête; mais les géologistes ont rarement pris des soins qu'ils jugeoient trop minutieux, et aimoient mieux réserver leur temps pour des systèmes que de l’employer à des recherches précises; aussi ce renseignement, qui pouvoit être intéres- sant, nous est-il aujourd’hui parfaitement inutile. J'ai pour ma part quelques mâchelières de sangliers qui paroissent avoir séjourné dans la terre ; j'en ai même de teintes en noir par la tourbe, où elles étoient sans doute enfoncées; mais je ne connois d’origine certaine qu’à une défense trouvée en creusant les fondations de la culée du pont d’Iéna, du côté de l'Ecole militaire, avec plusieurs ossemens de chevaux, et des débris de bateaux et d’autres objets artificiels, et à une portion de mâchoire retirée des tourbières du département de l'Oise, déposée au cabinet de l'Ecole des mines; toutes les deux sont donc de terrains très-récens : aussi toutes deux ne différent-elles en rien de leur analogue vivant. M. Adrien Camper w'’a envoyé le dessin d’une moitié in- férieure d’humérus de cochon ou de sanglier, qui lui a été adressé du, Hartz, mais sur le gisement duquel il n’a point de notion certaine. La tête du cochon se distingue assez aisément de toutes les autres pour que nous n’ayons pas besoin d'en donner les caractères. Ses mächelières représentent en petit celles du mastodonte D'HISTOIRE NATURELLÉ, 4x à dents étroites, ayant de même des tubercules mousses garnis sur leurs côtés de tubercules plus petits. Dans les sang'iers, cochons domestiques, cochons de Siam, sangliers de Madagascar, le nombre naturel.et complet des mächelières est de sept partout. + La postérieure d’en-bas a cinq groupes de tubercules; celle d’en-haut en a six. Les huit qui les précèdent en ont chacune quatre groupes, rangés par paires. | a quatrième de chaque côté en a Liois groupes rangés en triangle, et les trois anté- rieures ayant leurs tubercules sur une seuie ligne, sont presque tranchantes. La dent antérieure tombe de bonne heure dans nos co- chons, et je ne l’ai jamais trouvée dans le bäbiroussa, dont le nombre seroit de six, et où il est souvent-de cinq par la chute de la dent antérieure. Je n’en trouve également que six à deux pécaris. Le sanglier d’Ethiopie n’a que trois dents, toutes composées de cylindres soudés ensemble, comme les lames de l'éléphant, et présentant des cercles à leur surface quand elle est triturée. Elles sont fort inégales; car la dernière a jusqu’à vingt-trois cercles rangés sur trois lignes. Chaque espèce a ses formes particulières de défenses; mais toutes les défenses et toutes les molaires que j'ai observées étoient semblables à celles du sanglier commun. Les extrémités des cochons ont beaucoup de rapport avec celles des ruminans; comme c’est avec les os du mouton et du cerf qu'on pourroit confondre les siens, c’est avec eux qu'il faut les comparer. Son omoplate a, comme celle du cheval, son épine abaissée 14. 6 & ANNALES DU MUSÉUM en avant, et plus saillante au tiers supérieur, où elle forme un crochet reployé en arrière. La grande tubérosité de son humérus est très-haute, comme dans le mouton; mais elle s’élargit en arrière, et ROÉHENCTE par un large arc rentrant. Le cubitus est très-large et distinct sur toute sa longueur; la plus grande partie en est soudée dans le mouton. Dans le cerf, il est au moins’beaucoup plus grèle. Le carpe ressemble beaucoup, avec cette différence que le trapézoide y est distinct, tandis qu'il est soudé dans les ru- minaus, et que l’unciforme y est moins large, tandis que le scaphoïde lest beaucoup plus. Les différences des fémurs seroient tres-difficiles à exprimer en paroles; mais le tibia se recon:oit parce qu'il est plus court, que sa tête inférieure est carrée, et non rétrécie d’arrière en avant, et qu'elle n’a point d’articulation pour l’osselet péronnien. La principale diflérence du tarse tient au petit cunéiforme, au vestige du cinquième doigt, et à ce que le scaphoïde reste distinct da cuboïde. Quant aux métacarpes, aux métatarses et aux doigts, on ne peut les confondre. Zom.. 14. ORNITHOLITHE de Montmartre. Zaurillard del. et seufp: _ D'HISTOIRE NATURELLE, 43 EE SUPPLÉMENT Au Mémoire sur les Ornitholithes de nos car- rières à plätre. PAR G. CUVIER. Devis ta publication de ce Mémoire, j'ai reçu de Mont- martre un ornitholithe plus complet qu'aucun de ceux que jy ai décrits, et même qu'aucun de ceux qui ont jamais été annoncés. C’est le squelette presque entier d’un oiseau, aplati comme tous ceux des petits animaux de nos carrières, et qui, lorsque Von a fendu la pierre qui le contenoit, s'est partagé en deux moitiés, dont chacune est restée adhérente au morceau de pierre de son côté. | L'oiseau étoit tombé sur le ventre, sur la couche de gypse qui étoit déjà formée; et avant qu'il se fût déposé assez de gypse pour lenvelopper tout-à-fait, il avoit perdu, soit par le mouvement de l’eau, soit par l'action des animaux voraces, la plus grande partie de sa tête et toute sa jambe gauche, car on n'en trouve point de restes dans la pierre en y creusant, Une partie des os est restée à sa place quand la pierre s'est fendue, une autre est tombée en éclats, ét n’y a laissé que son empreinte. J’ai fait distinguer ces deux sortes de marques (OA 44 ANNALES DU MUSÈUM par des hachures longues et plus fortes pour les os, et par des hachures plus foibles et obliques pour les empreintes. Du reste, la planche représente le côté de la pierre où il étoit resté le plus d’os ou d'empreintes, et qui paroit être le côté du ventre. Je vais en expliquer successivement toutes les parties. a est l'empreinte du bec inférieur ; sa branche gauche b est presque restée entière. En c et c’ sont des restes des deux côtés de la base du crâne, qui étoit cellulaire comme dans tous les oiseaux. Les vertèbres du cou sont fort reconnoissables aux nombres 12,3, 4.0, 6,1 81et0; A La clavicule, d’un côté, est fort bien conseryée en d, et l'on voit des restes de celle de l’autre en d': un petit reste de l’omoplate se voit en e; mais la plus grande partie de cet os a disparu. Cette forme de clavicule est si particulière aux oiseaux, que cet os seul suffiroit pour prouver que ce fossile est de cette classe. Le sternum fort écrasé et défiguré occupe la plus grande partie de l'espace ff, et l'on voit par-ci par-là des restes ou des empreintes de côtes, dont les unes sont en partie recou- vertes ou plutôt interrompues par les débris du sternum, les autres par les clavicules. Le bassin a également laissé une empreinte assez embrouillée, parce qu’elle se méle avec celle du croupion; mais on recon- noit distinctement les empreintes des deux poi.tes formées par les ischions et par les pubis, en g et 9. Toutes les parties des deux ailes sont bien conservées dans cet ornitholithe, et y présentent les caractères ostéologiques éminemment distincuifs de la classe des oiseaux. D'HISTOIRE NATURELLE. 45 L'humérus du côté L est presque entier. Le cubitus z et le radius Æ ont aussi très-peu souffert dans les deux ailes. On voit même un des petits osselets du carpe en L. Le métacarpe, qui a dans les oiseaux une forme très-par- ticulière, sy composant de deux branches soudées ensemble à leurs deux extrémités, est très-reconnoissable en m et m'; on distingue également en # et n' le petit osselet qui tient lieu de pouce. L’os de la première phalange du grand doigt est aussi formé de deux branches dans cet ornitholithe, en o, o', comme dans les oiseaux en général; à côté de lui, s’est conservé d’un côté en p l’osselet qui représente le petit doigt, et à son extrémité celui de la dernière phalange q. Les extrémités -postérieures ne sont pas si bien conservées, à beaucoup près, que les antérieures; il ne reste même que des parties d’une seule, et cependant on ne peut y mécon- noître des parties de la jambe d’un oiseau. r est une moitié inférieure de fémur, et s un tibia presque entier, avec un petit reste de pérouné enté sur sa partie su- périeure, comme dans tous les oiseaux. Il est donc impossible désormais de douter de l'authenticité de nos ornitholithes, puisqu’en voilà un où toutes les parties du squelette sont réunies avec leurs caractères ostéologiques. Il ne s'agit plus que d’en connoître l'espèce; mais à peine peut- on donner là-dessus quelques idées probables. Les formes du bec, ceiles des pieds, d’après lesquelles on distingue les classes et quelquefois le genre des oiseaux; celles da sternum et du bassin qui auroient pu les remplacer jusqu’à un certain point, et les articulations même des os ayant disparu dans ce sque- 46 ANNALES DU MUSEUM lette, nous n'avons de ressource que dans la proportion rela- tive des parties restées entières. Nous voyons d’abord que c’étoit un oiseau à ailes courtes, puisque son humérus ne fait pas la moitié de la longueur de son corps, et que son ayant-bras étoit plus court que son hu- mérus. Cette dernière circonstance détermine sa classe d’une ma- nière assez positive; car il n’y a que les oiseaux à vol pesant de la famille des gallinacés et de celle des palmipèdes, où l'on observe cette proportion. Or, le bec empêche que l'on ait à le chercher parmi les palmipedes, et la caille est le seul de nos galliuacés dont il se rapproche par la grandeur; en- core notre caille commune est-elle un peu plus petite dans toutes ses dimensions, comme on peut le voir par la table suivante. Les nombreuses cailles étrangères ont peut-être quel- que espèce qui convient plus exactement à notre fossile pour la taille, sans que l’on puisse en aflirmer davantage l'identité. Table des dimensions. de cet ornitholithe. Longueur d'une des branches du bec inférieur . .« « « . . . 0,053 ———— de la clavicule. , . . + . + + + + + + : : + * 0,026 =—— de l'humérus « à « elle à « © à + sue + «1:14 0,040 ——— du, cubitus et du radius . . « + + + + «1e + e + 0,033 du métacarpe « « « je © + © ++ + + + + + + 0,020 ———— de la première phalange du grand doigt. . . . . 0,007 ————— de la dernière phalange du même doigt . . . . . 0,008 ——— dutba..e + ee + + + + + + + + 0,049 Laurillard dl à 0. L CZ ARS Lossdes . D'HISTOIRE NATURELLE. 4, DE QUELQUES RONGEURS FOSSILES, Principalement du genre des casrors qui se sont trouvés dans des tourbes ou dans des alluvions, et de quelques autres rongeurs enfermés dans des scnisres. PAR G. CUVIER. Novs parlons au chapitre des brèches osseuses de plusieurs rongeurs, dont les os se sont trouvés mélés dans ces brèches à des os de ruminans : ici nous n’avons à traiter que des ron- geurs des terrains meubles ou des couches fissiles. ARTICLE PREMIER. Rongeurs des terrains meubles. Nous parlerons d'abord d’une tête et d’une dent incisive de castor retirées des tourbés de la vallée de la Somme, par M. Traullé, à qui nous devons tant d’autres fossiles de ce canton- là. Trouvées dans un terrain tout récent, avec des bois de cerfs, des têtes de bœufs et autres ossemens d'animaux connus, et dans un pays où il y a eu autrefois beaucoup de castors, et 46 ANNALES DU MUSEUM où il en reste encore quelques-uns, on devoit bien s'attendre qu’elles ressembleroient au castor ou biévre ordinaire; et c’est en effet ce que l'examen a confirmé. Le caractère générique des molaires de castor est d’avoir l'émail de leur couronne replié de manière à former trois lignes rentrantes du bord externe, et une seule de l'interne à la mâchoire supérieure, et précisément l'inverse à l'inférieure. Leur nombre est partout de quatre, dont la première seule est susceptible de changer. On peut prendre une idée de ces dents, fig. 16 et 17, où les supérieures et les inférieures du même côté sont dessinées de grandeur naturelle. Notre tête fossile, fig. 1, 2 et 4, etsa mächoire inférieure, fig. 5, présentent exactement ces caractères; el comme la dent du devant y est beaucoup moins usée que les autres, on voit qu’elle venoit de remplacer la dent de lait. Un heureux hasard a voulu que j'eusse deux têtes de castor ordinaire du même âge; car l’une a sa dent antérieure encore parfaitement entière, et l'autre est au moment de perdre sa dent de lait. J'ai représenté celle-ci à côté de la tête fossile, fig 3, 6 et 7, et le premier coup-d’œil montre qu’elle vient de la même espèce d'animal. Je représente, fig. 8, 9 et 10, la tête d’un castor adulte du Canada; elle diffère de ces jeunes têtes, en ce que les crètes temporales, au lieu d’être presque effacées et écartées l’une de l'autre, sont rapprochées sur la ligne médiane en une seule crète saillante; en ce que la crète occipitale se porte plus en arrière; enfin en ce que la longueur est plus grande à propor- tion de la largeur, indépendamment de ce qu’elle surpasse absolument d’un cinquième celle des jeunes têtes. D'HISTOIRE NATURELLE, 49 Une autre tête du même pays et du même âge présente les mêmes caractères; mais on voit aisément qu'ils ne tiennent qu’à l’état adulte. Le rapprochement des crètes occipitales se fait de même avec l’âge, dans presque tous les animaux. J'aurois bien voulu savoir s’il y a quelque différence entre la tête osseuse du castor d'Europe adulte et celle du castor de Canada; mais je n’ai pu encore me procurer la première. C’est le seul moyen de décider si notre castor diffère par l'espèce de celui d'Amérique; car, malgré que le poil des in- dividus de France que nous possédons au cabinet, soit d’un gris jaunâtre, et que les castors ordinaires de Canada soient d’un fauve roussätre, comme il y en a aussi dans ce pays-là, de roux, de dorés, de blancs et de tout-à-fait noirs, la cou- leur ne peut donner de caractère certain. Dimensions comparatives des trois têtes. TÂTE Tère 'ÈTE de de jeune castor. | castor adulte fossile. ———_— Longueur de la tête dépuis la crète ocipitale jusqu’à l'extrémité des os du nez . . . . 0,105 0,105 0,135 Largeur du crâne entre les fosses temporales. 0,043 0,043 0,041 Plus grande largeur des arcades zygomatiques| 0,078 0,076 0,086 Largeur entre les deux orbites. . . . .… . 0,025 0,023 0,028 M. Fischer, conseiller aulique de l'empereur de Russie, professeur et directeur du cabinet de l'Université de Moscou, lun des naturalistes auxquels mon ouvrage sur les fossiles doit le plus de bons matériaux, a eu La complaisance de m'envoyer la 14. 7 5o ANNALES DU MUSEUM gravure d’une tête fossile des environs d’Azof, qu'il a décrite dans le deuxième volume des Mémoires de la Société des na- turalistes de Moscou, et qu'il nomme trogontherium, c'est- à-dire animal rongeur. J'en donne la copie fig. 11 et 12. Les dents et toutes les formes de cette tête portent les ca- ractères d’un castor; on ne pourroit même la différencier de la tête du castor adulte du Canada, si la fossile n’étoit d’un quart plus grande. Cependant, comme il n'est pas certain que nous possédions les plus grandes têtes de castor vivant qu'il y ait; comme d’ailleurs le castor habitoit autrefois et habite peut-être encore les côtes du Pont-Euxin; comme enfin presque tous les bords de la mer d’Azof ne sont que de vastes alluvions, je crois que l’on ‘auroit besoin de bien connoitre le gisement de cette tête avant de décider si elle appartient à un animal perdu. Dans tous les cas, comme son genre n’est susceptible d'aucun doute, on pourra l’appeler castor trogon- therium. ( Voilà tous les os de rongeurs des terrains meubles dont j'aie eu connoissance exacte; non sans doute qu'il n’y en ait eu beaucoup d’autres de déterrés, mais parce que leur petitesse et leur ressemblance apparente avec les espèces connues les aura fait négliger. ARTICLE IL. . Sur les rongeurs des couches fissiles. Parmi ces innombrables poissons qui remplissent en divers endroits les lames des schistes calcaires et marneux, il s’est trouvé , quoique très-rarement , des quadrupèdes vivipares qui appartiennent tous à l’ordre des rongeurs. Les plus nombreux et les plus considérables ont été tirés D'HISTOIRE NATURELLE, 5t des célèbres carrières d'OEningen, que je décris au chapitre des Reptiles trouvés dans les schistes, et qui passent géné- ralement . n'offrir que des restes d'animaux du pays, quoiqu'il s’en faille beaucoup que cette assertion soit exacte. M. Karg, qui a décrit nouvellement ces carrières et toutes leurs productions (1), parle de trois espèces de rongeurs qui en auroient été extraites. L'une d'elles est, selon lui, la souris domestique , dont on lui a assuré qu'on avoit trouvé plusieurs individus ; mais il reconnoit que l'échantillon qui lui fut montré pour tel dans le cabinet de M. Lavater, n’étoit peut-être qu'une racine de cypérus (2). Une autre est le muscardin, dont il doit y avoir un indi- vidu au cabinet de Mersbours ; il a cinq pouces de long, est tout courbé et comprimé, et ne conserve presque rien de ses membres; je voudrois donc qu’on eût dit comment on a pu reconnoître que c’étoit justement un muscardin. » Enfin la troisième et la plus grande, déposée dans le ca- binet de M. Ziegler à Hinterthur, la seule qui ait été gravée, et sur laquelle nous puissions par conséquent donner nos propres conjectures, a élé regardée par M. Jean Gesner comme un cochon d'inde, et rapportée aux rongeurs, seu- lement d’une manière générale par M. Blumenbach; mais M. Karg soupçonne que ce pourroit bien n'être qu’un putois. (1) Mém. de la Soc. des nat. de Souabe, tom. I, pag. 24 et 25. (2) M: Brard, jeune minéralogiste altaché au Muséum d'histoire naturelle, qui a fait un voyage en Suisse depuis peu, nous a fait voir le dessin d'un fossile du cabinet de M. Lavaler, qui nous paroît représenter un rongeur, de la grandeur du cochon d'inde, et par conséquent de la même espèce que celui de M. Ziegler ; mais nous n’y avons trouvé que les dents d'un peu reconnoissable ; c'est pourquoi nous ne l'avons pas fait copier. * 7 52 ANNALES DU MUSEUM Il seroit singulier que l’on eût pu regarder comme animal du pays le cochon d'inde qui vient d'Amérique, et qui n’en avoit sûrement pas été encore apporté en Souabe, quand les schistes d'CEningen se sont déposés; d'un autre côté, il est assez difficile qu'on puisse soutenir qu’un animal soit d’un pays quelconque, quand on n’est pas encore sür sil est de l'ordre des rongeurs ou de celui des carnassiers. Cherchons donc à voir par nous-mêmes ce que nous pour- rons y reconnoitre. Nous avons deux bonnes figures de ce fossile; la première, dans les Mémoires de l'Académie de Lausanne, tom. IT, pag. 51, où elle avoit été envoyée par M. /Fild ; la seconde, qui représente la contre épreuve, dans ceux de la Socicté des naturalistes de Souabe, où elle accompagne le Mémoire de M. Karg. Nous avons fait copier celle-ci à moitié grandeur, Sig. 15. On ne voit de traces de dents que dans la premiére de ces figures; mais ces traces marquent, à ce qu’il mesemble, un rongeur, sans aucune équivoque. Les grandes incisives arquées de la mâchoire inférieure, les molaires composées de lames à la supérieure m'y paroissent bien exprimées. Si c’étoit un putois ou tout autre carnassier, il seroit bien extraordinaire que ses fortes canines et ses molaires tran- chantes n’eussent point laissé de vestiges. Pour que le lecteur en puisse juger, nous donnons, fig. 14, une copie de grandeur naturelle de cette tête, d’après la figure de /Vild. J’adopte donc l'avis exprimé par M. Blumenbach, dans son Archæologia telluris, que c’est ici un rongeur (scalpris den- tatum ). D'HISTOIRE NATURELLE. 53 Mais lorsqu'il dit ailleurs que c’est une espèce délermi- nable, tout en ajoutant que c’est un rat d'eau ou quelque animal semblable, je pense que ce. savant, professeur. va un peu trop loim. Ce n’est d’abord point le rat d'eau; car la grandeur du squelette fossile est de près d’un quart supérieure à celle de nos plus forts rats d’eau, et surpasse aussi plus ou moins celle du rat commun et du surmulot. Je ne trouve dans le genre des rats propremént dits, à dents molaires simplement échan- crées par les bords, que le rat de Java, appelé perchal par Buffon, que l’on puisse comparer à celui-ci pour la grandeur ; mais le fossile montre véritablement plusieurs caractères qui se trouvent dans le sous-genre auquel appartient le rat d'eau, et non pas dans celui où se rangent le surmulot et le rat commun. D'abord il a, commexle rat d'eau, des molaires composées de lames parallèles; ensuite la forme de son fémur, et surtout la position tres-basse de son {roisième trochanter, confirment ce que les restes de ses molaires annoncent; car tout le sous-genre des campagnols , parmi lesquels se place le rat d'eau, a le trochanter plus bas que les autres rats ; mais aucun des campagnols que nous connoissons n’est plus grand que le rat d'eau. Le piloris des Anülles le surpasseroit seul s’il étoit du même genre; mais comme aucun naturaliste proprement dit ne l’a encore vu, lon ne peut rien aflirmer de positif sur sa classification, Si nous passons maintenant aux autres rongeurs, nous ne trouverons que les: cabiais et. des ondatras, auxquels les deux caractères que nous avons déterminés dans le squelette fossile puissent convenir; mais londatra où rat musqué est trop grand; et parmi les cabiais, le cochon d'inde seul est de la taille nécessaire. | 54 ANNALES DU MUSÉUM Ce résultat montre que la détermination faite par M. Jean Gesner étoit encore la plus juste de toutes; mais, si elle étoit vraie, elle prouveroit déjà combien l’on se trompe en faisant venir du canton environnant tous les animaux enfouis à CEningen. 9 Cependant il ÿ a encore un caractère distinctif et spécifique. fort marqué dans la position et la grandeur de ce troisième trochanter. Quoique le cochon d'inde l'ait, et l'ait à la même place, il l'a inconiparablement plus petit que ne le marque sur l'un des deux fémurs la figure de Wild, qui paroïit bien terminée à cet endroit. Celle de M. Aarg le marque à l’autre beaucoup plus foible et plus semblable à celui du cochon d'inde ; mais elle le place au côté opposé de l'os, ce qui laisse quelque doute. Nous faisons représenter à part, de grandeur naturelle, fig. 15, cette portion de fémur tirée de la figure de 7Vild, afin que nos lecteurs puissent en faire la comparaison: Aiosi, de deux choses l’une; où cet animal fossile est un cochon d'inde, et alors il seroit d'Amérique, et non des en- virons du lac de Constance; ou, ce qui est beaucoup plus vrai- semblable et plus conforme à tout le reste de l’histoire des quadrupèdes fossiles des couches régulières, c'est une espèce inconnue de campagnol ou de cabiai. J’autre rongeur des couches fissiles, dont j'ai à parler, vient de #alsch en Bohême, dans le cercle de Saats, au revers des montagnes de l'EÆrzgebirg ; lieu dont les carrières ne me sont pas connues en détail. Il a été représenté par Mylius dans ses Memorabilia saxoniæ subterraneæ, et par Hebenstreit, dans son Museum richterianum. Nous en don- nons une Copie à moilié grandeur, fig. 13: #F'alch ( Monum. D'HISTOIRE NATURELLE. 55 de Knorr. IL, pag. 152), le rapporte au rat d'eau, et j'ai lieu de croire que c’est de ce morceau que Gmelin a voulu parler, quand il dit qu’un squelette de musaraigne a été trouvé en Bohéme, enfermé dans une ardoise (1). Comme ce squelette ne montre plus guère de caractères que ses incisives inférieures, que lon pourroit aussi, à la rigueur, rapporter au genre sorex, on n'a que la grandeur pour se décider. Elle est beaucoup trop considérable pour qu’on puisse croire que c’est une musaraigne d'Europe, ou une souris domestique, ou un mulot, ou un campagnol; elle ne l’est pas assez pour en faire un rat d'eau. Le schermauss (mus terrestris), est le seul animal de ce pays-ci auquel on puisse rapporter ce squelette avec quelque vraisemblance : mais combien ne s’en faut-il pas encore qu’il y ait de la cer- titude dans ce rapprochement ? (1) Syst. nat. tom. III, pag. 387. 56 ANNALES DU MUSÉUM COMPARAISON Des organes de la mastication des Orthopteres avec ceux des autres animaux. PAR M. MARCEL DE SERRES. Ox sait avec quel soin les naturalistes modernes ont décrit lés mandibules des insectes, et l'importance bien fondée qu'ils ont donné à ces parties de la bouche; mais il semble qu’il ven est aucun qui ait tâché d’en tirer des conclusions générales pour arriver, par leur moyen, à la connoissance des habitudes et des mœurs des insectes. Cependant l'illustre auteur de l'Anatomie comparée sembloit les avoir mis sur la voie par une remarque dont on auroit dù faire usage pour les insectes masticateurs; c’est en parlant des mandibules des libellules, qu'il a fait sentir le rapprochement que l’on pourroit faire des dents qui sont placées à leurs extrémités, avec les dents des quadrupèdes. « Les mandibules (1) des demoiselles, dit-il, ont » une partie antérieure crochue comme laniaire, et une pos- » térieure vraiment molaire, à quatre tubercules pointus. Il » est curieux, ajoute-t-il, de retrouver dans ces insectivores le (1) Anatomie comparée de M. Cuvier, tom. I, pag. 513. - D'HISTOIRE NATURELLE. 57 » même caractère que dans les quadrupèdes qui prennent » une nourriture semblable. » Quelle que soit la justesse de ce rapprochement chez les in- sectes masticateurs , il ne paroît pas cependant que les natu- ralistes et les iconographes qui ont décrit ou figuré ces parties de la bouche, depuis la publication de cet ouvrage profond, aient senti qu'on pouvoil suivre ce rapprochement heureux, et faciliter par-là l'étude des mœurs des insectes. En m'occu- pant avec soin de l'anatomie et de l’histoire des orthoptères du midi de la France, que je compte publier dans peu, j'ai voulu appliquer cette remarque à tous les genres qui compo- sent cette famille, et je l'ai trouvée toujours en rapport avec les mœurs des espèces. Ainsi, dans ce travail, je n'ai d'autre mérite que d'avoir généralisé l’idée de M. Cuvier, et d’avoir fait sentir son importance, puisque, par le seul aspect d’une mandibule d’un orthoptère, on peut décider si lindividu au- quel elle appartient est carnassier ou herbivore. Avant de comparer les dents des mandibnles avec celles des quadrupèdes, il n’est peut-être pas inutile de décrire d’une manière générale les mandibules et les dents qui en font partie. Les mandibules, au nombre de deux, toujours très-fortes chez les orthoptères, situées de chaque côté de la tête, sont recues dans des cavités formées par les branches des arcades intermaxillaires et les écailles temporales. Elles ÿ sont en quel- que sorte emboîtées, étant cependant articulées avec l’écaille du frontal et celle du temporal. Cette articulation s'opère de deux manières : d’abord on observe sur la face supérieure de la mandibule et à sa base deux petites éminences et une cavité glénoïde; les éminences sont reçues dans deux cavités glénoïdes creusées sur l’écaille du frontal, comme la cavité de la man- 14. 8 58 AXNALES-DU MUSÉUM: dibule recoit une petite éminence qui se trouve sur l’écaille du frontal. En dessous de la mandibule et à sa base, il existe une espèce de condyle, souvent très-prononcé, qui joue dans une cavité cotyloide creusée dans l’écaille du temporal, bien au-dessous de l’œil, et à l'extrémité de l'enveloppe coriacée de la tête. C'est toujours du côté externe de la mandibule on de celui qui est opposé aux dents, que ces parties s'articulent vraiment avec le crâne; en effet, il paroït qu'il étoit nécessaire qu’elle fût plus libre de ce côté pour permettre à la mandibule d'exé- cuter avec plus de facilité des mouvemens de dedans en dehors. Les mandibules sont fortement unies avec la tête par le moyen de deux cartilages sur lesquels viennent s'attacher leurs muscles moteurs, et elles doivent aussi en partie à leur force la solidité de leur réunion. Les cartilages des mandibules qu'on pourroit considérer en quelque sorte comme des pro- longemens de la substance coriacée de ces parties, et nommer par cette raison prolongemens mandibulaires, sont au nombre de deux; ils sont formés par des lames aplaties, très-dures, luisantes et élastiques. | La macération ne sépare point ces lames des mandibules, tandis qu’elle les sépare évidemment des fibres musculaires qui y prennent leurs attaches; en sorte qu’on ne peut guère les considérer, avec M. Cuvier, comme les prolongemens des muscles ni comme des tendons, mais plutôt comme des car- tilages. D'ailleurs, comme chez les insectes les muscles ne pouvoieut pas toujours s'attacher sur des parties dures inter- nes, puisqu'il n’en existe pas le plus souvent, il étoit néces- saire, ce semble, qu'un cartilage püt en tenir lieu en servant de point d'attache aux fibres motrices. D'HISTOIRE NATURELLE. 59 Les cartilages ou les prolongemens mandibulaires sont au nombre de deux ; le plus externe et le plus court n’a pas le sixième de la longueur du plus interne; il est inséré au-dessus du condyle, et c’est sur lui que s’attachent les fibres motrices des muscles abducteurs, ou de ceux qui portent les mandibules en dehors, en les écartant l’une de l’autre. Ces muscles pren- nent en outre leurs autres attaches supérieures et latérales sur la partie interne de l'écaille temporale. Le plus interne des cartilages s'attache par côté et en dedans de la petite ca- vité glénoïde, se prolongeant ensuite jusqu’au sommet de ja tête; sa longueur est quelquefois très-grande, comme dans les empuses et les truxales. Les muscles adducteurs des man- dibules, ou ceux qui les rapprochent l'une de l’autre, et qui les portent de dehors en dedans, s’insèrent par leurs parties inférieures sur ce cartilage, en pénétrant quelquefois dans l’intérieur des mandibules. Ils sont beaucoup plus gros que les abducteurs , occupant presque toute l'extrémité du crâne, sur lequel ils prennent des attaches nombreuses : leurs fibres vont ensuite s'insérer sur les lames des cartilages, en formant des espèces de trousseaux, dont le nombre et la disposition va- rient en raison de la forme du crâne. Quelque séparés que paroissent ces trousseaux, on ne doit pas ( Lyonnet l’a fait pour ceux de la chenille du saule) les regarder comme autant de muscles différens, mais les considérer plutôt, avec M. Cuvier, comme les mêmes muscles. Les fibres motrices des abducteurs et des adducteurs s'insèrent sur les cartilages, à peu près comme les barbes d’une plame le sont sur la tige qui leur ést commune : ils sont presque toujours penniformes composés. L’articulation des mandibules avec le crâne ne paroït donc avoir lieu que par deux points seulement; et comme ces par- g* 60 ANNALES DU MUSÉUM ties n'exécutent que des mouvemens bornés à certains sens, elles peuvent se rapporter au ginglyme; dans le reste de leur étendue, elles sont unies avec le crâne, et y sont attachées par le moyen de leurs cartilages et de leurs museles. Les mou- vemens des mandibules sont bornés à ceux de dedans en de- hors, et de dehors en dedans : comme les derniers étoient les plus importans pour la mastication, c’est pour qu'ils s'exé- cutent avec facilité que les muscles qui sont destinés à les faire opérer, sont les plus forts et les plus prononcés. Les mandibules offrent dans leurs parties internes (après avoir ouvert l'enveloppe coriacée qui les forment) l'extré- mité de leurs muscles qui y prennent leurs attaches, mais seulement cependant les adducteurs. Ces muscles s'étendent plus ou moins dans l’intérieur des mandibules, et quelquefois ils s’y prolongent fort peu. Au-dessous de l'enveloppe coriacée, on observe un tissu muqueux plus ou moins abondant, formé par de petits points glanduleux, d’où suinte une humeur abondante, qui entretient la souplesse des nerfs, ainsi que celle des trachées ou des poches pneumatiques. Les nerfs qui se rendent aux mandibules leur sont fournis par la septième paire de nerfs qui part du cerveau, et par le système nerveux inférieur. Ils se dirigent de haut en bas dans les mandibules, traversent leurs muscles, et donnent plusieurs filets; et quand ils arrivent pres des mandibules, ils s'y divisent en formant deux branches principales, qui vont ensuite s'unir uv peu en avant de la base des dents, pour former un ganglion; c’est de ce ganglion que partent les filets nerveux qui vont se distribuer dans l’intérieur des dents. . On observe, en effet, que les dents sont séparées par leurs parties internes et à la base de l'intérieur des mandibules. D'HISTOIRE NATURELLE. 61 Cette séparation a lieu par le moyen d’une lame dure el co- riacée, qui offre cependant une ouverture .pour le passage d'un filet nerveux, qui va se rendre et se distribuer dans Pin- térieur de la dent. Pour bien juger de cette organisation, il faut choisir les individus qui offrent leurs mandibules un peu développées, comme les gryl{lus migratorius, lineola, les lo- custa-verrucivora, viridissima , et passer ensuite à l'examen de celles des espèces qui les offrent moins'apparentes, comme le blatta orientalis et les forficula gigantea, auricularia. Dans les genres qui offrent des poches pneumatiques, on observe une trachée peu grosse d’abord, qui se développe ensuite en formant une poche pneumatique très-grosse, et de laquelle part un nombre infini de petites poches pneumatiques, qui se distribuent avec une certaine régularilé, en formant comme une espèce de cordon sur les côtés des mandibules. Ces poches communiquent toutes les unes avec les autres par le moyen de petites trachées; quelquefois les trachées qui sy portent ne forment point de poche pneumatique principale, mais elles se divisent en un assez grand nombre de poches, qui fournissent bientôt elles-mêmes diverses trachées, et vont former un nombre prodigieux de petites poches pneumati- ques. Lorsqu'il n'existe point de poche pneumatique, il &y rend une ou deux trachées, suivant les espèces; il est trés-rare qu’il n’y en ait qu'une : alors elle se divise en deux branches princi- pales, qui vont fournir, comme lorsqu'il en existe deux, des ra- mifications très-nombreuses, qui se distribuent dans l’intérieur des mandibules, Au reste, il paroït que, soit qu'il existe des poches pneumatiques, soit qu'il n’y ait que des trachées, il pénètre toujours dans l’intérieur des dents des trachées très- G2 : ANNALES DU MUSEUM fines, ce qu’on observe en fendant avec adresse les dents des mandibules. . Les dents des orthoptères, toujours placées sur les côtés in- ternes des mandibules, ne sont point implantées, comme celles des quadrupèdes, dans les corps où elles se meuvent, mais elles en font au contraire partie : elles offrent cependant à leur base interne une lame coriacée, qui les sépare en quelque sorte du corps de la mandibüle; mais rien ne les sépare à leurs parties externes. Il n’en paroïit pas moins que ces dents jouent un rôle très-important dans l’économie des ulonates, puisque. leur genre de vie, et particulièrement l'espèce de leur nourriture, dépend, au moins en grande partie, de la forme et de la po- sition de ces mêmes dents; enfin on doit observer que la subs- tance qui forme ces dents est plus dure, et généralement plus colorée que le reste des mandibules. Les dents des ulonates peuvent se diviser comme celles des quadrupedes, en incisives, en laniaires ou canines, et en mo- laires. Il y a beaucoup plus de difficulté à distinguer, par des caractères précis, les incisives d’avec les laniaires, d'autant que leur position ne peut, comme chez les quadrupèdes, éclairer à cet égard. On persiste cependant à appeler incisives celles qui sont larges, ayant en quelque sorte la forme d’un coin, et présentant leur face externe convexe et leur interne concave; elles ont évidemment une forme tranchante. Les laniaires se- roient celles qui ont une forme conique, souvent très-aiguë, et qui sont, en général, les plus allongées ; chez les orthoptères carnassiers, elles sont même recourbées en manière de tenailles à branches croisées. Les molaires sont les plus grandes de toutes, et servent d'une manière manifeste à broyer les alimens; il n’en existe D'HISTOIRE NATURELLE. 63 - jamais plus d’une à chaque mandibule, tandis que le nombre des incisives et des laniaires est tres-variable. Les molaires devant toujours supporter les plus grands efforts dans la mas- tication, sont très-rapprochées du point d'appui : elles servent àtriturer les alimens dont la première division a été faite par les incisives, qui, en se rencontrant comme les branches d’un ciseau, en opèrent une véritable section, ou bien par les laniaires qui les déchirent. Les molaires manquent dans les genres entièrement carnassiers, sont pelites dans les omni- _vores, et très-grandes dans les herbivores. Elles offrent, même chez ces derniers, des différences qui paroissent dépendre de la dureté des végétaux, dont les diverses espèces se nourrissent ; ainsi les espèces, comme le gryllus migratorius, le truxalis nasutus, qui vivent de graminés ou de plantes, qui n’ont pas une grande dureté, offrent leurs molaires tres-larges, com- posées de lames transversales et parallèles, qui s'unissent à leurs extrémités, tandis que celles qui vivent de végétaux ligneux, comme le gryllus lineola, le truxalis brevicornis , offrent leurs molairesavec des tubercules plus ou moins aigus. Ces trois sortes de dents présentent un certain nombre .de combinaisons relatives à l'absence des unes, à l'existence des autres, et enfin par rapport à leur position. M. Duméril (1) a divisé les orthoptères en quatre familles principales; savoir, les labidoures, les blattes, les anomides et les grylloides. D'après les principes qui l'ont dirigé dans ce travail, celle des anomides semble devoir être divisée en deux; car les in- sectes qui la composent ne sont point tous carnassiers; le (1) Zoologie analytique, 64 ANNALES DU MUSEUM genre phasme, par exemple, est herbivore, et a des mœurs tout-à-fait différentes de celles des autres anomides. Ainsi je proposerai de séparer des anomides le genre phasme (r), et d'en former une famille sous le nom de némides , de vÿuz, lil, chose allongée, et éidoc, forme. Ce nom désigneroit la forme bizarre et singulière des espèces qui composent cette famille; forme qui est si allongée et si étroite, que ces orthoptères ressemblent en quelque sorte à un bâton. Cette division semble nécessitée par les considérations sui- vantes ; les phasmes n’ont point de séparation entre leur tête et leur corcelet comme les autres anomides; leur corcelet est très-court, et n’est point, comme dans les anomides, plus long que large; leurs pates antérieures ne sont point propres à saisir; leur corps entier n’est qu'une suite d’anneaux immé- diatement attachés les uns avec les autres, et aucune de leurs parties n’a, comme dans la plupart des anomides, des mou- vemens les unes sur les autres. Enfin les mœurs des phasmes ne permettent point de les considérer, ainsi que l’a fait La- treille, comme une division de la famille des mantides. (1) Probablement le genre phyllis doit être séparé des anomides, et former une famille particulière. D'HISTOIRE NATURELLE, 65 TABLEAU DES ESPÈCES DE DENTS QU'OFFRENT LES DIVERS GENRES DES ORTHOPTÈRES. NOMS DENTS DES om MOEURS, GENRES. LANIAIRES ET INCISIVES. MOLAIRES, || mm | | ÿ L° FaAmizLe LABIDOURES. Cette famille, étant omnivore, offre des lamiaires et des molaires. i Omnivores. | Les forficules présentent} Ce genre n'offre qu'une] Ce genre est omnivore; il! deux laniaires placées àl’ex-[seule molaire placée très-Jravage les fruits, Les écorces | trémité du levier mandibu-|près du point d’appui: celle-Îdes arbres : il fait la guerre à | laire : elles sont très-aiguës ,|ci est peu grosse, peu dé-[d'autres insectes , etse nour-| fort recourbées, et en ma-[veloppée, surtout dans lelrit de cadavres. C’est pour| Forficule. fiière de tenailles à branches gigantea. pouvoir déchirer plus facile- Forficula. croisées. ment les tissus fibreux qui offrent beaucoup de résis- tance, ainsi que pour mieux déchirer leur proie, qu'ils offrent leurs laniaires si re- courbées, tandis que, n'étant pas entièrement herbivores , ils n’ont pas besoin de lar- ges molaires, 13. 9 66 ANNALES DU MUSÉUM DENTS mo MOEURS. GENRES. LANIAIRES ET INCISIVES. MOLAIRES., 11° Famizrce BLATTES. Cette famille, comme la précédente, offre des laniaires etdes molaires. . Omnivores. Les blattes offrenttroisla-| files présentent une seule] Les blattes, comme les niaires très-aigués : la pre-|molaire placée à la base in-fforficules, sont omnivores; mière est la plus recourbée ,|terne de la mandibule; celle-Jelles se nourrissent princi- et celle du milieu est la plus|ci est étroite, assez profon-fpalement de lard, de farine; courte. Elles sont très-pro-lde, armée en avant d'unfmais elles vivent aussi de pres à déchirer les corpssou |seul tubercule aigu, proie vivante. C'est pour mis à leur action. pouvoir mieux La déchirer que leurs laniaires sont si aiguës , et que leurs molaires offrent un tubereule pointu. ———..—.——..._——————————————— --—— —"—"—"… ——…—…—_— …——_—_—_—_—_— III Famizze ANOMIDES. | Cette famille, entièrement carnassière, manque de molaire, et n'offre que des laniaires. Carnassières. Les mantes offrent deux laniaires placées à l'extre- mité des mandibules ; celles ci sont très-recourbées en manière de tenailles à bran- ches croisées : à la base de la mandibule ,; il y en a deux autres courtes et aiguës. Les mantes ne viventguère que de proie qu'elles dé vorent toute vivante; elles sont si essentiellement car- nassières, que, quelque jeûne quon leur ait fait soutenir elles ne veulent prendre d'autre nourriture que celle d'unc proie vivante. PT D'HISTOIRE NATURELLE. 67 DENTS MOEURS. LANIAIRES ET INCISIVES. MOLAIRES, Empuse. | Empusa. LATREILLE, Mantis. Linsæus. Mantispe. Mantispa. LATREILLE, Raphidia. Ce genre ayant les mêmes mœurs que les mantes, les espèces quile composent of- frent les dents de leurs man- dibules, absolument sembla- bles. Les mantispes offrent une laniaire très-recourbée et très-aigué , placée à l’extré- mité du levier mandibulaire: elles en ont une autre moins allongée, mais plus conique, placée à la base de La mandi- Je n’ai jamais observé les mantispes vivantes ; mais je ne puis douter, d’après la forme de leurs dents, et celle de leurs pates anté rieures, qu’ Iles soient en- tièrement carnassières, Linnzæus. bule. IVe Famiccze NÉMIDES. Cette famille, entièrement herbivore , manque de laniaires, Herbivores. J1 offre une incisive placée] Il présente une seule mo-| Ce genre offre seulement à l’extrémité du levier man |laire très-grande, armée|une incisive et une molaire Phasme. dibulaire : elle est courte ñ dans son bord supérieur d’un très-développée. Ce dernier Phasma. disposée en coin , convexe en petit tubercule. La molaire! caractère sufliroit pour juger Mantis. dehors et concave en dedans.|loccupe la plus grande partiedes habitudes et des mœurs Danse de la mandibule. Sa conca-|[de ce genre singulier, vité est assez considérable, et lui permet de triturer da- vantage les alimens. 68 ANNALES DU MUSEUM NOMS DENTS DEs oo MOEURS. GENRES GENRES LANIAIRES ET 1NCISIVES. MOLAIRES. her VA FAmILLE GRILLOIDES. | La famille des grilloïides offrant des genres omnivores et herbivores, présente aussi des incisives, de laniaires et des molaires. {1."° division. Les Taupe- Herbivores. grillons. Ce genre présente plu-| Chaque mandibule offre} Ce genre estherbivore : on |Courtilière. sieurs incisives, l’antéricure.luñe molaire triangul: uire as-Îne sait que trop les dégâts Gryllo- placée à l'extrémité de lasez grande à cavité profoadeïqu’ il cause aux jardias, non « U 2 Ps talpa. mandibule, est la plus al-jet grande, bordée par unefseulement en dévorant les Larnerzeongée et la plus recourbée ; ligne saillante et élevée. jeunes plantes, mais encore Acheta. les autres sont beaucoup en labourant la terre qui se | » FasnicirusAplus courtes, et offrent leurs trouve placée au-dessous. aces internes plus concaves. I." division. Fes = mnivores. Les grillons: F Les grillons offrent deux} La molaire, placée à lah Ce genre est omnivore laniaires, dont l’antérieure,/base de la mandibule, estiLes grillons vivent de plan ” n ,» » .,! ! . n .,. , Grill placée à l'extrémité de la arrondie, à cavité assez pro Îtes et d'insectes Le gryllus xrilHon, ï Acheta. Fannicius. |Gry lus. | mandibule , est très-recour (fonde, et se trouve arméeldomesticus est très-friand du bée , disposée à peu près de trois tubercules, maisélard et des autres comesti- comme des tenailles à bran- très peu appärens, Cette mo- bles, tandis que le campes- ches croisées La postérieu- laire est assez saillante, tris l'ex beaucoup d'in- | Larreizee.ire, placée immédiatement ? sectes morts. après » est moins recour- bée que la précédente ; elle est aussi moins allongée et moins large. D'HISTOIRE NATURELLE, 6) ARE | DENTS DES À MOŒEURS. Re Omnivores. Les dacty- lions. Ce genre offre une seule] La molaire, située à laÿ Je nai jamais vu ce genre Trid 1 laniaire très-allongée et fort/base de la mandibule, TE ER mais, d’après l'exa- 3 RER recourbée , ‘e croisant ayec|arrondie à concavité assezhiuen de ses mandibules, il! Fo Ft celle qui lui est opposée. La|profonde : elle est bordéelme paroît qu'il doit être om-| > Nes pointe de la laniaire est assez| d’une lame légèrement sail-Hnivore ; enfin, comme la Aya. mousse, et n’est pas aiguë |lante, molaire est assez dévelop- Jzuicer. Le 4 è comme dans les genres car- pée, et à couronne large, il nassiers, {doit vivre principalement de iplantes, IV.‘division. Les locus- taires. Le nombre de laniaires| Les locustes ne présentent] Ce genre est omnivore, s ER ; L : est très-variable dans leljamais qu’une seule molaire Les espèces qui le composent genre locuste Il y en a pres-|placée, comme dans tou: lésvivent de plantes et d’autres que toujours une aiguë etfautres genres, à la base delinsectes : elles se font sou- très-recourbée, qui est pla- la mandibule La molairelyent une guerre cruelle ; cée à l'extrémité de la man- [présente deuxconsidérationsimais elles attaquent cepen- dibule; elle se rencontre|principales ; savoir, celle d’a-ldant davantage les petites Locuste. avec celle qui lui est oppo- voir des tubereules pointus sée, comme des tenailles à lespèces de sauterelles qui ne | ou arrondis, et enfin d’avoirisont pas aussi bien armées.| Locusta. | | branches croisées. Les autres/leur cavité plus ou moins|Les locustes ont une force Fagricius. profonde. Ces différences! laniaires sonttoujours moins ddigestive prodigieuse; aussi aiguës et moins allongées [tiennent à ce qu’il est parmi} tl iles mantes, les plus car sontelles en général , après ilseroit aisé de les confondrelelles des espèces plus ou avec des incisives ; mais il| moins carnassières, Inassières des orthoptères. nous paroît qu'on peut les | distinguer, parce qu’elles fi ent presque toujours leurs faces internes très peu con- caves. En examinant avec soin la forme des laniaires de ce genre nombreux, on pourroit y faire des coupes =0 ANNALES DU MUSEUM NOMS MOEURS, Drs GENRES, LANIAIBES ET iNCISIVES MOLAIRES, très-naturetles et très en rap- port avec les mœurs des es- pèces. V.' divis'on. Herbivores. Les acry- Les molaires des truxales] Les truxales sont entière- Les truxales offrent des diens. ment herbivores, mais ils ne incisives qui présentent des/nous offrent, comme leurs différences relatives à la na-|incisives, des différences quilse nourrissent pas tous des tiennent à l'espèce de nour-mêmes plantes. Ainsi le tru ture des plantes dont ils se riture dont ils usent; maislralis nasutus paroît se nour- nourrissent. Ainsile truxalis nasutus, qui se nourrit defil n’en existe jamais qu'une.frir de graminées , tandis Celles u truxalis nasufus que le truxalis bregicornis graminées, offre des incisi- sont grandes, larges, com-fne se trouve que dans les yes presque pas séparées les posées de lames transversa-fterrains désignés, dans le unes des autres, peu aigus les, parallèles et saillantes fmidi de la France, sous le mais tranchantes, et presque laissant entre ellésun espacelnom de garrigues, etoù crois- aussi larges en haut qu'en Truxale. creux Ces lames s’unissent àfsent les cistes, les lavandes, bas. Leurs faces internessont Truxalis. l'extrémité de la couronn-fles bruyères, plantes dont très-concaves , et elles sont de la dent, qui est bordécfle tissu est très-ligneux. bien disposées en coin. L« par une lame légèrementfAinsi Le premier n’avoit be- truxalis brevicornis, qui st saillante. Les molaires dufsoin que des incisives peu nourrit de végétaux ligneux truxalis brecicornis sont offre au contraire ses inci riguës, et au contraire des moins larges, offrant unelmolaires larges pour opérer sives assez aiguës, presqu concavité dont les bordssont}par ce moyen une tritura- pas séparées les unes des autres, ct au nombre defarmés de tubercules. tion plus complète de ses . trois ; leur fice interne est alimens: le second ayant à déchirer des tissus fbreux, moins conçaye. qui offrent assez de résis- tance, avoit besoin d'inci- sives aigués et de tubercules à ses molaires pour pou- voir rompre les tissus qui n'auroient pas été assez di- visés par les incisives, Sauterelle. Gryllus. Linnzes. Fasricius. Acrydium. LATREILLE. Criquet. Æcrydium. FaBricius. Tetryx. LATREILLE. D'HISTOIRE NATURELLE. ris DENTS RE EE ns — LANIAIRES ET INCISIVES, Les sauterelles présentent dans leurs incisives des dif férences analogues à celles qu'offrent les truxales. Celles qui vivent de graminées comme le gryllus migrato- rius etle gryllus pedestris etc. offrent leurs incisives peu aiguës, presque pas sé parées les unes des autres ayant d’une manière mani feste la forme d’un coin: TS MOEURS. MOLAIRES, Les molaires présentent, Herbivores. Les sauterclles sont toutes chez les sauterelles , lesfherbivores, et les différences mêmes différences qu’on ob- que l’on observe dans les serve chezles truxales. Cellesldents de leurs mandibul s\f qui vivent de graminées of-}iiennent aux mêmes causes|$ rent leurs molaires grandes fdont nous venons de parler , larges , formées de lamesfiu sujet des truxales. Elles|f transversales et parallèles he sont que trop connues|k les autres Les offrent à con- par les ravages et les dégâts|} cavité assez profonde, et qu'elles causent dans les armées de tubercules plûs campagnes. ou moins élevés, ceux au contraire qui vivent de végétaux ligneux, conime Le gryllus lineola, le gryllus germanicus , offrent leurs incisives plus allongées ; mais elles ne présentent ja- mais , comme celles du truxalis brevicornis , des séparations évidentes de l’une à l’autre, Les criquets offrent plu- La molaire, placée à lal Les criquete sont herbi- sieurs incisives aiguës et fort|base de la mandibule, pré-fyores , se nourrissant quel- sente à sa partie supérieure quefois de végétaux ligneux; sième est la plus allongée [un tubercule et une lamel:lors le tranchant de leurs tranchantes, dont la troi- La convexité de leur face| mousse et saillante à sa facelincisives leur est très utile : externe est plus sensible que|externe. Elle est assez gran- Île tubereule mousse, comme |A la concavité de leur face[de, offrant une forme ar-Ïla lame saillante de leur interne. Les plus recourbées|rondie etune concavité assez molaire, peut diviser et sé- sont placées à l'extrémité prononcée, plus grande dans parer les corps qui ne l’ont l des mandibules. Les inci !la mandibule gauche : la pas été assez par les incisi- sives de la mandibule gauche |lame mousse est au contraire ves; ils sont ensuite triturés sont plus allongées et plus/plus saillante dans La mandi par l’action de cette dent distinctement séparées les bule droite. unes des autres 72 ANNALES DU MUSÉUM En faisant un résumé de ce tableau, on voit que les genres entièrement carnassiers n’offrent que des laniaires : ils peuvent, par le moyen de leurs laniaires très-recourbées en maniere de tenailles à branches croisées , et qui se trouvent à l'extrémité du levier mandibulaire, déchirer avec plus de facilité la proie toute vivante dont ils se nourrissent, tandis que les laniaires, qui se trouvent plus rapprochées du point d'appui, en opèrent une division plus complète. Les herbivores, bien différens des carnassiers, n’offrent point de laniaires, mais seulement des incisives et des mo- laires. Ces dernières ont toujours une importance marquée , et leur grandeur est plus considérable que les mêmes espèces de dents chez les omnivores. Les incisives sont plus ou moins aiguës, comme la concavité des molaires est plus ou moins considérable , suivant la nature des végétaux dont les espèces se nourrissent. Les omnivores qui vivent de végétaux, de cadavres et de proie vivante, et qui participent des habitudes des carnassiers et des herbivores, offrent aussi des laniaires et des molaires: mais les unes et les autres présentent des différences avec celles de ces deux familles; leurs laniaires sont moins recour- bées, et surtout moins aiguës que celles des carnassiers, et leurs molaires sont moins larges, moins grandes que celles des herbivores, tandis que leurs tubercules sont, en général, plus pointus. ; Eufin une observation que l’on doit faire pour les dents des mandibules, c’est qu’elles présentent quelques différences pour leur nombre et leur position dans la mandibule droite et dans la gauche. Ces différences consistent en ce qu’elles sont plus nombreuses et plus saillantes dans la gauche ; les D'HISTOIRE NATURELLE. 73 molaires y sont placées moins à l'intérieur ; il en est tout le contraire des dents qui sont sur la mandibule droite. Cette disposition étoit nécessaire, «parce que les mandibules jouant les unes sur les’ autres, ellés n’auroient pu le färe avec la même facilité, si les dents de l’une n’avoient été reçues dans les cavités de l’aatre. Ainsi, toutes les fois que nous avons parlé du nombre des dents, c'est que nous avons observé qu’il étoit égal sur l’une et l’autre mändibüle; come ce nombre n'est pas le même dans les deux mandibules des locustes, des sauterelles et des truxales, nous n’en avons pas parlé dans la description de ces genres. j 9! ANNALES DUMUS EU M 1 # 11 193111 1 6 ti NL : KW LH SÛR: LA GERMINATION DU NÉLUMBO. : a er OY6e€ if | PAR,.M. CORRÉA DE SERRA. { Voyez planche VIII). Tr beau Mémoire sur ce sujet, qui a été lu dernièrement à Ynstitut, m'a fait ressouvenir que j'avois aussi observé la ge: mination du Nélumbo. Si mes ob:ervations eussent eu les mêmes résultats, et si j'eusse pu en déduire les mêmes consé- quences, j'aurois dû garder le silence, car il m'eüt été diflicile de les exposer avec plus de netteté et d'élégance; mais voyant ce phénomène sous un aspect différent, je crois de l'intérêt de ha science de vous présenter mes idées, laissant aux juges na- turels le soin de prononcer laquelle de ces deux manières de voir est la plus conforme aux voies de la nature. La plamule de la graine du Nélumbo est, comme l’on sait, contenue entre deux lobes charnus qui en nr Pr la ca- vité, et qui ne laissent pas entrevoir de radicule apparente, Gæriner qui avoit observé une conformation analogue dans d’autres graines, lui a donné le nom de vitellus, parce qu'il a cru voir des rapports entre celte partie et le jaune des œufs des animaux. Il yen a peut-être, et le Nélambo, je crois, en fournit un exemple; mais il est très-dangereux de donner aux Zom.1{. PO! CERMINATION du NELUMB 0 . D'HISTOIRE NATURELL&, vi organes des noms qui désignent des fonctions plutôt soup- connées que démontrées; car l'établissement d’un préjugé, qui peut arrêter les progrès des connoissances , en est la consé- quence la plus ordinaire. En général, dans le cas dontil s’agit, la comparaison de l'organe animal et du végétal n’est pas d'une exactitude parfaite; car le vitellus de l'œuf animal paroît en être une partie indispensable , et les organes végétaux que Gærtner lui compare ne se rencontrent que dans un petit nombre de graines. D'ailleurs, le vitellus des œufs des animaux est très-uniforime dans sa situation et dans sa forme, et l’or- gane végétal qu'on lui compare présente une grande variété de structure et de position dans les diverses plantes où il se rencontre. Il y a peu de ressemblance entre ce que Gærtner appelle vitellus dans le rhizophora, daps le zostera, ou dans la plante dont nous parlons. La germination d’une plante est le seul moyen de connoître les fonctions et la nature des parties de sa graine, car elles sont toutes relatives à cette action. Je fis germer en 1799 des graines de Nélumbo, dont sir Joseph Banks n'avoit fait pré- sent. D’après l'instruction qu’il me donna, je commençai par amincir leur écorce, du côté par où elles avoient. tenu au réceptacle; précaution qui semble nécessaire pour faciliter la germination des semences de cette plante, lorsqu'elles sont un peu âgées. Je les jetai alors dans un pot rempli d’eau, dans laquelle on avoit détrempé une quantité de:terré qui, après s'être précipitée en forme de limon au fond du vase, étoit encore recouverle par quelques pouces d’eau. Au bout de plusieurs jours, la première des feuilles qui sont dans l'embryon parut à la surface de l’eau, et fut promptement suivie par sa com- pagne. La végétation ne fut plus arrêtée; et malgré le peu 20" 7 76 ANNALES DU MUSEUM: de chaleur d’un été anglois, la plante, au bout d'environ deux mois, avoit heureusement poussé jusqu'à cinq feuilles. Je la tirai alors de son limon, et je remarquai que les deux lobes de l'embryon étoient intacts, et seulement, rembrunis. Toutes les racines sortoient de l'intervalle qui existoit entre eux, et les premières feuilles; intervalle qui, étant presque imperceptible dans l'embryon, avoit, par la germination, reçu une exten- sion prodigieuse. Aucune racine, aucun chevelu n'étoit pro duit par les lobes, dont la surface étoit aussi polie et uniforme que lorsqu'ils faisoient partie de la graine. J'ai l'honneur de vous en présenter le dessin fait avec intelligence par mon ami le docteur Baity, membre de la Société linnéenne et, de l'ins- titution royale des sciences ét arts d'Angleterre, qui,a bien voulu plusieurs fois préter son crayon à mes observations. J'en avois fait, dans le temps, hommage à M. de Jussieu, qui a bien voulu me le rendre dans celte occasion. Quelques années après, MM. Waidsteim et Kitaibel observèrent la même germination dans les nymphées d'Europe, et,ils jugerent le phénomène assez curieux pour le figurer dans leur bel ou- vrage de la Flora, hungarica. Quelle est donc la nature de ces lobes, et à quel acte de la végélation sont-ils employés? Si l'on observe l'ensemble de la vie végétale, le point de vue le plus frappant, celui par lequel les plantes different peut- être le plus des autres corps organisés, c’est leur double struc- ture proportionnée au double élément dans lequel elles vivent. Tout le monde connoïit la diversité d'organisation des parties destinées à la végétation descendante et de celles, destinées à la végétation ascendante; il est inutile d’en rappeler ici les détails : leurs opérations sont également différentes, et suivent D'HISTOIRE NATURELLE. 77 imperturbablement une direction et un système différent de- puis le premier instant où la vie se développe. On connoit les phénomènes qui arrivent à la plumule et à la radicule, lors- qu'on les force à germer dans une situation inverse. Tout est adapté dans un de ces systèmes à opérer loin de la lamière et de l'air, comme dans l’autre à agir dans ces deux moyens et à être excité par eux. Ces lobes du Nélumbo, qui continuent d'exister, étant toujours la dernière extrémité de la végétation descendante, appartiennent clairement au système des racines, eten font partie. Il neseroit pas aisé, dans l'obscurité qui règne dans la physiologie végétale, de deviner quelles sont les fonc- tions de cet organe sans sortie, de cette espèce de cœcum (qüe l'on me permette cette expression, que je ne prends pas à. la rigueur) qui fait la partie extrême de la racine; mais cette conformation n’est pas sans exemple dans d’autres familles. La diversité qui existe entre les tubérosités des orchidées et celles d’autres plantes est bien semblable à celle dont nous parlons; aucune racine ne sort de la tubérosité d’une orchidée, qui est ioujours sa partie inférieure extrême et terminante, mais elles sortent toutes de l'intervalle entre la tubérosité et les feuilles. Les lobes du Nélumbo sont si semblables aux cotylédons des graines ordinaires, par leur forme et par leur situation, que Gæriner , qui w’avoit pas vu la germination de cette plante, tout en remarquant ses différences d'avec les vrais cotylédons, a cru qu'ils pourroient bien être de même nature. Examinons si cette opinion peut être fondée. Les cotylédons soit des lobes attachés à l’endroit où les organes de la végétation ascendante et de la végétation des- cendante se séparent; ils servent également au prenuer dé- veloppement de toutes les deux ; wilà pourquoi, lorsque on 78 ANNALES DU MUSÉUM coupe la plamule immédiatement au-dessus des cotylédons, il sort de nouvelles plumules de leurs aisselles; et lorsqu'on coupe la radicule immédiatement au-dessous des cotylédons, d’autres radicales se reproduisent. Ces phénomènes sout con- nus, et ce double emploi des cotylédons à des actions si essen- tiellement différentes, est ce qui les caractérise et les sépare de tout autre organe végétal; car pour la partie anatomique, à moins qu’on ne veuille se faire illusion , nous sommes encore loin de pouvoir distinguer les organes végétaux dans leur struc- ture intime avec une clarté égale à celle que l’on a portée dans les organes des animaux. Tout membre de végétal est es- sentiellement composé de vaisseaux longitudinaux, qui partent d’un point unique, se divisent en divergeant, et sont enve- loppés d’une texture celluleuse. Tel est le système des feuilles, des pétales, de l’ensemble des étamines; tel est le système des branches et des racines; tel celui des cotylédons. Leur situa- tion et les circonstances externes, qui font entrevoir une différente nature chimique des substances qui les forment et des usages auxquels la nature les emploie, sont donc ce qui doit les caractériser, et suppléer au défaut de connoissance intime de l'organe. Quoique les cotylédons soient, en général, d'une apparence foliacée, il n’est pas nécessaire qu'ils soient exposés à la lumière. Le nombre des cotylédons hypogés, ou par nalure, ou par accident, est assez considérable; mais leur situation est inaltérablement la même, à l'endroit où la végé- tation ascendante et la descendante se touchent, et leur durée est toujours temporaire et relative au développement de ces deux actions. Si par hasard, dans le sommet d’une plumule, il existoit des lobes qui, Diehdr la vie de la plante, seroient toujours au D'HISTOIRE NATURELLE. 79 sommet de la flèche, et supérieurs à toute branche et à toute feuille, ces organes, quelle que füt leur apparence, ne pour- roient que faire partie de la végétation ascendante, et ne pourroient être considérés que comme une espèce particu- lière de feuilles. De même, les lobes du Nélumbo étant l’ex- trémité toujours la plus inférieure de la racine, ne peuvent être considérés que comme une espèce particulière de racine, d'autant plus que l'action du -gaz oxigène, dans Ja proportion de mélange où on le trouve dans l'air atmosphérique, semble, d'apres les expériences, leur étre nécessaire pour l'usage qu'ils remplissent, et pour la végétation ultérieure de la plante. M. de Saussure a trouvé que, lorsqu'on fait germer des graines dans l'eau, la plante qui en provient ne peut prospérer dans l'air qu’autant que les cotylédons sont au-dessus de la surface du liquide. J'ai dit plus haut que, quoique la comparaison générale de certaines parties de la graine au vitellus de l'œuf animal ne püt pas se soutenir, je la croyois pourtant fondée dans le cas particulier du Nelumbo. Que lon examine en effet ce qui arrive au vitellus de l'œuf des crocodiles, êtres amphibies, comme le Nélumbo, et l’on sera frappé de la ressemblance. Lorsque le crocodile sort de l'œuf, il conserve long-temps son vitellus dans un sac continu à son ventre, et ce sac ne disparoïît que lorsque l'animal en a tiré par absorption toute la matière nutritive qu'il contenoit. Pendant tout ce temps, l'animal est en plein usage de la vie et de tous ses mouvemens : c’est son | enfance. Le Nélumbo aussi est en pleine végétation, etcontinue à garder, attaché au site d’où les plantes tirent le plus de nourriture, le sac de matière nourricière dont l'embryon étoit accompagné dans la graine. Si l'on aime cependant à conserver à l'organe, qui est le 80 ANNALES DU MUSEUM sujet de ce Mémoire, le nom de cotylédon, ce n’est pas à cela que nous nous opposerons, pourvu que l’on marque toutes les différences qui existent entre cet organe et tous les autres que l'on a désignés jusqu’à présent par ce nom. /r nominibus erimus faciles, a dit naivement Linné : mais si l’on fait atten- tion aux différences qui les séparent, à l'explication qu’il fau- droit en donner, et à la précision que le langage scientifique exige plus que tout autre, peut<être aimera-t-on mieux cher- cher un nouveau nom que d'étendre la signification de l’ancien. Les poumons, dans les animaux qui vivent dans l'air, sont l'organe de la respiration, les branchies en tiennent lieu dans ceux qui vivent dans l’eau, et les rapports entre ces organes sont intimes; cependant les zoologistes ont très-sagement fait d'employer un nom différent, dès que les différences étoient remarquables. Mais l’on dira, où sont donc les cotylédons a Nélumbo ? D'après la défidition que je viens de donner de cet organe, le Nélumbo n’en a pas; mais est-il donc démontré qu'aucune plante ne sauroït en manquer? La nature ne peut-elle pas suppléer ces fonctions par d’autres moyens? La germination du lécythis, décrite par un savant botaniste (1), très-exact obser- vateur des faits, ne présente aucune trace de cotylédons, non plus que sa graine: Un considérable renflement , rempli d’une substance charnue, situé à l'endroit où les organes des deux végétations se touchent, en tient lieu, et en remplit les fonctions; mais ce sac est tout interne. Que l’on anatomise les graines du Pekea d’Aublet, du Saouvari d'Aublet, du Bertholletia d'Humboldt et Bonpland , arbres qui ont tous quelque affinité au léeythis, et qu'on se figure, s’il est possible, que leur ger- mination soit différente de celle-ci. {1) M. Aubert du Petit-Thouars. D'HISTOIRE NATURELLE. 81 Les cotylédons sont jugés indispensables par les botanistes, parce que, de leur absence ou présence et de leur nombre, on a fait le caractère des trois grandes séries du règne végétal : mais d'autres caractères plus généraux, plus évidens, moins sujets à anomalies, commencent déjà à paroitre. M. Desfon- taines nous a présenté la direction uniforme longitudinale des vaisseaux de la tige pour caractère de l’une, les rayons mé- dullaires pour caractère de l’autre, et ces distinctions sont fondées sur la structure permanenie, et non sur une partie dont lexistence est momentanée. La structure interne du Nélumbo montre, sans aucun cotylédon, qu’elle appartient à cette série que l’on veut obliger à en avoir deux; et elle est si prononcée, que Théophraste en a décrit les rayons médullaires il y a plus de vingt siècles. Ce nombre des cotylédons, auquel on donne tant de poids, est un caractère si précaire, que, dans beaucoup d’arbres à rayons médullaires, Gærtner s’est vu obligé à employer le mot de pseudo-monocotylédon, ce qui se traduit aux yeux de la raison : cet arbre est obligé d’avoir deux cotylédons, mais il n’en présente jamais qu’un seul. Si, dans les graminées, l’on veut absolument un cotylédon autre que la première feuille à laquelle très-souvent les débris de la graine se trouvent attachés, il faudra leur en reconnoitre deux, car linégalité n’en changeroiïit pas, la nature; ils sont bien autrement inégaux dans le Trapa natans, sans qu'on puisse les méconnoitre (1). — ' (1) Dans la planche VIIT ; les lettres aaaa , montrent les pétioles des feuilles de la plante qui n’ont pas été dessinées, parce que leur représentation éloit inutile pour l'intelligence du phénomène. 14. II 82 ANNALES DU MUSÉUM Exrrair d'une notice envoyée par M. Mathieu, sur la découverte de plusieurs blocs de granit orbiculaire nouvellement trouvés en Corse, dans Larrondissement de Sartène. E, bloc isolé de granit orbiculaire qui fut trouvé en Corse en 1785, sur la petite plaine de Talavo, à demi-lieue de la mer, du côté du golphe de Valinco, dans la piéve d’Istria, non loin d'un emplacement connu sous le nom de la Stanz- zona, et que MM. de Sionville et Barral firent connoître les premiers, fixa l’at- tention des minéralogistes, par la forme singulière qu'avoient pris dans cette roche le feld-spath blanc demi-transparent et l'amphibole ou horneblende, d’un noir foncé, un peu verdâtre, disposés en plusieurs cercles concentriques, qui avoient donné naissance à des espèces de boules rondes ou ovoïdes, noyées dans un mélange confus des deux mêmes substances minérales qui forment le fond de la roche. Cette pierre, si singulière par le système de sa formation, et par l'effet qu'elle produisoit lorsqu'elle étoit polie, fut trés-recherchée pour les cabinets, et ne tarda pas à devenir rare, et d’un prix élevé dans des ventes. Vainement MM. de Barral, de Sionville, et après eux Dolomieu, Besson, et plusieurs autres minérälogistes, firent-ils des recherches pour découvrir la roche qui avoit donné naissance au bloc isolé, et en partie arrondi, qu'une révolution avoit transporté et enseveli dans la petite plaine du Talavo; toutes leurs peines furent inutiles. . : Malgré ce peu de succés, un naturaliste Corse, M. Rampasse, ayant espoir d'être plus heureux, parce que l'usage qu'il avoit de la langue du pays et la con- noïissance des mœurs des habitans des montagnes, naturellement ombrageux, lui permettoient de parcourir avec plus d'avantage ces montagnes d'un accès si difii- cile, prit le parti de suivre attentivement, et le marteau à la main, la chaine d’où il présumoit que le bloc de la roche orbiculaire du Talavo avoit pu être arraché à une époque très-reculée, par l’action d'un déplacement de la mer. M. Rampasse a exécuté ce voyage pénible, dans lequel il recueillit une belle suite de roches et d’autres minéraux ; mais il ne fut pas plus heureux que les autres, relativement au granit globuleux. Cependant son voyage donna lieu à la connois- sance du gisement d'une roche porphyritique, parsemée de corps globuleux, en général plus gros que ceux de la pierre du Talavo, et dont la formation, sans être absolument la même que celle-ci. en approchoit néanmoins beaucoup; mais la roche, d'une couleur différente, étoit moins dure, et ne recevoit pas le poli D'HISTOIRE NATURELLE. 83 brillant du granit orbiculaire. M. Rampasse apporta à Paris de magnifiques échan- tillons de ce porphyre à gros globules. Cette variété manquoit dans les cabinets. 11 résulte de ces détails qu’on étoit sans espoir de retrouver d’autres masses de granit semblable à celui de la plaine du Talavo, lorsqu'une circonstance particu- lière en a fait reconnoître plusieurs autres blocs, qu’on dit exister en place, à une lieue de distance du Talavo, et reposant sur la roche même qui leur a donné naissance. C'est à M. Mathieu, capitaine au corps impérial d’artillerie, faisant fonction de sous-directeur à Ajaccio, que nous devons les premiers renseignemens sur cette découverte, consignés dans un Mémoire manuscrit, accompagné d'un plan topo- graphique, et d’un dessin très-bien fait d’un bel échantillon de ce granit, qui a absolument la même forme que celui trouvé anciennement, « Cette superbe production, dit M. Mathieu, vient enfin d'être trouvée en « masses assez considérables dans l'arrondissement de Sartène, propriété de M. « Jean-Paul Roccaserra; son gisement est aux trois quarts d’une montagne rapide, « dont il est un aceident isolé; il y est en blocs arrondis par suite de la décom- « position, lesquels blocs sont compris dans un espace qui n'a pas plus de quatre « cents mètres carrés. La base est un granit composé de quartz demi-transparent, « d'amphibole à gros cristaux et de mica en petite quantité; par fois on y dé- « couvre des nuances qui font foibiement reconnoître le système globuleux. Le « reste de la montagne est, comme les voisines, d’un granit de quartz, de feld- « spath et de mica. ? M. Mathieu ajoute que les lichens et les mousses qui recouvroient les blocs de ce nouveau granit orbiculaire, et en cachoïent les caractères, n’avoient pas permis à ceux qui avoient visité la même montagne de les reconnoître, qu’on en doit la découverte, à la séparation nouvelle de deux parties d'un bloc. La distance du gise- ment de l’ancien bloc du Talavo à la Rizenare, rivière qui baigne le pied de la montagne sur laquelle la découverte récente vient d’être faite, est d’un myriamètre et demi. M. Mathieu ne croit pas que cette rivière ait jamais pu transporter à cette distance de ancien bloc, et il a parfaitement raison , mais lorsqu'il présume que, dans des temps très-reculés, ce même bloc a élé découvert dans la rivière de la Rize- nare, et de là transporté, par les soins d'un architecte, au lieu où il devoit être livré au ciseau, cette conjecture ne nous paroît reposer sur aucune base solide, et elle se trouveroit entièrement détruite, si les blocs arrondis, dont parle M. Mathieu, découverts dans un espace qui n'a pas plus de quatre cents métres carrés, au lieu d’avoir été arrondis par suite de la décomposition, l’avoient été par l’action de quelque violent déplacement de la mer, à des époques trés-reculées, et que ces blocs eussent été transportés, ainsi que celui du Talavo, la où l’on vient de les découvrir. L'on voit beacoup d'exemples , mème sur de trés-hautes moutagnes, de ces 84 ANNALES DU MUSÉUM transports accidentels de masses, bien plus nombreuses et bien plus grandes, de granits et autres roches non moins dures, dont tous les angles ont été abattus par les frottemens : d'ailleurs, celles des environs de Sartène ne sont qu'a une petite élévation et d'un petit volume, comparativement aux masses énormes dont Saussure fait mention dans son savant Voyage dans les Alpes, et qu'il considère comme le résultat de ce qu'il appelle la grande débacle. Nous sommes bien éloignés, sans doute, de vouloir affoiblir en rien le mérite du Mémoire de M. Mathieu, à qui nous avons l'obligation de nous avoir commu- niqué cette découverte; mais nous insistons d'autant plus sur un nouvel examen des blocs arrondis de Sartène, que la connoiïssance exacte que nous avons de celui du Talavo, qui n’a jamais élé arrondi par décomposition, mais par frottement, nous conduit, par analogie, à considérer, jusqu’à nouvel ordre, les blocs en question, comme étant le résultat d’une cause semblable; car rien n’avoit moins de tendance à la décomposition que le granit orbiculaire du Talavo, dont le bloc étoit très- dur et très-sain intérieurement, ainsi que sur les faces extérieures, qui ne portoient d'autres signes de destruction que celle produite par le choc et les frottemens. On ne peut donc qu'inviter M. Mathieu a examiner de nouveau, avec attention, l'état des blocs dont il fait mention dans son Mémoire, et à s'assurer bien positi- vement s'ils ont été arrondis par suite de la décomposition; Si ces blocs sont adhérens ou séparés de la roche granitique sur laquelle ils re- posent, ce qui n’est pas assez clairemert énoncé dans son Mémoire ; Et si le quartz demi-transparent existe, ainsi qu'il le dit, dans le nouveau granit orbiculaire; car l’ancien en est dépourvu, et n’est composé que de feld-spath demi-transparent, et d'amphibole d'un noir verdàtre, avec un peu de mica, qu'on n’y rencontre que rarement et par pelites places. . Enfin cette découverte est assez remarquable, pour qu’en témoignant notre re connoissance à M. Mathieu, nous l'invitions à continuer ses recherches sur cet objet, D'HISTOIRE NATURELLE, 85 MÉMOIRE Sur la greffe par rameaux, dite à’ orangers, son histoire, sa description, ses usages et ses difjérentes sortes. PAR A. THOUIN. Crrrs greffe appartient à la seconde section du troisième genre, qui a pour objet les moyens de multiplier les végétaux, ou à celui des greffes par scions. Elle entre dans la troisième série de ce groupe, lequel renferme les greffes qui s'effectuent au moyen de jeunes branches garnies de leurs ramilles, de leurs feuilles et de leurs boutons à fleurs. La greffe à orangers ne paroit pas avoir été connue des Grecs ni des Romains, qui cependant en pratiquoient un très-grand nombre de différentes sortes. Constantin César, qui a rapporté tout ce que les anciens avoient dit ou écrit sur l'agriculture en général, et en particulier sur les moyens de multiplier les végétaux, n’en fait aucune méntion dans son ouvrage publié dans le quatrième siècle (1). (1) Voyez les XX livres de Constantin César, auxquels sont traictez les bons en- 14. 12 86 ANNALES DU MUSÉUM Olivier de Serres, le restaurateur de l’agriculture francoise, qui, pendant sa longue vie, s’est occupé presque exclusivement de l’agriculture, et a recueilli tous les procédés de multipli- cation employés ou en usage chez les anciens peuples, ainsi qne ceux qui existoient de son temps, n’en parle pas non plus dans son. Théâtre d'agriculture ou Ménage des champs, pu- blié en 1600. Le premier auteur qui ait signalé cette greffe (à notre con- noissance) est Philippe Miller (1), célèbre cultivateur anglois, dans son Dictionnaire des jardiniers. Voici ce qu'il dit: « Quoique j'aie fait mention de cette greffe pour les oran- » gers (2), on ne s’en sert jamais que par curiosité, et pour » leur faire porter du fruit des l’âge de deux ou trois ans, en » insérant une brancht fructueuse dans un jeune bois ». Comme c’est à l'artiele des greffes par approche qu'il fait mention de celle-ci, on est en doute de savoir si elle s'effectue par approche ou en fente, par scions. Daos l'ouvrage intitulé, Séances des Ecoles normales (3), nous avons donné une courte indication d’une des sortes de cette greffe. La même notice se trouve imprimée dans le nou- veau Dictionnaire d'histoire naturelle (4); mais, dans l’un et l'autre, l'indication est incomplète, et il n’y a point de figures seiguemens d'agriculture, traduicts en françoys par M. Anthoine Pierre, licentié en droict. Paris, 1550. (1) Gardeners Dictionary, in-fol. Londres, 1731, traduit sur la huitième édition par une Société de gens de lettres, tom. 3, pag. 554, colonne première, alin, 2. (2) I1 n'indique pas dans quel ouvrage il en a parlé. (3) De l'imprimerie du Cerele social, imprimé en 1801, tom. 9, pag. 283. (4) Edition de Déterville, tom. 2, pag. 142. D'HISTOIRE NATURELLE. 87 qui puissent faire comprendre la manière de lopérer exac- tement. M. Et. Clavel, dans son Traité des pépinières (1), indique quelques-unes des propriétés d’ane des sortes de greffes à orangers dont il fait Fhistorique; mais il en donne une figure qui ne représente nullement le procédé qu’on emploie pour l'effectuer. Sa gravure est celle d’une greffe en coin, publiée par Kuffner, et qui a pour objet des bourgeons tronqués par leur extrémité, et garnis de trois ou quatre gemma dans leur longueur, tandis que les greffes à orangers se pratiquent avec des bouts de branche garnis de leurs ramilles, avec leurs feuilles et des boutons à fleurs. D’après tout ce qui vient d’être dit, les greffes à orangers sont mal connues, et restent encore à décrire exactement, et surtout à figurer, pour faciliter les moyens de les exécuter sûrement. Cest ce que nous allons essayer de faire dans ce Mémoire. Il est quatre modes principaux d'effectuer les greffes à oran- gers. Comme ils offrent des différences assez notables, soit dans le choix des sujets, la manière de les préparer et de les conduire, soit dans la taille des greffes, et dans les procédés employés pour les poser et les gouverner, nous les décrirons tous successivement, en commençant par celui qui est lé plus anciennement pratiqué. Greffe à \orangers , mode premier, pl.IX, fig. 1 et 2. Pour effectuer ce premier mode, il est nécessaire d’avoir () Trois volumes in-12, imprimés en 1805, tom. 1; pag. 96, alinea quatrième et suivans, pl. 2, n° 6. 12 88 ANNALES DU MUSÉUM de jeunes sujets; à cet effet, on sème au mois de novembre, dans une terrine à semis, qu’on place sur une couche chaude, sous chässis ou sous bâche, des pepins de citronniers nouvel- lement arrivés des parties méridionales de l'Furope, et que l’on peut aisément se procurer à Paris, chez les confiseurs et autres marchands qui font un grand emploi de citrons. Ces semences lévent promptement, et le jeune plant croit pendant l'hiver. Au printémps, on trapsplante séparément, chaque individu dans de petits vases placés sur une couche chaude, couverte d’un châssis qu’on ombrage pendant la pre- mierelsemaine; on excite ensuite leur végétation au moyen d’une chaleur humide, et soutenue jusque vers le milieu de juin: alors on les habitue insensiblement à supporter le plein air et la lumière directe du soleil à découvert. Ils restent toujours sur la couche; on les arrose plus copieusement qu'auparavant, et l’on met dans des pots plus grands, ceux des sujets dont les racines sont sorties des vases dans lesquels ils ont été d'abord transplantés. Une. quinzaine-de jours après,,ce rempotage, lorsque les, jeunes individus sont bien remis, et ont acquis environ huit millimètres de diamètre, on peut s'occuper à les grefler. Pour cela, on commence par couper la tête horizontale- ment aux jeunes arbres ou sujets à une place où la tige soit droite et unie, et où l'écorce soit lisse, saine et d’un beau vert (pl. IX, fig. 1, a). Gette première opération est commune aux quatre-modés d'exécution de cette greffe; ainsi nous ne Ja rappelerons pas dans les descriptions suivantes. On fait en- suite une entaille triangulaire sur l'aire de la coupe du sujet, laquelle emporte un peu plus du tiers de son étendue en des- cendant vers là racine , dans la longueur de deux à trois centi= D'HISTOIRE NATURELLE. 89 mètres, et qui, diminuant graduellement de profondeur, finit par enlever seulement lépiderme {pl'IX, fig. 1, b). Gette entaille doit être ffite avec un greffoir tranchant, bien propre, sur lequel il n’y ait point de corps étrangers, et surtout de rouille ou d’oxide de fer. La promptitude dans lexécution nest pas moins essentielle pour la sûreté de l'opération; et pour ne point la retarder, les rameaux destinés à être greffés ont dû être coupés avant que d'opérer les sujets. On choisit ces rameaux sur des branches saines et vigoureuses. Leur dia- mètre à leur base doit être moindre d'environ un dixième que celui de la tige des sujets à greffer. On les prend avec des boutons naissans, et même, si on le désire, avec des fleurs, dans les aisselles des feuilles. On peut les greffer aussi avec des fruits nouvellement noués; mais il est plus sûr de ne les prendre qu'avec des boutons naissans. On emploie toujours, de préférence, des rameaux garnis de leurs ramilles, parce que celles-ci formant, par leur réunion, de petites têtes arron- dies comme celle d’un oranger adulte, présentent sur-le-champ l'image de cet arbre en mignature, et accélèrent la jouissance (pl. IX, fig. 1,c) . L’extrémité inférieure de ces rameaux est taillée en coin triangulaire dans leur longueur, qui doit être celle des entailies établies sur les sujets. Les deux côtés latéraux de ce coin sont coupés à angle droit, et Le troisième reste garni de toute son écorce. À la partie supérieure du coin doit se trouver un re- bord d’à peu près deux millimètres de’ saillie dans son étendue (pl. IX, fig. 1, d). Lorsque tout est ainsi disposé, on place le rameau sur le sujet qui lui est destiné. Il faut que le coin ‘entre juste dans l'entaille, et qu'il n’y laisse aucun vide. Il vaut mieux qu'il s’y 90 [ANNALES DU MUSÉUM ajuste avec un peu d'effort que de s’y trouver trop au large. L'essentiel, dans cette pose, est que les lignes qui séparent l'aubier de l'écorce dans le sujet et dans l4 greffe, coïncident exactement sur les côtés latéraux et sur l'aire de la coupe de la tête du jeune arbre. Pour faciliter ensuite la réunion des parties opérées, et les empêcher de se déranger, on les assujétit au moyen d’une ligature en fil de laine (pl. X, fig. 1}, et on les enveloppe avec un mélange d'argile et de liente récente de vache, en consistance de terre à modeler (pl. X, fig. 2). Il suffit, dans toute la circonférence du milieu des greffes, d’une épaisseur de qua- torze à seize millimètres de cet amalgame, qui va, en s’amin- cissant en forme de fuseau par les deux bouts, à un centimètre au-dessus et au-dessous de la ligature. Toute cette série d’opé- rations est figurée exactement d’après nature, dans les plan- ches qui accompagnent ce Mémoire. On y a représenté aussi la greffe soudée au sujet, et parfaitement reprise, avec les bourrelets qui accompagnent, afin de faire connoitre les ré- sultats de l'opération (pl. IX, Hg. 2, e). Il n’est pas besoin de dire qu'on peut effectuer ce mode de greffe sur des sujets plus ägés de trois à quatre ans; on sait assez que leur réussite n’en doit être que plus assurée. Ces jeunes arbres, d’une nouvelle composition, ont besoin d’une culture soignée pendant quelques mois, pour se rétablir d’une opération qui a fait perdre à lun sa tête, et à l’autre ses racines naturelles , jusqu’à ce que les vaisseaux séveux se réunissent pour alimenter les racines du premier, des fluides aériformes recueillis par les feuilles dans l'atmosphère, et que le second puisse recevoir les sucs extractifs de la terre tirés par les racines et nécessaires à l'existence de l'individu. D'HISTOIRE NATURELLE, {1 Cette culture consiste à mettre les vases qui contiennent ces jeunes élèves, sur une couche fournissant de vingt-cinq à trente degrés de chaleur dans le terreau qui la recouvre, et dans lequel sont placés les pots; à les garantir du soleil, du vent et du hâle, au moyen de châssis vitrés qu'on couvre de nattes, pendant les huit ou dix premiers jours qu'ils ont été opérés ; à entretenir dans leur atmosphère une chaleur vapo- reuse et humide, au moyen de légers arrosemens; et enfin à les habituer, par une gradation insensible, à supporter la lumière, l'air ambiant, et les variations de l'atmosphère pen- dant le reste de la belle saison de cette méme année. A Pap- proche des petites gelées, on les transporte dans la serre tem- pérée pour qu'ils y passent l'hiver. Les jeunes orangers greffés et cultivés de cette manière ne donnent aucun signe de dépérissement; ils ne perdent aucunes de leurs feuilles; elles ne se fanent même pas pour l'ordinaire; au contraire, les bourgeons et les feuilles des ra- milles grandissent, les boutons grossissent , les fleurs épanouis- sent, et les fruits parviennent à leur maturité. La végétation de ces rameaux est souvent plus rapide qu’elle ne let été sur leurs arbres mêmes, si on les y eût laissés. Mais lorsqu'on néglige quelques-uns des soins que nous venons d'indiquer, l'opération manque, et l’on en est bientôt averti par la mollesse des feuilles des greffes, par leur dessé- chement , et par la mort des rameaux. Cette culture est éga- lement nécessaire aux trois autres sortes de greffes qui nous restent à décrire, lorsqu'on les pratique sur des orangers ou autres arbres des tropiques et de la zone Torride. Ce mode de greffe en rameaux, après avoir été indiqué par Miller, a été long-temps négligé. On le pratiquoit dans 92 ANNALES DU MUSEUM un petit nombre de jardins de l'Europe, plus par curiosité que pour en faire un objet de multiplication utile. M. Huard, cultivateur à Pontoise, est le premier, en France, qui l'ait employé en grand. Il a rendu son procédé d’une exécution facile, s’en est servi utilement pour augmenter son bien-être, et a mis un grand nombre de jardiniers à même de l’exécuter. C'est lui qui, le premier, fit voir à la cour de Louis XV, dans les dernieres années de son règne, les premiers orangers greffés suivant ce mode. Ils y exciterent le même enthousiasme qu'a depuis excité l’hortensia, lorsque cet arbuste parut dans le commerce, mais à plus juste titre. La multiplication de celle-ci est une chose simple, et elle ne doit son mérite très- distingué, comme fleur d'ornement, qu’à la nature, tandis que les orangers étoient le produit d’un art inconnu jusqu'a- . lors, et qui sembloit contraire aux lois de la végétation. En effet, promettre de faire voir avant la fin de l'année du fruit mür sur un arbre dont on semoit le pepin, et surtout d’un oranger qui ne fructifie qu'après douze à quinze ans d’exis- tence, paroissoit un prodige, et c’est cependant ce que l’ex- périence a confirmé, Mais comme on ne s’est pas contenté des avantages réels que procurent ces petits arbres, et qu'on a exigé d'eux plus qu'ils ne pouvoient donner, l'enthousiasme s’est refroidi; et après les avoir peut-être trop exaltés, on les a rabaissés au-dessous de leur valeur. On s’est plaint qu’ils ne vivoient pas autant que les autres arbres de leur espèce, et que leur existence étoit bornée à quelques années. Cela est vrai, eL il ne peut en être autrement : plusieurs causes y con- tribuent. D'abord la différence de diamètre dans les vaisseaux du sujet et de la greffe, et celle de la densité des bois; ensuite la fructilication de la greffe qui occasionne l'emploi de toute D'HISTOIRE NATURELLE. 03 ‘Ja séve que peut fournir le sujet, et qui ne lui renvoie pas la séve descendante indispensable à l'existence de ses racines. Développons ces causes encore trop peu appréciées par les cultivateurs. Un jeune sujet, âgé de sept à huit mois, élevé dans une atmosphère chaude et humide, nourri dans une terre légère, riche en humus et abondamment arrosée, a le tissu cellulaire très-lâche, et les vaisseaux séveux d’un grand diamètre. Au contraire, le rameau qu’on greffe sur cet individu étant pris sur un arbre adulte, qui a vécu en plein air pendant la belle saison , et passé l'hiver dans une orangerie où la chaleur n’est entretenue qu'entre cinq et huit degrés , qui, de plus, se trouve planté dans une terre peu abondante en humus et arrosée modérément, pousse beaucoup plus lentement; ses fibres ligneuses sont dures, son tissu cellulaire petit et serré, et ses vaisseaux séveux fort étroits. Cette différence dans les dimen- sions des parties constituantes entrave le libre cours des fluides très-abondans dans le sujet. Effectivement, la première année que la greffe a été posée, elle recoit du, sujet la quantité de séve qui lui est nécessaire pour sa végétation, et le dévelop- pement de ses fruits : souvent même elle ne peut consommer toute celle qui lui est envoyée par les racines du jeune arbre. Alors il se forme d'assez gros bourrelets au-dessous de la greffe, signe certain que le sujet envoie plus de séve au rameau qu'il n’en peut employer, puisqu'elle est arrétée au philtre établi par la greffe. Le contraire arrive, c’est-à-dire que le bourrelet ou l’excroissance se forme au-dessus de la tête du sujet et à la base de la greffe, lorsque le rameau envoie plus de séve descendante que n’en peuvent consommer les racines. Cet effet a rarement lieu dans cette sorte de greffe; mais il 14. 13 0} ANNALES DU MUSÉUM arrive assez fréquemment dans plusieurs autres, lorsque les sujets sont d’une stature différente de celle des espèces d’où les greffes ont été tirées. La première cause contribue sans doute à entraver, les années suivantes, le libre cours des fluides qui jouent un si grand rôle dans l’économie végétale ; mais la seconde contribue davantage à abréger l'existence des individus greffés par ce procédé. Lesileurs , les fruits, les germes, et surtout les semences des végétaux, consomment pour leur accroissement et leur matu- rité parfaite, une très-grande quantité de séve, et n’en ren- yoient pas aux racines, parce qu’ils sont dépourvus des organes propres à en absorber les élémens dans l'atmosphère. Ce fait est démontré par l’examen de ces parties, et plus encore par la maniere dont se comportent les plantes annuelles et les vi- vaces à tiges herbacées, ou les monocarpiques et les rhizocar- piques. Lorsque les fleurs sont épanouies, que les germes se forment, et que les fruits grossissent, ces plantes cessent de croitre en hauteur, leurs feuilles radicales se fanent, les ra- cines des plantes annuelles meurent, les tiges de toutes s’obli- ièrent de preche en proche, jusqu'aux pédoncules des fruits qui restent verts les derniers. Les fruits et leurs semences atti- rent donc à eux toute la substance de ces végétaux, pour effec- tuer leur parfaite maturité : ainsi il n’est pas étonnant qu'ils ne renvoient aucune nourriture à leurs racines. Il suit de là que celles des sujets dont la greffe est chargée de plusieurs fruits d’une grosseur considérable, relativement aux moyens et à la force de Pindividu, fournissant toujours une grande quantité de séve, et n’en recevant que fort peu au moyen du petit nombre de feuilles qu'il possède, s’épuisent bientôt, et meurent en peu d'années. D'HISTOIRE NATURELLE. 05 Mais si l’on a l'attention de ne laisser sur ces arbres en mi- gnature que la quantité de fleurs et de fruits qu'ils peuvent nourrir, et qu'on leur donne une terre abondante en humus, de la chaleur et des arrosemens multipliés, il y a pas de raison pour qu'ils ne vivent pas aussi long-temps que ceux produits au moyen de la greffe en écusson, procédé employé le plus ordinairement pour leur multiplication. La preuve en est acquise. Il existe dans le jardin du Muséum des orangers de cette nature, qui ont dix années de greffe, et qui sont forts et vigoureux. Greffe à orangers, mode second, pl. X, fig. 3. La différence entre ce mode et le précédent consiste en ce que l'entaille triangulaire faite au sujet sur l'aire de la coupe de sa tête, au lieu de se prolonger sur un des côtés latéraux de la tige, se trouve dans celui-ci sur son épaisseur, et la divise en deux parties égales, de manière que le biseau du iriangle coupe la moelle en deux parties, et que le petit côlé se termine à l'aire de la coupe. Il ne reste de cette aire que deux petits rebords de quelques millimètres de largeur de chaque côté de l’entaille, à laquelle on donne- deux à trois centimètres de profondeur 4. Le rameau destiné à former la greffe doit être, par sa base, d’égal diamètre à la tête du sujet, à l'endroit de sa coupe. On l'amincit par son gros bout, en forme de coin, terminé par un biseau tranchant, et de toute la largeur de la branche. A la partie supérieure du coin on ménage deux appendices de dimen- sion égale aux deux rebords laissés sur l'aire de la coupe du sauvageon D. On doit apporter beaucoup d'attention à ce que 13 Ÿ 96 ANNALES DU MUSÉUM toutes les coupes soient régulières et exactement correspon- dantes en creux et en reliefs, et que les écorces soient entières sur leurs bords. La réunion de cette greffe au sujet se fait avec le même soin que celui exigé pour la précédente, ainsi que la ligature et la poupée qui doivent terminer l’opération. La conduite et la culture, jusqu’à la reprise, sont les mêmes. Ce second mode de greffe est plus solide que le premier, et sa réussite n’est pas moins sûre. Il a de plus l'avantage de fournir une plus grande étendue de points de contact entre les écorces des deux individus, et de n’occasioner sur la tige du sujet qu’un léger bourrelet, qui s’efface en peu d'années, Greffe à orangers, mode troisième, pl. X, fig. 4. Ce troisième mode ressemble peu aux précédens. Il se rap- proche de celui employé par les Anglois pour effectuer leur grefle en langue, nommée par quelques cultivateurs françois greffe à talon ou en pied de biche; mais il se distingue de “cette greffe en ce que l’on emploie pour l'opérer, des rameaux garnis de leurs ramilles, de leurs bourgeons naissans, de leurs feuilles, de leurs fleurs, et souvent de leurs jeunes fruits ; tandis que, pour celle-ci, on ne se sert que de jeunes pousses garnies de trois ou cinq gemma non développés, et à l’époque où ils sont sur le point de sortir de leur enveloppe. Pour effectuer ce troisième mode de greffe, on fait trois plaies au sauvageon. La première, et celle qui détermine la position des autres, est lamputation de la tête du sujet qui se fait un peu en biais et non horizontalement c. La seconde est une entaille qui commence à la partie la plus élevée de l'aire de la coupe de la tête du sujet, dans une largeur de quatre à D'HISTOIRE NATURELLE. 07 six millimètres, et se prolonge en descendant vers sa racine, sur une longueur de trois à cinq centimètres. [’épaisseur de la lanière d’écorce qu’occasionne cette plaie doit étre d'environ trois millimètres par le haut, diminuer insensiblement, et se terminer presque à rien par le bas d. La troisième et der- nière plaie est une entaille d’à peu près six millimètres de profondeur, qui prend à l’extrémité supérieure de Paire de la coupe du sujet, et va en descendant obliquement vers la co- lonne médullaire e. . Le rameau qui doit être greffé offre aussi trois plaies cor- respondantes à celles du sujet, et en sens inverse; savoir, une languette f taillée dans le gros bout du rameau, laquelle ne contient que de l'écorce dans le quart de sa partie inférieure qui doit être arrondie; ensuite un cran ou esquille de bois façonné en coin, un peu oblique à la partie supérieure g, et enfin une retraite ou rebord à la naïssance du coin k. Toutes ces parties doivent être en rapport exact de dimensions avec les plaies du sauvageon, de sorte qu’étant rapprochées les unes des autres, elles remplacent les portions végétales enle- yées de chacune des deux parties. L'essentiel de cette réunion est que les libers des greffes et des sujets se correspondent exactement davs le plus grand nombre de points possibles. D'ailleurs, le reste de l'appareil, la culture et le traitement sont les mêmes que ceux indiqués pour les modes précédens. La pratique de celui-ci est minutieuse, exige de l'attention, et surtout de l'habitude; mais il est plus Late et non moins sûr que les autres. On doit lui donner la préférence lorsqu'il est question de greffer de très-jeunes sujets, et particulière- ment pour employer des rameaux dont le diamètre n’est pas de la grosseur d'une plume ; à la vérité il a l'inconvénient d’occa- 08 ANNALES DU MUSÉUM sioner sur les tiges des bourrelets qui les rendent désagréables à l'œil pendant quelques années, mais ensuite ils s'effacent, et les tiges redeviennent lisses et belles. Greffe à orangers, mode quatrième et dernier, pl. X, fig. 5. La différence entre celui-ci et le précédent ne consiste qu’en ce que le bout de la languette de la greffe à est recu dans une entaille oblique faite à la base de la plaie longitudinale établie sur la tige du sujet . D'ailleurs, toutes les autres parties, tant des sauvageons que des rameaux destinés à former lesgrelfes, doivent être préparées de la même manière. Un coup-d'œil sur les figures qui accompagnent ce Mémoire, lesquelles ont été copiées fidèlement d’après nature, donnera une idée exacte de cette greffe, ainsi que des précédentes, avec leurs dévelop- pemens. Ces figures rendront nos descriptions plus aisées à comprendre, et suppléeront à ce qui peut leur manquer. Mais ce que ces gravures ne peuvent représenter, et que nous devons dire, c'est que les parties hboiseuses des greffes qui se trouvent insérées entre celles des sujets ne se réunissent pas, puisque ce sont des corps inertes, mais qu’elles se con- servent intactes, et acquierent une dureté plus considérable que leur bois naturel. La coupe verticale d'une de ces greffes effectuée depuis deux ans, sciée dans son milieu, et que nous avons fait représenter (pl. X, fig. 6), offre encore une ob- servation singulière. Entre les deux couches ligneuses de la greffe et du sujet, il s'est formé une lisière de nouveau bois moins dur que celui des deux parties unies , et qui, à l'époque où il aété coupé, ne laissoit découvrir aucune fibre ligneuse Z. On apercevoit seulement une matière spongieuse , telle qu'en D'HISTOIRE NATURELLE. 99 produit le cambium avant qu'il ait été transformé en bois. Cet échantillon de coupe de greffe, conservé depuis un an, et nouvellementæexaminé, offre, au lieu d’une substance spon- gieuse, une bande dure, organisée comme le bois, et qui en a la couleur. Cette matière ne peut avoir été formée par la séve descendante, puisqu'elle étoit interceptée dans cette partie par le talon de la greffe. Il est très-probable qu’elle a été produite par les irradiations médullaires. Alors la $éve mon- tante dans le genre de loranger, et probablement dans beau- coup d’autres genres, ne seroit pas simplement de l’eau et de l'air, suivant l'opinion de quelques physiologistes, mais bien une séve déjà élaborée dans les organes des végétaux. Nous aurons occasion de revenir sur celte chservation, que nous ne faisons qu'indiquer ici. Nous terminerons ce Mémoire en résumant les usages des différens modes de greffes à orangers, et les avantages qu’on peut s’en promettre. D'abord on les emploie avec succès pour la multiplication d'arbres et arbustes étrangers toujours verts, dont les gemma ne sont pas renfermés sous des écailles. La plupart de ces Végétaux se greffent difficilement par’ scions ou en fente, et encore plus par gemma ou en écusson. Ensuite ils procurent de plus promptes jouissances que tous les autres modes de multiplication, puisque, dans l’espace d’une année, on obtient des fruits sur un jeune arbre, dont on mét la semence en terre. Enfin ces modes de greffes sont plus propres que tous autrés à donner une idée de la puissance de Part sur les produits de la nature, et il est probable qu’en les variant, on les amenera à fournir des résultats encore plus merveilleux , ou même plus utiles, ce qui vaut infiniment mieux, . 100 "ANNALES DU MUSEUM Explication des figures, des planches IX et X, tom. XIV, ou des greffes à orangers. 18} . < OÙ UNINOpianene IX Fre. 1. Jeune sauvageon de citronier opéré pour recevoir un raméau, a. ‘Coupe transversale de la tête du sujet. b: Entaille triangulaire destinée à recevoir la base de la greffe. x 16 Petite branche du citrus aurantium violaceum, M. P. garnie de ses ra- milles, bourgeons, feuilles, boutons et fleurs, destinée à être insérée dans le sauvageon. d. Partie inférieure de la branche taillée en coin triangulaire propre à rem= placer la tête du sujet. Fic, 2. Le même individu transformé en oranger bigarade violette, un an après la reprise de la greffe. PLrancne- X. Fic. 1. TronÇon de l'arbuste greffé pour faire voir la ligature en fil de laine qui maintient la greffe sur le sujet. F1G. 2. Poupée en argile et en fiente de vache qui recouvre la greffe et entretient une humidité favorable à sa réussite. Frc. 3. Sujet préparé pour être greffé d’après le mode second de la greffe à orangers. a. Entaille triangulaire qui divise en deux parties la tête du sujet. b. Base de la petite branche destinée à former la greffe taillée en coin avec biseau pour occuper la place vide sur le sujet. Fic. 4. Sauvageon destiné à recevoir la greffe d'un oranger chinois à feuilles de myrte, suivant le mode troisième. ce. Coupe de la tête en biseau. d. Enlévement d’écorce, d’aubier et d'un peu de bois, par la partie supé- rieure, pour recevoir la languette de la greffe. e. Entaille propre à contenir la dent de la greffe. f. Languette du rameau à greffer. g- Dent de la greffe. h. Rebord ou petite retraite qui doit s'appuyer sur le biseau de la tête du sujet. Fic. 5. Exemple du’quatrième mode de la greffe à orangers. " à. Languette de la greffe, GREFFES À ORANGERS Harsp CREFFES À ORANGERS. Dia Cholle Catne. del. - 45% nl nn T'AS / .Z4 : Zom PLANTATIONS eBOUTUREÆS. lle Hihe del. Can wi à D'HISTOIRE NATURELLE. IOI k. Entaïille ou cran oblique destiné à recevoir la base de la languette, m. Hoche du sauvageon propre à recevoir la dent de la greffe. n. Dent de Ja greffe. Fre. 6. Coupe verticale du sauvageon et de la greffe dans la partie opérée pour laisser voir l'application de la greffe au sujet, 1. Couche de nouveau bois. Explication des figures de la planche XX, tom. XIV, intitulée plantations et boutures. Frc. 1. Plantation sur taupiniere. (Voyez sa descriplion, ses usages et son historique, Annales du Muséum tome 10, art. Plantation, pag. 188, ex. 11). a. Jeune arbre de trois mètres de haut, et de six décimètres de diamètre par le bas. b. Butte en forme de taupiniére dans laquelle se trouvent plantées les racines de l'arbre. e,c. Petit fossé circulaire qui isole la terre de l'arbre de la masse environ- nante. d, d, Gazon qui tapisse les parois de la fosse circulaire, ainsi que ses bords, pour empêcher l’éboulement des terres. e,e,e. Trois pieux formant un triangle, enfoncés en terre jusqu’à deux centimètres au-dessous de la butte. SAS. Traverses qui maintiennent les pieux à égale distance, et les solidi= fient contre les efforts des bêtes fauves et du gros bétail. g. Ligature qui maintient l'arbre perpendiculairement sur ses racines et am milieu des pieux. Fire. 2, 3 et 4. Boutures par les feuilles. (Voyez leur description, Annales du Mu- séum, tom. 12, pag. 226, ex. 23, et la manière de les exécuter, p. 230, mode premier). 6 h, h: Feuilles de cofyledon hemispherica, L. placées sur terre par leur face inférieure. 1, Racines qui partent immédiatement des feuilles. k, k. Bourgeons accompagnés de petites feuilles qu'ils ont poussé après la croissance des racines. 1. Feuille du cofyledon tuberculosa, Lmk. placée sur terre par sa face su- périeure. D 4 À m, m. Mammelons devenus bourgeons, terminés par de petites feuilles qui ont commencé à pousser les premières. 14. 14 102 ANNALES DU MUSEUM n,n. Racines qui partent de la base des bourgeons, et descendent vers la terre pour s'y implanter. ®, o. Petites glandes coniques d’un bleu verdâtre, qui, terminant les racines, donnent des sécrétions dans certaines circonstances, et font l'oflice de suçoirs dans d’autres. p. Vase rempli de terre sur laquelle repose la feuille. g. Soucoupe dans laquelle on entretient toujours de l'eau pour humecter la terre du vase qu'elle contient, et fournir l'humidité favorable à la vé gétation de la jeune plante. Fc. 5. Bouture de fruit. ( Voyez sa description dans les Annales du Muséum, tom. 12, pag. 228, ex. 24). r. Fruit du cactus opuntia tuna mis en terre aux trois quarts de sa maturité, en 1800, et qui a produit une plante complète. Jeune tige qui a crû sur la couronne du fruit, et qui elle-même donne . naissance à d’autres tiges. . Racines qui ont poussé de la circonférence à la base du fruit, dans la partie qui étoit enterrée. Toutes ces parties sont représentées au quart environ de leur grandeur naturelle. d Fruit de grandeur naturelle coupé verticalement dans le milieu de son diamètre, pour faire voir la place qu'occupoient ses graines. u. Deux semences tirées du centre du fruit, quatre fois plus grandes qu’elles ne sont dans la nature. e Explication des figures de la planche XI, tom. XIV du marcottage en terrine. Fic. 1. Marcotte d’œillet pourvue de ses racines et sevrée de sa mère-plante pour former un pied séparé. (Voyezsa description, Annales du Muséum, tom. 11, pag. 105, ex. 4). a. Kameau par lequel la marcotte tenoit à sa mère. b. Incision qui a séparé le rameau dans la moitié de son diamètre. c. Petit gravier placé au moment de l'opération pour empécher les parties disjointes de se rapprocher et les tenir à un écartement convenable à la réussite de l'opération. d. Bourse dans laquelle la séve descendante ayant été reçue, et s'étant amassée, a donné lieu à la formation d'un grand nombre de racines et de chevelus. (Voyez pag. 116 du tom. 11 des Annales du Muséum ). Tom .14. Pr ane MARCOTTACE en Vds Lorhe dl. P Térrine. Can seule Tom .14. nn 27 ,Z à T PT: 2 LS ER AT RENE 2/72 MARCOTIACE en Entonnorrs. tdele Liche de. Can cup D'HISTOIRE NATURELLE. 103 e. Bourgéon garni de ses feuilles en état de croissance. Frc. 2. Jeune pied de poivrier qui fournit le poivre du commerce, piper nigrum, L. dont quatre rameaux soat marcottés dans une terrine percée et soute- nue en l'air. ( Voyez les Annales du Muséum, tom. 11, pag. 106 et 109; ex. 4, et sa variété 7). J. Pot dans lequel se trouve planté le poivrier. gg. Ses tiges. h. Terrine percée dans son milieu, à travers laquelle passent les tiges. 1, 1, 1, à Rameaux marcottés dans la terre du vase. k. Marcotte à une seule incision. L. Marcotte à double incision. ( Voyez même tome, pag. 105, ex. 5). m. Les quatre piquets enfoncés dans la terre du pot, lesquels soutiennent la terrine en l'air. n. Terrine coupée dans le milieu de son diamètre, pour faire voir l’ouver- ture du milieu et les fentes de son fond, destinées à l'écoulement des eaux surabondantes. Fic. 3. Pot à oreilles propre à des marcottages en l'air, d’arbustes des climats chauds. (Voyez ses usages, ex. de la variété 6, pag. 108 des Annales). 0, 0. Oreilles à travers lesquelles on passe les piquets qui doivent main- tenir le pot à la hauteur convenable. p- Fente par laquelle on fait entrer dans le vase le rameau qui doit y ètre marcotté. Toutes ces figures sont du quart de la grandeur naturelle environ. Explication des figures de la planche XI, tom. XIV, représentant le marcoltage en entonnoirs. (Voyez les Annales du Muséum, tom. 11, pag. 110, exemples 1,2, 5,4 et5, pour les descriptions et les usages de ces modes de marcottage). F1G. 1. Jeune pied d’aralia arborea, L. dont six branches sont marcottées dans un pareil nombre d’entonnoirs de diverses sortes. a. Caïsse de bois de chêne, dans laquelle est placé le pot qui contient l'arbre marcotté, afin de soutenir plus solidement l’appareil propre à ce genre de marcottage. : b, b. Piquets cloués, par en bas, sur deux parois opposées de la caisse, pour soutenir les traverses du haut. e. Cornet de plomb dans lequel passe une branche ligaturée en fil ciré, dans le tiers supérieur de la hauteur du vase. 1 Pi 10/4 ANNALES DU MUSEUM d. Entonnoir de fer blanc, à travers lequel passe une branche, dont on a enlevé un anneau cortical, à l'effet d'arrêter la séve descendante, et de la déterminer à former des racines promptement. e. Branche traversant un entonnoir de verre blanc; elle est ligaturée en feuille de sparte. f. Bouteille de verre obscur, laquelle est traversée par une branche liga= turée en osier. g. Boîte d'un boïs léger qui contient une branche incisée à la manière des marcottes d’œillets. h. Branche marcottée dans une lanterne de verre blanc. Elle est ligaturée en fil de fer. k. Carafe de verre blanc qu'on entretient remplie d'eau commune pour fournir l'humidité nécessaire à la réussite des marcottes. i,1i,i,i,i,i Fils de laine faisant l'office de syphons, liés par un bout à de petites pierres plongées daus le milieu de la caraffe, et fixés par l’autre bout aux branches marcottées, à l'endroit où elles sortent de terre, et sous la mousse qui recouvre cette terre. Fic. 2. Entonnoir de fer blanc ouvert pour faire voir sa constrnction. 1, L, L. Petites douilles qui, lorsque l'entonnoir est fermé, font une charnière. m. Tringle de fer qui, introduite dans la charnière, maintient l’entonnoir . fermé. ” o. Douille dans laquelle on passe un piquet pour soutenir l'entonnoir en l'air. F1c. 3. Lanterne de verre ouverte pour y introduire commodément les branches qu'on veut marcotter. n,n,n. Petits auneaux de plomb, soudés sur les bords de deux faces de la lanterne, a l'effet de la fermer au moyen d'une‘petite cheville qui passe dans les trois anneaux. Toutes figures du quart de la grandeur naturelle, te De -e À Tom .14. BOUTURES en TERRE, dans l'Eau el sous l'Eau . del Hiche: del Canu veuf : D'HISTOIRE NATURELLE, 10 Explication des figures de la planche XI, tom. XIV,représentant des boutures en terre, dans l'eau et sous l'eau. Fr. 1. Tubercule de pomme de terre, solanum Luberosum, L. (Voyez les Annales du Muséum, tom. 12, pag. 209, ex. 5). a. Cavité occasionée par l'enlèvement d’un œil. b. Petite portion hémisphérique avec un œil au milieu, enlevée du tuber- cule, pour être plantée comme bouture, ét servir à-la multiplication de la plante, Frc, 2. Cuiller de sir John-Saint-Clair, employée pour enlever les yeux des pommes de terre, et conserver aù profit de la consommation, la plus grande partie de leur substance. e. Cuiller et son appendix en fer. d. Manche en bois. e. Virolle qui assujétit l'outil au manche. | F1G. 5. Appareil d’une bouture de Royena lucida , TL, plantée en terre par sa base, et entourée d’eau par sa partie supérieure. ( Voy. les Annales du Muséum ; tom. 12, pag. 256, article Boutures sous l’eau, mode 5). J. Pot rempli de terre composée, dans laquelle se trouve plantée la bouture de cinq centimètres de profondeur. g. Extrémité supérieure de la bouture contenue dans un entonnoir de verre blanc, bouché à sa base avec du liége et de la cire de commissaire, pour empêcher toute déperdition de l’eau dont on entretient l’entonnoir tou- jours rempli. h. Bourgeon de la bouture garni de ses feuilles. ä, à, à Piquets fichés dans la terre du vase pour supporter et maintenir l’en- tonnoir verticalement sur le vase. k. Ligature qui assujétit les piquets à égale distance et l’entonnoir dans leur milieu. F1G. 4. Partie de la bouture du chêne à glands doux, décrite pag. 238, premier alinéa, tom. 12 des Annales. 1. Partie qui étoit contenue dans l’entonnoir. m. Partie qui se trouvoit enterrée. n. Ramille latérale placée entre la terre et l’eau, et qui a poussé un bour- geou de trois centimètres de long, 106 ANNALES DU MUSEUM o. Racines sortant de la base du bourrelet de la bouture, et quelques-unes d’entre les feuillets du liber. Fic. 5. Appareil d’une bouture de vigne entre deux eaux (sixième mode, p. 259, tom. 12 des Annales). p. Pot rempli de terre forte, destiné uniquement à supporter et maintenir l'appareil. V q. Bocal de verre dans lequel est plongée la base de la bouture. r. Entonnoir de verre blanc qui reçoit l'extrémité supérieure de la bouture. s. Ramilles garnies de leurs bourgeons croissans, et accompagnées de leurs feuilles. £. Racines partant de différens points de la partie de la bouture qui se trouvé dans l’eau du vase inférieur. Nota. Cette bouture, dans ce moment (25 mai 1809), est en très-bon état; le chevelu des racines, après s'être renouvelé, pousse abondamment; les bour- geons se sont allongés de deux décimètres. Toutes les figures de cette planche sont du quart au tiers de leur grandeur na- turelle. D'HISTOIRE NATURELLE. 107 EXAMEN COMPARATIF De l'acide muqueux formé par l'action de , l'acide nitrique, 1° sur les gommes ; 2° sur le sucre de lait. PAR A. LAUGIER. M. VavQuELIN a constaté, par ses expériences sur les gommes arabique et adraganthe, insérées dans le 54.° volume des An- nales de chimie, l'existence d’une quantité très-notable de chaux dans ces matériaux immédiats des végétaux. La lecture de son travail n'a suggéré les réflexions suivantes: 1.” Que devient la chaux contenue dans ces gommes, lors- qu'on les traite par lacide nitrique, dans l'intention de se procurer de l'acide muqueux ? 2.7 Ne se combine-t-elle pas à l'acide oxalique qui se forme presque en même temps que l'acide muqueux ? 3. L’oxalate de chaux, plus insoluble dans l’eau que l'acide muqueux, ne doit-il pas se précipiter avec cet acide, lorsqu'on lave le résidu de l'opération, et altérer très-sensiblement ses propriétés ? 4." Quels seroient les moyens de s'assurer de la présence.de 108 D'HISTOIRE NATURELLE. l'oxalate de chaux dans l'acide muqueux obtenu des gommes, et de séparer ce sel calcaire et l'acide dont il altère la pureté? Dans la vue de résoudre ces questions, j'ai entrepris les ex- périences que je vais rapporter. . 5 J'ai fait digérer avec huit parties ( 480 ) d'acide nitrique pur à 36°, une partie de Go grammes de gomme adraganthe; j'ai chauffé le mélange jusqu’à sa réduction en consistance miel- leuse, et j'y ai ajouté une suffisante quantité d’eau. Celle-ci a refusé de dissoudre une matière blanche, pulvé- rulente, que j'ai recueillie sur un filtre, et qui, desséchée à l'air, pesoit 9 grammes et demi : c’étoit de l'acide muqueux. La liqueur contenant la portion soluble du mélange avoit une couleur jaune; je l'ai soumise à l’évaporation, et je ne l'ai re- tirée du feu qu’au moment où je l'ai vue se couvrir-d’une pel- licule légère qui se formoit à sa surface; bientôt par le refroi- dissement la liqueur a déposé une grande quantité de cristaux, les uns en lames, les autres aiguillés, très-reconnoissables pour de l’acide oxalique. Dans l'intention de séparer ce dernier acide de l'acide muqueux qui y étoit mêlé, j'ai employé de l'alcool à 40°, qui a dissous l'acide oxalique, sans toucher à l'acide muqueux que j'ai recuilli sur un filtre. Cette seconde portion d'acide muqueux pesoit 2 grammes 10 décigrammes, La dissolution ménagée a fourni, par une évaporation alcoo- lique , une masse colorée, que j'ai redissoute dans l’eau pour obtenir des cristaux plus blancs et plus purs. Les eaux-mères de la seconde portion d’acide muqueux et d'acide oxalique contenoient un mélange d’acides oxalique et malique, que j'ai séparés l’un de l’autre par des moyens que je ne rapporterai point, parce qu'ils n’écarteroient du but principal de mes expériences. = D'HISTOIRE NATURELLE. T09 La première portion d'acide muqueux que j'avois obtenue pesoit Q grammes 5 décigrammes; elle étoit trés-blanche; sé- chée, elle avoit l’aspect grumeleux de Pamidon pur.! Cest elle que j'ai employée à mes essais, JA négligé la seconde portion, qui ue n'a pas paru de la même pureté. Dans l'intention de recliercher la présence de l'oxalate de chaux dans cet acide muqueux indiqué ci-dessus, j'ai mélé une partie d'acide nitrique à dix parties d’eau distillée, et j'ai versé ce mélange surles o grammes et demi d'acide muqueux. J'ai exposé le tout à une chaleur de 4o à 50 dégrés pendant deux fois vingt-quatre heures, avec la précaution d’agiter de temps en temps pour accélérer l'action du dissolvant. J'ai dé- canté la liqueur surnageante, dans laquelle l’ammoniaque a déterminé sur-le-champ la précipitation d’un sel blanc, ter- reux, en filamenssoyeux , qui avoit toutes les propriétés phy= siques de l’oxalate calcaire. 1 Une seconde portion d'acide nitrique et 'd’eau ajoutée sur le dépôt de la liqueur précédente:, et abandonnée pendant le même temps, a fourni, par lammoniaque, une nouvelle quan- tité d’oxalate de chaux. Il a fallu huit portions d'acide nitrique affoibli, successive ment ajoutées, pour épuiser entièrement d’oxalate de chaux acide muqueux soumis à Pexpérience. Chaque fois lammo= niaque mélée à la liqueur décantée et filtrée, en a séparé une quantité d’oxalate calcaire, dont cependant la proportion diminuoit à chaque digestion d’une manière sensible. La neuvième portion n’en à indiqué que des traces innapprécia- bles. Les huit précipités réunis ont donné um total du poids de 2 grammes 3 décigrammes, 14. ro 110 ANNALES DU MUSÉUM Il étoit important de s'assurer si cette matière étrangère à l'acide muqueux, et dont l'apparence et les caractères physi- ques me paroissoient semblables à ceux de l’oxalate de chaux, étoit bien réellement ce sel#alcaire. Dans cette vue, j'ai fait bouillir cette matière avec une dis- solution de carbonate de potasse saturé; et lorsque la décom- position réciproque des deux sels n'a paru achevée, j'ai re- cueilli sur un filtre la portion qui s’étoit déposée. Ce dépôt, moins blanc que n’étoit le premier sel calcaire, et en poudre plus grossière, s’est dissous avec une grande effervescence dans l'acide nitrique; sa dissolution, d’une saveur âcre, piquante, n'a point élé précipitée par lammoniaque, mais très-abon- damment par l’oxalate d’ammoniaque. La liqueur qui surnageoit ce carbonate de chaux, et qui contenoit un excès de cette potasse, a été saturée par de l’a- cide acétique, et évaporée à siccité. Le résidu a été traité par l'acool, dans l'intention de séparer l’acétate de potasse de l'oxalate de la même base, qui n’est pas soluble dans ce liquide. Le mélange, chauflé pendant quelques instans, a été jeté sur un filtre, où l'oxalate de potasse est demeuré, tandis que l'acétate alcalin a passé avec l'alcool. La portion ivsoluble dans ce liquide s'est dissoute dans l’eau distillée; une goutte de cette dissolution, mélée dans une demi- cuillerée d’eau de chaux, y fournit un précipité pulvérulent, abondant, reconnoissable pour de l’oxalate de chaux, et la même dissolution a fourni, par l’évaporation, des cristaux d’oxalate de potasse. Les expériences que je viens de décrire ne peuvent laisser de doutes sur la nature du sel calcaire, dont la présence altère la pureté de l'acide muqueux obtenu de la gomme adraganthe. D'HISTOIRE NATURELLE. LIT Les mêmes essais, répétés sur la gomme arabique, et sur celle qu'on nomme dans le commerce gomme de Bassora, et dont la solubilité dans l’eau est nulle, m’ont fourni, à très- peu près, les mêmes résultats. J’ai remarqué que l'acide muqueux, à mesure qu’il perdoit par l'acide nitrique l’oxalate de chaux qui le rendoit impur, prenoit un aspect plus floconneux. Schéèle, à qui l’on doit la découverte de l'acide nuqueux l'avoit d’abord nommé acide saccholactique, parce qu'il lavoi: obtenu en traitant le sucre de lait par l'acide nitrique. Cette dénomination a cessé de lui convenir, dès que l'expérience a prouvé qu’on pouvoit le retirer des gommes par un procédé semblable; c’est le motif qui a déterminé M. Fourcroy à subs- tituer le nom d'acide muqueux à celui de saccholactique. Mais l'acide muqueux que fournit le sucre de lait est-il par- faitement semblable à celui que lon obtient des gommes? est-il altéré comme celui-ci par le mélange d’une quantité très-no- table d’oxalate de chaux ? ou bien ne contient-il qu'une moindre quantité de ce sel calcaire? ou enfin en est-il totalement dé- pourvu? Il n'a paru curieux de chercher la solution de ces questions, et je me suis empressé d'appliquer le procédé que je viens de décrire à l'acide muqueux que donne le sucre de lait. J'ai pris en conséquence une partie de sucre de lait, que j'ai fait bouillir avec huit parties d'acide nitrique, au même degré que celui dont j'avois précédemment fait usage. J’ai séparé par la décantation les premières portions d'acide mu- queux qui se sont formées, et j'ai ajouté sur le résidu une seconde portion d'acide nitrique. Il s'est déposé une seconde portion d'acide muqueux qui, réunie à la première, a donné on x12 ANNALES DU MUSÉUM un tolal de douze grammes, ou la cinquième partie du sucre de lait soumis à l’expérience. J'ai observé qu'après son lavage à l’eau bouillante, cet acide muqueux, délayé dans l’eau, avoit l'aspect aussi floconneux que celui de la gomme, lorsqu'il avoit été privé de son oxalate de chaux par l'acide nitrique affoibli. Cette observation n'a fait présumer que cet acide étoit beaucoup plus pur que celui de la gomme, et ce soupcon a bientôt été confirmé par la nullité d'action que l'acide nitrique a eue sur lui. Il ne lui a pas enlevé la moindre quantité d’oxalate de chaux, au bout de deux fois vingt-quatre heures de digestion ; car l’ ammoniaque n'a point for le plus léger trouble Aus le liquide surnageant. Ce qui, au surplus, ne laisse aucun doute sur la parfaite pureté de l'acide muqueux provenant du sucre de lait, c’est qu'il se dissout avec beaucoup de facilité dans l’eau Hduslétie, et sans laisser aucune espèce de résidu. Cette entière solubilité dans l’eau bouillante prouve qu'il jouit d'une pureté plus grande que l'acide muqueux de la gomme, même lorsque celui-ci a été purifié par les moyens ci-dessus indiqués. En effet ce der- nier, bien privé d’oxalate de chaux lorsqu'on le fait bouillir avec l’eau distillée, laisse encore un matiere insoluble, trèes- floconneuse, formant les six centièmes de son poids, qui se dessèche en un corps gris corné, demi-transparent, assez sem- blable en apparence à la substance muqueuse qui lie les molé- cules des concrétions animales, quoique sur les charbons ardens elle ne fournisse point odeur ammoniacale et fétide des com- posés animaux, et qui laisse par là calcination du carbo- nale calcaire. La trop petite quantité que j'en aï obtenue ne na pas permis de faire des essais qui pussent m'éclairer d’une manière plus précise sur la nature de ce corps. D'HISTOIRE NATURELLE. T's Des faits exposés dans ce Mémoire, on peut en tirer les conséquences suivantes : à 1.” Il existe une différence très-remarquable entre l'acide muqueux retiré des gommes et celui que l’on obtient du sucre de lait par l’action de l'acide nitrique. 2. Cette différence consiste en ce que le premier est cons- tamment altéré par le mélange d’une quantité d’oxalate de chaux (1), proportionnelle à celle de cetté terre que les gom- mes contiennent naturellement, et en outre par une quantité de matière insoluble dans l'eau qui fournit de la chaux par la calcination, et qui y est dans la proportion des six centièmes de l'acide muqueux purifié, tandis que l'acide muqueux du sucre de lait ne renferme ni oxalate de chaux, ni autre subs- tance hétérogène, et que conséquemment il est parfaitement pur. 3° On peut amener l'acide muqueux de la gomme au même état de pureté, par un procédé très-simple, qui consite, 1.° à lui enlever, par des digestions successives dans l'acide nitrique trés-affoibli, l’oxalate de chaux qu'il contient; 2.° à le faire bouillir dans l’eau qui le dissout, sans toucher à la substance indiquée qui se précipite sous la forme de flocons. 4°. Ainsi privé des substances étrangères à'sa nature, l'acide muqueux de la gomme est entièrement semblable à celui du sucre de lait, jouit de toutes les propriétés qui caractérisent (1) Schéèle avoit d’abord soupçonné que l’acide muqueux n’étoit que de l’oxalate de chaux; mais il s’est assuré que s0h soupçon n'éloit pas fondé. M. Hermstadt a pensé que cet acide est une combinaison d’oxalate de chaux et d’une matière grasse; mais l'expérience ne confirme point cette opinion, 114 * ANNALES DU MUSÈUM cet acide, et peut être employé avec le même avantage dans les expériences les plus délicates, ou qui exigent que cet acide soit d’une pureté parfaite, Depuis:la rédaction de ce Mémoïre, je me suis assuré qu'il est une circonstance où l'acide muqueux, obtenu de la gomme, se trouve mélé à du mucite de chaux au lieu de l'oxalate doit j'ai parlé; c’est celle où l’on substitue, dans la préparation de cet acide, l'acide nitrique étendu d’eau à l'acide nitrique concentré, et où conséquemment on conduit l’opéra- tion avec lenteur, au lieu d’y procéder d’une manière rapide. La différence des résultats que l’on obtient est faci'e à saisir. Si on emploie l'acide foible, l'acide muqueux est d’abord produit seul; il se précipite en entrainant la chaux avec laquelle il forme un sel peu soluble, et on peut le séparer du mélange avant la formation de l'acide oxalique, qui exige la concen- tration de l'acide; mais si l’on fait usage d’acide nitrique con- centré, la formation des deux acides, quoique toujours suc- cessive, est très-rapprochée, et l’on conçoit que, dans ce cas, l'acide oxalique, à mesure qu'il est formé, s'empare de la chaux en vertu de l’affinité plus puissante qu’il exerce sur cette terre. J’ajouterai encore un fait qui m'a conduit à reconnoitre une propriété singulière de l’acide muqueux, et que je me propose d'examiner avec plus de suite que je ne l'ai fait jusqu'à présent. . Lorsqu'on évapore doucement, et jusqu’à siccité, la disso- lution de l'acide muqueux pur dans l’eau bouillante, sans sépa+ rer le dépôt cristallin qui se forme pendant l’évaporation, on observe bientôt, dès qu'il n’y a plus de liquide, que les D'HISTOIRE NATURELLE. 115 cristaux brunissent, éprouvent une espèce de fusion, ils se convertissent en une matière visqueuse, tenace, et qui prend beaucoup de dureté par le refroidissement : l'acide muqueux, qui a éprouvé ce changement, a une saveur beaucoup plus acide qu'il ne l’a ordinairement; il est infiniment plus soluble dans l’eau à laquelle il communique une couleur jaune-bru- nâtre; il est devenu entièrement soluble dans l'alcool; il a donc en partie changé de propriétés. J’ai pensé que j'avois ainsi opéré la conversion de l'acide muqueux, soit en acide malique, soit en acide tartareux; mais les expériences que j'ai faites pour vérifier ce soupçon, ne m'ont pas encore paru suffisantes pour me permettre d’énoncer une opinion sur la nature du changement qui a lieu dans l'expérience que je viens de décrire. 116 ANNALES DU MUSÉUM MÉMOIRE Sur les Moximiées, nouvel ordre de plantes. PAR M. À. L. DE JUSSIEU. Panama les arbrisseaux étrangers de pleine terre qui ornent nos bosquets, et que nous devons à l'Amérique septentrionale, il en est un dont les caractères de la fructification offrent des singularités remarquables, et ne se prêtent pas à une classifi- cation facile dans l’ordre naturel. Catesby est le premier qui la fait connoitre dans son grand ouvrage sur les plantes de la Caroline, t. 46, sous le nom d’arbrisseau à feuilles de cor- nouiller. Duhamel, dans son Traité des Arbres, le nomme buttneria ; c’est le beureria bien figuré dansles plantæ rariores de Ehret, t. 13, le basteria dont Miller donne la représenta- tion dans la soixantième planche de ses /cones. Adanson le cite sous ce dernier nom dans ses familles des plantes; et Lin- næus en fait son genre calycanthus, rapporté à l'icosandrie polygynie, adopté depuis par tous les botanistes. On peut se rappeler que son calice d’une seule pièce, renflé dans son milieu, rétréci à son sommet, se subdivise en beau- coup d'écailles allongées, étroites, colorées, disposées sur D'HISTOIRE NATURELLE. 117 plusieurs rangs, qui naissent de sa surface extérieure. Ces écailles paroissent appartenir entièrement au calice, et n’ont point la texture de pétales, quoiqw’elles en aient la couleur. Les plus intérieures sont souvent terminées par un point jaune qui imile une anthère avortée. Elles entourent un grand nom- bre d’étamines attachées au sommet intérieur du calice; leurs anthères sont allongées et appliquées dans leur longueur sur le côté des filets. Le pistil est composé d’un grand nombre d'ovaires portés sur le fond du calice et renfermés dans sa ça- vité, prolongés chacun en un style menu, terminé par un stig- mate globuleux. Ces ovaires deviennent, en mürissant, autant de capsules presque ovoïdes, qui conservent encore quelque temps leur style. Comme elles ne s'ouvrent pas, on leur donne généralement le nom de graines. Le calice qui les renferme, sans leur adhérer, acquiert, en mûrissant, la consistance d’une baie sèche et coriace, chargée extérieurement de quelques as- pérités, qui sont les vestiges de ses divisions ou écailles tombées successivement à l’époque de la maturité. Aucun auteur ne fait mention de la structure de l'embryon. Les rameaux nais- sent opposés sur la tige, et se couvrent de feuilles également opposées, ovales, entières. Les fleurs sont solitaires entre les deux dernières feuilles de chacun des plus petits rameaux, portées sur un pédoncule court. Les feuilles froissées ont, ainsi que les fleurs, une odeur légère de pomme; l'écorce est trés-aromatique. Il faut ajouter que la plupart des fleurs se fanent sans fructifier; et sur un individu qui en est couvert, on trouve à peine quelques calices subsistans, renflés, et con- tenant un petit nombre de graines très-inférieur à celui des ovaires primitifs. M. Richard, observateur exact et infatigable, qui a examiné 14. 16 118 ANNALES DU MUSEUM et dessiné celte fleur, indique dans sa description manuscrite et dans son dessin, qu’il nous a communiqué, les points an- thériformes des divisions intérieures du calice : il dit que les filets intérieurs d’étamines sont privés d’anthères; que les styles sont portés un peu sur le côté intérieur des ovaires; qu'ainsi rapprochés ils paroissent être réunis en un seul; que les ovaires fendus dans lear longueur présentent deux germes distincts attachés contre le même côté; que le germe supérieur est plus petit et comme avorté; d’où résulte l'unité de graine insérée au fond de la capsule. IL eût été à souhaiter qu'il eût occasion de l’observer dans sa maturité pour connoitre sa struc- ture intérieure. Ces divers caractères, propres au calycanthus floridus, se retrouvent à peu près les mêmes dans le €. præcox et le ©. nanus, faisant partie du même genre, et figurés avec lui dans la nouvelle édition des Arbres de Duhamel (vol. 1, t.47-49), dont M. Michel est l'éditeur. Il en existe encore une qua- trième espèce cultivée dans le Muséum, et indiquée dans la Flore d'Amérique de Michaux, sous le nom de calycanthus ferax, parce qu’elle fleurit plus abondamment et plus long- temps que les trois autres avec lesquelles on ne peut la con- fondre, et que, de plus, en Amérique, elle est chargée de fruits qui mürissent rarement dans notre climat. Nous ajou- terons, d’après l'observation de M. Marie, garçon jardinier de l'école du Muséum, que le €. præcox a les fleurs très-odo- rantes, et les autres parties absolument inodores; que dans les C. floridus, nanus et ferax, les fleurs, au contraire, sont dépourvues de l'odeur qui se manifeste dans les feuilles, et surtout dans l'écorce. En examinant avec attention l’organisation de ce genre, on D'HISTOIRE NATURELLE, 119 trouve quelque affinité entre son calice et celui du rosier? puisque tous deux recouvrent plusieurs ovaires sans contracter avec eux une adhérence, qu'ils deviennent charnus en müris- sant, et que les ovaires, dans l’un et dans l’autre, se changent en capsules qui, ne s’ouvrant pas, ont la forme de graines. Adanson, dans ses familles, rapproche ces deux genres dans la même section de son ordre des Rosiers. Bernard dé Jussieu, qui paroit avoir été embarrassé sur la classification du caly- canthus, ne l'a cité dans aucun des ordres du jardin de Fria- non. Linnæus le place à la suite de ses ordines naturales parmi les genres dont l’ordre est encore douteux. Nous n’avons pas négligé à notre tour l'examen de ce genre singulier; et lui irouvant, comme Adanson, de l’aflinité avec le rosier dans le calice, les graines et l'insertion des étamines, observant néanmoins que ses rameaux opposés, ses feuilles également opposées, simples, entières et non stipulées, lui donnent un port très-différent, nous nous sommes contentés, dans le Ge- nera plantarum, de le placer à la suite de la famille des Ro- sacées, comme s'en rapprochant en quelques points, mais ne pouvant lui appartenir entièrement. Long-temps on n'a connu aucun genre qui eût plus de rapport avec le calycanthus ; mais en parcourant la Flore du Pérou et du Chili, publiée en Espagne par MM. Ruiz et Pavon, on croit lui trouver quelque aflinité avec le Laurel du Chili, publié dans cet ouvrage, sous le nom de Payonia. Ce genre, qui se range parmi les arbres, porte, d’après la description qu'en donnent les auteurs, des fleurs mäles et des femelles sur le même pied. Les unes et les antres ont un calice campa- nulé, découpé à son limbe en sept à treize lobes égaux, dis- posés sur deux ou trois rangs. Îl n’y a point de corolle. Dans TON 120 ANNALES DU MUSEUM le fond du calice des fleurs mäles, sont placées les étamines au nombre de sept à quatorze, entourées de trois écailles. Leurs anthères, s’ouvrant par un panneau de la base à la pointé, sont appliquées contre la partie supérieure des filets garnis de deux glandes vers leur base. Le calice des fleurs fe- imelles allongé, presque cylindrique, renflé par le bas, ren- ferme plusieurs ovaires portés sur un disque commun, sur lequel sont éparses beaucoup d’écailles aiguës, qui sont peut- être des filets d’étamines avortées. Chaque ovaire, surmonté. d’un style long et velu, et d’un stigmate aigu, devient une graine allongée, menue et chargée de duvet, terminée par le style subsistant. Le calice augmente de volume après la fécon- dation des ovaires; son sommet entr'ouvert laisse apercevoir les styles velus qui le débordent. Sa surface extérieure est garnie d’écailles éparses où de leurs vestiges quand elles sont tombées; et quand la maturité est parfaite, il se partage entièrement en quatre parties, qui, en s’écartant el se renver- sant sur elles-mêmes, laissent à découvert la masse des graines. On ajoutera à ces caractères de la fructification, que les feuilles sont opposées, entieres; et qu’elles exhalent, lorsqu'on les froisse, une odeur très-aromatique, qui les rend propres à être substituées dans le Chili aux feuilles de laurier pour les ‘assaisonnemens. Des pédoncules sortis des aisselles de ces feuilles se chargent de plusieurs fleurs mâles ou femelles, op- posées entre elles sur le support commun. Ce genre offre dans son calice, recouvrant beaucoup d’o- vaires, la méme affinité avec le rosier déjà observée dans le calycanthus; cette affinité paroït même plus forte, en ce que sés graines ou capsules, conformées comme celles du rosier, sont, comme elles, chargées de duvet; mais le rapport du nouveau D'HISTOIRE NATURELLE. 121 genre avec le calycanthus est encore plus marqué, puisqu'il a de même un calice écailleux, dont les écailles, en tombant, laissent des vestiges sur sa surface. Il est également privé de corolle; ses feuilles sont opposées, et toute la plante exhale une odeur aromatique. On trouve cependant des étamines qui ont deux glandes Sur chaque filet, et dont les anthères s'ouvrent par un panneau de bas en haut; on y voit encore des écailles intérieures qui accompagnent les ovaires, Ces deux caractères n'existent point dans le rosier; ils ne sont point mentionnés dans le calycanthus. Le premier établit une afli- nité du pavonia avec la famille des Laurinées, affinité existante d’ailleurs dans le port et les propriétés, mais contrariée par la multiplicité des ovaires dans un même calice, et le plus grand nombre des étamines. M. Labillardière, dans son bel ouvrage sur les plantes de la Nouvelle-Hollande, nous fait connoîïtre, sous ie nom de atherosperma (vol. >, pag. 74, t. 224), un genre nouveau, qu'il regarde lui-même comme très- voisin du pavonia. C'est un petit arbre très-aromatique, à rameaux et feuilles oppo- sées, qui a également des fleurs mäles et des femelles sur le méme pied, portées sur des pédoncules axillaires et uniflores. Leur calice, accompagné de deux bractées, est à huit divisions, dont quatre plus extérieures et plus grandes. Il n’y a point de corolle. Les fleurs mâles ont dix à vingt étamines ou plus, dont les antheres allongées sont appliquées contre les filets plus courts que le calice et partant de son centre; plusieurs filets dénués d’anthères prennent la forme d’écailles. Les fleurs femelles, garnies intérieurement à leur limbe de beau- coup d'écailles qui sont peut-être des étamines avortées, renferment beaucoup d’ovaires, munis chacun d’un style et 122 ANNALES DU MUSÉUM d'un stigmate. Ils se changent en autant de capsules coriaces et monospermes, qui conservent leur style long et plumeux, ét qui restént entourés par le calice renflé, évasé en forme de cupule ou godet, et dont les divisions subsistantes forment un rayon autour de son bord. L'auteur complète sa description en attribuant à la graine un périsperie charnu, dans la base duquel est un petit embryon à lobes courts, à radicule plus allongée, et dirigée inférieurement vers le point d'attache de la graine ou capsule au fond du calice. D'après cet énoncé, on reconnoit, avec M. Labillardière, l'aflinité de son genre avec le pavonia; mais, dans la suppo- sition d’une affinité complète, il faudroit, d’une part, supposer dans les anthères la même manière de s'ouvrir, qui établiroit un rapport entre l’atherosperma et les Laurinées; de l'autre part, ce rapport seroit détruit par la présence d’un périsperme refusé aux Laurinées et la direction opposée de la radicule de l'embryon , qui est toujours supérieure dans ces dernières. Avant de tirer des conséquences générales, nous avons encore à examiner deux autres genres de Ja Flore du Pérou, qui ont des rapports d'organisation avec les précédens. Le premier est le boldu ou boldo du Chili, désigné dans l'ouvrage sous le nom de ruizia. C’est encore un petit arbre dont les feuilles sont opposées, et exhalent, lorsqu'on les froisse, une odeur très-agréable, Les fleurs disposées en corymbes termi- paux sont mâles sur un pied et femelles sur un autre. Ces deux sortes de fleurs ont un calice évasé en cloche, divisé par le haut en cinq lobes réfléchis en dehors. Cinq divisions plus intérieures attachées au calice, colorées et conformées comme des pétales, en portent le nom; elles sont quelquefois au nombre de six ou sept. Des étamines nombreuses, disposées L’HISTOIRE NATURELLE. 123 sur plusieurs rangs, remplissent l'intérieur des fleurs mâles ( per totum calicem sparsa ); mais leurs anthères, également allongées et appliquées contre le filet, s'ouvrent dans leur lon- gueur en deux valves, et non par un panneau de bas en haut. Il n’est point fait mention ici d'écailles intérieures. On en trouve cinq dans les fleurs femelles, adhérentes au berd in- térieur du calice qui entoure des ovaires, au nombre de deux à neuf, et le plus souvent de trois à cinq, couronnés chacun d’un stigmate sans style. Ces ovaires deviennent des drupes de forme ovale, chargés d’aspérités, remplis chacun d'un noyau monosperme, raboteux à sa surface. Le calice, dont la base seule subsiste, est évasé en forme de plateau, sur lequel sont portés ces fruits. Ce genre a beaucoup de caractères communs avec les pré- cédens, dont il diffère cependant surtout par son calice, qui ne subsiste pas dans son entier, et ne recouvre pas les fruits. Le citrosma du Pérou, mentionné dans le même ouvrage, ainsi nommé parce que tous les arbrisseäux qui le compo- sent ont une odeur de citron, paroïit se rapprocher des mêmes genres. Il a, comme eux, les feuilles opposées et quelquefois verticillées; les fleurs sont petites, en grappes axillaires. Elles ont, suivant la description , un calice en godet ou en cloche, renflé dans son milieu, rétréci au-dessus, et divisé par le haut en quatre à huit dents. Il ne contiènt point de corolle. Les étamines, dans les fleurs mâles, sont nombreuses, à anthères allongées, appliquées contre les filets, qui sont élargis en forme de petits pétales. On ne spécifie pas le point d’attache de ces derniers. Les fleurs femelles contiennent trois à dix ovaires qui, surmontés chacun d'un style et d’un stigmate, devien- nent autant de noyaux monospermes, recouverts à moilié par 124 ANNALES DU MUSEUM une membrane charnue, en forme de capuchon, correspon- dant peut-être aux écailles intérieures observées dans quel- ques genres précédens. Ces fruits sont recouverts par le calice qui, augmenté considérablement de volume, rétréci à son sommet et couronné de ses dents subsistantes, prend la forme#gd’une baie ovale, hérissée au dehors, charnue à l'inté- rieur, et à une seule loge, s'ouvrant avec élasticité pour laisser échapper les graines. Le nombre respectif des divisions du calice, des étamines et des ovaires, sert à distinguer les sept espèces qui se rapportent à ce genre. Si on l’examine à côté de ceux qui ont été précédemment décrits, on retrouvera encore beaucoup de caractères communs et quelques diffé- rences. , Pour bien fixer l’ensemble et le degré de ces rapports entre tous ces genres, il convient de passer rapidement en revue, dans chacun, ces divers caractères, et de voir comment les uns sont généralement conformes, tandis que les autres pré- sentent quelques varialions, et même des différences marquées. Nous voyons, par exemple, que tous sont des arbres ou des arbrisseaux dont les ramifications et les feuilles sont opposées, et qui contiennent dans toutes, ou au moins dans quelques- unes de leurs parties, un principe aromatique odorant. Le calice est partout d’une seule pièce, divisé seulement à son sommet, et garni vers sôn limbe de dents ou d'écailles dis- posées sur plusieurs rangs; les intérieures tantôt paroissent des étamines avortées à filets élargis, comme dans le caly- canthus et le citrosma, tantôt elles imitent quelquefois une corolle, comme daus le ruizia, et même dans le calycanthus. Tous ont les étamines plus ou moins nombreuses, insérées sur les parois du calice dans le calycanthus et le ruizia, s'é- D'HISTOIRE NATURELLE, 125 levant de son fond dans le pavonia et l'atherosperma ; leurs anthères sont toujours allongées et appliquées contre la surface supérieure des filets. Plusieurs ovaires renfermés dans le ca- lice, au fond duquel ils adhérent, sout surmontés chacun d’un style ou au moins d'un stigmate,-et deviennent autant de capsules qui ne s'ouvrent pas, et paroissent contenir une seule graine. Mais ces genres, semblables dans les caractères indiqués, présentent quelques variations dans plusieurs, où même des différences assez importantes. Les fleurs de presque tous sont monoïques où dioiques; on les indique comme hermaphro- dites dans le seul calycanthus : à la vérité, sur quelques in- dividus de ce genre, aucune ne fructilie, et sur d’autres, un très-petit nombre d’ovaires parvient à maturité; ce qui équi- vaut presque à une séparation des organes sexuels. Le calice qui renferme les ovaires, et continue à recouvrir les fruits dans le calycanthus, le citrosma, le pavonia, les entoure seulement à la manière d’une cupule dans l'atherosperma ; il est entièrement évasé comime.un plateau supportant ces fruits dans le ruizia. Ce calice, charnu dans le citrosma, est sec dans les quatre autres. Les anthères ouvertes dans le pavonia en panneau de la base à la pointe, le sont dans leur longueur en deux valves dans le ca/ycanthus ‘et le ruizia, d’après les descriptions. Ge caractère n’a pas.été observé dans les autres; mais on peut supposer qu'ilest uniforme dans tous, et que l’une des observations n’est. pas très-exacte, Pourra-t- on en dire autant des deux glandes à la base de chaque filet, indiquées dans le pavoniaet le ruizia, omises dans le citrosima, l'atherosperma ei le calycanthus ? - IL nous reste à parler d’une différence plus essentielle. las 14. 17 126 ANNALES DU MUSEUM therosperma a, suivant M. Labillardière, un périsperme charnu, dans la base duquel est un très-petit embryon à ra- dicule descendante. L'intérieur de la graine n’avoit été observé par personne dans les autres genres : M. Corréa, qui a bien voula suppléer à la foiblesse de ma vue, en examinant pour moi les graines du ruizia et du pavonia ; anciennement données par Dombey, y a retrouvé les mêmes parties, disposées dans le pavonia de k même manière; dans le ruizia, au contraire, l'embryon est situé, non à la base, mais au sommet du pé- risperme, Cette organisation, qui a été vériiée par M. Richard sur les trois genres, établit une différence remarquable entre eux, et sépare le ruizia des deux autres. Ceux-ci ont de plus les capsules menues, surmontées du style velu et persistant, les feuilles lisses, lancéolées, semblables à celles du laurier. Dans le ruizia, les feuilles sont arrondies et rudes au toucher; les fruits sont des brous simplement aigus au sommet. Le même examen des graines n’a pas été fait sur celles du citrosma, que l’on ne possède pas; mais on peut l'espérer des soins de MM. Ruiz et Pavon, lorsqu'ils publieront les espèces de ce genre. On manquoit aussi d'observations sur les graines du calycanthus, parce qu'il fructifie difficilement. Nous en avons eu récemment quelques-unes communiquées par MM. Thouin et Desvaux, et, apres les avoir ramallies dans l’eau, nous avons reconnu, avec M. Corréa, qu'elles étoient dépour- vues de périsperme, que l'embryon occupoit tout l'intérieur, et quéses deux lobes, très-grands, étoient roulés horizontalement autour de la radicule comme dans la famille des Myÿrobalanées , avec cette diflérence qu’elle n’est point dirigée supérieurement comme dans cette famille, mais imférieurement comme dans Y'atherosperma. Ceue structure, si différente de celle des D'HISTOIRE NATURELLE. 127 genres précédens, détruit ou diminue beaucoup l’affinité appa- rente fondée sur les autres caractères. Il en résulte que l'athe- rosperma et le pavonia, d'une part; le ruizia, et peut-être le citrosmaÿ de l'autre, doivent former deux sections d’un groupe naturel, dans lequel le calycanthus ne peut être con- fondu , quoiqu'il ait avec lui quelques points de contact. Mais quel lieu ce groupe doit-il occuper dans la série des familles? doit-il se rattacher à un ordre connu ou en former un nouveau, distinct de tout autre, lié seulement à quelques-uns par plusieurs caractères? Nous passerons ici en revue ses diverses affinités, dont l'examen plus approfondi aidera à apprécier leur valeur, et à reconnoitre celle qui doit l'empor- ter sur les autres. Si l'on fait attention au calice monophylle, à l'absence de la corolle, aux anthères appliquées contre le filet, à l’ouver- ture en panneau de celles du payonia, aux glandes portées sur les filets dans ce même genre et dans le ruizia, à l'inser- tion de ces filets au calice, à l’unité de graine observée géné- ralement dans les fruits, au principe aromatique dominant dans ces plantes, on leur trouvera une affinité avec les Lau- rinées; mais elles s’en éloignent par le nombre indéfini des étamines, la manière de s'ouvrir de celles da ruizia, la plu- ralité des ovaires et des fruits dans une même fleur, la pré- sence d’un périsperme charnu dans la graine, la petitesse de l'embryon placé à lune de ses extrémités. Ce groupe a encore quelques rapports avec la clématite parmi les Renonculacées, qui présente de même des tiges ligneuses, des feuilles opposées, un calice sans corolle, des étamines nombreuses à anthères appliquées contre le filet, plu- sieurs ovaires et autant de capsules monospermes ou graines 170 128 ANNALES DU MUSÉUN surmontées d’un style persistant et pluffeux, un petit embryon renfermé dans la base d'un périsperme, occupant tout l'inté- rieur de la graine. Il sera cependant distingué par son prin- cipe aromatique refusé à la clématite, par ses orbanes sexuels le plus souvent séparés, son calice monophylle et non à quatre feuilles, et surtout par le caractère beaucoup plus important de l’attache de ses étamines au calice, et non au support des ovaires. En continuant les comparaisons, l'on trouve à ces genres un peu d’affinité avec le drymis et l'illicium, genres de Ma- gnoliacées qui possèdent également un principe aromatique très-sensible, des feuilles quelquefois presque opposées, beau- coup d'étamines dont les anthères sont appliquées contre les filets dans l'illicium, plusieurs ovaires changés par suite en cap- sules où baies uniloculaires, contenant une ou plus rarement deux graines dont l'embryon est, suivant Gæriner, très- petit, renfermé près de lombilic d'un grand périsperme charou. Mais, dans ces genres de Magnoliacées, le calice est de plusieurs pièces; il existe une corolle polypétale très-appa- À . rente, et les pétales, amsi que les étamines, sont insérés sous les ovaires. Ces caractères doivent l'emporter sur les précé- dens et diminuet l’affinité. Les mêmes éloignent le nouveau groupe du dillenia et de ses congénères , ainsi que du quassia et de ses analogues qui, de plus, privés de périsperme, de priucipe aromatique, et à feuilles composées et alternes, ont des caractères suflisans pour former un ordre distinct. Nous ne pourrons le rapprocher des Myrtées, qui ont à la vérité quelque ressemblance avec lui dans le port, Podeur agréable émanée de leurs diverses parties, les feuilles simples et opposées , le nombre indéfini des étamines et leur attache D'HISTOIRE NATURELLE. 129 au calice. Il suffit d'observer qu'ils ont une corolle trés-appa- rente, des anthères arrondies autour de lextrémité des filets, un seul ovaire surmonté dun seul style, et complétement adhérent au calice, des graines rarement solitaires et toujours dénuées de périsperme. Maintenant l’on retombe dans l’ordre des Rosacées, à la suite duquel étoit placé le calycanthus, comme présentant quelques rapports avec le rosier dans la multiplicité des éta- mines, et surtout dans la structure de son calice et sa manière de recouvrir plusieurs ovaires sans leur adhérer. Ce rappro- chement est contrarié pour le groupe principal, par un port très-diflérent, l'existence d’une corolle dans le rosier, l'absence d’écailles sur son calice, ses anthères arrondies, ses fruits ou graines contenant un embryon sans périsperme. Il est encore d’autres plantes rapportées aux Rosacées, qui ont quelque aflinité avec l’atherosperma et ses analogues : tels sont le tetracera et les genres qui lui sont nouvellement réunis. Quoique plusieurs de ceux-ci aient une corolle, quelques-uns en sont privés. Leur calice, d’une seule pièce, entoure, sans les recouvrir, plusieurs ovaires qui deviennent des capsules ordinairement remplies d'une seule graine, dont l'embryon, suivant Gæriner, est tres-petit, placé à la base d’un péris- perme charnu, comme dans quelques genres du nouveau groupe. Cette conformité dans la structure de la graine, qui a une grande valeur, est balancéepar des feuilles alternes et sans aromate dans le tetracera, par ses anthères arrondies, et l'insertion de ses élamines sous les ovaires mdiquée par des observations récentes. La considération de ces divers carac- tères donnera lieu de conclure, d’une part, que le tetracera et ses genres associés doivent s'éloigner de l'ordre des Rosa- 2330 ANNALES DU MUSEUM cées pour se rapprocher probablement du dillenia, et surtout du curatella, et former avec eux une section des Magnoliacées, ou mieux encore un nouvel ordre voisin et distinct; de l’autre part, ces caractères suffiront pour affoiblir le rapport de cet ordre avec le calycanthus, et plus encore avec le groupe des aulres genres. Il ne sera pas plus facile de rapprocher ceux-ci du zantho- æylum et de quelques autres qui, placés avec doute à la suite des Térébinthacées, devront former un ordre nouveau, carac- térisé, à la vérité, comme le nouveau groupe, par une plu- ralité d’ovaires, mais distinct par l'existence habituelle d’une corolle, le nombre défini d’étamines, la déhiscence des cap- sules, la dimension plus grande de l'embryon occupant le . centre d’un périsperme charnu, et les feuilles presque toujours alternes et composées. Après avoir ainsi parcouru les ordres, munis de plusieurs ovaires et d’une corolle, avec lesque!s on pouvoit comparer les genres qui font l'objet de ce Mémoire, il nous reste à voir s'ils auroient plus d’aflinité avec quelques genres dans les ordres de plantes apétalées et diclines. La séparation des sexes et l'absence de la corolle forment déjà un premier motif de rapprochement. De plus, la première section des Urticées offre des genres monoiques ou dioiques qui renferment dans un calice ou involucré commun des fleurs mäles et des femelles en assez grand nombre, munies chacune de leur calice parti- culier, et dont l'ensemble présente l'apparence d’un seul fruit rempli d’un nombre de graines égal à celui des fleurs femelles. Tels sont le figuier et le dorstenia, dont les graines sont dé- nuées de périsperme cemme dans toute la famille. Nous leur avions associé l’'ambora où mithridatea de Commerson, dont N D'HISTOIRE NATURELLE, 131 les parois de l’involucre mâle sont tapissées d’étamines, sans aucune trace de calice particulier. Les parois de son involucre femelle, qui est très-grand et ouvert par le haut, sont épaisses, creusées d’un grand nombre de cavités ouvertes en dedans, dont chacune contient un ovaire muni de son style et de son stigmate, lequel devient une graine recouverte d’une coque cassante et d'une membrane plus extérieure et pulpeuse, qui tient lieu de calice particulier, à moins qu'on ne regarde comme tel celle qui revêt l'intérieur de la cavité, M. du Petit-Thouars a trouvé à l’Ile de-France un genre qu’il nomme monimia, voisin de ce dernier, ayant les fleurs mâles conformées absolument de la même manière, mais dont l'involucre femelle, à peine de la grosseur d’une petite cerise, ne contient que cinq ou six ovaires attachés à son fond. Parvenu à maturité, il se fend, el laisse apercevoir un nombre égal où moindre de noyaux recouverts chacun d’une pulpe colorée et contenant une seule graine. L'auteur ajoute que cette graine est remplie par un -périsperme charnu, au sommet duquel est placé un petit em- bryon, dont la radicule est conséquemment montante. Il ajoute, et nous avons vérifié après lui, qu'un pareil périsperme se retrouve dans les graines de l’amnbora avec l'embryon situé de même, et il en conclut, avec raison, que ces deux genres ne peuvent rester dans la famille des Urticées, observant de plus qu’ils diffèrent de la section du figuier par leurs feuilles opposées et non stipulées. Nous ajouterons que cette différence est encore fortifiée par l'absence des calices particuliers pour les ovaires et les étamines; absence qui permet de regarder les involucres de l'ambora et du monimia comme de simples calices, contenant où beaucoup d’étamines ou plusieurs ovaires. On commence dès-lors à apercevoir quelques rapports entre * , 132 ANNALES DU MUSEUM ces deux genres et ceux dont nous cherchons à déterminer l'aflinité, Les uns et les autres ont des feuilles opposées sans stipules. Ces feuilles sont rudes, arrondies et conformées presque de la même manière dans le monimia et le ruizia, qui ont de plus la même disposition de fleurs, tellement qu'à la première vue on les prendroit pour des plantes congénères. Leurs anthères couvrent de même les parois du calice mäle, quoique moins nombreuses dans le ruizia. Le nombre et la forme des ovaires, des brous, des noyaux, sont à peu près les mêmes; et la structure intérieure de la graine présente l'em- bryon placé à la base d’un périsperme dans l'atherosperma et le pavonia, à son sommet dans le ruizia, le monimia et Yambora. On observe cependant que le monimia n’exhale aucune odeur qui annonce l'existence d’un principe aromatique, à moins que cette odeur légère et trop fugace ne se soit dissipée dans la dessication. Ce principe manque également dans lambora ; mais cette différence n’est pas suffisante pour mettre obstacle à la réunion de ces divers genres, qui sont si semblables en beau- coup d’autres points. Ils sont tous des arbres ou arbrisseaux à feuilles opposées et non stipulées. Leurs fleurs, sans corolle, ont les deux sexes séparés. Les calices mâles renferment un nombre indéfini d’étamines, répandues sur les parois dans les genres à radicule mortante, s’élevant du fond dans ceux qui ont la radicule descendante. Les calices femelles recouvrent plusieurs ovaires distincts, munis de leur style et de leur stigmate propre, et changés en autant de fruits morospermes. Les graines sont dans tons remplies par un périsperme, au sommet ou à la base duquel est placé un petit embryon à radicule mon- tante ou descendante, selon sa situation dans la graine. Ces genres, ainsi réunis par ce caractère général, paroissent D'HISTOIRE NATURELLE. 133 devoir former ensemble un ordre nouveau, qué nous propo- sons de nommer les Monimées, Monimieæ, parce que le monimia est le premier sur lequel M. du Petit-Thouars a observé le périsperme, en l’indiquant comme signe principal propre à distinguer ce genre et l'ambora de la famille . des Urticées, et surtout de leur première section avec laquelle cet ordre a beaucoup d’aflinité. Il devra être placé immédiatement avant celte famille dans la classe des plantes apétalées et di- clines ou à sexes séparés, et, d’après la situation de l'embryon relativement au périsperme, il se divisera en deux sections, qui probablement dans la suite deviendront deux ordres dis- üncts. Dans la première seront placés, d’après les indications antérieures, le ruizia, le monimua, lambora, et peut-être le citrosma; dans la seconde, le pavonia et l'atherosperma. Ou y joindra encore ceux des autres genres de la premiere section des Urticées, dans la graine desquels on retrouvera un péris- perme. De ce nombre pourroit être le mollinedia de la même Flore du Pérou, ou au moins une de ses espèces indiquée comme ayant les feuilles opposées, qui sont un des caractères propres au nouvel ordre. En réunissant ainsi ces divers genres, on est forcé de chan- ger le nom du payonia et celui du ruizia, tous deux déjà consacrés à d’autres genres plus anciens de la famille des Mal- vacées, adoptés depuis long-temps, qui ne peuvent être dé- truits ou réunis à d’autres, et dont aucun motif ne peut faire changer la nomenclature. MM. Ruiz et Pavon, qui sont en société de gloire botanique acquise par des travaux faits en commun, sembloient avoir pressenti que les genres auxquels ils appliquoient leurs noms, seroient également associés dans 14. 18 134 ANNALES DU MUSÉUM un même ordre, et il seroit pénible pour nous de troubler ce genre d'union de ces deux savans, si elle n'étoit déjà ci- mentée dans un autre ordre qui réunit ces deux noms chers aux amis de la science. C’est donc avec moins de répugnance que, ne partageant point l'opinion de Linnæus , qui rejetoit les noms de pays comme barbares, et adoptant ceux qui sont d'une prononciation facile, nous proposons de substituer ici, au nom de ruizia, celui de boldea, qui rappelle celui de boldo , que la plante porte dans le Chili. On pourroit encore désigner , sous le nom de Zaurelia, le pavonia , qui est le laurel du même pays. Ce second choix est peut-être moins selon les principes de la nomenclature, parce qu'il tient trop au nom primitif du laurus. Cependant comme l'arbre a l'odeur et les propriétés du laurier, et lui est substitué dans le Chili pour les mêmes usages, on sera peut-être moins disposé à rejeter ce nom qui les rappelle, et que nous abandonnerons néan- moins lorsque d’autres savans en auront substitué un meilleur. Après avoir fixé le caractère et la place de l’ordre des Mo- nimiées dans la série naturelle, et avoir indiqué les genres qui lui appartiennent, il nous reste à parler des rapports du calycanthus avec cet ordre. On a vu que ce genre ne pouvoit rester à la suite des Rosacées, dont plusieurs caractères lé- loignent. Il a certainement plus d’aflinité avec les Monimiées, dont 1l ne differe que par la réunion des deux organes sexuels dans la même fleur et la non existence d’un périsperme dans la graine. Le premier de ces caractères différentiels est atté nué par l'avortement habituel de l’un des deux organes dans la plupart des fleurs; mais celui tiré de la graine est plus important, et ne permet pas de confondre ce genre dans les D'HISTOIRE NATURELLE. 135 Monimiées. Il auroit en ce point plus de rapport avec les Urticées dépourvues de périsperme, @t avec leur première section qui montre des étamines et des pislils réunis en plus ou moins grand nombre dans le même involucre ou calice commun. Il en diffère néanmoins par ses feuilles opposées et son principe odorant qui le rapprochent des Monimiées, par son style velu semblable à celui de latherosperma, par son embryon à lobes roulés autour de la radicule, par ses organes sexuels , qui ne sont point séparés dans des calices particuliers, comme dans le figuier et le dorstenia. Le calycanthus paroïit donc devoir tenir le milieu eutre les deux familles, et servir de transitiôn de lune à l'autre. Placé pour le moment à la suite des Monimiées dans une section distincte, il sera le type d’un nouvel ordre intermédiaire, dont on ne connoît pas en- core les autres genres. 18 * 136 ANNALES DU MUSÉUM Le RECHERCHES Sur les espèces vivantes de grands cuats, pour servir de preuves et d’éclaircissemens au cha- - j . P* pitre sur les Carnassiers Jossiles. PAR CG, GUIN L'ER. ni Lis grands carnassiers à griffes rétractiles et à pelage tacheté font, depuis long-temps, le tourment des naturalisies, par la difficulté d'en distinguer les espèces avec précision. Cette ma- tière semble avoir été obscurcie à l’envi par les voyageurs, par les fourreurs, par les montreurs d'animaux, et par les possesseurs et descripteurs de cabinets. Buffon lui-même qui l'a traitée avec cette netteté de vues et cette abondance de moyens qui caractérisent son histoire des animaux quadru- pèdes, s’est laissé entrainer en de graves erreurs par le pré- jugé qu’il avoit sur la petitesse des espèces propres à l'Amé- rique, et a surtout refusé de reconnoître le vrai jaguar, qui est le plus grand de tous les chats à taches rondes. Enfin, pour notre objet, il y a encore dans cette matière une difliculté de plus, en ce que les caractères pris des couleurs ne nous suf- fig 1. Lion. 77: 18. — Fig Tigre GRANDS CHATS La ilard del Canu seu - LT OM. 14 + k DEL 27 «Z, Tigre femelle’. d N a Lu Aig. 3. Jaguar / ? | Fig.C. | Panthere. Pig. 8. Jaguar now. ëg 8 Jaguar LA 77. Jaguar 2/\ EnOT : [_ _— 74 LATE GRANDS CHATS .PL. Canu sreufr D'HISTOIRE NATURELLE. 137 fisent point, et que, si nous n’en trouvions de correspondans qui portassent sur les formes des os, nous ne serions pas plus avancés dans notre détermination des animaux fossiles. Ainsi, après que j'aurai exposé toutes mes observations sur l'extérieur des grands chats pour en déterminer les espèces ; je serai obligé d'y faire succéder encore une comparaison ostéologique de leurs os, et surtout de leurs têtes. J'espère que ce travail sera aussi agréable aux zoologistes qu'aux personnes qui n’étudient que les fossiles; mais je dois déclarer qu'il n'est en grande partie commun avec mon ami M. Geoffroy, sans l'assistance duquel il n’auroit été impos- sible de le terminer. Le genre des chats est lun des plus rigoureusement déter- minés du règne animal. Les proportions et les mœurs de toutes les espèces sont les mêmes, autant que leur grandeur le permet, et toutes les parties caractéristiques sont semblables à l’intérieur comme à l'extérieur. Leur langue et leur verge äpres, leurs ongles crochus, tranchans, et qu'un mécanisme particulier rend naturellement relevés vers le ciel quand l'animal ne veut pas s’en servir; le nombre de leurs doigts, de cinq devant et de quatre derrière, leur naturel féroce, leur appétit pour une proie vivante sont des caractères constaus et bien connus, et l’on a aussi de bons détails sur les proportions générales de leurs viscères; nous n'avons donc à ajouter ici que quelques caractères ostéologi- ques qui peuvent aider à distinguer leurs os de ceux des genres voisins de carnassiers. Le premier sera pris de leurs mächelières, dont le nombre est de quatre en haut et de trois en bas, toutes fort tranchantes, 4 138 ANNALES DU MUSEUM beaucoup plus, par exemple, que celles de l’hyène, avec les- quelles d’ailleurs elles ne sont pas sans rapport. La première d'en-haut est fort petite, à une seule pointe ou lobe. La seconde a trois lobes; l’antérieur court et arrondi, le moyen le plus grand et assez pointu, le postérieur court et un peu arrondi; derrière lui est encore un petit feston. La troisième, qui est la plus grande, a trois lobes aussi, dont le moyen est le plus long et pointu; le postérieur le plus large et comme tronqué; l’antérieur arrondi. En dehors et en avant de sa base est un petit tubercule, et à la face interne de la dent, vis-à-vis l'intervalle d’entre le lobe antérieur et le moyen, est un autre tubercule ou talon beaucoup plus grand. Une troisième racine part de cette partie. La quatrième dent est très-petite, et placée transversale- ment en dedans de l'extrémité postérieure de la précédente. Sa couronne est plate. Les deux premières molaires d’en-bas ont trois lobes, dont Je milieu est le plus grand. La troisième n’en a que deux fort grands, sans tubercules, ni en arrière ni à sa face interne: telles sont les mächelières de tous les chats, et telles ne sont celles d'aucun autre genre. Autant il est aisé de les distinguer par-là, autant il le seroit peu de le faire par les incisives ou par les canines, qui ressem- blent trop à celles des chiens, des ours, des hyènes, et même des petits carnassiers. Les chats ayant moins de molaires qu'aucun autre carnas- sier, ont aussi les mächoires plus courtes et plus fortes par la même raison. Ils se distinguent encore par la grandeur de leur apophyse D'HISTOIRE NATURELLE. 139 coronoïde et l'écartement de leur arcade zygomatique, indices de la force de leur crotaphite; mais ce qui caractérise plus particulièrement leur physionomie dans leur têle osseuse, c’est l'abaissement de la partie postérieure du crâne, et Pélé- vation bombée de la région interoculaire, qui, jointe à la briè- veté de leur museau, donnent à leur tête cette forme arrondie si frappante; le lion seul s’écarte un peu des autres espèces à cet égard, parce qu'il a l'intervalle interorbitaire plus dé- primé; ce qui rend son chamfrein un peu plus rectiligne. Comme ce sont généralement des os de grandes espèces de ce genre que l’on a trouvés parmi les fossiles, nous devons de préférence en donner les caractères comparativement à ceux des genres du chien et de l'ours. S'il s’'agissoit de petites espèces, il faudroit les comparer aux civettes et aux martes. L’omoplate des chats est plus large que celle des chiens plus arrondie au bord intérieur que celle des ours; son acro- mion est échancré vers le bas, en avant, par un grand arc de cercle ; son tubercule coracoïde est plus saillant en dedans que dans les deux autres genres, et le bord externe de sa tête a une échancrure qui leur manqué. L’Aumérus des chats se distingue de celui des ours, parce que sa crète deltoïdale n’occupe que le tiers supérieur; de celui des chiens, parce qu'il n’a point de trou à la partie in- férieure répondant à l'olécräne; et de tous deux, parce qu'il a un pelit trou au-dessus du condyle interne. Le cubitus des chats diffère de celui des ours, en ce qu'il a l'olécräne plus long, moins élevé et moins irrégulier au bout, la facette sygmoide moins oblique; de celui des chiens, par une forte échancrure qu'il a à sa tête inférieure, entre sa fa- cette radiale et sa facette carpienne. 1/40 ANNALES DU MUSEUM Le radius des chats se distingue de celui des ours, parce que son bord, vis-à-vis du cubitus, est large et concave, tandis que les ours l'ont comprimé et tranchant, par une saillie au- dessus de sa tête inférieure du côté du pouce, par plus d’uni- formité dans la courbure de sa tête supérieure. Celui des chiens n’a pas non plus de canal à son bord cubital; il est moins arqué, moins rétréci dans le haut; la saillie de sa tête inférieure est moindre. Les plus grandes différences du carpe des chats et de celui des ours tiennent à ce que le trapézoïde est plus large, et le pisiforme plus gros à sa base et moins à son extrémité. Cha- que osselet a cependant son caractère particulier; mais nous ne finirions pas si nous voulions entrer dans ces détails. _ Les chiens ont le cunéiforme plus grand, le grand os plus petit, surtout plus bas, et d’une autre figure. La brièveté du métacarpien du pouce est le principal ca- ractère du métacarpe des chats, comparé à celui des ours. Les chiens l'ont presque aussi court, mais en même temps bien plus grêle. Les dernières phalanges plus hautes que longues, et les avant-derrières non symétriques pour permettre la rétrac- tion des dernières, distinguent les chats de tous les animaux. Le bassin des ours ne peut être confondu avec celui d'aucun autre carnassier, à cause de sa brièveté proportionuelle de la largeur et de l’écartement des os des isles. Celui des chats est à l’autre extrême; il est plus allongé, et a ses os des isles plus étroits même que celui des chiens. Les chats ont le! grand trochanter plus élevé que la tête du fémur; les ours l'ont plus bas; la tête inférieure, dans ces derniers, est plus large à proportion, et son diamètre antéro- : D'HISTOIRE NATURELLE. 141 postérieur est moindre, surtout pour la partie qui répond à la rotule. Les chiens ont la rainure rotulienne encore plus longue et plus étroite que les chats. Le tibia de l'ours est plus droit et transversalement plus large dans toutes ses parties que ceux des chats et des chiens. La méme brièveté et la méme largeur proportionnelle se font aussi remarquer dans toutes les parties du tarse de l'ours, comparées à celles des chats. Ceux-ci n'ayant d’ailleurs qu’un vestige de pouce, leur premier cunéiforme est mince et al- longé. . Les chiens ont toutes les parties du pied encore plus étroites que les chats. . Au moyen de ces caractères et d’un peu d’exercice, et en se rappelant les caractères généraux des carnassiers, il ne sera pas très-difficile de distinguer, dans tous les cas, les os des trois genres que nous venons de comparer. Il s’agit maintenant de déterminer les caractères des nom- breuses espèces qui composent le genre des chats. Pour mettre quelque ordre dans cette recherche, nous commencerons par séparer les espèces qui sont tellement connues et faciles à distinguer, qu’elles n’ont jamais embarrassé personne. On peut d’abord ranger dans ce nombre les grandes espèces sans taches noires, savoir; 1. Le x1ox (felis leo) où grand chat fauve à queue flocon- neuse au bout, à cou du mâle adulte garni d'une épaisse criniéere. Il varie pour la taille et pour Le$ nuances; on en a cité quel- 14. 19 142 D'HISTOIRE NATURELLE. quefois des races plus ou moins diflérentes entre elles; mais, malgré tout ce que l’on en a dit, il n’y a encore aucune preuve constante d’une multiplicité d’espèces. 2. Le coucuar (felis concolor) ou grand chat fauve, sans crinière ni flocon au bout de la queue. C'est le puma ou prétendu Zion du Pérou, le cuguacua- rana du Brésil, selon Margrave, le gouazouara du Para- guai, selon d’Azzara (couguar est une contraction de ces noms faite par Buffon), beaucoup plus grêle. de corps et de membres que le lion, à tête ronde comme dans les chats ordinaires, et non carrée comme dans le lion, sans crimière ni flocons. Quand on le regarde obliquement, on voit quelques taches d’un roux plus foncé se marquer sur le pelage par le jeu de la lumière; sa longueur passe quelquefois quatre pieds, sans la queue, qui est de vingt-six pouces; mais beaucoup d’in- dividus n’atteignent pas ces dimensions. Comme cet animal paroit se trouver depuis les Patagons jusqu'en Californie, j'ai fait beaucoup de recherches pour savoir s'il n’y en auroit pas plusieurs espèces dans cette im- mense étendue de pays; mais je n’en ai pu trouver aucune preuve. Le couguar de Pensylvanie (Bulf. suppl. IE, pl. 41), est évidemment le même que celui du Pérou. Laborde parle bien (1h. pag. 224) d'un tigre noir, à l'indication duquel Buffon ajoute : c'est celui que nous avons fait représenter pl. 42, sous le nom de coucuar Noir; mais Laborde ne paroit en- tendre que le Jaguar noir dont nous parlerons ailleurs, et qui est noir partout, et Bffon donne une figure noirâtre dessus, blanche dessous, qui ne lui avoit pas été envoyée par D'HISTOIRE NATURELLE. 1/43 Laborde, et qu'il ne rapportoit au tigre noir de celui- -ci que par une conjecture vague. Comme le couguar est tantôt plus ou moins gris, tantôt plus ou moins brun, je suis persuadé que ce dessin n’est qu’un couguar ordinaire à teinte un peu plus brune. Shaw l'a copié sous le nom de black-tiger. (Gener+z00l. L 2° part. pl. 89). © J'en dis absolument autant du back- tiger de’ Pennant; pag. 264, dont Schreber a fait son felis Fa pl. CIV, B, tout en l’enluminant d’un fauve plus vif encore que le vrai couguar (felis concolor). On peut encore mettre dans les espèces non douteuses celle dont les taches sont transverses. 3° Le nicre, le ricre royAL ( felis tigris ) ou grand chat fauve rayé en travers de bandes irrégulières noires. C’est l'animal dont on a transporté dans l’usage vulgaire le nom aux espèces à taches rondes, mais qui forme une espèce très-distincte, aussi grande que le lion, mais plus gréle et à tête ronde, Elle ne se trouve qu’au-delà de l'Indus, et se porte jusqu’au nord de la Chine. Egal au lion pour la longueur, le tigre est plus grêle et plus svelte. IL passe communément pour le plus cruel des animaux, et beaucoup de naturalistes le disent indomptable; mais nous en avons vu successivement trois, aussi doux, aussi apprivoisés qu'aucune autre espèce de ce genre puisse le devenir. Ses bandes varient pour le nombre et la largeur. C’est après ces trois exclusions qu'il faut en venir à ces es- 19 144 ANNALES DU MUSEUM pèces fauves à taches rondes, qui font proprement la difficulté de tout ce sujet; nous commençons par distinguer la plus re- marquable de toutes sur laquelle on avoit toujours eu des idées plus ou moins confuses. 4° Le sacuar (1) (felis onça) ou grand chat fauve, à taches en forme d'œil, rangées sur quatre lignes de chaque côté. " On ne sait par quelle fatalité les naturalistes européens sem- blent s'être accordés à méconnoitre le jaguar, à ce qu'il paroït uniquement pour soutenir l'idée bizarre que, dans les mêmes genres, les espèces américaines devoient être plus petites que leurs analogues de l’ancien continent. Enfin, après avoir fait les recherches les plus longues, après avoir hésité plusieurs années entre les assertions contradic- toires et vagues des auteurs, Jai été convaincu par les témoi- gnages de MM. d’AÆzzara et Humboldt, qui, ayant vu cent fois le jaguar d'Amérique, l'ont aflirmativement reconnu ici, ainsi que par la comparaison scrupuleuse des individus observés vivans, et envoyés d'Amérique à notre ménagerie, de ceux que lon a recus empaillés du même pays pour le cabinet, et d'une (1) Je me borne aux synonymes suivans, tirés des auteurs originaux : ceux des nomenclateurs et des compilateurs sont tellement embrouillés, qu'il est inutile de s’y arrêter. 1. Jaguara Brasil. onza nostralibus, Margr. Bras. pag. 255, mauvaise fig. descr. médiocre. Il le fait trop petit en ne lui donnant que la taille du loup. 2° Tlatlauqui-ocelotl. Hernandez, pag. 498, bonne fig. tigris americana, Bolivar, apud Hernand. Mexic. 506, descript. assez bonne. 3. Le tigre de Cayenne de Desmarchais, III, 293. Ce qu'il en dit est en partie tiré de Margrave. 4° Le Jagaruélé d'Azara, quadr, du Parag. I. 114, Voyage, I. 258. D'HISTOIRE NATURELLE. 145 énorme quantité de peaux vues chez les fourreurs; j'ai été convaincu , dis-je, que le jaguar’ est le plus grand des chats après le tigre, et le plus beau de tous sans comparaison; que c'est précisément l'espèce à taches en forme d'œil que Buffon a appelée panthère ; que ce n’est point cependant le pardus des anciens ni la panthère des voyageurs modernes en Afri- que, et qu’en général il w’y a point en Afrique de chat à taches œillées, ni même aucun chat qui approche de la grandeur et de la beauté du jaguar. Pennant remarque déjà qu'il a vu chez les fourreurs de Londres des peaux venues des établissemens Espagnols en Amérique, et toutes semblables à la panthère de Buffon; c’est qu’elles étoient effectivement de l’animal que Buffon a nommé panthère ; mais que cette panthère de Buffon n’est point la vraie panthère. e Pennant remarque encore que les descriptions de Faber, de La Condamine et d'Ulloa, ne conviennent qu’à cette pan- there, et cela est très-vrai. Il ajoute que l'opinion générale des commerçans anglois est que ces sortes de peaux viennent d'Amérique, et c’est une confirmation de ce que nous ayons reconnu. Mais il eu conclut que l'espèce est commune aux deux con- tinens, et en ce point il se trompe; il n’y a point de panthère œillée dans l’ancien continent, quoique Buffon l'ait cru et l'ait dit, et que Pennant, Schreber, et tous les autres, aient suivi Buffon en cela. k Nous-mêmes, à l’arrivée du jaguar aujourd’hui vivant à la ménagerie, toujours trompés par l'autorité de Buffon et des autres grands naturalisles, avions cru que c’étoit un animal d'Afrique, amené par un bâtiment qui avoit touché aux An- 146 ANNALES DU MUSEUM tilles, ou bien une variété de la panthère ordinaire; mais oette dernière conjecture ne tarda point à être réfutée, et la pre- mière le fut également à l'arrivée de M. d'Azzara, On observa en effet dès les premiers jours dans la ménage- rie, que la voix de ces deux animaux différoit essentielle- ment, celle de la panthère ressemblant au bruit d'une scie, et celle du jaguar à un aboïement un peu aigu. Bientôt après M. Geoffroy reconnut et détermina pour les deux espèces des caractères distinctifs susceptibles d’une ex- pression précise, et les publia dans le bulletin des sciénces de pluviose an 12, et dans les Annales du Muséum, tom. IV, pag. 94. ; : Il est juste de faire sentir par cet exemple à quel point les ménageries où l'on peut ainsi rapprocher et comparer des animaux d’une origine bien déterminée, peuvent être utiles à la science de la nature. Le caractère le plus essentiel du jaguar est de n’avoir que quatre, ou tout au plus et rarement cinq taches par ligne trans- versale de chaque flanc : du reste, ces taches, le plus souvent œillées, c’est-à-dire en anneau presque continu, avec un point noir au milieu, sont aussi quelquefois en simple rose sur cer- taines parties du corps; elles n’ont presque jamais une régu- larité parfaite, et varient pour la largeur et la teinte plus ou moins foncée du noir, comme le fond pour l'éclat de sa cou- leur fauve; celles qui règnent le long de l’épine sont généra- lement pleines et allongées ; la tête, les côtés, les cuisses et les jambes les ont pleines, rondes et petites. Le dessous du corps est d’un beau blanc, à grandes taches noires pleines, irrégulières; le dessous du cou a des bandes transversales noires de différentes largeurs. D'HISTOIRE NATURELLE. 147 La queue descend jusqu’à terre, mais n’y traine ET commé celles des espèces suivantes. Les taches de l’épine s'y conti- nuent, et forment vers le bout quelques apparences d’anneaux sur les côtés et en dessous. Le bout est tout noir. La taille de.notre jaguar est de près de quatre pieds sans la queue, et sa hauteur au garot de deux pieds et demi; mais il y en a de bien plus considérables. Il s'agit maintenant de savoir s'il n’y a qu'une espèce de jaguar en Amérique, ou s'il y en a plusieurs. | Margrave semble déjà avoir eu cette dernière idée; car il dit que son onça où jaguara est grand comme un loup, mais qu'il y en a de plus grands; et parlant ensuite de son Jaguarété où jaguar noir, il le fait grand comme un veau d’un an (1). Les chasseurs du Paraguay supposent qu’outre le jaguar ordinaire ou jaguarété (2), il y en a un plus grand, à pieds plus courts et plus gros, qu’ils nomment jaguarété- popé (3), et un plus petit qu'ils appellent onza (4); mais ces idées peu- vent être en partie empruntées de Margrave; et M. d'Az- zara, qui les rapporte, cherche à les réfuter (5), et pense que les différences innombrables que l’on observe dans les peaux, tiennent à l’âge, au sexe, et à des circonstances indi- viduelles. J'ai cru long-temps aussi qu’il n’y avoit dans l’ancien con- SR ne ee ne gui ati du if) in QG) Margr. Brasil. 235. (2) Ce mot signifie jagua proprement dit. Autrefois on n’appeloit l'animal que jagua; mais cé nom ayant été aussi donné au chien, quand les Espagnols l’amenè- rent d'Europe, il fallut désigner l’ancien jagua par une épithète. (3) Jagua à larges mains. : (4) Nom espagnol venu du terme de basse latinité uncia. (5) Voyage, tom. I, pag. 231 et 262. 148 ANNALES DU MUSÉUM tinent qu’une espèce à taches en roses régulières, qui seroit le pardalis des anciens Grecs, le panthera (1) et le pardus _des Latins du siècle d’Auguste, le leopardus des Latins poslé- rieurs; mais la comparaison des peaux, et celle des nombreux individus qui vivent ou qui ont vécu à la ménagerie,, n'ont convaincu nouvellement qu'il y en a au moins deux. Le plus commun est nécessairement, 5° Le parpauis où la VRAIE PANTHÈRE ( felis pardus, Lin.),. Son caractère est d’avoir six ou sept taches en rose par ligne transversale; la queue est d’ailleurs beaucoup plus longue, et sa têle moins large que celle du jaguar, et le fond de son pelage plus päle. 6° L'autre, que nous appellerons le xéoparp (felis leopardus), Est un peu plus petit que le précédent, mais ses proportions sont les mêmes; il a des taches en rose beaucoup plus nom- breuses, et on en compte au moins dix par ligne tranversale. ) F 6 Nous nous sommes assurés que ce n’est point une différence de sexe, et qu'il n’y a point de variété intermédiaire, Comme Buffon ne reconnoissoit pas le Jaguar, et qu'il a mal caractérisé son léopard, il est diflicile de donner sa sÿno- nymie d’une manière certaine; mais après une comparaison exacte de ses figures et des descriptions de Daubenton, je pense que sa panthère mâle (Mist. des quadr. in-4°, IX, pl. XI) est notre panthère ; que sa panthère femelle (ibid. pl. XII) est (1) I ne faut pas oublier que le panther des Grecs est un animal tout différent du panthera des Latins, et vraisemblablement l'hyène tachelée, D'HISTOIRE NATURELLE. 1/19 un jaguar; et que son léopard (ib. pl. XIV) est notre léopard; en sorte que je n''éloigne peu de sa nomenclature, et que je la corrige en un point seulement. Mais Buffon décrit et représente encore un animal plus päle, à taches plus irrégulières, auquel il applique la déno- "mination d’once, en lui rapportant tout ce qu’on a dit des diverses espèces de chats que l’on emploie pour la chasse, de- puis Maroc jusqu'en Chine. Il y a d’abord à se demander ce que c’est que cet individu décrit par Buffon. Il faut faire abstraction de ce qu'il dit de la plus grande longueur de sa queue et de l'infériorité de sa taille, comparées à celles de la panthère, parce que c’étoit en effet avec le jaguar qu'il comparoit son once, et que le jaguar a réellement la queue bien plus courte, et est bien plus grand que notre vraie panthère. Il ne restera donc de différence que dans la teinte du poil et l'irrégularité des taches. Or, j'ai cherché en vain depuis dix ans à voir une peau qui ressemblât parfaitement à celle que Buffon représente sous ce nom d’once. Toutes les fois que j'ai demandé chez les four- reurs leur tigre d'Afrique, que Buffon dit être son once, ils ne m'ont présenté que notre panthère ou notre léopard, et ils nvont assuré ne pas connoître d'autre tigre d'Afrique. Enfin, comme parmi les peaux des panthères j'en ai trouvé quelques- unes qui approchoïent de l’once de Buffon par la pâleur du fauve et par l'irrégularité des taches, je ne doute presque plus que l'individu, représenté pl. X de l'Histoire naturelle, t. IX, ne soit une simple variété de l’espèce que je nomme pan- thère. 14. 20 150 ANNALES DU MUSEUM Les figures des autres naturalistes, comme Schreber, Shaw, etc. sont toutes copiées de Buffon. Quant à l'histoire de l'once, telle que Buffon l'a composée, ce n'est autre chose qu'une compilation des passages des voya- geurs sur les espèces de chats que l’on emploie à la chasse, et que ce grand naturaliste a toutes regardées comme iden- tiques, quoiqu’elles diffèrent par la taille non moins que par les couleurs; car on emploie en Syrie et en Egypte la pan- thère ordinaire; en Perse, le caracal; cependant, autant que nous en pouvons juger sur des témoignages peu circonstan- ciés, on dresse pour cet usage, aux Indes, une espèce parti- culière qui doit être placée ici, immédiatement après celles à taches en roses. C'est, 7. le guepard ou léopard à criniere, ou tigre chas- seur (felis jubata ). Il se distingue par ses taches petites, rondes, également semées, et non réunies en roses; par ses jambes hautes, et par le léger commencement de crinière qu'il porte sur la nuque. Les figures qu’en ont données Buffon, suppl. ILE, pl. XXXVIIT, copié dans Shaw, I, part. IL, pl. 86; ScAreber, pl. CV, et Pennant, pl, XXX, Gg. 1, sont au plus médiocres, et il n’en existe point de bonne. Celle de Pennant est encore la moins défectueuse; c'est à tort que Gmelin, d'après la conjecture de Buffon, rapporte ici le /oup tigré de Kolbe, qui n’est que l’ayene tachetée (canis crocuta). Les animaux américains, si beaux par leurs grandes taches fauves bordées de noir, auxquels Buffon a appliqué le nom d'ocelot, et que Linnœus désigne sous celui de felis pardalis, sont si différens de tous les précédens par leurs couleurs et D'HISTOIRE NATURELLE. 151 leur taille, qu’ils ne peuvent être confondus avec eux; mais je crois qu’il y en a deux sortes que l’on a confondues entre elles, et qui me paroissent spécifiquement différentes. La plus commune des deux, au moins dans les cabinets, est, 8° celle de l'Amérique méridionale ou le chibigouazou du Paraguay, grisâtre, à taches larges, réunies en bandes lon- gitudinales, fauves, bordées de noir, très-bien représentée dans Buffon, XIII, pl. 35 et 36. Quelques Espagnols lui ont appliqué le nom d’onca; sa longueur est de trente-quatre pouces, sans la queue, qui en a treize (1). 9 L'autre est le véritable #/atco-ocelotl de Hernandez ou chat tigré du Mexique, représenté par Buffon sous le nom mal appliqué de jaguar, IX, pl. 18, et suppl. IT, pl. 39. C’est aussi sous ce nom que $cAreber en donne une troisième figure, pl. CII, et Pennant une quatrième, pl. XXXI, fig. 1. Shaw s'est borné à copier Buffon. Cet animal a, comme le premier, des taches fauves bordées de noir ou de brun, sur un fond grisâtre; mais elles sont plus petites et plus nombreuses, et ne renferment point, comme dans le chibigouazou, de grandes bandes longitudinales; ce qui fait que je serois fort disposé à le regarder comme une espèce particulière, malgré l'avis con- traire de M. d’Azzara. Outre tous ces animaux, il y en auroit encore, à en croire Schreber, trois autres espèces plus ou moins voisines, savoir; le felis varia, le felis chalybeata, et le felis guttata ; mais le felis varia n'est que notre léopard, et les deux autres, tirés du cabinet d'Hermann, y ayant été nouvellement examinées par mon frère, se sont trouvées, l’un un serval, l'autre une (1) D'Azzara, anim, du Paraguay, I, 158. 20 152 ANNALES DU MUSÉUM jeune panthére, mais tellement défigurés par le dessinateur, u’on ne les reconnoitroit jamais à leurs images. ) 8 Viennent maintenant les animaux de ce genre, et de grande taille, à pelage noir, marqué de taches plus noires encore, qui ont été remarqués en différens pays; ils paroissent être assez rares partout, et quelques-uns d’entre eux ressemblent telle- ment aux espèces de même grandeur à pelage fauve, qu’ils en ont été souvent regardés comme de simples variétés. C’est ainsi qu’il y a dans l'Amérique méridionale un jaguar noir, tout semblable à l'autre, à la couleur près. M. d’Azzara dit qu'il y est sirare, que l’on n’en a pris que deux en quarante ans (1). C’est à cette variété que Margrave donne particu- lièrement le nom de jaguarété (2). M. Geoffroy vient de rapporter de Portugal un de ces ja- guars noirs; ses taches ne se voient que sous une certaine obliquité; mais elles ressemblent, en forme, en grandeur et en nombre, à celles des jaguars ordinaires; et quoique sa tête osseuse differe un peu, comme c’étoit un jeune individu, nous ne pouvous en conclure une différence d'espèce. 10. Nous avons eu à la ménagerie un autre animal noir, tacheté de noir plus foncé, dont les yeux étoient d’un gris d'argent presque blanc. M. Péron lui a donné le nom de felis melas ; il avoit été apporté de Java à l'Ile-de-France, et en- voyé de là par le général de Caen à l'impératrice, qui l'a donné au Muséum Ses jambes étoient plus basses que dans la pan- thère et dans le léopard, mais sa taille étoit à peu près la même; comme ses taches étoient de plus roudes et sunples, (1) Anim du Parag. 1, 116. / (2) Brasil, 235. ; , D'HISTOIRE NATURELLE. 153 au lieu d'être en rose ou en œil, on ne pourroit rapporter cet animal à aucune des espèces à fond fauve, et il est difficile de ne pas le considérer comme une espèce particulière : ce- pendant sa tête osseuse ressemble beaucoup à celle de la pan- thère commune. M. de Lamétherie décrit, mais fort en abrégé (Journ. de phys. XXXIII, pag. 45), une panthère noire, envoyée du Bengale à la tour de Londres, et en donne, pl. IT, une figure qui n’est qu'une copie noircie de la panthère de Buffon. Il est fort probable que c’étoit aussi notre mnélas. Quoique les espèces de la taille du lynx et au-dessous ne nous intéressent pas pour notre objet, puisque nous n’en trouvons point d'aussi petites parmi les fossiles, étant une fois entré dans cette matière, et ces espèces étant toutes assez mal ca- raciérisées dans les zoologistes, nous croyons à propos de les décrire aussi en abrégé. Nous les diviserons en deux petits groupes; les /ynx qui ont des pinceaux de poil aux oreilles, et les chats proprement dits qui manquent de cet ornement. | 11. Le caracal ou lynx de Barbarie et du Levant, se distingue d’abord par sa couleur uniforme d’un roux vineux ; par ses oreilles, noires en dehors, blanches en dedans, et par sa queue qui atteint les talons. Le caracal à longue queue du Bengale n'étant connu que par un dessin d'Edwards, publié par Buffon, supplément EEF, pl. XL, il est difficile de pro- noncer sil forme une espèce distincte. 12. Le /ynx ordinaire ou loup cervier des fourreurs (felis l'nx), quoique d'Europe, est fort mal représenté dans Schre- ber pour les couleurs, Il est presque double du chat sauvage, . 154 ANNALES DU MUSEUM a le dos et les membres roux clair, avec des mouchetures brun-noirätres, la gorge et tout le dessous blanchätres; uneligne étroite noirâtre part du coin de l'œil, et descend jusqu’au mi- lieu du cou, où elle s’élargit; le tour de l'œil est blanchätre; la queue va jusqu’au jarret, et a sa moitié extérieure noire. Il y en a des individus dont les taches sont seulement un peu plus rousses que le fond. C’est un d’eux que Pennant, pl. XXXIT, copié par Sckreber, pl. CIX, B, nomme felis rufa, et qu'il confond mal à propos avec le chat cervier des Etats-Unis, qui est généralement plus petit. 13° Le lynx du Canada est de même grandeur, et a des taches semblables, mais brunes sur un fond gris-blanc. Il y en a des individus qui n’ont point de taches du tout, et qui sont en entier d'un gris mêlé de blanc. Leur pelage est sitouffu, qu’ils ont un aspect tout différent du lynx d'Europe, et qu'il est difficile de les croire de la même espèce. 14° Le chat cervier des fourreurs est un peu moindre que le lynx; sa tête et son dos sont roux foncé, avec de petites mouchetures d’un brun-noirâtre; sa gorge blanchâtre; sa poitrine eu son ventre blanc-roussâtre clair; ses membres du même roux que le dos, avec des ondes brunätres légères; sa lèvre supérieure a quelques lignes noirâtres sur un fond blanc- roussètre ; le nez en tout roussätre, et il y a un peu de blan- chätre autour de l'œil. La peau de cet animal arrive en assez grand nombre des Etats-Unis dans le commerce. Buffon, qui croyoit toujours que la même espèce étoit plus petite en Amérique, l’a regardée comme une variété du /ynæ, mais c’est bien une espèce. On peut lui appliquer le nom de felis rufa. 15° Le chaus ou lynx des marais (felis chaus), est in- D'HISTOIRE NATURELLE. 155 termédiaire pour la taille entre le lynx et le chat sauvage; son poil est brun-jaunâtre en dessus, avec quelques nuances plus foncées, plus clair à la poitrine et au ventre, blanchätre à la gorge; deux bandes noirâtres marquent le dedans des bras et des cuisses. Sa queue va jusqu’au calcanéum, est blan- châtre vers sa pointe avec trois anneaux noirs. Le derrière des mains et des pieds est noirâtre, comme le bout des oreilles. Cet animal, découvert par Güldenstædt, dans les vallées du Caucase, où il fréquente les endroits inondés et couverts de roseaux, poursuivant les poissons, les grenouilles et les oiseaux aquatiques, a été retrouvé par M. Geoffroy dans une ile du Nil. C’est le même que le /ynx botté de Bruce, qui se trouve dans les vallées basses d’Abyssinie, où il guette les pintades au moment où elles viennent boire. Bruce, à la vérité, fait son animal un peu plus petit, et lui donne la queue un peu plus longue à proportion; mais on est accoutumé avec lui à ces inexactitudes. Il paroît aussi qu’il avoit mélé dans les ren- seignemens qu'il avoit communiqués à Buffon, les caractères de cette espèce de chat avec ceux du curacal, et que de là sont résultées les notices des caracals de Barbarie et de Lybie, données par Buffon, suppl. II, 232, et adoptées par Pennant, Hist. I, 284. Les chats proprement dits, outre notre chat sauvage, se- ront les servals, le manul, le margay, le jaguarondi, le nègre , l'eira, le pajero ou pampas, le guigna, le colo-colo et le chat des Indes. Si le jaguar m’a long-temps et beaucoup embarrassé, je puis dire que le serval m'embarrasse encore presque autant, et que je ne puis m'en rendre l'histoire intelligible qu’en ad- mettant qu'il y en a deux et peut-être trois espèces. 156 ANNALES DU MUSEUM Nous avons vu au Muséum deux servals, l'an de vingt-quatre pouces, sans la queue, qui est de neuf, l’autre de vingt-six. 16. Le premier qui a vécu à la ménagerie a été décrit par moi, dans l’histoire de cet établissement, et représenté par Maréchal. Il ressemble assez au serval de Buffon ( XILF, pl. 35 (1)) et au chat-pard des académiciens de Paris, pl. XII, si ce n’est qu'il a les taches moins régulièrement rondes que le premier, et plus nombreuses que l'autre. M. d'Æzzara, qui l'a vu, n’a assuré que c’est un animal de l'Amérique, celui-là même qu'il a décrit depuis dans son voyage sous le nom de mbaracaya (2). Le chat de montagne de Pennant est aussi très-ressemblant avec notre serval; il le dit d'Amérique, et lui rapporte le chat de la Caroline, de Collinson (Buffon, suppl. ILE, 227), aussi bien que le chat-pard des académiciens; mais le chat de la Caroline n’a que dix-neuf pouces, et le chat de montagne en a trente, comme le chat-pard. 17 L'autre individu du cabinet, celui de vingt-six pouces, a des taches plus grandes, moins nombreuses, formant des bandes très-marquées aux épaules et au jambes de devant. Il est extrêmement semblable à celui que les académiciens de Paris, tom. IE, pl IIT, ont nommé panthére , et qu'ils di- sent avoir été apporté d'Afrique. Ils lui donnent, ainsi qu'à leur. chat-pard, trente pouces sans la queue. Buffon croyoit son serval de l'ancien continent; il lui rap- portoit le chat-tigre du Bengale de Y Huilier, celui du Cap de Kolbe, et le maraputé ou serval du Malabar de Vincent Marie. (1) Copié par Schreber, pl. CVIII, et Shaw, 1, 2.° part. pl. go. (2) Nom dont Buflon a tiré celui de margay, D'HISTOIRE NATURELLE. 157 La figure de Kolbe représente plutôt l’hyène tachetée, et sa description est insignifiante. La taille d’un mouton, donnée à animal de l'Huilier, est bien forte; et celle moindre que la civette, attribuée à celui de Vincent Marie, est bien foible pour le serval. Cependant le chat du Cap de Forster (Transact. philos. LXXI, pl I}, copié par Shaw (Gen. zool. t. I, part. 2, pl. 88), ressemble extrémement à notre deuxième individu. D’a- près sa petitesse, j'ai long-temps supposé que ce n’étoit que la genelte du Cap, qui a presque la même distribution de cou- leur; mais si la peau, de près de trois pieds, décrite par Pen- nant, est de la même espèce , ma conjecture ne peut être vraie. La description du chat du Cap de Miller, dans ses Cimelia physica, pl. 39, paroîit aussi se rapporter entièrement à notre deuxième individu. Y auroit-il dans ces tailles inférieures des animaux dans les deux continens aussi semblables un à l’autre que le jaguar l'est à la panthére ? auroit-on commis à leur égard le même genre d'erreur? C’est ce que je laisse à examiner aux voya- geurs qui se seront munis, avant leur départ d'Europe, des connoissances nécessaires pour donner à l'Histoire naturelle les lumières dont elle a encore besoin sur tant de questions embrouillées, et surtout à ceux qui, ne se contentant pas de descriptions vagues faites à la hâte ou de mémoire, auront soin de rapporter les objets de leurs découvertes pour en faire la comparaison avec ceux que lon a recueillis avant eux. 18° Buffon rapporte encore au serval son chat sauvage de la Nouvelle-Espagne (suppl. IIE, pl. 43) qui doit avoir trois pieds de haut, quaire de long, le pelage d’un cendré bleuâtre, tacheté de noir par pinceaux. Si cette notice, qui lui avoit été 14. 21 158 ANNALES DU MUSEUM adressée d'Espagne sans nom d'auteur, a quelque chose de réel pour objet, c’est une grande espèce très-différente de toutes celles que nous connoissons. Pennant en a fait son chat de la Nouvelle- Espagne. 19° Le manul de la Mongolie (felis manul, Pall.) m'est connu que par une description abrégée de Pallas. Il doit sin- gulièrement ressembler à un lynx de la variété rousse, non tacheté; seulement sa queue est aussi longue à proportion que dans le chat, et marquée de six anneaux noirs. On ne dit point. qu'il ait de pinceaux aux oreilles; c'est pourquoi on peut le laisser ici. Il n’en existe point de figure, et nous ne l'avons pas vu. 20.° Le jaguarondi du Paraguay (felis jaguarondi, Lacép.) que M. d’Azzara nous a fait connoître le premier, représente en petit le couguar par sa forme allongée; mais sa couleur est d'un brun-noirätre, uniforme, piqueté partout de très- petits points plus päles, formés par des bandes sur chaque poil. Il y en a une bonne figure dans l'Atlas du voyage de d'Azzara, faite par M. Huet, d’après les deux individus con- servés au Muséum. 21° Le margay ( felis tigrina, Lin. Baff. XI, pl. 37), a de la ressemblance avec l’ocelot pour la direction des taches; mais elles sont d’un brun-noir uniforme, et non pas d’un fauve bordé de noir. Le fond de son pelage est blanchäâtre, et sa taille ne surpasse pas beaucoup celle du chat. M. d’Azzara seul a vu le nègre, l'eira et le pajeros. Selon lui, le nègre seroit un peu plus grand que notre chat sau- vage (1), et tout noir. . urtheshet lonloime oppstfs sdome nl pipes gif sgn te RE pps lge (1) Vingt-trois pouces, et la queue de tree. D'HISTOIRE NATURELLE. 159 22. L'eira un peu moindre (1) et tout rouge, excepté la mâchoire inférieure et une petite tache de chaque côté du nez, qui sont blanches. 23° Le pajeros auroit presque la taille du nègre (2) et le poil long, doux, gris-brun clair en dessus, avec des bandes transverses roussâtres sous la gorge et Le ventre, et des anneaux obscurs sur les pates. Il y auroit encore, selon Molina, deux autres espèces de chats sauvages au Brésil, toutes deux de la grandeur du nôtre. 24° Le guigna, fauve, tout couvert de petites taches ron- des noires, et 25° le colo-colo, blanchâtre, avec des taches irrégulières noires et fauves; mais on sait que Molina, qui a écrit de mémoire en Italie son Histoire naturelle du Chili, est un auteur peu fidele, et je le soupçonne d’avoir voulu parler ici du margay et de l'ocelot. 26° M. Leschenault a rapporté de Java un chat moindre que le nôtre (3), mais de même forme. Sa couleur est gris- brun clair dessus et blanchätre dessous, avec des taches brunes, peu marquées et rondes, éparses sur tout le corps; celles du dos sont allongées, et forment quatre lignes plus brunes. Une ligne partant de l'œil, et allant en arrière, se re- courbe pour faire une bande transverse sous la gorge que sui- vent deux ou trois autres bandes sous le cou. Ce dessin de la gorge se remarque également dans les ocelots et les margays. Cet animal me paroit singulièrement ressembler au chat du Bengale de Pennant et de Shaw. * (1) Vingt pouces, et la queue onze. (2) Vingt-deux pouces et demi, la queue dix et demi. (3) Long de seize à dix-sept pouces, queue de huit pouces et demi. # 21 160 ANNALES DU MUSÉUM 27. Un individu plus petit a des ondes plutôt que des ta- ches; il pourroit être comparé au chat sauvage Indien de V'osmaër (Monogr. tab. XIII), si celui-ci n’étoit enluminé d'une teinte trop bleue. Quant au chat-bisaam de Wosmaër, copié dans le suppl. de Buff. VII, pl. 55, ce n’est qu'une genette, comme #osmaër lui-même en est convenu; aussi Gmelin Va-t-il placé dans les viverra; mais il w’auroit peut- être pas dù le distinguer de son viverra malaccensis, qui est évidemment le même que la genette du Cap de Buffon. Après cette énumération critique des espèces bien connues de chats, qui pourra être de quelque utilité aux faturs rédac- teurs d’un $ystema naturæ, j'en viens à la recherche des ca- ractères ostéologiques des principales. C’est surtout dans les têtes qu’on peut en trouver; mais, excepté ceux que fournit la grandeur, ils sont si peu sensibles, que l’on auroit beaucoup de peine à les exprimer par les paroles. C'est pourquoi j'ai fait graver ces têtes sur la même échelle, vues en dessus et de profil; et comme il y a quelques variétés entre elles , j'en ai donné des deux sexes dans les espèces du ügre et du lion. On peut remarquer que le caractère dominant de la tête du lion consiste en ce que la ligne de la face ab, et celle du crâne be, sont presque droites l’une et l'autre. Un second caractère, qui tient au premier, est l’aplatisse- ment et même la concavité de la partie du frontal située entre les apophyses postorbitaires bb. La lionne a la partie du cräne plus courte à proportion de celle de la face, et toutes les deux plus courtes à proportion de leur largeur, et il paroït que c’est là un attribut général des femelles Le tigre, presque aussi grand que le lion, a la ligne de la D'HISTOIRE NATURELLE, 161 face et du crâne plus serpentante, et l'intervalle orbitaire bombé dans les deux sens. Il y a d’ailleurs des différences, même entre les mâles, pour la longueur proportionnelle de la partie du crâne; elles tiennent surtout au plus ou moins de développement de la crète occipitale. Les femelles ont aussi toutes les parties plus courtes. Le jaguar a la tête plus courte à proportion que le tigre; l'intervalle des yeux est plus élevé, plus bombé; les apophyses postorbitaires bb sont plus saillantes, et le. crâne a derrière elles, de chaque côté, une légere convexité ee. Notre plus grande tête de jaguar a le dessous de sa mä- choire inférieure en ligne serpentante très - marquée; mais deux autres têtes, qui sont moins grandes, quoique adultes, l'ont presque rectiligne comme le tigre. A La tête de jeune jaguar noir, rapportée avec la peau: du Brésil, a tous les caractères des jaguars jaunes adultes, autant qu'un individu jeune peut les avoir, excepté la convexité der- rière les apophyses postorbitaires. La panthère a toute la ligne du dessus de la tête d’une con- vexité uniforme et modérée; mais l’intervallé des yeux est aplati transversalement. Cette forme, bien caractérisée, se retrouve dans le léopard, le couguar et le mélas, au point qu'il me paroit très-diflicile d’assigner des caractères constans pour distinguer ces espèces; je trouve seulement à mes cou- guars la face un peu plus courte à proportion. Pour donner plus de précision à ces différences, j'ai cru devoir rédiger la table suivante des principales mesures des têtes des grandes espèces prises sur plusieurs individus de chacune. Je dois dire qu'il n’y a point d'incertitude sur les- pèce de chaque tête, parce que j'ai toujours-pris pour type celle d’un individu que j'avois vu vivant, et que j'ai disséqué. 162 ANNALES DU MUSEUM LONGUEUR . LONGUEUR LONGUEUR fab NOMS ; ‘ epuis depuis depuis le bord alvéolaire Las le bord alréolaire le bord alvéolaire jusqu’au milieu jusqu'aux jusqu'à de l'intervalle ESPÈCES. condyles de l’occiput.| la crète occipitale. des apophyses postorbitaires. 0,370 0,209 Autre lion plus petit. 3 0,540 . 0,189 Lionne. . . 0,302 0,177 Lionne plus petite. . 0,275 0,160 Tigre mâle . . . , 3 0,342 0,175 Autre tigre mâle. . 0,316 0,175 Mgresse NN 0 »- 0,291 0,162 Grand jaguar . , . RCD TRUE 0,148 Jaguar plus petit. . . 0,250 0,134 Autre jaguar plus petit. 3 0,265 0,138 Jeune jaguar noir, . . 0,205 0,111 Panthère . . . . 0,205 0,116 Mél"... 2. 0,184 0,098 Couguar . . . 0,182 0,100 Ocelot. . . : 0,140 0,071 D'HISTOIRE NATURELLE. 163 > HAUTEUR VERTICALE LONGUEUR DISTANCE 1 {PLUS GRAND du milieu e depuis ce point entre les points délleur intelvalle ins :ECARTEMENT jusqu’à des apophyses la tête étant posée des arcades la crète occipitale. postorbitaires, ra zygomatiques. inférieure, 0,178 0,121 0;142 \ 0,271 0,168 0,112 0,140 0,229 0,143 0,110 0,131 0,225 0,135 0,091 f 0,120 0,194 0,184 0,102 NAAMONTER TS. 0,250 0,171 0,102 1 ‘0,134 F 170(6,230 0,146 0,101 0,125 0,203 D'ADMOUNL ITIe 0,091 0,138 0,194 0,140 0,074, 05111 0,172 0,156 0,075 0,122 0,176 0,114 0,065 0,098 0,141 0,106 0,064 0,099 0,141 0,104 0,062 0,088 0,131 0,104 0,067 0,086 0,120 0,086 0,053 0,068 0,097 164 ANNALES DU MUSÉÈUM Je n'ai pas cru devoir m'occuper des têtes des espèces in férieures, qui ressemblent d’ailleurs infiniment à celle du chat par leur rondeur; le seul ocelot excepté, qui a la sienne plus oblongue que toutes les autres, C'est d’après le travail dont je viens de rendre compte que j'ai comparé la mâchoire fossile, de mon chapitre sur les carnassiers, avec celles de toutes les grandes espèces, et j'ai trouvé, comme tout le monde pourra s’en convaincre, identité presque parfaite entre elle et celle du grand jaguar pour la grandeur, et surtout pour la courbure de sa ligne inférieure. Il est clair cependant que l’on ne peut pas en conclure identité d'espèce; que l’on ne peut pas même, d'après une circonstance si peu importante, donner l’exclusion aux autres espèces; car il se pourroit, à la rigueur, que des tigres ou des lions eussent quelquefois une courbure plus ou moins approchante, surtout puisque nous ayons vu que quelques jaguars ne l'ont pas. D'HISTOIRE NATURELLE, 165 RAPPORT [ e . e Fait à la classe des sciences physiques et ma- thématiques, sur le Mémoire de M. Dela- roche, relatif à la vessie aérienne des poissons. PAR G. CUVIER. L classe nous a chargé, MM. de Lacépède, Vauquelin et moi, de lui rendre compte d’un Mémoire lu dans son sein, par M. François Delaroche, docteur en médecine, sur la vessie aérienne des poissons. Comme plusieurs physiciens donnent en ce moment quelque attention à l'organe qui fait l'objet de ce Mémoire et à ses fonctions, nous ne croyons pas inutile de faire précéder notre rapport d’un résumé historique de ce qui en a été dit jusqu’à ce jour; résumé dont M. Delaroche nous fournit lui-même les principaux élémens. La vessie aérienne des poissons est trop remarquable, elle frappe trop facilement la vue à la première ouverture d’un poisson, elle diffère trop des organes des autres classes, pour que sa structure et ses fonctions n’aient pas éveillé promptement la curiosité des naturalistes; mais comme la plupart des objets 14. 22 166 ANNALES DU MUSÉUM relatifs à l'anatomie comparée, elle a produit, pendant long- temps, plus de conjectures et d’hypothèses que d'observations exactes et de recherches expérimentales. Rondelet (1) se borna à remarquer qu’elle existe plus cons- tamment dans les poissons d’eau douce que dans ceux de mer, et qu’elle sert probablement à favoriser la natation. Marc-Aurèle Severinus émit l'opinion que l'air de cette vessie étoit né avec le poisson; ce qui prouve qu'il ne lui avoit apercu aucune communication au dehors. Gauthier Needham (2) fit, le premier, des recherches plus détaillées, et les inséra dans un livre où on ne les soupcon- neroil pas, dans son traité de Formato fœtu (3). En adoptant l'idée générale de l'utilité de la vessie pour la natation, il ex- pliqua comment les poissons plats peuvent s'en passer; il décrivit les deux tuniques de cet organe, ainsi que les variétés de sa forme et de l’origine du canal de communication. Il fit remarquer que les vaisseaux sont plus abondans qu'il ne faut pour sa propre nutrition; qu'il est probable qu'il s'y exerce quelque fonction organique, et que le sang s’y trouve en quel- que rapport avec l'air; mais jugeant qu'il seroit difficile que Vair y pénétràt du dehors dans certains poissons au travers des matières qui remplissent l'estomac, il conjectura que ce fluide y est sécrété, et qu'il se rend de là dans l'estomac pour y concourir à la digestion; il fit même connoiître les corps rouges qui opèrent cette sécrétion dans l’anguille. Borelli développa en détail, en 1636, la manière dont la (1) Hist. pise. 1554, pag. 26 et 73. (2) 1668. (3) Dans la Biblioth. de Manget, II, pag. 713 et 714. D'HISTOIRE NATURELLE. 167 vessie sert à la natation; il observa que les poissons auxquels on l'a .crevée restent au fond de l’eau, ainsi que la plupart de ceux qui en sont privés naturellement, et en conclut qu’elle est destinée à rendre le corps du poisson assez léger pour étre en équilibre avec l’eau; il ajouta qu’en comprimant la vessie, ou en abandonnant l'air qu’elle contient à son élasticité, le poisson peut augmenter ou diminuer sa gravité spécifique to- tale, et s’aider dans ses descentes ou dans ses ascensions. Il supposa que le canal qui établit, dans certains poissons, une communication entre la vessie et l'estomac, doit être un moyen de faire varier la quantité de l'air ou de le renouveler (1). Du reste, il ne s’occupa ni de décrire les variétés de struc- ture de la vessie, ni de déterminer les poissons où elle existe, et ceux où elle manque. Redi reprit les observations de Needham. Il ajouta quelques détails de plus sur les poissons qui manquent de vessie, sur les corps rouges de l’intérieur de plusieurs de ces organes. Il annonça même avoir cherché inutilement le canal de commu- nication dans certains poissons de mer; mais il crut que c’étoit sa faute, et cette opinion de la généralité de l'existence du canal a régné niême jusqu’à nos derniers temps chez quelques auteurs. Ces remarques de Redi sont encore dans un livre au sujet duquel elles ont bien peu de rapport, dans les Obser- valions sur les animaux vivans contenus dans des animaux vivans (2). Ray et Willughby, sans faire de nouvelles recherches, et sans prononcer sur la manière dont l'air est introduit dans la (1) De motu anim. cap. 23, de natatu. (2) Flor. 1684. 168 ANNALES DU MUSÉUM vessie, réfutérent l'usage de cet air pour la digestion, et ré- duisirent la vessie à son emploi pour la natation, d’après les idées de Borelli. Ils insistèrent sur les muscles propres de cerlaines vessies, et prirent pour tels les corps rouges de l'in- térieur de quelques autres (1). La même opinion sur l'usage de la vessie fut soutenue par Preston (2), par Perrault (3) et par Petit (4). Perrault fit limportante observation qu'il y a des poissons sans aucun canal, et que c’est dans ceux-là que se trouvent les corps rouges destinés à la séparation de l'air. Il ajouta que, dans ceux qui ont un canal, l'air ne sort cependant point de la vessie quand on la comprime; remarque trop généralisée. Petit, au contraire, crut avoir découvert dans le canal de la carpe des valvules qui en laissent sortir l'air, mais qui ne lui permettent pas d'y rentrer. Malgré l'observation de Perrault, ÆArtédi atiribua encore à toutes les vessies un canal destiné, selon lui, à l'introduction de l'air. Il n’eut, du reste, sur leur usage d'autre opinion que Borelli (5). Il en fut de même de Gouan (6), de Bloch, et d’un grand nombre d’autres écrivains, qui d’ailleurs n’ajoütèrent rien aux conuoissances de détail que l’on avoit acquises. Mais, tout en admettant cet emploi principal de la vessie, G) Will. Hist. pise. 1686, pag. 12 et suiv. (2) Transact. philos. XIX, pag. 419. (3) Mécanique des anim. I1.* part. ch, III, dans ses Œuvres, 1721 ; vol. 2, p. 383. (4) Mém. de l'Acad. 1733. (5) Partes pise. 1738, pag. 36 (6) Hist, des poissons, 1770, pag. 81+ nd D'HISTOIRE NATURELLE. 169 on pouvoit encore lui supposer des usages accessoires, et surtout différer d'opinion sur l’origine de l'air qu’elle contient. C’est ce que fit Vicq-d’'Azyr en 1773 (1). Il imagina de faire paitre l'air dans l'estomac, et de le faire entrer, chargé de particules nutritives dans la vessie, pour y être absorbé par le système vasculaire. Il fut suivi par Broussonet (2), quoique avec quelque doute. Erxleben eut la même idée pour l'origine de l'air; mais, quant aux usages, il s’en tint à l'opinion commune (3). Ces trois anatomisies semblent avoir ignoré que la commu- nicalion entre l'estomac et la vessie manque souvent. C’est ce que rappela fortement Kæhlreuter (4) dans une des- cription anatomique de la lote; après avoir constaté le défaut de canal et insisté sur ce qu’une infinité d’autres poissons en manque également, après avoir décrit l’appareil des corps rouges, il établit que Pair est séparé du sang dans la vessie. Il croyoit son système nouveau, faute d’avoir lu sans doute les OEuvres de Perrault et le Traité de Needham. Il fut suivi par Leske (5). Alexandre Monro qui, dans son Traité sur l'anatomie et la physiologie des poissons (6), auroit dù approfondir cette (1) Mémoires présentés tome VII, et dans ses Œuvres physiologiquessggme I, page 203. (2) Var. posit, cire. respir. sect. V. . (3) 1776. Dans un Mémoire particulier et dans son Histoire naturelle, édition 1797» Pag- 279 (4) Dans le tome XIX des Nov. Comm. de Pétersbourg, 1775. (5) Hist. nat. édition de 1724, pag. 390. (6) Anat, and phys, of fishes, 1785, pag. 27 et 28. 170 ANNALES:DU MUSEUM matière, n’ajouta que fort peu à ce que l’on savoit avant lui. Il fit la même distinction que Perrault entre les vessies à corps rouges sécréteurs qui n'ont point de canal, et celles qui ont un canal et manquent de ces corps; mais il ne cita point l'as natomiste francois, peut-être parce qu'il ne l’avoit point lu. Il remarqua que le genre de l’anguille fait exception à la règle, en ce qu’il réunit le canal et les corps rouges. Du reste, il ne se prononca point sur les usages de la vessie, et demanda seulement si les poissons (1) ne pourroïient pas, en avalant, disunguer les bulles d'air de la masse de l’eau, et les faire passer de préférence dans cet organe. À M. Fischer, aujourd’hui professeur à Moscou, publia à Leipsig, en 1705, une dissertation particulière sur ce sujet, où, après avoir donné un extrait des travaux de ses prédéces- seurs, et avoir communiqué ses propres observations sur le brochet et sur la tanche, il émit l’opinion que la vessie, in- dépendamment de ses usages pour le mouvement , est encore un organe supplémentaire de respiration destiné à absorber loxigène de l'air atmosphérique contenu dans l’eau, comme les branchies sont destinées, selon lui, à absorber l’oxigène de l'eau elle-même en la décomposant. M. de Lacépède supposa que certains poissons peuvent au moinsgremplir leur vessie avec les gaz résultant des décompo- sitions que leur respiration occasionne. Il pensa que c’est très- souvent d'hydrogène qu’elle se remplit, et il cita des tanches dans lesquelles il avoit recueilli précisément cette espèce de gaz. \ (2) Anat. and physiol. of fishes. pag. 28. DT D'HISTOIRE NATURELLE. 171 Enfin M. Duvernoy, rédacteur de la partie des lecons d’A- nalomie comparée, qui a pour objet la vessie aérienne des poissons, adopta, avec M. Cuvier, l'opinion de Needham et Kœæhlreuter, que l'air est produit dans la vessie par sécrétion. Il décrivit même quelques-uns des organes de cette sécrétion dans des poissons où l’on n’en avoit pas fait de description: mais, par trop de précipitation, en composant cette dernière partie d'un ouvrag® de si iongue haleine, il oublia d’alléouer l'argument principal, pris de l'absence de tout canal de com- municalion dans beaucoup d'espèces. Du reste, il conclut de l’absence de la vessie elle-même dans des poissons appar- tenant indistinctement à toutes sortes de familles, et même à des genres dont les autres espèces en sont pourvues, que ses fonctions ne peuvent pas étre d’une nature bien essentielle à la vie; comparant son volume proportionnel avec la nature des mouvemens de chaque poisson, examinant les moyens sup- plémentaires accordés à ceux qui ne l’ont pas, et les divers effets de ces moyens, il arriva à ce résultat que c’est essen- tiellement un organe relatif à la locomotion. Il témoigna enfin son étonnement sur le peu de concordance des analyses données jusqu’à lui de l'air de la vessie, dans le- quel les uns, comme M. Fourcroy, ne trouvoient presque que de l'azote; d’autres, comme M. Configliati, annoncçoient jusqu’à quarante centièmes d'oxigène ; que d’autres enfin, comme Brod. belt, trouvoient variable dans le même poisson, selon les cir- constances, et il engagea les chimistes à s’occuper d'examiner les causes et les limites de ces variations, dont une connois- sance précise pouvoit seule décider une grande partie des ques- tions controverseées. Mi. Geoffroy et Vauquelin, d’un côté, et M. Biot, de l’autre, 172 ANNALES DU MUSÉUM ont fait récemment une grande partie des expériences que l'on pouvoit désirer sur cette analyse. M. Biot, dans son premier voyage à Iviça, a examiné Pair de plusieurs poissons de la Méditerranée, et trouvé qu'il varie depuis l'azote pur jusqu’à quatre-vingt-sept centièmes d’oxigène avec très-peu d'acide carbonique, et sans aucun hydrogène et qu'en général l’oxigène y est d'autant plus abondant, com- parativement à l’azote, que le poisson vient d’une plus grande profondeur, quoique l’eau venue de ces mêmes profondeurs ne contienne pas un air plus pur que celle de la surface. Il a fait, de plus, la remarque curieuse que, dans les pois- sons retirés subitement à la ligne d’une grande profondeur, la vessie aérienne cessant d'être comprimée par l'énorme colonne d’eau qui pesoit sur elle, se dilate si subitement, qu'elle dé- chire les intestins, et vient saillir dans la bouche (1); et quant à l’origine de l'air qu’elle contient, il paroït se prononcer pour la sécrétion. Les expériences de MM. Vauquelin et Geoffroy, publiées par M. Biot, confirment celles de ce physicien, en ce que les poissons sur lesquels elles ont été faites, vivant tous dans nos eaux douces, et à peu de profondeur, n’ont donné que très- peu d'oxigène. Elles s'accordent aussi avec d’autres plus an- ciennes de M. Fourcroy, qui n’avoit trouvé dans des vessies de carpe que de l'azote presque pur, et avec l'analyse faite par M. de Humboldt, de l'air de la vessie du gymnote élec- trique, où ce savant physicien a trouvé quatre-vingt-seize par= ties d'azote et quatre d'oxigène. Telles étoient les connoissances acquises sur la vessie aérienne, (1) Société d'Arcueil, I, 253. D'HISTOIRE NATURELLE. 173 au moment où M. Delaroche est venu lire son Mémoire dans celle enceinte; mais, pour compléter la série des faits qui peuvent nous aider à juger ses opinions, nous croyons à propos de dire encore quelques mots sur deux écrits qui ont été pu- bliés depuis cette lecture. L'un est de M. Geoffroy, qui y rappelle un Mémoire plus ancien, où il développe anatomiquement les moyens par les- quels le poisson comprime ou relàche sa vessie pour s’abaisser ou pour s'élever. A la vérité, il dit en même temps, dans le préambule de son Mémoire, que la vessie n’est point du tout par elle-même un organe de mouvement, mais c’est qu'il paroît avoir cru que les personnes qui la regardent comme telle, supposent qu’elle se dilate par une augmentation de l'air qu’elle contient, et réciproquement, opinion que personne ne nous semble avoir eue; car c’est toujours par l’action des muscles qu’on la fait se comprimer ou se dilater : ainsi M. Geoffroy est réellement, à cet égard, de l'opinion de Borelli, qui est l'opinion commune. L'autre écrit, dont nous avons encore à parler, est de MM. Humboldt et Provencal, et a pour objet principal la respira- tion des poissons; mais ces auteurs ont été naturellement con- duits à examiner l'air de la vessie natatoire. Ils ont opéré sur des poissons de rivière, et y ont trouvé Pair variable en composition depuis quatre-vingt-dix-neuf cen- tièmes d'azote jusqu'à quatre-vingt-sept. Ils y ont observé jusqu’à cinq centièmes d’acide carbonique. Ils ont eu beau faire respirer de l'hydrogène à des tanches, elles n’en ont point montré dans leur vessie; mais en les tenant dans l’oxigène, la proportion de celui de la vessie a un peu augmenté. En leur 14. 23 174 ANNALES DU MUSÉUM enlevant la vessie, on ne les a pas empêché de produire, par leur respiration, l'effet ordinaire sur l'atmosphère; elles ont même encore pu s'élever dans l’ean, quoique elles soient or- dinairement resté couchées sur le fond. Aivsi, dans la nombreuse suite d'ouvrages que nous venons d'analyser, presque toutes les hypothèses possibles ont été proposées, attaquées ou défendues, et l’on a donné des exem- ples de presque toutes les combinaisons d'organisation qui se laissent concevoir. M. Delaroche n’avoit donc qu’à approfondir davantage ces organisations, à les réduire en règles générales, et à peser de nouveau les argumens proposés pour ou contre chaque hypothèse. Voyons comment il s’est acquitté de cette tâche. Sôn séjour à Ivica, à Formentera et sur la côte d'Epagne, avec MM. Biot et Arago, lui ayant donné occasion d'examiner un grand nombre de poissons de la Méditerranée, assez difi- ciles à voir ici, et leurs vessies natatoires ayant principalement fixé son attention, il a continué ses recherches après son re- tour , sur nos poissons d’eau douce,.et sur ceux que l'Océan nous fournit journellement; d’où il est résulté plus de cin- quante descriptions particulières des vessies natatoires d'autant d'espèces de poissons, parmi lesquelles plusieurs n'avoient pas encore été décrites. Ces descriptions, jointes à celles que les auteurs précédens avoient données de quelques espèces que M. Delaroche n’a pu disséquer, forment les matériaux employés à la composition du Mémoire de ce naturaliste, et il a placé cellés qui lui sont propres à la fin de son ouvrage, comme autant de preuves des propositions générales qu'il établit. Dans le corps même du Mémoire, il traite successivement D'HISTOIRE NATURELLE. 175 de la structure anatomique de la vessie aérienne, de la naturé et dessourcesde l'air qu’elle contient, et des fonctions qu’elleexerce. Il parle d'abord de son existence, et donne une liste des poissons qui l'ont et de ceux qui ne l'ont pas. Les résultats de cette liste, qui ajoute plusieurs e$pèces à celles qui avoient déjà été citées par rapport à celte circonstance, sont à peu près les mêmes que l’on avoit déjà tirés, savoir, que l'existence ou la non-existence de la vessie ne correspond point aux autres affinités d'organisation qui lient les poissons entre eux. M. Delaroche parle ensuite des diverses situations de la vessie, de ses variétés de grandeur proportionnelle et de con- figuration de la structure de ses parois (article où il compare la membrane interne aux membranes séreuses), enlin des muscles propres qu'elle a dans plusieurs poissons, et il donne de ces muscles une description plus détaillée que celle qui se trouve dans les lecons d’Anatomie comparée. Ce qu'il dit sur le canal de communication offre encore un plus grand nombre de choses nouvelles. Il a fait, à cet égard, des recherches très-attentives, et il a reconnu que ce canal manque au plus grand nombre des poissons de mer. Il n’en a même trouvé dans aucun jugulaire ni thorachique, deux classes qui composent à elles seules près des trois quarts du nombre total des espèces de poissons. Les lecons d'anatomie en avoient attribué un à l’uranoscope , qui est un jugulaire; mais, d’après les remarques de M. Delaroche, les auteurs de cet ouvrage ont fait de nouvelles recherches, et ont reconnu qu'ils avoient été induits en erreur par une transposition d’é- tiquettes. | M. Delaroche a particulièrement étudié les corps rouges dont certaines vessies sont munies. Il les a trouvés, comme 23 * 176 ANNALES DU MUSÉUM Perrault et Monro, dans toutes celles qui manquent de canal de communication et dans le genre de l’anguille, quoique pourvu de canal. L'auteur donne une description très-détaillée de ces corps dans les gades, les trigles, les perches, quelques Labres et holocentres, ainsi que d’après l’atherina rhepsetus, le blen- nius physis, lorphie où esoxbelone ; enfin d’après l'anguille et le congre. Nous avons vérifié la partie de cette description qui porte sur des espèces dont nous avons pu disposer, et nous l'avons généralement trouvée exacte. Cependant il nous paroit que M. Delaroche accorde au tissu intérieur de ces corps une trop grande homogénéité. L'un de nous, qui a fait tout récemment sur ce sujet, avec M. Duver- noy, des recherches pour vérifier ce point d'anatomie, a trouvé ces corps, dans les grands poissons, formés de lobes aplatis comme des rubans, placés presque parallèlement les uns aux autres, très-distincts eutre eux par des intervalles bien mar- qués, et se portant obliquement dans diverses directions de la membrane propre à la membrane interne de ia vessie. La distribution donnée par M. Delaroche des vaisseaux qui partent des corps rouges de l’anguille et de ceux qui y retour- nent, a également été vérifiée et trouvée parfaitement exacte; mais il passe un peu légèrement sur le corps rouge lui-même, qui est aussi divisé en lambeaux , séparés par des intervalles, que l’on trouve souvent remplis de sang. En un mot, MM. Cuvier et Duvernoy croient avoir trouvé aux corps rouges des poissons des rapports très-marqués avec les corps caverneux; mais leurs recherches postérieures au Mémoire de M. Delaroche ne sont rapportées ici que pour ne D'HISTOIRE NATURELLE. 177 rien laisser ignorer à la classe de ce que l’on a pu découvrir sur ce sujet intéressant. La classe en entendra d’ailleurs dans peu une exposition plus détaillée, et sera à même de les juger. M. Delaroche termine ce qu'il dit des corps rouges par une description des petits vaisseaux qui en sortent, et qui, selon lui, se distribuent en divergeant dans un renflement de la membrane interne, et s'y perdent après un trajet très-court, Nous n’avons pas encore pu vérifier cette circonstance. L'auteur ne parle que d’après.les /econs d'anatomie com- parée de certains vaisseaux aériens branchus, tout-à-fait par- ticuliers à une espèce de poisson. M. Cuvier, qui les avoit décrits sur les bords de la mer, dans un lieu où il avoit point de livres pour déterminer Fespèce du poisson, crut que c’étoit le perca labrax ; mais lui.et d’autres les ont cherché vainement depuis dans le poisson nommé ainsi par les natu- ralistes. Par un bonheur inattendu, le vrai poisson, sujet de l'observation, a été apporté à Paris il y a quelques jours, et s'est trouvé être l'espèce rare, appelé par M. de Lacépède cheilodiptère aigle de mer, mais qui devroit peut étre se placer dans les centropomes, à côté du Zabrax. La vessie dece poisson, unique jusqu'a présent, sera inces- samment apportée à la classe, ayec une description dont M. Duvernoy s'occupe, et qui sera plus exacte que celle qu'il avoit été possible de faire la premiere fois dans des cireons- tances peu commodes. Dans ses analyses de l'air de la vessie, M. Delaroche con- firme, en général, les expériences de M. Biot, en y ajoutant toutefois qu'outre les divers degrés de profondeur où vivent les poissons, il y a encore d’autres causes qui font varier.dans leurs vessies la proportion des gaz. Ainsi, des poissons pêchés 175 ANNALES DU MUSÉUM près du même rivage, ont donné, l’un cinquante centièmes, l'autre à peine un centième d’oxigène. M. Delaroche rectifie aussi l'idée que M. Biot avoit donnée de l’éruption de la vessie hors de la bouche dans les poissons tirés subitement de très- bas, en disant qu’il se fait alors une rupture de la vessie, et que c’est l'air épanché qui renverse l’estomac, etæn fait sortir une partie par la bouche. Quant à la source de cet air, l'au- teur, comme Needham, comme Perrault, comme Monro, comme Kæhlreuter, comme MM. Duvernoy et Cuvier, le croit produit dans l'intérieur de la vessie, par une sécrétion d’une nature inconnue, dont les corps rouges lui paroissent les organes dans les poissons qui out ces corps. Il n’est pas besoin de lui demander de preuve de cette opi- nion dans les poissons qui n’ont pas de canal extérieur, car elle s'y démontre d'elle-même. On pourroit aussi l’étendre aisément à ceux qui ont un canal et des corps rouges, comme l'anguille. Mais dans ceux où les corps rouges manquent, comme il faut admettre un nouveau genre d’exhalation, l'analogie n’a plus complétement lieu, et peut-être bien des personnes au- roient-elles aussi volontiers recours au canal aérien, d'autant plus qu’il existe toujours dans ces poissons-là. Comme les dif- férences entre les poissons de même famille, à l'égard de la vessie, vont souvent jusqu'à l'avoir ou ne l'avoir pas, elles pourroient bien aller aussi jusqu’à la remplir par des moyens différens. M. Delaroche,-sans considérer à beaucoup près la question comme décidée, appuie cependant l'argument de l’analogie, par la difficulté qu'un gaz quelconque auroit dans beaucoup d'espèces à pénétrer dans la vessie par le canal; par la difficulté s D'HISTOIRE NATURELLE. 179 plus grande encore qu'il auroit d’y arriver pur, surtout quand il faut qu'il traverse les matières contenues dans l’estomac; enfin par la difficulié de savoir d’où et par quel mécanisme le poisson se le procureroit en nature pour lintroduire dans sa vessie, aux grandes profondeurs où il est si souvent et si long- temps retenu. L’habitude qu'ont les physiologistes à voir des matières d toute espèce sortir du sang par les sécrétions, les rend au contraire trés-faciles sur ce genre de production; et en effet, il n’y a ici nulle difficulté, puisque l’azote et l’oxigène qui composent l’air de la vessie sont en abondance dans le sang. Mais, se demandera-t-on : si le gaz est exhalé ou séparé du sang, pourquoi varie-t il tant lorsque la plupart des autres sécrétions sont si constantes dans leur nature? comment sur- tout le corps animal, d'ordinaire si avide d’oxigène, en exhale- t-il tant précisément aux profondeurs où il a le moins de moyens d'en tirer du dehors? M. Delaroche, qui s’est fait ces questions à lui-même, convient qu’il est diflicile d'y répondre. Il passe donc à l'examen de l'emploi de la vessie. De son absence dans beaucoup de poissons pris au hasard dans toutes les classes, il conclut aisément, avec les auteurs de l'Anatomie comparée, qu’elle ne peut jouer de rôle impor- tant dans les fonctions vitales; ce qui lui fait rejeter toute rela- tion nécessaire entre la vessie et la respiration. Il auroit méme pu conclure, de sa clôture absolue dans le plus grand nombre des poissons qui en sont pourvus, qu’elle ne peut avoir en général pour emploi, ni l'absorption d’une matière utile, ni l’excrétion d’une matière nuisible, ni même la production d’une matière à employer dans quelque autre 180 D'HISTOIRE NATURELLE, partie du corps; mais que c’est seulement par elle-même, comme vessie aérienne, et en sa qualité de capacité considé- rable, remplie d’une substance légère et élastique, qu’elle peut être utile au poisson. Or, comme telle, elle ne peut avoir qu’un emploi mécani- que, soit pour la station, soit pour le mouvement, M. Delaroche reconnoit d’abord son usage dans la station, et convient qu’elle sert à rendre le poisson total spécifique- ment plus léger, et à le mettre en équilibre avec l'eau dans laquelle il est suspendu. C'est là une partie de l'opinion la plus répandue; mais il est clair que la nécessité de la vessie, pour ce seul usage, n’est rien moins que démontrée. La nature auroit pu tout aussi bien faire tous les poissons de la même pesanteur que l'eau, comme elle a fait de cette pesanteur, ou à peu près, les pois- sons sans vessies : aussi l'opinion commune se compose-t-elle encore de deux autres parties intégrantes et aussi nécessaires que la prenuère. L’une est que le poisson peut comprimer à son gré, jusqu'à un certain point, sa vessie, ou la laisser se dilater, ce que l'on prouve par les muscles propres dont la vessie est pourvue dans certains poissons, et par l’action mé- diate que les côtes et les muscles de l'abdomen exercent sur elle dans tous ceux qui l'ont. M. Delaroche adopte aussi cette seconde partie de l'opinion commune. Il pense même que c’est de cette manière que le poisson supplée, lorsqu'il s'élève, à la pression qu’exercoit sur sa vessie, dans la profondeur, la colonne d’eau qui pesoit sur elle. Autrement l'air, qui ne séroit plus comprimé, se dila- D'HISTOIRE NATURELLE. 181 teroit trop, et rendroit le poisson trop léger, ou même pro- duiroit quelque rupture, ainsi qu'il arrive aux poissons que lon üre trop vite de très-bas, comme M. Biot l'a observé. Mais qui ne voit que ce seroit, de la part de la nature, cor- riger assez maladroitement un défaut qu'elle pouvoit se passer d'introduire dans son ouvrage. Elle n’avoit qu’à ne pas donner de vessie du tout aux poissons, et nous venons de voir qu’elle n’en avoit pas besoin pour les mettre en équilibre avec l’eau; alors elle n’auroit pas eu besoin non plus de cet appareil de compression, que l’on ne veut faire servir qu'à corriger les mconvéniens d’une vessie inutile. Aussi creyons-nous qu'il n’y a que la troisième et la princi- pale partie de l'opinion commune qui résolve réellement le problème; c’est celle qui dit que la vessie est là pour aider le poisson à s’abaisser et à s'élever, selon qu’elle est comprimée et dilatée, et nous avouons que nous ne voyons pas pourquoi M. Delaroche rejette cet emploi, dont les deux autres ne sont, selon nous, que des accessoires. Que le poisson ait une force suffisante pour se faire descen- dre, c’est ce qui résulte clairement de ce que M. Delaroche lui-même accorde; car, si le poisson qui vient de monter de trente pieds, par exemple (et il est diflicile de ne pas croire que plusieurs espèces puissent monter ainsi sans accident); si, disons-nous, un tel poisson a assez de force pour compri- mer sa vessie par le moyen de ses muscles, au même degré que faisoient auparavant les trente pieds d’eau qu'il avoit de plus sur le corps, il est évident qu’un poisson semblable, sup-, posé en équilibre à la hauteur où le précédent vient de monter, aura aussi assez de force pour comprimer sa vessie, autant 14. 24 182 ANNALES DU MUSÉUM que feroit l'addition d’un poids de trente pieds, et qu'il résul- tera d’une telle compression une diminution de volume plus que suflisante pour le forcer à descendre. M. Delaroche ne fait d’ailleurs, contre cette partie la plus essentielle de l'opinion vulgaire, qu’une seule objection qu'il emprunte de M. Fischer; c’est que les variations de pesan- teur spécifique qui peuvent résulter pour la totalité du corps des poissons, des variations du volume de la vessie étant très- petites, les ascensions ou les descentes qui en sont la suite ne peuvent être que très-lentes; mais outre que ces variations n'ont pas encore été mesurées, personne n’a jamais dit que la vessie ne püt étre aidée dans cette fonction par d’autres organes. Les poissons, qui n’ont pas de vessie, montent et descendent bien, quoique toutes choses égales d’ailleurs, avec moins d’ai- sance. Or, ceux qui ont une vessie ont en outre tous les or- ganes qu'emploient ceux qui n'en ont pas, et ils peuvent s’en servir comme eux, en même temps qu'ils se servent de la vessie qu'ils ont de plus qu'eux. Une diflicuité que nous avons quelquefois entendu ajouter à celle-là, est de demander comment un poisson, qui veut monter du fond de la mer, peut trouver la force de soulever, au moyen de ses côtes, ou en général de ses tégumens, l'énorme colonne d’eau qui pèse sur lui, afin de laisser à sa vessie la liberté de se dilater. Mais comme cette vessie est déjà, par sa compression, en équilibre avec l’eau qui la presse, le moindre effort suifit; et cet effort même, si petit qu'il soit, n’est pas encore nécessaire; que le poisson s'élève seulement à quelques pieds par les moyens qui lui sont communs avec les poissons sans vessie, aussitôt sa vessie moins comprimée ne se dilatera D'HISTOIRE NATURELLE, 183 que trop; et d’après les propres expériences de M. Delaroche, elle l'enlevera avec précipitation vers le haut, et lui déchirera les entrailles s'il ne se hâte de la resserrer. Cette seconde ob- jection se réfute donc comme la premiere. Ainsi, nous croyons devoir nous en tenir aux idées de Borelli sur l'emploi de la vessie aérienne des poissons; mais quoique nous différions en ce point d'opinion avec M. Dela- roche, nous n’en regardons pas moins son Mémoire comme digne de recevoir l'approbation de la classe pour le grand nombre d'observations nouvelles et exactes qu'il contient sur la structure anatomique de la vessie, ainsi que sur la nature et les sources de l'air qu’elle renferme, et nous avons en con- séquence l'honneur de proposer à la classe d’en ordonner l’im- pression parmi ceux des savans étrangers. Signé, Lacérine, VAuQuEuN, Cuvirr. À 184 ANNALES DU MUSEUM OBSERVATIONS Sur la vessie aérienne des poissons. PAR F. DELAROCHE, Docteur Médecin. EE nt de del el INTRODUCTION. Je me propose, dans ce Mémoire, de donner la description de la vessie aérienne des poissons, et d'exposer ce que l'on connoïit sur ses fonctions. Quoique cet orgaie soit propre à des animaux d’une classe inférieure à celle des mammuferes, il en est peu dont l'étude offre plus d'intérêt, par les considéra- tions physiclogiques auxquelles elle peut se lier : aussi a-1-elle déjà {xé l'attention d’un grand nombre de savans. Ce n’est cependant que depuis le milieu du dix-septième siècle qu'on a commerce à acquérir sur la vessie aérienne des poissons quelques notions générales; auparavant on s’étoit borné à don- ner des descriptions particulières et i:complètes de sa dispo- sition dans quelques espèces. À cette époque, Needham (1) rendit compte de ses principales variétés. Il chercha à montrer (1) Disquisitio de formato fætu auctore Gualtero Necdham. Amst. 1668, pag. 172 et seq. D'HISTOIRE NATURELLE. 185 que le gaz qu’elle renferme est le produit d’une sécrétion, et que ce gaz, versé ensuite dans le canal intestinal par le moyen d’un conduit particulier, favorise la digestion. Il pensoit aussi qu’elle sert à la natation en diminuant la pesanteur spécifique du poisson. À peu près à la même époque, Borelli étendant celte dernière idée, crut voir dans la vessie un véritable ins- trument de natation, par le moyen duquel le poisson peut s'élever ou s'abaisser dans l’eau, sans le secours de ses na- geoires (1). Ray qui, dans l'introduction à l’ouvrage de Wil- lougby sur les poissons, essaya de donner l’histoire de cet organe, n'ajouta presque rien à ce qu’avoient dit ses prédé- cesseurs. Redi, au contraire, publia sur ce sujet plusieurs observations nouvelles. Il s’attacha particulièrement à indi- quer les nombreuses variétés de forme que présente la vessie dans les diverses espèces de poissons (2). Il s'étendit beaucoup moivs sur l’histoire de ses fonctions. Il avanca cependant for- mellement opinion que le gaz contenu dans son intérieur y est apporté du dehors par le canal aérien; opinion qui, au reste, avoit élé déjà émise par d’autres auteurs plus anciens, et que Borelli avoit également adoptée. J’ai dit plus haut que Needham pensoit, au contraire, que ce gaz est le produit d’une sécrétion Perrault ayant cru reconnoître que chez plu- sieurs poissons le canal aérien manque entièrement, concilia en quelque facon ces deux hypothèses, en appliquant la der- nière aux espèces dans lesquelles le canal manque, la première à celles dans lesquelles il existe ('); mais ses observations, (1) De motu animalium, 1680, tom. 1, pag. 332 et suiv. (=) Dans le Mémoire ayant pour titre, Degli animali negli animali viventi, tom. 1 de ses Œuvres. (3) Œuvres diverses de physique et de mécanique, tom. 2, pag. 383, 186 ANNALES DU MUSEUM à cet égard, ont été presque généralement oubliées. Le dix- huitième siècle, pendant les soixante-dix premières années, n'a été marqué par aucun travail important sur la vessie aérienne des poissons, si l’on en excepte la description donnée par Petit, de la vessie de la carpe et des valvules qui, suivant lui, empêchent le passage de l’air de l’æsophage dans l'intérieur de la vessie, au travers du canal aérien (1). Mais il n’en a pas été de même des années qui se sont écoulées depuis. Divers auteurs, tels que Monro (2), Kælreuter (3), MM. de Lacé- pède (4), Geoffroy (5) et Cuvier (6), ont décrit cet organe avec plus de soin qu’on ne l’avoit fait jusqu’à eux, ou ont émis sur la manière dont s’exécutent ses fonctions, des théories ingénieuses. D’autres, et dans ce nombre il faut citer particu- lièrement MM. Fourcroy (7), Biot (8), Vauquelin, Geof- froy (9), Humboldi (10), et Configliati (11), ont fait connoitre (1) Mémoires de l'Académie des sciences, 1733, pag. 197. (2) The structure and physiology of fishes by Alexander Monro. (3) Observationes in gado lotà institutæ auctore Kælreuter, in novis eommentariis petropolitanis, tom. 8, pag. 424. (4) Histoire des poissons, introduction au premier volume. (5) Dans l’avant-dernier numéro de ce recueil. (6) Leçons d’Anatomie comparée, tom. V. (7) Annales de chimie, vol. I, pag. 47. (8) Mémoire sur la nature de l’air contenu dans la vessie natatoire des poissons, dans les Mémoires de la Société d'Arcueil, tom. 1. (9) Expériences inédites citées dans le Mémoire de M. Biot. à (10) Observations sur l'anguille électrique, dans le Recueil d'observations zoolo- giques faites pendant son voyage; et recherches sur la respiration des poissons, par MM. Provençal et Humboldt, dans le tome 2 des Mémoires de la Société d’Arcueil. (11) Je ne connois ces expériences que par une note insérée dans le Mémoire de M. de Humboldt sur l’anguille électrique. Dr nt ES Fe PUR pr D'HISTOIRE NATURELLE. 187 la nature du gaz qu'il renferme; d’autres enfin, savoir, MM. Schneider (1) et Fischer (2) ont publié, chacun de leur côté, une histoire assez complète des différentes recherches aux- quelles il a donné lieu. On doit aussi à ce dernier auteur des considérations intéressantes et nouvelles sur les usages de la vessie. On sera peut-être surpris qu’un sujet si souvent trailé puisse encore prêter à de nouvelles recherches; mais l’on cessera de l'être si l’on réfléchit qu'il en est de même de lhistoire de la vessie aérienne des poissons que de celle de la plupart des organes des animaux. Elle est loin d’être bien connue, ét l’on n'aura de long-temps terminé les recherches auxquelles elle peut donner lieu. Celles que je présente ici pourront peut-être jeter du jour sur quelques-uns de ses points peu connus. Je m'estimerai fort heureux si l’on juge qu'elles soient propres à remplir ce but. Je diviserai ce que j'ai à dire de la vessie aérienne des pois- sons en deux parties; dans la première, je ferai l’histoire gé- nérale de cet organe; dans la seconde, je décrirai la vessie de divers poissons considérés dans chaque espèce en particulier. La première partie sera elle-même divisée en deux sections: l'une purement descriptive; l’autre consacrée à l’histoire des fonctions de cet organe. (1) Dans les notes qu'il a ajoutées à la traduction allemande de l’anatomie des poissons, par Monro. : (2) Versuch über die Schwimmblase der Fische von Gotthelf Fischer. Leipzig 1795. 188 ANNALES DU MUSEUM Re 1 ice LIU le le 0 me PREMIÈRE PARTIE. De la vessie aérienne considérée d'une manière générale. PREMIÈRE SECTION. Description de la vessie. L’ox donne le nom de vessie aérienne ou vessie natatoire à cette poche remplie d’un fluide gazeux que l’on trouve dans l'intérieur du corps des poissons, et que l’on regarde généra- lement comme destinée à faciliter leurs mouvemens dans l’eau. Cette définition, quelque courte qu’elle soit, renferme pres- que tout ce qu’on peut dire de général sur cet organe. Il n’en est peut-être aucun en effet, dans l'économie animale, qui présente plus de différence dans les diverses espèces d’une même classe. C’est ce qu’il sera facile de voir par les détails que je donnerai dans les articles suivans, sur la situation, la forme, la structure, les connexions et les dimensions de la vessie; sur le canal par lequel elle communique avec le conduit ali- mentaire; sur les organes que l’on peut présumer devoir servir à la sécrétion du gaz qu’elle renferme; enfin sur la nature de ce gaz lui-même. La vessie aérienne n’existe pas dans tous les poissons; plu- sieurs en soul entièrement privés; mais le nombre de ceux-ci PS ir D'HISTOIRE NATURELLE. - ‘189 est fort inférieur à celui des espèces dans lesquelles la vessie existe. | Je présenterai ici quelques remarques sur les circonstances qui accompagnent la présence ou l'absence de cet organe. Les poissons aplatis, et nageant dans une ‘position hori- zontale, comme les raies et les pleuronectes, n’ont point de vessie aérienne. Le contraire s’observe pour ceux qui sont très-comprimés latéralement, comme les zées et les chétodons. Parmi les poissons ronds, ce sont particulièrement lesespèces à facultés natatoires très-développées, comme les squales, les raies et plusieurs scombres, qui sont privées de vessie. Cet organe manque également chez plusieurs de ceux qui, comme les baudroies, la plupart des scorpènes, l’uranoscope rat, vi- vent- presque constamment cachés dans la vase, ou du moins ne s’écartent presque jamais du fond. Il n’y a pas de connexion-bien manifeste entre l'absence ou la présence de la vessie et les rapports naturels qui unissent entre eux les poissons. Il n’est peut-être aucune famille, si lon en excepte celle des poissons qui ont plusieurs ouvertures branchiales, et celle des pleuronectes, dans lesquelles il n’y ait au moins quelques espèces pourvues de vessie, Il en est très-peu, au contraire, dans lesquelles il n’y ait des espèces qui en sont privées; et, quoiqu'il existe sous ce rapport plus de conformité entre les espèces du même genre, cette con- formité est cependant loin d’être complète. On pourroit allé- guer, pour appuyer celte assertion, un grand nombre d’exem- ples; mais je me bornerai à citer, comme les plus frappans, celui de la scorpène volante, qui est pourvue d’une vessie, tandis que la plupart des autres espèces n’en ont point; et celui d’une espèce de scombre (scomber pneumatophorus, 14. 25 La 190 , ANNALES DU MUSÉUM Nob.) qu’on a presque toujours confondue avec le maquereau ordinaire, dont elle ne diffère presque que par la présence d'une vessie aérienne. Je n'ai jamais observé que la vessie aérienne apportät, par sa présence ou son absence, d’autres changemens notables dans l’organisation des poissons, L'absence de la vessie, lorsqu'elle a lieu, est complète : ou cel organe a son entier développement, ou il manque tout- à-fait. Je ne connois pas d'espèce qui n’en présente que de simples rudimens, J'avois envie de présenter ici une liste aussi complète que possible des espèces qui ont une vessie aérienne; mais j'ai ré- fléchi que cette liste seroit très-longue et peu intéressante. Je me bornerai donc à donner celle des espèces connues qui en sont privées, soit d’après mes propres observations, soit d'a- près celles des autres. Je me suis assuré moi-même de l'absence de la vessie dans tous les poissons de cette liste, dont le nom n'est accompagné d'aucune autre citation que celle de l’auteur qui l'a le premier employé. Petromyzon marinus. (Lin. ). — fluviatilis. (Lin. ). Raja clavata. (Lin.). — oxyrinchus..( Lin.). Torpedo narke.( Dumér. ). Et, à ce qu'il paroît, toutes les espèces de raies et de torpilles. Squatina angelus. (Dumér. ). Squalus catulus. (Lin. ). — galeas. ( Lin.). — muslela. ( Lin.) —"" acanthias. (Lin. ). Et, à ce qu'il paroît, toutes les espèces de squales. Chimæra monstrosa (Lin.), suivant Stenon. D'HISTOIRE NATURELLE. . EOX Lophius budegassa. (Spinola). — piscatorius (Lin.), suivant M. Cuvier et plusieurs autrés naturalistes, m Tetrodon mola ( Lin.), suivant M. Cuvier. Cyclopterus lumpus (Lin.), suivant Willougby. Diodon mola (Bloch), suivant Blo.h. Ammodyvtes tobianus ( Lin.); suivant M. Cuvier. Stromateus paru (Lin.), suivant Bloch. Callionvmus dracunculus. (Lin. ), idem. Blennius ocellaris. ( Lin. ). — gunellus (Lin.), suivant Willougby. — gattorugine (Lin.), idem. — superciliosus (Lin.), suivant Bloch. — viviparus (Lin.), idem. (1) Uranoscopus scaber. (Lin. ). Trachinus draco. ( Lin. ). — lineatus. ( Bloch). ? Cæpola tænia (Lin.), suivant Bloch. Echeneis remora (Lin.), idem. Cottus quadricornis ( Lin.), idem. — gobio (Lin.), suivant Redi. Scorpæna porcus. ( Lin. ). — scrofa. (Lin.). — dactyloptera. (Delaroche). Pleuronectes platessa. ( Lin. ). _— limanda. (Lin.). — flesus. (Lin. ). Et, à ce qu'il paroît, toutes les espèces de pleuronectes. Scomber seomber (Lin. ).: — mediterraneus (Bloch). — thynnus. (Lin.). Salmo saurus. (Lin. ). (1) Les auteurs ne sont pas d’accord sur l'absence dela vessie aérienne chez ce poisson ; mais je me suis assuré, par des dissections faites avec beaucoup de soin ‘et répétées sur plusieurs indivi- vus, qu’elle estcomplète. IL paroît que Willougby, et depuis lui, Bloch, ont pris pour une vessie aérienne la vésicule biliaire, dont le volume est plus grand dans cette espèce que dans aucune autre à moi connue, 25 * 192 ANNALES DU MUSÉUM $. 1. De la situation de la vessie. » LA La vessie aérienne ést presque toujours située dans la partie supérieure où dorsale.de la cavité abdominale, immédiatement au-dessous des reins et de la colonne vertébrale, au-dessus des organes digestifs et génitaux. Quelquefois elle règne dans toute Ja longueur de cette cavité; d'autrefois elle n’en occupe qu'une partie. Dans quelques poissons, tels que la cépole rou- geatre, elle est située plus en arrière, ce qui, au premier aspect, peut faire douter de son existence. S. 2. Des dimensions de la vessie. La vessie n’a pas les mêmes dimensions chez tous les pois- sons; elle est très-grande chez quelques-uns d’entre eux, tels que les gades, les holocentres, le bichir (polypterus niloticus), très-petite dans d’autres, tels que l'anguille et la murène (mu- rænophis helena, Lac.). Il est difficile de dire à quoi tienuent ces différences, ou quelle influence elles ont sur le poisson (1). (:) M. de Humboldt, frappé du volume considérable delà vessie dans le gym- Aotus electricus, et le comparant avec les petites dimensions que cet organe acquiert dans le gymnolus æquilabiatus, a pensé qu'il existoi tpeut-être une connexion entre sa grandeur et les propriétés éleciriques du poisson. Il est très-possible qu'il en soit ainsi; mais je ferai remarquer qu'on observe, dans d'autres cas, des différences ana- logues, quoique moins tranchées, entre deux espèces d'un même genre, sans qu'elles soient liées à aucun ‘phénomène électrique. C’est dinéi que, dans le congre, la vessie a un volume proportionnel au moins dix fois plus grand que dans Vieulle. nn on D'HISTOIRE NATURELLE. 193 $. 3. De la forme de la vessie. La forme de la vessie est extrémement variable, Le plas souvent cet organe ne présente qu’une cavité; quelquefois il en présente deux, et d'autrefois trois. Redi en a observé quatre dans un poisson, qu’il appelle pesce d’oro, et qu'il décrit d'une manière trop incomplète pour qu’on le puisse reconnoître. Lorsque la vessie a deux cavités, elles sont tantôt situées l'une devant l’autre, et réunies par un canal étroit comme dans les cyprins, tantôt à côté l’une de l'autre, comme dans les silures et certains diodons; quelquefois elles sont tout-à-fait isolées comme dans le bichir (polypterus niloticus , Geof.). Les mêmes diflérences s’observent entre les vessies qui ont trois cavités. Chez la tanche de mer (blennius phycis, Lin.), ces cavités sont situées sur la même ligne d’avant en arrière; chez l’hirondelle de mer (trigla hirundo ; L.), elles sont dans une même direction transversale. Lorsque la vessie n’a qu’une seule cavité, elle est le plus souvent allongée d’avant en arrière, tantôt entière, tantôt fourchue à l’une ou l’autre de ses extré- mités. Quelquelois elle est ovalaire ou arrondie comme dans les trigles; quelquefois aussi, comme dans le tetrodon oblon- gus,son plus grand diamètre est transversal. Les parois de la cavité de la vessie sont, en général, lisses à l’intérieur; d'autrefois , ainsi que cela s’observe dans quelques silures, elles portent des cloisons ou replis de la membrane interne qui divisent celte cavité en plusieurs cellules. Je n’entrerai pas ici dans de plus grands détails sur les va- riétés de forme que présente la vessie. Ceux que je donnerai sur ce sujet, dans la seconde partie de ce Mémoire, les ren- droient inutiles. ANNALES DU MUSÉUM [1 Le) + S. 4. De la structure des parois de la vessie. Les parois de la vessie aérienne sont presque constamment formées de deux membranes propres, l'une externe fibreuse, l'autre interne celluleuse. Cetie dernière paroît la plus essen- tielle à la vessie, Elle varie peu pour la consistance, et forme toujours un sac sans ouverture, ou du moins sans ouverture autre que celle du canal aérien. Sa face interne est lisse et assez semblable à celle des membranes séreuses La membrane externe est beaucoup plus variable, Tantôt son épaisseur est très-grande, tantôt elle ne dépasse guère celle de la membrane interne. Elle est quelquefois opaque, d'autrefois transparente. Sa consistance est très-ferme, presque cartilagineuse dans cer- tains poissons, tels que l’ophidium barbatum ; d'autrefois elle n'en a presque aucune, et se déchire avec la plus grande facilité. Elle est osseuse dans les loches, et particulièrement dans le cobitis fossilis ; il est à remarquer que sa force n’est pas tou- jours en raison de son épaisseur. Cette membrane existe le plus souvent dans tout le pourtour de la vessie; d'autrefois elle n’en couvre qu’une partie. Dans ce cas, c’est ordinairement la paroi supérieure de la vessie qui en est dépourvue, les parois même de la cavité abdomi- nale la remplaçant dans ce lieu. Chez les cyprins, elle semble manquer dans toute l'étendue des parois de la cavité posté rieure, dont la membrane interne est simplement fortifiée par des fibres aponévrotiques extérieures qui lui adhèrent inti- mement. L'adhérence entre ces deux membranesest, en général, assez lâche, et se fait par du tissu cellulaire entremélé de quelques D'HISTOIRE NATURELLE. 199 nerfs et vaisseaux. Quelquefois, comme dans le tetrodon oblon- gus, celte adhérence est plus forte, et il devient difficile de la rompre. Outre ces deux membranes, la vessie est toujours recou- verte, dans une partie plus ou moins grande de son étendue, par une troisième tunique que fournit le péritoine. Tantôt cette dernière membrane est simplement étendue sur la paroi inférieure de la vessie, et abandonne promptement pour se porter sur les côtés des parois de la cavité abdominale; tantôt elle se réfléchit plus ou moins haut sur les parois latérales de la vessie, et quelquefois sur les côtés de sa paroi supérieure, de la même manière que sur la plupart des autres. viscères abdominaux. Cette derniére disposition s’observe entre autres dans les cyprins et dans certains trigles : la première dans les spares, plusieurs gades, et un grand nombre d’autres poissons. C’est, en général, à ces membranes que se bornent les tissus qui forment les parois de la vessie; mais souvent elles sont fortifiées par des muscles. Ces muscles s'étendent quelquefois des parties voisines à la vessie, mais c’est le cas le plus rare, et je n'ai observé cette disposition que dans un petit nombre de poissons. Dans le cabillaud (gadus morrhua, Läv.), ils” s'étendent de Pextrémité des apophyses transverses des pre- mières vertèbres aux parties latérales antérieures de la vessie, Chez le diodon rivularis ( Dumér.), ils se portent de la colonne vertébrale à la partie supérieure du lieu de réunion des deux cavités qui forment la vessie. Dans la scorpène volante, ils s'insérent, d'une part, à la base du crâne; de l'autre, à l'ex- trémité postérieure de la vessie dont ils embrassent les côtés. La piece osseuse mobile qui peut s'avancer dans la cavité de la vessie de l'ophidium barbatum, ei comprimer le gaz qu’elle 166 ANNALES DU MUSEUM renferme, est mue par des muscles particuliers, dont les ans naissent du crâne, les autres de la colonne vertébrale. Les muscles propres de la vessie s’insèrent bien plus fré- quemment par leurs deux extrémités aux parois de cetle ca- vité. Dans ce cas, ils sont toujours en dehors de la iwembrane externe; mais quelquefois l'extrémité de leurs fibres est com= prise-entre les deux feuillets de cette membrane, qui se dédouble en cet endroit. Les muscles de ce genre sont presque toujours pairs, et leurs fibres sont, en général, transversales à leur lon- gueur. Dans les trigles ils sont très-forts, et occupert presque toute la paroi supérieure de la vessie. Ils en occupent les parois latérales dans la dorée ( zeus faber), et la postérieure dans le diodon rivularis (Dumér.). Dans laiglelin (gadus ægle- Jinus, Lan.), ils sont situés à la partie antérieure et un peu latérale de cet organe. Ils embrassent les petites cornes de sa cavité antérieure dans le b/ennius phycis (Lin.). Je n'ai pu découvrir aucun rapport entre la présence ou l'absence de ces muscles propres, et l’organisation de la vessie ou des autres parties du poisson. Il seroit naturel de supposer qu'ils existent particulièrement dans les espèces, dont les tégumens osseux ou cartilagineux s'opposent à la compression que pourroient exercer sur la vessie les muscles latéraux; mais il n’en est pas toujours ainsi. Je n’ai découvert aucun muscle propre de la vessie dans l’ostracion triangu- laire, ni dans le syngnathus rondeletii. S. 5. Des connexions de la vessie aérienne. La vessie aérienne tient aux parties environnantes avec plus ou moins de force, suivant les différentes espèces de poissons. D'HISTOIRE NATURELLE. 197 Cette connexion n’a lieu quelquefois que par le moyen d’un tissu cellulaire lâche et du péritoine. Le plus souvent la membrane externe envoie des prolongemens aponévrotiques ou tendineux, qui vont s'insérer à la colonne vertébrale ou aux côtes. Quelquefois cette dernière membrane se confond par son bord externe avec le périoste des côtes ou des apo- physes transverses des vertèbres. Enfin dans quelques poissons elle tient aux parties environnantes par des muscles particu- lientéonts; S. 6. Du canal aérien. La vessie aérienne, dans un grand nombre de poissons, n’est point un sac sans ouverture. Elle communique avec l'œsophage ou l'estomac par un conduit, dont la disposition et la struc- ture varient beaucoup. - La plupart des naturalistes pensent que ce conduit, auquel on donne communément le nom de canal aérien, existe tou- jours. Parmi ceux qui ont embrassé cette opinion, les uns, et c’est le plus grand nombre, l'ont adoptée sans la motiver, et méme sans supposer qu'on püt en avoir une autre. D’autres, tel que Redi, reconnoissent qu’on ne peut pas toujours aper- cevoir le conduit aérien, mais pensent qu'il n’en existe pas moins, et qu'il est simplement masqué, soit par sa petitesse, soit par quelque autre cause. Quelques naturalistes cependant, tels que Monro (1) et Kælreuter (2), ont nié formellement lexistence d’un pareil conduit dans certains poissons; mais (:) The structure and physiology of fishes. Edimb. (2) Observ. in gado lotà instif, in nov. comment, Petrop. vol, 19; pag. 424. 14. 26 198 ANNALES DU MUSEUM leurs observations, à cet égard, étant peut-être dénuées de preuves ni semblent avoir été oubliées. L'importance de cette question, pour l'histoire de la vessie aérienne; m'a engagé à en chercher la solution avec beaucoup de soin. Ces recherches, pour lesquelles j'ai profité de mon séjour dans un lieu où je pouvois me procurer facilement des poissons très-frais et d’un assez gros volume, m'ont convaincu que, dans plusieurs de ces animaux, et même dans la plupart de ceux qui habitent la mer, il n'existe point de canal aérien ni aucune autre communicalion, soit médiate, soit immédiate, entre la vessie et l'extérieur. Je vais indiquer les preuves sur lesquelles je fonde cette opinion. Chez les poissons qui ont un canal aérien, la compresssion peut toujours faire sortir l'air renfermé dans la vessie lors- qu’on place celle-ci dans une position convenable. Chez ceux qui m'en ont paru dépourvus, la compression ne produit jamais cet effet, à moins qu’elle ne soit poussée au point de rompre les parois de la vessie. Lorsqu'on retire d’une eau profonde un des poissons de la premiere classe, ainsi que je l'ai observé sur le congre (mu- ræna conger, L.), la murène (murænophis helena, Lac. ), le serpent de mer (ophisurus serpens, Lacép.), on trouve toujours la vessie dans son intégrité, quelque difliculté qu’op- pose la disposition du canal aérien à la sortie du gaz. Il n’en est pas de même de ceux que je regarde comme dépourvus de canal. L'air dilaté, par l'effet même de la diminution de la compression exercée par l’eau, ne trouvant pas d'issue, rompt constamment les parois de la vessie, et passe dans la cavité abdominale pour se porter ensuite au dehors. Le canal aérien, lorsqu'il existe, est très-apparent. Le fluide D'HISTOIRE NATURELLE. 109 qu'il renferme lui donne, dans l’état frais, un éclat argentin qui le fait reconnoïître au premier coup-d’œil au milieu des parties environnantes. Chez les espèces que je regarde comme en étant privées, la dissection la plus soignée, en m’aidant de tous les moyens propres à faciliter ces recherches, n’a ja- mais pu me faire apercevoir rien qui ressemblät à un pareil canal. L'onifice, par lequel le canal aérien s'ouvre dans la vessie, est toujours tres-facile à reconnoître, lorsqu'on examine celle- ci après l'avoir ouverte. Chez les poissons que je regarde comme en étant privés, la face interne des parois de la vessie ne présente aucun enfoncement ou sinus que l’on puisse pren- dre pour le commencement de ce canal. Le canal aérien prend son origine dans l’intérieur de la cavité formée par la membrane intérieure. Il faut donc néces- sairement qu'avant de sortir de l’épaisseur des parois de la vessie, il traverse l’espace réel ou imaginaire compris entre les deux membranes, ou, ce qui revient au même, qu’il s’é- tende de l’une à l’autre. On doit en conséquence, toutes les fois qu'il existe, le rencontrer en les séparant. Or, dans plusieurs poissons, et notamment dans le spet (spyræna spet, Lacép.), dans le labre à trois taches ( Lac.), la perche de mer (Aolo- centrus marinus, Lac.), le seran (Zutjanus seran, Lac.), le loup (perca labrax, Lin.), on peut séparer ces deux mem- branes dans toute leur étendue, sans rencontrer autre chose qu'un tissu cellulaire lâche et très-fin, et quelques vaisseaux sanguins presque imperceptibles. Dans un seul point l’adhé- rence est plus forte; c’est à l'endroit de l'entrée des principaux vaisseaux. J’ai porté particulièrement mon attention sur ce point, el j'ai toujours reconnu que le cordon, qui pénètre en 2600 200 ANNALES DU MUSEUM cet endroit la vessie, est entièrement formé par les vaisseaux, que j'ai isolés les uns des autres avec le plus grand soin, de manière à n’assurer qu'il n’y avoit dans cet endroit aucun canal aérien. Il est à remarquer qu'un examen superficiel pourroit, au premier aspect, faire prendre le tronc des vais- seaux lui-même pour un pareil canal, et cela d'autant plus qu'il se porte le plus souvent du côté de l'œsophage ou de l'estomac. C’est, à ce qu'il paroit, ce qui est arrivé à quelques naturalistes. Entlin, chez les poissons que je regarde comme privés de canal, la vessie présénte une disposition particulière que je n'ai jamais observée dans les autres espèces, ainsi que je l'in- diquerai plus bas. Je n’énumérerai poiit ici les espèces qui m'ont paru privées de canal aérien, et je me bornerai à dire que je n'ai aperçu ce conduit dans aucun poisson jugulaire ou thoracique, et que parmi les abdominaux quelques espèces, telles que la sphy- ræna spet (Lac.) et l'esox belone (Lin.), eu sont également “dépourvues. Le canal aérien, lorsqu'il existe, est presque toujours simple. Le poisson appelé par Redi pesce d'oro, offre le seal exemple connu d’une vessie qui donne naissance à plusieurs canaux; encore ces caraux se réunissent-ils de manière à n’en former qu’un avant leur entrée dans l’æsophage. La terminaison du canal aérien se fait presque constamment dans l'œsophage ou à l'entrée de l'estomac. Dans les clapées, elle se fait au fond du cul-de-sac formé par ce dernier viscère. Le lieu où ce canal naît de la vessie est très-variable; le plus souvent c'est de l'extrémité antérieure de cette cavité. C’est de sa partie moyenne dans les murènes et les clupées. Dans D'HISTOIRE NATURELLE. 201 les cyprins, il naît de la cavité postérieure de la vessie, vers le lieu de sa réunion avec l'antérieure. La longueur du canal aérien est très-variable. Elle est assez grande chez les poissons dans lesquels ce conduit nait du milieu de la vessie, très-petite chez ceux dans lesquels il naît de son extrémité. Son diamètre ne varie pas moins. Il est presque aussi grand que celui de la vessie dans les murènes; il l’est très-peu dans les cyprins. L'orifice par lequel le canal s'ouvre dans l'œsophage est presque aussi large que le canal lui-même chez quelques pois- sons, tels que les saumons; mais le plus souvent il est fort étroit. Dans les cyprins, cet orifice est, suivant plusieurs au- teurs (1), muni de valvules qui s'opposent à l'introduction des fluides contenus dans l’œsophage (2). Dans lesturgeon, ce même orifice est très-long, et entouré, suivant Monro et M. Cuvier, de fibres musculaires faisant office de sphincter. IL est également fermé, suivant M. Cuvier, par un véritable sphincter dans le bichir (polypterus niloticus, Geofir.). L’orifice par lequel le canal aérien s'ouvre dans la vessie , est tellement oblique dans certains poissons, comme le congre, les cyprins, qu’on a beaucoup de peine à faire passer dans ce canal, à l’aide d’une simple pression, l'air renfermé dans la vessie; mais cela n’est jamais impossible lorsqu'on a laissé toutes les parties dans leur rapport naturel de situation. Le canal aérien n’est, dans quelques poissons, tels que les saumons, qu'un rélrécissement de la partie antérieure de la (1) Petit, Mémoires de l'Académie des sciences, ann. 1733, pag. 197. Kælreuter, Nov. comment. Petropol, vol. 15, pag. 5ot, et Scheïd, (2) Je n'ai pas su apercevoir moi-même ces valvules, 202 ANNALES: DU MUSÉUM vessie, Chez d’autres, et c’est en particulier le cas de ceux dans lesquels il nait du milieu de la longueur de cette cavité, il en est fort distinct. Dans ce cas, ses parois sont seulement formées par une prolongation de la membrane interne entourée par le péritoine, et fortifiée quelquefois par des fibres aponé- vrotiques, qui lui adhèrent intimement. Je nai jamais vu qu’elles fussent formées par la prolongation de la membrane externe. Dans les cyprins, ces mêmes parois s'épaississent beaucoup dans le voisinage de la vessie; mais je n’ai pas pu déterminer quelle est la substance qui produit cette augmen- tation d'épaisseur. r S:7. Des corps rouges el de quelques autres organes qui font partie des parois de la vessie aérienne des poissons. Avant de terminer ce que j'ai à dire de la structure des parois de la vessie; 1l me reste à parler-d’un organe très-singulier que l’on trouve dans l'épaisseur de ces parois. Cet organe, qui Éonsiste dans une réunion de corps rouges et d'apparence charnue, et sur lequel on n’a jusqu'à présent donné que des renseignemens très-imparfaits (1), manque dans plusieurs poissons; mais il existe dans toutes les espèces qui sont privées de canal aérien, dans toutes celles du moins que j'ai disséquées moi-même : seulement il varie beaucoup, quant à son aspect et à son développement. Très-apparent dans quelques poissons, tels que les trigles, les gades et la plupart des perches ; il l'est (1) Beaucoup d'auteurs en ont parlé; mais aucun n’en a donné de description exacte. On ne les a observés jusqu’à présent que dans un petit nombre de poissons, et particuliérement dans les gades. D'HISTOIRE NATURELLE. 203 irès-peu dans d’autres, tels que certains labres, lesox belone, etc. Il varie encore plus, quant à son aspect, au volume et à la disposition relative des corps qui le constituent par leur réu- nion. Ces corps forment, chez la plupart des gades, une masse épaisse, arrondie, d'apparence spongieuse, Chez les trigles, les holocentres, la perche commune , ils sont isolés, de forme allongée, presque quadrilatère, disposés en guirlande autour du point par lequel les vaisseaux qui les nourrissent pénètrent dans les parois de la vessie. Dans les spares, ils sont accolés par leurs bords latéraux, de manière à former une bande souvent interrompue, et différemment contournée au- tour d’un espace vide, de forme variable. Ils sont disposés en une grappe allongée dans l'atherina hepsetus. ls en! forment quatre disposées en croix dans le blennius phycis (Lin.). Il seroit trop long d’énumérer ici les différens aspects qu’ils pré- sentent dans les autres poissons, et je me borne à ces exem- ples, parce qu'ils se rapportent aux cas les plus ordinaires. Je renvoie, pour de plus amples détails, à la seconde partie de ce Mémoire. Quelle que soit la diversité de proportion et de disposition relative que présentent les corps rouges dont il est ici question, ils n’en paroissent pas moins être toujours les mêmes, quant à leur situation, leur conformation et leur structure. Ils sont constamment situés entre les deux membranes de la vessie, ou plutôt dans lépaisseur de la membrane interne, le plus souvent à la partie antérieure de la paroi inférieure de cette cavité. Leur forme, lorsqu'ils sont isolés, est, en général, oblongue. Leur couleur est un rouge semblable à celui du sang. Leur consistance est un peu ferme. Leur £substance semble homogèue dans toute leur étendue. Ils reçoivent, par 204 ANNALES DU MUSEUM une de leurs extrémités, des vaisseaux considérables provenant d'un gros tronc qui, après avoir traversé la membrane ex- terne, au milieu de l’espace qu'ils occupent, se distribue en rayonnant dans l'intervalle des deux membranes. Ils paroissent eux-mêmes , lorsqu'on les examine avec soin, entièrement formés par un amas de vaisseaux extrêmement ténns, parallèles entre eux, longitudinaux, tellement serrés et unis les uns aux autres, qu'il est presque impossible de les isoler. De leur ex- trémité opposée à l'entrée des vaisseaux artériels et veineux, naissent une multitude de ramuscules vasculaires, d’un rouge pâle, qui se distribuent en divergeant dans un renflement que la membrane interne présente en cet endroit, et s'y perdent après un trajet très-court. Ces derniers vaisseaux, par leur cou- leur, leur aspect, leur mode de distribution, paroissent être d’un ordre différent de ceux qui constituent les corps rouges eux-mêmes, et leur disposition est telle, que l'on peut natu- rellement supposer qu’ils viennent s’aboucher à la face interne des parois de la vessie. C'est à ce petit nombre d’observations que se borne ce que je sais de positif sur la structure de ces corps singuliers. De quelle nature sont les vaisseaux qui paroissent les constituer par leur union? sont-ils une continuation immédiate des ar- tères et des veines qui pénètrent dans les corps rouges? s’a- bouchent-ils avec les vaisseaux divergens qui naissent de l’ex- trémité de ces corps? suivent-ils tous la même direction? par quel tissu sont-ils réunis? Ce sont autant de questions sur lesquelles je manque de données exactes, et dont je n'entre- prendrai point de donner ici la solution. Je chercherai, dans un des articles suivans, à faire connoitre les usages de ces organes. Il me suflit, dans cette partie purement descriptive D'HISTOIRE NATURELLE. 905 de mon Mémoire, d’avoir indiqué ce que je connois de leur disposition et de leur structure. Chez les poissons de la famille des murènes, la vessie pré- sente à la fois un canal aérien et des corps rouges; mais ces corps, semblables du moins en apparence à ceux qu’on observe chez les autres poissons, qunt à leur consistence et à leur struc- ture intérieure, en diffèrent beaucoup par leur mode de ter- minaison et par la disposition de leurs vaisseaux; disposition dont je ne crois pas qu'il y ait d'exemple connu dans l’é- conomie animale. fls sont de forme variable, mais toujours au nombre de deux, situés sur les côtés de l'orifice par lequel le canal aérien s'ouvre dans la vessie. Chacun d’eux reçoit, par son extrémité antérieure, une grosse artère provenant de la bifurcation d’un tronc fort considérable, qui naît de l'aorte avec les mésentériques. Avant d'y entrer, cette artère se divise en une foule de ramuscules très-fins, qui sy rendent paralle- lement les uns aux autres, et qui semblent, en y pénétrant, changer tout-à-coup de nature. Ou cesse du moins de les aper- cevoir, et il est impossible d'y faire passer l'injection au mer cure. Cette artère est accompagnée d’une veine non moins volumineuse, qui suit exactement le même ordre de distri- bution. Jusques-là rien que de conforme au mode ordinaire de distribution des vaisseaux; mais, ce qui ne l’est pas, c’est que, du bord ou de l'extrémité opposée du corps rouge, il naît une multitude de ramuscules vasculaires, qui se réunis- sent les uns aux autres, de manière à former trois ou quatre troncs principaux, dont les uns, se recourbant, se portent sur la partie antérieure des parois de la vessie, les autres se rendent directement sur leur partie postérieure. Ces troncs se divisent et subdivisent de nouveau, et répandent leurs rameaux 14. 27 206 ANNALES DU MUSEUM sur tonte l'étendue de la membrane interne de la vessie. Des vaisseaux d’un ordre différent, mais semblables, quant à leur distribution, à ceux dont je viens de parler, les accompagnent dans toutes leurs ramifications, de la même manière que les veines accompagnent les artères, et paroissent destinés à rap- porter aux corps rouges le sang que les premiers ont ee dans les parois de la vessie. .C'est particulièrement dans l'anguille que j'ai observé cette singulière disposition des vaisseaux; disposition qui a quelque analogie avec celle de la veine-porte, mais qui en diffère ce- pendant essentiellement. Je l'ai vue chez ce poisson de la ma- nière la plus manifeste, ainsi que M. Duméril, qui a bien voulu m'aider dans ces recherches. Je l'ai vue aussi dans le congre (muræna conger), et tout me porte à croire qu’elle doit être semblable dans les autres poissons de la même famille. Dans l'ophisurus serpens et dans la murænophis helena, les corps rouges m'ont paru parfaitement semblables à ceux de l’anguille; mais je n’ai pas déterminé s'ils émettoient les mêmes vaisseaux, ignorant encore , lorsque j'ai eu occasion de dissé- quer ces animaux, la manière dont les corps rouges se ter- minent dans l’anguille. Les autres poissons pourvus de canal, que j'ai été à même d'examiner, ne m'ont rien offert de pareil. Les vaisseaux qui se rendent dans la vessie sont proportionnellement moins volumineux. Ils se distribuent simplement à la manière des vaisseaux ordmaires sur les parois de la vessie, sans se rendre dans des corps particuliers. Cependant on les voit quelquefois assez rapprochés dans quelques parties de la vessie, et notam- ment dans le voisinage de l’orifice du canal aérien, de manière à rendre cet endroit un peu plus rouge que le reste. D'HISTOIRE NATURELLE, 207 Les parois de la vessie ne contiennent, dans leur épaisseur, aucune glande; car il est évident que l’on ne peut pas regarder comme tels les corps rouges dont nous venons de donner la description. Il est pourtant une exception à cette proposition. On trouve, suivant l'observation de M. Cuvier sur les côtés de la vessie d’un poisson qu'il a regardé comme la perca la- brax (Lin.), mais qui paroït différent de celui auquel la plu- part des naturalistes ont donné ce nom (1), deux corps d’ap- parence glanduleuse, appliqués contre elle, et régnant dans toute sa longueur. Ces corps sont formés de lobes sinueux, composés, du moins en grande partie, de vaisseaux ou conduits pleins d'air, qui se réunissent les uns aux autres de manière à n’en former plus qu’un seul pour chaque lobe. Ce vaisseau s'ouvre dans l’intérieur de la vessie par un orificé assez considérable. Les orifices des différens lobes, au nombre de trente à quarante de chaque côté, sont rangés sur une même ligne. Il est à remarquer que la paroi inférieure de la vessie présente des corps rouges très-développés, assez sem blables à ceux des gades et de quelques perches. L’organe dont je viens de parler paroît appartenir exclusi- vement au poisson sur lequel M. Cuvier la observé. Il man- que entièrement dans les autres espèces connues, dans celles mêmes qui en sont très-voisines. Je l'ai cherché avec beaucoup de soin dans la perca labrax de la Méditerranée, sans le pou- voir trouver. Je me suis également assuré qu'il n'existoit point daws le poisson appelé bar, poisson de l'Océan, que la plupart (1) M. Cuvier ayant eu occasion d'observer, en dernier lieu, un second individu de ce poisson, a reconnu que c'est le cheilodiptère aigle de mer de M. de Lacépède. AU 08 ANNALES DU MUSEUM des naturalistes ont confondu avec la perca labrax. Je n'ai rien vu de semblable dans les sciæna cirrhosa et umbra, ni dans aucun des poissons que j'ai disséqués, et je ne sache pas que personne ait été, à cet égard, plus heureux que moi. $. 8. Des gaz contenus dans la vessie aérienne des poissons. - Avant que les découvertes des chimistes modernes eussent jeté un si grand jour sur la nature variée des gaz, on regar- doit le fluide aériforme, renfermé dans la vessie aérienne des poissons, comme étant semblable à l’air:atmosphérique; mais lorsqu'on eut reconnu que, sous la forme de gaz, il existoit des substances très-différentes par leur nature, quoique sem- blables par plusieurs deleurs propriétés physiques, on dutêtre curieux de rechercher quel étoit celui que renferme la vessie aérienne des poissons. Les premières recherches de ce genre; entreprises par Priestley et M. Fourcroy, semblèrent indiquer que le gaz renfermé dans la vessie de la carpe étoit de l’azote presque pur. M. Fourcroy reconnut ensuite que l'azote ne constituoit pas seul ce gaz, mais qu'il étoit mélangé d’une petite quantité d’acide carbonique. Depuis cette époque, plu- sieurs savans se sont occupés de recherches sernblables. Toutes celles qui ont été tentées sur des poissons de rivières et d’é- tangs ont fourni des résultats assez conformes entre eux, savoir, que le gaz contenu dans la vessie de ces animaux est un composé d’azote, d’oxigène et d'acide carbonique, dans lequel le premier de ces gaz est en proportion plus grande que dans l'air atmosphérique Le second est toujours en pro- portion peu considérable, Quelquefois, et c’est le cas des ex- D'HISTOIRE NATURELLE. 209 périences de M. Fourcroy, sa quantité paroit presque nulle; d’autréfois elle s'élève à seize centièmes du gaz total (1). Le gaz d'acide carbonique a été trouvé dans des proportions en général fort petites; mais la difficulté des analyses nécessaires pour déterminer la proportion de ce gaz avec quelque préci- sion, a fait que, le plus souvent, on n’a pas déterminé celle dans laquelle il fait partie du gaz contenu dans la vessie des poissons. Il paroït seulement qu’elle n’est jamais considérable. Les recherches du même genre, tentées sur des poissons de mer, ont été moins nombreuses, et ont eu ce résultat sin- gulier auquel on ne devoit guère s'attendre , que le gaz, ren- fermé dans la vessie de ces animaux, contient souvent une proportion considérable d’oxigène. Brodbelt ayant examiné le gaz de la vessie d’espadon (xiphias gladius), y trouva beaucoup d’'oxigène, mais sans en déterminer exactement la proportion (2). M. le professeur Configliati a reconnu que cette proportion s’élevoit jusqu'à quarante centièmes dans quelques poissons de la Méditerranée (3). Enfin, M. Biot ayant analysé le gaz de la vessie de plusieurs poissons de la même mer, a découvert, chez quelques-uns d’entre eux, cinquante, soixante-douze, et même quatre-vingt-sept centièmes d’oxi- gène (4). Il a fait en même temps cetie observation remar- quable, que la proportion dans laquelle ce dernier gaz fait parüe de celui de la vessie des poissons de mer, paroït étre (:) M. Biot a cru reconnoitre cette proportion dans le gaz de la vessie d’une lanche. (2) Duncan, medicalannals 1796, pag. 393, et Journal de physique de Nicholson, septembre 1797. (5) Recueil d’observations de zoologie, par M. de Humboldt, pag. 104. (4) Mémoires de la Société d’Arcueil, vol, 1, pag. 257 et suiv. 210 ANNALES DU MUSÉUM en raison de la profondeur dans laquelle vivent ces animaux, et que chez ceux de la surface elle est quelquefois aussi foible que chez les poissons de rivières ou d’étangs. Ce savant avoit l'intention de poursuivre ses recherches sur ce sujet dans sou second voyage en Espagne; voyage dans lequel je l'ai accom- pagné; mais des recherches d’un autre genre l'en ayant dé- tourné, j'ai tenté d’en faire à sa place quelques-unes, pour lesquelles il a bien voulu m’aider de ses conseils, et dont il a souvent partagé le travail avec moi. Elles ont eu pour but principal de déterminer l'influence de la profondeur dans la- quelle vivent les poissons; sur la nature du gaz renfermé dans leur vessie, et, à cet égard, elles ont pleinement confirmé la justesse des résultats obtenus par M. Biot. Je présente dans le tableau suivant ceux que j'ai obtenus moi-même en ana- lysant le gaz de la vessie d’un grand nombre de poissons. Je me suis servi, pour toutes ces analyses, de l’eudiomètre de Volta, en partant des bases fournies par MM. de Humboldt et Gay-Lussac; j'y ai mis beaucoup de soin, et les ai répétées le plus souvent deux ou trois fois. ’ P'HISTOIRE NATURELLE. 21: TABLEAU Des proportions de gaz oxigène observées dans le gaz de la vessie de divers poissons péchés à lviça. PROFONDEUR | Q UANTITÉ NOMS à laquelle d'exisène les poissons contenue dans OBSERVATIONS DIVERSES. Des ont été péchés, 100 parties POISSONS. exprimée du gaz en brassos. de la vessie. RP ce | Sr | CR Muræna conger ......,..,.| 1 —10 0,8 Individu pesant 7 à.8 hectogrammes, d’une couleur très-foncée. VE Thognod dual ESEE 70 0,5 Individu pesant un kilogramme , d’une couleur médiocrement foncée, ayant sa vessie peu distendue. Je suppose que les pêcheurs m’ont trompé sur la profondeur à laquelle il a été pris. Tlemhe ts an ER CAT 45 78,9 Individu pesant 5 hectogrammes, Idem........,,.......,.. 70 87,4 Indiyidu pesant un kilogramme. Murænophis helena (Lac.).| 4— 5 26,0 Petits individus. Teri y senale else oies ele 45 89,6 Iudividu de grosseur médiocre. dem escrocs: 5o 76,7 Tndividu pesant 2-5 hectogrammes. LITE PSS BE CDS DTA 50 78 Jodividu pesant 2 kilogrammes, pêché trois jours avant l’analyse. La vessie avoit été séparée, et était restée deux jours au contact de l'air. Gadus merlucius (Lin.)... 1—10 7,5 individu pesant 1 + hectogramme, TR. eee nta tete 1—i0 56,6 Individu péché dans le même lieu que] le précédent et pesant environ 2 | hectogrammes. Idem. ...s.auss es sa se ee 1—10 23,0 Individu pesant environ 2 hectogramm. TIGER encre seesesece 45 774 Individu pesant près de 1 à ES 212 NOMS DES POISSONS. Blennius phycis ( Lin.).. |Sparus auratus (Lin.) .. |Sparus turdus, var. ( Lin | |Sciæna cirrhosa ( Lin, ).... | | Holocentrus gigas (Bloc | Gadus merlucius ..,.,.... Sparus argenteus (Bloch )? Sparus centrodontus(Delar.) Sparus sargus (Ein.),2,,:4 Sparus cantharus. (Lin. ).. Idem ...ssssssssssssssss {Sparus dentex (Lin.)....: Perca cabrilla (Lin.)..... [7 igla lyra (Lin. )..... ANNALES DU MUSEUM PROFONDEUR| QUANTITÉ à laquelle d'oxigène les poissons contenue dans ont été péchés, A Et OBSERVATIONS DIVERSES. exprimée du gaz en brasses. de la vessie. 50 80.7 42 4o 64,2 | 80 794 Individu pesant un Lilgranme, 2e 1—10 50,0 ge 15 13,5 . 50 53,5 J'avois réuni le gaz de deux individus différens pêchés ensemble, et pesant chacun de 2 à 3 hectogrammes. .. 50 62,4 Individu pesant & hectogrammes en- we 50 25,5 viron, 70 40,2 . 70 53,5 100 85,1 “120—150 69,0? 1—10 51,7 ï 1—10 15,5 à 10—15 32,1 50 81,7 .. 1 A Individu pesant 2 5 kilogrammes. 1—10 28,1 RE 1 3 5,5 1—10 13,0 Individu pesant 5 hectogr, environ. 70 68,0 J’avois réuni le gaz de deux individus, pesant chacun 1 hectogr. environ. h), 25 " 68,8 Individu pésant 2 kilogrammer. . 49 794 D'HISTOIRE NATURELLE. 213 TL 9 D A 2 PROFONDEUR | QUANTITÉ à laquelle d'oxigène q 8 les poissons contenue dans Dex ontété péchés, OBSERVATIONS DIVERSES. 160 parties POISSONS. exprimée du gaz en brasses. de la vessie. as ES PR Trigla lyra (Lin.). 56,7 Tdi een 7951 ! CITANT AO PR SEE 73,6 Trigla cucullus (Lin. ).... 84,0 70000008 S ot 70 85,0 Idem. ........,..2...:.]120—150 89,0 2 Ces trois individus ont été pêchés en Idem................,...1120—150 88,8 ma présence. Tdem ss... .|120—150 91,9 Triglacataphacta.........| 1— 10 59,6 Mugil cephalus, var. B.] 3— 10 Individu pesant 3 hectogrammes en- (Melar PEER sRepe ces virôn, NES meme se eee eee Individus pesant 1 hectogramme enyi- ron, Mugil cephalus, var À. Individus pesant 6 décagrammes en- (Delais re ere viron. Résultats d'analyses faites à Dunkerque par M. Bio. Gadus morrhua (Lin.)..... 32,6 Individu, long d'un mètre enyiron, ayant la vessie extrèmement dilatée Gadus pollachius ......... 5,1 Très-petit individu pris dans un lieu ex- trèmement peu profond. Gadus æglefinus ....,,... 53,7 Individu pesant 7 kilogrammes envi- ron, et pris au large probablement, à quinze ou dix-huit brasses, . 214 - ANNALES DU MUSEUM _ Si l’on parcourt ce tableau, on sera frappé de la diversité qui règne entre les résultats fournis par l'analyse du gaz de différens poissons, et l’on observera un rapport manifeste entre P ; le degré de profondeur dans lequel ont été pris ces animaux S P q Ï 3 et la proportion d'oxigène qui se trouve dans ce gaz. Cette proportion, en effet, a été presque toujours très-forte chez les poissons pris dans ue eau profonde. Elle s’est élevée le Î P Ï plus souvent à soixante-dix où quatre-vingt centièmes, et même, dans un ou deux cas, jusqu’à quatre-vingt-dix centièmes au moins. Pour l'ordinaire, elle a été infiniment plus foible chez les poissons qui ont été pris près du rivage à des pro- fondeurs peu considérables. Elle s’est trouvée chez plusieurs de ces animaux fort inférieure à celle qu’on observe dans l'air atmosphérique. Cette influence de la profondeur à laquelle ont été pris les poissons, sur la nature du gazecontenu dans leur vessie aérienne, paroitra surtout d'une manière manifeste, si lon prend, d'un côté, la moyenne des résultats fournis par les poissons péchés à moins de trente brasses de profondeur, et, de l'autre, celle des résultats fournis par les poissons pris à plus de trente brasses. La proportion d’oxigène indiquée par la première de ces moyennes est de 27,3 centièmes; celle qu’igdique la seconde est de 30,7 centièmes. Plusieurs poissons vivent également dans les eaux profondes et éloignées des côtes, et dans celles qui, plus rapprochées du rivage, n’ont que peu de profondeur. Il étoit intéressant de déterminer, sur divers individus de ces derniers, si la diver- sité d'habitation njapportoit pas de différence dans la nature du gaz contenu dans leur vessie. Je désirois d'autant plus de faire des recherches sur ce sujet, que M. Biot n’avoit pas été + D'HISTOIRE NATURELLE. 215 à portée d’en faire lui-même. J’en ai donc entrepris quelques- unes, que diverses circonstances ne n’ont pas permis de mul- tiplier autant que je l’aurois désiré. Elles ont eu ce résultat général, que la quantité d’oxigène contenue dans le gaz de la vessie de divers individus d'une même espèce est d'autant plus grande, que la profondeur dans laquelle ceux-ci ont été péchés est plus considérable. Quelques-uns des résultats par- ticuliers semblent, il est vrai, faire exception à cette règle; mais outre que ces exceptions sont moins réelles qu'apparentes (1), l'ensemble même des résultats ne permet guère de douter de sa justesse, En effet, en prenant, d’un côté, la moyenne de (1) J'étois exposé dans mes recherches à différentes causes d'erreur, dont l'effet devait être plutôt de faire paroître trop foible l'influence de la profondeur sur le gaz de la vessie aérienne que de la faire paroître trop forte. La plupart despoissons retirés des eaux profondes avoient, aimsi que je l'ai dit plus haut, la vessie aérienne rom- pue. Les parois de la cavité abdominale l’étoient également, de manière qu'il existoit une communication entre le gaz renfermé dans la cavité de leur vessie et l'air exté- rieur. Cette communication étoit évidente et facile dans certaines espèces, et pouvoit donneÿ lieu à un mélange des deux fluides; mélange dont l'effet devoit être de di- minuer la proportion de l’oxigène dans le gaz de la vessie. C’etoit, en particulier; le cas des pagels ( sparus erythrinus ), chez lesquels jai trouvé peu d'oxigène, quois qu'ils eussent été péchés dans des eaux profondes. En second lieu, j'étois souvent trompé sur la profondeur dans laquelle les poissons avoient été pris. Je ne la con- noïissois ordinairement que par le rapport des pêcheurs; et ceux-ci, soit par igno- rance, soit par mauvaise foi, me donnoient souvent de faux renseignemens à cet égard, et m’exagéroient, pour l'ordinaire, le degré de profondeur dans lequel ils avoient pêché les poissons qu’ils me vendoient. C’estpeut-être ce quiestarrivé pour le congre, dans lequel j’ai trouvé moins d’un centième d’oxigène, quoiqu'il ait été pris, suivant le rapport des pêcheurs, à soixante-dix brasses de fond. Au reste, pour déterminer la valeur de ces exceptions à la loi que j'ai cru observer; il fau- droit de nouvelles observations souvent répétées. Des obstacles de diverses natures m'ont empêché de multiplier les miennes, autant que je l'aurois voulu, et je sens que*mon travail, à cet égard, est encore trés-imparfait. 2587 216 ANNALES DU MUSÉUM ceux qu'a fournis l'analyse du gaz de divers individus de mu- rène (murænophis helena, Lac.) , de congre (muræna conger, Lin.), de merlus (gadus merlucius), de canthère ( sparus cantharus, Lin.), de pagel (sparus erythrinus) pris # moins de trente brasses de profondeur; de l’autre, la moyenne des æésultats fournis par l'analyse du gaz d’autres individus des mêmes espèces pris à plus de trente brasses. j'ai trouvé, dans un cas, 20,5 centièmes d’oxigène, et, dans l’autre, 63,3 cen- tièmes. Quelque influence qu’ait la profondeur de l’eau qu’habitent les poissons, sur la nature du gaz renfermé dans leur vessie, cette influence n’est pas la seule cause qui la fasse varier. En effet, on observe de grandes différences à cet égard entre di- vers poissons péchés à une même profondeur. Ces différences sont surtout marquées chez les poissons qui vivent près du rivage. J'ai à peine trouvé un centième d’oxigène dans le gaz que renfermoit quelques-uns de ces derniers, et j'en ai trouvé plus de cinquante chez d’autres. On pourroit peut-être attri- buer ces différences à ce que les uns ont toujours vécu dans le lieu où on les a pris, tandis que les autres viennent de lieux plus profonds; mais l'exemple du malarmat (peristedion malarmat, Lac.), montre qu'il n’en est pas toujours ainsi, puisque cette espèce, dans un individu de laquelle j'ai trouvé cinquante-neuf centièmes d’oxigène, paroît vivre exclusivement dans les eaux voisines du rivage; je n’en ai du moins jamais vu d'individu qui eût été pris dans un autre lieu. Au reste, ces différences qu'on observe entre divers poissons pris à la surface de la mer, relativement à la nature du gaz de la vessie, sont d'autant plus remarquables qu’on trouve à cet égard, D'HISTOIRE NATURELLE, 217 ainsi que je l'ai dit plus haut, beaucoup de constance chez les poissons des fleuves et des étangs (1). Je n’ai pu découvrir aucun rapport entre ellés et l’organisation de ces animaux, et je regarde leurs causes comme étant encore imconnues (2). Il eût été intéressant de déterminer si le gaz de la vessie des poissons de mer contient de l'acide carbonique, et, dans ce cas, si celui des poissons des eaux profondes en contient autant ou plus que celui des poissons qui vivent près de la surface; mais je n'ai pas été à même de faire de pareilles recherches qui, pour offrir quelque exactitude, auroïent demandé des ap- pareils dont j'étois privé. Je me suis seulement assuré de la présence de Facide carbonique dans le gaz de la vessie de quel- ques poissons, et j'ai lieu de croire qu’il n’y est jamais en bien grande quantité. Le (1) Il seroit intéressant d’examiner le gaz dés poissons pris dans les parties pro- fondes des lacs. Cela seroit facile au bord du lac de Genève, puisque l’on pêche dans les plus grandes profondeurs de ce lac aussi bien que dans ses parties les moins profondes; maïs je n’ai pu faire ces recherches moi-même, et n’ai obtenu encore aucun renseignement sur ce sujet. (2) J'ai cru cependant m’apercevoir que la grosseur du poisson influoit un peu sur la proportion d’oxigène contenue dans le gaz que renferme sa vessie, et que cette proportion étoit plus forte chez les gros individus que chez les petits. 218 ANNALES. DU MUSÉUM HISTOIRE Générale et particulière de tous les animaux qui composent la famille des Méduses. PAR MM. PÉRON ET LESUEUR. Notions préliminaires sur les Méduses ; Nomenclature et divisions générales des animaux de cette famille. - La scienzia delle produzioni marine è ancor nelle fascie, Micni, del Polm. marin. p. 30. D: tous les zoophytes que la nature a répandus à la surface de l'Océan, il n’en est point de plus nombreux et de plus ex- traordinaires que ceux auxquels le grand Linnæus imposa le nom de Méduses. Toutes les mers nourrissent diverses tribus de ces animaux singuliers; ils vivent au milieu des froides eaux du Spitzherg, du Groënland et de l'Islande; ils pullulent sous les feux de l'équateur, et le grand Océan austral en nourrit lui-même de riches et de nombreuses espèces. Tous les peuples maritimes paroissent les avoir connus des la plus haute anti- tes. cn ete > us lg D'HISTOIRE NATURELLÉ. 219 quité; Philippides, Eupolis, Aristophane, et Diphilus avant Aristote, en ont parlé, et depuis les temps de Pline jusqu'à nos jours, plus de cent cinquante écrivains de toutes les na- tions de l'Europe se sont occupés de leur histoire. Malgré tant de travaux et d’honorables efforts, le genre des méduses est encore un de ceux qui présentent le plus d'in- certitudes et d'erreurs aux naturalistes, et ces incertitudes, ces erreurs tiennent à la nature même des animaux dont il s’agit. Aucune autre famille ne réunit, en effet, plus de singu- larité dans la matière, plus de bizarrerie dans les formes, plus de variété dans les organes, plus d'anomalies dans les fonctions; aucune autre aussi ne présente au physiologiste plus de problèmes à résoudre, plus de découvertes à pour- suivre. La substance des méduses, par exemple, se résout entière- ment, par une sorte de fusion instantanée, en un fluide ana- logue à l’eau de mer, et cependant les fonctions les plus im- portantes de la vie s’exercent dans ces corps qui sembleroient wêtre, pour ainsi dire, que de l'eau coagulée. La multiplica- tion de ces animaux est prodigieuse, et nous ne savons rien de certain sur le mode de génération qui leur est propre; ils peuvent arriver à des dimensions de plusieurs pieds en dia: mètre, ils pèsent par fois de cinquante à soixante livres, et leur système de nutrition nous échappe; ils exécutent les mou- vemens les plus rapides, les plus soutenus, et les détails de leur système musculaire sont inconnus; leurs sécrétions pa- roissent être excessivement abondantes, nous ne voyons rien qui puisse nous en donner la théorie; ils ont une espèce de respiration très-active, son véritable siége est un mystère; ils paroissent extrêmement foibles, des poissons de 12 à 15 cen- 3.0 ANNALES DU MUSEUM timètres sont leur proie journalière; on croiroit leur estomac incapable d'aucune espèce d'action sur ces derniers animaux, en quelques instansils y sont digérés; plusieurs d’entre eux recèlent à l'intérieur des quantités d’air assez considérables, nous igno- rons également par quels moyens ils peuvent ou le recevoir de l'atmosphère et des eaux, ou le développer dans leurs in= testins ; un grand nombre de ces zoophites sont phosphoriques; ils brillent au milieu des ténèbres comme autant de globes de feu, la nature, le principe et les agens de cette admirable propriété sont à découvrir; quelques-uns brülent et engour- _dissent, pour ainsi dire, la main qui les touche, la cause de cette brülure ,est encore un problème. Il me seroit facile d'entrer dans de plus longs détails sur les singularités qui distinguent les méduses; mais il ne suffit pas d’avoir indiqué les principaux titres qu’elles ont eu dans tous les temps à l'in- térêt des observateurs, et d’avoir fait pressentir au lecteur toute l'importance des recherches sur lesquelles je viens appeler son attention. Au milieu des vastes mers que nos vaisseaux ont si long- temps parcourues, nous avons découvert, M. Lesueur et moi, plus d'espèces nouvelles d'animaux de ce genre que les natu- ralistes de tous les temps et de tous les pays n’en ont fait con- noitre avant nous. Ces espèces nombreuses ont toutes été dé- crites et peintes sur des individus vivans; elles ont été pour nous l'objet d’une foule de recherches et de découvertes im- portantes ; d’une autre part, tous les auteurs qui ont écrit sur les méduses ont été mis à contribution; je me suis astreint à copier dans plusieurs centaines de volumes de diverses langues tout ce qui pouvoit offrir quelques rapports avec ces animaux, et M. Lesueur a calqué lui-même les dessins et les peintures re per te D'HISTOIRE NATURELLE. 207 disséminées dans les nombreux volumes dont il s’agit; enfin nos excursions récentes sur les côtes de la Manche et de la Méditerranée, ont mis à notre disposition la plupart des es- pèces eufopééhnes qui avoient été décrites avant nous. ‘: Riches de tant dé matériaux, nous nous proposons, dans cet ouvrage, de donner successivement l’histoire de toutes les espèces et de tous les genres qui doivent composer cette grande famille du règne animal; nous traiterons en détail de lorga- nisation, dès mœurs, des habitudes de ces êtres singuliers; nous exposerons tout ce que nous avons pu découvrir sur leurs systèmes variés de locomotion, de digestion, de géné- ration, etc.; nous rappellerons par quelle suite d'expériences nous ayons été conduits à reconnoître dans les méduses un mode de respiration analogue à celui des animaux plus par- faits, et qui pourtant avoit échappé jusqu’à ce jour aux recher- ches des observateurs les plus habiles {1}; nous dirons les di- vers phénomènes de la propriété phosphorique, et nous nous étendrons avec d’autant plus d’intérét sur cet objet, qu'il se rattache plus immédiatement au grand problème de la phos- phorescence des mers. Quelque simple que puisse être l'organisation des méduses, elles n’ont cependant pas été répandues au hasard à la surface de l'Océan; chaque espèce a son habitation propre, dont elle ne paroït pas outre-passer les limites, soit que la température des flots, la nature ou l'abondance des alimens l'y retiennent, (1) Le seul Tilesius, d’après les belles expériences de Spallanzani sur les méduses phosphoriques, a supposé l'existence de cette grande fonction. (Jarb. naturg. pag, 196, 197). h BAPE 29 222 ANNALES/DU MUSÉUM soit que le système borné de locomgtion qui caractérise ces animaux ne leur permette pas de s'éloigner des lieux où pri- mitivement ils furent établis par la nature, Quelle qu’en soit la vraie cause, il n’en est pas moins certain qu'a tels ou tels parages appartiennent exclusivement telles ou telles espèces de méduses; c’est là que l'observateur étonné rencontre ces vastes bancs d'individus semblables, au milieu desquels il navigue quelquefois pendant plusieurs jours, et dont ensuite le reste de l'Océan ne lui présente plus aucune trace. Cette partie curieuse de l’existence des animaux dont il s’agit ayant été pour nous l’objet d’une altention spéciale, nous ne man- querons pas de joindre à l’histoire de chaque genre le tableau géographique de toutes les espèces qui le composent. Il en sera de même des saisons diverses où les méduses se montrent dans les différens pays, et cette observation devient surtout précieuse pour l’histoire de celles qui vivent dans nos mers. Ces zoophytes ne paroissent en effet sur les côtes de l'Italie, de l'Espagne, de la France, de l'Angleterre, de la Suède, du Danemarck, de l'Islande, du Groëuland et du Spitz- berg, qu'au milieu du printemps; elles y sont surtout abon- dantes à l'époque de la canicule; leur nombre diminue aux approches de l’automne,,et dés le milieu du mois de novembre leurs innombrables légions disparoissent pour aller peut-être, comme tant d’autres animaux pélagiens, s’ensevelir et s’engour- dir au fond des eaux. Dans les meis équatoriales, au contraire, les méduses couvrent l’océan, même au milieu de l'hiver de ces contrées, et tout annonce que ces deruières espèces sont étran- gères aux migrations, ou plutôt, à la torpeur hibernale, des méduses de nos climats. Considéré sous ce poiut de vue, notre D'HISTOIRE NATURELLE. 223 travail doit offrir, nous le pensons, de nouveaux et d'intéres- sans résultats. L'économie domestique n’a pas entièrement négligé les mé- duses. Diphilus Siphnius, Dioscorides et les autres médecins de l'antiquité grecque en parlent comme d’un remède précieux contre la goutte, les engelures, etc. Ils assurent que l'usage de ces animaux relâche doucement le ventre, appelle les urines et fortifie l'estomac. Philippides, dans son Amphiarus; Athénée, dans le troisième livre des Déipnosophistes, parlent des méduses Vélelles comme d’un mets délicieux; et de nos jours encore, les mêmes animaux sont avidement recherchés par les Apicius de la Sicile, par ceux de la mer Tonienne, et surtout par les Grecs de la Morée. En quelques lieux on em- ploie les méduses pour féconder les terres; tout récemment on a tenté d’en retirer de lammoniaque, etc, Tous ces faits ne sauroient être étrangers à l’histoire qui nous occupe; les recueillir et les exposer avec soin, ce sera, sans doute, appeler un nouveau degré d'intérêt sur des animaux trop négligés, sous le double rapport de la science et de l'utilité publique. Tant de singularités distinguent les animaux dont nous par- lons, qu’il n’est pas étonnant que, chez différens peuples, ils aient été l’objet d’une foule de traditions et de ‘fables ridicules, comme si toutes les productions extraordinaires de la nature devoient être pour l'esprit humain une source constante de Superstitions et d'erreurs. Nous n'avons pas cru devoir négliger ces traditions populaires; sans être indispensables à la science, elles en forment un complément curieux. ) Et lorsque, sous tous les rapports que nous venons d’in- diquer , nous aurons tracé l’histoire de toutes les espèces de 29/7 224 ANNALES DU MUSÉU M méduses connues jusqu’à ce jour, alors nous élevant à des considérations plus générales, nous exposerons le tableau pro- gressif de nos connoissances sur ces animaux; nous verrons combien peu les Grecset les Latins étoient avancés dans cette partie de la science de la nature; nous dirons combien peu les commentateurs du seizième siècle, Gyllius, Massarius, Scaliger, Mathiole, etc. ont ajouté de notions exactes à celles des anciens; mais nous verrons fleurir , à la même époque, les pères de la science, Bélon, Rondelet, Imperato. Le dix-septième nous offrira successivement le travail de Colamma sur les Vélelles, celui de Martens sur les méduses du Spitzherg; Sloane nous fera connoitre quelques espèces de l'Océan atlantique, et surtoût la Physale; de Heide nous four- nira les premiers détails sur l'anatomie des méduses ; Hanne- mann, le premier, soumettra leur substance à l’analyse chi- mique. Mais c’est au dix-huitième siècle surtout que les découvertes les plus mémorables de la science viendront se rattacher : Féaumur ouvre cette brillante époque par ses belles recherches sur les méduses des côtes du Poitou; Linnœus s'élève comme un géant au milieu du siècle environné des Browne, des Borlasse, dés Pallas, des Forskaël, des Fabricius, des Modeer , des Spal- lanzani, dès Muller, et d’une foule d’autres observateurs célè- bres; et, comme si rien n’eüt dû manquer à la gloire de ce siècle, M. Cuvier ferme cette immense carrière de travaux et dé réchefches, en fixant d’une manière plus exacte la place que doivent occuper les méduses dans la chaîne naturelle des êtres, en assignant'les vrais principes de cette partie de la science;len créant le genre Rhizostome pour une miéduse de nos rivages, D'HISTOIRE NATURELLE. 225 le plus étonnant et le plus compliqué de tous les animaux qui se rapportent à cette famille. Le dix-neuvième siècle est à peine commencé, et déjà Van- couver, Jonhstone et Marchand, nous ont appris que le grand Océan boréal étoit couvert de ces Vélelles qu'on avoit cru si long-temps particulières aux flots de l'Atlantique et de la Mé- diterranée; M: de Lamarck a produit son beau travail sur les divisions du genre Medusa de Linnæus, et M. Bosc a publié d’intéressantes observations sur les mœurs des diverses tribus de ces animaux pélagiens dont il a lui-même découvert plu- sieurs nouvelles espèces. A ces différentes recherches nous joindrons le tableau chro- nologique.et raisonné de tous les auteurs qui se sont occupé des méduses; et sous ce dernier point de vue, notre travail sera bien supérieur à Ja partie correspondante de la bibliothèque de Banks, de Boehmer et de Modeer ; nous aurons, en effet, plus que décuplé les catalogues qu’elles contiennent. Nous terminerons notre histoire par la table alphabétique de tous les noms génériques, spécifiques et triviaux qu'ont employé les divers auteurs et les différens peuples pour dési- gner les méduses, et des résultats curieux naîtront pour nous de ce dernier rapprochement; c’est ainsi, par exemple, que, depuis les temps les plus anciens de l’histoire jusqu’à nos jours, nous verrons tous les peuples s’accorder à désigner ces animaux sous desnoms correspondant au #nidé et à l'acaléphé des Grecs, qui correspondent eux-mêmes à l’urtica des Latins; et si nous cherchons à remonter jusqu'à la source de cette singulière conformité de nomenclature, nous la trouverons dans la pro- priété qu'ont plusieurs espèces de causer, par leur contact, 226 ANNALES DU MUSEUM un sentiment de piqüre brülante analogue à celui que, dans les mêmes circonstances, produit l’urtica urens des diverses contrées de l'Europe. Je viens d'exposer le plan général que nous nous proposons de suivre dans notre travail sur les méduses; il ne me reste plus, avant de passer à l’histoire particulière des genres et des espèces, qu’à bien établir le système de nomenclature et de divisions que nous avons cru devoir adopter. En parcourant la série nombreuse des dessins que nous avons exécutés et réunis sur les méduses, on s'aperçoit aussitôt d’une grande et bien importante différence entre elles : la plu- part de ces animaux, en effet, sont absolument mous et géla- tineux ; d’autres portent à leur partie supérieure une vésicule, . ou même un bouclier membraneux rempli d'air par le moyen desquels ils se soutiennent et se meuvent à la surface des flots : de cette différence essentielle ‘résultent les deux premières coupes générales suivantes. 1. Méduses entièrement gélatineuses. 2. Méduses en partie memibraneuses. Parmi celles de la première division, les unes sont pourvues de côtes longitudinales, garnies d’une innombrable quantité de cils qui nous paroissent être à la fois les organes du mou- vement et de la respiration; d’autres méduses manquent de ces côles et de ces cils; de là nous distinguons: 3° Les méduses gélatineuses avec des côtes ciliés. 4° Les méduses gélatineuses sans côtes ciliées. D’autres différences non moins importantes distinguent les méduses entre elles; la plupart ont une cavité stomachale plus ou moins distincte : quelques-unes paroïssent entièrement pri- D'HISTOIRE NATURELLE, 227 vées de cet organe; nous désignons ces dernières sous le nom de méduses agastriques, et nous appelons méduses gastri- ques toutes celles qui ont un estomac; mais cet organe peut avoir ou bien une seule, ou bien plusieurs ouvertures; de là nait une première division des méduses gastriques en 710n0$- tomes et polystomes. Parmi les espèces de ces diverses sections, celles-ci ont un péduncule central, celles-là manquent de cet appendice; nous appelons les unes méduses pédunculées, les autres méduses non pédunculées. Le péduucule, à son tour, peut ètre lerminé où non par _des espèces de lanières plas où moins nombreuses, et plus ou moins fortes que l'animal emploie ordinairement à saisir sa proie, et que plusieurs naturalistes ont désignés sous, le nom de bras. D'après la présence ou l’absence de ces parties, nous distinguons les méduses brachidées et les méduses non bra- cludées. Enfin, ces animaux différent encore entre eux d’une ma- nière assez importante : la plupart ont reçu de la nature des espèces de filets plus où moins longs, plus ou moins multi- pliés, qui, répartis à la circonférence du corps, avertissent l'animal de tout ce qui se passe autour de lui. Ces organes précieux manquent à plusieurs espèces; et de celle privation, ou de cette addition de parties, nous avons fait notre dernière distinction des méduses tentaculées et des méduses non ten- taculées. A l'égard du corps même de ces animaux, il a successive ment été désigné sous les noms de disque, bonnet, chapeau, chapiteau, calotte, tête, hémisphere, plateau, couvercle, parasol, ete., etc. Nous préférons le nom d’ombrelle employé 228 ANNALES DU MUSEUM par Spallanzani dans son admirable Mémoire sur les méduses philosophiques du détroit de Messine. Enfin le nom de méduse lui-même, conservant la signifi- cation générale que lui donna Linnæus, devient pour nous une dénomination commune aux méduses proprement dites des auteurs modernes, aux Béroës, aux Porpites, aux Physales, aux Rhizostomes, et à tous les autres genres nouveaux que nous avons cru devoir établir dans cette grande famille des animaux invertébrés. Telle est la marche aussi simple que rigoureuse d’après la- quelle nous avons formé notre système de nomenclature et de divisions générales. Dans ce travail, nous avons cherché surtout. à subordonner l'importance des caractères à celle des organes dont nous les avons empruntés, et nous pensons avoir rempli cet objet d’une manière aussi exacte que l’état actuel de la science pouvoit le permettre, D'HISTOIRE NATURELLE, 229 SUR LES OSSEMENS FOSSILES DE TORTUES. PAR G. CUVIER. Jar hésité long-temps à entreprendrece chapitre, tantje voyois de difficulté à distinguer , par des caractères précis, les espèces de tortues, une fois qu’elles sont dépouillées de leurs écailles, et qu'il ne reste plus que la charpente osseuse de leurs bou- cliers; m’apercevant cependant qu'il est au moins possible d'en déterminer les sous-genres avec assez de certitude, par la seule ostéologie, et ces sous-genres ayant chacun un séjour particulier, j'ai pensé qu'il seroit toujours agréable aux géo- logistes de savoir en quelles circonstances on trouve sous la terre des dépouilles de tortues de mer, de tortues de terre et de tortues d’eau douce; et comme mes recherches à ce sujet ont bientôt confirmé les résultats que j’avois obtenus par d’autres voies sur l'origine des divers terrains, j'ai cru qu’elles pourroient devenir encore une partie assez importante de mon ouvrage, Avant de décrire les morceaux fossiles de ce genre, il est nécessaire de rappeler ou de faire connoître les caractères ostéologiques de ses différentes tribus. 14. 30 230 ANNALES DU MUSEUM ‘On sait qu’en général la carapace des tortues est. formée par leurs huit paires de côtes, et par les portions annulaires de leur neuf vertèbres dorsales, qui s’élargissent au point de se rencontrer, et de se réunir par des sutures en un seul bouclier. Leur plastron est un deuxième bouclier formé par le ster- num, qui, dans les tortues, est composé, d’après les remarques de M. Geoffroy, de neuf os, commencant par neuf centres d’ossilication, mais ne se rencontrant pas toujours en assez de points pour former une surface continue. En effet, dans les tortues de mer (chelone, Brongniart), et dans les tortues molles (trionyx, Geoffroy}, le plastron est représenté par des pièces distinctes, diversement confi- gurées et dentelées, suspendues dans l’épaisseur de la peau. Dans les autres tortues, le plastron, plus ou moins échancré à ses quatre angles, selon la grandeur des membres qu'il doit laisser passer, ne forme cependant qu'une plaque ou au plus deux battans composés de pièces réunies par des sutures, comme celles de la carapace. Les tortues de mer qui ont des rapports avec les tortues molles par leur plastron, ressemblent davantage aux tortues orditaires par un autre point; savoir, que tout le pourtour de leur carapace est ceint d’une rangée de pièces osseuses engrenées les unes aux autres, et avec les extrémités des côtes. Ces pièces, généralewent au nombre de onze de chaque côté, forment, avec une impaire devant et une autre derrière, un total de vingt-quatre. Yrois de ces pièces répondent à la pre- mière côte, deux à la dernière, et six aux six côtes intermé- diaires. Ces pièces que M. Geoffroy compare à la partie sternale Tom..1£. er PAR: “ >0ae \ { \ 1 ? DT IT à) CO Sade pe = \ ES l —… Zarrilard del. TORTUIIS PET. D'HISTOIRE NATURELLE. 231 ou carlilagineuse de nos côtes manquent aux tortues molles, ou du moius y restent toujours cartilagineuses on membra- neuses,. de sorte que le milieu',seulement de leur carapace est soutenu par un disque osseux, Lel que le représente la fig. 5, pl. I. Si l'on ajoute à ces caractères, pris de la composition du bouclier, ceux que fournit sa figure, toujours ovale et pointue en. arrière dans les tortues de mer, elliptique et bombée dans les tortues de terre, elliptique et plus ou moins déprimée dans les tortues d’eau douce, et-sa surface raboteuse et chagrinée dans les tortues molles, relevées en différentes bosses dans les chelydes et dans la serpentine, enfin plus ou moins lisse dans toutes les autres, on éprouvera peu d’embarras pour reconnoitre à quel genre appartient un test osseux quelconque. Les pieds, vus séparément, peuvent aussi fournir des carac- tères, étant très-allongés et à doigts très-inégaux dans les tor- tues de mer, à doigts excessivement courts dans les tortues de terre, à doigts médiocrement longs et à peu près égaux dans celles d’eau douce et dans les chelydes, et trois de ces doigts seulement portant des ongles dans les tortues molles, La tête même se feroit reconnoître : celle des chelydes par son aplatissement et par ses mächoires transverses; celle des tortues de mer parce que la région temporale y est couverte d’une voûte osseuse; celle des tortues molles par son cham- frein allongé et arqué. À ces remarques, en partie déja publiées dans divers ou- vrages, il faut ajouter celle que l’ossification des intervalles des côtes ne se fait qu’avec le temps, et se termine beaucoup plus tard que celle des côtes mên 5, et que, dans le plus grand nombre cette ossification va ea avançant de la région 30 * 232 ANNALES DU MUSEUM moyenne vers le bord. Ainsi, dans la carapace de tortue de mer, représentée fig. 2, et tirée d’un jeune individu, les côtes sont encore séparées l’une de lautre à leur bout extérieur, dans près de moitié de leur longueur, tandis que dans la même espèce adulte, les côtes antérieures sont totalement réunies, et les intermédiaires ne laissent de vide que le sixième ou le huitième de leur longueur. La figure 1, qui est la carapace d’uné'tortue d'eau douce (test. serrata), montre encore un petit espace vide vers le bord, entre les côtes et les pièces du contour; mais d’autres carapaces plus âgées, de la même espèce que je possède, n’en montrent plus du tout. Il n’y en a point non plus dans la carapace de tortue de terre adulte de la fig. 4, mais j'ai lieu de croire que dans cé Suns see lossification va en travers, d’une côle à l’autre, et à peu près également sur toute leur longueur. Une observation qui peut encore être utile, est que les côtes des tortues de terre vont le plus souvent en s’élargissant, et en se rétrécissant alternativement vers leur bout externe, comme on le voit fig. 4, tandis que la plupart des autres conservent à peu près la même largenr partout. Après ces détails préalables, nous pouvons nous occuper des os fossiles découverts jusqu'à ce jour, et qui sont en assez petit nombre. . IL nous paroït qu'il n’y a de suflisamment décrits pour être susceptibles de quelque détermination, que ceux de Maestricit, ceux des environs de Bruxelles, ceux d'Aix en Provence, ceux de Glaris, et ceux des plâtrieres des en- virons de Paris. Ces derniers ayant été suffisamment décrits dans notre mémoire sur les reptiles et poissons fossiles de nos environs, nous ne traiterons ici que des autres. D'HISTOIRE NATURELLE. 233 e L Tortues des environs de Bruxelles. Elles se trouvent dans les carrières de calcaire marin gros- sier, du village de Melsbroeck; M. de Burtin en représente une carapace, vue à son côté interne dans son Oryctogra- phie de Bruxelles, pl. 5, et dit en avoir possédé une autre qu'il donna à Pierre Camper. M. F'aujas, dans son Histoire de la montagne de Saint- Pierre, en cite encore quatre, savoir : deux que M. Burtin avoit acquises depuis la publication de son ouvrage; une du cabinet de l'académie de Bruxelles; et une de celui du Vs: d’Anhalt. M. de Burtin, Oryctogr. p. 94, avoit soupçonné que ses tortues pourroient être de l'espèce nommée corticata par Rondelet, qui est le caouane de MM. Lacépède et Daudin (test. caretta, Lin.). M. Faujas dit plus affirmativement que ce sont des tortues franches (test. mydas.). J'ai encore le malheur de ne pouvoir être ici de l'opinion de M. Faujas. Ces tortues sont bien des tortues marines; mais ce ne sont point des tortues franches; ce ne sont non plus aucune des tortues de mer que nous connoissons, et comme nous n’en Connoissons pas beaucoup, la chose est fa- c ile à prouver. Pour cet effet j'ai fait copier, pl. 1, fig. 8, le dessin donné par M. Burtin, de la face concave d’une carapace fossile de 1 3 pouces de long, et fig. 2 et 3 celle d’une tortue de mer franche de même taille. Comme ce naturaliste assure avoir fai t dessiner toutes les sutures avec le plus grand soin, on peut ÿ avoir une entière confiance; et en effet, les pièces verté- 234 ANNALES DU. MUSÉUM brales et costales, ainsi que celles du contour ont bien les mêmes caractères que dans les tortues de mer en général; car il faut se représenter que les corps des vertèbres et les deux extrémités des côtes qui se détachent dans toutes les tortues du corps de la capace, ont été enlevées, eu.qu'il n’est resté que la partie moyenne des côtes. Si l'on veut maintenant rapprocher celte carapace de celle de la tortue franche de même grandeur , on sera sur-le-champ frappé d’un caractère spécilique fort marqué; c'est que la tortue fossile a les intervalles de ses côtes complètement ossi- fiés, et qu'il ne reste aucun vide entre eux et les pièces du bord, lesquelles sont aussi beaucoup plus larges à proportion que celles de la tortue franche. Dans celle-ci, à l'âge où sa carapace n’a encore que 13 ou 14 pouces de long, il reste entre les côtes un vide non ossifié qui égale presque la moitié de la longueur de la côte, comme on peut le voir dans les fig. 2 et 3. Une partie de ce vide subsiste encore, comme je m'en suis assuré, dans un individu dont la carapace a trois pieds et demi de longueur. J’en ai aussi vérifié l'existence sur plusieurs individus de taille intermédiaire, Il est donc de toute impossibilité que les tortues fossiles de Melsbroeck soient des tortues franches. Par la même raison ce ne peuvent étre ni des carets (test. imbricata), ni des caouanes (test. caretta), ni des tortues flambées de la mer des Indes (test. virgata, Dumer., Bruc. Voyage en Abyss. V, pl. 42); car je me suis assuré que l’ossitication ne va pas plus vite dans ces espèces que dans la franche. Ce ne peuvent non plus être des luths (test. coriacea), car leur carapace est plus large à proportion et wa point les trois lignes saillantes qui distinguent celle du luth. Or, ces cinq Laurilard del. TORTUES. PL" D'HISTOIRE NATURELL£. 235 espèces étant les seules fortues marines que nous connoissions distinctement , la cepedienne et la ridée de Daudin étant en- core douteuse, et rien n’annonçant d’ailleurs qu’elles aient le caractère en question, je puis bien soutenir que les tortues de Melsbroeck, comme tant d’autres animaux fossiles, sont d’une espèce inconnue. J'ai lieu de croire que si j'avois pu en examiner par moi- même des échantillons, j'y aurois découvert encore quelques caractères spécifiques; mais ceux de M. de Burtin, qui ont été déposés pendant quelque temps au Muséum, ont été de- puis rendus à ce naturaliste et reportés à Bruxelles. IL Tortues des environs de Maestricht. On les trouve dans des carrières d'une sorte de craie gros- sière et d'apparence sablonneuse, crensées dans la montagne de Saint-Pierre, etelles y sont pêle-méle avec des productions marines de tant de sortes, et avec les os de monitor gigan- tesques qui ont rendu cette montagne célèbre en géologie. Le chirurgien Æofmann fut le premier qui en recueillit; #Falch, Camper et Burtin en ont parlé, mais en abrégé et vague- ment; Buchoz, dans sa coliection de planches, et M. Faujas, dans l’histoire qu’il a publiée des fossiles de ces carrières, sont les premiers qui aient donné de bonnes figures de quelques tests de ces tortues. Nous en donnons d’autres prises sur nature, pl. IE, fig. 1et2,qui ne représentent que des portions incomplètes du test supérieur où carapace. Le savant géologiste que je viens de citer, frappé de la saillie que forine de chaque côté la partie antérieure du bord de 236 ANNALES DU MUSÉUM ces carapaces, a conçu de leur structure, dans l'état parfait, une idée véritablement singulière, et que je ne puis m’empé- cher de rapporter daus ses propres termes. « Cette partie supérieure, dit-il ( Hist. de la montagne de » Saint-Pierre, pag. 86) — ressemble assez au haut d’une cui- » rasse militaire, qui seroit munie d’avant-bras, et annonce » que les pates de devant — étoient recouvertes en partie d’é- » cailles adhérentes au bouclier; ce qui constitue ANCONTES- » TABLEMENT un caractère tranchant, bien propre à former » un genre particulier. — Aucuue des torlues vivantes que » nous connoissons ne nous a encore offert ce caractère »v. IL répète cette idée dans ses Essais de géologie (tom. I, pag. 183). « Elles différent des tortues ordinaires par deux » espèces d'AVANT-BrAS formés de trois pièces, qui se prolon- » gent de côté comme une manche d’habit ». Il n’y a cependant à ces prétendus avant-bras rien d’ex- traordinaire, et qui ne se retrouve dans toutes les tortues de mer, aussi bien que dans celles de terre et d’eau douce, les seuls trionyx exceptés, et M. Faujas sen seroit convaincu lui-même, s'il eût comparé, comme il étoit naturel de le faire, ses tests fossiles avec des tests dépouillés de leurs écailles, et réduits à leur charpente osseuse, et non pas avec des cara- paces encore recouvertes de leur enveloppe extérieure. Il auroit vu que ce qu'il nomme avant-bras n'est que le commencement du bord qui entoure la carapace, et qui est ordinairement formé, comme nous l'avons dit, par vingt-quatre pièces osseuses, Deux ou trois de ces pièces seulement étoient restées à ses échantillons, les autres étoient tombées. L’échan- crure qui sépare ce commencement de rebord du disque de la carapace, est produite par l'espace non ossifié qui reste dans D'HISTOIRE NATURELLE. 237 les tortues, et surtout dans celles de mer, jusqu'à une époque plus ou moins avancée, comme nous l'avons dit plus haut, et comme nous le montrons dans nos figures 2 et 3. Voilà toutle mystère. Ainsi les tests de tortues fossiles de Maestricht, représentées dans l’Æistoire dé la montagne de Saint-Pierre, autant que lon peut en juger par ce que lon en voit, n’annoncent point un nouveau genre; ils ne montrent aucune partie qui ne soit dans les tests de toutes les tortues, ni rien qui ne ressemble aux tortues de mer, et l’on pourroit aisément dessiner ce qui a été emporté du rebord, dont la portion conservée a donné lieu aux conjectures que nous venons de relever. Nous indi- quons le commencement de ce dessin par des points dans fig. 2, pl. IL. M. Faujas, dans un autre ouvrage, va bien plus loin en- core; non content d’avoir établi ce premier genre, il en établit encore un autre, ou du moins une autre espèce, toujours avec ces tortues de: la montagne de Saint-Pierre, mais avec des échantillons mutilés autrement. Camper avoit dit qu'il possédoit Ze dos entier d'une tortue de cette montagne, long de quatre pieds et large de seize pouces (1); et un chanoine de Liége, irlandois de naissance, nommé le comte de Preston, en avoit un dans son cabinet, à peu près de la même grandeur, que Buchoz a aussi fait graver. M. Faujas regarde cette disposition singulière comme «te- » nant à une espèce particulière et inconnue (2)», et quelques (1) Trans. phil. pour 1786. (2) Essais de géol. I, 182. 14. 31 238 ANNALES DU MUSEUM lignes plus loin il ajoute «que les trois individus du muséum » offrent deux autres espèces bien distinctes ». Il nous paroït, et il paroïtra sans doute de même au lecteur, que les deux échantillons de Camper et de Preston avoient sim- plement perdu la totalité de leur bord, en ne conservant pas méme ce commencement resté dans les autres, et nommé avant-bras par M. Faujas, tandis qu’il leur étoit resté la partie dorsale complète, mais c’est là un pur accident d’où l’on ne peut tirer aucun caractère. , Cependant, tout certain qu'il est que les tortues de Maes- tricht, dans tout ce que nous en connoissons, portent les ca- ractères génériques des chélonées ou tortues de mer, il est certain aussi qu’elles appartiennent à une espèce très-diffé- rente de toutes les chélonées connues. Les chélonées de cette taille auroiïent leurs côtes ossiliées presque jusqu’au bout, tandis qu’elles sont à peine ossifiées sur le tiers de leur longueur, ce qui réduit en effet la partie osseuse continue de leur carapace à une largeur moindre que dans les autres espèces, même en prenant celles-ci assez jeunes, comme on peut le voir par nos figures 2 et 3, pl. I. On voit toutefois que, dans ces tortues comme dans les autres, l’ossification faisoit des progres avec l'âge; car, dans le grand individu de la fig. 1, pl. IT, la pièce impaire s’est-déjà élargie au point de toucher la deuxièine pièce du bord par une assez grande suture, tandis qu’elle en est encore éloignée dans l'individu moindre de la fig. 2. L'examen des seules carapaces nous donne donc déjà ce résultat, que les tortues de Maestricht sont du genre des tor- tues de mer, et d’une espèce inconnue. En partant de ce principe, nous pouvons avancer plus sû- rement dans l'examen de leurs autres os. D'HISTOIRE NATURELLE. 239 Nous avons dit ci-dessus que les tortues de mer ont les pièces de leur plastron irrégulièrement lobées et dentelées, et nous avons fait représenter, fig. 6 et 7, pl. E, les plastrons de la tortue franche et du caret, pour montrer à la fois leur caractère générique, et jusqu'où peuvent aller leurs différences spécifiques. | Les plastrons des tortues de Maestricht paroiïssent avoir ressemblé beaucoup à celui du caret, à en juger du mioins par les fragmens que l’on en a, et que nous donnons pl. IF, fig. 3. Ce sont ces fameux morceaux que M. Faujas avoit pris pour des bois d'élan, et représentés pl. 15 et16 de son {is- toire de la montagne de Saint-Pierre; mais en examinant avec attention les pierres qui les contiennent, et en en retour- nant une, nous nous sommes apperçu qu’elles se rejoignent entre elles et avec une troisième, donnée aussi par M. Faujas, pl. 10, et qu'elles présentent alors le grouppe dessiné dans notre fig. 3, où l’on peut remarquer que les deux pièces den- telées se rejoignent pour n’en faire qu’une qui est analogue à la pièce latérale supérieure du plastron du caret. Le lecteur s’en convaincra s'il veut comparer ce morceau a b fig. 3, pl. IL, avec la partie ab, du plastron du caret, fig. 7, pl. L La pièce c d, fig. 3, est une partie du bord inférieur de ce même plastron, analogue à c d du caret; e et f, sont des os du carpe; ghi, qui, dans la séparation des morceaux avoit presque entièrement disparu, se trouve être un humérus, et kl, un fémur,-parfaitement semblables à leurs analogues dans les tortues de mer. Quant au morceau de notre fig. 6, pl IF, que M. Faujas a donné aussi dans sa pl. 17, pour un bois de cerf ou d’élan, nous avons déjà dit ailleurs, que c’est un fragment des trois ST 240 ANNALES DU MUSÉUM os dont la réunion forme l'épaule de la tortue, et nous le prou- vons ici, en dessinant à côté fig. 5, les mêmes os pris d’une tortue de mer dans leur entier. Il faut seulement faire atten- tion que l'articulation humérale a est casséedans le fossile, ainsi que l'extrémité de lomoplate D, et des deux os claviculaires € et d; mais dans tout ce qui est conservé, l'identité est parfaite. IIL Tortues des ardoises de Glaris. Auprès de Glaris, dans la montagne appelée Plaltenberg ou montagne des Feuillets ou des Plaques, est une car- rière d’ardoise, à lits inclinés au midi, que Fon exploite de temps immémorial pour faire des tables et d’autres objets utiles. Cette ardoise est riche en impressions de difiérens pois- sons, dont $cheuchzer et Knorr ont représenté quelques uns, mais d’une facon peu caractéristique, et telle, qu'il est diflicile de dire s'ils sont de mer ou d’eau douce. La tortue dont il va étre question paroit s'être trouvée dans la même carrière. Déposée dans le cabinet de Zoller, elle fut représentée assez mal, pour la première fois, dans l'ouvrage de KXnorr, tome 1, pl. 34. AÆndreæ en donna, dans ses lettres sur la Suisse, pl. 16, une figure meilleure que nous avons fait copier en petit, dans notre pl. IT, fig. 4. Ceux qui ont cherché a en déterminer l'espèce, l'ont prise pour tortue commune d'eau douce (testudo europæa de Schnei- der). C’est ainsi que la nomme Andrecæ , en ne manquant pas d'observer qu'il y avoit autrefois de ces animaux dans les lacs de la Suisse; comme si la formation des montagnes d’ardoise pouvoit avoir rien de commun avec les lacs actuels de la Suisse. Pour moi, je ne doute pas que ce ne soit une tortue de D'HISTOIRE NATURELLE. 241 mer, et jen tire la preuve de l'allongement, et surtout de l'al- longement inégal de ses doigts. Dans les tortues d’eau douce, les doigts sont de longueur médiocre, et à peu près égaux; dans celle de terre, ils sont à peu près égaux et ‘tous très- courts ; dans les tortues de mer, ils sont fort allongés, et ceux de devant forment une nageoire pointue, parce qu'ils vont en croissant du pouce au médius, et ensuite en décroissant. Or, c’est précisément ce qu'on observe dans la-tortue de Glaris ; mais elle est du reste trop mal conservée pour que lon en détermine lespèce, ni même pour que lon puisse dire si c’est ou non une espèce connue, quoique la forme arrondie de sa carapace en arrière, ne le rende pas vraisemblable. IV. Tortues des environs d'Aif. Elles ont été représentées en 1780 par feu Lamanon, dans le Journal de physique, tome XVI, p. 868, pl. LIT, mais les figures en sont si imparfaites, qu’à peine peut on y reconnoitre le genre, et toutefois, si ce sont des torlues, comme nous sommes à la fin obligés de le croire, leur carapace est trop bombée pour qu’elles soient autre chose que des tortues de terre, On les avoit prises d’abord pour des têtes humaines; Guet- tard imagina que c’étoient des nautiles, Laemanon fut le pre- mier qui les reconnut pour ce qu’elles sont. Nous donnons des copies des figures de cet auteur, pl. I, fig. 9,10 et rr. Il paroit, d’après les termes de Lamanon, que ce sont des noyaux qu'il a décrits. « Toutes les lames et sutures ne parois- ” » sent dans la tortue pétrifiée qu'après avoir enlevé ce qui » reste de l’écaille. » — « La matière du rocher étant encore » molle a pris la place de l'animal, et foriné un noyau sur 242 ANNALES DU MUSÉUM » lequel on distingue parfaitement toutes les parties de l'é- » caille. » Du reste l’auteur décrit assez bien les sutures, quoi- qu'il faille quelques commentaires pour l'entendre. « 1! y a » huit lames de chaque côté (les côtes), elles sont très re- » courbées, et aboutissent à de petites pièces qui sont rangées » longitudinalement (les plaques vertébrales) , et séparées par » un sillon assez profond.» (C’est que la saillie des corps des vertèbres s’étoit imprimée en creux sur le noyau). Lamanon donne ensuite un caractère qui se joint à la grande convexité pour prouver qu'il s’agit de tortues terrestres. « — Les lames ne sont pas de la même largeur dans toute » leur longueur : elles vont en se rétrécissant, et s'emboîitent » les unes dans les autres, de facon qu'après une base vient » un sommet, et ainsi de suite. » (C’est précisément ce que nous avons observé ci-dessus, dans le squelette de la cara- pace d’une tortue de terre.) La hauteur de ces tests étoit de sept ponces sur une largeur de six, convexité aussi grande qu'il y en ait dans aucune 1or- tue de terre. On les trouva, selon Lamanon, en 1779, à quatre ou cinq cents Loises d'Aix, dans un rocher calcaréo-gypseux, mêlé de grains de quarz roulé, situé au pied de la petite montagne, dans laquelle sont creusées les plätrières de cette ville, le long du chemin d'Avignon, et il est très-probable que jé couche qui les contenoit appartient à la même formation que celles . que l'on exploite pour en tirer le plâtre, et où l'on trouve de nombreux poissons et des feuilles de palmiers. Ce rocher contenoit aussi (dit toujours Lamanon) «des » ossemens de toute espèc?, comme des tibia, des fémurs, » des côtes, des rotules, des mächoires et des dents. — Quel- D'HISTOIRE NATURELLE. 243 » ques fémurs sont trop longs et trop gros pour avoir appartenu » à des hommes. — Il y a aussi des ossemenus plus pelits encore » que ceux de la souris. — Quant aux rotules, aux mächoires » et aux dents, elles sont entièrement semblables à celles que » M. Guettard a fait graver à la suite d’un Mémoire, qui est » letroisième desa collection» (la pluparttirées de Montmartre). Lamanon, qui connoissoit Montmartre, ne put manquer d'être frappé de cette ressemblance entre les carrières à plätre d'Aix et celles des environs de Paris, où l’on trouve également des ossemens d'animaux terrestres, des squelettes de poisson, des tortues et des restes de palmiers, et il parle expressément de ces rapports singuliers. Il est Halhetter que ni lui ni les autres descripteurs des plâtrières de Provence n'aient poussé plus loin les recherches comparatives, on n'aient donné du moins des figures exactes des autres restes des corps organisés qu’elles recèlent. On peut compter cependant, parmi ceux qui en ont parlé après lui, trois hommes habiles, Darluc, Saussure et M. Laujas ; mais quoique les deux derniers aient indiqué avec plus ou moins de détail les divers bancs de marne qui recou- vrent ceux de gypse, ils n’ont parlé des poissons que d’après Darluc. Or, celui-ci dit d’abord qu’on y treuve «l'empreinte » de petits poissons rouges avec la tête un peu large, le bec » effilé et le corps formé en losange, dont les arêtes, l’épine » du dos et la queue sont attachés à la pierre par le suc lapi- » difique, qu’on les prendroit, au premier aspect, pour au- » tant de petites dorades, mais qu'on en feroit plutôt des » malarmats ou galinetos, dont les analogues ne’ sont point » dans nos mers » Ga). (1) Darluc, Hisf. nat. de Provence, I, 49. 244 ANNALES DU MUSEUM Certainement c’est là un discours inintelligible; car il n’y a nulle ressemblance entre une petite dorade, soit que l'on entende par-là le cyprinus auratus, ou le sparus auratus, ou le coryphena hippuris, et le malarmat (trigla cataphracta); d’ailleurs, le malarmat n’est rien moins qu'étranger aux mers de Provence. » Lors donc que Darluc ajoute : « qu'on y voit aussi des » mulets barbus, de grandes dorades et des loups, et qu'il y a » observé un merlan qui se mordoit la queue ». On peut bien révoquer en doute l'exactitude de sa nomenclature. On pourroit même suspecter la murène, dont parle d’après lui Lamanon. Saussure y découvrit une’ empreinte qu’il jugea de feuille de palmier (1). M. Faujas en ayant rapporté une autre, M. Desfontaines l'a regardée comme venant de quelque grande espèce de graminée étrangère à nos climats (2). M. F'aujas nous a donné les hauteurs des divers lits’ Celui qui renferme les poissons, est à 37 pieds de profondeur; le premier banc de plâtre exploité, à 6 pieds, et le second à 39 pieds plus bas. Celüi-ci, qui a cinq pieds d'épaisseur, repose sur un plâtre feuilleté qui contient encore des petits poissons (3). Si les poissons Supérieurs sont en effet marins, la ressem- blance des plâtrières d’Aix avec celles de Montmartre sera complète, puisque l’on retrouvera dans les premières comme dans les autres, des produits de la terre surmontés à une grande hauteur par des produits de la mer. I (1) Voyage dans les Alpes, tom. III, pag. 530. (2) Annales du Muséum, tom. VIII, pag. 226. (3) Loc. cit. pag. 223. D'HISTOIRE NATURELLE. 245 SUITE DES OBSERVATIONS Sur la vessie aérienne des poissons. PAR F, DELAROCHE, Docteur Médecin. don Lei SECONDE SECTION. Des fonctions de la vessie aérienne. Je me suis borné jusqu'à présent à décrire la vessie aérienne des poissons telle qu’on l’observe chez ces animaux après leur mort; il me reste maintenant à la considérer dans l'état de vie, en traitant de ses fonctions et de ses usages. Je renfer- merai ce que j'ai à dire à ce sujet dans deux articles. Je m’oc- cuperai d’abord de la manière dont se fait le développement des gaz renfermés dans l’intérieur de cet organe, et je trai- terai ensuite des usages de la vessie aérienne, et des effets que peut produire sur elle le degré de profondeur dans lequel habitent les poissons. $. I. De la maniere dont se fait le développement du gaz renferme dans la vessie aérienne. J'aborde ici une question difficile à résoudre, et plus propre 14. 32 246 ANNALES DU MUSEUM à prêter à des hypothèses qu’à des conclusions positives ; aussi les auteurs, qui se sont occupés de ce sujet, ne sont-ils point d'accord entre eux dans les explications qu'ils donnent de ce phénomène. Les uns, à la tête desquels il faut placer Need- ham (1), regardent le gaz contenu dans la vessié comme le produit d’une sécrétion particulière; d’autres, et Redi (2) est l’un des premiers qui aient adopté celte opinion, croient que ce gaz provient de l'extérieur, et qu'il est introduit dans la vessie par le moyen du canal aérien; d’autres enfin, parmi lesquels il faut compter Perrault (3) et Monro (4), ont une opinion mixte, et pensent que, dans certains poissons , le dé- veloppement du gaz se fait de la première manière, que dans les autres il se fait de la seconde. Je vais présenter ici les prin- cipaux motifs qui peuvent venir à l'appui de l'une ou l’autre opinion. L'idée qui se présente le plus naturellement à l'esprit, quand on recherche quelle est la source du fluide aériforme contenu dans la vessie des poissons, est qu'il est apporté du dehors dans l'intérieur de cette cavité. Nous voyons souvent les pois- sons que nous avons le plus habituellement sous nos yeux venir à la surface de l’eau humer l'air atmosphérique, et en avaler des bulles qu'ils ne rendent point au moment même. Nous savons, d’un autre côté, qu'il existe, du moins dans un grand nombre de poissons, une communication évidente entre Ja cavité de la vessie et l'œsophage; communication qui se fait (:) Disquisitio de formato fætu, pag. 172 et suiv. ; (2) Degli animali, negli animali viventi, tom. 1 de ses Œuvres. Naples, 1741, (3) Œuvres de physique, vol. 2, pag. 383. (4) The structure and physiology of fishes, D'HISTOIRE NATURELLE. 247 par un conduit particulier. On peut donc présumer avec quel- que fondement que le gaz contenu dans leur vessie n’est autre que Pair atmosphérique qu’ils sont venus chercher à la sur- face de l’eau. L’analogie de cette cavité avec les poumons de certains reptiles et les cellules membraneuses des oiseaux, sembleroit confirmer cette opinion; aussi a-t-elle été adoptée, depuis le moment où l’on a commencé à s'occuper de ce sujet jusqu’à nos jours, par la plupart des naturalistes et physio- logistes. Cependant elle a trouvé, dès son origine, des con- tradicteurs. On a allégué contre elle diverses exceptions; mais, ce qui est assez singulier, la plupart de ceux qui l'ont rejetée ont négligé d'appuyer leur sentiment sur celle de ces objec- tions qui est la plus concluante, c’est-à-dire sur celle que fournit l'absence du canal aérien chez un grand nombre de poissons. Je ne sais si les preuves que j'ai données plus haut de la non existence d’un pareil canal chez certains poissons paroïtront convaincantes. Si on les juge telles, il sera hors de doute que, chez les poissons qui sont dans ce cas, le gaz contenu dans la vessie ne peut y être apporté du dehors. Il faudra donc nécessairement admettre que, chez ces animaux, ce gaz se développe dans l’intérieur même de leur corps, ce qui ne peut avoir lieu que par une sorte de sécrétion; mais de quelle nature est cette sécrétion? quel est l'organe qui l’'opère? C'est ce qu’il n’est pas facile de décider. Lorsque je dis que le gaz renfermé dans la vessie est le produit d’une sorte de sécrétion, je prends le mot de sécré- tion dans son sens le plus étendu, et je veux simplement dire que ce gaz est séparé de la masse du sang par leffet de quel- que élaboration particulière. Cette sécrétion est-elle analogue à celle qui s’opère à la face interne des parois de la plupart 32 * 248 ANNALES DU MUSEUM des cavités, dans les vaisseaux capillaires, et à laquelle on applique le nom d’éxhalation; ou bien est-elle semblable à celle qui s'opère dans les glandes; ou bien enfin est-elle d’une nature particulière, et le produit d'organes sécréteurs diffé- rens de ceux que l’on connoït ? Je vais examiner ces questions. Il est diflicile de supposer que le gaz de la vessie des pois- sons soit le produit d’une simple exhalation, ce mode de sé- crétion , sans intermédiaire d’organe, paroissant beancoup trop simple pour donner naissance à un fluide gazeux, et surtout pour rompre l'affinité préexistante entre le sang et l’oxigène. Il ne peut pas non plus être considéré comme le produit d'une sécrétion glanduleuse; car il w’ÿ a point de véritable glande dans les parois de la vessie de la plupart des poissons (1), etiln’y en a aucune dans les parties voisines dont les conduits viennent s'ouvrir dans cette cavité. IL faut donc re- courir à la troisième supposition, celle du développement du gaz dans un organe particulier, différent des glandes propre- ment dites, et de l'appareil des vaisseaux exhalans. Or, .si l'on recherche quel peut être cet organe, on ne verra que les corps rouges précédemment décrits qui puissent avoir cet usage. (1) L'organe singulier que l’on trouve dans un poisson du genre sciéne, et dont nous avons donné la description d'après M. Cuvier (pag. 207 ), sembleroit en- core plus propre que les corps rouges à la production des gaz renfermés dans la vessie : aussi ce célébre naturaliste n'a-t-il pas hésité à le considérer comme étant chez ce poisson l'organe sécréteur de ce gaz. Cependant, si l'on fait aftention qu'il manque chez tous les autres poissons où on l’a cherché, et qu'on n’en voit même aucun rudiment chez les espèces les plus voisines, on ne pourra guère supposer qu'il ait une fonction aussi importante; et ce qui peut aussi en faire douter, c’est que la vessie de ce poisson contient, dans l'intérieur de ses parois, les mêmes corps rouges, qui servent probablement chez les autres poissons à la sécrétion du gaz qu'elle renferme. D'HISTOIRE NATURELLE. 249 Si l'on fait attention que ces corps singuliers existent dans tous les poissons qui sont dépourvus de canal aérien, qu'ils sont très-propres par leur situation et par la quantité de sang qu'ils reçoivent à sécréter l'air contenu dans la vessie, que rien dans leur structure ne s'oppose à ce qu’on leur attribue un pareil usage, et qu'ils n’en ont pas d'autre connu ; si l'on fait attention, d’un autre côté, que l’on ne connoit pas d'autre organe qui soit propre à cette fonction, on ne pourra guère se refuser à croire que ce sont eux qui la remplissent en effet, et que le gaz sécrété dans leur intérieur, par des procédés qui nous sont inconnus, est versé dans la vessie par le moyen des vaisseaux nombreux et déliés qui naissent de leur extré- mité, et se perdent dans l’épaisseur de la membrane interne des parois de cette cavité. Cette opinion, qui suppose que ces corps rouges tiennent en quelque facon le milieu entre les organes glanduleux et le système des vaisseaux exhalans, est peut étre la seule admissible dans l'état actuel de la science. La difficulté que l'on peut trouver à concevoir comment ces corps exécutent une pareille fonction, ne prouve pas davan- tage contre elle, que la difficulté qu'il y a à comprendre com- ment les sécrétions s'opèrent dans les glandes ne prouvent que les glandes ne sont pas des organes sécréteurs. Elle est si naturelle, qu’elle est venue à l'esprit de la plupart de ceux qui ont vu ces corps charnus (1), quoiqu'ils n’aient observé avec soin ni leur structure ni le rapport constant qui existe entre leur présence et l'absence du canal aérien. Quelle que soit la source du gaz contenu dans la vessie des poissons qui n’ont pas de canal aérien , il faut nécessairement (1) Perrault, Monro, Kælreuter, dans les Mémoires précédemment cités. 250 ANNALES DU MUSÉUM que ces animaux aient un moyen d'absorber la quantité sura- bondante de ce gaz, à mesure qu'il se développe. Mais quel est ce moyen? C’est ce que j'ignore absolument. Le même organe qui sert à la sécrétion du g:z sert-il également à son absorption, ou bien cette absorption se fait-eile par le moyen des lymphatiques? IL sera, je crois, bien difficile de résoudre celle question. Si l'on peut regarder comme démontré que le développe- ment du gaz de la vessie se fait par une sorte d’exhalation ou de sécrétion chez les poissons qui sont dépourvus de canal aérien, il n’en est pas de même de ceux dans lesquels ce canal éxiste. Les motifs qui peuvent faire penser que chez ces ani- maux ce gaz n’est pas introduit du dehors, quoique très- forts, ne sont point des preuves convaincantes. Ces principaux motifs sont : 1. L’analogie avec les poissons dépourvus de canal. Ce seroit en effet un motif puissant si la présence du canal aérien n’entrainoit pas de changement dans la structure de la vessie; mais elle en apporte un bien essentiel, savoir, l'absence de l'organe, que je regarde comme destiné à la sécrétion des gaz renfermés dans cette cavité. Chez tous les poissons qui ont un pareil canal, chez tous ceux du moins que j'ai eu occasion d'observer (ceux de la famille des murènes exceptés) ,.cet or- gane manque entièrement, et rien ne le remplace. 2° La difficulté que les fluides contenus dans l'œsophage doivent éprouver à passer dans la vessie par le moyen du canal aérien. Chez quelques poissons, lorifice du canal aérien dans l’'œsophage est très-large, et doit donner facilement pas- sage aux fluides contenus dans ce dernier conduit : mais il n’en est pas ainsi chez d’autres, et particulièrement chez les cyprins. D'HISTOIRE NATURELLE. 251 Plusieurs auteurs ont même avancé que, chez ces derniers animaux, la disposition du canal aérien est telle, qu'il y a im- possibilité à ce qu’un fluide contenu dans l’œsophage passe par son moyen dans la vessie. On a décrit des valvules qui doivent y mettre un obstacle insurmontable; mais cette im- possibilité est encore loin d’être bien prouvée. L'existence des valvules n’est peut-être même pas suffisamment établie, et une expérience bien simple m'a montré que, si elles existent, elles ne s'opposent pas entièrement, du moins chez quelques- uns des poissons de cet ordre, à l'admission dans le canal aérien d’un fluide contenu dans l’œsophage. Cette expérience consiste à insufler fortement de l'air dans l’œsophage du pois- son lié par les deux bouts, au-dessus et au-dessous de lorifice du canal aérien. En la tentant sur des tanches, j'ai reconnu que Pair insuflé passoit avec assez de facilité par ce dernier canal, et sortoit sous forme de jet d’une incision faite bien au-delà du lieu où on indique la position des valvules. Cette expérience, il est vrai, n’a pas eu le même résultat chez des carpes; mais cela tient probablement à la situation même du canal aérien, dont il est bien difficile de ne pas comprendre l'extrémité dans la ligature que lon fait à la partie antérieure de l’'œsophage. 3° La difficulté qu'on peut éprouver à concevoir qu’elle seroit la source du gaz introduit dans la vessie, par le moyen du canal aérien. Si tous les poissons venoient à la surface de l’eau pour respirer, cette objection à l'hypothèse qui considère le gaz renfermé dans la vessie aérienne comme y étant apporté du dehors n’existeroit pas, puisque ces ani - maux trouveroient dans l'air atmosphérique même le gaz destiné à étre introduit dans leur vessie; mais beaucoup de 252 ANNALES DU MUSEUM poissons ne viennent jamais à la surface de l’eau. Il faut donc, s'ils introduisent du gaz dans leur vessie par le moyen du canal aérien, que ce gaz se soit développé dans l’intérieur même de leur corps. Or, il n’est guères plus facile de conce- voir le développement d’un gaz dans l’œsophage ou les autres cavités commuvuiquant avec lui, qu'il ne l’est de concevoir comment ils se développeroient dans la vessie elle-même. On peut cependant supposer, avec quelque apparence de raison, que le gaz dissout dans l’eau, en est séparé dans l'in- térieur de la bouche par quelque procédé que nous igno- rons, et qu'il est ensuite porté dans l'œsophage; ou bien que cette dernière cavité peut se remplir des gaz développés par la fermentation des alimens. 4° La difficulté. que les poissons auroient à introduire dans leur canal aérien, les gaz contenus dans leur æso- phage, sans y Léteite en même temps les autres Jluides contenus dans la méme cavité. Cette objection auroit quelque fondement, si nous ne voyions pas, par une foule d'exemples, etentre autres par celui des gaz contenus dans l'intestin rec- tum, que les animaux savent très-bien distinguer des fluides de diverses natures renfermés dans une même cavité, et les en faire sortir à volonté l’un sans l’autre. Parmi ces considérations , tendantes à montrer que chez les poissons qui ont un canal aérien, le gaz de la vessie n’est point introduit du dehors, aucune n’est probante par elle- même. Leur réunion, il est vrai, a beaucoup plus de force, mais elle est insuflisante pour lever tous les doutes qu’on pourroit conserver à cet égard ; doutes que peut faire naître la connexion remarquable qui existe entre la présence d’un canal aérien et l'absence des corps rouges qui paroissent D'HISTOIRE NATURELLE 253 servir à la sécrétion du gaz de la vessie. La question reste donc encore indécise. Si de nouvelles recherches que je pro- jette de faire dans ce but, me permettent de la décider, je ne tarderai pas à faire connoïtre les résultats que j'aurai obtenus ; mais pour le moment, je n'insisterai pas davantage sur ce sujet. Je n’ai considéré jusqu’à présent le développement du fluide aériforme contenu dans la vessie des poissons, que d'une ma- nière générale. Quelque difficulté qu'il y ait à se rendre compte de ce phénomène, il y en a bien plus à déterminer pourquoi certains gaz sont développés plutôt que d’autres, et surtout à savoir quelle peut être la cause des différences sin- gulières qu’on observe dans la composition de celui que ren- ferme la vessie des poissons. Si le gaz contenu dans la vessie des poissons qui ont un canal aérien provient de lextérieur, il a probablement sa source ou dans l'air atmosphérique ou dans le fluide gazeux que l'eau tient en dissolution. L'an ou l’autre de ces deux fluides, dont la nature est à peu près la même, introduit dans la vessie, doit y éprouver par l'effet du contact des parois de cette ca- vité, une altération analogue à celle qu’éprouve lair dans l'acte de la respiration (1). L’oxigène doit être absorbé en tout ou en partie, et faire place à une quantité plus ou moins grande d'acide carbonique : c’est en effet ce qui a lieu. Toutes les analyses qu’on a faites jusqu’à présent, du gaz de la vessie des poissons qui ont un canal aérien (ceux de la famille des (1) Il paroïît constaté, par les expériences de Spallanzani et de quelques autres physiologistes, que toutes les parties des animaux exercent sur l’air avec lequel elles sont en contact, la même action que la surface pulmonaire, mais d’une manière moins énergique, 14. 33 254 ANNALES DU MUSEUM murèenes exceplés ), ont indiqué dans ce gaz une proportion d’oxigène moindre que dans l'air atmosphérique, et une cer- taine quantité d’acide carbonique. Si de nouvelles analyses donnoient des résultats différens, ce seroit une présomption très-forte pour croire que chez les poissons pourvus de caual aérien, le gaz renfermé dans la vessie n’y est point introduit du dehors, mais qu’il se développe dans l'intérieur même de celte cavité. Chez les poissons qui n’ont point de pareil canal, et chez lesquels le gaz de la vessie est le produit d’une sorte de sé- crélion, rien ne nous apprend d'avance quelle peut être sa nature, et il nous est impossible de dire pourquoi tel ou tel gaz doit se développer plutôt que tel ou tel autre. On peut cependant être étonné que l’oxigène le soit aussi abondamment dans certains cas, si l'on réfléchit que toutes les parties des animaux ont pour ce gaz une grande avidité, et que dans les autres circonstances connues, elles l'enlèvent aux fluides aériformes avec lesquels elles sont en contact sans le rendre jamais, si ce n’est dans l’état de combinaison. Qu'est-ce qui peut combattre dans les organes sécréteurs du gaz de la ves- sie, cette tendance qu'ont toutes les autres parties des animaux à absorber l’oxigène? C’est ce que j'ignore. Il est cependant à remarquer que les circonstances extérieures paroissent influer pour beaucoup dans ce phénomène, puisque la quantité d’oxi- gène développée dans plusieurs poissons, est jusqu'à un certain point en raison de la profondeur dans laquelle ils vivent. Mais la cause de ce dernier phénomène est elle même incounue; on ne sait point encore à quoi peut tenir cette influence re- marquable de la profondeur dans laquelle vivent les poissons sur la nature du gaz renfermé dans leur vessie aérienne, D'HISTOIRE NATURELLE. 255 Quelle est, parmi les circonstances qui entourent ces animaux et qui peuvent varier en raison de la différence de profondeur , celle qui peut avoir un pareil effet? c’est ce que je n'ai pu parvenir à déterminer. Seroit-ce l'augmentation de la pression produite par le poids de l’eau, ou bien la diminution de la lumière, ou bien enfin la nature mémé du gaz dissout dans les eaux profondes? Quelques observations tendent à me faire croire que ni l’une ni l’autre des deux dernières suppositions n'est admissible : quant à la première, je manque absolument de données pour savoir jusqu'à quel point elle seroit fondée. Pour pouvoir supposer, avec quelque fondement, que la proportion considérable de l’oxigène renfermé dans la vessie aérienne des poissons qui habitent les eaux profondes dépendit de la nature du gaz tenu en dissolution dans ces eaux, il fau- droit que ce dernier gaz contint lui-même une proportion d’oxigène plus grande que le gaz dissout dans les eaux voi- sines de la surface ; or, c’est ce qui paroït ne pas avoir lieu. M. Biot ayant, au moyen d'une machine de son invention, puisé de l’eau de la mer à la profondeur de 400 brasses ( près de 700 mètres), et ayant analysé le gaz qu’elle tenoit en dissolution, n’y trouva que vingt-huit centièmes d’oxigène. Je n’en trouvai moi-même que vingt-six centièmes et demi dans du gaz retiré de l’eau de la mer, prise en ma présence à la profondeur de 2c0 brasses, au moyen d’une machine qui m'avoit été prêtée par M. Biot. Cette quantité d’oxigène, loin ‘être plus forte que celle du gaz dissout dans les eaux de la surface, est donc plus foible, puisque ce dernier, d’après les expériences faites par divers savans et d’après celles que j'ai faites moi-même à Maïorque, contient de trente à trente-un centièmes d’oxigène. 33" 256 ANNALES DU MUSÉUM J'avois pensé que l'obscurité qui règne dans les eaux. pro- fondes (1), pouvoit contribuer à la production considérable d'oxigène qui se fait dans la vessie des poissons. Pour n'en assurer, j'ai tenté de soumettre de ces animaux à une obscu- rité artificielle. A cet effet, j'ai enfermé de jeunes muges ( mugil cephalus, Linn.), appartenant soit à la variété or- dinaire, soit à celle que l'on désigne en Espagne sous le nom de lissa, dans une grande caisse qui n’avoit que de petites ouvertures et que j'ai fixée, au moyen de pierres, dans le fond du og d'Ivica. Après un terme de 17 jours, je les ai retirés et j'ai analysé le gaz de leur vessie aérienne, dans le- quel j'ai trouvé moins d’un centième d’oxigène. J'avois ana- lysé, au moment où j'avois commencé l'expérience, le gaz d’autres individus de la même espèce , pris dans le même lieu et en même temps que ceux qui avoient été enfermés dans la caisse. J'avois trouvé chez quelques-uns de ces pois- sons, trois centièmes; chez d’autres, sept centièmes d’'oxigène. Si dans cette expérience l'obscurité a produit quelque effet chez les muges qui y ont été soumis, ce n’a donc pas été celui d'augmenter la proportion d’oxigène; on pourroit même croire qu’elle a eu un effet contraire; mais jen doute beau- coup. Les individus soumis à l'obscurité, se sont trouvés plus petits que ceux dont j'avois préalablement analysé ‘le gaz; et en général j'ai remarqué que la proportion d'oxigène étoit moins grande chez les petits individus d’une même espèce de poisson, que chez ceux dont le volume est plus considérable. Je remarquerai aussi que je attache pas beaucoup d'importance (1) Voyez le Traité d'optique de Bouguer, et un Mémoire que j'ai inséré dans les Annales du Muséum d'histoire naturelle, vol. 13, D'HISTOIRE NATURELLE. 257 \ à cette expérience, que mon départ d’Ivica na empéché de répéter comme je laurois voulu, et dass laquelle je n'ai pu agir que sur de petites quantités de gaz. Elle fournit cepen- dant une présomption assez forte pour croire que ce n’est point par l'effet de l'obscurité que la proportion d’oxigène est plus considérable dans le gaz des poissons pris dans les eaux profondes, que dans celui des poissons pris auprès de la surface. Je ne m’étendrai pas davantage sur les causes qui peuvent modifier la nature du gaz renfermé dans la vessie aérienne des poissons, et je passerai à l'exposition dec ce que j'ai à dire sur les usages de ce singulier organe. S. 2. Des usages de la vessie aérienne des poissons, et de l'influence qu'exerce sur cet organe la pression de l'eau qui recouvre ces animaux. Les différens physiologistes et naturalistes, quise sont occupés de l’histoire de la vessie aérienne, se sont presque tous accordés à regarder cet organe comme servant à faciliter la suspension des poissons dans l’eau. Cet usage est en effet tellement évi- dent, qu’on ne peut le méconnoitre. Les poissons, considérés indépendamment de leur vessie, ont une pesanteur spécifique plus grande que celle du fluide dans lequel ils sont plongés. Destinés la plupart à vivre suspendus dans ce liquide, ils au- roient besoin, pour y parvenir, d'efforts constans, si la pré- sence de la vessie aérienne, en diminuant leur pesanteur spé- cifique de manière à la mettre en équilibre avec celle du milieu ambiant , ne rendoit pas ces efforts inutiles. Les pois- sons dans lesquels cet organe manque, lorsqu'ils n’ont pas, comme les raies, les squales et certains scombres, des ins- 258 ANNALES DU MUSÉUM trumens puissans de natation qui suppléent à son absence, se tiennent habituellement au fond de l’eau, le plus souvent ca- chés en partie dans la vase ou parmi les herbes qui en naissent. Tel est le cas de la plupart des scorpenes, des vives, de l'u- ranoscope rat et des baudroies. La plupart des savans qui ont écrit sur ce sujet ne se sont pas bornés à attribuer cet usage à la vessie, mais ont cru qu’elle en avoit d’autres plus importans. Tels furent Needham, qui la regardoit comme servant à la digestion par le gaz qu’elle verse, suivant lui, dans le canal intestinal; et Heslin, qui pensoit qu’elle sert à rafraichir le sang distribué dans les vaisseaux de ses parois. Tel fut surtout Borelli, qui exposa sur ces usages une théorie ingénieuse, et assez généralement adoptée. Suivant lui, la vessie est un véritable instrument de natation , qui permet aux poissons de s'élever on de s’abaisser sans le secours de ses nageoires. En effet, cet organe mettant pour l'ordinaire ces animaux dans un équilibre parfait de pesanteur spécifique avec le milieu ambiant, on conçoit fa- cilement que si, par un moyen quelconque, ils peuvent aug- menter ou diminuer à leur volonté cette pesanteur spécifique, ils s’éleveront dans l’eau ou s’abaisseront par cela même. Or, Borelli croyoit voir dans la vessie le moyen de produire un pareil effet. Pleine d’un fluide éminemment élastique, elle peut diminuer de volume par l'effet d’une simple pression. Lorsque cette pression diminuera, elle se dilatera de nauveau. Ces variations, dans les dimensions de la vessie, en entraîneront de semblables dans le volume de la totalité du corps, dont la pesanteur absolue ne sera cependant point changée, et dont la pesanteur spécifique éprouvera par conséquent des variations notables. Mais comment peut s'opérer cette com- D'HISTOIRE NATURELLE. 259 pression de la vessie, ou plutôt du gaz qu'elle renferme? Sui- vant Borelli, c’est par l’action des muscles de Pabdomen qui refoulent contre la vessie les viscères de cette cavité (1). On ne peut disconvenir que cette opinion sur les usages de la vessie ne soit tres-plausible : aussi, comme je lai dit plus haut, la plupart des physiologistes l'ont-ils adoptée. Quel- ques-uns d’entre eux, et notamment M. Fischer, professeur à l'Université de Moscou, l'ont cependant rejetée. Parmi les considérations que ce savant a alléguées à l'appui de son opi- nion (2), il en est une qui, si elle n’est pas suffisante pour prouver que c’est à tort qu'on attribue à la vessie un pareil usage, prouve du moins que cet usage n’est que très-secon- daire, c’est que ces variations de pesanteur spécifique étant (1) Ray qui adoptoit une opinion analogue à celle de Borelli, croyoit que la compression du gaz de la vessie s'opère par le moyen des muscles propres des pa- rois de cette cavité; muscles qu’il croyoit exister chez tous les poissons. (Transact, philos. vol. 10, n.° 115, pag. 349). M. Geoffroy, dans un Mémoire fort intéressant, qu'il a inséré dans le tome 13 de ce Recueil, a donné à la théorie de Borelli une nouvelle extension. Ses nom- breuses observations sur le squelette des poissons l'ont conduit à penser que ces animaux pouvoient, par le mouvement même de leurs côtes, dilater leur cavité abdominale, et par suite leur vessie; dilatation qu'on attribue en général à la simple cessation d’une compression habituelle. Il pense aussi que cette théorie peut s’ap- pliquer non-seulement à la vessie aérienne, mais encore aux gaz contenus dans le canal alimentaire. Je ne crois pas que l’on puisse douter de la justesse de cette dernière observation; mais je me permettrai de faire remarquer que cet usage des gaz contenus dans le canal alimentaire des poissons ne peut qu'être très-borné; leur quantité, d’après mes propres observations, étant presque toujours extrêmement foible, et nullement à comparer avec celle que renferme la plus petite vessie aë- rienne. (2) Versuch über die Schwimmblase der Fische von Gotthelf Fischer. Lcipzig, 1795. 260 ANNALES DU MUSÉUM nécessairement très-foibles, ne pourroient produire chez les poissons que des mouvemens extrémement lents, tandis que nous voyons au contraire tous les jours que ces animaux en exécutent avec facilité de très-rapides, aussi bien en s’élevant ou s’abaissant, qu’en s'avançant horizontalement. Ils ont donc d’autres moyens de les produire, qui rendroient celui-là inu- tile. Une autre objection, faite par le même auteur à lhy- pothèse de Borelli, se tire de la situation de la vessie entre la base des côtes le long de la colonne vertébrale; situation qui, suivant lui, doit s'opposer à ce que les muscles de l'abdomen puissent comprimer cet organe; mais cette objection ne prouve rien, puisque ces muscles peuvent opérer cette com- pression indirectement , en refoulant les viscères abdominaux, de la même manière que les muscles de l'abdomen agissent chez les mammiferes dans les mouvemens d'expiration. Une autre hypothèse relative aux usages de la vessie, et ayant eu aussi plusieurs partisans, est celle qui la considère comme un organe de respiration, servant de supplément aux branchies. Proposée d'abord par Rondelet, Viridet et autres auteurs anciens, elle a été reproduite depuis les découvertes des chimistes modernes, par M. Fischer (1), suivant lequel la vessie sert à séparer l'oxigène de l'air dissout dans l'eau, de la même manière que les branchies séparent ce gaz de leau elle-même. Cette hypothèse, qui suppose que les poissons ont la faculté de séparer de l'eau, sans l’altérer, le gaz composé qu’elle tient en dissolution, a été également proposée depuis, avec quelques modifications, par M. Nitsch, dans son inté- (1) Dans la Dissertation citée plus haut, D'HISTOIRE NATURELLE. 261 ressant Mémoire sur la respiration des animaux (1); mais il est évident qu’elle n’est pas admissible pour les poissons qui sont privés du canal aérien. Elle ne l’est pas non plus pour ceux de l’ordre des murènes, puisque j'ai trouvé dans quel- ques-uns d’entre eux une proportion d’oxigène incomparable- ment plus grande que dans le gaz dissous par l’eau où ils étoient plongés. L’est-elle pour les autres poissons qui ont un pareil canal? C’est ce qui ne pourra étre décidé que lorsqu'on aura acquis des notions positives sur la source du gaz renfermé dans leur vessie. Il résulte de ce que je viens de dire, que la vessie n’a pas d'autre usage bien constaté que celui de mettre la pesanteur spécifique des poissons en équilibre avec celle du milieu am- biant. Je ne vois pas pourquoi il faudroit lui en attribuer un autre (2). Son absence chez un grand nombre d’espèces, et (1) Commentatio de respiratione animalium. Viterbergæ. (2) On a pu voir, par le rapport de M. Cuvier sur mon Mémoire, qu'il ne par- tage pas mon opinion à cet égard, et qu'il persiste à croire que le principal usage de la vessie est de servir à la natation, conformément à l'hypothèse de Borelli. Les argumens sur lesquels il se fonde ne m'ont pas convaincu, je l'avoue. Je présen- terai en conséquence quelques observations ultérieures sur ce sujet; mais l’on doit supposer facilement que ce n’est qu'avec une extrême défiance que je conserve une opinion différente de celle d’un savant dont l’autorité est d’un si grand poids dans la science. M. Cuvier ne croit pas que la vessie serve essentiellement à diminuer la pesan+ teur spécifique des poissons; il pense que la nature avoit mille moyens plus simples de parvenir au même but, et appuie son opinion sur ce que les poissons dépourvus de vessie ont cependant une pesanteur spécifique égale à celle de l’eau. Qu'il me soit permis de faire remarquer que ce raisonnement repose sur un fit qui n’est pas entièrement exact. La pesanteur spécifique des poissons dépourvus de vessie, du moins chez les espèces où j'ai pu m'en assurer, n'est point égale à celle de l’eau, mais lui est toujours supérieure. Elle est même aussi grande que celle des 14. 34 262 ANNALES DU MUSÉUM les nombreuses variétés qu’elle présente, sont de puissans mo- fs pour croire qu'elle n’a pas des fonctions bien importantes dans l’économie des poissons. A l'exception d’un petit nombre de cas, sa propre organisation est très-simple, et n’annonce aucune fonction plus compliquée que celle que je lui attribue. Les muscles propres qui sont fixés à ses parois dans un grand nombre d'espèces, ont probablement pour usage de compri- mer plus ou moins fortement le gaz qu’elle renferme, non poissons naturellement pourvus de vessie, mais chez lesquels on a vidé cette cavité du gaz qu’elle renferme. C’est ce dont je me suis assuré par quelques observations que j'ai faites, la plupart depuis la publication du rapport de M. Cuvier, et dont j'indique les résultats dans le tableau suivant. La pesanteur de l’eau commune étant de 1,000 Et celle de l’eau de mer entre 1,026 et 1,028, J'ai trouvé pour celle de, Une petite raïe (raja clavala). . . . 4, . ... + à . + © . + + + 1,074 Unie roussette (squalus calulus). . . . . . . . . . . . . . . . . 3,091 Unesole:( pleuronecles Sole) MEME TE M Tor Un carrelet (pleuronectes platessa) . . . . . , . , . . , , . . . 1,066 Un maquereau (scomber scomber) . . . . . . . . . . . « . . . . 1,055 Une vive (trachinus draco) . . SSI, 6 Me TRe NE QU A NE TO EE Unejautresriver ni «1e fe2e7 ge Ant 60 MR SN MER Un grondin (trigla cuculus) . . . . . . . . . , + 1,073 Après avoir vidé} Une carpe (eyprinus carpio). « . . . « + « . . « « 1,074 complétement JUn hareng (clupea harengus) . , . . . . . . . . . 1,065 leur Un merlan (gadus merlangus). . . . . . . . . . « 1,070 vessie aérienne. | Un muge ( mugil cephalus) . . . . . « . . . . . . 3,062 Une perche (perca fluviatilis) . . . , . . . . . . . 1,086 Il reste donc constant, d’après ces faits, que la vessie aérienne des poissons leur sert à mettre leur pesanteur spécifique en équilibre avec celle du milieu ambiant; aussi voit-on les espèces qui en sont privées vivre habituellement au fond de l'eau, lorsqu'elles n'ont pas des moyens puissans de natation qui compensent ehez elles ce qui leur manque à cet égard. D'HISTOIRE NATURELLE, 263 comme le supposent ceux qui ont adopté l'hypothèse de Bo- relli pour changer la pesanteur spécifique du poisson, mais au contraire pour la maintenir toujours au même point. Les poissons ne peuvent s'élever ou s’abaisser, sans que la pression exercée sur eux par le poids de l’eau qui les recouvre, ne di- minue ou n’augmente, et par conséquent sans que le gaz ren- fermé dans leur vessie tende à se dilater ou à se condenser. Il faut donc, pour que leur pesanteur spécifique ne varie pas, qu’il y ait une cause toujours agissante qui empêche cette conden- sation et cette dilatation. Telle paroît être la fonction des Il me semble, d’un autre côté, que M. Cuvier ne répond point d’une maniére suffisante à l’objection que j'ai faite d’après Fischer à l’ingénieuse hypothése de Borelli, et qui se tire du peu d'importance de l’usage attribué à la vessie. IL est vrai que cette objection est fondée sur la théorie des causes finales; théorie à laquelle nous ne devons avoir recours qu'avec une extrême circonspection, et lorsque nous manquons d'autre moyen d'arriver à la connoïssance de la vérité; mais il en est de même de celle que ce savant à faite lui-même à l'opinion que j'ai émise sur les usages de la vessie aérienne. Or, si, l’on peut conclure de ce que l'importance d'un usage attribué à tel ou tel organe n’est point en rapport avec sa complication, que cet usage n’est que secondaire, je crois que l’on pourra, avec beaucoup plus de fondement, appliquer ce raisonnement à l'hy- pothèse de Borelli qu’à celle qui considère la vessie comme un moyen de dimi- nuer d’une manière constante la pesanteur spécifique des poissons. En effet, il seroit difficile d’apercevoir quel eût été le but de la nature en donnant aux pois- sons, ainsi que le suppose cette hypothèse, un moyen particulier de s'élever et de s'abaisser dans l’eau, tandis qu’il leur est si facile d’exécuter sans cela les mêmes mouvemens avec la plus grande rapidité. On comprend, au contraire, combien il doit leur être utile d’avoir un moyen de se mettre en équilibre de pesanteur spécifique avec le fluide ambiant, et d’être ainsi exempts des efforts peu considé- rables, il est vrai, mais constans qui leur seroient nécessaires sans cela pour se tenir suspendus dans ce fluide. Il est permis, je l'avoue, de supposer, avec M. Cuvier, que peut-être la nature auroit pu employer un moyen plus simple pour arriver au même but; mais aucun exemple connu ne mous en donne la preuve. 34 * 264 ANNALES DU MUSÉUM muscles propres de la vessie. L'état de contraction habituelle et modérée que cette hypothèse suppose chez eux , ne répugne point à nos notions physiologiques actuelles, puisque les mus- cles sphincters nous offrent des exemples d’une contraction pareille. On peut raisonnablement supposer que les muscles abdominaux remplacent ces museles propres chez les poissons qui en sont privés (1). Ce que je viens de dire sur les usages de la vessie aérienne des poissons, se liant naturellement avec l'examen de l'influence qu'exerce sur cet organe la pression résultante du poids de la colonne d’eau qui recouvre ces animaux, je présenterai ici quelques considérations sur ce dernier sujet. Tous ceux qui ont la moindre connoissance des principes de l'hydrostatique, savent que la pression exercée par un fluide liquide sur un corps qui y est plongé, est proportion- nelle à la hauteur de la colonne qui recouvre chacun des points de ce corps. Il sera en conséquence facile de voir com- bien cette pression devra être forte dans des profondeurs un peu considérables , si lon fait attention qu'une colonne d’eau de la mer, de 10 mètres de hauteur, produit une pression à peu près égale à celle qu’exerce l'atmosphère dans la plaine. Dans une profondeur de 540 mètres , celte pression équivau- dra à celle de plus de 5o atmosphères: or, je me suis assuré (2) Un fait qui pourroit en faire douter, c'est que dans l'osfracion triqueter, poisson ‘chez lequel la consistance des tégumens est telle, que les muscles abdomi- naux ne doivent avoir aucune action sur la vessie, il n’y a point de muscles pro- pres. Je n’en ai du moins aperçu aucun dans un individu de cette espèce que j'ai disséqué. Il en existe par contre, d’après les observations de M. Cuvier, dans d’au- tres espèces du même genre. D'HISTOIRE NATURELLE. 265 par moi-même que l’on prend des poissons à cette profon- deur (1), et lon a lieu de croire qu'il existe de ces ani- maux dans des profondeurs encore plus considérables. On sera peut-être surpris, au premier coup-d'œil, de ce que les poissons peuvent supporter une pareille pression sans en étre affectés ; mais pour peu qu'on y réfléchisse, on verra que cela ne doit pas leur être difficile. Il suffit que toutes leurs parties soient en équilibre avec le fluide ambiant. Chez ceux qui sont privés de vessie aérienne, il n’y a pas de raisons pour que cet équilibre soit rompu par l'effet de la pression, puisque toutes les parties qui forment leur corps sont ou des liquides ou des solides gorgés de liquides, sur lesquels la pression ne doit pas avoir plus d'effet que sur l’eau elle-même. Chez les espèces qui ont une vessie aérienne, il en est, il est vrai, différemment. La pression s’exerçant sur le fluide renfermé dans cet organe, fluide qui est éminemment compressible, doit en diminuer beaucoup le volume; mais une fois qu’elle a eu son entier effet, l'équilibre doit se rétablir, et il n’en peut résulter tout au plus qu’une diminution du volume de la vessie. Gette diminution n'aura pas même lieu si la quantité totale du gaz s’accroit dans une proportion telle que malgré la condensation qu'il éprouve , son volume soit suffisant pour remplir cette cavité. C’est en effet ce qui a lieu pour lordi- naire; la vessie est aussi pleine de gaz chez les poissons qui habitent les eaux profondes, que chez ceux qui vivent à la surface. Il en résulte un phénomène assez remarquable dont (:) Voyez mon Mémoire sur les poissons des iles Baléares et Pythiuses, inséré daus les Annales du Muséum d’hist, nat. tom. 15. 266 ANNALES DU MUSÉUM on doit la première connoissance à M. Biot (1). C’est celui qui se passe lorsqu'on retire subitement les poissons d’une eau profonde. À mesure qu'ils s'élèvent, la pression à laquelle ils sont soumis diminue, le gaz renfermé dans leur vessie tend à occuper un plus grand espace; il en distend d’abord les pa- rois et finit par les rompre. Il se répand alors dans la cavité abdominale; mais celle-ci étant elle-même insuffisante pour le contenir, elle s'agrandit par la rétroversion de l’estomac, qui vient former dans la bouche une poche pleine de gaz. C’est particulièrement sur cette dernière circonstance que M. Biot a insisté, Il avoit cru que dans ce cas la vessie sortoit elle- même par la bouche; mais un examen attentif n’a montré que toutes les fois qu’on trouvoit une poche pareille dans la bouche des poissons , elle étoit formée par l’estomac renversé, et qu'il étoit impossible que la vessie en fit partie. Quelque- fois le renversement de l'estomac ne suflit pas, et il s'opère une rupture de la poche même à laquelle il donne naissance. Dans quelques cas la dilacération est telle, que l'estomac est entièrement arraché, et qu’on n’en trouve pas même de vestige lorsqu'on ouvre le poisson. D'autrefois, et c’est le cas le plus fréquent, l'estomac ne se renverse pas; mais les parois de la cavité abdominale se rompent dans quelqu'un des points de leur étendue, le plus souvent vers l'anus, vers l'estomac ou vers les branchies. Chez les poissons qui ont un canal aérien, le gaz pouvant sortir par ce canal à mesure qu'il se dilate, il ne se fait de rupture ni de la vessie ni des parois de la cavité ab- (1) Mémoire sur la nature de l'air contenu dans la vessie des poissons, inséré daus les Mémoires de la Société d'Arcueil, pag. 263 et suiv. D'HISTOIRE NATURELLE. 267 dominale. IL sembleroit que chez ceux qui n’ont pas de canal, cette rupture devroit toujours avoir lieu lorsqu'on les relire de profondeurs considérables; et en effet je l'ai presque tou- jours observée. Cependant, chez quelques individus du trigla cuculus, je n’en ai pas apercu de traces bien manifestes : pro- bablement que l’ouverture qui s’étoit faite dans les parois de leur vessie, s'étoit refermée par l’entrecroisement des mem- branes, et que je n’ai pas mis assez de soin à examiner celle des parois de la cavité abdominale, mais je ne puis affirmer qu'il en soit ainsi (1). (1) Si l’on réfléchit à l'énorme pression que le gaz renfermé dans la vessie des poissons éprouve lorsque ces animaux sont placés dans une eau profonde, on doit être porté à croire, au premier moment, qu'ils ne peuvent faire presque aucun usage des muscles constricteurs de leur vessie, et qu’ils ne peuvent par conséquent maintenir leur pesanteur spécifique dans un état constant d'équilibre avec celle du milieu ambiant. En effet, la résistance que les gaz opposent à la compression aug- mentant en proportion de la pression à laquelle ils sont déjà soumis, ceux que renferme la vessie des poissons placés dans les eaux profondes doivent en opposer une extrêmement forte à l'action des muscles qui les compriment. C’est ainsi, par exemple, qu’à une profondeur de deux cents mètres, cette résistance sera vingt fois plus grande qu’auprés de la surface. Cependant, si l’on examine attentivement tout ce qui doit se passer dans ce cas, on verra que cet état des gaz ne peut pas s'opposer chez les poissons des eaux profondes au maintien de l'équilibre entre leur pesanteur spécifique et celle du liquide dans lequelils sont plongés. On comprendra que leur élévation ou leur abaissement dans l’eau ne produront dans ces gaz qu’une dilata- tion ou une condensation infiniment plus foibles qu'a la surface, et que par consé- quent ils n’auront besoin de faire varier le degré de compression qu'ils leur font subir que dans des limites extrêmement rapprochées, de manière à ne pas employer une action musculaire plus grande que s'ils vivoient dans des eaux peu profondes. Je ferai remarquer que l’on peut tirer de ce qui précède une nouvelle objection à la théorie de Borelli sur les usages de la vessie aérienne. Il est évident que les variations de volume de cet organe, et par suite celles de la totalité de l'animal, seroient telle- ment foibles chez les poissons des grandes profondeurs, que la rupture d'équilibre 268 ANNALES DU MUSÉUM Ce que je viens de dire de l'influence exercée par l’eau sur la vessie aérienne des poissons , sembleroit indiquer que cet organe seroit plus nuisible qu'utile aux poissons qui ont de grandes facultés natatoires. En effet, s'ils en avoient une, ils ne pourroient passer rapidement du foud de l’eau à la surface, sans s'exposer à la rupture de ses parois, et par suite à celle des parois de leur cavité abdominale, tandis qu'en étant dé- pourvus, le changement de pression qu’ils éprouvent dans ce passage ne doit avoir sur eux presque aucune influence. Il est probable que les espèces qui ont une vessie, lorsqu'elle passent d'un lieu peu profond dans un lieu qui l'est davantage, ou d’un lieu profond dans un lieu qui l’est moins, ne le font que len- tement, afin de donner le temps aux vaisseaux exhalans ou absorbans de cet organe, d'y verser une plus grande quantité de gaz ou d’absorber celle qui y est en excès. J'ai supposé que quelle que fut la profondeur de l’eau dans laquelle vivent les poissons, la pression qui résulte du poids de la colonne d’eau qui les recouvre, n’a d’autre effet sur eux que de comprimer le gaz de la vessie et de déterminer le développement d’une quantité plus grande de ce gaz, pour compenser la diminution de volume que lui fait éprouver sa condensation. Quelques faits cependant me porteroient à croire que dans les profondeurs qui dépassent 250 mètres; cette pression est souvent suflisante pour empêcher le déve- loppement du gaz de la vessie, et pour oblitérer la cavité de cette poche. Un trigle perlon (trigla cuculus ), et deux Lotes qui en résulteroit entre la pesanteur spécifique de ces animaux et celle de l’eau, ne pourroit produire chez eux que des mouyemens presque imperceptibles, D'HISTOIRE NATURELLE. 269 ( gadus lota), pris tous les trois dans une profondeur de 250 à 300 mètres, l’un auprés d’Ivica, les deux autres dans le lac de Genève, avoient une vessie dont: la cavité étoit presque entièrement oblitérée, et ne renfermoit qu'une petite quan- tité d’un liquide jaune épais et d'apparence purulente. N'ayant pas été à même d'observer d’autres poissons pourvus de vessie, qui eussentété péchés dans de pareilles profondeurs, je n'ai pu déterminer si cette oblitération de la vessie étoit acciden- telle ou si c’est un phénomène constant du à la pression exer- cée par le poids de l’eau. Si de nouvelles observations analogues aux miennes, démontroient la justesse de cette dernière opi- nion, il seroit intéressant de déterminer comment celte pres- sion produit un effet semblable. On pourroit supposer que c’est en déterminant la combinaison des élémens dont eut été formé le gaz qui se seroit développé sans cela; mais les ré= sultats de l'expérience suivante, sont contraires à cette sup- position, et montrent qu'une pression pareille à celle qu'ont dù subir les poissons dont j'ai trouvé la vessie oblitérée, et même qu'une pression beaucoup plus forte, ne sont pas suflisantes pour produire la combinaison des gaz entre eux. J’ai descendu à la profondeur de 540 mètres, 1. Un mélange d’oxigène et d’azote; dans la proportion de deux parties d’azote pour cinq d’oxigène ; 2. Un mélange d'hydrogène et d’oxigène dans la pro- portion d’une partie d’oxigène pour deux d'hydrogène ; 3° Un mélange d'azote et d'hydrogène, dans la propor- tion d’une partie d’azote pour trois d'hydrogène. Ces trois mélanges étoient contenus dans des tubes fermés par un bout et plongés par l’autre, dans un vase, plein de mercure. Lorsqu'ils furent retirés du fond de l’eau, ils ne 14. 35 270 ANNALES DU MUSEUM parurent avoir subi aucune altération. Cependant, dans cette expérience, les mélanges gazeux avoient été exposés à une pression de plus de cinquante atmosphères, et avoient dù, d’après la loi connue de la compressibilité des gaz, être ré- duits au cinquantième de leur volume; mais par l'effet de leur élasticité naturelle, ils étoient revenus à leur premier état. Nous avions, M. Biot et moi, quelque temps aupara- vant obtenu un résultat semblable, en descendant de pareils mélanges à la profondeur de 230 mètres environ. D'HISTOIRE NATURELLE 271 SECONDE PARTIE. Description de la vessie aérienne considérée dans diffé- rentes espèces de poissons. $. I. Poissons cartilagineux. Osrracion TriQueter (Lin.). La vessie de ce poisson est assez volumineuse, large et arrondie en avant, un peu rétrécie en arrière. Le péritoine se réfléchit sur ses parois latérales, de manière que sa forme s'aperçoit trés-bien sans qu’on enlève cette membrane. Ses parois sont fortes et aponévrotiques : elles ne tiennent que foiblement aux parties environnantes, et ne donnent insertion à aucune fibre mus- culaire. Elles n’en renferment non plus aucune dans leur épaisseur. Je n’ai pu dé- couvrir de canal aérien. L’altération des corps rouges m'a empêché de bien voir leur disposition; j’ai reconnu seulement qu'ils sont situés à peu près vers le milieu de la paroi inférieure, un peu en avant, Terroron osLonçus (Lin.)? La vessie occupe la partie antérieure de la cavité abdominale. Elle est assez grande, transversalement ovalaire, un peu échancrée en avant et en arrière, mais surtout de ce dernier côté. Ses paroïs sont assez épaisses, mais foibles, d’une texture lâche et demi-transparente. Elles tiennent aux parties voi- sines par le péritoine, qui leur est appliqué dans une grande partie de leur éten- due, et par un tissu cellulaire peu serré. De l’échancrure postérieure naît un cordon tendineux, qui va s’insérer à la colonne vertébrale. C’est aussi par cette échancrure que pénètrent les vaisseaux qui se rendent aux corps rouges. Ces vaisseaux naissent de la partie voisine de l’artère dorsale. Les corps rouges sont petits, nombreux, disposés en grappes, qui occupent toute la partie postérieure de la paroi inférieure. Je n’ai pu découvrir ni canal aérien ni muscles propres de la vessie. Les deux membranes sont fortement unies entre elles (1). (1) I ne faut pas confondre avec la vessie aérienne la cavité qui sert au poisson à dilater son corps, JON 273 ANNALES DU! MUSÉE U M Diopon nivuranis (Duméril, inéd.). La vessie est située dans la partie anté- rieure de la cavité abdominale, Elle est formée de deux cavités coniques, ayant leur sommet tourné en avant, placées à côté l’une de l'autre, et réunies dans le voisinage de leur base. Elle ‘est fitée aux'parties voisines parle péritoine, qui la revêt dans une grande partie de son étendue, par un tissu cellulaire peu serré, et par deux petits muscles qui, naissant de la colonne vertébrale, vont s'insérer à la partie antérieure et supérieure du lieu de jonction des deux cavités. Les parois de la vessie, du moins chez les individus conservés dans l’esprit-de- vin, ont une consistance assez ferme pour ne pas s’affaisser lorsqu'on l'a ouverte. Elles offrent une demi-transparence, et sont formées dans toute leur étendue de deux membranes, qui sont unies fortement ensemble. Elles sont en outre forti- fiées par un muscle assez épais, qui occupe toute la paroi postérieure de la vessie, et dont les fibres, dirigées de haut en bas, s’insérent, par leur deux extrémités à la membrane externe. Celle-ci s'amincit beaucoup dans toute la partie correspon- dante à ce muscle, qui semble même la remplacer presque entièrement. Je n'ai pu découvrir de canal aérien; mais l’altération des parties voisines ne m'a pas permis de m'assurer de son absence. Lés corps rouges sont isolés, petits et nombreux. Ils occupent une grande partie dé la paroi inférieure des deux ca- vités. Les vaisseaux qui s'y rendent naïssent de l'éorte en ävant de la vessie. La paroi supérieure de Ja vessie offre un repli circulaire de la membrane interne ; repli dout j'ignore l'usage (1 1). ) 0 1 ; 11 . t 3 1 tre t et dans laquelle il ne fait point passer d'air. Cette cavité estsituée au-dessous du poisson, et occupe presque toute la longueur de son corps, depuis l'anus jusqu’à la mâchoire inférieure. Ses parois sont membraneuses. Elles ne sont séparées, en dessous, de la peawiextensible de l'abdomen, que par une couche musculaire assez mince, Vers le milieu de la supérieure est une large ouverture communiquant avec ph est situé immédiatement au-dessus. La membrane, qui forme Ja paroi de cette cavité, est, en cet endroit, très-lâche, et revètue en dehors de fibres mus laires assez minces, qui font, à ce qu'il paroït, l’éfficé de sphincter. Le diamètte de cette ou verture étoit de 3! centimètres’ dans fun ‘individu dohttld longueur (totalé étoit del3 décimètres JL n’y a aûcue ‘éommunication entre cette cavité et celle des branchies , si rce n'est par leymoyen de l'ésophage. 1# 69° {rt , le de ind -ruodbne (1) La vessie de ce poisson n'a aucune connexion avec les organes qui permettentià son corps de s’enfler, Ceux-ci ne, m'ont paru ètre autre chose qu'une grande poche résultant de la dilata= tion du pharynx, et ;occupant toute la partie antérieure de la grande cavité formée par la peau exteusible de l’abdomen; cavité dont la partie postérieure est remplie par les viscères! ab- dominaux, Les parois de cette poche sont très-extensibles. C'est vers Le milieu de la postérieure qu'est l'entrée de l'æsophage, dont les bards sont froncés ; et'qui peut être fermée parune sorte de sphiucter. On pourroit copsidérer la poche elle-même, d'après sa disposition, comme une sorte de jabot: mais j'ai lieu de croire que les alimens n’y ‘séjournent pas, car elle n’en conte- noit aucun vestige dans l'individu que j'ai disséqué. Elle ne communique avec les branchies que D'HISTOIRE NATURELLE, 273 Synenaraus roNDELETIT ( Delaroche). La vessie située au milieu de la cavité abdominale occupe le tiers de sa longueur, et dans cette étendue la remplit pres- que en entier. Elle est oblongue, presque cylindrique, arrondie à ses deux extré- mités. Ses parois sont minces et fort transparentes. Elles sont recouvertes inférieu- rement par le péritoine, et n’adhèrent que par du tissu cellulaire aux paroïs su- périeures de l'abdomen. Je n'ai pu découvrir de canal aérien. 11 n’y a qu'un seul corps rouge en forme de cône tronqué, situé entre les deux membranes à l’ex- trémité antérieure de la vessie. La base du cône est tournée en arriére, et adhère fortement à la membrane interne. Le sommet est tourné en avant, et reçoit les vaisseaux. Je n’ai point vu à la base de ce corps le renflement celluleux que pré- sentent les corps rouges des autres poissons. Les vaisseaux qui en naissent sont assez développés, et se répandent sur toute l'étendue de la membrane interne. J'ignore si la distribution de ces vaisseaux, qui semble se rapprocher de celle qu'on aper- çoit dans l’anguille, est aussi compliquée que chez ce dernier poisson. J'invite ceux qui aurent la facilité d'observer des syngnathes, à en examiner de nouveau la vessie sous ce rapport. $. IL Poissons apodes. Munæna Ancuicra (Lin.). La vessie est située dans la partie moyenne un peu antérieure de la cavité abdominale, et occupe à peu près le quart de sa longueur. Elle est oblongue, étroite, fusiforme, rétrécie en pointe à ses deux extrémités. Elle adhère aux parties voisines par un tissu cellulaire assez serré, et par le moyen du péritoine qui couvre sa face intérieure, et qui, s’en séparant sur les côtés, forme dans cet endroit un repli qui enveloppe les organes de la génération. Ses parois sont demi-transparentes et médiocrement épaisses. La membrane externe est brillante et argentée. Quand elle n’est pas distendue, elle devient opaque. L'interne lui adhère foiblement. Vers le milieu de la paroi inférieure de la vessie, un peu à gauche, naît le canal aérien. Ce canal est tellement ample, qu'il peut être considéré comme une seconde vessie, dont la capacité est pour le moins égale à celle de la vessie propre- ment dite. Ses parois sont minces, et formées seulement par une prolongation de par l'intermédiaire de la bouche, et ne peut nullement être considérée comme l’analogue des poumons celluleux que l’on a trouvés dans d’autres espèces du mème genre, et qui manquent entièrement dans celle-ci. J’ignore comment s'opère la dilatation de la partie postérieure du corps. Les viscères abdominaux sont-ils simplement refoulés. par la dilatation de la poche que je viens de décrire, ou bien l’eau peut-elle pénétrer ans la cavité péritonéale P C’est ce qu’on ne pourra peut-être déterminer que par des observations faites sur des individus frais. 274 ANNALES DU MUSEUM la membrane interne de cette derniére. 11 se porte jusque vers l'extrémité antérieure de la cavité abdominale, dépassant ainsi beaucoup celle de la vessie. IL se rétrécit un peu dans ce trajet, et se termine cependant par un cul-de-sac arrondi. Au-des- sous de cette extrémité il émet un canal très-court et assez fin, qui s'ouvre dans l'œsophage prés de sa réunion avec l'estomac. La membrane interne de l’æsophage ne présente dans cet endroit qu'une ouverture presque imperceptible, et je n'ai point aperçu la papille indiquée par M. Cuvier. A l'endroit où le canal aérien naît de la vessie sont situés deux corps rouges, d'apparence charnue, oblongs, un peu déprimés, placés à côté l’un de l’autre, et séparés seulement par l'orifice du canal. Ces corps, dont la structure est presque impossible à reconnoître, m'ont paru avoir quelque analogie avec les corps rouges qu'on observe dans la vessie des poissons dépourvus de canal aérien ; mais ils en différent essentiellement par leur mode de terminaison, ainsi que je l’indiquerai dans un moment. Ils reçoivent des vaisseaux très-considérables, qui y portent une quantité de sang presque égale à celle qui se distribue dans la masse eutière des viscères abdominaux. Ces vaisseaux naissent d'un tronc commun qui sort de l'aorte, à côté des artères hépatiques et mésentériques. Ce tronc se porte en arriére, le long du canal aérien, en distribuant quelques rameaux aux parties voisines. Arrivé près de l’origine de ce canal, il se divise en deux branches, dont chacune se porte à l'extrémité antérieure de l’un des corps rouges. Avant d'y pénétrer, ces branches se divisent et se subdivisent presque à l'infini, de manière à former une multitude de ramuscules parallèles entre eux. Ces vaisseaux artériels sont accompagnés par des vaisseaux veineux, également développés, et ayant exactement la même dis- “tribution. De l'extrémité postérieure des corps rouges naïssent un grand nombre de ramuscules vasculaires, semblables à ceux qui y pénètrent par leur extrémité antérieure. Ces ramuscules se réunissent les uns aux autres, de manière à former trois ou quatre troncs, dont un ou deux se recourbant brusquement, vont se dis- tribuer sur la partie antérieure de la membrane interne de la vessie, les autres se distribuent directement sur la postérieure. Ces vaisseaux singuliers, nés des corps rouges de la vessie par une multitude de petites branches, lesquelles se réunissent pour former {rois ou quatre troncs, qui se divisent et se subdivisent à leur tour, sont de deux ordres, les uns veineux, les autres artériels, toujours accollés en- semble, et subissant les mêmes divisions. Nous avons, M. Duméril et moi, injecté isvlément les uns et les autres, ainsi que les vaisseaux, tant artériels que veineux, qui apportent le sang dans les Corps rouges ou le remportent; mais, de quelque manière que nous nous y soyons pris, nous n'avons jamais pu faire pénétrer le mercure dans les corps rouges eux-mêmes. L À Munæxa concen (Lin.). La vessie est très-grande, et occupe au moins les deux D'HISTOIRE NATURELLE, 279 tiers de la longueur de la cavité abdominale. Le canal aérien a une capacité beau- coup moindre qu’elle. Les corps ronges sont plus larges que longs. La disposition de la vessie est d’ailleurs absolument la même que dans l’anguille. OpnHisurus senpens (Lacép.). La vessie occupe la moitié postérieure de la cavité abdominale. Le canal aérien est très-long, et se renfle beaucoup au-devant d'elle. Le canal grêle, par lequel il s'ouvre dans l’æsophage, est assez long, et se recour- bant en arrière, suit quelque temps cette direction avant d'y pénétrer. Les corps rouges sont allongés d'avant en arriére. MurÆNOPHIS HELENA (Lacép.). La vessie est trés-petite, oblongue, presque cy- lindrique, arrondie à ses deux extrémités. Elle est située au-dessus et à droite de lœsophage, renfermée en entier dans un repli du péritoine. Sa longueur n'atteint pas la dixième partie de celle du poisson. Sa membrane externe est épaisse, forte, et d’une consistance presque cartilagineuse. L'interne, quoique foit mince, a assez de force. Le canal aérien sort du milieu de la paroi gauche de la vessie, de la membrane interne de laquelle ses propres parois semblent être une continuation. Il se porte en arrière, en formant diverses circonvolutions, et va s'ouvrir dans l’œsophage. Cette ouverture, qui est pratiquée au centre d’une papille élevée, est très-étroite. Le diamètre du canal lui-même fait la moitié ou le tiers de celui de la vessie. À l'endroit de son origine sont deux corps rouges semblables pour leur disposition apparente à ceux de l'anguille. J'ignore si celle de leurs vaisseaux est la même que dans ce dernier poisson. La disposition de l’orifice par lequel le canal aérien s'ouvre dans l’æsophage, est telle que, dans la plupart des cas, elle s'oppose entièrement à ce que le gaz qu'il renferme passe dans ce dernier conduit. Je n'ai pu jamais l'y faire passer à l'aide de la compression, et j'ai remarqué que, chez tous les individus que l’on prend dans les grandes profondeurs, la vessie étoit extrémement distendue, l'effet de la dilatation du gaz qu'elle renferme ayant été plutôt de faire céder ses parois que de forcer l’obstacle qui s'oppose à la sortie de ce gaz. Je ne l'ai cependant jamais trouvée rormpue. OpPHiDiUM BARBATUM (Lin.). L'organisation de la vessie est plus compliquée chez ce poisson que chez aucune autre espèce connue, et ce qui est trés-singu- lier, elle n’est pas la même chez tous les individus. Ceux que j'ai disséqués se par- tagent en deux classes bien distinctes sous ce rapport, quoique je n’aie pu observer entre eux aucune autre différence quelconque. J'ignore si, comme cela est possible, il y en a une dans leur sexe, n’en n'ayant pas vu d'individus dont les organes séni- taux fussent assez prononcés, pour qu'il fût permis de rien décider à cet égard. 276 ANNALES DU MUSÉUM La vessie, dans les individus de la premiére classe, a une cavité simple, ovalaire, à parois opaques assez fortes, mais sans être très-fermes. Postérieurement elle est arrondie; antérieurement elle s'unit à un appareil d'os et de muscles dont je vais essayer de donner une idée (r). La quatrième et la cinquième vertèbre dorsale sont réunies par une lame esseuse trapéziforme, soudée à la face inférieure de leurs corps, qu’elle déborde sur les côtés, particulièrement en arrière. Les bords obliques de cette lame s’'articulent de chaque côté avec une autre lame osseuse mince, en forme de quarré long, qui se porte en bas dans une direction à peu près perpendiculaire à celle de la colonne vertébrale; et en se rapprochant de la lame semblable du côté opposé. Ces deux pièces sont maintenues dans une situation à péu prés fixe par le moyen de la troisième côte qui vient se souder à leur face externe, près de leur sommet, en formant une sorte d'archoutant. Entre ces deux pièces osseuses , en est une troisième ressemblant un peu pour la forme à un croissant dont Ja concavité seroit tournée en avant. Cette dernière tient aux deux autres par une membrane lâche et par deux ligamens courts qui s'étendent du sommet de celles-ci a ses côtés, près de son bord postérieur, et un peu au-dessous du milieu de sa longueur. Cette disposition lui permet d’exécuter un mouvement de rotation par- tielle, dans lequel elle prend tantôt une situation verticale, tantôt une situation telle. que son extrémité supérieure devient postérieure; que. l’inférieure au con- traire est dirigée en ayant, Il est à remarquer que les deux lames latérales font partie des parois de la vessie avec lesquelles elles se confondent par leurs bords postérieurs. La vessie n’est fermée dans l'intervalle qu’elles laissent en avant, que par la pièce mobile et par la membrane lâche qui les unit à cétte dernière : elle ne présente d'ailleurs aucune ouverture. On doit facilement comprendre, d’après cela, que le mouvement de rotation par lequel l'extrémité supérieure de la piéce ossexse mobile est portée en arrière, ne peut s'exécuter, sans que l'air renfermé entre les deux lames immobiles soit refoulé en tout ou en partie dans la vessie proprement dite, et ne comprime celui qui étoit déjà renfermé dans cette ca- vité. Cet effet est même le seul but apparent de tout cet appareil, et des muscles particuliers assez développés , semblent exclusivement destinés à exécuter les mou- vemens nécessaires pour qu'il soit produit. Deux de ces muscles, de forme grêle et allongée, s'étendent parallèlement entre eux, de la base du crâne à la pièce osseuse en forme de croissant sur laquelle ils s'insérent un peu au-dessous de son centre de mouvement. Leur action doit être évidemment de reporter en arrière son extrémité (1) Broussonet a observé déjà cette disposition, et l’a décrite dans un Mémoire sur l’ophidium barbatum, inséré dans les Transactions philosophiques, vol. 71, pag. 437. Il n'a pas convu les individus de la seconde classe, dm we me! D'HISTOIRE NATURELLE. 277 supérieure, au moyen d'un mouvement de bascule. Les muscles qui produisent l'effet contraire, n'agissent qu’indirectement et par l'entremise de la première vertébre à laquelle la première côte est articulée de manière à suivre tous ses mouvemens. Cette première côte, qui se porte beaucoup en arriére, donne naissance près de son extrémité, à un ligament grêle et tendineux qui va s'insérer à la piece en forme de croissant en arrière, et un peu au-dessous de son centre de mouvement, L'ac- tion des muscles qui s'étendent du crâne à la partie annulaire de la première ver- tébre est telle, qu'elle imprime à cette partie un mouvement de rotation tendant à élever l'extrémité de la côte qu’elle supporte, et à produire sur le ligament une traction qui fait exécuter à la pièce en forme de croissant, un mouvement par le- quel son extrémité supérieure est portée en arriere. Dans les individus de la seconde classe, il existe un mécanisme analogue à celui que je viens de décrire; mais s'en écartant par des différences de détail qu'il seroit trop long d’exposer ici. Il y a en outre cette différence importante, que la pièce osseuse mobile ne s’avance pas immédiatement dans la cavité de la vessie, mais bien dans une cavité secondaire située en avant de celle-ci, dont elle n'est séparée que par la membrane interne très-lâche et extensible dans cet endroit: Cette cavité secondaire est remplie d’une substance gélatineuse qui, refoulée en arrière par la pièce osseuse mobile, soulève la membrane interne de la vessie, et vient faire saillie dans sa cavité, comprimant ainsi le gaz qu’elle renferme. La membrane externe de la vessie, dans les individus de cette classe, est extré : mement épaisse et de consistance presque cartilagineuse. En avant, elle se confond avec les lames osseuses entre lesquelles joue. la pièce mobile. En arrière, elle se réfléchit en dedans sur elle-même, et vient former dans l'intérieur de la cavité de la vessie un cône creux, allongé, libre dans toute son étendue, si ce n’est à sa base, qui est tournée en arrière; le sommet de ce cône est tronqué, un peu aplati dé haut en bas, fendu transversalement avec ses bords renflés en maniere de lèvres, ét fermé seulement par la membrane interne de la vessie, qui est trés-liche en cet endroit. Sa cavité est remplie de gélatine, qu'une membrane tendue sur sa base empêche de s'échapper en arrière. Cette membrane, à ce qu’il m'a paru, n'est autre chose que le péritoine fortifié, peut-être en cet endroit, par une expansion même de la membrane externe de la vessie. Quel peut être le but de la singulière disposition que présente la vessie de ce poisson? Je l'ignore complètement. S'il n’existoit que des individus de la première classe, on pourroit croire, avec Broussonet, qui ne connoissoit pas ceux de la seconde, qu'elle a simplement pour usage de donner au poisson un moyen de com- primer à sa volonté le gaz renfermé dans:sa vessie, et de faciliter par là sa nata- tion; mais s'il en étoit ainsi, on ne yoit pas à quoi pourroit servir la grande compli- cation d'organes qu'on observe dans Les individus de la seconde classe ; il est probable 14. 36 278 ANNALES DU MUSEUM que tout cet appareil a quelque autre usage. Peut-être est-ce celui de produire des sons particuliers, qui permettent aux poissons des deux sexes de s’apercevoir mu- tuellement. 11 est un fait qui doit nous porter à croire que cet usage, quel qu'il soit, n’est pas très-important; c’est que d’après l'observation de Broussonet, il existe des individus de l’ophidium barbatum , dans lesquels cet appareil manque entière- ment; mais ce savant ne s'est-il point trompé en rapportant ce dernier individu à la même espèce que les autres ? Je n’ai pu m'en assurer par moi même, n'ayant pas eu occasion d’en voir. Pour terminer ce que j'ai à dire de la vessie de ce poisson, j'observerai que quelle que fut sa disposition, jen'ai jamais aperçu rien qui pût être pris pour un canal aérien. Les corps rouges sont soudés par leurs bords latéraux, en une bande demi- circulaire, dont la convexité est tournée en avant, et qui occupe la partie anté- rieure de la paroi inférieure de la vessie. 6 III Poissons osseux jugulaires. Gapus æcceriNus (Lin.). La vessie est ovale-oblongue, arrondie en avant, pointue en arrière. Elle occupe toute la longueur de la cavité abdominale, mais ne se prolonge point au-delà : elle est dentelée sur les côtés. De son extrémité anté- rieure naissent deux petites cornes ou appendices filiformes, arqués, libres à leur ‘extrémité, qui est entièrement fermée. Les dentelures des côtés de la vessie, peuvent être considérées comme autant de petites appendices coniques qui viennent s'insérer aux apophyses transverses des ver- tèbres très-développées chez ce poisson. La membrane externe est blanche, opaque, peu consistante. Elle s'étend’sur toute la paroi inférieure de la vessie et sur la partie postérieure de sa paroi supérieure, Elle manque entièrement dans le reste de l'étendue de cette paroi. Elle s'insère par ses bords aux apophyses transverses des vertébres. La membrane interne est fort mince, surtout supérieurement. Je n'ai pu découvrir de canal aérien. Les deux cornes ou appendices filiformes, sont libres et fermées à leur extrémité, et ne peuvent être pris pour un pareil canal. : Les corps rouges sont petits, très-nombreux, réunis en une masse ovalaire assez épaisse, d'apparence spongieuse , située à la partie antérieure de la paroi inférieure de la vessie. Cette même paroi présente sur ses côtés, et un peu plus antérieurement, deux muscles assez épais, allongés obliquement d’arrière en avant et de dehors en de- dans, Les fibres de ces muscles sont transversales et insérées par leurs deux extré- mités à la membrane externe. 5 D'HISTOIRE NATURELLE. 279 Gapus monnxuA (Lin.). La vessie est moins profondément lobée sur les.bords que dans l'espèce précédente. Antérieurement elle est comme tronquée, et de chacun des deux angles qui en résultent, elle donne naissance à une appendicc conique grêle, terminée en pointe assez fine, fermée à son extrémité, qui est libre et s'enfonce dans une sorte de cavité située derrière le crâne. La longueur de ces appendices est de plus du tiers de celle de la vessie. Au lieu des muscles que pré- sente l’espèce précédente, on trouve chez celle-ci deux muscles quadrilatères minces, dont les fibres ne s'insèrent que par une de leurs extrémités à la mem- brane externe de la vessie: l'autre extrémité va se fixer à l'extrémité des apophyses transverses des vertèbres antérieures. L'organisation de la vessie est d’ailleurs la même que dans l'espéce précédente. Quelques auteurs ont indiqué chez ce poisson un canal aérien; mais je me suis assuré qu'il en est entièrement privé. IL paroît qu'on a pris pour tel, soit le faisceau des vaisseaux qui se distribuent aux corps rouges, soit les appendices de la partie antérieure de la vessie. Gapus MERLANGUS ( Lin.). La vessie est presque entière sur les bords, rétrécie en pointe à ses deux extrémités. Les appendices, en forme de cornes, naissent de ses bords latéraux, prés de leur extrémité antérieure et un peu en dessous. Elles sont un peu plus petites que dans la morue (g.morrhua). Je n'ai point aperçu de muscles propres de la vessie. La masse formée par les corps rouges, est située au milieu de la paroi inférieure de cette cavité. Elle est un peu moins épaisse que dans les espèces précédentes. Gapus BARBATUS (Lin. )? La vessie est étroite, échancrée profondément en avant, de manière à former deux cornes ou appendices fermées à leur extrémité, qui se perd dans le tissu cellulaire situé au-dessus de l'œsophage. Elle adhère assez forte- ment aux apophyses transverses des vertébres, mais moins que dans les espèces précédentes. Dans sa partie antérieure, elle est presque libre. Les corps rouges sont soudés entre eux par leurs bords latéraux, de manière à former une guirlande quadrilatère un peu allongée, renfermant un espace oblong et étroit. La masse qui en résulte n’a point l'aspect spongieux qu’elle présente dans la plupart des gades. Gaous mercucrus (Lin.). La vessie de ce poisson ressemble beaucoup à celle de l’aiglefin (gadus æglefinus), mais en diffère, parce que les appendices vermi- formes sont remplacées chez elle par deux tubercules épais, de nature tendineuse. Je n’ai pas bien vu la disposition des muscles. Les corps rouges forment une masse très-considérable. Gsous ror4a (Lin.). La vessie est oblongue, large et arrondie à son extrémité 30 ” 280 ANNALES DU MUSÉUM postérieure. Elle se rétrécit graduellement en avant. Son extrémité antérieure s'é- largit subitement, et présente une échancrure arrondie qui lui donne l'aspect d’un croissant, dont les angles seroient arrondis: Ses parois sont minces et transparentes, surtout postérieurement. Elles adhèrent assez fortement aux côtes; il n'y a point de canal aérien. Les corps rouges sont isolés, carrés, un peu allongés, ramassés en groupes ovalaires, qui forment eux-mêmes, par leur réunion, une sorte de guir- lande trapézoïde. Bzennius Pmxcis (Lin.) Puvcis mepxrenraneus (Delar.). La vessie a une forme assez remarquable. Elle est divisée par des étranglemens profonds en trois cavités situées l’une au-devant de l’autre. De ces trois cavités l’antérieure a la forme d'un croissant dont les angles seroient un peu arrondis. La moyenne est arrondie; la postérieure est ovalaire : cette dernière est la plus grande, Le péritoine se ré- fléchissant sur les côtés de ces cavités, en dessine assez exactement la forme. La membrane externe est opaque, forte et épaisse. Elle envoie quelques filamens apo- ‘ névroliques qui vont se fixer aux côtes. Je n'ai pu découvrir de canal aérien. Les corps rouges forment quatre grappes disposées en croix. Deux de ces grappes se distribuent sur la paroi inférieure de la cavité moyenne. Les deux autres s’en- foncent dans les cornes du croissant. : Deux petits muscles quadrilatères, fort épais, embrassent la partie moyenne des cornes du croissant formé par la cavité antérieure. Leurs fibres, qui sont demi- anoulaires, s’insinuent par leurs deux extrémités à la membrane externe. $. IV. Poissons osseux thoraciques. Cxrora Rusescens (Lin.)? La vessie occupe la plus grande partie de la longueur de la cavité abdominale et se prolonge en arrière au-delà de l'anus. Elle est étroité et pointue en avant. Elle s'élargit graduellement vers sa partie postérieure qui est assez grosse et arrondie. Ses parois sont minces et transparentes; mais le péritoine qui les recouvre est opaque, de manière qu'il est impossible d’apercevoir la vessie lorsqu'on se borne à ouvrir la cavité abdominale. Je n’ai pas aperçu de canal aérien, mais n'ai pu w’assurer de son absence. Les corps rouges sont assez développés et situés à la partie antérieure de la vessie. Gozrus niGer (Lin.). La vessie n’occupe pas la moitié de la longueur de la cavité abdominale. Elle est ovalaire, arrondie en avant, pointue en arrière. Elle adhère par sa partie supérieure aux côtes. Ses parties latérales sont libres et sim- plement recouvertes par le péritoine. Ses parois sont minces et transparentes. Je n'ai pu découvrir de canal aérien; maïs la ténuité des parties m'a empêché de was- D'HISTOIRE NATURELLE. 281 sürer qu'il n’y én ait pas. Les corps rouges sont isolés, un peu ramifiés, disposés en une guirlande interrompue à gauche. ScomsEer Tracmurus (Lin.), Caranx Tnacuunus (Lac.). La vessie occupe toute la longueur de la cavité abdoininale et se prolonge fort en arriére au-delà de l'anus dans l'épaisseur des muscles. Elle est fusiforme, rétrécie en pointe à ses deux extré- mités. Elle adhère assez fortement aux parois de la cavité abdominale, de maniere cependant à pouvoir en être séparée dans son intégrité. Ses parois, quoiqu'assez fortes, sont minces et transparentes. Une dissection soignée m’a montré qu'il n’y avoit point de canal aérien. Les corps rouges sont isolés, petits, nombreux, dis- posés en grappe composée. Scomser PNEumarorHonus (Delaroche). La disposition et la structure de la vessie sont les mêmes que dans l'espèce précédente. Lagnus TRIMACULATUS ( Lacép.). La vessie occupe toute la partie supérieure de la cavité abdominale. Elle est oblongue, arrondie à ses deux extrémités. Elle adhère par ses parois supérieures et latérales aux côtes et aux, muscles qui les unissent ; in- férieurement, elle est couverte par le péritoine. Ses parois sont minces et transpa- rentes. La membrane externe n’est guères plus forte que l’interne. Celle-ci lui adhère par un tissu cellulaire, lâche et trés-fin, qui se rompt avec la plus grande facilité. IL n’y a point de canal excréteur, ce dont j'ai mis beaucoup de soin à m'as- surer. Les vaisseaux pénétrent dans l'épaisseur des membranes vers le milieu de la paroi inférieure, un peu en avant. Les corps rouges sont disposés autour de ce lieu en guirlande presque continue, formant un ovale irrégulier. Lagnus. : . : . . Espèce nouvelle nommée à Iviça, pastenag. La vessie est dis- posée de la même manière que dans l'espèce précédente ; seulement les corps rouges occupent un espace quadrilatère un peu oblong : ils sont fort épais. ! Lasnus suzis (Lin.). Sa vessie ne diffère de celle du labrus trimaculatus, qu’en ce qu’élle est plus allongée et que les corps rouges sont peu développés. Sranus sazrA (Lin.). La vessie est oblongue, assez ample, et s'étend dans toute la longueur de la cavité abdominale. Elle se prolonge même au-delà par ses deux extrémités. L’antérieure est pärtagée en deux cornes courtes qui se terminent par une sorte de tendon lequel va s’insérer à la base du crâne. L’extrémité postérieure se divise en deux cornes plus longues qui embrassent les côtés des apophyses épi- neuses inférieures des premières vertébres de la queue. Les paroïs de la vessie sont 282 ANNALES DU MUSÉUM d'une épaisseur médiocre, demi-transparentes. La membrane externe s'unit inti- mement sur les côtés avec l'aponévrose des muscles intercostaux et les côtes, de manière qu'il est impossible de l'en séparer. Elle se prolonge cependant sur la paroi supérieure de la vessie. Je me suis assuré, par un examen trés-attentif et répété sur plusieurs individus, qu'il n’y a point de canal aérien. à Les corps rouges forment une guirlande ovalaire lobée et ouverte en arrière. - Srarus ARGENTEUS (Bloch), var.? La vessie est entière, comme tronquée en , avant : la guirlande formée par les corps rouges est moins manifestement lobce,. Sranus MELANunus (Lin.). La vessie forme en avant deux petites cornes. La guirlande que forment les corps rouges est en ovale allongé et rétréci dans le milieu. Sranus smanris (Lin.), et Srarus Boops (Lin.). La disposition de la vessie est la mème que dans le S. salpa; seulement dans la première espèce l'extrémité an- térieure se termine en une pointe simple et mousse. . Sranus AuRATUS. Les corps rouges forment une masse d'apparence spongieuse assez semblable à celle qu'on observe dans la morue, et divisée également en lobes et lobules. qui imitent un peu les circonvolutions du cerveau. La disposition de la vessie ne m'a pas paru s'éloigner d'ailleurs de celle du sparus salpa. Corrus GRuNNIENS (Lin.). Sa vessie est formée de deux cavités ovoïdes, ayant leur extrémité la plus étroite tournée en avant, situées à côté l’une de l’autre, et réunies entre elles par leurs côtés correspondans vers le milieu de leur longueur, un peu en arrière. Leurs parois sont assez fermes. Elles sont fortifiées dans toute l'étendue de la face externe par un muscle épais, dont les fibres dirigées de haut en bas s'insèrent à la membrane externe par leurs deux extrémités. Je n'ai point aperçu. de canal aérien, et n'ai pu distinguer qu'imparfaitement les corps fouges, à cause de l’état d'altération de la membrane interne. SconrænxA vorirans (Lin.). La vessie est fort développée, oblongue, un peu élargie et échancrée en avant, Ses parois sont membraneuses , assez fortes. Des deux côtés de sa partie antérieure naissent des productions tendineuses qui vont s'in- sérer aux côtes. Son extrémité postérieure donne naissance à deux muscles, longs, gréles, un peu aplatis transversalement, qui se portant en avant et en haut, et D'HISTOIRE NATURELLE. 283 embrassant les côtés de la vessie, viennent se fixer au devant d'elle à la base du crâne. Les corps rouges sont situés vers le milieu de la paroi inférieure un peu en avant. Ils forment une bande continue demi-circulaire, dont la concavité est tournée en arrière. Je n’ai pu découvrir de canal aérien. Taicra mirunxpo (Lin.). La vessie occupe la partie antérieure et supérieure de la cavité abdominale. Elle ne s'étend pas en arrière jusqu’à l’anus. Sa forme est assez bisarre. Elle est partagée en trois cavités, l’une moyenne et les deux autres latérales. La cavité moyenne est ovalaire. Son extrémité postérieure est arrondie et légérement échancrée. L'antérieure se divise en deux grandes branches qui se recourbant presqu'immédiatement en dehors, puis en arrière, vont former les cav:tés latérales. Celles-ci sont oblongues, un peu cylindriques, situées Je long de la cavité moyenne dont elles atteignent presque la longueur, mais dont elles n’égalent pas à beaucoup prés la largeur. Leur extrémité antérieure se confond avec la cavité moyenne; la postérieure est arrondie et donne naissance à une petite appendice filiforme, longue d'un centimètre environ, fermée à son extrémité et dirigée en’ dedans, Le péritoine recouvre inférieurement la vessie, se réfléchit sur ses paroïs laté- rales et même un peu sur la supérieure. 11 l’abandonne ensuite pour se porter sur les parois de la cavité abdominale. C’est par son moyen et par celui d'un tissu cellulaire lâche que la vessie adhère aux parties voisines ; aussi jouit-elle d’une sorte de mobilité. : La membrane externe des parois de cette cavité est forte, épaisse, opaque, bril- lante. L'interne est mince et transparente. Elles ne sont réunies que par un tissu cellulaire lâche et quelques vaisseaux. La paroi supérieure de la vessie est fortifiée par deux muscles épais situés en dehors de la membrane externe et recouverts dans une grande partie de leur éten- due par une aponévrose qui semble, au premier coup-d’œil, appartenir à cette mem- brane. Ces muscles qui sont à nu, dans leur partie externe, sont allongés d’avant en arrière, symétriques, et séparés seulement par une cloison aponévrotique qui s'étend, dans toute la longueur de la ligne moyenne, de la membrane externe à l'aponévrose qui les recouvre. Ils sont formés de fibres transversales qui s'éten- dent obliquement de l’une de ces membranes à l’autre. Leur extrémité externe s'insére à la première , l'interne à la dernière. Je me suis assuré, par un examen attentif, qu'il n'y a point de canal aérien, quoique l’on pût prendre au premier aspect pour tel, un cordon tendineux, qui s'étend de la vessie à l’æsophage. Ce cordon n’est nullement creux et se résout en une expansion membraneuse avant d'arriver à ce dernier conduit. Les vaisseaux traversent la membrane externe vers le milieu de la paroi infé- 284 ANNALES DU MUSÉUM rieure de la vessie. Les corps rouges auxquels ils se distribuent, forment une guir- lande étroite trés-irrégulière, et enfermant un espace quadrangulaire, Ils sont més diocrement développés. Triçra cucuLus (Lin). La vessie est simple, ovale, échancrée à ses deux ex- trémités. Les corps rouges sont isolés, presque carrés, rapprochés les uns des autres, et disposés en guirlande, dont la forme est celle d’un demi-ovale. La vessie ressemble d'ailleurs beaucoup à celle de l'espèce précédente. . Tnaicra Lyra (Lin.). La disposition de la vessie est la même dans cette espèce que dans le trigla cuculus ; seulement ses paroïs sont plus minces et plus trans- parentes, et les corps rouges sont plus allongés et plus séparés. Tnrçra Lasroviza (Lacép.). La disposition est la même que dans l'espéce pré- cédente. Les corps rouges sont un peu plus développés et moins nombreux, TriGLa'caTapæracTA (Lin.), Penistenion maranmar (Lacép.) La vessie ne dif: fère de celle du trigla lyra que par son ampleur plus grandé, et telle, qu’elle occupe à elle seule plus de la moitié de la cavité abdominale, Les corps rouges for- ment une guirlande ovalaire. Scræna nicnA (Bloch), Scræna umpra (Lin.)? La vessie est ovale, arrondie en avant, pointue en arriere. Ses parois sont fortes, épaisses et opaques. La membrane interne adhère fortement à l'externe. Celle-ci se fixe aux côtes, et à l’aponévrose trés-forte qui les réunit par des productions tendineuses. Elle semble même se con- fondre avec cette aponévrose vers la partie antérieure de la vessie. Je n'ai pu dé- couvrir de canal aérien. Les corps rouges sont soudés entre eux par leurs bords et forment une guirlande très-irrégulière qui se prolonge davantage en arrière du côté droit que du gauche, , L ScræÆna crrraosa (Lin). Les parois de la vessie, quoiqu'épaisses et opaques, ont peu de consistence. Elles ne tiennent aux côtes que par des productions ten- dineuses peu nombreuses. La disposition de la vessie est d’ailleurs la même que dans l'espèce précédente. L Penca capricra (Lin.), Lursanus seran (Lacép.). La vessie est oblongue, simple, arrondie à ses deux extrémités, un peu plus courte: que la cavité abdo- minale et fixée fortement aux côtes par des expansions aponéyrotiques, Ses parois D'HISTOIRE NATURELLE. 285 sont transparentes, assez minces. Les deux membranes n’adhèrent que par un tissu tellulaire lâche et des vaisseaux très-fins. On peut les séparer avec la plus grande facilité, dans toute leur étendue, sauf vers le lieu de l’entrée des vaisseaux qui se distribuent aux corps rouges. Je me suis assuré qu'il n’y a point de canal aérien. Les corps rouges sont isolés, oblongs, au nombre de douze ou treize, disposés en guirlande, autour d’un espace ovale, allongé et trés-étroit. Ils sont fort déve- loppés. PercAa MARINA (Lin.), Horocenrrus mantnus (Lac.). La vessie est oblongue, arrondie en avant, pointue en arrière. Sa membrane externe est assez forte, un peu opaque; elle semble disparoître vers la partie postérieure de la vessie, dont les paroïs sont tres-minces et transparentes en ce lieu. La membrane interne ne lui adhère que par un tissu cellulaire lâche et quelques vaisseaux trés-fins. Je me suis assuré qu’il n’y a point de canal aérien. Les corps rouges sont serrés les uns contre les autres et forment une guirlande circulaire interrompue en arrière. PercA FLuViatiris (Lin.). La vessie occupe toute la longueur de la cavité abdo- minale. Elle est oblongue, presque conique, arrondie et légèrement échancrée en avant, se rétrécissant graduellement jusqu’à son extrémité postérieure, qui est ce- pendant obtuse. Sa membrane externe, qui n’adhère que légèrement à l’interne, et qui, quoique mince et transparente, est assez forte, s’unit intimement aux côtes, et s’amincissant beaucoup, se confond avec l’aponévrose qui recouvre les muscles intercostaux, de manière qu'elle semble manquer dans toute la paroi supérieure de la vessie. Il n’y a point de çanal aérien; ce dont la disposition des membranes permet de s’assurer facilement. Les corps rouges sont isolés, petits, un peu triangulaires, formant par leur réunion avec les vaisseaux qui s’y distribuent, des espèces de grappes disposées circulairement autour du lieu dans lequel les vaisseaux traversent la membrane externe. Les corps celluleux ou renflement de la membrane interne - dans lequel ils se distribuent, est plus volumineux proportionnellement que dans la plupart des autres poissons. PEnca raBnax (Lin). La vessie est trés-ample, bosselée sur les côtés, en forme de cœur allongé. Ses paroïs sont demi-transparentes, assez minces. La membrane externe s’'unit aux côtes par des productions aponévrotiques et n’adhére que foible- ment à l’interne. Il n’y a point de canal aérien. Les vaisseaux {raversent la membrane interne vers la partie antérieure de la 14. 37 286 ANNALES DU MUSÉUM paroi inférieure. Avant de se rendre aux corps rouges, ils se divisent et subdivi- sent de la même manière que les nervures d'une feuille plusieurs fois pennée. Les corps rouges eux-mêmes sont très-petits, isolés, extrêmement nombreux et ré- pandus sans ordre dans une grande partie de la paroi inférieure. Je n'ai pu aperçevoir aucune trace des corps glanduleux que M. Cuvier a aperçu dans un poisson qu'il a regardé comme la perca labraxr; mais qui paroit différent de l'espèce à laquelle la plupart des auteurs ont donné ce nom. PEnca. . . . . . Voisine de la Labrax, connue au marché de Paris sous le nom de Bar. La disposition de la vessie est la même que dans l'espèce précédente. J'ai re- cherché avec beaucoup de soin les corps glanduleux indiqués par M. Cuvier, dans la perca labrazx ; mais je n’en ai pu découvrir de vestige. Zeus raser (Lin). La vessie est ample, ovale-oblongue, occupant presqué toute la longueur de la cavité abdominale. Elle est arrondie à ses deux extrémités et plus large à l’autérieure qu’à la postérieure. Elle n’adhère aux parties voisines que par un tissu cellulaire peu serré, et par deux expansions aponévrotiques qui nais- sant de sa partie antérieure, vont se confondre avec l’aponévrose des muscles intercostaux. Ses parois sont blanches, opaques, assez fermes. Elles présentent, de chaque côté de la partie antérieure, un muscle large, ovalaire, dont les fibres, dirigées dans le sens de la plus grande longueur du muscle, c’est-à-dire d'avant en arrière, et de haut en bas, s'insérent par leurs deux extrémités à la membrane ex- terne. Je n'ai pu découvrir de canal aérien. Les corps rouges sont soudés par leurs bords latéraux, de manière à former une guirlande irrégulière ovalaire et inter- rompue dans deux ou trois endroits. Ils sont situés au milieu de la paroi inférieure de la vessie. : $. V. Poissons osseux abdominaux. Mucrz ceraALus (Lin.). La vessie de ce poisson est assez ample, ovale, rétrécie en arrière. Son extrémité postérieure est mousse et arrondie; l’antérieure se divise en trois lobes, dont deux latéraux, courts et arrondis, et le troisième, moyen, assez allongé. Ce dernier se subdivise lui-même en deux lobules un peu pointus. Les parois de la vessie sout minces. La membrane externe se fixe fortement aux côtes, et se continue avec la membrane aponévrotique qui tapisse les parois de la cavité abdominale. Je n’ai point aperçu de canal aérien. Les corps rouges sont petits, nombreux et disposés en grappes sur les côtés et en dessous de la vessie. Entre la D'HISTOIRE NATURELLE, 287 membrane externe et l'interne sont deux corps oblongs, graisseux , assez semblables, pour leur situation, aux corps glanduleux que M. Cuvier a observés dans le chei- lodiptère, aigle de mer; mais n’ayant avec eux aucun rapport de structure, et n’en- voyant aucun conduit qui s'ouvre dans l'intérieur de la vessie. ÂTHERINA HEPSETUS (Lin.). La vessie occupe toute la longueur de l'abdomen et s'étend un peu.en arrière de l’anus. Elle est fort développée, oblongue et poin- tue à ses deux extrémités. Ses parois sont très-minces et fort transparentes. Elle n’adhère aux parties voisines que par un simple tissu cellulaire, ce qui permet de l'en détacher sans la rompre. Je n’ai point découvert de canal aérien. Les corps rouges sont petits, ovalaires, assez épais, disposés sur deux rangées longitudinales et parallèles, dans la partie antérieure de la paroi inférieure de la vessie. CLurea mARENGus (Lin.). La vessie occupe toute la longueur de la cavité abdo- minale. Elle est oblongue, fusiforme, rétrécie à ses deux extrémités en un pro- longement filiforme. Elle tient aux parties voisines par un tissu cellulaire peu serré. Ses parois sont minces, transparentes, et on en distingue difficilement les deux membranes. L’estomac du poisson, en forme de cône très-allongé, se rétrécit postérieure- ment en un canal grêle, qui se portant quelque temps en arriére et se recourbant ensuite en avant, vient s'ouvrir dans la vessie vers le milieu de sa paroi infé- rieure ou un peu en arrière. Je n’ai pu apercevoir de valvule à ce canal; aussi vuide-t-on facilement la vessie par son moyen et à l'aide d'une simple compression. On la remplit également avec facilité en soufflant de l'air dans la cavité de l’es- tomac. Je n’ai pu découvrir rien qui ressemblât aux corps rouges qu’on observe dans la vessie des poissons dépourvus de canal aérien. CyxraiNus carpio (Lin.). La vessie occupe toute la longueur de la cavité abdo- minale. Elle est formée de deux cavités séparées par un étranglement profond, qui “ne laïsse qu’un canal étroit et fort court. La cavité antérieure est oblongue, arron- die à ses deux extrémités, un peu échancrée en avant. La postérieure est un peu plus petite, de forme conique, arrondie en avant, rétrécie en pointe en arrière. Toutes les deux sont enveloppées par le péritoine dans la plus grande partie de leur étendue. Dans les endroits qui n’en sont pas recouverts, elles adhérent aux parties voisines par un tissu cellulaire lâche, Les parois de la cavité antérieure sont formées de deux membranes, l'une in- terne, mince et celluleuse; l'autre externe, plus épaisse, fibreuse, d'apparence satinée, un peu opaque, se déehirant aisément. Ces deux membranes se séparent 37 * 288 ANNALES DU MUSÉUM avec la plus grande facilité. Les parois de la cavité postérieure, plus transparentes et un peu plus minces, semblent formées uniquement par la membrane interne, fortifiée extérieurement par des fibres aponévrotiques, qui lui adhèrent infimement. Le canal aérien sort de la cavité postérieure, tout prés de son extrémité anté- rieure,| immédiatement au-dessous du canal de communication. Il se porte en bas et en arrière dans un trajet trés-court, puis se recourbe et se porte en avant jus- qu'auprès de l'extrémité antérieure de l'æsophage, dans la paroi supérieure duquel il pénètre presqu'immédiatement derrière les dents du gosier. Son diametre est très- peu considérable. Il se dilate un peu avant son entrée dans l'æsophage par l'épais- sissement de ses paroïs; mais son calibre intérieur diminue dans cet endroit. Je n'ai pas su reconnoître de quelle nature est la substance à laquelle est due cctte augmentation d'épaisseur des parois du canal aérien ; mais je ne la crois pas mus- culeuse. Cette partie de son étendue est, suivant Petit, munie de valvules qui s’op- posent entièrement à ce qu'un fluide puisse y passer en venant de l’œsophage. Je n'ai pas su les voir moi-même, mais je ne prétends pas nier leur existence. 11 n'y a point de corps rouges ni rien qui y ressemble. Les vaisseaux qui se dis- tribuent sur les parois de la cavité postérieure sont assez considérables. CxrrINUS Brama (Lin.). La cavité postérieure de la vessie est arquée et deux fois aussi grande que l’antérieure. Le canal de communication est situé vers la partie supérieure des deux faces par lesquelles elles se correspondent. IL n’y a pas d’ailleurs de différence notable entre la vessie de ce poisson et celle de la carpe. Sazmo raurra (Lin.) La vessie occupe toute la longueur de la cavité abdominale. Elle est oblongue et se rétrécit vers ses deux extrémités, particulièrement vers la postérieure. L’antérieure se termine par un canal très-court et fort ample, qui va s'ouvrir dans l'œsophage. Le diamètre de ce canal est de deux millimètres au moins dans un individu long de 3 décimètres. Il n'y a point de valvules ni de rétrécis- sement vers l’&sophage. Les parois de la vessie sont minces, demi-transparentes. Je n’ai pu en séparer les deux membranes, et n'ai rien aperçu qui ressemblât aux corps rouges. ‘ Esox rucrus (Lin.). La vessie est très-ample çt occupe toute la longueur de la cavité abdominale. Elle est presque cylindrique. Elle se rétrécit graduellement en arrière. Son extrémité postérieure est cependant arrondie; l'antérieure l’est égale- ment. Ses parois sont médiocrement épaisses, opaques, d'un blane un peu mat. La membrane externe envoie de chaque côté de la vessie et dans toute sa longueur, une expansion aponévrotique qui va s'insérer aux côtes. De l'extrémité antérieure de la vessie, un peu en dessous, nait un canal court à parois minces et transpa- rentes, formées par une prolongation de la membrane interne. Ce canal se porte ss man alta és. D'HISTOIRE NATURELLE. 289 directement en avant et en bas, et va s'insérer dans l’œsophage par une ouverture trés-étroite qui ne donne que difficilement passage à l'air renfermé dans la vessie. Cette ouverture se voit très-bien dans l'intérieur de l’œsophage, mais ses bords ne font aucune saillie. Les parois de la vessie reçoivent dans toute leur étendue des vaisseaux nom- breux et assez développés. Ceux qui s’y rendent par sa partie antérieure se distri- buent en ramifications fines et nombreuses, sur la partie voisine de la membrane interne, qui prend dans cet endroit une couleur rougeûtre. Il n'y a d’ailleurs aucune apparence de corps rouges. Esox 8ELoNE (Lin.). La vessie occupe toute la longueur de la cavité abdomi- nale, elle est N 2 rétrécie vers ses deux extrémités, dont l’antérieure forme un canal étroit rmé qui va s'insérer à la base du crâne ou au corps de l’une des premitres vertèbres. Ses parois sont minces et transparentes. Elles adhèrent assez intimement aux côtes et à l’aponévrose, qui les réunit. Je me suis assuré, par un examen attentif, qu'il n'y a point de canal aérien. Les corps rouges sont petits, peu développés, assez päles, disposés en grappes le long de la paroi infé- rieure de la vessie vers sa partie antérieure. Esox spnyræÆwa (Lin.), spaynæna sper (Lacép.). La vessie occupe toute la lon- gueur de la cavité abdominale. Elle est oblongue, rétrécie en pointe à son extré- mité postérieure, divisée à son extrémité antérieure, de mauitre à former deux cornes, qui vont s'insérer à la base du crâne. Ses parois sont très-fortes, opaques et d’un blanc argenté. Elles n’adhérent aux parties voisines que par un tissu cellu- laire peu serré. Une cloison aponévrotique, longitudinale et verticale, s'étendant de la bifurcation de la vessie jusque vers le milieu de sa longueur, la partage dans toute cette étendue en deux cavités symétriques. Cette cloison cesse plus en arrière et se prolonge seulement par son bord inférieur en un cordon tendineux qui règne dans toute la longueur de la paroï correspondante. L’adhérence des mem- branes est très-foible et permet de s’assurer facilement de l’absence du canal aérien, Les corps rouges sont petits, nombreux, disposés en grappe des deux côtés de la eloison , qui divise antérieurement la vessie en deux cavités. 11 s’est glissé dans la page 276 de ce Mémoire, deux erreurs qu’il est important de corriger ; l’une est dans la ligne 34, où le mot au-dessous a été mis pour celui de au dessus; et l'autre dans la ligne suivante, où Le mot en arrière a été mis pour celui de en avant. 290 ANNALES DU MUSEUM OBSERVATIONS Sur le minéral que MM. Werner et Karsten ont appelé augit laminaire (blättriger augit). PAR M. HAUY. L Ox a découvert, il y a quelques années, dans le Sau-Alpe, en Carinthie, une roche composée de disthène, de quarz, de grenat, d’épidote vitreux et d’une substance laminaire, dont la couleur est le noir verdätre joint à un éclat très-vif, sous cer- taines positions. J’avois dans ma collection des échantillons de cette roche, qui m'ont été cédés par M. Schneider, pen- dant le séjour qu’il a fait à Paris. En étiquetant ces échan- tillons, j'avois désigné la substance d’un noir verdätre, sous le nom d’amphibole , d’après son aspect seul, qui me parois- soit offrir si visiblement les indices’ de ce minéral, que je n'élois dispensé de vérilier, par une détermination exacte, l'idée que j'en avois conçue. M. Chierici, savant italien, qui cultive avec beaucoup de succès la minéralogie, étant venu à Paris, il y a plusieurs mois, après avoir suivi à Freyberg le dernier cours donné par le célébre Werner, a rapporté des morceaux de la même D'HISTOIRE NATURELLE. 291 roche, dont il a bien voulu placer un dans ma collection, en m'annonçant que la substance laminaire, d’un noir verdätre, qui en faisoit partie, étoit regardée par M. Werner comme une variété du minéral qu'il appelle augit, et qui est le py- roxène de ma méthode, et qu’il la désignoit sous la dénomi- nation de blättriger augit (augit laminaire). Ce récit m’ayant fait naître le désir d'examiner plus particulièrement le minéral dont il s’agit, je me rappelai qu'il y avoit une variété d’augit désignée sous le même nom dans la nouvelle édition du tableau minéralogique de M. Karsten, où elle se trouve placée entre le gemeiner augit (pyroxène ordinaire) et le Aürniger augit (pyroxène granuliforme, coccolithe des Danois). Ce savant célèbre cite en même temps l'analyse qui en a été faite par M. Klaproth, ce qui n’avoit déterminé à placer celle-ci parmi les analyses du pyroxène, dans le dernier ouvrage que j'ai publié (r). À -Avant d'aller plus loin, je rapporterai la description que M. Karsten a donnée du blattriger augit (2), en me servant de la traduction que M. Tondi en a faite avec beaucoup de soin, d’après mon invitation. «Sa couleur est d’un noir ver- dâtre; il se trouve en masses, qui offrent, à certains endroits, des indices de cristallisation , et sont disséminées dans la roche environnante. Son éclat est vitreux et très-vif. Sa cassure (texture) est laminaire, et paroit étre à trois directions de (1) Tableau comparatif des résultats de la cristallographie et de l'analyse chimi. que, relativement à la classification des minéraux, pag. 177, seconde analyse. (2) Beiträge zur chemischen kenntniss der mineralkürper, von M. H. Klaproth, 4 band, pag. 185. 202 ANNALES DU MUSEUM lames, dont l’une est parfaitement miroitante. Dans les autres sens, elle est conchoïde à petites évasures. Les fragmens sont par conséquent réguliers ; mais il resteroit à déterminer d’une manière précise les directions du clivage. Les pièces distinctes sont testacées-planes. Ce minéral est opaque, dur, trèsaigre, et médiocrement pesant. Sa gravité spécifique est 3,085. Placé sur un charbon ardent, sans addition, il est dificile à fondre; réduit en petites parcelles, il se fond, à l’aide d’un souflle prolongé, en une scorie éclatante à l'extérieur, d’un vert d'olive non uniforme et opaque. Par l'addition du borax ou du sel phosphorique, il se dissout peu à peu. Sa poussière est d’un gris cendré clair, tirant sur le verdatre; rougie par l’action du feu, elle passe au brun-grisätre clair, sans perte appré- ciable ». En lisant attentivement cette description, on n’y trouve rien qui caractérise nettement le pyroxène. Les indications que donne le célèbre auteur par rapport au clivage, paroissent lui avoir laissé à lui-même quelque chose à désirer, d’après la réflexion qu'il ajoute, et que j'ai citée plus haut. On verra bientôt que la description diffère, en quelques points, de celle qui résulte des observations que j'ai, faites sur la même substance. Mais outre que cette diversité est en général assez légère, et qu'il me sera facile de l'expliquer, dans ce qu'elle a d’important, la citation donnée par M. Karsten, de l’endroit où se trouve la roche qui renferme la substance dont il s'agit, et les détails dans lesquels il entre sur la composition de cette roche, ne laissent aucun lieu de douter que ce qu'il appelle Llältriger augit ne soit réellement le minéral qui n'a été présenté sous ce nom par M. Chierici; et à l'égard de M, D'HISTOIRE NATURELLE. 293 Werner, ce qui achève de prouver que l'application qu'il fait du même nom correspond à celle de M. Karsten, c’est que, dans le tableau de sa méthode publiée par M. Léonhard (1), le Sau Alpe est désigné comme le pays auquel appartient le blä'triser augit. S Maintenant, si l’on compare lanalyse que M. Klaproth a donnée de la même substance avec celle qui a eu pour objet le gemeiner augit, et qui a été faite par M. Vauquelin, on trouvera que la silice, qui est le principe domimant, forme, des deux côtés, à peu prés la moitié de la masse, et que les variations qu’ont subies les autres principes rentrent dans les limites ordinaires de celles qui ont lieu à l'égard des morceaux provenant d’une méme espèce. J’exposerai ici les résultats de ces analyses. FAC Gemeiner augit; Vauquelin. Silice, 52; chaux, 13,2; ma- gnésie, 10; alumine, 3,33; oxide de fer, 14,66; oxide de man- ganèse, 2; perte, 4,87. Blitriger aug it; Klapr oth. Silice, 52,5; chaux, 9; magné- sie, 12,5; alumine, 7,25; oxide de fer, 16,25; potasse, 0,5; perte, 2. Quant au Aôrniger augit, ou à la coccolithe, la seule dif- férence bien remarquable qu’ait offerte son analyse avec les deux précédentes, consiste en ce que la quantité de chaux qui s'y trouve indiquée est plus grande, et celle de fer plus petite. Voici le résultat de cette analyse, qui a pour auteur M. Vauquelin. Silice, 50; chaux, 24; magnésie, 10; alumine, 1,5; oxide de fer, 7; oxide de manganèse, 3; perte, 4,5. (1) Taschenbuch für die gesammte Mineralogie, etc. dritter jahrgang, p, 265. 14. 35 294 ANNALES. DU MUSÉUM Mais l'analyse du pyroxène du Nord qui, ainsi que la coc- colithe, se trouve en Norwége, a offert à M. Simon, de Berlin, une quantité de chaux égale à 25,5 sur cent, c'est-à-dire en- core plus considérable, et seulement dix parties de fer (1); en sorte qu’on a lieu de présumer que les diversités dont il s'agit sont dues à l’iufluence accidentelle des circonstances lo- cales, J'ai dans ma collection un morceau de coccolithe dont les grains sont'entremélés de chaux carbonatée, et peut-être pourroit-on attribuer à un semblable mélange l'excès de chaux qu'a donné le résuliat relatif à cette substance. Ainsi, les ca- ractères cités dans la description n'étant pas propres par eux- mêmes à indiquer la réunion du blättriger augit. avec le ge- mener et le kôrniger augit, il est visible que c’est principale- ment la composition qui a fourni le motif de cette réunion, Je vais maintenant exposer les résultats auxquelstm'a con- duit un examen plus attentif du blättriger augit. Dans une grande partie des morceaux que j'ai vus, cette substance offre, d’une manière tres-marquée, deux joints inelinés entre eux sous un grand angle, avec un égal degré de netteté et de poli. Un de ces morceaux, qui appartient à M. Chierici, ayant élé présenté successivement à MM. Monteiro et Fondi, ces deux savans minéralogistes n'ont pas hésité à nommer l’'amphibole. L’inclinaison respective.des deux joints, mesurée à l’aide du gonyometre, et que j'ai trouvée sensiblement Ja ame que dans lamphibole, où elle est d'environ cent vingt- quatre degré et demi, a confirmé l'indication du coup-d’æil. J’ai même aperçu, dans la partie supérieure de quelques fragmens, un joint oblique, , analogue à la,,base du prisme (1) Tableau comparatif; etc. pag. 1774 . D'HISTOIRE NATURELLE. 205 rhomboïdal, qui représente la forme primitive*de l'amphi- bole. J'ai attaché, avec dé la cire, un de ces fragmens au- dessus d’un cristal d’amphibole choisi parmi les mieux pro- noncés, et en tätonnant les positions respectives des deux corps, j'en ai rencontré une sous laquelle les reflets étoient renvoyés simultanément à mon œil par les faces correspon- dantes de l’un et de l'autre (1). Mais j'ai remarqué, d’une autre part, que quand on faisoit mouvoir certains fragmens à la lumière, le grouppement des lames, leur disposition en retraite et autres accidens sem- blables, propres à modifier le tissu que le minéral présentoit aux rayons lumineux, tendoient à faire allusion sur le nom- bre et sur les positions respectives des joints naturels, et il peut arriver encore que Pun de ceux qui sont parallèles aux pans de la forme primitive, paroisse avoir plus d'éclat et plus de netteté que l'autre. Ce sont probablement des anomalies accidentelles de ce genre qui ont suggéré à M. Karsten ce qu'il dit par rapport au clivage du blättriger augit. Ce savant a bien senti ce qui restoit à faire pour arriver à une détermina- tion plus exacte; et il ne lui a manqué, pour compléter lui- même son résultat, que des morceaux dont la structure fut, pour ainsi dire, plus parlante. Les caractères physiques et chimiques confirment l'indica- tion du caractère géométrique. Le blättriger augit raye le verre, comme le fait lamphibole. Je n'ai pu déterminer sa pesanteur spécifique. Suivant M. Karsten, elle est égale à 3,085 ou environ 3,1, C'est-à-dire seulement un peu plus foiblé que . (1) J'ai exposé avec plus de détail (Tableau comparatif, etc. pag. 205 ‘et 217), cette manière d'employer la réflexion des rayonsdumineux, pour mesurer, au moins à peu prés, les incidences des joints naturels, dans les petits fragmens de cristaux. 017 206 ANNALES DU MUSÉUM celle de l’'amphibole, qui est 3,25. Il est possible que la petite différence en moins qu'a donné le blättriger augit, provienne de quelques légères interruptions de continuité dans le tissu très-lamelleux de cette substance. M. Karsten annonce que le blättriger augit est difficil@à fondre, ce qui paroîtroit le rap- procher du pyroxène. J'en ai essayé un petit fragment que je tenois avec une pince de platine, en même temps que je le présentois à la flamme d’une bougie excitée par le soufile da chalumeau : il s’est fondu au bout d’un instant, en un globule d'émail grisätre, ce qui est le résultat que l'on obtient avec la variété d’'amphibole nommée d’abord actinote. La poussière est d’un gris légèrement verdâtre, conformément à l'observa- tion de M. Karsten. Mais ce savant dit que la, substance est opaque, ce qui nest vrai que des fragmens qui ont une épais- seur serisible; car les lames minces placées entre l'œil et la lumiere sont translucides, et leur couleur, observée à la loupe, est d'un vert-olivâtre; d'où l’on voit que parmi les variétés d’amphibole, l’actinote est celle dont le Zärtriger pin se rapproche le plus: ::: Il résulte de ce qui précède, que-dans le rapprochement que j'ai fait des analyses de l'amphibole et du pyroxène (1); le nom d’amphibole doit être substitué à celui de pyrroxène , en tête de # seconde; qui est relative au blätiriger augit, et cela par une,suite des observations inattendues, qui reétilient l'idée que des hommes, d’ailleurs si justement célèbres, avoient conçue de cette dernière substance, en sorte que le rappro- chement doit être présenté: de cette ménière; 1 : Amphibole ; Daugier. Sitice, 42; chaux, 0,8 ; magnésie, L] (1) Tableau comparatif, pag. 379+ D'HISTOIRE NATURELLE. 207 10,9; alumine, 7,69; oxide de fer, 22,69; oxide de man- ganèse, 1,15; eau, 1,92; perte, 3,82. . Amphibole; Klaproth ( Blättriger augit, VVerNer et Kansren ). Silice, 52,5 ; chaux, 9; magnésie, 12,5; alumine, 7,25 ; oxide de fer, 16,25; potasse 0,5; perte, 2. Piroxène ; Vauquelin. Silice, 52; chaux, 13,2; magnésie, 10; alumine, 3,33; oxide de fer, 14,66; oxide de manganèse, 2; perte, 4,81. Ce nouveau point de vue des analyses me fournira plu- sieurs remarques. En premier lieu, la substitution du nom d'amphibole à celui de pyroxene, pour indiquer le sujet de la seconde analyse, - va directement au but que je me propo- sois, et qui étoit de montrer que la composition chimique des corps qui appartiennent aux deux substances, sembleroit solliciter leur réunion dans une même espèce. La meilleure preuve que celte idée n’étoit pas déstituée de fondement, c’est que déjà elle avoit été réalisée, à insu de tout le monde, et que dans une méthode qui repose principalement sur les ré- sultats de l'analyse, un amphibole rangé parmi les pyroxènes, avoit paru se trouver à sa véritable place. J'observe de plus que, selon le premier arrangement, la quantité de silice étoit de 42 sur 100, dans le résuitat donné par l’amphibole, et de 52 sur 100 dans les deux résultais qu’a- voit offerts le pyroxène ; et quoique d’autres substances four- nissent des exemples d’une variation encore plus grande dans les résultats relatifs à des corps dont l'identité de nature n’est pas équivoque, cependant on auroit pu m’objecter que la différence dont il agit suflisoit pour établir ici une distinc- tion entre les deux substances, comme provenant d’un prin- ‘cipe qui a une grande prédominance sur les autres. Mais 208 ANNALES DU MUSÉUM aujourd'hui que les 52 parties de silice se trouvent indiquées dans deux analyses, dont l’une se rapporte à un amphibole et l’autre à un pyroxène, tandis qu'un second amiphibole w'en a donné que 42 parties, on voit que la nouvelle distri- bution est encore plus favorable que la premiere, à l'idée que les diversités entre les principes composans des deux subs- tauces sont purement accidentelles. J'ajouterai que dans l'article du Tableau comparatif (1), où j'ai cité trois amphiboles, dans lesquels les quantités de fmagnésie étoient successivement, 0,*_ et !!, les analyses des déux premières avoient pour auteur M. Klaproth, et celle de la troisième M. Laugier; mais maintenant que le blättriger augit, qui est un amphibole, analysé par le premier, a donné 12,5 de magnésie sur 100 parties, on a une divergence plus grande encore dans les résultats sortis d’une même main, savoir celle que représentent les quantités 0 ; 2; 12,5; ce qui donne un nouvel appui aux considérations que j'ai exposées au même endroit. Je dois PAPE ici que dans toutes les discussions de ce genre, je n'ai pour but que de fixer l'atténtion sur des faits importans par leur influence relativement à la méthode mi- néralogique, et de tirer de leur rapprochement, soit entre eux, soit avec ceux auxquels conduit la cristallographie, les inductions qui en découlent naturellement (2). J'ai espéré que ces sortes de parallèles raisonnés sollicitefoient de nouvelles recherches ou de nouvelles vues, pour essayer de concilier, dans les cas d'exception, deux sciences, dont les résultats sont (1) Pag. 176 " (2) Tableau Boni etc.; Introduction, pag. vij et suiv. D'HISTOIRE NATURELLE. 209 faits pour se servir mutuellement de garantie, par leur accord. La correction qu'il deviendra désormais indipensable de faire dans les méthodes où le minéral, qui est l’objet de cet article, se trouve placé parmi les variétés du pyroxène, n'in- téresse pas seulement la minéralogie proprement dite, elle a encore un avantage pour la géologie, soit parce qu’elle rec- tilie les idées par rapport à la composition d’une roche qui mérite d’être recherchée, soit parce qu’elle restreint une con- séquence à laquelle M. Karsten avoit été conduit par son opi- nion sur la nature du minéral dont il s’agit, en citant celui-ci comme une nouvelle preuve ajoutée à celle que la Norwége fournissoit déjà de l'existence du pyroxène dans'les montagnes primitives. Ce fait est mcontestable à l'égard de la Norwége; mais, pour en avoir un second exemple, il faut le chercher dans le département du P6, faisant partie de latcien Piémont, où leterrain des vallées d’Alla et de Mussa, qui est évidem- ment d’ancienne formation, offre des cristaux très-remar- quables de pyroxène; savoir, ceux que M. Bonvoisin, au- quel nous en devons la découverte, a nommés mussite et alalite', et que j'ai ramenés, par de nouvelles observations, à leur véritable type, après les avoir considérés comme va- riétés d’une espèce particulière à laquelle j’avois donné le nom de diopside. Je ne dois pas omettre, en terminant cet article, que l’on a découvert, dans les mêmes terrains, de nouveaux cristaux de la substance dont il s’agit, qui s’écartent totalement, par leur aspect, de ceux qu’on y avoit trouvés précédemment, tandis qu’ils offrent toutes les apparences de la variété d’épi- dote , que l’on a nommée akanticone et arendalite. Leurs cris- taux sont aussi des prismes, dont la forme est épaisse; leur 300 ANNALES DU MUSÉUM couleur offre les mêmes teintes de vert-olivâtre , et leur surface a le même éclat. Toutes les qualités qui tiennent à ce qu’on appelle le facies, semblent ici se réuuir pour en imposer à l'œil même le plus exercé; et c’est une nouvelle preuve que les caractères extérieurs, si éloignés d’avoir la précision néces- saire pour faire connoitre une substance miuérale, doivent être employés avec circonspection, lors même qu'il ne s'agit que de la reçonnoitre. M. Bert, oflicier de marine, distingué par ses connoissances en minéralogie, a eu la complaisance de me donner pour ma collection un de ces nouveaux cristaux, qu'il a râpporté récemment du Piémont. Sa forme est semblable à celle du pyroxène octovigésimal, que j'ai décrit dans les Annales du Muséum (tom. XI, pag. 82), et qui est représenté pl. X, lig. 2 (1), avec la différence que les faces Æk y sont nalles, Son signe, rapporté à la forme primitive que l'on voit fig. r, est M'H‘'G':E EE P :A: À. Je donne À cette variété le nom 26 sairéqua UE o s Pme; de pyroxène sténonome. (1) Voyez aussi le Journal des mines, n,° 154, pag. 151, pl. III, fig. 2° D'HISTOIRE NATURELLE. 301 DU PYGARGUE ET DE LORFRAIE, Falco pygargus et falco ossifragus, Linnœus. PAR M. FRÉDÉRIC CUVIER. IL règne, comme on sait, une très-grande obscurité dans les anciens ouvrages d'histoire naturelle. Les auteurs Grecs et Latins, et ceux du moyen âge, ne sentoient point, comme nous, la nécessité de décrire les objets dont ils parloient; ils se sont bornés à en rapporter les noms; ou s'ils s'occupent de quelques-unes des qualités de ces objets, ce n’est, pour ainsi dire, qu'accidentellement. Les détails qu'ils en donnent sont épars dans leurs écrits, et lorsqu'on est parvenu à les rassem- bler, il arrive fréquemment de n’y trouver encore que des caractères obscurs et des doutes nouveaux. Cependant, si ces foibles lumières sont souvent inutiles pour faire æeconnoitre les objets au premier apercu, elles suffisent quelquefois à la critique pour découvrir la vérité. Mais les résultats auxquels une critique judicieuse conduit, dépen- 14. 39 302 * ANNALES DU MUSEUM dent autant des connoissances qu’on possède que de l'art avec lequel on raisonne; de sorte qu'une nouvelle observation, quelque légère qu’elle soit, peut servir à expliquer des faits qui, jusque-là, avoient parus inintelligibles et douteux. Aussi c’est après l'observation qui fait le sujet principal de ce Mémoire, que je suis revenu sur ce qu'Aristote et Pline rapportent de leurs différentes espèces d'aigles, et je dois avouer, des à présent, que ce travail na convaincu ; que non- seulement nos connoissances actuelles sur ces oiseaux ne sufli- sent point pour nous les faire reconnoitre dans ce que ces auteurs se sont bornés à nous en dire, mais que nous ne par- viendrons même jamais à sayoir exactement et sans incertitude, de quelles espèces d’aigles ils entendoient parler sous les noms de pygargue, d'haliætus, de gnesion, de barbatus, de me- lœnætos, de plangos, etc. etc. tant leurs récits sont insigni- fians et souvent contradictoires. Il sembleroit assez naturel, d’après cela, d'abandonner à leur obscurité les foibles connoissances que les anciens nous ont laissées sur les oiseaux dont il est ici question, et de ne s'occuper qu'à recommencer, sur de nouvelles observations, l'histoire de ces animaux. C’est sans doute le plan qu’on auroit suivi, Si les auteurs les plus célèbres, depuis le renouvellement des sciences en Europe, n'avoient établi l'usage de donner aux objets dont ils parlent, les noms qu'ils ont cru leur avoir été donnés par les anciens, et s'ils n’avoient ainsi forcé le na- turaliste à faire dans quelques cas, du travail important de Synonynue, un travail au foud assez inutile. La plupart de nos aigles portent aujourd’hui les noms grecs eg latins cités plus haut; il seroit peut-être impossible, et il ne seroit pas sans inconvénient de faire adopter pour ces oiseaux de nou- D'HISTOIRE NATURELLE. 303 veaux noms, tandis qu’il est communément admis de trans- porter le nom d’une espèce à une autre, lorsqu'il a d’abord été injustement appliqué, et c'est ce dernier objet seul que nous nous sommes proposés dans la discussion où nous allons entrer. Une première chose qui me paroit raisonnablement dériver des observations que les anciens nous ont laissées sur leurs aigles, c’est que les trois ou quatre premiers de ceux dont nous venons de parler habitent les plaines et les montagnes, et les deux derniers les lacs, les rivières et la mer; de sorte que les uns entrent dans la division de nos aigles chasseurs, et les autres dans celles de nos aigles pêcheurs. En partant de ce premier résultat, facile à saisir, il semble qu'on auroit dù choisir dans ces divisions les espèces qui pouvoient se rapporter à celles que nous y faisons entrer nous-mêmes : en réunissant tous les caractères que les auteurs, dont nous venons de parler, donnent à leurs aigles, et en les rapprochant des caractères des nôtres, on seroit arrivé à conserver, autant qu'il est possible de le faire, aux noms des anciens, leur première acception; on n’auroit point confondu des choses qui doivent étre distinctes, comme on n’en auroit point séparé qui doivent être réunies. On n’a cependant pas eu toujours égard à ces simples considérations, et le nom, comme l'histoire du pygargue, a été appliqué à un aigle pé- cheur; il en a été de même du nom et de l'histoire de lossi- fragus , que rien n’autorise même à classer parmi les aigles. C’est uniquement la traduction de pygargus par queue blanche, qui a décidé du choix des naturalistes sur Paigle auquel ils devoient appliquer ce nom : aussi Bélon, et d’autres après lui, l'ont-ils donné à l'oiseau de proie, nommé vulgai- 59 à 304 ANNALES DU MUSEUM rement en France Jean le Blanc, tandis qu'Aldrovande, et ceux qui l’ont suivi, le donnent à un aigle beaucoup plus grand que le précédent, mais qui a aussi la queue blanche. Depuis Bélon et Aldrovande, c’est à l’un ou à l'autre de ces oiseaux que les naturalistees se sont généralement accordés à donner le nom de pygargus, et ce sont en effet les seuls de nos aigles qui, avec le falco leucocepalus et le falco haliætus, soient remarquables par la blancheur de la queue. Au reste, les particularités historiques qu'Aristote et Pline nous donnent sur cet oiseau de proie, sont si peu caractéristiques, qu’elles pourroient presque indifféremment se rapporter à toutes les autres grandes espèces d’aigles, de quelques divisions qu’elles soient, surtout si l’on pense que pygargue se pouvoit aussi bien traduire par cul-blanc que par queue blanche. « Il y a plusieurs espèces d’aigles, dit Aristote (1); l’une » est celle du pygargue........ nommée par quelques per- » sonnes l'aigle qui tue les faons. Il fréquente les plames, les » bois sombres et les environs des villes : il vole aussi vers » les montagnes et les forêts; car c’est un oiseau hardi». Pline dit simplement, en donnant l'énumération de ses aigles (2) : u Secundi generis pygargus in oppidis mansitat et in cam- » pis, albicante cauda ». Il n’étoit pas aussi indifférent de confondre l'oiseau nommé phéné par Aristoste avec celui que nous connoissons généra- lement aujourd’hui sous les noms d’aigle de mer et d’orfraie. Ce phéné, au rapport de Discorides (3), est le même que (:) Histoire des animaux, liv. IX, chap. 32, trad. de Camus, (2) Histoire naturelle, liv. X, chap. 5. (3) De materià medicà , liv, II, chap. 45, D'HISTOIRE NATURELLE. 305 l'ossifragus des Latins; mais ce que l'auteur grec nous dit de lun ne peut pas plus convenir à l'organisationget aux mœurs de nos aigles, que ce que l’auteur latin nous dit de l’autre. « Du nombre des oiseaux dont je parle, dit le premier (1) » (de ceux qui ont les ongles recourbés), sont encore le » phéné et les vautours. ...... Le phéné est plus grand que » l'aigle; sa couleur est cendrée». Puis (2) «l'aigle franc est » au-dessus même du phéné», et, chap 34 du même livre, il ajoute : « l'oiseau appelé phéné agit bien à l'égard de ses petits... » il élève ceux de l'aigle comme les siens propres; il vit faci- » lement, et leur apporte une nourriture abondante... Le » phéné a l'organe de la vue imparfait : ses yeux sont couverts » d’une taie ». Il parle d’ailleurs de la gloutonnerie de l'aigle qu'il oppose à la facilité avec laquelle le phéné se nourrit. Quant à Pline, voici ce qu'il nous fait connoître sur son osst- Jfragus (3). Haliæti suum genus non habent, sed exdiverso aquilarum coitu nascuntur. Id quidem quod exis natum est, in ossifragis genus habet, è quibus Si progene- rantur minores : et exüs magni, qui oMnino non generant. Quidam adjiciunt genus aquilæ, quam barbatam vocant, tusoi vero ossifragam. C’est à Bélon que nous devons le nom francois d’orfraie où d'offraie. I la donné à notre aigle pécheur de la plus grande espèce; mais, au lieu de faire le synonyme de lossifragus des Latins, il y rapporte avec un peu de vraisemblance l'Aaliætus des Grecs, ou l’aquila marina de Pline. (1) Histoire des animaux, liv. VIII, chap. 3. (2) Liv. IX, chap. 32. (3) Histoire naturelle, liv. X, chap. 3. 306 ANNALES DU MUSEUM Aldrovande parle, sous le nom d'ossifraga, de l'orfraie de Bélon ; mais il ajoute à l’histoire de cet oiseau ce qu’Aristote dit de son phéné, et Pline de son ossifragus ; et en cela il a été suivi par quelques modernes, qui ont même copié des erreurs, excusables du temps de ce laborieux et savant com- pilateur, mais qui ne devoient être que réfutées du nôtre. Cet auteur cherchant à reconnoître dans la conformation de l'œil de son orfraie la cause de la foible vue de la phéné, crut voir que cet organe avoit en effet, dans cet oiseau, une con- formation différente de celle des autres aigles, et qu'une légère membrane en recouvroit la pupille; mais ce fait, que Buffon rapporte et commente en l'adoptant, n’est point exact, .et l'œil de Forfraie ne diffère nullement de celui des autres oi- seaux de proie diurnes. Actuellement que nous avons montré la foiblesse des rai- sons qu'on a eues pour confondre notre pygargue avec celui des anciens, et notre orfraie avec leur ossifragus, il nous reste à rapporter @egue ces auteurs nous enseignent sur les seuls de leurs cr. dt lesquels on ps choisir A synonymes à nos aigles pêcheurs. Ces oiseaux sont au nombre de deux, le plankos et l'haliætos d’Aristote, qui sont les mêmes que les morphnos et l’'aquila marina de Pline. « Une seconde espèce, dit Aristote (1), est » celle du plankos (planga ou clanga ), il est le second pour » la grandeur et la force; il habite les halliers, les vallons et » les lacs. On le surnomme anatarie (aigle aux canards) et » le morphnos», Ce dernier mot, qui siguilie obscur, se rap- porte sans doute à la couleur de cet oiseau. (1) Histoire naturelle des animaux, Liv. IX, chap. 32. D'HISTOIRE NATURELLE. 307 Pline, en parlant delamémeespèce,dit: (1) T'erti morphnos, quam Homerus et percnon vocat, aliqui et plancum ef ana- tariam, secunda magnitudine et vi: huic quæ vita circa la- cus….. Ingenium est ei, testudines raptas frangere è sublimi jacendo, etc. etc... Illa quam tertiam fecimus, circa stagna aquaticas aves apelit mergentes se subinde, donec sopitas lassatasque rapiat. Spectanda dimicatio, ave ad perfugia littorum tendente, maxime si condensa arundo sit : aquila inde ictu abigente alæ, et cum apetit, in lacus cadente, um- bramque suam nanti sub aqua à lttore ostendente : rursus ave indiverso ,etubi minime se credat exspectari ,emergente. Hæc causa gregatim ayibus natandi, quia plures simulnon infestan- tur, respersu pennarum hostem obcæcantes. Sæpe et aquilæ ipsæ non tolerantes pondus apprehensum una merguntur. L'haliætos n’est pas moins caractérisé par ces auteurs comme un aigle pêcheur que ne l’est le plankos. Aristote rapporte que l'aigle nommé baliætos est la cinquième espèce : «celui-ci, » dit-il (2), a le cou long et gros, les ailes recourbées, le » croupion (ou la queue) large. Les rivages et les lieux voisins » de la mer font sa demeure : il lui arrive souvent de ne pouvoir » enlever la proie qu'il a saisie, et d’être entrainé avec elle » dans les eaux». Il ajoute au 34° chapitre du même livre: » l’halætios a la vue très-perçante; ses pelits n’ont pas encore » de plumes, qu'il les oblige à regarder le soleil... Son ha- » bitation est auprès de la mer, où il chasse, comme je l'ai dit, » les oiseaux qui fréquentent ces mêmes lieux... etc. ». Quant à Pline, comme de coutume, il copie Aristote (3) : (1) Histoire naturelle, liv. X, chap. 3. (2) Histoire des animaux, liv. IX, chap. 32, (5) Histoire naturelle, Liv. X, chap. 3. 308 ANNALES DU MUSEUM Super est haliætos, dit-il, clarissima oculorum acie, librans exallo sese : viso quæ in mari pisce, præceps in eum ruens, et discussis pectore aquis rapiens… Haliætus tantum implu- mes eliam num pullos suos percutiens, subinde cogit adversos entuert solis radios, etc. etc. Pour peu qu’on lise avec quelque attention ces divers pas- sages, on ne doit point éprouver d’embarras à choisir entre les deux oiseaux dont nous venons de parler, pour appliquer leurs noms à nos aigles pécheurs, autant toutefois, comme nous l'avons déjà dit, qu’ils peuvent raisonnablement létre. Parmi ceux-ci, la plupart des naturalistes modernes en comptent six espèces en Europe : leur orfraie (1), leur grand et leur petit pygargue (2), le balbusard (3), le Jean le blanc (4), et l'aigle à tête blanche (5). D'abord la petite espèce de pygargue n’est que le mâle de la grande, et ne fait point une espèce à part. Quant à l'aigle à tête blanche, quelques auteurs ont dit qu’il n’étoit qu’un py- gargue adulte; mais comme ils n’ont appuyé cette assertion d'aucune observation positive, nous nous permettrons de dou- ter encore de ce fait, par la raison que depuis plusieurs années la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle possède des py- gargues dont la tête n’a point blanchie. A l'égard des anciens, rien ne porte à croire qu'ils l'aient connu : un caractère aussi frappant que la blancheur de la tête, leur auroit bien moins 0 ee ——— (1) Falco ossifragus, Lin. (2) F. pygargus et f. albicaudus, Lin. (3) F. haliætus, Lin. (4) F. gallicus , Lin. (5) F. leucocephalus, Lin. D'HISTOIRE NATURELLE. 309 échappé que la blancheur de la queue, toujours à moitié ca- chée par les ailes. D'ailleurs, cet oiseau paroit n’habiter que les partiés septentrionales du globe. Nous pouvons encore retran- cher des quatre espèces qui nous restent, le jean-le-blanc, qui n'est peut-être point un aigle et qui certainement ne mange pas de poissons, comme Buffon nous l’apprend positivement dans l’histoire de cet oiseau. Il ne nous reste donc ‘plus que l’orfraie, le pygargue et le batbusard. Les deux premiers égalent presque en grandeur l'aigle doré, et la taille du troisième ne surpasse guère celle du milan ou de la buse. Les uns ont généralement une couleur sombre, et à cet égard le nom de morphnos leur convient, ce qui ne peut avoir lieu pour l’autre dont la partie inférieure du corps est blanche. Le nom de planga ou de clanga ne leur convient pas moins, car je n'ai jamais vu d'oiseaux de proie dont la voix soit plus forte et qui la fasse entendre aussi fréquemment que les orfraies et les pygargues. Ces différences de la taille et de la couleur, étant les seules qui distinguent le plankos et l’haliætos, et étant également les seules qui distinguent les grands et petits aigles pêcheurs qui nous restent à examiner, nous sommes conduits, tout naturel- lement, à donner le nom d’haliætos au balbusard, comme on l’a déjà fait, et à ne plus balancer dans l'application du nom de plankos qu'entre lorfraie et le pygargue ; mais l'observation que nous allons rapporter détruira complètement cette der- nière dilliculté; car nous ne considérons point comme en étant une, l'application que quelques naturalistes ont faite du nom de plankos au petit aigle tacheté (1); cet aigle n'étant point pécheur, et ne tenant d’ailleurs pas comme le plankos le troi- (1) Falco nævius, Lin. 14. 40 310 ANNALES DU MUSÉUM sième rang dans ces oiseaux par sa taille. Ce petit aigle est moins grand encore que le balbusard. C’est Aldrovande le premier qui, en nous donnant une bonne description de l’orfraie et du pygargue, nous a fait connoître les caractères qui distinguent ces deux oiseaux. Mais son py- gargue étoit probablement un jeune mâle; c’est pourquoi les dimensions qu’il nous en donne sont un peu petites, et la queue pas encore entièrement blanche. | Magnitudine est mediocri, dit-il (1), quanta fere est gallus majusculus. Rostro tote luteo, adunco ; nempe a principio ipso sensim ac leniter ad extremam usque unci aciem incur- vato, paulo quam cæteris aquilis longiore, si proportionis rationem habeas. Oculi pupilla nigerrima, iris lutea. Ver- ticis ac colli totius color est dilute castaneus ex cinereo ; apices tamen plumarum magis nigricant. Dorsum alarum- que pars superior ferrugineis obscure plumulis, ac sub nigris integuntur, uti fere et venter ac femora. Cauda ab uropy- gio ad finem usque tota albicat.…… Duæ tamen pennæ mi nores, et quæ reliqus majoribus ac principalibus incum- bunt, extremo nigræ sunt. T'ibia totæ feræ nudæ sunt, eæque cum pedibus intense luteæ, utraque tabellis ubique super integentibus. Ungues accerrimi, etc. etc. La figure originale et peinte que cet auteur donne de son petit pygargue, se rapporte -fort bien à la description précédente, et c'est une des meilleures de celles qu'on possède sur cet oiseau. Voici ce que le même auteur nous dit de son orfraie (2), dont la figure originale coloriée à laquelle il donne les noms (:) Ornithologiæ, liv. II, chap. 5. (2) Ibid. liv. II, chap. 11. D'HISTOIRE NATURELLE. 31r d'Aaliætos et d'aquila marina, n’est pas moins exacte que celle du pygargue. Ossifraga...…... ab extremo rostro ad ultimam caudam vel pedes longa erat quatuor -dodrantes et medium. Alis vero exlensis spithamas novem lata. Pendebat libras unde- cim. Rostrum ei aduncum admodum, adeo ut uncus solus pollicem latum adæquaret. Totum vero digitos duos latum, palmum vero longum, sub nigrum et etcorneo colore fus- cum, non nihil 4 Re, obscurum accedens. fnitium . quedam ultrà narium foramina, protensa inves- , quæ finibus suis seu marginibus Sliteram exprimit, . palmum et digitum unum longus est... Caput et collum totum oblongis plumis et angustis riget. Quin et de menlo plumulæ tenues villorum instar propendent ad arunci seubarbæ speciem, etc... Plumcæ totius corporis singulæ tri- plici colore variant, sub albo, fusco , ferrugineo. Remiges tamen pennæ fere ex toto fuscæ sunt, non rilul ad casta- neum tendentes. Sed et duodecim caudeæ nihil aut perparum ruffescunt, albo tantum et nigro maculatæ. Albescunt ea parte, quæ intro spectat, quæ extrema, fuscæ sunt. Mediæ duæ promiscue notis albis consperse, majori ex parte, quæ intro spectat. In extremo omnes nigræ : quæ his ab extremo dorso incumbunt, fere totæ albicant, pauco tamen nigrore respersæ, et nisi sd extre manigricent. Crura fuscis plu- mulis, aliquantulum Ensrentbus Jfere tota obteguntur ita ul ad duos digitos tantum, quod plumis nudum est, ad pedes usque interjiciantur. Toliés vero corporis cutem proxime vestiunt plumulæ molliculæ candidissime, tanquam lenissi- mum ac lenerrimum quod piam vellus, seu plumosa lanuco, eo prorsus, quo cycnus modo. Pars crurum seu tibiarum 4o * 312 ANNALES DU MUSÉUM infima, quæque ad duos digitos plumis destituta est, una cum pedibus intenso luteo tincta est, eto.. Depuis Aldrovande, l'existence de ces deux espèces a été admise, et toutes les descriptions qui en ont été données depuis, se sont fort exactement rapportées entre elles et à la sienne. Il en est de même des figures ; et comme les oiseaux dont j'ai à parler, avoient tous les caractères de ceux-ci, il ne peut y avoir de doutes qu’ils n’aient été des pygargues et des orfraies. La ménagerie du Muséum d'histoire naturelle a possédé un assez grand nombre des uns et des autres, et j'ai suivi leur développement avec beaucoup d'attention. L’habitüde de voir des oiseaux, de les élever, d’observer les modifications que l’âge amène dans leurs couleurs, m’avoit fait soupconner de- puis assez long-temps que l'orfraie n'étoit point un oiseau adulte. La distribution incertaine des couleurs de sa queue; les nombreuses taches parsemées irrégulièrement sur son plu- mage, étoient des indices presque sûrs que cet oiseau avoit encore des changemens à éprouver pour arriver au caractère de l'oiseau adulte, qui consiste, généralement, dans des cou- leurs franches, distinctes et répandues avec harmonie, ou distribuées régulièrement. Mes soupcons ne tardèrent pas en effet à se vérifier. A la troisième ou quatrième année de leur âge, tous les orfraies commençoient à éprouver des modifications remarquables; la queue devenoit toujours de plus en plus blanche; la couleur bleuätre du bec pälissoit graduellement; le brun de la tête et du cou prenoit une teinte plus blonde, et les taches blanches du corps étoient en partie effacées. Aux environs-de la cinquième année, le bec étoit entièrement jaune, la tête et le cou du fauye pâle de la tête et du cou du pygargue, et la queue tout à , D'HISTOIRE NATURELLE. 313 fait blanche; enfin.il n’étoit plus possible d'observer la plus légère différence entre les orfraies à cet âge, et les pygargues qui se trouvoient dans la même GE et immédiatement à côté d’eux. L'observation que je viens de rapporter qui, par sa simpli- cité, ne peut guère laisser de doute sur son exactitude, conduit assez naturellement à soupconner que l’orfraie ne forme point une espèce particulière; qu’elle n’est que le jeune âge du py- gargue; que les nomenclateurs devront la retrancher de leur catalogue, et qu’elle a pour synonyme, chez les anciens, l’aigle auquel ils ont -donné le nom de plankos. Toutefois, c’est le nom d’orfraie que nous croyons devoir conserver à cet aigle, et substituer à celui de pygargue, parce qu’il est françois et qu’il a constamment appartenu à cet oiseau, tandis qu’on ne pourroit lui donner l'autre qu'en commettant une double erreur. 314 ANNALES DU MUSÉUM NOTICE Sur une mine de charbon fossile du départe- ment du Gard, dans laquelle on trouve du succin et des coquilles marines. PAR M. FAUJAS DE SAINT-FOND. Ccrre mine, qui n’est qu'à une lieue de la ville.du Pont- Saint-Esprit, est située dans l’arrondissement de Saint-Paulet, et exploitée sur une assez grande surface par plusieurs ou- vriers qui sont en même temps propriétaires, et qui ont ouvert différens puits; de manière à pouvoir fournir à la consonima- ton, qui ne laisse pas que d’être considérable, ” Toutes ces mines sont dans le calcaire, par conséquent d’une qualité inférieure et nullement propres à la forge; mais elles n’en sont pas moins utiles pour la fabrication de la chaux, pour le chauffage des nombreux ateliers destinés à élever les vers-à-soie, et pour l'usage des fourneaux employés pour la filature de la soie; ce qui, sans cette ressource, occasioneroit des consommations de bois immenses; car cette belle et riche pro- duction de l'industrie des départemens du Midi de la France, ne sauroit se passer de feu, depuis l'instant où l’on fait éclore les D'HISTOIRE NATURELLE. 319 œufs de ces insectes utiles, jusqu’à l’époque où l’on a converti en soie le résultat de leur admirable travail. Sous le point de vue de l’histoire naturelle, les mines de Saint-Paulet présentent des observations dignes d’intéresser le géologue. | S Nous allons porter nos regards sur la principale exploita- tion ; celle-ci‘porte le nom de Mine de Gavalon. La dispo- sition et la nature des couches se présentent dans l’ordre sui- vant : . J 1.” Un banc calcaire solide, analogue à celui des carrières des environs de Paris, et renfermant comme celles-ci des cé- rites, dont il ne reste queles moules; son épais- seuriest de... 1 fn nl'agh dite soute BP: 2H 2. À ce banc, succède une couche contiguë d'un calcaire tendre et friable, qui est rempli de cérites et de quelques autres coquilles compri- mées et comme écrasées, mais dont le tect se distingue encore : leur état de compression ne permet pas d'en déterminer avec certitude les espèces. Cette couchéa , . . , : : .*. . ro 0 3° Marne bitumineuse, qui peut s'allumer au feu et brüler pendant quelque temps, dans laquelle on ne trouve aucun vestige de corps MAT | RME esimLUl 48 o 4 4° Seconde couche de marne bitumineuse, 5 avec une multitude de coquilles fossiles du genre ampullaire de Lamarck, dont le tect est blanc, épais, et l'intérieur entièrement rempli 316 ANNALES DU MUSEUM Réporl. -20E, 25130 de la même marne bitumineuse, douce au tou- cher et noire comme du charbon. On trouve aussi quelques autres coquilles marines, que nous avons fait figurer, et sur lesquelles nous reviendrons en donnant la description de la planche où elles sont gravées. On trouve également dans la même couche bitumineuse où sont les coquilles, des morceaux de succin de forme ovale ou arrondie en géné- néral, depuis la grosseur d’une noix jusqu’à celle d’une grosse pomme. Ce succin est bril- lant et de couleur jaune foncé dans le centre des morceaux ; mais il est terne et paroît avoir éprouvé une sorte d’altération dans les autres parties. Cependant ses caractères chimiques et sa propriété électrique, sont absolument les mêmes que dans le succin de Poméranie. Les mineurs se servent de ce succin comme d'un parfum propre, selon eux, à purifier l'air, et ils en font usage pour cet objet, particulière- ment dans le temps où ils élèvent les vers-à- soie. Cette couche de marne bitumineuse, renfer- mant les coquilles et. le succin dont il s’agit, a. 5.° Charbon qui forme l’objet de l'exploitation, on le peut détacher en très-gros morceaux, qu’on est obligé de rompre pour en faire usage: 17 pieds 0 postes 21 6 D'HISTOIRE NATURELLE. 317 Feport. 10(f CONINOMEErAIT pieds 6 pouces il y en ade compacte, mais qui se rapproche du jayet; un autre qui est plus terné et noircCit les doigts, et une troisième variété qui porte en- core les carictères apparens du bois passé à l’é- tat de charbon fossile. Il est à remarquerque l’on observe assez fré- quemment sur la cassure de plusieurs mor- ceaux de ce charbon, tantôt de petites écailles de succin d’un brun-jaunâtre brillañt, tantôt de petits grains d’un succin beaucoup plus jaune et plus transparent. Cette couche de charbon a . . . !: , 3 lo 6° Marne bitumineuse analogue à celle du n. 4, et renfermant les mêmes coquilles com- primées et des succins en rognons.. ..... 4 0 7. À cette couche succède le charbon en tous points semblable à celui du n.° 5 , avec des morceaux auxquels des écailles et des grains de succins sont adhérens : l'épaisseur de cette cou- che charbonneuse est de . . . . 31 6 Comme les exploitations se font ici sans règle par des pay- sans qui ne font usage ni de chevaux ni de machines, ils ne poussent pas leurs travaux plus avant ; et lorsqu'ils ont percé ces deux couches et épuisé le charbon du puit, ils préfèrent d'en ouvrir de nouveaux, de manière qu’on ignore si le char- bon ne forme pas encore d’autres nouvelles couches au-dessous des premières; et si celles-ci, dans le cas où elles existeroient , 14. ht 318 ANNALES DU MUSEUM ne sont pas surmontées par des couches de marne bitumineuse renfermant des coquilles et du succin fossiles. A un demi-quart de lieue du groupe principal des mines de Saint-Paulet, un embrâsement accidentel a eu lieu dans un puits de mine qu’il a fallu abandonner ; l’on sait que ces em- brâsemens souterrains ont, dans pareils cas, une marche ex- trémement lente, et ne sont même fàcheux que pour le propriétaire qui se trouve par là privé du fruit de ses tra- vaux. Ici cet accident a eu des suites plus avantageuses, en quel- que sorte, que nuisibles. Le puits se trouvant sur le penchant d’une colline, les eaux qui s'y réunissoient génoient moins les travaux qu'ailleurs par la facilité qu’on avoit eu de leur donner de l'écoulement par une ouverture pratiquée dans le fond du puits. Mais la mine étant abandonnée, et l'issue par laquelle l’eau fuyoit, s'étant en partie encombrée, celle-ci abonde en même temps qu'elle y séjourne davantage; pendänt ce temps-là le charbon qui brüle lentement, mais constamment, à une cer- taine profondeur, échauffe l’eau, et lui communique par ses émanations gazeuses des qualités astringentes. De là une source thermale artificielle et nouvelle, dont un habile méde- cin du Pont-Saint-Esprit, M. Vignal, a tiré un parti avanta- geux pour les maladies musculaires provenant d’atonies et de foiblesse. L'eau est recue par suintement dans un bassin, et les malades s’en servent avec succès en la prenant en bain : c’est un service rendu à ce pays par un homme éclairé, qui a su saisir promptement les moyens utiles que celte circonstance singulière lui présentoit. C'est avec d'autant plus d’empressement et de plaisir, que < - D'HISTOIRE NABURELLE, 319 je me fais un devoir de rendre justice à la sagacité du docteur © Vignal, que l'histoire naturelle ne lui est point étrangère, qu’il s'en occupe avec zèle, et que c’est à son empressement à me procurer les fossiles que renferment les mines de charbon de Saint-Paulet , que je dois les plus gros morceaux de succin et les coquilles les mieux conservées qué l’on y trouvé. Les coquilles si abondantes dans les mines de charbon de Saint-Paulet, dont la conservation permet d'en reconnoitre les espèces, circonstance extrêmement rare dans le gisément des mines de charbon, n'ont fait naître quelques réflexions propres à trouver naturellement place ici, et sous ce gs de vue elles peuvent intéresser la géologie. F Les mines de charbons de bonnes qualités, qui servent à l'usage des forges, et peuvent être converties en coaks, sont ordinairement, on pourroit même dire constamment placées sur la ligne intermédiaire entre les schistes granitiques ou por- phyritiques, au milieu des grès quarzeux ou des schistes argi- leux noirs, un peu bitumeux, qui se délitent par feuillets. Dans l’un et l’autre ças, le toit de ces mines renferme une multitude d'empreintes de plantes, de fougères exotiques d’un: grand nombre d'espèces, même des fougères en arbres dont on distingue les écorces , des feuilles et quelquefois des por- tions de troncs de palmiers, et d’autres plantes dont il'est difficile de connoître les espèces avec certitude, mais qui ont été toutes fortement comprimées par le poids énorme des masses supérieures, de manière que les troncs sont aplatis et ont perdus leurs formes cylindriques. Tous ces débris de végétaux sont constamment disposés horizontalement , et les feuillets sont développés dans la même direction: Les schistes (LE 320 ANNALES DU MUSÉUM argileux qui les renferment, se détachent par feuillets paral- lèles; mais jamais dans ces sortes de mines on ne trouve des coquilles marines , fluviatiles ou terrestres. Dans les mines de charbons des pays calcaires, au con- traire, les couches supérieures de marnes bitumineuses qui sont en contact avec le charbon, ou qui alternent avec lui, renferment presque toujours des débris de coquilles et jamais le moindre vestige de plantes. Ce fait comparatif, que j'ai vé- rifié avec beauconp d’attention dans le grand nombre de mines de charbons que j'ai visitées en France, en Angleterre, en Alle- magne et en lialie, ne m’a encore présenté aucune exception ; c'est pourquoi je le rapporte ici afin d’exciter les minéralo- gistes géologues, à diriger leurs recherches vers le même ob- jet, soit pour confirmer ce fait, soit pour l’atténuer par quelque exception particulière qui ne me seroit pas connue, Si cepen= dant de nouvelles observations servoient à l'appuyer, il faut convenir qu'il fourniroït un épisode de plus dans l'histoire naturelle des révolutions du globe, et qu'il mériteroit qu’on cherchät à découvrir les causes qui ont déterminé la différence «qui existe relativement à cet objet, dans les gisemens des chan bons des pays granitiques et dans ceux des pays calcaires. Mais dans les mines des pays calcaires que j'ai été à portée de visiter , telles que celles de Pepin, de Fuveau, d' Aubagne, dans la ci-devant Provence; celles de Pommier, près de Gre- noble; de Sou, à une lieu de Crest, dans l’ancien Dauphiné, et celles de Mornas et de Piolenc, sur la route de Mont- Dragon, à Orange, les, coquilles ont si fort été dégradées par le déplacement, le transport et la compression, qu'il est en général presque impossible d'en déterminer les espèces. Cet état de froissement et de disruption ayant altéré le carac- D'HISTOIRE NATURELLE. 321 tère de ces coquilles, a trompé quelques naturalistes, en petit nombre à la vérité. Ceux-ci ayant reconnu quelques planorbes parmi ces coquilles, en ont conclu qu’elles étoient fluviatiles, et que de grands lacs d’eau douce ayänt servi de réceptacle aux amas immenses de bois qui ont donné naissance aux mines de charbon, les coquilles fluviatiles de diverses espèces qui habitoient ces lacs, se sont trouvées confondues parmi ces dé- pôts, ce qui atteste évidemment la catastrophe du déluge. La mer, selont eux, n’a participé en rien à cés grandes allu- vions, qui dépendent entièrement d’un débordement extraor- dinaire des rivières, des fleuves et des lacs, occasioné par les pluies constantes qui donnèrent lieu à la submersiontotale du globe. Sans entrer dans aucune discussion sur ce sujet, il suffit de dire que ces coquilles, qu’on regarde comme fluviatiles, méri- tent d’être examinées de plus près, non que je nie leur exis- tence, mais parce que plusieurs de celles qu'on regardoit comme telles, les bulimes, par exemple, qu'on trouve en quantités si immenses dans les bancs calcaires des environs de Maïence, sont bien véritablement marines, et l’on trouve leurs analogues vivans, en nombre également immense sur les rives de l'Océan françois, ainsi que sur les. bords de la Méditer- ranée, particulièrement du côté d’Aiguemorte, de Mague- lone, etc. Si avant que M. de Lamarck eût établi le genre phasianelle, on eùl trouvé des coquilles de ce nouveau genre dans l'état de pétrification, ou simplement dans l’état fossile et'sans cou- leur, on les auroit regardées comme fluviatiles ou terrestres, parce qu’élles étoient rangées parmi les bulimes. Il ne faut pas douter qu'en y regardant de plus près, on ne 322 ANNALES DU MUSÉÈUM diminue encore le petit nombre de coquilles fossiles ou pétri- fiées, qu'on croit appartenir aux fluviatiles ou aux terrestres, particulièrement si les naturalistes qui voyagent dans des mers peu fréquentées, portent leur attention sur ce point de fait, et nous apportent des objets de comparaison propres à recti- lier nos idées à ce sujet. Mais quand bien même on trouveroit des coquilles incon- testablement fluviatiles sur le toit des mines de charbon, où dans les lits intermédiaires des marnes qui séparent les diffé- rentes couches de ce combustible fossile, s’ensuivroit-il de là que des lacs d’eau douce eussent existé sur les places où gis- sent ces mines de charbon. | Leurs stratifications presque toujours régulières, les subs- tances adventives telles que les succins, et les pese es vérita- blement marines, mélées à des coquilles fluviatiles, qu’on trouve sans ordre dans les différentes couches de marnes qui séparent les bancs charbonneux, sont une démonstration et une preuve irrécusable que c’est à la mer seule qu’appartiennent les trans- ports et les immenses dépôts de tant de substances minérales et de corps fossiles étrangers à des lacs. Et puisque les grandes perturbations des mers ont seules pu arracher de leurs places natales, tant de bois presque tous exotiques, et que des coquilles marines, qui n’appartiennent qu'a des mers étrangères, les accompagnent, pourquoi n’au- roient-elles pas entraiînées en même-temps des coquilles flu- viatiles et même des terrestres qui se seroient trouvées sur la route ? lié Ce que nous disons ici est confirmé particulièrement par le bel état de conservation des coquilles marines exoliques qu'on trouve dans les mines de charbon de Saint - Paulet, et e & Tom .14. =" Fig. f'10. F6 = > 16". CO ( PUILLES FOSSILES des mmes de charbon des environs de S''Prulet departement du Card. P.Brard del Marchand soufp D'HISTOIRE NATURELLE. 323 jusqu’à présent aucune mine éonnue n’en avoit offert de sem- blables. On peut en juger par la planche ci-jointe, où elles sont figurées, À LA EXPLICATION DE LA PLANÇCHE Représentant les coquilles fossiles des couches de marne bitumi- neuse qui séparent les bancs de charbon de la mine de Gavalon, dans l'arrondissement de Sant-Paulet, département du Gard. Frc. 1. Ampullaire, à coquille épaisse, eomprimée latéralement, ce qui luia donné une forme accidentelle allongée qu’elle n’a pas dans l’état naturel. FiG. 2. La même coquille, vue du côté du dos, afin de fairemieux sentir les effets de la compression, dont on distingue les résultats par un enfoncement latéral, qui a déformé la coquille dans cette partie. F1G. 5. Ampullaire de la même espèce, comprimée verticalement, c’est-à-dire du sommet vers la base, ce qui a changé la forme de la bouche, et l’a rendue transverse, de manière que, sil'on trouvoit une coquille semblable isolée, on pourroit la considérer comme une espèce particulière, tandis que la forme n’est qu'a ccidentelle. F1c. 4. La même, représentée sur sa face opposée. Fic. 5, Ampullaire de la même espèce, mais qui n’a presque point souffert par la compression ; il est à présumer qu’une position particulière l’a préservée ” des accidens qu'ont éprouvé les autres. Il est extrêmement rare d’en trouver d'aussi intactes. Celle-ci peut servir de type pourde genre et pour l'espèce. On ne sauroit douter que cette coquille, ainsi que celle figurée ci-dessus, et que je considère comme de la même espèce, ne soient marines. M. de Lamarck, dans la description des coquilles fossiles de Grignon, a fait figurer des ampullaires très-rapprochées de celles-ci, qu'il a regardé, avec raison, comme ayant vécu anciennement dans la mer. Fre. 6. La même coquille représentée du côté opposé à la bouche Fic. 7 et 8. Coquille de grandeur naturelle, du genre mélanie. Fie. 9 et 10. La même, grossie à la loupe, afin d’en rendreles caractères plus sail- lans. La belle conservation de ces coquilles est due à ce qu’elles étoient renfermées dans les grandes, et enveloppées de marne bitumineuse, 324 ANNALES DU MUSÉUM Fic. 11 et r2, Aufré espèce du genre méldnie, figurée de grandeur nalurellé, sous deux aspects différens. M. de Lamarck a fait figurer douze espèces de mélanie parmi les coquilles fossiles des environs de Paris. Les deux représentées ici différent de celles publiées par ce savant naturdliste, quoiqu'elles appartiennent à son genre, ce qui formerojt quatorze espèces des mélanies fossiles, sans compter les vivantes fluviatiles. Cela seul suffroit pour démontrer l'insuffisance des mé- thodes artificielles, commodes sans doute dans certains cas, mais nuisibles à la science dans d'autres, et jetant dans de fausses routes lorsqu'on veut regarder ces méthodes comme des lois irréfragables. Les douze espèces de mélanie, figurées par M. de Lamarck, et qu'on trouve au milieu des co- quilles marines, les mieux reconnues, et presque toutes exotiques, ne peu- vent être considérées que comme originaires des mêmes mers dans lesquelles vivoient les autres, ou il faut en former de nouveaux genres. Il est bien possible que dans lés grands déplacemens de la mer, si forte- ment attestés par l'état actuel des montagnes et des vallées, quelques co- quilles fluviatiles ou terrestres aient été entraînées et soient venues se confondre avec des productions marines. Mais dire que parmi des coquilles aussi nombreuses, aussi variées en es- pèces, et aussi bien conservées que celles de Grignon et d'autres lieux sem- blables, ont trouvé douze espèces de mélanies d’une conservation aussi par- faite, et que toutes sont fluviatiles, lorsqu'on ne connoït aucun analogue de ces mêmes espèces, même parmi les mélanies.fluviatiles, qu'il faudroit sup- poser avoir existé dans des régions étrangères à l’Europe, c’est vouloir faire de la géologie en mignature et à l’eau douce; c'est confondre les très- petits effets avec les grandes causes. "Fi c. 13 et 14. Coquille de grandeur naturelle et d’une belle conservation, qui a l'apparence d’un planorbe. Fic. 15, 16 et 17. La même coquille grossie à la loupe, et présentée sous trois aspects, pour faire voir, par la forme arrondie de la bouche, qu’elle n'appartient point à un planorbe, et se rapproche des valvées; mais elle diffère de ces dernières par l'allongement et la saillie du sommet,de la spire. Je ne prononcerai pas si cette dernière est marine ou flüviatile; mais c’est une coquille nouvelle qu’on ne peutrapporter encore à aucune espèce connue, D'HISTOIRE NATURELLE. 325 aa | TABLEAU Des caractères génériques et spécifiques de toutes Les espèces de Meduses connues Fi usqu'à ce jour. PAR MM. PÉRON ET LESUEUR (1). PREMIÈRE DIVISION. MÉDUSES AGASTRIQUES. CARACTÈRES. Corps entièrement gélatineux; point de côtes longitudinales ciliées ; point de cavité stomacale distincte. {:1) Les nombreux dessins coloriés qui doivent accompagner notre grand travail sur les Méduses n’étant point encore gravés, nous croyons faire une chose utile à la science et agréable aux naturalistes, en publiant d'abord ce tableau. Telle est la méthode de la classification et nomenclature que nous avons adoptée pour sa rédaction, qu’il nous paroït devoir être un guide äussi sûr que facile, non-seule- ment pour la connoissance des genres ét des espèces qu'il comprend, mais encore pour la détermination des coupes nouvelles génériques ou spécifiques qu'il con- viendra d'établir par la suite dans la nombreuse famille des Méduses. Les numéro que nous avons placés au-dessous du nom de chacune des espèces, correspondent à ceux de nos peintures sur vélin, 14. 42 326 ANNALES DU MUSÉUM (a) Agastriques non pédunculées. + Non tentaculées. GENRE [I * Eupore. Eudora (1). CARACT, GCÉN. Ombrelle aplati, discoide, couvert de vaisseaux simples en dessus, polychotomes en dessous ; point de suçoirs. n.° 1. * Eudore onduleuse,. £udora undulosa. (PLI, fig 1,2, 3) Vaisseaux sus-ombrellaires et marginaux simples, onduleux et concentriques ; vais- seaux sous-ombrellaires polychotomes, et distribués en quatre triangles rectangles par deux gros troncs vasculaires qui se réunissent à angle droit au centre de l'ombrelle. Hyaline, 8 centimètres ; de la terre de Witt. (b) Agastriques non pédunculees. —+—+ Tentaculées. GENRE IL * Bérénice. Berenir. CARACT. GÉN. Ombrelle aplati, polymorphe; des vaisseaux ramifiés, garnis d’une mulutude de sucoirs. QG) Tous les genres nouveaux que nous avons établis ; toutes les espèces nouvelles que nous avons découvertes, seront distingués par une étoile; toutes celles qui sont précédées de deux étoiles, quoique découvertes avant nous, ont été de nouveau observées, décrites et figurées par nous, es D'HISTOIRE NATURELLE, 327 N.0 3. * Bérénice Euchrome. Berenix Euchroma. (PL II, fig. 4, 5). Une croix supérieure centrale formée par quatre vaisseaux simples à leur origine commune, et terminée à la circonférence de l'ombrelle par trois rameaux prin- cipaux, garnis de suçoirs arillés; une espèce de polygone à douze côtés inégaux, correspondans aux douze divisions vasculaires et arillifères; rebord marqué par des espèces de côtes arrondies et peu saillantes; couleurs élégantes et variées; 5 centimètres; de l'Océan Atlantique équatorial, n.0 3. * Bérénice Thalassine. Berenix Thalassina. (PL III, fig. 6). Six gros troncs de vaisseaux très-dilatés à leur ba et se confondant tous en une espèce de large sinus à la partie supérieure et centrale de l’ombrelle; ramifications secondaires multipliées dichotomiques, garnis de suçoirs arillés; rébord marqué par des espèces de côtes quadrangulaires et peu säillantes; 8—10 centimètres; d'un vert léger; de la terre d’Arnheim, (c) Agastriques pédunculées. +++ Non tentaculées. GENRE IIL * Onvrmie. Orythia. CARACT. GÉN. Point de bras; point de sucoirs; péduncule simple, et comme sus- pendu par plusieurs bandelettes. no 4. * Orythie Verte, Orythia Viridis. (PI. IV, fig. 7). Ombrelle sub-hémisphérique, marqué de huit petites dents à son rebord, et de huit bandelettes qui, de chacune de ces dents, vont, en se recourbant le long de la face inférieure de l’ombrelle, se rattacher à la base d’un péduncule en k* 328 ANNALES DU MUSÉUM forme de trompe cylindroïdo-sub-conique ; couleur vert foncé; 4—5 centimètres ; de la terre d’Endracht. 3.0 5. Orythie Minime. Orythia Minima. (PL V, fig. 8, 9). Synonymie (1) (Medusa Minima. Baster. Op. subs. tom. 2, pag. 62, 1765). Ombrelle aplati, discoïde, marqué d'une espèce de fleur à huit pétales, échancrées à leur bord; péduncule en forme de petite massue; un centimètre; des côtes de la Belgique. GENRE I. ” * Esvonir. Favonia. CARACT. GÉN, ; Des bras garnis de nombreux suçoirs et fixés à la base du péduncule. Cyr n.0 6. * Fayonie Octonème. Favonia Octonema. (PL VI, fig. 10). Ombrelle sub-hémisphérique, légèrement pointillé à sa surface, marqué d'une croix rousse à son centre. huit bras bifides garnis de suçoirs arillés; couleur bleuûtre ; 3—/4, centimètres ; de la terre d’Arnheim. n.0 7. * lavonie Hexanème. Favonia Hexanema. (PL. VII, fig. 11). Ombrelle sub-bémisphérique, glabre à sa surface, marqué d'une croix blanchâtre a son centre; six bras simples, garnis de suçoirs arillés; couleur d’un gris-sale; «—5 centimètres; de l'Océan Atlantique équatorial. d)\ Agastriques pédunculées. } A$! q P +++ + Tentaculées. G) Ici, comme dans la suite de ce tableau, nous nous contenterons d'indiquer la synonymie de l’auteur, qui, le premier, déçouvrit ou fit connoitre les espèces qui sont étrangères à nos propres observations, D'HISTOIRE NATURELLE. 329 GENRE V. * Lymnorée. Lymnorea. CARACT. GEN. Des bras bifides, groupés à la base du péduncule, et garnis de sucçoirs nombreux en forme de petites vrilles. n.0 8 * Lymnorée Trièdre. Zymnorea Triedra. {PL VIIT, fig. 12, 13). Ombrelle sub-hémisphérique, tout parsemé de petits points verruqueux; rebord entier, garni d’une multitude de tentacules trés-fins et très-courts ; péduncule triédre, obtus; huit bras courts et bifides; couleurs élégantes et variées; 4 cen- timétres; du détroit de Bass. GENRE VI * GékyonE. Geryonia. CARACT. GÉN. Point de bras; des filets ou des lames au pourtour de l’ombrelle; une trompe inférieure et centrale. 1.0 9. * Géryonie Dinème. Geryonia Dinema. (PL IX, fig. 14, 15, 16). Ombrelle sub-conique, marqué de trois filets simples; péduncule sub-claviforme : ; rebord garni d’un rang de petits tubercules et de deux tentacules opposée 1—3 millimètres ; couleur hyaline; des côtes de la Manche, n.0 10. ** Géryonie Hexaphylle. Geryonia Hexaphylia. (PL X, fig. 17, 18). Simon, Medusa Proboscidalis. Forshaël, Faun, Arab, pag: 108, n.° 23, et Icon. anim. tab. 56, fig. 1, 1775. 330 ANNALES DU MUSEUM Ombrelle hémisphérique ; six folioles lancéolés à son pourtour ; six tenfacules trés- longs à son rebord; un péduncule très-gros, très-allongé, en forme de trompe, avec six bandes longitudinales, et une large membrane circulaire et plicatile à son extrémité; 6—8—:10 centimètres ; hydrocolor avec quelques foibles nuances de rose; des côtes de Nice. Observations générales sur les Méduses agastriques. En parcourant la série des animaux que nous ayons com- pris dans cette première division de Méduses, on s'étonne des nombreux rapports qui les unissent entre eux, et des progrès rapides, quoique graduels, de leur organisation : ainsi les Æudores manquent non-seulement, comme toutes les espèces suivantes, de cavité stomacale, mais encore elles sout privées de péduncule, de bras, de suçoirs, et même de tentacules ; tous les organes apparens de ce genre se trouvent réduits au réseau vasculaire qui les couvre. Avec ces mêmes vaisseaux, les Bérénices ont des sucçoirs et des tentacules. Dans les Orythies, l'organisation générale paroit plus sim- ple; mais ici, pour la première fois, se montre ce péduncule central qui doit jouer un si grand rôle dans l’histoire de la plupart des Méduses plus composées. ‘ Avec ce même péduntule, les Favonies ont recu les nom- breux sucoirs des Bérénices ; et, pour la première fois aussi, ces annnaux nous offrent ces armes puissantes des Méduses que uous avons désignées sous le nom de bras; pour la pre- mière fois encore, nous apercevons des ovaires. Tous ces organes se reproduisent dans les Zymnorées qui appartiennent au genre suivant, et qui, de plus, sont armées des tentacules dont les Favonies sont dépourvues. D'HISTOIRE NATURELLE, 331 L'organisation s'élève bien davantage encore dans les Gé ryonies : là se retrouvent tous les organes essentiels des genres précédens, et par la bourse extraordinaire, ou, pour mieux dire, par le faux estomac qui termine le péduncule de lhexa- phylle, nous arrivons tout naturellement des Méduses agas- triques les plus simples, à celles d’un ordre supérieur, à celles qui sont pourvues d’un véritable estomac. C'est en observant cette progression régulière de l’organi- sation; c’est en analysant avec soin les diverses nuances que nous venons d'indiquer, qu’il nous a paru non-seulement utile, mais même indispensable de rattacher les animaux de ce groupe à ceux dés divisions suivantes; quelque grande, quel- que impérieuse que puisse paroître d’abord la différence or- ganique qui les sépare. Ïl est évident en effet que, dans cette circonstance comme dans tant d’autres, la nature s'élève d’une manière, pour ainsi dire, insensible, des élémens les plus simples aux résuitats les plus compliqués; et comme, parmi les Méduses gastriques elles-mêmes, nous observerons une Progression analogue, soit dans le nombre, soit dans la com- position de leurs divers organes, nous nous trouverons insen- siblement conduits à ce beau résultat; qu’au milieu de ses productions les plus bizarres; que parmi celles: qui semble- roient n'être, pour ainsi dire, qu'un fruit de ses caprices, la nature a consacré pourtant ce grand ordre, ces nuances déli- cates et celte merveilleuse harmonie qui caractérisent et qui régissent ses créations les plus parfaites... 332 ANNALES DU MUSÉUM SECONDE DIVISION. © MÉDUSES GASTRIQUES. CARACTÈRES. Corps entièrement gélatineux; point de côtes silicées; un es tomac plus où moins apparent, simple ou composé. PREMIÈRE SECTION. A. GASTRIQUES MONOSTOMES, CARACT. GÉN. ! Un estomac simple avec une seule ouverture ou bouche. (a) Non pédunculées. — Non brachidées. —+ Non tentaculées, GENRE VIL * Caryspée. Carybdea. CARACT. GÉN. | La concavité de l'estomac se confondant avec celle de l’ombrelle; res bord garni de faux bras, ou plutôt de faux tentacules. n° 11. * Carybdée Périphylle. Carybdea Periphylla. (PL XI, fig. 19, 20, 21). Ombrelle sub-conique; rebord découpé en seize folioles triangulaires et pétiolés, dont huitréunis par paires; estomac très-large à sa base, très-aigu à son sommet, et d’une couleur de brün-capucin ; 5—6 centimètres ; de l'Océan Atlantique équa- terial. LA D'HISTOIRE NATURELLE, 333 #.° 12. Carybdée Marsupiale. Carybdea Marsupialis. (PI. XII, fig. 22) (Urtica soluta marsupium referens, Pancus. Conc. min, not, pag. 41, tab. IV, fig. V,n739). Ombrelle semi-ovale, cruméniforme; rebord entier, garni dé quatre appendices tentaculoïdes très-gros et trés-courts; 3—4 centimètres; de la Méditerranée, * GENRE IIL * Prorcynie. Phorcynia. CARACT GÉN. L'estomac garni de plusieurs bandelettes musculeuses. n,° 13. * Phorcynie Cudonoïde. Phorcynia Cudonoïdea. (PI XIII, fig. 23, 24). Ombrelle sub-conique marqué de six protubérences à son rebord supérieur ; estomac en forme de pyramide hexaëdre renversée, pourvue de six bandelettes bleues et de six filets; rebord de l'ombrelle épais, obtus, avec six dents et six échan- crures profondes ; 5 centimètres; hyalino-bleuûtre; de la terre de Witt. LE n.0 14. * Phorcynie Pétaselle. Phorcynia Petasella. (PL. XIV, fig. 25, 26, 27), Ombrelle déprimé sub-pétasiforme; bouche petite et circulaire; trois bandelettes à l'estomac; rebord entier; couleur hyaline; 4—5 centimètres; des iles Fur- neaux. w.0 15. * Phorcynie Istiophore. Phorcynia Istiophora. (PL XV, fig. 28). L Ombrelle légèrement convexe; six bandelettes; rebord entier, formant comme un large voile au pourtour de l’ombrelle; couleur hyaline ; 5 centimètres; des fles Huunter, 14, 43 334 ANNALES DU MUSÉUM. GENRE IX. * Evramine. Æulimenes. CARACT. GEN. Un cercle de petites côtes ou de petits faisceaux lamelleux au pour- tour de l’ombrelle. x.° 16. * Eulimène Sphéroïdale. £ulimenes Sphæroïdalis. (PL XVI, fig. 29 ). Ombrelle en forme de sphéroïde aplati vers ses poles, couvert de petites côtes longitudinales, peu saillantes; estomac sub-conique, élargi à sa base, et garni de seize côtesintérieures plus courtes et plus fortes que cellesde l’ombrelle ; rebord contracté; 2—5 centimètres; hyaline avec quelques nuances de rouge et de bleu; de l'Océan Atlantique austral. N.0 17. * Eulimène Cyclophylle. Æulimenes Cyclophylla. (PL XVII, fig. 30, 31). Ombrelle sub-hémisphérique, légèrement étranglé à son pourtour extérieur; es- tomac large, flexueux et frangé à son rebord; un cercle de faisceaux lamelleux diphylles, courbes, sinueux et jaunâires; bord obtus et entier; 5—6 centimé- tres ; gris-violacé ; de l'Océan Atlantique austral. 4 - + Tentaculées. GENRE X. * EqQuorée. Æquorea. CARACT. GÉN. À | Un cercle de lignes, de faisceaux de lames ou même d'organes cy- lindroïdes à la face inférieure de l’ombrelle. Trois coupes principales se présentent naturellement dans ce genre; , 1° Equorées à lignes simples ; 2° — à faisceaux de lames; 3° — à organes cylindroïides. D'HISTOIRE NATURELLE. 335 Les faisceaux de lames qui distinguent les espèces du second sous- genre peuvent être ou réunies par paires, ou distinctes, et ces derniers sont composés ou de deux ou de plusieurs feuillets : de ces diffé- rences de composition dérivent quelques caractères secondaires ausbi simples que rigoureux dans leur application. PREMIER SOUS-GENRE. E quorées à dignes simples. n.0 18. * Equorée Sphéroïdale. Æquorea Sphæroïdalis. (PI XVIII, fig. 32, 33). Ombrelle en forme de sphéroïde, tronqué à sa partie inférieure; cercle de trente- deux lignes simples ; rebord de l'ombrelle marqué de trente-deux échancrures, et pourvu de trente-deux tentacules; 4—6 centimètres ; couleur hyalino-cristalline ; de la terre d’'Endracht. n.0 19. * Equorée Amphicurïte. Æquorea ÆAmphicurta. (PL XIX, fig. 34, 35). Ombrelle sub-hémisphérique; cercle de lignes simples et de verrues entre l'estomac et une protubérance centrale, dont la saillie égale seulement le tiers de l’épais- seur de l’ombrelle; dix-huit tentacules très-courts au pourtour de l’estomac; cou- leur hyaline; 4—5 centimètres; de la terre de Witt. n.° 20. * Equorée Bunogastre. Æquorea Bunogaster. (PL XIX, fig. 36). Un cercle de lignes et de verrues disposées entre l'estomac et une protubérance dont la saillie égale à peu près la hauteur du reste de l’ombrelle; hyaline; 4—5 centimètres; de da terre d’Arnheim, SECOND SOUS-GENRE. Equorées à faisceaux de Lames. (a) Distinots. + (e) Diphylles. 45 * 336 ANNALES DU MUSÉUM: x.° 21, Equorée Mesonème. Æquorea Mesonema. (PL XX, fig. 37). (Medusa...… Forskaël, Ie. anim. tab. 28, fig. B, 1775). Ombrelle déprimé, discoïde, couleur bleu de ciel; estomac trés-étroit, disposé comme une bandelette au pourtour d’une large tubérosité centrale; dix-huit ten- tacules très-courts, distribués sur une ligne circulaire qui coupe en deux parties à peu près égales l'anneau lamelleux de l’ombrelle; de la Méditerranée ? n.0 22. * Equorée Phospériphore. Æquorea Phosperiphora. (PL XXI, fig. 38). Ombrelle épais, déprimé, discoïde; couleur hyalino-cristalline; un anneau com- posé de lames et de tubercules autour d’un estomac central, et qui a la forme d’une large bourse; quatorze tentacules très-courts, implantés au pourtour de l'anneau lamelleux; un cercle de gros tubercules éminemment phosphoriques ; 8—10 centimètres; de la terre d’Arnheim. n.0 23. ÆEquorée Forskilienne. Æquorea Forskalea. (PL XXII, fig. 39). ‘(Medusa Æquorea. Forskaël, Faun. Arab. pag. 110, et le. anim. tab. 32, 1775). Ombrelle discoïde, très-déprimé , presque plane ; couleur générale hyaline ; lames du cercle ombrellaire brunes; tentacules très-nombreux, de 66 à 95 centimètres de longueur; ombrelle de 36 à 40 centimètres de diamètre ; de la Méditerranée, n.0 24. * ÆEquorée Eurodine. Æquorea Eurodina. (PI. XXII, fig. 40, 41). Ombrelle discoïdo-sub-hémisphérique; toutes les parties de l'animal d’une belle couleur rose ; rebord de l’ombrelle garni d’un très-grand nombre de tentacules roses, de 25 à 30 centimètres de longueur; 10—12 centimètres; du détroit de Bass. : Li / D'HISTOIRE NATURELLE, 337, n.0 25. * Equorée Cyanée. Æquorea Cyanea. (PL XXIV, fig. 42, 43, 44). Ombrelle sub-hémisphérique et comme légèrement étranglé vers le milieu de son ( pourtour extérieur; chacun des faisceaux lamelleux ayant l'apparence d’un corps allongé sub-claviforme ; toutes les parties de l'animal d’une belle couleur bleue ; 5 à 6 centimètres; de la terre d’Arnheim. .0. 26. * Equorée Thalassine. Æquorea Thalassina. (PL XXV, fig. 45, 46, 47). Ombrelle déprimé , presque plat, légèrement relevé en bosse à sa partie supérieure et centrale; un cercle linéaire à la base de l'estomac; faisceaux lamelleux peu serrés, ayant la forme d'une petite massue; toutes les parties de l'animal d’un vert léger ; 2—3 centimètres; de la terre d'Arnheim. n.° 27. * Equorée Stauroglyphe.. Æquorea Stauroglypha. (PI. XXVI, fig. 48, 49, 50). Ombrelle sub-hémisphérique, déprimé à son centre, et marqué d’une large croix à sa face supérieure ; faisceaux lamelleux terminés en pointe ; toutes les parties de V’animal d’une légère couleur rose; 3—4 centimètres; des rivages de la Manche, (29) Polyphrylles. n.0 28. * Equorée Pourprée. Æquorea Purpurea. (PI. XXVII, fig. 51, 52). Ombrelle trés-déprimé, discoïde; douze bandelettes à l'estomac; vingt-quatre fais- ceaux de lames polyphylles, séparées par autant d’intervalles glabres et légère- ment marqués de lignes onduleuses; un espace circulaire glabre et nu entre l'estomac et l'anneau de l’ombrelle; toutes les parties de l'animal d’une belle couleur de pourpre-violet; 8—10 centimètres; de la terre d’Endracht, Equorées à F'aisceaux de Lames. (aa) Réunis par paires. 338 ANNALES PDU MUSEUM x.0 29. * Equorée Pleuronote. Æquorea Pleuronota. (PL XXVIIIL, fig. 53, 54, 55, 56) Ombrelle sub-discoïde, marqué à la surface d’un grand nombre de côtes inégales ; base de l'estomac dessinée par une espèce de grande étoile de quatorze à vingt rayons du sommet, de chacun desquels naïf une paire de faisceaux lamelleux ; dix tentacules blancs; couleur hyalino-cristalline; 2—3 centimètres; de la terge d'Arnheim. n.0 30. * Equorée Onduleuse. Æquorea Undulosa. (PI. XXIX, fig. 57, 58, 59, 60). Ombrelle sub-conigne, marqué à sa surface d’un grand nombre de lignes ondu- leuses; la base de l'estomac dessinée par une espèce de cercle, du pourtour duquel sortent, à des intervalles égaux, vingt-cinq à trente rayons, qui forment autant de paires de faisceaux lamelleux; tentacules trés-nombreux ; toutes les parties de l'animal d'une belle couleur rose; 8—10 centimètres; de la terre d'Arnheim. TROISIÈME SOUS-GENRE. Equorées à organes cylindroïdes. n° 31. * Equorée Allantophore. Æquorea Allantophora. (PL XXX, fig. 61, 62, 63, 64, 65). Ombrelle sub-sphérique, tronqué à sa partie inférieure; cercle ombrellaire formé par un grand nombre de corps cylindroïdes, bosselés et prolongés jusqu'au re- bord de l’ombrelle; tentacules très-courts et très-multipliés; couleur hyalino- cristalline; 4—6 centimètres; des côtes de la Manche. x.0 32. * Equorée Risso. Æquorea Risso. (PL XXXI, fig. 66, 67). Ombrelle très-aplati, sub-discoïde; le fond de l’estomac relevé par une large tubé. rosité extrêmement lisse et brillante; cercle ombrellaire formé par un grand nombre de corps sub-claviformes, bosselés, non prolongés jusqu’au rebord; D'HISTOIRE NATURELLE. . 339 tentacules trés-longs et trés-nombreux; couleur hyaline avec une légère teinte rose; 8—10 centimètres; des côtes de Nice. EQUORÉES INCERTAINES. n° 33. Equorée Atlantique? Æquorea Atlantica ? (Medusa Æquorea. Lœfling. it. Hisp. pag. 105, 1758). Ombrelle orbiculaire, légérement plane, rebord infléchi (inflexo ); un grand nem- bre de tentacules; point de bras; de l'Océan Atlantique septentrional. n.0 34. Equorée Danoise? Æquorea Danica ? (Medusa Æquorea. Muller. Prod. Faun. Suec. pag. 233, n° 2819, 1766). Ombrelle orbiculaire, légèrement plane; rebord infléchi, garni de tenfacules et de villosités; des côtes du Danemarck. n.0 35. Equorée Groënlandaise? Æquorea Græœnlandica ? (Medusa Æquorea. Fabricius, Faun. Grœnl. pag. 364, n.° 357, 1780). Ombrelle orbiculaire, légèrement plane; rebord infléchi et cilié; de la mer du Groënland. AN. B. Dans le numéro suivant des Annales nous donnerons quelques détails physiologiques sur les Méduses de ce genre. GENRE XI. * Fovéoue. Fovyeolia. CARACT. GÉN. Des peutes fossettes au pourtour de l’ombrelle. n.0 36. Fovéolie Piléaire. Foveolia Pilearis. (Medusa Pilearis. Linnæus, Syst. nat. XII, pag. 1097... 1766). Ombrelle orbiculaire, surmonté d’une espèce de tête ou de bonnet; huit cavités à la circonférence du rebord , estomac cilié à son pourtour; de la haute mer. 340 ANNALES. DU MUSÉUM x.° 37. * Fovéolie Bunogastre. Foveolia Bunogaster. C2 (PL XXXII, fig. 68, 69, 70). : Ombrelle relevé en bosse à sa partie supérieure et centrale; une grosse tubérosité saillante au fond de l'estomac; neuf fossettes circum-ombrellaires ; neuf tenta- cules ; 2—53 centimètres ; hyaline; des côtes de Nice. n.0 38. Fovéolie Mollicine. Foveolia Mollicina. (PL XXXIIL, fig. 71, 72). ( Medusa Mollicina. Forskaël, Faun. Arab. pag. 109, et Ic. anim. tab. 33, fig. C, 1775). Ombrelle orbiculaire, aplati à son sommet; seize bandelettes au pourtour de l'es- tomac; douze petites fossettes ovales et simples; douze tentacules très-courtsÿ hyaline; 4 centimétres; de la Méditerranée. n.0 39. * Fovéolie Diadème. Foveolia Diadema, (PL XXXIV, fig. 73). Ombrelle sub-campaniforme; estomac simple, sub-pyramidal et très-pointu, seize petites fossettes et seize tentacules, formant une espèce de diademe à la base de l’'ombrelle; bleu-hyalin; 5 centimètres; Océan Atlantique austral. x.° 4o.: * Foyéolie Linéolée. Foveolia Lineolata. (PL XXXV, fig. 74, 75, 76, 77) Ombrelle sub-hémisphérique, déprimé à son sommet, resserré vers le milieu de son pourtour; dix-sept fossettes circum-ombrellaires ; dix-sept tentacules; dix- sept lignes sus-ombrellaires intérieures; couleur hyalino-cérulescente; 3—4 cene timètres; des rivages de Nice. GENRE XIL * Pécasie. Pégasia. CARACT. GÉN, Point de faisceaux lamelleux ; point de fossettes au pourtour de l’om- brelle; des bandelettes prolongées jusqu'a l'ouverture de l'estomac, D'HISTOIRÉ NATURELLE. 34x n.0 41. Pégasie Dodécagone. Pegasia Dodecagona. (PL XXXVI, fig. 78). Ombrelle déprimé, sub-pétasiforme; rebord dessiné par douze angles obtus; douze bandelettes; douze tentacules; hyalino-bleuâtre; 4—5 centimètres; Océan At- lantique Austral. a.0 42. Pégasie Cylindrelle. Pegasia Cylindrella. (PI. XXXVI, fig. 79 ). Ombrelle en forme de petit cylindre très-court; quatre bandelettes; rebord entier, garni d’une multitude de tentacules très-fins et très-courts; 4—5 millimètres ; hyaline ; de la terre d’Arnheim. L A. Monostomes. a. Non Pédunculées. —— Brachidées. + Non Tentaculées. Nous ne connoissons encore aucune espèce de Méduse qui réunisse l'ensem- ble des caractères ci-dessus. + Tentaculées. GENRE XIIL * Cazriruor. Callirhoë. CARACT. GÉN. Quatre ovaires chenillés à la base de l’estomac. x.0 43. * Callirhoë Micronème. Callirhoë Micronema. \Ÿ (PL XXXVII, fig. 80, 81). Ombrelle -sub-sphérique; un grand nombre de lignes simples à son pourtour; ovaires en forme de cœur, et disposés en un carré; quatre bras trés-longs, trés-larges, aplatis, sub-spatuliformnes et villeux; rebord festonné, garni d’une 14. 44 342 ANNALES DU*MUSÉUM multitude de tentacules excessivement courts et comme soyeux; hyaline, avéc quelques taches bleues; 4—5 centimètres; côte N. O. de la Nouvelle-Hollande. x.0 43. Callirhoë Bastérienne. Callirhoë Basteriana. $ LL (PL XXXVUIT, fig. 82, 85). - (Medusa Æquorea. Baster, Op. subs. tom. 2, pag. 55, tab. V, fig. 2, 3, 1765). Ombrelle orbiculaire, aplati, polymorphe; quatre ovaires disposés en forme de croix; quatre bras allongés et pointus; rebord entier, garni d'un grand nombre de longs tentacules; couleur hyaline, rebord marqué d'un cercle rouge; 4—5 centimètres; des côtes de Hollande, 1 A. Monostomes. b. Pédunculées. — Non Brachidées. + Non Tentaculées. Les annales de la science ne nous ont offert aucune espèce de Méduse qui puisse se rapporter à cette sous-division, + Tentaculées. Mème observation pour ce dernier groupe que pour le précédent, A. Monostomes. b. Pédunculées. —— Brachidées. + Non Tentaculées. GENRE XIV. . * Méurée. Melitea. CARACT. GEN. Huit bras supportés par autant de pédicules, et réunis en une espèce de croix de Malte; point d'organes intérieurs apparens. D'HISTOIRE NATURELLE. 343 ne 45, * Mélitée Pourpre. Melitea Purpurea. (PL XXXIX, fig. 84). Ombrelle hémisphérique ; estomac large, profond, ouvert et sub-conique; toutes les parties de l'animal d’une couleur pourpre foncé; 40—50 centimètres ; de la terre de Witt. GENRE XV. CARACT. GÉN. * Evacore. Evagora. Quatre ovaires formant une espèce de croix ou d’anneau. n. 46. Evagore Tétrachire. Evagora Tetrachira. (PL. XL, fig 85, 86). Medusa Persea. Forshaël, Faun. Arab. pag. 107, n° 21, et Icon. fab. 3, fig. 8 6 B. b.…. 1775). Ombrelle hémispérique, hyalin ; quatre ovaires blancs, striés de brun , formant une espèce d’anneau; quatre bras forts et lancéolés; 5—6 centimètres; de la Médi- terranée. x.0 47. * Evagore Chevelue. Evagora Capillata. (PL XLI, fig. 87, 88). Ombrelle sub-campaniforme, marqué d’une croix intérieure; rebord légèrement festonné; péduncule court, terminé par un gros faisceaux de bras capillaires; couleur hyalino-bleuâtre, le rebord et les bras fauves; de la terre d’Endracht. ++ Tentaculées. . GENRE XVL * OcÉantE. Oceania. CARACT. GÉN. Quatre ovaires allongés, qui, de la base de l'estomac, descendent 44 344 ANNALES DU MUSEUM vers le rebord de l'ombrelle, en adhérant à sa face inférieure; quatre bras simples. OBSERVATION. Le beau genre des Océanies présente trois coupes aussi sim- ples que rigoureuses, et dont nous nous servirons pour distri- buer les espaces qui le composent. 1° Dans les unes, le sommet de l’ombrelle est pourvu d’une sorte d’appendice conique, mobile, etc. Ce sont nos Océanies appendiculées ; 2. d’autres espèces sont fournies d’une trompe très-longue, très-contractile, qui se confond, pour ainsi dire, avec l’esto- mac et le péduncule, et à l'extrémité de laquelle les quatre bras se trouvent fixés; nous désignons ces dernières espèces sous le nom d'Océanies Proboscidées ; 3° les Océanies simples mont ni l’appendice sus-ombrellaire de celles de la première section, ni la trompe fistuleuse de celles de la seconde. Ce sont de ces dernières dont nous allons d’abord tracer les caractères. 1 Océanies simples. . . . n° 48. * Océanie Phosphorique. Oceania Phosphorica. (PI. XLII, fig. 89, 90, 91) Ombrelle sub-hémisphérique; estomac très-pelit, quadrangulaire à sa base; ovaires pédicellés, très-cours et sub-claviformes; trente-deux glandes}! trente - deux tentacules au pourtour de l’ombrelle; hyaline; 1—3 centimétres ; des côtes de la Manche. 3.0 49. * Océanie Linévolée. Oceania 'Lineolata. (PL XLIIT, fig. 92). Ombrelle hémisphéroïdal; un anneau de lignes simples vers le rebord; ovaires en forme de larges membranes onduleuses, correspondant à quatre échancrures D'HISTOIRE NATURELLE. 345 marginales peu profondes; cent vingt tentacules très-fins; couleur hyalino-ro#- geâtre, beaucoup plus foncée dans tous les organes intérieurs ; 3—4 centimètres ; des côtes de Nice. e n.9 5o. * Océanie Flavidule. Oceania Flavidula. .(PL XLIV, fig. 93, 94, 95, 96). . Ombrelle ‘sub-hémisphérique; point d’échancrures à son rebord; point de lignes à son pourtour; estomac trés-court et quadrangulaire ; ovaires en forme de larges. membranes, flexueuses en zig-zag; tentacules très-nombreux, très-longs et trés- fins; couleur hyaline, tous les organes intérieurs d’une belle couleur jaune; 4—5 centimètres; des côtes de Nice. n.0 Br. * Océanie Lesueur. Oceania Lesueur.. (PL XLV, fig. 97, 98, 99, 100, 101, 102, 103). Ombrelle allongé, sub-conique, terminé en pointe à son sommet; point d'appen: dice disünct; quatre bandes longitudinales dentelées sur leurs bords; quatre ovaires, quatre bras très-courts, réunis et presque confondus ensemble; ten- tacules très-longs, trés-nombreux, aplatis à leur base; 5 centimètres de hauteur ; ombrelle hyalin; organes intérieurs de couleur rose et pourprée; tentacules d’un jaune d'or; des côtes de Nice. 2 Océanies appendiculées. n.0 52, ** Océanie Bonnet. Océania Pileata. PI. XLVI, fig. 104, 105, 106, 107, 108, 109, 110, 111, 112). 8: 9 (Meduso Pileata. Forskaël, Faun. Arab. pag. 110, n.° 26, et Ic. an. t. 33, fig. D, 1775). Ombrelle sémi-ovoïde’, surmonté d’un gros tubercule obtuset mobile; quatre bandes longitudinales dentelées sur leurs bords; quatre gros ovaires; quatre bras trés- courts réunis par une membrane flexueuse ; tentacules très-longs, très-nombreux, etcomme aplatis à leûr base; 3Æfentimètres ; hyaline; toutes les parties inté- rieures et les tentacules d’un roux brunâtre; de la Méditerranée, 346 ANNALES DU MUSÉUM n.o 53. * Océanie Dinème. Oceania Dinema. à LA (PI XLVIT, fig. 115, 114, 115, 116, 117). Ombrelle sub-sphéroïdal; protuübérance trésmobile, frés-aiguë ; estomac court, cylindroïde, renflé à sa base; quatre bras tres-courts ; rebord très-contracté ; deux tentacules ; les quatre ovaires en forme de petites bandelettes prolongés jusqu'au rebord; 2—3 millimètres; ombrelle rose, estomac et bras verts; des côtes la Manche. ‘ 3.°. Océanies Proboscidées. x.0 54. * Océanie Viridule. Oceania Viridula. (PI. XLVIIT, fig. 118, 119, 120, 121, 122, 123, 124). Ombrelle sub-campaniforme ; estomac prolongéen une espèce de trompe rétractile; pyramidale, à quatre faces, et terminée par quatre bras frangés; ovaires très- longs, flexueux, et comme articulés; 6o—70 tentacules très-courts; 3 centi- métres, d'un vert léger; des côtes de la Manche. n° 55. * Océanie Bossue. Oceania Gibbosa. (PI XLIX, fig. 125). Ombrelle sub-hémisphérique; une légère dépression à son centre; quatre bosse- lures à son pourtour; ovaires grêles, flexueux, pro'ongés jusqu'au rebord, et placés entre les bosselures; rebord entier, garni de cent douze à cent vingt tentacules trés-courts et très-fins; estomac prolongé en une espèce de trompe rétractile, : pyramidale, à quatre faces, et terminé par quatre bras courts et frangés; toutes les parties de l'animal de couleur hyaline; 2—3—4 centimètres ; des côtes de Nice. 4° Océanies Douteuses. * x.0 56. Océanie Cymballoïde ? Oceania Cymballoidea ? (P. L, fig. 1:65, 128). ( Medusa Cymballoidea. Slabber , Phys. Belust. pag. 53, t. 12, f. 1—3.... 1781). Ombrelle hémisphérique; estomac très-long, trés-volumineux, et dépassant de D'HISTOIRE NATURELLE. * 343 beaucoup le rebord de l'animal; ovaires pédicellés, très-gros, etcomme bosse- lés; rebord entier, garni de dix-huit à vingt tentacules; couleurs élégantes ét variées de brun, de jaune, de cramoisi et d’hyalin; 7—8 millimètres; des côtes de la Hollande. | n.° b7. Océanie Tétranème? Oceania Tetranema ? 7 L ! ? (PL. LI, fig. 129). ( Carminrothen Beroe. Slabber, Phys. Belust. pag. 64, tab. XIV , fig. 14. 1781). Ombrelle sub-elliptique, déprimé légèrement à son sommet; estomac tres-court, terminé par quatre petits bras; ovaires grèles et continus avec les quatre tenta- cules de rebord; ouverture inférieure quadrangulaire, garnie d'un rang de tubercules très-petits et très-serrés; couleur hyaline ; estomac d’un beau rouge de carmin, ovaires, teutacules et'glandes marginales brunâtres; microscopique; des côtes de la Hollande. æ sé \ » n.0 58. Océanie Sanguinolente? Occania Sanguinolenta ?... (PI. LI, fig. 130). (Carminrothen Beroe. Slabber, Phys. Belust. pag. 59, tab. XIII, fig. 3... 1781 ). Ombrelle sub-elliptique , tronqué à sa base; estomac court; ovaires prolongés jus- qu'au rebord de l’ombrelle; dix-huit tentacules courts; ombrelle hyalin, esto- mac rouge, ovaires brun-jaunàtres; de la grosseur d’un grain de riz; des côtes de la Hollande, à n.0 5g. Océanie Hémisphérique? Oceania Hemisphærica ? Es (PL LI, fig. 131). (Medusa Hemisphærica. Gronovius, Act. Helvet. tab. IV, p. 38, t. IV, fig. 7... 1760), Ombrelle hémisphérique; estomac dessiné à sa basé par une tache quadrangulaire; ovaires simples et prolongés jusqu’au rebord ; tentacules trés-nontbreux et très- courts; couleur d’un blanc bleuâtre; 1—2 centimètres; des côtes de la Belgique. 348 * ANNALES DU MUSÉUM-. n.o 60. Océanie Danoise ? ‘Oceania Danica ? (PL LIT, fig. 132, 133, 134, 135, 136). (Medusa Hemisphærica. Muller, Prodr. Zool. Dan. pag. 235, n° 2822. an. 1766, et Zool. Dan. pag. 6, tab. VII, fig. 2—5.... 1777). Ombrelle hémisphérique, déprimé À son centre; ovaires pédicellés et claviformes ; rebord entier, garni de trente-deux tentacules trés-courts, et de trente-deux petites glandes ; ombrelle gris-bleuâtre parsemé de petits points plus gris; ovaires jaunâtres, glandes marginales rouges; un centimètre; des côtes du Danemarck. n.o 61. * Océanie Paradoxale? Oceania Paradoxa ? (PL LIT, fig. 139). . Ombrelle suB-hémisphérique, déprimé; ovaires simples et linéaires ; estomac... bras... rebord entier; tentacules tres-nombreux, trés-fins et très-courts; cou- leur hyaline, tentacules rouges; 2—3 centimètres ; des côtes de Nice. n.0 62. Océanie Microscopique? Oceania Microscopica ? (PI. LIV, fig. 138, 139, 140, 141), (Glatten Beroe. Slabber, Phys. Belust. pag. 46, tab. XI, fig. 1, 2, 1781). Ombrelle hémisphérique; quatre ovaires filiformes; un diaphragme au pourtour intérieur de l'ouverture de l’ombrelle; deux tentacules très-longs ; hyalino-bleuà- tre; l'estomac, les ovaires et les tentacules d’un jaune-brunâtre; microscopique ; des côtes de Hollande. n.° 63. Océanie Hétéronème? Oceania Heteronema ? (PI: LIV, fig. 142). Méduse…. Suriray. dessin et note man. adressés aux auteurs. Ombrelle hémisphérique; quatre ovaires filiformes ; un diaphragme au pourtour intérieur de l'ouverture de l’ombrelle; douze tentacules, dont dix trés-courts, entremélés de dix petites glandes ocelliformes ; hyaline; microscopique; des côtes du Hàvre, D'HISTOIRE NATURELLE. 349 GENRE XVIL * Péracie. Pelagia. CARACT. GÉN. Point d'organes prolongés de la base de l’estomac vers le rebord; quatre bras très-forts, terminant un péduncule fistuleux. n.0 64. * Pélagie Panopyre. Pelagia Panopyra. (PL LV, fig. 143, 144), (Medusa Panopyra. Péron et Lesueur, Voy. aux Ter, Aust. pl. XXXI, fig. 2. 1807). Ombrelle sub-hémisphérique; une légère dépression à son centre; des petites ver- rues à sa surface ; des lignes trés-fines à son pourtour; quatre ovaires chenillés 4 la base de l'estomac; péduneule trés-long; bras tres-distincts, très-larges et frangés; rebord entier, garni à l'intérieur de quarante-huit folioles; huit tentacules très- longs ; 5—6 centimètres; toutes les parties de l'animal d'une belle couleur rose; de l'Océan Atlantique équatorial. n.0 65. Pélagie Onguiculée. Pelagia Unguiculata. CPI LVI, fig. 145, 146, 147, 148, 149). (Medusa Ungurculata. Swwartz, Kongl. Vetensk. pag. 198, tab. VI, a—c.… 1788). Ombrelle hémisphéroïdal, aplati et comme tronqué à son sommet ; seïze stries lon- gitudinales; un double rang de taches brunes à la base du péduncule; quatre bras courts, mais très-forts et trés larges; rebord distingué par seize crénelures peu profondes, et garni de seize tentacules très-courts? un centimètre et demi; ombrelle bleu de ciel, marqué d’un point couleur de pourpre à son centre; deux anneaux de taches brunes à la base du péduncule; l’ombrelle parsemé de tache d'un noir pourpre; des côtes de la Jamaïque, x.0 66. * Pélagie Cyanelle. Pelagia Cyanella. (PL LVII, fig. 150). (Medusa Pelagica. Swartz, Kongl, Vetensk. pag. 200... 1788, et pag. 188, tab. V, 1791 } Ombrelle sub-hémisphérique et déprimé; péduncule à peine distinct; quatre bras 14. 45 350 AXNALES DU MUSEUM très-longs, très-forts, élargis, et comme ailés sur leurs bords; marge de l'om- brelle repliée en dedans, marquée de seize échancrures, et garnie de huit tenta- cules rouges; 9—18—27 centimètres; bleu de ciel; Océan Atlantique septen- trional. n.0 67. Pélagie Denticulée. Pelagia Denticulata. (PL LVIII, fig. 151). Méduse Pélagique. Bosc. Supplément à Buffon, (Vers. tom. 2, pag. 140, pl. 17, fig. 3..…..( 1802). Ombrelle hémisphérique; rebord découpé par trente-deux dentelures profondes; huit tentacules courts; bras frangés, arrondis, et pointillés de violet; une espèce d'étoile intérieure à six rayons peu distincts, et violets; hyaline; 10 centimètres ; de l'Océan Atlantique septentrional. x.0 68. Pélagie Noctiluque. Pelagia Noctiluca. (Medusa Noctiluca. Forskaël, Faun. Arab. pag. 109... 1775 ). Ombrelle orbiculaire, déprimé, marqué de stries longitudinales à son pourtour; ombrelles labyrinthiformes, formant une espèce de cercle à la base de l’esto- mac; péduncule très-long ; quatre bras frangés; rebord distingué par seize échan- crures; huit tentacules courts; huit centimètres; hyalino-roussätre, parsemée de taches et de points bruns; de la Méditerranée. n.° 69. Pélagie Pourprée. Pelagia Purpurea. (Medusa Noctiluca; Var. Punicea. Forskaël, Faun, Arab. pag. 109... 1775). Ombrelle légèrement opaque, pourpré, tout couvert à sa face supérieure de verrues pisiformes ; estomac extrêmement allongé, pendant et divisé en quatre lobes; de la Méditerranée. PÉLAGIES INCERTAINES. n.0 50. Pélagie Australe? Pelagia Australis ? Ombrelle sub-discoïde; quatre ovaires bleu de ciel disposés en croix, à son centre; des stries ramifites à son pourtour; rebord large entier; tentacules très-longs et très-nombreux ; hyaline; 8—10—12 centimètres; des iles Joséphine. D'HISTOIRE NATURELLE, 35x n.° 71. Pélagie Américaine? Pelagia Americana ? (Medusa Pelagica. Lœfling, Iter Hisp. pag. 105... 1758). Ombrelle hémisphérique, concave en dessous et pourvu de quatre bras ; bord recourbé en dedans, lacinié et garni de huit tentacules; de la mer d'Amérique. n.° 72. * Pélagie Guinéenne? Pelagia Guineensis ? (Medusa Pelagica. Forster, 2° Vos. de Cook, tom. 1, pag. 44... 1778). fn a tie nel re ler tqdipiie (ele) ersogie dote Le elle ete entire Le Yrmells lettre )s e La détermination de cette méduse reposant sur la comparaison la plus rigoureuse des autres espèces du même genre, il seroit impossible de les indiquer dans ce tableau, sans établir une discussion qui s’accorderoit mal avec la nature de ce travail. GENRE XVIIL * AGLaure. Aglaura. CARACT. GÉN. Huit organes allongés, cylindroïdes, flottant librement dans l'intérieur de la cavité ombrellaire. -N.0 73. * Aglaure Hémistome. ÆAglaura Hemistoma. (PL LIX, fig. 152, 153, 154, 155, 156). Ombrelle en forme de sphéroïde; un anneau gélatineux au pourtour intérieur du rebord de l’ombrelle; dix tentacules courts; quatre bras très-courts; ombrelle hyalin ; les huit organes intérieurs jaunes; 7—8 millimètres; des côtes de Nice. pe.) 352: ANNÂLES DU MUSEUM GENRE XIX. * Méucerre, Melicerta. CARACT. GEN. Bras très-nombreux, filiformes, chevelus, et formant une espèce de houppe à l'extrémité du péduncule. x.0 72. Mélicerte Digitale. Melicerta Digitale. s L (Meduse Digitale. Muller, Prod. Zool. Dan. pag. 253... 1766). Ombrelle conique; estomac libre et pendant, prolongé en un péduncule pistili- forme, et garni d'une multitude de bras qui constituent une espèce de pinceau; plusieurs stries très-fines, dirigées du rebord dé l’ombrelle vers la base de l’es- tomac; rebord garni de tentacules crochues en dedans? un centimètre ; hyaline, tentacules jaunes; des rivages du Groënland. n.° 73. Mélicerte Campanule. Melicerta Campanula. (Medusa Campanula. Fabricius, Faun. Groënl. pag. 366... 1780). Ombrelle en forme de petite cloche; estomac dessiné à sa base par un carré, des angles duquel partent quatre lignes qui forment une espèce de croix toute re- vêtue de bras très-longs et très-fins ; rebord large et garni d’un petit nombre de tentacules jaunes et blancs, 2—3 pouces; hyaline, péduncule jaune ou blanc; des côtessdu Groënland. n.° 54. Mélicerte Perle. Melicerta Perla. (PL LX, fig. 157, 158). (Medusa Perle. Slabber, Phys. Belust. pag. 58, tab. XIII, fig. 12—2.... 1781 ). Ombrelle sub-hémisphtrique, couvert de tubercules semblables à autant de petites perles, entremêlés de points très-fins; estomac libre, pendant et terminé par un long faisceau de bras chevelus; rebord trés-large, ondulé, non tuberculeux; marqué de huit lignes simples, et garni de huit tentacules courts, terminés par un bouton rond; 10—12 millimètres; couleur perlée, rebord d’un brun doré; des côtes de la Hollande, D'HISTOIRE NATURELLE. 353 N.0 75. * Mélicerte Pleurostome. Melicerta Pleurostoma: (PI. LXI, fig. 159, 160). Ombrelle sémi-ovalaire; estomac sub-conique; et comme suspendu par huit liga- mens; péduncule environné de huit ovaires réniformes; bras trés-longs, trés- nombreux et chevelus, distribuës au pourtour de l'ouverture du péduncule; vingt-cinq à trente tentacules; hyaline; ovaires couleur de terre d'ombre; 2—3—}, centimètres; de la terre de Witt. n.0 76. * Mélicerte Fasciculée, Melicerta Fasciculata. (PI. LXIT, fig. 161, 162, 163, 164). Omcrelle sub-sphéroïdal; estomac quadrangulaire à sa base; quatre vaisseaux pro- longés de chacun des angles de cette base jusqu’au rebord ; quatre ovaires feuil- letés et brun-roux; bras en forme de petite houppe violette ; un anneau gélatineux au pourtour iutérieur du rebord; huit faisceaux de tentacules; 15—20 millimé- tres; hyaline, une glande rouge-brune à la naissance de chacun des faisceaux de tentacules ; de la mer de Nice. MÉDUSES GASTRIQUES. SECONDE SECTION. B. Gastriques Polystomes. CARACTÈRES. Un estomac composé, avec plusieurs ouvertures ou bouches. (a) Non Pédunculées. — Non Brachidées. + Non Tentaculées. 354 ANNALES DU MUSÉUM GENRE XX. * Eunvace. Euryale. CARACT. GÉN. Estomac à plusieurs loges distinctes, et formant une espèce d'anneau au pourtour de l’ombrelle. n° 77. * Euryale Antarctique. Euryale Æntarctica. (BL. LXIT, fig. 165). Ombrelle très-aplati, sub-discoÿde; quinze folioles à son pourtour; des tubercules nombreux à sa face inférieure; quinze petites cavités gastriques distinctes; quinze ovaires en forme de doubles bandelettes; toutes les parties de l'animal d’une belle couleur rose; 74—80 centimètres; des îles Furneaux. GENRE XXI. * Evnyre. Ephyra. CARACT. GÉN. Estomac à quatre ouvertures simples et opposées deux à deux. x.° 78. Ephyre Simple. Ephyra Simplex. (PL LXIN, fig. 166, 167). Sinon. Variety of Medusa. Borlase, Hist. of Cornw. pag. 257, pl. XXV, fig. 13, 14 (1758). Medusa Simpler. Pennant (1777). Modeer (1791). Ombrelle sub-orbiculaire, légèrement convexe ; rebord nu; point de tubercules ; couleur cristalline ; vingt-quatre centimètres; des côtes de Cornouailles. n.0 79. * Ephyre Tuberculée. Ephyra Tuberculata. (PL LXIV, fig. 168, 169). Ombrelle hémisphérique; rebord garni d'une membrane légère et festonnée; toute D'HISTOIRE NATURELLE. 355 la face inférieure de l’ombrelle couverte de tubercules polymorphes, et marquée d’une double croix; couleur pourpre foncée; 25—30 centimètres; de la terre de Witt. ++ Tentaculées. GENRE XXIL * OBEueE. Obelia. CARACT. GÉN. Quatre estomacs simples; un appendice conique au sommet de l'om- brelle. n.0 80. Obélie Sphéruline. Obelia Sphærulina. {CPL LXVI, fig. 170, 171, 192, 173). Sinon. See-Nesselchen. Slabber, Phys. Belust. pag. 40, tab. IX, fie. 5, 6, 7, 8 (1781). Ombrelle orbiculaire garni de seize tentacules courts; appendice sus-ombrellaire terminé par une espèce de petit globe; microscopique; de couleur hyalino- bleuûtre ; des côtes de la Hollande. —— Brachidées. + Non Tentaculées. GENRE XXIIL * Ocyrot. Ocyroe. CARACT. GÉN. Quatre bouches; quatre ovaires disposés en forme de choix; quatre bras simples confondus à leur base. n.0 82, * Ocyroé Linéolée. Ocyroe Lineolata. (PI. LXVI, fig. 174, 175). Ombrelle hémisphérique ; rebord légérement festonné; vingt lignes intérieures très- 356 ANNALES DU MUSÉUM fines, qui, du centre de l’ombrelle, vient en divergeant se {erminér à son pour- tour; couleur hyalino-bleuâtre, ovaires bruns; 5 centimètres; de la terre de Wvitt. e GENRE XXIV. * Cassiopée. Cassiopea. CARACT. OËN. Huit à dix bras très-composés, arborescens, polychotomes, branchio- phores? et cotylifères (1). n.0 82. * Cassiopée Dieuphile. Cassiopea Dieuphila. (PL. LXVII, fig. 176, 177). Ombrelle hémisphérique, tuberculeux en dessus, dentelé à son pourtour, marqué à son centre d’une croix blanchâtre ; quatre bouches; huit bras; cotyles olivaires ; pédicellés et blanchâtres ; 55—6o centimètres ; brun-roux ; des îles de l'Institut a la terre de Witt. n.0 83. * Cassiopée Forskaël. Cassiopea Forskalca. (PL LXVIIT, fig. 178, 179, 180, 181). Ombrelle orbiculaire, aplati, festonné à son rebord, marqué en dessus de taches polymorphes de couleur päle; huit bouches, huit bras corymbifères et blanchà- tres; cotyles aplatis en forme de folioles. d’un bleu pourpre, liserés de blanc, réunis en une sorte de houppe au centre des bras, et disséminés à leur surface; d'une belle couleur marron; 15—20—25—50 centimètres; de la Mer-Kouge et de l'ile de France. (1) A l'exemple de Pallas, nous nommons cotylifères ceux des bras des Méduses qui portent des organes d'une forme analogue à celle de certains cotylédons végétaux ; c'est même sous ce nom que Pallas en parle dans ses écrits; pour prévenir néan- moins toute espèce de confusion à leur égard, nous les appellerons simplement cotyles. Ces’appendices, véritablement extraordinaires, se trouvent décrits fort au long dans notre grand ouvrage sur les Méduses; ils n’appartiennent qu'à un trés-petitinombre d'espèces, et nous paroissent constituer, chez elles, les organes de la génération, ) . D'HISTOIRE NATURELLE. 357 n.0« 84. Cassiopée Borlase. Cassiopea Borlase. (PI. LXXII, fig. 183, 184). Sinon. Urtica marina octopedalis. Baster, Hist. nat. of Cornw. p. 258, pl. XXV, fig. 16, 17 (1758). Ombrelle orbiculaire, aplati, lisse, festonné à son rebord; huit bouches sémi-lu- naires; huit bras perfoliés dans leur longueur, -trièdres à leur pointe; vingt-quatre cotyles polymorphes, réunis en une sorte de houppe au centre des huit bras; cou- leur hyaline, quelquefois verdâtre, rebord bleu ; 6o—70 centimètres; des côtes de Cornouailles. n.0 85. Cassiopée Pallas. Cassiopea Pallas. (PI. LXXIL, fig. 185, 186, 187). Sinon. Medusa Frondosa. Pallas, Spicil. Zool. fasc. 10, pag. 30, tab. II, fig. 1, 2, 3 (1774). Ombrelle orbiculaire aplati, lisse, marqué de taches polymorphes d’un blanc opa- que; dix échancrures profondes à son pourtour; dix bouches; dix bras parsemés de cotyles blancs, aplatis et pédicellés; couleur. 6—7 centimètres; de la mer des Antilles. ” ++ Tentaculées, GENRE XX. * AvrEeLzuE. Aurellia. CARACT. GÉN. Quatre bouches; quatre estomacs; quatre ovaires; quatre bras; une cavité aérienne? au centre de l’ombrelle; huit auricules à son pourtour. n.° 86. * Aurellie Suriray. Æurellia Suriray. (PI. LXXIV, fig. 188, 189). Ombrelle hémisphérique ; réseau vasculaire rouge à sa face inférieure, rebord trés- 14. A6 358 ANNALES DU MUSÉUM étroit, denticulé, garni de tentacules très-nombreux, très-courts et bleuâtres ; ovaires presque annulaires et blanchâtres ; auricules bleues; a0—12 centimètres de diamètre, sur 7—8 d'épaisseur; hyalino-bleuâtre; des côtes du Hävre. x.0 87. * Aurellie Campanule. Æurellia Campanula. ( PI. LXXV, fig. 190). d' Ombrelle en forme de petite cloche aplatie à son sommet; réseau vasculaire rouge à sa face inférieure; rebord trés-large, denticulé, garni de tentacules trés-nom- breux, trés-courts et bleuâtres; ovaires presque annulaires, de couleur rose; auricules bleues; 15-18 centimètres de diamètre, sur 6—7 d'épaisseur; hyalino- bleuâtre ; des côtes du Hävre. n.° 88. Aurellie Rose. Æurellia Rosea. (PL LXXVI, fig. 191—198). Sinon. Medusa Aurita. Muller, Zool. Dan. Icon. tab. LXXVI, fig. 1—3, et tab, LXXVII, fig. 1—5 (1780). Ombrelle sub-hémisphérique, déprimé ; réseau vasculaire d'un rose trés-päle; rebord simple, garni de tentacules trés-nombreux, trés-courts et roussätres; ovaires semi-lunaires de couleur rose; auricules brunes; 10 centimètres; de la mer Bal- tique. n.° 89. Aurellie Mélanospile. Æurellia Melanospila. (PL. LXXVII, fig. 199, 200). Sinon. Medusa Aurita. Baster, Op. subs. lib. 3, pag. 123 , tab. XIV, fig. 3, 4 (1565). Ombrelle orbiculaire, trés-aplati, granuleux à sa surface; rebord simple, garni de tentacules trés-nombreux, très-courts, et d’un blanc de lait; ovaires presque an- nulaires, marqués d’une grande tache noire à leur centre; rebord blanc: 14 centimètres de diamètre sur 2 d'épaisseur; de la mer du Nord. x. 90. Aurellie Phosphorique. Æurellia Phosphorica. Sinon. Medusa Phosphorica. Spallanzani, Viag. al. Sicil, tom. IV, p. 192—241 (1793). Ombrelle légèrement convexe, très-lisse à sa surface et frangé à son pourtour; huit tentacules; ovaires argentins; toutes les pärties de l'animal de coulenr hya- D'HISTOIRE NATURELLE. 359 lino-bleuätre; 8—12 centimètres; éminemment phosphoriqué; du détroit de Messine. N.0 91. Aurellie Amaranthe. Æurellia Amaranthea. Sinon. Medusa Amaranthea. Macri, Del. Polmon. marin. p. 19 (1778). Ombrelle orbiculaire, convexe, trés-lisse à sa surface, et parsemé d'un grand nom- bre de taches couleur amaranthe, ainsi que les quatre ovaires; tentacules très- longs; rebord crenelé; couleur cristalline; du port de Naples. n.0 92. Aurellie Flavidule. Æurellia Flavidula. Sinon. Medusa Aurita. Fabricius, Faun. Groënl. p. 363, n.° 356 ( 1780). Ombrelle sub-hémisphérique, déprimé ; une croix inférieure centrale, lisse et sail. lante, non falciforme, non ciliée; hyaline, ovaires ct tentaculés jaunes; 8—10 centimetres; de la mer Glaciale. n° 93. Aurellie Pourprée. Æurellia Purpurea. Medusa Aurita. Kalm. Travels int. north Amer. tom. I, p. 12 (1753). Ombrelle orbiculaire, d’une belle couleur pourpre; des côtes de Biscaïe. x.0 94. Aurellie Roussätre. Æurellia Rufescens. (PL. LXXVIIL, fig. 201, 202, 203 ). Sinon. Medusa Cruciata? Forskaël, Faun. Arab. p. 110 eticon. tab. XXXIIT, fig. À (1775). Ombrelle hémisphérique, sub-campanulé, marqué d'une croix roussâtre à son centre; ovaires annulaires et blancs; rebord roussâtre, garni de tentacules trés-nom- breux, trés-courts et hyalins; bras roussâtres ; un centimètre; de la Méditerranée, x. 95. Aurellie Linéolée. Aurellia Lineolata. (PI. LXXIX, fig. 204, 206 ). Sinon. Variety of the Medusa. Borlase, Hist. nat. of Cornw. pag. 257, tab. XXV, fig. 9, 10 (1758) Ombrelle trés-convexe, marqué de lignes trés-fines divergentes du centre à la cir- 46 * 360 ANNALES DU MUSÉUM conférence et d’une légère nuance de pourpre, ainsi que les bras; ovaires de la couleur pourpre la plus forte; tentacules... 3 centimètres; des rivages de! Cor- mouailles. (b) Pédunculées. — Non Brachidées. + Non Tentaculées. Nous ne connoissons encore aucune espèce de Méduse qui réunisse ces derniers caractères. + + Tentaculées. Même observation que ci-dessus, —— Brachidées. + Non Tentaculées. GENRE XXVI * Cépnée. Cephea. CARACT. GÉN. Des bras très-composés, polychotomes, entremélés de très-longs cir- rhes. n.0 96. Céphée Cyclophore. Cephea Cyclophora. (PI. LXXX, fig. 206). Sinon. Medusa Cephea. Forskaël, Faun. Arab. pag. 108 , et Icon. tab. XXIX (1775). Ombrelle hémisphérique, tuberculeux, brun-roussâtre, marqué de huït rayons pâles; rebord festonné, avec huit petits lobes bifides; huit bras d’un brun-hyalin, co- tyliféres, et dont toutes les ramifications se terminent par autant de lames trian- gulaires; cotyles ovales, hyalins, blanchâtres; vésiculiformes, implantés aux angles des lames triangulaires; quatre ovaires allongés, formant une espèce de cercle au pourtour de l’ombrelle ; 8—30 cirrhes trés-longs inter-brachiaux ; 8—10 centimètres; de la Mer-Rouge, D'HISTOIRE NATURELLE. 361 .0 97. Céphée Polychrome. Cephea Polychroma. Sinon. Medusa Tuberculata. Macri, Del. Polm. mar. pag. 20 (1778). Ombrelle orbiculaire légèrement bombé à son centre; rebord marqué de huit échancrures, à chacune desquelles on observe un petit grain fauve; huit bras arborescens, parsemés de cotyles campaniformes, entremêlées de villosités et de quelques cirrhes; quatre bouches rondes; ombrelle fauve-pàle, de couleur de chair à son centre, très-pâle à son rebord; le dessous de couleur fauve très- foncé; bras d’un blanc tirant sur le bleu céleste à leur origine, de couleur d'azur ou de blanc de lait à leurs dernières ramifications ; villosités de couleur fauve très-foncée; cirrhes blanchâtres; 15—20 centimètres ; des côtes de Naples. n.° 98. Céphée Ocellée. Cephea Ocellata. Sinon. Medusa Ocellata. Modeer, Act. nov. Haf. M."° sur les Méduses, n° 31, en Suédois (1791). Ombrelle orbiculaire, aplati, parsemé de taches blanches annulées de brun; rebord très-large et pendant; huit bras velus, d’un brun rougeàtre tout parsemés de cotyles en forme de trés-petits grains pâles et ovales; huit cirrhes inter-brachiaux et blanchâtres; 5—6 centimètres; de la mer... n.° 99. * Céphée Brunâtre. Cephea Fusca. Ombrelle hémisphérique, tuberculeux, brun-noirâtre, marqué de huit lignes blan- ches; rebord profondément-denté; huit bras arborescens d’un brun jaunûtre, entremélés de quinze à vingt cirrhes trés-longs et filiformes ; 40—50 centimètres de diamètre; de la terre de Witt. n.o 100. Céphée Rhizostomoïde. Cephea Rhizostomoidea. (PL LXXXI, fig. 207). Sinon. Medusa Octostyla. Forshaël, Faun. Arab. pag. 106, Icon. anim. tab. XXX (1775). Ombrelle hémisphérique, tuberculeux, et marqué de huit rayons transparens à sa surface ; un groupe d'organes intérieurs lagéniformes ; huit échancrures profondes au rebord; huit bras rameux; seize appendices au pourtour du pédnneule ; dix- sept cirrhes trés-longs; 33 centimètres ; hyalino-bleuûtre; de la Mer-Rouge, 362 ANNALES DU MUSEUM GENRE XXVIL Ruizosrome. Rhizostoma, Cuv. CARACT. GÉN. Huit bras bilobés, garnis chacun de deux appendices à leur base, et terminés par un corps prismatique ; huit auricules au rebord ; point de cirrhes ; point de cetyles. n° 101. ** Rhizostome Cuvier. Rhizostoma Cuieri. (PL LXXXIT, fig. 208; LXXXII, fig. 209; LXXXIV, fig. 210; LXXXV, fig. 211—214). Sinon. Gelée de Mer. Réaumur, M. de l’Acad. des sciences, pag. 478, pl. XI, fig. 27, 28 (1710). Ombrelle hémisphérique, sans étoile ni croix distincte, d’un diamètre presque égal à la hauteur totale de l'individu; lobes des bras trés-volumineux, deux fois et demi plus longs que la pointe qui les termine; couleur bleue foncée; rebord pourpre; 4o—50—60 centimètres; des côtes de la Manche. n.9 102. ** Rhizostome Aldrovande. Rhizostoma Aldrovandi- (P. LXXXVI, fig. 215, 216, 217). Sinon. Potta Marina. Aldrovande Zooph. lib. IV, pag. 576 (1606). Ombrelle hémisphérique, marqué d’une espèce d'étoile à quatre rayons ; d'un dia- mêtre à peine égal aux deux tiers de la hauteur totale de l'individu; lobes des bras peu volumineux, deux fois et demi plus courts que la pointe qui les ter- mine; couleur de chair; rebord de l'ombrelle d'une belle nuance d'azur; 8—10 centimètres ; des côtes de Nice. N.0 103. Rhizostome Forkaël. Rhizostoma Forskaelii. Sinon. Medusa Corona. Forskaël, Faun Arab. pag. 107 (1775). Ombrelle hémisphérique , marqué à son centre d’une croix bleu de ciel; huit bras D'HISTOIRE NATURELLE. 363 rameux, dentés à leur base et bilobés à leur pointe; couleur hyalino-roussâtre ; 10—12 centimètres; de la Mer-Rouge. ++ Tentaculées. GENRE XXVIIL * Cyanée. Cyanea. CARACT. GÉN. Quatre estomacs ; quatre bouches; péduncule perforé à son centre; quatre bras à peine distincts, et comme chevelus; un groupe de vésicules aériennes au centre de l’ombrelle. n° 104. ** Cyanée Lamarck. Cyanea Lamarck. (PL LXXXVII, fig. 218; XCIII, fig. 229 ). Sinon. Ortie de Mer. Dicquemare, Journ. de phys. 451, pl. I, décembre (1784). Ombrelle aplati, à seize échancrures, dont huit superficielles; huit faisceaux de tentacules; huit auricules marginales ; huit gros troncs de faisceaux aérifères; des vésicules aériennes au centre de l'ombrelle; un orbicule intérieur à seize pointes et du plus beau bleu d'outre-mer; rebord päle; tentacules bleus; bras arbores- cens et blanchàtres; 12—15 centimètres; des côtes du Hàvre. n.0 105. Cyanée Arctique. Cyanea Arctica. Sinon. Medusa Capillata. Fabricius, Faun. Groënl. n.° 358, pag. 364 (1780). Ombrelle légérement convexe; trente-deux échancrures marginales; une croix intérieure; quatre bras flabelliformes, chevelus, et de couleur fauve; plusieurs cercles concentriques sous-ombrellaires, divisés tous par seize petits sillons en autant d'aires; des vésicules centrales; intérieur de l’ombrelle de couleur pour- pre; 22 centimètres; des mers du Groënland. n.0 106. Cyanée Baltique. Cyanca Balica. (PL LXXXVIIT, fig. 219, 220). Sinon. Medusa Capillata. Linnæus, Reize West-Gothl. pag. 200, tab. III, fig. 3, ( 1746 )e Ombrelle légèrement convexe, à seize échancrures marginales; un cercle échiné 364 ANNALES DU MUSEUM ou écailleux au-dessous de l’ombrelle ; seize rayons divergens ; plusieurs faisceaux de tentacules chevelus; orbicule intérieur à seize rayons; seize figures ellipsoïdes ; huit pointes lancéolées correspondantes à chacune des huit petites échancrures marginales; hyaline, bras blancs comme de la neige, quelquefois couleur de chair; 5 centimètres; de la mer Baltique. n.° 107. Cyanée Boréale. Cyanea Borcalis. (PI. LXXXIX, fig. 221). Sinou. Medusa Capillata. Baster, Op. subse. tom. 2, pag. Go, tab. V, fig. 1 (1765). Onmnbrelle aplati, à seize échancrures ; bras chevelus , et d'un blanc de lait; orbicule intérieur brun, marqué de petites lignes; toutes les parties de l'animal plus ow moins brunes; 25—530 centimètres; de la mer du Nord, n.° 108. Cyanée Britannique. Cyanea Britannica. (PI. XC, fig. 222). Sinon. The Capillated Medusa. Barbut, The Genera Verm. pag. 79, pl. 9, fig. 3, (1783). Ombrelle sub-hémisphérique, à seize échancrures; un cercle échiné central; huit paires de raies dirigées du centre vers la circonférence; un grand nombre d’ap- pendices frisées, blanchätres, et quelquefois rougeûtres; bleu foncé; 4—5 cen- timetres; du comté de Kent. x.° 109. Cyanée Lusitanique. Cyanea Lusitanica. (PI. XCI, fig. 223; XCII, 224). Sinon. Medusa Capillata. Tilesius, Jarb. Naturg. pag. 166—177 (1802). Ombrelle orbiculaire, convexe, à douze échancrures, velu en dessous; un réseau de vaisseaux capillaires bruns-rouges, répandus sur toute la surface convexe de l'ombrelle, et réunis à son centre; des côtes du Portugal. GENRE XXIX. * Cunysaore. Chrysaora. CARACT GEN. Péduncule perforé à son centre; bras parfaitement disuncts, non che: velus; une grande cavité aérienue et centrale, D'HISTOIRE NATURELLE. 365 n° 110. * Chrysaore Lesueur. Chrysaora Lesueur, (PI. XCI, fig. 225, et XCII, fig. 224). Ombrelle entiérement roux; un cercle blanc au centre; trente-deux lignés blan- ches et très-étroites, formant seize angles aigus, dont le sommet est dirigé vers l'anneau central; 15—20 centimètres; des côtes du Hàâvre. N° 111, * Chrysaore Aspilonote, Chrysaora Aspilonota. ( PL XCIII, fig. 225). Ombrelle entièrement blanc; point de tache ni de cercle à son centre; trente-deux lignes rousses, très-étroites, formant seize angles aigus à son pourtour; 7—8 centimètres; des côtes du Hàvre. n.o 112. ** Chrysaore Cyélonote. Chrysaora Cyclonota. ( PI. XCIII, fig. 226). Sinon. Urtica Marina. Borlase, Hist. nat. of Cornw. p. 256, tab. XXV, 7, 8 (1758). Ombrelle entièrement blanc; un cercle brun à son centre; trente-deux lignes d'un brun roussâtre et très-étroites, formant seize angles aigus à son pourtour; 8—10 centimètres; de la Manche. n.0. 113. * Chrysaore Spilhémigone. Chrysaora Spilhemigona. (PL. XCIIT, fig. 227). Ombrelle d’un gris léger, tout pointillé de brun-rvux; une tache ronde de la même couleur à son centre; trente-deux lignes également rousses, formant à son pourtour seize angles aigus, dont le sommet est lui-même d’un brun roux très-foncé; 7—8 centimètres ; des côtes du Hàvre. n.0 114. * Chrysaore Spilogone. Chrysaora Spilogona. (PI. XCIHI, fig. 228). Ombrelle gris-ceudré, très-lécèrement pointillé de roux; une grande fache fauve à son centre; seize grandes taches de mème couleur, triangulaires à son pour- tour; 15—20 centimètres; des côtes du Hàvre. n° 112. * Chrysaore Pleurophore. Chrysaora Pleurophora. (PL XCIV, fig. 230). Ombrelle entiérement blanc; trente-deux vaisseaux ou canaux intérieurs qui, à chaque contraction, présentent l’apparence d’autant de côtes arquées et tran- chantes; 5—6 centimétres; des côtes du Hâvre, 14. 47 366 ANNALES DU MUSEUM x.0 116, Chrysaore Méditerranéenne. Chrysaora Mediterranea. Sinon. Pulmo Marinus. Bélon, Aquat. lib. 2, pag. 458 (1553). Ombrelle hémisphérique ,-glabre, blanc ; radié de stries fauves ; quatre bras disposés en forme de croix ou d'étoile, et d’une bellé couleur de vermillon; les quatre ovaires de la même couleur; 2—53 centimètres de diamètre; de la Méditerranée. n°0 117. * Chrysaore Pemtastome. Chrysaora Pentastoma. (PI XCV, fig. 231). Ombrelle hémisphérique, roux-capucin; trente-six à quarante échancrures pro- fondes et autant de tentacules très-longs au rebord; cinq bras ramifiés; cinq bouches ; cinq estomaés ; 6—7 centimètres; de la terre Napoléon. x. 118. * Chrysaore Hexastome? Chrysaora Hexastoma ? Ombrelle d'une belle couleur rose ; rebord blanc et dentelé; six bras frangés très- longs et blanchâtres; 50—60o centimètres; dé la baie Fleurieu, à la terre de Diémen. N.0 119. Chrysaore Heptanème? Chrysaora Heptanema ? ISinon. Rosener Rotzfisch. Martens , Viag. di Spitzb. pag. 261 (1671). Ombrelle orbiculaire, hyalino-blanchâtre, marqué d'un cercle à son centre, d'où partent trente-deux lignes d’un brun roussätre, qui forment seize angles à son. pourtour; trente-deux taches au rebord; sept tentacules très-fines et de couleur brune; des mers du Nord. x. 120. Chrysaore Macrogone? Chrysaora Macrogona ? Sinon. Another Variety of the Medusa. Borlase, Hist. of Cornw. p.257, tab. XXV, fig. 11, 12 (1758). (PI XCVI, fig 252, 253). Un espace granuleux et circulaire au centre de l'ombrellé d'où partent immédia- lement seize grandes taches brunes et triangulaires dont la base repose sur le bord même de l’ombrelle ; tentacules nuls? 25 centimètres; des rivages de Cor- pouailles, ; D'HISTOIRE NATURELLE, " 367 MÉMOIRE Sur la Natrolithe et sur le gisement de cette substance. PAR M BRARD,. LL existoit depuis assez long-temps des échantillons de natro- dithe dans les collections de minéralogie; le gisement de cette substance avoit été visité par plusieurs minéralogistes françois, notamment par Dolomieu et par M. Fleurieau de Bellevue, et néanmoins l’on w’étoit point d'accord sur sa nature, sur celle de la roche qui lui sert de gangue, ni même sur sa lo- calité; car je ne connois encore aucun ouvrage de minéralogie où elle soit exactement indiquée. Bergmann, dans sa Siagraphie, décrivit la natrolithe sous le nom de zéolithe jaune, parce qu'il eut le bon esprit de lui reconnoître tous les caractères qui sont propres aux zéolithes ({mésotype de M. Haüy); mais Klaproth ayant trouvé dans son analyse une quantité notable de soude, la tira des zéolithes où Bergmann l'avoit sagement placée, et lui donna le nom de natratolithe. Cependant ses propriétés chimiques .etses caractères exté- 47 * ç68 ANNALES DU MUSEUM rieurs cadroient parfaitement avec ceux de la zéolithe; car elle fond, comme elle, en verre blanc; elle se réduit en gelée épaisse et même solide dans les acides; elle en a la dureté, l'aspect et la structure. Il est vrai qu'on ne l’avoit point encore vue en cristaux réguliers, mais simplement en masses rayon- nées, et l’on attendoit en quelque sorte cekte dernière marque caractéristique pour lui rendre sa première et véritable place. La gangue ne présentoit pas moins d'incertitude que la substance elle-même, les minéralogistes allemands la placoient dans les svacke, dans les Alingstein, les françois dans les cornéennes, toutes pierres non volcaniques, et M. Faujas seul la regardoit, avec raison, comme une lave porphyroïde. En effet, l'examen attentif du gisement et des modifications di- verses de cette roche ne doit laisser aucun doute aux miné- ralogistes qui ont vu quelques pays volcaniques, et qui sont tant soit peu versés dans l'étude de leurs produits, sur la nature de cette lave porphyroïde, qui passe dans plusieurs points à Fétat de pierre ponce, et qui présente tous les caractères qui distinguent plusieurs laves des monts Euganéens avec lesquelles on pourroit facilement la confondre. Lorsque nous partimes, M. Lainé et moi, pour notre voyage en Allemagne, M. Faujas, qui avoit à cœur de lever enfin les doutes qui existent sur la nature de cette roche et sur le gise- ment de la substance à laquelle elle sert de gangue, me recom- manda spécialement cet objet, en m’invitant à porter toute mon attention sur sa situation locale. Nous primes donc à ce sujet quelques renseignemens auprès des minéralogistes que nous eümes l'avantage de voir à Francfort, à Manheim, à Heydelberg, et l'on nous assura que cette substance venoit D'HISTOIRE NATURELLE. 369 d’une montagne située à trois lieues environ de Schaffhouse, et qui est connue dans le pays sous le nom de Æœn-T'wiel (1). Quelque temps après nous passämes à Schaffhouse, où l’on nous imdiqua le chemin qu'il falloit prendre pour arriver à Hœn-Twiel, et nous nous dirigeämes sur la petite ville de Sengen, appartenant au roi de Wirtemberg , et qui est située au pied même de la montagne qui renferme la substance dont le gisement étoit alors le sujet de nos recherches. Hoœn-Twiel est une montagne ou plutôt un pic isolé, conique, d'environ cinq cents pieds de haut, qui s'élève comme une grande pyramide au milieu d’un pays presque plat, et dont la cime est terminée par Îles vastes ruines d’une citadelle for- midable, qui fut démentelée dans l’une des dernières cam- pagnes. Nous nous rendimes au pied de cette montagne; et à peine fümes-nous arrivés sur le chemin tournant qui conduit à la maison du garde de l’ancienne forteresse, que nous trouvämes déjà des indices de natrolithe qui uuus firent présumer que nous approchions du lieu où cette substance se trouve en place. En effet, en continuant à suivre ces traces, qui devenoient de plus en plus fréquentes, nous arrivämes à un endroit où la montagne est coupée à pic, et où la natrolithe se montre en filets presque perpendiculaires, qui n’ont guère qu’un pouce ou dix-huit lignes de large : aussi, pour sen procurer des échan- G) Et non pas Hægau ni Rægau, comme on l'a écrit d'aprés les renseignemens que M. Selb avoit donnés relativement à cette substance, 370 ANNALES DU MUSEUM tillons de cabinet, il faut les détacher des endroits où plusieurs de ces filets se croisent où se joignent ensemble. La natrolithe se présente ici sous divers aspects et sous diverses formes qu'il est essentiel de connoître. Il s'en trouve: 1.0 En petites masses mamelonnées, d'un jaune vif, varié de zones blanches et concentriques. Ces globules sont composés d’aiguilles soyeuses et divergentes, tellement pressées les unes à côté des autres, qu'elles donnent à cette variété la propriété de recevoir un très-beau poli. 2° En globules semblables aux précédens, mais dont le tissu est plus lâche et moms homogène, et dont la couleur est moins intense. 3° En aiguilles blanches, ternes, farineuses, ou quelquefois d’un rose assez vif. Cette variété est rare, et paroit être un effet de la décomposition. li 4° En grandes aiguilles libres et déliées qui tapissent l'in- térieur des petites crevasses qui se trouvent au milieu des filons de natrolithe jaune. Ces espèces de poches sont assez souvent remplies d’une argile roussätre, qui est apportée par l'infiltration des eaux pluviales, 5° Enfin en cristaux déliés, limpides et blancs, qui ont la forme de prismes carrés, dont les sommets sont terminés par des pyramides à quatre faces triangulaires surbaissées , et dont les bords correspondent à ceux des pans du prisme. Nous avons observé cette variété qui occupe le centre d’une géode, dont la croûte est de natrolithe jaune, dans le cabinet de M. Selb, à #olfack. J’ai-consigné cette observation, qui a contribué à la réunion de la natrolithe à la mésotype, dans une lettre que j'ai eu D'HISTÔTRE NATURELLE. 37: Fhonneur d'écrire à MM. les administrateurs du Muséum, le 14 octobre 1808; mais ces cristaux sont extrémement rares; car nous n’en avons pu trouver que d’imparfaits, malgré toutes les recherches que nous avons faites sur les lieux pen- dant une journée entière. Cependant quelqu'un de plus beu- reux que nous en a envoyé depuis peu plusieurs cristaux bien terminés, à M. Haüy, ce qui a levé entièrement les doutes que ce savant minéralogiste avoit encore sur la véritable forme cristalline de cette substance, et l'a déterminé à la réunir dé- finitivement aux mésotypes, malgré la différence qui existe encore entre l'analyse de ces deux substances, mais qui pourra bien disparoitre, si l’on refait l'analyse de la mésotype blan- che, dans laquelle il sera très-possible qu’on trouve aussi une certaine quantité de soude. Nos recherches et les fouilles que nous avons fait faire par plusieurs ouvriers sur divers points du pic de Hœn-Twiel, nous ont mis à même d'observer avec détail la roche qui ren ferme la natrolithe. Nous avons recueilli les différentes modifications qu’elle présente, et nous devons dire qu’elles tendent toutes à con- - firmer ce que nous avons avancé plus haut, que cette roche n'est aütre chose qu'une lave porphyroïde, à base de feld- spath compacte, et à cristaux de feld-spath limpide; que cette lave varie de couleur, de contexture et de dureté, suivant qu’elle a été plus ou moins chauffée et plus ou moins altérée par le feu. Lorsque cette lave est d’un gris fauve, que sa cassure est un peu écailleuse, sa dureté et sa cousistance solide lui per- mettent de recevoir un assez beau poli, qui fait ressortir les 372 ANNALES DU MUSEUM cristaux de feld-spath blancs, frittés et légèrement striés dans le sens de leur longueur, et qui sont noyés dans la pâte comme ceux des porphyres ordinaires. Ce:poli découvre aussi des points d’une substance terreuse, d'an rouge foncé, que nous ne pouvons déterminer d’une manière positive, par la raison que cette matière n'est point caractérisée, qu’elle est trop peu abondante, et qu’elle pourroit nous induire en erreur. Cette première variété de lave porphyroide de Hæœn-Twiel se divise en tables sonores, qui ont depuis un jusqu'à deux et trois pouces d'épaisseur, et qui lui avoit valu le nom de Xleigstein. La seconde variété est d’un gris blanchätre; elle est moins dure et moins solide que la première. La natrolithe qu’elle renferme semble aussi avoir subi un premier degré d’altération. Enfin la troisième est encore plus avancée dans sa décom- position; elle est âpre au toucher légere, s'égraine sous les doigts, et présente une infinité de petits pores, qui se rap- prochent de certaines espèces de pierre ponce. Celle-ci s’altère encore davantage, et passe à l’état d’nne matiere terreuse et friable; et c’est là son dernier point de décomposition. Tout le pic de Hœn-Twiel, je le répète, est entièrement composé de cette lave, ainsi que nous nous en sommes assurés en montant jusqu'a son sommet pour visiter les ruines de la forteresse, et pour prendre une idée générale du pays qui l'en toure. De ce point élevé et isolé l’on voit quatre autres pics vol- caniques, dont le plus éloigné n’est guère qu’à une lieue de celui de Hœn-Twiel (1), et qui sont sortis, comme lui, du sein (1) Ces pics s'appellent dans lé pays Hohenhowen, Hænstoffel, Hohenkrahen, Ce dernier est accollé à un autre petit pic, dont nous ignorons le nom, D'HISTOIRE NATURELLE. 373 de la plaine qui les entoure, en soulevant les bancs calcaires à travers lesquels ils se sont fait jour, de manière que ces derniers forment autour de leurs bases des espèces de talus plus ou moins rapides, de même que le rocher Saint-Michel, qui est au milieu de la ville du Puy en Velay, où les trois buttes volcaniques de Rochemaure, qui sont au bord du Rhône en Vivarais, se sont élevées verticaiement comime autant de py- ramides, en traversant par une force incalculable les bancs épais qui couvroient les courans souterrains qui leur ont donné naissance. AN. B. Parmi les échantillons des divers minéraux que nous avons déposés dans les galeries du Muséum, il y en a un de natrolithe qui porte la vraie localité de cette substance. 374 ANNALES DU MUSÉUM EXPLICATION DES PLANCHES Relatives aux coquilles fossiles dés environs de Paris. Vingt cinquième planche: Fic. 1. Huître beauvoïsine, ostrea bellovacina. Annales, vol. 8, pag. 139, n° 1. a. Valve inférieure vue en dessous, b. La même, vue intérieurement. Fic. 2. Huitre difforme, ostrea deformis. Annales, vol. 8, pag: 164, n.° 14, a. Valve inférieure vue intérieurement. b. Coquille entière, vue en dessus, Fic. 5. Huïtre flabéllule, ostrea flabellula. Annales; vol. 8, pag. 164, n.° 16. a. Valve inférieure vue en sa face interne, b. La même, vue en dessous. Vingt-sixième planche. Fic. 1. Huïtre pied de cheval, ostrea hippopus. Annales, vol. 8, pag, 159, n.° 2. La figure représente la valve inférieure vue en sa face interne. Fc. 2. Huitre cyathule, ostrea cyathula, Annales, vol. 8, pag. 163, n.° 12. a. Valve inférieure vue en dedans. b. Une valve supérieure yue aussi en dedans. Fic. 3. Huitre deltoïde, ostrea delloidea. Annales, vol. 8, pag. 160, n.° 3. La figure représente la valve inférieure vue intérieurement, Fc. 4. Huître à long bec, ostrea longirostris. Annales, vol. 8, pag. 16, n.° 9- La figure ne représente qu'une portion de la valve inférieure vue inté- rieuremenfs Frc. 5. Huître linguatule, ostrea lingualula. Annales, vol. 8, pag. 161, n.° 4. a. Coquille entière vue en dessus. b. Valve inféricure vue intérieurement. Vingt-septième planche. Fic. 1. Huitre fausse-came , osérea pseudo-chama, Annales, vol. 8, p. 161,n,°6, PL .20: COQUILLES FOSSILES des environs de Paris. PL.XAT. Tom .14: COQUILLZS FOSSILES ds enrons de Pris. PL. AXVE: 7 7 ve RL PO T8. (£ ‘ot LLES FOSSILES des environs de Pares. PL. NA 11. | VE. lb LA ARMA LE: UA Zom .14. , 4 4} (274 7/2 Z ZS / "OSSZZL VAN des enDTONS de Parts. PL . Le \X7 1IZ. D'HISTOIRE NATURELLE. 375 a. Valve inférieure vue intérieurement. b. Valve supérieure vue en dessus. Fi. 2. Huître en crochet, ostrea unicata. Annales, vol. 8, pag. 166, n.° 15. a. Valve inférieure vue intérieurement. *b. Valve supérieure vue en dessus. c. La même, vue en dedans. Fic. 3. Huïître vésiculaire, ostrea vesicularis. Annales, vol 8, pag. 160, n.° 6. a. Coquille entière, vue en dessus. * b. Valve inférieure, vue intérieurement. Fic. 4. Huître spatulée, ostrea spatulata. Annales, vol. 8, pag. 163, n.° 13. a. Coquille entière, vue en dessus. b, Valve iuférieure, vue intérieurement. Vingt-huitième planche. Fic. 1. Huitre pectinée, ostrea pectinata. Annales, vol. 8, pag. 165, n.° 18. a. Valve inférieure, vue intérieurement. b. La même, vue en dehors. Fic. 2. Huître bateau-plat, ostrea cymbula. Annales, vol. 8, pag. 165, n.° 17. a. Coquille entière, vue en dessus. b. Valve inférieure, vue intérieurement. e. La même, vue en dessous. Fie. 3. Came lamelleuse, chama lamellosa. Annales, vol. 6, pag. 348, n° 1. a. Coquille entière, vue en dessus. b. Valve inférieure, vue intérieurement. Fire. 4. Came en éperon, chama calcarata. Annales, vol. 8, pag. 549, n.° 2. a. Coquille entière, vue en dessus. b. Autre individu de la même espéce, formant variété. Fie. 5. Spondyle rape, spondylus radula. Annales, vol. 8, pag. 551, n° 1. La figure représente la coquille entière, vue en dessus. + 376 ANNALES DU MUSÉUM NOTICE Sur le piquant ou l’aiguillon pétrifié d'un pois- son du genre des raies, et sur l'os maxillaire d'un quadrupède trouvé dans une carrière des environs de Montpellier, précédée de quelques observations sur les corps Organisés fossiles ou pétrifiés qu'on trouve dans les en- virons de cette ville. PAR M. FAUJAS DE SAINT-FOND. Le voyage que je fis dans le département de l'Hérault, il y a environ un an, avoit pour but d'aller étudier sur les lieux, pour la troisième fois, les productions de la mer depuis Aiguemorte, Maguelone, Frontignan, Cette et l'étang de Thau, dans l'intention de les comparer au grand nombre de coquilles et aux autres corps marins fossiles ou pétrifiés qu’on trouve de toutes parts dans les environs de la ville de Montpellier, à Boutonnet, au pont Juyénal, à Caunelle, à Pignan, et dont D'HISTOIRE NATURELL£.: 377 la continuité se prolonge au Pouget, à Gignac, à Gabian, et jusqu’à Bésier, et même au-delà. M. Astruc, dans un Mémoire inséré parmi ceux de la So- ciété royale des: sciences de Montpellier, 17 décembre 1707, fit des recherches et des remarques sur les pétrifications de Boutonnet ; mais la conchiliologie étoit si peu avancée à cette époque, que toutes les fois qu'il étoit question de la détermi- nation des genres et des espèces, n’ayant ni guide ni bonne méthode systématique, lon étoit très-embarrassé de s’expri- mer et de se faire entendre. M. Astruc en donne la preuve; car voulant désigner les coquilles qui formoient l’objet de son Memoire, il ne les nomma que d’une manière incertaine, en disant qu’on trouvoit à Boutonnet des chamalevis, des pecten, des cochlea, et de toutes les espèces de turbo, et il termina en ajoutant vaguement qu'il n'y & presque point de coquil- lages dans notre mer dont on n'y remarque quelques ves- tiges Ainsi se termine la nomenclature incertaine de cet auteur, qui ne donne ni description ni figure d’aucunes de ces nom- breuses coquilles. Mais, en revanche, M. Astruc se jette dans de longues discussions sur la géographie physique de ces contrées, et fait des recherches très-savantes dans les auteurs anciens et dans ceux du moyen äge, pour prouver que la mer Médi- terranée s’est reculée de plusieurs lieues sur ces divers points, depuis l’époque où Strabon, Pomponius Méla et Pline ont décrit ces mêmes contrées; et il en conclut que les amas con- sidérables de coquilles, dont tout ce sol est jonché, même à une certaine profondeur, ne sont que les restes des produc- tions de la mer Méditerranée qui a abandonné son ancien lit, 378 ANNALES DU MUSEUM Peu de mots sufliront pour détruire cette assertion. 1. Les coquilles fossiles dont il s’agit sont exotiques, et les analogues ne sont pas dans la Méditerranée. 2. Cette mer ayant conseryé son même niveau à Marseille, d'après l’aveu même de M. Astruc, ce port est à une trop peute distance d’Aiguemorte, de Maguelone et de Cette, pour que la mer eüt pu s'éloigner d’une lieue seulement de ces parages, sans déranger le niveau qu’elle a à Marseille. 3 La mer n’a point, depuis les temps historiques, baigné les murs de la petite ville d’Aiguemorte, ainsi qu’on a cherché à le prouver, en disant que Saint Louis s’y embarqua lors de son expédition d'outre-mer; car ce fut tout simplement sur un canal qui conduisoit d’Aiguemorte à la mer, et qui porte encore, en langage du pays, le nom de canal de la croisade (canal de la Crouzette), que le pieux et valeureux monarque s’'embarqua pour aller joindre son escadre qui étoit en mer; les restes de ce canal existent encore, et on peut les suivre sans interruption, jusqu’au lieu où il communiquoit avec la Médi- terranée. Au surplus, M. Dupouget, dans un très-bon Mémoire sur les attérissemens du Rhône et sur les côtes du Languedoc, a combattu victorieusement, avant moi, l'erreur commise par plusieurs auteurs sur le véritable lieu où Saint Louis s'em- barqua (1). En 1977, M. de Joubert, qui formoit un riche cabinet d'histoire naturelle à Montpellier et à Paris, reprit le même sujet qu'Astruc, et publia, dans les Mémoires de la Société (1) Assemblée publique de la Société royale des sciences de Montpellier, du 30 décembre 1777. D'HISTOIRE NATURELLE. 379 des sciences de Montpellier de la même année, un Mémoire ayant pour titre : Observations sur les fossiles des environs de Montpellier. Il ne détermina pas mieux que son prédécesseur les genres et les espèces; mais il observa, avec raison, qu'on trouvoit parmi les coquilles des ossemens de poissons, consistant en côtes, en vertcbres, des dents de /amie, de requin, et que les pierres du palais des daurades y sont fréquentes. M. de Joubert adopta néanmoins l'opinion de M, Astruc, et considéra tout le territoire de Montpellier et des environs comme une formation des attérissemens que la proximité de l'embouchure du Rhône a procuré ; ÿemploie ici ses ex- pressions , et les fossiles, selon lui, forment le complément de celte preuve (1). Une particularité qui démontre combien la puissance des faits, lorsqu'on sait bien les’ observer, doit l'emporter sur les théories qui ne sont appuyées sur aucune base fixe, c’est que M. de Joubert, à qui anatomie des poissons étoit étrangère, mais qui, grâce à Bruguières, étoit un peu instruit dans la connoissance des coquilles qui vivent dans la Méditerranée, reconnut très-bien que les huîtres gigantesques qu’on trouve en si grande quantité dans la cinquième couche sablonneuse des carrières voisines de Caunelle, étoient étrangères à la Mé- diterranée. Entendons-le parler lui-même, et s'exprimer à ce sujet de la manière suivante : « Ces huîtres sont, dit lacadémicien de Montpellier, d'un ». volume bien remarquable; le grand nombre porte plus d’un » pied c'e longueur sur quatre à cinq de largeur et d’épais- (1, Memoïres de la Société royale des sciences de Montpellier, séance publique du 30 décembre 1777, pag. 17. 380 ANNALES DU MUSEUM » seur; l'analogue vivant se péche aux Indes occidentales ; » jai retrouvé la même couche près le village du Pouget, » vers Gignac, et elle existe à Gabian (1) ». Cette observation, qui est exacte, est en contradiction di- recte avec l'opinion que les coquilles fossiles des environs de Montpellier sont les mêmes que celles qui vivoient dans la mer voisine, avant que les attérissemens n’eussent forcé celle- ci à abandonner son ancien lit. 4 Il ÿ auroit bien d’autres raisons prépondérantes pour com- battre l'opinion d’Astruc et celle de Joubert; mais je les passe sous silence pour m’attacher essentiellement à deux faits po- sitifs, qui touchent au même sujet, et sont relatifs, l’un à une défense d'animal marin qui n’a point encore été figurée dans l'état de pétrification, et peut-être même dans l’état naturel; l’autre à l'os maxillaire, armé d’une partie de ses dents mol- laires, d’un quadrupède voisin des tapirs, qui paroît étre absolument semblable à un de ceux qu’on trouve assez fré- quemment au milieu du gypse, et souvent à une grande pro- fondeur dans les carrières à plâtre des environs de Paris. Ces deux objets, très-remarquables, ont été trouvés à peu de dis- tance de Montpellier, Du fossile représentant le piquant dentelé d'un poisson du genre des raies. Voy. fig. 1 et 2. Ce corps, qui est pétrifié, mais qui a conservé sa forme, comme s'il n’étoit simplement que dans l’état fossile, rappelle, au premier aspect, la défense d’un très-jeune squale scie ; (1) Id. pag. 21, Zom »” PDT] Dpt 0] 7p SUD] 72 SAS 0110] NPUNUF P S2499(T a < EE big SSSR D'HISTOIRE NATURELLE. 381 mais la forme et la disposition des dents, l'extrémité de cette défense terminée en pointe, empéchent de le considérer comme ayant appartenu à un poisson du genre des squales. Il ne reste plus qu'à le rapporter à celui des raies, dont plusieurs espèces ont des piquans analogues placés à côté de la queue. La raie pastenaque, dont le piquant est assez ressemblant à celui dont il est question, même pour la grandeur dans certains individus, fixa d’abord mon attention; el en compa- rant ce dernier avec le fossile, on ne sauroit douter que celui- ci n'appartienne à un poisson de ce genre; mais la courbure des dents, leur disposition en scie dans le piquant pétrifié, ne permettent pas de le considérer comme de la même espèce que celui de la raie pastenaque, dont les dents sont simples et en crochets. Je les ai fait figurer l’une à côté de l’autre, grossies à la loupe, afin qu’on puisse les comparer facilement, Voy. fig. 3 et 4. Les différentes espèces de raies que j'ai observées dans les galeries du Muséum , ainsi qne dans l'ouvrage de Block et dans celui de M. de Lacépède, ne m'ont rien offert de semblable ; je me garderai bien de dire que c’est une espèce perdue, mais une espèce qui peut exister dans les mers lointaines, et qu’on ne trouve point dans la Méditerranée. Cerare fossile, que j'ai fait dessiner de grandeur naturelle, fut trouvé, il y a quelques années, dans un banc de pierre marneuse tendre, à peu de distance de la ville d’Aiguemorte. M. Touchy, professeur d'histoire naturelle, et directeur du cabinet de la ville de Montpellier, à qui la personne qui le découvrit en fit présent, voulut bien me le donner dans le dernier voyage que je {is dans cette ville, et je m’empresse d’en 14. 49 382 ANNALES DU MUSEUM témoigner ma reconnoissance à ce modeste et savant natura- liste, Du second fossile représenté de grandeur naturelle, fig. 5 et 6. L'’os maxillaire pétrilié et les dents molaires qui y sont at- tachées, au nombre de quatre, avec une portion d’une cin- quième plus petite, ont été dessinés et gravés de grandeur na- turelle, afin d'éviter les détails des mesures; je les ai fait repré- senter sur leurs deux faces, afin qu'on puisse s’en former une idée plus exacte. Voy. fig. 5 et 6. En comparant celte portion d’os maxillaire, qui est d’une parfaite conservation, et dont les dents ont encore leur émail, avec les mächoires et les dents analogues qu’on trouve dans les carrieres à plâtre des environs de Paris, on reconnoiît qu’elles sont les mêmes, et qu’elles ont appartenu au quadru- pède dont on a formé un genre sous le nom de palæothe- rium, et à l’espèce désignée sous le nom de palæotherium medium. Ce beau fossile, d’un animal inconnu, fut trouvé, en 1780, dans les carrières de Saint-Genier, à trois lieues de Montpel- lier, par le sieur Sauret, entrepreneur de bätimens dans cette ville, à qui cette carrière appartenoit en location à cette épo- que. La pierre est coquillière et à grain fin, mais Compacte, et l'os dont il est question étoit dans l’épaisseur d’un banc à plus de trente pieds de profondeur dans la masse. Par une singularité assez bizarre, cet homme, qui avoit eu quelques discussions avec M. de Joubert, exerçant alors la place de trésorier général de la province de Languedoc, ne D'HISTOIRE NATURELLE. 383 voulut jamais lui vendre ni même lui permettre de voir cet os maxillaire. Instruit de ce fait dans mon deruier voyage par M. Blanc, architecte de la ville, qui connoissoit particulières ment cetentrepreneur, et qui avoit vu l’objet chez lui, je me rendis chez le sieur Sauret, et j’obtins d’une manière gracieuse d’en faire l'acquisition, ce que je dois probablement à l'intérêt que voulut bien y mettre M. Blanc. J'ai fait figurer ce morceau pour en conserver le type. C’est un lieu de plus où lon aura trouvé les restes de ce quadrupède, qui peut être placé à la suite des tapirs; et c’est une preuve de plus contre l'opinion de M. Astruc et de M. de Joubert, que les carrières des en- virons de Montpellier ne sont point l'ouvrage des attérissemens du Rhône qui ont forcé la mer à abandonner son ancien lit. Ces grandes accumulations de matières renfermant des co- quilles et des restes de quadrupèdes exotiques, datent d’une époque bien plus reculée. 49 * 384 ANNALES DU MUSEUM MÉMOIRE Sur les genres de plantes à ajouter ou retran- cher aux familles des Primulacées , Rhinan- thées, Acanthées, Jasminées, Verbenacées, Labiées et Personées. PAR M. A L DE JUSSIEU. Lonsqui, dans l'intention de compléter et consolider les ca- ractères généraux des Familles de plantes, nous avons entre- pris dans des Mémoires successifs de rapprocher les obser- vations éparses du célèbre Gærtner sur les fruits et graines d’un grand nombre de plantes, nous bornions d’abord nos extraits à ces observations et aux conséquences qu'il étoit fa- cile d’en déduire. Ensuite, pour augmenter l'intérêt de ces recherches, nous leur avons ajouté, en passant chaque famille en revue, l'énumération des genres nouveaux, publiés depuis 1789, qui paroissent devoir lui être rapportés. Cette addition ne pouvoit qu'être agréable à ceux qui étudient les rapports naturels, et qui cherchent à rapprocher chaque être nouveau D'HISTOIRE NATURELLE. 385 de ses analogues. Flle avoit été omise dans les deux premiers Mémoires qui traitent des familles apétalées et des monopé- tales à corolle hypogyne ou insérée sous l'ovaire. Déjà, dans le vol. VIE, pag. 471, nous avons inséré un supplément au premier Mémoire sur les Apétalées pour réparer cette omis- sion. Aujourd'hui nous çontinuons le même travail sur les sept premières familles des Monopétales. Si l'on parcourt d’abord les Lysimachies, mieux nommées Primulacées, qui sont à la tête de cette classe, on-voit qu'il faut ajouter à la première section le micranthemum de Michaux, dont l’Aoppea de M. Willdenow paroit presque congénère. Le lubinia de Commerson et Ventenat, réuni à la Lysimachie par M. Lamarck, doit an moins être placé à sa suite, et y aturer peut-être après lui le myoporum de Forster et de M. Schreber, qui, semblable par son port et par d’autres carac- tères, diffère cependant par le nombre des étamines et des graines. On rapprochera de la même famille l'euparea de Banks et Gærtner, qui a le périsperme et embryon pareils, et dont la corolle, indiquée comme à dix pétales, paroït devoir étre plutôt regardée comme monopétale divisée profondément, non en dix parties, mais seulement en cinq, avec lesquelles sont alternes cinq filets d’étamines stériles comme dans le sheffieldia, genre de la même section. La structure et la si- tuation de l'embryon, ainsi que l'attache des graines sur un placenta central, confirment cette opinion sur la corolle de leuparea, qui, sil étoit polypétale, ne pourroit se rapporter qu'aux Caryophyllées ou aux Portulacées, les unes et les autres ires-diflérentes par leur embryon roulé autour d’un corps de la nature du périsperme. Où pourra, d’après la même con- sidération, pressentir la structure de la graine du sheffieldia, \ 386 ANNALES DU MUSÉUM inconnue jusqu'à présent, et la maintenir parmi les Primu- lacées, quoique M. Labillardière indique l'ovaire demi-infé- rieur dans une espèce de la Nouvelle-Hollande, analogue en ce point au samolus, qui d’ailleurs ne peut être éloigné de la même famille. Aucun autre genre nouveau ne paroîit lui appar- tenir enlièrement; mais, parmi les genres accessoires laissés à la suite, on peut placer le pkyla de Loureiro près la globu- laire et le mecardonia de la Flore du Pérou non loin du co- nobea. On rappellera en même temps que le menyanthes, mieux examiné, a été divisé en deux genres, et qu’on reporte aux Gentianées, sous le nom de villarsia, celui dont les graines sont attachées sur le bord des valves, ainsi distinct du premier qui les porte sur le milieu relevé de ses valves. Des trois sections de la famille des Pédiculaires où Rhinan- thées, la seconde est la seule qui constitue véritablement cette famille. Elle peut s'enrichir de l'escobedia de la Flore du Pérou, qui sera placé avant l'euphrasia. On confondra le dichroma de Cavanilles avec l'ourisia dont il est congénère, et le starbia de M. Dupetit-Thouars sera de même réuni au bartsia, comme l’a déjà été le lagotis de Gærtner. Le polygala qui fait partie de la première section, sera répoussé parmi les familles polypétales, parce que sa corolle, entièrement fendue d’un seul côté, peut être regardée, non comme monopétale, mais comme composée d’un seul pétale (Annal. Mus. V. pag. 251) roulé autour de l'ovaire, ou de deux réunis par un de leurs côtés, ce qui s'accorde mieux avec le nombre et la situation des huit étamines rassemblées en deux paquets, Il leur arrive en cette circonstance ce qui a lieu dans les Légumineuses monopétales, dont les étamines se portent sur la corolle en abandonnant l'insertion périgyne D'HISTOIRE NATURELLE. 387 , propre aux autres Léoumineuses. Ce pétale unique existe avec la même disposition d’étamines dans le comesperma de M. Labillardière et le monnina de la Flore du Pérou. Il se divise en trois dans le bredemeyera de M. Wilidenow et l’hebeandra de M. Bonpland, qui ont également huit étamines, mais mo- nadelphes dans le premier, diadelphes dans le second. Elles sont portées dans celui-ci sur les deux pétales inférieurs; leur insertion n’est pas indiquée dans le bredemeyera. Linnœæus rapprochoit le polygala des Légumineuses à cause de ses éta- mines diadelphes, et parce que, prenant les deux grandes divisions colorées du calice pour des pétales , il regardoit sa corolle comme. papilionacée. Lorsque M. Willdenow donne à son bredemeyera un calice à trois divisions et une corolle à cinq pétales, on croit aussi reconnoilre qu’il a transformé en pétales deux des divisions du calice. M. Bonpland parta- geant l'opinion de Linnæus sur les rapports du polygala avec les Légumineuses, croit qu'il doit constituer dans cette famille une section particulière dans laquelle il place également le comesperma, le bredemeyera et son hebeandra ; 11 y joint encore le securidaca, qui a toujours fait partie de la fa- mille. Ces genres offrent cependant quelques différences dans leur fruit, qui est un brou recouvrant une noix monosperme dans l’Aebeandra et le monnina, biloculaire disperme dans le bredemeyera ; il est une capsule comprimée, biloculaire, bivalve à cloison opposée aux valves, à loges monospermes, dans le comesperma et le polygala. Celui du securidaca est un fruit sec, monosperme, ne s’ouvrant pas {un akéne de M. Richard), terminé supérieurement par une aile. La structure de la graine varie encore d’après les observations de M. Bon- pland, qui refuse un périsperme à lhebeandra, et de Gæriner, 338 ANNALES DU MUSÉ:UM qui en admet un dans le polygala, ajoutant de plus que lombilic de la graine placé à la partie latérale supérieure, est recouvert d'une caroncule à trois lobes, regardée comme un arille par M. Richard, et que la radicule de l'embryon est dirigée vers le même point. Si nous adoptons l'assertion de ce dernier auteur, qui assure qu'aucune monopétale n’est arillée, ce caractère de la graine confirme l'exclusion du po- lygala de la série des monopétales, et prouve que telle est son opinion, quoiqu'il ne ait pas littéralement énoncée, Mais doit-on conclure de ces faits que ce genre appartient aux Euphorbiacées, comme lont pensé Adanson et Gærtner? D'une part, la pluralité des loges, le point d'attache des grai- nes, leur arille et leur périsperme, favorisent cette opinion; de l'autre part, la réunion des deux sexes dans la même fleur, l'existence d’un pétale portant les étamines, et la différence notable dans le port y mettent obstacle. L’arille très-circons- crit, la corolle uni ou tripétale, les étamines diadelphes, rapprochent davantage le polygala et ses analogues des Lé- gumineuses ; on est cependant retenu par l'inspection du fruit biloculaire qui s'éloigne de la structure d’une gousse, par l'insertion des pétales sous lovaire admise jusqu'à présent dans le polygala , et non contredite dans les autres, par l’at- tache des étamines, non au calice, mais à la corolle, même lorsqu'elle est divisée en trois pétales. Avant la publication des genres voisins du polygala, nous étions disposés à croire ( Anal. Mus. V. pag. 241 ) qu'il avoit plus de rapport avec le diosma placé à la suite des Rutacées, dans lequel on observe un port à peu près semblable, des pétales hypogynes, un fruit à plusieurs loges, des graines entourées d’un tégument nommé arille, un embryon renfermé D'HLS TOUR EU NATURELLE. 389 dans un périsperme. -Cette affinité seroit peut-être fortifiée par l'examen du fetratheca, genre nouveau de la Nouvelle Hollande, décrit par, MM; Smith et Labillardière, qui paroït tenir le milieu entre les deux genres , ayant.lé-port du diosma, une corolle à quatre pétales, huit étamines insérées par paires au bas de ces pétales, une capsule biloculaire, et disperme comme celle du polygala, un embryon également entouré d’un périsperme; mais,cet.embryon est cylindrique, .et non plane comme dans le polygala; de plus, la graine paroît être attachée au bas de la loge, et,on ne dit pas qu’elle soit arillée. On ajoutera, relativement aux deux, genres princi- paux, que l'arille du polygala n’est qu’une expansion du cor: don ombilical sur l'ombilic de la graine; celui du diosma, de nature différente, est une seconde capsule intérieure: con; tenant ! quelquefois deux, graines. Cette distinction diminue beaucoup l’affinité présumée; et en attendant qu'on ait vérifié l'insertion des pétales, le nombre fixe des loges du fruit qui paroît être de deux, le,point d'attache; de Ja graine et: l'exis- ience du, périsperme, .on sera forcé. de : laisser ,ce nouveau groupe comme famille distincte, sous le nom de Polygalées, à la suite des Légumineuses, avec lesquelles ses rapports sont plus nombreux. Elle s’y rattache par le securidaca, qui pa- roît devoir rester, dans l'ancienne! famille: On laissera à la suite de ce groupe le tetratheca, et. on, pourra encore dans la suite lui associer le soulamea.de M. Lamarck, si le carac- ière, de sa fleur, fait sur des échantillons peut-être imparfaits et mieux examiné dans la suite, se rapproche de. cette fa- mille. Il a du moins le pert.et.le. fruit en; cœur à deux loges monospermes|du polygala.venenata,etises'graines paroïissent également auach£es au sommet, des loges. Enfin le sa/omonig 14. 50 390 ANNALES! DU! MUSÉUM de Loureiro, plante herbacée à feuilles alternes, paroit aussi rentrer dans cette série, à cause de sa corolle d’une seule pièce, cylindrique, fendue d’un seul côté, et terminée par trois lobes, aimsi que de son ovaire dégagé du calice, sur- monté d’un seul style, et devenant une silieule comprimée à deux lobes et deux loges monospermes; mais il sen éloigne par l'unité d’anthère portée sur un filet qui s'élève du milieu du lobe moyen de la corolle. I seroit difficile, pour fortifier Faflinité, de supposer l'avortement d’autres anthères ou la *éunion de plusieurs en une seule. On a déjà dit (Ann. Mus. V. pag. 251) que la troisième section des Rhinantées doit former une famille distincte, sous le nom d’Orobanchées , indiquée dans le Genera plantarum, et établie ensuite par Ventenat. Il nous suffira ici d'ajouter que le schultziaæ de M. Schmaltz doit être placé à la suite de l’obolaria, et de renvoyer à notre Mémoire, inséré dans le vol. XIT, pag. 445 de ces Annales, pour tout ce qui con- cerne l’ægynetia de Roxburg, où son congénére le phely- pæa de ‘Fournefort, qui doivent être interposés entre loro- banche et la lathræa. La famille des Acanthées recoit peu d’additions. I faut seulement ajouter à la première section, 1.° le septas de Eoureiro, que M. Willdenow regarde comme voism du thunbergia, et qui peut-être lui est congénéré; 2° le lepi- dagathis de ce dernier auteur, qui doït précéder le barlérie; 3." le blechum de Browne, qui suit le ruelliæ, et que nous avons rétabli (Ann. Mus. IX. pag. 269, tab. 23). Dans la seconde section se placent le dicliptera déjà décrit (ibid! p. 267) et l'elytraria de Michaux , tous deux formés d'espèces déta- chées du justicia, qui, en se dépouillant de ce-eêté, reprend, D'HISTOIRE NATURELLE. 39t d'une autre part, celles dont se composoit le genre dianthera, maintenant supprimé. Dans la famille des Jasminées, qui ne paroït pas devoir étre divisée en deux, comme l’a fait Ventenat, on placera parmiles genres à fruit capsulaire le fontanesia de M. Labillar- dière, déjà inscrit auprès du Frêne, et le rangio de Kæmpfer , syringa suspensa de la Flore du Japon, dont Vahl a fait un genre distinct, sous le nom de forsythia, qui est voisin du Lila, et sera mieux nommée rangium , pour éviter de brouil- ler les idées en lui appliquant un nom générique donné an- térieurement à une plante de la famille-des Myrtées. Les nouveaux genres de la section des fruits en baie sont, 1° le notelea de Ventenat ( Choix de plantes, 1. 25), genre de la Nouvelle-Hollande, voisin du conanthus ; 2° V'adelia de Browne, Jamaic. 361, 1. 36, rétabli par MM. Richard et Michaux, Flor. Amer. Boreal. M, 224, t. 48, quoique dioique et dépourvu de corolle, qui ne peut encore étre éloigné du chionanthus, avec lequel il a la même aflinité que l'on observe entre le Frêne et le Lila; M. Willdenow le nomme borya, parce que le premier nom appartient depuis long-temps à un genre des Euphorbiacées; 3° le noronhia de MM. Stadmann et Dupetit-Thouars, connu dans les herbiers et les jardins, sous le nom d’olea emarginata, diffèrent de l'olivier par son port, sa corolle globuleuse et épaisse, ses anthères enfoncées dans la substance de la corolle, son ovaire dépourvu de style et contenant dans deux loges quatre rudimens de graines, son fruit assez gros et réduit par avortement à une seule, dans laquelle ÿl n'existe point de périsperme; 4° le tetrapilus de Loureiro, dioique comme le borya, et de plus renfermant plusieurs graines dans chacune de ses loges, conforme dans 50 * 392 ANNALES DU MUSÉUM ses autres parties au caractère général de la famille à la fin de laquelle il devra être placé. On ajoutera à cette énumération que l’'osmanthus ou olea fragans de Thuuberg ne peut être séparé de l'Olivier; qu'il faut rapporter au chtonanghus avec certitude le ceranthus de Schreber, et avec doute le thouinia de Thuvberg, et le Zno- ceria de Schreber, qui ne présentent que de légères différen- ces. L’ornus, séparé du fraxinus par quelques modernes, paroît devoir lui rester uni, parce que la différence tirée de la présence ou absence de la corolle, ne peut rompre ou diminuer notablement leur affinité, et que nous évitons par ce moyen de consacrer un changement des noms anciens de ces arbres, comme l’a prouvé M.-Dureau de Lamalle dans un savant Mémoire, en nommant fraxinus celui qui étoit l'ornus ou le grand Frêne de Virgile et de ses contemporains, et ornus l'espèce plus petite et munie d’une corolle, qu'ils nommoient fraxinus. | Dans un Mémoire spécial sur la famille des Gattiliers ou Verbenacées ( Ann. Mus. VIE pag. 63 ) qui viennent à la suite, nous avons présenté dans un ordre exact les genres anciens et nouveaux qui la composoient à celte époque, et nous devons y renvoyer pour l’énumération de ces derniers. Il suflira d’a- jouter à cette série le chrysomallum de M. Dupett-Thouars, genre de Madagascar, qui a beaucoup d’aflinité avec le viteæ près duquel il convient de le placer : de plus, le Aastingia de M. Smith, Æxot. bot. tab. 80, 8x, est la même plante que notre platunium ; le halodendrurr de M. Dupetit-Thouars est congénére de l'ayicennia ; et le streptium de M. Roxburg, tab. 146, doit faire partie du genre priva d'Adanson. Les Labiées ont acquis, comme les précédentes, plusieurs D'HISTOIRE NATURELLE. 393 genres nouveaux. C’est dans la première section caractérisée par deux étamines stériles que paroïît devoir être rangé le Hoslundia de Tonning et de Vahl, mentionné aussi dans la Flore d'Oware de M. de Beauvois, t. 23 : son port et ses fleurs en panicule terminale à ramifications opposées le rappro- chent davantage des Verbenacées auxquelles M. Persoon le rapporte dans son Synopsis; mais ses quatres graines nues le retiennent parmi les Labiées, à la tête desquelles on pourra cependant le placer pour établir le passage aux Verbena- cées. Si l’on conserve la seconde section remarquable par lab- sence de la lèvre supérieure de la corolle, on reconnoîtra que ce caractère ne se trouve réellement que dans l’ajuga de Linnœus ou bugula de Tournefort, auquel M. Schreber et d’autres réunissent, avec raison, le chamæpytis repoussé par Linoœus dans le genre teucrium. Celui-ci commenceroit mieux la section suivante, puisqu'il a véritablement une lèvre supé- rieure, mais fendue profondément. Dans quelque section qu'on le place, il paroit qu’on devra toujours ne plus éloigner de lui le Westringia de M. Smith, qni a tout le port du teucrium rosmarinifolium. On mettra dans la troisième section, dont le calice est à cinq divisions égales, l’isanthus de Michaux près du satureia , le barbula de Loureiro à la suite de lAyssopus dont lels- holtzia de M. Willdenow ou le colebrockia de M. Smith, paroît être congénère. Le brstropogon de Lhéritier et lAyptis de Jacquin ne s’éloigneront pas de la Cataire; et dans la dé- signation de l’hyptis on devra adopter le caractère principal indiqué par M. Poiteau (Ann. Mus. VIT, pag. 463), et con- sistant dans l’attache des étamines au-dessous de la lèvre in- 304 ANNALES DU MUSÉUM férieure de la corolle, caractère qui renoue à ce genre deux des bistropogon de Lhéritier, ainsi que le brotera publié par Curtis dans les Actes de la Société Linnéenne de Londres. Le zietenia de Gleditsch, adopté par M.Persoon, suivra lé genre stachys, dont il étoit auparavant une espèce nommée par Vahl $. lavandulæfolia. La même section sera terminée par le rizoa de Cavanilles et le pycnanthemum de Michaux, au- quel M. Persoon réunit le brachy stemum du même auteur, ne regardant pas comme suflisamment distinctif le caractère d’uve lèvre supérieure de corolle, un peu allongée et presque entière dans l’un, plus courte et échancrée dans l’autre. La quatrième section, qui a le calice à deux lèvres, peut encore réclamer quelques genres nouveaux. Le gardoquia de la Flore du Pérou se rangera près du Thim auquel il ressemble par le calice. Le dentidia de Loureiro ira près de la Mélisse. Le coleus du même ne s'éloignera pas du Basilic. Le trichos- tema, placé avant la Brunelle, sera reporté après le prasium et suivi du prostanthera de M. Labillardiere, qui a, comme lui, les fleurs en corymbe, dont les ramifications sont tricho- tomes. Dans la famille des Scrophulaires ou Personées les addi- tions sont plus nombreuses. A la tête de la section des fleurs à quatre étamines doit paroitre le nuxia de Commerson, rapporté antérieurement au manabea d'Aublet parmi les Verbenacées, parce qu'on croyoit que les deux lobes de sa capsule étoient monospermes; mais les observations faites à Madagascar sur cette plante par Michaux, ayant prouvé qu’elles étoient polyspermes, on a reconnu que ce genre, véritable- ment distinct, devoit être reporté près du buddleia dans les Personées. Le calitriplex de la Flore du Pérou se confondra * D'HISTOIRE NATURELLE. 395 probablement avec le russelia, et le gomara de la même Flore en sera seulement rapproché. Le ruaresia des mêmes auteurs et le teedia de M. Schreber paroissent congénères du capra- ria, à la suite duquel viennent naturellement le borckausenia de M. Roth et le virgularia de la Flore citée. Près de lachi- menes de Brown, on placera lachimenes de Vah}, différent en plusieurs points, et devant former un genre distinct qui aura un autre nom. Le malourea @Aublet a été réuni par Valh au vandellia, et Yafzelia de Gimelin au gerardia par Michaux. À la suite de ce dernier genre doit venir le nazus de Loureiro, et avant la Linaire on inscrira le maurandia de M. Ortega ou usteria de Cavanilles, le mitrasacme de M. Labillardière, et l'anarrhinum de M. Desfontaimes, formé des espèces d’antirrhinum, à corolle ouverte par le haut. Le ne- mesia de Ventenat, détaché du même genre, tient le milieu entre lui et l'hemimeris, auquel il faut réunir l’hemitomus de Lhéritier. Dans la section des fleurs à deux étamines doivent se trou- ver le schizanthus de MM. Ruiz et Pavon, qui commencera la série, le Jovellana des mêmes qui suivra le calcéolaire, et le curanga cité dans ces Annales, vol. IX, pag. 319, qui doit la précéder. Quelques auteurs séparent aussi du pæderota le wulfenia de Jacquin , qui présente quelques signes distincts. Nous sommes encore portés à croire qu'un nouvel examen du columellia de la Flore du Pérou le ramenera à cette section. À la suite des Personées nous avions rangé dans deux sec- tions des genres à feuilles opposées et d’autres à feuilles alternes qui ont avec elles quelque affinité, et feront dans la suite partie d'autres ordres nouveaux. Ainsi le besleria doit être, selon M. Richard, le noyau d’un ordre caractérisé par un disque 396 ANNALES DU MUSÉUM charnu qui entoure la base de l'ovaire, et par l'attache des graines sur des placentas pariétaux relevés. C’est probable- ment à cette série qu'il faudra reporter le sanchezia de la Flore du Pérou et le mitraria de Cavanilles, qui a cependant un peu le port de l’halleria. Loureiro donne à son picria un ovaire inférieur ou adhérent qui le reporteroit aux Rubia-. cées, s’il ne s'en éloignoit d’ailleurs par sa corolle irrégulière, ses quatre étamines inégales et ses feuilles dentelées; ce qui porte à croire que l'ovaire est libre ou supérieur, et que ce genre a plus d’aflinité avec les Personées, surtout avec le cyr- tandra. On a reconnu depuis long-temps que le monniera de Browne offre des différences suflisantes pour le séparer de la Gratiole. Il faut au contraire réunir au torenia le nortenia de M. Dupetit-Thouars. Enfin si l'on examine le chætochilus de Vahl à côté du schwenkia, on ne peut y remarquer aucun caractère assez tranché pour en faire un geure distinct. D'HISTOIRE NATURELLE 397 MÉMOIRE Sur une nouvelle espèce de Marcoravia, et sur les affinités botaniques de ce genre. PAR M: A: 1: DE JUSSIEU. Dés un Mémoire que renferme le douzième volume de ces Annales, le calice du T'hilachium, genre de plante de la Co- chinchine, étoit comparé à la corolle du Marcgravia, genre plus ancien des Antilles. Ces deux enveloppes florales étoient remarquables en ce qu’elles prenoient la forme d’une coiffe d’une seule pièce qui recouvre immédiatement les organes sexuels, et se détache de la fleur par une scission circulaire à sa base. Ce caractère particulier de la corolle du Marc- gravia lui donne quelque rapport avec le Calyptranthes et lEucalyptus, qui ont la même enveloppe; mais la situation du fruit et l’attache des parties ne sont pas les mêmes. Lin- nœus, Bernard de Jussieu et Adanson, dans leurs rappro- chemens naturels, placent le Marcgravia à la suite des Capparidées, et nous avions adopté cette disposition, en re- connoissant néanmoins que ce genre n’appartenoit pas entiè- rement à cette famille, et qu'il avoit seulement avec elle un 14. 5 39% ANNALES DU MUSÉUM degré d’affinité. Elle paroissoit fondée principalement sur la situation des réceptacles séminifères portés, suivant les des- criptions, sur les parois du fruit comme dans les vraies Cap- paridées. M. Richard qui avoit examiné dans les Antilles la plante vivante, lui trouvoit une aflinité plus grande avec le genre Clusia, et conséquemment avec la famille des Guttifères; il se confirmoit dans son opinion par lexamen d’une espèce nouvelle trouvée par lui dans les Antilles, et présentant un feuillage semblable à celui du Clusia. L'idée de ce rappro- chement faisoit l’objet d’une note placée à la fin du Mémoire cité plus haut. Nous nous proposons aujourd’hui de déterminer avec plus de précision la nature et l'étendue de ce rapport, en faisant usage des descriptions et du dessin que cet obser- vateur exact et habile a bien voulu nous communiquer. On connoit suffisamment le calice, la corolle, les étamines nombreuses et l’ovaire simple du Marcgravia. On se sou- vient que les filets d’étamines insérés sous l'ovaire sont terminés par des anthères droites et allongées, que le stigmate élargi et divisé en plusieurs lobes couronne immédiatement l'ovaire rétréci à son sommet, que celui-ci devient un fruit presque sphérique, d’une substance coriace; de la grosseur d’une ce— rise, entouréà sa base par les divisions subsistantes du calice. Il faut ajouter, avec M. Richard, que ce fruit est garni inté- rieurement de sept à neuf demi-cloisons, qui paroissent partir de ses parois, se prolonger vers le centre, et former des demi- loges. Chacune se termine, à son extrémité libre, par trois placentas chargés de graines menues, ou, selon l'expression de l’auteur, par trois trophospermes, dont deux se portant sur les côtés, rentrent dans la demi-loge, et se dirigent vers la circonférence du fruit, de manière que chaque demi-loge con- D'HISTOIRE NATURELLE. 309 tient deux placentas fournis par les deux demi-cloisons les plus voisines. Le troisième placenta se prolonge vers le centre du fruit, où il se confond avec les placentas correspondans des autres demi-cloisons. Une pulpe abondante remplit les interstices des placentas et des graines, et lié entre elles toutes ces parties, qui, dans ce fruit, paroiïissent former un seul corps, au point qu'on croit, au jremier coup-d’œil, voir un réceptacle central et épais, duquel partent des-cloisons servant à former autant de loges, dont l'angle intérieur est occupé par des placentas chargés de graines. C’est ainsi qu'on a indiqué ce fruit comme multiloculaire, et que nous-mêmes avons par- tagé cette opinion, pendant que M. Richard, à portée de l’ob- server sur la plante vivante, n'y a trouvé qu'une seule loge. Nous observerons encore avec lui que toutes les demi-cloisons se réunissent à la base et au sommet de la loge, et qu’elles se détachent facilement des parois du fruit mür : cette struc- ture fortifie encore l'opinion de l'existence d’un réceptacle cen- tral, dont les cloisons tirent leur origine. Si, de plus, l’on examine le fruit sec coupé transversalement, on voit les cloi- sons détachées de la circonférence sur laquelle subsistent les vestiges de leur attache; on y retrouve les placentas desséchés, retirés sur eux-mêmes, et laissant le centre libre, ce qui pa- roîtroit démontrer l'unité de loge. Les graines sont si minces, que lon n’a pu déterminer jusqu’à présent leur structure in- térieure ni la situation de la radicule. L'espèce de Marcoravia, la première connue, est celle que Plumier a observée dans les Antilles, et que l'on trouve figurée dans la tab. 193 des Zcones de Burmann. Linnæus la nommée M. umbellata, parce que les pédoncules qui OUT 400 ANNALES DU MUSÉUM supportent chaque fleur sont disposés en ombelle à l'extrémité des rameaux. Dans cette espèce, les fleurs sont portées obli- quement sur le sommet coudé du pédoncule. Elles sont, au contraire, dans une direction droite sur ce sommet non coudé dans les individus figurés par Browne, Hist. Jam. 1. 26, et Jacquin, $tirp. Amer. t. 96; ce qui peut faire présumer que ce sont des espèces distinctes, et qu’elles ont été mal à propos confondues avec la première par Linnæus. Les échantillons que lon possède dans les herbiers présentent ces mêmes dif- férences; les uns ont encore les pédoncules lisses, et dans les autres ils sont chargés de petits tubercules; ils ont aussi les feuilles plus ou moins allongées; leurs nervures sont plus ou moins marquées. Dans ces diverses espèces on trouve fré- quemment, mais non toujours, au centre de l'ombelle, quel- ques pédoncuies plus ou moins longs, qui sont terminés par des cornets d'une substance épaisse et coriace, conformés en capuchons renversés, dont l'ouverture est inférieure et obli- que. La longueur respective de ces cornets et de leurs sup- ports, ainsi que des pédoncules des fleurs, peut encore fournir quelques caractères distinetifs : tantôt les fleurs débordent les corneis, tantôt et plus rarement ceux-ci s'élèvent au-dessus de l’ombelle; ils sont aussi plus longs ou plus courts que leur support, ou d’une longueur presque égale. M. Richard, qui fait ces remarques sur les échantillons de son herbier cueillis aux Antilles et à Cayenne, regrette de ne les avoir pas faites sur les individus vivans, et de n'avoir pas vérifié sur les lieux si ces diférences sont constantes el accompagnées d’autres ca- ractères de la fleur et du fruit, ou si elles ne présentent que des variétés. Dans cette incertitude, on doit, pour le moment, D'HISTOIRE NATURELLE. hox laisser ces plantes rénnies, et se contenter d'appeler sur elles l'attention des botanistes qui parcourront les pays situés entre les Tropiques. Vahl, dans ses Eclogæ, 2, pag. 39, désigne, sous le nom de M. coriacea une espèce originaire de Cayenne qui, d’après sa description, diffère du M. umbellata par ses feuilles plus elliptiques, et ses fleurs verticillées dont les pédoncules sont chargés de petits tubercules. Les deux premiers caractères indiqués établissent une véritable différence, et ne permettent pas de confondre cette espèce avec les plantes précédentes. L'auteur ne dit pas si les fleurs sont de même accompagnées de cornets, mais on peut le présumer. Outre ces deux espèces, les seules indiquées dans les ou- vrages de botanique les plus récens, il en existe une troisième, découverte par M. Richard, sur la montagne de la Soufrière de la Guadeloupe, dans des terrains humides, au milieu des touffes de sphagnum dont ils sont tapissés. Suivant sa des- cription , c’est un arbrisseau de deux à six pieds de hauteur, d’une forme peu agréable, à rameaux dirigés supérieurement, mais toujours tortueux. Les feuilles alternes et sessiles sont ovales, obtuses , entières, lisses, luisantes, sans nervures, assez semblables pour la forme à celles du Clusia. Les fleurs nom- breuses sont disposées en épi lâche et terminal, portées cha- cune sur un pédoncule particulier assez long, émané du pédoncule commun. Vers le milieu de chaque support partiel est une écaille épaisse, ovale, coriace, recourbée en dehors à son sommet, disposée comme celle du Samolus. Les diverses parties de la fleur sont conformées comme dans l'espèce or- dinaire. Omobserve cependant que la coiffe formant la corolle est munie de quelques petites écailles, fortement appliquées Lo2 ANNALES DU MUSEUM contre son sommet, comme si elles bouchoient une ouverture supérieure, qui néanmoins n'existe pas. Les étamines à filets aplaus, à anthères pareillement droites et allongées, sont au nombre d'environ dix-huit, disposées sur un seul rang. L’ovaire, plus rétréci à son sommet, se prolonge én un petit style terminé par un stigmate à quatre lobes ou quatre’sillons. Cetovaire, que l’on n’a pas observé à l’époque de sa maturité, paroit être à quatre loges ou demi-loges remplies de graines. Nous présentonsici, pl. XXV, du consentement de M. Richard, la gravure de cette espèce, que l’on peut nommer M. spici- flora, bien distinguée des précédentes par cette disposition de ses fleurs. On lui ajoutera pour signes distinctifs une tige en arbrisseau non grimpante, des feuilles ovales, entières, lisses, luisantes, et sans nervures, des fleurs en épi lâche et terminal, portées chacune sur un pédoncule allongé et garni . d'une écaille dans son milieu, un stigmate à quatre lobes, indice d'autant de loges ou demi-loges. Les cornets observés dans l'espèce ordinaire ne se retrou- vent point dans celle-ci, et sont remplacés par les écailles portées sur le milieu des pédoncules. Il n’est pas douteux que ces écailles ne soient des bractées; mais pourquoi le M. um- bellata en est-il dépourvu? Ne pourroit-on pas, malgré la différence apparente de forme et de position, assimiler ses cornets aux écailles, et les regarder aussi comme des brac- iées? On y seroit conduit naturellement, s'il étoit prouvé que les supports des cornets ne sont que des pédoncules de fleurs avortées. Or, en examinant avec attention ces supports dans leur point de contact avec le cornet, on apercoit deux rai- nures parallèles tracées le long du dos du cornét, qui indi- quent un prolongement du support contre lequel ce cornet D'HISTOIRE NATURELLE. 4o3 paroït appliqué et soudé. De plus, suivant l'observation de M. Richard, ce prolongement est souvent terminé au-dessus du cornet par un bouton de fleur très-petit, qui ne se déve- loppe pas; et quelquefois, mais rarement, ila vu un cornet appliqué contre le milieu du pédoncule d'une fleur fertile, dans le même point où est placée l’écaille dans l'espèce nou- velle. Le même fait a été antérieurement attesté par M. Jacquin, dans ses Stirpes Americanæ, lorsqu'il dit, pag. 156 : Pedun- culi proprü centrales instruuntur corporibus utricularibus , nuncC floriferi, nunc steriles. A paroit donc certain que le support d’un cornet est un pédoncule, et l’on peut croire alors que le cornet est une écaille ou bractée entiérement renversée, dont les deux bords repliés en dessous se sont collés dans leur longueur contre le pédoncule : ainsi cette différence des cor- nets et des écailles devient nulle, Il paroit encore prouvé que le fuit du M. spiciflora , jugé d’après l'inspection de l'ovaire, doit renfermer beaucoup de graines lorsqu'il est mür, et qu'il ne se distingue de l'espèce primitive que par le nombre moindre de loges ou demi-loges; ce qui n’est pas un signe-suffisant pour diviser un genre com- posé de peu d'espèces. Le Marcgravia paroit avoir de l’affinité avec deux autres genres. Déjà nous avons rapproché de lui le zorantea de Cayenne, décrit et figuré par Aublet, pag. 554, tab. 226, qui présente beaucoup de conformité dans le bné la structure et la situation des étamines, et dans lequel on trouve au- dessus de chaque fleur une bractée pareille aux eornets du genre précédent. Ses fleurs sont disposées, comme le AZ. spi- ciflora, en épi terminal et lâche; mais elles sont presque lisses , leur corolle n’est point d’une seule pièce, mais composée AA ANNALES DU MUSÉUM de plusieurs pétales distincts. L'auteur n’a pas observé le fruit en maturité; mais, en ouvrant l'ovaire, il a cru y voir une seule loge meublée de beaucoup de graines : l'inspection de la plante vivante, ou au moins d’un échantillon en bon état, seroit utile pour fixer le degré d’aflinité du norantea. M. Labillardière a trouvé dans la Nouvelle-Calédonie un petit arbre dont il a formé son genre Antholoma, décrit dans le vol. 2, pag. 336 de son Voyage, et figuré dans la tab. 4 du grand Atlas qui accompagne cet ouvrage. Son calice est à deux ou quatre feuilles ou divisions profondes. Sa corolle, semblable à celle du Marcgravia, et insérée pareillement sous l'ovaire, n’en diffère que parce qu’elle est percée supé- rieurement d’une ouverture dont les bords sont crénelés. Les étamines nombreuses, insérées au même point, ont des an- thères allongées. L’ovaire, surmonté d’an style court et d'un stigmate, et être à qilère loges, el rempli de beaucoup de graines. Il n’a point été observé dans son état de maturité, Les feuilles alternes, grandes, entières et coriaces, tombent facilement , et laissent sur le bas des rameaux les vestiges du point de leur insertion. De leurs aisselles sortent des pédon- cules chargés de plusieurs fleurs assez grandes, disposées presque en ombelle. L'auteur rapporte ce genre”aux Plaque- miniers où Ébénacées, mais il en diffère par l'insertion de sa corolle et de ses étamines, par la forme et le nombre de ces dernières; et ces divers caractères le ramènent près du Marc- gravia, surtout la corolle monopétale, qui présente, à la vérité, une ouverture supérieure, mais dont on retrouve les traces dans le AZ. spiciflora. On doit présumer, d’après la conformité des caractères connus, que ceux de l’intérieur du fruit sont à peu près les mêmes, surtout lorsqu'on sait déjà, D'HISTOIRE NATURELLE. 05 par l'examen de l'ovaire, que les graines sont nombreuses, et qu'il existe plusieurs cloisons. Maintenant, après avoir reconnu que le WVorantea, le Marcgravia et V Antholoma doivent rester unis, on deman- dera quel lieu ce groupe doit occuper dans l’ordre naturel. IL seroit impossible de le déterminer par le secours de deux de ces genres dont le caratère est incomplet; le Marcgravia, ayant un fruit plus connu, peut seul être employé pour cette recherche. On se souvient que ce fruit a été annoncé comme divisé intérieurement par plusieurs demi-cloisons qui, écartées dans la partie moyenne, sont rapprochées et réunies au sommet, et plus encore à la base, On a remarqué que ces demi-cloisons, appliquées contre les parois du fruit, ne leur adhèrent qu'im- parfaitement, et s’en détachent avec facilité. On doit encore se rappeler que les placentas qui portent les graines sont in- diqués dans le caractère précédemment énoncé, comme par- tant du bord intérieur de ces cloisons, et qu'ils s’enfoncent dans le milieu des loges. Ne peut-on pas croire que ces cloi- sons, primitivement rapprochées dans toute leur longueur, formoient alors dans leur point de réunion un axe central, qui s’est ensuite partagé en plusieurs parties formant le rebord des cloisons duquel sortent les placentas. Toutes ces parties restent unies inférieurement, et même on croit apercevoir une membrane qui semble unir par bas les différentes cloisons et tapisser la cavité centrale formée par leur écartement. Dans cette supposition, le fruit, d’abord à plusieurs loges, ne seroit devenu uniloculaire qu’à lépoque de cet écartement. Les placentas seroient regardés comme partant de cet axe, et conséquemment lattache des graines ne seroit point pariétale, mais centrale, 14. 52 406 ANNALES DU MUSEUM En admettant cette structure du fruit et cette origine des graines, on reconnoit d'abord que le Marcgravia ne peut étre rangé parmi les Capparidées, qui ont l’attache essentiel- lement pariétale. Il en diffère encore par son embryon, qui est droit, pendant que celui des Capparidées est courbé, de manière que la radicule se replie sur les lobes. La disposition des placentas le rapprocheroïit davantage des Hypéricées, dans lesquelles il existe un axe central également chargé de graines nombreuses et menues, lequel tantôt reste entier, tantôt se subdivise au-dessus de sa base en plusieurs ramifications, qui, s'écartant en divers sens, pénètrent dans l'intérieur des loges. Mais, dans cette famille, chaque valve forme sa loge en repliant ses deux bords de la circonférence au centre, de sorte que les cloisons sont composées de deux feuillets fournis par les deux valves correspondantes. Ces cloi- sons s'appliquent seulement contre l'axe, et ne lui adhèrent point ou s’en séparent promptement : les ramifications de cet axe introduites dans ses loges y entrent également sans adhé- rer aux valves. Pour établir 'aflinité, il faudroit que: l'axe du Marcgravia communiquât seulement avec les placentas, que les cloisons simplement appliquées contre cet axe fussent ab- solument continues aux parois du fruit, et même qu’elles fus- sent composées de deux feuillets; mais la dissection du fruit sec n’a point présenté une pareille structure. D'ailleurs, les Hypéricées ont les feuilles opposées, la corolle polypétale, et surtout les anthères presque sphériques. M. Richard paroît s'être plus approché de la vérité, en annonçant une affinité entre le Marçgravia et le Clusia. En effet, ce dernier genre, qui appartient à la famille des Gutti- fères, a un calice composé de plusieurs feuilles imbriquées. D'HISTOIRE NATURELLE, 4o7 Ses étamines, ordinairement nombreuses, ont également des anthères longues et droites. Son ovaire est couronné immé- diatement d’un stigmate à plusieurs lobes, et son fruit est séparé en autant de loges par des cloisons qui se prolongent de la circonférence à un axe central contre lequel se groupent les graines nombreuses entourées d’une pulpe considérable. Il faut cependant observer que le fruit du Clusia se sépare de haut en bas en plusieurs valves épaisses, coriaces et arquées, dont le nombre est égal à celui des lobes du stigmate. Ces valves, un péu concaves dans l'intérieur, ont leurs bords ren- trans et appliqués contre le bord des cloisons émanées de l'axe central Il paroit encore que chaque cloison tombant sur la suture qui sépare deux valveset communiquant avec le bord de chacune d'elles, est composée de deux feuillets, qui sont peut-être un prolongement intérieur de ces valves, comme dans les Hypéricées, et que ces cloisons se détachent facilement des valves, parce qu’elles sont d’une texture beaucoup plus mince et ramollie par la pulpe environnante. On reconnoît ici que, parmi les caractères de la fructifica- tion, il en est beaucoup de communs entre les deux genres qui font l’objet de cette comparaison, surtout si, d’après les observations précédentes , on admet dans le Marcgravia un placenta central qui se divise en plusieurs : on y retrouvera de la conformité dans le calice, les étamines, l'ovaire et le stigmate. Le fruit est également à plusieurs loges ou portions de loges, remplies de beaucoup de graines portées sur des placentas qui partent de l'axe central on de ses subdivisions. Les cloisons, appliquées contre les parois du fruit, s’en déta- chent dans l’un et l'autre genre, et restent adhérentes à l'axe 52 * 4nQ L. 40 ANNALES DU MUSEUM central, entouré d’une masse pulpeuse dans laquelle sont ni- chées les graines. Les différences principales consistent, 1° en ce que le fruit du Clusia est partagé en plusieurs valves du haut en bas, pendant qu'il paroït s'ouvrir de bas en haut dans le Marcgravia; du moins on aperçoit à la base de son fruit mûr quelques fentes régulières qui annoncent qu'il s'entrouvre par bas en plusieurs valves. 2.° Les cloisons qui tombent sur le bord des valves dans le premier, paroissent se diriger sur leur milieu dans le second , suivant l'observation de M. Des- fontaines. 3.° L’axe central, qui se divise dans le dernier pour laisser un vide dans le centre, reste entier dans le premier, de manière cependant qu’un léger effort peut facilement dé- tacher ses parties peut-être trop abreuvées par la pulpe qui remplit les loges. 4° Cette subdivision de l'axe central, dans le Marcgravia, peut donner à quelques portions des pla- centas la facilité de pénétrer dans le vide formé au centre de ces ramifications, comme l'a observé M. Richard, et changer ainsi un fruit à plusieurs loges en un fruit uniloculaire; ce qui présente l'apparence d’un caractère très-différent. 5.° La corolle, polypétale dans le Clusia, est d’une seule pièce dans le Marc- grayia. 6° Les feuilles, opposées dans l'un, sont alternes dans l'autre, et de plus, aucun des auteurs qui ont décrit le dernier genre, ne déclare y avoir trouvé ce principe résineux qui abonde dans le premier. Ces différences peuvent diminuer l’affinité de ces genres, mais ils ne la détruisent pas; et il paroït certain que le Marc- gravia doit être rapproché du Clusia, et conséquemment des Guttifères. Peut-être formera-t-il dans la suite, avec les genres qui lui sont unis, une famille distincte et voisine, sur- D'HISTOIRE NATURELLE. 409 tout si des recherches ultérieures ajoutent de nouveaux genres à ce petit groupe. Pour le moment, il suffit de rapporter ces genres aux Guitifères dans une section distincte. Nous observerons, en finissant, que cette famille a été sub- divisée en deux sections caractérisées par la présence ou ab- sence d’un style. Si l'on soumet à un nouvel examen, surtout dans le lieu natal, tous les genres qui la composent, on trou- vera probablement un caractère plus naturel pour établir des subdivisions, et celui-ci paroîtra moins important, puisque nous voyons dans l{ntholoma et le Marcgravia spicijlora un style plus ou moins allongé, qui est presque nul dans le M. umbellata, et qu'il n’en existe aucune trace dans le Clusia près duquel on rapproche ce groupe. On tirera peut-être plus d'avantage du nombre et de la disposition des graines. Cepen- dant, jusqu'à ce qu'on ait une connoissance plus approfondie de ces genres, la division adoptée peut être maintenue dans cette famille, qui s’est enrichie de plusieurs genres nouveaux. Dans la division qui est dépourvue de style, on placera en tête le marila de Swartz, qui tient le milieu entre les Hy- péricées et les Guttifères, et le godoya de la Flore du Pérou, qui a beaucoup de rapport avec lui par son fruit. C’est près de ces deux genres, qui ont des graines nombreuses, qu'il faudra rappeler le Clusia comme ayant le même caractère, et le quapoya qui, selon M. Richard, n’est qu'une espèce du Clusia, quoiqu'il soit indiqué comme dioique, et muni seu- lement de cinq étamines; ce qui ne surprendra pas, si l’on se rappelle que, dans le Clusia, beaucoup de fleurs deviennent males ou femelles par avortement, et que le Clusia alba de Jacquin n’a que cinq à huit étamines. Déjà Schreber et Gært- ner ont réuni, ayec raison, le cambogia au garcimia, À la suite hro ANNALES DU MUSEUM doit être placé l'ochrocarpus de M. Dupetit-Thouars, qui a, comme eux, un fruit en baie à loges monospermes, et qui peut-être leur sera aussi réuni. On présumoit, d’après un stigmate sessile à quatre lobes, que le fruit du toyomita d’Aublet devoit être à quatre lobes. C’est le même nombre que l’on trouve dans les fruits du marialva de la Flore du Brésil de M. Vandelli, et da beauharnosia de MM. Ruiz et Pavon, publié dans les Annales du Muséum, vol. XI, pag, 71, t. 9, qui ont l’un et l'autre les loges monospermes ; d’où il résulte que ces trois genres n’en forment qu'un, qui, ayant été décrit complétement d'abord par Vandelli, paroit devoir conserver Le nom de marialva , comme le plus ancien des deux derniers, et préférable à celui de tovomita, trop barbare, et d’ailleurs trop semblable dans la consonnance à un autre du même auteur. Ce genre sera suivi de l'oxicarpus de Loureiro, différent seulement par le nombre des loges porté à six, et par les étamines rassemblées en plusieurs faisceaux. C'est à la division caractérisée par la présence d’un style qu’il faudra rapporter d'abord le stalagmitis de Murrai, qui a, comme le précédent, les étamines réunies en faisceaux: IL précédera le moronobea, qui a le même caractère, et que M. Schreber réunit avec le symphonia, quoique, suivant les des- criptions, le nombre des étamines soit réduit à cinq dans ce dernier, rapporté par nous aux Méliacées. Le verticillarin de la Flore du Pérou, nommé chloromyron par M. Persoon, sera placé après le rheedia, comme ayant de même le fruit rempli de trois graines. L’augia de Loureiro, qui, selon lui, fournit le vernis de la Chine, et qui a un brou rempli d’une noix monosperme, devra, par cette raison, suivre immédia- tement le calophyllum dont le balsamaria du même auteur O7?C . MARCCRATIA Ÿ SPICITLORA #2 23 Den re D'HISTOIRE NATURELLE. Ari n'est qu'une espèce déjà connue antérieurement sous le nom de calophyllum inophyllum. Tous les genres que l’on vient d’énoncer se rapportent, comme on l’a vu, aux deux premières sections des Guttiferes, qui constituent seules la famille, et la troisième a été suppri- mée lorsque, dans le vol. XI de ces Annales, pag. 255,on a rapporté lallophyllus aux Sapmdacées, comme congéneère de lornitrophe; et pag. 234, l'elæocarpus, le vatica et le vateria aux Tiliacées. En conservant cependant le titre de la section qui ne renfermoit que des genres accessoires, on pour- roit substituer aux précédens le groupe dans lequel se trouve le Marcgravia, qui, par ses feuilles alternes, par la struc- ture intérieure de son fruit, par le réceptacle central qui se subdivise en plusieurs, offre quelques rapports avec les Oran- gers ou Hespéridées placées à la suite, et sert ainsi de passage des Guttiferes à cette famille. Explication des figures de la planche 2e N.° 1. Fleur séparée du Marcgravia spiciflora ; portée. sur son pédoncule muni d’une bractée vers son milieu. 2. La même, de laquelle la corolle a été enlevée pour laisser apercevoir.les éta- mines. 3. Corolle détachée présentant la forme de l'organe nommé dans les Mousses coiffe, calyptra. 4. La même grossie, au sommet de laquelle on aperçoit quelques petites écailles qui paroïssent former une ouverture supérieure, 5. Calice séparé des autres parties. 6. Pistil non parvenu à maturité. 4ra ANNALES DU MUSÉUM OBSERVATIONS NOUVELLES Sur La manière dont plusieurs insectes de l’ordre des hyménoptères pourvotent a La subsistance de leur postérilé. PAR P. A LATREILLE. Jx me propose moins, dans toutes mes courses entomologi- ques aux environs de Paris, d'augmenter ma collection d’in- sectes en espèces indigènes, que de rechercher la manière de vivre de ces animaux. Si la lecture des Mémoires de Réau- mur, de Degéer, de Bonnet, etc. me pénètre d’admiration, elle fait naître aussi en moi un sentiment qui m’humilie. Com- bien, me dis-je alors, nous sommes loin de ces grands ob- servateurs! En exposant les faits si étonnans et si variés de Y'histoire des insectes, ils rendoient la science aimable; elle n'est plus aujourd’hui qu'une aride et ennuyeuse nomencla- ture. Placé au milieu d’un dépôt où le zèle des naturalistes, la faveur du gouvernement, ont accumulé tant de richesses de ce genre, souvent néanmoins je regrette ces campagnes, ces solitudes, où je pouvois, presque sur le seuil de ma porte, me livrer à l'étude si attrayante des productions naturelles. D'HISTOIRE NATURELLE, {13 Îci, que d'heures précieuses s’écoulent inutilement, avant que l'on puisse se soustraire au tumulte d’une immense cité, et se trouver dans un lieu favorable pour cette contemplation ! J'ai recueilli été dernier plusieurs observations curieuses sur différens insectes. Je présenterai dans ce Mémoire celles qui sont relatives aux moyens employés par des hyménoptères pour alimenter leurs petits. On sait que la sagesse infinie de l’auteur suprême ne fut jamais plus prévoyante que dans les lois qu’elle a établies pour la conservation des êtres répandus sur notre globe. Les hyménoptères, dont je parlerai, se placent dans les genres parnopes, bembex, plülanthus et anthophora de Fa- bricius. Je suivrai cependant ma méthode toutes les fois que nos opinions, à cet égard, seront divergentes. 1.0 Habitudes du pARNoPÈs iNcARNAT (carnea). Cet. insecte s'associe à la famille de ces hyménoptères, si brillans par leurs couleurs, et que Linnæus avoit désignés sous le nom générique de chrysis. Ils sont, quant à ce rap- port, nos colibris et nos oiseaux mouches. Pallas et Rossi furent les premiers auteurs qui découvrirent le parnopés in- carnat ; ils le rangèrent avec les chrysis, dont cet insecte a en effet tout le port extérieur. Rossi observa qu'il avoit une espèce de trompe, caractère que l’on chercheroit en vain dans les autres espèces. Ayant fait la même remarque sur plusieurs individus des deux sexes que j'avois trouvés il y a environ vingt ans dans le midi de la France, je n’hésitai pas à former de cet insecte un nouveau genre ( Précis des caract. génér. des insectes), que je nommai parnopès. Fabricius, Illiger, 14. 53 la ANNALES DU MUSÉUM Klug, Lepeletier, Spinola, etc. l'admirent ensuite, et mon ami Antoine Coquebert représenta l'animal avec le détail de ses parties dans ses Illustrations iconographiques des insectes. M. Jurine n'ayant pas aperçu de différences assez frappantes entre les ailes du parnopès incarnat et celles des chrysis, ne tenant d’ailleurs aucun compte desmodifications deleur bouche, a refusé de souscrire à cette adoption générale. L'examen des principes de ce célébre entomologiste, de cette importance de caractères qu’il attache aux ailes, ou, pour me servir de ses expressions, de cette boussole générique, m'écarteroit de mon sujet. Il me permettra cependant les réflexions suivantes : la méthode naturelle embrasse tous les caractères essentiels; les bonnes coupes génériques reposent sur une similitude parfaite dans les principaux organes; et s'il est une circonstance où l'on puisse faire usage avec sûreté et facilité de‘ceux de la man- ducation, c’est particulièrement à l'égard des parnopès : car l'espèce de trompe dont ils sont munis est si longue et si sail- lante, qu’on la distingue au premier coup-d'œil. J'avoue qu'il me faudra bien du temps pour nre convaincre que les aréoles et les nervures des ailes offrent des caractères d’une plus grande valeur que les organes masticatoires. Les limites de l'habitation de plusieurs insectes ne sont pas aussi restreintes qu’on lavoit cru d’abord. Nous découvrons tous les jours, aux environs de Paris, des espèces qu’on avoit jugées propres aux départemens méridionaux; le parnopès incarnat est de ce nombre. L’ayant rencontré, il y a deux ans, au bois de Boulogne, sur des fleurs de chardon, je pensai que je pourrois, avec de nouvelles tentatives, me procurer quelques éclaircissemens sur les habitudes de cet hyménoptere. Je me suis donc rendu plusieurs fois, à la fin de juillet, au D'HISTOIRE NATURELLE. 415 lieu où je lavois pris; mais je l'y ai vainement cherché. Re- buté de tant de courses infructueuses, j'allois renoncer à mon projet, lorsque la fortune est venueà mon secours. Les habi- tudes du bembex à bec (rostrata) commun au bois de Bou- logne, n’étoient pas connues, et sollicitoient mon attention. J’avois remarqué une grande quantité de ces insectes dans un terrain fort sablonneux, exposé au soleil, et situé presque à l'entrée de la porte d'Auteuil. Ce lieu a été le théâtre de mes observations, et j'y ai obtenu la récompense de mes peines. Les bembex n’étoient pas les seuls habitans momentanés de ce terrain; d’autres hyménoptères y faisoient aussi leurs nids. Assis auprès d’eux, jépiai tous leurs mouvemens, et je suivis d’un œil attentif toutes leurs manœuvres; les nouveaux venus surtout n’occupoient. Je distinguai bientôt parmi eux le par- nopès incarnat, bien reconnoissable à ses belles couleurs et à son vol sémillant. Il ne s'agissoit plus que de tirer avantage de cette heureuse rencontre. Get insecte a été plus d’un mois le sujet de mes observations journalières. Je l'ai vu roder constamment près des trous que les bembex creusent dans le sable, s'y introduire en l'absence de ces derniers, et sans y porter aucune matière. Puisque c’est là tout leur genre de vie, nous devons en conclure que ces hyménoptères sont parasites, qu'ils déposent leurs œufs dans les nids de bembex, afin que leurs larves vivent aux dépens de celles de ces ani- maux , consomment les provisions qui leur étoient préparées, et s'y m étamorphosent ensuite. Il ne m'a pas encore été possible de suivre le parnopès jusqu’à ce dernier période; mais les observations de Degéer, relatives aux chrysis, l'étude et la comparaison des organes de.ces hyménoptères, l'analogie, ne permettent pas d'élever F9 UX 53 416 D'AISTOIRE NATURELLE, le moindre doute sur la justesse de mes conséquences. La nature ayant voulu que les parnopès se multipliassent en dé- truisant la postérité des bembex, il n’est pas surprenant que ces insectes soient particuliers aux contrées méridionales; car les bembex eux-mêmes sont des hyménoptères des pays chauds: on n’en trouve qu’une espèce au nord de l'Europe, tandis que les départemens de la France, répondant à la Provence et au Languedoc, en offrent six ou sept. Les localités où j'ai découvert les parnopès, tant au midi qu’au nord de la France, se ressemblent en tout point; je veux dire que leur habitation est exclusivement la même que celle des bembex. Mon sen- timent acquiert ainsi un nouveau degré de certitude. Les parnopès et les chrysis ont des tégumens très-solides; lorsqu'on les saisit, ils replient leur abdomen contre la poi- trine et la tête, et prennent alors la figure d’un petit sphéroïde. I est facile de concevoir quel a été le but de la nature en leur donnant cette conformation et les habitudes, qui en sont le résultat; ces insectes devant placer le germe de leur pos- térité dans les nids des hyménoptères pourvus d’un aiguillon, des guépes, des abeilles spécialement , avoient besoin d’être protégés contre cette arme meurtrière; la nature s’est conduite, à leur égard, comme par rapport aux tatous, aux héris- sons, etc. Ce n’est pas*encore sans dessein qu’elle a orné les chrysis des couleurs les plus brillantes; l'éclat qu’elles jettent ; et qui paroïit d'autant plus vif, que ces insectes préférent les endroits exposés aux rayons du soleil, fait peut-être quelque- fois une telle impression sur les yeux des hyménopteres, dont les chrysis ont à redouter la présence, qu’ils n’en ‘sont pas aperçus. J’ai dit plus haut que les parnopès avoient une sorte de trompe; ce caractère, qui les distingue éminemment des D'HISTOIRE NATURELLE. 4x3 autres insectes de la même famille, a pour principe une dif- férence dans la manière de vivre. Les parnopès ne se nour- rissent que du miel des fleurs agrégées ou composées, telles que les scabieuses, les chardons, les serratules, etc.; il étoit donc nécessaire que leurs mâchoires et leur lèvre fussent prolongées et amincies, afin de pouvoir sinsinuer dans les petits fleurons en cornet de ces végétaux. Quoique le terrain où j'ai observé le parnopès füt très-cir- conscrit, n'ayant pas au-delà de deux cents toises carrées, cet insecte néanmoins y étoit si commun, que j'y en ai pris, dans peu de temps, une cinquantaine d'individus. Les mâles, comme à l'ordinaire, ont paru les premiers; les femelles en sont dis- tinguées par un caractère extérieur, dont on ne voit plus d'exemple dans la même famille; le nombre des anneaux apparens dont est composé l'abdomen des chrysis est le même dans les deux sexes; mais les femelles du parnopès incarnat ont, à cette partie du corps, un segment de moins que les mâles, c’est-à-dire trois au lieu de quatre. Je m’en suis assuré par la dissection; et M. Lepeletier, qui d’ailleurs n’avoit jamais rencontré cet insecte, a présumé mal à propos que ces indi- vidus, à raison de cette différence abdominale, constituoient deux espèces. Les bembex semblent connoître que les parnopès sont, pour leur race, des ennemis dangereux. Îls poursuivent avec un acharnement singulier les individus qui se tiennent dans Le voisinage de leurs retraites. On les voit s’élancer sur eux avec une grande rapidité, les saisir avec leurs pates, et s’efforcer de leur donner la mort par le moyen de leur aiguillon. Le parnopès m’oppose d'autre défense que celle dont j'ai parlé ct-dessus. Il se contracte, prend la forme d’une boule, et 418 ANNALES DU MUSÉUM présente au dard du bembex une enveloppe écailleuse, qui lui sert de cuirasse. J'ai souvent profité de cette occasion pour m'emparer plus aisément et du ravisseur et de sa proie; dans d’autres circonstances, on ne peut prendre le parnopès qu’en usant d'adresse; cet insecte, de même que tous les chrysis, changeant continuellement de place, et témoignant une grande méfiance. On m'’objectera sans doute que le bembex pourroit égale- ment donner la chasse a tout autre insecte qui l’'approcheroit; mais je n'ai pas vu qu'il inquiétàt en aucune manière les hyménoptères différens qui étoient auprès de Jui; il ne fait la guerre qu'aux parnopès; d’ailleurs, les philanthes, dont les ha- bitudes ont beaucoup d’analogie avec celles des bembex, ont contre les chrysis, les hédychres, la même aversion. Ce n’est pas non plus pour s’en nourrir ou pour en faire la pâture de leurs larves, que les bembex poursuivent et tâchent de saisir les parnopès. Nous verrons dans la suite de ce Mémoire qu’ils ne destinent à leurs petits que des cadavres de diptères, dont la substance molle fournit à la larve des alimens proportionnés à son prompt accroissement et à ses facultés masticatoires, Ayant acquis des ailes et pris leur essort, les bembex nous montreront un goût plus délicat; le miel des fleurs, des labiées principalement, suffira à leur besoin. Ce n’est donc ni pour eux-mêmes, ni pour leurs larves, que les bembex attaquent le parnopès incarnat. Je soupconne, avec plus de vraisem- blance, qu’instruits par l’auteur de la nature, ils voient le danger dont est menacé ce qu'ils ont de plus cher, leur génération future. Je vais maintenant considérer les moyens qu'ils mettent en œuvre pour assurer sa conseryalion, D'HISTOIRE NATURELLE. hrg 2.” Métamorphoses et habitudes du sEemeex À 2ec (rostrata). Les bembex sont des insectes que l’on prendroit, au pre- mier coup-d’œil, pour des espèces de guépes, et c’est dans ce genre qu'ils ont été placés par quelques entomologistes. Linnæus se fixant ici à la considération des organes mastica- toires, à la disposition des ailes, rangea l’espèce la plus com- mune dans nos climats, avec les abeilles, en lui donnant le nom spécifique de rostrata. Fabricius en forma, sous la dé- nomination de bembex , un genre propre, et composé aujour- d'hui d’un assez grand nombre d’espèces. On distingue aisé- ment ces hyménoptères des autres du même ordre au prolon- gement remarquable, et à la figure conique de leur lèvre su- périeure. Le bembex à bec est très-commun dans les lieux arides et sablonneux des environs de Paris, quoique M. Geoffroy n’en ait point fait mention. On y trouve aussi, en moins d’abon- dance cependant, une seconde espèce du même genre, qui me paroït plus particulière au midi, et que M. Olivier a dé- crite pour la précédente ( Encyclop. méthod.). On est effec- tivement tenté de les confondre, ou de ne regarder la seconde que comme une variété de l’autre; et telle fut d’abord mon opinion (ist. nat. et génér. des crust.et desinsect.tom.3,pag. 300); mais un examen bien attentif, la comparaison surtout des divers sexes, m'a déterminé à distinguer spécifiquement ces insectes, et j'ai appelé ce second bembex tarsier (tarsata), à raison des petites taches d’un brun noirâtre, dont sont en- trecoupés ses Larses antérieurs, du moins dans les mâles ( Gen. crust. et insect. tom. 4, pag. 98). M. Panzer a représenté . 420 ANNALES DU MUSEUM une variété de la femelle (Z'aun. insect. German. fasc. 84, tab. 21),et y a rapporté le bembex integra de Fabricius. Je i’éloignerois de mon sujet en discutant cette synonymie; je préviendrai néanmoins que ce dernier hyménoptère est essen- uellement différent, et qu'il appartient au genre stize de moi et de M. Jurine. Le soupcon que j'avois eu à cet égard a été confirmé par l'envoi que m'a fait de cette espèce M. Bo: nelli, possesseur de la Collection zoologique d’Allioni, et d’où Fabricius avoit eu son bembex integra. Ce dernier a cité, avec trop de confiance, la figure de M. Panzer. Afin d’écarter de telles méprises, j'ai représenté, el avec détails, les deux sexes des bembex rostrata et tarsata. On observera seule- ment que les bandes jaunes de l'abdomen varient pour l'étendue dans les deux espèces; celles de l'individu de l'iconographe allemand sont plus interrompues. Linnæus avoit dit que le bembex à bec établissoit son domicile dans les monticules de sable, et que chacun de leurs nids ne renfermoit qu'un seul germe; mais il restoit encore à savoir de quelle manière l'insecte nourrissoit ses petits : or, les natu- ralistes avoient gardé le silence sur ce point. Ayant pris très-souvent des bembex tenant entre leurs pa- tes des syrphes, des bombilles, je conjecturai que les cadavres de ces diptères servoient d’alimens aux larves de ces bembex; le fait est maintenant certain. J'ai trouvé au fond de la galerie qu'un de ces insectes avoit creusée depuis peu, et où je l’avois vu entrer plusieurs fois, jusqu’à six ou sept individus empilés de la mouche apiforme de M. Geoffroy, et placés auprès de la larve. Cette larve avoit dix millimètres de longueur. Son corps est très-mou, d'un blanc grisätre, uni, sans pates, d’une forme presque cylindrique, grossissant peu à peu vers son ex- D'HISTOIRE NATURELLE. hox tréemité postérieure qui est arrondie. La tête est petite, écail- leuse, d’un brun très-clair et pourvue de mandibules, de mâchoires et d’une lèvre bien reconnoissables, On aperçoit sur chaque côté du corps neuf stigmates, placés sur une ligne longitudinale, depuis un bout jusqu’à l'autre, et distingués par des points d’un brun noirâtre. D’après la grande quantité de terre qu’il m’a fallu déblayer pour découvrir la retraite de la larve, l'espèce de mine qui y conduit s'étend beaucoup, et peut avoir près de trois décimètres de longueur. Sa direction m'a paru plus horizontale que verticale, et inclinée vers son issue, afin, sans doute, que les eaux pluviales puissent moins séjourner dans cette partie du sol où repose la larve. Les bem- bex fouilient le sable avec beaucoup de facilité et une grande promptitude. On w’en sera point étonné si lon examine la forme de leurs tarses de devant; ils sont garnis tout le long du côté extérieur de plusieurs cils très- forts et parallèles, comme les dents d’un peigne. Ces hyménoptères ont des mouvemens très-rapides; ils pas- sent, presque sans s'arrêter, d’une fleur à l’autre, en faisant entendre un bourdonnement assez vif, entrecoupé, et dont le ton n’est pas le même dans les deux espèces. Leur vol, près des lieux où ils veulent se poser, est une espèce de balancement presque perpendiculaire. Les mâles vont chercher les femelles dans les trous qu’elles creusent, ou se tiennent aux alentours; souvent aussi ils les poursuivent en l'air, et c'est là que leur réunion doit s’opérer. Je connois peu d'insectes mâles dont les organes sexuels aient un appareil aussi grand que ceux des bembex; on remarque encore sous le ventre des mêmes indi- vidus de ce genre une ou deux saillies en forme de dents, caractère qu'il ne faut pas négliger dans la détermination des 14. 54 « 422 ANNALES DU MUSEUM espèces, et que nous avons exprimé dans les figures 5 et 13 de la planche qui est jointe à ce Mémoire. Ces insectes ne commencent à paroitre qu'après le solstice d'été, et c'est au mois d'août qu'ils sont plus communs ; on n’en rencontre plus à la fin de septembre. Les fleurs de thym, de serpollet, de quelques autres labiées sont celles qu’ils préferent. La mouche apiforme de M. Geoffroi , ou l'eristalis tenax de Fabricius, abondant à cette époque, devient aussi la victime ordinaire de la‘prévoyance maternelle des bembex; mais d’autres diptéères tels que l'eristalis nemorum de cet au- teur, la mouche Cæsar, des taons mêmes, subissent quelque- fois le même sort. Le bembex tarsier fait la guerre aux bom- billes; j'ai souvent observé qu'il répandoit, étant vivant, une odeur de rose. En comparant es h abitudes et les formes des bembex avec celles des autres hyménoptères carnassiers, on voit qu'ils se rapprochent beaucoup des crabro, et plus encore de nos go- rytes et des larra. C'est ainsi que la connoissance des mœurs des insectes et l'étude de leurs organes nous indiquent le rang qu'ils doivent occuper dans la série naturelle des êtres. Un hyménoptère, également fouisseur, peu éloigné de la famille des guépes, va nous offrir un exemple plus singulier dans la manière dont il approvisionne ses petits. Les bembex ne ravissent que des insectes mous, incapables de résister à leurs armes meurtrières, des diptères en un mot. F’hyménoptère dont je vous entreliendrai, quoique beaucoup plus petit, n'ayant même qu'un dard peu offensif, ne choisit cependant, pour alimenter sa postérité , que des insectes recouverts d’une peau écailleuse et très-ferme, des coléoptères de la famille des charansons. ; D'HISTOIRE NATURELLE. 423 3.” Maniere dont une espèce de cercémis nourrit sa postérité Je comprends sous le nom générique de cercéris, une partie des philanthes de Fabricius, ou ceux auxquels M. Jurine con- sacre cette dernière dénomination. Plusieurs observations m'avoient déjà appris que deux ou trois espèces de ce genre, renferment dans les trous où ils placent leurs œufs des cadavres d’andrènes. Mais je n’en con- noissois pas encore qui donnât pour pâture à ses petits des coléoptères. Notre cercéris à oreilles (Hist. nat. et génér. des crust. et des insectes, tome XIIT, page 315) présente ce fait extraordinaire. Il ne’saisit point indistinetement des in- sectes de cet ordre; sa proie ne consiste qu’en différens cha- ransonites. Je l’ai surpris une fois emportant de dessus un genêt le Lixus Ascant, et deux autres fois je l'ai vu prendre un charanson, qui me paroît être le variabilis d'Herbst, très- rapproché du charanson du plantain. Le cercéris à oreilles femelle est remarquable par l'avancement de sa partie nasale, qui forme une corne, ou plutôt une sorte de palette carrée et profondément échancrée à son bord antérieur. Cette particu- larité a échappé aux regards des naturalistes. Leur silence à ce sujet pourroit faire soupconner que cet hyménoptere leur fut inconnu , et que l'on doit rapporter le philanthus auritus de Fabricius à une espèce très- voisine de la précédente, celle que j'ai nommée cerceris 4-cincta. Dans la femelle de ce der- nier, le bord antérieur du chaperon est simplement plus avancé que dans les congénères et arrondi en devant. Fabricius, au reste, ayant distingué comme autant d'espèces les deux sexes, n’ayant donné que des descriptions superti- 54 424 ANNALES DU MUSÉUM cielles ,a répandu sur le genre philanthe , une grande confusion. C'est ce qui n'a engagé a représenter ici mon cercéris auritæ femelle. M. Lepeletier, connu par un bon mémoire sur les chrysis, m'a dit avoir aussi observé le fait dont je viens de rendre compte; mais suivant lui, le cercéris ne saisiroit les charan- soniles qu’à l'instant où ils sortiroient de l’état de nymphe. Je puis assurer que ceux que j'ai vus entre les pates du ravisseur, avoient des élytres très-fermes, d’où je conclus qu'il s'étoit déjà écoulé quelque intervalle de temps depuis leur naissance. 4° JVid de l'Anruornore ARGENTÉE de F'abricius. Nous devons à ce célèbre naturaliste la connoissance des in- sectes intéressans, recueillis sur la côte de Barbarie, par M. Des- fontaines. De ce nombre, ilen est un qu’il décrivit d'abord sous le nom d'abeille argentée, et qu'il a postérieurement réuni avec ses anthophores; mais il a commis une erreur en con- fondant cette espèce avec notre abeille du pavot. Celle-ci s’en éloigne non-seulement par le facies, mais encore par les arti- culations des palpes maxillaires; elle appartient au genre osmie de M. Panzer. L'une et l'autre apiaires avoient été figurées par M. Coquebert dans ses Illustrations iconographiques des in- sectes, et il étoit facile d’en remarquer les différences essen- tielles C'est donc avec raison que le savant Illiger a relevé cette faute de synonymie. L'observation que je viens de faire sur le nid de lanthophore arsentée détruit jusqu'aux plus légères ap2 parences de doute, Ce nid ressemble parfaitement à celui de l'anthophore centunculaire ; insecte le compose de feuilles ray 2 6. D'HISTOIRE NATURELLE. h25 d’églantier. J'e l'ai pris au mois d’août, dans une sablonnière du bois de Boulogne, et lorsqu'il étoit à l'ouvrage. Le mâle a de grands rapports avec l'abeille pacifique de M. Panzer ( Faun. insect. Germ. fasc.55, tab. 16). J’en don- nerai la description et la figure lorsque je traiterai particu- lièrement des mégachiles, ou des abeilles coupeuses de feuilles de Réaumur. Explication de la planche XXNI relative à ce Mémoire. Fre. 1. Cencéris A OREILLES, femelle, grossie, avec l'échelle de sa longueur. F1c. 2. Sa tête grossie; &, saillie de la partie nasale. Pres 5. BempBex raAnsiErR, mâle, de grandeur naturelle. Fic. 4. Sa tête vue en devant, avec la trompe développée, Fic. 5. Son abdomen vu de profil; a, b, deux dents de sa partie inférieure, F1G. 6. BEMBEx TanstER , femelle, de grandeur naturelle. Fire. 7. Sa tête vue en devant, avec la trompe développée. Fic. 8. PannorËs rNcannar, femelle, avec l'échelle de sa longueur, Fe. 9. Bemsex À Bec, femelle, de grandeur naturelle, F1c. 10. Sa tête vue en devant, avec la trompe développée. Frc. 11. BEMBEX À BEC, mâle, de grandeur naturelle, Fic. 12. Sa tête vue en devant. Fi. 15, Son abdomen vu de profil; &, b, deux dents de sa partie inférieure. 426 ANNALES DU MUSÉUM MÉMOIRE Sur les coquilles fossiles du genre Lymnée qui se trouvent aux environs de Paris, sur Les autres coquilles qui les accompagnent, et sur la nature des pierres quirenferment ces fossiles, PAR P. BRARD, Dixs le Prodrome de la géographie minéralogique des envi- rons de Paris, par MM. Cuvier et Brongniard, ces natura- listes ont fait mention d’une espèce de calcaire particulier qui s'est uni à la terre siliceuse dans diverses proportions, et qui en a absorbé quelquefois une si grande quantité, que les acides cessent d’avoir aucune prise sur lui. Ce calcaire siliceux et le silex pur qui le remplace souvent, se trouvent ordinairement sur le sommet des collines qui entourent la ville de Paris, en blocs épars au milieu d’un sable argileux avec lequel ces masses se sont déposées; car il est bien évident qu'elles ont été transportées ayec le sable lui-même, et qu'elles LYMNEES FOSSILES et auttres U ogulles que Les accomp agnenk | è 7) ) Brard del. des environs de Parrc . Warchand seule. D'HISTOIRE NATURELLE. 127 n'ont point élé formées à la place où nous les trouvons aujour- d'hui. Mais ce qui est bien fait sans doute pour fixer l'attention des naturalistes sur ce calcaire fortement siliceux, ce sout les coquilles fossiles et pétnfées qu'il renferme , et qui n’ont point encore été décrites avec exactitude, car MM. Brongniard et Cuvier qui en ont parlé Les derniers, se sont bornés à dire que ces coquilles sont semblables en tout à celles que nous trouvons dans nos marais; qu'elles sont évidemment d'eau douce et qu'on y reconnoit des lyÿmnées de trois espèces, et des planorbes accompagnés de 2yrogonites (à). Ces mêmes coquilles que nous nous sommes occupés a re- cueillir , et que nous ayons examinées et comparées avec tout le soin possible, se trouvent: 1.2 Dans intérieur d'un silex, pierre à fusil, où elles con- servent leur test coquillier qui est encore calcaire et d’un blanc farineux ; tandis que l'intérieur est rempli de la matière du silex ou tapissé de petits cristaux de quartz lorsqu'il est resté quelques vides. Telles sont les coquilles de Lonjumeau; © Dans des pierres siliceuses jaunätres parfaitement opa- ques, qui se trouvent en masses irrégulières et isolées au milieu du sable jaune des hauteurs de Lonjumeau et de Saint-Leu. Les coquilles n’ofirent ici que leurs simples moules changés en silex opaque. 3.” Dans des masses arrondies de pierre calcaire, dont le centre creux et comme Carrier, renferme des coquilles qui sont attachées à ses parois : la substance de ces masses creuses est un calcaire dur, jaunâtre, qui fait à peine une légère ef- (1) Annales du Muséum, 1809, “ 428 ANNALES DU MUSÉUM fervescence avec l'acide nitrique. Î se trouve à Franconville et à Saint-Leu ainsi qu'à Lonjumeau, où il est employé comme pierre à bâtir. 4° Dans l’intérieur, ou le plus souvent à la surface d’un calcaire disposé en tables de deux à trois pouces d'épaisseur, parfaitement planes d’un côté et inégales de l'autre, jaunâtres à l'extérieur , blanches au centre, très-sonores lorsqu'on frappe dessus, dures , fortement siliceuses et donnant à peine des indices d’effervescence avec les acides. Il est a remarquer que ces espèces de dales naturelles ac- compagnent les pierres rondes et creuses dont nous avons parlé plus haut, et que les coquilles qu’elles renferment sont principalement attachées sur le côté qui est raboteux. Il s’en trouve aussi dans l'épaisseur de la pierre, mais elles y sont beaucoup plus rares, et ce sont presque toujours des gyro- goniles, 5° Dans un silex mélé d'argile brunâtre, où les coquilles conservent encore leur test coloré en vert foncé, des sources de la Bièvre; cabinet de M. Dedrée. 6° Enfin, dans un calcaire quelquefois blanc, tendre et absorbant l’eau avec sifflement, mais ne sy délayant point; ou bien encore, dans une autre calcaire assez dur pour recevoir le poli, et qui se trouve en morceaux épars dans la forêt de Fontainebleau. Le premier, qui est très-tendre, vient de Belleville; il sé- pare le gypse du calcaire coquillier ordinaire, et les coquilles dont il est pénétré dans tous les sens, sont d’un blanc de craie et conservent encore leur test. Voilà donc six espèces de pierres différentes où l’on trouve des lymnées et des planorbes; les cinq premières ne se pré- D'HISTOIRE NATURELLE. 429 sentent qu’en masses isolées, mais avant d’avoir été réduites ainsi en éclats, elles constituaient certainement des bancs ou des couches plus ou moins épaisses, car si elles se fussent for- mées à la place qu’elles occupent actuellement, on trouveroit aussi des coquilles dans le sable quisert d’enveloppe à ces masses pierreuses ; elles seroient disposées dans un certain ordre, tandis que tout annonce, au contraire, qu’elles ont été trans- portées péle-mêle avec le sable au milieu duquel on trouve aussi des fragmens de bois silicifiés qui ont été chariés par la même voie*et à la même époque que ces blocs de pierres coquillères. Quant au calcaire de Belleville, il diffère par son gisement des cinq autres, puisqu'il constitue des couches continues qui recouvrent le gypse, et qui sont recouvertes elles-mêmes par le calcaire coquiller ordinaire ; aussi nous n’en parlons qu'à cause des lymnées fossiles qu'il renferme, et pour faire re- marquer que cette formation est d’une bien haute antiquité, puisque le calcaire ordinaire, analogue à celui qui constitue le sol de la ville de Paris, est venu Le recouvrir depuis. ( Note communiquée par M. Héricart de Thury.) Jusqu'ici nous avons rassemblé daus ces différentes localités douze espèces de coquilles qui appartiennent à sept genres différens, savoir : quatre /ymnées , trois planorbes, un bulime, une cérile, une gyrogonite, une mélarue , et une coquille qui a l'apparence d’une lymnée, mais qui n’en est pas une. Elles ont été figurées avec exactitude dans la planche ci- jointe, afin qu’on soit à même de les comparer avec les co- quilles fluviatiles qui vivent dans les étangs, les rivières, les ruis- seaux, les fontaines, les mares, et les marais, et qu’on puisse reconnoître aussi les espèces que j'ai décrites et celles qui 14. 55 430 ANNALES DU MUSEUM m'auront peut-être échappé, car jusqu'a présent on a pour ainsi dire oublié ce genre de fossiles, et je crois être un des premiers qui se soit occupé à les ressembler et à les comparer avec les coquilles vivantes. Nous prions donc les naturalistes de recevoir ce mémoire avec quelqu’indulgence, et de ne le considérer que comme la première partie d’un travail auquel nous espérons donner quel- que suite, en décrivant successivement les coquilles analogues à celles-ci qu’on trouve sur plusieurs autres points de la France, et particulièrement en Alsace et en Auvergne; mais dans ce moment-ci, nous nous bornons strictement à ce qui tient aux environs de Paris. Passons maintenant à la description des genres et des es- pèces de ces coquilles. GENRE LYMNÉE. 3. Lymnée renflée, fig. 5 et 6; la même grossie, fig. 7 et 8. Coquille composée de cinq à six tours de spire, dont le der- nier est si développé, qu'il emporte à lui seul les deux tiers de toute sa longueur totale, et donne à cette coquille un aspect particulier qui la fait paraître comme renflée à sa base, tandis que son sommet est mince et pointu. On l’a représentée grossie à la loupe, fig. 7 et 8, afin d’en donner une plus juste idée. Son ouverture est évasée vers la base, et se resserre considé- rablement à sa partie supérieure. Cette coquille s’écarte un peu du genre lymnée par la forme de sa bouche; elle se trouve assez communément dans le calcaire siliceux des environs de Paris et surtout dans celui des hauteurs de Saint-Leu, de Saint- Prix et des environs de Franconville, Aucune de nos coquilles viyantes ne ressemble à celle-ci. D'HISTOIRE NATURELLE. 43x 2. Lymnée symétrique, fig. 9 et 10. Cette espèce diffère de la précédente, en ce qu’elle est un quart plus grande, et que ses tours de spire diminuent plus gra- duellement, ensorte que sa hauteur est en proportion avec sa largeur. De là le nom de symétrique que nous'lui avons donné. Elle est commune dans les calcaires siliceux de Lonjumeäu, de Saint-Prix et des environs de Franconville, Cette lymnée a quelques rapports avec le lymneus pereger minus de Draparnaud, pl. H, fig. 37, p. 50; mais en l’exami- nant avec soin, on s'aperçoit bientôt qu’elle n’a que le vo- lume de commun avec elle, et que la bouche surtout est beau- coup plus évasée dans la coquille vivante que dans celle qui est fossile, et que nous avons représentée, fig. 9 et 10. 3. Lymnée verdâtre, fig. 11 et 22. Je croyois avant d’avoir rapproché cette espece fossile des lymnées vivantes, qu’elle devoit se rapporter parfaitement à Ja lymnée petite de Draparnaud ; mais lorsque je la comparai à cette espèce vivante, je reconnus mon erreur, et je m'assurai qu’elle n’a rien de commun avec aucune de celles qui vivent en France. La lymnée dont il est ici question, est composée de quatre à cinq tours de spire; sa bouche fortement allongée occupe la moitié de la longueur de cette coquille, qui est si bien con- servée, qu'elle présente encore son test coloré en vert foncé. Elle est assez commune à Saint-Leu à Taverny, à Andilly, ainsi que dans le silex caverneux des sources de la Bièvre. 432 ANNALES DU MUSÉUM 4. Lymnée moyenne, fig. 13 et 14- Cinq tours de spire composent cette coquille; le dernier est assez étendu en longueur, mais il est peu ventru, ensorte que la coquille entière est à-peu-près ovale. La bouche , comme dans toutes les lymnées proprement dites, est plus longue que large, se resserre à la partie supé- rieure, et s’élargit graduellement en s’'approchant de la base: On seroit tenté au premier abord de confondre cette co- quille avec le Zymneus palustris de Draparnaud; mais à part sa grosseur, qui est à peu près la même, elle en diffère par plu- sieurs caractères marquans, et notamment par la bouche qui est garnie d’un renflement assez considérable sur le bord colu- mellaire de la lymnée vivante, tandis que cette même partie dans la coquille fossile est parfaitement unie, et rentre plutôt en dedans qu’elle ne forme la moindre saillie. On trouve cette coquille avec la précédente, dans les mêmes lieux , dans les mêmes pierres, et l’on remarque souvent que Fextrémité supérieure, c'est-à-dire, les deux ou trois premiers: tours sont changés en une matière quartzeuse presque trans- parente, Nous lui avons donné le nom de lymnée moyenne, parce qu’elle tient à-peu-près par son volume le milieu entre celles dont nous ayons déjà parlé, ef celles qui nous restent à dé- crire. 5. Lymnée effilée, fig. 15 et 16. Coquille composée de cinq tours de spire dont le dernier surtout est excessivement allongé, ensorte que la coquille en- tière est fort élancée, Sa bouche s'étend à-peu-près jusqu’au D'HISTOIRE NATURELLE, 433 milieu de la hauteur totale, et présente la figure d’un ovale très-resserré. Cette coquille qui n'approche d'aucune des lymnées vivantes, se trouve dans le calcaire de Belleville dont nous avons parlé plus haut, ainsi que dans celui qui se rencontre en morceaux épars dans la forêt de Fontainebleau. Nous plaçons ici à la suite des lymnées une coquille que nous avons trouvée à Saint-Leu, mais qui malheureusement n’est point complète; cependant comme le fragment que nous avons représenté, fig. 17 et 18, offre la bouche entière; qu'iln’y manque que les tours supérieurs de la spire, il suffit pour dé- montrer clairement que cette coquille n’est point une lymnée, puisqu'elle est un peu ombiliquée et que sa bouche au lieu d’être ovale, est tronquée du côté du bord columellaire; qu'a lieu de se resserrer à la partie supérieure, à la manière des lÿmnées, elle s'y termine en rond comme à sa base; qu’enfin la portion du test qu’elle conserve encore est beaucoup plus solide que celui des lymnées, et qu’on y aperçoit des espèces de stries profondes qui tournent dans le sens de la spire, ce qui ne se voit sur aucune lymnée connue. Nous croyons donc qu'il faudra placer cette coquille dans un genre particulier lorsqu'on en aura trouvé d’entières, mais nous croyons aussi qu'il est prudent d'attendre, dans la crainte qu'on ne nous reproche un jour d’avoir fondé un genre nouveau sur un individu mutilé ét incomplet. GENRE PLANORBE. 1. Planorbe arrondi, fig. 19 et 20. Ce planorbe est composé de trois ou quatre tours de spire 434 ANNALES DU MUSÉUM qui ne sont point roulés sur un plan horizontal, maïs qui donnent naissance à une spire légèrement relevée, ensorte que cette coquille est concave dans un sens, et tant soit peu bombée dans l’autre. Ces quatre tours sont parfaitement ronds et entiers, tandis que dans le planorbe corné de Linné et de Draparnaud, pl. I, fig. 42, 43 et 44, auquel plusieurs naturalistes veulent absolu- ment le rapporter, les tours s’entrecoupent mutuellement, donnent naissance à une ouverture semi-lunaire, et présentent en outre une espèce de dépression de chaque côté que n’a point le planorbe fossile, que nous nommons à cause de cette différence planorbe arrondi. De plus, les tours de spire du pla: norbis corneus , sont beaucoup plus volumineux que ceux du planorbe arrondi fossile. | On le trouve à Saint-Leu, aux sources de la Bièvre et dans les silex, pierre à fusil de Lonjumeau; il n’y est point com- mun, et surtout il est assez rare de le trouver entier. 2. Planorbe carré, fig. 21 et 22. Ce planorbe diffère essentiellement de tous ceux que nous connoissons par la figure de sa bouche, qui aulieu d’être arron- die, est presque parfaitement carrée, ce qui tient à ce que les tours de spire de cette coquille sont aplatis dans tous les sens. Voyez fig. 21 et 22. On ne peut dire quel est le nombre de tours de spire que ce planorbe est susceptible d'atteindre, parce qu’on n’en trouve point d’entiers ; mais ce qu'on peut affirmer, c'est que ce pla- norbe n’a point son analogue vivant, au moins parmi les co- quilles fluviatiles de France. Celui-ci vient des hauteurs de Saint-Leu où il est très-rare. D'HISTOIRE NATURELLE. 435 3. Planorbe anguleux, fig. 23 et 24. Ce joli planorbe est plus ou moins caréné, ce qui donne à sa bouche la figure triangulaire; mais il ne faut pas néanmoins le confondre avec le planorbis carinatus de Draparnaud, duquel il diffère totalement, et par le volume, et par le nombre et ta proportion des tours de spire. Cette espèce est plus commune que les deux précédentes, mais on la trouve difficilement avec sonMtest et sa bouche. GENRE BULIME. 1. Bulime pygmée, fig 1 et 2 ; le même, grossi à la loupe, fig. 3 et 4. Coquille composée de six ou sept tours de spire atteignant à peine deux lignes de long; sommet assez aigu, bouche en- tière et tout à fait semblable à celle des autres bulimes. Cette coquille, qu’on trouve à Saint-Leu et à Belleville, à quelques rapports avec le petit bulime allongé qui existe en si grande abondance dans la pierre coquillère de Mayence et de Francfort, ainsi qu'avec ces mêmes bulimes trouvés vivans et en nombre immense par M. Faujas et moi dans les eaux des étangs salés de Maguelone, ainsi que: dans Océan, aux environs d'{signy en Normandie. GENRE CÉRITE. x. Cérite tuberculée, fig. 25 et 26. Li C’est un fait assez curieux de trouver des cérites bien déter- minées qui conservent encore leur test, leurs couleurs et les traits les plus fins et les plus délicats, parmi des coquilles dont 436 ANNALES DU MUSÉUNM la physionomie les rapproche de celles qui vivent actuelle ment dans l’eau douce, car tout le monde sait que les cérites sont des coquilles marines par excellence, tandis que les lym- nées et les planorbes que nous connoissons, habitent exclusi- vement les eaux douces. Non-seulement ces cérites sont communes dans les pierres qui renferment aussi des lymnées , mais nous en avons recueilli près de Taverny et de Saint-Leu des échantillons qui offrent sur la même face desilymnées, des cérites, des planorbes et des gyrogonites; c'est un de ces échantillons que nousavons repré- senté figure 32. Jusqu'ici nous n’y avons reconvu qu’une seule espèce de cé- rite; elle a quelquefois jusqu’à quinze ou seize tours de spire, et les derniers sont garnis d’un triple rang de tubercules; elle est de l’espèce des cérites dont la columelle est courte, et dont M. Denis de Montfort a fait le genre télescope dans sa Con- chyliologie systématique. On trouve ces mêmes cérites à Lonjumeau dans le calcaire siliceux ; mais elles n’offrent ordinairement que leurs moules, tandis que celles de Taverny conservent encore leur test co- quiller et présentent une teinte violätre qui paroït être un reste de leur couleur naturelle. Ce fait intéressant, que MM. Brongniard et Cuvier ont passé sous silence, peut être vérifié facilement, et il est même essentiel qu’on le connoisse bien, afin que chacun fasse ses efforts pour expliquer comment des coquilles marines se trou- vent au milieu d’autres coquilles qui appartiennent à des genres dont les espèces vivent maintenant dans les eaux douces. . Cet exemple de ces sortes d'anomalies n’est point le seul, puisque MM. Gillet Laumond et Beudan, ainsi que M. Bron- D'HISTOIRE NATURELLE 437 gniard lui-même, ont trouvé depuis peu, dans les sables quart- zeux qui recouvrent les grès durs et coquillers de Beauchamp, commune de Pierre-Laye, des lymnées qui se rapprochent de notre Iymnée moyenne, au milieu d’une multitude de cérites, de turitelles, d'olives, d’huitres, de vénus et de plusieurs autres coquilles marines qui se trouvent en abondance dans le grès et le sable quartzeux qui existe en petites couches entre les bancs d’un grès dur et quelquefois noirâtre qu’on tire de cette carrière pour le pavage de la grande route. ILest donc reconnu maintenant qu’il se trouve des coquilles marines parmi d’autres coquilles qui ont une grande ressem- blance avec celles d’eau üouce, et que réciproquement ces dernières se trouvent aussi mélées au milieu de certains dépôts de coquilles marines ; mais ce que nous devons dire aussi, c’est que ces coquilles d’eau douce en apparence ne sont point les mêmes qui vivent maintenant dans les ruisseaux et les étangs de la France, ce qui contrarie il est vrai ce qu'ont avancé MM. Cuvier et Brongniard, lorsqu'ils ont dit que ces co- quilles étoient semblables en tout à celles que nous trouvons dans nos marais (1), tandis qu’elles en diffèrent d’une manière sinotable, qu’iln’y en a pas une qui puisse trouver son analogue parmi les coquilles fluviatiles de la France; et plusieurs savans paturalistes qui ont une grande habitude de l'étude des coquilles vivantes et fossiles, et auxquels nous avons soumis nos obser- valions, sont entièrement de notre avis. D'ailleurs, il suflit de comparer ces coquilles fossiles avec les coquilles fluviatiles dela France, pour se convaincre en effet qu’elles appartiennent à des espèces étrangères, de même que les fossiles des bords de (1) Géographie minéralogique des environs de Paris, art. VII, 14. 56 438 ANNALES DU MUSEUM la Méditerranée, par exemple, ne sont point les analogues des coquilles qui vivent dans cette mer voisine, et à ce sujet, il n’est point indifférent de faire remarquer que MM. Cuvier et Brongniard, qui se sont refusés pendant si long-temps à recon- noître les vrais analogues, en ont admis daus cette circonstance, sans la moindre difficulté, mais que leur choix est malheureuse- ment Lombé sur des coquilles dont les analogues vivans ne sont point connus. GENRE MÉLANIE. 1. Mélanie sillonnée, fig. 30 et 31. Coquille composée de six tours de spire, renflée vers le mi- lieu; ouverture ovale pincée à la partie supérieure, surface cou- verte de sillons peu profonds. On trouve cette mélanie dans la pierre calcaire de Belleville , parmi les lymnées eflilées, les bu- limes pigmées et les gyrogonites; elle différe des mélanies de Grignon , décrites par M. Lamarck dans les Annales du Muséum. GENRE GYROGONITE. 1. Gyrogonite médicaginule, fig. 27, 28 et 29. Les gyrogonites, ainsi que l’a dit M. Lamarck, sont sphé- roidales, cerclées extérieurement par cinq ou six côtes carénées, parallèles, qui tournent obliquement en spirale, et vont toutes se réunir par leurs extrémités à chaque pôle de la coquille. A l’un de ces pôles on voit une ouverture orbiculaire, un peu dentée sur les bords par les petites saillies de l’extrénnté des côtes. Plusieurs naturalistes doutent encore que les gyrogonites soient de vraies coquilles, mais cependant on s'accorde assez D'HISTOIRE NATURELLE, 439 généralement à les considérer comme des coquilles multivalves dont les pièces se désunissent quelquefois. La planche quiaccom- pagne ce mémoire, représente la gyrogonite, dessmée d’après nature, sous deux points de vues différens, et grossie à la loupe, fig. 26 et 27; la fig. 28 la présente de grandeur naturelle. Ce fossile extraordinaire est très-commun aux environs de Paris. Les hauteurs de Montmorency, de Saint-Prix, de Saint- Leu et de Taverny, sont couvertes de blocs de pierre opaque blanche et siliceuse qui sont remplis de gyrogonites; et lors- qu’on brise ces pierres, il s’en échappe un grand nombre, car la plupart sont mobiles dans les espèces de niches qui les ren- ferment et qui ont conservé leur empreinte. On voit aussi des gyrogonites dans le calcaire de Belleville, qui renferme en même temps les lymnées affilées, les bu- limes pygmées, ainsi que les mélanies sillonnées. Ces observations prouvent, 1. qu'outreles coquilles du genre lymnée qu'on trouve dans le calcaire près de Belleville, qui forme une couche au-dessus du gypse, recouverte par du cal- caire ordinaire, on y trouve aussi des mélanies, des bulimes et des gyrogonites; mais que ces /ymnées sont entièrement différentes de celles qui existent dans les eaux douces des envi- rons de Paris, et ne sauroient être considérées comme leurs analogues. 2.° Que ces lymnées fossiles, lorsqu’elles sont dans le calcaire siliceux , ainsi que dans le silex pur, comme sur les hauteurs de Montmorency, de Saint-Prix, de Saint-Leu, de Taverny, de Lonjumeau, etc. ne se sont point trouvées jusqu'ici dans des cou- ches, mais dans des blocs constamment isolés, et qu’elles sont réunies à de véritables cérites marines, dans des dépôts sabloñ- JON 44o ANNALES DU MUSEUM neux parmi lesquels on trouve souvent, particulièrement à Lonjumeau , des fragmens de bois siliceux; d’où l’on peut con- clure que les lymnées dont il s’agit n’ont jamais vécu dans de grands lacs d’eau douce qui existaient à des époques trèsreculées dans ces mêmes places, ainsi qu’on l’a supposé. Il nous paroït bien plus convenable, d’après l'examen at- tentif du gisement de ces coquilles, de considérer ces planorbes et ces lymnées d’espèces inconnues, mélées avec des coquilles marines fossiles engagées dans des blocs de pierres isolés, et déposés sans ordre parmi des fragmens de bois siliceux, au milieu d’un sable argileux évidemment de transport, de con- sidérer; dis-je, ces singuliers dépôts, comme les résultats d’une grande secousse diluvienne, qui, après avoir fracassé les bancs calcaires qui contenoient déjà les lymnées, les planorbes, les cérites et les gyrogonites fossiles, en a porté au loin les débris et les restes, les a déposés ou plutôt entassé$ les uns sur les autres dans ces mêmes lieux, et à ces mêmes places où nous les trouvons aujourd’hui, et où ils porteront à jamais les mar- ques ineffaçables de leur origine première et du grand trans- port qu'ils ont éprouvé. D'HISTOIRE NATURELLE, 44 MEMOIRES LES LARVES DES INSECTES. Par M. Férix MIGER. LARVES DES INSECTES COLÉOPTÈRES AQUATIQUES. SSS LARVES AQUATIQUES. MÉTAMORPHOSES DES HYDROPHYLES (1). Ox à confondu pendant long-temps les larves des hydro- philes avec celles des dytiques; mais un examen plus attentif de ces insectes, le rapprochement et la comparaison d’un plus (1) Ce paragraphe, dont je ne donne ici qu'une partie, est extrait de Mémoires que j'ai l'intention d'insérer en entier dans les Annales. L'étendue limitée d’un ouvrage périodique, de nouvelles recherches à faire et quelques observations à k42 ANNALES. DU MUSÉUM grand nombre d'espèces, devoit nécessairement détruire toute erreur et dissiper toute incertitude à leur égard. Secondé par les soins de feu M. Lancret, mon estimable et malheu- reux ami, j'ai rendu compte, il y a quelques années (1), du résultat de mes recherches à ce sujet, et je crois avoir atteint le but d’éclaircissement que je m’étois proposé; mais ce n’est pas assez d’avoir établi entre ces deux genres de larves des distinctions frappantes, il me reste encore à faire connoître chaque espèce en particulier : je commence par les hydro- philes. Il est indispensable d’abord d'exposer quelques généralités sur les larves de ces coléoptères, afin d'établir les caractères distinctifs du genre, et d'éviter les répétitions inutiles dans la description des espèces. Les larves des hydrophiles sont toutes carnassières. Leur corps est composé d’onze anneaux peu distincts; il est coni- que, mol, susceptible de contraction et de dilatation, et il supporte de chaque côté sept pelits tubercules charnus plus ou moins longs et quelquefois ciliés. Leur téte est remarqua- ble par la conformation de la bouche, qui est munie de deux fortes mandibules dentées au côté interne, de deux mâchoires compléter, sont les motifs qui m’obligent à ne publier Ces mémoires que par frag- mens, et dans un ordre méthodique peu rigoureux. Sous le titre général de Mémoires sur les larves des insectes, je comprends toutes les observations que j'ai faites sur les insectes des différens ordres. Je divise chaque ordre en deux sections : les insectes coléoptères, par exemple, en coléop- tères terrestres et en coléoptéres aquatiques. Chaque section se compose de deux tribus : larves terrestres et larves aquatiques. Enfin, chaque tribu renferme plu- sieurs paragraphes, dans chacun desquels viennent se placer toutes les espèces de même genre que j'ai observées. (1) Voyez le Journal de la société philomatique, n° année 1806. D'HISTOIRE NATURELLE 413 linéaires qui ressemblent à de longs palpes articulés, et d’une languette saillante surmontée de deux petits palpes. Je ne parle point des caractères qui leurs sont communs avec les autres larves aquatiques de coléoptères; ctlles dont il s’agit ont de même l'organe de la respiration placé à l'extrémité postérieure du dernier anneau de leur corps. Un peu au-dessous de cet organe on remarque, dans certaines espèces, deux petits appendices courts et charnus qui, lorsque ces larves vien- nent respirer à la surface de l’eau, servent à les y maintenir la tête en bas et comme suspendues par leur partie posté- rieure : ces espèces nagenht avec agilité. Au contraire, celles qui sont privées d'appendices ne nagent point, et se tiennent constamment à fleur d’eau : elles ne se suspendent pas comme les précédentes; mais renversées sur le dos, elles parcourent la surface des eaux stagnantes, soit en y marchant avec vi- tesse comme sur un plafond et à la manière des fausses che- nilles, dont elles rappellent les formes et les allures, soit en formant des mouvemens vermiculaires horizontaux. C'est dans la terre que les hydrophiles subissent leurs trans- formations. Leurs nymphes ressemblent à toutes celles des coléoptères. Elles ont toujours deux petits appendices à leur partie postérieure, et quelques poils ou aigrettes de substance cornée, placés sur les bords antérieurs du corcelet. Les dimensions et les formes, quelquefois très-remarqua- bles des tubercules latéraux, ne m'ont point paru entrainer de différences dans les habitudes des larves, ni pouvoir ser- vir à leur classification; mais la présence ou le défaut d’ap- pendices, influant comme nous l'avons vu sur la maniere de nager de ces insectes, cette considération m'engage à les di- viser en larves nageuses ou qui ont des appendices, et en 444 ANNALES DU MUSEUM larves rampantes ou sans appendices. Les hydrophiles essen- tiellement nageurs proviennent de larves placées dans ces deux divisions indistinctement. Ce sont eux qui filent ces coques flottantes qu’on apercoit Sur les eaux (1); ils les abandonnent aussitôt après la ponte. Les hydrophiles qui nagent diflicile- ment appartiennent en général à la seconde division, et sont du nombre de ceux dont les femelles portent sous leur abdo- men un tissu soyeux dans lequel les œufs sont enveloppés (2). J'ai observé les larves de sept espèces d’hydrophiles, qui sont : les kydrophiles brun, caraboïde, luride, fuscipède, picipède, nain et livide. Je ne parle point de l'hydrophile tronqué, dont la larve, qui est terrestre , doit étre décrite dans une autre partie de ces mémoires. Frich et Lyonnet ont fait mention de la larve de l’hydrophile brun, et ils en ont donné des représentations fidèles. Rœæsel a figuré celle de l'hydrophile caraboïde; les cinq autres ne sont connues d'aucun paturaliste. (:) J'ai trouvé la coque de l'hydrophile brun, celle de l'hydrophile caraboïde et celle de l'hydrophile picipède; ces deux derniers ne sont point connus. (:) Voyez l'hydrophile fauve de Geoffroy (bydrophile livide, Lan.) tome premier, page 184. D'HISTOIRE NATURELLE. 445 Larves nageuses ou qui ont des appendices. HYDROPHYLE BRUN. Grand hydrophyle. Geof: Dytiscus piceus. Linn. Hydrophilus piceus. Fab. Larve. Longueur, deux pouces et demi à trois pouces (les femelles), et deux pouces à deux pouces et demi (les mâles). —— Largeur du plus gros anneau du corps, six lignes. De tous les insectes qui renferment leurs œufs dans des coques, le grand bydrophile est, sans contredit, un de ceux qui présente le plus d'intérêt. Lyonnet, qui paroït l'avoir ob- servé dans le travail de la ponte, nous ayant appris seulement qu'il filoit sa coque avec son abdomen (1), et personne après lui n'ayant répété cette observation, il étoit curieux de re- chercher comment cet insecte parvenoit à construire sous les eaux ce nid flotiant à leur surface. Je me suis occupé de ces recherches avec succès , et pour appeler l'attention sur un fait si intéressant de l’histoire de ce coléoptère, je vais offrir le détail et le résultat de mes expériences à ce sujet, en les ap- puyant d’un dessin exact et de quelques observations. Je m’oc- cuperai ensuite de la larve de cet insecte et de ses métamor- phoses. Accouplement et ponte. Dans les premiers jours 'de mai (1807), je pris dans la marre du petit Gentilly, près Paris, plusieurs kydrophiles bruns, et je les placai dans un bocal rempli d’eau, parmi des plantes aquatiques, dont ils firent leur (2) Théologie des insectes de Lesser, édition dé 1745, vol, 1,.ch. 14, p. 327, 14. 57 44G ANNALES DU MUSÉUM principale nourriture. Ils dévorèrent aussi avec avidité des larves mortes et des limacons d’eau (1). Ces insectes cher- chèrent bien-tôt à s’accoupler en montant lun sur lautre, comme le font la plupart des coléoptères : les mâles se servi- rent, à cet effet, du dernier article, si remarquable, de leurs tarses antérieurs, pour s’accrocher au bord extérieur des ely- tres, et se maintenir sur le dos de leurs femelles (2); je ne vis point consommer laccouplement, mais il eut lieu sans doute, puisque quelques jours après une femelle se mit en devoir de filer sa coque. Je la vis s'attacher au revers d’une feuille qui flottoit sur l'eau, s’y placer en travers, et allongeant ses premières paires de pates, les appuyer sur le dessus et de chaque côté de cette feuille, de manière à lui faire prendre une légère cour- bure (3). L’abdomen étoit fortement appliqué au revers de la feuille, et laïssoit voir à son extrémité deux appendices qui s'avancoient ‘et se retiroient avec vitesse, et desquelles paroissoit sortir une liqueur blanche et gommeuse. Cette liqueur étoit le principe de la coque, et les appendices étoient les deux filières de l’hydrophile. En considérant plus attentivement ces filières, je vis qu’elles déposoient ça et là des- sous la feuille, autour de l'abdomen, et sans le dépasser , des tils argentés qui, appliqués successivement les uns sur les autres, formèrent une petite poche demi-circulaire, dans laquelle l'extrémité de l'abdomen se trouva comme engagée. Au bout G) De Geer a dit qu'ils étoient carnassiérs. vol. 4, Mém. 8, pag. J'ai nourri, pendant plus d'un mois, des hydrophiles: caraboïdes, uniquement avec des limaçons d’eau. Le (2) Voir la planche fig. 1, (5) Voïr la planche fig. 2;° D'HISTOIRE NATURELLS. 447 de dix minutes environ, l’hydrophile retirant ses pates de dessus la feuille, se retourna brusquement, et se placa la tête en bas, sans ôter pour cela de la coque l'extrémité de son abdomen. Dans cette nouvelle position, l’insecte se tenoit à peu près immobile, ses quatre pates antérieures étendues, et les deux autres fortement accrochées dessous la feuille, et de chaque côté de la coque. Pendant près d’une heure et demie, je distinguai, facilement , au travers du tissu , tous les mouvemens de la filière : g'étoit un pinceau à deux brins qui se promenoit de droite à gauche, et de haut en bas, avec beaucoup d’agilité, dans l'in- térieur de la coque; et qui en enduisoit les parois et les bords, extérieurs, de cette liqueur gommeuse dont nous avons parlé, Cette coque travaillée de cette manière, et toujours en dedans, s’accrut, s'épaissit, et devint enfin si compacte, qu'il me fut impossible de distinguer les mouvemens de la filière. Cependant de petites bulles d’air commencoient à s'échapper de l'intérieur de la coque. Je pensai que c’étoient les œufs qui occasionoient ce déplacement; en effet, au moment où l’hy- drophile écartoit son abdomen de l’extrémité de ses élytres, japprochai une forte loupe, et j'aperçus distinciement de pe- üts corps oblongs et blanchätres qui se placoient les uns à côté des autres, et que les filières recouvroient à mesure d’une liqueur blanche et transparente. En trois quarts d'heure la ponte fut achevée; linsecte retira peu à peu son abdomen de dessous la feuille; ferma sa coque assez imparfaitement, et prit une nouvelle position. Il lui restoit à former la pointe qui termine cette coque. Pour y travailler, lhydrophile, ayant tonjours la téte en bas, ramena ses pates postérieures sur la feuille, et. les plaça de En *# y 4 448 ANNALES DU MUSÉUM chaque côté de la coque (1). Les élytres, dont l'extrémité se trouvoit à fleur d’eau, étoient écartées de l'abdomen, et dépas- sées de quelques lignes par l’anus qui étoit très-dilaté. Rien ne cachoit plus les filières; on pouvoit en suivre tous les mouve- mens ; ils étoient continuels et rapides. Il fallut cependant plus d’une demi-heure à l'hydrophile pour former cette pointe: l'insecte portoit ça et là, au-dessus de la coque et sur le bord de la feuille, un fil délié et jaunâtre, qui prenoit au même instant de la fermeté; bientôt de nouvelles couches .étoient appliquées sur la première; et comme la dernière dépassoit toujours de quelques lignes la précédente, il se forma insen- siblement un appendice mince et conique, d’une couleur jaune citron, qui s'éleva à un pouce environ au-dessus de la surface de l’eau. Ce travail achevé, l'hydrophile dirigea légè- rement sa filière de haut en bas le long de la pointe, et rame- nant à mesure tout son corps sous l’eau, il abandonna sa co- que, qui dès ce moment fut terminée. Tous les travaux de la ponte ont donc duré environ trois heures. Frois hydrophiles ont ainsi filé leurs coques sous mes yeux; mais je n'ai pu les suivre qu’une seule fois dans leur premier travail, tant il est diflicile, à ce moment, de les bien observer sans les interrompre. Il n’en est pas ainsi lorsque la ponte est commencée; car un hydrophile que j'avois retiré de l’eau avec sa coque a néanmoins continué son travail : j'ai enlevé avec des ciseaux le dessus de cette coque; j'ai observé pendant un quart-d’heure tout le mécanisme des filières; j'ai même posé l’insecte avec sa coque sur une table; et il n’a pas cessé de filer et de pondre, tant la nature commande impérieuse- ÆRé n0 n6% pl ébyinjens fune Sion RE otre de (G:) Voir la planche fig. 3. D'HISTOIRE NATURELLE. 449 ment. Ce besoin paroïit si pressant, qu'il est présumable que c’est l'impossibilité d'y satisfaire qui a donné lieu au fait sui- vaut. . J'avois placé trois hydrophiles femelles dans un vase rempli d’eau, sans aucun corps étranger qui püt servir à fixer leurs coques. Ces insectes n’ont point filé; cependant ils ont tous pondu une espèce de coque obiongue, jaunâtre et cartila- gineuse, de la grosseur d’un grain d'orge, qui s’est détachée de l'anus, et qui est tombée au fond du vase. Etoit-ce le pro- duit d’un avortement ou bien un amas de liqueur surabon- dante? c’est ce que je ne puis décider, n'étant pas certain que ces coléoptères n’eussent pas déjà filé de véritables coques. J'ouvris celle#ci au bout de quelques jours; elle ne contenoit ni œufs ni liqueur. Si l’on s'arrête maintenant à considérer les filières et la li- queur qui en découle, la nature des coques, et la disposition: extérieure et intérieure de chacune de leurs parties, on ne pourra qu’admirer l'harmonie avec laquelle ces parties con- courent toutes au même but, qui est le développement des œufs et la conservation des larves. Les filières (1) sont deux filets de la longueur de deux lignes, écailleux, coniques , et composés de deux articles inégaux : le premier article est d’un fauve clair, semé de petites taches brunes; et le second, beaucoup plus petit que le premier, est brun et terminé par un cil blanchätre et transparent. Deux petits appendices charnus, non articulés et coniques, sont placés, ainsi que les filières, près de l’anus, entre deux (1) Voir la planche fig. 9: 450 ANNALES DU MUSÉUM lèvres cornées et demi-circulaires qui terminent le dernier anneau de l'abdomen. C’est la partie charnue de ce dernier anneau que l’insecte contracte et dilate à son gré, et qu'il fait mouvoir continuellement et en tout sens pour son travail. Les deux filières, qui n’ont par elles-mêmes aucun mouve- ment, participent à tous ceux que leur imprime cette base si mobile, On sait qne les hydrophiles, lorsqu'ils sont dans les eaux, ont la faculté de tenir de l’air en réserve sous leurs élytres; il en est même qui ont continuellement une bulle d'air sous leur abdomen, de manière qu’en se posant sur un corps solide placé dans l’eau, il se fait entre les deux corps un vide qu’oc- cupe aussitôt la portion d'air qui étoit destinéé à alimenter les stigmates. C'est ce même air qui est renfermé dans la coque de l'hydrophile; il en est le premier élément, il sert à l'insecte pour respirer pendant tout le temps de son travail, et il préserve ses œufs de l'inondation, L'hydrophile a donc besoin d’un point d'appui pour asseoir les premiers fondemens de son édifice; toutes les plantes sèches ou fraîches lui sont également propres; il y fixe sa coque : ainsi c'est une erreur lorsqu'on a dit qu’elle flottoit isolément sur l'eau , et que la pointe qui la termine servoit de mât à celte espèce de petite nacelle; cela doit tout au plus s'entendre de quelques coques vides que le hasard auroit ainsi placées. J'ai toujours éprouvé qu'une coque remplie d'œufs se renverse par son propre poids, de façon que la partie supérieure se trouve submergée. Ceci paroît dépendre de la manière dont les œufs sont placés dans la coque. Quel est donc l'usage de la pointe, de ce prolongement en ’ D'HISTOIRE NATURELLE. A5x forme de corne qui s'élève toujours hors de l’eau? On a pensé, avec assez de fondement, qu'il servoit à l'introduction de l'air extérieur. L'examen des différentes natures de liqueur qui entrent dans la composition des coques semble justifier cette opinion. Ces liqueurs sont de trois sortes. Celle qui sert à former le tissu extérieur de la coque est une sorte de pâte liquide et gommeuse, qui se fond et s’a- malgame avec tout ce qui l’entoure, et qui devient, en se sé- chant, une enveloppe assez flexible, et pourtant tellement compacte, qu'il est impossible à l'eau de pénétrer dans la coque. La seconde liqueur est celle qui, au moment de la ponte, sert à envelopper chaque œuf. Elle prend une forme coton- neuse. C’est comme un léger duvet d’une grande blancheur, qui maintient les œufs dans la place qui leur est propre, et qui les empêche de se froisser. Enfin la troisième liqueur, celle qui entre dans la compo- sition de la pointe, differe des deux précédentes, en ce qu’elle se change en un tissu soyeux, sec, poreux et lustré, qui ressemble beaucoup à celui des coques de lépidoptères. Ge tissu paroït d'autant plus propre à l'introduction de l'air, que l’eau le pénètre facilement dès qu’il est sabmergé. Tous les naturalistes connoissent les coques du grand hy- drophile. Leur forme est ovoide, et la pointe qui les termine les fait aisément remarquer sur la surface des eaux stagnantes. Comme elles sont, pour ainsi dire, moulées sur Pabdomen du coléoptère, c’est la grosseur de l'insecte qui en détermine les proportions. Leur couleur est toujours blanchätre, à l’ex- ception de la pointe, qui est d’un brun foncé, l'air séchant et brunissant cet appendice qui, de plat qu'il étoit d'un 452 ANNALES PU MUSEUM seul côté (1), s’arrondit alors en forme de tube dans toute sa longueur (2). L'ouverture, préparée pour la sortie des larves, se voit à la base de cet appendice. Elle n’est ordinairement fermée que par quelques fils qui, au moyen de l'air que renferme la coque, suffisent pour empécher l’eau d'y pénétrer. Il arrive pourtant que les œufs les plus rapprochés de cette ouverture n'ayant pas assez d'air, ou ne pouvant être suflisamment préservés de l'humidité, se corrempent et n’éclosent point Si l’on ouvre une de ces coques, et qu’on enlève tonte la section opposée à la partie la plus voisine de la surface de l'eau, on aperçoit quarante-cinq à cinquante petits cylindres légèrement renflés et courbés vers leur sommet, de la lon- gueur de deux lignes (3), groupés en forme de croissant au milieu de la coque, tous dans une position à peu près ver- ticale, à égale distance les uns des autres, et placés chacun dans une case particulière que forme la liqueur cotonneuse dont nous avons parlé (4). Ce duvet qui retient les œufs, est attaché à la partie supérieure de la coque, et laisse à la partie inférieure et tout autour un espace vide qui s'étend jusqu’à l'ouverture. Cette disposition des œufs explique suflisamment comment une coque ne peut se maintenir isolément sur l’eau dans la position qui lui est naturelle. La larve de lhydrophile ne sort pas de l'œuf en laissant une enveloppe vide qui conserve sa forme, comme on le voit à (1) Voir la planche fig. 4. (2) Voir la planche fig. 5. (3) Voir la planche fig. 6, A. (4) Voir la planche fig. 4. D'HISTOIRE NATURELLE. 455 Ja naissance des larves de lépidoptères et de plusieurs autres insectes. L’œuf prend une sorte de développement; il se gonfle, comme le feroit une larve qui va subir un changement de peau; il devient brun et luisant, au point que l’on distingue quelques formes de la larve future, et particulièrement ses yeux; bientôt la pellicule qui l'enveloppe se rompt, et au lieu d’un petit cylindre lisse et sans mouvement, c’est une larve deux fois grosse comme lui (1), qui s’agite en tous sens, et qui ne laisse aucune idée de sa première forme, Elle se dégage avec d’autant moins de peine de l'enveloppe qui la tient emmaillotée et du duvet qui la couvre, qu’il se trouve au-dessous de sa tête un espace libre pour la recevoir, et il est à remarquer que les têtes de toutes les larves sont à cet effet dirigées de ce côté. C’est dans cette partie inférieure de la . coque que ces larves se retirent; c’est là que, pendant plus de douze heures, elles s'agitent les unes sur les autres, sans laisser aucune trace des cases cotonneuses qui les tenoient sé- parées, et sans prendre de nourriture. Ces coques seroient sans doute beaucoup plutôt aban- données si l'air ne sy renouveloit pas; j'ai éprouvé plu- sieurs fois qu’elles devenoient plus pesantes aussitôt la nais- sance des larves, ce qui ne peut guère s'expliquer que par une plus grande quantité d’air, qui se trouve alors renfermée dans la coque, et qui n’a pu s’y introduire que par la pointe. Naissance.Les œufs éclosent ordinairement dans l’espace de douze à quinze jours : (mes expériences ont eu lieu du 6 mai au 29). La température de l'atmosphère hâte ou retarde la (1) Voir la planche fig. 6, B. 14. 58 454 ANNALES DÜU MUSÉUM naissance des larves et leur sortie de la coque. Ces insectes ont à peine quitté leur nid, qu’on les voit y rentrer, sortir de nouveau, Sy attacher en groupe, et se jouer tout autour, jusqu’au moment où le besoin de nourriture les force à s'en écarter, et les disperse tous. Les caractères propres et distinctifs de la larve de l'hydro- phile brun, sont ceux ci-après (1): Corps déprimé dans toute sa longueur. Peau épaisse, ridée, et d’une couleur noire de bistre. Tubercules latéraux très- petits, charnus, et dépourvus de poils. Appendices posté- rieurs, cylindriques, très-courts. Tête d’un brun rougeûtre, ronde; lisse, plus bombée dessous que dessus, et propre à se renverser en arrière. Antennes de trois articles légèrement ciliés, dont le premier égale en longueur les deux autres. Deux yeux lisses, ou plutôt quatre points noirs, oblongs et peu ap- parens placés de chaque côté de la tête. Bouche munie 1.° de deux mandibules arquées, courtes, épaisses ; la mandibule droite pourvue à son milieu d’une dent mousse et bifide, et la gauche d’une dent moins obtuse, mais simple et rapprochée de l'extrémité; 2° de deux mächoires longues, presque cylin- driques, très-peu ciliées , tronquées à leur extrémité, et termi- nées chacune par un palpe de quatre articles, dont le premier est,dilaté en forme de crochet du côté interne; 3.° d’une lan- guette composée de deux pièces cordiformes, la plus grande supportant la plus petite, et cette dernière offrant un petit palpe de deux articles, sur chacun de ses deux lobes qui sont échancrés et séparés l’un de l’autre par un petit tubercule glo- (1) Voir la planche fig. 7. D'HISTOIRE NATURELLE, 455 buleux. Pates de couleur fauve, courtes, aplaties, ciliées et terminées chacune par un fort crochet. Cette larve change plusieurs fois de peau, dans l’eau, et à la manière des autres larves de coléoptères. Toutes celles de cette espèce que j'ai élevées à la sortie de l'œuf sont mortes après ce premier changement de peau, sans doute afloiblies par le manque de nourriture convenable; mais, aux appro- ches de l'été, je me procurai d’autres individus de la même espèce, plus âgés, et conséquemment plus robustes, qui par- vinrent tous à leur dernier degré d’accroissement. Lorsque je pris ces larves, elles ne firent d’abord aucuns mouveméns pour se défendre : elles se rendirent si flasques, qu’on eût cru ne toucher qu'une simple dépouille ; mais en les saisissant près de la queue, elles se contractèrent aussitôt, et perdirent près d’un tiers de leur longueur; elles s'agitèrent brusquement,et lancèrent, avec un léger bruit, par leur partie postérieure, une eau fétide et noire (1). Je les mis dans de l’eau de fontaine, et elles ynagèrent avec facilité, en agitant vivement leurs pates garnies de poils. Elles venoient respirer fréquemment à la sur- face de l’eau, en y appliquant l'extrémité postérieure de leur corps; et dans leurs momens de repos, elles se tenoient accro- chées aux plantes aquatiques, et souvent les unes aux autres, (1) On a déja remarqué que plusieurs larves aquatiques ont la faculté d’aspirer et de rejeter l’eau par leur partie postérieure; celles de quelques libellules, dyti- ques, et hydrophiles sont dans ce cas. Ces larves ne font pas toutes le même usage de cette eau; les libellules s’en servent pour se mouvoir en avant (Anatomie com- parée de M. Cuvier); les dytiques pour humecter leur corps lorsqu'il est exposé hors de l’eau à la trop grande chaleur de l'atmosphère (mes observations), et les hydrophiles, tel que celui-ci, pour se défendre sans doute de l'approche on de l'at- taque de leurs ennemis. ic 456 ANNALES DU MUSEUM étendues horizontalement et maintenant toujours à fleur d’eau l'organe de la respiration. Ces larves ne se livrèrent aucuns combats; elles vécurent d'insectes aquatiques, et particulière ment de linacçons d’eau, appelés bulimes, dont elles sont très. friandes (1). Je leur donnai aussi de petits morceaux de viande crue dont elles s'accommodèrent pendant plus de quinze jours. Transformations. Lorsque ceslarves approchèrent du temps de leur métamorphose, elles cessèrent de manger; et comme elles ne pouvoient sortir du vase qui les renfermoit, elles se mirent à en tàter les parois avec une sorte d'inquiétude, en élevant leur partie postérieure hors de l'eau, comme pour chercher à atteindre la terre. Je me hâtai de les y poser, mais lune d'elles étoit déjà noyée, tant les changemens d’organisa- tion intérieure sont rapides et considérables, lorsque le temps de la transformation est arrivé. Les autres larves entrèrent dans la terre en se servant, pour la creuser, de leurs mandibules et de leurs pates; elles s'y en- foncérent à deux pouces de profondeur, et elles emploierent cinq jours à s'y former une retraite, en comprimant la terre en tout sens avec leur corps. Cette cavité, à peu près sphé- rique, d'environ dix-huit lignes de diamètre, et très-lisse à sa partie inférieure, ne laissoit apercevoir aucune issue, C’est là qu'une de ces larves, courbée en arc, et posée sur le ventre, attendit pendant dix jours sa métamorphose, qui s'opéra assez promptement. Sa peau se fendit sur le dos jusqu’au quatrième (1) Lyonnet a décrit l'espèce de chasse que ces larves font à ces limaçons d'eau. Comme j'ai souvent répété ses expériences, j'ai eu aussi l’occasion de m'assurer de la fidélité de son intéressante relation, D'HISTOIRE NATURELLE, 457 anneau, à partir de la tête; et la nymphe, longue de treize à quatorze lignes, se fit jour par cette onverture. Cette nymphe (1) est d'un couleur blanchätre; ses appen- dices postérieurs sont fourchus à leur extrémité, et l’on re- marque sur chacun des deux angles antérieurs de son corcelet, trois aigrettes de substance cornée qui sont recourbées en avant de la tête. La position que prit la nymphe dans sa cavité souterraine, ne tarda pas à m’apprendre l'usage de ces parties cornées : la tête abaissée sous le corcelet et l'abdomen légèrement courbé, elle s’'appuya sur ces six aigrettes et sur ces deux appendices, Ainsi soutenue à quelque distance de la terre, elle ne pouvoit pas en redouter l'humidité, et se trouvoit placée commodé- ment pour les travaux de sa métamorphose. J'ai remarqué que la conrbure des aigrettes de cette nymphe a une telle relation avec celle de la cavité qui la renferme, que si l’on renverse l’insecte sur le dos ou sur la côté ,il lui suffit de quel- ques mouvemens dans les anneaux de son corps pour repren- dre sur-le-champ sa première position; tandis que, placé dans une cavité d’une courbure différente, il ne peut qu'avec peine se metre dans sa position naturelle. Cet état de nymphe dura trois semaines, pendant lesquelles toutes les parties cornées se colorèrent graduellement. La dernière métamorphose eut lieu de la manière suivante : une longue enveloppe blanche se fendit sur le dos de la nym- phe, qui déjà étoit un insecte parfait; l’hydrophile se renversa sur le dos, et à l’aide de ses pates et du mouvement onduleux de ses anneaux, il parvint à se débarrasser entièrement de (1) Voir la planche fig. 8, 4538 ANNALES DU MUSEUM cette enveloppe. Aussitôt les élytres, qui étoient appliquées sur le ventre, se placèrent sur le dos; les ailes se déployèrent, et restèrent étendues jusqu'à ce qu’elles eussent pris de la fer- meté; bientôt l’insecte les retirant sous ses étuis encore blancs et sans consistance, se releva sans effort et se posa sur ses pates mal affermies. Il prit en vingt-quatre heures la couleur brune qui lui est propre, et resta douze jours dans la terre sans faire aucun mouvement, Ce temps expiré, il commenca à s’agiter, et la dureté de ses pates et de ses mandibules lui permettant alors de forcer sa prison, il s'échappa par une ouverture assez petite, à la faveur de la flexibilité de ses élytres et de la com- pressibilité de son corps. On conçoit qu'un temps sec ou humide facilite ou retarde cette évasion. Ainsi, il a fallu quatre-vingt-dix-huit jours environ à l’hy- drophyle pour se reproduire dans son état parfait, dont soi- xante ont été passés sous celui de larve. L'espèce que j'ai obtenue est le grand hydrophile de Geof- froy, laydrophile brun de M. Latreille (1). Comme elle est très-complétement décrite par ces deux savans entomo- logistes, je me contente de renvoyer à leurs ouvrages. Mon intention, en écrivant sur les larves, est de ne parler des in- sectes parfaits qu'indirectement. Si l’on récapitule maintenant tout ce que je viens de dire de lhydrophile brun, et que l’on se représente à la fois le lieu de son habitation, sa nourriture, son accouplement, ses on QG) Je compte faire usage, autant qu'il me sera possible, des dénominations de M. Latreille. Voyez, pour l'insecte dont il s’agit, son Genera crustaceorum et insec- torum, tom. 2, pag. 65, et son Histoire naturelle des crust. et des insect. tom, 10, pag. 61, Duet File del Diferents etats de ZL'HYDROPHYLE . Fig .9 , Pen D'HISTOIRE NATURELLE, 459 œufs; la coque qu'il file sous l’eau pour les y renfermer; les caractères et les mœurs de sa larve, la cavité qu’elle forme dans la terre pour se métamorphoser; les transformations de la larve en nympbhe, les formes et les habitudes de cette nym- phe; enfin la manière dont l'insecte parfait se dégage de sa dernière enveloppe, et les moyens qu’il emploie pour sortir de sa retraite souterraine; on trouvera dans cette réunion l'histoire tout à fait complète de cet hydrophile, le plus grand coléoptère aquatique de nos climats. _ Explication de la planche n° Frc. 1 Accouplement. Fic. 2. Hydrophile commençant à filer. Fic. 5. Hydrophile achevant sa coque. Fic. 4. Coque ouverte. Fic. 5. Coque vide. Fic. 6. A, œufs. B, larvé naissante. Frc. 7. Larve dans tout son accroissement. Fic. 8 Nymphe dans sa cavité souterraine, Fie. 9. Filières vues au microscope. 460 ANNALES DU MUSEUM DE LA SYNONYMIE DES ESPÈCES DU GENRE SALMO QUI EXISTENT DANS LE NIL. PAR M. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, l: temps a consacré l'usage introduit par Artédi, d'appliquer le nom de salmo à tous les poissons abdominaux qui, ayant deux nageoires dorsales, en ont une des deux fort petite, pri- vée de rayons, et formée seulement par une simple expansion de la peau. Il a sans doute fallu, avant de songer à ranger les poissons dans une série naturelle, occuper d'abord des moyens de les distinguer, et il n’est pas étonnant qu’à l'époque où l’on n’em- ployoit à la distinction des êtres que les choses de leur exté- rieur les plus apparentes, on ait accordé autant d'importance à cette seconde nageoire, que sa mollesse habituelle a fait dé- signer sous le nom de nageoire adipense. On ne peut en effet expliquer le choix qu’on en a fait comme caractère générique, que par la commodité qu’on a trouvée à s’en servir; car d’ailleurs il est impossible d'indiquer l'usage de cette partie, et il l'est également de lui trouver quelque D'HISTOIRE NATURELLE. AGx influence sur l’organisation. Comme pièce de lextérieur, elle n’a d'action ni sur les muscles, ni sur les parties du squelette en contiguité avec elle; c’est tout simplement une excroissance du système cutané. Qu’elle existe dans un poisson ou qu’elle vienne à y manquer, rien n’est au surplus changé dans la condition de cet être; les goûts de l'animal, ses habitudes et ses allures n’en peuvent être affectés. Une circonstance semble pourtant la relever aux yeux du physiologiste, c’est la fixité de sa position : on ne trouve effec- tivement de nageoire adipeuse que vers la naissance de la queue; mais il en est une cause appréciable : le lieu où s’atta- che cette partie en détermine la nature. Placée plus haut, ce ne seroit plus une nageoire adipeuse, une nageoire rudimen- taire, mais elle deviendroit ce qu'est une deuxième nagcoire dorsale dans les autres poissons, c’est-à-dire une nageoire complète et pourvue de tous ses rayons, ceux-ci existant par- tout où ils trouvent à se développer. Il est quelquelois des organes du méme ordre qui n’appar- tiennent qu’au système cutané, dont on w’apercoit pas davan- tage la liaison avec les choses de leur voisinage, et dont linu- tilité est également manifeste, qui cependant sont considérés comme ayant une grande valeur; mais c’est qu’alors ils four- nissent des indications infailibles d’une conformation com- mune à d’autres espèces. La nageoire adipeuse n’est pas dans ce cas : on ne peut pas dire qu'elle ne se trouve que dans des poissons qui ont d’ail- leurs la plus grande affinité, puisqu’en nous bornant aux quaire espèces du Nil où elle existe, on voit qu’elle réunit des êtres qui différent les uns des autres, non-seulement par les pro- portions de leurs parties respectives (ce qui ne peut avoir lieu 14. 59 4G2 ANNALES DU MUSÉUM que ce ne soit le produit de beaucoup de différences partielles), mais encore par la forme et la nature des dents. La prééminence appartenoit sans doute à ce dernier carac- tère, Les dents jouent un si grand rôle dans l’économie animale, et sont dans une corrélation si nécessaire avec les organes de la digestion et dans beaucoup de circonstances avec ceux du mou- vement, qu'on auroit dù espérer de leur emploi le même avantage dans la classification des poissons que dans celle des mammiferes : leur moindre modification influe sur les habi- tudes des animaux, et très-souvent elles sont un indicateur excellent de l’état des viscères. Des quatre espèces du Nil auxquelles on doit, datés les règles établies, le nom générique de salmo, trois sont pu- bliées, et portent dans la treizième édition du Systema na- turæ les noms de salmo egyptius , salmo niloticus et salmo dentex (1). Les Arabes leur donnent, en Egypte, les noms de néfasck, raï et raschal. La discussion dans laquelle nous allons entrer va montrer que les auteurs systématiques ont entendu diversement les relations des voyageurs qui ont trait à ces auimanx. ° Nérascx. Il semble qu'il n'y avoit rien de plus facile que d’être d’at- cord sur la nomenclature de ce poisson, puisqu'il n’a encore été décrit que par un seul auteur, Hasselquist, dans son voyage en Palestine, page 378. On eut d’ailleurs inutilement désiré un guide plus sûr et des observations plus exactes. (1) Prodrôme du 2. vol, de la description du cabinet du prince Adolphe-Frédé- ric, {. 2, p. 99. D'HISTOIRE NATURELLE. 163 Le néfasch parut d’abord sous le nom de salmo niloticus. Sur ces entrefaites, Linnæus en décrivit un autre. Il avoit donné des soins à la publication de l’ouvrage d'Hasselquist : on crut en conséquence qu'il avoit voulu parler du même salmo niloticus ; mais Linnœus, trompé sans doute par une transposition d'étiquettes, décrivit une toute autre espèce, ce qui n’est point équivoque, puisque les caractères (1) qu'il assigne à la sienne ne conviennent ni au sa/mo d'Hasselquist, ni à aucun autre salmo du Nil : il répéta plus tard la même faute dans la douzième édition du $ystema naturæ. Gmelin ne manqua pas de la transcrire dans la treizième, et il trouva de plus le moyen d’embrouiller de nouveau la synonymie de ces salmo, par le mauvais emploi qu'il fit d’un passage de la Faune arabique. En effet, Forskal y avoit aussi donné un salmo niloticus ; mais la preuve que dans les notes qu'il a laissées, et que ses éditeurs n’ont pas toujours entendues dans leur vrai sens, ce savant naturaliste n’avoit attaché au mot z1/oticus d'autre idée qu'une indication de patrie, c’est qu'il ajoute qu'il faut bien se garder de confondre cette nouvelle espèce avec le salmo miloticus d'Hasselquist, que ce sont deux espèces très-dis- tnctes, et qu’elles sont connues des Egyptiens sous deux noms différens, celle-là sous le nom de raë, et celle-ci sous celui de néfasch (2). Comment donc est-il arrivé qu'après un témoignage aussi (1) Pinnis omnibus flavescentibus, corpore Loto albo. D, 9,0. P, 15. V. 9. A. 26. Prod. pag. 99, etc. Syslema naturæ , 12 édition. (2) Salmo niloticus est arabum raï : Radiis dorsalibus 9, adeoque diversissimus ab Hasselquishi (nilotico) qui est Egypliorum néfasch. Fousx. pag. 6€, oO 464 D'HISTOIRE NATURELLE, positif, Gmelin n'ait admis qu’une partie de l'opinion de Forskal, et qu’en insérant dans son Catalogue la nouvelle es- pèce de ce voyageur, dont il changea seulement le nom en celui de salmo egyptius, il ait ensuite donné cette étrange assertion, que c'éloit là le néfasch des Egyptiens, le salmo niloticus d'Hasselquist? On doit sans doute de l'indulgence a d'aussi grandes compilations que celle d'un Systema naturæ ; mais cependant, quand on considère que de tels ouvrages de- viennent avec le temps, par l’insouciance du plus grand nom- bre des naturalistes, des livres classiques, on ne sauroit trop vivement regretter qu'il sy introduise de semblables erreurs. On a cru y remédier dans ces derniers temps (1) par le nom de néfasch rendu à ce poisson, tandis qu’on a, au con- traire, laissé les choses dans le même état, en se bornant à traduire la description de Gmelin (2), qui, en dernière ana- lyse, n’est qu'un assemblage monstrueux de traits qui appar- üehnent, partie au néfasch et partie au rai. 2. Puaï, La description du raï date de 1757, ainsi que celle du néfasch : les dents courtes, grosses et ramassées de ce poisson l'avoient fait prendre pour un spare par Hasselquist; mais Lin- næus, entrainé par la considération de sa nageoire adipeuse, le ramena bientôt, et dans l’ouvrage même de son disciple, parmi (1) Salmo nefasch. Bownarenne, planches de l'Encyclopédie méthodique. (2) Nous la rapportons ici. Rad. D. 23, dorso vwirescente , dentibus maxillæ infe- rioris majoribus. Ce grand nombre de rayons est pris de la description du néfasch, et le reste, copié littéralement de Forskal, de celle du rai, D'HISTOIRE NATURELLE. 465 les salmo, en lui donnant le nom de salmo dentex. I lai ôta ce nom dans la suite, et en fit le cyprinus dentex, quand dis- posant ses matériaux pour le deuxième volume de la Des- cription du cabinet du prince Adolphe-Frédéric, il vint à passer en revue les animaux provenant du Woyage en Pa- lestine, et qu'il s'apercut ou crut voir que ce poisson m’avoit point de nageoire adipeuse. Le raÿ est en effet donné pour un cyprinus dans le Prodrome de ce second volume, et dans la douzième édition du $ystema naturæ. Une autre méprise produisit une erreur d’un effet plus fâcheux : la description qu'Hasselquist avoit faite du raï est aussi exacte et aussi compiète qu'on pouvoit l’attendre d'un aussi habile naturaliste; il ne se trompa que sur son nom appellatif en Egypte, Æalb-el-barh (x), qui est celui du ras- chal. I paroit que Forskal ne donna d'attention qu'à eette citation, et certain d’avoir sous les yeux un véritable Æa/b.el- dark, il transporta, sans s’en douter, le nom de salmo dentex du rai au raschal. Gmelin, qui vint ensuite, et qui travailloit avec trop de promptitude pour prendre le temps de comparer ensemble deux descriptions originales, se borna à adopter toutes les opinions de Forskal. Il crut rétablir le sa/mo dentex d'Has- selquist, quand il lui appliquoit les caractères d’une espèce entièrement nouvelle : et, comme si ce n’étoit assez de cette première erreur, dans le même temps qu’il faisoit perdre son nom de dentex au raï, il lui donnoit le nom de nrloticus qui (:) Kalb-el-barh, c'est-à-dire chien de mer : on l'appelle aussi Kelb-el-moyé, ou chien d’eau. 466 ANNALES DU MUSÉU M appartenoit au néfasch, étrange compensation qui ne pou- voit être soupçonnée par aucun naturaliste sédentaire. 3. Rascraz. Cette espèce n’a encore été indiquée que par Forskal, et nous venons de voir comment il est arrivé qu’on lui a appliqué le nom de salmo dentex, qui avoit été précédemment celui du rai. 4. CamMaR EL-LEILLÉ. Tel est le nom que les Arabes donnent à une quatrième espèce de su/mo qu'on trouve dans le Nil et qui est nouvelle. Sa forme rhomboïdale est ce qui les a décidés dans le choix de ce nom qu'ils donnent à la lune, et qui se traduit mot à mot par astre de nuit. Cette nouvelle espèce a les plus grands rap- ports avec le salmo rhombeus de Pallas, dont M. le comte de Lacépède a fait le type du nouveau genre serrasalme. Elle participe aussi des salmones par le caractère adipeux de sa deuxième nageoire, et des clupées par la carène dentelée de son ventre. J'ai décrit et figuré ces quatre espèces dans l'ouvrage sur l'Egypte, D'HISTOIRE NATURELLE. AG EEE TABLEAU Drs productions végétales distribuées et reçires par l'adminis- tration du Muséum d'histoire naturelle, depuis le premier vendémiaire an 14 jusqu'au 31 décembre 1806. ESPÈCES ET VARIÉTÉS. Aux écoles d'instruction publique... .,.. ÆEn arbres, arbris-| — jardins et pépinières nationales et sceaux, sous-arbris communales... eee sale seaux , arbustes , |— cultivateurs en correspondance avec le plantes vivaces, Muséum A IIS 9,190: bercules, bulbes, | — propagateurs des végétaux étrangers marcottes, greffes utiles à multiplier sur le sol de la et boutures don- PACE ele dane see dede eate nées .,... srsse.s| — amateurs.en rapports d’échanges avec le Muséum is ce st 002 stelse ste | À des jardins d'économie rurale, de méde- cine et de botanique ; à des sociétés li. bres d’agriculture ; à des hospices civils, militaires et de la marine; à d’ancien- 1 nesuniversités de médecine, à des écoles En graines. de la der vétérinaires et de plusieurs communes, 17,909 nière récolle pro- À des propriétaires, fermiers, jardiniers, 51,158 sachets de pres à être semées, pépiniéristes et amateurs qui se livrent à graines distri distribuées... | la culture et à la multiplication des végt- bués, taux, agréables ou utiles aux progrès dec sciences et de l'économie rurale en France ----"-... Dodo «bb ste 1e 23,139 À des jardins d'agriculture et de hotani- que ‘étrangers, en correspondance d’é- changes avec le Muséum,.......... 6 10,030 eme Le Muséum 2 reçu En végétaux vivans et de différentes na- dans le même laps EUROS - ete) aiatele se 0 pis felels aie sale sise ste 010 01e 269 de temps:........ En graines de divers climats........ 43 1,798 Certifié véritable, à Paris, ce 15 janvier 1807. THOUIN. 468 ANNALES DU MUSÉUM ETAT des dons faits au Muséum par ses correspondans, soit en graines, soit en plantes vivantes, depuis le premier vendé- miaire an 14, jusqu'au 31 décembre 1806 (1). Le Muséum a reçu: VÉGÉTAUX GRAINES K YIvans, De MM. Bosc, inspecteur des pépinières de Versailles, trente- quatre individus d’arbres et arbustes étrangers, formant viogt-une espèces différentes, utiles à l’école et à la pé- piniéres Greene nt MN sert S, De Cubieres, propriétaire cultivateur à Versailles, onze espèces d'arbres et arbustes de l'Amérique septentrio- nale, utiles à la pépinière, ci: ... . …+ . . |. , Gabriel, jardinier de Saint-Cloud, six plantes vivaces de pleine terre, la plupart originaires du Mont-Caucase, et qui manquaient au Muséum, ci. . . . . + . . | . . . 6 Westrems Themaat, propriétaire à Utrecht en Hollande, vingt espèces de graines de plantes étrangères à l'Eu- rope, et utiles in Muséum, ci. « + + + + , » « 20 Neckre de Saussure, naturaliste à Genève, soixante-dix espèces de graines de plantes alpines, ci « . . .. 70 Lacoste de Plaisance, propriétaire à Clermont, trente- six espèces de graines de plantes récoltées dans les montagnes de l'Auvergne, ci. . « . . . . 36 () L'état des séries de végétaux mis en distribution ne différant de celui des années précédentes que d’une très-petite quantité en plus ou en moins dans quelques séries, ona cru devoir se dispenser de Le faire imprimer ici, D'HISTOIRE NATURELLE, 4Gg EN ED LR DES YÉGÉTAUX GRAINES, « vivans. HepOTÉ EDEN. LES 126 51 De MM. Santi , professeur de botanique à Pise, uneboîte remplie de graines de pin laricio, utile aux distributions du AUS PORN ER ONE ANA: D AROQUTE 1 Hornemann, professeur de botanique à Copenhague, deux cents espèces de graines récoltées dans son jardin, etfutilestautMuséums, et 0e ID T SNS Pte DT 200 Schrader, professeur de botanique à Gottingue, trois cent vingt espèces de graines de plantes de sa récolte, ethutiles au Muséum, cLe1e1e Ua RE 320 Viviani, professeur de botanique à Gênes, 34 espèces de graines plantes de l’Apennin, utiles au Muséum, ci. 34 Van Genus, professeur de botanique à Utrecht, cent . espèces de graines de plantes utiles à l’école de bota- DIQUE »} ICI Are pte Lee nie bee le Me ele MON e Ne ire nil 100 À. M. Armano, directeur du jardin de botanique à Milan , vingt-sept espèces de graines de plantes nouvellement imtroduitestenpltalhes ce ae OMC DEN 27 Brotero, professeur du jardin de botanique de l’univer- sité de Coimbre en Portugal, dix-huit espèces de graines de plantes des possessions portugaises de l’A- mÉrIqUe CL ee Met eele he IN CU ONE P 18 Planta, propriétaire cultivateur en Italie, huit espèces de graines de plantes économiques, ci + + « . . .. 8 ‘Targioni Tozzetti, professeur d'économie rurale à Flo- rence, trente espèces de graines de variétés de plantes d'usage dans l’économie rurale et domestique, ci. .. 30 Turpin, peintre naturaliste, des graines d’un nouveau genre de plantes découvert dans l'Amérique septen- nionale ACT MN PURE, ÉTEND NE ARS SRE 1 Olivier, naturaliste voyageur, membre de l'Institut, quatre espèces de graines recueillies dans son herbier apporté dd Asie CHE See TP MEN Es 4 869 51 14. 6o 450 ANNALES DU MUSÉUM Report... 0 + + De MM. Dudresnay, propriétaire dans le département du Fi- nistére, six espèces de graines de plantes utiles au MUREUME CH Us le te er le DNS PNEU Wildenow, professeur et directeur du jardin de bota- nique de Berlin, soixante espèces de graines de plantes manquant à l’école de botanique, ci.. « « « « « .. Perrin, voyageur, cinquante espèces de graines récol- tées dans l'Inde et dont plusieurs manquoient au Mu- UM OL irc ets ete sic io tel MINT ES EE Pêche, naturaliste voyageur, cinq espèces de graines de plantes peu connues, recueillies en Italie, ci.. . .. Lahaye, directeur du jardin de Malmaison, dix-huit espèces de plantes en pots, presque toutes étrangères , nouvellement introduites en Europe, ci. « « . . ., Lelièvre, membre de l'Institut, une boîte de graines de pin maritime récoltées dans l'ile de Corse, et utiles aux distributions du Muséum, ci... , « « « . , .. Salm-Dick, propriétaire cultivateur dans le département de la Roer, quinze espèces d'arbustes et de plantes étrangères à l'Europe, manquant au Muséum, ci... Lahaye, directeur du jardin de Malmaison, vingt indi- vidus de dix-huit espèces de plantes, la plupart man- quant'au)Musétgn ci + MENU MIR eut: Decandolle, botaniste voyageur , quinze espèces de plantes récoltées dans les départemens de l'Ouest et utiles à l’école de botanique du Muséum, ci. « « . . .. Van-Eeden, cent soixante-trois bulbes de différentes varictés de liliacées de pleine terre, formant quatorze cspéces difiérentes, ici de late ete tete UL UE Robin, chargé d'affaires dans les Etats-Unis, quatre- vingt espèces de graines de plantes et d’arbustes de l'Amérique septentrionale, utiles au Muséum, ci. .. cuves, 869 51 6 Go 50 5 si robs 18 1 PUIOLE 15 té e 20 15 Her 163 80 1,086 267 D'HISTOIRE NATURELLE. Report. + s . « . . «+ | 1,086 De MM. Noisette, ‘propriétaire cultivateur à Paris, deux nou- velles variétés de pommiers utiles à l’école des arbres ÉnUiers NCIS ee Dale Valloite lelelislellette die le Jacquin fils, professeur de botanique à Vienne en Au- triche, soixante-sept espèces de graines de plantes utiles au PMUSENM, ICI: doit een tee lee elfe ile Sprengel, botaniste de Halle en Prusse, cent sept espèces de graines de plantes utiles à la collection du Muséum; Create ele Nelson Melia Ne) e)te 10 Wildenow, professeur de botanique à Berlin, quatre- ï “vingt-huit espèces de graines de plantes de sa récolte, manquant pour la plupart à l’école du Muséum. . «. Martin, directeur du jardin de botanique de Toulon, cent vingt-cinq espéces de graines d'arbres et de plantes utiles à l’école et à la pépinière du Muséum, ci.. .. 88 Hornemann , professeur de botanique à Copenhague, cent soixante-quirze espèces de graines de sa récolte et de celle de ses correspondans dans le Nord, ei. . . .. Wildenow, professeur de botanique à Berlin, cent es- pèces de graines de plantes de sa récolte et de celle de ses correspondans dans le nord de l'Europe. . .. Decandolle, botaniste voyageur, vingt-cinq espèces de 100 graines de légumes perfectionnés par la culture, man- quant à l'école d'économie rurale, ci. . . . , . .. Perard, voyageur, vingt-cinq espèces de graines d'arbres et de plantes de l'Amérique septentrionale, utiles à l'école de botanique du Muséum, ci . 25 TMOTAG ISSU 6e * GRAINES. 473 VÉGÉTAUX vivaces: 267 472 ANNALES DU MUSÉUM TABLEAU Drs productions végétales distribuées et reçues par l'adminis- tration du Muséum d'histoire naturelle, depuis le premier janvier 1807 jusqu'au 51 décembre de la même année. ESPÈCES ET VABIÉTÉS, En arbres, arbris- pre écoles d'instruction publique. ...... seaux, sous-arbris-4 — jardins et pépinières nationales et seaux, arbustes, communales. .......s.s.u..sssese — cultivateurs en correspondance ou en 5, 050 rapports d'échanges avec le Muséum, plantes vivaces, tu- hercules, bulbes, marcottes, greffes EAS LPEX — propagateurs des végétaux utiles à mul- tiplier sur le sol de la France...... À des jardins d'économie rurale , de méde- cine et de botanique; à des sociétés li- 4 et boutures don- nées... tre bres d'agriculture, à des hospices civils, militaires et de la marine; à des ancien- nes universités de médecine ; à desécoles : vétérinaires et de plusieurs communes. 17,844 En graines de la der- |A des propriétaires, fermiers, jardiniers, 8,208 sachets de nière récolte, pro- pépiniéristes et amateurs qui se livrent à semences distri pres a étre semées\ ]: culture et à la multiplication des végé- bués. distribuées... taux agréables ou utiles aux progrès des sciences et de l’économie rurale en France... Fo AE AE 20,706 À des jardins d'agriculture et de botani- que étrangers en correspondance d’é- changes avec le Muséum...... denses Le Muséum areçu.. En graines de divers climats...,........ 3,882 En végétaux vivans de différentes natures. = 1] Certifié véritable, à Paris, ce 15 janvier 1808. THOUIN. D'HISTOIRE NATURELLE, 473 ETAT des dons faits au Muséum par ses correspondans, soit en graines, soit en végétaux vivans, pendant l'année 1807 (1). 10 GRAINES. Le Muséum a réçu: De MM. Chevallot, commandant du _ génie militaire à Verdun, neuf espèces de graines de végétaux étrangers, rares, utiles au Muséum, ci .. 9 Casimir Freycinet, propriétaire cultivateur à Loriol (Drôme), dix- sept espèces de graines d'arbres et arbustes indigènes aux dépar- temens méridionaux et utiles à la pépinière du Muséum, ci. .. 17 Rümer, directeur et professeur du jardin de botanique de Zuric en Suisse, cent. soixante-sept espèces de graines de plantes des Alpes helvétquestutiles/autMuséum ci. NME ROMANE AE 167 Lasalle, directeur du jardin de naturalisation de l'ile de Corse, soixante espèces de graines de plantes indigènes à cette île, et la plupart utiles au/Muséume Oo ele MENU CS Zuccagni, directeur et professeur du jardin de botanique de Flo- rence, deux cent quatre-vingt-dix-sept espèces de graines de plan- tes de sa récolte, utiles au complément de la collection du Muséum, Class tele el IPNTONON HE AQU IDE AMENER TRANT. 297 De Beauharnoïis, ambassadeur de France en Espagne, vingt-une espèces de graines récoltées au Pérou, presque toutes manquant au MUSÉE ; ÉCIRC TES TS S 0 Url SDS PAM RETENIR OR G) On ne réproduit point ici l’état des séries de végétaux mis en distribution, par la raison æxposée dans la note page 468, 454% ANNALES DU MUSÉUM Report. , s%9 sn & De MM. Schrader, directeur et professeur du jardia de botanique de l’uni- versité de Gottingue, deux cent dowze espèces de graines de végé- taux utiles à l’école de botanique du Muséum, ci «+ « « « « . .. Morell, directeur du jardin de botanique de Berne en Suisse, soixante- dix espèces de graines de plantes des Alpes helvétiques, utiles au Muséum tels, Clare a lotte te Mel le dote lee MER er DER LANCE Hyppolite Durazzo, propriétaire d'un jardin de botanique à Gênes, cent quarante espèc:s de graines de plantes de sa récolte, la plu- part manquant au Musénm ou à ses correspondans, ci. . « CE Hornemaun, professeur et directeur du jardin de botanique de Co- penbague, deux cent vingt-quatre espèces de graines de plantes de sa récolte, uftiies au Muséum, CL LU lil steel ete at en 2e De Schreber, directeur du jardin de botanique d’Erlangen , cent vingt- sept espèces de graïnes de plantes manquant pour la plupart à la collection du, Muséom,tei ts. #pnetuts installer it at oi). Decandolle, botaniste voyageur du gouvernement, vingt-cinq espe- ces de graines de plantes recueillies pendant ses voyages, et la plu- part manquant au Muséum, ci, «..,» . « . « « «+ + « « .. Biston, voyageur naturaliste, des graines d’un commier de Laponie. . . Correa, naturaliste portugais, vingt-sept espèces de graines de plantes du Brésil, presque toutes inconnues au Muséunr, ci «+ « « « .. Spin. propriétaire en Piémont, quarante-sept espèces de graines de plantes utiles au Muséum, ci. , . . . « . . . . . . . Thunberg, directeur du jardin de botanique d'Wpsal en Suède, vingt- trois espèces de graines récoltées en Sibérie, et qui presque toutes manquoient au Muséum, cie « . # 10 le es ee + à +. Pascal, professeur et directeur du jardin de botanique de Parme, deux ceuts espèces de graines récolées dans son jardin, dont les deux tiers environ sont utiles au Muséum, ci « + … 4» « « « .. Le général Houdetot, commandant à la Martinique, trente-une espèces de graines récoltées. dans cette colonie, et dont les deux tiers en- viron sont utiles au Muséum, ci... « y à « + + ot « Ma, Neckre de Saussure, physicien à Genève, soixante-onze paquets de graines des Alpes genevoises, dont la plupart sont utiles au com- plément de la collection du Muséum, ci. + + « … « « « « + 212 79 140 12% 200 D'HISTOIRE NATURELLE, Repofii NEA 7, De MM. Sringe, botaniste à Berne, trente-sept espèces de plantes des Alpes helvétiques, utiles au Muséum, ci. + « + + e + à + » + + + +. Ranffis, botaniste cultivateur à Salsbourg , cinquante-huit espèces de graines de plantes utiles au Muséum . . 4 . . . , . . , . .. Balbis, professeur et directeur du jardin de botanique de Turin, deux cent neuf espèces de graines de sa récolte ét utiles au Muséum, ci. Woodforz, amateur de botanique à Londres, vingt-deux espèces de graines qui lui ont été envoyées de la Chine et qui se trouvent utiles AUNMIUSÉUMER CT Se ie Die ete Date Dos celle Jacquin, professeur de botanique à Vienne, cent dix-huit espèces de graines de plantes manquant à la collection du Muséum, ci.. 209 22 SIT Freycinet, propriétaire cultivateur à Loriol, des graines du melia aZederACR MCE Ne Me ele hente ie lee le led oo. Montalan, propriétaire, dix espèces de graines de variétés de fleurs propres à l’ornement du jardin, ci.. . M... Armano, directeur du jardin de botanique de Milan, soixante es- pèces de graines de plantes utiles à l’école du Muséum, ci. .. Wildenow, professeuret directeur du jardin de botanique de Berlin, deux cent quatre-vingt-onze espèces de graines de plantes utiles à l’école de botanique du Muséum, ci. . « . . + o « Jacquin , professeur de botanique à Vienne en Autriche, quarante es- péces de graines de plantes utiles à la collection du Muséum, ci. Fischer, directeur du jardin de botanique de Gorinki près Moscow, en Russie, cent vingt espèces de graines récoltées en Sibérie, et la plupartiutiles au Muséum, cn. #20 0e Nelle tite delete ee Zea, professeur et directeur du jardin de botanique de Madrid, trois cent quatorze espèces de graines de plantes, la plupart utiles à l’école AU MUSEURIS CT eee ie ee SENN A EES Sir )e: Springel, directeur du jardin de botanique de Halle, cent vingt-sept espèces de graines utiles à l'école de botanique du Muséum, ci . Loiseleur-de-Longchamp, docteur en médecine, huit espèces de grai- nes récoltées en Provence, æ€i .. + « + > o 4 + + + + Neckre de Saussure, vingt-huit espécestde graines de plantes alpines utiles au Muséum ici . eee lee MONS... 10 Go 291 120 28 3732 456 ANNALES DU MUSEUM Réporétipes: etetshstole le 33213 De MM. Le directeur du jardin de botanique de Calcutta, dans l'Inde, cin- quante-trois espèces de graines de plantes utiles au Muséum; mais la plupart d'ancienne récolte et peu propres à la germination, ci. 53 Louis, voyageur, soixante-six espèces de graines de plantes récoltées dans différentes parties des Indes orientales, ei. « . + . + ««. 6€ Michel, jardinier en chef du jardin de botanique de Montpellier, cent soixante-sept espèces de graines utiles au jardin du Muséum, TETE NES INR PSP SEA ee ET EN CO DER et PER UT Schultes, professeur et directeur du jardin de botanique de Cracovie, trois cent quatre-vingt-quatre espèces de graines de plantes la plu- part utiles au Muséum, ci. . . - + + « + «1e + + + . + . «. 384 TOTAL ee setiuhahione vpheloilause 28092 a ———— 2* VÉGÉTAUX EN NATURE. De MM. Dumont-de-Courset, botaniste cultivateur , près Boulogne-sur-Mer, cinq espèces d'arbres étrangers manquant au Muséum, ci. . . .. 5 Noisette, cultivateur, barrière du faubourg Saint-Jacques, vingt-huit variétés d'arbres fruitiers manquant au Muséum, Cie « « + + «. 28 De Magneville, cultivateur à Caen, cinq espèces d'arbres de pleine terres utiles au Museum CL er eu et. Le = et de. 5 Joseph Parmentier, propriétaire à Enghein en Belgique, huit espèces d’arbustes étrangers d’orangerie, utiles au Muséum, ci. « . + …. 8 Descemet, pépiniériste à Saint-Denis, trois individus d'arbres frui- Qi tiers utiles à l’école de cette partie, ci. + + + + + «+ + De Cubières, pépiniériste à Versailles, vingt-cinq espèces de jeunes plantes d'arbres étrangers utiles à la pépinière, ci. . .« . , . .. 25 Jouette, pépiniériste à Vitry, quatorze variétés d'arbres fruitiers utiles AUX IP DATI ee ele ee ele eee hislelele ie lellc 1224 Hervy, directeur de la pépinière du Luxembourg, dix-sept individus de différentes variétés d'arbres fruitiers, ei. . . . . . . . . .. 17 Van-Eeden, fleuriste à Harlem, soixante bulbes de dix-huit variétés de liliacées’ utiles au Muséum, ci .. . ie, sület ste loi ele +. 6o D'HISTOIRE NATURELLE. Report. EI eee De MM. Van-Marum, directeur du cabinet de physique de Harlem, cinq espèces de plantes manquant au Muséum, cie. + - « + + « .. Amelot, propriétaire cultivateur à Buzenval, cent vingt-sept jeunes plants d'arbres et arbustes étrangers de pleine terre utiles à la pépiniere, et formant quatorze espèces, ci. . + + + + + + + + ++ Du jardin de la Malmaison, en trois fois différentes, trente-neuf espèces d'arbres et arbustes de serre chaude et d’orangerie, man- quant à la collection du Muséum, ei. - + + + + « « o + + + -. Bosc, directeur de la pépinière de Versailles, neuf espèces d’arbustes utiles à la pépinière du Muséum, cis. + + oo + + + + « + Beville, propriétaire cultivateur à Saint-Denis, trois arbustes d'oran- gerie utiles au Muséum, (ci.. + . + + + +14 + + + © + Cels, cultivateur négociant, plaine de Montrouge, quarante-un indi- vidus d'arbres et arbustes, et plantes étrangères utiles aux regarnis de l'école de botanique, çie + + » 9 o + © © + 0 + + + ? . TOTALE Dale lentes Files eiee RÉCAPITULATION. 14 xAGramestrecueste nie the teusie tele teno-Caet ons. 13882 DHVÉBÉRAUXANECUS ee eee rite ee ele elle ele. 276 TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES Contenus dans ce quatorzième volume. M HAUY. Observations sur le minéral que MM. FFerner et Karsten ont appelé augit laminaire, (blätriger augit). 290—300 M FAUJASSAINT-FOND. Notice sur une mine de charbon fossile du département du Gard, dans laguelle on trouve du succin et des coquilles marines. 314—324 Notice sur le piquant ou l'aiguillon pétrifié d'un poisson du genre des raies, et sur l'os maxillaire d'un quadrupède trouvé dans une carrière des environs de Montpellier, précédée de quelques observations sur les corps organisés, fossiles ou pétrifiés qu'on trouve dans les environs de cette ville. 376—383 M. VAUQUELIN. Extrait d'un Mémoire sur les différens tabacs préparés. 21—2/4 TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES. 479 Examen chimique de quelques substances végétales, en- voyées au Muséum. 25—32 M. JUSSIEU. Mémoire sur les monimiées, nouvel ordre de plantes, 116—135 Mémoire sur les genres de plantes à ajouter ou retrancher aux fanulles des Primulacées, Rhinanthées, Acanthées, Jasminées, Verbenacées , Labiées et Personées. 385—396 Mémoire sur une nouvelle espèce de Marcgravia, et sur les affinités botaniques de ce genre. 397—A411 M THOUIN. Mémoire sur la greffe par rameaux, dite à orangers, son lustoire, sa description, ses usages et ses différentes sortes. 85—106 M. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. Mémoire sur les tortues molles, nouveau genre sous le nom de Triouyx, et sur la formation des carapaces. 1—20 De la synonymie des espèces du genre Salmo qui existent dans le Nil. 46o—/166 M. LAMARCK. Explication des planches relatives aux coquilles fossiles des environs de Paris. 374—355 Gr * 480 TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES. M. CUVIER. Des os fossiles de chevaux et de sangliers. 33—42 Supplément au Mémoire sur les ornitholithes de nos carrières à plâtre. 43—46 De quelques rongeurs fossiles, principalement du genre des castors, qui se sont trouvés dans des tourbes ou dans des alluvions , et de quelques autres rongeurs enfermés dans des schistes. 47—55 Recherches sur les espèces vivantes de grands chats, pour servir de preuves et d'éclaircissemens au chapitre sur les carnassiers fossiles. 136—164 Rapport fait à la classe des sciences physiques et mathé- matiques, sur le Mémoire de M. Delaroche, relatif à la vessie aérienne des poissons. 165—183 Sur les ossemens des fossiles de tortues. 227—244 M. LAUGIER. Examen comparatif de l'acide muqueux formé par l'action de l'acide nitrique, 1° sur les gommes ; 2° sur le sucre . La de lait. 107—115 M. FRÉDÉRIC CUVIER. Du pygargue et de l'orfraie, Falco pygargus et falco ossi- fragus, Linnæus. 301—313 M. LATREILLE. Nouvelles observations sur la manière dont plusieurs in- TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES. 48: sectes de l'ordre des hyménoptéres pourvoient à la sub- sistance de leur postérité. h12—425 M. BRARD. Mémoire sur la natrolithe et sur le gisement de cette sub- stance. 367—373 Mémoire sur les fossiles du genre Lymnée qui se trouvent aux environs de Paris, sur les autres coquilles qui les accompagnent, et sur la nature des pierres qui renfer- ment ces fossiles. 426—4/40 M. CORRÉA DE SERRA Sur la germination du nélumbo. n 74—81 M. DELAROCHE. Observations sur la vessie aérienne des poissons. _184—921 7 Suite des observations sur la vessie aérienne des poissons. 245—289 M MARCEL DE SERRES. Comparaison des organes de la mastication des orthoptères avec ceux des autres animaux. 56—73 MM. PÉRON ET LESUEUR. Histoire générale et particuliére de tous les animaux qui composent la famille des Méduses. 218—228 482 TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES. Tableau des caractères génériques et spécifiques de toutes les espèces de Méduses connues jusqu’à ce jour. 325—306 M. MIGER. Mémoire sur lu ponte et lus métamorphes du grand hydro- plule. khi—459 CORRESPONDANCE. . Extrait d'une notice envoyée par M. Mathieu, sur la dé- couverte de plusieurs blocs granit orbiculaire trouvés en Corse. # 82—84 Tableau des dons faits et reçus par le Muséum. k67—4;7 INDICATION DES PLANCHES DU, XIV: VOLUME, Planche L Trionyx d'Egypte. Page 20 IL Trionyx & Egypte (carapaces du). ibid. IL. Trionyx de Java (carapaces du). ibid. IV. Trionyx à carène (carapaces du) ibid. V. Trionyx de Coromandel et aplati (carapace des). ibid. VI. Ornitholithe de Montmartre. 43 VIL Rongeurs fossiles. 47 VIII. Germination du nélumbo. 74 IX et X. Greffes à orangers. 100 INDICATION DES GRAVURES. 483 Planche XI. Plantations et boutures. 101 XIL Marcottage en terrine. 102 XIII Marcottage en entonnotrs. 103 XIV. Boutures en terre, dans l'eau et sous l'eau. 105 XV et XVI. Tétes des grands chats. 136 XVIL Tortues (carapaces de ). 231 XVII Tortues fossiles. 235 XIX. Coquilles fossiles d'une mine de charbon. 323 XX, XXI, XXIT et XXIIL Cogquilles fossiles des environs de Paris. 374 et 375 XXIV. Débris d'animaux lerrestres et marins. 38% XXV. Marcgravia spiciflora. hix XXVI. Hyménopteres. 425 XXVIT Coguilles fossiles. 426 XXVIIL Métamorphoses du grand hydrophule. 459 TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES Contenus dans ce quatorzième volume. A FL. rer Lis Additions à faire à cette famille. Acide muqueux. Examen comparatif de 390 l'acide muqueux formé par l'ac- tion de l'acide nitrique, 1.° sur les gommes; 2.° sur le sucre de lait, 107 et suiv. — Différences que présentent ces acides, 113, — Altération qu'éprouve l'acide muqueux dissous dans l’eau, et évaporé jusqu'a siccité, 114, Acide nitrique. Voy. Acide muqueux. Aglaure. Voy. Méduses. Aigles. Observations sur les noms que les anciens ont donné aux aïgles dont ils ont parlé, et sur l'appli- cation de ces noms aux espèces que nous connoiïssons, 301 et suiv. — Comparaison des des- criptions que les anciens ont don- nées de ces oiseaux, ib. — Le py- gargue et l'orfraic paroïssent être de la même éspèce, et ce dernier nom doit être conservé, 312. Aïguemorte. La mer n’a point, depuis les temps historiques, baïgné les murs de cette ville, 578. Æmphibole. L'augit laminaire est une va- riété de l'amphibole, et non du pyroxène, 296. Voy. Augit lami- naire. Ampullaire fossile. Voy. Charbon fossile, Analyse chimique des tabacs en poudre, 21 et suiv. — d'une excroissance végétale et d'une gomme résine envoyées de Madagascar, 25 et suiv. — de la racine de vetiver de l'ile de France, 28 et suiv. — des feuilles du raventsara, 31. Antholoma. Ce genre doit être rapproché du Marcgravia et du Norantea, pour former une troisième sec- tion dans la famille des guttiféres, 404 et suiv. Voy. Maregravia. Anatomie comparée. Voy. Chats, Tor tues , Orthoptères, DES ARTICLES. Anomides. Voy. Némides. Atherosperma, Labill. Observations sur cet arbre et sur la place qu'il doit occuper dans l’ordre naturel, 21 et suiv. Augit laminaire de M. Werner. Obser- vations sur ce minéral, 290 ef suiv. — Il doit être rapporté à Vamphibole et non au pyroxène ; 29.— Analyse de ce, minéral, ib. Aurellie. Voy. Méduses, B Balbusard. Voy. Haliætos. Bembex à bec (rostrata). Observations sur les métamorphoses de cet in- secte, sur son habitation, sur les moyens par lesquels il pourvoit à la subsistance de sa postérité, sur ses diverses habitudes et sur la guerre qu'il fait au parnopés, 19 et suiv. Voy. Parnopès. — Comparaison du bembex à bec avec le bembex tarsier, ibid. — :Quels insectes prennent les bem- bex pour nourrir leurs petits, 420 et suiv.— Avec quels insec- tes les bembex ont de l’affinité, dé” 4224 . Bérénice. Voy. Méduses. Boldea. 11-conviendroit de désigner sous ce nom le ruizia de la Flore du Pérou, qui doit faire partie d’un nouvel ordre, celui des moni- miées ; 134. — Observations sur cette plante, 122 et suiv. Boutures par les feuilles et par les fruits: explication des figures qui les re- 14. 485 présentent, 101. — De celles qui représentent des boutures en terre, dans l’eau et sous l’eau, 105. Bulime fossile des environs de Paris, 453. C Callirhoë. Voy. Méduses. Calycanthus. Observations sur ce genre de plantes, sur ceux “avec les- quels il a du rapport, et sur la place qu'il doit occuper dans l’or- dre naturel, 116 et suiv.— Le calycanthus paroît devoir être le type d'un nouvel ordre, inter- médiaire entre les monimiées et les urticées, 155. Voy. Moni- liées. Cames fossiles des environs de Paris, figure de deux espèces, 375. Carapaces. Considérations sur les cara- pacés des tortues, sur la manière dent elles sont formées, et sur leur rapportsavee le sternum des oiseaux, 5 et suiv. Carnassiers (animaux). Voy. Chats. Carrières à plàtres d'Aix en Provence contiennent des tortues fossiles et divers ossemens, et elles res- semblent aux carrières de Mont . martre, 242. Carybdée. Voy. Méduses. Cassiopée. Voy. Méduses. Castors. Os fossiles de castor, et compa- raison de ces os avec ceux des castors vivans, 47 ef suiv. Céphée. Voy. Méduses. Cerceris & oreilles, Observations sur cet 62 486 iosccle qui prend des coléoptères pour nourrir ses petits, 223. Cérite, Coguille de ee genre qui se trouve à Paris dans le calcaire siliceux avec des coquilles d’eau douce, 435. Charbon fossile (description d’une mine de) du département du Gard, et des coquilles marines qu'on y trouve, 314 et suiv. — Compa- raison des mines de.charbon des pays quartzeux et schisteax avec celles des pays calcaires; les pre- — miéres contiennent des emprein- tes de plantes, les sécondes des coquilles, 319.— Plusieurs de ces coquilles sont incontestablement fluviatiles, 521. —:Celles de la , mine dont il est ici question apar- tiennent aux genres ampullaire, mélanie et planorbe : leur des- cription , 323. Chats. Recherches sur ce genre ét com- paraison des espèces quile com- posent, 136 ets, — Observations - sur leurs caractères extérieurs, et sur la différence de leurs dents et de leurs os, d'avee ceux des autres carnassiers, 137 et suiv. — Distinction de vingt-sept espèces de chats, 141 et suiv.— Du lion, 141.— Du couguar ou pumas 142.— Du tigre royal, 143.— Du jaguar d'Amérique, qui est là panthère de Buflon et non la vraie panthère, 144 et suiv. — De la panthère et du léopard, 248.— Du tigre chasseur, 150, T-À BILYER M LD PR A 5 ETAITO UNE — De plusieurs grands chats d’A- mérique voisins du jaguar ct du jaguar noir de Java, 152. —De diverses espèces de linx, 155 et suiv. — Du serval, 155. — Des autres espèces de ehats, 158 et suiv. — Comparaison - ostéologi- que des têtes du lion, du tigre, de la panthère, du jaguar, du « couguar, du mélas et de l’ocelot, ” 152. — Application de ces re- cherches à la détermination d’une mächoire fossile, 164, Chelis. Voy. Tortues. Cheval. Voy. Os fossiles. Chrysaore. Voy. Méduses. Chrysis. Voy. Parnopès. Citrosma du Pérou, Observations sur cé genre et sur la place qu'il doit occuper dans la série des végé- taux, 123 et suiv. Clusia. Ses rapports avec le Marcgravia, Voÿ. Marcgravia. Coléoptères aquatiques. Mémoire sur les s larves de cesinsectes, 44r etsuiv. Coquilles fossiles dans une mine de char- bon fossile. V. Charbon fossile. — Des environs de Paris, 364 et 426. — Des environs de Montpellier, sont étrangers à nos mers, 579+ Voy. Planorbe, Lymnée. Cotylédons. Observations sur la pré- senee et l'absence, le nombre et la nature des cotylédons, 77 et suiv. Voy. Nélumbo. Couguar ou puma. Voy. Chats. Culture. Voy. Boulures, Greffes. Cyanée. Voy, Méduses, DES D Dents des insectes comparées à celles des autres animaux. Voy. Orthoptères. Diosma. Rapports et différences entre ce genre et le polygala, 588. Dytiscus piceus, L. Voy. Hydrophiles. E Emydes. Voy. Tortues. ÆEntomologie. Voy. Insectes. Ephyre. Voy. Méduses. Equorée. Voy. Méduses. Eudore. Voy. Méduses. Eulimène. Voy. Méduses. Euryale. Voy. Méduses. Evagore, Voy. Méduses, F Favonie. Voy. Méduses. Fossiles. Voy. Os fossiles, Coquiiles fos- siles, Charbon fossile, Fovéolie, Voy. Médusess G \ Cermination. Voy. Nélumbo. Géryonie. Voy. Méduses. Granit orbiculaire de Corse. — Notice sur cette roche et sur son gisement, 82 et suiv. Greffe par rameaux, dite à orangers. Sa description, son histoire, ses usages et ses différentes sortes, 85—101. Cette greffe, pratiquée seulement depuis le dernier sié- A°R!' T1 C L ES: 487 cle, n’est pas encoré bien connue. — Détail des procédés à suivre pour le succès de cette greffe qui se pratique de quatre maniéres, 87 et suiv. — Par le moyen de cette greffe on a des fleurs et du fruitsur de petits orangers venus de pepins semés dans l’année, 92. — Quand cette greffe a été em- ployée en France, ib. Réflexions sur la culture des greffes en gé- néral, 93. — Divers usages dela _ greffe par rameaux, 99. Guttifères. Geures nouveaux qui doivent entrer dans cette famille, 409. — Il faut y ajouter une nouvelle section formée du Marcgravia, du Norantea et de l’Antholoma. Voy. Marcgravia, Haliætos (1) d’Aristote est probable- ment le balbusard, 309. Voyez Aigles. Huitres fossiles. Figure de quatorze es- pèces des environs de Paris, 374. Hydrophiles. Observations générales sur les larves des hydrophiles et sur leurs métamorphoses, 441 et suiv. — Différences entre ces larves et celles des dytiques, ib. — Divi- sion de ces larves en nageuses et en terrestres, 44,2. — Histoire de lhydrophile brun ou grand hydrophile, dyfiseus piceus, L., de son accouplement, de la manière dont il file sous l’eau une coque qui flotte à la surface, et de sa O2hY ponte, 445 et suiv, — Nature des liqueurs dont il compose sa co- que, 446. — Naissance des hy- drophiles. — Description de Ja larve, 454. — Comment cette larve se creuse une retraite dans la terre pour se transformer, 456. De ses métamorphoses, et com- ment elle se dégage de sa der- nière enveloppe pour arriver à l'état d'insecte parfait, 457 et suiv. Hyménoptères. Observations sur la ma- nière dont plusieurs insectes de cet ordre pourvoient à la subsis- tance de leur postérité, 413 et suiv. Insectes. Mémoire sur les larves des coléoptères aquatiques, 441 et suiy. — Organes de la mastication des insectes. Voy. Orthoptères. — Observations sur l'instinct des in- sectes. Voy. Hyménoptères ; Eem- bex, Parnopès, Hydrophile. — Remarques sur les caractères par lesquels on distingue les insectes, 414 J Jaguar. Voy. Chats. Jasminées. Additions et réformes à faire dans cette famille, 391. L Labices. Additions et réformes à faire . dans cette famille, 393, Larves. Voy. Insectes, D À B LE AL:PHHLAID € T 2 QU FE Laurel du Chili. Voy. Laurelia. Laurelia. Laurel du’ Chili, ou Pavoniæ de la Flore du Pérou. — Obser- tions sur cet arbre qui doit faire partie d'un nouvel ordre, celui des monimiées, 119 et suiv, Léopards. Voy. Chats. Linr. Voy. Chats. Lion. Voy. Chats. Lymnée. Mémoire sur les coquilles fos- siles de ce genre qui se trouvent aux environs de Paris. dans six espèces. de pierres, les unes cal- caires, les autres siliceuses, 246 et suiv. — Description de ces lymnées et des autres coquilles qui les accompagnent, ibid. — Description de quatre espèces fossiles de ce genre, qui se trou- vent aux environs de Paris, 430. Lymnorée. Voy. Méduses, M Mandibules des orthoptères. Voy. Orthep- tères. Maregravia. Mémoire sur les affinités bo- taniques de ce genre, et descrip- tion d’une nouvelle espèce, 397 —h11.— Observations sur les rapports du Maregravia avec l’eu- calyptus et avec le clusia, 397. — Description du fruit du Marcgra- via, 399, 405 et suiv. — Obser- vations sur les espèces de Marc- gravia connues jusqu'à présent , 398 et suiv. — Description du Marcgraviaïspiciflora, 4o1 et suiv. — Le Marcgravia a de l'affinité D ES avee le norantea et l’antholoma, 403 etsuiv. Ces trois genres doi- vent être rapprochés et. former une troisième section dans la fa- mille des guttiferes, entre celle- ciet celle des orangers, à-cause des rapports nombreux qui exis- tent entre le Marcgravia et le _Clusia, 405 et suiv. Marcoftage. Explication des figures qui représentent différens modes de marcottage, 102. » Méduses. Plan d’une histoire de tous les animaux qui composent la famille des Méduses, 218 etsuiv.—Con- sidérations sur l’organisation, le nombre, la multiplication, l’ha- bitation des Méduses, cet résumé des observations que les natu- ralistes ont faites jusqu'à ce jour sur ces animaux, tb. — Division de la famille des Méduses en gas- triques et agastriques, et en plu- sieurs sections, 226.— Réflexion sur la nomenclature employée par ceux qui ont: écrit sur ces ani- maux invertébrés, 227. — Ob- servations sur les Méduses agas- triques, 330. — Tableau des ca- ractères génériques et spécifiques des espèces de méduses connues jusqu'à ce jour, 325 et: suiv.— Les espèces décrites dans ce mé- moire sont au nombre de cent vingt. Voici le nom des genres et le nombre des espèces de cha cun : eudore , espece 1; béré- nice, 2; orythie, 2; favonie, 2; lymnorée, 1 ;: géryonie, 2; ca- ARTICLES. 489 rybdée, 2; phorcynie, 3; euli- méne, 2; équorée, 18; fovéolie, 4; pégasie, 3; callirhoë, 2; mé- litée, 1; évagore, 3; océanie, 16; pélagie, 9; aglaure, 1 ; mé- licerte, 5 ; euryale, 1; éphyre, 23. obélie, 1; ocyroë, 13 cassio- pée, 4; aurellie, 10; céphée, 5; rhizostome, 3; cyance, 6; chry. saore, 113 observations sur les méduses agastriques, 350. Mélanie fossile, 325. V. Charbon fossile. Mélas. Voy. Chats. Mélicerte. Voy. Méduses, Mélitée. Voy. Méduses. Monimia. Genre de plantes de l’Ile-de-- France, décrit par M. du Petit- Thouars. Ses rapports avec l’am- bora, le ruizia de la Flore du Pérou ou boldea, etc. 11 doit être Me type d’un nouvel ordre qui sera placé immédiatement avant les urticées, 131 et suiv. Monimiées. Mémoire sur ce nouvel ordré de plantes, 116 et suiv. — Ob- servations sur les plantes qui doivent- le composer, et sur la place qu'il doit occuper dans: là série des familles naturelles, ib. Montpellier: Observations sur les corps fossiles qu'on trouve aux environs de cette ville, 576 et suiv. Muséum Tableau des productions végétales qu'il a d'histoire naturelle. reçues, et de celles qu'il a distri- buées pendant les années 1806 et 1807, 467 et suiv. Myrrhe. Cette résine se trouve dans plu- sieurs. végétaux , 50, TABLE ALPHABÉTIQUE. N Natrolithe. Mémoire sur ce minéral et sur son gisement, 567 et suiv. — Elle vient d'une montagne si- tuée à trois lieues de Schaffhouse, 369.— Ses diverses variétés, 370. — La roche qui renferme la na- trolithe est une lave porphyroïde, 373. Néfasch, du Nil. Voy. Salmo. Nélumbo. Observations sur la germina- tion du Nélumbo, 74 et suiv.— Les lobes du Nélumbo ne sont pas de vrais cotylédons, 77 et suiv.— Observations sur les co- tylédons des plantes, ibid. — Le nombre des cotylédons est un caractere précaire, et leur exis- tence même n’est pas frouvée dans tous les végétaux auxquels on en attribue, 81. Némides. Nouvelle famille formée du genre phasme et séparée des ano- mides dans l’ordre des orthop- tères. 64. Voy. Orthoptères. Norantea. Ce genre doit avec le marc- gravia et l’antholoma former une troisieme section dans la famille des guttifères, 400 et suiv. 0 Orangers. Moyen d'avoir des orangers chargés de fleurs et defruits, quoi- qu’ils n'aient que quelques pouces de hauteur. Voy. Greffe par ra- meaux. Orfraie. Voy. Aigle. Ornitholithe. Description d'un ornitholi- the de Montmartre, 45.— Il pa- roît appartenir au genre des cail- les, 45. Orthoptères. Comparaison des organes de la mastication de ces insectes avec ceux des autres animaux, 56 et suiv.— Description de ces organes , ibid. — Les insectes ont trois sortes de dents, des laniai- res, des incisives et des molaires, et ces dents indiquent toujours leurs mœurs, 62 et suiv. — Ta- bleau des espèces de dents qu'of- frent les divers genres des or- thoptères, et du rapport qui se trouve entre la forme deces dents et leur manière de vivre, 65 et suiv. Orythie. Voy. Méduses. Os fossiles des chevaux et des sangliers (Mémoires sur les), 33 et suiv. — Ces os ne se distinguent pas de ceux des espèces vivantes, ib. — Se trouvent dans les terrains meubles avec ceux d'éléphans, et quelques-uns sont pétrihiés, 39. Description de ces os, ib. et suiv. Obélie. Voy. Méduses, Océanie. Voy. Méduses, Ocelot. Voy. Chats, Ocyroë Voy. Méduses. Once. Voy. Chats. — Os fossiles de tastors et d'au- tres rongeurs qui se trouvent, soit dans des tourbes et dans des allu- wions, soit dans des schistes, 47 etsuiv. — De tortues, 229 etsuiv, DUELS ANR ——D'un poisson du genre des raies, 580.— De palæotherium trouvés aux environs de Montpellier, 382. P Panthère. Celle de Buffon est le jaguar d'Amérique et non la vraie pan- thère d'Afrique, 144 et suiv. Voy. Chats. Parnopès incarnat. Observations sur les habitudes de cet insecte et sur le lieu de son habitation , 413 et suiv.— Le parnopès dépose ses œufs dans les nids du bembex ros- frata, et celui-ci lui déclare la guerre partout où il l’aperçoit, ib,— Comparaison des parnopès aux chrysis, ibid. Pavonia de la Flore du Pérou. Voyez Laurelia. : Pédiculaires. Voy. Rhinanthées. Pégasie. Voy. Méduses. Pélagie. Voy. Méduses. Phasme. Voy. Némides. Phéné d’Aristote. Voy. Aigles, Phoreynie. Voy. Méduses. Physiologie végétale: Voy. Greffe, Séve. Plankos ou planga. Nom que les anciens ont donné au pygargue, qui est le même oïseau que lorfraie, 313. Voy. Aigles. Planorbes fossiles ,324. Voy. Charbon fos- sile. —Se trouvent aux environs ‘de Paris, dans six espèces de pierres différentes, les unes cal- caires, les autres siliceuses, 427 et suiv. — Description de trois espèces, 433. Tv I CL ES. hgi Plantation sur taupinière. Explication des figures qui représentent ce mode de plantation, 101. Poissons. Observation sur la vessie aérienne des poissons, 165 — 217 : 245—271.— Examen des travaux qui ont été faits sur ce sujet par divers naturalistes, et particulièrement du travail de M. Delaroche, 165 et suiv. — Observations générales sur la ves- sie aérienne et plan du mémrire sur cetobjet, 18% et suiv. — Des-- cription de la vessie aérienne, 188. — Liste des poissons observés par l’auteur et qui sont privés de cet organe, 190.— De la situation, des dimensions et de la forme de la vessie, 192 et suiv.—Struc- ture des parois dela vessie, 194. — Des connexions de la vessie, 196.— Du canal aérien, 197. — Ce canal n'existe pas dans tous les poissons; différences que pro- duit la présence ou l'absence de ce canal , 198. —Des corps rou- ges et autres organes qui font par- tie dés parois de la vessie, et dont quelques-uns sont particuliers à certains poissons, 202 et suiv.— Examen du gaz contenu dans la vessie aérienne, 208.— La pro- portion du gaz oxigère est d’au- tant plus considérable que les poissons vivent à une plus grande . profondeur; elle va quelquefois jusqu'à quatre-vingt-sept centie- mes, 209. — Tableau des propor- tions de gaz oxigène observées >” 92 © ABTLE dans le gaz de la vessie de plu- — Ré flexions à ce sujet. Plusieurs cir- sieurs poissons ; 211. constances font varier la pro- portion de gaz oxigène dans les poissons de mer , tandis que cette proportion paroïit constante dans les poissons d’eau douce, 214 et suiv. — Du développement du gaz dans cette vessie, 245 et suiv. — Diverses opinions à ce sujet, 246.— Dans les poissons dépour- vus de ce canal aérien, ce gaz est le produit d'une sécrétion par- ticuliere, .et se développe dans un organe qui leur est propre, 247 et suiv.— Mais dans ceux qui ont un canal aérien, on ignore encore si ce gaz n’est pas infro- duit du dehors, 250 et suiv. — Nature de ce gaz : la quan- tité d'oxigène varie en raison de la profondeur dans laquelle vi- vent Jes poissons, 254 et suiv. — Usages de la vessie aérienne et de l'influence qu’opère sur elle la pression de l'eau, 257 et suiv. — Diverses opinions sur l'usage de la vessie aérienne, ibid.— Expé- riences sur les effetsde lapression, 264ets.— Description de la ves- sie aérienne de différentes espé- ces de poissons, 271 et suiv, — Ces espèces appartiennent aux genres ostracion , tetrodon, dio- don, syngnathus, muræna, ophi- surus, murænophis, ophidium, gadus, blennius, cæpola, scomber, labrus , sparus, cottus; . gobius," ALPHABÉTAÆEQUE scorpæna, trigla, sciæna, pérce, zeus, mugil, atherina; clupea, cyprinus , sälmo, eson. Polygala. Observationssur ce genre, qui doit être renvoyé parmi les po- lypétales, et sur les plantes avec lesquelles il a de l'aflinité, 386.— Ces plantes doivent former, sous de nom de polygalées, une fa- mille distincte, qui sera placée à la suite des légumineuses, 389. Polygalées. Voy. Polygala. Primulacées. Genres non classés par M. de Jussieu qui appartiennent à cette famille, 384 et suiv. Pygargue. Le pygargue et l’orfraie sont le même oiseau, et ce dernier nom doit seul être conservé, 312. Voy, Aigles. ES: L'augit laminaire, compté parmi les variétés du pyroxène;, doit être réuni à l'amphibole, 296. — La distinction du pyroxène ef de l’amphibole intéresse la géo- logie, à cause du gisement de ces deux minéraux, 299. R Raï. Voy. Salmo. Raie. Aiguillon pétrifié d'un poisson de ; ce genre trouvé à Aïguemortes; 380. Rats, souris, muscardins et autres ron- geurs fossiles trouvés dans les schistes, 50 et suiv. Raven-tsara (agatophyllum ravensara L..). Analyse des feuilles de cette plante; elles donnent une huile D Hi SIL (AIR essentielle semblable à celle du gérofle, 31 et suiv. Rhinanthées ou pédiculaires. Observa- tions sur les genres à ajouter et sur les réformes à faire dans cette famille, 386 et suiv. Rhizosiome. Voy. Méduses. Rosacées. Observations sur quelques plantes qui doivent être séparées de cette famille, 129 et suiv. S Salmo. Synonymie des espèces de ce genre qui existent dans le Nil, 460 et suiv.— Ce genre est établi sur un caractère de peu d'importance, ib.— Observations sur le néfasch À le raï, le raschal et le camar-el- leillé, et sur les méprises que les auteurs systématiques ont faites à leur sujet, 462 et suiv. Sanglier. Voy.. Os fossiles. Scrophulaires. Additions et réformés à faire dans cette famille de plan- tes, 394. Serval. Voy. Chats. Séve. Les fleurs et les fruits consomment beaucoup de séve, mais n’en ren- voient point aux racines, parce qu'ils sont dépourvus des orga- nes nécessaires pour en absorber les élémens , 94.— Conséquence de cette obser vation pour la cul- ture des greffes , ib. — Réflexions sur la nature de la séve qui monte dans les arbres, 99. k Spondyle fossile des environs de Paris: figure de cette coquille, 375. 14. 193 Sternum. Rapport du sternum des oi- - seaux avec le plastron ‘des tor- TIGE L'ÉERS: tues. Voy. Carapaces. Succin dans une mine de charbon fossile du département du Gard, 316. , T Tabac. Analyse chimique des différens tabacs préparés, et comparaison de ces tabacs avec le tabac vert, 21 et suiv.— Le tabac contient un principe acre qui ne se trouve dans aucun autre végétal, et qu'on peut extraire et conserver à part, 24: Térébinthacées. Noy. Zanthoxylum. Tetracera. Observations sur ce genré de plantes qui paroît devoir for- mer uñe section des magnolia- cées, ou mieux un nouvel ordre avec le curatella et le dillenia; 129 et suiv. Tigre. Voy. Chats. Tortues. Mémoire sur les tortues molles 1 et suiv. — Considérations sur la division des tortues en genres, ibid. — Raisons de séparer des émydes sous le nom de trionyx, les tortues qui tiennent le milieu entre les émydes et les tortues de mer, 3 et suiv. — De la for- mation des carapaces,-et de leur rapport avec le sternum des oi- seaux, 5. — Caractères généri- ques des trionyx, 8. — Comment les trionyx nagent, 11.— Des- cription de huit espèces de trio- nyx, ibid, — D'une seconde es- 494 * TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES . pèces de chélis confondue avec la tortue molle de Pennant, 18, — Caractères ostéologiques des différentes tribus de tortues, 230 et suiv. Tortues fossiles des environs de Bruxel- les, de Maëstricht, de Glaris et d’Aix en Provence. Observations sur leurs caractères, sur leur gi- sement, et sur les méprises aux- quelles leurs ossemens ont donné lieu, 229 et suiv. Trionyx. Nouveau genre de la famille des tortues molles , séparé des émydes, et qui tient le milieu entre celles-ci et les tortues de mer, 5. — Caractère de ce genre, 8.— Description de huit espèces. Voy. Tortues. y Vessie aériennne des poissons. V, Poissons, Vétiver de l'Ile de France. Analyse des racines de cette plante, qui con- tiennent une résine semblable à la myrrhe, 28 et suiv. U Urticées. Observations sur les plantes de cette famille qui doivent en être séparées, pour former avec quel- ques genres nouveaux le nouvel ordre des monimiées, 130 et suiv. Z Zanthoxylum. Ce genre doit être séparé des térébinthacées , et former avec quelques autres un ordre nouveau, 130. Zoophytes, Voy, Méduses, sh F cr