i ARCHIVES DES MISSIONS SCIENTIFIOUES ET LITTERAIRES. CHOIX DE RAPPORTS ET INSTRUCTIONS PCBUE SOUS lES AUSPICES DU MINISTERE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES. TOME VIII. PARIS IMPRIMERIE ADMINISTRATIVE DE PAUL DUPONT, Rl'E DE GRENEllE-SAINI-HONOR^, 45. M DCCG LIX. ARCHIVES DES MISSIONS SCIENTIFIOUES ET LITTERAIRES. /2^,^^f .:;B,8r. ARCHIVES DES MISSIONS SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. # CHOIX DE RAPPORTS ET INSTRUCTIONS rOBLIE SOCS LES ACSPICES DU MINtSTfiRE DE L' INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES. TOME VIII. #.'%^?yi PARIS IMPRIMERIE ADMINISTRATIVE DE PAUL DUPONT, niE DU GnCXELLE-SArNT-llONORE, 4S. M DCCG LIX. DE3 MISSIONS SCIENTIFIQUES ET LITTEHAmES. SECOND BAPPOllT de M. Ernest Desjardins a S. Exc. M. le Ministre de Vinslriiction jmblique et des ciiltes , sur U7ie mission scientifique en Italie (1). ETUDES TOPOGRAPHIQUES ET ARCHEOLOGIQUES DANS LA CAMPAGNK DE ROME. Monsieur le Ministre, Le second objet de la mission qui m'avait ete confiee par le pre- decesseur de Votre Excellence , etait de « puiser dans les dernieres « decouvertes archeologiques, les elements d'un travail sur la topo- (( graphie de I'ancien Laluim, de la Sabine et de I'Etrurie meridio- « nale. » Deux motifs ont empeche cette partie de mes travaux d'etre aussi productive que je I'avais espere : 1° le peu de temps que j'ai passe a Rome, tant a cause du long sejour que mes recherches avaient ne- cessite dans le duche de Parme, que de I'ordre de depart que j'ai regu de Paris pour venir occuper le poste que Votre Excellence a (1) Un premier rapporl, sur une mission de M. Desjardins en Italic, a 616 publi(5 dans le seplicme volume dcs Archives des 3Iissions. Archiv. des Miss. vni. 1 bien voulii me confier, et 2" la difficulte des explorations dans la campagne romaine pendant les mois de septenibre et d'octobre. Je poLirrais ajouter un troisieme motif a ces deux premiers : c'est qu'on est oblige de se contenter des indications que la confiance des sa- vants italiens consent a fournir touchant leurs propres decouvertes. EUes constituent en effet une veritable propriete scientifique, dont la publicite n'appartient qu'a ceux qui les ont faites. Or, parmi les decouvertes des quatre dernieres annees, il n'en est qu'un petit nombre qui aient ete publiees. Je me contenterai de les mentionner dans ce rapport, en y ajoutant quelques reflexions critiques; il en est d'autres , qui sont encore inedites et pour lesquelles je devrai user, par un molif que Votre Excellence appreciera, d'une reserve plus grande encore. De meme que mon travail sur les Tables alimentaires avait servi de point de depart aux nouvelles recherches que j'ai faites dans le ducbe de Parnie, et qui sont consignees dans mon precedent rap- port ; de meme mon Essai sur la topographie du Laliian devait etre complete par mon second voyage a Rome. Or, j'avouerai avoir du beaucoup plus, pour ce dernier ouvrage, aux conseils, aux com- munications et aux travaux des savants italiens et allemands qui avaient guide mon peu d'experience sur le sol de la campagne ro- maine, en 1852, qu'a mes recberches personnelles. Je m'etais appli- que surtout a faire un expose, aussi complet que possible, de la to- pographic du Latium. L'accueil favorable de la Faculte des lettres de Paris et le temoignage d'un homme auquel ces etudes sont aussi familieres que le sol meme de I'ltalie, me permetlaient de croire que le but modeste que je me proposals avait ete atteint,c'est-a-direque mon Essai « resumait tout ce que les documents publics jusqu'a pre- <( sent nous avaient appris sur ce pays (1). » Je pouvais done consi- derer cet Essni comme une sorte d'inventaire tie toutes les decou- vertes arcbeologiques et topographiques de quelque importance, avant I'annee 1852. 11 me restait : 1" a rectifier ce premier resultat, et 2° a enregistrer les documents nouveaux. II n'y a pas, quant a present , matiere a un second ouvrage, et ce rapport pourra peut- etre donner une idee suffisante des dernieres conciuetes de la science sur ce point. Je rappellerai ici que ma premiere etude compar^e sur la campa- gne romaine avait pour objet : 1" Do determiner I'etendue du veUisUssimum Latium; (1) Noel des Vergers, Alhcnwum fran^ais du 21 juin 1836 2° De donner un apercu de la topographie physique de celte contrde ; 3° De faire connaitre, par une description sommaire, le parcours des voies romaines et, en particulier, de la voie Appienne, d'apres les dernieres foiiilles ; /i° D'indiquer la direction des anciens aqueducs publics ; Et 5° enfin, de presenter un expose archeologique et geographi- que a la fois du pays latin, comprenant toutes les villes, boiirgades, villas et lieux historiques mentionnes dans les auteurs ou dans les inscriptions. Les observations que j'ai faites moi-meme , et les renseignements que j'ai recueillis dans ce second voyage peuvent etre r(5partis sous trois titres differents qui formeront comme le sommaire et donne- rout la division du travail complementaire que j'ai I'honneur de soumettre aujourd'hui a Votre Excellence : 1° Nouvelles observations sur la voie Aj)pienne. Systeme propose par M. Pietro Ercole Visconti. — Ce qui doit subsister du travail de M. Luigi Canina. — Recente publication de M. Canina sur la derniere section de la voie Appienne, entre Bovillai et Aricia, da 13* au 16= mille. Analyse critique de ce travail. 2" Les catacombes. Decouvertes recentes et systeme de M. de Rossi. — M. de Rossi doit etre considere comme ayant cree et applique le premier la veritable methode a suivrepour I'etude des catacombes. — Revolution salutaire que cette methode est appelee a apporter dans la topographie archeologique. — Importance des travaux encore incdits de M. de Rossi. — M. Pietro Ercole Visconti et la catacombe dite de Saint- Alexandre. 3° De'couverte des Aquce Apollinares. Collection unirpie du P. Marchi. — Analyse de sa publication. Rec- tification que je propose dans les cartes de iNibby et de Westphal, tant pour la topographie des environs de Bracciano, que pour le trace des itineraires anciens. CHAPITRE PREMIER. NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LA VOIE APPIENNE. J'avais donne, dans mon Essai sur la topograplde du Latium, une description archeologique des treize premiers milles de la voie.Ap- ~ k - pienne, el ce iravail 6tait accompagne de 6 planches' represenlanl le parcours de ceUe section avec le nom cL la place de tons les monu- ments remarquables (1). Depuis mon premier voyage a Rome, les Annales de rinstilut archcologique de 1854 ont paru iseulcment vers le commencement de I'annee 1856). EllesrenfermentTarticle de !\I. LuigiCanina. C'estun des derniers travaux du celebre architecte romain, mort pendant I'automne de 185G, a son retoiir d'Angleterre. A cet article sent jointes les planches 8 et 9 dressees d'apres les dessins de M. Pietro Rosa. Cette partie qui comprend la section de Bovillce hAricia, entre le ireizieme et le seizieme milliaire, forme le complement des articles publies precedemment dans les Annales des anneesl851, 1852 et 1853 (2). Avant de parler de ce dernier travail de M. Canina, je dois sou- mettre a Votre Excellence qaelques-unes des observations generales de M. Pietro Ercole Visconti siir I'ensemble des fuuilles et sur la topo- graphie de la voie. II a bien voulu m'exposer son systeme sur les lieux memos, et quoiqu'il n'ait pas publie ses idees, je suis assure de ne lui point deplaire en les reproduisant ici et en me permettant meme de donner humblement mon avis apres le sien. Quel que soit mon respect pour la memoire de U. Canina, quelle que soit, d'au- tre part, ma reconnaissance pour I'accueil hospitaller de M. Visconti, qui fait aux etrangers les honneurs de Rome avec la grace qu'un noble particulier mettrait a faire les honneurs de son palais, je dois a la confiance dont le predecesseur de Votre Excellence a daigne m'honorer, je dois a moi-meme d'exposer ici mon sentiment en toute sincerite sur les systemes opposes auxquels les deux eminents antiquaires ont attache lours noms. iM. Visconti croit que la route qui a cte mise au jour a la suite des fouilles accomplies sous le pontificat de Pie IX, et qui semble avoir conserve I'apparence antique, aussi bien par son pave de lave que par les trottoirs qui la bordent, n'est, presque sur aucun point, I'ancienne voie Appienne, mais nous represente une route faite ou reparee aux epoques modernes, et ce qui le prouve, suivant lui, c'est que : 1° L'on trouve frequemment parmi les pav^s, des mor- (1) Dc la page 92 a la page 124, et de la page 237 a la page 251 . Voyez la bibliographic de la voie Appienne, de la page 229 k la page 234. — Voyez aussi Tarlicle que j'ai publie sur les Fouilles de la voie Appienne dans la Revve contemporaine du 15 aoiit 1855. (2) Ccs Irois premieres ])arlies ont 6l6 publides sdpar(5ment par M. Ca- nina el formenl un ouvrage ddtailJd avec des planches nombreuscs. 2 vol. i8o3. — 5 — ceaux de marbres, ddbris de inoiiuinenls aiiliques, et des pierres de lave conservant encore, il est vrai, I'einpreinle des roues des chars, mais disposdes souvent en sens inverse de leur place primitive et presentant ces especes de rainures perpendiciilairement et non pa- rallelement a la ligne des trottoirs ; 2° les tombeaux sont le plus souvent beaucoup trop pres de la route pour permettre de restituer lesdegres ou les assises disparues, sans empieter sur les trolloirs des pietons, ou meme sur la voie des chars. II pense, en outre, que pres- que tous les monuments decouverts ontappartenu a des personnages secondaires et le plus souvent de la classe des affranchis. On peut s'etonner en effet de ne rencontrer dans la premiere necropole du monde remain qu'un aussi petit nombre de tombeaux impor- tants. On sait quel luxe les grandes families de Rome etalaient dans leurs sepultures. C'estune erreur, selon M. Visconti, d'attribuer aux per- sonnages de la claase elevee, les monuments qui portent leurs noms. C'etaient ceux de leurs affranchis' ou des enfants de ces derniers. Les tombeaux des patriciens, et, en general, des gens riches, etaient le plus souvent construils a grands frais dans leurs domaines parti- culiers, comme ceux de Munatius Plancus a Gaete et de Plotius pres de Tivoli ; ce qui fait que le nombre devait en etre fort restraint sur les voies publiques et meme aux abords de Rome; mais il faut se garder de croire toutefois qu'on ait decouvert tous ceux qui se rat- tachent a la voie Appienne ; car ce n'etait pas sur le bord meme de la route qu'il fallait les chercher. lis doivent en etre places a une certaine distance, et ils formaient comme une seconde rangee derriere les hypogees des affranchis. On voit en effet qa et la dans la campagne, des nuclei ou masses de pierres considerables et sans revetement, qui n'ont pas ete fouillees. II resulte done du systeme de M. Visconti : 1° que ce ne serait pas le pave primitif de la voie qui aurait ete retrouve ; 2° que Ton n'aurait meme pas mis au jour la vraie route romaine dans une partie considerable de son parcours; o° que les monuments attribues par M. Canina a plusieurs grandes families ne seraient, le plus souvent, que ceux de leurs affranchis ou de leurs clients ; et k° que les tombeaux des personnages importants sont plus eloignes de la route et n'ont pas encore etc decouverts. Suivant M. Visconti, un grand nombre de fragments, d'epoque, de style et d'art differents, auraient ete groupes sans discernement par M. Canina, comme appartenant aux memes monuments, ce qui fait que le visiteur peut prendre pour une disposition justifidc et pour — 6 — line restilLilion moliv^e I'assemblage arbilraire de debris qui ne sont ni dii meme ciseau ni du meme temps, Malgre ce que le systeme de M. Viscouti a d'ingenieux et ce que le jugement qu'il porte de I'ensemble du travail de M. Canina a de fonde, je ne saurais Tadraettre sans reserve. M. Canina s'est souvent trompe ; niais en reconnaissant ses erreurs, qui sont quelquefois les miennes, je ne puis souscrire a la severite du savant archeologue qui le condamne sur tons les points. On peut assurement reproclier a M. Canina, comme a tons les architectes qui s'occupent d'archeolo- gie comparee sans s'fitre prealablement fortifies par de serieuses Etudes classiques sur I'antiquite, d'avoir tenu plus de compte des pierces que des textes et des inscriptions, et d'avoir abuse du pro- cede seduisant, mais perilleux, des restitutions. Rien n'est plus fre- quent dans les ouvrages de M. Canina que de rencontrer des cita- tions inexactes ou des passages d'auteurs anciens mal interpretes. Les historiens et les poetes latins ne lui etaient pas assez familiers. II lui arrive, par exemple, de confondre la famille des Quinctii avec celle des Quintilii , comme je I'ai remarque a propos de son travail sur la voie Appienne. 11 importe done de relire attentivement les textes qu'il explique ou sur lesquels il s'appuie. Je crois neanmoins que, malgre ces defauts, son oeuvre n'est pas entierement mauvaise, et que c'est bien la voie antique que les fouilles dirigees par lui ont mise au jour. Personne assurement ne peut avoir la pensee que le pave de cette route soit celui que le censeur Appius Claudius fit placer I'an 309 avant Jesus-Christ, ni meme celui qui fut foule par les chevaux des premiers Cesars; car il est hors de doute que cette section, comprise entre Rome et les Frallocclde, n'a ele abandonnee qu'apres le onzieme siecle de notre ere, I'itineraire de Bordeaux a Jerusalem, qui est de cette epoque, indiquant la station ad nonum dont I'emplacement a ete retrouve au 9" mille. Or, si la voie Ap- pienne a servi de grande route jusqu'au onzieme sitcle, il est evi- dent que le pave a du en etre renouvele bien des fois depuis Appius Claudius, et meme depuis Trajan. M. Visconti a done raison de dire que le pavage antique ne se retrouve presque nulle part; mais il ne s'ensuit pas que la direction de la voie fut differente de celle que nous voyons aujourd'hui. Entre la j^orta Appia (nom inoderne, porte de Saint-Sebastien) et le tombeau de Cwcilia Metella, le chemin qu'on suit ne correspond pas, il est vrai, a la voie antique; toutefois, il lie peut s'en ecarler sensiblement , puisque les monuments sont encore la comme autant de jalons qui nous empeclient de nous ega- rer. Mais depuis le tombeau de Cwcilia Metella jusqu'a Albano, il est — 7 — ddinontre pour moi que la voie etait droite, sauf de legeres diSvia- tions purement accidenlelles et dont la cause nous est meme le plus souventconnue. D'ailleursles monuments, en general tres-rapproch^s les uns des autres, et disposes en ligne de chaque cote, ayant leurs inscriptions toutes exposees sur la meme face, ne perraettent pas de penser que la route ait jamais du passer ailleurs. Quant a I'extension qu'il convient de donner aux assises des tombeaux du cote de la voie, au point d'envahir par les restitutions le pavimentum antique, celte remarque ne m'a frappe nulle part comme creant une impossi- bilite dans le systeme de M. Canina. Mais ce qui m'a paru aussi vrai que nouveau dans I'hypothese de M. Visconti, c'est ce qui rcgarde les tombeaux des grands personna- ges devant former comme une seconde rangee derriere les sepultu- res des petites gens. 11 est en effet conforme aux idees romaines de supposer que les patriciens et les gens riches, accompagnes pendant leur vie d'une foule de clients, d'affi^anchis et d'esclaves, voulussent apres leur mort que leurs grands tombeaux fussent entoures de ce meme peuple qui semblait former encore cortege a leur orgueilleux patronage. Cette idee est profondement vraie, je le repete; elle est puisee, pour ainsi dire, a la source meme des institutions et des usages de Rome. Elle revele chez M. Pietro Ercole Visconti cette heureuse alliance du savoir et de la penetration, qui est dans sa famille comme un rare et precieux heritage. Mais peut-etre I'habile antiquaire etend-il cette verite un peu trop loin, lorsqu'il suppose que, dans un espace d'un mille entier, se trouvaient groupes les affranchis d'une seule et meme genie. Dans son systeme, il faudrait rattacher presque tons les tombeaux de la voie Appienne au petit nombre des grandes sepultures de patrons qui possedaient des do- maines le long de la route. Or, nous savons qu'il existait des entre- prises particulieres, ayant pour but d'acquerir des concessions de terrain, pour la construction d'un cohnnbarium , par exemple, et que Ton achetait des places dans ces sepultures communes. La meme speculation et les memes facilites devaient se rencontrer pour toute espece de tombeaux. 11 etait d'usage, j'en conviens, qu'un grand personnage fit construire un columbarium et quelquefois plu- sieurs, pour ses affranchis et ses esclaves , comme firent Auguste et Livie; mais rien ne nous prouve que toute la place qui etait au devant d'un domaine, le long de la route, dut etre occupee exclusi- vement par les tombeaux de la famille du proprietaire. Si cela eCit ete general, on trouverait agglomeres sur tel ou tel point les memes noms, puisque les affranchis et leurs descendants etaient desigi\es — 8 — par I'appellation commune du chef de la gente. Les noms patrony- miques Dgureraient dans le nieme lieu avec ou sans la formule LIB. Or, c'est ce qui ne fe rencontre pour ainsl dire qu'exceptionnelle- ment. On peat objecter, il est vrai, que ces domaincs n'ont pas tou- jours appartenu aux raemes families el que les noms patronyraiques ont du changer aussi sou vent que celai des personnages qui se sont succedes dans la possession du terrain. Mais quand une serie de tom- beaux se rapporte visiblement a une seule et meme epoque et pre- sents cependant differents noms, il est evident pour moi que la con- jecture de M. Visconti cesse d'etre vraie ou du moins d'avoir une application aussi generale qu'il le suppose. D'ailleurs , nous voyons dans les columbaria figurer des affranchis et des esclaves apparte- nant a differentes families et qui sont de plusieurs epoques. Dans le Novum Colimibarhim, par exeniple, decouvert en 1852 (Vigna l/i, pres de la porte Saint-Sebastien), on trouve des noms d'esclavcsde Tibere, et en regard, des noms d'esclaves d'Adrien. Dans la conjec- ture de M, Visconti, on ne pourrait compter qu'un bien petit nombre de personnages ayant leurs tombeaux et ceux de leurs families sur la voie Appienne, car les monuments tres-importants sontpeu nombreux en y comprenant memeceux dont les nuclei apparaissent au-dessus du sol a une certaine distance dans la campagne. On ne pent non plus considerer comme generale cette disposition qui consisterait a faire figurer au premier rang les seuls tombeaux des petites gens, et au second, ceux des chefs de famille, car comment songer a nier que la voie ait toujours passe au pied des monuments de Ccecilia Metella, du Casul-rotondo, des sepultures de Geta, de Gallien, etc. 11 resulte de ce qui precede que le systeme de M. Canina, consi- dere dans son ensemble, n'est pas faux, mais que le travail a besoin d'etre complete et pent, dans une certaine mesure, etre rectifie. Ce sont surtout des erreurs de details qui nous frappent. II serait a souhaiter, d'autre part, que les fouilles s'etendissent a tous les mo- numents apparents situesa une certaine distance de la route. Elles conlirmeraient, nous n'en doutons pas, celle des opinions de M. Vis- conti qui mxis parait la plus probable, mais dies auraient pour effet plutut d'etendre que de detruire I'oeuvre de !\I. Canina. Quant au peu d'analogie que presentent entre eux les fragments recueillis dans les decombres, groupes ensemble arbitrairement et quelquefois encas- tres dans des mors construits a cet effet, comme s'ils eussent appar- tenu aux memes monuments, cette observation est malhcureusement trop vraie : on remarque souvent des restitutions hasardees et des rapprochements inattendus. Mais la criiique, pour etre juste en prin- — 9 — cipe, n'en est pas moins un pen severe et nous nous demandons comment il eut ete possible d'yechapper. Qu'on se figure ces debris trouves pele-mele dans la terre, quelquefois a une certaine distance de la place qu'occupaient les monuments qu'ils rappellent; qu'on tienne compte de la difficulte de dislinguer les epoques et les styles, surtout quandon salt que les Romains de la decadence ornaient leurs edifices de bas-reliefs empruntesaux ages precedents ; que Ton con- sidere enfin la presque impossibilite de faire des attributions satis- faisantes a la fois pour Tarclieologue, I'artiste, I'historien et I'epigra- phisle, et Ton devra se montrer moins exigeant pour foeuvre d'un homme doue de zele, d'activite, d'amour pour la science et qui, sans avoir substitue I'ordre au chaos, nous a du moins mis sous les yeux des elements dont un esprit plus synthetique et plus clairvoyant peut faire sorlir la lumiere. Je serais tente d'ajouter que celui qui enlreprendra de completer et de rectifier ce premier travail devra se depouiller de toute idee prdcongue etse mettre en garde centre le parti-pris, car la science archeologique a toujours mis en defaut I'esprit de sysleme. Quoique j'aie suivi presqu'exclusivement le travail de M. Canina dans I'analysequej'ai faite en 185/i des dernieres fouilles de la voie Appienne, ce n'est point un interet d'auteur qui m'engage a prendre ici sa defense, ce cpie je croisd'aiileurs n'avoir fait qu'avec mesure. Je vais de bonne foi confesser mes erreurs qui, je le repete, sont les siennes, car il etait le seul guide que Ton put suivre pour ces travaux encore recents, lors de mon premier sejour a Rome, et le pen de temps que j'y ai passe en 1852 ne m'a pas permis de controler avec assez de soin les opinions de celui qui dirigeait les fouilles. II estbien etabli aujourd'liui cpie le monument dont les debris ont ete encastres avec soin dans la construction elevee a ceteffet au qua- trieme mille, n'est pas le tombeau de Seneque, comme I'a cru M. Ca- nina etcomme je I'ai repete d'apreslui. Le bustequi se trouve tres- inexactement dessine par lui dans la planche 19 du 2^ volume de son grand ouvrage sur la voie Appienne ne ressemble en rien aux portraits du philosophe romain. Le nom SENECA qui se lit sur I'e- paule de cepersonnage est moderne. II n'est pas exact de dire que ce monument n'avait pas d'inscription; mais il faut dire qu'on ne I'a pas retrouvce, non plus qu'une tres-grande partie du monument lui- meme dont on ne possede que des fragments tres-incomplets. Je crois n'avoir que bien peu a changer a ce que j'ai dit touchant les deux monuments attribues aux Horaces. Cette opinion a ete atta- quee, je ne I'ignore pas, par un savant dont le nom jouit d'une — 10 — grande notoriete et dont les articles ont eu le rare merite d'intei-esser les gens du raonde eux-memes a I'histoire romaine, rendue pour ainsi dire populaire par I'agrement du recit. Or, il se peut que le combat des Horaces ne soitqu'une legende patriotiqiie et religieuse, sans que pour cela rexistencememedes monuments qui consacraient le grand souvenir d'un fait, fabuleux, j'y consens, mais accredite par le consentement traditionnel du peuple, doive etre mise en doute. Tite-Live, Denys d'Halicarnasse et Martial ont vu les tombeaux, ou si Ton veut, les monuments commemoratifs des Horaces, lis s'ele- vaient sur YAger ou la croyance commune pla(jait le lieu du combat ; c'est-a-dire au cinquieme mille. Ce devaient etre deux tumuli, dont la forme primitive aura ete conservee religieusement, meme aux epoques ou I'art avait fait de si grands progres. Les deux monu- ments situ^s au cinquieme mille de la voie sont des tumuli, forme qui s'accorde avec I'antique origine de la tradition. Je dois dire seu- lement que la deviation de la route, dont je m'etais fait un argument pour etablir que ce champ avait ete consacre avant la censure d'Ap- pius Claudius, n'a pas lieu a I'endroit meme ou s'elevent les deux tumuli , mais un pen en dega, ce qui ne changerait rien d'ailleurs a mon argumentation, car le Camptts sacer Horatiomm dont parle Martial pouvait s'etendre a quelque distance des monumenls. La base circulaire de ces tumuli a seule ete retrouvee : c'est M. Canina qui a opere la restauration des monuments en y faisant placer de la terre disposee en forme de cones ; ce qui leur donne I'aspect que nous remarquons aujourd'hui. INI. Pietro Rosa les a vus reduits a leurs bases; mais cette restitution de M. Canina doit neanmoins ^tre consideree comme certaine, car on ne peut voir autre chose dans ces especes de socles que des bases de tumuli. La terre avait disparu , comme il arrive souvent a la suite des grandes pluies, sans qu'il soit besoin de Taction du temps pendant un espace de vingt siecles pour amener cette degradation. M. Leon Renier a vu, en Afrique , des bases de tumuli dont la terre, s'etant ecroulee, avait ete en- trainee par les pluies et dont le milieu presentait meme la forme d'un entonnoir tres-evas^; tel est, par exemple, le monument des Lollii. M. Visconti croit que I'inscription (reproduite |iar moi, p. 223 de mon essai), d'un certain Marcus Caecilius n'a pu appartenir au tombeau du grand personnage de la famille CcTcilia, dont le frere aurait il6 I'oncle de Pomponius Alticus. Or , on sait , d'apres Cornelius Nepos, que I'ami de Ciceron avait ete inhume dans le tombeau de son oncle Caecilius, a la cinqui' me pierre dc la voie Ap- — H — pienne (1). II y a done la une coincidence frappante de noms, de distance et d'epoque, car I'inscription est archaique et rien n'in- dique que ce Marcus Cc'eciliiis fdt iin affranchi. M. Visconti pense que le fameux Casal-rolondo le plus grand mo- nument funeraire de la voie Appienne, n'etait pas, comme I'a cru Borghesi, le tombeau de Messala, dont Martial a parle dans deux pas- sages, rnais celui des Aurelii. Deux motifs avaient engage M, Canina (dont j'ai reproduit I'opinion) a considerer le Casal-rotondo comme le tombeau de Messala Corvinus : 1° la decision de Borghesi, auquel il avait envoye I'inscription trouvee en ce lieu, etportant seulement sur un fragment de marbre, le nom de COTTA. M. Borghesi I'avait restituee ainsi : MARCUS. VALERIUS. MESSALINUS. MESSALAE. CORVINO. PATRI. Ce qui pouvait paraitre tres-satisfaisant a cause des explications sur lesquelles le savant epigraphiste de S. Marin appuyait son opi- nion. Le second motif etait la renommee dont jouissait chez les Ro- mains le tombeau de Messala pour sa masse imposante et sa soli- dite proverbiale , qualites qui semblent convenir parfaitement aa Casal-rotondo (2). J'ignoresiM. Canina avait envoye a M. Borghesi un dessin exact de la pierre sur laquelle est gravee I'inscription Cotta ; or, ceci importe beaucoup a ce qu'il semble, car les ornements qui encadrent cette pierre ne peuvent guere, d'apres M. Visconti, appar- tenir qu'au second siecle , epoque a laquelle la famille Valeria Mes- salina etait eteinte, mais oia celle des Aurelii etait prospere, puisque Marc-Aurele en etait le rejeton. En admettant ce fait comme vrai, il se pourrait done que !\I. Visconti eut raison et que le monument fut eleve aux Aurelii , dont le surnom etait aussi , comme on sait, Cotta. 11 considere ce fragment comme faisant partie d'une inscrip- tion placee au-dessous d'une des statues qui decoraient le tombeau. Mais je ne crois pas , s'il m'est permis d'exprimer une opinion sur ces matieres , que ce motif d'ornementation ait ete inconnu et in- usite au premier siecle, car il se trouve presque le meme dans les caissons des Siiffiti de Tare de Titus dont j'ai la photographic sous les yeux ; or, I'arc de Titus date, comme on sait, du regno de Do- (i) Corn. Ncp. Vila Pomp. Allici. c. XXII. (2) Voy. Martial, liv. VI!, ('■p. 3. et llv. X, i^p. 2. — 12 — mitien. De plus, le fragment d'inscription, d'apres la disposition de I'encadrement , a du avoir one longueur qui ne s'accorderait guere avec la supposition de M. Visconti qu'elle etait au-dessous d'une statue. En admettant d'autre part que le monument fut du deuxieme siecle, on concevrait facilement qu'un tombeau aussi celebre que celui de Messala eiit ete entretenu et repare comme un edifice pu- blic, quand bien meme aucun membre de cette famille n'eut survecu aux parents de Messaline. Enfin , si le Casal-rotondo n'est pas le tombeau de Messala, ou placera-t-on ce dernier, plus connu des an- ciens et plus repute pour sa solidite que celui de Csecilia Metella, si bien conserve encore aujourd'hui? ANALYSE CRITIQUE DU DERNIER ARTICLE DE M. CANINA SUR LA VOIE APPIENNE. Parmi les positions les plus remarquables indiquees sur les plan- ches de M. Pietro Rosaet decrites par M. Canina, figurent a la page 97 des Annales de Vlnstitut de correspondance archeologique de 185Z|, les descriptions de mines attribuees par I'architecte romain a la villa de Clodlns, le rival de Milon. Cesruines que j'ai visitees avec soin se trouvent entre le treizieme el le quatorzicme mille. Je crois avoir demontre, page 121 de mon Essai, que, pour quiconque alu attentivement la Milonienne, Clodius possedait : 1° une villa pres d'Aricie, qui s'etendait sur le flanc occidental du mont Albain, a une certaine distance a gauche de la voie Appienne, vers le seizieme mille ; 2° une autre maison de campagne ou fonds de terre ( car Ciceron se sert tantot du mot villa, tantot du mot fimdtis, pour de- signer cette propriete de Clodius) , situe enlre le treizieme et le quatorzieme mille , a gauche de la voie , c'est-a-dire au-dessous de la moderne Albano et aux deux tiers de la cote qu'il faut gravir pour y arriver. L'embuche avait ete preparee dans le fonds de la villa d'Albano et non dans la grande villa voisine d'Aricie. C'est a cinq heures du soir que Milon passa devant le fonds de Clodius au trei- zieme mille. Clodius lui-meme avait quitte Aricie pendant la journee pour se rendre a sa villa d'Albano. A I'approche du cortege de Mi- lon, il sort, se dirige vers la villa de Pompee, qui etait situee en partie sur I'emplacement actuel d'Albano. De sorte qu'il s'eloigne de Rome et revient sur ses pas. II importe de gagner du temps afin de laisscr arriver son enncmi un peu au dela du fonds ou I'embus- cade etait preparee. Une fois ce point depasse, Milon se trouve pris entre les hommes embusqucs el la troupe qui accompagne Clodius — 13 — et. qui lui barre le passage au sominet de la cote d'AIbano. Les coni- mentateurs de la Milonienne et M. Canina lui-meme, qui cependant pouvait se rendre an compte exact, sur les lieux, de loutes les cir- constances rapportees par Ciceron, ont laisse planer un grand vague sur cot episode. Si Ton suppose, comme on I'a fait jusqu'a present, que Clodius ne possedait qu'une seule villa et qu'elle etait situee au treizieme mille, toute la narration devient inintelligible. EUe est, au contraire , parfaitement claire dans le systeme que je propose. 1° Desque Clodius est instruit do voyage force que Milon devait faire a Laimvium, il part de Rome , la veille du jour fixe poiy ce voyage, afin de preparer ses embuches dans le fonds de terre qu'il possedait sur le bord de la voie Appienne , vers le treizieme mille. u Interim quuni sciret Clodius, neque erat difficile scire, iter solemne, legitimum, necessariwn, ante diem XIII. Kalendas febr. Miloni esse Lanuvium ad flaminem prodendum, quod erat Dictator Lanuvii Milo; Roma subito ipse profectus pridie est , nt ante suum fumlum , quod re i)itellcctum est , Miloni insidias coUocaret.i) (C. X.) Apres quoi, Clodius, en quittant sa villa d'AIbano, va a Aricie, espei'ant, le len- demain, couper la route a son ennemi et I'enfermer entre le trei- zieme et le seizieme mille. Ciceron ne le dit pas, il est vrai, dans cette phrase; mais la suite le prouve assez clairement. L'orateur nous le montre en effet revenant le lendemain d'Aricie ; par consequent, il y etait alle la veille. 2° Le jour de I'evenement, Clodius revenant d'Aricie a Rome, se detourne vers son domaine d'AIbano. Milon savait qu'il etait a Aricie. Or, il etait naturel que Clodius , revenant a Rome , se detournat un peu vers sa villa d'AIbano, dont les dependances s'etendaientj usque sur la route. (( Illo die redieiis devcrtit Clodius {ad se) in (1) Alba- num, quod tit sciret Milo ilium Ariciw fuisse, suspicari tamen debuit eum, etiamsi Romam illo die reverti vellet, ad villam suam quce viam tangeretdeversurum.n (C. XIX.) Le mot deversurum s'explique faci- lement. Clodius n'etait pas oblige , il est vrai , de se detourner, en allant d'Aricie a Rome, pour entrer dans son domaine du treizieme mille, puisqu'il bordait la route; mais il etait force de le faire pour (1) Ad se ne me paraU pas pouvoir olTrir un autre sens que : se de- tourner vers son domaine. Cetle expression , qui peut sembler c-trange, a did insdree clans les meillcurs textcs sur la foi do Bergicr. Elle a dtd reproduite par Lallemand. Peut-etre ces deux autoritds ne devaient-elles pas paraitre suffisantes pour la faire mainlenir dans les meilleures Edi- tions de Cicdron. - u - pcn^lrer jusqu'a la villa dont ce fonds ddpendait, car elle devait fitre situee a une certaine distance de la voie , vers la partie superieure dii versant exterieur du cratere an fond duquel est le lac Albain. C'etait dans des positions elevees que devaient se trouver les riches villas, afin qu'on pCit y jouir d'nne pins belle vue. 3" Clodius est done arrive a sa villa d'Albano , niais il y est arriv6 trop tot. Lorsqiie Milon approche du lieu oii etait preparce I'embus- cade, au treizienie mille, vers cinq heures apres-midi , Clodius sort de sa villa; et, pour barrer le passage a son ennemi, pour lui couper la r^traite, il est oblige de renionter vers la villa de Pompee qui etait au quinzieme mille; ce n'etait pas pour voir Pompee, qu'il sa- \3l\1 a Alsiiim ; ce n'etait pas pour visiter sa villa, qu'il avait vue mille fois ; c'etait pour occuper la partie superieure de la route pen- dant que ses gens embusques au treizienie mille , devaient occuper la partie inferieure, aussitot que Milon aurait depasse ce point : Videte nunc illiun primiun egredientem e villa snbilo; amr? vesperi; quid necesse est?... tarde ; qui convenit id praisertim temporis?... » li° La rencontre a lieu devant le fonds de Clodius vers la onzieme heure (a cinq heures du soir). Clodius avait fait conslruire dans ce fonds de terre des batiments considerables du cote de la route. On eut pu y cacher mille personnes. Milon doit-il etre accuse d'avoir voulu attaquer un adversaire ? pouvait-il esperer avoir I'avantage en ce lieu, oii les gens de Clodius occupaient une position elevee ? « Fit obviam Clodio ante fundum ejus, liora fere undecima aut non muUo secus. n (G. X.) (( Ante fundum Clodii, quo in fundo, propter insanas illas sidjstrucliones , facile mille hominum versubatiir valen- tium, edilo adversarii at(ine excelso loco superiorem se fore putabat Milo, el oh earn rem eum locum ad pugnam potissimum delcgerat? n (C.XX.) 5°Clodiusest blesse; on le transporte au cabaret voisin deBovillce; c'estle scoliaste qui parle : « Clodiusvulneratus intabernam proximam Bovillano delatusest. » (Asconius Pedianus, argum. ad. orat. pro Mil.) La rencontre avait eu lieu au treizienie mille pres du sacrarimn de la bonne Deesse : <( Nisi forte hoc etiani casu factum esse dicemus ul ante ipsumSacra- riuin Bonce Dece quod est in fundo T. Sextii, Galli, etc. » (G. XXXI.) 6° C'est de la villa que Clodius possedait a Aricie et non de celle d'Albano que parle Ciceron au chapitre XIX, ainsi que j'ai clierche a I'elablir plus liaut, et ce qui prouve que c'etait bien a Aricie que se trouvait sa villa la plus importante, c'est que, dans sa fameuse invo- cation, Torateur s'ecrie : « Vos enim jam Albani tumuli atque luci, vos, inqnam, imploro atque testor, vosque Albanorum abruptce arce , sacronmi popidi romani socice et wquales, quas ille prceceps amentia ccesis prostratisque sanctissimis lucis, substrucHonum insanis molibus oppresserat ; vestrm turn arce , vestrce religiones, vestra vis valuit, quam ille omni scelere polluerat ; tuque ex tiio edilo monte, Latiaris sancte Jupiter, cujus ille lacus, nemora, finesque scepe omni nefario stupro et scelere macularat, aUquando ad eum puniendum oculos aperuisti : vobis illw , vobis vestro in conspectu serce , sed jiistce tamen et debitce pcence solutce sunt. » (G. XXXI,) Comment supposer qu'il s'agisse ici de constructions faites dans sa villa d'Albano qui etait a plus d'une lieuc du temple, desbois sacres de Jupiter Lalial et des autels albains? 11 faut done placer : 1° Une villa de Clodius enLre Aricie {la Riccia) et le sonmiet du mont Albain, s'etendant sans doute sur la crete meridionale du cratere, vers le couventde Palazzola, qui nous represente I'emplacement d'une partie de I'ancienne Albe-la-Longue. La villa C/tigi, a Test de la Riccia, oc- cupe probablement la partie inferieure de la villa de Clodius ; 2° un fends de terre appartenant a Clodius et situ^ a gauche de la voie Ap- pienne, au treizieme mille, et dependant d'une villa placee dans une position plus elevee, vers la villa Torlonia ou la villa Barberini. MM. Canina et Pietro Rosa (1) ont bien indique la place du sacra- rium de la bonne Deesseet la position des constructiones insanw dans le fonds de la villa de Clodius; mais ils n'ont pas mentionne la villa d' Aricie. 11 est fort douteux qu'il reste quelque chose aujourd'hui des batiments de cette epoque. On sait que les empereurs, et Domitien surtout, firentelever des edifices considerables dans tousles environs d'Albano. On a cru reconnaitre cependant vers la Galleria di Sotto des vestiges de monuments anterieurs aux Cesars (2) . M. Canina suppose (p. 99 des Annates de 185/i), que le monument connu sous le nom populaire de tombeau d'Ascagne et que Ton re- marque a gauche de la voie, pres de la porte de la moderne Albano, a I'origine de la Galleria di Sotto, est le tombeau de Pompee, non ce- lui qui fut eleve dans sa villa d'Albano pendant la seconde moitie du premier siecleavant J.-C, a I'epoque ou Cornelie rapporta d'Egypte les cendres de son epoux, comme nous I'apprend Plutarque (C. 80), mais un monument eleve a la menioire de Pompee par Adrien. Or, (1) C'cst la disposition que j'ai adoplde sur ma carte du Latium. (2) On peul suivre loul cet Episode sur la carle du Latium qui acconi- pagne men Essai. — 16 — Appien dit bien, au chapitre 86 du livre 2 des guerres civiles, que cetempereur fit construire un mausolee hlameraoirede Pomp^e, en Egypte. M. Canina raisonne ainsi : ce monamenl d'AIbano se rapporte assezbien au deuxieme siecle etcomine Adrien en a fait elever una Pompee en Afrique, rien n'empeche qu'il ne lui en ait eleve un autre pres de Rome. Cela n'est assurement pas tres-satisfaisant. Ce qui est incontestable, c'est que la villa de Pompee etait a cet endroit merae sur I'emplacement de la moderne Albano. M. Canina expliqiie ensuite comment s'est formee la villa des C^- sars, composee des campagnes de Clodius et de Pompee reunies. Celle de Pompee appartint, apres lui, a Dolabella (Cicer. Philipp. XllI, c. 5), puis a Antoine. Apres la balaille d'Actium, Augusle s'en empara et ses successeurs n'ont cesse de la posseder depuis. Quant a celle de Clodius, ellepassa, apres sa mort, a la branche des Claudius Neron, haritiers de celle des Claudius Pulcber, dont le tribun Clodius etait le dernier representant. Tibere Claudius Neron etait done en possession de cette villa quand il arriva a I'empire et reunit ainsi les deux campagnes en une. M. Pietro Rosa a decouvert dans ces derniers temps une villa an- tique dont la coupe et le plan ont ete dessines par lui et graves dans les Annalesde 185/|. Elle est situee dansla villa Dor ia, sur la droits de la voie, au quinzieme mille, a I'ouest de la moderne Albano. On y remarque I'appareil de construction employe surtout au second siecle; c'est Vopus reticulaium, enlremele de rangees de briques re- gulieres semblables a celles de la villa d' Adrien pres de Tivoli. On a trouve des briques portant la date du consulat de Servianus et celles des principats de Domitien et de Commode. L'ensemble des con- structions ne pent etre anterieur au second siecle. Les sculptures qui proviennent de ces mines et qui sont au palais Doria a Rome , sont d'un art remarquable. On ignore le nom du proprietaire de cette villa qui ne peut etre considerde comme une dependance du palais de Domitien, mais tout y annonce le luxe. L'acces etait da cote de la voie Appienne et offrait un vestibule et un atrium de- cores de colonnes. Du cote de la campagne se trouvait le triclinium avec une espece de belvedere soutenu par un portique cintre et ayant vu sur la plaine. Dans la partie orientale se voient des con- structions, restes de bains, et des logements destines aux gens de service. Tout pres de la, du meme cote de la voie, sont des mines qui pa- rai~sent se rapporler a I'epoque de Domitien, et ne representent nul- lement, comme on I'a cru, les restes de la villa de Pompc'e, mais ceux d'un etablissement de bains publics. — 17 - J'avais connaissance d'une partie des travaiix, plans et dessins de M. Pietro Rosa a I'epoque de la publication de mon travail. J'ai mon- tre la rectification qu'il avait faite du systeme de Nibby, sur le camp pretoricn d'Albano, j'ai mentionne apres M. Noel des Vergers la belle decouverte, due au jeune architecte romain , du temple de Diane Nemorensis. Mais il est un grand nombre de points reconnus dans la campagne romaine par cet habile investigateur, et nous esperons que ses consciencieuses etudes topographiques sur le Latium ne tar- deront pas a etre publiees. En descendant la cole qui conduit d'Albano a I'ancienne Aricie, entre le quinzieme et le seizieme mille , M. Pietro Rosa a trouve une inscription ainsi conQue : C. FABERIVS. MIL. ET. SEDILIA. IVNONI. DAT. M. Canina croit que MIL. signifie miliarium, sans juste appropria- tion, ajouLe-t-il. M. Leon Renier, auquel j'ai soumis la difficulte, pense qu'il peut etre ici question d'une de ces bornes milliaires de luxe qui ne se trouvaient pas toujours a la limite d'un mille, mais qui indiquaient les difftirents relais el marquaient I'espace parcouru , comme on en a trouve dans plusieurs lieux, en Gau'.e, par exemple, a Tongres et a Autun. CHAPITRE IT. LES CATAGOMBES. Quoique je n'aie traite dans mon Essal sur le Latium que de la Rome paienne et que mes travaux complemenlaires ne dussent par consequent, aux termes de I'arrete qui me confiait une se- conde mission, ne porter que sur ces etudes, je crois devoir sou- mettre a Votre Excellence un tres-rapide apergu des importantes decouvertes accomplies en ces derniers temps par M. le chevalier de Rossi dont I'oeuvre est encore inedite. Elles ne sont d'ailleurs pas tout a fait etrangeres aux questions topographiques qui devaient m'occuper. M. le chevalier de Rossi ne se recommande pas seulement a I'at- tention et a I'eslinie du monde savant par I'exploration qu'il a faite de quelques parties inconnues des catacombes; il poursuit un but plus eleve et sa tache sera plus productive. On peut dire, sans for- Archiv. des Miss. viii. 2 - 18 — cer le sens des mots, que ce n'esl pas seulement le cimeliere de Saint-Callixte, mais que ce sont les catacombcs Inslor'upics qu'il a decouvertes. On pouvait s'etonner, en effet, de ne pas avoir retrouve les sepultures des personnages illustres de I'Eglise primitive, parmi la multitude de tombeaux qui remplissent les galeriesdes necropoles souterraines. Les eveques de Rome qui sont les premiers papes, les saints en renom, les martyrs celtbres etaient restes enfouis dans des lieux jusqu'a present ignores, C'est dans ces lieux memes, sur ces monuments consacres par tant de touchants et de precieux souvenirs que M. de Rossi vient de repandre une sondaine liuniere. Mais si le resultat de ses recherches a une grande importance, la methode qui I'y a conduit me parait plus considerable encore. — Doue a la fois d'ardeur etde patience, de savoir et de penetration, d'enthousiasmc et de discernement, on peut dire qu'il estappele a renouveler la science de I'archeologie chretienne. Le premier principe de sa methode a ete de so montrer d'une ex- cessive severile dans le choix des documents a consulter. II a ecarte avec soin tout ce qui ne lui inspirait pas une confiance absolue, et il a commence par laisser completement de cote les Acies des martyrs consideres jusqu'a present comme le meilleur ou plutot comme le seul guide des catacombes, et il a pu fort heureusement justifier, vis-a-vis du gouvernement pontifical, la proscription qu'il faisait de ce recueil en mettant sous les ytux du Saint-Pere une buUe du pape Gelase qui, considerant \es, Acles des martyrs comme apocry- phes, en defendait la lecture dans les eglises. Deux sources lui ont paru surtout dignes de confiance : rhisloirc profane dans les indi- cations topographiques qu'elle nous fournit, et les recits faits par les pelerins qui venaient visiter les tombeaux des saints, dans les catacombes, apres la paix dc I'Eglise. Les Adcs des martyrs peu- vent nous donner aussi parfois des renseignements geographiques exacts, mais il ne faut pas songer a en tirer d'autre secours. On ne doit admettre aucun document posterieur au huitieme siecle. C'est en remontant a ces vraies sources de I'etude archeologique du christia- nismc primitif que Ton devra refaire en enlier I'histoire des cata- combes. Le dix-huilieme siecle a attaque les legendes, mais il n'a pu detruire I'existence des martyrs. 11 faut done retrouver aujour- d'hui, ;i I'aide de documents certains, la suite des faits, en les dega- geant du merveilleux dont les recits legcndaires, posterieurs pour la plupart au huitieme siecle, les ont entoures. Ce qui explique la substitution de la fable a la verite vers cette epoque, c'est I'igno- rance on Ton etait alors de I'histoire profane. Maintenant que nous — 19 — avons, d'une pari, des documents aulhentiqiies , de Tautre, comme temoins irrJcusables, les catacombes el!es-memes, il ne nous man- quait plus qu'une methode scientifique et les proccdes legitimes qu'elle enseigne. — C'est cette methode que M. de Rossi a trouvee. Personne n'avait interroge, pour en tirer quelque lumiere sur la necropoJe chretienne, les manuscrits des pelerins qui venaient a Rome , apres Constantin, afin d'y visiter les catacombes. M. de Rossi decouvrit a Bruxelles la relation d'un pelerindge de I'annee 4^9 de J.-C. Joignant aux precieuses indications qui y etaient con- signees quelques autres documents non moins authenliques, le savant archeologue fut conduit , par ses penetrantes observations, a re- connaitre que les catacombes n'etaient pas, comme on I'avait cru jusqu'alors, un immense dedale ou toutes les epoques etaient con- fondues ; mais qu'il existait un grand nombre de cimetieres isoles ayant leur origine , leur nom et leur histoire , et formant autant de centres religieux dont la connaissance devait nous faciliter Fintel- ligence du christianisme primitif. Le nom du cimetiere est ordi- nairement celui du proprietaire du sol. C'etait loujours un chretien etM. de Rossi croil, a cette occasion, que c'est une erreur de penser que les premiers Chretiens de Rome fussent pauvres. lis avaient au contraire a leur disposition d'immenses richesses et etaient aussi influents par leurs ressources materielles que les juifs le sont dans nos societes modernes. lis acqueraient un territoire aux abords de la ville, creusaient le sol sous leur domaine et y etablissaient une catacombe pour la celebration du culte et la sepulture des fideles. lis n'ont pas occupe, comme on I'a cru, des galeries toutes faites dont I'exploitation avail ete abandonnee. Car il est facile de con- stater que, vu le peu de largeur des galeries morluaires, les frais d'extraction de la pouzzolane auraient emporte les benefices du mar- che. Ainsi les catacombes que nous avons visitees avec M. de Rossi, n'ont ete faites que pour les Chretiens. On sail qu'a I'epoque ou la paix de I'Eglise fut proclamee par Constantin, on cessa de celebrer le culte dans les cryptes des catacombes puisqu'on pouvait produire au grand jour les pompes des ceremonies. A cette epoque, les corps des martyrs celebres et des saints le plus en renom furent releves et transportes dans les eglises ; mais leurs tombeaux primitifs de- meurerent toujours lieux consacres. lis devinrent alors un but de pelerinage, et Ton vint en foule visiter, de tons les points du monde Chretien, I'asile de la foi persecutee, les chapelles ou s'etaient ce- lebrees les premieres messes, les sepultures vides, mais qui rap- — 20 — pelaienl de pieux souvenirs ct auxquelles restail altachee quelque chose de la verlii mysterieuse des reliques des martyrs. Ces pele- rinages durerent jusqa'au huitieme siecle environ. C'est a cette epoque que les Sarrasins , dans la campagne romaine et sous les miirs mCme de la ville, vinrent troubler la paix des catacombes. Les objets procieux deposes dans les chapelles par la piele des pe- lerins excitaient surlout la convoitise des infidelcs. C'est alors que les galeries furent comblees et les cryptes remplies, par les lucer- naires, de terre, de fragments de pierre et de marbre provenant des monuments de la voie Appienne. Les Chretiens eux-memes ne trouverent pas d'autre moycn pour mettre les scpuUures sacrees a I'abri de nouvelles violations. C'est ce qui explique comment on a trouve des inscriptions de tombes paiennes confondues dans le ci- metiere souterrain avec les inscriptions chretiennes. Aussi un grand nombre de catacombes comblees au V1II« siecle, etaient-elles igno- rees depuis lors. M. de Rossi pensait que de nouvelles decouver- tes nous reveleraient des series entieres de tonibeaux appartenant aux personnages illustres de la primitive Eglise, et que les cime- tieres des saints et des martyrs celebres, les seuls qui fussent vrai- ment interessants pour I'histoire, etaient encore inconnus aux portes memes de Rome. II se niit done a I'ceuvre, et convaincu : 1" que chaque catacombe etait un cimetiere isole; 2° que celles qui avaient le plus souffert de I'invasion des Sarrasins et qui, par consequent, avaient ete comblees, etaient precisement les plus curieuses et de- vaient renfermer les sepultures les plus importantes ; 3° que chacun des cimetieres souterrains, ayant etc I'objet de pelerinages et d'un culle tout special apres la paix de I'Eglise, devait etre indique par la presence de basiliques construites sur le sol ; guide d'autre part par les recits des pelerins dont il posscdait les manuscrits, et par les notions topographiques tirees des auteurs profanes, M. de Rossi interrogea le sol aux environs de la voie Appienne, entre la basilique Saiiit-Sebastien el la porta Appia. 11 visita la Vigna Ammendola si- tuee a droite de la voie et y decouvrit un fragment d'inscription chretienne qui portait en caracleres droits : NELIVS. Sachant que le pape S. Corneille avait du etre inhume a peu de distance de ce lieu dans une catacombe celebre, il examina avec la plus scrupu- leuse attention tout ce que renfermait I'enclos de cette vigne et re- connut bientot, dans les constructions antiques qui servaient de grange etd'etable au fermier, une basilique du IV« siecle, conserves avec les trois niches du choeur, forme consacree a cette epoque. 11 fouilla le sol a cet endroit, et decouvrit la catacombe, les galeries — 21 - fiinebres, les cryptes avec leurs peintiires, leurs tombeaux et leurs aiilels. II remarqua dans la galerie, avant de penetrer dans chacune des cryptes, des inscriptions pen lisibles, on pourrait meme dire pen visibles pour des yeux moins exerces que les siens. Ce sont des epi graphes chretiennes gravees dans les revetements de stuc qui cou- vrent les deux cotes de la porle. Elles sont surchargees, confuses, presque indechiffrables. M. de Rossi, qui possedeplus que personne cet ceil d'archeologue auquel rien n'echappe et rien n'est indifferent, resolut d'etudier ces inscriptions cursives dont I'aspect est celui d'un reseau inextricable de pattes de mouches sur lequel dix siecles ont depose leur poussiere. 11 eniploya des jours, des semaines, des mois, et parvint a debrouiller ce chaos. II recueillit , isolee , chaque inscription et les releva loutes. II comprit que c'etaient les pelerins qui, avant de penelrer dans la crypte, avaient formule et grave a la porta I'objet de leurs pieux voyages, quelquefois le voeu qu'ils adressaient aux saints martyrs. Us y ajoutaient leurs noms ou celui de la personne pour laquelle ils venaient prier. L'un demandait la sante de sa fiUe, un autre le repos de Fame de sa femme ou de son pere. Ils repetaient la meme formule a I'entree de toutes les cryptes qui renfermaient les sepultures les plus renommees. La presence de ces inscriptions cursives revela done a M. de Rossi, avant meme qu'il eut fait enlever les decombres qui remplissaient la crypte, I'im- portance des tombeaux qui s'y trouvaient. 11 acquit la certitude qu'il etait dans la catacombe de Saint-Callixte et qu'il allait decouvrir les sepultures des papes du troisieme siecle et celle de sainte Cecile. II avait reconnu deja dans la galerie le tombeau du pape saint Cor- neille (21* eveque de Rome, de 251 a 252), dont I'inscription mu- tilee se rajusta parfaitement avec le fragment trouve sur le sol supe- rieur. Puis, dans la crypte principale, il decouvrit les tombeaux des eveques qui composent la serie complete, sauf quatre, des papes, de I'annee 230 a I'annee 311, c'est-a-dire dcpuis le regne d' Alexandre Severe jusqu'a celui de Constantin. Les inscriptions les mieux con- servees dont M. de Rossi a reuni les fragments mis en place, sont celles du pape saint Anthere (19« eveque de Rome, de 235 a 236), du pape saint Fabien, delafamille Fabia (20*= eveque de Rome, de 236 a 251), du pape saint Luce (22*^ eveque de Rome, de 252 a 253), du pape saint Sixte II (2^'' eveque de Rome, de 257 a 259), et qui occupe la place la plus importante, son sarcopbage figurant I'aulel de la crypte; la belle inscription qui est gravee sur cette tombe et dont M. de Rossi a retrouve et rajuste I'infinie quantite de parcelles, est du pape saint Damase, et a ete placeesur le tombeau — 22 — de saint SLxte aprcs la paix de I'Eglise. (Saint Damase pape et 6ve- qiie de Rome, de 366 a 384). M. de Rossi savait, par les indications infaillibles des guides qu'il avait choisis, que le tombeau de sainte Cecile etait voisin de celui de saint Sixle , dans une cella allenante a la crypte principale. II exists , en effet , a gauche de I'autel, une petite porte qui conduit dans une cbambre sans autre issue. Dans cetle chambre est un lorn- beau prive d'inscription pies duquel on voil une peinture represen- tant un eveque revetu de ses insignes; marques conformes de point en point aux indications donnees par les guides sur le lieu ou sainte Cecile avait ete inhumee. Le cimetiere de saint Callixte est assurement le plus interessant de tous ceux qui ont ete decouverts jusqu'a ce jour. C'est la vraie catacombe historique du troisieme siecle. Je I'ai parcourue en entier avec M. de Rossi. Les peintures qui decorent la voiite et les arceaux des cryptes oni ete relevees par lui ou dessinees sous sa direction. Quelques-unes ont deja ete publiees commes pieces a I'appui de Vv/Pk insere dans le Spiciligium de dom Pitra (t. Ill, p. 5/t5-577). Get article subslantiel de 28 pages est la seule publication faite en France par U. de Rossi. Quelques-unes des peintures non publiees de la catacombe de saint Callixte offrent un tres-grand interet : en- tre autres celle du bon pasteur ramenant a lui les brebis egardes,, reponse significative, acette epoque et en ce lieu, aux arguments de Tertullien qui niait la misericorde absolue et avait ete en lulle a ce sujet avec le pape saint Sixte, D'autres represenlent le portrait tra- ditionnel de saint Pierre , fort reconnaissable , quoique I'artiste ait voiilu rappeler deux souvenirs en un seul sujet , car saint Pierre est un Moise faisant jaillir I'eau du rocher; puis Jonas sortant de la ba- leine, image materielle de I'ame s'echappant du corps; la consecra- tion des pains, avec le poisson symbolique partout present : t/Ou; £(7Tt 'Iriffoti? /pi'^Toi; Seou uto? awr/ip. On peut remarquer que souvent I'ornementalion des voutes n'a aucun caractere Chretien et rappellc, si Ton tient compte toutefois de la decadence de I'art au troisieme siecle , les peintures ornementales de Pompei , celles des bains de Titus et, plus sensiblement, celles de Veleia. Je sais que Tepoque memo que M. de Rossi assigne a ces peintures sera I'objet de se- rieuses contestations; mais il faut altendre sou ouvrage et ses preuves. M. de Rossi distingue trois cimetieres vers la voie Appicnne et trois autres vers la voie Ardcatine. Les plus curieux, apres celui de Paint-Callixle, sont ceiix de Domililla du premier siecle, a I'ouest du pri^cedent, et dans lequel les Iravaux se poiirsiiivent en ce mo- ment, et de Saint-PreLextat au sud-est et en deca de la basilique de Saint-Sebastien. Le centre liistorique de la catacombe de Domi- tilla est reconnu. II est remarquable que dans les cinieliercs retrouves par M. de Rossi figure le portrait de la Vierge, ce qui semblerait eta- blir que ce culte remonte aux premiers temps de I'Eglise. Dans I'Al- lemagne du nord on s' est emu et alarme a la nouvelle de tant de pre- cieux temoignages religieux decouverts par un savant catholiquc dont le travail n'etait soumis a aucun controle. Des attaques direcles et parties, dit-on, de tres-haut ont ete publiees a Berlin; mais M. Hen- zen, le premier a Rome, quoique appartenant au culte reforme, a courageusement eleve la voix pour defendre la probite scienlifique de M. de Rossi, dont le caractere et le devouement exclusif a la grande cause de la verite sont au-dessus de tout soupgon. L'acte courageux de M. Henzen, acte qui honore autant son auLeur que celui qui en est I'objet, n'a d'ailleurs surpris personne, et ceux qui ont I'honneur de le connailre n'altendaient pas moins de lui. Votre Excellence me pardonnera de saisir avec empressement cette occasion de ren- dre ici lemoignage au caractere d'un homme dont TEuropo connait deja le savoir eminent et auquel, pour ma part, je dois de si impor- tants secours dans I'accomplissement de la tache qui m'a ete confiee; car, en 1852 deja, c'est lui qui a daigne guider nion inex- perience par ses conseils, eclairer mes premiers pas des lumieres de son jugement si sur et de sa science si profonde , c'est lui qui me permet aujourd'hui de m'honorer d'mie amitie dont de moins obs- curs pourraient encore etre fiers. Je ne puis m'etendre davantage sur la decouverte de M. de Rossi : j'ai surtout cberche a montrer le caractere et a faire ressortir les resultats de la metbode dont il est le createur. Les documents qu'il a reunis sont nombreux. 11 n'a pas recueilli moins de 10,500 inscrip- tions chretiennes, sans parler des dessins et des peinLures qu'il a fait executer. II poursuit avec activite ses recherches et ses inter- pretations, mais il estime que sa vie entiere doit etre consacree a I'accomplissement de ce grand travail, car il n'est pas de ceux qui compromettent le resultat de leurs etudes par un empressement malheureusement trop ordinaire aujourd'hui. II suit I'exemple du petit nombre de savants pen curieux de la vogue, ambitieux seule- ftient de la renommee legitime et durable qui at'end les oeuvres serieuses. Je ne puis me dispenser de mentionner ici la belle dt§couverte de la catacombe de Saint-Alexandre, a 7 milles de Homo, sur la vo:e - 2h - Nomentane, au dela de I'Anio. Je I'ai visit^e avec M. Visconti qui en dirige les fouilles. La basilique dont la conservation est admi- rable, nous presente la disposition inlerieurc des edifices religieux construits au-dessus ou a I'entree des cimeLieres souterrains apres la paix de I'Eglise. Les galeries de la catacombe nous offrent des particulariles uniques qui ont le plus grand inleret pour I'archeo- logue. On y voit figurer des cercueils encore en place, disposes dans le sens de la longueur et presentant le flanc a la galerie dont les parois sont formes de grandes plaques de briques reunies entre elles par de la chaux (1). De cette fagon, toute communication avec I'air exterieur est interceptee. Pres de quelques-unes de ces sepul- tures, on voit encore le vase de sang qui indique la presence des depouilles d'un martyr. On sait par les Actes, dit M. Visconti, que saint Pierre s'etait retire en Sabine et y avait ete recueilli par une certaine Severa. On sait aussi que le pape saint Alexandre fut mar- tyrise sous Trajan, I'an 112 de J.-C, en Sabine, « Ad 7iymphas ubi sanctus Petrits baptisabat. » {Ades des martyrs.) Un gelerin venu a Rome au temps de Charlemagne, nous apprend, en outre, que ce lieu etait designe par les mots ad Alexandrum. En rapprochant ces divers temoignages, M. Visconti a acquis la conviction que la cata- combe retrouvee est bien celle du pape saint Alexandre. Je ne me permettrai d'ajoulcr aucune observation a ce qui precede. En sup- posant que Ton conteste I'authenticite des documents sur lesquels s'appuie M. Visconti, il n'en est pas moins assure que ce cimetiere souterrain, de quelque nom qu'on veuille I'appeler, est d'une epo- que tres-ancienne et que, seul, il nous presente des tombes in- tactes avec des particularites dignes du plus grand interet. CHAPITRE III. DECOtVERTE DES AQU.E APOLLINAIIES (2). De toutes les decouvertes faites aux environs de Rome dans ces derniers temps, la plus importante sous le rapport geographique (1) Cellc disposition est la mCme clans toutes les calacombes; mais les eercueils ne se sont bien conserves que la. (2) Cette Iroisicmc partie du rapport a €\.6 lue, sur la domando de M. Guigniaut et avec raulorisation de S. Exc. M. le Ministrc de I'instruc- tion publiquc, aux stances ordinaircs de I'Acaddmie des inscrij)lions et belles-lettres, les 20 novembre et 4 di^cembre 4 857. — 25 — est sans contredit celle des Aquw Apollinares. J'en avals seulement oui parler lors de mon premier voyage, car la Civiltd caltoUca, du 21 fevrier 1852, I'avait annoncee, mais sans donner aucun detail. Or, comme elle avait eu lieu a Vicarello, sur un domaine appar- tenant aux jesuites, le P. Marchi, membre de cette congregation, put reiinir toutes les anliquites qui en provenaient, les examina avec soin, les classa dans sa collection et publia ensuite son senti- ment sur I'importance de la decouverte et sur la valeur scienti- fique des objets trouves en cet endroit. L'inventaire et le travail auquel il donna lieu furent lermines vers la fin de I'annee 1852. Le savant antiquaire fit alors imprimer une petite brochure sous ce litre : La stipe tributata alle divinitd delle acque Apollinari, sco- perta al cominciare del 1852. d. g. m. d. c. d. g. Roma, tipografia delle belle arti. — Cette brochure a 32 pages et est accompagnee d'un tableau et de h planches gravees (elle n'est pas dans le com- merce), Je visitai la collection du P. Marchi et il me donna lui- meme tousles renseignementsqueje pouvais souhaiter sur cette inte- ressante question. Comme les objets trouves a Vicarello ont ete trans- portes a Rome et que ceiix qui ont ete juges dignes d'etre con- serves figurent dans le cabinet du P. Marchi, j'ai cru inutile de me rendre moi-meme sur les bords du lac Bracciano. Aucun des geographes qui s'etaient occupes des itineraires an- ciens n'avait indique la position exacte de ces eaux thermales. Cluvier les plagait a Cere, beaucoup trop pres de Rome ; Lapie a Allumiere qui est trop loin, Westphal a Sasso, Mannert a Stigliano, positions qui, du moins, s'accordent mieux avec les mesures des tables. Ce qui explique ces erreurs et ces divergences, c'est que dans tous ces endroits il existe des eaux thermales et qu'il n'y avait pas de bien bonnes raisons pour preferer les unes aux autres. L'itineraire d'Antonin est seul mentionne par le P. Marchi. Cepen- dant la Table de Peutinger indique aussi une station aux Aqucs Apollinares : TABLE ANTONINE. TABLE DE PEUTINGER. A Roma Cosam. Roma Tarquinios. Careias (alias Carcias) XV. Lorio XII. Aquis Apollinaris XIX. Bebiana » Turres » Aquas Apollinares VIII. Je reviendrai tout a I'heure sur ces deux monuments; aussi bien — so- la question geographique est-elle double : 1° position des Aquce Apollinares ; 2° modification que cette decouverte doit apporter dans le trace des itineraires. 11 me parait impossible, en effet, de laisser subsister les traces de Nibby et de Westphal, sans parler des autres geographes qui ne me semblent pas avoir etudie avec le meme soin cette partie de la topographic des environs de Rome. 1° Position geogi'aphiqrie des aqu^ apollinarks. — Ledomaine de Vicarello, avant d'avoir appartenu oux jesuiles, avait ete d'abord une dependance des moines Camaldules de Saint-Gregoire da mont Celio. La plus ancienne mention connue de cette propriete remonte a I'an 1320. Dans une charte conservee aux archives de Santa-Maria- iu-Trastevere, on voit figurer le nom de tenimentum caslri Vicarelli. II y avait alors a cet endroit un chateau ceint de murs. En 1367, une sentence du juge du palais de la chambre exempta Vicarello de la taxe, parce que le chateau, etant tombe en ruines, se trouvait reduit a I'^tat de casale. Ce domaine a passe ensuite au College germanique et les jesuites en heriterent ainsi que de tous les autres biens possedes par cette congregation. Quant aux bains, ils etaient abandonnes depuis longLemps, lorsque le pape Clement XII, les re- tablit en 1737, ainsi que Tiudique 1 inscription placoe sur la porte. Les PP. jesuites y avaient deja fait quelques reparations au temps de Mibby ; mais, voulant y fonder un etablissement considerable sur un plan entieremenl nouveau, on se mit en devoir de demolir tout ce qui subsislait encore de I'ancien. On vida, a I'aide d'une poinpe, le bassin principal qui n'avait jamais ete reslaure depuis I'origine, c'est-a-dire depuis le temps des Romains et meme des Etrusques.. C'est au fond de ce bassin que Ton decouvrit un grand nombre d'objets efforts en don aux diviniles de la source ct,parmi cesobjets, plusieurs milliers de pieces de monnaie. On en tira plus de 2,000 livres pesant. Les monnaies qui furent trouvecs d'abord etaient du second age de Rome (frappees enlre deux coins), puis au-dessous de cette premiere couche, se trouvait Yces grave signalum remontant a la plus ancienne epoque romaine, et enfin, tout a fait au fond, Voes rude, metal brut gisant la depuis plus de viugl-six siecles, c'esl-a- dire depuis les temps primiLifs des populations de TELrurie. Le tout futtransporte a Rome; le P.Marchi lit son choix, et cequi nc futpas juge digne de figurer dans sa collection dut etre fondu et Ton en fit une belle cloche. La decouverlc de Vicarello oflVait done I'exemple unique d'une seiie non interrompue de monnaies depuis I'origine des socieles j'usqu'au qualriome siecle apres Jesus-Christ. Mais on trouva parmi ces offrandes des objets beaucoup plus interessants encore — 27 — sous le double point de vue de I'art el de la science. Le P. Marchi explique la presence de ces offrandes de la maniere la plus satisfai- sanle. Tous ceux qui avaient eprouve refficacite des eaux et qui attribuaient leur guerison a la vertu de la nymphe offraient, en signe de reconnaissance ou a litre d'ex-voto, quekjue objel d'une valeur proportionnee a la condition de la personne. Celte sorte d'offrande s'appelait stipis, et eel usage etait general comme on le voit par difierents passages des auleurs (1). On a Irouve dans le bassin des vases d'argenl, de bronze el de cuivre, du plus beau travail et des formes les plus elegantes, lis ont du servir aux huveurs d'eau et etre offerts par eux a- la nymphe apres leur gueriison. Parmi ces especes de cyathi figurent les trois fameux gobelets sur lesquels soul gravees toutcs les stations de la route que les baigneurs qui ont fait celte offiande avaient suivie pour venir de Cadix a Rome. On avail donne a ces gobelets la forme de bornes milliaires. lis sont d'autant plus precieux que, des trois ilineraires anterieursaudouzieme siecle qui nous sont parvenus, un seul, la Table Antonine, nous fait con- nailre les routes d'Espagne. On sail que la Table de Pcutinger et I'itineraire de Bordeaux a Jerusalem ne ixous donnent aucune indi- cation sur ce pays. Parmi les objets Irouves aux environs de la source de Vicarello, figurent trois inscriptions qui ne nous laissent plus aucun doule sur I'appellation qu'il convient de donner a ces. eaux thermales; la pre- miere porte, : CEZTIA... ATTAA.. OBAC AlIOAAilNI KATONAP A.fli;- Ai/,-0'1 t' HrAa6!riv te irapj'atvy^s;. . . . Hymn, in Apoll. (2) V. Strab., VH, 330. — Plin., IV, 10. — Just., VH, 1.— Steph.Byz. in verb. — Eust. ad Dion. — Sol., IX, 1. (3) Just., VII, 1. — Ht^rod., VIII, 188. (4) AXX' i'3' s7;si-j";'u.£vo; HorrviSy. Trpo; 770>.uar,>,ov. £vGa 5'' av dp-yiicsftaTa; iiJt); ywd^SiOLi al-^-a; euwiOs'vTa; u-^vu, xsivv;; •/_Oovd; ev Sc/.-i^ciai flut 6soi{ [AaxapECJOi xa.1 daru xri'jE r:iXr,o;. (Diod. Sic. Exc. Vatic, VII, 17.) Le lac silue au niilitiu de la plaine separail sans aucun doute les deux districts. Toute la question est de savoir quelles etaient leura limites reciproqucs plus bas du cote de la mer. On s'es'i preoccupe de I'etymologie de ce mot Emathie. La legende, suivaril sa coutume, expliq le le nom de la controe par uii noai de hero3,et suppose un certain Emalhios ou Emathion (1), premier roi du pays. 0. Muller croit que la racine du mot est grecque : aaaOo;, sable de la mer; riaaOo'sti;, sablonneux. Malheureusement pour cetie conjecture, I'Ematbie ne parait pass'etre etendue jamais jusqu'au golfe Thermaique. La Bottiee, comme nous essaierons de le montrer plus tard, depassait le Lydias et suivait les bords de THaliacmon jusqu'au territoire de Beroea. Nous trouvons bien dans Tite-Live : « que la (2) « flotte romaine aborda sur les cotes de I'Emathie, qu'elle devasta « toute la plaine, que les gouvemeurs du pays supplierent Persee (( de leur envoyer des secours , et que le roi pressa les Thraces de <( partir pour defendre les rivages de I'Emathie. » Mais quelle est ici I'acception de ce mot ? S'applique-t-il au district proprement dit, ou ne s'etend-il pas deja, par une sorte d'abus, a toute la plaine com- prise entre THaliacmon et I'Axiiis ? C'esl ce qui arriva plus tard (3) ; c'eft ce qui nous parait avoir eu lieu des le temps de Tite-Live. L'Emalhie de I'ecrivain latin renferrae deja ce canton proprement (lit et les cantons voisins de la Cyrrhestide et de la Bottiee. Quelque- fois cependant il la distingue de ce dernier pays, et son temoignage confirme alors ce que nous avons dit plus haut. Dans les derniers temps de la royaute mac^donienne, le caractere du roi Philippe devint ombrageux et cruel. Se defiant des principaux habitants des grandes villes de la cote, il resolut de les faire passer dans I'Emathie avec leurs femmes et leurs enfants. (( Jam primam, nous dit Tite-Live d'apres Polybe, omnem fere (( multitudinem civium ex maritimis civitalibus cum familiis suis in (1) Macedonia ante nomine Emalhionis regis, cujus prima virtulis ex- perimenta in illis locis exslant, Emalhia cognominata est. (Just., VII, 1.) (2) Scriptum erat in lis (litteris) : « Ad Emalliiam elassem romanam ap- « pulsam esse, agrosque circa vexari. Orarc pritfectos Emalhife ut praesi- 0 dium adversns populatores niittat. » His leclis (Perseus) hortalur Thracea ut ad lucndam Emalliia; cram protlciscantur. (T. Liv. XLIV, 44.) (:j) V. Geograph. de Ptol fiuxOiou — 71 - KaeaTTip wspi Aiy'ia; t'^; MaxiJc- vta; » (2) Plut iuDemclr., XLIII, (3) Pint, in Pyrrh., XXYI, — 76 — 6tre est-elle la meme qu'une ville d'AtYavev) menlionnee dans I'An- \hologie comme voisine de Beroea (1). NDCTjOei; Aio; 6 opojAEu; xaOsuSei. Kiepert place celte ville dans I'Eordee, non loin de Beroea. 2° Pour que les deux passages de Pline fussent concluants, il fau-> drait que le nom d'Edessa se trouvat cite dans Tun ou dans I'autre apres celui d'jEgees. 11 ne Test pas; et c'est precisemenl en compa- rantles deux endroits qu'on pourrait prouver qu'/Egees et Edessa sont une seule et meme ville. Comment supposer en effet, si ce sont deux cites distinctes, que Pline oublie Edessa dans son Enumeration des villes de la Macedoine? II parle de Scydra, de Micza, bourgs obscurs, etilne nommerait pas la seconde ville, la seconde capitale de I'E- mathie! Edessa est proclamee partout comme une des cites les plus celebres de la Macedoine : Tite-Live, parlant de I'organisation de cette province, a soin de dire : « (2) Edessa quoque et Beroea eodem (in tertiam partem) concesserunt. » Et plus loin : (( Tertia regis nobiles urbes Edessam (3) et Beroeam et Pellam habet. » Pline le reconnait lui-meme , puisqu'il la nomme ailleurs avec Amphipolis, Pella et Beroea. Toute difficulte disparait , au contraire , si ce sont toutes deux une seule et meme ville. Dans le premier passage, Pline la designe sous son nom le plus recent : dans le second passage, sous son nom ancien qui avait prevalu (4) sur I'autre, sans le faire oublier. Restent les passages de Th^ophraste et les deux citations de Plu- tarque. 3° Le passage de Th^ophraste ne prouve rien dans la question actuelle. Le phenomene qu'il signale peut fort bien avoir lieu sur le plateau eleve d'Edessa , pres du pays que Ton nomme maintenant Maglena, contree des brouillards et des nuages. i° Qmni aux textes de PhUarqiie, ils se rapportent a deux expedi- tions differentes. Que Thistorien einploie, pour designer la meme (1) Arilhol. Epit., VII, 390. (2) T. Liv., XLV, 29. (3) T. Liv., XLV, 30. (4) Les monnaies nous en fournissent la preuve irrdcusable. Toutes les monnaies des habitants de cette ville, k parlir d'Auguste, portent uni- quement la Idgende : EAE22iVinN. Ekel, II, 70. — 77 - cite, dans un cas, le mot 'ESc'duvii;, dans Taulre celui d'AiyEOJV, ce n'est pas plus singulier que ce que nous venons de voir dans Pline, que ce que nous voyons encore dans Diodore : et, en effet, la meme ville ayant denx noms, quoi de plus naturel que de rencontrer dans les auleurs tantot celui-ci, tantot celui-la. En admettant que le nom le plus ancien ait reparu bientot de maniere a eclipser I'autre, s'en- suit-il que Plutarque n'ait pu les employer tour a tour et que, par cela seul qu'il parle dans un endroit d'Edessa,dans I'autre d'.Egees, il s'agisse de villes differentes? Examinons d'ailleurs les faits histo- riques : Pyrrhus comprenait toute rimportance de la position d'E- dessa ou, si Ton aime aime mieux, d'iEgees. Tous ses efforts, dans ses differentes (1) expeditions, tendaient d'abord a s'emparer de cette ville. C'est de la qu'il mena(;ait Pella ; c'est la qu'il etablit son quar- tier-gdneral apres sa victoire sur Demetrius, apres le partage de la Macedoine entre Lysimaque et lui, A son retour d'ltalie , il suivit le meme plan que dans les campagnes precedentes : il s'assura la pos- session d'jEgees en y plagant une garnison gauloise. S'il ne s'agis- sait dans ces passages que d'une petite ville entre Celetros et Edessa, sans autre importance que celle que lui donnait une tradition reli- gieuse, quel besoin aurait eu Pyrrhus d'y laisser un nombreux corps de soldats mercenaires? Dans notre hypothese, au contraire, le fait s'explique de lui-meme. On reconnait, d'apres Justin, qu'Edessa porta le nom d'Egees que lui donna Caranus. li est naturel de croire aussi que c'est bien a Edessa, dans la nouvelle capitale, que furent enterres les rois de Macedoine. Si I'historien ne le dit pas d'une maniere positive, son recit ne pent pas du moins s'interpreter autrement , quelque effort qu'on fasse. Perdiccas regna apres Caranus : avant de mourir, il montra a son fils Argee (2) le lieu ou , pour obeir a I'oracle , il vou- lait etre enterre, lui et ses descendants. <( Quonam loco, dit alors « M. Tafel, non Edessae, id quod postulare opus non habebat; sed « alio, scilicet ibi ubi primo habuerat capras regni futuri duces. » Singuliere maniere d'entendre un texte assez simple pourtant ! (( Lo- « cum quo condi vellet, d signifle evidemment I'endroit particulier de la ville ou devaient etre de^.oses ses restes. L'expression monslra- vil ne laisse aucun doute a ce sujet. Ces observations nous ramenent a I'opinion commune. C'est bien (1) V. Plut. ia Demetr. et in Pyrrh passim. (2) « Senex moriens Argaeo filio monstravlt locum quo condi veliet. » Just., VII, 1. — 78 — a Edessa qu'il faul placer ce sanctuaire de la royaule maLedonieiine dont parlo Diodore. Edessa el .Egees ne sonl qii'ane seule el meme ville. Malgre rimportance politique el religieuse d';Egees, la ville ac- tuelle de Vodena compte pen de restes aHliqiies. Les avanlages memes qa'offrait sa position en sont une des principales causes. Le plateau ful toujours occupe par une ville considerable , et les con- structions nouvelles firent tort aux constructions anciennes. Le temps et les invasions barbares ont fait le reste. On voit encore, pres de I'horloge, la fonlaine du miroir dont parle Leake, Le sarcophage avec inscription , servant de reservoir, est toujours a la meme place. Seulement I'eau ne coule plus. Le mur est a moitie ruine : le caisson corinlhien qui y etait encastre et qui a valu son nom a la fontaine s'est detache et s'est brise par le milieu. Nul doute qu'il n'ail du appartenir a quelque temple de I'epoque romaine. L'un de ses col^s mesure 0,90 cent. II est tr6s-charg^ d'ornements : mais les oves sont aplaties, les aretes mal degagees, le style lourd et pateux comme celui de la frise zoophore de Beroea, dont nous parlerons plus tard. Ce qu'il presente de plus curieux, ce sont des consoles ioniques avec des feuilles d'acantbe. 12 inscriptions, dont la plus ancienne ne semble pas remonter plus haut que I'an 298 (1), des fragments de colonnes greles en marbre, des bases attiques, des chapileaux corinlhiens ou ioniques remains en marbre ou en pierre , quelques colonnes sans canne- lures, dont les plus remarquables sont les deux colonnes en vert antique et les k colonnes en marbre rosalre de I'eglise metropoli- taine, des steles en marbre petites et conununes, de larges plaques dont I'une avec bas-reliefs divises par compartiments presente le cheval paissant, cet antique embleme des monnaies macedoniennes, quelques chapiteaux bizantias assez curieux, les uns avec colombes aux ailes deployees, avec tetes de belier et figures d'hommes alter- nant ensemble, les autres avec feuilles d'acanlhe et griffons aux quatre angles, les ailes rattacbees a la feuille d'acantbe superieure, voila tout ce que Ton Irouve dans les 6 mosquees a minarets et dans les 13 eglises de Vodena. Au milieu de tons ces fragments sans im- portance veritable pour I'archeologie et pour I'art, on distingue deux steles en marbre hlanc d'une execution tres-soignee et d'un travail tres-heureux. La premiere se trouve dans un couloir de I'eglise d'llgios Thcodo- (1) On les trouvcra i la fin de ce IravaiL — 79 — ros. La partie siiperieiire seule reste : encore est-e!le mutil^e. CeUe stele etait tres-large : la coqnille simple et de bon gout se deployail avec aisance entre deux colonnes rondes, dont la partie superieure semble avoir ete surmontee d'un sphinx. La seconde que Ton voitdans I'eijlise d'Hagios Joannis Theologos, est tres-bien conservee quoiquetres-grande. Ses proportions sont de 3,05 cent, de long sur 0,/i7 cent, de large. Elle se compose d'un bas-relief et d'un couronnement en forme de coqnille, separes I'un de I'autre parune inscription en lettres soignees, sans aslerisques, dont le trait s'elargit seulement un peu a la fin des jambages. La coquille est elegante et gracieuse sans etre trop ornee, sans sortir des bonnes traditions : elle rappelle, d'une maniere frappante, celled'une stele que Ton voit h Atlienes dans le temple de Thesee. Le bas-relief com- prend quatre personnages : le premier, le plus apparent, est un jeune homme aux jambes et aux bras nus , assis sur un fauteuil , la main droite posee sur le dossier, le coude gauche appuye sur la main droite et se repliant de maniere a ce que I'avant-bras vienne soutenir la tete. Le manteau attache sur I'epaule droite passe sur le bras gauche accoude, tandis que de I'autre il tombe librement et vient recouvrir les cuisses. Pres du heros se tient le genie. En face une femme debout, drapee et voilee, dont la pose, surtout pour ce qui concerne les bras, a quelque analogic avec celle du premier person- nage : a cote et sur le second plan un homme vetu de la toge. Har- monie de I'ensemble , finesse des details , draperies tombant avec aisance, poses compliquees renducs avec souplesse et bonheur, re- cherche de la difficulte chez un artiste sur de la vaincre , tout ra- mene dans ce bas-relief a une des bonnes epoque de I'art. D'apres le soin et le talent del'execution, d'apres la forme des lettres, cette stele si heureusemenl conservee pourrait remonter jusqu'aux premiers temps de la conquete romaine. Apres avoir employd deux jours a visiter la ville , nous descen- dlmes (1) la pente rapide du plateau, le longo, comme disent les Bul- gares, par un chemin tres-ancien taille dans le roc, et nous nous engageames -dans les jardins de Vodena , au milieu des vignes et des jujubiers. Partout sur notre route de larges plaques de niarbre, (1) G'esl un devoir et en meme temps un grand plaisir pour nioi do rappeler ici que j'ai 6[6 accompagn(5 dans tout nion voyage par I'un dc mes collegues, IM. lleuzey : son concours m'a 6l6 si utile qu'll peul re- vendiquer aussi bien que moi tout cc qu'il y a de nouveau dans ces re- clierches. — 80 — quelquefois nieme des fragments d'architrave de grantle dimension. A une demi-heure de la ville , en laissant sur la gauche deux ^glises abandonnees dont les (1) mines disparaissent sous le lierre, on trouve une grotte appuyee d'un cote sur un vieux mur qui en re- tpecit I'ouverture naturellement tres-large. Le roc a ele evidemment travaille, I'entree remaniee : au fond on voit plusieurs niches desti- nees sans doute a recevoir de petiles statuettes. A quoi servait cette grotte? Etait-elle dediee a quelquedivinite? ou plulot n'etail-ce sim- piement qu'un tombeau? Ce qui me le (it croire, c'est qu'on me montra a quelques pas de la un piedestal en marbre blanc avec cos mots : GABION KAAAIPOH C'etait probablement la qu'^taient deposes les restes de ce Fabius, et sa veuve lui avail fait elever une statue , a I'entree de son tombeau. Derriere la grotte raon attention fut attiree par les restes conside- rables d'uu gros mur en pierres rectangulaires d'une construction assez soignee. C'etait evidemment un mur de soutenement : car de ce cote le terrain est tres-accidente, et descend de terrasse en ter- rasse jusque dans la plaine et vers la riviere de Vodena. Peut-etre memo etions-nous dans le voisinage de quelque monument public, comme semblait nous I'indiquerune troisiemeeglise aussi vieille (2j, aussi ruinee, aussi encombree de vegetation que les deux premieres, et ou Ton voit encore deux plaques de marbre avec traces de scelle- ment. La route que nous suivions nous conduisait a I'Est vers la riviere ou se reunissent les cascades de la ville. Des pluies abondantes avaient defence les terrains : dans les endroits oii les eaux avaieiit passe, elles s'etaient creuse un ht dans le sol a deux ou irois pieds de profondeur, entrainant et. mettant a decouvert des fragments de toute espece. Parlouton voyait de legeres couches de cimenl rosatre sur lesquelles on avait applique de la mosaique. Cette mosai'que se composait en general de petits losanges rouges et blancs, en marbre et en brique Ires-fine et tres-serree : elle semblait assez soignee quoique grossiere. Un habitant de la ville nous assura du reste qu'on en trouvait parfoisdebeaucoup plus belle. 11 supposait que son jardin avait ete occupe jadis par la maison d'un grand personnage , car il y (1) Hagios Athanasios. — Hagios Nicolaos. (2) H.igia Triada. - 8! - avail d^coavert , disait-il , qiiatre niosaiques carries, composees de pierres de differentes couleurs et representant des guirlandes et des dessins varies. C'est tout pres de la riviere que se trouve le torse de cheval que Leake n'a pas vu, dont M. Cousinery a parle le premier. U soutenait una vigne : je le fis degager el je pas conslaLer ses proportions co- lossaies. II a 2 metres 85 centimetres de la poilrine a la jambe droile qui avance et qui est en mouvement. La tele el les pieds manquent : lecou est abime, le dos et les jambes mutiles : rhumidite detache par ecailles la surface du maibre, Cependanl quelques parties mieux conservees du poilrail et du dos laissent voir encore le jeu des mus- cles, el attestent un style plein de simplicite et de largeur. D'ou vient celle ceuvre, d'un grand artiste peut-etre , I'une des ruines les plus remarquables a coup sur de toute la Macedoine?Le cheval etait avec le boeuf paissanl et la chevre un des erablemes de la monnaie des rois macedoniens. On le trouve nu ou monte par un cavalier sur les medailles d'Argee, d' Alexandre P'', de Perdiccas II. d'Arche- laus I", d'Archelaus II , de Pausanias. Y avail-il en eel endroil, comme le croit Cousinery, un beau monument du temps de ces rois? On -cite un tableau d'Apelle representant Antigone cuirasse, suivi de son cheval. Elait-ce un sujet de meme nature confle cetle fois a la sculpture? Ici pourtant il semble que le cheval ait ete seul. Ses pro^ portions meme le font croire. Ce qui est certain, c'esl qu'il etait au pas et qu'il ne portail point de cavalier. Pausanias parle de che- vaux (1) d'airain ou de marbre offerts a Olympic par les vainqiieurs. Faut-il attribuer ce beau travail a quelque cause semblable? Ce cheval ne rappelait-il pas quelque victoire aux jeux olympiens etablis par Archelaus a jEgees? ou meme un de ces iriomphes aux jeux de I'E- lide dont les rois macedoniens se montraient si fiers? Cependant, nous avions passe la riviere, et nous gravissions une eminence, sur les flancs de laquelle on nous montra un tombeau re- cemment mis a decouvert par les eaux. Creuse tout entier dans le roc, il ne contenait qu'une seule chambre, dont les dimensions etaient d'ailleurs assez petites. La porle (2) , entre autres, n'avait que 0,73 cent, de largeur. On y a relrouve des ossements, et au-dessus de la pierre du tombeau, cinq ou six pelites statuettes en terrecuite rangees de chaque cole du mar. J'ai vu deux de ces figurines. Eiles ressemblenl a loules celles que Ton fabriquait en si grand nombre et (i) Paus., VI, 14, 4. — Pans., V, 27, 2. (2) Longueur de la chambre, 2"'47; largeur, Z"'~}[ ; linutcur, In'TS. Arch[v. des Miss, viii.' 6 — 82 — a sibon niarche dans toute rantiquile. Cependant, leiir effet general est, satisfaisanl : les draperies sonl bien jelees : il y a un peu d'exa- geralion, mais en meme temps un art incontestable dans I'arrange- ment des plis. A en croire ces echantillons, les onvriers d'Edessa n'etaienl pas moins hiibiles en ce genre que ceux de Corinthe et d'Athenes. L'eminence sur laquelle nous nous irouvions est a Irois quarts d'heure a Test de la ville. ElTe sert de lieu d'observation aux gar- diens des jardins et des vignes. De la, en effet, la vue s'etend sur tout le chemin que nous venions de parcourir : elle embrasse aussi I'ensenible do plateau, ses six principales cascades et le cours de la riviere qui se forme de la reunion de leurs eaux. C'est de ce point qu'on pent le mieux se faire nne idee du plan de I'ancienne Edessa. Toute la partie qui s'etend entre la rive droite du torrent et le plateau de Vodena, s'appelle aujoiird'hui le Palajo-Caliah , I'ancienne ville : I'endroit on fmissent les terrasses s'appelle ray.pa •jroXirsia, I'extremite de la ville. C'est dans cet espace que se trouvent tons les fragments, tons les debris de pierres antiques. Au dela du torrent, a Test et au sud, commence ce que les Bulgares appellent le Polet (sti Polel), c'est-a-dire les dehors de la ville, les champs, ri il6-/;r[, 6 xa[jL- 7:0;. On n'y rencontre plus, en effet, que des tombeaux sembJables a celui que nous venions de visiter. L'ancienne Edessa, suivant toute vraisemblance, partait done de la derniere cascade aunord, descen- dait de terrasse en terrasse du nord-ouesl a Test, 'en suivant les bords de la riviere, coupait dans les jardins au-dessous de I'endroit oil se trouve le torse de cheval, jusqu'au premier tombeau dont nous avons parle, et qui marquait aussi de ce cote I'ext^rieur de la ville, et partait de la pour se rattacher a sa base , c'est-a-dire au plateau , dans le voisinage de la cascade la plus au sud. C'etait la, a propre- ment parler, la ville meme. Le haut du plateau n'etait que I'acro- pole, la citadelle. L'enceinte de ses murs, dont on retrouve ga et la quelques traces au milieu des maisons, n'embrassait qu'une partie restreinte de la ville actuelle : non pas que Vodena soit plus grande que I'antique /Egee; mais celle-ci, sous les rois de Macedoine, se partageait entre le plateau el les jardins, qu'il domine, tandis que Vodena s'est concentree tout enliere autour de I'ancienne acropole, plus facile a dcfendre. 11 est a croire, en effet, que la partie inferieure de la cite macedonienne fut abandonnee a partir des grandes inva- sions barbares. La ville etait alors moins florissante ; le nombre de ses habitants avait beaucoup diminue : ils pouvaient sans peine se resserrer entre les fortifications du plateau. Aussi les historiens by- — 83 — zantins nous disenl-ils que Vodena, malgre I'importance de sa posi- tion, n'etalL qu'une petite forteresse (1). On a peu de details sur les monuments de I'ancienne ^Egee. Les plus importants, les plus (2) celebres, etaient sans aucun doute ces tombeaux des rois, dont on n'a retrouve jusqu'ici aucune trace, sur lesquels il est bien difficile de hasarder quelque conjecture. Quelle etait leur forme? Etaient-ce des tumulus entoures d'un soubassement circulaire, surmontes d'un monument quelconque, soit sculpture, soit architecture, comme ceux des rois de I'Asie Mineure? On serait tente de le croire, en voyant le grand nombre de buttes artificielles qui bordent encore les avenues de Pella , et qui etaient reserves sans doute aux plus grandes families macedonieunes. Mais alors comment expliquer leur disparition complete? 11 est de la nature de ces mo- numents de resister a toutes les causes de ruine beaucoup mieux que les ouvrages les plus considerables de I'architecture. On retrouve encore des tumulus autour d'Hagious Apostolous, de Salonique , de Verria, de Kitros, de Katerini, pres de I'Olympe. Comment n'en reste-t-il aucun autour de Vodena? A cela il n'y a qu'une reponse, c'est que leur richesse a provoque leur ruine. Les barbares, igno- rants et grossiers, qui les pillerent tant de fois, ne se donnaient pas la peine d'en trouver I'entree ; ils attaquaient le tumulus par le haut, defouQaient les voutes, rejetaient les lerres. Faut-il etre surpris qu'apres tant de siecles et de devastations successives, le sol se soit egalise, et que Ton cherche encore ces monuments a la place on ils existaient autrefois? Hercule "ApYiToc , Bacchus ^Ii'^uSavtop , Jupiter (3) 6>.u[ji.7rto; et u'|i- (1) Cedren., p. 70o, ed. Paris. — Cantac. hist., I, 54. (2) V. sur les tombeaux des rois : Diod. Sic., XXII, 12; Pline, IV, 47; Paus., I, 6, 3; Alhen., IV, dob; Plut., in Pyrrh., XXVI; Just., VII, 2. (3) Hesych. in verb., 526. « ApviTo;, it^xxX-h; ■kc/.^o. MaxeiJooriv. » Au mot ApviTov, Hesychius traduit par pXa6epov. Ainsi Ics Macddoniens donnaient au dieu une dpithfitc qui dquivalait d celle de pXaSsp^'; ou de TOXey.i>ci;. — Hesych. in verb., E^eaaalo;, 1082 : « Ec^'cCTaaic/; , o HpavXx; iy Mx/.s'Jovia. n C'^tait en effet dans la capitale des Temdnides que le h(5r03 auteur de leur race devait etre plus particulierement honord. Polym., IV, 1 : « Ap^aTo; iiJ.%-/jl xpatviaa;, kooy i^pusrai Aiovuum ipeuiJa- vopi. » Just., XXIV, 2: « Jovis tcmplum, velerrimae Macedonum religionis. » C'est & iEgdes que son culle, qui venait de FOlympc , ful tout d'abord <5labli. V. Diod. Sic, XVII. — Arr. Exp., I, 2. — Scol. Time, I. Une inscription Irouv^e a Sarcovieni, a une heiire de Vodena, se rap- porte a ce culte de Jupiter chez les Edess^ens. Eile se trouve sur un« - 8/, - cto;, dtaient honoris d'une iiianifere loiite sp^ciale a ^Eg^e. Ou (5laient lenrs temples? a qael endroit pourrail-on les placer aujourd'hui avec qiielque vraiseiiiblance? L'eglise nietropolitaine (v*, xoiixt^tk; tyj; Travayt'a?) , situee prcsque sur le bord du grand plateau, passe pour avoir ete batie sur I'emplaceraent d'un ancien edifice paien : ce qui le prouve jusqu'a un certain point, ce sont les colonnes de vert antique et de mnrbre rose dont nous avons parle plus haut. On aimerait a se figurer le temple de Jupiter dans cette position admirable, digne d'etre consacree a la divinite par la magnificence desobjets qui I'en- vironnent, par I'immensite de la vue qu'elle commande. Mais ce n'esl la (ju'une simple conjecture. Meme incertitude au sujet du theatre et du stade ou se celebraient les oXua^ta et les jeux sceni- ques en I'honneur de Jupiter et des Muses. Le stade se trouvait peut-etre dans la vallee, entre le plateau de Vodena et le village ac- tuel de PavorniLza. Quant au theatre, Diodore nous en parle a propos de la mort de Philippe, en 336, Apres avoir place des chevaux aux portes de la ville, Pausanias se dirige vers I'entree du theatre, ca- chant sous ses habits une epee celte. Philippe avait ordonne aux amis c[ui I'accoinpagnaient de le preceder, et tenait ses gardes a quelque distance. Le meurtrier, voyant que le roi etait seul, marche sur lui, le frappe au llanc, I'etend mort sur le sol, et s'elance aussitot ■ vers les portes de la ville. II eut echappe a ceux qui le poursuivaient, s'il ne se fut embarrasse le pied dans une vigne et s'il ne fCit tombe. Au moment ou 11 se releve, Perdiccas et ses compagnons I'alteignent et le frappent de mille coups. Tout ce qu'on pent induire de ce recit, c'est quele theatre 6tait dans la pariie basse de la ville, adoss^ aux flancs de I'acropole et peu eloigne des portes, suivant toute appa- rence, Les vignes existent encore ; mais 11 n'y a plus aujourd'hui de maisons : alors il y avait des maisons, des temples et des jardins entremeles. Villes de VEmnthie : Euboea. — Philo-Castro, — Village actuel de Wladowa. Les auteurs anciens no mentionnent qu'une ville dans les environs d'Edessa : « Ln certain nombre d'Eubocens, dit Strabon, revenus de base d'autel en niarbre : les lelU-es en sonl tres-bonnes et se laissent fa- cilemenl d(?cliiffrer : XAPH2A/VEHAN APOTKAlAHMH TPI02XAPHT02 AIIY^ISXai — 85 — « Troie et t^tablis parmi les lUyriens, voiilurent rL-toiirner dans leur (( patrie par la Macedoine. Maisils se fixerent aupres d'Edessa, apres « avoir aide leurs (1) botes engages dans une guerre, et fonderent « Eiiboca. » Etienne de Byzance parle aussi de celte ville d'Euboea, d'apres Antigone^Carystiiis et sa descripLion de la Macedoine (2). II la range parmi les villes raacedoniennes, et ajoiite qu'clle etait habitee par les Abantes. V Etymologiciim Magnum, plus concis, dit simplenient que les Abaetes fonderent Euhoea (3). Nous ne pouvons determiner d'une maniere precise I'emplacement de cette antique cite. Les villages voisins, ceux de lavornitza et de Koutouyere, au sud de Vodena, au fond de la vallee, celui de M^si- meri, a trois quarts d'beure ^ I'ouest dans la montagne, n'oat con- serve aucune trace d'etablissement ancien. Quelques inscriptions qui viennent sans doute d'^Egees, voila tout ce qu'on y troiive. Si Ton pouvait former quelques conjectures en I'absence de tout indice, peut-etre se prononcerait-on pour le petit village de Vladowa, a une heure de la ville Bulgare, sur la route de Monastir. II est bien sitae, sur un plateau fertile, a quelques pas de la riviere de Vodena. En remontant plus haut dans la montagne, a vingt minutes de de Vladowa, on trouve une vallee marecageuse qui s'elargit bient6t de maniere a former une plaine circulaire. Au centre de cette plaine s'eleve un maraelon completement isole, dont la forme attire tout d'abord le regard. Malgre les buis et les arbustes de toute espece qui le couvrent, on apergoit facilementa son sommet des traces de for- tifications ; des fosses, des terrassements, des debris de tuiles et de briques, des murs mines en pierres composites moitie calcaire, moitie marbre. Dans la partie ouest, en dedans de I'enceinte des murs, on montre une citerne tres-bien conservee, revetue d'un ciment rosatre tres-serre et tres-dur. Les Grecs, les Bulgares et les Turcs appellent cette eminence to xouX« tou ONiiNlli:, a la fm de la nouvieine ut aux I'-giies suivantes, ceux de ilNHMAREAONlKIiniMIliAPrVPIOT, qui nous attestent que celle inscrlplion est la copie d'un conlral de vente (avxiypacpov, copie, inscripiion reproduisanl la copie d'un acte public). Le mot EIIPIATO ,fln de la iroisieme ligne et commen- cement de la quatrieine , en est une nouvelle preuve. En rappro- chant les mots 1IEA10N0>WMAT1M- KHN (ireSiov pour TratSi'ov) des mols ONOMAT02NIKH2: (2"'« ligne), et TOYnPOrElPAMENOYKOPAIIOV (12"'« et 13""^ lignes) on est fonde a croire qu'il s'agit d'une vente d'esclave faite devant temoins : MAPTYPEIAY- PHA10^AYK0iAYPHAI0:;KAAAI2- 0ENH2 ;22'"« et 23™* lignes). Mais ce qui est d'un prix bien plus grand, dans la question de topographie qui .^^^^^^ ^oykopaCo v nous occupe, c'est que le nom ae la WepoyC riwoc ToieTij ville ou se fait la vente est indique a |riM.HNA n tah w E n plusieurs reprises ; IRYAPAS (18""= li- /hpcjTom € NTiTOPAVKfi gne), 2KYAPAI0Y (7"« ligne), AY- vACPdioY ereNcrooj ^ " \ o /' )ncky APS c TonPocriA /A^vOT^PA4'OKU^HC ON / O rvCATOC N I K H C T TO C^VK OY C K Y A |A( 0 Y € n H AT 0 n A P AM€5 € P A C OVANAPOCC KYAPAIAq METAKVPiOY innioc C l< V ffPAl OVn £A 10 N 0 NOm-ATINiKHNojujH NLJ!-«.AY0cl3CJN HM.AKG AON I K H C Ti M-H (APT V PlOY9eJ« KAIANTICK ■)ILuiT£POCVHN0CYTTePBTAIO Y A oyATTiAeYrroPiAKArAv PHA'OCAlOfMVClOCHZI CJCANOlOPerANTCCKA AcjcAovAe¥0€NTecrno ©PCTTTAPIOVCl&iOVONOMA TlONHClMANtTePl£THlHANATld> ■^fNOfAAPTeHIAITAZUPlATAyTl eiNAO YAH NTH COCA CITPOCT tKTPOC€AeV0€PANyHeXB - 9/| - lie ni'gligeaient-ils aucune occasion de I'honorer et de se la rendre favorable. Qu'^tait-ce que ceLte Diane Gazoritis et Blouritis ? D'oii lui ve- naienl ces surnoms ? Etienne deByzance ditau mot ra!;o)poc(l) : Ta^oipo;, ville de Macc- doine : siege dii ciilte d' Artemis Gazoria. Ptolemee ne parle pas de ce dernier detail; mais il indique la position de la ville : 'Ooo[i.avTty.ri; xat 'HSojvtSo?, SxoTOuaa, hi^yx, raaojpo;, 'AjxcpiTcoXi; (2). Ainsi Gazoros etait a vrai dire dans la Thrace, dans ce pays, oil, suivant Herodote, on n'adorail que Bacchus , Mars et Diane. Elle etait situee pres du Pangee (3), ou s'elaient refugiesles Picres chasses de rOIympe, pres d'Amphipolis si celebre par son culte de Diane Tauropole, Si Ton cherchait I'etymologie de ce mot, peut-etre fau- drait-il regarder comme un seal et meme nomyaCwpo^et aCwpoc, a^wpsi'a, car en pareil casla suppression du y est frequente : aCa pour ^iW, aTa pour ya'^a : et des lors on pourrait croire que toutes les villes d'aCtrtpo; et de yaCwpo; honoraient Diane Gazoria ; (a^wpo? en Perrhce- bie, ailwpoi; en Pelagonie : Steph. Byz. in verb.) Quant au nom de B AOYPEITIi: donne a Diane en meme temps que ceux d' Agrotera et de Gazoria, nous ne voyons pas comment on pour- rait I'expliquer, a moins touLefois qu'on ne I'identifie avec celui de ^opsiTvivy] qu'on trouve dans le Corpus inscripUonum Zkll- (Inscript. de Thyatira prrs Sardes). AlAeHTTXH APTEMIAIBOPEITHNHKAITH nATPIAirAYKiiNEYME A0NT02A]Ni:eHK. Les monnaies de Thyatira nous donnent ainsi le meme surnom , egalement applique a Diane. Seulement I'orthographe estdifferente et se rapproche encore plus de notre pXoupsiTi;. Eckhel, 111. 121: (( BOPCITINH : caput Dianse, prominente in aliquibus retro pha- <( retra. X ©YATEIPUNilN, typisvariis. AE.lll. » Heyne croit qu'on pourrait chercher dans le mot Boreas I'etymo logie de ce surnom. Eckhel n'est pas de son avis. Suivant lui, ce mo n'appartient pas a la langue grecque, mais a I'ancienne langue du (1) « Tatupo;, iro'Xi; Maxj^'ovia;. To £9vt/«iv Ta^wpio;. ft -^vji ApTEu.i; auTc6' Ta^upia Tt;j.aTai. » Steph. Byz. in verb. (2) Plol., Ill, 1,3. (3) Voir la carle de Kicpert. - 95 — pays, comme tant d'aiities siirnoms donnes a Diane, celiii de Bendis (BsvSt;) par exeinple (1) qu'elle portait chez les Thraces, celiii de Britoniartis (BptTo;xapTt;) chez les Cretois. 11 fait remarquer en meme temps que Hierocaesarea, ville, voisine de Tliyatira , lionorait une Diane Persique 7tEp(Ttxv)v, c'est-a-dire une Diane barbare. Dans cette ville, au rapport de Pausanias, le pretre pronongait, au milieu des ceremonies publiques, des noms de dieux lout a fait inconnus aux Grecs (2). Pour sa part, Eckhel ne doute pas qu'il ne faille ranger parmi ces noms celiii de popsiTYjv/i, et lui assigner ainsi une origine asiatique. D'un autre cote, il est un fait remarquable : le fleuve qui passe a Thyatira s'appelait dans I'antiqaite Phrygios. On salt les rapports qui existent entre les Phrygiens de I'Asie et les Bryges du Bermios. Peut-etre le nom dont il s'agit a-t-il une origine ihracique comme celui de Bendis. Peiit-etre se rapproche-t-il plus qu'il ne semble d'a- bord de celui de Gazoria. Le culte d'Artemis a Scydra et dans le reste de la Macedoine estle culte de la deesse chasseresse veillant sur les champs et sur les trou- peaux : c'etait la un de ses caracteres les plus anciens, celui qu'elle avait essentiellement chez les Pelasges. Comme Gazoria, elle s'iden- tifie avec TArteinis Tauropole d'Amphipolis et I'Artemis Tauria dont le culte avait originairement quelque analogie avec celui de I'Arca- dienne Calisto. Si le mot popstT>iV/i ou pXoupsixi? est thrace d'origine, on s'explique tout naturellementrinscriptionde Scydra : d'autantplus que la population de cette villc parait avoir ete cornposee en partie de Thraces, comme nous I'atteste ce nom d'Eutychia Enodios Cotys. Dans ce cas la Diane Blouritis se confond avec la Diane Agrotera et Gazoria des Pelasges et des Bryges. Si, au contraire, ce que nous croyons moins probable, ce surnom vient de I'Asie oii le culte de la Diane d'Ephese avait un si grand eclat, peut-etre faudrait-il voir la le melange dans un meme culte d'idees differentes et de traditions (1) Voir pour Bendis el Britomartis le Theaaurus ling. Gr. — Les Ma- cedoniens avaicnl aussi un grand nombre de noms de divinites fort peu inlelligibies pour les Grecs : lelles diaient ceux de Saua^ai, caO^oi, pour designer les Sildnes (Hesycli. in verb. 1158), de Darrhon, divinity qu'on implorail dans les maladies (Hcsych. 890), de Zeirene, en parlanl do V^nus (id., 1581), de Thaumos ou Thaulos , en parlanl de Mars (id., 1684). (2) « AeuTEpa Si ETTDtXyiotv otou S-h Gewv ETra^et ^ocpSapa xat ouJajj.S){ (Tuvsra « IxXnmv. » Paus., Elid., 27. — 96 — Uislincles. Le fait en lui-m^me n'aurail rien d etoniianl. A Lemnos^ par exemple, la proximitc de I'Asie avail altere le culte primitif de Minerve, el lui avail communique un caraclere d'orgie fanatique et d'enlhousiasme exlrav.igant qu'il n'avaitpas d'abord. Villes de VEmalhie ; Citittm, les mont Kilarion. — Niausla ; commen- cement du Roumlouck. Episcopi, le dernier village ou nous nous fussions arreles pour y chercher quelques restes de I'antiqueScydra, n'eslqu'a deux heures de la Niausla moderne, Lorsqu'on a depasse le Goulema-Reka qui coule de ro. au S.-E. de Tcharmarinowo a Episcopi, le terrain jus- que-Iatres-boise s'eclaircil peu a peu,etle regard embrasselibrement I'admirable panorama de la ville. A mi-chemin enlre (1) Vodena et Verria, enlre deux des sommels les pluseleves de la chaine des mon- tagnes, au fond d'une vallee escarpee et rocailleuse, qualre grandes terrasses s'elevent les unes au-dessus des autres comme d'enormes gradins. Elles presentenl un front de hauteurs moins eleve que le plateau de Vodena : mais elles sont comme lui coupees a pic sur les cotes et separees de la montagne sur laquelle elles s'appuient par des torrents et des ravins profonds. II soffit d'un coup d'cBil pour recon- nailre la unede ces positions privilegiees que Thomme adople et a la- quelle il s'altache, malgre loutes les vicissitudes des temps et des em- pires. A toutes les epoques deThisloire, il a du y avoir une ville en cet endroit. Elle a pu changer de plateau, tanlol descendre sur la terrasse la moins elev^e pour se rapprocher de la plaine, lantot remonter sur la plus haule pour se retrancher centre des ennemis et des enva- hisse a rs, tanlol enfin, comme aujourd'hui,occuper une position inter- mediaire sur le troisieme plateau, le plus large de tous. Mais, sous les rois de Macedoine c imme sous les Romains, sous les empereurs de Byzance comme sous les Turcs, les habitants n'ont pas du manquer la ou la nature avail tout fait pour les atlirer. Leake et Kiepert s'accordent a meltre Citium (Ktxi'ov) sur I'empla- cement de Niausla. Ce nom de KtTi'ov a quelque chose de frappant et de remarquable, comme on I'a Ires-juslemenl fail observer (2). 11 lappclle la Kixt'ov de Chypre fondee par les Pheniciens, et ou Ton (1) On complo clix heures de distance enlre ces deux villes. Niausla est ])eut-6tre un peu i)lus rapproche de Verria. (2) Leake. Tiav. in Norili. Gr. Ill, 446. — 97 — parlait encore la langue phenicienne a une t'-poque ddja avancec. L'analogie entre ce mot et celui de Kittini est incontestable : les au- teurs sacres emploient souvent ce dernier terme, pour designer la Grece a ce qu'il semble, et Ton sail que Kittim elait un des pelils- fds de Japhet etabli dans I'une des iles de la Mediterranee. Comment expliquer ce nom de Citium, donne a une ville de Macedoine, voisine de Pella ? Faut-il supposer, comme I'a fait Leake, une colonie phe- nicienne etablie des les temps les plus recules dans cette parlie da golfe Thermaique? Mais I'histoire n'en a garde aiicun souvenir : elle ne parle que des emigrations d'un peuple qui pouvait, il est vrai, se composer en partie d'elements pheniciens. La presence des pheni- ciens en Crete dans les premiers siecles de I'liistoire est une chose constanle. Elle se revele dans quelques-uns des mythes les plus importants de leur religion, et Ton est fonde h croire qu'elle laissa partout une trace profonde. On concevrait alors ce nom de'Kilion enlui attribuant une origine cretoise, en le(l) rapportanta ces colo- nies, qui, d'apres de nombreux temoignages, vinrent se lixer dans I'Emathie, dans la Bottiee, dans une partie de la Peonie, oil les noms d'Idomene, de Gortynia, d'Atalante altestent leur presence. Quoi qu'il en soit, et malgre I'interet qui s'atLache pour nous a ce nom, T. Live est le seul ecrivain qui mentionne Citium. II n'indique pas sa position d'une maniere precise ; mais on pent la conjecturer d'apres les details qu'il donne sur la marche de I'armee macedo- nienne avant les dernieres campagnes de Persee : T, Live, XLII, 51: (( Citium copias omnes contrahit Perseus. Ipse... cum purpurato- « rum et salellitum manu profeclus Citium est (il etait a Pelia). « Eojam omnes ?'acedonum externorumque auxiliorura convenerant « copiae. Castra ante urbera posuit, omnesque armatos in campo « struxit. Summa omnium quadraginta millia armata fuere... Pro- « fectus inde toto exercitu, Eordtpam pelens ad Begorritem quern « vocant lacum positis castris, postero die inElimeam ad llaliacmo- « nem fluvium processit. » II resulte de ce texte : 1» Que Citium etait entre Pella etPEordee, sur une des routes qui menaient de ce district a la capitale de la Macedoine ; (i) Nous reviendrons ailleurs sur ces colonics. Voir a leur snjet : Arist. ap. Plut. Thcs. XVI. — Plut., QuEesl. Gr. 298. — Con. Narr. XXV. — Etym. Mag. in verb. Bot-(c;. Archiv. des Miss, viii 7 - 98 — 2° Que Persee renconlrait sur son cliemin, au dela des niontagnes, le lac Begorrilis, et qii'il ne liii fallait qu'iin jour pour allcr de la a rHaliacmon siiperieiir; 3° Que Cilium se trouvait dans le voisinage d'une plaine ou dans line plaine qui pouvait contenir une armee de 40,000 hommes. Deux points importants nous sont connus eiitre Pella ct I'Eordee, et, avec eux, deux routes pour se rendre. a rHaliacmon superieur: ces deux points sont Egees et Beroea. Persee ne prit ni I'un ni I'autre des passages qu'ils commandaient. Placez Citium pres d'Edessa : des lors il faut regarder le lac actual d'Ostrowo comme I'ancien lac Be- gorritis (c'est ce qu'a fait Kiepert dans I'une de ses cartes;, et il est impossible de se rendre en un jour du lac d'Ostrowo a I'Haliacmon superieur. Placez Citium pres de Bertea : des lors on ne congoit pas que Persee, voulant aller dans I'Elymiotide, ait rencontre sur sa route le lac Begorrilis, a moins qu'il n'ait fait un detour inexplicable. C'est done entre Beroea et ^Egiiees qu'il faut mettre Citium. Un troisieme chemin se presentait pour aller dans I'Eordee, le plus direct et le plus court, quoique assez penible : c'etait de passer entre le Bermios et le Kitarion, de deboucher de la par les hauts plateaux des nion- tagnes dans la vallee oii se reunissent les eaux du versant occidental, et d'arriver ainsi jusqu'a I'Elymiotide parBegorra et par Tyrissa, par example. C'est sur cette route, avant de franchir les montagnes qui bornent I'Emathie, que devait se trouver Citium. Elle etait a un peu moins d'un jour de marclie de Pella, et Ton congoit que Persee, par- tant de sa capitale, apres avoir offert une helacombe a Minerve Al- cides, ait pu arriver le soir meme a Citium. Le point 6tait d'ailleurs bien cboisi pour le rendez-vous general des troupes, puisque la plu- part devaient avoir leurs quartiers d'hiver dans les environs, et qu'elles trouvaient, malgre leur nombre, un campement facile autour de la ville. 11 me semble done juste de placer Citium dans le voisinage de Niausta. S'elevait-elle sur I'emplacement meme de la ville moderne ? C'est ce qu'il faut maintenanl examiner. Le plateau de Niausta en domine un autre aujourdhui entierement couvert de vignes. Au-dessous de ce second plateau, et en descen- dant une pente douce, on Irouve une sorte de terrasse terniinee par un gonllement de terrain, qui s'dtend le long de I'Arabitza (riv. tie Niausta). Cette terrasse s'appelle BaUaneto : Teminence, pres de la- quelle on voit un ancien tchifflick a moitie ruine, a le nom signifi- catif de Gastra : au dela du fleuve, on montre les trois vignobles de Galatziano, de Smixi et dc Koutika. Smixi, comme son noml'indique, — 99 — est, place entre les deux auLres : Koiitika esl le plus eloigne au sud- est de Niausta. Suivant les traditions locales, ces noms, si bien con- serves dans la memoire des habitants, etaienl ceux d'une ancienne Pentapole. Sans nous arreter a en discuter en ce moment la signification et I'origine, disons que, dans tout I'espace qu'ils comprennent, on trouve des fragments antiques, des briques, des tuiles, des debris de vcises et des medailles. A Smixi, en renouvelant une vigne, il y a quelques annees , on a decouvert tout mi pavage en marbre, un tombeau , et , dans ce tombeau , de petiles figurines en bronze. Nous avons vu des monnaies de Cassandre, de Neron, de Licinius Verus , de Macrin et d'Honorius qui venaient de Galatziano et de Koutika. Le point le plus important est la hauteur de Gastra et le tchifflick. La, chaque jour ainene de nouvelles decouvertes. C'est d'abord toute une necropole qui s'etend depuis I'eglise ruinee d'Hagios-Georgios jus- qu'au tchiftlick, pres des boids de I'Arabitza : pres de 150 tombeaux ontet^ successivement mis a jour. lis consistent en general en quatre pierres scellees avec du ciment : il y en a cependant de plus consi- derables : un, entre autres, creuse dans le roc et surmonte peut-etre d'un tumulus. La terre I'a rempli en partie, et Von ne voit plus qu'une chambre. Les habitants preiendent que c'est une ancienne eglise souterraine : ce qui est certain, c'est qu'on y a trouve une stele en marbre de grandeur ordinaire, avec ces deux mots : nEAEIIEAHI nEAEirENOV A quelques pas plus loin, on a decouvert, parmi des debris de toute espece, des tuyaux en terre cuite de difKrenles grandeurs, s'a- daptant les uns dans les autres, comrae ceux de Pomp^ies, et destines a distribuer les eaux dans les maisons. L'habitant du tchifflick pre- tend meme avoir possede un petit reservoir eu p!omb et des tuyaux de meme espece. Ln gros tuyau en terre cuite, nous disait-il, con- duisait les eaux dans le reservoir : la, elles se partageaient entre trois canaux en plomb qui allaient s'adapter eux-memes a des tuyaux en terre cuite. Le nombre de ces derniers est considerable : on en voit dans plusieurs maisons de Niausta. Ajoutez a cela des poids ronds ou quadrangulaires, des cuves de plus de trois pieds de haul, — 100 — lout unies et sans anses, a large venire, a col eiroit, avec rebord marque parfois de lettres indechiffrables, de petits tombeaiix en terre cuile, longs d'un pied et derai, de forme ovale, comme ceux qu'on a trouves en si grand nombre an Piree dans les dernieres fouilles faites par les Frangais. L'objet le plus curieux est un brasier en bronze que I'habilant da tchifflick conserve chez lui. II ressemble tout a fait a ceux de Porapeies, raoins les ornements et la beaute du travail : les lames croisees sont larges, les rebords tres-hauts, les pieds eleves : il y a de plus des roues aux quatre angles. On n'en montre aPompeies qu'un seul qui ait cette particularite. A-ncieniKe Cdmnt. diz La hauteur de Gastra etait evidemment une acropole. Ses fortifi- cations out disparu. II ne reste que des escaliers tallies dans le roc> et qui conduisent sur la rive de I'Arabitza, pres d'une fontaine ap- pelee par les Bulgares Eiswour. La, les preuves d'une ville ancienne abondent. Partout le roc a ete taille. De distance en distance, on voit de profondes rainures ou venaient s'emboiter les auvents des maisons, des trous destines a soutenir les poutrcs, des grottes natu- relles dont on a evidemment profile pour faire des magasins. La plusremarquablede cesgrotles contient cinq chambres assez grandes : les jours ont ete habilement menages, le sol aplani, les ouvertures agrandies : I'entrcc principale a la forme d'une porte ordinaire. C'etait la sans doute le quartier de la ville ou habitaientles gens que leur profession appelait pres de la riviere. Citons encore, a gauche — 101 — du premier rocher taille, une sorle de tribune avec des marches de chaque cole parfaitement visibles. Tons ces details ne laissent pas de doute sur I'emplacement de rancieune Citium. Elle n'etait pas situee comme la ville moderne sur le troisieme plateau, mais bien sur le premier, sur le plus rap- proche de la plaine. Cette position, quoique moins forte, etait ce- pendant facile a defendre. L'Arabitza ne la traversait pas, comme elle traverse Niausta : elle coulait a ses pieds a une profondeur de plus de quinze metres, dans un lit dont les bords escarpes lui ser- vaient de defenses naturelles. Des murs protegeaient les autres cotes de la ville. On voit encore, sur les bords de la riviere, aupres du tchifflick, deux ou trois assises d'une tour dont la construction etait assez soignee. Au-dessous de cette tour, a quelques minutes de dis- tance, un ancien pont, aujourd'hui completement ruine, mais dont il reste encore quelques pierres, marque I'endroit oii la grande route de Bercea a Edessa venait passer par Citium. Elle traversait d'abord la necropole et les faubourgs , et longeait ensuite la ville elle- meme. Pollux, qui parle da vin de Pella, ne mentionne pas celui de Citium, Ce devait etre pourtant la principale source de sa richesse, et Ton en faisait vraisemblablement un grand commerce dans It capitale de la Macedoine. Cette terre rougeatre, comme celle de la Bourgogne, ces plateaux exposes au Midi, seprelaientadmirablement a la culture de la vigne. Aujourd'hui c'esta pen pres le seul produit des environs de Niausta. Dans les bonnes annees, elle pent produire jusqu'a 10,000 phortia ou lftO,000 oques de vin : en 1855, elle n'en a donne que 60,000 oques : en 1853, au contraire, ou la recolte a ete abondante, elle a donne 110,000 oques. Le vin de Niausta se vend dans tous les pays environnanls ; a Serres, a Salonique, a Monastir, il s'en fait une grande consommation. Moins renomme que le via -de Tenedos, il est cependant plus chaud et plus savoureux. C'est le meilleur vin d'ordinaire de toule la Turquie. L'Arabitza, qui coule au pied de I'ancienne Citium, apres avoir traverse le plateau de Niausta, prend sa source a trois quarts d'heure de cette derniere ville, dans une vallee elevee, couverte de bais, de noyers et de platanes. Nous n'avons aucun renseignement sur le nom qu'elle pouvait porter dans I'antiquite. Nous sommes plus heureux au sujet du Turlo : car, pour le nom- mer, nous pouvons du moins hasarder quelque conjecture. Parmi les montagiies de la Macedoine , dont parle Plolemee , nous trou- — t02 — vons (1) nn certain Kilarion, voisin, suivanl louto apparence, dii Jjcrniios et de I'Olympe. Tile-Live uoiis apprend d'aiUre part que la grande chaine dii Nidscbe s'appelait aiilretbis le Bora. La res- semblance entre les noms de KtTi'ov el KtTaptov permel peiil-elre de croire que ce dernier n'elail rien aiilrc clutse que la nionlagne de CiUuni, que la chaine qui se distingue si nettement du Doxa el du Nidsche, tout en s'y raltachant. C'est du reste une belle et fiere montagne, avec ses deux sonimets aigus separes de la masse princi- pale par une profonde dechirure. De vastes forL'ts de helres en couvrent les flancs et monlent presque jusqu'aux rampes les plus elevees. En les voyant de loin i-apetissees par la distance, rougies par les pluies de Tautomne, rilUision est complele : on croirait que ce sont encore les vignohles de iNiausta. Cette derniere ville remplaga I'ancienne Citiimi, et je serais assez porte a croire qu'elle occupa d'abord la nieme position. La popula- tion grccque qui I'habitail recula plus tard devant les invasions bul- gares, emporlant dans les monlagnes son independance et sa liberie. Les tradilions locales parlent d'une epoque oii les habitants de la Pentapole chercherent une retraite sur les plateaux les plus eleves (hi Turlo, el y fonderent ce qu'on appelle aujourd'hui I'ancienne Niausia. C'etaienl, dit la legende, deshommesfarouches etg'ossiers, a peine couverts, vivant dans des lieax ou jamais bele de somme n'a mis le pied. Pendant ce temps, les Bulgares occupaient leur ville, et fondaient plusieurs bourgs autoar de I'ancienne Citium. Si les noms de Gaslra et de Smixi sont grecs, les trois aulres semblent bien ap- partenir a la langue slave. Koulika ou Kouli signifie en bnlgare un lieuenferme, entoure, et, par suite, une boile, un coffre. Galalziano rappelle les deux Galatz de la Chalcidiqne et de la Moldavie. Q^'a'it a Ballanelo, nous trouvons une ville de Balta dans la Podolie, et peut- etre les deux mots ont-ils une racine commune. Remarquonsen outre que les villages, les torrents qui avoisinent Niausia du cole du Nord ont des noms bulgares : Gymnowo. Eiswouria, lanakowo (2). On ne (1) Opeuv Sk Tcuv ovou.atTTwv, rou p.£v BsfTiO/iO'j TO p.EcTcv i-i-/ii p-oipa; p,S i ^i.% S' Toii Si BiprAicu opc'j; p.-fl l^" a9 L^' t:S i^t Kirapiou clpo'j; [j.vi -^o "a8 -y' Tcu Sk OXuiATTOu opouc -( a9 -y' (Plol. Ill, 13.) (2) Gymnoivo, torrent voisin dc Niatista ct qui sc jette dans I'Arabilsa ; Eiswouria ou Eistrour, fonrcc qui jail lit de tcrre aupres des rochers - 103 — saurait douler que les Biilgares ne se soient avances jii.sque dans cette partiede I'ancienne Emathie. Combiea de temps s'y maintinrent- ils ? II serait difficile de le dire d'une maniere certaine : mais on songe natarelleraenl au regne de Basile le Bulgaroctone. Ce fut alors sans doute que leurs villages I'urent detruits, et que les Grecs descen- direat de la monLagne pour fonder une autre iXiausta dans one po- sition nouvelle. Cette ville resta purement grecque, et c'est une chose bien caracterislique que, jusqu'a I'insuirection de 1821, les Bulgares n'y vinrent que pour labourer les terres sans jamais pouvoir y posseder de maisons. Villes de V Emathie. — Mieza. — Verriotiki-Vrysi. Les montagnes de Vodena, de Niausla et de Verria contiennent une grande quantite de grottes naturelles. L'une des plus remarqua- bles est sans contredit celle qui se trouve a une heure au sud de Niausta, au-dessus d'une source que Ton appelle Verriotiki-Vrysi (la source de Verria), parce qu'elle est sur la route de cette ville. On y remarque des stalactites d'une grande beaute. Elles sont d'une cou- leur jaunatre. Rattachees a la voute par une tige tres-dure, elles se divisent en un grand norabre de branches, et diminuent peu a peu jusqu'aux ramifications les plus fines etles plus deliees. Les gens du pays I'appellent Paloeo-Sotiras (I'ancienne eglise du Sauveur), et I'on aper(joit en effet sur ses parois qu:'Iques traces effacees de peintures. Cette grotte, dont on a fait une eglise, etait sans doute consacree, dans I'origine, a quelque divinite. II fallait menie qu'elle eut une certaine celebrite : car, dans cette partie de la Macedoine, c'est la seule entre toutes celles que j'ai vues que le culie Chretien ait adoptee. Deux textes differents m'avaient frappe a propos de I'ancienne Mieza. Le premier parlait de ses stalactites : (I Distillanles quoque gutt* in lapides durescuntin antris Coryciis : (1 nam Miezag in Macedonia etiam pendentes in ipsis cameris, at in <( Coryco quum cecidere (1). » Le second parlait du Nymphaeum , pres duquel avait ete eleve Alexandre : « Philippe fit venir Aristote, le plus celebre et le plus savant des taill(5s de I'ancienne Citiuin, et dont les eaux vont se confondre sur-lc- ehamp avec celles de la riviSre; lanakowo, village dans la montagnc. Voir notre carle. (I) Pline, Hisl. Nat., XXXI, 2f». — [Ok — ■ i( philosophcs. Le lieu qu'il assigna au niaitre el an disciple, pour y « faire leur sejour et pour y vaquer a leurs Etudes, etail le Nym- (i phanira, pres de Mieza, ou roii nous monfre encore de nos joui'S (( des bancs de pierre qu'on appelle les bancs d'Aristote, etdes allees « couvcrlespotir seproniener al'ombre (1). » Si ce Nymphaeum etait, comme on pent le supposer, une grolle dediee aux Nymphes, ces deux lextes sembleraient convenir parfai- tement a celle de Paloeo-Sotiras. Est-il done impossible d'ailleurs de placer Mieza de ce c6t.e, et les renseignements founiis par les geographes ne sauraient-ils s'accorder avec cette presomption ? Berkelius (ad Steph. Byz.), pense que dans le passage de Flutarque il s'agit d'une Mieza siUiee pres de Stagire. On s'expliquerait diffl- cilement que Philippe edt eloigne ainsi le niaitre et le disciple. 11 est bien vrai qu'il y avait une ville de ce nom pres du Strymon ; niais Ptoleniee et Pline parlent formelleraent d'un.e Mieza emathienne ou da moins voisine de I'Emathie. Ptolemee la place dans I'Emathie meme ; mais on sail tons les dis- tricts qu'il comprend sous ce nom. Reniarquons cependant qu'il la nomme entre Scydra etCyrrhos, dont noussavonsla position exacte, el qui appartenaient I'une a la Cyrrheslide, Tautre a I'Emathie pro- prement dite. Ce qui peut faire croire qu'il ne suit pas un ordre ar- bitraire, c'est que nous troiivons' Scydra et Mieza mentionnees aussi dans Pline I'une avec I'autre : u Eordoeas ; Scydra, Mieza, Gortynia : « mox in ora Ichna3, fluvius AxIls (2). » Peut-on s'auloriser precisement de ce texte pour placer Mieza dans I'Eordee ? Nous avons deja vu a propos de Scydra combien cette in- terpretation etaiL faiisse. Ce qui parait constant, ajires ce que nous avons dit de cette derniere ville, c'est que Pline mentionne le bourg d'Eordoeas, et passe ensuite a la plaine de I'Axius. Un autre temoignage tendrait a proiiver que Mieza n'etait pas dans I'Eordee. Arrien (3), enumerant les differenls trierarques de I'armee d' Alexandre, parle d'abord des eordoeens Ptolemee et Aristonoiis, (1) PluL, Alex. (2) Pline, IV, dO. (3) « En Si OpsoTi^o; KpiXTspo; -i b AXe^av^pou xai IlEpJiXJca; 6 OpovTeto. Ecp- (« ^axd TE n-oXsaaTi; xe tcu Aa-ysu xal ApiCTTo'vou; 6 rijttraiou. Ex ITu^vYi; te Mvi- « rpwv T£ 0 Ettix^su-ou xai NtxapyJ^Yi; o 2!(j.oij. Ett! Si ArTa/.o; re o AvJpou.svso) « 2TUu,tpa,Io;, xal Ile'juc'ara; AXs^avr^pou Mic^eu?, xa't IlE'Otov KpaTSua. AX)^o[v.E^-Eu;, « xai As'jvva-o; AvriTtaTOOu AqaTo;, xal FI-ivTayy/j: NtxcXaou AXwpirr,;, xa't M//.- < Xsac Zw!).c'j BspoiaTo;. « Arr. — 105 — puis plus loin, et apres avoir cite des officicrs apparlcnant a d'autres pays, il cite Peucestas de Mieza, et avec lui Leonnat d'.Egees , Pan- tauchus d'Aloros et Mylleus de Bera?a. La position de Scydra, determinee d'une maniere incontestable, jette quelque jour sur celle de Mieza. Des passages de Ptolemee et de Pline, 11 semble resulter qu'elles n'etaient pas eloignees Tune de I'autre. Ajoutez a cela la tradition nientionnee par Etienne de (1) Byzance, et d'apres laquelle Mieza et Olganos auraient ete les deux enfants de Beres : ce qui peut faire soupgonner que la ville de Mieza rneme etait dans le voisinage de Beroea. Si Ton n'a pas oublie les deux textes que j'ai cites tout d'abord, on voit ce qui me conduit a placer Mieza pres de la Verriotiki-Vrysi, au-dessous de la grotte de Palaeo-Sotiras, non loin de Verria (a trois heures et deniie de dis- tance), non loin d'Arsene (a deux heures et demie de distance). Villes de VEmathie: Bera>a, pays des Bryges; Bermios; — Verria : Roumlouck. C'est a partir de la Verriotiki-Vrysi que commence la cliaine du Doxa actuel. Cette montagne n'est autre chose que le Bermios des anciens, commenous I'apprend un texte precis de Strabon. « "O-rt r\ Bcpoia (2) TToXt? ev tou uTrwpetac? xsTra'. tou Bepjxt'ou opou?. » Nous en- trions dans I'ancien pays des Bryges, dans les lieux consacres par ia legende de Midas et de la captivite de Silene. L'existence de ces anciennes peuplades dans cette partie de I'Emathie semble incon- testable : mais il est impossible de fixer les limites precises de la re- gion qu'elles habitaient. Tout ce qu'on salt, c'est qu'elles elaient etablies sur le Bermios. Couvraient-elles les deux versants de la montagne ? lesauteurs anciens ne le disentpas. Les jardins de Midas etaient situes au pied du versant oriental. C'est la sans doute que les Bryges furent attaques par des tribus plus puissantes. C'est de la qu'ils emigrerent et passerent en Asie. On ne voit pas non plus s'il (1) « MU^a irdXi? MaxE^ovta;, airb M'.sXri? 6'j-^aTpb; BspriTo;, tou Maxe^o'vo;. « Bc'pr,; I'suv TpsT; e-ycvvTitis, Mis^av, Bs'ppoiav, OX-javc^v. » Sleph. Byz. in verb. — Etienne de Byzance ne parle ici que de la Mieza du Slrymon; mais la tradilion qu'il mentionne s'applique lout aussi bien i la Midza de I'Ema- ihie. (2) Strab., 330, fr. 26. — 106 — fautetendre leurs possessions an dela de I'Haliacmon, comme le fait Kiepert. Rien n'autorise positivement a le croire : ce ne peut etre la qu'une conjecture. L'antique Beroa fut fondee an pied du Bermios, au coeur mfime du pays des Bryges. Point de doiUe possible sur son emplacement. Elle n'a jamais cesse d'exister ; elle n'a jamais change de nom. LesTurcsl'appellent aujoiird'hiii Kara-Feria : les Grecs prononce^it Verria, et ecrivent son nom de la meme maniere que Tliucydide et quelques autres ecrivains : jisppota. 11 y a du reste une grande vari^t^ d'orthographes a ce sujet. Les monnaies donnent Sspots (par abre- viation, pour pspotEo^v) pepotaiwv et fiepaiow : les inscriptions pspoiaTot ou pepoiaoi ; les ecrivains anciens, /Sspoia, (iep^oia, en redoublant le p. Nous croyons, avec I'Etymologicum Magnum, que le mieux est de dire jSepoiaTo; el /Sepot'a. L'origine de ce nom s'expliquait dans les traditions anciennes par celui de son pretendu fondateur. Les uns pretendaienlquec'eLait un certain £piov ou Bepojv, en changeant le tp en p a la maniere mace- donienne ; les autres, que c'etait Ik'pr,?, fds de Macedon, ou plutot la fdle de ce Beres, nommee elle-meme Beroea (1), et soeur de Mieza et d'Olganos. De nos jours , on a conjecture que le mot pouvait ve- nir de pew, couler, et qu'il faisait allusion aux eaux limpides et abondantes qui parcourent la ville. Sons ce i-apport, en elTet, Verria n'est pas moins favorisee que JNiausta et Vodena. Lorsqu'on descend de la montagne et qu'on approche de la tour de I'Horloge, on est frappe de ces eaux qui jaillissent de tous les cotes, se divisent, SB rejoignent au milieu des jardins, disparaissent tout a coup et mur- murent sous les liguiers et les grenadiers sans qu'on puisse les voir, puis, a quelques pas plus loin, s'echappent avec bruit, par un trou du mur, et inondent la rue par laquelle vous passez. La position de Verria a quelque analogic avec celle de Cilium et d'Edesse. C'est encore un plateau isole, etendu, facile a fortifier, el dominant une campagne fertile. Situee a unS beure et demie de I'Haliacmon, assez pres du fleuve pour posseder les terres qii'il I'e- condede ses eaux, assez loin pour n'avoir pas a souifrir de ses inon- dations, appuyee sur le Bermios, protegee au Nord el au Sud par deux torrents, commandant d'aiileurs le passage meridional de I'E- malliie dans la Macedoine supirieure, Verria est tout a la fois une ville forte et une ville agricole. Elle reunit les avantages d'une posi- (\) Stopli. Byz. in vnb. Md'!^c/.. — 107 — iion dans la montagne a ceux tl'une position (lans la piuiiie. Aussi est-elle restee popiilease et florissanle, alors que Pella n'elail deja plus qu'un bourg sans nom. La ville acluelle, avec ses seize quartiers et ses soixante-deux eglises, n'occupe pas tout le plaieau. Si elle le depasse un peu a rOuest, elle se retire sur elle-ineme au Sud, et laisse vide presque tout Tangle Nord-Est. 11 fut un temps, au contraire, oi!i elle le rem- plissait tout entier. C'est ce donl on peut se convaincre.en suivant les restes des fortifications qui en couronnent partout les bords. Le cote Nord, defendu par un torrent assez profond qu'un appelle aujourd'bui Gyphtico-Potamo, a conserve peu de traces d'anciens niurs. Les ruines sont plus considerables a I'Est et au Sud du cote qui fait face a Salonique et dans le voisinage des eglises d'Hagia Pho- tida et des grands Anargyres. O^elques parlies de murailles ont en- core 5"'64 de hauteur sur 3'»02 d'epaisseur. Les premieres assises sont plus solides : le reste n'est qu'un blocage grossier compose de briques, de niortier, de picrres de toute espece. Le cote Quest est le plus cui ieux et le plus important a examiner. Deux tours y fixent I'attention : elles appartiennent toutes deux a I'epoque byzantine. La premiere, comprise aujourd'bui dans la for- teresse turque, a ete recemment ruparee. La seconde, ruinee depuis longtemps, a ete utilisee en partie pour soutenir le batiment de I'hor- loge. Ses proportions sont considerables. La facade exterieure a 1 7™53 de longueur, les cotes faisant saillie lO^O/j. L'epaisseur du mur est de S'^OG; la hauleur actuelle de 5"'45. La construction en est tres- solide : les fondations sont en pierres enormes. On y voit des frag- ments de toute espece, des stales en marbre, des tambours de co- lonnes, des fragments d'architraves doriques et ioniques. Cette tour, qui pouvaiL a elle seule contenir luie garnison assez nombreuse, se rattacbait d'ailleurs au mur d'enceinte : c'est aussi de ce cote qu'il s'est le mieux conserve. Pres de la source qu'on appelle Stamouli-Vrysi, par exemple, il a encore au moins 15 metres de hauteur. A quelle date precise appartiennent ces fortifications ? A toutes les epoques, Beroea dut etre entouree de murailles. Mais ces mui-ailies furent bien souvent renversees et reconstruites. Au quat>rzieme siecle, le Khral de Servie entreprit de rendre la place a peu pres imprenable. 10,000 hommes furent employes a la construction des raurs de la forleresse et de la ville. Mais Beroea fut bientot reprise par les cmpereurs do Byzance, et les fortifications resterent inache- vees. Ce sont celles dont on retrouve aujourd'bui des vestiges consi- — 10;s — derables. Cantaciizene nous parle de deux lours ou se rL^fugierenl les principales families serbes et les auxiliaires allemands, lorsqu'il (it. le siege de la viile : ce sont celles dont nous venons de mesurer les restes. U ne faudrait pas croire cependant que cerlaines parties de ces fortifications ne pussent pas remonter plus haul que le qiiator- zieme siecle. En bien des endroits, le soubassement du mur semble plus ancien que les assises superie^ires. On s'est borne h reparer ce qui existait deja longtemps auparavant. C'est a ce titre surtout que ces ruines nous interessent. Elles nous donnent malgre tout une idee de la maniere dont elait fortifiee I'ancienne Beroea. Dans I'origine, comme du temps de Cantacuzene, elle comprenait deux parties dis- tinctes, Tacropole et la ville (1). Sous les Macedoniens, comme pendant I'occupation serbe, les murailles couronnaient tout le pla- teau. En parcourant les rues de Verria, on est frappe du grand nombre de fragments antiques de toute espece qu'on y rencontre. Ce n'est pas la une chose ordinaire dans les villes de la Macedoine. iEgees et Dium, les deux sanctuaires de la religion macedonienne, n'ont con- serve que bien peu de debris de leur fortune passee. Pella meme est loin de donner tout ce que son nom promet. Beroea, au contraire, a garde beaucoup de restes de ses vieux monuments, quoiqu'elle n'ait jamais cesse d'etre une ville, et que les constructions nouvelles aient du nuire la aussi aux constructions anciennes. Malheureusement il y a plus a enumerer qu'a decrire : les restitutions ne sont guere pos- sibles, quoique les elements ne manquent pas. Trois morceaux de sculpture merilent surtout d'etre mentionnes. Le premier est une tete en marbre encastree dans le mur occidental de I'acropole. Nez aplati, bouche grande, front degarni, chairs mas- sives et lourdes, joues epaisses et un peu pendantes, tout en elle rappelle la figure bien connue de certains empereurs. Le second se voit aujourd'hui pres de la mosquee du Passemen- tier (2); c'est un lion en marbre dont la partie de devant seuleresle. La criniere est bien traitee, le mouvement heureusement indique. On voit que I'animal s'elanrait. C'est pres de la, dans la inaison d'un Turc, que se trouve le der- 'nier fragment, le plus interessant. C'est un torse de femme de gran- (1) (( O'j -jjtp axpcTOXi;, dit Caillac, ixX).' waiTsp [Ai;cfa ttcXi; e^ us-^aAri. C. 771. ed. Paris. (2) Casacshi-njami. oy deur iiaturelle, d'uii tres-beau style, quoique un peu maigre, Le corps est completement nu : les seins lege- rement mutiles laissent voir toute la purete de leurs contours; ils ne sont pas tres-developpes. C'est une jeiine fille plutot qu'une femnie : ce n'est pas la beaute accomplie, mais cette grace delicate qui lutte et qui rivalise avec elle. La courbe des hanches, le modele de la poitrine et du ventre sont d'une grande verite et d'une grande souplesse. Les contours du dos ont dans leur ensemble de I'elegance et de la fermete. Aux boucles de cheveux qui retombent de chaque cote sur la poitrine, a la suavite ideale du corps nu , on reconnait une statue de Venus. Le mouvement des bras n'est malheu- reusement pas assez indique pour qu'on puisse deviner Taction de la deesse. 11 semble pourtant qu'elle les relevait, et peut-etre qu'elle les portait a sa tete. Elle rappellerait ainsi la Venus Anadyomene, nue comme elle, sortant de la mer, et exprimant I'eau dont sont imbibes ses cheveux. On aimerait a se figurer que c'est la une copie de la Venus peinte par Apelle. Quoi qu'il en soit, ce fragment appar- tient evidemment a une excellente epoque ; il date, selon toute vrai- seniblance, des rois de Macedoine. Superieur, par le sentiment et I'expression, aux bas-reliefs de Pella et a sa statue de Diane, aux bas-reliefs que Ton voit aujourd'hui encore a Salonique, c'est le plus beau monument de I'art antique que Ton trouve aujourd'hui dans la Macedoine. Nous savons quelecultede Venus etaitrepandu dans la Macedoine. H^sychius nous a conserve le nom particulicr qu'on donnait a la deesse : on I'appelait ZetpTivYi, c'est-a-dire la deesse vetue de la tuni- que, ((Zeipa, etoo^/tTwvo?" ffsif7]vat, oi)v£7:toi xal Sta'^txveti; yi'xojve? (1). » Mais ici ce n'est plus I'antique divinite macedonienne; c'est la Venus telleque I'a congue le premier Praxitele, tellequel'a peinte Apelle, la Venus depouillee de sa tunique et de sa ceinture, offranl au regard toutes les perfections que pouvaient lui preter ses adorateurs : mais (i) Ilesycli. in verb. 1581. — no — nlliant en elle par la beaute idcale de ses formes je ne sais quel charme de volupte et de piideiir. Y avait-il a Bera-a iin temple de Venus? On peut le croire; mais nous n'avons, du reste, aucun renseignement sur les divinites qu'on y honorait d'line maniero particuliere. Les inscriptions de cette ville, assez nombreuses, mais presque toutes d'epoque romaine ou meme posterieure, ne parlent que d'un autel eleve soit a Eunomie, soit a Euclia, et d'une offrande a Isis Lochia, c'est-a-dire a Isis qui preside aux accouchements (1). II faut done se contenter de mentionncr les restes les plus importants, sanspretendre assignor un nom aux monu- ments dont ils faisaient partie. Le cimetiere de Sinam-bey-Djami contient un fragment assez cu- rieux de frise corinthienne en marbre blanc. Ce sent, comme d'ha- bitude, des guirlandes de fleurs et de fruits soutenues par un genie aile alternant avec un bucrane. Au milieu dechaqueguirlande on voit un serpent replie sur lui-raemeet dont la tete s'avance vers le genie. Le travail de cette frise est riche et tres-soigne , mais il est un peu lourd : les feuilles et les fruits ne sont pas assez fmement degages : les guirlandes ne tombentpasnaturellement. Les moulures qui les sur- (i) Eglise d'Hagios-Georgios : plaque avec inscription en marbre- EH lAlAQXl A KAITH nOAnioH A^BPoYTTloIArAoO clDOPOIKAlHrYMH AYToYEAEVoEPIoN YFlEPTHieY rATR'Ijj MflAHHASEYZA^^E r,!oi'ETiiiE:PE:niAiA &iOYA''BPoYTT(ov rronAiTi an ov — ill — montent, les palmettes, les oves et les peiies manqiient denettete et d'elegance. 11 y avail sans doiUe autrefois iin temple corinthien pres de cette mosquee. Sous le vestibule et pres du minaret, on trouve un chapiteau depilastre corinthien dontle style est evidemment lememe. Peut-etre pourrait-on rapporter aussi a ce monument deux^ caissons corinthiens egalement enmarbreque Ton voita la mosquee dn Grand Seigneur (Unkiar-Djami). Quoi qu'il en soit, les proportions de la frise (1), sa hauteur, la distance entre chaque guiriande, qu'il sufflt de doubler pour avoir celle des colonnes , puisque chaque g<5nie occupait le milieu de la colonne, et chaque bucrane le point milieu de rentre-colonnement , montrenti que ce temple devai' etre de petite dimension. Le portique de devant, felon toute appa- rence, ne se composait que de deux colonnes avec pilastre a chaque angle. Deux portes ioniques en marbre blanc, dont Tune est tout a fait intaote, marquent la place ous'elevaient deuxautres temples de I'an- cienne Beroea. La premiere, celle qui a ete completement respectee, est dans la cour d'une maison voisine de I'eglise d'Hagios Taxiarchis. Tres-simple, tres-peu ornee par elle-meme, ce qu'elle offre deplus remarquable, ce sont ses dimensions. Qiioique le sol ait montd, elle a encore 2 m. 83 de hauteur sur 2 m. 16 de largeur. Les eglises voisines, celle de la Panagia Panymnitis et celle d'Hagios Mochios renferment des fragments qui paraissent avoir appartenu au meme edifice : des plaques de marbre, des chapiteaux ioniques de bonne dimension, un stylobale en marbre d'un fort mauvais style. A vingt minutes de ces eglises se trouve celle d'Hagios Nicolaos (ec tV [jLyiTpoTioXtv). Pour y entrer on passe d'abord par un couloir qui ouvre sur I'eglise elle-meme. La porte interieure n'est rien autre (1) Mcsurcs de la frise. Pelilc bando supurieure OmOdO Moulure crouse avec palmcUes : haiileur 0.075 Palmelles : largeur 0 . 070 Moulure creuse avec oves, pedes, filel : hauteur. . . 0.11 Ove avec son encadremeut : largeur 0.070 Perle et demi-perle 0.070 Hauteur de la frise 0 . 80 Guirlandes 0.96 Longueur tolale de la pierre 2 . 33 — H2 — chose qu'une ancienne porle ioni([ue en marbre, rapelisseo, rediiite aux proportions d'une eglise byzanline. Les deux cliambranles ont ete scies : le linteau lui-meme manque : on a pris la frise d'ailleurs plus ornee : on I'a taillee de chaque cote pour I'adapler aux cham- branles. U est done impossible d'avoir les proportions exactes de cette por* ancienne : il semble cependant qu'elle n'ait pu appartenir qu'a un petit temple comme celui de Themis a Rhamnonte. L'eglise d'Hagios Nicolaos a ete batie sur I'emplacement de I'ancien edifice paien. EUe est ires-vieille et d'une construction en briques tres-re- guliere. Les fondations des murs sont composees de pierres an- tiques. Mentionnons encore, pour en finir avec les antiquiles de Beroea, un bloc de marbre fort curieux qui se trouve dans l'eglise de la Pa- nagia Peribleptos. II a 0,64 centnnetres de hauteur, 0,68 centimetres de largeur, 0,67 centimetres d'epaisseur. L'une de ses faces est oc- cupee par an bas-relief. Ce bas-relief d'un assez bon travail represcnte un guerrier a cheval, tele nue, tunique militaire, manteau flollant sur les epaules, le bras leve comme pour lancer un javelot. Sous les pieds du cheval au galop un ennemi vaincu, appuye sur une main , semble implorer de I'autre la clemence de son vainqueur. Ce second personnage est vetu a peu pres comme les barbares de la colonne Trajane : ses jambes sont couvertes : son corps estenveloppe d'une longue robe, sa tele coiffee d'une sorte de turban dont un des bouts retombe sur I'epaule gauche. Ce qui semble etrange, c'est qu'on a pratique avec beaucoup de soin dans I'epaisseur de la pierre un gros Iron carre de 0,59 centimetres de profondeur sur 0,60 centimetres de largeur, laissant a peine sur chaque face un rebord de 2 a 3 cen- timt'tres. Quelle pouvait 6tre la destination de ce singulier bloc de marbre ? On n'y voit aucune trace d'inscription, et d'ailleurs elle se serait bornee sans doute a mentionner le nom du principal person- nage. Elait-ce un aulel ? mais ce n'est pas la la forme ordinaire, et le trou carre est beaucoup Irop profond. Etait-ce un fragment de pie- destal ? et faut-il supposer qu'un autre bloc venait s'emboiter dans celui-ci ? Cette explication ne satisfait guere non plus. Ce qui est le plus evident, c'est que le bas-relief rappelait quelque victoire sur les barbares, a laquelle avail pris part le cavalier v6tu de la tunique mi- ilaire. Le style, quoique assez soigne, annonce une assez basse epoque. Beroea ne demandait pas a d'autres pays le marbre dont elle avail besoin pour ses statues el pour ses temples. A defaut des mines d'or que la legende lui prelait el qui n'exislaienl plus depuis le regno du — 113 — roi Midas (1), le Bermios contenait de riches carneres de marbre. Nul doute qu'elles n'aient ete exploiters des les temps les plus an- ciens. Nul doute qu'elles n'aient ete pour la ville une de ses princi- pales sources de richesse. Le marbre de Beroea est tres-blanc et tres- pur : la paiilctle en est assez rare, ie grain un peu gros. Excellent pour les ouvrages d'architecture, on pouvait aussi I'employer pour la statuaire : temoins le torse de Venus dont nous venons de parler et le cheval colossal de Vodena. Aussi en faisait-on un grand com- merce dans toute la Macedoine. La plupart des monuments de Peila sont en marbre de Beroea. Pour s'en convaincre, il suffitde comparer quelques fragments antiques avec des echantillons modernes. Ses carrieres, en effet, n'ont jamais et6 abandonnees. Elles se trouvent aujourd'hui a 5 heures environ au-dessus de la ville : dans I'endroit qu'on exploite, il n'y a pas de chemins pour les chevaux ni a plus forte raison pour les voitures. On detache les blocs, et on les fait rouler d'abord sur la pente de la moutagne. De I'endroit ou ils s'ar- retent on les transporte dans un village silue sur les flancs du Ber- mios, ou Ton commence a les travailter et a les degrossir : apres quoi on les porte a Verria. Ce marbre est tres-recherche dans les environs : a Vodena, a Koshani on s'en sert pour les tombeaux des eveques, a lannitza pour ceux de la famille de Gazi-Gavrhenos : a Salonique on n'emploie que le marbre de Verria et celui de Thasos, Les environs de Beroea ne sont pas moins curieux a etudier que la ville ellG-meme. Trois tumulus existent encore dans la plaine : I'un au N.-E. , aune demi-heure du plateau, indique par sa position I'endroit precis oh passait I'ancienne route de Beroea a Pella indiquee par la table de Peutinger : les deux autres situes au Sud, a trois quarts d'heure de la ville, marquent I'une des principales routes de Beroea dans la Pierie. En sortant de la ville par la porte meridionale, et en suivant le chemin qui longe le bord du plateau, on arrive, apres dix minutes de marche, a une sorte de rond-point ombrage par trois magnifiques platanes. Les Grecs appellent cet endroit le Palceo-foro, et les Turcs Iski-Bazari, ce qui en est la traduction litterale. Ce nom de foro est remarquable, a cause de son origine evidemment romaine. C'est, avec le nom de Campania applique aujourd'hui encore a une partie du Roumlouck, le seul de ce genre que nous ayons trouve ou qui ait survecu dans la plaine entre I'Axius et les montagnes. Que designait- il? Etait-ce une agora etablie, suivant les habitudes antiques, par des (1) Strab., XIV, 680. ARcmv. DES Miss. viu. 8 — ll/l — k^gions campeesen dehors dela villc (1) ? Etait-ceun des faubourgs, un des quartiers exLerieurs? Y avail-il la line placf, im marche a I'e- poque romaine, au temps ou un grand nonibre d'etrangers etaient venus s'etablir dans la cite, et ou, suivanl le temoignage de Lucien, BdrcEa etait tres-grande et tres-populeuse : asyaX-ziv xat TcoXuavOfwirov? C'est peut-etre au Paloeo-foro que Ton chercha a vendre cet ane, dont il nous decrit les longues infortunes (2). Une inscription trouvee dans I'eglise d'Hagios Mochios nous avait appris qu'une certaine Ammia, fille de Pierion, avait construit a ses frais et avec I'aide de ses enfants un aqueduc et une fontaine et que I'eau qui alimentait cet aqueduc venait de ses proprietes. Ces pro- prietes devraient §tre au N.-O. de la villa, en remontant les pre- mieres pentes du Berraios, dans le voisinage des deux torrents qui vont arroser Beroea. De ce cote, en effet, a une demi-heure tout au plus de la tour de I'horloge, on trouve des traces de travaux consi- derables. Ce sont d'abord plusieurs puits tres-anciens et tres-pro- fonds, qii'il a fallu creuser tout entiers dans le roc. Pres du second on entend couler avec bruit les eaux qui sont au fond et qui jaillis- sent de terre a deux cents pas plus loin. Ce sont ensuite et sur une assez grande etendue de terrain des rentes d'aqueducs. Ceux-la seu- lement n'etaient pas destines a porter I'eau dans la ville, mais a la dinger dans les proprietes voisines, a I'epoque ou tons ces plateaux (1) « no-t^aiKTixi Se. xai oi i^.era ApioWo)? IleXoitovvT.aioi Trpc(s5ex°'p.evoi tou; A.e-/ivaiou;, eaTparcirs^suovTO irpo; OXuvflw, xat a-jopav i'^w t^j moXtw; «itl- •JToiYivTO. » Thuc, I, 62. (2) Luc. Luc. sive Asin., XLII, 35 y Lti.£ K 1 I . M \ < .K'' r^i EPi _ N©9r r. T-l PAMAAIAM FT. TI^^TEKNft KWAI.A .« \\ cTlEIEPlKQAMYN ToYLiIV, \iNK.AEPO0T0Y0To f YA(^EIIi« : : \%^ c^ ayT-LxC^i I^ToTEY APAr.n©i<-iToEi,v BoTtiaiav (I xat Iltspiav oux a'.p(xovTO. » En inclinant un peu vers I'Ouest, la Bottiee etait bornee tout na- turellement par le lac qui lui servait de defense. La encore elle ne s'etendait guere au dela du territoire de Pella, car Cyrrhos, nous venons de le voir, etait pres de cette ville, et avec elle commengait un autre district, la Cyrrhestide. Nous connaissons niaintenant les limites exactes de la Bottiee. Les Grecs ecrivaient tantot BoTTta, tantot BoTxtaia ou bien encore comme dans Herodote BoTTiati?. Le district de la Chalcidique s'appelait de son (k) cote BoTxtx-V Cependant on trouve des exemples de Boxxiata pour Boxxtxri, et Thucydide designe quelquefois par BoxxtaToi les ha- bitants de la Chalcidique. On a explique I'etymologie de ce mot de differentes manieres. On I'a fait venir tantot de poTo'? pature (^oxa bestiaux) parce qu'elle est en effet riche en paturages et en troupeaux, tantot d'un certain Botton qui, suivant la legende, aurait dte le chef des colonies cretoises eta- blies dans le pays. L'existence de ces colonies est incontestable, et (1) Thuc, II, 99. (2) f Perseus trcpidans gazam in mare dejici Pdl(s jusserat. » T.-L., XLIV, to. (3) Thuc, II, 100. (4) K Kai BoTTizif) r) XaXK'.Jtxr;. a Etvm. M, 206, in verb. - no — c'est un fait reconnu que plusieurs des villes de la plaine oiU des nonis d'origine cretoise. M. Tafel va menie jusqu'a croire que le noiii d'A- xius ( 'A^io?) donne au plus grand des trois fleuves est cretois, comnie celui d'Idomene et de Gortynia. II est bien vrai que noustrouvons (1) dans Herodote une ville cretoise noinmee 'A^o?. Mais, d'un autre cote, Hesychius nous dit que le mot a^o; est macedonien et qu'il a le meme sens que le mot ulri. II en resulterait avec quelque vraisemblance que 'A^io? voudrait dire le ileuve plante d'arbres qui coule au milieu des bois. Nous retrouvons encore ce nom de Bottiee dans I'erudit Cantacu- zene(2). Gependanl il semble avoir ete oublie ou meme avoir disparu completement sous I'empire remain. Des lors, en effet, il avait ete remplace par un autre nom bien reraarquable, celui de Campania. II serait difficile de dire a quelle epoque ce nom commengaa prevaloir. Ce que nous savons, c'est que, lors de la constitution des eveches suffragants de Thessalonique , I'eveque de cette partie de la (3) plaine prit le nom d'litiaxoTco? t% Kaixwavtac, qu'il conserve aujour- d'hui encore. C'est a cette circonstance seule que nous devons de connaitre le nom remain de la Bottiee. II ne saurait y avoir en effet aucun doute sur son origine qu'expliquent d'ailleurs et la nature meme du terrain (/i)etle grand nombrede Remains etablis dans cette contree. Ajoutons encore que ses marais et ses champs fertiles, ses buftles elevant leur tete noire au-dessus des herbes et ses volees de corneilles s'abattant des montagnes avec un cri rauque , pouvaient rappeler aux nouveaux colons les plus belles et les plus riches cam- pagnes de I'ltalie. La Bottiee est aujourd'hui encore la contree riche en brebis, riche en chevaux, dont parlent les anciens. De I'Albanie superieure on y amene tous les ans de nombreux troupeaux pour y passer I'hiver. Dans la derniere guerre centre la Russie, les Anglais y ont fait des achats de chevaux considerables. Placee entre des lagunes qui i-on- gent ses bords et un lac qui tend toujours a s'accroitre , inondee (1) Herod., IV, 134. (2) 11 est vrai qu'il en elend singulieremcnt les limiles : il la fait allcr jusqii'a Casloria d'un cote, jusqu'a laTliessalic de I'auU'e. Caiitac, III, 58 IV, 19; II, 28, 32. (3) Novella Leouis. Sap. : index de thronis (Leunciavii jus. Gr. Rom. p. 92), neuvieme sieclc : o KaiAiravia; viroi KaoTpiou. ('i) a (Japuam.... a campcslri appeilalam. « Titc-Live, IV, 37 « Ab canipo dicta. » IMinc, HI, 5. — 120 — plutot qu'arrosee par trois fleuves dont les embouchures sont des- tinees un jour a se confondre, elle presente parlout un pays plat, des eaux d'une saveur amere, une terre noire eL grasse, d'une remar- quable fertilite. Ce sont tantot des prairies marecageuses , envahies par les tamarix, les chardons et les plantes herbacees, tantot des champs deboises que Ton cultive avec la charrue elementaire de Virgile, oil Ton voit encore les boeufs ramener le soir le soc suspendu au joug ; tantot enfm des fourres epais peuples de tourterelles et de faisans ou s'entremelent de grandes terras a h\6. 11 n'est pas neces- saire le plus souvent de laisser les champs en jachere. Tons lesvingt a vingt-cinq ans, le fleuve fou (1) deborde avec plus de violence que d'habitude, submerge tout I'espace qui le separe da Lydias, y se- journe plus ou moins longtemps, et se retire laissant des terres vierges ou pullulent bientot des plantes de toute espece , mais qui n'attendent aussi que le soc pour produire d'abondantes recoltes. Lac de la Boltwe ; Borboros, lac d'lannitza. — Lydias, Kara-Asmack. — Axhis, Wardar. — Haliacmon, Bisiritza. Strabon donne au lac de la Bottiee le meme nom qu'a la riviere qui lui sert de canal d'ecoulement : Xipri xa)iou[/.£V7] AouoiV (2). Nous essaierons d'expliquer plus bas comment il a pu le faire, si toutefois I'abreviateur n'apas altere sa pensee. Noustrouvons un autre nom (3) dans Plutarque, celui de Bo'pSopo? qui semble devoir etre prefere et qui s'explique d'ailleurs par la nature meme du lac. C'est moins eii effet un lac qu'un vaste marais. 11 faut le regarder du hautdu plateau (1) L'Haliacmou (aujourd'hui Bistritza ou Injdkara). (2) VII, 330, fr. 20. (3) Epigramme sur Aristote citee par Plutarque : O; Sik rriv dxpaTTJ "jaaTpo; cpusiv EiXtro vaieiv avT' Axac5'r,u.ia; BopSopou ev ■rrpoy^oaT;. « EoTt -YCtp ■TTOTau.b; Trepl IIsXXviv, ov Maxs^ove; Bo'pSopov xaXouat. « Th(5ocr. Chius ap. Plut. de Exil. iO. — Plutarque dil que ce nom do Borboros appartenait h une riviere : mais 11 est (Evident qu'il se trompe en ce poinU — 121 — de Niausta pour apercevoir une nappe d'eaii d'une teinte sombre et jaunatre. Jamais on ne le voit moins qu'en approchant de ses bords. Point derivages, point de limites precises : il se tannine partoutpar des marecages caches sous les herbes et ou il serait dangereux de pe- netrer. En en faisantle tour, on n'apergoit que de petites flaques d'eau encombrees de roseaux et de plantes de toute espece : parfois aussi des saignees ou des canaux pratiques au milieu des herbes et qu'on appelle les echelles du lac. Une hutte grossi^re habitee par des gens de mauvaise mine, quelques barques freles et etroites, qui ne peu- vent contenir qu'un seul homme, et qui sont faites pour glisser de roseaux en roseaux : voila tout ce que Ton trouve a chaque Scala. Les marais fournissent une peche abondante, et Ton y trouve surtout un grand nombre de sangsues. Pendant I'ete, les eaux du lac dimi- nuent, et laissent a sec un certain nombre d'ilots oii se transportent les habitants de la plaine. J'ai passd une nuit dans un de ces singu- liers villages, dans une cabane grossiere, a cote d'un grand feu qu'on avait allume pour me preserver de I'humidite , au milieu des bceufs qu'inquietait la nouveaute de mon costume : il m'elait facile de con- cevoir que les rois de Macedoine eussent ^leve la citadelle de Pella au milieu du lac meme, dans un ilot semblable a celui ou je me trouvais. II fallait seulement, pour le preserver des crues de I'hiver, elever le niveau du sol, au moyen de terres rapportees, soutenues par quelques murs de terrasse. De nombreux cours d'eau alimentent I'ancien Borboros (auj. lac d'lannitza). Au Nord les deux torrents du Moglena, leTcharna-Reka et la Belitza se reunissent avant d'entrer dans la grande plaine et vont se Jeter ensemble dans la riviere de Vodena. Celle-ci coule de I'Ouest a I'Est, accrue par les lacs de I'Eordee et porte, suivant toute appa- rence, la plus grande masse d'eau au Borboros. Outre les torrents du Moglena, elle regoit les sources jaillissantes de Palaeo-Castro au pied du Paik. A quelques heures de la riviere de Vodena, le Gou- lema-Reka se dirige dans le meme sens, apres s'etre grossi des eaux de Niausta. Plus bas encore le torrent de lavornitza, a deux heures au Nord de Verria, semblerait devoir se diriger tout naturellement vers I'Haliacmon, et c'est ainsi que Kiepert le marque sur sa carte. Ce- pendant telle est la pente du terrain qu'il se porte aussi vers la partie la plus profonde de la plaine. N'oublions pas, du cote oppose, le cours d'eau de Konikowa. II prend sa source sur le versant oriental du Paik, coule du Nord au Sud parallelement a I'Axius dont il n'est guere eloigne que detrois quarts d'heure, tourne vers I'Ouest aupied des coUines de Messir-Baba , passe sous le pont qu'on a recemment — 122 — construil a cet endroit, eL va se perdre dans les inarecages du lac(l). Les anciens avaient, an sujel de ccs coiirs d'eau, une opinion qm merite d'etre mentionnee. Us croyaient le Borboros alimente surloul par line branche souterraine de I'Axius : tV ok Xt'iAvviv ttXyipoTtou 'AlioZ Tt aTO'(jTra(7(y.a (2). De nos joLirs, M. Cousinery a emis la meme con- jecture, en voyant les eaux jaillissantes de Paloeo-Castro. C'etait la sans doute ce qui (3) avait preocciipe les anciens et ce qui explique leur croyance. A Pella, au-dessous de I'eglise d'Hagious Apostolous, on voit une citerne alimentee jadis par une source souterraine, qui s'estfraye un chemin a travers le roc. Peut-etre aussi regardait-on du temps de Strabon cette source comrae venant d'un Calavothron de I'Axius. On a remarque avec raison que le lit du lac devait s'etre deplace en partie. II semble s'etre retire des environs de Pella el n'etre plus aussi pres de la ville qu'a I'epoque ou I'on en fit la capitale de la Macedoine. Ce n'est pas du reste qu'il soil moins etendu qu'autrefois. Les traditions locales parlent de villages engloutis par les eaux au Nord et a I'Ouest. A deux heures au-dessus du monastere de Nisi, on voit au fonddu marais, quand les eaux sont basses, de larges plaques de niarbre, de grosses pierres et meme un bas-relief compose de deux personnages se tenant par la main. Le monastered'Hagios-Lucas, pres de lannilza, etait situe jadis une demi-heure plus haut : i'ancien em- placement a ete envahi par les eaux, et les moines sont venus s'e- tablir dans le village de Prisna, autourd'une vieille eglise des Sainls- Anargyres. Tons ces faits prouvent que le lac s'est agrandi , sans doute apres une inondation plus generale que celles qui ravagent si souvent le pays. Le canal d'ecoulement du lac s'appetait autrefois le Lydias. U n'y a aucun doute sur ce point (k). Toute la question est do savoir si ce nom ne s'appliquait pas aussi a I'un de ses affluents superieurs. (1) Voir noire carte. (2) Strab., YIl, 330, fr. 20. — aTOa-c;(ji/.a, nous le savons, niiuliquo pas lui-meme une branclie souterraine ; mais une (5luclc allcntive des lieux ne permet pas dc comprendrc ce mot autrcmcnt. Cousinery I'a bieii sent!. (3) Voir ia carle. (4) « E-/,ei ^i Xiy.rr,^ Ttpo xiiTr,^ r, Ile/.Aa, ii ri; : Aou'5ia; roT*u.o; ptT. « Slrab., 330. fr. 20. — 123 — Qu'dtait-ce, a proprement parler, que le Lydias des anciens? Ou commeiiQait-il ? Grote donne le nom de Lydias a la rivifere de Voddna ; Leake, au torrent de Tcharna-Reka, qui sort des gorges du raont Nidsche, au nord-ouest de I'ancienne Almopie. Nous ne voyons pas la raison de I'opinion de Grote. Quant a Leake, il s'est peut-etre fonde sur un texte de Pline corrige par son commenLateur. L'ecrivain latin dit dans sa description de la Mac^doine (1) : «Mox Antigoneia, Europus « ad Axium flumen, eodemque nomine per quod Rhoidias fluit. » Ce non de Rhoidias, donne a la riviere qui baignait I'Europus almopienne, n'a pas semble naturel : on a cru qu'il fallait lire Lydias au lieu de Rhoidias. Mais ce n'est la qu'une simple conjecture, que rien n'ex- plique et ne confirme. On a un nom donne par Pline ; pourquoi le changer ? pourquoi ne pas le prendre comme on le trouve ? C'est ce qu'a fait Kiepert, et selon nous avec raison. II n'y a qu'une conclu- sion a tirer du texte de Pline, c'est que le principal cours d'eau de I'Almopie s'appelait autrefois le Rhoidias. Nous avons un certain nombre de passages d'auteurs anciens oil il est question du Lydias. Tous se rapportent au canal au-dessous du lac : aucun ne peut s'appliquer aux affluents superieurs : « Heureuse (( Pierie ! dit Euripide dans les Bacchantes. Bacchus te venere ; il (( viendra menant des choeurs de danse, il traversera, avec son cor- « tege de Menades, le rapide Axius, et le Lydias (2), le pere de tous « les biens, la source de la richesse pour lesmorlels, le Lydias qui, HtEpia ! oe'SeTai o' Eilio;, r\C,i\. Ts yopeuotdv ajjia Boaj(^su- p.acri, TCi'v t' uxupo'ov 5ia6a; A^ibv etXid- aojAEva; [Aatvai^ai; a^ei, AuJiav TE TCiv Eu^atpovia; PpoToi; oXSo^oVav TCaTSp* TE, TOV E/CAUOV eiliinrov yjst^OM iloaatv xaXXidTcio'. XiiraivEi'/. (Eurip. Bacch., vers 571 ct suivants.) — \n — fecondait. Nous pourrions citer lous les autres lexles : ils confirnic- raient tous notre rcniarque. Ces temoignages ncgalifs donnent bcaucoup de poids an lexlc precis de Strabon : l'='"abreviateur, « 'Ex Tauxrii; ttj; Xijavt]; 6 Aouoia; « ex ^i'5o)at itoxaiJt.b;. » 2*= abreviateur, « Ilpb tyJi; >viavr|? £; -/i? 6 Aouot'a; (1) (( 7roTa[ji.b; ^sT. » Dans uii autre passage, Ic geographe ancien, parlanl de I'Erigon et du Lydias, embrasse tout le cours du premier depuis sa source (2) jusqu'a I'endroit oil il se jette dans I'Axius. II est na- turel de croire qu'il en fail de menie poiu- le second ; or, il ne parle que des 120 slades que la riviere parcourt depuis Pella jusqu'a la mer. Le Lydias des anciens n'est done rien autre chose que le canal d'ecoulemenl du lac, que le fleuve de la Boltiee. Ce nom ne s'appli- quait a aucun des autres cours d'eau de la plaine ; et le fait est si naturel qu'il s'est reproduit a une autre dpoque. Le Lydias s'appellc aujourd'hui dans la langue turque le Kara-Asmack ( noir- pro- fond) : niais aucun de ses affluents superieurs ne partage avec lui ce nom. Comment s'expliquer maintenant que Strabon, ainsi que nous I'a- vons vu plus haut, donne au lac lui-meme le nom de Lydias ? Sous les rois de Macedoine, on avait trace a travers les marais encombres de joncs et de roseaux un canal, qui n'etait en quelque sorte qu'un prolongement du fleuve, et qui faisait communiqiier direcleracnt Pella avec le Lydias et par suite avec la mer. Ce canal passait entre la citadelle et les murs de la ville. C'etait Vintennnralis aninis de Tite-Live (3). II portait lout naturellement le nom de Lydias, parcc qu'on ne semblait pas en effet avoir qiiitte cette riviere pour re- raonler jusqu'a Pella. Dans le discours de I'Ambassade [h), Eschinc dit en parlanl de Demosthenes : (c 11 m'accusc d'avoir traverse pen- (( dant la nuit le Lydias sur une nacelle pour alier trouver Philippe. » Et plus bas : « J'ai eu, a t'entendre, de nombreux tete-a-tete avec (1) Strab., VII, 330. (2) Ei-a 0 Epi-ftov TTOTaacis xa'i Aouot'a;. 6 pv sx TpixXapMV ps'uv SV OpeoTiuv xat T^; nsXapvia; vi apiorspa atpiet; rriv Tro'Xtv xat QU\^&aXkiXi7tTrcv. « — « Kat Xe'i'ei; [i.h o-i <^lX^1T•;r(;) jaeO' ii[j.s'paM TtoXXaxi; (xo'vo;, [Ao'vM i^isXE-joaviv, aiTia S' etorXcIv jj.g vJXTOjp xara rbv ■Kox().\).vt. t) Escll., Disc, de I'Amb., Ill, 256, — 125 — «( Philippe pendant le jour, et c'esl la nuit que j'ai travers^> la ri- (( viere. » Ce passage est tres-concluant. Philippe etait dans la cita- delle, Eschine dans la ville. Pour alien Irouver le roi, il lui fallait passer le Lydias, c'est-a-dire Vintermuralis amnis, sur lequel on n'avait sans doute pas encore jete le pont dont parle Tite-Live. On voit maintenant la raison de I'erreur commise par Strabon : il a donn6 au lac le nom du canal qui le traversait. Le Lydias n'est pas large, mais son lit est profond. Ses eaux pres- que toujours troubles lui ont valu le nora de Kara-Asmack ([i.aupo-v£po'). Jc ne sais si Ton y trouve encore le Chromis dont parle Athenee ; mais il est aussi poissonneux que le lac d'ou il sort. Les anciens estimaient a 120 stades (1) la longueur de son cours depuis Pella jusqu'a la mer. Ce chiffre ne semble pas exagere, quoi- qu'on ne puisse plus le verifier aujourd'hui d'une maniere exacte. II est certain en effetque le cours des trois fleuves a change. Le Lydias s'unit aujourd'hui a I'Axius : au temps d'Herodote, nous I'avons vu, c'etait avec I'Haliacmon qu'il melait ses eaux. L'ancien point de jonction des deux rivieres ou du moins I'un des points ou elles cou- laient reunies est determine par une arche de pont qui subsiste encore au-dessous de Calyani et de Clidi, et dont nous nous reservons de parler plus tard. Bornons-nous a dire pour le moment que ce pont n'est qu'a une demi-heure de I'endroit on se confondent maintenant I'Axius et le Lydias. II en resulte evidemment que le Lydias lui- meme s'est peu deplace. C'est I'Haliacmon qui s'est rejete vers le Sud-Ouest; c'est I'Axius qui s'est incline vers I'Ouest et qui est venu rejoindre le fleuve intermediaire. Ces changements de direction vers la fm de leur cours n'ont rien d'etonnant d'ailleurs dans les grandes rivieres. Les terres nouvelles apportees par les eaux, distribuees le long du rivage par les flots de la mer, repoussees dans des sens contraires sous Taction des vents et des courants, creent sans cesse de nouveaux obstacles aux fleuves, produisent des modifications dans le niveau relatif des cotes, et ont pour effet ordinaire de deplacer les embou- chures. C'est ce qui est arrive pour ces trois rivieres. Aujourd'hui, I'Axius et le Lydias coulent ensemble a peu pres deux lieues avant de se jeter dans la mer. Autrefois le Lydias et I'Haliacmon se reunis- saient au pont ou tout au moins dans le voisinage du pont de Clidi, (1) a km '^£ Aou^iou si; IlEW.av Tto'Xiv avaTrXoy; 'iTa^'itov Ixarov ei'xcoi, » Strab., VU, 320. — 126 — c'cst-a-dire a une licue, une lieue et demie environ do leur embou- chure. Dans tons les temps, du reste, ccs fleuves onl du tendre a se rapprocher Tun del'autre. II y a mainlenant deux heures de distance a peine entre rembouchure de I'Axius et du Lydias et celle de I'Ha- liacmon (1). Apres s'etre detourne vers le Sud-Ouest du cole de I'an- cienne Pierie, I'Haliacmon semble vouloir revenir, plus a I'Est, vers son premier lit. En 1800, ses digues se rompirent (2). Le pays resta submerge pendant dix ans, et ses eaux se jeterent en partie dans le Lydias. C'est le plus inconstant etle plus redoutabledestrois fleuves. M a toutela fougue et tous les caprices d'un torrent. Aussi, I'appelle- t-on dans le pays le fleuve-fou, Lolo-potamo, Dehli-potamo. Villes de la Bottiee. —Aloros : Clidi. — Pont d'A loros : Route de Pydna et de Methone a Thessaloniqiie et a Pella. Trois heures apres avoir quitte Verria, nous longions les bords de I'Hahacmon, dont les eaux etaient alors assez basses. Nous nous irouvions dans le pays des Aloritains, dans ce qu'on appelait autre- fois la v^ao?. Ce nom caracteristique est reste a un monastere du voi- sinage dont I'eglise est dddiee aux Saints-Anargyres. L'Hegoumene Pappa Meldtios, homme instruit et eclaire, nous dit, en nous parlant de son monastere, que la partie de la plaine dans laquelle 11 etait situe etait tres-fertile, qu'elle etait enfermee autrefois entre le lac, d'une part, et de I'autre entre le Lydias et I'Haliacmon, qui se reu- nissaient alors avant de se jeter dans le golfe, et que c'etait pour celte raison qu'on I'avait appelee I'ile. Rien de plus vraisemblable que celte explication : on pourrait la justifier par un grand nombre d'excmples tires de la Grece elle-meme. Tout atteste d'ailleurs que ce nom dale d'une epoque reculee. Le monastere est tres-ancien : I'eglise, assez petite d'abord, lombait en ruines il y a 200 ans : on I'a reconstruite alors sur des proportions plus vastes , et la date de I'annee ou elle fut achevee se lit encore au-dessus de la porte d'entree. (1) Voir la carte pour tous ccs derails. (2) Cousin. Voy. en Mac, I, 2. — 127 ~ Dans la coiir du monaslere, nous vimes (1) une stele en marbre de Verrla, qu'on nous dit avoir ete trouvee a 2 heures plus haul que Nisi, dans un endroit recouvert par les eaux pendant I'hiver. Les grands arbres qui s'elevent autour du monastere nous enipfi- chaient de voir les villages voisins : Gida, I'un des plus riches et des plus grands de la plaine; Kopsochori, autrefois la residence de V6- veque de Campania ; Paloea-Chora, dont le nom semble se rapporter a I'existence de quelque ville ancienne, Leake place Aloros dans le voisinage de Palcea-Chora et de Kopsochori. II est certain que Templacement de cette ville ne saurait etre bien loin ; mais nous croyons pour notre part qu'il faut le chercher plus bas, plus pres de la cote. Toutefois, il y avait sans doute non loin de ces villages quel- que bourg obscur des Aloritains. Les anciens nomment deux villes de la Bottiee auxquelles 11 est difficile d'assigner une place precise : ce sont BoTxeta (ou BoTTsa (2), comme le district lui-raeme) et Icaris, dont le nom cretois convient bienici, et qui, d'apres Pomponius Mela (3), aurait ete situee dans la voisinage d' Aloros , entre I'Haliac- mon et I'Axius. En I'absence de tout autre renseignement, on peut supposer que ces deux villes se trouvaient dans la partie superieure de la vvjco?, pres des villages mentionnes plus haut. De Kopsochori , nous nous dirigeames vers Coriphi , oii reside un (1) St^le de Nisi: avec inscriplion. /M A A E I A E ATT / n 0C OA 0 r riT F N E lAZ X A P I N (2) « BoTTEia ircXi; MaxE'^ov'a?, xal Jta tcu t 4"XoiJ BoTTta. » Etym. Mag. in verb., 206. (3) « Caeterum longis in allum immissis lateribus, ingens inde Ther- maicus sinus est. In cum Axius per Macodonas excurril. Ante Axium Thessalonica est : inter (Axium ct Pencum) Cassandria, Cydna, Aloros. Icaris. » Pomp. Mela., IT, 3. — 128 - des vicaires de I'e^vfiquc de Campania, et de la vers Calyani ct Clidi, dans la direction dii Kara-Asmack. Le pays n'(5tait pas favorable aiix recherches archeologiques. C'est una surface unie sans cesse renouvelee par les eaux, une terre d'al- liivion, formee de depots successifs, qui monte a chaqiie inondation du fleuve, et ou Ton chercherait vaincmcnt des heures entieres une pierre ou un caillou. Si I'aspect des lieux est reste le meme, le sol a change ; les ruines, s'il y en avait, sont enfouies dans le sable. De son temps , M. Cousinery a constat^ un exhaussement de 3 pieds. Dans I'eglise de Coriphi, il a fallu creuser profondement, il y a quel- ques annees, pour retrouver une stele qui supportait autrefois la sainte table (1). Cependant, en approchant de Clidi, nous vimes s'elever devant nous, au milieu de la plaine nue, une ruine trop considerable pour qu'elle ait pu completement disparaitre. C'est une arche d'un ancien pont en pierres, dont la partie inferieure est ensevelie sous le sable. La construction en est tres-belle. On n'y voit point de traces d'orne- ments, d'archivoltes etde bandeaux; mais la courbe de la voute est d'un jet hardi et sur. Les pierres qui la composent sont taillees tres- ^galement et avec beaucoup d'art. Les assises du bas sont regulieres, quoiqu'elles n'aient pas toutes la meme hauteur. Elles sont formees de 5 ou de 6 pierres rectangulaires (2). Le sol a monte jusqu'au- dessus des piles : I'arche elle-meme commence a s'engager. Son ouverlure, au ras du sol, est de 17" 1/t ; sa largeur, de 5" 73 ; sa hauteur actuelle, de 6°* 52. Ces proportions indiquent deja un pont monumental. II s'agirait d'en determiner la longueur et, s'il est possible, le nombre des ar- ches. L'etat des lieux n'a pas permis a M. Cousinery de le faire. Depuis, les habitants des villages voisins ont fouille le sol pour enle- (1) Coriphi : dglise d'llagia Parask(5vi : stele supportant la sainte tabic. On y 111 ces mots : z riN Taloi Mapioc AtXiavo; Tspirvo; (2) Voici Ics mcsurcs de Tunc de ces pierres : longueur, 1"',07; hau- teur, Qin/iS ; epaisseur, On',73, — 129 — vef les pierrcs qui avaieiU servi a la consLrucLion du ponL. Ces fouilles consistent en troiis circulaires qui correspondent a chaque arche et dans lesquels on voit encore de larges pierres carrees et des restes de blocage. II suffisait de mesurer ces traces pour arriver a une idee approximalive des dimensions generales de ce pont. Du cote de Salonique, elies ont 70"" ZjOde longueur ;du cotedel'Olympe, 100'" 32. Ces deux chiffres, en tenant conipte de I'arche existante, donnent une longueur totale de 187 a 1 90 metres. D'apres le nombre des trous circulaires, il devait y avoir de 8 a 10 arches. Celle que Ton voit encore etait la 3'= ou la 4*, I'une des plus grandes sans doute; car, suivant I'habitude antique, elles allaient en diminuant. L'entre-deux des aiches etait rempli avec de grosses pierres, avec une nia(;.onnerie en blocage et des briques en liaison qui supportaient le pa\ age de la voie publique du pont. Vue de i'arc de Glidi en loiirnant le dos i la mer. I JoAUires . Sur les lieux memes , on ne trouve aucune des pierres qui for- maient les piles. C'est a Calyani et a Clidi qu'il faut les chercher. Dans le premier de ces villages , les habitants vous montrent aux quatre angles de I'eglise (1) d'enornies pierres apportees, disent-ils, de la Camara. Elles sont d'un cajcaire tres-grossier et tres-dur, et ont toutes 1'" 80 de longueur sur 0'" 62 de largeur etsur 0'" 59 de hau- teur. Nul doute qu'elles n'aient servi dans I'originc a soutenir les arches du pont. C'est en 1820 qu'on les a iransportees dans le vil- lage, pour en faire les fondations de I'f^glise. A partir de ce moment, [{) llagios D6m(5lrios. Archiv. des Miss. vui. — 130 — Oil a remarqiie que tons ceux qui allaicnt a la Camara mouraiei.. dans I'annec. C'csl a cetle croyance snperslilieiise que Ton doil la conservation de la derniere arche. Ce pont est e\ idemment romain. Sa conslruction, ses dimen?iions, qui rappcllentcelles du pont de Norba-Cocsarea (1), ne laissenl pas dc doute a ce sujet. II ne pent appartcnir qu'a repoqiie ou les Ira- vaux de ce geiu'e se perfectionnaient en raison de I'elcndue dc I'em- pire, des conquetes a defendre ou a poursuivre dans des regions jointaines, an milieu de pays traverses par des fleuves considerables. AjoiiLons toutefois qu'il rcmpla^a peul-etre un ancien pont maceclo- nien. Tite-Live parle d'ouvrages de ce genre executes dans la Bottiee. En 190, I'arniee romaine partit de la Grece, et s'avanca jusqu'a rilellespont a travers la Maceduine. Elle dut passer prccisemenl a eel endroit, et nous savons qu'elle trouva siir sa route des ponts balls par suite des ordres de Philippe (2). Parallfele a lamer, regardant d'un cote I'Axius.del'autre I'Olympe, ce pont a pour nous unegrande importance a un triple point de vue ; il marque mieux que les anciens ilineraires Tun eles points precis de la route de Pydna et de Melhone a Pella et a Thessalonique ; il fait connaitre I'ancien coursdu Lydias et dc I'llaliacmon retuiis, pcut-etre meme I'endroit ou ils mtMiiient leurs eaux, et c'est grace a lui que nous avons pu determiner plus haul les variations des trois fleaves. Eofin il ote toute. incertitude sur I'emplacemenld'une villequi parail avoir eu quelque importance au temps des rois macedoniens : jc venx parler d'Aloros. Des teuioignages de Plino et de Strabon.il resulte qu'Aloros, I'une des villes maritimes de la Bottiee (3), eiait sur la route de Pydna a Pella. Un passage de Scylax, tres-precis ct tres-rcmarquable par I'exactitude des indications qu'il contient, nous apprond de [;Ius qu'elle se trouvait entre riialiacmon et le Lydias {k). Ces deux points acquis, il est evident qu'elle ne pouvait pas etre eloignee du pont dont nous venons de parler. C'est done entre Calyani et Clidi, et (1) I! avail 200 metres. (2) Tite-Live, XXIX, 29 : « Vias munivi, jwnles feci. Commeatus prKbui. » (3) « In ora Heraclea flumen Apilas ; oppida, Pydna, Aloros, amnis Haliacmon. » Plinp, IV, 10. — Vide \('C. r\i. (4) « A~b Si IIf,v-'C/U TTOTay.c'j Maxsi^o've; Etalv eOvo; y.xi ttoXttc; 6epL».aIc;. U-.w-n uo'Xi'. MttxE^cvva; Hpa/.).t;cv, ATov, Il6'5'va, TriX'.; KX/.y.'/t;, xai \'/Ay.r.'j.ii>v itct:'- fti;, AXupo; iroXi; xtti TTCTaao; Aj5i'a;, II/aXvi irs'Xt;, A^'-ij •n-ori'.uj;. » Scyl. Peripl. Maxi-V i — 131 — peul-ctre a ce dernier village, qu'il t'aiU placer Aloros. CAidi, en effel. a line certaine celebritc dans I'liistoire byzantine. AniuraLli II y cani- pait, lorsque les deputes de Jannina vinrent lui apporter les clefs de jeiir ville ; eL c'est en memoire de cet eveneinent qu'il prit le noni que nous lui connaissons. Qu'etait-ce auparavant que Clidi? Proba- blenienl I'ancienne Aloros , restee assez florissante malgre les mal- heurs du temps, el choisi a cause de cela pour le centre d'opera- lions d'Aniurath. (I Melhone, dit I'abrevialeur de Strabon (1), est a /jO stades de « Pydna, a 70 sta(ies d' Aloros. » Ces 70 stades supposenl a peu pres k heures de cheniin entre les deux villes : ce qui, en suivant la route actuelle, nous aniene precisement entre le Lydias et I'llaliacmon, dans les environs de Clidi. Une derniere cbose reste a eclaircir, c'est le texte d'Etienne de Byzance sur la position d' Aloros : « "AAiopo; toXi? Maxeoovia;- lan SI « TO [xu/aiTaTov xou Oepaaiou xoXtou (2). ») Prenez la carte, supprimez par la pensee les terrains d'alluvion qui se sont formes a I'embou- chure des fleuves, vous verrez qu'en effet, depuis I'ancien cours de I'Haliacmon jusqu'a Leftrro-Cbori, le rivage se retire et semble lais- ser la place libre a la nier. Ce n'est pas la partie du golfe Thermaiquo la plus avancee dans les terres, c'etait la plus cacbee et la moins frequentee, surtout apres la decadence de Pella. La navigation et le commerce durent se porter de bonne beure a Thessalunique, au fond du golfe a I'Est. Quoique plus profonde, la partie du golfe voisine de cette ville n'en etait ni la plus inlime ni la plus secrete, surtout au temps de Strabon. Outre Aloros, Etienne de Byzance mentionne unc certaine Heloros parmi les villes de la Macedoine (3), et Berkelius, son commentaleur, vous renvoie purement et simplement a I'article "AXwpo;. A cela, on pourrait objecter que le premier de ces noms s't'crit avec un esprit rude, et le second avec un esprit doux. Mais nous voyons aussi dans I'Etymologicum Magnum iXwpo; avec un esprit doux. Si ce rapprocbe- ment pent etre admis, ils nous donnerait une etym.ologie assez vrai- semblable du mot Aloros. 11 signifierait la ville des marais : « klo;, .r, iiXtofo;. w Berkelius, son commenlatcur, ajoule : k llac sine dubio est, quam alio n loco appellat AXupo; de cuju''- situ nostor est consulcudus. » — 132 — que sur Ic bonl de la mer, dans ua terrain sonvent inonde, non loin des lagunes, dont elle limit line grandc qiiauLite de sel , I'line dcs principales sources de son commerce. Avant la fondation de Pella, elle elait avec Chalastra, la ville maritime la phis importante de la cote sans port de la BoLliee (1). Aujourd'hui, il y a encore une peche- rie pres de rembouchiire de THaliacmon, comme il y en a une aii- dessous du village de Koulakia, a deux heurcs de Calyani, a I'Esl de I'Axius. Villes de la Bottide. — Chalastra: Koulakia. La ville de Chalastra, appelde d'abord Galadra, d'apres quelqiics savants (2), et qu'on trouve meme designee sous les nonis de Cha- ladra et Charadra, appartenait-elle a la Boltiee ou a I'Amphaxitide? Herodote se borne a dire qu'elle etait situce sur I'Axius : £-1 tov 'A;tov TTOTaao'v (3) ; Etienne de Byzance , dans Ic golfe Therraaique. Strabon est plus explicite; suivant lui, Chalastra etait sur la rive droite de I'Axius : « '03s 'A^ib? e;i'r,(n ^t-.txyJ yjiko.'JTOOici xal Os'pir/)? (k). » Deux choses confirment ce dernier teraoignage : le deplacement incontestable du lit de I'Axius, I't^tendue de I'eveche de Campania. Leake, Cousinery et Kiepert s'accordent a placer Chalastra dans les environs du bourg acluel de Koulakia , et cette opinion est en effet des plus vraisemblables. Or, si I'Axius passe aujourd'hui a I'ouest de ce grand village, il passait autrefois a Test, ct se jetait dans la mer entre Salonique et Koulakia. Ce changement de direction dans le cours du fleuve n'est pas recent. 11 se produisil sans doute a la suite de quelqu'une de ces inondations dont parlenl les auteurs byzan- tins (5). Nicephore de Byzance et Anne Comnene distinguent deja I'ancien lit et le lit nouveau du Wardar (6), I'un completement a sec, I'autre eloigne de trois oy quatre stades, et ou se portait la masse (1) « H avTt-s'sav TrapaXio; tt,; BoTistia; aXiy-evo; ra t.-SkX-I soti. » Ganlac, HI. 63. (2) Tate!, Thoss., 277. (3) VII, i23. (4) VII, 330. Fr. 21. (5) Nicc'ph. Gregor. Hist., XIII, 7, 3. (6) « "/,00'JOi; 'J; T:po7£fcv Ppa/_u -i r^; i'5'ia; aTCCvsOaa; Trtpsia;, itsfwat trja- « TTETO , OU iravu Tt (^'joiv -ti Tp'.civ (jTaJtwv Tvi; TTpoTe'pa; 5iiJou aitc'/cuaav. » Niccph. Bry. IV, 18. — Anna Comnena. I, ]). 18, cd. Paris. — C'csl dans CCS deux auteurs qu'on Irouvc pour la premiere tois lo nom de Wardar. -no- des caiix. C'est dans I'espace de terrain qui s'elendail enlrc Icsdeux bras dii lleiive et dans I'ilot qii'ils forniaicnt qu'Alcxis Conmene fit camper son arinee, lorsqu'il marcha centre le rebelle Nicepliore Basilaces. L'ancien lit de I'Axius est aujourd'hui encore facile a reconnaitre. Malgre les motivements de terrain si frequents dans cetle ploine, on en suit encore les traces sur une dtendue de plus de deux lieues. Ce sent de grands ravins, que les gens du pays appellent eux-niemes l'ancien Wardar : les deux rives d'un tleuve sont si bien marquees de chaque cote, et se continuent avec une telle nettetc, des environs de Koulakia jusqu'au grand pont de bois jete sur la riviere (1), qu'on ne pent douter ni du deplacement de I'Axius ni de la veracite de la tradition qui en a conserve le souvenir. C'est a un quart d'heure environ au dela de Koulakia, en se diri- geant vers Salonique, que coulait autrefois I'Axius. C'est du premier au onzieme siecle, apres Strabon et avant Alexis Comnene, que le fleuve a change de lit et que les divisions naturcllcs de la grande plaine entre le monl Dyzoron et le Bermios ont ete par la meme nio- difiees. Une chose surprend au premier abord , lorsqu'on examine les li- mites de I'eveche actuel do Campania. 11 commence aux environs de Verria, depasse le Wardar, avec lequel il semblerait devoir naturel- lement Imir, et embrasse dans sa juridiction le village de Koulakia. Tout le reste de la rive orientale de I'Axius appartient ii I'archeveche de Salonique. L'explication de ce fait est dans le deplaceuieftt du tleuve. Koulakia etait autrefois sur la rive occidentale, dans l'ancien district de la Bottiee, et Ton salt d'ailleurs que le diocese de Cam- pania n'est, a vrai dire et sauf quelques legeres modifications, que I'ancienne region macedonienne. II faut done s'en tenir au texte de Strabon, et placer avec lui Cha- laslra dans la Bottiee, sur la rive droite de I'Axius. Le village qui s'est elev(5 sur ses mines est I'un des plus riches et des plus llorissants des environs de Salonique. 11 n'est qu'a un quart de lieue du Wardar, a une lieue et demie de la nier. Aussi sa popu- lation se compose-t-elle en grande parlie de marins adonnes a la piJche. Leurs barques couvrent le golfe et le cours inferieur du tleuve. On ne saurait aller par mer de Salonique a Katerini, sans voir (1) Ce ponl a exists de lout temps. — Plularquc cii parle , Vie tie Dcin(5tr., loc. cit. — Sous les Roinain?, il maiqiiail imc des stations de- la via Egnalia : Mutatio Gcphyra. - 13i - It'S nonibreiu moiioxyia do Ivoiilakia occiipes a la pcclie ties coquil- lages el des poulpes. D'aulres vont chercher le poisson plus loin et le traiisporlent Ions les jours a Salonique. La mer forme un petil golfe au-dessous da village nieme. A la nuit tombante, les barques viennenl se ranger dans cet abri. On Tappelle la pecherie Sainl-Ni- colas, el c'est peut-etre la ce qu'Elienne de Byzance entend par le port de Cllialastra : ian Ss X(|jLrivT9i iroXet ofAtovuixoi; (1). Sauniaise rem- place )ii[^.-/iv par Xiij.v-/) ; et M. Tafel, partageant son opinion, ajoute : c( A qui peut-il sembler probable que Chalaslra ait eu un port qui ait « regu son propre nom ? » Nous avons cotoye plusieurs fois le rivage de la Bolliee, el le fait ne nous semble pas si invraiseniblable. La peclie et la venle du poisson ont du elre, dans tons les temps, la principale occupation des babitanls de cetle parLio des coles. Ca- nieniala en parle au dixieme siecle, « afin, dit-il, de n'oublier aucun « des avantages qu'offiait Thessalonique. » Nul doule que ce ne fut la aussi la ricbesse de la macedonienne Chalaslra (2). Celle ville elait petite, mais assez florissante, a ce qu'il scmblc. Plularque cite un certain Limnus de Chalaslra qui avail forme un coniplot conlre Alexandre (3). Lycophron nomme aussi des habitants de Chalaslra. Longlemps clle put rivaliser avec Thernia. Mais la fondation de Thessalonique lui porta {k) un coup bicn sensible : Cassandre prit une parlie de ses habitants pour les etablir dans la cite nouvelle. Villes de la Dollice. — Ichrue : I/,vai-/). Messir-Baba. * En remontant de Koulakia au pont de Wardar, nous reslions dans la Boltiee des anciens, dans celle parlie du district qu'Ilerodole ap- pelle TO ffTEtvbv -/(opi'ov. Rien de plus juste que celle expression appli- quee a I'espaee compris enlre le lac, les coUines de Pella, I'Axius et le Lydias, surlout si I'on se rappelle bien I'ancien cours de ces deux fleuves (5). Ce nY-lail en effet qu'une bande de terre do 6 lieues de long sur 2 ou 3 dc large, relrecie encore par les cmpielements du lac et les inondalions de I'Axius. F^Ue renferniail dans I'anliquile trois villes plus ou moins imporlantes : a I'extremile meridionale, (1) Stcpli., Ryz. in vnrb. (2) Cainen. N.irrat. Sairac, VI : « Txi; ti //.pr-jiai; rai; ami tojv i/_5'JcDV. » (3) Plut. ill Alex.,XLIX. (4) Strab., VII. 3:!0. Fr. '21. (5) Voir la carle. — 133 — Chalastra, dont nous venons de parlor; plus an nord, sans 6lre ce- pendaiit fort dloignces de la mcr, Ichna? et Pelh. Pline dit, dans sa description de la Macedoine : u Scydra, Mieza, Gortynia3; 7nox in orCi Ichncv , /hiviiis Axius (1). » Ichnaa elait done d'line part pres de I'Axiiis, de I'auLre pres de la cole. li ne fau- drait pas cependant prendre cette expression in ord dans toiile sa rigiieiir, mais surtout par opposition aux villes menlionnees avant Ichnae , c'est-a-dire Scydra , Mieza , Gortyniae. Nous avons deja vu i\n exemple (2) d'expression semblable a propos de I'ella, qui etait au nioins a 5 heares de la mer. Pouqueville et Leake croientque c'est entre Hagious-Apostolous et Sarili qu'il faut chercher les ruines d'ichno!. On peut eneffet induire du texte d'Herodote (3) qu'elle etait voisiiie de la capilale niacedo- nienne. C'est de ce c6te-la que se sont portees de preference nos recherches. A trois quarts do lieue du pont de Wardar, sur le chemin d'Ha- gious-Apostolous et de laniiitza, on trouve, a la hauteur precisement du village de Sarili, un endroil appele Messir-Baba. Ce qui attire tout d'abord les regards, c'est une eminence a gauche de la route, sur le bord d'un torrent qui n'a presque pas d'eau en ete , mais qui devient assez considerable en automne et en hiver. Cette Emi- nence est evidemment artificielle. A quelques pas plus loin com- mence la serie de tumulus qui ne finissait qu'aux murs meme dc Pella. Cependant ce n'est pas un tumulus ; ses proportions beaucoup trop grandes, sa forme allong(je, son sommet aplani le montrent assez. En regardant avec attention, on distingue au pied de la hau- teur et sur le sommet meme des traces d'anciennes fondations: quelques-unes marquent Tangle d'edifices depuis longtemps detruits, Cesrestes, si pen considerables qu'ils soient, ne doivent pas etre confondus avec les debris de toute espece qui les entourent. Messir- Baba n'est rien autre chose en effet qu'un vaste cimetiere turc aban- donne depuis bien des annees. Toules les pierrcs des tombes sont des fragments antiques : colonnes en marbre unies, colonnes ioni- ques avec cannelures, colonnes cannelees avec boudins , steles en marbre blanc avec inscriptions indechiffrables, pierres de toules les dimensions, rien n'y manque, pas meme ces colonnes greles et ces entre-deux de fenetres byzautines qu'on retrouve partout. La pie^e (1) Pline, IV, 10. (2) V. loc. sup. cit. (3) V. loc. sup. cit. — i3G — la plus cnrieuse est un Iriglyphc en inarbrc tr6s-simple, tres-ar- chaiqiio, ninis cl'iin travail assez soigne; en voici les raesiires : lar- geiir, 0"' 71 cent.; longueur, plus de 1'" 05 ; unc parlie est engagee dans le sol ; jambage, 0"" U de largeur ; canal, 0"" U. Ces fragments si nombreux viennent pour la pluparl de Pella, qui n'etait qu'ii nne heure un quart de distance. Quelques-uns ce- pendant appartienncnt peul-etre a une ancienne ville batie en cet endroil mcMiie, et que semblent indiquer et les fondalions dont nousparlions tout a I'lieure, et I'eminenco arlificielle, et le torrent qui passe au pied. Cette ancienne ville ne serait autre qu'lchna\ A quoi pouvait servir la hauteur de Messir-Baba ? Etait-elle des- tinee dans I'Drigine a supporter quclque edifice de petite dimen- sion? Le fait ne serait pas impossible. Ichna" etait une de ces vieilles cites macedoniennes, considerees conime le berceau de la religion et de la race, et dont le nom vraiment national reparait en Asic sur le passage des soldats d' Alexandre avec ceux de Pella, de Bercea, d'Edesse. Des les temps les plus eloignes on y honorait plus specialement deux divinites, Themis Ichna^enne et Apollon, qui , suivant Hesychius, y avait un oracle : <( evOa to [xavxEtov 6 'AttoXXov Les monnaies portent temoignage de ce culte d'Apollon Ichna^en. Nous ne connaissons pas de medaiiies aulonomes de Pella avec I'efligie du dieu. Mais parmi celles des Botticeens, on en trouve un bon nombre avec la tete d' Apollon d'un cotd et la lyre au revers. CetLe divinite tenait du reste une grandc place dans la religion ma- cedonienne : son culLe originaire de Pythium et du mont Olympe, en etait descendu, suivant I'hymne homerique, pour penetrer suc- cessivement dans la Pierie, dans I'Emathie, dans le pays des Eniancs (1). Mais a Ichnae des traditions cretoises s'etaient melees au culle ordinaire et lui pretaient une physionomie originale et dislincte. C'est I'opinion d'O. MuUer : elle s'appuie sur un fait cons- tant, I'etablissement des colonies cretoises dans la Botti^e. Nous avons plus de details sur le culte de Themis a Ichnaj. Etienne de Byzance dit a propos de celte ville : "I/vat iroXt; Ma- xsSovta;- 'EpaxocOsvr,; Ss "Ay^va; oLiry cpvicrt. ttiVota; S' "Ay^vriv 9via( Stoc Tou a. To lOvixbv xoti 'I/_vaTo; xal V/yaij. -q Osat; (2). » Saumaise croit que dans la phrase : cpdrixa; S' "A/vviv cpr,ffi oti tou «, il faut lire dll-r^y au lieu de "Xyy-r^v. Le Thesaurus adopte celte (1) V. loc. sup. cit. ;2) Stopli. Byz. in verb. — 137 — correction. Elle concorde d'ailleurs avec ce que dit Strabon (1) d'une ville de Thessalie oii Ton honorait egaleraent Themis. II y avait done deux villes d"'A/yM ou iVh/yai connues touLes deux par le culte qu'elles rendaient a la meme divinite. Ce surnom d'lyvaiv] est tres-caracteristique. II se trouve dans les auteurs les plus anciens, applique soit a Themis, soit a Nemesis. Aussi p'ourrait-on se demander si elle ne fut pas dans I'origine moins une epithete de lieu, honoree a Ichnce, qu'une epithete quali- ficative derivee de r/vo?, trace. « I-/.vai-/i ©qjLt?, quod ab Jove eam « persequente in Ichnaeorura solo comprehensa fuerit, vel airo tou <( StwyO^vai xax' lyvac (2). » Jupiter est mis en rapport avec Themis, tantot comme epoux, tantot comme pere. Suivant les theogonies cretoises, Themis est la premiere femme de Jupiter et devient, apres son mariage, mere des heures : (( Les Parques conduisirent dans un char d'or la prudente The- « mis (3) vers les sources de I'Oc^an et sur le chemin brillant de « roiympe pour qu'elle devint la premiere epouse de Jupiter, le « protecteur des humains. 11 en eut ces heures bienfaisantes, qui « president a la production des fruits. » C'est a ces traditions, c'est k la poursuite de Jupiter et a son union avec Themis que se rap- porte le culte de la deesse a Ichnag , et I'origine en remonte tout naturellement cette fois aux compagnons du Cretois Botton. Rien d'etonnant, d'ailleurs, a le voir rapproche du culte d'Apollon dans la meme ville. A Delphes aussi, on mettait les deux divinites en rapport, et Themis, disait'On, y avait rendu d'abord des oracles. Dans I'hymne a ApoHon, le pocte represente toutes les divinites autour de Latone, et Themis Ichnteenne n'est pas oubliee : Oeai 0 Effotv evoo'Jt uacai offffat apt(7T«t laav, Aiowy] ts Pcir, xs \yya.i-f\ t£ ©spiti; xai 'AyauTOvoc 'A[Aremicr couloir. C'est aussi la plus remarquable : I'entree en est large; la voute en estcintree avec soin. Dans lesautres, on remarque encore sur les parois les traces des instruments a bee plat dont se scrvaient les ouvriers ; mais ce qu'elles offrent de plus curieux, c'est une sorte de niche carree qui va en se retrecissanl dans I'epaisseur du roc, de maniere a ne plus former qu'un trou Iriangulairc. Je n'ai — UO — jamais observd rien de semblable, el je ne comprends pas quelle pouvait en etre I'litilite. L'snlree dii tuiniilus, taillee dans Ic roc, n'a pas nioins de 2'", 22 de largetir : chose qui etonne dans un monu- ment aussi ancien, elle a ete recouverle d'une voute en magonnerie demi-circulaire. II faudrait en conclure, a ce qu'il semble, que ce tombeau souterrain servit a plusieurs generations de la meme famille Uepuis les beaux temps de la monarchic macedonienne jusqu'au commencement tout au moins de I'empire remain. Nous etions alors en vue d'Hagious Apostolous, a vingt minutes lout au plus des premieres maisons. Nous apercevions distincLement au dela du village, a I'Ouest, en suivant la route d'Innnitza, deux autres tumulus : le premier semblable a ceux que nous venions de voir, le second plus large, et dont la masse semblait ?e diviser en deux sommets bien distincts. A quoi fallait-il attribuer cette particu- larite? Etait-ce le resultat de fouilles anciennes pratiquees sur les flancs du tertre, ou d'un affaissement naturel des terres ? Nous eumes plus tardroccasion de I'examiner de prcs, et je pusconstater en et'tet entre les deux sommets une sorte de trou assez large. Cependant, je ne crois pas que ce soit par suite d'un accident que le tertre ait pvis cette forme singnliere. Les deux sommets sent trop nettement separes, trop bien arrondishla base. J'aime micux y voir an doable tumulus, dont les caveaux separes ontete reunis sous la meme masse de terres rapportees. On ne (1) connait jusqu'a present d'exemple d'un fait semblable qu'aux environs de Pergame , en Asie. Mais il n'cn resulte pas qu'on n'ait pa elever bien des fois dans I'antiquite de ces monticules factices a double sommet. Cependant on nous avait parle d'un tombeau recemment decouvert. a trois quarts d'heure du village, sur la route de Cofalowo (2). Nous trouvames d'abord un tumulus, qui n'avait rien de remarquable : puis, a quelques pas plus loin et a fleur de Lerre, le tombeau qu'on nous avait promis. Un Bulgare, qui labourait son champ, ontendit r^sonner le sol a cH endroit, el le soc de sa charrue se heuria contre une pierre. II I'enleva, et decouvrit ainsi le caveau souterrain. On nous y descendit avec des cordes : le sarcophage avait ete ouvert, le couvercle etait brisd en plusieurs mnrceaux, les terres commen- Qaient a s'y amonceler. Je les fis enlever non sans peine, et, apres (1) " Aiix otnirons dn Pergame, il y a un toinh(;;in oiiloure d'liii pro- fond Pl largo toss(^, drstUK^ sans douto h cii iiilcrdiro rapproche. Sa mass ; se divise on doiix sonminls bioii distincts, parlicularild dont ou ne connail pas d'autrc oxoniple, mais qui parail devoir indiquer que Ic double tumulus uppartieut a deux moils. « Qualr. de Quin. Diet. arch, iumulus. (2) Voir la carte. 0 — m - une denii-hcure de travail, je pus conslaLcr libremeiiLlesproporlions du tombeau. C'etait une chambre carree de 3'", 51 de long sur 3'",0l de large. Ses murs, composes de pierres taillees et ajustdes avec le plus grand soin, soutenaient une arcade en berceau : ils etaient re- vetus d'une sorte de stue, sur lequel on avail applique de la couleur : cette couleur, bleue dans I'origine, a pris, aujourdhui, grace a I'bu- midite, des teinles verdatres. Tout autour regnait une corniche tres- simple, mais dontla cymaise, la scotie et le listel etaient profdes avec habilete. Du couvercle du sarcopbage k la cornicbe, la bauteur des murs est de deux metres : celle de la voute, a partir de la cornicbe, de 1"',50. Quant a la cornicbe elle-mfime, voici ses mesures : plate- bande, O'",!?; cymaise, 0'",060; scotie, 0'n,025; listel, 0"\O16. La porte de la cbambre funeraife faisait face au sarcopbage : elle avait 1"',38 de largeur sur 1"',85 de hauteur. Deux enoruies pierres, placees I'une sur I'autre, la bouchent completement, mais en laissant apercevoir a un endroit les terres amoncelees derriere elles. Le sarcopbage occupait le milieu de la chambre, dans le sens de la longueur. 11 est tres-large (l'",19), et Ton peut voir, dans I'elat actuel du tombeau, une partie de ses moulures et de ses ornements interieurs. Nous en donnons une reproduction avec les mesures. — Cote du sarcopbage face interieure : - L',2 - Le couvercle, brise en plusieurs morceauv, coninie nous I'avons dit plus haul, ne poiivait plus se mesurer. Mais, de cliaque cole du mur, je remarquai deux grandes pierres qui venaieni sans doute s'adapter a son niveau et completer le dallage de la chambre fune- raire : I'une de ces pierres a 2'", 79 de long, ce qui nous donne celle du couvercle lni-m(5me. Des ornements decoraicnt sans doule I'in'iericur du lombeau. Des Irons, visibles en divers enuroits, eulre autres de cliaque cote de la portG, donnent lieu de le croire. II y a plus : le nom du mort devait se trouver ecrit sur une plaque de marbre ou de bronze au-dessus du sarcophage meme. Le mur a eLe creuse a une certainc hauteur, de maniere a la recevoir et al'encadrer; les crampons de fer existent encore. Quelques fragments de marbre meles a des debris de toute espece me firent esperer un moment que je retrouverais I'inscription sepulcrale. En son absence, il ne reste plus que les indications re- sultant de la forme et de la construction meme du tombeau. A en juger par I'existence de la voute, il apparlient vraisemblablement a I'epoque romaine, an temps ou Pella n'etait plus que la capitale de ia troisieme Macedoine. 11 nous tardait d'arriver au village d'Hagious Apostolous etd'eludier les mines de Pella, sur I'emplacement meme ou elle s'etait jadis elevee. Nous reprimes la route que nous avions deja suivie, et nous traversames bientot des coteaux pierreux converts de vignes. Pella avait aussi sesvignobles, et Pollux cite son vin avechonneur. Quelques minutes apres, nous entrions dans le village. Hagious Apostolous (en turc AUah-Clissa, I'eglise de Dieu) compte a peu pres quatre-vingts maisons baties sur le penchant d'une hau- teur qui domine la plaine el les marais. II suffit de creuser le roc a une petite profondeur pour y trouver de I'cau : aussi chaque habi- tant a-l-il un puits dans la cour de sa maison. Ce detail n'est pas in- different, car AlhL^nee nous parle (1) precisement des puils de Pella : « Le cithariste Stratonicus, ctanl a Pella, s'approcha d'un puils et <( demanda si I'eau etail bonne a boire. — Nous en buvons, lui (i dirent ceux a qui il s'adressait. — Elle n'est done pas buvable, <( repondit-il. Ces gens, en effet, avaient une mine pale et mala- dive. » Dans le village lui-meme, on ne Irouve guere que quelques steles (1) Allien., Vin, 348-349. — U3 — dont les lettres soiit d'une (1) bonne ^poque. Meolionnons d'lme maniere particuli^re celles dont tous les voyageurs onL paiie, et qui est toujours encastree dans le raiir de la principals fonlaine. Les deux points les plus iniporlants sont I'eglised'Hagious Aposto- lous et la maison du soubachi turc, situees aux deux exlremiles du village, sur deux plateaux qui se detachent de tout ce qui les en- toure. Dans la maison dii soubachi, les marches de I'escalier prin- cipal se composent de larges plaques de marbrc. A quelques pas plus loin on en trouve d'autres, qui formaient, dit-on, le pave d'une grange aujourd'hui detruite. Des debris d'architecture soutiennent un vieux mur, pres duquel on est elonne de rencontrer un fragment du plus grand interet. Cast une statue de femme en marbre de Ver- ria. Cetle statue, de grandeur na- turelle, tient a un fond, et devait dvidemment s'appliquer contra une muraille : mais son relief est tene- ment fort qu'au premier coup d'oeil on la croirait en ronde bosse. La tete manque, ainsi qu'une partie du sein droit : les jambes sont brisees aux genoux. Mais ce qui reste at- teste encore un assez beau style remain. Aux jambes nues, a la tu- nique sans manches, relevee jus- qu'au-dessous des genoux, a la double ceinturc, au baudrier qui s'y rattache et qui passe cte I't^paule droite au-dessous du sein gauche, on reconnait sans peine Diane, la deesse chasseresse. Com- ment ce morceau remarquable a-t-il echappe jusqu'ici a I'avidite des beys ? Comment ne I'a-t-on pas transports encore a Salonique,. (1) Stales trouvdes dans les maisons d'Hagious Apostoloiis {o AnOAAONIAinnOSTPATO TTNH 2» 2AA0K02 nOTKlATHS 30 KEPKIUN 2TI io JnnATPAHPAKAEITOY — Wi — pour le vendre aiix Europi^ens ? G'est ce que je no saurais dire. Je I'ai vu, a mon passage a Pella : il n'y est peut-eLre plus maintenant. L'eglise d'Hagious-Apostolous est tout a fait a I'ouest du village. Lofsqu'on traverse la grande plaine de Verria auWardar, on la recon- nait a plusieurs lieues de distance a sa position isolee et aux grands arbres qui Tombragent. Presque en mines a I'epoque ou .M. Cousi- n^ry a visite la Macedoina, elle a ete rebatie depuis quelques an- nees. On y a laisse le pied de vasque en bnsalle avec cannelures io- niques qui supportait la sainte Table ; mais le bas-relief, autrefois encaslre dans le mur, a disparu depuis longtenips. Je ne puis en parler que d'apres la reproduction qu'en a donnee M. Cousinery dans son livre. 11 se compose de six personnages. Deux d'entre eux occupent le milieu du premier plan, I'un assis sur un fauteuil et a raoitie nu, I'autre penche sur le premier et se disposant, a ce qu'il semble, a lui altacher ses brodequins; les quatre autres vfitus comme des heros de theatre, couronnes et portant les manteaux ou la robe longue, se groupent dans des attitudes differentes. Au fond, on voit un portique ioni(iue avec des guirlandes qui courent de co- lonne en colonne. Par la disposition des figures et par la decoration du fond, ce bas-relief rappelle tout a la fois une mosaique et une peinture de Pompei (1). Le lieu de la scene est evidemment un cho- ragiuni; les personnages sont des acteurs qui se preparent et s'ha- billent pour une representation dramatique. Ce qui ne laisse aucun doute a ce sujet, ce sont quelques lettres qu'on lit encore dans la partie superieure du bas-reiief : AIONY AAE EOITPO Une stele en forme de colonne avec inscription, quelques blocs da basalte avec traces de scellement, voila tout ce que Ton trouve au- tour de l'eglise et dans les cimetieres qui I'avoisinent. Quelque chose (1) V. Ilerculanum et Pompei. Roux, vi* sdrie, mosaiques, pi. 3J. « Sows un vieux portique ioniquc, choragium d'lm ih^atre, on voit un « vieux cliordge, assis au milieu de ses acteurs, et lout occupd a les « exercer pour la representation qui va commencer toul h I'heure. » — Peintures, vol. II, pi. 6G, Baccims inventeur de la comddie : « Pendant « que Bacchus donne Ic pallium et les masques au jeunc homme qui doil « 6tre le premier organe de la comddie, un autre pcrsonnage s'cKjenouilte « pour lui Jiicttrc les brodequins. » nAAo in Ai A MYP II N H Jhm-IT-P ka ZQl A FAYL E TflN IC FTOYZ TNT — U5 — de plus curieiix,c'estl7/rt(7/rts?«rt ou source d'eau consacree qui coule au pied uieme de la plate-forme de I'eglise. Suivanl la tradition du Stele pres de v^giise. P^ys, cet Hagiasuia avait autre- fois des eaux abondantes ; mais un jour un Turc a voulu s'y bai- gner, et depuis ce temps les eaux se sont retirees. Nous y descendimes , et nous vimes en effet une citerne et un canal souterrain qui devait jadis livrer passage a une source considera- ble. Le canal a ete evidemment creuse, elargi de main d'homme. On pourrait s'y engager et le re- monter sur un assez long espace. Quant a la citerne, elle est ro- maine; de grandes briques, re- liees entre elles par un ciment rouge tres-dur, en forment le fondement, Au-dessus s'elevent plusieurs assises de larges pierres egalement avec ciment, et qui devaient soutenir une route. II y avait une porte et un passage pour descendre dans la citerne quand les eaux etaient basses. Elles s'y rassemblaient au sortir du canal souterrain ; arrivees a une certaine hauteur, elles se repartissaient entre plusieurs conduits differents. On voit encore les traces de deux de ces conduits. La citerne est raaintenant a sec ; les eaux fd- trent sous terre et se frayent depuis longtemps d'autres passages. A quelques pas au-dessous, on voit jaillir de terre deux sources , dont la seconde est assez abondante. Nousetionsen ce moment tout a fait en dehors du village. Nous sui- vions une sorte de ravin entre des hauteurs tres-heureuseraent dispo- sees pour soutenir un theatre, et nous nous trouvames bientot dans la partiede laplaine entre Hagious-Apostolouset la route de Jannitza. Dion Chrysostome parle des debris de toute espece qu'on trouvait (1 ) de son temps sur Templacement de Pella : ces debris portent aujour- d'hui encore le meme temoignage. Ce ne sont pas seulement des i )c:pKu.cv 5ivai. « Dion, Clirvs., II, p. 1. — m — briques, ties tuiles, des eclats de poterie, des fiyiirines en terre culte ; ce sont encore des fragments de vase en ivoire, en porpliyre rouge, en porpliyre vert marque de petils points blancs, qui rappellcnt que Pella etait autrefois celebre dans ce genre d'industrie (1). J'en ai trouve nioi-meme plusieurs morceaux assez remai'quables et qui ap- partenaient cerlainement a des vases de grandes dimensions. Ce sont de plus des medailles de tous les temps jusqu'a la fin de I'empire romain : (( II faut s'en rapporter, dit M. Cousinery, qui a longtemps habite Salonique, aux anciennes monnaies que I'on decouvre sur I'emplacement de cetle grande ville. Ce ne sont pas celles des rois qui ont fixe mon opinion, mais celles que la colonic romaine fit frap- per et que j'y ai frequemraent trouvees. On rencontre souvent dans toute la Macedoine des monnaies de la colonic romaine , mais on n'en trouve nulle part en si grand nombre que sur ces mines. Elles en donnent aussi beaucoup d'autres des pays etrangers, de celles d'Athenes de la grande forme, de la Beotie, de Larisse. Nul argu- ment ne me parait plus fort que celui-la. Tant de monnaies diffe- rentes, accumulees dans un meme lieu , annoncent necessairement une grande ville ; et cette ville ne pent etre que Pella (2). » La route qui va du pont du Wardar a Jannitza passe a dix minutes au-dessous d'Hagious-Apostolous. On nous montra au [Jed d'un arbre quelques traces de fondations d'un mur de construction hellenique. coupant la route a angle droit. C'est celui dont parle Leake dans son voyage. A quelques pas plus loin, nous vimes une fontaine dont les eaux se rassemblent dans un reservoir ovale et s'ecoulent par un conduit en briques roraaines. Nous suivimes la route, et, apres avoir depasse le premier tumulus a I'ouest du village, nous arrivames a I'endroit que les Bulgares appellent Bagnia, les Grecs xa Aouxpa. A gauche de la route, un khani, et derriere un moulin a eau au milieu des jardins ; a droite, deux sources abondanlcs ; lout autour, un vieux cimetiere turc abandonne. Athenee parle des bains de Pella, et nous dit meme qu'ils avaient la reputation de guerir les maux de rate (3). fitaient-ils pres de la ? Le fait n'est pas impossible. Mais nous avons deja dit qu'il n'y avait rien a conclure du mot Bagiiia en lui-meme. Une inscription a peine lisible et dime mauvaise epoque se voit tout (1) « Spectaculo fait.... prada Macodonica omnis, iil viserelur exposita slatuarum labularumque, tcxlilium ct vasornin ex anro ct argeiUv , et cere ct ebore factorum imjcnti curd in ed rcQia. » T.-Liv. XL\ . 33. (2) Cousin., 1, 2. (3) fl; , au-dessous a la seconde ligne TRIE. P. X\ Cette abreviation n'a rien d'obscur pour personne : c'est la formule ordinaire, tribunitia potestate, qu'on ecrit tanlot TRIE. POT., lantot TRIE. POTEST., tantot enfin comme ici TRIE. P. (1). 11 en r6- sulte necessairement qu'il s'agit d'un empereur, et si Ton tient compte des lettres DION, on completera avec quelque ressemblance de cette maniere CLAVDIONERONI. M. Cousinery parle dans son livre de deux medailles de Thessalonique avec I'effigie de Neron et (1) Voir le recueil d'Orelli passim. — 150 — la legende KABEIPOS ou NKABEIAOI, Mais dans noire inscription ce n'est pas du Claudius Neron, fils de Domilius jEnobarbus qu'il peuletre qucslion; car les deux chit'frcs qui suivent les mots TRIB. P. indiqucnt tout au moins un vingtieme tribunal (XX ■, et Neron ne regna que Ireize annees. Peut-etre faut-il croire qu'il s'agissail de TJbere, dont le no'm s'ecrivait souventainsi : TI. CLAVDIVS. NERO. Pen imporle du reste I'einpereur : ressenliel est do bien voir que cctte inscription se rapporte a I'epoque imperiale, au temps ou, a Thessalonique comme ailleurs, comme a Tripolis par excmple, « le (( genie de la flalterie amena les cites qui avaient pour dieux les « Cabires a donner leurs noms et leurs allribuls aux Cesars (1). » Pella imita la conduite de beaucoup de villes, et cela merae prouve que le culte des divinites cabiriques y etait etabli depuis longlemps comme dans le reste de la Macedoine. Le Cabire de Tbessalonique est toujours represente seul sur ses monnaies. Pella n'honorait-elle aussi qu'undieu Cabire? On est porte a le croire, car on ne peut juger de ce culte que par comparaison et en tenant comple avant tout des medailles delaville voisine. A Thes- salonique, le Cabire tient d'une main soitun rhyton, soil une enclume, etde I'aulre un marteau, particularite qui semble I'identifier comple- tement avec Hephaistos. C'etait done aussi tres-probablement le Ca- bire Vulcain, le pere des Cabires, suivant Herodote (2), ou plulol le Cabire par excellence que Ton connaissait a Pella et auquel on avail 6\eve un temple. Villes de la Bottie'e : Environs de Pella : Jannitza : Sclaritsie. Ce n'est pas seulementaHagious Apostolous, mais encore dans tous les villages voisins qu'il faut chercher les mines de I'anlique Pella. A Sarili, a Cofalowo, a Bosacshi, a Pelrowo, a'fchaousli, a Agalaliri, dans les cimetieres, dans les eglises, dans les mursdes maisons on retrouve des fragments qui ont evidemment appartenu a la capitale macedonienne. Plus de vingt villages et une ville se sont eleves en grande partie avec ses debris. Faut-il s'etonner qu'elle ail conserve elle-meme si peu de traces de son ancienne fortune? lannitza (Yenidje) est la grande ville turque de la plaine entre la Vislrilza et leWardar, situee a 1 heure 1/2 de Pella, vers le cou- (1) Crcu/.er rci'oridu par M. Guigniaut; notes du liv. V.,Sect. I., 1084. — V.Eckhel., II, 78; III, 472. — Cousin., I, 28, pi. I. (2) II(5rod. , III, 37 : « Tojtoj Ss otpca; iraT^a; ;i-,'0'joiv tivai. » — 157 — chantdu soleil d'hiver, corarae dit Tite-Live; elleoccape une position analogue a celle de I'ancienne cile, siir la pente des collines qui se detachent du Pa'ik et vont niourir a Messir-Baba. EUe eLait jadislres- llorissante : ses20 mosquees le prouvent. Mais, il y a trente ou trente- cinq ans, une paste I'a fait abandonnerd'une partiede ses habitants, et Ton s'etonne aujourd'hui de voir dc grandes terres a ble separer en plusieurs trongons les differents quartiers de la ville. Nul doute qu'elle n'ait ete construite a pen pres tout entiere avec des materiaux enlevds a Pella. Mais les inarbres antiques ont ele tailles, fagonnes de toutes les manieres pour les tombeaux desmembres de la famille de Gazi-Gavrhenos, pour les portiques des mosquees, les bassinsdes fontaines, et le travail primitif en a conipleteaient disparu. Les co- lonnes seules ont ete respectees, grace a leur forme qui ne pouvait admettre aucun changement. M. Cousinery parle d'un bas-relief decou- vert a Jannitza et representant un lion qui terrasse un boeuf et s'ap- prfite a le devorer. II m'a ete impossible de le retrouver , quoique j'aie parcourutous les quartiers de la ville, visitetoules les mosquees, fouille tous les cimetieres, depuis celui des Bulgares jusqu'aux tombes des compagnons de Gazi-Gavrhenos. Lemediesse de Jannitza etait autrefois un batiment considerable, Depuis quelque temps dejaon I'a abandonne, et il commence a tomber en ruines. Mais son portique est encore soutenu par huit colonnes monolithes en marbre blanc, sans cannelures, qui s'appuient sur des bases ioniques et sont surmontees de chapiteaux corinthiens. On en retrouve de semblables dans les bains de Gazi-Soul-Than. Quelque chose de plus curieux, c'est une auti e colonne monolithe en marbre rouge plaque de blanc, du grain le plus lin et d'un poll aussi brillant et aussi doux que celui du por- phyre. Elle se trouve dans le cimetiere de Buyuck-Teke, a cote de plusieurs fragments de vert antique et d'un magniiique morceau de porphyre rouge arrondi comme le dossier d'un siege. Si peu consi- derables que soient ces restes, on comprend cependant en les voyant que I'une des principales richesses de Pella devait etre la variete de ses marbres, la diversite des materiaux employes pour la construc- tion de ses edifices. Le granit, le basalte, le vert antique, le por- phyre rouge ou brun, le porphyre vert avec de petits points blancs, les marbres de Thasos et de Paros s'y mSlaient au marbre blanc de Beroea, au marbre rosatre du Kitarion. Ce gout pour les materiaux precieux qui devient dominant a Rome a une certaine epoque et qui est deja un signe de decadence, les rois macedoniens durent le i"es- sentir en raison memo de leur richesse et de leur puissance. C'etait un moyen , d'ailleurs , de frapper et d'eblouir ces pauvres habitants — 158 — du Peloponnese qui venaient assister aux fetes de Pella, d'^gees ou de Dium. Corinthe ne fabriqiiait guere que des vases enterre cuite: Pella en fabriquaiten or, en argent, en ivoire, en porphyre. Athenes n'employait que les marbres du Pentelique, d'Eleusis et de Paros. Les rois de Macedoine etaient assez riches pour en faire venir au be- soin de I'Egyptc et de I'Asie. La plaine de Jannitza est plus fertile et surtout mieux arrosee et plus boisde que celle d'Hagious Apostolous. A gauche de la route, ce sont des paturages impraticables pendant I'hiver et qui s'etendent jusqu'au lac a la distance d'une lieue environ. A droite, ce sont des terrains plus eleves, couverts autrefois d'immenses plantations de tabac, que Ton a remplacees depuis quelque temps par de I'orge et du ble. Le territoire de Pella comprenait les marais de Yenikeui , les plateaux au N. d'Hagious Apostolous ; mais il s'etendait surtout de ce cote, et peut-etre faut-il placer dans I'espace de terrain antra ce village et Jannilza, une partie de ces haras immenses ou Ton nourrissail, au dire de Strabon (1), plus de 3,000 juments et de 300 etalons. La, se faisait aussi ce recensement des troupes dont parlent les anciens, ces fetes de la purification de I'armee (;avG(xa) sur lesquelles nous avons des details sicurieux et qui, dans I'origine, se confondaient peut-etre avec les lyceennes et les lupercales de la Grece et de I'ltalie (2). IIL Cyrrhestide : partie de la Sclavitsie. Une heure apres avoir quitte Jannitza, nous avions traverse les villages de Yeskidje et de Mourowo et nous nous trouvions a Hagios Athanasios; Paloeo-Castro n'etait plus qu'a trois quarts de lieue devant nous, au pied du Paik. Des lors nous n'elions plus dans la Bottiee, mais dans la Cyrrhestide. L'existence de ce district nous est attestee par Etienne de Byzance : u MavSapal (Aspo? (3) t^j Ma/C£oovtx-^; Kupou. » Cette desinence en oc est tout a fait caracteristique. On disait ^ Kupo;, comme on disait yj Auyxo? le pays des Lyncestains, -^ Aeuptouo? le pays des Deuriopeens. (1) Strab., XVL 752. (2) V. sur les Xanlhica, T.-Liv.,XL, 7.— Q. Curl., X, 9, 12.— Ilcsych., in verb. (3) Etienne de Byz. in verb. MavJapa!. — 159 — A une certaine epoque la forme ■?! Ruppsffxt; prevalut sur I'ancien nom conserve par Etienne de Byzance. Nous connaissons I'habitude qu'avaient les (1) Macedoniens de transporter en Asie les noms de leur pays. Avec eux s'eleverent de nouvelles villes deBeroea, d'Edessa, de Pella, d'Amphipolis, d'Ichnae. II y eut bientot aussi une seconde Cyrrhos et une autre Cyrrhes- tide (2). Strabon rapporte qu'elle confinait avec le territoire d'An- tioche et qu'on y remarquait un temple de Minerve Cyrrhestide. Le culte des dieux de la patrie suivait les vainqueurs dans leurs con- quetes. La Pella de Syrie, nous venons de le voir, honorait le Pan national et indigene de la Pella macedonienne. Les Cyrrhestains voisins d'Antioche adopterent aussi sur un sol nouveau la divinite protectrice de leur premiere patrie. G'estau culte de Minerve en effet que la Cyrrhestide macedonienne devaittoute sa celebrite. Nous avons deja trouve Jupiter et Hercule a jEgees, Diane Agrotera a Scydra, ApoUon et Themis a Ichnae , Pan h Pella. Cyrrhos a son tour etait la ville consacree a Minerve. Le culte de la deesse, tres-repandu chez les Macedoniens, s'accrut encore de la veneration toute particuliere qu' Alexandre temoignait pour elle. En arrivant en Asie, il lui attribue des presages de victoire, lui consacre ses (3) amies, et en prend d'autres suspendues dans son temple. Avant la bataille d'Issus il fait des sacrifices en son honneur. Apres son iriomphe, il songe a elever six temples magnifiques parmi les- quels un temple de Minerve a Cyrrhos (4). A la mort du conquerant, la deesse resta dans I'imagination des Macedoniens comme la protec- trice deleur grandeur el de leur puissance. Lorsque Ptolemee celebra les funerailles d' Alexandre, 11 lit placer la statue enor du heros entre celles de la Victoire et de Pallas, sur un char traine par des ele- phants. Cratere, avant d'en venir aux mains avec Eumene, donne pour mot d'ordre a ses soldats : Minerve et Alexandre. Plus tard enfin, le dernier roi de Macedoine, Persee, lui offre une hecatombe avant de marcher contre les Remains. (1) App. Syr., 57. (2) Slrab., 751. « Eira -h Kuppesnuvj p-Ey.pi Tn^ k^Tio-^lSo; Miyei 5' -h 6pax>£(a aTa.S'cui « siJtoot TOO T»i; AOriva? iepou Tvi; Kup peori^'o;. » (3) Diod. Sic, XVII, 17-18. — Strab., XI), I 593. (4) Diod. Sic, XVUI, 4. « Naou; ts xareajcEuaoai iroXuTs'Xst; i\. . . . ev AifiXw xct AsXtpc.!; xal AuJuvr,, « xara Js rnv MaxcJoviav ev Aiw pev Tci Aic;, «v Au.c^ittoXei 5: -rii; TaupoiriXou, « iv Kuppu ^e TTi; Aflriva;. » — 160 — Tous ces details montrent deja sous quel aspect particulier se pr6- sente la Minervc deCyrrhos. Eckhelpense qu'on honoraitsurtouten elle la protectrice de Pers(5e et d'Hercule, auxqucls les Temenides rapporlaient lour origine (1), Comnie deesse, defendant les cites et assurant la victoire , elle f ut Ires-souvent, en effet, mise en rapport avec les deux heros. A Tegee, par exemple, on conservait dans le temjile de Minerve Poliatis une boucle de cheveux de Meduse, donate par la deesse a Hercule qui en avait fait present a son tour a Cephee (2). Cependantce serait rabaisser ici le culte de Minerve a des proporlions Irop etroites que de le sul)ordonner a celui d'Hercule et de Persee. Les honneurs qu'on lui rendait se rapportaient a I'une de ses conceptions les plus anciennes et les plus frappantes. Ce qu'on voyait en elle, ce qu'on representait sur les medailles macedoniennes, c'etait la fille de Jupiter, partageant ses attributs, tenant comme lui la foudre : c'etait la deesse forte dans les combats (Alcidcs : AXxijAayo;), armee du bouclier et de la lance (3), qui lutte et qui triompbe, qui defend les villes, agrandit les empires, et qui, comme telle, s'iden- tifie completement avec la Victoire. Plusieurs medailles tres-remar- quables nous en fournissent la preuve : elles portent sur la face une tete de Minerve casquee ; sur le revers , avec la legende AAEHAN- APOT, une victoire debout, tenant d'une main un laurier, de I'autre un trident. Dans le champ se voient des foudres, un serpent, un tri- dent, ou d'autres attributs semblables. Les attributs de la Minerve Cyrrhestide ainsi determines, oij place- rons-nous le district que Ton considerait comme le siege principal de son culte? Le seul texte oii nous trouvions {k) une indication un peu precise est celui de Thucydide dont nous nous sommes deja servi pour fixer les limites de fa Bottiee au N. E. Sitalces arrive a Doberos avec son armee, passe I'Axius, des- cend le long de la rive droite du lleuve, en s'emparant par force d'Idomene,par capitulation de Gorlynia etd'Atalante : il ecboue de- vant Europos, et « s'avance dans le reste de la Macedoine qui est a « gauche de Pella et de Cyrrhos, sans penetrer jusqu'a la Bottiee et (1) Eckliol., 11, 97. (2) Paus. Arcad. (3) Ecldiel., II, 74, 75, 123, 97. (4) Ptol., Ill, 13. , « HiAcOia;. . . . Kupio; (t) K'jfpo;). » Pline, IV, 10. « InUis Aloritre, Vall;ei, Phylacaei, Cyrrhestae, Tyrissaei. « — 161 — (I la Pierie, et ravage la Mygdonie, la Crestonie et rAnthemous. » II resulte evidemment de ce passage que la Cyrrhestide eta it voisine de Pella, qu'elle se trouvait siir la rive droite de TAxius,. c'est-a-dire a gauche de la Mygdonie. Faut-il conclure, comnie I'a fait Blomfield, de I'ordre dans lequel Thucydide nomme Pella et Cyrrhos, que la premiere etait au nord de la seconde ? Ce serait presser trop le texte de I'historien. Eoropos etait siLuee, a ce qu'il semble, un peu au-dessous du village actuel de Basadschi, presque a I'endroit ou le fleuve de Goumendje se jette dans le Wardar. Elle se trouvait ainsi a peu pres a la hauteur de Pella. Thucydide, qui vient de parler d'Europos, nomme d'abord la ville la plus rappro- chee. Si Cyrrhos ne vient qu'apres Pella, c'est qu'elle etait plus a I'ouest, et plus loin par consequent de I'Axius. C'est done au-dessus de Pella que nous la placerons, contrairement a I'avis de Blomfield. Quant au district lui-meme, il s'etendait au nord du lac et au pied du Paik actuel jusque sur les plateaux qui se detachent de cette mon- tagne et qui separent la plaine de la Bottiee de la rive droite de I'Axius. Borne d'un cote par le terriloire de Pella, de I'autre, par la bande de terre dontparle Thucydide etqui faisaitpartie de la Peonie, a I'ouest, par I'Emathie, elle ne depassait pas au nord la montagne dont elle occupait les pentes les plus accessibles (1). Le nom anciendu Paik ne nous est pas parvenu. C'est une grande et belle montagne, qui se detache de la chaine du Kojovi'a au fond du Moglena, descend du nord au sud parallelenient a I'Axius dc^t elle determine le cours, et divise en deux lavaste plaine entre Salonique et Verria. Lecapavance qui la termine comprend deux masses prin- cipales, la premiere couverte de chenes et de sapins, a son sommet le plus eleve pres de Babiani, tourne jusqu'au village de Paloeo- Castro, d'oii elle projelte les collines de la Cyrrhestide : la seconde se forme et s'arrondit derriere la premiere , se relie a ses ramifi- cations, et va bientot se confondre avec la chaine qui descend du Kojowa. En allant de Cassolahri a Armoutchi, on voit cette chaine commencer au Moglena, s'abaisser au passage de Notia, puis s'elever graduellement de maniere a former deux cimesmajestueuses. Villes de la Cyrrhestide. — Cyrrhos : Palceo-Castro : Via Egnatia. Ptolemee et Etienne de Byzance nous donnent le nom de deux villes de la Cyrrhestide, Cyrrhos et Mandarae (2). (i) Thuc, II, iOO. (2) V. loc. cit. — 162 — Lorsqu'on parcourt aujourd'hui le pays, I'attention se fixe tout d'abord sur un village que les Bulgares appellent Gradesta (Grade, ville forte) et les Grecs Paloeo-Caslro. Ce n'estpas qu'il soit bien con- siderable : il ne comprend tout au plus que douze a quinze maisons ; mais, outre son nom qui est deja une presomption, son emplacement est vraiment remarquable. C'est un ilot isole, aplani, a un quart d'heure du Paik, entoure de tous cotes par les eauxquijaillissentde la montagne, dominant le reste de la plaine sans s'elever beaucoup au-dessus d'elle. Desrestes de fortifications qui ne nous paraissent pas remonter plus haut que le nioyen age en couronnent partout les bords. Les habitants du village parlent de souterrains qui faisaient comniuniquer autrefois le Castro avec la plaine : ils en montrent memo les deux entrees principales, I'une dans I'enceinte des murs, I'autre en dehors sur la rampe du plateau. 0>-ielques imprudents ont voulu s'y engager : ils ont trouve des portes de fer rongees par le temps qu'ils ont ouvertes ; mais le grand buflle noir des traditions bulgares les a empeches de continuer leurs recherches. Aujourd'hui ces deux ouvertures sont comblees. Ce Castro byzantin ou bulgare e.tait dans I'origine une acropole macedonienne. A ses pieds, mais de I'autre cote du fosse, une vieille eglise en mines se cache au milieu d'un fourre d'arbres tres-epais et tres-eleve. Quelques pierres dispersees ont ete saisies qa et la par les racines qui les retiennent comme dans une serre. Chose remar- quabl* dans un pays oii Ton salt la persistance des traditions reli- gieuses, les paysans ignorent a quel saint celte eglise etait dediee. Je ne doute pas, pour ma part, que sa destruction ne date des pre- mieres invasions bulgares, de I'epoque ou ils n'etaient pas encore convertis au christianisme. EUe parait d'ailleurs avoir ete batie elle- meme avec des materiaux tres-anciens. Ce sont, pour la plupart, de grandes pierres rectangulaires avec traces de scellement ou de rava- leraent. On n'y voit point de trouQons de colonnes, ni de fragments de moulures antiques : dans le Castro seulement, quelques colonnes greles, un dessus de pilastre, deux chapiteaux ioniques, tres-aplatis et d'un fort mauvais style. Nulle position ne convient mieux a I'ancienne Cyrrhos. Cette eglise ruinee marque peut-etre I'emplacement de son temple de Minerve. Ces fortifications, dont on peut embrasser facilement I'ensemble, et qui sont a coup sur byzan tines, remontent peut-etre au regne de Justinien,car, a cette epoque, Cyrrhos fut rebatie, comme nous I'ap- prend Procope (1). A ces conjectures se joint un renseignement (1) Procope. De yEJlf., Ill, 280. r — 163 — precis fourni par I'ltineraire de Jerusalem : I'ltineraire de Jerusalem indique ainsi les distances de Thessalonique a Edessa , par la via Egnatia : « Post Thessalonicam : mutatio ad decimom, M. X; — miUatio Gephyra, M. X; — civitas Pella, M. X; — mutatio Scurio, M. XV; — civitas Edessa, M. XV. » Tous ces noms nous sont connus, sauf un seul, celui de Scurio. Qu'etait-ce que cette mutatio Scurio, qu'on ne trouve nulle part ailleurs ? M. Tafel trouve qu'il y a una certaine ressemblance entre les deux noms de Scurio et de Cyrrhos : elle devient plus frappante encore, si Ton ecritce dernier mot comrae dansPtolemeeKup to? (1). On peut done croire, avec une grande vraisemblance, qu'il s'agit ici de Cyrrhos, et que la via Egnatia passait par cette ville. Remar- quons maintenant que, d'apres I'ltineraire , Cyrrhos etait a egale distance de Pella et d'Edessa, a 15 milles de I'une et de I'autre. Or, tous les voyageurs s'accordent a mettre aujourd'hui Paloeo-Castro a qiiatre heures a Test de Vodena , a quatre heures au Nord-Ouest d'Hagious Apostolous. C'est a pen pres le seul point de la plaine qui suit, comme I'ancienne Cyrrhos, egalement eloigne de ces deux villes. Rien ne prouve mieux leur identite complete. Nous nous expliquons d'ailleurs parfaitement bien pourquoi la via Egnatia passait pres de Palneo-Caslro. Elle longeait ainsi la pente des collines qui rattachent le Paik aux montagnesde Vodena. Elle evitait de s'engager dans une partie de la plaine que les pluies de I'hiver rendent souvent impraticable. Nous nous sommes trouves a Sphiti- Georgi, au milieu du mois de novembre. Impossible de se rendre de la a Jannitza par la route direcle : les torrents debordaient ; le ter- rain, d'ailleurs marecageux, etait detrempe paries pluies ; deux buffles s'etaient enfonces dans la vase, et nousvimes une vingtaine de pay- sans occupes a les en retirer avec des cordes. Force nous fut de remonter vers le nord, dans les environs de Babiani, et de suivre, depuis ce village jusqu'a Palceo-Castro, I'ancienne via Egnatia, oil nous ne trouvames pas un ruisseau qui embarrassat notre marche (2). (1) fiu.a6(a; Kupio? (vi Kufpo;). Ptol., Ill, 13. (2) « II avail plu et neigd si fort que les fleuves (5taient tous grossis et d^bordfe, que les champs et la tcrre en dtaient lout couverls, et peu s'eii faDut que les boles de somme ne se noyassent; les hommes ^talent si mouill^s que tous etaient ainsi comme morts tant de I'eau que du froid. Conon de Bdihune (5tait en cette chevauch(*e, qui moult maudissait ccux qui I'avait amend, et disait que celui qui si tres-grande peine souffrait pour notre Seigneur avait bicn meritd son Paradis. Que vous dirais-je? Une nuit se hdborgc^rent devant la Verre (Verria). » Henri de Valenc 5. — \6k — C'est pour la merue raison, ajoutons-le ici, que la via Egnatia faisait un leger deloiir au-dessous d'Hagious Apostolous. Suivant Kiepert, elle aurait passe pres de Messir-Baba, an sud-ouest de Sarili ; nous croyons que c'est la une erreur. Elle suivait la ligne des tumulus, tournait a gauche, apres avoir depasse le dernier, c'est-a-dire aux environs du khani de Sassali, traversait les dernieres ramifications du Paik, laissant a sa droite Sarili et Messir-Baba, et venait aboutir au pont de I'Axius, apres avoir passe pres du village actuel de Yaeladjick. Les traces que Ton voit encore dans le roc un peu au- dessus de ce village ne laissent pas de doute au sujet de ce detour de la route. Ce qii'on a voulu eviter, ce sont les marais de Messir- Baba, c'est la riviere qui coule au pied de la hauteur, et qui, en hiver, a assez d'eau pour qu'on ait ete oblige d'y elever un pont. Villcs de la Cyrrhestide. Mavoapat. — Movoapatot. Le torrent qui se divise en deux branches au pied du Paloeo- Castro et qui I'entourede tousles cotes, prend sa source a un quart' d'heure a peine du village. Nous en remontames les rives, ombragees par quelques grands arbres et bordees de moulins a eau ; arrives au pied de la montagne, au-dessous du miserable hameau valaque d'Obahr, nous vimes bouillonner et jaillir de tous les cotes, parmi les sables, des eaux limpides assez abondantes pour former sur-le- champ, comme celles du Ladon, une petite riviere, qu'on ne peut traverser a gue. Les Bulgares I'appellent Obahr, les Turcs Derman- lick (eau des moulins). Nousn'en connaissons pas les nomsanciens ; mais c'est la evidemment ce que Strabon regarde comme une deri- vation de I'Anius. C'est la cette branche souterraine to -zoZ 'A;tou azo'cTiaffaa, qui, selon les anciens, portait(l) le plus grand volume d'eau au lac de la Bottiee. M. Cousinery I'a reconnu comme nous, mais il en tire cette conclusion que tout le terrain compris entre le Dermenlick actuel et le Wardar fonnait autrefois I'Amphaxitide, c'est-a-dire la contree situee entre les deux branches de I'Axius. II Gxe meme les pretendues limites de ce district entre le fleuve d'une part, et de I'autre entre les deux sources de Paloeo-Castro et de Pella. « Kos deux fontaines, dit-il, nous donneront encore la demar- « cation des terres que I'.^mphanitide occupait dans un espace de (4) Triv Sk /.■|jLvr,v v'/.r^c'. tcu A;'.cu t; inotjTvadfia. Slrab., VH, 330. Fr. 20. — 165 — (( quatre lieiies (1) de longueur sur plusieurs lieues de largeur, sui- te vant I'eloignement de Pakeo-Castro a I'Axius et de Pella a ce (I tleuve. )) II serait tout au moins inutile de discuter avec M. Cou- sinery le sens de ce mot Aniphaxitide, et de chercher s'il implique necessairement una contree comprise entre deux branches de I'Axius. Bornons-nous a rappeler un texte precis, auxquel Kiepert a bien fait de s'en tenir. G'est Strabon qui mentionne I'opinion des anciens au sujet d'une branche souterraine de I'Axius ; c'est aussi Strabon qui dil d'une maniere positive : L'Axius separe la Bottiee de I'Am- phaxitide (2). Au dela des sources d'Obahr comraencent les plateaux peu 61ev^s, mais assez etendus de la Cyrrhestide. Leur largeur, de la plaine de la Bottiee a la vallee de I'Axius, est d'environ seize kilometres. C'est, du reste, un territoire fertile, bien arrose, bien cultive en general. Le village turc de Cassolahri, a trois quarts d'heure a I'Est de Paloeo- Castro, nous frappa par son air de proprete et d'aisance, par ses champs entoures de bales, par ses beaux vignobles et ses bouquets de chenes. Est-ce de ce c6te qu'il faut placer la ville et le territoire des Mandaroeens? Etienne de Byzance, le seul auteur qui en parle, se borne a nous dire qu'ils faisaient partie de la Cyrrhestide mace- donienne. Le champ est ouvert aux conjectures. Pour moi, j'ai par- couru avec soin tout le pays, je n'y ai trouve qu'un endroit qui soit evidemment I'emplacement d'une ville antique. C'est a une demi- heure de Cassolahri, au sud-est, a quelques pas de la route d'Ar- moulchi. Des monticules de pierres rondes et blanchatres, des trous circulaires assez larges, hordes de pierres qui se sont amoncelees les unes sur les autres, et qu'on pourrait prendre au premier coup d'oeil pour des restes de murs, attirerent d'abord mon attention. Evidemment on avait fait des fouilles en cet endroit. Un berger nous expliqua qu'on trouvait des traces semblables le long de la pente de la montagne jusqu'a une assez grande hauteur, et que ce lieu s'appelait Madene des mines d'argent : Madena-Choria dans le Cor- thiat a Test de Salonique.) II y a longtemps, sans doute, que ces mines ont cesse d'etre exploitees. Etaient-elles connues des iMace- doniens? Nous le croirions volontiers. Les champs voisins, en effet, sont remplis de tuiles, de briques et de fragments de poterie. On y (1) Cousin., I, 2. (2) « 6 A^io; ^'laipoiv Tviv te BoTTtaia; xa! rf.v Aij.oa^;Tiv -^'riv. . . » Strab., VII, 330. — 166 — irouve meme des medailles (1). II y avail la dans I'antiquite une ville, et, en I'absence de tout renseignemenl contraire, il est permis de supposer que c'etait Mandarae. IV. Almopii. — Mogh'na. Le Moglena forme une region a part : les ramifications qui unissenl le Paik auxmontagnes de VodenaFisolentcompletementdela grande plaine de la Sclavitsie et du Roumlouck. On y entre par trois cotes differents : par le passage de Notia au nord est; par Babiani et les plateaux que traverse le Moglenitiko au sud, par les collines de Vo- dena et la vallee qui debouclie sur Dragamantsi au sud ouest. G'est ce dernier chemin que nous avons suivi en commen(;ant notre ex- ploration du Moglena. Ce noni de Moglena signifie en bulgare la contree des brouillards (mogia, megla, brouillard). Le pays auquel il s'applique ne le justifie quetrop pendant I'biver et a la fin del'automne. Le restedel'annee, c'est une plaine riante et fertile, encadree par de hautes montagnes, bien arrosee sans etre marecageuse, peuplee de nombreux villages , couverte d'un cote de vignobles, de Tautre, de champs d'orge et de ble. Le raisin du Moglena est renomme a Saloniqiie. II est tres-sucre et tres-charnu : le grain en est gros, allonge comme le bumastus de Virgile, la peau dure et violette. On le conserve facilement pen- dant la plus grande partie de I'hiver. Enfoncez-vous vers le nord-ouest, placez-vous au village de Bi- zowo par exemple, vous avez devant les yeux un grand triangle dont la chaine du nord forme la base, dont le Paik et les montagnes de Dragamantsi, de Poliani, de Tresino forment les cotes. Avancez-vous au milieu de la plaine, le pays reprend alors son aspect veritable : il vous apparait comme une sorte de carre irregulier, qui va en se retrecissant vers le sud. Sa largeur est de seize kilometres : sa plus grande longueur, de Bizowo a Foushani par exemple, est de vingt- quatre kilometres environ. (I) Parmi les deux ou trois niMailles que Ton me montra en cat en- droit, il y en avail une en bronze assez curiouse : elle portal I sur la face deux teles d'lto?nmes barhns opposees I'une a V autre; sur le revers : deux centaures luttant. Aucunc Irace de IcUres. Jc no sals d'oii peut venir cette m<5daille. — 167 — Ce qui voiis frappe le plus dans le Moglena, c'est la grande chalne tie montagnes qui le borne au nord et a laquelle il doit son nom turc de Karadjowa (con tree des montagnes noires). Elle se divise en trois groupes principaux : a Tangle ouest le mont Nidsche, moins haut que I'Olympe, mais presque toujours convert de neige comme lui : au milieu, le Peternick avec ses formes bizarres : a Tangle est^ le Kojowa dontle pic majestueux rappellecelui du Parlhenius. Toutes .ces montagnes ne sont autre chose qu'un vaste soulevement d'ardoise et de schiste. Leur couleur d'un bleu sombre et fonc^ dans les beaux jours, leurs contre-forls a aretes saillantes se detachant comme des murailles, leurs sommets aigus, decoupes, denteles comme une scie, les ouvertures de rocher d'une originalite bizarre par lesquelles s'e- cbappent les torrents, tout contribue a en rendre Teffet des plus pit- toresques. De celte belle chaine de montagnes sortent les principaux cours d'eau du Moglena. Le premier , appele le Tcharna-Reka , s'e- chappe des gorges du Nidsche a un quart d'heure de Tresino, coule du nord au sud en recevant sur sa route les eaux de Bizowo et de Monasterdjick, puis decrit une large courbe vers Test, et se rappro- cheainsidu milieu de laplaine. Le second, appele laBehtsa, prend sa source dans le Peternick, descend ^galement du nord au sud, se grossit tour a tour des eaux de Stroupino, de Baowo, de Prebodids- chta, et inclinant un pen vers Touest, vient se jeter dans le Tcharna- Reka, a la hauteur de Paloeo-Castro, Ainsi reunis, les deux rivieres descendent vers la grande plaine, en recevant encore le torrent de Notia, se tracent un lit profond et escarpe au milieu des contre-forts du Pa'ik, et entrent enfin dans la Sclavitsie, ou nous avons deja decrit leur cours. Le Moglena, avec ses champs fertiles, ses eaux abondantes, ses montagnes qui Tenveloppent et le separentMes regions voisines, semble le pays le mieux fait pour former un district particulier, pour contenir une de ces tribus pauvres etindependantes des premiers temps de Thistoire. Aujourd'hui encore la population qui Thabite a son ca- ractere et sa physionomie bien distincts. Ce sont des Valaques et des Bulgares apostasies. Devenus turcs de religion, ils ont conserve ce- pendant leur langue nationale. Endurcis au travail, sobres et vivant de peu, ils semblent plus ignorants, plus grossiers, plus defiants a Tegard des etrangers que les habitants des contrees environuantes. Suivant Kiepert, le Moglena actuel n'est rien autre chose que Tan- cienne Almopie. Toute cette parlic de sa carte est de la plus grande inexactitude. Mais , en ce point du moins, ses conjectures semblent — 168 — jusles, a en juger par le peu de tpxtes anciens qui aient rapport a I'Almopie. Etienne de Byzance parle de rAlmopic, inais en termes vagues, suivant sa coutume. C'est une contree de la Maccdoine qui tenailson noin (1) du geant Almops, fils de Neptune et d'Helle. D'un texte de Lycophron, corrige el cite par le merae auteur, il senible resulter qu'on disait indifferemment Almopia ou Almonia. Ttzetzes, dans son commentaire, I'appelle lantot une contree de la Macedoine, t Gauanes et Eropos restent in- lerdits a cette reponse, Mais Perdiccas s'ecrie : « Eh bien ! nous ac- « ceptons. » Et, se baissant a trois reprises, il feint a cliaque fois de puiser les rayons dans les plis de sa robe et de les partager avec ses freres : apres quoi tons trois s'eloignent, Cependantun des fami- liers du roi lui fait remarquer Taction de ce jeune liomnie et la nia- niere dont il avait accepte ce qu'on lui offrait. Le roi s'inquiete da- vantage, s'irrite et envoie apres eux des cavaliers pour les faire perir. Mais les fugitifs avaient deja traverse le fleuvc qui se gonfia tellement apres leur passage que les cavaliers n'oserent pas s'y en- gager, lis purent ainsi gagner une autre partie de la Macedoine. lis s'eLablircnt sur les pontes orientales du Bermius, dans le voisinage des jardins de Midas, et c'est de ce point qu'ils etendirent leurs con- quetes sur le reste de la Macedoine (1). Que penser de ces deux legendes? Leurs rapports sont frappants. Elles ontla meme origine et le meme caractere tradilionnel ; elles se rattachent au meme evencment; seulement la premiere est la tradi- tion grossiere et primitive des Macedoniens, c'est-a-dircd'un peuple qui avait peu de souvenirs historiques. La seconde parait s'etre combinee avec une legende anciennc sur le frere du puissant Phi- don. Toutes deux du reste rappellent, en I'alterant, un fait incontes- (1) Hdrod., VIII, 138. — 179 — table. Dans le siijet parliculier qui nous occupe, elles nous menent i la m(5rne conclusion. C'est dans rEmathie que commence le royaume des Temenides; c'est la qu'ils etablissent le siege primitif de leur empire. Maintenant est-ce au nord, est-ce au stid de ce dis- trict qu'ils commencent a apparaitre? Est-ce aupres du Bermius, comme le veut Herodote, est-ce a Edessa, comme le dit Justin el avec lui plusieurs auteurs anciens? Les traditions religieuses qui faisaientd'yEgees, suivanl I'expression de Diodore (1), lesanctuaire de la royaute macedonienne, I'oracle qui raltachait a ses destinees la fortune des Temenides, la coutume que Ton conserva d'y enterrer les descendants de Perdiccas, meme apres que Pella fut devenue la capitale, font pencher la balance en faveur d'Edesse. Remarquons toutefois que si les Temenides commencerent par s'etablir a jEgees, ils ne tarderent pas a se rendre maitres du district au pied du Ber- mius. <( Pulso deinde Mida (nam is quoque Macedoniae portionera (( tenuit) aliisque regibus pulsis, in locum omnium solus successit; (1 primusque adunatis gentibus variorum populorum veluti unum (( corpus Macedoniae fecit Caranus (2). » Sans croire a la complete verite du tableau trace par Justin, on peut admettre comme un fait certain que le pays des Bryges fut la premiere conquete des Teme- nides : et ce qui le montre bien, c'est que Thucydide, enumerant les conquetes d'Alexandre I*"' et de ses predecesseurs, ne mentionne pas ce district; la raison en est simple : il avail die soumis presqu'en meme temps qu'Edessa, et faisait partie comme elle de I'fimalhie, c'est-a-dire de la premiere el de la plus ancienne Macedoine. II. — ^mathie et Bottie'e, dcptds lafondation du royaume des Temenides jusqu'u la translation de la capitale a Pella. Perdiccas I«'"fild'^geessa capitale. Sa vie fut illustre, dit JustinfS); ses derniers moments memorables. Avant de mourir, il montra a son fiis Argee I'endroit de la ville oil il voulait etre enterre. II ordonna d'y deposer non-seulement ses restes, mais encore ceux de ses suc- cesseurs, annoncant, sur la foi d'lui oracle, que le trOne resterait dans sa famille lant qu'on suivrait ses derniercs prescriptions. Aussi (i) Ai-^t'a; vi xt; w iuTia T>i; Majcejoviicyi; BaotXeia;. Diod. Sic, XXII, 12» (2) Just., VIT, 1. (3) Idem. — 180 — croit-oii gerK^ralemenl, ajoiiLe I'historien, que, si la race d'Alexandre s'est eteinle, c'est parce qu'on a change le lieu de sa sepulture {W A I'autre boutderKmalhie s'elevait une ville noii moinsancienne, non moiiis celebre peul-elre qu'Edessa : on en faisait remonter la foii- dation jusqu'a uncertain Phcron, oupkitotjusqu'a Beroea, petite-fille de Macedon (2). De ces deux points extremes qui dominaient lout le bassinduLydias, quiconimandaientlesprincipauxpassagesdesdistricls muntagneux de I'ouest, les nouveaux conqueranls elaient admirable- menl propres soil a attaquer, soit a se d^fendre. En quclques heures. ils etaient sur le territoire de leurs belliqueux voisins du Berniius et du Kitarion.Mais ce n'etait pas de ce cote qu'etait pour eux I'avenir. En s'emparantd'fidessa.ilsclaientsortisdecesvalleesferlilesmaisetroites ettrop enfennees commel'etaient celles de I'Eordee et de I'Elymio- lide. Ce qu'ils avaient devant les yeux a Test, c'etait une vaste plaine, facile a defendre et en meme temps ouverte sur la mer, ou- verte sur toutes les contrees environnantes, tres-riche et tres-fe- conde d'ailleurs et deja couverte de villes populeuses. Autour de ce lac, entre ces trois rivieres qui s'unissaient presque avant de se jeter dans la mer, il y avait place pour le berceau d'un grand empire. Cette fortune ne leur a pas manque. Argee, Philippe l*"", ii^ropos, Alcetas, Amyntas I" se succederent hereditairement. Nous ne savonsrien de posilif sur la Bottiee el sur I'Ematliie pendant le rugne de ces rois (huiliume siecle — 500j. Ce n'est que vers Tepoque de la guerre du Peloponnese, sous Perdic- casll {h52-hik) que nous pouvons recapituler les conqueles succes- sives de son pere Alexandre I" et de ses ancetres. D'un passage important de Thucydide (3), il resulte qu'au milieu du cinquieme siecle avant Jesus-Christ : Les rois Mact§doniens exercaient une sorte de suzerainete sur les rois des Lyncestes, des Elymiotes et des autres peuples de I'inle- rieur ; Ou"ils etaient lesmaitres de I'Eordee et de la Pierie : que les Pieres s'etaient retires dans le mont Pangee ; que les Eordeens avaient ete en partie detruits, en partie exiles aux environs de Physce ; Que la Bottiee el rAlmopie elaient egalement conquises; que les vaincus avaient ete chassesde ces deux districts, etque les Bottioeens, refugies dans la Chalcidique, y habitaient une region appelee la Bot- tique ; (1) Just., VII, 2. (2) Slcph. Byz. in verb. Mui^a. ,.3) Thuc, II, 99. — 181 — Qu'enfin, audelu de I'Axius la Mygdonip, la Crestonie, la Bisaltie et le pays d'Anthemoiis faisaient partie du royaume des Tenienides. Ges renseignements sont tres-precienx : malheureusementles dates manquent. Ces conquetes, nous dit Thucydide, furent ronuvre d'A- lexande I'"" et de ses predecesseurs. Comment faire la part entre eux et lui ? II est certain qu'au temps des guerres raediques, Alexan- dre, beau-frere d'lin general perse, diit ajoiUer considerabiement an territoire qu'il avait re(;u en heritage; le fait rapporte par Justin que Xerxes donna a Alexandre toute la contree entre I'Olympe et I'Hoe- mus n'est pas entierement fabuleux. Mais tout ce qu'on pent en con- clure, c'est qu'au moment ou Xerxes entreprit sa grande expedition, le royaume de Macedoine avait deja a peu pres atteint les limites donnees par Thucydide, et qu'il ne dutpas s'agrandir beaucoup dans I'intervalle entre les guerres mediqiies et la guerre du Peloponnese. II suffit de Jeter les yeux sur la carte pour comprendre que les Temenides, maitres de I'Emathie, ne pouvaient tarder a convoiter la Bottiee. Si la Pierie etait entre leurs mains depuis loHgtemps deja en /(81, comme il est permis de le croire d'aprcs une expression de Thucydide (1), que faut-il penser de la Bottiee plus voisine encorede leur capitale et plus facile a envahir ? Ce n'est pas que les Bottiosens n'aient pu faire une resistance opinialre : a I'epoquebyzantine, nous voyons que les Grecs se sent maintenus sur les bords de la mer, entre I'Haliacmon et I'Axius sans que jamais les Bulgares soient parvenus a les y forcer. Mais il y avait peu de places fortes dans le pays (2) : les villages etaient souvent menaces par les inondations, et les habitants obliges de se disperser. Bien des occasions favorables ont du se pre- senter pour les Temenides de s'assurer la possession d'une plaine qui leurdonnaitlaraer. Noussommescertainsqu'ilslapossedaienttout au moins avant /(80 ; car, a cette epoque, Olynthe etait au pouvoir des Bottioeenschasses de leur premiere patrie par lesroisde Macedoine (3) . Nul doule non plus qu'il ne la possedassent alors depuis longtemps. Thucydide ne suitpas d'ordre chronologiquerigoureux : il commence par les pays voisins de la cote, suivant I'habitude ancienne : il va de I'une des bornes de la Macedoine a I'autre, d'abord la Pierie, puis la (1) « Kal ETt ■xy.l vu'j II'.EpiJCci; ttoXtto; Xs-^trai. » Cette exprfjgsion y.ai e't; xal viiv semblc indiquer qu'il y avait d^'j^ longlemps que les Pieres avaicnt quittd le pays. (2) Thucydide nous dit que du temps de Perdiccas il y avail peu de places fortes. Time, II, 100. (3) Herod,, Vlll, 127. — 182 — Botti6e, puis la parlie de la Pnoonie voisine de la mer, puis la Myg- donie jusqii'au Slrymon : cela fait, 11 revicnl aux peiiples de I'inle- rieur, les Eordeens et les Almopes. On ne peul done lirer du pas- sage de son histoire aucune conclusion precise sur la succession des conquetes. Cependant, 11 est evident que les pays les plus eloignes du siege primitif de la royaute temenide durent etre soumis apres les pays plus rapproches. Or, nous voyons qu'en 510 le roi de Ma- cedoine Aniynlas offrait Anthdmous dans la Chalcidique aux Pisistra- tides ( 1 ) . Supposer que cette villa f ut en son pouvoir sans que la Bottiee elle-meme eut ete subjuguee est tout au moins fort improbable. Le premier de ces faits semble impliquer necessairement 1 autre. Telle n'estpas cependant I'opinion de Grote (2) : « Amyntas I«^ dit-il dans son histoire, etaitmaitre d'un territoire « considerable. Ce territoire comprenait tout le rivagc de la Pierie « jusqu'a Tembouchure de I'Haliacmon, et au dela de ce fleuve, plu- « sieurs autres points dont les Bottioeens avaient ete chasses. Mais « il n'embrassait pas encore toute la cote entre THaliacmon et I'Axius, « ni Pella, la future capitale de la Macedoine, qui etait entre les mains « des Bottioeens, quand Xerxes y passa. » A I'appui de cette assertion, Grote ne cite qu'un texte d'Herodote, celui du liv. VIII, ch. 123: « 'A;iov uoxaabv, 3; ouptt^ei /lofviv Trjv MuyooviVjV T£ xal BoTxiaiioa, t^; e/ouat to T.tx^ct ().i7Trc; Tpacpet; ev m'XXvi. » Strab., VII, 330. • — 189 — dislricLsles plus anciennement soumis, les pkisprofoiideiiienl mace- doniens. Quelle fut la part de la nouvelle capitale dans les guerres civiles qui suivirent la mort d'Amyntas, sous Alexandre II et sous Perdic- cas III ? Nous n'avons aucun detail a cesujet. Une ville semble avoir joue alors uu role assez important, celled'Aloros(l), qui formait I'a- panage de Ptolemee, le frcre batard d'Alexandre, et dans laquelle il trouva assez de ressources pour se creer un parti puissant. On sail comment ce Ptolemee d'Aloros (car c'est ainsi que le designe le Syn- celle) assassina Alexandre, se lit le tuteur de Perdiccas III encore enfant, et fut mis a znort a son tour par son pupille devenu hom- nie (36/t). .'Egees aussi, quoiqu'elle eutcesse d'etre le siege de I'empire, n'cn avait pas moins une importance tres-grande au milieu de ces dis- cordes. On en voit un exemple remarquable pendant la premiere annee de la tutelle de Philippe (359). Argee, I'ancien adversaire d'Amyntas, ou, suivant quelques bis- toriens (2), I'un de ses flls, venait d'obtenir des Alhenicns une flotte et 3,000 boplites. Les troupes avaient debarque a Methone. Pendant que le general athenien Mantias s'etablit dans la ville, Argee part avec les mercenaires et se dirige vers Edessa. Arrive sous les mors de la ville il supplie les habitants de le recevoir et de devenir les premiers soutiens de son regne. Personne ne I'ecouta et il fut oblige de revenir a Methone. C'est qu'vEgees, en effet, gardait toujours soncaractere religieux aux yeuxdesMacedoniens, et qu'elle n'avait pas cesse d'etre lesanc- tuaire de la royaute temenide. Les ennemis du dedans et du dehors furent comprimes, grace a I'energie et a I'habilete de Philippe : au lieu de se defendre, il songea bientot a attaquer. Ses succes ne I'empecherent pas de s'occuper de sa capitale. A son avenement, Pella etait encore peu considerable. A sa mort, elle etait devenue « comme la metropole de la Macedoine. La se faisait <( le recensement des troupes, et se trouvaient les haras qui conte- (( naient plus de 3,000 juments royales et de 300 etalons. On y entre- K tenait encore des gens pour dresser les jeunes chevaux, des mal- <( tres d'armes et de toute espece d'exercice militaire) (3). » Ces ij> (1) Holslcin a cite une monnaie des Alorilains : AAnPIATON. i2) Diod. Sic, XVI, 3, 5. , (3) Strab., XVI, 752. — 190 — stitutions nouvellesse liaient aux rdformes que Philippe operail dans i'armee. A partir de ce moment, la Boltiee eut une cavalerie nom- breuse et l)ien organisee, et Alexandre la tronvera plus tard dans ses expeditions en Grece et en Asie. Philippe, comme nous I'avons vu d'apres un texte d'Eschine, ha- bitait a Pella dans la forteresse au milieu du marais, ou se trouvaife aussi le trdsor royal (1). Est-ce liii qui concatFidee de s'elablir dans cette position ? Est-ce a lui qu'il faut attribuer les travaux dont parle Polybe, et d'apres lui Tite-Live : le niveau du sol eleve au-dessusdu marais, les murs de terrasse soutenant les terres rapportees, le canal crease tout autour de I'ilot ou se trouvait la ciiadelle, I'en- ceinte continue qui defendait la ville elle-merae? Si Philippe ne les commenga pas, il les poursuivit du moins avec activite. Nul doute que sous son regne les canaux ne fussent ouverts dans les marais, et que Pella ne communiquat directement avec la mer. ISul doute qu'elle n'ait eu meme ces arsenaux pour la construction des navires, dont nous parle Plutarque (2) a une autre epoque : (( Demetrius faisait construire tantau Piree qu'aCorinthe,a Chalcis « et a Pella, une tlotte de 500 navires. II se rendait en personne <( dans les arsenaux, montrant aux ouvriers ce qu'il fallait faire et « mettant lui-meme la main a I'ouvrage. » En meme temps Pella s'embellissait et se remplissait de chefs- d'oeuvre : il suffit de voir les riches presents que Philippe faisait aux villes de la Grece pour comprendre de combien de monuments de I'art devait etre ornee sa capitale. C'etait la, du reste, une tradi- tion que lui avaient leguee Perdiccas 111 et Amyntas II. La population de la ville dut augmenter beaucoup sous Philippe. Le bourg obscur devint une grande cite. Toutes les families nobles y furent attirees : les enfants des grands parurent a la cour et s'hono- rerent de prendre place dans les gardes du roi : la cavalerie futuni- quement composee de jeunes gens des hautes classes. C'elaient des otages que prenait Philippe pour dompter I'insolence et la liert^ des nobles; il les attirait autour de lui, il en faisait des courtisans. Sa po- litique a cet 6gard se montre bien daiis un passage d'un discours qu'Arrien faittenir a Alexandre (3) : (( Je commencerai, comme il convient, par raon pere Philippe. II « vous pritpauvres et errants, converts de peaux de bete pour la (1) V. loc. cit. supr. (2) Plut., Demdtr. (3) Arr.VIL 9, 2. — 191 — « plupaiL, faisaiiL pailre quelqiies brebis sui' la nioiilagiie eL les dis- (27/j) (1). Diodore de Sicile et Plutarque nous parlent de ce fait important a peu pres dans les meraes termes. On voudrait retrouver dans les ex- pressions dont ils se servant quelque chose qui put eclairer sur la nature et la forme de ces tombeaux des rois. Mais les verbes avaffxaiTTw, opuxxw sont bien vagues. lis ne contredisent pas les con- jectures que nous avons hasardees plus haul : c'est tout ce que nous pouvons en dire. Pyrrhus, maitre d'Edessa, regut-il aussi lasoumission de Bercea et dePella? La chronique d'Eusebe dit qu'il n'occupaqu'un petit nombre de places. Justin parle vaguement de la Macedoine tout entiere (2). Un fait constant, c'est qu' Antigone fut oblige dese refugier a Thes- salonique : etait-ce parce que cette ville lui semblait plus sure ou parcequ'il ne pouvait plus defendre sa capitale ? Plutarque ditpositi- vement qu'il ne conserva que quelques villes maritimes. On pent done croire que les autres places fortes tomberent au pouvoir du roi d'Epire, et qu'avant son depart pour la Grece elles regiirent, comma Egees, des garnisons gauloises (3). Pyrrhus mort (272), Antigone put reconquerir son royaume ; il livra bataille aux Barbares et en lit un massacre effroyable. La fm de son regne, celui de Demetrius son fds et d' Antigone Doson, sont remplis de discordes, d'intrigues, de guerras contra les Epirotes et lllyriens (272-221). On se figure aisemant I'etat miserable des villes da I'Emathie etde (1) Plul., Pyrrh., XXVI : « Tou; rdwou; oo'jrrsiv eTrs'flsvTo, xal ra pJv yp-fl'-i « u.aTa S'lYipTradav, ra Sk oara ■jrpo; SSpiv ^isppiijiav. » Diod. Sic, XXII 12: « Ol TaXarai 7ru6o'u.£vot tivuv on x;aTa tou; PacjiXixtiu; -atoou; rot; TSTcXtUTVixcios « (TU-f)caT6>pu-/,6Y) x^riu.y.-v. -rroW.a xv.tk tivoc TraXaiKV auvYi68'av, aTravra; a■^in■' « xaiJ^aM. » (2) Jiisi., XXV, 3, (3) PhU. Pyrrli. — 198 - la BoUi^e, pendant toule cette periode. Prises et reprises tour a tour par Demetrius, par Pyrrhiis, par Lysimaque et par Antigone, livrees a une anarchie d'autant plus grande quo le pouvoir central etait plus faible, envahies sans ce.sse par les habitants de la campagne qui ve- naient chercher un refuge au sein de leurs murs, menacees dans ce qui faisait la principale source de leur richesse, dans ces moissons qu'il fallait se hater de mettre a I'abri derriere des remparts, elles n'avaient jamais vu, a vrai dire, cesser pour elles les maux de I'in- vasion barbare. Les Gaulois etaient partout a cette epoque : lis er- raientpar troupes dans les campagnes, ils composaient les garnisons de Pyrrhus, les troupes auxiliaires desrois de Macedoine, ils se me- laient a la population des villes et des villages, toujours avides et insatiables de butin, toujours redoutds de ceux qui les employaient sans oser les punir. Ajoutez a cela les discordes interieures, les haines des partis; dans la capitale les ambitions (1) et les intrigues de pa- lais, les revokes d'une armee qui ne savait plus obeir. Un jour, les soldats avaient assiege Antigone Doson dans la citadelle de Pella. Antigone otait sorti, seul, sans armes, avaitjete a leurs pieds la pourpre et le diademc, leur ordonnant de les donner a un homme qui ne sut pas leur commander. Puis il avait rappele ses bienfaits, ses guerres centre les Dardaniens et les Thessaliens ; et les soldats emus I'avaient supplie de reprendre la couronne. De pareilles scenes se renouvelaient sans cesse. La decadence de Pella date de cette epoque (2). V. — Emalhie et Bottie'e : deptds la mort d' Antigone Doson jusqiid la proclamation de la liberte de la Macedoine (221-167). Le regno de Philippe III ramena un peu de calme dans les pro- vinces. Ses defaites et son traite avec les Remains le rendirent ora- brageux et cruel. Mais PEmathie, du moins, n'eut pas beaucoup k souffrir de ses soupgons etdeses vengeances. Ce qui le prouve, c'est qu'il la choisit pour recevoir les populations exilees des villes mari- limes (3). (1) Polybe , pai'lanl du testament d'Antigone Doson, termine ainsi : « CTaasfo;. » IV, 87, 7. (2) Just., XXVIII, 3. (3) V. loc. supr. cil. — 199 — SousPersee, ellefiU temoiii ties dernieres esperances de la royaute macedonienne, et de I'abandon dans lequel elle toniba apres sa der- niere defaite (1). C'est a Citium, entre Edessa et Beroea, que se rassembla Farmee qui allait combattre les Romains. /|0,000 homines camperent dans la plaine, au pied de la ville. Le roi quitLa sa capitale apres avoir of- fert un sacrifice solennel a Minerve Alcides : le soir meme il etait a Citium. Des revues, des discours de Pers^e a ses soldats, aux de- putations des differentes provinces, occuperent quelques jours. De toutes parts on olTrait de I'argent, des vivres pour la campagne. Le roi partit en declarant qu'il avail pourvu a tout, et qu'il n'avait besoin que des chariots pour transporter ses provisions d'armes. Lorsqu'il revint en 168, il n'etait plus que le vaincu de Pydna. Rien de plus saisissant et de plus curieux que le spectacle que pre- senta la capitale de la Macedoine pendant la nuit qui suivit la de- faite. Sur la route, Persee s'etait vu presque abandonne de tous. L'un restaitenarriere « pour rattacher son brodequin, un autre pour (( (aire baigner son cheval, un troisieme afui d'apaiser sa soif. Le roi <( avait mis a pied a terre et raenait son cheval par la bride, afin (( de mieux s'entretenir avec ses amis. » Mais cela ne deconcertait pas les fuyards. Hippias, Medon et Pantauchus, ses plus intimes con- seillers, etaient deja a Beroea (2). Apres mille obstacles il arrive a Pella au milieu de la nuit, I'es- prit egare par la terreur et par la honte de sa defaite. II mande ceux de ses familiers qui avaient echappe au desastre : aucun ne se rend pres de lui. Cependant ses tresoriers Euctus et Eudocus sont a leur poste : leur franchise intempestive, les reproches qu'ils adressent a Persee le mettent en fureur : il saisit son epee et les tue de sa propre main. II fallait se hater de passer I'Axius avantle jour, non pas seulement a cause des Romains qui etaient proche, mais par crainte desexces auxquels les habitants de Pella eux-memespouvaient se porter contre la personne du roi. Trois etrangers, trois chefs de mercenaires seuls I'accompagnent. Je me trompe, il avait avec lui une cinquantaine de Cretois retenus par ses richesses : il trainait apres lui d'immenses tresors et il leur avait permis de piller dans ses coffres des coupes, des crateres et d'autres vases d'or et d'ar- gent jusqu'a la valeur de cinquante talents. Avec depareilles dispositions, ni la Bottieeni I'Emathie nedevaient (1) T. Liv., XLII, 52. (2) T. Liv., XLIV, 43. - Plut. Amil., p. 2G7. — 200 — faire de resistance a Paul-Emile. Beroea fat la premiere a prendre et a recevoir un gouverneur romain. Un de ses habitants, Medon, alia a Pydna pour I'exhorter a se remettre aussi a la discretion du vain- queur. En un jour le general romain arriva sous les murs de Pella. C'etait encore la ville de Philippe et d'Amyntas, avec sa forte posi- tion au milieu des marais, sa citadelle et ses remparts. Mais ses for- tifications allaient bientot tomber, et Pella ne devait plus etre qiie le chef-lieu de Tune des divisions de la Macedoine (1). Les dix commissaires envoyes par le senat (167) partagerent le pays en quatre regions. Chacune de ces regions avait sa capitale, jouissait d'une liberte complete, conservait ses lois, nommait sesma- gistrats annuels. L'impot qui leur etait impose se montait a 100 ta- lents, la moitie a peine de ce que Ton payait sous les rois. Outre les assemblees particulieres ci chaque district, il devait y en avoir une commune a toute la nation, et qui se composerait des representanls des quatre provinces. Elle etait chargee de prevenir tous les (hearts, d'empecher tous les abus de la liberie. Dans un certain espace de temps, il ne devait plus rester dans la Macedoine aucune garnison romaine. (2) Ces conditions, si donees et si genereuses en apparence, avaient chacune leur correctif : plus de flottes, plus d'armeenationale; quel- ques troupes seulement aux frontieres : defense absolue de se ma- rier, de vendre ses champs et ses domaines entre habitants d'une region differente ; suppression du droit dlmporter le sel etranger , d' exploiter les mines d'or et d'argent, isolement complet de chaque district. Ces moyens etaient bien choisis pour oter a la Mace- doine toute vie nationale. Mais la mesure la plus grave fut celle qui condamna les principaux citoyens a aller vivre en Italie, avec tous leurs enfants ages de plus de quatorze ans. La capitale de la premiere region etait Amphipolis, celle de la seconde, Thessalonique, de la derniere, Pelagonic. Quant au troisieme district, il avait pour bornes a Test, I'Axius, a I'ouest, le Penee, au nord, le Bora (3). II comprenait ainsi la Pic^rie, laBottiee, I'Emathie, la Cyrrhestide, I'Almopie, et memecette partiede laPeonie quilongeait (1) T. Liv., XLIV, 43. (2) T. Liv., XLIV, 46. (3) (! Tcrlia pars facta, quam Axiiis ab oricnti, Pencils amnis ab occasu cingunt. Ad seplenlrionem Bora nions objicilur. Edessa quoquc et Bertca eodem concesserunl. Adjecta huic parti regio Pceoniae, qak ab occasu praeler Axium amnem porrigilur. » T, Liv, — Dlod. Sic, XXXI, 8, 7 — 201 — Fa rive droite de I'Axius. Ses villes principales, nous dit Tite-Live, ^taient Edessa, Beroea, et Pella. Voyons ce qu'il devenait, apres les restrictions apportees par le senat a I'exercice de la liberty macedo- nienne. La defense d'exploiter les mines d'or et d'argent ne frappait pas directement la troisierae region, qui n'avait que des mines depiiis longtemps abandorinees et d'ailleurs peu consideralMes dans le voi- sinage de Cyrrhos (l);mais elle tarissait dans sa source Tune des bran- ches d'industrie les plus florissantes k Pella, cette fabrication de vases d'or et d'argent qui I'avait rendue si celebre. On sait le grand nom- bre d'objets de ce genre qui se trouvaient dans le tresor des rois de Macedoine. On y montrait des coupes qui avaient appartenu a Phi- lippe, a son fils Alexandre. Persee, dans sa fuite, en emporta une quantite considerable, et ses Cretois en avaient pille avant son de- part pour une valeur de 300,000 fr. environ. Dans le triomphe de Paul-Emile il ne fallut pas moinsde deux jours pour faire passer sous les yeux des Romains toute la vaisselle de Persee : le premier jour, « on porta les crateres d'argent, les coupes en forme de cornes, (I les flacons, les gobelets, disposes tous pour la montre, et distin- « gues par leur grandeur et par la beaute de leur ciselure. Le second <( jour, on porta la coupe sacree d'or massif, du poids de dix talents, « enrichie de pierres precieuses, ouvrage execute par ordre dePaul- « Emile; puis les vases qu'on appelait Antigonides, Seleucides, The- « riclees, » et enfln tous les plats d'or des rois macedoniens. Ces de- tails montrent assez jusqu'a quel point Pella a eu a souffrir de la rae- sure prise par le senat (2). Meme remarque pour la defense de posseder des biens en dehors de la region a laquelle chacun appartenait. Toutes les villes durent s'en trouver immediateraent appauvries, mais Pella plus que toutes les autres. Nulle part, en effet, il n'y avait plus d'anciennes families et de families riches que dans la capitale. EUes perdaient ainsi une des meilleures parties de leurs revenus. C'etaitlapourles particuliers, et par consequent pour les villes memes, une cause de ruine (3). La suppression du commerce du sel atteignait(WlaBottiee touten- (1) « Melalla quoque auri atque argenli non exerceri. » T.Liv., XLV, 19. (2) Plut. in .^mil. (3) « Neque connubium ne que conimercium agrorum aedificiorumque inter se placerc cuiquam intra fines suae regionis esse. » T. Liv., id. (4) « El sale invecto uti vetuit. » Id., ib. Archiv. des Miss. viii. 14 — 202 — tiere. Les embouchures de ses Irois fleuves ne formaient, a vrai dire, qu'un vasle marais : de tout temps elle avait eu des salines le long de la cote. Aujourdliui encore, lorsqu'on traverse legolfe pour aller de Salonique a Kalerini, on voit de grands amas de sel sur le rivage. En vain, on lui permit par exception de faire le commerce avec les habitants de la quatrieme region, et d'avoir des entrep6ts a Stoboi. Ce privilege, qu'on ne lui accordait que parce que les Peoeniens habitaient dans I'interieur des terres, ne conipensait pas les pertes qu'elle devait subir d'un autre cote (1). Quant au decret qui exilait a Rome les principaux citoyens de la Macedoine, il suffit de se rappeier les noms les plus marquants des deux derniers regnes pour comprendre tout le mal qu'il fit a I'Ema- thie et h la Bottiee. Criton de Berrhoea avait ete envoye en 215 au- pres d'Annibal; Aputeus de Berrhoea, aupres de Gentius en 169; Cnopias d'Aloros avait leve des troupes et fait fabriquer des amies en Egypte.Tous trois, s'ils vivaient encore, et avec euxleurs enfants, tombaient sousle coupdu decret senatorial : « Eliam qui in minimis legationibus fuerant. i> Antiphile d'Edessa, Medon et Hippias, tous deux de Berrhoea, avaient joue un grand role dans lesdernieres cam- pagnes : ils avaient commande, le premier 3,000 cetrati, le second un corps de Cretois, le dernier les vingt mille homines qui compo- saientla phalange mac^donienne, « cetle bete monstrueuse herissee de piques et renversant tout devant elle. » lis etaient de plus les principaux amis de Persee : principes amicorum comme dit Tite- Live. A tous ces titres, ils devaient etre inscrits sur la liste des exiles : regis amici, jn-cefectinavium et prcesidiormn (2). Toutes les villes perdirent leurs meilleurs citoyens. Mais remar- quons-le ici encore, c'est a Pella que la loi dut se faire sentir de la maniere la plus cruelle. Les Romains n'avaient rien oubhd; aniisdu roi, gardes du palais, chefs de corps de troupes, commandants de navires ou de garnisons, citoyens riches, fonclionnaires de tout rang et detoute espece ; personne n'etait epargn^. Avec de pareilles listes de proscription, car il y avait peine de mort pour ceux qui n'obeis- saient pas, que devail-il raster a la capitale, k la ville oil etaient le tr^sor, la cour, la garde attach^e a la personne du prince, les haras, (i) u Permisit Dardanis salerti ex Macedonia mercari : quern ul fncilius Dardani habere possenl, imperavit tenia? region!, iibi nimiruni maxima salis copia eral, ut Stobos deveherent. » XLY, 29. (2) T. Liv. pass. — 203 — eons les etablissements fond^s par la royaute ? Tite-Live a beau nous dire que ces exiles n'etaient en general que de mauvaiscitoyens, sans patriotisms, sans amour pour les lois et pour la liberte, toujours prets a s'humilier devant un maiLre, pourvu qu'ils pussent oppriraer leurs egaux , ce teraoignage de la part d'un ennemi est tout au moins sus- pect. Nous connaissons quelques-uns des Grecs proscrits de leur patrie comme partisans de Persee : ils ne comptaient, a coup sur, ni parmi les moins eclaires, ni parmi les moins devoues aux interets de la Grece. 11 en fut de meme a Pella , et Tancienue capitale de la Macedoine souffrit plus de I'exil de tant de citoyens que de la ruine de son industrie et de la perte de ses richesses. Une fois a Rome, ils ne devaient plus revenir dans leur patrie ; sur les mille individus de- signes dans les Etats grecs pour aller vivre en Italie, trois cents seu- lement purent revoir le sol natal apres dix-sept annees d'exil. Si les Grecs furent traites avec tant de rigueur, que ne dut-on pas faire a ces Macedoniens qui avaient combattu quatre annees avant d'etre reduits? Le senat n'avait qu'un but : detruire a tout jamais la royaute raacedonienne. C'est dans Pella qu'il s'attacha a la frapper. Elle restait, il est vrai, la capitale d'un district ; mais deja elle devait laisser a Thessalonique ou a Amphipolis I'honneur d'etre le lieu de reunion du conseil general des Macedoniens. C'etait dans la derniere de ces villes que Paul-Emile avait re(ju les arabassadeurs des diffe- rentes provinces, donne des jeux et des fetes, proclame le decret du senat et les lois portees par les dix commissaires. Pella etait une cite suspecte et qu'il fallait amoindrir. Sa decadence ne devait etre que trop rapide : encore un siecle, et Berrhoea, Edessa seront plus considerables que I'ancienne patrie de Pbilippe et d'Alexandre. Elles profiteronl loutes deux de ce que I'autre aura perdu. La plains de I'Emathie etait trop riche, en effet, pour ne pas compter a toules les epoques quelque cite florissante; et cela devait arriver surtout le jour oil des lois moins severes feraient disparaitre les entraves apportees au commerce, a la liberte des communications entre les habitants des quatre regions. Malgre le malheur du temps, la population de ces belles campa- gnes n'avait pas diminue. Elle se composait seulement d'elements moins homogenes. A cote des belliqueux Botlieens dont parle Tite- Live (1), on trouvait deja desThraces, des Dardaniens,deslllyrienset (1) « Terlia regio nobiles urbes Edessam et Bcrpeam cl Pellam liahet, « et Vettiorum (BoUiaeorum) bellicosam gontem : incolas quoque fer- « multos Gallos et Jllyrios, iwpigros cultores, » XLV, 30. — 20. 'i - des Gaulois (1). Deux inscriptions decouvertes sur I'emplacement de I'ancienne Scydra, et qui remontent aux premiers siecles de I'em- pire, nous donnent les deux noms bien caracterisUques de Dardanus et de Cotys. 11 y avait done a cette epoque des Dardaniens et des Thraces a Scydra : nul doute que ces populations ne fussent ela- blies depuis longteraps dans I'Emathie. 11 suffit, pour s'en convain- cre, de se rappeler que sous le regne de Philippe 111 des classes d'individus tout entieres etaientexilees de certaines villes el rempla- cees par des Thraces, par desbarbares dans lesquels le roi avait plus de confiance. Quant aux Illyriens et aux Gaulois, ils sont menlion- n^s expressement par Tite-Live , « Incolas quoque pernuiltos Gallos et lUyrios. » Longlemps errants, longtemps divises en bandes de pillards, les Gaulois avaient fini par se fixer dans les villes, dans les villages. Philippe III en avait (§tabli un certain nombre a Thes- salonique : aussi le pays a-t-il conserve un temoignage incontes- table de leur passage et de leurs etablissements dans tons ces districts, c'est le nom de Gallico donne a I'Echidorus. C'est dans Nicephore de Bryenne (fin du onzieme siecle) qu'on le trouve pour la premiere fois; mais les termes dont il se sert prouvent qu'il 6tait connu depuis longtemps des habitants de ces contrees. Une fois attaches au sol, ces Barbares devenaient de bons labou- reurs. Lorsque Tite-Live veut caracteriser chacune des regions de la Macedoine, il parle des productions de toute espece du premier district, de ses mines, de son port d'Amphipolis : dans le second i! signale les villes si celebres de Thessalonique et de Cassandria, la Pallene et ses ports tournes vers I'ile d'Eubee et vers FHellespont. Arrive au troisieme, il insiste particulierement sur sa forte popula- tion agricole. C'est la, en effet, ce qui ne lui manqua jamais, grAce a la fertility de son sol. Ses troupeaux, ses chevaux, ses moissons : voila quelles furent toujours ses principales richesses. On sait toute I'importance des haras I'oyaux de la Bottiee, les ef- forts des rois de Macedoine pour se creer une cavalerie nombreuse, le grand nombre de juments et d'etalons qu'ils nourrissaient dans les prairies du Borboros. Grace a eux Pella devint bientot le centre d'un commerce de cbevaux considerable. Les marchands de la Bottiee etaient les plus celebres en ce genre de toute Panticjuite ; leurs relations s'etendaient dans toutes les parties de la Grece, dans le Peloponnese, dans I'Arcadie. Un texte de Plaute nous le prouve (2) : Meminislis asinos Arcadicos mercalori Pellico Nostrum vendere alricnsem. (1) Voir plus haul. (2) Plaut., Asin., II, 2, 68. - 205 — Ce genre de commerce ne tomba pas lorqu'il n'y eut plus de royaume de Macedoine ni par consequent de haras a fournir. il s'e- tendit au conlraire en profilant des creations des rois. Un texte de Lucien nous les raontre plus florissaals que jamais a Berrosa, au se- cond siecle de I'empire (1). L'agricullure dut profiler, a I'epoque oij nous sommes arrive, d'une mesure prise par le senat. Tite-Live nous dit qu'on renonga a affermer les domaines royaux, parce qu'on ne pouvait le faire sans I'interraediaire des publicains, et que la ou elaient les publi- cains, il n'y avail plus ni droit public ni liberie (2). II faul done croire qu'on les donna ou qu'on les vendit, car le senat ne pouvait vouloir qu'ils reslassenl inculles et deserts. Cette concession devait €tre d'une grande importance pour les habitants de I'Emathie et de la Boltiee, car les rois avaient des domaines considerables dans les deux districts, dans la Bottiee ou etaient leurs haras, dans I'E- malhie oi!i etail leur ancienne capitale. Alexandre avail ete eleve a Mieza, et Ton y montrait les allees ou il s'etait promene avec son maitre Aristote. Cassandre, apres la nomination de Polysperchon comme regent, s'etait retire quelque temps dans ses terres pres de Pella. Ptoleraee, le fils naturel d'Amyntas, avail de grandes posses- sions autour d'Aloros. Vingt ans plus lard le senat revenait sur sa premiere decision. En reduisant la Macedoine en province romaine, il repril les domaines de Philippe et de Persee, et les fit affermer par les censeurs. lis formerent, avec les terres des rois de Pergame, de Bilhynie, de Gyrene el de Chypre, et les territoires confisques lors de la conquele, I'ensemble du patrimoine public. V. — Emathie et Bottiee depuis le partage de la Macedoine en qua- tre districts jusipi a Vavenement d'Auguste (167-28). Le nouvel etat de choses laissait bien des mecontents dans les quatre districts : ces liberies municipales memes qu'on accordait a un peuple habitue au gouvernement des rois n'etaienl qu'une cause de divisions et de troubles. Aussi Andriscus trouva-t-il parlout des partisans. Toutes lesvilles, sans en excepter Pella, reconnurent son autorile. Ce qui prouve bien qu'il elait maitre de I'Emathie et de la Boltiee, c'est qu'il songeail deja a envahir la Thessalie, lors- que Ics Remains arriverent. (i) Luc. Luc. sive Asin. (2) « Localiones praediorum rusticorum toll! placebal. » XLV, 18- — 206 — La defaile d'Andriscus aniena la reduction de la Macedoine en province romaine (149/ (1). D^sormais elle devait etre gouvernee par des proconsuls. La division en quatre districts resta, seulement il n'y avait plus de raison pour interdire aux habitants de chacun d'eux de communiquer librement les uns avec les autres. Plusieurs lextes de Ciceron prouvent ce que nous disions tout a I'heure, qu'on re- prit et qu'on afferma des lors, au profit du peuple romain, les do- maines de Persee et de Philippe (2). En Grece on detruisit les fortifica- tions de toutes les villes qui avaient combattu contre les Romains. En fut-il de meme en Macedoine? Est-ce a cette epoque que Pella perdit ses remparts? Tout porte a le croire : car nous savons d'autre part qii'apres la bataille de Pydna on ne detruisit que les murs de Demetrias. Ce qui est certain, c'est qu'elle dut fournir alors a I'eclat d'un nouveau triomphe. Si Diurn se vit enlever par Metellus les vingt-cinq cavaliers en bronze que lui avait donnes Alexandre, ni iEgt§es, ni Pella ne durent etre davantage respectees. A partir de cette epoque, la Macedoine fut traversee par la via Egnatia dont les points principaux entre I'Haliacraon et I'Axius etalent Edessa, Cyrrhos, Pella et le pont de I'Axius (5) . Ciceron I'appelle une province fidele et aniie du peuple romain [h). Elle merita cet eloge, malgre le peu de resistance qu'elle opposa au fils de Mithridate, Arcathias, malgre les exactions de ses proconsuls et I'abandon dans lequel on la laissait trop souvent au milieu des invasions des Thraces. Ce double fleau devint intolerable pour elle. Pendant le gouverne- ment de L. Calpurnius Piso, le beau-pere de Cesar, les Barbares s'avancerent jusqu'a Thessalonique ; pendant ce temps le procon- sul ne songeait qu'a pressurer les provinces, et iniposait toutes les denrees, meme dans les villes exemptes d'impots. Ciceron nous le montre dans son discours sur les provinces consulaires, allant de Thessalonique a Berroea, au milieu des plaintes et des reclamations generales, sejournant dans cette derniere ville, et s'emportant a de nouveaux exces contre ses habitants (5). Ce qui interesserait, ce qu'on voudrait surtout connaltre a cette epoque, c'est I'etat interieur de la province, la condition des villes , le nombre de celles qui etaientlibres, de celles qui etaient tributaires ; (1) « Macedoniam servitutc mulctavit. » Ann. flor., XIV, 5. (2) Cic. de lig. Agr., II, 19. (3) Slrab., Yll, :^22. — Ilin. Aut. — Itin. Ilierosol. — Tab. Peut. (4) Cic. pro Mar. Font., XIX. (.■S) Cic. in Calp. Pis., XXXV. ~ 207 — rnais sur ce point les details manquent. Ciceron parle bien de viUes macedoiiiennesexeraptes d'imp6ts(l), maisil ne les nomme pas. Cesar dit, dans son livre sur la guerre civile, qu'il y avail une partie de la province appelee Macedoinelibre(2).C'elait,ace qu'il senible.laqua- trieme Macedoine de Paul-Eniile ; mais il se borne a cette indication rapide. Le troisieme district est celui sur lequel on a encore le moins de renseignements. On a relrouve des medailles de la premiere, de la seconde, de la quatrieme Macedoine : on n'en a point de la region entre la Penee et I'Axius. Suivant toiite vraiserablance, elle ne dut frapper qu'un petit nombre de monnaies : elle n'avait pas de mines comme Aniphipolis ou Thessalonique, el pouvait, d'ailleurs, se ser- vir des monnaies des districts voisins. Les factions qui agitaient Rome avaient souvent amene en Mace- doine d'illustres exiles. En 58, Ciceron avait passe par la via Ecjnalia, par Edessa etpar Pella, pour se rendie a Thessalonique. L'affranchi Phaeton elait venu le rejoindre a Pella (3). Dans la guerre civile entre Cesar et Pompee (48), ce fut le gouver- nement tout entier qui se transporta a Thessalonique pendant que i'armee de Pompee campait, comme autrefois celle de Xerxes, sur les bords de la nier, entre I'Haliacmon et I'Axius. Le quartier general de Pompee etaita Berrosa : il y sejourna longtemps pourexercer et pour aguerrir ses soldats [h) : » Sa cavalerie etait la fleur de Rome et de I'l- (( talie ; c'etaient sept mille chevaliers, tous distingues par leur nais- « sance et leurs richesses, autant que par leur courage. Son infan- « terie, formee de soldats ramasses de toutes parts, avait besoin (I d'etre disciplines; il la fit manoeuvrer sans relache pendant son <' sejour aBerroea; lui-meme toujoursen activite, ilse livrail, comme « un homme dans toute la vigueur de I'age, aux memes exercices <( que les soldats. Chaque jour arrivaient a son camp des rois et « des princes de toute nation , et les capitaines romains qui entou- « raient Pompee etaient en si grand nombre qu'on eiit dit un senal '< complet. Labienus lui-meme y vint, apres avoir abandonne Cesar (( dont il etait I'ami intime. Brutus, le fils du Brutus egorge dans la « Gaule, homme d'un grand courage et qui, jusque-la, n'avait ja- (c mais voulu parler a Pompee, ni meme le saluer, parce qu'il le re- « gardait comme le meurtrier de son pere, ne vit plus alors en lui (1) Cic. in Calp. Pis., XXXVI. (2) Ccfis. lie Bel. civ., Ill, 3-4. (3) Cic, Epist. ad All., Ill, 8. (4) riul., Pomp,, XLIV. — 208 — -I que Ic defenseur de la liberie de Rome, et alia se ranger sous ses t( ordres. Ciceron meme, qui avail donne des conseils tout opposes « a ceux qu'on suivait, eut honle neanmoins de n'etre pas du nom- « bre de ceux qui s'exposaientpourla patrie. Tidius Sextius, homnie De deuxchoses I'une, ou Justin s'est borne a abreger Trogue-Pompee, ou ces mots « leges (( quibus adhuc utitur » sont une reflexion personnelle. Dans le pre- mier cas, ce serait sous le regne d'Auguste meme ; dans le second , a I'epoque des Antonins tout au moins que la Macedoine se serait gouvernee par ses propres lois et aurait joui de sa liberte. La pre- miere supposition s'accorde avec les conjectures que nous avons faites plus hautet nous parait la plus vraisemblable. Cesnouveaux privileges ne mettaient pas les villes de la Macedoine a I'abri des exactions des proconsuls. Le fardeau etait dcvenu tene- ment lourd pour elles que leurs plaintes furent entendues a Rome. En Tan xv, Tibere declara la Macedoine province imperiale, et c'esi (\) Strab., Vn. 330. (2) Pliiic, IV, 10. (3) Plol., Ill, 13. (4) Just., XXX, 2. - 215 — comme telle que Strabon la mentionne dans son ouvrage. Trenteans plus tard, Claude la rendil au senat {kh ap. J.-C.) (1). Strabon, Pline etPtolemee ne nous parlentpas deCitium. Peut-etre changea-t-elle de nom a cette epoque. Leake croit reconnaitre dans le nom actuel de Niausta (Gniausta, Niaghusta) une corruption de v£a auyouffxa. II y a, en effet, une certaine resseinblance entre ce mot et celui d'Aoste (Aouste) par exemple, qui n'est autre que le mot Augusta altere (Augusta Pretoria ou Augusta Salassiorum). Si Ton admet cette explication, il faut faire remonter cechangement de nom au regne d'Auguste. Nous retrouvons dans George I'Acropolite et dans Ephroemius les noms de NsuaxaTroXtc; et de NauTi^aTcoXt? : mais, quoi qu'en pense a ce sujet M. Tafel, il suffit d'un peu d'attention pour reconnaitre qu'il ne s'agit pas la de la Niausta actuelle, mais d'une ville beaucoup plus au nord. Grace h sa position sur la via Egnatia, Cyrrhosconserva sousl'em- pire remain une certaine importance. Ses fortifications furent rele- vees des le temps de Ciceron, a ce qu'il semble. Souvent abattues, souvent reconstruites depuis, elles furent reparees en dernier lieu sous le regne de Justinien (2). Nous connaissons deja les inscriptions trouvees sur Templacement de Tancienne Scydra. Elles se rapportent au deuxieme, au troizieme siecle, et meme a I'dpoque chretienne. La beaute du marbre sur lequel elles se trouvent, le soin avec lequel elles sont gravees, les details qu'elles nous donnent sur I'affranchissement des esclaves, sur le culte de Diane Gazoritis et d'Hercule dans cette ville, sur sa population composee en partie de Thraces et de Dardaniens, tout nous indique que Scydra etait assez florissante pendant les quatre premiers siecles de ['empire. Edessa, I'ancienne capitale macedonienne, fut plus heureuse que Fella. Sa position exceptionnelle lapreserva toujours d'une decadence complete etlui donna, a toules les epoques, Timportance d'une cite. Nous avons des medailles de cette ville depuis Augustejusqu'a Tran- quillina (2/(l) : elles sont en bronze, comme toujours, et portent d'un cote I'effigie d'un empereur avec la legende EDEIiAIHN, de I'autre I'image de Rome personnifiee, assise sur les depouilles, te- nant de la main gauche une corne d'abondance, couronnee par une femme qui se tient en arriere. Sous Tibere, Edessa frappa d'autres (1) Tac, Anil., I, 76. — Suet., Claude, xxv. (2) Loc. cit — 2t6 — monnaies en I'honneur de Julie, mere de I'empereur : on y voit la tete de Julie avec ces mots : SEBASTH EAEISAIilN, et au revers celle de Tibere meme avec la legendc TI KAIIAP I:EBA2:T02. Quelques antiqaaires ont attribue ces medailles a Edessa de M^so- potamie. Mais, comme le remarque Eckhel, cette derniere ville eut jusqu'a Caracalla des rois particuliers nomm^s Abgari. Ces rois chas- ses, elle dcvint colonie romaine et en porta le titre sur ses monnaies. II est done impossible de se meprendre. Rien d'etonnant, d'ailleurs, a voir les Edessoeens de la Macedoine frapper un certain nombre de monnaies a cetteepoque. Leur ville commandaitun des passages les plus importants, de la via Egnatia : elle marquait une des etapes prin- cipales de ces armees qui traversaient sans cesse la Macedoine pour aller en Thrace ou en Orient. Elle etait I'intermediaire necessaire du commerce qui se faisait par terre entre Dyrrachium, Thessalonique et Byzance. Un texte de Cameniata atteste qu'au dixieme siecle il y avait un echange continuel de marchandises entre ces divers points. Sans descendre jusqu'a cette epoque, une inscription sepul- crale tres-curieuse et qui parait appartenir au troisieme ou au qua- trieme siecle apres Jesus-Christ, nous fournit la preuve des rapports qui existaient entre les habitants d'Edessa et ceux de Dyrrachium. Void cette inscription : Kautpixtov [XE iXi7tTrov eGa'^Ev ejj.ov Tidatv aXXa xpocpEiwv (jivyiaG£ii; ajxcpoxEpoii; xui;l6ov £yw(T£v £va. '()? xov £ji.bv Ttapa xu[jl6ov ayEi?, Tixov tcrOi '.Xi'7nrou Ttaxpo? 'EStuffaTov TtaToot \xe. xai Mapia;* n«xpti; |X£V |xoi "ESejcoc xo S' ouvojxa KXauSi'a Epa'^rxr)- xtTfxai S' IvOaS' Eyw iAirrnoNETYivBEYie ntitos yi o^ ElONIOVrFAArOy I ANXI KATA\l\\ nnONEOAl-eNEMONKIl NA"A*TPOt Jin N MNHj:o5irAMff>oTEPoiz: T]<^o^EXIiC et^NA aTor€MONn*PATfiBONArEi zti ton I C$1 oiAianoY n AfPOI EifcZXAIONnAIAAMEKAl MAPlAC HATPlZ NEAMOlE/>e 2 j:a tOAo1^ OM* K^AYAl * (p AnTH Kg IMA IAIN OA^ TACYWrAM (Jqy I*Ti TqY Quellequefiitla prosperile d'Edessa pendant les premiers siecles de I'empire romain, Berrhoea n'en etaitpas moinsla ville la plus riclie et la plus importante de la plaitie entre I'Haliacmon et I'Axius. Sa population etait nombreuse, [/.syaXviv xa TioXuavSptoirov Tto'Atv, dit en parlant d'elle Lucien. Elle se composait de Grecs , de Romains , de Gaulois, d'lllyriens, de Dardaniens, de Thraces et meme de Juifs. Nous avons deja vu qu'un grand nombre debarbares s'etaient fixes dans I'ancienne Emathie. Une inscription du siecle d'Auguste nous parle des Romains etablis a Berrhcea et y possedant des fonds de terre : oi iy.zxx-i]id\)oi 'PoiiJ-aioi. C'etaient sans doute ici comme ailleurs des marchands, des colons rebelles transportes de I'ltalie dans les villes transmarines, des veterans licencies par les generaux, et qui etaient restes dans le pays. Quant aux juifs, les Actes des apotres nous prouventqu'il y en aVait a Berrhrea comme dans les villes voisines de la Macedoine. A Thessalonique, lis formaient une partie assez nombreuse de la population, ils exergaient librement leur re- ligion et avaient une synagogue. A Philippes, ils avaient leurs edi- fices sacres hors des murs. 11 en etait de meme a Berrhoea. Le quar- tier des juifs et leur synagogue sent aujourd'hui encore dans un des Akchiv. des Miss. vni. 15 — 218 _ faubourgs dela ville, hors de 1 enceinte des anciennes murailles. Get etat de choses remonteaux premiers temps de I'empire remain. Berhrcea se gouvernait par ses propres lois, sa constitution etait democratique, comme celle de Thessalonique (1). Dans cette derniere ville, c'est devant le peuple que les ennemis de Paul voulaient ie conduire. A Berrhrea aussi , les juifs de Thessalonique , venus pour susciter des persecutions a I'apotre, s'adressent a la foule : TapaauovTc? Tob? oj^Xou?. Les Actes des apotres appellent les magistrals de Thes- salonique TroXEiTap/ouvTE? : ils etaient au nombre de six et avaient en main le principal pouvoir. Les inscriptions de Berrhoea ne mention- nent pas ce nom. On y voil tantot la ville des Berrhocens, •?) iroXt; xwv Bcppoidcwv, comprenant I'ensemble des differents ordres, tantot le se- nat et le peuple, f, ^ouk-ri xai 6 S-Tjao?, tantot eniin le senat et les jeu- nes gens r, ^oult] y.a\ oi vsoi : ce qui tendrait a faire croire qu'on re- trouvait a Berrhoea les qualre ordres de Dion Chrysostome : <( Ouy w? irpwiriv /copi; viv 6 oyjij-o; , xal X^'^P"' '^t fiou^^'l , J^oti vov ext « xa6' eauTOu? oi yepovTs; St& to cuaaepov exixittwv oyiXovoti (ixottouv- II T(i)v I'va fap ^V |3ou)vViv a'^to, xai tov ovjaov xai tou; \iio\jq xat xou? A moins toutefois qu'a Berrhoea le senat ne se confonditavec les vieillards. Les inscriptions parlent encore du pontife lepsu?, du gymnasiarque et de I'agonothete. L'tspeu? etait nomnie a vie et non annuel, ce qui prouve qu'il ne donnait pas son nom a I'annee. Dans les offrandes religieuses on mentionnait le nom du pontife pendant la vie duquel elles avaient ete faites. Dans certaines villes il y avait un magistral nomme 6 liri,u.£XviTy); T^; ':ro)>£t»ji;. L'unedes inscriptions de Berrhoea se termine par ces mots : St' l7tiu£Xr,TouTt. KAauolou EuXatou. Cependant il ne parait pas ici qu'il s'agisse d'un magistral, ot' ETriasV/ixoy signifie simplement par les soins de.... comme ImixeXyiOs'vxo; qu'on rencontre souvent : V. Fc- hhel IV. 220. Corp. inscript. 2007 (2). On sait I'habitude qu'avaient les villes des provinces de prendre pour patron quelque personnage influent deRome. Berrhoea n'y man- qua pas; le patron qu'elle choisit etait un des hommes les plus considerables de rempire, et son intervention, sous Tibere, ne con- tribua pas peu sans doute a faire exaucer les voeux des cites mace- ID Aci. Apost., XVIL (2) Voir les inscriptions a la fin du Mdmoirc. ■ 219 — "doniennes. Dans la mosquee d'Ortha-Djami {ij-eco-ZauX) on lit sur im socle de piedestal en marbre : AEVKlONKAAnOPMO^VniiiiNA AN0VnATONBEPOIAOIKAIOIENKEKTHMENOI PiiMAIOITONEAYTQNnATPaNA (1 ) Sur le dessLis du socle, on voit encore deux trous de scellement et la trace d'un pied : il ne saurait done y avoir de doute, il s'agit d'une statue elevee par les BerrhcEens et par les Romaias etablis dans la ville a L. Calp. Pison, leur patron. Nous connaissons surtout deux L. Calp. Pison, I'un celebre par ses depredations et ses rapines a Berrhcea memo ou Ciceron nous le montre, s'abandonnant. sans pudeur a sa cupidite : I'autre, fds du premier, envoys par Auguste en Macedoine, et dont Velleius Pater- culus, Seneque et Tacite s'accordent a nous vanler les grandes qua- iites: doux el ferme tout a la fois, ami du repos, mais d'une activite infatigable au milieu des affaires ; sa principale gloire ne fut pas tant d'avoir dompte les Thraces que d'avoir su exercer longtemps la charge de prefet de Rome sans exciter la haine ou I'envie. Ce second Calp. Pison avait ete proconsul en Macedoine, tandis que son pere n'avait que le titre de preteur. C'est done bien a lui, a ce qu'il semble, que les habitants de Berrhoea rendaient honneur. Le pa- tron des Berrhoeens elait done bien le favori d'Auguste et de Tibere, le pacificateur de la Thrace et de la Macedoine, honore du triomphe pour ses succes pendant trois annees consecutives, proconsul, pre- fet de Rome, pontile, allie a la famille des Jules. C'est a son etat prospure et a sa population nombreuse que Ber- rhoea dut d'etre visite par I'apotre Paul en I'an 53, apres Philippes, Araphipolis, Apollonie et Thessalonique : (( Mais les juifs rebelles chercherent Paul et Silas pour les con- « duire devant le peuple (2) . (( Et d'abord les freres mirent de nuit, hors de la ville (Thessa- u lonique), Paul et Silas pour qu'ils allassent a Berrhoea, oii, etant <( arrives, ils entrerent dans la synagogue des juifs. (( Or ceux-ci furent plus genereuxqiie les juifs de Thessalonique, <( car ils regurent la parole avec toute promptitude, examinant tous (1) L'inscriplion porlo EATON. (2) Act. Aposl.. XVII, 10, d9, q. — 220 — (I les jours les dcritures pour savoir si les choses 6taient telles qu'on « leur disait. « Plusieurs done d'enlre eux crurent, et des femmcs grecques de « distinction, et des honimes aussi en assez grand nombre. « Maisquand lesjuifsde Tliessaloniqiie surent que la parole de « Dieu 6tait ainsi annoncee par Paul a Berrhcea, ils y vinrent et emu- « rent le peuple. « Mais alors les freres firent aussitot sortir Paul hors de la « ville, pour aller vers la mer : mais Silas et Timothee demeu- <( rerent encore la. » L'eglise de Behrroea etait fondee : Paul revint plusieurs fois en Ma- cedoine, et ce qui prouve qu'il sejourna encore dans cette ville, c'est qu'il emmena en Asie, apres son second voyage, le Berrhoeen Sopa- tros, fds de Pyrrhus. Thessnlonique a conserve un monument du passage de I'apotre : c'est un grand bloc quadrangulaire devert an- tique avec de pelites marches taillees dans son epaisseur, sur le- quel on pretend que saint Paul a preche, A Berrhoea, c'est le nom donne a l'eglise mt§tropolitaine qui rappelle ses predications et son sejour dans la ville. Elle est dediee aux saints apotres, comme celle de Pella, et s'elevait autrefois sur Templaceraent de la mosquee ac- tuelle du grand seigneur (Unkiar-Djami). Les regnes de Vespasien, de Titus, de Nerva etde Trajan, parais- sent avoir ete particulierement favorables a Berrhoea. De nouveaux privileges furent pour elle la recompense de I'imporlance qu'elle avait prise en Macedoine. Un premier fragment d'inscription nous montre que la ville rendit des honneurs particuliers a Titus, fds de Vespasien, en memoire sans doute de quelque bienfait qne lui avait accorde ce prince : on y lit encore : TIT£;iKAlEA 0€ 0YOY=£ jri/^' \'X'^PAT€Y0^J©<~I<1 Un second fragment, dont les lettres sont moins grandes, moins fleuries et moins soignees, semble etre un docret de Trajan en fa- veur des Berrhceens : /PA I A Uhmapxi [iTONBEPOi m IM n POLO \ UtaTTEP' ] lOI TAK«I .' eAN nreiA. M. Cousinery remarque que les attributs de la premiere de ces medailles rappellent ceux des monnaies berrhoeennes, la table et les urnes des jeux avec des rameaux; il observe que la date EOC d'une part, refligie de I'empereur de I'autre, nous reportent au meme re- gne. II se preoccupe surtout dela leltre B qu'il netrouve sur aucune autre m^daille de Thessnlonique ou des villes voisines, et la rappro- chant du mot BEPAlilN que nous avons vu tout a I'heure, il arrive a croire qu'elle designe egalement la ville de Berrhcea. En resume, il suppose que Philippe vint a Berrhcea apres son expedition centre les Carpiens, qu'il y sejourna quelque temps avec son armee, qu'on y celebraen son honneur des fetes et des jeux pythiens, que la ville en conserva le souvenir sur ces medailles, et que les habitants de Thes- salonique qui, en leur qualite de metropolitains, y avaient concouru plus que personne, frapperent a I'effigie de Philippe des monnaies qui rappelaientcesmemesevenements etlelieu ou ilss'etaientpasses. Quoi qu'il en soit, ce qui parait certain c'cst que Philippe s'etablit a Berrhcea avec son armee, et qu'il y presida a la celebration des jeux. — 227 — Une derniere medaille de Berrhoea parait remonter a la mt^me epo-- que : elle est en bronze comma toutes celles dent nous vcnons de parler. Tete d' Alexandre couverte de la peau du lionavecle raotAAESAN- APOT. X. femme demi-nue, assise sur un siege, tournee a gauche, le coude gauche sur le dossier, presentant de la main droite une patere a un serpent dresse devant ellesurun autel : legende : BEPOIE. KOI. MAKEA. Que signifie cette effigied'Hygiee surlesmedaillesdesBerrhoeens? Est-ce une maniere de vanter la salubrity du lieu ? Ou faut-il croire plutot qu'elle y parut a la suite d'une de ces pesles qui desolaient si souvent I'empire romain ? C'est a partir de 253 que commencent les grandes invasions des Goths. Pendant quinze ans, tout d'abord I'lllyrie, la Mecedoine, la Grece furent en proie aux ravages des Barbares. Thessalonique sou- tint un long siege, tatidis que les vaisseaux ennemis infestaient et pillaient les cotes, remontaionl I'Axias, le Lydias, rHaliacmon, et portaient partout la terreur. Vaincus enfin par Claude le Gothique, les Barbares se disperserent dans la Thrace et dans la Macedoine, communiquant aux habitants les germes de la peste qui s'etait mise dans leur armee. Diocletien (28^-305) reorganisa la Macedoine. II la rattacha au diocese d'lllyrie et la divisa en deux parties. La premiere partie, entre le Nestus etle Penee, comprenait trente-deux villes, et avail pourca- pitale Thessalonique; pour gouverneur, unpersonnage consulaire. La seconde partie comprenait la Macedo'ne septentrionale, et Stoboi etait sa capitale. Cette division fut confirmee par Constaniin (306- 327). Aussi voyons-nous en ^Zf9 I'eveque de Berrhoea signer au con- cile d'Ephese : Aouxa? s-KiaxoTto? BEppotc? t^? Trptoxr,!; MaxeSovt'a?. Les litres officiels de I'archeveque de Vodena (ancicnne Edesse) sont aujourd'hui encore : 6 Ttavispwraxoi; xai GeoTtpoSXyiTo; fr/ixpoTToXiT-o? xyji; ayiwraTr)!; ij.r\TfOT.ok£OK BoSe'vwv xat IlxXaSi'-rc/ic, u7:£pTt[j.0(; xat E^ap/^o; MaxESovia? Ttptox/ji;. Hierocles (sixieme siecle), en nous parlant de cette reorganisation de la Macedoine, ajoute une hste des principales villes : Thessalo- nique, Pella, Europos, Dium, Berrhoea, Eordoea, Edessa, Celli, Al- mopia, Doberos, Idomene. Mais cette lisle, que reproduit plus lard Constaniin Porphyrogenele, n'esl qu'une affaire d'erudilion. Pella ne serait pas au second rang, si Ton avail tenu comple de Fetal ac- tiiel de chacune de ces villes. Un fait seul est a noler, c'est le nom d'Alraopia designant la principale villc des Almopes, el rempla^ant, a ce qu'il semble, celui d'Europos. _ 228 — Aux divisions poliliques's'ajoulerent de nouvelles divisions reli- gieuses, lorsque le christianisme fut devenu la foi dominante. Au- jourd'hui la plaine a I'ouest de I'Axiiis se partage entre deux arclie- veclies, ceux de Verria et de Vodena, et deuxeveches, ceux de Kam- pania et du Moglena. Existaient-ils tous dans les ann^es qui siiivirent le regne de Cons- tantin ? Le fait n'est pas impossible par liii-meme, mais nous n'en avons pas de preuves. L'eveche du Moglena n'est mentionne par les auteurs byzantins que du treizifeme au quatorzieme siecle. L'eveche de Campania existait tout au moins avant la fin du neuvieme siecle ; car nous le trouvons dans I'index de Leon le philosophe (886-907). Quant aux sieges de Beroea et d'Edessa, ils furent etablis lors de la constitution meme de I'Eglise orientale. Isidore d'Edessa parut au concile quini-sexte : Gerontius et Lucas de Berrhoea signerent I'un au concile de Sardique en 3^7, I'autre au concile d'Ephese en /|^9; seu- lement ce n'dtaient dans le principe que de simples evfiches depen- dants de Thessalonique. Un siecle ou deux avant la prise de Con- stantinople par les Turcs, ils furent conslitues en archevechds sous la suprematie I'nn du patriarche d'Achrida, I'autre du patriarche de Constantinople. Le^ Goths reparurent plus terribles que jamais sous Valens (364- 379). Pendant que I'empereur etait occupe a combattre les Perses, ils depeuplerent laMacedoine restee sans defense. Quelques villesen petit nombre resislerent derriere leurs murailles, tout le resLe de la contree devint inculte et desert. En 398, Alaric passe successivement de la Thrace dans la Mace- doine, et de la Macedoine dans la Thessalie, ravageant tout ce qui se trouvait sur son passage. Sous Marcien (k5Q-li51), ce sont les Ostrogoths qui pillent a leur tour ces provinces. De leur royaume independant de Naissus ils des- cendent en /j79 jusqu'a Thessalonique, et parviennent a occuper tout le pays entre I'Axius et la Pence. Deux textes importants, I'un de Jornandez, I'autre de Malchus, nous donnent des details sur ce fait. Voici d'abord celui de Jornandez (1) : « Theodomir rex,aniraadvertenstam felicitatemsuam quam etiam « filii, nee hac tamen contentus, egrediens Naisitanam urbem, pau- (( cis ad custodiam derelictis, ipse Thessalonicam petiit, in qua Cla- (( rianus patricius cum exercitu niorabatur. Qui dum viderct se eo- «' rum conatibus resistere non posse, missa legalionc ad Tiieodomir (1) Jorn. clc Rcb. Oct., 36. — 229 — tt iregem^ ab obsidione iirbis eiiiii retorquet. biiloqiie foedere Roma- « nils ductor cum Gothis loca eis jam sponLe quse incolerent tra- (1 didit; idestCeropellas (1. Cyrimi, Pellam), Europam, (1. Europum), <( Medianam, Petinam (1. Pellinam) , Bereum (1. Berrhoeara) et alia quae (( Slum (1. Dium) vocantur. Ubi Gothi cuin rege suo, armis depositis, « composita pace quiescunt. Nee din post liaec et rex Theodomir in <( civitatQ Gerras (1. Cyrrhmn) fatali aegritudine occupatus, vocatis « Gothis, Theodoricum filiinn regni sui designat haeredem, et ipse '( mox rebus humanis excessit (1). » Le recit de Malchus (2) differe de celui de Jornandez. Suivant lui, Theodoric, irrite d'avoir ete battu par les Remains, se dirige vers la Macedoine, mettant tout a feu et a sang, detruit Stoboi et enmassacre la garnison. II arrive bientot devanl Thessalonique ; mais I'empereur Zenon lui envoie une ambassade; et Thdodoric, seduit par ses promesses, depute a son tour quelques-uns des siens a Constanti- nople, pour s'entendre avec Zenon sur la cession de quelque pro- vinces. Cependant il ramene ses troupes en arriere, leur defendant de piller sur la route, traverse I'Axius, passe par Edessa et arrive jusqu'a I'Heracleade Macedoine. Zenon s'etaitdecid6 aluiabandonner !a Pantalie. Taiidis qu'Adamantius, charge par lui de s'entendre avec le roi barbare et de le mettre en possession de cette province, s'ar- rete a Thessalonique, TheodoHc ne reste pasinactif : il se ligue avec Sidimund d'Epire pour la conquete d'Epidamne et du reste du pays ; bientot il s'empare de Lychnidus et de Scampa ; de la, il marche sur Dyrracbiuni qui ne peut lui resister. A cette nouvelle, Adamantius accourt a Edessa avec Philoxenus, montre au gouverneur Sabinianus des lettres de I'empereur qui le norament general et le chargent de pourvoir a toutes les eventualites. Sabinianus ne pouvait attaquer les Barbares parce qu'il n'avait sous sa main qu'un petit nombre de mer- cenaires, et que toutes les troupes regulieres etaient dispersees dans les villes. II donna des ordres pour qu'elles se concentrassent en toute hate sur Edessa, pendant qu'Adamantius envoyait une ambas- sade a Theodoric. Celui-ci revient sur ses pas, et essuie unechec partiel au milieu des montagnes. 11 conclut enfin un traite avec Ze- non qui lui cede une partie de la Dacie et de la Moesie inferieure. Ajoutons a ce double recit un dernier detail. Nic. Basilacesditdans (1) « Item non longe ad supra scriptam Thessalonicam sunt civitates, id est Ceras (I. Cyrrha), Eiiropa (1. Europus), Mediana, Petina, Beroeuni (1. Beroca), Quesium (1. Quseque Dium.) « Ravenn. Ann., IV, 9. (2) Malch. Excerpt, dc legal., 78. — 230 — ses Progymnasmata que Theodoric lit le si^ge d'Edessa, sen rendil maltrc et. en traita fort mal les habitants (1). Ces differents textes sont assez difficilcs a concilicr. Y eul-il deux expeditions bien distinctes, I'une sous Theodomir, I'autre sous Theodoric ? On conQoit en effet que les Barbares aient pu faire plu- sieurs tentatives centre Tliessalonique. Malciuis et Jornandez ne parient-ils. au contraire, que de la niunie expedition, maiden cban- geant seulement le noni du chef? Theodomir etail doja vieux : Theo- doric commandait depuis longtenips les troupes. N'est-ce pas pour cetle raison qu'on a pu attribuer les memes fails tantot au prre, tanlot an fils? Celte derniere supposition est la plus vraisembiable. A quel moment placerons-nous mainlenant ce siege d'Edessa, dont parle Nicephore-Basilaces ? Theodoric arriva par Stoboi, et se dirigea de la vers Thessalonique. La route la plus directe est celle qui debouche en ligne droite sur le haul Axius et qui en longe ensuite les bords eu passant par Idomene et par Gortynia. Si le roi des Ostrogoths la suirit, il laissa Edessa a sa droite, et par consequent ce n'est que lorsqu'il renonga a ses projets sur Thessalonique, lorsqu'il prit la via Egnatia pourse porter sur Heraclee, qu'il put faire le siege d'Edessa. Cette ville ne lui appartenait pas alors, comme toutes celles de la plaine : c'etait d'aiileurs la premiere place forte qu'il rencontrait. Peut-etre lui demanda-t-il, comme a Heraclee, des impositions ex- traordinaires pour la nourriture de ses troupes ? De la des meconten- tements mutuels, et les hostilitcs qui s'ensuivirent. Quoi qu'il en soit, il reste constant qu'a I'epoque de Theodoric, les Barbares occu- paient presque toutes les villes de I'ancienne Emathie et de I'an- cienne Bottiee, Cyrrhos, Pella, Etiropos, Berrhrea. D'apres Jornandez, Cyrrhos aurait ete en quelque sorte la capitale des nouveaux con- querants. Ni lui ni Malchus ne nous disent combien d'annees dura cet etablissement, Mais ce fut tout au moins de 479 a Z|88 : car nous voyons que Zenon fit la paix avec Theodoric , et ce n'est qu'en /|88 que ce dernier, avec I'assentiment de I'empereur, conduisit toute sa nation centre Odoacre, devenu maitre de I'ltalie. Le regno de Zenon marque la fin des grandes invasions gothiques en Thrace et en Macedoine. 11 clot une premiere periode, pendant laquelle I'empire d'Orient conserve encore assez de forces pour ar- reter les projets de conquete des Barbares. En 488, la plaine entre (1) ch. xxn. — 231 — I'Haliacinon eL I'Axius, delivree de Theodoric eL des Oslrogolhs, tUait encore ce qu'elle avail ete jusc;ue-la, un pays grec, dont la majorile des habitants etaienl Grecs. D'autres peoples allaient bientot venir, qui devaient y fonder des etablissements durables, en renouveler presque completement la population, changer les noms de ses villes, de ses rivieres et de ses montagnes. Pendant cette longue decadence de Tempire byzantin, qui ne dura pas moins de neuf siecles, I'an- cienne Bottiee et I'ancienne Emathie furent comme un champ de ba- taille, oil parurent tour a tour les Huns, les Slaves, les Awares, les Bulgares, les Normands, les Francs et les Serbes. Les empereurs !e perdirent souvent ; mais ils purent toujours le reconquerir, et, si Thessalonique resta jusqu'au dernier moment I'un des boulevards de Constantinople, Berrhoea et Edessa marquerent longlemps de leur cote la limite occidentale des Etats byzantins. Edessa ou plutot Vo- dena (comme I'avaient appelee les Bulgares) n'etait plus, a Fepoque de Cantacuzene, qu'un bourg peu considerable, « [j.ixfbv tioakjixoc » ; mais sa forteresse etait presque inexpugnable, grace a ses murs epais, a ses hautes tours, a sa position, qui dominait d'un cote de profonds precipices, de I'autre des marais inabordables formes par les eaux du lac d'Ostrowo. Berrhoea ne cessa jamais d'etre une ville ; ses soixante- douze eglises, ses monasteres nombreux, dont les plus celebres ^taient ceux de Saint- Nicolas et de Saint-Antoine ; I'enceinte de ses murs, rebatis au quatorzieme siecle par le khral de Servie , nous le prouvent assez. Occupee par les Bulgares au dixieme siecle, reprise par Basile le Bulgarochtone, elle eut toujours des cette epoque un gouverneur militaire, « MAKeAONIKOY- ANIKHTOC AAC^ANAPOCHAnA APCJBYOC 2CJnYPoC0YAAePI0y€CTT€P0NC£M€AHC COYAlCKAAAlCTHC KA ■ <|)lA 0M6 NOC CATOPNIANOCH Ae AC(|>IAhtOCc))APICJNOC (|)HAI2NIK0MHAOY ITAPAMONOCKAIIOYAICKAIAKYAACOIIOYAIOY * rAIOCKAlTTAPAMONJOcOirAlOY lOYAlANOCACKHTTA 2. Dans rint^rieur de I'eglise d'Hagios Joannis Theologos : iViENAfMAPOI TTAPtV E N I AM OZ ann1pa meoanaaoy meohnaahi menanapoy — 235 — 3. Dans les jardins de Vodena, aii-dessous du plateau, piedestal d 0.91 centimetres, avec inscription : fAB I O N 'vAMtTATOJKJA \^J< OJiMAAAA€Ae HCONH/aACCOCcI YioicAYranpecBiAiCKAieYXAicni Afr ANTe AOJN npo ABI Ul AIAIUIAH^ 1 PI UITUKY PlWKAlANAPlM^Mt XAPIN KAlAYTHZWrAKAITATEKNA (|)ABlONKOPNHAlONAnEPAI KAI|0Y€lAIOY0NOHA . TlONHClMANnePieTHlHANATldH /^EINOeAPTfAt.lAirAZOJplATAYny EINAOYAHNTHC ^^Mnf^iT/^ t KTPoC E/\E etPAHMCX P — 2k5 — 30. En dehors de I'eglise, centre le mur interieur ArNDTrPA(|)OKUNHC O m) ONVATOCNI KH CTTO CAYKOYCKYAI A I O Y 6 TTl/mTOnAPAM€ 5 € P AC OYANAPOCCKYAPAl A O METAKVPIOY m n 1 O C (KY APAlOYnCAIOM O N0>^ AT INl K HNLJ^H nojkayo4> LjN HM AK6 AONl K H C TI>^HAA0Y IOVKAI22Nf\llA NOY'^YAAlOY^ TYNAIKA Ai^EITiAAEA"T°y TI'KAAYAI^Y EYAAI or — 2k8 — 35. Plaque de marbrc blanc a I'entree d'Orla-Djanii : TONAiABlOY APXIEPEATQN lEBA'TiiNrrf^ N@EThNToYKO K^noniAAION t§:tapyiaaie AQP^EYnopiANo) OPSINOI ^ TON CQTH PA 0 36. Yakareu-Medresse-Djami ; stele en marbie blanc AYPH/UOCUP KA^QNKarp NIANHAYPHAI THrAYKYTAT rYf\J6KIMNe ' ACXAPiNKAKAT 37. Cour du monaslere d'Hagios - Antonios ; piedestal en marbrc blanc : HBOYAKKAloIINEo! K rroTTlAAIONnPOKAONloYNiA NONfTYGaMAToNfryMNAZlAPXON A AEliANTAKAiAOYlANTAAlOAK HKPAITTANAHME I 2^9 — 38. A Tentree de I'eglise d'Hagios-Sleplianos : M AN i B V^ LOCTAVI 0 LFAE MRVP S o r>9. Sainte-Table (ayia xpaTre'Ca) de I'eglise d'Hagios-Georgios : tmmjnw' EIZIAIAOXIA KAlTl-m OA^lToN BnM®ANE0HKAN A°BPoYTTloIArAoO 4)0P0IKAI l-irYivH AYToYEAEYoEPIoN YnEPTHievrATRl MEI AMIIA^EYIA^E NOT'EnilEPEOZAiA BIOY A' BPOYTTiOV iTonAiTi ANOY SJ| Archiv. des Miss. vui. 17 — 250 — l£((riot Ao/i'a xat t); ttoasi tov [iojaov oivsO'/ixofv A. Uoouttio; AYaOoiopo; /.ai r) yuvT) aCiToii 'EXsuOe'ciov Lf::£p tv;; Ouyaxoo; MeiX'/^cia? tvi^aaevot tirl !ep£w? Sia ^I'ou A. BpouTxiou no:TXiTtavou, Cette orthograplie Elcrt?, iSo? est assez rare; le Thesaurus n'en cite qn'un exemple tire d'une inscription de Mitylene : « 'Oxtama Mapxou GuYotriip Eictoi TTEXayiot Euaxdw. » Corp. Inscript. 217/j. L'epithfete de Ao/i'a est une des plus caracleristiques de Diane : « H "Apxeai? aXo/o; ooiot xyjv loyziav £t)>ri'fe. )) Plat. Theaet. p. 1Z|9. B: On la retrouve dans los inscriptions et sur les pierres gravies : (( 'AoiaTOxpaTsia 'ApTsaioi XoydoL xa sjEpyaxioi. » Corp. Inscripl. 1768: u 'ApxEacot Ao/si«. » Pierre gravee avec le baste de Diane. — C'est done le culle d'Isis identifie avec celui de Diane que nous retrouvons chez les habitants de Berrhoea. /,0. Maison turque voisine de Bair-Djanii : MiC AEONTlTCOAAEA(J)W ki. Yakareu-Medress^-Djami; plaque de marbre engagee dans le niur : sur I'un des cotds : 251 — /i2. Yakareu-Medresse-Djami ; au haul du minaret : BQ YN VERRIA. 43. Eglise d'Hagios-Andreas, pres de la porte : APOAEICiON haaea4>h 252 — kli. Vestibule d'Orta-Djami (ucao-^aoii;. — Voir ce que nous avons dit de cette inscription dans notre Memoire. VEPQAN OA'C^nOMZ PHIAfNjAAYTH liTPonoAEoi A°NToITI-INA'^nA NIAIQN^. -^IOYai© OYiToYAPX'EPe^ T^KMAr^NOOE iN©r*1M. 6 A H T£i I A I £i MNHJUIH C rrPO OOHM OPI ANA P I X APIN /»7. Cimeliere des juifs. — Fragments de toute espece : caissons, pic- dcstaux, steles ; fragments d'architraves doriques, ioniques ; toutes les pierres des tombeaux appartiennent aux monuments anciens de Berrhcea. reAAIAZGH rCAAIGJIOAIANCj E N AHM CJTGjANAfl MNIA £ XAPl N A MM INriAPAMONON TONtA I ON AN^PA ANHMHC XAPIN /)9. OYAn I •^ C APKO — '25h — 50. EYTVXOCXPH Cly^ANTHNlAI ANn(N0ePAN>>.NHA4HC XAP'N KAIt AYTON Z CJNTA 51. 52. Z UCIMH4)|A0 AE CnOTlAlTkl ANA PIMNEIAC X A P 1 M noniAMAH PAKAEIA KO iNTCjrro n ia A I CJ n A PAM.0 lU TCoANAPl>KNe I ACXAPIN 53. Dans le miird'une maison, sur la route d'Hagios-INicolaos AlKAMnio^nPcI nAEYPATOY lEPH e ■ OViM OY H . AKAEl.YN HA KM OU. Intdrieur de I'cglise dTIagia-Pliotida KiGAprjAoYr; ANAz:hii. poeoaqpoyaaoaikeyz^ AAZAOAIXON TTAPMENin N PAAY K lOYCJJYAAKAlOZ APAZAOAl XON TAIOZAV r o Y o /AnVAHNAIoZ All T PAro /^YAAOYZorA'-ZTHZ AAKON riAIAEZ nVKT. . AK. . AAKONOIAAEEANAPE I ZAnENHr nroAEM nioA * ■ ■ ■ ■ rTANlKPATiA^TA \ AAEZANAPE. ZEDNIA ENH. ZTPATfiN EL . MAZ€ PMl£iOZ AAEZANAPEYZ.. . Nil Z YOY .noFoYOEZIAAONIKEY NATPNlTPATIiNO^AAEZANAPEYZ | — 256 — Inscription tres-imporlante , mais malheureusement tres-incom- plete : 25 lignes a pea j)res ont disparLi. — Kile se lapporte al'epoque romaine, au temps ou Berrhoea faisait celebrer des jeux en verti! de son titre de metropole ; voir notre Memoire. Ces jeux atliraient un grand nombre d'etrangers et d'habitants des villes voisines, comma on le voit d'apres les noms de patrie designes. 55. Interieur de I'eglise d'Hagios-Joannis-Theologos: lANGMN mc YN XAPIN NAPOAIT t ITC KAT YTOMC PHACOClBCJ KIWXIAIAC 56. Fragment de stele pres de la porte de Palaeo-Foro (^AAV ITHO U N 1 A 1 C*^^ ACXAPIN \ — 257 57. Interieur de I'^glise d'Hagia-Barbara : stele en marbre composee de 2 coinpartiments. Dans le premier, heros nu, a cheval ; arbre et serpent. Dans le deuxieme, au-dessous de I'inscripLion, femme voi- les, genie au milieu, heros nu de I'autre cote : AAK E T HC KAI ARTE MIC TQYI QAAK ETHMNEIACXAPIN XEPE TE riAPOAElTE 58. Meme eglise. — Stele en marbre a vec bas-relief; heros vetii de la timique militaire, tenant d'une main une epee, de I'autre la hache a deux tranchants : rv£lKH4>oPoCEKKTUNe AYToYEAYTujK\EIAC XA PIN 59. M6me eglise : Ak TONAAl PIAOY ON UITA AC I oYf — 258 — 60. Int^rieur de I'eglise d'Exo-Panagia ( "E^to-llavaYia) ITTOAEMAIOY -EPTI MMOY ■fA£N r^NOI -If^TAI POY ' /viENN lAOY • AAYM 0 Y ■ lEYTTlOY • AAOPF. OY riAlAMoNoY . -TinATPOY - AMHTOY TlMlvioY ANTirONOY ■ ■ MOIEOY AMYNTOY - - - -HNOI - - - - AoNO . . . TIXOY . NOY ITNOY 1 NOI . ATTIOY . . . EOY . . HTOY . . NIOY IN TTOAOY . . . . riENOL - - - - AN rFAEVPATOY J ZQITPATIAOV IM OABATOY . MONIMOY A A Y M OY JLAOC„ KA^r/ IOV( AlK' fc AtON liV noAKoYToC TTo7\COI^°a\<5: , noTPA^HPAKAA( TiTlAN«:znOl?f AlOKl'iCAPoPAItf KA°TEPnNOC riATEPCeK5NA£ tA'AYKA PIWN AOYKATIOC nO^KAEAPXOC COJTTJPIXOC '^OCXOCZniAOy (fJIAoPlNl ({)iAOTPAl- lovnpoTorENE AYPHN5: IKAPOC eiKAPOC(})IAaT« AYKO A C UNAA£ZANA°'' I 0Y^( TTTAXPC°^ I OY^e rTA(^PAC I 0Y-' AYCTAC I OY^AYKOC f OY^EPA^n AC I OY' 4jAIAP0C I OY^EYTYXOC I OY" ftapAniak I OY^ YPe INC I OY^KOINTI ANd I OY EniroN OC n^ ^ ACKAH TAC noA\"4)AYcni2N no^ rPY4)0JN riATv Z OJi A ^ UO" AAAOC Ai A C YM.I AXOC no^NflKQN if rTlr.r, v i.jir ./^r— • •2M) — 62 Inlerieur de I'etjlise dllagios-lNicolaos (x^? ayiai; Tpia^ai;) KAIKlAIAnAPAMON AKAlKlAlOYHAPAM- ONOY T OYI Al 0 Y Yiove rroiHCENMNEi Ac X AP I N C3. Interieur de I'eglise d'Hagios-Spirydion EYnPEnHCCEPA nOYNTHN TYNA! KAMNHMH CXAPlfM KAlEAYToNZONTA H PHEC 6/,. Inlerieur de I'eglise d'Hagios-Nicolaos (t^? ayta? Tp laSac) AIKIMIATTAPAIV iOinKPATEITQ 7 XAPIN — 261 — G5. Interieur de I'eglise d'Hagios-Mochios, pres de I'hieron. Voir ce que nous avons (lit cie cette inscription dans notre Me- moire. J L I WN ) I I N X ' I K^TE' I EPi © ! N©9YrAT-IPA/V\MIAMETAT(^TEKN^ KMYA! . A.. K \ \ CnElEPI(^©AMYN ToYEi;\:. . \IN K . AEPO ® T0Y0TO, YA(^EIZIi::VK^(^AYT-EXI^! ^ToTEY/ APArnri©|<^IToEK-OXI 0 lAI oiana) Ilstspiojvo; OuvaxYip 'kij.ij.ir/. azTc/. twv Ts'xvtov KXauoiou risispitovo; 'Aii-uvTou TO uotop EtffocYOUfTa £>c TWV auTTi? yojpt'wv TO T£ uopaytoytov xai to EXTo'ystov tSt'otc ocvakoymGi xaTEff/.cuaffaaa avs- Ovixev. Le mot £XTo-/£tov que nous trouvons ici n'est pas donne par le Thesaurus, mais on en voit la racine extoc, ys'tw, ysw. 66. 4 Interieur de i'eglise d'Hagios-Spirydion : bepoIahn hboyaTTkaTS^ T\ AlO NnTOAEMAlON THNTONIEBAITn N \ IXON — 262 — 67 Interieur de I'eglise d'Hagios-Nicolaos (Tri? ayi'a; Tpiaoa?) : |Au NJoNEANAEllITEAEYTH CA IAIAnENTAKoZlAEIAETIIB°YAH m EI^T°AYPrrP°CTEl Mo N EKToZ INTEOHNAIXAIPETTAPOAEITA 68. Dans le nmr d'une niaison , pres de I'eglise de la Panagia-Dexia (t7)i; nav«YY'«? 0£;ia;) : [KAAYAIABAXX I eT) \vPANNATa """^ y^^C X API N, 69. Interieur de I'eglise d'Hagios-Nicolaos [k xriv [i.viTpd7roXtv) ; KAAYAIOCeYKAPn ...AAUPKKAT MA^OeOIC AN EG H KAN 70. Interieur de I'eglise d'Hagios-Vasilios: HPAKAIANOI TH PAY K Y TATHC YM BICDAiAY MH fVJN6 I ACXAP I N — 2('.3 71. Dans Ihieron de I'eglise d'Hagia-Janna ; voir notre Memoire au sujet lie ce fragment d'inscription : ItitokaTzav ll0£OYOY€ZrT/\ A'X'€PAT€Y0rT©>ei4 72. A I'entree de I'eglise d'Hagia-Kiriotissa : 73. Dans rinterieur de I'eglise de la Resurrection ( XpiuToii r, dvacTaffi;) : Ik. Dans un cimetiere turc sur la route de Verria a Niausta : AHMAPXl ITON-BEPOI HMO ^OKJITPOIO (NTAITEPl vATEONTA J 01 TAkoi EIMOI T6A/1Y ANNIA^niTO NH(|)AABIANOj TCJ IAiCaJ) T 6 KNOJTOJKAI ITAnnOYNI ■(, — 79. Dans la maison crun pappas, pres tie I'eglise des Petits-Anargyres (oiatxpoi 'AvapY^coi) : 80. Dans rinterieur de I'cglise d'Hagios-Diniitrios (6 xpor/o';) ; EMORiA^O/V\/vA C E N Tl c y 81. Dans rinterieur de I'eglise de la Panagia-Phanerom^ni : € N e AN €KY QK i\N\i *IAHPf/AOC ON e TToQ HceNAfcno C YKlH I Y X HC KAi AfTH TATAN AAl>\A.O M 6'C ATTOY Z OH C K. A I GAN ATO Y A W ATTO (TAT 0 C TOYTO Y €rCNHOHN i P-MI OMHM€£eHKerYNH AlUN X A I PoiC nA?OA€ ITA Pres de la porte : — 2G7 — 82. Dans I'interieur de I'eglise d'Hagios-Vlasios : (Vi-MOPlON £^rCN 1 OY 1TP€CBYTeP0V Dans rinterieur de I'eglise ttJ; tlavayia; osci'a; aTtavoj : ^NOAAEKITE I Cj A N M H C NEoCYloCZHNoPlKToVEAE EKASETEAElTNCENETHKh MAPTloYiNMAf e Dans I'interieur de I'eglise Trj? navavia; Tze-piSli^rou -. .>VA H .A\ O P I 0 N etoAoVAOY X e YTPOmO YTTPeCBIl 85. Dans I'interieur de I'eglise de la Panagia-Gourgoupypou : TH COf M APt ACT A <^0 TE PTiAC A € KA> AeONTioy OYfAB €trerPA>^Ac t u> AAeHANAPoc O ^AM BPOC M HC /< 0-^ ewoC TMCf €Pr€CMC AYTHC C/^HTlC AM ^ H To/\| T A aAA 1^ + 87. Dans I'hieron de I'eglise d'Hagia-Paraskevi : * fN XPlcrco KVMS AeiA'^A/yyj'CTPATeY CAMf noVCajtuj reN N f orAToy A PieocicJAA;9 MOytonKA© /),|TM2D TTAA/T AToWrHC iO"<^ ->U.O Y erivAeNORTlCTHl 88. Eglise TV)? ITavaYioc? Ss^ia? airavo), dans la partie rdservre aiix femmes : /KYX.oPoYTriNVTOY KPICTTINOY 2secH>*AA(ooYTAi reAcjN re NO Mero7Tic0e<:>AMireA M <;> w i TM>crrePovc khpoAohAAa\ a c OYN K A/VAI NC ThAHNTPAVAto OZOA\.eNH koypiai h" Putt ecciKeeccoMCNOtcirTveCcr 269 89. ^ 53 ;=; (u o > c a CO o £ m w a c o o c s o c "IS "O .S « t- O" o P3 O I ^ en -— ^ en g C3 en a o « •—• en O C3 <5 o CD) ^ -a >- — ' 5 1 r^ CD s >- I- c^ ^0 Z 3 IZI r-r-i 3 1 ? ^ •)(; (jiETaXaijiSdvco xou d/pdvxou « cou 2wixaxo?, xal xoo xtaicu cou Ai|/.axO(;, xal xpt'y.a laocuxw EaOiw x«l <( TTtVCO. » Verria parait avoir ete tres-florissante du treiziemc au quinzieme siecle ; Cantacuzene dit, a plusieurs reprises, qu'elle etait grande et tres-peuplee ; qu'il ne lui manquait rien de ce qui peut rendre une ville riche et heureuse ; que, parmi ses habitants, on comptait beau- coup de personnages distingues (V. Cantac. 5kh- c. 771. B.'.La tradi- tion rapporte a cesderniersla fondation d'un grand nombre d'eglises. EUeajoute ([ue c'etaient pour la plupart des gens exiles a Verria par les erapereurs byzaiitins. L'inscriplion de I'eglise de la Resurrection semble coniirmer ce fait; elle est d'ailleurs curieuse a plusieurs litres. Ee'vo? H'aXtSa; vcibv Otoy i'lthvi {lytipn) , a'^ioiv I[r,xwv xoiv Tro/vXwy — 27] — tyxX'/i aaTOJv , TTj? ivaffxaaEw; ■/ptaxou ovoi>.a Oi'o'.2va?. Eumpotruvv) guveSvo? (auvEuvoi;) toutov IxTcXvipeT (ey.TrXr,poT). 'Ifftoptovpaifoi; (icxoptoYpacpoi;) ovojAa KaXriepyy]? tou? xaXou; xai xoT[jt.iou; auxaosX oXr); ©sxaXw; apiaxo? ^coypoccpo?- Ilaxptapytxyi yelp xaOtspoT xov vaov £Tit xou fxeyaXou paaiXsoj; 'AvSpovi'xou Koavvivou xou naXatoXoyou £v exst. o) K F La date est facile a rectifier ; les irois chiffres qui restent veulent dire 823; conime les Byzantins avaientl'habitude de compter depuis la naissance du monde, c'est evidemment 0823 qu'il faiit lire : ce qui nous reporte a I'an 1315 de I'ere chretienne, sous Aiidronic II Paleologue. La substitution du mot ©ECfrotXta (BsxaXi'a) au mot MaxsSovi'a, du neuvieme au quinzieme siecle, a ete demontree par M. Tafel, dans sa dissertation sur Thessalonique. Nous en trcuvons ici une nouvelle preuV(/ : oXtj? ©ExaXiot? aptffxo; ^oiypatpoc. Quel pouvait etre ce Psalidas ? II 3' a une famille de ce nom tres- celebre a Jannina. Ce Psalidas appartenait-il a cette ancienne famille ? Je n'ai pu avoir a ce sujot aucun renseignement. La consecration de celle eglise se fit avec une certaine solennite, puisque le patriarche presida a celte ceremonie. De 1313 a 1315, le patriarche de Constantinople etait un certain Niphon, ancien metro- politain de Cyzique, ignorant, avide, ami du faste et de la bonne chere, mais fort verse dans les affaires lemporelles. Est-ce lui que nous retrouvons plus tard, en 1325, avec le titre d'eveque du Mo- glena, parmi les plus intimes conseillers d'Andronic II ? (V. Ca7i- tac. no. B.) Peut-etre etait-il venu a Verria avec I'empereur lui- meme? Les historiens byzantins ne parlent pas de ce fait. Le plan de I'eglise de la Piesurrection est tres-simple. C'est un carre long de 8"' 07 sur 3 87, avec un couloir sur trois de ses cotes. La coupole n'existe plus : elle a ete remplacee par un toit grossier. On voit encore les traces d'une mosaique en raarbre blanc et noir qui decorait I'interieur de I'eglise. Les peintures semblent remonter a I'epoque de la fondation meme. Elles ne font plus I'effet mainte- nant que d'une sorte de badigeonnage tres-large et tres-grossier ; mais I'expression des figures est souvent remarquable et justifie les eloges donnes au peintre. On y retrouve tons les saints en hon- neurdansl'Eglisebyzantine, Hagios Charalambos, Hagios Mercourios avec son arc, ses fleches etson habit persan-, Hagios Tiphon, tenant d'une main une boite, de Tautre une sorte de serpe ; Hagia lerousa- lem, avecun petit enfant devant eilc ; Hagia Salamoni ; Hagia Paras- kevi, tenant la croix d'une main, serrant de I'autre le voile rouge qui enloure sa tete et vient se croiser sur la poitrine ; Hagia Marina, 272 — 3 "^ — -, a o o rt 0) -o OJ o ^ ^ s >i o « ^ ^ ::3 _ , _ r« bo .2 Q ■> '" ^13 . G § 7:; CO O 3 .S 'O W 0 OT ^ •- cc S O 3 pi. Si C" T' CO -^ ►J o '3 CO o CO Vt •- — J CO f ^ ^ ..• =; -a o -^ !- to G -JJ ,- ^:^ S 0 0 S S ^0 0 -c4 (X • 5 ' -o- 3 t CD -c: 5 -\r 0 0 .^ >— ~2 IS z 0 -rt <^ 1 0 NJ" 3: \^ 0 '3 C3- ( (8 V 'Cr f^y^J - ;§ ■^ s .^ s o> CD CO C_J 0 AU» 0 .L5 -0- ' 0 r >- 0. i^ cz> K- IP J2 -0- 1^ "O S 0 x: cii. 0^ 0 sa4 13 m L_ 't: «3 •^ C3 C^ ^1^ t= i -« i^ 2 CD > ■8 0 t3 CD NrsJ j2 0 .!^ CD t: 3 0 3 CO ""cr "*>• -cr ? 5 •v_ 0 ■^ 0 CO 0 2 0 g2 CD IX- "S) "VIJ -e- -^=: 0 IQ IMSJ 4- V — 273 — 91 a. Sur ['emplacement du monasters d'Hagios-Georgios ; I'eglise a ete brulee ; il ne reste plus que quelqiies plaques de marbre, quelques images et trois fragments de bas-reliefs, doiit deux avec inscription. Premier fragment : (Co^^K'^KI Le second fragment, sans inscription, repr^sente le Christ de- bout sur une sphere, tenant la croix du bras gauche, et prenant de la maindroite le bras d'un saint agenouille devant lui. Ces trois bas- reliefs sont en tres-beau marbre de Verria. Eglise d'Hagia-Papandi (-/] ayi'a TTtanavr/ifft?), a Salonique: - 21h - Plaque de niarbre avec bas-relief repr^senlant la Vierge , retrou- v^e, il y a quelques annees, a Salonique, dans les fouilles que Ton fiL aulour de I'ancienne eglise d'Hagia-Pnpandi; Irons aiix mains, et, de chaquc cote, dcs draperies, qui monlrent que ceLte plaque elait encastree dans un mur. — Nous donnons ce bas-relief comme point de comparaison avec ceux de Verria. 91 b. Monastere ruine d'Hagios-Georgios (Verria). Troisieme fragment Inscriptions et bas-reliefs n° 91. Ces bas-reliefs avec inscription appartiennent au monastere ruine d'Hagios-Georgios. llyenavaitd'autres,sansaucun doute,et, d'apres ce que m'ont dit les habitants, les murs exterieurs de I'eglise de- vaient etre decores d'une serie de bas-reliefs en marbre semblables a ceux-ci. Verria et ses environs contenaient un grand nombre d'ermilages et de monasleres. Cantacuzene parle de la scete de Verria : •?) xaTa Bspfoi'av ffxriTT). 331. B. C'est la que vecul, pendant dix ans, Gregoire Palamas, celui qui soutint plus lard que la lumiere du mont Tiiabor etait la gloire increee de Dieu, ct dout les doctrines soulevercnt tant de troubles et de querelles dans I'empire byzantin. II y habitail une grotte humide, se livrant a toules les pratiques de la vie ascctique. — 275 — Mais line maladie grave le forga a changer de retraite ; il se retira au moot Athos. Les monasteres les plus celebres de Verria etaient celui d'Hagios- Georgios, avec ses bas-reliefs en marbre ; ceXm d'Hagios-iSicolaos, fonde par le grand-pere de Georges Phrantzes, de I'historieu byzan- tin qui fut tour a tour chambellan de Manuel II et grand logothete (G. Phr. IV. 9); eh{mcQ\\Xid'Hagios-Antonios, qui subsiste encore au- jourd'hui. Get Hagios-Antonios est le saint particulier de Verria. 11 y naquit, dit la legende. A vingt ans, il abandonna la maison paternelle pour se faire ermite. II se retira sur les bords de I'Haliacmon, dans une caverne sauvage, au milieu d'un bois epais et presque inaccessible. II y vecut jusqu'a quatre-vingt-dix ans. Quelque temps apres sa mort, des chasseurs, engages dans la foret, apergurent au milieu des branches une main qui leur faisait signe de venir a elle. lis la suivi- rent, et trouverent le corps du saint. Le bruit s'en repand de tous les cotes : on accourt de la ville et des hameaux environnants. Un debat s'engage : les uns veulent que le corps du saint repose la ou i! est ne, les autres la ou il s'etait choisi une retraite. Pour en linir, on convient de placer le corps sur une voiture, d'y atteler deux tau- reaux sauvagesetde les laisscralleraleur gre. Les taureaux se dirige- rent aussitot du cote de Verria et ne s'arrelerent qu'a la porte de la maison oh etait ne le saint. C'est sur son emplacement meme qu'on a construit le monastere, il y a 500 ans a peu pres. Le saint Antoine de Verria a la reputation de guerir de la folie. 11 n'estpas moins ce- lebre en Macedoine que le saint Diraitrios de Salonique. Les Grecs, les Bulgares, les Bohemiens, les Turcs eux-mfimes conduisent au monastere leurs parents atteints de folie, et s'etablissent avec eux dans les batiments autour de I'eglise. J'y ai vu un enfant de huit a dix ans, muet, idiot, ricanant d'une maniereelrange, attache, comme un chien, avec une corde. Tous les deux jours, on lui faisait toucher le corps du saint. 276 — 92 a. Dans une raaison turqiie, Fesdchi-Ibraijim-Conaki -t-e GfMeNAAAlAc4'AAHCHv|ToNeioNy KAl^o<^^NA^rACNdeo^l Ui\Z'\w ■^TAONojKAPTIOCWCJPiMOCANARrAj eNMecuAieuM 4>VriVKdTex0PuN c/ Pl9PVAAHToNAwpPaJn0GrfNG^^nei KAlTHMnAPAHM+lfkeNHBoJcAHnAy evd^VuCi'iinoN •f^-cwHAicwiPonj Pres de la foiitaine 92 b. Pr6s de la foiitaine |3II^CTACCM<{'AC4CiPMCfKoCWlKllTYXHCrKJMA0W0LHr| APeAPujM1>AAArAC0ITAlKTPex^HUKAlg^GA6lC^YM( eUNOTo?OfOElZ^E££TA/^£^A^PC 5lIENI0HKEMEM0lAypPAXl0Y KOMI Z A I HXl4)'inrTONEOAt6(\EMOf\n(IlNA"Anpo4jl Q N M^JHI0IIIAM0OTEPOIZT]^o^EXnCE^£^JA AlMHXHCXA?IN 99. Dans UR cliamp enclos de murs ; emplacement del'ancienne eglise d'Hagios-Athanasios : + Ann AAAM lorj Anaxpi c T 25- M ETPn n o Al N ft- A N I ToN H- Ka O Janitza, 8 a 10 mille habitants, 1,200 maisons turqiies, 300 biil- gares. — Elle en contenait autrefois an moins le double ; une seule eglise, Hagios-Athanasios; principales mosquees : Gazi-Abmed-bey- Djami ; Bayesid-bey-Soallhan-Djami; Saath-Djami (mosqnee de Fhor- loge); Mourad-Effendi-Soullhan-Djami ; Gazi-Soulthan-Djami : Gazi- Isab-bey-Djauii ; Gazi-Iakoub-bey-Djami. — Deux tekes tres-renom- mees : Buyuck-Teke , ou Ton montre de vieilles bannieres de dervicbes; Gazi-Gavhrenos-Teke, oii se trouve le tombeau du fon- dateur de la famille et de celui de son fils Ali-Bey. — Medresse, tres-considerable autrefois, aujourd'hui abandonne. — 280 — Nous n'avons iranscn't ici I'inscripLion n° 99 que parce qu'ello nous parait propre a eclaircir »n point asscz obscur de riiistoiro do la Macedoine au moyen age. Le mot [^£Tfw'Ko)>tv (ixYiTfo'-o}itv) atteste qu'il y avail en 1509 a Jan- nitza un eveche on iin arcbeveche. Rigoureiisement, un siege raetro- politain ne signifie que la residence d'un archeveque; mais, par abns, il s'entend aussi de I'^gli'se principale d'un diocese, quel qu'il soil. Les traditions locales ont conserve le souvenir d'un eveclie de Jannitza, reuni dans la suite a I'archeveche de Vodena. C'est pour cela, dit-on, que les metropolilains de cette ville s'appellent 6 ayi'o; BoSsvoJv xai ixXaSiTffy];. Qu't^tait-ce que cet eveche de Jannitza ? Peut-on en retrouver quelque trace dans I'histoire ? Cameniata et rAnonyme, qui a ecrit la vie de saint Demetrius, dis- tinguent parmi les differentes tribns slaves etablies a la fin du neu- vieme siecle, soit en Thessalie, soit en Macedoine, les Dragoubitae (Afry.You€iTai) et les Sagudati (SayouoocTot) (V. Act. S. Dew. : Camen. de Expug. Thess. Saracen, vi.). Cameniata ajoute que les bourgs rap- proches les uns des autres do ces deux tribus etaient entre Berrhoea et Thessalonique. Vers la memo epoque, I'index de Leon le philoso- phe [Lunclav. Jus. Gr. Bom. i. 92.) mentionne un evech^ de Drou- goubitia : y' 6 ApouyouStTiai;; et nous voyons dans Michel Lequien (Or. Christ. II. 95.) qu'un certain Pierre, de Drougoubitia , siege au synode qui retablit Photius dans le palriarcat: Ili'Tpo; ApouyouStxeia;, neuvieme siecle. Cet eveche slave de Drougoubitia nous parait etre le meme que celui de Sclavitsie, dont le souvenir se retrouve dans les litres de I'archeveque actuel de Vodena ; et nous croyons pouvoir en placer le siege a Jannitza, qui, avant de recevoir ce nom des Turcs (Jan- nitza, Yenidje), s'appelait peut-etre Drougoubitia. Ce fait resulte pour nous : 1° de I'inscription ci-dessus trouvee sur remplacement de I'ancienne eglise d'Hagios-Athanasios; 2° du texte de Cameniata, dont nous avons deja parle; 3° de I'index de Leon le Sage, qui place I'eveche de Drougoubitia au troisieme rang, iramediatement apres celui de Berrhoea; k" des traites de partage entre les Croises, qui mentionnent les pays de Drogoubitza et de Sclavitza reunis avec les regions voisines de Pella et de Berrhoea, avec la Panica, c'est-a-dire r(5veche de Campanie : — « Provincia Verriae cum chartulatis ta- « men Clarissa (Sclavitza) ut Panica. n — a Provincia Warda- (i rii cum Berrhocna provincia et agro jam inde ab ipsa urbe Pella, (1 cum chartularatis et despotiis tarn de Drogoubitza quam de Flo- (i canitza (Sclavitza) » {Tafel. Symb. Hist, byz.); 5" enfin de — 281 — retendue meme de rarcheveche de Vodena, qui surprend surtout quand on le compare aux dioceses voisins ; il coinprend pres de 300 villages, les deux villes de Vodena et de Jannitza ; il s'elend, a ro., jusqu'a Techowo et a Nisi inclusivemenL ; au N., jusqu'a I'en- tree dii Moglena; au S., jusqu'a Niausta; a I'E., bien au dela de la rive gauche du Wardar. 100. AGALAHRI. Dans le cimetiere turc du village ; [AEDOMVIS blVSpOLLlONl 101. FONTAINE PELLA. Dans le mur du moulin a eau : nONC 1 AA AlAiUHAEI UTUIAIUJ AN A?EI EKTUJN \!UJ\KOTTl^ lACXAPIN Archiv. des Miss. vui. 19 — 282 — PELLA. — HAGIOUS-APOSTOLOL'S. Petites steles en marbre dans les maisons du village ; 102. K EPKI n N 103. i A A 0 K 0 i rO I K I A T H i 104. AroAAONiAirrotTPAToy 105. rAArrnfsjTii TH! A Wr'H^I^TPATf- CAT{ MO Y 106. ZAFATPA HPAKAE ITO Y — 283 — 107. Pres de I'eglise d'Hagious-Apostolous : HAAO ZTEAl AMYPIIN H T"M-IT-?KAlEAYTi zniA ETOYE TNT 108. Pf;TROWO. Dans I'interieur de I'eglise d'Hagios-Pelros : IIMIAZNIKAPXOV N IKAPXOZZIIVWOY H PH EZ 28/i — 109. KATO-COFALOWO. Ancien cimetiere tore abandonnc. — Fragm. de lout genre, ap- partenant a I'ancienne Pel la ; colonne ioniqiie cngagee; colonne ioniqiie avec moulure ; steles, slytobates ; larges plaques avec traces de scellemeat. — Voir les deux inscriptions nienlionnees plus liaut. par erreur. -^ Voir notre Memoire pour I'inscriplion ci-apres : "cTTCTTV" TRIB PX^ OC AMh ^^ R p p Ef^ E O S V CABir p M 110. MESSm-BABA. Vieux ciineliuic lure abandonne. — Voir le Memoire. a. OTaTH . . AITT. .i.MCJ. -OY ••TCJNlAlCJhiTAKTCJNMN. XAP 6 em A p I c T I — 285 — SALONIQUE. a c < z CO C! i- o C3 o a to o CO i/1 t3 C ra k> to o en a h- < > < < < k- o en C OS a UJ H M LJ < P- — 3 O o 'a tM c (X) -a c o en < o X o h- en a aT o tD CO < Kl O- > < < S UJ O < Z < G it 'H N «1 > o < I- UJ UJ < < - _ - < I < < ^ Oh O o S-i CO CO — 286 — ll 1 1^ "T~ 8 U- /-*■ « <3 TJ 1 2 < _^_j >- 0) ^ o 'S <: _3 < '5 ■e- to t o UnI > X p 2 ca Lul £ u C _ o to ^ C3 ■ o' frl c5 O- -a t rt j l^ 2 O "o 1 ci < > >• o -a < o ^ f X UJ G 1= — 287 VOI.O. steles encaslrees dans le mur interieur de la nouvelle ^glise, Hagios-Nicolaos : 114. inilKAElA API ITOKAEOYI EfTlAAYPl A 115. KAA YM NJ O I 116. K PATH I KAEOBOYAOy Ik on A '"YNH 117. ANTII AAKIZ KPHTEZ IAAPlITOY <^IAAPIITOY TrAYlioy 118. KAE OrTA TP A ITHZiMENOYI (7 E AA Al A — 288 - 119. ^ 4 o r E N H z HPAkAEl^O Y |Vl' A K E A n. N HPArroOeiNOETTAtlNEBHS AOMONAIAOrOYTT/^ t IKOXETriNMHNAX aBSsri /^Elt OMENOS AireNsrrENO zaeayti Nirrn ntet ney£ KAAAITTEZA ^lONTHPAl TEN MEN AAA YKEZTITYXHNTT P i Y T El N KAI ^ A I M NA NHT OYA ElTAPf^lAZOAii M IIIM N ITOXPE Delacoulonche, Ancien membre de I'ficole fran?aise d'Athenes, professeur de rh^torique au lycde imperial de Monlpellier. 2/(0 TABLE DES MATIERES SUIVANT L OHDRE 1)AXS I.EQUKL F.I.LES SONT PLAOliES DANS LE VOLUiME. Pages . Second rapport de M. Ernest Desjardiris a Son Exc. M. lo Ministre de I'instruclion publiqne et des cnltes snr une mission scienlifi- ' que en Ilalie. — Etudes topographiques et arclidologiques dans la campagne de Rome 1 Rapport de M. Cdnac Moncaul snr une mission en Espagne. — Pa- rallele de rarcliilecture espagnole avec celle des Pays-Bas 43 Rapport de M. Victor Gu^rin , ancien membre de I'EcoIo fran^aise d'Alhenes. snr une mission en Egypte GO M(5moire de M. Dclacoulonclie, ancien mendire de I'ficolc fran^aise il'Athenes^sur le berceau de la puissance mac(idoniennc des Lords de I'llaliacmon el ceux de I'Axius 67 I. Emalhie, parlie occidentale de la Sclavilsio cl du Ronmlouck. G8 ViJIcs de I'Emathie. Edessa-Vodena 72 Eubooa, Philo Castro, village actuci de Wladowa 84 Scydra. — Arsdn(5, Episcopi 87 Citium, le monl Kitarion. — Niausta : commencement dn Roumlouck 9ij Mi^za. — Verrioliki. — Vrysi 1 03 B^rcea, pays des Bryges ; Rcrmios ; — Vcrria : Roumlouck. 105 II. Bolli^e. — Roumlouck : Campania 115 Lac de la Botliee; Borboros, lac d'lannilsa. — Lydias, Ivara- Asmack. — Axius, Wardar. — Ilaliacmon, Bistritza 120 Archiv. des Mi-ss. viii. 20 — 250 — Villes de la Botliee. I'ages Aloros : Clidi. — Ponl d'Aloros : roulo dc Pydiia ot deM(5- Uioiie a Tliessalonique oi a Pella 126 Chalaslra : Koulakia 1 32 Ichnoj : l-/jis.in. Messir-Baba i 3 i- Pella. — Hagious-Aposlolous 138 Environs de Pella : lannitza . Sclavilsie 1 !)6 III. Cyrrlicslide : Parlie de la Sclavilsie 158 Villes de la Cyrrhestide. MavJapai. — Mav^apctoi 164 IV. AIniopii. — Mogl^na 16G Premiers liabitanLs de rEmalhie el de la Botlide. — Fondaiioii du lOyaume de Macddoine 172 Emathie et Bottiee. II. Depuis la fondalion du royanme des Tdmdnidcs jusqu'jl la Iranslalion de la capitale a Pella 179 HI. Depuis la translation de la capitale ft Pella jusqu'ii la morl d'Alexandre (392-323) 187 IV. Depuis la morl d'Alexandre jusqu'au regno de Philippe HI (323-221) .' 192 V. Depuis la morl d'Antigone Doson jusqu'a la proclamalion de la libertd de la Macddoine (221-167) 198 VI. Depuis le parlage de la Macedoine en qualre districts jus- qu'a I'avdnement d'Augusle (167-28) 205 VII. Depuis le rdgne d'Auguste jusqu'i la tin du regno de Tra- jan (117) 209 Vllt. Ancienne Emathie et ancienne Botliee, depuis la fin du regno de Tiajan jusqu'au conimencement des invasions slaves sous Justinicn (117-b27) 225 Inscriptions 233 251 TABLE ANALYTIOUE DES MATIERES CONTENUES DANS LE PRESENT VOLUME, A. pages, Aqiue Apollinares (Ddcoiiverle dcs). — Ruppoil de M. E. Dcsjar- dins, sur unii mission en Italic 24 ArchilecUue en Rspagne. — Rapporl de M. Cenac Moncaiil 43 C. Canipagiio de Rome. — Eludes topograpliiques el aich^ologiqucs. — Rapport de M. E. Desjaidins, sur une mission en Ilalie 1 Calacombes (les). — Rapport de M. . Desjardins, sur une mission en Italic. 17 Cenac ]\Ioncaut. — Parallele de I'archileclure espagnole avec celle des Pas-Bas. — Archileclure romaine 43 — romane 45 ■ — golhique 47 — de la Renaissance 54 D. Dblacoulonciie, inembre de Tficole fran^aise d'Alhenes. — Md- moire sur le berceau de la puissance mac^donienne des bords de I'Haliacmon et ceux de I'Axius 67 I. Ematliic (68). — Villes de I'Emathie.. 72 IT. Bolli(:'c (115). — Villes de la Boltide -126 III. Cyrrheslide (158). — Villes de la Cyrrliestide 164 IV. Almopii. — Mogl(