—— \ 4 ; Pop { 1) ù \ # ; \ \ y . Z 74 | eu \\ / / N — : y LL É f LIBRARY > € J & : Il 1 OS >=) CAO | Le A Le mer). VU RW Gibeon-int 4 ln) | , RE A om 9 5 EE" ——û—— ARCHIVES LA SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES Du CONSERVATOIRE BOTANIQUE À DE où VENDU EN 1022 É à GENËVE. — IMPPIMERIE DE JULES-SUILLAUME FICK. BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ET REVUE SUISSE ARCHIVES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES NOUVELLE PÉRIODE TOME TREIZIÈME LIBRARY NEW YORK BUTAMCAL, he Wu! GARDEN et Cet GENEVE GUREAU DE LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE &, rue de l'Hülel-de-Ville LAUSANNE NEUCHATEL A. DELAEONTAINE, LIBR VIRE S. DELACHAUX, — KLINGÉBEIL 1862 DUPLICATA DE LA BIBLIOTHÉQUA DU CONS: LR cf DU CT'T"VE DUPLICATA DE LA BIBLIOTHÉËQUE pÜ CONSERVATOIRE BOTANIQUE DE GENAVE VENDU EN 1922 te as Dr QUE ce di en. à D\ D'E3 TALS APEE 3 Lt JA ‘Lise À, Jr: été Le AN. ) LA L'OD - LIE F2 + D 4 F Le NOTE SUR LES VARIATIONS PÉRIODIQUES de la lempérature et de la pression atmosphérique LIBR4R y AU GRAND ST-BERNARD à NEW YpRK PAR BOT A CAL M. E. PLANTAMOUR GARDEN Professeur Mes premières recherches sur les variations périodi- ques de la température et de la pression atmosphérique à Genève et au Saint-Bernard ont été publiées, il y a dix ans, dans le tome XIII des Mémoires de la Société de physique et d'histoire nalurelle; elles étaient basées sur les observations faites de 1841 à 1850. J’ai maintenant à ma disposition les matériaux fournis pendant une nou- velle série de dix années, pendant lesquelles les observa- tions ont été enregistrées à un plus grand nombre d’heures de la journée ; c’est ainsi sur des données plus complètes et plus nombreuses que les recherches relatives aux va- riations périodiques peuvent être reprises. Je m’'occuperai dans cette note des résultats qui se rapportent au Saint- Bernard, ceux qui sont relatifs à Genève devant être l’objet d’un autre mémoire. 623 1 AUG 6 SUR LES VARIATIONS PÉRIODIQUES La connaissance des variations périodiques dans chaque station n’a pas seulement un intérêt local, celui de faire connaître de combien la température et la pression va- rient en moyenne dans cette localité, soit dans la période diurne, soit dans la période annuelle. En comparant, pour toutes les stations disséminées dans le monde entier, les résultats très-divers qu’offrent les variations périodi- ques ou régulières, on peut arriver à la connaissance de la répartition normale de la température et de la pression à la surface du globe pour un instant donné, et par suite établir les rapports qui existent entre ces variations et les mouvements et courants qui ont lieu dans l’atmo- sphère. Sous un autre point de vue encore, la détermi- nation exacte des variations périodiques est nécessaire pour faire connaître dans une station l’état normal de l’atmosphère sous le rapport de la température et de la pression, à un instant quelconque, et pour déduire la variation accidentelle ou irrégulière de la différence entre l’état observé à un instant donné et l’état normal. On sait quel est le parti que l’amirauté anglaise tire depuis quel- que temps de la comparaison des observations météoro- logiques, qui lui sont transmises par le télégraphe des différents ports de l'Angleterre et des pays voisins, pour prévoir plusieurs heures, souvent même plus d’un jour à l’avance, des perturbations atmosphériques, et prévenir des sinistres par les avis qu’elle expédie en conséquence. L'étude de ces variations accidentelles et de la propaga- tion des perturbations atmosphériques à la surface du globe est d’une grande importance pour la physique ter- restre ; il y a, par conséquent, un grand intérêt à ce que chaque station météorologique puisse faire connaître, à chaque instant, la grandeur de la perturbation ou de la variation accidentelle dans cette localité. AU GRAND ST-BERNARD. 7 C’est dans ce but que, depuis un an déjà, j'ai modifié la forme sous laquelle les observations météorologiques faites à Genève sont publiées dans les tableaux mensuels de la Bibliothèque universelle ; j'ai cherché à mettre en évidence la perturbation accidentelle. Les matériaux que nous possédons pour Genève sont suffisants, à ce que je crois, pour qu’il soit possible d'établir avec une très- grande approximation l’état normal de l'atmosphère, sous le rapport de la température et de la pression, à chaque heure du jour et chaque jour de l’année. L’étendue al- louée à ces tableaux ne permet pas, ilest vrai, de publier in extenso la température et la pression observées à cha- cune des neuf époques diurnes, ainsi que la différence avec l’état normal; j'ai dû me borner à donner Ja moyenne des 24 heures, ainsi que la différence avec l’état normal, en indiquant, en outre, les extrêmes diurnes. Les tableaux du Saint-Bernard seront mis dorénavant sous la même forme que ceux de Genève, et il ne sera peut-être pas sans intérêt de pouvoir comparer, jour par jour, les variations accidentelles entre deux stations peu éloignées dans le sens horizontal, mais d’une hauteur trés-différente, le Saint-Bernard étant situé à 2070 mè- tres au-dessus de Genève. Variation diurne de la température au Saint-Bernard. ” Je rapporterai d’abord, d’après le mémoire cité plus haut, les moyennes des températures observées de 1841 à 1850, à six époques de la journée, savoir : midi, 3 b., 6h., et 9 h. du soir, 6 h. et9 h. du matin, ou 48 b. et 21 h., l'heure étant comptée à partir de midi. 8 SUR LES VARIATIONS PÉRIODIQUES IPIK IT Hèures. SI 6 9 € 0 LE ie e — Janvier. 0 0 67— FI 0 i 6—|66 0 Février. mn! (4 7 —186 S 8—1t6 ! Mars. F6 C— Avril. 2" e—|20 RE cG Mai. Juin. —… co & — œ- — oc a _ Juillet. Août. Septembre. Octobre. r—|c8 E—|99 0 Novembre. 0 Décembre. 99 TP 0€ co 6€ &0 Pendant les dix dernières années les observations ont été faites à toutes les heures paires, depuis 6 h. du matin jusqu’à 10 h. du soir. Voici les moyennes de cette nou- velle série : AU GRAND ST-BERNARD. 9 0 05] —9 09 *21q{999(] (] *a1qUIAON 96| —5 72| —4 ),00| —6,55 36| —6 0 *214079() Ê 61|—1 2,75| —0;: “aiquoedes ‘700 ATEN 0 ‘uinf 0 "Ten 68| —2 99 02 90 54 7| —4,46| —1 14] —1 0 2,04 AY 0 9,20] —5 ‘SIN 79| —9 22| —1 10| —6 60] —5 69] —5 62| —6 03| —7 31| —8,2 44| —8,43| —4 0 “JOHIA9A 59| —10 17|—10, 30|—10, 0 “Jalauef —h ns ee =} ‘Sa1n2H Il est facile, d’après les formules données dans le pre- mier mémoire, ainsi que dans les résumés annuels, d’in- terpoler pour chaque série les heures manquantes, et de former ainsi pour la série des 20 années le tableau 10 SUR LES VARIATIONS PÉRIODIQUES complet des températures, aux 12 époques de la jour- née, telles qu’elles résultent de l'observation. Voici ce tableau : Heures. D — O1 — OT— Janvier. 6 6 0 GG F8 88 TL LO F8 C8 00 = G [0 FF RE 8 6 — OI (r) SR 8L'9 su p9"< [8 69 Février. 0 sie eue LL'6: — L9'6. — 196 — 98 6 — GG'L — LG L —|8£ [I GI ù n “ A ù ’ Mars. (QE te 8— A TE ‘1 — G— G— p— (p— \C— 2‘0 us | ST = ‘6— 0 0— 199 I— |89 £— 166 G— | LO Cu C 06° I— |09°G- Avril. :9'0— |29'F 9 )L 0 8e RE E—|Er :9°I— 16L'G 6‘0— 110 pG _ SE © I— |90'G— 19€ O— |LL'F— O— |8FP— 160 80 8L 9€ 96 G IT VF € 98 Mai. 0 SONDE ES Juin. miel) Leds aile TM Se MS. 08 ‘0O98T & 1Y8T LHNPRRLERMAIGEE Juillet. gopenipeæniene, | Avût. DUREE Septembre. Ro ee 7 nf ns ae pie re 9 Lou: I— I— 0 0 — 0 I I I 0 i—= 0 = MMOIOO LS QE À Octobre. DO TT & OO © À ND & NN © En © OO NO I NO mat = GC & NEVERS NEET HORS DURS Novembre. bé © OO OCEŒDOOSR © D NO CS ù CO I =I D I © NO ROLL LATE LUN L [SCD 16D CD LL GC —E:09,00 (CD 2 Décembre. GG 6€ LEZ Les Piailes qui représentent la variation diurne ont été calculées sur les heures paires, en faisant, dans une première approximation, une hypothèse sur la tempéra- 11 dans une seconde AU GRAND ST-BERNARD. ture de minuit, 14h.et16h , ., corrigée pour chaque moi ces formules > , Voici dans lesquelles l'heure & est comptée de 0 à partir de midi. approximation 360°, à 69 + w£ 69 + nE GT + nE us 90€+ w£) us 882+ € ju ) u ) ) ju 6H n£) us G98+ NE 8e n£ OLG+ NE 6684 v£ (LG €c Æ nE ) } Du ] }u ) uIs uIS uIs IS 8104 IS 91‘0+ LO‘0+ G0‘0+ IS 90‘0+ 11:04 ET‘0+4- 61‘0+ IS pL‘0+ 4 S pL'O+ 9 + ne) u!s OL + we) uis ES + ne) us 88 + ne) uis 66 + ve) us 86 + n&) us F6 + ve) us 3€ 0014 ne) uis : 6 + ne) uis LS + ne) Us FL + ne) uis 9F'0+- 6c‘0+- €r‘0+ 9F‘0+ Lr‘0+ 8r‘0+ 9F‘0+ 09‘0+4 9904 8L‘0+ PL'0+4 (GE 088 + ve UISITE “o0+ (STolL + ve) n1s66,0+ ( ( ( 98 ( 8€ (1 ( (it ( ( ( (P 06 994 n) us 0G L9+ n) uis 69+ n) uis LE+ n LE+ n 06 8G+ n (GE 64 w € 69+ e uIs Gr 994 n) us & LO+- #") Us FL 694 ») us uIs us uIs GL'0+ LT 1+ 6C‘1+ uI® 89° T+ GE + 09'&+ EL'‘e+ €0‘€+ ES‘ + 8 + F9 1+ EC oP9—+ n) uiS90'‘ol+ ‘098F R FY78HF ‘aa 1 “914299 1 “21qW940N 1 * “214010 1 aiquajdas RE T0! CR L:] | ELU « ? 1 .….... 1 *:* JAUA0Y “++ Jalauef 12 SUR LES VARIATIONS PÉRIODIQUES La température a été calculée à l’aide de ces formules dans chaque mois, pour chacune des 24 heures, et l’on obtient ainsi le tableau suivant de la variation diurne au Saint-Bernard ; la température moyenne des 24 heures y est indiquée en tête de chaque mois, ainsi que l’excès en plus ou en moins de la température de chaque heure sur la moyenne des 24 heures. La comparaison des chiffres de ce tableau avec les températures observées montre à quel point les formules représentent exactement la va- riation diurne ; les trois plus grands écarts sont de 0, 10, 0°, 11 et 0°, 12, mais ils sont en général fort au-dessous d’un dixième de degré. Les valeurs moyennes des écarts pour chaque mois sont : Janvier ---..-.. + 02,06 Février ......... 0,04 MAPSE Semen. 0,06 ANTIIE Rp. 0,06 MATE: Tate. 0,07 JuM.--::> HSE - 0,04 Juillet... ..... 0,04 ‘ Août rares 0,02 Septembre ...... 0,01 Octobre......... 0,03 Novembre. ..... 0,04 Décembre....... 0,03 15 AU GRAND ST-BERNARD. GG é Cr 'e CL'e 9€" t9'T OL'& &9°0 &8‘0 £clI 91‘0— | £ 60‘0— | 81‘0 66‘0— | € e0‘I— | c6'0— 89‘T— | G C8‘ T— | 86 T— LT — : 9F‘— | EL— 1F°c— c QL'T— | OT'E— OP‘ — C 9L‘&— | 60‘E— é 8L‘&— p'œ &G'e— | 8L'T— £T À ds EST — à GT'e— | GE°c— pour Î Fr'1— OL'T— | EGI— IL j 80‘T— IP‘I— | 09°1— OT 0 9L‘0— G0'T— | SE T— 9P‘0— | £ PL'0—.| 1TO0‘T— GT‘0— 1£‘0— | 860 — 8&‘0 98&'0 F0‘0 9L‘0 16‘0 08‘0 O£'T C &9'T O9'T IST Ft [dre Pet ,c'e 89'€ L8'à 0G‘T Le &6‘ à gl'E FC'e 16'& 98'E 9° 89'€ l'E 0 0 0 66 L— j Ô 9L'G SEL | 86 8— | FC'6— 0 0 0 0 0 ‘qua9s9q|'quoaon|"241q000l'quaides! ‘nov | ‘epune | ‘ump RUN [MAY ‘SIP |'1oua94 l'aotaue) "PADULIT-IS ND 24104997 D 0P AUAMIP UOUDUDA ET unuif II ot 6 8 L 9 G Fr € & L 14 SUR LES VARIATIONS PÉRIODIQUES La variation diurne de la température au St-Bernard est assez bien déterminée, pour que la température moyenne des 24 heures puisse être calculée à l’aide d'un certain nombre d'observations prises dans la journée ; ainsi, avec le système actuel de 9 observations diurnes, de 6 h. du matin à 40 h. du soir, la température moyenne s'obtient en appliquant à la moyenne arithmétique des 9 observations les corrections suivantes pour chaque mois : Janvier....... — 09,23 Février....... — 0,38 Maïs 2-2... 70 — 0,59 Avril......... — 0,79 NET SORA — 0,87 Juin. 04-6070 Juillet........ — 0,75 Août... 5: — 0,67 Septembre.... — 0,45 Octobre... — 0,43 Novembre .... — 0,27 Décembre... .. — 0,14 x Variation annuelle de la température au St-Bernard. La détermination de la variation annuelle doit reposer sur la température d'un certain nombre d’époques équi- distantes réparties dans toute l’année ; si on prend 12 de ces époques, on ne peut pas faire usage directement de la température moyenne des douze mois, soit à cause de la variation non uniforme de la température, de laquelle il résulle que la moyenne du mois ne correspond pas à la température du milieu du mois, soit de la longueur iné- gale des mois, de laquelle il résulte que les milieux de chaque mois ne sont pas séparés par des intervalles AU GRAND ST-BERNARD. 45 égaux. Si l’on suppose que la première de ces 12 épo- ques équidistantes soit prise à ‘/,, de la période entière à partir du commencement de l’année, soit du 51 dé- cembre à minuit, la seconde sera */,, et ainsi de suite ; ou, en divisant l’année entière en 360°, les 12 époques équidistantes correspondront à M—15°, M—45°, M=—75°, et ainsi de suite. La réduction de la température moyenne du mois à la température du milieu du mois dépend de la différence seconde des températures des 12 époques équidistantes; si on désigne par b cette différence se- conde, que l’on peut calculer var les moyennes men- suelles dans une première approximation, en la corrigeant dans une seconde approximation, la réduction est donnée par la formule — 0, 0416 X b. Quant à la réduction de la température du milieu du mois à celle des 12 époques M—15,M 45°, etc., on peutseborner à tenir compte des différences premières, que je désigne par a; l'année élant prise de 365 !/,, pour tenir compte des années bissextiles, la correction sera pour chaque mois. Janvier es... — 0,009 X a Février....... + 0,018 X a Mars. . ,.... + 6,044 X a Abri... + 0,042 X a | POUR PERS + 0,040 X a FFT. à PR + 0,038 X a Jutlet As. : + 0,036 X a Août. sables + 0,017 X a Septembre .... + 0,015 X a Octobre ..«.... + 0.013 X a Novembre..... + 0,011 X a Décembre... + 0,009 X a 16 SUR LES VARIATIONS PÉRIODIQUES Voici, d’après deux approximations, les corrections qu'il faut appliquer aux moyennes mensuelles au Saint- Bernard pour obtenir la température de 12 époques équidistantes et ces températures corrigées : Janvier.... — 0°,06 LMI 150,11 —10060 Février.... — 0,04 2 45 — 9,02 MS... + 0,05 3 75 — 17,33 Avril + 0,13 4 105 — 3,62 Mans." + 0,18 5 135 + 0,38 Toi + 0,18 6 165 + 4,24 Juillet... + 0,12 7 195 + 6,07 SOU + 0,07 8 225 + 5,83 Septembre. + 0,02 9 255 + 2,98 Octobre... — 0,06 10 285 —10,69 Novembre... — 0,09 11 315 — SU Décembre .. — 0,09 12 345 — 8,02 J'ai calculé, d’après ces données, la formule qui re- présente la variation annuelle de la température au Saint- Bernard et j'ai trouvé : T= — 20,037 + 80,000 sin (M + 245 30’) + 69,415 sin (2 M + 2707') + 0°,136 sin (3 M + 1706) Cette formule donne pour la température des 12 épo- ques équidistantes les valeurs suivantes, à côlé desquel- les j’ai inscrit l’excès sur les valeurs observées. AU GRAND ST-BERNARD. 47 1 M— 15 — 9,46 erreur + 0°,14 2 45 — 9,10 — 0,08 3 FD 1,29 + 0,10 4 105 — 3,77 — 0,15 5 135 + 0,51 + 0,13 6 165 —+ 4,18 — 0,06 7 195 —+ 6,08 + 0.01 8 225 + 5,76 — 0,07 9 255 + 3,19 + 0,21 10 285 — 1,00 — 0,35 11 315 — 5,33 + 0,37 12 345 — 8,29 — 0,27 L'accord entre les températures calculées et les tem pératures observées est, comme on le voit, très-salisfan- sant ; la valeur de l'écart moyen est de + 0°,20: elle est bien plus faible que l'incertitude qui existe encore sur la température moyenne d'un mois, une série de vingt années n'étant pas suffisante pour que les anomalies dans la température d’un mois, se répétant quelquefois dans le même sens pendant plusieurs années consécutives, puissent se compenser exactement et s’'effacer dans la moyenne. Il peut être de quelque intérêt de donner comme exemple de ces anomalies, qui se répêlent pen- dant plusiéurs années dans un sens, puis pendant une autre série d'années dans le sens opposé, la comparai- son entre les températures moyennes de chaque mois pour les deux séries 1841 à 1850 et 1851 à 1860. Ancuives. T. XIE. — Janvier 1862. 2 48 SUR LES VARIATIONS PÉRIODIQUES Différences entre la période 1851 à 1860 et 1841 à 1850. Jénvier-- 144% —+1052 Révrier....#412: — ],42 MAIS cc. — (),44 AUTIL ter e — 0,05 Mais... Re. — 1,39 JUIN. UE, — 0,75 Juillet... — 0,12 AGÛL rare. nie + 0,73 Seplembre.,... .. — 0.08 Octobre. ......... + 1,09 Novembre ........ — 1,35 Décembre... — ]1,22 Dans le mémoire publié en 1851 je m’exprimais ainsi au sujet des écarts que la série de 1841 à 1850 donnait entre les températures calculées par la formule et les tem- pératures observées ; l'écart moyen donné par cstte série de 40 années était de + 0°,49 : « I est à présumer que les écarts des mois d'hiver, — 0°,69 en décembre,+ 1°,08 en janvier et — 0°,87 en février, s’effaceront dans une plus longue série d'observations, et qu'il faut s'attendre à rencontrer dans les années à venir le mois de janvier plus doux, et les mois de décembre et de février plus rigoureux que dans les 10 années qui viennent de s’écouler, puisque ces dernières ont présenté une anomalie en sens inverse.» Cette prévision s’est, comme on le voit, réalisée, el l'a- nomalie des dix dernières années a compensé en grande partie celle des dix années précédentes; les plns grands écarts qui subsistent dans la période des vingt années se rencontrent dans les mois d'octobre et de novembre. Le AU GRAND ST-BERNARD. 49 mois d'octobre a été si doux dans les dix dernières années que la moyenne des vingt années en a été affectée ; par contre, la moyenne de novembre a élé abaissée par l'effet de l’année 1851, dans laquelle la température moyenne de ce mois a été de — 12°,44, c'est-à-dire de 7°,11 au- dessous de sa valeur normale et même de 3° au-dessous de la température normale de janvier. Il est probable que les années à venir abaisseront la température d'octobre et élèveront celle de novembre. Il est donc permis de supposer que la formule donnée plus haut représente plus exactement, qu’à deux dixièmes de degré près, la marche normale de la température pen- dant la période annuelle, et que la plus grande partie de l'écart entre la formule et l’observation provient de l'incertitude qui subsiste encore sur les moyennes men- suelles. C’est d’après cette formule que la température a élé calculée de cinq jours en cinq jours, pour toute l’an- née : elle a été réunie dans un même tableau avec la pres- sion atmosphérique, Variation diurne du baromètre au Saint-Bernard. Les calenls relalifs à la pression atmosphérique ayant été exécutés de la même manière qne pour la tempéra- ture, il suffira de donner les chiffres qui se rapportent an baromètre, sans répéter les explications sur chaque tablean. SUR LES VARIATIONS PÉRIODIQUES 20 À rt] ce - = D _ _ Janvier. mm mm mn mm um mm 559.341559,701560,341560,02| 63,02 366.68 599. 359,951560,621560,291563,961566,93 559,531559,961560,72|560,40| 564,09 567,09 559.371559,771560,541 560,31 | 564,08|567,00 559,521560,01 | 560,76] 560,47 |564,17 567,08 1 à 559,6813560,20[561,041560,72 564,411567,32 mm mm mm 567,911567,74| 566,60 568,201568,03| 566,92 568.,341568,14| 566,94 568,371568,11|1506,8] 568,431568,20| 566,91 568,661568,42|567,14 | Octobre. mm 563,26 563,61 56 3,06 ovembre. N mn 562,5U 562,80 563,52]: 363,75]: 563.98 Décembre. mm 562,40 562,65 562,52 562,37 562,54 362 ,14 21 ARD. AU GRAND ST-BERN £G°T9G 9P'°196 cf 196 LI‘19G £0°19G £& [196 9F' 196 GT'19G 06°09G ut ‘21qu999 “IO1IA9 ET 196 8O°196 00190 98096 &8 096 U0'T9£ 6GI‘19G [0° 19G FL'‘09G uu 2.1qtu340 19°C96G |1L‘L9G |6L‘89c 6G°G9G |2&9*L9G |[G9‘s9c ep G9OG|1r°L9G |9r'‘89c 68 C9G 06 LOG |ar'sgoc UE'GOG | TE LOC |Ep'eoc Pr'G9G |0r'L96 |Lp'89c 9696 IP°LOC |Fr'896 66°G9c [ra Loc | 1£'89c LO‘GGG |00'L9G [S1'89c UIUL uiut LLLLEE © an pe [e] Œ 2 © 2 = œ œ Le È E S or œ 8889 EL'89c 9G'ROG &G'89G 9G'89c FG‘89c 6P'896 9€"89c 0 89C [F°L9G L& LOG £T'L9c 60° L9G &l L9G [T'L96 &0°L9G 06°996G [L'99G uur ‘uinf Gt £9c 60°£f9G &6 &9G L8‘c9G 98296 C8'&9c 8L'&9c 6G°96 r'e9c "IEN So 9G'T9C 8r'19G F&'19G LT‘196 [& 19G C&' 196 Ge‘ 196 £0°19C &8' 096 ut "THAY 6C‘09G £G'09G C£"09€ 81'09€ 61'09€ F£‘09c F£'OQc GT'09€ GG'6CC ut "SIP LG‘6ce 6C'6CC &r'6CG 086€ LI‘66G 86" 6CG 9F°6CS L&'6CC £0°6CG uiruut 1£°190 Le 196 OT 19€ 00°19€ &6 09€ IL 19€ &F' 19€ 61190 1609 ur O9$1I ? POSE 0P 29049590 21JQW040Q np auualñouw AnaPNNp IDIN ere ‘Sa100H ———————— 2 SUR LES VARIATIONS PÉRIODIQUES 22 S. à Heure Janvier. Février. mm mm E 1 560,13! 559,36 | 20 560,41 | 559,58 21 560,55| 559,69 | 22 560,541 559,74 Midi 260,32! 559,67 2 560 151559,4 3 560,12| 559,4 | 4 560,20 | 559,51 6 560,31 559,71 8 560,471 559,85 9 260,49! 559,89 (0) 560,47] 559,88 Mars. mm 560,14 560,35 560,47 560,54 560,54 560,39 560,36 560,37 560,55 560,76 560,81 Avril. mm 560,42 560,63 560.74 560,82 560,83 560,78 560,75 560,76 560,86 561,07 561,12 560,81! 561,12 Mai. Juin. mm mm 563.03| 566,69 563,21| 566,89 563,30| 566,95 563,40! 567,0] 563,47| 567,1 563,47| 567,08 563,46! 567,07 563,48| 567,06 563,54| 567,11 563,71| 567,27 563,80| 567,34 563,83| 567,47 2 * = = = + mm mm 568,07 | 567,94 568,25| 568, 12 568,32 | 568,2 568,38 | 568,27 568,44 | 568,41 568,46 | 568,27 568,45| 568,25 568,45| 568,26 568,50 | 568,33 568,66 | 568,51 568,73| 568,5 568,7: | 568,58 | Septembre. mm 566,80 567,03 567,13 567,2 567,17 567,09 567,04 567,06 567,16 367,35 567,40 567,41 Hauteur moyenne du baromètre observée de 1841 à 1860. Octobre. mm 564,16 564,46 564,58 564,62 564,95 564,41 264,40 564,43 564,58 564,73 564,76 564,7: Novembre. mm 561,62 561,89 562,00 562,04 561,86 561,68 561,67 561,72 561,8 561,98 562,0( 561,96 Décembre. mm 561,65 561,88 562.04 562,07 511,87 561,68 561,67 561,78 561,93: 562,07 562,12 562,09) 23 AU GRAND ST-BERNARD. PE 90084 v£) us GP ElL+ NE) us us OLG+ n£) Us CIE—+ n£) us GIEH NE CIE+ NE) CIEH nE CIE+ NE) C£EI+ w6) O81+ #6): ) } Cet+ nE) ) ) ) uts uIs uts us uIs us (98 0861+ Mg) us DUDULIT-PUDS ND AUOUOADQ NP AUARID UOHDLLDE D} juapuosaados nb saut, ] u!s uIs us uIs us us us us us uts po‘o+ (8G GOt+ nc) po‘0+ (08 S91+ we) 60‘0+ (gr 96147 ve) 10‘0+ (2S LrI+ nt) 10‘0+ (98 ePI+ na UIS 60‘0+ (Cp GET ne) 60‘0+ (61 1£1+ we) co‘o+ (0 GEt+ ne) 10‘0+ (9 rr1+ ve) 10‘0+ (8G 614 nt) 60‘0+ (TI LET+ ve) &) 9004 Cr£oeLl+ uiui us ce 0+ &e 04 € 0+ 1è 0+ 91'0+ LL'0+ LL‘0+ 81‘0+ 1e‘ 0+ &e 0+- 18 0+- ge 0+ ui } SFE+ n) PTE+ n ; &CE+ n) RFE+ w) ù EH n) FE 098 + n) us us us us uIs uls uls uIs us us IS &L'0+ FS'196 18 IL'0H 6L'19S G6L‘0+ 9r'P96 8L‘0+ 60°L9S 18 04 Gz'89c pe O+ 17'896 tt 0+ 60° LOG 68 04 &r' 690 Fa 0+ 9L‘096 0& 04 Gr'09€ GL'0+ 0966 60‘0+ 6&°0S LUTULS ut = Q *o1qua99(] | Q “2AlU9aON 9 * “21400 q “oiqualdas Qc“. Roy (SL | ELU à uinf q .…... Sr en q dt : JAI] AUX | q *doiauef Si on calcule à l'aide de ces formules, pour chaque la variation diurne de la pression atmosphérique, telle qu'elle est donnée dans le tableau suivant, on trouve mois, s qui donnent un accord presque parfait avec les chiffre ve FE # s. Q e du baromètre ; sde millimètre, servé ème “ S VARIATIONS PÉRIODI + heure la hauteur ob isse rarement deux centi SUR LI a même art dép pour | léc 24 Variation diurne de la pression atmosphérique au St-Bernard Janvier,| Février. Mars. Avril. Mai. Juin. | Juillet, | Août. |[Septemb [Octobre [Novemb.|Décemb. mm mm mm mm mm mm mm mm mm mm mm 559,60 | 560,45 | 560,76 | 563,42 | 567,03 | 568,41 | 568,25 | 567,09 | 564,46 | 561,79 | 561,84 ASS ESCORT USERS ASE mm mm rom mm mm mm mm F0 +0,08 pos +0,08 | +0,04 | Midi 0,04 | —-0,03 u,01 | —0,03 | —0,08 mm mm mm min mm | Midi! +0,05 | +0,06 | +0,08 | +0,08 En 1 | —0,09 | —0,03 | —-0,01 nes 0,04 2 | —0,16 | —0,10 | —0,06 0,01 0,04 0,06 0,04 0,04 +0,02 | —0,03 | —0,05 | —0,10 | —0,16 0,00 | —0,05 | —0,06 | —0,12 | —0,17 Av æ + 3 —0,09 | —0,09 | —0,08 | —0:01 0.04 | +0,03 0,03 | +0,01 | —0,05 | —0,03 | —0,09 | —0,12 4 : 0,00 0,00 | —0,01 | +0,03 0,07 0,04 0,05 0,04 | —0,01 0,03 | —0,01 | —0,01 5 6 0,11 0,10 130 pou 0.12 0,08 0,09 0,10 0,07 0,12 0,07 0,10 6 7 HSE 0,20 0,22 0,21 | 0.22 | 0.14 0,17 -0,18 0,16 0,21 0,14 0,20 ÿ| 8 0,21 0,27 | +0,31 | +0,31 0,31 0,22 0,25 0,25 0,26 0,27 0,19 0,26 8 9 0,20 | +0,29 0,36 es 0,38 0,31 0,32 0,31 0,31 0,30 0,21 0,28 9 10 0,17 | +0,27 0 35 0.37 0,41 0,33 0,39 0,31 0,32 0,29 0,19 0,26 | 10 | 11 | +0,10 0,20 0,27 sn 0,35 0,29 | 0.31 0, 6 0,25 0,21 0,13 Oÿ19: L T1" Minuit! +-0,01 le 0,14 0.16 0.23 0,18 0,20 0,15 0,14 0,09 0,03 0,08 [Minuit 13 — 0,09 | —0,03 —0,01 00 0,05 0,04 0,04 0,01 — 0,01 —0,07 | —0,09 — 0,06 13 14 | —0,20 | —0,16 | —0,16 | —0,19 | —0,14 | —0,12 | —0,13 | — 0,14 | —0,17 | —0,23 | —021 0,20 | 14 | 15 | —0,29 —0,26 | —0,29 | — 0.33 —0.30 | —0,26 | —0,27 — 0,26 | —0,29 | —0,36 | —0,30 | —0,31 15 16 | —035 | —0,33 —0,36 | —0.41 —0,40 1 —0,35 — 0,35 | —0,33 — 0,3% 00,42 | —0,332! =0,36 16 17 —0,28 | —0,32 0/97 —(0"4l — 0,43 — 0,36 — 0,37 — 0,34 | —0.36 | —0,40 | —0,29 10,33 17 18 — 0,17 — 0,26 — 0.31 —0.35 —(,39 — 0,39 —(0,33 0,10 —0,29 —0,30 — 0,18 0,22 18 19 | —0,01 —0,14 | —0,22 | —0.24 ! —0.81 | —0,25 | —0,26 | —0:22 | —0,18 | —0,15 | 0:03 —0,06 | 19 20 +0,15 — 0,01 —0,09%lu—0:15 0:21 — 0,16 | —0,17 | —0,13 | —0,66 0,00 0,11 Fe 20 21 +0,26 +-0,09 0,02 — 0.02 O2 — 0,08 | —0,09 | —0,05 +0,04 0,12 0,21 (270 2 A | 23 | +0,19 | +0,13 0,11 LE 0,00 | +0,03 | +0,01 0,04 0,11 0,15 | +-0,18 0,16 | 23 AU GRAND ST-BERNARD. 25 De ces chiffres qui établissent la variation diurne de la pression atmosphérique au Saint-Bernard, on peut dé- duire la correction qu'il faut appliquer à la moyenne arithmétique des neuf lectures diurnes, faites de G heures du matin à 40 heures du soir, pour obtenir la pression moyenne des 24 heures; ces corrections sont pour cha- que mois : mm Janvier... — 0,05 Février. ...... — 0,04 Mare... * — 0.04 AGE RE. — 0,05 Man ss EE. — 0,04 JUIN. Ces: — 00 duillet::,%...: 0:03 Ans 0. — 0,04 Septembre.... — 0,05 Octobre... —10:06 Novembre .... — 0,06 Décembre..... — 0,05 Variation annuelle de la pression atmosphérique au Saint-Bernard. J'ai calculé de la même manière que pour la tempéra- ture la correction qu’il faut appliquer aux douze moyen- nes mensuelles, pour obtenir la pression correspondant à 42 époques équidistantes. Voici ces corrections, ainsi que la hauteur obtenue : 96 SUR LES VARIATIONS PÉRIODIQUES mm mm Janvier... 0,00 1M =15 B = 560,29 Février.... — 0,04 2 45 559,56 Mars... ... — 0,03 3 5) 560,42 Avril...... + 0,05 4 105 560,81 | PHARE + 0,10 5 135 563,52 Juin ....... + 0,14 6 165 567,17 Juillet... + 0,11 7 195 568,52 Août .….... + 0,04 8 225 568,29 Septembre. — 0,01 9 255 567,08 Octobre.... — 0,06 10 285 564,40 Novembre... — 0,03 11 315 561,76 Décembre... — (0,02 12 345 561,82 La formule qui représente la variation annuelle de la pression atmosphérique a été calculée d’après ces données ; la voici : B— 563mm,64 + 4mm,405 sin (M + 233° 51'). +0mm,951 sin (2 M + 50035') + Gmm,047 sin (3 M + 0°0') La pression, calculée par cette formule pour les douze époques équidistantes. donne les valeurs suivantes, à côté desquelles j'ai indiqué l’excès sur la pression observée : mm mm 1 M = 15° pression calculée 560,50 erreur + 0,21 2 43 559,92 + 0,36 3 14 559,84 — ‘0,58 4 105 561,08 + 0,27 5 135 563,75 + 0,23 6 165 566,77 — 0,40 7 195 568,65 + 0,13 8 225 568,56 + 0,27 9 255 566,77 — 0,31 10 285 564,32 — 0,08 11 315 562,33 + 0,57 12 345 561,18 — 0,64 AU GRAND ST-BERNARD. 27 L'accord entre les pressions calculées et les pressions observées est satisfaisant ; l'écart moyen estde +0%",595; il est très-inférieur à l'incertitude qui subsiste sur la pression moyenne d'un mois déterminée par une série de vingt années d'observations. Il suffit, pour s’en con- vaincre, de comparer pour chaque mois la pression moyenne pour les deux périodes 1851 à 60 et 1841 à 50; on trouve les différences suivantes entre les moyennes des deux séries de 10 années : mm Tanwiers 24. + 1,61 Février en. — 0,64 MArTS Reese m2 — 0,40 AvalAU 2e. + 0,85 Mañysscuts él — 1,20 lomagsst. + 0,06 Juillet... . +0,23 LOTS Terror. + 0,38 Septembre ...... + 0,50 Octobre... side re TT Novembre, ..... — ],74 Décembre..... "1,81 Pour la série des 10 années 1841 à 1850, on avait, d'aprés le mémoire cité plus baut, + 0,73 pocr l'é- cart moyen entre la pression calculée par la formule et la pression observée, mais la pression calculée par la série de ces 10 années présente des écarts bien moindres si on la compare à celle qui est obtenue par la série tolale des vingt années ; on a, en effet, les différences suivanles : 28 SUR LES VARIATIONS PÉRIODIQUES (1841-1860) — (1841-1850) mm M —=1159 — 0,07 45 + 0,15 75 + 0,10 105 — 0.31 135 — 0,23 165 — 0,16 195 + 0,09 225 + 0,37 255 + 0,43 285 + 0,33 315 — 0.26 345 — 0,33 La valeur moyenne de ces écarts est de + Om, 27; c’est donc de + 0%",27 que la pression diffère en moyenne, suivant qu’on la calcule par les 10 années 1841 à 1850, ou par les 20 années 1841 à 1860; et comme pour la première de ces séries l'écart moyen entre une pression calculée et une pression observée était de + 0"",73, on peut en conclure que la plus grande partie de ces écarts provenait de l'incertitude sur les moyennes mensuel- les observées. En raisonnant de même sur les écarts de la série des vingt années 1841 à 1860, on peut attri- “buer la plus grande partie de ces écarts à l'incertitude sur les moyennes mensuelles observées ; il est donc per- mis d'admettre que la formule donne la pression nor- male pour une époque quelconque, à 15 ou 20 centièmes de millimètre près. Le tableau suivant donne à la fois la température et la pression normales, calculées par les formules de cinq jours en cinq jours. Ce tableau suppose l'année formée de 365 jours, tandis que l’année tropique, qui exprime AU GRAND ST-BERNARD. 29 la vérilable durée de la période annuelle, est de 365 jours el un quart. I faudrait, par conséquent, si l'on voulait alleindre une précision complète, calculer ces nombres pour un cycle de quatre années civiles, dont trois de 355 jours, et une année bissextile de 366 jours. Mais il suffit pleinement de prendre les chiffres de ce tableau, tels qu'ils sontdonnés pour les datescorrespondantes, pourles années ordinaires de 365 jours, et, dans les années bissextiles, de prendre jusqu’au 29 février inclusivement, pour argu- ment, la date diminuée d'un jour. Températ. | Baromètre, Températ. | Baromètre. | o mm | o nm. | Jauvier... 1 | —911 | 560,81 | Juillet. 5 5,91 | 56812 6 | —9.27 "550,70 | “710 15 82 | 56837 11 | —9,39 | 560,60 15 | +6,02 | 568.58 16 | —9 46 | 560.50 20 | +6.15 | ©6N.73 21 | —9.50 | 560,40 25 | +-6.22 | 568.83 26 | —9.50 | 560 30 30 | +6 23 | 563.87 31 | —9.45 | 560.20 || Auût. ... 4 | +-6.18 | 568 85 Février … 5 | —938 | 560,10 | 9 | +6,06 | 568.77 10 | —9.26 | 560,01 | 14 | +5.88 | 568 65 | 15 | —9:10 | 559.93 19 -5.64 | ZG8.48 20 | —8 91 | 559.56 24 5,33 | 569.23 25 | —807 | 559.80 29 4.97 | 517.99 Mars..... 2 | —8.34 | 559,77 || Septembre 3 | +4,55 | 567 69 7 | —806 | 559,76 8 | +4.07 | 567,36 12 | —7.69 | 559,78 1: 3.54 | 567,00 | Lt Mama 4 dede ad: 5 18 1 96 | 566 62 ! 22 | —6 81 | 559.93 23 | 2.33 | 566.22 97 | —6.31 | 560,06 28 1.67 | 5:55 82 ! Avril... 1 | —5.76 | 560,23 | Octobre... 3 de 569,41 | 6 — 5 17 560,45 8 +-0 25 565 00 11 | —4.95 | 560,71 13 | —0.49 | 564.60 | 16 | —3.90 | 561,01 18 | —1,23 | 564,21 21 | —3.22 | 561 3 23 | —1.98 | 56,83 26: | —2952 | 561,7% 28 | —2.72 | 563.47 Mai..... 1 | —1.81 | 562,17 || Novembre 2 | —3.45 | 56313 6 | —109 | 562,6: 7 | —4.16 | 552 82 | 11 | —038 | 563.11 12 | —4.82 | 562 53 16 70.32 563 61 17 | —5,47 |. 562 27 | 9] 1 01 | 564.12 92 | —6 07 | 562.03 26 J; .6B | 564,64 27 |,—6.62 | 561.81 31 | +2,32 | 565,15 || Décembre. 217433 | 561,62 Juin..... 5 | +292 | :65.66 7 | —7.58 | 561.45 10 | +-3 48 | 566 16 12 | —799 | 561 30 15 | +401 | 566.b1 17 | —834 | 561,16 499 | 567 45 ‘27 —8,9) °60 92 2 4.48 | 567.0 22 | —845 | 561.03 5.26 | 5:7 32 9 11 569,81 30 SUR LES VARIATIONS PÉRIODIQUES Je terminerai celte note par quelques remarques que sugoère la comparaison des variations périodiques entre Genève et le Saint-Bernard, et sur lPinfluence que Falti- tude exerce sur ces varialions. 4° Pour ce qui concerne la température, l'amplitude des variations périodiques au Saint-Bernard est réduite aux deux tiers de ce qu’elle est à Genève; cette diminu- tion s'explique par la moins grande densité de Pair, qui le rend plus diathermane, et, par conséquent, moins susceptible d’être influencé par les rayons qui le traver- sent. A Genève, l'amplitude de la variation diurne est à son maximum dans les trois mois d'été, juin, juillet et aoûl ; elle atteint alors la valeur moyenne de 9°,1; au St- Bernard, l'amplitude maximum de la variation diurne arrive dans les mois d'avril, mai et juin; elle est alors en moyenne de 6°,1. L’amplitude est à son minimum à Genève dans les trois mois d'hiver, où elle n’est que de 3°,9 en moyenne. Au Saint-Bernard, lamplitude mini- mum a lieu dans les mois de novembre, décembre et janvier ; elle est de 2°,5. Le fait que lPamplitude de la varialion diurne au Saint-Bernard atteint son maximum en avril et mai, c’est-à-dire assez longtemps avant le solstice d'été, ne tiendrait-il pas à la circonstance qu'à celle époque le sol étant encore recouvert de neige, une plus forte proporuon des rayons est réfléchie, tandis que plus tard dans la saison, le sol étant découvert en absorbe une plus forte proportion? Ce qui semble con- firmer celte manière de voir, c’est l’anomalie que pré- septe le mois d'octobre dans le décroissement de l’ampli- tude. Celle-ci est aussi forte dans ce mois qu'en septern- bre, ce qui ne s’observe pas ailleurs, et n'est pas d'accord avec la diminution de la hauteur du soleil au-dessus de AU GRAND ST-BERNARD. 31 l'horizon ; or, c'est en octobre que le sol est de nou- veau habituellement couvert de neige au Saint-Bernard. Ure autre différence essentielle entre les deux stations se trouve dans l'instant le plus chaud de la journée, qui arrive à peu près toute l’année deux heures plus tôt au Saint-Bernard qu’à Genève, c'est-à-dire vers 1 heure, au lieu d'arriver vers 3 heures. L'air des couches superficielles est surtout réchauffé par les rayons ré- fléchis et renvoyés par le sol, parce que les rayons de chaleur obscure sont absorbés dans une proportion beau- coup plus forte que les rayons directs du soleil; par suite, l’élévation de la température doit se prolonger moins longtemps après la calmination du soleil, où lin- tensité calorifique directe est à son maximum, lorsque la moins grande densité des couches superficielles fait que l’air oppose une plus faible résistance au passage des rayons réfléchis. Il n’y a pas de différence bien notable entre les deux stations pour l'instant le plus froid de la journée. L’amplitude de la variation annuelle est également ré- duite aux deux tiers au Saint-Bernard, comparativement à ce qu’elle est à Genève, savoir de 45°,8 au lieu de 49°,22 ; la marche est aussi un peu différente, comme le montrent les chiffres suivants : Genève St-Bernard. Jour le plus froid ... 12 janvier — 09,47 22 janvier —90,50 Jour égal à la moyenne 20 avril. + 9,16 30 avril.. —92,04 Jour le plus chaud... 22 juillet. 418,75 28 juillet. +6,30 Jour égal à la moyenne 19 octob.. + 9,16 24 octobre —2 04 Tandis qu'à Genève la température est sensiblement pendant le même nombre de jours au-dessus el au-des- 32 SUR LES VARIATIONS PÉRIODIQUES sous de la moyenne, la différence est plus sensible au Saint-Bernard. La température ne s’élêve qne pendant 177 jours au-dessus de la moyenne, et pendant 188 jours elle est au-dessous. Il en résulte que la température s'élève plus au-dessus de la moyenne en été qu'elle ne s'abaisse au-dessous en hiver, 8°.34 au lieu de 7°,46. 90 Pour ce qui concerne la pression atmosphérique, les variations périodiques so:t modifiées dans la station élevée, par le fait que la dilatation de Patmosphère pen- dant les heures chaudes de la journée et pendant les mois chauds de l’année amène une plus forte proportion de couches à peser sur la cuvette du baromètre au Saint- Bernard, et augmente ainsi relativement la pression, tandis que la contraction nocturne et hibernale abaisse ces couches au-dessous du niveau de la montagne et cause une diminution de pression. Il sera du resie plus facile de suivre linfluence de l'allitude sur les variations périodiques à l'aide du ta- bleau suivant, dans lequel Pai réuni pour les mois op- posés de janvier et de juillet la variation diurne de la différence de température et de pression à Genève et au Saint-Bernard, Pour comparer la dilatation où la contrac- tion de la colonne atmosphérique avec la variation de la différence de pression aux deux stations, celte différence devant être diminuée dans le premier cas, et augmentée dans le second, il faudrait connaître la tem- pérature moyenne de la couche d'air interposée. Cette donnée ne s'obtient malheureusement que d’une ma- nière très-imparfaite dans la période diurne en prenant la demi-somme des températures aux deux stations, parce que dans chacune d'elles le thermomètre accuse la température des couches superficielles qui sont in- AU GRAND ST-BERNARD. 5 à: fluencées dans le même sens par le voisinage du sol. À défaut d'autres données, j'ai ajouté à ce tableau la va- rialion diurne de la demi-somme des températures de Genève et du Saint-Bernard, mais il est facile de prévoir que si l’on pouvait suivre les indications d’un thermomèé- tre suspendu dans l'air, à 1035 mètres au-dessus de Ge- nève, on obliendrait une amplitude considérablement moindre dans les variations diurnes, et de plus un re- tard notable dans les instants du maximum et du mini- mum, Ceux-ci coincidant avec l’interversion dans le sens des courants, d’ascendants en descendants, et vice versa. Genève moins St-Bernard. Variation diurne Variation diurne de la différence de température fe la dei somme et de pression. des temperatures. ee PT UE cinrenshal-elut A ÉUEMS AE AR Janvier Juillet. SE À LS, 3 Co Pression. Température! Pression. À Janvier. | Juillet. o mm 0 mm o 0 Moyennes] +9,05 | 166,98 |H-12,63 | 159,27 | —-4,93 | 412,40 ne, a LU mm 0 nn LU 0 Midi —0,28 | +0.08 0,73 | —0,02 | +1,56 | +2,94 | 1 r 0,07 | —6,05 1,01 | —0,22 | +1,87 | +3,28 2 Ho —0,20 1,41 | —0,42 | +1,84 | +3,45 3 0,81 | —0,28 1,82 | —0,58 | +1,55 | +3,43 4 1.03 | —0,32 2,09 | —0,71 À +1,08 | +3,15 5 105 | — 0,28 2,16 | —0,78 | +0,62 | +2.62 6 +-0 92 | —0,23 1,94 | —0,76 | <+-0,24 | +1,88 7 +0,67 | —0,15 1,50 | —0,68 0,00 | +1,05 8 0,40 | —0,09 0,91 | —0,52 | —0,15 | +0,25 | 9 0.18 | —0,05 0,34 | —0,34 | —0,26 | —0,46 | 10 +0,03 | —0,04 || —0,20 | —0,17 À —0,37 | —1,07 11 —0,04 | —0,02 || —0,70 | —0:03 | —0.49 — 1,64 | Minuit | —0,08 0,00 || —1,17 | +0,08 | —0,62 | —2,23 | 13 —-0,14 0,01 || —1,60 | +-0,18 À —0,72 | —2,84 14 —0.19 0,04 || —2,02 0,28 À —0,83 | —3,42 15 — 0,29 0,06 || —2,28 0,39 À -0,91 | —3,80 16 —0,39 0,10 || —2,28 | +0,51 À —1,00 | —3,83 17 — 0,48 0,10 || —2,01 0,63 | —1,11 | —3,42 18 — 0,56 0,15 || —1,50 0,70 | —1,18 | —2,60 19 — 0,62 0,20 || —0,88 0,72 À —1,13 | —1,48 20 — 0,68 0,25 || —0,30 0,66 | —0,87 | —0,28 21 —0,70 0,27 0.12 0,53 À —0,38 0,83 29 — 0,67 0,26 0.39 u,37 rs 1,74 23 —0,53 175 0 55 | —-0,18 0,93 : ARCuiVES. T. XII. — Janvier 1862. 3 34 SUR LES VARIATIONS PÉRIODIQUES. ETC. L'on obtient de même, dans la période annuelle, la väriation de la différence de température et de pression entre Genève et le Saint-Bernard. Genève moins St-Bernard. Varialion annuelle Variation annuelle de la dela température de la différence de couche intermédiaire. Température. Pression. o mm o Moyennes 5 PARIS NES +11,20 152,82 +3,55 o mm [0 Janvier....e —2,15 +4,16 —8,48 Février. .... —0,82 +3 .79 —1,46 Maïss-tr.2 +0,68 +3,27 —4,84 Avril... . +1,30 +0,28 1,07 ON PPET N +1,42 —1,54 +3,27 Juin/..® #2 MES —9,86 +7,00 Aulet. +1,43 —3,55 +8,85 After es oi +0,80 —3,49 +8,21 Septembre . . +0,04 —9,58 +5,26 Octobre — 0,58 — 0,88 +0,76 Novembre .. — 1,40 +1 24 —3,98 Decembre... —2,925 +3,17 —7,36 Dans la période annuelle, la variation de la demi-som- me des températures à Genève et au Saint-Bernard cor- respond beaucoup plus exactement avec la variation dans la différence de pression. La dilatation ou la contraction d’une colonne d’air de 2070 mètres de hauteur est de + 7,6 par degré; à l'altitude du Saint-Bernard, 14%, 2 de hauteur correspondent à 1 millimètre de pression ; par conséquent, 7,6 correspondent à Ov", 53. Une va- riation de + 4° dans la température de la colonne d'air doit produire une variation de Om®, 53 dans la diffé- rence de pression ; on trouve approximativement ce rap- port dans les chiffres du tableau ci-dessus. SUR LA GRÊLE TOMBÉE A LUCERNE LE 9 JUIN 1861. (Lettre de M. le prof. Mausson à M. L. Soret.) Monsieur ! Comme les Archives des sciences physiques el nalu- relles se sont plusieurs fois occupées de la grêle et que, récemment encore, M. le professeur L. Dufour, est re- venu sur cette question dans ses belles recherches sur la solidification de l’eau ‘, j'ai pensé que quelques détails sur l’effroyable chute de grêle qui le 9 juin 1861 dé- vasta les environs de Lucerne pourraient intéresser vos lecteurs. Le hasard m’ayant amené pour quelques heures à Lu- cerne le lendemain de ce.sinistre, je fus étonné du dé- sastre qui avait frappé toute la contrée : les prairies, les moissons, les jardins étaient foulés et hächés comme si un escadron de cavalerie avait passé dessus ; les arbres étaient dépouillés de leurs feuilles et de leurs petites branches, dont le sol était couvert au loin, plusieurs mêmes étant brisés ou déracinés ; les rues de la ville étaient jonchées de débris de tuiles et de briques tom- bées des toits ; des faces entières de maison n’offraient que des murs endommagés et des fenêtres dégarnies de 1 Archives, 1861. t. X, p. 346 et 1. XI, p. 29. 306 SUR LA GRÈLE toutes leurs vitres. Immédiatement après mon retour j'écrivis à M. Kaufmann, professeur d'histoire naturelle à Lucerne, pour l’engager à recueillir quelques détails précis sur une catastrophe, telle que de mémoire d'homme on n’en avait pas essuyé de semblable. Il me répondit que de son propre chef il s'était mis à l'ouvrage, el que non-seulement il avait rassemblé de nombreuses données sur la marche générale du phinomène, mais encore qu’il avail, au moment même, soumis les grêlons à un examen microscopique, analogue à celui que le botaniste appli- que à l’étude de la structure intérieure des plantes. Ces divers faits ont élé consignés dans un petit mémoire, pu- blié dans le journal trimestriel de la Société des sciences naturelles de Zurich". Comme ce mémoire traite son sujet sous un point de vue qui me parait nouveau et dont toute théorie future devra nécessairement tenir compte, je désire vous en donner une analyse, en y ajoutant per- sonnellement quelques courtes remarques. Le dimanche 9 juin, la matinée était belle et claire, le ciel d’an bleu blanchâtre, Pair parfaitement tran- quille, le soleil trés-ardent. Le mont Pilate toutefois était voilé jusqu'à sa base. Vers une heure et demie, un banc de nuages sombres etlonrds arriva des hauteurs à l'ouest de la ville, en s'avançant avec rapidité vers l’est. On ressentit quelques rafates, auxquelles succéda une tem- pête, capable d’ébranler les maisons, d'enlever les volets des fenêtres, de découvrir les toits, de briser et de ren- verser de vieux arbres. Quelques éclairs, accompagnés L Ueber den Hagelechlag, welcher den 9 Jnni 1861 die Gegend von Luzern belicffen hat ; von EF. 4. Kaufmann Vierleljahrssehrift der naturf. Gesellsch. in Zürich. V861. VI, n° 5, p. 532. TOMBÉE À LUCERNE. 37 de tonnerre, traversèrent atmosphère, qui était à peu près assombrie comme lors de la grande éclipse de 1860. Dix minutes avant deux heures survinrent des torrents de pluie, accompagnés d’un bruit étrange, comme le pro- duirait le choc d’une quantité de cailloux ; bientôt des grélons se mélèrent à la pluie. Leur dimension qui était d’abord celle de grosse grenaille, alla en croissant jus- qu'à la grandeur d’une noix et même d’un œuf. Pendant 3 à 4 minutes il ne tomba que de la grêle, presque sans pluie, produisant un fracas épouvantable, obscurcissant l'air au point qu'on ne distinguait plus les maisons voi- sines, entamant, brisant, détruisant le côté exposé des objets, cassant les tuiles et les ardoises, blessant les grands animaux qui n'avaient pu échapper, tuant de nombreux oiseaux et, ce qui est plus curieux, ües pois- sons, qu’on trouva morts à la surface de l’eau. Les ravages furent accomplis en quelques minutes; car vers À ou 2 minutes avant deux heures, la tempête baissa subite- ment pour faire place à une pluie uniforme, poussée par un faible vent de l’ouest et n’apportant plus que de rares grains de grésil. Mais ces quelques moments avaient suffi pour revêtir le jardin le plus riant et le plus fleuri du linceuil blanc et glacé de l'hiver. La contrée paraissait comme couverte de neige, sur laquelle on voyait ramper des traînées de brouillards, par suite de la condensation des vapeurs qui s’élevaient d’un sol plus chaud. La ma- jeure partie des grêlons fondirent dans la soirée; les pentes abritées en présentaient encore le lendemain et là où le vent lés avait accumulés, cinq à six jours ne suffi rent pas pour les détruire entièrement. L’orage avait clairement dessiné sa roule par ses nombreux ravages. Chassé par un vent ouest-sud-ouest, 38 SUR LA GRÊLE il avait suivi les chaînes de Nagelfue, qui précèdent les crêles calcaires du Pilate. La grêle, dont les premières traces s'étaient fait sentir au midi du Napf, près du Gros- senberg, augmenta en suivant la vallée de PEmme à tra- vers les communes Romoos, Doppelschwand, Woblhau- sen et Werthenstein ; elle passa la Bramegg et s’abattit avec un maximum d'intensité sur les environs de Scha- chen. Puis elle continua sa marche sur Malters et Blatten, d’où le courant principal se jeta un peu au sud par le vallon du Renggloch sur Kriens, tandis qu’un autre bras plus faible marcha sur Littau et Lucerne. Là, les deux courants se réunirent de nouveau et les alentours de la ville furent encore le théâtre d’un maximum de destruc- tion, qui s’étendit par-dessus le lac à la Seebourg et jus- que vers Adligenschweil. A partir de ce point, jusqu’à Udligenschweil, la grêle diminua et plus loin elle dis- parut entièrement. La contrée de Zoug fut complétement préservée. Mais en outre, il faut remarquer que les jour- paux ' ont signalé une épouvantable tempête de grêle, qui a désolé toute la March entre Reichenburg, Liebnen el Bilten, à deux heures trois quarts le même jour, et qu’à trois heures à peu près le même fléau atteignait le Toggenbourg, près d’Ebnat. En considérant tonte cette ligne de Romoos dans l’Entlebuch jusqu’à Ebnat dans le Toggenbourg comme la route du même phénomène ath- mosphérique, on voit qu’il aurait ainsi envahi une zone de 100800 mètres de longueur sur une largeur d’à peine 3600 mêtres (soit ‘/,, environ), en augmentant à quatre reprises de véhémence, pour s’affaiblir ou s’é- teindre dans les intervalles ?. 1 Nouv. Gazette de Zurich, n° 165-166. ? Le gouvernement de Lucerne ayant fait faire une estimation TOMBÉE A LUCERNE. 39 Avant de parler des grêlons mêmes, je désire relever diverses particularités qui me paraissent mériter quelque intérêt. Lors de la chute des grêlons, on ne remarqua pas la moindre trace d'un tourbillon : toutes les maisons et tous les arbres n’out été frappés et lésés que d’un seul côté, le même à peu près sur toute la largeur de la zone, le méme aussi qu'indique la progression générale du phénomène. Ce vent ouest-sud-ouest est. celui qui très- souvent amène à Lucerne le mauvais temps, le froid et VPhumidité en hiver, et en été les orages. Aux environs de la ville, et plus tôt déjà, au Renggloch, la direction du vent, au moment de la chute, tourna au nord-ouest, comme sous l'influence de la grande vallée de la Reuss qu’occupe le lac. En jugeant ainsi de la direction des du dommage dans les communes de son ressort, nous en trans- crirons un résumé, pour donner une idée juste de la destruction que quelques minutes ont pu causer. Commune de Romoos............ fr. »,000 » Doppelschwand . ..... » 1,500 » Werthenstein........ » 12,687 » Entlebuch, Bramegg .. » 20,000 » Schathen! :. 7... » 9,500 > Liltaus185..:54 DEIAUE »y 34,810 » Emmenncasdsutls di » 8,462 » Ééiede à 2... 2er. » 200,000 » RETT TE PNR EE » 443,123 , 1713 1 MR MEANS ON »y 20,500 » Matters, Blatten. ..... » 321,240 » Russweil.114 . 441 à: » 46,950 » Adligenschweil ...... » 92,050 » Udligenschweil . ..... » 770 Tolshsud sort fr. 1,289,532 Quelques maisons ont eu plus de 4000 tuiles brisées. Le bâti- ment du gouvernement perdit à lui seul 4164 vitres, et Loule la ville de Lucerne 23441. 40 SUR LA GRÊLE grélons, il faut se dire, qu’on n’en observe réellement que la dernière phase, et que le vent le plus bas qui la détermine peut très-bien dépendre des inégalités de la terre ou de la marche générale du phénomène, sans que pour cela on puisse positivement réfuter l'existence de tourbillons dans les régions plus élevées, tourbillons dont on suppose ordinairement l'intervention dans les tem- pêtes de grêle. Toutefois des mouvements de ce genre pe pourraient guère rester sans influence sur les instru- ments météorologiques, notamment sur le barométre qui par ses minima est devenu l'indice le plus sûr de leur présence. M. le professeur Grossbach a noté les obser- valions suivantes : 7 heures du matin. 2 heures après midi. ” Thermomètre. 13°R. 10°,2. Paromètre. 26° 66 p°. de Fr. 26,675. En admettant qu’à deux heures la température nor- male fut de 17° R. seulement, il y aurait eu un refroi- dissement de 7° R. par l'effet de la grêle, tandis que le baromètre n’aurait pas changé d’un dixième de ligne ! Ce fait de absence de toute influence de la tempête sur la pression atmosphérique , serait des plus frappants, si l'observation notée à deux heures pouvait réellement être considérée comme faite au moment de la crise, ce qui ne me paraît pas entièrement démontré. En tout cas, la per- turbation atmosphérique n’a été que passagère et ne s’est pas présentée comme une transition entre des états très-différents. On admet souvent, avec raison à certains égards, mais à tort à d’autres égards, que la grêle évite les hau- teurs et choisit de préférence les contrées basses. Cette règle, énoncée sans restriclion, est aussi fausse que celle TOMBÉE A LUCERNE. 41 qui nie les chutes de grêle pendant la nuit ; néanmoins, il reste avéré que les orages à grêle sont relativement rares sur les hautes montagnes, et qu’au lieu de grêlons, il ne tombe ordinairement que du grésil. L’ouragan dont nous parlons a confirmé sous divers rapports la règle précédente. D'abord, il est partout resté hors des limites des chaînes calcaires et même des arêtes de Nagelflue, qui les précèdent, comme si celles-ci lui avaient com- mandé son cours. En second lieu, il est remarquable que les centres de destruction ne répondent nulle part aux points culminants du chemin parcouru, mais bien aux points les plus bas, trois d’entre eux au lieu de ren- contre de grandes vallées, celles de la Reuss, de la Lim- mat et de la Thour. Il est vrai que le bassin du lac de Zoug, quoique soumis à des conditions analogues, n’a nullement été atteint. Enfin, on a remarqué avec surprise que le sommet du Sonnenberg, à l’ouest de Lucerne, mal- gré sa faible élévation de 388 mêtres au-dessus du lac, avait été entiérement ménagé par le fléau, qui sévissait avec fu- reur dans les deux vallées latérales, à Malters et à Kriens. A mon avis, il serait prématuré de conclure de ce fait assez curieux, que la formation de la grêle ait eu lieu dans les basses régions seulement, et ne se soil pas ac- complie déjà à la hauteur du Sonnenberg. Ce phénomène s'explique, en effet, très-simplement par une influence de la montagne, tendant à partager et faire dévier les courants d'air inférieurs et par une réaction de celte in- fluence sur les couches les plus élevées et sur la trajec- toire des grêlons pendant leur chute. Admettre une géné- ralion de la grêle dans les basses régions, serait ajouter une épigme de plus à toutes les difficultés que l’on a déjà à se rendre compte de la condensation et de la suspen- 49 SUR LA GRÊLE sion de fortes masses de glace, comme celles dont les grélons sont formés. Mais arrivons à la description des grélons. Les plus gros alteignaient la grosseur d’un œuf de poule, M. Kauf- mann en a observé qui mesuraient 51%" de diamêtre et pesaient jusqu’à gr. 15,6; les plus petits avaient un poids de 7 grammes. La forme des grêlons, tantôt se rappro- chait d’une sphère entière ou partagée, tantôt d’une pyramide où d’un champignon, quelquefois d’une demi- sphère. La substance de la glace était en partie trou- ble et opaque, en partie parfaitement limpide comme de l’eau. Les petits grêlons, d'une dimension inférieure à 15®® , élaient composés en entier de glace opaque. Dans les grands, elle occupait la partie centrale, dans ceux en forme de champignon le sommet aminci, dans les demi-sphères le centre de figure, comme si ces der- niers n’eussent été réellement que des fragments de sphères plus grandes. Dans les gros grélons on obser- vait en outre des couches concentriques, tantôt complé- tes, tantôt partielles et s’effilant des deux côtés, alterna- tivement formées de glace limpide et de glace trouble. Souvent l’un des côtés offrait plus de ces alternances que l’autre, et le centre laiteux ne correspondait pas au centre de figure. En somme, la glace opaque occupait au moins les trois quarts du tout ; dans un des grélons, lune des moiliés était blanche, l’autre transparente. Sou- vent chez les grêlons entiers, surtout s'ils étaient irrégu- liers, on découvrait dans la partie opaque une espèce de structure radiée, allant du centre de la substance vers la surface extérieure, et à la surface extérieure des gré- lons, on observait un réseau hexagonal irrégulier, qui correspondait à cette structure. TOMBÉE A LUCERNE. 43 En examinant à la loupe, on reconnaissait que l’o- pacilé était causée par de petits globules d'air, qui se dégageaient lorsqu'on faisait fondre les grélons, et mon- taient à la surface du liquide. Dans les petits grains ainsi que dans la partie centrale des gros grélons, ces globu- es étaient ronds , assez réguliers et de 0v",08 à 0,3 de diamètre. Ils manquaient presque entièrement dans les parties transparentes. Là où la glace paraissait rayon- née, ils s’allongeaient dans la même direction, en con- servant leurs contours arrondis ; ou bien, ils présentaient plusieurs renflements comme s’ils avaient été formés par la jonction d’un chapelet de globules. On a observé de ces globules allongés, qui avaient de 0®",7 à 1,2 de lon- gueur sur 0,06 de largeur, et qui étaient éloignés de la ligne voisine de 0,7 à 1,2. Le dessin réliculé de la surface provenait également de petits globules d'air, alignés en plus ou moins grand nombre sur les fils du réseau. Tous ces globules, à contours arrondis, quoique irréguliers, se reconnaissaient aisément à la large ligne obscure que présentent à la lamière transmise les corps transparents, plongés dans un milieu d’une densité très- différente. Avec un grossissement de 50 fois on reconnaissait que ni la glace rendue opaque par l’interposition des globules d'air, ni celle qui paraissait parfaitement limpide, n’était formée d’une masse homogène. Dans l’un et l’autre cas elle se composait d’un agglomérat de corpuscules limpides, à contours fins et nets et ayant des formes et des dimensions assez variées. Au centre ils se rappro- chaient de la forme de polyèdres isométriques à an- gles très-arrondis et mesurant de O"",1 à 0,6; vers la périphérie et surtout dans les parties à structure 44 SUR LA GRÊLE rayonnée , ils s’allongeaient considérablement jnsqu’à Ov®,6 et 1,5 sur 0,3 à 0,6, ne laissant toujours entre eux que de petits espaces à angles aigus. Dans l'intérieur de chaque corpuscule on observait ordinairement un globule d’air (rarement deux) parfaitement sphérique, p’atteignant guère 0,13, et accompagné de petitspoints à peine visibles. Leurs petites dimensions et leur forme régulière faisaient de suite distinguer les globules inté- rieurs des globules interposés, décrits plus haut, lesquels entouraient ou entamaient souvent plusieurs corpuscules. Les globules intérieurs, ainsi que les points microscopiques, élaient également remplis d'air, car lorsqu'on les étudiait par le procédé de la fusion. ils montaient à la surface. Au contraire, les petits #nterstices entre les corpuscules ne con- tenaient pas d’air; à plusieurs reprises on a vu les cor- puscules se séparer par la fusion et nager isolément, sans que rien ne se détachât de leur contour. M. Kaufmann se demande si ces espaces ne seraient peut-être pas vides et si ce ne serait pas là la cause de l’agglomération des corpuscules? Cette hypothèse est inadmissible : le con- tour des corpuscules devrait dans ce cas se dessiner par une large ligne sombre comme dans l'air, au lieu de ne former qu’une ligne fine et nette. Il faut nécessairement que le milieu occupant les interstices soit peu différent de celui des corpuscules ; il ne peut donc guère être formé que d'eau ou d’une glace d’une nature un peu différente, produite peut-être à un autre moment. Je ne sache pas qu'avant M. Kaufmann aucun obser- vateur ait étudié la structure microscopique des gré- lons ; il est rare qu’une personne, munie d'un bon instrument et capable de s’en servir avec fruit — bien observer, comme on le sait, est un art — se trouve sur TOMBÉE A LUCERNE. 45 place au bon moment. Maintenant il s’agira d'établir par de nouvelles observations si celte structure est une pro- priélé constante de la grêle, ou bien, ce qui parait peu probable, une particularité des grêlons tombés à Lucerne. Dans le premier cas, ce sera un point de plus acquis à la science, et que nulle théorie ne pourra passer sous si- lence; dans le second, cette anomalie resterait inexpli- cable. Sans vouloir me hasarder dans le champ des hypothèses, il me semble qu'il y a deux manières très- différentes d'envisager cette structure. La première con- sisterait à considérer les grélons comme formés d'une agglomération de corpuscules de glace préexistants, qui se seraient soudés par leurs points de contact, ainsi que M. Dufour l’a observé dans des globules d’eau refroidis au dessous de la température de congélation ; mais comment expliquer leurs formes polyédriques, ou di- mensions irrégulières ? comment rendre raison de leur arrangement, de leur forme isométrique au centre, et allongée vers la périphérie? comment comprendre la présence des globules interposés et leur disposition rayonnée ou réliculée ? Après mûre réflexion , il me semble qu'il faut abandonner cette idée, si plausible au premier abord, et revenir à l’idée bien moins facile à con- cevorr d'une formation assez prompte des grélons entiers. Une masse d’eau, contenant de l'air en dissolution, gêle en dégageant des bulles d’air, qui au centre d’où part la sohdification sont arrondies et de là s’allongent ou rayon- nent dans la direction de la croissance de la glace. D'un autre côlé, si Pon examine attentivement le commence- ment de la fonte sur les fleurs de glace qui ornent nos fenêtres, on les voit se désorganiser : les filaments de glacese divisent en petites articulations ; celles-ci, d’abord 46 SUR LA GRÈËLE TOMBÉE A LUCERNE. angulaires, s'émoussent en laissant entre elles des inters- ces remplis d'eau. N’aurait-on pas là les deux éléments principaux dans la constitution des grêlons, les globules interposés et les corpuscules à interstices? L'un serait le résultat de Ja formation de la masse du grélon, l’autre un commencement de sa fusion et de sa désagrégation, arrêtée peut-être par une nouvelle congélation. Au reste, je me garde bien de décider entre ces deux manières de voir, avant que de nouvelles observations aient été faites ; il me suffit de les avoir soumises au jugement des phy- siciens et d’avoir attiré leur attention sur ce nouveau Ca- ractère du phénomène, Zurich, le 30 décembre 1861. Alb. MOUSSON, prof. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. E. Enzuxo. — RECHERCHES SUR LES PHÉNOMÈNES CALORIFIQUES QUI SONT PRODUITS PAR LE CHANGEMENT DE VOLUME DES CORPS SOLIDES ET SUR LEUR RAPPORT AVEC LE TRAVAIL MÉCANIQUE EFFECTUÉ. (Ann. de Pogg., 1861, n° 9.) Le principe de l’équivalence mécanique de la chaleur a été jusqu’à présent, comme on le sait, l'objet de nombreuses recher- ches sur les gaz et les vapeurs. Ce principe toutefois, tel qu'il a été formulé en particulier par M. Clausius, est indépendant de la nalure des corps sur lesquels on peut chercher à le vérifier, et le travail de M. Edlund consiste dans l'étude des modifications qu’ap- porte, dans l'état calorifique d’un corps solide, le travail mécani- que extérieur effectué par les forces élastiques de ce corps. Considérons un corps solide et supposons d'abord qu'on lui fasse subir un certain changement de volume; ce changement est accompagné d'une varration dans sa température. Si mainte- nant ce même corps, remis dans les mêmes conditions initiales, subit de nouveau le même changement de volume, mais qu'en même temps il se produise par le fait de ce changement un cer- tain travail mécanique extérieur, la variation de la température du corps sera différente de ce qu’elle était dans le premier cas et celte différence, d'après le principe de l'équivalence mécanique de la chaleur, sera proportionnelle à la quantité de travail effec- tuée. Ï faut remarquer toutefois que le changement de volume devra être suffisamment peut pour que les limites d'élasticité du corps 48 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ne soient pas dépassées el qu'ainsi le corps repasse dans les deux cas par la même série d'étals moléculaires. La principale difficulté de ces recherches est relative à la me- sure des varialions de lempérature du corps soumis aux expé- riences, car ces variations sonl lrès-pelites et disparaissent rapi- dement sous la double action du rayonnement et de l'air am- biant. Il fallait, par conséquent, avoir recours à une méthode d'observation à la fois très-sensible et au moyen de laquelle on pül mesurer instantanément les changements de température. Un appareil thermo-électrique à permis de satisfaire suffisamment bien à ces deux conditions. Les corps sur lesquels on expérimente sont des fils métalli- ques lendus verticalement. L'extrémité supérieure du fil est fixée à un bras horizontal fixe et son extrémité inférieure se visse à un levier mobile autour d’un axe horizontal, de telle façon qu'en baissant l'extrémité du levier, on peul allonger le fil, et qu'en la relevant, le fil se raccourcit. — Une lige veïilicale, portant un bassin sur lequel on pose des poids, est supportée par un chariot mobile le long du levier au moyen d'une petite roue, et l'on peut ainsi, en poussant ce chariol dans un sens ou dans l’autre, faire varier le point d'application du poids de l'extrémité du levier jus- qu'à l'axe. On déduit l'allongement du fil de l'angle que fait le levier à un moment donné avec sa posilion iniliale, el cel angle se mesure au moyen d'un miroir fixé au levier sur son axe, d'une lunette et d’une règle divisée. Une pince thermo-électrique, composée de deux cristaux de: bismuth et d’antimoine, se fixe sur le fil, Ces cristaux, laillés en cylindres, sont Lenus dans deux éluis en os, fixés eux-mêmes à deux feuilles élastiques de laiton, retenues lune à l'autre par trois vis de pression. On fixe la pince en serrant ces vis après avoir placé le fil entre le bismuth el l'antimoine. Deux vis de cuivre, auxquelles s'adaptent les fils d'un galvanomètre, sont en contact avec les deux éléments de là pince, | On se sert d'un galvanomètre de Weber dont le barreau ai- PHYSIQUE. 49 manté à été remplacé par le système astatique de deux aiguilles, de wanière à le rendre très-sensible. Le fil sur lequel on expé- rimnente, dont la lengueur a été en général d'environ G00vw, est renfermé dans une cage en bois à porte antérieure en verre, pour éviter autant que possible les influences calorifiques extérieures. La quantité que l'on se propose de mesurer au moyen des dé- viations de l'aiguille du galvanomètre est, comme on l'a vu, la varialion très-rapide de température du fil, et il était nécessaire de trouver en premier lieu comment cet élément dépend de celui que lon observe. En traitant la question par le calcul et en ad- mellant que l'intensité du courant thermo-électrique est propor- lionnelle à l'élévation ou à l’abaissement de température du fil, el en outre que la déperdition de chaleur du fil est à chaque ins- tant proportionnelle à cette même quantité, on trouve que lam- plitude de la première excursion de l'aiguille est proportionnelle à la varialion initiale de température du fil, supposée instantanée L. L'auteur à démontré en outre expérimentalement celte propor- lionnalité de la manière suivante sur un fil d'acier : On allonge le fil en conduisant un certain poids de l'axe jusqu'à l'extrémité du levier et on allend que le fil ait pris la température ambiante. On ramène alors le poids jusqu’à l'axe el il en résulte un réchauf- fement V auquel correspond une amplitude d’excursion X. On recommence l'expérience, mais au lieu de ramener le poids en une seu’e fois, on partage sa course en lrois parties et on donne heu ainsi à trois réchautfemients successifs : v, v! el v” et à trois amplitudes correspondantes, æ, x' et æ”. La moyenne résultant pour X de huit expériences étant 63, 56, on a trouvé pour la moyenne de la somme x + x <+x", 63, 89. Ainsi ces deux quantités sont égales, el comme d'ailleurs la chaleur développée par la même contraction dans les mêrnes conditions doit être 1 L'auteur s'est assuré que les variations de température du fil produites pur la dilatation ou la contraction sont bien instantanées par rapport à la durée de la première demi-oscillation de l'aimant. On a obienu la mème amplitude en donnant sucressivement à la di- lation où à la contrartion du fil les durées, deux et six secondes. Ancuives. T. XIE. — Janvier 4862. 4 20 BULLETIN SCIENTIFIQUE. . constante, la somme v Lv'+v" est aussi égale à V. De celte double égalité résulte la proportionnalité de v et de x. Ua fil d'acier de 4,14 de diamètre est introduit dans l'appa- reil. En faisant marcher un certain poids de l'axe jusqu'à l'extré- milé du levier, ou allonge le fil sous l'effort d'un certain travail mécanique. On ramène le poids à l'axe et le fil se contracte en effecluant ce même travail. On recommence l'expérience ; seule- ment, après avoir allongé le fil, on dégage son extrémité infé- rieure de la pince qui le lient allaché au levier et le fil se rac- courcil dans ce second cas sans effectuer de travail extérieur, Chaque changement de volume donne lieu à une variation de température que l'on mesure par le galvanomètre. Les résultats suivants sont la moyenne de plusieurs expériences : p est le poids employé, u l'amplitude correspondant à l'allongement du fil, u' amplitude correspondant à sa contraction, u, el u,' ont les mêmes significations que «, eLu’, mais sont relalifs au cas où le fil se contracte sans effectuer de travail; e est l'allongement du fil. La déviation n est de sens contraire à w' et ce sens esL lel que u correspond à une diminution de température, tandis que u' correspond à une augmentation ; il en est de même pour w, et u,. 11.848 46,0 46,0 46.5 96.5 124,7 6.665 29.3 271 29.3 41.6 70.4 8.393 33.9 33 2 33.9 54.5 89 G 10.242 42.2 42.2 42 2 74.0 109,4 13.75X 26.6 54.7 56.0 116.1 145 2 Dans ce tableau, les poids sont exprimés en livres suédoises; les amplitudes en parties de la règle divisée du galvanomètre, et les allongements en parties de la règle divisée qui sert à cette mesure. I faut observer que , est la même chose que w. | Il résulte en premier lieu des nombres de ce tableau que et »“ PHYSIQUE. 51 uw’ ont sensiblement la même valeur, c’est-à-dire que la diminu- lion de température produite par l'allongement du fil sous l'action d'un cerlain travail, est égale à l'élévation de la température qui se manifeste lorsque le fil se contracte en effectuant ce même tra- vai. En second lieu, les quantités u et u' ou puisqu'elles sont égales leur moyenne w + n'est proportionnelle au poids correspondant, 2 et si l’on calcule cette moyenne par la formule u + u' = 4,021 p, 2 on trouve des nombres qui concordent bien avec ceux du-tableau. Troisièmement, en retranchant dans chaque colonne horizon- tale du tableau la valeur de un de la valeur de u,', on trouve 2 des restes qui sont proportionnels au carré du poids correspon- dant; ces restes peuvent se calculer par l'équation u,—u + u' —=0,3221 p?. L Quatrièmement, l'allongement du fil désigné par c est propor- tionnel au poids correspondant et se calcule par la formule ec — 10, 6 p. Considérons le fil pendant qu'il se contracte en effectuant un travail mécanique. Soit p' le poids qu’il soulève pendant qu'il se contracte de la quantité dx ; l'intégrale pds relative à l'allongement total exprime le travail total effectué; d'après ce qui précède, on a : dx — 10,6 dp' l'intégrale devient donc 10,6 f pdp = 5,8 p°. pn0 et ce résultat fait voir que la différence u, —u Lu proportion- : 52 BULLETIN SCIENTIFIQUE. nelle, comme on la vu plus haut, au carré du poids est par con- séquent proportionnelle au travail extérieur effectué, ce qui est conforme au principe de l'équivalence mécanique de là chaleur, Une seconde série d'expériences, faites également sur un fil en acier, ont donné des résullals tout à fait concordants avec ceux qui viennent d'être exposés. Pour montrer que le frottement développé entre le fil et le bismulh el l’antimoine de la pince ne produit pas une quantité de chaleur suffisante pour qu'elle entre en ligne de compte dans les expériences, l'auteur s'appuie sur l'égalité du réchauffement et du refroidissement produits par une contraction et une dilata- lion égales ; le frottement donnerait lieu, dans les deux Cas, à un développement de chaleur, et cette égalité serait accidentelle. Pour ne laisser aucun doute à cel égard, M. Edlund a répété ces expériences en remplaçant la pince thermo-électrique par un dis- que très-mince de platine soudé au fil perpendiculairement à sa direction; les deux fils du galvanomètre sont mis en communica- tion, l'un avee le disque de platine, l'autre avec l'extrémité supé- rieure du fil, et la sensibilité du galvanomètre à été augmentée à cause du peu d'intensité du couple thermo-électrique. Les expé - riences, faites comme précédemment, ont conduit aux mêmes conséquences. L'auteur a successivement remplacé le fil d'acier par d'autres fils de différents métaux, argent, argentane, cuivre el platine, et a dans chaque cas vérifié l'exactitude des résullats obtenus en pre- mier lieu. Ces expériences montrent que ces mélaux se compor- tent comme l'acier, mais elles n’ont permis de rien établir sur la constance du rapport entre la chaleur disparue el le travail effec- tué, En effet deux séries d'expériences ne sont pas comparables entre elles à cause de l'impossibilité où l’on est de reproduire une pression parfaitement constante de la pince sur le fil. Or une varlalion même très-faible de la pression donne lieu à une varia- lion considérable du courant, parce que, suivant l'auteur, la sec- tion du fil engagée dans la pince, section dont les modifications PHYSIQUE. 53 de température agissent presque exclusivement pour produire l'amplitude que lon mesure, subit des changements de volume qui dépeudent de celte pression. En serrant d'abord fortement la piuce el en la laissant ensuite aussi lâche que possible, on a ob- tenu successivement, avec le même fil et la même charge, pour la valeur de w° — u Lu’ les nombres 94,12 et 54,95. E Les conclusions de ces premières recherches, que M. Edlund Comple poursuivre, sont les suivantes : Lorsqu'un métal est dilaté sans que l'on dépasse ses limites d'élasticité, il se refroidit. Le refroidissement est proportionnel à la force mécanique sous l'effort de laquelle il a été dilaté. Lorsque le métal reprend son volume primilif el qu'en se con- traclant il développe un travail mécanique égal à celui qui a été dépensé pour le dilater, il se produit un échauffement égal au re- froidissement de la dilatation. Ce réchauffement est donc aussi proportionnel à la force au moyen de laquelle le métal a été di- laté. Lorsque le métal reprend son volume primilif sans effectuer de travail, le réchauffement est plus grand que dans le premier cas. La différence entre les quantités de chaleur développées est proportionnelle au travail effectué dans le premier cas. [suit de là que, lorsqu'un métal passe d'un volume V, à un volume V, sans que par ce changement les limites d'élasticité soient dépassées, la modification calorifique qui en résulte pour ce Corps, ne dépend pas seulement du volume initial et du volume final, mais aussi des conditions dans lesquelles s'opère le change- ment. Quelques expériences ont permis en outre à l'auteur de cons- taler qu'une dilatation d'un fil au delà de ses limites d'élasticité, produit un réchauffement au lieu d’un refroidissement. ttes 04 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Otlo FirBiG. DE L'INFLUENCE DE LA CHALEUR SUR LA PHOS- PHORESCENCE. (Pogg. Ann. 1861. N° 10, p. 292.) L'auteur a recherché sur quelques corps phosphorescents si l'on peut développer la phosphorescence par la chaleur seule, sans avoir auparavant soumis la substance à l'action de la lu- mière. Les sulfures de calcium, de barium et de strontium ont été préparés par le procédé de M. E. Becquerel et leur phospho rescence conslatée. Ces substances, observées dans l'obscurité, ont cessé d’'êlre lumineuses au bout d'un certain temps et on les a alors soumises à l’action calorifique d'une plaque de fer chauffée sans être rougie. La phosphorescence à reparu, mais après une seconde disparulion, elle n'a pu être reproduite par le même procédé. Une exposition de la substance à la lumière l'a rendue phosphorescente de nouveau. Une expérience analogue a été faite avec un fragment de fluo- rure de calcium coloré en vert. D'après M. E. Becquerel, cette substance devient phosphorescente sous l'action de la chaleur jus- qu'à ce qu’elle ait perdu sa coloralion, mais, dans cet état, elle a perdu celle propriété. Une forte élévation de température a d'a- bord développé dans le fluorure de calcium une lumière intense violelle, puis après le refroidissement chauffé de nouveau, mais moins que la première fois, le fragment est resté complétement sombre, bien qu'il eût conservé sa couleur, ce qu’on à constaté en le remellant au jour. En troisième lieu on l’a chauffé très-for- tement jusqu'à produire des décrépitements, la phosphorcescence a reparu et lorsqu'on l’a regardé au jour, il avait perdu sa colo- ralion. Néanmoins, chauffé de nouveau, il est encore devenu lu- mineux. — Ces expériences montrent donc que le fluorure de calcium possède la propriété de devenir phosphorescent à la suite d’une insolalion antérieure sous l’action de la chaleur et que celte propriété subsiste après la perte de sa coloration. M. Fiebig a constaté aussi l'influence de la chaleur sur la phos- phorescence de deux liquides, l’esculine et la quinine. En chauf- fant par degrés une dissolution d’esculine, la Leinte bleue se PHYSIQUE. D) fonce d'abord et prend une tendance au violet, puis elle redevient plus pâle, et, à 50 degrés environ, on peut difficilement la dis- tinguer de la teinte ordinaire. En continuant à chauffer, la teinte diminue d'intensité en tournant au. vert pâle. Avec une dissolu- tion de quinine, la teinte diminue notablement d'intensité dans le voisinage du point d'ébuliition. Pour les deux liquides, le re- fruidissement ramène la couleur ordinaire. B. \Woop. SUR UN NOUVEL ALLIAGE FACILEMENT FUSIBLE. (Silliman’s. J. N. S. T. XXX, p. 271.) Le docteur B. Wood a pris un brevet pour la découverte d'un alliage facilement fusible qui se liquifie entre 65 et 71 degrés cenligrades. Cet alliage se compose de 4 à 2 parties de cadiium, de T à 8 de bismuth, Ce 2 d'étain et de 4 de plomb. Les propor- lions peuvent être un peu modifiées suivant les propriétés que l'on veul surtout développer dans l’alliage. M. Wood à trouvé que le cadmium rend plus fusibles le cuivre, l'étain, le plomb et le bismuth, mais n’augmente pas la fusibilité de l'antimoine, de l’ar- gent el du mercure, Les alliages de cadinium et de plomb, d’é- lin, d'argent el de mercure sont malléables, ceux de ce même mélal el d'or, de cuivre et de platine, sont au contraire cassants. M. Poggendorff, en reproduisant ces résultats oblenus par M. Wood, rappelle que lalliage de potassium et de sodium est en- core bien plus fusible, puisqu'il est liquide à la température ordi- paire. —_—— À. MATTHIESSEN. SUR UN ALLIAGE PROPRE A SERVIR D'UNITÉ DE RÉSISTANCE GALVANIQUE. (Pogg. Ann. 1861, n° 3, p. 353.) L'unité de résistance absolue proposée par M. Weber ne laisse évidemment rien à désirer au point de vue théorique, mais son emploi exige des appareils spéciaux que beaucoup d'expéri- menlaleurs n'ont pas à leur disposition. Les recherches de M. 1ù BULLETIN SCIENTIFIQUE. Matthiessen sur la conductibilité des alliages ! ont montré que dans cerlains cas la résistance varie très-peu avec les propor- tions des mélaux conslituants, et il était par conséquent vrai- semblable qu'un alliage jouissant de celle propriété serait plus qu'un mélal, tel que le cuivre ou le mercure, propre à consti- tuer une unilé invariable. M, Malthiessen énonce comme suil les conditions auxquelles cet alliage doit satisfaire : 1° Sa résistance doit être indépendante de la pureté des mé- taux avec lesquels on le prépare, de façon à ce que Loul physi- cien ou chimiste puisse en retrouver lét:lon. 2° Elle ne doil pas être modifiée par le recuit. 9° Elle ne doil pas varier beaucoup par l'effet des change- ments de température. 4° Elle ne doil pas être modifiée par l'exposition à l'air. L’alliage qui s'est trouvé salisfaire le mieux à ces conditions est formé de 2 parties en poids d’or, : RE » d'argent, ce qui correspond à très-peu près à des volumes égaux des deux mélaux Si l'on considère la courbe de conduetibilité des alliages or el argent, on voit en eflel qu'elle est en partie recliligne, c’est-à-dire qu'on peut modifier l'alliage correspondant au milieu de la courbe et renfermant par conséquent 50 p. °/, d'or en vo- lume, en y ajoutant À et même jusqu'à 2 p. 0/, d'or ou d'ar- gent, sans en faire varier sensiblement la conductibilité. M. Matthiessen s'est adressé à un assez grand nombre de physiciens et de chimistes différents, en les priant de préparer cet alliage et de lui en envoyer chacun un échantillon. Lui- mème en a préparé plusieurs échantillons avec des mélaux de divers degrés de pureté. La formule pour celle préparation est la suivante : Prendre six grammes d'or d'essayeur ou d’or le plus pur pos- ! Sur la densité et la conductibilité des alliages, par A. Mathiessen Pogg. Ann. 1860. No T. p. 21. — Archives des sc. phys. et nat. Nouv pér.'t: IX. p. 259. PHYSIQUE. 57 sible, et trois grammes d'argent idem. Fondre et couler trois fois et tirer Palliage à la filière en fil d'environ un demi millimè- tre de diamètre. La plupart des échantillons ont été reçus écrouis et ont élé recuils par divers procédés. M. Matthiessen à mesuré la conduc- tüibilté de huit échantillons différents, avant el après le recuit. La plus grande différence eutre deux des huit valeurs des condueti- biliés, ces conductibilités étant réduites à la température de 0°, est de 1,6 p. °/, de la valeur moyenne. Le recuit diminue la ré- sislance el la différence moyenne entre la conductibilité de l'al- liage écroui el celle de lalliage recuit est de 0,5 p. 04. Cette différence est bien plus grande pour les métaux qui servent habituellement d'étalon, elle est de 10 p. ©}, pour l'argent, de 2,5 pour le cuivre, de 2,6 pour l'or. Ces premières mesures ont donc fait voir dans quelles limites la conductibilité de l’alliage est constante, de quelque façon qu'il ait été préparé et reeuit. L'influence de la température sur la conductibilité de l'alliage a été l'objet d'une série d'expériences soit pour les fils recuits, soit pour les fils écrouis. Pour les fils recuits, la conductibilité est dounée en fonction de la température par la formole : x = 100,3 — 0,07226 1 + 0,0000486 r ?, la conductibilité d'un fil écroui à O° étant faite égale à 100, Pour les fils écrouis il se présentera une difficulté dans les mesures, provenant de ce qu'un fil chauffé, puis refroidi, ne re- preud pas immédiatement sa conductibilité primitive. Ce n'est qu'après lavoir chauffé à plusieurs reprises que celle variation disparait. Pour le métal écroui, la formule est : x — 100 — 0,06733 4 + 0,0000246 12. L'auteur a réuni dans un tableau les variations de conductibilité de quelques métaux correspondant à la variation de 0 à 100 de- grés de leur lempérature. Argent (reeuit) : +." "." "28,9: pe9, Core: O0.) SEE, Le Or GE.) 306 004 OR DS BULLETIN SCIENTIFIQUE. Mercure 91000: , EMEA OS CRT Alliage, or, argent (écroui) . . 6,5 id. (recuit) do Le tableau fait voir que, sous ce rapport aussi, lalliage or-ar- gent est plus avantageux à employer comme étalon que les né- aux. En ce qui concerne le prix de revient de l'alliage, 9 grammes du fil tiré coûtent environ 30 francs, mais il y a dans ce poids pour 19 francs d'or, de telle sorte que les frais se réduisent à peu de chose, I est convenable de vernir le fil pour le protéger du contact du mercure. FRANKENHEIM. SUR LES FACES CRISTALLINES QUI PROVIENNENT DES MODIFICATIONS ARTIFICIELLES D'UN CRISTAL. (Pogq Ann. 1861. N° 7, p. 488.) Il résulle des recherches de M. de Hauer sur les cristaux (Comptes rendus de l'Académie de Vienne), que l'on peut dans certains cas produire artificiellement une face cristalline en la découpant mécaniquement sur un cristal au moyen d'une scie ou d’une lime et en plongeant ensuite ce cristal dans la solution d'un sel isomorphe. Mais il faut que la face que l'on produit ainsi apparlienne au système du cristal. Ainsi l’on découpe sur un ocloèdre d'alun chromi-polassique les faces du cube et du do- décaèdre et on le plonge dans une dissolution d'alun ferri-potas- sique. Les faces que lon a produites mécaniquement se déve- loppent et deviennent des faces cristallines naturelles. M. Fran- kenheim, qui s’est précédemment occupé du mode de production des cristaux, à repris celle question et a trouvé que la formation artificielle d'une face n'est pas la cause qui détermine sa forma- tion naturelle dans la dissolution. a L'expérience de M. de Hauer, telle qu'elle vient d'être men- tionnée, a été reproduite par l'auteur. Lors même que les faces artificielles ne sont pas porfailemnent exactes, elles se translor- PHYSIQUE. 59 ment dans la dissolution en faces naturelles. Toutefois, au bout d'un cerain temps, ces faces finissent par disparaitre, celles du dodécaëdre d'abord, plus tard celles du eube, et le cristal, en grossissant, reprend la forme octaédrique. M. de Hauer avait déjà signalé le fait que les faces nouvelles ne se produisent pas seulement sur les faces mécaniquement formées, mais aussi d’une manière plus ou moins nelle sur les autres angles et arêtes de l'octaèdre, et M. Frankeuheim a Lrouvé non-seulement qu'il en est toujours ainsi, mais de plus que la formation de ces mêmes faces a lieu sur un cristal octaédrique qui na subi aucune modi- fication mécanique. Leur formarion artificielle n’a donc d'autre ecnséquence que de rendre plus apparentes les faces naturelles correspondantes. Suivant l'auteur, on doit dans celle expérience altribuer la production des faces cristallines nouvelles à la modi- fiction du®liquide dans le voisinage immédiat du cristal. En effet, bien que l'alun chromi-potassique soil moins soluble dans Veau que l'alun ferri-polassique, il sen dissout une certaine quantité, et on en a la preuve soit dans la coloration de la cou- che cristalline, soit aussi dans la production, sur le fond de la. capsule, de pelits octaèdres d’atun de chrome. Plus lard, lors- que le sel de chrome est complétement entouré d'une couche de sel de fer, celte action particulière cesse el la cristallisation re- prenant son cours ordinaire, l'octaèdre reparail. 60 BULLETIN SCIENTIFIQUE. CHIMIE. SCHOENBEIN. RECHERCHES SUR LES. PROPRIÉTÉS DE L'OXYGÈNE ET DES CORPS SIMPLES HALOGÈNES. (Verhandlungen der na- turforschenden Gesellschaft in Basel. Dritter Theil; zweites Heft.) — Suite !. 5° Action des peroxydes d'hydrogène et de baryum sur l'iode et sur l'iodure d'azote. Les expériences de M. Schœænbein prouvent que l'iode et l’eau oxyaénée agissent fortement lun sur l’autre; il y a dégagement d'oxygène el formation d'acide iodhydrique. Ce fait paraît étrange puisque l'eau oxygénée et l'acide iodhydrique se décomposent muluellement avec séparalion d'iode. Mais l'auteur a constaté que celle dernière réaction n’a pas lieu dans des dissétutions suf- fisamment étendues d'eau. M. Schænbein avail élé conduit à prévoir ce résullal par sa théorie, d’après laquelle l'iode, étant un peroxyde appartenant à la classe des ozonides, devait être dé- composé par un antozonide comme l'eau oxygénée. Jlne voit pas comment les chimistes, qui considèrent l'iode comme un corps simple, pourraient expliquer son indifférence en présence de l'eau el sa réaction sur l’eau oxygénée ?. 1 Voyez Archives, d'cembre 1861. Par suite d’une erreur lors de la mise en pages du numéro précé- dent de ce journal, l'ordre relatif de deux notes se rapportant aux pages 388 et 390 à été interverti. De plus, l'extrait de la troisième notice de l’auteur est demeuré incomplet. Nous reprenons donc ici, depuis le commencement de ce troisième mémoire, le résumé des re- cherches de M. Schænbein. ? [l me semble que, pour l'expliquer. il suffit d'admettre, sinon les théories, du moins les faits établis par M. Schænbein lui-même, et je range parmi ces faits la distinction qu'il a établie entre deux classes opposées de peroxydes, les ozonides et les antozonides qui se décomposent réciproquement. 11 faut, de plus, admettre le principe suivant qui ne me parait pas pouvoir être mis en dout*. Lorsqu'on met en présence deux corps non susceptibles de réagir par eux-mêmes l'un sur l'autre, ce mé- lange se comportera dans une foule de cas comme s'il renfermait CHIMIE. 61 Lorsqu'on fait agir l’inde sur de l’eau oxygénée contenant de la potasse, de la soude ou de l'ammoniaque, la réaction est beau- coup plus vive et le dégagement d'oxygène plus rapide. Il ne se forme dans cé cas qu'un iodure alealin, sans trace d'iodate ou d'hypoiodite. La non formation d'un hypoiodite se conçoit aisé- ment puisque l'auteur a montré, dans une des notices précé- dentes, que ces sels sont instantanément décomposés par l'eau oxygénée. Il est à peine besoin d'ajouter que M. Schœnbein ne considère point celle raison comme suffisante el qu’il voit dans ce fait une nouvelle preuve que liode est un composé oxygéné. L'iode réagil promptement sur le bioxyde de baryum ; il en ex- pulse complétement l'oxygène en donnant naissance à de l'iodure de barvum, sans qu'il se forme d'iodate comme dans l'action de l'ivde sur la baryte. Ce fait prévu par la théorie de l'auteur lui déjà tout formés les produits qui peuvent résulter de leur réaction réciproque, parce que la moindre affinité ajoutée déterminera cette réaction. Ainsi l'iode seul est sans action sur l'eau: cependant l'eau iodée agit dans bien des cas comme un oxydant, commé si elle ren- fermait déja de l'acide iodhydrique et de l'oxygène libre, Dans d'au- tres cas elle se comporte comme si elle renfermait de l'acide iodhy- drique et de l'acide hypoiodeux (ou un acide oxygéné quelconque de l'iode appartenant à la classe des ozonides), et il suffit d'y ajouter une base pour que ces produits se forment réellem nt. Ce principe admis, je vois dans un mélange d'eau oxygénée et d'inde, comme dans l'eau iodée, les éléments nécessaires pour for- mer de l'acide iodhydrique et de l'acide hypoïodeux. On peut dire que ces produits y existent virtuellement et que toute cause chimique qui pourrait les manifester pourra aussi déterminer leur formation. Or celte cause se trouve dans la présence de l'eau oxygénée elle- mème et dans la tendance qu'elle possède comme antozonide à dé- truire l'acide hypoïodeux qui est un ozonide. Cette tendance cons- ütue une véritable affinité entre ces deux corps. C'est celte affinité qui détermine la réaction et, par suite, la production secondaire de l'acide iodhydrique. À Si elle explication parait compliquée à M. Schœænbein, je lui de- manderni à mon Lour comment sa théorie explique qu'un antozonide comme l'eau oxygéuée transforme l'acide iodhydrique en un ozonide (l'ivde). C. M. 62 BULLETIN SCIENTIFIQUE. paraît aussi inexplicable que les précédents dans la théorie chi- mique actuelle !, L'eau oxygénée agit sur l’iodure d'azote comme sur l'iode, il se dégage de l'oxygène et un peu d'azote, il se forme de l'acide iodhydrique, de l'iodure d'ammonium , des traces d'acide iodi- que et un peu d'iode libre. 4. Action de l’iode sur l'amidon et sur l'eau à une température élevée. On sait que l'empois d'amidon, coloré par l'iode, se décolore à 400 degrés et redevient bleu par le refroidissement. M. Bau- drimont a essayé récemment d’expligner ces faits par une volali- lisation d’iode. L'expérience suivante prouve suflisammment la fausselé de celte explication. Si l'on verse une dissolution bouillante d'amidon dans de l'eau salurée d'iode el portée aussi à 400 degrés, celle-ci ne se co- lore point en bleu, mais conserve la couleur jaune qui y dé- montre encore la présence de l'iode libre. L'auteur cile encore d’autres expériences qui prouvent égale- ment que ce n'est point la volatilisation de l'iode qui produit la décoloration. 11 maintient done l'explication la plus usilée, qui consiste à considérer l’iodure bleu d'amidon comme un composé peu inlune et peu stable qui se décompose par la chaleur et se reproduit par le refroidissement, de la même manière que cer- tains sels hydratés. Une dissolution aqueuse diode, maintenue longtemps à 109 1 Cette explication n'est pas plus difficile que celle de la réartion précédente. L'iode agissant sur la baryte tend à produire un iodure et un hypoiodite, mais ce dernier sel, fort peu stable, se décompose immédiatement en iodure et iodate. Lorsque l'iode agit sur le bioxyde de baryum, il tend à donner naissance aux mêmes produits, plus de l'oxygène libre. Mais à l'ins- tant où l'hypoiodite de baryte prend naissanre, il renrontre Île bioxyde de baryum, et ces deux corps appartenant l'un à la elasse des ozonides, l'autre à celle des antozonides, se décomposent récipro- quement avec dégagement d'oxygène et production d'iodure de ba- ryum. C. M. CHIMIE. 63 degrés dans un tube fermé, se décolore complétement et perd la propriété de bleuir l'amidon. On peut alors y constater la pré- sence de l'acide iodhydrique et de l'acide iodique. Ce fait peut paraîlre surprenant puisque l'on sail que ces deux acides se dé- composent réciproquement; loulefois M. Schœnbein a reconnu que leur décomposition mutuelle n’a pas lieu lorsqu'ils sont en dissolution suffisamment étendue. Le mélange, en effet, ne co- lore pas lamidon, mais la coloration est immédiatement pro- duite par l'addition d'acide sulfurique, sans qu’on puisse expli- quer le rôle de cet acide dans celle circonstance. Lorsque l'iodure d'amidon a été chauffé à 100 degrés assez longtemps pour qu'il ne se colore plus par le refroidissement, on y trouve de l'acide iodhydrique, mais pas d'acide iodique ; il faut. donc que dans ce cas l'oxygène se soil porté sur Pamidon. d. Action de l'aldéhyde sur l'oxygène. De nombreuses expériences publiées depuis longtemps par M. Schæœnbein l'ont conduit à admettre , comme une règle générale, que l'oxygène ordinaire n'a par lui-même aucun pouvoir oxy- dant, el que les corps qui peuvent se combiner directement avec lui ne le font que parce qu'ils le transforment préalablement en ozone. Il a montré, en particulier, que la formation de l'ozone accom- pagne loujours l'oxydation lente de l'essence d'amandes amères. L'analoyie entre cette essence et l'aldéhyde de l'alcool, et la manière toute semblable dont se passe l'oxydation de ces deux corps, rendaient lrès-probable la formation d'ozone lors de la transformation de l'alléhyde en acide acétique. L'expérience a plei- nement confirmé celle prévision. Toutes les fois que l'aldéhyde s’oxyde en présence de l'oxygène ordinaire ou de l'air, on cons- tale la formation d'ozone par l'un quelconque des nombreux réactifs que M. Schœnbein a fait connaitre pour ce corps. Ces expériences ont montré, en outre, que l'oxydation de l'aldéhyde et la formation de l'ozone se produisent avec une intensité pro- portionnelle et qui dépend essentiellement de l'action de la lu- 6% BULLETIN SCIENTIFIQUE. mière, L'action est très-rapide sous l'influence des rayons s9- laires, assez len'e à Fi lumière diffuse. Elle parait conplélement nulle dans l'obscurité. MINÉRALOGIE. GÉOLOGIE. G. OuBoxr. 1 Gniacciat, ete, LES ANCIENS GLACIERS ET LE TER- RAIN ERRATIQUE DE LOMBARDIE. {Ati della Soc. nat. in Milano, 4861, 1. IT, avec une carte de l'ancienne extension des gla- ciers.) M. Omboni nous donne de nombreux détails sur les diverses vallées qui débouchent en Lombardie, entre le lac d'Orta et Bres- ca, el sur lous les terrains glaciaires qu'elles renferment. On voit qu'il les à loutes visitées et qu'il a particulièrement examiné avec soin les traces laissées par les anciens glaciers à leurs li- miles inférieures. 11 indique nellement les endroits où les énormes masses de glace, après avoir été encaissées ionglemps dans les longues vallées du revers méridional des Alpes, ve- naient S'étaler et fondre dans la plaine en laissant devant elles des moraines terminales, Nous ne donnerons pasles détails des observations de l'auteur dont quelques-uns se h'ouvent déjà dans le travail de MM, Mar- uns el Gastaldi et dans celui de M. Zollikofer, mais nous repro- duirons ses principales conclusions. La dernière partie de l'histoire géologique de la Lombardie peut se diviser de lai manière suivante : | La Époque pliocene. La vallée du Pô fait partie de la mer pl'o- cène, Les roches à fossiles marins de Varèse, de Nese, de San- Colombano et de Casteneddo, se déposent. 2" Dislocation lente et graduelle par laquelle les Alpes et les Apeanins prennent leurs formes actuelles. La vallée du Pô devient un graud golle de la mer Adriatique avec une eau peu profonde, Formation des terrains qualernaires les plus anciens, qui constituent le passage au lerrain pliocène MINÉRALOGIE. GÉOLOGIE. 65 el qui renferment des ossements de gros quadrupèdes. Commen- cement de la formation et de l'extension des glaciers des Alpes, en conséquence d’un climat froid et humide. C’est la première partie de l'époque glaciaire quaternaire ; 3° Les glaciers occupent toutes les vallées des Alpes et les bas- sins des lacs, jusqu'aux points où sont maintenant Seslo-Calende, Porto, Mendrisio, Como, Lecco, Iseo, etc. Les grands torrents dispersent les matériaux apportés par les glaciers et forment l'al- luvion ancienne, qui étend peu à peu la terre ferme en restrei- gnant le golfe. Les cailloux apportés par les glaciers perdent leur poli, leurs raies et leurs stries, s’arrondissent et font partie de l'alluvion. Les blocs s’arrondissent sous l’action des eaux. C est la seconde partie de l'époque glaciaire ; 4 Les glaciers s'étendent encore, corrodent la partie supé- rieure de l’alluvion et arrivent là où se trouvent maintenant leurs moraines terminales. La production de l'alluvion se continue au delà. C'est la troisième partie de l'époque glüciaire ; D Le climat devient moins froid. Les glaciers diminuent et arrivent lentement à leurs limites actuelles. Pendant l’époque du retrait se forment les moraines concentriques plus voisines des hautes Alpes. Les torrents corrodent les moraines qu'ils reucon- trent el transportent les matériaux plus ou moins loin en for- mant la partie la plus superficielle de l’alluvion, qu'on peut nommer alluvion moderne. Les glaciers occupent encore lông- temps les vallées les plus profondes et empêchent qu’elles ne soient remplies par les alluvions ; puis ils fondent et le lac Majeur, le lac de Côme et de Lecço, le lac d'Orta, celui d'I- seo, elc, se forment. C’est la quatrième et la dernière partie de l'é- poque gla: taire qui se confond peu à peu avec l'époque actuelle. Ancmiwves. T. XII. — Janvier 4862. 5 66 BULLETIN SCIENTIFIQUE. G. DE MoRTILLET. CARTE DES ANCIENS GLACIERS DU VERSANT ITA- LIEN DES ALPES. ( Atlti della Soc. italiana da Sc. nat. in Mi- lano, 1861, t. I. ) La carte de M. de Mortillet, figurant l'extension des anciens glaciers qui ont envahi les vallées du revers méridional des Alpes, représente un beaucoup plus grand espace que celle de M. Oimboni dont nous venons de parler. Elle s'étend de la val- lée de la Stura, pas loin du col de Tende, jusque dans les en- virons d'Udine. L'espace occupé par les glaciers actuels el celui qui à élé anciennement envahi par les glaciers de l’époque qua- ternaire y est indiqué par des hachures. L'auteur donne beaucoup de détails sur les observations qui lui ont permis de faire ce grand travail. On regrette cependant qu'il n’y en ait pas un plus grand nombre. Comine nous l'avons dit en rendant compte de sa notice sur le lac d'Iseo?, il croit que les lacs du revers méridional des Alpes ont été creusés dans des terrains meubles par l’affouillement des glaciers. Nous pouvons résumer à peu près de la manière suivante la théorie qu'il propose pour expliquer les phénomènes de l'épo- que quaternaire. Nous chercherons à le faire avec d'autant plus d'impartialité que nous ne partageons pas entièrement la ma- nière de voir de l’auteur. Après le dernier soulèvement des Alpes, il s'est formé des al- luvions énormes stralifiées horizontalement et qui atteignent une grande hauteur. Ces alluvions existent en amont et en aval des grands lacs italiens. Sur ces alluvions reposent des terres gla- ciaires à cailloux slriés et à blocs erratiques non roulés. Ce dépôt a élé laissé par les glaciers qui s'avançaient plus ou moins dans la plaine. Ces glaciers en déblayant les grands bassins remplis d'alluvions anciennes ont creusé l'emplacement où se trouvent maintenant les lacs. Îls chassaient en avant les matières qu'ils » Archives, 1860, t. IX, p. 160. MINÉRALOGIE. GÉOLOGIE. 67 en reliraient el les accumulaient dans leurs moraines termi- nales. Les alluvions qui se formaient pendant la grande extension des glaciers ont fait suile aux alluvions anciennes, et pendant l’époque du retrait les courants d’eau ont profondément attaqué les dépôts qui s'étaient formés antérieurement. Ils ont creusé les terrasses longitudinales qui bordent leurs cours actuels et n'ont pu combler complétement les grandes dépressions qui sont au- jourd'hui les lacs. M. L'ABBE ANT. STOPPANI. ESSAI SUR LES CONDITIONS GENERALES DES COUCHES A AVICULA CONTORTA, SUR LA CONSTITUTION GEO- LOGIQUE ET PALÉONTOLOGIQUE SPÉCIALE DE CES MÊMES COUCHES EN LOMBARDIE ET SUR LA CONSTITUTION DÉFINITIVE DE L'ÉTAGE INFRALIASIEN. — Milan, brochure in-4°, 1861. Le pelit fossile qui porte le nom d’Avicula contorta était à peine counu il y a quelques années. Le général Portlock est le premier qui l'ait nommé en 1845 après avoir fait la géologie d'une partie de l'Irlande. Peu à peu ce fossile a pris une grande importance, qui est due à son abondance et à l'étendue des cou- ches dans lesquelles il a été déposé. M. Sioppani a divisé son essai en trois parties. La première renferme les notes bibliographiques ou résumé historique de l'é- tude des couches qui se trouvent sur l'horizon de l'Avicula con- torta, la descriplion des caractères de ces couches, l'indication de leur puissance qui paraît être faible en Angleterre, de douze mètres environ sur le revers nord des Alpes et de 800 à 1000 pieds en Lombardie. Quant à leur étendue, on les connait en Irlande, eu Angleterre, en Wurtemberg et en Bavière, en West- phalie, dans le Luxembourg, dans les départements de la Moselle et de la Meurthe, de la Côte d'Or, de l'Yonne, du Rhône, dans les Cévennes, en Savoie, en Suisse, dans le Voralberg et dans d'autres points de la chaîne des Alpes jusqu'en Hongrie. Partout es couches forment un horizon commode et clair. 68 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Dans la seconde partie, M. Stoppani nous donne la description des couches à Avicula contorta, en Lombardie. Elles avaient été étudiées avant lui par M. Collegno, par M. Escher et par M. Om- boni, mais il complète dignement les études de ces devanciers. Les couches à Avicula contorta y sont représentées par le dépôt de l'Azzarôla, formé de calcaire etde marne, uni aux schistes noirs el lumachelles qui lui sont inférieurs. Tous deux renferment l'Avicula contorta et une faune spéciale qui est déjà en partie dé- crite dans l'excellent et précieux ouvrage du même auteur « la Paléontologie lonbarde, » dont cet essai n’est qu'un extrait. Dans la troisième partie l’auteur nous montre que l'étude pa- léontologique des couches à Avicula contorla les classe dans le lerrain jurassique, qu’elles sont assez importantes el assez nel- tement séparées de celles qui sont au-dessus et de celles qui sont au-dessous d'elles, pour faire un étage à part auquel il donne le noni d'étage infralinsien. H indique exactement les synonymes dans d'autres pays : les principaux sont les couches de Kassen, en Autriche ; le Bonebed et le white-lias, en Angleterre ; le Pré- curseur du lias ou Cloac du Wurtemberg; les grès d'Helmsingen et de Læœvelange, dans le Luxembourg ; le grès d'Ilettange; la zone à Ammoniles planorbis el à A. Angulatus de M. Oppel; le calcaire d'Halberstadt; le calcaire de Valognes ; le chôin bâtard de Lyon , le foie de veau de Bourgogne; le Sinémurien en partie de d'Orbigny ; le quatrième étage du lias de M. d'Archiac; la dolomie supérieure de Lombardie, ete. L'auteur résume loules les classifications faites sur ce sujet par un tableau dans lequel il admet que l’étage infraliasien placé au-dessous de la zone à Am- monites Pucklandi est composé de la manière suivante : 1° Zone à A. Angulatus; 2 zone à A. Planorbis; 5° zone à Terebratula Gregaria ; 4° zone à Bactryllium reposant sur le Keuper. Cet essai est une espèce de monographie qui à fait faire un grand pas à la science en résumant d'une manière parfaitement claire des notions éparses el mal coordonnées. Désormais les couches à Avicula contorta serviront de limites MINÉRALOGIE. GÉOLOGIE. 69 aux terrains lriasiques. Cette classification est d'une haute im- portance pour la géologie des Alpes en particulier. CH. Moore. ON THE ZONES, elc. SUR LES ZONES DU LIAS INFE- RIEUR ET SUR LA ZONE CONTENANT L'AVICULA CONTORTA. ({Juar- terly Journal of the Geological Society, 1861, 1. XVITL, 483.) L'auteur rappelle que le D° Wright s’est occupé du même su- jet! et il donne plusieurs coupes prises dans le Somersetshire près Hminster. Il décrit les couches liasiques de ces localités, celles à Avicula contorla et celle du keuper qui sont dans le voisinage. II indique les subdivisions de celle partie inférieure du lias, et la vraie posilion du white-lias. M n’est pas d'accord avec le docteur Wright sur les subdivisions de ce dépôt. Ce dernier le divise de la manière suivante : d° zone contenant l’Ammonites Bucklandi ; 6° zone Ammoniles planorbis (renfermant le white-lias et la cou- che à Ostrea); 7° la zone Avicula contorta; tandis que les subdi- visions de M. Moore sont : 5° zone à Ammonites Bucklandi; G° zone à Ammonites planorbis ; T° zone des Enaliosauriens ; 8° while-lias ; Je zone à Avicula contorta. Les couches 8 el 9 sont l'équivalent des « Kossenerschichten ou des couches Rhætiques » de M. Gumbel et autres géologues du continent. Les principaux arguments de l’auteur pour établir ces subdivisions reposent sur l'examen des sections. — Son Lravail se Lermine par la description de soixante espèces fossiles appartenant aux couches Rhæliques de l'Angle- terre ; vingl-huit de ces espèces sont nouvelles. Sc. GRAS. CONSIDÉRATIONS THÉORIQUES SUR LES PHÉNOMENES DE LA PÉRIODE QUATERNAIRE. (Société philomathique de Paris. 25 mai 1861. Institut 1861, p. 222.) M. Se. Gras divise en quatre élages la série des terrains aux- quels on # donné le nom de Diluvium. En voici le tableau, en commençant par le plus ancien. 1 Archives, 1860, 1. IX, p. 159. 70 BULLETIN SCIENTIFIQUE. 4° Diluvium des vallées ou inferieur. — occupe le fond des vallées où il est en partie caché par les alluvions modernes. Sou- vent il sort de dessous ce dernier terrain pour s'élever à une hauteur considérable. Il renferme des blocs volumineux. Dans le bassin de la Seine, il se distingue de l’alluvion actuelle par ses cailloux de granit et par des blocs de grès et de poudingues. Dans le Bas-Dauphiné il a une puissance de plusieurs centaines de mètres; il renferme près de Lyon des cañloux striés: ce qui semblerait indiquer une ancienne extension des glaciers placés au commencement de l’époque quaternaire et un climat tout diffé- rent. On trouve aussi avec les cailloux striés des corps marins, ce qui prouve une invasion de la mer.: 20 Diluvium des plateaux. — W consiste en une nappe argilo- sableuse colorée par de l'oxyde de fer, mêlée de cailloux de quarz. Aux environs de Paris on l’observe à la surface des plateaux les plus élevés. M. de Sénarment s’en est occupé en détail. Dans les vallées du Rhône et de la Saône, ilest placé sur de vastes éten- dues à une grande hauteur au-dessus des rivières. 3° Diluvium des terrasses. — Par sa position topographique, il est intermédiaire entre les deux précédents. Il recouvre les ter- rasses. On y distingue deux assises : la plus ancienne est caillou- teuse, la plus récente argilo-sableuse, c'est le diluvium rouge des environs de Paris, le lehm du Rhin. Il est formé d'un gravier siliceux rougeâtre dans la vallée du Rhône. 11 s'est déposé après que les vallées avaient élé creusées en partie. | 4 Blocs erratiques superficiels. — 11s manquent dans les pays de plaine. Beaucoup de géologues pensent qu'ils ont été apportés par des glaciers, ce qui nécessite un changement de climat inex- plicable. Leur dispersion a été le dernier phénomène de la pé- riode quaternaire. On peut résumer de la manière suivante la succession des phé- nomènes qui ont produit ces terrains. Les vallées ont été creusées au commencement de l'époque quaternaire. Elles ont été remplies par le diluvium inférieur ; MINÉRALOGIE. GÉOLOGIE. : 71 puis est arrivé le diluvium des plateaux, et les vallées ont de nouveau été creusées. M. Gras regarde ces phénomènes comme indépendants de toute hypothèse, et 1l croit qu’on peut les ex- pliquer d’une manière plausible en admettant qu'il y a eu des mouvements oscillatoires de l’écorce du globe, analogues à ceux qui semblent être prouvés par les alternances des couches mari- ues, et des couches d’eau douce du bassin de Paris. Dans le but de démontrer qu'une pareille hypothèse explique- rait la formation de ces terrains, M. Gras recherche ce qui de- vrait se passer maintenant s’il se produisait une oscillation du sol. Si le niveau de la mer s'élevait peu à peu, il reformerait des atterrissements qui combleraient toute la vallée. Ces dépôts seraient mélangés de gros cailloux, ils auraient une grande puissance dans le voisinage des montagnes. [ls seraient semblables au diluvium des vallées. Si les glaciers arrivaient jusqu'à celle nappe d’eau, on y trouverait des cailloux striés et de gros blocs. Il pourrait S'y trou- ver des animaux marins. Le retrait des eaux aura lieu par un exhaussement du sol, les parties les plas hautes sortiront les premières. I s’établira des courants allant à la mer, coulant à un niveau élevé, charriant des malières et les étendant à la surface des plaines ; ils forme- ront un dépôt analogue à celui du diluvium des plateaux. Peu à peu ces cours d’eau s’encaisseront,. Si la mer ne se retirait pas d’une manière continue, mais si ce retrait avait des temps d'arrêt, il se produirait à divers ni- veaux un terrain semblable au diluvium des terrasses. Quant à la cause du transport des blocs erratiques, M. Gras partage l'opinion de la plupart des géologues qui l'attribuent à des glaciers, cette hypothèse étant la seule qui puisse raisonnable- ment expliquer tous les détails de leur gisement. Cette seconde époque glaciaire paraît avoir coïncidé avec le mouvement d'abais- sement du sol, tandis que la première coïncidail avec un mouve- ment ascensionnel du sol. Mais on explique difficilement la cause du changement qui doit avoir eu lieu daus la température. 72 BULLETIN SCIENTIFIQUE. D. MizxE-Tome. NOTES or ANCIENT, etc. NOTES SUR LES ANCIENS GLACIERS PRISES PENDANT UE COURTE VISITE FAITE A CHA- MOUNIX ET DANS SES ENVIRONS , EN SEPTEMBRE 1860, (The EÉdinburg new philosophical Journal, 1861. 1. XIV, p. 46.) M. Milne-Home à parcouru pendant quelques jours les envi- rons de la chaîne du Mont-Blanc. Il a fait les principales courses que les étrangers font à l'ordinaire dans cette région. Il a été au Moutanvert, au Chapeau, à la Flégère, dans les environs des Ou- ches, à Valorsine, etc.; puis il a visité quelques parties de la Suisse et de la Savoie, dans le but d’étud'er les terrains glaciai- res el les dépôts erratiques. Il nous indique ses observations. Nous ne les reproduirons pas; elles nous entraineraient dans trop de détails locaux, mais nous dirons quelques mots de sa théorie. Comine base des hypothèses qui se suivent dens cette théorie, l'auteur admet qu'il est impossible de nier l'ancienne présence des glaciers qui remplissaient toute la vallée de Chamounix et celle du Rhône jusqu’au Jura. Cette énorme extension lient à” deux causes suivant l'auteur. La première a élé la grande élé- valion du sol qui eut lieu dans le nord de l'Europe en vertu de laquelle, pour se se: vir des expressions de M. Lyell, « presque » loule la mer, depuis le pôle jusqu’au 45° de longitude avait » élé gelée. » La seconde consiste dans Pélévation du sol de la basse Suisse, qui était telle que les glaciers de Chamounix en particulier pouvaient descendre jusqu’à Genève sans rencontrer une température qui délerminät leur fusion. I fallait donc que ce sol fût de 5000 pieds (anglais) environ plus haut que mainte- nant. Après donc que la mer eut déposé la mollasse marine, elle fut chassée de la Suisse par un exhaussement du sol qui porta celui-ci à 3000 pieds environ au-dessus de son niveau ac- tuel. Les glaciers s'avancèrent alors, remplirent les vallées, ceux du Rhône et de l'Arve s’étendirent au delà de Genève, etc. Ils déposèrent les blocs erratiques et le terrain glaciaire. Plus tard, le sol s’abaissa graduellement et alors, la température en s’éle- MINÉRALOGIE. GEÉOLOGIE. 73 vant, fit reculer les glaciers jusque dans les parties hautes des vallées. Le sol s'abaissa assez pour que la mer envahil de nou- veau la Suisse. Elle ÿ laissa, d’après M. Milne-Ilome, des traces évidentes de son séjour dans les grands dépôts stralifiés qui sont si répandus en Suisse. Le climat était plus chaud alors que main- tenant ; ce fut le moment où vécurent les éléphants, les antilo- pes, ele, et les glaciers étaient plus pelits que maintenant. En- fin, à la troisième époque le sol se releva, et c’est pendant ce mouvement du sol que se formèrent les terrasses le long des cours d'eau actuels. Ces hypothèses sont sans doute fort ingénieuses, mais je ne crois pas qu’on puisse trouver des observations el des faits suf- fisamment nombreux pour les élayer. Je ne vois nulle part des traces du retour de la mer après l'extension des glaciers et jus- qu'à présent on n’a trouvé en Suisse aucun fossile marin se rap- porlant à celle époque. AyE. M. Le Cap. R.-L. PLayrair. ON THE OurBursT, etc. SUR UNE ÉRUPTION VOLCANIQUE PRÈS EDD, SUR LA CÔTE AFRICAINE DE LA MER ROUGE. (Quarterly. Journ. of Geol. Soc. 1861, XVI, 502.) À Edd, latitude 13° 57, longitude 41° 4: Est, à peu près à moitié chemin entre Massouah et le détroit de Bab-el-Mandeb, on a ressenti pendant environ une heure des secousses de tremble- ment de lerre dans la nuit du 7 et vers le matin du 8 mai 1861. Au lever du soleil il y a eu une chute de poussière, d’abord blan- che et après rouge; le jour était obscurci et la poussière était si abondante, qu'elle s'élevait presque jusqu'aux genoux. Le 9, la poussière diminua. Dans la nuit, on vit le feu et la fumée sortir du Jebel Dubheh, montagne placée à environ une journée de voyage dans l'intérieur des terres, et l'on entendit des détona- lions semblables à celles du canon. Les mêmes bruits se firent 74 BULLETIN SCIENTIFIQUE. entendre à Périm le 8 mai à deux heures du matin environ et à de longs intervalles dans la journée du 10 et dans celle du 41. La poussière fut emportée fort loin en pleine mer, elle ne cessa de tomber pendant plusieurs jours sur toute la côte de Yemen. l’lusieurs secousses ont été ressenties le 8, à Mokha et à Hodaida. M. J. PraesrwicH. NOTES SUR QUELQUES NOUVELLES DÉCOUVERTES D'INSTRUMENTS DE SILEX DANS LE DILUVIUM, AVEC QUELQUES DIRECTIONS POUR EN CHERCHER AILLEURS. (Quarterly J. of geo- logic. Soc. Août, 1861.) On sait que l'auteur a présenté à la Société royale et a pu- blié dans les Transactions philosophiques un important mémoire sur les instruments de silex découverts à Amiens, Abbeville et [loxne, el sur toutes les circonstances de gisement où ils se trouvent. Les conclusions étaient : 19 Que les instruments de silex sont le résultat du travail de l'homme. 2° Que ces instruments sont enfouis dans des bancs de gra- vier, de sable et d'argile qui n’ont jamais élé remaniés artificiel- lement. 9° Qu'ils sont associés à des coquilles terrestres, d’eau douce et marine, d'espèces vivant actuellement, dont un grand nombre sont encore communes dans les environs, ainsi qu’à des mam- mifères variés dont un petil nombre apparhennent à des espèces vivantes el beaucoup se rapportent à des espèces perdues. 4% Que l'époque à laquelle l'enfouissement de ces instruments à eu lieu était postérieure au dépôt d'argile à blocs erratiques, ete. Depuis cette publication, on a découvert de semblables instru- ments de silex dans diverses parties de l'Angleterre. Dans le comté de Suffolk, entre Icklingham et Mildewhall, ainsi que dans le gravier de « Rempart hill, » dans la vallée de la Lark. Ce gravier est moins ancien que l'argile à blocs erratiques des environs, Dans le Kent, MM. Leech, Evans et l’auteur lui-niême ont lrouvé quelques instruments de silex au pied d’une falaise \ MINÉRALOGIE. GÉOLOGIE. 75 entre Herne Bay et les Reculvers. M. Prestwich croit qu'ils pro- viennent d’un dépôt d’eau douce platé sur le sommet de la fa- laise. M. Evans et lui ont encore trouvé quelques-uns de ces instruments près de Whitshall. M. J. Wyait a récolté plusieurs de ces échantillons près de Biddenham, près Bedford, dans un gravier d’origine d’eau douce plus récent que l'argile à blocs er- ratiques. Dans le Surrey, on a encore trouvé un échantillon dans le gravier de Peasemarsh, ainsi que dans le Herts où il était placé à la surface d’une colline de craie près de Abbots Langley. M. Prestwich lermine son travail en indiquant un grand nom- bre de localités où, d’après lui, on découvrira probablement des silex laillés. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. J. REINaARDT. OM NOGLE SMAA GRUBER, etc. SUR QUELQUES PE- TITES FOSSETTES DONT LES ÉCAILLES DE CERTAINS OPHIDIENS SONT ORNÉES. (Videnskabelige Meddelelser fra den nat. Fore- ning à Kjæbenhavn for Aaret 1860. Andet Aarti. H, p. 209. Kjæbenhavn, 1861.) | La cuirasse écailleuse des ophidiens peut être d’une grande utilité pour la classification à cause de la facilité avec laquelle on peut l’étudier. Les écailles proprement dites peuvent fournir, tout aussi bien que les plaques céphaliques, ventrales ou cau- dales, d'excellents caractères lirés soit de leur forme, soit de la constitution de leur surface, soit enfin de leur distribution. Aussi a-t-on consacré dès longtemps une grande allention au système cutané des serpents. Cela n’a pas empêché M. Reinhardt de dé- couvrir une particularité des écailles très-générale, et souvent très-évidente, qui avait échappé à lous les observateurs, malgré son importance au point de vue diagnostique. | I y a douze ans environ que, durant son séjour au Brésil, M. Reinhardt observa de petits points blanchâtres el brillants 76 BULLETIN SCIENTIFIQUE. semés sur le corps du serpent vert, commun dans ce pays, ser- pent que Lichtenstein désignait sous le nom de coluber Olfersu, et que M. Wagler a pris pour type de son genre Philodryas. Un examen plus attentif fit reconnaître à M. Reinhardt que chaque écaille de cet ophidien est munie, près de son extrémité posté- rieure, d'une pelite dépression ou fosselle dont l'éclat est plus vif qué celui du reste de l’écaille. Ces impressions cessent d’exis- ter à une pelile distance de la pointe de la queue. En outre elles font défaut, dans la partie antérieure du corps, aux deux rangées d'écailles les plus rapprochées des plaques ventrales, et même, plus en arrière, à trois ou quatre rangées ventrales. A la racine de la queue, il n'y a plus que six rangées d'écailles munies de fosseltes ; ce nombre Lombe bientôt à trois, et, à quelques pouces plus loin, il n°y en a plus que deux. Lorsqu'on enlève avec soin l'épiderme de quelques écailles munies de fossetles et qu’on lexanine à la loupe, on reconnaît qu'il n'existe aucune ouverture correspondant aux fossettes. L'épiderme est seulement très-aminci à celte place, et lranspa- rent comme du verre. On ne découvre pas davantage d'ouver- ture dans la fossetie du derme, et, par conséquent, pas de ca- nal ni de cavité conduisant dans l'intérieur de lécaille. M. Reinhardt a été naturellement conduit à comparer d'au- tres ophidiens avec les Philodryas, au point de vue de celte particularité. Parmi 191 espèces examinées jusqu'ici, il a re- connu l'existence des fosseltes chez 106. La fréquence de ces pelits organes est sans doute encore plus grande qu’on ne pour- rail le présumer d’après le rapport de ces deux chiffres. En effet, M. Reinhardt a examiné relativement un plus grand nom- bre d'espèces des groupes dépourvus de fosselles que de ceux qui en sont munis. Chez beaucoup d'espèces, les fossettes sont aussi grandes et même plus grandes que chez les Philodryas, et, dans ce cas, elles sont facilement reconnaissables à l'ail nu. Souvent aussi elles sont plus petites et ne peuvent être bien distinguées qu'à ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALEONTOLOGIE. 77 l’aide de la loupe. Tantôt il n’en existe qu’une seule sur chaque écaille, tantôt il en existe deux. Chez les ophidiens à écailles lisses, les espèces à une fosselle et celles à deux fossettes sont à peu près en nombre égal. Chez les ophidiens à écailles carénées, les fosselles, lorsqu'elles existent, sont presque loujours au nom- bre de deux par écaille, une de chaque côlé de la carène. Quel- ques espèces cependant n’en ont qu’une seule. | La fonction des fosselles est jusqu'ici inconnue. Ces organes ne sont en relation avec aucune glande, et ne constituent ja- mais de différence sexuells. En revanche, ils peuvent: être uti- lisés comme moyen de contrôle pour les systèmes herpétologi- ques. La classification de Duméril et Bibron, basée essentielle- ment sur la dentlilion, établit des groupes qui ne coïncident nul- lement avec l'absence, la présence ou le nombre des fossettes des écailles. Or M. Reinhardt considère cette classification comme essentiellement artificielle. Il reconnaît à la dentition une importance systématique incontestable dans de certaines limites, mais il ne pense pas qu'on puisse la considérer comme un carac- tère dominant tous les autres. Tous les essais faits jusqu'ici de classer les serpents d'après la seule dentition ont amené à rap- procher des espèces très-disparales et à séparer des espèces voisines. En revanche, M. Reinhardt considère comme très- nalurels les groupes que Schlegel a établis sous le nom de genres. Il pense que le système de cet auteur est le meilleur dans l'état actuel de la science, pourvu qu'on y introduise les modifications proposées en 1858 par M. Günther, dans le Cata- logue des Ophidiens du British Museum. Or la distribution des fosselles est généralement en accord avec les coupes établies dans ce système. Il y a sans doute des exceptions, mais on trouve des familles entières avec deux fosseltes, d’antres avec une seule ; d'autres qui en sont privées. En outre, les familles dont toutes les espèces se comportent de la même manière, sous ce point de vue, sont généralement des familles uès-naturelles. M. Reinhardt lui-même n'accorde point une importance exa- 78 BULLETIN SCIENTIFIQUE. gérée aux fosselles en question. Il ne songe point à s'en servir comme base d'une classification, Il n’en est pas moins intéres- sant de trouver dans une parlicularilé en apparence futile une sorte de confirmation du droit qu'ont eu certains auteurs d’é- tablir telle ou telle famille. Ce caractère accessoire peut être d'ailleurs utile dans certains cas pour déterminer les affinités probables d’un ophidien à position douteuse. Nous renvoyons au mémoire original ceux qui voudraient consuller le catalogue des espèces à une ou deux fusselles et de celles qui sont privées de ces dépressions. Joux LugBock. ON SPHÆRULARIA, etc. SUR LA SPHÉRULAIRE DES BOURLONS. (The nalural History Review, 1861, p. 44.) La Sphœruluria Bombi est un singulier nématode découvert en 1856 par M. Léon Dufour. Ce savant l'avait pris d’abord pour une larve de diptère, mais reconnut bientôt qu'i doit être classé parmi les helminthes. C'est un ver cylindrique, obus aux deux extrémités et couvert sur loute sa surface de granulations sphé- roïdales semblables à des vésicules subdiaphanes. Il habite la ca- vilé abdominale de plusieurs espèces de bourdons. M. de Siebold reconnut plus lard que les sphérulaires n’ont ni bouche ni anus. Ï trouva chez elles le canal intestinal remplacé par une série d’u- tricules allongés, adhérents ensemble, autour desquels s’en- roulent les organes génitaux Tous les individus adultes observés pär lui se trouvèrent être des femelles, incapables de tout mou- vement. Les jeunes individus au contraire étaient très agiles. M. Lubbock a retrouvé la Sphærularia Bombi dans la cavité ab- dominale des grosses femelles de huit espèces de bourdons. Il a confirmé les observations de ses devanciers et les a étendues. Les Sphærularia sont privées non-seulement de canal intesti- nal, mais encore de système nerveux et circulatoire, et même de muscles. De là la vie purement végétative des individus adulies. Z00L0GIE., ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 79 En réalité, la cavité du corps est entièrement remplie par deux organes relativement énormes : la double rangée des cellules de sécrélion et l'ovaire. M. Lubbock pense devoir assimiler le pre- mier de ces organes au prétendu corps adipeux décrit par A. Meissner chez les Mermis. Quant à l'ovaire, il est conformé comme chez les autres nématodes; c’est un nouveau cas à l'ap- pui des observations de MM. Claparède, Leuckart, Munk, etc., et M. Lubbock se prononce comme ces derniers contre le schéma de formation des œufs proposé par M. Meissner. L’utérus est rempli par des œufs en voie de segmentation, sans que les œufs les plus rapprochés de la vulve soient jamais développés jusqu’au point de renfermer un embryon. — Les jeunes individus qui sortent des œufs et s’ébattent dans la cavilé abdominale des bour- dons sont très-alègres, leur nombre est souvent très-considéra- ble. Dans certains cas M. Lubbock à pu l'évaluer à plus de 100,000 dans un seul bourdon. Les mâles des Sphérulaires sont, selon M. Lubbock, de petits vers qu’on trouve adhérents au corps des femelles. M. Alex. von Nordmann a été le premier à découvrir que les mäles de certains crustacés (Actheres, Brachiella, Chondracanthus, Anchorella) sont beaucoup plus petits que les femelles, et M. Darwin à fait des observalions toutes semblables chez les cirripèdes des genres Scalpellum et Ibla. Cependant il y a loin de celte disproportion à celle que M. Lubbock établit chez les Sphérulaires, puisque chez ces nématodes le volume du mâle serait 28,000 fois plus petit que celui de la femelle ! Cette disproportion est si étonnante qu’on semble être en droit de désirer, sur les rapports sexuels de ces vers, des observations plus concluantes que la simple adhé- rence, il est vrai assez constante, des deux individus. ! 1 Pour ce qui me concerne, j'ai répété les observations de M. Lub- boqk et j'ai trouvé que les bourdons de Genève se comportent, sous le rapport de leurs parasites, comme ceux d'Angletwrre. Je tiens aussi pour à peu près certain que le petit ver qu'on trouve presque toujours uni à chaque sphérulaire est le mâle de ce nématode. E. CLAPARÈDE. 80 BULLETIN SCIENTIFIQUE. La manière dont les jeunes vers passent d’un bourdon à un autre est encore entièrement obscure. Il est curieux que les in- dividus infestés par eux soient loujours des femelles. M. Lubbock n’a jamais observé une seule Sphérulaire daus le corps d'un bour- don mâle ou ouvrier. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le Prof, E. PLANTAMOUR Pexpant LE mois De DÉCEMBRE 1861. Le 7, au matin de bonne heure, il neigeait ; la hauteur de la neige était de 5°” à 6h. 30 m. Cette neige a disparu rapidement dans la malivée, même sur le flanc des montagnes. 8, couronne lunaire à plusieurs reprises dans la soirée, puis brouil- lard. 9, 10. 11,12, 13, 14, brouillard toute la journée. 15, brouillard le matin ; couronne et halo lunaire à plusieurs reprises dans la soirée. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm mm Le 2, à 10 h. matin.... 735,09 7, à 6h. matin ... 720,68 12; à 10-h. matin.... 735,07 197 àA2NIT LOIP 0 726,92 15, à 10 h. matin.... 736,39 19, à 2 h. soir..... 720,07 28, à 10 h. matin .... 736,88 Ancmives. T. XIII. — Janvier 1862. | GENEVE. — Déceuere 1861. “ Baromètre, Température C. Tension de la vap | Fraet. de saturationen millièmes, | Plure ou neige ' | Clarté | Temp. du Rhône, || 2 Ê ne er Vent || a D 2:3 2 | Hauteur Écart Moyenne Ecart Moy. Ecart Moy. | Ecart sé 3 Eou | = domi- ape Ecart ZE FA avec la des avec la Minim. Maxim. des avec la || des avec la Mini-| Maxi- || 10mb. "a du Midi avec la £a = 24 heures. | temp. 24h tension || 24h. | fraction | Mum | mUum. ||q, les | nant. Ciel. à temp. ||.= = normale. normale, norm. 2%n.| 2 normale, || o 0 0 to mm, | millim, | mm . u 0 pouces il 4,30 | +2,00 | — 0}: IE 5,87 Ts 921| + 65! 790 | 1000! ...E..SSO. 1110,68| ...| .... 1[38,2 2 3,92 1,75 | — 0,6 7,8 || 4,88 | +0,38 || 808] — 48| 630 | 1000! ... [. [INNE. 2|10,26|| 8,6 0,7|138,3 3 2,36 0,32 | + 0,8 1,21| 4,23 | —0,23 | 791| — 66| 7401 850 .. Fee INNE. 1 1,0) 8,4 0,61 38,2 4 — 0,46 | —2,38 | — 1,6 1,21] 3,55 | —0,87 || 816| — 41| 760! 850! ...}..|INNE. 2/11,001 8,1 0,41/38,1 5 + 0,08€] —1,76 |— 27 3,41| 4,12 | —0,27 || 886| + 29! 780| 950! 2,3| 3 | variable 0,93 || 8,1 0,51137,5 6 2,23 | +0,54 | + 0,2 È 9,61! 3,77 | —0,59|| 713] —145| 500 | 900! ...{.. | variablell 0,60 || 8,1 ‘à 0,7|136,5 7 — 1,22 | +2,65 0,0 881| 6,18 |+1,85 | 969! Æ111| 840 | 1000! 21,7 | 15 || NNO. 111,00! 8,1 0,81 36,5! 8 | 726,79 | - 8,06 | 46,60 na 4,1 Fi 7,32 | +3,02] 916! + 58] 710 | 1000! ... |. |lvariablell 0,44]! ..| . ...|[37,0 9.| 7: 4 2,96 1,61 2,0 4,51[ 5,69 1,4: |11000 141 11000 | 1000!! . . | .. | variable 1:00! 8,6 ds 1,51138,0 10 | 7: È 1,84 0,60 | + 0,1 3,1] 5,30 1,06 |[1000! +-141 | 1000 | 1000! . .f. | variable 1,00 8, 1,31/37,5 11 | 733,48 6,45 2,05 | 0,91 | + 1,6 2,7|| 5,30 1,09 [1000 140 | 1000 | 1000! ...!..SSO. 1/11,001|!. 8,3 1,4 38,5 12 | 734,14 7,09 | 0,79 | —0,25 0,0 1,9 || 4,87 0,68 |[1000! +140 | 1000 | 1000! ... | .. || variablell 1,00 || 8,2 1,411 37,0 13 | 727.81 Eu 0,40 | —0,54 | — 0,7 1,1} 4,68 | +0,51 | 997| +136| 95011000! ... 1 . so. 1111,00! 7,9 1,21137,5 14 | 731,87 4,76 | 2,13 1,28 | + 0,9 3,61! 5,25 | +1,10] 987| +126) 930 11000! .:. | .. {variable|| 1,00 || 7,9 1,31 37,5 15 | 735.41 T 8,28 1,95 1,19|— 0,9 6,7|| 5,03 0,90 || 94] 19 1710) LO00 NES ISSONIIO TONER SI... 36,7% 16 | 731,45 1,29 | + 4,92 1,25 | + 0,9 8,3|| 4,68 | +0,57 || 728| —134| 470! 980! ...|..1IIN. 110,281! 7,9 1,41/36,8 71 731,47 BE 1,29 | 1,44| +0,85 | — 2,2 6,91 4,15 [+0,06 || 813] — 50| 660 | 950 ...|..1][SSO. 1110,04|| 7,8 1,41! 36,0 18 | 724,55 | — 2,66! 2,9 1,80 | — 19 6,5|| 4,73 0,66 || 862 — 1] 720! 950! 1,9| 2|SS0. 1110,74| 7,7 1,41 34,7 19 | 720,65 | — 6,59 | 2,70 2,27 | + 0.8 5,3|| 4,57 0,51 || 828| — 36| ‘720 | 1000! ... | .. IINNE. 3110,68|| 7,7 1,5|134,8 20 | 726,96 | — 0,30 | 1,15! +0,80 | — 0,1 2,5|| 3,91 | —0,14| 795| — 69| 7lu| 970 . |[.. INNE. 310,98 || 6,9 0,81[ 35,0 21 | 729,86 2,58 || — 1,67 | —1,95 | — 9,5 + 0,11 3,36 | —0,68 || 842] — 23| 780! 910 < NNE. 21/0,96|| 6,8|4- 0,81[ 34,0 22 | 729,33 2,03 ||— 2,59 | —2,80 31 1,7|| 3,97 | —0,66 || 908] + 43| 850| 960! ... | ..INNE. 110,99 || ... | ....1133;0 23 | 729,32 2 00 | — 3,07 | —3,21 | — 4,0 | — 2,0| 3,04 | —0,98|| 8461 — 20! 790! 910|| NNE. 2|10,74|| 6,7 de 0,811 32,5 24 | 730,32 2, 1Æ 2,67 | —2,75 | — 6,0| — 0,411 3,13 | —0,88 | 866 0! 710] 980 ..!1..IN 210,42] 6,7 0,91[ 32,0) 25 | 731,37 4,01 — 4,25 | —4,27 | — 7,2} + 0,2] 2,97 | —1,03 || 893] + 27| 780| 970! ... |. sso. 110,371 ... |...) 31,5 261 730,78 | + 3,40 — 3,45 | —3,42 | — 8,0 | — 1,8] 3,38 | —0,62 | 936] + 69| 8901 9601 ... | Il variablell 1,00 || 6,4 0,8] 31,0 27 | 734,13 6 | — 2,89 | —2,81 | — 4.0 | — 0,5 3 01 | —0,98!.819| — 481 700! 8901! . . | . RU 2110,52|| 5,9 0,31131,0 28 | 736,08 8,66 | — 3,00 | —2,87 | — 4,2 | — 1,0]! 3,08 | —0,91 || 850] — 17] 760! 920}! . . | .. [INNE. 1110,57|| 5,8 0,31[ 29,5 29 | 734,70 7,261] — 3,07 | —2,90 | — 4,6 | — 2,01 3,45 | —0,54| 953 85| 920] 980}! ...|..IINE. 111,00! ...| ..... 26,0! 30 | 733,12 5,67 || — 3,37 | —3,16 | — 5,4 | — 2,0] 3,2e | —0,70|| 933 65! 87011000! ...|..| variable] 0,88 | 6,3 à 0,91! 29,0 31 | 734,6: 717!|— 3,50 | —3,25 | — 5,51 — 1,91[ 3,27 | —0,71 || 931 63| 880 990 | ... |... || variable 1,00 | 5,9 0,6][29,2 MOYENNES DU MOIS DE DÉCEMBRE 1861. 6bh.m. Sh.m: (10h. m. Midi. 2b.s. 4h.s. 6h.s. 8h.s. 10h.s. Baromètre. mm mm nm mm mm mm nm mm mm 1re déeade, 729,28 729,59 729,69 728,98 728,47 728,50 728,56 728,79 728,91 2e » 729,89 730,06 730,31 729,73 729,31 729,46 729,69 729,90 729,97 ge » 732,00 732,26 732,60 732,20 731,81 731,90 732,29 732,58 732,80 Mois 730,44 730,69 730,92 730,36 729,93 730,01 730,25 730,49 730,63 Température. ° o o 0 a 0 o o 0 pre déeade + 1,19 + 1,38 + 3,00 + 4,37 + 4,93 + 4,84 + 3,55 + 2,86 + 2,62 2e » + 0,62 + 0,52 + 1,90 + 3,38 + 4,07 + 3,31 + 2,38 + 2,05 + 1,52 de » — 3,60 — 3,67 — 3,02 — 2,35 — 1,81 — 2,07 — 2,84 — 3,29 — 3,65 Mois — 0,69 — 0,69 + 0,51 + 1,67 + 2,26 + 1,90 + 0,90 + 0,42 + 0,04 Tension de la vapeur. mm mm mm mm mm mm mm mm mm 1re décade, 4,72 4.78 4,96 5,19 5,37 5,37 5,23 5,28 5,15 2e 4,58 4,56 4,76 4,67 4,87 4,81 4,79 4,82 4,80 ge ?» 3,27 3,11 3,17 3,26 3,38 3,24 3,29 3,20 3,21 Mois 4,16 4,12 4,26 4,34 4,50 4,44 4,40 4,39 4,35 Fraction de saturation en millièmes. 1re décade, 934 931 854 816 810 818 867 922 921 2% » 950 953 907 809 807 836 883 908 938 3% » 932 907 866 844 845 825 886 892 922 Mois 939 930 876 824 821 826 879 907 927 Clarté moyenne Température Eau de pluie Therm. min. Therm. max. du Ciel. a héâne. ou de neige. Limnimètre. ! o 0 o mm P- 1re déeade, + 0,20 + 6,34 0,79 8,29 24,0 37,6 2 » — 0,16 + 4,55 + 0,75 7,81 1,9 36,4 3° » — 4,95 5,10 0,77 6,31 0,0 31,1 Mois — 1,74 + 3,09 0,77 7,48 25,9 34,9 Dans ce mois, l'air a été calme 1 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,98 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N, 199,5 E. er son intensité est égale à 33 sur 100. 11 1"! = M a (1 1 10} . : \ ‘ 2 f LE: 3 {4 : ‘ \ _ EU | ; ! : à “4 , 3 F° ro, Y 0O,T vd + NL en | { ‘a EL + ONE + 46, + { RUE 1 Sa, xs, ,® 4 ; #4 | vo, En : nr 1HoGAT ape - VE” = : TASSE TN 2 US ace + € asmalltie me antfeuiss sh ÉALELEL 4 rs BE 0 = sui DUR TR * PCR 44e: LH 4 Ju, { 4 Le 1 Le 34 L = Se N : ” Le we TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD PENDANT LE MOIS DE DÉCEMBRE 1861 Hauteur de la neige tombée pendant le mois de Décembre : 325". répartie comme suil : SAINT-BERNARD. — DécemBre 1861. Baromètre réduit à 0°. Température exlérieure en degrés centigrades. RE Eau Re. "2" Se si SA ne Ds dans I du mat. du soir. dusoir. || du soir. du soir. du soir. : soir. soir. 112 min mn mi _ = © 567,55 565,27 562,65 560,74 | 5: 2 | ! 44 | 556,13 556,54 | 556,67 | 556,57 | 556 55 556,29 | 557,64 557,90 558,84 563,02 | 564,16 | 564,82 | 565,95 568,40 | 569,03 | 568,91 | 569,2: 068,45 | 568,12 | 567,84 | 567,92 = j a © à © … — © DS += - [= — ” © C2 +9 E & 4 O1 -I 19 © ee 568,21 { 568,44 | 568,93 568,64 | 568,05 | 568,01 564,99 | 564,54 | 564,97 +2 Ce vou ueoui: € = © © … = —_ es ct - variabl NE. NE. NE. NE. NE. NE. variabl SO. NE. SO. SO. NE. NE. NE. NE. NE. calme. 566,13 | 567,08 | 567,71 | 568,74 569,72 | 569,31 | 568,57 | 567,41 56 Fe 263,83 | 563,33 | 563,44 564 ,! 565,32 565,24 565,50 562 Fe 599,56 | 556,87 | 555,85 93,19 | 554,57 | 555,47 | 555,52 558,37 | 559,65 | 560,05 560,24 562,83 | 563,71 | 563,79 | 563,95 563,49 | 563,33 | 562,78 | 562.45 562,17 | 562,45 | 562,73 | 562,24 963,12 | 563,22 | 563,64 | 563.43 963,56 | 563.15 | 563.26 | 562,85 5|1561,75 | 561,34 | 562,09 | 562,78 564,50 | 565,61 | 566,18 | 566,75 568,38 | 569,221 569,35 | 568,47 PRE al 567,92 | 567,29 | 366,63 966,12 | 565 83 | 566,13 566,3] 566.53 | 566,43 | 566,35 a cr wevs nr € — Ce GR © EX — ) © © ed pd pd bed be end (TO et best bd pd bed pu pd jet jeud bond bent ju jt id pi pi VIS mODmOS En C9 NO CO O0 E bi O0 ii CN DE © BR OO À © > Co © = J NS) | = 19 OO -I à à + cp = 2 CO md jt jet God bed ed bent jet jet D © à © © où Lo 1 MOYENNES DU MOIS DE DÉCEMBRE 1861. 6 h. m. Sbh.m. 40h. m. Midi. 2 h.s. 4 h.s. 6h.s # h.s. 40 b.s Baromètre, mm mm mm mm mm mm mm mm mm lredécade, 563,47 563,82 564,11 563,84 563,62 563,61 563,71 563,75 563,82 2 » 563,85 564,09 564,34 564,11 563,78 563,83 563,75 563,86 563,94 3e » 563,98 564,54 564,93 564,78 564,72 564,85 564,61 564,73 564,86 Mois 563,77 564,16 564,47 564,28 564,06 564,12 564,04 564,13 564,23 Température. o o o o o o o o 1re déeade, —5,14 —5,24 —4,61 —3,81 —3,64 —4,94 —5,44 —5,48 —5,78 2 3 0 6 01055718 A ONE 6,08 027,25, 6987723 27 “> mA 1,210 —6698 04 80 90; 10 0 — 0,38 671 6,68 Mois —6,38 —6,21 —5,10 —4,51 —4,19 —5,39 —6,36 :—-6,40: —6,57 Hygromètre. Lre décade, 2: >» 3e » * Therm. min. Therm. max. Clarté moy. du Ciel. Eau de pluie qu de neige. mm 1re décade, "14 = 0,32 22,3 2 — 8,98 me 0,32 6,3 ge » — 10,42 a. 0,13 0,0 Dans ce mois, l'air a été calme 23 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 3,89 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 450E., et son intensité est égale à 48 sur 100. | VON HE H &IUM Ut Ç | » 1104 4 | ü | t ' on L * 2 HE Er Li L : TE TC 64 bu 2 81,18 OR # C * y, nr. : ÿ +? VUS ATA \ e £ 4 ve ? p : PE USD. ue 2 tien. Ge rl &b,0 AUTES NÉS : A h, ER —. 640 EL EX CR UV LAIT HE : n},4 FU, 4 Lt RUE (PR) 6 Trait LUS MUC ARTALS es C ne dame en — —… DE 0 mg nm 60 4e me + + in gr mie TENTE UE «JO Ecbe Et UT ns LU sonore” ” x DE L'INFLUENCE DE L'AIMANT DÉCHARGE ÉLECTRIQUE M. PLUCKER"'. L'action qu’exerce un aimant sur la décharge élec- trique dans un gaz raréfié se manifeste par des phéno- mènes très-variés, selon les différentes circonstances dans lesquelles s'effectue cette décharge, dont le conducteur ou plutôt le translateur, est, soit le gaz raréfié, qui de- vient lumineux, soit la matière détachée des électrodes. Voici trois cas principaux et distincts, énumérés dans Vordre selon lequel je les ai observés et décrits dans mes précédents mémoires. | Le premier cas est celui où l’aimant agit sur le courant lumineux à distance des électrodes. Si le gaz raréfié est renfermé dans un tube cylindrique, par exemple, on peut considérer toute la bande lumineuse comme un faisceau formé d’une quantité innombrable de courants lumineux élémentaires parallèles, qui n’exercent pas d'action ap- préciable les uns sur les autres. Selon le degré de raré- ! Poggendorffs Annalen, CXWI, 249. Ancuives. T. XIE. — Février 1862. 7 90 L'INFLUENCE DE L’'AIMANT faction, les courants élémentaires occupent tout l’espace du tube, ou bien se contractent en un filet mince. Dans ce dernier cas, le filet lumineux se comporte, sous l’in- fluence de l’aimant, exactement comme un fil de cuivre mobile qui sert de conducteur à un courant. M. de la Rive a décrit le premier ces phénomènes. Tous les autres sont ceux qui se présentent dans un gaz très-raréfié. Ici le faisceau lumineux occupe, avant l’action magnétique, tout l'espace intérieur du tube qui contient le gaz raréfé, et s’élargit et se rétrécit selon les dimensions du tube, Les phénomènes qui se manifestent dans cette disposition, sous l'influence de l’aimant, dans l'hypothèse susmention- née de courants élémentaires mobiles se propageant les uns à côté des autres, peuvent être prévus en grande partie, mais cependant pas tous, d’après les lois électro- magnétiques connues. Dans le nombre des phénomènes incomplétement expliqués, je range celui que présente le courant qui Se termine par une pointe vers laquelle se dirige une lueur qui part, sous forme de flamme, du côté opposé; ce phénomène consiste dans l'extinction de la lueur du courant par laimant et, avant tout, dans les éclairs brillants et colorés provoqués par l'aimant dans certains gaz ou vapeurs raréfiés (chlore, brome, iode, chlorure stannique, acide sulfureux). Nous ne pouvons pas nous étonner de ne pas trouver une explication satis- faisante de ces phénomènes, puisque nous ne connaissons nullement la constitulion des corps ni celle du courant électrique qui en dépend. De nouvelles hypothèses qui, dans l’état actuel de nos connaissances, ne peuvent pré- senter que le caractère de symboles, seront incapables de nous fournir une explication, aussi longtemps que nous n’aurons pas des données plus précises sur la nature du SUR LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 91 courant et sur celle des corps qui lui servent de conduc- teurs. Rien ne paraît plus propre à atteindre ce but final que de joindre de nouveaux phénomènes bien caracté- risés à ceux que nous possédons déjà et de les discuter ensemble. Le courant disparaît, à la limite extrême de la raréfaction, avec la présence d’une quantité suffisante de malière pondérable ; la lueur qu’il produit s'éteint même avant que le courant cesse de circuler. D’autre part, lors- que la densité du milieu gazeux est plus grande et que l'intensité est plus considérable, la décharge s’effectue par des éclairs dont ce milieu est le principal translateur. L’aimant n’exerce pas d’action appréciable sur ces éclairs, qui sont semblables à ceux que produit la machine élec- trique. Le second des cas, énumérés plus haut, est celui où J'aimant exerce son action dans des milieux raréfiés sur la lueur particulière qui jaillit de lélectrode négatif. Cette lumière se contracte en un plan qui est le lieu géo- métrique de toutes les courbes magnétiques qui passent par les différents points non isolés de la portion de l’é- lectrode qui pénètre dans le gaz raréfié, et qui, d’un autre côlé, sont limitées par la paroi de verre qui sert d'enveloppe. Ces beaux phénomènes, qui sont si variés, sont ainsi parfaitement caractérisés. Les lois électro-ma- gnéliques connues conduisent à cette proposition théo- rique, qu'un courant électrique linéaire, dont un point est fixe et dont la direction n'est pas déterminée, ne peut être en équilibre sous l'influence de l’aimant que lors- qu'il prend la forme de la courbe magnétique qui passe par ce point et qui par cela même est complétement dé- terminée ; et de plus, que cette courbe reste la même lorsque la direction du courant change. A ce principe se 92 L'INFLUENCE DE L'AIMANT rattachent des indications certaines sur les conditions physiques qui président à l’apparition de la lumière au pôle négatif. Sommes-nous autorisés à admettre que, dans ce ças, le translatenr du courant électrique soit la matière pondérable qui, sous l'influence de Paimant, est portée suivant les courbes magnétiques vers l'enveloppe de verre, ou qui peut-être à un mouvement de va et vient, par suite de l’intermittence du courant d’induction, jusqu’à ce que finalement elle soit pressée contre le verre? Cette nouvelle hypothèse me paraît assez fondée, surtout parce que, par le fait du dépôt de la matière provenant de lé- lectrode négatif, la surface intérieure du verre se notrcil uniformément quand l’aimant n’agit pas, tandis que lors- que cette action s’exerce, elle ne novrcit que là où elle est rencontrée par les courbes magnétiques dont est composé le plan lumineux. Les phénomènes variés du troisième cas concernent le courant électrique qui, dans des milieux raréfiés, part de l'électrode positif et qui, l’électrode négatif étant sufli- samment rapproché, décrit sa route sous l'influence si- multanée de l’électrode négatif et de l’aimant. Si nous considérons l’action de l’électrode comme une attraction et celle de l’aimant comme étant conforme aux lois élec- tro-magoétiques conoues, nons pouvons déterminer ! à la- vance tous ces phénomènes dans loutes les conditions. (Ces phénomènes se présentent simultanément avec ceux du second cas.) Le gaz raréfié est ici le translateur, du moins principal, de la décharge. _ Dans ce nouveau mémoire, je me propose d'analyser en détail un quatrième cas, savoir celui dans lequel la 1 Un précédent mémoire a eu cette question pour objet, Pogg. Ann., CVII, 88 à 115. SUR LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 93 décharge électrique obéit à l’action de l’aimant, et cela dans des conditions totalement différentes de celles men- tionnées précédemment. En effet, tandis que l’étincelle ordinaire de la décharge dans des gaz de densité ordi- naire, décrit une ligne droite ou une ligne brisée et n’é- prouve aucune déviation Sous l’influence de l’aimant, cette étincelle, dans certaines conditions, est accompagnée d’une seconde décharge, d’une lumière différente et d'un aspect plus uébuleux, qui l'enveloppe pour ainsi dire. Cette dé- charge secondaire, comme nous l’appellerons ici pour fa distinguer, apparaît avec une intensité particulière lors- qu'on emploie le grand appareil de Ruhmkorff et que l’on tire les étincelles d’induction directes à une distance de un à deux centimêtres seulement, tandis qu’on pour- rail en obtenir, avec le même appareil, à une distance de 30 et même 36 centimêtres. M. Ruhmkorff a observé, lors de l'essai de ses appareils, que la lumière de cette décharge secondaire obéissait à l’action des courants d’air et à celle de l’aimant. M. Dumoncel s’est déjà occupé de ces phénomènes!. Je vais chercher dans ce qui suit à les mieux caractériser et à en déterminer les lois. Les plus beaux phénomènes se présentent lorsque les deux extrémités du fil de la grande bobine d’induction sont placées dans la direction équatoriale entre les deux demi-ancres de l’électro-aimant rapprochées l’une de l’au- tre. Au lieu de ces électrodes prenons, avec M. Ruhm- korff, les deux pointes de laiton d’un excitateur général dont les deux conducteurs isolés sont mis en communi- l Recherches sur la non-homogénéité de l'étincelle électrique . Paris, 1860. — Voyez aussi sur ce sujet les recherches très-com- plètes de M. A. Perrot (Ann. de ch. et de ph., t. LXI, p. 200). (Réd.) 94 L'INFLUENCE DE L’'AIMANT calion avec les deux électrodes. Considérons de plus, en premier lieu, le cas normal, celui où deux demi-ancres semblables, tournées de manière à se présenter deux sur- faces larges ou deux boutons ronds, sont posées symétri- quement sur les deux surfaces polaires du gros électro- aimant et où les deux pointes de lexcitateur se trouvent dans le plan équatorial placées sur la ligne droite qui passe par le milieu du champ magnétique et sont de cha- que côté à la même distance de ce milieu. Avant d’ai- manter l’électro-aimant, remarquons la petite étincelle qui part en ligne droite accompagnée d’une enveloppe lumineuse d’une couleur différente ; en soufflant fortement sur cette enveloppe, on la voit prendre la forme d’une flamme, dont la base est formée par la ligne qui sépare les deux pointes de laiton et dont l'extrémité est à plu- sieurs centimètres de distance, dans la direction dans la- quelle on souffle. Quand on développe le magnétisme, il se forme dans le plan équatorial une belle surface lumi- neuse, sans épaisseur appréciable, qui est limitée d’un côlé par l’étincelle qui passe sans altération, semblable à un éclair, et de l’autre côté par un arc nettement des- siné, qui a presque la forme d’un demi-cercle et qui re- pose sur l’excitateur en deux points, situés à peu prés à deux centimètres en arrière de ses extrémités. Si les in- terruptions de l'appareil d’induction se font d’une manière régulière, la surface lumineuse conserve une position sta- ble; mais on aperçoit qu’elle n’est pas homogène : elle est constamment traversée par des lignes lumineuses plus claires, qui sont presque parallèles aux courbes qui for- ment la limite extérieure. L’une de ces lignes plus claires repose d'ordinaire sur les deux extrémités mêmes de l'excitateur. Tandis que la lumière située entre cette ligne SUR LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 95 et le petit éclair éblouissant paraît plus obscure à l'œil, la surface lumineuse apparait plutôt comme une large bande comprise entre deux demi-cercles concentriques. La surface lumineuse est évidemment formée unique- ment de lignes lumineuses qui représentent le chemin parcouru par chaque décharge isolée entre les deux élec- trodes. Quand on emploie les pointes de laiton, la couleur de la surface demi-circulaire est violette ; elle est traversée par des ares d’un violet clair, quelquefois d’un jaune d’or. Les mêmes couleurs se retrouvent dans l'enveloppe lumineuse primitive, qui entoure la décharge directe. Si on opère les interruptions du courant avec la main, au lieu d'employer le mécanisme qui donne des interrup- tions plus régulières, alors la couleur jaune domine, les dimensions de la surface de la lumière électrique aug- mentent, mais les bords en sont, quoique également pets, moins stables et moins réguliers. Dans ce cas-ci, ainsi que dans tous les cas suivants, la surface lumineuse produite par l’aimant passe de l’un des côlés de la ligne droite, qui réunit les deux extrémités de l’excitateur, à l’autre côté, lorsqu'on renverse soit la direction du courant, soit la polarité magnétique. Si nous nous plaçons devant l’électro-aimant de manière que le pôle nord soit à notre droite et que le courant se dirige vers nous, la surface lumineuse est tournée vers le haut. L’enveloppe lumineuse se montre encore, particulière- ment sous l'influence d’interruptions isolées, lorsque la longueur de la décharge est de 10 ou d’un plus grand nombre de centimètres, mais dans ce cas elle est plus prononcée du côté de l’électrode positif que du côté de l'électrode négatif. L'aimant la développe en une bande quis’appuie, dans le plan équatorial, contre l’un ou l’autre côté de l’étincelle de la décharge directe. 96 L'INFLUENCE DE L’AIMANT Lorsque les deux bras de lexcitateur sont compléte- ment isolés, à l'exception des deux pointes extrêmes qui sont l’une vis-à-vis de l’autre, la surface lumineuse engen- drée par l’aimant ne repose que sur ces pointes mêmes. Si, en outre, les deux demi-ancres se présentent l’une à l’autre par de grandes surfaces polaires, les courbes, qui forment la limite de la surface lumineuse située entre deux , et celles qui traversent cette surface, ont, autant que l'œil en peut juger, exactement la forme d’arcs de cercles, tous perpendiculaires à la ligne droite qui sépare les deux pointes de l’excitateur. La même chose a lieu quand les deux demi-ancres se présentent l’une à l’autre avec des pointes conoïdes, et quand la distribution ma- gnétique dans le plan équatorial est symétrique autour du lieu du champ magnétique, à partir du point où la ligne qui sépare les deux extrémités conoïdes rencontre le plan équatorial, dans la supposition toutefois que les extrémités des bras de l’excitateur se trouvent à une dis- tance égale de ce milieu. La portion plus éclairée de la surface lumineuse forme dans ce cas un ménisque, tandis que dans celui où l'ex- citateur n’est pas isolé, elle forme un ruban bordé d’arcs: de cercles concentriques. Le plan équatorial coupe à angle droit toutes les cour- bes magnétiques et forme ainsi une surface de niveau. La direction selon laquelle la force électro-magnétique exerce son action sur un élément du courant situé dans ce plan, se trouve dans ce même plau et est perpendiculaire à lé- lément. Si le plan équatorial est un champ magnétique uniforme (ce qui a lieu à peu prés dans le milieu entre de grandes surfaces polaires), et si, en outre, le conduc- teur du courant est un fil parfaitement flexible et d'une SUR LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 97 longueur donnée, dont les extrémités soient fixées dans le plan équatorial, ce fil prendra sous l'influence de l’ai- mant la forme d’un are de cercle complétement déter- miné ,par ses deux points d'attache et sa longueur. En effet, l’on sait que le cercle est la seule position d’équi- libre du fil, lorsque des forces normales égales agissent du côté concave sur tous les éléments égaux de ce fil. Si nous nous représentons une série de fils infiniment minces et d’une longueur progressivement croissante, tous fixés aux extrémités des bras de l’excitateur et de- venant incandescents sous l'influence du passage du cou- rant, nous obtiendrons une image fidèle du phénomène décrit plus haut. Représentons-nous, en outre, un semblable fil, servant de conducteur au courant, en forme d’arc de cercle, sur la partie concave duquel agit une force que nous pou- vons, d’après ce quisprécède, supposer partir du centre du cercle et exercer une répulsion uniforme, cette force tendra à allonger le fil, et si rien ne s’oppose à son allon- gement, elle le transformera en un arc concentrique de plus grande dimension. Dans le cas où les bras de l’ex- citateur ne sont pas isolés et où, par conséquent, les ex- trémités du fil peuvent se mouvoir librement le long de l'excitateur, et si, en ontre, les fils peuvent s’allonger, les ares concentriques intérieurs, qui se montrent dans le phénomène décrit plus haut, prennent sous l'influence de l’aimant la place des arcs extérieurs. Mais si les bras de l’excitateur sont isolés jusqu’à leur extrémité, les fils qui conduisent le courant doivent, même après l'allongement, passer toujours par ces deux points fixes. Ces considérations théoriques m'ont engagé à répéter les expériences de M. Leroux, dont l'effet est magnifique. 98 L'INFLUENCE DE L’'AIMANT Lorsqu'on réunit les extrémilés des deux fils conduc- teurs qui partent des pôles d’une pile de Grove de quatre éléments, au moyen d’un fil de platine mince et de quel- ques centimètres de longueur, celui-ci devient incandes- cent par le passage du courant, et, si avant de fermer le cireuil on place les extrémités des gros fils conducteurs entre les grandes surfaces polaires de l’électro-aimant à la place des bras de l’excitateur, le fil mince, d'abord dé- tendu, deviendra incandescent et souple au moment où il sera traversé par le courant et se placera dans le plan équatorial en y prenant la forme d’un are de cercle dont la ligne qui sépare les extrémités des gros fils conduc- teurs représente la corde. En renversant la direction du courant ou le sens de la polarité magnétique, on voit le fil incandescent se rejeter de l’autre côté de la corde. Si l’on rapproche les bouts des deux conducteurs, le fil de platine conservant la même longueur, le segment formé par l’arc incandescent présente un angle de plus en plus petit. ; La force électromagnétique qui s'exerce sur le côté concave des fils traversés par le courant, ressort encore mieux de lexpérience suivante. Lorsque entre de grandes surfaces polaires on dispose, dans le plan équatorial, au lieu des deux pointes, deux lames minces en cuivre, parallèles à une distance de 10 à 12 millimètres l’une de l’autre, et qui communiquent avec la bobine d’induction du grand appareil de Ruhm- korff, le point de sortie de la décharge électrique à tra- vers l’air, et le point d'arrivée peuvent se mouvoir libre- ment sur les deux bandes de cuivre parallèles. On peut également, par les moyens que nous avons indiqués plus haut, parvenir à faire sauter l’étincelle de la décharge SUR LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 99 (semblable à un éclair) avec son enveloppe lumineuse, à un point quelconque des deux bandes de cuivre, soit, si on les suppose dans une position verticale, aux extré- mités supérieures, soit aux extrémités inférieures, soit au milieu. Quand on charge l’électro-aimant, l'éclair de la décharge n’est pas dévié desa place primitive, mais son enveloppe s'étend vers le haut ou vers le bas de 4 à 5 centimètres, de manière à former, entre les bandes de cuivre parallèles, une surface lumineuse qui est limitée d’un côté par l’étincelle de la décharge et de l’autre par un arc circulaire bien tranché et qui présente à l’étincelle son côté concave. Dans la partie de la surface lumineuse qui s'appuie contre la bande de cuivre, fonctionnant comme anode, apparaissent, à de petites distances, de petits points lumineux rayonnants, qui correspondent aux lignes lumineuses qui traversent la surface. En renver- sant la direction du courant ou de la polarité magnétique, on voit la surface lumineuse se jeter du côté opposé de l’étincelle de décharge qui a la forme d’un éclair. Si l’on renverse l’un et l’autre en même temps, le phénomène primitif reparaît, avec la différence que les points lumi- neux rayonnants passent de l’une des bandes à l’autre. Quand les deux armatures en forme de demi-ancres ne sont pas symétriques, en particulier, quand une grande surface polaire de lune est en face d’une pointe conoïde de l’autre, la surface lumineuse entre les deux pôles n'af- fecte la forme primitive d’un disque uni que dans le voi- sinage de la grande surface polaire. Si on approche les extrémités des bras de l’excitateur dans une position sy- métrique, de la pointe conoïde, la surface lumineuse se courbe, tout en s'appuyant sur l’étincelle de décharge, de façon à présenter à la pointe son côté concave. Elle 100 L'INFLUENCE DE L’AIMANT présente à peu près la forme d’une surface de niveau, qui serait rencontrée à angle droit par les courbes ma- gnétiques qui divergent de la pointe. L'opinion confirmée par les expériences précédentes, qui consiste à admettre que les surfaces lumineuses ma- gnétiques en question sont formées de lignes lumineuses distinctes, reposant par leurs extrémités sur les bras de l’excitateur et dont la forme est celle que prendrait, sous l'influence de l’aimant, on fil flexible traversé par un cou- rant électrique, se trouve justifiée dans tous les cas, quelle que soit la position de l’excitateur à l’égard de Paimant. Supposons dorénavant, pour abréger, que deux demi-ancres semblables, de forme parallélipipédique et se présentant mutuellement de grandes surfaces carrées, reposent symétriquement sur les deux bras du grand électro-aimant placé dans la position verticale. Si, comme point de départ, on prend le cas où les deux bras de l’excilateur se trouvent dans le plan équatorial et où le milieu de la distance qui les sépare coïncide avec le mi- lieu de l’espace situé entre les demi-ancres, et que dans celte disposition on tourne les bras de l’excitateur dans le plan équatorial autour de ce point central, la surface lumineuse repoussée suit le même mouvement de rota- tion dans ce plan, ce à quoi on pouvait s'attendre a priori. Si les bras se trouvent dans une position horizontale et si on les élève perpendiculairement, jusqu’à ce qu'ils émergent d’entre les surfaces polaires, les surfaces ma- gnétiques lumineuses seront continuellement repoussées vers le haut ou attirées entre les ancres, dans le plan équatorial, selon la direction du courant et selon le sens de la polarité magnétique, La nuance tranchée qui, dans le dernier cas, accompagne toujours le phénomène, est SUR LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 401 beaucoup plus prononcée que dans le premier cas. Si on les élève encore davantage dans le plan équatorial, on observe, avec une diminution des dimensions de la sur- face lumineuse, également une diminution de l’action ma- gnétique, qui ne devient insensible qu'à un très-grand éloignement. Revenons maintenant à la position horizontale primi- tive des bras de l’excitateur et poussons-les horizontale- ment, après les avoir élevés verticalement au-dessus des surfaces polaires, près de la surface supérieure d’une des deux armatures, dépassons celte armature et redes- cendons près de la face tournée vers le plan équatorial, la surface lumineuse reste une surface unie et conserve en général sa forme. Mais, tandis qu'auparavant elle était verticale avec une direction vers le haut ou vers le bas, elle se tourne maintenant continuellement, devient hori- zontale un peu au-dessus du milieu de P’armature, et en- suite, en tournant toujours dans le même sens, elle rede- vient verticale sur la surface opposée de l’armalure, mais dans uue direction inverse vers le bas ou vers le haut. Déchargeons le grand appareil de Ruhmkorff entre les deux bandes de cuivre étroites, au lieu des deux pointes de l’excitateur, en les plaçant au-dessus du milieu des deux armatures, dans la direction de laxe, laimant n’exerce alors aucune action directe, quel que soit, dans la direction équatoriale, le point de la bande duquel part l'étincelle-éclair, On peut fixer ce point au 1oyen de deux petites proéminences placées, sur les deux bandes de cui- vre, l'une vis-à-vis de Fautre. Le disque lumineux s’ap- puie toujours contre ces proéminences. Si nous imprimous à ces deux bandes un mouvement continu dans le seus de leur longueur, l'étincelle suit ce mouvement, pendant 102 L'INFLUENCE DE L'AIMANT que le disque lumineux continue à tourner. Ce n’est que dans le plan équatorial que le disque lumineux est ver- tical, perpendiculaire aux bandes et dirigé, soit vers le haut, soit vers le bas. Si Pétincelle avance à partir de cetle position au-dessus de l’une des armatures, le disque lumineux passe par la position horizontale, où il est li- milé latéralement par les deux bandes et quitte de nou- veau ces bandes par en bas ou par en haut. Si l’étincelle avance à partir du plan équatorial, au-dessus de la sur- face de armature, le mêine phénomène se présente, seulement le disque lumineux tourne alors dans le sens opposé. Lorsque les deux bandes de cuivre sont parfaitement parallèles et ne présentent point de proéminences, la place d'où saute l’étincelle n’est pas fixe, mais celle-ci paraît avoir une prédisposition à continuer à passer là où elle a déjà passé une fois. Il suffit de souffler avec la bouche pour changer la place d’où elle part, et, à chaque chan- gement de place, correspond une autre direction! du disque lumineux sous l'influence de l'aimant. 1 Le déplacement de l'éclair entre les deux électrodes paraï- lèles n’est pas évidemment un effet direel du souffle. Le souffle entraîne que la malière pondérable de li surface lumineuse, el c’est elle qui détermine le chemin que suit l'éclair. L'expérience suivante confirme celle manière de voir. J'ai déchargé le grand appareil d'induction très-près et au- dessus d’une des surfaces ‘polaires de l'électro-aimant en activité, de manière à obtenir une surface lumineuse horizontale à bords réguliers qui, par l'emploi d’un petil appareil à soufflerie cen- liluge, pouvait être élargie et déchigée. Le temps à autre on apercevail dans l'intérieur du disque des éclairs. qui souvent constituaient loute la lumière de la décharge, et d'autres fois appa- raissaient comme des ramifications de l'éclair. Dans un essai, un éclair plus long a suivi exactement le bord dentelé extérieur SUR LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 4103 Il nons reste encore à discuter les cas où l’élincelle d’induetion ne chemine pas dans la direction équatoriale, mais dans telle autre direction que ce soit. Je serai plus bref sur ce point, pouvant constamment m'en référer aux trois belles expériences de M. Leroux. Dans tous les cas les courbes sont celles qui limitent et traversent les sur- faces magnétiques, en un mot les « courbes Leroux, » c’est-à-dire des courbes dont la forme est celle qu’affecte un fil mince de platine et d’une longueur convenable, dont les deux bouts touchent les deux bras de l’excitateur aux points correspondants, ét qui devient incandescent quand il est traversé par le courant, l’excitateur étant mis en communication avee les pôles d’une pile galvanique. Quand on porte les deux pointes de l’excitateur au- dessus des deux armures de l’électro-aimant dans la di- rection de l’axe à égale distance du plan équatorial, l'é- tincelle-éclair du grand appareil d’induction saute, comme toujours, en ligne droile , la surface lumineuse magnétique est alors limitée par une courbe en forme d'S, qui se trouve dans le plan horizontal et qui coupe la ligne droite par le milieu. Les courbes qui traversent la surface sont les unes à la suile des autres intermédiaires entre la courbe qui forme la limite et la ligne droite. Lorsqu'on change la direction du courant on le sens de la polarité magnétique, chacune des moitiés de la surface lumineuse, qui se trouvent de chaque côté de l'éclair, passe au côté opposé. Nous avons supposé dans ce qui précède que les bras de lexcitateur sont isolés à l'exception de l'extrémité des pointes ; si cela n'a pas lieu, les courbes passent Loutes, de I surface lumineuse. Plus tard j'ai obtenu le même phéno- mène ten qu'en soufDant et sans le concours d'une action magné- tique. 104 L'INFLUENCE DE L’AIMANT comme avant, par le milieu de l'éclair, mais les points des bras de l’excitateur sur lesquels elles reposent, s’é- tendent, à partir des extrémités, jusqu’à une certaine dis- tance sur ces bras. Quand on pousse les bras de l’excitateur dans le plan de l’axe de lélectro-aimant, jusqu’à ce qu’une des pointes tombe dans le plan équatorial, tandis que la pointe de l’autre bras se trouve au-dessus d’une des armatures, toute la surface lumineuse se transporte du même côté de l’étincelle et présente, bien qu'agrandie, à peu près la même forme que la moitié de la surface qu’on avait au- paravant. Si l’on place l’excitateur de telle façon que létincelle saute près d’une arête de l’armature en forme de paral- lélipipède, qui se trouve dans la direction de l'axe, en sorte que le milieu de l’étincelle tombe dans le plan équa- torial, la courbe limite de la surface lumineuse est alors formée de deux moitiés symétriques, qui ne sont plus planes, mais contournées. L'action de l’aimant sur la décharge de l’appareil d’in- duction, telle que MM. Ruhmkorff et du Moncel ont été les premiers à la reconnaître, et dont il a été question dans ce qui précède, est complétement différente de celle que j'ai observée et dont j'ai cherché à établir les lois. 1! y aurait une contradiction inexplicable entre les deux genres d'action, s’il n’y avait une différence dans les cir- constances dans lesquelles ces deux classes de phéno- mênes se produisent, qui sont d’ailleurs parfaitement identiques, sauf dans ce qui concerne la densité du milieu ambiant. Nous pouvons donc énoncer ce résultat remar- quable, à savoir que l'action magnétique sur la décharge électrique diffère essentiellement suivant qu'elle s'exerce SUR LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 105 dans un milieu très-raréfié, ou dans un milieu dont la densité est plus grande, ce qui revient à dire que la dé- charge est d'une nature différente dans les deux cas. L'examen du passage successif d’un des genres d’ac- tion magnétique à l’autre, fournit de nouveaux éclaircis- sements sur les questions théoriques, et nous nous trou- vons ici en face des phénomènes les plus imprévus. Le but que nous devons nous proposer dans l’expérimentsa- tion consiste, pendant que le gaz afflue peu à peu, à pour- suivre le phénomène à partir d’une des limites, où les belles surfaces formées par les courbes magnétiques ap- paraissent au pôle négatif et vers lesquelles s’épanouit la lumière plutôt diffuse de l’électrode négatif, jusqu'à l’autre limite où s'échappe un éclair, qui lui-même n’obéit pas à la force magnétique, mais qui est entouré d’une enve- loppe lumineuse à laquelle l’aimant, en présence d’une vibration bruyante, donne la forme d’une surface lumi- neuse également belle et qui est limitée nettement par des courbes d’une tout autre nature (celles, par exemple, qui, lorsque les électrodes se trouvent dans le plan équatorial, coupent à angle droit les courbes magnéti- ques). Au point de vue théorique, il s'agirait de savoir avant out ce qui constitue le translateur de la décharge électrique dans les deux cas extrêmes et dans les cas de (ransilion, si c'est du métal provenant des électrodes, où le gaz ambiant, ou tous les deux à la fois. Comme une différence du métal, dont est fait l’électrode, et particu- liérement une différence du gaz ambiant amênent des phénomènes essentiellement différents, il faut d'abord combiner différents métaux avec différents gaz. Les ob- servations des spectres donnent ici les résultats les plus sûrs ; mais elles se trouvent compliquées particulièrement Ancuives. T. XII. — Février 4862. 8 106 L'INFLUENCE DE L'AIMANT par la nature de l'étincelle d’induction (de l’étincelle élec- trique en général), qui exerce une grande influence sur le phénomène. J'ai fait faire pour ces recherches, dans latelier de M. Geissller, un appareil qui répond à toutes les exigences. Un vase ellipsoïde dont la plus grande section a 48 millimètres de diamètre a été soufflé dans un tube, au- quel on a conservé sur le prolongement de son grand axe des bouts assez grands pour pouvoir les munir de bou- chons de verre usés à l’émeril. Ces bouchons de verre donnent passage à des fils de platine fondus dans le verre et qui, entourés d’un tube de verre, pénètrent dans l’el- lipsoide. Des tiges de différents métaux, de 24 millim. de longueur et de 2 à 3 millim. d'épaisseur, terminées d'un côlé par une pointe conoïde et de l’autre percées selon l'axe d’une fine ouverture de 15 millim. de profondeur, peuvent être introduites dans le tube de verre, dans le- quel elles entrent exactement et pénètrent à différentes profondeurs le long du fil mince de platine, de sorte que les pointes conoïdes des deux tiges de métal peuvent être placées dans le centre de Pellipsoïde et dans la direction de l’axe à une distance fixe de 13 millim. environ. La décharge de l'appareil d'induction s’effeclne entre ces deux pointes, lorsqu'on le met en communicalion avec elles au moyen des fils de platine qui sortent des bou- chons de verre. Sur la partie latérale d’un des petits bouts de tube, qui reçoivent les bouchons de verre, on à adapté un tube de verre qui, à l’aide d’une courbure, est ramené dans l'axe de l’ellipsoïde, où il est muni d’un petit robi- net également de verre (1): à quelques centimètres du premier, se trouve un second robinet semblable (11). Au delà du second robinet on a soufflé une boule de verre SUR LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 107 assez grande, à la suile de laquelle un tube de même dimension porte également un troisième petit robinet (HP). On remplit de gaz sec tout l’appareil, muni des deux bouchons, les trois robinets étant ouverts ; puis on y fait le vide aussi complétement que possible et l’on répète celte opération jusqu’à ce qu’on arrive à avoir le réser- voir ellipsoïde rempli de gaz parfaitement pur. Après cela on ferme les robinets (1) et (I), on introduit le même gaz dans la grande boule, en ayant soin d'en mesurer la den- sité, et l’on ferme le troisième robinet (I). On place maintenant l'appareil avec le réservoir ellipsoïde sur les deux armatures du grand électro-aimant, qu’on a eu soin de rapprocher l’une de l’autre, et pendant qu’on fait pas- ser le courant d’induction, on ouvre d’abord le robinet (Il), puis on le referme, ensuite on ouvre le robinet (1) et on le referme. Cette double opération, répélée autant qu’on le juge convenable, permet d'introduire à volonté de petiles quantités de gaz nouveau dans le réservoir el- lipsoide. Si l’on a eu soin préalablement de calibrer les différentes capacités des parties de lappareil, on peut calculer d’après cela la quantité de gaz introduite dans le réservoir ellipsoïde et sa densité. Dans le passage susmentionné de lun à l’autre des phé- nomènes magnétiques, il ne peut être question que de très-petites quantités de gaz. Par le procédé indiqué, nous pouvons faire arriver des quantités de gaz presque inap- préciables en donnant au gaz dans la grande boule une très-petite densité. Nous pouvons aussi dans le réservoir ellipsoïdal faire arriver un autre gaz dans un gaz donné. S'il s’agit d'o- pérer avec de l'air dans l'air, on peut, dans les expé- riences ordinaires, couper l'appareil entre les deux pre- 408 L'INFLUENCE DE L'AIMANT miers robinets el ne conserver que la partie qui tient au réservoir ellipsoïdal. Après avoir fait le vide, on peut fermer l’ouverture du tube avec le doigt, puis successi- vement ouvrir et fermer le robinet, avant de retirer le doigt. De cette manière on parvient à introduire une quantité minime d’air facile à déterminer. Ce minimum correspondait dans le réservoir ellipsoïdal, lors de la première série d'expériences, approximativement à une tension de 4 à 5 millimètres. Nous nous boraerons à décrire ici une de ces expé- riences. Les électrodes étaient en aluminium du commerce et placées à la distance de 10 à 42 millim. l’un de l'au- tre ; ils dépassaient de 4 à 5 millim. le tube de verre’dans lequel ils étaient renfermés. J’ai employé d’abord le petit appareil de Ruhmkorff, mis en activité par une pile de Grove de trois éléments. Le tube reposait dans le plan équatorial. La raréfaction étant aussi grande que possible, la lu- miére élait presque incolore, avant l’excilalion magné- tique, et n'offrait qu’au pôle négalif une faible teinte vio- lette. Le rayonnement le plus fort partait de l’électrode négalif; les rayons les plus lumineux formaient un disque traversant perpendiculairement la pointe de cet électrode, cependant il y avait aussi un rayonnement du côté de l’é- lectrode positif, sans que la lumière des deux électrodes se mélangeäl, tandis que de l’autre côté du disque les rayons s'éteignaient à une faible distance. Autour de l'é- lectrode positif et immédiatement à lendroit où il sort du tube de: verre qui l'enveloppe, il se formait un anneau d’une blancheur éclatante, et la pointe de l’électrode elle- même apparaissait lumineuse dans une lueur semblable. Du reste l’électrode était entouré d’une enveloppe faible- SUR LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 109 ment lumineuse dont la limite convexe incertaine était séparée par un espace obscur de la limite non moins in- certaine du rayonnement négalif. Des points lumineux isolés élaient parsemés sur l’électrode et pérçaient à tra- vers l'enveloppe lumineuse. Après la mise en activité de l’aimant on voyait se for- mer la belle surface lumineuse, colorée faiblement en violet bleuâtre, reposant sur la paroi de verre, décrivant une voûte selon les courbes magnétiques, dont la largeur de 4 à 5 millim., correspondait à la partie de l’électrode négatif qui ressort du tube de verre. Cette surface est indépendante de la direction du courant et de la polarité magnétique ; mais la lamière blanche de l’électrode po- sitif, qui en dépend, s’élend soit du côté supérieur, soit du côté inférieur, et se dirige de là vers la partie la plus éclairée de la surface lumineuse négative, sans cependant se mélanger avec elle. Là première introduction d'air a eu lieu pendant le passage du courant, l’aimant étant en activité. Tout d’un coup, à la place du phénomène précédent, est apparu un arc d’un rouge intense, parlant de l’électrode positif, tourné en haut ou en bas vers l’électrode négatif, qui était lui-même entouré d’une enveloppe d’un violet foncé, d'où partait des deux côtés la surface lumineuse magné- tique, qui Cependant né s’étendait qu'à une faible dis: tance et n’atleignait pas, Comme avant, la paroi de verre. Les extrémités dé l’arc rouge présentaient deux nuages séparés, en formé de ménisque, de la même lumière et dont le côlé convexe était tourné du côté de l’électrode négatif. $ Une seconde introduction d’aif a réduit la aurface lu- ineuse magnétique à deux petites portions, placées de 110 L'INFLUENCE DE L’AIMANT chaque côté de l'enveloppe lumineuse violette de l’élec- trode négatif, dont elle s’était rapprochée davantage. Une troisième introduction d’air l’a fait disparaître compléte- ment. L’arc rouge s’étendait de plus en plus, pendant que les couches lumineuses augmentaient en nombre en devenant toujours plus régulières. Pendant ces tranefor- mations, la forme de cet arc se rapprochait d’une surface plane. Après neuf introductions d'air, cette surface pa- raissait d’un rouge moins intense et les couches deve- paient plus indéterminées. Elle avait grandi et s’étendait vers le haut (ou vers le bas) au-dessus d’une partie de l’électrode négatif, qui avait conservé une enveloppe lu- mineuse étroite d’an violet bleu vif, et était limitée, en baut (ou en bas) par un bord d’un beau jaune et parfai- tement tranché. La lumière des deux électrodes était tou- jours nettement séparée par un espace obseur. L’enve- loppe violetie était presque la même, quand l’aimant n’était pas en activité, mais la belle lumière rouge formait un ellipsoïde de révolution allongé, à peu près trois fois plus long que large, presque régulier, nettement dessiné, dont le grand axe s’étendait depuis l’électrode positif jusque tout près de l’électrode négatif. (Cet elhpsoïde se développait pendant l'introduction successive de l’air, ainsi qu’on l’a observé pour des,électrodes de cuivre, à partir d’un seul point rayonnant, situé à l’extrémité de l’électrode positif, où l’action de l’aimant provoque im- médiatement l’apparition de la surface lumineuse rouge; au premier moment l’ellipsoide est petit, s'appuie sur. Pélectrode positif, le grand axe tourné vers l’électrode négatif, et augmente peu à peu en conservant sensible- ment les mêmes proportions.) Après quatorze introduc- tions d’air et sans l’action de l’aimant, la lumière violette SUR LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 411 était réduite à un minimum, reposant sur l'extrême pointe de l’électrode négatif. Le jet de lumière rouge qui, sous la forme d’un fil épais, se dirigeait de la pointe de l’élec- trode positif jusque vers la lumière violette, était tout entouré d’une lumière jaune. La lumière violette dispa- raissait complétement quand l’aimant était mis en activité. Il se formait alors entre les pôles une étincelle rectiligne d’une grande finesse, qui constituait là la limite bien tranchée de la surface lumineuse, tandis que vers le haut (ou vers le bas) elle était terminée par un arc de cercle. La lumière rouge de la surface était momentanément tra- versée par des arcs jaunes et de temps en Lemps par un anneau large et concentrique bordé en dehors par une belle lumière jaune. Nous avons ici, en employant des courants d’inductions faibles, une reproduction fidèle des phénomènes décrits plus haut, dans lesquels les mêmes forces apparaissent avec plus d'intensité et de bruit, sous la pression ordinaire de l’atmosphère, mais en employant le grand appareil d’induction. Quand on continue à faire arriver de l'air, l'intensité de l’étincelle augmente aux dépens de celle du disque lumineux. Dès les premières introductions d’air, l’intérieur du ré- servoir ellipsoïde offrait une coloration rouge jaunâtre, qui devenait très-intense après quatorze introductions (encore plus forte avec des électrodes de cuivre). Les éléments de l'air s’étaient réunis chimiquement pour for- mer de l’oxyde nitrique et ce dernier s’était combiné à son tour avec l'oxygène de l'air qui restait. On ne peut douter que ce ne soit l'acide nitreux ou l’acide hyponi- trique qui, se formant d’une manière incessante, soit le translateur de cette remarquable lumière jaune. Du moins d’autres gaz, l'hydrogène, par exemple, avec les mêmes 112 L'INFLUENCE DE L’AIMANT électrodes, ne donnent pas lieu à la production de cette lumière. Les phénomènes produits par le petit appareil d'induc- tion, et que nous venons de passer en revue, ne laissent rien à désirer quant à la beauté, l'éclat et la netteté, L'emploi du grand appareil (je n’ai utilisé que quatre des six éléments zinc-charbon à grandes surfaces que M. Ruhm- korff joint à son appareil) présente quelques particularités dignes d'attention. Si nous partons de nouveau de l’état de la plus grande raréfaction, l'interruption du courant d’induction produit le même rayonnement lumineux, ob- servé précédemment, sans qu'il y ait d'augmentation d'intensité correspondante. Rétablit-on le courant d’in- duction, le même phénomène se présente, avec une inten- sité à peu prés semblable; seulement les électrodes chan- gent de rôle, parce que la direction du courant induit a changé. Lorsqu’en faisant usage du commutateur de Ruhmkorff les interruptious et les fermetures de circuit se succèdent assez rapidement pour qu'à l'œil le phéno- mène paraisse continu, l’on voit simultanément les deux phénomènes que l’on observe successivement avec le petit appareil quand on change la direction du courant induit. Aussiôt que l’aimant est mis en activité, on aperçoit deux belles surfaces magnétiques lumineuses, qui passent par les extrémités des électrodes sortant du tube de verre et qui reposent sur la paroi de verre intérieure du réser- voir ellipsoïdal ; elles ont exactement la même forme et la même couleur. De chaque électrode opposé afflue, vers chacune d’elles, de la lumière diffuse, surtout vers le haut ou vers le bas. La différence de l'intensité des deux surfaces lumineuses est d'autant plus petite que la rapi- dité du commutateur est plus grande. SUR LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 413 Après la première introduction d'air, les deux élec- trodes se trouvaient entourés d’une enveloppe lumineuse d’un violet-bleu vif et les surfaces magnétiques n’attei- gnaient plus la paroi de verre. Deux ares d'un beau rouge partaient des deux électrodes, l’un se dirigeant vers le haut, l’autre vers le bas, comme nous l’avons vu plus haut. L’une des deux surfaces magnétiques lumineuses de l’un des électrodes et l’arc rouge de l’autre électrode, s'étendaient un peu moins que l’autre surface et l’arc correspondant. Quand on interrompait le courant d’in- duction avec la main, l'enveloppe violette et le com- mencement de la surface magnétique lumineuse ne se présentaient qu'à l’un des électrodes et l’arc rouge à l'autre; l’un et l'autre avec une grande intensité. Mais si quelques instants après l’on fermait le circuit, avec l’ab- sence de courant induit, disparaissait tout phénomène lu- mineux. D'un autre côté, si ëmmédialement après avoir interrompu le courant, on le fermait de nouveau, le phé- nomène lumineux reparaissait, avec le changement de direction du courant, et son intensité était d'autant plus grande que l’espace de temps écoulé entre l’ouverture et la fermeture était plus court. Le même effet était ob- tenu avec où sans le concours de l’aimant. La différence d'intensité des phénomènes lumineux, simultanés pour l’œil et correspondant aux deux courants de direction opposée, augmentait à chaque introduction d'air, jusqu’à ce que l'arc rouge partant d’un des élec- trodes, et l’enveloppe violette de l’autre électrode, eus: sent complétement disparu". Lorsque ce cas se présentait, 1 On met en évidence de cette manière le fait bien connu que, lorsque la résistance augmente, le courant de fermeture s’affaiblit toujours plus par rapport au courant d'ouverture jusqu'à ce qu'il 114 ._ L'INFLUENCE DE L’AIMANT on voyait apparaître entre les électrodes un éclair fin, formant d’un côté le bord d’un demi-disque qui offrait une lueur uniforme dans la lumière jaune-orange vif dont il a été question plus haut. À mesure que la densité de l'air augmentait, l’éelair devenait plus vif et la lumière jaune du disque se mélangeait de lumière rouge. Les observations que j'ai publiées précédemment sur les phénomènes magnétiques lumineux qui se manifestent entre des électrodes rapprochés se trouvent confirmées par ces nouvelles expériences et en même temps elles en sont complétées pour ce qui concerne le degré de ra- réfaclion du milieu ambiant. Les lois que j'ai déduites de ces observations sur l'influence de l’aimant sur la lumière du pôle positif, restent applicables jusqu’à ce que, le gaz ayant atteint une densité suffisante, il se forme un pont lumineux entre les deux pôles. Dans ce dernier cas, ce sont les lois énoncées au commencement de ce travail qui sont applicables. Nous n’avors traité ici que le cas le plus simple, celui dans lequel les électrodes se présentent avec leurs extré- mités dans la position équatoriale. Les phénomènes les plus divers se présentent si la décharge s’opère dans des atmosphères de gaz dont la densité augmente graduelle- ment, entre des électrodes parallèles ou croisés et dans des positions différentes à l’égard de l’électro-aimant. disparaisse complétement. Ce phénomène est plus lent à se pro- duire dans une atmosphère de gaz hydrogène. La méthode que nous suivons pour faire le vide et pour remplir l'appareil, permet de déterminer sans difficulté la densité à laquelle, l'intensité du courant élant donnée, l’étincelle d'ouverture cesse de passer dans les différents gaz. Je n’entrerai pas ici dans plus de détails sur la signification physique des constantes qui ressortent de ces expé+ riences . i sut SUR LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 415 Dans ce qui précède, nous avons opéré sur l’étincelle ordinaire de l’appareil de Rahmkorff. La décharge est bien différente lorsque des deux colonnes dans lesquelles sont fixés les deux bouts du fil d’induction, il part, selon l'indication de Rubhmkorff, outre les deux électrodes entre lesquels l’étincelle s'échappe, deux autres électrodes qui sont en communication avec les deux armatures d’une bouteille de Leyde d’une dimension convenable. Ne ci- tons qu’un exemple frappant. Tandis que l’étincelle or- dinaire, à la distance précédente et dans un gaz d'une densité de 300 millim., n'offre qu’une faible lumière et un spectre päle, dans lequel aucune couleur ne domine, on obtient avec la disposition que nous venons de décrire une élincelle d’un rouge extrêmement intense, dont le spectre est complet et dans lequel les trois bandes pro- pres à l'hydrogène ressortent avec un éclat éblouissant. Dans cette expérience, le grand appareil était mis en ac- tivité au moyen de quatre grands éléments. Dans les autres gaz, extrêmement raréfiés, sans ou avec le concours de l’aimant, les phénomènes sont les mêmes que dans l'air. RÉSUMÉ DE DIVERS TRAVAUX RÉCENTS RELATIFS AUX COMÈTES PAR M. le prof. A. GAUTIER. Le sujet des comètes continue à exciter particulière- ment l'intérêt des astronomes, et l’apparition soudaine, qui a eu lieu pour l’Europe à la fin de juin 1861, d'un astre de ce genre, remarquable par son éclat et par la longueur de sa queue, a de nouveau attiré l’attention publique. Je vais entrer à cette occasion dans quelques détails, pour faire suite à une notice précédente ‘, dans l'espoir qu’ils pourront être agréables à une partie des lecteurs de ce Recueil. Mémoire de M. Axel Mœller sur la comète de Faye. Je commencerai par analyser rapidement un mémoire important de M. le D: Axel Mæller, professeur à l’université de Lund, en Suëde, sur l'orbite de la comète à courte période dite de Faye, mémoire qui a paru en février 1861 dans le n° 1295 des Astronomische Nachrichten*. 1 Voyez Archives, n° de décembre 1859 et de janvier 1860. 3 Je désignerai, dans le cours de cet article, le Journal astro- TRAVAUX RÉCENTS RELATIFS AUX COMÈTES. 417 M. Mœller avait déjà publié dans le n° 1259 du même journal des éléments de l'orbite de cette comète, résul- tant des observations faites dans ses deux apparitions consécutives de 1843 et de 1851, distantes d'environ sept ans et demi. Il a calculé, avec les éléments résultant de la seconde, les perturbations, provenant de l’action des planètes, qui devaient influer sur le retour de cette comète en septembre 1858, et il a pu ensuite, d’après ces calculs, construire une éphéméride qui donnât les positions de cet astre sur la sphère céleste dans cette troisième apparition. Or, les positions observées alors ont présenté avec les positions calculées des différences presque constantes, s’élevant à près de */, de degré pour l'ascension droite, dont la comète s’est trouvée en avance sur ses positions résultant du calcul. Les différences en déclinaison ont été d’environ ‘/,, de degré, dont la co- mète a été plus boréale qu’elle ne devait l’être d’après le calcul. Ces différences étant évidemment bien plus gran- des que celles auxquelles on pouvait s'attendre d’après la théorie ordinaire, l’auteur a été conduit par là, à l'exemple de M. Encke pour la comète qui porte son nom, à introduire dans ses calculs un terme dépendant du carré du temps. H en est résulté, en appliquant la méthode des moindres carrés aux équations de condition provenant des observations, des corrections aux premiers systèmes d'éléments correspondant aux trois apparitions de cette comète ; et ces corrections ont procuré, en définitive, au D: Mæller es éléments qui ne donnent plus lieu qu’à des différences de quelques secondes de degré entre les positions observées et calculées. Ainsi, quoique la comète nomique d'Allona et es Notices mensuelles de la Société ustrono- iique de Londres par leurs initiales respectives À. N. et M. N. 118 RÉSUMÉ DE DIVERS TRAVAUX RÉCENTS de Faye ait une distance périhélie de 1,7 (celle de la Terre au Soleil étant 1), et reste, par conséquent, à une distance de ce dernier astre de plus de 58 '/, millions de ieues de 25 au degré, au moment où elle en est le plus rapprochée, 11 paraît qu’elle n’en éprouve pas moins, comme la comète d’Encke, dont la distance périhélie n'est que de 0,33, un effet sensible de résistance ou de répulsion, tendant, en la rapprochant un tant soit peu du Soleil, à accourcir légèrement la durée de sa révola- tion autour de lui. M. Axel Mæller annonce des recher- ches ultérieures, dans lesquelles il s’attachera à déter- miner la grandeur de celte résistance. Je ferai mention plus loin de nouvelles recherches faites par lui. Note de M. Roche sur la masse des comèles. Je passe maintenant à une Note sur la masse des co- mèles, publiée en 1861 par M. Édouard Roche, dans le tome V des mémoires in-4° de l’Académnie des sciences et lettres de Montpellier, et qui n’y occupe que 12 pages. J'ai eu déjà l'occasion, dans la notice rappelée ci-dessus, de parler des intéressantes recherchesthéoriques de M. Roche sur les atmosphêres nébuleuses des comètes. L'idée de concevoir une atmosphère cométaire limitée au point où l’action attractive de la comète est contrebalancée par celle du Soleil, et de déduire des dimensions observées de celte nébulosité le rapport des masses des deux astres, a élé énoncée dès 1808 par le professeur Joseph Calan- drelli, astronome à Rome, et appliquée par lui à l’éva- fuation de la masse de la comète de 1807. M. Roche a eu de son côté la même idée, et en a fait diverses appli- calions dès 1851. RELATIFS AUX COMÈTES. 119 En désignant par « le rapport de la masse de la co- mète à celle du Soleil. « a la distance de la comète au Soleil, et par À le demi-grand axe de la surface qui termine l’atmosphère de la comète, on a la rela- tion : 3 .: Ru VE Pour obtenir directement la distance où l'attraction solaire limite l'atmosphère cométaire, il ne serait pas exact, observe M. Roche, de chercher entre la comète et le Soleil le point d’égale attraction, comme si ces deux astres élaient immobiles. Le point en question est celui où une molécule cesse de peser vers la comêle, c’est-à- dire ne tend plus à s’en rapprocher. La comète circulant elle-même autour du Soleil, la pesanteur relative d’une molécule vers la comète est, suivant la position de la molécule, la somme ou la différence de sa pesanteur ab- solne vers la comêle et de la pesanteur de celle-ci vers le Soleil. C'est en égalant cette pesanteur relative de la molécule à l'attraction qu’elle éprouve en sens contraire de la part du Soleil, qu’on déterminera la limite cher- chée. M. Roche se demande ensuite s’il faut prendre pour le demi-grand axe de l'atmosphère de la comète le rayon de la nébulosité, ou bien celui du noyau placé dans son intérieur. On pourrait essayer les deux valeurs et obtenir ainsi deux limites extrêmes de la masse de la comète, mais l'application qu'il fait de ce procédé à la grande co- mêle de 4858, dite de Donati, lui donne des valeurs si différentes, qu’elles ne permettent pas de se faire une idée précise de l'élément qu'on se propose d'évaluer. I 190 RÉSUMÉ DE DIVERS TRAVAUX RÉCENTS estime qu’on obtiendra une valeur plus exacte en consi- dérant la comète à une grande distance du Soleil, avant que la queue ait commencé à paraître. Ainsi, le diamètre apparent de la comète de Donati ayant été estimé de 2 ou à minutes de degré au commencement de juin 1858, il suppose son rayon de 75 secondes, et en déduit pour la masse de la comète 47 millionièmes, ou environ un 91 millième de celle de la Terre. L'application du même procédé à la comète d’Encke lors de son apparition de 4828, lui donne pour la masse de cette dernière un mil- lième de la masse de la Terre. Celle valeur, dit-il, est bien supérieure à celle qu’on aurait pu supposer a priort, mais il ne lui semble pas qu'on puisse en faire une ob- jection sérieuse à sa théorie. En n’altribuant à la nébulo- sité de celte comète qu’un millième de la masse de son noyau, la densité de celte nébulosité serait seulement celle de l'air sous la pression de trois millimètres de mercure. Quant à la comète de Donali, sa masse serait, d’après M. Roche, d'environ 53 fois celle de l'atmosphère ter- restre, et équivaudrait à la masse d’une sphère d’eau de 400 kilomètres de rayon. En estimant, un peu après le péribélie, son noyau de deux secondes où de 800 ki- lomètres de rayon, sa nébulosité de 50 secondes de rayon, el admettant de plus que cette nébulosité contenait un mil- lième de la masse totale, la densité moyenne du noyau serait un huitième de celle de l’eau, et la densité de la nébulosité serait égale à celle de l'air sous la pression de o millimètres de mercure. Dans le voisinage du Soleil, les variations de grandeur qu'éprouve le diamètre de la nébulosité dénotent l'exis- tence d'une cause nouvelle qui vient se joindre à la gra- RELATIFS AUX COMÈTES. 491 vitation, en sorte que la formule précédente cesse d’être applicable. On doit alors faire entrer en ligne de compte une action répulsive, qui s'exerce du Soleil sur la nébu- losité, tandis que le noyau lui-même y est insensible. M. Roche suppose qu’elle varie, comme la gravité, en raison inverse du carré des distances, et qu’elle est une fraction g de cette gravité. Désignant alors par D le grand axe de la surface terminatrice de l’atmosphère co- métlaire, il trouve : me ME: D=:0 4 PA Cette formule ne permet de calculer #, au moyen de Ja grandeur observée de D, que lorsque la force répul- sive @ est connue. Mais, si l’on suppose la masse connue, on peut déduire de là les valeurs de @ correspondantes aux diverses valeurs & de la distance de la comète au Soleil. Ainsi, en partant de la valeur obtenue plus haut pour la masse'de la comête d’Encke, on voit que la force ré- pulsive ne devient notablement appréciable sur cette co- mêle que lorsque a n’est plus que les °/,, de la distance moyenne de la Terre au Soleil; mais cette force croît ensuite de plus en plus rapidement à mesure que la co- mêle se rapproche du Soleil. En comparant de cette ma- nière les mesures effectuées lors des diverses apparitions de la comète, on pourra s'assurer si la masse reste in- variable, et si, pour la même distance relativement au Soleil, l'action répulsive reprend la même valeur. Un calcul analogue sur la comète de Donati donne en- viron © — 1, où une répulsion égale à l'attraction solaire à l’époque du périhélie. Or, c’est précisément la valeur Ancuives. T, XL. — Février 1862. de 122 RÉSUMÉ DE DIVERS TRAVAUX RÉCENTS obtenue par M. Pape, en appliquant à cette comète la théorie de Bessel sur la forme des queues, théorie basée aussi sur l'hypothèse d’une force répulsive. M. Roche croit qu’une discussion approfondie des va- rialions du diamètre apparent des comètes permettra d'arriver à des notions assez précises sur leurs masses ; et, dans l'incertitude où l’on a été jusqu'ici sur un élé- ment aussi important pour la connaissance de ces corps, on ne doit négliger aucune indication susceptible de rem- plir cette lacune. Mémoire du P. Secchi sur la grande comète de 1861. Une des plus intéressantes publications auxquelles a déjà donné lieu la grande comèête de l’été dernier, est celle d’un discours lu le 12 août par le père Angelo Secchi à l'Académie Tibérine de Rome, et qui a paru en italien, dans le t. 23 du Giornale Arcadico, en une brochure de 6G pages in-8° et une planche. L'auteur commence par y décrire les apparences qu'a présentées celle comète, depuis sa brusque et brillante apparition le 30 juin, dans la région circompolaire du ciel boréal d'Europe. J’en extrairai d'autant plusvolontiers quelques détails, que la clarté du ciel de Rome et la force optique de la lunette de l’équatorial du Collége Romain, ainsi que l’habileté de l'astronome, recomman- dent particulièrement ses observations. M. Secchi évalue, le 30 juin au soir, la longueur de la queue de la comète à 118 degrés et par moments jus- | qu'à 138! Sa plus grande largeur était de 8 degrés et de 6 seulement vers son sommet. Le diamètre de la nébn- losité du noyau avait au moins 20 minutes de degré. Le RELATIFS AUX COMÈTES. 493 lendemain, 1* juillet, vers 2 heures du matin, la tête de la comète présentait un noyau bien distinct et aplati, de couleur jaunâtre, d’où sortaient des jets de rayons de couleur rose, disposés en un éventail d'environ 90 de- grés d'ouverture, le tout entouré d’une épaisse nébulo- sité blanche, plus brillante dans la direction des rayons. M. Secchi a tronvé, par trois mesures trèês-soignées prises avec le micromêtre filaire, que le plus grand dia- mètre du noyau, dirigé dans le sens perpendiculaire à la queue, était de 10 secondes de degré (10”,05) et que la longueur des jets de lumière de l’éventail était de 4:55". 11 lai a paru qu'il y avait deux enveloppes de né- bulosité autour du noyau, etila estimé à plus de 15 mi- nutes de degré de distance du centre la limite fort in- certaine du rayon de l'enveloppe extérieure. Lors du crépuscule du matin, on ne voyait plus que le noyau, comme un globe de lumière faible, surmonté d’une ai- grelle ; et il n’est resté visible dans la lunelle que jus- qu'à 6 heures du matin, ce qui montre bien, ainsi que le remarque l'auteur de ces observations, l'énorme dif- férence qui existe entre la lumière des comêtes et celle des étoiles fixes et même des planêtes!. Le 4° juillet au soir, le noyau, observé avec le même oculaire que le matin, a été trouvé seulement de G2,45 de diamètre, et de 3/,03 avec un grossissement de 400 fois: sa plus grande longueur était dirigée dans le sens de la queue.Ces changements de dimension, correspondant 1 M. Jules Schmidt dit aussi à l'occasion de celle comète, au N° 1320 des Astr. Nachr. (bas de la 4" page de ce n°), que le 4 juillet au malin le noyau de la comète à pu êlre faci- lement suivi, avec la grande lunette de l'observatoire d'Athènes, jusqu'à l'apparition du soleil eL même p'us lard. 124 RÉSUMÉ DE DIVERS TRAVAUX RÉCENTS à ceux de l’amplification optique, fournissent, dit M. Sec- chi, une preuve décisive que ce que nous appelons noyau n’esi pas un corps solide, mais seulement une masse plus dense, de limites assez incertaines et diffuses. La queue avait une longueur de 116 degrés, et se composait d’une première partie assez large et moins longue, et d’une autre plus longue et plus étroite, qui paraissait 16 prolongement du jet lumineux, curviligne, émanant du côté boréal du noyau. La vivacité de la lumière de la queue n’était déjà plus que la moitié de ce qu’elle était la veille. | Le 2 juillet au soir, l'apparence de la comète dans la lunette n’était pas notablement changée ; Pespace noir derrière le noyau était seulement plus prononcé et la ne- bulosité des jets de lumière du milieu paraissait augmen- tée. On remarquait des changements de figure assez rapides et qui paraissaient indiquer une grande agitation dans la matière nébuleuse, Le noyau assez mal terminé, quoique le ciel fût très-clair, a été trouvé de 47,09 avec un grossissement de 400 fois, de 2”,75 avec celui de 600 et d’à peine 2” avec celui de 1000 fois ; ce dernier ré- duisait le noyau à une nébulosité très-indistincte, où l’on apercevait diflicilement les contours principaux d'un pelit globe et d’un éventail!. La planche jointe au mémoire renferme diverses figures soignées, soit de l'ensemble de la comète à la vue simple, soit de sa tête observée à la lunette avec divers grossissements en ces jours-làet dans LM. Schmidt, dans l'article que je viens de citer, croit que le noyau proprement dit de cetle comète, ainsi que de celle de 1858, avail à peine une seconde de degré de diamètre ; el ç’a été aussi, sije ne me trompe, l'opinion de sir W. Herschel pour celui de la grande comète de 1811, © RELATIFS AUX COMÈTES. ht 495 les suivants. Le noyau a passé dans la soirée du 2 juillet à environ une minute de degré d’une étoile de 7° à 8° grandeur, Sans que l’étoile ait paru plus affaiblie qu’elle ne l’aurait été dans un champ éclairé. [l'en a été de même le 4au soir pour une étoile de 9° grandeur, qui a été traversée par un des rayons les plus brillants de l'é- ventail. On reconnaissait à l'œil nu, le3 juillet, que la queueétait réellement double, et se composait d’un large panache long de 4 degrés, légèrement infléchi vers l'occident, puis d’une queue longue et étroite, presque rectiligne, située de l’autre côté du noyau. Le 4, les deux queues paraissaient tout à fait séparées et la plus longue avait 80 degrés d'étendue. La direction de l'axe de cette dernière déviait de 6 degrés du plan passant par la cométe et le soleil, et l’autre déviait de 17 degrés de ce même plan. Le 9 juillet, la queue n’avait plus que 33 degrés, et elle à commencé depuis ce jour-là à diminuer réellement de longueur ; le 26, après un intervalle de clair de Lune pendant lequel on ne pouvait la mesurer, elle na- vait plus que 4 degrés. À cette dernière époque la tête de la comète était réduite à une simple nébulosité , ex- eentrique au noyau, très-fumeuse et ayant environ 13 minutes de diamètre. Le 7 août, la queue n'avait plus qu’un degré de longueur. M. Secchi, après avoir décrit les apparences physiques de celte comète, et rejeté dans un Appendice à son mé- moire les détails de ses ‘positions sur la sphère céleste observées au Collége Romain du 30 juin au 31 juillet 4861, s'occupe des éléments de l'orbite parabolique de celle comète, et rapporte ceux caleulés par M: le D' See- ing, de l'observatoire d’Altona, d’après 40: jours d'ob- 496 RÉSUMÉ DE DIVERS TRAVAUX RÉCENTS servation. Une des particularités les plus remarquables de cette orbite, c’est que son plan est presque perpendi- culaire à celui de l’écliptique, ou de l'orbite de la Terre. La comète a passé dès le 11 juin à son périhélie, et sa distance au Soleil était alors d’environ les “/, de la dis- tance moyenne de la Terre au Soleil. Le mouvement hé- liocentrique de cette comète a lieu dans le sens direct, tandis que celui de la grande comète de 1858 était rétro- grade. Le 30 juin, la comète n’était distante de la Terre que d'environ 4'/, millions de lieues de 25 au degré, et sa queue avait une longueur d'environ 8!/, millions de ces mêmes lieues. La comête atraversé, le 28 juin, le plan de l'orbite terrestre entre la Terre et le Soleil; si ce pas- sage avait eu lieu deux jours plus tard, l’extrémité de la queue aurait atteint la Terre ; mais le 30 la comète se trou- vait déjà assez élevée au-dessus de la Terre, et comme sa queue était peu courbée, elle n’a pas dû atteindre réelle- ment notre globe. La matière de la queue est d’ailleurs si rare, qu’il n’est guère à présumer qu'elle pût pénétrer dans l'atmosphère terrestre, dn moins selon l’opinion e M. Babinet. Le diamètre du noyau de la comête a diminué très- rapidement à mesure que la comète s’est éloignée du Soleil. Mais la nébulosité de sa tête s’est, en revanche, fort accrue successivement aux dépens de la queue, de telle sorte que le 4‘ août cette nébulosité avait un dia- mètre angulaire de 3° 21” et un diamètre réel d’au moins 34000 lieues, la queue ayant alors à peine ua degré d’étendue à l'œil nu. Cette augmentation du diamètre de la nébulosité avec celle de la distance au Soleil a été ob- servée assez généralement dans les comèêtes. M. Valz la attribuée à une diminution de pression de l’éther, mais M. Secchi la croit due à une autre cause. RELATIFS AUX COMÈTES. 497 Cet astronome adoptant la formule de Calandrelli re- latée ci-dessus, pour déduire la niasse de la comète de: son diamètre apparent et de sa distance au Soleil, trouve pour la limite supérieure de là masse de la comète de 1861 environ la deux millionième partie de celle du globe terrestre, ce qui équivaudrait au double de la masse de notre atmosphère, qui correspond, comme on sait, à une couche d’eau de 40 mêtres de hauteur. La limite in- férieure, évaluée, pour l’étendue, en milles italiens de 60 au degré, serait, selon lui, une masse de 56 milles cubes d’eau. M. Secchi estime, en conséquence, que la ren- contre d’une comète par la Terre pourrait n'être pas tout à fait aussi inoffensive qu’on l’a supposé dans ces derniers temps ; qu’elle pourrait altérer la constitution physique de notre atmosphère et faire varier le niveau des mers. Mais la probabilité d’une telle rencontre lui paraît très- faible, et il la compare à celle d’un nouveau volcan qui viendrait à surgir au point du globe que nous habitons. Quant à la densité de cette comète, sa valeur maximum pour le noyau serait à peine de 46 fois celle de notre air atmosphérique ou un 45° de celle de l’eau, et la valeur minimum 1800 fois moindre que celle de l'air. La den- sité moyenne du noyau et de la nébulosité, le 1°" juillet (où le diamètre de celle-ci était au moins triple de ce- lui de la Terre), était à peine en maximum les deux mil- lièmes de la densité de l’air, ce qui équivaut au vide des meilleures machines pneumatiques. Ure des questions les plus intéressantes à résoudre relativement aux comèêtes, est de savoir si elles ont une lumière propre ou seulement réfléchie. Les phénomènes de polarisation peuvent jeter quelque jour sur ce sujet. Le 1° juillet au soir, la lumière de Ja nébulosité de la 1498 RÉSUMÉ DE DIVERS TRAVAUX RÉCENTS comêle a été trouvée par M. Secchi fortement polarisée, le plan de polarisation étant distant de 32 degrés de celui passant par le Soleil : mais le noyau ne présentait pas de trace de polarisation ce soir là. L'auteur en con- clut que la lumiêre de la nébulosité était réfléchie, mais il ne peut déduire de son observation que le noyau avait une lumière propre, attendu que nos nuages atmosphé- riques ne polarisent pas non plus la lumière Solaire. La comète de 1861 ne s'étant pas plus rapprochée du Soleil que la planète Vénus, où l'intensité des rayons solaires est à peine double de celle qu'ils ont sur la Terre, on ne peut supposer le noyau de cette comète à l’état d’incan- descence, à moins que sa matière ne soit d’une nature plus inflammable que la plupart de celles que nous connaissons. «Ce qui est certain, ajoute M. Secchi, c’est que nous voyons le noyau par transparence, onu plutôt par diffu- sion, comme on voit un amas de poussière on de fumée. En effet, le 1° juillet au matin, ce noyau était presque parfaitement rond, tandis que si c'eût été un globe opar que il n'aurait pas pu avoir cette forme, parce que, vu sa position entre le Soleil et la Terre, il aurait dû paraître fortement échancré, comme le sont en pareil cas la Lune, Mercure et Vénus, et présenter un croissant large seule ment d’un 7° du diamètre. Or rien de pareil n’a été aper- çu, et la légère compression observée dans le noyau doit être attribuée à une autre cause... On peuttirer la même conclusion de ce que le noyau ne projetait aucune ombre derrière lui; il est vrai que le 3 juillet au soir il y avait un espace obscur derrière le noyau, mais ce n’était pas une ombre, sa direction faisant un angle de 44 degrés avec celle opposée an Soleil. La très-faible densité du RELATIFS AUX COMÈTES. :__: 199 noyau ne doit pas rendre sa transparence surprenante ; on aurait probablement fort bien pu voir une étoile à travers, comme j'en ai vu une en 1851 au centre de la comèle de Biela. « On a cherché si les comêtes ont un mouvement de rotalion, sans pouvoir encore rien décider sur ce point, Bessel a observé une variation dans la direction des jets lumineux émanant de la comête de Halley, en les rap- portant au cercle passant par le Soleil ; j'ai constaté une semblable variation dans les jets de lumière de la comète de 1861. Ainsi, le jet. central qui faisait, le 4° juillet au soir, un angle de —95 degrés avec le Soleil, en faisait un le 2 au soir de — 17° le 4 » — 8° le 8 » + 5° « Quoiqu’une partie de ces variations ne soit qu’appa- rente, et soit due au changement de position de l’obser- vateur, on doit reconnaîtreun mouvement réel de rotation lente.» | | | | Nous arrivons, maintenant, à la dernière partie du dis- cours du Père Secchi, relative aux idées émises sur la formation des queues de comètes. Il y présente un résu: mé historique fort bien fait des principales hypothèses émises sur ce sujet et des travaux théoriques auxquels elles ont donné lieu. Ayant déjà traité ce point dans ma Notice de 1859, je me bornerai à transcrire ici une ou deux remarques de l’auteur, ainsi que les conclusions qu'il tire de l'examen dans lequel il est entré. M. Secchi observe que l'hypothèse d’un milieu résis- tant, répandu généralement dans les espaces, célestes, ne peut bien rendre raison, des apparences que présentent les queues de comètes, parce que son action devrait di- 130 RÉSUMÉ DE DIVERS TRAVAUX RÉCENTS riger ces queues derrière le noyau, en sens opposé du mouvement de €e noyau, tandis qu’elles sont dirigées du côté opposé au Soleil, et quelquefois , par conséquent, à angle droit de la direction du mouvement de la comète et même en avant de sa tête. On a été conduit ainsi, de- puis Kepler, à admettre que le Soleil exerce, sur la ma- tière extrêmement raréfiée qui forme la queue des co- mèêtes, une action répulsive qui la rejette du côté opposé au Soleil. On a calculé qu’en supposant que la masse de la comète de Halley fût un 5000: de celle de la Terre, ce qui est très-probablement une valeur supérieure à la réalité, le point où l'attraction de son noyau égalait celle du Soleil devait se trouver près de ce noyau, à la 42240 partie de sa distance au Soleil, en sorte que ce point, vu de la Terre, se trouvait à peine à un 40° du rayon de la nébulosité de la comète à partir de son noyau. On voit par là que la plus grande partie de cette nébulosité, et à plus forte raison la queue, paraissent devoir être indé- pendantes de l’action attractive du noyau, et l’accompa- gnent seulement par l'impulsion commune qu’avaient leurs particules, au moment où, probablement par l’ac- tion de la chaleur, elles sont sorties de sa sphère d’acti- vilé. Mais, après avoir été lancées à d'immenses distances, par une force répulsive, qui, dans le cas de la grande comète de 1858, leur faisait décrire 32500 mètres par seconde, comment sont-elles, en grande partie du moins, réabsorbées par la comète à mesure qu’elle s’éloigne du Soleil? C’est un point dont l'explication complète paraît encore difficile à notre auteur. « On ne peut admettre, dit-il, que la force répulsive dont il est ici question s’étende indistinctement à toute la masse avec la même intensité, parce qu’il en résulte- RELATIFS AUX COMÈTES. 131 rait dans le cours de la comète d'énormes perturbations dont on ne voit pas de traces. Elle ne semble se mani- fester que sur la partie placée hors de l’action du noyau et réduite à un état extrême de division et de ténuité, sans qu'elle cesse pour cela de graviter vers le Soleil: C’est un état analogue à celui produit par un choc de courte durée, et son action est comparable à celle d’une force explosive plutôt qu’à une vraie répulsion perma- nente; ce qui le prouve, c’est la réagglomération de la plus grande partie de la matière cométaire, qui a lieu plus tard autour du noyau à mesure qu’il s'éloigne du Soleil. » L'auteur cite alors les expériences de Faraday et de Ban- calari sur les actions diamagnétiques et la force répulsive qui en résulte, dont j'ai parlé dans ma précédente Notice en janvier 1860, et il paraît disposé à admettre, comme Pont déjà fait MM. de la Rive, Wartmanu et d’autres sa- vants, qu’il se passe quelque chose d’analogue dans le cas des comètes. « Ce genre de forces, dit-il, agit à dis- tance, et il est très-probable qu'il s’en développe de telles dans les comètes, soit par le grand réchauffement qu’elles éprouvent en se rapprochant du Soleil et les di- latations et raréfactions quien résultent, soit par le ma- gnétisme dont le Soleil semble doué, soit, enfin, par quelque opération électrique qui a lieu dans le noyau lui-même.» Il cite, à ce sujet, les belles expériences par lesquelles M. Gassiot a fait voir que l'électricité ne passe pas dans un vide parfait, produit par l'absorption de l’a- cide carbonique par la potasse, mais qu'il suffit d’un très- léger réchauffement pour une émission de matière, qui donne issue à l'électricité et produit dans tout le tube une très-vive lumière. « Si de telles forces, ajoute-t-il, se ma- nifestent peu sur les planètes, cela peut tenir: 4° à la gran- 132 RÉSUMÉ DE DIVERS TRAVAUX RÉCENTS deur de leurs masses, qui maintient la cohésion de leurs parties; 2° à ce que leurs orbites sont peu excentriques, ce qui rend les planètes moins sujettes à des ruptures d'équilibre que les comètes ; 3° à ce que ces forces sont essentiellement polaires ét agissent par antagonisme, ce qui fait qu’elles ne peuvent déplacer le centre de gravité du système des molécules. C'est pour cette raison que Bessel a eu recours sur ce sujet à des forces polaires, payant pas observé que le développement de la queue des comèles produise par sa réaction un déplacement du centre de gravité du noyau. : Travaux divers sur la même comète. Après avoir analysé rapidement l’intéressant mémoire du P. Secchi sur la grande comète de l’année dernière, je dais dire quelques mots sur d’autres travaux relatifs à ce même astre et déjà publiés. Cette comète a été observée dans l'hémisphère austral un peu avant l’époque de son passage au périhélie, D’après une note insérée dans le n° 9 des M. N., t. 24, p. 254, un jeune fermier australien, amateur d’astrono- mie, M. Tebbutt, l’a découverte dès le 13 mai, et des observations régulières de ses positions ont été faites par M. W. Scoit à l’observatorre de Sydney, dans la Nouvelle Galles du sud, depuis le 26 mai, époque à laquelle cette comète est devenue. visible à l'œil nu après le coucher du Soleil, Le 21 juin sa queue avait 18° d’après M. Scott. Elle a été suivie, depuis le 4 juin, par M. White à l'ob- servatoire de Williamstowo, terre Victoria; il rapporte que le 42 le noyau paraissait déjà en forme d’éventail. La comète a élé observée aussi, depuis le 10 juin, à San- Jago au Chili par M. Moesta, et depuis le 11.à Rio-Janeiro. RELATIFS AUX COMÈTES. 133 au Brésil par M. Liais. Son noyau brillait alors, d’après ce dernier, comme une étoile de 2 à 3° grandeur et sa queue avait déjà plus de 40 degrés de longueur, le dia- mètre du noyau élait de21”,5. Une fois que la comête est devenue visible en Europe, on comprend qu'elle y a été généralement observée. M. le professeur Plantamour a publié dans les n° 1316 et 1324 des À. N. les observations qu'il en a faites à Genève en juillet et août ; il les a poursuivies jusqu’au commence- ment de novembre et il a été l'un des premiers à calculer de bons éléments de son orbite parabolique, d’après trois jours conséculifs d'observations du 4° au3 juillet. Parmi un grand nombre d’autres séries d'observations déjà pu- bliées, je citerai 1° celles de M. Trettenero, astronome à Padoue, qui ont paru dans le n° 1326 des À. N.; 2% celles faites chaque nuit, du 30 juin an 21 août, par M. Jules Schmidt à l'observatoire d'Athènes, dont il est le direc- teur actuel, publiées dans le n° 1330 du même journal ; æ les observations faites à Oxford par M. Main et son adjoint M. Quirling, du 30 juin au 17 septembre, qui ont paru tout récemment dans le n° 2 du t. 29 des AL. N.; 4 la belle série d'observations faites par M. Le Verrier el ses adjoints à l'observatoire de Paris, du 30 juin au 24 novembre, publiée par lui dans le Compte Rendu du 9 décembre 1861. L'ensemble de ces observations de positions compre- pant une période d'environ 6 mois, permettra probable- ment de calculer des éléments assez exacts de l'orbite de celle comèle, On à déjà essayé avec succès la détermi- nation d’orbites elliptiques, mais on est arrivé dans ces premiers essais à des durées de révolution trêès-diverses. Ainsi M. Seeliog, dans tn mémoire inséré au n°1324 des . 134 RÉSUMÉ DE DIVERS TRAXAUX RÉCENTS A. N., est arrivé à une orbite elliptique dont [a période serait de 4568 ans. M. Auwers, astronome à Kœnigsberg, en a calculé, en tenant compte des premières observations de MM. Moesta et Liais, une dont la période serait de 6014 ans (4. N. n° 1325). M. Trettenero er a trouvé une (A. N. n°1326) dont la période ne serait que d'environ 481 ans, et il a remarqué, ainsi que M. Liais, que plu- * sieurs des éléments de cette comète se rapprochaient de ceux d’une autre observée en 1684, en sorte qu’il ne se- rait pas impossible que ce füt un seul et même astre. Cependant, comme l'inclinaison du plan de Porbite sur l'écliptique de la comète de 1684 n’était que d’environ 66°, suivant les éléments calculés par Halley d'après une vingtaine de jours d'observations de Bianchin!, tandis que linelinaison du plan de l'orbite de la comète de 1861 est d'environ 85°1/,, l'identité semble peu probable. M. Jules Schmidt, que je viens de citer plus haut, a publié dans les n° 1320 et 1334 des A. N. le résultat de quelques mesures qu'il a effectuées, soit sur cette co- mèête, soit sur la grande de 4858, tendant à donner une idée de la vitesse d'éruption de la matière lumineuse en sortant du noyau, et des fluctuations qui ont lieu dans les dimensions de la queue. la mesuré micrométriquement à Vienne, le 4 octobre 1858, pendant quelques heures de suile, les valeurs an- gulaires successives iles rayons de deux demi-cerèles lumi- neux, qui entouraient cette nuit-là le noyau de la comète de Donati, du côté opposé à la queue, et il a constaté ainsi que l’accroissement progressif de ces rayons correspon- dait, pour le demi-cercle intérieur, à une vitesse de projec- tion de 321 toises françaises, de G pieds, par seconde. Le 3 octobre, cette même vilesse était d'environ 271 toises. RELATIFS AUX COMÈTES. 433 Quant à la comète de 1861, il a mesuré avec un micro- mètre annulaire, pendant cinq à six heures de suite, dans la nuit du 1‘ juillet, le très-rapide développement de deux brillants rayons lumineux, émanant du noyau et di- rigés l’un vers la queue et l’autre vers le Soleil. Il a trouvé la vitesse d'émission de 252 toises par seconde pour le premier et de 167 toises pour le second. M. Schmidt a mesuré aussi, pendant la longue appa- rilion de celte dernière comète, la longueur de sa queue et du rayon de son sommet. Il en a estimé la longueur de 120° le 30 juin, et de 410: le 2 juillet ; elle a dès lors décru rapidement, en apparence du moins, et elle n’était plus que de 33° le 12 juillet. Le rayon du sommet de la queue (Scheilelradius), ou la distance angulaire de ce sommet au noyau de la comète, a élé évalué par lui de 30 à 35 minutes de degré, le 30 juin, de 20" le 4° juillet, et de 13° le 12 du même mois. Mais ce qu'il y a de singulier et de nouveau dans ces observations, c’est qu'ayant réduit toutes les valeurs angulaires de ce rayon du sommet, obtenues du 30 juin au 7 octobre, à ce qu’elles auraient été à la distance moyenne de la Terre au Soleil, il a trouvé une sorte de période dans ces valeurs, de telle manière que dans un intervalle de 23 à 26 jours, ou en moyenne de 24 jours */,,, ce rayon du sommet de la queue à passé d’un maximum où d’un minimum, à un autre maximum où minimum consécutif. La valeur moyenne a élé de 5,7 etelle correspond à 40,2 rayons du globe terrestre ; les variations de part et d'antre de celle valeur vont de —2,8 à +2°,5, le maximum moyen étant de 7,5 et le minimum de 4,8. Mais l'amplitude de celle oscillalion à diminué graduellement, et la cifférence cotre un maximum et le minimum conséculif, qui était 1436 RÉSUMÉ DE DIVERS TRAVAUX RÉCENTS de 4,2 du 24 juillet au 3 août, n’était plus que de 4,3 du 24 septembre au 4 octobre. Retour actuel de la comète d'Encke. La petite, mais remarquable comête- de ce nom, dont la période est de 1210 jours, ou d’environ trois ans et un tiers, effectue en ce moment la 17° de ses apparitions constatées par l'observation. M. Encke a publié à l’avance, comme il le fait depuis longtemps, une éphéméride de ses positions apparentes sur la sphére céleste, qui a été insérée, soit dans les n°° 1326 et 1341 des À. N., soit dans le n° 9 du t. 21 des M. N. Cette éphéméride a été calculée par M. Powalky, pour l'intervalle compris entre le 3 octobre 1861 et le 16 avril 1862, d’après des élé- ments elliptiques obtenus en tenant compte des pertur- bations produites par la planète Jupiter, ainsi que de la petite accélération du moyen mouvement constatée par M. Encke. Elle a été envoyée par M. Airy à MM. Maclear et Pogson, directeurs actuels des observatoires du Cap de Bonne Espérance et de Madras, afin de leur permettre de suivre cet astre dans l'hémisphère austral après le 6 février, époque de son passage au périhélie, tandis que les astronomes d'Europe l’auront observé dans lhémi- sphère boréal avant ce même passage. M. Encke regarde celle circonstance comme donnant un intérêt particulier à celte apparition, qui aura, d’ailleurs, assez de rapport avec celle des années 1898 et 1829. D’après une communication de M. le D' W. Fürster, insérée dans le n° 1335 des A. N., cette comète a été déjà entrevue à Berlin dès le 4 octobre, avec une lunette d'une grande force ortique, en y appliquant un faible grossissement. Mais ce n’est que depuis le 2 novembre RELATIFS AUX COMÈTES. 437 qu'on a pu la voir distinctement, et depuis le 4 qu’on a déterminé sa position ; cette position s’est entièrement accordée ce jour-là avec celle de l’éphéméride pour Pas- cension droite, et n’en a différé que de 2',3 pour la dé- clinaison. La comète a été observée depuis le 21 no- vembre à Athènes par M. Schmidt, et depuis le 26 à Rome par le P. Secchi. M. Valz l’a retrouvée à Marseille dès le 25, mais M. Tempel n’a pu déterminer ses posi- tions qu'à partir da 1°" décembre, dans le nouvel obser- vatoire de M. Valz, situé tout près de Marseille, dans sa maison de campagne de la Belle de Mai. Ce sera le 31 janvier 1862 que la comète se sera trouvé le plus rapprochée de la Terre, et elle en sera distante encore d'environ 22 millions de lieues de 25 au degré. Sa plus courte distance au Soleil, le 6 février, sera d’en- viron 42 millions de lieues. Travaux divers sur la lhéorie des mouvements et de la figure des comèles. M. le D' Seeling a publié en août 1861, dans les n°: 41318 et 1319 des À. N., un mémoire sur la comète à laquelle on a donné le nom de M. Winnecke, parce que c'est cet astronome, actuellement à l'observatoire de Poulkova, qui l’a découverte à Bonn le 8 mars 1858, et qui à constaté qu’elle était à courte période et identique avec la 3° comête de 1819. M. Seeling, en cherchant à tirer parti de toutes les observations de cette comète faites en 4858, soit en Europe, soit en Amérique, et en tenant compte de l'effet des perturbations des planètes, est ar- rivé à un système d'éléments elliptiques qui représente bien l’ensemble de ces observations, et qui correspond à une durée de révolution de 2031 jours, ou d'environ Ancuives. T, XIII. — Février 1862. 10 138 RÉSUMÉ DE DIVERS TRAVAUX RÉCENTS cinq ans et demi. Ainsi, cette petite comète ayant passé à son périhélie le 1° mai 1858, se rapprochera de nou- veau du Soleil dans l’automne de 1863. Son mouvement est direct, comme celui de toutes les comèles à courte période, lexcentricité de son orbite est de 0,755 du demi- grand axe, et l'inclinaison de son plan sur celui de l'écliptique est d'environ 10°48. M. Searle à publié dans le journal astronomique amé- ricain de M. Gould (1. 5, p.188), des éléments elliptiques de la grande comète de 1858, d’après lesquels sa révo- lution s’effectuerait en 2338 ans. Celte comète s’éloigne- rail alors du Soleil 50 fois plus que la planète Neptune et 176 fois plus que la Terre. Le P. Secchi, en citant ces chiffres (p. 18 de son discours sur la comète de 1861 mentionné plus hant), observe que l'étoile fixe la plus voisine de notre Soleil, en est encore à une distance 4175 fois plus grande que celle de la comète de 1858 à son aphélie, et qu’une comête qui arriverail à la limite de Paltraction entre le Soleil et cette étoile emploierait cent millions d'années à faire sa révolution. M. George Bond, directeur actuel, depuis la mort de son père, de l’observatoire du collège de Harvard, à Cambridge près de Boston en Amérique, a publié de nom- breuses observations et de belles figures de la même co- mêle, dite de Donati. Le n° 1339 des À. N. renferme un petii mémoire de lui, accompagné d’une planche, dans lequel il annonce que l'examen qu'il a fait de toutes les descriptions et des dessins relatifs à la figure de la tête de celte comète, lui a prouvé que la courbe quise rap- proche le plus de cette figure n’est pas une parabole, mais plutôt une caténaire ou chainelle, c’est-à-dire la courbe, bien connue en mécanique, qne prend une chaîne pesante suspendue par ses deux extrémités. RELATIFS AUX COMÈTES. 139 Je passe, maintenant, à des recherches dans les- quelles on s'est proposé de rendreraison mathématique- ment, à l'aide de quelque hypothèse, des phénomènes que présentent les comètes. M. le baron Plana, dont on connaît les immenses tra- vaux analytiques sur la théorie de la Lune, a publié en 1864, dans la 2 série du 1. 21 du Recueil de l’Acadé- mie royale des sciences de Turin, un mémoire de 25 pages in-4: Sur l'intégration des équations différentielles rela- lives au mouvement des coméles, élablies suivant l'hypo- thèse de lu force répulsive définie par M. Faye, et suivant l'hypothèse d'un milieu résistant duns l’espace. M. Plana commence par adopter l'hypothèse de la force répulsive telle que l’envisage M. Faye, c’est-à-dire d’une force émanant de la surface incandescente du Soleil, dé- croissant comme l'attraction en raison inverse du carré des distances, agissant en sens opposé, mais avec une vilesse de propagation finie, ce qui lui donne une direc- tion inclinée relativement au rayon vecteur de Ja co- mêle. Appliquant à ce cas les formules de la théorie de la variation des constantes arbitraires, en ne considérant que les termes non périodiques, et adoptant les valeurs de laccéléralion du moyen mouvement résultant de l’ob- servalion, il obtient finalement pour la diminution pro- portionnelle au temps de l’excentricité, qui résulte de Ja force répulsive, une valeur numérique presque identique à celle déterminée par lobservation pour la comète d'Encke, mais qui, pour la comète de Faye, est notable- ment plus pelite que celle déterminée par M. Mæller dans le mémoire dont j'ai parlé ci-dessus. M. Plana considère ensuite les effets, sur le mouvement du centre de gravité des masses cométaires, d’un milieu 140 RÉSUMÉ DE DIVERS TRAVAUX RÉCENTS résistant qu'on supposerait exister autour du Soleil; ce milieu n’est point l’éther impondérable et universel qui propage la lumière, mais ce serait comme une espèce d’atmosphère immobile, qui entourerait le Soleil sans être en contact immédiat avec sa surface, en vertu d’une cause soit électrique, soit magnélique, que l’auteur ne saurait définir. Il admet que la densité de ce milieu dé- croitrait en raison inverse du carré de la distance au centre du Soleil, et envisage la résistance comme pro- portionnelle au carré de la vitesse du mobile, cette action ayant lieu en sens contraire du mouvement de ce mobile, suivant la tangente à la courbe décrite par son centre de gravité. Il fait usage, pour cette application, de formules qu'il avait déjà publiées en 1825, dans le 1. 13 de la Correspondance astronomique francaise du baron de Zach, et il arrive ainsi, pour les deux comètes dont il s’agit, à des valeurs de la variation de lexcentricité qui s’approchent beaucoup de celles résultant de l’obser- vation. L'auteur applique aussi ses formules à la comête de Halley, en supposant que la valeur du coefficient de la résistance du milieu fut le même que pour la comète d'Encke, et il trouve que laccélération qui aurait dû en résulter pour la période comprise entre 1759 et 1835 serait de moins d’un jour. Il en conclut qu’on peut re- garder comme insensible, pour le centre de gravité de celte comète, l'effet de la force tangentielle pendant cette dernière révolution, quoique cet astre ait présenté, d’ail- leurs, des apparences physiques qui manifestaient une action répulsive assez évidente. M. le professeur Axel Mæller a aussi publié en jnin et juillet 4861, dans les n° 1314 et 1317 des 4. N., de RELATIFS AUX COMÈTES. 441 nouvelles recherches analytiques sur les hypothèses qui peuvent servir à expliquer la petite accélération reconnue dans les périodes de révolution des comètes d'Encke et de Faye. Il examine d’abord l'hypothèse de M. Encke d’un milieu élastique résistant existant autour du Soleil, hypothèse qui a permis à cet astronome de rendre si exactement raison des mouvements de la comète qui porte son nom. Il considère, en second lieu, celle de la force répulsive exercée par le Soleil selon les idées de M. Faye. Il s'occupe, enfin, d’une hypothèse relative à la densité de l’éther due à M. Benjamin Valz, et par laquelle il a fort bien rendu raison, en 1830, des variations du diamètre de la comète d’Encke observées dans son appa- rition en 1828 et 1829!. Ne pouvant entrer ici dans le détail de la manière de procéder de M. Mæller, je me bornerai à dire qu’à la suite de calculs considérables, il arrive aux résullats suivants pour la variation de l’angle dont le sinus représente l’excentricité de l'orbite de la comète de Faye, variation dont l'observation a donné pour ralcur:à:M::Médller use. bo ict nt Ex 234,51 : Il la trouve par l'hypothèse de M. Faye de —24,72. » de M. Encke de —29,52. » de M. Valz de —32,56. M. Mæller conclut de là qu’il est très-vraisemblable que le Soleil est entouré d’un milieu élastique résistant. J'en viens, maintenant, aux récentes publications sur le même sujet de M. Faye lui-même, après avoir déjà, dans ma précédente Notice, exposé assez en détail ses premières recherches. Depuis cette époque, M. Faye a fait 1 Voyez l'Essai sur les densités de l'éther de M. Valz, publié dans le cahier de juin 1830 de la Bibliothèque universelle de Ge- nève, et reproduit dans le n° 485 des À. N. 142 RÉSUMÉ DE DIVERS TRAVAUX RÉCENTS d’abord, en 1860, diverses expériences de physique, en confirmation de sa théorie de la répulsion solaire, pour prouver qu'une surface incandescente, chauffée au rouge, fait éprouver une répulsion à un courant électrique lumi- neux, produit par une machine de Ruhmkorff, dans le vide d’une machine pneumatique. Je dois renvoyer, pour les détails de ces expériences, aux Comptes rendus des séan- ces de l’Académie des sciences de Paris où on les trou- vera (t. L, pp. 894et 959; t. LI, pp. 37 et 373). Je me bornerai aussi à citer un petit mémoire du même auteur sur l'hypothèse du milieu résistant, inséré dans le Compte rendu du 9 janvier 4860, où M. Faye expose les idées de Newton sur ce sujet, et cherche à prouver que les hypothèses analogues à celles de Newton n’ont point de réalité physique. On conçoit facilement que le travail de M. Mæller sur la comète à courte période découverte par M. Faye en 1843, ail dû intéresser particulièrement ce dernier sa- vant. Aussi en a-t-il donné un compte détaillé à l’Acadé- mie des sciences de Paris le 4 mars 1861, en admettant complétement les résultats des recherches de M. Mæller, êt les considérant comme une nouvelle preuve à l'appui de sa théorie de la répulsion solaire. « Bien que l'orbite de cet astre remarquable, dit-il, soit située tout entière au delà de l'orbite de Mars et dépasse très-peu celle de Jupiter (son excentricité n’étant que de 0,555 du demi- grand axe), l’apparition de 1843 nous avait déjà montré que la force répulsive du Soleil s’exerce à ces grandes distances, car à son périhélie la comète présentait en 1843 une queue fort brillante, étalée en éventail dont les rayons extrêmes formaient un angle considérable, et cette figure se rapportait parfaitement à la théorie des atmo- RELATIFS AUX COMÈTES. 443 sphères comélaires à laquelle M. Roche est parvenu, en introduisant dans ses anciens travaux la force solaire ré- pulsive. » M. Faye paraît même disposé à admettre, à la fin de son article inséré dans le Comple rendu du 4 mars (tome LI, p. 374), la possibilité que cette force puisse rendre raison d’une partie de l'accélération séculaire de la Lune. « D'une part, en effet, dit-il, les plus anciennes éclipses, comparées aux observations modernes, ont toujonrs donné de 12 à 13” d'accélération séculaire; d'autre part, on sait par les travaux de MM. Adams et Delaunay, contre- dits d’abord, mais pleinement confirmés ensuite, après un examen approfondi, par un des hommes les plus com- pélents en cette matière, notre illustre associé M. Plana, que la théorie actuelle de l'attraction ne rend compte que de la moitié de cette accélération‘. Tout porte donc à attribuer l’autre moitié à une cause physique différente de l'attraction newtonienne. Or l'accélération séculaire de la comète d’Encke est de 54350". Si l’on transportait cette comète dans l’orbite de la Lune, cette accélération s’élèverait à 980000”, et j'ai fait voir (Comptes rendus, t. L, p. 710) que, pour la réduire à quelques secondes, c’est-à-dire à celle de la Lune elle-même, il suffirait d'aug- meoter la densité du noyau cométaire dans le rapport que toutes les évaluations permettent d'établir entre la den- silé des comètes et la densité bien connue de la Lune. Ainsi la force répulsive paraît bien être le lien commun, qui rallache aux faits les plus connus de la répulsion physique les phénomènes célestes si grandioses de la fi- 1 Voyez, pour plus de détails sur ce sujet, un article inséré dans le numéro de juillet 1859 de nos Archives, 144 RÉSUMÉ DE DIVERS TRAVAUX RÉCENTS gure des comètes, de l'accélération de leurs mouvements et de celle des satellites de notre système solaire. » M. Faye ajoute encore que, quelle que soit l’opinion qu'on se forme de la cause qui altère dans le ciel les effets de l'attraction newtonienne, on ne saurait contester la haute importance du fait résultant du travail de M. Me@æller, fait dont la possibilité avait déjà été signalée par M. Encke, et que la réapparition de la même comète en 1865 viendra confirmer très-probablement. En terminant son article, M. Faye suggère généreusement l'idée qu’on donne désormais à la comète de 7 ans '/, le nom de M. Moœæller, au même titre que celle de 3 ans !/, porte celui de M. Encke. Je dois dire, enfin, quelques mots sur un dernier mé- moire de M. Faye Sur la figure de la grande comèle de 1861, dont les quatre parties ont paru successivement dans les Comptes rendus du 25 novembre et du 9 décem- bre 1861, du 13 et du 20 janvier 1862. L'auteur y montre d’abord, contrairement à une opinion de M. Valz, énoncée à l’époque où la figure de cette comête n’était pas encore suffisamment connue, que les axes de ses deux queues étaient bien situés dans le plan de l'orbite de la comète, conformément à la théorie, et que ces queues devaient paraître projetées l’une sur l'autre au moment où la Terre a traversé le plan de l’orbite de la comète. Il parle ensuite de la théorie de Bessel, et admet, avec Olbers et avec lui, que le noyau de la comète est doué d’une dou- ble faculté d'émission en deux sens opposés, et qu'une action solaire quelconque intervient dans le phénomène, afin de forcer l'émission antérieure, dirigée vers le Soleil, à rebrousser chemin et à aller s’unir à l'émission posté- rieure pour former la queue. Mais M. Faye combat l’idée RELATIFS AUX COMÈTES. 145 4 de Bessel que le voisinage du Soleil développe dans le corps de la comète un état électrique ou magnétique très- intense, et l’espace me manque pour le suivre dans les développements où il entre à ce sujet. Il persiste à croire que la figure des comètes est le résultat de l’action pure- ment mécanique de deux forces : savoir l'attraction new- tonienne et la répulsion née de la chaleur, Pattraction élant exercée par les masses du soleil et de la comète, et la répulsion à distance par la surface incandescente du Soleil. La chaleur propre de la comête, ou plutôt celle qu’elle reçoit du Soleil en tombant vers lui, produit aussi une expansion qui donne prise à la répulsion solaire, en dilatant de plus en plus la matière du noyau et la rédui- sant à un état d'extrême rareté. M. Faye compare ensuite la figure théorique avec les apparences, telles qu’elles ont été décrites pour la grande comète de 1861 par MM. Secchi, de Littrow, Bond, Schmidt et Ellery. 11 appelle émission cyathiforme V’é- mission nucléale antérieure, en forme de calice à fond conique et à bords recourbés en arrière; il l’assimile à une nappe conique de gaz d'éclairage enflammé, qu’on renverserait, et qui, par l’effet de la légèreté spécifique du gaz, s’infléchirait alors et remonterait verticalement. Quant à l’émission conoïdale postérieure, à intérieur obs- cur, elle se prolonge très-loin dans la queue, dont elle suit à peu près la courbure générale ; elle s’élargit de plus en plus et sépare quelquefois la perspective en deux ra- meaux distincts. D’autres fois le canal obscur, produit à l’origine par le noyau formant une sorte d'écran sur le- quel la force répulsive s’épuise, est envahi promptement par les particules de densité et de vitesse diverses qui forment la queue. 146 RÉSUMÉ DE DIVERS TRAVAUX RÉCENTS L'examen détaillé, dans lequel entre l’auteur, des sé- ries d'observations de l'angle de position de l’axe de l’é- mission antérieure de la comète de Donati, faites à Altona, Dorpat et Poulkova, ne confirme pas le fait admis par Bessel, pour la comète de Halley, d’une oscillation régu- lière de cet axe à des intervalles égaux, de part et d'autre : du rayon vecteur, à la manière d’ane aiguille aimantée. L'émission antérieure n’affecte pas, cependant, une direc- tion constante, et diffère sous ce rapport de l'émission postérieure. Cette dernière, dans le cas de la comète de Donati, a eu pendant un mois une déviation de près de 7 degrés relativement au rayon vecteur, en arrière du mouvement de l’astre et dans le plan de l'orbite ; la dé- vialion a été de 10 degrés pour la comète de 1861, d’a- près les observations du Père Secchi. Les deviations de Pémission antérieure sont plus considérables, variables, mais situées ordinairement en avant du rayon vecleur. Les enveloppes qui forment la tête de la comète du côté du Soleil, proviennent de l’émission cyathiforme, dont elles envahissent parfois le calice. Leur formation présente des caractères d’intermittence, ainsi que l’émis- sion elle-même. Elles présentent aussi des déviations, dues en grande partie à une simple différence de marche avec le noyau. La matière y est étagée d’après l’ordre des densités croissantes vers le Soleil, les plus denses allant se ranger dans les enveloppes les plus éloignées du noyau. La figure extérieure de la tête n’est pas un para- boloïde. Les queues sont en grande partie alimentées par ces enveloppes; les queues droites proviennent des enve- loppes les plus voisines du noyau, ou directement de l’é- mission nucléale elle-même. Les queues recourbées, si- RELATIFS AUX COMÈTES. 147 tuées comme les premières dans l’angle postérieur formé par le rayon vecteur et la tangente à l'orbite, en arrière du mouvement de la comète, proviennent d’enveloppes plus distantes. Les queues dirigées vers le Soleil, dans l'angle antérieur opposé au premier, proviennent d’une enveloppe encore plus éloignée du noyau. Le résultat final de ce mémoire de M. Faye est, d’après ses propres paroles, que « la discussion des phénomènes de la figure des comèêtes conduit, relativement à la na- ture de la force répulsive du Soleil, aux mêmes conclu- sions que l'accélération des comètes périodiques ; et que ces conclusions sont confirmées par les recherches phy- siques, basées sur l’emploi de l’étincelle d’induction, pour rendre visible la répulsion à distance qu’une surface iucandescente exerce sur l'air raréfié. » S'il m'est permis de hasarder une observation au sujet de l'opinion émise par M. Faye sur l’origine probable de la force répulsive du Soleil, je dirai que le grand rôle qu'il y fait jouer à la chaleur solaire me paraît difficile à admettre, quand il s’agit de la comète qui porte son nom; dont la distance périhélie est de plus de 58 millions de lieues, dont la densité est extrêmement faible, et qui circule dans des espaces aussi froids que le sont les es- paces célestes. Il me semble aussi, qu’en combaltant les idées de Bessel d’une influence magnétique exercée par le Soleil, M. Faye n’a pas tenu assez de compte, ni de la connexion, bien constatée maintenant, qui existe entre la période des taches du Soleil et celle des variations ma- gnétiques terrestres ; ni des phénomènes diamagnétiques, inconnus du temps de Bessel, et qui présentent des ana- logies assez frappantes avec les apparences qu’offrent les comètes. Il va sans dire que cette différence d’apprécia- 148 RÉSUMÉ DE DIVERS TRAVAUX RÉCENTS tion sur ce point ne diminue en rien, à mes yeux, le mérite des travaux persévérants et des idées ingénieuses de M. Faye. M. Le Verrier a annoncé à l’Académie des sciences de Paris, dans sa séance du 20 janvier dernier, que la grande comète de 1861 avait été observée à l’observatoire de Paris jusqu’au 28 décembre de cette même année. Une nouvelle comète télescopique a été découverte, dans l'hémisphère boréal, le 8 janvier 1862 à l’observa- toire de Poulkova, par M. le D' Winnecke. Cet astro- nome a calculé, d’après ses observations des 8, 9 et 10 janvier, de premiers éléments approchés de l'orbite pa- rabolique de cet astre, d’où résulte qu’il a déjà passé à son périhélie le 8 décembre 1861, en sorte que, selon l'usage actuel des astronomes, on le comptera comme étant la troisième comète de l’année 1861. Sa distance périhélie est, d’après ces éléments, de 0,854 de la dis- tance moyenne de la Terre au Soleil, son mouvement est rétrograde et l’inclinaison de son orbite est d’environ 39 degrés. Ses éléments, insérés soit dans le n° 1345 des A. N., soit dans le Compte rendu du 20 janvier, présen- tent quelque analogie avec ceux d’une comèle observée en 1590 par Tycho-Brahe. Elle a paru à M. Winnecke comme une nébuleuse assez claire, de 3 à 4 minutes de degré de diamètre, sans noyau sensible, mais avec une forte condensation vers le milieu de la nébulosité. Je dois terminer ici ce résumé, déjà trop long peut- étre. Tout incomplet et imparfait qu'il est,-en le joignant à ma notice précédente sur le même objet, il me semble propre à donner tout au moins une idée de l’état actuel des connaissances acquises récemment en ce qui Concerne RELATIFS AUX COMÈTES. 149 les comètes. Le sujet est fort difficile, bien des points en sont encore vagues et obscurs, et il en restera probable- ment toujours un certain nombre de tels. Mais il y a déjà de grands progrès accomplis, et, comme On à pu le voir, l’'ardeur ne manque pas chez les astronomes el les geo- mètres, pour faire de nouveaux pas dans celte intéres- ssnte carrière, indéfiniment ouverte par le Créateur à leurs observations et à leurs savantes recherches. Genève, 3 février 4862. P.S. M. Tuttle a découvert, dès le 29 décembre 4861, à l'observatoire de Cambridge en Amérique, la nouvelle comète télescopique mentionnée ci-dessus. Ce n’est pas le premier cas, où les observateurs du nouveau Monde ont devancé ceux de l’ancien, dans l'annonce de divers faits ou procédés astronomiques. SUR L'IMPOSSIBILITÉ D'APPLIQUER LA NOUVELLE EXPRESSION DE DYAS AU TERRAIN «PERMIEN» COMME LE PROPOSE M. LE D' GEINITZ PAR SIR R.-I]. MURCHISON‘. M. Marcou a proposé, en 1859, de substituer le mot Dyas au mot Permien, disant qu’il regardait le nouveau grès rouge, comprenant le Dyas et le Trias, comme une grande période géologique égale pour la durée et l’impor- tance à l’époque paléozoïque ou à l’époque du Grau- wacke (Silurien et Dévonien), à l'époque carbonifère (cal- caire de montagne et houille), à l’époque mésozoïque (jurassique et crétacée), à l’époque tertiaire (éocène, mio- 1 Nous avons publié, il y a trois ans, une notice de M. Marcou relalive aux lerrains lriasiques el permiens, dans laquelle il combaltait l’opinion de M. Murchison. Ce dernier savant, à son tour, vient de publier un travail dans lequel il maintient et jus- tifie la classification qu'il avait proposée pour ces lerrains en ré- futant M. Marcou 11 nous a paru intéressant de tenir nos lecteurs au courant de celle discussion et nous traduisons en enlier le tra- vail de M. Murchison, qui a paru dans The geologist, 1862, 1. V, p. 4, sous le litre de : On the inapplicabilily, etc. IMPOSSIBILITÉ D'APPLIQUER L'EXPRESSION, ETC. 1491 cène et pliocène) et aux dépôts récents (quaternaires et plus modernes) 1! f L'auteur, qui n’a pas été en Russie, critique les tra- vaux et les théories de MM. de Verneuil et de Keyserling et les miennes, et nous bläme d’avoir proposé le mot Permien pour des localités dans lesquelles il prétend que nous n'avons pas su distinguer beaucoup de roches rou- ges triasiques de celles de nos dépôts permiens ; je vais défendre en quelques mots l’opinion que j'ai été amené à soutenir anciennement par l’examen que j'ai fait des roches de l’âge permien dans plusieurs pays de l'Eu- rope *. Il est évident que la proposition faite par M. Marcou, d’unir dans un groupe naturel ce qu’il appelle le Dyas avec le Trias, ne peut être admise pour le moment, puisqu'il n’y a aucun point sur lesquels les géologues et les paléontologistes s’accordent mieux que sur le fait que les séries composées du Roth-liegende,du Kupfer-Schiefer, du Zechstein,etc., forment la partie supérieure du groupe paléozoïque, lequel est tout à fait distinct dans tous ses fossiles animaux et végélaux du Trias qui le recouvre et qui constitue la vérilable base des roches mézosoïques ou secondaires. La confusion des vrais caractères paléontologiques dans le terme Dyas est si manifeste, qu’il n’en aurait sûrement plus élé parlé si un savant distingué, M. le D' Geinitz, 1 Dyas et Trias, ou le nouveau grès rouge en Europe, dans l'Amérique du Nord et dans l'Inde, par J, Marcou. Archives, 1859, 1. V, p. 5 et 116. 2 Voyez Anvrican journal of science et arts, 2% série, volume XXVI, p. 256, le travail de M. Marcou ayant plus altiré l'atten- liun en Amérique qu'en Angleterre. 1452 IMPOSSIBILITÉ D'APPLIQUER L'EXPRESSION de Dresde, n’avait récemment publié le premier volume de son bel ouvrage paléontologique en l’intitulant Dyas, ou la formation du Zechstein et du Rothliegende*. En em- pruntant le terme Dyas de Marcou, le D° Geinitz montre cependant que cet auteur s’est complétement trompé en groupant les dépôts qu'il désigne ainsi avec le Trias ou les roches secondaires inférieures, et il s’accorde avec moi en rapportant ce groupe à l’âge paléozoïque. Comme il n’y a aucun de mes jeunes contemporains dont j'apprécie plus la valeur scientifique et pour lequel j'aie plus d'affection que pour mon ami le D' Geinitz, il m'est pénible de démontrer que le mot Dyas est inap- plicable et mauvais, en prouvant luülité du terme Per- mien. Le mot de Permien a été soumis à l’approbation des géologues il y a environ vingt ans. Il n’a pas égard aux divisions lithologiques et minéralogiques du groupe, car je savais fort bien que tel ordre de succession minérale qui se trouvait dans un pays n’était plus le même dans un autre. Lorsque j'explorais les vastes régions de la Russie d'Europe pendant les étés de 1840 et 1841, j'ai trouvé des coquilles fossiles de l’âge du zechstein de l’AI- lemagne et du calcaire magnésien de l’Angleterre dans plusieurs couches de calcaires intercalées dans une grande série formée de grès rouges, de marnes, de lits de cail- loux, de mines de cuivre, de gypse, etc. Ce groupe de couches variées occupait un espace infiniment plus grand que ses équivalents en Allemagne et dans le reste de l’Eu- rope, ce qui me donna l’idée de proposer à mes collabo- rateurs le mot de Permien pour le désigner, lorsque nous nous trouvâämes à Moscou en octobre 1841. Ce nom était 1 Leipzig, 1861. DE DYAS AU TERRAIN PERMIEN. 153 tiré de celui de la grande province ou gouvernement dans lequel nous avions trouvé ces dépôts, qui s'étendent en- core au delà de ses limites. Dans une lettre adressée au D° Fischer, de Waldheim, aaturaliste de Moscou, je lui proposais le mot de Permien" pour définir, par un terme géographique simple, un groupe minéral considérable pour lequel les géologues n'avaient jamais adopté de nom collectif®, ni en Allema- gne, ni ailleurs, quoiqu'il fût caractérisé par un type commun déduit des restes animaux et végétaux qui y sont contenus. Les subdivisions de ce groupe en Allema- gne sont les suivantes, en allant de bas en haut: le Rothliegende, le Weissliegende, le Kupfer Schiefer et le Zechstein inférieur et supérieur, et en Angleterre le grès rouge inférieur et le calcaire magnésien avec les autres sables, marnes, etc., qui l’accompagnent et qui ont été fort bien décrits par M. Sedgwick?, Le nom de Permien, si convenable pour comprendre toutes ces différentes couches, fut promptement adopté et a été généralement employé depuis lors. M. Gcinitz lui-même et son collaborateur, M. Gutbier, ont pablié un ouvrage sous le nom de Système permien en Suxe*. M. 1 Voyez le Jahrbuch de Léonhard pour 4842, p. 92, et Plilo- sophicul Magazine, vol. XIX, p. A18: Esquisse de quelques ré- sullats de l'examen géologique de la Russie, 2 [Lest vrai que le nom de Pénéen avait été proposé il y a long- teinps par un géologue éminent, M. d'Omalius d'Halloy, mais ce mot, provenant du mot stérile, étail Liré d'une masse isolée de congloméral placée près de Malmédy, en Belgique, dans laqueile aueun débris organique n'avait été trouvé. Ilest évident qu'on ne peul plus continuer à l'employer pour désigner un groupe riche ea fossiles animaux el végétaux, 3 Trans. Geol. Soc. London, Nouv série, vol. I, p. 57. 4 Je veux faire remarquer ici que la grande Damuda formation Ancuives. T. XIL — Février 1862. 11 454 IMPOSSIBILITÉ D'APPLIQUER L'EXPRESSION Naumann s’est aussi servi de ce terme en le rapportant à ce même groupe dans d’autres parties de la Saxe. M. Gôp- pert a prouvé que la riche flore permienne caractérise le dépôt carbouifère supérieur auquel elle est particulière. En France, en Angleterre, en Amérique, lon ne s’est servi depuis quinze ans d’aucun autre nom pour désigner ce groupe. La principale raison donnée par M. Geinilz pour em- ployer le terme Dyas, c’est que dans certaines parties de l'Allemagne, le groupe ne se divise qu’en deux parties principales : le Rothliegende au-dessous et le Zechstein au-dessus ; le dernier étant tout à fait séparé de tous les autres dépôts qui le recouvrent. Tout en ne doutant pas que cet arrangement ne convienne à certaines loca- lités, j’affirme qu'il est tout à fait inapplicable à d'autres. Car dans d’autres pays que la Russie, les sables, cailloux, marnes, les dépôts de gypse, de calcaires et de cuivre ve forment qu’une seule grande série. En fait, les dépôts permiens sont variables. Ainsi, dans un district, ils cons- tiluent un Monas, dans un autre un Dyas, dans un troi- sième un Tryas, et dans un quatrième un Tetras”. De cette manière, plusieurs des conpes naturelles de l'Allemagne diffèrent essentiellement de celles de la Saxe et celles de la Silésie diffèrent encore plus entre elles par du Bengale avec sa flore fossile et ses animaux, renfermant les Sauriens et Labyrinthodons décrits par le professeur Huxley, a élé récemment rapportée (au moins provsoi emenl) au terrain permien par M. Oldham, directeur général di Geological Survey de l'Inde. M. Oldham cite la plante Tœniopleris des couches per- miennes de Geinilz et Gutbier en Saxe, pour appuyer son opinion. V. Memoirs of the Grological Survey of India, vol. M, p. 204. L Voyez Siluria, 2% édit., 1859, et Russia in Europa and the Ural Montanis, 1845. DE DYAS AU TERRAIN PERMIEN. 455 leurs caractères minéralogiques, comme cela est expliqué dans Siluria, seconde édition, à la page 342 entre autres. Près de l'extrémité septentrionale de la Thuringe, par exemple, et plus spécialement dans les environs d’Eise- nach, une masse énorme de Potbliegende, divisée elle- même en deux grandes parties parfaitement distinctes, est surmontée par le Zechstein ; elle est donc divisée en trois, tandis que le Zechstein se prolonge à l’est de la ville en passant peu à peu du calcaire nodulaire aux marnes sablonneuses vertes et rouges et aux ardoises qui forment le Bunter-Schiefer inférieur des géologues alle- mands. Le même ordre ascendant se retrouve autour de la région de mines de cuivre près de Reichelsdorf et dans plusieurs points sur les rives de la Fulda, entre Rothe- burg et Altmorschen, où le Zechstein se présente comme: une bande de calcaire au milieu d’escarpements de grès rouges, blancs et verts}. Tout en démontrant que, dans plusieurs parties de l’AI- lemagne et en Angleterre, le Zechstein est recouvert d'une manière non interrompue et à stralification concordante par un dépôt de roches rouges, je n’ai jamais proposé de sortir du Trias aucune partie du Bunter-Sandstein, la vraie base du groupe, parce qu'il avait des rapports avec l En deux occasions (1853-54) M. le prof. Morris m'accom- pagna el lraça avec moi les rélalions des couches entre elles; plus tard, lorsque M. Rupert Jones (1857) fut mon compagnon de voyage, nous vimes d'autres sections évidentes montrant la tran- silion que j'ai décrite. Depuis lors, le professeur Ramsay étant à Eisenach, s'est convaincu lui-même de la vérité du fait que le Zechstein passe dans sa partie supérieure à un dépôt rouge qui le recouvre d'une manière conforme, Mes notes contiennent encore plusieurs aulres preuves que je ne crois pas nécessaire de repro- duire ici, 456 IMPOSSIBILITÉ D'APPLIQUER L'EXPRESSION le Muschelkalk par ses fossiles. J'ai seulement classé comme permien une bande rouge trés-mince (Bunter- Schiefer), dans plusieurs endroits de laquelle j'ai trouvé un passage provenant du Zechstein et dans laquelle au- cune espèce de plantes où de coquilles triasiques n’a jamais été trouvée. Il y a longtemps que j'ai exprimé ma répugnance pour le mot de Trias, car de même que plusieurs géologues qui ont étudié des pays où ce groupe est très-répandu, je sais que dans un grand nombre de cas, les dépôts de cet âge ne peuvent pas se diviser en trois parties. Dans l'Allemagne centrale où le Muschelkalk forme la partie moyenne du groupe avec le Keuper au-dessus et ie Bunter-Sandstein au-dessous, le nom de Trias avait été bien employé par Alberti, qui l’a proposé le premier. Mais en suivant ce même groupe à l’ouest, la division inférieure, méme en Allemagne, se divise en deux bran- ches qui sont indiquées sur les cartes géologiques de Ludwig et d’autres auteurs comme deux dépôts diffé- rents. Dans ces localités, le Trias d'Alberti est déjà de- venu du Tetras. En Angleterre, il se sépare tout à fait de sa partie centrale ou calcaire, le Muschelkalk, et n’est donc plus du Trias ; mais il se compose de Bunter-Sand- stein au-dessous et de Keuper au-dessus, c’est donc du Dyas. Cependant les géologues du Survey ont divisé ce groupe en quatre et même en cinq parties, comme cela se voit sur la carte n° 62, Geographical! Survey, de la Grande-Bretagne. L'ordre de succession dans le groupe permien, du côlé occidental de la chaîne pennine, soit de l'axe géogra- phique de l'Angleterre, prouve l'impossibilité de lui ap- L Geological ? DE DYAS AU TERRAIN PERMIEN. 157 pliquer le mot Dyas, car dans des grands espaces du Sbropshire et du Staffordsbire il forme une grande série rouge arénacée avec quelques traces de conglomérats calcaires. M. Binney a démontré qu’en le suivant au nord, on trouvait les fossiles du Zechstein dans les marnes rouges qui occupent toute la partie supérieure de la série rouge. Plus au nord encore, on trouve au-dessous de ces roches deux grandes masses composées d'abord de conglomérats et de brêches, el ensuite de grès rouge peu dur, qui à une épaisseur de deux mille pieds au moins. Ici le terrain permien pourrait être considéré comme du Trias. Le prof. Harkness estime, dans un mémoire auquel il travaille, que l'épaisseur de ces grès inférieurs et des conglomérats au nord-est de West-Ormside, dans le Cum- berland, est de 4,000 à 5,000 pieds. II démontre qu'ils sont surmontés par des schistes marneux avec empreintes de plantes, des grès rouges en couches très-minces, des schistes gris, du grès, du calcaire, ce dernier représen- tant le calcaire magnésien, recouvert par des argiles durcies rouges'. Dans tous ces divers cas, le Permien forme une série qui peut se diviser en trois parties et plus. Le même groupe en Ecosse se sépare de toutes ses par- ties calcaires, et devenant un grés rouge, d’une grande épaisseur, il est de nouveau un Monas. J'ai donné celte longue explication parce que mon ami 1 L'argile rouge ou argile durcie qui couvre le calcaire est sur- montée, à Hillon, dans le Cumberland, par cinq cents pieds de grès rouge qui, d'après M. Harkuess, appartiennent au Bunter- Sandstein du Trias, lors même qu'il est à stralification concor - dante avec les roches permiennes sousjacentes. Ici comme en Allemagne, le calcaire peut être recouvert par des roches rouges et le Bunter-Sandstein êre intact malgré cela. 498 IMPOSSIBILITÉ D'APPLIQUER L'EXPRESSION le D' Geinitz, s’autorisant d'un dessin de mon ouvrage Siluria, qui prouve que dans certains pays où le Zech- stein ou calcaire magnésien est subordonné à une série de grès qui l'enveloppe, le Permien de ma classification est aussi bien un groupe paléozoïque en trois parties que le Trias de l'Allemagne centrale est one triple formation de l'âge mésozoïque. Quoi qu'il en soit etlors même que la base que nous avons posée, mes collaborateurs et moi, dans l'ouvrage sur la Russie et les monts Oural, et que j'ai developpée depuis dans des mémoires lus à la Société géologique et dans mes deux éditions de Siluria, serait trouvée peu convenable, je soutiens qu'il y a des régions dans lesquelles le Zechstein n’est qu’une simple zone fos- silifère, dans une grande série de grès à laquelle on ne peut pas logiquement donner une division par numéros. Même en ne faisant pas appel aux preuves naturelles qui abondent en Angleterre, en Russie et dans certaines par- ties de l'Allemagne, et en me bornant aux contrées où le Zechstein ou calcaire magnésien n’a pas de recouvrement rouge naturel, je demande si le mot Permien, dans le sens dans lequel il a été adopté à son origine, ne peut pas être employé pour tous les pays où se trouvent les plantes et les fossiles paléozoïques supérieurs. Ne peut-il pas en être ainsi, soit que les couches qui constituent le groupe, forment comme en Russie et en Silésieune grande série d’alternances de grès à empreintes de plantes et de marnes contenant des bandes de calcaires fossilifères, soit que le Zechstein seul le compose, comme dans d’autres pays (près de Saalfeld) ou dans d’autres contrées encore où le groupe est en trois et même en quatre parties? Sans m’embarrasser de savoir s’il y a ou n'y a pas des localités en Allemagne où le Zechstein se transforme en haut en DE DYAS AU TERRAIN PERMIEN. 459 une roche rouge, qui ne fait pas vraiment partie du Buuter-Sandstein du Trias, je veux seulement examiner les environs de Dresde d’une part, êt la Silésie inférieure de l’autre, pour démontrer que le terme de Dyas est inapplicable à ce groupe. Le D' Geinitz lui-même m'a dit que, près de la capitale de la Saxe, le Rothliegende est divisé en deux parties tout à fait dissemblables, lesquelles, si on les ajoute au cal- caire qui est intercalé ou au vrai Zechstein qui se trouve dans d’autres endroits, constituent un Trias. M. Beyrich, dans sa carte de la Silésie inférieure!, a divisé le Roth- liegende en inférieur et supérieur, lesquels renferment chacun huit subdivisions. En répétant que le mot Permien n’a pas été proposé avec l'idée de donner à ce groupe naturel un nombre dé- finitif de parties composantes, mais simplement comme un terme convenable pour définir.le groupe paléozoïque supérieur, je renvoie les géologues à ce que j'ai dit en 1841, lorsque ce nom fut mis en avant pour la première fois. En parlant de la structure de la Russie, je disais : « Le système carbonifère est surmonté à l’est du Volga par une vaste série de couches de marnes, de schistes, de calcaires, de grès et de conglomérats auxquels je pro- pose de donner le nom de système permien, parce que, lors même que cette série représente le nouveau grès rouge inférieur (Rothe-todte-liegende) et le calcaire ma- gnésien ou Zechstein comme un TOUT, cependant il ne peut être classé exactement par la succession des couches ni par leur contenu avec les subdivisions de cet âge en Allemagne et en Angleterre”. » L Voyez aussi Siluria, 2e édit., p. 343. ? Plat. Mag., XIX, p. 419. 160 IMPOSSIBILITÉ D'APPLIQUER L'EXPRESSION Après avoir parlé des gouvernements de la Russie, dans lesquels se trouvent les roches permiennes, j’ajou- {ais : « Parmi les fossiles de ce système, quelques espèces non décrites de Producti semblent rapprocher le terrain permien de l'ère carbonifère ; d’autres coquilles ainsi que des poissons et des sauriens l’unissent plus intimement à la période du Zechstein, tandis que les plantes qui lui sont particulières paraissent constituer une flore d'un type intermédiaire entre l'époque du nouveau grès rouge ou Trias et le Coal-meusures. » C’est ce qui fait que j'ai trouvé celle série digne d’être regardée comme un Ssys- tème !. Dans les années suivantes, j'ai examiné moi-même ce groupe en Allemagne et en Angleterre, et je me suis tou- jours plus convaincu que, vu les nombreuses différences locales de succession minérale du groupe, le mot Per. mien, qui pouvait s'appliquer à toutes les subdivisions minérales, quelque nombreuses qu’elles fussent, était le terme le plus clair et le meilleur à employer. De plus, il élait en accord avec le principe qui avait fait adopter le terme silurien. Sortant de la question de la substitution du nouveau terme de Dyas au nom plus ancien de Permien, je saisis celte occasion d'exprimer mon regret de voir quelques géologues allemands employer de nouveau le terme Grau- wacke pour indiquer une formation; c'est mellre en oubli les travaux de tant d’années pendant lesquelles on ! Dans ma dernière édition de Siluria, j'ai parlé du terrain permien cornme élant le groupe paléozoïque supérieur, mais je ne l'ai pas jugé un système comparable aux vastes dépôts formés aux époques carbonifère, dévonienne ou silurienne. DE DYAS AU TERRAIN PERMIEN. 161 a distingué et classé les différents groupes paléozoïques, qui élaient tous confondus, y compris les dépôts carboni- fères inférieurs sous le terme lithologique de formation de Grauwacke. Je respecte les travaux des géologues allemands qui se sont distingués en décrivant l’ordre des couches et les fossiles du groupe qui nous occupe, et je me borne à ré- clamer sur ce point, pour MM. de Verneuil, de Keyser- ling el moi, le fait d’avoir proposé, il y a vingt ans, le nom de Permien pour embrasser dans une série naturelle les sous-formations pour lesquelles aucun nom collectif n’avail été adopté. Indépendamment des motifs que j'ai allégués dans ce mémoire, et qui montrent que le mot Dyas n’est pas applicable, j’espère que, grâce aux règles de priorité qui guident les naturalistes, le mot Permien sera maintenu dans la classification géologique. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. PLUCKER. SUR LES ÉCLAIRS QUE L'AIMANT PROVOQUE DANS LA LUMIÈRE DIFFUSE DE LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE À TRAVERS DES GAZ RARÉFIES (Ann. de Pogg. n° 6. 1861.) Les éclairs jaune d’or dans la lumière bleue de la vapeur du chloride slannique el ceux d’une autre couleur vive dans d'autres vapeurs raréfiées, lelles que la vapeur du brôme, de l’iode, de l'acide sulfurique, ete., elc., que j'ai décrits précédemment, sont du nombre des plus beaux phénomènes de la décharge électrique. Dans ces derniers temps, M. Geissler a donné une forme appro- priée aux lubes qui servent à ces expériences. Aux deux extré- mités d’un tube de verre de 200 à 250" de longueur sur 20 à 25% de diamètre, sont soudés deux tubes capillaires qui pé- nélrent dans l’intérieur du grand tube de manière à être distants l'un de l’autre, au milieu, de 40 à 50%, et qui, à l’autre extré- mité, sont munis de fils de platine fondus dans le verre. Lors de la décharge de l'appareil (le petit) de Ruhmkorff, le courant d'induction pénètre par l'un des tubes capillaires, sort de celui-ci pour s'étendre dans le tube large et se concentre de nouveau dans l’autre lube capillaire. Si l'on opère avec la vapeur du chlo- ride slaunique, la lumière est d'un beau jaune dans les tubes capillaires, et la lumière diffuse est bleue dans le tube large. Dans la position équaloriale l'simant attire cette lumière bleue vers le bas ou la repousse vers le haut ; dans la position axiale elle la repousse horizontalement dans des directions opposées à partir des deux ouvertures, landis que des éclairs jaune d'or partent PHYSIQUE. 163 incessamment de ces ouvertures et que l'œil en aperçoit loujours plusieurs simultanés. Dans bien des cas ces éclairs sont produits sans influence magnétique. L'impression de ces phénomènes se présentait encore très-elte à mon esprit lorsque, le 28 septembre 1859, à 7 heures du soir (époque à laquelle régnait une perturbation électrique inaccoutu- mée dans l'atmosphère), j'observai, devant la fenêtre ouverte au sud-est, un orage accompagné de phénomènes extraordinaires qui durèrent plus d’une demi-heure pendant une forte pluie. Les éclairs ne présentaient pas les caractères ordinaires ; ils consis- taient plutôt en puissants courants de lumière diffuse, se dirigeant à peu près du nord au sud et se succédant à de courts intervalles. Tantôt ces courants se présentaient seuls, tantôt ils étaient tra- versés par des éclairs d’un éclat remarquable qui décrivaient sur le ciel foncé un zigzag de plus de 60°. Souvent deux: ou trois éclairs se produisaient dans le même flot lumineux. La couleur des éclairs n’offrait rien de particulier; mais dans la plus forte décharge, qui donna lieu à trois grands éclairs sillonnant ce flot lumineux (phénomène dont les tubes de M. Geissler donnent une image exacle en minialure), celui de ces éclairs qui passa à la plus grande distance zénithale, présentait une belle couleur verte. | ! Pendant le mème orage et tandis que je «oncentrais mon attention sur ces phénomènes, j'apercus près de l'horizon un éclair remarquable d'une autre espèce. Il semblaitque deux éclairs, venant dans des directions opposées, se rencontraient sur la même ligne hori- zontale, puis changeaient subitement de direction au point de ren- contre, déviaient à angle droit, l’un vers le haut, l'autre vers le bas, el suivaient ces routes opposées et s'éteignaient peu à peu. Mais cet éclair n'était pas un éclair ordinaire, progressant d'une manière continue ; il parcourait sa route pluslentement, et cette dernière était sillunnée de places obscures, formant des interruptions entre les ac- cumulations de lumière. J'ai appris par M. Letsom, consul général britannique à Montévi- déo, que ces éclairs discontinus sont fréquents en Amérique et qu'on les appelle des éclairs en chaîne (Kettenblitze). 164 BULLETIN SCIENTIFIQUE, Prof. FRANKLAND. NOTE SUR LA RAI£ BLEUE DU SPECTRE DU LITHIUM. (Phil. Mag. Décembre 1861.) Dans une lettre adressée au professeur Tyndall, M. Frankland exprime son élonnemnent d'avoir obtenu une magnifique raie bleue dans le spectre du lithium ; il remarque que M. Tyndall a observé le même fait, et il se demande si celte raie vient bien du lithium ou si elle n’est point due à quelque particule de charbon ou à l'air fortement chauffé. Il a obtenu une raie semblable avec le chlorure de sodium; mais elle n'a point la nelleté ni le brillant de celle du lithium. D'un autre côté, quand un fil de lithium brûle dans l'air, il émet une splendide lumière rose; mais si on le place dans l'oxygène, la lumière qu'il émet passe au bleu blan- châtre. Ce résultat semble indiquer qu'une température élevée est nécessaire pour obtenir le rayon bleu. Desexpériences ullérieures ont prouvé toujours plus à M. Frank- land que l'apparition de la raie bleue dans le spectre du lithium lient à la température. Elle ne se montre pas dans la flamme or- dinaire employée par Bunsen, mais si on remplace celte flamme par un jet d'hydrogène dont la température est plus élevée, elle apparail et elle devient encore plus brillante quand on introduit avec le jet d'hydrogène un jet d'oxygène, qui augmente assez la température pour que le platine entre en fusion. M. Tyndall a complétement confirmé les résultats obtenus par M. Frankland, après s'être assuré de la parfaite pureté du chlorure de lithium employé, et de l'impossibilité d'attribuer à la présence de substances étrangères l'apparition de la raie bleue. Il consi- dère cet effet de la température comme extrêmement curieux et important, soil qu'il en résulte une alléralion dans la substance qui la rende susceptible d'émettre de nouveaux rayons, soit qu'on doive l’attribuer à une modification dans l’élasticité du milieu dans lequel s’accomplissent les vibrations lumineuses. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 165 Z00LOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. Jon. E. Lüners. EiNiGE BEMERKUNGEr", etc. QUELQUES REMAR- QUES SUR LES KYSTES ET LES ZOOSPORES DES DIATOMACÉES (Wohl und Schlechtendahl's Botanische Zeitung, 30 novembre 1860). Dans sa Synopsis of British Diatomaceæ, M. W, Smith décrit sous le nem de kystes de dialomacées des groupes plus ou moins nombreux de diilomacées enfermées dans une vésicule transpa- rente. Il cile en particulier des kystes de Cocconema Cistula dé- couverts par lui dans un amas de dialomacées contenant des in- dividus en copulalion et des frustules sporangiaux de la même es- pèce. 11 pense que les kystes sont formés par le développement des jeunes individus issus des frustules sporangiaux. MM. W. Smith, Hofineister et de Bary ont aussi vu des kystes analogues renfer- nant des Synedra radians, mais le dernier de ces trois auteurs suppose que ces prélendus kystes sont des infusoires morts après s'êlre remplis de diatomées. : Madame Lüders a retrouvé en grande quantité les prétendus kystes de la Synedra radians : les uns incolores, les autres colorés par des granules rougeâtres. Chez tous le contenu des Synèdres éluit divisé en plusieurs fragments brunâtres. Ces Synèdres élaient donc en voie de périr. Move Lüders a pu, du reste, s'assu- rer que les kystes ne sont nullement formés par les dialomées. Ce sont des Amæba qui les entourent, les enveloppent, sans doute pour s'en nourrir. Ces Amæba se divisent ensuite, d'veloppent des prolongements radiaires et s'éloignent à l'aide des mouve- ments si caractéristiques de ces animaux, Les Ama:ba emploient en général une où deux heures pour envelopper un group: de Synèdres. Elles s'approprieut les parties les plus liquides de leur contenu. Le reste persiste sous forme de petites masses brunätres dans l'intérieur des frustules, Mme Lüders a observé des kystes analogues renfermant des Cocconema et dés Gomphonems, Hs étaient comme les précé- 166 BULLETIN SCIENTIFIQUE. dents formés par des Amcæba. Il parail donc qu'il n'existe pas de kystes formés par les diatornacées elles-mêmes. Dans l’intérieur d'un grand nombre de diatomées, Mn* Lüders a observé le développement de très-petits infusoires, ressemblant parfois à s’y méprendre à des zoospores d'algues. Ce phénomène est surtout fréquent chez quelques espèces marines, comme la Podosphenia Lyngbyi et V'Achnanthes longipes. W paraît qu'un ou parfois plusieurs de ces pelits infusoires pénètrent dans une cel- lule de diatomacée et s'y multiplient par division spontanée. Le premier indice de leur présence est l'apparition, dans l'intérieur de la diatomée, d'une petite vésicule incolore, renfermant elle- mème quelques pelits corpuscules égelement incolores. A cette époque la diatomée est généralement déjà morte et son vaisseau primordial détaché de la paroi. La vésicule grossit par degrés. Les corpuscules qu’elle renferme se multiplient, s’animent, s'a- gitent avec vivacilé et enfin percent la paroi de la vésicule. Ils quittent alors la diatomée et se répandent dans l’eau ambiante avec une rapidilé qui rappelle le phénomène de l'émission des z00spores chez certains Chytridium. Vu la petitesse de ces êtres, Mw: Lüders n’a pu découvrir chez eux aucune trace de flagellum. En revanche elle a reconnu qu’ils sont susceptibles de changer de forme, de passer par exemple d’une forme ovoïde à une forme bacillaire. Quelquelois au lieu de s'échapper, ils restent dans la diatomée parce que les moitiés siliceuses de la carapace refusent de se disjoindre. Ils se nourrissent dans ce cas du contenu qui leur communique sa couleur brune et leur apparence rappelle alors entièrement celle des zoosperes d’Ectocarpe. Me Lüders vil une fois une nuée de ces pelits infusoires quilter une cellule d'Achnanthes pour se précipiler dans un sporange de Melosira dont la membrane n’étail pas encore solidifiée. Au bout de quelques heures ils avaient absorbé la plus grande partie du contenu de ce sporange. Dans des diatomées d'eau douce comme le Synedra radians, le Melosira varians et diverses espèces de (omphonem, Me Lüders \ Z00LOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 1067 a observé un développement d'infusoires très-analogue. Elle sup- pose avec beaucoup de vraisembiance que ce jhénomêne a pu induire certains observateurs en erreur et les faire croire à l'exis- tence de zoospores chez les diatomées. Pour ce qui la roncerne elle n’a janais réussi à observer de zoospores chez ces algues. D: Esrarp NOUVELLE MONOGRAPHIE DES SANGSUES MÉDICINALES. Paris, 1857. Baillère et fils. 4 vol. 8°. Le volume de M. Ebrard que nous avons sous les yeux est une monographie soignée des diverses espèces de sangsues utilisables dans un but médical. La première partie de cel ouvrage traite de l'histoire naturelle de ces hirudinées. Elle renferme une com- pilation très-complète des observations faites en France sur les mœurs el l'anatomie de ces animaux. Nous disons en France, car les nombreux travaux écrits sur ce sujel en Allemagne, en An- gleterre, elc., lui sont restés inconnus. Cette lacune a entraîné certaines erreurs. C’est ainsi que l’auteur paraît ignorer l'homo- logie reconnue entre les organes qu’il appelle anses mucipares des sangsues el les organes en rosetles des Clepsines. Ces organes existent chez Llous les Annélides et ont reçu de M. Williams le nor de segmentul organs!. Dans loute la série des Annélides ces organes jouent le rôle d'appareil excréteur. Il n'est donc pas im- probable que leur fonction soit la même chez les sangsues. M. Ebrard leur attribue cependant une fonction différente, celle de sécréler le liquide qui baigne les œufs dans le cocon. Cette opinion n'a vien d'invraisemblable, surtout en face de la forme anormale de Forgane segmental chez les sangsues, les Aulaco- stomes et les Hæmopis. Toutefois les observations de l’auteur sur ce point sont lrop incomplètes pour que son opinion puisse êlre considérée comme légitimement fondée. Y M. Ebrard refuse ces organes à beaucoup d'hirudinées, telles que les Clepsines, les Néphélis, etc. Mais il est décidément dans l'erreur. 168 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ! Malgré son ignorance de la bibliographique étrangère, M. Ebrard a réussi à faire un résumé assez complet de nos connais- sances actuelles sur l'anatomie des hirudinées. L'histoire de leurs mœurs a élé enrichie en outre par lui d’une foule d'observations très-nouvelles. Pendant l'accouplement les sangsues se rapprochent, selon M. Moquin-Tandon, ventre contre ventre et en sens inverse. Cha- que verge se lrouverail alors en face d’une vulve, etlaccouplement serail réciproque. M. Ebrard a été sept fois témoin de l'accou- plement, et sept fois il le vit avoir licu en sens inverse de celui qu’indique M. Moquin-Tandon. Les sangsucs étaient accolées vers les parties génitales, abdomen contre abdomen, mais leurs ex- trémilés orales étaient placées du même côté; elles élaient fixées aux parois du bocal l'une à côté de l'autre et hors de l’eau. Dans une pareille posilion une fécondation réciproque ne peut avoir lieu simullanément. Cependant les deux sangsues pourraient se féconder successivement lune l'autre. M. Ebrard pense qu'il n’en est point ainsi el il admet avec le docteur Gaspard qu'il ny a jamais qu’une des sangsues fécondées dans chaque rappro- chement. Jamuis il n'a vu deux cocons être déposés dans la même nuit, lorsqu'il tenait un couple de sangsues renfermé dans le méine vase. Une sangsue peut déposer des cocons féconds huit ou neuf mois après la fécondation. Il arrive donc souvent qu'une sangsue se reproduit sans s'être accouplée dans l'année. Ce n’est point là un cas de parthénogénèse: la semence introduite par le coït de l'année précédente est la vraie cause de ce phénomène. : Les pêcheurs et la plupart des éleveurs croient que les sang- sues se reproduisent deux fois par an. Cependant elles ne pondent en réalité, d'après M. Ebrard, qu'à une seule époque de l'année. Il y a bien deux apparitions de germements (jeunes individus dans la terminologie des hirudiniculteurs), l'une peu nombreuse à la fin d'août, aux mois de septembre et d'octobre, l'autre au prin- lemps ; mais ces germements proviennent tous de cocons ayant Z00LOGIE, ANATOMIE ET PALEONTOLOGIE. 169 été produits dans l'été ou l'automne, On admet généralement qu'une’seule sangsue ne peut déposer qu’un Seul cocon ; mais il est facile de se convaincre que ce nombre est beaucoup plus grand lorsque les sangsues ont un certain volume et ont élé convenablement nourries. Ces cocons sont déposés à la surface de la terre ou des végélaux, dans les galeries souterraines creusées par les rats, ou bien dans des trous que les sangsues creusent elles-mêmes à travers les chaussées et les bords des étangs, jus- qu'à huit ou dix centimètres de profondeur et à douze ou vingt centimètres au-dessus du niveau de l'eau. L'auteur décrit avec soin la manière dont les singsues forment leurs cocons. Ce phé- nomêène rappelle tout à fait la formation des capsules embryo- phores des oligochètes. Une sangsue adulte et gorgée de sang exige dans la captivité près de dix-huit mois pour accomplir le travail de la digestion. Ce temps serait moins long, d’après M. Ebrard, surtout pour les individus jeunes à l'état de liberté. Les sangsues très-jeunes termineraient même la digestion du sang en six scruaines ou deux mois. Après avoir étudié le genre de vie des sangsues et recherché quels sont leurs principaux ennemis (tels que les pores, les lou- tres, les rats, les oiseaux aqualiques, certains poissons et insectes carnassiers), M. Ebrard consacre un chapitre étendu à l'hirudi- niculture. Cette industrie a pris des proportions étonnantes dans cerlairfes parties de la France, en particulier dans les Landes et dans la Bresse. Un des principaux buts de l'ouvrage de M. Ebrard paraît être d'en favoriser le développement. L'auteur étudie les conditions de «elle industrie lorsqu'elle se pratique dans des ma- rais naturels ou dans des barrails (bassins artificiels). L'alimen- talion des sangsues est l'objet d'un chapitre intéressant, Les premiers hirudiniculieurs des Landes employaient pour nourrir leurs sangsues des chevaux, des ânes ou des mulels vieux, mala- lades, bons seulement à être abattus, qu'ils payaient dix à vingt francs par tête. Ils les laissaientnuit et jour dans l'eau du marais, Ancuives. T. XILL. — Février 4862. 12 470 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Ù exposés à toutes les intempéries, n'ayant pour nourriture que le peu d'herbage qu’ils trouvaient çà et à. Aussi tous succombaient rapidement sous l'influence d’un pareil régime. Ils périssaient souvent dès le premier jour de leur introduction dans les bar- rails. Aujourd'hui la concurrence ayant fait monter le prix des chevaux à cent francs et davantage, les hirudiniculteurs ont dû adopter une inéthode moins dispendieuse et en même temps moins cruelle. Ils n'introduisent maintenant les mêmes chevaux dans les barrails que tous les cinq, dix ou quinze jours. Ils ne les y laissent qu'une partie de la journée et les font passer en- suite dans de bons pacages pour leur restituer les forces qu’ils ont perdues. Le sang perdu se régénère avec une grande rapidité, les mêmes chevaux peuvent être ainsi utilisés pendant des an- nées entières. Sans doute celte méthode semble encore fort bar- bare. Elle l'est cependant peu lorsqu'on la compare aux mauvais traitements que les charretiers font journellement subir à leurs chevaux. Nous ne pouvons entrer ici dans plus de détails sur l'hirudini- cullure, nous passons également sous silence tout ce qui con- cerne le commerce des sangsues et sa législation, ainsi que l’em- ploi thérapeutique de ces animaux. Nous en avons assez dit pour montrer que l'ouvrage de M. Ebrard mérite de rencontrer de nombreux lecteurs. A. Fick. Zur PHysioLocie, etc. SUR LA PHYSIOLOGIE DU SENS DU TOUCHER. (Moleschott's Untersuchungen, 1. VII, p. 493-500.) Par l’intermédaire de la peau, deux espèces d'impression par- viennent à notre perception : les impressions tactiles et les im- pressions de chaleur. Personne n’a cependant jusqu'ici pu dé- montrer anatomiquement dans la peau deux natures d'organes sensilifs répondant à ces deux espèces d’impressions. M. Fick s'est donc demandé si les sensations tactiles sont bien essentiel- lement distinctes des sensations caloriques. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. AÂ74 Pour répondre à celte question, M. Fick a eu recours à une série d'expériences faites en commun avec M. Arnold Wunderli. Ces expériences avaient pour but de déterminer si nous sommes en toutes circonstances susceptibles de distinguer les sensations tac- tiles des sensations de chaleur. A cet effet, la région soumise à l'expérience fut recouverte d’un mauvais conducteur percé d'un petit trou. Le diamètre de l'ouverture était variable suivant les cas. Pour les régions où le sens des lieux est très-imparfait, on lui donnait jusqu'à 5 de diamètre. L'impression tactile se pro- duisait à l’aide d’un pinceau, d'une petite baguette de bois ; l’im- pression de chaleur était produite par l'approche d'un morceau de métal chauffé. Jamais l'action mécanique ou thermique ne fut poussée jusqu’au point de faire naître de la douleur. La per- sonne en expérience, les yeux détournés, ne se trompa jamais sur la nature de l'agent d'irritation, tant qu’on opéra sur la face volaire de la main et des doigts ou sur la peau du visage. Pour la face dorsale de la main, il n’en fut plus ainsi : une personne.se trompa quatre fois sur soixante, une autre deux fois sur quarante- cinq. L'erreur consistait toujours en ce que l'irritation thermique élait prise pour l'irrilation mécanique et jamais vice-versa, La surface volaire de l'avant-bras ne donna lieu à aucune méprise. Le coté des exlenseurs donna au contraire lieu à 3 erreurs sur 48 expériences chez l’un des sujets, et à 1 sur 31 chez l'autre. Au dos, les méprises furent bien plus fréquentes. Pour la région voisine des vertèbres dorsales, l’un des sujets se trompa 8 fois sur 11 et l'autre 4 fois sur 19 ; pour la région correspondant aux apophyses épineuses des vertèbres lombaires, l’un se méprit 6 fois sur 29, l’autre 4 fois sur 7. De ces expériences, M. Fick se croit en droit de conclure que toutes les fibres sensibles de la peau sont douées d'une seule et unique énergie spécifique à laquelle on peut conserver le nom de sentiment. Quelque vraisemblable que soit cette conclusion, la question nous semble encore obscure à plus d'un égard. 472 BULLETIN SCIENTIFIQUE, BOTANIQUE. LE Dr DAUBENY. — SUR LA FACULTÉ ATTRIBUÉE AUX RACINES DES PLANTES DE REJETER, SANS LES ABSORBER, LES MATIÈRES ANOR= MALES OU VÉNÉNEUSES QUI LEUR SONT PRÉSENTÉES. (Extrait du Quarterly Journal of the Chemical Society. Octobre 1861.) Les racines des plantes absorbent-elles indistinctement, et par simple endosmose, loutes les substances dissoutes dans l'eau qu'elles rencontrent dans le sol, pourvu que la solution ne pré- sente aucun caractère de viscosité; ou bien possèdent-elles , en vertu de leur vitalité, la faculté de choisir parmi ces substances celles qui leur conviennent et de rejeter les autres? Telle est la question que cherche à résoudre M. Dauheny, et voici les con- clusions auxquelles ilest arrivé. D’après ce savant, les spongioles des racines possèdent, en verlu de leur vitalité, la propriété de rejeter complétement, sans les absorber, les matières dissoutes qu'il appelle anorrales, c’est-à-dire, qui ne se trouvent pas faire partie du tissu de la plante, et par conséquent, ne peuvent contribuer en aucune façon à son développement ; mais ces mê- mes spongioles absorbent indistinctement toutes les malières nor- males, dans les proportions où celles-ci se trouvent dans le sol. Seulement chaque plante, après qu’il a été pourvu aux besoins de son organisme, aurait la faculté de se débarrasser par üne espèce d'excrétion de la portion Surabondante des substances qu’elle a absorbées. Quant à l'absorption par les racines de ma- tières réellement vénéneuses, telles que le sulfate de cuivre, le nitrate de baryte, le sublimé corrosif et autres substances de ce genre, l’auteur admet que ces poisons sont effectivement absorbés et peuvent même amener la mort du végétal; seulement, dans son opinion, le fait de l'absorption n'implique pas que les racines n'aient pas le pouvoir de choisir ce qui convient à la plante et d'éviter ce qui peut lui être nuisible, tant, du moins, qu'elles - sont en vie. Ce ne serait effectivement, d'après M. Daubeny, que BOTANIQUE. 473 lorsque les spongioles des racines on! été profondément altérées par l’action corrosive du poison, que l'absorplion de la solution vénéneuse commencerait à avoir lieu, et alors par un effet de simple endosmose. C'est plus spécialement à cette seconde question, savoir le mode d'action des poisons sur les plantes, que se rapportent les expé- riences récentes de M. Daubeny ; c’est aussi sur elles que nous insisterons quelques instants, parce que les conclusions qu’en a tirées l’auteur nous paraissent en contradiction avec les faits gé- néralement admis jusqu’à ce jour. M. Daubeny, avons-nous dit, affirme que si l'on présente à l'absorption des racines, des poisons minéraux en quantité trop faible pour exercer une action corro- sive sur le Lissu des spongioles, ces poisons ne sont point absor- bés par la plante, el n’exercent aucun effet nuisible sur son dé- veloppement. Dans le but de prouver la vérilé de son assertion, l’auteur à arrosé avec une faible solution d'acide arsénieux (sa- voir une once d'arsenic dissout dans 50 litres d’eau) deux pièces de terre de 25 pieds de long sur 4 de large, plantées l’une d'orge et l’autre de navets. Ces plantes ont été arrosées une fois par semaine pendant quatre semaines consécutives ; l’une et l'autre récolle sont cependant arrivées à maturité sans avoir le moins du monde souffert. Après avoir brülé l'orge dans un creuset de terre, les cendres qu'on en a retirées ont été soumises à l'analyse d'aprèsle procédé de Marsh pour chercher à y découvrir de l'arsenic. Un premier essai a effectivement fait croire à la présence d’une petite quan- lité de ce métal, mais l'auteur s’est bientôt convaineu que cette apparence provenail uniquement de ce que pendant l’arrosement un peu d'acide arsénieux s'était attaché à l'enveloppe extérieure du grain. Toutes les fuis, en effet, qu'on prenait la précaution de la- ver l'orge à grande eau avant de la brûler, on ne trouvait plus dans les cendres aucun des signes qui caractérisent l’arsenic. Il en a élé de même des tubercules des navets, lesquels traités d'après la méthode recommandée par Wæœhler, n’ont manifesté dans au- cun cas la plus petile trace d'arsenic. 474 BULLETIN SCIENTIFIQUE. M. Daubeny est arrivé à un résultat analogue en arrosant pendant plus d’un mois les mêmes végélaux avec une solution de nitrate de baryte, dans la proportion de 4 onces de nitrate sur 16 litres d'eau; et plus tard, avec une solution un peu plus con- centrée de nitrate de strontiane. Dans l'un et l'autre cas les plantes sont parvenues à maturité à l’époque ordinaire, sans que l'auteur ait pu retrouver ni dans l'orge ni dans les navets la plus pelile trace de baryte ou de strontiane. Il n'hésite pas à conclure de ces divers essais, que les matières vénéneuses en solulion n'ont point été absorbées par les spongioles de la racine, et qu'elles ne le sont probablement jamais, du moins tant que la plante est vivante. | Observations du rédacteur. Plusieurs des résultats ci-dessus obtenus par M. Daubeny, ainsi que les conclusions qu’il en a déduites, nous paraissent en désaccord soit avec les expériences bien connues de de Saussure, soit avec les résultats que j'ai obtenus en 1824 et qui ont été con- signés dans le tome LI des Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genèvel. M. de Saussure a démontré par une série d'expériences dont l'exactitude n’a jamais été con- testée?, que le choix que les spongioles des racines semblent faire dans certains cas des matières qu’on leur présente, n’a de rap- port qu’à une circonstance purement mécanique. Ce choix appa- rent ne dépend, en effet, nullement des besoins naturels de la plante, mais uniquement de la limpidité du liquide et de la facilité plus ou moins grande avec laquelle il peut être absorbé. C'est ainsi qu'il a remarqué que si l’on plonge des racines dans diver- ses solutions, elles absorbent davantage des matières les plus fluides, lors même que ces matières sont nuisibles à la plante, et une dose moins grande des matières plus ou moins visqueuses, lors même qu’elles contiennent plus de substances nutrilives. Plus récemment, en 1824, j'ai fait une série d'expériences sur ? Voyez aussi Annales de chimie et de physique, tome 29, 1825. % Voyez ses Recherches chimiques sur la végétation, chapitre 8. BOTANIQUE. 279 le mode d'action des poisons tant métalliques que végétaux, soit en arrosant avec des solutions de poisons métalliques des plantes de haricots croissant en terre dans des vases , soit en introduisant les racines de ces mêmes plantes dans des bocaux d’eau contenant une solution des poisons en question. Il est ré- sulté de ces expériences que des solutions de sels d’arsenic, de cui- vre, de mercure, d’élain et de plomb ont constamment amené la mort des haricots au bout d’intervalles qui variaient de 24 à 48 heures. À la suite de chaque expérience la partie supérieure de la tige et les feuilles étaient soigneusement enlevées et trailées par les réactifs ordinaires ; j'y ai presque toujours reconnu des traces du poison dans lequel les racines de la plante avaient été plongées. Ce poison, malgré ses propriétés délétères, avait donc été évidemment absorbé par les spongioles des racines, au moins pendant les premières heures qu'avait duré l'expérience. Mais, même en admettant, ce que je ne pense pas, que la théorie de M. Daubeny puisse s'appliquer au cas où des végé- taux seraient soumis à l’action de substances corrosives capables d’altérer le tissu des spongioles de la racine, son explication tombe évidemment, ce me semble, devant les résultats que j'ai obtenus en 1824, résullats qui ont été confirmés peu de temps après par M. le professeur Macaire, savoir : que les poisons végétaux qui n’exercent aucune action corrosive sur le lissu des animaux, et paraissent occasionner la mort de ceux-ci unique- ment par leur action sur le système nerveux, agissent aussi d’une manière distincte et énergique sur le règne végétal, en amenant au bout d’un très-court espace de temps la mort des plantes soumises à leur action. C’est ainsi qu’il a été constaté que des plantes de haricots plongeant par les racines dans des solutions peu concentrées d'extrait d’opium, de belladone, de noix vo- mique, elc., et mieux encore dans de l’eau de laurier-cerise ou de l'acide prussique élendu, accusaient presque immédiatement, par des crispations particulières des pétioles et des feuilles, l'ac- tion de ces poisons, et mouraient toutes au bout de quelques 176 BULLETIN SCIENTIFIQUE. heures. Les poisons que nous venons de citér élaient bien cer- tainement incapables d'allérer par leur action corrosive le tissu des racines, ? Il suffit d'ailleurs des phénomènes souvent remar- quables auxquels je viens de faire allusion, pour être convaincu qu’ils sont effectivement absorbés et entraînés par la circulation de la sève dans les différentes parties du végétal. Les résullats négatifs obtenus par M. Daubeny, dans ses es- sais d'arrosement avec de l’eau imprégnée de substances miné- rales répulées vénéneuses, ne pourraient-ils pas s'expliquer en admettant que les solutions d'arsenic et de baryte avec lesquelles il arrosail ses plantations, ont pu se combiner dans la terre avec d’autres substances, de façon à neutraliser en grande partie leurs propriétés vénéneuses, peul-être même à former des sels iuso- lubles; ou bien encore, en supposant que les solutions extrême- ment faibles dont il se servait peur arroser un terrain d’une certaine élendue, ont pu se perdre dans le sol, et échapper ainsi, au moins en grande partie, à l'absorption des racines ? F. Marcer. * Toutes les fois que les solutions de ces poisons présentaient la moindre apparenee de viscosité, on a eu loujours soin de faire une expériencé comparative sur une plante de haricot plongeant par les racines dans de l’eau contenant une quantité égale de gomme arabi- que, et de s'assurer que la plante n'en souffrait pas, au moins pen- dant trois ou quatre jours. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈYE sous la direction de M. le Prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE JANVIER 1862. Le 1°r, brouillard tout le jour. 5, la hauteur de la neige tombée le matin et dans la nuit est de 8 millimètres. 6, la hauteur de la neige tombée le matin et dans la nuit est de 25 millimètres. \ 7, brouiliard le matin. 12, couronne lunaire dans la soirée. 13, hauteur de la neige tombée pendant le jour, 10 millimètres. 21, hauteur de la neige tombée de 1 h. à 10 h. du matin, 110 milli- mètres ; brouillard Je soir. 22, brouillard le matin ; neige dans l'après-midi, 40 millimètres. 23, brouillard tout le jour. 24, brouillard dans la matinée. 27, gelée blanche le matin. 28, gelée blanche, brouillard depuis 10 heures du matin. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm mm 2) 1 Tail APE 719,50 — Lrd e LA Le 7, à 10 h. matin.... 732,83 8, à 8h. soir..... 728,68 9; à 10h. s0ir.:-.2. 732,07 14, à 4h. soir..... 717,54 16, à 10 h. soir. ... 723,27 20; à: 2 h.:ir 76 718,79 27, à 10 h. matin.... 734,23 31, à 6h. matin... 728,51 4 Ancuves. T. XIII. — Février 1862. … "e E = | Hauteur 2 muy, des E 21h. = millim. 11732,84 9 | 730,98 91 725,27 4 | 720.09 n1722,37 6 26,48 11:732.52 œ 1 =1 1 =) 1 C ee Co S 91731,08 10 | 730,71 11 | 728,91 12 | 726,82 13 | 720,78 141718,58 15 | 719,56 16 | 722,27 h7 722,64 18 | 722,47 19 | 720,55 20 | 719,57 21 1"721.,63 22 | 723.37 23 | 726,06 24 | 726,95 25 | 728,2] 26 | 732,67 27 | 733,45 28 | 732,59 29 | 732,87 30 | 730 ,4( 31 1 730,25 ne EE Baromètre. Be. CE Éci rt M. US ER Moyenne des 2hheures. 0,23 | 6,02 | 5,00 2,38 Fa | + + TE 166 Fa 0 How 10,00 Température C. Ecart avec la Minim. lemp. - normale. o o —2,16| — 4,8 1,90 |—"2:0 —1,18)1=- 46 +],9 | — 44 +0,04 | — 2,8 +0,64 | — 4,6 — 5,060 | — 9,3 Lol 07 +2.82 | — 2,8 +-6,70 | + 2,2 +9,45 | +.6,7 +4,79 | — 0,7 +0,89 | — ] = l + +: 37 4 +6,60 +3,85 +1,72 — 1,48 6 20 9.33 +-9,85 G | Tension de la vap | Fraet, de saturation en millièmes. «| Pline ou neige | \ Temp. du Rhône, 2 our Sen. RE RE en rs Vent un D. > ee May. Eca 0 ce 3: : “ar ZE Maxim, | ré avec pe nm ra Mini- | Maxi- Rex à £- domi- du nu ce ‘es | 24h tension [24h fruetion | um | mum, ||, Les Ê | nant. || Ciel. mes | temp. E* | normale, nur im. 24u.| 2 || F normale. || o mm | millim, | mn. u o ||pouces — 1,7/) 3,37 | —0,61| 934] + 651 700 | 1000! ... | .. variable |l1,00! . Fe: 28,0! — 0,311 3,60 | —0,38!| 896 È 27! 790! 980/ ...|..[INNE. 211,00! 5,9 7 28,0] 22 0,211 3,341 —0,64|| 874 5! 750 | 940 + IAE ie GPA 5,8 0,711 28,0 + 0,2] 3,51 | —0,47 |) 869 0 }- 780 |= 960! …. AFS 1,,0,941 5,6 0,51 27,5 + 2,31 4,01 | +0,03 001! 32/°710 | 1000! 0,5] 6, variable | 1,00 À a. + 2,41 3.70 1 —0,29 || 821| — 48| 44611000! 1,9 | 11 lvariable || 0,90 5,8 0,8 || 27 ol — 0,31] 2,87 | —1,12|| 996| +127| 89011000! ..: |. ISsSO. 1 o'a7| 5,6 0,7 26,5 — 1,1{ 2,91 | —1,09| 913] + 44] 780! 970! : .|..Ss ‘ 1lo,81] 521 Lo slo6s + 4,8|| 4,87 +0,87 || 879] + 10| 810| 920 . . IN. 1 0:94 | 5,8 1,0/|26,5 1121 6,96 | +2,95 || 964! + 95 850 | 1000! 12,9 14 variable! 1,00! 5,9! + 1,11126:5 +12,0| 6,251 +2,24 || 737] —131| 670] 800| 3,9| 61sso. 110,841 6,0 1,3|| 2 + 8,91! 4,40 | +-0,39 1! 727] —141| 510|-910! ..=1.:[sso. 110,24 | rs cm, à 5 F 2,611 4,43 | +0,41 | 929] + 61] 77011000! 2.0! 4!1ss0. 1| 0,961! 5,8 1,1|128.0 2,4! 4,46 | +-0,44 || 926| + 59) 800 1000 | 0,5| 2}SSO. 110,98! 5,8 es 1,2||28:0 + 3,11 3,78|—0,25| 753] —114| 660! ‘870 .::1.. x. : 210,52] 571 111086 + 2,21 3,71 —0,33| 771] — 95] 660 850 | “à [NNE. 3|10,74| 5,4 0,8/ 29,5 + 1,61! 3,35 | —0,69 1 816! — 56| 7101 900! ..21 .. IINNE: 11p0,78 52 SA 0,6 |! 28,0! — 4,8] 2,25|—1,80 1! 832] — 331 710] 950] 0,1] 1|NNE. 3//0,66| 4,7|—+ 0,2//28,5 — 3,31 2,49! —1,57| 880! + 25] 7601-9501 .:21..llkso. 110,981 .?. |“... [lors — 010 265/ 1,42) 847) — 17] 640/ 1000) 1. |sso. 1/0,34| 44] ="o,1l278 + 5,61 3,75 | —0,33 | 925] + 62| 620 1000! 8.21 91SS0. 110,82] 4,3] — 0,2 27.5 n: 2,0]! 4,36 | +0,27 | 959] + 97 | 670 | 1000! 3:81 6lls. ‘ 1/11,00! 47| + 02||277 # 4,79 | +-0,69 || 962 ET 880 | 1000! 0.5] 2}SS0. 11/1,00!! 4,8 0,3 || 26,8 + 6,311 5,81 | +1,70 | 97: 119! 88011000! 7.7| 6 | variable||1,00 |! 5,4 1,0|| 27,0 + 9,31] 6,49 | +2,37 | 884 + 25] 760 | 940!11,0 | 7! variable|0,96 | 5,9 1,51 27,0 + 7,0) 5,27 +1,15! 880| + 23| 690| 970! ... Li NNE. 1 0,59 | 2: HET Arr + 4,1| 4,19 +0,06 823| — 33| 700| 960! ... 4 N. 110,50 || 5,1 0,71 28,2 0,6! 4,08 | —0.05|| 989! + 34| 91011000! ... | ..[SSO. 110,90! 4,8|— 0,4//29,8 10,2|| 5,40 +1,96 | 742] —112| 550! 900! 0,2| 2/1SS0. 110,811 5,1 0,7|| 28,6! 11:71] 6.80 ess) 766 — 86| 620| 840/11.2/11SS0. 311,00! 5:51 111275 +1,61 7,76 3,61 | 855| + 5| 800 920 | 21.4 10 |SSO. 21 0,99 | 5,9 1.5]}31,0 ENE E. — Janvier 186 1 À | MOYENNES DU MOIS DE JANVIER 1862. 6h.m. 8h.m. 10h. m. Midi. Zzh.s. 4b.s. Gh.s. 8h.s. 10h.s. Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm mm re décade, 728,32 728,42 728,16 728,36 727,86 727,97 728,21 728,28 728,60 2e » 722,66 722,72 122,96 122,40 721,63. 721,57 721,69 722,02: 722,05 3° » 728,43: 728,89, 729,35 729,19 "728,10 728,98 729,29 729,50: 729,71 Mois 726,53 726,75" 727,10 726,13 726,15 726,27. 126,49 726,69,:72688 Température, o o o 0 o o o 1re décade — 2,24 — 2,40 — 1,20 + 0, 35 + 0, 68 A0 00 06 0 9 AATE 2e » — 1,34 — 1,36 — 0,04 + 1,33 Æ 1,82 Æ 1,28 + 0,04 — 0,77 — 1,05 3e » L 2,49 + 2,26 3,75 + 5,09 H 5,74 + 5,23 + 4,09 + 3,26 26 + 3,08 3,08 + : + 0,93 + 2,35 Æ 2,84 + 2,26 H 1,22 + 0,59 ,59 + 0,3 0,37 Tension de la vapeur. Mois — 0,27 — 0,41 mm mm mm mm mm mm mm mm mm 1re détade, 3,75 3.73 3,78 3,94 3,98 4,12 4,07 4,06 4,04 De. 5 3,81 3.71 3.82 3,88 3,89 3,78 3,95 3,73 3,65 3e » 4,94 5,06 5,36 5,51 5,69 5,70 5,46 5,30 5,17 Mois 4,19 4,20 4,35 4,50 4,55 4,57 4,52 4,40 4,32 Fraction de saturation en millièmes. 1re décade, 946 949 884 822 809 881 894 914 926 2e » 893 868 814 748 723 724 829 849 844 3e » 895 927 881 831 816 846 881 897 895 Mois 911 915 860 801 784 818 868 887 889 Therm. mio. Therm. max, GR met pe or hs + eye Limnimètre. : o ° ° mm p. 1re décade, — 4,44 + 1471 0,89 5,70 15,8 27,2 2e » — 2,64 + 2,46 0,70 5,81 6,5 28,0 3e » + 0,15 + 6,58 0,87 5,15 64,0 28,2 Mois — 2,23 + 3,10 0,82 5,39 85,8 27,8 Dans ce mois, l’air a été calme 1 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,78 à 1,00, La direction de la résultante de Lous les vents observés vst S, 399 7 0. et son intensité est égale à 13 sur 100. eh e-ne-pne 0 dam he sé e da F va HO y srle à 4404 à »Ù ins K Rue, ) , 4 af L h à Bu: # sd nas témmtten: Pape Ash TABLEAUX DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LES MOIS DE DÉCEMBRE 1861 ET JANVIER 1862 SAINT-BERNARD. — Janvier 4862. Baromètre. Température, C. Pluie ou neige. = Has ROSE" dE 7 Sie. Re Le ë Hauteur | Ecart avec Moyenue |Ecart avec la Hauteur moyenne de} la hauteur | Minimum. | Maximum, des température | Minimum.! |Maximum.! de la tombée dans | 24 heures. | normale. | 24 heures. normaie. neige. les 24 h. mm ram mm LU o 564,70 3,89 | 564,17 — 7,67 1,44 563,15 2,37 | 562,68 4 — 5,15 3,99 558,73 2,03 ! 6,48 | + 2,70 | 50,2 | Jours du mois _ HE Sd ES) VHoRwOs coLooce SOSORSS 551,43 9,31 —192,92 | — 3,71 553,29 7,43 — 4,88 556,19 4,51 561,64 0,96 562,40 1,74 563,91 3,27 566,09 5,47 563,87 559,43 094,15 [db] — 14,12 —15,01 bi pd DELCSOR SEXE - 5,74 11,90 2,07 - HEAR SNS) NS: VveobEk WWVowme voeu © © = © © OS DO” © 5,97 [SA — 3,42 — 9,49 —11,97 — 12,83 — 14,36 —13,69 — 15,46 —29,91 —16,31 — 8,34 —11,97 —10,78 — 8,95 — 0,57 — 2,15 7,95 JA JV . — %,01 2,31 — 6,26 3,09 — 1,38 7,99 + Où bi Qt © @ © © CG GE 5 9 549,58 548,96 502,58 Oo oo où SD © æ © © IC Di On bei bed pet bed nd pd jet bed pet nt jond pet bed DO NO QD bed bed bed 55,65 58,71 60,11 | 561,88 562,77 | 565,34 64,47 | 565,63 564,79 564,49 | 565,53 566,18 564,53 | 567,03 9,11 566,40 566,06 | 566,98 1,42 565,85 564,98 | 566,89 6,46 565,60 564,99 | 566,36 2,52 564,17 | 567,22 171 œ - LE © v © ; variable .... SO. ] ss variable 8,5 NE. .... so. SO. 10 0,6 NE. 320 26,5 NE. 360 63,5 NE. - ou TD O1 «© I @ O1 Où ù On Vvoomue © . IQDUXDOS D @ © D © © © ® © Où à O1 ON SNS XL 235 _ - : ‘ Les chiffres reufermés dans ces colonnes donnent la plus basse et la plus élevée des températures observées de 6 h. du matin à 40 h. du soir, les thermomètrographes étant hors e service. MOYENNES DU MOIS DE JANVIER 1862. Gh m. Sh.m, A10h.m. Midi. CID SC 4h.s. 6b.s #h.s. 10h.s, Baromètre, mm mm mm mm mm mm mo mm mm Jredécade, 559,70 560,11 560,47 560,13 559,95 560,13 560,22 560,52 560,59 2e _» 594,41 554,03 554,82 554,40 554,22 554,12 554,17 554,05 554,09 3e >» 562,97 563,54 563,94 563,66 563,65 563,82 564,02 564,19 Mois 559,17 559,55 559,88 559,54 559,41 559,50 559,62 554,73 -559,84 Température. re décade, — 9,27 — 9:14 — 8,96 — 8,23 — 7,90 — 8,45 — 8,32 — 8.44 — 8220 2e » 13,17 —13,19 —12,70 —11,20 —10,99 —19,58 —13,22 —13,13 —13,08 ge Dm 7,07 — 6,50 — 4,93 — 3,35 — 3,64 — SIA 2 6,05 6,49 — 6.24 Mois, + 9,15 — 9,51 — 8,74 — 77,46 — 7,37 — 8,61 = 9,09 -- 9,96 —’9/11 Therm. min. Therm. max. Clarté moy. du Ciel. Eau de pluie ou de neige. mm 1re décade, _ — 0,51 40,5 2e » - — 0,35 20,3 a? , © = ms 0,71 114,0 Gr sr re SR re Dans ce mois, l'air a 6t6 calme 21 fois sur 100. Le rapport des vents du NE à ceux du SO. a été celui de 9,54 à 1,00, La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 452E , et son intensité a égale à 73 sur 100. SAINT-BERNARD. — Déceusre 1861. | Baromètre, Températürs, C. Pluie ou neige. ET nn ua A D, 2 | Hauteur | Ecart avec Moyenue |Ecart avec la Hauteur Ean N 4 moyenne de! la hauteur | Minimum. er des température Minimum. |Maximum.f de la tombée dans Las dominant mma'e mai ige. 4h. les ? mm mm mm mm 0 LU 567,09 5,43 | 566,94 | 567, 4 3,33 3,70 567,40 5,78 | 567,15 | 567, 5,63 1,90 565,80 4,21 565,03 566 L: 6,38 0,84 | EI - nhmwmIik Howwu WvVowe BuuouI ho R OùuENE coco SOC 563,14 1,59 562 61 563,93 6,94 0,37 558,36 - 3,15 | 556,13 | 560,93 5,96 1,44 556,50 4,98 | 555,951 596,851 — 11,57 - 4,08 557,56 - 3,89 | 555,77 | 559,44 || — 3 59 3,99 564,39 2,97 | 561,94 | 566,35 || — 2,91 4,76 568,78 7,39 | 567,74 | 569,32 || — 1,83 5,92 568,03 6,67 | 567,79 | 568,61 2,55 5,28 568,26 6,93 | 567,32 | 569,12 2,15 5,16 Es 7,00 | 567,91 | 568, 2 3.33 4,66 564,X 3,63 | 564.22 | 565 5,40 2,66 267 29 6,05 | 565,2 568, we 4,11 4,02 568,6: 7,41 | 567 569,9 5,31 2,89 563,60 2,41 c 564,23 Allen: 07 565,20 4,04 565,50 3,04 5,30 598,47 2,66 555,55 562,34 522 3,09 554,80 6,31 | 553,70 | 556,15 2,98 299,54 1,04 557,90 | 560,86 3,87 563,17 2,12 560,69 563,95 1,79 562,90 1,87 562,23 563,95 0,16 562,19 1,19,| 561,28 | 562,73 3,86 563,40 2,42 | 563,12 | 563,89 4,87 563,17 2,21 | 562,78 | 563,69 3,63 562,01 1,07 | 561,34 | 563,11 0,81 565,52 4,60 | 562,91 | 566,75 198 568,80 7,90 | 567,49 | 569,68 3,94 567,45 6,97 | 566,55 | 568,53 5,38 565,85 5,00 | 565,43 | 566,25 4,04 566,33 5,50 | 566,10 | 566,83 1,52 - ot RAT SHnSme - - - X W = © © IVXCR - - - TS - VvEoo© D à © «© © =, - © & © © © = S s1WCC NE. variabl SO. NE. SO. SO. NE. NE. NE. NE. NE. ‘calme. - - _ SONDE CSOmMmOD BROSSS CC = NW © - . … - bd pod pond pd jeudi bed ent joud CD et bent pond bond jan - cccoecr coeces - SOSOC2S SCO 0© 0200 CS ESS DOC OO mO CSSS O© CN #9 éd 19 à Qt SOOSENmO OOo C© _ - | { Les chiffres renfermés dans cette culunne donnent la plus élevée des températures observées de 6 h. du main à 10 h, du soir, le thermomètre à maximum étant hors de service. SUR LE TRANSPORT DES LIQUIDES et des Corps suspendus dans les liquides PAR LE COURANT ÉLECTRIQUE PAR M. G. QUINCKE. ! Les expériences sur le transport des liquides par le cou- rant électrique (endosmose électrique, ou d’après M. du Bois-Reymond, effet cataphorique de l'électricité) n’avaient conduit à un résultat positif que lorsqu’on se servait de parois poreuses. On n’avait pas pu observer ce transport dans des tubes capillaires’. Cependant M. Wiedemann, 1 Ueber die Fortführung materieller Theilchen, etc. Annales de Poggendorff, t. CXME, p. 513. Août 1861. 2? M. Matteucci (Comptes rendus, 1. LI, p. 614, 1860. Archives, 1861 1. X, p. 180) a cherché à démontrer que le transport électrique des liquides n’est dû qu’à l'endosmose ordinaire, pro- duile par les changements électrolytiques du liquide des deux côtés du diaphragme poreux. M. Wiedemann ne partage pas celle ma- nière de voir : si la théorie de M. Matteucci était juste, un chan- gement de la direction du courant électrique ne produirail pas en même Llemps un changement de la direction du courant du li- quide au travers de la paroi poreuse ; ce changement ne se ferait qué quelque Lemps après. Ancuives. T. XIII — Mars 1862. 4% 186 SUR LE TRANSPORT DES LIQUIDES dans ses recherches sur ce sujet, avait cru pouvoir regar- der les parois poreuses comme des systèmes de tubes capillaires et n’avait vu la cause de la non-réussile des expériences que dans la quantité minime d'électricité qui passait au travers des liquides. Cetle supposition était d'autant plus vraisemblable, que M. Armstrong avait déjà observé la formation d’un filet continu d’eau sans paroi poreuse en se servant du courant d’une puissante ma- chine électrique à vapeur : en faisant communiquer, par un fil de soie mouillé, deux verres remplis d’eau, placés à une distance de 0,4 pouces l’un de Pautre et en faisant entrer le courant électrique (négatif) de la chaudière de la machine dans le premier verre, tandis que le second était en communication avec le sol, il observait un cou- rant d’eau qui passait à la surface du fil dans la direction du courant positif. Le fil de soie se mouvait en sens con- traire jusqu’à ce qu’il fût entré dans le verre positif. Alors il se produisait un arc libre d’eau entre les deux verres qui se conservait pendant quelques secondes, et même dans une expérience pendant quelques minutes. Toutefois durant tout ce temps, les quantités d’eau dans les deux verres ne changeaient guère. Des corps lé- gers, de la poussière, jetés sur la surface de l’eau accu- saient l’existence d’un double courant, dont l’un à l'ex- térieur était dirigé dans le sens du courant positif, l'au- tre à l’intérieur dans la direction contraire. Dernièrement M. Quincke a confirmé cette supposilion en montrant que le transport des liquides se fait également dans des tubes capillaires, soit par les courants d’une machine élec- trique, soit par les courants d’une pile d’une très-grande force électro-motrice , et d’après les mêmes lois que M. Wiedemann avait trouvées pour les parois poreuses. M. PAR LE COURANT ÉLECTRIQUE. 187 Quincke se servait d’un tube capillaire D (PI. I, fig. 1), dans lequel étaient soudés trois fils de platine P, P, P,. On doit choisir un tube formé d’un verre bien isolant et le nettoyer avec beaucoup de soin avant chaque expérience en y faisant passer de l’acide sulfurique, de l’acide nitri- que concentré et de l’eau bouillante. L’eau dissout avec le temps de petites quantités de verre et sa résistance diminue; pour éviter les causes d’erreur que pourrait produire celte circonstance, il faut diriger avant chaque expérience un courant d’eau distillée au travers du tube. On fixe le tube au moyen d’un bouchon dans le vase ABN et on le place dans une position légèrement inclinée ; puis on y verse de l’eau. Après avoir observé la posi- tion d'équilibre de l’eau dans le tube, on y fait passer, par deux des fils de platine P, soit la décharge d’une bou- teille de Leyde, soit le courant d’une machine électrique ordinaire. L'eau se meut alors dans le sens du courant po- sitif, et il est facile de mesurer son ascension ou sa dépres- sion au moyen d’une échelle divisée ou d’un microscope. En se servant d’une batterie de Leyde, M. Quincke a trouvé que l’ascension de l’eau est proportionnelle à la quantité d'électricité (mesurée par une bouteille de Lane), et que la durée de l’ascension en est indépendante. L’ascension est indépendante de la surface de la batterie, mais la durée est diminuée à mesure que la surface augmente. L’ascension est en outre proportionnelle à Ja longueur de la colonne liquide traversée par le courant. En diminuant la section du tube, par exemple en y in- troduisant un fil de verre, on observe une augmenta- tion rapide de l’ascension. Le rapport des sections étant 2,765 : 1, les hauteurs des liquides étaient dans le rap- port de 16,17 : 1. Cette augmentation semble être indé- 188 SUR LE TRANSPORT DES LIQUIDES pendante de la quantité et de la densité de lélectricité qui passe par le tube. Dans ces expériences il est nécessaire d'éviter un changement de la section du tube dans les endroits où la colonne liquide est terminée par un mé- nisque, ce qui pourrait produire un changement de la résistance due au frottement. La section du tube restant la même (en prenant, par exemple, un tube étroit et un autre plus large dans lequel on a introduit un fil de verre), le transport du liquide augmente avec la surface de la paroi dans une très-grande proportion. L'introduction de grandes résistances de colonnes d’eau dans le circuit, c’est-à-dire l'augmentation du temps de la décharge, fait diminuer la hauteur et la durée de l’as- cension. La durée de la décharge est également pro- longée lorsqu’on se sert de tubes pluslongs et plus étroits, en sorte qu'il n’est pas possible en employant de tels tu- bes, d’augmenter la hauteur de l’ascension au delà d’une certaine limite. L’alcool pur ou mélangé d’eau monte plus haut que l’eau; au contraire, de l’eau contenant des sels et des acides, est moins favorable à la produc- tion de ces phénomènes. M. Quincke a obtenu des résul- tats semblables en dirigeant au travers de son appareil le courant d’une pile de 40 à 80 éléments de Grove. L’é- lévation du liquide était proportionnelle à l'intensité du courant, et proportionnelle à la force électromotrice, lors- qu’on faisait varier la longueur de la colonne liquide. La force électromotrice restant la même, l'élévation était à peu près proportionnelle au carré du diamètre des tubes. Cependant lorsqu'on diminue la section des tubes en changeant la forme de la surface, l’élévation augmente d’autant plus que cette dernière devient plus grande. La nature de la substance dont les tubes sont formés a éga- PAR LE COURANT ÉLECTRIQUE. 189 lement une influence sur ce phénomène. Si l’on couvre les parois intérieures des tubes par une légère couche de gomme laque, la hauteur de l’ascension augmente. Ce- pendant dans celte expérience la couche ne doit pas s’é- tendre au delà de la colonne liquide, parce qu’en chan- geant le frottement du ménisque qui termine la colonne contre les parois, on obtient des résultats qui ne sont plus comparables entre eux. Un enduit d'argent diminue l’as- cension de l’eau. En ajoutant à l’eau 0,1 pour 100 de sel marin où 0,04 pour 100 d’acide sulfurique, on em- pêche presqu’entièrement l’ascension de l’eau. Toutes les lois énoncées jusqu'ici s'accordent complé- tement avec celles que M.Wiedemann a trouvées pour l’endosmose électrique, en supposant toutefois que la ré- sistance de la colonne liquide dans les tubes est très-con- sidérable par rapport aux autres résistances du circuit. En désignant par E la force électromotrice ; par w la ré- sistance de la colonne d’eau proportionnelle à sa lon- gueur !, on aura l'intensité du courant J ET et la hau- teur de l’ascension du liquide d’après les expériences de M. Wiedemann est exprimée par H—w J—E. Elle est donc indépendante de la résistance du liquide et pro- portionnelle à la force électromotrice. Le transport des liquides se fait aussi par les courants induits, soit au travers d’une paroi poreuse, soit dans des tubes capillaires. Les liquides jusqu'ici mentionnés suivent toujours dans leur mouvement la direction du courant positif. M. Quincke a trouvé un alcool absolu, qui se dirige dans le sens contraire. Cependant les lois du transport y restent les mêmes. En ajoutant de l’eau à cet l’alcool, on le fait rentrer dans l’état des liquides ordinaires. — Le courant 490 SUR LE TRANSPORT DES LIQUIDES exceptionnel des liquides dirigé dans le sens du cou- rant électrique négatif s’observe également, mais seule- ment pour le courant d’une machine électrique ou d’une bouteille de Leyde, lorsqu'on le fait passer au travers d’une colonne d’essence de térébenthine contenue dans un tube de verre enduit d’une couche de gomme-laque. Si cette couche est formée de soufre, l’essence se meut dans le sens du courant positif. Au travers d'un cylindre po- reux d'argile elle se meut dans la direction du courant négatif. En y faisant passer la décharge d’une bouteille de Leyde, la quantité du liquide transportée est propor- tionnelle à la quantité d'électricité déchargée. Lorsqu'on introduit dans un tube de verre un diaphragme de soufre en poudre, pressé entre deux petits morceaux de soie, l'essence s’y dirige dans le sens du courant positif de la batterie de Leyde. — Le sulfure de carbone présente la direction normale dans presque tous les tubes de verre; dans un seul échantillon le transport se faisait dans le sens du courant négatif. Le sulfure de carbone, le pé- trolène, l’éther, l’huile grasse des os, ne se transportent pas au travers d’un diaphragme d’argile. Les faits qui viennent d’être décrits sont intimement liés à un autre phénomène déjà reconnu par Reuss!, qui le premier a observé le transport électrique des liquides : nous voulons parler du mouvement de corps légers sus- pendus dans les liquides qui sont soumis à l’action du courant électrique. Reuss avait fixé dans un prisme ho- rizontal d'argile mouillée deux tubes de verre verticaux. Il y introduisait une couche de sable et les remplissait 1 Reuss, Mémoires de la Société impériale des naturalistes à Moscou, 1808, t. H, p. 332. PAR LE COURANT ÉLECTRIQUE. 191 d’eau. En plongeant dans les tubes les électrodes d’une pile voltaïque de 74 éléments, il observait le transport de l’eau dans la direction du courant positif; en même temps de petites poussières d'argile entraient dans le tube qui contenait l’électrode positif, et s’y plaçaient au-dessus du sable. L’eau dans l’autre tube restait parfaitement claire, M. Faraday ‘ a également observé un mouvement chez de petits corps suspendus dans de l’eau placée dans un tube entièrement fermé, et soumise à l’action d’un cou- rant entre deux fils de platine. La pression empéchait presque complétement le dégagement des gaz et les mouvements de l’eau qui auraient pu en être la consé- quence. M. Faraday croit pouvoir expliquer ces mou- vements par les attractions et les répulsions alterna- tives que les électrodes exercent sur ces petits corps. Dernièrement M. Heidenhain* à Breslau a fait passer le courant d’une pile de seize éléments de Grove au travers d’un morceau d’une feuille de vallisneria qu’il regardait au microscope. Les petites globules de chloro- phylle se dirigeaient contre les parois des cellules qui répondaient à l’électrode positif, même aprés que la vie de la feuille était éteinte. M. Du Bois-Reymond * a observé le même mouvement dans l’amidon des cellules des pom- mes deterre. Enfin M. Jürgensen, sous la direction de M. Heidenhain, a étudié ce même phénomène. Il a placé au- dessous du microscope une plaque de verre, sur laquelle une goutte d’eau contenant quelques petits morceaux de | Faraday, Exp. Res. Sér. XII, $ 4572 et 1605. ? Heidenhain uad Jürgensen, Reichert und Du. Bois-Rey- mond Archiv, 1860, p. 673. % Du Bois-Reymond, Monatsberichte der Berliner Akademie, 20 déc. 1860, p. 903. 192 SUR LE TRANSPORT DES LIQUIDES carmin était étendue entre deux morceaux coniques de moëlle de sureau mouillés d’eau et dans lesquels les électrodes de la pile étaient insérés. En les faisant com- muniquer avec la pile, les morceaux de carmin se diri- geaient vers l’électrode positif. L’appareïil suivant, tout semblable à celui de M. Jürgensen, permet d'observer ce phénomène en même temps que le transport électri- que des liquides. Le tube de verre, c a d de la forme représentée par la figure 2, est divisé en deux par- ties par un diaphragme poreux de plâtre ou d’ar- gile. Les fils de platine portent les électrodes g et k à l’intérieur du tube. On remplit le tube d’eau mélangée avec un peu d’amidon, et on fait passer le courant d’une pile par les électrodes. En regardant la partie plus étroite a du tube au microscope, on observe que les pe- tites particules d’amidon se transportent du côté de l’é- lectrode positif, tandis que l’eau monte dans le tube qui contient l’électrode négatif. En ajoutant des sels et des acides à l’eau, on ralentit et enfin on empêche entièrement le mouvement de l’eau et des particules. M. Quincke, qui a fait une étude plus approfondie de ces phénomènes, a observé (comme M. Armstrong) un mouvement double des corps suspendus dans l’eau. Il ajoutait à l’eau contenue dans l’appareil de la figure 1 quelques particules d’amidon ; puis il fermait l'extrémité du tube avec un bouchon de cire pour empêcher le mou- vement de l’eau, et il faisait passer le courant électrique d’une machine électrique en mettant les électrodes en communication l’un avec le conducteur et l’autre avec le frotteur. Le mouvement des particules s’observait au moyen d’un microscope. En tournant lentement le plateau de verre de la machine, les particules d’amidon situées près PAR LE COURANT ÉLECTRIQUE. 193 des parois du tube se dirigent dans le sens du courant po- sitif, tandis que les particules de lintérieur du tube se transportent dans le sens du courant négatif. Pour un mouvement plus rapide de la machine, les particules plus grandes près des parois se transportent également dans le sens du courant négatif, tandis que les particules plus pe- tites suivent encore la direction du courant positif, Enfin lorsqu'on tourne encore plus vite, toutes les particules se dirigent dans le sens du courant négatif. Des courants induits, dirigés dans le même sens, et des courants cons- tants produisent les mêmes effets. La décharge de la bat- terie de Leyde fait marcher les particules d’amidon d’a- bord dans une certaine direction, puis elles se retour: nent brusquement pour courir avec grande vitesse dans le sens opposé. Dans des tubes plus larges, il faut une intensité du courant plus grande pour faire marcher toutes les particules dans le même sens. M. Quincke a obtenu les mêmes résultats en se ser- vant de l’appareil de la figure 2, dans lequel il avait en- levé la paroi poreuse. On obtient les mêmes résultats qu'avec l’amidon, en opérant avec du noir de platine, avec des poudres de cristal de roche, de feldspath, de peroxyde de manganèse, de soufre, de gomme laque, avec des fils de soie ou de coton, du lycopodium, du papier, elc., avec de l’essence de térébenthine et du sul- fure de carbone, répandus en petits globules dans de l’eau, avec des bulles d'oxygène, d'hydrogène, d’air, de gaz oléfiant, d'acide carbonique, etc. Dans l'essence de térébenthine, la poudre de soufre se meut comme dans l’eau, dans le sens du courant négatif; tous les autres corps se dirigent dans le sens opposé. De petits globules d'essence de térébenthine se meuvent dans l’alcool or- 194 SUR LE TRANSPORT DES LIQUIDES dinaire suivant la direction du courant négatif; et en sens inverse dans cet alcool qui dans un tube de verre est transporté par le courant suivant la direction de lPé- lectricité négative. Des particules de cristal de roche se meuvent, à l’intérieur, d’un tube de verre rempli de sul- fure de carbone, dans la direction du courant positif, c’est-à-dire dans la même direction que le sulfure de carbone lui-même. En employant l’appareil de la figure 4, M. Quincke a étudié les lois de ce transport des particules dans les liquides. Un chronomètre servait à observer le temps que les particules employaient pour traverser une cer- taine distance dans le liquide, mesurée au moyen d’un microscope avec micromèêtre oculaire. On déterminait l'intensité du courant au moyen d’un galvanomètre à ai- guille astatique. La vitesse des particules est propor- tionnelle à l’intensité du courant ; elle est indépendante de la distance des électrodes et de la force électromotrice de la pile. En employant la décharge d’une batterie de Leyde, le chemin parcouru par les particules est pro- portionnel à la quantité d'électricité passant par le li- quide, et indépendant de la longueur de la colonne li- quide, ainsi que de la surface de la batterie. Il est à peine modifié, lorsqu’on prolonge la durée de la décharge en introduisant dans le circuit un tube rempli d'alcool. Les particules parviennent à la fin de leur course dans moins d’une demi-seconde. La vitesse des particules voisines des paroïs du tube est moindre que celle des particules placées au milieu ;: cependant elle est également propor- tionnelle à l'intensité du courant. Dans des tubes plus étroits le mouvement des particules est accéléré. D’après ces observations, M. Quincke croit que le liquide (eau) PAR LE COURANT ÉLECTRIQUE. 195 près des parois du tube reçoit généralement par le cou- rant une impulsion dans la direction de l'électricité posi- tive, et qu’elle retourne par le milieu du tube ; au con- traire, les particules suspendues reçoivent une impulsion dans le sens du courant négatif. Lorsque le courant est faible, l’eau entraîne dans sa propre direction les parti- cules que le courant tend à déplacer en sens contraire, près des parois ; au milieu du tube le mouvement de l’eau a la même direction que celui des particules, les deux mouvements s’ajoutent l’un à l’aûtre. Ainsi l’on observe un double courant des particules. Lorsque le courant est plus intense, la vitesse de l’eau près des parois ne s’ac- croît pas dans la même proportion à cause du frotte- ment : la vitesse des particules, toutefois, augmente pro- portionnellement à l'intensité, de manière qu’elles se meuvent plus vite dans le sens du courant négatif que Veau dans le sens du courant positif. La direction du mouvement des particules est donc la même sur toute la section du tube, dans le sens du courant négatif ; seule- ment elles marchent plus lentement près des parois. Le frottement qui s'oppose au mouvement des particules plus grandes est, relativement à leur masse, plus faible que celui des particules plus petites : il en résulte que pour de certaines intensités les premières marchent en sens inverse du courant de l’eau, tandis que ces dernié- res sont encore entraînées par l’eau. — Lorsqu'on opère avec des particules suspendues dans l’essence de téré- benthine, rien n’est changé, sauf la direction du mouve- ment. Pour expliquer ces phénomènes, on peut admettre que le liquide et les parois du tube se chargent, d’électricités 196 SUR LE TRANSPORT DES LIQUIDES contraires par leur contact : l’eau se charge d'électricité positive, la paroi d'électricité négative. De même les particules sont chargées par leur contact avec l’eau d’é- lectricité négative. Lorsqu'on fait passer un courant élec- trique au travers de l’eau, l’eau positive près des parois est attirée par l’électricité qui entre par l’électrode né- gatif, les particules négatives au contraire sont repous- sées : l’eau se meut dans le sens du courant positif, les particules dans le sens du courant négatif. — Pour mieux préciser cette explication, il faut examiner de plus près les phénomènes électriques qui accompagnent la forma- tion du courant. Sous l'influence du courant, l’électri- cité libre est répandue à la surface du liquide contenu dans le tube. Admettons que Ja distribution de cette électricité se fasse malgré l'électricité produite par le contact de l’eau et du tube. La conductibilité 4 du li- quide et la section q du tube étant les mêmes dans toute l'étendue de ce dernier, la différentielle de la fonction po- tentielle V de l'électricité libre sur chaque point à l’in- térieur du tube, reste constante et proportionnelle à l'intensité J du courant. En désignant par x la distance d’un point quelconque de l’axe du tube (supposé linéaire) à un autre point fixe de cet axe, nous avons nr Donc la force avec laquelle les molécules du liquide, chargées de l'électricité E par le contact, sont mues par le courant est égale à a C. Il s’ensuit que la vitesse du liquide est proportionnelle à l'intensité J du courant, à la force électromotrice E de son contact avec les parois du tube, et en raison inverse de la section du tube et de la con- ductibilité du liquide. Cependant, expérimentalement, la première loi seule est exacte, parce qu’en changeant le liquide et la section du tube g, on change également le PAR LE COURANT ÉLECTRIQUE. 197 frottement contre les parois du tube, c’est-à-dire la cons- tante C. — Lorsque la direction de la force électromo- trice E est renversée, le transport du liquide change également de direction. Ce transport ne se fait que près des parois, parce que c’est seulement là que l'électricité de contact est formée. Si le liquide n’est pas gêné dans son mouvement et si la section du tube est petite, toute la masse du liquide subit ce transport ; si le mouvement du liquide entier est empêché, le liquide qui près des parois est transporté dans une certaine direction, retourne par le milieu du tube dans la direction opposée. Le mouvement des particules en.suspension est repré- senté par la même formule que celui du liquide. Seulement au lieu de E, il faut mettre l'électricité E’ produite dans les particules par leur contact avec le liquide, et qui dans la plupart des cas est égale à l’électricité des parois du tube. De cette manière les particules s’avancent générale- ment dans la direction opposée à celle du liquide. Leur vi- tesse sera également proportionnelle à l'intensité du cou- rant, à la force électromotrice E’, due au contact, et à la résistance du liquide. Cependant les mêmes causes qui changent ces lois pour le transport du liquide, les font aussi varier pour le transport des particules. La force électromotrice E’ étant renversée, le mouvement des particules changera également de direction. Dans l’eau, presque tous les corps semblent se charger d'électricité négative, M. Quincke a prouvé ce fait en se servant d’un condensateur formé d’une plaque de verre recouverte de poudre de peroxyde de manganèse et d'une autre plaque de verre recouverte d’une feuille de papier imbibée d'eau. En joignant les deux plaques par un morceau de papier mouillé avec de l’eau, et en ap- 198 SUR LE TRANSPORT DES LIQUIDES, ETC. prochant la plaque du condensateur recouverte de pa- pier, d’un électroscope de Hankel, M. Quincke a démon- tré la charge positive de l’eau. — L'alcool qui par son frottement avec le verre se charge moins fortement que l’eau d'électricité positive, est transporté plus lentement que l’eau par le courant. L’essence de térébenthine, qui par le frottement se charge presque toujours d'électricité négative, est également transportée dans la direction op- posée à celle de l’eau ‘. ! Le travail de M. Quincke complète d’une manière très-pré- cise celui de M. Wiedemann. Il établit le fait important que le transport électrique des liquides a essentiellement lieu près des parois des tubes, ce qui explique pourquoi dans les tubes capil- laires ou dans les parois poreuses il n’y a pas double courant. Il constate que le sens du mouvement varie avec la nature des substances liquides et avec celle des parois solides. Quant à l'ex plicalion que l’auteur donne de ces phénomènes, nous la croyons très-hypothétique. 11 nous semble plus probable qu'ils sont dus “à la manière dont s'opère la distribution de l'électricité statique, provenant des appareils qui produisent les décharges et les cou- rants, sur. la surface extérieure des parois des tubes et dans les liquides renfermés dans ces tubes. Celle distribution doit varier avec la nature des parois el avec la nature des liquides, et pro- duire ainsi chez les particules mobiles des déplacements d'inten- silé et de sens variables. Comme preuve de celte manière de voir, qui aurait besoin, pour être mieux justifiée, de plus grands déve- loppements, nous nous bornerons à invoquer le fait de la néces- sité, pour le succès des expériences, d’une grande puissance élec- tromotrice dans la source d’électricité, d’une conductibilité très- imparfaile dans le liquide et d’une nature isolante dans la paroi solide en contact avec le liquide. A. de la R. LES GLACIERS M. le prof. John TYNDALL. The Glaciers of the Alps, being a narrative of excursions and ascents, an account of the origin and phenomena of glaciers and an expo- sition of the physical prinriples to which they are related. — Lon- don, 1860. On the Physical Phenomena of Glaciers. — Part. I. Observations on the Mer de Glace. Part. IT. On thé veined structure of glaciers ; with observations upon white ‘ice-seams, air bubbles and dirt- bands, and remarks upon glacier theories {Philosophical Transac- tions for 1859). il C’est un charmant livre que celui que M. Tyndall à publié sous le titre de The Glaciers of the Alps. Com- ment pourrait-il en être autrement? Physicien de premier ordre, plume excellente et d’une clarté parfaite, touriste aussi infatigable qu’audacieux, admirateur passionné des montagnes et de leurs poétiques beautés , l’auteur réu- nit toutes les qualités qui peuvent assurer le succès d’un ouvrage destiné à la fois aux savants et aux gens du monde. Nous regrettons vivement que la nature purement scientifique des Archives ne nous permette pas de nous arrêler aux récits pittoresques qui remplissent la pre- 200 LES GLACIERS. mière moitié de ce volume ; notre œuvre doit se limiter à l’analyse des observations de M. Tyndall sur les gla- ciers et sur quelques autres phénomènes physiques. Nous rappellerons ici que la traduction complète d’un premier mémoire de M. Tyndall, publié en commun avec M. Th. Huxley, a été insérée dans ce recueil”. Ce tra- vail nous servira de point de départ pour l’exposé des recherches faites depuis lors. Mais avant de rendre compte d’études et d’idées qui nous inspirent une grande admiration, nous nous per- mettrons de faire la part à la critique et d’adresser deux reproches à l’auteur. En premier lieu, il nous est impossible de ne pas nous prononcer contre la témérité avec laquelle il expose sa vie dans ses excursions alpestres ; il y a là plus que le courage qui fait mépriser le péril lorsqu'il s’agit d’arri- ver à la connaissance de la vérité : c’est de la passion, cette passion qui naît du danger et que les obstacles at- tisent, cette passion du chasseur de chamois qui brave cent fois la mort pour atteindre, dans les glaces et les précipices, un gibier qu’il ne suivrait pas pendant une lieue s’il le trouvait dans la plaine. Nous sommes prêts à excuser cette hardiesse exagérée si la science doit en retirer quelque profit. Ainsi que M. Tyndall aille planter des jalons à mi-bauteur d’une paroi à pic de glace sur le flanc de laquelle il s’avance en se taillant des marches avec la hache, lors même qu’un des plus hardis monta- 1 Nous espérons que quelques extraits en seront prochaine- ment publiés dans la partie littéraire de la. Bibliothèque univer- selle. 3 Voyez Archives, 1858, €. Il, p. 200. LES GLACIERS. 9201 gnards de Chamounix lui a déclaré qu’il ne fallait pas penser à le faire ; qu’au Glacier du Rhône, dans le but d'observer un cas intéressant de la structure veinée, il s’ar- - rête au bas d’un rocher surplombé par d’énormes blocs de glace qui se détachent à chaque instant, pendant qu’un guide en surveille les mouvements la lunette à la main pour Vavertir si leur chute devient imminente : nous ne lui jetterons pas trop le blâme, car il avait au moins là un but scientifique bien déterminé. Mais que dire, lorsque, sans guide, complétement seul, sans habit ni cravate, sans autres provisions qu'un sandwich et quelques gouttes de thé dans sa gourde, il part et fait l'ascension du Mont- Rose qu’il avait déjà gravi quelques jours auparavant ! On dit qu’un général en chef ne doit braver les boulets et les balles que si le gain de la bataille l’exige impé- rieusement : M. Tyndall est un général de la science, et il n’a pas le droit, si nous pouvons ainsi dire, de risquer imprudemment une vie aussi brillamment utile que la sienne. Le second reproche que nous ferons à M. Tyndall est d’une nature bien différente : nous ne trouvons pas qu'il soit parfaitement impartial à l’égard de l’un de ses de- vanciers, M. le professeur J. Forbes; il l’attaque avec une vivacité que les théories glaciaires au moins de ce dernier ne nous semblent pas légitimer suffisamment. M. Forbes, on le sait, a expliqué le mouvement des gla- ciers en comparant ces énormes masses congelées à un corps visqueux, du mortier ou du goudron par exemple, descendant le long des pentes des vallées sous l'influence de la pesanteur. Cette théorie de la viscosité ou de la plaslicité des glaciers, plus exacte évidemment qu'aucune hypothèse antérieure, est incomplète plutôt qu’elle n’est ARCHIVES. T. XII. — Mars 1862. 15 2092 LES GLACIERS. fausse. Ce que M. Forbes n’expliquait pas, c’est pourquoi la glace en grandes masses présente une analogie avec un corps visqueux, lorsque, considérée en petits frag- ments, elle ne jouit d’aucune propriété du même genre. Ainsi un prisme de glace, soumis à une traction, ne s’al- longe pas en s’amincissant : il ne peut que se rompre si la force qu’il subit est suffisante; et sous l’effort d’une pression, il ne se déformera pas sans se briser d’abord. Comme se fait-il donc qu’un glacier, c’est-à-dire un im- mense amas de glace, présente une consistance si diffé- rente de ce que l’on observe en petit? C’est à cette ques- tion qu'ont répondu les études récentes et nombreuses qui ont été faites sur le phénomène du regel et auxquelles M. Tyndall a pris une brillante part. Ce phénomène con- siste en ce que des morceaux de glace mis en contact à une température supérieure à 0° se soudent les uns aux autres. Il en résulte que si l’on prend une masse de glace, qu’on la brise en fragments, puis qu’on amène ces frag- ments en contact les uns avec les autres, ils se souderont et reformeront un seul bloc, composé de la même subs- tance que le bloc primitif, dont la forme seule aura pu changer. Par conséquent, la glace, si elle n’est pas vis- queuse, est en définitive plastique et l’on se rappelle à cet égard les belles expériences de M. Tyndall qui, en comprimant de la glace dans des moules au moyen de la presse hydraulique, parvenait à lui donner à volonté la forme qu’il désirait. La théorie de la plasticité des gla- ciers rend donc bien compte des faits, et en la proposant, M. Forbes avait fait faire un grand pas à la science ; lex- plication de cette plasticité par le regel de la glace a été un second pas, dont on ne peut méconnaître la valeur. LES GLACIERS. 203 Nous avons déjà dit que la première partie du livre de M. Tyndall est principalement consacrée au récit de ses excursions dans les Alpes ; cependant elle comprend également l’étude de quelques points de physique terrestre étrangers au phénomène des glaciers. Nous commen- cerons notre analyse en donnant des extraits presque tex- tuels de queiques-unes de ces observations accessoires. La seconde partie de l’ouvrage de M. Tyndall est ex- clusivement scientifique ; toutefois, l’auteur a eu soin de se mettre à la portée des lecteurs pour lesquels la phy- sique n’est pas un sujet familier. Il débute par une sorte de petit traité fort clair et fort bien fait sur la chaleur et la lumière ; puis il explique l’origine des glaciers en in- diquant les propriétés de la neige et de la glace ; il passe ensuite à une exposition détaillée du phénomène et de la théorie des glaciers, ea rapportant les observations de ses prédécesseurs aussi bien que les siennes. Nous lais- serons de côté dans notre compte rendu beaucoup de.ces malières qui sont connues des lecteurs des Archives, et nous chercherons seulement à faire connaître les résul- tats nouveaux, en nous servant souvent de deux mémoi- res tout à fait scientifiques que M. Tyndall à publiés dans les Transactions philosophiques. Il Couleur de l’eau et du ciel. Quelle est la cause de la coloration bleue de l’eau et du firmament ? C’est là une question qui a été souvent agitée, sans être clairement résolue. Bien que les obser- vations de M. Tyndall n’en donnent pas non plus une solution complète, elles nous ont paru présenter un vé- 204 LES GLACIERS. ritable intérêt. Voici la traduction des principaux passa- ges où elles sont consignées. «.… Le jeudi 9 juillet 1857, je me trouvais sur le lac de Genève naviguant vers Vevey. Depuis longtemps je désirais voir les eaux de ce lac célèbre dont la couleur est peut-être plus intéressante pour les savants que pour les poëtes qui l’ont chantée. On a bien souvent remarqué la profondeur de son azur, mais à ma connaissance, du moins, ce sujet n’a pas élé soumis à un examen sySté- matique. Il se peut que ce soit simplement là la couleur de l’eau pure. La glace est bleue, il est donc naturel de supposer que le liquide qui résulte de sa fusion possède la même couleur. Cependant on doit se de- mander si c’est là la seule raison de la teinte bleue du lac de Genève. Les tentatives que l’on a faites pour en trouver d’autres causes prouvent tout au moins que lon a eu des doutes sur la valeur de cette explication. « C’est seulement dans les parties profondes du lac que l’on peut apprécier sa nuance. Si l’on peut voir le fond, ce n’est plus l’effet de l’eau seule que l’on perçoit; mais lorsque l’eau est profonde, sa couleur est profonde également ; entre Rolle et Nyon par exemple, la teinte bleue est superbe. Cependant là où le bleu était le plus pro- fond, il me laissait impression du trouble (furbidity) plu- tôt que d’une profonde transparence. A la partie supérieure du lac l’eau, que le bateau à vapeur traversait, était d’un bleu vert. d «… Si j’en avais l’occasion, je tenterais à cet égard les expériences suivantes : a) Comparer les couleurs de la lumière transmise au travers de deux colonnes d’eau de quinze pieds de lon- gueur, l’une formée de l’eau du lac, l’autre d’eau obte- LES GLACIERS. 205 nue en laissant fondre de la neige fraîchement tombée sur la montagne. b) Comparer de la même manière la couleur de l’eau ordinaire du lac avec celle de la même eau soigneusement distillée. c) Examiner particulièrement si la lumière transmise par l’eau ordinaire contient un excès de rouge relative- ment à celle qui a traversé l’eau distillée. Ce dernier point, comme on le verra plus loin, présente un intérêt particulier. « … J'ai trouvé que la manière la plus commode d’exa- miner la couleur de l’eau, est la suivante : un tube d’é- tain de 15 pieds de long et de 3 pouces de diamètre, est fermé bermétiquement à ses deux extrémités par des lames de verre incolore. On le place dans une position horizontale, et on y verse de l’eau pure par un petit tube latéral jusqu’à ce que la moitié soit remplie; le tube contient alors un demi-cylindre d’eau et un demi-cylindre d’air. On dispose un écran blanc ou une feuille de papier bien éclairée à une petite distance de l’une des extrémités du tube, et l’on regarde par l’autre extrémité; on voit ainsi deux espaces semi-circulaires dont l’un provient de la lumière qui a traversé l’air, et l’autre de la lumière qui à traversé l’eau, et comme ces deux espaces sont juxtaposés, on a un terme de comparaison absolument nécessaire dans des expériences de cette nature. On trouve constamment que, tandis quelepremier demi-cercle reste blanc, le second est vivement coloré *. Quand on dirige au travers de ce tube le faisceau lumineux provenant L The Glacicrs of the Alps, p. 33. ? Dans mes expériences je n'ai jamais obtenu un bleu pur, mais seulement un bleu vert. (Note de l'auteur.) 206 LES GLACIERS. d’une lampe électrique, en disposant une lentille convexe à une distance convenable, on peut projeter sur un écran une image amplifiée de ces demi-cercles dont l’un est co- loré et l’autre incolore. En opérant ainsi, j'ai trouvé quelquefois qu'après la pluie, l’eau des conduites hydrau- liques de l’Institution royale était complétement opaque ; tandis que dans d’autres circonstances elle était d’un vert clair. Lorsqu'on examine l’eau de pompe de l’Institution, elle présente la riche couleur jaune du vin de Xérès, tandis que l’eau distillée est vert-bleu !. « .…. Il est facile de montrer que si un faisceau de lumière blanche traverse un liquide tenant en suspension des particules extrêmement petites, les courtes ondula- tions de la lumière sont plus abondamment réfléchies que les longues : le bleu, par exemple, est plus abon- damment réfléchi que le rouge. On peut, pour cette ex- périence, employer différents précipités fins; mais le meilleur est celui de Brücke. On sait que le mastic et diverses résines sont solubles dans l’alcool, et que ces matières sont précipitées, quand on en verse la solution dans l’eau. L’eau de Cologne, par exemple, produit dans ce cas un précipité blanc. Toutefois, si ce précipité est suffisamment dilué, il donne au liquide une couleur bleuâtre à la lumière réfléchie. Même lorsque le pré- cipité est très-épais et grossier et qu'il flotte sur le liquide comme une sorte de croûte, les portions infé- rieures présentent souvent une teinte bleue. Pour obtenir des particules de la dimension convenable, Brücke in- dique de dissoudre un gramme de mastic incolore dans 87 grammes d’alcool, et de verser la solution dans une 1 The Glaciers, p. 254. LES GLACIERS. 207 pipetté d’eau que l’on agite. De cette maniére on peut produire un bleu ressemblant à celui du firmament ; on le distingue mieux en plaçant un drap noir derrière le verre. Mais dans certaines positions le liquide bleu pa- raît jaune, ces positions sont celles où la lumière trans- mise parvient à l’œil. Il est évident que ce changement de couleur doit nécessairement se produire car, puisque le bleu est partiellement éliminé parce qu'il est plus abondamment réfléchi, la lumière transmise doit présen- ter plus ou moins le caractère de la couleur complémen- taire; cependant il ne s’ensuit pas que ces deux teintes doivent être exactement complémentaires l’une de l’autre. « Quand on remplit un long tube avec de l’eau claire, la couleur du liquide se reconnaît à la lumière transmise. On obtient un effêt très-intéressant lorsque, dans ce tube, lon introduit goutte à goutte une solution de mastie, et que le précipité ténu se diffuse de lui-même dans l’eau. La couleur bleu-vert du liquide est bientôt neutralisée, et on observe une couleur jaune. En ajoutant une plus grande quantité de la solution, la couleur passe du jaune à Porange, et de l'orange au rouge sang. On peut obtenir le même effet au moyen d’un vase d’un pouce et demi de largeur, contenant de l’eau dans laquelle on intro- duit la solution de mastic. Si on dirige la lumière d’une lampe électrique sur un écran blanc de manière à y for- mer un disque extrêmement brillant, on obtient en aug- mentant graduellement la quantité du précipité un chan- gement successif et frappant de la couleur de cette lu- mière , jusqu'à ce qu’elle devieune d’un rouge profond, ressemblant à la teinte du soleil vu au travers de la fu- mée de Londres. Dans le fait la fumée joue en quelque sorte le rôle de la substance ténue en supension. 208 LES GLACIERS, « ÎLest possible, par des moyens semblables, d’imiter les phénomènes de coloration du firmament. On parvient à reproduire sa teinte bleu pur, et à la faire varier comme dans la nature. Cette teinte laiteuse qui s’étend sur le cielet qui nous permet de reconnaître une différence entre deux jours sans nuage, peut être obtenue avec la plus grande facilité ; on arrive aussi à imiter la lumière jaune, orange et rouge du matin et du soir. Ces effets ont tant de res- semblance qu’il est naturel de leur attribuer une origine commune, et de supposer que les couleurs du ciel sont dues à des particules minimes, diffusées dans l’atmo- sphère. Ces particules consistent sans doute en vapeur d’eau condensée, et leurs modifications en qualité et en quantité peuvent servir à expliquer la variabilité du bleu du firmament et des teintes rouges du matin et du soir. Le professeur Forbes, en outre, a fait cette observation intéressante que la vapeur d’une locomotive, à une cer- taine période de sa condensation, est bleue ou rouge, suivant qu’on la regarde à la lumière réfléchie ou à la lumière transmise. « Ces considérations nous permettent de nous rendre compte de beaucoup de faits assez communs. Du lait en couche mince, versé sur une surface noire, paraît bleuà- tre. Cependant le lait est sans couleur, c’est-à-dire que sa teinte bleue n’est pas due à l’absorption, mais à une séparation de la lumière sous l’influence des particules suspendues dans le liquide. C’est à la même cause que l’on doit attribuer la teinte bleue du jus de diverses plan- tes. Mais l'exemple peut-être le plus curieux de ce phé- nomène, est celui de la coloration des yeux bleus ; dans ce cas il n’y a pas d'absorption proprement dite, mais nous regardons au travers d’un milieu trouble (muddy) LES GLACIERS. 209 la choroïde noire qui forme le fond de l’œil, et le milieu uous semble bleu !. « N’est-il pas probable que cette action d’une matière très-divisée peut avoir une influence sur la couleur des lacs de la Suisse, celui de Genève, par exemple. Ce lac forme simplement une expansion du fleuve le Rhône, qui prend sa source à la base du Glacier du Rhône comme l’Arveiron s'écoule de la Mer de glace. De nombreux autres courants d’eau se jettent, de droite et de gauche, dans le Rhône pendant son parcours, en lui apportant la partie la plus fine des débris de roche que les glaciers, dont ces tributaires dérivent presque tous, ont entraînés avec eux. Mais les glaciers doivent broyer ces débris en particules de toutes dimensions, et je ne puis m’empé- cher de penser que les plus ténues d’entre elles doivent rester en suspension dans le lac sur toute sa longueur. M. Faraday a montré qu’un précipité d’or peut employer des mois pour se déposer au fond d’un flacon de cinq pouces seulement de hauteur, et, selon toute probabi- lité, il faudrait des siècles de calme pour que toutes les particules contenues dans le lac de Genève en atteignis- sent le fond. Certainement il vaudrait la peine d’exami- ner si ces particules suspendues dans l'eau contribuent à produire ce magnifique azur qui a excité l’admiration de tous ceux qui l’ont vu dans des circonstances favo- rables *. Nous avons la bonne fortune de pouvoir ajouter à ces considérations la note suivante que M. le professeur Colladon a bien voulu nous permettre de publier. Elle l Helmholtz, Das Sehen des Menschen. 2 The Glaciers, p. 259. »10 LES GLACIERS. contient une observation intéressante , restée jusqu'ici inédite, et confirmant tout à fait les idées de M. Tyndall sur ce sujet. « L'eau du lac de Genève, dit M. Colladon, a une teinte bleu indigo plus marquée que celle de presque tous les autres lacs de la Suisse. « En été, quand les torrents qui s’y jettent grossissent par la fonte des neiges, cette teinte semble plus caractéri- sée. C’est surtout pour l’eau du Rhône, à sa sortie du lac, que ce phénomène de sur-coloration est sensible ; la plus grande profondeur de l’eau dans cette saison peut, sans doute, y contribuer pour quelque chose ; mais il est facile de se convaincre que cette cause n’est pas la prin- cipale, car en hiver les parties profondes n’ont pas la teinte décidée d’un bleu foncé qu’on observe en été dans toutes les parties du lit du fleuve, même celles où l’eau à une profondeur moyenne. Il est très-naturel d’ad- mettre qu’en été l’eau du lac contient plus de matières terreuses impalpables en suspension, puisqueles torrents qui s’y versent sont gonflés par la fonte des neiges et y versent un volume d’eau triple on quadruple de celui que le lac en reçoit dans la saison d'hiver. « Les travaux d’agrandissement du port de Genève, exécutés il y a quatre ou cinq ans, m’ont fourni l’occa- sion d'observer un fait qui semble prouver la puissante influence de certaines argiles en suspension pour colorer l’eau en bleu. Jai fait part à cette époque, à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, de cette ob- servation que je vais résumer. » L’eau du Rhône à sa sortie du lac coule sur un fond d’argile de couleur foncée ; elle se partage en deux bras LES GLACIERS. 211 à peu près égaux séparés par l’Île qui a été déjà rendue célèbre il y a 2000 ans par les Commentaires de César. « Pendant les travaux auxquels j'ai fait allusion, on a dragué, à quelques centaines de mêtres au-dessus de cette île, le fond glaiseux du lac, et la drague, placée tantôt près de la rive droite et tantôt près de la rive gauche, produi- sait toujours un effet très-remarquable de coloration sur l'eau du bras au-dessus duquel elle agissait. Cette eau prenait, par le simple effet du travail sur la glaise du fond qu’on extrayait, une couleur bleu indigo intense, très-légèrement louche et à fort peu près identique à celle qu’on observe en été. Tout près de là l’eau de l’autre bras qui avait coulé sur un fond de glaise non at-. taqué ou raffermi, ne présentait que la couleur vert bleu pâle que l’on remarque constamment en hiver. La con- clusion la plus naturelle de cette observation, que j'ai pu vérifier en plusieurs occasions, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, est, il me semble, celle que j'ai exposée plus haut. » III Magnétisme des roches du Gôrner-Grat et du Riffelhorn. Certaines roches qui contiennent du fer sont non-seu- lement magnétiques, mais encore aimantées. Les obser- vations de ce phénomène ne sont pas nombreuses, parti- culièrement dans les Alpes ; aussi nous n’hésitons pas à reproduire ici celles que M. Tyndall a faites sur le Gürner-Grat et le Riffelhorn, montagnes du groupe du Mont-Rose. ! « ... Je plaçaima boussole sur un bloc de rocher pour déterminer la position du glacier de Gürner, et je fus 919 LES GLACIERS. frappé du fait que les indications de mon instrument et celle du soleil étaient en désaccord complet. C'était du côté du sud, facile à reconnaître d’après la position du soleil, que se dirigeait l’extrémité nord de l’aiguille ai- mantée. Je supposai d’abord que le fabricant avait par er- reur renversé la place des lettres N et S. Mais je vis qu'en me transportant plus loin, l’aiguille de la boussole chan- geait de direction, et je reconnus immédiatement que cet effet était dû à la roche dont le Grat est formé. A cer- taines places, l’aiguille plongeait fortement ; ailleurs elle tournait subitement et accusait ainsi un changement com- plet dans la polarité. Le roc devait évidemment être con- sidéré comme un assemblage d’aimants, ou comme un grand aimant plein de points conséquents. Dans certains cas, un déplacement d’un pouce seulement suffisait pour produire un renversement de la direction de l'aiguille. En promenant la boussole entre les deux parois d’une fissure du rocher ayant environ un pied de largeur, je voyais l'aiguille se placer tantôt parallélement, tantôt per- pendiculairement à la direction de la fissure. Quelque- fois une saillie du rocher attirait la pointe nord de l'aiguille, tandis qu’une autre saillie, tout près de la premiére, at- tirait la pointe sud. L’une des extrémités d’une arête de trois pieds de longueur présentait le magnétisme nord et l’autre extrémité le magnétisme sud, tandis qu’au centre se trouvait un point neutre ; ainsi cette arête avait exactement la disposition polaire d’un barreau aimanté ordinaire. C’est au point le plus élevé du rocher que l'action paraissait être la plus intense, mais je trouvai aussi à une certaine distance au-dessous du sommet une masse dont la polarité était très-énergique. « Me souvenant que M. le professeur Forbes avait LES GLACIERS. 913 constaté un effet magnétique particulier sur le Riffelhorn, je me décidai à en faire l’ascension. Nous descendimes du Grat et nous gravimes les rochers qui forment la base du Riffelhorn ; ces rochers sont au toucher doux et savonneux à cause de la grande quantité de mica qu'ils contiennent , tandis que sur la partie la plus élevée de la montagne, la roche est dure et très-dense. Cette as- cension, assez malaisée, forme un joli spéeimen des exer- cices alpestres. Nous escaladions les parois de rocher, nous tournions les contreforts pour chercher les passa- ges praticables. À mesure que nous montions, j'obser- vais l’état magnétique des rochers; je le trouvai généra- lement peu prononcé. À d’autres égards, le Riffelhorn constitue une masse remarquable. Le glacier de Gürner s'élevait dans les temps anciens à des centaines, peut- être des milliers de pieds au-dessus de son niveau ac- tuel ; dans sa descente, il rencontrait le Riffelhorn qui le divisait en deux, de sorte que la glace s’écoulait des deux côtés de la montagne. Certaines portions des pa- rois verticales du pic ont été polies par cette action comme si elles étaient sorties des mains d’un lapidaire, et les stries sont aussi nettes et aussi fines que si elles avaient été tracées au burin. Je n’ai vu nulle part de stries aussi bien conservées : les lignes les plus légères sont aussi nettes que les plus profondes, ce qui provient sans doute de la grande densité et de la dureté de la pierre. Cette roche contient évidemment une grande quantité de fer, et près du sommet le peroxyde de fer donne à la sur- face une couleur d’un beau brun-rouge. Lorsque nous nous engageàmes complétement dans les parties d’une as- cension difficile, nous abandonnâmes nos piques, nous confiant seulement à nos pieds et à nos mains. Puis en 914 LES GLACIERS. grimpant, en glissant, en nous accrochant, en escaladant, nous atteignimes au bout de quelque temps le sommet de la montagne. « Une pile de pierres avait été élevée près du point où nous atteignimes la crête supérieure. J’examinai les blocs dont cette pile était formée, et je les trouvai fortement polaires. Les rochers ‘environnants exerçaient une action puissante sur l’aiguille aimantée qui oscillait rapidement et quelquefois se retournait brusquement quand on chan- geait légèrement la position de la boussole. Les frag- ments de rochers détachés étaient également polaires. De longues arêtes possédaient le magnétisme nord sur une longueur eonsidérable, et le magnétisme sud sur une longueur égale. Deux masses parallèles, séparées l’une de l’autre par une fissure, présentaient la même distri- bution de magnétisme. Pendant que je faisais ces obser- vations à l’une des extrémités de la crête supérieure de la montagne, Lauener, mon guide, avait atteint l’autre extrémité où se trouvaient deux ou trois de ces piles de cailloux, appelées hommes de pierre. I commençait à en démolir une ; je le hélai vivement : l’idée m'était venue que le magnétisme de la montagne avait été développé par la foudre, et je voulais examiner les points les plus exposés aux décharges de l'électricité atmosphérique ; de là, Pimportance que j’attachais à ce que mon guide ne touchât pas aux pierres. Je me dirigeai jusqu’à l’autre extrémité en examinant les rochers sur ma route. Deux proéminences délitées sous les injures dutemps, et qui paraissaient, suivant toute probabilité, recevoir quelque- fois la foudre, exerçaient une action énergique sur l’ai- guille aimantée. Une ou deux fois je descendis de quel- ques pas au-dessous de la crête supérieure, et je trouvai LES GLACIERS.: 915 que l’action des rochers était beaucoup plus faible qu’au sommet. En atteignant une autre saillie très-proéminente, je trouvai que son extrémité présentait une polarité nord bien définie, mais à une certaine distance de la pointe, il y avait un groupe de points conséquents, au milieu desquels il suffisait de déplacer la boussole de quelques pouces pour obtenir un renversement complet de l’ai- guille. « Les piles de pierres, situées à l’extrémité de la crête du côté de Zermatt, ne paraissaient pas aussi fortement polarisées que celles de l’autre extrémité qui est plus élevée ; cependant quelques points du rocher étaient for- tement magnétiques. Après avoir fait un examen complet du sommet, je descendis en examinant l’état magnétique à mesure que j’avançais. Il me parut que les proéminences saillantes étaient toujours les plus fortement magnétiques ; et même je ne me rappelle pas d’un seul cas où l’on n’ob- servât pas une forte action aux bords des terrasses dont la montagne est formée. Dans tous les cas, le rocher agissait comme le ferait un grand nombre d’aimants groupés confusément, et non pas comme si sa masse entière eût été douée d’un magnétisme unique. « Le soir du même jour j’examinai la croupe inférieure du Riffelhorn. En errant parmi les fissures et les couloirs, il semble que l’on soit dans les ruines d’un vaste château fortifié ; les précipices ressemblent à des murailles dont le poli et les stries paraissent faits de mains d'homme. Jereconnus une action polaire évidente dans quelques-uns des rocs inférieurs. Dans une même masse continue, l’ac- tion ne se manifestait quelquefois que sur un espace restreint, tandis que le reste n’exerçait aucun effet appré- ciable. Quelques-uns des fragments tombés du sommet présentaient une polarité forte et variée. 916 LES GLACIERS. « . M. Forbes, comme je l'ai déjà dit, a le premier fait mention de l’effet que le Riffelhorn produit sur l’ai- guille aimantée; mais il semble avoir supposé que la masse entière de la montagne exerce une action locale sur l'aiguille aimantée (il ne dit pas sur quelle extrémité). Pour mettre les observateurs futurs à même d’étudier cette attraction, il a pris à la boussole les directions de quelques-unes des montagnes entourant le Riffelhorn ; mais il aurait certainement trouvé des directions complé- tement différentes s’il avait changé la position de sa boussole de quelques pieds, peut-être de quelques pouces seulement. La distribution irrégulière des points consé- quents et leur proximité les uns des autres empêchent le Riffelhorn d’exercer une influence appréciable sur une aiguille éloignée, car dans ce cas, les effets des pôles lo- caux se neutralisent mutuellement. * » IV Sur un phénomène lumineux. Lorsque le soleil est sur le point d’apparaître der- rière une montagne, les arbres situés sur la crête s’il- luminent en blanc d’une’ manière très-remarquable. Ce phénomène, quoique facile à observer, n’a été que ra- rement étudié. M. Tyndall reproduit dans son ouvrage une lettre de L.-A. Necker adressée à M. Brewster sur ce sujet; comme, à notre connaissance du moins, Ces : observations n’ont pas encore été publiées en français, nous pensons qu’on en accueillera avec intérêt la tra- duction suivante ? : ; 1 The Glaciers, p. 140. 3 La mortrécentede Louis-Albert Necker, professeur à l'académie LES GLACIERS. 917 « J'arrive maintenant, dit Necker, au phénomène dont vous m’avez demandé la description, c’est-à-dire lappa- rence lumineuse des arbres, des arbrisseaux, des oi- seaux, etc., quand on les regarde du pied d’une montagne un peu avant le lever du soleil. Le désir que j'avais de revoir ce phénomène avant de tenter de le décrire, m’a déterminé à retarder ma lettre de quelques jours et à attendre un beau jour pour aller au mont Salève ; je m’y suis rendu hier, j'ai observé le fait, et pour en rendre l'intelligence plus facile, j’en ai fait un dessin dont je vous envoie une copie (Voyez PI. I, fig. 3) accompagnée d’une coupe (fig. 4), qui vous donnera, j'espère, une idée correcte du phénomène. Vous devez vous repré- senter que l’observateur est placé au pied d’une colline interposée entre lui et la place où le soleil va se lever, et que par conséquent il est complétement dans ombre ; le bord supérieur de la montagne est couvert de bois, d’arbres isolés, de buissons, se projettant en noir sur de Genève, est pour nous un motif de plus de reproduire un des travaux de ce savant si remarquable par l’exactitude de ses ob- servalions, et qui, malheureusement, avait du renoncer il y a longtemps déjà à la vie scientifique active : l'état de sa santé l’a- vait obligé à quitter Genève et à se retirer dans l’ile de Skye, une des Hébrides, où il est mort en novembre 1861. Nous ne pouvons rappeler ici les publications snr la géologie, l’histoire naturelle, la physique, par lesquelles il s'était acquis une répu- lalion justement mérilée; le Journal de Genève (28 novembre 1861), et la Revue de Zoologie (1861, n° 12), ont déjà esquissé les principaux traits de sa carrière ; la prochaine livraison des Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Ge- nève contiendra une notice plus étendue sur sa vie; enfin nous croyons savoir que M. le professeur Forbes prépare également un travail biographique sur notre compatriote qui était vivement apprécié en Écosse. l Ancuives. T, XIII. — Mars 1862. 46 218 LES GLACIERS. le ciel qui est très-brillant, excepté à la place même où le soleil va apparaître, car à cet endroit tous les ar- bres et les buissons situés sur la crête (branches, feuilles, tronc, etc.) sont entièrement d’un blanc pur et brillant ; ils paraissent éclatants et lumineux quoiqu’ils se pro- jettent sur un ciel lui-même déjà brillant et éclairé, comme c’est toujours le cas dans le voisinage du soleil. Tous les plus petits détails, les feuilles, les tiges, etc., sont délicatement dessinés, et l’on pourrait se figurer que ces arbres et ces forêts sont faits du plus pur argent avec tout le talent d’un habile artiste. Les hirondelles ou les autres oiseaux qui volent à cette place, apparaissent comme des étincelles du blanc le plus brillant. Malheu- reusement, tous les détails qui ajoutent tant à la beauté de ce splendide phénomène, ne peuvent pas être repré- sentés dans de petits dessins. « L'heure du jour à laquelle on observe, non plus que l’angle sous lequel on voit ces objets, ne paraissent avoir aucune influence sur l'effet produit. Quelquefois j'ai vu ce phénomène le matin de bonne heure: hier il . était 40 heures avant midi, quand je l’ai observé tel qu’il est représenté dans la figure 3. Je lai vu de nouveau vers heures après-midi et à différentes places de la montagne, lorsque le soleil venait de disparaître derrière elle. Dans un cas la hauteur du buisson illuminé au-des- sus de l’horizon était de 20° environ; ailleurs elle était de 15° seulement. Mais l’extension du champ d’illumina- tion est variable suivant la distance à laquelle le specta- teur en est placé. Quand l’objet, derrière lequel le soleil va apparaître ou vient de se cacher, est très-rapproché, on n’observe point cet effet. Dans le cas représenté dans les figures 3 et 4, la distance en ligne droite MT était LES GLACIERS. 919 d'environ 194 mètres ou 636 pieds anglais, Paltitude PT au-dessus du specteur était de 60 mètres, et la ligne horizontale MP menée au point de projection était de 160 mètres. « Dans ce cas de petits buissons ainsi que la moitié inférieure du tronc d’un arbre étaient illuminés en blanc, et l’espace auquel cet effet s'étendait horizontalement était relativement petit. Dans d’autres positions, lors- : que j'étais très-près de la crête au-dessus de laquelle le soleil allait apparaître, l’effet ne se produisait pas. Au contraire, lorsque j'ai été témoin de ce phénomène pour des distances plus grandes, comme cela m'est arrivé précédemment soit au mont Salève soit dans les Alpes, de larges régions de forêts , d’immenses sapins étaient en- tièrement illuminés et blancs comme j'ai cherché à le représenter dans la figure 4, et dans la coupe corres- pondante (fig. 6). Rien n’est comparable à la beauté de ces forêts de sapins qui semblent d'argent. En même temps, quoiqu'à une distance de plus de mille mètres, une grande quantité de grandes hirondelles ou mar- tinets (Cypselus alpinus) qui vivent dans ces hau- teurs, apparaissaient comme des étoiles ou des étincelles se mouvant rapidement dans les airs. D’après ces faits, il me semble évident que l’étendue des places illauminées varie proportionnellement à leur distance ; mais en même temps il doit y avoir un espace angulaire constant, cçor- respondant probablement à une zone de quelques mi- nutes ou d’un degré autour du soleil, qui limite l’éten- due de cette apparence. Cela expliquerait comment l’espace réel qu’elle occupe sur le terrain varie avec la distance relative de observateur, et pourquoi ce phé- pomène n’est pas visible dans les contrées plates où sou- vent j'ai inutilement cherché à lapercevoir. 290 LES GLACIERS. « Maintenant que vous êtes au fait des circonstances dans lesquelles il se manifeste, je ne doute pas que vous ne parveniez facilement à l’observer dans vos collines d'Écosse où des genêts et de hautes bruyères joueront le rôle de nos forêts alpestres ; je vous conseillerais d’es- sayer de placer dans la position convenable une ruche d’abeilles qui représenteraient parfaitement nos hiron- delles, nos étincelles et nos étoiles. » M. Necker, non plus que M. Tyndall, ne donne pas l'explication de ce phénomène ; nous croyons que l’on peut en rendre compte bien simplement par la réflexion des rayons lumineux. Les feuilles d’un sapin, par exem- ple, les aspérités de l’écorce et de ses branches, peu- vent être considérées comme formant une multitude de petits cylindres dirigés dans tous les sens et dont la surface réfléchit la lumière : par conséquent il doit y avoir une multitudes de rayons solaires renvoyés dans la direction de l’observateur. — L’irradiation achève de rendre lumi- neuse la totalité de l'arbre. C’est pour cette dernière rai- son que, lorsque la crête qui cache le soleil est très-rap- prochée de l'observateur, le phénomène cesse d’être visible, parce qu’alors les feuilles, les branches, etc., sous- tendent un angle trop considérable pour que la lumière réfléchie sur les bords de ces corps paraisse les envahir entièrement par irradiation. Cette illumination ne se pro- duit que sur les objets situés à une petite distance an- gulaire du soleil, parce que la substance dont ils sont formés n’est pas très-réfléchissante et que ce ne sont que les rayons rasants, ceux dont l’angle d’incidence est très-grand, qui sont régulièrement réfléchis sans que absorption en diminue trop l'intensité. — En somme, ce phénomène nous paraît être, en grand, identique à ce- LES GLACIERS. 294 lui que l’on observe lorsqu'on interpose entre une lu- mière et l’œil un corps velu, tel qu’une fourrure ou une étoffe de laine peu serrée : si l’on se place de ma- nière que la lumière soit à peine cachée, les aspérités et les poils du bord de l’objet qui sert d’écran, parais- sent blancs et éclairés dans le voisinage de la lumiére. Nous ajouterons que nous avons eu nous-même plus d’une fois l’occasion d’observer ce phénomène dans les montagnes ; il se manifeste aussi, quoique avec moins d'intensité, lorsque c’est la lune et non le soleil qui va faire son apparition derrière un bois. — La lumière de l’auréole éclatante ne nous a pas paru sensiblement po- larisée. V Sur le mouvement des glaciers. Arrivons maintenant au sujet principal des travaux de M. Tyndall, à ses recherches sur les glaciers. Nous trouvons d’abord des observations intéressantes et instructives sur le mouvement de ces immenses fleu- ves de glace. Le procédé par lequel M. Tyndall a étudié leur dépla- cement progressif ne présente pas de particularité sail- lante. On choisit sur la rive du glacier une position convenable; l’on y place un théodolite à l’aide duquel on détermine une ligne droite traversant le glacier et sur laquelle des aides vont placer une série de jalons en les enfonçant dans la glace. Au bout d’un temps plus ou moins long, on mesure le déplacement de cha- cun de ces jalons et par conséquent le mouvement des 299 LES GLACIERS. points où ils étaient plantés. — Cette opération peut être répétée sur différentes sections du glacier. En procédant ainsi ou d’une manière analogue, M. Agassiz, M. Forbes et, d’autres observateurs avaient re- connu que le mouvement est très-variable, et qu’il dépend de l’inclinaison, de la largeur du glacier, etc. [ls avaient constaté que les parties centrales s’avancent plus rapide- ment que les parties latérales, en d’autres termes que les rives du glacier exercent une influence retardatrice sur sa marche. M. Tyndall, à son tour, a déterminé le mouvement de la Mer de glace de Chamounix sur un assez grand nom- bre de lignes transversales. Ses mesures ont générale- ment confirmé les observations qui avaient été faites avant Jui; mais, de plus, il a mis en évidence un fait nouveau et important. Il consiste en ce que ce n’est pas toujours le jalon placé sur la ligne médiane du glacier, c’est-à-dire à égale distance des deux rives, qui se meut le plus rapidement : lorsque la vallée qui forme le lit du glacier est sinueuse, le point de maximum de mouve- ment s’écarte du centre, et se rapproche de la rive vers laquelle est tournée la convexité de la vallée. On observe ce fait sur la Mer de glace qui est formée, comme on le sait, de la réunion de plusieurs glaciers s’'écoulant dans une vallée sinueuse dont la direction gé- nérale est approximativement du sud au nord. En face du promontoire de Trélaporte, cette vallée s’infléchit vers l’ouest, en sorte que sa convexité est tournée du côté de l’est; en ce point la partie du glacier dont le mouvement est le plus rapide est plus rapprochée de la rive est que de la rive ouest. Plus bas, en face du pas- sage des Ponts, la vallée s’infléchit en sens inversetet LES GLACIERS. 993 le point de maximum de mouvement se trouve de l’autre côté de la ligne médiane, c’est-à-dire plus prés de la rive occidentale. Plus bas encore, vis-à-vis du Montanvert, la courbe a changé de nouveau : elle tourne sa convexité du côté de l’est, et c’est aussi de ce côté de la ligne mé- diane que l’on observe le maximum de mouvement. Citons quelques chiffres. En face du passage des Ponts le glacier a une largeur exprimée par 3925 chaînons de la chaîne qui servait aux mesures. Or, le point de dépla- cement maximum se trouve plus rapproché de 1131 chaînons dela rive ouest que de la rive est. On se rendra encore mieux compte de la nature du mouvement par l'inspection du tableau suivant, dans lequel les chiffres . placés sur chacune des lignes horizontales se rapportent à deux points correspondants, c’est-à-dire situés à égale distance l’un de la rive occidentale, l’autre de la rive orientale. OUEST. EST. (RS ne NL PE 7 à ee. PP OUR Ne du jaloy. Déplacementen #4h. : Nedujalon. Déplacement en 24 h. 17 15 pouces. 3 121/, pouces. 16 171), » 4 151), ,, » 15 221), » ù 151%.» 15 234, » j! 18 19 12 231/, » 9 1915": 2 On voit qu’en somme la moitié ouest du glacier se meut plus rapidement que la moitié est. Au contraire, sur la ligne de Trélaporte, où la largeur du glacier est de 4075 chaînons, le point de mouvement maximum est plus rapproché de 415 chaînons de la rive orientale que de la rive occidentale, et l’on a les chiffres suivants pour les points correspondants. [es LES) + LES GLACIERS. OUEST. EST. ln. USE ge EE el N° du jalon. Déplacement en 24 h. N° du jalon. L'éplacement en 24 b. 5 12?/, pouces. 14 143/, pouces. 4 15» 12 171, » 7 17), » 10 19 C’est donc ici le côté oriental dont le mouvement est le plus rapide. M. Tyndall formule de la manière suivante la loi qui découle de ces observations : Quand un glacier se meut dans une vallée sinueuse, le lieu des points de mouvement mazimum ne coincide pas avec une ligne tracée le long du centre du glacier, mais il est toujours situé du côté convexe de la ligne centrale. Il forme donc une courbe d’une plus grande sinuosité que la vallée elle-même, et il croise l'axe du glacier à chaque point de changement de cour- bure. On remarquera que cette loi est identique à celle du mouvement des rivières dans un lit sinueux. De même que les parois latérales, le fond du lit du glacier exerce aussi une action retardatrice sur le mou- vement. Ce fait avait été prévu a priori par M. Forbes, qui l’avait confirmé plus tard par ses observations. M. Martins était arrivé aussi au même résultat. Toutefois, l’on avait émis quelques doutes sur sa réalité. M. Tyndall a done soumis cette question à un nouvel examen. Ses expériences ont été faites sur une paroi de glace presque verticale, qui formait le flanc oriental du glacier du Géant, près du Tacul. Sa hauteur était de 140 pieds en- viron. M. Hirst, ami et assistant de M. Tyndall, plaça d’abord deux jalons, l’un au haut de cette paroi à pic, et l’autre en bas. Au bout de deux jours on reconnut que LES GLACIERS. 295 le jalon supérieur avait avancé de 12'/, pouces, tandis que les jalons inférieurs ne s’étaient déplacés que de 6 pouces. Mais il restait quelque incertitude sur ce der- nier chiffre, parce que la chute continuelle des pierres au fond de ce précipice rendait les mesures três-dange- reuses, et obligeait d'opérer à la hâte. M. Tyndall désirait vivement éclaircir complétement ce point, en sorte qu’il plaça lui-même trois nouveaux jalons, l’un en haut, le second au bas de la paroi et le troisième au milieu en un point où l’on ne pouvait parvenir qu’en taillant des marches dans la glace. Ce ne fut que neuf jours plus tard que le temps permit d’effectuer la mesure pour la- quelle il fallait recommencer la même périlleuse opéra- tion. On trouva les nombres suivants pour le déplacement en 24 heures, calculé d’après lè déplacement total pen- dant les neuf jours. Jalon supérieur 6,00 pouces. Jalon intermédiaire 4,59 Jalon inférieur 2,56 C’est en 1859 qu’avaient été faites les observations dont nous venons de parler. M. Tyndall fit un voyage à la Mer de glace dans l'hiver de 1859 à 1860 et il mesura de nouveau leanouvement du glacier à la fin du mois de décembre, avec une précision que les rares observations faites précédemment dans cette saison étaient bien loin d'atteindre. Sur une première ligne transversale située à 80 mé- tres environ au-dessus de l'hôtel du Montanvert, il trouva pour le maximum de déplacement en 24 heures, 15°/, pouces ; or en élé, ce déplacement atteint 30 pouces en- viron. De plus, il reeonnut que le point de maximum de 296 LES GLACIERS. mouvement se trouve, comme en été, au delà de la ligne médiane, du côté est. Les observations faites sur une seconde ligne trans- versale, à 130 mètres environ au-dessous du Montanvert, ont donné des résultats analogues. Toutefois, le maxi- mum de mouvement était de 1*/, pouce plus considéra- ble que sur la première ligne. Le glacier devait donc être dans un état de tension entre ces deux lignes, et, en effet, ou remarquait qu’il était sillonné de fissures trans- versales. Le mouvement des glaciers a été attribué à différentes causes. M. Tyndall analyse longuement les théories que l’on a proposées et particulièrement celle de la viscosité. Nous ne le suivrons pas dans cette discussion qui est déjà en grande partie connue de nos lecteurs ; nous nous bornerons à mentionner quelques observations nouvel- les qu’il donne comme preuve de la non-viscosité du glacier, c’est-à-dire de l’impossibilité d'admettre qu'il puisse céder à une tension. En premier lieu M. Tyndall a étudié, plus complétement: qu'il ne l’avait fait lors de la publication de son premier mémoire, ce qui concerne la formation des crevasses |. Ïl montre que ces fissures commencent par être excessi- vement étroites, et qu’elles s'ouvrent progressivement avec une grande lenteur. Il rapporte que se trouvant un soir avec M. Hirst sur le Glacier du Géant, ils entendirent tout à coup un son, une sorte d’explosion, dans le corps du glacier exactement au-dessous d'eux, puis une succes- sion de forts craquements accompagnés d’un bruit bas et 1 Voyez Archives, L. Il, p. 208. LES GLACIERS. 997 presque musical. La glace continua à craquer pendant une heure: mais, malgré cette preuve évidente de sa rupture, il fut impossible pendant longtemps de dé- couvrir aucune trace de fissure. Enfin le dégagement de bulles d’air à la surface dévoila la place et la direction de la crevasse rudimentaire, qui était si étroite que l’on ne pouvait y introduire la pointe d’un canif. Cette obser- vation et d’autres semblables, montrent que les crevasses se forment brusquement, mais qu’elles s’ouvrent lente- ment, ce qui ne pourrait avoir lieu si la substance du gla- cier était susceptible d'extension, c’est-à-dire si elle était visqueuse. L'examen des parties du glacier où se forment les crevasses transversales conduit à la même conclusion. M. Tyndall a déterminé avec soin la pente des différen- tes portions de la Mer de glace et de ses tributaires, et il a constaté qu’à tous les points où l’inclinaison augmente le glacier se crevasse et se brise. C’est ainsi que la glace qui est compacte jusqu’au Montanvert, en atteignant la dernière grande pente du Glacier des Bois se brise en masses confusément entassées. « Dans la figure ci-jointe, dit M. Tyndall, j'ai repré- senté l'inclinaison de cette eascade de glace et de la C A partie du glacier située au-dessus. La partie BC fait avec l'horizon un angle de 5°40', et la partie À B un angle 298 LES GLACIERS. de 22° 20°. Si l’on suppose que la glace continue à s’a- vancer, dans la direction qu’elle suivait avant d’arriver à la chute, on voit qu’au bout d’un certain temps elle at- teindrait le point d ; mais elle ne possède pas une rigidité suffisante pour que cela ait lieu, et la masse descend ene. Or, si la viscosité de la substance était la cause de la descente de B en d, on peut croire que cette pro- priété devrait permettre à la masse de descendre de d en e sans se rompre. Mais il n’en est pas ainsi, et sur la pente B A il se forme une cascade de fragments de glace. Ce fait est une preuve de plus de la non-viscosité de Ja substance.» — Il n’est, du reste, pas besoin d’un change- ment d’inclinaison aussi brusque que dans le cas qui vient d’être mentionné, pour produire la rupture de la glace; une augmentation de 5° seulement dans la pente déter- mine déjà une dislocation très-grande. Voici comment l’auteur résume cette discussion : « Deux ordres de faits attirent l’attention de l’obser- vateur qui étudie les glaciers d’une manière générale, l'un est entièrement d’accord avec l’idée de la viscosité, l’autre en opposition complète. Les partisans et les ad- versaires de la théorie de la viscosité ont peut-être été trop exclusivement frappés par l’une ou l’autre de ces classes de phénomènes. L'analyse des faits montre que là où la pression est en jeu, on a des preuves d’une vis- cosité apparente; mais que c’est tout le contraire lors- que c’est une tension qui se produit. Ces deux genres d’effet sont aussi incontestables l’un que l’autre et, par conséquent, la véritable théorie des glaciers doit rendre compte de tous les deux. : « Quand la neige tombée sur les hauteurs se mouille pour la première fois, elle devient plus grossièrement LES GLACIERS. 299 granulaire ; les granules se touchent en laissant entre eux des interstices remplis d’air et d’eau. A mesure que des couches successives viennent comprimer la masse, les granules sont de plus en plus serrés les uns contre les autres ; à leurs points de contact, il se produit des phé- nomènes de rupture et de liquéfaction, auxquels le regel succède ; l’eau et l’air sont successivement exprimés, et la masse se consolide. Quoique fortement comprimée, chaque portion intérieure de la glace est entourée de tous côtés par une masse résistante ; elle est donc forcée de céder très-graduellement à la pression, et elle se meut très-lentement le long de la vallèe d'écoulement. Jus- qu'ici, par conséquent, les apparences extérieures sont exactement les mêmes que si elles résultaient de la vis- cosité. « Mais lorsqu'une force de tension vient à s’exercer, il en est tout autrement. Il n’y a pas dans la substance cette mobilité interne qui caractérise un corps vraiment vis- queux, et qui permet à une molécule de glisser autour d'une autre sans s’en séparer, ou à une particule d’avan- cer tandis qu’une autre glisse lentement pour venir pren- dre la place de la première; donc la seule manière dont un corps de cette nature puisse céder à l’effort d’une tension, c’est la rupture, et la fissure qui se forme s'élargit tant que la force qui l’a produite continue à agir. » VI Sur lu structure veinée des glaciers. La structure veinée ou laminaire des glaciers a été souvent décrite. Elle consiste en ce que la glace dont ils 930 LES GLACIERS. sont formés, et dont la couleur est généralement blanche à cause des bulles d’air qu’elle contient, est traversée, à certaines places, par d'innombrables veines paralléles, plus limpides, plus transparentes et présentant presque toujours une belle teinte bleue. Cette constitution remarquable avait déjà été l’un des points que M. Tyndall avait particulièrement examinés dans son premier séjour sur la Mer de glace, et dans le mémoire qu'il avait publié conjointement avec M. Hux- ley !, il avait attribué, avec quelque réserve peut-être, le développement de cette structure à la pression que su- bit la glace en certaines parties de son cours. — La cons- titution laminaire du glacier présente en effet une ana- logie évidente avec le clivage des roches schisteuses qui a dû son origine à une compression énergique. M. Tyn- dall avait montré de plus, dans un mémoire sur les pro- priétés physiques de la glace ?, qu’un cylindre de glace soumis à une forte pression entre deux planchettes en bois dur prend une structure laminaire perpendiculaire à la direction de la force qu’il subit. D’autres corps, tels que la cire blanche, présentent la même propriété. Or, dans ses observations sur la Mer de glace, l’auteur avait trouvé que les veines du glacier étaient aussi constam- ment dirigées à angle droit avec la ligne suivant laquelle s'exerce la pression. Toutefois, M. Tyndall ne se sentait pas convaincu par l'étude détaillée d’un seul groupe de glaciers ; ilse décida donc à entreprendre, dans l’année 1858, une excursion plus étendue. Il visita successivement les glaciers de Grin- L Voy. Archives, t. IT, 1858, p. 210 et suivantes. 2 Voy. Archives, L. 1, 1858, p. 9. LES GLACIERS. 931 delwald, de l’Aar, du Rhône, de lAletsch, du Mont- Rose et du Mont-Blanc. Nous ne pouvons rapporter ici toutes ses observations qui montrent l’accord le plus frappant entre les faits et la théorie par laquelle‘il les explique : partout où la structure veinée se manifeste, c’est que la glace a subi une pression, et partout la di- rection de la structure est perpendiculaire à la pression. Citons un seul exemple, celui du Glacier inférieur de Grindelwald. Si l’on s’avance sur ce glacier, au point de jonction des tributaires qui descendent de la Strahleck et des Vies- cherhürner, on arrive à un point où une cascade de glace empêche d’aller plus avant ; mais en gravissant le flanc de la montagne, on atteint une position dominante d’où l’on peut très-bien se rendre compte de la structure veinée et de son origine, Le glacier, en descendant du névé qui l’alimente, parvient au sommet de la cascade et traverse, en sebrisant, ce point où son inclinaison change brusque- ment. [| continue à descendre sous la forme de blocs entassés séparés par des crevasses. À mesure qu’il ap- proche de la base de la pente, les angles saillants de ces masses disloquées paraissent s’effacer, et un peu au-des- sous du pied de la cascade, ils dégénérent en protubé- rances arrondies qui forment des courbes sur le glacier. Au milieu de la cascade, on n’aperçoit pas trace de struc- ture veinée ; au bas de la chute, elle commence à appa- raître ; elle devient de plus en plus prononcée, et finale- ment, à une petite distance au-dessous, l’œil distingue facilement cette structure qui se manifeste à la surface par des rainures transversales à la direction du glacier et qui se retrouve également avec la plus grande netteté dans les portions intérieures situées au-dessous de la 92392 LES GLACIERS. surface. — Que se passe-t-il dans cette grande expérience naturelle? La glace au bas de la cascade a à supporter tout le poids de la masse descendante, et de plus comme le glacier change brusquement d’inclinaison, sa partie supérieure doit nécessairement être soumise à une forte compression qui s'exerce dans la direction même de son mouvement: l’écrasement des protubérances, la dispa- rition des vides qui séparaient les blocs, sont un effet évident de cette force puissante. Or, c’est exactement à la place où elle l’exerce que la structure prend naissance, et que le glacier se stratifie, le plan des lames étant à angle droit avec la direction dela compression. Cette structure, une fois développée, se conserve dans les parties infé- rieures. Dans le cas que nous venons de mentionner, la struc- ture est transversale parce que la pression qui l’a pro- duite est longitudinale. Mais si un accident dans la forme de la vallée, la rencontre de deux tributaires, ou toute autre cause, détermine une compression dans une direc- tion différente, la structure se manifeste encore, seule- ment elle n’est plus transversale au glacier, elle est per- pendiculaire à la force productrice. Les observations de M. Tyndall sont si multipliées qu'il ne peut guère rester de doute à l'égard de sa théo- rie, surtout si l’on tient compte du fait que la structure, une fois produite, se maintient et persiste dans la glace, tant qu’une nouvelle compression énergique ne vient pas la modifier. On a tenté de donner d’autres explications de cette constitution laminaire; on avait avancé, par exemple, que les veines de glace limpide provenaient de ce que les LES GLACIERS. 9233 fissures du glacier se remplissaient d’eau qui se gelait en hiver. On à pu voir dans le premier mémoire de M. Tyndall que cette théorie n’est pas conforme aux faits *. M. Forbes, qui l'avait admise d’abord, l’a abandonnée plus tard. Une autre explication que l’on a proposée et qui, à première vue, se présente naturellement à l’esprit, con- siste à admettre que cette structure est une véritable stralification, c’est-à-dire qu’elle est due au dépôt succes- sif des couches primitives de neige sur les hauts plateaux, et que cette stratification persiste et continue à se mani- fester jusqu'à la base des glaciers. M. John Ball a soutenu récemment cette manière de voir. Or les arguments que M. Tyndall donne contre son exac- titude paraissent tout à fait décisifs. L'apparence géné- rale de la structure veinée, le fait qu’elle se produit sur- tout après une cascade du glacier, sont déjà bien diffi- ciles à concilier avec l'hypothèse de la strahfication. Mais voici des preuves encore plus convaincantes. En premier lieu, si l’on prend le Glacier du Géant comme exemple, on observe que dans les pentes du Col du Géant la neige est stratifiée horizontalement, c’est-à- dire que l’on reconnaît visiblement, dans les fissures, les couches superposées correspondant à diverses chutes de neige. On peut suivre les traces de cette constitution jusqu’au sommet de la grande cascade de glace entre le Rognon et lAïguille noire, et les masses ou les blocs, que l’on appelle séracs, sont encore nettement stratifiés horizontalement. Au-dessous de la chute, la structure la- minaire est évidente, et sur toute la longueur du glacier l Voy. Archives, 1858, 1. I, p. 212°et suivantes. Arcuives. T. XIIL. — Mars 1862. 17 234 LES GLACIERS. elle est très-approximativement verticale. Comment sup- poser que les couches qui étaient horizontales au haut de la cascade, se trouvent disposées après leur chute et après leur dislocation, de manière à être régulièrement et partout verticales ? En second lieu M. Tyndall a trouvé des exemples de masse de glaces où l’on pouvait distinguer à la fois les traces de la stratification et de la structure laminaire, for- mant entre elles un angle considérable. Les figures 7 et 8 représentent des cas de ce genre. On a aussi cherché à expliquer le phénomène dont nous nous occupons, par la différence de mouvement des diverses portions du glacier, différence qui doit produire un glissement des particules les unes sur les autres; la structure laminaire serait le résultat ou la trace de ce glissement. Le fait que la structure est, en général, mieux développée près des bords du glacier, c’est-à-dire dans les points où la différence de mouvement des cou- ches adjacentes est la plus grande, a sans doute donné la première idée de cette théorie. Mais si elle était exacte la direction des veines devrait être parallèle ‘aux rives du glacier ; au contraire on observe qu’elle est généra- lement oblique !, et quoique l’on ait fait des tentatives pour en rendre compte, on ne comprend pas pourquoi les veines S’élendent en coupant les lignes de maximum de glissement. On ne peut admettre l’analogie que lon a cherché à établir entre cette direction oblique de la struc- ture et la direction oblique des vagues produites sur 1 La structure qui est presque toujours transversale lors de sa formation au bas d’une cascade, devient oblique aux rives du gla- cier à cause du mouvement plus rapide du centre. LES GLACIERS. 935 une rivière par les aspérités des bords, car ce dernier phénomène est une conséquence de la propriété que pos- sède l'eau de propager des ondes, propriété dont il est impossible d'admettre l’existence chez la glace. En résumé la théorie de la pression comme cause pro- ductrice de la structure veinée, nous paraît satisfaisante. Elle est conforme aux expériences faites sur de petits échantillons aussi bien qu’à l’observation des glaciers naturels. Nous rencontrerons au reste tout à l’heure quelques preuves nouvelles de son exactitude. — Quant à la manière dont on peut concevoir qu’une compression énergique détermine la lamination ou le elivage de la masse qui lui est soumise, nous n’y reviendrons pas ici, et pous renverrons nos lecteurs aux mémoires que nous avons déjà souvent cités '. VII Sur les sutures de glace blanche. M. Tyndall a observé, particulièrement sur le Glacier du Géant, un système remarquable de bandes s'étendant transversalement au glacier et parallèlement à la struc- ture veinée ; il leur donne le nom de sutures de glace blanche (white ice-seams). Ces bandes, en effet, sont formées d’une glace blanche, dure, et plus résistante que le reste de la masse: dans certains cas elles s'élèvent de trois ou quatre pieds au-dessus de la surface du gla- cier ; elles pénètrent dans son intérieur à une profondeur hmitée. La figure 9 représente les sections de deux de l'Archives, 1858, 1. 1, p.9 ; t. I, p. 215. 936 LES GLACIERS. ces veines, qui avaient environ 15 pieds de profondeur, et qui ont été observées sur la paroi d’une crevasse. M. Tyndall est parvenu à découvrir l’origine de ces sutures : elles proviennent de l’accumulation de neige dans les canaux que les eaux se sont formés en été à la surface du glacier. Au-dessous des cascades du Ta- lèfre et du Rognon, on remarque que la surface du gla- cier est ondulée, et sur les parois des crevasses on peut reconnaître que la structure veinée est influencée par ces rides. Quelques sections de ces ondulations sont repré- sentées dans les figures 40 à 43 où les hachures in- diquent la direction de la structure : on voit qu’elle est toujours sensiblement normale à la surface. La figure 13 représente la section longitudinale d’une portion du gla- cier où ces rides étaient très-marquées; dans chacune des parties déprimées, on observait une suture de glace blan- che aa qui coupait la continuité de la structure. C’est, en effet, le long de ces petites vallées existant entre deux rides adjacentes, que s’écoule l’eau provenant de la fu- sion de la surface, et les ruisseaux se creusent à cette place de profonds canaux, dont l’apparence et la forme sont tout à fait semblables à celles des sutures de glace blanche. I] était donc naturel de supposer que ces dernières proviennent de la neige accumulée en hiver dans ces canaux et convertie en glace par la pression et une fusion partielle. — Un examen très-détaillé a com- plétement confirmé cette hypothèse. Le Glacier du Géant est dans toute sa longueur sou- mis à une compression longitudinale, c’est ce qui est démontré par les mesures de son mouvement à diffé- rentes places. Il en résulte que la neige qui se trouve accumulée dans ces fissures creusées par l’écoulement de LES GLACIERS. 937 l'eau, setrouve, pour ainsidire, entre les deux mâchoires d'un grand étau de glace. Or un fait très-intéressant et qui donne une preuve très-forte à l'appui de la théorie de M. Tyndall sur la structure veinée, c'est que la glace dont les sutures sont formées, même au centre du gla- cier, présente cette constitution de la manière la plus : marquée. Il est évident que là ce n’est ni une stratifica- tion antérieure, ni un glissement des particules les unes sur les autres qui peut avoir déterminé la structure. La formation de ces ondulations entre lesquelles se trouvent les sutures de glace blanche, la direction sur- tout des veines dans les sections de ces rides, accusent aussi des différences de déplacement dans les diverses parties du glacier ; de sorte qu’un mouvement local peut se Superposer au mouvement général de la masse. VII Sur les peliles cavités que présente la glace des glaciers. La glace des glaciers contient de petites cavités, ou de petites bulles qui, en général, sont aplaties et non pas sphériques. D’après M. Agassiz, dans les parties su- périeures et voisines des névés les bulles sont rondes ; mais elles se dépriment successivement, et dans les par- ies inférieures du glacier elles sont si plates que, lors- qu’on les regarde de profil, elles pourraient être prises pour des fissures. De plus, ces cavités ne sont point apla- ties dans une direction unique ou en rapport avec la structure veinée. M. Ball, attribuant cet aplatissement des bulles à un effet de compression, en a tiré un argument contre la théorie par laquelle M. Tyndall explique la constitution laminaire. 258 LES GLACIERS. Mais M. Tyndall n’admet pas que cette forme pro- vienne de la pression. Dans son mémoire sur les pro- priétés physiques de la glace ?, il avait étudié d’une ma- nière particulière les cavités remplies d'air ou d’eau que l’on observe dans la glace; il avait montré qu’en diri- geant un rayon solaire, rendu convergent par une lentille, sur un bloc de glace ordinaire, celle-ci se fond sous l’in- fluence de la chaleur rayonnante en une multitude de points intérieurs, el que l’eau résultant de cette fusion n’affecte pas la forme d’un globule, mais celle d’une fleur à six pétales (Voyez fig. 14). Ces fleurs se forment toujours dans des plans parallèles à la surface de congélation. En même temps, comme l’eau occupe un volume moindre que la glace, il se forme un petit espace vide dans chaque fleur. Si l’action du rayon solaire se prolonge, les fleurs s'étendent et forment à l’intérieur de la masse de petits disques liquides qui apparaissent comme des lignes fines si on les regarde de profil. Il résulte de ces expé- riences que la glace fond plus facilement dans les plans parallèles à la surface de congélation. Si une bulle d’air est contenue dans la glace, sous l’in- fluence de la chaleur rayonnante, la fusion se produit sur les parois concaves de cetie bulle; mais comme la liquéfaction est plus facile dans le plan de congéla- tion, la bulle originairement sphérique tend à prendre uné forme lenticulaire ou à s’aplatir. Ces observations ont été faites sur la glace ordinaire des lacs ou des étangs. Dans un glacier il n’y a pas de plan de congélation défini et constant pour une portion un peu considérable de sa masse qui peut être comparée 1 Voyez Archives 1858, L. I, p. d. LES GLACIERS. 9239 à de la glace ordinaire concassée en petits fragments res- soudés ensuite par regel et pression. Dans un bloc de cette nature on ne distingue pas à première vue les frag- ments primitifs dont il est formé; mais si l’on y déve- loppe des cavités à l’aide d’une lentille, elles se produi- ront, dans chaque fragment, parallèlement à la surface originaire de congélation. Or la glace des glaciers, qui a été longtemps soumise à l’action des rayons solaires, présente tout à fait cette apparence. La figure 15 représente un morceau de glace où la structure veinée était nettement développée parallé- lement à la ligne AB, et l’on voit que les bulles aplaties sont inclinées sur cette ligne à différents angles et à dif- férents azimuths. La plus grande partie de ces cavités ne contiennent pas d’air, mais seulement de l’eau avec un petit espace vide ; c’est ce dont il est facile de s’assurer en fondant la glace dans de l’eau chaude. Et en dirigeant sur un morceau semblable un rayon solaire à l’aide d’une lentille, on voit se former sur son passage des fleurs parallèles aux disques déjà existants. — A côté de ces cavités vides, il y en a d’autres qui contiennent de Vair et de l’eau et qui sont aplaties dans les mêmes plans. Ainsi ce n’est pas du tout la pression qui est la cause de ce phénomène : il dépend entièrement des plans pri- mitifs de congélation ou de cristallisation, et de l’action de la chaleur solaire. IX Résumé. M. Tyndall termine son ouvrage par un sommaire dans lequel il récapitule et il condense les résultats des ob- 9240 LES GLACIERS. servations qui ont été faites sur les glaciers ainsi que les principaux points de la théorie de ce phénomène. Au ris- que detomber dans quelques redites, nous allons donner la traduction de ce résumé ; elle servira à combler en partie les lacunes que présentent les pages précédentes pour ceux de nos lecteurs surtout qui n’ont pas sous les yeux les articles antérieurs auxquels nous avons si sou- vent fait allusion. 4. Les glaciers proviennent de la neige des montagnes qui à été convertie en glace par la pression. ‘ 2. L'expérience a démontré que l’on peut par la pres- sion faire passer la neige à l’état de glace. 3. À mesure que la masse devient plus compacte, sa fa- culté de céder à la pression va en diminuant; mais cette faculté ne disparaît pas complétement, même lorsque la matière a acquis un état de consolidation tel qu’on puisse la désigner par le nom de glace. 4. Quand une épaisseur suffisante de cette substance est rassemblée à la surface du sol, les portions inférieures sont comprimées par le poids des parties supérieures. Si la masse repose sur une pente, elle cédera principale- ment dans la direction de la pente, et elle se mouvra en descendant. 5. En outre, la masse entière glisse d’une seule pièce le long de son lit incliné, et laisse des marques de ce glis- sement chez les rochers sur lesquels elle passe : elle use leurs aspérités, et trace à leur surface des rainures et des stries dans la direction du mouvement. 6. De cette manière le dépôt de neige, consolidée ou non, qui couvre les parties les plus élevées des hautes LES GLACIERS. 241 montagnes descend lentement par les vallées adjacentes, où elle forme de véritables glaciers qui se meuvent en partie par glissement, en partie par suite de la plasticité (yielding) de la masse elle-même. 7. Si plusieurs de ces vallées se réunissent en une seule, les glaciers tributaires qu’elles contiennent se réunissent aussi de manière à former un seul tronc. 8. La vallée principale, comme les vallées tributaires, sont souvent sinueuses, et les glaciers qui remplissent ces dernières doivent changer de direction pour former le tronc inférieur ; la largeur de la vallée varie souvent. Le glacier est forcé de passer par des gorges étroites, et de s’élargir après qu’il les a traversées. Le centre du glacier se meut plus rapidement que les bords, et la surface plus rapidement que le fond. Les points où le mouvement est le plus rapide sont distribués suivant une loi semblable à celle que l’on à reconnue pour le cours des rivières ; ils se déplacent d’un côté du centre ou de l’autre, suivant les changements de courbure de la vallée. 9. Ces effets divers peuvent être reproduits expéri- mentalement sur de petites masses de glace. Cette subs- tance peut se mouler en forme de vases ou de statueltes, et l’on peut courber un barreau droit de glace de ma- nière à le convertir en un anneau, ou même en un nœud, 10. La glace susceptible de se mouler ainsi, est, en pratique, incapable de subir un allongement. La condi- tion essentielle pour réussir à lui faire changer de forme, c’est de maintenir en contact les particules de la glace sur laquelle on opère, de manière que de nouvelles sou- dures puissent s'établir à la place des anciennes. 41. Plus la température de la glace est rapprochée de son point de fusion, plus il est facile d’obtenir ces ré- 249 LES GLACIERS. sultats ; quand la glace est à plusieurs degrés au-des- sous de son point de liquéfaction, elle se brise en une poudre blanche sous l’effort d’une pression, et elle n’est plus susceptible de se mouler. 12. À 0° C. deux morceaux de glace, dont les surfaces sont humides se soudent l’un à l’autre s’ils sont mis en contact, et ne forment plus qu’une seule masse rigide ; c’est cette propriété qui constitue le regel. 13. Quand de la glace comprimée se brise en un point, la continuité de la masse est rétablie par le regel des nouvelles surfaces contiguës. C’est aussi le regel qui permet à deux glaciers tributaires de se réuair et de se souder pour former un tronc; c’est de la même manière encore que les crevasses se forment et se rejoignent, et que la dislocation d’un glacier dans une cascade peut disparaître au delà. Cette propriété s’étend aux moin- dres particules de la masse, et elle explique la compacité continue de la glace pendant la descente du glacier. 14. La viscosité est une propriété que la glace des glaciers ne présente réellement pas ; car si les phéno- mèênes qui se produisent sous l'influence d’une pression peuvent donner l’idée de son existence, lanalogie avec un corps visqueux disparaît complétement lorsqu'une tension est mise en jeu. Quand le glacier est soumis à une force de traction, il y cède par rupture et non par ex- tension ; telle est l’origine des crevasses. 15. Les crevasses sont produites par les tensions mé- caniques que subit le glacier. On peut les classer en cre- vasses marginales, transversales et longitudinales; les premières résultent d’une traction oblique provenant du mouvement plus rapide des parties les plus centrales; les secondes, du passage du glacier au sommet d’une pente LES GLACIERS. 243 plus rapide; les dernières, d’une pression par derrière, jointe à une résistance par devant, qui force la masse à se partager à angle droit sur la direction de la pres- SiOD. 16. Les moulins sont formés par de profondes fis- sures coupant les ruisseaux qui courent sur le glacier. L'eau en s’écoulant dans ces fissures agrandit son passage dont la largeur atteint quelquefois plusieurs pieds, et la profondeur plusieurs centaines de pieds ; le. ruisseau tombe en cataracte avec un bruit pareil à celui du ton- nerre. L'affluence de l’eau dans les moulins est périodi- quement interrompue par de nouvelles fissures où se reforment de nouveaux moulins. 17. Les moraines latérales sont formées par les dé- bris que le glacier transporte le long de ses bords; les moraines médianes qui se trouvent sur un glacier, pro- viennent de l’union des moraines latérales de deux gla- ciers tributaires; les moraines terminales sont pro- duites par les débris charriés par le glacier et déposés au point où d se termine. Le nombre des moraines mé- dianes d’un glacier est toujours égal au nombre des tri- butaires qui l’ont formé, diminué d’une unité. 18. Quand de la glace ordinaire formée à la surface d’un lac est traversée par un rayon solaire intense, elle se liquéfie, de sorte qu'il se forme à l’intérieur de la masse des figures en forme de fleurs; chaque fleur est compo- sée de six pétales avec un espace vide au centre; Îles fleurs se forment toujours parallèlement aux plans de congélation et dépendent de la cristallisation de la subs- tance. 19. Les rayons solaires produisent aussi dans la glace des glaciers d'innombrables disques liquides, avec un 944 LES GLACIERS. espace vide. Ces cavités vides ont jusqu'ici été considé- rées à tort comme des bulles d’air, et leur forme apla- tie a été faussement regardée comme résultant d’une pression. 20. Ces disques sont des indices de la constitution intime de la glace des glaciers, et ils nous montrent qu’elle est composée d’un agrégat de fragments dont les sur- faces de cristallisation sont disposées dans tous les plans possibles. 21. Il y a aussi dans la glace des glaciers d’innom- brables alvéoles contenant de l’eau et de l’air; ces ca- vités se rencontrent également dans la glace des lacs. Dans ce dernier cas, elles sont dues à la fusion de la glace en contact avec la bulle d’air. I] manque d’expé- riences faites à ce point de vue sur la glace des gla- ciers. 22. La fusion de la glace sur une surface libre, qu’elle soit intérieure ou extérieure, s'opère plus facilement qu’au centre d’une masse compacte. Le mouvement, que nous appelons chaleur, est moins gêné sur une surface libre, et il fait sortir les molécules de leur état solide plus vite que si les atomes sont entourés de toute part par d’autres atomes qui empêchent le mouve- ment moléculaire. Le regel est un effet inverse du pré- cédent, car le contact de deux masses de glace rend centrales les portions de la masse qui étaient précédem- ment superficielles. 23. Les bandes boueuses prennent leur origine dans les cascades de glace. Le glacier, en les traversant, se brise dans une direction transversale; il se forme des saillies séparées par des espaces vides; ces fissures deviennent le réceptacle des petits débris répandus sur LES GLACIERS. 9245 le glacier, et lorsque les saillies ont disparu par fusion, la boue reste à la surface en y formant des traînées suc- cessives. 24. La glace d’un grand nombre de glaciers présente une constitution laminaire, et lorsqu'elle a subi l'injure du temps, elle peut être clivée en lames minces. Dans la glace intérieure, cette disposition se manifeste par des strates bleues qui s'étendent dans la masse blanchâtre du glacier; ces veines bleues sont les portions de la glace dont les bulles d’air ont été plus complétement ex- pulsées. C’est là ce qui constitue la structure veinée de la glace. On distingue les structures marginale, transver- sale et longitudinale, que l’on peut regarder comme des effets inverses des crevasses marginales, transversales et longitudinales. Ces dernières résultent d’une tension, tandis que les différentes classes de structures sont pro- duites par pression s’exerçant de diverses manières. En premier lieu, la pression agit sur la glace comme sur les roches qui présentent la stratification spéciale que Pon nomme clivage. En second lieu, elle produit une liquéfaction partielle de la glace: les espaces liquides, ainsi engendrés, facilitent le dégagement de l’air hors du glacier; puis, quand la pression cesse d’agir, l’eau formée se regèle et concourt à la formation des veines bleues. L. SORET. BULLETIN SCIENTIFIQUE. ASTRONOMIE. C. BRUHNS. BEOBACHTUNG DER TOTALEN SONNENFINSTERNISS, elc. OBSERVATION DE L'ÉCLIPSE TOTALE DE SOLEIL, DU Â8 JUILLET 4860, À TarazoNA (ESPAGNE). (Extrait des Comptes rendus de l’Académie royale des sciences de Saxe. Séance du 12 dé- cembre 1860.) « Cherchons à décider si les protubérances ne sont que des ap- parences opliques ou si elles sont parties intégrantes du soleil. « La protubérance T paraît surtout importante à examiner à cet égard, tant à cause de la longue durée de sa visibilité que de la persistance de sa grandeur et de sa forme. Celte protubérance apparut deux minutes avant le commencement de la phase de totalité de l’éclipse au-dessus de la corne septentrionale du crois- sant lumineux, et ne fut atteinte de nouveau par lui que 8 !/, mi- nutes après la fin de cette phase. D’après un calcul aisé à exécuter, 2 minutes avant la totalité, la pointe supérieure du croissant avail un angle de position de 48°,8, rapporté au centre de la lune. Immédiatement à côté, parut la protubérance dont j'estime la base d'une largeur de 4 1}, à 2 minutes; prenons 4 3/, min. et soit 4’ la distance de la pointe du croissant jusqu’au commen- cement de la protubérance ; le rayon de la lune étant à cet ins- tant de 16,53, l’angle de position de la pointe du croissant jus- qu’au milieu de la protubérance devra être diminué, pour 1’ 7}, de 6°,5. | « Dès lors, nous obtenons pour l'angle de position du milieu ASTRONOMIE. 947 de la protubérance, à 2 h. 48%,4, temps vrai de Tarazona : 489,8 — 6°,5 — 429,3. «8,3 minutes après la fin de l’éclipse totale, la même corne du croissant formait au centre de la lune un angle de position de 12°9. D'après l'observation, la protubérance touchait le croissant lumineux ; si nous comptons de nouveau 7/4 de minule de distance jusqu’à son milieu, ou 5°,1 en angle de position, à 3 h. 2",1, temps vrai de Tarazona, l'angle de position du milieu de la pro- tubérance se trouve de 12°,9 + 3°,1 == 16°,0. « En 15,7 minutes de temps, l'angle de position de la protubé- rance au ceutre de la lune se trouve donc avoir changé de 2693, « Si nous recherchons les grandeurs de l'angle de position au centre du soleil à ces deux instants, pour les points situés à 48°,8 et 12°,9 d'angle de position au centre de la lune, nous trouvons les valeurs 43°,4 et 52°,5. Les distances de 1° 7}, avant et 7/3 après, avec un demi-diamètre du soleil égal à 15,75, donnent des différences de 6°,8 et 3°,2, en sorte que les angles de po- silion au centre du soleil étaient : à 2 h. 48%,4, temps vrai de Tarazona, de 36°,6, etàa 3h. 2,1, id. de 39°,5. « Celle concordance est aussi approchée qu’on peut la désirer ; 1/, de minute d'erreur d’estimalion dans la grandeur de la protu- bérance, où dans son écartement de la pointe de la corne, la rendrait complète. ” « Dans un intervalle de tmps de près de 14 minutes, la protu- bérance F n’a donc pas changé d'angle de position au centre du soleil, pendant que cet angle au centre de la lune a diminué de 26°. La protubérance formait avec le centre du soleil un angle de position de 36° ; le cercle de déclinaison sur lequel se mouvait la lune en formait un de 117° ; l'angle de position au centre du soleil de la protubérance avec la direction du mouvement était donc de 819; la protubérance ne devait, par conséquent, pas beaucoup varier de dimension peudant le temps de sa visibilité, ce qui, d'ailleurs, concorde avec l'observation. Je crois donc 248 BULLETIN SCIENTIFIQUE. pouvoir affirmer avec certitude que cette observation de la protu- bérance I parle en faveur de la réalité de l'existence des protu- bérances comme faisant partie du soleil, et contre l'hypothèse optique. « L’argument principal invoqué en faveur de cette dernière hypothèse est fondé sur le fait que la rapidité de la disparition des protubérances ne peut pas cadrer avec le mouvement de la lune venant à les recouvrir. Peut-être une autre explication de ce fait est-elle plausible. Je ferai observer, en effet, que, aussitôt après le commencement de la phase de totalité, je vis la bordure rouge du côté oriental de la lune augmenter considérablement de dimension et d'éclat en un très-pelit nombre de secondes. Ce phénomène me paraît pouvoir être expliqué par la disparition des rayons solaires infléchis au bord de la lune et par l’accroisse- ment rapide de l'obscurité. « En revanche, je ne tiens point pour impossible que les ex- trémités des protubérances ne disparaissent plus vite qu'elles ne le devraient d’après les mesures comparées au caléul, lorsque la lune par son mouvement a recouvert la partie inférieure, plus large, de leur contour ; peut-être parce que ces extrémités ne se laissent plus bien discerner du fond clair formé autour d’elles par la couronne lumineuse. « Je ne puis pas davantage voir une preuve de la justesse de l'hypothèse optique dans la diversité des observations, et surtout dans les dissemblances de formes et de grandeurs observées. Il n’est pas douteux que les protubérances ne subissent de cons- tants changements par le fait du mouvement de la lune et par suite de l’éclairement diminuant pour augmenter ensuite. Mais il est certain aussi que les erreurs d'observation doivent jouer là un rôle considérable. Le phénomène entier, qui ne dure qu'un peu plus de 3 minutes, présente tant d’inattendu, qu'on sait à peine par où commencer l'observation; veut-on chercher à se faire une impression de l’ensemble, on n’a que trop peu de temps à consacrer à chaque détail. ASTRONOMIE. 249 « Quelque conclusion sûre ne pourra se déduire à cet égard que lorsque plusieurs observateurs se seront concertés pour con- sacrer toule leur attention à un objet unique et lui appliquer des moyens précis de mensuration. « Si les protubérances font partie du soleil, si elles sont peut- êlre comme des nuages autour de son globe, puisqu'on en a vu d’isolées, il doit exister aussi tout à l’entour une espèce d’atmo- sphère dans laquelle elles planent, et la couronne lumineuse pour- rail être elle-même cette atmosphère. Nos observations de la cou- ronne paraissent, dans leurs parties essentielles, s’accorder avec celles d’autres astronomes. Le faisceau lumineux vu du côté de l'est a aussi été vu dans d’autres lieux. Je croirais cependant que l'influence infléchissante ou réfléchissante de notre atmosphère n’est pas insevsible sur les apparences de la couronne. Il parait qu'un nombre plus considérable de faisceaux lumineux émanant de la couronne ont élé aperçus près du bord de la mer, que nous n'en avons distingué à Tarazona à une hauteur de 800 à 4000 mètres au-dessus de son niveau. La plus grande largeur de la couronne en haut s'explique par le passage de la lune devant le disque du soleil : Tarazona est situé notablement au nord de la ligne centrale de l’éclipse; le bord de la lune dépassait le bord méridional du soleil de 62”, le septentrional de 32” seulement. » Prof. W. THomMsoN. QUELQUES CONSIDÉRATIONS PHYSIQUES RELA- TIVES A L'AGE POSSIBLE DE LA CHALEUR DU SOLEIL, COMMUNI- QUÉES A L'ASSOCIATION BRITANNIQUE EN SEPTEMBRE 1861. (Plilosophical Magazine, février 1862.) L'auteur commence par rappeler quelques principes précédem- ment établis. C’est un principe d'action universellement reconnu, que lors même que l'énergie mécanique est indestructible, elle tend constamment à se dissiper, en donnant lieu à une augmen- lation graduelle et à une diffusion de calorique, accompagnée d'une cessation de mouvement et d’un affaissement d'énergie ARCHIVES. T, XIIL — Mars 1862. 18 230 BULLETIN SCIENTIFIQUE. potentielle à travers lout l'univers matériel. La conséquence fi- nale de cet état de choses serait un état de repos et de mort uni- versel, si l'univers était fini et libre d’obéir à des lois existantes, Mais, comme on ne connaît aucune limite à l'étendue de la ma-* tière, la science tend à indiquer une marçhe sans fin à travers un espace infini, d’une action qui consiste en une transformation en chaleur du mouvement palpable dans lequel se traduit l'énergie potentielle, plutôt qu’un simple effet mécanique d’une nature finie, ayant son cours comme le mouvement d’une horloge et finissant par s'arrêter pour toujours. Il est également impossible de con- cevoir l’origine ou la durée de la vie sans l’action d’une puis- sance créatrice et apte à tout diriger. L'objet qu'a eu l’auteur dans son mémoire, a élé de soumettre à l'Association une appli- calion des vues générales ci-dessus à la découverte des limites de temps probable, soit pour le passé, soit pour l'avenir, pendant lesquelles nous pouvons compter sur l'existence du soleil comme source de chaleur et de lumière. [l a divisé son sujet en deux chefs : le premier se rapporte au refroidissement séculaire du soleil, et le second à l’origine et à l'estimation de la quantité to- tale de chaleur que renferme cet astre. M. Thomson montre d’abord que le soleil est probablement une masse liquide incandescente qui rayonne constammewt sa chaleur, sans recevoir de compensation sensible par suite de l’ar- rivée de matière météorique. Herschel et Pouillet ont calculé l'un el l’autre la quantité de chaleur émise par le soleil dans un temps donné, et l’auteur, en prenant pour base les résultats qu’ils ont obtenus, estime que si la chaleur spécifique du soleil était la même que celle de l’eau liquide, sa température diminuerait à raison de 1°,4 cent. par année. Quant à l'estimation de la cha- leur spécifique du soleil, l’auteur fait d’abord remarquer qu'il ÿ a de fortes raisons pour supposer que la substance de cet astre dif- fère peu de celle de la terre. Il a été démontré, en effet, par M. Stokes d’abord, que le sodium existe incontestablement dans F'at- mosphère du soleil. Peu de temps après et tout à fait indépen- ASTRONOMIE. 951 damment de M. Stokes, MM. Bunsenet Kirchhoff ont démontré avec une égale certitude que le fer etile manganèse, ainsi que plusieurs autres de nos mélaux les plus connus, se trouvent aussi exister dans cet astre. La chaleur spécifique de chacun de ces métaux élant inférieure à celle de l’eau, laquelle dépasse, comme on le sait, la chaleur spécifique de: toute autre substance terrestre so- lide ou liquide, 4 était à présumer, à première vue, que la cha- leur spécifique moyenne du soleil tout entier devait être moindre, et dans tous les cas ne devait cerlainement pas être plus grande que celle de l’eau. Cependant l’auteur éntre:dans:le développe- ment de certaines raisons thermodynamiques, qui conduisent, à: son avis, à des conclusions très-diflérentes, et tendent à démon- trer, au moins comme probable, que la chaleur spécifique du soleil, par suite de la pression énorme à laquelle est soumis l’in- térieur de cet astre, est égale à plus de 10 fois, quoique à moins de 10000 fois celle de l’eau liquide. De là il résulte comme probable que le soleil se refroidit de 14°'en un laps de lemps qui est au moins de 400 ans, et au plus dé 10000 ans. Quant à la température propre du soleil à l'époque actuelle, plusieurs raisons portent l’auteur à admettre, que la température: de la surface de cet astre ne doit pas’ être incomparablement su- périeure aux températures que l’on peut atteindre artificiellement à la surface de la terre. I fait, valoir, entre’ autres raisons, que la quantité de chaleur émise par chaque pied carré de la surface du soleil n'équivaut qu'à une force de 7000 chevaux. Or, la combustion du charbon, à raison d'un peu moins d’une livre par 2 secondes, produirait une quantité de chaleur égale à celle-ci, et on calcule que, dans les fournaises des locomotives, il se con- somme une quanlilé de charbon qui varie depuis une livre dans 30 secondes jusqu’à une livre dans 90 secondes, par pied carré de surface de chauffe. HN en résulte que la chaleur émise par le soleil ne doit pas dépasser, à surface égale, plus de 15 à 45 fois celle qui est produite sur la surface de chauffe d’une fournaise de locomotive. 259 BULLETIN SCIENTIFIQUE. La température de l’intérieur du soleil est probablement beau- coup plus élevée que celle de la surface de cet astre, parce que la conductibilité doit être sans effet sensible sur le transport de la chaleur de l’intérieur vers l'extérieur, et qu’il doit y avoir néces- sairement tendance à un équilibre approximalif de chaleur résul- tant du mouvement de la matière dans la totalité de la masse ; ou, en d’autres termes, les températures prises à différentes distances du centre, doivent être approximalivement les mêmes que celles qu’une portion quelconque de la substance du soleil, transportée du centre à la surface, acquerrait par suite de la di- latation, sans éprouver ni gain ni perte de calorique, Seconde partie. — Sur l'origine et la valeur totale de la chaleur du soleil. En admettant, à la suite de ce qui précède, que le soleil est un liquide incandescent qui perd peu à peu sa chaleur, on est porté à se demander quelle peut être l’origine de cette chaleur ? I est certain qu’elle n’a pu exister dans le soleil depuis un Lemps in- défini, puisque, tant qu’elle a existé, elle a dû tendre à se dissi- per, et l’existence finie du soleil est opposée à l'existence d’une accumulation infinie de chaleur dans le corps de cet astre. Il a donc dû arriver de deux choses l’une : ou bien le soleil a dû être créé source active de chaleur par un décret spécial de la Provi- dence, à une époque qui n’est pas indéfiniment reculée; ou bien la chaleur déjà émise jusqu’à ce jour par cet aslre et celle qu’il possède encore, ont dû provenir de l'effet de quelque procédé na- turel dépendant de lois fixes et permanentes. Sans se prononcer d’une manière absolue contre la première de ces deux hypo- thèses, l’auteur croit pouvoir la regarder comme tout au moins improbable au plus haut degré; si, comme il lé pense, la seconde hypothèse peut être démontrée ne pas être en contradiction avec les lois de la physique généralement admises. M. Thomson passe ensuite à l'examen de la théorie méléorique de la chaleur solaire, et montre que dans la forme où celte PHYSIQUE. 953 théorie a élé exposée par Helmholz, elle est seule capable d’ex- pliquer par ls lois naturelles l’état actuel du soleil, et le rayon- nement continu quoique légèrement décroissant de cet astre, pendant plusieurs millions d'années tant passées qu’à venir. «Mais, ajoute-t-il, ni cette théorie ni aucune autre ne peut expliquer la persistance du rayonnement solaire pendant plusieurs centaines de millions d'années, à un degré le moins du monde en rapport avec ce qu'il est maintenant.» I conclut en terminant comme suit : QI paraît donc, à tout prendre, très-probable que le soleil n’éclaire pas la terre depuis cent millions d'années, et presque certain qu’il ne l’a pas éclairée depuis cing cent millions d'années. Quant à l’a- venir, on peut affirmer avec le même degré de certitude que les habitants de la terre ne pourront continuer à jouir pendant plu- sieurs millions d'années de la chaleur et de la lumière nécessaires à leur existence, à moins que de nouvelles sources de chaleur, à nous inconnues, ne se préparent dans le grand atelier de la Création. » PHYSIQUE. TRAITÉ GÉNÉRAL DES APPLICATIONS DE L'ÉLECTRICITÉ , par M. GLŒSENER, professeur à l’Université de Liége. Paris et Liége, 1861. Un gros vol. in-8. La science de l'électricité s’est traduite depuis quelques an- nées devant le public industriel par plusieurs catégories d’appli- calions dont les plus remarquables sont relatives à la télégraphie, à l'horlogerie, aux moteurs, au dorage, à la galvanoplastie, à l’art de l'ingénieur militaire, à l'éclairage, à la médecine et à la chi- rurgie. Îl est bien remarquable que cette portion de la physique, encore si incomplétement étudiée dans ses phénomènes et dans ses lois, ait déjà rendu de si grands services, et l’on peut sans doute attendre de l'agent universel que nous savons déjà utiliser de lant de manières des applications bien plus heureuses encore, quand il sera mieux connu. 254 BULLETIN SCIENTIFIQUE. C'était un bésoin pour les personnes chargées de l’enseigne- ment publie, Comme pour celles qui se livrent aux travaux de l’in- dustrie, de posséder un résumé clair et complet des applications déjà réalisées et des procédés mécaniques, souvent si remarqua- bles, maginés dans ce but. La France mous a fourni dans l'ou- vrage de M. le vicomte du Moncel une première tentative de combler cette lacune. Son Æaposé des applications de l'Éleetricité a eu, en 4856, une seconde édition en 3 volumes, ornés de font belles planches gravées ; et, dès lors, un premier supplément est venu la compléter. Get ouvrage, remarquable à plusieurs égards, a été fort bien accueilli du public, et si l’auteur se dé- cide à en donner une troisième édition, il en fera sûrement dis- paraître quelques inexactitudes et quelques lacunes qu’il serait facile de lui signaler, surtout en ce qui se rapporte aux travaux exéculés hors de France. Le mérite de l'ouvrage de M. du Moncel n’a point empêché M. le professeur Glæsener de s’engager dans la même voie, et il a publié vers la fin de l’année dernière le premier volume d’un ouvrage intitulé : Trailé général des applications de l'Électricité. C’est en s’occupant d’abord de télégraphie électrique, puis de chronoscopie, que le professeur liégeois a été conduit à étudier les divers systèmes proposés ou exéculés avant lui. Il a cherché à y introduire des perfectionnements nombreux, et le gouverne- ment-belge l’a encouragé dans ses études patientes et coûteuses. Enfin, il a voulu décrire les appareils qu’il a imaginés, les ré- sultats qu’il en a obtenus, et pour marquer la part qui lui revient dans ces études, il a été entraîné à décrire celles des autres. Le volume que nous annonçons contient 532 pages et {8 planches. Il comprend : 4° une introduction faisant voir comment la science a fourni successivement les connaissances nécessaires pour ap- pliquer le courant électrique ; 2° un exposé succinct des données indispensables pour construire les appareils d’une façon raison- née; 3° la description des divers systèmes de télégraphes ; 4° celle des appareils employés pour les communications directes ; PHYSIQUE. 255 5° l'étude des dérangements intérieurs des fils télégraphiques ; 6° l'étude des parafoudres ; 7° celle des cables sous-marins ; 8 les sonneries électriques et leurs applications aux usages do- mestiques ; 9 la construction des chronoscopes. On comprend qu'il doive exister un grand nombre de points communs aux deux ouvrages, mais l’auteur du second s’est naturellement appliqué à décrire en délail ses propres appareils. Nous signalerons, entre autres, ses recherches, déjà communiquées à l’Académie des scien- ces en 1848, sur les moyens de faire disparaitre les inconvénients du ressort antagoniste par le renversement du courant électrique alternativement en sens inverse dans les télégraphes, les horloges ét en général dans les électro-moteurs ; ses lélégraphes à une et à deux aiguilles perfectionnés ; ses télégraphes à cadran et res- sort de rappel ; son télégraphe avec lettres sans ressort de rap- pel; son système de télégraphe écrivant à l'encre ou gauffrant sans relai el avec deux plumes ; divers systèmes de translateurs de son invention ; enfin une modification qu'il a proposée aux sonneries électriques et les divers chronoscopes qu’il a perfec- tionnés. & : Les descriptions de M. Glæsener sont en général claires et rendues par là inteliigibles aux industriels qui n’ont pas fait de la physique uue étude spéciale. On remarque dans cet ouvrage quel- ques lacunes regretlables e4 qui proviennent de la circonstance que l’auteur n'a probablement pas eu à sa disposition certains journaux, celui de Dingler par exemple, où il aurait trouvé sur les télégraphes allemands et suisses et sur les travaux de théorie qu'ils ont occasionnés, des renseignements précieux el trop peu connus dans les pays de langue française. Je signalerai encore l'absence de description des télégraphes à courants induits, ceile de l'appareil Caselli, celle des appareils destinés à rendre constant le courant des piles, qu’il soit employé d’une manière pérmanente ou discontinue , celle des chronographes, enregis- treurs, elc. Néanmoins nous regardons l'œuvre de M. Glæsener comme . 256 BULLETIN SCIENTIFIQUE. très-digne d’altirer l'attention du public instruit auquel elle s’a- dresse. Le second volume ne présentera pas moins d'intérêt que celui dont nous avons présenté l’analyse, et nous souhaitons qu'il ne larde pas à voir le jour. E. W. COURS ÉLÉMENTAIRE DE PHYSIQUE, PRÉCÉDÉ DE NOTIONS DE MÉ- CANIQUE ET SUIVI DE PROBLÈMES, par MM. Bourtan et D’AL- MÉIDA. Paris, 1862. Parmi le grand nombre de Traités de physique publiés en France depuis quelques années, celui que nous annonçons lient sans contredit un rang distingué. L'ordre des matières est celui que l'expérience a dès longtemps fait adopter. Les divisions se succèdent dans un ordre logique ; l'exposé des faits est clair, aidé de fort belles planches sur bois ; enfin, la théorie est ex- posée avec précison. L'ouvrage est très-soigné sous le rapport ty- pographique, et l'énoncé des lois, l'indication des matières sont imprimés en caractères spéciaux, qui rendent la lecture attrayante et qui facilitent la mémoire. Au lieu d’un luxe de formules qui décourage les commençants, les auteurs se sont bornés aux plus essentielles, et ont traduit en langue ordinaire les énoncés des expressions analytiques les plus communes. Ce cours est strictement élémentaire. Les théories n’y sont guère exposées, el l'optique, par exemple, se limite aux phéno- mènes de propagation, de réflexion, de réfraction simple et de coloration de la lumière. En revanche, il est en général à la hauteur des progrès récents. Nous y avons remarqué les para- graphes sur les moyens de réaliser les plus hautes températures, sur les récentes modifications apportées à la pile de Daniell, sur l’analyse spectrale, et le télescope Foucault. Le chapitre relatif à la vision est plus exact que dans d’autres trailés : les conquêtes de l’ophthalmomètre ont élé mises à profit, et les explications de l’a-. justement, de la myopie, de la presbyopie rendues conformes aux PHYSIQUE. 257 saines notions de l'optique physiologique. Les procédés de la püo- tographie y sont exposés avec soin. Enfin nous signalerons les articles relatifs à l'induction électrique, à la caléfaction et à la phosphorescence comme présentant un caractère de nouveauté. Nous pensons toutefois que, sur quelques points spéciaux, l'ouvrage serait susceptible d'amélioration. Les corps solides mériteraient d’être traités dans un chapitre spécial, au même titre que les corps liquides et les gaz. La théorie du vernier et celle du kathétomètre devraient faire partie d’un chapitre sur les moyens d'évaluer l'étendue (mesure des lignes et des angles), au lieu d'être reléguée à la fin de celui qui traite de la pesanteur, elc. Mais nous reconnaissons que ce sont là des points secon- daires, et nous recommandons avec confiance le Cours de MM. d’Al- méida et Boutan aux instituteurs et aux jeunes élèves. Les énon- cés de 290 problèmes qui le terminent leur serviront d’utiles exercices. E. W. Prof. Roscoë. SUR LE SPECTRE SOLAIRE ET SUR LES SPECTRES DES ÉLÉMENTS CHIMIQUES (Extrait d’une lettre adressée au rédac- teur du Philosophical Magazine, en janvier 1862). Les observations suivantes, extraites du mémoire que M. Kir- chhoff vient de publier dans les Transactions de l’Académie de Berlin, présentent de l'intérêt en ce qu’elles servent à expliquer la présence, dans le spectre de la vapeur incandescente du li- thium, de la raie bleue observée d’abord par M. Tyndall, et mentionnée ensuite par le D' Frankland dans le dernier numéro du Philosophical Magazine. « La position des raies lumineuses, ou, pour parler plus cor- rectement, le maximum de lumière dans le spectre d’une vapeur incandescente, est indépendant de la température, de la présence d’autres substances, en un mot de toute autre condition que la composition chimique de la vapeur. La vérité de cette assertion a élé démontrée par les expériences que Bunsen et moi-même 958 BULLETIN SCIENTIFIQUE. avons faites sur ce point spécial, expériences que j'ai eu l’occa- sion de confirmer par de nombreuses observations faites avec l'appareil si éminemment sensible que j'ai décrit ailleurs!. Ce- pendant le spectre de la même vapeur peut différer suivant les circonstances ; il suffit même d’un changement dans la masse de la vapeur incandescente pour lai donner un tout autre caractère. S'il y a accroissement dans l’épaisseur de la colonne de vapeur dont la lumièré est soumise à l’examen, on verra croître simul- tanément l'intensité lumineuse de toutes les raies, mais dans des proportions différentes. Conformément à un théorème qui sera examiné plus tard, l'intensité des raies les plus brillantes croîtra plus lentement que celle des raies qui sont moins apparentes. L’impression produite sur la vue par l’une de ces raies, dépend non-seulement de son intensité lumineuse, mais aussi de sa lar- geur ; de là il peut arriver qu’une raie, élant moins brillante quoique plus large qu’une autre, soit moins visible que cette dernière lorsque l'épaisseur du gaz incandescent est faible, mais devienne, au contraire, plus apparente lorsque l'épaisseur de la vapeur vient à s’accroître. Il pourra même arriver, si l'intensité lumineuse du spectre tout entier est affaiblie de manière à ne rendre visibles que les raies les plus brillantes, que le spectre pa- raisse totalement changé dès qu’il survient un changement dans la masse de la vapeur. Un changement de température paraît produire un effet analogue à celui qui est produit par un change- ment dans la masse de la vapeur incandescente. Si la tempéra- ture s'accroît, on ne remarque aucune déviation des maxima de lu- mière; mais les intensités lumineuses des raies croissent dans une proportion si différente que celles qui sont les plus appa- rentes à une température élevée ne sont pas du tout telles à une température basse. Cette influence sur la masse de la température du gaz incandescent explique fort bien comment il arrive que, 1 M.Kirchhoff a pu, avec cet appareil, séparer les deux lignes Dpar une largeur de i millimètres. d PHYSIQUE. 959 dans les spectres de plusieurs métaux, les raies qui sont les plus apparentes lorsque le métal est placé dans la partie incolore de la flamme du gaz, ne sont plus telles lorsqu'on examine le spectre provenant de l’action sur le métal de l’étincelle d’induction. Ce fait est surtout remarquable dans le cas du spectre du calcium. J'ai remarqué que :si l’on place dans le circuit de la bouteille de Leyde dont on tire l’élincelle, une ficelle humide ou un tube fin plein d’eau, et que l’on humecte les électrodes avec une solution de chlorure de calcium, on obtient un spectre qui coïncide exac- tement avec celui qui apparaît lorsqu'on place un grain de chlo- rure de calcium dans la parlie incolore de la flamme du gaz. Les raies qui paraissent manquer sont précisément celles qui se font voir le plus distinctement lorsqu'on emploie un circuit métallique complet. Si on substitue à la colonne mince d’eau une colonne d’un diamètre plus grand et de moindre longueur, il se produit un, spectre dans lequel les raies des deux espèces, celles provenant de la flamme et celles dues à l’étincelle, sont également visibles. On voit, d’après cette expérience, le mode par lequel le spectre du calcium provenant de la flamme peut être converti en e2lui qui est produit par l’action de l’étincelle électrique: » M. Roscoë ajoute qu'en examinant récemment avec un des prismes de Slenheil le spectre du lithium obtenu par l’étincelle d'induction d’un appareil de Ruhmkoï ff, il a constaté, conjointe- ment avec le Prof. Cliflon, la présence de deux raies bleues, dont l’une (probablement celle déjà observée par M. Tyndall) coïncidait avec la raie bleue ordinaire à du strontium, tandis que l'autre coïncidait avec une seconde ligne bleue du strontium, qui s’est montrée pour la première fois dans le spectre de ce métal pro- duit par l’action de l’étincelle électrique. « I nous est impossible, ajoute l’auteur, d'affirmer dès à présent que les raies ainsi pro- duites dans les spectres du lithium et du strontium coïncideront l'une avec l’autre lorsqu'on les examinera avec un plus grand nombre de prismes ayant un pouvoir grossissant plus considé- rable. Î1 nous à paru cependant, en employant trois prismes de 260 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Stenheil, ayant chacun un angle de réfraction de 60°, qu'il y avait une légère différence de réfrangibilité entre la première raie bleue du lithium et la raie Sr 3; néanmoins cette différence était moindre que celle qui se manifeste entre les deux raies du so- dium. Nous espérons d'ici à peu de temps avoir déterminé ce fait d’une manière plus précise. Remarquons, en attendant, qu’il est impossible d'attribuer le phénomène à la présence d’une petite quantité de strontium dans le lithium, puisque nous avons ob- servé que, lorsque les raies bleues sont les plus brillantes, on n'aperçoit pas la plus petite trace des raies rouges ou orangées «, B et > du strontium. Le sel de lithium employé était du sulfate parfaitement pur qui m'avait été envoyé par le professeur Bunsen; les sels de strontium étaient le chlorure et le nitrate, et la même coïncidence a été observée dans l’un et dans l’autre. » Prof. TYNDALL. SUR L'ABSORPTION ET LE RAYONNEMENT DE LA CHA- LEUR PAR LES MATIÈRES GAZEUSES. (Pxtrait d’une communi- calion faite à l’Institution royale de la Grande-Bretagne, le 17 janvier 1862.) | L’auteur rend compte de nouvelles expériences faites avec un appareil perfectionné, relatives à l'influence des combinaisons chimiques sur l'absorption et le rayonnement de la chaleur par les différents gaz. En comparant d'abord la manière dont se comporte le chlore par rapport à l’acide hydrochlorique, et le brôme par rapport à l'acide hydrobromique, il a constaté que le fait de la combinaison, qui dans les deux cas diminue nota- blement la densité du gaz et rend le gaz coloré parfaitement translucide, le rend cependant moins diathermane en ce qui concerne le passage de la chaleur obscure. L'auteur attire aussi l'attention sur le fait que le soufre, qui est passablement opaque, se laisse traverser par 54 sur 100 des rayons de chaleur partant d’une source à la température de 100° C., tandis que son composé, le spath pesant, qui est au contraire sensiblement PHYSIQUE. 261 transparent, est complétement athermane pour des rayons éma- nant d'une source de chaleur aussi à la température de 100. M. Tyndall a confirmé le résultat indiqué par Melloni sur le pouvoir diathermane du noir de fumée réduit en couches minces, mais il montre en même temps jusqu’à quel point la manière dont celte substance se comporte à l'égard du calorique rayon- nant se concilie difficilement avec l’idée généralement admise, que le noir de fumée absorbe loute espèce de chaleur avec la même facilité. L'auteur a répélé toutes ses expériences précédentes sur les gaz avec des sources de chaleur différentes; et a constaté d’une manière encore plus positive que par le passé, que les gaz com- posés l’emportent de beaucoup sur les gaz élémentaires quant à leur pouvoir absorbant. En prenant l'air atmosphérique comme unilé, lammoniaque, à une tension de 30 pouces anglais, est re- présenté par le nombre 1195, ce dernier chiffre indiquant la totalité de la chaleur émanée de la source. Une couche d’ammo- niaque de la longueur de 3 pieds, est complétement imperméable à la chaleur émise par une source obscure. Les gaz colorés, le chlore et le brôme, quoique doués d’un pouvoir absorbant fort supérieur à celui des. gaz élémentaires transparents, sont cepen- dant inférieurs sous ce rapport à tous les gaz composés exami- nés jusqu'à ce Jour. Si au lieu d’une tension de 30 pouces, on compare entre eux des gaz à la tension d’un pouce seulement, les différences observées sont encore plus frappantes. C’est ainsi qu'à la tension d’un pouce, le pouvoir absorbant de l'acide sul- fureux a été trouvé égal à 8000 fois celui de l'air. L'auteur rend ensuite compte d’une nouvelle série d'expériences relatives à l'absorption de la chaleur ragonnante par les vapeurs. Il a constalé comme précédemment, que la vapeur qui absorbe le mieux la chaleur est celle de l'éther boracique, et celle qui l'absorbe le moins est la vapeur du bisulfure de carbone. La vapeur de Féther boracique, vapeur complétement translucide, absorbe, à 0, 1 de pouce de tension, 600 fois plus de chaleur que 262 BULLETIN SCIENTIFIQUE. la vapeur fortement colorée du brôme, et très-probablement 186000 fois plus de chaleur que l'air. L'auteur a élé conduit par plusieurs expériences en apparence difficiles à concilier, décrites dans un Mémoire présenté récem- ment à la Société Royale, à la solution du: problème suivant, à première vue complétement paradoxal : Déterminer les pouvoirs absorbants et émissifs d'un. gaz ou d'une vapeur sans source de ehaz leur étrangère au corps gazeux lui-même. — On sait que: lorsque de l'air entre dans un espace vide, il se réchauffe par suiteides obstacles qui s'opposent à son mouvement. Lorsque, au con- taire, on fait le vide dans une cloche contenant de l'air, ik survient un refroidissement dù à ce qu’une portion de la chaleur de l’air est employée à produire de la force vive: Appelons cha- leur dynamique la chaleur produite dans le premier cas, et re- froidissement dynamique le froid qui survient dans le second. Désignons aussi le rayonnement dun gaz chauffé dynamiquement par le nom de rayonnement dynamique, et le pouvoir absorbant d’un gaz refroidi dynamiquement par celui d'absorption dyna- mique, Si maintenant, après avoir placé à: l'extrémité dû tube: vide d’air qui fait partie de l'appareil de Tyndall une:pile thermo- électrique, on permet à un gaz de s’introduire dans le tube, ce gaz se réchauffera, et s’il possède. un pouvoir rayonnant quel- conque, la pile recevra la chaleur qu'il pourra émettre, et le galvanomètre en communicalion avec cette pile en accusera: aus- sitôt la présence. C’est en procédant de la sonte que M. Tyndall a trouvé que les pouvoirs rayonnants manifeslés par les différents gaz, rayonnements qui dans quelques cas étaient, assez intenses pour dévier l'aiguille du galvanomètre de plus de 60°, étaient exactement en raison des pouvoirs absorbants de ces mêmes gaz. Lorsque la chaleur acquise par le gaz à la suite de son entrée dans le tube s'était complétement dissipée, on y: refaisait peuà peu le vide au moyen de la machine pneumatique: Aussitôt, le gaz resté dans le tube se refroidissait par suite de sa raréfaction, et parlant, refroidissait la face de: la pile thermo-électrique tour PHYSIQUE. 263 née de son côté. L'auteur a pu ainsi déterminer les, absorplions dynamiques des différents gaz, et ila trouvé qu'elles correspon- daiïent exactement dans chaque cas avec leur rayonnement dyna- mique. Pour étudier ces mêmes propriétés chez les vapeurs, M. Tyndall a employé la méthode suivante. Il commence par introduire dans le tube vide une quantité de vapeur suffisante pour déprimer la colonne de mercure de 0,5 de pouce; celle vapeur est:ensuile chauffée dynamiquement en admettant dans le tube de l’ain sec Jus- qu’à ce qu'il soit complétement plein. L'auteur a constaté qne les pouvoirs rayonnants des vapeurs délerminés par ce moyen correspondaient exactement avec les pouvoirs absorbants, déjà observés. L'absorplion dynamique de la vapeur a été également obtenue en faisant le vide de la manière décrite ci-dessus et on a pu ainsi constater que cetle absorption, suivail une marché parfaitement correspondante à celle du rayonnement dynamique. Il résulte de ces expériences, dit l’auteur, que l'air doit être regardé comme jouant le même rôle vis-à-vis de la vapeur, que celui que jouerait une, surface polie d'argent à l'égard. d’une couche de vernis qu larecouvrirait. Ni l'argent, ni l'air, l'un.et l'autre corps simples ou composés de corps simples, n’ont; le pouvoir d’agiler à un degré marqué l’éther dont les ondulations consliluent la lumière, Mais si le. mouvement de l'argent, est communiqué au vernis et le mouvement de l'air à la vapeur, il s'ensuit une agitation des molécules de nature à amener un trou- ble notable dans l'éther dans lequel elles se balancent. M. Tyndall a prouvé par des expériences directes qu'il est fa- cile de mesurer le rayonnement dynamique d’une quantité don née de vapeur d’édher boracique, doué d’une tension de !/,513500000 d'atmosphère seulement. 11 montre aussi et explique comment il se fait qu’en employant un tube de 33 pouces de long, le rayon- nement dynamique de l'éther acélique est notablement supérieur à celui du gaz oléfiant, tandis qu'avec un tube de 3 pouces de long seulement, le rayonnement dynamique du gaz oléfiant dé- 264 BULLETIN SCIENTIFIQUE. passe, au contraire, considérablement celui de l’éther. La vapeur aqueuse a élé aussi soumise à un examen spécial, et l’auteur a constalé, comme fait assez habituel, que la vapeur aqueuse de l'atmosphère possède un pouvoir absorbant égal à 60 fois celui de l'air, Plus l'air qu’il est parvenu à se procurer était pur et sec, plus aussi le caractère de cet air, sous le rapport de l’absorp- tion, s’est rapproché de celui du vide. L'auteur a aussi soumis à l'expérience des parfums d’espèce variée. Dans ce but, il a fait passer de l'air sec à travers des fragments de papier brouillard humecté avec des huiles essentiel- les. Ayant ensuile introduit cet air dans le tube vide de son ap- pareil, il a remarqué que, quelque petite que fût la quantité de matière odorante qui a dû s’y trouver, elle n’en produisait pas moins une variation de 50 à 372 dans le pouvoir absorbant de l'air qui la renfermait. Il n’est point impossible, ajoute M. Tyn- dall, que la quantité de chaleur terrestre, absorbée par le par- fum d’une platebande, ne dépasse l'absorption par la quantité to- tale d'oxygène et d’azote au-dessus de cette platebande. L'auteur a aussi éludié la manière dont se comporte l'ozone obtenu par l’électrolyse de l’eau, et provenant de voltamètres renfermant des électrodes de grandeur différente. En désignant par l'unité l'action de l'oxygène ordinaire qu'il introduisait avec l'ozone dans le tube mentionné plus haut, le pouvoir absorbant de l'ozone s’est trouvé dans six expériences subséquentes être représenté par les nombres 21, 36, 47, 65, 85, 156. L'action croissante de l’ozone correspondait avec une diminution dans la grandeur des électrodes dont on se servait pour la décomposition de l’eau. M. Tyndall termine en faisant remarquer l'identité de ces résullats avec ceux obtenus par M. Meidinger, en employant un procédé tout différent !. T Nous nous permettons de rappeler que l'influence de la dimen- sion des électrodes sur la production de l'ozone a été observée pour la première fois par M. A. de La Rive en 1841, et non par M. Mei- dinger, comme semble le croire M. Tyndall (Arch. de l'électr., t. Tet Traité d'électr., t. 11, p. 409). (Réd.) Z0OLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE: 265 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. Prof. Michael Sars. REVUE DES ÉCHINODERMES 0E NoRWÉGE (Oversigt af Norges Echinodermer, udgiven af Videnskabssel- skabet à Christiania, À vol. in-8° et 16 pl. Christiania, 1861). Ee volume que M. Sars vient de publier sur les Échinodermes est un digne pendant des travaux classiques de Tiedemann et de Joh. Müller sur cet embranchement. Ce n’est point en effet une simple revue zoologique des nombreuses espèces observées sur les côtes de Norwége, mais en outre une étude approfondie au point de vue anatomique d’un grand nombre d’entre elles. Les dissections minutieuses du célèbre naturaliste scandinave ont mis au jour, sur des genres relativement peu connus, une foule de faits nouveaux dont nous regreltons de ne pouvoir consigner ici qu'un petit nombre. Le genre Pteraster est un de ceux auquel M. Sars a consacré une altention toute spéciale. Ces Astérides le méritaient bien à cause de particularilés remarquables qui les caractérisent. MM. Düben et Koren, deux autres naturalistes scandinaves, en rele- vaient déjà quelques-unes dans leur Oefversigt af Skandinaviens Echinodermer. Chez le genre Pteraster, disaient-ils, on trouve une grande cavité dorsale placée entre la peau qui porte le réseau calcaire avec les piquants et une membrane muqueuse sous- Jacente portant de nombreux bâtonnets ou rangées de piliers qui soutiennent la peau. Dans cette cavité se trouvrent l'anus et la plaque madréporique. Cette disposilion remarquable mentionnée de nouveau par Stimpson, en Amérique, méritait d’être étudiée de plus près. M. Sars a constaté à son lour l'existence de cette double peau dor- sale et des nombreuses piques ou paxilles qui reposent comme des colonnes sur la peau interne pour soutenir par leur sommet la peau externe. Cette dernière présente au centre du disque une large ouverture qui met en communication la cavité cutanée avec Ancuives. T. XIII. — Mars 14862. 19 266 ” BULLETIN SCIENTIFIQUE. le monde extérieur. Il existe d’ailleurs, dans cette peau externe, un grand nombre d'autres pores plus petits conduisant également dans la cavité. Ce ne sont point les homologues morphologiques des pores dorsaux des Astéries par lesquels sortent les tubes res- pirateurs. Ces ouvertures sont au contraire spéciales aux Pteras- ter. Chacune d'elles possède un sphincter permettant la complète occlusion. M. Sars les nomme des spiracles. Le nom de spiracle est fort bien choisi. En effet, la cavité dans laquelle ces orifices conduisent est une véritable cavité res- piratoire. Son plancher, c’est-à-dire la membrane dorsale in- terne, porte ‘des tubes respiratoires où branchies cutanées bien différents quant à l'aspect des organes anaïogues d’autres As- térides. Tandis que ces derniers sont de simples tubes coniques et aveugles, les branchies des Pteraster sont ramifiées comme celles des Echinides. Mais tandis que les branchies sont res- treintes chez les oursins à la région membraneuse qui entoure la bouche, et sont fort peu nombreuses (cinq paires dans le genre Echinus), elles sont réparties chez les Pteraster sur toute la sur- face dorsale et fort nombreuses. A chaque paxille est fixée une branchie. Seules, les cinq paxilles qui entourent l’ouverture anale au centre du disque en sont dépourvues. La peau interne qui forme le plancher de la cavité respiratoire repose directement sur le squelette calcaire. L’anus est placé au centre du disque comme une maille dans le réseau calcaire. C’est une fente suivant l’axe d’une région radiaire et de la région in- terradiaire opposée. La plaque madréporique est placée comme l’anus dans la cavité respiratoire. Elle occupe une position inter- radiaire On sait qu’il est généralement difficile de découvrir les ouver- tures génitales chez les Astérides. On ne les connaît même que chez les genres pourvus d’anus. Rien n’est plus facile cependant que de les trouver dans chacune des cinq régions interradiaires sur le dos des Ptéraster. Elles se présentent chacune sous Ja forme d’un double orifice placé au sommet du sillon qui sépare ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 267 les bras conséculifs, dans la peau dorsale interne. Ces orifices sont simples, c’est-à-dire non formés comme chez les autres Astérides d’une lame cribreuse percée d’une multitude de petites ouverlures. Tous les piquants dorsaux des Ptéraster, au lieu d’être soudés comme chez les autres Astérides aux pièces du squelette sur lesquelles ils reposent, sont unis à elles par une articulation mo- bile. C’est là un passage remarquable aux oursins. De petites a1- guilles calcaires qui couronnent le sommet des paxilles sont de même articulées avec ces organes. Ces aiguilles sont sans doute comparables morphologiquement aux branches des pédicellaires, tandis que la paxille elle-même doit être comparée à leur pé- doncule. La cavité culanée que nous avons appelée cavité respiratoire serten même temps de cavité d’incubation. Cette découverte est due à MM. Koren et Danielssen, qui ont décrit quelques stades de développement du Pteraster militaris dans la Fauna littoralis Norwegiæ. M. Sars a complété les études embryogéniques de ses prédécesseurs. Il décrit en particulier avec soin les premiers stades de développement qui leur avaient échappé. Cette évolution se rapproche beaucoup de celle que M. Desor a observée chez un échinoderme américain appartenant au genre Échinaster. Une grande partie du volume de M. Sars est consacrée aux Holothuries. On y trouve une étude détaillée de ce singulier Echinoderme auquel l’auteur donne le nom d’Echinocucumis ty- pica el que nous avons menlionné déjà ! comme présentant une structure bilatérale très-évidente, Les Echinocucumis ressem- blent beaucoup aux Eupyrgus de M, Lütken. Elles sont recou- verles, comine ces derniers, sur toute leur surface, d’écailles calcaires armées chacune d’un piquant dans lequel le microscope révèle une struciure fort élégante. Mais tandis que les Eupyrgus appartiennent au groupe d'Holothuries apodes, les Echinocucumis sont munis de pieds suceurs formant cinq ambulacres. L'animal LE Voy. Archives, tome XI, page 78. 268 BULLETIN SCIENTIFIQUE. est toujours courbé : le côlé convexe porte trois ambulacres complets (trivium) et doit par conséquent être considéré comme la région ventrale, tandis que le côté concave n’en porte que deux (bivium) qui sont même incomplets, et doit être considéré comme la région dorsale. La symétrie paire est évidente non- seulement dans la distribution des ambulacres, mais encore dans la forme et la distribution des tentacules, dans la constitution de l’anneau calcaire qui entoure l’œsophage et dans le développe- ment de ses muscles rétracteurs, etc. En un mot le plan radiaire est complétement voilé chez les Echinocucumis par le développe- ment extraordinaire de la bilatéralité, non-seulement dans les or- ganes externes, comme chez les Psolus, mais encore dans les or- ganes internes. — Remarquons enfin que les arbres pulmonaires, en général si développés chez toutes les Holothuries munies de pieds, sont rudimentaires chez les Echinocucumis. Les Holothuries apodes du Nord ont aussi fourni d’intéressants sujets d'étude à M. Sars. Ce savant a découvert à une profondeur de 200 brasses, près d'Œxfjord, dans le Finmark, une Molpadia (Mol. boreulis), c’est-à-dire un échinoderme appartenant au groupe peu nombreux des Holothuries apodes munies de pou- mon arborescent. Il en a fait une étude anatomique approfondie. Ses recherches sur la Chirodota pellucida (Holothurie apode sans poumons) sont aussi pleines d'intérêt. Elles nous montrent que même les Holothuries apodes peuvent présenter en quelque sorte un bivium et un frivium. En effet, on observe chez cette Chirodote cinq rangées longitudinales de verrues blanches, dont trois très-rapprochées les unes des autres et complètes forment un trivium ventral, tandis que les deux autres, plus espacéés et incomplètes, forment un bivium dorsal. Des traces de bilatéralité se retrouvent d’ailleurs dans l'anneau calcaire qui entoure l'œso- phage. — L'intestin de la Chirodote pellucide est fixé à la paroi du corps par trois mésentères qui viennent s’insérer le long de trois des cinq espaces intermusculaires. Deux dé ces mésentères sont chargés, sur leur bord adhérent à la paroi du corps, de pe- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 269 tits organes en forme de panioufle (tæffelformige Legemer) qui doivent être comparés aux « organes en corne d’abondance » décrits par Joh. Müller chez les Synaptes. Ce sont évidemment des organes semblables aux organes en rosette des rotateurs et des Hirudinées et aux organes segmentaires des Annélides chæ- topodes. Comme les Synaptes, les Chirodotes sont donc une es- pèce de passage du type des échinodermes à celui des vers. L'ouvrage de M: Sars est terminé par une étude sur la distri- bution géographique des échinodermes de Scandinavie. Il répartit ces animaux, au point de vue zoostatique, en trois catégories : 1° ceux de la zone arctique ou circompolaire, limitée au sud par le cercle polaire ; 2° ceux de la zone boréale qui s'étend au sud jusqu'aux côtes de Bretagne ; 3° ceux de la zone lusitanico-mé- diterranéenne. La Scandinavie n'appartient pas, il est vrai, à celte dernière zone; toutefois, certaines espèces dont le foyer est dans la zone lusitanico-méditerranéenne rayonnent jusque sur les côles de Norwége. La grande majorité des échinodermes de Norwége appartient aux deux premières zones. Certains genres sont limités à la zone boréale et ne pénètrent jamais dans la zone arctique. Ce sont les genres Ophiocoma, Amphiura, Lwydia, Bri- singa, Asteropsis, Slichaster, Cidaris, Brissopsis, Thyone; d’au- tres, comme les genres Ophiacantha, Ctenodiscus, Pteraster, Pe- dicellaster, Molpadia, Chirodota, sont exclusivement arctiques; quelques-uns sont, pour ainsi dire, confinés dans les mers du nord comme les genres Ophiopholis, Ophiacantha, Ophiura, Cienodiscus, Pteraster, Solaster, Psolus. En comparant la faune actuelle avec les échinodermes trouvés dans les dépôts glaciaires de Norwége, M. Sars a reconnu que les espèces arcliques vivaient déjà sur les côtes de Scandinavie à lé- poque glaciaire ancienne et qu’elles s’étendaient même beaucoup plus au sud à cette époque qu'aujourd'hui. Au contraire, les es- pèces boréales et lusitanico-méditerranéennes n’ont fait leur appa- rilion sur les côtes de Scandinavie que pendant l'époque glaciaire récente, laquelle paraît passer graduellement à l’époque actuelle. 270 BULLETIN SCIENTIFIQUE. BOTANIQUE. P.-A. CAP; PHILIBERT COMMERSON. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE , bro- chure-’in-8°. Paris 1861. (Extrait du Journal de pharma- ce, décembre 1860.) — P.-A. Cap. PaiciBerT COMMERSON, NATURALISTE- VOYAGEUR. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE, SUIVIE D'UN APPENDICE. À vol. in-8°, 197 pages. Paris 1861. Dans ces deux publications successives , la seronde beau- coup plus développée que la première, M. Cap fait connaître la vie d’un voyageur naturaliste des plus actifs, des plus originaux qui aient jamais existé. Commerson est cité dans Lous les ou- vrages de botanique à cause de la multitude des plantes nouvelles dont il a enrichi les herbiers, particulièrement ceux du Museum de Paris. On savait combien son existence avait élé orageuse, ses voyages aventureux et son ardeur pour l’histoire naturelle in- fatigable ; on voyait en lui le botaniste de l'expédition autour du monde de Bougainville et le courageux explorateur de Madagas- car, mais on ne se doutait pas de sa supériorité au point de vue des idées sur la plupart des naturalistes ou sédentaires ou voya- geurs du siècle dernier. Les détails recueillis par M. Cap nous frappent sous ce rapport. Nous ne voulons pas analyser ici la vie de Commerson. I nous suffit de rappeler qu’il était né à Châtillon les-Dombes, en Bourgogne, le 18 novembre 1727, et qu’il est mort, accablé de fatigues el de chagrins, à l’âge de 46 ans, le 43 mars 1773. C'était done un homme du dix-huitième siècle, un contemporain de Linné, et cependant on remarque dans sa correspondance des notions sur l'avenir de la botanique et sur l'emploi des collections qui appartiennent plutôt au siècle actuel. Nous en citerons deux exemples, l'un relatif au nombre probable des espèces du règne végétal, l’autre à la diffusion des types au- thentiques et numérotés d'échantillons de plantes sèches. Il écrivait en 1771 : « Quel admirable pays que Madagascar | BOTANIQUE. 971 C’est la véritable terre de promission pour les naturalistes. La nature semble s’y être retirée comme dans un sancluaire par- ticulier, pour y travailler sur d’autres modèles que ceux auxquels elle s'est asservie dans d’autres contrées. Les formes les plus insolites et les plus merveilleuses s'y rencontrent à chaque pas. Le Dioscoride du Nord, M. Linné, y trouverait de quoi faire en- core dix éditions revues el-augmentlées de son Système de. la na- ture, et finirait peut-être par convenir de bonne foi qu’on n’a en- core soulevé qu'un coin du voile qui la couvre... Linnæus ne propose guère que 7 ou 8,000 espèces de plantes. On prétend que le célèbre Sherard en connaissait 16,000, et un calcula- teur moderne a cru entrevoir le maximum du règne végétal en le portant à 20,000. J'ose dire cependant que j'en ai déjà fait à moi seul une collection de 25,000, et je ne crains point de leur annoncer qu'il en existe au moins quatre à cinq fois autant sur la surface de la terre, car je ne puis raisonnablement me flatter d'être parvènu à en recueillir la quatrième ou la cinquième partie. .…. Qu'on ne m'objecte pas que les plantes doivent se ré- péter de proche en proche dans les mêmes climats et dans les mêmes parallèles. Cela peut être vrai, jusqu’à un certain point et pour quelques plantes triviales qui forment un nombre peu considérable, mais je puis assurer que partout où j'ai passé j'ai vu de différents théâtres de végétation. Le Brésil n’a rien de sem- blable avec la rivière de la Plata, celle-ci encore moins avec le dé- troit de Magellan. Taïti avait sa botanique propre, et c’est une chose incroyable que la différence qui se trouve entre les vé- gélaux des trois îles de Bourbon, de France et de Madagascar, quoique si voisines et si approchantes en latitude. » Tout.cela peut paraitre vulgaire à notre époque, mais il y a cent ans on avait des idées absolument opposées. Linné et ses disciples croyaient volontiers rencontrer des plantes d'Europe dans les pays les plus éloignés. C’est une des causes de la multitude des erreurs de Thunberg, dans sa flore du Japon. Linné, imbu d'idées théologi- ques fort étroites, avait soutenu l’origine de toutes les espèces 979 BULLETIN SCIENTIFIQUE. du règne végétal d'un seul point du globe ! et ses disciples, c’est- à-dire presque tous les botanistes , juraient tellement in verba magistri, que la vue même de végétalions toutes différentes les unes des autres ne leur ouvrait pas les yeux. Les chiffres devinés par Commerson se trouvent à peu près confirmés aujourd’hui. Ce naturaliste animé d’un esprit libéral et plein de sagacité avait compris un siècle avant ses contemporains le rôle que doivent jouer les herbiers pour le progrès de la science. Il vou- lait former plusieurs collections semblables dont les plantes auraient des numéros identiques, et ces collections servant de types, auraient été déposées dans plusieurs villes. L'idée des nom- breux échantillons numérotés, cette idée simple, qui rend aujour- d’hui d’immenses services à la botanique descriptive, est donc de Commerson. Dans sa générosité naturelle il aurait voulu distri- buer ses types numérotés aux établissements scientifiques de vingt villes, parmi lesquelles nous remarquons Genève et Berne. Ce projet ne put avoir de suite, non plus que la fondation de prix de vertu, dans lesquels il avait devancé Montyon, mais l’idée seule montre à quel point il avait devancé les naturalistes de son époque. On aurait évité bien des confusions et des doubles em- plois si les plantes de Commerson décrites à Paris par Lamarck, Jussieu, etc., avaient été représentées dans dix-neuf autres loca- lités par des échantillons authentiques. 1 Voir sa dissertation De Telluris incremento (Amæn acad. vol. 2). OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES 4 L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le Prof, E. PLANTAMOUR Penpant LE mois DE FÉVRIER 1862. Le 1°", on voit à peine quelques traces de neige sur le grand Salève et sur les Voirons ; belle lumière zodiacale dans la soirée. 2, gelée blanche le matin à 6 h. ; température de l'air + 09,7 : le minimum a eu lieu après 6 h. 5 et 6, forte gelée blanche le matin. Dy 7 au soir au 10 au matin, la bise a soufflé avec une violence exces- sive et de manière à occasionner des dégats dans la ville et dans la campagne. Il faut remonter à plusieurs années en arrière (18 et 19 Nov. 1847) pour trouver un exemple d’une bise aussi violente. Le 24, à 7 b. du soir, la lumière zodiacale s'étend au-delà des Pleïades. 25, la neige a disparu des Voirons et du grand Salève. 26, il a neigé dans la matinée, mais la neige n’a pas pris pied dans la plaine. Valeurs extrêmes de la pression almosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm mm Le 4, à 10 h. matin.... 738,45 Le 7: à Ah: s0ir2 x 2077 11, à 10 h. matin..,. 729,39 13, à 4h. soir... . 724,52 15, à 10 h. soir..... 729,80 18, à 6h. matin... 719,94 21, à 8 h. matin... 728,52 21, à 10 h. soir.... 724,88 23, à 10 h. matio.... 730,85 24, à 6h. soir. .. 722,85 27, à midi....,.,. ++ 727,12 Ancarves. T. XIII, — Mars 1862, m. 11732,27 2 | 733,47 9 17935,19 4 | 737,54 5 | 733,42 6 [728,03 24792 "79 8|726,16 11 | 728,90 12 | 726,22 13 | 725,15 14 | 725,42 15 | 728,62 16 | 727,68 17 | 722,67 18 | 720,58 19 | 724,65 20 | 726,96 727,15 22 | 727,14 23 | 730,01 24 | 724,87 25 | 724,74 26 | 726,66 27 | 727,12 724,88 Les 8, 9 et 10 dec journée. HE THE IO AR Eu] LFP FLO & Baromètre. Ê Re = | Hauteur Écart # | moy. des avec la ZT 24h. hauteur en normale, millim. 5,14 6,37 8,06 ro E 6,44 ni LR © R à 1 — œ © 082 2,18 0,46 1,48 1,16 2,09 1,20 3,76 5,80 1,68 0,68 Rs 0,96 1,20 1:97 0,71 1,22 0,96 } nu LM 3,88 | RE RE e mois, | Température c. Moyenne des avec Ja 24 heures. 5.95 —6,6 8,66 | —9,4 7,09 | —7 6,30 4,24 0,40 0,51 1,32 0,56 1,55 2,40 2,34 se LR 222%ve8 DHSCt index du the ] [Tension dela vap. D. 0 Ecart temp. normale. © bi I (© © © +9 I D & O1 à um r | 9 © L! 19 © re Qt I D à © 10 & © | | — «9 Le _— 2 S ER — = # eu LUCE WHON < © © 1 LE S © SE rer rare rmomètre maximum a été dérangé par GENEVE. — Février 1 701 876 851 839 892 956 801 908 826 809 761 839 803 765 854 816 946 984 987 973 972 984 876 796 852 987 826 913 2 PO 8 De eh Moy.| E n: des Mini- 24h. mum 430 680 700 680 670 720 570 770 690 690 640 700 610 600 600 570 830 920 950 860 840 940 670 620 750 890 700 810 SSO. 1 variable N. 1 variable variable variable variable NNE. 3 NNE. 3 NNE. 2 N. 1 S 1 variable variable variable SSO. 1 SSO. 1 SS0. :1 variable variable N. 1 variable NNE, 1 N. 1 NNE. 1 variable NNE. 2 NNE. 1 Temp. du Rhône, D. + © (e - ISO ND - QG aa’ I GI1®: _ © à ©I1t - _ Duë bb obw bo v-IE va ISO EC LIGNE D: S C0O0006OS COCO 000cO er S© ©HX-I- Z © t© - _ n nr RER … - Li DWOOUN COS © ODAIDS SC D _ SAM ©OOOSOO mm OS IC» — 3,25 — 2,83 — 0,27 + 1,32 + 2,44 + 2,66 + 1,50 + 0,45 — 0,21 3e » 2,67 + 2,92 Æ 3,76 + 5,16 + 6,26 + 6,38 + 5,47 + 4,12 + 3,30 Mois — 0,58 — 0,32 + 1,56 + 3,28 + 4,20 + 4,01 + 2,63 + 1,59 + 0,83 Tension de la vapeur. mm mm mm mm mm mm mm mm mm 1re décade, 4,25 4,19 4,38 4,57 4,63 4,56 4,67 4,48 4,47 vo 4 3,97 3,60 4,03 4,05 4,27 4,38 4,36 4,35 4,27 3e » 5,32 5,39 5,91 5,89 5,72 5,70 5,79 5,52 5,30 Mois 4,31 4,32 4,58 4,76 4,81 4,82 4,83 4,13 4,64 Fraction de saturation en millièmes. 1re décade, 913 882 790 712 695 752 868 874 929 2% » 952 932 867 779 761 774 831 889 917 3e » 952 949 915 885 800 797 857 895 910 Mois 938 919 853 786 748 773 852 885 919 Therm. min. Therm. max. be our he me Les Limnimétre. o o o mm p- 1re décade, — 2,31 + 5,52 0,66 5,26 0,0 35,7 2 » — 3,71 + 3,48 0,64 4,49 28,4 30,8 ge » + 1,75 + 7,41 0,80 5,46 12,4 28,6 Mois — 1,65 + 5,33 0,69 5,02 40,8 31,9 Dans ce mois, l’air a été calme 1 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 2,25 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 10°,0 E. et son intensité est égale à 48 sur 100. re ARTE VAE a to \ buv nu. v'9mornEt tour { rot tu 1 um LUS. EUUET EN 8 + un OÛE ra SUSE M ue à nie cms, di LT.) a‘ Li: ER TET [LOST TR | 9rp rat RE à «3 v - 4 00,0% 07,0% Bet at Bd Gidot &F C4 ki, à LE Es ob, 4 Q& 1 dd La re £x pt 06 st :E4 in à 2,6 dt, pr LE 1Q À 7 + Le T +’ : La + 20 We LT ; 89 Ho C4 ee LPO 4-06 dut 28-08. { + Ld i Mr, ” JE ai où PT) J TC ES EC UT DT d'Or tUes AE Pobeorke = Rte VA Fhb; cat LS : EEE AT DE RUE ES RAR Pre Ci (RO. 3 A8 * SIÈ. en FER Fe TE LL [€ è re re RER nue 0è,be® TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE MOIS DE FÉVRIER 1862 : SAINT-BERNARD. — Février 1862. Ë Barcrbges, ET br Co anis a, D | Vent | Clarté y Hauteur | Ecart avec nie Ecart avec laf à Hauteur Eau Kobe Ê moy du = moy. des | la hauteur | Minimum. | Maximum, des température | Minimum. ! | Maximum! de la tombée dans d'heures dominant! Cia. = 24 heures. normale. %4 heures. normaie. TE EU RUES RENE RME ML D les 24 h. Ë | ram TD DS 0 0 am mn o o 0 0 mm mm 1! 1 || 566,59 6,41 | 566,14 | 567,36 || — 2,56 + 6,88 | — 4,0 0,0 | 2.2. lache RC ONE 2 || 567,74 7,58 | 566,86 | 568, 7 — 1,85 7,58 | — 2,5 | —10,8 sapes sous ia NE. 1 0,14 3 || 569,02 8,88 } 568,53 | 569,71 || — 2,52 6,89 | — 5,51 À 1,81 oO RS 0,09 4 || 570,27 10,15 | 569,89 570.83 — 9,21 7,19 1? — 3,0 | — 0,3 Un fa DB PATES NE. 1 0,06 5 || 568,11 8,01 | 567,12 | 569,17 || — 2,13 PE SU 5 EE Re uses ss... || NE. 1 | 0,09 6 || 563,49 | + 3,41 | 561,85 | 564,84 || = 3,64 | + 5,72 | — 5,4 | — 2,0 | . .... |... | NE 2 1/0,32 7 | 556,00 | — 4,06 | 554,08 | 558,82 || — 8,16 | + 1,18 |. =11,2 | 3,8 4. ON nn 8 | 552,71 | — 7,33 | 551,46 | 553,60 || —21,01 | —11,70 | —23,5 | —18,0 || ...... sons eus lANE IE 00 9 11 552,79 | — 7,24 | 552,29 | 553;49 || —19,60. | —10,92 | —23,0 | —17:8 |... | . D... ONE 3 0,64 10 || 554,34 | — 5,67 | 553,28 | 555,39 || —16,64 | — 7,38 | —19,0 | —11,8 sb Mes 0 variable | 0,31 11 | 556,95 | — 3,04 595 ,48 | 557,95 m4 9,000) 148 I SS UNIES MS. x: nn se II CANTE 0,00 12 || 556,99 | — 2,99 556,67 | 557,36 = 2608 | 19,6) M0 LEO UNSS RE ON RE OT 13 || 557,54 | — 2,49 556 87 | 558:14 Ed TA D IST UNIES rte een NE. 21-1000 14 || 558,51 nn 557,92 | 559;54 = 112 | a7,4 OO na : : calme 0,00 15 || 561,62 | + 1,69 | 560,44 | 562,57 + 1,96 | —10,5 | — 3,3 || ... .. PTS + . || calme 0,00 16 || 562,13 | + 2,22 | 561,69 | 562,69 + 1,25 | —10,0 | — 4,3 || . .... entss +... + || variable | 0,40 17 || 559,40 | — 0,50 | 558,78 10,04 OIG EST ANS Neue LES variable | 0,98 18 || 558,53 | — 1,36 | 557,70 | 559,83 T 8,19 411 —7,0010—60;8 80 DT 12 calme 1,00 19 !! 562,66 cs 2,19 | 560, : 563,94 4,86 | — 6La = #3... Re se 0 CAIMO 0,49 20 || 564,63 4,77 | 564,2 563,13 + 421 | — 54 — 26 SE A Re 21 || 564,08 4,24 | 563,77 | 564,62 ba 4,85 | — 5,0 | — 0,4 10 2,1 8. SO: 1 | 0,84 22 || 563,53 3,70 | 562,93 | 564,24 4,89 | —,5,2 V0 EM . || variable | 0,98 23 || 564,58 4,76 | 563,92 | 565,30 1 4,35 | 5 4 TR OI PR ONREC . A NE: 1 | 070 24 || 560,49 0,68 | 559,91 | 561,73 T 4,60! —:17,2-| = 0 4 ISERE PE . || variable | 0,31 25 || 559,41 | — 0,39 | 558,57 | 560,29 2,82 | — 8,6 | — 1,4... ste NE. 1 | 0,86 26 || 560,60 T 0,81 | 559,94 | 560,95 2,17 | 60Tt = 29 IN SR EE. ersiil 20. 11082 27 || 561,60 1,81 | 561,14 | 562,16 3,864 1—.8,9 1" 0/14 I-Re RE +. .+.. || variable | 0,38 28 || 560,78 | + 1,00 | 559,81 | 562,09 || 2,11 | — "7,0 —= 438) se . .« .. || variable | 0,97 29 | 30 31 4 Les chiffres renfermés dans ces culonnes donnent la plus basse et la plus élevée des températures observées de 6 h. du matin à 40 h. du soir, les thermomètrographes étant hors de service. MOYENNES DU MOIS DE FÉVRIER 1862. : 6h. m. 8h.m. 10h. m. Midi. 2 h.s. 4h.s. 6b.s 8 h.s. 40 h.s. Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm mm lredécade, 562,14 562,46 562,58 562,22 561,89 561,95 561,98 562,04 562,06 2e _,» 559,33 559,62 559,92 559,80 559,74 559,94 560,16 560,43 560,47 20:43 561,88 562,09 562,10 562,11 561,81 561,68 561,83 561,91 561,91 DE ARR NS NP oh RU Ut RE Mois 561,06 561,34 561,49 561,33 561,10 561,16 561,29 561,43 561,45 Température. 2 o a o ° 1re détade, — 7,88 — 8,21 — 7,04 — 6,38 — 7,05 — 7,69 — 824 — 853 — 8'30 2 M —10,21 — 9,22 — 7,27 — 5,83 — 6,23 — 6,96 — 8,88 — 9.29 — 995 3e M — 6,82 — 5,53 — 3,89 — 2,51 — 9,39 — 3,45 — 5,41 — 5,10 — 574 OR ——————————— — Mois — 8,41 — 7,80 — 6,22 — 5,08 — 5,42 — 6,22 — 7,66 -- 7,99 — 1,91 Eau de pluie ‘Hauteur de la Min, observé.! Max. observé! Clarté moge du Ciel. ou de neige. neige tombée, mm mm 1re décade, —10,05 — 5,21 0,32 0,0 0 2e » — 10,32 — 5,44 0,39 5,7 80 2 4 — 6,83 el, 54 0,73 2,1 10 M Mois — 9,22 — 4,26 0,46 7,8 90 Dans ce mois, l'air a été calme 40 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 3,79 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 450E., et son intensité est égale à 37 sur 100. ! Voir la note du tableau, LOU Ts 14 )E8G À site ; “lu TTL NN aûr our brad Lérisids «8 - Lu Sail ar pour dpalD + (tres ü MEL VS RER £ ASE ER) te Énes | TEE sis à a 7. | nr #8 ot ob sine D RU ‘4 ve 7} RD Dre à: LEE L ; W| LH Aa 4 Miverras LL Archives de Se. Phys.et Nat. 1862, T.XII. | hives de Sc. Phys.et Nat. 1862, PL IL. =. nt VA DE LA THÉORIE MATHÉMATIQUE DE LA MUSIQUE PAR M. ALEXANDRE-P. PREVOST. PREMIÈRE PARTIE. {. Le travail sur la gamme des musiciens, publié par M. le docteur Ritter dans le tome VIII des Mémoires de l'Institut national genevois, a rouvert à la science un champ longtemps abandonné. Depuis plus d’un siècle les savants semblent avoir renoncé à approfondir la théorie mathématique de la gamme et s’être bornés, dans leurs manuels, à répéter sans s’y arrêter les idées confuses de leurs devanciers. M. Ritter, frappé des contradictions qui règnent dans la théorie elle-même et encore plus de celles qui existent entre la théorie des physiciens et la pratique des musiciens, à cherché à établir une théorie plus rationnelle, et a été ainsi conduit à fonder toute Ja théorie mathématique de la gamme sur les intervalles de quinte et d’octave, intervalles sur la valeur numérique desquels tout le monde est d'accord. En développant cette idée, M. Ritter a trouvé pour la gamme des intervalles identiques avec ceux de la gamme des pythagoriciens. La vraie gamme de la musique est donc, suivant lui, la gamme des pythagoriciens, fondée Ancuives. T, XIII. — Avril 4862. 21 282 DE LA THÉORIE MATHÉMATIQUE sur la Méthode des quintes pures. Dans la première partie de ce travail, nous reproduirons les idées de M. Ritter, qui nous paraissent pleines d'intérêt pour la théorie de la musique; nous ferons suivre ce résumé des résultats auxquels ces idées nous ont conduits. 2. La théorie généralément admise dans les livres de physique est fondée sur le fait que, lorsqu'une corde vibre, on entend avec le son principal d’autres sons plus aigus et sur l’explication que Sauveur a donnée de ce fait. Quand on met une corde tendue en vibration, il arrive souvent qu’elle se subdivise en plusieurs parties égales, en ®, en 3, en 4, en 5 parties égales, qui font chacune respectivement 2, ou 3, ou 4, ou à vibrations pendant la durée de la vibration fondamentale. Or l'oreille reconnaît, dit-on, outre le son fondamental, celui de l’octave aiguë de ce son, celui de l’octave de la quinte, celui de la dou- ble octave, celui de la double octave de la tierce, etc. Comme le nombre des vibrations est inverse de la lon- gueur de la corde vibrante, on en a conclu que les rap- ports de 1 à 2, à 3, à 4, à 5, représentent les intervalles qui viennent d’être nommés. Déduisant de là la valeur des notes de l’accord parfait dans la gamme en baissant d’une octave le son 3 et de deux octaves le son 5, c’est-à-dire en divisant 3 par 2 et 5 par 4, on obtient les chiffres suivants : ul mi sol ul { = : 2 4 2 tonique tierce quinte octave. ou ou ou fondamentale. médiante. dominante. Pour obtenir les autres notes naturelles de la gamme, , DE LA MUSIQUE. 283 on prend d’abord le so! pour tonique, ce qui donne le s2 et le ré, qui sont respectivement la tierce et la quinte du sol : sol st ré 5 15 9 2 8 4 mais il faut encore diviser la valeur de ré par 2 pour le ramener dans la gamme, ce qui donne pour ré ue Traitant enfin l’ut comme représentant la quinte et cherchant sa tonique et la tierce de sa tonique, on trouve: fa la ut 2 1 sl sh i 3 12 et multipliant les valeurs de fa et de la par 2 pour les ramener dans la gamme, on a pour fa + et pour la +. La gamme se composerait donc, suivant les physi- ciens, des sons produits par les nombres de vibrations qui suivent, l’uf étant 1 : ul ré mi fa sol la si ul Q 5 4 3 5 19 RON I SON Nr En égaré 9 10 16 9 10 9 46 Te 62 Ta HU Av 7 9 Sa L'TRRTE Les fractions au-dessous de l’intervalle qui sépare les notes indiquent les intervalles de note à note. Pour trouver la valeur des dièses, on multiplie dans cette théorie le chiffre des vibrations de la note naturelle, les uns disent par —-, les autres par 5%. Pour avoir les bémols, on divise par ces mêmes fractions. On aurait ainsi, par exemple : 284 DE LA THÉORIE MATHÉMATIQUE ul ut: ré » ré 25 97 9 1 21 25 nr La formation des dièses et des bémols n’est pas tou- jours donnée de la même manière, mais les physiciens s'accordent en général à faire le bémol d’une note plus élevé en ton que le dièse de la note qui la précède, lorsque les deux notes sont séparées par un intervalle d’un ton. Ainsi ils font ré? plus haut que wt*. Voilà en quelques mots la théorie musicale que l’on trouve dans les livres de physique. 3. La gamme se compose théoriquement de 21 notes que l’on retrouve dans le violon et dans la voix humaine, savoir 7 notes naturelles, 7 dièses et 7 bémols. Mais dans les instruments à sons fixes, comme le piano, il n’y en a que 19, savoir les 7 notes naturelles et 5 notes ac- cidentées. C’est que 21 notes différentes compliqueraient trop l'instrument et que l'oreille confondant deux sons très-rapprochés, se contente aisément d’une note très- voisine de celle qu’elle réclamerait strictement. Ainsi l’ut* est assez voisin du ré? pour que l'oreille se contente, Soit pour l’un, soit pour l’autre, d’un son intermédiaire entre les deux. Comme les intervalles de note à note ne sont pas les mêmes dans la gamme ($ 2), on ne pourrait, avec les douze notes des instruments à sons fixes, jouer un air que dans un ton donné; on ne pourrait pas transposer le ton, parce qu’en prenant une note différente pour to- nique, on trouverait les intervalles de la tonique à toutes les autres notes changés et la mélodie ne serait plus la même. Pour obvier à cette difficulté, on altère légère- DE LA MUSIQUE. 9285 ment la valeur des notes de manière à permettre de transposer un ton sans blesser l’oreille. C’est ce que l’on nomme le tempérament des instruments à sons fixes. Or- dinairement on égalise tous les intervalles, en sorte que dans l’octave de ut à ut octave, il y a douze notes sépa- rées par le même intervalle. On pourrait donc, lorsqu'on écrit de la musique pour le piano, par exemple, se borner à douze signes, aux 7 notes naturelles et à 5 dièses. Ces douze signes suffiraient parfaitement à indiquer à l’exécutant quelles touches il doit jouer. Mais les véritables musiciens ne se contente- raient jamais d’un pareil procédé ; il y a une orthographe en musique comme en littérature, et elle est basée sur l’origine des notes, sur leur étymologie. Les instruments à sons fixes ne sont que le résultat de procédés pratiques, procédés imparfaits et dont on ne se contente que par suite des difficultés qu’entraïinerait la réalisation pratique des nombreux intervalles musicaux que réclame loreille. Si lon veut approfondir la théorie même de la musique, il faut laisser de côté les instru- ments à sons fixes avec leur tempérament et étudier les intervalles corrects. 4. Revenons maintenant à la gamme telle qu’elle est conçue dans les livres de physique. Il se présente dès Pabord une grande difficulté. Si l’on étudie les notes successives qui se présentent lorsqu'on s’élêve de quinte en quinte, on obtient la série suivante : ul sol ré la mi st 3 2? 33 31 3°? Lo T4 TE TN NT CE 286 DE LA THÉORIE MATHÉMATIQUE Ramenant ces notes dans la gamme de ”t 4 en divisant la valeur de ré et celle de La par 2, celle de mi et celle de si par deux fois 2, c’est-à-dire par ©, on obtient les fracüons : ul ré mi sol la si 3? 34 3 3 3° ET 2%, 2 #2 dans lesquelles les valeurs de mi, la et si sont bien dif- férentes de celles de ces mêmes notes suivant les livres de physique ($ 2). Comment concilier ces résultats? Ils sont évidemment contradictoires. Si l’on adopte dans la gamme pour valeurs de #1, de La et de si respectivement +, + et ©, ces valeurs deviendront fausses lorsqu’on voudra se servir de ces notes comme de quintes à l’oc- tave et à la double octave aiguë. Les physiciens pour tourner cette difficulté n’ont rien trouvé de mieux que d'admettre la nécessité d’un tem- pérament dans l'échelle théorique des notes ; idée singu- lière qui revient à dire que la théorie mathématique de la gamme n’est pas mathématique; autant vaut dire que la théorie est fausse. La gamme des physiciens porte donc en elle-même une contradiction flagrante. Se réconcilie- t-elle du moins avec la pratique musicale? C’est au con- traire le désaccord entre cette théorie et la pratique qui a donné d’abord l’éveil à M. Ritter sur sa fausseté. Dans sa Méthode élémentaire! M. Chevé place le dièse d’une note plus haut que le bémol de la note suivante quand l'intervalle entre les deux notes est d’un ton. Il montre que l’ut *, par exemple, est plus haut que le ré?, et tous 1 Méthode élémentaire de musique vocale, par M. et Mwe Emile Chevé. Paris, 1860. | gg" DE LA MUSIQUE. 9287 les musiciens habiles que nous avons consultés, tous ceux du moins qui jouent du violon ou du violoncelle, affir- ment qu’il en est bien ainsi dans la pratique!. 5. Frappé de ces contradictions, M. Ritter a laissé de côté l’idée que le m2 dérivait de la subdivision de la corde vibrante en cinq parties égales et a calculé toutes les notes, ainsi que nous l’avons déjà dit, en ne considérant que les deux premiers sons harmoniques, ceux résullant de la subdivision de la corde en deux et en trois parties, savoir l’octave du son fondamental et l’octave de la quinte. L'’octave de la quinte étant le résultat de trois vibra- tions pour une du son fondamental, la quinte est repré- sentée par la fraction +. Partant du son fondamental ut, on trouve en s’élevant de quinte en quinte la série sui- vante, formée des puissances successives de SA Savoir : ut sol ré la mi si fa* ut? sol ré‘ la mit sit 3 32 33, 34 : 35 36 37. 38 39, 310 311 312 2 92 93 94 95 96 971 98 99 9I0 JU 912 Pour ramener ces nombres à exprimer la valeur des notes de la gamme dont la tonique est 1, il faut diviser par 2 autant de fois qu’il y a d’octaves entre la note et la gamme primitive, et l’on aura : l De Momigny en fait la remarque dans son article semi-ton de l'Encyclopédie. « On appelle, dit-il, semi-ton majeur celui de la à si° et mineur celui de la à la*; et cependant si un violon où un violoniste fait un si’, il le rapproche du la naturel; et s’il fait un a°, il le rapproche de si. Or, il est évident qu’alors le semi-ton le plus grand est celui de la à la*, et le plus petit celui de la à si°; et que la pratique est en contradiclion avec la théorie qui devrait l'expliquer et non la contredire. » De Momigny, En- . cyclopédie méthodique, ome CXLI, Musique, arvicle semi-1on. 288 DE LA THÉORIE MATHÉMATIQUE ut sol ré la mi si fa’ ut solf ré lai mi sit 3. 32:33 34 35 . 36 37 38, 39 310 311 312 9 93 94 96 97 99 91 912 914 915, 917 918 Si, au lieu de prolonger les quintes en montant, on s’abaisse de quinte en quinte depuis l’uf en divisant par 3 nos =, On a la série : [0° -OMEb, SO TE OM M D NT T0 98 (97 96 95 94 93 92 2 ) ce Mo ptit + al : 9° RU et en ramenant ces notes dans la gamme primitive en multipliant par 2 autant de fois qu’il y a d’octaves entre la note et l’ué 1 : fa’ ul° SO PT Litrén OT Eat. © met) cs? fa ut 913 911 910 98 97 95 94 22 Bree D nb nie vd 8 M Composant maintenant la gamme des notes naturelles, on aura les valeurs suivantes, avec les intervalles de note à note indiqués au-dessous : HE TT mi fa sol la st ul 3? 34 2 3 33 35 re ere RO QT np D nr ETAIe R 9 9 256 9 9 9 256 So co GE, 243 MÉMA eUf, A 243 6. Cette gamme, qui diffère de celle des livres de phy- sique par les valeurs des notes m1, la et si, est la gamme des pythagoriciens, fondée sur les quintes pures. Elle peut se prolonger en dessus et en dessous par l’addition d’octaves sans conduire à aucune contradiction et sans qu’il soit nécessaire par conséquent de recourir à l’idée d’un tempérament théorique. DE LA MUSIQUE. 289 On ne rencontre dans cette gamme que deux sortes d'intervalles, l'intervalle © où <- et l'intervalle + ou 7, ce qui est plus conforme aux conceptions des mu- siciens que ne le sont les trois sortes d’intervalles qu’on trouve dans la gamme des physiciens ($ 9). Enfin les notes accidentées sont placées dans les po- sitions que la pratique des musiciens semble réclamer. La valeur de l’ut*, par exemple, 5 — ST — 1,0679 est plus grande que celle du ré —5- — 2 — 1,0535 c’est-à-dire que l’ut* est plus aigu que le ré”. 1. Il serait fort désirable de pouvoir décider directe- ment par l’observation et pour chaque note laquelle de ces deux gammes théoriques, celle des livres de physique ou celle des quintes pures, répond le mieux aux besoins de l'oreille; mais ces expériences sont très-diffciles. M. Ritter discute celles de M. Delezenne de Lille et montre qu'elles sont peu concluantes, surtout à cause des idées théoriques préconçues de l’auteur, qui ont à son insu in- flué sur les résultats de ses observations. Celles de M. le docteur Mübring, dirigées d’une ma- nière plus philosophique, donnent, suivant les calculs de M. Ritter, des résultats qui concordent singulièrement mieux avec la gamme de la méthode des quintes pures qu'avec celle des livres de physique. Ainsi pour les cinq intervalles différents étudiés par M. Môhring, les valeurs données par l'expérience ne diffèrent presque pas de celles que fournit la méthode des quintes pures, les écarts ne dépassant pas — 3,6 vibrations et + 0,9, tandis que les écarts entre les résultats de l’expérience et les valeurs calculées par la théorie ordinaire des physiciens s'élèvent à — 18,5 vibrations et à + 8,3. Ces chiffres sont assez 290 DE LA THÉORIE MATHÉMATIQUE remarquables. Il serait intéressant que d’autres observa- teurs musiciens voulussent bien répéter ce genre d’ex- périences. SECONDE PARTIE. 8. Nous avons dans ce qui précède donné une courte analyse de la question de la théorie musicale telle qu’elle est posée aujourd'hui par les mathématiciens. Notre but est maintenant de prendre pour base de la gamme Ja méthode des quintes pures et d’en développer quelques- unes des conséquences théoriques. Cheiain faisant, nous chercherons à comparer ces conséquences avec la pra- tique et les idées des musiciens; mais nous ne présen- tons ces rapprochements qu'avec beaucoup de réserve, n'étant point versé, nous-même, dans l’art musical. Nous désirons seulement attirer l’attention des experts sur les résultats auxquels conduit la théorie, afin qu’ils puissent juger eux-mêmes de sa valeur comme expression de la réalité. 9. Nous commencerons par établir la série des 21 notes de la gamme, en suivant l’échelle des tons, c’est-à- dire du nombre des vibrations. La valeur de chacune des notes a déjà été calculée dans le $ 5; le tableau N° 1 (Planche 11) les donne arrangées en ordre. On remarquera en passant que le s2 *, qui dans ce ta- bleau se trouve être la seconde note de la gamme, est le dièse du si naturel de l’octave au-dessous. En effet le si*, calculé dans le$ 5, savoir & = -#., a une valeur supérieure à 2 et sort par conséquent de l’octave wt À à ut 2. Pour avoir un si ° compris entre 1 et 2, valeurs ex- DE LA MUSIQUE. 291 trêmes des notes de la gamme qui nous occupe, il faut diviser encore une fois . par 2; ce qui donne x. La première observation qui se présente, c'est que, quoiqu'il existe bien un rapport constant entre une note et son dièse et aussi entre une note et son bémol, ces relations n’ont rien de spécial. Nous avons trouvé les dièses et les bémols en développant simplement la série des quintes, et il n’y a théoriquement point de raison pour rapprocher comme on le fait dans le langage une note dièse ou une note bémol de la note naturelle dont elle prend le nom. Les musiciens ont trouvé commode de rappeler les relations qui existent entre une note et son dièse ou son bémol en donnant le même nom gé- nérique à ces trois notes; mais la théorie n’y reconnaît aucune relation générique. Le tableau N° 1 montre bien, du reste, que les notes accidentées sont toujours, comme le veulent les musi- ciens, dans des relations constantes avec les notes natu- relles dont elles portent le nom. L'intervalle d’une note à son dise est toujours a ; en d’autres termes il faut multiplier le chiffre qui indique le nombre de vibrations d’une note par 5 — 7 pour avoir son dièse. L'intervalle du bémol à la note qui lui correspond est aussi :; c’est-à-dire qu'il faut multiplier par cette frac- tion la valeur du bémol pour avoir la note naturelle. Donc pour trouver le bémol d’une note naturelle, il faut diviser la valeur de la note par Z ou, ce qui revient au ou même, multiplier par & = Xe: Si l’on considère deux notes naturelles consécutives séparées par un intervalle d’un ton entier, comme w{ et 299 DE LA THÉORIE MATHÉMATIQUE ré, On trouve entre les deux le bémol de la seconde, avant le dièse de la première : UT RÉ’ UT" RÉ L’intervalle ut à ré’ est égal à celui de ut à ré, savoir …. Celui de ré’ à ut* est © et équivaut à ce que l’on nomme tantôt le comma diatonique, tantôt le comma de Pythagore, ou encore le comma diésis. Pour nous ce sera simplement le comma". On vérifie facilement l'exactitude de ces intervalles en les comparant à l’intervalle entier ou d’un ton, en effet 98 98 22 312 nr AL AU TEE LOTS Er (0. Si l’on voulait continuer à examiner ainsi direc- tement le tableau de la gamme, on se trouverait vite em- barrassé par les chiffres compliqués des puissances de 2 et de 3. On peut simplifier le travail en étudiant la na- ture des différents intervalles. La colonne intitulée enter- - valles numériques, tableau N° 1, donne la valeur des inter- valles de note à note. On verra qu’il n’en existe que trois différents, savoir %, 2 et +. Le troisième + n’est que le produit des deux autres, % X % — à; en sorte que si l’on représente % par a et = par b, le troisième intervalle sera a X b. (Voyez le tableau.) On arrive ainsi à ne reconnaître que deux intervalles fondamentaux dans l’échelle des 21 notes; l’intervalle a que nous connaissons déjà ($ 9) sous le nom de comma, l La théorie des physiciens a fait admettre un comma synto- nique valant ss mais ce comma n’a pour nous aucune raison d’être. C’est la différence qui existe entre le mi des quintes pures et le prétendu mi résultant de la subdivision de la corde en cinq. DE LA MUSIQUE. 9293 et l'intervalle &, auquel nous donnerons le nom de dia- slème. Le comma désigné par la lettre & QUE Dies yes il est compris entre les fractions © et + et équivaut à 1,0136%4. Il a les puissances de 3 3 mérateno et celles de 2 au dénominateur. Le diastème désigné par la lettre b vaut À — pour) il est compris entre les fractions 5 et :- et équivaut à 1,03932. I a les puissances de 2 au numérateur et celles de 3 au dénominateur. Si l’on prend pour point de départ l’ut faisant une vi- bration dans un certain temps, on peut reconstruire la gamme avec ses 21 notes exprimées en commas et en diastèmes. (Voyez l’avant-dernière colonne du tabl. N° 1.) Cette colonne donne immédiatement la valeur d’un intervalle quelconque en commas et en diastèmes. La quinte, par exemple, se compose de 10 commas et de 7 diastèmes ; l’octave se compose de 17 commas et de 12 diastèmes. Exprimée en commas et en diastèmes, la gamme na- turelle devient : UT RÉ MI FA SOL LA SI UT 1 ab ab a7b5 a10p7 ab Gb al7pl? L'intervalle de seconde majeure ut-ré se compose donc de 3 commas et de 2 diastèmes a°b?. La seconde mineure cu LIMMA ut-ré" ou ul°-ré se com: pose de À comma et de 4 diastème a b. La seconde chromatique où APOTHOME ut-ut* ou ré'-ré se compose de 2 commas et de 1 diastème «° b. C’est intervalle d’une note à son dièse !. l Ces résultats semblent bien cadrer avec les idées de M. Chevé, Méthode élémentaire, WE: partie, Livre F, chap. V, p. 241. 294 DE LA THÉORIE MATHÉMATIQUE { 1. Étudions maintenant ce qui a lieu lorsqu'on essaie de transposer un air d’un ton dans un autre, c’est-à-dire lorsque l’on change la note fondamentale de la gamme du ton. On sait que Rousseau! a proposé que l’on gardât pour les noms des notes les lettres C D E F G A B qui sont en usage presque partout, sauf en France. Les expressions ul ré mi fa sol la si ne représenteraient alors les notes que par rapport à leur position relativement à la note fondamentale du ton; u{ serait l’équivalent de fonique, ré de seconde, mi de tierce et ainsi de suite. Adoptant pour un moment cette distinction dans la désignation des notes, supposons un instrument donnant les 21 notes de l’octave théorique et accordé en partant de C (ut) pour note fondamentale, c’est-à-dire accordé dans le ton d’ut majeur ou C sol ut. Les intervalles de note à note n'étant point les mêmes (voyez le tableau N° 1), il s’ensuit que lorsque, au lieu de prendre pour point de départ la note C (wi), on part de toute autre note, on ne retrouve plus une série d’inter- 1 «Ut ou ré, » dit-il, « ne sont point ou ne doivent point être telle ou telle touche du clavier, mais telle ou telle corde du ton. Quant aux touches fixes, c’est par les lettres de l'alphabet qu’elles s'expriment. La touche que vous appelez ut je l'appelle C; celle que vous appelez ré je l’appelle D. Ce ne sont pas des signes que j'invente, ce sont des signes tout établis, par lesquels je déter- mine très-nettement la fondamentale d’un ton. » (Dictionnaire de musique, article solfier.) Ailleurs il dit encore, en parlant des musiciens français : « C sol ut, ut et C ne sont pour eux que la même chose. Mais dans le système de Gui (d’Arezzo), ut est une chose et C en est une fort différente, et quand il a donné à chaque note une syllabe et une lettre, il n’a pas prétendu en faire des synonymes. » (Dict. de musiqie, art. gamme.) DE LA MUSIQUE. 295 valles semblable à celle qui suit G (ut). Si l’on prend, par exemple, pour point de départ la note D (ré), a° b?, si on la prend pour l’ut, il faudrait trouver d’abord un intervalle d’un comma donnant la note correspondant au B*(si) de la gamme de C (ul) majeur ; mais la note qui suit le D (ré) est E° (m2) avec un intervalle d’un comma et d’un diastème, ce qui correspond au ré” de la gamme d’ut, et ainsi de suite. Dans la première colonne du tabl. N° 2 (PI. ID), on a prolongé la gamme de C (ut) sur deux octaves en commen- çant par l’octave grave de C 4 (ut 1); c’est-à-dire en partant de C (ut) + qui, exprimé en commas et en dia- stêmes, équivaut à — = a *? x b-?, Les notes sont toutes exprimées en valeurs de commas et de diastèmes. Puis dans les colonnes suivantes on a pris successive- ment pour w{ chacune des notes de la gamme et l’on a inscrit dans chaque colonne le nom de la note de la gamme d’ut, toutes les fois qu’on a trouvé dans la pre- mière colonne une note exactement correspondante. Ainsi dans la 5° colonne de notes, intitulée D ou ré, on à inscrit w£ vis-à-vis du D (ré) de la 1° colonne ; puis le E? (mi*) qui suit le D (ré) dans la 1"° colonne étant à un in- tervalle de a b du D (ré), on a inscrit dans la 5° colonne ré vis-à-vis de E° (mi); puis ut* vis-à-vis de D'(ré*). Vis-à-vis de F° (fa) on n’a rien inscrit dans la 5° colonne, l'intervalle de ré à fa’ étant de a* b* qui n’est pas repré- senté dans la gamme de C (ut) majeur et ainsi de suite. On a établi de la sorte 21 séries de notes dans chacune desquelles, sauf la série de C (ut), il manque plus ou moins des notes de la gamme. En examinant chacune de ces séries, on reconnaîtra qu'il y en a un certain nombre dans lesquelles on trouve 296 DE LA THÉORIE MATHÉMATIQUE au complet les sept notes de la gamme naturelle, wt ré mi fa sol la si, savoir les séries : GDF CT D'ORDE F'GP RG Ab A RITES ut réb ut* ré mi mi fa solv fa* sol lat la si ut si On pourra donc prendre pour point de départ l’une quelconque de ces 15 notes et jouer une gamme exacte- ment correspondante à la gamme naturelle de wt majeur. Mais si l’on commence par une des autres notes, savoir : B* DANSE AREA CN FAT à ONE si* ré* fav mi sol * la* il manquera une ou plusieurs des sept notes correspon- dantes aux notes naturelles dn ton d’ut majeur. Si l’on arrange en une série de quintes les 15 notes qui peuvent servir de toniques pour une gamme Corres- pondante à la gamme naturelle de wt majeur, on aura : ut: PUsoh 9 Mpet 6 mit sit fai ugl fa sb mib Lab réb soir ‘ utb Ces notes sont précisément celles que les musiciens ont admises comme désignant les différents tons majeurs dans lesquels on peut composer. Autrement il faudrait des doubles dièses à la clef, ce qui ne se voit pas!. _ La méthode des quintes pures est donc bien d’accord dans ce résultat avec la pratique de l’art musical, dont elle donne en même temps l’explication raisonnée. {2. On verra dans le tableau N° 2 que les notes dis- paraissent une à une selon une loi parfaitement régulière, 1 Les signes double dièse et double bémol ne se mettent jamais à la clef; ils ne peuvent être qu’accidentels, encore sont-ils rares. F.-C. Busset, La musique simplifiée, 1"° partie, Mélodie, ch. XIV, DE LA MUSIQUE. 297 lorsqu'on passe successivement d’un ton à l’autre en suivant la série des quintes. Si du ton G (ui) majeur on passe au ton de G (sol), au lieu de 21 notes on n’en re- trouve que 20, le s2° ayant disparu. Dans le ton de D (ré), il n’y a plus que 19 notes; il manque le si’ et le mi’. Dans le ton de A (la), il manque les notes si‘, mi° et la”, et ainsi de suite jusqu’au ton de C*(ut*) dans lequel'il manque toutes les notes affectées d’un dièse et il ne reste que les 7 notes naturelles et les 7 bémols. C’est là qu’on est forcé de s’arrêter quand on veut reproduire dans les différents tons l'air de la gamme d’ut majeur; car, à la quinte suivante, au ton de G‘(sol*), la note si uaturel manque. Lorsqu’au lieu de prendre la série des quintes en mon- tant, on la suit en descendant, on voit disparaître d’a- bord dans le ton de F (fa) la note fa”, puis dans le ton B'(si°), les notes fa? et ut? et ainsi de suite jusqu’au ton de C? (ut?) dans lequel toutes les notes affectées d’un bémol manquent. A la quinte suivante, dans le ton de F? (fa? }, la note fa naturel disparaît. 13. Si des tons ou modes majeurs on passe aux tons mineurs, on reconnaîtra de suite que les 6 notes pour lesquelles on ne peut pas établir la gamme majeure ne pourront pas donner lieu à une gamme mineure relative, puisque lorsqu'on joue une gamme mineure, on passe en redescendant par les sept notes de la gamme majeure re- lative. Il y aura au contraire 15 tons mineurs possibles correspondant aux 15 tons majeurs et que l’on nomme leurs relatifs, savoir : sol ré la’ ré. sol ut fa si, mib,: lab Ancuives. T, XIII. — Avril 4862. 22 298 DE LA THÉORIE MATHÉMATIQUE Lorsqu'on joue une gamme mineure, on dièse en mon- tant la septième note, que l’on nomme la sensible, Or si, par suite de la transposition du ton, la septième note se trouve déjà affectée d’un diése, le dièse de cette note déjà dièsée manquera dans l'échelle (voyez le tableau). C’est ce qui arrive pour les tons mineurs sol”, ré” et La”, rela- tifs des tons majeurs si, fa” et wl’. On ue trouve, dans les 21 notes de la gamme, point de représentant d’un dièse d’une note déjà diésée ; il faut donc, pour jouer ces trois tons mineurs, trois notes nouvelles, les 21 ne suf- fisant plus. Ces nouvelles notes sont des doubles dièses. 14, La méthode des quintes pures détermine la valeur des doubles dièses de la même manière qu’elle a déter- miné celle des autres notes en prolongeant simplement la série des quintes. Si ($ 5), au lieu de s’arrêter au si* on continue à s’élever de quinte en quinte, on trouvera que de même que la quinte du si est le fa”, la quinte du si sera le fa, et l’on aura la série : si. fa"noumtél Lennréto)da ti: (niet) A CA CORNE 1 314 215: 216 :/217. . 18 ONE 919 913 DI4 (915 916 DIT DIS JP Lorsqu'on s’abaisse de quinte en quinte et qu’on pro- longe la série au-dessous de fa” ($ 9), on trouve que, de même que la sous-dominante du fa est si, la sous-do- minante du fa est si", et l’on a la série suivante des doubles bémols : fab utbb solbb irébb :labb mir sibb fab 915 94 913 912 91 910 99 98 35 34 935 3% JU 90 OS 5 On ramènera facilement les doubles dièses et les dou- DE LA MUSIQUE. 299 bles bémols dans l'échelle de l'octave de la note fonda- mentale eu divisant par 2 la valeur des doubles dièses autant de fois qu'il sera nécessaire et en multipliant par 9 la valeur des doubles bémols autant de fois qu'il le faudra. Host lul # dans la gamme de ut À, vaut =. Or Put” valant L ,l RUE de ut* à ul” "est le Re e.que celui de ut naturel à ut dièse. Ce résultat se vérifie pour loutes les notes et l’on en conclut que l'intervalle d’une note à son double dièse se compose de deux mnlervalles de dièse. La Fopte est semblable pour les doubles bémols. L'ut” vaut ©, et l'intervalle de ut* à ul’ est le même que celui de ut à ut, savoir #. H est facile d'exprimer l« valeur de ces nouvelles notes en commas et en diastèmes. L'ut étant 4, Put” est a*b, done l'ut® sera ab. L'ut° valant a 2 b-";, lul” vaudra ab. De même re valant ab? et ré L°, ré“ vaudra d b'; ré’ valant a b, ré" vaudra a. Le tableau N° 3 (PL. IV) donne Péchelle de toutes les notes naturelles de la gamme avec celles des notes dièses, doubles dièses, bémols et doubles bémols, en tout 35 notes, exprimées en valeurs des puissances de 2 et de 3, et aussi en commas et en diastèmes et arrangées dans l’ordre du nombre de leurs vibrations. Il serait intéressant de pouvoir comparer cette échelle des 35 notes avec celle qu'établirait un musicien. La seule indication un peu précise que nous ayons réncon- trée de la position relative des notes doubles dièses el doubles bémols, se trouve dans la Méthode élémentaire de M. et Ms: Chevé, ouvrage trés-remarquable par la uelleté des idées qui y règne. Dans la H®e partie, liv. 4, 300 DE LA THÉORIE MATHÉMATIQUE chap. 2, se trouve le tableau comparatif suivant des in- tervalles depuis le comma jusqu’à la tierce majeure : fe, mi, solt, faï, la“, sol, fa”, la, sol*, si, la. Ce tableau est parfaitement d'accord avec notre tableau N° 3 pour la position de chacune des notes. La seule différence consiste dans l’omission de la note mi” dans le tableau de M. Chevé, note que nous plaçons entre le fa" et le la". Nous sommes porté à croire qu'il n’y à là peut-être qu’une simple omission, car la note mi* devrait figurer quelque part entre le mi° et le la qui termine le tableau dans la Méthode élémentaire. (5. On pourrait faire, sur l’échelle des 35 notes du tableau-N° 3, une étude analogue à celle que nous avons faite sur l'échelle des 21 notes. En l’examinant de note à note, on y reconnaîtrait un intervalle nouveau, au-des- sous de ceux de la gamme à 21 notes. Outre le comma et le diastème, 1 faudrait admettre un intervalle plus petit, celui de ut à fa’, égal à 2. En le désignant par b' on aurait b — ab', et en remplaçant partout b par cette valeur, on réduirait de nouveau tous les intervalles à deux ; l’un 4, le comma, portant les puissances de 3 au numérateur et celles de 2 au dénominateur; l’autre b!, le sous-diastème, ayant les puissances de 2 au numéra- teur et celles de 3 au dénominateur. | On pourrait ensuite former les triples dièses et les tri- ples bémols en prolongeant la série des quintes. Ces notes seraient, par rapport aux doubles dièses et aux doubles bémols, ce que les dièses et les bémols sont aux notes naturelles. Le triple dièse d’ut serait 5, où a°b?, ou & b'? et s’intercalerait entre ré! et fa'. Mais ces dé- + DE LA MUSIQUE. 301 veloppements purement théoriques ne paraissent guère avoir d'application dans l’art musical. + 16. 11 résulte des considérations qui précédent qu’en développant la méthode des quintes pures, on parvient à des résultats parfaitement d'accord, avec les idées des musiciens. La position relative des dièses et des bémols, l'échelle des notes, y compris les doubles dièses et les doubles hémols, la théorie des tons ou des modulations, tout cela s’explique et se vérifie par des procédés de cal- culs simples, quand .on adopte cette méthode. Elle ne rend peut-être pas compte encore de tout ce qui se re- marque dans l’art musical, mais elle n’est en contradiction directe avec aucun résultat pratique. Une difficulté qui se présente, c’est l’espèce de préfé- rence que les musiciens semblent avoir pour certains tons ou modes, pour exprimer. certains sentiments. -] ne s'agit pas ici du choix que le compositeur doit faire dans les tons par suite de circonstances diverses, tenant surtout à la nature des instruments de musique. Ainsi 1 a à tenir compte du diapason de l’instrument;'s'il éerit pour le chant, par exemple, le ton qu’il employera sera différent pour une voix de basse et pour une voix de soprano, ou même pour une voix de baryton. Il y a aussi certains tons qui rendent mieux sur tel' ou tel instrument ; dans lewiolon, par exemple, les tons qui mettent en évi- dence les notes qui se jouent sur les cordes à vide seront plus sonores que ceux pour lesquels les doigts seront presque toujours posés sur les cordes. Le compositeur doit tenir compte d’une foule de circonstances de ce me lorsqu'il écrit pour un orchestre. Nous ne parlons pas non plus du choix qu’il fait entre 302 DE LA THÉORIE MATHÉMATIQUE ud-thodé mhjéur on mifieur; énfré Ces deux genres de tons, la différence est évidente; maïs lés musiciens, Sans sortir du mode majeur, par exemple, préfèrent dans cer- tâins cas des tons diésés ét dans d’autres des tons bé- molisés pour réaliser cértains sentiménts. Or, d’après la théorie des quintes pures, les différents tons musicaux ne variént qué parée que leurs hôtes sont plus haut ou plus bas dans l'échelle de Ta gamme. La tonique, où note fondamentale, varie, mais la mélodie, ou là garmime, est toùjours parfailemént la même dans tous les tons. Il n’y a pas de douté qu'il n’en &oit ainsi pour le chant; un chanteur reprodüita identiquement un air quéllé que soit là note dé là gamme qu'il prénné pour point de départ ; c’est ce que M. Chevé établit élairement. Mais les experts affirment qué lorsqu'il s’agit dé müsique instrumentale, il faut distinguér quelqué chose de plus dans le ton que la simple position plus où moins hauté de à gamme. Les tons diésés leür paraissent plus brillants; plus éclatants, les tons bémolisés leur inspirént des idées de douceur, dé moëlleux. LL Ce qu'il ÿa de curieux, c'est qu'ils reconnaissent cette différénicé même sur le piano, pour lequel ils admettent cependant uñ tempérament égal. Est-ce un effet de li mägination, où bien faut-il croiré que lé tempérament n'est pas égal sur le piano? Un artiste fort instrait, pro- fegseuür habile dé théorie, nous à dit que cetté différence d'ihpression que font les tons diésés et les tons bémolisés,: lui semblait pérsister méme pour les tons où gammes énharmoniques sur lé piano ; ainsi le ton de fa * avec 6 . dièses lui paraît brillant ; tandis que le ton de sol? avec 6 bémols lui paraît plus moëlleux, plus doux ; pourtant ces deux tons sont Snr le piano absolament identiques: DE LA- MUSIQUE. 303 Nous ne sommes pas assez musicien pour expliquer ces impressions. S'il nons était permis de hasarder une hypothèse, nous demanderions s’il n’y aurait pas là pent- être quelque effet de l'habitude? Ne serait-il pas possible que les musiciens fussent dans l’usage de choisir des tons diésés lorsqu'ils veulent exprimer des idées brillantes, : tandis qu'ils prennent des tons bémolisés lorsqu'ils veu- lent exprimer des idées plus douces, et que cet usage les conduise ensuite à croire que ce sont les tons eux-mêmes qui produisent ces différences. Nous avons une fois de- mandé à un musicien dont la délicatesse de l'oreille est bien connue, de jouer un air en ut majeur; puis nous l’a- vons prié de jouer le même air en prenant pour tonique la note qui se trouve sur le piano entre le fa et le sol - naturels. L'air exécuté, nous lui demandâmes dans quel ton il venait de jouer. — En fa”, réponditl, sans hésiter. — Nous lui dimes qu’il avait joué en sol?. — Non, re- prit-il, c’est trop éclatant, c’est du fa et non du sol}. Ténez, continua-t-il, voici du sol! majeur, et il joua le même air, sans sortir du ton, mais en introduisant quel- ques modifications qui donnèrent de suite à l’air une certaine douceur, quelque chose qui, à mon oreille, sem- blait se rapprocher d’un ton mineur. I! resterait à expliquer pourquoi les musiciens auraient pris l'habitude de choisir plutôt des tons bémolisés pour exprimer des idées douces et moëlleuses. Pourquoi cet usage si, après tout, ces tons n’offrent rien de fondamen- talement différent des tons diésés? Qu'est-ce qui peut avoir influé pour cela sur les musiciens? Si l’on nous permet de faire encore une conjecture, nous pouvons imaginer que la liaison d'idées qui existe à ce sujet chez les compositeurs dérive de ce que, dans l’origine, lorsque 304 DE LA THÉORIE MATHÉMATIQUE l’on passe du ton d’ut majeur, ton que l’on étudie ordi- nairement en commençant, au ton d’ui mineur, on ren- contre immédiatement des notes bémols. La tierce ma- jeure ut mi devient wt mi et la sixte majeure ut la : devient ut la’. Les premières idées du bémol se lient ainsi immédiatement avec celles d’un ton mineur. Peut- être est-on porté, à cause de cette liaison et sans s’en rendre compte, à penser que les notes bémols ont quelque chose de langoureux en elles-mêmes et à choisir des tons bémolisés pour exprimer des idées douces et tendres. 17. Nous concluons donc, comme M. Ritter, que la méthode des quintes pures suffit pour expliquer la théorie de la musique. L’oreille saisit avec plaisir et rapidité tous les rapports des nombres 2 et 3 et ceux de leurs puis- sances, mais elle néglige tous les autres nombres. Chacun sait combien il est facile à l'esprit de concevoir la divi- sion d’une quantité en deux, puis encore en deux et ainsi de suite. La subdivision en trois est aussi très-facile, elle se sent; mais qu’on essaie de diviser une quantité en cinq pârties égales, puis encore en cinq, l'effort de l’imagination est tout autre et l’esprit ne réussit guère à réaliser ces subdivisions. Les musiciens l’ont bien re-. marqué dans ce que l’on appelle la mesure; 1ls n’em- » ployent jamais que des rhythmes à deux ou à trois temps, ou résultant de la combinaison de ces deux nombres. La mesure à cinq temps n’existe pas. M. Chevé s’ex- prime comme suit à propos de la mesure: « Notre oreille ne pouvant suivre rigoureusement que les divi- sions et les subdivisions binaires et ternaires, la musique ne peut rendre exactement que les fractions dont les de- l Méthode élémentaire, WE partie, liv. 2, chap: 1. DE LA MUSIQUE. 305 nominateurs ne contiennent que les facteurs deux -et trois; tels sont les tiers, les quarts, les sixièmes, les huitièmes, les douzièmes, les dix-huitièmes, les vingt- septièmes, etc. Mais nous n’avons pas la faculté de me- surer rigoureusement les cinquièmes, les onzièmes, les treizièmes, les dix-septièmes, etc., et toutes les autres fractions, dont les dénominateurs contiennent d’autres facteurs premiers que deux et trois. » La méthode des quintes pures ne fait qu’étendre aux valeurs mathéma- tiques des intervalles musicaux, cet axiome que les mu- siciens ont déjà reconnu dans la mesure rhythmique. {8. C’est la théorie des sons harmoniques qui a con- duit à introduire le chiffre 5 dans la théorie musicale des physiciens ; mais il n’y a rien de bien logique dans cette. idée. Pourquoi, après avoir cru trouver ainsi dans la nature l’explication des sons harmoniques, s’arrêtent-ils au chiffre 5 sur lequel ils basent le mi? Pourquoi ne fondent-ils pas quelque autre note sur le chiffre 7, puis une autre sur le chiffre 41 ? S'ils se croyent fondés à in- terrompre la série des sons harmoniques au chiffre 5, nous demandons la permission de nous arrêter plutôt au chiffre 3, ou si l’on veut à 4, qui est le double de 2. Il y a certainement un saut plus fort du 3 au 5 que du 5 au 7 : ou, si l’on veut, il y a un intervalle plus grand du 4 au 5 que du 6 au 7, et si l’on doit s’arrêter quelque part, il est au moins aussi logique de s’arrêter au 3 qu’au 5. Reste la question de fait: La résonnance de la cin- quième partie de la corde fondamentale donne-t-elle le mi, c’est-à-dire la dix-septième? M. Ritter a déjà, dans le paragraphe 15 de son travail, indiqué les difficultés qui entourent la détermination dé cette note que l’on ne 306 DE LA THÉORIE MATHÉMATIQUE réussit à distinguer que rarement, L'intervalle entre le me des quintes pures et la note donnée par la résonnance de la cinquième partie de la corde n’est que À, c'est-à- dire moins d’un comma($ 10), différence d'autant plus difficile à apprécier dans le cas qui nous occupe, que la note est très-faible comparée au son fondamental et même au son de la dominante dans lesquels elle se noie. Il faat remarquer aussi que, si l’on se sert du piano, la difficolté de la détermination de cette note est encore accrue. En effet le #2 du piano est lui-même trop bas par suite du tempérament, en sorte que l'intervalle entre la note produite par la résonnance de la cinquième parte de la corde et le m1 du piano est moindre encore que Æ. Les pianistes se contentent, comme on le sait, d’une seule note comprise entre le fa° et le mt justes pour exprimer ces deux notes. Or, la note produite par la résonnance de la cinquième partie de la corde se trouve ‘être entre le fa° et le mt justes et se confond donc facilement avec lune ou l’autre de ces notes. Voici les valeurs exactes de ces notes, l’wf étant 4: FA! juste (méthode des quintes pures) 1,2486. ‘/, partie de la corde d’uf.... ..... 4,2500. MTOU DAS 21 ie ATE dre he cou e 1.2600. MI juste (methode des quintes pures)... 1,2656. Ces chiffres mettent en évidence la possibilité d’une erreur dans la détermination de ce prétendu son harmo- nique. 19. Lesthéoriciens:sssont pent-êtrettrop souvent con. tentés d’étudier les données pratiques de: la musique sur le piano, instrument dont il est facile de: toucher les:notes: DE LA MUSIQUE. 307 et qui se rencontre partout sous la main. S'ils eussent laissé de côté les instruments à sons fixes et à tempéra- ments, et s’ils eussent eu recours au violon, par exemple, t à l'oreille d’un artiste, ils se seraient probablement moins écartés de la vérité musicale. Le violon, l’alto, le violoncélle s'accordent par quintes pures: Dans le vio- lon, les cordes à vide donnent successivement, en mon- tant de la plus grosse à la chanterelle, les notes sol, ré, la, mi. On accorde la troisième corde exactement sur le diapason, puis les trois autres par quintes justes. La chanterelle qui doit donner le mi se trouve ainsi à la quinte exacte du la, le La. est à la quinte du ré et le ré à la quinte da soë. C'est la méthode des quintes pures mise en pratique. Le violon, que les musiciens placent tous bien au-dessus du piano pour lexactitude et la pureté des notes, ét que l’on a nommé souvent le roi des ins- twuments, fournit une démonstration pratique de: la jus- esse de la méthode des quintes pures. —————— Nous avons le chagrin d'annoncer la mort de M. Rüilter, sur- venue pendant l'impréssion de cé mémoire où son nom est si souvent cité. Ce savant distingué a suecombé le‘27 mars à une douloureuse maladie, entouré de sa famille: et regretté de tous ceux qui Font connu. Chargé dans l'instruction publique d’im- portantes fonctions, qu'il remplissaitavee un zèle consciencieux, il_Urouvait encore le moyen de consacrer à la, science; le peu de loisir que lui laissaient,ses nombreuses. occupations. Parmi les: principaux travaux qu’il a publiés, nous rappellerons ceux sur la Mesure des hauteurs par Le baromètre , sa Méthode pour déterminer les éléments de l'orbite des astres qui circulent autour du Soleil, ses Recherches sur la figure de la Terre, son Traité d ‘arilh imétique ef son Manuel sur la méthode 629 pt carrés. à (Rédi}o. UNE DATE DE CHRONOLOGIE ABSOLUE EN GÉOLOGIE PAR M. A. MORLOT. Communiqué à la Société vaudoise des sciences naturelles à Lausanne à sa réunion du 15 janvier 1862. Dans le numéro 46 du Bulletin pour 1860, de la So- ciété mentionnée, se trouvent exposées des observations sur le cône de déjection torrentielle de la Tivière, four+ nissant des dates approximatives pour un moment donné de l’âge du bronze, pour un moment donné de l’âge de la pierre et pour le temps que le cône entier a mis à se former, soit pour la durée de l’époque géologique mo- derne. Ces observations, depuis lors complétées par Pau teur, lui ont fourni : pour le moment donné, correspon- dant selon toute apparence à la fin de l’âge du bronze, une antiquité de 29 siècles au moins à 492 siècles au plus, la date réelle étant vraisemblablement de 38 siècles en viron, — pour le moment donné de l’âge de la pierre une! antiquité de 47 siècles au moins à 70 siècles au plus, L date réelle étant vraisemblablement de 84 siècles envi- ron, — et pour l'âge du cône moderne entier de 74 siècles au moins à 410 siècles au plus, la date réelle étant vrai- UNE DATE DE CHRONOLOGIE ABSOLUE. 309 semblablement d'environ 400 siècles ; les calculs ayant été établis de telle manière que les dates obtenues sont toutes plutôt inférieures que supérieures à la réalité. L'auteur avait expressément reconnu qu’un fait unique et isolé ne saurait entraîner l’assentiment public. On exige, avec droit, le contrôle par la comparaison avec d’autres faits du même genre. Or, à la réunion de la Société hel- vétique des sciences naturelles à Lausanne, en août 1861, M. V. Gilliéron, instituteur à la Neuveville, communiqua le résultat de ses études géologico-archéologiques sur Ja région marécageuse située entre le lac de Bienne et ce- lui de Neuchâtel et son calcul chronologique, qui attribue une antiquité de 67'/, siècles à l’établissement lacustre découvert près du Pont-de-Thièle, lequel établissement, d’après le caractère de ses ossements et de’ses objets de l'art primitif, paraît être des plus anciens de ce genre en Suisse‘. Au mois de septembre passé, l’auteur de la présente notice a visité les lieux avec M. Gilliéron, a dis- euté la question avec lui et s’accorde avec lui à recon- naître que le calcul, sans être rigoureux, est cependant probablement exact, dans des limites d’approximation raisonnables. La concordance du résultat de M. Gilliéron avec celui que le eûne de la Tinière.a fourni pour la date d’un moment donné de l’âge de la pierre est remar- quable ; il en résulte nécessairement que ces calculs sur le cône de la Tinière méritent maintenant plus de con- fiance. A la Tinière nous avons, en arrière et en amont du cône moderne bien développé, un cône diluvien tout sembla- ble, à 4° près de la même inclinaison, mais beaucoup 1 Le mémoire de M. Gilliéron va paraître dans les Actes de la Sociélé jurassienne d'émulation, année 4860. 10 UNE DATE DE CHRONOLOGIE ABSOLUE plus grand. Nos cônes sont, en vertu de leur mode de formalion, des solides semblables, et leurs volumes sont donc comme ‘les cubes de leurs rayons. Le cône diluvien aurait ainsi un volume 8 fois plus grand que le cône mo- -derne. Mais nous n'avons que des secteurs de cônes, dont les volumes sont, en outre, proportionnels aux an- gles d'ouverture. Le secteur constituant le cône moderne mesure environ 100° d'ouverture et le secteur diluvien environ 150°. Notre cône diluvien équivaudrait.donc en- viron-à 12 fois le volume du cône moderne. Mais nous ne prendrons que la moyenne entre 8 et 12, savoir 40, parce que le secteur diluvien pourrait bien, proportion- nellement au secteur moderne, $s’ouvrir davantage à la surface que dans la profondeur, et afin de rester plutôt en dessous de la réalité. Maintenant, supposant le temps de formation de nos cônes proportionnel à leur volume, ce qui paraît résulter de l’ensemble ‘des circonstances, il s’en suit que J’époque diluvienne, à laquelle le cône di- luvien en question éorrespond, aurait eu une durée d’en- viron 1000 siècles au moins. Sur le pourtour du bassin du Léman, nous avous un triple système de cônes diluviens, dont les bords infé- rieurs, tournés vers le lac, constituent une triple série de gradins ou de terrasses, à des niveaux réguliers d’en- viron 90, 100 et 150 pieds au-dessus du niveau actuel du lac, et marquant les trois niveaux que le lac a successi- vement occupés pendant l’époque diluvienne. Lorsque les circonstances ont été favorables à leur conservation nous voyons les trois cônes situés en retrait, l’un der- rière et au-dessus de l’autre, à l'embouchure du même cours d’eau qui les a successivement formés, lorsque le lac était à 150, puis à 100, puis à 50 pieds environ au- EN GÉOLUGIE. 311 dessus de son niveau actuel. Cela se voit, par exemple, à l'embouchure de la Dranse près de Thonon, où l'on remarque même les traces d’un cône intermédiaire entre celui de 50 pieds et les .ailuvions modernes. Mais nous uégligerons ces indices de niveaux intermédiaires, pour ne nous attacher qu'aux trois principaux. Lorsque les circonstances n’élaient pas aussi favorables à leur con- servalion, l’un ou l'autre, ou deux, ou tous les trois cônes diluviens ont disparu. 'A l'embouchure de/la Tinière il n’y a, outre le cône moderne, que le cône de 50 pieds de bien dessiné, s'étant fondu avec celui de 400 pieds pour constituer le grand cône que nous avons évalué à plus de 10 fois le volume du cône moderne. Ce grand cône pourrait aussi comprendre celui de 150 pieds, dont l'existence ne se trahit plus que par un petit lambeau sur la limite méridionale des déjections. Si le cône de 150 pieds ne peut pas être considéré comme compris dans notre grand cône, la date trouvée ne comprend pas la durée de la première phase de l'époque diluvienne, phase pendant laquelle le cône de 150 pieds ‘s’est formé et qui parait, d’après les observations faites ailleurs, avoir été au moins aussi longue que l’époque moderne. Le cône de 50 pieds s’est formé en-partie aux dépens de celui de 400 pieds, c’est-à-dire parle remaniement d'une partie de la masse de celui de 100 pieds, et celui de 100 - pieds s’est de même en partie formé aux dépens de ce- lui dé 450 pieds. Cette circonstance peut avoir influé sur la durée de formation dés cônes, mais dans l’état actuel dé nos connaissances il n’est pas possible d'évaluer une telle influence. D'ailleurs, le cône moderne qui nous à servi de terme de comparaison, ayant été formé de la même manière, en partie aux frais.du cône de 50 pieds, 312 UNE DATE DE CHRONOLOGIE ABSOLUE il semble que notre calcul ne saurait être sensiblement affecté par la circonstance en question. Il se pourrait aussi que le voisinage du delta du Rhône eût influé sur la durée de formation des cônes. Mais cette influence, si elle a été sensible, a nécessairement dû avoir pour ré- sultat d'accélérer l’accroissement des cônes, ce qui aug- menterait les dates trouvées, au lieu de les diminuer. On pourrait encore discuter quelques autres points, mais dans l’état actuel de la question, celle-ci n’y gagnerait guères. | Rappelons ici ce qui a été développé dans le Bulletin de la Société déjà mentionnée de juin 1859, page 101 à 108, savoir que les cônes diluviens en question sont pos- térieurs au dernier envahissement de la contrée par les glaciers, car ils sont en bonne partie formés de maté- riaux erratiques remaniés, et l’on ne trouve à leur sur- face aucun vestige d’erratique, tandis qu’on les voit sou- vent distinctement superposés à des dépôts” glaciaires. Ce sont des couches appartenant à ces cônes qui ont fourni près de Morges des restes de l’elephas primige- nius et qu’il faut bien distinguer de certains graviers di- luviens tout différents et beaucoup plus anciens, puisqu'ils gisent sous de puissants dépôts morainiques, comme au bois de la Bâtie à Genève, dans la gorge de la Dranse près de Thonon et à l’embouchure de la Kander au lac de Thoune. Dans cette dernière localité ce diluvium infé- rieur, en couches régulières et conglomérées, a même été poli et strié par l’ancien grand glacier de l’Aar. . Dans la gorge de la Dranse, on trouve, sous ce dilu- vium inférieur très-puissant,. un dépôt d’une première époque glaciaire, car il y a eu saccessivement une pre- mière époque glaciaire, puis une première époque dilu- EN GÉOLOGIE. 913 vicuue, sans grands glaciers, puis une seconde époque glaciaire très-longu”, puis une seconde époque diluvienne, sans grands glaciers (celle des cônes diluviens de la Ti- nière et de beaucoup d’autres localités), puis l’époque moderne, ainsi que l’auteur l’a développé dans le Bulle- tin mentionné de juin 1859. De tout ce qui précède, il résulte : une durée d’envi- ron 1000 siècles au moins, pour la dernière époque géo- logique qui a commencé immédiatement après la dispari- tion défiaitive des grands glaciers, qui a été caractérisée par la présence de Felephas primigenius et, à ce qu'il paraît, par l'apparition de l’homme, et qui a fini avec le commencement de l’époque moderne, laquelle aurait elle- méme duré déjà environ 100 siècles. Espérons que celte première évaluation sera bientôt contrôlée et, sans doute aussi, plus ou moins modifiée par d'autres observations. On pourra, par exemple , au moyen de relevés Lopographiques suffisamment détaillés, comparer sur divers points du pourtour du Léman le vo- lume du cône moderne d’un torrent à celui de ses cônes diluviens, ce qui fournira un moyen précieux de vérifica- tion. c Dans tous les cas, il doit être bien entendu que l’auteur n'expose le présent calcul que comme une première im- parfaite et hasardeuse tentative, sans valeur absolue en elle-même, tant qu’elle n’aura pas été vérifiée au moyen d'autres essais du même genre. Mais il faut bien que quelqu'un commence. C’est du moins l'opinion de Sir Charles Lyell, qui écrivait à l’auteur, à propos de ses calculs sur le cône moderne de la Tinière: Some one must have the chivalry to begin. Ancnives, T. XIE. — Avril 1862. 93 L'ÉPOQUE GLACIAIRE EN SCANDINAVIE PAR M. LE DT ED. CLAPARÈDE. L'étude que nous présentons aux lecteurs des Ar- chives est un simple résumé de divers mémoires pu- bliés récemment en Norwége et en Suède. Ces travaux écrits dans des langues généralement peu connues n’ont pas encore trouvé partout l'accueil qu'ils méritent. Les noms de leurs auteurs sont cependant propres à attirer la confiance du monde savant tout entier. Ces noms sont, en effet, ceux de MM. Théodore Kjerulf, Sars et Lovén!. l Les principaux de cés mémoires sont : Jagltagelser over den postpliocene eller glaciale Formation 1 en Del af det sydlige Norge. Universitetsprogram for fœrste Halvaar 4860, in-40. Christiania, 4860. — Celle publication renferme trois mémoires. 1° Om Frictionsphenomenet af Th. Kjerulf. 2° Om Glacialformationen 1 den sydlige Del af Chrishaniasuüft af Kjerulf. 3 Om de i vor postpliocene Formation forekommende Mollus- ker, af M. Sars. Beretning om en i Sommeren 1860 foretagen Reise i en Deel af Christianias Suft for at undersæge de i den saakaldte Glacial- “ormalion forekommende organiske Levninger af M. Sars (Nyt Mag. for Naturvidenskaberne, XI, 3). Om Undersægelser af de i vor Glacialformation indsluttede or - ganiske Levninger af Prof. Sars (Videnskabsselskabets Forhand- linger i Christiania, 4860. ) Om nâgra i Veltern och Venérn funna Crustaceer afS. Lovén { Oefversigt af Kongl. Vet. Academiens Fœærh. 1861, n°6.) L'ÉPOQUE GLACIAIRE EN SCANDINAVIE, 315 En examinant ces mémoires nous avons tout d’abord élé frappé de la révolution scientifique dont ils sont les témoins, inconscients peut-être, mais dans tous les cas irrécusables. Les parois rocheuses de la Scandinavie sont burinées de nombreuses stries, semblables à celles que les géologues suisses rapportent dans les Alpes d'un commun accord à l’action d’anciens glaciers. Mais tandis que, depuis les célèbres recherches de Venetz, de Char- pentier et de M.Agassiz, la théorie glaciairetrouvait créance et s’établissait d’une manière définitive dans notre patrie, elle était moins heureuse au delà de la Baltique. Peu d'années se sont écoulées depuis le moment où, durant un voyage en Norwége, l’auteur de ce résumé entendit prononcer plus d’une parole ironique à l'endroit des géo- logues suisses. On les accusait de vouloir mouler le monde entier dans la forme de leurs vallées. Les Scan- dinaves ne juraient que par M. Selfstræm et sa théorie. Celle-ci, forte de l'appui de Léopold de Bach, attribue les stries des rochers à l’action d’un courant chargé de pierres roulantes (Rulstensflommen). Pourquoi d’ailleurs s'étonner de la faveur avec laquelle elle fut accueillie? Quoi de plus populaire que l'idée de courant ? Tous les courants sont populaires, comme le remarque M. Kjerulf. Je ne sais si la théorie de M. Lyell qui explique la for- mation des stries par la friction d'énormes blocs de glace flottant dans la mer postpliocène, a jamais trouvé beaucoup d’adhérents dans le reste de l'Europe. Tou- jours est-il qu’en Scandinavie elle ne paraît pas avoir été beaucoup plus heureuse que sa sœur ou sa rivale d'Hel- vétie. Les hommes du nord érigeaient en article de foi &æ courant hypothétique qui devait avoir charrié les cailloux diluviens et les blocs erratiques. Aujourd'hui 316 € L'ÉPOQUE GLACIAIRE tout est changé. La théorie glaciaire triomphe sur toute la ligne. Ancun des mémoires que nous avons sous Îles yeux ne paraît supposer qu’on puisse la mettre en ques- tion. A quoi tient ce revirement? À des causes diverses. D'abord à une étude plus approfondie des dépôts post- pliocènes. Et, à ce point de vue, les géologues qui, comme MM. Keilhau, Scheerer, Hærbye, Rærdam, ont fait cause commune avec M. Selfstræm, ont, par l'exac- litude de leurs travaux, accumulé les matériaux à l’aide desquels on devait saper par sa base la théorie que ce der: nier imagina en 1836. Puis l’absurdité même de la {héorie du courant pétridiluvien (den petridilauniske Flod) comme on l'appelle dans le nord, était un germe de dissolution. D'où vint l'eau nécessaire pour produire ce courant si intense que M. Selfstræm en prétendait suivre les traces depuis sa patrie à travers l'Allemagne et l'lialie jusqu'à l'extrémité méridionale de l'Afrique ? Les stries semblent indiquer que le prétendu courant partant des sommités les plus élevées descendait dans les vallées suivant toutes les directions. Si donc la Scandinavie était à l’époque postpliocène élevée au-dessas de l'Océan, une masse d'eau énorme aurait dû surgir avec vivlence des crêtes des monts. Cette idée ne supporte pas l'examen. D'un autre côté si la péninsule se fût élevée graduellement ou subitement du sein des mers à celle époque, l'eau ruis- selant sur la pente des montagnes n'aurait pas eu le temps de produire des effets aussi intenses que ceux qu’on peut constater encore aujourd'hui. D'ailleurs l’eau seule polit sans faire de stries ; aussi le courant, pour ex- pliquer le burinage des rochers, devait-il être pétridilu- vien dans toute l'étendue du terme. Nouvelle difficulté EN SCANDINAVIE. .: 317 qui ne peut être surmontée que par des hypothèses plus absurdes encore que les précédentes. La théorie pétridiluvienne de Selfstræm abandonnée, il en fallait une autre. Celle de M. Lyell se présentait tout vatarellement. Elle n’offrait rien d’absurde en elle-même. Elle nous représente la Scandinavie submergée sous une mer polaire. Seules ses plus hautes montagnes élèvent encore au-dessus des eaux leurs cimes couvertes de gla- ciers. D'énormes masses de glace flottante se heurtent contre la côte et les bas-fonds, burinant dans le rocher des stries indélébiles, et transportent au loin les blocs erraliques. Cette image sourit à l’imagination. Mais les faits s’accordentAls tous avec elle ? Nullement et un seul en particulier suffit à renverser la théorie de M. Lyell. Les stries se présentent en Scandinavie jusqu'à une hau- teur de 4000 pieds, et M. Lyell admet en conséquence que tout le pays placé au-dessous de ce niveau était re- couvert par la mer glaciale postpliocène. Néanmoins on pe trouve aucun dépôt marin au-dessus de 600 pieds. Dans aucun dépôt intermédiaire (entre 600 et 4000 pieds au-dessus du niveau de la mer) on n’a trouvé de fossiles marins. Or il n’est pas possible d'admettre que pendant la formation de ces dépôts la mer fût dépourvue de po- pulation organisée. La mer glaciale actuelle est extrême- ment riche, sinon en espèces, du moins en individus. Ce n’est donc pas la mer qui a formé les dépôts post- pliocènes de Scandinavie supérieurs à une élévation de 600 pieds. La formation de ces dépôls ne pouvant s’ex- pliquer ni par un courant pétridiluvien, ni par l’action d'une mer glaciale, il fallait songer à une troisième théo- rie. Force fut bien de revenir à la théorie glaciaire jadis si décriée. D’ailleurs la position était bien changée. Dans 318 L'ÉPOQUE GLACIAIRE l’origine la grande extension des glaciers à l’époque post- pliocène, et l’action énergique de ces masses congelées pour buriner les rochers n’avaient rencontré que de l'in- crédulité dans le Nord. Mais cette incrédulité tenait surtout au défaut d’expérience. On n’avait jamais vu agir les gla- ciers que sur une petite échelle, et il paraissait téméraire d'étendre à un pareil degré leur sphère d’action. Aujour- d’hui ces scrupules n’existent plus. Grâce aux belles re- cherches d’un observateur accompli, M. Rink, savant danois, qui a séjourné pendant plusieurs années au Groen- land, nous savons qu’il existe encore maintenant un pays recouvert de glace aussi grand que la Scandinavie. Cet immense champ de glace glisse lentement et continuelle- ment dans la mer sur la côte occidentale de Groenland. Chaque année d'énormes fragments s’en détachent pour être portés au loin par les courants marins. La décou- verte de cet immense glacier de 1,000 pieds d'épaisseur, fournissait l’analogie demandée. Elle a décidé le triomphe de la théorie glaciaire. Aujourd'hui que la théorie glaciaire a pris pied même en Scandinavie, les géologues du Nord ne sont pas em- barrassés de trouver des preuves convaincantes à l’appui de l’ancienne extension des glaciers. M.Kjerulf, en parti- culier, dans une étude géologique très-soignée de la pro- vince de Christiania, attire lattention sur de nombreux banes de sable, mélangés de gravier et de cailloux, dans lesquels il est impossible de méconnaître d’anciennes moraines. Telle est la moraine latérale de Nitelven, au nord du lac Oeiern dans le Romeriget, formée de débris empruntés aux couches siluriennes des bords du lac Mjôsen. Telles sont encore les longues digues de cail- Joux et de graviers auxquelles on donne en norwégien EN SCANDINA VIE. 319 le nom de Ra et qu’on voit s'étendre le long du Christia- piafjord, depuis Moss jusqu’à Frederiksbald et au delà sur la côte orientale, et d'Horten jusqu’à Laurvig, sur la côte occidentale. Ce sont des moraines frontales de la côte d’une grandeur colossale. Les digues ou bancs ana- logues qui portent en Suède le nom d’äsar (pron. Osar) ont une origine toute semblable. Depuis longtemps on avait instinclivement senti qu’il devait exister une cer- taine relation entre ces longs remparts de cailloux et le phénomène du burinage des stries. Les âsar affectent généralement dans le midi de la Suède une direction pa- rallèle à celle des stries, aussi voulait-on voir en eux des traces de l'énergie du courant qui devait avoir transporté les blocs erratiques. Aujourd’hui il faut bien encore rap- porter le burinage des stries et la formation des äsar à une seule et même cause; mais cette cause est le mou- vement d'un glacier. En effet, M. Kjerulf a montré que la direction des Ra’er, c’est-à-dire des âsar de Norwége, peut faire un angle droit avec celle des stries, ce qui est incompatible avec les courants pétrodiluviens. Au con- traire cette direction s'explique fort bien lorsqu'on re- connail dans ces bancs de cailloux d'anciennes moraines frontales. Ces faits une fois posés, esquissons rapidement l’his- toire de la Scandinavie à l’époque postpliocène. Le commencement de cette époque fat signalé par un. abaissement de température dont on a reconnu les traces sur les points les plus divers des deux hémisphères. La Scandinavie et la Finlande se couvrirent d’une épaisse calotte de glace au-dessus de laquelle surgissaient seules les cimes les plus élevées des monts, comme des arêtes rocheuses tranchantes. Cette masse glacée glissant lente- 320 L'ÉPOQUE GLACIAIRE ment sur le flanc des montagnes polissait les surfaces les plus dures, arrondissait les angles saillants, gravait dans le roc les stries, vrais hiéroglyphes géologiques que la science devait déchiffrer quelques milliers d'années plus tard. Ces stries ont été observées par M. Nordenskiüld, près de Helsingfors, jusqu’à 32 pieds au-dessous du ni- veau de la mer. Ce fait et d’autres analogues nous ensei- gnent que la Scandinavie élait à cette époque reculée plus élevée au-dessus du niveau de la mer.et partant plus étendue qu'aujourd'hui. La Baltique était sans doute en grande partie convertie en terre ferme, mais glacée comme le reste du pays. Lorsqu'on poursuit sur une carte géologique la direction des stries burinées dans le granit et le gneiss, on reconnait que, partant du centre monta- gneux, elles rayonnent de tous les côlés vers la. mer, noo-seulement vers la mer du Nord, mais aussi vers la mer glaciale, vers la mer Blanche, vers le lac Onéga, le lac Ladoga et le golfe de Finlande. Chose remarquable, sur le rivage oriental du golfe de Botinie, ces stries ne sont point disposées de manière à faire reconnaître dans les montagnes de la Finlande le centre des glaciers aux- quelles elles doivent leur origine. Elles viennent, au con- _traire, du nord-ouest, c’est-à-dire des montagnes de la Scandinavie. Le golfe paraît donc avoir été occupé en entier par le glacier. | Le glacier est un puissant agent de destruction, et sans doute une épaisse couche de terrain fut entraînée par lui sous forme de sable et de gravier. La Suêde, la Norwége, la Finlande, montrent presque partout le gneiss et le gra- nit à découvert. Les terrains paléozoïques les plus an- cieus sont seuls à recouvrir çà et là ces formations pri- mitives, Anssi admet-on généralement que la péninsule EN SCANDINAVIE. 321 scandinave fut soulevée au-dessus des eaux dès le milieu de l’époque paléozoïque et ne fut jamais depuis lors re- couverte par la mer. Cette opinion est-elle bien fondée ? Des dépôts secondaires et tertiaires ne peuvent-ils pas avoir existé pour étre plus tard annihilés ou du moins réduits en terre meuble par les efforts triturants du gla- cier? C’est une question qu’il est difficile de trancher au- jourd’hui. Toujours est-il qu’on trouve encore maintenant dans la terre meuble du Bohuslän de nombreux fragments de silex qui semblent indiquer l’existence antique dans celte contrée d’un dépôt de craie qui aurait été anéanti par la dénudation glaciaire. Il n’est pas possible d'évaluer, même approximative- ment, la durée de cet état de choses. Nous savons senlement qu'à une époque un peu plus récente, l'as- peet du pays était bien changé. Nous trouvons alors les glaciers fort diminués d’étendue. Cette diminution n’eut pas sa cause dans un changement de climat, mais dans un affaissement du sol. La Scandinavie, d’abord plus élevée que de nos jours, s’enfonça, sans doute graduel- lement, jusqu’à 500 pieds environ au-dessous du niveau actuel. Or les glaciers se détruisant par fusion dès qu'ils atteignent les flots de l’Océan, il est clair que l’étendue de la calotte de glace se trouva grandement diminuée. De grandes étendues de terrain furent soustraites à l’action triturante des glaciers, et cette circonstance sauva proba- blement certains dépôts siluriens d’une destruction im- rninente et les conserva jusqu’à nous. Cet affaissement du sol nous est prouvé d’une manière incontestable par la conservalion, à une hauteur moyenne d’environ 500 pieds, d’une ancienne ligne de rivages dont nous allons reparler tout à l'heure. 322 L'ÉPOQUE GLACIAIRE Les glaciers du Nord, bien que diminués d’étendue, continuaient leur travail de destruction et formaient leurs moraines. D’énormes bancs de glace se détachaient de leur région inférieure et s’en allaient au loin flottant dans la mer, jusqu’en Hollande, en Prusse, en Silésie, en Pologne, tous pays également enfoncés sous les eaux à celte époque. Is y transportaient les cailloux et les blocs erratiques, dont l’origine scandinave n’est aujourd'hui contestée par personne. La ligne d'anciens rivages de cette mer glaciale post- pliocène est une ligne sinueuse qui nous montre les flots de la mer pénétrant par des fjords étroits et profonds dans l’intérieur de la Norwége méridionale. La vallée du lac Mjüsen était le plus considérable d’entre eux. Quant au Bohuslän, il était submergé et représenté seulement par quelques îles. Le lac Venern faisait partie d'un golfe à bras découpés occupant tout le Vestergôütland et limité à l’est par un champ d’écueils (Skärgâärd). De l’autre côté de ces écueils nous trouvons, venant de l’Œstergôtland, un golfe de la mer orientale (Baltique). Les deux mers étaient, ainsi faiblement séparées à cet endroit. Plus au sud, les hauteurs du Smäland (pr.Smôland) les séparaient plus complétement et cette barrière se continuait vraisem- blablement sans interruption par le pays de Skâne (pr. Skône) et les îles du Danemark jusqu’au continent. - Pendant que se formaient les dépôts littoraux de cail- loux qu’on retrouve aujourd’hui à une hauteur variant de 4 à 600 pieds (et que nous appelons pour plus de briè- velé le rivage de 500 pieds), il se déposait une argile au fond de la mer. Les soulèvements postérieurs ont mis à sec cette argile. Nous l’appellerons argile postpliocène inférieure pour la distinguer d’une argile plus récente EN SCANDINAVIE. 323 qui la recouvre et qui se déposa à une époque où la Scan- dinavie s'était soulevée de nouveau au point de permettre la formation d’un autre rivage dont on trouve aujourd’hui les restes à une hauteur de 150 pieds environ. Nous avons donc à distinguer une argile inférieure, contemporaine du rivage supérieur ou rivage de 500 pieds et une argile supérieure plus récente contemporaine du rivage inférieur ou rivage de 150 pieds. Occupons-nous d’abord du rivage de 500 pieds en Norwége et sur la côte occidentale de Suède. Les dépôts qui le forment sont généralement des sables mélangés de cailloux et d’un grand nombre de.coquilles. Celles-ci sont ordinairement brisées, comme presque tous les dé- bris qu’on trouve sur les plages. Il est facile de se con- vaincre qu’elles ont vécu sur place, car elles sont recou- vertes des mêmes Balanes dont les restes adhérent encore aux rochers voisins. L'examen des espèces montre, d’ail- leurs, qu’elles appartiennent toutes à la zone littorale ou à la zone des laminaires, mais pas une seule n’appar- tient à la profondeur. En un mot, ces bancs fossilifères présentent un aspect tout semblable à celui des dépôts lit- toraux actuellement en voie de formation, puisque ceux-ci sont généralement formés de sable on de petits cailloux mélés de coquilles brisées, qui toutes appartiennent à la zone littorale ou à Ja zone des laminaires d’où elles ont été arrachées par le mouvement des vagues. Toutes les coquilles de cet ancien rivage appartiennent à des espèces encore aujourd'hui vivantes. Toutefois, c’est en vain qu’on chercherait leurs semblables sur la côle actuelle de la mer voisine, En effet, un simple coup d'œil jeté sur la liste des mollusques trouvés par M. Sars et M. Lovén enseigne qu'ils appartiennent à des espèces aujourd’hui 324 L'ÉPOQUE GLACIAIRE confinées dans les régions arctiques de l’ancien et du nouveau monde. Nous remarquons, par exemple, dans celte liste, le Buccinum grænlandicum Chemn., qu’on ne trouve pas aujourd’hui au sud du Finmark et dont M. Sars à recueilli en peu de temps, dans une seule excur- sion, 60 exemplaires dans l’ancien rivage de Skullerud et 112 dans celui de la vallée de Sandbül. Nous y trou- vons la Nalica clausa Sow., mollusque aujourd'hui es- sentiellement circompolaire, sujet à dégénérer dès qu’il s'éloigne des régions arctiques. Il atteint en effet actuel- lement une longueur de 26 millim. sur les côtes du Grœnland, mais sa taille ne dépasse déjà plus 20 millim. sur celles du Finmark, et enfin à Bergen, sa limite mé- ridionale, il n’atteint plus qu’une longueur de 4 à 5 mill. Dans le dépôt littoral postpliocène de Skullerud, bien au sud par conséquent de la limite méridionale de son aire géographique actuelle, cette Natica est fort abondante et atteint une longueur de 30 millim. Cette grandeur semble donc indiquer une température fort basse pour la côte scandinave à l’époque postpliocène. Cette opinion est d’ailleurs corroborée par la taille des individus fossiles du Buccinum grœænlandicum fort supérieure à celle des individus vivants. Nous trouvons encore dans les anciens dépôts littoraux du sud de la Norwége le Trophon (Mu- rex) clathratus Lin. var. major Lovén, que les zoologistes américains (Gould, Stimpson) considèrent comme une es- pêce particulière à laquelle ils donnent le nom de Tr. (Fusus) scalariformis. Ce gastéropode est aujourd'hui décidément arctique. Il prospère sur les côtes du Snitz- berg, du Grænland et sur la côte orientale de l'Amérique du Nord. Sur lés côtes du Finmark, sa limite méridio- nale en Scandinavie, il n’a plus que 42 à 15 mill. de long, EN SCANDINAVIE. 395 au lieu de 32 qu'il atteint au Spitzherg. Les individus de l'ancien rivage alteignaient une longueur de 40 millim. Nous pourrions citer une foule d’autres mollusques don- nant à la faune de l’ancien rivage un caractère éminem- ment arctique, ainsi la Mya truncata Linn., la Saxicava pholadis Linn., la S. (Mya) arctica Linn., le Pecten is- landicus Müll., la Lucina borealis Linn., l'Astarte arctica Gray, elc., etc. Quittant maintenant les dépôts littoraux de 500 pieds, tournons-nous vers l'argile inférieure que nous avons dit être sa contemporaine et qui est aujourd’hui soulevée à une hauteur de 20, 30, 40, 80 ou 100 pieds au-dessus du niveau de la mer. Les fossiles qu’elle renferme dénotent immédiatement une formation essentiellement pélagique. Ils appartiennent, en effet, tous à des espèces babitant aujourd’hui à une grande profondeur, ainsi le Dentalium abyssorum Sars, la Yoldiu (Nucula) Pygmœa Münst., la Yoldia lucida Lovén, l’Isocardia (Chama) cor Lion., etc., eté. En outre, la plupart de ces espèces ont un caractère décidément arctique, ainsi l’Arca glacialis Gray, qui vit aujourd’hui près du Finmark, du Spitzberg et de l'île Melville, la Yoldia intermediu, découverte par M. Sars à une profondeur de cent brasses non loin du Finmark, le Siphonodentalium vitreum, mollusque sin- gulier d'un genre nouveau, que M. Sars a également dé- couvert dans la même mer à une profondeur de 40 à 50 brasses. Les échinodermes fossiles de l'argile inférieure trahissent d’ailleurs un caractère aussi évidemment arc- tique que les mollusques. La géologie et la paléontologie sont donc ici admira- blement d’accord. £a première nous enseigne qu’à l’é- poque posipliocène le sol de la Scandinavie était recouvert C4 326 L'ÉPOQUE GLACIAIRE d’un immense glacier ; la seconde nous montre les côtes de ce pays baignées du côté occidental par une mer gla- ciale peuplée d'animaux que nous ne retrouvons plus aujourd'hui qu’au delà du cercle polaire, au Spitzberg, au Grœnland, à l’île Melville. La mer qui baignait la côte orientale de la Scandinavie à l'époque postpliocène était naturellement aussi une mer glaciale. Mais la faune fossile qui nous a été conser- vée est beaucoup moins riche du côté oriental que du côté occidental de la péninsule. Elle n’en porte pas moins un caractère tout aussi éminemment arctique. Cette mer orientale était bien autrement étendue que la Baltique actuelle. En effet, l’affaissement du sol, dont les traces pous ont été conservées par le rivage de 500 pieds, pa- raîl s’être étendu au loin. La mer recouvrit une grande partie de l'Allemagne et de la Russie, sans doute aussi de la Sibérie. On retrouve aujourd’hui des dépôts à ca- ractère essentiellement arctique sur la presqu'île de Ka- nin, dans le pays de Taimyr, à une hauteur de GO pieds au-dessus du niveau de la mer; près de la Petschora, à une hauteur de 80 pieds ; près du confluent de la Dwina et de la Waga à 150 pieds, dans la Laponie russe à 30 pieds, etc. Celte mer glaciale d'Orient s’étendait très-loin vers le sud, peut-être jusqu’à l’Adriatique. De là, sans doute, la présence d'animaux du nord dans les dépôts postpliocènes de Sicile, présence bien constatée par MM. Philippi, Milne Edwards et Sars. En revanche, cette mer n’avait pas de communication avec le bassin de la Caspienne, dont la faune n’a rien de commun avec le nord. : Nul ne peut dire combien de temps dura pour la Scan- dinavie l’époque que nous venons d’esquisser. Nous sa- EN SCANDINAVIE. 327 vons seulement qu’il vint un moment où surgirent des circonstances nouvelles qui modifièrent les deux mers et leurs habitants. Une période de soulèvement succéda à celle d’affaissement. Graduellement, le pays s’éleva jus- qu'à sa hauteur actuelle. Ce soulèvement ne fut, sans doute, pas toujours uniforme. Il eut peut-être lieu par saccades. Il y a eu dans tous les cas des temps d’arrêt, dont l'uv, en particuliér, nous à laissé en commémora- tion les dépôts littoraux, auxquels nous avons donné le nom de rivage de 150 pieds et largile correspondante. Ces dépôts n’ont plus le caractère arctique des précé- dents. Les espèces, dont nous avons parlé plus haut, ont presque toutes disparu. Elles ont émigré vers le pôle et ont été remplacées par des espèces de provenance germanique ou celtique, ou même par des espéces ve- nues de la Méditerranée. Tel est du moins l'effet que produisit sur la côte oc- cidentale de la Scandinavie l’élévation de températare qui accompagna le soulèvement du pays. Sur la côte orientale, les choses se passèrent un peu différemment. Là, le soulèvement eut pour effet de séparer la mer Bal- tique de la mer glaciale. La dernière communication en- tre ces deux mers eut lieu par la contrée basse qu’oc- cupent les lacs Onéga et Ladoga. Les traces du soulève- ment qui y mit fin se retrouvent dans les masses éruptivés et les nombreuses dislocalions, qui déchirent le sol gra- nilique et métamorphique entre le golfe de Finland et la mer Blanche. A mesure que le pays se soulevait, le fond de la mer était mis à sec, les parties les plus profondes restant sous la forme de lacs ; ainsi le lac Onéga, le lac Ladoga, le lac Saima et tant d’autres. Salés dans le prin- cipe, ces lacs ont été graduellement dessalés par les 328 L'ÉPOQUE GLACIAIRE courants d’eau. La Baltique elle-même est le plus grand de ces lacs, aujourd’hui en communication avec la mer occidentale (mer du Nord) par suite de la formation du Sund et des Belts. C’est le seul de ces lacs qui ne soit pas encore complétement dessalé. Qu’advint-il de la faune marine de ces lacs ? Dans les bassins de faible étendue, qui se dessalèrent rapidement, elle périt tout entière. Dans les: réservoirs plus vastes, plus profonds et dépourvus de grands tributaires, les changements eurent lieu plus lentement. S’y trouvait-il des échinodermes, des acalèphes, des tuniciers, des crustacés supérieurs ; ils durent bientôt disparaître. Les annélides , les crustacés inférieurs, les mollusques résis- tèrent peut-être plus longtemps, mais la plupart s’étei- gairent aussi les uns après les autres. Quelques-uns seulement, tout particulièrement favorisés par la nature, se montrèérent capables de supporter une très-forte pro- portion d’eau douce, et c’est ainsi que nous voyons au- jourd’hui une population marine pauvre, il est vrai, coexister dans la Baltique, à moitié dessalée avec une faune d’ean douce, pauvre également. Vingt-deux poissons d’eau douce, le Limnæœus ballicus, le L. ovalus, la Physa fontinalis, la Bythinia tentaculala (mais point de Palu- dines, point d'Unios, d’Anodontes ou de Cyclas) y vi- vent en compagnie de vingt espèces de poissons de mer, du Cardium edule, du Mytilus edulis, de la Tellina bal- ticu, de la Mya arenaria, de plusieurs espèces de Néréi- des, de Polynoës, de Crangons, de Palæmons et d’un petit nombre d’autres organismes marins. La Baltique, étant en voie de se dessaler toujours da- vantage, on peut se demander ce qu'il adviendra un jour des restes de sa faune marine. L’étude de la faune EN SCANDINAVIE. 329 des grands lacs dont l’eau est aujourd’hui entièrement douce, mais qui ont dû se dessaler fort lentement, four- oit quelques éléments de la réponse à cette question. L'un de ces grands lacs’est le Vettern. Sa surface est éle- vée de 300 pieds au-dessus du niveau de la mer et son fond s’abaisse jusqu’à 120 pieds au-dessous. C’est une profonde fissure des terrains siluriens, qui a été remplie de glace durant l’époque glaciaire. Les sources et riviè- res qu’il reçoit sont peu abondantes et n’ont pu effectuer son dessalement qu'avec une extrême lenteur. La partie septentrionale du lac est peu profonde. Le fond vaseux est recouvert de plantes aquatiques comme celui des pe- tits lacs de l'Oestergôtland. La faune de cette partie est celle d’un lac d’eau douce ordinaire de l'Europe tempé- rée. On y trouve en fait d’entomostracés des Sida, des Daphnies, des Polyphèmes, des Lyncées, des Cyclopes:; en fait de mollusques des Unios, des Anodontes, des Pisi- diums, des Cyclades, des Planorbes, des Limnées ; en fait de poissons des Cyprins, ete. Voila du moins la faune telle qu’elle se présente à l’observateur au premier abord. Mais la majeure partie du lac est, au contraire, très-profonde, atteignant jusqu’à 420 pieds. Le fond est si dur que la drague réussit difficilement à en détacher des fragments. Le sol est dépourvu de tout tapis végétal. Les grandes profondeurs de ce réservoir d’eau douce présentent une physionomie toute différente de celle du lac peu profond, comme MM. Hjalmar Widegren et Lo- vén l’ont dévoilé. La petile quantité d'espèces, soit ani- males, soit végélales, qui habitent ces régions, donnent à la partie profonde du Vettern une analogie incontesta- ble avec les grands lacs de la Laponie Luleä et la par- lie septentrionale du golfe de Bottnie. Entre 300 et 420 Ancuives. T. XIII. — Avril 4862. 24 330 L'ÉPOQUE GLACIAIRE pieds de profondeur, on trouve un poisson, le Cottus quadricornis, et des crustacés (Jdothea entomon, Gam- marus cancelloides, G. loricatus, Pontoporeia aflinis et une foule d’entomostracés), mais aucun mollusque. En- tre 280 et 240 pieds de profondeur, on voit apparaître quelques petits Pisidinm ; à 120 pieds le Limnaeus vul- garis. Plus haut, à 40 pieds, s’étalent sur le sol, mainte- nant sablonneux, des Characées, sans qu’on ait trouvé d'autre végétal à cette profondeur. A 20 ou 30 pieds se montrent de nombreux individus de la Mysis relicla et de plus, quelques Valvées, quelques Pisidinm et quel- ques Cyclades, mais celte partie du Vettern ne renferme aucun autre mollusque. Enfin de nombreux poissons complètent cette faune. Les espèces qui constituent la faune.de la partie pro- fonde du Vettern forment une liste très-remarquable et aous présentent bien des noms inattendus. Nous trou- vons d’abord dans cette liste une Mysis (M. relicta Lo- vén). Or, le genre Mysis était jusqu'ici considéré comme exclusivement marin. Les nombreuses espèces qu’il ren- ferme habitent pour la plupart les régions boréales. La M. oculala O. Fabr., en particulier, qui ressemble extré- mement à la nouvelle espèce découverte dans le Vettern, est exclusivement arctique. Le genre Gammarus ren- ferme soit des espèces marines, soit des espèces d’eau douce. Parmi les espèces marines, il en est une qui se distingue de toutes les autres, soit par sa conformalion, soit par ja grandeur de sa taille. C’est le G. loricaltus, qui habite la mer arctique dans le voisinage de l'ile du Prince-Régent, du Groënland, du Spitzberg. Chose re- -marquable, ce géant des Amphipodes existe en outre dans une eau douce, dans les grandes profondeurs du EN SCANDINAVIE. 331 lac Vettern. La Pontoporein affinis Lindstrôm, autre crustacé de ce lac, ne se trouve que là et dans la mer Baltique, mais c'est une forme marine très-proche pa- rente de la P. femoralu Krüyer des côtes du Groënland. L’Idothea enlomon, également commune à la Baltique et au Vettern, existe, en outre, dans la mer glaciale et sur les côtes du Kamtschatka dans la mer d’Ochotsk. Il vaut la peine de remarquer qu'aucune des espèces de crustacés, évidemment marins du Vettern, n'existe en même temps sur la côte occidentale de Suêde, si bien explorée au point de vue zoologique. La Baltique, au contraire, en possède très-certainement deux et peut- être davantage, car sa faune, si pauvre, a été jusqu'ici mal étudiée. En outre, le Vettern possède un crustacé d’eau douce le Gammarus caucelloïdes Gerstf., qu’on ne conpaîl ailleurs que dansle lac Baïkal et celui d’Angarâ. 1 existe done dans les grands lacs de Suêde un groupe d'animaux étrangers qui semblent indiquer une ancienne communication de ces lacs avec la mer, non pas avec la mer d'Allemagne si voisine, mais par la Baltique à tra- vers la Russie, avec la mer glaciale à faible salure. Une espèce de erustacé est, en outre, commune à ce lac et un lac montagneux de Sibérie. Ces exemples sont si con- cluants qu'il est superflu d’ajouter qu’un poisson, le Cot- tus quadricornis, habite à la fois les profondeurs du Vettern, la Baltique, le lac Baïkal et la mer glaciale. Ces données zoologiques s'accordent donc entièrement avec le résultat des recherches purement géologiques. Zoologie et géologie s'accordent à nous montrer la mer glaciale empiétant à l’époque postpliocène sur les rives de la mer Blanche pour s’avancer jusqu’au pied des montagnes de la Scandinavie, et la faune de cette mer 332 L'ÉPOQUE GLACIAIRE EN SCANDINAVIE. glaciale a persisté en partie jusqu’à nos jours dans les grands lacs de Suède, restes de cette ancienne mer. Pour- quoi certaines espèces ont-elles survécu au dessalement graduel de ces réservoirs, tandis que les autres succom- baient? C’est ce qu’il est difficile de dire. La persistance est dans tous les cas un fait qui n’est même point sans analogie. Dans les temps historiques, le lac Stennis dans les îles Orkney, a été graduellement transformé de golfe marin qu'il était en un lac d’eau douce. Aujourd’hui, la salure de ses eaux est nulle. Son ancienne communica- tion avec la mer est cependant encore attestée par la coexistence dans ses eaux d'organismes marins tels que les Cardiums et les Mytilus avec des organismes d’eau douce comme les Limnées et les Néritines. Mais la plus grande partie de l’ancienne population marine du lac Stennis a été irrévocablement anéantie. Il est donc pro- bable que, si la Baltique vient à être complétement des- salée un jour, sa faune n’en conservera pas moins pour longtemps quelques traits de son ancienne physionomie marine. DÉTERMINATION DES FORCES ÉLECTROMOTRICES PAR M. W. HANKEL. (Poggendorff's Annalen, CXV, 57.) L’explication de la production d’un courant galvanique suppose une connaissance exacte des forces dites électro- motrices ou des tensions électriques engendrées par le contact de conducteurs hétérogènes. Malheureusement nous manquons encore de recherches détaillées qui puis- sent nous fournir les valeurs numériques exactes qui les représentent. Pour contribuer à combler cette lacune, je me suis occupé depuis plusieurs années de la mesure de ces tensions et ne me suis pas borné à cet égard au contact des conducteurs solides, mais j'ai aussi étendu mes expériences au contact des conducteurs liquides avec des solides. Dans ce premier article, je donnerai un résumé de mon mémoire sur les valeurs des tagsions qui résultent du contact de conducteurs solides entre eux, et je ré- serve pour un prochain article les observations qui se rapportent aux liquides. 3934 DÉTERMINATION Ce mémoire! (le cinquième de la série de mes recher- ches sur l'électricité) commence par la description du procédé que j'ai suivi pour déterminer les forces électro- motrices entre des conducteurs solides et aussi entre des conducteurs liquides. Pour la détermination de ce qui concerne des conducteurs solides, en l'absence de tout liquide, il suffit d’un appareil de condensation qui, sans grande difficulté, donne des résullats d’une sûreté et d’une exactitude désirables. L'appareil que j’ai employé se com- posait d’un disque de cuivre de 95 millim. de diamètre, poli des deux côtés, isolé et suspendu par trois fils mé- talliques de telle façon que lon pouvait, sans qu'il éprouvât d’oscillation latérale, l’élever ou l'abaisser à volonté. Au-dessous de ce disque était fixé un second disque de cuivre exactement semblable et qui pouvait, selon les circonstances, être isolé ou bien mis en commu- nication avec la terre. C’est sur ce second disque que l’on plaçait les disques polis et de mêmes dimensions dont il s’agissait de déter- miner l’action électrique et la place qu'ils occupent l’un par rapport à l’autre, dans la série des tensions. Le dis- que supérieur suspendu à trois fils et le disque fixe in- férieur étaient munis d’arrangements convenables pour pouvoir les placer horizontalement au moyen d’un niveau à bulle d’air très-sensible. L’élévation et l’abaissement du disque supérieur n’altérait plus sa position horizon- tale, une fois qu’elle était établie. Une disposition parti- culière permettait de placer le disque supérieur à la plus petite distance possible du disque inférieur, et de ly maintenir, tandis qu'au moyen d’un microscope muni 1 Abhandlungen, etc., etc. Mémoires de la Société royale des sciences de Saxe, IX, p. 1-52. DES FORCES ÉLECTROMOTRICES. 395 d'un oculaire à micromètre placé de côté, on pouvait mesurer exactement cette distance. S’agissait-il de dé- terminer les tensions électriques produites par le contact de liquides avec des métaux, l’on remplaçait le disque inférieur par une surface circulaire du liquide, dont le diamètre était le même que celui des disques. Le disque supérieur suspendu aux fils était mis en communication continue avec un appareil pour mesurer l'électricité libre, au moyen d’un fil de platine très-fin et tourné en spi- rale, qui ne géênait en rien les mouvements verticaux du disque. L'appareil qui m'a servi pour ces mesures est l’électro- mètre que j'ai construit il y a plusieurs années et dont j'ai déjà donné la description! : il consiste en une feuille d’or suspendue entre deux disques de laiton isolés, que l’on peut approcher ou écarter au moyen de vis micrométri- ques, et qui reçoivent des tensions électriques opposées d'une pile voltaïque, de 60 petits éléments (zinc, cuivre, eau), dont le centre communique avec la terre. La dévia- tion qu’éprouve la feuille d’or par l'électricité peut être mesurée au moyen d’un microscope muni d’un oculaire à micromèêtre. Un commutateur intercalé dans le circuit de la pile et des disques de laiton permet de renverser la polarité des disques; le renversement a pour effet une double déviation de la feuille d’or; chaque fois qu'on change le sens du courant on peut observer celte dévia- tion et corriger le dérangement fortuit de la position pri- mitive de la feuille d’or. Pour déterminer le rang des différents métaux dans l’ordre de tension, j'ai comparé les disques de tous ces ! Pogg. Ann., LXXXIV, 28; Mémoires de la Soc. r. de Saxe, V, 393. 336 DÉTERMINATION métaux avec le disque de cuivre suspendu aux fils ; chaque disque était posé successivement sur le disque de cuivre inférieur, tandis qu'on en approchait le disque supérieur à une distance déterminée (ordinairement de 94 millim.); cela posé on faisait communiquer le disque supérieur et le disque inférieur avec la terre, puis après avoir isolé le disque supérieur on l’élevait à 330 millim. L’électri- cité qui s’était condensée dans le disque supérieur se ré- pandait dans la spirale de platine et la feuille d’or de lé- lectromèêtre, ce qui donnait le moyen, comme il a été dit, d’en mesurer la tension. J'ai montré dans le mémoire qu’une seule mesure de ce genre, par exemple le disque inférieur étant de zine, et le disque supérieur de cuivre, ne peut pas être considérée comme la valeur de la diffé- rence électrique entre le zinc et le cuivre ; mais que l’on obtient dans des circonstances semblables des valeurs com- parables pour ces différences électriques, si l’on prend deux par deux les différences des déviations des feuilles d’or, que produisent les métaux placés successivement sur le disque inférieur, comme je l’ai mentionné. Les tensions sont très-variables selon l’état de pureté des surfaces , aussi les ai-je mesurées, soit en employant des surfaces aussi nettes que possible, soit après les avoir laissé se ternir par l’exposition plus ou moins pro- longée à l'air. Les surfaces très-pures sont trés-difficiles à obtenir ; je crois cependant avoir réussi à me les pro- curer en les frottant avec du papier d’émeri de diffé- rentes finesses, puis en les essuyant fortement avec un linge. Il faut surtout éviter l'emploi de liquides. Sans entrer dans le détail des mesures, je donnerai ici deux tableaux. Le premier comprend les tensions qu’offrent les mé- DES FORCES ÉLECTROMOTRICES. 231 taux à surfaces pures. Les deux métaux dont le contact produit la tension indiquée sont représentés l'un à côté de l’autre par leur signe chimique, le premier étant celui qui devient positif par le contact avec l’autre. Pour plus de simplicité, il a été admis que la tension entre zinc et cuivre Zn Cu — 1,00 et on a rapporté toutes les autres tensions à cetle unité : Premier tableau. A1 Zn — 0,95 Zn Cu 20 Sn — 0,23 » Zn Cd — 0,2% » Zn Pb — 0,44 » Zn Sb = 0,69 » Zn Bi — 0,72 » Zn Ig = 0,82 » Zn Fe — 0,84 » Zn Cu — 1,09:: » Zn Au — 1,00 » Zn Pd == 1,45 » Zn Ab 21,18: » Zn CI = 41,29! » Zn. PI = 1,251 9 La plupart de ces mélaux étaient les plus purs que l’on puisse se procurer dans le commerce ; l'argent était chimiquement pur ; l’antimoine avait été purifié par la fusion avec du salpêtre; le disque d’or était formé par un dépôt galvanique d’or sur un disque de cuivre; le disque de charbon (C) était un morceau de coke tiré d’une cornue à gaz. 338 DÉTERMINATION D’après ces valeurs, on peut établir un ordre de ten- sion. Je représenterai l'intervalle entre le zinc ei le cuivre par 400, et pour éviter des signes négatifs, je désignerai le zinc par 200, et par conséquent le cuivre par 100. A côlé du rang des métaux à surface décapée, je joindrai dans le second tableau celui de ces métaux à surface plus ou moins ternie par l'air et celui de quelques al- liages : Second tableau. RANG DANS L'ORDRE DE TENSION Lu. sp SE MERE “ MUM MÉTAL. après après {après plus] de la décapé. 1 à 2 jours|4 à 7 jours! de 2 mois | variation d'exposi- | d'exposi- | d'exposi- | observée. tion à l'&ir. tion àl'air. [tion à l'air. PAINC Rene ere 200 188 A4 157 43 Po MD tt st SOINS 6 135 151 QT Antimoine.......... 131 oc 121 113 18 BISRUIN RE UN 128 116 110 106 22 MalGh'one ss: -: le LOSVMR. SCORE ACER 105 20 PANOM ET Tee ARTE 122 TO TE SE UE LD: HAE Mercure 554 5 gs Ar stresse sue sos, En: AiU CE Er ss sie ses. ss.se | 1AUU Less. Mr Te 0 Or 7 MODS M So ar IN oo etai NT ete SU DES FORCES ÉLECTROMOTRICES. 339 La variation remarquable de rang que présentent le plomb et l'argent après l’exposition à l’air, qui produit d'abord ur abaissement, puis de nouveau une élévation, paraît être due à une oxydation qui est suivie ensuite d'une sulfuration !. ! Celle remarque, jointe à la différence considérable qui existe entre les chiffres qui expriment la tension d’un métal, suivant qu'il a élé plus ou moins exposé à l'air, suffit pour montrer l'in- fluence qu’exerce sur cet ordre de phénomènes l’action chimique de l'air et des vapeurs ou des gaz qu'il renferme. (Voyez pour l'explication du développement de l'électricité dans le contact des corps solides, le Traité d'électricité de M. de La Rive, tome IE, p. 7115 el suivantes.) (Réd.) BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. J. LAMONT SUR LE RAPPORT DES TREMBLEMENTS DE TERRE AVEC LES PERTURBATIONS MAGNÉTIQUES (Ann. de Pogg. 1862, N° 1). «La liaison qui existe entre le magnétisme terrestre et les trem- blements de terre n'étant point encore suffisamment établie, il n’est pas superflu de rapporter un fait de cet ordre. Lorsque le 26 décembre 1861, à 8 heures du matin , j'observai la position des instruments magnétiques (au nombre de six à l'Observatoire magnétique, savoir : deux pour la déclinaison, deux pour l’in- tensilé et deux pour l’inclinaison), je remarquai que lous ces instruments étaient dans une agitation inaccoutumée, qui con- sistait dans une oscillation rapide et irrégulière et dans un trem- blement vertical. Le tremblement de l'aiguille ne dura pas long- temps, mais les oscillations, bien ques’amoindrissant, persistèrent jusqu’à 8 heures et demie. Quelques jours après, j'appris la nouvelle qu'un tremblement de terre avait ravagé plusieurs lo- calités de la Grèce, exactement à l'heure des observations men- tionnées. «Ceci prouve que ce n’est pas seulement la secousse que produit le tremblement de terre qui peut se propager à de grandes dis- tances, mais que les forces qui en sont la cause modifient jus- qu’à un certain point le magnétisme de la terre. Cette modifica- tion consiste sans aucun doute dans la production d’un courant terrestre, puisque dans ce cas particulier, les instruments ma- gnétiques de l'Observatoire ont été fortement agités. Je ferai MINÉRALOGIE. GÉOLOGIE. 341 observer à cette occasion que le tremblement de terre en Grèce, du 18 avril 4842 (Ann. für Meteorol- und Erdmag., 1842, Ile Cahier, p. 188), avait produit les mêmes effets à Munich, tandis que des tremblements de lerre de localités plus rapprochées n'ont exercé jusqu’à présent aucune action sensible. » MINÉRALOGIE. GÉOLOGIE. AL. Bryson. ON THE Aqueous, etc. Sur l'origine aqueuse du granite. (Proceedings of the Royal Soc. of Edinburgh, 1860- 61, IV, 456.) L'auteur expose les résultats auxquels il a élé amené par dix ans de recherches sur la structure des roches mises en rapport avec leur formation et particulièrement sur le granite. Lorsqu'on examine au microscope les Pitchstone! si nombreux de l’île d’Ar- ran, on voit qu’ils présentent tous une structure semblable, la- quelle est très-différente de toutes celles qui se trouvent dans les minéraux qui forment le granite. L'obsidienne de Bohême et la marécanite (verre volcanique du Kamischatka) présentent une structure analogue à celle du Pitchstone d'Arran. Cette structure particulière aux substances d'origine ignée est rayonnée en étoile, elle est quelquefois visible à l'œil nu. Dans les granites, la structure est aussi constante que dans les Pilchstones, mais elle est totalement différente. Jamaison ne voit de structure rayonnée dans celte roche et on y lrouve conslam- ment des cavités renfermant des fluides qui font croire que si le Pitchstone et le verre sont un type des substances d'origine ignée, le granite doit être celui d’une origine aqueuse. La même apparence prédomine dans les éléments des roches granitiques qui renferment tous des cavités contenant des fluides ; Lels sont la topaze, le cairngorum, le béryl, la tourmaline et le felspath . Les cavilés sont rarement entièrement remplies de fluide et une 1 Stigmite de Brongniart. (Réd..) 92 BULLETIN SCIENTIFIQUE. bulle d'air occupe ordinairement une partie plus ou moins grande de la cavité. Après plusieurs centaines d'expériences faites sur ces cavilés, l'auteur est arrivé à croire que, lorsqu'on les expose à une température de 94° Fabre. (54 C.), les bulles d'air dispa- raissent , le fluide remplissant entièrement la cavité, et à la température de 84° Fahr (29 C.), les bulles reparaissent de nouveau avec une singulière ébullition, montrant que l'air avait formé une atmosphère autour du fluide. Il en avait conclu que ces cavilés ne pouvaient probablement avoir élé remplies à une température supérieure à 84° Fahr., et certainement pas à une température au-dessus de 94° Fahr, L'auteur décrit l'appareil qui lui a servi à évaluer la tempé- ralture à laquelle il à fait ces expériences et il ajoute qu'il a trouvé des cavités pleines de fluide dans le tuf trappéen d’Ar- thur’s Seat, dans certains greenslones, dans des basaltes, dans le porphyre de Dun Dhu (ile d’Arran) que beaucoup de géologues regardent comme ayant une origine ignée. Dans cette dernière roche, ces cavilés sont renfermées dans des cristaux de quartz bipyramidés. On trouve encore ces cavités dans le quartz bipy- ramidé des gypses salifères de l'Inde, qui sont quelquefois im- prégnés de gypse. Personne ne soutient l'origine ignée de ces derniers cristaux et ceux du prophyre de Dun Dhu paraissent s'être formés par la même méthode. Les diverses associations du quariz avec des matières plus fusibles également, lui démon- tent l'origine aqueuse de ce minéral. L'auteur montre un cristal de sehorl qui a cristallisé avant le quartz sur lequel il à laissé son empreinte; et il en conclut que le schorl qui craque et décrépite à la chaleur, n’aurail pu subsister si le quartz avait élé formé par fusion. Le quartz, à ce que croit M. Bryson, se dilate en cristallisant d'un vingt-quatrième de sa masse, ce qui paraîl être suffisant pour causer les dislocations et les soulèvements que les géologues ont altribués à l’action des roches fendues. Si ce point de vue est juste, comme la montagne la plus élevée est de granite, de même ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 343 que la partie la plus basse à nous connue, et que la montagne la plus haute est seulement de !/;;, du rayon de la terre, l'épais- seur de la croûte de 168 milles est complétement suffisante pour produire une force expansive capable de soulever à sa hauteur le pie le plus haut de l'Himalaya! ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. Prof. HuxLEY. ON THE Z00LOGICAL RELATIONS, etc. SUR LES RELA- TIONS ZOOLOGIQUES DE L'HOMME AVEC LES ANIMAUX. (The natu- ral History Review. January 1861, p.67.) Linné classait l’homme avec les singes dans son ordre des Pri- males. Le genre Homo était placé par lui sur le même pied que les genres Simia, Leur, Vespertilio. Schreber, Goldfuss, Gray, Blyth ont suivi les traces de Linné en refusant d'assigner à l'homme une place zoologique ailleurs que dans l’ordre des singes. Blu- menbach, puis Cuvier, se fondant sur ce que l'homme n’a que deux maius, séparèrent l'ordre des bimanes (hommes) de celui des quadrumanes (singes). M. Owen? a fait un pas de plus en for- want pour l'homme la sous-classe des Archencéphales, opposée à celles des Gyrencéphales, des Lissencéphales et de Lyencéphales. Celie distinction est basée sur des caractères tirés de la forme de l'encéphale. Enfin M. Serres et à sa suite M. de Quatrefages vont plus loin encore en élevant la famille humaine au rang d’un règne distinct du règne animal et du règne végétal, tandis que quelques- uns refusent même au naturaliste le droit de classer l'homme dans son système. Malgré ces divergences d'opinion, il est une question qu'on est en droit de poser : Quelle est.la valeur des différences organiques 1 Nous laissons À l'auteur la responsabilité des chiffres indiqués dans cet article. (Réd.) j 2 Prof. Owen. On the chararters of the Class maalia. Journ of the Linuean Society. Vol, TJ. 1857 et Archives des Sc. nat. 1858, I, p. 384, 344 BULLETIN SCIENTIFIQUE. constatées entre l’homme et les animaux, comparalivement aux différences qu'on observe entre les divers groupes d'animaux? En d'autres terines, la différence entre l'homme et les singes est-elle moins profonde que la différence entre les singes et les poissons, ou bien que la différence qui sépare les singes des marsupiaux et des pachydermes, ou même que celle qui distingue les différents genres de quadrumanes les uns des autres? C’est celle question que M. Huxley s’est proposé de traiter d’une manière purement scientifique, afin de terminer une controverse vive qui s’est élevée récemment en Angleterre sur ce sujet. Les éléments de réponse à la question posée plus haut sont déjà disséminés dans les nombreux travaux d’autorilés compétentes. M. Huxley n’a donc fait que les réunir. A l'aide d'observations empruntées à Tiedemann et à MM. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Schræder van der Kolk, Vrolik, Gratiolet ainsi qu'à M. Owen lui-même, ce savant cherche à montrer que soil pour ce qui con- cerne le squelette et les muscles, soil pour ce qui regarde le cer- veau et les autres viscères, la distance de l'hommeaux Troglodytes et aux Pithèques est moindre que celle de ces singes aux Makis et surtout aux Galéopithèques et aux Chéiromys. Nous nous en tiendrons ici à la partie la plus importante de la discussion, celle qui concerne l’orgauisalion cérébrale. M. Owen base la sous-classe des archencéphales sur le déve- loppement extraordinaire de la partie postérieure des hémisphères cérébraux, partie qui forme même un troisième lobe cérébral. Ce troisième lobe, dit-il, est spécial à l’homme, de même que la corne postérieure des ventricules latéraux et que le petit hippocampe, lequel caractérise le lobe cérébral postérieur. Cette thèse énoncée par l'éminent anatomisle anglais devant la British Association a trouvé un contradicteur immédiat dans la personne de M. Huxley. Ce savant, aussi justement célèbre que son confrère, affirme : 4° que le troisième lobe n’est point particulier à l'homme, mais qu'il existe chez lous les quadrumanes supérieurs ; 2° que la corne postérieure du ventricule latéral n’est pas davantage un carac- L ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALEONTOLOGIE. 345 tère spécial à l'homme, puisqu'on la trouve chez les quadrumanes supérieurs ; 9° enfin que le petit hippocampe n’est point non plus spécial à l’homme, ni caractéristique du cerveau humain, mais qu’il existe chez certains quadrumanes. Examinons d’abord de plus près ce qui concerne le troisième lobe du cerveau. Beaucoup d’anatomistes ne divisent les hémi- sphères cérébraux de l’homme qu’en deux lobes, séparés l’un dé l’autre par la scissure de Sylvius. D’autres en admettent trois . un antérieur, un moyen et un postérieur ou troisième lobe. Toute- fois il n’y a pas de ligne de démarcation bien tranchée entre le lobe moyen et le lobe postérieur, les anatomistes se contentent de dire avec Cuvier que «la partie du cerveau située au-dessus du cervelet est ce qu’on appelle le lobe postérieur du cerveau. » Or, ce troisième lobe cérébral existe chez les singes supérieurs aussi bien que chez l'homme. C’est ce que Tiedemann disait déjà en 1821 dans ses célèbres Jeones cerebri simiarum. Dans l'explication des figures relatives au Simia nemestrina on trouve comme légende de la lettre e : lobus posterior, cerebellum obtegens. La même chose se reproduit pour les Simia rhesus, sabæa et capucina. A la page 48 de cet ouvrage on lit même le passage suivant : Cere- brum simiarum quoad magnitudinem et divisionem in lobos ad humanum proxime accedit : dividitur enim per fissuram mediam longitudinalem in duo æqualia hemisphæria quorum utrumque rursus in tres lobosp artitur. Lobi posteriores uli in homine faciem superiorem cerebelli obtegunt. Cuvier dit aussi que le cerveau des singes se prolonge en arrière pour former comme chez l'homme un lobe postérieur recouvrant le cervelet. Des passages tout aussi positifs et concluants pourraient être empruntés aux ouvrages de Sandifort, du D' Macartney, de M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, de MM. Schrædér van der Kolk et Vrolik, de M. Gratiolet. M. Al- len Thompson, enfin, le célèbre analomiste de Glasgow, confirme l'existence du troisième lobe cérébral chez les singes dans une lettre du 24 mai 1860 adressée à M. Huxley. On voit donc que, d'après le jugement de toutes les autorités compétentes, le troi- Ancuives, T. XIIE. — Avril 1862. 25 346 BULLETIN SCIENTIFIQUE. sième lobe du cerveau ne peut être considéré comme caractéris- tique de l’homme. Passons maintenant à la corne postérieure du ventricule laté- ral. Dans l'explication des planches des Zcones de Tiedemann on lit à propos d’un singe (tab. IT a, fig. 3 a) : « e scrobiculus par- vus loco cornu posterioris » et plus loin (tab. III a) à propos du cerveau d’un phoque : « e cornu descendens s. medium. Præterea cornu posterioris vestigium occurrit. » Cuvier dit d’ailleurs dans ses Leçons d'anatomie comparée qu’il n'existe de cavité digitée (cornu posterius) que chez l’homme et les singes, parce que l’e- xistence de cette cavité dépend de celle du lobe cérébral postérieur . Il ajoute qu'on en trouve cependant une trace chez les phoques et les dauphins. M. Schræder van der Kolk et Vrolikre présentent aussi la corne postérieure chez un chimpansé où elle n'est, il est vrai, que rudimentaire. On voit par là que la corne descendante développée chez l’homme plus que chez les animaux n'est pour- tant point spéciale au cerveau humain. Reste maintenant le petit hippocampe. Cet organe ne mérite- rait l'importance qu’on lui a accordée qu'à la condition d’être constant chez l’homme. Malheureusement il ne l’est point. Il y a cinquante ans que les frères Wenzel écrivaient à propos du petit hippocampe, appelé par eux simplement tuber, les lignes suivantes : € Tuber in cornu posteriore ventriculorum lateralium : Non sem- per plerumque tamen adest, et quidem utroque in latere sive in utroque cornu. Inter quinquaginta et unum, eo specialiter fine à nobis examinata cerebra diversæ omnino ætatis atque utriusque sexus, tria tantum reperiebamus in quibus tuber illud in utroque latere et duo in quibus uno in latere desiderabatur. Quam con- stans autem, in universum tuberis istius præsentia, tam varians est magnitudo illius, non in diversis tantum subjectis, sed etiam in uno eodemque absque omni prorsus et ælatis et sexus diseri- mine... Magnitudo illius in universum spectala, sequitur magni- tudinem posterioris cornu ventriculorum lateralium ; hæc quam maxime diversa est. Rarius in hoc tubere est quod sicut hippo- campus ad finem suum crenas sive sulcos habeat, etc. » ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 347 La grande variabilité du petit hippocampe et sa disparition fré- quente chezl’homme également certifiée par M. Longet suffiraient à montrer que cet organe ne peut être considéré comme carac- téristique du cefveau humain. D’ailleurs MM. Schrœder van der Kolk et Vrolik affirment qu’il existe à l’état rudimentaire chez les singes supérieurs. De nouvelles recherches de M. Allen Thompson rapportées dans le mémoire de M. Huxley mettent son existence chez le chimpansé tout à fait hors de doute. Ou voit par ce qui précède qu'aucun des caractères sur les- quels la sous-classe des archencéphales prétend se fonder ne peut subsister. Il n’y a donc là aucune raison pour séparer l’homme des mammifères gyrencéphales. Les seules différences qu’on puisse reconnaître entre le système nerveux de l’homme et celui des singes sont, suivant M. Huxley, les suivantes : 1° Le volume de l’encéphale comparé à celui des nerfs qui en naissent est moindre chez les singes anthropomorphes que chez l'homme. 2° Chez les singes anthropomorphes, le cerveau est plus petir relativement au cervelet que chez l'homme. 3° Les sillons et les circonvolutions sont généralement moins complexes, el ceux des deux hémisphères sont plus symétriques chez les singes anthropomorphes que chez l’homme. 4 Les hémisphères sont plus arrondis et plus élevés chez l'homme et les proportions respectives des lobes sont différentes. En outre, certaines circonvolutions et certaines scissures qui existent chez l’homme font défaut ou sont rudimentaires chez les singes anthropomorphes. La première de ces différences est généralement reconnue depuis Sæmmering. La seconde et la quatrième ont été établies par desrecherches de Vrolèk, etde MM. Schræder van der Kolk et Gratiolet. La troisième n’a pas de valeur absolue, en ce sens que certaines races forment, sous le point de vue de la simplicité et de la symétrie des sillous, un passage évident aux singes an- thropoïdes, Tiedemann a déjà remarqué que le cerveau du nègre 318 BULLETIN SCIENTIFIQUE. se rapproche de celui de l’orang outang par la circonstance que ses sillons et ses circonvolutions sont beaucoup plus symétriques que ceux de l’européen. Ce caractère lui a paru surtout évident chez une femme Bosjesman. M. Gratiolet a décrit également un cerveau de femme Bosjesman, celui de la célèbre Vénus hotten- tote, qui eut l’honneur d’être disséquée par Cuvier, et il est ar- rivé aux mêmes conclusions. Si l’on désigne par À un cerveau d’européen, par B un cerveau de nègre et par C un cerveau d’o- rang, on peut dire que les différences entre A et B sont de même nature et de même importance qu'entre B et C. En admettant même que le cerveau humain fût nettement dis- tinct des cerveaux de singes anthropomorphes par le rapport de son volume à celui des nerfs qui en naissent ; par l’existence d’un lobule à sa circonvolution marginale et par l’absence de la scissure perpendiculaire externe, ces différences n’en seraient pas moins inférieures en importance à celles qui distinguent les cer- veaux des Pithèques et des Troglodytes de ceux des singes infé- rieurs. D: BErGH. Om FOREKOMSTEN Ar NELDEFIHIM, etc. SUR L'EXISTENCE DE FILAMENTS URTICANTS CHEZ LES MOLLUSQUES. |Videnska- belige Meddelelser fra den nat. Foren. for Aaret 1860. Andet Aarti, IL, p. 309. Kjæbenhavn, 1861). Les filets-pêcheurs, aujourd’hui nommés organes urticants, ont été découverts en 1833 chez les hydres, par M. Corda et M. Ehrenberg. M. Rud. Wagner les trouva à peu près à la même époque chez les actinies. Il prit toutefois d’abord ces organes pour des zoospermes. Ce n’est que plus tard qu’il les identifia avec les organes tout semblables des acalèphes et qu’il créa pour eux le nom d’organes urticants. M. Gosse a récemment changé ce nom contre celui de cnides. Des observations nombreuses ont révélé depuis lors la pré- sence de ces organes dans la classe entière des polypes et dans celle des hydroméduses, ainsi que chez les synaptes, chez beau- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 349 coup de turbellariés, chez certaines annélides, et enfin, parmi les mollusques, chez quelques animaux du groupe des éolides. M. Max Schultze a réparti ces organes en deux catégories, celle des corps bacilliformes, répandus surtout chez les turbella- riés, et celle des capsules urticantes armées d’un long filament. Les recherches de Joh. Müller et de MM. Leydig, Max Müller et Busch ont montré cependant que cetle distinction n’a pas d’im- portance et qu’on peut réunir tous ces organes, comme l’a fait en particulier M. Max Müller, sous le nom commun de filaments urticants. M. Bergh se range à cette manière de voir. M. Bergh a consacré beaucoup d'attention aux filaments urti- cants ou cnides des mollusques, bien nfoins connus que ceux des cælentérés. Déjà Linné et O.-F. Müller avaient reconnu dans l'extrémité des papilles de plusieurs éolides un petit sac, facile à distinguer à cause de sa couleur blanche. Un sac semblable, communiquant avec l'extérieur, fut aperçu, mais faussement in- terprété chez les Tergipes, par Forskàl, Cuvier et Oken; M. de Quatrefages crut reconnaître dans le contenu blanchâtre de ce sac, chez les éolides, la structure des corpuscules osseux. Ce- pendant MM. Hancock et Embleton ne tardèrent pas à rectifier celte erreur en montrant que ce sac renferme des capsules mu- nies d’un long filament. Après avoir contesté l'exactitude de cette rectification, M. de Quatrefages dut reconnaître son erreur, et il assimila, comme on l’a fait généralement depuis lors, les organes en question aux filaments urticants d’autres animaux inférieurs. L'existence de sacs remplis de cnides, c’est-à-dire l'existence de véritables batteries urticantes est donc aujourd’hui bien cons- tatée chez les formes typiques du groupe des éolidés, savoir daus les genres Acolidia, Montagua, Facelina. Les recherches ap- profondies de M. Bergh sur ce singulier groupe de nudibran- ches ! ont révélé en outre la présence de ces organes dans d’au- MM. de Siebold, Kælliker et autres séparent ces animaux des audibranches pour en former l'ordre des apneustes. 390 BULLETIN SCIENTIFIQUE. tres genres comme chez les Galvina, les Coryphella, les Phidiana et les Glaucus. Aussi ce caractère prend-il presque l'importance d'un caractère de famille. Le mémoire de M. Bergh passe en revue un grand nombre d'espèces de la famille des éolides et contient une description détaillée des cnides propres à chacune d'elles. Chez toutes, les batteries urticantes sont placées à l'extrémité des papilles au- dessus du lobe hépatique. Au sommet le sac s'ouvre par un petit pore à l'extérieur. Sa paroi est musculeuse avec prédominance de la couche de fibres circulaires. La cavité intérieure est remplie par des cellules urticantes, des kystes pleins de filaments serrés, et des filaments urticants libres. En outre, on trouve dans cette cavité des éléments celluleux qui sont peut-être les premiers sta- des de développement des filameuts urticants. Ce développement n’est, il est vrai, qu’imparfaitement connu. Il est cependant vrai- semblable qu'on doit considérer la batterie comme un follicule dont les cellules de sécrétion formeraient les filaments urticants dans leur intérieur. Les Gleurophyllidium sont, d’après la découverte de M. Bergh, les seuls mollusques, autres que les éolidés, chez lesquels on rencontre des cnides. Par leur conformation anatomique ces ani- maux paraissent du reste se rapprocher beaucoup des éolides. Les petits organes décrits par M. Bergh ont, il est vrai, une ap- parence très-différente de celle des filaments urticants ordinai- res. Il n’est cependant point improbable qu’ils leur soient morpho- logiquement homologues. Ce sont de petits corps en forme de ruban, à bords irrégulièrement sinueux, plus larges à l’une de leurs extrémités qu’à l’autre et probablement doués de propriétés contractiles. Ces petits corps sont renfermés dans des sacs où ils sont tantôt arrangés régulièrement en masse rayonnée, tantôt mêlés irrégulièrement. Chacun de ces sacs est mis en communi- cation avec l'extérieur par un petit pore. L'usage des cnides est encore problématique. Leur présence chez les Eolides et les Pleurophyllidium, et leur absence chez les L ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 351 Doridés, les Tritoniadés et les Phyllidiés dont la peau est relative- ment très-endurcie par des sels calcaires, pourraient faire soupçon- per en eux des organes de défense dont n’auraient pas besoin les gastéropodes à peau plus dure. Cependant on ne voit pas que les poissons et les crustacés soient arrêtés par ces organes dans la tentative de faire des Eolidés leur nourriture. Il semble, par suite, plus vraisemblable à M. Bergh que ces organes servent à paralyser de petits animaux dont le mollusque fait sa nourriture. Cette fonction est possible, mais non encore démontrée. M. Le- wes l a fait valoir des raisons très-fortes pour la dénier aux or- ganes tout semblables des actinies. Il est certain que le rôle urticant impliqué par le nom le plus généralement appliqué aux cnides, n’a rien de vraisemblable. En effet, si l’on trouve des cnides chez certaines méduses et chez les aclinies , animaux doués de propriétés urticantes, ainsi que chez les zoanthaires auxquels on altribue généralement, mais à tort, selon M. Lewes, des propriétés semblables ; en revanche, on les rencontre chez les turbellariés et chez les éolidés dont aucune espèce ne jouit de propriétés urlicantes. M. Lewes, par des observations con- cluantes, montre en outre que les cnides ne paralysent point les mouvements des petits animaux (crustacés) saisis par les acti- tinies. (Il est vrai qu'on pourrait citer des observations contrai- res au sujet des cnides des hydres et des trichocystes de cer- lains infusoires.) Enfin le développement si considérable des cnides dans les organes internes connus sous le nom de filaments mésentériques chez les actinies rend, comme M. Lewes le dit avec raison, le rôle urticant de ces éléments organiques fort douteux. l Sea-side Studies at Ilfracombe, Tenby, the Scilly Isles and Jersey, by G.-H. Lewes. Edinburgh and London. 1860, p. 153 et suiv. 352 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Prof, CHAPMAN. ON A NEW SPECIES, etc. SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE D'AGELACRINITES ET LES AFFINITÉS NATURELLES DE CE GENRE (Ann. of nat. History. VI, 1860, p. 157). Les Agelacrinites échinodermes des terrains paléozoïques sont des animaux circulaires, dépourvus de pédoncule, aplatis où concaves en dessous, légèrement convexes en dessus. Ils sont couverts de nombreuses petites plaques dont les unes sont dis- tribuées irrégulièrement, les autres au contraire ‘avec beaucoup de régularité. Ces dernières forment cinq rayons (aires ambula- craires? ) naissant du centre de la surface supérieure. Chaque rayon est généralement formé d’une double rangée de plaques polygonales. Les plaques irrégulièrement distribuées sont ellipti- ques ou circulaires, de grandeur variable et imbriquées les unes sur les autres (aires interambulacraires?). Au milieu de l’un de ces espaces supposés interambulacraires se lrouve un petil ori- fice protégé par une pyramide de cinq plaques ou davantage. Le sommet de l'animal, c’est-à-dire le point d’où partent les cinq rayons (aires ambulacraires ?), est recouvert par une plaque unique ou entouré de cinq ou dix plaques polygonales. La sur- face inférieure de l'animal est inconnue. Tels sont les Agelacrinites dont la position parmi les échi- nodernes n’est point encore fixée. Ces animaux n’ont évidemment que des affinités assez éloignées avec les blastoïdées et les cri- noïdes proprement dits. En revanche, ils se rapprochent davan- tage des cystidées avec lesquelles on les classe généralement. Ils ont en effet, comme les cystidées, l'orifice qu’on désigne généra- lement sous le nom de pyramide anale et que Léopold de Buch appelait pyramide ovarique. Toutefois la présence des organes que nous avons considérés avec doute comme des aires ambula- craires, l’imbrication des plaques, l'absence de pédoncule sont autant de caractères qui éloignent les agelacriniles des cysli- dées. L’imbrication des plaques les rapproche par l'intermé- diaire du genre Protaster des euryales et des ophiures. Peut-être ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 393 aussi existe-t-il une relation entre eux et les échinides. Selon M. Chapman, c’est à tort qu’on place généralement la bouche des agelacrinites au centre de la face supérieure. Chez certaines espèces en effet, ce centre est occupé par un disque solide ou un tubercule arrondi, sans ouverture. Par analogie avec la majorité des échinodernes, M. Chapman suppose que la bouche était placée au centre de la face inférieure. Dans tous les cas les Agelacrinites doivent former un groupe à part parmi les échinodernes. Déjà M. Billings a créé pour eux l’ordre des Edrioastéridés. Mais ce nom est impropre pour deux raisons: parce que les Agelacrinites n’ont pas d’analogie bien constatée avec les astérides, puis parce qu’il n’est point démontré que ces animaux aient été réellement sessiles (c’est-à-dire para- sites). Aussi M. Chapman propose-t-il pour les Agelacrinites un ordre nouveau, celui des Thyroidea, intermédiaire entre les cys- lidées et les échinides. Carlo VirrADINI. SUL MODO, etc. SUR LA MANIÈRE DE DISTINGUER CHEZ LES VERS A SOIE LA GRAINE INFECTÉE DE LA GRAINE MA- LADE (Aïti del R. Instituto Lombardo. vol 1. 1859).— De QUATREFAGES. ÉTUDES SUR LES MALADIES ACTUELLES DES VERS A SOIE (Paris, À vol. in-4° et 6 pl. 1859). — Le même. . Nou- VELLES RECHERCHES SUR LES MALADIES ACTUELLES DU VER À so1£ (Paris, in-4°. {860).— Em. CoraLiA. BAcOLOGIA, ele, ÉTUDES SUR LES VERS A SOIE (Estratto della Perseveranza, Milano, 16 Luglio 4860). — Le même. SUI CARATTERI, elc, SUR LES CARACTÈRES QUE PRÉSENTE LA GRAINE SAINE DES VERS A SOIE ET COMMENT ON PEUT LA DISTINGUER DE LA GRAINE MALADE (Atti della Società italiuna di scienze naturali. Vol, IL. Milano, 1861, p. 255/. Chacun a entendu parler de la maladie qui sévit depuis quelques années parmi les vers à soie ét dont nous avons déjà entretenu les lecteurs des Archives, à propos d’un intéressant travail de 304 BULLETIN SCIENTIFIQUE. M. le professeur Lebert!. Gette maladie a fait l’objet de recher- ches approfondies de la part de nombreux observateurs. On trou- vera dans leurs écrits la description même de la marche de la maladie. On y apprendra que cette affection ne modifie pas seu- lement l'apparence extérieure de la chenille, mais qu’elle altère en outre les organes internes. L'appareil sécréteur de la soie en particulier s’atrophie, ou du moins resle stationnaire dans son développement. Ses parois deviennent opaques par places et se recouvrent d’excroissances d’un blanc laiteux jusqu'au point de faire disparaître le calibre de l’organe-et de suspendre par con- séquent la sécrétion de la soïe. Le microscope ensergne que ces modifications marchent de pair avec le développement d’un élé- ment morbide particulier qui envahit peu à peu tous les tissus et les liquides de l’organisme. Cet élément, que nous avons décrit dans notre analyse du mémoire de M. Lebert, a été désigné par M. Cornalia sous le nom de corpusculesoscillants et par M. Guérin sous celui, fort impropre sans doute, d’hématozoïdes. M. Lebert croit y reconnaître un végétal unicellulaire (Panhistophyton ova- tum, Lebert), d’autres, comme M. le professeur Chavannes, de Lausanne, revendiquent pour ces corps le nom de cristaux. De toutes ces opinions, celle de M. Lebert nous paraît encore la plus vraisemblable et nous voyons s’en rapprocher aujourd’hui l’un de ses adversaires les plus décidés d'autrefois, M. le prof. Em. Cor- nalia. Ce savant annonce en effet dans une note annexée au plus récent de ses mémoires, qu'ayant abandonné à l’humidité des vers à soie morts de la maladie actuelle, il a vu leur corps se recouvrir d’une moisissure dont les spores avaient une ressem- blance étonnante avec les corpuscules oscillants. Les corpuscules oscillants, quelle que soit, du reste, leur na- ture, sont d’une haute importance, puisque leur présence est un signe certain de l’existence de la maladie. Cette importance a doublé le jour où M. Vittadini a trouvé avec leur aide le moyen de distinguer la graine malade de la graine saine. Dès que l'œuf commence à se développer, dès que le vitellus s’organise en em- s Archives, t. III, 1858, p. 314. U ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 39 bryon, les tissus embryonnäires se trouvent déjà remplis de cor- puscules oscillants, et cela par conséquent à une époque fort antérieure à l’éclosion. Telle est la découverte de M. Vittadini confirmée par M. Cornalia. Son importance pratique est évidente. Il suffit, en effet, d’un nombre un peu considérable d’observa- tions pour déterminer la proportion d'individus malades et par conséquent la valeur vénale de toute graine de ver à soie. Les œufs infestés de l'élément morbide se développent plus lentement que d’autres. Leur évolution complète exige quatre à cinq jours, et même davantage, au lieu de deux ou trois. De là, comme le remarque fort bien M. Cornalia, une règle fort simple pour les sériculteurs. Il faut détruire sans pitié tous les retarda- taires et l’on sera certain de s’être débarrassé des individus le plus infestés. A ces deux mesures pratiques, l'examen microscopique de la graine et la destruction des vers retardataires, il faut en joindre une troisième, la culture en plein air. Le maréchal Vaillant et M. de Quatrefages ont réussi à élever de cette manière des vers ne présentant qu’une proportion de quatre pour cent d'individus malades. M. le comte Taverna, M. le prof. Chavannes, M. Zan- donati, M. Bellotti ont obtenu par la culture en plein air des ré- sultats plus surprenants encore. Dans un mémoire inséré dans les Bulletins de la Société d’acclimatation, M. Chavannes affirme que les éducations pour graine faites en plein air, sur les arbres mêmes, au moyen de manchons en treillis métalliques dans les- quels sont placés les vers, régénèrent en peu de temps les races malades. A l’aide de ces mesures, on peut espérer voir l’état de la séri- culture s'améliorer tous les jours. Le bien déjà réalisé, est im- mense. Espérons que les efforts des savants et des industriels se- ront bientôt couronnés d’un succès complet. 396 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Prof. LacAzs-DuTHIERS. HISTOIRE NATURELLE DE LA POURPRE DES ANCIENS (Ann. and Mag. of nat. History. VI, 4860, p. 293). La belle couleur pourprée qui se produit par la transformation dé l’alloxane en murexide a conduit les chimistes à considérer l'organe de Bojanus ou rein des Gastéropodes, comme ayant servi jadis à la fabrication de la pourpre. Les recherclies de M. Lacaze-Duthiers ne sont point favorables à cette manière de voir. L'organe purpurifère est en réalité très-différent du rein. Cet organe, dont les dimensions sont peu considérables, rem- plit chez les Murex et les Pourpres l’espace compris entre lés branchies et le rectum. Il ne forme ni sac, ni réservoir, et ne peut être désigné sous le nom de veine purpurifère qu’on lui a pourtant souvent appliqué. Son tissu est composé de cellules for- mant plusieurs eouches, dont la plus supérieure est munie de cils s’agitant dans la cavité du manteau. Sous l'organe purpurifère s’étend un riche réseau capillaire, dans lequel circule le sang ve- hant de l'organe de Bojanus et des parties voisines du manteau, pour se rendre aux branchies. Lorsque les cellules sont arrivées à maturité, elles se détachent et tombent dans la cavité du man- téau. Elles éclatent alors et mélent leur contenu au mucus déjà accumulé. Ce déversement isolé des produits histologiques cons- litue la sécrétion de la substance colorante, sans qu’il existe de glande purpurifère proprement dite, ni même de région glandu- leuse du manteau. La substance granuleuse et soluble contenue dans ces cellules jouit de la remarquable propriété de URSS fournir une substance colorante. Chez l’animal vivant, la matière de la pourpre est incolore ou simplement jaunâtre, mais par l’insolation elle devient jauné, puis verte, bleue et rouge-violette. Grâce à cette propriété, M. Lacazé a pu l'utiliser pour des photographies. ERRATA AU N° DE MARS. P. 198, 1. 10 et 11, au lieu de : très-précise, lisez : très-précieuse. » 198, 1. 21, au lieu de : surface extérieure, lisez: surface intérieure. D —— reves KL TXL TABLEANUS M7 1: PL Moms | Valeurs Ür moaff Tutérvalles Tales des |'Olows Jar valies / des AAMMEXA TU 24 RS en comuas eÆ | notes en commas Des notes. | Des notés. | MONONRE Diastômes. | Hem Diastèmes. notes. C7 1 À 277. ei si? | e LE à } 9% re 2 3 Œ 37 # 2° L ax ve & } # p 8 ui 25 } Eu ax RS | . 3 TE ê | A fa F3 } FE & 2. fa a j EU ie tr lh) 7 n 2 3 ÿ so£° e } 57 ; ht far à 2 2. ” sf 3 } LOI , . FE } 22 : axb a° Le ui _ sof® | LL # ax fa | 55 } 35 ANT ax ap | _ ke ue | 3 | 13 . uw | 9 }| # , } a 44 A : J Te 2” LIN re RésaRt NS PTE PER AE net 1 nb Jos Mves OL. C uX SA le nHe TE D LR US CON p* ul vob _TABLEAU N°2. | è ; PI. I DMC ED CE li DAINE "| 76 FN E NA MOMIE HUE A A En RE er fa | mi | so] GA | 508 | fa? | so ta lier SU VAE RE — © Archives 1901, T XI. TABÉEAUCNE 5 . Pi F 5 /© Pelle des “> notes de la Care MN O4 des Motes . palous MAAM QU ques. s Vas SEE 9 37 2% 37 a'c 2519 2-0 922 2% 22% au Vateuxrs en couuuaæs en diaastemnes . BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES Dee — TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME XIII (NOUVELLE PÉRIODE) 1862. — Nos 49 à 52. Note sur les variations périodiques de la tempéra- ture et de la pression atmosphérique au grand Saint-Bernard, par M. E. Plantamour, prof... Sur la grêle tombée à Lucerne le 9 juin 1861. (Lettre de M. le prof. Mousson à M. L. Soret.) De l'influence de l’aimant sur la décharge électri- quesspar Mi Pluckers sde snrains al gt Résumé de divers travaux récents relatifs aux co- mèles, par M. le prof. A. Gautier. .......... Sur l'impossibilité d'appliquer la nouvelle expres- sion de Dyas au terrain « Permien, » comme le propose M. le D° Geinitz, par Sir R.-1. Mur- DROIT ie = + Don eue r pme a Van CU TEE Sur le transport des liquides et des corps suspen- dus dans les liquides par le courant électrique, DOG. Quiches 1 CT men Les glaciers, par M. le prof. John Tyndall...... De la théorie mathématique de la musique, par M. Alexandre-P. Prevost..,.:1:.0 nie à «or sus.0tà Une date de chronologie absolue en géologie, par M. À. Morlot.. 1:40 4: 00 A Page 39 89 366 TABLE DES MATIÈRES. Page. L'époque glaciaire en Scandinavie, par M. le D' Re nr RE eee nd ne 314 Détermination des forces électromotrices, par M. a nn OR MAS, EL ve 333 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ASTRONOMIE. C. Bruhns. Observalion de l’éclipse totale de soleil, du 18 juillet 1860, à Tarazona (Espagne) ............... 246 Prof. W. Thomson. Quelques considérations physiques re- latives à l’âge possible de la chaleur du soleil. ....... 249 PHYSIQUE. E. Edlund. Recherches sur les phénomènes calorifiques qui sont produits par le changement de volume des corps solides et sur leur rapport avec le travail méca- Mouse TIEUIUN Ri e RG PNG 47 Otto Fiebig. De l'influence de la chaleur sur la phosphores- MORAL ce Miel clan paires t prveih ah: û6 D4 B. Wood. Sur un nouvel alliage facilement fusible. .... DD A. Matthiessen. Sur un alliage propre à servir d'unité de Rose! Entnue ER RE ST DD Frankenheim. Sur les faces cristallines qui proviennent des modifications artificielles d’un cristal. ............. D8 Plucker. Sur les éclairs que l’aimant provoque dans la lu- mière diffuse de la décharge électrique à travers des gaz LL hante Drag née nr radin ji éitae 162 Prof. Frankland. Note sur la raie bleue du spectre du PR TRS NUL LE cor OMR) SC 164 Prof. Glæsener. Traité général des applications de l’élec- PT TR ER EU PE DT AP NE PPS PRE à 255 Boutan et d'Alméida. Cours élémentaire de physique, pré- cédé de notions de mécanique et suivi de problèmes.. 256 Prof. Roscoë. Sur le spectre solaire et sur les AS des éléments Chimiques. : ...::...,..:.:..1NNit.- à 257 TTC LES Se ds nes à TABLE DES MATIÈRES. Prof. Tyndall. Sur l'absorption et le rayonnement de la chaleur par les matières gazeuses. ................ J. Lamont. Sur le rapport des tremblements de terre avec les perturbations magnétiques. ................... CHIMIE. Schoenbein. Recherches sur les propriétés de l'oxygène et des corps simples halogènes. (Suite)............... MINÉRALOGIE, GÉOLOGIE, G. Omboni. Les anciens glaciers et le terrain erratique de Enaroe:\10 ORATIAU 40 TONGERER) AN LIN INRUES G. de Mortillet. Carte des anciens glaciers du versant ita- den des tue, SPAS MGR EDR TU RME RAT M. l'abbé Ant. Stoppani. Essai sur les conditions générales des couches à Avicula contorta, sur la constitution géo- logique et paléontologique spéciale de ces mêmes couches en Lombardie et sur la constitution définitive de l'étage rade OLA DD TRI EX ARE ANT RES Ch. Moore. Sur les zones du lias inférieur et sur la zone contenant l’Avicula contorta..................... Se. Gras. Considérations théoriques sur les phénomènes de Li péHode Malone D. Milne-Home. Notes sur les anciens glaciers prises pen- dant une courte visite faite à Chamounix et dans ses en- virons, en septembre 4860 ..................... M. le cap. R.-L. Playfair. Sur une éruption volcanique près Edd, sur la côte africaine de la Mer rouge... .... M. J. Prestwich. Notes sur quelques nouvelles découvertes d'instruments de silex dans le diluvium, avec quelques directions pour en chercher ailleurs. .......... 7 Al. Bryson. Sur l'origine aqueuse du granite.......... ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. d. Reinhardt. Sur quelques petites fossettes dont les écailles de certains ophidiens sont ornées ................. John Lubbock. Sur la sphérulaire des bourdons. ........ doh. E. Lüders. Quelques remarques sur les kystes et les zoospores des diatomacées. ............,......... 367 Page 260 348 60 64 66 67 69 69 72 15 14 341 368 TABLE DES MATIÈRES. D' Ebrard. Nouvelle monographie des sangsues médici- hales ,....... sus 68 00 REP ON MIE ROUE AE QUEUE A. Fick. Sur la physiologie du sens du toucher, ..,.... Prof. Michael Sars. Revue des Échinodermes de Norwége’ Prof. Huxley. Sur les relations zoologiques de homme LM DD RM PPT PT PT PE D' Bergh. Sur l'existence de filaments urticants chez les LU CE ta 1 Be 14 cup dcr ir Man Prof. Chapman. Sur une nouvelle espèce d’Agelacrinites et les affinités naturelles de ce genre................ Carlo Viltadini. Sur la manière de distinguer chez les vers à soie la graine infectée de la graine malade.— De Qua- trefages. Études sur les maladies actuelles des vers à soie, — Le même. Nouvelles recherches sur les mala- dies actuelles du ver à soie.— Em. Cornalia, Bacologia, etc. Études sur les vers à soie. — Le même. Sur les caractères que présente la graine saine des vers à soie et comment on peut la distinguer de la graine malade. .. Prof. Lacaze-Duthiers. Histoire naturelle de la pourpre des ANOBAR SE eos de de oo AU BOTANIQUE. D' Daubeny. Sur la faculté attribuée aux racines des plantes de rejeter, sans les absorber, les matières anormales ou vénéneuses qui leur sont présentées ............... P.-A. Cap. Philibert Commerson, étude biographique. . . OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES faites à Genève et au Grand St-Bernard, Observations faites pendant le mois de janvier. ........ Idem. pendant le mois de février ......... Idem. pendant le mois de mars .......... Idem. pendant le mois d'avril. ........... Page 167 170 265 943 348 392 172 270 81 177 273. 391 QT bra | Li | | | 7 | | 002 I otanical Garden | | | | New York B Il ke 3 51895