É = 71 de à qu , « RS De VILLE de de GENÈVE. | DUBLICATA DE LA BIBLIOTHÈQUE bo to CONSERVATOIRE BOTANIQUE DE GENEVE VENDU EN 193 ere A ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES dl DUPLICATA DE LEA BIBLIOTHÉQUE 226 CONSERVATOIRR BCTANIQUE DE G VENDU EN 1922 ENEVE GENÈVE. — IMPRIMERIE DE JULES-GUILLAUME FICK. BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ET REVUE SUISSE ARCHIVES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES NOUVELLE PÉRIODE TOME QUINZIÈME LinRary EUR NEW YORK BUTANCAL GARIEN GENÈVE BUREAU DE LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE 4, rue de l'Hôtel-de-Ville LAUSANNE NEUCHATEL DELAFONTAINE ET ROUGE S. DELACHAUX, — KLINGEBEIL 1862 DUPLICATA DE LA HÉROS DÜ CONSERVAZCIRE BCTAT | SD De COMNVE Nr DUC MAMIE AUG 7 - 1923 NOTICE LIRRARY SUR NEW YORK TAMCAL Bu QUELQUES RECHERCHES RÉCENTES GARDEN RELATIVES AUX NÉBULEUSES PAR M. LE PROFESSEUR GAUTIER Il n’est aucune partie du vaste champ de l’astronomie d'observation qui ne soit l’objet actuel de travaux per- sévérants. Je me propose de donner ici une légère idée de ceux qui se rapportent à une classe d’objets célestes fort étendue et très-curieuse, spécialement étudiée d’a- bord par les deux illustres astronomes Herschel et par Messier, puis par lord Rosse, par les pères de Vico et Secchi, et par MM. Lamont, Lassell et Bond ; qui pré- sente des difficultés particulières et sur laquelle il reste encore beaucoup à éclaircir. Je veux parler des nébuleu- ses, ou de ces petites taches blanches, de lumière faible, dont les lunettes font découvrir un grand nombre dans le ciel, et que de puissants instruments ont permis de re- garder, le plus souvent, comme des amas d'étoiles si- tuées à d'immenses distances de la terre. Je suivrai, en général, l’ordre des dates dans cette revue rapide, et je commencerai par dire quelques mots 6 SUR QUELQUES RECHERCHES RÉCENTES sur un catalogue des positions dans le ciel de 53 nébu- leuses, résultant d'observations faites à l’observatoire de Paris par M. Laugier, principalement en 1848 et 1849, et présenté par lui à l’Académie des Sciences de Paris dans sa séance du 12 décembre 1853. Ce catalogue, pu- blié dans le Compte rendu de cette séance, donne à la précision des secondes de degré les ascensions droites et les déclinaisons moyennes du centre, ou du point le plus brillant, de ces nébuleuses,au 1° janvier 1850, ainsi que les différences de ces positions avec celles résul- tant des catalogues d’Herschel et de Messier. C’est un premier essai de déterminations précises des positions d’un certain nombre de nébuleuses, entrepris en vue de servir, par la suite, à décider la question de savoir si ces astres sont réellement situés au delà des étoiles fixes vi- sibles pour nous. Travaux relatifs à la nébuleuse d’Orion. M. Liapounoff, directeur de l’observatoire de Kazan, a présenté au commencement de 1856 à l’Académie des Sciences. de Pétersbourg, par l'intermédiaire de M. W. Struve, un mémoire sur la grande nébuleuse d’Orion, ré- sultant d’un travail de quatre ans fait avec une lunette équatoriale de la force de celle de Dorpat et un cercle- méridien de Repsold.! Il s’est attaché à déterminer très- exactement, par un procédé de triangulation, les positions 1 Je ne connais ce mémoire que par la mention très-succincte qui en été faite à la fin du numéro du 44 mars 1856 des Monthly Notices de la Société astronomique de Londres, t. XVI, p. 139. Comme j'aurai à citer fréquemment ce recueil, ainsi que celui publié à Altona par M. le D" Péters sous le titre d’Astronomische Nachrichten, je les désignerai par leurs lettres initiales respec- tives : M. N. et A. N. RELATIVES AUX NÉBULEUSES. 7 de toutes les étoiles que ses instruments lui ont permis de voir sur cette nébuleuse, et à dessiner avec le plus grand soin toutes les parties de ce remarquable objet cé- leste, dont on a déjà dressé bien des cartes, en donnant des noms particuliers à ses diverses régions. En compa- rant les résultats de M. Liapounoff avec ceux obtenus précédemment par sir John Herschel et MM. Lamont et Bond, M. Struve a émis l’opinion que cette nébuleuse devait être sujette à des changements de forme et d'éclat relatif dans ses différentes parties. M. Otto Struve a continué, à l’observatoire de Poul- kova, le travail de M. Liapounoff, et il a rendu compte des premiers résultats de ses recherches dans une com- munication, en date du 1‘ mai 1857, présentée à la Société astronomique par M. Airy, le 12 juin de la même année, et publiée dans le t. 17 des M. N. pp. 225-930. M. Struve commence par y signaler la variabilité d’é- clat de diverses petites étoiles situées sur la nébuleuse d’Orion, variabilité qu’il a constatée, soit par la compa- raison de ses observations avec celles d’autres astrono- mes, soit dans le cours même de ses observations!. «L’e- xistence de tant d'étoiles variables, dit-il ensuite, dans un si petit espace de la partie centrale de la plus curieuse nébuleuse du ciel, doit naturellement nous induire à sup- poser que ces phénomènes sont intimément liés avec la nature mystérieuse de ce corps... En admettant que les rapides changements de lumière observés dans ces pe- l_ Jai eu déjà l’occasion de faire mention de ce travail de M. O. Struve, dans une Notice sur les étoiles d'éclat variable, pu- bliée dans les n°° de septembre et d'octobre 1857 de la Biblio- thèque universelle (Archives t. XXXVI, p. à et 86), M. Otto Struve a récemment succédé à son père dans la direction du grand ob- servatoire russe de Poulkova. re) SUR QUELQUES RECHERCHES RÉCENTES tites étoiles, soit dans la région dite d’Huygens, soit dans celle dite Subnebulosa, soient en connexion avec la na- ture de la nébuleuse, on pourrait présumer qu’on ob- serverait également des changements dans les apparences de la nébuleuse et dans la distribution de la matière nébuleuse. Mais les observations de cette espèce sont su- jettes à tant d'illusions, qu’on ne peut être assez réservé dans les conclusions qu’on en tire. Je ne crois pas que la voie suivie ordinairement par les astronomes dans les recherches de ce genre, savoir la comparaison entre el- les de représentations graphiques faites à différentes épo- ques par divers observateurs, conduise jamais à des ré- sultats qu’on puisse regarder comme indubitables. La force optique du télescope, la transparence de l’atmo- sphère, variable suivant les stations, les particularités de l'œil de l'observateur, le degré d’habileté et d'expérience dans les représentations graphiques de ce genre: tout cela joint à l'influence de l’imagination de Pobservateur, forme des obstacles qu’il sera toujours difficile de vain- cre en procédant de cette manière. On pourrait, peut- être, en suivant ce mode pendant des siècles, découvrir, s’il en existe, des changements progressifs, mais on ne pourrait jamais constater ainsi ceux qui ont lieu dans de courts intervalles de temps. Or, les rapides variations de lumière dans les étoiles doivent nous en faire attendre de semblables, et peut-être de périodiques, dans les ap- parences de la matière nébuleuse. C’est donc sur de ra- pides changements de ce genre que nous devons particu- lièrement diriger notre attention, et nous pourrons mieux constater leur existence par des observations compara- tives sur le degré de lumière et les formes de quelques portions proéminentes de la nébuleuse, qu’en la repré- RELATIVES AUX NÉBULEUSES. 9 sentant dans son entier. C’est dans cette voie que j'ai essayé de marcher l'hiver dernier, et sur différents points j'ai eu une forte impression de changements considéra- bles qui ont eu lieu pendant la courte ‘période de mes observations... Je ne me hasarde point, cependant, à les regarder comme des faits positifs, jusqu’à ce qu'ils aient été corroborés, spécialement par des observateurs placés dans des climats plus favorables, et pourvus de moyens optiques suffisants pour ce but !. » M. 0. Struve mentionne alors en détail quatre parties de la nébuleuse d’Orion, où il a aperçu le plus distincte- ment, dans l’intervalle de quelques mois, des change- ments de forme ou de degré de lumière. La première est une baie, qui s'étend du détroit de Le Gentil dans la di- rection du trapèze d'étoiles situées vers le milieu de la nébuleuse ; cette baie lui a paru, tantôt tout à fait obs- cure, comme le détroit, tantôt pleine de nébulosité et peu inférieure en clarté aux parties environnantes de la région d'Huygens. Le D° Lamont a dessiné le premier cette baie, qui n’a jamais été vue par sir J. Herschel. La seconde est un pont nébuleux, qui traverse le grand dé- troit, avec un point de lumière concentré vers son milieu. M. Struve l’a vu en hiver, tantôt comme l’a représenté Herschel , tantôt comme M. Liapounoff, avec beaucoup plus de concentration de lumière, mais toujours beaucoup plas étendu que ne l’ont représenté ces deux astrono- mes, et se rapprochant fort de la limite sud du grand dé- troit. M. Lamontn’en a indiqué que de très-faibles traces, et M. Bond ne l’a point vu du tout. La troisièm eest une 1 Le mémoire de M. O. Struve sur ce sujet a été publié, je crois, dans le t. Il. d’un recueil ayant pour litre : Mélanges ma- thématiques et astronomiques. 10 SUR QUELQUES RECHERCHES RÉCENTES nébulosité entourant l'étoile 75 du catalogue d’Herschel, etqui a paru à M. Struve sujette à de grands changements d'éclat. Enfin, la quatrième partie est une sorte de canal étroit, liant en ligne droite l’espace obscur situé autour des étoiles 76, 80 et 84 du catalogue d’Herschel, avec le bord septentrional du grand détroit, près de l’extré- mité extérieure du pont mentionné plus haut. Le canal, qui n’a été représenté par aucun autre observateur, a été vu distinctement par M. Struve, le 24 mars 1857, tandis qu’en d’autres occasions il n’en à pas aperçu la moindre trace. Cet astronome ajoute, en terminant sa communication, que l’impression générale qui résulte pour lui de ses ob- servalions, est que la partie centrale de la nébuleuse d’Orion est dans un état de changement d'éclat continuel dans plusieurs de ses parties. Dans les cas où les images étaient le plus distinctes, leurs apparences ne lui parais- saient point s’accorder entièrement en des nuits différen- tes. Ces changements de degré de lumière ne peuvent, du reste, être aperçus, dans le plus grand nombre des cas, qu'avec des instruments d’une force optique consi- dérable ; et il ne croit pas que les lunettes achromati- ques de moins de 40 pouces d'ouverture puissent servir à les constater, à moins de circonstances atmosphériques extraordinairement favorables. Le tome XXI des H. N. contient (pp. 203-207) l'analyse d’un autre mémoire relatif à la même nébuleuse. Il a été communiqué à la Société astronomique le 10 mai 1861 par M. George Bond, qui a succédé à son père dans la direction de l’observatoire du collége d’Harvard à Cam- bridge, près de Boston, en Amérique, et il a pour titre : Sur la structure spirale de la grande nébuleuse d’Orion. RELATIVES AUX NÉBULEUSES. 41 M. Bond le père, dans un mémoire publié én 1848, avait déjà remarqué que la lumière de cette nébuleuse avait une disposition à radier du côté du sud, à partir du voisinage du trapèze d'étoiles situé vers son milieu. M. G. Bond a entrepris, depuis 1857, la formation d’un catalogue des étoiles comprises dans un carré de 40 mi- nutes de degré de côté, ayant $ d’Orion à son centre. Il a choisi 121 étoiles brillantes comme points de repère, pour y rapporter les étoiles plus petites, et, la plupart, de trop faible lumière pour rester visibles par un fort éclairage des fils micrométriques. Il a placé dans une première feuille 262 étoiles, puis la même surface a été subdivisée en 4 cartes, réunies ensuite en une seule. La forme et la disposition des touffes lumineuses allongées, alternant avec des espaces plus obscurs émanant du voi- sinage du trapèze, ont été déterminés par deux procédés indépendants, la nébuleuse étant d’abord esquissée comme un objet brillant sur un fond obscur, puis comme un objet obscur sur un fond blanc. Je ne puis entrer ici dans les détails descriptifs don- nés dans l’analyse du mémoire de M. Bond, et je me bornerai à en rapporter la conclusion. L'aspect général de la plus grande partie de la nébuleuse d’Orion est un assemblage de touffes, ou pinceaux curvilignes de ma- tière lumineuse, émanant des masses brillantes voisines du trapèze, s'étendant vers le sud, de chaque côté d’un axe passant par le sommet de la région dite d’Huygens, et dont langle de position est voisin de 180°. On a tracé distinctement une vingtaine de ces circonvolutions, tandis que d’autres, produisant la même impression, sont trop faibles ou trop compliquées pour être décrites avec précision. On peut donc, d’après M. Bond, classer 12 SUR QUELQUES RECHERCHES RÉCENTES la nébuleuse d’Orion parmi les nébuleuses spirales, telles qu’elles ont été décrites pour la première fois par lord Rosse, à l’aide de son grand télescope à réflexion. La pébuleuse n° 51 du catalogue de Messier est la première où il ait découvert cette disposition en Spirale, qui avait échappé aux deux astronomes Herschel. M. Bond a remarqué, dans un grand nombre de cas, que des amas de matière nébuleuse sont associés à des étoiles, fréquemment sous la forme de petites touffes s’é- tendant du côté du sud. Il cite deux cas remarquables, où il ya déficit de matière lumineuse près d’étoiles assez brillantes ; le premier se rapporte au trapèze lui-même, dont le centre obscur a été remarqué par plusieurs ob- servateurs, et l’autre à l'étoile Jota d’Orion. Ces particu- larités paraissent à M. Bond favorables à la supposition d’une association physique des étoiles avec la nébuleuse. L'existence d’un arrangement en forme spirale des par- ties qui la composent s’accorde avec l’idée d’une consti- tution stellaire : car parmi les objets qui présentent cette particularité de forme, se trouvent non-seulement des nébuleuses résolubles en étoiles, mais des amas d’étoi- les proprement dits, tels, par exemple, que le grand amas d'étoiles de la constellation d’Hercule, où les étoiles ex- iérieures ont évidemment une disposition curviligne. Autres faits relatifs aux nébuleuses. M. Norman Pogson a observé en 1860, pendant qu'il se trouvait à l’observatoire du D' Lee à Hartwell, un change- ment dans la nébuleuse, ou amas d’étoiles, n° 80 du ca- talogue de Messier, située dans la constellation du Scor- pion, et très-voisine d’une paire d'étoiles variables À et S du Scorpion, étudiée par M. Chacornac depuis 1853. RELATIVES AUX NÉBULEUSES. 143 Le 9 mai cette nébuleuse ävait son aspect ordinaire, sans aucune apparence stellaire, et le 28 du même mois, M. Pogson y a vu une étoile de 7° à 8° grandeur, qui a été aussi observée dès le 21 mai à Kœænigsberg par MM. Lu- ther et Auwers, et que ces derniers ont estimée plutôt au-dessus de la 7° grandeur. Le 10 juin suivant, avec un grossissement de 66, l’apparence stellaire avait presque disparu, mais la nébuleuse brillait plus qu’à l’ordinaire et avec une condensation centrale bien marquée. M. Pogson ne croit pas qu’on puisse attribuer cette variation à un changement dans la nébuleuse elle-même, mais il regarde comme singulier qu’une nouvelle étoile variable, la troisième comprise dans le même champ de vision, se trouve exactement située entre la terre et cette nébu- leuse. Cette observation a été publiée p. 32 du t. XXIdes M. N. M. Chacornac a observé tout récemment, avec le grand télescope à miroir de verre argenté de M. Foucault, en y adaptant un fort grossissement, la nébuleuse annulaire de la Lyre, et il a constaté qu’elle se résout réellement en un amas de très-petites étoiles, extrêmement serrées les unes près des autres, les plus brillantes occupant les extrémités du petit diamètre. Cette nébuleuse, examinée pendant plusieurs nuits, lui a offert l'aspect d’un cylindre creux, vu dans une direction à peu près parallèle à son axe; et son centre, ainsi que l’a décrit lord Rosse, est voilé par un rideau de matière nébuleuse, qui se trans- forme en une strate peu épaisse de petites étoiles. M. Chacornac ajoute, dans sa communication à M. le Dr Pé- ters sur ce sujet, en date de Paris 9 juin 1862, publiée dans le n° 1368 des A. N., que lorsque la vue est à l’a- bri de toute lumière étrangère, la scintillation de cette 14 SUR QUELQUES RECHERCHES RÉCENTES multitude de points lumineux, occupant une grande por- tion de la surface de la rétine, produit un effet de vertige assez Curieux. Je passe maintenant aux travaux de M. d’Arrest sur les nébualeuses. Cet astronome avait déjà commencé à s'occuper de ce sujet pendant qu’il était attaché à l’obser- vatoire de Leipsie, et il a publié, dès 1857, dans le re- cueil de mémoires de la Société royale de Saxe, le résul- tat de ses premières observations de 230 nébuleuses, faites avec un micromètre doublement annulaire, de la construction de Fraunhofer, appliqué à une lunette de 92 lignes d'ouverture et de 6 pieds de longueur focale. M. le professeur d’Arrest est actuellement directeur de observatoire de Copenhague, et il a continué, depuis le mois de septembre 1861, ses observations de nébuleu- ses, avec une grande lunette achromatique, de 11 pou- ces d'ouverture et de 16 pieds de longueur focale, dont il estime que la force optique est intermédiaire entre celle du télescope à réflexion de 20 pieds d'Herschel, et celle du télescope du même genre avec lequel M. Lassell a ob- servé aussi les nébuleuses de 1859 à 1854. La lunette de Copenhague a permis à M. d’Arrest, non-seulement de reconnaître toutes les nébuleuses d’'Herschel, mais d’en découvrir plus d’une centaine de nouvelles, entre 776 observées en 8 mois. Il a pu voir aussi, dans des circonstances favorables et avec quelque difficulté, cer- taines nébuleuses signalées par M. Lassell. M. d’Arrest faisant ses observations seul, s’est promp- tement aperçu qu’on ne pouvait guère allier l’observa- tion d'objets célestes de lumière très-faible, avec la lec- ture microscopique des cereles de son instrument. Il en 1 Voyez M. N., 1. XVII, p. 48. RELATIVES AUX NÉBULEUSES. 15 résulte que son nouveau catalogue ne procurera pas,avec toute l'exactitude possible, la position absolue de chaque objet sur la sphère céleste. Cette position n’est donnée qu’à la minute de degré en ascension droite et en décli- naison : mais comme les nébuleuses sont très-soigneuse- ment comparées avec les petites étoiles voisines, à l’aide de micromètres annulaire et filaire, on aura ainsi un bon moyen de reconnaître exactement leurs mouvements pro- pres relativement à ces étoiles, ce qui constitue un des buts principaux des recherches de M. d’Arrest. Cet as- tronome a publié, dans le n° 1366 des À. N., une notice intéressante sur ses derniers travaux, datée du 20 mai 1862. Je vais en extraire quelques détails, tendant à com- léter ceux qui précèdent. Variabilité d'éclat des nébuleuses. . M. d’Arrest admet comme très-fondé l’un des résul- tats du grand travail d’Argelander, qui a donné lieu à son nouveau catalogue d'étoiles : c’est que sur 50000 étoiles déjà bien reconnues, il n'en existe qu’un fort pe- tit nombre dont l’éclat soit variable périodiquement; et il croit qu'on peut déjà, quoique avec moins de cer- titude, affirmer qu’il en est à peu près de même des né- buleuses. Sir W. Herschel avait subdivisé les nébuleuses en trois classes sous le rapport du degré de clarté. M. d’Arrest a trouvé un grand nombre de cas où les nébuleuses, tel- les qu’elles avaient été d’abord classées par Herschel, doivent être déplacées maintenant d’une et même de deux unités de classe. Ce dernier avait changé lui-même, dans le cours d’un certain nombre d'années, plusieurs de ses appréciations. Mais, vu la grande diversité des influences 16 SUR QUELQUES RECHERCHES RÉCENTES: atmosphériques dans les climats humides, pour des ob- servations de ce genre, M. d’Arrest estime, comme M. Otto Struve, qu’on ne peut être assez circonspect sur les conclusions à déduire de variabilités de cette espèce. Il signale, cependant, un petit nombre de cas où l’on a pu constater positivement quelque variabilité. Le premier de ces cas est celui résultant des observa- tions de M. O. Struve sur la nébuleuse d’Orion dont j'ai parlé plus haut. Les observations de cette nébuleuse ré- cemment faites par M. d’Arrest, à plusieurs reprises, avec sa grande lunette, dans des nuits favorables, ont con- firmé celles de M. Struve, particulièrement en ce qui concerne le pont sur le grand détroit, qui a été quel- quefois bien visible à Copenhague, l’hiver dernier, et a paru tel que l’a représenté M. Lassell. Le second cas de variabilité bien constatée, est la dis- parition presque totale d’une petite et faible nébuleuse, découverte par M. Hind le 11 octobre 4852 dans la cons- tellation du Taureau, reconnue par d’autres astronomes et facilement visible encore, au commencement de 1856, avec une lunette de 6 pieds de longueur focale. Deux ans plus tard, on ne la voyait plus que très-difficilement dans l’héliomètre de l'observatoire de Künigsberg. Elle était invisible le 3 octobre 1861 avec la grande lunette de Copenhague. M. Chacornac, avec le nouveau télescope de M. Foucault, et M. Lassell à Malte, avec son télescope à réflexion de 4 pieds de diamètre, l’ont cherchée inuti- lement en 1862, tandis qu’elle a pu encore être aperçue avec la grande lunette achromatique de Poulkova. Une circonstance curieuse, liée à la grande diminution de clarté de cette nébuleuse, c’est que cette diminution à coïncidé avec celle d’une petite étoile qui se trouvait RELATIVES AUX NÉBULEUSES. 17 presqu’en contact avec la nébuleuse. M. Argelander éva- luait en 1852 la grandeur de cette étoile à 9,4. Elle n’é- tait plus que de 40° grandeur en 1858, de 11° en 1861 et de 43° à 14° en février 1862. Sir John Herschel a cru trouver dernièrement un au- tre exemple de disparition de nébuleuse, en ne voyant pas inscrite dans le premier catalogue de M. d’Arrest une très-faible nébuleuse, voisine de deux autres dans la che- velure de Bérénice et reconnue par sir W. Herschel. Mais M. Chacornac a constaté , avec le nouveau télescope de M. Foucault, que cette faible nébuleuse était encore bien visible, et M. d’Arrest l’a observée aussi avec sa grande lunette. Cet astronome cite encore un petit nombre de cas où il peut y avoir eu variabilité d’éclat et même dispari- tion de nébuleuses, mais ces cas ne sont pas aussi bien constatés que celui de la nébuleuse de M. Hind. Nébuleuses doubles. Sir John Herschel a remarqué, dans son grand mé- moire sur les nébuleuses publié dans les Transactions philosophiques pour 1833, p. 502, que le nombre des nébuleuses physiquement liées entre elles est vraisembla- blement plus considérable, relativement au nombre total des nébuleuses, que ne l’est celui des étoiles doubles parmi les étoiles fixes !. En admettant une distance mu- tuelle de 5 minutes de degré comme la plus grande pour les nébuleuses doubles, M. d’Arrest en compte déjà en- viron 50 comprises dans cette limite, et il estime qu’il peut y en avoir deux ou trois cents, sur un nombre total 1 Une courte analyse de ce beau travail de sir J. Herschel, ac- compagnée d’une planche, a été donnée dans les cahiers de juin et juillet 1834 de la Bibliothèque universelle. ARCHIVES. T. XV. — Sepiumbre 4862. 2 18 SUR QUELQUES RECHERCHES RÉCENTES d'environ 3000 nébuleuses dans la partie du ciel visible pour nous !. Cette proportion considérable de nébuleuses doubles est propre à faire présumer qu'il y a une con- nexion réelle dans ces groupes, et leur aspect confirme cette idée, particulièrement dans le cas où l’on voit des formes rares se présenter à la fois dans deux exemplai- res égaux. Sir W. Herschel ne paraît pas avoir eu Pidée de cette liaison physique entre les nébuleuses, mais sir Jobn en parle clairement et à plusieurs reprises. On ne peut guère douter qu’on n'ait à calculer, dans un avenir éloigné, des orbites de nébuleuses doubles. M. d’Arrest mentionne quelques cas particuliers de nébuleuses de ce genre, dont une est triple. I n’y en a encore qu'un reconnu, où, en comparant les distances et les positions respectives des deux nébuleuses d’un même groupe, observées en 1785, 1827 et 1862, on trouve des changements notables, qui semblent indiquer un mouvement de révolution de l’une autour de l’autre. Cette double nébuleuse, particulièrement intéressante, est située par 109° 12’ d’ascension droite et 29° 45° de dé- clinaison boréale. M. Lassell l’a représentée sous le n°9 de la planche XI qui accompagne son mémoire, inséré dans le volume XXII du recueil in-4° de ceux dela Société as- tronomique de Londres, Les deux composantes sont bien distinctes, quoique leur distance mutuelle ne soit ac- tuellement que de 28 secondes de degré; mais elles sont difficiles à voir quand les fils du micromètre sont éclairés. Une très-petite étoile se trouve entre elles deux, exacte- 1 M. d’Arrest a publié tout récemment, dans le numéro 1369 des À. N., un catalogue, pour le commencement de 1861, des positions et de l'aspect des 50 nébuleuses doubles qu’il a déjà reconnues, et dont une douzaine sont nouvelles. RELATIVES AUX NÉBULEUSES. 19 ment à la même place où M. Lassell l’a trouvée il y a dix ans. M. d’Arrest citera en son temps quelques autres cas analogues de changement de position relative dans des nébuleuses doubles, lorsque son travail sur ce sujet sera achevé. Il ne présume pas, d’après ce qu’il a pu voir jusqu’à présent, qu’on trouve dans aucun de ces groupes de nébuleuses d’aussi courtes durées de révolution que celles qu’on a constatées dans quelques-unes des étoiles doubles. Enfin, M. d’Arrest rapporte un très-petit nombre de cas où il a pu, en comparant une nébuleuse à quelque pe- tite étoile voisine et réitérant cette comparaison au bont d'un certain temps, constater de légères différences de distance ou de position, qui pourraient indiquer un mouvement propre dans l’un où l’autre de ces astres. Je termine ici cette courte revue, où je n’ai pu donner qu'un léger aperçu des travaux actuels d'observation sur l'une des parties les plus difficiles et les moins avancées de la science astronomique. ! Post scriptum.— M. d’Arrest vient d'annoncer, dans le n° 1378 des À. N., qu'il a reconnu , dans la constel- lation du Taureau, l’existence d’une seconde nébuleuse d'éclat variable. L Je dois relever ici une erreur qui m'a été signalée par M. le D" Hirsch, et que j’ai commise dans ma Notice sur l'observatoire de Neuchâtel, insérée dans le numéro de Juillet dernier des Ar- chives, t. XIV, p. 224. Ce n'est pas M. Hirsch, mais c’est M. le professeur Kopp de Neuchâtel, qui fait partie de la Commission météorologique instituée par la Société helvétique des sciences naturelles. A. G. SUR LA PROPAGATION DE LA CHALEUR RAYONNANTE DANS L'AIR HUMIDE PAR M. MAGNUS ET M. TYNDALL. La diathermansie des corps gazeux est un des plus beaax champs de recherches que les physiciens aient ex- ploré dans ces dernières années. Nous avons déjà attiré l'attention sur les travaux importants qu'ont fait sur ce - sujet tout nouveau deux savants éminents, M. Tyndall et M. Magnus: les Archives ont publié plusieurs analyses des expériences de M. Tyndall', et elles ont donné la traduc- tion complète du mémoire de M. Magnus sur la propaga- tion dela chaleur dans les gaz”. Ceux de nos lecteurs qui ont prêté quelque attention à ces articles n’ont pu tarder à s’apercevoir qu’il y avait entre ces deux habiles expé- rimentateurs des divergences profondes. La discussion qui s’est élevée entre eux nous a paru pleine d'intérêt, et nous croyons que l’on accueillera favorablement la traduction d’une note que M. Magnus a publiée sur ce sujet ; nous la ferons suivre de la réponse de M. Tyndall. 1 Voyez Archives, 1859, t. V, p. 232 ; 18614, t. X, p. 313 et t. XII, p. 377. 2 Archives, 1861, 1. XII, p. 97. SUR LA PROPAGATION DE LA CHALEUR, ETC. 21 Sur le passage de la chaleur rayonnante à travers l'air humide et sur les propriétés hygroscopiques du sel gemme, par M. le professeur G. Magnus!. « Dans mes recherches sur la propagation de la cha- leur dans les gaz, dont jai présenté un résumé à l’Aca- démie royale le 30 juillet 1860 et le 7 février 1861, j'avais considéré comme très-importante la manière dont notre atmosphère se comporte relativement au passage des rayons solaires qui la traversent. On pouvait prévoir que la petite quantité de vapeur d’eau contenue dans Pair à la température ordinaire, ne doit exercer qu’une influence à peine sensible sur la transmission des rayons calorifiques: toutefois comme on avait reconnu que dans les mêmes circonstances le gaz oléfiant transmet la moitié moins de rayons que l'oxygène, et que le gaz ammoniac en arrête encore davantage, il n’a pas paru inutile de vérifier l’exactitude de cette présomption sur l’action de la vapeur d’eau. L’expérience l'avait complé- tement confirmée ; il a été impossible de constater une différence entre l'air sec et l’air saturé de vapeur aqueuse relativement à la propagation de la chaleur émanant soit d’une source à 100°, soit d’une forte flamme de gaz. Or dans un travail publié en même temps Sur l'absorption et le rayonnement de la chaleur dans les gaz et les vapeurs. M. Tyndall annonce que pendant certains jour l'air non desséché exerce une absorption 15 fois plus grande que l’air sec. Depuis lors M. Tyndall a confirmé de nou- veau ce fait, comme on le voit dans une lettre adressée à sir Jobn Herschel et récemment publiée. ? « Les résul- LÀ Poggendorff s Annalen, n° 12, 1861, t. CXIV, p. 655. ? Voyez Archives, 1861, t. XII, p. 371. 99 SUR LA PROPAGATION ©tats, dit l’auteur, quiont amené à l’idée de l’opacité de € l'air pour la chaleur doivent tous être attrinués aux ma- «tières étrangères diffusées dans l’atmosphère et princi « palement à la vapeur d’eau.» Il ajoute qu’à la suite de la publication de mes recherches, il a repris ce sujet et que l’expérience a montré que l’action dela vapeur d’eau est énorme.Ainsile 10 octobre,il atrouvé que l’absorption par Pair du laboratoire résultait de trois composantes : en dé- signant par | la première de ces composantes qui est l’ab- sorption de l’air pur, la seconde qui est l’absorption de la vapeur d’eau était représentée par 40, et la troisième cau- sée par les émanations du laboratoire et l’acide carboni- que était exprimée par 27. L'action totale des substances étrangères dans cette journée était certainement 67 fois, et l’action de la vapeur d’eau seule 40 fois plus grande que celle de l’air atmosphérique. «Cette assertion m'a déterminé à reprendre à ce point de vue les expériences que j'avais publiées dans les An- nales de Poggendorff}. Mais il m’a été impossible de cons- tater une différence entre de l'air à 15° saturé de vapeur d’eau et de l’air partaitement sec, soit en employant l’ap- pareil que j'avais décrit *, dans lequel le fond d’un vase de verre chauffé à 100° envoie directement la chaleur à la pile sans l’interposition d'aucune plaque, soit en me servant de la chaleur émanant d’une lampe et traversant un tube fermé par deux plaques de verre. Il ressort donc encore de là que la vapeur aqueuse à 15°, tant qu'elle n’est pas précipitée sous forme de brouillard , n’exerce aucune influence appréciable sur la transmission des rayons calorifiques, et que les rayons solaires, tant que l Archives. 1861,1. XII, p. 115. 2 Arohives, 1861, t. XIE, p. 117 et pl. I, fig.2. DE LA CHALEUR RAYONNANTE. 23 l’atmosphère est limpide, arrivent sur la Terre dans Îles mêmes conditions, quel que soit l’état d'humidité de Pair. « Outre les expériences qui viennent d’être mention- nées, j'en ai fait de semblablesen me servant de plaques de sel gemme ; mais j'ai reconnu bientôt que leur emploi présente de grandes difficultés: en effet, le sel gemme dans l'air saturé attire très-facilement l’humidité et se couvre d’une couche-de dissolution saline qui peut de- venir assez considérable pour s’écouler. Si l’on place une plaque de sel gemme dans une position inclinée, au- dessous d’une clocle qui contient également un vase rempli d’eau, on voit que la dissolution se rassemble au point le plus bas de la plaque, et tombe sous forme de gouttes dans le vase placé au-dessous. On a observé par ce procédé cette attraction du sel pour l’eau entre 10°, et 95°, et cela sans que l’eau placée sous la cloche eût une température plus élevée. Comme terme de comparaison, on plaçait chaque fois dans une position exactement sem- blable une lame de verre près de celle de sel gemme : jamais on n’a vu sur le verre de traces d’humidité.Les pla- ques de sel gemme employées étaient toutes parfaitement blanches et transparentes. La plupart de celles que j'avais sous la main étaient formées de sel de Northwich, près de Chester; d’autres provenaient de Wieliecza, de Slass- furth, de Hischl et de Hallen-Tyrol; elles se sont toutes comportées de la même manière, ainsi que le sel marin provenant de Barcelone. « Si l’on place dans l’air sec une plaque de sel après lavoir laissée se recouvrir d’une couche de dissolution saline dans une atmosphère saturée d'humidité, l’eau s’é- vapore et le sel se sèche de nouveau. Dans mes expé- riences il suffisait d'exposer les plaques à Pair libre du 94 SUR LA PROPAGATION laboratoire pour qu’elles se desséchassent au bout d’une heure ou deux. « Melloni! a trouvé qu’une couche d’eau pure de 4m d'épaisseur arrête complétement la chaleur émanant d’une source obscure, et qu’elle laisse passer 5,7 pour cent des rayons émis par le platine incandescent. D’après les expériences de Melloni?, une solution saturée de sel gemme transmet !/,, de plus des rayons provenant d’une lampe d’Argand qu’une couche d’eau pure de même épaisseur ; d’après les expériences de M. Franz, ce serait ‘/, de plus. Il n’a pas été publié à ma connaissance d’ex- périence donnant la proportion de rayons provenant d’une source à 100° qui peut traverser une couche très-mince de sel en dissolution; mais en tout cas elle doit être ex- trêmement petite. Par conséquent, la plus mince couche de dissolution déposée sur une plaque arrête la transmis- sion de la chaleur. «Pour reconnaître jusqu'où peut aller cette action, j'ai entrepris les expériences suivantes. Un tube de verre épais et d’un mètre de longueur a été fermé à ses deux extrémités par des plaques de sel gemme anglais de 12" d'épaisseur. On l’a d’abord rempli d’air sec en y dirigeant, au moyen d'un grand aspirateur, de l’air qui avait passé dans plusieurs tubes à chlorure de calcium, et en pour- suivant cette opération pendant un temps assez long pour que lon pt être certain d’avoir déplacé tout Pair primitivement contenu dans le tube. Puis on déterminait la déviation du galvanomètre relié à la pile thermo-élec- trique, que produisait la radiation d’un vase noirci exté- rieurement et rempli d’eau maintenue en ébullition par 1 La Thermochrose, p. 207. ? La Thermochrose, p. 165. DE LA CHALEUR RAYONNANTE. 25 un courant de vapeur. Ensuite, sans rien changer au reste de l'appareil, on introduisait dans le tube de l'air ayant passé dans un appareil contenant de la pierre ponce humide. Dès qu’une petite quantité de cet air remplissait le tube fermé par les plaques de sel gemme, on voyait décroître la quantité de chaleur accusée par la pile ther- mo-électrique. Si l’on introduisait de nouveau de l'air sec, la déviation de l'aiguille augmentait et finissait par reprendre sa valeur primitive. Il est inutile de répéter que lorsque le tube était fermé avec des plaques de verre, on n'’observait pas cette différence dans la propagation des rayons calorifiques. Lorsqu'on faisait passer pen- dant longtemps l’air humide dans le tube fermé avec les plaques de sel gemme, la quantité de chaleur transmise pouvait être facilement réduite à !/, de sa valeur primi- tive. En même temps, lorsqu'on enlevait les plaques de sel gemme, on pouvait reconnaître que leur côté inté- rieur était couvert d'humidité. On na pas pu atteindre dans ces expériences une réduction de la chaleur s’éle- vant à /,, ou ‘/,, comme M. Tyndali!, même lors- qu'on maintenait humides les surfaces extérieures des plaques de sel. « Je n’ose pas prétendre que les résultats remarquables que M. Tyndall a obtenus le 10 octobre de cette année, proviennent des propriétés hyposcopiques des plaques de sel gemme qu’il a employées, car je ne connais pas sufli- samment la qualité de ces plaques non plus que les dé- tails de sa méthode d’expérimentation. Mon seul but est d'attirer l’attemion sur les difficultés qui résultent des plaques de sel gemme dans des recherches de cette na- ture. » 1 Philosophical Magazine, t. XXII, p. 371. 926 SUR LA PROPAGATION Remarques sur des recherches récentes relatives à la cha- leur rayonnante, par M. le professeur J. Tyndall Y. Nous ne reproduisons pas les deux premiers paragraphes de la réponse de M. Tyndall, ils contiennent un histori- que détaillé de ses recherches, des motifs qui l’ont ame- né à les entreprendre et des difficultés qu’il a rencon- trées ; il insiste en particulier sur les précautions excessi- ves qu'il a dü apporter pour la purification et la dessiceation de l’air, et sur l'influence qu’exercent les moindres quan- tités de substances étrangères. Les deux derniers para- graphes que nous allons traduire abordent plus directe- tement le sujet qui nous occupe. « $ 3. — Bien que les résultats obtenus par M. Mag- nus, à l’aide d’une méthode différente de la mienne, aient généralement amené à une confirmation de mes propres résultats, il y a quelques points sur lesquels nous ne nous accordons pas ; en particulier il a examiné d’une ma- nière spéciale lun de ces points, l’action de la vapeur d’eau sur la chaleur rayonnante. Il résultait de ma pre- mière expérience que la vapeur de l’air de Londres, un jour de novembre, exerçait une action 15 fois plus forte que celle de Pair lui-même. Peu de semaines après M. Magnus annonçait que la quantité de vapeur que peut contenir Pair à 45° C. n’avait aucune influence sur Pab- sorption, et il citait des expériences très nettes à Pappui de cette assertion. Ce fait me conduisit à répéter mes ex- périences avec encore plus de soin que de coutume, et je trouvai que l’absorption de la vapeur était non pas 15 fois mais 40 fois plus grande que celle de l’air. Je men- 1 Philosophical Magazine, 1. XXII, 352 ; avril 1862. DE LA CHALEUR RAYONNANTE. 97 tionnai incidemment ce résultat dans ma lettre à sir John Herschell, et M. Magnus, à la suite de cette lettre a repris la question et confirmé ses résultats précédents ; il a trouvé par des expériences multipliées que la vapeur aqueuse de Patmosphère n’a aucune influence quelcon- que sur la chaleur rayonnante et « que les rayons solai- « res, tant que l’atmosphère est limpide, arrivent sur la « Terre dans les mêmes conditions quel que soit l’état « d'humidité de l'air. » « Plus j’expérimente, plus je parais m’éloigner de Popinion de mon éminent ami, car dans un mémoire présenté tout récemment à la Société royale, j'ai indi- qué que Paction de Pair du laboratoire de l’Institu- tion royale, est non pas 15 ou 40 fois, mais bien souvent 60 fois celle de l’air parfaitement sec. Dans le fait, plus je deviens exercé à ces expériences, plus je prends de précautions pour exclure toutes les impuretés, plus aussi je vois l’action de l’air atmosphérique sec sur la chaleur rayonnante se rapprocher de celle du vide, et, par con- séquent, plus l’action de la vapeur d’eau contenue dans l'air grandit par comparaison. « Dans le mémoire qui m’a déterminé à la présente publication, le professeur Magnus indique comme une source d'erreurs dans laquelle il serait possible que je sois tombé, le fait que la vapeur d’eau ait pu se préci- piter à l’état liquide sur mes plaques de sel gemme. Il cite des expériences qu'il a faites pour montrer la na- ture hygroscopique de cette substance, et il rappelle les expériences de Melloni qui ont prouvé l’opacité considé- rable-d’une solution de sel gemme pour les rayons de chaleur obscure. L'existence de cette dissolution sur les surfaces de mes plaques rendrait compte de l’énorme ab- 98 SUR LA PROPAGATION sorption que j'ai observée. Dans une série d'expériences faites dans l'intention expresse de mouiller les plaques de sel par précipitation, M. Magnus augmente l’absorp- tion jusqu’à la rendre quatre fois plus grande que celle de l’air; mais quoique les plaques fussent visiblement mouillées, il n’a pu atteindre un résultat s'approchant des miens qui portent l’action de la vapeur aqueuse à une valeur 40, 50 et même 60 fois plus grande que celle de l'air. C’était seulement la surface intérieure du sel qui était en contact avec l'air saturé dans les expériences de M. Magnus ; la surface extérieure, qui était en con- tact avec l’air ordinaire de son laboratoire, restait sèche, et même la surface humide se séchait lorsqu'elle était exposée un certain temps à l’air du laboratoire. Je ferai remarquer ici dès l’abord, que c’est avec cet air extérieur ordinaire, et non avec de Pair artificiellement saturé de vapeur, que j'ai trouvé l'absorption de la vapeur aqueuse 50 ou 60 fois plus grande que celle de l’air dans lequel elle se trouve diffusée. Dans le fait, si je suis dans le vrai, l’action de la vapeur aqueuse sur la chaleur rayonnante pourrait être appliquée à la construction d’un hygro- mètre plus délicat que tous ceux qui ont été imaginés jusqu'ici. «Il serait, je crois, difficilement possible qu’une per- sonne, ayant quelque habitude des expériences, put tra- vailler pendant trois ans comme je lai fait avec des plaques de sel gemme, qui doivent rester polies et bril- lantes, sans s’apercevoir des circonstances rapportées par M. Magnus ; et la vérité est que je connaissais ces propriétés du sel gemme nombre d’années avant le com- mencement de ces recherches. Un peu de réflexion sur les conditions dans lesquelles j'opérais, montreront , je DE LA CHALEUR RAYONNANTE. 29 pense, combien il est peu probable qu’une précipitation telle que celle dont il est question ait pu influer sur mes expériences. D’abord l’air ordinaire du laboratoire, sui- vant M. Magnus, ne produit pas l'effet qu'il soupçonne avoir agi dans ma méthode, et c’est cet air, comme je l'ai déjà dit, que j'ai toujours employé, que le temps fût sec ou humide. Secondement, cet air est introduit dans un tube au travers duque! passe un flux de chaleur rayonnante provenant de la source. Troisièmement, l’air en entrant dans le tube est réchauffé par l’arrêt que su- bit son mouvement, et par conséquent il devient plus capable de maintenir de la vapeur à l’état transparent. De plus, la surface extérieure de mes plaques termi- nales de sel était toujours facile à examiner, et jamais on ne les a trouvées humides ; la surface intérieure pouvait encore bien moins être humide, puisque la tem- pérature était plus élevée à l’intérieur qu’à l'extérieur du tube. « Mais je ne m’en suis pas rapporté à la seule inspec- tion des surfaces extérieures de mes plaques de sel gemme. J’ai démonté plus de cinquante fois mon appa- reil, dans les cas où je pouvais le mieux supposer qu’il y eût précipitation, et jamais je n’ai pu apercevoir la moin- dre trace d'humidité sur mes plaques. « Cependant, cela ne m’a point encore complétement satisfait et j’ai imaginé l’arrangement que je vais décrire : — Un réservoir de caoutchouc à été rempli d’air et sou- mis à une pression modérée. Au moyen d’une disposition convenable de robinets et de pièces en forme de T, on pou- vait faire passer cet air soit au travers d’une succession de tubes contenant des morceaux de marbre humectés de potasse caustique et des morceaux de verre humectés d’a- “ 30 SUR LA PROPAGATION cide sulfurique, soit au travers d’une série pareille de tubes contenant des morceaux de verre mouillés d’eau distillée. On pouvait ainsi obtenir à volonté un courant d’air sec ou d’air humide, et mon but était de pouvoir in- troduire dans un tube ouvert de J’air sec ou de Pair hu- mide successivement dans les mêmes conditions. Pour y arriver, On avait disposé l'appareil de manière que les deux courants pussent être dirigés dans un même tube de verre étroit. Ce tube de verre était en connexion per- manente avec uneextrémité de l’un de mes tubes d’expé- rience, dont l’autre extrémité était en communication avec la pompe pneumatique. Les plaques de sel gemme ont élé entièrement abandonnées, le tube d'expérience était séparé de la « chambre antérieure » décrite dans mon mémoire, et il y avait une distance d’un pied entre la surface rayonnante et l'extrémité ouverte adjacente du tube. En face de l’autre extrémité ouverte, était placée ma pile thermo-électrique, « le cube de compensation » étant disposé comme de coutume !. En pressant le réser- voiret en faisant doucement agir la pompe, je pouvais en grande partie déplacer l'air sec par de l'air humide, et vèce- versa. Or, en opérant ainsi, sans interposition des plaques de sel gemme, j'a vérifié tous les résultats que j'avais ob- tenus avec les plaques. J’ai fait des expériences sembla- bles pour toutes les vapeurs que j'avais examinées, et Jaitrouvé qu'avec ces substances aussi bien qu'avec la 1 L'auteur fait ici allusion à la méthode de compensation qu'il a employée en faisant agir sur la seconde face de la pile thermo- électrique, la chaleur émanant d’un cube rempli d’eau bouillante, de manière à ramener l'aiguille du galvanomètre dans le voisi- nage de zéro, c’est-à dire dans la position où cet instrument a le plus de sensibilité. (Voyez les extraits de ses travaux déjà cités.) (Réd.) DE LA CHALEUR RAYONNANTE. 91 vapeur aqueuse, mes plaques de sel gemme donnaient des résultats sur lesquels on pouvait compter. « D'où provient donc la différence entre M. Magnus et moi? Je suis convaincu que l’on ne peut pas mettre plus de soin à des travaux scientifiques que ceux que M. Magnus apporte dans les siens, et c’est le caractère d’e- xactitude de ses expériences qui rend facile l’explication des divergences qui existe entre nous. « Je me permettrai d’abord d’atürer l'attention sur un point évident. Je crois qu’un simple coup d’œil jeté sur la planche du Philosophical Magazine, qui représente mon appareil, fera voir qu’il a fallu pour sa construction beau- coup de réflexion et de travail. J’insisterai particulièrement sur une de ses parties. En avant du tube d’expérience se trouve une chambre qui est toujours vide d’air, la cha- leur rayonnante arrivait ainsi au travers du vide jusqu’au tube. J’ai eu beaucoup de peine à obtenir cette chambre; il me fallait souder à l’argent sa paroi antérieure avec ses côtés, et de plus, il fallait le faire pour toutes les di- verses sources de chaleur employées. Il me fallait intro- duire cette chambre dans un vase en cuivre, en rendant hermétique la fermeture à l’entrée et à la sortie. Je devais amener dans ce ase de l’eau provenant des conduites hydrauliques au moyen d’un tube de 20 pieds de long : et pour emmener cette eau, il a fallu percer les dalles qui forment le sol du laboratoire et disposer un autre tube établissant la communication avec un canal. Comme on le sait déjà, ce vase de cuivre avait pour but d'empêcher la chaleur de la source d’arriver par conductibilité jusqu’à Ja première plaque de sel gemme. Il était difficile aussi d’a- dapter hermétiquement cette plaque entre la chambre antérieure et le tube d'expérience, il a fallu pour cela 32 SUR LA PROPAGATION recourir à des moyens particuliers. Maintenant je de- mande pourquoi je me serais donné toutes ces peines ? Une des plus grandes difficultés que j’aie rencontrées a été de me procurer des plaques de sel gemme convenables : pourquoi ai-je perdu mon temps à en trouver une paire? Pourquoi ne me suis-je pas contenté d’une seule plaque pour fermer l’extrémité la plus éloignée du tube, en lais- sant l’autre extrémité fermée par la surface rayonnante elle-même ? Pourquoi enfin n’ai-je pas rejeté les deux plaques en fermant hermétiquement avec la surface de la pile la seconde extrémité du tube? Toutes ces idées m'ont successivement abordé et ont été l’objet d’expérien- ces dans le commencement de mes recherches. Ces expé- riences m'ont appris qu’en mettant le gaz que je voulais étudier en contact direct avec la source de chaleur, ou en contact direct avec la face de ma pile, je faussais complé- tement les résultats. Or, cette disposition qui, dans ma manière d'opérer, aurait rendu les résultats tout à fait erronnés et n'aurait permis aucune exactitude, est celle que M. Magnus a adoptée et constitue, je crois , la seule source des différences qui se sont manifestées entre ses résultats et les miens. « Son appareil principal peut être décrit de la manière suivante: Un vase de verre s’ajuste comme une cloche sur la platine d’une machine pneumatique. Sur le sommet de ce récipient, un second vase de verre soudé par fusion, est en partie rempli d’eau ; dans cette eau on amène un courant de vapeur qui la fait bouillir. Ainsi, le haut du vase, qui sert de récipient, est maintenu à une tempéra- ture de 100°. Sur la platine de la machine pneumatique est fixée une pile thermo-électrique dont une face est tour- née en haut, de manière à recevoir la radiation partant du DE LA CHALEUR RAYONNANTE. 59 sommet du récipient. La face de la pile peut, à volonté, être protégée de la radiation par un écran. Des fils tra- versant la platine de la machine pneumatique, relient la pile au galvanomètre. Oa fait d’abord le vide dans le ré- cipient, et l’écran est enlevé; la déviation du galvano- mètre que l’on observe alors, donne la quantité de cha- leur rayonnante sur la pile au travers du vide. On fait ensuite entrer dansle récipient de l'air ou un autre gaz, et la diminution que subit la déviation est considérée comme due à labsorption par le gaz. « Ainsi, de l’air à la température ordinaire du labora- ratoire est mis en contact direct avec la source de cha- leur rayounanie dont la température est de 100° ; la conséquence immédiate est le refroidissement de cette source. Et peu importe combien de temps le gaz reste stationnaire : la surface chaude ne peut jamais reprendre sa température primilive. On remarquera que M. Magnus fait ses expériences de la manière ordinaire en employant une seule face de sa pile. Je ne suis jamais parvenu à constater l'absorption par lair ou un autre gaz simple à l’aide de ce procédé, tandis que M. Magnus obtient avec l'oxygène une absorption de 11 pour cent et avec l’hydro- gène de 14 pour cent. Mon appareil me permet de mesu- rer une absorption de 0,1 pour cent; et sûrement, une action aussi énergique que celle-là ne pourrait m'avoir échappé. Elle n’aurait pas échappé non plus à Melloni qui opérait avec une colonne d'air quinze fois plus longue que ne le faisait M. Magnus, et qui pourtant n’a observé aucun effet. Avec une colonne d'air plus de deux fois plus longue que celle qu’il employait, j’ob- tiens pour l’oxygène seulement !/,,, et pour lhydrogéne ARCHIVES, T. XV.— Septembre 4862. 3 34 SUR LA PROPAGATION seulement !/,, de l'absorption que M. Magnus attribue à CES gaz. € La plus grande action de l’hydrogène est tout à fait en accord avec le pouvoir refroidissant bien connu de ce gaz. Quoique j’attribue leurs résultats à une cause diffé- rente, quelques expériences que j'ai décrites dans le mé- moire présenté récemment à la Société royale, confir- ment complètement celles de M. Magnus. Dans ces expé- riences, les gaz arrivaient au contact direct de la source de chaleur, et alors l’action de l'hydrogène était à celle de l’oxygène précisement dans le rapport que M. Magnus a trouvé. Le tube dont je m'étais servi avait 8 pouces de longueur, et si j'avais été tenté d'attribuer à l’absorption les effets que j'ai obtenus, j'aurais trouvé avec un tube de cette longueur un effet cinquante fois plus grand que celui que j'avais observé avec un tube de 33 pouces de long dans lequel le gaz n’était pas en contact avec la source. «Les résultats négatifs de M. Magnus relativement à la vapeur d’eau sont maintenant suffisamment compréhen- sibles. L'action qu'il observait dans le cas de Pair était due au refroidissement direct par contact, phénomène dans lequel la masse de l’agent de refroidissement joue le rôle le plus important; l’action de la petite quantité de vapeur aqueuse que contient l’air humide devenait in- appréciable. Il rendait l'air cent fois plus actif qu’il ne devrait être et l’action de la vapeur disparaissait expéri- mentalement. « C’est un fait curieux et instructif que ce contraste entre l’opinion de M. Magnus et la mienne. Il conclut que même si ses expériences ne le prouvaient pas, il serait évident que la petite quantité de vapeur aqueuse conte- DE LA CHALEUR RAYONNANTE. 39 nue dans l’air ne pourrait affecter sensiblement l’absorp- tion ; et je m’appuie sur la même considération de pe- tite quantité pour rendre compte de l’absence d'effet de la vapeur d’eau mêlée à Pair comme agent de refroi- dissement par contact. Relativement à l’absorption, tou- tefois, la quantité de vapeur ordinairement répandue dans Patmosphère est énorme comparée à quelques-unes des quantités sur lesquelles j'opère. Dans le fait, il m'arrive souvent d'opérer avec des quantités de vapeurs diverses qui, multipliées mille fois, n’atteindraient pas le volume de la vapeur de l'atmosphère. « En outre, examen de mes expériences m'a montré il y a longtemps déjà, que les substances qui, à l’état li- quide, sont très-absorbantes pour la chaleur rayonnante, présentent la même propriété à l’état de vapeur. Et même, dirigé par ce fait, j’ai déjà commencé des expériences dans le but d'examiner si la même quantité de matière n’exerce pas la même action, que son état soit liquide où gazeux. Or l’eau, comme Melloni l'a prouvé, est le plus athermane des liquides qu’il a étudiés, il serait donc tout à fait anormal, d’après mon principe a priori, que la vapeur de ce liquide fût aussi inactive que les expé- riences de M. Magnus, semblent l’indiquer. « J’ai parlé plus haut de l'influence résultant du contact de la face nue de la pile avec le gaz sur lequel on opère. Mes essais sur cette disposition des expériences ne lais- sent pas que d’être instructifs. « Une ouverture carrée avait été pratiquée dans un tube d’étain et l’on avait introduit dans cette ouverture la face d’une pile que l’on avait hermétiquement mastiquée tout autour. Le tube était fermé à ses extrémités et mis en Communication avec la machine pneumatique. Le 36 SUR LA PROPAGATION tube étant vide, et l’aiguille du galvanomètre relié à la pile étant à zéro, si l’on laissait rentrer l’air, son mou- vement se trouvait bientôt arrêté, et il se développait une quantité de chaleur équivalente. Gette chaleur qui se communiquait à la face de la pile, était suffisante pour jeter l'aiguille contre Parrêt placé à 90°. Je n’ai au- cun doute que j'eusse pu faire tourner mon aiguille d’un arc de 500: par la chaleur ainsi engendrée. Quand, au contraire, le tube était primitivement plein et l’aiguille à zéro, deux ou trois coups de pompe suffisaient pour envoyer l'aiguille contre les arrêts, déviation due dans ce cas au refroidissement de la surface interne de la pile. Dans le fait, cette manière de se comporter d’un gaz en entrant dans un récipient vide ou lorsqu'on l’as- pire avec une pompe hors d’un récipient plein, m'a permis de résoudre le problème paradoxal de détermi- ner le rayonnement et l’absorption d’un gaz ou d’une vapeur sans employer aucune source de chaleur exté- rieure au corps gazeux lui-même. La pile de M. Magnus était exposée à uneaction semblable à celle qui vient d’être décrite, bien que jamais il n’en ait fait mention à ma connaissance. Il me serait complétement impossible d’ef- fectuer mes expériences avec une pile dans ces condi- tions ; car après que l'instrument avait été réchauffé ou refrgidi par ce procédé dynamique, il fallait dans certains cas plusieurs heures pour que l’aiguille revint au zéro. Je puis ajouter que j'ai fait ces expériences sur le réchauffe- ment et le refroidissement dynamique, en chargeant les aiguilles de morceaux de papier de manière à rendre leur mouvement visible pour les auditeurs les plus éloignés placés dans le grand ampbhithéâtre de l’Institution royale. € 4. Outre les expériences avee lPappareil déjà dé- DE LA CHALEUR RAYONNANTE. 91 crit, M. Magnus en a fait deux autres séries avec un tube de verre d’un mètre de long fermé à ses extrémités par les lames de verre. La source de chaleur qu’il employait dans ce cas était une forte lampe d’Argant dont les rayons étaient rassemblés par un miroir parabolique placé der- rière la flamme. Dans l’une des séries le tube était revé- tu à l’intérieur d’une feuille de papier noir, tandis que dans la seconde on avait enlevé ce papier et que la ra- diation au travers du tube était augmentée par la réflexion des parois. En employant le tube noirci, M. Magnus a confirmé les résultats déjà obtenus par le D' Franz qui avait trouvé que pour une colonne de la même longueur à peu près que celle de M. Magnus, l'absorption s’élève à 3 pour cent de la chaleur incidente. « La différence entre ce résultat et celui que M. Ma- gnus à obtenu avec son autre appareil, qui portait l’ab- sorption à 14 pour cent, pourrait être attribuée naturelle- ment à la différente nature de chaleur employée dans les deux cas. Mais dans la série d’expériences faites avec le tube non noireci et dans lesquelles la lampe d’Argant ser- vait encore de source de chaleur, M. Magnus trouve que l'absorption de l'oxygène et de l'air est de 14,75 pour cent, et celle de lhydrogène 16,23 pour cent de la cha- leur incidente. Cette grande différence suivant que le tube est noirci ou ne l’est pas, est attribuée par M. Magnus à un changement de nature que la chaleur subirait par sa réflexion sur la surface interne du tube, qui ren- drait son absorption plus facile. J’ai cherché en vain à Obtenir ce résultat en employant un tube de la même longueur à peu près que celui de M. Magnus. L’absorp- tion qu’il trouve pour l’oxygène et l'air est 440 fois plus grande, et pour l’hydrogène 160 fois plus grande que celle que j'obtiens. 38 SUR LA PROPAGATION « D'où proviennent ces différences ? EHes doivent sim- plement être attribuées à une cause de même nature encore: et vraiment je ne connais pas d’exemple plus remarquable d’une source d'erreur unique réagissant pendant toute une longue série d'expériences faites con- sciencieusement, et rendant aussi complétement compte des anomalies observées. M. Magnus ferme son tube avec des plaques de verre de 4"® d'épaisseur. Or Melloni a montré que 61 pour cent des rayons d’une lampe Loca- telli sont absorbés par une plaque de verre de 2»",6 d'épaisseur. Il est par conséquent certain qu'environ 70 pour cent de la chaleur totale émise par la lampe de M. Magnus se sont logés dans sa première plaque de verre. La seconde plaque doit absorber une quantité beaucoup moindre de la chaleur envoyée directement par la lampe; mais ici la quantité absorbée aura un effet beaucoup plus sensible comme source de chaleur secondaire, parce que cette plaque est très-rapprochée de la pile thermo-élec- trique. Avec le tube noirci, par conséquent, nous avons trois Sources de chaleur agissant directement ou indirec- tements ur la pile: ce sont la lampe, la première plaque de verre et la seconde plaque. Réellement ces trois sources se réduisent à deux, car le verre étant opaque pour la radiation émanant du verre, la chaleur émise par la première plaque n’a d’autre effet que d’élever la tem- pérature de la seconde plaque qui est près de la pile. En introduisant dans le tube de Vair à la température ordinaire, on doit obtenir un effet analogue à celui qui se produit avec l’autre appareil de M. Magnus: les plaques de verre chauffées se refroidissent, et l’hydro- gène doit déterminer un refroidissement plas considéra- ble que Pair, de manière à reproduire exactement les effets rapportés par M. Magnus. DE LA CHALEUR RAYONNANTE. 99 « Les mêmes considérations appliquées au tube non noirci, expliquent parfaitement l’effet singulier que l’on obtient par son emploi. Il est très-difficile, si ce n’est im- possible, d'expliquer d’après des principes théoriques le changement dans la nature de la chaleur auquel on à at- tribué cet effet. Mais il n’est point nécessaire d'admettre sa réalité. M. Magnus lui-même trouve que la quantité de chaleur transmise dans le tube non noirei est 26 fois plus grande que celle qui traverse le tube noirci où la radiation oblique est éliminée. Par conséquent dans lecas du tube nu, le flux de chaleur envoyé par la plaque chauffée, placée près de la lampe, à la plaque disposée à autre extrémité du tube, ainsi que la chaleur envoyée directement à la même plaque par la lampe, sont consi- dérablement supérieurs à ce qu'ils étaient dans le cas du tube noirci. La plaque voisine de la pile devient par conséquent beaucoup plus chaude ; et comme leffet du refroidissement est à peu près proportionnel à la diffé- rence de température entre cette plaque et l'air froid, la disparition de chaleur sera plus considérable quand le tube n’est pas noirci. Tout en étant prêt à admettre des objections, je crois pouvoir présenter cette explication du résultat extraordinaire que M. Magnus a obtenu. C’est, selon moi, non pas un cas d'absorption, mais un refroi- dissement direct par l'air froid. « Il est à peine nécessaire de dire que l’on peut appli- quer aux expériences de M. Franz des remarques sem- blables à celles que j'ai présentées pour le cas du tube noirci de M. Magnus. M. Franz, si je ne me trompe, n’a jamais observé l’absorption de l'air; les effets qu’il a ob- tenus sont dus entièrement au refroidissement par con- tact. C’est parce qu'il a pris le refroidissement pour l’ab- 40 SUR LA PROPAGATION DE LA CHALEUR, ETC. sorption qu'il a trouvé avec un tube de 45 centimètres de long le mêmeeffet qu’avecun tube de 90 centimètres. Il donne pour l'acide carbonique un chiffre aussi bas que pour Pair. [l considère la vapeur de brome comme un meilleur absorbant que l’acide hypoazotique quoique Pabsorption chez un corps composé soit toujours beaucoup plus grande que chez un corps simple. La chaleur rendue la- tente par l’évaporation du brome augmentait l'effet qu’il mesurait en réalité. En résumé toutes les différences qui se sont manifestées entre les physiciens allemands et moi, paraissent pouvoir être complétement expliquées par une source d'erreur que l’emploi de plaques de sel gemme m'a permis d’éviter dès le début. » ! 1 Nous rendrons compte prochainement de nouvelles recher- ches sur la propagation de la chaleur dans les gaz dont nous n’a- vons pas parlé jusqu'ici. (Réd.) SUR UNE NOTE RELATIVE À LA FONCTION ÉLECTRIQUE DE LA TORTILLE insérée dans les Archives des Sciences physiques et naturelles ! PAR M. C. MATTEUCCI. Ce n’est certainement pas moi qui me plaindrais de voir un sujet aussi riche que l’électro-physiologie et dont je me suis occupé si longtemps, former l’objet des tra- vaux de mes confrères. Mais c’est justement pour cela que je sens la nécessité de rétablir la vérité historique dans ces travaux, et d'apporter mon concours pour éclai- rer les conclusions qu’on veut en tirer. Je viens de lire le mémoire entier sur la torpille que M. Moreau a bien voulu m'envoyer, et j'y trouve de très-bonnes choses ; néan- moins il faut bien éclaircir certains points et laisser à cha- cun ce qui lui appartient. Jamais ni moi, ni aucun autre, n’a dit que l'électricité se produit dans le cerveau, et depuis bien longtemps je fais dans mes cours une expérience fondamentale, pour montrer qu'un petit mor- ceau d’organe pris sur une torpille vivante donne Ja décharge lorsqu'on l’irrite; et tout dernièrement encore j'ai fait voir que ce petit morceau, qui peut être un cube de 2 de côté, lorsqu'on applique les extrémités du gal- : Archives, juillet 1862, t. XIV, p. 276. 49 SUR LA FONCTION ÉLECTRIQUE vanomèêtre sur ses bases correspondantes au dos et au bas ventre, donne un courant permanent dans le sens même de la décharge. Après cette expérience, il n’était plus nécessaire de chercher si le sang a une action im- médiate et essentielle dans la fonction de la torpille. Il ne faut pas non plus se presser de conclure que les nerfs de l’organe possèdent les mêmes propriétés que les nerfs moteurs, par la raison que l’expérience a montré qu’il n’y a pas d’analogie vraie entre la contraction mus- culaire et la décharge électrique. Je demande pardon si je rappelle ici une des expériences les plus nettes et les plus fondamentales que j’aie faites sur la torpille. Deux morceaux d'organes portant leurs nerfs sont opposés Pun à l’autre, et on n’a pas de courant au galvanomètre. Qu'on irrite un de ces nerfs, ce qui oblige le morceau d’organe à donner la décharge, et qu’on ferme après le circuit du galvanomètre, et on obtiendra alors un fort courant différentiel provenant de ce morceau ; preuve que l’activité de l’organe a augmenté son pouvoir élec- iro-moteur d’une manière permanente. Qu’on répète la même expérience sur deux muscles, et on trouvera que le pouvoir électro-moteur est diminué d’une manière permanente dans le muscle qu’on a fait contracter. La théorie explique ces résultats, car la contraction musculaire est un travail consommant des forces chimi- ques et diminuant par conséquent le pouvoir électro- moteur qui dépend de ces forces : dans l’organe de la torpille, au contraire, il n’y a ni chaleur ni travail pro- duit, et toutes les analogies pourraient nous amener à croire que cet organe se charge comme une pile à li- quides maintenue par une espèce de sécrétion opérée sous l’influence des nerfs. Mais tout cela est encore dans DE LA TORTILLE. 43 le domaine des hypothèses, ou plutôt des bonnes ana- logies, et c’est pour cela que je voudrais voir des hom- mes comme M. Moreau étudier ce point par de nouvel- les expériences. Quant au quatrième lobe, il reste toujours prouvé que cette partie du cerveau est celle qui agit directement sur l’organe. Si l’on a une torpille un peu affaiblie, avec le cerveau mis à nu, on peut irriter la moëlle épinière, le cervelet, les lobes olfactifs, les lobes cérébraux, sans qu’on ait la décharge ; tandis qu’on ne peut toucher le quatrième lobe sans avoir la décharge, et on a la dé- charge de l’organe droit si on touche la partie droite du quatrième lobe, et la décharge de l’organe gauche si Pon touche la partie gauche de ce même lobe. M. Moreau a raison de faire remarquer que dans mon premier mémoire sur la torpille en 1837, j'avais annoncé d’avoir obtenu dans un seul cas, en irritant fortement le quatrième lobe, la décharge de l’organe dans le sens con- traire à celui de la décharge ordinaire. Depuis cette épo- que j'ai certainement répété quelques centaines de fois expérience et j'ai toujours dit que je n’avais pu repro- duire ce fait. C’est très-probablement une erreur d’ex- périence que j'ai commise ; mais Cela ne change pas le rôle du quatrième lobe. ‘ Je n’insisterai pas sur les autres expériences de M. Mo- reau et je suis heureux de voir qu’il ait pu obtenir, avec un condensateur d’une forme particulière et dans une expérience très-ingénieuse, ce que j'avais déjà fait avec le condensateur de Volta, commeije l’ai décrit dans un de mes mémoiresinsérés dansles Philosophical Transactions de la Société royale. J'ai aussi prouvé,comme l’a fait après moi M. Moreau, que le curare n’altère pas la fonction 44 SUR LA FONCTION ÉLECTRIQUE DE LA TORTILLE. électrique, et que les nerfs de l’organe conservent leur activité après que les nerfs musculaires Pont perdue. Il m'importe surtout d’insister auprès des physiologistes et des physiciens qui s’occupent de ce sujet, pour qu'ils ne se hâtent pas d'accepter des explications hypothétiques au lieu d'attendre les résultats d'expériences rigonreuses. Nous ne savons rien sur la force nerveuse, rien ne prouve qu'elle consiste dans une modification de l’état électrique des nerfs, et le seul résultat positif que nous connaissions, c’est que l’excitation d’un nerf par lélec- tricité et le travail muéculaire correspondant représentent deux termes qui n’ont aucune relation entre eux, sui- vant la théorie mécanique de la chaleur ; le zinc dissout pour électriser le nerf correspond à un travail mécanique considérablement plus petit que le travail musculaire produit. De ce fait on tire la conclusion qu'entre l’exci- tation d’un nerf et la contraction musculaire il s’opère dans le muscle des actions chimiques qui sont celles de la respiration musculaire, et que l’excitation du nerf est comparable à létincelle qui allume la poudre à canon. Je noterai enfin qu'il ne faut pas, avec lautorité si grande et si méritée qui est due à M. de la Rive, laisser introduire dans la science électro-physiologique la pro- position , que la contraction musculaire est le résultat de l’état électrique du nerf. M. du Bois-Reymond, auteur de si belles découvertes en électro-physiologie, sait mieux que personne qu’il n’a pas fait celle qui lui est attribuée par l’esprit généralisateur et le génie philosophique de mon ami, l’illustre physicien de Genève. Turin, 23 août 1862. DISCUSSION de quelques points DES MÉTHODES PALÉONTOLOGIQUES au sujet d'un rapport de M. AGASSIZ sur l'arrangement des collections du Musée de Cambridge PAR M. FE.-J. PICTET. La Bibliothèque universelle dans sa partie générale ! à donné une traduction faite par M. le professeur Matile d’un discours prononcé par M. Agassiz, devant la Mer- cantile library Association et ayant pour but de faire comprendre la méthode qui à présidé au classement du nouveau musée de Cambridge. Nous n’avons pas à reve- nirici sur ce document intéressant; mais le rapport offi- ciel rédigé par le même auteur? contient quelques détails plus circonstanciés et soulève des questions graves de méthode paléontologique dont la discussion nous paraît tout à fait digne d'attirer l’attention des lecteurs des Ar- chives. 1 Bibliothèque universelle n° 55, juillet 1862, tome XIV. p. 251. ? Annual report of the Trustees of the Museum of the com- parative z0ology (Adressé au sénat et à la chambre des représen- tants.) 21 février 1862. 46 DISCUSSION DE QUELQUES POINTS Nous rappellerons que le discours, d'accord avec le rapport, insiste sur la convenance de distribuer les ob- jets d'histoire naturelle en trois séries, distinctes : La première, composée d’un petit nombre d’échantil- lons caractéristiques de chaque genre et de tous les dé- tails anatomiques qui peuvent aider dans la classifica- tion, aurait pour but de rendre évidents à l’œil les carac- tères généraux des classes et des subdivisions inférieures, de permettre d'apprécier les rapports zoologiques de chaque groupe et de faire comprendre la classification. Les collections trop générales et trop nombreuses ne paraissent pas pouvoir atteindre ce but; car elles dérou- tent l’élève et l’empêchent de saisir Pensemble. Un choix judicieux et restreint de types caractéristiques, occupant un espace relativement restreint, permettra plus facile- ment d’embrasser l’enchaîinement des faits. Une deuxième série comprendrait les faunes spéciales à chaque région et là il n’y aurait aucun motif pour res- treindre le nombre des échantillons. M. Agassiz désire au contraire que toutes les espèces y soient largement représentées avec leurs variétés d'âge et de sexe. Ces collections seraient particulièrement propres à donner une idée de la manière dont les animaux sont répartis sur la surface de la terre et, conservant les associations géographiques naturelles, seraient plus instructives sous ce point de vue que des collections générales. Enfin dans une troisième série on placerait tout ce qui a trait à la formation et au développement embryonaire des êtres. Pour les animaux fossiles on ferait par analogie une série destinée à faire comprendre la succession générale des êtres, en la bornant aux espèces caractéristiques, et DES MÉTHODES PALÉONTOLOGIQUES 47 une série des faunes géologiques, en distinguant soit cel- les qui différent par leur âge, soit celles qui ne sont sépa- rées que par des distances géographiques. Notre but n’est point ici de discuter la méthode dans son ensemble. Elle a, à côté d'avantages incontestables, l'inconvénient d'exiger beaucoup plus de place que n’en peuvent espérer la plupart de nos musées d'Europe. Nous voulons surtout discuter quelques idées qui découlent de la comparaison des faunes géologiques, idées qui nous ont d'autant plus intéressé que nous avons nous-même exposé à la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève quelques considérations analogues sans toutefois leur avoir donné encore une publicité réelle. Nous laisserons d’abord parler M. Agassiz lui-même : « Jusqu'ici les géologues en identifiant les horizons des dépôts successifs qui forment la croûte de notre globe sont partis de l’idée universellement admise que les ani- maux du même âge géologique sont ou identiques ou trés-voisins sur de grandes étendues géographiques. Rien n’est plus éloigné de la vérité que cette hypothèse et il suffit de comparer les faunes de la période actuelle dans des continents éloignés pour voir combien elles différent. Si les débris des temps anciens appartenant aux mêmes périodes géologiques ont en général paru être identiques ou fort voisins, cela vient principalement de ce qu’ils ont été étudiés dans les mêmes zones géographi- ques. Actuellement nous trouvons la même ressemblance entre les animaux qui vivent dans les zones tempérées d'Europe, d'Asie et de l'Amérique du Nord; mais quand nous passons dans d’autres climats, la scène change complétement. Il en était de même dans les siècles passés, comme cela nous est enseigné par les mammifères tertiaires 48 DISCUSSION DE QUELQUES POINTS de l’Afrique méridionale et de l'Australie ; et je n’aiaucun doute que ce fait ne soit confirmé pour les formations plus anciennes dans de certaines limites encore incompléte- ment connues. Les différences spécifiques entre les débris du même âge trouvés dans des gisements éloignés lun de l’autre, sont démontrées chaque jour davantage. De- puis que j’ai commencé à comparer les fossiles d’Améri- que avec ceux d'Europe, j'ai été conduit par degrés à inférer qu’on ne pourra probablement jamais établir une identité spécifique entre des animaux qui ont vécu à de très grandes distances quoiqu’ils fussent contempo- rains, La doctrine de l’identité des fossiles du même âge demande donc de grandes modifications. Je suis déjà cer- tain que des espèces de la même famille, appartenant à des époques différentes mais trouvées dans des latitudes correspondantes, sont souvent beaucoup plus voisines que des espèces du même âge appartenant à des zones différentes. Le temps approche rapidement où laffinité zoologique seule ne sera plus un sûr critère de la con- temporanéité, ni les différences zoologiques quelque frap- pantes qu’elles soient une preuve suffisante de différence dans l’âge géologique. Ce résultat inattendu et probable- ment fort pénible pour beaucoup de géologues, je Pai obtenu par une comparaison soigneuse de nombreuses faunes anciennes arrangées de la manière que j'ai indi- quée ci-dessus. Si cette découverte rend d’un côté la détermination des terrains au moyen des fossiles plus difficile pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec la zoologie, de l’autre elle fournit les preuves les plus ins- tructives des changements successifs que la création a subis sur les différentes parties de la surface de la terre à différentes périodes, et elle montre comment, dans les DES MÉTHODES PALÉONTOLOGIQUES. 49 premiers âges il existait dans certaines parties du globe, des combinaisons d'êtres vivants tout à fait distinctes de celles qui occupent actuellement les mêmes localités et en même temps semblables à celles qui existent aujour- d’hui dans d’autres régions. Je me borne à rappeler, comme preuve de cette thèse, la ressemblance qui existe entre quelques faunes éteintes de la période jurassique, et la faune actuelle de Australie. On peut suivre les tra- ces de ressemblance pareilles entre les faunes éteintes d’autres périodes et les faunes vivantes d’autres parties du monde. Jai déjà cité dans une autre occasion la res- semblance qui existe entre la faune et la flore fossiles d’Œningen et celles de la zône tempérée des Etats at- lantiques de l’Amérique septentrionale. » Qu'il nous soit permis à la suite de cette citation de présenter quelques considérations sur le même sujet. Elles pourront, ce nous semble, préciser et étendre dans certaines limites les observations très-judicieuses de no- tre illustre ami. Nous sommes tout à fait d'accord avec lui que l'identité des faunes n’est pas dans tous les cas une preuve qu’elles ont été contemporaines et que la différence entre les fau- nes ne prouve pas toujours qu'elles ont appartenu à un autre âge géologique. Mais il ne suffit pas ici d’ébranler la confiance dans ces règles trop généralement admises ; il importe surtout de distinguer quels sont les cas où l’on peut arriver à des déductions certaines et quelles mé- thodes il faut suivre pour cela. Nous commencerons par les cas où il y a identité en- tre deux faunes. Si les deux faunes identiques sont dans le voisinage lune de l’autre, la stratigraphie a prouvé mille fois qu’elles ARCHIVES. T, XV, — Septembre 1862. { 50 DISCRSSION SUR QUELQUES POINTS ont dû être déposées dans la même mer, soit en mon- trant que les couches qui les renferment sont continues, soit en prouvant qu’elles occupent une place identique dans une série semblable. Rien, suivant nous (ni suivant M. Agassiz), n’a ébranlé l’assertion généralement admise que des faunes identiques, situées dans la même région géographique, ont élé contemporaines. Si les faunes identiques sont séparées par de grands intervalles sur la surface de la terre, la question change et il peut se faire que l'identité ne prouve pas la con- temporanéité. M. Agassiz, dans la portion du rapport que nous avons reproduite ci-dessus, a parlé des faunes ana- logues trouvées à des âges différents et à de grandes dis- tances. Ce rapprochement curieux ne repose pas encore sur des faits suffisamment précisés, et sans vouloir au- cunement en contester la réalité, nous voyons là une di- rection donnée à des travaux futurs, plutôt qu’un fait définitivement acquis à la science. Ces comparaisons sont d’une grande difficulté, car il s’agit ici d’analogies et non d’identités et par conséquent il y a une large part à l’ap- préciation personnelle. M. Agassiz n’entend évidemment pas, par exemple, que la faune d’'Æningen soit 2dentique à celle qui vit actuellement dans l'Amérique méridio- nale ; il veut seulement dire qu’il y a entre ces deux populations des rapports plus ou moins intimes résultant de l'identité de quelques genres et de l’analogie d’une partie des espèces. Nous ne doutons pas que des tra- vaux entrepris sous cette préoccupation ne fournissent des documents nouveaux et précieux. On peut, en restant dans ce même cas des faunes iden- tiques séparées par de grands intervalles géographiques, entrevoir une autre face de la question qui n’a pas été DES MÉTHODES PALÉONTOLOGIQUES. D1 abordée par le savant directeur du musée de Cambridge et qui ne se lie pas directement avec l’arrangement proposé pour les collections ; mais qui nous paraît avoir aussi un très-grand intérêt. Si une série de faunes identi- ques se retrouvent sur un long espace parallèle à un degré de longitude, il peut se faire, suivant nous, que ces ressemblances se lient à une série de climats identi- ques non contemporains. Nous en citerons un exemple qui nous a été fourni par l'étude d’un mémoire intéres- sant de M. de Strombeck ! où ce géologue montre le paral- lélisme des faunes crétacées depuis le Hanovre jusqu’au midi de la France, auquel nous ajouterons Algérie. Une série de faunes crétacées identiques se sont succédé sur tout ce long parcours, et on Îles trouve bien déve- loppées en Suisse où elles forment un intermédiaire pré- cieux. Aujourd’hui le Hanovre et l'Algérie ont une faune bien différente l’une de Paulre et il est probable que dans les temps anciens le climat de ces deux régions a dû ame- ner un résultat analogue. Si done nous considérons les deux faunes crétacées identiques en Hanovreeten Algérie, il nous paraît probable que chacune de ces faunes a vécu dans l’un et dans l’autre de ées pays lorsqu'ils avaient at- teint une température moyenne égale, circonstancequi n’a pas dû avoir lieu à la même époque. Nous concevrions irès-bien la probabilité que cette faune ait véeu en Hanovre à une époque où la terre était bien plus réchauffée qu’elle ne l’a été plus tard, et qu’elle ait toujours tendu à rayon- ner et à s'étendre. À mesure que le climat à changé et que la température a baissé les individus qui avaient cherniné au sud ont pu continuer à vivre, tandis que ceux du nord l Zeitschrift der deutschen geologischen Gesellschaft, 1864, tome XIII, p. 20. 52 DISCUSSION SUR QUELPUES POINTS ont été détruits Le centre de la faune s’est ainsi déplacé et par la continuation de l’action il a successivement oc- cupé l'Allemagne, la Suisse, le bassin du Rhône, la Pro- vence et enfin l’Algérie où le elimat qui lui convenait à dû arriver bien plus tard. Quand cette faune a atteint ainsi ses nouvelles limites méridionales, ses limites sep- tentrionales ont dû être fort rapprochées, et quand elle a occupé le sud de l’area géographique , elle était très- probablement éteinte dans le nord et peut-être dans le milieu. On pourrait trouver bien des exemples analogues d’où on tirerait la conséquence que l'identité de faunes, séparées par de grands espaces géographiques, peut in- diquer des climats identiques, mais non contemporains. Faisons seulement remarquer que des causes analogues produisant des effets semblables, il arrivera ordinaire- ment que dans les diverses régions les séries de faunes seront elles-mêmes identiques. L'identité des faunes, in- suffisante pour prouver une contemporanéité absolue, servira cependant à montrer qu'elles ont eu dans la sé- rie un âge relatif semblable. Si nous nous occupons maintenant des cas où les faunes sont différentes les unes des autres, nous nous trouverons en face d’une analyse un peu plus délicate et un peu plus difficile. Dans le cas où les distances géographiques entre les faunes sont peu considérables ; leurs différences provien- nent le plus souvent de ce qu’elles ont été formées à des époques différentes. C’est encore un de ces faits que la stratigraphie a mis trop souvent en évidence pour qu'il soit nécessaire d'y insister. Dans une région donnée on trouve le plus souvent les faunes diverses superposées dans un ordre identique qui prouve leur succession ré- gulière dans le temps. DES MÉTHODES PALÉONTOLOGIQUES. 53 Mais cette règle est sujette à d’importantes exceptions. De même que dans les mers actuelles les associations d’es- pèces différent suivant la nature du fond de la mer, celle des eaux, la profondeur, etc.; de même pendant une même période géologique des faunes différentes peuvent avoir été déposées dans des fonds vaseux, sur des ri- vages rocaïlleux, dans des mers profondes, etc. Les géo- logues et les paléontologistes ont depuis longtemps cons- taté ces faits et donné le nom de facies vaseux, facies co- rallien, ete., à des dépôts où sont entassées des faunes contemporaines dissemblables. Tout le monde connaît les curieuses recherches de M. E. Forbes sur les associations diverses que présentent les mers actuelles dans des cir- constances analogues, et récemment encore M. Alphonse Milne Edvards vient de donner une nouvelle extension à ces faits par la découverte d’espèces tout à fait nouvelles et inconnues retirées de très-grandes profondeurs. Où peut donc dire que suivant les cas la dissemblance entre des faunes d’une même région géographique peut tantôt correspondre à une même époque, tantôt à une époque différente. Reste à savoir si en dehors des données stratigraphiques qui sont seulés incontéstables, le paléon- tologiste est complétement désarmé pour apprécier là Signification des cas spéciaux. Nous ne le pensons pas ét nous croyons au Contraire que la nature même et la composition des faunes portent gé- néralement avec elle là réponse à cés questions. Deux fau nes dissemblables parallèlés sont ordinairement caracté- risées par des différences biologiques se tradnisant par Vexistence de certains genres et l’absence d’autres. Ainsi on reconnaît facilement une fauné déposée dans un fond vaseux à l’existence des genres qui vivent enfoncés dans 54 DISCUSSION SUR QUELQUES POINTS, cette vase et à l’absence de ceux qui ont besoin de rochers à nu, telles que les coraux ou les mollusques perforants. L’inverse caractérisera une faune corallienne ou une faune littorale. On peut dire que ces faunes dissemblables pa- rallèles se complétent l’une l’autre. Deux faunes dissemblables successives présentent des caractères inverses. En les prenant dans leur ensemble et sur une certaine étendue, on verra qu’elles n’ont pas, en général, de différences biologiques, qu’elles sont compo- sées des mêmes genres; mais que les espèces seules ont été modifiées tout en restant organisées pour le même genre de vie. On comprendra très-bien ces faits en compa- rant, par exemple, deux faunes successives de même fa- cies (vaseux ou corallien). Il est évident du reste qu’il n’y a pas de règle générale pour résoudre en pratique ces difficultés, et que ces direc- tions imposées par une méthode judicieuse supposent une ample récolte de faits paléontologiques et stratigraphi- ques. Reste enfin le dernier cas, celui où des faunes dissem- blables sont séparées par de grands espaces géographi- ques. C’est ici que se place l’observation parfaitement vraie exprimée par M. Agassiz. Il y a plus de différences entre deux faunes contemporaines séparées par de gran- des distances géographiques qu'entre deux faunes d’une même région et d'âge différent, pourvu toutefois qu'il ne s’agisse pas d’époques trop éloignées l’une de l’autre. Ce fait est incontestable et pourrait être prouvé par des com- paraisons tirées de toutes les périodes. Un exemple pris dans les époques récentessuffira pour en faire comprendre la portée. La faune tertiaire d'Australie ressemble beau- coup à la faune moderne de ce pays et pas du tout à la faune DES MÉTHODES PALÉONTOLOGIQUES. 55 tertiaire d'Amérique ou d'Europe. Il en est de même de -ces dernières, et l’on trouvé en particulier dans la faune si abondante et si remarquable qui a occupé le grand con- tinent américain avant la période actuelle, tous les types précurseurs de la faune qui y vit aujourd’hui : les éden- cés, les singes à trente-six dents, etc., etc. Dans cha- que pays donné, la faune d’une époque tire ses caractères de deux facteurs. L’un résulte de cette loi constante de modification dont la paléontologie nous fournit partout la preuve. L’autre bien plus puissant est l’état de l’orga- nisation de la faune précédente qui sert de point de dé- part. Nous n’avons pas besoin d’attirer l’attention de nos lec- teurs sur l’importance de ces faits en regard des explica- tions que l’on peut chercher de la succession des faunes. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. Enw. FRANKLAND. — SUR LA COMBUSTION DANS L’AIR RARÉFIÉ. (Philosophical Magazine, n° 150. Supplément de décembre 1861.) « Dans l'automne de 1859 j'ai entrepris au sommet du Mont- Blanc, à la demande de M. Tyndall que j’accompagnais, quelques expériences touchant l’effet de la pression atmosphérique sur la quantité de matière consumée par une bougie ordinaire. J'ai trouvé, en prenant la moyenne de cinq expériences, qu'une bou- gie de stéarine diminuait de 98,4 en une heure quand elle brülait à Chamounix; au sommet du Mont-Blanc, si on la laissait brûler pendant le même temps en la protégeant parfaitement des courants d'air, elle perdait 98',2 de son poids. « La valeur très-rapprochée de ces deux nombres, obtenus cependant sous des pressions si différentes, montre que la com- bustion est, sous ce rapport, complétement indépendante de la densité de l'atmosphère. « Îl n’est pas possible de répéter ces déterminations d’une ma- nière satisfaisante dans des atmosphères artificielles raréfiées par suite de l’échauffement de l'appareil entourant la bougie, qui la fait fondre et brûler inégalement ; cependant dans une expérience où une bougie de spermaceti a brülé successivement dans de l'air sous une pression de 28r°,7 de mercure, puis de 9P° toutes les autres conditions étant aussi semblables que possible, on a trouvé pour la diminution de poids à 28r°,7 de pression 7er,85 par heure, et à 9r° de pression 98,10 par heure. Le résultat confirme le précédent pour une pression très-basse. PHYSIQUE. 57 En faisant brûler des bougies au sommet du Mont-Blanc, j'ai été très-frappé de la petite quantité de lumière qu’elles donnaient comparativement. La partie inférieure et bleue de la flamme, qui, dans les circonstances ordinaires, s'étend à peine à !/, de pouce au-dessous de l’extrémilé de la mèche, s'élevait à !/, de pouce au-dessus du coton et réduisait ainsi considérablement la dimension à la partie éclairante de la flamme. « À mon retour en Angleterre, j'ai répété ces expériences de manière à mesurer photométriquement cette diminution d'éclat dans l'air raréfié. Les résultats prouvent que le pouvoir éclairant d’une bougie brülant dans l’air raréfié est considérablement plus faible que dans l'air à la pression ordinaire de l'atmosphère. Mais pour les motifs qui ont déjà été mentionnés, il n’a pas été pos- sible d'arriver à des mesures suffisamment précises en faisant brûler des bougies dans une atmosphère raréfiée artificiellement; on a donc eu recours au gaz d'éclairage, et bien que son emploi soit aussi soumis à quelques causes de perturbation, on est par- veuu à obtenir des résultats dignes de confiance dans une longue série d'expériences s’accordant suffisamment entre elles. Le gaz, dans tous les cas, traversait un régulateur permettant de main- tenir l’uniformité de la pression dans les jets. Un seul bec de gaz était employé comme étalon de comparaison; il était disposé à lune des extrémités d'un photomètre de Bunsen, tandis qu’à l’autre extrémité on plaçait la flamme soumise aux variations de pression, et dont on voulait mesurer l'éclat. Dans toutes les ex- périences elle était constamment produite par la combustion de 0,65 pieds cubes, de gaz par heure. « Les produits de la combustion étaient constamment enlevés, de sorte que la flamme parfaitement fixe et régulière était tou- jours entourée d’air pur, qui était fourni à l’appareil de manière à produire le maximum de pouvoir éclairant dans chaque ob- servalion. € Dans les résultats suivants, le pouvoir éclairant donné pour chaque pression est la moyenne de vingt observations qui s’ac- 58 BULLETIN SCIENTIFIQUE. cordaient très-bien entr’elles. Dans chaque série, le maximum du pouvoir éclairant, c’est-à-dire l’éclat obtenu quand la flamme brülait sous la pression de l'atmosphère, est désigné par 100. Pression de l'air en pouces de mercure. lre Série, 29,9 24,9 19,9 14,6 9,6 6,6 2e Série. 30,2 28,2 26,2 24,2 22,2 20,2 18,2 16,2 14,2 12,2 10,2 Pouvoir éclairant de la flamme. 100,0 75,0 52,9 20,2 5,4 0,9 100 91,4 80,6 73,0 61,4 47,8 31,4 29,4 19,8 19e 3,6 « Ces nombres montrent que même les oscillations naturelles de la pression atmosphérique doivent produire des différences con- sidérables dans l'éclat d’une flame de gaz, et il était par consé- quent important de déterminer dans une série d'expériences spé- ciales cette variation de pouvoir éclairant approximativement dans les limites des oscillations de la colonne barométrique. Pour obtenir une plus grande exactitude dans la mesure des pressions, on à employé un manomètre à eau; mais ses indications ont été réduites en pouces de mercure dans le tableau suivant; les ré- sullats sont encore obtenus en prenant la moyenne de vingt ob- servalions. Pression de l'air en pouces de mercure. 30,2 29,2 28,2 21,2 Pouvoir éclairant de la flamme. 100 95,0 89,7 84,4 PHYSIQUE. 59 « Il est donc évident que la contraction d’une certaine quantité de gaz qui produirait une quantité de lumière égale à 100 bougies lorsque le baromètre est à 31r°, donneront seulement une lumière égale à 84,4 bougies si le baromètre tombait à 28 pouces. L’e- xamen des résultats précédents montre que la raréfaction de l'air à partir de la pression atmosphérique, produit une diminution uniforme dans le pouvoir éclairant, jusqu’à ce que la pression ait élé réduite à 14r° ; au-delà, la diminution de lumière devient moins rapide. La diminution de lumière pour un abaissement de 1 pouce dans la pression, jusqu’à 14 pouces, est approximative- ment de 5 pour cent d’après les déterminations précédentes. . . . « Je m'occupe maintenant à étendre ces recherches à des pres- sions supérieures à celle de l’athmosphère. . . .» BECQUEREL ET ED. BECQUEREL. RÉDUCTION ÉLECTROCHIMIQUE DU COBALT, DU NIKEL, DE L'OR, DE L'ARGENT ET DU PLATINE. (Comptes rendus de l Académie des Sciences, t. LV, D. 18. —7 juillet 1862 ) € Ayant repris depuis quelque temps l'étude commencée de- puis plus de trente ans des phénomènes électrochimiques pro- duits en vertu de forces électriques d’une faible intensité, nous nous sommes occupés d’abord de la réduction des métaux avec agrégation de leurs particules en employant des dissolutions quelconques. Cette réduction joue un si grand rôle en chimie et dans les applications aux arts, que les recherches qui ont pour bui d'étendre les moyens d'action à l’aide desquels on l’obtient ue peuvent manquer d'avoir de l'intérêt. « Nous mentionnons aujourd’hui les résultats obtenus par des dissolutions de cobalt, de nickel, d’or, d'argent et de platine. € Cobalt. — On obtient ce métal dans un assez grand état de pureté en soumettant à l’action d’un très-faible courant électri- que une dissolution concentrée de chlorure de cobalt à laquelle on à ajouté une quantité d’ammoniaque ou de potasse caustique 60 BULLETIN SCIENTIFIQUE. suffisante pour neutraliser l’excès d'acide qui n’est pas nécessaire à la combinaison. Le métal se dépose en petits tubercules cohé- rents ou en couches uniformes, suivant que le courant est moins ou plus faible ; il est d’un blanc brillant, tirant un peu sur ce- lui du fer, Pendant la décomposition, une partie du chlore se dégage, l’autre reste dans la dissolution à l’état d'acide chlorhy- driqne. Il arrive un instant où la dissolution est aseez acide pour que le dépôt cesse d’avoir l'éclat métallique ; il prend alors un aspect noirâtre. On sature de nouveau l'excès d’acide avec de l’alcali, mais de préférence avec de l’'ammoniaque, et le dépôt ne tarde pas à reprendre l'éclat métallique. L’intensité du cou- rant pour oblenir un dépôt cohérent est toujours en rapport avec la densité de la liqueur à décomposer. « Le cobalt obtenu est dur et cassant ; recuit à une tempéra- ture convenable dans le gaz hydrogène, il devient très-maléable et peut être travaillé. Avec des moules convenablement prépa- rés, on obtient des cylindres, des barreaux et des médailles. Avec une électrode positive en cobalt, il n’est pas nécessaire de tou- cher à la dissolution après sa première préparation. « Dans le cas où cette dissolution contient des sels de plomb et de manganèse, ces sels sont décomposés et les deux métaux se déposent à l’état de peroxyde sur l’électrode positive. Le fer reste en grande partie dans les eaux mères, car on n’en lrouve que des traces dans le dépôt métallique, qui est donc dans un assez grand état de pureté. Les cylindres et les barreaux retirés de la dissolution, non-seulement sont magnétiques, mais ils possèdent encore la polarité due à l’action du courant où à celle de la terre. «Nickel. — On opère avec la dissolution de sulfate de nickel, à laquelle on ajoute de la potasse caustique, de la soude ou de l'ammoniaque, mais de préférence ce dernier alcali, pour saturer l'excès d'acide, comme on l’a fait pour le clorure de cobalt. Le courant nécessaire pour effectuer sa réduction doit être à peu près dans les mêmes conditions d’inténsité que celui qui réduit le cobalt. PHYSIQNE. 61 « L’acide sulfurique devenant libre, on le sature avec de l’oxyde de nikel mis au fond du vase ou en ajoutant de l’alcali à la disso- lution (de l’'ammoniaque de préférence) : dans le premier cas, la dissolution reste au même degré de concentration ; dans le second, il se dépose des cristaux vert clair de double sulfate de nikel et d’ammoniaque très-peu soluble dans l’eau et soluble au contraire dans l’eau aiguisée d’ammoniaque. On les enlève pour les utili- ser, comme on le verra plus loin. « Au bout d’un certain temps, on obtient un dépôt métallique blanc brillant, avec une très-légère teinte jaunâtre. Suivant les moules employés, on obtient également des cylindres, des bar- reaux ou des médailles ; les premiers peuvent être façonnés pour différents usages ; ils possèdent avant le recuit, en sortant de la dissolution, la polarité magnétique comme le cobalt. « La dissolution ammoniacale de double sulfate de nickel et d’ammoniaque, et même celle qui n’est pas ammoniacale, donnent également le nikel métallique : elle reste, à la vérité, toujours au maximum de concentration, en mettant au fond du vase une cerlaine quantité de double sulfate; mais l'acide sulfurique de- venant libre pendant l'action décomposante du courant, on le sature avec l’ammouiaque. Dans ce dernier cas, la méthode em- ployée est analogue à celle dont on fait usage habituellement pour obtenir un dépôt galvanique de fer métallique. « Or. — Une dissolution de chlorure d’or, aussi neutre que possible et très-concentrée, donne des effets remarquables. En prenant une lame d’or pour électrode positive et en opérant avec un seul couple à très-faible force électromotrice, l'or se réduit assez rapidement et se moule facilement sur l’électrode négative. Le circuit lui donne de la ductilité. Il n’est donc pas nécessaire d'employer des dissolutions alcalines pour obtenir un dépôt mal- léable, mais il faut proportionner l'intensité du courant à la den- sité du liquide à décomposer ; il n’y a de différence que dans le temps que le dépôt met à s'effectuer. « Argent. — Pour l'argent, il en est de même. Une dissolution 62 BULLETIN SCIENTIFIQUE. très-concentrée de nitrate de ce métal, et'aussi neutre que pos- sible, est décomposée facilement, avec adhérence des parties mé- talliques, au moyen d’un courant électrique dont l'intensité est suffisamment faible. L’électrode positive en argent est indispen- sable pour le succès de l'expérience. « Platine. — 1 est plus difficile de faire agréger ensemble les particules du platine que celles des métaux dont on vient de parler. Il faut employer une dissolution neutre et concentrée de ce métal, et pour électrode négative un fil de platine autour du- quel s’effectue le dépôt du métal, qui est fréquemment formé de petits tubercules. « On peut dire qu’en général, lorsqu'on décompose des disso- lutions, métalliques concentrées, quelle que soit leur composi- üon, avec des courants dont l’intensité est très-faible et dépend de la densité de la dissolution, on évite les dépôts tumultueux, les molécules se groupant alors régulièrement ou s’agrégeant avec adhérence ; c'est ce principe qui a servi à l’un de nous à repro- duire un grand nombre de substances minérales par la voie de décomposition électrochimique. «Nous comptons présenter dans une nouvelle note les résul- tats de nos recherches sur la réduction d’autres métaux que l’on obtient difficilement à l’état de pureté par les moyens ordinaires de la chimie. » F.-P. LEROUX .— DISPERSION ANORMALE DE L'I0DE. (Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. LV, p. 126 — 21 juillet 1862 ) M. Leroux a entrepris une série de recherches sur la réfrac- tion produite par les milieux gazeux ; nous extrayons d’une de ces communications à l’Académie, les passages suivants relatifs à une projection très-étrange que posséderait la vapeur d’iode : « La vapeur d’iode disperse la lumière en sens inverse de tou- tes les substances étudiées jusqu'ici, c’est-à-dire qu’un prisme rempli de vapeur d’iode réfracte les rayons rouges d’une quantité plus grande que les rayons bleus. PHYSIQUE. 63 « Lors de la première communication que je fis sur ce sujet}, je disais qu’en remplissant de vapeur d’iode le prisme de mon appareil, « l’image d’une fente lumineuse fortement éclairée ap- paraissait composée de deux parties distinctes juxlaposées, l’une bleue, l’autre rouge. » J'avais remarqué dès lors que l’ordre de ces deux couleurs n’était pas le même que dans les spectres pro- duits par toutes les substances étudiées jusqu'ici. Je ne voulais cependant annoncer ce résultat, si contraire à ce que l’on a l'ha- bitude d'observer, qu'après lavoir étudié dans tous ses détails, et surtout avoir disposé mes appareils de façon à pouvoir rendre quelques personnes témoins du phénomène. « Voici maintenant, comme confirmation du fait que j'avance, les diverses épreuves auquel je lai soumis : « 1° L'effet observé ne dépend pas d’une disposition particu- lière et accidentelle de l'appareil ou des verres qui ferment le prisme, puisque des prismes différents fermés par des glaces dif- férentes donnent toujours le même résultat. « 2° Un prisme de verre donnant une déviation de même sens que le prisme de vapeur d'iode et à peu près égale à la sienne (11° environ) achromatise sensiblement l’image; la dispersion de la vapeur d’iode est donc bien inverse de celle du verre. « 9° En éclairant successivement la fente de mon collimateur par du rouge et du bleu-violet provenant de la dispersion d’un faisceau solaire par un prisme de flint, on voit l’image rouge et l’image bleue se produire en des endroits différents. On peut faire une expérience du même genre en interposant des verres colo- rés. Ceci montre que la réfrangibilité du rayon rouge est réelle- ment plus grande que celle du rayon bleu dans la vapeur d’iode; on ne peut donc expliquer le phénomène par une transformation de radiations, puisque la lumière qui entre rouge dans le prisme en sort rouge, et ainsi de suite. « 4° Le prisme étant placé dans l'air, effet se complique de Ja ! Comptes rendus, 30 juillet 1860, t. LI, p. 171. 64 BULLETIN SCIENTIFIQUE. dispersion produite par ce milieu; mais l'expérience faite direc- tement m'a démontré que la dispersion produite par l'air dans les mêmes circonstances était de quelques secondes seulement, tan- dis que celle de l’iode est d'environ 30”. « Le pouvoir dispersif de l’iode varie en raison inverse de la température. « Outre le rouge et le bleu, l’iode laisse passer des rayons ul- tra-violets ; aussi augmente-t-on la netteté du phénomène en épu- rant, au moyen d’un verre d’urane, la lumière solaire qui éclaire la fente du collimateur. » G. GORE. — NOTE PRÉLIMINAIRE SUR LA PRODUCTION DE VIBRA- TIONS ET DE SONS MUSICAUX PAR L'ÉLECTROLYSE. (Phalosophical Magazine, N° 150. Supplément, décembre 1861.) « Si une quantité considérable d'électricité passe d’un électro- lyte suffisamment bon conducteur à une surface de mercure pur, et particulièrement si la surface mercurielle a la forme d’une bande étroite (de 1/4 de pouce de largeur environ), il se produit de fortes vibrations ; et à la surface de contact du métal et de l’électrolyte, on observe des crispations symétriques d’une grande beauté, accompagnées de sons définis. « Dans mes expériences, les crispalions et les sons étaient fa- cilement produits en employant un pôle de mercure de À à 5 pouces de diamètre entouré par un anneau de !/, ou !/,, de pouce de large, le tout étant contenu dans un vase circulaire en verre ou en gutta-percha; on couvrait le mercure d’une couche épaisse environ d'un l/, pouce d’une solution assez concentrée de cya- nure de potassium ; on reliait au moyen d’un fil de platine le pôle de mercure avec le pôle positif d’une pile capable de pro- duire un assez fort courant au travers du liquide ; l’autre pôle de la pile était relié de même avec l'anneau de mercure. Cet anneau se couvrait immédiatement de crispations ou de rides aiguës faisant une saillie de l/,, de pouce environ, et rayonnant PHYSIQUE. 65 toute du centre du vase ; en même temps il se produisait un son musical que dans certains cas on pouvait entendre à 40 ou 50 pieds de distance. Au bout d’un temps assez court les vibrations et le son cessaient ; mais on les reproduisait toujours en renver- sant le sens du courant pendant quelques instants, puis en lui rendant sa direction primitive. La force du son dépend beaucoup de l’énergie de la pile; lorsqu’elle était trop puissante, les sons ne se produisaient pas La pile dont je me suis servi élait formée de 10 paires d’éléments de Smee, dont chaque plaque d'argent avait environ 90 pouces carrés de surface active; j'ai aussi employé avec succès une pile de six éléments de Grove, disposés par cou- ples de deux ou trois; les plaques de platine de ces éléments avaient 6 pouces de long sur 4 de large. Si la dissolution du cya- nure de potassium était trop concentrée, les sons ne se produi- saient pas. « Je ne m’étends pas maintenant sur d’autres particularités du phénomène, car je suis occupé à en faire une étude plus com- plète que je communiquerai plus tard à la Société royale. » Ca. pu MonCEL. — NOTE SUR LE RÔLE QUE REMPLIT LA PARTIE CENTRALE DU NOYAU DE FER DES ELECTRO-AIMANTS, PAR RAP- PORT A L'ACTION QU'ILS EXERCENT. (Comptes rendus de l’ Acad. des Sciences t. LIV, p. 1231. — 16 juin 1862.) M. du Moncel à déterminé la force d’attraction d’électro-ai- mants pleins et creux; il a trouvé que, toutes les autres condi- tions restant les mêmes, les électro-aimants ayant un noyau creux, sont plus faibles que les électro-aimants pleins, et que pour rendre l'énergie de ces électro-aimants à peu près la même, il suffit d'introduire à l’intérieur des noyaux creux des cylindres de fer. — Toutefois, ce n’est pas de la masse du fer que dé- pend la force attractive des noyaux. En effet, si l’on a deux élec- tro-aimants l’un plein et l’autre creux, il suffit pour qu’ils exer- cent une attraction à peu près égale d'introduire un cylindre très- ARCHIVES. T. XV. — Septembre 4862. 5 66 BULLETIN SCIENTIFIQUE. court, formant comme un bouchon à l'extrémité agissante du noyau creux; tandis qu’un cylindre beaucoup plus long, placé à l'intérieur de ce noyau, mais n’atteignant pas son extrémité agissante, ne produit aucune augmentation de force. C’est donc seulement la dimension de la surface polaire qui exerce une in- fluence; et on peut, sans affaiblissement, employer des canons de fer dans la construction des électro-aimants pourvu que les ex- trémités polaires soient terminées par des disques. CHIMIE. FR. BRIEGLEB ET A. GEUTHER. SUR L'AZOTURE DE MAGNÉSIUM ET L’AFFINITÉ DE L'AZOTE POUR LES METAUX. (Annalen der Chimie und Pharmacie, t. cxxut, p. 228). Depuis quelques années les découvertes de MM. Fownes, Wœh- ler, Deville et Schœnbein ont montré que l'azote était loin d’a- voir le caractère absolu d’indifférence qu’on lui atiribuait autre- fois. Le mémoire de MM. Briegleb et Geuther nous fait connai- tre une nouvelle série de corps susceptibles de se combiner directement avec cet élément. Ils ont constaté d’abord que le magnésium se transforme en azoture lorsqu'on le chauffe au rouge dans un courant de gaz ammoniac. Cette réaction exigeant une température très-élevée, à laquelle ce gaz doit être décomposé, ils ont essayé de le rem - placer par l'azote libre et ils ont vu ce gaz absorbé en grande quantité. Le magnésium élant contenu dans des nacelles en porcelaine, celles-ci sont toujours fortement attaquées et le pro- duit souillé de silicium réduit et de magnésie. On réussit mieux dans les opérations suivantes en se servant des mêmes nacelles dont la surface déjà réduite offre moins de prise à l’action du métal. L’azoture de magnésium a une composition correspondant à celle de l’ammoniaque, représentée par la formule Az Mgÿ, il CHIMIE. 67 renferme 28 p. 100 d’azote. Il est d’un jaune verdâtre, passant au jaune brun à une température élevée. Au rouge il s’oxyde ra- pidement au contact de l'air, et brüle avec un vif éclat dans l’oxy- gène. En présence de l'air humide il se convertit bientôt en ma- gnésie et ammoniaque. L'eau lui fait subir la même transforma- tion, avec un dégagement de chaleur considérable. Même réaction en présence des acides. Le chlore, sans action à froid, le brûle vivement à l'aide de la chaleur en formant du chlorure de ma- gnésiumiet du sel ammoniac. L’acide carbonique et l’oxyde de carbone n’agissent qu’au rouge blanc, en produisant de la magné- sie et du cyanogène, avec dépôt de charbon. Le zinc chauffé au rouge sombre dans un courant d’azote se recouvre d’une couche grise et dégage ensuite des traces d’am- moniaque quand on le chauffe avec de la potasse caustique. Mais le zinc distillé lui-même donne lieu à ce faible dégagement d’am- moniaque, en sorte qu'il est probable qu’il absorbe un peu d’a- zote pendant sa distillation. Le fer pulvérulent réduit par l'hydrogène absorbe un peu d’a- zote quand on le chauffe dans un courant de ce gaz, d’autant plus que la température est plus élevée. Le maximum absorbé a été de 2,16 p. 100. L’aluminium a présenté une augmentation de 5 p. 100 de son poids par une calcination de deux heures dans un courant d'azote. Il avait pris une teinte jaunätre et dégageait une forte odeur d’ammoniaque par la fusion avec la potasse. Le chrome a pu absorber jusqu'à 18,7 p. 100 d’azote. Le produit ainsi oblenu renferme encore du chrome métallique qu’on peut lui enlever par l'acide chlorhydrique. L’azoture de chrome est noir, inattaquable par les acides, à peine oxydable par l’oxy- gène au rouge, fort peu altaquable par la polasse caustique. Il faut pour l’analyser le fondre avec du carbonate et de l'azotate de soude. Sa composition correspond à la formule Az Cr?. Le tungstène et le molybdène ne paraissent pas se combiner directement avec l'azote à la chaleur rouge. 68 BULLETIN SCIENTIFIQUE. L. PEBaL : PREUVE DIRECTE DE LA DÉCOMPOSITION DU SEL AMMO- NIAC EN AMMONIAQUE ET ACIDE CHLOHYDRIQUE LORS DE SON PASSAGE A L'ÉTAT GAZEUX. (Annalen der Chimie und Pharmacie. t. cxxui, p. 199.) Presque tous les corps composés paraissent obéir à une règle générale relative au volume occupé par leur molécule à l’état ga- zeux. Il est de quatre volumes suivant les anciennes formules, de deux si l’on admet le système de formules proposé d’abord par MM. Laurent et Gerhardt, et dont l'emploi tend à se généraliser de plus en plus. Quelques corps cependant semblent faire exception à cette rè- gle, et plusieurs chimistes ont émis l’idée que cette anomalie apparente élait due à ce que ces corps n'existent plus à la tempé- rature à laquelle on détermine leur densité de vapeur, mais qu'ils ont été décomposés en sorte que l’on mesure réellement le vo- lume occupé par les produits de leur décomposition. La réalité de cette hypothèse a pu être étabiie pour quelques cas, lorsque les éléments séparés par la chaleur ne rentrent pas immédiatement en combinaison par le refroidissement, inais dans le cas con- traire les moyens chimiques semblent impuissants pour décider la question, M. Pebal a eu l’idée de la résoudre par des expériences de diffusion. On sait que le pouvoir de diffusion, c’est-à-dire la vi- tesse du passage au travers d’un diaphragme poreux, est très- différent suivant la nature des gaz; il est en général en raison inverse de leur densité. L’essai a été fait sur le sel ammoniac. Cette substance a été placée dans un vase qui pouvait être chauffé à une température suffisante pour la volatiliser. Un courant d’hy- drogène y était introduit et ressortait par deux tubes, dont l’un était libre, l’autre fermé par un tampon d’amianthe placé dans la partie chauffée de l'appareil, et faisant fonction de diaphragme Sile sel ammoniac se décompose en se volatilisant, l’ammoniaque gaz plus léger que l’acide chlorhydrique doit traverser plus rapi- _ MINÉRALOGIE. GÉOLOGIE. 69 dement le diaphragme et dominer par conséquent dans le courant de gaz qui l’a traversé, l'acide chlorhydrique doit se trouver au contraire en excès en deça du du diaphragme et être entrainé par le tube libre. Des bandes de papier de tournesol placées à l’ori- fice des deux tubes ont montré que ces prévisions étaient com- plétement réalisées. Ilest donc démontré par cette expérience que le sel ammo- niac n'existe plus à l’état de vapeur ; il s’y trouve un mélange d’ammoniaque et d’acide chlorhydrique, ce qui explique bien pourquoi la molécule de ce corps occupe alors huit volumes au lieu de quatre. MINERALOGIE, GEOLOGIE. HERMANN Kopp. EINLEITUNG IN DIE KRYSTALLOGRAPHIE, etc. INTRODUCTION A LA CRISTALLOGRAPHIE ET A LA CONNAISSANCE CRISTALLOGRAPHIQUE DES SUBSTANCES LES PLUS IMPORTANTES. Seconde édition, in-8°. Brunswick, 1862. L'ouvrage que nous annonçons est une seconde édition, justi- fiée par le succès bien mérité de la première. Autrefois l'étude des formes cristallines n’était considérée que comme un moyen de reconnaître lés minéraux et d’en distinguer les principales variétés, aussi l’exposition des lois de la cristallo- graphie était-elle exclusivement réservée comme une introduction aux traités de minéralogie. Maintenant on sait combien cette étude est utile à la chimie, en sorte qu’elle mérite bien d’être traitée à part, et qu'elle s’a- dresse maintenant à une classe beaucoup plus nombreuse. En raison de cette considération, M. Kopp a introduit dans celte étude une importante modification en choisissant ses exem- ples et ses descriptions autant parmi les principaux produits de l’industrie et des laboratoires que parmi les minéraux les plus répandus. Plus particulièrement destiné aux jeunes chimistes, ce = 70 BULLETIN SCIENTIFIQUE. traité fait ainsi servir à leur enseignement les corps qu’ils sont appelés à manier le plus fréquemment et qu'ils peuvent se pro- curer le plus aisément. Très-sobre de développements mathématiques, il ne suppose point des connaissances préalables très-étendues, il est réellement à la portée de tous. Peut-être pour atteindre ce but, l’auteur a- t-il dû se résigner à quelques longueurs, à quelques répétitions, mais ce léger inconvénient est amplement racheté par une ex- trême clarté. Le système de notations adopté est celui de Naumann, le plus généralement usité en Allemagne. Aucun autre système ne per- met dans tous les cas des notations plus abrégées, plus propres par conséquent à être inscrites directement sur les figures d’un atlas. Aucun surtout ne met en évidence d’une manière plus sim- ple la position des faces par rapport aux axes du cristal, et n’est par conséquent plus facile à comprendre par les commençants. Conçu dans un but éminemment pratique, ce traité mentionne, avec tous les développements nécessaires, les divers genres d’hé- mitropies et de mâcles propres à chaque système de cristallisation et les divers genres de déformations et d’irrégularités dont les cristaux sont souvent affectés et qui peuvent si profondément modifier leur apparence. Pour le rendre plus utile encore aux chimistes, l’auteur donne, à la suite de chaque système cristallin, une indication des substances les plus importantes appartenant à ce système, avec leurs formes fondamentales; ces substances sont choisies indifféremment parmi les minéraux et les produits d’art. Le catalogue sans doute n’en est pas complet, mais il mentionne la plupart des corps que l’on peut être appelé à rencontrer dans les travaux du laboratoire, et surtout tous ceux qui appartien- nent à des groupes importants et dont la connaissance jette quel- que jour sur les phénomènes d’isomorphisme et de dimorphisme. Enfin, nous ne devons pas oublier de signaler une addition très-utile pour faciliter l'étude de ia cristallographie. Elle consiste dans sept feuilles, jointes à l’atlas, donnant les tracés développés MINÉRALOGIE. GÉOLOGIE. T1 d’un grand nombre de formes cristallines simples ou composées, choisies parmi les plus importantes. Il suffit de transporter ces tracés sur du carton, puis de les découper et d’en rapprocher les bords après les avoir pliés suivant les arêtes indiquées, pour ob- tenir des modèles en relief formant une collection assez complète des formes les plus fréquentes. Rien ne pourrait donner à des commençants une notion plus nette des formes cristallines. Au premier examen de ce traité, nous avons été frappé du peu de développement donné aux parties mathématiques. On peut presque dire que l’auteur les a supprimées, car il se borne à in- diquer à la suite de chaque système cristallin les formules trigo- nométriques les plus simples, établissant la relation entre les axes et les angles de la forme primitive. Toute réflexion faite, nous ne pouvons blämer cette suppression. La connaissance des lois de la cristallographie est aussi indépendante de la science des cal- culs cristallographiques que la connaissance de la chimie l’est de celle des méthodes d'analyse; elle l’est même bien davantage, car pour reconnaître et caractériser les formes cristallines, pour constater par leur observation l'identité d’une substance, il suffit d'en mesurer les angles et il n’est pas nécessaire de savoir calcu- ler les relations entre ces angles et les longueurs des axes. Mais en outre, si lon veut pouvoir faire cette seconde partie du travail, il faut nécessairement avoir la connaissance et la pra- tique des méthodes trigonométriques. Pour celui qui les possède, toutes les formules longuement établies dans les traités de cris- tallographie les plus complets sont superflues. Pour ceux au con- traire qui ne posséderaient pas cette connaissance préalable, il est douteux qu’ils puissent la remplacer par un système de for- nules, quelque complètes et bien établies qu’elles soient. Les pro- blèmes que l’on a à résoudre dans ce genre de calculs sont peu compliqués, mais si variés qu’il est impossible qu’ils soient tous prévus à l'avance, ou qu’ils ne le sont que par des formules tout à fait générales et si compliquées qu'un mathématicien assez exercé pourrait seul les appliquer sans crainte d'erreur. 79 BULLETIN SCIENTIFIQUE. En résumé, le seul regret que nous éprouvions, en annonçant le traité de M. H. Kopp, est de ne pouvoir en signaler en même temps une traduction qui permettrait de populariser un peu plus dans les pays de langue française une élude qui y est peut-être un peu trop négligée. C. M. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. D' HENSEN. UNTERSUCHUNGEN, elc. RECHERCHES RELATIVES A LA PHYSIOLOGIE DES CORPUSCULES DU SANG ET A LEUR NATURE CELLULAIRE. (Zeitschrift für wiss. Zoologie, t. XI, 1861. p. 253.) M. Hensen décapita en 1854 à Würzburg une grenouille et ne vit s'écouler de la blessure qu'un liquide parfaitement incolore. Ayant ouvert le thorax, il remarqua que le liquide dont le cœur se remplissait à chaque diastole était également dépourvu de toute coloration rouge. Le microscope révéla cependant dans cette li- queur la présence de corpuscules sanguins normaux, il est vrai d’une rareté excessive, puisque chaque goutte n’en renfermait que de 40 à 20. Depuis lors, M. Hensen n’a point retrouvé de grenouille dans cet état pathologique remarquable, mais il a réussi à produire artificiellement un état très-semblable. Il avait remarqué que l’animal dont nous venons de parler présentait de nombreuses extravasations sanguines dans différents muscles du corps. Il semblait donc que la plus grande partie du sang se fût extravasée, après quoi le sérum aurait été résorbé, les corpus- cules du sang restant hors des vaisseaux. Pour imiter cet état de choses, M. Hensen imagina d'opérer, à l’aide d’un mince couteau, la section sous-cutanée en sens divers des muscles du tronc et des jambes chez une grenouille saine, en ayant soin cependant d'éviter le trajet des gros vaisseaux. Cette opération répétée cinq ou six fois dans l’espace de deux jours produit un élat d’acythé- mie très-semblable à celui de la première genouille observée. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 73 Dans ces conditions, les grenouilles sont très-abattues et restent immobiles, mais se livrent, malgré les lésions musculaires, à des mouvements irès-énergiques dès qu’on les touche. Les grenouilles acythémiques s’éteignent par degrés et ont généralement cessé de vivre au bout de 56 heures. L'étude des grenouilles acythémiques conduit M. Hensen à di- verses remarques intéressantes. Le temps relativement long pen- dant lequel ces animaux continuent de vivre est en droit de sur- prendre, en face surtout de la rapidité avec laquelle les grenouilles meurent par suffocation. Cette durée semble difficile à concilier avec l'opinion qui attribue les fonctions respiratoires aux corpus- cules sanguins exclusivement. Aussi, sans vouloir contester lim- porlance de ces corpuscules pour les phénomènes respiratoires, M. Hensen pense-t-il qu'ils ont à remplir encore d’autres fonc- tions et que, chez les amphibies tout au moins, le plasma sanguin joue aussi un rôle dans la respiration. M. Hensen a reconnu que chez les grenouilles acythémiques beaucoup de corpuscules sanguins s'arrêtent dans les vaisseaux el par une sorte de mélamorphose régressive prennent rapide- ment des formes qu’on ne rencontre pas dans le sang circulant Ceia semble indiquer que dans l’état normal la destruction des corpuscules qui ont fait leur temps a lieu non pas dans le sang en circulation, mais en certains points des vaisseaux où ces cor- puscules s'arrêtent, ou même dans certains organes affectés à cet usage, en particulier dans la rate. M. Hensen a, en effet, reconnu que la destruction de ces corpuscules à lièu chez les grenouilles acythémiques surtout dans la rate. Cela expliquerait peut-être l’a- bondance des corpuscules sanguins dans cet organe à l’état nor- mal. Cette abondance est si considérable qu’elle paraît être la cause de la coloration de la glande, puisque les grenouilles acy- thémiques ont une rate complétement décolorée. La rate est-elle en outre un organe hémato-poiétique? C’est ce que M. Hensen ne peut dire, car, pas plus que ses devanciers, il n’a pu pénétrer le mystère de la genèse du sang. 1 cherche même à renverser une 74 BULLETIN SCIENTIFIQUE. théorie très-accréditée qui fait naître les corpuscules sanguins des vésicules élémentaires de Zimmermann, et niontre que ces vésicules sont, pour une grande partie tout au moins, un produit artificiel résultant de manipulations qu’on fait subir au sang !. Après une étude très-approfondie des corpuscules du sang chez les amphibies, M. Hensen a reconnu qu’ils sont composés d’un liquide coloré central, enveloppé d’une couche de protoplasma renfermant le nucléus, couche qui est elle-même enveloppée d’une membrane. Cette description est surtout remarquable dans la distinction qu’elle fait du protoplasma et du liquide central. M. Remak a bien déjà parlé du protoplasma des corpuscules du sang, mais il identifie ce terme avec celui de contenu de la cel- lule. Nous n’entrerons pas dans le détail des intéressantes obser- vations micrographiques sur lesquelles M. Hensen base son opi- nion. Elles nous paraissent cependant fort concluantes. L’auteur profite de son étude des cellules du sang pour examiner à un point de vue critique les vues émises récemment par M. Max Schultze sur la structure typique des cellules?. On se souvient que le savant professeur de Bonn fait consister essentiellement la cellule en une masse de protoplasma renfermant un nucléus et qu'il considère la membrane d’enveloppe comme accessoire’ et ne se formant qu'à une époque où l’activité vitale de la cellule est réduite à un minimum. Cette opinion est basée essentielle- ment sur l’étude des cellules embryonnaires, que M. Max Schultze, vu leur importance physiologique, n'hésite pas à considérer comme cellules-types. Tout en reconnaissant qu’il peut exister des cellules douées d’une vitalité très-énergique, bien que privées de membrane solide, M. Hensen ne peut partager la manière de 1 M. Zimmermann réclame, ilest vrai, énergiquement contre cette opinion et maintient que les vésigules élémentaires existent normale- ment dans le sang. Voyez: Die Elementurkærperchen des Blutes als Kunstproducte, von D: Zimmermann. (Zeitschrift für wissenschaftl. Zoologie. 1861. p. 344.) ? Voyez Archives des Sciences physiques et naturelles, mai 1861, TAUX TINPMSI ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 75 voir de M. Max Schullze. Ce dernier admet que la membrane d’une cellule ne pouvant se diviser, sa formation entraine l'arrêt de multiplication de cette cellule. Or, cela ne paraît point être exact dans tous les cas. M. Hensen cite avec raison les desmi- diées et les diatomées chez lesquelles la division s’étend aussi bien à la membrane d’enveloppe qu’au vaisseau primordial. Cet exem- ple suffit pour prouver qu'une cellule entourée de membrane peut jouir d’une vitalité très-énergique. Les éléments organiques résultant de la segmentation de l’œuf, que M. Schultze considère comme des cellules-types , pourraient donc bien être regardés non comme des cellules achevées, mais comme des cellules en voie de formation. M. Hensen pense que l’on a aussi trop négligé l'importance du liquide qui existe en outre du protoplasma dans beaucoup de cellules. HERM. Munk, UNTERSUCHUNGEN, etc. RECHERCHES SUR LA TRANSMISSION DE L’IRRITATION DANS LES NERFS. (Archiv für Anat. nd Physiologie, 1861, p. 425-490 et 1862, p. 1-46 et 145-148.) Les recherches de M. Munk que nous nous proposons d’analy- ser ici rapidement, font suite à un premier mémoire dont nous avons précédemment rendu compte!, et dans lequel l’auteur mon- trait que la transmission de lirritation dans une longueur de nerf AC double de BC exigeait un temps plus que double de la transmission dans cette longueur de nerf BC. Le second mémoire de M. Munk est consacré à l'étude des maxima d’irritabilité? des nerfs fraichement séparés de l'orga- 1 Archives des Sciences physiques et naturelles. 1861, t, X, p. 386. ? Plus exactement peut-être des maxima d'irritation, comme dit l’auteur (Erregungsmaximum). M. Munk irrite en effet le nerf moteur eu expérience par des courants galvaniques susceptibles de produire la plus forte contraction possible des muscles auxquels ce nerf se distribue. L'effet produit, reconnu à l’aide du myographe, aura par 76 BULLETIN SCIENTIFIQUE. nisme et aux modifications qu’ils subissent avec le temps. Ces expériences, dans le détail desquelles nous ne pouvons entrer ici, mais qui paraissent faites avec l'exactitude qu’on est en droit d’at- tendre d’un élève de M. du Bois-Reymond, ces expériences, di- sons-nous, ont conduit l’auteur à reconnaître que dans toutes les régions du nerf, le maximum d’irrilabilité augmente immédiate- ment après que le nerf a été séparé du corps. Celte augmentation qui à lieu avec une rapidité promptement décroissante, ne tarde pas à atteindre sa limite extrême pour faire place à une diminu- tion. Cette diminution a lieu elle-même avec une rapidité d’abord croissante, mais devenant bientôt de plus en plus lente à mesure que l'irritabilité est moindre et s’approche d'être égale à zéro. Si l’on examine les différents points du nerf, immédiatement après sa séparation de l’animal vivant, on reconnaît qué tous présentent d'abord la même irritabilité maximum. Au bout de quelque temps cependant, on voit ce maximum d'irritabiliié diminuer dans le bout central du nerf et cela d’autant plus que les points considé- rés sont plus rapprochés de la section transversale, tandis qu’il reste le même dans la partie périphérique. Cette modification se propage de proche en proche dans le sens périphérique. Une fois que celte différence dans la manière d’être des différents points du nerf s’est manifestée, sa valeur augmente rapidement et cela d'autant plus que la différence a paru plus tôt. Ce phénomène une fois constaté, il s'agissait d’en reconnaître la cause. M. Munk fut conduit à supposer que la modification que subit l'irritabilité maximum d’un nerf séparé de l'organisme, dans les différents points de ce nerf, lient à deux causes, dont l’une agirait également sur tous les points du nerf à partir du moment où il a été détaché de l'animal par section et dont l’autre commencerait à agir, non pas simultanément, mais successive- exemple dans une expérience une valeur a. Le même nerfirrité quel- ques instants plus tard pourra donner une seconde valeur b ‘a. Le nerf aura donc subi une modification de ce que nous appellerons dans cette analyse son maximum d'irritabilité- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE at ment sur les différents points du nerf. L'action de cette seconde. cause serait d'autant plus tardive que le point considéré serait plus éloigné de la section transversale du nerf; son intensité serait en outre variable, étant plus grande pour les points plus rapprochés de la section que pour les plus éloignés. La première de ces cau- ses aurait pour effet que l'irritabilité maximum augmente d’abord avec une rapidité promptement décroissante, pour atteindre bien- tôt une limite extrême, et qu’elle diminue ensuite avec une ra- pidité d’abord croissante, puis décroissante. La seconde cause, qu'il faut chercher dans la section transversale du nerf, ferait di- minuer lirritabilité maximum. La somme algébrique de ces deux modifications représenterait par conséquent la modification du maximum d’irritabilité directement révélée par l'observation. Par une série d'expériences, M. Munk a cru reconnaître le bien- fondé de cette hypothèse. L'étude des effets dus à la seconde de ces causes de modifications, savoir : à l’existence de la section transversale, lui a révélé la loi suivante : La modification due à la section transversale n'apparaît pas simultanément dans les différents points des nerfs, mais se manifeste d'autant plus vite qu'il s’agit de points plus rapprochés de la section transversale ; elle fait diminuer le maximum d'irritabilité en raison inverse de l'éloignement de celte section. En somme, l’action de la section . transversale est d'autant plus intense que l’énergie vitale de la préparation est moindre. C’est, on le voit, à cette seconde cause seule que M. Munk attribue les différences que les divers points des nerfs peuvent présenter dans le même instant quant à l'irri- tabilité maximum. Si son opinion est exacte, il faut nécessaire- ment que dans un nerf dépourvu de section transversale et dans lequel, par conséquent, la première cause de modification agit seule, l'irritabilité maximum soit identique, à chaque moment, dans lous les points du nerf. Or, c’est bien ce qui a lieu réelle- ment, comme l’auteur croit l'avoir reconnu en expérimentant avec des grenouilles dont le nerf sciatique tenait encore à la moëlle épinière. Cependant, même dans ce cas, l'identité désirée des 78 BULLETIN SCIENTIFIQUE. différents points du nerf au point de vue de l’'irritabilité maximum ne dure que peu de temps. Quelques instants après le commen- cement de l'expérience, on voit se manifester des différences que l’auteur attribue à deux points particuliers du neyf qui exerce- raient, en sens inverse l’un de l’autre, sur l’irritabilité maximum une action parfaitement semblable à celle qu’il a cru reconnaître pour la section transversale. Comme rien ne caractérise auato- miquement ces deux points d’une manière bien spéciale, ces ré- sultats sont en droit de nous surprendre. Nous attendrons donc des recherches ultérieures de l’auteur, propres à élucider ce qui peut paraître peu satisfaisant dans celles que nous avons sous les yeux. D' STRAHL. UEBER EINE NEUE SPECIES, etc. SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE D'ACANTHOCYCLUS ET SUR LA CLASSIFICATION DES DÉ- CAPODES EN GÉNÉRAL. (Monatsbeht. der Berliner Akademie, 25 Juli 1861.) — Le même. UEBER EINE NEUE SPECIES, ETC. SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE RUPPELIA ET LES LIMITES DES BRA- CHYOURES. (/bid. T novembre 1861.) La division généralement admise des crustacés décapodes en brachyoures et macroures a l’inconvénient de reposer sur un ca- ractère peu tranché, tellement qu'on a dû réunir tous les pas- sages des brachyoures aux macroures en un groupe intermédiaire celui des anomoures. M. Strahl remédie à cet inconvénient en remplaçant les caractères tirés de l’abdomen par d’autres em- pruntés aux antennes externes. Ces organes ne sont point atta- chés immédiatement au céphalothorax, comme les antennes in- lernes, mais seulement d’une manière médiate, par l’intermé- diaire d’une pièce articulaire, appelée par M. Milne Edwards chez les macroures article basilaire. Cette pièce a la forme d’un demi- anneau dont les extrémités se meuvent dans une articulation en charnière. Non-seulement elle porte l'antenne externe et son organe accessoire, l’écaille protectrice , mais encore elle ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 79 contient le conduit efférent de la glande de Succow. Chez tous les macroures et les anomoures, cette pièce articulaire est munie d’un tubercule percé à son sommet d’une ouverture sur laquelle est tendue le tympan. Ce dernier présente en son milieu uve fente, susceptible d’être ouverte et fermée par le jeu de faisceaux musculaires. La fente donne accès dans la prétendue capsule auditive, laquelle sert à emmagasiner le produit de la elande verte, dite glande de Succow. Cette conformation est cons- tante, même dans les groupes qui ne possèdent pas d’écaille pro- tectrice de l'antenne, ainsi chez les Palinurides, les Scyllarides, les Galathéides, les Hippides et les Raninides. Chez les Dromides la pièce articulaire est devenue si petite qu’elle est pour ainsi dire réduite au seul tubercule. Chez les brachyoures, la structure de la base de l'antenne ex- terne est un peu différente. L’écaille protectrice de l'antenne man- que toujours. À ce point de vue ces crustacés se rapprochent des Dromides. Mais les brachyoures se distinguent des dromides et de tous les macroures par la circonstance qu’au lieu d’un tubercule an- tennal ils ont un opercule. Supposons que la fente placée dans le centre du tympan d’une dromide se prolonge d’un côlé, de manière à diviser complétement le bord du tubercule et nous aurons l’i- mage. de l’opercule des brachyoures. Cet opercule, en effet, ne rappelle point par sa structure l’étrier de l'organe de l’ouïe des vertébrés. C’est bien plutôt une soupape qui est articulée d’un côté au ptérygostome et qui, de l’autre, c’est-à-dire du côté in- terne, peut s'élever et s’abaisser à volonté, gräce au jeu de mus- cles spéciaux. Au-dessous de cette soupape se trouve du reste aussi un réservoir recevant la sécrétion de la glande de Succow. Ce caractère parfaitement tranché permet de diviser les déca- podes en deux groupes : les operculés et les tuberculés. Les pre- miers comprennent lous les brachyoures, moins le genre Grapsus et les Dromides qui, au point de vue de leur abdomen, devraient être considérés comme des brachyoures. Ils comprennent en outre les Bdellidés que Dana range parmi les anomoures. Les seconds, 80 BULLETIN SCIENTIFIQUE. c’est-à-dire les tuberculés, comprennent les anomoures (moins les Bdellidés), tous les macroures plus les Grapsus et les Dromides. M. Strahl montre en outre qu’on peut trouver dans les anten- nes externes des caractères qui permellent de subdiviser les Oper- culés en groupes secondaires. D' WazLicH. FURTHER OBSERVATIONS, etc. NOUVELLES OBSERVA- TIONS SUR QUELQUES PHASES DE VIE ORGANIQUE DANS LES GRAN- DES PROFONDEURS DE LA MER. (Ann. and Mag. of Nat. Hast., janv. 4862, p. 50.) En faisant agir de l'acide fluorique à froid sur un dépôt marin formé presque uniquement par des foraminifères du genre Glo- bigerina, M. Wallich vit se dégager une grande quantité d'acide carbonique. Le résidu après avoir été soigneusement lavé fut examiné au microscope et se montra formé par des Globigerina et des Coccosphères ! en apparence non modifiées. En réalité ce- pendant les tests calcaires avaient été tranformés en fluate de chaux, comme l’étude à l’aide de la lumière polarisée pouvait dé- jà suffire à le faire reconnaître. Cette pseudomorphose inatten- due offre, outre son intérêt géologique, l’avantage de fournir un critère commode pour l'étude des particules microscopiques de carbonate de chaux. 1 Voir Arch. des sc. phys. et nat. 1862, t. XIV, p. 103. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M, le Prof, E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois D'AOÛT 1862. Le 3, halo solaire de 7 h. 35 m. à 8 h. 15 m. du matin : tonnerres au NE. de 1 h. 50 m. à 3 h. , Couronne lunaire et halo lunaire à plusieurs reprises depuis 9 h. du soir ; éclairs toute la soirée au SE. Plus tard dans la nuit, de minuit à 4h. du matin du 6, un orage assez violent a éclaté en passant du SSO. au NE. ; fortes décharges électriques entre 2 et 3 h. du matin. 6, couronne lunaire de 8 h. à 9 h. du soir. , éclairs et tonnerres de midi 50 m. à 2 h. , Couronne lunaire de 7 h. à 7 h. 45 m. du soir. 15, halo solaire de 6 h. 40 m. à 8 h. 30 m. du matin ; toute l'après-midi, de 2 h. à 6 h. 30 m., succession d'orages accompagnés d’éclairs. tonnerres et de fortes averses. 17. éclairs au SE. dans la soirée. 18, éclairs au SE. depuis 9 h. du soir ; beau halo lunaire dans la nuit du 18 au 19, de 3 h. à 3 h. 45 m. du matin. 20, éclairs au SE. de 9 h. 30 m. à minuit. 21, succession d’orages accompagnés d’éclairs et de tonnerres depuis 1 h. de l’après- midi jusqu’à 8 h. 30 m. du soir ; les plus violents ont éclaté de 6 h. 25 m. à 7 h. 40 m. eu passant du SO au NE. 22, éclairs et tonnerres de 1 h. 45 m. à 2 h. 30 m. 31, halo solaire de 9 h. 30 m. à 9 h. 50 m.et de 11 h. 45 m. à 3 h. 15 m. ox © O0 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. rm mm Le 1%,à 8 h. matin.... 730,90 5, à. 6h. $soir..... 722,64 6, à i0 h. matin.... 728,41 3 8,°à 6-‘h: matin... 723,21 12, à 8 h. matin.... 730,42 16h AehreS0Ir- 1122, 01 197à+8 h.-matin-...| 727,17 20, à 6h. soir... 724,01 2504106 1h.cmatinis. 73108 6 h. matin ... 723,89 C2 2, 26 AMOR Moi TT 07 Ancuives T. XIV. — Septembre 1862. s = & = = A ce = e Baromètre. millim. 729,98 729,21 127005 726,56 124,38 728,11 725,24 723,93 724,10 726,73 724.33 723,22 723,19 724,94 726,2: 725,09 725,12 725,871 730,37 730,06 730,05 726,32 724,38 727,09 726,73 725,60 725,60 + : : L'ICFSEN millim, 1.03 | 1,16 | 1,00 | 1,49 3,65 || 0,07 2,79 4,09 3,91 1527 1,27 1,58 0,27 2,85 3,99 4,68 4,69 2,92 1,61 2778 2,68 1,90 2,62 2,34 2,35 1,35 3,27 0,53 0,86 1,96 1,93 Oo 18,72 24,89 23,39 20.90 20,81 —+19,35 21,10 17270 15,65 +13,10 15,30 15,92 19,02 20,65 +-19,53 17,29 16,87 15,48 16,08 17,66 18,70 16,07 15,56 15,64 16,58 —+18,13 17,37 14,05 14,67 14,76 15,38 HER NN DU WU HN T-i1r HE HT Di EL GRR. RU RE Et Hauteur Écart Moyenne moy. des | avec la des Maxim. 24h. hauteur || 24 heures. normale. RO NO NO 19 KO À 0 RO OS OC O0 C1 A1 C0 © HRwoe WVh © © œ © aoSetk NN = «© © Hi ü 9h à OS © © © + BONNE vouue unie Tension de la vap. D 0 Moy. Ecart des avec la 24h tension normale. mm, 11,68 11,03 12,16 12,16 11,98 9,94 8,57 10,95 8,60 8,78 7 ,40 9,52 8,71 8,24 10,63 10,36 8,91 10,03 10,66 11,47 11,70 11,31 8,71 9,61 11,02 11,79 12256 10,84 9,49 11,32 9,81 millim. +0,93 0,29 1,42 1,43 1,26 (0707 —2,13 +0,26 —2,08 —1,89 —3,26 —]1,13 —1,99 —92,37 +0,03 — 0,22 —],65 —0,51 +0,10 +0,97 1,22 0,85 1,13 — 0,80 +0,63 1,43 2,20 0,54 —0,78 +1,08 —0,40 Fract, de satur cg SSSR Mini- mum, Moy. des 24h. 715 513 612 683 661 636 496 748 674 768 594 706 563 471 691 726 643 790 778 772 748 834 680 737 782 762 862 932 782 911 768 HIT = bi HE HUE ationen mill 530 250 290 450 480 390 260 560 440 540 400 480 310 310 380 490 460 590 540 570 470 660 460 630 640 480 660 770 550 680 500 Pluie ou neige Ve Or Vent domi- nant, N. 1 SSE. 1 variable N. 1 variable variable SS0.3 SSO. 1 SSD variable NNE, 2 N. 1 SSO. 1 SSO. 2 SSU0:_ 7] SSO. 1 SSO. 1 SSOI N. 1 N. 1 variable variable N. 2 NNE. 3 N. 1 variable variable S. 1 S: 1 variable N: 1 OMmODOC DOONVS movuk HWUIOoO© DMOUR MIE RE © H © © © W 9 =U EE O0 Cr Met ET 7 LE à OT 0 19 MO OO OS OO SOS © HOIC EI RE Temp. du Rhône, Re Ecart Midi. | avec la temp. normale. o o 19,9 1,4 20,2 1,6 21,0 + 2,4 21,6 3,0 21,4 2.7 2155 2,8 18,2) — 0,9 TAN IE LL; 0 18,8 0,1 19,4 0,7 19, 1,2 19,0 0,3 18,8 | + 0,1 19,8 | + 1,1 1BPoE—=02 2 1881 10,3 18,9 | + 0,3 18,9 0,3 18,9 0,3 19,0 | + 0,5 19,4 | + 1,0 19,1 0,7 18,9 0,5 18,21 — 0,1 18,5 + 0,2 i. à Limnimètre mid pouces 58,0 58,0 58,0 59 0 60,2 61,0 62,0 63,3 63,5 62,7 64,0 60,0 59,0 58,5 58,0 60,0! 58,0 57,5 1,9 Sy) 56,4 55,0 55,0 94,0 54,5 MOYENNES DU MOIS D'AOÛT 1862. 6 h. m. 8h.m. 10h. m. Midi. 2h.s. 4h.s. 6h.s. 8 h.s. 10 h.s. Baromètre. . nim mm mm mm mm mm mm mm mm pre décade, 726,97 727,09 726,91 726,42 726,04 725,82 725,90 726,33 ‘726,72 2e » 726,39 126,41. 126,38 725,89, 725,38 125,03 724,97 725,58 726,04 3e » De 21,88. 127,35 726,91 126,600 726,49" 726,61: /727,18: 727,38 Mois 726,84 726,99 726,90 726,44 726,03 725,80 725,85 726,36 726,173 Température. ° 0 ° 0 o ° o 0 0 1re désade +-15,59 +19,00 21,22 +23,96 +-24,28 +23,62 —+-21,94 +19,79 +17,65 2e » +-12,92 +16,40 +18,79 +-20,92 22,35 +-21,66 +-20,76 17,95 16,27 de. » +-13,20 +-15,80 +17,47 +-19,25 +19,79 +19,15 +18,27 16,11 +-15,15 Mois <+13,88 17,03 <+-19,10 <-21,31 +-22,06 —+-21,40 20,26 17,89 +16,32 Tension de la vapeur. mm mm mm mm mm mm mm mm mm 1re décade, 10,57 11,16 11,06 9,57 10,30 10,52 10,79 11,04" "11,32 25000 9,51 9,87 10,05 9,46 9,47 9,72 9,690" TO0;11 9,53 ge » PAGE 0 9220710621 0LMOIIL TOM ME 20 010,890 T1 0222410:69 Mois ÉO2010:66 10,58 10:06 210,32: MI10,50MUIO0;E T0, 73 001052 Fraction de saturation en millièmes. 1re décade, 805 686 592 447 484 525 557 645 719 2e » 857 719 636 528 480 519 548 672 705 3e » 909 819 719 665 648 686 713 812 831 Mois 859 744 651 550 541 580 609 713 754 Therm. min. Therm. max. RAR DEN à ep A EE Limnimètre. o a 0 mm P- Lre décade, 13,61 +-25,99 0,46 19,75 16,0 60,6 2e >» +-11,26 23,34 0,40 18,69 35,1 58,7 3e » +12,11 21,21 0,66 18,87 A 54,3 Mois —12,32 23,44 0,51 19,08 88,8 57,1 Dans ce mois, l’air a été calme 1 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,80 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 59°,4 O. er son iutensilé est égale à 11 sur 100. ’ Fame Mers rer #: aÉpe be Le hoin déttctes wt UN Pan LE Ale se she Le =: = Eur 70 eût pi gun ‘ | k e: 7 É PA à CRT £ Ha î LME MS Far ENT : CON AA « Der tr CT - À FN ME PTT NS A4. Déoe 1 * HAE L , tee ne ER pe pe rt 7 Me Gen: tt MR RSS É " F4 #4 * DE tie! Aa MON At la des sp © ‘dc: ut , + : 1e F Ê ar ni “| ï LT CO d ee & ARR 7H es MM FENG submoné rs »] * NITON ME Le ” £ s N a 4 æ M) xt M DO C0" it 7 “in El ke NT re RAR AN AR A : Me UT TETE a8ve reine d URL UN HEURES “TU.4 F0: ti BE ect "Reg BEAET 4 er CAC ke BLUES ON OGE HE UENT UETET “A6 ee Tous ù A 6 ut EC “uen EU AT Lure (ri \ “faquier. HE. RU Ke F (ts ie fo; Ha: HE Ré Et ge. me « cd SRE es ER + ARE CRU dE HN ES SE EGATE GE OF, Ale! F ATOUT LOUER FH FAUNE GTBIAA CE Cie TRUE NT Pprsige PLAT de dar pe + 20 nude dë, 14 (ES TRS et se eo D EM TE DE ar 51 où dar” # œ, 34 # Box LES + a. ES AR UT re à Re *- Ce F4 è ne : rs À hr PNR Tate: ARE reve ti gas "> ma LATTR AOL: : ÉTOMr 266 Ut! SA EE | TETE a, Qr AGE 2 UD 6, ETUI, OO mit < Ut pi DO,HE Baron DER OLA RD, AUTANT : ma Let - Yan 02, CE s,0p = OL. : él + RP Re à somélition ns noidé 15e sbigoboat À ns : 0 def ty A. 5 . d jÿ e, Date Mate — que ad 14 Gas! ES L LagT NO adns REP ER 08, , 688 SORA CUIR SELS à GOBt | BYE EE) ë VE SAN RSR anfèes fi pe De pese EST LOT AU est A LEE " Fa pr Le se * pre ob st #4 A Per AR On eh AP ne A NS HE. (A el ob, T4 TON PR RUN DRE 1) e CAE ? Dre "FA PATTES be à RU + 1e . RC ES L | a ES # # ss on à TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE MOIS D'OUT 1862 Le 16, à 5 heures du soir, il a grêlé durant quelques minutes. É Baromètre. Température, C. Pluie ou neige. Vans Clarté = NE Re RER ne. SR us: en moy du! A Hauteur | Ecart avec ES ; Moyenne |Ecart aveclal ; Hauteur Eau Nombre |llomi l =] moy. des | la hauteur | Minimum. | Maximum, des température Minimum.! | Maximum. de la tombée dans dlletras aominan Ciel. a 24 heures. normale. 24 heures. normaie. neige. les 24h. mm mm mm mm 0 Le) 0 o mm mm } 1 | 572,55 | + 3,68 | 572,06 | 573,01 || +11,97 5,76 F0 D EE KO | RAS rl ess O0 2002 De"2511572,80 in 3,94 | 572,40 | 573,28 12,18 5,98 CR RE ET A ME ON ET PE LR 3 || 570,49 1,63 | 569,66 | 571,47 11,10 4,91 8,1 16,3 || =... 2,9 2 | NE. 1 |0,77 4 || 567,96 | — 0,89 | 567,76 | 568,41 Er 1,35 5,5 D ele rm becrer Nbr LL" 0 40 5 || 568,34 | — 0,50 | 567,78 | 568,72 1111 4,95 8,4 1 PROC EEE 1,6 21 "502.1 #0 22 6 || 568,33 | — 0,50 | 567,03 | 568,87 9,6% | + 1,53 | Æ 6,0 LOS ONE OP 0250 1 11.567,97 | — 0,84 | 567,59 | 568,41 9,86 3,74 .. 6,5 TE RS Al RER te su SONT At 8 | 565,71 | — 3,05 | 565,08 | 566,52 7,16 sn 1,07 4,5 150] EE 8,0 6 || SO. 2 | 0,90 RO N0668 0900 —>°5,18 5632750197 s: De 2000) 2h 1,9 | 82). Ml En, variable | 0.81 JON 6404014714) .56a880 | 568,55 || "1,297, 80e 08 | LE SES NE 220008 11 || 567,41 | — 1,32 | 566,40 | 568,29 OP E D] 0) 1 eg RSS 1 ADN el ere) NE. 1 | 0,56 | 12 || 568,95 ie 0,24 | 568,37 | 569,37 5,67 | — 0,29 | LH 1,7 GE 2 ee ORNE eu IINE "20:08 13 || 568,73 0,05 | 568,63 | 568,98 8,23 1e 931 La 4,5 OS M SN ARE ASIE (0 En 1 14 || 567,82 | — 0,83 | 567,46 | 568,15 8,49 2,61 5,5 ee RO 7,3 6 variable | 6,59 | 15 | 566,75 | — 1,87 | 566,03 | 567,36 || + 4,82 | — 1,02 | + 3,2 GE 0 EAN re ere C0 SE NS 16 || 563,90 | — 4,69 | 563,34 | 564,59 3,85 | — 1,94 | + 1,2 85 | © 11,0 I SCO OR 17 || 563,01 | — 5,55 | 562,20 | 563,98 2,95 | — 3,39 0,8 AO amer ml anaces NE one 18 || 564,44 | — 4,08 | 563,39 | 565,68 2,14 | — 3,55 1,5 4,3 nn moe en. ol NE nl) RAT | 19 ! 566,23 | — 2,25 | 565,62 | 566,88 4,06 | — 1,58 0,4 GET IS 0e PRE cc Ne Tres 20 | 566,38 | — 2,05 | 566,00 | 566,82 7,72 | + 2,14 2,5 1e 2e 2,4 3 | 80. 1043 | 21 || 567,47 | — 0,92 | 566,82 | 568,22 6,40 de 08m) 4,55... SE 60 notes 22 || 566,97 | — 1,48 | 566,19 | 567,39 6,01 0,55 | + 3,1 INT RSR O CES ARS ERREUR | LEA 23 || 567,58 | — 0,72 | 566,56 | 568,11 0,300 510) ==02;0 2,1 sobre] a vec rene ANSE 100 24 || 568,76 | + 0,51 | 567,87 | 570,60 4,39 | —- 094 17 HO el en. ue NET 25,1] 570,22 | + 2,02 | 569,89 | 570,49 7,62 | + 2,35 + 4,1 112 ss I PE variable 007 26 || 568,67 | + 0,52 | 567,89 | 569,59 || + 7,36 2,16 | + 5,4 MAL SAR css || 00027 PO bd 27 || 565,99 | — 2,11 | 565,74 | 566,44 Il 5,53 0,40 4,8 Ales gs 6 ‘| SU. 1 | 0,97 28 || 565,65 | — 2,40 | 565,53 | 565,86 | € 1,01 | — 4,04 0,2 OM NeTae 16,4 DA ILNE. OA 0T 29 || 565,38 | — 2,61 | 564,94 | 565,78 | 1,47 | — 3,50 0,6 ES de PER 5,2 12 ANS A1 FAO 80 || 564,69 | — 3,24 | 564,55 | 564,99 || 2,98 | — 2,61 1,1 4,8 5,1 LOC UIÈNE. AIME QD 31 || 565,85 | — 2,02 | 565,14 | 566,40 | 4,21 | — 0,60 JL 4,9 EE ..... || varlable | 0,62 1 Les chiffres renfermés dans ces culonnes donnent la plus basse et la plus élevée des températures observées de 6 h. du matin à 10 h. du soir, les thermomètrographes étant hors de service. è MOYENNES DU MOIS D'AOÛT 1862. 6 h. m. 8h.m. 10h.m. Midi. 9/h°s. 4h.s. 6h.s 8 h.s. {0 b.s. Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm mm 1redéeade, 568,05 568,31 568,37 568,22 568,20 568,08 568,18 568,23 568,36 Den 3 566,06 566,24 566,33 566,37 566,35 566,36 566,45 566,68 566,78 ze! » 566,80 566,90 567,07 567,10 567,06 567,04 566,98 567,20 567,33 Mois 566,97 567,14 567,25 567,22 567,20 567,15 567,20 567,36 567,48 Température. re décade, + 6,86 + 8,01 + 9, ,69 +10, 89 ins 19 + 975 + 8:28 +7,29 + 7,37 je » + 9,18 + 3.96 + 6.30 7.49 + 7 61 + 6,74 + 5,35 + 5,03 —L 4,63 un 2,65 + 4,40 + 5,64 + 6,08 + 6,58 + 5,33 + 4,68 + 4,15 + 3,99 Mois —+ 3,86 + 5,42 + 7,16 + 8,09 + 8,40 + 7,21 + 6,06 + 5,45 + 5,29 Min. observé.! Max. observé.! Clarté moy. du Ciel. Anne SR 0 0 mm mm re décade, + 5,71 +-11,78 0,53 12,5 GE e » + 1595 + 8,43 0,54 20,7 Se DEL, 3 + 2,29 + 6,99 0,72 29,5 = Mois + 3,28 + 9,00 0,60 62,7 — Dans ce mois, l'air a été calme 12 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de-1,19 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 450E , el son intensité »st égale à 9 sur 100. 4 Voir la note du tableau. æ à 7 sp = AETE LP LIENS TE en Xe Non + di 2 A . SE Ces PE TN Due 4 à l à Ar, es te} d'A De M .d f 5 À ler fat ee : 4 CRT | s | a 1 Dr £ SÉR pes LÉ k « u à DUT ETS j RATE 'Qer 1 de * à s nets hr: FR fs) pa NT HU UT Dee | J L" * ÿ M Da ‘A "1 5, x t à û 1" 19 j 7? $ À , ae 1e + » î A Mie + 1h Ant Porteur >» "a ; + RE nes A tr + RPC EE nÉ Se PU RC UT LOTS RES T2 er 0 nt PE > A een 8 RU UE CL TS NS nee MS LLC ans "M d'OS x - 4 ne | Œu 7 = FE AA ve di Fac [3 4 br Pia pie sort don vom ff GERS à eg er one * ut Ale nn AE HOUR 860 LE AIS di be: Pr Ai Me 2 fr rai mA CANNES LUN sb, Mot chef + : Lens ie EUR 1.30 DL A UE F0 LS em Li ER pates à M: 2eçrt £ rs: LE ‘À visa Ar rar sert F cs ® Der o% Cned # cr l'aile roc ï ! « . v . 3 , "à | \ + ï used " e ” " » ù CREUSE SE Pl 0 * ÿ & sr + 2 oh % } 4 L < PEL * 4 =) L me : y. : ss ; ve ‘me iube LE0.8ÿ8. Ego: LE 4, DU AE Gif} ra | asc À Vlr (be. Lie vaë 80706: (CI PLETRES 2 DES dev ETUI 5e, "Wa, RTE 4 | Te eq, > si PE 4 ‘ ÊE + Hésten a eg dry l WE eur NT < @ tre "4 4 Ce SON LAURE POUR CEE A ARTS RARES EE rire + : - = < res 1 0 = re, k À er . FAR né « PAT Es RO Mod Es DAS 0 08 NO +. En Ar an Ua # NOTE NUR UY NOUVBAU CARACTERE OBSERVE DANS LE FRUIT DES CHÊNES ET SUR LA MEILLEURE DIVISION A ADOPTER POUR LE GENRE QUERCUS PAR * M. ALPH. DE CANDOLLE. Les caractères généraux et différentiels des chênes ont été fort bien étudiés depuis quelques années, notamment par M. J. Gay, dont exactitude ne laisse jamais à désirer. Ja donc été peu surpris de trouver la plupart des questions élucidées lorsqu'il m’a fallu examiner le genre Quercus et les genres voisins, pour la rédaction du Prodrome. Les seules difficultés qui m’aient arrêté sont relatives à la synonymie des espèces et à leurs limites. Je me propose d'en parler prochainement, dans nn mé- moire où l'examen des chênes servira de base à une discussion sur l’espèce: mais ici, dans cette courte notice, je me bornerai à mentionner un caractère qui paraît -n’avoir jamais été remarqué, et à cette occasion je par- lerai de quelques autres caractères du fruit que l’on n’avail pas encore étudié sur un nombre suffisant d’es- pèces. ARCHIVES. T. XV, — Octobre 1862. 1 , 90 NOTE SUR UN NOUVEAU CARACTÈRE Deux excellents observateurs, André Michaux et son fiis, avaient constaté jadis que certains chênes müris- sent leurs fruits à la fin de la premiére année, et d’au- tres dans le courant de l’année suivante. On avait en- suite négligé ce caractère, pendant un demi-siècle, et c’est M. Gay qui a eu le mérite de le reprendre, de le confirmer et de l’examiner dans plusieurs espèces de l’ancien monde ; c’est lui en particulier qui a découvert qu’on confondait sous le nom de Quercus suber, deux espèces dont l’une a le fruit annuel et l’autre le fruit bisannuel. Frappé de cette circonstance que des formes aussi voi- sines pouvaient offrir les deux catégories de maturation, J'ai examine attentivement ce caractère, au double point de vue de savoir, s’il est constant et s’il se rattache à d’au- tres circonstances plus faciles à vérifier ou plus apparentes. Je lai donc étudié, non-seulement dans toutes les es- pèces dont je pouvais voir les fruits, mais encore sur des centaines d'échantillons d’une même espèce et, en somme, sur peut-être deux mille échantillons de diverses espèces contenus dans les riches herbiers dont je disposais. La durée-des fruits est ordinairement facile à cons- tater, même sur un rameau desséché. Il suffit d’exami- ner si les fruits mürs tiennent au bois de l’année ou à celui de l’année précédente. Comme les pédoncules per- sistent jusqu'à la maturité desfruits, Pobservation est aisée dans la plupart des cas. On rencontre cependant çà et là des échantillons qui peuvent induire en erreur ou qui em- barrassent, notamment dans les espèces à feuilles persis- . tances, mais avec un certain degré d'attention, et surtout si l’on dispose de plusieurs rameaux fructifères, on par- vient à lever les doutes. Ceux-ci proviennent de ce que OBSERVÉ DANS LE FRUIT DES CHÈNES. 91 les petites branches d’une année portant des fruits, peu- vent cesser de s’allonger ou de se ramifier l’année sui- vante, tout en continuant à mürir leurs glands. On peut alors prendre un fruit bisannuel pour un fruit annuel. Toutefois, en examinant de près, on découvre ordinaire- ment quelque différence de couleur, de grosseur ou de pubescence entre les rameaux d’une année et ceux de l’année suivante, ou une différence de consistance. entre les feuilles des deux années, ce qui permet de re- connaître l’âge véritable du rameau. Il y a aussi, dans les herbiers, des rameaux fructfères de seconde année qui ont perdu leurs feuilles, par la dessication, et qui, étant à l'aisselle d’une ancienne feuille, semblent des pédoncules de l’année. Dans ce cas les cicatrices des jeunes feuilles et la pubescence du rameau, relativement à celle de l’axe principal, font reconnaître la vérité. Quant au caractère lui-même, une fois constaté, on le trouve parfaitement fixe pour chaque espèce. Malheureusement 1l n’est hé à aucun autre et par con- séquent deux espèces très-analogues peuvent offrir des fruits dans l’une annuels, dans l’autre bisannuels. Il suffit pour s’en convaincre de remarquer les espèces suivantes : Quercus microphylla Nee, à fruits annuels ; et Q. Cas- tanea Nee (Q. mexicana H. et B), à fruits bisannuels ; Q. Seemanni Liebm., Q. Ghiesbregtii Martens et Gal., Q. Tlapuxabuensis, A. DC., à fruits annuels, et Q. acuti- folia Nee, à fruits bisannuels ; Q. seytophylla Liebm., à fruits annuels, et Q. calophyl- la, bisannuels ; Q. obtusata H. et B. (Q. Hartwegi Benth.), Q. tomentosa Willd, Q. reticulata H. et B., à fruit annuels, et Q. cras- sifolia H. et B., à fruits bisannuels ; X 99 NOTE SUR UN NOUVEAU CARACTÈRE : Et surtout les deux espèces déjà mentionnées, Q. su- ber L. et Q. occidentalis Gay, tellement semblables qu’on les a longtemps confondues en une seule. Jusqu'à la fin de mon travail, lorsque j'étais familiarisé avec les moindres détails des caractères des chênes, 1l ne m'a pas été possible de deviner, à la vue d’un échantillon sans fruits mürs, si la maturation de lespèce était an- nuelle ou bisannuelle. C’est assez dire combien ce carac- tère est peu lié aux autres, combien il est peu propre à fonder: une bonne classification naturelle. Je n’ai donc pas osé en tirer autre chose qu'une subdivision, sous forme de paragraphes, des genres on sous-genres natu- rels, en particulier du sous-genre Lepidobalanus d'End- livher, qui constitue la majeure partie des Quercus. IL existe dans les chênes un autre caractère auquel per- sonne n'avait pensé jusqu à présent et qui semble avoir, en théorie, plus d'importance, mais qu’on ne devine pas davantage au premier coup d'œil. Je veux parler de la position des ovules atrophiés, relativement à la graine, toujours unique, ou si l’on veut relativement à l'ovaire. L’extrême ressemblance extérieure des glands de toutes les espêces de chênes, a fait croire à une égale similitude dans l’intérieur. Elle n’existe cependant pas, et lorsqu'on a cherché quelquefois les cinq ovules avortés autour du seul qui se transforme en graine, lorsqu'on à vu combien celte recherche est facile, on s'étonne que les auteurs n’y aient pas pensé plus tôt. Le fait est qu'ils n’en disent rien. M. Schacht ! même, celui de tous qui à le mieux décrit les jeunes ovules dans le Quercus Robur, dit en parlant l Schacht Beïir. 1, p 37, L HI. Cette planche est reproduite dans Son ouvrage der Baum. OBSERVÉ DANS LE FRUIT DES CHÊNES. 93 de l’évolution du fruit : « [1 reste à peine une trace des ovules qu’on voyait à époque de la fructification.» Or, dans le Q. Robur, on trouve constamment les cinq ovules avortés au-dessous de la graine qui remplit le gland à lé- poque de la maturité. Ils sont appliqués contre le sper- moderme, parmi des vestiges irréguliers de cloisons. Leur grosseur atteint quelquefois un millimètre, et quand elle est moindre on peut encore les voir à la vue simple ou avec un faible grossissement. Ils tiennent, sous la graine, au fond de Povaire par des restes de placentas, et on reconnaît bien leur ancienne évolution hémi-anatrope. Cette position infère confirme l'observation très-exacte (le M. Schacht que les ovules du Q. Robur partent de la base des loges ovariennes et sont ascendants, tandis que la plupart des auteurs les décrivaient comme pendants où comme changeant de position durant Pévolution !. Il est de règle universelle, du moins je lai vérifié dans plusieurs familles, par exemple dans les Myrsinéacées et, les Hippocastanées, que les ovules une fois formés ne se détachent pas en avortant. On les retrouve toujours à leur place d’origine, si on veut se donner la peine de les chercher, et c’est quelquefois une manière commode de constater la position primitive des ovules au moyen dun fruit mûr. Tous les Quercus à maturation annuelle paraissent avoir les ovules atrophiés sous la graine, tout au moins inférieurs à la zone moyenne de la graine. Je Pai constaté dans un grand nombre d’espèces d'Amérique aussi bien que dans celles de notre continent. Les chênes dont le 1 Endlicher dit (Gen. p. 274) : Ovula apice anguli interioris ap- pensa. Nees jun. (Gen. pl. Î germ. fasc. 1) dit: Ovula primum erecla mox pendula. M. Gay (Bull. Soc. bot., 1857, p. 506) n’a- yant pu vérifier la position n’a rien voulu affirmer. 94 NOTE SUR UN NOUVEAU CARACTÈRE fruit mûrit la seconde année présentent au contraire des ovules atrophiés tantôt à la base, tantôt au sommet de l'ovaire, et tous les chênes des sections autres que celle appelée Lepidobalanus, ainsi que les genres Lithocarpus, Castanopsis et Castanea, portent leurs ovules avortés au sommet de la graine. Ainsi, dans le sous-genre Leé- pidobalanus, le Quercus Cerris, dont le fruit est mûr la seconde année et qui a des feuilles caduques, a les ovu- les infères, comme le Robur ; les Q. pseudosuber, oceci- dentalis, coccifera, Vallonea, etc., de notre continent, et les Q. crassifolia, splendens, etc., d'Amérique, à fruits bisannuels également et feuilles persistantes, sont comme le Robur et le Cerris sous le rapport des vvules, mais une longue série de chênes américains à maturation bis- annuelle et à feuilles ou caduques ou persistantes, comme les Q. falcata, rubra, xalapensis, acutifolia, etc., ont les ovules atrophiés placés au-dessus de la graine. Ceci n’é- tonnera pas peu les botanistes américains, mais le fait est qu'en ouvrant les glands de leurs espèces les plus com- munes, on trouve les ovules avortés tantôt à la base, tantôt au sommet de la graine. Par exemple dans les Q. macrocarpa, Prinus, stellata, alba, virens, les ovules sont infères, à la facon de notre Q. Robur, et dans les Q. ilicifolia, falcata, rubra, palustris, coccinea, Phellos, imbricaria, nigra, ils sont supères relativement à la oraine. Comme on pouvait le prévoir et autant que j’ai pu m’en assurer au moyen de quelques espèces, la position des ovules atrophiés dans le fruit mûr dépend de leur position à l’origine. Ainsi quand les ovules restent an sommet de Povaire, au-dessus de la graine, c’est que primitivement ils étaient pendants : quand ils sont à la base, c’est qu’ils OBSERVÉ DANS LE FRUIT DES CHÈÊNES. 95 étaient dans leur jeunesse ascendants. L'état imparfait des herbiers ne m'a pas permis de le vérifier aussi sou- vent que je l’aurais voulu, mais cela doit être et je ne l’ai jamais trouvé autrement. Cette diversité d'attache des ovules paraît au premier abord quelque chose d’important, d’où l’on devrait tirer une division générique ou de sections. Considérée de plus près, et en voyant combien sont analogues les es- pèces qui ont les deux genres d’ovules, ce caractère s’af- faiblit notablement. Les ovules naissent toujours de côté, sur les cloisons rentrantes, assez imparfaites, qui divi- sent l’ovaire en trois loges. Ils naissent ou près de la base, ou près du sommet de l’ovaire, ou quelquefois à une cer- taine distance appréciable de la base ou du sommet. Leur évolution est toujours la même, hémianatrope, l’exostome relevé en dessus, et cela seul prouve que les ovules su- pères ne viennent pas exactement de l'angle supérieur de la loge. Dans le Quercus snber, du moins dans quel- ques échantillons que j'ai pu observer à différents états d'évolution, les ovules naissent un peu au-dessus du fond de l’ovaire et les parois sont séparées depuis le milieu, comme dans le Q. Robur, mais les ovules étant à lori- oine plus haut que dans celui-ci, ils se retrouvent à ma- turité autour de la graine, disposés selon une ligne spirale, et l’ovule atrophié le plus élevé atteint à peine le milieu de la longueur de la graine. Si cette évolution est constante, elle donnerait une différence spécifique d’avec le Q. occidentalis, confondu longtemps avec le suber et assez difficile à distinguer quand on ne sait pas la durée des fruits. Le Q. occidentalis, en effet, d’après un petitnombre de glands', a les ovules atrophiés com- , “ . p . ! J'espère pouvoir vérifier ces faits dans un plus grand nombre 96 NOTE SUR UN NOUVEAU CARACTÈRE plétement infêres, comme dans le Robur. Deux espèces du Mexique m’ont présenté des ovules atrophiés au-des- sus de la base, mais encore au-dessous du milieu de la graine, et dans quelques espèces à ovules supères on trouve des positions un peu au-dessous du sommet ; donc le caractère n'est pas aussi tranché qu’on pouvait le croire. Je m'en servirai dans le Prodromus, à titre de subdivision des sections, en le combinant avec la durée des fruits. Voici un aperçu de la division à laquelle je suis arrivé: après un travail plus complet que ceux de mes prédéces- seurs. Les espèces du genre Quercus se groupent en cinq sections ou sous-genres parfaitement naturels, fondés sur la nature de l’involucre soit cupule et confirmés par des caractères. d’inflorescence et de port. Ge sont à peu près les sections indiquées par Endlicher (suppl. 4) et par Blume (Museum Lugdunobat., avec certaines modifica- tions. En voici le tableau abrégé. QUERCUS. Sectio [. Lepidobalanus (Quercus L.; Quercus sect. Robur, Cerroïdes, Erythrobalanos, Cerris, Gallifera, Su- ber, Coccifera, Spach ; Quercus A, Lepidobalanus End. excl. spec.) — Amenta gracilia, pendentia; floribus omni- bus masculis solitariis, absque rudimento pistilli; brac- teis solitariis, caducis, interdum (in spec. americanis) de- ficientibus. Stamina plerum que erga perigonium non manifeste symmetrica. Cupula squamis imbricatis tecta, ore aperta. Ovula abortiva, uune prope basin, rarissime in d'échantillons avant la publication duProdromus. S'il y a quelque modification à apporter, j'en parlerai alors. OBSERVÉ DANS LE FRUIT DES CHÊNES. 97 medio, nonnunquam prope apicem seminis PERERRE Omnes ex hemisphærio boreah. IL. Androgyne (Q. densiflora Hook., species sectionis Lepidobalani, Endl.) — Spicæ im basi flores femineos, supra masculos gerentes, erectæ. Flores masculi fascicu- lati, faseiculis 3-bracteatis, singuli absque rudimento pis. Stamina numero duplici loborum perigonii, an- theris minimis Stigmata 3-6 in div. floribus rami. Cupula sect. Lepidobalani. Ovula abortiva erga semen supera. — In Californià. IL. Pasania (sect. Lepidobalanus Endl. partim, Quer- cus $ 2. Blame Mus. Lugd. bat. : sect. Pasania Miq. f1. adjunetis char.) — Amenta erecta, floribus masc. sæpins fasciculatis, fasciculis 3-bracteatis. Pistillum rudimenta- rium, liberurm. Stamina sæpins numero duplici loborum perigonu. Flores feminei secus spicas segregatas vel basi spicarum androgynarum. Flores fem. etideo fructus sæpe involueris conniventibus. Cupulæ Lepidobalani. Ovula abortiva supera. — In Asià meridionali: IV. Cyclobalanus (Endl. gen., anno 1847 ; sect. Gy- rolecana Blume Mus. Lugd. anno 1850). — Inflores- centia ei flores masc. Pasaniæ. Flores feminer distinetr. Cupula ore aperta, squamis in lamellas concentricas vel subspirales, integras vel sero crenatas lateraliter coa- litis. Ovula supera. — [n Asià meridionali. V. Chlamydobalanus (Endl gen. anno 1847; sect. Castaneopsis Blume Mus. Lugd., non Castanopsis Don). — Inflorescentia et flores mase. Pasaniæ et Cyclobalanr. Flores feminei distineti. Cupula glandem undique tegens, sæpius apice irregulariter fissa (in eodem ramo clausa vel fissa), concentrice squamis connatis verticillatis cinc- ta. Ovula supera. — In Asià meridionali. 98 NOTE SUR UN NOUVEAU CARACTÈRE Cette dernière section touche au genre LITHOCARPUS Blume, dans lequel le gland est, dit-on, soudé à l’invo- lucre qui le recouvre en entier. On passe de là au genre CASTANOPSIS Spach, qui a l’inflorescence et la fleur des Quercus de la section Pasania et des suivantes, avecle fruit en hérisson des Castanea et qui diffère de ce dernier par Vovaire 3-loculaire. Le CASTANEA avec ses ovaires à 6-7 loges, et le FAGUS sont trop connus pour en parler. Je n'ai pas admis le genre Synædrys Lind!. fondé sur Pexistence de cloisons incomplètes qui pénètrent dans le spermoderme et les cotylédons. Ce caractère, chose as- sez remarquable , se trouve dans quelques chênes (Q. Skinneri, du Mexique, Q. cornea Lour., Q. Korthalsii Blume, de Archipel indien) qui n’ont pas d’autres rap- ports spéciaux entre eux, et il manque aux espèces les plus voisines. On peut voir du reste beaucoup de tran- sitions dans d’autres espèces sous forme de replis légers, peu pénétrants, ou d’ondulations des cotylédons, et même dans les espèces’ indiquées les plis sont irréguliers. Le Q. virens Ait. (Q. oleoides Cham. et Schl.), espèce très-répandue dans le midi de l'Amérique septentrionale, m'a présenté un caractère très-singulier, dont je ne puis encore apprécier la valeur et le degré de constance. D’a- près quatre graines que j'ai examinées, la radicule est noyée dans la substance homogène et continue qui repré- sente ou deux cotylédons soudés, ou un seul cotylédon cylindrique. La position au centre, vers le haut du fruit, indique plutôt deux cotylédons intimement sou- dés. Je n’airien vu de pareil dans le Q. Ilex, qui est l'espèce la plus voisine, ni dans aucun autre. Le déve- loppement de cette graine serait intéressant à examiner. Je n’ai pu m'en occuper d’après l’état des échantillons d'herbier dont je disposais. OBSERVÉ DANS LE FRUIT DES CHÈNES. 99 Le point de classification qui m'a le plus embarrassé est la subdivision de la section naturelle Lepidobalanus du genre Quereus. Elle renferme à elle seule plus de la moitié des espèces, et quelques-unes qui paraissent, à première vue, très-différentes, par exemple les Quercus Robur, Cerris, Vallonea, Libani, rubra, Xalapensis, etc. Paurais aimé pouvoir former des groupes naturels au- tour de ces espèces qui semblent offrir des caractères bien distincts. En d’autres termes, j'aurais désiré pouvoir constituer des sous-sections, analogues aux nombreuses sections de Spach qui rentrent dans le sous-genre Lepi- dobalanus Endl. Déjà Webb, Endlicher et surtout M. Gay, avaient essayé de le faire, mais je dois le dire, s'ils y sont parvenus jusqu’à un certain point, ce n’est qu'en laissant de côté une foule d'espèces du Mexique et de VAsie méridionale ou occidentale qu’on connaissait peu il y a quelques années. M. Gay l’a indiqué du reste avec sa bonne foi ordinaire !, et on doit en conclure que dans sa propre opinion les subdivisions qu’il admettait ne sont pas définitives. Pour moi la conséquence d’une longue étude a été qu'il n’existe pas, dans l’état actuel de la science, de bonne subdivision du sous-genre Lepidoba- laüus. Quand on connaîtra les fleurs mâles de beaucoup d'espèces où elles sont encore inconnues et quand aura examiné l’évolution des bourgeons, il est possible qu’on puisse établir une division vraiment naturelle, mais au- Jjourd’hvui, au moyen des fruits et des feuilles, on ne par- vient qu’à des coupes artificielles, qui séparent fréquem- ment des espèces très-voisines. La forme et la direction desécailles de l’involucre est un l Ann. des sc. nat. série IV, vol. VI, p. 238. 100 NOTE SUR UN NOUVEAU CARACTÈRE genre de caractère trop sujet à des transitions pour être employé. D’ailleurs il mettrait à part quelques espèces comme le Q. Cerris, pour en rejeter une immense quan- tité dans un seul bloc. La durée des feuilles à été reconnue par Webb et au- tres auteurs comme variable dans quelques espèces (Q. Lusitanica, humilis, ete.). Elle a de plus lincon- vénient de pouvoir très-rarement être constatée, soit dans les herbiers, soit en voyage lorsqu'on traverse un pays. Webb avait distingué dans les chênes des folia decidua, subdecidua et persistentia , mais cela seul indique le peu de fixité du caractère. Dans beaucoup d'espèces méridionales, notamment du Mexique, il pa- raît que les feuilles tombent, la seconde année, un peu après la pousse de nouveaux organes foliacés, et alors on ne les trouve presque jamais sur les échantillons d’her- biers, parce que ceux-ci sont recueillis ordinairement avec les fruits, en automne. En général, les feuilles très- persistantes se voient aisément, mais la distinction des feuilles tombant un peu avant ou un peu après la foliaison suivante, est trop susceptible de passages d’une espèce à l’autre et trop momentanée pour être pratique. J'ai donc été obligé de subdiviser le groupe Lepidoba- lanus d’une manière à peu près artificielle, d’abord sui- vant les caractères de la durée des fruits et de la po- sition des ovales, qui sont des caractères fixes et d’une certaine importance, ensuite d’après la durée des feuil- les, caractère peu déterminé et peu constant. Le résultat est celui-ci : $ /. Ovula abortiva infera. Maturatio annua. * Folia caduca : Q. Robur — Toza —Lusitanica — alba — Prinus — macrocarpa — polymorpha, elc. OBSERVÉ DANS LE FRUIT DES CHÊNES. 401 * Foha persistentia : Q. tomentosa — microphylla — virens — Îlex — suber, etc. $ 2. Ovula abortiva infera. Maturatio bienms. * Folia caduca : Q. Cerris. * Folia persistentia : Q pseudo-suber — occidentalis — Vallonea — Libani — coccifera, etc. $ 5. Ovula supera. Maturatio biennis. * Folia caduca : Q. falcata —— ilicifohia — rubra — Phel- los — Xalapensis — calophylla, etc. ” Folia persistentia : Q. acutifolia — aquatica — Cas- tanea — cinerea, etc. Cette dernière subdivision touche aux autres sections du genre Quercus, et je le répête , au-dessus de cette classification assez arbitraire des espèces de la principale section, toutes les sections elles-mêmes et tous les gen- res reposent sur un ensemble de caractères, c’est-à-dire sont vraiment naturels. SUR LA PHYSIQUE DU GLOBE PAR M. A. QUATELET!. Ilest peu de physiciens qui aient plus que M. Quetelet contribué aux progrès de cette partie des sciences natu- relles désignée sous les noms de météorologie et de physique terrestre. Ce n’est pas seulement par une lon- gue série d'observations de genres très-différents et pour- suivies avec un zèle aussi persévérant qu’éclairé que M. Quetelet à droit d'occuper le premier rang parmi les météorologistes, mais il a en outre le mérite d’avoir su réunir depuis longtemps les observations faites dans dif- férentes parties du globe, et, en les soumettant à une saine critique, d’en avoir tiré un grand parti pour arriver à des lois générales. L'ouvrage que nous annonçÇons n’est qu’un résumé ac- compagné de réflexions générales, de bien d’autres tra- vaux du savant physicien de Bruxelles. Il renferme dif- férents chapitres consacrés à la météorologie en général et plus particulièrement à l'étude des températures de l’air et du sol, à l’électricité de l’air, au magnétisme ter- restre et aux étoiles filantes. L'ouvrage se termine par Un volume in-4. Bruxelles, 1861. SUR LA PHYSIQUE DU GLOBE. 103 deux chapitres äyant pour objet: l’un, les phénomènes périodiques des plantes et des animaux : l’autre, les phé- nomènes des marées en vue surtout de la Belgique. La physique terrestre et la météorologie sont de toutes les parties des sciences naturelles, celles dans lesquelles, les progrès sont nécessairement les plus lents. Tandis que dans les sciences expérimentaies, le savant peut à volonté reproduire les faits qu’il veut étudier, il faut ici qu'il attende patiemment que la nature veuille bien ame- ner sous ses yeux les phénomènes qu'il s’agit pour lui d'observer et dont il doit rechercher les causes. C’est donc souvent une œuvre de longue haleine qui exige au- tant de patience que d’exactitude. [ y à plus: la physi- que terrestre et la météorologie sont appelées à mettre à contribution les autres sciences naturelles : elles emprun- tent à la physique ses lois, ses méthodes d'observation et ses instruments ; la chimie et la géologie leur fournis- sent des données qui leur sont indispensables pour pro- céder avec connaissance de cause dans l’interprétation et l’explication des phénomènes naturels. L'histoire natu- relle elle-même vient aussi à leur aide, ainsi que le prouve le parti qu’en a tiré M. Quetelet. Ainsi donc les progrès que peut faire cette branche des connaissances humaines sont nécessairement subordonnés à ceux des autres sciences d'observation et surtout des sciences expéri- mentales. D'un autre côté, elles peuvent à leur tour rendre de grands services aux autres branches des sciences physi- ques et naturelles, en leur fournissant des observations régulièrement et consciencieusement faites : observations qui, isolées, auraient peu d'intérêt, mais qui, mises à contribution par les physiciens, les chimistes et les natu- 104 SUR LA PHYSIQUE « ralistes, peuvent conduire à des résultats généraux im- portants dont elles-mêmes tirent parti en y trouvant leur propre explication. L'an des plus grands services que les progrès des au- ires sciences physiques peuvent rendre à la physique ter- restre et à la météorologie, c’est de permettre d'établir, entre les phénomènes qu’elles présentent, une liaison toujours de plus en plus intime, et d’en faire ainsi une véritable science, au lieu de lui laisser le caractère d’une simple collection de faits. On observe avec soin, à diffé- rentes heures du jour, les variations de la pression at- mosphérique, celles de la température et de l'humidité de Pair ; les nombreux et longs tableaux qui renferment ces observations présentent bien peu d’intérêt par enx-mêmes; mais, quand appliquant à Pétude de ces observations les lois que la physique à fait connaître sur les rapports qui règnent entre la température et la force élastique des gaz et des vapeurs, on parvient à lier toutes ces variations les unes avec les autres, on fait vraiment une œuvre erande et intéressante. Les innombrables observations de magnétisme terrestre faites sur tous les points du olobe semblent quelquefois fastidieuses et presque inu- tiles. Mais lorsque, rapprochées entre elles et des autres phénomènes naturels, on y découvre un rapport intime, d’une part, avec la marche du soleil et même de la lune, et, d'autre part, avec l’apparition de phénomènes d'un tout autre ordre, tels que celui des aurores boréales, ne prennent-elles pas une importance toute particulière en mettant le savant sur la trace des grandes lois de la na- ture. Plus, en effet, on avance dans létude des sciences, plus l’art de l’observation et de l'expérience se perfec- DU GLOBE. : 105 tionne, plus on découvre nne liaison intime, je dirai pres- que une solidarité entre tous les phénomènes naturels, et plus on entrevoit la possibilité de parvenir une fois à les rattacher tous à une cause commune. Envisagées à ce point de vue, la physique terrestre et la météorologie revêtent un caractère tout nouveau, qui fait comprendre comment des hommes d’une haute ca- pacité ont pu se décider à consacrer aux observations qu’elles exigent, un temps et une intelligence qui, aux yeux de ceux qui ne considèrent les choses que légère- ment, auraient pu être employés d'une maniêre plus fructueuse. Il y a longtemps que le nom de M. Quetelet nous a suggéré les réflexions que nous venons de pré- senter ; nous sommes heureux d’avoir une occasion de les proclamer. Avant d'entrer dans le détail des phénomènes, M. Que- telet présente quelques considérations générales sur la nature de l’atmosphère, qui nous ont paru d’un intérêt assez grand pour fixer un instant notre attention. En admettant, dans toute son étendue, la loi de Ma- riotte, on suppose à l’atmosphère une hauteur d’une vingtaine de lieues ; cependant, par diverses considéra- tions, les physiciens ont augmenté beaucoup ces limites et ont pensé que l'atmosphère pouvait s'étendre à trois ou quatre fois l'élévation anciennement admise. M. Que- telet paraît se prononcer en faveur de cette dernière opi- nion, mais il est conduit à admettre que l'atmosphère se compose de deux parties essentiellement distinctes, l’une inférieure, toujours mobile, à l’état de courant, dont le parties se remplacent mutuellement ; l’autre supérieure, relativement fixe et appuyée sur la partie mobile. Il paraît évident que la partie supérieure de l'atmosphère ne peut ARCHIVES. T. XV. — Octobre 4862. 8 106 SUR LA PHYSIQUE suivre exclusivement le mouvement de notre globe; elle doit être plus ou moins affectée par le courant d'air sur lequel elle repose et subir, par suite, un mouvement spécial qui l’en rapproche. On peut assez bien voir, du reste, la couche limite où l’aumosphère supérieure se sépare de l'atmosphère inférieure constamment en mou- vement. Les cirri nuages les plus élevés et les plus lé- gers, indiquent sa position. Les cirri n’ont pas la même hauteur en hiver el en été; ils se trouvent en quelque sorte attachés à la partie supérieure de l’atmosphère mo- bile vers les limites où commence l’atmosphère fixe. C’est dans l’intérieur de la couche mobile que se for- ment les nuages et les méléores que nous pouvons étu- dier directement. Les bouleversements continuels qui se forment dans cette partie inférieure de l’atmosphère font que l'air qu’on y recueille est sensiblement le même quant à la composition chimique. Dans la couche immobile placée plus haut, où les êtres vivants n’ont pas accès el où les nuages ne s'élèvent pas, on peut admettre, au Con- traire, que les milieux s’y étendent avec facilité dans l’ordre de leurs densités et qu'ils s’y développent par couches uniformes, soit en se mêlant, soit en se tenant séparés. Il n'est pas nécessaire de supposer chaque cou- che composée comme ceïle qui lui est inférieure; elle peut même porter à sa surface des substances d’une pe- santeur spécifique moindre, et non susceplibles de se composer ou de se mêler avec les subsiances inférieures. C’est dans cette couche immobile que naîtraient les phénomènes, tels que les aurores boréaies, les étoiles filantes et ces météores lumineux dont nous sommes souvent les témoins sans pouvoir les soûmeitre directe- ment à nos experiences. La formation des phénomènes DU GLOBE. 107 y est plus régulière, vu que le milieu dans lequel ils se produisent est plus constant que ne l’est celui de lPat- mosphère inférieure. Ainsi donc, suivant M. Quetelet, il faut distinguer comme appartenant à la météorologie, les phénomènes qui se pas- sent dans la partie constamment agitée et inférieure de l'atmosphère, de ceux qu’il place dans la physique du globe, comme étant communs à notre terre et à la partie supérieure de l'atmosphère, vu que tout en subissant les variations diurnes et annuelles, ils concernent cependant plutôt le globe en général. Peut-être la distinction proposée par M. Quetelet est- elle un peu trop absolue ; la différence entre les deux cou- ches de l'atmosphère ne nous paraît pas devoir être aussi tranchée qu’il le suppose. Nous sommes bien disposé à admettre avec lui que la partie supérieure de latmo- sphère est, à cause de sa grande raréfaction, dans des conditions de mouvement irès-différentes de celles qui appartiennent à la couche inférieure; mais cette diffé- rence nous paraît devoir s'établir par degrés sensibles, et non pas d'une manière brusque. Quant à la séparation des parties qui entrent dans la composition de l'air at- mosphérique par le fait de sa non-agitation, bous ne sau- rions l’admettre, car jamais on n’a vu de l’air en repos dans un vase clos se séparer en deux couches, l’une d'oxygène au bas, l’autre d’azote au-dessus ; le mélange des gaz qui constituent l’air atmosphérique est assez in- me, lors même qu’il n’est pas une combinaison chimi- que, pour que leur séparation ne puisse s’opérer par une cause mécanique. Nous sommes, par contre, très-disposé à croire, avec M. Quetelet, que l’atmosphère a une hauteur bien plus 108 SUR LA PHYSIQUE grande qu’on ne l’admet généralement et qu’elle est le lieu où se passent bien des phénomènes qu’on a long- temps regardés comme étant extra-atmosphériques. Quant aux décharges électriques qui constituent l’aurore bo- réale en particulier, elles nous paraissent devoir com- mencer dans la région des cérri, tout en s'étendant au- dessus, et se rapprocher du globe terrestre dans le voi- sinage des pôles. Nous reconnaissons également, avec M. Quetelet, que la partie supérieure de l’atmosphère, vu son grand degré de raréfaction qui la rend éminem- ment conductrice, doit jouer, sous le rapport électrique, un rôle important soit dans la formation des orages, soit dans la production de divers phénomènes, tels que celui des aurores boréales. Passons maintenant rapidement en revue quelques-uns des chapitres de l’ouvrage de M. Quetelet; ne pouvant en faire une analyse complète, nous nous bornerons à insister sur les points qui nous paraissent d’un intérêt plus immédiat. Nous signalerons une comparaison intéressante entre l'hygromètre de de Saussure et le psychromètre d’August, qui montre que ces deux instruments marchent sensible- ment d'accord, et réhabilite par conséquent, l’hygromètre à cheveu, qu’on a trop facilement abandonné après lavoir trop exalté. Cet instrument, en effet, lorsqu'il a été bien construit et qu’on a soin de le vérifier de temps à autre, peut fournir des résultats suffisamment exacts et supé- rieurs même, aux basses températures, à ceux que donne le psychromètre d’August ; ajoutons qu’il est d’un emploi si commode et d’une observation si facile, que les mé- téorologistes ne doivent pas y renoncer légèrement. Dans le nombre des remarques faites sur Phumidité DU GLOBE. 109 de l'air par M. Quetelet, il en est une qui nous a frappé, c’est que la marche de l'humidité paraît avoir des rap- ports intimes avec celle de la végétation ; ainsi, quand le feuillage n’existe plus, l'humidité de l'air est la plus forte et elle a la moindre valeur, au contraire, à l’époque où la végétation est dans toute son activité. Les résultats du psychromètre et ceux de l’hygromèêtre à cheveu sont à cet égard parfaitement d'accord ; ils montrent que l’épo- que de la moindre humidité de l’air arrive au mois de mai, et que, pour la plus grande humidité, le mois de décembre l'emporte un peu sur le mois de janvier. Cette absorption de l’humidité de l'air par la végétation, qu'a constatée directement M. Quetelet, fournit une confirma- tion directe de opinion que j'avais émise pour expliquer l'apparition et la disparition successives des grands gla- ciers, relativêment à l'influence que dut exercer la vé- gélation sur l’humidité de l’atmosphère à l’époque dont il s’agit. Le chapitre relatif à l’électricité de l'air est un des plus remarquables : on sait que cet élément important de nos connaissances météorologiques a été depuis longtemps l’objet d'observations suivies à l'Observatoire de Bruxelles. Malheureusement, il n’en a pas été de même ailleurs ; toutefois, M. Lamont à Munich, et M. Ronalds à Kew, présentent une honorable exception, et en comparant les résultats obtenus par ces savants avec ceux qui sont dus à M. Quetelet, on trouve des différences qui, quoique pouvant tenir à l’imperfection des instruments ou à celle des méthodes, n’en sont pas moins intéressantes. Dans tous les cas, les observations de Munich et de Kew, comme celles de Bruxelles, font voir que lélectricité statique de Pair est plus forte en hiver qu’en été; seulement les ten- 410 SUR LA PHYSIQUE sions électriques qui, pendant les mois extrêmes de lhi- ver et de l’été, sont comme 9 à 4 à Bruxelles, sont comme 6 à 1 pour Kew, et seulement comme 2 à 1 pour Mu- pich. La distribution de l'électricité dans l’atmosphère est une de ces questions qu’on ne peut résoudre qu’indirec- tement et seulement d’une manière très-approximative. Il résulte évidemment de toutes les observations, que l’at- mosphère est chargée d’une électricité positive dont lin- tensité va en croissant à mesure qu'on s'élève. M. Que- telet serait disposé à admettre que l'électricité de la partie de l’atmosphère qu’il a désignée sous le nom de supé- rieure Se partage en deux parties : l’une négative en haut, faisant équilibre, suivant lui, à l'électricité positive du soleil et de l’espace environnant; l’autre positive £lus bas, fai- sant équilibre à l'électricité négative de la terre, à travers la couche inférieure. Ce qui tiendrait les deux électricités, positive et négative, séparées dans la couche supérieure del’atmosphère, ce serait l’extrême sécheresse qui doit y régner. Cette sécheresse absolue n’existant pas dans la couche inférieure, l'électricité positive, quoique avec grande difficulté, peut la traverser: elle peut même aller s'unir au fluide opposé de la terre ; mais il n’existe jamais de communicalion intime. Nous ne saurions nous ranger complétement à cette nianière de voir. Il nous paraît d’abord impossible que la couche supérieure de l'atmosphère puisse renfermer les deux électricités, car lors même qu’elle serait à l’ex- trême sécheresse, son grand degré de raréfaction doit la rendre éminemment conductrice, et, par conséquent, les deux électricités contraires ne pourraient y subsister sans s'unir. Nous admettons bien que la terre est chargée d’é- DU GLOBE. 411 lectricité négative, mais, quant à l'atmosphère, sauf quel- ques précipitations aqueuses qui, par des causes acciden- telles faciles à comprendre, possèdent l'électricité néga- tive, elle est éminemment positive, et son électricité peut se propager d'autant plus librement qu’elle se trouve dans les couches les plus élevées, par conséquent les plus raré- fiées et les plus conductrices. Les variations d'intensité dans l'électricité de Pair sem- blent avoir une liaison très-intime avec les variations de humidité, ce qui est une conséquence naturelle du fait que les instruments qui servent à percevoir et à mesurer cet agent sont dans la partie inférieure de l’atmosphère, et que Pélectricité qui est dans les couches supérieures y parvient d’autant plus facilement que Pair est plus hu- mide. Aussi écoulement tranquille de l'électricité sur la terre est plns fréquent en hiver ; il se fait généralement sans secousse ; le contraire a lieu en été ; cet écoulement, à cause de la sécheresse, se fait plus brusquement alors et produit de nombreux orages. Mais si les orages sont beaucoup moins fréquents en hiver, ils sont beaucoup plus dangereux et beaucoup plus étendus. C’est prinei- palement en été que se trouvent dans l'atmosphère les nuages chargés d'électricité négative, ce qui tient très- probablement, suivant nous, à ce que l’évaporation qui a lieu à la surface du sol, élève dans latmosphère des vapeurs aqueuses chargées de l’électricité négative de la terre. M. Quetelet consacre dans son chapitre sur l'électricité de Pair un paragraphe étendu aux aurores boréales qu’il considère bien comme des phénomènes électriques. I signale, sans y insister, le fait admis par plusieurs phy- siciens que ces phénomènes ont une périodicité marquée 1149 SUR LA PHYSIQUE et rappelle que M. Hansteen, qui S'en est beaucoup oc- cupé, compte vingt-quatre cycles des aurores boréales depuis 502 avant Jésus-Christ; d’après ce physicien, le der- nier cycle aurait commencé en 1707 pour finir en 1790. L'existence de cette périodicité nous paraît être devenue un peu problématique depuis que, par des observations plus nombreuses et surtout plus rapprochées du pôle boréal, on a pu s’assurer qu’il y a des aurores boréa- les plus ou moins visibles presque tous les jours de l’an- née. Toutefois, il se pourrait que cette périodicité existe réellement et qu’elle fût liée à quelque autre grand phé- nomèêne naturel variable également, tel que le mouvement des glaces polaires. Mais 1l y a une périodicité dans les aurores boréales qui est incontestable, c’est celle qui est en rapport avec le retour des saisons. Il résulte d’un tableau dressé par M. Kæmtz, d’après quinze stations remarquables : 4° qu'il n'y a pas de mois de l’année où une aurore boréale ne puisse avoir lieu ; 2 que ce phénomène se produit sur- tout vers l’époque des équinoxes; 3° les nombres réunis par M. Kæmtz montrent, en effet, que les aurores boréa- les ont présenté une marche périodique ; les deux nom- bres les plus grands se sont présentés aux mois de mars et d'octobre, tandis que les minima se sont placés dans les mois intermédiaires, surtout en juin et en juillet, car les nombres en décembre et janvier sont encore environ la moitié de ceux de mars et de septembre ou d'octobre, tandis que ceux de juin et de juillet n’en sont que la sep- tième ou la sixième partie. Cette différence pourrait bien tenir en partie à la plus grande longueur des nuits en hiver; cependant la différence de température doit y contribuer pour beaucoup. DU GLOBE. 113 La hauteur à laquelle se manifestent les aurores bo- réales a été longtemps considérée comme bien plus con- sidérable qu’elle ne l’est réellement. Nous avons eu déjà l’occasion de traiter ce point important, et M. Quetelet déduit aussi, comme nous l’avons fait, des nombreuses observations qui ont eu lieu depuis une cinquantaine d'années, qué le phénomène est bien moins élevé qu’on ne le croyait primitivement et qu’il se passe dans notre atmosphère, du moins dans sa partie supérieure. Ce qui a pu faire croire que les aurores boréales ont une três- grande hauleur, c’est que souvent on les aperçoit en même lemps sur des points très-différents du globe. II faut admettre alors que des habitants répandus sur des régions éloignées voient chacun une aurore boréale diffé- rente et que la concomitance du phénomène tient à la similitude de l’état atmosphérique. Le magnétisme terrestre occupe une très-grande place daos l’ouvrage de M. Quetelet. Il remarque que l’une des causes qui ont le plus retardé le progrès de cette partie de la physique terrestre, c’est que les observateurs vi- valent isolés, qu'ils se communiquaient peu leurs travaux qui, par là, devenaient difficilement comparables; les méthodes d'observer et les instruments, d’ailleurs, étaient presque toujours dissemblables et ne permettaient pas des comparaisons entre leurs résultats. C’est essentiel- lement à MM. Arago et Kupffer que sont dues les pre- mières recherches qui ont constaté la simultanéité d’ac- lion magnétique sur des points éloignés du globe, non- seulement dans les variations régulières, mais aussi dans les perturbations soudaines. Plus tard, Gauss et Hum- bolt imprimèrent un élan tout particulier à ce genre de recherches, d’où est résulté un système magnétique qui 414 SUR LA PHYSIQUE embrasse l’univers entier et auquel ont pris part nn três- grand nombre de savants, parmi lesquels nous devons signaler en première ligne l'infatigable général Sabine. Ces nombreux et grands travaux ont_ déjà amené les physiciens à reconnaître dans le magnétisme terrestre, à côté de ses phénomènes diurnes et de ses variations qui se lient à toutes les perturbations atmosphériques, des périodes plus ou moins longues, dont nous ignorons les véritables causes. Ainsi nous voyons se manifesler des périodes bien marquées qui dépassent un siècle; ainsi la déclinaison occidentale semble avoir atteint chez nous sa valeur maximum en 1815; elle a diminué depuis lors et paraît devoir devenir nulle en 1940, pour être ensuite orientale Sous cette forme nouvelle, elle atteindrait, après un peu plus d’un siècle, un second maximum, mais orien- tal, pour revenir à sa position première, après une pé- riode de cing cents ans environ. M. Hansteen à calculé, de son Côlé, qu'un minimum, dans l’inclinaison magnétique, doit arriver vers la fin de ce siècle, dans les régions bo- réales et orientales de l’Europe, et un peu plus tard dans les parties méridionales et occidentales ; pour Bruxelles, par exemple, ce serait vers 4924 qu'il aurait lieu. Il est encore une autre période moins longue et bien moins sensible, puisqu'elle ne se prolonge pas au delà de dix ans, d’après MM. Sabine et Lamont, et au delà de onze, d’après MM. Wolf et Hansteen. Cette période, du reste, ne produit qu'une augmentation et une diminution successives dans la variation diurne de la déclinaison qui, dans nos contrées, peut changer du simple au double, ou de cinq à dix minutes, dans les époques de moindre et de plus grande variation. Sa durée, d’après M. Schwabe et M. Gautier, est de même durée que la période des ta- DU GLOBE. 443 ches solaires. I y aurait aussi, d’après MM. Lamont et Sabine, des variations magnétiques liées avec le mouve- ment de la lune. A côté ce ces périodes régulières de variations, il existe des perturbations irrégulières qui, comme on le sait, coïn- cident avec les apparitions des aurores boréales. Ce qu'il ya de caractéristique dans ces perturbations, c’est qu'elles s’élendent à la fois sur tout le globe, même dans les par- ties où l'aurore boréale n’est pas visible, Il n’en est pas de même de l'électricité qui, dans ses plus grandes ma- nifestations, exerce son action dans des espaces très-res- serrés; souvent, à quelques lieues de distance, on ne s'aperçoit pas de l’action qui se manifeste ailleurs. Gelte différence qu'établit M. Quetelet est plus apparente que réelle ; car les grandes perturbations magnétiques £onco- mitantes aux aurores boréales sont bien dues à l’électri- cité, mais à l'électricité dynamique, la même qui produit l'aurore et circule près de la surface du sol, tandis que c’est l'électricité statique, dont la présence est accusée par l'électroscope, qui se manifeste d’une manière essentiel- lement locale. Toutefois, le Père Secchi a dernièrement montré que même celte électricité locale qui accompagne les nuages, peut agir sur les appareils magnétiques. Un des chapitres les plus importants et les plus éten- dus de l’ouvrage de M. Quetelet, est celui qu'il consacre aux étoiles filantes. Il commence par rappeler que ce genre de phénomène n’a attiré sérieusement l'attention des observateurs que depuis un petit nombre d’années ; il cite Lichtenberg, Olbers et Chladni, comme s’en étant plus spécialement occupés à la fin du dernier siècle et an commencement de celui-ci, mais sans arriver encore à des résultats bien précis. Nous devons remarquer que 416 SUR LA PHYSIQUE c’est à M. Quetelet lui-même qu'on doit d’avoir apporté à celle étude un soin tout particulier et d’avoir atliré sur elle l'attention des savants, el notamment celle d’Arago. Grâce à l’activité apportée à ce genre de recherches, on est parvenu à constater un point important, savoir : la pé- riodicité de l'apparition des étoiles filantes, qui se mani- feste surtout à deux époques de l’année, savoir : dans les nuits du 40 au 42 août, et dans celles du 41 au 13 no- vembre. Un autre point qui paraît établi à M. Quetelet, c’est que le phénomène n’est pas cosmique, mais bien atmosphérique ; il a lieu à de grandes hauteurs, ilest vrai, mais non pas au delà des limites que d’autres considéra- tions portent à assigner à l'étendue de notre atmosphère. M. Quetelet revient ici à sa distinction entre la partie in- férieure ou enstable et la partie supérieure ou stable de atmosphère; c’est dans cette dernière partie qu’il place le lieu où se manifestent les étoiles filantes, toutes les observations de parallalexe leur assignant une hauteur maximum de 30 lieues. Quant à leur vitesse de transla- tion, elle est excessivement considérable; ainsi, pendant que l’éclair ne parcourt que 1600 pieds par seconde, les étoiles filantes parcourent 4 à 6 lieues pendant le même temps. Revenons un instant sur la périodicité du phénomène. Les étoiles filantes apparaissent en général en plus ou moins grand nombre dans toutes les nuits claires; mais ce nombre en est très-variable. Ce qu’il y a de curieux, c’est qu'il existe des époques de l’année où il est beau- coup plus considérable que dans d’autres. L’époque du 11 novembre avait été signalée par Humboldt pour la première fois, et celle du 10 août par M. Quetelet, qui l’avait déjà, du reste, trouvée indiquée dans des ouvrages DU GLOBE. 417 fort anciens. A côté de ces nuits, M. Quetelet avait cité, quand il fit paraître, en 1839, son premier catalogue d'étoiles filantes, les autres nuits qui avaient présenté un grand nombre de ces météores : il avait mentionné entre autres les nuits du milieu d’octobre, ainsi que celles du 7 décembre et du 2 janvier. Ces époques particulières exigeaient la plus grande at- tention, parce qu’elles offraient un caractère spécial, sur- tout pour les nuits du 10 août et du 11 novembre, pendant lesquelles les météores procédaient dans une direction à peu près uniforme, et leur apparition était souvent éclai- rée on parfois remplacée par une aurore boréale, ce qui. n'avait point lieu lors des apparitions ordinaires, dont elles se distinguaient particulièrement. Du reste, ces puits n’ont pas toutes la même valeur ; celle même du 11 novembre paraît aujourd'hui offrir bien moins d'impor- tance que vers le commencement de ce siècle, soit que le nombre considérable d’étoiles filantes qui la distinguait ait disparu complétement, soit qu'il y ait intermitlence et que le phénomène doive reprendre plus tard son cours habituel. M. Coulvier-Gravier, qui a lui-même observé depuis un si grand nombre d’années avec tant de soin les apparilions d'étoiles filantes, remarque aussi que lappa- rition du mois d'août tend à s’affaiblir d’année en année. Un fait général qui subsiste néanmoins, et qui résulte des observations contenues dans un tableau très-complet dressé par M. Quetelet, c’est que le nombre d’apparitions d'étoiles filantes est beaucoup plus considérable du 4° juillet au 31 décembre que du 4* janvier au 30 juin; et les valeurs respectives que présentert les deux semestres successifs d’une même année sont dans le rapport de 69 à 178, ou à peu près comme 3 à 7. « Il est remarquable, 418 SUR LA PHYSIQUE dit Arago, que, comme pour les chutes d’aérolithes, pour les apparitions des bolides et pour celles des étoiles spo. radiques, les étoiles filantes en masse sont beaucoup plus nombreuses de juillet à décembre que de janvier à juin; la terre rencontre donc, ajoute ce savant, un plus grand nombre de météores cosmiques quand elle se rend de l’aphélie au périhélie qu’en marchant du périhélie à l’ap- bélie. » Cette remarque de M. Arago montre que l’illustre sa- vant altribuait aux étoiles filantes une origine cosmique et non une origine atmosphérique ; nous avouons que nous sommes disposée à partager son opinion plutôt que celle de M. Quetelet, qui observe, il est vrai, avec raison, qu'il est un fait dans l'étude des étoiles filantes qui n’a peut- être pas assez occupé l'attention des savants, savoir que, malgré leur nombre prodigieux pendant certaines nuits, on ne peut cependant assurer qu’on les ait jamais obser- vées dassez près pour en déterminer la nature. Elles n’ont jamais été touchées par des observateurs, ajoute M. Quetelet, et, par conséquent, faut-il croire qu’elles ont une propriété spéciale qui les éloigne de la surface de la terre, ou que ce sont simplement des inflammations, des lueurs qui peuvent être aperçues à de certaines hau- teurs et qui s’éteignent dans une atmosphère plus dense et plus rapprochée de nous. Il ne faut donc pas les con- fondre avec les aérolithes, les bolides et les chutes de pous- sière ; leur origine et leur nature sont bien différentes. Cependant, il nous est difficile de concevoir le phéno- mène des étoiles filantes autrement qu’Arago, etautrement ’ que ne le considère également M. Herrick de Newhaven dans une lettre adressée à M. Quetelet, c’est-à-dire comme dû à une multitude de petits astéroïdes que rencontre la DU GLOBE. 119 terre en certains points de l'espace, dans sa révolution annuelle autour du soleil: astéroïdes qui ont un mou- vement propre Se combinant avec celui de la terre, et qui peuvent se trouver un instant sur la route de notre atmosphère, dont ils semblent traverser la partie su- périeure en devenant lumineux. Les retours périodiques du phénomène deviennent ainsi plus faciles à expliquer. Quant à voir dans les étoiles filantes an phénomène élec- trique ou d'une autre nature se passant exclusivement dans la partie supérieure de l'atraosphère, nous ne pou- vons nous ranger à celte opinion, ne connaissant aucun fait du même genre qui puisse justifier cette analogie. La coïncidence de l'apparition des étoiles filantes avec celle de l’aurore boréale ne nous paraît qu’une circon- stance fortuite. Il nest pas étonnant, en effet, qu’elle ait pu avoir lieu une ou deux fois, puisque les mois d’octo- bre et de novembre sont à la fois, par des causes proba- blement très-différentes, les époques où les deux espèces de phénomènes se manifestent le plus fréquemment. N'esi-on point, du reste, porté à exagérer un peu trop Pimportence dans la physique terrestre et la météorolo- ge, de la périodicité de, certains phénomènes naturels ? Sans doute, il en est où cette périodicité est incontesta- ble ; mais iken est d’autres pour lesquels on l’a, je crois, un peu trop vite conclue d'observations encore trop peu nombreuses pour Pétablir solidement, ce qui fait qu’elle n’a pas loujours résisté au critère d'observations plus pro- longées. | Conclusions. Le coup d'œil que nous venons de jeter sur l'ouvrage de M. Quetelet a été bien rapide ; cependant il a suffi pour 120 SUR LA PHYSIQUE nous en faire comprendre l'importance. L’étude de la physique terrestre et de la météorologie n’en est plus réduite à enregistrer simplement des séries d’observa- tions; on commence déjà à entrevoir dans cet ordre de phénomènes des lois et des causes générales. L'action du soleil devient tous les jours plus manifeste et la périodi- cité, qui est un des caractères les plus saillants des faits météorologiques, est une des preuves les plus frappantes de lexistence de cette action. Mais quelle est sa nature, est-elle simplement indirecte ou est-elle aussi directe ? En d’autres termes, le soleil agit-il uniquement par la chaleur et la lumière qu’il émet, ou agit-il aussi par sa masse on en vertu d’autres propriétés , telles que des propriétés magnétiques on électriques dont il serait doué? Sans doute, l’action des rayons solaires sur la terre, et surtout sur l'atmosphère, est la cause la plus active et la plus directe de la plupart des phénomènes météorolo- giques, mais elle nous paraît insuffisante pour les expli- quer tous. Il en est déjà, tels que les marées, dans les- quelles on sait depuis longtemps que le soleil et surtout la lune agissent évidemment par Peffet de leurs masses respectives ; les variations si régulières dans la direction et l’intensité du magnétisme terrestre, l’existence même de ce magnétisme, nous paraissent dépendre évidem- nent de quelque propriété magnétique du soleil, tandis que nous estimons que les variations irrégulières sont plus ou moins directement liées avec ses propriétés calo- rifiques. Ajoutons à ces influences celle de la lune, qui paraît bien avoir une certaine importance, celle de la ro- tation de la terre quien a une très-grande, et nous aurons, en tenant compte de la constitution chimique et physi- que, soit de la terre, soit de l’atmosphère, l'explication, DU GLOBE. 4191 sinon complétement salisfaisante encore, du moins déjà approximativement exacte de tous les grands phénomènes de la nature. Un jour viendra peut-être où cette partie de la science pourra revêlir le caraclère de rigueur et d’exaclitude qui n’appartient encore qu’à la mécanique céleste el à quelques portions de la physique ; mais pour cela il faut encore des séries d'observation bien multi- pliées et bien prolongées. A. DE LA RIVE. ARCHIVES. T. XV. — Octobre. 4862 9 QUARANTE-SIXIÈME SESSION DE LA SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES réunie à Lucerne les 25, 24 et 25 Koplembre 1862. La Société helvétique des sciences naturelles fondée en 1815 est peut-être la plus ancienne de ces sociétés nomades qui, chaque année, se reunissent dans des villes différentes. Cette manière de faire à trouvé de nombreux imitateurs. C'est dire assez combien on y voit d'agré- ments et d'avantages. On se réunissait cependant cette fois dans des circon- stances qui auraient pu paraître défavorables au premier abord. Les membres de la société avaient en effet à dé- plorer la perte du D' Steiger, nommé président pour celle année, et chacun regreltait cet esprit cullivé et profondément versé dans les diverses branches de l'his- toire naturelle. Le nouveau président, M. le docteur Nager, l’a toute- fois dignement remplacé. Certes, c’est bien à lui et aux membres du comité que l’on doit l'excellent accueil qui a élé fait aux sociétaires. Dans ce journal, nous ne de- vrions parler que de travaux scientifiques, cependant nous rappellerons en quelques mots comment le temps qui n’élail pas employé aux séances à élé mis à profit. SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES 124 Les environs de Lucerne forment autour de la ville une couronne qui a beaucoup de rivales, mais qui a peu d'égales. Le Pilate et le Righi, qui avaient ôté leurs bon- nets de nuages dès l’arrivée de la société, se montrèrent presque constamment dans toute leur gloire. La société consacra une soirée à faire un pélérinage au Gratli. Rarement on vit des pélerins aussi gais que ceux qui visitèrent ce jour-là le berceau de la liberté suisse. Une illumination des quais de la ville accueillit la société à son relour. Un autre jour, ce fut le lion de Lucerne qui allira la foule, et il fut illumiaé par des feux de Ben- gale dont quelques-uns semblaient angmenter son air de souffrance. Enfin un concert où l’on a entendu les belles et nouvelles orgues de la cathédrale, des visites à lar- senal, au Musée, à la collection d'antiquités, au Diorama et à la collection danimaax de M Stauffer, remplirent les intervalles des séances. Cette heureuse association des travaux de la matinée aux réjouissances et aux cau- series (lu reste de la journée à laissé chez tous les socié- taires les plus heureux souvenirs. Passons maintenant aux comptes rendus des travaux scientifiques. SÉANCE GÉNÉRALE DU 23 SEPTEMBRE. % M. le président Nager prononce le discours d’onver- ture, dans lequel il rappelle d'une manière détaillée les prourés des sciences en Suisse dans ces dernières années, el les-noms des hommes qui ont le plus contribué à ce développement scientifique. M. le docteur Carl Vogt, professeur de géologie à Ge- nève, entretient la société de quelques observations géo- 124 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE logiques faites durant son voyage dans le Nord. M. Berna, de Francfort, à équipé à ses frais une expédition dans les régions polaires. Le personnel était composé de MM. Berna, Gressly, Vogt, auxquels $e joignaient M. le doc- teur Hertzen comme médecin, et un dessinateur. En ou- ire, le bâtiment portait quatre domestiques et neuf mate- lots. Cette expédition partit de Hambourg le 28 mai 1861. Elle parcourut toutes les côtes de Norwége, jusqu’à Hammerfäst, se dirigeant ensuite à l’ouest jusqu’au 71° de latitude, elle atteignit l’île de Jan Mayen. Elle re- vint ensuite en fslande, visita les Ferûe et les îles Shet- land, et rentra enfin dans le port de Hambourg. En gé- uéral le temps fut beau et Ja navigation fort heureuse. M. Vogt estime la Norwêége un pays fort monotone, ce qui tient peut-être à ce qu'il n’en a point visité les belles parties. Les fjords se ressemblent tous, et les mon- tagnes sont de grands plateaux très-uniformes. À Ham- merfäst l'expédition fut témoin d’un orage, phénomène fort rare dans ces latitudes. Le 10 août, le bâtiment quitta le port de Hammerfäst pour cingler vers l’ouest. I erra longtemps dans le brouillard, et le neuvième jour 1} se trouva devant Jan Mayen, île située sur les frontières de la grande banquise et découverte dès le XVI siècle par le Hollandais qui lui a donné son nom. En 1780 quelques baleiniers essayèrent d'y hiverner et d’y établir une station de pé- che, mais ils périrent jusqu’au dernier. Depuis lors, on ne s’occupa plus de l’île, sauf en 1817 où SCoresby la visita. Plusieurs navigateurs récents tentèrent de s'en approcher, mais ils furent toujours arrêtés par les gla- ces. Tel fut, en particulier, le cas.pour le prince Napno- léon, à bord de la Reine Hortense. DES SCIENCES NATURELLES. 195 L'expédition Berna fut plus heureuse, puisqu'elle réus- sit à passer cinq jours dans le voisinage de l’île de Jan Mayen, et cela par une mer entièrement libre de glaces. L'aspect de l’île est très-étrange ; c’est une masse nuan- cée de quatre couleurs tranchées : du noir, provenant de roches de laves, du rouge indiquant des laves décompo- sées, du jaune, résultant de lichens, et enfin du blane, formé par les neiges el les glaciers. Ces couleurs si vives contrastent singulièrement ensemble. La sommité de Pile porte le nom de Bärenberg. C’est un volcan, haut de 6880 pieds, dont les flancs sont couverts de glaciers et de coulées de laves, qui, les uns comme Îles autres, descen- dent jusqu’à la mer. Le rivage était littéralement couvert de pétrels (procellaires). Le côté oriental de l'ile était inabordable. Il s’en déta- chait des blocs de glaces flottantes dans lesquels on pou- vail faire une collection complète des différentes espèces de laves de l’île. Certains blocs de glace en étaient comme pétris, et entraînaient ces fragments de roche avec eux en pleine mer, observation importante pour la théorie des blocs erratiques. Il fut cependant possible d'aborder du côté opposé, et nos navigateurs reconnurent que Pile entière est composée uniquement de coulées de laves et de cendres. [ls découvrirent un cratère auquel ils don- nérent le nom de cratère Berna ; il était rempli de cendres et ne parail pas avoir jamais donné issue à aucun cou- rant de lave. C’est probablement ce cratère-là qui servit en 1817 à une déjection de cendres dont Scoresby fut té- moin. Le quatrième jour, M. Vogt et ses compagnons de voyage débarquêrent sur un point où le rivage est bordé d'une dune longue d’une lieue et demie. Derrière cette 496 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE dune formée de sable et de blocs de laves roulés et ar- rondis parles glaciers, se trouvait une lagune d’eau douce résultant sans doute de la fonte des glaciers. La côte sud est entièrement couverte de masses énormes de bois flottés, dans lesquels on chercherait en vain des espèces d'arbres américaines. Ce sont en effet des sapins de Nor- wége que le Gulf-stream entraîne vers le Spitzberg, d'où ils sont ramenés par un courant polaire jusqu'à Jan Mayen. En outre cette côte est couverte d'épaves sans nombre, parmi lesquelles nos voyageurs trouvérent un tonneau à moilié plein d’un vin de Bordeaux presque po- table. Sur la côte septentrionale on ne trouve point de bois. En revanche, le rivage est couvert de vertèbres, de côles et autres ossements de baleines. Les glaciers de Jan Mayen ne ressemblent nullement aux glaciers plats de l'Islande et du Grœnland. Ils sont au contraire parfaitement semblables aux glaciers de nos Alpes avec leurs moraines, leurs fissures, leurs crevasses, leurs aiguilles. Il semble donc résulter de là que l’appa- rence particulière des glaciers du Spitzberg, du Grœn- land et de l'Islande résulte moins de l'influence du cli- mat que de celle de l'inclinaison. On observe d’ailleurs en Norwége que pour tous les glaciers à inclinaison ra- pide, la limite des neiges est beaucoup plus élevée que pour les autres. Le Bärenberg est formé entièrement de coulées de la- ves superposées et descendues du sommet, mais il n'existe aucune trace de cratère de soulèvement. La flore de l’île est extrêmement pauvre. Elle ne comple que douze espèces de plantes phanérogames (Ranunculus glacialis, etc.), des moussesgt des lichens. La faune est surtout riche en oiseaux. M. Vogt a été DES SCIENCES NATURELLES. 197 frappé, en particulier, de l'abondance des eiders mâles. On a déjà remarqué en Norwége que les mâles de celte espèce de canard disparaissent aussitôt après la ponte. Il paraît done qu'ils émigrent à celle époque vers Jan Mayen. En outre M. Vogt cite des pluviers, des pétrels, des moueites, et en fait de mammifères, des renards bleus, mais pas d'ours blancs. M. Vogl termine en donnant quelques détails sur lIs- lande, en particulier, sur l'excellence des chevaux islan- dais, dont il regarderail l'importation en Suisse comine une précieuse acquisition. j M. Rud. Wolf, professeur d'astronomie à Zurich, pré- sente le rapport de la Commission instituée l'an dernier pour examiner s’il y a lieu pour la Suisse à prendre part à une nouvelle mensuration du méridien terrestre. Il ré- sulle de ce rapport que cette opération géodésique est d’une haute importance, et que tous les états qui nous avoisinent ont déjà décidé d’y prendre part. La Suisse et la Suêde sont seules restées en arrière. Malheureusement, malgré l’insistance de la Commission, le Conseil fédéral n'a pas encore demandé aux chambres les crédits néces- saires. La Commission est chargée de renouveler ses instances auprès des autorités fédérales, et la société confirme la nomination de M. le professeur Plantamour, comme membre de la Commission, en remplacement de M. Riler, décédé. M. Thury lit an nom de M. le professeur De la Rive une note sur latelier établi à Genève pour la construction d'instruments de physique. Aprés avoir insisté sur le besoin qu'éprouve la science expérimentale, au point où elle est parvenue actuellement, d'instruments très-par- 198 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE faits, M. De la Rive annonce l’établissement à Genève d’un atelier de construction destiné à satisfaire à ce besoin. Le but qu’on à eu surtout en vue, @’est d’unir une grande simplicité à une grande précision. Sans entrer dans beau- coup de détails, M. De la Rive signale, en particulier, comme remplissant les conditions désirées, un manomé- tre à mesure, quelques instruments de météorologie, no- tamment l’hygromêtre à cheveu de De Saussure, un mi- croscope simple, etc. L'emploi de Paluminium dans la fabrication des appa- reils destinés à démontrer les lois de Pélectrodynamique a été très-heureux, car il a permis d'obtenir des effets trés-prononcés et très-apparents, avec des forces électri- ques bien inférieures à celles dont on avait besoin pour ce genre d'expériences. M. De la Rive indique encore un mode de construction de la pile de Grove, qu'il a imaginé, et qui la rend d’un maniement beaucoup plus commode, tout en augmentant sa puissance. Il insiste, surtout, en terminant, Sur la nécessité, pour étudier les propriétés si curieuses que présentent les gaz extrêmement raréfiés dans leurs rapports tant avec la chaleur qu'avec l’élec- tricité, d’avoir des appareils faits avec beaucoup de soin, de manière qu’ils puissent tenir un vide aussi parfait que possible, et le conserver longtemps ; et il ajoute que £es desiderata ont été complètement remplis par les appareils très-variés construits dans le nouvel atelier. Îl entre à cet égard dans quelques détails sur les résultats qu'il a déjà obtenus en étudiant la propagation de l'électricité dans quelques gaz différents, amenés à divers degrés de raréfaction, depuis 15 millimètres de mercure jusqu’à un demi-millimètre. Du reste, M. De la Rive renvoie à Pexhibition et à la DES SCIENCES NATURELLES. 199 description que doit faire M. le professeur Thury dans la section de physique, de plusieurs des instruments aux- quels il vient de faire allusion, ne pouvant dans celte no- tice générale en donner une idée suffisamment complète et détaillée. La Société ues sciences naturelles de Luçerne présente, par l’intermédiaire de son secrétaire, une notice histori- que fort curieuse sur le Drachenstein. 1 résulte de cette notice qu'un paysan du nom de Stämpfh vit, il y a quel- ques siècles, nn dragon de feu s’élancer du Righi sur le Pilate en répandant une odeur nauséabonde. Cet être merveilleux vomil en passant une pierre singulière qui à depuis été conservée avec soin, et qui est connue sous le nom de Drachenstein. Cette pierre, qui est présentée à l'assemblée, est sphérique. Elle présente deux calottes polaires rougeâtres et une zone équatoriale blanche, avec des dessins en forme de virgule. Elle a passé longtemps pour posséder des vertus médicinalestout exceptionnelles. Toutefois, en passant de main en main, elle paraîl avoir perdu de ses propriétés miraculeuses dans la même pro- portion que l’instructionse répandait dans le pays. La So- ciété des sciences de Lucerne croit devoir admettre que le Drachenstein est une pierre météorique, et que le dragon de feu était une apparence due à une décharge électri- que. L’odeur nauséabonde avait sans doute sa source dans des vapeurs sulfureuses accompagnant le météore. Cette opinion semble confirmée par les résultats de lPexa- men microscopique auquel M. le professeur Ehrenberg, de Berlin, a soumis la matière rouge des calottes polai- res. Ce savant croit, en effet, reconnaître üne identité complète entre celte malière et la poussière atmosphéri- que à laquelle il a donné le nom de Passatstaub. Plu- 430 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE sieurs assistants paraissent néanmoins disposés à croire que le Drachenstein est tout simplement un produit arti- ficiel. SECTION DE PIIYSIQUE. M. le professeur Wiedemann, président M. le professeur Wild, de Berne, présente son photo- mètre el en donne la théorie. On sait que lorsqu'un rayon de lumière polarisée passe à travers un prisme de spath calcaire à faces pa- rallèles (non perpendiculaires à l'axe), il est divisé en deux rayons polarisés dans des plans perpendiculaires l'un à l’autre, eten désignant par £E? l'intensité du rayon extraordinaire, par O* celle du rayon ordinaire, et par a l'angle que fait le plan de polarisation de la lumière incidente avec le plan principa! du prisme, on a, selon la loi de Malus : En sortant du spath les deux rayons se composent pour former de la lumière plus ou moins polarisée, se- lon que les valeurs de £? et de 0? sont plus ou mains différentes entre elles; pour a — 45, E* et 0° sont égaux, et la lumière émergeante est ordinaire. L’appa- reil de M. Wild consiste dans un prisme de Nicol, rece- vant de la lumière de deux sources, de telle manière que les deux faisceaux lumineux soient séparés par une ligne droite; les rayons passent alors par le spath calcaire, et dans une bande parallèle à la ligne de séparation, il y a interférence des rayons, qui appartiennent aux deux sources différentes. Lorsque nous désignons par JZ2 et DES SCIENCES NATURELLES. 431 J,2 leurs intensilés respectives primitives, ces intensités deyiennent, après avoir passé le prisme de Nicol et le spath, F2. C.cos? a et J,?.C.sin?a en appelant Cle coéficient de l'absorption. En tournant le prisme de Nicol jusqu'à ce que les deux intensilés soient égales, on a : TC cos" a 17.0. Sipfe ou bien : J3 sin?a : AR cos — DANS de sorte que Je rapport des deux intensités est Géler- miné par la mesure de l'angle a. Pour juger si la lumière sortant du spath n’est pas po- larisée, M. Wild se sert, dans son photomètre, d'un po- lariscope, qui est composé de deux plaques de cristal de_roche et d’un prisme de Nicol analyseur; lorsque la lumière est polarisée, on voit des franges colorées , que Von fait disparaître en tournant le premier prisme de Nicol, et de cette manière on mesure l'angle a. M. Wild montre aussi comment son appareil peut être changé, d’une manière très-simple, en polarimêtre, c'est-à-dire en appareil servant à la déterminalion de la quantité de lumière polarisée qui se trouve mêlée à la lumière ordinaire. La faute que l’on risque de commettre dans une dé- termination à l’aide de ce photomèire ne surpasse pas un millième. Le résultat le plus intéressant que M. Wild ait trouvé avec ces instruments est que la loi de Malus exprimée par la formule : 132 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE E? _ sin?a 0? cos 2 a. n’est qu’une loi approximative ; en effet, en déterminant l’angle a, pour lequel Æ? devient égal à C?, on ne trouve pas 45°, mais 44° 36°. En se servant des formules gé- nérales données par M. Neumann pour la réfraction dou- ble dans les cristaux, M. Wild a trouvé par la théorie le même résultat. M. Goldschmidt, de Zurich, présente un instrument universel pour les voyageurs qui ne veulent pas se char- ger de beaucoup de bagage; en effet, deux petites boîtes et une canne contiennent un baromètre, un thermomé- tre, un hygromèêtre, un théodolite, une planchette, un compas et un carnet de notes ; mais tout cela est natu- rellement en miniature. M. le professeur Wiedemann, de Bâle, fait une com- municalion sur les aimants. Ses résullats sont favorables à la théorie mécanique du magnétisme, qui suppose l'existence dans le fer et l’acier d'éléments magnétiques (par exemple des courants électriques circulaires) dans toutes les directions, et qui explique lPaimantation par la prédominance des éléments dans une direction. C’est surtout le rapport entre les actions magnétiques et mé- caniques qui est important sous ce point de vue. Parmi un grand nombre de faits observés, M. Wiedemann choi- sit quelques-uns des plus frappants. Si l'on fait passer par exemple, un courant par un fil d'acier, ce fil ne de- vient pas magnétique pour cela : cependant le magnétisme apparaît aussilôt qu’on tord le fil. D’un autre côté, lors- qu’on aimante un fil de fer qui est parcouru par un Cou- rant, le fil se tord. Un autre fait, qui vient à l'appui de la même théorie, c’est que pour des courants croissants DES SCIENCES NATURELLES. 133 le magnétisme s’approche d’un maximum, tandis que pour des courants faibles, le magnétisme croit plus que proportionnellement à l'intensité du courant. M. Thury lit une notice sur quelques instruments nou- veaux construits à Genève dans l'atelier de M. Schwerd, d’après les indications de M. le professeur A. de la Rive et de M. Thury. Ces instruments, transportés à Lucerne pour être mis sous les yeux de la société, sont les sui- vant : 4° Un hygromèétre à cheveu, dont l’aiguille est en alumi- oium, les pivots en bronze d'aluminium, et où l’on a remplacé le poids tenseur du cheveu par un spiral en or. La graduation de l'instrument se compose de deux échelles superposées, dont l’une est divisée en degrés arbitraires, et l’autre en centièmes de saturation ; cette dernière division est obtenue directement pour chaque cheveu , au moyen de la tension manométrique de la vapeur d’eau, com- parée aux indications de l'hygromètre. 9 Un instrument nouveau, fondé sur le principe de la boussole des tangentes, et destiné à mesurer l'intensité absolue de courants électriques de force quelconque. Les mesures fournies par cet instrument restent toujours comparables. 3° Un voltamètre où le tube destiné à recueillir les gaz se remplit d’eau, après chaque expérience, par un mouvement de bascule d’une partie de l’appareil. 4° Un appareil dessiccateur, pouvant servir également pour l’évaporation dans le vide. 5° Un grand appareil pour la démonstration des lois d'Ampère, marchant avec un seul couple de Grove. 6° Une règle métallique flexible et ajustable, pour le tracé des courbes et les interpolations graphiques. 134 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE 7° Un microscope simple, destiné aux observations d'histoire naturelle, et spécialement aux dissections. 8° Un élément de la nouvelle pile à flacon de M. le professeur de la Rive. C’est une modification de la pile . de Grove, où le platine est extérieur, et où l'acide nitri- que ne se déplace jamais, ce qui rend là manœuvre de la pile beaucoup plus commode et rapide. Cette pile ne donne pas de vapeurs nitreuses. 9° Un thermomètre à mercure et à minima, sans Cur- seur. Cet instrument nouveau, fondé sur le principe de l'adhésion du mercure dans le vide pour les parois des Lubes de verre, est de l'invention et de la construction de M. Casella, habile artiste de Londres. 10° Une petite Lable destinée à mettre de niveau les instruments qui ne sont pas munis de vis de calage. 11° Eafin, comme appareils de démonstration, on ins- truments de laboratoire n’offrant aucune particularité nouvelle : une pompe à main aspirante et foulante, de M. Regnault, avec sa platine. Un modèle de l’appaïeil de M. Colladon pour la mesure de la vitesse des sons dans l’eau, el un modèle de télégraphe de Morse. SECTION DE CHIMIE. M. le professeur Schônbein, président. M. le docteur Goppeisrôder, de Bâle, a découvert dans Pextrait des pétales des mauves un réactif très- sensible pour les alcalis et les azotiles alcalins. L’extrait de mauves est violet eLil devient ronge quand il est traité par un acide; on teint da papier avec cel extrait rouge et l’on s’en sert de la même manière que du papier de tournesol où de curcuma. Les bases alcalines rendent DES SCIENCES NATURELLES. 139 ce papier violet. lorsque les solutions sont faibles, et vert lorsqu'elles sont plus conscentées. Lorsqu'une solution contient seulement !/,,60509 de Soude caustique, ce réac- tif se colore encore en violet, tandis que les réactions à l’aide du papier de cureuma ou de tournesol laissaient ici en. défaut. La même réaction se manifeste avec les azolites alcalins : ainsi le nitre fondu et le nitre ordinaire du commerce donnent cette réaction, pendant que Pazotate de potasse chimiquement pur ne la donne pas. L’extrait des feuilles, des poires écrasées, le thé, le café, l'urine, le lait la donnent de même, de sorte que l’on pent con- clure que ces corps contiennent des nitrites alealins. M. le professeur Schônbein montre quelques cxpé- riences avec l'iade, qui paraissent en désaccord avec les réactions connues. On admet généralement que l'iode libre donne toujours la réaction connne avec l’amidon ; mais il n’en est pas ainsi. Le protochlorure de mercure (sublimé corosif) et d’autres sels de mercure ont la pro- priété d'empêcher la coloration de l'amidon, laquelle ap- paraît cependant dès qu'on ajoute du chlorure de sodium, du sulfate de potasse, des acides chlorhydrique, bromhy- drique ou iodhydrique, de liodure de potassium et d'au- tres corps semblables. De même lorsqu’à ane dissolution d'iode on ajoute de la potasse en quantité suffisante pour qu'il n’y ait plus d'iode libre et que lamidon soit entière- ment décoloré, la coloration reparaîl dès qu'on ajoute du chlorure de sohinm. Ure autre communication de M. Schôünbein est relative aux azoliles el aux azolales, qui se trouvent tont formés dans la nature. Le réactif pour les azotites est l'amylum avec de liodure de potassinm et un acide. L'acide azo- teux est alors mis en liberté. À l'aide de ce procédé on 436 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE trouve des azotites dans l’eau qui a été exposée à l'air, dans la salive, dans l'extrait de différentes plantes, etc. I y a d’autres plantes qui contiennent des azotates ; celles- là montrent la réaction en question seulement au bout de 42 à 94 heures, parce que la substance organique doit d’abord réduire les azotates en azolites. Tel est le cas pour lPortie ordinaire. D’autres plantes contiennent à la fois des azotites et des azolates. C’est ainsi que l'extrait de la salade ordinaire donne d’abord la réaction des az0- üites ; puis la réaction disparaît, parce que les azotites sont détruits; mais elle reparaît au bout de 12 ou de 24 heures, lorsque les azotates ont été réduits en azotiles. M. le professeur Müllinger, de Soleure, présente à la société des toiles enduites d’asphalte, qui peuvent servir à recouvrir des toits, des balcons, ete. On rend l’asphalte liquide en y ajoutant du goudron et on en imbibe la toile. Ces toiles sont entièrement imperméables à l’eau et ne sont point très-inflammables. SECTION DE GÉOLOGIE. M. P. Mérian, président. — M. Kaufmann, secrétaire. M. le professeur Favre, de Genève, met sous les yeux de la section un travail dont il sera rendu compte dans un des prochains numéros de ce journal. M. Ch. Meyer, de Zurich, présente un Essai de clas- sificalion des bélemniles des terrains jurassiques dans le- quel il décrit quelques espèces nouvelles appartenant à ce genre}. 1 ]l sera rendu compte de ce travail dans un des prochains numéros des Archives. DES SCIENCES NATURELLES. 437 M. le professeur Théobald, des Grisons, parle de la géologie des Grisons. La coupe générale des formations est la suivante : i. Lias gris contenant des Belemnites. 9. Schistes d’'Algau avec l'Ammonites valdani. 3. Lias rouge avec Ammoniles. 4. Le calcaire de Dachstein avec le Mégalodus scutatus. D. Les schistes de Küssen avec l’Avicula contorta, Tere- bratula cornuta, Gervillia inflata, etc. 6. La Dolomie supérieure est très-puissante, elle forme de grandes montagnes. 7. Le calcaire de Hallstadt, calcaire gris, sans fossiles dans les Grisons. 8. La marne de Partnach, schiste noir ou gris à Bac- tryllium Schmidii, Halobia Lommelli, peu puissante. 5. Le Plallenkalk où calcaire de Virgloria, calcaire noir à silex raboteux. Terebrutula trigonella, etc. 10. La Dolomie inférieure qui a quelquefois la forme de cargneule, de calcaire dolomitique et de conglomérat. Elle est fort étendue et très-puissante. 11. Le Verrucano est un conglomérat de quartz et de roches siliceuses. 12. Les schistes de Casanna sont des schistes chlori- eux où rmicacés qui passent aux schistes argileux. 13. A la base se trouve des gneiss et des roches am- hiboliques. 14. Çà et là on trouve des serpentines qui ont fait irruplion et rendu rouges et verts les schistes qu’elles ont traversés. Les traces du métamorphisme sont beau- coup plus visibles à une certaine distance de la roche érup- live que dans son voisinage immédiat. M. Théobald attribue les formes des roches à des bour- AnCHIVES. T. XV, — Octobre 1862. 10 138 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE soufflures produites par la cristallisation et suivies de fissures et d’effondrements, plutôt qu’à des soulévements agissant de bas en haut. M. le professeur Escher de la Linth donne une coupe détaillée de Ja montagne du Murlschenstock, située dans le canton de Glaris, au sud du lac de Wallenstadt. Le sommet de la montagne est formé par des couches de calcaire jurassique coralliennes ou oxfordiennes complé- tement renversées. Les terrains qui constituent le massif du Murtschenstock sont les suivants, en partant des bords du lac : 4° Le calcaire de Seeven, qui est équivalent de la craie; 2° Le gault ou grès vert; 3° Le néocomien, au- dessous duquel on trouve une couche renfermant de nombreuses traces d’éçrevisses. Celle couche est très- développée à une grande hauteur, pas loin du sommet de la montagne ; 4° Un calcaire à apiocriniles reposant sur un calcaire noir ; 5° Calcaire à Nérinées ; G° Des couches que l’on peut regarder comme les équivalents du coral- lien et de l’oxfordien; © Une couche de fer cullowien ; 8e Le terrain jurassique inférieur (Lias?): 9° Le trius; 10° Le grès arkose et le verrucano qui, du côté du sud, alleint un très-grand développement. M. le professeur Heer, de Zurich, expose des Considé- rations sur les aspects variés de lu Suisse dans les diver- ses époques géologiques. Il insiste particulièrement sur l'époque carbonifère. A ce moment il existait en Suisse deux grandes îles. Les Alpes formaient l'ile Pennine avec de nombreux fiords. Elle s'étendait du Valais en Siyrie et était habitée par les plantes qui accompagnent l'anthracite. Beaucoup d'entre elles sont terrestres, quelques-unes sont d'eau douce. La seconde île, qui était probablement assez grande DES SCIENCES NATURELLES. 139 pour qu’on puisse la désigner sous le nom de continent, avait une de ses parties dans le nord de la Suisse ; c'était l'ile de la Forêt-Noire et des Vosges qui s’étendait jus- qu’en Scandinavie. Elle était cowverte de la végétation qui à laissé de nombreuses traces dans le terrain houiller. Autour de ce continent se sont déposés le grès bigarré et le muschelkalk dans une mer peu profonde, qui, en se desséchant sur ses bords, a laissé les gypses et les sels qui appartiennent à cette formation. Après sont venues les marnes irisées avec leur flore riche et abondante. Près de Bollingen, on trouve dans celte formation des plantes marines et des cardinies qui vivaient probablement dans l'eau saumäâtre. Entre l’île Pennine et le continent, qui était terminé dans sa partie méridionale par la Forêt-Noire, se trouvait un grand détroit dans lequel on peut suivre la succession des formations marines jusqu’à celles qui appartiennent à l’époque miocène ; à cette époque, l’eau, de marine qu’elle était, devint saumâtre, puis douce, et la molasse d’eau douce se déposa. Il paraîtrait qu’à l’époque créta- cée, il s'est opéré dans ce détroit un soulêvement lent qui a duré longtemps, ce qui explique le recul successif du côté de l'Ouest des rivages des diverses formations crélacées. M. le professeur Kaufmann, de Lucerne, communique des Observations sur les foraminifères des terrains cré- lacés des Alpes. Les foraminifères du calcaire de Seeven (craie des Alpes) sont si abondants que cette roche en est à peu près entièrement formée. Ils paraissent être sem- blables à ceux de la craie des autres pays. Dans toutes les localités où M. Kaufmann a examiné le calcaire de Seeven, il y a toujours rencontré les mêmes espèces ; 140 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE elles peuvent done servir à le reconnaître. Pour bien les voir, il faut polir la pierre, puis la chauffer au chalumeau jusqu’au rouge sombre; si on chauffe trop fort, le ceal- caire se décompose. La chaleur fait que les lignes des foraminifères se détachent en blanc à la surface de la pierre. On frotte légèrement cette surface avec de l’huile, et on la regarde à un fort grossissement. Pour isoler les foraminifères, on choisit un morceau argileux du calcaire de Seeven, on le pulvérise bien, puis on lave la poudre; les particules calcaires sont entrai- nées, le résidu se compose de foraminifères. Pour les voir nettement, on a essayé de les imprègner de baume de Canada, mais ce moyen n'est pas bon, le baume durcit et empâle les foraminifères. Le baume du Pérou, qui ne dureit pas, est préférable. On trouve des foraminifères dans le gault. Ils y sont très-nombreux. Dans le calcaire urgonien on en trouve aussi une grande quantité. On peut les apercevoir à la oupe et ils servent à le reconnaître. Dans le néocomien, les foraminifères sont rares. M. Vogl ajoute que les foraminifères du calcaire de Seeven, qu'il examine séance tenante, ressemblent beau- coup à ceux de Caltanizetta, en Sicile. M. le professeur Kaufmann présente encore à la Société une série de cailloux impressionnés du Nagelfluhe, dans laquelle on voit plusieurs cailloux calcaires qui ont laissé leur empreinte sur des cailloux de silex. M. Desor expose quelques idées sur l'influence que les glaciers ont eue sur la configuration du sol dans la chaîne des Alpes. Il s'attache surtout à réfuter lopinion de M. Ramsay, que ce savant vient de publier dans le Quarterly Journal de la Société géologique de Londres, DES SCIENCES NATURELLES 441 tome XVIIE, p. 85, On the glacial Origin of certains La- kes in Swilzerland, the Black Forest, etc. SÉANCE DU JEUDI 24 SEPTEMBRE. Suite de la section de Géologie. M. Mœsch, d'Argovie, présente le résultat de ses re- cherches sur le Jura blanc du canton d’Argovie. Son tra- vail se résume dans le tableau suivant qui indique l’or- dre des couches et leurs épaisseurs en pieds, dans les diverses localités du terrain qu’il a étudié. | Brugg. | Olten. | Wangen. Egerkin-| Guns- | Guns- | gen. berg. \brunnen. Gouchesa Cidaris..24 2... 05. ee 80 30 | manque! 45 nel . | Calcaire de Baden. ........:..:........... | 45 | manque) manque! manque! manque? 300 Kimméri- | Calcaire lithographique ou couches à Pentacrines En | 25 | manque ere | Knollenschichten {couches à rognons)...:..... 19,000) 2030 40 ? f MBalcaireblanc 2... 8e. ee mc 102 12 60 60 120 60 Corallien. | Couches à Rhabdocidaris Caprimontana. 20 | manque] manque manque ne | Couches à Hemicidaris crenularis. . ...... a. manque! 100 | 50 180 | 250 à Chailles. Péouchesdu Geissbert 08... 2. 110 30 30 60 DE 60 Mouche d'Elfinger 222. va S- 0. 0) 800 | 2002200 | = 30 | 260 -|#4160 ? Oxfordien. Couchegde Birmensdorf. - & 5.8 ne, 25... 20 | 6 18 25 10 Ornathenthon ou marnes oxfordiennes. Couches à Ammonites macrocephalus. ‘ SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES. 143 Tous les géologues ne sont pas d'accord avec M. Mæsch sur la succession des couches indiquées dans ce tableau. La comparaison de ce tableau avec les divisions des terrains jurassiques supérieurs, dans les cantons voisins de Soleure et de Berne, a conduit M. Mœæsch à paralléli- ser les groupes supérieurs de l’Argovie avec le Kim- méridien et même avec le Virgulien du Jura bernois. Sa couche à Cidarites qu'il envisage comme l'équivalent du calcaire de Nattheim correspondrait au Kimméridien de Délémont et les couches du tunnel de Baden qu'il envisage comme supérieures correspondraient au Vir- gulien, en sorte que, dans son opinion, Lous les étages du Jura supérieur seraienb représentés en Argovie, avec un aspect et un caractère il est vrai assez différent. M. Gressly qui a accompagné M. Mæœseb dans ses récen tes excursions, reconnaît que le type argovien Se main- tient sur plusieurs points du canton de Soleure, spécia- lement aux environs d'Ollen; mais il n’en est pas de même dans les autres parties du canton. A partir de So- leure, les horizons se modifient considérablement. Les groupes du Jura argovien ne sont plus guère reconnais- sables. Ce sont au contraire les types du Jura occidental qui apparaissent de plus en plus distinctement. M. Gressly montre par un tableau comparatif que deux géologues qui se rencontreraient à Soleure, l’un venant de VArgovie, l’autre du Jura neuchätelois, éprouveraient la plus grande difficulté à se mettre d'accord. Ils ne le pourraient qu’en Supposant que de part et d'autre la plupart des groupes viennent s’éleindre aux environs de Soleure, de manière à former en ce point un enchevêtre- ment des plus compliqués. Or, une complication pareille 144 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE n’est pas naturelle. On arriverait sans doute à une con- cordance plus satisfaisante, en admettant que le Jura su- périeur de l’Argovie n’est pas plus récent que l’Astar- üen, et qu’une parlie des horizons de M. Mœsch ne sont que des subdivisions locales du Corallien et de PAstar- tien. C’est ce que l'étude des fossiles nous apprendra sans doute bientôt M. Lang de Soleure, fait voir une série de fossiles qu'il a recueillis dans une excursion qu’il vient de faire aux environs de Soleure, en vue de ce même parallélisme proposé par M. Mœæsch. Les fossiles appartiennent à deux formations. Les ups proviennent d'une couche siliceuse très-bouleversée, qui se trouve à Lengnau adossée* aux couches jurassiques. Ce sont plusieurs espèces d’Echinides que M. Desor considère comme appartenant au néocomien. [l y recon- naît le Pygurus Montmollinr et l'Echinobrissus subquu- dratus, tous deux caractéristiques du néocomien moyen ou vrai néocomien. La seconde série des fossiles de M. Lang appartient au Jura supérieur. Ce sont des Nérinées et plusieurs échantillons de lOstrea virgula qui apparaît pour la premiére fois dans le canton de Soleure. Ces échantil- lons proviennent de Lomliswyl, à une lieue à l’ouest de Soleure. La couche qui les renferme est surmontée par un cal- caire dolomitique caverneux, qui rappelle l’assise vir- gulienne supérieure de la Chaux-de-Fonds ; elle repose en revanche sur une puissante couche à Nérinées, qui elle même recouvre le calcaire à Tortues de Soleure. M. Lang a recueilli dans ce dernier toute une série d’Hemicidaris mitra qui est l’oursin le plus caractéristique de cet ho- DES SCIENCES NATURELLES. 445 rizon. Il en résulte que le calcaire à tortues, bien que formant à Soleure assise supérieure du Jura, ne saurait plus être considéré comme le groupe supérieur de la série, puisqu'il S’enfonce à Lomliswyl sous un système de couches plus récent, qui sont sans doute l'équivalent du Virgulien de Neuchâtel. Les détails donnés par M. Lang se résument dans la coupe suivante : 4° Couche de 40 pieds d'épaisseur, indéterminée. 2» à Exogyra virgula 3 » à Nerinea depressa 4» à Fucoides, hypovirgulien de Thurmann 5» à Hemiciduris mitra, Strombien. M. Desor de Neuchâtel, tout en rendant hommage au travail de M. Mœsch, pense qu'il n’y a pas de raisons suffisantes pour rapporter à l’étage Kimméridien et à l’é- tage virgulien, les Lerrains supérieurs du tunnel de Ba- den, ces terrains renfermant des échinides qui ont un facies astartien sinon corallien. M. Desor croit que les terrains jurrassiques supérieurs de l’Argovie, appartien- nent à l’astartien et au corallien supérieur. Le calcaire à tortues de Soleure lui semble également devoir ren- trer dans l’astartien, par la raison que l'échinide le plus caractéristique de cet étage, l'Hemicidaris mitra, se trouve ailleurs associé à l'Hemicidaris Thurmanni qui caracté- rise à Delémont l’astartien supérieur. ! On sait que cette 1 Note de M. Desor : est vrai que dans le Catalogue des Echinodermes et dans le Synopsis V'Hemicidaris Thurmanni est rapporté au Kimméridien. Il se trouve dans le Porrentruy dans le Ptérocérien inférieur de Thurmann, que l'on avait hésité à classer dans l'Astartien. Il se trouve aussi à la Vorbourg près de Délémont et c’est peut-être lui qui a fait ranger dans le Kimméridien les terrains de cel endroit. Virgulien. 146 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE assise forme à Soleure la couche supérieure de cet endroit. M. Lang vient de nous apprendre que des couches plus récentes viennent se superposer à Lomliswyl. C’est là par conséquent qu'il convient de placer la limite des ter- rains jnrassiques supérieurs. M. Mérian, de Bâle, fait remarquer que les conches d’Effinger, que M. Mœæsch parallélise avec le groupe Alpha de Quenstedt, n’a de commun avec ce dernier qu’un seul fossile, la Terebralula 1mpressa, encore la ressemblance n'est-elle pas complète. Il pense que lon ne peut raisonnablement établir le parallélisme de deux couches sur une seule espèce de fossile. C’est cependant ce qu'ont fait quelques géologues qui ont par ce moyen regardé comme synchroniques le calcaire de Baden et les couches de Birmensdorf. M. le professeur Kaufmann de Lucerne, communi- que ses observations sur la structure du Vitznau-Stock, montagne placée au sud du Rigi. La crêle de cette mon- tagne est composée d’urgonien. blanc. Le grand massif est un calcaire siliceux noir; c’est le véritable néoco- mien. Sur le revêtement extérieur apparaissent des cou- ches nummulitiques et un lambeau de craie blanc. Le massif tout entier représente une voûte comprimée plongeant au sud. Mais sur le revers sud de la monta- gne la disparition des couches est plus compliquée, il Maintenant, dit M. Desor, que j'ai sous les yeux toute la faune des échinides de celte localité, je n'hésite pas à en faire de l'As- tartien. Or comme les radicles de l'Hemicidaris Thurmanni sont excessivement nombreuses dans certaines couches et assez carac- térisées pour pouvoir êlre facilement reconnues, j'estime qu'elles peuvent fournir un excellent horizon pour déterminer la fin de l'é- tage aslartien et partant du Jura moyen. Elles seraient d’excel- lents guides que je recommande aux gévlogues. DES SCIENCES NATURELLES. 147 faut supposer un chevauchement des couches les unes sur les autres. M. Albert Müller de Bâle, donne des détails sur la carte géologique du canton de Bâle qui vient d’être publiée aux frais de la commission chargée de l’exécu- tion de la carte géologique de la Suisse. Il expose la dis- tribution des terrains dans le canton et insiste sur la dif- férence qui existe entre le plateau jurassique et la chaîne jurassique. Il signale le triple chevauchement des terrains dans le plateau.' SECTION DE ZOOLOGIE ET DE BOTANIQUE M. le professeur Heer de Zurich, président. M. le professeur Heer présente un mémoire sur les distinctions spécifiques des pins suisses. Jusqu'ici les caractères essentiels pour la distinction des espèces dans le genre Pinus ont été tirés de la forme et de la structure des cônes. Le travail principal sur ce sujet est celui de M. Willkomm qui doit être mis à la base de toutes les nouvelles recherches sur ce sujet. Ce botaniste distingue quatre espèces sous les noms de P. sylvestris, P. unci- nala, P. pumilio et P. mughus, d’après la structure symétrique ou asymétrique des cônes, et la position de Pumbo dans l’apophyse des écailles. C’est ainsi que M. Wilkomm est amené à réunir sous le nom commun de P. uncinatla de formes très-disparates, comme de grands arbres et de simples buissons. M. Heer ne saurait accepter comme naturels les grou- pes auxquels M. Willkomm a attribué les noms spéci- fiques que nous venons de citer. Chez le P. uncinala, la forme de l’apophyse est très-variable et son umbo est 1 Voyez Archives 1861, t. XI, p. 169. 148 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE tantôt très-excentrique, tantôt très-voisin du centre. En outre {a forme asymétrique des cônes présente fréquem- ment des passages incontestables à la forme symétrique qui caractérise le P. pumilio. En réalité le P. uncinata ne peut-être distingué spécifiquement du P. pumihio pas plus du P. mughus, lequel par parenthèse ne se trouve pas en Suisse. Nous ne possédons par conséquent en Suisse que deux espèces de pins, pour lesquels M. Ileer accepte les noms de P. sylvestris et de P. montana. La première est l’espêce commune, formant de grands ar- bres à écorce d’un brun rougeâtre,. lamelleuse, arbres dont le sommet s'étale en forme de parasol. Les piquants verts sont leintés de bleu sur le côté supérieur. Les cônes sont munis d’un long pédicelle et rejetés en arrière. La seconde espèce, le P. montana, a un port tout différent. Lorsqu'elle forme des arbres, ceux-ci ne s’étalentjamais en parasol au sommet et portent des branches dès le bas du tronc. L'écorce est d’un gris noirâtre, non lamelleuse. Les piquants sont d’une couleur fort sombre, non teintés de bleu. La position des cônes est très-caractéristiqne. Ils sont en effet droits dans le principe : plus tard ils s’in- fléchissent, mais jamais ils ne se rejettent en arrière. Les apophyses des écailles ne peuvent point fournir de ca- ractère pour la distinction de ces deux espèces. On pour- rait tout au plus citer la présence d’un cercle noir autour de l’umbo chez le P. montana. M. Heer passe ensuite à l'étude des diverses variétés que présentent ces deux espèces de pins. La première, le P. sylvestris est relativement peu variable, et l’on ne peut guère mentionner qu’une variété à piquants lan- céolés, portant des cônes à pédicelle extraordinairement long, avec des apophyses recourbées en crochet. La se- DES SCIENCES NATURELLES. 449 conde au contraire, présente des variétés nombreuses et apparaît aussi bien sous la forme d’arbres de taille col- lossale que sous celle d’arbustes. C’est mêine là une rai- son suffisante pour rejeter comme l’a fait M. Heer le nom de P. pumilio qui a cependant sur celui de P. montana l'avantage de la priorité. Les quatre variétés les plus remarquables sont designées par le savant bota- niste de Zurich sous les noms de P. uneinata, P. humilis P. pumilio et P. uliginosa. Le P. uncinata est une forme arborescente, qui atteint même dans l’Engadine une taille égale à celle de l’arole, tellement que les ha- bitants de cette vallée la tiennent pour un hybride de l’arole et du pin sylvestre. Le P. humilis de Link est un arbre nain à cônes asymétiques, avec apophyses peu développées. Le P. pumilio est également nain, mais ses cônes sont plus courts et plus arrondis. Il est rela- tivement rare en Suisse, ear on ne l’a guère rencontré avec certitude que dans les environs de Glaris et dans l’'Engadine. En revanche on trouve fréquemment des for- mes intermédiaires qu'on pourrait avec autant de droit attribuer eu P. humilis qu'au P. pumilio. Enfin le P. uliginosa forme de petits arbres qui se ramifient déjà sur le sol et ne méritent guère que le nom de buissons. L’umbo des apophyses est-très-crochu. Cette variété est commune dans les terrains tourbeux des Alpes. Quantà la distribution géographique des deux espèces de pins appartenant à la flore suisse, il faut remarquer que le P. sylvestris Se trouve partout dans la plaine, et que dans les montagnes il s'élève jusan’à la limite supé- rieure des sapins, où il n'apparait cependant qu'isolé. Le P. montana n'appartient au contraire qu'à la région montagneuse où il est fort abondant. Il s’élève jnsqu’à 450 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE 100 pieds au dessus de la limite supérieure des sapins. Ces deux espèces sont très-anciennes. Elles remontent jusqu’à l'époque diluvienne puisqu'on retrouve les dé- bris à Dürnten et Dutzlach. Ce sont les patriarches de notre flore suisse, car nons ne connaissons aucune plante actuelle dont l’origine remonte à une époque plus ancienne. Aux temps diluviens ces deux espèces parais- sent avoir vécu dans la plaine, et cela dans toute l'Eu- rope. On les a retrouvées également dans les habitations lacustres de Robenhausen. M. le professeur Claparède de Genève esquisse le dé- veloppement d'hydroïdes marins appartenant au genre tubulaire. Les embryons sortis de l'œuf présentent une forme qui rappelle tout à fait celle des méduses gymno- phthalmes les plus simples, bien que leur cavité diges- live soit un simple sac qui ne donne point naissance à des canaux gastrovasculcires. IS flottent passivement à la surface des vagues, sans présenter les mouvements alternalifs de contraction et d'expansion qui caractérisent les véritables méduses. Du milieu de la couronne de ten- tacules naît un manubrium semblable à celui des médu- ses. Cet organe présente à son extrémilé une ouverture qwonest Lenté par analogie de considérer comme la bou- che. Au bout de quelques jours, le sommet de l'ombrelle s’allonge et l’on voit naître à sa surface cinq petites émi- neuces entre lesquelles se trouve une petite dépression. Cette dépression devient de plus en plus profonde et fi- nit par constituer une véritable ouverture qui met en communication la cavité digestive avec le mondeextérieur. C’est la bouche véritable, et les pelites éminences qui l'entourent sont les tentacules buceaux en voie de forma- tion. En même temps l'embryon se fixe à l’aide de son DES SCIENCES NATURELLES. 151 manubrium à un corps étranger el renonce à la vie er- rante. Le manubrium s’allonge et constitue à partir de ce moment le pédoneule de la jeune lubulaire. Les ten- tacules primitifs qui étaient dans le principe dirigés vers le bas, comme ceux des méduses, se renversent vers le haut et forment la couronne du bras de la tubulaire. Dés ce moment le jeune individu ressemble de tous points à l'individu mère. M. le D" Reinsch de Bâle présente un travail sur les dépôts crystallins ou raphides dans les tissus des vêgé- taux. Ses recherches ont porté en particulier sur les ra- phides du rhizome d’un muguet (Convalluria mulliflora). Il a trouvé que lorsqu'on dissout à l'aide d’un réactif les cryslaux contenus dans une cellule il reste à la place de chaque cristal une membrane présentant exactement la même forme que le erystal lui-même. Cette membrane est colorée en jaune intense par la teinture diode, et pa- raît par conséquent présenter la même constitution chi- mique que le vaisseau primordial. M. Humbert, de Genève, présente au nom de M le professeur Thury, une loupe montée dont la construc- tion parail présenter divers avantages. Cet instrument sort de l'atelier de M. Schwerd à Genève. SECTION DE MÉDECINE M. le professeur Locher-Balber de Zurich, président. Avant de passer aux communications, la section a dé- cidé, sur la proposition de M. le professenr Lebert, de Breslau, que la section d'anatomie et de physiologie reste réunie à celle de médecine el que toute séparation entre la médecine théorique el pralique cesse ainsi dans le sein de la sociélé. 152 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE Le premier travail communiqué à été celni de M. Le- bert sur les productions cornées morbides. C'est là le sujet d’ane monographie dont il prépare actuellement la publication. Le point de départ de ses recherches a été un cas de la clinique de Breslau, dans lequel un jeune homme était couvert sur presque toute la surface du corps d’épaisses excroissances cornées, présentant le plus haut degré d'ichthyose. Cette maladie doit son nom à la vague ressemblance des végétations qui la caractérisent avec les écailles des poissons. Le cas, étudié par M. Le- bert, rappelle tout à fait celui, devenu célèbre, des frères Lambert, qui furent appelés, à cause de leur difformité, hommes pores-épies et qui ont si vivement intéressé les savants et le public au commencement de ce siècle. Le malade avait en outre une teigne faveuse, parasiti que, produite par les champignons de F'Oidium Schün- beini. Gette dernière affection a été guérie par les fumiga- tions de soufre brûlé sur la tête dans un vase de porcelaine, reposant sur une éponge mouillée. L’affection cutanée a été momentanément guérie par des bains simples d’a- bord, puis alcalins, aidés de frictions avec du savon noir et en dernier lieu par des bains de sublimé. Parmi les résultats microscopiques et chimiques, il faut faire ressortir surtout l’abondance de la leucine et de la tyrosine dans les croûtes, ainsi que l’existence non dou- teuse, mais surprenante d’allantoïne. La quantité consi- dérable de cholestérine démontre qu’outre l’hypersécré- tion épidermique que l’examen microscopique démontre, les glandes sébacées de la peau ont bien participé aussi au travail morbide. M. Lebert rejette le terme vague d’ichthyose et pro- pose celui de kératose ; il distingue une forme diffuse DES SCIENCES NATURELLES. 153 générale et une autre plus locale. La première montre deux formes bien distinctes, l’une acquise, se dévelop- pant ordinairement pendant la première année de la vie et montrant tous les degrés intermédiaires entre la forme presque lisse et les végétations les plus abondantes, les plus déformantes. L'autre forme, la kératose (ichthyose) congénitale se développe, au contraire, pendant la gesta- tion, ei ue permet pas la continuation de la vie. Les enfants qui en sont atteints offrent un aspect bideux, des plaques épaisses d’épiderme alternant avec des gerçures longues et profondes. Les ouvertures naturelles du corps sont très-difformes ; la vie s'éteint ordinairement pendant les premières heures ou les premiers jours de la vie. Le point de départ de la maladie est aussi bien dans les glandes de la peau que dans le réseau de Malpighi. Cette affection se trouve aussi chez les fœtus de vache. Dans un cas de la collection de Breslau, le point de départ de la maladie est dans les sacs pilifères. La kératose locale couvre parfois seulement quelques regions du corps, surtout des extrémilés qui ont Pair d'être recouvertes de larges couches irrégulières, res- semblant à de l’écorce de vieux arbres. Mais la forme la plus intéressante est celle des cornes cutanées, dont M. Lebert à réuni 110 observations, sans compter les nombreux cas de pathologie comparée. Il fait Phistoire de ces productions curieuses qui tantôt naissent d’exerois- sances papillaires, tantôt des petites glandes de la peau, tantôt de l’intérieur des tumeurs enkystées sébacées du cuir chevelu, qui sont ordinairement alors en état d’in- flammation ou même de suppuration. Leur forme est gé- néralement contournée et ces cornes de l’homme res- semblent à celles des mammifères herbivores. Leur ARCHIVES, T. XV. —— Octobre 1862. 41 154 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE analyse microscopique démontre une origine épidermi- que, tantôt papillare, tantôt folliculaire ; leur étude chimique n’est pas encore achevée. Il existe un rapport curieux entre ces productions et les cancers on plutôt les cancroïdes cutanés. L’extirpalion complète est leur meil- leur mode de traitemert. On les voil bien tomber spon- tanément, mais le plus souvent elles se reproduisent et ne tardent pas à devenir incommodes, quelquefois même fort dangereuses. Après M. Lebert, M. le D° Rüttimann, de Lucerne, communique une observation de fièvre puerpérale aves tous les symptômes d'infection purulente, terminée par la guérison. Le fait en lui-même est important : toute- fois les conclusions théoriques que l’auteur en a tirées opt paru en partie prémalurées, bien que déduites avec une connaissance approfondie de l’état actuel de la ques- tion. M. le D' Burkhardt, de Bâle, fait ensuite une commu- nication sur l'anesthésie locale, employée par lui avec beaucoup de succès pour Parrachement des dents. Un tampon imbibé de chloroforme est appliqué sur la dent condamnée, et le malade inspire pendant une demi-minute les vapeurs de chloroforme. L'effet a toujours été suffi- sant, mais le chloroforme étant également inbalé, Paction n’eat pas complétement localisée. MM. Billroth, de Zurich, et Lebert rendent justice à la valeur réelle de la méthcde, mais ils mettent néanmoins l’auteur en garde contre les effets quelquefois promptement fanestes de linbalation du chloroforme, même en quantité fort peu considé- rable. M. le professeur Billroth fait ensuite un exposé d’une opération nouvelle et fort importante, l'uranoplastique, DES SCIENCES NATURELLES. 459 inventée par M. le professeur Langenbeck, de Berlin. Cette opération à pour out de fermer définilivement et radicalement les pertes de substances congénitales et ac- quises du palais, tant de sa partie osseuse que de ses par- ties molles. Le point essentiel pour la réussite de la trans- plantation de la muqueuse du palais dur est de la détacher de los avec le périoste sous-jacent, sans quoi elle se nécrotiserait beaucoup plus facilement. Les suc- cès remarquables obtenus par MM. Langenbeck et Bill- roth dans des cas qui jusqu'alors avaient passé pour incurables, font entrer cette opération difficile, nécessi- tant toute une série d'irstruments speciaux, dans le do- maine de la chirurgie pratique, el complètent les beaux travaux faits depuis le commencement de ce siècle sur la suture du voile du palais, la staphyloraphie. M. le D' Albert Kôlliker, de Zürich, professeur à l’u- niversilé de Würzburg, expose les résullats de ses re- cherches récentes sur les nerfs du cœur. M. Bidder a déjà reconnu chez les grenouilles que le cœur ne reçoit que des rameaux du pneumogastrique et aucun du grand sympathique. En revanche, de petits ganglions micro-- scopiques sont logés dans la cloison qui sépare les oreil- lettes l'une de l’autre et dans les valvules atrioventricu- laires. M. Kôlliker est entièrement d'accord avec M. Bidder quant à cet élat anatomique, mais il a complété cette étude par des recherches histologiques sur les terminai- sons des dernières ramifications nerveuses. Le rameau cardiaque de chaque pneumogastrique pénêtre dans la cloison interauriculaire et envoie ses branches dans la paroi de l'oreillette correspondante et dans celle du ventricule. Les fibres nerveuses finissent par devenir pâ- les. se ramifient en présentant des nucléus à chaque 156 SOCIÈTÉ HELVÉTIQUE * bifurcation et leurs dernières extrémités se perdent dans les faisceaux musculaires. Les cellules ganglionnaires du cœur sont toutes unipolaires et accolées aux rameaux des nerfs pneumogastriques, tellement que les ganglions constituent de véritables gaines autour de ces rameaux. Néanmoins il n’existe aucune communication directe en- tre ces cellules et les fibres des paeumogasiriques. Les fibres nerveuses auxquelles elles donnent naissance se terminent, du reste, dans les faisceaux musculaires exac- tement comme les fibres du pneumogastrique. Les recherches de M. Kôülliker montrent done que le cœur renferme deux catégories de fibres nerveuses, les unes provenant du nerf vague, et par conséquent des centres nerveux, les autres libres de toute communica- tion avec le système nerveux central. Ce fait important prend place dans toute une série de déconvertes récentes analogues, d’après lesquelles il y aurait pour les mêmes fibres musculaires des nerfs présidant à leur contraction, et d'autres ayant pour but d’en opérer le relâchement et l'arrêt. Les ganglions seraient plutôt pour le cœur Pélé- ment qui excite la contraction, tandis que nous savons depuis longtemps, par les belles expériences de Weber, qu'en irrilant le pneumogasirique, on provoque Farrêt des contractions cardiaques. Grâce à ces ganglions et à ces cellules ganglionnaires indépendantes, le cœur peut encore se contracter après sa séparation du corps. M. le D' Aeby, de Bâle, profite de cette communica- tion pour attirer l'attention de la société sur un fait re- latif aux cellules dites de Purkinje, qui sont logées dans la musculature du cœur chez Phomme et les animaux. En traitant le tissu du cœur avec de Pacide chlorhydrique d’une concentration moyenne, on trouve dans Pintérieur DES SCIENCES NATURELLES. 157 de certaines fibres des cloisons, et, en faisant ensuite une série de préparations sur le cœur de l’homme à divers âges et sur celui des animaux, M. Aeby est parvenu à constater tous les degrés intermédiaires entre les cel- lules cardiaques découvertes par Purkinje, des séries alignées de ces cellules qui ont encore leurs noyaux et enfin des fibres musculaires dans lesquelles les cloisons indiquées persistent comme dernier vestige de lasoudure de ces cellules. M. Kôlliker objecte à M. Aeby que M. Castaldi est ar- rivé à propos de la structure des fibres musculaires du cœur à des résultats très-différents des siens. Tandis que M. Aeby fait résulter chaque fibre musculaire de la soudure de plusieurs cellules placées bout à bout, M. Cas- taldi prétend que chaque fibre est une cellule unique. Comment concilier des assertions aussi opposées? Peut- être la méthode différente des observateurs y est-elle pour quelque chose. M. Aeby traite en effet Ie tissu mus- culaire par l'acide chlorhydrique et M. Castaldi par la potasse caustique. Peut-être aussi les cellules de Pur- kinje restent-elles distinctes sans jamais se souder les unes aux autres, toute la vie durant, et dans ce cas elles n'auraient rien à faire avec la genèse des fibres muscu- laires. M. le professeur His, de Bâle, rend compte de ses re- cherches sur l'origine des vaisseaux lymphatiques. M. Teichmann a montré que les racines du système lym- phatique constituent de véritables réseaux avec des ap- pendices tubulaires aveugles, et ces réseaux dépourvus de valvules passent directement aux vaisseaux lymphati- ques proprement dits, munis de valvules. Mais tandis que M. Teichmann attribue à ces racines du système lympha- 158 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE tique des parois propres, M. le prof. His les considère comme des lacunes creusées dans le tissu des organes. On a déjà soutenu cette thèse pour les racines des chyli- fères, mais les observations de M. His lui permettent de étendre aux lymphatiques de la peau et ües autres tis- sus. Ce résultat confirme la théorie de M. le prof. Lud- wig, de Vienne, sur la cause du mouvement de la lymphe. Il s'agirait d’une véritable filtration des liquides paren- chymateux sous linfluence de la pression sanguine. Bien des faits parlent en faveur de cette théorie, ainsi par exemple l’augmentation de la quantité de lymphe après la ligature des veines, le retour par les lymphatiques des éléments liquides d’une injeetion faite dans la circulation sanguine, tandis que les éléments solides de l'injection sont restés dans les vaisseaux sanguins, etc. M. Donders avait, il est vrai, objecté à cette théorie que l’affluence de la lymphe dans le parenchyme devait comprimer le vais- seau lymphatique et que celui-ci ne pourrait, par consé- quent, se remplir. Mais cette objection tombe d’elle- même dès qu'il est démontré que ces vaisseaux n’ont pas de parois propres. M. Kôülliker ajoute que l’objection de M. le professeur Donders tombe de toute manière. En admettant, en ef- fet, que les racines des lymphatiques aient des parois, il n’est point vrai que la turgescence de l’organe sous l’in- fluence de la pression sanguine doive comprimer les vaisseaux lymphatiques. Elle doit bien plutôt en amener la dilatation. C'est ce qu'il est facile de prouver par beau- coup d'exemples, et nous nous contenterons de signaler ici celui de la dilatation du canal de lurêthre sous lin- fluence de la turgescence des corps caverneux. M. Lebert fait ressortir toute l'importance de ces com- DES SCIENCES NATURELLES. 199 municalions d'anatomie et de physiologie. Elles présen- tent non-seulement l'intérêt de faits bien observés, en- tourés de toutes les garanties d'exactitude, mais elles trouvent aussi leur application à la pathologie, à celle du cœur, des vaisseaux lymphatiques, à la propagation de l'infection d’une partie du corps à une autre. Il ex- prime le, désir qu'à l'avenir la section d'anatomie et de physiologie continue à siéger dans celle de médecine. M. le professeur Troxler, d’Arau, envoie à la société la carte faite déjà en 1843, par M. Michaëlis, sur le créti- nisme dans le canton d’Argovie. Il invite la société à étendre à d’autres maladies cette exposition graphique. fl insiste ensuite sur la nécessité que la société demande qu'une législation sur la police médicale de la Suisse tout entière soit élaborée el proposée aux autorilés fé- dérales. Cette proposition étant plutôt du domaine de la société dans sa lotalité, on décide qu’elle fera le sujet d’une communicalion dans la séance générale. La séance, commencée à huit heures du matin, est levée à une heure. | SÉANCE GÉNÉRALE DU 95 SEPTEMBRE 1869. M. le professeur Studer, de Berne, présente un rap- port au sujet des travaux de la Commission de la carte géologique de la Suisse, dont il est président. Il s’occupe des travaux de l’année qui vient de s’écouler et des in- tentions de la Commission pour Pavenir. MM. Théobald et Kaufmann ont continué leurs travaux dans les Alpes. Il avait été décidéque MM. Gerlach et Favre examineraient une partie du Bas-Valais, mais cette excursion n’a pu 160 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE être exécutée. Dans le Jura, MM. Stutz, Mæsch, Gressly, Gilliéron et Jaccard ont cherché, chacun de leur côté, à débrouiller la géologie, très-difficile, des couches supé- rieures du terrain jurassique. La Commission a été heu- reuse de pouvoir acquérir de M. Albert Mueller, de Bâle, son travail sur le Jura bâlois, consistant en une carte au Lc00 ten un texteexpliquant la carte. La publication de cetravail estle premier produit du créditque l'Assemblée fédérale a mis à la disposition de la Commission. Malheu- reusement le manque de carte pour le reste de la Suisse à la même échelle que celle du Jura bâlois, et le peu de chance d’en obtenir dans un avenir prochain, mettent obstacle à la continuation de ces publications, pour lesquelles la Commission possède cependant des maté- riaux suffisants. L'intérêt de la science néanmoins demande impérieusement de ne pas ajourner à une époque indéfi- nie l'exécution d’une carte générale de la Suisse. La Commission ne pouvant se servir que des moyens qui sont à sa disposition, a choisi les cartes au !/,,,,, Publiées sous la direction du général Dufour, pour base des tra- vaux qu’elle fera exécuter, et elle cherchera à obtenir du Conseil fédéral lautorisation d'employer cette carte pour cet usage. M le Pr Hirsch, directeur de l'observatoire de Neuchä- tel, met sous les yeux de l'assemblée un appareil destiné à déterminer avec une extrême exactitude ce que les as- ronomes appellent leur équation personnelle. La diffé rence des temps auxquels divers astronomes observent le même phénoméne céleste est souvent assez considérable, puisque Bessel, par exemple, indiquait tous les phénomé- nes astronomiques plus d’une seconde plus tard qu’Ar- gelander, bien que chacun de ces astronomes ne se trom- DES SCIENCES NATURELLES 161 pât jamais de plus de ‘/, de seconde pour son propre compte. On a déjà des procédés astronomiques pour déterminer lPéquation personnelle, mais ces moyens ne sont plus applicables dès qu'il s’agit d hommes observant à différentes époques et dans différents lieux. Il est done utile d’avoir recours à d’autres procédés. Aujourd'hui qu’on a introduit en astronomie, l’obser- valion électrique, et que l’observateur n’a qu’à feriner un courant au moment où il voit la bisection d’une étoile, le problème de l’équation personnelle consiste dans la dé- terminalion du temps qu'il faut à l’astronome pour voir et pour exéculer le mouvement du doigt. En réalité ce temps, qu'on peut appeler le temps physiologique, se compose de trois éléments : 1° le temps de la transmis- sion de l'impression au cerveau ; 2 le temps de l’action du cerveau qui transforme, pour ainsidire,la sensation en acte de volonté, et 3° la transmission de la volonté daus les nerfs et l'exécution du mouvement par les muscles. Pour déterminer le temps physiologique, M. Hirsch s'est servi du chronoscope de M. Hipp, consistant en un mouvement d'horlogerie, dont la force motrice est un poids, et le régulateur un ressort vibrant. Les roues qui conduisent les aiguilles sont indépendantes du rouage principal et peuvent participer ou non au mouvement de ce dernier, selon qu’un pignon est un peu avancé ou re- tiré. Cette fonction appartient à un électro-aimant dont l'armature, selon qu’elle est attirée ou non, retire ou avance le pignon et arrête ainsi ou fait marcher les ai- guilles. La manière d’expérimenter à l’aide de cet instru- ment est fort simple. Une boule est disposée de telle manière qu'au moment où elle vient à tomber, elle inter- rompt un courant électrique et met ainsi en mouvement 462 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE les aiguilles du chronoscope. Dès que observateur aper- _çoit la chute de la boule, il rétablit le courant à Paide d’un manipulateur et arrête par conséquent de nouveau les aiguilles. L’excursion des aiguilles indique, comme on le voit, le temps physiologique. M. Hirsch a appliqué fort ingénieusement cel instru- ment à la détermination générale de la rapidité de trans- mission des sensations dans les nerfs. Il dérive une partie du courant qui met en marche les aiguilles du chrono- scope et l'utilise pour engendrer un courant d’induction à l’aide duquel il irrite différentes parties de la surface du corps. A Pinstant où la sensation produite par l'interruption du courant est perçue, l'observateur réla- blit le courant à laide du manipulateur. En appliquant le courant d'induction tantôt au pied, tantôt à la main, tantôt à la face, on obtient des résultats différents, à cause de la différence de longueur du trajet nerveux par- couru par la sensation. M. Hirsch est arrivé à tronver ainsi une valeur de 34 mètres par secondes pour la rapi- dité de la transmission nerveuse. M. Helmholtz a trouvé pour cette même valeur 190 pieds, mais ses belles expé- riences ont été faites par un procédé tout différent sur les nerfs moteurs des grenouilles, tandis que la détermi- nation de M. Hirsch est faite sur l’homme et sur des nerfs sensibles. M. le professeur Théobald, de Coire, parle sur la théorie de la formation des montagnes. Il s’appuie principale- ment sur la présence de contourneménts de couches sou- vent fort complexes pour rejeter l'hypothèse des causes violentes, et il montre comment on ést de plus en plus arrivé durant ces dernières années à penser que la cause du soulèvement des montagnes oît dans les masses ro- / DES SCIENCES NATRRELLES. 163 chenses elles-mêmes qui les constituent, et point dans le feu central (dont il ne nie pourtant point l'existence). Lorsque des roches subissent une métamorphose qui les rend plus compactes, elles doivent forcément occuper moins de volume et par conséquent s’affaisser. Au con- traire, lorsqu'elles prennentune structure cristalline, el- les augmentent de volume et doivent produire des plisse- ments et des soulèvements. La cause du métamorphisme qui amène ces changements, peut être cherchée tantôt dans le réchauffement dû au feu central, tantôt dans l'ac- tion de l’eau chaude, de sources chargées de matières minérales, etc. BULLETIN SCIENTIFIQUE. ASTRONOMIE. SUR LE SATELLITE DE L'ÉTOILE SIRIUS RÉCEMMENT DÉCOUVERT, ET SUR LA VARIATION DU MOUVEMENT PROPRE DE PROCYON. L’illustre astronome Bessel, dans un mémoire sur la variabi- lité du mouvement propre de quelques étoiles, publié en sep- tembre 1844 dans les n°5 514 à 516 des Astron. Nachrichten, à fail voir, en particulier, que l'ascension droite de Sirius s'était assez nolablement accrue dans un intervalle de peu d'années, et il a déjà émis l’idée que la variabilité de son mouvement propre pouvait être attribuée à l’attraction d'un corps obscur qui existe- rait près de celte étoile. Dès lors, M. le professeur Péters, ré- dacteur actuel de ce journal astronomique publié à Allona, a confirmé celte assertion par un travail approfondi, mséré au commencement de 1851 dans les n°° 745 à 748 du même re- cueil ; il est arrivé finalement ainsi à des éléments d’une orbite elliptique, qui serait décrite par Sirius en 90 ans, et dont l’ex- centricilé serait de 4/5 du demi-grand axe. Il a estimé que ce demi-grand axe vu perpendiculairement au rayon visuel, et éva- lué en secondes de degré, doit être plus grand que 2,4. La science en élail restée là pendant onze ans, lorsque M. le professeur George Bond, directeur actuel de l’observaloire du collége d'Harvard, à Cambridge, près de Boston en Amérique, a annoncé, dans ure note insérée en mars 862 dans le n° 1553 des À. N., que M. Clark avait découvert le 51 janvier un sa- tellite à Sirius, avec une grande lunette achromalique construite ASTRONOMIE. 165 par lui, dont lobjectif a 18 1/2 pouces anglais d'ouverture et 23 pieds de longueur focale. M. Bond l’a observé lui-même, depuis le 40 février, avec la grande lunette de 15 pouces d’ou- verture de son observaloire ; la moyenne de ses observations de février à avril, publiées dans le n° 1574 des A. N., p. 88, donne 40/:,07 pour la distance angulaire des deux étoiles et 84°37° pour l'angle de position du satellite, avec une erreur probable de + 0",4 pour le premier de ces éléments, et de + 1° pour le second. M. Chacornac à observé aussi, dès le 20 mars, le compagnon de Sirius à l'observatoire de Paris, avec le grand télescope à miroir argenté de M. Foucault, de 8 décimètres d'ouverture; il a trouvé le 2% mars sa distance à l’éloile principale de 10,43, et son angle de position de 860,1. M. Chacornac à estimé , à l’aide d’un micromèêtre à double image, en faisant paraître l’image extraordinaire de l'étoile principale dans le voisinage immédiat du compagnon, que l'éclat de ce dernier n’était que la dix millième partie de celui de Sirius. M. le professeur Péters, en insérant dans le n° 4355 des A. N. la lettre que lui avait adressée à ce sujet M. Chacornac, reconnaît la possibilité que le satellite soit bien le corps dont Bessel avait reconnu l'existence probable pré$ de Sirius. M. W. Lassell, de Liverpool, qui a réussi à établir à Malte le grand télescope à réflexion de # pieds anglais d'ouverture et de 31 pieds 4 pouces de longueur focale. construit et mônté équa- torialement par lui, a vu le même satellite en avril, avec des grossissements de 251 à 480 fois appliqués à ce télescope. M. Saflord, astronome adjoint à l'observatoire du collége d'Harvard, et M. Auwers, astronome à Kænigsberg, se sont ré- cemment occupés l’un et l'autre de l'examen des irrégularités du mouvement propre de Sirius en déclinaison , depuis le temps de Bradley jusqu'à l’époque actuelle, irrégularités qui avaient été déja étudiées en 1838 par M. Laugier. Is ont fait voir qu'elles pouvaient bien s’accorder avec les résultats obtenus par 166 BULLETIN SCIENTIFIQUE. M. Péters, d’après les variations observées en ascension droite. (Voy. Monthly Nolices, mars 1862). M. Auwers s’est occupé aussi de la variation du mouvement propre de Procyon, qui avait déjà fait l'objet d’un travail de M. Méædler, publié dans le n° 750 des À. N. M Auwers, en le- nant compte de loutes les observations de celle étoile, dignes de confi nce, faites de 1730 à 1860, soil en ascension droite, soit en déclinaison, a trouvé qu’elle décrivait une orbile circulaire, dont le rayon est 1”,0525, et dont la durée de révolution est de 39 ans 972. L'époque du minimum en ascension droite est 1795,57. Le mouvement est dans le sens rélrograde, landis que celui de Sirius est dans le sens direct. M. Auwers a trouvé, par une série d'observalions faites en 4861 avec l'héliomètre de l'observatoire de Kænigsberg 0,123 pour la valeur approximative de la parallaxe annuelle de Procyon. Il en résulte, d'après les éléments de l'orbite de cette étoile, que la masse du corps obscur devrait être plus grande que les 2/5 de la masse du soleil. Comme la parallaxe de Procyon est sûrement plus petite que 0,2, la masse du corps obseur doit être de plus des 3/5 de celle du soleil. I y a trois éloiles de 7° à 9° grandeur, situées à quelques minutes de degré de distance de Procyon, el auxquelles on peul comparer sa posilion, mais il est peu probable qu’elles soient en connexion réelle avec celle belle éloile. M. Au- wers à publié récemment, dans les n°° 1571 à 1373 des 4. N., la partie de ses recherches sur la variabilité des mouvements propres relative à Procyon. L'observatoire de Genève est un de ceux dont les observations ont été utilisées par lui dans ce tra- vail. Quant aux variations du même genre qu'on avait cru aperce- voir dans les mouvements propres de l'Epi de la Vierge, d'x de l'Hydre et de 8 d'Orion, le résultat des recherches de M. Auwers lui a nionué avec évidence qu'il n’en existe pas. A. G. ASTRONOMIE. 167 SUR LE GRAND TÉLESCOPE A MIROIK ARGENTÉ DE M. Foucauzr. J'ai eu déjà l'occasion de faire mention de ce bel instrument, et je puis donner ici quelques renseignements de plus à son su- jet, extraits d'une note du constructeur lui-même, insérée dans le n° du 2 mai 1862 du journal scientifique français le Cosmos, p. 200. Je le fais d'autant plus volontiers que M. Foucault a eu recours, pour celle construction, à deux ateliers dirigés par MM. Secretan el Sautter, l’un et l'autre d'origine suisse. Il y a déjà quelques années que M. Léon Foucault, célèbre par ses mémorables expériences sur le pendule et sur la vitesse de la lumière, s’est occupé de la construction de télescopes à réflexion de courbure parabolique, en verre argenté, dans l'espoir d'obte- nir ainsi des miroirs de dimensions supérieures à celles des plus arands objectifs achromaliques. Il a commencé par des miroirs de 10, de 20 et de 40 centimètres de diamètre ; le dernier atteint à peu de chose près un diamètre de 80 centimètres (sait de près de 2 pieds 1/2), et sa distance focale est de # 1/2 mètres, soit d'environ 44 pieds. Le disque de verre épais et bombé dont ce miroir est formé à élé coulé à la manufacture des glaces de Saint-Gobain, dans un moule en fonte préparé par les soins de M. Sautter, directeur de l'usine des phares lenticulaires. Le disque a subi dans cette usine un premier dégrossissage, consistant à en ramener le contour au diamètre voulu, en y creusant une gorge pour y fixer les amarres destinées à le manier; on y a donné aussi approximalivement à sa surface la courbure désirée, et on en a poli le revers, en lui maintenant une convexilé favorable à la rigidité du miroir. Le disque ainsi préparé a été porté aux ateliers Secretan el re- mis aux ouvriers opliciens qui devaient le travailler sans machine. On à allaqué cette vaste surface par une contre-parlie en verre de 50 centimètres de diamètre seulement, agissant par usure avec de l'émeri détrempé dans l'eau. Ce travail, confié à une main fort habile et suivi pas à pas avec le sphéromètre, a donné au bout d’une semaine une surface d'un grain fin et assez exac- tement sphérique. 168 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Il restait à exécuter le polissage à sec, avec une force motrice limitée à la puissance de l’homme. On a réduit le polissoir au diamètre de 22 centimètres ; on l'a recouvert de papier, élément par élément, en recourant souvent à l’examen optique pour diri- ger le changement de figure. Sous la main d’un seul homme, adroit et docile, ce travail a duré huit jours, el il a donné un miroir dont la figure, sans cesser d’être de révolution, avait été modifiée de manière à être déjà à peu près paraboloïde }. Ce miroir à été porté alors à l’observatoire avec les appareils et les outils nécessaires pour procéder à examen optique et pour opérer les dernières retouches. Pendant ce temps M. Eichens, directeur des ateliers de M. Secrelan, a achevé de construire le corps du télescope et sa monture altazimutale. Le corps du télescope est suspendu à son centre de gravité par deux tourillons, qui s'appuient aux extrémités de deux colonnes verticales, solidement implantées sur un plateau tournant ; le tout construit en bois de sapin est porté sur une base carrée égale- ment en bois, et munie aux quatre angles de larges roues en fonte, Les mouvements en hauteur el en azimulh sont cominu- niqués par deux vis langentes, mobiles à la main et agissant sur des cercles dentés. Pour transformer la monture actuelle en un véritable équatorial, il n’y aura, pour ainsi dire, qu’à l'incliner à la latitude du lieu d'observation, qu’on se propose de choisir dans une station élevée du midi de la France, pour tirer le parti le plus avantageux des grands pouvoirs optiques de ce nouvel in- sitrument. 1 On remarquera peut-être qu'il n'est pas question dans cet article du procédé suivi pour l’argenture de ce miroir. Je puis ajouter ici que M. Foucault s'y est servi d'une substance découverte par M, Lie- big en 1835, à laquelle on a donné le nom d'aldéhide. et qui à la propriété de réduire les sels d'argent. C’est ge qui a permis à M. Fou- cault de recouvrir ses miroirs paraboliques d’une couche mince d'un métal éminemment réflecteur. Cette circonstance a été mentionnée par M. Balard, dans le discours sur l'influence que l'étude des sciences spéculatives a exercée sur les progrès récents de l’industrie, lui par lui e 14 août 1862 à la séance publique annuelle des cinq académies de Institut de France (Voy. le feuilleton du journal l'Institut du 10 sep- tembre, au bas de la page 295). AMG: ” ASTRONOMIE. 169 RELATIONS REMARQUABLES ENTRE LES MOYENS MOUVEMENTS DES SATELLITES DE JUPITER ET DE SATURNE. Bradley et Wargentin ont reconnu les premiers par lobserva- tion, dès 1726, que les moyens mouvements synodiques des trois premiers satellites de Jupiter ont entre eux une certaine relation : savoir que le moyen mouvement du 4° de ces satellites est à fort peu de chose près double de celui du 2°, et que celui-ci a son moyen mouvement presque double de celui du 3°. Il résulte de là qu’en 457 jours 5" 5/4 environ ces astres se retrouvent à la même posilion, soit entre eux, soit relativement au soleil et à la pla- nète Jupiter, après avoir accompli autour de cette dernière, le 4e 247 de ses révolutions synodiques, le 2° 123, et le 5° 61. Cette commensurabilité des moyens mouvements a de l’impor- tance pour la théorie de ces satellites. Laplace a démontré qu’elle résultait de la loi de l’attraction d’une manière rigoureuse, et il s'ensuit que les trois premiers satellites ne peuvent pas être éclipsés à la fois. M. le professeur d’Arrest, directeur actuel de l'observatoire de Copenhague, a remarqué dernièrement (A. N., n° 1577), à pro- pos d’une observation faite par M. Dawes, le 27 septembre 1843, où Jupiter lui a paru sans satellites visibles, que les configura- tions géocentriques des satellites de Jupiter doivent reparaître les mêmes au bout d’une période d'environ 9180 jours et 6 heures, soil de 25 ans et 42 j. 1/2, période qui se rapproche beaucoup de celle de 23 révolutions synodiques de Jupiter, correspondant à 9175 jours. D'après les Tables écliptiques des satellites de Jupiter, publiées par Delambre en 1817, le 1°" satellite fait 5187 révolu- tions dans cet intervalle de 9180 jours, 6 heures, le 2° en fait 2583, le 3° 1281, et le 4° 548. Il résulte de là que le premier retour de visibilié de Jupiter sans satellites aura lieu le 14 no- vembre 1868, vers 7 h. du matin, en temps de Berlin. Le 2° sa- tellite sera alors éclipsé et les trois autres seront devant le disque ou lout près du bord de la planète. L'observation pourra en être faite en Amérique, mais non en Europe. ARCHIVES. T. XV. — Octobre 4862. 12 170 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Quant aux satellites de Saturne, sir John Herschel a découvert en 1845 un rapport entre les durées de révolution des quatre intérieurs, auxquels il a donné les noms de Mimas, Encelade, Thétis et Dione : savoir que la révolution du 1* est exactement la moilié de celle du 3°, et celle du 2° la moitié de celle du 4. M. d'Arrest a remarqué de plus (A. N., n° 1364) qu'en 465 jours 18 heures ces quatre satellites reviennent à la même position, soit entre eux, soit relativement à leur'planète et au soleil, après avoir décrit le 42° 494 révolutions, le 2° 340, le 5° 227 et le 4° 170. AMC ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. GEORGE HODGE. OBSERVATIONS ON A SPECIES, etc. OBSERVATIONS SUR UNE ESPÈCE DE PYCNOGONIDE ( Phoxichilidium cocci- neum. Johnst.), SUIVIES D'UN ESSAI SUR SON DÉVELOPPEMENT. (Ann. and Mag. of Nat. Hist. — Janv. 1862, p. 35.) Malgré les belles observations, malheureusement trop peu con- nues, de M. Kræyer, le développement des Pvcenogonides est en- core obscur sous plus d’un rapport. M. le professeur Allman a été sur le point de nous révéler un des caractères les plus singuliers de leur évolution lorsqu'il annonçait en 1859 à la British Associa- tion avoir observé des Pycnogonides (Ammothère?) parasites des sacs reproducteurs d’un hydroïde du genre Coryne. Mais il était réservé à M. Hodge de lever le voile qui recouvrait jusqu'ici la mystérieuse reprodaction de ces araignées de la mer. Les embryons du Phozichilidium coccineum se développent dans les œufs suspendus aux pieds ovigères de la «mère. Ils en sortent sous la forme décrite par M. Kræyer, c’est-à-dire sous celle de petites larves munies de deux mandibules et seulement de quatre pieds et ne présentant aucune analogie avec des Pycnogonides a- dultes. On les prendrait plutôt pour des Acariens imparfaits. Ces larves paraissent se rendre à la recherche des Corynes dans l’es- tomac desquelles elles pénètrent soit activement soit passivement. BOTANIQUE. i71 Là le jeune Phoxichilidium ne paraît point avoir à souffrir du suc gastrique de son hôte. Il pénètre au contraire dans le tube cæno- sarcal de l’hydre et se rend dans une de ses branches latérales qui n’est encore qu'à l’état de bourgcon. C’est là qu’il se loge pour subir son développement ultérieur. Sa présènce arrête le développement de la branche qui, au lieu de devenir une hydre du genre Coryne, reste sous la forme d’un sac renfermant une larve de Pycnogonide. Notre larve subit maintenant une mue et passe momentanément par une phase apode. Dans la phase sui- vante, elle a considérablement augmenté de volume et s’est mu- nie de trois paires de pattes. A l'aide de ses mandibules elle dé- chire le sac étranger qui l'enveloppe et elle gagne l'extérieur. Elle ressemble déjà de tous points à un Phoxichilidium, si ce n’est que la dernière paire de pattes lui fait encore défaut Il suffit sans doute d’une dernière mue pour que la ressemblance avec l’individu-mère devienne complète. BOTANIQUE. PREMIÈRES PLANTES EUROPÉENNES NATURALISÉES DANS LA Nou- VELLE-ANGLETERRE, d'après John JOSsELYN, en 1672, l Une étude comparative des flores modernes du nord de l'Amé- rique a montré qu'il existe actuellement 172 espèces phanéro- games, originaires d'Europe, qui se sont naluralisées dans le Canada ou les États-Unis, entre la mer Atlantique et le Mississipi!, c'est-à-dire qui sont devenues sauvages, spontanées, en y compre- nant, il est vrai, les plantes appelées mauvaises herbes, qui crois- sent dans les terrains cultivés et qui n'existent ainsi que d’une manière factice, parfois provisoire, en raison d’un fait variable. " Alph. de Candolle, Géogr. bot., p. 754. 112 BULLETIN SCIENTIFIQUE. M. Édouard Tuckerman vient de réimprimer, avec des notes in- structives et une introduction intéressante sur l'histoire de la bo- tanique aux États-Unis, un petit volume publié en 1672, par John Josselyn, sous le titre de New England's rarities discovered in birds, beasts, fishes, serpents and plants in that country. C’est le premier ouvrage spécial sur les productions des Etats du nord-est de l’'Amé- rique, quarante-trois ans après le premier établissement fait à Sa- lem, Massachusetts en 1628. On remarque dans ce petit écrit des gravures sur bois de plusieurs plantes américaines faciles à recon- naîlre, et une liste des espèces naturalisées qui peut servir de terme de comparaison avec l’époque actuelle. Josselyn les désigne sous des termes dont l'énergie d'expression est difficile à tra- duire : Plants as have sprung up..., plantes qui ont jailli du sol, depuis que les Anglais ont cultivé et tenu du bétail dans la Nou- velle-Angleterre. Il en énumère 22, dont 4 ou à étaient douteu- ses pour lui, ou le sont pour les modernes, parce qu’elles exis- laient peut-être primitivement en Amérique aussi bien qu’en Europe. Les 17 ou 18 espèces naturalisées volontairement ou involontairement par l’homme, étaient, comme nous le voyons aujourd'hui dans les nouvelles colonies des régions tempérées, le seneçon commun, l'ortie, la bourse-à-pasteur, le plantain, de mauves, rumex, le Stellaria media, etc. On peut ‘remarquer comme un peu moins communes les Lappa major et Artemisia Absinthium. Il n’y a rien dans tout cela de nouveau ni d’'imprévu; seule- ment c’est une confirmation de cette vérilé longtemps méconnue que l’homme est l'agent à peu près unique des naturalisations au delà d’un bras de mer, et que les vents, les courants, les oi- seaux, dont les géologues el les naturalistes ont si souvent parlé, n'ont jamais introduit une espèce, d’une manière constatée, si ce n’est de proche en proche sur une surface terreslre continue. Alph. DC. BOTANIQUE. 4115 CHARLES DARWIN. ON THE VARIOUS CONTRIVANCES, etc. ... SUR LES DIVERS MOYENS PAR LESQUELS LES ÜRCHIDÉES INDIGÈNES DE LA GRANDE-BRETAGNE ET EXOTIQUES SONT FÉCONDÉES PAR LES {INSECTES ET SUR LES AVANTAGES DU CROISEMENT DANS LES FÉ- coNpaTIONs. Un vol. in-8°. Londres, 1862. Il serait difficile d'analyser un ouvrage aussi spécial et aussi curieux dans la multiplicité de ses détails, mais tout horticulteur d’un certain ordre, tout botanisle et même tout homme qui veut connaître la tendance philosophique d'une école importante en histoire naturelle doit étudier ce volume, au moins dans quelques- uns de ses chapitres. Il paraît être un avant-coureur de la publi- cation, annoncée par M. Darwin, pour exposer les faits qui l'ont conduit à sa théorie célèbre sur l’origine des espèces. La grande famille des Orchidées est prise ici comme un sujet d'observations soit sur l'influence des insectes dans la fécondation des végétaux, soit sur le résultai de particularités, en apparence insignifiantes de la fleur,pour produire de grands effets. L'auteur commence par décrire minutieusement la fleur des Orchis qui croissent sur le sol anglais, puis il s'exprime ainsi : « Toutes ces espèces exigent pour leur fécondation la présence des insectes. On s’en aperçoit par la circonstance que les masses polliniques sont tellement enfermées dans les loges de lanthère, et le disque de matiére gluante, dans le rostellum en forme de poche, qu’il est impossible de les en dégager sans une ac- tion mécanique. Jai montré comment de nombreuses causes de détail amènent les masses polliniques, après un certain Lemps, à se trouver en contact avec le sligmate, et comment elles doivent être habituellement transportées d’une fleur à une autre. Mais, dans le but de prouver que les insectes sont nécessaires, j'ai cou- vert une plante d’Orchis Morio avec une cloche de verre, avant qu'une seule de ses masses polliniques fût sortie de sa cavité et J'ai laissé à découvert trois plantes voisines. En suivant ces der- nières, j'ai trouvé chaque matin des masses polliniques déplacées, 174 BULLETIN SCIENTIFIQUE. et finalement elles ont toutes été extraites, à l'exception de celles de quelques fleurs du bas et du sommet des épis. J’ai regardé alors le pied, en très-bon état, qui avait été sous cloche, et il avait toutes ses masses dans leurs enveloppes primitives. Cette expé- rience, répétée sur l'Orchis mascula, m’a donné les mêmes résul- tats. Quand les épis qui avaient été sous cloche étaient laissés plus tard à l'air libre, leurs masses n'étaient plus extraites et les graines ne mürissaient pas, tandis que les pieds adjacents en fournissaient une immense quantité, d’où je conclus qu’il y a une époque pour chaque espèce, que les insectes cessent de la visiter après cette époque et que la sécrétion du nectar s’est arrêlée. » Il est extrêmement difficile de saisir le moment où un insecte pénètre dans la fleur d’une orchidée pour sucer le nectar contenu dans l’éperon. M. Darwin a veillé quelquefois longtemps de suite sur une plante, il l'a même visilée le soir ou de grand malin, sans trouver les insectes. Cependant ils pénètrent, et ils sechargent des masses polliniques, à preuve que très-souvent on en trouve qui portent sur leur tête ou sur leurs écailles des masses retenues par la matière visqueuse du rostellum transportée avec elles. M. Dar- win énumère 22 espèces de lépidoptères sur lesquels il a vu des masses de l'Orchis pyramidalis. Kurt Sprengel, à la fin du siècle dernier, avait déjà constalé ce genre de faits, Brown, et après lui bien des auteurs, les avaient vérifiés; mais il était réservé à M. Darwin de suivre chaque espèce et de montrer à quel degré le modus operandi de cette singulière fécondation varie d’une orchi- dée à une autre. Suivant la forme de chaque labellum, de chaque colonne stigmatique, de chaque éperon, suivant le degré de vis- cosilé de la glande du rostellum en contact avec la base des mas- ses polliniques et selon que celte viscosité se conserve ou se des- sèche promptement, chaque espèce d’insecte peut agir sur la fécondation d’une espèce d'orchidée plutôt que d’une autre. L'auteur entre à cet égard dans des détails infinis C’est le ré- suliat de vingt années d'observations à la campagne, et l'on ne sait ce qu’on doit le plus admirer de la patience d’un observateur BOTANIQUE. 475 aussi attentif ou‘de la grandeur des vues théoriques auxquelles s'élève çà et à M. Darwin, quand il rattache l'histoire des Orchi- dées à ses belles hypothèse: sur l’origine et les formes successi- ves des espèces. L’observaleur se montre aussi prudent que persé- vérant. Il ne préjuge rien. Par exemple, un homme ordinaire voyant l'éperon de plusieurs Orchidées secréter intérieurement du nectar que les insectes vont chercher avec leur trompe, aurait admis que toutes les Orchidées munies d’éperon produisent du nec- tar. M. Darwin a constaté que certaines espèces, par exemple les Orchis Morio et militaris, n’en sécrètent jamais. Du moins il n’a jamais pu en découvrir dans la cavité de l’éperon. Cependant les insectes les visitent et quand on coune l'extrémité de certains épe- rons d’un même épi de fleurs, ils négligent ces fleurs tronquées et laissent leurs masses polliniques en place. Longtemps M. Dar- win n’a pas pu s'expliquer pourquoi les insectes visitent des épe- rons entièrement vides; enfin il a remarqué que dans l'épaisseur de l’éperon, entre la membrane externe et l'interne, il se dépose dans ces espèces, et pas dans les autres, une certaine quantité de malière liquide sucrée. Les insectes travaillent plus longtemps dans les éperons à cavité sèche, et c'est en perçant la membrane interne qu’ils épuisent le nectar. L'opération amène la fixation sur leur dos ou leur tête de masses polliniques, parce que, préci- sément dans ces mêmes espèces, la matière visqueuse est plus lente à se coaguler. En général, celle matière qui fixe les masses sur l’insecte est d'autant plus vite durcie que le nectar est plus vite obtenu, d’autant plus lentement qu’il est plus difficile à extraire ! Ce sont là de ces conditions d’existence pour une espèce dont M. Darwin sait fort bien donner des preuves et faire ressortir l’importance. Il est vraiment extraordinaire de penser que l’exis- tence d’une espèce d'Orchidée dans un certain pays, ou à une cerlaine époque géologique, dépend de tous les détails d’organi- salion de leur fleur et de celle de certains insectes. Ainsi une espèce d'insecte venant à disparaître d’un pays, il est possible qu’une Orchidée disparaisse avec elle, ne pouvant plus être fé- 176 BULLETIN SCIENTIFIQUE. condée, et pour le dire en passant, celte dépendance étroite des deux règnes explique un peu comment les espèces de la famille des Orchidées, où le nombre des graines est toujours immense, présentent communément à la surface de la terre des habitations très-limitées. De ces fails, aux considérations sur l'histoire des Orchidées dans la série des Lemps géologiques , il n’y a qu’un pas. M. Dar- win ne le laisse pas oublier. Ce sont ses idées favorites. Il aime les infiniment petits pour arriver à atteindre ce qui est infiniment grand. C'est un léger degré de viscosité de plus ou de moins dans une glande, c’est une fraction de millimètre de différence dans la largeur ou la longueur d’un éperon ou dans la trompe d'un insecte, d’où dépendent de longues conséquences ; ainsi telle mo- dification extrêmement légère qui peut se montrer dans les in- dividus sortis de mêmes parents est utile ou nuisible à l’espèce, permet ou ne permet pas à sa descendance de se produire ou de se propager. Le triage naturel (natural selection) de M. Darwin se fait ainsi, et chacun, suivant le degré d'imagination dont il est doué, peut en apprécier les effets probables dans mille, cent mille ou cent millions d'années. Alph. DC. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES À L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le Prof, E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE SEPTEMBRE 1862. Le 4, halo solaire de 11 h. 30 m. à 1 h. 45 m. ; éclairs au Sud dans la soirée. 5, halo solaire partiel de 7 h. 45 m. à 9 h. et de 11 h. 30 m. à 1h. 30 m. 10, halo solaire de 6 h. 45 m. à Th. 30 m. du matin: éclairs au SO. de 7 h.à 9 h.30 m. du soir ; dans la soirée, à plusieurs reprises, halo lunaire et couronne lunaire. 11, halo solaire partiel à 9 h. 15 m. 24, halo solaire de 6 h. 30 m. à 7 h. et de 9 h. 30 m. à 10 h. 30 m. du matin. 26, halo solaire à plusieurs reprises de 6 h. 15 m. à 10h. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm mm pe 6 in ematn ee 129,04 Le°3,° 31 8 h. matin... 726:78 HA ONn eso era et HAAlION NE NEDIT. +. 8916 LONG Soir. + 724,08 1 ut mes AU ONME( HÉCIROON 729,12 15, "à 4'et 6 h-soir "72280 18, à 10 h. matin ... 729,47 20, à® 6:h: matin 724,61 23, à 10 h. matin .. 730,61 DA AG DEN SOIT- CO 726)62 28, à 10 h. matin.... 730,42 DORA ANNE EDIT de 727,01 ArcHives T. XIV. — Octobre 1862. GENEVE. — Srprempre 18692. .Z Baromètre. Température C. Tension de la vap ract, de saturationen millièmes. Plue où neige | | clarté Temp. du Rhône, Es ê mn. 0 SO. CR D 2 A Vent a || D 5 5 | Hauteur Écart Moyenne Ecart Moy. Ecart || Moy. | Ecart cÆ . || Eau | & domi- je Ecart Ê% æ | moy. des avec la des avec Ja Minim. Maxim. des avec la | des avec la Mini-| Maxi- || 1omb. 2 au Midi avec la = 4 = 24 h. hauteur ||24heures. | temp. 24h tænsion | 24h. | fraction | Mum.! mum. ||q. Jes| nant. Ciel. L temp. & = normale, normale. norma e. || norm. 24 b.| 2 | normale. 23 im. millim. || o 0 ° 0 mm. 0 pouces 1|724,56 | — 2,93) 16,08 | —0,24 9,9 | +21,51110,77 792 44 | 590 variable || 0,64||18,8 53,2 2 [724,92 | — 2,54| 14,86 |—1,35 12,0 | +19,3 11,65 | 932 750 | 980 S: 0,89|| 18,6 52,9 3 725,15 | — 2,28 | 417,40 [+1,30 13,2 | +21,9| 9,64 | — 668| — 440 | 840 SSO. 0,59| 18,2 52,5 41 720,54 | — 6,86 15,76 | —0,22 11,2 21,0 || 10,32 781 >| 600| 930 NNO. 0,691118,3 52,0 5 | 723,99 | — 3,37 14,28 |—1,58 12,0 18,5 || 8,63 | - | 744 5| 530| 950 SSO. 210,921116,2 51,0 61725,97 | — 1,36 || 413,70 | —2,04 11,5 | 17,8 | 9:54 46 || 838 630 | 940 N. 0,82|115,7 50,0 71731,85 | + 3,55|| 12,98 | —3,34 10,0 | +-18,3|| 9,42 | 900 660 | 1000 variable || 0,97} ... 50,2 8| 732,22 | + 4,95| 13,80 |—1,70 11,2 | +17,2|110,06 4|| 870 710 | 980 variable|| 0,86|16,5 51,0 9 [729,82 | + 2,59 | L15,53 [40,16 11,1 | +-20,1110,77 9|| 832 600! 960 NNE. 1 0320) 16,8 10 | 725,66 | — 1,54} 16,56 |+-1,32 10,3 | +-23,0 [111,50 56 || 817 560 | 980 SSO. 1110,591/17,4 11 [724,388 | — 2,79 | 15,04 | —0,07 11,1 | H20,6|112,07 2e 948 740 | 1000 SSO. 1/0,98 . 12 | 728,17 3: 1,03 | 14,76 |— 0,22 13,3 | +19,8 110,68 875 720 | 990 variable || 0,99 2 13 | 727,26 0,15 | +153,75 | —1,10 | 419,2 | +17,0| 9,97 : 868 710 | 920 SSO. 111,00 1 14| 724,72 | — 2,35 || 14,14 | —0,58 10,0 | +19,4|| 9,56 812 580 | 990! variable || 0,27 : 15 | 723,89 | — 3,15 || 14,16 | —0,42 7,6|+19,71110,69 6 720 960! variable || 0,61 0,5 16 | 724,59 | — 2,49 ea 0,66 11,9 | 20,5 111,28 869| - 710 | 940 variable || 0,86 0,7 17 | 728,14 | + 1,16 16,13 |+-1,83 12,8 | +-19,5/ 11,77 867| + 710 | 940 1 || 0,73 0,7 18 | 729,25 | + 2,80 5,71 [41,55 | Li4 +-19,0 [10,64 818 700 | 810 1|10,78 0,9 19 | 726,90 | — 0,01 Re —0,21 | +19, 15,7|| 9,56 838 ; 740 | 940 2||1,00 0,6 20 | 725,82 | — 1,56 || +-13,66 | —0,22 | +12,6 16,7|| 9,44] +0,09 || 833 6 740 | 870 : 111,00 0,5 21 | 726,64 0,2] 14,23 +0,50 | Æ11,8 | +18,4] 9,62 | +0,33 | 816! + 650 | 9301 . 11/0,51 22 | 728,42 1,60 13,10 | — 0,48 7,4 18,1 || 9,32 0,09 || 828 Es 670 | 970 1 || 0,24 23 | 730,11 3,82 14,56 | +1,13 8,9 | 20,5 || 10,72 1,55|| 861 700 | 930) ... variable || 0,58 24 | 728,17 1,41 16,58 | +3,30 10,3 22,1 |111,57 | +2,46 || 817| + 600 | 960!|! 0,8 SSO. 110,76 25 | 727,93 1,20 16,64 |+-3,51 12,4 | +-21,7||10,85 1,80 || 799] — 520 | 9401116,3 SSO. 110,46 VU + e 26 | 728,83 | + 2,13 L } : +-14,06 [41,08 | + 7,8 | 420,011 10,82 | +1,83 || 889 ie 700 | 1000! ... variable || 0,48 27 | 729,05 2,38 ne +3,14 12,1 20,21111,75 se 875 700 | 980 ..… N. 1 || 0,29 28 | 729,50 2,85 || +-15,82 | +3,16 | +10,5 | 220,7 |111,85 | +2,98 || 881 as 700 | 1000 | ... NNE. 1/0,50 29 | 728,04 1,42 || 215,83 [43,33 | H11,2 | Lo1,5|11,05 ee 834 600 | 1000! ..… variable|| 0,83 30 | 730,92 4,32 || 418,21 |+-5,87 | 14,9 | H94,41 11,02 | H2,27 | 734 — 450 | 870| 0,2 variable || 0,42 117,9 MOYENNES DU MOIS DE SEPTEMBRE 1862. 6 h. m. 8h.m. 10h. m. Midi. 2Hese 4h.s. 6h.s. 8h.s. 10h.s. Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm nm min 1re décade, 726,61 726,93 726,86 726,60 726,31 725,93 725,78 726,37 726,71 2e » 526,11. 726,42 726,55 726,32 726,03 725,98 726,14 726,51 726,58 90: | » 128,96 729,26 ‘729,28 729,00 728,41 727,97 728,18 728,83 729,14 Mois 1P2300121,54 121,56 121,30 126,922 726,632 726,10 1,727,26 127,48 * Température. o o 0 0 o o © o 1re déeade 12,23 +-14,61 +-16,58 <-17,68 <-18,54 18,01 <-16,99 <-15,09 +-13,58 de » 12,87 +14,46 +16,26 16,95 +-17,17 +-16,65 +15,70 +-14,86 13,75 3e » 11,76 13,93 +17,21 +19,10 19,64 19,48 +-17,33 15,63 —+-14,29 Mois “<+12,29 14,34 +16,68 17,91 18,45 +18,05 16,67 +15,19 +13,87 = Tension de la vapeur. mm mm mm mm mm mm mimi mo mm lre décade, DD 251 10,480 10280 10;05 0010/2200 10,10 T3 NT 0758 20: > 10,25 2040.72 2010,97 001085 010;74 1% 10;91% 1,00. U10,67% 10,43 0 70 000 4400113587 QUIL 410 11,04%ee11,27% LI, 1040 l1,31% "10,82 Mois 9,93 10,50 10,94 10,81 10,61 10,80 11719 11,04 10,61 Fraction de saturation en millièmes. lre décade, 918 832 748 682 637 674 741 874 910 2% » 925 873 797 752 737 17 826 848 890 3e‘ » 948 877 779 690 653 674 795 854 888 Mois 930 861 GE 708 676 707 787 859 896 Therm. min. Therm. max. + ur és pate PE Lt Limnimètre. ( 0 o mm p- 1re décade, <-11,24 +-19,81 0,74 17,39 41,6 51,7 2e): » +11,79 +18,79 0,82 17,57 28,4 50,5 D ae 10,73 +20,82 0,51 17,59 es 43,9 Mois +11,25 +19,81 0,69 17,51 83,3 48,7 Dans ce mois, l’air a été calme 4 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,12 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N, 159,3 O. et son intensité est égale à 7 sur 100. ais a tt ne à EU IE EU rép Cities eut ei er: che Las ti PULL a # 68 rt. AP LS Gi re Nas 2% CRE hi} LE 2 ere CI AE . Fe FRE Fa EM Fate 10 y eye = Alu / CRUE LRU» 60,07 h \ b tal 77 j L cho MAT ES An } 4 di cv ETD [4 : text el , - 0 2, 4 : , Ée “in Le Hi EL eh he 4 dobréilierÿs ho af dtaviet ch ab PETER fs &r 440 , nu ES géo MA 6 tarot a RES ANT " PR D DE Dr ler mn ÜI #l) td d AM Ne NC pru sé ho de Pr LS ” ” sa D D ORALE Lire neue Ce en ARE - 275 MN ne: . re ai / Uÿes, ' se de he “is re Né Ens fist in af as La us PAL pas hs, : er dat a | D de 7 04 » 20 EI DEC hi ages du TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE MOIS DE SEPTEMBRE 1862 Vers le 10 de ce mois la neige a disparu à la Combe. On dit que ce mème fait s'est renouvelé 4 fois seulement durant un siècle entier : il s’est présenté pour la dernière fois en Septembre 1854. d É Baromètre. Température, C. a Pluie ou neige. v Clarté = ee —… = nn A Re RE ces ds moy. du = Hauteur | Ecart avec = Moyenne Ecart afeclal , Hauteur Eau Nombre |\Jomi L =] moy. des | la hauteur | Minimum. | Maximum, des température | Minimum. | Maximum. de la tombée dans ones OMINANL-| Ciel. = 24 heures. | normale. | 24 heures, normaie. neige. les 24h. mm mm mm mm ] 3 6e z 0 E 0 0 mm : mm z. = 1 || 566,79 | — 1,02 | 566,08 | 567,26 20 2,2 | SES dieu. “es |... | SO. 2 | 1,00 2 || 566,73 | — 1,02 | 566,32 |" 567,43 AB A16 EE, 0 a D 0n|Recnet 27,2 10 SO. 3 | 1,00 3 || 565,30 | — 2,39 | 563,74 | 566,36 | + 5,10 | + 0,55 | “+ 3,0 HU Rouder sn sers | SD. °I. (086 4 || 562,37 | — 5,26 | 562,24 | 562,79 || Æ 8,11 | — 1,35 | L 1,8 L EI Sd 20 ,: 8 | variable | 1,00 | 5 || 563,71 | — 3,86 | 562,13 | 564,30 || + 1,36 | — 3,01 | + 1,2 PHaMaCo oct 2977 14 SO. 2 | 1,00 | 6 || 564,57 | — 2,93 | 562,50 | 565,25 || + 0,48 | — 3,79 | — 0 3 | + 9,1 50 Li 10 | NE. 1 |.100 | 7 || 567,178 | + 0,35 | 567,09 | 568,54 || — 1,48 | — 5,65 | — ©,3 ER ER REA US nn 8 || 569,36 | + 2,00 | 568,70 | 569,86 || + 0,60 | — 3,47 | — 1,3 | HE 2,9 | ...... | ...... ss... | NE: 1 | 0,98 | 9 || 568,69 | + 1,40 | 568,27 | 569,28 | + 3,85 | — 0,12 | + 1,3 | + 6,2 | ...... | . .... ONE 10 0 30 | 10 || 566,18 | — 1,04 | 565,05 | 567,25 || + 3.48 | — 0,39 | + 3,2 | HE 4,6 ss [eee [4 | variable | 680 | 11" |2565,15 | — 2,00 | 565,05 11 565,36 3,34 | — 0,42 |. +.8,4 se FOI Eee come 10,5 10 SO. 1} 1,00 | | 12 || 566,35 | — 0,731 565,30 | 566,99 de 1/08, mul, 97 = ES GR ES Sons HER re cop NE TG) 13 || 565,46 | — 1,54 | 565,26 | 565,99 | E 1,62 | — 1,92 | + 0,5 | + 4,0 | .... . 10,6 6 NE. 1|::60 14 || 564,57 | — 2,35 | 564,22 | 565,35 + 3,83 + 0,40 0,0 | + 7,3 re. SÉTAS 0 one NE 0,31 De 060,89 A, 84e) OO 665,00 SR f,20 PL D) + 44) 5... de ne) 607,246)/00 16 || 566,26 | — 0,52 | 505,41 | 567,03 || H 2,41 | — 0,79 | + 1,8 + 4,0 |... … 15,2 6 S0-10190:92 17 || 568,49 | + 1,79 | 566,92 | 569,69 3,09 | + 0,01 | + 2,4 LAN... 2,5 6 | SO. 1/|093 18 || 569,33 | + 2,71 | 569,14 | 569,72 3,52 | + 0,56 | + 3,0 de 4,9 Mr 3,7 DES M) ND 80 19 || 566,23 | — 0,31 | 565,49 | 567,11 2,55 | — 0,28 [= 21,9 2 AA 4,6 COR NS A TT El 20 || 565,00 | — 1,46 | 564,70 | 565,67 | Æ 3,16 | + 0,45 | LE 1,4 6,2. ||... 4,0 6 | SO. 1 |069 | AOC T0 0,68: | 569,022 666,41" 2,497} —:0,16 EE A,2) 24610... ln 2) 7... INE 1 0,71 22 || 567,79 | + 1,49 | 566,32 | 568,82 || LE 5,00 | + 2,54 | —Æ 1,9 | L 7,8 | ...... |... |... calme 0,0ù 23 || 570,08 | + 3,86 | 569,43 | 570,37 || Æ 5,29 | + 2,96 | + 2,7 | L 8,7 RTE) le MO ><. lNS0: 12} 0,47 24 || 568,63 | EL 2,49 | 568,01 | 569,41 5,48 | + 3,28 | H 4,1 | + 7,9 | ...... |... …...|caime 0,56 25 || 567,74 | + 1,68 | 566,89 | 568,36 cs 3,21-|+ 1,14 8 98e" 52. Lo. re | NE 1 NT e6 26 || 569,12 3,14 | 568,10 | 569,76 || Æ 5,27 | + 3,33 | Æ 2,0 details || calme 0,09 27 || 570,24 al 4,34 | 569,69 | 570,92 || Æ 5,84 | Æ 4,03 | + 2,1 CE RE ER À. | 0 pi au 28 || 571,49 + 5,67 | 571,08 | 572,05 | 5,10 | + 3,43 | E 3,0 TA er 2 | SO. 1 | 0,52 29 || 570,42 4,68 | 569,55 | 571,38 | Es + 1,98 | + 2,9 D OA se eee .... + | SO. 2 | 0,89 30 || 570,92 | + 5,27 | 570,37 | 571,25 | 46601 07e | tel OT ET SN SR EE RE IRNE 0,42 | | | 1 Les chiffres renfermés dans ces colonnes donnent la plus basse et la plus élevée des températures observées de 6 h. du matin à 40 h. du soir, les thermomètrographes étant hors de service. | | | AALLLNS 2 ARN LIN RS © MOYENNES DU MOIS DE SEPTEMBRE 1862. 6h, m. Sh.m. 10h. m. Midi. 2h.s. 4h.s. 6h.s 8 h.s. 10 h.s, Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm mm lredéeade, 565,76 566,12 566,34 566,38 566,31 566,14 566,16 566,30 566,26 ge. + 565,92 566,25 566,35 566,30 566,17 566,14 566,31 566,53 566,61 3e » 568,10 569,17 569,38 569,29 569,21 569,15 569,32 569,48 569,67 Mois 566,79 567,18 567,36 567,32 567,23 567,14 567,27 567,44 567,51 Température. no 9” o 9 Le] 0 Le] Lo o dre décade, + 1,29 Æ 2,23 + 2,83 + 3,72 + 3,39 + 2,88 Æ 2,53 + 2,35 + 2,26 de » +2,26 + 2,79 + 3,58 + 4,37 + 4,09 + 3,35 + 3,19 + 2,72 H 2,28 3e » + 2,69 + 4,22 + 5,56 + 6,72 + 6,75 + 6,05 + 4,91 + 4,30 + 3,89 Mois + 2,08 + 3,08 + 3,99 H 4,94 H 4,74 Æ 4,09 + 3,54 + 3,12 + 2,81 Min. observé.‘ Max. observé! Clarté moy. du Ciel. pe rt tee 0 Le) mm mm 1re décade, + 1,06 + 3,92 0,89 88,4 50 - 2% » + 1,69 + 4,71 0,83 51,1 3e » + 2,51 + 7,12 0,49 DD — Mois + 1,75 + 5,25 0,74 141,7 50 Dans ce mois, l'air a été calme 19 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 2,08 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 4500, et son intensité est égale à 35 sur 100. { Voir la note du tableau. S rpg ue ae der PO ÿ NE a ue “ 4 dt 4 Le Le ' Ar ? STE PE « A l'ou 7 À A: ie ge ’ K LE ‘Ÿ: CELLES F PA +. VANNES 7 | SE pt 5 A : nb ve VreEr dis ie Le Le ft Fa se Mb “ue : s 1 -SAOSE NÉREN TE RAR . AS he té su "fs La #7 YA h l t AE W SRE or “Ear 14e “4 | % SF LUS 4 SURSEER ALE LNLRRMTS EE nage. Must VEN are à ‘ s LT ou j , k ï < CT Le L : PES je La , APT AIPPNS | Te bd ts FOCUS c y SE KE FRE SANTE Hé à Lea ° a ae ? ni LA dt k : : + d'in dé TL Nm LA ie a Leu N à 2: “- SE te b Ve Le hé di, in eur = on. OL ON dr 2 MR OB ARE E 1,080 2100 HAE AE mn? + Dana, 0. LU LASER, CU ODRAUE RU Funds Céfbg LADA TN HE {TES CU Ér LUS 4 7. <> Je, À 5 i } alle 11/8: : LRU à ri” FE 4 D |, AR NS EN EN da 5 fs ..: DARTTOPEES Eu "HN À UE (ONE Mat à FO + APE UE +. (LR D ELE 4 ns US 454,5 BDOUH,C foie Mu 0 CNT Sr ba mass are in ee Mes ei PRE Le. Ok spenh à pans "+ 16, nor ' D De... [URL nitiucdt À suglopat gai. - » Lx pet + ê Ve L D | nbtuf sie ans Afro nl oi viee Ë dnénaidé « Hot 2 IETR de v. à À43 \ ns du œ a Êe Tr nr” : à AR (AN EE ae La, : LR eu + ph SFA + PALIER Fer ue ne NN ES LE LE LT RE "LS CE à UD ess CARTE RU mA LE man 6 tes Damart sde de re ane 7+ , , 4% 1 M4 à E € Le cs à l La 4 r "e 110, : J na M4 1 80. 3h bi tr Fqugin LCR LE 12) FOUT eu VA < Ma à % NE 4 sd ne DE L'INFLUENCE DE LA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE SUR LA DURÉE DE COMBUSTION DES FUSÉES PAR M. L. DUFOUR Professeur de Physique à l'Académie de Lausanne. I L'influence de la pression ambiante sur l’activité de la combustion a été peu étudiée jusqu’ici. Davy admettait que la variation de densité de l'air, au moins entre certaines limites, n’influe guère sur la tem- pérature de la flamme. Un ingénieur français, M. Triger,‘ signala dans un mémoire publié en 1841 ce fait curieux que des chandelles à mèches de coton brülent, dans de l’air comprimé à trois atmosphères, beaucoup plus acti- vement que dans les circonstances ordinaires. Ses obser- vations avaient été faites dans une enceinte fermée où Von travaillait au-dessous du niveau d’une rivière à la fondation des piles d’un pont. — Il y a peu d'années, M. Frankland profita d’une ascension au Mont-Blanc pour observer l’activité de combustion à Chamounix et sur le sommet de la montagne. Malgré la grande différence de densité de l’air, cette combustion se trouva la même aux 1 Ann. de Ch. et Phys. Série NN, t. IN, 1841. ARCHIVES. T. XV. — Novembre 4862. 13 186 INFLUENCE DE LA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE deux stations. Les poids de bougie brûlés pendant un même temps ne présentèrent pas de différence sensible. En 1855, M. Mitchell, quartier-maître de l’armée an- glaise, communiqua à la Société royale des sciences des expériences faites à diverses hauteurs, dans l'Himalaya, avec des fusées de guerre. Cet officier avait observé la durée de combustion de fusées semblables et il avait en même temps noté la pression extérieure au baromètre. Ses résultats — qui ont été obtenus entre 752% et 584mm de hauteur barométrique, — montrent que la durée de combustion augmente en même temps que la pression di- minue ; la combustion paraît donc moins active sous une pression plus faible. — M. Frankland à répété et con- firmé Pannée dernière les expériences de M. Mitchell. Ses recherches sont consignées dans les premières pages d’un mémoire! remarquable qui a surtout pour objet la tem- pérature et le pouvoir éclairant des flammes à diverses pressions. Dans ses essais, M. Frankland à opéré avec des fusées de six pouces de Farsenal de Woolwich. La fusée était placée dans un appareil elos où lon raréfiait l'air; elle était allumée à laide d'un courant électrique. Pendant la combustion, on travaillait à une pompe pour maintenir le plus possible la pression constante : on 0b- servait le mançmèêtre au commencement et à la fin de la combustion ; c’est la moyenne entre les deux valeurs oh- servées qui est notée comme correspondant à l'expérience. L'auteur n'indique pas de quelle manière s’appréciaient les durées de combustion; ces durées sont toujonrs in- diquées en nombres entiers de secondes ou de demi-se- condes. M. Frankland rapporte 13 expériences réparties 1 Philos. Mag. n° 150, Décembre 1861, et Pogy. Ann. u° 2, 1862. SUR LA DURÉE DE COMBUSTION DES FUSÉES. 187 sur six pressions différentes. Ces expériences ne laissent aucun doute sur l'accroissement de la durée de combns- tion lorsque la pression devient moindre. Eafin, à une époque toute récente et alors que les ex- périences décrites dans les pages qui suivent étaient ter- minées, ila paru dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences un mémoire’ de M. Bianchi sur la combus- tion de la poudre dans divers gaz, à diverses pressions. M. Bianchi à trouvé que la poudre brüle dans des gaz autres que Pair comme elle brûle dans l’atmosphère. pourvu que la pression soit la même. Mais il a observé une diminution dans l’activité de la combustion, lorsque la densité du milieu ambiant diminue. Il Ce sont les expériences de M. Frankland qui m'ont dé- cidé à entreprendre les recherches consignées dans le pré- sent mémoire. J'ai voulu étudier la combustion des fu- sées sous des pressions variables, mais en me plaçant dans des circonstances autres que celles du savant phy- sicien anglais. — Les fusées de M. Frankland ont brûlé dans an espace clos et sous des pressions qui variaient nécessairement un peu du commencement à la fin de la combustion. Comme on pourrait peut-être craindre que ces conditions eussent influé sur les résultats, j'ai pré- féré brûler les fusées à l’air libre, en opérant à diverses hauteurs au-dessus du niveau de la mer. Sans doute, or ne peut pas avoir ainsi des différences de pression aussi grandes que celles qui sont réalisables dans un appareil ! Comptes rendus du 14 juillet 4862. 188 INFLUENCE DE LA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE clos ; mais on a l'avantage d’opérer sous une pression qui demeure parfaitement constante durant toute la com- bustion d’une même fusée. Les fusées dont j'ai fait usage sont de celles qui fonc- tionnent comme amorce pour produire l'explosion de pro- jectiles creux (shrapnell). Sans entrer dans de grands dé- tails sur leur construction, je dirai seulement que la matière combustible y est rangée dans une sorte de rai- nure, presque circulaire, pratiquée dans une pièce de métal. La fin de la combustion est nettement marquée parce que la substance de la fusée proprement dite al- lume une petite provision de poudre contenue dans une cavité cylindrique que ferme un disque mince en cuivre. Le disque est rejeté avec force au moment où cette poudre brûle. Une mêche, fixée à une pièce mobileet graduée, va enflammer la matière combustible en des points différents et c'est de la position de cette pièce graduée que dépend la durée de combustion de la fusée. Des fusées sembla- bles, graduées d’une manière identique, doivent brûler pendant le même temps. Il n’en est cependant pas exac- tement ainsi; il y a, d’une fusée à l’autre, des différen- ces inévitables dans la mêche, dans le mode de tasse- ment de la matière combustible , etc. Ces différences occasionnent, dans les durées de combustion, des écarts plus ou moins prononcés et qui sont comme la mesure d’une fabrication plus ou moins parfaite. Pour le but spécial dont il est ici question, 1l conve- nait évidemment de brûler, sous une même pression, un certain nombre de fusées, graduées en un même point, puis de rechercher la durée moyenne. La comparaison entre les moyennes devait révéler l’influence de la pres- sion. —M. Mitchell a fait quatre séries d'expériences sous SUR LA DURÉE DE COMBUSTION DES FUSÉES. 189 quatre pressions différentes. La moyenne pour chaque série est déduite d’un nombre d'observations variant de deux à six. M. Frankland a brûlé, sous chaque pression, deux (une fois trois) fusées. — J’ai cru devoir déuuire les moyennes d’un nombre plus grand de déterminations et j'ai brûlé, en tout, 68 fusées, réparties en deux groupes, sous cinq pressions différentes. Ill \ L’incertitude qui affecte chaque détermination de du- rée de combustion résulte essentiellement de Papprécia- tion des deux points extrêmes, le commencement et la fin. Cette appréciation, je m’en suis assuré, est très-dif- ficile directement. Un observateur a grande chance d’er- reur s’il veut noter lui-même, sur un appareil chrono- métrique quel qu’il soit, instant où la fusée s'allume et l'instant où elle finit. Outre les erreurs absolues que ris- que de faire chaque observateur, il y a encore les diffé- rences personnelles d'un observateur à l’autre qui mena- cent de rendre peu sûre la comparaison des résultats. Pour éviter cettesériense difficulté dans la mesure du phénomène dont il s’agit, j’ai tâché de construire un ap- pareil où le temps s’enregistrât indépendamment de toute intervention personnelle, un appareil plus ou moins au- tomatique. Les dispositions suivantes ont trèês-convena- blement réalisé mon but.’ l On pourrait sans doute imaginer d’autres dispositions et d’autres appareils plus convenables et plus exacts encore; l’appa- reil dont il s agit ici a l'avantage de n’exiger aucun instrument spécial (à*part II, qui est de peu d'importance comme prix) et coûleux et de se composer, presque sans frais, avec les ressour- ces ordinaires d’un cabinet de physique. 190 INFLUENCE DE LA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE L (pl. D est un Morse ordinaire de télégraphe per- mettant d'obtenir, sur une bande de papier, des lignes continues ou des points suivant qu'il est actionné par un courant électrique continu où par un courant instantané. Il estun métronome ordinaire légèrement modifié ; la partie inférieure est ouverte, la lentille du pendule est pourvue d’un prolongement de platine qui, à chaque os- cillation, passe dans le meénisque convexe d’une petite quantité de mercure » renfermée dans une cavité de Ja base du métronome. À ce mercure aboutit un fil de cui- vie qui sort en g. Un autre fil de cuivre est fixé, en c, à l'axe du pendule et apparaît en e. — Ge pendule peut, on le sait, battre des intervalles de temps égaux de 15,2 à 0,3, suivant la position du poids £. Dans mes expérien- ces, le poids k était situé de telle façon que chaque oscil- lation était de */, de seconde (0°,75). IT est une sorte de boîte ouverte où se fixait la fusée pour la combustion. Quatre planches sont reliées comme le montre la figure. Deux fils de cuivre solides et tres- sés, s, forment une sorte de corde fixée à la planche su- périeure et à la planche inférieure sur leur ligne médiane. Dans cette corde est implantée une tige en cuivre, x, qui traverse la planche ? grâce à une fente convenable. Abandonnée à elle-même, cette tige tend à tomber en pivotant autour du point où elle est retenue dans la corde s. Elle porte en son milieu un fil de platine qui l'enveloppe comme un collier et qui se prolonge par une pointe verticale vers le bas. Immédiatement au-dessous, la planche inférieure présente une cavité qui reçoit du mercure ”m, et c’est dans ce mercure que vient plonger la pointe de platine lorsque la tige æ tombe. Un fil de cuivre est solidement attaché à la corde s et aboutit en L; SUR LA DURÉE DE COMBUSTION DES FUSÉES. 191 un autre plonge dans le mercure m° et aboutit en d. — La planche supérieure porte une ouverture circulaire pra- tiquée sur sa ligne médiane et immédiatement au dessus de l'extrémité de la tige x. Dans cette ouverture se visse la fusée f comme le montre la figure. IV est une pile galvanique' au sulfate de mercure, renfermée dans une petite boîle; p et x sont les deux pôles. V enfin est un pistolet destiné à allumer {a fusée. Un premier fil de cuivre est attaché au chien et est en con- act métallique avec lui; un second fil, isolé par de la gulta-percha, fait quelques tours à la poignée de larme, puis se termine par uu bout libre, o, de 5 à 6 centimètres de longueur. Lorsque le pistolel est armé, on peut ame- ner l'extrémité de o en contact avec le rebord r du chien; ce coutact cesse au moment où le chien s’abat et par conséquent où le feu du pistolet euflamme la fusée. Voici maintenant de quelle manière une expérience était conduite : La fusée étant graduée en un point déterminé, on im- plante dans le disque de cuivre qui ferme la cavité rem- plie de poudre une vis à crochet, puis on installe la fu- ! Cette pile, fabriquée par M. Hipp, à parfaitement fonctionné. Malgré les secousses et les cahots inévitables dans un transport en chemin de fer, en voiture, à dos de mulet, à dos d'homme, il n'a pas élé nécessaire de rien y changer. La boîte même n’a pas été ouverte pendant les quatre jours d'expédition de montagne où ont élé faites les présentes expériences. À chaque station, il suf- fisait de fixer les fils en p et en n pour obtenir immédiatement le courant voulu. — Ces qualités de la pile au sulfate de mercure sont vraiment précieuses lorsqu'on veut faire, en voyage, des ex- périences qui nécessitent un courant galvanique. LL 492 INFLUENCE DE LA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE sée comme le montre la figure. À l’aide d’un fin fil de cuivre, solide mais souple, la tige æ est soulevée et atta- chée à ce crochet de telle façon que la pointe de platine soit à 1 ou 2" au-dessus du mercure "m. Le métronome est mis en mouvement; le pendule bat 0,75 et plonge à chaque oscillation dans le mercure m (immersion de la pointe de platine dans le mercure du- rait moins de ‘/,, de seconde). Le pistolet, chargé avec une petite charge de poudre, mais avec du coton-poudre comme bourre,! est amené en face de la mèche de la fusée, à environ 5 ou 6 centimè- tres: le fil o est en contact métallique avec le chien en r. La pile est reliée au Morse par trois cireuits diffé- rents : A. Un circuit passe par l'appareil HT lorsque la tige x est tombée et que la pointe de platine plonge dans le mercure #'; le courant passe par p, d, m', plaline, x, s, h et b. — Ce circuit est ouvert dans le cas de la fi- gure. B. Un cireuit passe par le pistolet. Il est fermé lors- que le pistolet est armé et il s’interrompt au moment même où le chien s’abat. C. Un circuit passe par le métronome (p, y, m, tige du pendule, axe c, e, b) et est fermé chaque fois que le pendule, durant son oscillation, plonge dans le mercure. Le courant est là donc intermittent, va actionner le Morse chaque */, de seconde et produit, sur la bande de papier, des points ou plutôt de petits traits équidistants. | Le pistolet, chargé avec du papier comme bourre, n’allume pas sûrement la mèche. Avec dn«colon-poudre, au contraire, cette inflammation se produit toujours. SUR LA DURÉE DE COMBUSTION DES FUSÉES. 193 Les appareils étant disposés comme il vient d’être dit, et comme le montre la figure, le courant est fermé par le pistolet et il se produit sur la bande de papier un trait continu. — On presse la détente, le chien s’abat et la fu- sée s'allume. En même temps, le courant B est inter- rompu, le trait continu cesse sur le papier et le courant n'arrive plus au Morse que par les intermittences du mé- tronome. Il se trace alors, sur le papier, des points qui correspondent à des intervalles de temps de 0°,75. Du- rant ce temps, la fusée brûle et finit en allumant la petite provision de poudre renfermée au-dessus du disque en cuivre où est implantée la vis. Ce disque est lancé avec assez de force de haut en bas, la tige x tombe, la pointe de platine pénètre dans le mercure m', et le circuit À étant fermé, le courant y passe d’une manière continue. Sur le papier, il se produit un trait continu. On voit donc que la durée de combustion de la fusée est marquée, sur le papier, par l'intervalle entre deux traits continus. Cet intervalle se compose d’un certain nombre de fois 0°.75 et de deux fractions, qu'il est facile d'évaluer, entre la fin du premier trait continu et le pre- mier point, puis entre le dernier point et le commence- ment du second trait continu. Si le déroulement du papier eût été rigoureusement uniforme, il aurait suffi de le déterminer une fois pour toutes. On sait que cette condition est très-difficile à ob- tenir et elle n’est pas exactement réalisée dans le Morse ordinaire des télégraphes ; c’est pour y suppléer que le métronome a été introduit dans l’appareil. — Le mouve- ment demeure assez uniforme pendant quelques secondes successives et les longuêurs de papier qui se déroulent, 194 INFLUENCE DE LA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE durant des doubles oscillations ! voisines du métronome, sont sensiblement égales. On évalue donc facilement en temps les deux fraetions de 0°,75 qui avoisinent les traits continus, en prenant comme écheile l'intervalle des points qui ontinimédiatement précédé ou immédiatement suivi.— L'erreur que lon risque de commettre est facile à évaluer. Dans mon appareil, les longueurs de papier correspon- dant à la double oscillation du métronome, soit 1,5, étaient nn peu variables d’une station à Pautre ; elles étaient de 30 à 32% au bord du lac Léman et de 34 à 30% au St-Bernard. Les différences provenant du défaut d’uniformité, entre les longueurs correspondant à des doubles oscillations voisines, étaient presque toujours inférieures à 1%" et n’ont jamais dépassé, en tout Cas, 4%%,5. Un millimètre correspond à ‘/,, de seconde à peu près; 1"%,5 correspond à '/,, de seconde. Une différence même de 2% n'aurait correspondu, en temps, qu'à '/, de seconde. Les irrégularités dans le déroulement du pa- pier étaient ordinairement plus faibles que les valeurs que je vieus d'indiquer; approximation possible dans évaluation des deux fractions extrêmes étail donc sûre- ment Supérieure à ‘/,, de seconde et dans la plupart des de seconde. cas même cette approximation dépassait "/,, l Le pendule du métronome ne peut point prétendre à une grande perfection. Les oscillations sont maintenues, on le sait, par l’action d’un ressort. Dans mon appareil, l'oscillation de droite à gauche ne se faisait pas pendant un temps rigoureusement égal à celle de gauche à droite. C’est l’ensemble de deux oscillations, c'est la double oscillation qui s’y maintenait sensiblement iso- chrone, et c'est pour cela qu'il est souvent question, ici, de la double oscillation comine unité. — Un pendule plus grand et plus parfait aurait sans doute mieux valu ; mais le métronome pré- sente le grand avantage d’un facile transport et d’une facile ins- tallation. SUR LA DURÉE DE COMBUSTION DES FUSÉES. 1995 On pourrait se demander peut-être si le moment où le chien s’abat correspond bien à celui où la fusée s'allume ; si le moment où la fusée finit correspond bien à celui où le courant À est rétabli; en un mot, s'il n’y a pas, dans le mécanisme même de l’appareil, un emploi de temps qui s'ajoute à celui de la combustion de la fusée pour donner un résultat trop fort. — Voici deux essais qui éclaireiront cette question. . 1° Le pistolet est charge et intercalé dans le circuit B comme il est dit pius haut. Un fil attaché à la tige x passe par l'ouverture où l'on place la fusée et vient se relier à un morceau de liége introduit dans le canon du pistolet. Ce fil soulève x de telle façon que le platine soit de 1 à 2%% du mercure #°. On presse la détente et le courant continu qui actionne le Morse se trouve inter- rompu pendant le temps qui s'écoule entre la séparation en > et le moment où, z retombant, le platine plonge dans m'. Sur le papier du Morse, une légère interrup- ton du trait continu aceuse l'interruption sensible du cou- rant. Cette interruption a été trouvée de: 0"",5 dans une première expérience ; 0,6 dans une seconde et 0"",6 dans une troisième. Le papier se déroulait à raison de 32" pour la double oscillation du métronome, soit 15,5. Les temps correspondants sont donc : 0°,093 ; 0°,028: 0°,028: en moyenne ‘/,, de seconde à peu prés |. L Il serait difficile d'affirmer que ce temps exprimât exacte- ment la durée de chute du chien, la durée d'explosion de l’arme et celle de la chute de x. Il y aurait à tenir compte encore des phénomènes électriques qui interviennent : désaimantation et re- lait de l'ancre, aimantation et retour de l'ancre, etc. On ne pour- rail indiquer le temps consommé par ces faits — lemps sûrement 496 INFLUENCE DE LA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE 2° Une fusée ayant servi a été chargée à nouveau ; mais avec de la poudre fine ordinaire, non pressée. Deux grammes de poudre, à peu près, ont rempli la rainure qu'oceupe la substance de la fusée et la petite cavité que ferme le disque en cuivre. Du coton-poudre, saupoudré de pulvérin, a été placé comme mêche. La fusée ainsi construite a été fixée à l’appareil HT. Trois essais suc- cessifs ont donné des résultats moins concordants que ceux qui précèdent. Le papier se déroulait à raison de 21% par seconde; les interruptions correspondant au temps écoulé entre la chute du chien du pistolet et l’im- mersion de la pointe de platine dans le mercure m' ont été : 2mm 6: nm, 4 ;Amm 5. Cela correspond, en temps, à ‘/,, ‘/, et !/,, de seconde. La différence entre ces va- leurs et !/,, de seconde de l’expérience précédente repré- sente le temps employé par la combustion de la poudre dans la fusée et dans la cavité que ferme le disque de cuivre, et aussi le temps qui s'écoule entre le moment aù le feu sort du pistolet et celui où la mèche est allu- mée.— En prenant la moyenne des trois valeurs ci-dessus eten soustrayant !/,, de seconde, on trouve !/,, de se- conde : il est infiniment probable que l'intervalle entre Ja sortie du feu et l’inflammation de la mêche n’est qu’une petite fraction de ce douzième de seconde. C’est cette fraction seule qu’il y aurait lieu de considérer ici et qui très-faible — qu'en faisant, à ce point de vue, une étude spé- ciale du Morse employé. Je rappellerai que M. Pouillet a déterminé (Comptes rendus, décembre 1844) le temps qui s’écoule entre le moment où le chien frappe la capsule et celui où la balle sort du fusil (fusil d'infanterie français, cartouche ordinaire), il l’a trouvé de !/,,49 à 1 /150 de seconde. Dans Pexpérience ci-dessus décrite, il y a en plus la durée de chute du chien et la chute de æ. SUR LA DURÉE DE COMBUSTION DES FUSÉES. 197 devrait être soustraite de chaque détermination de temps dans les expériences qui vont suivre. Sa faible valeur la rend évidemment négligeable. Ces détails montrent quel peut être le degré d’impor- tance des erreurs dues à la méthode ou à l'appareil. Ces erreurs sont sûrement toujours inférieures à !/,, de se- conde ; elles sont bien plus faibles que les différences inévitables, dues à la fabrication, d’une fusée à l'autre. La méthode qui vient d’être décrite présente d’ail- leurs deux avantages qu’il vaut la peine de signaler : 4° La mesure de la durée est entièrement indépendante de l’opérateur et par conséquent ne risque point de ren- fermer des erreurs personnelles. 2° Les résultats étant enregistrés peuvent se conserver et se vérifier quand on le veut. J’ai actuellement encore toutes les bandes de papier qui ont servi à obtenir les chiffres des tableaux numériques ci-dessous. IV Les fasées soumises aux expériences doivent être di- visées en deux groupes qui différent quelque peu dans leur construction et dont il importe de distinguer les ré- suliats !. Premier groupe. 1° Expériences du 9 juin 1862, à 6 heures du soir, dans le poste de la gendarmerie, à Ouchy, sur les bords du lac Léman. | ! Dans l'exécution de toutes ces expériences, M. Charles Dap- ples, lieulenant-fédéral d'artillerie, a eu l'obligeance de me prê- ler un précieux concours. 498 INFLUENCE DE LA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE Pression (réduite à Ov): 728mm,5.—Tempér. de Pair: 15°. Fusées. Durées de combustion. Ecarts de la moyenne. 1 d'u di) —05,59 2 10,96 L 4,00 3 9,80 — 0,16 4 6,80 5 10,39 0,43 6 9,33 — 0,63 7 9,80 — 0,16 8 9,51 - 0,45 9 9,68 — 0,28 10 10,97 - 4,01 Durée moyenne : 9,96 Ecart moy. : +0,53 Dans cette série, le n° 4 doit évidemment être écarté pour le calcul de la moyenne ; sa courte durée tient à quelque circonstance exceptionnelle de la fabrication ou à quelque erreur de graduation. — J'ai poussé le calcul jusqu'aux centièmes de seconde dans la transformation en temps des fractions qui précèdent le premier point el qui suivent le dernier sur la bande de papier ; c’est as- surément une approximation supérieure à ce que la mé- thode comporte, mais il était préférable d’agir ainsi pour le calcul de la moyenne. 2° Expériences du 3 juillet, à 4 heures du soir, à la Tour de Gourze, au-dessus de Cunlly. Les appareils étaient installés dans le sentier creux à lorient de la tour. SUR LA DURÉE DE COMBUSTION DES FUSÉES. 199 Pression : 685". — Température de l'air : 13°. Fusées. Durées de combustion . Ecarts de la moyenne. 1 9s,82 —. 05,29 9 11,67 1,56 5) 6,90 À 10,05 — 0,06 ) 9,00 6 9,90 — 0,21 7 6,15 8 9,25 — 0,86 9 9,97 — 0,24 Durée moyenne : 10$,11 Ecart moyen : + 05,54 Gelte serie est évidemment peu satisfaisante. Les ob- servalions 5, o el 7 Sont manifestement hors de cause pour le calcul de la moyenne; les autres présentent d'assez grands écarts, surtout le n° 2. 3° Expériences du 3 juillet, à 7 heures du matin, à St-Pierre, dans le Val d'Entremont. L'appareil HT était sur le balcon de lhôtel; les autres instruments étaient dans le corridor voisin. Baromètre : 6927"%",7. — Température de Pair : 19°. Fusées. Durées de combustion. Ecarts de la moyenne. 1 95,25 —15,27 2 10,84 + 0,32 5 10,39 201 4 10,45 — 0,07 D 14,25 6 10,59 2e à a 1 10,14 — 0,36 8 11,35 : 0,83 9 41,39 +0,87 Durée moyenne : 105,52 Ecart moyen : +05,50 900 INFLUENCE DE LA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE Le n° 5 est évidemment exceptionnel ; je ne Pai pas introduit dans le calcul de la moyenne. 4 Expériences du 5 juillet, à 3 heures après midi, à l’Hospice du St-Bernard. L'appareil IT était placé sur une fenêtre; les autres instruments élaient dans l’inté- rieur de la chambre. Pression : 567",8. — Température de l’air: 8°,7. Fusées. Durées de combustion. Ecarts de la moyenne. 1 115,56 +0S,36 2 10,54 — 0,66 6) 1,44 4 11,07 — 0,13 5 11,63 +0,43 6 11,13 — 0,07 7 10,58 — 0,62 8 12,68 + 1,48 9 10,23 — 0,97 10 11,43 + 0,23 Durée moyenne : 115,20 Ecart moyen : +0,55 Le n° 3 est entaché d’une erreur exceptionnelle. Le n° 8 est bien fort ; mais l'écart n’est pourtant pas tel qu’on doive le rejeter. Si on léliminait, cela changerait la moyenne de 0,18. Second groupe. 1° Expériences du 25 juin, à 5 heures du soir, à Ouchy. SUR LA DURÉE DE CUMBUSTION DES FUSÉES. 201 Pression : 731%. — Température de Pair : 16". Fusées. Durées de combustion. Ecarts de la moyenne. 1 8,73 — 0,49 2 9,18 0,03 d 4 8,19 — 0,56 5 9,10 1- 0,53 6 9,45 -L 0,30 fl 9,26 +0,11 8 8,18 9 8,95 — 0,20 10 9,33 _ 0,18 11 8,98 OA 12 9,19 -L 0,04 Durée moyenne” 95,15 Ecart moyen : +05,23 La fusée 8 n'avait, par erreur, pas été graduée ; la mèche seule brûla. On ajouta alors une mêche en coton- poudre et la durée de combustion fut 85,78. Ce résultat ne peut naturellement pas entrer dans le caleul de la moyenne, Luisque la fusée avait été modifiée. — Pendant la combustion de la fusée 3, le papier s’embarrassa dans les engrenages du Morse etse déchira. — Les n°° 11 et 12 ont été brûlés à Lutry, le 4° juillet, au bord du lac, par une pression de 730%». Rien n'empêche évidemment de les joindre à celles d’Ouchy pour le calcul de la moyenne. 2 Expériences du 5 juillet, à 8 heures du matin, à St-Pierre, dans le Val d'Entremont. Installation comme dans la série 3 du premier groupe. ARCHIVES, T. XV. — Novembre 1862. 14 202 INFLUENCE DE DA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE Pression : 627,7. — Température de Pair : 15e. Fusées. Durées de combustion. Ecarts de la moyenne. 1 105,39 + 05,27 2 10,37 + 0,25 6) 10,25 + 0,13 k 10,03 — 0,09 5 9,77 —_ 0,33 6 10,45 + 0,53 7 9,61 — 0,51 8 9,76 — 0,56 9 10,50 + 0,38 Durée moyenne : 10°,12 Ecart moyen : + 05,29 Cette série n’a présenté aucune irrégularité. 3° Expériences du 5 juillet, à 2 heures du soir. Cette série a été faite près de la crête des rochers de la Chena- letlaz, au-dessus du St-Bernard, à 9700 pieds au-dessus du niveau de la mer !. — Un vent assez fort chassait des nuages qui nous enveloppaient par moments. Les appa- reils étaient installés sur des débris de rochers et abrités par un escarpement de l’arête *. l Je me fais un devoir de rendre hommage à lextrême obli- geance de M. le prieur de l'Hospice du St-Bernard qui nous a fait accompagner et aider sur celle station élevée, dont l'accès, sans être posilivement difficile, a cependant exigé quelques efforts à cause des instruments. ! ? Dans le Morse de ces expériences, le déroulement du papier est dû à l’action d’un ressort; ce mouvement est régularisé par un régulateur à palettes. L’uniformité de la vitesse se produisant par la résistance que l'air oppose à la rotation du régulateur, on conçoil que pour atteindre celte uniformité, il faut une rotation plus ou moins rapide, suivant la densité de l'air. — J'ai eu l'oc- casion de constater celle différence entre la station la plus basse (Ouchy) et les stations les plus élevées (St-Bernard et Chenalet- taz). À Ouchy (pression de 750"), le déroulement du papier se SUR LA DURÉE DE COMBUSTION DES FUSÉES. 203 Pression : 538,8. — Température de Pair : 5°. Fusées. Durées de combustion. Ecarts de la moyenne. 1 10,71 —_ 05,38 2 11,02 — 0,07 3 11,32 + 0,23 4 10,53 — 0,56 b) 11,08 — 0,01 6 11,77 0,68 1 11,34 + 0,25 8 11,07 — 0,02 9 10,98 — 0,11 Durée moyenne : 415,09 Ecart moyen : +0,26 RÉSUMÉ DES MOYENNES. Premier groupe : Durées moyennes. Ecarts moyens. Pressions de l'air. Bucby the 01 95,96 +0,52 128nx GoULZE!, 5... 10,11 + 0,54 65 St-Pierre .... 10,52 + 0,50 628 St-Bernard... 11,20 + 0,95 008 Second groupe : Ouchy. 95,45 +-05,93 734um St-Pierre... 10,12 + 0,29 628 Chenalettaz. . 11,09 + 0,26 538 faisait à raison de 31 à 52%" par double oscillation du métro- nome ; aux Chenaleltaz, 39% en moyenne. L'accroissement de vilesse du régulateur, pour atteindre le moment où la résistance de l'air fait équilibre à l'accélération, s’est donc fait dans la pro- porlion de 4 à 1,094. La densité de Pair avait diminué dans le rapport de À à 0,726. 904 INFLUENCE DE LA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE CONCLUSIONS. Un fait qui ressort avec évidence-et en tout premier lieu des tableaux numériques précédents, c’est que les fusées du second groupe sont plus régulières que celles du premier. — Chez les unes, l’écart moyen est de 0,50 à 0°,99, soit ‘/,, de la durée totale ; chez les autres, cet écart n’est que de 0,93 à 0°,29, soit ‘/,, à peu près de la durée totale. L'influence de la pression pourra donc se déduire avec plus de sécurité des résultats fournis par ces dernières. Dans l’unet l’autre groupe, la durée de combustion augmente en même lemps que la pression extérieure di- minue. Pour estimer la grandeur de cette variation entre deux pressions déterminées, il suffit de diviser l’accroissement de durée par la durée totale à la pression supérieure et par la différence des pressions exprimée en millimètres. Où aura ainsi un coefficient qui exprimera l’accroissement moyen de lunité de durée de combustion (1°) pour un abaissement de 1" dans la pression. En calculant ce coefficient à l’aide des chiffres ci-dessus on trouve : Fusées du premier groupe. Entre Ouchy et Saint-Pierre, 0,00056 «Saint-Pierre et Saint-Bernard, 0,00108 « Ouchy et Saint-Bernard, 0,00078 Je laisse complétement de côté la série de la Tour de Gourze qui, comme on l’a vu, est peu satisfaisante. SUR LA DURÉE DE COMBUSTION DES FUSÉES. 205 Fusées du second groupe. Entre Ouchy et Saint-Pierre, 0,00104 « Saint-Pierre et Chenalettaz 0,00108 « Ouchy et Chenalettaz, 0,00111 Le coefficient n’est pas le même pour les deux séries. — Si l’on tient compte des écarts individuels que présen- tent les fusées du premier groupe, si l’on remarque que sur 36 d'entre elles, 6 ont dû être éliminées à cause de l’évorme divergence qu’elles présentent avec la moyenne, on trouvera sans doute que leurs résultats sont peu pro- pres à fournir le vrai coefficient de variation. — Les fu- sées du second groupe, au contraire, ont été beaucoup plus régulières, et sur 80 soumises aux expériences, au- cune n’a présenté un écart individuel qui dût la faire re- jeter pour le calcul de la moyenne. Les coefficients que l’on obtient entre la. première et la seconde station (0,00104), puis entre laseconde et latroisième (0,00108), sont presque identiques, et montrent ainsi que l’accrois- sement dela durée decombustion est proportionnel à la di- minulion de lu pression. On peut même dire que cette loi simple, si bien réalisée par les chiffres du second groupe, devient uve preuve en faveur de leur exactitude. Les expériences de M. Frankland ont été faites entre des limites plus étendues et sous six pressions différen- tes. L'auteur apprécie la variation de durée en cherchant quel accroissement subissent 30 secondes, pour une di- minution de pression de 1 pouce de mercure. Il trouve, pour cette sorte de coefficient, 05,893 ; 05,980; 05,925 : 15,339; 1°,081. Les différences, sans être trés-grandes, Sont Cependant supérieure à celles de mes coefficients du second groupe. M. Frankland indique cependant la loi de 9206 INFLUENCE DE LA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE proportionnalité comme assez approximative et admet qu’une fusée de 30 secondes éprouve un accroissement moyen de durée de combustion de 1°,043 pour une dimi- nuiion de 4 pouce de mercure dans la pression. Pour comparer les valeurs que j'ai obtenues avec cel- les de MM. Mitchell et Frankland, il suffit de calculer, à laide de leurs résultats, le coefficient millimétrique, tel qu'il est défini plus haut, entre les limites de pression les plus rapprochées de celles où j'ai opéré.—Kn prenant les observations de M. Mitchell aux pressions de 752%" et o84"", le coefficient est 0,00161 ; entre les pressions 752m% et 609», il est de 0,00140. Ainsi, l'accroisse- ment de durée était un peu plus grand dans ces fusées- là que dans celles que J'ai étudiées.— Dans les six pres- sions de M. Frankland, les deux qui se rapprochent le plus des limites entre lesquelles j’ai expérimenté sont la seconde (28 ? 25), et la quatrième (22 r 45). Ce savant a trouvé pour les durées de combustion : à 28205 (Ab Be IS AAA 32,95. à 292 451{670%4.0). nus cepnes si SYPRYES On en déduit, pour coefficient de variation : 0,00116 Entre Ouchy et Chenalettaz, j'ai obtenu ... 0,00111 C’est un accord assurément très-remarquable et d’au- tant plus intéressant que les fusées de M. Frankland dif- férent par leur dimension, leur forme et ieur durée de combustion de celles qui ont fourni les résultats consi- gnés plus haut. Mais si, comme il est légitime de le pen- ser, l'influence plus ou moins grande de la pression dépend de la composition de la fusée, du mode d’arran- gement et de tassement du pulvérin, etc., il y à lieu de croire que, sous ce rapport-là, les fusées de Woolwich et les fusées fédérales de Thoune sont fort semblables. SUR LA DURÉE DE COMBUSTION DES FUSÉES. 207 Ainsi, on peut admettre que l4 durée de combustion L Es: AR fe d’une de ces fusées s’accroil, en moyenne, de /,,,, de sa valeur pour chaque diminution de 1 millimètre dans la pression barométrique. Les faits qui précèdent ont une importance qu’on ne peut méconnaître au point de vué militaire et ils doivent être pris en sérieuse considération toutes les fois que la durée de combustion d’une fusée est un élément essen- tiel de son emploi. Mais, plutôt que d’insister ici sur le côté pratique de cette question, je préfère en signaler le côlé théorique qui n’est point sans intérêt. — D'où pro- vient cette influence de la pression ambiante sur la durée de combustion des fusées ? La diminution de pression, correspondant à une moin- dre proportion d'oxygène dans un volume déterminé d’air, on serait facilement tenté d'attribuer à cette diminution du gaz comburant la plus faible activité de l’action chimi- que. On ne peut cependant pas s'arrêter à cette hypo- thèse, car la substance des fusées renferme, sous la forme de nitrate, une proportion d'oxygène amplement suffi- sante pour brûler tous ses éléments combustibles. Voici quelques essais, d’ailleurs, qui ne laissent aucun doute à cet égard. Quatre fusées semblables à celles du second groupe ont été brülées dans une atmosphère d'acide carbonique. — Sans entrer dans tous les détails de l’opération, je di- rai seulement que la combustion s’effectua dans une grande cloche en verre convenablement installée. Après que la cloche avait été remplie d’acide carbonique, on laissait librement ouvert le tube étroit qui avait servi à Pélimination de l’air; la pression se maintenait ainsi la 208 INFLUENCE DE LA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE même qu'à l’extérieur. La fusée était allumée à Paide du courant d’un appareil de Ruhmkorf, qui faisait rou- gir un fil de platine en contact avec la mèche. La durée de combustion était appréciée à l’aide du Morse dont il a été question dans les expériences précédentes ; mais l'appareil I ne pouvant pas être introduit dans la cloche, on produisait directement, avec la main, une interruption du courant, au moment où la fusée s’allumait, et une fer- meture au moment où la combustion était terminée. Les longueurs de papier déroulées indiquaient la durée de combustion comme il a été dit plus haut (page 193). — Les résultats ont été : dre fusée : 75,36; 2e fusée : 8,50: 3me fusée : 85,97 ; 4e fusée : 8,98. Les trois dernières, qui sont très-concordantes, donnent pour moyenne 8,57. La pression était de 715", — On se souvient que les mêmes fusées, brûlées dans Pair et sous une pression de 730%, avaient présenté une durée moyenne de com- bustion de 9,15. Ainsi, la combustion n’est pas moins aclive malgré l’absence complète d'oxygène dans le mi- lieu ambiant, et on peut affirmer que l’oxygène de Pair n'intervient en aucune façon dans la combustion des fu- sées.! C’est donc bien le fait purement physique de labaisse- l'Ilya même lieu d’être surpris de ce que, pour ces quatre fusées, la durée de combustion a été inférieure à ce qu’elle est dans l'air. Cela pourrait-il tenir à Ja plus grande densité de la- cide carbonique ?.... Le moyen assez grossier de mesure du temps employé ici a bien pu affecter d’une erreur notable (1/, ou l/3 de seconde) les chiffres indiqués plus haut. Une certaine surprise, difficile à éviter, rendait trop tardive l'interruption du courant au moment où la fusée s’allumait. Ce retard, presque inévitable, tendait à produire une erreur en moins et il suffit peul-êlre pour expliquer la moindre durée apparente de la combustion. SUR LA DURÉE DE COMBUSTION DES FUSÉES. 209 ment de pression qui influe sur la rapidité de la combus- tion. M. Frankland l'explique en pensant que chaque couche de la fusée, au moment où elle va brûler, a déjà été réchauffée par le voisinage immédiat du foyer. Plus ce réchauffement anticipé sera considérable, et plus la combinaison des éléments qui constituent cette couche sera rapide. Dans l’air moins dense, les gaz résultant de la combustion s’échappent plus rapidement ; il y a donc dans un espace déterminé, au contact du foyer et à pro- ximité de la couche qui va brûler, moins de molécules gazeuses chaudes. Ces gaz réchauffent par conséquent moins la portion de matière immédiatement voisine et que Ja combustion va atteindre, et par suite, la réaction chimique est moins active. — Cette explication est assu- rément fort ingénieuse. On a toutefois quelque peine à se figurer que le plus rapide écoulement des gaz diminue le réchauffement des portions qui vont brûler ; car la com- bustion étant continue, il se produit incessamment, au contact même de la couche que le feu va envahir, une provision nouvelle de gaz. Si la pression n’influe pas sur la température des gaz, il me semble que leur plus ou moins rapide élimination ne doit guère modifier le ré- chauffement, par contact, que ces gaz peuvent procurer au point même el au moment même où ils viennent de prendre naissance. — Des expériences ayant pour objet la température des produits de la combustion, sous diver- ses pressions, seraient d’un grand intérêt et éclairciraient promptement ce point. Il est fort probable que la quantité de chaleur dégagée par la combustion ne dépend que de la nature et de la proportion des éléments constituant la fusée. La quantité (en poids) de gaz que produit une certaine fraction de la 9210 INFLUENCE DE LA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE matière combustible ne dépend point de la pression ex- térieure ; mais le volume de ces gaz en dépend. Pour une certaine pression, la chaleur dégagée par la réaction chimique est capable de porter à une température déter- minée les produits gazeux. Pour une pression moindre, on peut se figurer que la même chaleur sert, en partie, à produire l’état de densité plus faible du gaz et, en par- tie, à élever sa température. La premiére fraction sera absorbée comme chaleur latente de dilatation; l’autre sera la chaleur thermométrique proprement dite du corps gazeux. Cette dernière sera évidemment d'autant moindre que la pression extérieure sera plus faible.l — Si ces aperçus sont exacts, on s’expliquerait comment la com- bustion est moins active sous des pressions plus faibles : les gaz étant moinds chauds, au moment même de leur formation, réchauffent moins aussi la couche de matière combustible que le feu va immédiatement envahir; la réaction chimique y est par suite plus lente. l Supposons qu'une fusée brûle sous une certaine pression p ; la chaleur dégagée par la combustion d’une quantité déterminée et très-pelite de matière combustible est ç ; la Lempérature des gaz, au moment de leur formation, est {. Si, au moment même - de la réaction chimique, la pression extérieure baisse toul à coup et devient p, les gaz augmenteront de volume, et puisque ce changement de pression n'influe pas sur c, la température devien- dra £; {étant plus petit que £. Cet abaissement de la tempéra- ture des gaz, qui succéderait sûrement à un abaissement subit de la pression extérieure, doit, ce me semble, se manifester aussi lorsque, dès le début, la fusée brûle sous une pression moindre. — Il serait loutefois intéressant de constater directement le fait par des expériences. ÉTUDE SUR L'ESPÈCE à l’occasion d’une révision DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES PAR M. ALPH. DE CANDOLLE. L'obligation de revoir en entier la famille des Cupu- lifères, pour le volume XVI du Prodromus, m'a semblé d’abord une tâche extrêmement ingrate D’excellents tra- vaux avaient été publiés depuis quelques années sur les chênes, en particulier par M. Webb! et M. Gay*; les espèces des États-Unis sont figurées depuis longtemps dans les ouvrages des deux Michaux, celles de l’Asie méridionale “dans ceux de Blume, et M. Kotschy * commençait la pu- blication de belles planches des espèces d'Europe et de l'Asie occidentale; enfin, des arbres aussi remarquables ayant constamment fixé l’attention des voyageurs, pres- que toutes les. formes en avaient été recueillies et dé- crites avec plus ou moins d’exactitude par les botanistes, lorsque je fus appelé à m’en occuper. Le premier as- 1 Webb, Iter hispaniense, p. 10. ? J. Gay, Ann. des se. nat., sér. 4, v. 6. Bull. soc. bot. de France, 1857. 3 Kotschy, die Eichen Europa’s und des Orients. In-folio Vienne 1858-62. L'ouvrage vient d’être terminé à la planche 40. 212 ÉTUDE SUR L’ESPÈCE, A L'OCCASION D’UNE pect des herbiers me montra qu’il y aurait fort peu de nouveautés et que j'aurais surtout à débrouiller une sy- nonymie assez compliquée dans la catégorie des chênes du Mexique. L'expérience a pleinement justifié ces prévisions. Ja- mais dans la série de mes nombreux travaux monogra- phiques, je n’ai rencontré un groupe aussi dépourvu de choses nouvelles, et aussi peu fait pour captiver l’atten- tion, du moins lorsqu'on suit la marche ordinaire de la botanique descriptive. D’immenses matériaux avaient été mis à ma disposition,! mais rien ne m'altirait à eux, et leur masse n’était propre qu’à décourager. Heureusement l’idée m'est venue de faire de mon travail une éfude sur l'espèce ! L’abondance des échantillons me le permettait. D'ailleurs la question de l'espèce, de ses limites, de ses modifications, de son origine, est une de ces questions qui reparaissent de temps en temps, et aujourd’hui plus que jamais. On l'avait négligée après Linné. Évi- demment dans tout l'intervalle entre le Genera de Jus- sieu et le Genera de Endlicher, les hommes qui ont in- flué sur la science se sont bien plus occupés des groupes 1 Outre mon herbier, contenant la plupart des chênes de Blume et du D' Hooker, et celui de M. Boissier, très-riche en espèces d'Orient, nommées par M. Kotschy, j'ai eu l’herbier de Florence, contenant celui de Webb, et l'herbier du D' Engel- mann, précieux pour les espèces des États-Unis. J'ai obtenu égaiement la communication des chênes de l’herbier de Paris, qui ont servi au travail de Bonpland sur les espèces d'Amérique ; des types originaux de Née, dans l’herbier royal de Madrid; de ceux de MM. Martens et Galeotti, grâce à l’obligeance de M. Mar- tens ; de la grande collection des chênes du Mexique de l’herbier royal de Copenhague, décrits par Liebmann; de ceux de lher- bier de M. Oersted, de M. Seemann et de M. de Teñihatcheff. RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 213 supérieurs que des espèces, mais voici que par les pro- grès de la géologie, de la géographie botanique, et par un effet de l’esprit d'analyse qui domine chez les au- teurs de flores locales, cette question de l’espèce, vexalæ quæstio, revient au premier rang. Elle préoccupe : elle divise : elle fait renaître des théories qu'on croyait ou- bliées. Les arguments généraux, quelque bien raison- nés qu'ils puissent être, ne suffisent pas et l’on cherche naturellement à aborder le problème par toutes ses faces. J’ai pensé qu’il ne serait pas inutile de le scruter au moyen d’un cas particulier. Étant donné, un assemblage considérable de formes analogues, j'ai voulu constituer des groupes subordonnés et juxtaposés, en ayant, autant que possible, des preuves pour chacune de mes déci- sions ; puis, un petit nombre de groupes vraiment natu- rels étant ainsi constitués, je pourrais me flatter de comprendre mieux leur nature propre et de deviner leur origine; tel a été mon but. Telle sera aussi mon excuse pour les détails dans lesquels je vais entrer, détails que le lecteur peut du reste abréger en passant rapidement sur le premier paragraphe. $ 1. Groupement des formes de Cupulifères. La marche à suivre était de rapprocher les échantil- lons qui se ressemblent le plus, sans me laisser préoc- cuper par Popinion des auteurs et par les noms qui se trouvent dans les herbiers. Jai donc formé, au fur et à mesure de mon travail, des groupes constitués par plu- sieurs échantillons identiques on presque identiques, du moins lorsqu'il s'agissait d'arbres de pays bien explorés, abondants dans les collections. Pour les formes 914 ÉTUDE SUR L’ESPÈCE, A L'OCCASION D’UNE de pays moins connus, il a fallu me contenter de groupes fondés sur un trop petit nombre d'échantillons, quelque- fois sur un seul, par conséquent de peu de valeur. Dans les chênes d'Europe, d'Orient et des États-Unis j'ai eu souvent des centaines d'échantillons, recueillis à différents âges, dans diverses localités, par des botanistes dont les opinions sur les espèces élaient aux deux extrêmes, de sorte que les uns avaient recherché les formes ordinai- res et les autres les formes exceptionnelles. Jai profité ainsi de matériaux plus complets que si j'avais herborisé moi-même dans un pays tel que la France ou PAllema- gne, plus variés que si j'avais vu cent fois les mêmes formes dans une seule province, et plus impartiaux que s'ils avaient été recueillis par un seul homme, avec cer- taines idées théoriques ou certaines habitudes. I] y a sans doute des recherches qu’il est difficile de faire sur le sec, mais je n'hésite pas à dire que la comparaison des formes voisines qui peuvent exister dans de vastes terriloires, se fait mieux au moyen de riches herbiers qu’en herborisant. Certains caractères des chênes et genres voisins va- rient fréquemment sur le mêmé rameau, et ne peuvent évidemment pas servir à constituer des espèces. J’entends que malgré les diversités d'opinions sur la manière de défi- nir l’espèce, et en dépit de toutes les hypothèses sur son origine, aucun botaniste n’a jamais admis qu’on püt re- garder comme spécifique un caractère variant eur la même branche ou sur le même arbre. Quelques hommes consciencieux et bons observateurs, par exemple MM. Webb et J. Gay, avaient remarqué les variations dont je parle. Je n'ai fait que suivre leurs traces, mais en m’efforçant dy apporter plus de méthode RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÊÈRES 215 afin de pouvoir justifier mes conclusions auprès de ceux qui en douteraient.' Lorsque les variations sur le même rameau sont d’une nature bien tranchée, comme d’avoir les feuilles ou entières ou dentées, d’avoir le bas du limbe ou obtus ou aigu, j'ai remarqué, au moins pour les formes abondantes dans les herbiers, combien de rameaux sur un certain nombre offraient le double caractère. Je puis dire, par exemple, que sur 84 échantillons du Q. coccifera var. «, observés dans mon herbier, dans celui de M. Boissier et ce- lui de Florence, treize présentent sur le même rameau les feuilles ou entières ou dentées, tandis que les autres les ont ou complétement dentées ou complétement entières. Malheureusement la plupart des caractères ne se prêtent pas à des calculs semblables. Il y a des variations dans lesquelles les transitions sont nombreuses et insensibles, par exemple, des pétioles qui sur un même rameau sont de 1 à 3 lignes, dans un autre rameau de 2 à 5 fig. ou de 3 à 7 lig. de longueur; des lobes qui passent sur le 1 Je me suis astreint dans ce but à quelques procédés de pré- aision. Ainsi dans l’article des Cupulifères du Prodromus loutes les fois que j'emploierai le mot vel pour indiquer deux formes comme exislant dans un groupe, par exemple € folia basi acula vel oblusa » où € perigonium 5-fidum vel 5-partilum, » cela si- gnifiera que sur le même rameau, dans des échantillons que j'ai vus, les feuilles sont lanlôt aiguës, tantôt obtuses à la base, ou les périgones des fleurs mâles sont tantôt Sfides, tan- tôt 5-parliles. Lorsque j'ai vu les deux caractères sur des ra- imeaux différents je dirai «@folia nunc basi acula, nunc oblusa » où j’emploierai telle autre expression qui ne sera pas le mat vel. Cette fixation arbitraire de langage une fois admise, on comprend quelle précision il en résulte , et combien cela est plus commode que de recourir continuellement à des périphrases dont on se lasse et qu'on supprime bieulôl pour abréger. 916 ÉTUDE SUR L'ESPÈCE, A L'OCCASION D’UNE même rameau à l’état de crénelures ou d’ondulations plus ou moins effacées, des écailles de la cupule plus ou moins renflées sur le dos, etc. D’ailleurs les fruits sur le même rameau ne sont pas ordinairement assez nombreux et il y a dans les berbiers trop d'échantillons sans fruits ou à fruits imparfaits pour que l’énumération des rameaux et des variations soit possible à l’égard des caractères du fruit. Je serai obligé alors d'indiquer ce que j'ai vu sans pouvoir le justifier par des chiffres. Voici les caractères qui varient fréquemment sur le même rameau. Je dirai eusuite quelques mots de ceux qui varient sur le même arbre, suivant l’âge. LONGUEUR DES PÉTIOLES. Rien de plus commun dans les chênes que la variation de 1 à 3 dans la longueur du pétiole sur le même rameau. Au delà c’est une variation exceptionnelle. FORME DU LIMBE. Elle varie fréquemment d’une el- lipse à une ellipse ailongée (oblongue), à la forme ovée ou obovée, avec toutes les transitions intermédiaires. LOBES ET DENTELURES DU LIMBE. Sur la même feuille de notre chêne commun, du Q. toza et d’une foule d’autres espèces, les lobes sont inégaux ; à plus forte raison sur des feuilles de la même branche. On trouve tant d’inter- médiaires entre des lobes très-saillants (folium pinnatifi- dum) ou moins distincts (folium semi-pinnatifidum), entre ceux-ci et des créneaux ou des dentelures, que ces va- riations sont impossibles à énumérer, mais quand il $’a- oit de feuilles ou entières ou dentées, peut-être même lobées sur le même rameau, la différence est facile à saisir. — En voici quelques exemples : Quercus Lusitanica var. faginea. Observé dans les trois herbiers de Boissier, de moi et du musée de Florence RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 217 @Webb), il compte 107 échantillons, dont 44 ont sur le même rameau les feuilles ou entières, ou dentées à des espaces éloignés et irréguliers, ou dentées régulièrement en scie. Q. Lusitanica var. infectoria. Sur 70 échantillons 7 présentent les mêmes variations. Les autres variétés sont représentées par trop peu d'échantillons, mais presque toutes m'ont offert sur quelques rameaux les mêmes variations. Q. Tex var. x. Sur 137 échantillons des trois herbiers, 82 ont le mélange de feuilles entières et dentées. Q. Îlex var. agrifolia. Sur 8 échantillons 3 varient ainsi. Q. [lex var. Ballota. Sur 64 échantillons 39. Q. Suber. Sur 60 échantillons 4 ont les feuilles ou dentées ou entières. Q. Cerris. Sur 110 j'en ai trouvé 98. Q. coccifera x. V'ai dit avoir trouvé 13 rameaux à va- riation de cette nature, sur 84. Dans la variété Meslo du Q. coccifera c'était 6 sur 9. Q. calliprinos var. eucalliprinos : 5 sur 21 variaient ainsi. Dans la variété rigida À sur 7. Dans la var. ar- cuata 5 sur 10. * Les Quercus Pyrami Kotschy, nilens Martens et Gal., acutifolia Nee, Wislizeni Alph. DC., Castanea Nee, regia Lindl., sont remarquables par l’extrême diversité des feuilles sur le même rameau, mais ces espèces ne sont pas assez abondantes dans les her- biers pour que les chiffres aient de la valeur. Dans le Quercus Aucherii Jaub. et Sp., si l’on peut regarder comme suffisante une observation fondée sur trois ou quatre rameaux, la variation serait régulière, dans ce ARCHIVES. T. XV. — Novembre 1862 15 918 ÉTUDE SUR L'ESPÈCE, A L'OCCASION D’UNE sens que les feuilles du bas de chaque rameau sont entières et celles qui suivent sont fortement dentées. Le Quercus humilis Lam. m'a présenté sur la même feuille des dents terminées par une pointe (mucro) et d’autres qui en sont dépourvues (dentes mutici). On trouve la même varialion sur des rameaux du Q. Lusi- tanica Webb, espèce voisine, et du Q. Castanea Nee. TERMINAISON DU LIMBE. Lorsque les bords sont den- tés ou lobes, l'extrémité est aiguë ou lobée, mais s'il y a des feuilles entières dans le même rameau leur ex- trémité en est souvent modifiée, quelquefois elle devient arrondie, obtuse. Jai noté fréquemment sur la même branche, dans les espèces de l’Asie méridionale à feuilles entières, des extrémités ou acuminées ou obtuses. Les Q. repanda Humb. et Bonpl., crassipes H. et B., cineria Michæ. et autres espèces américaines varient quant à la présence ou absence d’une pointe (muero) à l'extrémité des feuilles du même arbre. BASE DU LIMBE. Ici les variations sont très-fréquentes. J'ai observé des feuilles soit aiguës ou obtuses, à la base, soit obtuses ou cordées, sur le même rameau, dans les proportions suivantes pour nos espèces d'Europe et d’O- rient les plus communes, du moins pour celles dont j'ai vu au moins sepl échantillons : Q. coccifera var. vera ...... 17 fois sur 84 échanlillons !. — imbricala À » 13 _ — cilicica 3 | — Q. calliprinos var. eucalliprinos Ô » 21 — — arcuata... 4 » 10 — _ inops. .... 0 ts _ — valida..... 0 LORS — — brachybalanos 1 dEcul — ! Le mot échantillon, pris dans le sens ordinaire botanique, sup- pose un ou deux rameaux recueillis en même temps par le rême voyageur. RÉVISION DF LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 219 ONenria ns ME ue ns ht 32 fois sur 410 échantillons. Q. macrolepis............ Qu re 48 _ O. Vallonea var. x......... 1 mure — Q. serrala Thunb ......... 3 UT == Q. lanuginosa Don........ 4 RS _ (UN). 11) AMENER 6 » 921 = (. caslaneæfolia ... ...... 12 » 16 — REZ var: œ.25. à 2 0 4 04 » 137 — — um fon Q :. F) > 0 —- — PAR. 20? 12 » (61 — LUTTER" 26 » 60 — TA TOO ORNE TORRES 4 » 59 — Q. Lusilanica var. faginea .. 25 » 107 — — infecloria..…. 11 » 10 _— — Boissieri. .. D 0 — — bætica..... 6) » 31 — — peliolaris. .. 3 » 8 — — tauricola.. .. 4 » 11 — L. Robur pedunculala vulgaris 7 » 66 — — Haas .. 5 D: 10 — — sessiliflora communis 4 »y 27 — F —. lanuginosa 9 » 0 — J'ai vu deux échantillons seulement du Q. vesca, et ils avaient tous deux le mélange de feuilles aiguës ou obtuses à la base. Sur cinq échantillons du Q. regia trois étaient dans le même cas. Ce genre de variations n’est pas moins fréquent dans les espèces américaines. PUBESCENCE DES FEUILLES. — Presque tous les ché- nes ont les jeunes feuilles pubescentes, principalement en dessous, et elles deviennent glabres ou plutôt paraissent devenir glabres en vieillissant. Dans la plupart des cas les poils du limbe de la feuille, comme ceux du péliole, des rameaux et des pédoncules, se raccourcissent, se bri- sent en partie ou s'appliquent davantage contre la surface de manière qu’ils semblent disparaître, mais par une obser- valion attentive on les retrouve longtemps aprés, soit sous 990 ÉTUDE SUR L’ESPÈCE, À L'OCCASION D’UNE leur forme primitive, soit sous la forme de petites ponc- tuations plus ou moins saillantes. Dans quelques espèces il ya des poils véritablement cadues. Enfin J'ai trouvé dans le Quercus Lusitanica (subspecies orientalis), un mélange sur les feuilles du même rameau et ordinai- rement sur les mêmes feuilles, de poils persistants et de poils caducs. Ces exemples sont rares dans la famille. I m'a paru que la longueur des poils contribue à les rendre caducs, du moins dans les variations dont je viens de parler. Ge sont les feuilles à poils plus longs que d’or- dinaire qui s’en dépouillent plus aisément, les poils courts, quoique semblables de forme, dans les mêmes feuilles ou sur d’autres rameaux de la même espèce étant durables. Je parle des poils en faisceaux, dits poils étoilés, qui sont de beaucoup les plus communs dans la famille, car les poils isolés, ordinairement plus longs, qui se trouvent dans quelques espères mélangés avec les autres, ou plus ordinairement sur la nervure prin- cipale en dessous du limbe, sont plus généralement persistants. BRACTÉES ET PÉRIGONES DES FLEURS MALES. Assez fréquemment les bractées varient de forme ou de lon- gueur, et les périgones sont plus ou moins divisés, à lo- bes plus ou moins nombreux, aigus ou obtus, sur le même chaton. Ces modifications présentent beaucoup d’intermédiaires etil faudrait analyser une grande quan- tité de fleurs pour savoir si les différences tiennent à la situation au bas, au milieu ou au sommet du chaton. Les bractées sont très-caduques. Elles manquent à la base d’une fleur, de temps en temps dans nos espèces de lPancien monde, et fréquemment dans les espèces amé- ricaines. Pour bien constater ces variations, il serait con- RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÉRES. 2921 venable d'observer sur le vivant, ou bien il faudrait que les fleurs mâles fussent moins rares dans les herbiers. Malheureusement elles sont inconnues pour plusieurs chênes et quand on les possède, on n’est pas toujours certain de l'espèce, les caractères distinctifs étant es- sentiellement tirés des fruits. PÉDICELLES DES FLEURS MALES. — Dans un petit nombre d'espèces on trouve des fleurs pédicellées. J'ai vu ce caractère exister sur quelques fleurs du Q. rubra L., les autres, voisines, étant sessiles NOMBRE DES ÉTAMINES. — Il n’est pas en rapport ré gulier avec celui des lobes du périgone et ne paraît pas plus constant pour les fleurs du même chaton." ETAMINES MUCRONÉES. —— Dans le Q. Îlex on trouve sur le même chaton des anthères mucronées et d’autres non mucronées, avec des intermédiaires difficiles à défi- nir, de même dans le Q. phyllireoides A. Gray, du Ja- pon, espèce très-voisine, dans les Q. ilicifolia Wan- genh., cinerea Mich., coccifera L., calliprinos Webb. PÉDONCULES FRUCTIFÈRES. — Les pédoncules des fleurs femelles atteignent leur longueur définitive à l'é- poque de la floraison. Cette longueur varie plus, sur le même rameau, que celle des pétioles avec laquelle on la compare assez souvent dans les ouvrages descriptifs. Beaucoup d'échantillons d’herbiers sont impropres à constater ces variations à cause du petit nombre de pé- doncules sur chaque rameau, mais on verra dans le Pro- l Le dessinateur du bel ouvrage de M. Kotschy sur les Chênes (Die Eïchen Europas, in fol., 40 planches), s’est trompé sur toutes les espèces, en indiquant al élamines placées TERRA Ent: à l'égard des lobes. | 922 ÉTUDE SUR L'ESPÈCE, A L'OCCASION D’'UNE drome que les différences de 4 à 3 ne sont pas rares et sont quelquefois dépassées. Sur une dizaine d'échantillons en fruits de mon her- bier du Quercus Robur pedunculata var. vulgaris, un va- rie de 6 lignes à 18 ; sur deux échantillons de la. variété sessiliflora ambiqua, un varie de 2 à 7 lignes, l’autre de 3 à 9: sur 23 échantillons de la variété sessiliflora communis, un varie de 3 à 10 lignes ; sur 20 de la variété sessiliflora lanuginosa un varie de 2 à 8 lignes, un autre de 0 à 6 lignes. Les herbiers de Webb et de Boissier n’offraient pas des variations aussi grandes, mais divers auteurs en ont mentionné. Dans le Quercus Toza, espèce assez voisine du Q. Ro- bur, sur une quarantaine d'échantillons en fruits, de mon berbier, un variait pour la longueur des pédoncules de 0 à 4lignes, un autre de 1 à 8, un troisième de 4 à 45. J’ai vu une fois dans lherbier de Webb la variation de 4 à 2 pouces. Dans les échantillons du Q. Galeottii Martens (her- bier royal de Copenhague), j'ai vu la variation de 1 ligne à o; dans le Q. polymorpha Cham. et Schl. j'ai cons- taté celle de 4 à 6; dans le Q. Sartorii Liebm. (h. Co- penb.), de 0 à 8 lignes, dans le Q. acutifolia Webb, de 3 à 12 lignes. Le Q. Suber varie beaucoup sous ce rap- port. NOMBRE DES FRUITS. Extrêémement variable sur le même rameau. Presque toujours il est de 4 ou 2 fruits par pédoncule indifféremment, ou de 1, 2, 3, ou de 9, è, 4, Selon les pédoncules du même rameau dans telle ou telle espèce. Souvent un seul des fruits parvient à mâ- turité, l’autre ou les autres avortant plus ou moins. FORME DE LA CUPULE. Quand elle est arrivée à son RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 9293 développement complet, elle offre assez de fixité, mais les cupules avortées sont fréquentes et elles sont plus ovoi- des, plus fermées que dans les fruits parfaits du même rameau. Les auteurs ont souvent négligé ce point. Ils ont alors décrit comme des formes spécifiques régulières de cupules, ce, qui résulte d’un développement arrêté très-fréquent dans les chênes. Pour les cupules bien développées, il n’est pas sans exemple que la forme de la base varie sur deux fruits du même rameau. Ainsi sur huit échantillons fructifères, en bon état, du Quercus Suber, dans l’herbier de M. Bois- sier et dans le mien, j'en ai vu deux où la cupule est tantôt turbinée, tantôt hémisphérique, c’est-à-dire aiguë ou obtuse à la base. Dans le Q. falcata Michæx. les cu- pules de la même branche sont ou légérement aiguës ou presque obtuses à la base; celies du Q. Calesbæi et du Q. rubra sont atténuées en une sorte de her portant des écailles, ou obtuses. RENFLEMENT DU DOS DES ÉCAILLES. Pour tout autre qu'un monographe la convexité , il faut même dire la gibbosité de la base des écailles de la cupule paraît un caractère spécifique bien tranché. Cependant lorsqu'on étudie les chênes de plus près, on ne tarde pas à rencon- trer sur le même échantillon des écailles très-renflées avec d’autres légèrement convexes, et quelquefois c’est dans la même cupule qu’on trouve les divers degrés de renflement. Notre chêne commun (Q. Robur) en offre beaucoup d'exemples. Je citerai aussi les Q. oblusata Humb. et B., Libani Oliv., alba L., macrocarpa Michæ., et il serait facile d’en ajouter d’autres. DIRECTION DES ÉCAILLES. Toujours dressées et em- briquées à l’origine, les écailles de plusieurs chênes di- 992% ÉTUDE SUR L’'ESPÉCE, A L'OCCASION D’UNE vergent à l’époque de la maturité ou s’étalent, ou même se recourbent" Lorsqu'on a soin de comparer des fruits dans un état normal et parfaitement mûrs, il ya peu de va- riations sous ce rapport. Cependant on eu remarque, par exemple, dans les Q. Suber L., Cerris L., serrata Thunb., oophora Kotschy, et surtout dans le Q. coccifera L. et et dans formes voisines. DÉSINENCE DES ÉCAILLES. Dans quelques chênes cer- taines écailles de l’involucre, ordinairement les supérieu- res, S’allongent à l’époque de la maturité en lanières étroites, presque toujours recourbées, qui semblent un caractère important à cause de l'apparence très-singu- lière qui en résulte. Si Pon examine de plus près, on trouve que ce caractère n’est pas toujours constant. Ainsi dans le Quercus macrocarpa Michæ., on voit fréquem- ment sur la même cupule des écailles du milieu tantôt allongées en lanière, tantôt sans allongement, et Michaux affirme que dans les forêls épaisses et après un été peu chaud, les écailles supérieures elles-mêmes ne s’allon- gent pas en lanière. Dans le Q. serrala var. Roxburghii, les écailles moyen- pes et supérieures sont, dans le même fruit, pointues ou obtuses. Dans le Q. Libani Oliv. toutes les écailles of- frent des diversités semblables sur certaines cupules. GLAND. La longueur du gland relativement à la cu- pule varie fréquemment, ou plutôt il semble que pour chaque arbre il y a différents degrés de perfection et de 1 Bonpland avait décrit certains chênes du Mexique comme ayant des écailles rebroussées, embriquées de hauten bas. C'était une erreur, comme j'ai pu m'en assurer sur les échantillons au- thentiques du Muséum de Paris. Dans tous les chênes, les écailles sont dressées à leur base, mais dans quelques-uns elles se re- courbent et leur moilié supérieure devient réfléchie. RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 225 maturation des fruits qui produisent des dimensions diffé- rentes. Les Espagnols ont remarqué trois époques de maturité (dans la même année) pour les fruits du Quercus Suber, et ils ont donné trois noms aux glands qui en résultent. Ceci m'a paru devoir exister dans d’autres espèces, mais on la peu observé, et les échantillons des collections n'en donnent que des indications impar- faites. Probablement la proportion des gländs bien ou mal développés varie d’une année à l’autre, et contribue à déterminer ce que les cultivateurs appellent une bonne ou une mauvaise glandée. Quoi qu’il en soit, rien n’est plus commun que des glands à peine sortant de la cupule, ou exsertes, ou plus exsertes encore sur le même rameav, souvent sur le même pédoncule fructifère. Certains caractères varient pour le même arbre selon l’âge. Ainsi les feuilles des jeunes pieds sont ordinaire- ment plus aiguës à la base, moins découpées ou dentées ‘ et à pétioles plus courts que celles des vieux pieds, et leur forme est quelquefois très-différente. André Michaux l’avait remarqué pour plusieurs espèces des États-Unis. Il a même publié des figures bien connues qui le consta- tent. (Hist. des chên. 1. XXXIet XXXII, XXXIHII et XXXIV, XXXV et XXXVI, etc.) Enfin la DURÉE DES FEUILLES varie quelquefois d’une année à l’autre pour le même arbre, suivant les condi- tions de chaque säison. Webb (It. hisp.) le remarquait pour les Quercus Lusilanica et espèces voisines. Michaux l’a observé en Amérique pour le Q. aquatica Walt. Notre chêne commun (Q. Robur) conserve plus ou l C’est l'inverse du houx (lex Aquifolium) dans lequel les vieux pieds donnent les feuilles les moins dentées ou même des feuilles entières. 296 ÉTUDE SUR L’ESPÈCE, A L'OCCASION D’UNE moins ses feuilles desséchées pendant lhiver, suivant les individus et suivant les conditions extérieures. Ces dernières modifications, tenant à l’âge ou aux cir- conslances physiques d’une année, peuvent être considé- rées comme fixes pour chaque individu lorsqu'il se trouve dans des conditions semblables. Elles ne font que rendre plas extraordinaires les premières variations dont je parlais, celles qui ont lieu sur le même rameau, sous des conditions d'âge, de nutrition et d’influences extérieures identiques. Ceci rentre dans limmense et inexplicable catégorie des faits d'évolution dans les êtres organisés. L’attribut essentiel de ces êtres est de dé- velopper des formes tantôt semblables à celles qui ont précédé, tantôt analogues (variations) et tantôt dissem- blables (monstruosités), sans que nous puissions deviner le moins du monde les causes qui déterminent ces diffé- rences. Maintenant, pour résumer les caractères qui varient sur le même rameau dans les chênes et genres voisins, je dirai : 1° Les caractères qui suivent varient fréquemment sur la même branche. Longueur du petiole, dans la limite de 1 à 3. Forme générale du limbe quant au rapport de longueur entre les deux diamètres et à la position du diamètre transversal le plus grand. Forme du limbe à sa base, aigu, obtus ou en cœur. Profondeur des lobes ou des dents, présence ou ab- sence de dents sur le pourtour de la feuille. Désinence aiguë ou obtuse des feuilles. Grandeur des limbes. Forme des bractées dans les chatons, et présence de ces bractées (surtout dans les espèces américaines). RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 297 Nombre et forme des divisions du périgone mâle. Nombre des étamines. Terminaison mucronée ou un peu mucronée des an- thères. Longueur des pédoncules de fleurs femelles et fruits, variant de À à 4 fréquemment. Nombre des fruits sur chaque pédoncule, de 4 à 2 presque toujours, de À à 3 fréquemment. Renflement ou convexité du dos des écailles de lin- volucre. Longueur du gland relativement à l'involucre. Elle paraît dépendre plus du degré de perfection de chaque fruit que de sa nature propre. 2% Les caractères qui varient quelquefois sur la même branche sont les suivants : Longueur des pétioles au delà de 1 à 3. Pubescence caduque ou non caduque de la surface inférieure des feuilles. Longueur et direction des pointes (mucrones, aculei) qui terminent les dents ou lobes des feuilles. Fleurs mâles pédicellées ou sessiles. Longueur des pédoncules des fleurs femelles où fruits au delà de 1 à 4. Forme de la cupule à sa base. Désinence des écailles inférieures, moyennes où supé- rieures de la cupule, et prolongement en lanière plus ou moins longue. Direction des écailles à la maturité complète. 3° Enfin, il y a des variations si rares qu’elles peu- vent être appelées des monstruosilés. J'ai vu, par ex- emple, un chêne commun (Q. Robur sessiliflora) qui offrait, au moins pendant une certaine année, un assez 298 ÉTUDE SUR L'ESPÈCE, A L'OCCASION D'UNE grand nombre de fleurs hermaphrodites. Dans ce cas, les fleurs ordinairement femelles portaient des étami- nes bien constituées, alternes avec les lobes du périgone. On à peu observé les monstruosités dans les chênes. . Elles sont probablement moins rares qu’elles ne parais- sent l'être. Voici maintenant les caractères que je n’ai jamais vus varier sur une même branche, dans les Quercus et gen- res VOISINS. Grandeur et pubescence des stipules. Leur forme éga- lement varie à peine. Nervation du limbe, au point de vue de la direction et de la grosseur relative des nervures de divers degrés, et jusqu’à un certain point de leur nombre qui, du reste, est difficile à constater dans plusieurs. Pubescence de la feuille et des rameaux quant à la na- ture des poils isolés ou en faisceau, à leur présence sur les nervures ou le parenchyme et leur longueur dans la jeunesse des organes. Durée des feuilles (qui varie quelquefois, selon l’âge de lParbre ou l’année). Anthères glabres ou pubescentes. Forme de la cupule dans sa partie supérieure, lorsque le fruit est dans un état normal et à complète maturité, Grandeur de la cupule. Elle varie peu dans les condi- tions de maturité normale. Forme générale et grandeur relative des écailles de la cupule mûre et bien constituée. Maturation du fruit la première ou seconde année. Position des ovules atrophiés dans le gland mür !. l Voyez ma Note sur un nouveau caractère observé dans le fruit des chênes. Bibl. univ. (Archiv. se.) Octobre 1662: RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 299 Après avoir constaté par des centaines d’échantillons la variabilité ou la fixité des caractères, j'ai constitué deux ordres de groupes, l’un subordonné à lautre. Le premier degré, c’est-à-dire l’inférieur, a été com- posé au moyen des caractères qui varient sur un même rameau, toutes les fois que j'ai pu le constater dans le cas dont il s’agit. Je veux dire qu’un grand nombre d’é- chantillons étant donnés. tous semblables quant aux ca- ractères habituellement fixes, mais offrant une seule di- versilé, celle d’avoir, par exemple, des feuilles toutes entières sur le même rameau, des feuilles en partie en- tières et en partie dentées, ou enfin toutes dentées, J'ai formé trois groupes et je n'ai pas hésité à les appeler des variélés, puisque j'avais les preuves de la modification sur le même rameau. La lenteur du développement des chênes ne permet pas de savoir si telle de ces variétés est héréditaire, soit rarement, soit fréquemment, ce qui lui donnerait les attributs d’une race plus ou moins bien établie, mais indépendamment de cette question, per- sonne ne me reprochera de n'avoir pas donné à ces grou- pes le nom d’espêce. En effet, le plus zélé multiplicateur de noms spécifiques ne peut soutenir que la même branche appartienne à deux espèces. Il ne contestera pas non plus que deux formes étant observées sur certains rameaux, elles peuvent se trouver isolées sur des pieds de même origine. D’autres groupes inférieurs semblables à ceux-ci ré- sultent des transitions fréquentes qui se voient dans cer- tains caractères. Ainsi lorsque des échantillons nombreux ne différent que par des pétioles un peu plus où un peu moins longs, avec des degrés intermédiaires, on peut sans Contredit les grouper en deux ou trois variétés. L’im- 230 ÉTUDE SUR L’ESPÉCE, A L'OCCASION D’UNE portance de ces variétés sera faible, leurs lignes de dé- marcalion seront souvent obscures, quoique certains échantillons extrêmes semblent au premier aperçu des types très-différents. Tout cela est élémentaire, tout cela est conforme à la pratique des botanistes linnéers, mais on paraîl croire aujourd’hui que les variétés se constituent à volonté et sans méthode, il faut donc rappeler par quels principes on procède et sur quelles règles on se base. Les groupes inférieurs (variétés ou races) ainsi consti- tués, j'ai nommé espèces des groupes un peu plus élevés, qui différent autrement, c’est-à-dire ou par des caractè- res non réunis sur certains individus, ou par des carac- tères qui ne présentent pas de transitions d’un individu à l’autre. Pour les chênes de pays suffisamment connus, les espèces ainsi formées reposent sur des bases salis- faisantes, dont on peut fournir les preuves. Il n’en est pas de même de ceux qui sont représentés dans les herbiers par quelques échantillons ou par un seul. Ce sont des espèces provisoires, des espêces qui tombe- ront peut-être un jour au rang de simples variétés. Je n'ai rien voulu préjuger à cet égard, et en cela je m’é- loigne de plusieurs des auteurs dont la tendance est, comme on dit, de réunir les espèces. Je n’ai pas voulu réunir sans une preuve dans chaque cas particulier, tan- dis que les botanistes dont je parle réunissent par ana- logie avec des cas de variation ou de transition observés dans le même genre ou la même famille. Il m'aurait été facile, par exemple, en m’appuyant sur le fait que dans les Quercus Ilex, Q. coccifera, Q. acutifolia et autres, les feuilles sont tantôt entières, tantôl dentées sur le même rameau, où présentent des transitions d’un pied à l’autre, ” RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 231 il m'aurait été facile, dis-je, de réunir mon Q. Tla- puæahuensis au Q. Sarlori Liebm., puisque ces formes ne diffèrent que par les feuilles ou entières ou dentées. D’après le fait que la longueur des pédoncules varie dans le Q. Robur et dans plusieurs autres, j'aurais pu réunir le Q. Seemanni Liebm. au Q. salicifolia Nee. Je n’ai pas voulu admettre ces inductions, et pour n'être pas critiqué par plusieurs botanistes, j'ai demandé des preuves visi- bles dans chaque cas spécial. Plusieurs espèces res- teront ainsi à l’élat provisoire, mais si l’on procédait de cette façon, la marche de la science en serait plus ré- gulière et la synonymie dépendrait moins du caprice ou des opinions théoriques de chaque auteur. Dans l’état actuel des connaissances, après avoir vu presque tous les échantillons originaux et pour certaines espèces jusqu'à 200 rameaux de localités différentes, j'estime que sur près de 300 espèces de Cupulifères qui seront énumérées dans le Prodrome, les */, au moins sont provisoires. En général, quand on pense à la mulli- tude d'espèces décrites sur un seul échantillon, ou sur des formes d’une seule localité, d’un seul pays, ou mal décrites, il est difficile de croire que plus du tiers des espèces actuelles des livres de botanique doivent rester sans changement. A ja suite de mon travail, les espèces les mieux con- nues se trouvent être celles qui ont le plus de variélés et sous-variélés spontanées. Le maximum est dans le Quercus Robur, où j'ai été conduit à énumérer 98 variétés, toutes spontanées. J’en ai 41 dans le Q. Lusilanica, 10 dans le Q. callipriios, 8 dans le Q. coccifera, etc. Ces espèces, qui offrent des modifications si nombreu- ses, Sont entourées ordinairement d’autres formes appe- 932 ÉTUDE SUR L'ESPÉCE A L'OCCASION D’UNE lées provisoirement espèces, vu l’absence de transitions ou de variations connues, mais dont une partie devront peut-être un jour leur être jointes. Ainsi les Q. Farnetto Ten., Vulcanica Boiss., Syspirensis Koch, obovata Bunge, etc., diffèrent bien peu du Q. Robur; les Q. Fenzlii Kotschy, Aucheri Jaub. et Spach diffèrent bien peu du Q. calliprinos; qui touche au Q. coccifera, et il serait facile de multiplier ces exemples. } On se trompe lorsqu'on répète que la plupart des es- pèces sont tranchées elairement, et que les espèces dou- teuses sont une faible minorité. Cela semble vrai aussi longtemps qu'un genre est mal connu et que ses espèces sont constituées sur un petit nombre d'échantillons, c’est- à-dire provisoires. Dès qu’on les connait mieux, les in- termédiaires affluent et les doutes sur les limites spéci- fiques augmentent. La marche de la science et le raison- nement me conduisent à Popinion que plus les groupes sont supérieurs, plus leurs limites sont tranchées, ou en d’autres termes moins il y a de formes douteuses qu’on rejette d’un groupe à l’autre. Il existe à peine des familles qu’on hésite à classer dans les Cryptogames ou les Pha- nérogames, même dans les Dicotylédones on les Mono- cotylédones. Les genres flottants entre deux familles sont moins rares. Les espèces qu’on hésite à classer dans tel ou tel genre sont déjà plus nombreuses. Les groupes appelés par les uns espèces, par les autres variétés où races, sont et doivent être, par analogie, très-nombreux. Eafin, quand on descend aux variétés ou races, les limi- tes ne s’aperçoivent presque plus et la proportion des individus intermédiaires devient très-considérable. Quel- ques naturalistes y voient de la confusion. Le public s’imagine que l’histoire naturelle recule. Je dis, au con- RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 9233 traire, c’est un progrès, justifié par une observation plus attentive des faits et en même temps par une saine phi- losophie de la classification naturelle. Les groupes infé- rieurs, moyens et supérieurs sont toujours des groupes ; ils ont des lois communes, précisément parce qu'ils sont compris les uns dans les autres. Si quelques auteurs se sont imaginés que les variétés (qu’ils nomment espèces) sont les seuls groupes vraiment naturels et distincts, d’autres que ce sont les espèces dans le sens de Linné, d’autres les genres ou les familles, ils sont tous dans l’erreur, ces divers groupes ayant tous leur raison d’être, étant tous naturels, seulement de plus en plus distincts à mesure que leur degré est plus élevé. Le travail minutieux auquel je me suis livré sur les formes des chênes, m’a causé sur un point une véritable satisfaction, celle d’être arrivé par une voie lente, mais précise, à lPopinion de Linné touchant l’unité spécifique de notre chêne commun, Quercus Robur. M. Webb et M. Gay avaient déjà suivi la même marche et étaient par- venus au même résultat. Linné avait-il étudié autant que nous les variations du chêne, ou son génie lui avait-il fait pressentir la vérité? Je l’ignore, mais comme c’est lui qui a groupé, sous le nom d’espèce, les nombreuses formes énumérées sous des phrases distinctes par les auteurs plus anciens, on peut dire qu'il a fondé, par la pratique, plutôt que par la théorie, le groupe appelé es- pèce, en tant que supérieur aux variétés et aux races. J est donc agréable de sentir, par un exemple particulier, qu'on ne s’éloigne pas du sens donné par le fondateur de la nomenclature au mot espèce. Assurément, les mots sont choses arbitraires, et Linné aurait pu appeler cette nature de groupes catégorie, genre, forme, etc., mais ARCHIVES. ©. XV. — Novembre 4862 16 93% ÉTUDE SUR L'ESPÈCE, A L'OCCASION D'UNE s'il a employé le mot espèce, ne vaut-il pas mieux le conserver dans le même sens? Répondre affirmalivement n'est pas jurer in verbu magistri, c'est simplement appli- quer à l'histoire naturelle une rêgle commode, adoptée dans bien d’autres cas, celle ‘de ne pas donner au même mot plusieurs sens". On peut faire deux objections à la marche que j'ai suivie pour constituer les variétés et les espèces. La première, qu'il y a peut-être dans les formes servant de transition entre mes variétés des bybrides provenantde deux espèces. Par exemple, dansle Quercus Robur, lestrois on quatre variétés intermédiaires entre celles à courtsel à longs pédoncules pourraient être des cas accidentels d'hy- bridité entre les Q. sessiliflora et pedunculala de divers auteurs. C’est une chose bien difficile à éclaircir, lorsqu'il s’agit d'arbres d'une croissance lente, dont on fait rare- ment des semis, mais il me semble que si lhybridité jouait un rôle dans ce cas, les formes intermédiaires se- raient moins locales. Il y a quelques exemples probables d'hybridité dans les chênes. Ainsi, en Amérique, M. le D' Engelmann a trouvé des arbres isolés, dans le voisi- nage des Q. imbricaria et Q. lincloria, avec des formes 1 La nécessité de chercher le sens attaché au mot espèce par” Linné dans les détails de ses ouvrages, plutôt que dans leurs principes généraux , est impérieuse, puisque la définition de l'espèce dans la Philosophia bolanica est inapplicable, et qu'on pourrait même la recommander aux professeurs de philosophie comme exemple d’une définition contraire aux règles de la logi- que. Linné dit (Phil., n° 157) : Species lot numeramus, quot di- versæ formæ in principio sunt crealæ. Ainsi, pour savoir si une forme est spécifique, il faudrait remonter à l'origine, chose im- possible. Définir par un caractère qui ne peul pas se vérifier et qu'on ne pourra jamais vérifier, n'est pas définir. RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 235 intermédiaires (Q. Leana Nult.), et il a soupçonné une fécondation croisée, sans avoir pu la démontrer. Il a vu un arbre unique d’une forme très-voisine du Q. nigra, qui lui a paru un hybride de celui-ci et d’une autre es- pèce, peut-être de l’émbricaria. Ces exemples ont de l’in- térêt, mais ils sont rares et ne portent pas de preuve posilive avec eux. Une autre objection, plus générale, est l’absence pres- que complète d'observations sur l’hérédité des formes dans les chênes et genres voisins. Les naturalistes qui fondent l’espèce principalement sur l'hérédité conteste- ront les résultats obtenus d’une autre manière. Je ne nie pas l’avantage des semis pour faire reconnaître que cer- taines formes ne sont pas héréditaires, et par conséquent ne constituent pas des espèces, mais les démonstrations ue sont pas plus absolues au moyen de cette épreuve que par la comparaison des formes. L'hérédité est un attribut des races aussi bien que des espèces, et pour prendre un exemple bien évident, le peuple juif a une certaine configuration héréditaire, qui se conserve sous tous les climats et avec toutes les influences de nutrition possibles, sans que personne prétende qu'il constitue une espèce. La non-hérédité peut renverser une prétendue es- pèce, mais l'hérédité lorsqu'elle paraît indéfinie ne prouve pas l'existence d’une espèce. D'ailleurs, les observations sur l'hérédité sont nécessairement limitées et incomplètes, comme les observations sur les formes, et plus peut-être. Dans les plantes ligneuses, on suit ane ou deux généra- tions, dans les plantes annuelles plusieurs générations, mais les formes remontent probablement à des milliers d'années. Elles sont ordinairement de beaucoup anté- ricures à l'époque historique, ainsi on peut douter d’une 926 ÉTUDE SUR L’ESPÈCE, A L'OCCASION D'UNE induction tirée d’un certain nombre d’années. Les semis se font dans des jardins, d’une manière plus ou moins limitée. Quand on élève une dizaine de pieds et qu’on les trouve semblables à la plante mêre, on peut toujours craindre que sur vingt pieds ou cent pieds, il ne s’en fût trouvé ayant d’autres formes. L'expérience a dé- montré que pour la plupart des races il y a des formes exceptionnelles quand on fait une expérience en grand. Que dire lorsque dans des semis successifs, pratiqués sur une grande échelle, on trouve ‘/,,,, Ou ‘/,00: "/s0 /10 de formes plus ou moins différentes de la plante mère? Soyons vrais : la méthode d'observer l’hérédité, méthode très-bonne à employer quand on le peut, n’est pas plus absolue que la méthode de comparer les formes de di- verses provenances. I n’y a pas de démonstrations abso- lues en histoire naturelle. Toutes les assertions, toutes les opinions, ne sont que des probabilités fondées sur des indices, sur des faits susceptibles d’être mieux obser- vés ou sur des chiffres de moyennes, qui ne sont, comme la plupart des relevés numériques, qu'une forme du cal- cul des probabilités. Je croirais même, S'il fallait choisir entre les deux méthodes dont je parle, que la compa- raison des formes est un peu moins imparfaile, car il n’est pas absolument impossible de constater toutes les formes qui existent actuellement pour une espêce, et les grands herbiers en donnent assez bien l’idée pour les plantes d'Europe et de quelques autres pays, tandis que véritablement il est impossible de connaître la succession au delà de quelques généralions. Peu de botanistes se sont livrés à des observations plus snivies que M. Naudin, sur l’hérédité, au point de vue de l’espèce et de ses modifications. Il a pris pour sujet RÉYISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 237 d'étude la famille des cucurbitacées, qui offre quelques avantages, mais qui a l’inconvénient de renfermer beau- coup de plantes cultivées et de présenter de grandes facilités d’hybridation. Après bien des années d’obser- vations, M. Naudin (Ann. sc. nat. 1862, v. XVI, p. 154) s'exprime ainsi : « Nulle part on ne voit mieux l'espêce proprement dite se nuancer, par gradations insensibles, avec ce que, dans le langage, il est vrai, peu rigoureux, on nomme communément race et variélé. C’est l’obser- valion de ces faits qui m'a conduit à reconnaître qu'entre ces trois expressions, il n'existe pas de différence de sens bien précise ; qu’elles représentent au fond une seule et même idée, et que leur application à telle forme déter- minée est souvent facultative. » On ne peut pas dire plus nettement que l'observation de la succession pendant plusieurs générations ne conduit pas à constituer claire- ment les groupes. (La fin à la prochaine livraison.) EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE DES PARTIES DE LA SAVOIE, DU PIÉMONT ET DE LA SUISSE VOISINES DU MONT-BLANC PAR M. A. FAVRE Professeur à l’Académie de Genève. La phrase célèbre de de Saussure qui, après avoir passé un temps considérable de sa vie à parcourir les Al- pes, ct être resté seize ans à publier ses voyages, disait « qu’on pouvait presque assurer qu'il n’y a dans les Al- pes rien de constant que leur variété » semble avoir été le point de départ de l’idée que cette chaîne renferme des terrains faisant exception aux formations générale- ment reconnues dans le reste du monde. Cette idée n'est plus admise maintenant, mais il en reste une autre fort juste et généralement reçue, savoir que la géologie des Alpes est difficile à faire. Si donc des observations nou- velles modifient dans quelques points le travail que je publie aujourd’hui (et qu'est-ce qui n’est pas modifié avec le temps?), je crois cependant que l’on y verra toujours le résultat d'efforts consciencieusement faits et longtemps soutenus. EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE. 939 Je viens de publier deux cartes, l'une a pour titre : Carte des parties de la Savoie, du Piémont et de la Suisse voisines du Mont-Blanc, 1861, l'autre est la Carte géologique de ces mêmes régions portant la date 1862.' Elles sont à l'échelle du ‘/ 9 et comprennent le pays qui est renfermé dans une ligne passant par les localités suivantes: Genève, Annecy, Moûtiers en Tarentaise, le Petit Saint-Bernard, Martigny en Valais, l'embouchure du Rhône dans le lac de Genève et toute la côte méri- dionale du lac de ce nom. Cel espace présente une sur- face d'environ 5300 kilomêtres carrés. Il renferme tout le groupe da Mont-Blanc, et plusieurs autres massifs de hautes montagnes difficiles à parcourir. Certaines parties de cette région ont déjà été étudiées au point de vue de la géologie, et de nombreuses locali- tés de celte carte ont été illustrées parles travaux d’hom- mes justement célèbres. Parmi ceux qui ne sont plus, je rappele ici les noms suivants : de Saussure, Bourrit, Deluc, Gimbernat, Dolomieu, André, Brochant, Hasen- fratz, Buckland, Bakewell, Brongniart, Jurine, Char- pentier, Necker, Sharpe, Me Rendu, etc. Parmi les géologues vivants, les principaux sont MM. Studer, Elie de Beaumont, Sismonda, Se. Gras, Murchi- son, Mortillet, Escher de la Linth, Forbes, Fournet, F.-J. Pictet, d’Archiac, de Loriol, Guyot, Renevier, de la Harpe, Morlot, Martins, Pillet, Vallet, Chamousset, Blan- chet, Dacret, etc. Dans le travail que je prépare, je cher- ! La carte géologique a élé présentée à la section de géologie de la Société helvétique des sciences naturelles, réunie à Lucerne en Septembre 1862. (Archives. 1862. L. XV p. 136.) et à l'Aca- démie des Sciences de Paris, le 3 novembre de cette année (V. les Comptes rendus et l'Institut, 1862, p. 337. 240 EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE cherai à rappeler aussi exactement que possible la part que chacun de ces savants peut revendiquer dans les travaux relalifs à la géologie de la région qui m'occupe.’ La géologie de celte région a déjà été figurée sur trois cartes, la carte géologique de France, par MM. Dufres- noy et Elie de Beaumont, celle de la Suisse, par MM. Studer et Escher, et celle de Savoie, Piémont et Ligurie, par M. A. Sismonda J’aisouvent consulté les deux pre- miéres el je reconnais sans hésitation que ce sont de ma- gnifiques travaux. Cependant ma carte diffère notable- ment de toutes les deux, d'abord parce qu’étant à une échelle plus grande j'ai pu donner plus de détails, ensuite parce que j'ai fait une étude spéciale de ce pays, tandis que ces deux cartes figurent une région beaucoup plus considérable. Ce n’est qu'après mûre réflexion que j'ai tracé les terrains et les limites des terrains, qui diffé- rencient mon travail des deux cartes précédentes. Quant à la carte de M. Sismonda je n’en ai ea connais- sance que lorsque la mienne était achevée, Il y a dans ce moment sur certaines questions de la géologie des Alpes de grandes différences, entre ma manière de voir et celle des savants auteurs de la carte géologique de France, et du savant distingué qui a publié celle du Pié- mont. Eiles sont assez importantes pour êlre élevées presque à la hauteur de principes, et je crois que la com- paraison de ces cartes donne assez bien l’idée de la diver- sité de nos points de vue. Ce n’est pas ici la place de discuter ces questions, qui ont été débaltues ailleurs, et qui sont très-connues des 1 Dans le présent article je m’abstiendrai de faire des citations parce que je prélère ne point en faire plutôt que de les donner d'une manière incomplète, et je ne puis les donner loules. DES PARTIES DE LA SAVOIE, ETC. 241 géologues alpins. Cependant je dirai que la carte que je viens de publier diffère de toutes les cartes précédentes, particulièrement par la présence du terrain triasique et da terrain houiller. Le terrain triasique ne figure ni sur Ja carte du Pié- mont oi sur celle de France, (je ne parle ici que de la ré- sion qui m'occupe) mais il est indiqué sur la carte de Suisse. Cependant ce terrain n’y est pas représenté avec une étendue aussi considérable que celle que je lui ai re- connue et assignée. Je crois pourtant avoir raison de la tracer de la sorte, car la plupart des géologues qui tra- vaillent dans les Alpes d’une manière active, s'accordent maintenant pour ranger dans le trias les roches que j'ai «ésignées comme lui appartenant. Quant au terrain houiller, il n’est tracé ni sur la carte de France, ni sur la carte du Piémont, mais on le trouve sur la carte de Suisse avec une étendue différente de celle que je lui ai donnée. Dans sa recherche j'ai été constamment dirigé par l’idée que les roches qui renfer- ment les débris de la flore du terrain carbonifère appar- tenaient au terrain houiller (ce que tout le monde n’ad- met pas), et j'ai rangé dans les terrains jurassiques les roches renfermant des Bélemnites. La carte géologique que je viens d'achever est le résultat de travaux poursuivis depuis 1840, comme le montrent divers mémoires que j'ai publiés à partir de cette époque. Mon travail n'a jamais subi de longues in- t&erruplions. Il m'a trop vivement caplivé pour que j'aie pu labandonner longlemps, et comment ne m’aurait-il pas séduit? Les études qui dirigeaient mes pas me faisaient parcourir l’un des plus beaux pays du monde, et mal- gré les peines que j'ai prises, j'ai eu de vives jouissan- 9249 EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE ces. Ce n’est pas sans regret que je vois mon œuvre ter- minée. J'aime les Alpes, et le besoin de les parcourir est passé chez moi à l’état de passion. J'ai commencé à étudier la géologie de ce pays sans aucune idée préconçue, et si je me suis formé des opi- nions arrêlées sur certains points, je l’ai fait d’une ma- nière complétement indépendante. Malgré tous les soins que j'ai apportés à l'exécution de ce travail, et malgré les détails que j'espère pouvoir bientôt publier, je suis loin de croire qu'il n’y aura plus rien à faire. J'espère au contraire que celle carte encouragera les géologues à venir visiler un pays fort curieux, mais difficile à com- prendre, et que les quelques jalons que j'ai plantés leur serviront à s'orienter. J’aime à croire que les observa- tions et les observateurs vont devenir plus nombreux que par le passé et je suivrai avec un grand intérêt les tra- vaux qui seront faits. Lorsque j'ai commencé en 1840 à parcourir le pays, je n’avais pas de carte topographique convenable pour représenter les limites des formations, j'ai éprouvé beau- coup de difficultés et de retards pour faire exécuter la carte topographique ; mais après que létat-major fédéral eut achevé la feuille da Valais qui touche à la chaîne du Mont-Blanc, j'ai fait faire la carte qui porte le millésime 1861. Elle est formée : 1° pour la Savoie d’une réduc- tion de la carte manuscrite de ce pays, levée vers 1808 et conservée au dépôt de la guerre de Paris. C'est à feu M. le général Pelet que j'ai dû Pautorisation d'en prendre copie ; 2° Pour le Piémont, j'ai obtenu une copie réduite de la carte levée par les ingénieurs sardes ; 3° Pour la Suisse, M. le général Dufour a bien voulu autoriser ta copie d’une partie de la carte fédérale publiée sous son DES PARTIES DE LA SAVOIE, ETC. 243 habile direction. Le raccordement de ces cartes a été fait par M. le capitaine Muller et la carte topographique ainsi que la carte géologique ont été gravées et coloriées dans le grand établissement de MM. Wurster et Cie, à Winter- thur, canton de Zurich. Je vais passer en revue les diverses formations ou ter- rains qui sont représentés sur la carte géologique. Les terrains d'éboulements et dalluvions' sont tous deux des formations modernes. Les éboulements sont fré- quents dans les montägnes, mais ceux qui sont assez grands pour être nolés sur une carte au ‘/,,6509 S00t rares. Le plus considérable parmi ceux dont la date n’est pas contestée est celui des Fiz près Servoz, qui eut lieu en 4751. Il en est parlé dans les Voyages de Saussure. J'ai tracé également, d’après une pelite carte que je dois à l’obligeance de M. le professeur Morlot, les con- tours de la grande masse de débris amenée dans les en- virons de Noville et de Chessel, près de lembouchure du Rhône dans le lac de Genève. Ils sont évidemment tombés du Grammont. Quelques savants placent dans cette localité l'éboulement du Tauredunum. J'ai encore indiqué la position d’un autre grand éboulement dont les débris sont arrivés directement dans le lac de Genève. Il se trouve presque à moitié chemin des villages de Meil- lerie et de, Saint-Gingolph. | Les alluvions modernes se trouvent autour de toutes les rivières. Les cours du Rhône, de la Dranse, de l’Arve, de l'Isère, de l’Arly, de la Doire, etc., sont en grande partie tracés dans ceterrain, Elles sont fort difficiles à dis- tinguer des alluvions des terrasses que quelques auteurs ont nommées alluvions anciennes. Les alluvions moder- nes ne se distinguent guëre des autres que par la diffé- 244 EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE rence de hauteur. Elles sont à peu près au niveau du cours des rivières, tandis que ies alluvions des terrasses forment, comme l'indique leur nom, des terrasses étagées les unes au-dessus des autres. Lorsque les niveaux sont les mé- mes, les formations se confondent. L’uniformité des ma- lières transportées en est la cause. Si dans l’histoire de la race humaine les mêmes faits S’élaient passés pendant une longue série de siècles, il serait difficile de distinguer ces siècles les uns des autres. Je ne veux rien exagérer, mais c’est, il me semble, ce qui s'est passé jusqu’à un certain point dans la série formée des alluvions des ter- rasses et des alluvions modernes. La position de Pallu- vion des terrasses qui se trouve d'ordinaire à un niveau supérieur à celui de l’alluvion moderne, lors même qu’elle est plus ancienne, complique souvent encore la distinc- tion qu’on voudrait apporter entre ces deux dépôts. Les alluvions modernes sont formées de débris qui souvent ont fait partie des alluvions des terrasses. Les blocs erratiques sont de deux natures : les blocs granitiques et les blocs calcaires. Il est bien peu de géo- logues qui n’admettent pas maintenant qu'à une certaine époque, peu éloignée, les centres montagneux-Je l'Europe étaient couverts par les glaciers dont quelques-uns étaient énormes en Comparaison de ceux que l’on peut voir de nos jours. Ge n'étaient pas simplement les glaciers actuels qui s'étaient agrandis, mais il s’en élait formé dans des localités où il n’y en a pas maintenant. Il y a eu des glaciers dans la Forêt-Noire, dans les Vosges, dans les montagnes de l'Angleterre et de l'Ecosse. J'en ai trouvé des traces dans des montagnes de la Savoie qui n’en ren- ferment plus; ce qui dénote évidemment un abaissement dans la ligne des neiges éternelles et une extension plus considérable des glaciers. DES PARTIES DE LA SAVOIE, ETC. 9245 Les glaciers descendant des montagnes granitiques ont déposé des blocs granitiques comme ceux qui des- cendaient des montagnes calcaires déposaient des blocs de cette nature. Les premiers sont si nombreux, si voisins les uns des autres et si répandus sur le flanc de certaines montagnes que-si javais voulu les indiquer sur la carte, il est des localités où je n’aurais pu marquer aucun au- tre terrain. Ces blocs se trouvent en énormes amas dans la vallée du Rhône et dans ses aboutissants ; le val Fer- ret entr’autres est très-instructif pour leur distribution. On en a également trouvé dans les vallées de la Dranse, de l’Arve, de l'Isère et la vallée de la Doire a fourni un écoulement à un glacier gigantesque qui a formé les col- lines de la Serra près d’Yvrée, en Piémont. Dans la plupart de mes courses j’ai porté un baromè- tre, avec lequel j’ai mesuré la hauteur d'un grand nom- bre de points, et je me suis altach6 à reconnaître la limite supérieure de ces blocs erratiques. Les observations sor ce sujet nous donnent une idée de l’immense épaisseur des glaciers qui les charriaient. J’indiquerai ici la limite supérieure des blocs erraliques granitiques sur trois points différents de la vallée de l’Arve. 1° Au Mont-Lachat, placé sur le versant nord-ouest du Mont-Blanc. Cette mesure donne le niveau supérieur des blocs erratiques dans cet endroit de la chaîne centrale des Alpes, car le Mont-Lachat fait partie du groupe même du Mont-Blanc. 2° Au-dessus de Bonneville, c’est à peu près les deux tiers de la distance entre le Mont-Lachat et le débouché de la vallée, dans la plaine suisse, aux environs de Ge- nève. 3° Au Mont-Salève qui se trouve à ce débouché. 246 EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE Au Mont-Lachat j'ai trouvé les blocs les plus élevés à 4807 mètres au-dessus du niveau de la mer, soit à 73 mêtres au-dessus du fond de la vallée !. Mais je ne puis m'empêcher de remarquer que les parties süpérieures du Mont-Lachat offrent des pentes si rapides qu'il est bien douteux que les blocs y soient resjés, lors même qu'ils y eussent été déposés, et qu’au-dessus de celte montagne, on ne trouve pus que des roches cristallines dont les pentes sont trop raides pour avoir permis aux blocs erraliques de s’y arrêter. D'ailleurs ces blocs erra- liques placés dans la région des roches cristailines se confondent avec ceux amenés par les éboulements, en sorte que cette limite est peu certaine. Mais je l'indique comme étant le minimum de la bauteur à laquelle on peut placer la limite supérieure des blocs erratiques sur le flanc du Mont-Blanc. Au-dessus de Bonneville, M. Guyot a trouvé un bloc erratique placé sur la montagne du Môle à la hauteur de 1527 mètres au-dessus du niveau de la mer, soit à 1030 mètres au-dessus du fond de la vallée*. Moi- même j'ai trouvé sur la rive opposée de l’Arve deux blocs placés près du sommet de la montagne du Brezon. Le plus élevé se trouve à 1665 mètres au-dessus du niveau de la mer, c’est-à-dire à 1220 mètres au-dessus du fond de la vallée mesuré à Bonneville. Enfin au mont Salève on trouve les blocs jusque près du sommet de la partie de la montagne nommée le Grand- Salève, c’est-à-dire jusqu'à 1360 mètres environ au-des- 1 Cette dernière mesure est prise au-dessus du village des Ouches quiest à environ 1 140 mètres, 2 Bonneville, qui est placée au fond de la vallée, est à 446 mè- tres au-dessus du niveau de la mer, … « DES PARTIES DE LA SAVOIE, ETC. 247 sus du niveau de la mer, soil à 870 mètres au-dessus de la plaine, mesurée au village de Veyrier *. Il est probable qu'ici comme au Mont-Lachat l’ancien glacier a porté les blocs erratiques à une élévation plus grande que celle de la montagne et l’on en trouve la preuve dans la hau- teur du bloc du Brezon, qui est placé bien au-dessus d'une ligne droite tirée de la limite des blocs au Mont- Lachat à celle des blocs au mont Salève*. Les blocs erratiques calcaires sont moins nombreux que les blocs granitiques. Le district où ils se trouvent avec la plus grande abondance est placé entre le mont Salève et Bonneville. Il est connu sous le nom de Plaine- des-Rocailles. On y trouve sans aucun doute un des plus beaux exemples du phénomène erratique des Alpes. Des blocs monstrueux y sont disposés en une énorme traînée entourée par des blocs granitiques. Tous les blocs cal- caires proviennent de la vallée de la Borne. Ils renfer- ment les mêmes fossiles crétacés que les montagnes qui limitent cette vallée. L'espace qu'ils occupent s'étend en- viron sur trois lieues de longueur et sur une lieue de lar- geur. Celle accumulation et cette singulière distribution avaient excité la surprise et l'intérêt de Léopold de Buch pendant une course où je lui servais de guide, et cepen- dant vers la fin de sa vie, le savant Berlinois n’aimait pas à observer longtemps les blocs erraliques. Le Diluvium se compose en majeure rartie d'énormes amas de glaise bleuâtre renfermant des blocs erratiques et des cailloux striés qui caractérisent le terrain glaciaire. Gelte glaise remonte dans certains endroits sur le flanc 1 Veyrier est à 428 mètres au-dessus du niveau de la mer. ? Cette ligne passerait au Brezvu à euviron 4450 mètres au- dessus du niveau de la mer. 948 EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE des montagnes, sans atteindre cependant une hauteur aussi considérable que celle des blocs erratiques. La petitesse de l'échelle de la carte m’a forcé de don- ner la même couleur au Diluvium et aux graviers qui se trouvent au-dessus de lui, ainsi qu’à ceux qui se trou- vent au-dessous. Les premiers de ces graviers forment les alluvions des terrasses dont j'ai déjà parlé et que quel- ques auteurs ont nommées alluvions anciennes. Ces ter- rasses sont nombreuses sur les rives du lac de Genève et sur les bords des rivières figurées sur ma carte. Il pa- raît que les rares débris de l'Elephas primigeuius, qui ont été recueillis dans nos environs, proviennent de ces gra- viers. Quant aux seconds de ces graviers, ceux qui sont in- férieurs à la boue glaciaire et qui ont été nommés allu- vions anciennes par Necker, ils sont peut-être le résultat des grands courants d’eau formés immédiatement avant la période glaciaire ou bien encore ont-ils été déposés en avant des grands glaciers enx-mêmes. En sorte que dans la première de ces hypothèses, il y à eu dans notre pays, comme dans les autres centres montagneux : 1° De grands courants formés au commencement de la période glaciaire. [IS étaient produits par le climat humide et froid qui précéda très-probablement le développement des glaciers. 2 La période glaciaire proprement dite avec son climat froid, pendant laquelle la glaise, les boues et les blocs erratiques ont été charriés. Il est probable que pendant cette époque les grands courants avaient été à peu près desséchés, excepté en aval des glaciers. 3° Au relour d’une température moins rigoureuse que ceile de l'époque glaciaire, les glaciers fondirent, de grands cou- rants se formèrent de nouveau. Ils ravinèrent les dépôts DES PARTIES DE LA SAVOIE, ETC. 9249 précédents et déposérent les alluvions des terrasses. A mesure que les eaux diminuèrent de volume et qu'elles creusérent leur lit, les lerrasses se rapprochèrent des aliuvions modernes. La mollasse d'eau douce qui se trouve dans nos envi- rons fait partie du terrain miocène. Elle appartient pro- bablement aux deux étages de la classification adoptée par M. Heer dans ses Recherches sur le pays lerliaire, au Mayencien qui renferme la mollasse grise et à l’Aquitanien qui est représenté par le gisement de lignite et de fougères de Thorens. Il est probable que le grès de Bonneville cor- respond au grès de Ralligen, décrit par M. Studer et par M. Heer. Mais pour préciser ces divisions dans nos envi- rons, il faudrait posséder plus de fossiles qu’il n’en a été recueilli j2squ'à présent. Dans le cadre de ma carte, il n’y à que deux étages de la mollasse et point de Nagel- fluhe, tandis que dans les cantons de Berne, de Fribourg et de Vaud, on trouve le Nagelfluhe et la mollasse ma- rine qui est supérieure à notre mollasse d’eau douce. Pourquoi cette mollasse marine n’est-elle pas représentée dans le bassin compris entre les Alpes et le Jura dans les environs de Genève? N’a-t-elle jamais été déposée dans cette partie de la plaine suisse, ou en a-t-elle été enlevée après son dépôt? Ce sont des questions dignes d’être examinées, mais il serait trop long de le faire ici. Le Macigno alpin, qui a été confondu avec d’autres roches scus le nom de Flysch et le grès de Taviglianaz ou grès moucheté sont représentés dans ma carte par la même couleur. Il serait, en effet, difficile de séparer ces deux roches qui alternent souvent ensemble. Elles appar- tiennent toutes deux à l’époque éocène. Le Macigno alpin prend quelquefois la forme d’un grès ou d’un conglo- ARC&ivES. T. XV. — Novembre 4862 17 950 EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE mérat et renferme des cailloux qui contiennent des fos- siles de terrains plus anciens (aux Voirons, à la Molire, vallée de Boëge, sur les flancs de la Dent-du-Midi), mais le plus souvent il est formé de schistes marneux, dans lesquels se trouvent une assez grande quantité d'écailles de poissons, qui n’ont jamais élé examinées avec beau- coup de soin. F Le grès de Taviglianaz (qui a Liré son nom d’un chalet des Diablerets, canton de Vaud) paraît être une cendre ou tuf volcanique ou trappéen. Il renferme du feldspatb, de l’amphibole ou pyroxène, et je crois y avoir trouvé des traces de Hauyne. Si on compare la position de ces tufs volcaniques ou trappéens placés au-dessus du schiste marneux renfermant de nombreuses écailles de poissons et reposant sur le terrain nummulitique, avec la position des roches trappéennes du Vicentin, il semble que ce soit deux formations du même âge. Dés lors ne pourrait-on pas supposer que le grès de Taviglianaz a été formé par les lapillis, les cendres et les débris projetés par les éruptions sous-marines du Vicentin, qui ont été entraînés par des courants et stratifiés en alternant quelquefois avec le Macigno alpin. — A cette époque, l'Italie n’était pas séparée de la Suisse et de la Savoie par une chaîne aussi formidable que celle qui existe maintenant; car toutes les roches nummulitiques qui constituent de très-hautes somn- mités dans les Alpes se déposaient au sein de la mer. D'un autre côté, la distance qui sépare le Vicentin du pays dont je me suis occupé, n’est pas assez grande pour que l’on repousse sans l’examiner l'hypothèse qui consiste à faire venir les éléments trappéens du grès de Taviglianaz des éruplions trappéennes du Vicentin, en les supposant ap- portés par des courants marins. Le grès de Taviglianaz est très-développé dans les en- DES PARTIES DE LA SAVOIE, ETC. 954 virons du Grand-Bornand dans la vallée du Reposoir ct dans une grande partie du massif compris entre la rive droite de l'Arve et la rive gauche du Giffre, c’est-à-dire entre Samoens et Sallenche. Cette roche ainsi que le Macigno alpin repose sur le caleaire nummulitique. Toutes deux constituent dans cette région des Alpes la partie supérieure du terrain éocène et offrent dans certains endroits une puissance de 200 à 300 mètres. — Cette formation diffère donc totalement de ceiles qui se sont déposées à la même époque en debors de l'emplacement des Alpes. Le Macigno alpin avec écailles de poissons, de la rive gauche de l’Arve, est assez différent de celui qui forme, sur la rive droite de cette rivière, une grande zone qui s'étend de la Pointe d’Orchex jusqu’à Vionnaz dans la vallée du Rhône. il est formé par des schistes calcaires et marneux dans lesquels on trouve trés-fréquemment des empreintes de fucoides, de Chondrites intricatus et Ch. Targionii et des Helminthoides crassa, qui ont quel- ques ressemblances avec les myrianites du terrain silu- rien. Ces schistes ne sont pas liés au grès de Taviglianaz; ils ne reposent pas sur le calcaire oummulitique qui ne se rencontre pas dans celle région, mais ils reposent sur le calcaire kimméridien dont je parlerai plus tard. J'ai longtemps hésité avant de les classer et je conserve en- core quelque arrière-pensée sur eux, mais j'ai élé en- gagé à les réunir au Macigno alpin parce qu'ils renferment les mêmes empreintes de plantes qui se retrouvent dans des roches à peu près semblables associées au grès num- mulitique des Voirons. Les calcaires et les schistes calcaires nummulitiques qui appartiennent évidemment à l’époque éocène for- 252 EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE ment dans la partie des Alpes que j'ai examinée une cou- che importante. [ls ont été soulevés jusqu’à de très-gran- des hauteurs. Cette formation renferme une couche de charbon qui se montre sur plusieurs points, tels que Per- nant, le Petit Bornand, Champlaitier et Montmin. Elle est le prolongement de la couche des Diablerets et de celle d'Entrevergne. À Pernant et à Montmin la cou- che charbonneuse avec ses nombreux fossiles se trouve placée un peu au-dessous du calcaire nummulilique pro- prement dit. L’ensemble de ce terrain est assez riche en fossiles. Ils ont été en partie décrits par MM. Hébert et Renevier. Les principaux sont les suivants : Turrilella èmbricataria, Lam: « carinifera ? Desh Chemnilzia lactea d’Orb. Nalica Studeri, Brong. « crassalina? Lam. ,. € angustala, Grat. «_ depressa ? Desh. Terebra vulcanr, Brong. Cerilhium plicatum, Brong. € elegans, Desh. « castellini, Brong. « conulus, Brong. « bicalcaratum ? Brong. « corrugalum, Brong. Fusus polygonatus, Brong. Cytherea incrassata, Desh. « Villanovæ, Desh. Cyrena convexa, Heb. et R. € alpina? Cardium granulosum, Lam. DES PARTIES DE LA SAVOIE, ETC. 253 Pecten. Conoclypus anachorela, Ag. « Duboisti, Ag. Echinanthus Scutella. Trochocyathum cyclolitoïides, M. Edw. « van den Heckei, M. Edw. « alpinum ? M. Edw. Orbiloides submedia, d’'Arch. « sellu, d'Arch. Nummulites Ramondi, Defr. ec Murchisoni, Bruno. « planulata ? d’'Orb. « slriala ? ‘ Biarilzensis, d’Arcb. Tels sont les terrains tertiaires dans les Alpes de nos environs, ils reposent sur les terrains crélacés qui jouent un rôle des plus importants dans cette région et qui se composent de la série suivante. La craie est.représentée par un calcaire compacte gris ou noir dans lequel les fossiles sont très-rares. On y trouve quelques inocerames, et il paraît devoir être rap- porté au terrain sénonien ou craie blanche. Il n’est pro- bablement que le prolongement de la craie blanche des montagnes d'Entremont près de Chambéry. Cependant on trouve l’étage cénomanien dans le Jura à Sainte-Croix, pas loin d’Yverdon dans le canton de Vaud. Mais on n’a pas trouvé, jusqu'à présent, dans les montagnes de la Savoie, des fossiles suffisants pour déterminer avec une grande précision l’âge de ce terrain. Sa posilion au- dessus du terrain albien est son principal caractère. Lorsqu'on ne peut voir celle superposilion, on le con- fond facilement avec le terrain urgonien. 954 EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE Le terrain albien, gault ou grès vert, forme des cou- ches peu puissantes, mais parfaitement distinètes par les nombreux fossiles qu’elles renferment, et par leur caractère minéralogique. Ce sont des calcaires d’un gris bleu ou noirâtre, quelquefois marneux pétris de grains de silicate de fer d’un vert très-foncé. Les fossiles en sont très-connus, ils ont été décrits dans l’ouvrage de MM. Pictet et Roux. En voici quelques-uns : Belemniles ninimus, List. Nautilus Saussureanus, Pict. « _ Bouchardianus, d'Orb. « _ Clementinus, d'Orb. Ammoniles Velledæ, Mich. ‘ Beudanti, Brong. « Dupinianus, d'Orb. « Mayorianus, d’Orb. 4 lalidorsatus, Mich. « interruptus, Brug. , « inflalus, SOW. Scaphiles Hugardianus, d'Orb. Hamiles Saussureanus, Pict. « _elegans, d'Orb. On y trouve encore des Turrilites, des Turritelles, des Scalaires, des Avellanes, des Natices, des Turbos, des Tro- chus, des Solarium, des Pleurotomaires, etc., ctc., un grand nombre d’acéphales, parmi lesquels l’inoceramus sulcatus et l’inoceramus concentricus sont peut-être les deux espèces les plus communes. Ce terrain montre des affleurements dans un grand nombre d’endroits. Les principaux sont les suivants : La montagne des Bœufs ct le col Rampon pas loin d’An- necy ; Thônes; les environs du mont Saxonnet au sud-est DES PARTIES DE. LA SAVOIE, ETC. 95 de Bonneville, ceux du Grand-Pornand au std de cette dernière localité, et la vallée du Reposoir un peu plus au nord. Il se montre dans plusieurs parties de la lon- gue chaîne du mont Charvin à la Pointe-Percée qui ter- mine au sud-est le grand district crétacé placé sur la rive gauche de lArve. On le voit encore près de la ville de Cluses placée sur celle rivière ; ici le grès vert repose sur la craie par suite d’un renversement. [| se trouve dans les environs de la Croix-de-Fer sur la rive droite de l’Arve ; dans le vallon de Sales et aux Fiz, ainsi que sur la rive droite du Giffre au Criou, aux Avoudrus, à Bos- selan et sur le revers nord-ouest de la Dent-du-Midi. Le terrain aplien est peu épais, il est formé d’un eal- caire jaunâtre associé à des marnes noirâtres; je lai réuni au terrain urgonien, en lui donnant la même cou- leur dans ma carte. Les principaux fossiles sont les sui- vants : Belemnites semicanaliculatus, BI. Ammoniles Cornuelianus, d'Orb. « millelianus, d'Orb. Plicatula radiola, P. et R. = P. inflata Sow. Ostrea Boussingaulli, d'Orb. Terebratula Dutempleana, d'Orb. Rhiynchonella Gibbsiuna, Davids. Heleraster oblongus, d'Orb. Il se trouve au Parmelan, au Planet près des Vergys, à Dessy près Bonneville, au col de Teine près de Sur- couz au sud de celte ville, etc. Le terrain urgonien où calcaire à Chama Ammonia est trés-répandu et très-puissant dans la Savoie. La roche principale est un calcaire gris. Les fossiles les plus nom- breux sont le Radiolites Neocomiensis, d’'Orb. et le Ca- prolina Ammonia, d'Orb. 9256 EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOIGQUE Ceterrain forme de grandes crêtes rocheuses et arides auxquelles leurs formes hardies donnent un aspect parli- lier, — IT constitue avec le néocomien la masse princi- pale des chaînes circulaires et rectilignes qui sont placées entre le lac d'Annecy et la rive gauche de l’Arve. On le trouve encore dessous le terrain éocène dans le massif situé entre lPArve et le Giffre, ainsi que dans celui du Criou, des Avoudruz et des Dents-Blanches au nord-est de Samoens. Il est également très-développé au mont Sa- lève. Le terrain néocomwen a un développement considérable dans les montagnes crétacées de la Savoie. On y recon- naïtra peut-être ure fois l'étage nommé Valangien, pour le moment je n'ai pu le constater d’une manière bien précise. Il est probablement représenté par un calcaire un peu ferrugineux placé à la base du néocomien, mais je n’ai pu en obtenir des fossiles bien caractéristiques. L’étage ñéocomien proprement dit présente deux fa- cies. Le premier celui du néocomien jurassien repose toujours sur leterrain corallien. Il est formé par des cal- caires, plus’ou moins marneux, jaunâtres, avec où sans grains de g'auconie à la partie supérieure ; à sa partie moyenne on trouve des marnes bleuâtres très-fossilifêres, et à la partie inférieure un calcaire dont la couleur est. souvent celle de la rouille. Plus on se rapproche de la chaîne centrale des Alpes, plus le calcaire domine et moins la marne est abondante. Il est caractérisé par de nombreux débris d'êtres organisés, tels que les suivants: Belemnites dilalatus, Blainv. Nautilus pseudo-elegans, d'Orb. Ammoniles radintus, Brug. Ostrea Couloni, d'Orb. DES PARTIES DE LA SAVOIE, ETC. 257 Toxaster complanalus, Ag. etc. Les fossiles de ce terrain ont été décrits dans les tra- vaux de M. le professeur Pictet et dans celui de M. de Loriol. Cet étage constitue, on peut dire, la masse prin- cipale des chaines que j'ai indiquées en parlant de l'étage urgonien. Le second facies est celui auquel on a donné le nom de Néocomien alpin où provençal, il repose toujours sur l'étage oxfordien. Il est plus marneux que le facies précé- dent. Les principaux fossiles sont les suivants: Belemuiles Orbignyanus, Duv. J. « conicus, BI. « latus, BI. Ammoniles subfimbriatus, d'Orb. « Rouyanus, d'Orb. « ligatus, d'Orb. « diflicilis, d'Orb. « Voironensis, Pict. et de Lor. Ancyloceras Tabarelli, Aster. « Emerici, d'Orb. « Sabaudianus, Pict. et de Lor. Terebralula diphyoides, d'Orb. Ce facies est beaucoup moins répandu que le précé- dent; on le trouve aux Voirons, à la base du Môle, et peut-être au Pont Saint-Claire à l’est d'Annecy. Dans les terrains jurassiques, je n’ai distingué que deux formalions ; le terrain supérieur comprenant lous les étages jurassiques proprement dits et le terrain infé- rieur comprenant le lias et Pinfra lias. Dans le terrain jurassique supérieur je range les for- mations suivantes : a) Le kimiméridien dont j'ai recueilli récemment un 958 EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE grand nombre de fossiles dans les environs de la cha- pelle d’Abondance et des Cornettes de Bize (au sud de St-Gingolph). L’un des plus répandus dans cette forma- ‘tion est la Rhynchonella trilobala Munst. Terebratula insignis. Ziet. Mylilus subpeclinalus? d'Orb. M. strialus, Gold. Hemicidaris alpina, etc. b) L’élage corallien du mont Salève, formé dans la partie inférieure par un calcaire d’un blanc jaunâtre et dans sa parlie supérieure par un calcaire oolilique ren- fermant beaucoup de fossiles et en particulier de beaux Diceras Lucii Defr. et D. arietina Lam. c) L’élage oxfordien de Bellevaux avec ses Ammoniles plicalilis Sow. Celui de St-Jeoire qui contient la même espèce. L’étage oxfordien des Voirons renfermant les fos- siles suivants : Aplychus latus Park., À. lamellosus Park. Belemniles hastatus Blainv. B. Sauvanausus d’'Orb., Ammoniles plicatilis d'Orb., A. Adelæ d'Orb., À. ocu- latus Bean. À. torlisulcatus d’Orb., etc. Cet étage présente à peu près les mêmes fossiles aux bases du Môle. Le terrain oxfordien se montre sur les bords du lac d'Annecy, près de Talloires. Il renferme les mêmes débris d'êtres organisés. La roche qui le forme est en général un calcaire d’un blanc jaunâtre, présentant souvent des rognons, associé à des couches marneuses. J'ai donné ailleurs des détails sur les grandes masses de schistes argileux ou argilo-calcaires noirs qui forment les montagnes rapprochées de la chaîne centrale et qui con- tiennent des fossiles calloviens, telle est la chaîne du Buet, du Grenairon et de Tanneverge ; elle est encore une partie du mont Joly, près de St-Gervais. On trouve dans ces schistes argileux l’Ammonites lunula Ziet. de l'étage callovien, ainsi que les Ammoniles Parkinsonii Sow., DES PARTIES DE LA SAVOIE, ETC. 959 Niortensis d'Orb., Murchisonæ Sow. qui proviennent or- dinairement de loolite inférieure. Je place encore dans le terrain jurassique supérieur les roches de la Mayaz, montagne tenant au Col Ferret à l’est de la chaîne du Mont-Blanc. J’y ai recueilli des oursins que M. Desor a eu l'obligeance d'examiner et qu'il a rapportés à des radioles du Cidaris histricoides Quenst. et au GC. propinqua Munst. Ces roches calcaires ne sont séparées des prologines du Mont-Blanc sur lesquelies elles s’appuyent que par une distance de quinze mêtres environ et elles paraissent placées au-dessous de grandes masses de roches triasiques et jurassiques. Le terrain du lius el celui de Pinfra las sont bien caractérisés dans diverses chaînes extérieures des Alpes, à Meillerie, sur les bords de la Dranse, au Môle, à la Pointe d’Orchex, etc. J’ai associé linfra lias au lias parce qu’en Savoie ses caractères minéralogiques le rappro- chent bien plus de ce terrain que du trias. Je ne répéte- rai pas ici les listes de fossiles que j'ai données dans mon mémoire sur les terrains liasique et keupérien de la Sa- voie. Dans l’intérieur des Alpes, c’est-à-dire dans le voi- sinage de la chaine centrale, on n’a trouvé aucun fossile bien conservé se rapportant, d'une manière certaine, an terrain liasique. Les fossiles, rares et altérés à leur sur face, sont la plupart du temps des Bélemnites qui, on le sait, sont difficiles à déterminer, surtout lorsqu'elles ont élé a!longées par le clivage. On croit avoir reconnu le Belemnites acutus Miller du lias à Petit-cœur, le B. ni- ger Lister., du lias moyen au mont Joly, etle B. canali- cululus? du lias supérieur au mont Lachat. On a trouvé encore quelques ammoniles, mais en pelit nombre et la plupart se rapprochent, comme je viens de le dire, des 260 EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE espèces de l’oolite inférieure. On ne connaît pas même bien exactement la position de ces ammoniles dans les couches ardoisières qui les renferment et qui sont pres- que toujours contournées, mais on voit qu'il y a entre elles et le terrain triasique une puissance de couches as- sez grande pour que le terrain liasique puisse être déve- loppé. Malgré ces causes d'incertitude, il y a de fortes raisons pour rapporter au lias les terrains que j'ai colorés en bleu foncé : 1° Parce que dans plusieurs localités on a trouvé à la base de ce terrain les fossiles de linfra-lias ou z6ne à Avicula contorta. 2° Parce que ces terrains ont pour prolongement évi- dent, au sud-ouest, les couches incontestablement liasi- ques du Col de la Madelaine et du Col des Encombres, et au nord-est les couches du lias de Bex, qui renfer- ment la gryphée arquée. Pour ces diverses raisons j'ai colorié avec la teinte qui indique l'étage liasique les terrains qui renferment des Bélemnites dans les environs du Mont-Blanc et ceux de la vallée de Mégève. Les couches du revers sud du Mont-Blanc se prolon- gent jusqu’au mont Chemin en Valais, où j’ai trouvé les Belemnites parillosus Quenst. de l'étage toarcien ou de l'étage liasien. Il est probable que si l’on parvient à dé- couvrir de nouveaux gisements de fossiles, on arrivera à mieux séparer Jes divers étages de la formation juras- sique que je n’ai pu le faire, au milieu de ces immen- ses massifs de schistes argileux contournés et souvent renversés. Les terrains liasiques des environs de Taninge re- DES PARTIES DE LA SAVOIE, ETC. 9261 : posent à Matringe sur la zone à Avicula contorta. Ceux du Môle renferment un grand nombre de fossiles liasiques, ainsi que ceux de Meillerie. On trouve encore quelques fossiles de cet âge au Grammont près Saint- Gingolph, à la montagne d’Armone au sud de Thonon, au Miribel à l’est de Boëge ; enfin, à la montagne des Almes dans la vallée du Reposoir, et à la montagne de Su- lens au sud de Thônes, on trouve les fossiles de l'infra lias placés dans les positions les plus extraordinaires, mais, ils n’en caractérisent pas moins les terrains jurassiques tout à fait inférieurs. Un chasseur de chamoïs a rapporté du fond de la val- lée de Sixt des gryphées arquées. Elles provenaient, a-t- il assuré, de la localité difficile à parcourir, nommée Prazon. Il n’y a rien de fort surprenant dans cette décou- verte, les roches de Prazon, étant surmontées par une énorme épaisseur de terrains jurassiques, appartiennent probablement au terrain du lias, d'autant plus qu’elles ne sont pas éloignées du lias de Bex qui renferme éga- lement des gryphées arquées. Elles reposent sur le ter- rain triasique que l’on voit apparaître dans un point du fond de la vallée de Sixt. Ma carte diffère considérablement de celles qui ont été publiées précédemment par le terrain lriasique qui y est figuré et par l'étendue que je lui ai reconnue. Il est formé en Savoie par un ensemble de couches inférieures à l’in- fra-lias ou zone à Avicula contorta et supérieure au ter- rain houiller. On ne le voit nulle part avec un développe- ment complet, mais en réunissant toutes les couches qui le constituent, on obtient la coupe suivante en commen- çant par le haut. Marne où argile rouge, ayant GO à 80 mètres de puis- sance et ressemblant à des marnes irisées durcies, 269 EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE Cargneule ou calcaire magnésien celluleux, ayant quel- quefois un énorme développement, comme sur les bords de la Dranse, près Thonon. Là, cette cargneule renferme deux puissantes couches de gypse. Ordinairement la car- gneule est accompagnée de gypse, mais son développe- ment est moins considérable que dans celte localité: Je n'ai pas encore trouvé de fossiles dans les gypses, mais J'ai recueilli à Matringe des cristaux de quartz placés dans celle roche. Ils ne sont pas rouges, comme ceux que l’on rencontre dans les gypses triasiques d'Espagne, mais ils sont branätres ou enfumés, semblables à ceux que l’on recueille dans la partie supérieure du Muschel- kalk du Wurtemberg. Schiste arqilo-ferrugineux rouge et vert. On le voit bien développé dans diverses localités, et particulièrement près du village d’Argentière, vallée de Chamounix. fl passe à un grés qui présente des couleurs plus ou moins variées ou bigarrées et à des marnes verdâtres. Une couche d'ardoise noire, peu épaisse, qui se voit rarement, elle se trouve au col de Salenton, près du Buet !. Le grès arkose se voit à la partie inférieure du trias. I renferme beaucoup de gros morceaux de quartz el sou- vent des grains de quartz rose, associés à des malières talqueuses verdâtres. Ce grés est très-bien caractérisé dans beaucoup de localités, mais dans d’autres il est rem- placé par des quartziles plus où moins compactes, par 1 Quoique je n’aie pas trouvé de fossiles dans ces deux couches, je ne puis m'empêcher de croire que l'on en découvrira, ces roches étant semblables à celles qui en contiennent dans d'au- tres pays et qui renferment en particulier des petites posidono- myes. DES PARTIES DE LA SAVOIE, ETC, 9263 exemple dans les environs du grand Saint-Bernard, dans la Maurienne et en Tarentaise. Ce sont ces quartzites tria- siques qui ont fourni la plus grande partie des cailloux quartzeux du terrain erratique. Quelques-uns d’entre eux ont été transportés, comme on le sait, à de très-grandes distances. La distribution du terrain triasique dans les parties de la Savoie, du Piémont et de la Suisse qui nous occupent présente un intérêt nouveau. On le trouve à Meillerie et sur le versant oriental du Grammont. Ilesttrès-développé dans le vallée de Boëge et l'extrémité septentrionale de la zone qu’il y forme arrive près de Cervers où 1l se trouve placé au-dessous du lias et au-dessus du ter- rain nummulilique. On voit ce terrain au Môle, à Ma- tringe et à Taninge. Il forme un affleurement dans la vallée d'Illiers, et s'étend de Monthey, vallée du Rhône, jusqu'aux environs de Samoens. Cette grande bande de gypse et de cargneule est le prolongement des gypses triasiques de Bex. On rencontre encore le terrain triasi- que à la montagne des Almes (Reposoir) et à la montagne de Sulens, au sud de Thônes. Il présente de très-nom- breux affleurements dans la vallée de Mégève, dans les environs de Beaufort, d’Aime en Tarentaise, du bourg St-Maurice, du Petit et du Grand-Saint-Bernard, sur les deux revers du Mont-Blanc, aux environs de Saint-Gervais et enfin 11 forme une zone qui s’étend de Servoz à Saint- Maurice (Valais). L'année dernière, la Société géologique de France réu- nie à Saint-Jean-de-Maurienne a examiné dans les envi- rons du fort de l’Esseillon et dans ceux du col de Fréjus de grandes masses de schistes argilo-talqueux lustrés, dont M. Lory avait déjà parlé dans ses travaux géologi- 264 EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE ques. Quelques savants ont rangé, probablement avec raison, ces schistes dans le terrain triasique ; cependant la question n’a pas été clairement résolue. Il est nécessaire de lui donner une démonstration plus complète. Ces ro- ches, assez peu caractérisées par leur gisement, par leurs caractères minéralogiques et moins encore par leurs fossiles (elles n’en renferment pas) se trouvent-elles dans le cadre de ma carte? La question peut être discutée. Si on arrive à en reconnaître la présence, on les trouvera probablement dans la chaîne placée entre le Mont-Blanc et le Grand-Saint-Bernard. Pour le moment j'ai cru bien faire en m’abstenant de désigner sur ma carte une formation dont les limites de toutes espèces sont encore vagues. Ma carte présente encore de grandes différences avec les précédentes par le tracé du terrain houiller. L'histoire de la discussion qui S’est établie sur la présence de ce terrain en Savoie et qui a duré plus de trente ans, pourra fournir d’utiles enseignements lorsqu'elle sera terminée. Le terrain howiller est composé à sa partie inférieure de poudingues plus où moins grossiers (poudingue de Valorsine), au-dessus on voit des schistes argileux ren- fermant de lanthracite et les débris d’une nombreuse flore fossile identique à celle des véritables terrains houillers. On le trouve égalemeut formé d’une énorme série de grès plus ou moins micacés qui constituent par exemple, le grand massif houiller des environs d'Aime en Tarentaise. Ces grès ont un caractère particulier qu’ils partagent avec les grès des terrains houillers des autres parties de la France et de la Forêt-Noire les plus rap- prochées. Le terrain houiller woccupe pas une très-grande éten- DES PARTIES DE LA SAVOIE, ETC... 9265 due dans la région que j'ai figurée, mais il se rencontre dans plusieurs localités, telles que: Taninge, Servoz, Valorsine, les Posettes près d’Argentière, Verncyaz dans la vallée du Rhône, Arêche, Petit-Cœur et le Grand Saint-Bernard. Dans les environs d’Aime, il forme tout le centre de la vallée et une partie des versants des mon- tagnes entre le mont Plovezan et Pesey, sur la rive gau- che de l'Isère. Il s’y trouve en couches verticales et mé- mes renversées. Il est flanqué des deux côtés par le terrain triasique, lequel est flanqué à son tour par le ter- rain jurassique : c’est peut-être le terrain houiller qui paraît au chalet du Gibet près du Grand-Bornand. Le calcaire earbonifère manque dans celte région des Alpes. On a souvent de la peine à préciser la limite dn terrain houiller ct des schistes cristallins, car dans Pun ét Pautre de ces terrains on trouve des roches qui se ressemblent, et ordre de superposition est quelquefois assez difficile à comprendre pour qu'il reste beaucoup de doutes. Je ne saurai affirmer avec certitude qu’une portion des roches nommées ordinairement schistes cristallins, appartienne au terrain houiller lui-même. D'après Papparence des roches la partie inférieure du terrain houiller a été certainement soumise à une action qui a changé le caractère sédimentaire qu’elle possédait pri- mitivement. La partie supérieure des schistes eristallins paraît avoir supporté une aclion analogue, mais plus grande, qui à plus profondément modifié son caractère sédimentaire, En sorte que malgré les doutes qui me res- tent, je ne serai pas disposé à ranger les schistes cristal- lins supérieurs dans le terrain houiller inférieur. ARCHIVES, T. XV. — Novembre 1862. 28 266 EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE Mais ces schistes cristallins supérieurs se sont-ils for- més avant ou après l’époque où les êtres organisés avaient des représentants à la surface de la terre? La ques- tion est trés-controversée. Cependant il me semble que la présence du graphite et du calcaire dans quelques- unes des couches des schistes talqueux ou chloriteux indique que les êtres organisés ont assisté à la forma- tion de ces roches et y ont laissé leurs dépouiiles. Quoique ces raisons ne soient pas très-fortes, elies nons conduisent cependant à classer la partie géologi- quement supérieure des schistes eristallins du Mont-Blanc des environs de Beaufort, etc., parmi les roches paléo- zoiques, ainsi que lesterrains qui renferment des macles dans les environs du Grand Saint-Bernard. Peut-être sont-ils le prolongement, bien éloigné il est vrai, du ter- rain silurien du Tyrol. La grande ressemblance dans les caractères minéralogiques qui existe entre ces formations et celles des terrains classés comme siluriens dans d’au- tres régions, et particulièrement en Angleterre, vient à l'appui de cette idée. Les limites entre ces roches et celles qui sont aun- dessus ou au-dessous d'elles ne sont pas assez tranchées pour que j'aie pu les indiquer par une couleur parti- culière. Cet ensemble de couches passe insensiblement à sa parlie inférieure à des roches plus cristallines, dont les diverses variétés de gneiss sont de bons types. Ce sont probablement des roches de sédiments déposées dans des conditions bien différentes de celles qui se trouvent dans la nature actuelle, Tous les schistes cristallins sont désignés par une seule teinte sur ma carte. On peut y voir qu’ils ont un DES PARTIES DE LA SAVOIE, ETC. 267 très grand développement sur le revers nord-ouest du massif du Mont-Blanc, tandis qu’ils manquent presque totalement sur le revers sud-est. La protogine ne se trouve donc pas entourée de tous les côtés par une ceinture de schistes cristallins. J'ai indiqué par une teinte spéciale la prologine, qui joue un grand rôle dans les Alpes de la Savoie, quoique celle roche soit classée avec raison dans les granites. J'ai pensé que ce granite du Mont-Planc avait un facies assez spécial pour mériter une couleur qui servit à la distin- guer des autres roches de la même famille. On sait que l’origine et le mode de formation des ro- ches granitiques sont fortement discutés, surtout depuis que l’on a observé qu’elles renferment des matières vola- üiles. Je ne veux pas entrer dans celte discussion mainte- pant; mais je liens à constater qu’en plusieurs localités la protogine est traversée par des joints ou des fissures qui présentent une régularité qui n’est pas três-grande, il est vrai, mais que l’on ne saurait méconnaître. On voit bien ce mode de division dans la course quelque peu pé- rilleuse que l’on fait en suivant la base des derniers ro- chers du Mont-Blanc, lorsqu'on va du col du Géant à l’Aiguille du Midi, et en parcourant le val KFerret pié- montais. J'ai donné une couleur différente de celle des protogi- nes aux massifs de vrais graniles et de porphyres' qui se trouvent dans le cadre de ma carte et qui sont placés à Valorsine, à Beaufort et dans la vallée de Poncellamont. Jai encore donné cette même couleur à la roche remar- ! Ces dernières roches sont en générat des granites porphy- roïdes plulôt que des vrais porphyres. 268. EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE quable, connue sous le nom de gneiss porphyroïde de Cevins. Quelques-uns de ces graniles «et porphyres -pa- raissent être plus récents que les protogines. Enfin, j'ai figuré quelques massifs de serpentine, ceux des environs du Petit St-Bernard, découverts par Hasen- fratz, qui paraissent liés à des quartzites triasiques, et celui encore bien peu connu des environs de Taninge, qui.est au milieu d’un massif liasique. On trouve encore quelques serpentines ou pierres ol- laires sur les flancs du Mont-Blanc. Elles sont en général placées dans les schistes cristallins, pas loin de leur jonc- tion avec les protogines. Telles sont les formations, ou les roches qui consti- tuent le sol de cette partie de la Savoie, du Piémontet de la Suisse, dont la géologie m’a si longtemps occupé. Quant aux questions générales de l'étendue des mers et de l’origine des montagnes, elles devraient étre étu- diées sur un plus grand ‘espace que celui représenté sur ma carte. Je terminerai cependant en faisant deux remarques, et d’abord je ne saurais voir des limites ou des rivages de la merilà où on les a indiqués; je ne saurais regarder: comme unrivage la ligne où cessent le terrain néocomien, le terrain urgonien, le gault, la craie, le terrain nummu- litique et le macigno alpin le long de la chaîne des Alpes, car tous’ces terrains se terminent par un escarpement énorme et d'une grande longueur, dont fait partie celui des Fiz, montagne célébre depuis Alexandre Brongniart. Tous ces terrains cessent à cet escarpement, et celui-ci est évidemment produit par une rupture et non par des riva- ges superposés. Il est done éminemment probable que ces lerrains élaient immédiatement après leur dépôt DES PARTIES DE LA SAVOIE. ETC: 269 plus rapprochés, qu’ils ne le sont de nos jours, de l’em- placement occupé aujourd'hui par la chaîne des Alpes. Ontils recouvert cet emplacement comme il l’a été par le terrain triasique et par le terrain jurassique? On ue peut avoir aucune certitude à cet égard. Quoi- que la nombreuse flore terrestre du terrain houiller nous permette de penser qu’à l’époque carbonifère il y avait dans celte région des Alpes une où plusieurs îles, il faut remarquer que le terrain triasique et le terrain jurassique se trouvent sur le flanc même du Mont-Blanc, et qu'ils ont été renversés par les roches cristallines qui en forment la plus grande partie. Ces ter- rains ont donc été probablement rompus par le soulève- ment de ces roches. Mais les terrains plus récents (cré- tacés. elc.) sont plus éloignés de cette chaîne que les terrains jJurassiques du côté du nord, et ils le sont bien plus encore du côté du midi, car on ne les retrouve que dans les environs de Varèse, en Lombardie. Il est donc difficile de comprendre si la mer, qui a déposé les roches crétacées de la Savoie, s’étendait sans rivage des Fiz, par exemple, à Varèse, ou si une terre plus ou moins grande séparait alors la mer crétacée qui a déposé les terrains au nord de la chaîne centrale, de celle qui a déposé ces mêmes terrains au sud'de celte chaîne. En second lieu, je ne saurais signaler dans ces monta- gnes des discordances de stratification. Les contourne- ments sont trop puissants, trop variés, et les renverse- ments complets sont trop fréquents, pour que l’on puisse découvrir de ces discordances qui sont si précieuses dans d'autres pays. On voit cependant que le trias repose tantôt sur les schistes cristallins ou paléozoiques, tantôt sur le terrain bouiller. Excepté ce fait, qui peut être re- 970 EXPLICATION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE. gardé comme une discordance, on voit si peu de ces der- nières, que toutes les formations depuis la protogine de la chaine centrale jusqu'à 11 mollasse tertiaire de la plaine suisse près Genève, semblent avoir été façonnées par la même action et le même mouvement. Ce mouvement pa- raît avoir été produit dans les chaînes extérieures, non par des forces agissant de bas en haut, mais par des forces horizontales pressant latéralement la surface du globe et y déterminant des plis qui se sont parfois élevés à de três-grandes hauteurs. C’est au moins ce que l’on peut conclure de la forme des contournements. BULLETIN SCIENTIFIQUE. CHIMIE. ÆE. BAUDRIMONT. SUR LES CHLORURES ET LES BROMURES DE PHOS- PHORE. Rapport présenté à l’Académie des Sciences, par M. PeLouze (Comptes rendus, t. LV, p. 419). On connaît depuis longtemps les deux combinaisons du chlore avec le phosphore : le protochlorure de phosphore P CI* a été dé- couvert et éludié par Gay-Lussac et Thenard; le perchlorure de phosphore P CIS a été trouvé par Humphry-Davy. C’est à Dulong que l’on doit la connaissance de la composition de ces deux pro- duits. On sait que le perchlorure de phosphore est devenu un des plus puissants auxiliaires pour l'étude de la constitution d’un grand nombre de composés chimiques. Employé d'abord dans un petit nombre de cas, ses réaclions caractéristiques ont été généralisées par les belles recherches de M. Cahours relatives à l’action du perchlorure de phosphore sur les matières organiques. Déjà ce corps avail élé pour ce chimiste l'occasion d’un travail intéressant sur sa densilé de vapeur. Son mode de condensation étant anor- mal, puisque cette densité correspondrait à 10 volumes de chlore et 1 volume de vapeur de phosphore, condensés en 8 volumes, M. Cahours fut conduit à considérer le perchlorure de p'iosphore comme élant le résullat de la combinaison de !/, volume de va- peur de protochlorure de phosphore avec !/, volume de chlore, le tout sans condensation . On sait aussi que Sérullas avait pu transformer le perchlorure de phosphore en chlorosulfure P C13 S? à l'aide du gaz sulfhydri- 214 BULLETIN SCIENTIFIQUE. que, el que plus tard M. Wurtz à obtenu un corps analogue au précédent par l'action lente de l'eau sur ce perchlorure, ce qui lui donna l'orychlorure de phosphore P CIS O?. C’est ce dernier produit qui permit à Gerhardi de réaliser la préparation de cette classe si curieuse et si importante de substances organiques qu’il désigna sous le nom d’anhydrides. On sait encore que notre honorable collègue M. Balard, dans son Mémoire sur la découverte du brome, signala et décrivit deux composés bromés du phosphore, analogues aux deux chlorures. M. Baudrimont a ajouté aux travaux dont nous venons de ré- sumer sommairement les principaux points, un grand nombre d'observalions dont quelques-unes présentent un véritable intérêt. Sa première publication a trail au perbromure de phosphore, lequel présenterait deux modifications, l’une rouge instable, l'au- tre qui est jaune et permanente. Ces deux élats seraient compa- rables à ceux qu'affecte le bi-iodure de mercure, mais en seus inverse, au point de vue de la coloration. D'après ces recherches, le perbromure de phosphore possède la propriété de se dédoubler très-nettement dans un courant d'un gaz inerte sous l'influence d’une chaleur de 100°. Ce phénomène de dédoublement est un cas de dissociation moléculaire signalée déjà celativement à plusieurs corps ; il donne uae grande valeur à l'hypothèse de M. Cahours, lorsqu'il considère la vapeur du per- chlorure de phosphore comme formée de volume égaux de proto- chlorure de phosphore et de chlore combinés sans condensation. L'auteur fait remarquer celle gradalion curieuse qui conduit du perchlorure de phosphore, indécomposable par la chaleur, au perbromure, qui se dédouble en protobromure de phosphore et en brome, et enfin à l'iodure de phosphore PI qui ne saurait dépasser ce terme. S'appuyant sur les analogies si intimes du brome avec le chlore, M. Ernest Baudrimont a cherché à obtenir les correspondants bromés du chloroxyde et du chlorosulfure de phosphore. Ici en- core l'analogie n’a pas été invoquée en vain, etses efforts ont été CHIMIE. t 273 couronnés de suceës. Il à reconnu en effet que le protobromure de phosphore exposé à l'air humide se transforme lentement en cristaux blancs, qui sont le bromoxyde de phosphore. L'auteur avait obtenu précédemment celte matière en distillant le perbromure de phosphore avec de l'acide oxalique parfaitement desséché, co- piant en cela le procédé de Gerhardt pour la préparation du chlo- roxyde de phosphore. Avec 500 grammes de perbromure et 100 grammes d'acide oxalique sec et fondu, on oblient facilement à la distillation 200 grammes d’une masse blanche et cristalline de bromoxyde de phosphore. On le maintient ensuite à 180° pendant plusieurs heures pour le débarrasser des impuretés qui le souil- lent; puis on achève la purification en le sublimant. Le bromoxyde de phosphore se présente sous la forme de beaux feuillets nacrés, presque incolores, fusibles à 95° et entrant en ébullition à 195°. L'eau le décomposé en acides phosphorique et bromhydrique. Il agit sur l'alcool en le transformant en bromure d’éthyle, à la manière du chloroxyde de phosphore, avec lequel il offre la plus parfaite analogie de propriétés. Sa densité de vapeur (10,06) correspond à 4 volumes; sa formule est F'Br? 02. Le bromosulfure de phosphore à été oblenu pour la première fois par M. E. Baudrimont: 1° en lraitant le perbromure de phos- phore par le gaz sulfhydrique ; 2° en faisant réagir ce perbro- mure sur le prolosulfure d'antimoine ; 3° en dissolvant à chaud 2 équivalents de soufre dans équivalent de protobromure de phosphore. Par ce dernier procédé, la combinaison se fait très- facilement ; mais la purification du produit est au contraire très- difficile à réaliser ; c’est en le distillant et en le traitant par l'eau, successivement et à plusieurs reprises, que l’on parvient à l'isoler à l'état de pureté. Le bromosulfure de phosphore à pour formule P Br? S?; il est solide, cristallisé en lamelles d’un beau jaune citron ; il fond à 59° et bout vers 215° en se décomposant partiellement en soufre el en protobromure de phosphore. Du reste, il ressemble beau- coup par ses propriélés au chlorosulfure correspondant. 974 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Ces préparations intéressantes viennent donc combler Îles, la- cunes que les lois de l'isomorphisme pouvaient nous indiquer d'avance. Bien que l’action du perchlorure de phosphore sur un grand nombre de matières ait élé examinée avec soin, M. Baudrimont a su enrichir encore celle étude de plusieurs faits nouveaux que nous allons indiquer. L’oxygène se substitue directement au chlore du perchlorure, pour donner du chloroxyde de phosphore et même de l'acide phos- phorique. Le soufre détermine une réaction bien prononcée que M. Bau- drimont considère comme manquant de netteté. Elle reste encore à établir. Quant au sélénium, son action est plus nette : il ne donne rien autre chose que du protoch'orure de phosphore et du prolochlo- rure de sélénium. Et Landis que le soufre produit du chlorosul- fure de phosphore, dans aucune circonstance on n’a pu oblenir avec le sélénium le chloroséléniure correspondant. Parmi les métalloïdes, liode offre une réaction assez inalten- due. Employé en excès, il détruit tout le perchlorure de phos- phore en formant du protochlorure de phosphore el du proto- chlorure d’iode; mais ce dernier peut s’unir au P CI°, lorsque la proportion de celui-ci est dominante ; il en résulte alors une com- binaison dont nous porlerons bientôt. Quant aux métaux, ils réagissent plus ou moins énergiquement sur le perchlorure de phosphore, qui leur cède une partie de son chlore en se transformant en protochlorure PCI#; puis les ch'o- rures métalliques formés entrent, pour la plupart, en combinaison avec PCIS. Lorsque le métai est porté au rouge, la déchloruration est plus profonde, et l’on oblient du phosphore libre, qui se combine même quelquefois avec le métal en excès ; c’est ainsi qu’agissent le sodium et le zinc; l'hydrogène en fait autant. Dans ces cir- constances, c’est le protochlorure de phosphore qui est la source de ces réactions secondaires . CHIMIE. 975 Un fait important signalé par l’auteur est la facilité avec la- quelle P CI5 attaque le platine en éponge ou en lames. Elle est telie, que M. Baudrimont croit que le perchlorure de phosphore pourrail servir au traitement du minerai de platine. Cette réac- tion donne naissance à un chlorure double de platine et de phos- phore, dont une partie notable se volalilise. Dans leur travail sur les bases phosphorées, MM. Cahours et fofmann avaient signalé les difficultés que présente le dosage du platine dans l’analyse des chloroplalinates, ce métal étant par- tiellement entrainé sous forme d’un composé volatil renfermant du phosphore. Il est extrêmement probable que c’est le composé découvert par M. Baudrimont qui se forme dans ces circons- lances. En 1859, M. Rod. Weber avait présenté à l'Académie de Berlin ses recherches sur la décomposition des sulfures métalliques par le perchlorure de phosphore. Il constata que le contact de ces corps détermine des réactions énergiques, ainsi que la produc- tion d’un composé liquide qu'il n’a pu analyser, mais qu’il fut porlé à considérer comme étant le chlorosulfure de Sérullas, P CF S?. M. Baudrimont a repris celle étude en l’appliquant également au protochlorure de phosphore, et il a reconnu: 1° que ce dernier élait transformé par les sulfures alcalins, en trisulfure de phosphore PS 3 correspondant à P CI?, trisulfure qu'on isole par volatilisation des chlorures métalliques qui se forment en même temps que lui. 2° Qu’avec le même agent PCI3 les sulfures d’antimoine, d'étain, de mercure, etc., donnent naissance à des sulfo-phos- phures métalliques tant qu’on ne fait pas intervenir un excès de protochlorure de phosphore. Ces combinaisons renferment du trisulfure PS3, uni au sulfure employé pour la réaction. 3° Que Je perchlorure de phosphore se changeait, non-seulement en chlorure au contact du gaz sulfhydrique, mais que ses vapeurs, 276 BULLETIN SCIENTIFIQUE. rencontrant ce gaz au rouge sombre, il était alors transformé complétement par lui en quintisulfure de phosphore PS5. 4 Que P CIS réagit également en deux temps sur les sulfures mélalliques, en produisant d’abord avec eux du chlorosulfure de phosphore, lequel à son tour peut être décomposé par un excès de sulfure métallique. De là encore la formation du quintisulfure PS5; D° Enfin qu'avec les sulfures d'anlimoine, d'élain, de mer- cure, elc., le perchlorure de phosphore engendre les mêmes sul- fophosphures que ceux qui prennent naissance sous l'influence du protochlorure de phosphore. Si, dans ces circonstances, ii ne se forme pas de combinaisons renfermant du quintisulfure de phos- phore, cela lient à ce que ce dernier est décomposé par un excès de perchlorure, ainsi que l'indique l'équation suivante : PCI 2 (PS5) = PCI + 21(S2C1) + 2 (PS3) Parmi ces composés, il en est un seul que l'auteur a pu isoler et analyser suffisaminent : c’est le sulfophosphure de mercure ; il a pour formule PS3, 3 (HgS). Ce corps est d’un beau rouge orangé qui se fonce et ‘devient noir par une forte chaleur; il re- prend sa couleur primitive par le refroidissement ; 1l peut être sublimé, mais en se décomposant partiellement. On l'obtient di- rectement en combinant le trisulfure de phosphore au cinabre. C’est le type d'un genre de sulfo-sels qui paraissent êlre différents de ceux que Berzélius a décrits. | Dans le cours de ces essais, M. E. Baudrimont a constaté la facile réaction du perchlorure de phosphore sur le protosulfure d'antimoine : 3 (P C15) + 2 (Sb S3) — (P CB S2) —- 2 (SbCIS), ce qui lui a fourni le moyen de préparer abondamment le chloro- sulfure de phosphore, qu'on n’obtenait autrefois qu'avec une cer- taine difficulté. Ce chimiste ne doute pas que le chlorosullure de phosphore ne devienne un nouveau et puissant réactif, à l’aide duquel on pourrait sulfurer un grand nombre de matières. CHIMIE. 977 Le dernier Mémoire de M. Baudrimont a trait aux combinaisons du perchlorure de p'iosphore avec d’autres chlorures. Il renferme la description d’un certain nombre de produits nouveaux. Tous les soins qui concernent leur préparalion sont soigneusement dé- crits. La composition de ces corps s'y trouve rigoureusement éla- blie par Fanalyse. C’est d'abord le chlorophosphate de chlorure de sélénium P C15, Se CI?. Solide et d’une belle couleur orangée à froid, il devient d’un rouge cramoisi magnifique par une tempé- rature suffisamment élevée. C'est le chlorophosphate de protochlo- rure d'iode PCF, 1 CL. Sa préparation a pu être réalisée par quatre procédés différents; mais le plus facile à mettre en prati- que consiste à unir directement le perchlorure de phosphore avec le protochlorure d’iode. Cette substance se présente sous la forme de belles aiguilles de couleur orangée. Elle est d’une causlicité telle, qu’elle brûle la peau comme le ferait un fer rouge. Sa den- silé de vapeur est égale à 4,993. Ce même travail contient encore la description d'un chloro- phosphate aluminique PCF, AI? CB, et d’un chlorophosphale fer- rique PCI5, Fe? C3, déjà trouvés par M. Weber. Puis c’est un chlorophosphate stannique P C5, 2 (Sn CI), décrit autrefois par M. Caselmann. Cette combinaison, qu’on prépare facilement en traitant Pétain par un excès de perchlorure de phosphore, est en beaux cristaux blancs nacrés. Traités par l'eau, ils se décompo- sent et abandonnent bientôt une gelée blanche très-abondante d’un phosphate d'étain qui aurait pour formule P 05, 2 (Sn O?), Ag” ; il y a aussi un chlorophosphate mercurique représenté par la formule PCI 3 (Hg CI). Ce produit prend naissance par Funjon directe de 4 équivalent de perchlorure de phosphore avec 5 équi- valents de bichlorure de mercure; il affecte la forme d’aisuilles blanches, nacrées, très-fusibles et volatiles ; mais une chaleur brusque le décompose en partie. Il mous reste à mentionner ici une dernière combinaison, la plus curieuse de cette série, celle qui résulte de l'action du per- chlorure de phosphore sur le platine métallique ; c’est le chloro- 278 BULLETIN SCIENTIFIQUE. phosphate platinique P CI5, Pt CI. Ce composé, qui se présente en poudre de couleur jaune d’'ocre, est remarquable par la pro- priélé de se volatiliser sous l'influence de la chaleur, qui en dé- compose seulement une faible portion. Il est du reste obtenu par sublimation ; mais sa purificalion est lente et difficile. Les travaux dont nous venons de rendre un comple sommaire sont décrits dans sept Mémoires différents. Pour exécuter ces lon- gues recherches, l’auteur a dû joindre à beaucoup d'habileté une grande persévérance. Obligé de braver sans cesse des vapeurs dont l'influence est très-dangereuse sur les organes de la vue et de la respiration, il a su cependant éludier et préparer des corps excessivement altérables et d'une purification très-difficile, en même Lemps qu’il a enrichi la science de la découverte de plu- sicurs composés nouveaux. En conséquence nous avons l'honneur de proposer à l'Acadé- mie l'insertion des Mémoires de M. Ernest Baudrimont dans le Recueil des Savants étrangers. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. CROVA. SUR LA FORMATION DE L'ACÉTYLURE DE CUIVRE DANS LES TUBES DE CUIVRE AYANT SERVI À LA CONDUITE DU GAZ DE L'ÉCLAIRAGE. (Compt. rend. de l’Académie des sciences, 1. LV, p. 455.) On sait que des tubes de cuivre ayant longtemps servi à con- duire le gaz de l'éclairage ont quelquefois donné lieu à des ex- plosions dangereuses survenues pendant leur nettoyage intérieur, et qui onl causé la mort de plusieurs ouvriers. L’acéiylure euivreux ayant la propriété de détoner par le choc et l’acétylène existant dans le gaz d'éclairage, M. Crova a cher- ché si l'acétylène peut, en présence de l'air, se combiner avec le cuivre. Le résullat de ses expériences étant affirmatif, on con- cevra sans peine la formation d'acétylure de cuivre dans les luyaux de conduite el pourquoi ceux-ci font quelquefois explosion. lorsqu'on cherche à les nettoyer. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE, 279 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. Frédéric CHEVRIER. DESCRIPTION DES CHRYSIDES DU BASSIN DU LÉMAN. Genève, 1862. Les Chrysides sont sans contredit les plus brillants des Hy- ménoplères, el ils attirent à cause de cela les regards du vulgaire autant que ceux de l’entomologiste. On trouve, ilest vrai, dans les Mellifères, surtout parmi les exotiques, des insectes d’un éclat aussi vif, mais ce ne sont que des espèces isolées, tandis que lous les Chrysides ont une livrée élincelante d'or, de pour- pre, de bleu, de vert ou de cuivré aux brillants reflets métalli- ques. Celle famille est donc inévilablement appelée à devenir un objet de préférence chez les amateurs de collections. Le mémoire de M. Fr. Chevrier forme une véritable mono- graphie des Chrysides de notre bassin. Ce travail a le mérite d'être complet de deux manières. C'est en même temps une monographie et une faune. Ce sont toujours les ouvrages qui réunissent ces deux qualités qui, après avoir servi de manuel, ont le plus de chance de survivre à leur date et de se classer dans la science comme documents utiles. 1 nous semble donc que le livre de M. Chevrier est appelé à cet avenir, car il joint à ces avantages celui d'une remarquable précision dans la dis- linclion des espèces, et celui d'être le fruit d’un travail appro- fondi. Pour les entomologistes suisses il offre un intérêt spécial puisqu'il traite d’une faune locale. Nous n’entrerons pas ici dans les détails trop spéciaux de la structure du corps des Chrysides ; bornons-nous à dire que l'ab- domen de ces insectes offre celle particularité d'être recouvert d'une sorte de cuirasse dure, susceptible de rendre des sons métalliques lorsqu'elle est heuriée. Cet abdomen est armé d'un aiguillon, mais, quoiqu'on ait affirmé le contraire, l'auteur a re- connu que cet organe est trop peu rigide pour servir à piquer. Les études de M. Chevrier prouvent que tous les genres de Chrysides sont représentés dans notre bassin, à l'exception des Euchrœus, exceplion d'autant plus singulière que les 4 ou 5 es- 280 BULLETIN SCIENTIFIQUE. pèces européennes qui en font partie appartiennent à la région centrale de notre continent. Les espèces propres à notre faune du Léman se répartissent de la manière suivante : 4 Stüilbum ; 24 Chrysis; à Hedichrum: 3 Ho- lopyga ; 8 Elampus ; 3 Cleptes; 1 Parnopes. Sur le nombre de ces espèces, il s’en trouve # nouvelles, découvertes par l'auteur. Les Chrysides aiment les exposilions chaudes, comme la plu- part des [yménoptères, les éboulis, les falaises ou les localités pierreuses, et comme ils sont parasites ils se rencontrent surtout dans les lieux que hantent les espèces aux nids desquelles ils s’atta- quent. Les Elampus toutefois font exception à celte règle; ils fré- quentent plutôt les gazons ras, les clairières, el comme on ne les rencontre qu'accidentellement, il est difficile de se diriger dans leur recherche. Les Stilbum sont des insectes très-rares chez nous ; l’auteur ne les a rencontrés que dans le Valais Les Chrysiset les Hedychrum se voient un peu partout ; 1l est des espèces très- communes, comme d’autres fort rares. Les Holopyga ont été long- temps confondus avec les Hedychrum. M. Chevrier fait bien res- sortir les caractères distinctif de ces deux genres, dont les espèces se ressemblent à tel point qu'on les confond dans pres- que toules les collections, et que souvent on range sous la même espèce des types qui doivent se répartir entre deux genres. Les Cleples sont de très-pelits insectes peu nombreux en espèces, qui se rencontrent dans les cours et sur les chemins. Leurs couleurs sont moins brillantes que celles des autres hyménopières de celte famille. Enfin les Parnopes ne comptent chez nous qu’un seul type; parasite des Bembex et aussi rare que ces derniers. On le rencon- tre dans les lieux sablonneux où nichent les Bembex. L'auteur à pris le Parnopes carnea dans les environs de Genève et de Sion. Je dirai à celte occasion que le Valais est un pays particuliè- rement propice aux hyménoptères par la*chaleur qui règne en élé dans cette vallée étroite. On y trouve des insectes qu’on cher- cherait en vain chez nous et qui appartiennent déjà à la faune de llalie, entre autres la Scolia bifasciuta. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le Prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE mois D'OCTOBRE 1862. Le 10, de 3 h. 30 m. à 3 h. 50 m. on voit le parhélie à l'Ouest du soleil avec un éclat éblouissant : couronne lunaire à plusieurs reprises dans la soirée. 13, halo lunaire à plusieurs reprises dans la nuit du 12 au 13. 14, couronne lunaire de 11 h. à minuit. 16, Couronne lunaire dans la nuit du 15 au 16. 17, couronne lunaire depuis miouit à 2//, h. du matin ; depuis ce moment jusqu'à 10 h. du matin épais brouillard. 19, halo solaire de 3 h. 30 m. à 4h. 30 w. 21, il a neigé sur toutes les montagnes des environs, même sur le Salève. 22, la neige tombée le 21 et le 22 a disparu, sauf sur les sommets du Môle et du Jura ; halo solaire de 9 h. 30 m. à 10 h. 15 m. 26, éclairs à l'Ouest dans la soirée ; à 11 h. ün fort coup de tonnerre accompagné d’un vent violent du SO. et d’une forte pluie. 27, la neige a disparu du sommet du Jura. 28, gelée blanche le matin, le minimum marquant + 09,3; couronne lunaire dans la soirée. 30, couronne lunaire dans la soirée. 31, faible halo solaire de 2 h. 15 m. à 3 h. 30 m. ; faible halo lunaire de 5 h. 30m. à 6 h. 45 m. ; plus tard dass la soirée couronne lunaire. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm mm Een, 4 8h. -matin.-.. 736,12 Le ANDEN TT EE 725,28 10, à 8et 10 h. mat. 732,38 120 6eh- s0mb..---#41207)5 PAS he matins. --#7128,01 15 Add hersoin- 1e 727,96 16, à 10 -h. soir..... 734,45 18,-2:10//, h:-soir 721,54 19, à 10 h. matin ... 726,98 20 210 h-twatint 7 719;41 224 SR matin : 1.731,87 DATA ES SOIT + 120,84 2PMA ATOS: matint-:.2733,50 30, à 6 h. matin... 720,78 31; a #81 matine.:.:723,08 ARCHIVES. T. XIV.— Novembre 1862. ES É LE rs UDININVI, — UVUIUDARE 1OU2Z. = FE A — E PTE = = NT sa = ] TS en .S Baromètre. Température C. Tension de la vap | Fract, de saturationen m nes. | Pluie où neige A | atarté Temp, du Rhône, || = Ê TR RS | || DR se Vent * a || D 5 | Hauteur Écart Moyenne Ecart Moy. Ecart l'foy. Ecart ne s Eau | & domi- mas Ecart SE n | moy. des avec la des avec la Minim. Maxim. des avec la || des avec la Mini- | Maxi- || tomb. F- du Midi avec la Es 5 24 h. hauteur || 24heures. | temp. 24h. | tension || 24h. | fraction | Mum.| mum. || Q. Jes | à | nant. || Ciel. | temp. || E ee normale. normale. normale. norm. (1924 h.| 2 | | normale. = millim. millim. || 0 o o o mm, | lmillim, min, o pouces 11733,16 ns 13,16 | +0,98 8,5 | +18,0|| 7,28 rail 669|—152| 430! 840] 3,4| 3|SSO. 210,63] 17,6 | + 2,1] 40,5 2 | 735,04 8,50 || +11,06 | —0,96 7,91 +14,8|| 6,65 | —1,96|| 701|—122| 540! 890 0,4| IN. 2110,50| 17,0 1,61 40,5 3 | 736,00 | + 9,481 11,12 | —0,74 4,4|—15,5| 7,40 | —1,14|| 744] — 80! 600! 9501 ... |..!ÎNNE. 2 066 | 6,8 1,5| 40,0 _41735,22 T 8,73 13,51 | +1,81 10,7 [416,9] 8,97 | H0,50|| 788l — 38| 6501 8901 ... |[..IlN. 1110,411116,8 1,61139,5 5 | 732,62 6,16 13,23 | +1,70 8,5|—+16,4|| 9,35 0,95 | 823| — 4! 700! 910! ...|.. NNE. 110,78 PET 24118910 6 | 728,51 | + 2,07 || 15,00 Re 12,0 | 18,1 || 10,26 | +1,93 || 812] — 17| 680! 900! ... |..NNE. 1 0,81|[16,8 1,8 39,0 7 | 726,69 | + 0,28 Rire 3,46 11,7 | +4-19,0 || 10,26 L2'60| 839 + 8! 640! 970] ... | .. || variablel| 0,4816,8 2,0|38,0 8 | 728,81 % 2,41 || 414,08 |+-3,04 97 re 9,91 1,72|| 823] — 9| 750| 910! ... |... 1110,97|116,7 2,01| 37,0 9 | 731,08 4,70 || 414,03 [4-3,15 | H10,2 | 417,2 || 10,04 1,92 || 843| + 9]! 690| 9501 ...|..[N. 1 070. 16,7 2,11 36,0 10 | 731,50 | + 5,14||+-14,22 | +3,51 | 410,5 | +18,8 9,92 | +1,87 || 831[— 4! 650| 9201 ...|..[[N. 1|10,58 116,8 2,31135,5 11 | 790,35 | 4,01 |} 213,84 |—3,30 | + 8,7 | 18,1 | 10,65 | +2,67 || 893] + 57 | 7201 09701 0.81 41 var@bie 0,93 116,7 | + 2,3135,0 12 | 729,89 | + 3,57 | 415,48 [5,11 | H12,7 | Lis8,5 [10,89 Ca 840 3] 710] 950]17,0| 6] SSO. 110,80! ... | ..... 35,0 13 | 730,62 | + 4,31 || 416,20 | +6,00 | 11,1 21,6 ||10,68 | +2,86 || 782] — 56| 540] 920] 6,11 11ss0. 1110,93|16,7 2,61 35,0 141 732,37 | + 6,08 | +15,17 | +5,14 Les 20,2 || 10,83 | +3,08 || 840| + 1| 690! 960! ...|..[[N. 1! 0,06|116,8 2,8134,5 15 | 728,90 | + 2,62|| +16,14 +-6,28 8,0 ES 10,71 | +3,04 || 775| — 65| 550 980 .. |... | SSO. 1110,31/[16,8 2,911 34,3 16| 732,55 | + 6,28 || 19,81 [+3,12 | + 78 +#17,2|| 9,53 | +1,93] 892] E 51| 810 | 1000 2,3 | 51 variable|| 0,72|16,7 3,01 35,0 17 | 730,97 | + 4,71 || 410,88 |+-1,36 | 4,6 | L16,9 7,16 | +0,24]! 799] — 431 59011000! . . |..sso. 1 0,841116,0 2,41135,0 18 | 726,41 | + 0,16 14,23 |+-4,88 | +10,4 17,4|| 8,16] +0,72 || 681| —162| 590! 7301 121 31s0. 2 0,87|[15,9 2,4||34,0 19 | 726,15 | — 0,09 + 9,44 [+-0,26 | + 7,2 dE 5,98 | —1,39| 704] —140| 590! 760||10,9| 51 variable 0 TONER SE NII 205 20 720,72 | — 5,51| +11,50 [+-2,49 | + 6,0 | +17,0| 6,23 | —1,06 1 625l —219 | 4101 810 3,0| 4]S0. 2]|0,801115,8 | + 2,6134,7 21 | 730,00 | + 3,78] + 7,19 |—1,65 | + 5,4|+10,5| 5,37 | —1.851| 728 —117| 570! 810} 6,4! 91SSO. 310,941 8,3 | — 4,8133,5 22 | 729,71 | + 3,50 || 10,63 |-1,97 se 6,6 |+14,9|| 7,42 0,28 || 783| — 62| 640| 930| 3,5 | variable! 0,88|| 8,5 | — 4,51 34,0 23 | 723,17 | — 3,04 || +12,06 | +3,5 11,0 de 8,58 1,52 || 833| — 13| 670| 900! 8,4| 810. 2111,00|| 8,5 | — 4,31 34,5 24|721,26 | — 4,95] + 9,35 [+1,04 | + 7,8 13,0|| 7,92 0,93 || 926 80 | 810 1000]! 16,8 18 IN. 1|11,00|| 8,0| — 4,7135,0 25 | 728,00 | + 1,80 || + 8,77 |[+-0,63 | + 6,2 | +12,8 7,12 0,21 || 861 LS 14] 640 9701 ...|.. || variable 0,32||10,4 | — 2,2] 38,8 26 | 728,88 | H 2,68 ques Je + 2,8 es 8,01 | +1,18 || 806] — 41| 65011000! 8,3| 31ss0. 2/0 80 .…. ....||39,0 27 | 732,68 T 6,49 8,63 |H-0,84 ie 4,8 15,51] 6.07 | —0,68|| 751| — 97 | 560 | 900! ...|..IN. 1|10,08||13,7 1,4] 39,0 28 | 727,92 1,73} 5,40 | —1,72 0,3 |+11,1|| 6,51 | —0,16|| 920 721 760! 9801! ... | .. || variable|! 0,51 113,4 1,2] 39,4 29 | 723,18 | — 3,01 8,43 | 0,99 | + 4,9 | Li9,1| 7,71 | +1,11 || 924 76] 820| 970] 0,7| 1|SSO. 1110,94//12,9 0,8||39,5| 30 | 721,81 | — 4,39 9,78 |-2,51 E 5,4|+13,7|| 8,38 1,86 || 92] 73 | 800! 970] ... | .. || variable|| 0,86 [12,9 1,0|!39,5| 31 | 721,89 | — 4,31 | + 9,66 | 42,56 6,41<+12,5| 8,48 | +2,03 | 945 96 | 850 | 980] 0,41 2] NNE, 1 0,92 | 13,0 € 1,2] 38,7, a MOYENNES DU MOIS D'OCTOBRE 1862. 6h. m. 8b.m. 40h. m. Midi. Z'h° se 4h.s. 6h.s. 8h.s. 10h.s. + Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm mm Jre décade, 731,90 732,40 732,41 731,93 731,43 731,18 731,58 732,03 732,15 2e » 728,84 729,36 729,37 728,89 728,51 128,43 128,64 728,95 728,89 He 2 Mb 20 910727,000 726,29 72576 725,52. 725530725490 0795,57 eu Mois 728,97 729,41 729,53 728,95 728,50 ‘728,29 728,48 728,11 728,71 Température, o o o o o J o 0 0 1re décade 11,14 —+-12,53 +14,46 +15,70 +16,21 +15,97 14,55 413,24 +12,38 2e » 10,92 12,44 +14,63 +16,58 17,04 H16,22 +14,45 +13,39 +12,62 3e » — 6,96 + 7,74 + 9,82 +11,36 11,72 +11,59 +10,36 + 9,63 + 9,10 Mois + 9,58 10,80 +12,87 <+-14,44 +-14,88 14,50 +13,03 +12,01 +11,29 Tension de la vapeur. » mm mm mm mm mm mm mm mm mm 1re décade, 9,10 9,42 9,25 9,09 9,03 9,04 9,17 9,03 9,05 De ‘ » 8,92 8.92 9,40 9,47 9,72 9,38 9,46 9,27 9,32 Be » 6,70 6,84 7,60 7,65 7,81 7,17 7,96 7,88 7,69 Mois 8,06 8,35 8,71 8,70 8,82 8,70 8,84 8,70 8,65 Fraction de saturation en millièmes, 1re décade, 912 864 750 632 654 662 736 793 834 2e » 863 822 Tor 666 665 678 760 793 846 3e » 895 808 838 761 761 759 846 873 890 Mois 890 852 784 705 696 702 7183 821 858 Therm. min. Therm. max. ne nue nee FRE re Limnimètre. ; o o 0 mm P- 1re décade, + 9,41 +17,25 0,64 16,89 3,8 38,9 : 2% » +8,71 +18,55 0,70 16,42 35,3 34,7 - EE + 5,60 +12,47 0,75 10,96 44,5 37,4 Mois +7,83, +15,97 0,70 14,56 83,6 36,9 Dans ce mois, l’air a été calme 1 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,63 à 1,00, La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 649,4 O. et son intensité est égale à 24 sur 100. à | VE d t A ee TRE D pit NL UE dr 4 dur NO TIRE PONT eS a LE pe 18 Pa: ÿ 4 1 pe LEA CR. k 110 1. w £ AE È ka À ke Fe p n ô à A Que d'A ki 1 1 Le 2 4 RER 668 nat va ‘aibte de A à 1 ET! Ro : aie ten et a VAE D œb A ; AM) DEN = PRET 1 op) ; ‘art : Qu “ch J hit ; 2 Fe LAURE 6e, LAS OT AE SE RTE Frs A6. me ROAET. | ELA ANR LAN COCO EL LA AMEN 770 xr SONT NUE ENT JT TR TA EE LE NENR # ES LH de ee 2 2 re ue htm 109,657 LEE cs 6Ee. MER 1 ÿ à Lt Hyvs dr 4 j à È % wi 4 d… D; RAR dre NA al Ù qe, Dr EN] PM Pre” : Jet Drhaitire m4 Liu à Mb \4,fin apr 10 “e Ep, 414 AU: DURE OCT Où, DEA LE Er AEE 130 RET He + WEU C+ Du ER ARC RE AE 2m Res += Le + L 3 à 1 00 LATE TES fe: CAAUT MU tps f RNA: + à ” À le. SR PA Aie # Fe mai Lit , \ pl de Ni CUT fun: th à dti at He Ag deu. Le Une EU So rinn HO SUR 1 RÉ RTE 4 AT + MERS LINE ue DE nl « C me 6 LI [ri “ fb:4 LTAE ee ALT f} A Ë vw A LÉ LA n voire Wave NE As IAE HR Le CS M BR RSR ER RES PS REA DD MRn Le OPUS L'EROETO ER 5,8 ME: pus te noléuimbd 5] cost. LA. . Sox Sa VER CID TER LL CSN ou "A de Or -= av ANT £a dun FEES ARE 1 sf h.. Fe 4 QU n à aré - TU LE fa pi OT © 664 s. 4 « . he TR ape nee a PRE RR CE En te mt re PA ‘ d | sel MORE 140 PNR An Le 1 Ji Us + Li ie es re re te Li Re £ se | 2 re p oies jt dre UT LE DEL Rene à vers l VÉ a Ve h MN y 0 NAT EI QUE pe AQU ns er à v ni \ 1 n f 1&: » âv ! at , up An un Pur { es AAA 9 Li + or LA Ru ns 4 A ap! AA ‘ R ait Se ne Se De vs — re ner rège Dr Mers EME TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNÂRD pendant LE MOIS D'OCTOBRE 1862 LL ACTE Lu di VU nus JU —… | É Baromètre. Température, C. Pluie ou neige. La Clarté A ee RE OS: VE TN Vent | = Hauteur Ecart avec , Moyenne |Ecart avec la . Hauteur Eau Nouk , moy. du | = moy. de la bauteur | Minimum. | Maximum, des température | Minimum.!| Maximum.’ de la tombée dans d'hes Re dominant. Ciel. | = ||24heures.| normale. Y4 heures. normaie. neige. les 24 h. 1eanes | millim. millun. millin, millim. j 0 0 0 0 mm mm 1} 1 || 569,13 L 3,56 | 568,54 | 569,83 || + 0,05 | — 1,20 | — 4,9 | + 5,6 30 6,3 8 | NE. 25691 | 2 || 569,26 1 | 667260 IST TD ES TOR nn ER RER OR US 0 43 | 8 | 572,78 7,37 | 571,78 | 573.89 4,31 | + 3,34 sh DORE DE en Re. SU eo: 4 || 573,76 8,44 | 573,43 | 574,33 3,61 | + 2,78 1,8 gs C,5 Te Te TR Ne 5 || 571,33 6,09 | 570,55 | 572,43 3,04 | + 2,35 | + 2,5 A hors cen ÉERNE om S 0). til 0,81 6 || 568,07 | + 2,91 | 567,58 | 568,75 AURA PER EE UCI CURE) RER Er ces 0.86 7 || 566,28 | + 1,20 | 565,83 | 566,85 dE CN EE a A LS ES 0 ANS ES A RS CE Re calme 0.90 8 || 567,95 | + 2,95 | 566,23 | 569,29 sm LL Per me 7 0 EE CEA EE RUE RE POS nc 0 74 9 || 570,23 | + 5,28 | 569,58 | 570,81 + 1,74 01,68 | 1,9 ES 0m. 3,4 4 | SO. 1 | 0'99 10 |! 570,16 | + 5,32.| 569,92 | 570,56 EN PGO ae en © UN ME SO ee ce SE: SO 0.79 11 || 569,67 | + 4,91 | 569,34 | 569,96 2,08 | + 2,27 | + 0,5 | + 4,0 Re Se BST variable | 5 83 12 || 569,04 | + 4,36 |" 568,35 | 569,59 32046 3,/040=202;0 710 :6D Ie. RE calme 0 89 13 || 570,58 de 5,98 | 569,54 | 571,52 4,56 5,05 | + 2,0 | + 6,5 : RME C Tone] Leo NE. 1 0.27 14 || 573,05 8,53 | 571,99 | 573,41 7,99 + 8,62 | + 5,8 LOBAIIE-Seee el ee | EEE NE 2 y 15 | 571,57 | +- 7,13 | 570,81 | 572,58 de 6,33 | + 7,11 | + 5,3 de Sprlse-leEar nie SO. 2 | L'o6 16 || 569,81 | + 5,45 | 569,52 | 570,33 + 2,50 | + 3,43 | — 0,9 | + 6,4 ... 2,2 3 variable ns 17 || 568,17 | + 3,69 | 567,64 | 568,90 || — SES SRG EN SE En 5 RO EE calme 0 19 18 | 565,20 | + 0,99 | 563,44 | 566,57 + 0,57 | + 1,80 | — 0,9 | + 1,9 80 6,4 12 calme 0.96 LA 661.21 | — 2,89 | 559,74 1"561,889]) — 4 50 i— 3,19 | — 6,0 | — 2,0 40 3,1 6 NE. 3 | 66 2010561,22% | — 2,83 | 560,83 |°661,74%| 2 0,08 | Æ 1,61. | — 1,4 T 5,1 20 2,0 4 || variable on 21 || 562,93 | — 1,04 | 561,43 1.563,83 || — "7,09 | — 5,41 | =—#7,6 |" —5,9 100 7,0 94 NE. 2 re 22 || 565,99 | + 2,09 | 565,83 | 566,53 || — 1,91 | — 0:08 | — 5,0 0,0 70 4,3 GONNA TE 23 || 562,81 | — 1,02 | 562,20 | 564,10 || — 017 Æ 1,81 | — 0,5 k+ 2,5 59 4,0 6 variable | 'o2 24 || 559,62 | — 4,13 | 558.80 | 560,47 | — 1,15 0,98 | — 1,3 | — 0,1 70 10,8° 12 SÛ: 4 100 25 || 565,19 | + 1,51 | 562,04 | 567,72 | + 0,36 | + 2/64 | — 2,0 A 0nlnecrncrr orne | SO. 1 054 20 12067,19 | 418 16507,49 568,08 | 0,81 | + 32410! 109. 1 nn... SU A 271 567,84 2e 4,30 | 567,23 | 568,12 Il — 2,99 | —- 0,41 | — 5,0 | — 1,5 150 11,6 6 NE. 1}, 28 | 566,49 3,02 | 566,25 | 566,82 | — 1,82 | 0,90 | — 2,2 | Æ 9,4 | ...... PF... |... . | so: 1 012 29 | 563,53 | + 0,13 | 562,41 | 565,05 | — 0,92 k 1,951 —-1,3 0: -E"0,2 60 11,0 8 S0. 1!» 30 || 562,27 | — 1,06 | 561,43 | 562,98 | + 0,06 3,08 0,0 | + 0,3 80 14,3 10 S0. 1| 5 | 31 || 561,95 | — 1,31 | 561,45 | 562,66 (00/62 pe ml ON ER 10 2). DOI 50:11, 4 Les chiffres renfermés dans ces culonnes donne de service. nt la plus basse et la plus élevée des températures observées de 6 h. du matin à = : Ë = 10 h. du soir, les thermomètrographes étant hors MOYENNES DU MOIS D'OCTOBRE 1862. 6h.m. Sh.m. 10h. m. Midi. 2h.s. 4h.s. 6h.s 8 h.s. 10 h.s. mm mm mm mm mm mm mm mm mm l'edécade, 569,59 569,98 570,19 9,83 569,74 569,90 570,16 579,20 He 1 567,13 568,25 568,42 568,22 567,90 567,89 567,86 567,93 567,93 De UT 563,92 564,47 564,55 4,2) 564,19 564,33 564,25 564,31 Mois 566,98 567,47 567,62 567,40 567,21 567,17 567,27 567,34 567,38 Température. [a] Le € 0 o dre décade, + 1,02 + 1,90 + 2,56 + 3,20 + 3,72 + 3%00 + 1/77 + 1,42 + 1°28 2 » — 1,44 + 2,09 + 3,43 + 4,00 + 4,11 + 3,01 + 2,17 — 1,87 + 1,94 LE — 1,00 — 0,16 — 0,09 — 0,65. 1,191 1 04 118 Mois + 0,09 + 0,64 + 1,58 + 2,26 + 2,49 Æ 1,71 — 0,85 + 0,69 Æ 0,63 Min. observé.! Max. observé.! Clarté moy. du Ciel. FA ee Tales 0 0 mm mm 1re décade, 0 D + 4,31 0,69 97 30 | + 0,38 + 4,91 0,56 13,7 140 5 ES 2,49 + 0,24 0,75 72,0 585 Mois 00,10 + 3,06 0,67 95,4 755 Dans ce mois, l’air a été calme 34 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,90 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 4500 , et son intensité est égale à 4 sur 100. 4 Voir la note du tableau. Ni Î A ul £ . * HA d ve UE ve | CPE EP Rire ; RSR Pr Hs 4 SUCER CPU SEEN sn r € 2 QUvRE * 5 ja 1" 4 d ++ TUE 2 FARLE 0 y P & EM + ben fe et ve #æ lue: ù à #. o 4 ” or : à * | à ÿ AA pare ati Hd UU"ERA pe D NREP «| ON LES em de om A TT Re fé! Lou 'e ++ | | À A td gré, : ! | | ; +4 LE ctà & Ad CAT AL A CON CIA PA ; L "4 ; smotel d Le D biné 1e ré ©: LR FL Ÿ HE COTE "ed 2 Lady ANS (© Couiet dr SEEN LAN OUE LES.) MOT te Ar CODE, TOUR DES UE CAMÉRA Li DIN. 2 DUO LC bia iad 1H San JEU CALE ACT 4 RE RE EH M RES rc: “4h AUOT TOTRUNS EE FOR EAU GTI. THE + 0 ms ten À E 1 4 _— 4 ra s HE A 4 x ! « r vrrshquer sÆ \ (CE ol . . PUIS RÉ A 4 ñ ) [es a ] ji: " ll " N Aa PA ul Lo FEV, 1 "ti oi Me ETI ë 4 CHERE + AK + CESSE \ 4 16 PARA Gee AEn OS LORIE NA 5-CUE CS LL PE à PRE 00 Us GEL 0-—. Qù,J sé - Les" A si el eme cerisier 6 à pm pm ef . Br mes EAU ». CPE ‘1 AL, Le + 3,7 x 4 Lee l LI ; | L L. Dpt L. | DT, mg oh unit ep | PRIE Fagor A UC oo AMC ‘à *babiie. 88 N ne (0 MULTI LT \ AQU: L'OMNR 6 À à 70 NeUTE: < EN AOL UE. ra. 0 LÉ nn aoft rar (à Shot Don Fr le dore niti (er af F4 nu de ne n de Fu fe c sel su x RAD SE 4 rot Lo PONT 1 Led é © F ÈS F re Fe. Es Ch ‘ Me y D Le D: Eau Pape pe # : 172 , i L VO À “ l r 2 À on | Be it A Î " on V * n » , h L 1 ÿ 4 ‘ ve. . , PAT \ ’ h { LAON à e, ÿ LIT NN ES T7 ñ ; P. N [Un Un” ep Ur ” qu M I Re 4 , HN 4 EPP TR Arch.des Se. Phy Arch des Se. Phys. & Nat T-XV. 1862 = Combustion des fusees. PL. OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES DANS LES ALPES DU LAC DE THOUNE PAR M. B. STUDER. Depuis longtemps on a reconnu que, dans les Alpes de Ja Suisse, les dislocations et les plissements des couches atteignent leur maximum dans les chaînes calcaires exté- rieures, dans celles qui touchent au terrain de nagelfluh et de mollasse. Il semble qu'une pression venant de l’intérieur des Alpes, ait trouvé la plus forte résistance à cette limite de la zone alpine. Le fait est d'autant plus étonnant que les masses qui paraissent s’être opposées à la pression consistent en roches d’agrégalion mécani- que et que l'obstacle qu’elles présentaient ne peut guère posséder la force d’une digue indestructible. Peut: être y trouve-t-on un nouvel argument pour admettre l'existence de massifs granitiques et porphyriques souterrains, cou- verts par le nagelfluh dont les cailloux pourraient être le détritus. C’est une hypothèse qu'Escher de la Linth père avait proposée, pour rendre compte de l'existence des cailloux étrangers aux Alpes renfermés dans le-nagelfluh. Elie fut reproduite par moi (Géolog. de la Suisse, I, 399), sans que j'aie su alors qu’elle avait déjà été énon- ARCHIVES. T. XV. — Décembre 1862. 20 290 OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES cée par C. Escher, qui depuis l’abandonna pour une autre bien plus hasardée et à peine admissible, dans laquelle il faisait provenir ces cailloux des montagnes de Souabe, au delà du Jura. Dans un mémoire sur les couches en C1, j'ai essayé d'expliquer par un C, dont le coude serait tourné vers la plaine suisse, les anomalies dans l’ordre des ter- rains des Voirons, des Pléiades à Châtel-Saint-Denis, des monts Cougin et du Gournigel, dont l’ensemble cons- titue la chaîne extérieure sur la lisière des Alpes. L’ox- fordien entouré de néocomien occuperait Pintérieur du C, le flysch lui servirait d’enveloppe. Aux monts Cougin et au Gournigel Poxfordien est associé à des nids de gypse blanc ou rouge. Contre toute allente, cetle chaîne qui, en s’avançant vers lorient, a plutôt gagné en puissance, finit brusquement à l’extrémité orientale du Gournigel, et, si de là on passe sur la rive droite de la vallée de lAar, l’ordre géologiqne paraît complétement changé. La place où l’on croit devoir retrouver le flysch du Gour- nigel et les grandes chaînes calcaires du Stockhorn et du Simmenthal, est occupée par des gradins de nagelfluh polygénique, dont les couches S’inclinent vers les Alpes, et c’est en vain que l’on cherche sur la rive droite du lac de Thoune l'équivalent de la puissante chaine du Niesen qui présente à ce lac sa coupe transversale. La chaîne calcaire escarpée qui, à Merligen, s'élève au-dessus du nagelfluh, en se prolongeant au Hohgant et Mont-Pilate, appartient, d’après tous ses caractères géologiques, au sys- tème crétacé et nummulitique de l’Abendberg, du Kienthal et du Kanderthal, et ce système est le même qui, plus à l’ouest, constitue la chaîne du Wildhorn, des Diablerets L Bibl. univ., Archives, 4869, &. XI, p. 5. DANS LES ALPES DU LAC DE TIIOUNE. 291 et de la Dent du Midi. La vallée transversale du lac de Thoune, en séparant ainsi deux grands systèmes de ter- rains, réclame par là une importance qui se concilierait difficilement avec le caractère d’une simple vallée d’éro- sion que dernièrement on a voulu lui assigner. La chaîne calcaire de Merligen mérite notre attention à bien des égards, et c’est d'elle dont je propose de m'occuper plus particulièrement. M. Rütimeyer (Mem. suisses, t. XI) en a donné une description trés-exacle, accompagnée de cartes et de coupes remarquables, comme introduction à son mémoire sur les nummulites. Déjà en 1825 (Monogr. de la mollasse) j'ai parlé en détail de ces terrains, et j'y suis revenu dans un mémoire inséré dans le vol. IT des Mém. de la Soc. géol. de France et dans ma Géologie de la Suisse, 1. I. Depuis lors, cepen- dant, j'ai modifié ma manière de voir sur lun des faits les plus embarrassants de- ce uroupe, et la paléontologie ayant donné dans ces dernières années un nouvel intérêt à cette localité, il ne sera pas superflu de chercher à la dégager de toute obseurité géologique. Ce groupe de terrains crétacés et nummalitiques se divise, au-dessus de Merligen, en deux chaînes, séparées par la vallée alpestre du Justithal, qui s’abaisse vers Mer- ligen. Les couches de la chaîne méridionale qui, sur son revers, porte le village de Beatenberg, sont inclinées au sud-est, celles de la chaîne septentrionale au nord-ouest. De chaque côté de la vallée se trouvent des pentes très- roides, sillonnées par des ravins qui mettent au jour les marnes néocomiennes. Elles sont surmontées par des escarpements du calcaire urgonien à rudistes, recou- vert sans intermédiaire par le terrain nummulitique qui couronne les deux chaînes. C'est, dans nos Alpes, un ‘es 9292 OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES plus beaux exemples d'une vallée de crevasse et d’écar- tement. La chaîne du Beatenberg ne présente guère de diff- cultés. Les trois terrains dont elle se compose se suivent dans l'ordre régulier, et leur stralification est parallèle. On observe que le même ordre règne du côté du Justi- thal, dans la chaîne septentrionale ou de Ralligen, qui tire son nom de l'antique tour de Ralligen située au bord du lac. Mais, en regardant cette chaîne en face, du côté du lac, auquel elle présente sa coupe transversale, lon s'aperçoit que linclinaison au nord-ouest de ses couches ne se prolonge que jusqu’à un ravin boisé qui, entre Ral- ligen et Merligen, la divise en deux masses à peu près égales, adossées l’une à l’autre, el que, de l’autre côté de ce ravin, les couches remontent vers le nord. Elles forment donc dans le ravin un coude facilement recon- naissable de loin dans les rochers qui le dominent. C’est encore un indice d’un obstacle extérieur qui doit avoir forcé les couches à prendre un pli, lorsqu'elles se sont heurtées contre Ini. Une autre série de terrains est développée à la base septentrionale de la chaîne de Ralligen. Au bord du lac, dans les ravins étroits el escarpés derrière la tour, l’on est entouré de nagelfluh. C’est la limite méridionale de la grande masse de nagelfluh qui s'étend jnsqu’à deux lieues an nord de Thoune. La stratification est peu dis- tincle, mais on croit la reconnaître pour être horizon- tale, et, en suivant la côte depuis Thoune, l’on observe que linclinaison des couches au sud-est, d’abord très- évidente, diminue à mesure que lon s'approche de Ral- ligen, el qu’en même temps leur séparation devient moins prononcée. Ce changement de linclinaison ne DANS LES ALPES DU LAC DE THOUNE. 293 paraît cependant qu'accidentel et local, car en cotoyant le pied de la chaine jusqu'à son extrémité orientale, M. Rütimeyer a vu sur plusieurs points assez proches de la pente roide qui annonce des terrains plus an- ciens, le nagelfluh régulièrement incliné au sud-ouest, avec apparence de plonger sous les calcaires du versant septentrional de la chaîne. En montant de la tour à la route de Sigriswyl à Merligen, l’on trouve, entre le raviu de Ralligen et Merligen, les grès qu’anciennement j'avais désignés comme grès de Ralligen, et que les feuilles et les mollusques qu’ils renferment viennent de placer, d'après M. Heer, dans le terrain miocène inférieur, ou dans la partie la plus ancienne de la mollasse. La flore et la faune de ce grès le signalent pour une formation de rivage ou d’eau saumätre. La roche est régulièrement stratifiée ; des bancs peu puissants allernent avec des marnes schis- teuses, et l’inclinaison, sous des angles assez forts et qui, sur quelques points, se rapprochent de l'angle droit, est vers l’est où sud-est. À la base du ravin, le nagelfluh se prolonge au-dessous de ces grès. Au niveau de la route de Sigriswyl, le grès est coupé à pic, de manière que la paroi de droite du ravin consiste en nagelfluh, la paroi de gauche en grès, contre les couches très-inclinées duquel la masse horizontale du nagelfluh irait se heurter, si les deux roches n’élaient pas séparées par le ravin. Mais plus haut, où l’inclinaison méridionale du nagelfluh se main- tient jusqu’au pied de la chaîne, on ne peut douter que le nagelfluh ne plonge sous ce grès, dont les nombreux débris attestent la présence jusqu'à l'extrémité orientale de la chaine. Ces débris deviennent même plus fréqueñts, à mesure que l’on approche de cette extrémité, ou des alpes de Schôüritz, et en même temps le grès se montre 99% OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES plus dur et plus foncé, de manière que l’on ne saurait guêre le distinguer du véritable flysch ou grès du Gour- nigel. Dans les alpes de Schôritz, les collines arrondies, qui s'étendent, à la base de la chaîne calcaire, vers la Zulg, paraissent exclusivement composées de ce grès de flysch. Retournant à la route de Sigriswyl à Merligen, nous trouvons, en sortant des grès de Ralligen, des schistes marneux et calcaires, alternant avec des couches en partie noduleuses d’un calcaire gris foncé qui paraît dénué de fossiles. L'inclinaison est toujours assez forte au sud-est. Les caractères pétrographiques de cette roche la rappro- chent du calcaire oxfordien enclavé dans le flysch du Gournigel et de Châtel-St-Denis, et c’est à ce même étage aussi que nous devons réunir le gypse que M. Rütimeyer a découvert, à une centaine de mètres plus haut, dans la direction de ses couches. Au-dessus de ce gypse, à la base de l’extrémité abrupte et en partie escarpée de la chaîne calcaire, une haute paroi, entourée d’éboulements, nous présente encore une nouvelle roche. C’est du grès de Faviglianaz", dont les couches plongent également sous des angles de 15° à 50° au sud-est. Un sentier, à peu près horizontal, conduit de ce rocher au Justithal, en coupant les couches qui recouvrent ce grès. Ce sont des : Cette dénomination, prise de l’alpe de Taviglianaz, ou, en paiois vaudois, Taveyannaz, a été employée, il y a plus d’un siècle; par À. de Haller, et puis par Ebel, Netker, de Charpentier, et doit, par le droit de l'ancienneté, être préférée au nom de grès moucheté, par lequel d’autres géologues désignent, de nos jours, la wême roche. La localité la plus méridionale, où j'ai vu cette roche remarquable et énigmatique, est St. Bonnet, à l’est de Gap. Elle recouvre ici en puissantes masses le terrain nummulitique si connu par ses fossiles. DANS LES ALPES DU LAC DE THOUNE. 295 schistes marneux et arénacés très-semblables au flysch, et, à peu de distance, l’on se trouve dans le calcaire num- mulitique, qui continue jusqu’au ravin boisé et rempli d’éboulements qui sépare le système des couches incli- nées au sud-est de celui qui se relève vers le Justithal. Le grès de Taviglianaz est encore à découvert dans un escarpement plus rapproché de Merligen et dans ce vil- lage même. Il forme, en s’abaissant vers le lac, la limite supérieure de la pente boisée ou couverte de champs qui, du bord de l’eau, s'élève vers les escarpements ou pentes boisées, mais très-roides de la chaîne calcaire nummuli- tique. En résumant les faits que nous présente celte coupe, il paraît évident que les terrains s’y trouvent dans une position renversée. La mollasse et le nagelfluh forment Ja base, le flysch la partie moyenne et le calcaire num- mulitique le toit. Il y a cependant deux roches qui ne s'accordent pas avec l'admission d’une succession régu- lière, quoique inverse, des terrains. C’est d’abord ce cal- caire noduleux, d'aspect jurassique et associé à du gypse, que l’on voit reposer sur le grès de Ralligen et qui est recouvert par le grès de Taviglianaz; c’est ensuite ce der- nier lui-même. Nulle part, à ma connaissance, on n’a vu jusqu'ici ni calcaire semblable, ni gypse, régulièrement in-. tercalés, dans la mollasse ou dans le flysch, et l'apparition du grès de Taviglianaz, en masses si puissantes, en con- tact avec le terrain nummulitique peut nous étonner da- vantage encore, si nous réfléchissons que, dans ce même groupe de montagnes, l’on n’observe pas la moindre trace de cette roche, soit à la base, soit au-dessus du terrain oummulitique, ni sur les hauteurs du Justithal, ni dans Ja vallée voisine de Habkéren. Outre cela, il y a un fait 296 OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES qui parait s'opposer plus positivement encore à l’idée d'un reuversement total de cette partie de la montagne : c’est que le terrain nummulilique qui recouvre le grès de Taviglianaz se trouve en continuité évidente avec celui qui, sur les hauteurs de la chaîne, se voit dans sa posi- tion normale au-dessus du calcaire à rudistes. Les mêmes couches qui, sur l’un des flancs de la chaîne, sont dans leur posilion originaire, ne peuvent pas, en s'étendant à peu près dans le même plan, être renversées sur l’autre flanc. En s'appuyant sur l’analogie de la masse calcaire et gypseuse avec celle du Gournigel, et sur le passage du grès de Taviglianaz au flysch, l’on peut, en séparant du reste de la montagne, toute la masse qui s'élève du lac jusqu’au calcaire nummulilique, y voir un système de couches en C, dont le pli serait tourné au nord, le caleaire oxfordien y étant enveloppé par le flysch. Ce serait l’ex- trémité orientale du grand système de même nature que nous avons suivi des Voirons jusqu’au Gournigel, et cette extrémité aurait été comprimée par la masse adja- cente crélacée et nummulitique jusqu’à en être recou- verte. C’rst à peu près dans ce sens que j'ai cherché à interpréter les faits dans ma Géologie des Alpes occidentales suisses, 1824. Quoi qu’on puisse penser de cette solution du problème, elle présente une difficulté que je ne dois pas passer sous silence. C’est encore ce grès de Taviglia- naz qui la fait naître. Ce grès manque à toute la chaîne extérieure de flysch, de Genève jusqu'à Thoune, et, en regardant Ralligen comme le bout oriental de cette chaîne, il serait étonnant de ne le voir paraître que sur ce point. D'autre part, nous avons constaté la connexion du groupe de Merligen avec la grande chaîne intérieure DANS LES ALPES DU LAC DE THOUNE. 297 crétacée et nummulilique, et c’est à la lisière septentrio- pale de cette chaîne, à Taviglianaz même, à Olden, à l'issue des vallées de la Kander et du Kien, que nous voyons percer ce grès de Taviglianaz, évidemment, il est plus rationnel d'envisager le grès que nous trouvons au-dessus de Merligen comme faisant suite à celui de ces locaiités, que de lui assigner une position à part et exceptionnelle. A la vérité, en Dauphiné et en Savoie, le grès de Tavi- glianaz est à l'ordinaire superposé au calcaire nummuliti- que, tandis qu’à Merligen nous le voyons à sa base ; mais partout entre le Rhône et le lac de Thoune, nous lui trou- vons le même gisement. À Taviglianaz même, et à Solalex, cetle roche se trouve à un niveau très-inférieur à celui des bancs nummuliliques des Diablerets ; sur la montagne d'Olden aussi l’on observe un grand C nummulitique re- posant sur des mamelons de notre roche; sur la gauche de la vallée de la Kander, elle sort à la base de la mon- tagne du Mittaghorn, auprès duquel, à une grande hau- teur, l’on a, vers le commencement de ce siècle, exploité des houilles nummulitiques ; on la retrouve à l'issue du Kienthal également au pied des montagnes, dont les hau- teurs sont couronnées par des bancs pétris de numma- ltes. Il est possible que celte position inverse de celle qui domine dans les Alpes occidentales, ne soit qu’appa- rente, qu'elle soit produite par un renversement ou un pli qui rentrerait dans la seconde classe de nos courbures en C ; quoi qu'il en soit, nous y trouvons un nouvel ar- gument pour l’annexion du grès de Taviglianaz de Mer- ligen, plutôt avec les terrains qui lui sont superposés, qu'avec ceux qui lui servent de base. Mais l’analogie avec la chaîne au midi de la vallée de Frutigen se soutient même pour une partie de ceux-ci. Au débouché de la 298 OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES vallée de la Kander, à peu de distance du grès de Tavi- glianaz, la colline de Tellenburg, an midi de Frutigen, découvre sur son revers méridional des schistes mar- neux, alternant avec des couches de calcaires et grès foncés et passant à un conglomérat de ces roches, que l’on peut assimiler à tous égards aux schistes marneux et aux calcaires noduleux que nous connaissons à la base du grès de Taviglianaz de Ralligen et sur l’autre revers de la colline nous trouvons le gypse. En adoptant cette ma- nière de voir, la supposition d’un C pour Ralligen devient inulile, et tout ce qu’on y voit affleurer au-dessus des banes miocènes du grès de Ralligen appartient à la chaîne qui s'étend, au midi de Frutigen, aux Diablerets et à la Dent-du-Midi. Cette chaîne se trouve done à Ralligen en contact immédiat avec le terrain de la mollasse, et toutes les roches de ce grand pays montagneux qui, plus à Pouest, séparent la haute chaîne crétacée-nummulitique de la mollasse, ces roches qui occupent les vallées des Ormonds, du Pays-d'Enhaut, de Gruyères, de la Simme, les chaînes du Niesen, du Stockhorn, de la Bera et tant d’autres, ont entièrement disparu de la surface, dès que Fon passe à lorient du lac de Thoune. La suppression totale de formations de cette étendue et aussi variées dans leur composition est un fait à lPexplication duquel toutes nos théories géologiques se refusent. L'on dirait qu'une partie de la surface terrestre se soit engouffrée et que les bords du gouffre se soient rejoints aprés la catastrophe. En quittant le champ de ces conjectures, je tâcherai de donner des notions plus précises sur les gîtes de fossiles néocomiens du Justithal, qui promet de devenir une lo- calité classique des couches de fossilifères se montrant DANS LES ALPES DU LAC DE THOUNE. 299 sur plusieurs niveaux. J'espère que sous peu nous rece- vrons de M. Ch. Mayer qui, à mon invilalion, vient de visiter cette vallée, des renseignements paléontologiques plus complets. Si, de Merligen, on monte au Justithal, un premier gi- sement de fossiles se rencontre dans le Hüllgraben, à une centaine de mêtres au-dessus du lac, sur le bord droit du torrent, à la base sud-ouest de la chaîne de Ralligen. Ce sont des couches de calcaire gris foncé, de quelques décimêtres d'épaisseur, alternant avec des bancs de schistes marneux de la même puissance. Leur position est verticale ou fortement inclinée au nord, plongeant sous la chaîne. On y a trouvé des restes de : Pycnodus, de petites dents rondes ou elliptiques, as- sez nombreuses. Oxyrhina, quelques dents de ce genre ou d’un genre VOISIN. Belemniles pistilliformis, très-nombreux. - dilatatus. Cidaris, des radioles courtes et ventrues. Pentacriniles, des plaques. Vis-à-vis de ce gisement, le ravin du Rufisgraben des- cend des escarpements de la Wandfluh et coupe les trois terrains, dont se compose la chaîne du Beatenberg, savoir : le néocomien à sa base, l’urgonien à une grande hauteur au-dessus, et le nummulitique au bord supérieur. La roche du néocomien ne diffère guère de celle du Hôllgraben, les bancs calcaires sont peut-être plus marneux et plus disposés à se désagréger en schistes. L'aspect général de cette falaise rappelle parfaitement celui des terrains iden- tiques de la Drôme. L’inclinaison des couches est au snd- est, sous un angle de 15° à 25°. En montant ce ravin, 300 OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES on trouve les bancs à fossiles peu au-dessous du fond plat antérieur du Justithal, à 250 environ au-dessus du lac. Les fossiles céphalopodes sont en général pelits et pyritisés ou convertis en oxyde de fer. Ce sont, d’après les déterminations de M. Ooster : Ammoniles Grasianus, très-fréquent. — cryploceras — — asperrimus — Emerici Ancyloceras Studeri Ô. qui ne me paraît pas différer du Crioceras Puzonianus d'Orb., très-nombreux. Baculites neocomiensis. Dans les mêmes couches se trouvent à l’état calcaire: Belemnites pislilliformis. —— dilatatus. Aplychus Sluderi 0. Quoique situé à une plus grande hauteur, ce gisement nous laisse dans le doute sur sa position supérieure ou inférieure aux couches du Hôligraben, l'inclinaison presque verticale de celles-ci rendant illusoire toute comparaison de niveaux. On met plus d’une heure de marche de ce gîte pour gagner le Bachersboden, à peu de distance du fond du Justithal. Un ravin, très-escarpé dans sa partie supé- rieure, descend du même côté que le Rufisgraben des hauteurs de la Gemmenalp. Les couches calcaires, faible- ment inclinées au sud-est, sont plus puissantes et moins marneuses que celles du dernier ravin, mais elles alter- nent également avec des schistes marneux, dont la désa- grégation occasionne de fréquents éboulements. Le fond l'Mém. de la Soc. suisse, t. XVII et XVII. DANS LES ALPES DU LAC DE THOUNE. 301 de la vallée déjà est ici plus élevé que la couche fossili- fère du Rufisgraben, et la couche fossilifère du Bachers- boden la plus inférieure se trouve pour le moins à 80" au-dessus du torrent de la vallée, en sorte qu'il ne peut y avoir de doute sur la posilion plus élevée de ce gite. La position supérieure des couches du Bachershoden par rapport à celles du Rufisgraben résulte du reste aussi du fait que, dans celui-ci, la distance des couches fossilifé- res à la base de l’escarpement urgonien est pour le moins deux fois plus grande que dans le ravin du Bachersboden. La première couche à fossiles que l’on trouve en mon- tant le ravin depuis le Bachersboden, forme un bord escarpé dans la pente. Elle west connue que depuis le printemps passé et a fourni jusqu'ici des fossiles très- variés. Le musée de Berne possède de celte localité les fossiles suivants : Strophodus, une dent, longueur 30, larg. 16m, Notidaunus, une dent égale à celles de-N. primigenius Ag.. mais très-pelile. Belemnites dilalutus. — pishilliformis. Ammoniles Jeannolii d'Orb. — sinuosus d'Orb. Aplychus Didayi, où espèce voisine. Terebratula diphyoides, plusieurs exemplaires. Rlhynchonella Guerini d’Orb., ou espèce voisine. Crustacé, petite pince d’écrevisse. Cidaris, des radioles. À une vingtaine de mètres plus haut une seconde cou- che calcaréo-marneuse renferme une grande quantité de fossiles exploités depuis une dizaine d’années et connus dans la plupart de nus collections suisses. Les espèces 302 OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES du Bachersboden citées par M. Ooster (Mémoires suisses) proviennent toutes de cette couche, ou d’une troisième couche, déjà proche du calcaire urgonien, et qui renferme principalement des Toxasler complanalus. Ces espèces sont : Belemnites dilatatus. Ammoniles Asherianus. — pislilliformis. — Caslellanensis. — minarel. — impressus ? Nautilus pseudo-eegans. — Gargasensis? Ammoniles subfimbriatus. -— Parandieri ? — : Grasiunus. Aplychus Didayi. — . Hugiü. Ancylocerus Subleri. — Moussoni. - Panescorsi. — Rouyanus. — Emeraci. — radialus. Baculiles neocomiensis. — ReOCOMAENSIS. Toxasler complanalus. Les autres gites que je n’ai pas visités sont: le Sulzr, auprès du col à l’origine de la vallée, à droite en des- cendant, à la hauteur environ de la couche principale du Bachersboden, le Ründelengraben et le Hohseil: dans la chaîne de Beatenberg. Leurs fossiles sont en général ceux du Bachersboden, et ces gîtes ne pourraient que confirmer les conclusions que nous sommes en état de déduire des faits énoncés ci-dessus. Ces conclusions $’accordent pleinement avec celles que M. Lory a exposées dans son admirable travail sur le Dauphiné. Les petites Ammonites ferrugineuses, aux- quelles se joignent chez nous des Crioceras et des Bacu- lies, occupent les étages inférieurs des marnes néoco- miennes; à une plus grande hauteur se trouvent les grandes Ammonites, Criocères et Ancylocères, ainsi que la Terebratula diphyoides, et dans les couches supérieu- DANS LES ALPES DU LAC DE 1 HOUNE. 303 res les Toxaster complanatus. Les divers étages du reste renferment lant d'espèces en commun, qu’une séparalion de ce terrain en plusieurs étages distincts ne serail guère admissible. Un autre résultat, également exposé déjà par M. Lory etavant lui par M. Favre‘ ne mérite pas moins notre alten- tion: c'est la grande différence entre la faune du néoco- mien alpin et celle du néocomien jurassique. En compa- rant une collection néocomienne du Justithal avec les collections de Neuchâtel, on croit, à première vue, avoir affaire à des fossiles de terrains tout disparates. Ce ne sont pas seulement les espèces, mais les familles qui dif- fèrent ; là c’est un grand nombre de céphalopodes divers, ici c’est une grande variété de gastéropodes, d’acéphales et de brachiopodes. La même différence subsiste entre la faune de Chätel-Saint-Denis et celle de Sainte-Croix, entre celle des Voirons et celle du Salêve, et elle se soutient jusqu'à Grenoble et plus loin vers le midi. Cette diffé- rence paléontologique et pétrographique entre les deux systèmes de montagnes se fail remarquer, du reste dès le lias et elle alleint son maximum à l’époque éocène, qui n’a laissé dans le Jura que des restes de quadrupêdes terrestres, conservés dans le limon ochreux des cre- vasses, tandis que dans la région des Alhes se déposaient le terrain nummulitique et le flysch. ! Note géol. sur la base du Mile. SUR QUELQUES PROPRIÉTÉS DU COURANT INDUIT PAR P.-L. RYKE Professeur de physique à l’Université de Leyde. 4. On sait que la façon dont on opère l'interruption d’un courant inducteur exerce une influence considérable sur la distance explosive du courant induit ; on sait en outre que , dans l’état présent de nos connaissances , il n’est pas toujours possible d'expliquer pourquoi cette distance augmente ou diminue, lorsque la rupture a lieu de telle ou telle façon. Cependant il a paru à plusieurs physiciens que quelques-uns des résultats qu'ils avaient obtenus pouvaient être ramenés à un principe général. C'est ainsi que les expériences de MM. Poggendorff et Fizeau ont fait admettre que tout ce qui tend à diminuer la densité électrique à l’endroit où se fait la rupture du cir- cuit, exerce une influence favorable sur la longueur de Pétincelle du courant induit. Or, en rapprochant ce prin- cipe d’un fait connu depuis longtemps, la déperdition in- stantanée d’électricilé que subit tout conducteur mis en communication avec une flamme, j'ai été amené à penser qu'il serait possible d'augmenter la distance explo- sive d’un courant induit en opérant au milieu d'une flamme l'interruption du courant inducteur. 2. Les expériences dont je vais rendre compte ont confirmé ces prévisions. PROPRIÉTÉS DU COURANT INDUIT. 305 La rupture avait constamment lieu en faisant glisser le long lun de l’autre des fils de platine terminés en forme d’anneau. Il va sans dire que ces fils, qu’on tenait à la main, étaient suffisamment isolés pour que l’extra- courant ne pût pas parcourir les bras de lexpérimenta- ‘teur. L’étincelle jaillissait entre deux boutons de cuivre ayant chacun 16%, 6 de diamètre. Quand la flamme était produite par la combustion d’un gaz, on se servait d’une lampe de Bunsen , dont on avait fermé les orifices infé- rieurs. Je me suis constamment servi d’un appareil de Ruhmkorff, grand modèle. Le courant était produit par deux éléments de Bunsen, dont les cokes, en forme de plaques, avaient 22°» de hauteur et 16°" de largeur. Voici les premiers résultats que j'ai obtenus: Rapport entre les dis- lances explosives qu'on Maximum de dis- | obtient lorsque la rup- | Milieu dans lequel la rupture du circuit ture a lieu successive- | | inducteur avait lieu. | tance explosive. ment dans le milieu in- diqué et dans l'air. | | | mm | | / 8,1 ] | Air atmosphérique... .... 8,1 1 | | Moyenne 8,1: | | ( 19,3 | Flamme d'alcool . ....... À 19,5 2,395 | | Moyenne 19,4 | | 96,6 } | | Flamme d'hydrogène... ! 08,0 1,110 | | Moyenne 57,6 | | | 27,2, Flamme de gaz d'éclairage 39,0! 1,473 | | ARCHIVES. T. XV, — Décembre 1862. 21 306 SUR QUELQUES PROPRIÉTÉS On voit que l’action d’une flamme d’alcool était très- inférieure à celle qu’exerçaient les flammes d'hydrogène et de gaz d'éclairage. Ces deux derniers gaz semblent produire à peu près le même effet. 3. Je n’apprends rien à personne en rappelant que la forme des électrodes entre lesquels on fait passer la dé- charge d'un conducteur, d’une bouteille de Leyde ou d’un courant induit, exerce une très-grande influence sur la distance d’explosion ; chacun sait en outre que cette distance augmente considérablement, quand on prend pour électrode positif un conducteur effilé et pour électrode négatif une plaque métallique disposée perpen- diculairement au premier électrode. Restait à savoir si les étincelles d’induction, auxquelles, en les faisant jail- lir entre les nouveaux électrodes, on peut faire franchir de plus grandes distances, Ss’allongeraient en sus quand la rupture du circuit inducteur , au lieu de se faire dans l'air, se ferait au milieu d'une flamme. Les résultats sui- vants prouvent que celle question doit étre résolue affir- malivement; seulement l’augmentation n’est plus aussi considérable. DU COURANT INDUIT. 307 Rapport entre les dis- | tances explusives qu'on Milieu dans lequel la rupture du cireuit | Maximum de dis- | obient lorsque la rup- | Een : ture a lieu successive= | i s losive. LAS à inducteur avait lieu tance exp!0 ment dans le milieu in | diqué et dans l'air. Flamme d'hydrogène. .... TS SAT Flamme de gaz d'éclairage) 76,9 Moy. 74,95 | pH Le os 3,966 La plaque métallique, en cuivre, avait un diamèêtre de 939 %®,4. Le conducteur effilé, également en cuivre, avait à £a base une épaisseur de 9"; sa longueur était de 40 mm, 4. I m'a paru qu’il n’était pas sans importance d’exa- miner si l'influence de la flamme continuerait à se ma- nifester lorsque les deux extrémités du fil inducteur seraient en communication avec les armatures du conduc- teur de M. Fizeau. Voici les résultats que j'ai obtenus, en faisant intervenir le condensateur dont l'appareil est pourvu : 308 SUR QUELQUES PROPRIÉTÉS — | | | |Rapport entre les | Milieu dans lequel la Maximum | distances explosi- |ves qu'on obtient | lorsque la rupture a | ducteur avaitlieu. | d'explosion. lieu successivement | * | dans le milieu indi- qué et dans l'air. |} | rupture du circuit in- | Electrodes employés. de distance l | Air | Sphères . Flamme de gaz d'éclairage | Cylindre effilé et } plaque Te | 1h 165 | Flamme de gaz d'éclairage | L'examen des résultats consignés dans les deux der- niers tableaux prouve que l'influence de la flamme se font d'autant moins sentir que l'expérience a été disposée de façon à oblenir une plus grande distance d'explosion. 5. On peut laisser les fils de platine dans la flamme pen- dant un espace de temps très-court, celui qui est néces- saire pour opérer la rupture; on peut, au contraire, les y laisser séjourner plus longtemps, et leur faire prendre une température plus élevée ; je n’ai pas remarqué qu’on obtint dans l’un ou l’autre cas une distance explo- sive plus considérable. Seulement, lorsque le platine de- meure longtemps dans la flamme, sa surface devient rugueuse ; le glissement ne s'opère plus aussi facilement, la durée de la rupture augmente, et il en résulte que la distance d’explosion diminue. 6. Quand on emploie des fils de platine assez minces pour que la flamme puisse leur communiquer un haut degré de température et qu’on les sépare, après lesavoir retirés de la flamme, sans leur laisser le temps de se re- DU COURANT INDUIT. 309 froidir sensiblement, on obtient constamment une dis- tance dexplosion égale à celle qu’on eüt trouvée en opé- rant la rupture dans l’air à la température ordinaire. On voit, par conséquent, que c’est uniquement à la présence du corps en combustion, et non pas à une élévation de température des électrodes, qu’on doit attribuer l’aug- mentation de la distance d’explosion. 7. J'ai cru devoir étudier séparément l’action exercée par chaque partie de la flamme. Les résultats que j'ai ob- tenus sont consignés dans le tableau suivant. La flamme proveaait de la combustion d’un courant de gaz d’éclai- rage. Un conducteur effilé et une plaque circulaire (3) constituaient les électrodes du courant induit. la rupture a lieu suc- | cessivement dans le mi- | lieu indiqué et dans l'air inducteur avait lieu. tance explosive. | Air atmosphérique | | | Rapport entre les dis- | | tances d'explosion ! | Milieu dans lequel la rupture du circuit | Maximum de dis- | qu'on obtient lorsque Moy. Partie de la flamme où la température est la plus élevée ) ( NC RE tu 23, 59,2 Partie brillante de la tune Moy. 54,4 | E Part. inférieure de la flamme 510 SUR QUELQUES PROPRIÉTÉS Ce n’est donc pas cette partie de la flamme où la tem- pérature est le plus élevée, qui exerce la plus grande influence ; au contraire, c’est la partie la moins chaude. 8. M. Levoir, qui m’assistait dans ces expériences, frappé, comme moi, de ce résultat, auquel nous étions loin de nous attendre, me proposa d’essayer si, en rom- pant le circuit au milieu d’un courant de gaz non allumé, nous ne verrions pas également augmenter la distance ex- plosive. Nous fimes immédiatement l’expérience, et il se trouva en effet que le gaz non allumé exerçait une ac- tion peu inférieure à celle de la flamme. On en jugera par le tableau suivant : | Milieu dans lequel la rupture du circuit inducteur Maximum de distance avait lieu. d'explosion. / Bas | ) | Moyenne. ... Partie inférieure de la flamme... | Moyenne. ... Les électrodes entre lesquels jaillissait l’étincelle d’in- duction étaient la plaque circulaire et le conducteur ef- filé décrits plus haut (3). Nous avons obtenu des résultats semblables en opé- rant avec l'hydrogène. DU COURANT INDUIT. 311 | Milieu dans lequel la rupture du circuit inducteur Maximum de distance avail lieu. d’explosion. = à 5S 1 , 2 2 AO © ©Q1| O1 NO —— { Moyenne... | Il est très-rare qu’on puisse produire une étincelle au milieu d’un courant d'hydrogène sans en déterminer en même temps la déflagration. La diffusion de Pair dans Phy- drogène se fait si rapidement qu'il se forme promptement un mélange explosif. On peut facilement surmonter cette difficulté en disposant l'expérience de la manière suivante: Un entonnoir en verre, assez grand pour qu'on puisse y introduire les deux mains à la fois, est fixé, au moyen d’un support, dans une position verticale, mais de façon que le tube se trouveen haut. En faisant arriver par ce tube un courant d'hydrogène un peu rapide, on peut rompre le circuit dans l’entonnoir sans avoir à craindre d’explo- sion. D’ailleurs une explosion dans ces conditions ne présenterait pas le moindre danger. Voici une série d’ex- périences faites avec d’autres gaz : 319 SUR QUELQUES PROPRIÉTÉS Milieu dans lequel la rupture du circuit inducteur Maximum de distance avait lieu. explosive. Air atmosphérique 20m Acide carbonique 22 Id. 21 Id. 21 21 | Air atmosphérique 19 | Gaz ammoniaque 91 Id. | 27,5 Air atmosphérique . 18 Le rapport entre les distances explosives qu’on obtient en comptant le circuit dans ces différents milieux est pour : L’acide carbonique et l'air 1,01 Le gaz ammoniaque et l'air 1,58 Je n’oserais pas affirmer que la légère augmentation produite par l'acide carbonique ne dût pas être attribuée à une erreur d'observation; mais, quant à l’augmenta- tion considérable qu’on a obtenue en opérant avec du gaz ammoniaque, elle provient sans aucun doute d’une action spécifique de ce corps. J'ai trouvé le lendemain en opérant avec l’oxygène, le nitrogène et le chlore les résultats suivants : DU COURANT INDUIT. 313 Milieu dans lequel la ruptue du circuit inducteur Maximum de distance | avait lieu. | explosive. | | | Air atmosphérique... .......... d'in PRE El ee. Da: 49,9 Air atmosphérique... ........... | 18,9 { Air atmosphérique. . ........... 16,8 LI CEPEE NOR PP 17,9 nue | 16 PRO ON ADARIEN TL ARNO FIL | 9292:5 Air atmosphérique. ............ | 18 Air atmosphérique... .......... 16,2 LENS RM PORT 15 Le rapport entre les distances d’explosion qu'on a obtenues en rompant le circuit dans ces différents milieux et dans l'air a été, en moyenne, pour L’oxygène ... 1,096 Le nitrogène . 1,075 Le chlore... 0,872 Les nombres différent si peu de l'unité, que je n’ose pa affirmer que les différences ne doivent pas être attribuées à des causes accidentelles. 8. En opérant avec du gaz nitrogène, nous avons trouvé successivement pour le maximum de distance ex- plosive : 17,5 16 22,5 314 SUR QUELQUES PROPRIÉTÉS Ce gaz sortail du gazomêtre sous des pressions iné- gales, et la plus forte pression ayant coïncidé avec la plus grande distance d’explosion, je me suis demandé si cette augmentation dans la longueur de l’étincelle provenait simplement d’une cause accidentelle, ou bien s’il fallait admettre qu’un certain degré de “vitesse imprimée aux particules gazeuses n’était pas sans influence sur le phé- nomène dont nous nous occupons. Les premières expé- riences que j'entrepris pour résoudre celle question semblaient indiquer que le mouvement des molécules gazeuses n'exerçait pas d'effet : soit que la rupture du circuit inducteur eût lieu dans de Pair en repos, soit qu’elle se fit dans un courant d'air, s’échappant d’un gazomèêtre de Pepys, les étincelles que j’obienais avaient sensiblement la même longueur. Il n’en a plus été de même lorsque, pour produire le courant d’air, j’employai un soufflet d'enfer. J'ai réussi avec cet appareil à obtenir des étincelles ayant 41%" de longueur, tandis qu’elles n’a- vaient qu'une longueur de 20% lorsque j’opérais la rup- ture dans de l'air en repos J’ai encore fait l'expérience suivante : J'ai condensé dans le réservoir d’un appareil de Natterer de Pair sous une pression d'environ 25 at- mosphères, puis j’ai opéré la rupture du circuit successi- vement dans l'air que je faisais jaillir du réservoir, et dans de l’air en repos. J’ai obtenu les résultats consignés dans le tableau suivant. Deux boutons de cuivre (2) cons- tituaient les électrodes entre lesquels passait létincelle d'iuduction. DU COURANT INDUIT. 319 Rapport entre les distan- ces explosives qu'on ob- tient lorsque la rupture a explosive. lieu successivement daus À Milieu dans lequel la rupture du cireuit/ Maximum de distance | inducteur avait lieu. milieu indiqué et dans l'air. | Courant d'air. ........ | 69,6 8,09 [Air en repos ......... | 8,6 1 MauranL d air, :.. :.- li 2180 14:01 | Air en repos ......... | 41 1 | ai On voit que la longueur de l’étincelle d’induction aug- mente considérablement lorsque la rupture du circuit in- ducteur a lieu dans de l'air animé d'un mouvement rapide. 9. On sait qu’on obtient une plus grande distance d’explosion lorsqu’au lieu d'opérer la rupture du cir- cuit inducteur dans l'air, on l’effectue dans de l’eau. Jai trouvé que celte distance éprouve une nouvelle augmen- tation, lorsqu'on imprime aux particules liquides un cer- tain degré de vitesse. J'ai expérimenté successivement avec de leau en repos et de l’eau qui jaillissait sous une pression d'environ 40w%,5. Voici les résultats que J'ai obtenus, deux boutons de cuivre (2) servant d’élec- trodes au courant induit : Miieu dans lequel la rupture du circuit inducteur FRE Distance d’explosion Air atmosphérique Eau en repos... Jet d’eau 316 SUR QUELQUES PROPRIÉTÉS 10. Il a été suffisamment établi par plusieurs physi- ciens que, lorsqu'on fait passer un courant induit par le fil d’un multiplicateur, la déviation qu’on obtient est complétement indépendante du mode d'interruption qu’on a employé. Il faut seulement que la rupture se fasse dans un espace de temps qui soit três-petit par rapport à la durée d’une oscillation de l'aiguille aimantée. On en a con- clu, et avec raison, que la quantité d'électricité, mise en mouvement dans le fil induit par l’interception du courant primaire, demeure la même, quelle que soit la façon dont onopère la rupture. Cependant nous savons que la distance d’explosion du courant induit peut augmenter lorsque la rupture se fait d’une certaine façon, par exemple, au milieu d’une flamme. Cette augmentation de la distance d’explosion ne paraît-elle pas prouver que, lorsque la rupture a lieu dans ces conditions, ce qu’on appelle la force électro-motrice du fil induit éprouve une augmen- tation plus ou moins considérable? On a toujours la même quantité d'électricité, seulement elle met moins de temps à parcourir le cireuit. Mais s’il en est ainsi, il faut, : Jorsqu’on remplace le multiplicateur par le dynamomëitre électro-dynamique de M. Weber ( De la Rive, Trailé dé- lectricité, t. T, p. 269), que les déviations de cet instru- ment augmentent. En effet, lappareil de M. Weber ne diffère d’un galvanomètre ordinaire qu’en ce que l’aimant est remplacé par une hélice mobile suspendue dans linté- rieur du multiplicateur, et que le courant, après avoir suivi les circonvolutions du multiplicateur, parcourt encore les plis de l’hélice mobile. Il en résulte que l’action exercée par le multiplicateur sur lhélice sera proportionnelle au carré de l'intensité du courant, et que, si la durée de ce courant est três-petite par rapport à celle d’une oscillation DU COURANT INDUIT. 317 de l’hélice, l’élongation qu’on obtient est proportionnelle au carré de Pintensité du courant et en raison inverse de sa durée. Par conséquent, si la même quantité d’élec- iricité parcourt le dynamomêtre dans des espaces de temps différents, mais avec.une vitesse constante, l'é- longation qu’on obtiendra sera, pourvu qu’elle ne soit pas trop grande, en raison inverse du temps que lélec- tricité aura mis à parcourir le dynamomêtre, ou, si l’on veut, en raison directe de la force électro-motrice du cou- rant. Quant à cette élongation, on la mesure très-exacte- ment par la méthode de MM. Poggendorff et Gauss à Vaide d’un petit miroir qui suit les mouvements de l’hé- lice mobile. Quand un courant instantané a fait dévier l’hélice de sa position d'équilibre, la résistance de Pair et les cou- rants induits par le magnétisme lerrestre sont les seules forces qui tendent à en amortir les oscillations. Il en ré- sulte que lhélice ne revient à sa position d'équilibre, qu'après avoir exécuté un très-grand nombre d’oscilla- tions. Les moyens par lesquels on peut assez rapidement “réduire d’une manière sensible lPamplitude de ces oscil- latious sont faciles à imaginer; mais. pour les éteindre complétement, il faut beaucoup plus de temps. S'il fal- lait donc attendre chaque fois, avant de commencer une nouvelle expérience, que l’héli:e fût complétement en repos, les observations seraient séparées par des espaces de temps considérables. Cette difficulté toutefois peut être facilement surmontée. En effet, supposons que, pendant que la bobine exécute, par exemple, l’oscillation de droite à gauche, on ouvre le circuit inducteur au moment où la bobine passe par sa position d'équilibre, et qu'on oblienne une élongation, vers la gauche, égale 318 SUR QLELQUES PROPRIÉTÉS à u. Si l’on a pris soin de noter l’élongation w,, vers la droite, qui a précédé l'instant où le courant induit a été produit, l’élongation qu’on eût obtenue, si la bobine eûl été en repos, aurait été égale à ï -nT uU— wc n e"" étant la quantité dont le logarithme représente le décrément logarithmique du système. L’on voit par con- séquent qu'il est facile de rendre comparables les élon- galions qu’on à obtenues. Il suffit d'en retrancher la quanlité w, e"". A cet effet, il faut connaître la valeur de e"”. Pour l'obtenir j'ai employé la méthode de M. Weber (Elektrodynamische Maasbestimmungen, p. 273) qui est la même que celle que Gauss a donnée dans les Resultaten des magnetischen Vercins im Jahre 1837. Je me suis assuré qu’aussi longtemps que w, ne surpasse pas 5 divisions de mon échelle, on peut poser Dans les expériences que je vais rapporter, les extrémi- tés du fil du dynamomètre étaient en communicalion métallique avec les deux bouts de lhélice secondaire d’un appareil de Ruhmkorff (grand modèle). Le courant était fourni par quatre éléments de Daniell, dont les pla- ques de zinc avaient une hauteur de 20‘ et une largeur de AGcw, La rupture du circuit indueteur se faisait alter- palivement dans l'air et dans une flamme de gaz d’é- clairage. Les résultats que j'ai obtenus sont consignés dans le tableau suivant: DU COURANT INDUIT. ‘319 | | Elongation observée Déviation | | Milieu dans lequel is el A y | d'équilibre |se faisait la rup-|avant le passage|après la rupture | | par la position|du circuit in- | d'équilibre. ducteur. observée. | corrigée. ture. | Air atm... 917,8 | 502,8 | 516,4, Flamme .. 917.2 | 502,8 | | Au atm... 917,8 | 501,5 | { Air atin..… 510 4 "|" V501.,8 | \ true A. 016,4 DOI ,# - - Flamme .. 510.5 200,7 Air atin... 510,9 499,8 {Air atm .. 516.4 | 4996 | 915, 9 "Flamme .. 516,3 | 499,7 | Air aun... | 516,6 | 499,9 Air atm... 516,3 498,8 Flamme .. 516,6 498 0 |-5145,9 / Air aln. 516,1 498,1 Flamme Le 916,14 | 498,0 | Air alm .. | 516,3 | 498,1 Air atm... 516,3 | ‘496,9 Dnente . 016,1 ! 496,8 515,7 Air alm... 516,8 496,7 Flaninme .. 516,1 | 496,9 VAïr ain... | 516,1 496,3 ne. 517.0 | 500,0 … - 2 III NI OR OCTO S Or OI O1 - . = = = ne un nn ee te me > ed en jee ne me de lee te OS RLERDEA vw = DOC Homo —æ NI Qi = QI = oo En prenant les moyennes fournies par ces cinq séries, on obtient le résultat suivant Déviations oblenues en ouvrant le circuit dans l'air une flamme. 12,9 12,8 14,9 | 14,7 45,7 15,8 h1,2 17,4 18,4 18,4 Moyenne 15,8 Moyenne 15,8 320 SUR QUELQUES PROPRIÉTÉS Je n’ai pas besoin de dire que j'étais loin de m'atten- dre à trouver cette parfaite égalité entre les deux moyen- nes finales. | 11. J'ai trouvé, il y a quelques années (Ann. de Poy. t. LXXXIX, p.166), qu’on augmentait considérablement la distance d’explosion d’un courant induit, quand on opé- rait la rupture du circuit inducteur entre les pôles d’un électro-aimant. J’avais cru jusqu'ici que, si l’on faisait passer par un dynamomêtre un courant induit dans les conditions que nous venons d'indiquer, la déviation qu'on obtiendrait serait plus considérable. La chose me paraissait même si évidente que j'avais cru jusqu'ici pouvoir me dispenser de la démontrer par des expérien- ces. Toutefois en présence des faits dont j'ai rendu compte (10), je compris que ces expériences devenaient nécessaires. Il re m'en fallut faire que fort peu pour trouver que les déviations du dynamomètre ne changent pas lorsque l'interruption du eourant inducteur a lieu entre les pôles d’un électro-aimant. 12. Nous avons vu (10) les raisoniements au moyen desquels on croit pouvoir prouver que tout ce qui tend à augmenter la distance d’explosion d’un courant induit, tend également à augmenter la déviation que ce courant produit dans le dynamomètre de M. Weber. C’est par des raisonnements analogues qu’on croit pouvoir démontrer que deux autres des actions que le courant induit peut exercer, l’action physiologique et l’action calorifique doi- vent croître lorsque Ja rupture du circuit inducteur à lieu dans des conditions favorables à l’augmentation de la distance explosive. Toutefois, les premiers raisonne- ments s'étant trouvé être en défaut, il était fort possible que les effets physiologiques et calorifiques fussent éga DU COURANT INDUIT. aa1 lement indépendants du mode de rupture. C'était donc à l'expérience à prononcer. Pour étudier l'effet physiologique je me suis servi d'un appareil de Rubmkorff (petit modèle). Bien que je n’em- ployasse qu'un seul élément de Daniell, la commotion était tellement forte, que, pour la rendre supportable, j'ai dû retirer presque complétement le faisceau de fils de fer Or bien loin que la commotion devint plus forte, j'ai constamment-trouvé qu’elle diminuait d'intensité quand la rupture avait lieu dans une flamme de qaz d’écluirage. J'ai obtenu les mêmes résultats en opérant avec un autre appareil d'induction moins puissant et dans lequel je pouvais introduire une plus grande étendue du faisceau de fils de fer. Un thermomètre électrique, construit d’après les indi- cations de M. Riess, m’a servi à comparef entre eux les effets calorifiques que le éourant induit produit, quand la rupture du circuit inducteur a lieu successivement dans Pair et au milieu d’une flamme. L’instrument était disposé de façon à le rendre aussi sensible que possible. Il est probablement inutile d'ajouter que les extrémités du fil de platine, dont le courant doit déterminer l’échauf- feinent, étaient en commanicalion métallique avec les deux bouts de lPhélice induite. Jai commencé par em- ployer des appareils de Ruhmkorff, mais je m'’aperçus bientôt que le courant induit restait sans action sur l’é- lectrothermomètre, et que, pour réussir, il fau trait em- ployer an appareil iiducteur dans lequel le fil induit ne présenterait pas une résistance aussi considérable. J'ai fini par obtenir des résultats satisfaisants , bien que la Chaleur dégagée dans le fil de platine demeurât peu considérable, en employant comme appareil inducteur ARCHIVES. T. XV, — D:cembre 1862. 29 322 SUR QUELQUES PROPRIÉTÉS un éleclro-aimant qui me sert dans mes expériences sur le diamagnétisme. Cet instrament est construil d'après le systèm: de M. Rañmloorff (Daiguin, Traité de physique, Qme &]. 1. I p. 749). Chacune des bobines est formée : par trois fils de cuivre. L'on de ces fils m'a servi d'hélice induite, les deux autres d'hélice inductrice. Jai obtenu pour les dépressions de la colonne liquide les nombres suivants : Dépressions oblenues en rompant le cireuit inducteur dans l'air. une flamme de gaz d'éclairage. 0,9 0,8 1,5 1,5 0.7 0,7 Moyenne 0,9 Moyenne 0,9 On voit que Le mode de ruplure est sans influence sur la quantité de chaleur dégagée. 43. Je devais, surtout au point de vue de fa théorie, altacher de l'importance à connaître le genre d'action que le milieu dans lequel se fait la ruplure du courant in- ducteur exerce sur l’extra-courant. À ceteffel, j'ai comparé l'effet physiologique que l’ex- tra-courant produil quand la rupture a lieu dans l'air à l’action qu'il exerce quand la rupture se fait au milieu d’une flamme. Je me suis servi pour celle expérience d'une spirale plaue formée par un ruban de cuivre ayant 430%" de longueur, 26 de largeur et 0,3%" d'épais- seur. Or, en tenant dans chaque main un mandrin com- muniquant avec une des extrémités de la spirale, on éprouvail une commolion incomparablement plus forte, quand la rupture se faisait au milieu dune flimme que quand elle avail lieu au milieu de L'air. J'avais déjà DU COURANT INDUIT. O7 trouvé, à une époque antérieure, que lacommolion deve- nil plus intense quand la rupture avail lieu entre les pôles d'un électro-aimant. Vai répété ces expériences avec un appareil de Rubmkorff (petit modèle), et j'ai encore constaté queleflet physiologique produit par l'extra-cou- rant de cet appareil était plus fort quand la rupture se faisait au milieu d'une flamme ou entre les pôles d'un électro-aimant, que quand elle avait lieu au milieu de l'air. : Pour mesurer l’action que l'extra-courant exerce sur le dynamomètre j'ai employé un procédé qui me permet d'isoler en quelque sorte l’action de l'extra-courant de celle du courant principal. En effet, soit un cir- cuil composé des six branches AM, MB, AN, NB, NN et APB dont les résistances réduiles sout repré- sentées respeclive- a ment par r,, Roats r,, rçetr. S'il existe dans les branches APB et AM des forces électro-motrices représentées pare et e, et que les résistances r,, r,, r,, r, forment la proportion M C 1 on aura, comme je l’ai démontré dans les Ann. de Pogg. t. CIN, p. 498, que l'intensité du courant qui parcourt la branche M N, etque je représenterai par à, sera égale à €, Ta ONE lo Me + 3) 3924 SUR QUELQUES PROPRIÉTÉS La valeur de 4, est, par conséquent, indépendante de la résistance de la branche APB et de la force électro- molrice qui y réside. Supposons maintenant que nous ayons en P un appareil galvanique , en S une spirale. plane,ou Lout autre appareil dans lequel un ext'a-courant puisse être induit, et en D un dynamomètre, et que nous interrompions, en C par exemple, le courant primaire, est évident que nous aurons dans le dynanomèêtre une déviation qui proviendra uniquement de la force électro- molrice agissant dans la spirale S. Or en procédant de la manière que je viens d'indiquer, j'ai trouvé qu'en rom- pant le courant inducteur dans l'air, dans une flimme de qaz d'ecluirage el entre les pôles d'un éleclro-aimunt, on oblenail loujours lu même dévialion du dynamomètre. 44. Pai rendu compte dans les Ann. de Poyg. 1. LXXXI, p. 168, de l’angmentation en longueur qu'épron- vent les élincelles d'indnetion, quand linterruption du courant inducteur a lieu entre les pôles d'un clectro- aimant. Je crois qu'il est encore plus facile dexpliquer pourquoi la distance d'explosion dn courant induit aug- mente quand les molécules du gaz ou du liquide, au mi- lieu duquel se fait la rupture, sont animées d'un certain degré de vitesse. En effet, lorsqu'on rompt un circuit, le courant n’est pas interrompu aussi brusquement qu'on se lPimagine d'ordinaire. Il se produit toujours, à l'en- droit où la rupture a lieu, un are voltaïque qui se soutient jusqu’à ce que les électrodes soient parvenus à une cer- laine distance, et qui, bien que présentant au courant une résistance de plus en plus considérable, lui permet cependant de passer d’un élecurode à l'autre. Or il est évi- dent que, si les molécules gazeuses ou liquides, au milieu desquelles l'arc vollaïque se forme, sont animées d'un DU COURANT INDUIT. 535 certain degré de vitesse, elles entraïneront dans leur mouvement les particules qui le constituent. Il en résul- tera que l'arc ne pouvant plus se maintenir aussi long- temps, l'intensité du courant diminnera plus rapidement. Mais la force électromotrice du courant induit, ainsi que sa distance d’explosion, sont précisément proportionnel- les à cette vitesse de varialion. Donc, un certain degré de vitesse imprimé aux molécules du gaz ou du liquide au milieu duquel on opère la ruplure doit augmenter la distance d’explosion, du courant induit. Mais, m'ob- jeclera-t-on sans doute, pourquoi l'effet physiologique, l’effet thermique einsi que l’action exercée sur le dyna- momêtre n'augmentent-ils pas en même temps? J’a- voue qu’à ces questions, dont on pourrait augmenter le nombre, il m'est impossible de donner une réponse sa- tisfaisante. Seulement je demanderai la permission de faire observer que nous avons admis tacitement que Îles lois d’Ohm sont applicables aux courants d'induction qu’on oblient en ouvrantun courant inducteur.{r, C’est là une supposition toute gratuite. Ces lois ne sont appli- cables qu'aux circuits où il s’est établi un état d'équilibre dynamique. Or,personne ne prétendra que cet état puisse être admis dans la bobine induite d’un appareil de Ruhm- korff,au moment où on interrompt le courant dans lhe- lice inductrice. Quant à l’action exercée par différents gaz, je ne pense pas que, dans l’état actuel de la science, on puisse son- ger à en rendre compte. Leyde, 9 septembre 1862. ÉTUDE SUR L'ESPÈCE a l’occasion d’une révision DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES PAR M. ALPII. DE CANDOLLE. (Fin.) La première partie de ce travail! était destinée à mon- trer par quelle série d'observations et d’après quels prin- cipes je pouvais me flalter d’avoir constitué dans Îles chênes et genres voisins quelques groupes inférieurs (variétés, races) et d'autres groupes un peu plus élevés (espèces) à l'abri de tonte contestation. Je vais mainte- nant profiter de l'existence de ces groupes suffisamment bien établis, pour étudier leur histoire, en partant des faits connus, c’est-à-dire des faits actuels. $ 2. Observations et conjectures sur l'histoire et l'origine des formes des Cupulifères. La distribution géographique des êtres organisés était impossible à comprendre lorsqu'on voulait toutexpliquer par les causes physiques actuelles, et par les conditions inconnues d'une certaine distribution originaire. J'ai dé- montré dans un ouvrage spécial? que la plupart des faits 1 Archives, Novembre 1562, 1. XV, p. 211. ? Géographie botanique raisonnée; 2 vol. in-8, Genève el Pa- ris, 1859. ÉTUDE SUR L’ESPÉCE, ETC. 697 de géographie botanique ne tiennent point aux ci cons- tances actuelles des climats, ni peut-être à l'origine, qui est toujours ancienne et obscure, mais à la série des évé- nements géologiques, géographiques et physiques. par lesquels nos espères, ainsi que les espèces d'époques antérieures, ont dù passer. Ces idées (mises auparavant comme des hypothèses, sont done prouvées nécessaires, et c'est une tâche imposée à la science moderne de les développer, M. le professeur Heer la fait avec beau- coup de talent pour les végétaux et les insectes de l'é- poque tertiaire. ! Un autre de nos zélés compatriotes, M. Charles Gaudin, à appliqué les mêmes principes aux végélaux fossiles de formations quaternaires du midi de l'Europe, mais aussi bien que M. Tleer, ii n'a pu se dis- simuler les doutes qui subsistent sur les espèces quand on est obligé de les déterminer d'après des feuilles et très-rarement d'après des fleurs ou des fruits adhérents à la plante. Je me demande maintenant S'il ne serait pas ulile de marcher en sens contraire, c’est-à-dire d’envisa- ger un certain groupe despèces actuelles bien connues, les cupulifères par exemple, et de remonter la série de leur histoire en procédant des faits actuels, suffisamment conslatés,pour deviner les faits antérieurs, et pour donner ainsi la mainaux faits de paléontologie, L'étude des chan- gements de limites, des naturalisations et des extinctions d'espèces depuis deux ou trois siècles m'a préparé à ce genre de recherches, et déjà il y a quelques années, j’a- 1 fie tertiære Flora der Schweiz, 3 vol. in-4° de texte et un de planches, Winterthour, 4855 58. — La partie générale a été Waduile en français par M, Gaudin, avec des additions impor- lantes, sous le tire de Recherches sur le climat et la végétation du pays lerliaire, À vol. grand in-4". Genève et Paris A8G1. J'en ai donné Pextrait dans la Bibl. univ. (Archives se.) 1862. 328 ÉTUDE SUR L’ESPÈCE, A L'OCCASION D’UNE vais parlé des cupulifères comme offrant des conditions favorables aux investigations de cette nature (Géogr. bol. IL, p. 994). Jetons d’abord un coup d’œil rapide sur la distribu- tion actuelle. Nous reprendrons ensuite les espèces les mieux connues. Les hêtres (Fugus) existent dans lhémisphère anstral comme dans l’hémisphère boréal, mais les autres genres notamment les plus nombreux en espèces, Quercus et Caslanea, sont pour ainsi dire limités à l'hémisphère boréal. Quelques chênes s’avancent en Amérique jusque sur les montagnes de la Nouvelle-Grenade, d'autres, dans l’Archipel indien, franchissent la ligne, mais ce sont les extrémités de lhabitation, La très-grande majorité des chênes et châtaigniers se trouve au Mexique, aux Etats-Unis, autour de la mer Méditerranée et dans tou- tes les régions tempérées de l'Europe et de l'Asie. Trois des sections naturelles du genre Quercus sont propres à l'Asie méridionale, de même que les genres Lilho- carpus et Castanopsis ; une des sections du genre Quer- eus est propre à la Californie, tandis que la plus grande seclion de ce genre, celle appelée Lepidobulanus, existe en Europe, en Asie, et en Amérique. Des arbres tels que les chênes, les hêtres et les châtai- gniers ont attiré Pattention de tout le monde ; mais c'est en Europe seulement que les observations sont assez anciennes et assez nombreuses pour qu'on puisse se for- mer une idée de l'extension ou du retrait des limites de chaque espèce. Le Quercus Cerris, par exemple, esten voie de dimi- pution, car son habitation présente des lacunes qu’on ne peut pas expliquer autrement. Il est répandu dans toute l’Asie mineure, la Turquie d'Europe, et de là, d’une RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 9329 manière continue, jusque dans le Bannat, l'Istrie et FAu- triche inférieure. On le retrouve : 1° dans les Apennins et la Sicile, malgré son absence en Grèce et dans l’île de Zante (Margot et Reuter Flore); 2” aux environs de Besançon, dans la forês de Villars Saint-George ; et 3° dans la France occidentale, de la Loire à Vannes et au dépar- tement de la Sarthe. Je ne parle pas de sa présence au Pardo, près de Madrid, paree que probablement l’espèce a été plantée dans ce pare royal. Les oasis, pour ainsi dire, de Phabitation, sur les bords de la Loire, à Besan- €on, eLmême en Jtalie, font supposer une habitation au- trefois continue du Liban à la mer Atlantique dans tout le midi de l'Europe, et des exliielions locales subséquen- tes, par linfluence non-seulement de l’homme, mais aussi de conditions physiques actuelles. Si les Quercus Cerris isolés provenaient d’une extension de l'habitation, les faits se présenteraient d'une autre manière. D'abord les localités ne seraient pas séparées à ce point, car les graines d’un chêne ne sont pas emportées à de grandes distances par le vent ou les oiseaux. Ensuite j'ai montré Alans mes recherches sur les naturalisations connues d’es- pêces er Europe et dans les colonies, que l'extension estun phénomène rapide, envahissant, au lieu que la diminu- tion d’une espère est en phénomène lent. Si le Quercus Cerris envahissait l'Europe, il paraitraîl lanlôl à un en- droit, tantôt à un autre, et Son irruption ferait d'autant plus de sensation que son fruit est de nature à être remar- qué par les hommes les plus ignorants. Les localités ci- tées sont au contraire rares, el depuis cinquante ans ce sont toujours les mêmes dont on parle. Evidemment lPespêce n'a pas de force d'expansion en Europe. Tout porte à croire qu'elle est en retraite, et si elle n’avait 330 ÉTUDE SUR L'ESPÈCE, A L'OCCASION D'UNE pas encore une vaste habitation en Asie, elle serait en voie de s’éleindre. Notre chône commun, Quercus Robur L., paraît aussi incliner vers ane diminution. Sans doute la destruction des forêts par l'homme et par la dent des animaux do- mestiques, est une cause trêés-importante de changement depuis quelques milliers d'années, mais je doute que ce soil la seule. I est rare qu'on terrain abandonné se peu- ple de chênes. Les conditions atmosphériques ne sont guères favorables, en Europe, à l'établissement spontané de forêts de cette essence. Quoique l'espèce soit indiquée jusqu'aux environs de Saint-Pétersbonrg, elle est deve- due plus rare depuis quelques siècles en Esthonie et en Livonie! Au contraire le hêtre, Fagus sylvatiea L., prospère de plus en plus, en deçà il est vrai de sa limite nord-est qui s’élend de la Norwége méridionale à la Pologne? I envahit les forêts du Danemark et de l'Allemagne où il se substitue aux conifères, au bouleau et même au chêne. M. Vaupell® qui a traité spécialement ce point, attribue la multiphealion nouvelle du hêtre dans ces régions à des causes variées : 4° une humidité moins grande du sol, peut-être par un écoulement des eaux plas facile, résul- tant du progrès de l’agricullure ; 2° une préparation du sol par les détritus des feuilles d’autres espêces qui pou- vaient se contenter d'un sol maigre et humide ; 3° la cir- constance que le hêtre lève facilement à l’ombre claire des bouleaux et des pins, tandis qu’il étouffe par son feuillage épais les jeanes arbres de tonte espêce qui ger- l Voyez Von Lowis, Ueber die ehemahlige Vertreilung der Ei- chen in Liv- und Esth-Land, À vol. 8°, Dorpal 1824. ? Alph. de Cand., Géogr. bot. 4, pl. 1, fig. 15. 3 Ann. sc. nal. sér. 4, vol. VIE. RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 931 ment au-dessous de lui. Je reviendrai sur l'époque pro- bable de l'introduction de ros cupulitères en Europe, mais il me faut ajouter quelques mots sur l’état actuel, car les faits dont nous sommes témoins doivent servir de base pour augurer de l’avenir et pour deviner le passé. La décadence et le retrait des Q. Rabur et Q. Cerris sur le continent européen ne prouvent pas que les for- mes de cupulifères, en général, tendent à diminuer. On n’a pas observé de faits semblables dans le midi de l'Eu- rope, ni aux Etats-Unis où les chênes sont abondants. Les habitations des espèces y sout continues , et si l'influence de homme s’y fait sentir, elle paraît agir en diminuant la quantité des individus de chaque espèce, plutôt qu'en faisant disparaître telle ou telle forme d'un pays d'une cerlaine étendue. Les auteurs américains, à limitation des botanistes français, Michaux père et fils, ont observé leurs chênes avec beaucoup d'attention. Je n'ai pas vu qu'ils aient constaté des lacuncs dans l'habitation d’une seule de leurs espèces, comme nous en avons pour le Quercus Cerris. Les variations nombreuses‘sur le même rameau dans les chênes et les châtaigniers indiquent une disposition à produire de nouvelles formes, et &'est nn indice assez important de l'avenir et du passé. Lorsqu'un arbre porte fréquemmentsur le même individu, par exemple, des feuil- lesentières et des feuilles dentées, n'est-il pas infiniment probable que ses graines doivent donner des pieds ayant ou le même mélange, ou des feuilles d’une des deux ca- légories seulement? En fait, dans les espèces dont je parle, on trouve les trois catégories de feuilles sur des pieds séparés, d’où je tire, selon ma manière de raisonner, trois variétés. Or, toute forme peut devenir héréditaire, 332 ÉTUDE SUR L'ESPÈCE, A L'OCCASION D’UNE ce qui fait passer une variété à l’état de race. Ainsi, d'a près le polymorphisme fréquent sur le même individu, les formes du groupe des cupulifères paraissent tendre à augmenter. Sans doute; les naturalistes, témoins quel- quefois de ces variations, appelleront les nouvelles for- mes des variélés ou des races, mais dans beaucoup de cas l'observation manque où manquera. Il peut se créer de nos jours de nouvelles formes de chênes, et il peut en disparaître sans qu’on le sache, surtout dans les pays moins connus que l'Europe. Dans ces deux cas on pren- dra des variétés pour des espèces. Cela est évident s'il s’agit de variétés nouvelles dont la naissance n’a pas été constatée, mais la disparition de variétés anciennes peut produire la même erreur. Supposons qu'il s'agisse du Quereus Robur, aujourd’hui si bien connu. Les variétés intermédiaires entre la série des variétés pédunculées et sessiliflores ne sont pas les plas communes. Je compte en tout 28 variétés spontanées du Q. Robur, dont 21 rentrent dans le Q. pedunculata de quelques auteuïs, dans leur Q. sessiliflora ou leur pubescens, et 6 sont inter- médiaires. Que ces dernièrès cessent de se propager dans les localités, assez restreintes, où elles existent, ce qui peut arriver par l'effet d’une différence relative de vigueur, et notre chêne d'Europe aurait toutes les apparences de deux, même de trois espèces, comme l’admettent déjà une infinité de botanistes. Les livres et les herbiers prou- veraient le contraire, mais on contesterail;on soutiendrait, que les formes intermédiaires observées maintenant étaient des erreurs de gens qui décrivaient mal ou des monstruo- sités tout à fait exceptionnelles. Or, avant nos observa- tions scientifiques et pour les espèces de pays moins Con- nus que l’Europe, il s’est passé et il se passe peut-être RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 933 des faits de ce genre qui trompent ou qui tromperont les botanistes. En résumé, ponr ce qui concerne le moment actuel et l'avenir, je vois deux causes d'augmentation dans les formes appelées, à tort ou à droit, des espèces, dans les chênes et les genres voisins: 1° la variation fréquente sur le même individu ; et 2% la disparition possible de certaines variétés qui relient les formes extrêmes d’une même espèce. Quant à l’extinction absolue d’une espèce, avec toutes ses variétés, elle paraît peu probable, les ha- bitations des cupulifères élant assez vastes et presque toutes sur des continents, moins exposés que certaines pe- ütes îles. La seule cause de diminution qu'on puisse en- trevoir est le desséchement croissant des surfaces ter- resires par l'influence des travaux de l’homme ou par des circonstances physiques très-générales, mais cette dernière cause, si elle existe, doit agir bien lentement. et encore les chênes ne seraient pas les arbres qui en souffriraient le plus. à L'extension d'habitation des cupulifères par un trans- port de graines au delà d’ün bras de mer doit être con- sidérée comme impossible. D’après l'étude historique à laquelle je me suis livré! sur la naturalisation de quel- ques centaines d'espèces en Europe et ailleurs, notam- ment dans Pîle de la Grande-Bretagne, les causes de transport par le vent, les courants ou les oiseaux, dont on parlait dans tous les traités de géographie botanique n'ont pas agi une seule fois, d’une manière constatée, je ne dis pas pour transporter, mais dä moins pour naturali- ser une espèce phanérogame au delà du plus petit bras de mes, à l’exeplion d’une ou deux espèces des sables mari- times. K'homme avec ses vaisseaux, ses achats de graines LGéogr. bot. p. GUT-S08. 334 ÉTUDE SUR L’ESPÈCE, A L'OCCASION D’ UNE à l'étranger, ses cultures, ses transports de marchandi- ses, elc., est le seul agent constaté des naturalisations con- nues. Ceci n’est plus comme il y a sept ans, une affaire de théorie ; c’est le résultat des observations de trois siè- cles relevées une à une et discutées. De grosses graines, comme celles des cupulifères, sont même à l'abri des introductions accidentelles du fait de Phomme. Ces graines perdent assez vile leur faculté de germer; elles ne peuvent pas se cacher en quantité parmi d'autres graines, ni dans les marchandises que l’homme trans- porte ; enfin lorsqu'elles sont jetées sur un terrain quel- conque il y a une probabilité immense qu’elles périront desséchées, pourries on dévorées par les animaux, et que si elles germent, leur produit périra assez promple- ment par l’effel de causes physiques ou de la gêne déter- minéepar les plantes qui occupent déjà le terrain. L'élève d'un de ces arbres exige cles soins que l’agriculteur seul peut donner. L'établissement d’une forêt de chênes ou de châlaigniers sans l’intervention de l’homme, est extrême- ment difficile à comprendre. Au delà d'un bras de mer le transport des graines lui-même, et à plus ferte raison l'établissement spontané d’une forêt de ces arbres sont ab- solnment impossibles, à moins que l’homme ne veuille posilivement $’en charger. Ces données de la géographie botanique actuelle, plus vraies pour les cupulifères que pour les phanérogames à petites graines, peuvent servir à constater la date géolo- gique de l’extension de quelques espèces dans certaines directions, ou inversement la date de la Séparation de quelques îles des continents voisins, Dans ce genre de considérations où Edouard Forbes nous a précédé, nous ne marchons plus appuyé sur des hypothèses probables 2 t RÉVISION DÉ LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 335 relatives aux moyens de dissémination des espèces, mais je ne saurais trop le répéler, sur des résultats positifs d'observations. Les transports de graines et les naturali- sations effectuées Sont connues, et en outre le départ a été fait des causes qui limitent les espèces gésographique- ment à l’époque actuelle et des causes, plus nombreu- ses, qui ont déterminé autrefois leur position, Il n'est pas difficile de savoir aujourd'hui si une espèce est ab- sente d’une île parce que le climat S'oppose à sa végéla- tion, où parce que des condilions antérieures géogra- phiques ou physiques s'y sont opposées. Les questions étant ainsi élucidées, d'une manière générale, voyons relalivement aux eupaliè'es comment les faits se pré- sentent, du moins en Europe et près de l'Europe. Le hêtre, Fagus sylvatica L., offre une extension géo- graphique croissante vers Pouest, qui a été fort bien constatée par M. Vanpell. Get arbre, de plus en plus commun dans la partie occidentale de l'Europe, notam- ment de la Normandie au Danemark, n'existait pas en Hollande à l'époque de la conquête par les Romains. On n’en trouve pas de trace dans les ouvrages en bois, très- considérables, que Germanicus avait fait établir pour tra- verser les marais. [Il manque, à plus forte raison, aux forêts submergées de la Manche, dont l'époque est plus ancienne, quoique récente au point ce vue géologique. On a émis des doutes sur l'indigénat du hêtre dans les Îles britanniques, en se fondant sur une phrase des com- mentaires de César et sur la rarelé actuelle de Pespèce hors des plantations. J'ai trailé ailleurs! cette question controversée. [l m'a paru impossible de démontrer Pin- l Géogr. bol. p. 688. 336 ÉTUDE SUR L'ESPÈCE, À L'OCCASION D’UNE troduction dans la Grande-Bretagne etPIrlande depuisles temps historiques, mais comme il mexiste pas de trace du hêtre dans les tourbiéres où le pin, le chêne et d'au- tres arbres sont abondants, l’espêce ne peut pas être d’une introduction fort ancienne dans ce pays. Je suis tenté de croire qu’elle s’y est naturalisée par la diffusion de graines venant de pieds introduits par l'homme, à une époque antérieure aux observations un peu précises, par exemple à l’époque romaine. La patrie ancienne, l’on n'ose pas dire primitive, dans ces sortes de questions, doit être, comme le soutient M. Vaupell, la région mon- tueuse du centre de l'Europe. Le hêtre ne peut s'accommoder de la chaleur et de la sécheresse des plaines méridionales de notre continent ; là il se réfugie sur les hauteurs. En Sicile il ne descend pas au-dessous de 965 " (Schouw). On le trouve en Corse (Salis, Flora, bot. Zeit. 183%), sur les montagnes, mais il manque à la Sardaigne, dont le point culminant est à 1917" (Moris FL 1 et 3), à la chaîne de l’Atlas français, qui s'élève à 2,100", et à la Sierra Nevada qui dépasse notablement les 965% de la limite inférieure en Sicile. Peut-être la sécheresse est-elle trop forte dans ces régions ? D’après les recherches que j'ai faites sur la limite inférieure de cet arbre, il faut une combinaison de temps et de chaleur qui ne dépasse pas 4500° au- dessus de 6°, dans l’année, et sept à huit jours de pluie au moins, dans chacun des mois chauds ! Or cette dernière condition manque probablement sur les mon- tagnes du sud-ouest de la région méditerranéenne. La seule conelusion à tirer de l'habitation actuelle au midi L Géogr. bot. p. 240. RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 337 de l'Europe est que l'établissement du hêtre en Sicile et en Corse remonte à une époque pendant laquelle cesiles étaient contiguës avec d’autres terres situées plus au nord. L'espèce manque aux îles Açores et à Madère, où ce- pendant on la voit prospérer lorsqu'elle y a été plantée. L’humidité n’y fait pas défaut, surtout aux Açores; la chaleur n’y est pas très-intense. Par conséquent ces iles n'avaient pas de connexien géographique avec le conti- nent européen lorsque le hêtre y était déjà répandu. Ceci confirme l'opinion qu’il a rayonné du centre de l'Europe vers l’ouest à une époque récente, certaine- ment bien plus récente que son extension vers le midi. Enfin l’exclusion actuelle des régions basses dans le midi de l'Europe n'a pas dù exister toujours. Il à fallu pour que le hêtre se trouvât aujourd’hui isolé sur les hau- teurs des Pyrénées, de la Corse, de l'Elna et des Apen- ins, quil ait été jadis répandu dans les contrées inter- médiaires, un arbre pareil ne pouvant se naturaliser de montagne en montagne, au moyen des transports de graines à quelques centaines de lieues de distance. L’ex- tension des glaciers en Italie a dû fournir pendant un certain temps de l’époque actuelle soit quaternaire, des conditions favorables. On arrive ainsi à croire que le refroidissement causé par l’extension des glaciers et la conliguité de la Corse et de la Sicile avec le continent eu- ropéen ont existé simultanément, du moins pendant un certain temps. On n’a pas retrouvé, jusqu’à présent, des feuilles où fruits de hêtre dans les tufs de PEtna ‘, dont la forma- 1 Tornabene, Flora fossile dell’ Etna, À vol. 4°. Catane, 1859. — Heer (trad. de Gaudin), Recherches sur le climat et la végé- talion du pays tertinire, p. 85. ARCHIVES. T, XV, — Décembre 1862. 23 338 ÉTUDE SUR L’ESPÈCE, A L'OCCASION D’UNE tion, antérieure à la masse du volcan lui-même, est plus récente que la présence dans le pays de la plupart des coquilles actuelles de la mer Méditerranée. Avant de rien inférer de ce fait, nous devons rappeler que les tufs dont il S'agit ne contiennent qu’une dizaine des- pèces végétales, la plupart de localités plus basses que le hêtre, par exemple le laurier, le myrte, les pistachiers et le gatillier (Vètexz Agnus-Castus). Il se pourrait que le hêtre eût existé alors sur des hauteurs plus grandes que celles d’où les eaux ont formé ces tufs !. Le hêtre actuel, si l'on peut en juger par des feuilles, a été trouvé dans les travertins toscans de Casciana et Galleraje, dont la stratigraphie n’a pas encore élé élu- diée, mais qui renferment un mélange d'espèces actuel- les d'Italie, avec un petit nombre d'espèces éteintes et avec le laurier actuel des îles Canaries. M. Heer n’a pas rencontré de feuilles de hêtre dans les dépôts de Cann- stadt, ni M.de Saporta dans ceux de Provence, que l’on rapporte à des temps peu anciens de notre époque, vu la présence de beaucoup d'espèces actuelles, mais il ne faut pas trop conclure de preuves négatives. Dans les terrains tertiaires du Val d’Arno, plus anciens que ceux-ci, mais postérieurs au soulèvement de lA- 1 M, Heer (1. ce.) conclut de l'absence d'espèces alpines sur l'Etna et de leur présence sur les montagnes de Calabre, que l'Étna se serait élevé après la séparation de la Sicile d'avec le continent italien. Je ne saurais admeltre cette conclusion, quoique d’après les dépôts de plantes et de coquilles marines actuelles au- dessous de l’Etna, celle montagne énorme soit de formaiion as- sez récente. Les espèces alpines ont pu avoir été détruites par les masses de cendre vomies par le volcan ou par des fontes extraor- dinaires de neige, laissant le sol, déjà chaud, exposé à un ardent soleil. RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES 339 pennin, MM. le marquis Strozzi et Gaudin ont trouvé une espèce de Fagus qui paraît un peu différente, d’a- près la feuille. Le hêtre n’est pas indiqué dans la flore de Chypre, quoique cette île ait des sommités qui at- teignent 2000 mètres. Il est vrai qu’elle n'existait peut- être pas à l’époque du tertiaire moyen et qu’elle se serait élevée du sein de la mer à la fin de cette époque ou au commencement du tertiaire supérieur (pliocène)*. Enfin, pour l’époque tertiaire dans son ensemble, on ne con- naît encore aucun Fagus; le F. atlantica Unger étant, d’après M. Heer, un Planera. D’après ces données, dont plusieurs simplement négalives et par conséquent peu probantes, le Fagus sylvatica aurait paru en Europe, autour des Alpes et des Apennins, seulement à la fin de l’époque ter- taire, dans le long espace de temps qui a suivi Pélé- valion des Alpes et précédé la séparation de la Sicile et de la Corse d'avec l'Italie; il s’est répandu vers l’ouest, savoir en Hollande, en Normandie et dans les Iles bri- tanniques, seulement depuis l’époque romaine ; enfin il devient plus commun de nos jours en Allemagne et en Danemark, sans étendre pour cela ses limites boréales que les conditions actuelles du climat de l'Europe ont déterminées. Le châtaignier, Castanea vulgaris Lam., a une histoire assez analogue à celle du hêtre, du moins en Europe. Sa 1 Pœch, Enumeraho, etc. Vindob. 1842. ? M.Gaudry, Revue des Deux-Mondes, nov. 1861, p. 219, donne #e fait comnie posilif et personne ne connaît mieux celte île que lui. La flore de Chypre me paraît confirmer, en partie,une émer- sion récente, mais elle n’est pourtant pas assez pauvre pour croire qu'il n'ait pas existé une communication terrestre avec d’autres terres depuis l'origine, au moins pendant un ef -lain lemps 340 ÉTUDE SUR L’ESPÈCE, A L'OCCASION D’UNE limite polaire, comme arbre spontané, est, à l’ouest, la Belgique, le pied des montagnes du Hardt et l’Alsace ; à l’est, la Siyrie et la Crimée. Évidemment il redoute les froids excessifs de l’Europe orientale, Nous ignorons depuis combien de temps cette limite existe. Jusqu'à pré- sent aucune observation n’a fait supposer qu’elle ait varié pendant l’époque historique. On a de fortes raisons de douter que l’espèce soit véritablement spontanée dans la Grande-Bretagne et l’ait jamais été! Elle ne montre aucune disposition à s’y propager. Elle manque très- certainement à l'Irlande et aux Açores. Elle à été indiquée aux îles de Madère (Lemanr cat. mscr.) et des Canaries (Buch}, mais évidemment parce qu’on avait pris des pieds plantés ou semés pour des arbres spontanés*. On sait com- bien le châtaignier est abondant sur les montagnes et les collines du midi de l'Europe. En Sicile et en Sardaigne, il descend jusque vers la mer (Philippi, Linnæa, 1832, p. 760 ; Moris,Flora).'On le trouve dans l’île de Crête, comme sur le continent de l’Asie mineure. Le châtaignier doit s'être établi dans ces îles à une époque où des commu- nications par Lerre existaient avec le continent actuel eu- ropéen. M. Boissier l’indiqne sur les montagnes les plus basses du royaume de Grenade. Ces faits rendent extra- ordinaire l'absence de toute PAfrique septentrianale. Aucun botaniste, aucun forestier, je dirai même aucun voyageur où officier parcourant le pays, n’aurail mé- connu le châtaignier s’il efistait dans cette région. Il doit y manquer assurément, ainsi que M. Cosson, le naturaliste le plus versé dans la botanique de lAlgérie, me l’a affirmé. Or, le climat y est identique dans l’est avec celui L'Géogr. bot., p. 687. ? Communication de M. Heer, en 1856. RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 341 des îles de Sicile ou de Sardaigne, dans l’ouest avec celui de l'Espagne méridionale. En prenant une certaine distance de la mer et une certaine hauteur sur PAtlas, il y a toujours des localités absolument de même climat que ces pays européens. Nous arrivons ainsi à deux hy- pothèses, les seules possibles : ou le châtaignier, lorsqu'il s’est répandu dans le bassin actuel de la Méditerranée, a rencontré entre les îles et l’Algérie, entre l'Espagne et le Maroc, un bras de mer déjà existant qui l’a arrêté; ou, après avoir vécu dans lAfrique septentrionale, il y a été détruit par des conditions momentanément défavorables. Quelques années contraires ne sufliraient pas pour anéan- üir une espèce dont les graines se seraient enfouies dans les fissures du terrain et dont les souches repoussent avec vigueur. Îl faut supposer une période au moins sé- culaire de grande sécheresse ou de chaleur excessive qui aurait pénétré jusque dans les moindres replis des vallées de l'Atlas et jusque sur ses sommilés où, sans cela,le chàâ- taignier se serait réfugié et d’où il serait redescendu main- tenant. Mais des sirocco aussi intenses et aussi prolongés ne l’auraient-ils pas expulsé de l’île de Sardaigne, dont les montagnes ne sont pas très-élevées? La première hy- pothèse d’un bras de mer interposé me paraît plus pro- bable. À l'appui d’une présence peu ancienne de l'espèce dans J'Europe méridionale, il faut noter l’absence de toute feuille de châtaignier dans les tufs de l’Etna, les travertins modernes de Toscane et les localités analogues de Pro- vence et de Cannstadt !, M. Heer n’admet aucune espèce de châtaignier pour l’époque tertiaire, le C. atavia Unger ! Tornabene, Heer, Gaudin, Saporta, Il. ce. 342 ÉTUDE SUR L’ESPÈCE, À L'OCCASION D’UNE étant d’après lui un Plunera. Enfin l’île de Chypre ne paraîl pas posséder notre châtaignier. ! Cet arbre a deux autres régions d’habitation. Il existe (identique avec celui d'Europe et de l’Asie occidentale), en Chine et au Japon; et, de lus, on trouve aux Élats- Unis une forme qui me paraît être simplement une va- riélé, très-voisine de celles à petits fruits que nous avons en Europe. L’espèce n’est pas connue, jusqu’à présent, dans l’ouest de l'Amérique septentrionale, ni dans un espace considérable au centre de l’Asie. En admettant ces faits, il y aurait actuellement trois grands centres d’habi- tation. Le nôtre et celui de l’Asie orientale seraient an- ciens, car le premier est antérieur à l’état actuel de la mer Méditerranée, vu la présence dans les îles, et le se- cond a dû précéder la séparation de l’archipel japonais d’avec le continent voisin. On trouve au Japon quatre variétés distinctes, indépendamment d’une forme que je ne puis distinguer de la nôtre. C’est un indice d’ancien- neté. Enfin la forme américaine s'étend des montagnes de la Caroline aux régions basses du Maine et du Michi- gan, et rien ne peut faire deviner son âge relatif. On connaît les hypothèses ingénieuses de M. Heer et de M. Asa Gray *, d’une végétation circonpolaire dont il resterait encore des espèces, et qui aurait régné une fois en Amérique, en Asie et en Europe, grâce à une con- nexité plus intime des continents, combinée avec une température plus élevée. Cette végétation se serait re- tirée un peu au midi lorsque les glaces auraient avancé vers la baie de Baffin, comme en Europe et en Sibérie, 1 Pœch, Enum. plant. Cypri. — Kotschy, Exsice. 3 Heer, 1. c. — Asa Gray, Mem. amer. Acad., vol. VI, traduit (en partie) dans la Biblioth. univ. (Arch. scien.) 1860, v. IX. RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 343 soit simultanément, soit successivement. La présence d’ossements de pachydermes dans la zone polaire a dé- montré depuis longtemps ce phénomène. Le châtaignier serait de ces plantes qui sont propagées vers le midi, en suivant le changement des conditions physiques, au lieu de périr comme tant d’autres espèces des deux règnes. Il a peut-être eu, pour habitation primitive, le conti- nent américano-asiatique supposé, surtout la région où se trouvent actuellement le Japon et la Chine. Il aurait manqué au continent supposé européo-américain, (l Atlan- tide de Heer), dont la séparation du côté de l'Amérique aurait commencé probablement, d’après M. Heer, avant la séparation d'avec le midi de l'Europe. A la fin de Pé- poque tertiaire, quand une communication terrestre s’est établie entre l’Europe et l'Asie occidentale, le châtaignier aurait pu arriver de ce côté en Europe et se propager vers les Alpes. Il aurait marché au midi jusqu’en Anda- lousie, en Corse, en Sardaigne et en Sicile, ces pays élant encore contigus avec l’Europe comme ils létaient certainement à l’époque tertiaire miocène.! Cependant le châtaignier y serait arrivé lorsqu'ils auraient été déjà séparés de la côte d'Afrique. Les Açores, l'Irlande et PAngleterre étaient aussi séparées, les premières depuis longtemps; l'espèce ne pouvait donc pas s’y répandre de l’est à l’ouest. Le point le plus douteux est que le châtaignier ait jamais existé dans l'Asie centrale, entre l'habitation actuelle de la Chine et celle de PAsie mi- neure, de l’Imiretie et des rives du Terek. L'état des connaissances ne permet aucune conjecture sur cette région, mais pour l’Europe, l'Amérique et l'Asie orien- tale, les faits actuels de distribution géographique de ! [eer, carte géographique, 34% ÉTUDE SUR L'ESPÈCE, À L'OCCASION D'UNE espèce se lient assez bien avec les faits et les hypo- thèses sur les époques antérieures. Le chêne commun d'Europe Quercus Robur L., est ancien sur tout notre continent. On ne peut douter de son abondance à l’époque des Gaulois et des Germains, et comme il existe en grande quantité dans les Îles bri- tanniques, même en frlande, qui à été séparée avant la Grande-Bretagne, au dire des géologues, sa présence dans l’ouest de l’Europe est évidemment de beaucoup antérieure à l’époque historique. Elle paraît postérieure à l’époque plus reculée dans laquelle un continent est supposé avoir existé entre lirlande, le Portugal et les Açores, car le chêne manque à ces îles et à Madère, du moins comme espèce spontanée. Dans le bassin de la mer Méditerranée, notre chêne s’est répandu jadis, corime le hêtre et le châtaignier. Sa pré- sence actuelle en Sicile et en Sardaigne le prouve. Il y abonde, même au pied des montagnes ; ainsi son absence complète de l'Algérie est un phénomène aussi extraordi- paire que celle du châtaignier et donne lieu aux mêmes suppositions. Chose plus remarquable, peut-être, les deux catégories de formes héréditaires de notre chêne, celles à fruits pédoneulés et courts pétioles, et celles à fruits ses- siles ! et longs pétioles se trouvent dans toutes les îles voisines de l'Europe, soit au midi, soit à l’ouest. Ainsi ces deux formes, dont je ne puis cependant faire que deux races, en m’appuyant sur des détails précis et 1 M. H.-C. Watson m'écrit qu'il a constaté l’hérédité du Quer- eus Robur sessiliflora. Je suis persuadé que les forestiers ont des fails analogues sur le pedunculata, mais je ne les connais pas exactement. ; RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 345 nombreux, ces deux formes hérédilaires, dis-je, sont plus anciennes que la séparation de l'Irlande d’avec la Grande-Bretagne, laquelle est estimée plus ancienne que la formation du Pas-de-Calais. On voit combien la date d’une forme végétale est peu démontrée lorsqu'on à constaté quelle est de la nature des variétés ou des races. Le lierre à large feuille (dit lierre d'Islande) exis- tait déjà, concurremment avec la forme ordinaire, dans les terrains diluviens de la région méditerranéenne ! avec plusieurs espèces éteintes, et les tufs sur lesquels re- pose l'Etna depuis les premiers temps de notre époque, contiennent le myrte actuel avec trois de ses variétés actuelles ?. Il y à probablement des formes appelées spécifiques d’après les moyens dont nous disposons, qui sont cependant moins anciennes que certaines races ou variétés constatées. Le Quercus Robur S'étend jusque dans le nord de la Perse. Il est représenté dans l'Asie orientale et en Amé- rique par des formes très-analogues, que nous appelons espèces, peut-être à cause du défaut de bonnes obser- valions sur des états intermédiaires ou sur des variations du même arbre. Je citerai en Asie les Q. macranthera Fisch. el Mey., Mongolica Fisch. (que Pallas avait pris pour le Robur), Mac-Cormickii Carruthers ; en Amérique les Q. Douglusii Hook. et Arn., lobata Nee, Garryana Hook et Drummondii Liebm. En voyant les échantillons de ces espèces, on ne peut se défendre de l'idée qu’elles ont pu provenir du Q. Robur, ou avec le Robur, d'une ou plusieurs formes antérieures, telle- ment voisines qu'un naturaliste n’aurait su S'il devait les appeler espèces ou variétés. L Gaudin, 4e et 5me Mémoires. ? Tornabene, 1. c. 346 ÉTUDE SUR L’ESPÈCE, À L'OCCASION D’UNE Les formes actuelles de l’Asie orientale et de l'Amérique septentrionale, surtout de Californie, voisines du Robur, ainsi que le Q. Robur d'Europe, avec toutes ses modifi- cations, se distinguent à peine, quant aux feuilles, de plusieurs chênes fossiles des commencements de notre époque. M. Ch. Gaudin! en a figuré plusieurs des terrains diluviens d'Italie. Il les rapporte le plus souvent à des formes actuelles du Robur : quelquefois à des espèces distinctes, qui auraient cessé d'exister. Les échantillons fossiles ne sont absolument que des feuilles sur lesquelles la pubescence et d’autres détails ne sont pas visibles ; or, dans les formes actuelles voisines du Robur, après un an d'étude, je n’oserais pas déterminer une espèce sans voir les fruits et les feuilles à différents âges; par con- séquent, la relation des formes actuelles avec les précé- dentes est extrêmement obscure. Il paraît cependant que les formes voisines du Robur n’existaient pas en Europe à l'époque tertiaire, car tous les chênes découverts dans les dépôts miocènes et même pliocènes ont des feuilles étroites. entières ou dentées, rarement lobées, c’est-à- dire qu’elles ressemblent beaucoup plus au Q. Ilex, ou à certaines espèces actuelles du Mexique et du midi des États-Unis qu’à notre Quercus Robur?. L’espèce n’est pas signalée dans l’île de Chypre. 3 En définitive, on peut remonter pour l'histoire des formes du Q. Robur jusque dans les commencements de Pépoque actuelle en Europe, et pas au delà. Ces formes existaient-elles antérieurement dans l'Asie occidentale, d'où elles seraient venues en Europe une fois la région l Troisième mémoire, pl. 2; 4e Mém., pl. 2. 2 Heer, Flora tertiaria, t. 74-77. 8 Pœch,Enum. — Kotschy, exsicc. RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 347 caucasienne émergée et la communication établie, c’est- à-dire vers la fin de l’époque tertiaire? Ou se trouvaient- elles sur le continent de la Scandinavie qui existait à Pépoque tertiaire, dont la température pouvait être ana- logue à celle de la partie actuellement tempérée de l'Eu- rope et qui s’est joint plus tard au continent des Alpes? Les formes très-voisines du Robur, qui existent dans le nord-ouest de l'Amérique depuis les commencements de notre époque tertiaire, peut-être même depuis un temps pluslong, et qui ont pu continuer sans perturbation jusqu’à nos jours , sont-elles l'origiae des formes analogues du Robur européen, et la contiguité probable de PAmé- rique avec l'Asie orientale dans ces temps reculés n’a- t-elle pas été le moyen de diffusion ? Voilà des questions encore bien douteuses, sur lesquelles des découvertes paléontologiques pourront une fois jeter du jour, mais qu'il faudrait voir résolues négativement pour aborder l’idée de créations spéciales et locales des formes dont nous venons de parler, même en appelant création, comme le fait M. Heer, une modification subite et du- rable de formes préexistantes. Nous venons de toucher presque involontairement à la question d’origine, qui se dérobe à Pobservation, pour les races, comme pour les espêces, comme pour les groupes naturels de plusieurs espêces voisines , comme pour les genres, comme pour les familles et les classes. Revenons à l’histoire du Quercus Robur dans sa partie accessible et appréciable. Une fois en Europe , il s’est répandu de bonne heure et sous plusieurs formes, vers ouest, ainsi que nous l'avons dit en mentionnant llr- lande. Un peu plus tard, mais avant la séparation de la Gorse, de la Sardaigne et de la Sicile d'avec le continent 348 ÉTUDE SUR L'ESPÈCE. À L'OCCASION D’UNE européen, néanmoins après la naissance de l’île de Chypre, et vraisemblablement après l'existence de la mer située entre l'Algérie et les îles de Sardaigne et Sicile, il s’est répandu dans le midi de l'Europe. Ce sont lés mêmes faits et les mêmes hypothèses que pour le châtaignier. La présence plus ancienne du Q. Ilex, où Chêne-vert, dans la région méditerranéenne est démontrée par son habitation en Algérie comme en Europe ei dans les îles intermédiaires. On a retrouvé ses feuilles dans les tufs modernes de Lipari, et le Q. ilicoides Heer, figuré dans la Flora tertiaria, 1. 77 et 151, trouvé en Suisse dans une trèês-ancienne couche miocène, se rapproche beau- coup de la variété actuelle agrifolia de l'Ilex. L'espèce n’est pourtant pas indiquée dans l’île de Chypre émergée probablement un peu avant notre époque. Si ce n’est pas une omission causée par son extrême vulgarité, qui rend Vespêce peu intéressante aux yeux des collecteurs, ce fait viendrait à appui de opinion de M. Gaudry. On n’a pas trouvé non plus le Q. Ilex dans les tufs de V'Etna. Mais ces arguments négatifs ont moins de force que la présence dans les dépôts de Lipari, présence bien certaine, car il n’y a pas à se méprendre sur les feuilles figurées par M. Gaudin. Des formes extrêmement voisines du Q. lex existent en Asie, savoir le Q. Baloot Griff., en Affghanistan, et le Q. phyllireoides A. Gray, au Japon. Selon le D' Hooker le Q. [lex existerait dans l'Himalaya, mais il entend pro- bablement la forme du Baloot de Griffith, dont l'identité spécifique ne m’est pas démontrée. Ges faits d’une nature douteuse semblent un indice que l’Ilex aurait une exis- tence três-ancienne sur le continent asiatico-européen, et que des variétés, appelées espèces par plusieurs bo- . RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 349 tanistes, en seraient dérivées au Japon et dans l’Inde, comme il en existe plusieurs en Europe. Les Q. chrysolepis, lutescens et virens (soit oleoides) du midi des États-Unis et da Mexique sont aussi des formes très-voisines de l'Alex , mais le Q. virens, dont j'ai pu examiner les fruits, m’a présenté le singulier caractère d’avoir une seule masse cotylédonaire à la place des deux cotylédons de l’Jlex. ! Une différence profonde serait ainsi masquée par un aspect uniforme. J'ai dit tout à l'heure que le Quercus [lex existe d’un côté et de l’autre de la mer Méditerranée. Cela est vrai surtout de la variété Ballola, commune en Espagne et en Algérie. Il en est de même de plusieurs autres espèces et variétés de chênes, dont je n’ai pas encore parlé. Le Zen d'Algérie (Q. Mirbeckii Du Rieu) ne diffère pas de la variété du Q. Lusilanica appelée Bæltica par Webb. En général le Q. Lusitanica est une espèce méditerrané- enne, polymorphe et très-répandue. Je lui connais onze variétés, dont une (var. Clusii) existe en Espagne et dans Asie mineure. Le chêne-liége (Q. Suber L.) est en Al- gérie, en Espagne, dans le midi de la France, Pltalie et lesîles intermédiaires. Certaines variétés du Q. coccifera, d’autres du Q. calliprinos, sont également réparties à la fois dans des îles et sur des côtes de la mer Méditerra- née aujourd'hui séparées, et je cite, comme on voit, des variétés, plutôt que des espèces, afin de raisonner sur des formes bien identiques. Les causes qui ont empéché le hêtre, le châtaignier, le Q. Robur, d'exister en Algérie n’ont pas agi sur ces variétés ou espèces, mais ces causes 1 L’anomalie du Q. virens vient d’être confirmée par M. J. Gay, auquel j’en avais parlé. 1 l'a vérifiée sur une graine fraîche venant du jardin de Montpellier. 350 ÉTUDE SUR L’ESPÈCE, A L'OCCASION D'UNE sont-elles des configurations géographiques añtérieures, des conditions de climat qui auraient varié, ou les unes et les autres combinées successivement ? Voilà le pro- blème. Qu’on l’envisage pour chaque espèce une à une ou dans l'ensemble, il ne change pas. Les hypothèses qui cadrent le mieux avec les faits seraient les sui- vantes. Pendant l’époque tertiaire, les chênes, hêtres et chà- taigniers appartenaient à des espèces très-voisines des espèces actuelles du Mexique ou du midi des États-Unis, et aussi de quelques espèces actuelles du midi de PEu- rope et de l'Asie occidentale, sans qu’on ait pu prouver l'identité d’aucune forme, peut-être parce que les fruits ne se rencontrent pas dans les fossiles. Cela est aisé à constater en jetant un coup d’œil sur les planches de la Flora tertiaria Helveliæ de M. fleer. À l’époque du ter- tiaire miocène !, lAndalousie touchait à l'Afrique, et un bras de mer étroit la séparait du centre de l'Espagne; la Corse et la Sardaigne réunies touchaient aux deux con- tinents actuels d'Europe et d'Afrique; la Sicile touchait à l'Italie, et il y avait peut-être d’autres communications terrestres qui ont disparu dans les parties larges ou pro- fondes de la mer Méditerranée actuelle. Vers la fin de l’é- poque tertiaire, pendant un temps plus ou moins long, la végétation caractérisée par des formes plutôt américaines, qui régnait dans la région méditerranéenne et qu’une tem- pérature plus élevée faisait avancer jusque vers le centre de l'Europe, a été troublée par le soulèvement des Alpes et du Caucase, par Pexhaussement de lAnatolie orientale, : à la place de la mer qui séparait à cet endroit l’Europe L Voyez la carte publiée par M. Heer, à la fin de son ouvrage et dans la traduction française de la partie générale. RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES 391 de l'Asie, et par labaissement probable d’un continent qui se prolongeait de l'Europe dans PAtlantique. Beau- coup d'espèces ont dû s'éteindre. Il serait resté çà et là, d’un côté et de l’autre de la mer Méditerranée et dans ses îles, les espèces les plus répandues et les plus robus- tes, par exemple , en fait de chênes, les Quercus Lusitu- nica, humilis, Suber, Ilex, coccifera, avec d’autres, pro- bablement, qui ont cessé plus tard d'exister. L’invasion des glaciers autour des Alpes et en Italie, vers le milieu de l’époque subséquente, effet et cause d’un abaissement de température, a pu faire périr quelques espèces du côté septentrional de la mer Méditerranée, mais il semble qu’elle aurait eu plutôt pour effet de les refouler sur le littoral ou de les parquer dans quelques localités excep- tüonnelles, comme Nice, Sarzane, etc. Le Quercus Robur, le Q. Cerris, le hêtre et le châtaignier seraient arrivés dans le midi de PEurope lorsque la mer séparait déjà Afrique de Gibraltar et des îles de Sardaigne et Sicile, toutefois avant la séparation de ces iles d'avec le conti- nent européen. Ils seraient un cas particulier du grand phénomène conçu par M. Heer, d’une substitution aux formes tertiaires européo-américaines de formes asia- tiques, lorsque la communication terrestre fut détruite du côté de l'Amérique, puis ouverte du côté oriental de l'Europe, et que la température s’abaissa par l'effet soit de causes locales, soit de causes générales, qu'il a très-bien analysées. Je ne vois rien dans la distribution actuelle des cupulifères et dans les observations faites récemment sur les fossiles de époque diluvienne qui ne concorde avec les idées de notre savant compatriote. M. le professeur Oliver! , dans un mémoire récent 1 The Atlantis hypothesis in its bolanical aspect, dans le journal The natural history rewicw. Avril 1862. 352 ÉTUDE SUR L’ESPÈCE, À L'OCCASION D'UNE sur l'hypothèse de lAtlantide, insiste sur les analogies très-grandes des flores d'Amérique et du Japon, et sur les analogies faibles de celles d'Amérique et des îles Canaries, Madère et Açores, pour admettre comme plus probables d'anciennes communications entre ouest de l'Amérique et Asie orientale, lesquelles auraient conduit des espèces jusque dans la région dela mer Méditer- ranée. L’absence de nos cupulifères des îles qui seraient les restes de l’Atlantide concorde avec les autres faits réunis par M. Oliver. Toutefois les deux hypothèses ne sont pas aussi différentes qu’elles paraissent lêtre. M. Heer soupçonne que lAtlantide se serait affaissée d’abord du côté de l'Amérique. Ce phénomène a pu être très-ancien dans l’époque tertiaire et même antérieur à elle, les communications continuant toujours entre lA- mérique et l'Asie. Il en résulierait seulement que les espèces les plus anciennes de notre végétation méditer- ranéenne seraient três-anciennes. En général il est remarquable combien dans ce genre de considérations et de recherches, on arrive plus aisé- ment à présumer ou à démontrer des migrations que des modifications de formes. Cependant si les introduc- tions d'espèces dans un pays par migration se voient de nos jours, d’une manière certaine, et paraissent in- finiment probables pour les époques antérieures, il y a des probabilités aussi que certaines formes changent ou aient changé lentement, en d'autres termes que des va- riétés se créent ou se soient créées et qu’elles devien- nent ou soient devenues héréditaires, de telle sorte que nous les appelons souvent des espêces, leur origine étant inconnue, sauf dans les végétaux cultivés et les ani- maux domestiques. On ne saurait trop le répéter, cer- RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 393 taines formes qui de aveu de tout le monde peuvent être dérivées el ne constituent point des espèces, exis- taient déjà dans les temps historiques les plus anciens et même plusieurs milliers d'années auparavant. N'ou- blions pas que les formes principales du myrte commun, du pistachier actuel, et la forme du lierre dite lierre d'Lklande ont été retrouvées dans les dépôts qui ont suivi l'époque tertiaire, avant la formation de la montagne énorme de l'Etna'. À vrai dire, nous ne savons la date et l’origine précise d'aucune race de végétaux spontanés, ni d'aucune race d'animaux sauvages. On peut se flatter seulement de constater qu’une forme héréditaire à paru, par immigralion peut-êlre, à telle époque, dans un pays déterminé, ou que, d'après des transitions, ou d'après la distribution géographique de formes très-analogues, elles sont probablement dérivées d'autres formes, mais le fait même de l’o:igine nous échappe. Ceci devrait calmer un peu l’impatience des personnes, étrangères à l’his- toire naturelle, qui mettent un si grand p:ix à voir dé- clarer une forme espèce ou race. L'origine des unes et des autres est certainement très-obseure, ordinairement três-ancienne, et probablement d’une n:ture assez sem- blable, les groupes appelés races, espèces, genres, fa- milles, classes, avec tous leurs intermédiaires, étant des associations analogues, régies à plusieurs égards par des lois uniformes. La science est à la recherche de leur système de formation successive. Jusqu’à présent elle ne peut fournir que des indices et des hypothèses. Si elle donne un jour une solution certaine, le public devra s’incliner, quelle que soit celte solution comme devant toule vérilé démontrée. 1 Tornabene, Flor. foss. Etna ; Meer, FL. tert. Helv. p. 85 ; Ch.-Th. Gaudin, Mem. 1. ce. ARCHIVES. T. XV, — Decembre 1862. 24 9304 ÉTUDE SUR L’ESPÈCE, A L'OCCASION D’UNE Puisque j'en suis à des indices et à des hypo‘hé- ses, je saisirai cetle occasion de parler du système de M. Charles Darwin, le plus moderne, et en même temps le plus ingénieux et le plus complet des systèmes fondes sur une évolution des êtres organisés dans la série des temps. Le p'ogrès de la géologie ayant montré l'ancienneté des êtres organisés dans les couches terrestres et une succession de formes, selon des lois assez régulières, il devait arriver que l'idée d’une dérivation successive des formes de formes antérieures analozues, prendrait une nouvelle faveur. Le triomphe du système de l'épigénésie des organes y conduisait, par analogie. Enfin, les expé- riences récentes qui ont refoulé, une fois de plus, le système de la génération spontanée, viennent d'augmenter encore cette tendance inévitable des naturalistes vers la théorie de l’évolution. En effet, si lon était certain que des corps inorganiques fussent aujourd'hui et sous nos yeux transformés en corps organisés, il paraîtrail tout simple qu'à de certaines époques, et même f'équem- ment, la même chose füt arrivée. Mzis c’est précisé- ment le contraire qui est démontré. Done il est probable que précédemment, comme aujourd’hui, les formes ont changé par des évolutions de formes antérieures orga- nisées. Le difficile n’est pas de prouver qu’il se fait d’une génération à l'autre des changements de formes quel- quefois considérables, car les monstruosités el beaucoup | d'anomalies moins frappantes, mais nombreuses, le montrent chaque jour. Je pose en fait qu'un botaniste un peu exercé à la recherche des monstruosités pourrait trouver, chaque jour, dans la campagne, au moins un RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 300 exemple de développement mons'rucux, de sorte que mille botanistes en lrouveraient chaque année au moins 369,000, De légères anomalies sont fréquentes; et quant à une similitude complète entre deux générations con- sécutives, elle est plus rare que les monstruosités bien distinctes. Il naît ainsi, sous nos yeux, sans aucune in- fluence de l'homme, par des causes à nous inconnues, un très-grand nombre de formes, et des formes quelque- fois si distinctes qu’on en ferait des genres et même des familles, si elles duraient !. Supposons qu’en Europe une seule forme nouvelle spécifique parvint à durer chaque année, une seule forme générique tous les dix ans, €t une seule forme de femille tous les cent ans, la flore eu- ropéenne serait plus changée au bout d’un millier d'an- nées qu'en passant du miocène au pliocène, du pliocène au diluvium, etc. Ainsi, la vraie difficulté n’est pas la production des formes, mais 1l faudrait prouver que les formes nou- velles, plus ou moins akerrantes, qui naissent fréquem- ment, se propagent el se conservent de temps en temps, de manière à constituer, au milieu des anciennes formes, de nouvelles formes héréditaires permanentes. M. Darwin a done mis le doigt sur le point essentiel de la question, en cherchant une cause par laquelle des variations d'une génération à l’autre se fixeraient nécessairement, au lieu L Par exemple, le pavot à étamines transformées en pistils qui se conserve de graines, assez régulièrement, dans les jardins. Voyez Bonplandia 1859 ; Bull. soe. bot. France, 4861 ; Vilmo- rin, Annuaire, 1861 ; Malbranche, Quelques faits de tératologte, dans Précis acad_ de l'onen, 1857-58, avec une planche. D'après ce dernier, sur 454 plantes semées, une seule est revenue au ype prionuf oi diniire. 356 ÉTUDE SUR L'ESPÈCE, À L'OCCASION D'UNE de disparaître grâce à un effet des lois connues d’ata- visme, de fécondation avec les individus nombreux de l’ancienne forme, ou par une impossibilité de la nutrition ou de la reproduction des nouveaux êtres résultent de leur structure. IL a eru trouver celte cause dans le triage paturel (natural selection) des formes les plus robustes, les mieux adaptées aux circonstances extérieures, parmi toutes celles qui se produisent, aux dépens des formes les plus faibles et les moins bien adaptées, qui ont de la peine à résister. I prodigue, à l'appui de sa théorie, des trésors accumulés d'observations fines et exactes, sur la manière de vivre dès espèces des deux rêgnes et sur leurs co: rélations compliquées d'individu à individu,de variété à variété, de végétel à animal. Il insiste mieux que l’on ne l'avait fait auparavant sur celte lutte incessante des êtres organisés, qui limite leurs nombres relatifs en dépit de -moyens illimilés de proprgation. Enfin, et c’est peut-être là qu'ilest le plus fort, il montre combien la théorie de l'évolution est nécessaire pour expliquer certains problè- mes autrement insolubles, par exemple, existence d'or- ganes rudimentaires inutiles à l'individu où mal conformés pour son usage, mais qui ont pu être utiles à ses ancé- tres et dont il aurait hérité ; l'absence de certaines es- pèces de pays où elles pourraient vivre aujourd’hui, à tel point qu'elles y prospè:ent librement quand on les y transporte, comme Île cheval en Amérique et lErigeron canadense en Europe ; la ressemblance des êtres orga- nisés d’une époque avec ceux de Pépoque antérieure dans la même partie du monde; une ce:laine marche unifurme, cependant, qui s’observe dans la succession des êlies organisés; enfin, la juxtaposition habituelle d'espèces analogues, c'est-à-dire du même genre ou de RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 9397 la même division d'un genre, dans une même région, leur cantonnement fréquent chacune dans une île d’un même archipel, et le fait qu’elles ne sont point réparties dans tous les pays qui ont aujourd’hui et qui ont eu pré- cédemment le même climat. La probabilité de la théorie de l'évolution devrait frap- per surtout les hommes qui ne croient pas à la généra- tion spontanée, et ceux qui répugnent à l’idée d'une force créatrice, aveugle ou capricieuse, ayant donné aux mammifères du sexe masculin des mamelles rudimen- taires inutiles, à quelques oiseaux des ailes qui ne peu- vent servir à voler, à l'abeille un dard qui la fait mourir si elle l’'emploie pour sa défense, au pavot et à plu- sieurs campanules, dont la capsule-est dressée, une dé- hiscence de cette capsule vers le sommet qui rend la dissémination difficile, aux graines stériles de beaucoup de composées une aigrette et aux graines fertiles point d’aigrelte, ou souvent une aigrette qui se sépare de la graine au lieu de la transporter. Toutes ces singularités, tranchons le mot, ces défauts, répugnent et embarrassent dans la théorie d’une création directe des formes telles que nous les voyons ou telles qu'on les a vues à l'époque du trias ou du terrain miocène, maisil en est autrement dans le système de l’évolution. Ces inutilités ou ces défer- tuosilés d'organisation seraient, pour chaque être, un he- rilage d’aïeux à qui elles profitaient, dans des conditions d'organisation plus ou moins différentes, avec des ennemis différents, ou des conditions physiques d’une autre nature. L'héritage est-il devenu inutile ou même nuisible, les es- pèces s’éteignent. Leur organisation primitive les a fait prospérer autrefois, elle les fait décliner aujourd'hui et finalement s'éteindre, de même que certaines grandes 398 ÉTUDE SUR L’ESPÈCE, À L'OCCASION D’UNE qualités d'un peuple, ou certains avantages naturels qui le fisaient prospérer jadis, lui deviennent quelquefois inutiles, même nuisibles, au point de le faire périr. Les anomalies rentrent alors dans une grande loi, et je trouve naturel que des hommes fort éloignés des idées matéria- listes, ayant même une tendance p'ononcée vers d'autres opinions, comme le docteur Hooker, M. As1 Gray et le professeur Heer, préfèrent la théorie de l'évolution et s’altachent plus où moins aux doctrines ou aux études par lesquelles on s'efforce de la démontrer. Toutefois il faut distinguer la théorie elle-même des démonstrations ou des déduelions au moyen desquelles on cherche à l'établir, et c’est ici que beaucoup de natu- ralistes, tout en admirant la sagacité de M. Darwin et la grandeur de ses idées, se séparent de lui ou hésitent à le suivre. À envisager la théorie de Pévolution comme une hypothèse destinée à expliquer beaucoup de faits im- porlants qui ne s'expliquent pas d’une autre manière, elle me paraît éminemment désirable et elle rend compte effectivement des faits les plus obscurs de l'histoire na- turelle et de la paléontolugie; mais en examinant les preuves qu’on donne à l'appui, même celles très-variées et très-ingénieuses de M. Darwin, je les trouve insuffi- santes el souvent contestables. Peut-être dira-t-on que de grandes hypothèses sont considérées en physique comme des réalités, quoique dépourvues de preuves directes et uniquement parce qu'elles expliquent tous les faits connns. Cependant on cherche des preuves; on voudrait en avoir; on les discute quand elles sont mises en avant. Les physiciens imaginent dans ce but des ex- périences ou font des calculs; les naturalistes, ne pou- vant créer des êtres o’ganisés, ni voir l’origine de choses RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 999 ou infiniment petites ou infiniment anciennes, doivent observer les f.its, comparer, et peser dans leur esp:it la valeur d'indices et d'arguments très-variés. Or l'opinion de M. Darwin d'un triage nécessaire ct naturel des formes et des qualités des individus, ame- nant une succession d’êires différents dans la série de temps tiès-prolongés, est une de ces idées neuves qui changent la direction des esprits, paree qu’elle a certai- nement beaucoup de vrai el une importance considéra- ble. La question est de savoir $’iln'y a pas d’autres cau- ses, agissant en sens contraire, que M. Darwin aurait négligées ou jugées plus fibies qu'elles ne sont vérita- blement. 1} pale bien de Patavisme, et de la féconda- tion d'individus anciens et nombreux avec les nouveaux individus modifiés, qui ramêne aux formes moyennes préexislantes, mais peut-être ilne donne pas à ces cau- ses toute leur valeur? M. Darwin convient du res!e que les modifications utiles à espèce sont rares; qu'il s'en faitbezucoup d'autres inutiles el par conséquent trensi- toires. On pourrait :jouter que par une loi connue de ba- lancement des organes et des fonctions, lorsqu'une mo- dification utile existe sur un point de l'être, il en résulte une modificalion en sens contraire Sur un autre point. Ainsi une race d'animaux dont on développe beaucoup la graisse devient impropre à la reproduction, les chevaux anglais -très-rapides à la course, ne supportent pas de vivre en plein &ir sous un climat rigoureux; la plupart des végétaux cultivés dont on a forcé la production en sucre ou en fécule ne fleurissent p2s, comme on le voit pour la canne à sucre, ou contractent des maladies, comme la pomme de terre en est un exemple. Il se pisse probablement des fiits analogues dans les espèces sau- 9300 ÉTUDE SUA4 L’ESPÈCE, A L'OCCASION D'UNE vages, mais je. n’insiste pàs, creinte de tomber dans un défaut qui a été reproché à M. Darwin, celui de conclure trop souvent des faits observés dans la domestication et la culture aux faits purement naturels. Ce dont il faut convenir, avec M. Darwin lui-même, car la franchise est un des charmes qu'on trouve par- tout dans ses écrits, c’est que les modifications succes- sives «les espèces par triage naturel seraient excessive- ment lentes, à tel point que pour une série de plusieurs milliers d'années il est possible qu’on ne s'en aperçoive pas du tout. Effectivement, dans la période actuelle histo- rique on ne s'esl ape:Ççu de rien; on a constaté au con- traire, pour quelques espèces, une stabilité de formes et de susceptibilité à l'égard de la température bien cons- tante, depuis environ trois mille ans. Les races humaines sont instruclives à ce point de vue. Assurément depuis les anciens Hébreux, G'ecs et Romains, les hommes de la race blanche ont bien lutté, soit individuellement, soit collectivement. Les plus faibles au point de vue physi- que ou intellectuel ont toujours eu un désavantage; les plus forts, physiquement et moralement, l'ont toujours emporté; el cependant, soit pour l'intelligence, soit pour Ja beauté physique, la force et la santé, on ne peut pas dire qu’il y ait une différence évidente entre les moder- nes el les anciens. On peut croire même qu’elle est nulle, car les uns l'estiment dans un sens, les autres dans lPau- tre. Pour nos sociétés modernes, sur lesquelles la statis- tique a jeté un grand jour, les familles et les populations qui reçoivent la plus grande cullure intellectuelle s’étei- gnent plus vite que les autres, et un développement phy- sique excessif a d’autres effets pernicieux. Ainsi la loi de RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÉRES. 961 balancement dont je parlais ramêne à une sorte de moyenne, en dépit du triage successif naturel, dont ce- pendant je ne veux p?s contester l'existence. L'effet en serait d’une lenteur infinie, comme le soutient M. Darwin, et étant combattu par d’autres causes, parfois très-actives, il serait d’une lenteur irré- gulière, comme il le dit encore. Je nai rien à oljecter, — sinon que la considération de temps très-prolongés f.it sur nos esprits des impressions variées. Non-seule- ment l’idée de l'infini nous terrifie tous, comme rêgnant dans une région inaccessible à notre esprit, mais en- core chacun éprouve du trouble quand on lui parle d'es- paces de temps qu’il n’est pas habitué à considérer. Pour un homme sans culture intellectuelle, sans con- paissances historiques, ce sera quelques centaines d'an- üées qui confondront son imagination; pour un homme instruit, mais étranger à certaines sciences, quelques milliers d'années; pour un physicien ou un géologue, quelques millions d'années. Gr il $’agit dans la théorie de Pévolution et dans la manière de voir particulière de M. Darwin, de millions d'années. On recule, plus où moins effrayé, et le raisonnement vient ensuite justifier cet effroi instinctuif. I nous dit, en effet, que des causes naturelles, dont l'homme n’a jamais été témoin ou dont il n’a gardé aucune tradition, pourraient bien agir, à des époques tiès-éloignées, d’une manière qui nous esl in- connue. La timidité, dans ce cas, est donc de la pru- dence. Pour résumer ce travail, dans lequel des observations secondaires et minutieuses m'ont conduil par degré aux questions les plus élevées de la science, je direi : 362 ÉTUDE SUR L'ESPÈCE, À L'OCCASION D'UNE A0 Il n'est pas impossible, au moyen d'échantillons nombreux et bien choisis, d'établir dans le règne végétal, des groupes compris les uns dans les autres, les plus petits, très-nombreux, trés-mal déterminés dans leurs limites, constituant des sous-variélés, variétés ou races, au moyen de caractères qui varient souvent sur le même individu; les dites variétés ou races, élant associées en espèces, un peu moins vagues; les espèces formant des groupes supérieurs ou genres, assez précis, au point que tous les hommes ont reconnu ces groupes généri- ques et leur ont donné des noms substantifs, tels que chêne, peuplier, gentiane, etc.; enfin, ces genres for- mant des groupes, qui eux-mêmes sont compris dans d'autres. 2e Plusieurs de ces groupes mentionnés dans les livres sont douteux et provisoires, surtout ceux des degrés in- férieurs, car ils sont fondés Sur quelques échantillons et sur des analogies ou des présomptions, au lieu de l'être sur des échantillons nombreux, existant simultanément, ou issus les uns des autres. 3° Une tendance à l'hérédité des formes et des fonc- tions existe dans tous ces groupes, même dans les plus inférieurs, même pour des caractères de minime impor. tance, mais elle n’est jamais complète, et il y a toujours des diversités ou très-légè:es, ou légères où considéra- bles, des dive:sités ou momentanées ou durables entre une génération el les suivantes. | 4 La distribution géogriphique actuelle, combinée avec lPohservalion de plantes fossiles de l’époque mo- derne, accuse des changements féquents de limites pour les variétés, races et espèces, selon les circonstances physiques ou géographiques successives, mais sans chan- RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPUL{FÈRES. 9363 gements de formes ou de qualités physiologiques qui soient appréciables. D° En remontant jusqu’à l'époque tertiaire en Europe, on peut présumer des changements de formes, outre les changements de limites, en raison de la distribution ac- tuelle d'espèces très-analogues, de la durée du temps écoulé, et de l'impossibilité de prouver aucune identité spécifique entre les végétaux actuels et ceux de l'époque tertiaire. 6° La théorie d’une suéression des formes par dévia- tions de formes antérieures est l'hypothèse la plus natu- relle, expliquant le mieux les faits connus de paléonto- logie, de géographie botanique ou zoologique, de strueture anatomique et de classification, mais elle manque de p'euves directes, et si elle est vraie, elle ne peut avoir agi que tès-lentement, à ce point que ses effets seraient visibles seulement après des laps de temps beaucoup plus longs que notre époque historique. 7° Dans l'état actuel de Ia science, il n’est pas plus facile de définir l'espèce que le genre ou la famille. Toutes les définitions données sont inapplicables ; la plus mauvaise de toutes est celle de Linné, qui cependant comprenait peut-être mieux que les autres naturalistes la constitution de groupes supérieurs aux variétés ou aux races, et qui à imposé le nom arbitraire d'espèce à celte catégorie de groupes, ce qui doit nous engager à le conserver dans ce sens. . En terminant, je ne puis m'empêcher de faire remar- quer l'insuffisance des noms appliqués à certaines bran- ches des connaissances dont nous venons de nous occuper et qui prennent de nos jours un si grand développe- ment. La distribution et la succession des êtres organisés 364 ÉTUDE SUR L' ESPÈCE, À L'OCCASION D'UNE depuis leur origine jusqu'à l’époque actuelle, celle-ci comp'ise, rest qu'une seule et même science. Elle se compose de deux branches, assez mal désignées, la paléontologie et la géographie botanique ou zoologique. La grande majorité des êtres organisés rentrera dans étude des paléontologistes, et cependant beaucoup de preuves doivent être déduites de la distribution actuelle des êtres, qui est elle-même, en grande partie, la con- séquence de la distribution antérieure et des faits physi- ques antérieurs. Des lois semblables régissent toute l'histoire des êtres organisés. Il faudrait done, pour ce vaste ensemble de choses, un nom exp: imant l’élude de la succession des êtres : EPIONTOLOGIE, par exemple, «7: signifiant sur, el ayant été employé d’une manière un peu analogue dans le mot épigénésie. L’épiontologie com- prendrait, si l’on veut, la paléontologie et la géographie actuelle des êtres organisés, mais celle division trop in- égale et à limites bien vagues disparaîtra probablement. On ne divise pas l'histoire des peuples en histoire con- temporaine et histoire antérieure; il y a des coupes plus égales et plus naturelles pour les temps historiques, con- sidérés dans leur ensemble. On en trouvera de même pour l’ensemble de l'existence des deux règnes orga- niques. L’épiontologie est une seience parallèle à la géologie; l'une traitant de l’histoire des êtres organisés et l’autre de l’histoire des corps inorganisés, au point de vue, éga- lement, de leurs origines et de leurs positions relatives. Ces deux sciences ont gagné longtemps à une fusion; elles gagneraient peut-être aujourd’hui à une sorte de séparation, car la durée des formes organisées au tra- vers de révolutions physiques ou géologiques, souvent RÉVISION DE LA FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 93069 lentes et souvent locales, est chaque jour plus fréquem- ment démontrée, tandis que des changements de limites et des exlinclions de formes spécifiques, pendant fa du- rée d’une même époque, sont des faits non moins bien constatés. Les phénomènes organiques et inorganiques se développant ainsi par des lois qui leur sont propres, indépendamment de relations réciproques et nécessaires, il semble qu'on ferait bien de les considérer tantôt sé- parément et tantôt dans leurs connexités locales. f BULLETIN SCIENTIFIQUE. PIYSIQUE. Baxren. RAPPORT ENTRE LA FORSE NERVEUSE ET LA FORCE ÉLEC- TRIQUE ( Phil. Mag., juillet 1862). L'auteur, se référant à de précédentes recherches expérimen- tales, résume dans cette nouvelle théorie les conséquences aux- quelles l'ont conduit ses travaux. Le principal résultat qu’il a obteuu, c’est que la force nerveuse et la force électrique sont indépendantes l'une de l'autre ; il n'existe pas, Suivant lui, de preuve que la force électrique dont le nerf esl doué se transforme en force nerveuse durant l'action du nerf ; on doit donc considérer l’état électrique du nerf comme une de ses propriétés plutôt accidentelle qu'essentielle, tandis que la force nerveuse serait d'un ordre plus élevé et une force sui gencris. M. Baxter admet bien qu'il existe une connexion intime eutre les forces électrique et nerveuse, connexion qui se manifeste prin- cipilement dans les phénomènes deg poissons électriques ; mais celle relation n’est point celle de cause à effet. Quant au prin- cipe de la conservalion des forces et de leur conversion les unes dans les autres, qui est appliqué aussi bien aux phénomènes or- ganiques qu'aux phénomènes inorganiques, il ne serail point en- taimé ici puisque loules les forces qui se manifestent dans lor- ganisme vivant dépendent sinon entièrement, du moins en grande proportion, de la nutrition, lant pour leur origine que pour leur permanence. La force nerveuse prend-elle naissance dans quelqne partie distincte du système nerveux ou est-elle associée à toutes les PHYSIQUE. 307 portions de la matière nerveuse? L'auteur, tout en reconnaissant que la qestion n'est pas résolue, rappelle l'opinion de ceux des p'iysioligistes qui pensent que la force nerveuse est enxendrée dans une partie du système nerveux, dans les portions vésiculaires o1 ganglioniques et qu'elle est simplement transmise aux autres portions. Da reste le rôle des corpuscules ganglioniques n’est pas encore bien déterminé, comme le remarque M. Euxley; M. Bax- ter lui-mène se demanile si ce sont eux qui donsent naissance à la force nerveuse qui est lranssnise par les nerfs ou bien s'ils servent simplement de moyen de communicalion entre les dif- férentes parties du système nerveux dont toutes les portions également serviraient à la production de la force. Quelques expériences faites par l’auteur sur des lapins, des cochons d'Inde, ete., n’ont point réussi à lui démontrer qu'il y eût la inoindre différence entre les poftious ganglioniques ou vésiculaires du nerf et les autres parties blanches ou fibreuses quant à leurs conditions électriques; il n’a pas même trouvé que l'intensité du courant nerveux fnt de nature à permettre de con- clure que l'action natritive fût plus active dans les parties gan- glioniques que dans les parties fibreuses. Si donc la force nerveuse a son origine dans les ganglions, elle n’est point en- gendiée comme la force électrique. En général les expériences dont les auteurs et en particulier Helmholiz se servent dans le sujet qui nous occupe, semblent im- pliquer l'idée que la force nerveuse est engendrée dans quelque partie du système nerveux avant d'être transmise aux autres par- lies ; mais celle manière de voir serait inconciliable avec bien des faits et en particulier avec le fail qu'on peut exciter la con- traclion d'un muscle en irritant l'extrémité d'un nerf qui a été coupé. Il serait absurde d'admettre que la simple irritation mé- canique peut être transformée en force nerveuse. L'auteur re- garde donc comme erronnée l'opinion qui assimile la force nerveuse à un courant électrique dont l'origine est dans une porliun de son circuit, tandis que le circuit ne lui sert que de 368 BULLETIN SCIENTIFIQUE. conducteur ; cette force est, suivant lui, engendrée dans toutes les parties du tissu nerveux, quelle que soit la forme qu'il revête, et elle leur est intimement associée. On doit done plutot la consi- dérer comme étant dans un état de tension et ayant plus d'analo- gie dans sa manière d'être par rapport au nerf, avec le magnétisme qu'avec le courant électrique. La perte que la force éprouve par l'épuisement nerveux qui résulte de Paction, est restaurée par la nulrilion; une nutrition en excès doit donner naissance à un excès de force nerveuse. En élat de santé les différentes forces organiques soul si ad nirablement bien combinées qu'il uy a pas de perturbation dans leur action et réaction mutuelles ; mans il n’en est plus de mêine dans l'état de maladie dans lequel la per- turbation se imanifeste sous différentes formes. La conclusion de M. Baxter est que l’on ne doil pas se borner à l'étude des propriétés électriques des différents tissus nerveux, que ce serait commeltre une erreur semblable à celle dans la- quelle on lomberait si l'on se bornail dans ce sujet à s'occuper de la chaleur développée dans le corps animal, ou de l'acide carbonique expiré pr les poumons ; l'étude de l'un de ces points a autant d'importance que celle de tous les autres, Ce sont des actions qui dépendent matuellem nt les unes des autres el’ qui concourent toutes à un but commun, le bien-être de l'individu. Nous ne saurions partager l’opinion de M. Baxter sur le rôle secondaire qu'il attribue à l'électricité dans les phénomènes phy- siologiques Nous avons déjà eu l'occasion de développer nos idées à ce sujet !, el elles nous paraissent parfaitement s’accorder avec ce que dit le savant anglais sur l'état stalique, soit non dyna- mique, que doit affecter l'électricité dans le système nerveux, et sur l'absence de centres particuliers d'où émanerait la force élec- tique qui au contraire réside dans Loules les parties du lissu ner- veux. Les phénomènes découverts el étudiés avec lant de soins, soit par M. Dabuis-Reymond, soit par M. Matteucci, ne laissent 1 Traité d'électricité, t. VIT, p. 49 et suivantes. | PHYSIQUE. 309 “aucun doute sur la liaison qui existe entre l'électricité animale et les fonctions physiologiques de l'individu vivant, en partienlier avec la contraction musculaire. Dès lors 11 nous paraît bien probable qne la force dite nerveuse n’est que la manifestation, sous une forme paticulière, des propriélés électriques dont sont naturellement douées les molécules organiques qui constituent les tissus nerveux et musculaires. Il est facile de montrer que les effets électriques perças dans les corps vivants s'accordent d'une'manière satisfai- sante avec celle manière de voir. Maintenant qu'est-ce qui déter- mine la transformation de l'état statique en élat dynamique dans Pélectricité dont sont naturellement douces les particules de l'or- ganisme ; Lransformalion facile à comprendre et à expliquer en elle-même, mais à laquelle il faut une cause initiale. Cette ques- tion n'est pas plus facile à résoudre dans l'hypothèse de la force dite nerveuse ; il y a même dans cette hypothèse une circonstance de plus, safoir la nature de la force, tandis que lorsqu'on consi- . dère celle force comme une forme particulière de la force électri- que, il n'y a qu'une inconnue commune aux deux hypothèses, celle de la cause de la manifestation de la force, A. dela R. FEDDERSEN UEBER EINE EIGENTHUEMLICHE. . . SUR UN CAS PARTI- CULIER DE DIVISION DU COURANT DANS LA DÉCHARGE DE LA BAT- \ TERIE DE LEYDE ( Pogg. Ann. 1862, n° 2.) On sait que lorsqu'une certaine quantité d'électricité traverse dans un temps lrès-court le Gl multiplicateur d'un galvanomètre la déviation que l'aiguille subit dans sa première oscillation est proportionnelle à celle quantité d'électricité. C’est ce qui doit avoir lieu lorsqu'on fait passer par un galvanomètre la décharge d'une bouteille de Leyde dont la durée est toujours très-courte compa- ralivement au temps que l'aiguille emploie pour faire une oscil- lation. Pour des expériences de ce genre il faut exployer, comme l'a- ARCHIVES. T. XV, — Décembre 1862. 99 370 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ‘ait fait autrefois M. Colladon, un galvanomètre dont le fil soit en- touré d’une substance suffisamment isolante pour empêcher que la décharge ne saute d’un tour à l’autre. M. Feddersen s’est servi dans les recherches que nous allons analyser d'un galvanomètre dont les fils étaient revêlus de caout- chouc, et formaient deux spirales semblables lune à l'autre, sy- mélr'iquement disposées relativement à l'aiguille. Celle-ci était munie d'un miroir qui servait à l'observation des dévialions sui- vant la méthode de Weber. Les deux spirales étaient simullané- ment introduites dans le circuit traversé par la décharge, de sorte que le courant se parlageait entre elles deux. Les extrémités des fils pouvaient être reliées de deux manières avec le conducteur principal : 4° Dans la première disposition le courant parcourt les deux spirales dans le même sens, el si l'oh désigne dans ce cas par a et b les quantités d'électricité qui traversent chacäne des deux spirales, On aura pour la quantité lotale d'électricité A—a—+b 2° Dans la seconde disposition, les courants partiels parcourent les spirales en sens contraire; dans ce cas une quantité d’électri- cité À produira sur l'aiguille un effet proportionnel à a—b ; el si l'on pose | a—b=B il est clair que l’on devra avoir BA. Siles deux cireuits par- liels sont semblables de lout point, on aura B— 0. L'appareil étant ainsi disposé, c’est-à-dire de manière qu'une décharge ne produisit point de déviation de l'aiguille, M. Fedder- sen a introduit dans chaque circuit partiel un espace contenant de l'air raréfié que l'électricité devait traverser. Dans chacun de ces espaces les électrodes étaient formés d'une plaque métallique el d'une pointe placées en regard l'une de l'autre. Les pointes élaient recouvertes d’une substance isolante sauf à leur extré- milé. Les électrodes étaient disposés de manière que l'électricité allant de l'armatlure intérieure de la bouteille de Leyde à l'arma- PIIYSIQUE. 37! lure extérieure, devait passer de la pointe à la surface dans l'un des cireuits partiels, et de la surface à la pointe dans l’autre cir- euit partiel. IL n’y avait donc plusdans cet arrangement une sy- mélrie parfaite et l'on pouvait s'attendre à ce que la décharge produisit ure déviation de l'aiguille du galvanomètre, en d’autres termes que l'effet produit C eût une valeur comprise entre O et A. Or l'expérience a douné ce résuliat inattendu que lorsque la résistance du conducteur n’est pas considéroble, non-seulement C n’est pas égal à Ô, mais que sa valeur devient beaucoup plus grande que celle de A; c’est-à-dire beancoup plus grande que celle qu’on oblient en faisant passer Loule la décharge par un seul des circuits partiels. Dans certains cas M. Feddersen à trouvé des valeurs de C égales à 10 fois et même 16 fois celle de A. En remplaçant l'air raréfié par des liquides, toutes les autres dispositions restant les mêmes,on oblient encore pour C une xa leur plus grande que A, et le sens de la déviation est le même qu'avec l'air raréfié, c’est-à-dire correspondant à un courant po- silif qui irait des surfaces aux pointes. En étudiant ce phénomène remarquable; l'auteur est arrivé aux résullals suivants : | {1° L'augmentation de la déviation de laiguille (C) diminue avec le degré de raréfaction de Pair. 2° Une pelile différence dans l'épaisseur des couches d’air ra- réfié, n’exerce pas d'influence importante sur le résultat; des iné- galités ou des discontinuilés dans les autres portions des cireuiis partiels ainsi que dans le conducteur principal paraissent exerce: une influence plus considérable. 5° Pour une même distance explosive, en augmentant la sir- face de la batterie, l'augmentation de la déviation de l'aiguitlr grandit (pas proportionnellement Loutelois, mais moins rapid: - ment). 4 Pour une surface constante de la balterie, l'augmentation de déviation de l'aiguille croît avec la distance explosive. 0° La résistance du circuit qui réunit les armatures exerce la 979 BULLETIN SCIENTIFIQUE. plus grande influence sur l'augmentation de la direction de l'ai- guille, toutes les autres circonstances restant les mêmes, si l'on augmente cette résistance, laugmentalion de déviation diminue et lorsqu'on atteint la résistance limite ! Ja déviation ne subit plus d'augmentation, c’est-à-dire que l'on a C< A. 6° Si l’on augmente la résistance au-delà de la résistance li- mile, non-seulement la grandeur de la déviation que subit Pai- guilie devient très-variable (quoique toujours plus petite que A), mais en dernier lieu le sens dans lequel s'effectue la déviation devient variable et indéterminé. En même temps l'apparence lu- mineuse el la coloration des espaces vides au moment de la décharge prennent un tout autre caractère. Quant à lexplication de ce curieux phénomène, M. Feddersen se borne à quelques indications. Il rappelle d’abord la propriété de l'air raréfié, découverte par M. Gaugain ?, de laisser passer les courants d'induction qui vont dons un sens et d’arrêler ceux qui se propagent en sens contraire lorsque l'un des électrodes a une surface extrêmement pelile, c'est-à-dire dans des conditions analogues à celles de l'appareil de M Feddersen. «Mais, ajoute l’au- teur, en admetlant que dans mes expériences le courant se par- age inégalement entre les deux spirales, un simple écoulement de quantités inégales d'électricité ne suffit pas à expliquer cet ef- fel remarquable. Car dans le cas le plus favorable, où toute l'é- lectricité passerait par un seul des cireuils partiels (cas dont on ne peut mêne admettre l'existence, puisque lon observe des ap- parences lumineuses aux deux points de rupture), un écoulement simple el unique de l'électricité ne pourrait produire qu'une dévia- tion égale à À, tandis que l’on observe une déviation qui est plu- sieurs fois plus grande que A. 1 L'auteur désigne par cette expression (Grænzwiderstand) la li- mite de résistance à la quelle Ja décharge oscillatorre se transforme en décharge continue. Voyez les précédents travaux de M. Feddersen sur la décharge oscillatoire, Archives 1858, t. Il, p. 374; 1859, t. VI, p. 373 et particulièrement 1861 t. XI, p. 255. 2? Voyez Archives 1835 L. XXVIIT, p. 315. PHYSIQUE. 373 Je ne veux pas continuer ici à m'engager dans une exjlication ; je me bornerai à remarquer que je ne vois pas la possibilité d'y parvenir, si ce n'est en abandonnant l'hypothèse d'un écoulement simple, continu ou discontinu, pour recourir à la théorie des oscil- lalions. » Si nous avons bien saisi la pensée que l’auteur à brièvement indiquée dans les lignes précédentes, voiei comment l'on pourrait concevoir que les choses se passent. M. Feddersen a précédem- ment reconnu par l'expérience qu'il existe dans l'étincelle élec- trique, lors de la décharge oscillatoire, des courants dirigés alter- nalivement en sens opposé, principe qui avail déjà été adinis théo- riquement par M. Helmholtz et d'autres physiciens. Quand on fait passer la décharge par un galvanomèlre formé d'une seule spi- rale, ou de deux spirales de même sens entre lesquelles le courant se partage, on observe une déviation qui résulte de l'excès des cou- ran!s directs, c’est-à-dire dirigée dans le sens général de la dé- charge, sur les courants inverses ; celte déviation correspond à la quantité A d'électricité qui a finalement été transmise. Si l’on em- ploie les deux spirales de sens contraire avec les deux espaces à air raréfié, l'inégale facilité que, suivant M. Gaugain, les courants ont à se transmellre d’une ‘surface à une pointe suivant leur sens, fait que les courants directs passent de préférence dans l’un des circuits partiels etles courants inverses dans l'autre circuit partiel. Or, comme d'après la disposition de l'appareil, un courant de sens direct dans l’une des spirales du galvanomètre et un courant de séns opposé dans l’autre spirale tendent à dévier l'aiguille du même côlé, le déplacement qu’elle subit C se trouve approxima- livement égal à la somme des courants alternatifs dont la dé- charge oscillaloire se compose et non à leur différence !. 1 Nous rendrons prochainement compte dans les Archives des nou- veaux travaux récemment publiés par M. Feddersen. 574 BULLETIN SCIENTIFIQUE. CHIMIE. DEBRAY. SUR LA PRODUCTION DE L’ACIDE TUNGSTIQUE ET BE QUEL- QUES TUNGSTATES CRISTALLISES. (Comptes rendus de l’'Acadé- mie des sciences, t. LV, p. 287 ) M. Deville avait reconnu, Fannée dernière, que certains oxy- des métalliques amorphes, soumis, au rouge, à l'action d’un cou- rant lent d'acide chlorhydrique gazeux sent transportés dans les : parties moins chaudes de l'appareil où ils se déposent en beaux cristaux nels et brillants. M. Debray a appliqué ce procédé à la production de l'acide tungstique et des tungstates de chaux et de fer cristallisés. Pour “obtenir le premier de ces corps, ce chimiste opère de la ma- nière suivante. Un mélange de carbonate et de tungstale de soude, contenu dans une nacelle de platine, est chauffé au rouge vif dans un tube de porcelaine que traverse un courant de gaz acide chlorhydrique ; l'acide tungstique est déplacé et il cristallise dans le sel marin formé, en prismes rectangulaires ou en tré- mies, vert-olive foncé. En augmentant la rapidité du courant gazeux el en portant la température au rouge blanc, on peut effectuer le transport complet de Pacide tungstique qui se dépose alors sur les parois froides du tube én cristaux modifiés, mais peu nets ; un seul angle, égal à 56° à pu être mesuré sur un cris- tal d'apparence octaédrique. Si l’on chauffe fortement l'acide tungstique ordinaire dans un courant très-rapide d'acide chlorhydrique, on le déplace complé- tement et il va se condenser plus loin en cristaux dont les plus petits offrent tout à fait l'aspect de l'acide tungstique natif et les plus gros, de plusieurs millimètres de côté, sont identiques avec ceux que l’on oblient par le tungstate de soude ; uue gradation insensible lie les premiers aux seconds. Le tungstate de chaux, mélangé de chaux, se transforme dans le courant de gaz chlorhydrique en tungslale neutre de chaux, CHIMIE. 319 qui cristallise dans le chlorure de calcium formé. On obtient ainsi le schéelin calcaire, cristallisé comme le produit naturel en oc- taédres réguliers! dont la composition correspond à Ca0, WOë. Eufin, M. Debray a reproduit le lungstate de fer, sans man- ganèse, en chauffant à une lempéralure élevée, dans un courant rapide de gaz chlorhçydrique, un mélange en proportions quel- conques d'acide tungstique et d'oxyde de fer. Toute la matière s’est déposée dans les parties froides du tube sous forme d'acide tungstique, d'oxyde magnétique et de tungslate de fer en cris- taux nets et brillants dont deux incidences mesurées ont élé re- connues identiques à celles du wolfram ; l'analyse de ce tungstale couduit à la formule Fe0, WO3. MALAGUTI. SUR LE SESQUIOXYDE DE FER ATTIRABLE A L'AIMANT. (Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1. LV, p. 550.) On avait reconnu, il y a longtemps déjà, que certains échan- tillans de fer oligiste sont attirables à l'aimant, ce que l'on allri- buail à la présence d’une petite quantité de protoxyde de fer. Cependant M. Delesse et M. Pelouze ont obser\é des cas où du peroxyde de fer pur est doué de magnétisme. M. Malaguti an- nonce maintenant qu’un cerlain nombre de proto sels et d'hy- drates amorphes de sesquioxyde de fer laissent après une lé- gère calcinatian un sesquioxyde lès-atlirable à l’aimant. Toules les fois, par exemple, qu'un carbonate ou un sel orga- nique à base de protoxyde de fer est suffisamment chauffé au contact de Fair pour qu'il y ait élimination complète de l'a- cide, le perox\de lrès-pur qui en résulle est loujours très-ma- gnélique, Le protoxyde séparé d’un sel ferreux quelconque par l'ammo- 1 ]1y a probablement là une inadvertance, et l’auteur aura, sans doute, voulu dire « en octaèdres à base carrée, car la forme primi- tive de la schéelite appartient, comme chacun le sait, au système quadratique (Réd.) 316 BULLETIN SCIENTIFIQUE. niaque el qui résle exposé à l'air, passe, comme on le sait, à l'é- lat de peroxyde hydraté, Si l'on lorréfie légèrement cet hydrate, dès que sa suroxydalion est complèle, on oblient un peroxyde de fer très-pur et très-magnélique. La rouille ordinaire, dès qu’elle a été amenée, au moyen d’un fort aimant, à ne plus donner le moindre signe de magnétisme, est formée, cela est connu, de sesquioxyde de fer hydraté, légè- rement ammoniacal. Vient-on à la chauffer, le peroxyde anhydre qu'elle laissera sera fortement allirable. Il faut remarquer que les réactifs les plus sensibles n’accusent pas la présence du proloxyde de fer dans ces oxydes magnétiques, el que leur magnétisme persiste même après une déflagration avec du chlorale de potasse. Ce magnétisme se perd si on Îles expose pendant longtemps à une très-haule température, ou si on les dissout dans un acide, ce qui n'arrive pas avec l’oxyde magnétique ordinaire. Pour obtenir le sesquioxyde de fer nonmagnétique, il suffil de décomposer par un aleali, un sel de fer au maximum quelcon- que ; l'hydrale qui se déposera ne sera magnétique, ni avant, ni après la calcinalion. et il en.sera de même du peroxyde prove- nant de la suroxydalion du protexyde de fer combiné avec un acide minéral. Ainsi le dépôt ocracé qu'abandonne une dissolution de sulfate ou de chlorure ferreux, et qui est composé presque entièrement de peroxyde de fer hydraté, ne devient pas atlirable, quoi qu'on fasse. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. Frirz MUELLER. UEBER DIE ANGEBLICHE, elc. SUR LA PRÉTENDUE SYMÉTRIE BILATÉRALE DES CTÉNOPHORES (Arch. f. Naturgesch., 27 lahry. 1 Bd. S. 320.) La plupart des auteurs considèrent les Cténophores comme pré- sentant à la fois des caractères de symélrie rayonnée et de sy- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 377 métrie bilatérale. MM. Burmeister, Vogt, Gegenbaur se sont pro- noncé en faveur de celle opinion. Récemment encore nous avons reudu comple des idées de M, Agassiz sur ce point , idées qui sont en somine conformes à celles de ces savants, M. Fritz Mül- ler vient aujourd'hui soutenir une opinion très-différente. 1 con- sidère les Clénophores comme des animaux exclusivement ra- diaires, qui seraient, 1l est vrai, rayonnés non point d'après le nombre quatre, ainsi qu'on l'adinet d'ordinaire, mais d’après le uombre deux. Les considéralions sur lesquelles il s'appuie sont, à nos yeux, d'un grand poids et méritent d'êlre au moins briève- ment indiquées. Chez les animaux rayonnés on ne peut distinguer que le devant et le derrière ou bién le dessus et le dessous, landis que chez les animaux bilatéraux on distingue à la fois l'avant, l'arrière, le dessus et le aessous. Les rayonnés peuvent être divisés en parties semblables par autant de plans qu'ils possèdent de rayons, tandis que les bilatéraux ne peuvent l'être que par un seul plan. Chez les rayonnés, ne peuvent êlre simples que les organes placés sui- vant l'axe ; toutes les parties placées selon les rayons sont répé- iées aulant de fois qu'il y a de rayons, celles qui sont placées en dehors sont au contraire répétées en nombre double des rayons. Chez les animaux bilatéraux, tous les organes placés suivant le plan médian ont en nombre simple, ceux au contraire qui sont æu dehors de ce plan existent en nombre double. Les deux moitiés d'un rayonné sont parfaitement congruentes, celles d'un animal bilatéral ne le sont jamais. Chaque rayon (Sphéromère, Agassiz) d'un animal rayonné est divisible en deux parties symétriques, tandis qu'aucun animal bilatéral ne peut être parlagé en deux moiliés semblables dont chacune serait à son tour divisible en deux parties symétriques. Or les Cténophores satisfont à tous les caractères que nous avons énumérés comme élant spéciaux aux animaux rayÿonnés, tandis qu'ils ne possèdent aucun de ceux qui sont particuliers aux bilatéraux. Si l'on a généralement cru à la bilatéralité des Cténo- 378 BULLETIN SCIENTIFIQUE. phores c’est d'abord à cause de la forme comprimée de quelques uns de ces cœlentérés, des cestum, par exemple ; c’est ensuile à cause de l'existence en nombre double et non quadruple de certains organes comme les pores en entonnoir, les écrans buc- caux, les canaux gacstrovasculaires, les tentacules, ele. Mais on n'a pas réfléchi que ces organes en nombre double étant placés dans deux plans perpendiculaires lun à Patre , militent précisémen contre Ja prétendue bilatéralité des Cténophores. On se contre- dit soi-même lorsqu'on considère à la fois les pores infundibuli- ornes et les tentacules comme trahissant une structure bilaté- rale. Si ce sout les pores, on trouvera que, dans ce cas, chez le: genre Mnemia, par exemple, les côtés étroits et les écrans buc- aux sont placés à droite et à gauche, tandis que les côtés larges, les tentacules et les canaux gastrovasculaires occupent le dessus et le dessous. Si ce sont au contraire les tentacules qui révèlent une bilatéralité de structure, les côtés larges et les canaux gastro- vasculaires occupent la gauche et la droite, tandis que les côtés étroits, les écrans buccaux el les pores sont placés dessus et des- sous. La contradiction est, comme on le voit, évidente, sans comp- ter qu'il est impossible dans l'un comme dans l'autre ras de re- connaître de différence entre le dos et le ventre. Et pourtant chez tous les animaux vraiment bilatéraux la dislinelion entre le ven- tre et le dos est loujours facile. Toutes ces contradictions disparaissent lorsqu'on admet que les Cténophores sont rayonnés suivant le nombre deux, structure qui, lorsqu'on y réfléchit, est essentiellement différente de celle d'un animal bilatéral. M. Müller remarque d'ailleurs que la structure rayonnée est d'autant plus pure de tout mélange avec la symé- tie bilatérale, que le nombre des rayons de l'animal est plus faible. Les Clénophores qui sont rayonnés d’après le nombre deux ne présentent aucune trace de structure bilatérole, les échi- nodermes au contraire et divers cœlentérés (Philoméduses, Cuni- nas, elc.) rayonnés comme ces derniers d'après un nombre plus élevé laissent facilement reconnaître des traces de bilatéralité. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 379 Prof. pu Bois-REYMOND. UEBER IOPKALIUM ELECTROLYSE, ETC. SUR L'ÉLECTROLYSATION DE L'IODURE DE POTASSIUM ET LA PO- LARISATION PAR LA DÉCHARGE DU MALAPTÉRURE. (WMonatsb. der k. Akad. d. Wiss. zu Berlin, 19 déc. 1861.) M. Du Bois-Reymond a profité de la présence à Berlin d’un malaplérure électrique pour déterminer à l'aide de lélectrolyse de l'iodure de potassium la direction des décharges de ce poisson. Il avail déjà été reconnu à l’aide du galvanomètre que cesdécharges sont dirigées de la queue à la tête {dans l'arc métallique servant à l'expérience), aussi les nouvelles expériences avaieut-elles prin- cipalement pour but de servir de contrôle aux premières. Les électrodes élaient disposés de manière à ce que l’une de leurs ex- trémités fût au contact du poisson à l’aide de selles de platine, tandis que l'autre touchait à une feuille de papier brouillard io- . duré. Les expériences faites précédemment à laide du galvano- mêlre devaient faire supposer qu'il apparaîlrait une seule tache d’iodure d'amidon, à savoir sous électrode dont la selle reposait sur la queue du poisson. Il en fut cependant autrement, car M. du Bois-Reymond vit se former régulièrement une lache à l’extré- milé de chaque électrode, la tache correspondant à la queue du poisson élant, il est vrai, plus grande que l’autre. Ce résultat est donc très-différent de celui que John Davy et M. Matteucci ob- tinrent avec la torpille et MM. Faraday, Schœnbein, Miranda et Paci avec le gymnote. Une seule fois M. Matteucci paraîl avoir ob- tenu également deux taches sans attacher d'importance à ce phé- .nomène. Au premier abord la formation de ces deux taches à chaque décharge semblait montrer que chez le malaptérure la décharge électrique chemine dans les deux sens, et pourtant l'aiguille du galvanomètre ne déviait jamais que dans une’seule et même di- ‘reclion. I pourrait d’ailleurs fort bien arriver que pendant une décharge la courbe d'intensité du courant rapportée au temps ï 380 BULLETIN SCIENTIFIQUE. coupât plusieurs fois l'axe des abscisses, en enfermant de chaque côlé de cet axe des aires inégales, de telle sorte qu'il en résuliât une différence en faveur des ordonnées représentant un courant dirigé dans l’arc métallique de la queue à la tête. Dans un tel élat de choses le malaplérure télaniserait sa proie à l’aide de cou- rsnts allernativement dirigés en sens inverse, ce qui réaliserait les conditions les plus favorables à des effets physiologiques d'une grande énergie. La formation d'une louble tache d'iodure d’amidon pourrait cependant avoir une auire cause. M. Du Bois a montré, en effet, que lorsqu'on cherche à déterminer la direction du courant dans des circuits d’induction à l’aide de lélectrolysation de liodure de potassium, on voit facilement apparaître une tache sous chaque électrode, même lorsque loutes les précautions ont été prises pour que le courant ne se meuve que dans un sens et qu’il n’y ait pas d’élincelle produite. La tache du pôle négatif, qu'on pourrait ap- peler lache secondaire, se forme, en effet, dès que le cireuil reste fermé, comme cela est d'ordinaire le cas, après la cessation du courant d'induction. Elle résulte des courants inverses dus à la polarisalion que les pointes de platine plongeant dans la dissolu- tion d'iodure de potassium ont acquise sous l'influence du cou- rant d'induction. La même peut évidemment se passer dans le le poisson. Quelle que soit le rapidité avec laquelle on retire de l'eau les selles de platine, le circuit reste fermé quelques instants après la fin de la décharge, et les conditions pour la formation d’une lache secondaire se trouvant remplies. Nous ne pouvons suivre M. Du Bois-Reymond dans la série d'expériences à l’aide desquelles il montre que la formation de la double tache est due à la seconde cause et non à la première. Ces expériences seraient, en effet, plutôt du ressort de la partie phy- sique que de la partie physiologique de ce recueil. Il nous suifira de dire que la formation de la double tache étant du seulement à des courants de polarisation on doit l'observer aussi bien expéri- menlant avec la Lorpille ou le gymnote qu'avec le malaptérure. Il MÉDECINE. 381 est done difficile de comparerd-e ponrquoi tant d'ohservateurs n’ont pas aperçn la tache secondaire. MEDECINE. D:° C.-F. Fucus. DIE EPIDEMISCHEN KRANKHEITEN , etc. — LES MALADIES ÉPIDÉMIQUES EN EUROPE DANS LEURS RELATIONS AVEC LES PHÉNOMÈNES DU MAGNETISME TERRESTRE, AVEC LES PHÉ- NOMÈNES ATMOSPHÉRIQUES ET AVEC L'HISTOIRE DES PEUPLES CIVILISÉS DE CETTE PARTIE DU MONDE. — Weimar, 14860. Nous venons un peu tard rendre comple de cet ouvrage du D' Fuchs, qui a déjà publié précédemment différentes notices topographiques et une géographie médicale en 1853. L'histoire des maladies de l'Europe est considérée dans ses rapports avec le climat, l'histoire et la civilisation des habitants. Nous ne dirons rien de cette dernière partie, qui contient cepen- dant quelques rapprochements ingénieux, et nous nous bornerons à signaler le plan qui a été adopté par l'auteur. Il fait connaître, en premier lieu, les ma'adies des climats froids européens, et les caractérise sous le nom de leukomacri- tiques, c’est-à-dire de maladies dépendant d'une localisation cri- tique sur le système lymphatique, en opposition aux maladies hémaloseptiques, qui représentent celles dont le princine existe dans une composition viciée du sang; ces dernières caracléri- sant plus spécialement les maladies des pays chauds. Dans les premières ou leukomacritiques, se rangent le catarrhe, la febris nervosa lenla et l’influenza, qui se montrent épidémi- quemnent, el les maladies chroniques scrofuleuses, luberculeuses el cancéreuses qui se rencontrent aussi dans la zone tropicale, mais avec moins de fréquence que dans les régions lempérées. Les maladies régnantes ou originaires des pays chauds sont la dyssenterie, la fièvre jaune, la peste orientale, le choléra asiali- 382 BULLETIN SCIENTIFIQUE. que, la pelite vérole et la fièvre.intermittente. Il est vrai qu’elles ont élé presque Loutes observées dans les régions tempérées, mais c’est surtout dans les pays tropicaux qu’elles se développent et acquièrent un degré d'intensité de plus souvent inconnu partout ailleurs. Passant en revue les maladies de l'Europe orientale et occi- dentale, l'auteur est amené à rechercher l'influence du continent asialique sur les pays composant l’ancien continent. L'examen des pelites et des grandes épidémies conduit lau- teur à la conclusion : « que les variations séculaires de lincli- naison magnétique correspondent aux constilulions épidémiques de l'Europe, non-seulement quant àleur durée, mais aussi quant à leur nature, de telle manière qu’à la déclinaison occidentale correspond la prédominance séculaire des maladies leukomacri- tiques, tandis qu'à l’inclinaison orientale correspond l'apparition des maladies hématosepliques. La première esk sous l'influence prépondérante de l'Océan, c’est-à-dire du climat marilime, tandis que la seconde dépend de l'influence essentielle du grand conti- nent asiatico-européen, c'est-à-dire d'un climat continental. A l’inclinaison occidentale correspond dans l’ordre moral et intel- lectuel la spontanéité, et à linclinaison orientale la réceplivité. » Nous laissons naturellement loute la responsabilité de ces opi- nions à l'auteur qui les exprime, mais elles nous ont semblé assez remarquables pour être cilées el pour faire connaîtie le point de vue où se placent certains auteurs dans les questions les plus importantes de la géographie médicale, et cependant le D° Fuchs ne nous aurait pas paru devoir appartenir à celle école théorique qui place les interprétations les plus fantastiques au- dessus et à la place de l'observation rigoureuse des faits. En effet, lorsqu'il s’agit d'expliquer les maladies qu'il désigne sous le nom de hémalosepliques, el que nous appelons miasmaliques, il s'élève avec force contre les personnes qui atlribuent le choléra, la peste el la fièvre jaune à des insectes ou à des champignons micro- scopiques ou à un poison animal développé sous l'influence magi- MÉDECINE. 383 que des rapports sociaux. En sorte que si le D° Fuchs établit sur des preuves suffisantes l'influence pathologique du magnétisme terrestre, nous sommes prêt à adopler cctte opinion, quelque singulière qu'elle nous paraisse au premier abord, étant bien per- suadé que ce n’est point une hypothèse hasardée, mais une conclusion logiquement déduile de faits bien observés. C’est aux lecteurs de cet ouvrage que nous renvayons la décision définitive, nous sentant incapable de nous prononcer sans un plus ample infourié. D: IT.-C. Lousanp. D' À Muury. CcimarocrapHiScue UEBERSICHT, elc. (REVUE CLI- MATOGRAPHIQUE DE LA TERRE EN UNE COLLECTION DE RAPPORTS AUTHENTIQUES). Avec un appendice et trois esquisses de cartes. — In-8°. Leipzig, 1862. Le célèbre auteur de différents ouvrages de climatologie, de noso-géographie et de méléorologic géographique, vient de pu- blier un gros volume qui contient de précieux matériaux sur ce sujel favori de ses études. Ayant réuni plus de huit cents docu- nets officiels relatifs à fa climatologie terrestre, il les à réunis en un volume qui se compose d'un coup d'œil géographique, mé- léorologique et nosologique sur Loutes les régions du globe ter- resire. S'élendant davantage sur celles qui sont plus connues, il. passe en revue les principales villes et contrées des deux hémi- sphères et fait connaître la configuration du sol, son aïtitude, les parlicularilés de son climat, ainsi que les maladies spéciales aux habitants. Ces notices, élant naturellement très-nombreuses, en donnent seulement les traits principaux, que des travaux plus suivis doivent compléter plus tard. Deux systèmes se présentent d’après l'auteur pour étudier la Climatologie médicale : le premier s'occupe surtout de la répar- üilion géographique des maladies, soil dans la direction horizon- tale, c’esi-a-dire en parcourant les zones lempérées, chaudes et 384 BULLETIN SCIENTIFIQUE. froides, soit dans la direction verticale, en ayant surtout égard aux différences qui surviennent sous l'influence de Paltitude. Le second système consiste à s'occuper principalement des ques- tions méléorologiques, de température, d'humidité, de pression atmosphérique el de courants aériens. Ces deux ordres de faits se complètent et s'appuient réciproquement, en sorte qu'ils peu- vent servir de base à une véritable géographie médicale. Les ‘quatre ouvrages publiés successivement par le D' Mühry forment dans sa pensée un tout qui comprend l’ensemble des questions soulevées daus celle science loule nouvelle. Il est impossible d'analyser l'ouvrage qui nous occupe, car il se compose de morceaux. détachés, dont chacun est une petite topographie médicale, contenant, outre les sources originales où Yon peut puiser pour étudier chaque localité, des documents re- latifs à la statistique médicale, à la nature des maladies régnantes, ainsi qu'aux (rails caractéristiques de la météorologie locale. Le D' Mühry commence par ies régions tropicales de la chaîne des Andes, comprenant le Mexique, le Pérou et les pays voi- sins ; 1l éludie ensuite le golfe du Mexique dans sa partie méri- dionale, les Guyanes, le Brésil et les îles situées entre les deux continents américains. Il parcourt ensuite les côtes orientales et occidentales de l'Afrique septentrionale, au nord et au sud ‘de l'équateur, Enfin, il termine cette revue géographique des régions tropicales par la presqu'ile de l'Inde et quelques portions de l'Aus- tralie et des îles de la mer du Sud. L'hémisphère nord, dans sa zone tempérée, fournit à l'étude une partie du continent américain, l'Europe méridionale et l'Eu- rope centrale, ainsi que quelques portions seplentrionales de l'Alrique et la majeure partie de l'Asie orieutale et occilentale. La région correspondante de l'hémisphère sud comprend le Paraguay, le Chili et Buenos-Ayres, ainsi que l'extrémité sud du continent africain et les îles qui en dépendent, et quelques por- tions de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande Enfin, la dernière division comprend les régions polaires des deux hémisphères. MÉDECINE. 38 Tel est le voyage complet auquel le D'° Mühry convie ses lec- teurs en leur fournissant à chaque station des documents précieux puisés aux meilleures sources et qu'il a pu réunir en lrès-grand nombre, grâce aux immenses richesses accumulées dans la bi- bliothèque de l’université de Gottingue. L'appendice qui termine l’ouvrage comprend quelques mé- moires ou nolices sur diverses questions méléorologiques rela- tives au climat du pôle nord, à la distribution géographique des vents alizés en Europe, à un anémomètre d’une construction simplifiée, et enfin au système des grands courants marilimes. En résumé, l'ouvrage du D'Mühry peut être considéré comme un bon dictionnaire géographique, augmenté de nolions climato- logiques et médicales , et qui doit être utile, ainsi que le dit l’auteur, à tous ceux qui s'occupent de médecine, d'hygiène, d’agri- cullure, des sciences mililaires, de commerce, de navigation, de l'établissement de missions religieuses, de colonisation, de voyages d'exploration, et aussi de l'acclimatation des animaux et des plan- tes, aussi bien que de l'espèce humaine. D: H.-C. LomBarp. Prof. A. CorRaDt. CoME oGG1, etc. COMMENT LES AFFECTIONS SCROFULO -TUBERCULEUSES SONT DEVENUES PLUS COMMUNES DE NOS JOURS ; CONSIDÉRATIONS HISTORIQUES ET MÉDICALES. (Mém. lu à l’Acad. des sciences de l'Institut de Bologne, le 3 Janvier 1861.) La première partie de ce mémoire est destinée à établir que * la scrofule et les tubercules, dont l’auteur admet l'identité de nalure, sont des affections relativement modernes. La stalisti- que morluaire, reposant souvent sur des documents entachés d'erreur, ne peut fournir à cel égard des renseignements bien concluants; elle montre cependant avec évidence l'extrême fré- quence (le la scrofulo-tuberculose. En effet, si l’on doit croire que bien des cas, qui auraient dû trouver place ailleurs, ont été classés sous celte rubrique dans les statistiques officielles, il est cerlain, en revanche, qu'un nombre bien plus considérable de ARCHIVES. T. XV, — Décembre 1862. 26 386 BULLETIR SCIENTIFIQUE. décès attribués à la bronchite, à la pneumonie chronique, à l'he- moplysie, au marasme ou alrophie, à la méningite, à la diarrhée, aux convulsions, etc., doivent être rapportés à leur cause réelle, savoir la présence de tubercules dans les poumons, les méninges et l'abdomen, ou à la tuberculisation générale aiguë. | Mais, de ce que la scrofulo-tuberculose est si fréquente de nos jours, peut-on inférer qu'elle l'était moins autrefois? C’est ce que les documents slalistiques antérieurs au XIX®° siècle ne per- meltent pas d'affirmer, parce qu’ils sont trop incomplets. Cepen- dant il résulte d'une étude attentive des bons auteurs que, bien évidemment, la scrofulo-tuberculose n’élait pas considérée dans les siècles qui ont précédé le nôtre comme une affection très- répandue. Les précautions qu’on croyait devoir prendre. au XVIH®e siècle contre la prétendue contagion de celle affection, en sont une des preuves; en effet, ces précautions seraient ab- solument inexécutables aujourd'hui en présence de l'extrême diffusion de la scrofulo-tuberculose Nous ne suivrons pas l’auteur dans le détail de son argumen- tation historique, mais nous croyons pouvoir admettre avec lui que les affections scrofulo-tuberculeuses, connues de loule anti- quilé à l’état sporadique, sont peu à peu devenues endémiques, et ont pris, dans les préoccupations des médecins et des popu- lations, la place qu'occupaient autrefois la lèpre, le scorbut et Ja goulle, maladies devenues relativement rares ; el que ces chan- gements de dynasties pathologiques se sont effectués graduelle- ment. Dans la seconde partie de son travail, le professeur Corradi s'efforce de démêler les causes qui ont amené celte augmentalion de fréquence de la scrofulo-tuberculose. Il commence par élimi- ner la contagion, à laquelle, avec raison selon nous, il ne croit pas. L’hérédité, bien que son action soit incontestable, ne suffi- rail pas à rendre compte de la rapide diffusion de la maladie. Le climat, le sol, les eaux, la température et l'humidité n’ont évi- demment que peu d'influence, puisque les affections scrofulo- tuberculeuses sont également communes dans les lieux les plus MÉDECINE. 387 divers et sous les influences climatériques et météorologiques les plus contraires. Il faut donc chercher une cause plus générale et qui ait pu agir sur tous les peuples, civilisés ou non, chez les- quels s’est montrée la scrofulo-tubereulose. Dans cet ordre de faits, on a d’abord invoqué la corruption des mœurs et la syphilis ; mais l'auteur n’a pas de peine à relé- guer ces causes sur l'arrière-plan, en montrant que c’est, au contraire, lorsque les mœurs se sont améliorées et lorsque la syphilis a perdu de son intensité que la scrofulo-tuberculose est devenue si générale. On a parlé, en second lieu, du mauvais air dans les grandes agglomérations d'hommes; mais il est plus que douteux que, dans leurs demeures étroites et malsaines, nos ancêtres aient respiré un meilleur air que nous. D'ailleurs le mauvais air appauvrit le sang et prédispose à contracter les maladies régnantes, mais non pas telle ou elle maladie en par- üiculier. Ou ne saurait non plus accuser la diminution des fièvres in- termitlentes d’avoir amené une augmentatinn de la scrofulo-tu- berculose, puisque la géographie médicale nous montre ces deux affections, ici coexistant, là manquant toutes deux. Quant à la vaccine. il a été prouvé bien des fois, que ce n’est qu’indirecte- ment qu'elle a pu exercer une certaine influence sur la fréquence des maladies endémiques modernes, en augmentant le nombre des enfants vivants, à l'âge où se manifestent soit les tubercules, soil la fiève typhoïde; d'ailleurs aucun fait positif ne démontre qu'il y ait antagonisme entre la variole et la scrofulo-tuberculose. Parlerons-nous de l'usage du tabac, qu'on a aussi considéré comme une cause prédisposante de la phthisie ? la grande fré- quence des tubercules chez les femmes, qui ne fument guères, suffit pour réfuler cette hypothèse. Enfin, c'est sans plus de fondeinent que l'usage du thé et du café a été à son lour ac- cusé de ce grand méfait. Après avoir réfuté toutes ces prétendues causes prédisposantes de la scrofulo-tuberculose, M. Corradi conclut que la fréquence actuelle de celle affection est due au* changements survenus dans 388 BULLETIN SCIENTIFIQUE. les habitudes diététiques des populations modernes et prineipa- lement dans l'usage, si répandu, des aliments féculents au détri- ment des aliments azotés. C'est là que sit, selon lui, la véritable cause prédisposante des affections scrofulo-luberculeuses, cause qui, en modifiant peu à peu la constitution des peuples modernes, les a rendus plus aptes à contracter la scrofulo-tuberculose sous l'influence des causes occasionnelles et de l'hérédité. Parmi les nombreux arguments dont il élaie son opinion, nous cilerons les suivants : 4° L’augmentalion de fréquence de la scrofulo-tuber- eulose a coïncidé avec l'introduction de la pomme de terre et-du maïs dans l'alimentation populaire. 2° Dans certaines contrées cireum-polaires, où la nourriture est exclusivement animale, la scrofulo-tuberculose n'existe pas. 3° À une époque où le régime élail beaucoup plus azoté, la goutte et les affections calculeuses dominaient la scène pathologique et les scrofules et les tubercules élaient relalivement peu fréquents. Ici vient se placer une di- gression fort intéressante sur l’anlagonisme qui existe entre la goulie et les affections calculeuses d’une part, et les affections scrofulo-tuberculeuses d'autre part. Si donc, et c’est là la conclusion du professeur Corradi, un régime trop peu azolé crée des condilions organiques qui favori- sent le développement de la scrofulo-tuberculose, il est évident ‘que le meilleur moyen de combattre el de prévenir le dévelop pement de celte diathèse est de modifier l'alimentation dans le sens indiqné par la théorie. Nous n'avons pu donner qu'une pâle esquisse de cet intéressant travail, mais, sans entrer dans le fond de la question, qu'il nous soit permis de dire que le mémoire de M. Corradi, un peu aca- démique dans sa forme, dénole chez son auteur une vasle el so lide érudition. Signalons en terminant l'identité de ses conclu- sions, déduites de recherches historico-pathologiques, avec celles que M. Bouchardal a tirées de l'observation, savoir que l'alimen- tation animale eten particulier l’usage des corps gras, est le meil- leur préservalif de la tuberculose. A.-J. D. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de . M. le Prof, E. PLANTAMOUR Penpaxr LE mois DE NOVEMBRE 1862. Le 1°", la neige a disparu du sommet du Môle ; couronne et balo lunaire dans la soirée. 7, couronne et halo lunaire depuis 6 h. 30 m. du soir jusqu'après minuit. 9, faible halo solaire de 11 h. 45 m. à midi 10 m. ; de 2 h. 50 m. à 3 h. 10 m. on voit l’arc tangent supérieur du halo ordinaire. Belle couronne lunaire dans la soirée. 11, il est tombé de la neige jusqu'au pied de toutes les montagnes des environs ; cette neige a disparu du sommet du petit Salève le 13 au matin. 23 et 25, forte gelée blanche. v 27, il a neigé de nouveau jusqu'au pied des montagnes ; couronne lunaire dans ‘la soirée. 28, la neige a disparu du sommet du petit Salève ; couronne lunaire dans la suirée. Valeurs extrêmes de la pression almosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm mm ; Le 1, à 6 h. matin -. 720,62 Le 7, à, 8 h. soir... 739,17 11, à TO0 y Ét n) COCAPREUTEN 2 ae dre : h LUCE mairree) | ki VTT ; L 2 à l RS a FF 504 AG Ta *Œ So AE JR di af t Ni. d # F , DC e "TA + w " is g m2 À LA ri du ER 22 ni ÿi È 2 « | 1 PR RTE RE CET PTS dits Ce à + + this 1 | 0) y a 1h : ei +44 v le d PICTURES Li PRE ALL Lara L à s MT D 9 L k # x re: 1à Û an, : gra P ; s$ “ir À niet œût hé pe: ff ÉLUS LL. LE ain 0 0 DES e Hi Ÿ OURS RER At, 18e AN PA NUIT ET mere tds: MMLAUTAAUANR Te eut Sr D : û = = ‘ \ al Ÿ | pr 6 Er DR EUR Are L” "4 & Or È EME. Se Us ER +4 RE, UN) ne ce”. di "! AS EEGAOT" , RUE [CR 1 TU (N] "2. 4 û CPE QU A, CIS UINES NTI vÉv te 08 l A4 Arcbus FN (20 4 EC Cdef.-H OR EC OUR rt: no abus 4:13 ALAN CRUE CAR RS AL + 00 & LT. «8 " pi A ute V up _: “pe à De hey un gl Lame Ant A A LE de ES LU ORAN QT A L sfr ++ il 8 ButtT SM RARES 1 UEMNE Te, M N ñ J | ile hiait fe 4 CAL TO 141 diet mrltx Cr. FAC : été 4 T'UR PAT er CAO UPS EN 1 à 4 F 41.9 À 14,4 / AR A LA ER 4 1,6 D 174 sh: ; te ù . M ; ; Ets "à ù PR DORA NL Re C0 Unes EU { nu + CR À KYHIE GR PRECCEN - y D qe me ane ne 97 . Fe ET ne TOC VE AT PA D — rend FE + Las : pe - 3 FR = «+? AL # Cr. ArU (( 7 #4 | DESEITECE "D wo ét ta Gù heu PRET d 18 LA , HU - 1188 ns i n ter DA . la HR HU CCS y Ùe S e (de 1450 titre + ut i pu na, Ja8 wa ER (E 73 EEE ne à qe © om = pe het +. . muse x PE ME ne 0 = 0 © Lu He, 4: p? Lx : Ru À UT UT er” RS | CNET eu w ag RE EU y T1 oe 440 . éromi à ' We 1. N) /2 l 4 TL 7 e LÉ 4 | GC à D "4 Fe . + bre. À sn AUTRE 1 AE 10 è , NES 2 + 1 L s d: br Mine + 0) DT LE M ho qe ++ et RL ns — on à pu. 0 rit re D 3 $ à ri ’ di Re SE , M HT à! é m , L w sh su à Ea VA j é EL : : ne je dt 1 Ai Fr. NAN MA TE 7 TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNÂRD pendant LE MOIS DE NOVEMBRE 1862 Dans la nuit du 31 Octobre au 1% Novembre, le lac a été entièrement couvert de slace. LE Baromètre. Température, C. ME: Pluie ou neige, VESE Clarté . = H s = RE NS DRE Te ne sc ONE Te TE DE SE moy. du 2 auteur Ecart avec = 2 Moyenne Ecart avec laf £ Hauteur Eau Nombre ||Jomi E moy. de la hauteur | Minimum. | Maximum, des température | Minimum.!|Maximum.! de la tombée dans Airriers dominant Ciel. “> ||24 heures.| normale. Y4 heures. normale. neige. les ?4 h. millim, | - millim. mi lin, millim. | mn G 0 o 0 mm mm ! 1 | 562,63 | — 0,56 | 561,27 | 563,55 || — 0,16 3,19 1° 10,4 0,9 140 24,8 11 SO. 1 | 1,00 2 || 564,98 aë 1,85 | 563.70 | 565,82 0,55 4,00 0,0 1,9 40 9,0 4 SO. 1 | 0,86 3 || 563,46 0,39 | 563,17 | 564,03 0,97 t- 4,56 0,0 SON rec rec +... || calme 1,00 4 || 563,91 T 0,91 | 562,91" | 564,74 0,45 | + 4,19 | — 0,5 1 ARE 6os re : es ebnen el NE TN 060 5 || 564,83 0,89 | 564,17 | 565,45 || — 0,01 | + 3,87 | — 0,9 A) Re LE reel 0. 10:09 6 || 565,55 2,67 | 565,26 | 565,98 | + 0,18 ADONEENO ONE EAN ETS SO +... || calme 0,98 7 || 566,30 3,48 | 965,71 | 566,77 || — 1,31 PO SSP NE TEE SE Se 00 bo son. NE TU IN ONTS 8 || 564,01 T 1,25 | 563,21-|- 565,91 || — 5,28 | — 0,99 | — 6,8 | — 3,0 || ...... SRnroc so. | NE "2,1 1,97 9 || 563.93 HN 66 60562 UE — 4 19 D 0 810 26,501 20,5 Pere NN Ie 0,12 10 || 560,39 | — 2,25 | 558,59 562,164 || — 4,14 | Æ 0,43 | — 5,7 | — 1,5 | ..: soi. | 4... |l‘Calme 0,83 | 11 || 551,99 | —10,60 | 549,75 555,07 || = 6,114 — 1,41 | = 6,4) — 53 70 5,7 10 NEUF 0; 99 12 || 553,58 | — 8,95 | 550,04 556,75 || — 6,63 | — 1,80 | — 9,5 | — 492 130 Et 20 variable | 0,92 | 23,1558,73 | — 3,75| 558,21 | 559,16 — 1091 D 000] 2 0 0,0 110 8,2 10 SO. 1 | 0,96 14 || 557,36 | — 5,06 | 557,04 | 557,84 || — 2,44 2,65 | — 4,7 0,0 | ce... D 'o.se.s | ...... || calme 0,97 15 || 558,58 | — 3,79 | 557,63 | 559,54 || — 3,83 1,39 | — 5,0 | — 1,0 30 Gui 4 calme 0,84 16 || 560,76 | — 1,56 | 559,74 561,85 || — 4,53 | + 0,82 | — 6,0 | — 0,4 || ...... ODA ss... || Calme 0,72 ET || 562,23 | — 0,04 | 561,65 562,93. || — 4,53.| + 0,94 | — 5,8 | -- 2,6 || ...... 5 52 1008 © NE. 1 | 0,99 18 || 563,37 | + 1,15 | 562,84 | 564,09 | — TOUR 20 ET OL 0 INR | NE 12056 19 || 559.43 | — 2,74 | 558,83 | 560.44 || — VéR — O ECRN SE N ESSST SCD NE TND 01 20 || 557,42 | — 4,70 | 557,09 HN y EU NE EN SES OA | SRE DCE ..... | NE. 1 | 0,00 ALAS65,008)— 6,17 | 555,812 1B556 2900" 9.261 3,91 | —12.0 | tem... |. | 0,04 22 || 554,17 | — 7,86 | 553,83 DOS Ee=11,29 | — 5,22.) 192) 09 saus l'andle. NE 0,08 23 || 553,54 | — 8,44 | 552,97-L 554,01 || =11,68 | — 5,50 | —13,0 | — 10.2 | ....… uens | OU 17006 24,|-569,51 | — 8,42 | 552,87, /3554,34 = 8009 | — 1,20 | = 9,8 | — 79 |... 2. 60 COR TU 25 || 550,81 | —11,08 | 549,84 | 552,55 | — 5,93 | + 0,47 | — 6,0 | — 5,3 || 125 10 | SO. 2 | 1,00 26 || 550,83 | —11,02 | 543,32 | 553,16 || — 3,84 | + 2,67 | — 6,0 | + 0,2 125 10 variable | 0,72 27 | 556,89 | — 4,92 | 554,85 998,710 || — 7,22 | —- 0,60 | — 8,8 | — 5,3 || ...... sie | IN TR RON 28 || 560,46 | — 1,31 | 559,94 | 560,81 || — 5,33 | + 1,40 | — 7,2 | — 2,4 | ...... 5 Dame +... || SO. 1 | 0,07 29 || 560,19 | — 1,54 | 559,84 |/560,85 | — OO 0 2 CRE EG ONCE CEE race css... | SO. 1 | 1,00 30 || 560,03 | — 1,66 | 559,85 | 560,54 | — 5,91 | + 1,02 | — 6,4 | — 4,6 | ...... eo NN RO ONE 101" 0.98 | | ? Les chiffres renfermés dans ces celunnes donnent la plus basse et la plus élevée des températures observées de 6 h. du matin à 40 h, du soir, les thermomètrographes étant Lors de service. MOYENNES DU MOIS DE NOVEMBRE 1862. 6b, m. Sh.m. 10h.m. Midi. 2 h.s. 4h.s. 6h.s 8 h.s. 10 h.s. Baromètre, mm mm mm mm mm mm mm mm mm lredécade, 563,86 564,21 564,36 564,06 563,87 563,84 564,03 554,13 564,17 92e » 559,14. 558,42 558,59: 558,33 558,26 558,33: 558,42 558,53 558,64 3e » 555,23 555,60 535,84 555,62 555,46 555,58 555,86 556,04 556,02 Mois 559,08 559,41 559,29 : 559,34 559,20 559,25 559,44 559,56 559,61 Température. o Lo ol o La] 0 o o 1re décade, — 1,48 — 1,69 — 0,49 + 0,38 + 0,30 — 0,83 — 1,39 — 1,75 — 1.95 CR 21 — 4 40 2/71 13,52 4,599 528 15,410 05;65 EL 0 6,895 186 0 MU OS EN 8 41 Mois —"5,14 — 4,92 — 3,90 — 92,64 — 3,02 — 4,20 — 4,79 — 5,11 — 5,36 Min. observé.t Mox. observé.! Clarté moy. du Ciel. FRE EM pie la ° 0 mm mm 1re décade, 12,94 + 1,08 0,78 33,8 130 2 CRE, =MÉMN —2,34 0,70 30,1 340 Je » 1 0,98 00:06 0,56 28,4 250 Mois 5,07 — 2,31 0,68 92,3 770 Dans ce mois, l'air a été calme 56 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,86 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 4520., et son intensité est égale à 4 sur 100. 1 Voir la note du tableau, 4 | | (CP, Dre | # Le Lee but Liga agent PSP ME NE ent he tx yes " A : é Pa | | PA & « À $ eat Ai GE at à je LE B Pod À A4 ce “e , D Y7 7 DIRES id Mod! M. REA, ra FO ON LE ER ENS. (en sh Bad LAC ALT LENS En * e 4 Faut d” 1 ie hr, OU qute 4 CAN y LAS - re ni LA Le Be chnier nte 2é Or : AS RER Mage eut ‘ on | ; | { : We | da - à 272 f: LS A Ge 29, v00 { \, è PP 1 , Êe Au: PALtE « < A ki de C; #4 4 14 a CA ; 1 INT f RL = ) 4 \ + (EN ANATOLE F4, es Usher nu PC AUTOUR 1 { al sûr velt RIT LATE EPAC IL pou Arno) éfimado AM Mhgae.* LT diet ‘# un ne) ë À j \ tou DR. Abe 2IETS D... UUR sapins hege 0 AY mms Fi Liu BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES ES TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME XV (NOUVELLE PÉRIODE) 1862. — Nos 57 à 60. Notice sur quelques recherches récentes relatives aux pébuleuses, par M. À. Gaulier ........ Sur la propagation de la chaleur rayonnante dans l'air humide, par M. Magnus et M. Tyndall.. Sur une note relative à la fonction électrique de la torpille, par M. C. Mutleucci ...... Discussion de quelques points des Fe Fe léontologiques, par M. F.-J. Piclet........ Note sur un nouveau caractère observé dans le fruit des chênes et sur la meilleure division à adopter pour le genre Quercus, par M. A/ph. raid oem rer Loi reset de ho ion Sur la physique du globe, par M. À. Quetelet. . Quarante-sixième session de la Société helvétique des sciences naturelles réunie à Lucerne les 23, 24 et 25 septembre 1862............. De l'influence de la pression atmosphérique sur la durée de combustion des fusées, par M. Louis nf... à. .uhye.l. 4h nisoltel. dl Bbasicdnb dl Page 102 398 TABLE DES MATIÈRES. Page Etude sur l’espèce à l’occasion d’une révision de la famille des Cupulifères, par M. Alph. de Can- HOPPER 5 Le PRE ER 9117920 Explication de la carte géologique des parties de la Savoie, du Piémont et de la Suisse voisines du Mont-Blanc, par M. À. Favre............... 238 Observations géologiques dans les Alpes du lac de Thoune par MDI Eee 0e 289 Sur quelques propriétés du courant induit, par M P.-L. Ryhel A LA. CHR UM LE. 304 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ASTRONOMIE. Sur le satellite de l’étoile Sirius récemment découvert, et sur la variation du mouvement propre de Procyon .... 164 M. Foucault. Sur le grand télescope à miroir argenté .. 4167 Relations remarquables entre les moyens mouvements des salellites de Jupiler et de Saturne .............. .. 169 PHYSIQUE. Edw. Frankland. Sur la combustion dans l'air raréfié .... 56 Becquerel et Ed. Becquerel. Réduction électrochimique du cobalt, du nikel, de l'or, de l'argent et du platine .... 59 F.-P. Leroux. Dispersion anormale de L'iode.......... 62 G. Gore. Note préliminaire sur la production de vibrations et de sons musicaux par l'électrolyse .............. 64 Ch. du Moncel. Note sur le rôle que remplit la partie cen- trale du noyau de fer des électro-aimants, par rapport a Paco er trente 7 PONS RES 65 Baxter. Rapport entre la force nerveuse et la force élec- {rique 'URSRENUGONNS, NOIERIEBEON UT 366 Feddersen. Sur un cas particulier de division du courant dans la décharge de la batterie de Leyde. .......... 369 TABLE DES MATIÈRES CHIMIE. Fr. Briegleb et À. Geuther. Sur l'azoture du magnésium et l’affinité de l'azote pour les métaux ............. L: Pebal. Preuve directe de la décomposition du sel am- moniac en amnoniaque et acide chlorhydrique lors de sonpéssace 4 état gazeux is pitt star es hé E. Baudrimont. Sur les chloruresset les bromures de phos- Crova. Sur la formation de l’acétylure de cuivre dans les tubes de cuivre ayant servi à la conduite du gaz de l'é- etage conne soucindhicts ibn 588 ani Debray. Sur la production de l'acide tungstique et de quel- ques lungstates crislallisés …. ......:..... ...:... Malaguti. Sur le sesquioxyde de fer attirable à l'aimaut.. MINÉRALOGIE, GEOLOGIE. Hermann Kopp. Tntroduetion à la cristallographie et à la connaissance crislallographique des substances les plus PAROQUeS MR EUR RL. SRE UMR ERA ZOOLOGSIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. D' Hensen. Mecherches relatives à la physiologie des cor puscules du sang el à leur nature cellulaire. ........ Herm. Munk. Recherches sur la transmission de l'irrila- HDi US leg NÉS RNA POSE EN Ta D" Strahl. Sur une nouvelle espèce d’acanthocyelus et sur la classification des décapodes en général. ............ D Wallich Nouvelles observalions sur quelques phases de vie organique dans les grandes profondeurs de la mer . George Hodge. Observalions sur une espèce de pycnogonide, suivies d’un essai sur son développement... ....... Frédéric Chevrier. Descriplion des chrysides du bassin du NET ee ee RM LATE 2 LS SE dE Fritz Müller. Sur la prétendue symétrie bilatérale des clé- DPF An me 0 TUE 399 Fage 66 . 68 271 69 400 TABLE DES MATIÈRES. Page BOTANIQUE. . Premières plantes européennes naturalisées dans la Nou- velle-Angleterre s4 4206 0M0 EE CHIOQ 9J0NS, EAMESRAT TR 171 Charles Darwin. Sur les divers moyens par lesquels les orchidées indigènes de la Grande-Bretagne et exotiques sont fécondées par les insectes et sur les avantages du croisement dans les fécondalions ................. 173 MÉDECINE. D: C.-F. Fuchs. Les maladies épidémiques en Europe dans leurs relations avec les phénomènes du magnétisme ter- restre , avec les phénomènes atmosphériques et avec l'histoire des peuples civilisés de celle partie du monde. 381 D' A. Muhry. Revue climatographique de la terre en une collection de rapports authentiques. ............... 383 Prof. À. Corradi. Comment les affections scrofulo-tubercu- leuses son devenues plus communes de nos jours ; con- silérations historiques et médicales. . ... ........ 385 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES faites à Genève et au G and St-Bernard. Observations failes pendant le mois d'août. ..... ..... 81 Idem. pendant le mois de septembre. ...... 177 Idem. pendant le mois d'octobre. ......... 281 Idem. pendant le mois de novembre. ...... 389 TABLE DES AUTEURS ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES SUPPLEMENT A LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE. ANNÉE 1862. Tours XIII à XV (Nous. période). TRS —- À Aeby. Les fibres museulaires lisses dans l'ovaire des vertébrés, XIV, 180. Allinann (prof.). Note sur les zo0- phytes hydroides, XIV, 104. Almeida, voyez Boutan et d'Al- meida. André. De l’action de l'acide “hra- mique sur les alcalis végétaux, XIV, 288. Auwers. Variation du mouvement propre de Procyon, XV, 166. 5 Baudrimont, E. Sur les chlorures et les bromures de phosphore, NV, 271. Baxter. Rapport entre la force ner- veuse et la force électrique, XV, 366. Beau. Diseussion à l'Académie de médecine sur la fièvre puerpé- rale, XIV, 204. Becquerel et Ed. Becquerel. Réduc- tion électro-himique du cobalt, du nikel. de l'or. de l'argent et du platine, XV, 59. Beetz. W. De la couleur de l'eau, XIE Bergh (D'). Sur l'existence de fila- ments urticants chez les mol- lusques, XIIE, 348. Berthelot. Synthèse de l'acétylène par la combinaison directe du carbone avec l'hydrogène. XIV, 93. Sur la synthèse de l'acé- tylène. — Nouvelles contribu- tions à l'histoire de l’acétylène. — Sur la présence et le role de l'acétylène dans le gaz de l'éctai- rage, XIV, 286. Billroth (prof.). L'opération urano- plastique, XV 154. Boissrer, Ed. Euphorbiæ, 198. Bond, Geo*ge (praf.). Satellite de Sirius, XV. 165. Boutan et d'Almeida. Cours élé- mentaire de physique, précédé de notions de mécanique et suivi de problèmes. XIII, 256. Briegleb, Fr, et À. Geuther. Sur l'azoture du magnésium et l'af- finité de l'azote pour les mé- taux, XV, 66. Bruhns, C. Observation de l'éclipse’ totale de soleil du 18 juillet GE 402 1860 à Tar:zona, XIIT, 246. Brysvn. Al. Sur l’origine aqueuse du granit, XIII, 341. Budge (prof.). Sur la reproduction | des muscles, XIV, 173. Burkhardt (D'). Anesthésie locale pour l'arrachement des dents, XV, 1154 Cabanellas (D'i. Méthode de trai- tement de la fièvre puerpérale, XIV, 204. Cap. P.-A4. Philibert Commerson. Etude biographique, broch. 8. — Etude biographique, 1 vol. 80 270; Carter, H.-J. Sur un nématoïde | hermäphrodite infestant la mou- che commune, à Bombay, XIV, 102. Chapmann (prof.). Sur une nou- velle espèce d'agélacrinites et! les affinités naturelles de ce genre, XIII, 332. Chevrier, Frédéric. Description des chrysides du bassin du Lé-! man, XV, 279. Claparède, Edouard (D'). L'époque glacière en Scandinavie, XI, 314. — Notesur les géphyriens, XIV, 184. — Développement. d'hydroïdes marins du genre. tubulaire, XV, 150. Clos. D. Cladodes et axes aïilés, XIV, 199. Cornalia, Em. Etudes sur les vers à soie. — Sur les caractères que présente la graine saine des | vers à soie et comment on peut la distinguer de la graine ma- lade, XILT, 354. Corradi, A. (prof.). Comment les affections serofulo-tuberculeuses sont devenues plus communes de nos jours, XV, 385. Croll, James. Remarques sur l'ex- périence d'Ampère, relative à la répulsion d'un courant électri- que rectiligne sur lui-mème, XIV, 400. Crova. Sur la formation de l’acé- tylure de cuivre dans les tubes de cuivre ayant servi à la con- TABLE DES AUTEURS. | duite du gaz de l'éclairage, XV, | 278. | p PTE voyez Boutan et d’Al- meida. D'Arrest (prof.). Mouvements des | satellites de Jupiter et de Sa- | lurne, XV, 169. Darwin. Charles. Sur les deux formes ou l'état dimorphe dans les espèces du genre Primula et sur leurs rapports sexuels re- marquables, XIV, 192. — Sur les divers moyens par lesquels les Orchidées indigènes de la Grande-Bretagne et exotiques sont fécondées par les insectes et sur les avantages du croise- ment dans les fécondations, XV, 173. Gus (Dr). Sur la faculté attri- buée aux racines des plantes de rejeter, sans Îles absorber, les | matières anormales ou vénéneu- ses qui leur sont présentées, XII 4172 Debray. Sur la production de l'a- cide tn'gstique et de quelques tungstates cristallisés, XV, 374. De Candolle, Alphonse. Aualyse des travaux de M, Heer, XIV, _ 48. — Note sur un nouveau Ca- ractère observé dans le fruit des chènes et sur la meilleure division à adopter pour le genre Quercus, XV, 89. — Etude sur l'espèce à l’occasion d'une révi- sion de la famille des Cupuli- fères (l*r article), XV, 211. — —- Idem (2e article), XV, 326. — Premières plantes européennes naturalisées dans la Nouvelle- Angleterre (analyse d'un ou- vrage de J. Josselyn), XV, 171. Analyse de l'ouvrage de M. Darwin sur les Orchidées, Xe 17 Deiters, Otio Contributions à l'his- tologie des muscles striés, XIV, 173. De la Rive, Auguste. Observations sur un travail de M. Quincke, XII], 198. — Nouvelles recher- TABLE DES - ches sur les aurores boréales et australes, XIV, 121. — Fonc- tions électriques de la torpille (Analyse), XIV, 276.— Revue de la Physique du globe de M. Que- telet, XV, 102. — Note sur un atelier pour la construction d'instruments de physique éta- bli à Genève. XV, 127. — Ana- lyse d'un mémoire de M. Baxter. XV, 36. Des Cloiseaux, A. Manuel de miné- ralogie, XIV, 410. Desor. Influence des glaciers sur | - la configuration du sol dans les | Alpes, XV, 140. Du Bois-Reymond. Sur l'électro | lisation de l'iodure de potas sium et Ja polarisation par la décharge du malaptérure, XV, 379. Dufour, Louis (prof.). Recherches sur la densité de la glace, XIV, 5. — De l'influence de la pres- sion atmosphérique sur la durée de combustion des fusées, XV, 185. Du Moncel, Ch. Note sur le rôle que remplit la partie centrale du noyau de fer des électro- aimants, par rapport à l’action qu'its exercent, XV, 65. Duval, A.-J. (Dr). Analyses de di- vers travaux, XV, 108, 200, 303 ; V8 | (D | Ebrard (Dr). Nouyelle monogra- phie des sangsues médicinales, XIII, 167. Edlund, E. Recherches sur les phé- nomènes ealorifiques qui sont produits par le changement de volume des corps solides et sur leur rapport avec le travail mé- canique effectué, XIIT, 47. Escher de la Linth. Coupe géolo- “hd du Murtschenstock, XV, 38. [0 Favre, Alphonse (prof.). Note sur la présence en Savoie de la ligne 403. anticlinale de la molasse qui traverse la Suisse et une por- tion de la Bavière, XIV, 217. — Explication de la carte géolo- gique des parties de la Savoie, du Piémont et de la Suisse voi- sines du Mont-Blanc, XV, 238. — Analyse du travail de M. Milne-Home sur les anciens gla- ciers aux environs de Chamonix, XILE, 73. Feddersen (Dr). Sur un cas parti- culier de division du courant dans la décharge de la batterie de Leyde, XV, 369. Fick, A. Sur la physiologie du sens du toucher, XIII, 170. Fiebig, Otio. De l'influence de la chaleur sur la phosphorescence, XIII, 54. Fizeau, H. Recherches sur les modifications que subit la vi- tesse de la lumière dans le verre et plusieurs autres corps solides sous l'influence de la chaleur, > VIN TI Foucault. Sur le grand télescope à miroir argenté, XV, 167. Frankenheim. Sur les faces cris- tallines qui proviennent des mo- difications artificielles d’un cris- tal, XIIT, 58. Frankland (prof.). Note sur la raie bleue du spectre du lithium, XIII, 164: — Sur la combustion dans l'air raréfié, XV, 56. Friedel. Transformation des aldé- hydes et des acétones en alcool. XIV, 409. Fuchs, C.-F. (Dr). Les maladies épidémiques en Europe dans leurs relations avec les phéno- mènes du magnétisme terrestre, avec les phénomènes atmosphé- riques et avec l'histoire des peu- ples civilisés de cette partie du monde, XV. 381. AUTEURS. G Gautier, Alfred {prof ). Résumé de divers travaux récents relatifs aux comèêtes, XIII, 116. — No- tice sur l'observatoire astrono- mique cantonal récemment éla- 40% bli près de Nenehâtel, en Suisse, | TABLE DES AUTEURS. 138.— Sur les distinctions spé- XIV, 224. — Notices Sur quel- cifiques des pins suisses, XV‘ ques recherches récentes rela-! 147. tives aux nébuleuses, XV, 5. — Hensen (D'). Recherches relatives Sur le satellite de Sirius et sur | la variation du mouvement +00 du sang et à leur nature cellu- pre de Procyon, XV. 165. — | laire, XV, 72. Relations entre les moyens mou- Hirsch (D'). Sur l'equation per- xements des satellites de Jupiter! sonnelle dans les observations et de Saturne, XV. 169. | astronomiques, XV, 160. Gaultier. V. (D'). Mémoire surune His (prof.). Sur l’origine des vais- cause fréquente et peu étudiée! seaux Iymphatiques, XV, 157. de la constipation chez les en- Hitchcock, E. (prof.\. Sur la con- fants, XIV, 257.— Analyse des! version de certains conglomé- divers travaux sur la D." rats en schistes talqueux et mi- puerpérale, XIV, 204. cacés et en gneiss, par l'allon- Gegenbaur (prof.).Sur la structure | gement, l'aplatissement et le et le développement des œufs! métamorphisme des cailloux et de vertébrés à segmentation par- | du ciment, XIV, 97. tielle, XIV, 180. |Hodge, Georges. Observations sur Geikie, Archibald. Sur la chrono-| une espèce de Pyenogonide, logie des roches de Traps en| suivi s d'un essai sur son déve- Ecosse, XIV, 94. loppement, XV, 17C. Glæsener (prof.) Traité général |Hurley (prof.). Sur les relations des applications de l'électricité, | zoologiques de l’homme avec XIIT, 253. les animaux, XIII, 343. Goppeisræder (Dr). Réactil très- sensible pour les alcalis, XV, 134. | 3 Gore, G. Note préliminaire sur la production de vibrations et de sons musicaux par l’électrolyse, XV, 64. Gosse, L.-A. (Dr). Monographie de l'Erythroxylon Coca, XIV, 196. Gras. Sc. Considérations théori- K ques sur les phénomènes de la période quaternaire, XIII, 69 Gressly. Concordance géologique du Jura neuchâtelois et du Jura | argovien, XV, 143. à la physiologie des corpuseules Jaccoud, S. Des conditions patho- géniques de l’albuminurie, XIV, 200. Kaufmann (prof.). Observations sur les foraminifères des ter- rains crélacés des Alpes, XV, 129. — Sur la structure du Vitz- nau Stock, XV, 146, #f Kehrer, F Du traitement de la fièvre puerpérale, XIV, 204. Hankel, W Détermination des | Key. E. Axel. (D';. Sur le mode de forces électromotrices, XIIL,| terminaison des nerfs du goût 333. | dans la langue des grenouilles, Heer, O. (prof.). De la flore eura-|, XIV, 187. Kœlliker, Albert. (Dr). Recherches sur les nerfs du cœur, XV, 155. Kopp, Hermann. Introduction à la cristallographie et à la connais- péenne et de la configuration des continents à l'époque ter- tiaire, d'après l'ensemble des travaux de M. Heer, XIV, 48 — Considérations sur les aspects variés de la Suisse dans les di- verses époques géologiques, XV, sance cristallographique des suhstances les plus importantes, XV, 69. TABLE DES | L Lacaze-Duthiers (praf.). Histoire naturelle de la pourpre des an- ciens, XIII, 356. 340. Lamy. A. De l'existence d'un nou- veau métal, le Thallium, XIV, 405. Lang. Sur les couches jurassiques des environs de Soleure, XV, 145. Lebert (prof.). Sur les prodnetions cornées morbides, XV, 152 Leroux. F.-P. Dispersion anor- male de l'iode, XV, 62. Leuckart, Rud. ‘prof.). Sur la phase eystique du Tænia me- diocanellara, XIV, 185. Lloyd, H. Sur les courants de la terre et leur connexion avec les phénomènes de magnétisme ter- restre, XIV, 162. Logeman, voyez Van Breda et Lo- geman. Lombard, H.-C. (Dr). Une cure aux bains de Louësche en 1861, XIV, 361. — Analyse des tra- vaux de M. Mübry et de M. Fuchs, XV, 381. Lubbock, John. Sur la sphérulaire des bourdons, XIIT, 78. Lüders, J.-E. Quelques remarques sur les kystes et les zoospores des diatomacées, XIII, 165. M Lamont. J. Sur le rapport des tremblements de terre avec les perturbations magnétiques, XIII Magnus. Sur la propagation de la chaleur rayonnante dans l'air humide, XV, 20. Malaguti, Sur le sesquioxyde de fer altirable à l'aimant, XV, 315. Marcet, F. !prof.). Note sur un mémoire de M. Martins, XIV, 256. Marcet, W. Sur un nouveau moyen de pratiquer la respiration arti- ficielle, XIV,103. Recherches sur l'influence des excès alroo- liques comme cause prédispo-! AUTEURS. 405 sante des maladies, XIV, 303. Marié-Davy. Sur les conduetibili- tés électriques des dissolutions salines. — De la mesure, par la pile, des quantités spécifiques de chaleur de combinaison, des principaux métaux, XIV, 402. Marignac, C. de. Analyse du Ma- nuel de minéralogie de M. Des- cloiseaux, XIV, 410. — Analyse de l’Introduction à la Cristallo- graphie de M. Kopp, XV. 67. Martins, Charles. Du refroidisse- ment nocturne de la tranche su- perficielle du sol, comparé à celui de la couche d'air en con- tact avee la terre, XIV, 250. Matteucci. C. Sur une note relative » la fonction électrique dé la Torpille, XV, 41. Matthiessen, A. Sur un alliage pro- pre à servir de résistante galva- nique, XIIE, 55. — Sur l'in- fluence que des traces de métaux étrangers exercent sur la con- ductubilité du mercure, XIV, 399. Mérian. Sur les couches géologi- ques d'Effinger, XV. 146. Meyer, Ch. Essai de classification des hélemnites des terrains ju- rassiques, XV, 136. Meyer (H. de). Découverte d’ani- maux vertébrés munis de plu- mes dans un dépot de l’époque jurassique, XIV, 290. Milne-Home, D. Notes sur les an- ciens glaciers prises pendant une courte visite faite à Cha- mounix et dans ses environs, en septembre 1860, XIII, 72. Mæsch. Sur le Jura blanc du can- ton d’Argovie, XV, 141. Moore, Ch. Sur les zones du lias inférieur et sur la zone conte- nant J'Avicula contorta, XII, 69. Morlot, A. Une date de rhronalo- gie absolue én géologie, XIII, 308. Morren, M. Sur la conductibilité électrique des gaz plus ou moins raréfiés, XIV, 90. Mortillet. Gabriel de. Carte des auciens glaciers du versant ita- 406 lien des Alpes, XITT, 66. Mosely. H. (Rev). Sur le mouve- ment d'une plaque métallique sur un plan ineéliné, quand elle se dilate el se contracte, et sur la descente des glaciers, XIV, 160. -Mousson, Alb. Sur la grêle tombée à Lucerne le9 juin 1861,X1I11,35. Mühry, A. (Dr) Revue climatogra- phique de la terre en une collec tion de rapports authentiques, XV, 383. Müller, Albert. Sur la carte géalo- £gique du canton de Bâle, XV, 147. Müller, Fritz. Contribution à l'his- toire naturelle des æginides, XIV,101.— Sur la philomedusa Vogtii, XIV, 177. — Le système nerveux colonial des bryozoai- res, XIV, 179. — Sur la préten- due symétrie bilatérale des Cté- nophores, XV, 379. Munk, Herm. Recherches sûr la transmission de l'irritation dans les nerfs XV, 75. Murchison (sir R.J.). Sur l'im- possibilité d'appliquer la nou- velle expression de Dyas au ter- rain Permien, comme le propose M. le Dr Geinitz, XIII, 150. Ÿ Nélaton. Du traitement des tu- meurs blanches par le bandage ouaté de M. Burggraeve, XIV, 111. LE Ollier. Des sutures métalliques ; de leur utilité et de leur supé- riorité sur les sutures ordinai- res ; expériences et observations sur ce sujet, XIV, 300. Omboni, Gisv. Les anciens glaciers et le terrain erratique de Lom- bardie, XIII, 64. D, Panceri, Paolo. De la coloration de l'albumine d'un œuf de poule et des crypiogames qui crois- sent dans les œufs, XIV, 107. Pebal, L. Preuve directe de la dé- composition du sel ammoniac en TABLE DES AUTEURS | ammoniaque et acide chlorhy- drique lors de son passage à l'état gazeux, XV, 68. Pictet, F.-J. (prof.). Discussion de quelques points des métho des paléontologiques au sujet d'un rapport de M. Agassiz, XV, 45. Plantamour, Em. (prof.). Note sur : les variations périodiques de la température et de la pression atmosphérique au Grand Saint- Bernard, XII, 5. Résumé météorologique de l’année 1861 pour Genève et le Grand Saint- Bernard, XIV, 313. — Observa- tions météorologiques. XILE, 81, 177097814807 XIV TISM209; 805, 417,.XV, 81, 177, 281, 389. Plateau, J. Recherches expérimen- tales etthéoriques sur les figures d'équilibre d'une masse liquide sans pesanteur, XIV, 136. Playfair, R.-L.(cap.) Suruneérup- tion volcanique près Edd, sur la cote africaine de la mer rouge, XIL1,73. Plucker, De l'influence de l’aimant sur la décharge électrique, XELE, 89. — Sur les éclairs que l'ai- mant provoque dans la lumière diffuse de la décharge électrique à travers les gaz raréfiés, XILE, 162. Prestwich.M.-J. Notessurquelques nouvelles découvertes d’'instru- ments de silex dans le diluvinm, avec quelques directions pour en chercher ailleurs, XIE, 74. Prevost, A.-P. De la théorie ma- thématique de la musique, XIE, 281. @ Quatrefages (de). Etudes sur les maladies actuelles des vers à soie. Nouvelles recherches sur les maladies actuelles des vers à soie, XIIT, 354. (Quetelet. A. Sur la physique du globe, XV, 102. Quincke, G. Sur le transport des liquides et des corps suspendus dans les liquides par le courant électrique, XIII, 185. TABLE DES AUTEURS. LE Reinhardt, J. Sur quelques petites fosseltes dont les écailles de certains ophidiens sout ornées, XIE. 75. Rernsch (Dr). Sur les raphides dans les tissus végétaux, XV. 151. Ryke, P.-L. Sur quelques pro- priétés’du courant induit, XV, 304. Rilliet, F.(D'). De quelques com- plications de la rougeole, XIV, 33. Roscoë (prof.). Sur le speetre so- laire et sur les spectres des élé- mnts chimiques, XII, 257. Rudorff (Dr). Sur la congélation des solutions salines, XIV, 282. Rüttimann (Dr). Observation de fièvre puerpérale, XV, 154. 5 Sars, Michael. Revue des Echino- dermes de Norwége, XIIT, 265. Schneider, Anton. (D'). Sur la mé- tamorphose de l'Actinotrocha branchiata, XIV, 184. Schnetzler. J.-B. Observations sur | la température des mollusques | terrestres, XIV, 293. Schænbein. C.-F. Recherches sur les propriétés de l'oxygène et des corps simples halogènes, XIIT 60.— Notices chimiques, XIV, 164 — Réactions de l'iode. — Réactions des azotites et des azotates, XV, 135. Schultze, Franz. Eilhard. Sur le mode de terminaison des nerfs dans les canaux dits muqueux dés poissons et dans les organes homologues des amphibies mu-|! nis de branchies. XIV, 188. Sorby. Sur l'origine organique des cristalloides de la craie, XIV, 103. Soret, Louis. Revue de l'ouvrage de M. Tyndall sur les glaciers, XIIT, 198. — Analyse d'un tra- vail de M. Mosely, XIV, 160. Stoppani, Ant.(abbhé). Essai sur les conditions générales des cou- ches à Avicula contorta, sur la 407 constitution géologique et pa- léontologique spéciale de ces mêmes couches en Lombardie et sur la constitution définitive de l'étage infraliasien, XIIT, 67. Strahl (D'). Sur une nouvelle es- pèce d'acanthocyelus et sur la classification des décapodes en général, XV, 78. Striker. S. (D'). Recherches sur la première évolution des œufs de batraciens, XIV, 190. Studer, B. (prof.). Rapport sur les travaux de lo commission de la carte géolog que de la Suisse, XV, 159. — Observations géo- logiques dans les Alpes du lac de Thoune, XV, 289. 7 Tait et Wanklyn. Note sur l'élec- tricité dégagée pendant l'évapo- ration, et pendant l’efferveseence due à une action chimique, XIV, DIE Théobald (prof.). Géologie des Gri- sons, XV, 137.— Théorie de la formation des montagnes, XV, 163. Thomson, W. (prof.). Quelques considérations physiques rela- tives à l'âge possible de la cha- leur du soleil, XIFI, 249. Thury (prof.). Instruments nou- veaux construits à Genève dans l'atelier de M. Schwerd, XV, 153. Tyndall, John. Les glaciers, XITT, 199. — Sur l'absorption et le rayonnement de la chaleur par les matières gazeuses, XIIT. 260. — Sur la propagation de la chaleur rayonnante dans l'air humide, XV, 20. V Van Breda ei Logeman. Remar- ques sur l'expérience d'Ampère relativ: à la répulsion d'un cou- rant électrique rectiligne sur lui- même, XIV, 400. Vittadin. Carlo. Sur la manière de distinguer chez les vers à 408 TABLE DES soie la graine infectée de la graine malade, XII, 354. :Vogt, C. (prof). Sur l'influence que des traces de métaux étran-| gers exercent sur la conduetibi-| lité du mercure, XIV, 399. —| Voyage dans les mers polaires, XV, 123. | Volpicelli, P. (prof.). Sur la pola-) ritéélectro-statique permanente, XIV, 150. w Wagner, R. Découverte d'animaux vertébrés, munis deplumes, dans un dépot de l'époque jurassique, XIV, 290. Wallich, G -C. Remarquessur quel- ques nouvelles phases de vie or- ganique, XIV, 103. — Nouvelles observations sur quelques pha- ses de vie organique dans les grandes profondeurs de la mer, XV, 80. -Wanklyn, voyez Tait et Wanklyn. Wartmann, E. '‘prof.) Observation sur un mémoire de M. Plateau sur les figures d'équilibre d'une AUTEURS. masse liquide sans pesanteur, XIV, 147. Weissmann, Aug. Sur le mode d'union des fibres musculaires et de leur point d'attache. — Sur la croissance des musrles striés, d'après des observations faites sur les grenouilles, XIV, 143: Wiedemann (prof). Théorie des aimants, XV, 132. Wild (prof.). Photométrie, XV 130. Wittich (von). Sur l'histologie des museles striés, XIV, 173. Wolf. Rud. (prof.). Rapport de la commission pour la nouvelle mensuration du méridien ter- restre, XV, 127. Wood. B. Sur un nouvel alliage facilement fusible, XIIF, 55. Wright, Strethill. Sur la reproduc- tion hermapbrodite de la chry- saora hyoscella, XIV, 106. — Observationssurles protozoaires et les zoophytes de la Grande- Bretagne, XIV, 175. — Sur les éléments reprodurteurs des rhi- zopodss, XIV, 186. Wurtz. Transformation de l'aldé- hyde en alcool, XIV, 285. um ls x http | il 185 00274 3308 | [ll York Botanical Garden Il CÆ ORAN CA > eu" “M, } Ur Si Fa Re vtr. "a ! ND / gi Li Fe s ‘4 # n°? 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