D —— (7 SALUTE_ w ; FE, PS ne VE ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES 142 DUPLICAMA DE LA BIBLIOTHEQUE DU CONSER VA CT BOTANIQUE DE GENEVE VENDU EN 1922 GENÈVE. — IMPRIMERIE DE JULES-GUILLAUME FICK. BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ET REVUE SUISSE ARCHIVES DES SULENCES PHVSIQUES ET NATURELLES ———— NOUVELLE PÉRIODE TOME VINGT-DEUXIÈME RUE LIBRARY REW YORK St à LP LE ET BOT À NiC AL >) GARDEN GENÈVE BUREAU DE LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE &, rue de l'Iôtel-de-Ville LAUSANNE : NEUCHATEL DELAFONTAINE & ROUGE DELACHAUX & SANDOZ 1865 DUPLICATA DE LA BIBLIOTHÉQUE DU CONSER VA" ‘= 2 ECTATIQGE DE GENCVE VENDU EI 1922 2 He : mt es wv EE. 4 G HET dé Mt Li. e ; sd , À: , : | APT > | N ' ; . | 54 | RE HaBVie AUNERS 0 ne Sie Re ei A ARCS Ne: NÉE LPO AU SEOT usa CARS CEE AAN A de ai | entame au vaut PRET TA BAG stat). Al ER : sanagir “oi - +”. AUG 7 - 1923 LISRARY NEW YÜRE BCTANC4L GAREIEN SUR LA DENSITÉ ANOMALE DE LA VAPEUR DU SEL AMMONIAC PAR M. KARL THAN. CONSIDÉRATIONS THÉORIQUES A L'OCCASION DE CE MÉMOIRE. ! Parmi les questions de chimie théorique qui ont sou- levé dans ces dernières années de fréquentes discussions, l’une des plus intéressantes est celle qui est relative au volume qu'occupent à l’état de gaz les molécules des COrpS COMpPOSÉS. Longtemps on n’a connu d'autre loi sur ce sujet que celle de Gay-Lussac, d’après laquelle il existe toujours un rapport simple entre ce volume et celui des éléments qui entrent dans le composé. MM. Laurent et Gerhardt énoncérent les premiers une loi infiniment plus simple et plus précise, en disant que les molécules de tous les corps composés occupent le même volume. Si l’on prend pour unitéle volume occupé par un atome simple, d’oxy- gène où d'hydrogène par exemple, la molécule d’un corps composé quelconque occupera quatre volumes, si lon fait usage des anciennes formules qui sont encore usitées dans la plupart des traités élémentaires de chimie, ou deux volumes si l’on adopte le système de formules que proposait alors Gerhardt et qui est suivi maintenant par . un grand nombre de chimistes. ! Cet article était déjà sous presse, lorsque M. H. Deville a publié un nouveau travail sur ce sujet (C. rend. de l’Ac. des Sc. 26 déc. 1864); nous en rendrons compte prochainement. (Réd.) 6 SUR LA DENSITÉ ANOMALE A l’époque où ces savants exposèrent cette théorie, elle a pu paraître bien hasardée, car elle semblait bien loin d’être vérifiée pour un trés-grand nombre de com- posés. Mais elle a fait peu-à-peu son chemin, et les nom- breux travaux qu’elle a suscités, soit de la part de MM. Laurent et Gerhardt, soit de la part de leurs suc- cesseurs, ont fait disparaître la plus grande partie des exceptions qui semblaient alors trop nombreuses pour permettre l’adoption de ce principe, en même temps qu'ils ont apporté d'importantes modifications dans les théories relatives à la constitution d’un grand nombre de com- posés chimiques. [l y a cependant un certain nombre de corps, bien pe- tit, il est vrai, en comparaison du nombre immense de ceux qui obéissent à cette loi, qui y, échappent absolu- ment, et parmi eux des corps tels que le chlorhydrate d’'ammoniaque et plusieurs autres sels ammoniacaux, l'acide sulfurique hydraté, le perchlorure de phosphore, etc., dont la constitution chimique ne peut être mise en doute. M. H. Kopp a le premier fait remarquer que tous les composés, qui offrent cette anomalie, présentent un caractère commun, savoir que le volume occupé par leur vapeur ést précisément égal à la somme des volumes des éléments qui les composent, en sorte que lanomalie serait explicable pour tous si l’on suppose que ces corps sont décomposés à la température assez élevée à laquelle on détermine la densité de leur vapeur. Cette hypothèse, admise avec empressement par les chimistes partisans des idées de Laurent et Gerhardt, a trouvé un appui im- portant dans les belles expériences de M. . Deville sur la décomposition par la chaleur de Peau et d’autres corps considérés comme des plus stables, et sur ce genre par- DE LA VAPEUR DU SEL AMMONIAC. 7 ticulier de décomposition pour lequel il a créé le terme de dissociation, dans lequel les éléments d’un composé se séparent sous l'influence d’une température élevée, mais rentrent en combinaison aussitôt que la tempéra- ture s’abaisse au-dessous d’une certaine limite. Le rétablissement, par suite du refroidissement, du composé dissocié par une forte chaleur, rend très-diffi- cile la preuve expérimentale de ces décompositions. Ce- pendant MM. Pebal, Wanklyn et Robinson paraissent avoir bien établi, en utilisant les phénomènes de diffu- sion , la réalité de la décomposition du sel ammoniac, du perchlorure de phosphore et de l’acide sulfurique hydraié, aux températures nécessaires pour volatiliser ces Corps. Bien que M. H. Deville ait fourni, par ses expériences sur la décomposition de l’eau , un argament précieux à la nouvelle théorie, 1l ne l’a point cependant adoptée. I a même cherché à démontrer par.l’expérience que le sel ammoniac n’est point décomposé aux températures aux- quelles on détermine sa densité de vapeur. Il se fonde principalement sur l’observation des deux faits suivants. Ayant fait arriver deux courants, l’un de gaz ammo- niac, l’autre d’acide chlorhydrique, dans un ballon main- tenu dans un bain de vapeur de mercure à une tempéra- ture constante de 350°, il a vu un thermomètre, placé au point où se rencontraient les deux gaz, monter à 394°,5. Un tel dégagement de chaleur ne pouvant provenir que de la combinaison des deux gaz, il en conelut qu'ils peu- vent réellement se combiner à 350°, et que, par consé- quent, le sel ammoniac ne peut être décomposé, ni à cette température, ni même à celle de 394° ; or c’est à la température de 350°, que sa densité de vapeur a été déterminée. 8 SUR LA DENSITÉ ANOMALE De plus MM. Deville et Trost ont constaté que, à la tem- pérature rouge à laquelle le gaz ammoniac est en grande partie décomposé en ses deux éléments, l’azote et l’hy- drogène, le sel ammoniac n’éprouve point cette décom- position, ce qui prouve suivant eux que ce sel existe réel- lement à l’état de vapeur à cette température et n’est point décomposé en un mélange d’acide chlorhydrique et de gaz ammoniac. Quelque ingénieuses que soient ces expériences, et quelque confiance que puisse inspirer l’habileté bien connue de leur auteur, les conclusions qu’il en a tirées ne sont pas à l'abri de toute objection et le mémoire que vient de publier M. Karl Than ! semble démontrer, en ef- fet, que ces conclusions ne sont pas fondées. Ce chimiste, en effet, a repris la première expérience de M. Deville dans des conditions un peu différentes. On pouvait objecter, en effet, au mode opératoire adopté par le savant français que les deux gaz, amenés à l’état de courant continu dans le ballon chauffé à 350°, s’y ren- contraient avant que d’avoir atteint la température de l'enceinte, et que la combinaison qu’ils contractent dans ces conditions ne prouvait pas qu’elle se serait encore effectuée s'ils avaient été préalablement portés à cette température. L’acide chlorhydrique, enfermé dans un tube de verre à minces parois, a été introduit dans un tube plus large contenant le gaz ammoniac; le tout était placé sur une espèce de cuve à mercure de manière à pouvoir déterminer la pression et le volume des gaz. L'appareil tout entier a été chauffé à une température constante d'environ 350°. La température étant devenue stationnaire, un choc brusque a déterminé la rupture du tube intérieur et le mélange subit des deux gaz. Le ni- ! Annalen der Chemie und Pharmacie, t. CXXX, p. 126. DE LA VAPEUR DU SEL AMMONIAC. 9 veau du mercure n’a éprouvé par là aucun changement, ce qui prouve qu'il ny à dans ce cas aucun dégagement de chaleur. Or, si dans l’expérience de M. Deville, les deux gaz se rencontrant à une température inférieure à 390 * ont donné lieu à un dégagement de chaleur sus- ceplible de porter le thermomètre à 394°,5, à plus forte raison aurait-on observé une élévation très-notable de température par le mélange de ces gaz préalablement chauffés à 350°, s'ils avaient pu, à cette température, contracter une combinaison. II paraît done bien établi par ces expériences que l'acide chlorhydrique et lammonia- que susceptibles de se combiner au-dessous de 350° avec dégagement de chaleur, ne peuvent plus le faire à ce degré de chaleur, et que le sel ammoniàc ne peut plus exister à cette température. D'un autre côté, M. Than ayant fait passer compara- tivement, dans trois tubes chauffés au même degré, du gaz ammoniac pur et sec, et ce même gaz mélangé soit avec de la vapeur d’eau, soit avec de la vapeur de mer- cure, a constaté que la présence de ces vapeurs, qui ce- pendant ne peuvent être considérées comme combinées avec le gaz ammoniae, réduit dans une énorme propor- tion (à !/4, pour la vapeur d’eau, et !/,, pour celle de mercure) la quantité du gaz ammoniac décomposé. Ainsi le mélange du gaz ammoniac avec un gaz inerte aug- mente considérablement sa stabilité. Par conséquent, la résistance qu’oppose le sel ammoniac à la décomposition par la chaleur ne prouve nullement l'existence d’une combinaison chimique entre l’ammoniaque et lacide chlorhydrique à une chaleur rouge. L'auteur conclut donc de ses recherches que les ex- périences de M. Deville n’établissent pas, comme lavait 10 SUR LA DENSITÉ ANOMALE cru ce savant, l’absence de décomposition du sel am- moniac à une température élevée, et que les expériences de diffusion de MM. Pebal, Wanklyn et Robinson con- servent toute leur valeur et démontrent la réalité de cette décomposition. Les faits intéressants que nous venons de résumer sugsèrent quelques réflexions générales. On comprend difficilement au premier abord que la combinaison de l’ammoniaque et du gaz acide chlorby- drique, pris à une température inférieure à 350°, puisse donner lieu à un dégagement de chaleur susceptible de porter la température à 394°, c’est-à-dire à un degré bien supérieur à celui qui détermine la décomposition du chlorhydrate d’ammoniaque. Cependant on doit remar- quer que ce n’est point là un fait nouveau, mais une exacte répétition, sur d’autres corps, du fait analogue si bien établi par les belles expériences de M. H. Deville relativement à la décomposition de leau-par la chaleur. Ce savant à démontré, en effet, que l’eau est décom- posée à la température de fusion du platine; or il obtient cette fusion au moyen du chalumeau à gaz, c’est-à-dire au moyen de la chaleur dégagée par la combinaison de l'oxygène et de l'hydrogène. Il est probable qu'il y à là un phénomène général, et que, dans nn grand nombre decas au moins, si ce n’est toujours, la combinaison de deux corps peut donner naissance à une température su- périeure à celle qui est nécessaire pour déterminer leur séparation lorsqu'ils sont combinés. La contradiction apparente que semblent offrir ces deux résultats opposés peut être expliquée par le même raisonnement que celui qu’on emploie pour expliquer les deux faits, non moins contradictoires en apparence, de DE LA VAPEUR DU SEL AMMONIAC. 11 la réduction de Poxyde de fer par l’hydrogène et de la décomposition de l’eau par le fer métallique à la même température. Il suffit d’admettre qu’il se détermine un état d'équilibre, variable avec la température et avec les proportions des corps mis en présence, entre les forces qui tendent à déterminer la combinaison des éléments et celles qui tendent à en opérer la séparation. Ainsi le phénomène dela décomposition de l’eau par la chaleur présenterait deux limites extrêmes de tempé- rature, une limite inférieure à laquelle commencerait à se manifester l'influence de la chaleur par la séparation d’une très-faible partie des éléments de l’eau, et une li- mite supérieure à partir de laquelle , l'influence de cet agent annuülant entièrement celle de l’affinité, la décom- position serait totale. Entre ces deux limites, à chaque température correspondrail un état d'équilibre déterminé, réglant les proportions relatives des deux éléments libres et de la vapeur d’eau. D'ailleurs je dois reconnaître que cette explication n’est que le développement, sous une forme un peu différente, de celle qui a été donnée par M. H. Deville, lorsqu'il a assimilé la décomposition totale de Peau par la chaleur à Pébullition d’un liquide, et sa dissociation à des tem- pératures moins élevées à l’évaporation de ce liquide dans un courant gazeux. Lorsque deux éléments, tels que l’oxygène et l’hydro- gène, se combinent, la chaleur dégagée peut provenir de causes variées, par exemple d’une condensation subie par les éléments, d’une diminution dans la chaleur spé- cifique du produit de la combinaison, et surtout de la mise en liberté de tout-ou partie du calorique que possèdent, à l’état latent, les corps simples à l’état de 19 SUR LA DENSITÉ ANOMALE liberté. Mais quelles que soient ces causes, il est clair que celte chaleur est précisément celle qu’il faudra restituer à ces éléments lorsqu'on voudra détruire la combinaison et les remettre en liberté. Ainsi, théori- quement, l’eau provenant de la combinaison complète d’une certaine quantité d'oxygène et d'hydrogène, de- vrait, si l'on pouvait supprimer toutes les causes de déperdition de chaleur, atteindre une température telle qu’elle posséderait alors tout le calorique dégagé par la combinaison, ou réciproquement tout celui qui serait né- cessaire pour sa décomposition complète; c’est-à-dire qu’elle atteindrait cette limite supérieure à laquelle a : lieu la décomposition totale. Il suffit d’énoncer cette conséquence pour comprendre que dans l'hypothèse où nous venons de nous placer, de l’absence de toute dé- perdition de chaleur, la combinaison entre les deux élé- ments ne serait pas complète, mais seulement partielle, et qu’elle porterait la masse totale à une température in- termédiaire entre les deux limites extrêmes, et corres- pondant au partage qui se serait opéré entre les gaz libres et la vapeur d’eau. Il n’y a donc rien de surpre- nant à ce que celte température sait suffisante pour pro- duire une décomposition partielle de Peau. Il est vrai que l’on ne peut réaliser dans la pratique les conditions que je viens de supposer et que l’on pourrait craindre que les causes de déperdition de chaleur qu’on ne peut éviter n’entrainassent un abaissement de température au- dessous de la limite inférieure à laquelle la décomposi- tion peut commencer. Mais cette objection ne me parait pas fondée , parce que l'influence de ces pertes de cha- leur aura pour effet de permettre une combinaison plus complète et le plus souvent totale des deux éléments DE LA VAPEUR DU SEL AMMONIAC. 15 mis en présence, et par suite un dégagement de chaleur qui Compensera presque entièrement ces pertes. ! Quoi qu'il en soit de la valeurde ces idées théoriques, la connaissance que nous avons actuellement des phé- nomènes calorifiques qui accompagnent les combinaisons et les décompositions chimiques modifie d’une manière très-importante la manière dont nous devons concevoir la combustion. Jusqu’ici, en effet, en se fondant sur l'observation des phénomènes de combustion dont nous sommes Journel- lement témoins, on a dû les considérer comme se pas- Sant toujours avec nne extrême rapidité, quelle que fût l’énormité des masses qui devaient entrer en combinai- son, Car NOUS voyons une maison, une ville même en- tière brûler en moins de temps quelquefois qu’il n’en faudrait pour consamer dans nn foyer nne seule des pièces de bois qui entrent dans leur construction. Mais * L'idée d'expliquer la densité de vapeur du sel ammoniac par la dissociation de ce corps a soulevé une objection, que je dois d'autant moins passer sous silence qu'elle se fonde précisément sur la théorie que je viens d'exposer. On a remarqué que, à la température de 550, inférieure à celle qui peut résulter de la combinaison de ses éléments, sa décomposition ne devrait pas être complète et, par conséquent, la densité déterminée à cette tempé- rature devrait êlre intermédiaire entre la densité théorique du sel ammoniac el celle de ses éléments simplement mélangés. Cette objection ne serait fondée que s’il était établi que le sel ammoniac peut se volaliliser, fait qui paraît fort douteux, M. Than ayant essayé de répéler l'expérience que nous avons rapportée au com- mencement de cette notice, en ne portant les gaz qu'à une tempé- ralure voisine de 540, a vu se former un dépôt de sel ammoniac sur les parois des tubes dès que le mélange des gaz a élé opéré. Il est donc bien permis de supposer qu’à 350 il se décompose sans s'être préalablement volatilisé. Il serait intéressant de répéter ces expériences sous de plus fortes pressions. C. M. 44 SUR LA DENSITÉ ANOMALE, ETC. nous savons maintenant qu'une condition est nécessaire pour que le phénomène puisse s’accomplir avec une telle rapidité ; il faut que l’excès de chaleur dont il détermine le dégagement puisse se dissiper avec une égale promp- ütude en se communiquant soit à l’atmosphère, soit aux corps environnants. Si une masse d'oxygène et d'hydro- gène pouvait être enfermée dans une enceinte dépour- vue de toute faculté absorbante, sa combustion s’arrête- rait aussitôt que la température aurait atteint une cer- taine limite, prête à recommencer ensuite et à s’accomplir avec autant de lenteur qu'on le voudrait, si l’on avait le moyen de soutirer à volonté la chaleur de cette masse. Ne se trouverait-on pas à peu près dans ces conditions, si l’on supposait une masse énorme composée de corps susceptibles de se combiner, et entièrement isolée dans l’espace de manière à ne pouvoir perdre aucune chaleur par conductibilité, mais seulement par la voie lente du rayonnement? Si le soleil, par exemple, doit son état d'incandescence à la combinaison chimique des éléments qui le composent, il me semble infiniment probable que cette combinaison a dû se manifester au premier mo- ment par une Conflagration presque instantanée, mais partielle de ces éléments, à laquelle a dû succéder une période infiniment longue de combinaison lente, ne s’ef- fectuant qu’en proportion de la perte de calorique pro- duite par le rayonnement, et maintenant une tempéra- ture stationnaire pendant toute cette période. Je laisse aux savants qui se sont spécialement occupés de l’étude de la constitution de cet astre, à dire si nous pouvons nous considérer comme étant encore dans cette période ou si nous avons atteint celle qui doit lui succéder, celle du refroidissement. C. MARIGNAC. SUR UNE NOUVELLE PHASE DE LA THÉORIE CELLULAIRE ET SUR LE ROLE QUE JOUE LE PROTOPLASMA M. J.-B. SCHNETZLER. Les travaux de Schleiden (1838) et de Schwann (1839), sur la nature et la formation de la cellule comme élé- ment morphologique chez la plante et chez l’animal, comptent sans contredit parmi ceux qui ont eu la-plus grande influence sur la physiologie, l'anatomie et même la pathologie modernes. Et cependant, si, après tous les beaux travaux qui ont suivi ceux qui ont ouvert la car- rière, nous nous demandons : Qu’est-ce que cette cel- lule, qui est le commencement de toute vie, qui, en se métamorphosant de mille manières, relie non-seulement entre elles toutes les espèces végétales, mais encore établit “un pont conduisant au rêgne animal et à travers toutes ses phalanges jusqu’à l’homme? Nous éprouvons une certaine difficulté en cherchant une réponse catégorique à cette question. Dans la dernière édition de son ouvrage fondamen- tal:, Schleiden définit la cellule végétale comme suit : € Organe élémentaire qui, à l’état parfaitement dévelop- 1 Grundzüge der wissenschaftlichen Botanik. 1861. 46 SUR UNE NOUVELLE PHASE pé, se compose d’une enveloppe formée de cellulose et doublée à l’intérieur d’une matière azotée à demi-li- quide (halbflüssig). Cette matière semi-fluide, qui revêt intérieurement l'enveloppe non azotée de la cellule, est l’utricule primordiale (Primordialschlauch) que Hugo v. Mohl distingua en 1844 (Botanische Zeitung). D’après lui, cette utricule azotée fait partie de chaque cellule capable de vie (lebenskræftig), et elle existe avant l’enveloppe composée de cellulose. Déjà en 1839 Hugo v. Mohl avait observé cette utricule primordiale (Linnæa). Le noyau de la cellule fut d’abord mis en évidence dans un grand nombre de cellules par R. Brown sous le nom de nucleus of cell". Ce noyau est formé lui-même de granulations bien délimitées et isolées, appelées nucléoles. Dans la formation de la cellule, le nucléole devait précéder le nucléus comme celui-ci précède l'enveloppe de la cel- lule. Cependant bien des observateurs ont nié cette im- portance du cytobiaste (nucléus) et du nucléole. Reichert, entre autres, montre que le nucléole n’apparaît dans Île noyau qu'après la formation de ce dernier ?. Vogtet Bergmann ont fait voir que des cellules naissent par segmentation du vitellus ou d’autres cellules et qu’il peut y avoir préexistence de la cellule par rapport au cytoblaste on naissance simultanée de la cellule et du noyau. Quel que soit, du reste, le rôle qu'on attribue au cytoblaste, la plupart des physiologistes et anatomistes regardent comme parties essentielles de toute cellule vivante une enveloppe solide et un contenu liquide. La 1 Observations on the organs &e. London 1833. 2 Das Entwicklungsleben im Wirbelthierreich. 14840. 3 Journal de l’Académie. Naissance de la substance organisée par Ch. Robin. DE LA THÉORIE CELLULAIRE. 47 jeune cellule végétale est d’abord uniformément remplie d'une matière semi-fluide, à laquelle Hugo v. Mobl a donné le nom de Protoplasma. Plus tard il se forme dans ce protoplasma des cavités remplies d’un suc aqueux; par la confluence de ces cavités, le protoplasma se con- dense en une couche qui tapisse intérieurement la paroi cellulaire et qui traverse l’intérieur de la cellule sous forme de filaments. Dans un travail publié en 1861 ‘, M. Schultze tâche de démontrer le rôle important que joue soit dans la formation de la cellule, soit dans celle des üissus animaux, le contenu liquide de la cellule animale correspondant au protoplasma de Hugo v. Mohl. Quoi- que l’auteur attribue le principal rôle au protoplasma de la cellule, il ne nie point la nécessité d’une membrane enveloppante dès qu'il s’agit de la formation de tissus. Cependant, d’après lui, la cellule comme telle, la cellule qui n'a pas encore sacrifié sa vie individuelle peut se passer de cette membrne disunete; les tremelles parmi les végétaux et les protozoaires parmi les animaux nous présentent des exemples de corps organisés composés entièrement de protoplasma. L'apparition de la mem- brane enveloppante marquerait done une phase dans la vie de la cellule où celle-ci aurait atteint son point cul- minant d'existence et de travail individuels. Cependant il nous semble impossible d'admettre que l'apparition de la membrane enveloppante distincte du protoplasma soit le signe d’une marche rétrograde. Nous y voyons plutôtle commencement d'une phase plus parfaite où la matière pour ainsi dire amorphe se coordonne sous une forme qui correspond à un type donné. L’énoncé des idées de 1 Archiv für Anatomie und Physiologie, herausgegeben von Reichert et DuBois-Reymond. ARCHIVES, T. XXII. — Janvier 1865. 2 18 SUR UNE NOUVELLE PHASE M. Schullze à naturellement amené une polémique sur les parties conslituantes essentielles de la cellule. Cette polémique est résumée et continuée dans un travail pu- blié par M. Schultze sous le titre de : Das Proloplasma der Rhizopoden und der Pjlanzenzellen, 1863. Nous re- viendrons sur les principaux faits énoncés dans cet im- portant travail. Schultze et avec lui Brücke' nient une membrane qui diffère chimiquement du protoplasme à la surface des cellules de segmentation (Furchungszellen), des cel- lules des [ydres, des Amœba et des Myxomycètes. Rei- chert s'oppose formellement à cette opinion ?. Cepen- dant cette opposition perd un peu de sa force lorsqu'on considère que Schullze admet l'existence d’une couche corticale (Rindenschicht}) qui se forme à la surface du protoplasma* de la cellule (Ueber Muskelkôrperchen, p. 15) ; seulement cette couche enveloppante ne diffère pas chimiquement du protoplasma. Les travaux de Pringsheim sur la cellule végétale 4, auxquels Schultze fait appel, nous semblent un terrain 1 Sitzungsbericht der Akademie der Wissenschaften zu Wien. Bd. 44, p. 581. 1861. 2 Die neueri Relormen der Zellenlehre. Archiv für Anatomie,etc. 1865, p. 86. 3 Celle distinction n’est point une subtilité inventée dans l'in- térét de la cause comme on pourrait facilement le croire. Elle est exigée par les faits. Elle a déjà été faite par M. Hugo v. Mohl à une époque bien antérieure à ce débat. Ce hotamiste donnait, au lieu du nom de membrane, celui de pellicule aux couches corticales qui ne sont point nellement délimitées du côlé interne, mais passent graduellemeut à la substance voisine. Ce nom n’était peut-être pas très-bien choisi. (Réd.) 4 Untersuchungen über den Bau und die Bildung der Pflanzen- zelle. Berlin 1854. DE LA THÉORIE CELLULAIRE. 49. neutre où les adversaires pourraient se rencontrer. Pringsheim distingue dans la cellule un contenu liquide ( Intercellularflüssigkeit de Brücke), entouré et tra- versé par le protoplasma qui renferme des granu- Jations et le nucléus. Il distingue dans le protoplasma une couche hyaline extérieure et une couche intérieure ren- fermant des granulations. La couche extérieure ( Haut- schicht) subit une condensation successive et devient peu à peu une membrane qui diffère chimiquement du pro- toplagma ; c'est-à-dire qu'ilse forme à la surface du p’oto- plasma une membrane composée de cellulose. La couche extérieure, avant la formation de la couche de cellulose, correscond à l'utricule primordiale de Hugo v. Mohl. Cette couche hyaline s’observe dans les cellules animales surtout pendant le développement de embryon ; elle recouvre chez les amoeba une couche de protoplasma riche en granulations; elle s’observe dans les globules sanguins incolores, dans les corpuscules de la salive, dans les cellules du cartilage. IT serait intéressant d’ob- server la formation de la cellulose dans le manteau des Tuniciers', et d'établir le rapport qu’elle présente avec les métamorphoses que subissent les cellules, Un auteur anglais? complétement en dehors de la théorie cellulaire émet des idées qui coincident assez bien avec celles de Schultze. . « Je crois que les corpuscules incolores et les nucléus 1 Voir sur ce sujet : Hermann Schacht, dans Müller’s Archiv, 4851, p. 176. — Huxley, dans le Quart. Journ. of micr. Science, Oct. 1852, p. 22. — FR. Leuckart, Zoolog. Untersuchungen, W, 4854, p. 11-14. — Schlosshberger, Thierchemie, 1, 1856, p. 291. é 2 Prof. Beale, on blood corpuscules. Intellectual Observer, fe- bruary 1864, p. 65. 20 SUR UNE NOUVELLE PHASE incolores des globules du sang se composent de matière vivante (in a tiving state), parce qu'il existe des raisons pour conclure que les globules colorés sans noyau ont cessé de manifester des propriétés vitales. » Beale appelle cell-wall l'enveloppe qui se forme au- tour des globules rouges ; cette sorte de barrière ré- sulte pour lui d’un changement survenu dans la ma- tière vivante des corpuscules incolores. Le nucléus des globules rouges représente pour lui une phase de Ja métamorphose des globules incolores en vieux gfobules colorés (old red blood corpuscules) dans lesquels la matière a perdu ses propriétés vitales. Je regrette de ne pas avoir sous la main le travail original du professeur Beale dans lequel il appuie pro- bablement sur des preuves plus solides les assertions ci-dessus mentionnées ; mais il me semble qu’elies ren- ferment l’idée fondamentale de Schultze ‘. ! Le travail de M. Beale, contenu dans le Quarterly Journal of microscopical Science, auquel M. Schnetzler fait ici allusion, ne renferme qu'une bien faible partie des recherches par lesquelles M. Beale a tenté de révolutionner Phistiologie. Les plus im- porlantes ont paru sous le litre de Lectures on the structure and growth of the lissues of the human body dans les Archives of Medicine de 1862 et ont été réunies en un volume publié par M. Engelmann : Die Structur der einfachen Gewebe des mensch- lichen Kærpers, ete., von Lionel Beale, übersetzt und mit Zusætzen des Verfassers herausgegeben von V. Carus. Leipzig 1862. Les travaux de M. Beale renferment, en effet, l’idée fonda- mentale de M. Schultze. L'auteur dénie à la membrane de la cellule toute importance ou plutôt il en ignore presque l’exis- tence. Il distingue dans tous les tissus un élément actif auquel il donne le nom de substance germinative ( germinal matter) et un élément passif qu’il désigne sous celui de substance formée {formed matler). Le second élément est toujours le résultat d’une DE LA THÉORIE CELLULAIRE. 91 Et certes on ne peut pas nier que Île travail le plus exubérant se passe dans le protoplasma qui, d'aprés l’ex- pression de l’auteur anglais, n’est pas encore entouré de son cell-wall. Plus tard la cellule coordonne son acti- vité au travail de l’ensemble, elle change d’aspect et de composition ; elle s’entoure d’une enveloppe de plus en plus solide, et en entrant comme pierre dans l'édifice commun, ellese métamorphose souvent de telle manière que sa forme primitive devient méconnaissable. Cepen- dant on aurail tort en voulant prétendre que la cellule entourée d’une membrane (de protoplasma épaissi ou même de cellulose), n’est plus le siége d’un travail chi- mique et physique nécessaire à Ja vie. Personne ne niera l'enveloppe formée de cellulose dans des parties de plantes qui montrent tous les caractères d’une vie très-active. La membrane nous paraît au contraire néces- métamorphose du premier devenu inactif. Il résulie des travaux de l’auteur que la substance germinative comprend le protoplas- ma el le nucléus, tandis que la substance formée correspond à la membrane des cellules et à la substance intercellulaire. — Quelque ingénieuse que soil exposition de M. Beale, il est certain qu’elle a l'inconvénient de prétendre à une révolution par trop fon- damentale de l'histiologie. L'auteur a le grand tort de confondre le nucléus avec le protoplasma, el, en méconnaissant l'importance morphologique du nucléus, il a été conduit à méconnailre aussi l'existence de cet élément histiologique incontestable : la cellule, sur la nature duquel on peut bien discuter, mais dont l'existence même ne saurail êlre mise en question. — Cette lacune immense dans les travaux de M. Beale explique suffisamment pourquoi les conclusions de l’auteur ne sauraient être admises par la plus grande partie de ceux qui souscrivent à la plupart de ses pré- misses. M. Schulize restera aux yeux de chacun le véritable ré- novateur de l’histiologie, parce qu’il a su révolutionner sans sor- tir de la théorie cellulaire (Réd.). 29 SUR UNE NOUVELLE PHASE saire, non pour marquer un commencement de décrépi- tude de la cellule, mais pour limiter son travail exubé- rant, individuel, et pour la faire rentrer comme partie constituante d'une forme typique dans laquelle toutes les forces doivent s’équilibrer. 1l Nous avons vu que Schultze ne regarde pas comme partie nécessaire de la cellule vivante une membrane en- veloppante chimiquement distinete du protoplasma. Il appuie son opinion sur l’absence d’une telle membrane dans les prolongements filiformes des Rhizopodes; ces prolongements, connus sous le nom de pseudopodes, se composent, d’après Schultze, de protoplasma sans mem- brane enveloppante distincte ; mais il va plus loin, il tend à établir d’autres analogies entre le protoplasma de ces pseudopodes et celui des cellules végétales. La matière qui compose Îles pseudopodes exécute un mouvement qui est rendu sensible par le déplacement des granula- tions qu’elle renferme. La confluence de deux filaments en contact, l’incorporation dans leur substance de petites granulations de carmin et d’indigo qu'ils rencontrent parlent bien en faveur de labsence d’une membrane li- mitante distincte de la matière fluante. Ce mouvement des granulations dans les pseudopodes d’Actinophrys ÆEïichhornii a été observé pour la première fois par Clapa- rède ‘. Dans la substance de ces pseudopodes on distin- gue une couche corticale riche en granulations et une couche hyaline centrale; c’est la première, plus fluide, qui se fond souvent avec la couche corticale d’un pseu- 1 Bericht über die Verhandlungen der Akademie der Wiss. in Berlin, p. 674, 1855. DE LA THÉORIE CELLULAIRE. 93 dopode avec lequel elle se trouve en contact. On a désigné jusqu’à présent, sous le nom de sarcode la substance organique qui compose en grande parlie les organismes inférieurs dont nous parlons ; mais dès que nous admet- tons qu’une certaine portion de protoplasma, avec son nucléus, puisse jouer le rôle d’une cellule, sans possé- der une enveloppe distincte, le nom de sarcode doit dis- paraître et toute une division du régne animal rentre sous la loi générale qui préside à la vie de la cellule. Lorsqu'on poursuit l’axe hyalin des pseudopodes d’Acti- nophrys Eichhornii jusqu’à la substance centrale, opaque du corps (Marksubstanz), on voit dans la couche exté- rieure de cette substance médullaire des corpuscules sem- blables à des cellules, de forme sphérique, à enveloppe mince, à contenu albumineux coagulable et avec des nu- cléoles homogènes au nombre de 2 à 8 ; ces corpuscules n'ont point de communication avec les pseudopodes, l'axe hyalin de ces derniers se prolonge jusqu’aux parois 4 de petits alvéoles qui se trouvent à la surface de la substance médullaire opaque du corps ; la couche corti- cale granuleuse des pseudopodes est la continuation de la couche corticale du corps. Lorsqu'on examine sous le microscope les poils des étamines de Tradescantia, ceux des pétales de Viola, des feuilles de Cucurbita et d'Urtica, des racines d’Hydro- charis et des feuilles de Vallisneria spiralls, etc., on aper- çoit un mouvement très-distinct dans un liquide qui dif- fère du contenu aqueux de la cellule. Ce liquide se meut le long des parois en formant de véritables courants, fa- ciles à constater, grâce aux granulations d’amidon et de chlorophylle qu’il renferme. Déjà en 1772, Bonaventura Corti avait découvert le mouvement du contenu des cel- 94 SUR UNE NOUVELLE PHASE Jules de Chara et de Caulinia fragilis(Schleiden, Grund- zuge). En examinant attentivement, à l’aide d’un fort grossis- sement, le Lissu cellulaire d’une plante quelconque, on trouve dans la plupart des cellules vivantes un ensemble de pelits courants qui partent du nucleus ; ces courants sont formés par le protoplasma de la cellule, renfermant de petites granulations opaques, à contour trés-net; ils longent la paroi de la cellule, en traversent souvent l’in- térieur, formant des anastomoses et restant parfaitement isolés du contenu aqueux de la cellule; ces courants du protoplasma retournent finalement à leur point de départ, c’est-à-dire au nuciéus ; cependant le mouvement ne part pas toujours nécessairement de ce point. C’est dans cette même catégorie de mouvements qw’il faut ranger les phénomènes qu’on observe dans les dif- férentes espèces de Clostérium. Aux deux extrémilés ré- trécies de ces algues microscopiques, on voit un alvéole renfermant de petites granulations opaques qui présen- tent un mouvement de fourmillement continuel ; à partir de ces alvéoles, de petits courants de protoplasma lon- gent toute la cellule, s'étendant sous forme de filaments entre la paroi cellulaire et le contenu central vert qui renferme des granulations de chlorophylle et des vési- cules cellulaires. Dans le Closterium moniliferum Ehrb., que j'ai eu occasion d'observer, jai vu des granulations sortant des alvéoles suivre le mouvement oscillatoire des filaments de protoplasma qui s'étendent d’une alvéole à l'autre. Lorsqu'on regarde ce mouvemert pendant quel- que temps, les alvéoles contenant les granulalions et les filaments de protoplasma prennent une couleur rouge et apparaissent alors d’une manière très-distincte ; celte co- DE LA TIIÉORIE CELLULAIRE. 95 loration rouge est due à un phénomène optique; lim- pression produite sur la rétine par la couleur verte de l'intérieur du Closterium provoque la couleur complé- mentaire rose dont semblent teints les alvéoles et les courants qui en partent. C'est ce mouvement du protoplasma dans l’intérieur des cellules végétales que Schultze compare au mouve- ment des pseudopodes des Polythalames et des Radio- laires, en partant du point de vue que le protoplasma végétal correspond à la matière qui compose ces pseu- dopodes!; et certes les deux phénomènes ne manquent pas d’analogie. Cette analogie n’existe pas seulement dans une vague ressemblance des filaments ramifiés du pro- toplasma végétal et de la matière semi-fluide des pseu- dopodes ; on y observe des granulations qui se meuvent de la même manière; on observe également la confluence des filaments qui se trouvent en contact. Mais les réac- tions chimiques et l’action des courants électriques sur les deux mouvements soutiennent encore la comparaison. L'eau distillée produit la diffusion des filaments de pro- toplasma avec formation de vacuoles parfaitement comme dans les pseudopodes. Des acides dilués arrêtent dans les deux cas le mou- vement des granulations en produisant la coagulation des filaments, à la suite de laquelle ils gardent encore long- ‘ Celui des auteurs récents qui a étudié avec le plus de soin le jeu des pseudopodes chez les Rhizopodes, M. Hæckel, se pro- nonce entièrement dans le même sens que M Schultze sur liden- tité du sarcode des Rhizopodes et du protoplasma, des puils sta- minaux des Tradescantia, par exemple. L'ouvrage de ce savant (Die Radiolarien, eine Monographie, von Ernst Hæckel. Berlin, 1862) est un de ceux qui méritent le plus d’être étudiés au point de vue de la question qui fait l’objet de ce mémoire. 926 SUR UNE NOUVELLE PHASE temps leur forme. Dans une solution étendue de potasse, les filaments deviennent plus transparents, le mouvement cesse et le filament se décompose. Le courant d’induction produit dans les pseudopodes et dans le protoplasma végétal la cessation du courant granulaire, dès que le courant électrique atteint une cer- taine intensité, tandis que des courants faibles n’ont pas d'action sensible. Brücke à fait des observations intéressantes sur l’ac- tion des courants électriques, sur le protoplasma des poils urticants de l’ortie *. Lorsqu'on fait passer pendant peu de temps un cou- rant d’une certaine intensité à travers un poil d’ortie, on voit des filaments qui s’élancent quelquefois comme des fusées à partir du protoplasma et qui s’avancent vers l'axe du poil. Schultze a fait des observations semblables sans Voir l'apparition instantanée des filaments, tandis qu'il a vu des filaments de protoplasma se renfler en forme de chapelet sous l'influence d’un courant électri- que un peu intense. Un fait parfaitement semblable se passe sous les mêmes conditions dans les pseudopodes des Rhizopodes*. * Das Verhalten der sogenannten Proloplasmastræme gegen die Schlæge des Magnetelectromotors. Sitzungsber. der Akad. zu Wien, Bd. 46, p. 1, 1862. ? Les décharges de courants d’induction déterminent, selon M. Kübhne, une contraction des Amcæba en boule. Cette contraction est même si énergique que, lorsque ces animaux ont mangé des Diatomées un peu longues, celles-ci sont projetées vivement au. dehors. Celle purgation énergique n’a du resté pas d'effet nuisible sur l’'Amcœba qui recommence à ramper quelques instants après (Kühne : Untersuchungen über’ das Protoplasma und die Contracti- htæt. Leipzig, 1864). — (Réd.) DE LA THÉORIE CELLULAIRE. 97 L'influence de la température nous fournit un nouveau terme de comparaison. Le premier effet que produit une augmentation de température au-dessus de la tempéra- ture ordinaire est une accélération du courant granu- laire. D’après les observations de Schultze, la vitesse des granulations dans les poils d’ortie était, à la température ordinaire, de 0,004 à 0,005 millimètres par seconde ; à 39° celte vitesse était de 0,009 millimètres. Les cellules des poils de Tradescantia virginica donnent un résultat semblable ; chez la Vallisneria spiralis la vitesse s'élève à 0,015, La vitesse des granulations dans les pseudo- podes est égale au maximum de vitesse observé dans le protoplasma végétal ; l'augmentation de température jus- qu’à 39° n’a pas d'influence sensible sur la première. La température qui agit d’une manière ‘absolument mortelle sur le protoplasma de Tradescantia virginica, d’'Urtica urens et de Vallisneria spiralis commence à 47°-48°, Le mouvement se ralentit déjà de 38°-40° ; mais si la température ne dépasse pas 43°, le mouve- ment revient avec toute son énergie lorsqu'on abaisse la température. Schultze conclut de ses observalions que la chaleur est un excitant puissant des mouvements du protoplasma, et que le protosplasma végétal perd ses propriétés vitales dès 45°. Lorsqu’on chauffe rapidement jusqu'à 40° des poils d’ortie, on observe dans le protosplama des filaments en forme de chapelet semblables à ceux observés par Brücke sous l'influence du courant électrique. La vie animale se maintient difficilement dans l’eau au delà de 45°. La rigidité calorifique (Wärmestarre de Kübne) de la fibre musculaire des animaux vertébrés se manifeste de 40°-50°. 28 SUR UNE NOUVELLE PHASE Si nous regardons comme cause du mouvement des granulations des pseudopodes la contractilité de la substance qui les contient, nous arrivons naturellement à la conclusion que le protoplasma doit également jouir de celte même propriété. Dans une notice sur une obser- vation faite le 28 juillet 1851, relative à l’action de la lu- mière sur les feuilles du Robinia pseudacacia', j'avais terminé mon travail en disant: « Il semble donc résulter des faits qui précèdent que les mouvements particuliers des feuilles, des pétales, des étamines, etc., sont dus à une Contractilité inhérente au tissu végétal, excitée par la lumière solaire ou par des actions chimiques ou mé- Caniques. » c Dans un travail sur la limite supérieure de la tempé- rature qui permet la végétation *, M. Julius Sachs élève un peu la limite de la température la plus élevée que peut supporter le protoplasma. Comparées à celles de Schultze, ses expériences montrent que la température qui occasionne la mort peut être plus élevée dans Pair que dans l’eau; dans les poils de Tradescantia tout mou- vement cesse à 47°-48°, tandis qu’à cette même tempé- rature dans Pair, Sachs a constaté encore du mouvement après 15 minutes. Il résulte également de ses recherches que le protoplasma se comporte comme la plante entière et que sa mort, sous l'influence d’une température trop élevée ou trop basse, est probablement due à un chan- gement dans le groupement moléculaire du protoplasma. Quelle que soit Popinion qu’on puisse avoir sur les idées de Schultze quant à la composition de la cellule, il 4 Archives, fév. 1852, p. 167. ? Archives, juillet 1864, p. 212. DE LA THÉORIE CELLULAIRE. 29 faut avouer que le nouveau jour qu’elles jettent sur le rôle important que joue le protoplasma dans les corps vivants doit être regardé comme un progrès dans lPétude de la cellule. Que celle-ci possède une enveloppe exté- rieure chimiquement différente du protoplasma ou qu’elle ne possède pas une telle membrane, personne ne pourra nier dès à présent que le protosplama est la partie vivante de la cellule, et que les mêmes causes qui augmentent ou qui diminuent son activité, augmentent et diminuent le travail total de l’organisme ; les mêmes causes qui tuent le protoplasma, tuent l’organisme tout entier !. 1 Parmi les ouvrages que M. Schnetzler n’a pas eus à sa dispo- sition, le volume récemment publié par M. Kühne et dé'à cité dans une note de la page 26 mérile particulièrement d’être men- tionné. L'auteur fait connaître en effet des observations et des expériences nouvelles sur tous les points louchés dans ce mémoire, et ses conclusions sont favorables à M. Schultze. On trouvera en particulier dans cet ouvrage des expériences sur la coagulabilité des différentes substances albuminoïdes, sur l’action de la chaleur (Létanos thermique, rigueur thermique), de la congélation, des courants électriques, des alcaloïdes, de l’acide carbonique, etc., sur le protoplasma des Rhizopodes, des Myxomycètes, des Trades- cantia et même sur le protoplasma de certaines cellules de verté- brés, dont la mobilité n’était pas soupçonnée avant lui. L'auteur croit en effet avoir démontré dans le protoplasma des cellulles de la cornée une contractilité comparable à celle des globules inco- lores du sang. Cette contractilité se manifeste surtout sous l’in- fluence de certains agents d’irritation. (Réd.) MATÉRIAUX POUR SERVIR A L’HISTOIRE DES MÉTAUX DE LA CÉRITE ET DE LA GADOLINITE PAR M. MARC DELAFONTAINE !. Il MÉMOIRE SUR LA TERBINE ET SUR L'YTTRIA. Les terres qui restent après l'extraction de l’erbine exposée dans le mémoire précédent, retiennent encore une pelile quantité de cette dernière dont il s’agit de les débarrasser autant que possible. On y arrive assez bien par une nouvelle série de précipitations partielles, suivies de dissolutions méthodiques dans un acide affaibli et enfin de l'emploi du sulfate de potasse. Cette méthode n’est pas rigoureuse, parce que le sulfate erbico-potassi- que est légèrement soluble dans une liqueur contenant du sulfate de potasse ; cependant la proportion d'erbine qui demeure ainsi dans le mélange peut être rendue in- férieure à un demi-centième (trois ou quatre millièmes). J’ai été curieux de substituer aux précipitations par le .bi-oxalate de potasse le procédé proposé dernièrement ? Voyez Archives, t. XXI, p. 97. DES MÉTAUX DE LA CÉRITE, ETC. 31 par MM. Deville et Damour pour le dosage relatif du lan- thane et du didyme contenus dans la parisite!. En suivant detons points les prescriptions de ces habiles chimistes, on obtient, d’une part, l’erbine avec un peu de ses congé- nêres, sous forme de nitrate basique insoluble, tandis qne la majeure partie de l’yttria et de la terbine reste en dis- Solution. Après avoir lavé le sous-nitrate jusqu'à ce qu'il commence à traverser le filtre, il faut le calciner,' le transformer en oxalate double, puis traiter ensuite celui- ci par de l’eau aiguisée d'un ecinquantième d'acide sulfu- rique qui dissout les deux autres bases en laissant l'erbine dans un état suffisant de pureté. Les résultats ébtenus ainsi sont plutôt moins exacts que Ceux auxquels con- duit l’ancienne méthode , mais il y à, en revanche, une grande économie de temps. i'yliria purifiée de l’une ou de l’autre de ces manières, et redissoute dans un acide, donne avec le bi-oxalate de potasse des précipités inégalement solubles dans l’a- cide sulfurique étendu; ceux qui se dissolvent le mieux contiennent l’yltria et les autres la terbine. Séparées ainsi grossièrement, puis redissoutes chacune à part et soumises encore à des précipitations partielles, etc., ces deux terres peuvent, à Ja longue, être obtenues assez exemptes l’une de Pautre pour que l’on puisse étudier leurs caractères distinctifs. La terbine hydratée forme un précipité gélatineux blanc qui reste tel pendant la dessiccation, mais devient jaune après avoir été fortement calciné. A l’état anhydre, et Suivant le procédé qui a servi à la préparer, celte terre offre les mêmes différences de couleur que lerbine , L * Comptes rendus. Académie des sciences, t. LIX, p. 270. 32 DES MÉTAUX DE LA CÉRITE mais, toutefois, avec des nuances moins foncées. Cette coloration doit lui appartenir en propre ; la présence d’une trace d’erbine dont il est à peu près impossible de la débarrasser ne suffit pas pour en rendre compte. Calcinée pendant quelque temps au blanc ou bien chauffée au rouge naissant dans un courant d'hydrogène pur et sec, la terbine devient, tout comme lerbine, d’un blanc de lait; la quantité d’eau produite dans le der- nier cas est à peine appréciable. Ses sels sont habituel- lement doués d’une teinte rose-améthyste qui persiste presque toujours après la dissolution et se retrouve à un degré affaibli dans les sels solides d’erbine et moin- dre encore dans ceux d’yttria. Le nitrate terbique étendu est rose ; il devient de plus en plus foncé en se concentrant, mais Sans cependant tirer sur le violet comme celui de didyme. Chauffé lentement avec précaution, il perd toute son eau, fond en un verre qui conserve sa couleur et, enfin, se décompose, vers 900°, en laissant un sel basique dont une température plus élevée chasse tout l'acide. S'ils ne sont pas en dissolution trop étendue, les sels de terbine montrent au spectroscope au moins deux raies d'absorption douées d’une égale intensité : l’une se voit dans le jaune près de D et l’autre dans la région verte ; elles coïncident avec deux bandes du didyme; mais, à concentration égale, leur largeur est moindre (voyez la note suivante, p. 86, ainsi que la fig. 9, pl. D. Même après avoir élé exposée à une forte chaleur, la terbine se combine facilement avec les acides, en for- mant des composés dont la saveur est sucrée et astrin- gente; c’est une base plus énergique que l’oxyde de di- dyme ; elle chasse l’ammoniaque de ses sels déjà à froid, mais surtout à chaud. ET DE LA GADOLINITE. 33 Il n'est, à ma connaissance, aucun moyen qui per- melte de constater jusqu’à quel point une terbine est débarrassée d’yttria ; mais si l’on fait concentrer, très- lentement, à une douce chaleur, une dissolution de sulfate terbique yttrifère aiguisée d’acide sulfurique, les cristaux qui se déposent successivement ont un poids atomique de plus en plus faible, jusqu’à ce qu’enfin ils ne consistent plus qu’en sulfate d’yttria à peu près pur. Partant de ce fait, j'ai décrit ci-dessus et considéré comme terbine type celle dont le sulfate donne, par une cristal- lisation fractionnée en trois parties, des produits dont la composition est identique. De nouveaux essais m'ont montré que le poids ato- mique de la terbine doit être abaissé au-dessous de 571 que j'avais déduit de mes précédentes analyses ; il est pourtant encore supérieur à celui de l’yttria. La terbine Se rapproche, par sa couleur, de l’oxyde céroso-cérique pur ; mais elle s’en distingue par sa fa- cile solubilité dans les acides même étendus, ses réac- tions au chalumeau, la couleur de ses sels, son poids atomique et enfin par son spectre d'absorption. Les sels terbiques se rapprochent de ceux de didyme par leur coloration et leurs raies obscures ; ils s’en dis- tinguent par la couleur et l'équivalent de leur base et par l’absence de sept raies et bandes caractéristiques du didyme. La terbine peut facilement être confondue avec ler- bine ; leurs spectres différencient d’une manière très- nelte ces deux terres. En résumé, je crois pouvoir regarder l’existence propre de la terbine comme suffisamment établie; sa compo- sition déduite de l’isomorphisme de sor sulfate avec Ancmives T. XXII. — Janvier 1865. 3 34 DES MÉTAUX DE LA CÉRITE celui de didyme sera représentée alors par TrO, le terbium devant avoir pour symbole Tr et non pas Te (à cause du tellure), comme quelques traités le disent par erreur. Dans l'opinion de Mosander, la terbine devait être blanche, mais il paraît lavoir toujours obtenue jaune ; le caractère distinctif de cette terre résidait, à ses yeux, dans la propriété de s’effleurir à + 50° C. qu'aurait possédée son sulfate. Je n’ai pas reconnu l'exactitude de ce fait; le sulfate terbique ne m’a pas paru plus efflores- cent que celui d'yltria : peut-être n’avons-nous pas eu entre les mains des sels à un même degré d’hydratation ; cela me paraît d'autant plus probable que j'ai obtenu une fois des eristaux indistincts tombant en farine dans le papier joseph et dont la composition correspondait à Ja formule TrO,S0%+3a1q. Comme on l’a vu précédem- ment, M. Berlin considère la terbine comme un simple mélange d'erbine et d’yttria : les propriétés que jai décrites plus haut me semblent incompatibles avec cette manière de voir; pour M. Babr, la question de la non- existeñce de la terbine ne parait pas complétement tranchée. Yllria. Dans l’ordre de l'énergie basique cette terre est la pre- mière du groupe. Fante de l'avoir assez purifiée, j'ai dit dans mon précédent travail qu’elle est jaune très-pâle : cette assertion était erronée : soitanhydre, soit hydratée, l'yltria est parfaitement blanche, comme les deux autres, 1 C’est à tort que M. Popp regarde la couleur blanche de l’y1- iria comme accidentelle et l’attribue à un mélange de polasse ou de chaux. ET DE LA GADOLINITE. 39 elle se carbonate facilement, décompose les sels am- moniques, se combine avec tous les acides, avec déga- gement de chaleur s'ils sont concentrés et donne des dissolutions sucrées. Ses sels sont dépourvus de la propriélé de montrer un spectre d'absorption. Sa couleur blanche ne peut la faire confondre qu’a- vec l’oxyde lanthanique : on distinguera au mieux ces deux bases par la forme cristalline et la composition cen- tésimale de leur“sulfate simple; de plusle sulfate yttrico- polassique est soluble dans l'eau pure et mieux encore dans celle qui contient du sulfate de potasse, ce qui n'est pas le cas du sel de lanthane. Dosage des lerres de la gadolinite. Dans l'analyse des sels doubles à base d’alcali fixe et d'ylria (ou erbine et terbine), le meilleur moyen pour doser la terre consiste à la précipiter par la potasse caustique en prenant, pour opérer, toutes les précau- tions recommandées dans la Chimie analytique de Rose. Si le sel est simple ou seulement combiné avec un sel am- monique, il est préférable d'opérer à froid en rempla- çant Ja polasse par l’oxalate d'ammoniaque ; les liqueurs doivent être aussi neutres que possible à cause de la so- lubilité très appréciable des oxalates terreux dans les aci- des étendus. Le précipité, quoique ténu, serassemble très- bien et se lave facilement : il traverse volontiers le filtre, quand on à fait passer une ou deux fois de l’eau dessus, mais on obvie à. cet inconvénient par l'addition d’une petite quantité de nitrate ou de chlorure ammonique. [ est nécesszire d'effectuer la calcination dans un creu- sel ouvert, parce que les oxalates de ce grouper laissent tous des carbures en se décomposant hors du contact 36 DES MÉTAUX DE LA CÉRITE de l’oxygène, ce que l’on reconnaît à la couleur noire du résidu ; quand, au bout de quelques minutes, la terre est franchement blanche ou jaune, on remet le couver- cle et l’on donne un bon coup de feu pour chasser les dernières portions d'acide carbonique. Pour des recher- ches très-précises, il faut éliminer le faible excès d’oxy- gène que retient la terre : un courant d'hydrogène amené de la manière habituelle dans le creuset par un tube traversant le couvercle, suffit pour cela. Les ré- sultats obtenus par cette méthode sont d’une rigoureuse exactitude. Après avoir établi avec certitude, me parait-il, l’exis- tence individuelle des trois terres de la gadolinite, et confirmé ainsi les beaux résultats de Mosander, il me reste à faire connaître plusieurs sels dont l’étude est bientôt achevée, et à déterminer d’une manière plus précise le poids atomique de Perbium, de lyttrium et du terbium : ce sera l’objet d'un prochain mémoire. Il NOTE SUR LES SPECTRES D ABSORPTION DU DIDYME, DE L'ERBIUM ET DU TERBIUM. Le spectre d'absorption du didyme, décrit en premier lieu par M. Gladstone, est bien connu des chimistes , il n’en est pas de même ceux üu terbium et de Perbium. M. Babr à qui on en doit la découverte, les a fait connaitre à l’Académie des sciences de Stockholm, mais ils sont sim- plement indiqués dans les Oefversigtuf Kongl. Ventensk. Akad. Forhandlingar. J'ai pensé qu'il serait commode avoir réunies les descriptions détaillées de ces trois spectres dont la con- + ET DE LA GADOLINITE. 37 naissance est si précieuse pour distinguer l’erbine, la terbine et l’oxyde de didyme. Une dissolution très-élendue de nitrate didymique, examinée sous l'épaisseur de 7 ou 8 cent., montre lrois raies noires, peu nelles, que je désigne dans la figure 3 par a, b, c. Ce spectre se confond avec celui du terbum ; on pourrait, d'après cela, révoquer en doute l’existence de ce dernier métal ; mais le nitrate terbique même fondu en un verre limpide, ne laisse apparaitre aucune raie nouvelle, les autres sont seulement un peu élargies et beaucoup plus noires. Il n’en est pas ainsi avecle didyme: quand une partie de l’eau a été chassée par l’évapora- tion, les trois raies ci-dessus se transforment en bandes très-foncées, en même temps il en surgit quatre autres indiquées par les lettres d, e, f, g; le tout constitue le spectre habituel du didyme ; cependant avec des liqueurs três-concentrées on peut observer en plus les lignes k, i et une ou deux autres difficiles à distinguer dans le vio- let. L’erbium donne ordinairement cinq raies et bandes et huit quand il est sous forme de dissolution sirupeuse. Er* persiste même après la disparition de toutes les autres. (Fig. 1.) Comme je viens de le dire, le terbium est caracté- risé par trois bandes dont deux seulement sont très- nettes, la troisième 77° se distingue mal’. (Fig. 2.) En déterminant les positions au moyen d’une échelle graduée de sorte que Na=27 Li—10 et TL 43 j'ai irouvé que : ‘ Peut-être même ne lui appartient-elle pas. 38 DES MÉTAUX DE LA CÉRITE Dh—= 9 11—=30 287 Ert—:9 1.419 b 48-50 d 14 a 98-39 c 85-89 g 16 b 48-50 h 49 d 54-55 e 44 e 66-67 a 48-90 g 170 b 65 , AGE HIS) + c 85-00 c 89-91 Au delà, les positions sont incertaines, sauf peut-être k—167-110. Comme on le voit, deux bandes sont communes aux trois éléments (Di, Trr, Er? et Di, Tre, Er) et Er! se confond avec Dir, IV NOTE SUR LES CARBURES DES MÉTAUX YTTRO-CÉRIQUES. Vient-on à décomposer par la chaleur, dans un creu- set rempli et fermé, eu mieux, dans un tube traversé ‘ par un Courant d'hydrogène pur et sec, le formiate ou l’oxalate de cérium, on obtient une poudre noire gri- sâtre qui s'allume et brûle au contact de l’air comme Pamadow, si on la projette encore chaude sur une feuille de papier ou tout autre corps mauvais conducteur du ca- lorique. Cette pondre demeure inaltérable après le re- froidissement et on peut alors la conserver, sans qu’elle change d'aspect dans un vase découvert ; mise en digestion dans de lacide chlorhydrique étendu, elle dégage lente- ment de petites bulles gazeuses dépourvues d'odeur. Au bout de deux ou trois jours, la liqueur contient une certaine ET DE LA GADOLINITE. 39 quantité de chlorure céreux. tandis qu’il reste un abon- dant résidu noir, dense, à peine attaquable par les acides minéraux, même concentrés et chauds : ce pro- duit est un carbure à proportions définies qui peut se re- présenter par la formule Ce C?, malgré un excès de car- bone qui varie de deux à quatre centièmes d’une prépa- ration à l’autre. Le carbure de cérium n’est pas un corps nouveau; Gôübel l'a obtenu autrefois au moyen du formiate, Mo- sander et tout récemment M. Popp l’ont préparé par l'oxalate : le second de ces chimistes en avait même fait une analyse exacte ; quant à Gôübel et à M. Popp, ils l'ont décrit comme du cérium métallique. Les formiates de lanthane et de didyme, les oxalates des mêmes bases et ceux d’yltria, d’erbine et de terbine donnent aussi naissance, par leur décomposition, à des carbures doués de la plus grande analogie avec celui du cérium les acides paraissent pourtant les aitaquer un peu plus facilement. J’ai eu souvent l’occasion d’ob- server leur production dans le cours de mes recherches, quand je calcinais plusieurs grammes à la fois d’oxalate d’yttria, d’erbine et de terbine dans un creuset de pla- tine étroit et profond : leur présence est incommode dans une terre destinée à être redissoute. Les formiates prennent en se décomposant un mouve- ment tout à fait semblable à celui d’un liquide en ébu- Iition et ils s’échappent par les moindres interstices, en brûlant comme des fusées 1 ; cet inconvénient rend bien ! Les traités de chimie citent ordinairement le formiate de plomb comme le moins soluble de Lous ; cependant celui de cé- rium, et surtout ceux de lanthane et de didyme le laissent bien en arrière Sons ce rapport. 40 DES MÉTAUX DE LA CÉRITE, ETC. préférable l’emploi des oxalates pour la préparation de ces carbures. Dans un travail spécial je ferai connaîtres les diverses circonstances qui Se rattachent au mode curieux de dé- composilion des formiates et des oxalates sur lesquels je viens d'attirer l’allention : mes expériences ne sont pas assez aväncées pour me permettre de le représenter par une équation. Genève, 20 décembre 1864. SUR LES RADIATIONS OBSCURES ET LUMINEUSES PAR M. JOHN TYNDALL:. 1. Sir William Herschel a découvert les rayons obs- curs du soleil et démontré que la position du maximum de chaleur est située au delà du rouge dans le spectre solaire ?. Quarante ans plus tard, Sir John Herschel à réussi à obtenir une représentation graphique du spec- tre calorifique, et à prouver d’une manière frappante et visible son extension au delà du rouge”. Melloni a mon- tré qu’une très-grande partie des radiations émises par une flamme d'huile ou d'alcool, ou par du platine incan- descent chauffé par une flamme d'alcool, sont obscures f. Le D' Akin, en se basant sur le petit nombre de rayons Jumineux et visibles émis par une flamme d'hydrogène et le petit nombre des rayons extra-violets qu’elle con- tient, d’après les expériences du D: Miller, a conclu 1 Traduction d’un mémoire publié par le Philosophical Maga- zine, novembre 1864. 2? Phil. Trans. 1800. 3 Phil, Trans. 1840. J'espère qu'il me sera possible de m'oc- cuper prochainement des résultats remarquables, décrits dans la nole III du mémoire de Sir J. Herschell. 4 La T'hermochrose, p. 34. 49 SUR LES RADIATIONS que la radiation de la flamme d’hydrogène doit être sur- toutextra-ronge, el il a admis d’après cela que l’incandes- cence- d'un fil de platine dans une flamme d'hydrogène, ainsi que Pétat de la lumière Drammond dans la flamme d’hydro-oxygène, était produite par un changement dans la période des vibrations”. Je suis moi-même arrivé à la même conclusion, par un autre mode de raisonnement, comme je lai pablié plus tard *. 9. Il manquait cependant encore une démonstration expérimentaledirecte du caractère de la radiation émanant d’une flamme d'hydrogène, et c’est cette lacune que j'ai cherché à combler. Jai fait construire par M. Becker un jeu complet de pièces en sel gemme pouvant se subs- tituer au jeu ordinaire de pièces en verre d'une lampe électrique de Duboscq. Une double lentilie de sel gemme placée dans la chambre de la lampe rendait les rayons parallèles. Ces rayons passaient ensuite à travers une fente, et une seconde lentille de sel gemme, placée en de- hors de la chambre, produisait, à une distance convena- ble, une image de cette fente. Derrière cette lentille était placé un prisme de sel semme, et l’on avait disposé la- téralement une pile thermo-électrique destinée à exa- miner le spectre produit par le prisme. Dans l'intérieur de la chambre de la lampe électrique était placé un bec à simple ouverture, en sorte que la flamme qui en sor- tait occupait la position habituelle des pointes de char- bon. Ce bec était relié avec une pièce en T, d’où partaient deux tuyaux de caoutchouc, dont l’un communiquait avec un grand réservoir d'hydrogène, et l’autre avec les tuyaux de gaz d'éclairage du laboratoire. Je pouvais ainsi, à vo- * Rapport de l'association britannique, 1863. ? Phil. Trans., vol. CLIV, p. 327. OBSCURES ET LUMINEUSES. 43 lonté, produire une flamme de gaz d'éclairage, ou une flamme d'hydrogène. En employant la première, j’avaisun spectre visible qui me permettait de placer la pile ther- mo-électrique dans une position convenable. Pour obtenir la flamme hydrogène, il suffisait de faire arriver l’hy- drogène jusqu’à ce qu'il atteignit la flamme du gaz et qu'il s'enflammât, puis ensuite de fermer le robinet du gaz, et de laisser la flamme d'hydrogène seule. De cette façon on pouvait substituer l’une des flammes à l’autre sans ouvrir la porte de la chambre de la lampe et sans produire aucun changement dans la posilion de la source, des lentilles, du prisme ou de la pile. 3. La pile thermo-électrique que j'ai employée est un. excellent instrument construit par Rubmkorff et appar- tenant à mon ami M. Gassiot. Il consiste en un seul rang d'éléments soigneusement montés et attachés à un double écran de laiton. [est muni en avant de deux lames argentéeS, qui au moyen d’une vis peuvent s’avancer à volonté devant la pile, de façon à rendre sa face aussi étroite qu’on le désire ; on peut la réduire à la largeur du cheveu le plus fin, ou même la fermer complétement. Au moyen d’un petit manche et d’une longue vis, on peut mettre doucement en mouvement la plaque de laiton et la pile qui y est attachée, et transporter ainsi la fente verticale de la pile au travers du spectre enlier, ou la placer en dehors de ses limites dans les deux sens. La largeur du spectre était toujours égale à la lon- gueur de la face de la pile, et cette dernière était mise en communication avec un galvanomètre extrêmement délicat 4. J'ai commencé avec une flamme de gaz lumineuse. Le spectre étant projeté sur l’écran de laiton (qui, pour 44 SUR LES RADIATIONS rendre les couleurs plus visibles, était couvert d’une feuille d’étain), on mit graduellement la pile en mouve- ment dans la direction du bleu au rouge, jusqu’à ce que la déviation du galvanomètre devint un maximum. Pour l’atteindre, il fallut passer entièrement à travers le spectre et arriver un peu au delà du rouge ; la dévia- tion observée étail alors de 30°. En mettant la pile en mouvement dans une direction quelconque à partir de cette position, la déviation di- minuait. 9. On a substitué ensuite la flamme d'hydrogène à ceile du gaz d'éclairage; le spectre visible disparut, et la déviation tomba à 12°. Par conséquent, pour ce qui concerne les rayons de celte réfrangibilité particulière, l'émission de la flamme de gaz lumineuse était deux fois et demie plus grande que celle de la flamme d’hydro- gène. 6. En déplaçant ensuite la pile, quelle que fût la direction du mouvement, la déviation diminuait. Le maxi- mu de déviation pour la flamme d'hydrogène était donc de 12° et la position de la pile, déterminée auparavant à l’aide de la flamme lumineuse, montrait que celte déviation élait produite par les ondulalions extra-rouges. Je déplaçai alors un peu la pile, de ma- nière à réduire la déviation de 12° à 4°, puis afin de m’as- surer de la réfrangibilité des rayons qui produisaient cette petite déviation, je rallumai le gaz d'éclairage : je trouvai ainsi que la surface rectiligne de la pile atteignait le rouge. En faisant passer successivement la pile par les positions correspondant aux diverses couleurs el aux rayons extra-violet, on ne put apercevoir aucune dévia- tion appréciable avec la flamme d'hydrogène. ‘+ OBSCURES ET LUMINEUSES. 45 7. Je plaçai ensuite la pile à quelque distance da spectre invisible de la flamme d'hydrogène, et je cher- chai le spectre en mettant la pile en mouvement. L’ayant trouvé, j'atteignis sans difficulté le point maximum de chaleur. Sans rien changer à l’appareil, je substituai la flamme lumineuse à celle qui ne l’était pas; on reconnut ainsi que la position de la pile était au delà da rouge. 8. Il est ainsi démontré que la radiation de la flamme d'hydrogène est sensiblement extra-rouge. Les autres constituants de la radiation sont si faibles qu’ils sont thermiquement presque insensibles. Par conséquent, lorsqu'un corps est porté à l’incandescence par une flamme d'hydrogène, les périodes de vibrations de ses atomes doivent être plus courtes que celles auxquelles est due la radiation de la flamme elle-même. 9. La chute de déviation de 30° à 42° lorsqu'on subs- titue la flamme d'hydrogène à la flamme de gaz est due sans aucun doute à l’absence de toute matière solide dans le premier cas. Mais on peut, en introduisant une substance solide, rendre la radiation qui émane de la flamme d'hydrogène beaucoup plus grande que celle de la flamme de gaz d'éclairage. Une spirale de fil de platine plongée dans la flamme d'hydrogène donne un maximum de déviation de 52°, tandis que la déviation maximum de la flamme de gaz était seulement de 33e. 10. C’est principalement par convection que la flamme d'hydrogène disperse sa chaleur ; quoique sa tempéra- ture soit très-élevée, ses molécules très-écartées ne pen- vent pas entrer en comparaison, comme énergie de ra- diation, avec le charbon solide de la flamme lumineuse. La même chose est vraie pour la flamme de la lampe de Bunsen ; au moment où l'air qui détruit les particules 46 SUR LES RADIATIONS de carbone solides se mélange avec la flamme de gaz, la radiation saffaiblit considérablement. Réciproque- ment, il se produit un flux de chaleur rayonnante Si l'on empêche l’arrivée de Pair qui dépouillait la flamme de gaz de son éclat. Par conséquent, lorsque nous intro- duisons un fil de platine dans la flamme d'hydrogène, ou des particules de charbon dans la flamme de Bunsen, non-seulement nous obtenons des ondes d’une période nouvelle, mais aussi nous convertissons une grande por- tion de la chaleur de convection en chaleur de radiation. 41. L'action était encore très-sensible quand la dis- tance de la pile à partir de l'extrémité rouge du spectre élait aussi grande que la distance des rayons violets aux rayons rouges ; ainsi le spectre calorifique était au moins aussi long que le spectre lumineux. 42. MM. Bunsen et Kirchhoff ont prouvé que, pour les vapeurs métalliques incandescentes, la période est indépendante de la température entre des limites élen- dues. Mes propres expériences sur les flammes d'hydro- gène et d'oxyde de carbone prises comme sources calori- fiques, et sur la vapeur aqueuse à basse température et l'acide carbonique employés comme milieu absorbant, conduisent à la même conclusion. Mais avec les métaux solides, une augmentation de température produit des ondulations de périodes plus courtes dans la radia- tion. On peut se demander ce que deviennent les longues périodes obscures quand on élève la température ? Sont- elles détruites ou changées en périodes plus courtes, ou se maintiennent-elles encore à côté de nouvelles vibra- tions ? La question mérite d’être résolue par lPexpé- rience. 13. Une spirale de fil de platine convenablement sup- OBSCURES ET LUMINEUSES. 47 portée a été disposée dans la chambre de la lampe élec- trique au point habituellemeut occupé par les pointes de charbon. Cette spirale était mise en communication avec une pile voltaique, et en faisant varier la résistance du courant, on pouvait graduellement élever la spirale d’une température où elle était obscure à une forte cha- leur blanche. Si on la portait en premier lieu au rouge blanc, en plaçant le jeu d’appareils de sel gemme sur le passage des rayons, on obtenait un brillant spectre ; et l’on amenait la pile dans la région des rayons obs- eurs au delà du rouge du spectre. En changeant la force du courant, toutesles autres conditions restant les mêmes, la spirale devenait obscure, et la température s’abaissait jusqu'à faire tomber la déviation du galvanomètre à 4e. Notre question est la suivante : Que deviennent les on- dulations qui produisent celte déviation, lorsqu'on pro- duit des ondalations nonvelles en augmentant la tempé- rature de la spirale? 14. En faisant passer la spirale de cet état d’obscu- rité à divers degrés d’incandescence. on a obtenu les dévialions suivantes : e TABLEAU 1. Apparence de la Déviation produite par les spirale. rayons obscurs. Non-incandescent. . . . . . . . 40 Non-incandescent: 2) 4006 Rougeiléger Juve ct: 20001e00 0) 404 Rouge -sombresguuahu dance 0425 Rouge cs Pl HOUSE CAC. 7 SURPRIS HOUSE "VIE. À. PORMRONONNENSEUS Fresque;/blans. re és Blanc complet . . . . . . . . 60,0 48 SUR LES RADIATIONS 45. La déviation de 60° obtenue ici équivaut à 122 des premiers degrés du galvanomètre. Par conséquent, l'intensité des rayons obscurs dans le cas de la chaleur ronge blanc est 122 fois celle des rayons de réfrangibi- lité égale émis par la spirale non-incandescente au com- mencement de l’expérience. Ou, comme l'intensité est proportionnelle au carré de l'amplitude, la hauteur des ondes de l’éther qui produisent la dernière déviation, était onze fois celle des ondes qui produisaient la pre- mière déviation. La longueur d’ondulation demeurait constamment la méme. 16. Par conséquent, la réponse expérimentale à la question ci-dessus proposée, est que amplitude des an- ciennes ondulations est augmentée par lélévation de température, qui en même temps donne naissance aux nouvelles ondulations. Dans le fait les rayons obscurs sont dans le même cas que les rayons lumineux (par exemple que les rayons rouges du spectre) qui brillent avec un éclat d'autant plus vif que la température de la source est plus élevée. 17, Dans mon dernier mémoire ! j'ai montré la trans- parence étonnante que possède l’iode pour les ondula- tions extra-rouges. On obtient une solution parfaitement opaque de cette substance en la dissolvant dans du sulfate de carbone, et j'ai fait voir dans le mémoire cité qu’une quantité d'iode suffisante pour arrêter la lumière de nos plus brillantes flammes, transmet 99 pour 100 de la radiation d’une flamme d'hydrogène. 18. Cinquante expériences récentes sur la chaleur rayonnante d'une flamme d'hydrogène, donnent 100 pour ‘ Phil. Trans. pour 4864. — Nous avons donné un extrait de ce mémoire (Voyez Archives, 1864, t. XX, p.152.) OBSCURES ET CUMINEUSES. 49 400 pour la transmission de ses rayons à travers une quantité diode qui est parfaitement opaque à la lumière. Ainsi, d'après ces expériences, l'iode dissout est pur- fuitement transparent pour la radiation d'une flamme d'hydrogène. 19. L'iode est aussi sensiblement transparent pour la radialion des corps solides chaulfés au-dessous 1e lin- candescence. 20. IT est aussi sensiblement transparent pour les rayons obscurs émis par les corps lumineux. 21. Relativement à la radiation mélangée qui émane des corps solides à une très-haute température, le sul- fure de carbone pur est aussi éminemment transparent, Par conséquent, comme le sulfure de carbone n’agit que légèrement sur les rayons obscurs émanant d’une source fortement lumineuse, et comme l'iode dissout ne sem- ble pas du tout agir sur eux, nous avons dans la com- binaison de ces deux substances un moyen de séparer presque complétement les rayons pureinent calorifiques des rayons lumineux. 29. Si les vibrations de longues périodes qui existent quand le corps rayonnant est à nne basse température, se maintiennent, comme cela a été indiqué dans le pa- ragraphe 14, à côté des nouvelles périodes introduites par l'augmentation de la température, il en résulte qu’un corps perméable à la radiation d’une source quelconque reste toujours perméable pour elle. Nous ne pouvons pas altérer assez le caractère de la radiation pour qu'un corps qui a élé une fois dans une proportion quelconque trans- parent pour elle puisse devenir complétement opaque à son égard. Nous pouvons, en augmentant la tempéra- ture, diminuer la proportion de la radiation totale trans- ARCHIVES, T. XXII. — Janvier 1865. 4 50 SUR LES RADIATIONS mise par le corps ; mais si l’amplitude des anciennes vi- brations augmente en même temps que la température qui produit les nouvelles vibrations, la quantité totale de chaleur d’une réfrangibilité donnée quelconque trans- mise par le corps doit augmenter en même lemps que Ja température. 23. On peut mettre cette conclusion en évidence par l'expérience suivante. On a rempli une cellule dont les faces parallèles sont formées de sel gemme poli, avecune solution d’iode, et on l’a placée au devant de Fa cham- bre de la lampe dans laquelle se trouvait la spirale de platine ; derrière la cellule de sel gemme, on a placé une pile thermo-électrique ordinaire, pour recevoir les rayons qui pouvaient traverser la solution. La lentille de sel semme a été disposée devant dans la chambre, mais on n’a employé qu'une petite partie du faisceau du rayon paral- lèle émanant de la lampe. En commençant par une tem- péralure lrès-basse, on a augmenté graduellement la tem- pérature jusqu’à l’iscandescence complète et l'on a ob- tenu les résultals suivants : ' TABLEAU IT. . Apparence de la spirale. Déviation. MOHHENUCSCeN EL ee. 18 Non-incandescent, mais encore plus chaud 3 Non-incandescent, mais encore plus chaud 5 Non-incandescent, mais encore plus chaud 10 Rouge fables s sunbmaitiihée ci Gt 19 Honresombré es 25 Li (4e A 29 ON ce ER 09 LOUP EMA, 70 6 NE RATE PRE Eee 45 ROUGE OEM LS NON ONMEANREE NES Rouge très-vif................. : St “06 DÉS DE ETS 69 PTE EE ET de SAR ee une 19 RE RS ONE RE oise 80 OBSCURES ET LUMINEUSES F4 24. La solution était tout à fait opaque pour les rayons lumineux de la spirale chauffée au blanc intense ; mais bien que l'introduction de ces rayons ait diminué le rapport de la quanlité de rayons transmis à la radiation totaie, la valeur absolue de la quantité transmise avait énormé- ment augmenté. La valeur de la dernière déviation est 440 fois celle de la première : par conséquent, en éle- vant la spirale de platine de l'obscurité à la chaleur blan- che, nous augmentons l’intensité des rayons obscurs qu'elle émet dans le rapport de 1 : 440. 25. On a placé une cellule de sel gemme remplie de sulfate de carbone transparent devant la chambre qui contient la Spirale de platine élevée à une chaleur blanc- éclatant. Puis on a remplacé le liquide transparent par la solution d’iode. Les déviations observées respective- ment dans les deux cas étaient: Radiation du platine chauffé à blanc : à travers le CS? transparent. à travers la solution opaque. ra0 20 HAE SD de ba cs Me 13 0 ‘ à Le MO MAUR ENST neue 120,9 Tous les rayons lumineux passaient à travers lesulfure de carbone transparent, aucun d’eux ne passait à travers Ja solution d'iode. Cependant nous voyons quelle pe- tite différence produit leur disparition. La proportion actuelle des rayons lumineux aux rayons obscurs, peui être calculée comme suit, : 26. En divisant en vingt-quatre parties égales la ra- dialion d'un fil de plaline porte au blanc éclatant au moyen dun courant électrique, une de ces parties est lumineuse el vingt-lrois sont obscures. 27. On a substitué une brillante flamme de gaz à la 59 SUR LES RADIATIONS spirale de platine; le sommet et la base de la flamme étaient cachés, el les parties les plus brillantes em- ployées comme la source des rayons. Le résultat de qua- rante expériences avec celle source peut être exprimé de la manière suivante: 28. En divisant en vingt-cinq parties égales la radia- tion de la partie la plus brillante de la flamme de quz d'éclairage, une de ces parties est lumineuse et vingl- quatre sont obscures. 29. J'ai examiné ensuite le rapport des rayons obs- curs aux rayons lumineux dans la lumière électrique. On à employé une pile de cinquante éléments et on a disposé les lentilles de sel gemme pour rendre parallèles les rayons parlant des pointes de charbon. Pour éviter que la déviation ne devint trop grande, on faisait passer les rayons parallèles au travers d’une ouverture circulaire d'un dixième de pouce de diamètre, eton les dirigeait al- fernalivement à travers le sulfure transparent el la solu- tion opaque. I n’est pas facile d'obtenir une régularité parfaite de la lumière électrique, mais trois expériences soigneusement exécuées ont doané ies dévialions sui- vaules : Radiation de la lumière électrique à travers le CS? transparent. à travers la solution opaque. Expérience n° 1. OBSCURES ET LUMINEUSES,. 53 Calculant d'après ces chiffres la proportion de cha- leur obscure et de chaleur lumineuse, on peut exprimer ainsi le résultat : 30. £a divisant en dix partieséqules la radiation de la lumière éeclrique émise par des pointes de charbon avec une pile de Grove de quarante éléments, une de ces par- lie est lumineuse et neuf sont obscures. 31. On peut présenter ces résultats en tableau de la manière suivante : TABLEAU HI. — Radialion à travers l'iode dissout : Source. Absorption. Transmission. Spirale obscure. ........ 0 100 Noir de fumée à 212 Fahr, 0 100 Spirale chauffée au rouge. . 0 100 Flamme d'hydrogène... .. 0 100 Flamme d'huile. ........ 5) 97 Flamune: de, ga. 222. dou 4 96 Spirale chauffée à blanc. 4,6 95,4 Lumière électrique ...... 10 90 En multipliant les expériences, on arriverait peut-être à des résultais légèrement différents, mais ceux que nous venons de donner sonttrès-près de la vérité. 92. Ayant ainsi trouvé dans la solution d’iode un moyen Ge séparer presque parfaitement les rayons de chaleur Iümineux des rayons obscurs pour une source quelconque, nous pouvons opérer à volonté sur ces der- niers. En voici quelques exemples : On a disposé les len- tilles de sel gemme dans la chambre de la lampe, de ma- nière que les pointes de charbon elles-mêmes et leur image fussent à égale distance des lentilles. En em- ployant une pile de quarante éléments, on voyait faci- lement dans l'air la trace du cône de rayons émanant de D4 SUR LES RADIATIONS la lampe, et l’on pouvait ainsi aisément déterminer leur point de convergence. On plaça alors la cellule conte- nant la solution opaque devant la lampe. Le cône lumi- neux fut ainsiintercepté: mais la température intolérable du foyer, lorsqu'on y mettait la main, montrait que les rayons calorifiques étaient encore transmis. Des lames minces d’étain et de zinc successivement placées au foyer obscur se fondaient rapidement, des allumettes y pre- naient feu, du coton-poudre y faisait explosion, et du papier brun s’y enflammait, En employant la solution d'iode et une pile de soixante éléments de Grove, on a obtenu aisément les mêmes résultats en se servant des lentilles en verre ordinaire de la lampe électrique de Duboscq. Is ne pourront manquer de satisfaire ceux qui répéteront ces expériences. Il est très-intéressant d'observer au milieu de Pair, dans un espace parfaitement obscur un morceau de papier noir instantanément percé par ces rayons invisibles, et Panneau enflammé s'étendant de tous côtés à partir du centre d’ignition. | 33. Le 15 de ce mois j'ai fait quelques expériences aves la lumière solaire. Le ciel n’était pas tout à fait pur et l’atmosphère de Londres n'était pas complétement dé- barrassée de fumée, en sorte qu’en tout cas je ne pou- vais obtenir qu’une portion de Paction que j'aurais eue par un temps elair. J’avais par hasard à ma disposition une lentille creuse, que je remplis avec la solution con- centrée d'iode. En la plaçant sur le chemin des rayons solaires, on apercevait un faible anneau rouge sur un écran de papier blanc tenu derrière la lentille; l'anneau se réduisait à une légère tache rouge, lorsque l’écran était au foyer de sa lentille. On reconnyt immédiatement que cet anneau élait produit par la lumière qui traversait OBSCURES ET LUMINEUSES. 59 la parte mince du bord de la lentille liquide. En collant une zone de papier noir autour du bord, on fit complé - tement disparaître anneau, et aucune trace de la lumière solaire ne traversait la lentille. Au foyer une lumière quelconque aurait été augmentée neuf cents fois, mal- gré cela aucune lumière n'était visible. 34. Mais il n’en était pas de même des rayons obs- curs du soleil ; le foyer était brûlant. Un morceau de papier noir était immédiatement percé et allumé; et en déplaçant le papier il s’y formait rapidement ouverture après ouverture. La poudre à canon y faisait aussi ex- plosion. Dans le fait, on avait au foyer des rayons obs- curs du soleil, une chaleur évidemment plus puissante que celle de la lampe électrique condensée de la même manière, et tous les effets obtenus avec cette dernière peuvent être obtenus d’une manière encore plus forte avec la chaleur du soleil. | 39. J'ai disposé une lentille de verre plan convexe, plus grande que la lentille opaque dont nous venons de parler, sur le passage des rayons du soleil. Le foyer sur papier blanc était d’un éclat éblouissant, et dans ce foyer on obtenait les résultats déjà décrits. Je disposai alors une cellule contenant une solution d’alun au de- vant du foyer. L’intensilé de la lumière au foyer n’é- tait pas sensiblement changée; cependant ces rayons presque intolérables à la vue, accompagnés comme ils l’é- - talent par une quantité considérable de rayons invisibles qui avaient aussi passé à travers l’alun, étaient incapables de produire des effets facilement obtenus dans le foyer obscur de la lentille opaque. 30. Pensant que cette réduction de puissance pouvait provenir de la perte de chaleur par réflexion sur les ' D6 SUR LES RADIATIONS faces de la cellule de verre, je mis à la place une cel- lule de sel gemme remplie de la solution opaque. Der- rière celle cellule les rayons manifestaient le même pou- voir qu'ils possédaient dans le foyer de la lentille opa- que. 37.0n n’est pas encore parvenu à rendre les métaux in- candescents au moyen de rayons obscurs. C'est une ques- tion dont le D' Akin s'occupe depuis quelques années, et ce n’est pas mon intention de rien publier sur ce su- jet jusqu’à ce que les expériences ingénieuses qu’il a imaginées aient été suffisamment essayées. 38. Les expériences de Melloni l'ont amené à conclure que le sel gemme transmet également les rayons lumineux etles rayons obscurs, et qu’une solution d’alun d’épais- seur moyenne intercepte entièrement les rayons invisi- bles, tandis qu’il permet le passage de tous les rayons lu- mineux. Dés lors la différence entre la transmission dun sel gemme et celle de l’alun, devrait exprimer la radiation ob- scure. De cette manière Melloni a trouvé que 10 pour 100 seulement de la radiation d’une flamme d'huile consiste en rayons lumineux. La méthode ci-dessus employée prouve que le rappart de la chaleur lumineuse à la cha- leur obscure dans le cas de la flamme d’huile n'est pro- bablement pas plus d’un tiers de ce que Melloni l'évaluait 39. Dans le fait, ce savant distingué a bien vu ja pos- sibilité de l'inexactitude de cette conclusion, qu'aucun rayon non lumineux n’est transmis par l'alun ; et les ex- périences suivantes justifient les doutes qu'il avait à ce sujet. On a placé la solution diode devant la lampe élec- trique, les rayons lumineux étaient par conséquent in- terceptes. Derrière la cellule de sel gemme contenant la OBSCURES ET LUMINEUSES. 57 solntion opaque, élait placée une cellule de verre, d’a- bord vide. Les rayons obscurs qui passaient au travers des deux cellules, produisaient une déviation de 80°. On à alors rempli la cellule de verre avec une solu- tion concentrée d’alun: la déviation produite par les rayons obscurs passant à travers les deux solutions était de 50°. D'après les valeurs de ces déviations, on trouve que, sur les rayons obscurs sorlant de la solulion d'iode el des faces de la cellule de verre, 20 pour cent sont transmis par l’alun. 40. Un point três-important à signaler ici, c’est la grande différence pratique qui peut exister entre les deux expressions crayons obscurs» el crayons émanant d'une source obscure.» Plusieurs écrivains semblent re- garder ces expressions comme équivalentes, et sont ainsi conduits à des erreurs graves. — Une couche d’une solution d'alun de ‘2; de pouce d'épaisseur est, d'après Melloni, complétement opaque à la radiation de tous les corps chauffés à une température inférieure à celle de lincandescence. Dans les expériences précédentes, la couche de la solution d’alun traversée par les rayons ob- scurs de notre source lumineuse avait trente fois l'epais- seur de celle que Melloni considérait comme suffisante pour arrêter tous les rayons émanant des sources obscures. A1. Il ne peut y avoir aucun doute que les rayons in- visibles qui sont capables de traverser une telle épais- seur du liquide le plus athermane que lon connaisse jusqu'ici, sont aussi capables de traverser les humeurs de l'œil. Les intéressantes expériences de M. Janssen ! ‘ Annales de Chimie et de Physique, t. LX, page 71. 58 SUR LES RADIATIONS prouvent que les hameurs de l’œil absorbent une quan- tité de chaleur rayonnante exactement égale à celle qu’absorbe une couche d’eau de la même épaisseur, et dans notre solution le pouvoir de l’alun s'ajoute à celui de Peau. Des expériences directes sur l'humeur vitrée dun bœuf, m'ont conduit à conclure que la cinquième : partie des rayons obscurs émis par une lumière élec- trique intense, atleint la rétine, et comme sur dix par- ties égales de la radiation d’une lampe électrique, neuf consistent en rayons obscurs, il s'ensuit que près des deux tiers de la radiation totale qui atteint la rétine, dans le cas de la lumière électrique, sont incapables d’exciter la vision. En prenant comme source une spirale de platine chauffée à blanc, la moyenne de quatre bonnes expériences à donné une transmission de 11, 7 pour cent des rayons de chaleur obscure émanant de la spi- rale au travers d’une couche d’eau distillée de !/, pouce d'épaisseur. Une proportion plus grande encore atteint sans doute la rétinef. 42. Après avoir rendu convergents, les rayons d’une lampe électrique au moÿen d’une lentille de verre, j'ai placé la solution opaque d'iode devant mon œil ouvert, et j'ai amené l'œil au foyer des rayons obscurs ; la chaleur devenait immédiatement insupportable. Mais il me sembla que l'effet désagréable était surtout dû à l’action des rayons obscurs sur les paupières et les autres parties opaques qui entourent l'œil. En conséquence, J'ai coupé dans une carte une ouverture un peu plus grande que la pupille, et j'ai laissé entrer dans mon œil par celle ouverture les rayons calorifiques concentrés. La sensation * M. Franz a montré qu'une portion des rayons obscurs du soleil atteint la réline. OBSCURES ET LUMINEUSES. 59 de la chaleur disparut entièrement. Non-seulement ces rayons reçus de cette manière sur la rétine étaient inca- pabies d’exciler la vision, mais le nerf optique semblait incapable de les percevoir, même comme chaleur. Si j'a- vais permis au tiers lumineux du faisceau condensé d’en- trer dans mon œil, quelles auraient été les conséquen- ces? C’est ce que je ne puis dire, et je ne serais pas tenté d'en faire Pexpérience. 43. Par une nuit assez claire, une flamme de bougie peut facilement se voir à la distance d’un mille. L’in- tensité de la lumière électrique que j’employais est 650 fois celle d’une bonne bougie artificielle, et comme la radiation non lumineuse des pointes de charbon qui at- teignent la rétine est égale à deux fois la radiation lumi- neuse, il-s’ensuit qu'à une distance approximative d'un pied, l'énergie des rayons iavisibles de la lumière élec- trique qui atteignent le nerf optique, mais qui sont inca- pables de provoquer la vision, est 1300 fois celle de la lumière d’une bougie. Mais l'intensité de la lumière de la bougie à la distance d'un mille, est moins de Ja vingt millionième partie de son intensité à la distance d’un pied; dès lors, la force qui rend la lumière visible à un mètre de distance devait être multipliée par 1500, *90,000,000, soit par vingt-six mille millions, pour égaler l’intensité de cette radiation impuissante que l'œil reçoit d’une lumière électrique à un pied de distance. Il me semble que rien ne peut mieux rendre compte de la relation toute spéciale qui existe entre le nerf optique et les périodes de vibration des corps lumineux. Le nerf, comme une corde musicale, répond aux périodes avec lesquelles il est en accord, tandis qu’il ne peut être excité par d’autres vibrations d’une énergie beaucoup 60. SUR LES RADIATIONS plus grande, qui ne sont pas à l'unisson avec sa période propre. 4%. J'ai déjà montré, au moyen d’une solution opaque d'iode, que la quaatité de chaleur lumineuse émise par une spirale de platine au rouge vif est excessivement petite". Voici quelques déterminations qui ont été faites depuis avec la même source de chaleur, et une solution d'iode dans l'iodure d’éthyle, la concentration et lP’épais- seur de la solution étant telles qu’elles interceplaient en- tiérement les rayons lumineux. Radialion d'une spirale chauffée au rouge à travers le liquide à travers la solution transparent. opaque. Mal sioe set Abri Le 43 A bee Goabir Et Are LAS Ces expériences ont élé faites avec un soin excessif, et toutes les conditions étaient favorables à la manifesla- tion de la plus petite différence dans la somme de cha- leur atteignant la pile; on a trouvé cependant que la quantité de chaleur transmise par la solution opaque et par le liquide transparent était la même. En d’au- tres termes, la radiation lumineuse interceptée par la solution opaque, quoique capable d’exeiler vivement le sens de la vue, était absolument inappréciable, relati- vement à la force totale. 45. EL ici nous trouvons l'explication de diverses dif- ficullés qui ont souvent embarrassé les expérimenta- teurs. Lorsque nous voyons une lumière vive incapable d’influencer nos appareils thermoscopiques les plus dé- licats, l’idée se présente naturellement que la lumière et E Phil. Trans., vol. CLIV. OBSCURES ET LUMINEUSES. Gi la chaleur doivent être deux ehoses totalement diffé- rentes. La lumière pure sortant d'un système composé d’eau et de verre vert, même lorsqu'on la concentre, wa, selon Melloni, aucun pouvoir calorifique sensible!, La lumière de la lune présente aussi un cas analogue. En la concentrant avec une lentille à échelon de plus d’un mètre de diamètre sur la face de sa pile, Melloni à eu besoin de toute son habileté pour rendre mesurable l'ac- ion calorifique. De telles expériences, cependant, ne démontrent pas que les deux agents soient différents, mais bien que le sens de la vision peut être excité par une quantité de force presque infiniment petite. 45. Nous pouvons encore présenter une remarque sur la possibilité d'appliquer la chaleur rayonnante aux signaux par les temps de brouillards. Théoriquement, si nos brouillards présentaient un caractère physique semblable à celui de liode dissout dans le sulfate de carbone, ou de la vapeur d'iode ou de brôme, 1! serait possible de transmettre au travers d'eux des flux puis- sants de chaleur rayonnante, même lorsque la lumière des lampes de nos phares serail déjà complétement ar- rêtée, Mais nos broullards nwont pas ee caractère, ils sont malheureusement constitués de façon à détruire très-énergiquement les rayons purement calorifiques; et ce fait, joint à la sensibilité merveilleuse de l'œil, amène à conclure que longtemps avant que la lumiére de nos signaux cesse (d’être visible, leur chaleur rayonnante a perda le pouvoir d’affecter d’une façon sensible le plus délicat appareil therinoscopique que nous puissions employer pour la découvrir. ! Taylor, Scientific Memoirs, vol. L, page 392. BULLETIN SCIENTIFIQUE. ASTRONOMIE. R.-C. CARRINGTON. OBSERVATIONS OF THE SPOTS ON THE SUN, etc. OBSERVATIONS DES TACHES DU SOLEIL, FAITES A REDHILL DE 4855 À 1861. 1 vol. grand in-4° de 250 pages et 166 planches ; Londres, 1865. J'ai eu déjà l'occasion de parler à plusieurs reprises, dans ce Recueil, des observations de taches du soleil poursuivies très- assiduement par M. Carrington, dans lobservaloire particulier qu'il s'était fait ériger à Redhill, près de Londres, et où J'ai eu, en juin 1897, l'avantage d'assister à l’une de ses observations. Le volume que je viens annoncer ‘ici comprend l'ensemble des dites observations, failes dans un intervalle d'environ T aus ‘2. Sa publication, et celle des très-nombreuses planches jointes au texte, ont été facililées par un don provenant du fonds mis par le gouvernement anglais à la disposition de la Société royale de Londres, pour les objets scientifiques de son ressort. Le but principal que se proposait M. Carringlon dans ses ob- servalions, était la délermination de la vraie période de rotation du soleil sur lui-même, et celle des mouvements systéma- tiques ou courants à sa surface, s'il en existe de tels. Il a adopté un mode d'observation convenable pour ce but. Son instrument élait un équatorial construit par Simms, dont la lunette avait 4 1}, pouces anglais d'ouverture et d2 pouces de longueur fo- cale. Il y adaplail un oculaire grossissant seulement 25 fois, de manière à avoir un champ d’un diamètre environ quadruple de celui du soleil. Au foyer de la lunette étaient placées deux pelites ASTRONOMIE. 63 lames d’or, à angle droit l’une de l’autre, inclinées de 45 de- grés à l'équateur et au cercle horaire. L'image du disque solaire et le réticule de la lunelte se projetaient, à travers l'eculaire, sur un écran en verre dépoli, coloré en jaune pâle, et placé à une distance telle que l'image sur lécran avait environ un pied de diamètre. Une fois la lunette convenablement fixée, M. Car- ringlon observait les instants du passage aux deux fils du réti- cule des deux bords du soleil et de chaque lache, el en concluait, à l’aide d'éléments déjà connus et de formules lrigonométriques assez simples : d’abord laugle de posilion de la tache sur le disque du soleil et sa distance au centre de cet aslre, puis la longilude et la latitude héliocentriques de la tache. M. Car- rington s’est attaché aussi à dessiner les taches et groupes de ta- ches aussi exactement que possible. Il a eu successivement pour aides dans ses observations, et surtout dans leur réduction, MM. Simmonds, J. Criswick, Schrœder et Von Pose. Le premier et le dernier de ces Messieurs lui ont été très-utiles aussi pour la préparation des dessins et l'achèvement de la réduclion numé- rique des observations. Le volume actuel se compose d’abord d’une section d'intro- duction, principalement relative au mode d'observation el de ré- duction adopté par l’auteur ; elle est accompagnée de quelques tables, qui oùt servi à faciliter les calculs. La seconde section renferme, par ordre de date, le catalogue détaillé des positions de noyaux observées ; elle comprend, en une centaine de pages, 9290 observations, relatives à 954 groupes de taches. La (roi- sième section, qui est aussi de près de cent pages, a pour objet la discussion de ces observations, principalement en vue de la détermination du mouvement diurne et de la durée de la rotalion du soleil sur lui-même. La comparaison du mouvement diurne des taches siluées près de l'équateur solaire, ou à uue certaine latitude au-dessus ou au- dessous de cet équateur, a servi à M. Carringion à démontrer un fait entrevu déjà par MM. Laugier et Ch. Péters : c’est qu'à 64 BULLETIN SCIENTIFIQUE. mesure que celle latitude héliocentrique augmente, le mouve- ment diurne des taches en longitude diminue de vitesse. Ainsi, tandis qu'il est à l'équateur de 8065 , soit de 14° 25 par jour, il n'es! plus, à 50° de latilude, que d'environ 787, soit de 13° 7. La formule empirique à laquelle l'auteur est parvenu, pour re- présenter le plus exactement possible, d'après l’ensemble de ses observalions, la loi du mouvement diurne des taches en un jour solaire moyen, est, en représentant par L la latitude héliocen- lrique de la tache : 865 —165 sin. 77, L. Le premier lerme de celte formule donne pour l'équateur solaire une durée de rotation de 25 jours, à très-peu de chose près. La quatrième section a pour objet les corrections à apporter, d'après l'ensemble des observalions, aux éléments que M. Car- rington avail adoptés provisoirement pour la pesition du plan de l'équateur solaire relativement au plan de l'écliptique. Il y par- vient à des valeurs fort rapprochées de celles obtenues par M. Laugier en 1842, savoir 7°15 pour l'inclinaison de ces deux plans, et 75°40 pour la longitude du nœud de l'équateur solaite sur l'écliptique, au commencement de 1850. Les trois dernières sections de l'ouvrage sont très-courtes. La cinquième est relative à la tendance qu'ont les taches à diverger. L'auteur en cite un certain nombre de cas, dans lesquels les ta- ches se sont étendues et subdivisées, avec un mouvement gira- toire dans la direction de la rotalion autour du pôle de l’hémi- sphère sur lequel la tache est située, et il renvoie aux planches pour les détails. 1 mentionne aussi divers cas où celle tendance n'a pas élé observée. La sixième section se rapporte à l'apparition réilérée de ta- ches dans le même voisinage sur le disque du soleil, avec une telle variabilité de formes, qu'il est presque impossible de décider si ce sont des relours d'une même lache, on si ce sont des laches différentes. L'auteur en cite un assez grand nombre d'exemples. ASTRONOMITE. 65 Enfin, dans la septième section, qui sert de conclusion à l’ou- vrage, M. Carrington se réfère d’abord à un mémoire qu’il a pu- blié précédemment, pour déduire des mouvements des taches normales l'évidence de l'existence et de l'étendue d'une atmo- sphère réfractive autour du soleil. Il renonce, pour le moment, à chercher une explication théorique du second terme de la formule rapportée plus haut, qui dépend de la latitude héliocentrique des taches. Le fait général que la rotation à l'équateur solaire est plus rapide qu'à une certaine distance au-dessus el au-dessous, lui paraîl, cependant, fortement appuyer les vues exposées par le professeur W. Thomson dans son mémoire Sur les énergies mé- caniques du système solaire, inséré dans le L. XXI des Transactions de la Société royale d'Édimbourg. M. Thomson, dans ce mémoire, dont j'ai fait mention dans le n° de mai 1860 de nos Archives, envisage une accélération prolongée dans le mouvement de rota- tion du soleil comme une conséquence probable de l’action d’un tourbillon de matière météorique, qui est aussi, selon lui, la source de la chaleur et de la lumière solaire. «Sans une action extérieure de ce genre, ajoute M. Carrington, on se serait attendu à ce que les courants à la surface du soleil ressemble- raient à ceux de l'Océan et de l'atmosphère terrestre, c’est-à-dire, qu'ils seraient occidentaux et dirigés vers les pôles dans les lati- tudes tropicales, et orientaux dans les hautes latitudes, la direc- tion de la rotation élant la même, et la région équatoriale étant aussi la plus chaude dans l’un et l’autre cas. » Quoique M. Carrington ne se soit point proposé, d’une ma- nière spéciale, l'étude des apparences des laches et de leur cause, il est intéressant de connaître l'opinion d’un observaleur aussi soisneux et assidu de ces phénomènes, dont la nature est si con- troversée maintenant. On voit dans la section introductive de son ouvrage, qu’il regarde, avec Wilson et sir W. Herschel, les ta- ches du soleil comme étant caverneuses, ou comme étant, rela- tivement au niveau général de la surface lumineuse, des creux dont le noyau est le fond. Mais il reconnaît plus de variélé dans ARCHIVES, T. XXII. — Janvier 1865. 5 60 BULLETIN SCIENTIFIQUE. les apparences que n’en admeltait Wilson ; il cite avec éloges les recherches sur ce sujet de MM. Péters, Dawes el Seslini ; il adopte la remarque faite par M. Schwabe que la profondeur de la cavité est beaucoup moindre dans certains cas que dans d’au- tres, et qu’elle est variable. 11 ajoute que M. Laugier lui a écrit, qu'avec de forts grossissements el dans des circonstances atmo- sphériques favorables, le fond noir du noyau lui a souvent paru comme un assemblage de points obscurs, avec de petits inter- slices, et qu'il y reconnaissait une porosiié ou résolvabilité évi- dente. Il ne reste à dire quelques mois sur les planches, qui consli- tuent à elles seules la moilié du volume, et qui ont élé lithogra- phiées par M. Dangerfield, d’après les dessins de M. Carrington. Les deux premières sont relalives au mode d'observation et de calcul adopté par l'auteur. Il y en a ensuite 99, relatives à aulant de rotations du soleil, observées du 9 novembre 1853 au 1 avril 1861. Chaque planche représente, selon leur aspect et leur position héliographique, les taches et groupes de taches observés pendant une de ces rotations, qui y sont placés sur un réseau de degrés de longitude et de latitude héliocentriques; c’est un canevas général des taches qui ont paru sur le soleil pendant tout l'intervalle des observations, et où les cercles horaires pas- sant-par le centre du disque du soleil sont indiqués pour chaque jour. Viennent ensuite trois planches, représentant la distribution, plus ou moins condensée, des taches solaires en latitude hélio- graphique pendant le cours des observations. On y voit, au pre- mier coup d'œil, le rapprochement des taches de l'équateur so- laire et leur moindre nombre de 1854 à 1856 ; puis leur plus grand écartement de ce même équateur et l'accroissement gra- duel de leur nombre dans les années suivantes, surtout de 1858 à 1861, près d’un maximum de laches, dont M. le professeur Wolf, de Zurich, a fixé l’époque à 1860,2 dans le n° 14 de ses Mittheilungen über die Sonnenflecken. ASTRONOMIE. 67 Les planches n° 105 à 165 se rapportent aux groupes de ta- ches observés plus d'une fois. M. Carrington y a représenté successivement dans la même feuille, les unes sous les autres, les figures de chaque groupe, aux diverses époques où lui, ou ses adjoints, les ont observées, l'observation faite le jour où le groupe passait au centre du disque occupant le carré du milieu. Enfin la dernière planche, n° 166, représente la courbe des varialions de la fréquence des taches de 1750 à 1860, telle -qu'elle résulte des travaux de MM. Schwabe et Wolf, la courbe de la variation, dans le même intervalle de temps, des distances au soleil de la planète Jupiter, d'après M. Wolf; enfin, la courbe de la variation correspondante du prix du blé en Angle- terre, d'après M. Stanton. L'examen comparatif de ces courbes montre que la troisième n’a point de rapports réels avec les deux autres. Quant aux deux premières, depuis 1770, il ya une assez grande coïncidence entre les maxima de fréquence de ta- ches et les maxima du rayon vecteur de Jupiter, et il en est de même pour les minima : mais il y a, cependant, certains écarts. Dans les deux périodes précédentes il y a discordance complète. M. Carrington se demande, dans la dernière section de son ouvrage, s'il ne serait pas possible que la masse de Ju- piler affectat indirectement les variations de fréquence des ta- ches, par son action intermédiaire sur l'anneau matériel qui constitue la lumière zodiacale, et il exprime le désir qu’on fasse dans un bon climat, sous une latitude favorable, telle que celle des Indes orientales, et à une hauteur suffisante au-dessus de la mer, des séries d'observations de cette lumière aussi bien que des taches du soleil. Il admet que, pour ces dernières observ:- ions, 1l convient de suivre, maintenant, les méthodes d’enre- gistrement et d'impression photographiques, telles qu'elles ont été perfectionnées par M. Delarue. Une remarque de M. Balfour-Stewart, communiquée à la So- ciélé astronomique de Londres dans sa séance du 10 juin 4864, et insérée p. 198 du t. 24 des Monthly Notices, tendrait à con- 68 BULLETIN SCIENTIFIQUE. firmer l’idée de l'influence que les plus grandes planètes de notre système peuvent exercer sur les taches du soleil. En effet, M. Wolf a trouvé, à la suite de ses persévérantes recherches sur toutes les observations de ces taches, qu'outre la période de fré- quence des taches d'environ onze ans signalée d'abord par M. Schwabe, la comparaison des résultats des observations pa- raissait en indiquer une autre plus longue, dont la durée serait d'environ 56 ans, et dont le maximum aurait eu lieu en 1856. Or, M. Stewart a remarqué que, comme la durée de deux ré- volulions de Saturne est presque égale à celle de cinq révolu- tions de Jupiter, ces deux planètes doivent se relrouver tous les 59 ans à peu près dans la même position réciproque, et qu'elles se sont trouvées, l’une et l’autre, vers 1840, très près de leur aphélie. On n'aurait certes guère pu se douter à l'avance, que la commensurabilité des moyens mouvements de Jupiter et de Saturne, par suile de laquelle Pillustre géomètre français La- place est parvenu le premier, en 1787, à rendre raison, par la loi de lattraction Newlonienne, de la principale inégalité du mouvement de ces planèles en longitude, pût aussi jouer un rôle dans le phénomène des taches du soleil. Pour en revenir à l'ouvrage de M. Carrington, on doit cer- tainement regrelter que des circonstances indépendantes de sa volonté l’aient obligé à discontinuer ses observations, avant d’a- voir complété, comme il en avait l'intention, au moins une pé- riode entière, dite de Schwabe ou de onze ans, de a variation de fréquence des taches ; et qu'il n'ait pas pu non plus appro- fondir davantage quelques parties de ce sujet. Mais son travail n’en reste pas moins très-important, paisqu’oulre l'exacte déter- mination des éléments de position de l'équateur solaire qui y est donnée, c’est le premier où la loi de variabilité du mouvement des taches en longitude, suivant leur latitude, ait été établie. Les nombreuses séries de planches jointes à celle publication en augmentent beaucoup la valeur, et elle renferme de précieux matériaux qui pourront être longtemps uliles. Eu joignant à cet PHYSIQUE. 69 ouvrage le catalogue de 3735 étoiles de seconde à dixième gran- deur, très-voisines du pôle boréal, que M. Carringlon a publié en 1857, aux frais du gouvernement anglais, d’après ses obser- valions faites à Redhill avec un cercle-méridien, ces deux volu- mes conslituent un monument remarquable de ce que peut obte- nir, en peu d'années, dans un petit observatoire particulier, en fait de résultats très-avantageux à la science, un astronome ha- bile et dévoué. Il serait fort à désirer que M, Carrington, qui a été pendant bien des années l’un des secrétaires de la Société astronomique, et qui a reçu d'elle, en février 1859, pour son catalogue d'éloiles circompolaires, la médaille d’or qu’elle décerne annuellement, pût reprendre bientôt ses travaux scientifiques et y rendre de nouveaux services à l'astronomie. ALFRED GAUTIER. PHYSIQUE. J. JANSSEN, DES RAIES TELLURIQUES DU SPECTRE SOLAIRE. (Ac- tes de l’Académie de Nuovi Lincei de Rome.) M. Janssen nomme raies telluriques les lacunes produites dans un spectre quelconque par l'action de l'atmosphère de la terre. Ces raies, que MM. Brewster et Gladstone avaient nommées at- mosphériques, sont celles qui viennent s’ajouler en assez grand nombre aux raies ordinaires du spectre examiné pendant la jour- née, quand le soleil est près de l'horizon, c’est-à-dire le soir et le matin. Dès l’origine on avait pensé à en attribuer l'exis- tence à l’aclion de l'atmosphère terrestre et surtout aux vapeurs qu’elle contient en plus grande abondance le soir et le malin. Toutefois il existait encore des doutes sur l'exactitude de celte explication, fondés sur ce que les raies nouvelles disparaissaient complétement du spectre pendant tout le cours de la journée, ce qui n'aurait pas dû avoir lieu si elles étaient dues à l’action de l'atmosphère. 70 BULLETIN SCIENTIFIQUE. M. Janssen, au moyen d’un spectroscope perfectionné qui lui a donné un spectre joignant à une dilatation extrême une pureté qui permeltait d'y discerner des lignes d’une grande finesse ou celles qui ne sont que faiblement accentuées, a pu constater que les plus importantes des bandes ou groupes qu’on avait remarqués le soir et le matin dans le spectre, se résolvaient en lignes bien distinctes, visibles par toute hauteur dusoleil et variant d’inten- silé précisément comme les épaisseurs d'air traversées par les rayons solaires. Il était ainsi démontré que notre atmosphère pro- duil dans le spectre solaire un système de raies qui lui est propre et qu’on doit distinguer des raies solaires proprement dites. L'auteur s’est attaché dès lors à construire des cartes qui pré- sentent cette distinction capilale, travail long et pénible, surtout quand on songe que le spectroscope employé montre dans le spectre environ trois mille raies. Quoique les cartes dont il s’agit ne soient pas encore publiées, M. Janssen indique les parties du spectre où les raies telluriques sont îes plus nombreuses ou les plus prononcées; il remarque que ces raies diffèrent entre elles non-seulement par la largeur, mais encore par l'intensité, ce qui montre que l'action absorbante de l’atmosphère ou le coeffi- cient d'extinction est variable pour chaque radiation lumineuse élémentaire. Le fait que les gaz de notre atmosphère ont le pouvoir de faire naître des bandes obscures dans le spectre, devient un nouvel appui à la théorie de M. Kirchhoff sur la cause des raies du spectre solaire, en montrant qu'elles peuvent être dues à l’atmosphère qui entoure le noyau d’où émane la lumière solaire. M. Janssen a adopté le nom de telluriques pour désigner les raies que notre atmosphère fait naître dans le spectre du soleil ou des autres as- tres, la dénomination d’atmosphérique pouvant laisser dans l’es- prit une certaine confusion puisque, en définitive, toutes les raies des spectres cosmiques sont produites par des atmosphères. M. Janssen a appliqué son spectroscope perfectionnné à l'étude des bandes telluriques dans les spectres de la lune et de quelques PHYSIQUE. 71 étoiles. Il y a trouvé des bandes obscures analogues à celles que le spectre solaire lui a présentées dans les inêmes circonstances, c'est-à-dire lorsque les astres sont près de l'horizon. Du reste, il n'entre pas dans de grands détails sur ce sujet, sur lequel il comple revenir. J.-C. PocceNDorFr. UEBER EINE NEUE KLASSE, etc. .. SUR UNE NOUVELLE CLASSE DE PHÉNOMÈNES D'INDUCTION. ( Poggend. Ann., 1864, n° 11, p. 448.) Il s’agit de phénomènes particuliers que présentent les cou- rants l'induction produits par un inducteur (machine de Ruhm- korff), lorsqu'on fait communiquer avec les conducteurs entre lesquels part l’étincelle des fils de métal plus ou moins longs. L'inducieur employé par l'auteur est de moyenne force : on s’estservi habituellement de l'interrupteur à mercure de Foucault. Le déchargeur est une tige de platine horizontale supportée par un pied isolant el communiquant avec le sol. Au moyen d'une coulisse le long de laquelle se trouve une échelle divisée, on peut faire glisser celle tige perpendiculairement à sa direction, de manière à lui faire occuper le point que l’on veut le long du chemin de l’étincelle, entre les deux pointes du micromètre. À l’aide de cel appareil, on peut observer des phénomènes déjà counus, mais dont la description est nécessaire à ce qui suit. Les deux fils polaires, c’est-à-dire les fils qui font communiquer l’une des extrémités de la bobine d’induction avec la pointe corres- pondante du micromètre, sont courts etégaux; chacun a de 8 à 12 pouces de long; les deux pointes du micromètre sont à une distance égale à la moitié de la distance maxima. On approche le déchargeur de l’un des pôles; il arrive un moment où l’on ob- tient une décharge dérivée et la distance à laquelle elle commence à se produire esl à peu près la même pour les deux pôles. En continuant à rapprocher le déchargeur du pôle positif, on finit par faire disparaître complétement la décharge principale ; au + 72 BULLETIN SCIENTIFIQUE. contraire, pour le pôle négatif on la rend de plus en plus forte. Quelquefois même, lorsqu'on en a éloigné suffisamment les deux pôles pour faire disparaitre l’élincelle, on la rétablit en amenant le déchargeur à côté du pôle négatif. Dans ces expériences, l’ex- trémité du déchargeur est à une certaine distance de la ligne même que suit l’élincelle. Si l'extrémité est sur cette ligne, on oblient en général deux étincelles, l'une large et brillante entre le déchargeur et le pôle le plus éloigné, l’autre étroite et pâle entre le déchargeur et le pôle le plus rapproché. Voici maintenant en quoi consistent les phénomènes observés par M. Poggendorff. On remplace un des fils polaires, le fil positif, par exemple, par un fil plus long et bien isolé; ainsi, au lieu de 12 pouces, le fil polaire positif a environ 20 pieds de long. On remarque dans ce cas : 1° Les étincelles sont plus brillantes et plus fortes que dans le cas normal où les deux fils polaires sont égaux et courts ; 2° En approchant successivement le déchargeur du pôle po- silif et du pôle négatif, la distance explosive de la décharge dé- rivée est plus grande pour le pôle positif et plus petite pour ie pôle négatif que dans le cas normal ; 9° Tout le circuit inducteur est chargé d'électricité libre lors même que ce circuit n’est pas isolé avec soin. Cette électricité est négalive, par conséquent, contraire au pôle muni d'un long fil. Si c'est, au contraire, le fil du pôle négatif que l'on allonge, c’est de l'électricité positive qui se développe sur Île circuit in- ducteur et les distances explosives de la décharge dérivée pour les deux pôles sont dans le rapport inverse de ce qu'elles étaient dans le premier cas. Lorsqu'on donne une grande dimension aux deux fils polaires à la fois, la distance explosive de l’étincelle principale qui n'avait pas varié dans les cas précédents est notablement diminuée ; l'é- clat de l’étincelle augmente ; les distances explosives de létin- PHYSIQUE. 13 celle dérivée deviennent égales aux deux pôles ; l'électricité du circuit inducleur disparait. L'auleur a cherché quelle est l'influence du diamètre des fils polaires. Un certain nombre d'expériences faites avec des fils de diamètres différents ont moutré qu'un fil plus épais agit avec plus d'intensité, mais que celle intensité augmente beaucoup moins rapidement que la section du fil. L'action du fil polaire augmente, comme on l’a vu, avec la longueur, mais suivant un rapport plus pelit que cette longueur elle-même. On peut en juger par les distances explosives corres- pondant à descouples de fiis dedifférentes longueurs. Pour des fils d'un pied, celte distance est de 35 lignes ; pour 20 pieds, elle devient 22 lignes, et pour 500 pieds, 18 lignes. On obtient les mêmes phénomènes en se servant de bandes métalliques au lieu de fils. Il y a, cependant, cette différence que les élincelles obtenues avec des bandes sont plus brillantes et plus compactes el rappellent les étincelles obtenues avec une bou- teille de Leyde. Une bande de 20 pieds de long et d’un pouce de large combinée avec une bande de 2 pieds de long et d’un pied de large, agit comme le ferait un long fil combiné avec un court, bien que la surface de la première bande soit plus petite que celle de la seconde. En quoi consiste l'action des fils polaires? Les expériences sur les fils de diamètres variables font voir qu'il ne s’agit pas d'un phénomène où la résistance électrique de ces fils joue un rôle. Ce qui confirme encore celle manière de voir, c’est qu'un fil cesse d'agir lorsqu'on le roule en spirale, ce qui ne fait nulle- ment varier sa résistance. Un long fil ainsi roulé, combiné avec un fil court, ne donne lieu à aucune différence de tension aux deux pôles, mais à mesure qu’on le déroule, les phénomènes qu'on a décrits se produisent. On pourrait penser que la spirale par son action sur elle-même annule un autre effet d'induction ; mais en plaçant une spirale à la suite d’un long fil étendu, ce fil agit comme s’il n'y avait pas de spirale. Enfin, un fait bien ca- 74 BULLETIN SCIENTIQUE. ractéristique est qu’il n’est pas nécessaire d’intercaler le fil dans le cireuit induit, mais qu’il suffit pour qu'il agisse de le mettre par une de ses extrémités en communicalion avec le pôle. On peut expliquer pourquoi une différence de tension aux deux pôles donne lieu à un développement d'électricité sur le circuit inducieur. La bobine induite agit sur l'inductrice par influence. Lorsque les deux moitiés du fil induit sont chargées d'électricités égales el de signes contraires, l’inducteur resle sans électricité libre, mais aussitôt que l’une des deux électricités prédomine sur l'induit, l’autre électricité doit prédominer sur l'inducteur. Celle explication d’un des effets observés ne permet pas de rien conclure relativement à l’action des fils polaires. Cette ac- lion ne consiste-t-elle pas dans la production de courants alter- natifs ? Si l’on remplace simplement l'étincelle dans l'air par un tube de Geissler, l’action des longs fils ne se manifeste plus; mais on les oblient de nouveau en intercalant dans le cireuit in- duil un tube de Geissler et le micromètre à étincelles. En se ser- vant d’un couple de longs fils, on observe alors un phénomène remarquable. Avec deux fils courts, le tube était rempli d'une iumière blanchâtre et il n’y avait qu'une coloration violette au pôle négatif. Avec les fils longs, une belle [lumière jaune comme celle du verre d'urane entoure le pôle posilif et occupe un espace nettement limité qui va du pôle posilif aux parois du tube. Un fait remarquable est qu'il n’y a pas trace au pôle positif de la lumière bleue qui produit habituellement cette lumière fluores- cente, et qu’au contraire, au pôle négatif, la lumière bleue ne produit presque pas de fluorescence dans ces circonstances. Si l’on met d'abord en contact les pointes du micromètre et qu'on les écarte peu à peu, le phénomène qu'on vient de dé- crire ne se produit pas d'abord et commence seulement pour un cerlain écartement des pointes. En augmentant encore cet écar- tement, le phénomène se modifie; la stratification et l’espace obscur disparaissent; tout le tube d’un bout à l’autre est rempli d'une lumière violette homogène qui forme un contraste frappant 4 PHYSIQUE. 75 avec la lumière fluorescente qui continue à se montrer au pôle positif. Des tubes différents ont donné des résultats analogues. Ces expériences montrent que des longs fils polaires donnent lieu à des courants alternalifs, lorsque la distance explosive de l’étincelle dans l'air atteint une certaine grandeur. On peut, en effet, produire un phénomène tout à fait semblable dans un tube de Geissler au moyen des courants alternatifs que l’on obtient, comme on le sait, avec un tableau de Franklin. Seulement, dans ce cas, il y a de la lumière bleue aussi au pôle positif. Celte dif- férence provient sans doute de ce que les courants allernatifs produits par les longs fils polaires sont plus différents d'inten- silé. Quant à la manière dont les longs fils fonctionnent pour pro- duire ces courants alternatifs, l’auteur ne juge pas qu'il soit op- portun avant des recherches nouvelles de chercher à rendre compte de celle action. Pror. G. HINRICHS. ON THE DISTRIBUTION... SUR LA DISTRIBU- TION DES RAIES OBSCURES DANS LE SPECTRE DES ÉLÉMENTS. (Américan journal of sciences, etc., t. 88, page 51.) En considérant la distance entre elles des raies des différents groupes du spectre produit par le calcium, le baryum et le strontium, M. Hinrichs a été amené à formuler les lois et les conclusions suivantes : {re loi. Étant donné un groupe, les distances mutuelles des raies sont des mulliples de la plus petite d’entre elles. 2e loi. Les intervalles entre les différents groupes peuvent être exprimés en nombres simples comme 1, 2, 3. 8° loi. La différence en longueur d’onde entre les lignes cor- respondantes d’un groupe est la même dans lout le spectre. 4 loi. Les principales lignes ou groupes de lignes correspon- danles sont équidistants en regard de leurs longueurs d’onde. - Mais quelle est la cause de ces lois? Les raies, dit l’auteur, 76 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ne peuvent avoir d'autre origine que l’une des deux suivantes : elles sont produiles par les dimensions des particules solides ou bien par les intervalles, soit distances, qui les séparent. La der- nière est inadmissible, puisque les lignes restent les mêmes dans les diverses circonstances qui pourraient avoir pour effet d'é- carter ou de rapprocher les particules : alors les lignes doivent êlre produites par le volume des particules ou alomes eux- mêmes, el une connaissance exacte de ces lois et distances doit nous conduire à la connaissance des dimensions relalives des alomes. Nous renverrons pour plus de détails au mémoire original, en nous bornant à faire remarquer que la première loi, vraie pour une partie du spectre du calcium, par exemple, ne lest pour d’autres qu’à la condition de réunir deux distances en une seule, ce qui revient au fond à considérer coinme n’exislant pas des raies parfailement observées cependant. M. D. CHIMIE. E. MAUMENE. THÉORIE GÉNÉRALE DE L'EXERCICE DE L'AFFINITÉ. (Annales de chimie et de physique, 4% série, L. HE, p. 519.) Voilà un titre bien fait pour attirer l'attention des chimistes, et si l'auteur a réussi à jeter quelque lumière sur un sujet de- meuré jusqu'ici aussi obscur, il aura certainement rendu un grand service à la science. À n’en juger que par le nombre et F'impor- tance des réactions chimiques qu'il passe en revue, et dans les- quelles il croit trouver une éclatante confirmation de sa (théorie, on serait d’abord porté à croire qu'il a effectivement découvert une loi qui les explique et permet de les prévoir. Malheureusement un examen altentif de ce mémoire montre que l’auteur est sim- plement la dupe d’une illusion qui a bien souvent induit en er- reur les savants lorsqu'ils se laissent trop entraîner à des spé- culations purement théoriques. Ils ne s’aperçuivent pas que leurs CHIMIE. 77 théories ne s'accordent avec les faits que parce qu’ils ÿ ont in- troduit des hypothèses arbitraires, qu'ils font varier dans chaque cas, et dont la justification serait tout aussi difficile que celle des faits mêmes qu'ils ont la prétention d'expliquer. Il me sera facile de montrer, je crois, que la théorie de M. Mau- mené repose sur une première hypothèse que rien ne justifie, et qu'elle ne se trouve d'accord avec plusieurs réactions chimiques que parce que, dans Fapplication de cette théorie à chaque cas particulier, il introduit une seconde hypothèse complétement arbitraire. Le principe de cette théorie est extrêmement simple. Suivant l’auteur, lorsque deux corps réagissent lun sur l’autre, la réac- tion s'établit nécessairement entre des poids de ces corps pro- portionnels à leurs densités respectives, el par conséquent entre des nombres d’alomnes proportionnels à ces densités divisées par les poids atomiques. Or voici comment il démontre ce principe fondamental. Supposons du cuivre en présence de l'acide sulfu- rique ; c’est une règle incontestable, dit l'auteur, que l’action est égale à la réaction, donc l’action chimique de l'acide doil péné- trer dans le cuivre rigoureusement à la même profondeur que l’action chimique du métal dans l'acide qui est en contact avec lui. Voilà incontestablement un principe bien établi, el SANS AU- CUNE HYPOTHÈSE, ajoute M. Maumené en lettres majuscules. Il l'est cerlainement aussi bien que les deux suivants qui reposent sur la même démonstration et qui pourront un Jour peul-êlre servir de base à quelque nouvelle théorie. Je presse un morceau de caout- chouc contre une barre de fer : loute action est égale à la réaction, donc le rapprochement qu'éprouveront les molécules dans ces deux corps sera rigoureusement le même. Je mets en contact un mé- {al chaud et un morceau de bois froid, l’action étant égale à la réaction, les changements de température qui résulleront de cé contact devront se propager rigoureusement à la même distance de part et d'autre de la surface de séparation. Voyons maintenant par un exemple comment ce principe , si 78 BULLETIN SCIENTIFIQUE. bien établi, se plie aux exigences de l'expérience. L'auteur va nous montrer que sa théorie explique parfaitement pourquoi le phos- phore décompose l'acide chlorhydrique aqueux à 200 degrés, en produisant de l'hydrogène phosphoré et de l'acide phosphoreux, tandis qu’il demeure sans aclion sur l’eau à cette température. D'après sa théorie, la réaction devra s'établir dans le premier cas entre des nombres d'atomes d'acide chlorhydrique et de phosphore qui seraient dans le rapport de 1 : 4, 5, dans le second entre des nombres d’atomes de phosphore et d'eau qui seraient dans le rap- port de 1 : 1,94. Puis, par une hypothèse complétement arbitraire et dont il ne semble pas même avoir conscience, il admet que les nombres absolus d’atomes qui réagissent sont dans le premier cas 10 et 45, dans le second # et 2. Ceci admis, il est facile de con- cevoir quedans la première réaclion il trouve tous les éléments né- cessaires pour former de l'hydrogène phosphoré el de l'acide phos- phoreux, en faisant, il est vrai, en outre dégager de l'hydrogène libre dont l'expérience n’a pas conslalé la présence; tandis que la seconde réaction est déclarée impossible, car on ne peut sup- poser qu'un seul atome de phosphore décompose l'eau, ne pou- vant se combiner qu'avec un seul de ses éléments. Mais pourquoi l'auteur n'a-t-1l pas décuplé les rapports aussi bien que dans le premier cas ? Sa (héorie lui aurait alors montré 10 atomes de phos- phore réagissant sur 20 atomes d’eau, ce qui permettrait d’ex- pliquer la formation des combinaisons les plus diverses du phos- phore avec l'hydrogène et l'oxygène. Ajoutons enfin que dans le cas où, malgré l'introduction d’une pareille hypothèse arbitraire, la nouvelle théorie ne conduit pas tout à fait aux résultats indiqués par l'expérience, l'auteur n’en parait pas du tout embarrassé. Cilons comme exemple l’action de l’acide azolique concentré sur le phosphore. Sa théorie indique comme produits de celle action de l’acide phosphoreux, du phos- phure d'hydrogène liquide, de lammoniaque, trois substances dont jusqu'ici l'expérience n’a pas constaté la formation ; en re- vanche, elle n'indique pas l'acide phosphorique, qui paraît être le CHIMIE. 79 seul produit essentiel que l’on oblienne dans ce traitement. M. Maumené en est quitte pour admeltre en pareil cas que des réactions secondaires ont fait disparaître les produits indiqués par la théorie, pour donner naissance à ceux que l'expérience cons- tate. 3 GM: F. Rercu er Tu. Ricater. UEBER.... SUR L'INDIUM (suite). (Journ. für prak. Chemie, t. XCII. p. 480.) Nous avons rendu compte des premières notices de MM. Reich et Richler sur leur nouveau métal. ! Depuis lors ces chimistes ont extrait de 200 livres de blende quelques grammes d'in- dium avec lesquels ils ont pu tout à la fois vérifier et étendre leurs premiers résultats. Contrairement à une asserlion antérieure, l’oxyde d’indium est facilement réduit par l'hydrogène dans un tube à boule; le métal fond à une température suffisante en gouttelettes qui se laissent assez bien détacher du verre, quoiqu'une pelite portion reste adhé- rente aux parois de la boule ; on peut réunir en un seul les grains détachés, en les fondant avec du cyanure de potassium. Dans la réduction de l'oxyde d’indium par l'hydrogène, le gaz entraîne un peu de mélal, ce qui lui donne la propriété de brüler avec une belle flamme bleue. Le métal est blanc, plus clair que l'étain, se rapprochant de l'argent ; il est très-mou, ductile, inaltérable à l'air et même dans l'eau bouillante. Son poids spécifique est en moyenne de 7, 18 à + 200 C. Son point de fusion est très-voisin de celui du plomb. Au chalumeau, sur le charbon, l'indium fond en un globule écla- tant qui se gonfle et colore la flaunme en bleu, én formant un dépôt jaune foncé plus clair à froid. Les acides sulfurique et chlorhydrique dissolvent l’indium len- tement à froid, plus vite à chaud ; la liqueur est précipitée d’une manière complète par la potasse et l'ammoniaque : il se dépose 1 Voyez Archives, t. XIX, p. 144.. 8u BULLETIN SCIENTIFIQUE. un hydrate blanc gélatineux qui s'attache aux paroïs du vase et peul facilement être lavé. L'acide tartrique empêche la précipita- lion d’avoir lieu. L’oxyde d'indium chauffé est brun ou rouge sombre : il devient en se refroidissant orangé, puis jaune de paille clair. L'hydrogène sulfuré précipite à peine les dissolutions indi- quées dans les acides forts ; mais il décompose très-bien r'acétate dans lequel il produit un sulfure gélalineux jaune orangé qui forme en se desséchant des morceaux bruns dont la couleur s’é- claircit par le broyage. Le sulfure d'indium est dissous par les acides chlorhydrique et sulfurique, avec dégagement d'hydrogène sulfuré. Le chlorure anhydre est très-volatil; - il forme des paillettes blanches très-déliquescentes ; sa dissolution aqueuse se décom- pose par l’évaporation : de l'acide chlorhydrique se dégage en en- trainant un peu de chlorure, et ilreste un cémposé basique in- soluble. Le sulfate cristallise difficilement en pelites lamelles blanches. D’après la composition de l’oxyde, les auteurs établis- sent, d'une manière approximative, le poids atomique de l’in- dium — à 465 environ. Pour ce qui concerne les procédés d'extraction, nous renverrons au mémoire original; ajoutons seu- lement que tous les échantillons de zine préparé au moyen de la blende ont été reconnus pour coutenir de l'indium, MD: OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le Prof. £. PLANTAMOUR PENDANT LE mois DE DÉCEMBRE 1864. brouillard tout le jour. id. id. id. 0 A dépôt de givre. brouillard une partie de la journée ; depuis 6 h. 45 m. couronne lunaire : de 10 h. 50 m. à minuit beau halo lunaire. brouillard une partie de la journée ; dépôt de givre. brouillard jusqu'au soir. brouillard jusqu’à midi. il est tombé une faible quantité de neige, qui a pris pied, mais qui a disparu le lendemain. il est tombé dans la nuit un peu de neige, qui a pris pied, mais qui a disparu dans la matinée. brouillard jusqu’au soir. il est tombé un peu de neige, mais qui n’est pas restée sur le sol. brouillard dans la soirée. brouillard jusqu’à 6 h. du soir, avec dépôt de givre. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm mm Eeé £, 4 06-h2 GITe 5/90 Le 4, à 10 h matin... 737,98 8, à 9h::s0ir.-.. 796,68 11, à 10 h. matin... 729,45 15: 19 Ne sbire ee 713,19 20, à 10 h. matin... 731,36 99%. à v4- he soirs: 5 722,36 23/07 9 D SOIT -:7-2 MAS 27: d- 2 he soir. 2 726,24 29, à 10 h. matin. . 734,09 ARCHIVES, t. XXII. — Janvier 1865. LE + 2 ren YO AGHON TU 20 Er = F0 MA à ÉCOREUT EEE QUE à era * : cite a DT + K IR . OA THANE 7 ont at 2 “à FR Per “aoet ÉLIRE aq “4 ROM #4 ETC | , den 36 ë ri OURS 1-2 #8," ‘A PRE “ ; NE à 7 ol os rue) 61 bialiuond: ë #48 DAT ”j «Dr bi ob : sil ea G010") 2e Gld à alor sud EE # ais BERG O0 bell : mes DATENT NAS TE jai, Hedosdé tuant à cut Ge HS sh SENTR oh JO: Sat où si ha nitrps ne x ER | | * ie Re 6 me ve © + Fe éupid j ind x: 1642 D ñ luy aient hate HT & ini EU ab LLLE? 5 afdia et Moi # Le x LES TE PE M Le D aie ER , yrsceil # ip ain Baiq AT & DD ds + eg dé ta 6 aval EEE Rule Se 277 loa alive abs 2aq Jo‘ Lupaieur opisa + ob: ET à sfinos ri A È | LG CES « AÉNIUES eue bia Faro “se A | A avis bb 104üf UE 1108 nb. æû “ bi trsftgne TR L- 3 2 * Sprsilaeoiets HOS229" w sl sh esstti tip % DU HomAtis ME CP DE a nié HUIMIAAM LUE Æ ST A à VOS PAM «ee tie. 4 6 if C7 0 & ga per ue cn08 F4: “ DENTS we En j abe8r “\ Hilgne 4 dE # (fees: ( d2 je due DE | 2€ # at LS 2 D 4 LAC 0E ; “ai # wi # Luis, frrivar. à à # TE : 3 pe Lo 1 KES 4 DCE ES ae ORORE AE een b M: 20 FA dé ga " \ 08 . d Le s EE ME NL TE Ki EE rh CNE EN ER FAT x so 3 di JE #: s œ S'OENS'O — 18" pu EME USINE OO0T | 64 | 00011 18 0— | LT'E [66 —|p'L — C8 r— or —166r —[ILPeeLIIE 01€ co — {er |00° ne [TT 0001 Or6 [Gat+ | 666 | L8'o— | 1r'e ee — c'e —|r9p— | 8er — rer &E 68L| 0€ GIENST — | O0‘ TT “ANN "| °:: lore [ous |ce se 006 | L80—|@&T 6 MLe — |v'r —|9r'e— | 69e —|lor'o 09'E6L| 68 € 1680 —{|L'r |er'ole "anni :-[-": lors loce lee 006 | L8'O— GE 6e —|9r —|6r'e— | 29e — | L1'S 6S'68L | 8 SIEN 60 —|L'y |88" ot ‘aNN| "| """ looor|ogs [re 2 816 |[S6 0— | o'e |o'e — {c'e — sr p— | 98 + —|61:0 — | 19‘98L | L& 0'&e|LO —1[6‘r [oo'tilt ‘“ANNi°"1"°" 11086 |006 |c9 GE6 || 80° 1— | 26° G | pr —|re — | cs p— | 96‘ — cet + | e9‘8cL | 98 CCE EN ES AODNIT ann | -: .:!#016 [018 |er +806 |it'1—| 68e [ae — | pe —|cop— | eotr — RER r9'0€L | a 8e O0 — 12e |oott ‘av |: |" lors |oos [so — | 198 lo6to— | co'£ vo—|0p —|9c6—|81e —|zLc'e IL'OEL| ra L'e6|L0 — 18e |oo't lle ‘AaNN-- 1" Note loge |rt + | LLS | re'o—|sgr'e [I L'T 66 —|68 1—|SL't —||lcos — | Letcez | ge 8690 Ælc'o Nicole ‘anne dit loce os | —|sce [loco | ee Îloce ‘Oo +] ps'I RER ec'p — | LL'ecL | ce 066 No 190 oo'tir ‘oss}*-1""" ]o0o7|006 |£or+ | 896 | o6‘o+ | 00e [re L lotr | 21 | ert Lero — 08'98L | T& 0‘6611S0 +199 [se'o ir ‘OSS ge 16'T [ooot ogg Île + | 626 18'0+ | 98'r [la‘e dE &O H|pS'T GS8'I 6t'e + |cr'oeLz |0c ES |[r'o +|9'a l66‘o loiqeuea le |e‘o lose lors ler Ge 906 | 69°0+ | GL'r llc'e L'0O —| 6 + | 98"T 970 + | OL'LEL | 6T age... |. oo lr “any l-: 006 |0€8 |TI PL8 | 08 04] Le'p |6°t +] 210 —| ce‘ o+ | €8‘o V6 —|Le72cL|8I 86660 +199 eo‘o}r ‘anni: |": ll0o88 lose [16 — !ezz Îeoto— | or re L | 10 + log cr'e + ecr —|oc'eez | LT See to +199 lsç'ole ‘ossle leo JOPG L'OEL 19 —19068 |éc'o+ rer 6e H ro —|19 04 sat Ls6'or— Psr'otz|ot L'£6 | 00 99 |88'oit ‘osl--{:°:|lo16 logz |oc &I6 || 8e 0+ | ce‘r AE L'O — | € o— | 690 + 6r er— | r9'8rL ICT 8°R£ 1[0*0 99 NO0T IT ‘ANN|-" |" 1066 locs lez PEG | PO‘O4- | 67° P | al 80 —|et'i1—| 820 —||8t 6 —|£6'LIL|FI L'66 |[0‘0 L'9 |o0‘TIT ‘ANNI--1""°|lo86 loce |LF 806 ||8€‘0+ | cc'r UE CO — [ve 0H! 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Midi. 2h.s. 4h.s. Gh.s. 8h.s. 10h.s. Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm _ mm ire décade, 732,30 732,46 732,73 732,10 731,62 731,65 731,81 732,04 732,14 2e » 722,06 722,29 ‘722,12 722,88 121,94 722,19 722,44 722,59 722,63 30 » 12119-79895: 728,52 79:81 191,54 127,589 91.,19-FI, 90 TPE Mois 727,40 727,69 728,00 727,43 ‘727,05 727,15 ‘721,36 721,52 127,49 Température. o 0 0 0 0 6 o P 0 ire décade — 1,48 — 1,44 — 0,55 + 0,11 + 0,56 — 0,03 — 0,46 — 0,62 — 0.81 2 » 0,33 + 0,43 + 1,05 + 1,83 + 2,18 + 1,59 + 1,16 + 0,70 + 0,72 ge “ww — 3,56 — 3,50 — 3,17 — 2,66 — 2,20 — 2,28 — 2,46 — 2,74 — 3,03 Mois — 1,63 — 1,57 — 0,97 — 0,32 + 0,10 — 0,31 — 0,65 — 0,94 — 1,11 > Tension de la vapeur. mm mm mm mm mm mm nm mm mm 1re décade, 3,71 3,66 3,77 3,86 3,86 3,97 3,87 3,88 3,83 AE" 4,45 4.46 4,48 4,38 4,42 4,44 4,54 4,46 4,39 ge » 3,33 3,32 3,43 3,45 3,55 3,50 3,54 3,41 3,35 Mois 3,82 3,80 3,88 3,88 3,93 3,96 3,97 3,90 3,83 Fraction de saturation en millièmes. 1re décade, 910 897 867 841 815 876 880 892 900 2e » 946. 937 , 908 839. 828. 864 . 907 918 À 907 ge » dal | 998 984 | ‘907 | 808 ‘son 7 Q1s ne du Mois 933 921 904 865 848 878 900 904 906 Therm. min. Themmax, Ceegpee Pope SU eRte | Limnimètre, o o o mm p. Lre détade, — 2,07 + 1,01 0,93 7,07 0,1 35,7 2e > — 0,50 + 2,93 0,93 6,62 3,0 33.6 36 w : = 4,92 5 145 0,96 5,17 1,1 31,9 Mois — 2,33 + 0,75 0,94 6,23 4,2 _ 34,7 Dans ce mois, l’air a été calme 1 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du 59, a été celui de 2,21 à 1,00. La direction ue la résultante de tous les vents observésest N. 399,1 E. et son intensité est égale à 34 sur 100. TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Valeurs Le 4, à 10 h. 11, à-10 h. 20, à 10 h. 29, à 8 h. FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE MOIS DE DÉCEMBRE 1864. extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm mm Le 2, à 6 h. matin.. 563,24 soir :... 568,96 8, à: 4 b. soir.:.: 561,11 matin... 564,93 16, à 6 h. matin . 551,65 matin .. 563,98 23, à 6 h. matin.. 555,31 ROÏf :--- 60718 | Rs 0002 r D cite TRE ER TE ES SAINISBERNER D — DÉCEMBRE 1864. 2 Hauteur | Ecart avec 1 Moyenne |Ecart aveclal LÉ: Hauteur Eau Nombre |llomi Y U = moy. des | la hauteur | Minimum. | Maximum, des température | Minimum.! | Maximum. de la tombée dans! pour ominant | Ciel. a 24 heures.| normale, | %4 heures. normale. neige. les 24 h. 16206 millim. millim, millim millim. 0 0 0 0 cm mm 1 || 564,50 | + 2,84 | 563,52 | 565,62 | — 6,06 | + 0,97 | — 7,4 | — 3,3 || ...... | ...... | ...... NE. 1 | 0,46 9 || 564,40 | Æ 2,78 | 563,24 | 565,15 || —10,90 | — 3,77 | —11,6 | —10,0 || ...... | ...... | ...... [| NE. 2 | 0,44 3 | 566,23 | Æ 4,64 | 565,13 | 567,36 || —10,25 | — 3,03 | —13,0 | — 7,8 | ...... | ...... | ...... | NE. 1 | 0,00 4 || 568,17 | + 6,92 | 567,94 | 568,96 || — 5,31 de 9,001 — 9,0 |: —:8,94l 2.6 1... *..... || variable | 0,00 5 || 567,53 | + 6,02 | 566,92 | 568,11 || — 2,40 5:00 | —"5,4 1,8. is El IPN MIN 0 6 || 567 93 | + 6,45 | 567,67 | 568,41 || — 6,81 | + 0,6 9 Of 0 7 il m8 | see ON 1 || 565,53 4,08 | 564,47 |-566.95 ||— 5.93 | + 1,65 | — 7,0 | — 8,8 | ...... | ...... | «.... SE 140112 8 || 561,57 0,15! HOT 562,15 ÎL— 7,78 l'OIT = 9,6 5,1 || «es Dors SO SIN TN 9 || 561,74 0,35 | 561,23 [562,19 |L— 8,86 | — 1,11 | —10,0 | — 7,51 ...... | ...... | ...... | SO. 1 | 0,04 10 || 562,95 | Æ 1,59 | 562,11 | 564,18 | — 7,79 | + 0,04 | —10,3 | — 5,8 | ...... | ...... | ...... | SO. L | 0,37 11 | 564,46 | +3,13 | 564,17 | 564.93 || — 6,49 | + 1,49 | — 7,0 | — 5,4 .-..... | ...... | ...... | SO. 1 | 0,47 12 |! 561,79 | +0,49 | 560,43 | 563,30 | — 5,44 | + 2,55 | — 6,3 | — 4,4 -..... | ...... | ...... | SO. 1 | 0,78 13 || 556,46 | —"4,81 | 555,87 | 557,928 | — 5 54 | E 9,52 | — 6,7 | — 4,5 || ...... |. .... | ...... | SO. 1 | 1,00 14 | 556,79 | —[04,45 | 556,14 557,50 || —:6,83 qe 1,30 | — 8,0 | — 5,6 50 7,0 6 S0.+-#PAr:00 15 1"658,01 | —"9,21 |! 552,301:554,16 | — 5,67 2,53 | — 6,2 | — 4,9 30 3,2 5 SO: TL TI ON 1611 552,63. l— 8,56 | 55065 12554,11 M— 6,65 | + 1,72] 7,8 | = 51 10 1,0 3 NE Abel 17 | 557,37 | — 3,79 | 555,67 |-558,73 |: — 6,64 | — 0,30 | = 9,8 | — 7,8 || s-.... | ..... uses ISO IAA 18 || 558,21 | — 2,92 | 557,93 | 558,90 || — 7,45 0,96 | — 9,2 | — 6,1 30 2,2 3 SO. 10MmENN 19 || 561,82 | Æ 0,71 | 559,18 | 563,92 | — 6,53 1,94€ | .& 7,6 | æ 51 70 5,3 8 SO. 1 | 1,00 20 || 563,40 | + 2,32 | 562,16 | 564,05 || — 7,80 0,7% EL 10] 640 Île [OR NN EE 21 || 560,19 | — 0,86 | 559,95 | 560,53 || — 9,86 | — 1,27. | —10,5 | — 9,1 || ...... | ...... | ...... D NE. L |"0,26 22 || 556,24 | — 4,79 | 555,51 | 557,11 || —11,39 | — 2,74 | —13,0 | — 9,7 20 1,6 2 NE. 1| 0,79 23 1 556,86 | — 4,14 | 555,31 | 558,68 | —13,51 | — 4,81 | —16,1 | —11,8 || ...... | ...... | ...... | SO. 1 | 0,66 24 1561.80 | + 0,32 | 55972 | 562,03 || —10,01 | — 1,26 | —11,7 | — 9,1 | 4 Et 6 NO SSINNE 10051 25 || 561,70 | + 0,74 | 561,21 | 562,36 | —11,11 | — 2,31 | —12,1 | — 9,2 | ...... | ...... | ...... [| NE. L | 0,34 26 || 562,04 | Æ 1,10 À 561,55 | 562,54 || —192,35 | — 3.50 | —14,0 | —10,3 1 .. ... | ...... | ...... || SO. 1 | 0,00 27 || 561,91 À —Æ 0,99 | 561,54 | 562,44 ! — 5,40 | + 3,50 | — 7,8 | — 4,2 | ...... | ...... | ...... || variable | 0,96 28 || 562,61 1,71 | 561,89 | 563,75 | — 3,14 5.81 | — 5,4 | — 0,8 |... !...... LL...) variable 9066 29 |: 566,38 5,50 | 564,49 | 567,18 || — 4,27 ! 472 | + 6,9 | 1,0 1... Hssss sn er NN INDNNN 30 || 563,19 2,34 | 561,37 | 565.13 | — 6,79 2,24 | — 8,0 | — 4,0 | ...... | ...... I. NE. 110,00 31 || 596,22 =.4,6 L _t 554.37 _558,52 Tv 9,33 L Mes 0,20 ki — 10,5 10,8, 1 6,2 Ir wine PL s.ssse JE EN SET s; hu ians sf: A #10: 0307 a TARN | NE. 21 0,20 ' ‘ Les chitfres renfermés dans ces culonnes donnent la plus basse et la plus élevée des températures observées de 6 h. du matin à 10 h, du soir, 5 observées de 6 b, du matin à 40 due 0 thermomètrographes étant hors de servive. MOYENNES DU MOIS DE DÉCEMBRE 1864. 6h. m. 8h.m, 10h. m. Midi. 2h.s. 4b.s. 6b.s 8 b.s. 40 b.s Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm mm lredécade, 565,02 564,87 565,28 565,05 564,85 564,97 565,10 565,33 565,39 2e 2 558,41 558,64 558,85 558,59 558,31 558,58 558,56 558,72 558,77 3e » 560,64 560,80 561,14 560,73 560,42 560,67 560,80 560,99 560,97 te RS te on PE Re Mois 561,33 561,42 561,74 561,43 561,17 561,38 561,46 561,66 561,69 Température. : DL o o o 0 o Le) o ô 1re décade, — 8,27 — 7,95 — 7,31 — 6,06 — 4,87 — 6,16 — 7,36 — 7,64 — 7,74 PT IE = 1,39 6,928 — 5,72 —:5,18 —:6,11 — 6,69 = Guh — 6:71 9590 — 9,09 — 8,35 — 7,63.— 1,170 — 8,50 —9,08 — 997 — 9272 Mois — 8,35 — 8,17 —:7,35 — 6,51 — 5,98 — 6,97 — 1,15 — 1,998 — 7,97 Mio. observé. Max. observé.î Clarté moy. du Ciel. Rare She ( 0 mm mm 1re décade, — 9,22 — 4,85 0,16 0,0 0 2e » = °#,06 —19,40 0,87 18,7 190 3e » —11,60 — 7,54 0,40 1,6 20 Mois 9:25 — 5,74 0,47 20,3 210 Dans ce mois, l'air a été calme 28 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,10 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 450E., et son intensité est égale à 4 sur 100. { Voir la note du tableau. a 084 ane NE 48 RTE 246 TER ES sabre 1 L à ÉECRE TS Ar 24 CC af 6m AIS, 7 ECC ÉHinLs Wen I | L a s GremR Mid 35 88e fé hÂE fra È n 08.6 Le re Fi . + Et At CGR GT RER us * x x LE Es Ce = | L LE " ne. L * s Æ … =: : + PR rate than : 4 os 4 É F- pe _ F = _ : à € Le eo LÉ € F; Fr & r . PUR ‘n- à Le L si & — MTS 8 é PUS = Fer + .E : mx st ft: ue TTL Et A + + & ! =? CRE, 5: 9e L Nr DELA Te,. Du = 06 + LL Énese ST e0? PERL : F £: nd : + De - Et D De NT De Ou en CO Be LEE TRE DURE TT, SU ESE Exr.2 . 5 : L re nn. 52 de ne rhone pranmeniarn ete ee RE A ÉG . sg Ni Kg ere < £ ir 24 Da + sf À # ‘ 5 7 Lt 1. D ve Var MAC Rte) Ex d ça D A Lt er Fe PAL 3 iSS Z . e t{ af 1 “ES , — 0 , . ai F 15 pafes :istg sé 2 RÉ an s0nBal 2h . PIS | mr edge pin. > min ta arAU rousse Lors dou là ao 88 nauay &tS 4 Ksti : 66! #01 3h ilsÿ 5fû a Où 66. rs # - A ub au nus tige 5 Lee fl pnrionts ea sui 4b' fuel yeie sg . AU Es AR AC re ere ec rs + De ci e et : LEAR re Pat ra RS à Dr ; a «x . à AD If à TE + b 9 n q (1 ( bi, LNIQUIT 7 ° ra q D 9 4 6p | es Duntmluu laou fau dia délais rule Mason a lé tte sc enr CO NS EEE ei ou COI OO! C6 06 ce og C4 04 ç9 09 ge og Sy 07 - gg 0€ ga 0& gl ol £ lt XL 'S9@I ‘eu p'SÂd S9DULG Sap You PRÉCIS D'UNE HISTOIRE DU TERRAIN HOUILLER DES ALPES PAR M. ALPHONSE FAVRE, Prof. à l'Académie de Genève Dans cette histoire des travaux relatifs au terrain houiller des Alpes, longtemps nommé terrain anthracifère, il m'a paru convenable d'établir des divisions. Je ne veux point les baser sur les mémoires qui ont joué un rôle plus on moins important dans la géologie des Alpes, mais sur les observations et sur les faits. Il me semble naturel dès lors de comprendre dans la première partie toutes les observations anciennes sur les anthracites et les végétaux qui les accompagnent, en y ajoutant les remar- ques faites sous l'influence de la géologie anglaise qui avaient pour but la comparaison des terrains des Alpes avec ceux de ia Grande-Bretagne. Cette division s'arrête en 1827. Dans la seconde partie, de 1898 à 1857, je donne le résumé de ce qui a été fait depuis la découverte des bé- lemnites dans la trop célèbre localité de Petit-Cœur, près Moütiers en Tarentaise, jusqu’au moment qui précède celui où le terrain iriasique a été recounu dans les Alpes. ARCHIVES, T. XXII. — Février 4865. 6 82 PRÉCIS D'UNE HISTOIRE La troisième partie, qui ne comprend que les années 4858 à 1800, renferme les observations qui servirent à constater la présence du terrain triasique et celle de Vinfra-lias, ainsi que les conséquences qui en résulté- rent. La quatrième partie s'étend de 1860 à 1863. Elle com- mence à la découverte des nummulites de ia Maurienne ei s’élend jusqu'a la clôture de Ja discussion. Pour résumer en quelques mots la manière dont cette lutte s’est terminée, je dirai que l’un des partis publia une grande abondance de mémoires et l’autre n’en publia que peu ; lenombre des géologues ranges dans le premier a été grand, tandis qu'il était petit dans le second ; enfin on verra que la présence du terrain triasique et de Pinfra- lias, ainsi que la position des nummulites, concourent avec les caractères minéralogiques des roches, leur po- sition stratigraphique, st longiemps méconnue, et les fossiles qu'elles renferment, à démonirer la présence du vrai terrain houiller dans-ies Alpes. Pendant la durée des débats qui eurent Heu, nous trouvons plusieurs savants de grande distinction dont l'opinion s’est modifiée plus tard sous l'influence des arguments nouveaux. C’est tout à fait à tort qu’on érige quelquefois en reproche ces changements d'opinion. Ils sout. à mon avis, toujours la preuve d’un esprit disun- gué et travailleur qui se tient au courant des progrès de la science. [ls montrent également une loyauté et une in- dépendance de caractère qui bonorent l’homme dont les opinions se modifient d'après des motifs purement scien- tifiques !. 1 Je ne voudrais pas qu’on prit ces réflexions pour une criti- que indirecte de la conduite des hommes qui n’ont point modi- DU TERRAIN HOUILLER DES ALPES. 83 Pour qu'une histoire offre quelqnes résultats utiles, il faut qu'on puisse compiler sur son imparlialité. Mais son impartialité ne consiste pas à mettre au même niveau les opinions des deux parLis qui ont discuté ensemble, en annulant son propre avis et son jugement. Non, j'ai tou- jours eu une opinion arrêtée dans ce débat, et Je me souciai peu de Ja cacher. Mais l’impartialité consiste à faire connaître parmi les arguments de ses adversaires ceux qu'ils ont eru être les plus puissants et les plus décisifs en faveur de leur opinion. C'est ce que je me suis efforcé de faire. Le nombre considérable des citations que jai introduites dans cette hisioire est un gage de cette impartialité dont on trouvera, j'espère, les preuves lors- qu on pourra lire l’ensemble du travail, Ï (1796 à 1827) Si durant les années qui précèdent le siècle où nous sommes, il y eut des idées saines sur certains points de l'histoire de la terre, si quelques savants à l’esprit juste et clairvoyant firent des conquêtes réelles et solides sur Pinconnu qui les entourait ; il y avait dans la science bon nombre de points qui étaient obscurs et sur lesquels nous sommes surpris de voir des hommes éminents plon- gés dans une grande incertitude. L'histoire des combus- tibles fossiles nous en offre une preuve : Hauy, le cé- lèbre Hauy,! et Playfair?, dont les noms ont laissé de fié leur manière de voir. On en trouve dans les deux partis, et il est trop évident que les profondes convictions sont trop respectables pour qu'il soit nécessaire d’en parler. l Journal des Mines, 1196-1797, 1. N. ? En 1802, Eluiton traduit par Basset, p. 58. 84 PRÉCIS D'UNE HISTOIRE grandes traces dans la science, regardaient l’anthracite comme ayant été formée antérieurement aux animaux et aux végélaux. Cependant de Saussure, en 1796, en avait parlé d’une manière qui ne laisse pas de doutes sur l’origine végétale qu’il lui attribuait!'. Prochant de Vil- liers nous apprend que Dolomieu* disait que l’anthracite «se trouvait en couches ou en filons dans des schistes micacés qu'il regardait comme primitifs. » En 1800, Bertrand décide, après mür examen, que l’anthracile est un minéral. Mais, en 14803, Héricart de Thury prouve qu’elle a été formée par la destruction des êtres organisés. Puis elle fut classée par Brochant de Villiers dans le terrain de transition, et ce savant cher- cha à montrer que les terrains des Alpes ne faisaient pas exception aux terrains des autres régions. Buckland ne sut pas distinguer le terrain houiller dans les Alpes, tandis que son compatriote Bakewell reconnais- sait, en 4823, le terrain houiller dans le terrain anthra- cifère, le terrain triasique dans les gypses et le lias dans les calcaires et les schistes à bélemnites. Il (1828 à 1857) On en était là lorsque M. Élie de Beaumont découvrit en 1898 la localité de Petit-Cœur, dans laquelle on voit une couche de végétaux fossiles des terrains houillers placée entre deux couches à bélemnites. Il conclut qu'il n’y a pas dans les Alpes de couches plus anciennes que celles à bélemnites, et que la formation qui renfermait 1 Voyages $$ 2524, n° 35 et suivants. 2 Journal des Mines, 1808, t. XXXIN, 341. DU TERRAIN HOUILLER DES ALPES. 89 Passociation de ces animaux et des végétaux fossiles pré- sentait une puissance d’environ 2000 mètres. Pendant plusieurs années ces idées ne furent pas combatlues, elles trouvèrent des adeples dans MM. de la Bèche, Sternberg, Bertrand-Geslin, Montalein- bert, Sc. Gras, Sismonda, Hamiiton. M. Voltz est le premier qui réagit contre elles en faisant comprendre que la disposition indiquée par M. Élie de Beaumont pouvait être expliquée par des contournements. Quel- ques années plus tard, je développais la même idée, sans avoir eu connaissance du travail de M. Voltz. M. Gueymard se joignit à ce dernier. En Angleterre, sir Ch. Lyell disait aux savants qui admettaient la con- femporanéité des bélemnites et des végétaux houillers : « Je le crois parce que c’est vous qui l'avez vu, mais si je l’eusse vu moi-même, je ne le croirais pas. » On discutait cette question dans toutes les sociétés savantes : à la Société géologique réunie à Grenoble en 1840 ; au congrès de Turin la même année ; à la Société géologique à Chambéry en 1844, au congrès de Gênes, etc., et pendant plusieurs années nous voyons bon nombre de savants lutter dans un cercle dont les limites n’ont été franchies que bien rarement. La découverte du riche gi: sement des fossiles liasiques des Encombres ne put éclairer ceux qui n’admettent pas le terrain houiller, pas plus que les déterminations des végétaux houillers si bien faites par MM. Brongniart, Bunbury et Heer.Cepen- dant un des travaux de ce dernier fit pénétrer la per- suasion dans l’esprit de Léopold de Buch, qui de ce mo- ment crut à la présence du terrain houiller dans les Alpes. En 1857, un savant distingué publia un premier mèé- 86 PRÉCIS D’UNE HISTOIRE moire sur ce sujet. M. Lory adopta l’idée de la présence du terrain houiller dans son Esquisse géologique du Dauphiné, qui fut suivie peu de temps après par un grand ouvrage sur le même sujet. Les savants qui re- fusaient d'adopter cette idée furent peu à peu conduits à ranger dans la même formation le terrain houiller, le terrain jurassique, le terrain nummulitique et même lÎa mollasse tertiaire. Dans cette période nous voyons beaucoup de bons tra- vaux, mais nous ne voyons aucune Gbservation très-dé- cisive. II} (1858 à 1860) En 1858 une idée nouvelle se fait jour dans la géo- logie des Alpes occidentales. C’est celle ,de la présence de linfra-ias et du terrain triasique. La présence de ces deux terrains créait entre le lias et le terrain houil- ler une séparation telle qu’on ne pouvait plus AE qu’ils fissent partie du même terrain. On trouva Île trias à Petit-Cœur, en sorte que cette lo- calité ne put plus être invoquée en faveur de lPunion du lias et du terrain houiller, et que le champ de bataille de cette querelle singulière fut transporté en Maurienne. IV (1860 à 1863) La cause de ce changement se trouve dans un mé- moire de M. Sismonda, qui déerivait la Maurienne, et dans la découverte des nummulites de Montricher, faite par M. Pillet et annoncée par M. Lory. Ces fossiles ont DU TERRAIN HOUILLER DES ALPES. 67 été rencontrés dans an terrain que M. Gras classait dans le terrain anthracifère. Il devenait alors évident que sa classification devait être modifiée. La position de ces fos- siles, combinée avec celle des terrains houiller, triasique _etjurassique, montrait qu’il y avait en Maurienne une suc- cession régulière dans les terrains, lorsqu'on admettait l’idée des contournements soutenue en premier lieu par Voltz et par d’autres. On publia plusieurs mémoires sur cite question, et un grand nombre de géologues pu- rent examiner ensemble ce pays pendant la réunion de la Société géologique de France à St-Jean de Maurienne en 1861. Cette réunion amena des résultats d'autant plus remarquables que pas uu des géologues qui nient la pré- sence du terrain houiller dans les Alnes ne s’y rendit ou ne publia de mémoire dans son sens. Les résultats ob- tenus ont été généralisés et étendus dans le Dauphiné et la Provence, et tous les faits étant d'accord entre eux, on ne put plus différer que sur quelques détails. Enfin, M. Heer, à qui la flore fossile de la Suisse a déjà révélé tant de secrets, publia, en 1863, une notice sur les végétaux du terrain houiller de la Suisse et de la Savoie, dans laquelle il montre que pas une seule plante du terrain houiller des Alpes ne setrouve, ni dans le lias, ni dans le trias. Un peu plus tard, il trouva avec ces végétaux un insecte fossile du terrain houiller, qui est bien sans aucun doute le plus ancien des êtres qui ait véeu en Suisse et qui soit connu maintenant. Telle est l’histoire fort abrégée de cette singulière dis- cussion, dont J'ai retracé les diverses phases impartiale- ment, j'espère. N’est-il pas curieux qu’il ait fallu trente- cinq années de luttes et de plaidoyers pour éclairer un point de la géologie des Alpes. En effet, les discussions ont 88 PRÉCIS D'UNE HISTOIRE été vives de 1828 à 1863. Ce fait est d’autant plus re- marquable qu'avant celle époque la géologie des Alpes faisait des progrès assez semblables à celle des autres pays. Il a fallu trente-cinq ans pour ramener cette bran- che de la science au point où elle en était en 1827 ; mais celle conquêle cependant est plus solidement établie qu'elle n’était alors, on en connaît mieux tous les dé- tails. Les questions relatives à l’âge des formations peu- vent maintenant se résoudre dans les Alpes aussi bien que dans les contrées voisines, et lan ne peut plus dire que la géologie des Alpes est arriérée. C'était ce qu’en 1842 un juge très-compétent avançait en disant : « que certains points de la géologie des Alpes sont encore plu- tôt des curiosités pour le géologue que des points de repère... parce qu'ils présentent toujours dans leur as- semblage des anomalies avec nos connaissances paléon- tologiques du reste de l’Europe !. » On ne tiendra plus maintenant le même langage. Pendantces trente-cinq années environ, cinquante géo: logues ont été engagés dans la discussion et la plupart d’entre eux ont publié plusieurs mémoires. On a vu que d’un côté étaient rangés MM_ Élie de Beaumont, Bertrand- Geslin, Sc. Gras, Ange Sismonda, Rozet, Collegno, Ha- miltou, etc.; de l'autre côté étaient placés MM. Bake- well, Voltz, Gueymard, Horner, Murchison, Lyell, Ewald, Michelin, Léopold de Buch, Pareto, Bunbury, Schlagint- weit, d’Orbigny, Albin Gras, Lory, d’Archiac, Hébert, Triger, Pillet, Vallet, de Mortillet, Baudinot, etc., ainsi que tous les géologues suisses qui se sont occupés de ce ! Boué, Bull. Soc. géol. de France, 1842, t. XII, p. 136. DU TERRAIN HOUILLER DES ALPES. 89 sujet, savoir: MM. Studer, Escher de la Linth, Heer, Lardy, Morlot et moi. Pourquoi tant de savants ont-ils traités cette ques- tion? C’est qu'ils n’y voyaient pas seulement la dé- terminalion plus onu moins exacte de quelques terrains. Il y avait plus que cela dans la question de Petit-Cœur et d'ns celle de l’âge du terrain anthracifère. On discutait pour savoir s’il y avait dans les Alpes un terrain exceptionnel, différent de ce qui était connu dans le reste du monde, et si on élait arrivé à démontrer Îa présence d’une formation spéciale dans ces montagnes, on aurait élé disposé à admettre des formalions excep- tionnelles dans chacune des grandes chaines, et on ne peut calculer quelles auraient été les conséquences d’un pareil résultat. On discutait encore une question paléontologique d’une haule portée relative à la durée des faunes et des flores. Si elle avait reçu une solution différente de celle qui a terminé la discussion, elle aurait profondé- ment modifié la paléontologie. En effet, s’il avait été re- connu que les végétaux houillers vivaient encore à l'é- poque du lias, la botanique fossile pouvait conserver de l'intérêt, mais elle ne pouvait plus servir à caractériser un terrain. Enfin on discutait une question de stratigraphie qui avait une importance générale, celle des contournements. Tels étaient les intérêts qui se sont débattus à Petit- Cœur, en Tarentaise et en Maurienne. On a dit que Pil- lustre Werner avait pensé que le monde était fait sur le modèle de la Saxe, mais ce reproche n’a pas été assez grave pour empêcher son nom d’être rangé parmi ceux 90 PRÉCIS D’UNE HISTOIRE, ETC. des savants les plus illustres du siècle dernier Ne se- rait-il pas en droit de dire que les géologues qui ne vou- laient pas reconnaître la présence du terrain houiller dans les Alpes, ont pensé que cette chaîne de montagnes était faite sur le modèle de Petit-Cœur ? SUR L'ÉVAPORATION À TRAVERS LES MEMBRANES POREUSES EN PARTICULIER DE LA CELLULE VÉGÉTALE PAR M. LE DT W. SCHUHMACHER. (Traduction de l’un des chapitres de son ouvrage sur la nutri- tion des plantes 1.) Lorsqu'une membrane fermée de toutes parts et rem- plie d’une dissolution quelconque est exposée à l’air at- mosphérique, elle laisse passer de la vapeur d’eau et d’autres substances volatiles, et retient les matières non volatiles. Le phénomène ne diffère en rien de celui qui a lieu lorsqne la surface libre de l’eau est en contact avec l'air: les molécules d'eau qui se trouvent dans les inters- tices moléculaires les plus superficiels de la membrane prennent l’état de vapeur, s’échappent, et sont remplacés par d’autres de l’intérieur. Si la membrane contient une dissolution, cette dernière pénètre dans les intervalles moléculaires, Peau s’évapore et la dissolution plus con- centrée qui en résulte s’égalise avec la moins concentrée de l’intérieur. Il se forme par conséquent un courant de Ja matière en dissolution, qui part des interstices molécu- l Die Ernæhrung der Pflanze, la nutrition de la plante, par le D' W. Schuhmacher. In-8°, Berlin, 14864. 99 SUR L'ÉVAPORATION À TRAVERS laires, et d'autre part un courant d’eau qui se dirige du sein du liquide vers les intérstices moléculaires de la membrane. La rapidité de l’évaporation varie suivant les circonstances. Je lai examinée, à laide d’un appareil par- ticulier construit dans ce but, pour la même membrane, à la même température, sous des pressions hydrostatique et atmosphérique autant que possible égales, et j'ai dé- terminé la quantité d’eau évaporée dans des temps égaux. J'ai trouvé généralement que la rapidité de l’é- vaporalion des dissolutions de la même substance est d’autant plus grande que la dissolution est moins concen- trée. La rapidité de l’évaporation par un tube membra- neux dans lequel on ne remplace pas l’eau évaporée di- minue de plus en plus, à mesure que la dissolution se concentre. L'appareil qui m’a servi dans ces expériences se Com- pose (voir la figure), d’un vase v, en fer blanc, fermé à sa partie supérieure par une membrane de collodion m, muni aux extrémités, d’un côté d’un entonnoir, de l’autre d’un tube, pour laisser échapper l'air pendant LES MEMBRANES POREUSES. 93 qu’on le remplit. On les ferme par des bouchons quand le vase est plein. À la partie inférieure se trouve une tu- bulure ?, à laquelle on fixe un tube membraneux, mr. Cet appareil à évaporation repose sur un bocal b{ dans lequel pend le tube membraneux. Le vase » et le tube membraneux mr sont remplis d’une dissolution saline et ce dernier, plongeant dans la dissolution du bocal, absorbe de l’eau, tandis que la mem- brane m laisse passer de la vapeur d’eau. 4° Si le bocal et appareil à vaporisation renferment lun et l’autre une dissolution saline de même concen- tration, l’eau se vaporise à travers la membrane m, la dissolution dans le tube membraneux devient plus concen- trée et attire de l’eau du bocal ; a son tour, par cette perte d’eau, la dissolution dans le bocal se concentre aussi, d’où il résulte une certaine quantité de sel diffuse avec Peau dans le tube membraneux. La dissolution du bo- cal peut de ceite manière passer en totalité dans le tube. 2° Il n’en est plus de même si goutte à goutte on rend à la dissolution du bocal l’eau qui lui est enlevée par la vaporisation à travers la membrane m. Pendant cette opération il faut avoir soin de mélanger la dissolution dans le bocal en Pagitant avec le tube membraneux, parce que la diffusion seule ne produit pas aussi vite qu’il est nécessaire une égale distribution de l’eau. Après l’évaporation de plusieurs grammes d’eau par la mem- brane, les dissolutions dans l’appareil et dans le bocal n’ont éprouvé aucun changement, pourvu qu'en Com- mençant elles aient eu la même concentration. Pendant tout le temps que dure lexpérience, lPétat reste le même : toutefois la concentration est plutôt légèrement plus grande dans le tube qu’en dehors. Le courant de 94 SUR L'ÉVAPORATION A TRAVERS vaporisation qui amêne de l’eau dans Pappareil à travers la membrane poreuse n’entraîne point de sel dans le tube. 3° Si l’on remplit l'appareil à vaporisation avec une dissolution d’albumine qui renferme À gramme de car- bonate potassique sur 100 G C., tandis que l’on introduit dans le bocal une dissolution de carbonate potassique de la même conceatration (4 gr. sur 100 © CG.) ; si ensuite on ne plonge le tube membraneux dans la dissolution du bocal que de la quantilé nécessaire pour que la membrane ne soit pas trop tendue, et si l’on remplace à mesure dans le bocal l’eau qui S’évapore par la mem- brane m, il n’y aura aussi dans ce cas qu'un courant d’eau du bocal dans le tube membraneux et les deux dis- solutions de carbonate potassique conserveront Sensi- blement la même concentration. Mais dès qu’on ne rem- place pas l'eau qui s’évapore par la membrane m, la dissoiulion exlérienre ne tarde pas à pénétrer dans le tube membraneux et la concentration augmente dans ce dernier, parce que l’eau continue à s’évaporer, tandis que Île sel y reste. 4° Lorsqu'on introduit dans l'appareil à vaporisation une dissolution d’albuamine, et dans le bocal une dissolu- tion de carbonate potassique renfermant 1 pour 100 de ce dernier, et qu’on laisse entrer dans le bocal autant d’eau qu'il s’en évapore par la membrane, on trouvera au bout de quelques jours dans l’appareil perméable et dans le bocal des dissolutions de même concentration à l'égard du carbonate potassique ; Palbumine attire de l'extérieur de l’eau, qui S’évapore à son tour à travers m, le carbonate potassique pénètre avec l’eau dans la disso- lution d’albumine jusqu'à ce que la concentration se soit équilibrée dans le tube et dans le bocal. LES MEMBRANES POREUSES. 95 9° Quand on cesse de remplacer l'eau qui s’évapore, le sel pénètre encore dans le tube ; mais en arrélant l’ex- périence avant que toute la dissolution ait passé du bo- cal dans le tube, on trouvera que la quantité de l’eau évaporée ei celle du sel qui à pénétré dans l’appareil ne préseutent pas la même proportion que l’eau et le sel de la dissolution extérieure. Il résulte de cela que Peau et le sel de la dissolution du bocal ne traverseni pas la mem- branes dans la même proporlion, ce qui signifie que la dissolution ne pénêtre pas de toute pièce. La cause de entrée de l’eau dans lappareil réside dans Palbumine et dans l’évaporation, celle de l’endosmose du sei est la tendance du sel à se mettre en équilibre, c’est-à-dire à se distribuer également dans toute ia masse liquide de l’appareil et du bocal. Si l’on introduit dans le bo- cal une dissolution qui renferme plusieurs sels, les phé- nomênes sont exactement les mêmes que lorsqu'il ne s’agit que d’un seul sel. Ces expériences sont pour la physiologie de la plus baute importance ; elles constituent la preuve fondamen- tale de l’inexactitude de l’idée que l’on se faisait jasqu’à présent de l'introduction des matières nutrilives solubles dans la plante. L'appareil qui a été reproduit représente une plante simple, cela va sans dire, seulement au point de vue des phénomènes de diffusion, savoir : une sur- face perméable qui évapore — la feuille — et une mem- brane perméable plongeant dans un liquide — la racine. Getie théorie de lintroduetion des matières nutritives prouve que, par suiie de l’évaporation de l’eau par les feuilles, il se produit dans là racine un courant d’eau partant du liquide qui l’entoure, que ce courant se di- rige par les cellules du végétal dans les feuilles, et en- 96 SUR L'ÉVAPORATION A TRAVERS traine avec lui les matières dissoutes. Les expériences que nous avons décrites donnent une image très-exacte de cette circulation. Elles montrent également la relation -qui existe entre l’évaporation par les feuilles et le li- quide qui baigne la racine. L’évaporation détermine sur- tout l'introduction de leau dans la plante, mais en même temps aussi l’endosmose des malières dissoutes, lorsqu'elle a amené une concentration du liquide ex- térieur (expérience à); toutefois ce n’est pas le courant endosmique de l'eau produit par l'évaporation qui in- troduit les matières dissoutes dans la plante, mais la tendance de la dissolution extérieure plus concentrée à s’égaliser, quant à la concentration, avec la dissolution moins concentée dans la racine. On a comparé à plusieurs reprises les phénomènes d’évaporation, el Liebig même tout dernièrement, avec ceux que présente un tube, fermé aux deux extrémités par une membrane perméable, rem- pli d’une dissolution d’albumine et plongeant par un bout dans nne dissolution saline, landis que par l’autre il éva- pore. Les phénomènes sont tout différents dans un tube de cette nature de ce qu'ils sont dans la plante. En effet, lorsque l’eau s’évapore par la membrane supérieure du tube, il se produit un vide dans ce dernier, d’où il ré- sulte que la pression atmosphérique qui s’exerce sur le liquide extérieur force une certaine quantité de ce liquide à pénétrer et cela de toute pièce dans le tube. Considé- rer le corps végétal comme un tube rigide est absolu- ment contraire aux notions de la physiologie ; les choses ne se passent pas dans la plante comme dans un tube, puisque les cellules, particulièrement des feuilles, sont douées d’une si grande mollesse que si l’eau qui s’éva- pore de leur surface nest pas remplacée d’une autre LES .MEMBRANES POREUSES. AT manière que par la pression hydrostatique, il en résulte un affaissement, c'est-à-dire qu'elles se flétrissent. A ce point de vue, mon appareil représente parfaitement la plante, puisque les phénomènes de flétrissure peuvent se produire sur là membrane mince et flexible du tube mr : ainsi, par exemple lorsqu'on n'introduit ni eau ni une solution quelconque dans le bocal extérieur, léva- poration par la membrane m occasionne la flétrissure du tube membraneux mr, dans ja supposition que l’appa- reil à évaporation ferme hermétiquement el soit rempli d'une dissolution concentrée d’albamine. La comparaison inexacte de la plante avec un {ube ri- gide a de Loutes façons conduit à une appréciation fausse de l'introduction des matières nuiritives dans la plante. Quand lappareil à vaporisation est rempli d’une dis- solution d’une substance peu soluble, el qu’on laisse évaporer l’eau à travers ia membrane m et le tube mem- branenx mr, à mesure que la concentration à l'intérieur augmentera, 11 se déposera des crisianx sur la surface extérieure de la membrane et plus tard aussi sur la sur- face intérieure. Des huiles essentielles que l'on aurait introduites dans l'appareil se volatiliseraient aussi, traverseraient les mern- branes perméables et se déposeraient probablement en résine à la surface extérieure. | Il nous reste à mentionner on phénomène produit par l'évaporation de leau'et qui joue un rôle très-important dans la vie de la plante. M. Schœnbein a trouvé que toute évaporation engen- dre du nirite d'ammoniaque ; l’eau qui ’évapore sur une lame de verre en produit, tout aussi bien que si elle sévapore d’un morceau de toile ou d’un morecau de Ancves, T. XXIL — Février 1865. 1 98 ‘ SUR L'ÉVAPORATION A TRAVERS, ETC. papier. Si l’on remplissait d'eau Pappareil décrit ci- dessus, qu'on plongeât le tube membraneux dans de l'eau distillée, et qu'on laissât l'appareil évaporer pendant plusieurs mois, en remplaçant à mesure leau disparue dans le bocal, on trouverait peut-être du nitrite d'ammo- niaque dans l'eau du tube, car on ne peut douter que l'évaporation de l'eau à la surface de la membrane m ne donne aussi naissance à ce sel, qui de là pénétrerait dans l'eau de l'appareil. Pour ces expériences il faudrait pa- turellement enlever d'abord, par des lavages à l'eau, J'alcool et l'éther que les membranes de collodion pour- raient retenir. QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LES COURANTS ELECTRIQUES TERRESTRES PRÉSENTÉES A LA SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NA- TURELLES DANS SA SESSION DE 1864 À ZURICH PAR M. A. DE LA RIVE! J'avais essayé au commencement de 1849, dans une lettre adressée à M. Arago et insérée dans les Annales de Chimie et de Physique (niars 4849), de montrer l'in- fluence sur les variations des éléments du magnétisme terrestre el sur la production des aurores boréaies, de l'électricité qui, sous forme de décharges on de courants, doit circuler constamment sur la surface de la terre. La même année, M. Barlow, en Angieterre, constatait, au moyen des lignes télégraphiques, l’existence de ces cou- rants; plus tard, M. Lamont, à Munich, en faisait une étude détaillée, et dernièrement le Père Secchi, à Rome, a pu, au moyen d'observations nombreuses et suivies avec une grande persévérance, en déterminer les lois. ! Ces considérations ont élé présentées à l'appui de la propo- sition qu'avait faite leur auteur à la Société helvétique des Scien- ces naturelles, d'ajouter aux observations météorologiques qui se font sous la direction de cette Société, celles des couranis élec- triques terrestres. (A. D.) 460 QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LES En méme temps, plusieurs observateurs, Matteucci à Pise, Walker en Angleterre, Loomis en Amérique, les directeurs des télégraphes électriques en France, et plus parliculiérement M. Tipp en Suisse, reconnaissaient la présence de forts courants électriques dans les fils télé- graphiques pendant l'apparition des aurores boréales, A partir de ma première publication de 1849, je m'étais spécialement attaché à l'étude de ce dernier phénomène ; el je crois avoir réussi à bien établir et définir, dans les {travaux successifs que j'ai faits sur ce sujet, le véritable rôle que lélectricité terrestre ÿ Joue. S'il est facile d'expliquer uniquement par Paction de l'électricité terrestre (et par là j'entends lélectricité qui circule dans notre atmosphère, aussi bien que celle qui circule sur la terre elle-même) la production Ges aurores polaires et les perturbations magréliques qui ies accom- pagnent, je n’estime pes qu'il soit possible de rendre compte, aa moyen de cette électricité, de tous les phé- nomènes du magnétisme terrestre. Non-seulement lori- gine même de ce magnétisme ne peut étre attribuée à cette cause, trop faible pour déterminer un pareil effet et incapable par son mode d'action de le produire sous la forme qu'il revêt: mais 11 ÿ a aussi dans [es variations que manifestent les éléments magnétiques du globe, des phénomènes qui nous montrent qu'eiles ne peuvent dépendre uniquement et exclusivement de l’action des courants terrestres. Déterminer, au moyen d'observations régulières, la part de celte action, ce Seraii avancer nola- blement fa solution de la question, puisque celte déter- mination permettrait ainsi de découvrir la part de l’autre cause qui doit nécessairement exister, Ün point remarquable à noter, c’est que {rois des sa- COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 401 vants qui se sont le plus occupés du magnélisme (erres=" tre, MM. Bravais, Lamont et surtout M. Sabine, sont ar- rivés, chacun de leur côté, à conclure, de tout l’ensemble de leurs observations, que les varialions magnétiques régulières consistent en deux variations périodiques su- perposées l'une à l’autre, ayant des lois extrêmement dis- semblables et probablement des causes immédiates dif- férentes ; que, de plus, ces deux éléments constituants dé la variation présentent des rapports très-différents l'un vis-à-vis de l'autre dans les diverses parties du globe, et que c’est surtout dans les régions les plus rapprochées des pôles que se fait sentir l'influence sur les variations régulières, de celui des éléments auquel sont dues les perturbalions. Cet élément est évidemment lélectricité terrestre dont les effets plus variables doivent être surtout sensibles dans les régions polaires. L'autre ne peut être que lac- tion directe du soleil, plus puissante à l’équateur qu'aux pôles. M. Bravais désigne, en effet, les deux genres d’ac- tion sous le nom d'ondes, dont l’une variable serait une onde polaire, et l’autre constante une onde équaloriale; la première ayant une intensité décroissante et l’autre une intensité croissante du pôle à l'équateur. L'existence d’une action directe du soleil nous parait résulter avec évidence de la discussion approfondie des observations magnétiques faites sur tous les points de la surface du globe; nous n’en citerons que deux preu- ves. Comment expliquer autrement le fait si important observé par M, Sabine, que, à Toronto et à Hobart-Town, c'est à la même époque de l’année, savoir dans Pinter- valle compris entre octobre et février, qui est l'hiver pour Toronto, et l'été pour Hobart-Town, que l'intensité 402 QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LES du magnétisme est à son maximum, tandis qu’elle est à son minimum à ces deux mêmes Stations en même (6nns, dans lintervalle compris entre avril et août qui est l'été pour la première et l'hiver pour la seconde. Ainsi, il se trouve que la partie de Fannée où la force magnétique est la plus grande dans les deux bémisphères également, correspond au périgée, e’est-à-dire à Pépoqne où la terre est le plus rapprochée du soleil, et celle où elle est la plus faible, à l'apogée, c’est-à-dire à l'époque où elle en est le plus éloignée. Mest-ce pas dire que cette force émane directement du soleil? Nous en trouvons une seconde preuve dans la coin- cidence de l’époque décennale des variations magnéti- tiques découverte par M. Lamont, et la période décen- nale des taches du soleil signalée par M. Schwabe; cette coïncidence, confirmée par Îles travaux nombreux de M. Sabine, ainsi que par les recherches de M. Wolf et de M. Gautier, montre l'influence de l'état de la surface du soleil sur les phénomènes du magnétisme terrestre. Le soleil semble donner à notre globe, par son action directe, les propriétés d'un uros aimant; il agit plus ou moins fortement suivant sa distance à la terre et suivant l'état de sa surface. Voilà un fait qui me paraît certain. Mais quel est son mode d'action ? Il est probable qu'il est lié à la rotation de la terre sur son axe, rotation qui déterminerait, soit par Paction calorifique du soleil, soit par un autre genre d'action inconnu, des courants diri- gés de l’est à l’ouest dans les couches les plus conduc- trices de la croûte terrestre. L'existence de ces courants, qui doivent varier en intensilé el en position, dans cer- taines limiles, avec le Lemps et avec les lieux, Suivant des circonstances faciles à comprendre, expliquerail très- COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 103 bien, ainsi qu'Ampèêre la démontré, tons les phénomé- nes généraux de direction et d’inteusité du magnélisme lerresire. Telle serail donc cette première cause, origine même da magnétisme lerrestre, que nous avens signalée il y a un instant, Quant à la seconde, plus inconstante, à la- quelle sont essentiellement dues les perturbations, tout nous prouve qu'elle provient du jeu de l'électricité Ler- resire. Considérons, en effet, un instant ce que lobservation nous apprend sur Fétat électrique du globe terrestre. Dans l’état normal, l'atmosphère possède une charga d'électricité positive croissante avec la hauteur ; la terre, par contre, est chargée à sa surface d'électricité néga- tive. Sans nous occuper pour le moment de l'origine de ces deux clectricités, nous remarquerors seulement que l'électricité positive part essentiellement des mers tropi- cales, ayant pour vehicules les vapeurs aqueuses qui la portent dans les régions supérieures de l'atmosphère, et de là par l'effet des vents alisés vers les régions polai- res; l'électricité négative, de son côté, reste dans le sol, Maintenant, il est évident que la cause quelconque qui sépare ces denx électricilés agissant Lonjobrs, elles dui- vepl aussi tendre constamment à se neutraliser ; neutra- lisation qui s'opère, soit verticalement par des décharges accidentelles et irrégulières entre le sol et l'atmosphère, soit constamment et régulièrement par des décharges qui ont lieu dans les régions polaires, où la couche at- mosphérique positive est beaucoup plus rapprochée de la suiface du sol négatif; rapprochement qui tient à la direction inclinée des vents alisés de l'équateur aux pô- les. Ajoutons que la couche atmosphérique la plus rep- 104 QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LES prochée du sol doit jouer le rôle de la couche isolante d'un condensateur dont les deux plateaux condenseurs seraient d'une part le sol négatif, d'autre part les couches positives de la partie supérieure et raréfiée de l’atmo- sphère. Il est vrai que cette couche isolante devenant quelquefois, par l'effet de l'humidité, plus ou moins conductrice, permet alors, comme nous l'avons remar- qué, une peutralisation directe des électricités ; neu- talisalion qui n’a lieu d’une manière normale que dans Jes régions polaires où la tension électrique et l'humidité sont constamment à leur maximum. Passons maintenant aux observations. Les premières que nous signalerons, parce qu'elles ont un caractère lout spécial, sont celles de M. Malteucci, qui est parvenu à constater, au moyen d’un galvanométre très-sensible, la présence d’un courant électrique circu- ant constamment dans un fil télégraphique réunissant deux plaques métalliques plongées dans le sol à une dis- tance de six kilomètres seulement; les précautions Îles plus minutieuses avaient été prises par l’observateur pour éviler toute action chimique sur les deux électrodes et pour s'assurer du parfait isolement des fils. Les observations ont été faites dans deux directions ; l'une était celle du méridien magnétique, l'autre une ligne perpendiculaire à ce méridien. Les électrodes plongées dans le sol, sur la ligne méridienne, ont donné un courant beaucoup plus constant que celles qui étaient placées sur la ligne équa- toriale ; avec ces dernières, le courant était souvent nul Ou étail dirigé tantôt dans un sens, tantôt dans un autre; avec les premières, le courant était presque toujours di- rigé du sud au nord et présentait des variations d’inten- COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 405 sité assez régulières, ayant deux maxima et deux minima dans les vingt-quatre heures ‘. La petite distance comprise entre les électrodes jointe à la grande résistance du fil galvanométrique nous porte à croire que les courants observés dans le méridien magnéli- que par M. Matteucci, ne sont point des courants dérivés du grand courant terrestre, d'autant plus que leur sens est contraire à celui de ce grand courant. Ils seraient plu- 101, de même que les courants observés dans une di- reclion perpendiculaire, l'effet de circonstances liées à l'humidité et à la température du sol et de l'air; élé- ments variables dans les 24 heures. Nous allons voir dans l'instant que les véritables courants dérivés du grand courant terrestre ont une direction et des carac- tères tout différents. M. Matteucci à observé également des courants très- prononcés dans un fil qui réunit deux stations situées à des niveaux différents. Ces observations faites d’abord en même temps que les premières, sur une petite dis- tance également, 600 mètres seulement avec 150 mètres de différence de niveau, ont élé reprises plus tard par le savant physicien italien sur une beaucoup plus grande échelle *., Une première série d’expériences a été faite sur une ligne télégraphique longue de 36 kilomètres avec une différence de niveau entre les extrémités, de 981 mètres. Dans une autre série la ligne était longue de 27 kilomètres et la différence de niveau était de 642 mètres. 1 Voyez Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, mai 1864, p912: j ? Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, septembre 1864, p. 11. 4006 QUELQUES CONSIDÉPRATIONS SUR LES Les courants électriques obtenus dans ces longues li- gnes ont donné des déviations fixes an galvanometre beaucoup plus fortes (ec est-à-dire de 40, 60 et même 80 degrés) que celles de 20 à 25 degrés seulement, pro- duites par les courants observés près de Turin sur la loneueur de 609 mètres. Mais le sens des courants a Gé le même dans tous les cas, c’est-à-dire qu'il élail ascen- dant, Soit dirigé de bas en haut. est difficile de donner une explication bien satisfai- sante de l'origine de ces courants qui Sont dans une cer- taine dépendance de Péleetricité atmosphérique; car M. Matteueci a observé que leur intensité augmente 4ês quily a des éclairs qui éelatent parmi les nuages: Il est évident que leur existence tient à ce que Pélectricité négative du sol doit avoir une tension plus grande sur un lieu élevé que dans la plaine, Cette différence de ten- sion peut donner naissance à on courant d'électricité né- galive descendant, où, ce qui revient au même, à un courant électricité positive ascendant, Si Féquitibre est troublé par l'influence de Péleetrieité atmosphérique, comme cela arrive nécessairement à chaque instant. Il -nous parait difficile d'attribuer aux courants observés par M. Matieucci une autre origine que celle que nous venons d'indiquer; lui-même reconnait qu'ils ne peu- vent élre ni des courants dérivés, ni des courants d'in- duction. Il n'en est pas de même de ceux dont le Père Secchi a constaté la présence dans des fiis télégraphiques beau- coup plus longs et dans de tout autres circonstances !. Pendant plus d'une année, il a observé plusieurs fois par ‘3 Comptes rendus de l'Académie des Sciences, du 27 juin 4864, pi 1181. COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES, 407 jour les courants circulant dans un fil télégraphique di- risé de Rome à Auzio, c'est-à-dire du nord au sud, sur une longueur de 52 Kilométres, et qui est la ligne même qui sert à l'Observatoire romain. Ia pu comparer les va- rialions de ce courant terrestre méridien à celles des di- vers éléments du magnétisme terrestre et de l'électricité atmosphérique. a trouvé dans Pintensité de ce courant une période diurne très-marquée, ayant Son minimum principal ie matin, entre 7 el 9 heures, el Son maxt- mum près de midi, périodes parfaitement d'accord avee celles du déclinomètre er du magnétomètre bifilaire ; ce qui montre que la composante horizontale du magné- tisme lerrestre suit dans ses variations d'intensité les mêmes phases que le courant méridien terrestre. Le sens général du courant, sauf quelques perturbations, est ce- lui du nord an sud, preuve à ajouter à bien d'aotres que le courant observé par le Père Secchi est une déri- vallon du grand courant lerfestre auquel donne nais- sance la neutralisation s’opérant régulièrement près des pôles, de l'électricié négative de la terre et de la posi- üve de l'atmosphère. Quant à ses variations diurnes d'in- tensité qui correspondent à celles de l'électricité atmo- sphérique, elles doivent tenir à quelque influence indirecte du soleil, telle, par exemple, qu'on degré plus on moins grand d'humidité dans Fatmosphère. Et, en effet, sui- vant Reslhuber, la grandeur de la variation diurne de la déclinaison magnélique pendant tous les mois de l’année est la plus petite à l’époque du maximum d'humidité et la plus grande lors du minimum d'humidité. En même temps que le Père Secchi observait les con- rants électriques sur la ligne méridienne, M. Jacobini, inspecteur des télégraphes romains, faisait, sur sa de- 408 QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LES mande, des observations semblables entre Rome et As- coli, station placée sur les montagnes, à l’est de Rome el à 58 kilomètres de distance; la direction de celte ligne se trouve normale à celle du méridien magnétique. M. Jacobini a constaté lexistence d’un courant équatorial dont les variations sembleraient être inverses de celles du courant méridien ; mais 1] présenterait, soit dans son intensité, Soit dans sa direction, de nombreuses pertur- balions qui seraient un signe irès-marqué de mauvais temps et de la présence de bourrasques dans Îles lieux environnants ; confirmation de la connexion déjà établie depuis longtemps par le Pêre Secchi entre les bourras- ques et les perturbations magnétiques. Ce courant équa- torial nous paraît devoir être attribué à la neutralisation directe de l'électricité terrestre et de l'électricité atmo- sphérique, réunion facilitée par la différence de niveau des deux stations ; on comprend dés iors sa liaison avec les changements de temps. Cette dernière espèce de courants serait donc de même palure que les courants observés par M. Malteuco entre deux stalions situées à des niveaux différents. Quant aux courants observés par le Père Secchi dans la direction du nord au sud, il suffit, pour voir qu'ils différent 1o- talement de ceux étudiés par M. Matteucci, de remarquer que non-seulement ils sont dirigés en sens inverse, mais qu’en outre les moments de leurs minima et de leurs maxima sont opposés. | Indépendamment des perturbations qui proviennent de causes locales et qui accompagnent les orages et les bour- rasques, il en est de bien plus importantes et qui se rat- tachent à une cause générale. Ce sont celles qui résultent des décharges extraordinaires qui ont lieu dans les ré- COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 1409 gions polaires. J'ai essayé de montrer, dans ma théorie de l'aurore boréale, qu'il arrive nécessairement des ma- ments où les électricités accumulées dans le voisinage des pôles, négative sur la terre, positive dans l’atmo- sphère, acquièrent un degré de tension tel qu'elles se neutralisent au moyen d’une ou plusieurs décharges d’une intensité exceptionnelle et accompagnées d’une produc- tion de lumière qui constitue l'aurore polaire. Les neu- “tralisations accidentelles dont il s’agit doivent avoir lieu à peu près simultanément aux deux pôles, vu la parfaite conductibilité du globe terrestre et celle non moins grande des couches supérieures de l’atmosphère. Ces décharges exceptionnelles exercent nécessairement de grandes perturbations sur le courant normal dirigé des pôles à l'équateur et qui résulte de la succession non interrompue des petites décharges régulières qui ont lieu dans les régions polaires. C’est ce que plusieurs obser- valeurs ont constalé en enregistrant les déviations d’un galvanomètre placé dans le cireuit d’un fil télégraphique pendant l'apparition d’une aurore polaire. Les change- ments qu'éprouve le sens du courant tiennent à ce que ces décharges accidentelles s’opèrent tantôt à l'un des pôles terresires, tantôt à l’autre, et rarement exactement au même instant à tous les deux ; on peut expliquer ainsi les oscillations des appareils magnétiques qui subissent l'influence de ces décharges variables en direction aussi bien qu'en intensité. Cetie manière d'envisager 1 phénomène est parfaile- ment d'accord avec les résullais des observations, no- tamment de celles de M. Sabine, qui constatent lexis- tence presque simultanée des perturbations dans toutes les parties du globe. Ainsi, par exemple, en 1845, 1844 410 QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LES et 1845, les observations troublées ont eu lieu non-seule- ment en même nombre, mais presque toules aux mêmes jours, aux deux stations opposées de Toronto et @e Ho- bart Town. J'ai en l'occasion déjà de faire remarquer ail- leurs la coïncidence dans les apparitions des aurores australes et boréales quitient à fa même cause, M. Balfour-Stewart, qui s’est dernièrement occupé avec beauvonp de soin des perturbations magnétiques qu'il enregistre à Kew, au moyen de procédés photogra- phiques, a bien reconnu leur coïncidence avec les per- turbations des courants terrestres, mais il serait disposé à rattacher ces divers effets concomitants à une cause plus générale que celle qui les fait dépendre les uns des autres, savoir à une espèce d'effet d'induction exercé par Je soleil sur notre globe, induction qui à la fois en modi- fierait son magnélisme et déterminerait des courants élec- tiques sur sa surface. M. Airy, qui a fait egalement'une étude remarquable, à Greenwich, des perturbations ma- gnétiques enregistrées aussi photographiquement, arrive à conclure qu'elles ne sont pas toujours simultanées dans les divers appareils magnétiques, en particulier dans le déclinomètre et dars le magnétomètre bifilaire. Ausstil ne serait pas éloïgné d'admettre l'existence d’un éthér ma- gnétique dans lequel, sous l'influence solaire, se forme- rait un courant analogue à ce que sont les vents alisés dans notre atmosphère et susceptible comme eux de per- turbations qui se manifesteraient par leur action sur les appareils magnétiques. M. Airy ne s’occupe pas des cou- rants électriques terrestres. M. Lloyd et M. Lamont seraient, par contre, disposés à attribuer toutes ces variations magnétiques à des ondes électriques terrestres provenant de changements d’équi- - COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 411 libre dans Pétat électrique statique du sol et de l'atmo- sphère ; changements que M. Lloyd regarderail comme un-simple effet de la chaleur solaire, tandis que M. La- mont les considérerait conime provenant d'une force électrique émanant directement du soleil. Cependant, plus j'ai étudié de près les nombreux ré- sultats des observations magnétiques recueillies par tant de savants distingués, ep particulier ceux que M. Airy vient de faire connaître tout récemment, plus je me suis convaincu de la vérité du principe que j'ai posé dans mon Trailé de l'électricité et que j'ai rappelé il y a un instant, cest que tous les effets du magnétisme terrestre sont dus à deux causes parfaitement distinctes lune, qui est l'origine même du magnétisme terrestre, savoir Paction directe du soleil; l'autre modifiant l'effet de la premiére par l'acuon de courants où décharges électriques dont l'existence est la conséquence de la présence des deux électricités sur notre globe. La première de ces causes, bien plus énergique et bien plus constante que la seconde, ne serait soumise qu'à des variations d'intensité provenant de la position variable de la terre par rapport au soleil et de chance- ments dans la surface même de cet astre. La direction imprimée par cette force au magnétisme terrestre pour- rait bien à la longue éprouver des variations par suite de modifications survenant dans la constitution physique de l'intérieur du globe; modifications qui, en altérant la conductibilité des couches terrestres, influeraient sur la direction de la route que suivraient les courants d’induc- tion développés autour de la terre par l’action du soleil ; on trouverait là une explication naturelle des variations séculaires des éléments du magnétisme terrestre. 412 QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LES La seconde cause, par contre, beaucoup plus variable que la première, serait celle qui déterminerait essentiel- lement les variations que manifestent à chaque instant dans leurs indications tous les appareils destinés à l'ap- préciation de l’état magnétique du globe. I est vrai que les varialions d'intensité de la cause principale pourraient aussi avoir une part dans la production des variations régulières de la direction, mais les courants terresires demeureraient la cause unique des perturbations. Ces perturbations, soit dans les courants perçus par les fils télégraphiques, soit dans les divers appareils magnétiques, sont presque loujours simultanées. II y aurait, d'après M. Airy, une exception pour le magnétomètre de force ver- ticale ; ainsi, tandis que le nombre des perturbations oc- casionnées par les orages magnétiques, an nombre de 177, est sensiblement le même pour le déclinomètre et le magnétomèêtre bifilaire, il n'est que la moitié pour le ver- tical. Il est facile de voir que, tandis que les deux pre- miers instruments doivent éprouver l'influence de Loutes les décharges, quelles que soient leur direction et leur intensité, il y a nécessairement des décharges dont la @i- rection et l'intensité sont telles qu’elles peuvent être sans aclion ser le troisième. | Ainsi done, pour nous résumer, il nous semble qu’il serait important pour lPavancement de la physique du globe, de pouvoir ajouter aux résulats fournis par les instruments magnéliques, qui sont nécessairement COM- plexes, puisqu'ils dépendent à la fois des deux causes qui jouent un rôle dans-les phénoménes du magnétisme terrestre, des observations ayant pour objet l’étude seu- lement de l'une des causes. Or, la cause principale, celle qui dépend de l’action directe du soleil, ne semble pas COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 413 susceptible d'être isolée, car en supposant que ce soit bien par la production de courants d'induction qu’elle agisse, ce qui n’est même encore qu'une hypothèse, il serait difficile, pour ne pas dire impossible, de plonger des sondes de manière à atteindre les couches terrestres situées probablement à de grandes profondeurs, dans lesquelles circulent ces courants, afin d'en dériver une partie. Il n’en est pas de même des courants nécessaire- ment superficiels dus à la neutralisation des électricités terrestre el aimosphérique, qui constituent pour nous, la seconde cause. Nous avons vu qu'il est facile de les percevoir au moyen de dérivations, en plongeant dans le sot à des distances plus ou moins grandes des plaques conductrices unies par des fils télégraphiques dans le cireuit desquels sont placés des galvanomètres. Sans doute, il y a un choix à faire dans la direction à donner aux lignes aux extrè- milés desquelles ces sondes doivent être placées. La di- rection la plus importante est évidemment celle du méri- dien magnétique ; mais il serait précieux de pouvoir en ajouter à celte direclion deux autres, l’une perpendicu- laire à la première, l’autre caractérisée surtout par une grande différence de niveau entre ses deux extrémités. Car il faudrait, autant que possible, que les extrémités de chacune des deux directions, méridienne et équato- riale, fussent sur le même niveau. Je suis convaincu que des observalions suivies avec soin sur {rois lignes établies de la manière que je viens d'indiquer, avec un parcours de 90 à 100 kilomètres, pourraient conduire à des résultats nouveaux et intères- sants sur le rôle de lPéleciricité dans les phénomènes météorologiques, en même temps qu’elles contribueraient Arcmves T. XXIE — Février 1865. 8 414 QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LES puissamment à faire avancer l'étude du magnétisme ter- restre. L'industrie doit à la science bien des applicalions uti- les, et parmi ces applications, certainement, la découverte du télégraphe électrique est une des plus importantes. La science se montrera-t-elle trop exigeante si elle de- mande à son tour à l'industrie de contribuer à son progrès en mettant à sa disposition un ou deux de ces nombreux fils télégraphiques par lesquels elle établit maintenant une communication instantanée entre toutes. les parties du monde? Je ne le pense pas; aussi, je puis espérer que, soil en Suisse. soit dans d’autres pays, On pourra insliluer, comme on l’a fait à Rome, des observalions régulières sur les courants électriques terrestres, faites au moyen de fils télégraphiques mis par les gouverne- ments à la disposition des observateurs. Remarques additionnelles à Particle qui précède, tirées d’une leltre du Père Secchi à M. le prof. de la Rive. Ayant adressé au Père Secchi quelques demandes de renseignements sur le sujet des courants électriques ter- resires et sur la meilleure manière de les observer, J'ai reçu du savant astronome romain une réponse qui con- tient des détails intéressants que je me permets de pu- blier, avec son aulorisation, à la suite de mon travail, en me bornant à ceux qui touchent à la question géné- rale. A l’occasion de la longueur des circuits, soit de la dis- tance à laquelle il faut placer lune par rapport à l'autre les deux électrodes auxquelles aboutissent les extrémités du fil, le Père Secchi estime que celle distance doit être COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 415 de 40 kilomètres au moins et de 60, si c’est possible, ce qui est bien plus que suffisant. Il remarque, avec raison, que plus les circuits sont longs, moins ils sont sujets à des influences particulières et locales. Il est disposé à croire que, dans une région montueuse comme la Suisse, on doit trouver d'assez grandes irrégularités dans les courants et il cite, à l’appui de sa remarque, l’observa- tion de M. Jacobini, inspecteur des télégraphes à Rome, qui, en étudiant les courants des lignes qui vont aux montagnes, les trouve très-variables. Il a même observé dernièrement un fait curieux, savoir : que des lignes di- rigées des montagnes vers la mer, qui n'avaient donné longtemps que des courants très-faibles, ont tout à coup amené des courants beaucoup plus forts, sans qu'il y ait absolument rien eu de changé dans les plaques servant d’électrodes ni dans le système des fils. Le Père Secchi insiste, comme je Pai fait, sur l’impor- tance d’avoir les électrodes placées au même niveau pour éviter l'influence de l’action directe de l'atmosphère ; mais il estime qu'il serait très-intéressant de profiter de la con- figuration particulière de la Suisse pour étudier Pin- fluence de la hauteur, en ayant soin, ce qui pourrait éclaircir bien des points douteux, de faire simultanément, avec l'observation des courants, celle de l’état du ciel et de l'atmosphère dans les deux stations où se trouveraient les élecirodes ; l’état du ciel étant un élément important dans ia question. Îl serait important, quand on observe les courants dans les deux directions du méridien et de l’équa- teur magnélique, que non-seulement les extrémités des lignes fusserft au même niveau, mais, de plus, que leur posilion fût, autant que possible, semblable par rapport à quelque grand centre d'action météorologique, tel que sont communément les grandes montagnes. 416 QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LES « Vous me pardonnerez, dit le Pêre Seechi, si j'insiste autant sur l’action météorologique, mais je viens de ré- sumer actuellement nies observations magnétiques de dix ans, el je trouve que les éléments météorologiques jouent unrôleimmense dans les variations magnétiques, et comme ces variations sont en rapport avec les courants terrestres, on pe peut plus négliger cet élément si l'on veut péné- trer la cause mystérieuse du magnélisme terrestre. Pour que vous jugiez vous-même de cette influence, je vous dirai que, ayant classé toutes les oscillations diurnes des barreaux aimantés sous trois chefs, celles qui ont lien avec le vent du sud, celles qui ont lieu avec le vent du nord et celles qui ont lieu avee les bourrasques pendant lesquelles tombe la pluie, j'ai trouvé pour les quatre années que j'ai étudiées jesqu'ici, les résultats suivants énoncés en divisions de lPéchelle du bifilaire : Année. Avec vent du Avec vent du Avec bourrasque. sud. nord. 1860 10243 1503 144,45 1861 11,00 8,00 12,20 1862 11,92 8,90 12.70 1803 10,92 8,18 12:27 « La colonne des bourrasques devrait encore être augmentée si lon tenail compte des simples apparitions des cirri et des nuages qui font souvent parcourir plu- sieurs divisions en peu de temps aux instruments magné- tiques et qui donnent toujours des courants aux fils gal- vanométriques. Je n'ai pas encore achevé la réduction de mes observalions, mais les nombres que je vous ai transcrits ci-dessus sont assez d'accord pour me faire croire qu'il y a là uue rêgle générale, » Le Père Secchi est porté à croire que les observations faites dans un pays montueux comme la Suisse, auront COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 417 surtout l’avantage de permettre d'étudier les variations des courants électriques terrestres en vue des influences locales, telles que la hauteur, la température, la forma- tion des nuages, la direction des vents locaux, etc, Pour les grands courants généraux qui sillonnent le globe, une grande plaine uniforme, telle qu’on en trouverait, par exempie, en Russie, serait un champ d'observations bien plus favorable. La lettre du Père Secchi se termine par quelques re- marques sur le dernier travail de M. Airy, relatif à la discussion des observations de perturbations magnétiques faites à Greenwich, dont j'ai parlé dans les considérations qui précèdent. Il observe, avec raison, que les mêmes courants terrestres dirigés du nord au sud on de l’est à l’ouest peuvent très-bien agir sur le déclinomètre sans agir sur le bifiläire et réciproquement, conformément aux lois d'Ampère, et que, par conséquent, il n’est pas extraordi- gaire que Pan des instruments soit troublé sans que lPau- tre le soit. L'action exercée sur le vertical doit dépendre aussi de la position à l'ést ou à l’ouest du courant dirigé du nord au sud. En général, le courant paraît se diriger vers le centre de la bourrasque, et il pourra arriver que, au commencement de l'observation, ce courant soit sans aclion, vu sa direction, sur l’un des instruments magné- tiques et que, plus tard, la bourrasque changeant de place el par conséquent le sens du courant changeant aussi, il en résulle une perturbation sur ce même instrument. Mais, si au lieu de prendre quelques ‘observations détachées, on considère la période complète d’une per- turbalion, il n'arrivera que bien rarement qu’un des ins- traoments magnétiques soit troublé et que l’autre ne le soit pas. Le savant astronome romain signale une cir- constance assez extraordinaire qui se manifeste quelque- 418 QUELQUES CONSIDÉRATIONS, ETC. fois, mais rarement: c’est que lun des instruments est pour ainsi dire paralysé, que le déclinomètre, par exemple, n'accuse aucun mouvement même pour les variations diurnes régulières, tandis que les indications du bifiluire sont dans ‘le même moment exagérées. Cet effet ne se fait pas apercevoir quand on se borne à prendre des moyennes, parce que, après l’exagération d'an jour vient la paralysation qui à lieu un autre jour. La considération des moyennes dans celte étude peut conduire à de grandes illusions. Le phénomène observé par M. Airy, de la non-coincidence dans certains cas des perturbations d’un instrument magnétique avec celles d’un autre, peut facilement s'expliquer, mais il est loin d’être la règle générale, du moins à Rome. Il est pro- bable qu’on trouvera däns chaque pays des règles par- ticulières pour ces variations, comme on en a trouvé pour l’état de l’atmosphère. Quaut à la cause de tous ces phénomènes, le Père Sec- chi ne pense pas qu’on puisse la chercher ailleurs que dans l'existence des courants électriques ; l'observation, en parliculier, montre que dans le cas des orages le cou- rant chemine vers le centre de la bourrasque, c’est-à- dire là où abonde en général Pélectricité négative de la pluie, quelle que soit du reste l’origine de celte électri- cité. I en résulte des courants qui agissent sur les ai- mants d’une manière ou de l’autre, suivant leur direction et suivant la position des aimants par rapport à eux. Le Père Secchi veut bien me promettre d'autres com- munications sur ce sujet intéressant quand il aura ter- miné la rédaction de toutes ses observalions, travail dont il s'occupe actuellement, SUR CERTAINES PROPRIÊTÉS PHYSIQUES DU TISSU MUSCULAIRE M. LE DT WILLIAM MARCET. (Communiqué à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, le » janvier 1865.) Lorsqu'une dissolntion aqueuse se trouve en contact avec du papier à filtrer, avec une éponge ou d’autres corps poreux de même nature, le liquide pénètre dans l’intérieur de ces corps et se distribue également dans toute leur masse, en vertu de leur porosilé. Ce phéno- mêne est d’une nature parement physique; chaque par- tie de l'éponge, du papier Joseph ou du corps poreux quelconque, contiendra, à quelques exceptions près, une quantité égale, ou à peu près égale, de la dissolution en question, qui présentera partout la même composition: Si l’on suppose un tube ouvert à l’une de ses extrémités, et fermé à l’autre extrémilé par un corps poreux mis extérieurement en contact avec de l’eau, et que l’on verse dans ce tube une dissolution aqueuse, cetie dissolution passera au travers du corps poreux dans l’eau, sans que sa composition se trouve notablement altérée. On pourra toujours reconnaître qu’un corps est poreux, d'abord par la faculté qu’il aura de se laisser pénéirer par l’eau 120 SUR CERTAINES PROPKIÉTÉS PHYSIQUES qui en ressortira comme au travers d’un filtre, et ensuite parce qu’une dissolution qu’on ferait passer à travers ce corps, en le mettant en contact extérieurement avec de l’eau, se trouverait avoir à sa sorlie à peu de chose près la même composition chimique qu’à son entrée. C’est ainsi qu'un liquide qui contiendrait 40 pour cent d’albu- mine, se trouverait toujours contenir celle même quan- tité d’albumine après avoir traversé un corps poreux. Certains cas, cependant, dont nous n'avons pas à nous occuper ici, font exception à cette régle: Lel est celui où des liquides contenant des matières celorantes, de l’am- moniaque ou des alcaloïdes végétaux, seraient filtrés au travers d'une masse de charbon : tel est encore celui où l'on ferait filtrer une dissolution de sels inorganiques au travers d'un terrain arable. Dans ce cas, en effet, Liebig a démontré que le terrain s'empare de ces matières solubles et les rend insolubles; mais je le ré- pête, ces cas ne doivent pas nous occuper dans le tra- vail actuel. Si, au lieu d’un corps poreux, nous choisissons un corps qui manque essentiellement de pores, tel qu'une masse de gélatine en gelée, et que nous placions celte gelée en contact avec une dissolution aqueuse, il arri- vera que celle d’entre les substances contenues dans celte dissolution qui jouissent de la propriété de cristalliser, telles que le chlorure de sodium, par exemple, passe- ront dans la gelée où on pourra les retrouver à l'analyse chimique, tandis que celles d’entre elles qui sont incris- tallisables, telles que l’albumine, ne pénétreront pas dans la gelée. Un phénomène semblable a lieu, si au lieu de gelée on se sert d’eau distillée, et qu’on in- troduise avéc soin, et de manière à éviter le mélange DU TISSU MUSCULAIRE. 421 des liquides, une dissolution aqueuse au fond d’une éprouvette allongée contenant de l’eau. On parvient fa- cilement à s'assurer que les substances cristallisables contenues dans la dissolution se sont répandues au bout de quelques heures dans toute la masse liquide, tandis que les substances amorphes qui s'y trouvaient n'en sont point sorties, et même au bout de plusieurs jours n’ont pénétré que très-faiblement la colonne d’eau qui les recouvrait. C'est là le phénomène que Graham a désigné sous le nom de diffusion liquide, et attendu que les corps qui peuvent cristalliser, de même que ceux qui ne peuvent revêlir celle forme, jouissent, sous le rapport de leur diffusion, de propriétés spéciales, le chimiste anglais a proposé de donner aux premiers le nom de corps crislalloides, et aux seconds celui de corps colloi- des. Parmi les corps colloïdes se rangent, d’après Gra- ham, les membranes animales et le papier connu sous le nom de papier-parchemin, qu'on prépare au moyen de l’action de l'acide sulfurique sur du papier dépourvu de colle, Ce papier est impénétrable à l'eau si l'on s’en sert comme filtre, mais si on le met en contact, d'un côté avec une dissolution aqueuse, et de Pautre avec de l’eau distillée, il laissera passer, à travers Son lissu, dans l’eau distillée les corps cristalloïdes que contient la dissolution, mais interceptera le passage de ceux qui sont colloides. Ce phénomène, que Graham a désigné sous le nom de dialyse, est essentiellement le même que celui qui a lieu lorsque l’on place une dissolution en contact avec une Inasse en gelée, et le chimiste anglais à ima- giné un appareil très-simple destiné à opérer la sépara- tion des corps cristalloïdes d'avec les corps colloïles aù moyen de ladialyse. Get appareil, ou déalyseur, comme 422 SUR CERTAINES PROPRIÉTÉS PHYSIQUES il l'appelle, consiste en un disque de papier-parchemin, lequel, après avoir été mouillé, est appliqué sur un cercle fait d’une lame de gutia -percha d'environ 9 centimêtres de hauteur, et dont le diamètre peut varier de 9 à 30 centimètres, de manière à former une sorte de tamis. Le disque de papier-parchemin doit avoir un diamètre plus grand de o à 6 centimètres que celui de cercle, afin qu'il puisse être relevé autour du bord de celui-ci auquel il est fixé par une bande de gutla-percha. On verse dans celte espèce de tamis la dissolution que l’on veut expé- rimenter, de manière à recouvrir le papier-parchemin d’une couche de faible épaisseur, 15 millimètres environ. L'appareil est alors mis à flolter dans un bassin conte- pant un volume d’eau distillée égal à au moins huit à dix fois celui de la dissolution. — Je passe maintenant aux expériences qui font le sujet de mon travail. En considérant le tissa musculaire au point de vue physique, je fus dès l’abord frapné de Pidée qu'un muscle devait être nécessairement un corps colloïde, puisque, d’après Graham, une membrane, qui de même qu'un muscle, est un corps animal organisé, jouit de ca- ractères essentiellement colloides ; et que de plus, on ne peut parvenir, même au moyen d’ane pression extrême- ment forte, à exprimer à peine quelques goultes de jus d’une masse considérable de muscle, montrant ainsi qu'il ne peul être considéré comme ayant les caractères d’une éponge. Quant à sa structure, le tissu musculaire est composé d’une foule de petits faisceaux de fibres réunis les uns aux autres au moyen de lissu cellulaire, n’of- frant au premier abord aucune apparence de porosité. J'avais cependant remarqué que de la viande crue, plongée dans l’eau froide, abandonnait à cette eau une DU TISSU MUSCULAIRE. 193 grande quantité d’albumine, fait quine parassait guères s’accorder avec l’idée que j'avais conçue sur la nature coloïde d’un muscle. I s'agissait, en effet, ici d'un corps colloïde qui aurait en apparence la facullé de passer à travers un autre corps colloïde, car il fallait bien que l’albumine eût traversé le muscle de Pintérieur à la sur- face, pour que cette albumine se retrouvât dans l’eau. Or, la loi fondamentale de Ja diffusion liquide est, qu'une substance colloïde est incapable de passer au travers d’un autre corps colloide. [y avait donc ici une contradiction apparente que je me suis appliqué à résoudre. Je me suis d’abord demandé s'il était possible que l’albumine des muscles fut spécialement douée, contrai- rement à l’albamine de l'œuf, du sang, ete. de la propriété de se diffuser au travers du tissu musculaire. En cas de réponse négalive, 1} restait à examiner le tissu muscu- laire lui-même, et à reconnaitre expérimentalement si ce lissu était véritablement une masse colloïde, ou s’il ne serait peut-être pas un corps poreux. Je commençai d’abord par préparer un extrait aqueux du {issu musculaire, en triturant dans un mortier, avec de l’eau, de la viande crue coupée en menus fragments, eten exprimant dans ua linge la liqueur qui en décou- lait. Cette liqueur contenait une forte proportion d’alba- mine, susceptible de se coaguler par l’agtion de la cha- leur, et qui se précipitait par lacide azotique comme l'albumine ordinaire. Je renfermai une certaine quantité de ce liquide dans une portion d’inteslin de porc qui avait été conservée à l’élat sec, et mouillé seulement au moment de l’expérience, afin de le rendre plus souple. La vessie ainsi remplie de liquide fut plongée dans de l'eau pendant 24 heures environ. A l’expiration de ce 12% SUR CERTAINES PROPRIÉTÉS PHYSIQUES temps, à peine quelques traces d’albumine étaient-elles visibles dans l’eau, preuve que cette substance n’avait pu passer au travers de la membrane. Après avoir obtenu un résultat parfaitement sembla- ble, en faisant dialyser du jus de viande dans un dialy- seur ordinaire muni d'un diaphragme de papier-parche- min, j'introduisis un fragment de viande crue au fond d'une éprouveile iongue et étroile que je remplis d’eau, el je laissai le tout en repos pendant deux jours. Au bout de ce temps, l’eau avait acquis jusqu'au niveau supé- rieur de la viande une teinte rougeâtre qui ne s’éten- dait pas au delà. Je partageai alors la colonne d’eau au- dessus de la viande en quatre couches horizontales, au moyen de petites bandes de papier collées au verre ; puis j'examinai séparément chacune de ces couches dé- cantées successivement au moyen d’un syphon. J'oblins ainsi la certitude que la troisième et quatrième couche présentaient seules quelques traces d'albumine, tandis que le liquide coloré en était abondamment pourvu. Il résulle évidemment de cetle expérience que l’albamine avait pu se frayer un passage en dehors du tissu mus- culaire, mais que l’eau avait opposé un obstacle presque insurmontable à sa diffusion dans ce liquide. Je songeai alors à remplacer dans cetle expérience Peau par de la gélatine, et j'introduisis quelques fragments de muscle dans une dissolution aqueuse de colle de poisson, peu d’instants avant le moment où cette dissolution allait se prendre en gelée. Le lendemain, la gelée ne présentait aucune trace de coloration, pas même trés-près de son point de contact avec le muscle, d’où je conclus qu’il n’en élail point encore sorlû d’albumine. Le second jour, il n’y avait pas encore de coloration bien distincte, mais DU TISSU MUSCULAIRE. 195 à dater de ce moment, la gelée prit peu à peu une cou- leur légèrement rouge; et au bout de six à sept jours chaque fragment de muscle était entouré d'une zone rougeàtre, laquelle cependant ne pénétrait pas la colle dans toute son épaisseur. Le liquide obtenu, en faisant chauffer une petite portion de la gelée rouge, se trouva contenir de l'albumine, mais en quantité bien moins con- sidérable que lorsque le muscle était placé dans de l'eau, au lieu de l'être dans de ia gelée. Gn peut, il me semble, conclure de ces expériences, que l’albumine de la viande ne se diffuse pas au travers d'une membrane animale, séchée dans le but de la con- server el mouillée au moment de l'expérience, ni au tra- vers du papier-parchemin, el ne pénètre que très-fai- blement l’eau et la gelée. Ces résultats sont, du reste, parfaitement d'accord avec cenx obtenus précédemment par Graham. Aprés avoir étudié lalbumine du tissu musculaire sous le pointde vue de sa propriétéde diffusion, j'ai dû chercher à déterminer si le tissu musculaire lui-même était one masse colloïde ou poreuse. Dans ce bat, je suis parvenu à transformer un fragment de muscle en un Corps essen- tiellement colloide, en le partageant en petits fragments que je triturai dans un mortier avec une dissolution li- quide de colle de poisson. Ayant introdoit le tout dans une éprouvelie, la masse se prit bientôt en une gelée sur laquelle je versai une couche mince d’eau. Deux jours plus lard, je remarquai que l’eau avait pris une cou- leur rouge pâle, et je m'assurai qu’elle contenait une très-faible quantité d’albumine. Après cinq jours, cette quantité d'albumine s’est trouvée an peu augmentée, mais elle esl Loujours restée de beaucoup inférieure en 426 SUR CERTAINES PROPRIÉTÉS PHYSIQUES quantité à celle qui se serait trouvée dans de Peau où Fon aurait plongé du tissu musculaire. I résulte de celte expérience, que Si l’on transforme du tissu muscu- Jaire en une masse bien certainement de nature colloïde, il perd en très-grande partie sa propriété d'abandonner à l’eau l'albumine qu'il renfermait : j’en conclus « que le tissu musculaire n’est pas un corps colloïde. » Le tissa musculaire, avons-nous dit, est formé de faisceaux de fibres réunis les uns aux autres au moyen de tissu cellulaire. Un liquide, ayant à traverser ce tissu; peut donc être considéré comme devant passer au tra- vers d’un nombre infini de membranes très-minces el d'espaces cellulaires. Nous avons déjà vu qu'une mem- brane ordinaire, comme celle de l'intestin, conservée à lélat sec, intercepte le passage de l’albumine, mais je me suis demande si une membrane animale fraiche et très-fine serait douée de celle même propriété. Pour resoudre cette question, je soumis à Pexpérience lamem- brane qui recouvre le foie du mouton et du bœuf!. Cette membrane est exirémement fine, et en faisant macérer le foie dans de l’ean pendant quelques heures, il m’a été facile de l'enlever sans la déchirer. Je m'en suis servi comme diaphragme d’un dialyseur, en la faisant adhérer à un entonnoir en verre dans lequel je versai un extrait aqueux de muscle, et en plaçant ensuite la membrane en contact extérieurement avec de Peau. Dix-huit heures après le commencement de l'expérience, en me servant ‘ Le foie a deux membranes, une qui lui est propre et le re- couvre complétement; et une autre, le péritoine, qui n'entoure sa surface qu’en partie. Je me suis servi indifféremment de ces deux membranes réunies ensemble ou séparées l'une de l'autre. DU TISSU MUSCULAIRE. 497 de la membrane du foie de mouton, l’eau extérieure s’est trouvée légèrement colorée en rouge, et je pus déterminer approximalivement que le tiers environ de Valbumine contenu dans le dialyseur avait passé dans l’eau. D'autres expériences de même nature achevérent de me démontrer d’une manière positive que l’albumine musculaire traverse sans difficulté une membrane ani- male fraiche très-mince ; el prenant en considéralion la structure du Uüssu musculaire, il me parait qu'on peut en conclure qu’un phénomène analogue a lieu pour ce tissu. Cherchons maintenant à déterminer la cause qui donne à l’albumine la propriété de traverser les membranes en question. Pour résoudre celle question, j'ai commencé par exa- miner avec soin l'état physique de la membrane qui recouvre le foie de mouton. Puis, après lavoir disposé en façon de diaphragme d’un peut dialyseur, en le fixant aux rebords d’un tube à réactif dont le fond avait été brisé, j'ai versé de l’eau dans l'appareil. J'ai remarqué, au bout d’un certain temps, que Ja surface extérieure de la membrane était devenue humide; puis la totalité de cette surface se couvrait de très-pelites gouteleltes d’eau, lesquelles en $e réunissant graduellement les unes aux autres, finissaient par former de véritables gouttes. Dans une de ces expériences la hauteur de la colonne d’eau dans le dialyseur était de 25 millimètres, et le diamètre de la membrane de 24 millimétres. Vingt-deux minules après avoir versé de l’eau dans le dialyseur, les premières traces d'humidité parurent sur la surface ex- térieure de la membrane; quatre heures plus tard la première goulte tomba ; la chute de la seconde fut acci- dentellement accélérée; mais celle de la troisième suivit 498 SUR CERTAINES PROPRIÉTÉS PHYSIQUES la seconde après un intervalle d’une heure et trente-cinq minutes. — Nous devons conclure de celle expérience que la membrane en question est douée des ‘propriétés d'un corps poreux, et par cela même livre passage aux liquides à la manière dan filtre. m'a paru qu'il pourrait y avoir quelque intérêt à dé- terminer la rapidité avec laquelle l’albumine musculaire passe au travers de la membrane du foie de mouton, disposée en façon de diaphragme de dialyseur. Je me suis servi dans ce but d’un tube à réactif d’une dimension ordinaire et dont j'avais brisé le fond. 5 centimètres cubes d’un extrait aqueux de musele, contenant une quantité connue d'albumine, ont été introduits dans ce tube, dont le diaphragme a élé mis en contact avec 9 centimêtres cubes d'eau. Après un intervalle de dix-sept heures, je trouvai que 32 pour cent du liquide albumi- neux avait traversé la membrane, et la même proportion, savoir 32 pour cent de l'albumine contenue dans le tube, ea élail sortie. Ainsi donc, une partie de l'extrait de muscle renfermé dans le tube en était sortie, entrai- nant avec elle toute l'albumine qui se trouvait contenue dans celle portion du liquide ; résultat qui tend à prou- ver que le passage de l’albumine s'était fait exclusive- ment au travers de très-pelites ouvertures où pores, et ne consliuait pas un phénomène de diffusion liquide. Afin d'ajouter à mes ‘recherches sur le passage de lalbumine au travers du foie de mouton, j'entrepris l'expérience suivante qui m'a fourni on résultat inattendu el intéressant. Le lissu du foie contenant, comme on sait, une forte proportion d’aibumine, l’idée me vint de trans- former la glande elle-même en un dialyseur. Dans ce bui, je fis plonger dans de l'eau dislllée la glande recou- DU TISSU MUSCULAIRE. 129 verte de sa membrane; j'avais déjà préparé une section de ce même foie dont la surface, naturellement dépour- vue de membrane, à été placée en contact avec un vo- lume d’eau égal à celui dans lequel plongeait l'autre partie de la glande recouverte de sa membrane. Le lendemain, ayant sorti en même temps de Peau les frag- ments de la glande, je pus constater que pour chaque 20 centimètres cubes d’eau, 0,0695 gramme d’albumine avait passé au travers de la membrane, tandis que pour le même volume d’eau, 0,118 gramme d’albumine s’é- lait échappé du tissu dénudé. Mais comme la surface de la membrane immergée était égale à deux fois celle de la section du foie, il est permis de conclure, que pour des surfaces de même grandeur plongées dans deux vo- lames égaux d’eau, la quantité d’albumine qui aurait passé dans l’eau après avoir traversé la surface de la section, serait environ 4 fois plus grande que celle qui aurait passé dans l’eau au travers de la membrane. Re- marquons encore que la quantité d’albumine qui, dans l'expérience ci-dessus avait passé au travers de la mem- brane du foie, était beaucoup plus faible que celle qui aurait traversé celle même membrane disposée à la fa- çon du diaphragme d’un dialyseur, dans lequel on au- rait versé un extrait aqueux de muscle. Relativement à la cause de ce dernier phénomène, si lon admet, comme je pense l'avoir démontré, que la membrane en question est un corps poreux ne présentant aucune lacération ou solution de continuité, il me semble que le fait ne peut s'expliquer autrement qu’en admettant dans les pores, et au-dessous de la membrane, lorsque celle-ci recouvre le foie, l'existence d’une substance colloide qui la ferait adhérer fortement au tissu de la glande, comme si Agcuives. T. XXII. — Février 1865. : Q 430 SUR CERTAINES PROPRIÉTÉS PHYSIQUES elle y était fixée, pour ainsi dire, avec de la colle. Plu- sieurs circonstances me paraissent venir 3 l'appui de celte hypothèse; ainsi, la membrane du foie, dans son À état normal, adhère si fortement au tissu de la glande qu'il est difficile de l’enlever sans déchirer plus où moins Je parenchyme du foie. En outre, lorsqu'on place la membrane humide en contact avec du verre, elle adhère aussi fortement à la surface viireuse que si elle avait été enduite de colle. De plus, äprès avoir fait tremper pen- dant quelques heures dans de l’eau un foie recouvert de sa isembrane, on parvient à détacher facilement celle-ci, comme s'il s'était opéré une dissolution de la colle dont Ja membrane paraît être revêtue. Enfin, si cette mem- brane, après avoir été desséchée, est mouillée de nou- veau, elle offre une plus grande résistance au passage de l’eau à travers son tissu, que lorsqu'on la soumet à lexpérience au moment où elle a été détachée du pa- renchyme hépatique. Les considérations qui précédent nous autorisent, Je pense, à envisager le monvement d'une dissolution d’al- bumine au travers du tissu musculaire, comme un phé- nomèêne dû, sinon exclusivement, au moins en grande partie, à l’état poreux du muscle. Il restait encore à dé- terminer si l’albumine se distribuait à travers le système musculaire avec la même facilité que l’une des substan- ces cristalloides contenues dans le jus de viande, l'acide phosphorique, par exemple. Pour y arriver, je commen- çai par chercher à établir la relauon qui existait entre la quantité d’albumine et d’acide phosphorique contenus dans un extrait aqueux de 206 grammes de muscle de bœuf dans 25 cent. cubes d’eau distillée, Pacide phos- phorique étant précipité au moyen de l’acétate de peroxyde DU TISSU MUSCULAIRE. 431 d'uranium. Je plongeai ensuite 200 grammes du même muscle dans 125 cent. cubes d’eau distillée, et après que 26 heures se fussent écoulées, je déterminar expé- rimentalement le rapport entre les quantités d’albumine et d'acide phosphorique contenues dans l'eau. S'il de- vait résulter de cette expérience que le rapport en- tre l'acide phosphorique (substance cristalloïde) et Pal- bumine (substance colloïde), contenues dans l'extrait, était le même que ie rapport entre l'acide phosphorique et Palbumine contenus dans Peau où la viande avait sé- journé, on devrait naturellement en conclure que le mou- vement de l’albumine dans le tissu est aussi rapide que pourrait l'être celui d’un corps cristalleïde; mais si, au contraire, ces rapports se trouvaient différer l’un de l’autre, — si, par exemple, la quantité d’albumine, par rapport à lacide phosphorique, se trouvait moins forte dans Peau où la viande avait séjourné que dans Pextrait, on en conclurait qu'un muscle agit jusqu’à un certain point à la façon d'un corps colloïde, c’est-à-dire, présente un obstacle plus où moins fort au passage d'une disso- lution albumineuse au travers de sa substance. Voici maintenant le résultat de mon expérience : Dans 100 grammes d'extrait. Acide phosphorique. . . 0,233 Rapport 4 à 12,5. Alnmine,. 2" 2,995 Dans 100 grammes de liquide où la viande avait séjourné * 26 heures. Acide phosphorique. . 0,169) Rapport 1 à 6,3. ADMIN CLR 1,067) Ce résultat nous montre qu’à la température ordinaire 1439 SUR CERTAINES PROPRIÉTÉS, ETC. de l'atmosphère, la rapidité du mouvement de l’albumine au travers du tissu musculaire est égale à environ Îa moitié de la rapidité du mouvement de l’acide phospho- rique au travers de ce même tissu. Par conséquent, la dissolution albumineuse éprouve évidemment, par suite de sa propriété colloïde, une difficulté à traverser le tissu en question que n’éprouve pas l'acide phosphorique, à cause de sa propriété eristalloïde, On voit donc qu’un muscle, indépendamment de son état poreux, participe, quoique faiblement, aux propriétés des corps colloïdes. Les résultats obtenus dans ce travail me paraissent présenter quelque intérêt, comme servant à indiquer par quelle voie Palbumine du sang, aprés sa sortie des vais- seaux capillaires, se distribue rapidement dans toutes les parties du tissu musculaire, pour en effeciuer la nutri- tion. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. J. TyNDALL. SUR LES RAYONS INVISIBLES DE LA LUMIÈRE ÉLECTRI- QUE (Royal Institution, séance du 20 février 1865). Sur LA CALORESCENCE (Philosophical Magazine. Février 1865). Nous avons inséré dans le dernier numéro des Archives la tra- duction d’un mémoire de M. Tyndall sur les radiations obscures et lumineuses. L'auteur a récemment exposé ce sujet dans une séance de l’Institution royale, où il a reproduit ses principales expériences el en particulier celles où tous les rayons lumineux sont arrêtés par une dissolution d’iode dans le sulfure de car- bone, tandis que les rayons obscurs viennent se concentrer en un foyer où ils produisent des phénomènes calorifiques intenses, tels que la combustion de certains corps. I à fait connaître à celte occasion quelques faits nouveaux ét intéressants. Nous traduisons un extrait de la partie de la séance dans laquelle il les a dé- " veloppés : « Ces effets sont dus, en partie, à l’action chimique. Les sub- stances placées au foyer sombre sont des substances oxydables qui, lorsqu'elles sont suffisamment échauffées, se combinent avec oxygène de l’atinosphère par combustion ordinaire. Maïs on peut éviter celte action. On peut élever jusqu'à l’incandescence la lempérature d’une mince lame de charbon, placée dans le vide, au foyer des rayons invisibles. L'action chimique est ici entièrement éliminée. Une plaque mince d'argent ou de cuivre, dont la surface est légèrement ternie par le sulfure du métal, de: ! Voyez page 41. 134 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ' façon à diminuer le pouvoir réflecteur, est portée à l’incandes- cence, soit dans le vide, soit dans l'air. Avec une pile d’une puis- sance suffisante et une concentration convenable, on peut chanf- fer une plaque de platine platinisée, au rouge blanc au foyer des rayons invisibles ; et lorsqu'on regarde le platine incandes- cent à travers un prisme, sa lumière donne un spectre complet et parfait. Dans tous ces cas, ce que l’on obtient d’abord, c’est une image parfailement invisible des pointes de charbon formée par le imiroir ; et aucune expérience ne rend plus sensible que celle-ci Pidentité de la lumière et de la chaleur. Lorsque la pla- que de métal ou de charbon est disposéè au foyer, les places qu'oceupe l’image invisible s élèvent à lincandescence, et se ma- nifestent visiblement sur la plaque. En écartant les pointes de charbon, ou en les rapprochant, leur image incandescente suit leur mouvement. En coupant la plaque de carbone en suivant les limites de l’image, nous pouvons obtenir une seconde paire de pointes de charbon, de la même forme que les premières, mais lournées dans une position inverse; et ainsi, à l’aide des rayons incapables d’exciter la vision et émanant d’une paire de pointes de charbon, nous pouvons obliger une seconde paire à émettre tous les rayons du specire. € On sait que la radiation ultra-rouge de la lampe électrique consiste en ordulations éthérées de plus grande longueur, et de périodes plus lentes que celles qui excitent la vision. Par consé- quent, lorsque ces longues vagues atteignent une plaque de pla- une et lélèvent à lincandescence, leur période de vibration est changée. Les ondes émises par le platine sont plus courtes et plus rapides que celles qni tombent sur lui, la réfrangibilité est par conséquent devenue plus grande et les rayons invisibles sont rendus visibles. 1 y à treize ans, le professeur Stokes publia sa belle découverte qu'au moyen du sulfate de quinine, ou de di- verses autres substances, les rayons ultra-violets du spectre pou- vaient êlre rendus visibles. Ces rayons invisibles de haute réfran- gibilité atteignant un milieu convenable, obligent les molécules PHYSIQUE. 435 de ce milieu à osciller en périodes plus courtes que celles des ondes incidentes. Dans ce cas, par conséquent, les rayons invi- sibles sont réndus visibles par l’abaissement de leur réfrangibi- lité; tandis que dans les expériences du professeur Tyndall, les rayons ultra-rouges sont rendus visibles par l'élévation de leur ré- frangibilité. On a appliqué le terme de fluorescence au phénomène découvert par le professeur Siokes. M. le professeur Tyndall pro- pose de désigner sous le nom de calorescence le phénomène qui fait l’objet de ses communications. « Ce fut la découverte faite il y a plus de trois ans, d’une sub- slance opaque à la lumière, et presque parfaitement transpa- rente à la chaleur rayonnante — c’est-à-dire arrêlant le spectre visible de la lumière électrique à l’extrémité du rouge, et lais- sant passer la radiation ulitra-rouge presque complétement —, qui a conduit le professeur Tyndall aux résultats précédents. Ce fut seulement l'étude de sujets d’un intérêt plus immédiat qui m- pêcha M. Tyndall de les découvrir plus tôt. Sur ce point cepen- dant le professeur Tyndall ne peut fonder aucun droit de priorité, et l'idée de rendre les rayons ultra-rouges visibles ne lui appar- tient pas de droit, quoiqu'il y soit arrivé d’une manière tout à fait indépendante. Le droit à une idée ou une découverte scienti- fique est assuré par l'acte de publication, et en vertu d'un tel acle, la priorité de conception pour ce qui concerne la conversion des rayons de chaleur en rayons lumineux, appartient incontesta- biement au D' Akins. Dans la réunion de l'Association britannique à Newcastle en 1863, il proposa trois expériences par lesquelles il comptait résoudre celte qnestion. Il s’associa plus tard avec un savant distingué, M. Griffith, d'Oxford, aver lequel il poursui- vit ses recherches. Deux des expériences proposées à Newcastle par le D Akins sont tout à fait impraticables. Dans la troisième il se proposait de concentrer les rayons du soleil au moyen d'un grand miroir ardent, en interceptant la portion lumineuse de la radiation par des « absorbants convenables », afin d'opérer en- suite avec les rayons obscurs. Le D' Akins a employé dans ses ex 430 BULLETIN SCIENTIFIQUE. périences un miroir de trente-six pouces de diamètre, mais il a jusqu'ici échoué dans la réalisation de son idée. C’est avec un miroir de quatre pouces de diamètre, avec une source rayon- nante avec laquelle ses recherches lavaieut rendu familier, et avec une substance susceptible de filtrer les rayons de la lampe élec- tique, comnie il lavait découvert, que le professeur Tyndall a obtenu tous les résultats rapportés plus haut. » F. LinpiG. UNTERSUCHUNGEN UEBER DIE ABÆNDERUNGEN, elc.….. SUR LA VARIATION DES FORCES ÉLECTROMOTRICES AVEC LA TEM- PÉRATURE. (Pogg. Ann., 1864, n° IX, p. 1.) Les recherches antérieures sur le sujet ont donné des résultats négalifs. En particulier, M. Poggendorff en opposant deux éléments, cuivre et zinc, dans acide sulfurique, dont lun était chauffé, n'avait pas obtenu de courant. Dans une premièe série d'expérience, M. Lindig compare les forces électromotrices de deux éléments Daniell en employant la méthode de M. Bosscha modifiée par M. Poggendortff pour la me- sure des forces électromotrices. Cette méthode permet d'éliminer les résistances des éléments qui peuvent aïnsi varier sans que les valeurs que l’on trouve cessent d’être exactes. L’un des éléments est chauffé et l’autre maintenu à la température ambiante ; des thermomètres plongeant dans les liquides, donnent les tempéra- tures. La force électromotrice augmente un peu lorsque la tem- pérature de l'élément s'élève. L'élément Daniell est complexe et sa force électromotrice peut être représentée, comme on la sait, par : Zn. Cu+ Zn. S0— Cu. Cu0 SOS. L'action de la chaleur peut n'être pas la même sur les diffé- rents lermes de celle expression. En premijer lieu, l'auteur a étudié la variation de la force éleciromotrice du cuivre dans le suifate de cuivre. Pour cela, PHYSIQUE. 437 ‘ deux vases remplis de sulfate de cuivre communiquent par un tube à syphon également plein du même liquide. Une tige de cuivre plonge dans chaque vase et ciacune est mise en commu- nication avec l’extrémilé d’un galvaromètre. On chauffe l’un des éléments qui sont, comme on le voit, en opposition, et la ré- sistance du circuit étant très-grande, l'intensité du courant est proportionnelle à la différence des forces électromotrices. La po- Jarisalion qui doit se produire sur l'élément passif est une cause de diminution de l'intensité. On trouve que la force électromo- trice diminue lorsque la température s'élève. En second lieu, on a remplacé le cuivre plongeant dans du sulfate de cuivre, par du zinc dans de l'acide sulfurique étendu. L'élévation de température produit dans ce cas une dissolution rapide et une variation de force élèctromotrice très-faible. Si on emploie du sulfate de zinc au lieu d'acide, les résullats devien- nent très-réguliers. La force électromotrice, comme pour le cuivre, diminue lorsque la température s'élève. Le chlorure de zine donne un résultat identique ; seulement la diminution de la force électromotrice a lieu moins rapidement que pour le sulfate lorsque la température s’élève. M. Lindig a ensuite disposé un élément Daniell das lequel on pouvait chauffer séparément la dissolution de cuivre et celle de zinc. Pour-cela, deux tubes recourbés chacun à angle droit communiquaient par leur deux bras horizontaux séparés par une baudruche. L'un des tubes est rempli de la dissolution de euivre, et on y plonge une tige de cuivre ; l’autre tube est rempli de la dissolution de zinc, et on y plonge une tige de zinc. Les parties verticales des tubes sont entourées d’un manchon dans lequel on met ou de la glace ou de l’eau chaude. La résistance du cir- cuil est rendue considérable, et la force électromotrice du couple est proportionnelle à l'intensité du courant. En chauffant le zinc, lorsque le liquide est de l'acide sulfurique, il n’y a pas de variation notable ; si c’est du sulfate, la force électromotrice diminue passablement, environ de 6 4/° pour 80°. En chauffant 138 BULLETIN SCIENTIFIQUE. le cuivre, la force électromtotrice augmente environ de 80/, pour 80°. Les observations électrométriques faites sur le même élément Daniell ont donné des résultats concordant avec ceux des me- sures galvanométriques . Les conclusions de l’auteur sont les suivantes : 1° Les forces électromotrices sont variables avec la tempéra- ture pour certains éléments {le cuivre dans le sulfate de cuivre, le zinc dans le suifate de zinc, le zinc non-amalgamé dans le chlorure de sodium), er non variables pour d’autres {le zinc dans l’acide sulfurique). 2° Le sens de la variation n'est pas toujours le même; pour le cuivre la force électromotrice diminue lorsque la tempéra- ture s'élève ; pour le zinc non-amalgamé dans le chlorure de so- dium, elle augmente. À 3° La variation de la force électromotrice n’est pas toujours proportionnelle à la variation de la température entre 2 et 85° 4° Conformément à ce qui résulte des numéros 1 et 2, la force électromotrice de l'élément Daniell est variable lorsque le zinc plonge dans de l’acide sulfurique étendu ou dans une dissolution de sel marin. R. CLAUSIUS. ABHANDLUNGEN... MÉMOIRES SUR LA THÉORIE MÉCA- NIQUE DE LA CHALEUR. Brunswick, 1864. Les Archives ont analysé à mesure de leur publication les tra- vaux de M. le professeur Clausius sur la théorie mécanique de la chaleur. Cette théorie préoccupe de plus en plus les géomètres, les physiciens et les ingénieurs. Elle a été exposée récemment sous une forme expérimentale et populaire par M. Verdet dans deux séances de la Société chimique de Paris!, M. Tyndall, dans une série de leçons faites à l’Institution royale de Londres; le texte de ces dernières conférences, publié sous le titre Heat as a mode of motion, n'a pas tardé à être traduit en français par M, l'abbé Moi- 1 Lecons de chimie et de physique professées en 1862. In-8°. Paris, 1863. PHYSIQUE. 139 gno. L'ouvrage que MM. Hirn et Zeuner ont consacré à ce même sujet a servi de point de départ à diverses discussions dans les journaux scientifiques de l'Angleterre, de la France et de l'Allemagne. C’est au milieu de ces circonstances favorables que M. Clausius s’est décidé à reproduire littéralement, dans le volume que nous. annonçons, celles de ses propres recherches qui se rapportent à l'établissement de fa théorie, et à son application soit aux proprié- tés caloriques des corps, soit aux machines à vapeur. Quant à ses mémoires relatifs à l’extension de celte théorie à l'électricité et aux mouvements moléculaires, l’auteur se propose de les réunir en un volume qui formera également le deuxième partie de la présente publication. Après une introduction sur l'intégration d'équations différen- tielles auxquelles on est conduit dans le sujet qu'il expose et qui ne sont pas intégrables dans le sens ordinaire, l'auteur traite successivement de la force motrice de la chaleur et des deux lois fondamentales de la théorie mécanique : 1° Dans tous les cas où la chaleur produit un travail, il y a destruction d'une quantité de chaleur proportionnelle au travail ; et réciproquement la destruction d'une quantité de travail produit une quantilé de chaleur propor- tionnelle. —2° La chaleur ne peut se transporter d'un corps plus froid dans un plus chaud sans déterminer simultanément une modification dépendante de ce transport, où une compensalion (pour adopter une dénomination plus simple). Après trois appendices mathémati- ques, on trouve une intéressante notice relative à l'influence de la pression sur la congélation des liquides, et à la différence entre l’abaissement du point de fusion produit par un changement de pression et celui qui peut exister sans ce changement. Dans le second mémoire, il étudie les propriétés de la vapeur quand elle se dilate dans diverses circonstances. Un appendice est consacré aux différences de pression dans un courant de gaz qui s’épanouit. Le troisième mémoire examine la dépendance théorique de 1440 BULLETIN SCIENTIFIQUE. deux lois empiriques sur la détente et la chaleur latente de di- verses vapeur. Le quatrième traite d'une modification dans la forme de la seconde loi fondamentale de la théorie mécanique de la chaleur. Le cinquième est consacré à l'application de cette théorie aux machines à vapeur. Le sixième montre l'emploi de la loi d'équivalence de trans- formation sur le travail intérieur. [Fest suivi d’un appendice tout nouveau sur quelques dénominations à adopter (nommer œuvre, Werk, le travail mesuré par la quantité de chaleur; distinguer l'œuvre intérieure et extérieure, dire chaleur d'œuvre au lieu de - chaleur latente, admettre le mot Ergon dans toutes les langues pour désigner cette œuvre) — et d’un autre complément relatif à Ja chaleur spécifique des gaz sous volume constant. Le seplième mémoire, communiqué en 1863 à la Société hel- vétique des sciences naturelles assemblée à Samaden, traite de la deuxième loi de la théorie. Enfin le huitième s'occupe de la concentraion des rayonnements calorifiques et lumineux , et des limites de leur action eu égard à la aécessité de la compensation. À cet exposé incomplet d’un livre que sa nature mathématique ne permet guère d'analyser, mais dont il sera question dans un travail que nous insérerons prochainement dans ce recueil, les physiciens reconnaîtront l'étendue du sujet traité par M. Clausius d’une mamère si magistrale ; ils le remercieront d’avoir réuni et coordonné les matériaux qu’il avait disséminés dans les journaux de Poggendorff et de Dingler. E. W. CHIMIE. Prof. GRAHAM. SUR LES PROPRIÉTÉS DE L'ACIDE SILICIQUE ET D'AUTRES SUBSTANCES COLLOIDES ANALOGUES (Philosophical Ma- gazine, octobre 1864). | Les notions généralement admises sur la solubilité résultent CHIMIE. 141 principalement d'observations faites sur les sels cristallisables, et ne s'appliquent que très-imparfaitement à la classe des substan- ces colloïdes. L'acide silicique hydralé, par exemple, à l'état so- luble est, à proprement parler, un corps liquide, et capable, comme l'alcool, de se mêler à l’eau dans toutes les proportions. On ne peut parler du degré de solubilité de l'acide silicique, comme on parle lorsqu'il s’agit de la solubilité d’un sel, à moins qu'il ne s'agisse d'acide silicique à l’état gélatineux qu’on regarde en gé- néral comme dépourvu de solubilité. L'acide silicique en gelée, lorsqu'on vient de le préparer, peut être plus ou moins riche en eau de combinaison, el parait être plus ou moins soluble suivant le degré de son hydration. C'est ainsi qu'une gelée renfermant 1 pour cent d'acide silicique, donne avec 5000 parties d’eau froide une solution contenant environ À pour cent d'acide silicique, tandis qu'une gelée, renfermant 5 pour cent d'acide silicique, fournit une solution contenant environ 4 partie d’acide sur 10,000 parties d’eau. Une gelée moins hydratée que cette dernière devient encore moins soluble ; enfin, lorsque la gelée est rendue anhydre, elle se présente sous la forme de masses gommeuses blanchätres qui paraissent être complétement insolubles. La liquéfaction de l'acide silicique ne peut être effectuée que par une modificalion qui est permanente (savoir, la coagulation ou peclisalion), en vertu de laquelle l'acide prend la forme gélatineuse ou pecteuse, et perd sa propriété de se mélanger avec Veau. La liquidité est d'autant plus permanente que l'acide sili- cique est moins conceniré, et paraît êlre favorisée par une basse température. Un acide silicique liquide, dans la proportion de 10 à 12 pour cent, se coagule spontanément au bout de quelques heures à la température ordinaire, et à l'instant mème si on le chauffe. L'acide silicique liquide à 5 pour cent peut être conservé tel pen- dant plusieurs Jours, un liquide de 2 pour cent pendant deux ou trois mois; enfin, un liquide ne contenant que À pour cent d’acide silicique ne s’est pas coagulé au bout de deux ans. Des solutions très-étendues, de 0,1 pour cent, par exemple, seraient sans doute 142 BULLETIN SCIENTIFIQUE. inaltérables au bout d’un temps quelconque, et e’est ainsi que lon comprend la possibilité de l'existence d'acide silicique solu- ble dans la nature. L'auteur ajoute, cependant, que jamais une solulion d'acide silicique dans l’eau, quel que füt d’ailleurs le de- gré de sa concentration, n’a montré une disposition à déposer des cristaux ; elle se présente, au contraire, constamment, lors de la dessicalion, sous la forme d’un hyalite vitreux de nalure colloïde. La formation si fréquente dans la nalure de cristaux de quartz reste donc inexpliquée ; l’auteur suppose qu'elle ne peut avoir lieu qu’excessivement lentement et dans des solutions d'acide extrê- mement étendues. La dilution, en effet, doit tendre à affaiblir le caractère colloïde, et permettre ainsi le dévoleppement d’une ten- dance cristalline, surtout lorsque le cristal à former est complé- tement inseluble, ainsi que cela à lieu pour le quartz. La peclisation de r'acide silicique liquide est accélérée par le contact d'une matière solide sous la forme pulvérulente. C’est ainsi que par le contact du graphite, pulvérisé, matière d’ailleurs inerte sous le rapport chimique, une solution de à pour cent d’a- cide silicique devient pecteuse au bout d'une heure ou deux, et une solution de 2 pour cent au bout de deux jours. Dans le pre- mier cas, 6n à remarqué une élévation de lempérature de 1°,1 C. pendant la formation de la gelée. La pectisation définitive de la- cide silicique est précédée d’un épaiss'ssement graduel du liquide, L’écoulement du liquide colloïde à travers un tube capillaire est toujours très-lent, lorsqu'on le compare à celui de solutions eris- talloïdes, de sorte qu'un tube à transpiration liquide peut être employé comme « colloïdoscope. » Avec un liquide colloïde de viscosité variable, tel que de l'acide silicique, on remarque d'un jour à l’autre une augmentation dans la résistance à son passage à travers le colloïdoscope. L’acide, au moment où 1l va se pren- dre en gelée, coule comme de lhuile. Une propriété dominante chez les corps colloïdes consiste dans la tendance de leurs particules à adhérer, à s'aggréger les unes aux autres el à se contracter. C’est celte espèce particulière d’at- CHIMIE. 143 traction qui produit dans les liquides un épaississement graduel et finit par conduire à la pectisation. Dans la gelée mmème, cette contraction particulière, ou synærèse, comme l'appelle lau- teur, continue son œuvre, produisant la séparation de l'eau, avec division en caillot et serum, et finil par ne laisser qu'une masse dure et pierreuse, d’une structure vitreuse, qui peut devenir anhy- dre ou à peu près, lorsqu'on permet à Veau de s’évaporer. La synœrèse intense de la colle de poisson, desséchée sous le vide de la machine dans une capsule de verre, el en présence de l'acide sulfurique, va jusqu’à donner à la gélatine le pouvoir d'enlever la ‘surface du verre par l'effet de sa contraction. Le verre lui-même est un colloïde, et l'adhésion des colloïdes entre eux paraît plus puissante que celle d’un colloïde pour un cristalloïde. La gélatine, séchée comme ci-dessus, sur des plaques de spath calcaire ou de mita, n'adhère pas à la surface cristalline, mais se détache par suite de la dessiccation. L’adhésion entre eux de fragments d’a- cide phosphorique glacial présente un exemple bien connu de synœrèse colloïdale. Si l'on se rappelle que la phase colloïdale sous laquelle se pré- sente la matière est le résullat d’une attraction ou aggrégation particulière des molécules, propriété qui existe toujours, quoique plus développée chez certaines substances que chez'd’autres, l’on ne sera plus surpris que les caractères colloïdaux s'élendent éga- lement à l’état liquide et à l’état solide. C’est, en effet, de ces caractères que dépend la viscosité des liquides, ainsi que la mol- lesce et les propriétés adhésives de certaines substances cristal- lines. Le métaphosphate de soude, liquéfié par la chaleur, est un véritable verre ou coiloïde, mais si lon maintient ce verre pen- dant plusieurs ininules à quelques degrés au-dessous de sa tem- péralure de fusion, il prendra une apparence cristalline sans rien perdre de sa transparence. Malgré ce changement, le sel conserve son caractère d'imparfaite diffusibilité, ainsi que les autres carac- tères colloïdes. De l’eau, sous la forme de glace, a déjà été re- présentée comme une forme intermédiaire de même nature, 144 BULLETIN SCIENTIFIQUE. participant à la fois aux caractères colloïdes et cristalloïdes, et capable, en sa qualité de colloïde, d'adhésion ou de « recongéla- tion. » ; Il est superflu de rappeler ici le fait de la prompte pectisation de l'acide silicique liquide par leffet des sels alcalins les moins solubles, tels que le carbonate de chaux, si ce n’est pour faire remarquer que la présence du carbonate de chaux dans leau paraît être incompatible avec la coexistence d'acide silicique so- luble, jusqu'à ce que la proportion de ce dernier soit réduite à 4 partie sur 40,000 parties d’eau. Certains liquides diffèrent des sels en ce qu'ils n’exercent pas d'effet pecteux sensible sur l'acide silicique liquide. Mais, d'autre part, aucun de ces mêmes liquides ne paraît contribuer à maintenir la liquidité du colloïde plus que ne le ferait l'addition de l’eau. Parmi ces diluents inactifs de l'acide silicique, on ‘re- marque les acides hydrochlorique, nitrique, acétique et tartari- que, le sirop de sucre, la glycérine et l’alcoo!. Cependant tous ces liquides, de même que plusieurs autres, paraissent jouer à l'égard de l'acide silicique un rôle bien différent de celui qui résulte de l’action pecteuse des sels. En effet, ils ont la propriété de dépla- cer l’eau de combinaison de l'acide silicique hydraté en lui subs- tituant de nouveaux produits, el cela, que l'hydrate soit à l’état liquide ou à l’état gélatineux. On obtient un composé liquide d'alcool et d'acide silicique en ajoutant de l'alcool à de l'acide silicique aqueux ; on se débar- rasse, ensuite de l’eau en plaçant le mélange dans le vide, en pré- sence de carbonate de potasse ou de la chaux-vive. On arrive au mêmé résultat en le plaçant dans un sac dialyseur en parchemin qu'on suspend dans de l'alcool ; l’eau se diffuse, ne laissant dans Je sac qu’un liquide composé d'alcool et d'acide silicique. Il faut cependant veiller à ce que l’acide silicique ne constitue pas plus de { pour cent de la solution alcoolique; autrement il pourrait se prendre en gelée pendant l’expérience. L'auteur propose de distinguer les hydrates liquides et gélatineux de l'acide silicique | He CHIMIE. 445 par les dénominations d’hydrosol et d'hydrogel de l'acide silici- que, et les deux produits correspondants provenant de l’action de l’alcool par celles de alcosol et alcogel de ce même acide. L’alcosol de l'acide silicique, contenant 1 pour cent de cette dernière substance, est un liquide incolore qui n'est pas précipité par l’eau ou par les sels, ni par le contact de poudres insolu- bles, probablement à cause de la faible proportion d’acide silici- que. Il peut être bouilli ou évaporé sans changement, mais se coagule à la suite d'une légère concentration. L'alcool est moins fortement retenu dans l'alcool de l'acide silicique que ne l’est l’eau dans l'hydrosol, mais aussi avec une force sujette aux mêmes varialons; une petite portion de l'alcool étant retenue assez forte- ment pour se charbonner lorsqu'on distille rapidement et à une température élevée la gelée qui en résulte, On ne trouve dans aucun composé de cette classe la plus petite trace d’éther silici- que. La gelée en question brûle facilement à l'air, en laissant ta totalité de l’acide silicique sous la forme d’une cendre blanche. L'alcogel, où composé solide, se prépare commodément en in- troduisant dans de l'alcool absolu des fragments d'acide silicique gélatineux contenant de 8 à 10 pour cent de l'acide sec, et en renouvelant à plusieurs reprises l'alcool jusqu’à ce que l’eau de l'hydrogel soit complétement remplacée par celui-ci. L'alcogel est le plus souvent légèrement opale ; il présente la même appa- rence que l'hydrogel, et conserve à peu de chose près son volume primitif, L'auteur assigne la composition suivante à un alcogel préparé avec soin d’un hydrogel renfermant 9,35 pour cent d’a- cide silicique. ATEDO M LC me 88,13 Pb ns 0,23 Acide silicique. . :.... 41,64 100,00 L'alcogel, introduit dans de l’eau, se décompose graduellement, l'alcool se diffusant et élant remplacé par de l’eau, de façon à ARCHIVES, T. XXII. — Février 4865. 10 146 BULLETIN SCIENTIFIQUE. reproduire un hydrogel. De plus, l'alcogel peut être regardé comme le point de départ de la formation d'une grande variété d’autres gelées d’une constitution analogue, à la seule condition que le nouveau liquide soit capable de se mêler à lalcooi, ou en d’autres termes, que ce soient des corps diffusibles l'un par rap- port à l’autre: L'auteur a produit ainsi des composés d’éther, de benzoïne et de bisulfure de carbone. De même l'éthérogel peut donner naissance à une autre série de gelées de l'acide silicique, renfermant des liquides solubles dans l'éther, tels que ies huiles fixes. La préparation du composé d'acide silicique et de glycérine est facilitée par suite de la fixité comparative de ce liquide. Lors- qu'on plonge de l'acide siicique hydralé dans de la glycérine et qu'on porte le liquide à l’ébullition, l'eau se distille sans que la gelée change d'aspect, sauf que d'opale qu'elle était elle devient incolore, et cesse d'être visible lorsqu'elle est recouverte par le liquide. Mais une portion de l'acide silicique est dissoute, et il se produit un glycerosol en même temps que la gelée de glycérine. L'analyse par la combustion a démontré qu'un glycérogel, extrait d'un hydrate contenant 9,55 pour cent d'acide silicique, était composé de : HINEÉPME CL aunc 87,44 HAUT dd AE 3,18 Acide silicique. . . .. .. 8,95 100,17 Le volume du glycérogel est un peu inférieur à celui de l'hy- drogel primitif. Lorsque de la glycérine en gelée est distillée à une température élevée, elle ne se fond pas, mais la Lotalité de la gly- cérine passe dans la distillation, avec quelques traces de décom- posilion vers la fin de l'opération. Le composé d'acide sulfurique dit sulphogel, présente aussi de l'intérêt à cause de la facilité avec laquelle il se forme, et la dis- parilion complète de l’eau de l'hydrogel primitif. Un fragment AIS CHIMIE: 447 d'acide silicique hydralé peut être conservé entier, Si on com- mence par l'introduire dans de l’acide sulfurique étendu de deux ou trois fois son volume d'eau, et qu’on le transporte ensuite dans de l'acide plus fort, et enfin dans de l'acide concentré. Le sul- phogei Lombe au fond de l'acide concentré, et peut être distillé pendant plusieurs heures avec un excès de ce dernier liquide, sans rien perdre de sa transparence ou de son caractère gélati- neux. Son voluine est toujours un peu inférieur à celui de lhy- drogel primitif, mais seulement de!}, à 1}, environ. Il est trans- parent et incolore. Lorsqu'on chauffe fortement un sulphogel dans un vase ouvert, les dernières portions de l'acide sulfurique mono- bydraté, en combinaison avec lui, exigent pour leur expulsion une température plus élevée que le point d’ébullition de l'acide. La lotalité de l'acide silicique reste en arrière sous la forme d'une masse opaque el poreuse ressemblant à de la pierre ponce. Si Von introduit un sulphogel dans de Peau, il se décompose rapide- ment, et l'hydrogel primitif est reproduit. Il ne se forme dans aucun cas un composé de nature saline provenant des acides sul- furiques et siliciques. Un sulvhogel introduit dans l'alcool finit par produire un alcogel pur. Des gelées analogues d'acide silici- que peuvent être formées sans difficulté avec les monohydraies des acides nitriques, acélique et formique, et sont toutes parfaitement transparentes. La formation des composés d'acide silicique qu'on vient de dé- crire, indique dans laffinité chimique d'un colloïde une portée plus grande qu'on n'aurait pu s'y attendre. Les colloïdes organi- ques présentent sans doule des affinités tout aussi étendues, et sous ce rapport, intéressent plus spécialement le physiologiste. La propriété que possède une masse d'acide silicique gélati- neux, de s'approprier de l'alcool, ou même de l'oléine à la place de l’eau de combinaison sans désagrégation ou altération de forme, pourra peut-être servir à jeter quelque jour sur la pé- nétralion, par des corps gras el autres corps insolubles, de la ma- tière albumineuse des membranes, qui a lieu pendant la diges- 148 BULLETIN SCIENTIFIQUE. tion des aliments. Les composés liquides de l'acide silicique sont encore plus remarquables sous ce rapport; c’est ainsi que le composé alcoolique liquide semble indiquer la possibilité de l'existence d’un composé de l’albumine colloïde avec l’oléine, soluble comme lui et capable de circuler avec le sang. Le peu de force dans l'affinité qui réunit deux substances ap- parlenant à des classes physiques différentes, telles qu'un colloïde et un cristalloïde, mérite aussi l'attention des physiciens. Lors- qu'un composé de cette nature est introduit dans un liquide, il se peut que la propriété diffusive plus grande du cristalloïde amène sa séparation d'avec le colloïde. C’est ainsi que l’esu qui entre dans la composition de l'acide silicique (qui est cristalloïde), abandonne l'acide (qui est colloïde) pour se diffuser dans l’al- cool, et si on change cet alcool à plusieurs reprises, la totalité de l’eau disparaîtra, et l'alcool, autre cristalloïde, se mettra en lieu et place de l’eau combinée avec l'acide silicique. Le liquide en excès (dans ce cas l'alcool) s’emparera de la totalité de la- cide silicique. Le procédé est renversé si on introduit un alco- gel dans un volume considérable d’eau. Dans ce cas, l'alcool se sépare de la combinaison par suite de l’occasion qui lui est of- ferte de se diffuser dans l’eau, et l'eau, qui se trouve alors être le liquide en excès, reprend possession de l'acide silicique. De pareils changements rendent sensible l'influence prédominante de la masse. [n'y a pas jusqu'aux composés d'acide silicique et des alcalis qui ne cèdent à la force décomposante de la diffusion. La combi- naison d'acide silicique avec 4 ou 2 pour cent de soude est une solution colloïdale, qui se décompose graduellement lorsqu'on la place dans un dialyseur au-dessus de l'eau dans le vide, de ma- nière à exclure l'acide carbonique. La soude se diffuse lente- ment à l'état caustique, et fournit l’oxyde brun ordinaire d’ar- gent, lorsqu'on la traite avec le nitrate de ce métal. Le simple contact de quantités minimes de certains sels suf- fit pour produire la pectisation de l'acide silicique liquide, ainsi CHIMIE. 149 que celle de plusieurs autres colloïdes liquides, par l'effet d'un procédé inexpliqué jusqu'ici. D'autre part, l'acide gélatineux peut être liquifié de nouveau, et son énergie peut lui être rendue par le contact d’une pelite quantité d’alcali. Ce dernier change- ment est graduel, À partie de soude caustique dissoute dans 40,000 parties d’eau pouvant liquéfier dans 60 minutes et à une tempéralure de 100°, 200 parties d'acide silicique supposé à Vétat sec. Une faible quantité d’alcali suffit aussi pour dissoudre Vacide stannique gélatineux, même à la température ordinaire de l'atimosphère. L'alcali lui-même, après avoir liquéfié le col- loïde gélatineux, peul en être de nouveau séparé par la diffusion dans l'eau au moyen du dialyseur. Dans ces circonstances, la solution de ces colloïdes peut être regardée comme analogue à Ja liquéfaction des colloïdes organiques insolubles qui a lieu dans de procédé de la digestion, avec cette différence, cependant, que le liquide dissolvant est alcalin au lieu d’être acide. L’acide sili- cique liquide peut être regardé comme le peptone de l'acide sili- cique gélatineux, et la liquéfaction de cette dernière substance par une très-pelite quantité d’alcali peut être envisagée comme la peplisation de la gelée. Les gelées pures d’alumine, de pero- xyde de fer et d'acide titanique, préparées par la dialyse, se rap- prochent davantage de lalumine, étant peptisées par de très- faibles quantités d'acide hydrochlorique. Des acides stannique et métastannique liquides. — Un prépare l'acide stannique liquide en dialysant le perchlorure d’étain après y avoir ajouté un alcali; ou encore, en dialysant le stannate de . soude avec l'addition de l'acide hydrochlorique. Dans l'un et l'autre cas, il se forme d’abord une gelée sur le dialyseur, mais à mesure que les sels se diffusent, la gelée est de nouveau peplisée par là pelite quantité d’alcali libre qui reste, et dont on peut se débarrasser en continuant la diffusion. L'opération est facilitée par Paddition d’une goutte ou deux de teinture d'iode. L’acide stan- nique liquide se convertit par l’action de la chaleur en acide mé- lastannique liquide. L'un et l’autre de ces acides sont remarqua- 4950 BULLETIN SCIENTIFIQUE. bles par la facilité avec laquelle ils se ‘prennent en gelée, lors- qu'on y ajoute soit des sels, soit une très-pelile quantité d'acide hydrocblorique. On prépare l'acide fitanique liquide en dissolvant à froid de l’acide tilanique gélatineux dans une faible quantité d'aide hy- drochlorique, et en plaçant le liquide pendant quelques jours sur an dialyseur. Le liquide ne doit pas renfermer plus de 1 pour cent d'acide tilanique ; sans cela il se prend de lui-même en gelée, mais il paraît plus stable lorsqu'il est plus étendu d'eau. L'acide titanique, de même que les deux acides stanniques, fournissent avec l'alcool, etc., les mêmes classes de composés que ceux qu'on obtient avec l'acide silicique. De l'acide tungstique liquide. — L'auteur a pu, au moyen de la dialvse, dissiper l'incertitude qui a si longtemps régné au su- jet de l’acide tungstique. Cet acide est un colloïde d’une nature singulière et qui n'a élé connu Jusqu'ici que sous sa forme pec- twuse. On prépare l'acide tungstique liquide en ajoutant d'abord de lacide hydrochlorique étendu à une solution de 5 pour cent de tungstate de soude, en quantilé suffisante pour neutraliser lalcali ; on place ensuite sur le dialyseur le liquide qui eu est le résultat. Au bout de trois jours, on trouve l'acide à l’état de pu- reté, avec une perte d'environ 20 pour cent, due à la complète diffusion des sels. Il est à remarquer que lacide purifié ne de- vient pas pecteux par l'effet des acides où des sels, même à la température de l’ébullition. Évaporé à siccité, il se prend en écailles vitreuses comme la gomme ou la gélatine, et adhère quelquefois à la surface du vase, au point de ne pouvoir en être . séparé sans en détacher quelques portions. H peut être chauffé à 200 C. sans perdre de sa solubilité ou sans passer à l’état géla- {ineux; mais à une température voisine du rouge, il subit un changement moléculaire, et perd en même temps 2,42 pour cent d'eau. Lorsqu'on ajoute de l'eau à de l'acide tungstique, il de- vient d’une consistance pâteuse et adhésive analogue à celle de la gomme, et si on lui ajoute un quart de son poids d’eau, il se CHIMIE. 491 forme en un liquide aussi dense que le verre. La solution produit une effervescence avec le carbonate de soude, et dans ce cas l’a- cide tungstique est évidemment associé aux acides siliciques et molybdiques. L’acide tungstique, dissous dans l'eau, n’est ni métallique ni acide au goût, mais plutôt amer et astringen£. Éva- poré dans le vide, il est incolore, mais verdit à l'air par suite de l'action désoxydante de la matière organique. La présence de l'acide tungstique empêche la pectisation de l'acide silicique liquide, circonstance qui est probablement liée à la formation des composés doubles de ces acides décrits récemment par M. Marignac. Acide molybdique. — Cet acide, de même que l'acide tungsti- que, n'avait élé connu jusqu'ici que sous sa forme insoluble. La molybdate de soude cristallisé, dissous dans l'eau, est décomposé lorsqu'on y ajoute de l'acide hydrachlorique en excès, mais sans précipitalion immédiale. L’acide liquide, jeté sur le dialyseur, se prend le plus souvent en gelée au bout de quelques heures, mais devient de nouveau liquide lorsque les sels se sont diffusés. Lorsque la diffusion a duré trois jours, il reste environ 60 pour cent d'acide molybdique à l’état de parfaile pureté. La solution d’acide molybdique pur est acide et astringente, de couleur jaune, et possède ue grande stabilité. L'acide peut être desséché à 400° et chauffé ensuite à 200° sans perdre sa solubilité. Il a d’ailleurs le même aspect gommeux que l'acide tungstique solu- ble, et devient déliquescent lorsqu'on l’expose à l'air humide. L'un et l’autre de ces acides perdent leurs propriétés colloïdes lorsqu'on les fait digérer pendant quelque temps avec de la soude, et fournissent une variélé de sels cristallisables. F.-G. SrRIDSRERG. SUR QUELQUES COMBINAISONS RENFERMANT DU SESQUI-CYANURE CHROMIQUE. ( (Efversigt... Comptes rendus de l'Ac. des Sc. de Stockholm, 18653, n° 8, p. 461.) À l'exception des renseignements généraux consignés par Ber- zelius, dans son Trailé de Chimie, sur un sel jaune cristallisant 459 BULLETIN SCIENTIFIQUE. en masse confuse et qui doit être une combinaison de cyanure polassique avec du sesqui-cyanure chromique, nous ne possédons que les donnnées de Bœæckmann, insérées dans la Chimie orga- nique de Liebig. Dans aucun de ces deux ouvrages on ne trouve des résullats analytiques sur la composition quantitative de ce corps. Toutefois Bæckmann a ajouté à nos connaissances ce fait, que la forme cristalline de ce sel est la même que celle du cyanvre fer- rico-polassique ou du sel rouge de Gmelin. En l'absence des dé- tails les plus importants, savoir la composition élémentaire quan- ütalive, M. Svanberg a engagé M. F.-G. Stridsberg à faire de nouvelles expériences sur cette combinaison. C’est le résultat des recherches de M. Stridsberg qui fait l’objet de celte communica- tion. Lorsqu'on introduit du chlorure chromico-potassique en excès dans une dissolution chaude de cyanure potassique et qu’on con- tinue à faire digérer le mélange pendant une heure, la liqueur se trouble et devient brune. Le trouble est dû au chlorure chro- mico-polassique en excès qui ne se dissout pas. Par la filtration | on obtient une liqueur d’ur beau rouge qui, au bout de quelques heures, dépose des druses de cristaux aciculaires jaune safran. Ces cristaux doivent être aussitôt recueillis et séchés, car ils ne tarderaient pas à se décomposer, en devenant plus pâles, tandis qu'ils laisseraient des taches brunes sur le papier à filtre. La même décomposition à lieu, mais plus lentement, si on les sèche sur une surface d'argile poreuse. Ces cristaux sont du sesqui-cyanure chromico-potassique ; par la forme extérieure, ainsi que par la composition chimique, ils offrent une ressemblance frappante avec le sel rouge de Gmelin. Ce sel a élé soumis à l'analyse après avoir été autant que pos- sible débarrassé de l’eau-mère par une forte et rapide pression dans du papier à filire. La dessiccation à + 150° C. n’a fourni dans deux expériences qu'une perte d’eau de 0,1 et 0,2 pour cent. La quantité de chrome métallique, d'après trois analyses, est 15,90 ; 15,97 et 19,59 pour cent. CHIMIE. ‘ 153 Pour le potassium, on à obtenu 35,89 pour cent. Il résulte de ces nombres que ce sel est anhydre, comme le 3—3 0 4—1 3—3 la naissance et peut s'exprimer par la formule : ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 174 — 18. Les dents dont elle se compose sont très-différentes de celles de la première dentition, car elles ont une racine creuse, tandis que ces dernières ont une racine conique et solide. I ne peut y avoir de doute sur l'interprétation de la derit permanente la plus antérieure à la mâchoire inférieure comme canine et non comme molaire. Elle est séparée en effet des molaires, chez le fœtus, par une véritable barre, par un espace trois fois plus grand que celui qui sépare les molaires les unes des autres. En outre, celte dent succède à une dent de lait que sa forme parti- culière doit faire considérer comme une canine. D'ailleurs la po- sition de la canine définitive, relativement à la canine de lait, est très-diflérente de celle des molaires de remplacement, relative- ment aux molaires de lait. Le changement de denlition, pendant l’état fœtal, n'est point particulier aux morses, mais existe aussi chez tous les phoques, de même que chez les talpides et les soricides. Toutefois la dentition de lait des otaries, des halichæres et des phoques, se distingue de celle des morses à plusieurs égards. Elle compte en particulier Did el age ur ——— incisives, et celle des morses Ts _ . La présence d’une in- cisive de plus à la mâchoire inférieure du morse mérite bien d’être relevée. En effet, MM. Steenstrup et Sundevall ont montré, par des considérations ostéologiques, que les morses doivent oc- cuper dans un système naturel une place intermédiaire entre les phocides et les mustélides (plus particulièrement les Loutres et les Enhydris). Or, au point de vue du nombre des ineisives, les morses se comportent, on le voit, comine les mustélides et non comme les phoques. Une seconde particularité de la dentition du morse, dont il est difficile d'apprécier la portée, c’est que le L! nombre des dents de lait est supérieur à celui des dents perma- 3—3 we nentes, L'inverse à lieu chez les phocides, qui comptent —— 5—5 5—5 molaires à la dentition de lait, et à la dentition de rempla- : 44 , CRE : cement, tandis que les morses en comptent er la première et Œ ST à er Me la seconde. 479 BULLETIN SCIENTIFIQUE. L'auteur paraît pencher pour une réunion de la famille des pinnipèdes à celle des mustélides, réunion qui paraîtra sans doute audacieuse à plus d’un lecteur, malgré les affinités que nous ve- nons de rappeler. Prof. OWEN.ON THE ARCHÆOPTERYX, etc. SUR L'ARCHÆOPTERYX DE M, M. von Meyer (Philosophical Transactions of the Royal Sociely of London, 1863, p. 33.) Les Archives ont précédemment rendu compte de la décou- verle d'animaux vertébrés munis de plumes dans les schistes lithographiques de Solenhofen en Bavière. La première publi- cation de ce fait important était due à feu Andréas Wagner qui ne connaissail, 1] est vrai, l’échantillon que par un rapport de M. Wilte, du Hanovre. D'après les renseignements qu'il obtint, ce savant considéra les caractères de reptiles comme prédomi- nant dans ce curieux fragment. Depuis lors ce fossile remarquable a passé des mains de son premier possesseur, M. Heberlein, de Pappenheim, dans la col- lection du British Muséum où M. Owen a pu en faire une étude plus approfondie. Les conclusions de lillustre paléontologiste anglais sont moins surprenantes que les conjectures du savant bavarois, sans que ce fossile remarquable perde pour cela de son intérêt. Le vertébré ailé de Solenhofen n’était point un rep- tile emplumé, mais bien un oiseau, singulièrement différent, il est vrai, de ceux de la nature actuelle. La forme du pied, la conformation du bassin, la structure de la plus grande partie de l'aile, la pneumaticité des os et l'existence même des plumes assigne à ce singulier animal une place incontestable parmi les oiseaux. En revanche, il s’écartait de tous les oiseaux actuels, d'une part, par l'existence probable au membre antérieur de 2 doigts onguiculés, libres de l'aile, et d'autre part, par l'existence d'une longue queue composée d’une vingtaine de vertèbres. Le dernier caractère, surtout, a droit de surprendre, si l'on consi- dère que tous les oiseaux de la nature actuelle présentent une ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE, 173 queue courte, condensée pour ainsi dire, et présentant le plus souvent une coalescence des vertèbres terminales en un os unique de forme spéciale. Toutefois, 1l est à remarquer que chez les embryons des oiseaux, les vertéhres caudales sont distinctes et souvent nombreuses. Chez les jeunes autruches, M. Owen a complé jusqu'à 48 ou 20 vertébres libres entre les osiliaques, en arrière de la cavité acétabulaire. Ce nombre est plus tard con- sidérablement diminué par la coalescence de 7 ou 8 vertèbres avec le sacruin et la réunion de deux ou trois autres en un os styliforme terminal. L'oiseau de Solenhofen nous offre donc un exemple de persis- tance pendant toute la vie d’un élat qui n'existe que transitoire- ment pendant la période embryonnaire chez les représentants modernes de la classe. Il s'agit donc d’une forme inférieure de ce groupe moins différente que les autres oiseaux du type vertébré fondamental. L’anomalie de l'aile doit être considérée de la même manière : la persistance de deux doigts onguiculés devant être considérée comme une moindre déviation du type normal du membre antérieur que l'aile des auires oiseaux. Le verlébré aïlé de Solenhofen prenant ainsi place dans la série des oiseaux, il n’est guère possible de jui conserver le nom de Gryphosaurus proposé M. Wagner. M. Owen lui attribue le nom générique d'Archæopteryx établi par M. Hermann de Meyer pour une plume fossile de Solenhofen. Il est, il est vrai, difficile de démontrer que cette plume ait bien appartenu à Pespèce dont nous possédons aujourd'hui une grande partie du squelette. Fort de celle incertitude, M. Owen rejelte, comme soulevant de nom- breuses objections, le nom spécifique de lithographica de H. von Meyer et y substitue celui d’Archæopteryx macrura. 474 BULLETIN SCIENTIFIQUE. BOTANIQUE. L. RABENHORST. FLORA EUROPÆA. ALGARUM AQUÆ DULCIS ET SUB- MARINÆ. Sect. 1. Algas Diatomaceas complectens. Cum fiquris generurñ omnium xylographice impressis. Lipsiæ apud E. Kum- merum, 14864. Un volume de 360-pages en grand in-8r. Après la définition générale des Algues, l’auteur, d'accord avec les recherches récentes sur cette famille, donne le cons- pectus des cinq classes d’Algues, basées d’un côté sur la na- ture siliceuse ou non siliceuse du derme des cellules, et de l’autre côté sur la couleur du contenu des cellules, qui est due à la pré- sence du phycochrome, de la chlorophylle, de matières brunes ou roses, el où, avec ces couleurs différentes, se présentent en même temps des réactions chimiques distinctes. Les cinq classes, ainsi caractérisées, sont les suivantes : 4° les Diatomophycées ; 2° les Phycochromophycées ; 3° les Chlorophyllophycées ; 4° les Mélé- nophycées ; 5° les Rhodophycées. Les Diatomophycées sont ensuite divisées en 14 groupes appe- lés familles, et constituent la première et la seule partie de l'ou- vrage qui ait paru jusqu'à présent. Les genres, en ne comptant pas quelques exotiques mentionnés çà et là, sont au nombre de 92, qui appartiennent strictement à l'Europe. Ils sont exposés, au commencement, sous forme de conspectus, sont accompagnés de figures lithographiées, représentant les caractères distinctifs. Dans le texte proprement dit, quatre dessins ont en outre élé ajoutés pour faciliter l'intelligence de certains genres ou de sections de genres. Le Lexte, pour les espèces vivantes et fossiles, comprend 300 pages environ, et deux index, l’un pour les noms de genres el d'espèces admis, l’autre pour les synonymes, terminent cet intéressant ouvrage. La partie publiée, comme nous l’avons dit, ne contient que les Diatomacées, ces êtres infiniment petits, si répandus et si com- muns partout, formés d’une seule cellule, dont la membrane pré- sente de la cellulose, et entourés d’une carapace bivalve, sili- : BOTANIQUE. 175 ceuse, indestructible par le feu, ces êtres qui, en tant que végé- taux, sont aussi extraordinaires par lélégance de leurs formes mathématiques que par leur carapace, et qui, pour l'étude convenable, présentent et présenteront toujours des difficul- tés sérieuses. Aux difficultés inhérentes à la nature même des objets, il s’en était encore ajouté, depuis quelques années, d’autres qui provenaient d’une fouie de publications éparses, dif- ficiles à se procurer. Le D' Rabenhorsi, si versé dans cette bran- che, a donc rendu un véritable service à ceux qui veulent s’oc- cuper de ces intéressants objets microscopiques. Rien de plus clair, en effet, que l'exposé sucecinct des genres, accompagné de figures très-nettes et très-bien choisies, comme le même auteur l'avait déjà fait, du reste, dans sa Xryptogamen-Flora von Sachsen und der Oberlausitz, publiée en 1865 et accueillie partout avec une faveur si bien méritée. Cet exposé, par sa frappante sim- plicité, ne sera pas seulement très-utile aux novices, mais aussi aux personnes déjà versées dans l’étude des Diatomacées, de sorte que chacun le consultera avec profit. Pour faciliter l'étude des espèces, l’auteur, autant que cela se pouvait, a introduit, au moins dans les plus grands genres, de nombreuses divisions, et là encore, comme pour les genres, nous voyons le même esprit pratique dominer dans l’arrangement des détails. Un bon nombre d'espèces peu marquées, ne présentant évidemment que des variétés ou des formes d’espèces communes et polymorphes, ayant des caractères distinctifs moins importants que les vraies espèces, ont pu être réduites en synonymes ou su- bordonnées à des espèces plus anciennes, comme simples va- riélés. On ne saurait que féliciter l’auteur d’être, du moins par- tiellement, entré dans cette voie si nécessaire lorsqu'on veut arriver à une appréciation philosophique de l'espèce, dans une famille de plantes où jusqu’à présent on ne connaissait guère que des formes. Aussi doit-on désirer vivement que l’auteur puisse bientôt offrir la suite de son ouvrage et y arriver à des résultats aussi salisfaisants. | 476 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Après l'exposé trop succinct de quelques-uns des mérites de l'ouvrage, il nous sera permis de relever quelques détails. On aimerait voir les auteurs et la synonymie cités non-seulement pour les genres et les espèces, mais aussi pour les divisions ap- pelées classes et familles. En second lieu, on ne comprend guère ni la nécessité, ni l'utilité, ni même la légalité de changer pour la même chose l’ancien nom de Diatomées ou Diatomacées en Diatomophycées, et ceux de Chromophycées et Chlorophycées, déjà publiés antérieurement et parfaitement clairs et bons, en des termes aussi disgracieux que Chlorophyllophycées et surtout Phy- cochromophycées. Enfin, il est regrettable qu'aux pages 79 et 251, il y ait deux genres nouveaux, distincts, sous le même nom d'Amphicampa. M. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sousfla direction de M. le Prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE JANVIER 1865. Le 1%, il a neigé à plusieurs reprises dans la journée, hauteur de la neige 7m. 3, de 5 h. 30 m. à 7 h. 30 m. du soir, couronne lunaire à plusieurs reprises. , Couronne lunaire dans la soirée. , halo solaire de 10 h. à 3 h.; de midi à 1 h. il était très-beau. Halo lunaire et couronne lunaire une grande partie de la soirée, 11, couronne lunaire et halo lunaire dans la soirée. 12, brouillard tout le jour, très-interse le soir. 14, quelques coups de tonnerre au Sud-Est, de 1 h. 30 m. à 1 h. 45 m.; le plus fort a eu lieu à 1 h. 40 m. 16, dans la journée et dans la nuit suivante, il a neigé ; le lendemain matin la hau- teur de la neige était de 55", 19 et le 20, dans la matinée, il a neigé ; hauteur de la neige 60mm, La neige a dis- paru de Ja’plaine le 21. 22, forts coups de vent du SO. dans la nuit du 21 au 22. 27, de3h.a6h. 15 m. du matin, éclairs et tonnerres; les éclairs sont très-in- tenses vers 6 h. : entre 5 h. 30 m. et 5 h. 45 m. du soir, pluie mélée de grêlons. œ Qt Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. « rm mm Le 1, à 6 h. matin .. 718,24 Le2.à310-h:-matinec 721,43 ER AD 1 COR CERN TS AIS TE 5, à 8 h. matin... 734,98 | 6, à 2h. soir... 730,31 HS 4.10 b.-matin-. 127929 dar HOT R 728,41 10, à 10 h. matin... 730,45 14, à 11 h. matin.... 709,83 HA 8 h: Soir 4 71980 : 16, à 10 h. soir..:... 706,14 20, à 6 h. matin... 719,19 22, à 6 h. matin.... 716,03 23, à 10 h, matin... 725,89 97. "4-h" soiree. 711,93 29, à 10 h. matin... 726,45 ARCHIVES, t. XXII. — Février 1865. | ao OOAGTAE, 8 OT AN Waeaù ee à épée à re n | AE EME aa Ad 40 MOT TAABAON à DATLAT. à 8 de É AC ee TE of or aflruom + ed “ 244 D ge |'avonarmars téaéa 7140 ne Goat ALT AA sa bioù di ment * L'e CM e rétine: EAN re EE Li +: Li © gta si 96 shot ue. “HAGIU0 st auel Aatiqur F08 lai é ado QUE : “26 ie idatiq.s hisanloundrumn, ne se de 66 1 D. ut 06 D à Les Sa ù ES CRUE: MATE STE ni 266} by AA RLUE EL te Jo? ienal vla «U80 dit: “agi detà (LUE À _. HR ET LES ot ghro raloz-d ®. à 4 | Yo sk af 07 tait 5 Sbaerg ant QUE ui an 40580 fe 4 amtsaut EG ru sul. 24n0o7té LR 24 sdrioa-6t 2arh ( Ch 08 9 pat eStE ; of, L tuaf roll td <È santa al +-M en. Léon GE L L'ats Jeibharai siätmrot gi AU à | ’ te G «tt ê ue D EM 1e to PRICE f ‘ai LE RUE FA “cent po! aie nieusbnst at L 64 au GR HINRTIUA our et ane St Te al ji ? saisus fi y ua DCE Pa oh g'ocion 8} m0 4 agi u Fi 3h Austen - duo 8 Ni na se F anal LS és de 1 0 £5 .je'ol gntelgtst ht Lau 1 RCE Li La ETAT touts tion at axsh. OA ina D équun di Amrséu 1po2 sisi soi sabrrotoet 4 métro, tr HD: ai Gt at a A d'ÉSUTS “sb sùlèc aiè! 4 1i0a ufr NT Gi, Ni 18 ae Or. & arr CET d 2194 24h08 ; : ARE road norarsae Di sb 30f/Elen 44 Sa HE AAA pti t LS on , «MIE? nie ! ; BU UXA ME "SUN ; Dai te de tchat | dre DO ALT > miens .d , #8 #d : RES à Bb, 167: Soistre à ot 8 EEE - Maur Suit. 66 4 a 80.b87" 7: uitant "ni 8 6 8,068, 21108, HT Hi0 s à CR L68,FEr, 2: - aire il NI 1n,9T prions. LS 1ä ê, PETER Le LS é dk, 0ET 2 ca ÉOEC AE su AAC # € A _ ve ; 2: "08, air AT A 20 10% 4 Na de DÉC E DC À | CES Le 3 % pe MCE z Sue Eu on 1%: 2 st SE à* 4 | É | | LO‘FEN9'0 ER 0'G 0‘FE[r'0 ‘y R'£E A ec . L'&e ||&'T a 9‘ ue P'I g‘G G' l'I + c'e 80€ OT + re 0681190 + lo‘e 0‘6811S0 + {o‘e 0° 68 .… 0 à 0'‘68 1180 + {6'r 06880 + {|L'y 66110 +IL'r 068 p'0 ‘a 6‘F 0‘6& || 80 6‘F 0'68lE0 + 16'r oeil. |... 0‘6e || 9"0 g'e 0'6& || €"0 0‘ 0'68 ||S'0 z*e 06e go + lac 0‘68&|[ F0 d 2e 068 || L'0 c'e 0° 6G| rt ° RCNO 0‘681180 +|r'e &'6c| l'O +|r'e G'6&||0'0 0‘C G' 6810 — {0‘c 0‘0g Lo + {ze & 0€ | 0°0 &'G 608 Bree saonod 0 æ= |L'opeuuou se B' due) ré 5 || ep one | PIN mt — el D © || £L'ORIqeuvAI S 1 9'0 86'0 [fPqrivAl |. F0'0 ° "ANNE" LL'0 jo[qetirAÏ| |" 98°0 le ‘OSSIG |6ç O0'TIIT N19 L' O0'T ‘OSI& |£'0 6L‘'ollepqenueallr GT 8L'ollarqerea là | r‘0 86‘0l& ‘’OSSi9 !8‘ot1 00'TIIT ‘ONN IG |9'0 0018 ‘OSSIe |2'e 0608 ‘OSSIz |£'0 L8‘0ll& ‘OSSiIs |1£g'‘0 L9‘OIT ‘OSSIr |L'Fr 86'0T ‘OSS]a |r'0 6016 ‘OSS|& |e'0 86"018 ‘O0S19 lr'2 6#'0!& ‘OSSI [eg O0'T IL Sas £8'0 Ï "S CA] .. 680 lit OS] a LL'OIIT OST 120 £gr‘0 afqErue solos. 68‘olle. ‘annl-|--: 0608 ‘OS|'-|::- 2e 0 É ‘OSS . VU 68 0 [[quiaiea |: |". OL'0 j'utrs OS CIE O0 |T AN "ti: OO'TIIT 0SS 9 |C'T "EU | MS romeo] Mel 29 à Eadrunl SU lehocl eme I Te ‘4 56 “pif ‘iueu || E |sa'p Fe. ‘quo Ml -mop | x LE OS ce mur 0G6 0F6 0CG O8L 08L 096 088 096 OIS 006 OC6 | 0F6 | 066 | 0 L6 OO0T O00T 086 076 O00I CL 0£6 | Doûl 066 096 096 0007 He OGL OO0I “nu | "WIN XXE N OT9 [GI —| SES OCL |Et + | coe OL | LT —|LES 06G | E91— | 269 0€G | 991— | 069 OS |IL + | 826 066 |&II— | LFL OPP |ICT— | 68L OPC |&LI— | 689 089 [FL —|S88L OL [TI +|PL8 069 |L6 + !T106 069 |ZLG — | LOS O8 |IG H 916 O8L 19€ +} 206 OùL [Ce —|1r8 089 |GL — 1261 00G [FI&— | 609 OPG |èr —|988 O6 |1£1+- | 666 08 |68 + 1266 089 |G “+[|rLs O6 [9ct— | €67L 0LG |G +1rL8 00 |aLc— | L6 096 |LGI— | FL 0&9 6 —1098 08L |98 + |c68 OSL [LI + | 988 OTS |86 + | LOG 008 |Ee8 + |2ec6 "Waiou uonoei} "U Yo TU | 9948 Sap (NUE | *A0N TN (95190 NO NA] ‘SPAIN UOWorpeuny es 9p ‘Jouu G981 HHIANV | | 8L'OH ! 66°p 8'L pO‘O— | IL‘ || T'E + 99‘0— | 8r'£ [0°& Or‘0— | £81'e 119'6 dau 8a‘9 [T'PI 8r£ 09'L |'6'TI GG CE LO'L [TI P&'L Gt'G [IL'SI 0G‘0— | 09'€ 10°‘L GP'I 8ç'G IL'L 80'T a1'G 110‘) 6r'0o+ | 9c'r 9'r + 68 0— | LLS [t'a &0‘0— | 80° IST IL'Oo— | 66‘8 [ee + 91 0+ | 08P 0‘r + SE G1‘P ||6‘F P6'0 06‘F | £'OT 690 G9‘r |1r‘9 9G‘0 LG‘r. 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Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm rm mm pre décade, 727,79 728,14 728,33 127,59 727,31 127,66 728,03 728,56 728,178 2e 716,20. 16:35 716,51 716,25 716,05: 716,26 ‘16,23 "716224" 716,20 OS 719,11 719,60 ‘719,99 719,61 719,03 ‘718,77 ‘718,80 -718,88& ‘718,68 Mois. ‘720,97 721,29 721,56 721,10 720,76 ‘720,83 ‘720,95 721,15 721,14 Température. o 0 0 6 o & 0 Lo 0 jre décade — 1,18 — 1,04 + 1,22 + 3,88 + 4,58 + 3,45 + 2,03 + 0,90 + 0,55 2e » + 0,43 + 0,92 L 2,33 Æ 3,04 H 2,93 + 92,17 + 1,58 + 1,10 + 0,90 8e » + 3,51+ 3,91 + 4,83 + 6,23 + 6,75 + 6,46 + :4,85 + 4/80 + 4,78 Mois + 1,00 + 1,35 + 2,86 + 4,44 + 4,82 + 4,11 + 2,88 + 2,385 Æ 2,16 Tension de la vapeur. à mm mm rarn mm mm mm mm mm onu 1re décade, 3,9] 3,85 4,03 4,18 4,23 4,38 4,45 4,33 4,2] 2 4,30 4.49 4,49 4,73 4,53 4,36 4,13 4,11 4,15: ge » 5,17 5,10 521 597 5,09 5,12 5,32 5,36 5,37 Mois 4,48 4,47 4,60 4,74 4,63 4,64 4,65 4,63 4,60 Fraction de saturation en millièmes. 1re décade, 928 907 805 705 658 748 833 884 881 2e » 904 893 830 827 805 824 811 837 860 3e » 831 820 7719 720 688 692 803 807 816 Mois 886 872 804 750 716 753 815 842 852 : Clarté moyenne ‘Température Eau de pluie ES Therm. min. Therm. max. dü CL aü Pie où ds neige Limnimètre. o o 0 mm p. 1re décade, — 2,24 + 5,74 0,65 5,16 17 29,5 2e 2 ==. 1106 — 4,13 0,90 4,97 98-1 29,0 3e » + 2,16 + 8,83 0,81 5,22 21:92 31,2 Mois —+ 0,46 + 6,32 0,79 5,12 46,0 29,9 Dans ce mois, l’air a été calme 1 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du 50. a été celui de 0,32 à 1,00, La direction ue la résultante de tous les vents observésest-S.36°,6 O. er son intensité est-égale à 56 sur 100, TABLEAU OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD LE MOIS DE JANVIER 1865. pendant Le 26, après l'observation de dix heures du matin, le baromètre a baissé presque subitement d’un muilimètre par uu violent coup de vent. Pendant plus de 15 jours, le sentier sur la montagne a toujours été obstrué de neige du jour au lendemain, par suite du vent. Les variations de la température d’un jour à l’autre présentent de remarquables divergences à Genève et au St-Bernard ; ainsi, du 7 au 8 de ce mois, la température s'est élevée de 99,55 au St-Bernaïd, tand's qu’elle s’est abaissée de 4°,53 à Genève: la ‘différence de température entre les deux stations était de 149,22 Le 7, et de 09,14 seulement le 8. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXEMUM. ka 7: ds60ENSIE. 5, à 10 h: soir. .:.: 8, à 10 h. matin. 10 ALORS so. 14, à ,4.h. soir . . 21, à 10:h: soif”. +.. PET D HN, SOIT. Wide 6h soir 15 mm 005,11 567,78 568,06 .. 560,85 557,83 MINIMUM. Le 1,.à.,6. h:-matin.- D MI EC O4 SD SOI 9,tà 2:h: seir L4,-a..9.-h..son 17, à 8 h. matin 29 47148. D MAD 28, à 8 h. matio.. 950,66 EE , SAINT-BERNARD. — JANVIER 1865. É Baromètre. , Température, C. ce Pluie ou neige. Vent | Claité Fe] OP DE à SO CE à es ue ED. ER RS SR * [mo | El Hauteur | Ecart avec Moyenne |Ecart avec laf - Hauteur Eau Nombre ||lJomi }- = moy. des | la bauteur | Minimum. | Maximum, des température | Minimum.! | Maximum. de la tombée dans! phoures. ominant.| Cia. a » |[24 heures.| normale. 94 heures. normale. neige. les 24h. S millim. millim, millim. millim. 0 ti 0 0 mm mm 1 | 553,82 | —:6,99 | 553,05 | 554,72 || —10,58 | — 1,47 | —12,3 | — 8,3 || --.... ne. 2 se... NeSO. L | 0,43 211:554,77. 1, "6,01 554,46417555,11 |PF=1501 41,91 112,317 .8,0 sons + 0.» 0-8 un... NE. 1 0,02 3 || 552,78 | — 7,98 | 551,30 | 555,12 || —13,00 | — 3,82 | —14,2 10,7 s srtsieis ne ass SO. 1 | 0,60 4 || 562,58 gr 1,84 | 558,89 | 565,08 || — 9,45 | — 0,24 | —11,8 | — 7,8 | ...... | ..... | ...... | NE: 1 | 0,22 5 || 567,29 6,57 | 566,81 | 567,78 || — 3,65 | + 5,59 | — 4,5 | — 9,1 | ......'} ...... |....3. NNES 1 Lo,10 6 || 563,42 2,72 | 560,06 | 566,27 || — 5,95 | + 3,32 | —11,6 | — 2,7 200 20,0 12 NE: 2"WOBE 7 || 565,56 4,88 | 561,55 | 567.43 || —11.99 | — 2,70 | —15,0 | — 8,7 || ---... Da ss... | NE. 2 | 0,4: 8 || 567,18 6,52 | 566,44 | 568,06 || — 2,44 6,88 | —°<4,1 + 1,5 relaie ss... Da, SO. 1 ! 0,18 9 || 564,43 | -r 3,79 | 563,81 | 564,92 || — 4,07 5,98 187,1 — 10,9 .. soso. re. NE. 1 | 0,69 10 || 564,44 | + 3,82 | 564,02 | 565,04 || — 6,02 3,39 [27,511 41 concis) Mots | "x SO A010,02 11 || 563,77 | + 3,17 | 563,36 | 564,71 1 1102 LU “8,5 |. 6,0 CN RUES sor.re .... SO. 1 | 0,38 12.055097 L 20,91 558,02 | 561,53 || — 7,95 1,46 K—:8,2 | — 7,0 70 9,0 4 SO. 1 1,00 13 || 555,13 À —"5,43 | 554,78 | 555,58 || — 8.52 0,91 | — 9,9 | — 6,8 140 12,5 10 SO. «1! FD:90 14 || 551,46 | — 9,08 | 550,24 | 553,34 || — 6,72 2,72 | —10,3 | — 3,5 || 250 23,0 12 807 4 |,1:00 15 || 549,04 | —11,48 | 548,63 | 549,62 || —12,29 | — 2,84 | —13,0 | —10,8 || 130 8,7 9 NE. 1 | 1,00 16 || 545,86 | —14,64 | 544,39 | 547,33 || —13,27 | -— 3,81 | —14,5 | —11,3 50 2,1 6 89: 1 0,90 17 || 543,67 | —16,81 549,94 | 544,96 | —14,15 | — 4,68 | —15,6 | —12,2 60 2,8 12 NE. l 1,00 18 || 546,35 | —14,11 | 545,31 | 547,69 || —15,84 | — 6,36 | —16,9 | —13,0 | ---... ss... ss... || NES -L | 0,51 19 | 551,53 | —"8,91 M549,36: | 552,48 || —15,44°| = 6,96 |"—16;: el |l'asssns l'ecran css MONS AL AANIDN 20 || 553,60 | — 6,82 | 553,16 | 551,36 || —12,01 | — 2,52 | —14,6 | — 9,5 80 7,2 3 NE. 1 | 1,00 21 | 554,75 | — 5,65 | 554,21 | 555,41 || — 5,71 | + 3,79 | — 7,6 | — 4,0 60 3,5 12 Sb:. 1 17E,00 22 || 554,61 | — 5,77 | 554,29 | 555,15 || — 5,14 | + 4,36 | — "7,9 | — 1,9 50 6.6 9 variable | 1,00 23 1 557,45 | — 9,90 | 555,44 | 558,65 || — 9,43 | + 0,07 | —14,1 4,60 ve SN ‘ …... NE. il 0,90 24 || 560,26 | — 0,07 | 559,64 | 560,85 || — 3,41 EN 6,09 14,561 =. 0,9 ..... so. EUR | NE, 1 07 25 || 559,80 | — 0,51 | 558,98 | 560,53 || — 1,34 8,16 | — 4,6 | + 1,8 110 24,1 12 N° NES JON 26 || 558,36 | — 1,93 | 557,38 | 559,26 | + 1:19 qi 1,9 | Æ 4,9 Ms Es dus ce Si) SOON 27418054,80010—.6,097 17 609,62 1"604, 97 148502 Dh 9,57 L'—0,1L 2; 60 7,9 10 SO. 1 | 0,93 29.11 552,90 | — 7,95 |:550,66 | 554,48 | =11,72 | — 2,28 | —14,7 — 0,0 50 4,8 10 NE. 2 1,00 29 || 557,43 | — 2,80 | 556,09 | 557,83 || —12,02 | — 2,54 | —17,0 | — 6,9 | ....+. | ...... | ...... | variable | 0,00 ‘ 80 || 553,63 | — 6,58 | 553,19 | 554,66 | — 9,65 | — 0,18 | — 9,8 | — 8,9 || ...... |... À e.o..0]] SO. I | 0,79 _31 || 552,34 Me 1,86 | 551,22 | 552,97 0,85 — 0,43 Lm109, 84 sue y Et HN CET variable 0,34 a 1 Les chiffres renfermés dans ces colonnes donnent la plus basse et la plus élevée des températures observées de b. du matin à 40 h. du soir, les thermomètrographes étant hors de servire. MOYENNES DU MOIS DE JANVIER 1865. 6h. m. 8h.m. 10h. m. Midi. 2 bh.s. 4 b. s. 6b.3 8 b.s. 40 h.s Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm mm 1redécade, 561,05 561,50 561,82 561,46 561,35 561,53 561,86 562,06 562,16 2e à 552,21 552,12 552,50 551,86 551,67 551,93 551,92 551,99 552,02 3e >» 555,59 555,62 555,93 555,79 555,74 555,87 556,06 556,08 556,03 Mois 556,26 556,39 556,72 556,35 556,24 556,43 556,60 556,69 556,71 Température. ä n o Lu L] 0 0 o a o 1re décade, — 8,54 — 8,35 — 7,64 — 6,63 — 5,68 — 7,24 — 8,13 — 8,14 — 8,11 DR RER S7 —TE,47 —10,95:—10,92 —: 9,87 —11,9}—=11:56 = 67 —11,74 ARR GS 1,14 — 6,68,—.4,98 — 4,95, — 5,87 — 6,43 — 684 "710 Mois — 9,06 — 8,93 — 8,35 — 7,20 — 6,52 — 8,04 — 8,63 — 8,83 — 8,92 Eau de pluie Hauteur de la Min. observé.{ Max. observé. Clarté moy. du Ciel, aude neige FE 0 0 mm mm 1re décade, — 9,99 — 5,20 0,35 20,0 200 DES 2 —12;18 69,98 0,83 61,9 780 3e » — 8,88 — 3,42 0,78 46,9 330 Mois —10,50 — 5,92 0,66 128,8 1310 Dans ce mois, l'air a été calme 21 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,44 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 450E., et son intensité est égale à 16 sur 100. { Voir la note du tableau. hs . un _ _ = . = ? ’ = + re . 4 CE A + LÉ re Don AE NE des # pond" | à LA Dm RS RE DE 76 TT te F F + me s . x é # : ci pe — d Le x ei ee 19 he À vid F2 . # “+ + r . "> 5 5 — Ad. < PRET ‘ à - 8 À z Er , "| 6 .# + à | ESERRET An rte \ £ cs re Du, ro mr É . J - 4 a" " - | per de Ê don 268. 3,48 2.8 48ù He bi 1 us à 0h mm A8 mé S H OA . E ) 4 V4 its = + : ne . ’ . : SU DE p PAL) ( e =. + _ Ne = L2 # RARE RU Perse reves S'NSUOLSA | | M: TT EN OS LINE Fe, < S Fnetel ne ù se RE RE à k Li œuf = = CR: Crée . st NET : ) Dulte É += tout | CRE | & rare , CEE 8,604 “OST ds, PU ES, 10 ee KE $4 144 7 07, F0 F F on rnb … nm F pas « à - D» ÿ pa : ) £ Fa HP LUS 00 1AN D Idè M lgS Taie - 02,108 qe + ER EG DL SoLdèS a0,aën AN oca Thaug (hPa ÉT,ice À eë È à À — = + es en ee mm e 2 er - » 1HoGe LA UCe CA,8cE LRU 49,068 «008 | ACS. TS a P À h k - à - f É: k: À La TRY SURETSEMET “CNE ne 2 0. j De CRPTT OS EN IT ECS d a — sta — EE ET «a + "gaie LED AT ce. — Ea,4 FrRr HU TU, (8 ns FR A Lin | CAE se AL #4 Cr SO Ds = au, 9 nn D cite Té je A de RUN me VA re EE, 8 — taë 7 67h + H0,b = Se rie -—- Et ee mer ee tie nent. mères mis D RP dE DE tués | «9,8 + ÉBiis 04 — 4,8 + LB.0 = CET CE 2e CU En —" DU Ba “EoT rs EL »_ + 4 : Re. PES Er C cm A 2 . , ; , { s ab surtt - siulq ab a 0 uh .2om L URSS Pendada .sûl CET ue / GS venin : btshoc. | VA “% | made ratf Dresde 1 : ‘ . OA ; PT à er: TRS « © M LL HR. Lun 0: ge QG Bee 5 Qi, | 0,18. 88, | RUES 1Ssmisé so à sin Pa RU ; Te MR LIVRE 5 She ee ee É CASA LUS OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES ET PALÉONTOLOGIQUES SUR QUELQUES PARTIES DES ALPES DE LA SAVOIE ET DU CANTON DE SCHWYTZ PAR MM. ADOLPHE D ESPINE ET ERNEST FAVRE. Les espèces éteintes enfouies dans le sein de la terre ont été depuis longtemps, pour le géologue, un guide précieux dans la détermination de l’âge des terrains ; en effet, en vertu de la grande loi révélée par la paléonto- logie sur la durée limitée des espèces, une période géolo- gique est caractérisée par des fossiles distincts et spé- ciaux, qui ne se retrouvent ni avant ni après elle. Cette loi avait été regardée, il y a une quinzaine d’années, comme absolue et sans exception. Alcide d’Orbigny, le grand paléontologiste français, dans un travail gigantesque, avait réparti tous les fossiles connus dans vingt-sept éta- ges ou périodes successives, et il croyait que dans la suite. des temps toutes les espèces soit animales, soit végétales, avaient été vingt-sept fois détruites et vingt-sept fois en- tièrement renouvelées, sans qu’il y eût aucun trait d'u- nion entre deux périodes successives. De nos jours, rien n’est venu infirmer la loi de la durée limitée des espè- Arcuives. T. XXII — Mars 1865. 12 486 OBSERVATIONS SUR QUELQUES PARTIES ces, seulement les limites se sont étendues. On a cons- taté dans ces dernières années de nombreuses espèces passant d’une période à l’autre et des rapports évidents entre les faunes de deux formations successives. Un grand nombre de faits partiels, il est vrai, mais qui ont bien leur importance, quand ils ont été étudiés avec soin, ont fait abandonner l’idée de coups de théâtre, de boulever- sements périodiques qui auraient séparé les diverses épo- ques géologiques, et on est arrivé à croire que les choses ont dû se passer d’une manière assez conforme à ce que nous voyons de nos jours. La science commence toujours par être absolue, géné- rale, synthétique ; ce n’est que par un travail subséquent d'analyse et d'observations de détails qu’on arrive à cons- tituer une histoire exacte et véritable des phénomènes de la nature. Nous avons cru bien faire en choisissant, comme sujet de travail, une de ces questions de détail, qui, au premier abord, paraissent quelque peu arides, mais qui, étudiées avec soin, conduisent à des conclu- sions dont on ne peut méconnaître l’importance. Nous avons examiné un mélange de faunes dans le gault des Alpes. On sait que les mers albiennes ont vu se succéder dans leur sein des faunes trés-différentes. Les observations faites sur le gault de France, d'Angleterre et d’Allema- gne, et surtout le travail remarquable de M. le professeur Pictet sur les fossiles de Ste-Croix !, ont fait reconnaître au moins deux divisions dans la période albienne. A Ste-Croix, on peut même en distinguer trois : le gault enférieur, le gault moyen, et le gault supérieur. Les deux premières 1 Matériaux pour la Paléontologie suisse. Description des fos- siles des environs de Ste-Croix, par MM. Pictet et Campiche. DES ALPES DE LA SAVOIE ET DE SCHWYTZ. 487 ont beaucoup d'espèces communes et sont peu distinctes ; le gault supérieur, par contre, présente une faune spé- ciale, caractérisée par l'apparition de nombreuses es- pèces. Il se présente donc comme une époque bien dis- tincte, dont les fossiles tendraient à se rapprocher de ceux de l’époque cénomanienne. Nous donnerons, pour l'intelligence de notre travail, un Court aperçu de. principales espêces de ces différentes formations. ; Les fossiles spéciaux au gault inférieur de Ste-Croix sont: Ammoniles reqularis, À. lardefurcatus, À. Milletia- nus”, À. Martini. — Crioceras depressus. — Helicoce- ras Thurmanni.— Avellana subincrassata. — Cerithium orualissimum, C. tectum, C. Lallierianum. — Scalaria Dupiniana. — Natica Clementina, N. Favrina.— Pleu- roltomaria Gibbsii. — Phasianella gaullina. — Trochus conoideus, etc., etc. Les principales espèces communes au gault moyen et au gaull inférieur sont les suivantes : Ammonites mamil- latus, A. Beudanti, A. interruptus, À. subalpinus. — Ancyloceras Blancheti, A. Vaucherianus. — Avellana lacryma.— Turritella Vibrayeana. — Solarium monili- ferum, etc. Le gault moyen possède en outre une faune spé- ciale dont voici les principales espèces : Ammonites Lyelli, A. Parandieri, A. Delucii, À. quercifolius.— An- cyloceras Nicoleli. — Hamites attenuatus, H. Raulinia- nus. — Plychoceras gaultinus. — Scalaria gurgilis, etc. Examinons la faune du gault supérieur. Parmi les am- monites, deux espèces seulement ont fait leur première l L’A. Milletianus apparaît déjà vers la fin de la période ap- tienne. 188 OBSERVATIONS SUR QUELQUES PARTIES apparition dans le gault moyen: ce sont l’A. latidorsatus et l'A, Raulinianus, cette dernière sous une forme toutefois un peu différente. Les Ammonites inflalus, falcatus, Mayorianus, varicosus, Timotheanus, Velledeæ, n’ont jamais été trouvées plus bas que le gault supé- rieur. Les Turrilites, les Scaphites, les Anisoceras !, y apparaissent pour la première fois. Parmi les autres fossiles caractéristiques de cet étage, on peut citer Îles suivants : Hamites virqulatus, Baculites Gaudini, Avel- lana incrassata, Cerithium Mosense, Pleurotomaria gaul- hina, P. regina, P. Moreausiana, Turbo Brunneri, T. Triboleti, Solarium Tollotianum, S. tripleæ, ete., etc. Telle est en quelques traits la répartition des fossiles dans le riche gisement de Ste-Croix ?. Il ne faut pas s'attendre à trouver partout une sépara- tion aussi tranchée des faunés albiennes qu’à Ste-Croix; à la Perte du Rhône, par exemple, il y a un commen- cement de mélange: M. Renevier* a distingué dans le gault de cette localité trois couches fossilifères (a, b et c). Il a trouvé dans la couche c la plus inférieure, l’Avellana subincrassata, FAmmonites mamillatus, VA. regularis, l'A. tardefurcatus et VA. Milletianus , mais ces trois der- nières espèces sont seules spéciales à cette couche, les autres se trouvent également dans la couche b. D'un autre côté, lAmmoniltes latidorsatus, VA. Velledeæ, l'Anisoceras Saussureanus, la Turrilites Bergeri sont spéciales aux l L’Anisoceras armatus paraît toutefois avoir été trouvé dans le gaull moyen. 2? ]lne s’agit ici que des céphalopodes et des gastéropodes, puis- que les acéphales et les échinodermes n'ont pas été publiés jusqu’à présent par M. Pictet, mais ils suffisent déjà pour établir de nom- breux points de comparaison avec le gault des autres pays. 3 Mémorre géologique sur la perte du Rhône. DES ALPES DE LA SAVOIE ET DE SCHWYTZ. 189 couches supérieures a etb; mais PAmmoniles inflatus, VA. Mayorianus, l'A. varicosus se trouvent aussi dans la couche c. L’arrangement n’est donc plus tout à fait le même à la Perte du Rhône qu’à Ste-Croix, quoique la distance qui sépare les deux gisements soit relativement restreinte. Le gault de la France septentrionale nous offre, en général, de grandes analogies avec celui de Ste-Croix. La distribution des fossiles y est presque la même, En effet, dans le département de la Meuse, M. Buvignier ! dis- tingue : 4° les sables et argiles du gault, contenant Am- moniles monile (mamillatus), À. regularis, À. tardefur- catus, À. Milletianus, Cerilhium ornatissimum, etc.; 2 la gaize, terrain intermédiaire entre le gault et le cé- nomanien, d’une composition minéralogique toute parti- culière et caractérisée par l'Ammonites inflatus, VA. Re- nauxianus, VA. falcatus, le Cerithium Mosense, la Pleu- rotomaria Moreausiana, eic.; cette faune paraît corres- pondre exactement. à la faune albienne supérieure de Ste-Croix. Dans la Nièvre, qui a été étudiée avec soin par M. Th. Ebray, l’étage albien présente deux couches principales, les argiles et sables inférieurs, et les sables ferrugineux, assise três-puissante que M. Ebray, dans un travail stra- tigraphique tout récent ”?, a démontré être l’équivalent de la gaize de la Meuse. La faune de ces deux formations concorde d’ailleurs complétement. Dans l'Yonne, les sables ferrugineux existent encore, l Statistique géologique et paléontologique du département de la Meuse, par A. Buvignier, 1892. ? Stratigraphie de l'étage albien des départements de l'Yonne, de l'Aube, de la Haute-Marne, de la Meuse et des Ardennes. — Bulletin de la Société géologique de France, 2° série, tome XX, page 209. 190 OBSERVATIONS SUR QUELQUES PARTIES quoique atteignant une épaisseur moindre. L'apparition de l'Ammonites monile (mamillatus) dans cette couche est un fait curieux à signaler. Elle a été trouvée dans les sables ferrugineux, près de Soumaintrain ; sauf cette anomalie, les autres fossiles sont identiques à ceux de la gaize. Les argiles inférieures sont très-riches en fossiles ; et il semblerait, d’après les données de M. Raulin !, que le gault moyen et le gault inférieur ne se confondent pas entièrement ; ainsi près de Gurgy, l’'Ammonites reqularis et l'A. tardefurcatus reposent immédiatement sur le ter- rain aptien, tandis que l’A. Beudanti et d’autres espèces plus spéciales au gault moyen ont été trouvées dans des couches plus élevées. Dans l’Aube on remarque la transition entre le fa- cies sablonneux du sud et le facies argileux ou gaizeux du nord. La faune est à peu près la même, c’est-à-dire qu'on trouve l’Ammonites luutus, VA. aurilus, et VA. inflatus dans les couches supérieures, qui vont se con- fondre au nord avec la gaize, et l'A. regularis, VA. mam- millatus, etc., dans les argiles inférieures ou argiles léqu- lines”, comme on les appelle dans ce département, parce qu’elles sont employées pour la poterie. En Angleterre, le gault supérieur est développé aux environs de Cambridge ; les fossiles qui en proviennent concordent assez bien avec ceux du grès vert supérieur de Ste-Croix, tandis que les fossiles du gault de Folke- stone correspondent plutôt à ceux de la couche inférieures. l Statistique géologique, etc., de l'Yonne, par Raulin et Ley- merie, 1898. ? Statistique géologique, mineralogique, etc., de l'Aube, par - Leymerie, 1843. # Note sur la succession des mollusques céphalopodes pendant l'é- poque crétacée dans les Alpes suisses et le Jura, par F.-J. Pictet, 1861. DES ALPES DE LA SAVOIE ET DE SCHWYTZ. 1491 La faune albienne d'Angleterre présente toutefois une curieuse anomalie, qui consiste en ce que l’'Ammoniles -mammillatus trouvée dans le gault proprement dit! du Berkshire * est mentionnée comme un des fossiles carac- téristiques de l'Upper Greensand par M. J. Beate Jukes* et, ce qui est plus étonnant, elle a été trouvée dans la craie chloritée de l’île de Wight‘, avec les À. varians, Cou- pei, etc. Il serait peut-être prudent de s’assurer de l’iden- tité de cette ammonite avec l'A. mammaillatus de Schlot- heim, avant d’en tirer une conelusion définitive. Mais ce fait est très-probable, puisqu'il concorde avec les ob- servations de M. Ebray sur la position de l'A. mammil- latus dans l'Yonne. En Allemagne, les travaux de M. de Strombeck sur le gault du Brunswick”, nous ont vivement intéressés, parce que leurs résultats sont identiques à ceux que M. le pro- - fesseur Pictet a obtenus de l’examen des terrains de Ste- Croix ; voici en effet la succession des couches qu'il a constatée : | 4. Aptien avec Ammonites Nisus, etc. 9, Argile ferrugineuse avec Am. Milletiunus, Cornue- lianus, etc. 3. Argile avec À. tardefurcatus, A. regularis. l Les séologues anglais distinguent : 1° le Lower-Greensand, correspondant à notre formation aptienne; 2° le gault, qui est à peu près le gault moyen et inférieur de Ste-Croix ; 6° l'Upper- Greensand, terrain intermédiaire entre le gault et la craie chlo- ritée. 2? Memoirs of Geological Survey of Great Britain, n° 12. 3 The Students Manual of Geology, by J. Beate Jukes, 1860. 4 Memoirs-of G. Survey of Gr. Brit., n° 10. 5 Zeitschrift der Geologischen Deutschen Gesellschaft, tomeVIIT, page 456. Le 492 OBSERVATIONS SUR QUELQUES PARTIES 4. Argile avec Belemnailes minimus. 9. Flammenmergel, caractérisé par les ammonites inflatus, Mayorianus, auritus, Renauxianus, va- ricosus, Turrilites Bergeri, etc. 6. Cénomanien. Le Flammenmergel de M. de Strombeck est donc le correspondant exact du gault supérieur de Ste-Croix. Il résulte de tous ces faits : 4° que la période du gault supérieur a élé aussi distincte de celle du gault inférieur que cette dernière a été distincte de la période aptienne ; 2° que la faune du gault supérieur s’est étendue dans plusieurs pays et qu’elle s’est graduellement substituée à celle de l’étage inférieur. Cela étant bien établi, passons à l’étude des faits cu- rieux et exceptionnels que nous a présentés le gault des Alpes de Savoie et du canton de Schwytz. Nous y avons constaté un mélange complet des deux faunes albiennes, et nous avons cru qu'il avait assez d'importance soit au point de vue de l’histoire géologique de nos Alpes, soit au point de vue purement théorique, pour en faire lobjel d’un mémoire spécial. Nous avons étudié, en 1864, la Goudinière près du Grand-Bornand, et le Criou près de Samoëns. Ces deux endroits sont situés dans le département de la Haute- Savoie. Nous avons encore visité la Wannen-Alp, près : d’Yberg, dans le canton de Schwytiz. Ces trois localités présentent de riches gisements de fossiles et ont déjà fourni de beaux échantillons, à diverses collections, en sorte que la détermination des espèces a été facile et que nous avons pu nous appuyer sur des données paléonto- logiques certaines. Nous parlerons séparément de cha- cune de ces localités, parce que le mélange des faunes DES ALPES DE LA SAVOIE ET DE SCHWYTZ. 193 ne se présente pas partout exactement dans les mêmes conditions, et nous dirons quelques mots des observations géologiques que nous avons faites. LA GOUDINIÈRE. © GÉOLOGIE. — La chaîne des Vergy s'élève sur la rive gauche de l’Arve. Elle est formée des terrains crétacés et des terrains tertiaires que nous allons passer en revue. La localité de la Goudinière est située sur son versant S.-E., pas loin du village du Grand-Bornand. TERRAINS CRÉTACÉS. — L’étage urgonien forme la presque totalité de la chaîne des Vergy et leur donne leur aspect äpre et décharné. Ce terrain se présente avec tous les caractères que nous lui connaissons ailleurs. Il est formé d’une roche très-dure, un peu cristalline, blan- che à la superficie, mais violacée dans l’intérieur ; elle renferme rarement des fossiles bien conservés, cepen- dant à Dessy on a recueilli des caprotines et des radio- lites. L’urgonien est le terrain le plus ancien qui se trouve près de la Goudinière ; nous avons cru toutefois recon- naître des marnes néocomiennes dans une combe placée entre le Grand-Bornand et le Chenaillon. Au-dessus de l’étage urgonien nous avons trouvé l’é- tage aplien qui affleure d’une manière continue sur une grande longueur de la chaîne. Nous l’avons reconnu aux Étroits, au Mont, et au-dessus du Grand-Bornand. Il est très-apparent à la Goudinière, où il forme un escarpe- ment d’une trentaine de pieds. De là nous avons pu le suivre pendant trois quarts d'heure jusqu’au-dessus du village du Chenaillon. L’étage aptien est formé de deux couches distinctes : la partie supérieure, la plus considé- 194 . OBSERVATIONS SUR QUELQUES PARTIES rable, est un grès siliceux jaunâtre, assez compacte et dur à l’intérieur, mais corrodé à l'extérieur par les agents atmosphériques. La partie inférieure est composée de marnes bleuâtres feuilletées sans fossiles, qui sont peut- être l’équivalent des marnes aptiennes de la Perte du Rhône ; alors la partie rocheuse représenterait les grès durs de ce même gisement. Les fossiles que nous avons recueillis dans l’aptien de la Goudinière sont identiques à ceux de la Perte du Rhône; ce sont la Trigonia caudata, Ag., la Cyprina angulata, Sow., la Rhynchonella lata, d’Orb., la Rh. sulcata, d'Orb.,et Rh. Renauxiana, d'Orb., le Pecten aptiensis, d’Orb., et l’Ostrea aquila, d'Orb. Le gault, qui est moins répandu que l’aptien, le re- couvre en plusieurs endroits ; nous l'avons constaté au Mont, au col du Grand-Bornand, à la Goudinière, et au- dessus du Chenaillon. A la Goudinière, sa superposition à l’aptien est trés-facile à voir, car en faisant creuser une tranchée à travers toute l’épaisseur du gault, nous som- mes arrivés au grès aptien d'où nous avons retiré une Ostrea aquila et quelques-uns des fossiles qui caractéri- sent ordinairement cette couche (Cyprina angulala, etc.). La composition minéralogique du gault peut varier sui- vant les endroits, sans que la faune change en quoi que ce soit. | La coupe que nous avons fait faire nous a présenté la succession suivante : 15 centimètres de terre végétale, al D de terre bleuâtre argileuse du gault, 34 » de grès vert proprement dit, tantôt en morceaux pierreux plus ou moins gros, tantôt en argile, à grains verts, également du gault. 90 centimètres. DES ALPES DE LA SAVOIE ET DE SCHWYTZ. 195 Mais au-dessus du Chenaillon, le gault devient rocheux, il passe à l'état de grès siliceux à grains verts compacte, très-dur, également pétri de fossiles. À côté du champ de la Goudinière se trouve une ran- gée de rochers blancs, très-durs, ressemblant à ceux de l'étage urgonien par leurs caractères minéralogiques, mais ils Sont superposés au gault et sont l’équivalent de la craie. Nous avons retrouvé ces mêmes rochers au- dessus du Chenaillon, où ils atteignent une três-grande épaisseur. Ce n’est pas la première fois que ce terrain est constaté dans les Alpes de Savoie; on l’a trouvé en divers endroits toujours avec cette même apparence. TERRAINS TERTIAIRES.— Le terrain nummultique est largement représenté dans la vallée du Grand-Bornand. Il est formé d’un calcaire dur, noirâtre surtout à sa base, pétri de petites nummulites et couvert fréquemment d’em- preintes de limes et de peignes. Au col des Ferrans (ou du Grand-Bornand), il change de caractère; il présente l'aspect d’une brèche calcaire très-compacte qui renferme également beaucoup de nummulites. Le macigno alpin ! recouvre le nummulitique dans le fond de la vallée. Il est formé d’une marne schisteuse, se délitant en ardoises grisâtres avec quelques écailles de poissons. PALÉONTOLOGIE. — Le gault de la Goudinière af- fleure sur un espace très-restreint et son épaisseur atteint à peine un mètre; néanmoins il a fourni une immense quantité de fossiles. Pour bien nous assurer du mélange de ces fossiles dans une si faible épaisseur, nous avons !_ Le macigno alpin est l'équivalent du flysch ou grès à fucoïdes. / 496 OBSERVATIONS SUR QUELQUES PARTIES noté avec soin la profondeur à laquelle se trouvait chaque échantillon au-dessous du sol; il eût été peut-être plus logique de noter la hauteur des fossiles à partir de l'étage aptien, mais c'était matériellement impossible. D'ailleurs, la chose importante est de connaître la bauteur relative des espèces, et de savoir par exemple si la Turrihites Bergeri a été trouvée au-dessus, à côté ou au-dessous de l’'Ammonites regularis. Pour nous assurer que la distribution des fossiles était partout la même, nous avons fait ouvrir plusieurs tran- chées dans différentes parties du pré de la Goudinière (fig. I). La première (n° D) a été la plus considérable et nous à fourni le plus grand nombre d’échantillons ; les autres tranchées nous ont donné d’ailleurs des résultats analogues. Nous n’avons pu saisir d'autre rapport entre la com- position minéralogique du gault et les fossiles, que le fait de l’abondance des céphalopodes dans la partie su- périeure (surtout dans l’argile brune), tandis que les gas- téropodes et les acéphales abondent surtout dans l’argile à grains verts. Quant à la faune en elle-même, les ammoniles et les turrilites S'y wouvent en grand nombre; les naultiles et les hamutes sont rares ; le belemniles minimus, si carac- téristique du gault d’autres localités, n’y existe pas. Les gasléropodes, quoique représentés par beaucoup d’espèces différentes, sont peu fréquents à la Goudinière. Le con- traire a lieu pour les acéphales dont quelques espèces sont très-communes. Les trois faunes du gault à la Goudinière sont mélan: gées dans une couche de quelques décimètres d’épais- seur; les espèces les plus caractéristiques des trois for- DES ALPES DE LA SAVOIE ET DE SCHWYTZ. 197 mations se trouvent à toutes les hauteurs également ; ainsi nous avons recueilli près de la surface du sol des Ammo- niles reqularis, A. tardefurcatus, A. mamillatus, etc., ainsi que des À. Mayorianus, inflatus, latidorsatus, et des Turrilites Bergeri, T. Puzosianus ; cette même associa- tion d'espèces a été trouvée à une grande profondeur, au contact de l’aptien. Le fait le plus saillant que nous ayons constaté est une Turrilites Bergeri qui reposait sur le grès aptien à un mèêtre de profondeur et une Ammo- nites Millelianus que nous avons trouvée à un ou deux centimètres au-dessous de la surface du sol; or on sait que dans beaucoup d’endroits la Turrilites Bergeri se ren- contre dans l’étage cénomanien et que l'A. Malletianus à déjà vécu dans la période aptienne. Pour donner une idée du mélange intime de ces fossiles et en même temps de la manière dont nous avons procédé, nous donnerons le catalogue de la profondeur à laquelle nous avons trouvé les espèces caractéristiques de notre première tranchée. [. Fossiles trouvés de 0 à 15 cent. (terre végétale). Ammoniles regularis. — A. Milletianus. — A, mamillatus. — À. Lyelli. — A. Mayorianus. — Turrilites Bergeri. — T. Puzo- sianus. IT. Fossiles trouvés de 15 cent. à 56 cent. (terre brune argileuse). À 20 cent. — Ammonites tardefurcatus, Turrilites Esche- rianus. ” p 23! 1% Turrilites Puzosianus. m2 iun Turrilites Bergeri. — Ammonites cristatus. 22004, Baculites Gaudini. » 29 » Turrilites Gresslyi. 1498 OBSERVATIONS SUR QUELQUES PARTIES A 34 cent. — Ammonites mamillatus. — A. tardefurcatus.— A. Beudanti. » 29 » A. cristatus. — À. Mayorianus. » 28 D À. tardefurcatus, A. Beudanti. » 40 » À. regularis. » 42 A. latidorsatus. » 48 » À. tardefurcatus, A. inflatus. » DO » A. regularis. »'OL 13 Hamites attenuatus. »'D2 7% Ammonites regularis. » 02 D À. latidorsatus, A. cristatus, Inoceramus con- centricus. » D4 » A. tardefurcatus, A. Beudanti, A. Mayorianus, À. interruptus, Turr. Bergeri. » 6 » À. regularis. — À. cristatus. III. Fossiles trouvés de 56 cent. à 1 mètre (argile à grains verts). À 66 cent, — Ammonites tardefurcatus, A. Beudanti. D 10 -.# À. Beudanti. — A. latidorsatus. — Turrilites Bergeri, T. Puzosianus. — Pleurotomaria Rhodani, PI. alpina. — Inoceramus Salo- moni. —- Rhynchonella lata, Rh. antidicho- mata. — Terebratula lemaniensis. » 19 » Turr. Puzosianus.— Terebratula Dutempleana. » 82 ° » À. regularis. — Hamites attenuatus. » À mètre. — Turrilites Bergeri. IV. Grès aptien (Ostrea aquila Brong., Cyprina angqu- lata Sow., etc.). Nous r’avons trouvé dans cette tranchée que les es- pèces les plus communes à la Goudinière; elles sont aussi les plus caractéristiques. Par le catalogue général des fossiles, il est facile de voir que la faune de la Gou- dinière est d’une grande richesse, que plusieurs espèces 199 rares qui n'avaient été trouvées qu'à Ste-Croix par MM. Pictet et Campiche, s’y rencontrent, et que des espèces cénomaniennes comme l'A. Coupei, VA. falcatus se voient comme les autres côte à côte avec l'A. Mille- tianus ! DES ALPES DE LA SAVOIE ET DE SCHWYTZ. CATALOGUE DES FOSSILES DE LA GOUDINIÈRE. Nous avons pu former la liste suivante des fossiles de cette localité grâces à l’obligeance de M. le prof. Pictet et de M. le prof. Favre, qui ont bien voulu mettre leurs collections à notre disposition. La collection du Musée académique et notre collection nous ont également aidés à atteindre notre but. CÉPFHALOPODES. Nautilus Ammonitcs Montmollini, Pict. et Camp. Bouchardianus, d'Orb. Ammoniies Agassizianus, Pictet. Balmatianus, Pict. Beudanti, Brong. Blancheti, Pict. e Camp. ? Bouchardianus, d'Orb. Bourritianus, Pict. Brottianus, d’Orb. Coupei, Brong. cristatus, Sow. Deluci, Brong. dispar, d'Orb. Dutempleanus, d'Orb. falcatus, Mant. Hugardianus, d'Orb. inflatus, Sow. interruptus, Brong. Jallabertianus, Pict. latidorsatus, Mich. Lyelli, d'Orb. mamillatus, Schloth. Mayorianus, d'Orb. Martinii, d'Orb. ? Milletianus, d’Orb. nodosocostatus, d’Orb. Parandieri, d'Orb. quercifolius, d'Orb. Raulinianus, d’Orb. regularis, Brong. Renauxianus, d’Orb. Studeri, Pict. et Camp. subalpinus, d'Orb. tardefurcatus, Leym. Timotheanus, d’Orb 200 OBSERVATIONS SUR QUELQUES PARTIES Ammonites Hamites varicosus, SOW. altenuatus Sow., Velledæ, Mich. Charpentieri, Pict. versicostatus, Mich. compressus, SOW. Vraconnensis, Pict. et Camp. maximus, Sow. Scaphites Moreanus, Buvign. Hugardianus, d’Orb. rotundus, Sow. Meriani, Pict. et C. Sluderianus, Pict. Ancyloceras virgulatus, d’Orb. Blancheti, Pict. et G Baculites Anisoceras Gaudini, Pict. et C. allernatus, Mantell. Turrilites perarmatus, Pict. et C. Bergeri, d'Orb. pseudo-elegans, Pict. Escherianus, Pict. Saussureanus, Pict. Hugardianus, d'Orb. Puzosianus, d’Orb. Gresslyi, Pict. et C. GASTÉROPODES. Avellana Natica Hugardiana, d’Orb. indét. subincrassata, d'Orb. Pleurotomaria Ringinella alpina, d'Orb. alpina, Pict. et R. Carthusiæ, Pict. et R. Turritella Gibsii, Sow. Vibrayeana, d'Orb. Rhodani, d'Orb. Faucignyana, Pict. et R. Saussureana Pict. et R. Scalaria | regina, Pict. et R. ? Clementina, d'Orb. Thurmanni, Pict. et R. Dupiniana, d’Orb. Phasianella Rhodani, Pict. et R. gaultina, d’Orb. Natica Turbo Favrina, Pict. et R. Golezianus, Piet."et R. gaultina, d'Orb, Pictetianus, d’Orb. DES ALPES DE LA SAVOIE ET DE SCHWYTZ. Turbo Faucignyanus, Pict. et R. subdispar, d'Orb. Trochus conoïdeus, d’Orb. (ou Sola- rium Conoïdeum, Sow.) Augianus, d'Orb. (ou Solarium Rostellaria cingulata, Pict. et R. Parkinsoni, Sow. Aporrhaïs obtusa, Pict. et R. Parkinsoni, d'Orb. ? marginata, SOW. Hugianum, Pict. et R.) Murex Solarium granosum, d'Orb. moniliferum, Mich. ornalum, Sow. ? subornatum, d’Orb. lriplex, Pict. et R. Tingryanum, Pict. et R. Pterocera bicarinata, d'Orb. relusa, Fitton. (ou Pterocera subrelusa, d'Orb.) Genevensis, Pict. et R. Sabaudianus, Pict. et C. Crepidula gaullina, Buv. Helcion conicum, d'Orb. ? Fusus Clementinus, d'Orb. Cerithium excavatum, Brong. Dentalium Rhodani, Pict. et R. Indét, LAMELLIBRANCHES. Gastrochæna Crassatella Ind, Sabaudiana, Pict. et R. Neœrea Arca Sabaudiana, Pict. et B. Panopæa acutisulcata, d'Orb. Sabaudiana, Pict. et B. Cardium Alpinum, Piet. et R. Isocardia crassicornis, d'Orb. fibrosa, d'Orb. Isoarca Agassizii, Pict. et R. Inoceramus concentricus, Park. sulcatus, Park. Salomoni, d’Orb. Lima Alpina, Pict. etR. ARCHIVES, T. XXII. — Mars 4865. 13 202 OBSERVATIONS SUR QUELQUES PARTIES BRACHIOPODES. Rhynchonella Terebratula lata, d'Orb. Dutempleana, d'Orb. antidichotoma, d’Orb. Lemaniensis, Pict. et R. ECHINODERMES. Hemiaster Discordea minimus, Desor. rotula, Agass. Holaster conica, Dem. lævis, Agass. Récapitulation des genres et des espèces. Genres. Espèces. Céphalopodes. . .......... 8 60 Gastéropodes ........... 20 44 Lamellibranches ......... 10 12 BraeHibpUlest- 7 ur. 2 4 Echinodermes........... 9 4 43 124 LE CRIOU. GÉOLOGIE. — La montagne qui porte ce nom est pla- cée à l’est du village de Samoëns, dans la vallée du Giffre, et cette vallée est située un peu à l’est de celle de l’Arve. Le Criou est presque exclusivement formé de terrain urgonien recouvert directement par le gault dans certai- nes places, l’étage aptien étant absent. Ce gault est com- posé dans sa partie inférieure d’un grès dur et compacte à grains verts, et dans sa partie supérieure d’une couche assez considérable d’argile brune ; parfois aussi toute DES ALPES DE LA SAVOIE ET DE SCHWYTZ. 203 l'épaisseur de la couche de gault est argileuse, comme à la Goudinière. Nous avons cru remarquer également des bancs de craie qui présentaient la même apparence et la même structure que dans la vallée du Grand-Bornand; mais nous n'avons pu les constater d’une manière aussi positive. PALÉONTOLOGIE. — Le gault du Criou est très-riche en fossiles. Les ammonitides déroulés dominent parmi les céphalopodes, tandis que les ammonites proprement dites, à l'exception d’une ou deux espèces très-communes, sont peu abondantes. Les gastéropodes sont rares, les acépha- les encore plus. Les échinodermes, par contre, sont re- présentés par quelques espêces qu’on rencontre à chaque pas. Les fossiles du Criou appartiennent surtout au gault supérieur et au gault moyen. L’Ammoniles inflalus, la Turrililes Bergeri, la Turr. Puzosianus (sup.), l Ammo- niles Beudanti et lHamites allenuatus (moy.) se trouvent également à toutes les hauteurs dans la couche. Nous avons creusé plusieurs tranchées comme à la Goudinière, et nous avons pu nous assurer du mélange de la faune moyenne et de la faune supérieure ; ainsi nous avons re- cueilli à une grande profondeur une Turrilites Bergeri et un Anisoceras Saussureanus, tandis que nous avons trouvé presque à la surface plusieurs À. Beudanti et un Hamites allenuatus. I existe, en outre, quelques repré- sentants du gault inférieur au Criou ; ce sont lAmmonites Milletianus, VA. reqularis, V'Avellana subincrassata et l'Aporrhais oblusa; mais ces fossiles sont trés-rares, et nous n'avons constaté nous-mêmes que l’A. Milletianus 204 OBSERVATIONS SUR QUELQUES PARTIES dont nous avons trouvé quelques échantillons dans la partie supérieure de largile brune. Voici donc en résumé les conclusions auxquelles nous arrivons sur la faune du Criou. 4° Les espèces du gault moyen et du gault supérieur ont vécu ensemble à la même époque au Criou. 20 La faune du gault inférieur, très-développée à la Goudinière, n’a eu au Criou que de rares représentants. CATALOGUE DES FOSSILES DU CRIOU. Nous donnons aussi pour celte localité la liste des fos- siles du gault. CÉPHALOPODES. Nautilus Ammoniles Bouchardianus, d'Orb. interruptus, Brug. Ammoniles Denarius, Brong Balmatianus, Pier. Scaphites Beudanti, Brong. Hugardianus, d’Orb. Bourritianus, Pict. Meriani, Pict. et C. Candollianus, Pict. (var. et Anisoceras type). perarmatus, Piet. et C. Deluci, Brong. Saussureanus, Pict. Hugardianus, d'Orb. Hamites inflatus, SOW. Charpentieri, Pict. latidorsatus, Mich. Desorianus, Pict. ? Mayorianus, d'Orb. altenuatus, Sow. Milletianus, d’Orb. rotundus, Sow. Parandieri, d'Orb. Studerianus, Pict. Timotheanus, d'Orb. virgulatus, d'Orb. regularis, Brong. Venetzianus, Pict. et R. waricosus, SOW. Baculites Raulinianus, d'Orb. Gaudini, Pict. et C. DES ALPES DE LA SAVOIE ET DE SCHWYTZ. 205 Helicoceras indét. Turrilites Bergeri, d'Orb. costatus, ! Lam. Escherianus, Pict. Gresslyi, Pict. Turrilites Hugardianus, d'Orb. Puzosianus, d’Orb. Morrisii, Sharpe. elegans, d'Orb. ? intermedius, Pict. et C. GASTÉROPODES. Avellana inflata, d'Orb. subincrassata, d'Orb. Valdensis, Pict. et C. Cerithium excavatum, Brong. Indét. Natica gauliina, d'Orb. Narica Indét. Pleurotomaria Carthusiæ, Pict. et R. Trochus Nicolelianus, Pict. et R. Tollotianus, Pict. et R, conoïdeus, Pict. Solarium triplex, Pict. et R. Tyngryanum, Pict. et R. dentaium, d'Orb. moniliferum, Mich. Aporrhaïs obtusa, Pict. et C. Pterocera relusa, Sow. regina, Pict. et R. Fusus Thurmanni, Pict. et R. Dupinianus, d’Orb. Dentalium Indét. LAMELLIBRANCHES. Panopæa Thracia Sabaudiana, Pict. et R. Alpina, Pict. et R. Pholadomya rotunda, Pict. et R. Genevensis, Pict. et R. Indét. 1 La Turrites costatus appartient complétement à la faune ro- tomagienne. C’est, nous croyons, la première fois qu’elle est citée dans une couche où a élé trouvée l'A. milletianus ! 206 OBSERVATIONS SUR QUELQUES PARTIES Venus Indét. Thetis Genevensis, Pict. et R. Cardium Paulinianum, d’'Orb. Isocardia crassicornis, d'Orb. Corbis gaullina, Pict. et R. Trigonia alæformis, Park. Area carinata, Sow. Nucula Neckeriana, Pict. et R. ovala, Mantell. pectinata, Sow. Mytilus Giffreanus, Pict. et R. Orbignyanus, Pict. et R. Inoceramus sulcatus, Park. concentricus, Park. ECHINODERMES. Holaster lævis, Agass. Perezii, Agass. Hemiaster minimus, Desor. Discoidea rotula, Agass. conica, Dem. Galerites Castanea. Peltastes Studeri . Récapilulation des genres et des espèces. Céphalopodes ........ Gastéropodes......... Lamellibranches ..,... Echinodermes ........ Genres. Espèces. De 8 09 ie 11 18 + 13 17 ss à) 1 91 81 LA WANNEN-ALP. GÉOLOGIE. — Les Alpes de Schwytz sont riches en terrains crétacés et tertiaires, parmi lesquels les étages albien et nummulitique sont très-fossilifères et par là même fort intéressants. DES ALPES DE LA SAVOIE ET DE SCHWYTZ. 207 TERRAINS CRÉTACÉS. — La série commence comme aux Vergy, par l'étage urgonien qui se présente tou- jours sous forme d’une roche très-dure avec caractères ordinaires. Nous avons recueilli dans les rochers wrgo: niens de la Guggeren-fluh qui dominent Waagen au nord- est d’Yberg, des caprolines et des coraux très-bien con- servés et en assez grande quantité. L'étage aptien, qui n’affleure que dans un seul endroit, aux environs d’Yberg, se montre à la Wannen-Alp. Il s’y présente sous la forme d’un calcaire dur, grisâtre, pétri d'huîtres et de térébratules (T. Moutoniana), tu ès-diffé- rent de celui de Ja Goudinière. Le gault est très-répandu autour d’Yberg: nous l'avons constaté en plusieurs endroits de la Wannen-alp; il se trouve également à la Käsern-alp, montagne adjacente, où il présente quatre gisements principaux, le Pfannen- Stôckli, le Drasberg, le Forstberg et le Twäriberg. Dans ces trois dernières localités, il est à l’état de conglomérat dur et rocheux, tandis qu'à la Wannen-alp et au Pfannen- Stôckli, sa composition minéralogique est plus complexe; on peut distinguer : 1° un grès dur grisâtre, qui contient ‘peu où point de fossiles ; 2 une argile à grains verts, so- lidifiée par places et pétrie d'Inoceramus concentrieus ; 3° par-dessus, une terre argileuse brune de deux à trois pieds d'épaisseur qui renferme un grand nombre de fos- Siles. — Au Gurge!tobel, le gault est entièrement rocheux et assez fossilifère ; on y a trouvé une Am. reqularis, une À. mamillaris, une À. lalidorsatus. Le Seever-lialk est, comme on le sait, le représentant de la craie dans l’est de la Suisse. C’est un calcaire noi- râtre três-ondulé, schisteux dans certains endroits, plus + 208 OBSERVATIONS SUR QUELQUES PARTIES compacte dans d’autres ; il existe à la Wannen-alp, au Gurgeltobel, etc. TERRAINS TERTIAIRES. — Le terrain rnummulitique, dont on peut dans plusieurs localités observer la superpo- silion directe au Seewer-kalk, présente, aux environs d’Yberg, l’apparence un grès bleu-verdâtre, pétri de nummuliles de toutes les dimensions. Le plateau de Gschwend en est entièrement formé; il est très-fossili- fère à Steinbach, dans la vallée de la Sihl et au Sonnen- berg au-dessus du Waag; nous lavons constaté encore au haut de la Wannen-alp; en un mot, ce terrain est de beaucoup le plus répandu dans cette contrée. — A Stein- bach, nous avons pu distinguer dans son épaisseur trois couches de composition minéralogique différente: 4° en bas, une couche de grès jaunâtre pétri de.grandes num- mulites; 2 un grès vert, presque noir, très-dur el rem- pli de fossiles de toute espèce, de gastéropodes surtout ; nous y avons reconnu des cônes, des murex, des rostel- laires, des cerithinm, des bulles, etc.; 3° un calcaire bleuätre, sans fossiles, d’une assez grande épaisseur. Le terrain nummulitique est recouvert, en beaucoup d’endroits et surtout dans le fond de la vallée, par le flysch, calcaire très-marneux, qui se délite en paillettes minces couvertes d'empreintes de fucoides. Nous avons visité vers la source du Glastobel, affluent du Gurgeltobel, un très-grand gisement de gypse, qui repose immédiatement sur le calcaire nummulitique ; il y a même, en certains endroits, des veines et des infiltra- tions de sulfate de chaux dans le calcaire nummuhtique ; en sorte que dans certaines places il passe à l’état d’albä- tre. Ce gisement de gypse tertiaire, signalé déjà par M. le DES ALPES DE LA SAVOIE ET DE SCHWYTZ, 209 prof. Escher de Zurich, est intéressant par le fait que, dans ces dernières années, beaucoup de gypses de la Suisse ont été rangés dans la période du trias. Ce dépôt est grand et pourrait facilement être exploité. On voit au milieu du gypse une source minérale très-sulfureuse et probablement ferrugineuse. PALÉONTOLOGIE. — La couche supérieure du gault de la Wannen-alp présente une curieuse association d’es- pèces, assez semblable à celle de la Goudinière. Cette couche est composée d'une terre argileuse brunâtre, qui atteint deux à trois pieds dans sa plus grande épaisseur, et qui recouvre une couche d’argile à grains verts ne contenant que des fnoceramus concentricus; les grès durs inférieurs ont, comme nous l'avons dit, peu ou point de fossiles. La couche supérieure est donc la seule qui doive en ce moment nous occuper. Elle affleure sur un espace très-restreint et a été exploitée, depuis quinze ans par un montagnard des environs, de sorte que nous n'avons pas trouvé beaucoup de fossiles en place. Nous avons pu toutefois recueillir quelques hamites et une Ammoniles Mayorianus, qui se trouvait dans la partie in- férieure sur l'argile à Inocérames. Les fossiles que cet homme avait encore chez lui et ceux qu’il avait envoyés au Musée de Zurich!, nous ont permis de faire un catalo- gue sinon complet, du moins exact de cette faune intéres- sante. On pourra voir par là que dans une couche de 80 centimètres à peine, on a trouvé ensemble lAmmoniles ‘ L'un de nous s’est rendu à Zurich pour prendre les noms de ces fossiles dont la localité avait été indiquée avec grand soin par le Schwytzois et qui ont été ensuite déterminés par M. le prof. Pictet. 210 OBSERVATIONS SUR QUELQUES PARTIES inflatus, VA. Mayorianus, YA. Velledæ, VA. Beudanh, l'A. Milletianus. V Hamales attenualus, V Anisoceras Saus- sureanus, plusieurs Turrilites, la Pleurotomuria Gibsti, le Solarium Hugianum, etc., etc. La Wannen-alp est donc un nouvel exemple du mélange des faunes aibien- nes, puisque les espèces que nous venons de ciler sont parmi les plus caractéristiques des trois périodes du gault. Ce fait ne semble d’ailleurs pas être isolé dans les Alpes de Schwytz, puisque au Pfannen-stôckli, PAmmo- nites inflalus a élé aussi trouvée avec l’'Ammoniles Mil- lelianus. CATALOGUE DES FOSSILES DE LA WANNEN-ALP. CÉPHALOPODES. Nautilus Ammoniles Bouchardianus, d’Orb. Velledæ, Mich. Clementinus, d’Orb. Ancyloceras Ammoniles Blancheti, Pict. et C. Agassizianus, Pict. Hamites Beudanti, Brug. attenuatus, SOw. Bouchardianus, d’Orb. Candollianus, Pict. et R. cristatus, Sow. Deluci, Brong. Dupinianus, d’Orb. inflatus, Sow. latidorsatus, Mich. mamillaris, Schloth. Martini, d'Orb. Mayorianus, d'Orb. Milletianus, d’Orb. nodosocostatus, d'Orb. Timotheanus, d'Orb. varicosus, SOW. virgulatus, d’Orb. Anisoceras Saussureanus, Pict. Ptychoceras gaultinus, Pict. Baculites Gaudini, Pict. et C. Helicoceras Robertianus, d'Orb. gracilis, d’Orb. ? Turrilites elegans, d'Orb. Vionneti, Pict. et C. L DES ALPES DE LA SAVOIE ET DE SCHWYTZ. 211 GASTÉROPODES. Scalaria Solarium Dupiniana, d’Orb. Natica gaultina, d'Orb. Genevensis, Pict. Pleurotomaria Gibsii, Sow. Turbo Pictetianus, d’Orb. Pholadomya Genevensis, Pict. et R. Micraster minimus, Agass. Hugianum, Pict. et R. Martinianum, d’Orb. Plerocera retusa, Fitt. Rostellaria Parkinsoni, Sow. Dentalium Rhodani, Pict. et R. LAMELLIBRANCHES. Inoceramus concentricus, Park. sulcatus, Park. ECHINODERMES. Catopygus cylindricus, Desor. Récapitulation des genres et des espèces. Céphalopodes.. . . Gastéropodes .... Lamellibranches Echinodermes. .. Genres. Espèces. SO à 4 29 PAPA Es à 8 10 2 9L DÉS 2 d DB 2 2 ie 44 CONCLUSION. Nous venons de constater dans les Alpes le mélange de deux faunes du gault, mais ce fait n’est pas spécial à l’époque albienne. Il a déjà été observé dans d’autres pé- 919 OBSERVATIONS SUR QUELQUES PARTIES riodes géologiques. Il demande par conséquent une expli- cation générale et rationnelle. La science n’est pas encore fixée sur ce point difficile et nous n’avons pas la prétention d'avancer ni une idée nouvelle ni une idée inattaquable Mais ces mélanges que nous venons de signaler ne peu- vent-ils pas s'expliquer au moyen des migrations ou du déplacement des animaux marins? Par une étude atten- tive de ce qui se passe dans les mers actuelles, on a vu que les conditions extérieures jouent un rôle immense dans la distribution géographique des espèces. Certaines espèces ne peuvent se développer que dans une tempé- ralure invariable, tandis que d’autres supportent des va- riations plus ou moins considérables. Certaines espèces sont pélagiques, et d’autres, étant littorales, vivent à de petites profondeurs. Il est des espèces qui restent enfouies dans la vase, tandis que d’autres se développent sur un sol pierreux. En un mot, chaque espèce a un genre de vie qui lui est propre et qui est lié avec le milieu où elle se trouve. Supposons que par une cause quelconque, telle qu'une modification dans le niveau relatif de la mer et de la terre, ce milieu vienne à changer, les espèces doi- vent périr ou émigrer. Il est évident qu’elles ne pren- dront ce dernier parti que si les circonstances le leur per- mettent; dans ce cas seulement la migration aura lieu. Pourquoi ces causes de modifications n’auraient-elles pas agi à différentes époques? Et en particulier à l’époque du gault? Le niveau relatif des terres et des mers n’a-t-il pas . été soumis à de fréquentes oscillations, lentes et brus- ques, pendant les temps géologiques? Par conséquent on peut admettre les migrations anciennes, et le mélange des faunes dont nous avons parlé nous paraît pouvoir trouver une explication dans le fait d’une faune émi- grante venant se fixer dans une région nouvelle. DES ALPES DE LA SAVOIE ET DE SCHWYTZ. 913 EXPLICATION DES FIGURES. Fig. 1. Coupe de la chaîne des Vergy à la Goudinière. Cette coupe n'indique les différentes hauteurs que d’une manière approximative. Son échelle est sans rapport avec celles des figures suivantes. Fig. HI. Plan du pré de la Goudinière. — Au sud et au sud-est, escarpement aptien. — Au nord, l’escar pement de la craie domine le pré. — Le gisement de gault oc- cupe l’espace intermédiaire. Nous y avons creusé diffé- rentes tranchées. — La tranchée FE nous à donné beau- coup de fossiles; nous l’avons poussée jusqu’à laptien. Les tranchées IT et III nous en ont fourni fort peu ; IV nous en a donné une assez grande quantité; V un ou deux échantillons seulement. — L'emplacement indiqué par la letire C en a fourni antérieurement une grande abondance. Fig. IT. Coupe à ‘/... des vallées du Gurgertobel et Twingetobel (canton de Schwytz, voir la carte fédérale). Cette coupe n’est pas prise suivant une ligne droite. Partant de Hausegg, elle passe par la Mineralquelle, Gschwand, l’extrémité de la Guggernfluh et Waagen, d’où elle se dirige en ligne droite à la Wannen-alp (ou Vamistock). EXPOSÉ DU SECOND PRINCIPE DE LA THÉORIE MÉCANIQUE DE LA CHALEUR PAR M. ARTHUR ACHARD, Ingénieur. Nous représentons, suivant l’usage, les variations qu’un corps éprouve sous linfluence de la chaleur, par une courbe ayant pour abscisse le volume v du kilo- gramme de ce corps, exprimé en mêtres cubes, et pour ordonnée sa force expansive ou pression p exprimée en kilogrammes par mêtre carré. Cette courbe se nomme ligne thermique. Fig. 1. Siun corps quelconque, IN sous l'influence de la cha- leur qu’on lui applique, se dilate du volume ”, — a au volume D 2 0b, “ en surmontant une résis- j A ARE , tance constamment égale à sa force expansive, et THÉORIE MÉCANIQUE DE LA CHALEUR. 215 suivant la courbe AMP, il accomplit un travail Di fr — aire aAMBb To qui peut être l’exact équivalent de la chaleur dépensée. Mais pour que la production de travail soit continue, il faut que le corps revienne à son état initial; et pour cela, il faut le comprimer du volume v,, au volume ,, suivant la courbe BNA, en dépensant un travail To fr — aire AAN Bb Di et par suite en dégageant une certaine quantité de cha- leur. Au bout de la période on n’aura obtenu en défini- tive que la différence entre le travail obtenu d’abord et le travail dépensé ensuite, différence égale à laire AMBNA. Pour que cette différence soit positive, c’est-à-dire représente un travail obtenu, il faut que, pour chaque valeur de v, comprise entre v, et v,, l’ordonnée p de la courbe ANB, soit plus petite que celle de la courbe AMB. Or, pour une même valeur de v, p est d'autant plus grand que la température est plus élevée. Ainsi done, pour une même valeur de son volume, le corps doit avoir une température moins élevée lorsqu'il est com- primé que lorsqu'il est dilaté. La chaleur dégagée pendant la compression ne reste pas dans le corps, puisque celui-ci revient à son état initial; mais elle doit être reçue par un réservoir ou 916 EXPOSÉ DU SECOND PRINCIPE DE LA source de chaleur dont la température, d’après ce qui vient d’être dit, est nécessairement inférieure à la tem- pérature du réservoir ou de la source où la chaleur est empruntée pendant la dilatation. La chaleur acquise par la première de ces sources y est, en réalilé, transporlée de la seconde, en passant par le corps successivement dilaté et comprimé; et l’on peut dire qu’elle est trans- portée d'une source de chaleur possédant une certaine température à une autre source possédant une tempé- rature plus basse. La chaleur transportée de la source supérieure à la source inférieure ne forme qu'une partie de la chaleur empruntée à la première. La différence est précisément la chaleur transformée en travail, c’est-à-dire détruite. Ainsi pour obtenir, par l'application de la chaleur à un Corps, une production périodique de travail, il faut que ce corps subisse d’une manière continue un cycle * d'opérations ; et la transformation de chaleur en travail qui a lieu pendant chaque cycle est nécessaire- men accompagnée d’un transport de chaleur. C’est celte vérilé qu'on nomme improprement le second principe de la théorie mécanique de la chaleur. 2. Les idées qui précèdent acquerront plus de net- teté si nous nous attachons d’abord à un cas particulier que M. Clausius * a traité à fond, et dont l'importance apparaîtra plus tard : celui où le corps, par l’intermé- diaire duquel la chaleur se transforme périodiquement M. Clausius désigne par le terme expressif de Kreisprocess toute série de modifications prenant un corps dans un état phy- sique déterminé et finissant par l’y ramener. C'est ce Llerme que nous lraduirons, faute de mieux, par cycle. 2 Voyez le mémoire intitulé : Ueber die bewegende Kraft der Wærme, Pogg. Annalen, t. LXXIX. THÉORIE MÉCANIQUE DE LA CHALEUR. 917 en travail, parcourt un cycle que j’appellerai le cycle de Carnot, et qui se compose des opérations suivantes : Fig. 2, IP A ke ! ve A = | | ns ge | DK | | C | Lis Labiruel HU 0 TE ON NON TNT TN 4° Dilatation AB à la température constante £, ; 9e Dilatation BC sans addition ni soustraction de cha- leur. La température s’abaisse à £, ; 3° Compression CD à la température constante £, ; 4° Compression DA sans addition ni soustraction de chaleur, jusqu’à ce que la température redevienne {,. La 3%e vpération doit être réglée de telle sorte que la 4* ramène le corps à son état initial, c’est-à-dire que la courbe partant de D se termine au point de départ A. Le cycle accompli, un travail W, égal à l’aire ABCDA, setrouve définitivement obtenu. Pendantles opérations 2 et 4iln’ya, parhypothèse, ni chaleur absorbée, ni cha- leur dégagée. Mais, pendant la 1° opération, le corps qui subit les opérations et que j’appellerai le corps X, doit emprunter à une source de chaleur, à {,, une cer- taine quantité de chaleur I,, tandis que pendant la troi- sième opération le corps X cède à une source de cha- . leur, à £,, une certaine quanlité de chaleur H,. En vertu de la théorie de l’équivalent mécanique, on a rigou- reusement : Lie Arcuives. T. XXII — Mars 1865. 14 218 EXPOSÉ DU SECOND PRINCIPE DE LA H, —H, = W : W est la chaleur détruite et transformée en travail; H, est la chaleur transportée de la source supérieure à la source inférieure ; H, est la chaleur dépensée. Si l’on effectuait le cycle dans le sens ADCBA, le travail W — aire ABDA, au lieu d’être obtenu, serait dépensé et transformé en chaleur ; la chaleur H, serait transportée de la source inférieure à la source supérieure. Leur somme, c’est-à-dire IT,, serait acquise par celle-ci. 3. Maintenant quelle relation existe-t-il entre la cha- leur transformée W, et la chaleur transportée H, ? Partons de ce principe que la chaleur ne peut pas être transportée d’un corps à un autre plus chaud, sans qu'un phénomène inverse ou bien une dépense de travail ait lieu simullanément. Supposons que, les limites de température £, et t, de- meurant les mêmes, le cycle de Carnot soit appliqué. 4° À un corps X, en donnant lieu à la transformation de la chaleur W et au transport de la chaleur'fl, ; 9° À un autre corps Y, en donnant lieu à la trans- formation de la chaleur W', et au transport de la cha- leur H”,. Soient m et » deux nombres entiers, tels que : W':: mm Won ‘ Pour plus de simplicité nous supprimons partout le symbole de l’équivalent mécanique en supposant les quantités de chaleur exprimées en kilogrammètres. Cela revient à représenter par 424 la chaleur spécifique de l’eau à son maximun de densité. THÉORIE MÉCANIQUE DE LA CHALEUR. 919 Faisons subir au corps X » fois le cycle direct, nous aurons obtenu ainsi le travail mW et transporté la cha- leur mH, de la source supérieure à la source inférieure ; puis faisons subir au corps Y x fois le cycle inverse ; nous aurons dépensé le travail #7 W' et transporté la chaleur »11', de la source inférieure à la source supé- rieure. Au bout de cette double série de cycles, les tra- vaux obtenus et dépensés se compensent rigoureuse- ment, puisque MW—nW'. Il est donc impossible que la source supérieure ait acquis de la chaleur aux dépens de l’autre. Donc on n’a pas : mH, nH',. Par conséquent : m H: = n H'. D'où : HS ice tour Hire Ou bien : ‘e AU H, RUE (1) Dans ce qui précède les corps X et Y sont censés quelconques quant à leur nature propre et quant à leur volume et à leur pression. De plus, les variations de volume et les variations de pression correspondant aux cycles que ces corps subissent respectivement, ont des amplitudes qui n’ont pas été supposées égales. Les tem- pératures £, et {, ont seules été spécifiées et sont les mêmes pour ces deux corps. Ainsi donc : Entre des limites données de température, le rapport entre la chaleur transportée et le travail obtenu, dans le 290 _ EXPOSÉ DU SECOND PRINCIPE DE LA cycle de Carnot, ‘ est constant, quelle que soit la nature du corps qui parcourt le cycle et son élat physique. Ou en d’autres termes: Ce rapport n’est fonction que des limites de température et cette fonction est la même pour lous les corps. Ces proportions sont vraies pour le rapport entre la chaleur dépensée et le travail obtenu; car, puisque l’on a, en vertu du principe fondamental de la théorie : H, = H: + W; H,=H;, +W: la proportion (1) entraîne celle-ci : WW: (2) \ C’est à dessein que nous appelons H, la chaleur dé- pensée; car celte chaleur étant en partie détruite, en par- tie accumulée dans un réservoir de chaleur à £, est irré- vocablement perdue pour le réservoir à {,>£,, et par suite ne pourra pas être employée à produire du travail dans un des cycles subséquents. C’est pour cette raison W : que le rapport -— se nomme Île coefficient économique 1 d’une machine réalisant le cycle proposé. 4. Considérons maintenant un cycle de Carnot dans 1 Nous disons dans le cycle de Carnot, car on a supposé que toute la chaleur H, était appliquée au corps à la température su- périeure, et toute la chaleur H, cédée par lui à la tempéra- ture inférieure, et ce cycle est le seul où cette condition soit réalisée. THÉORIE MÉCANIQUE DE LA CHALEUR. . 291 Fig. 3. lequel la variation de température due à la compression ou à la dilatation, soit infini- ment petite. Les cour- bes AB et DC sont alors infiniment rapprochées et le travail obtenu en 0 un infiniment petit du 4er ordre dW — aire ABCD. A mesure que les tempé- ratures £{, et {, tendent vers leur limite commune 4, les quantités de chaleur H, et H, tendent vers une limite commune H, Nous avons en vertu de ce qui a été dit au $ précédent : ‘ | d bros Ja fonction f s’annulant pour {, —{,, car il est mani- feste que si les deux sources de chaleur ont des tempé- ratures égales, il n’y a pas de travail obtenu. Posons pour un moment : {, —{, — Al ; nous aurons : W d f (ts, ta) “n —/f(a+aAt th) = f{iats) di, At dal 6e) AP ER CRE ER EN CEE etc. F dt, 2 q ou bien, paisque f (4,,4,) — O, d’après ce qui vient d’é- tre dit W AL d. fr (toits) d f{ts,t:) AP a EEE AS EE ER ME H PAT 299 EXPOSÉ DU SECOND PRINCIPE DE LA Ou : W AT) "dfilts) AË ÉRPEUNES EReE AT ——— —— elc. H dé ds dé 2 ÿ Si nous supposons que At décroisse indéfiniment, comme H reste constant, le premier membre tendra vers la quantité : aW dH CNT le second membre tendra vers d fi (t) dt d fi (t) dt dt La dérivée se désigne par w# et se nomme fonction de Carnot. . Ainsi nous aurons à la limite : a H due —= pu di et en intégrant : fra H=Ke —Ko(i) (3) La fonction w, étant la même pour tous les corps, peut être déterminée par l’étude d’une classe particu- lière de corps. Les gaz permanents, dont les propriétés sont les plus simples et les mieux’ connues, permettent de la déterminer. | Les limites de température, £ et {-L di, demeurant les mêmes, si nous Supposons que la variation de volume devienne infiniment petite, wdt continuera à exprimer le THÉORIE MÉCANIQUE DE LA CHALEUR. 9293 rapport entre la chaleur transformée en travail et la chaleur dépensée ou transportée. La première est un infiniment petit du second ordre représenté par l'aire dp de 70 dn : .] dt x v AA,D,DA = rectangle Dx8y = Dx X Dy — la seconde est un infiniment petit du premier ordre: DE NE Ÿ. On a donc : (57) dt. do Le Ne 3 — pdt ou : shit (4) Æ ë ne ik PE à dv IT do ) dy Dans le cas d’un gaz permanent le travail intérieur est nul, et comme H se rapporte à des variations de vo- lume qui ont lieu à température constante, nous avons : dH REA SERA GE —— | do = travail extérieur = pdv, c'est-à-direL — }=—?. dv dv Les lois de Mariotte et de Gay-Lussac donnent : R (a + Ÿ , D = a étant l'inverse du coefficient de dilatation, c’est-à-dire 973, et R une constante ; donc : dH _Ria+t) dp se ——— . dv © (A — e|7 et en substituant ces valeurs dans l’équation (4) on trouve : at (à) 9294 EXPOSÉ DU SECOND PRINCIPE DE LA Telleestla valeur de la fonction de Carnot. Alors l’équa- tion (3) devient simplement : HE KR ot) (3a) Le facteur K introduit par l'intégration est une quan- tité dont nous pouvons dire qu'elle est indépendante de t, mais rien de plus. Pour tirer parti de la valeur de a, on est réduit à faire des bypothèses sur K. M. Zeuner ‘ considère K comme une constante propre à chaque corps. Alors en revenant au cycle de Carnot d'amplitude foie, nous- trouvons les relations très-simples. Hans Wu With ee — H, nn. Se 2) D CE D. Nous . continuer d'étudier la question du trans- port de chaleur dans un cycle en suivant les recherches de M. Macquorn Rankine, et nous commencerons par in- diquer le point de départ de ce physicien. Si un corps quelconque, auquel on applique de la cha- leur, est libre de se dilater, la chaleur qui lui est appli- quée, et qu’on nomme la chaleur totale, se compose de deux parties : 4° Ja chaleur latente, qui est détruite en donnant lieu à une somme équivalente de travaux inté- rieurs et extérieurs ; 2° la chaleur actuelle où thermomé- trique, dont l'effet est d'élever la température du corps et qui persiste comme chaleur *. ‘ Voyez le chap. I de son ouvrage intitulé : Grundzüge der mechanischen Wærmeiheorie. Cette hypothèse n’est pas énoncée explicitement. ? Quand il est question de la chaleur contenue dans un corps, il ne peut être question que de chaleur actuelle. _ THÉORIE MÉCANIQUE DE LA CHALEUR. 995 La chaleur actuelle totale contenue dans un corps à Ja température { est la somme des quantités de chaleur actuelle qu’il faudrait appliquer à ce même corps, sup- posé entièrement dépourvu de chaleur, pour l’amener à avoir la température {°. Maintenant qu'est-ce que la température? C’est la ma- nifestation de la tendance qu'ont les corps à se céder mutuellement de la chaleur soit par rayonnement, soit par conductibilité. La tendance de la chaleur à passer d’un corps à un autre est la seule définition que nous puissions donner de l’inégalité de leurs températures. Nous dirons donc que deux corps sont à des tempé- ratures égales, quand aucun d'eux ne tend à céder de la chaleur à l’autre. Il suit de là que tous les corps entiè- rement dépourvus de chaleur ont la même température; car, s’il en était autrement, l’un d'eux tendrait à céder de la chaleur à l’autre, ce qui est impossible, puisque ni lun ni l’autre n’en contiennent. Cette température, com- mune à tous les corps entièrement dépourvus de chaleur, se nomme le zéro absolu. À partir de ce point, on peut concevoir une échelle de température, dans laquelle la grandeur absolue des de- grés est tout à fait arbitraire, mais dressée de telle sorte que, à chaque degré, corresponde un accroissement cons- tant dans la chaleur actuelle d’un corps donné. Soit Q la chaleur actuelle totale d’un corps dont Îa température mesurée sur cette échelle est 7, et À l'accroissement cons- tant de chaleur actuelle correspondant pour ce corps à chaque degré de cette échelle. Nous aurons en vertu de la définition ci-dessus : “ Q=Kkr. (7) 296 EXPOSÉ DU SECOND PRINCIPE DE LA La constante £ propre à chaque corps se nomme la chaleur spécifique vraie. Ce mode de graduation conduit nécessairement à une échelle de température commune à tous les corps. Soient, en effet, À et B deux substances homogènes ayant res- pectivement pour chaleurs spécifiques vraies 4, et A. Supposons que À kilog. de A et 1 kilog. de B, étant en contact et en équilibre de température, contiennent res- pectivement les chaleurs actuelles totales Q, et Q:. Si nous appelons + leur température commune, nous au- rODS : PET ERP (8) Ajoutons ensuite à À et à B supposés disjoints, respec- wvement n kilog. de la substance A et x kilog. de la substance B, ces poids additionnels étant supposés dé- pourvus de toute chaleur. Soient 7’ la température qu’aura la substance À et Tr” celle qu’aura la subs- -tance B, après que l’équilibre de température se sera établi au sein de chacune d’elles. Nous aurons : | TÆ. Qa é Qb (n + 1)# : (n + 1) kb En vertu des équations (8) 7” ne peut différer de +’ que si £, a varié, ce qui est contraire à l'hypothèse. Donc T7", ce qu’il fallait démontrer. L’échelle de température ainsi définie, se nomme, en raison de son point de départ, qui est le zéro absolu, l'échelle des températures absolues ; on pourrait aussi, en raison du mode de graduation, l’appeler l'échelle des tempéralures vraies. Telle est la nouvelle définition de la THÉORIE MÉCANIQUE DE LA CHALEUR. 297 température à laquelle la théorie mécanique de la cha- leur a conduit M. Rankine.' Quant à la position du zéro absolu, si nous admettons, conformément à toute probabilité, qu’elle correspond à la température d’un gaz permanent entièrement dépourvu de force expansive, elle sera exprimée en degrés centi- grades par — a— — 273", puisque en vertu des lois de Mariotte et de Gay-Lussac, on a p—o par {= —a. Nous poserons donc : 6. M. Rankine admet, en outre, l'hypothèse suivante, à laquelle la détermination précédente du zéro absolu de chaleur est évidemment conforme : La quantité de chaleur qui est détruite (ou, en d’au- tres termes, qui devient lalente) par suite de la dilata- lion subie par un corps quelconque, est proportionnelle à la chaleur actuelle totale contenue dans ce corps. Si l’on observe que les quantités de chaleur désignées par H,,H,,H,, à propos du cycle de Carnot, ne se compo- sent que de chaleur latente, puisqu'elles sont censées ‘ Les recherches publiées par M. Rankine dans le tome XX des Transactions of the R. S. of Edinburgh, sont consacrées au déve- loppement d’une hypothèse moléculaire qu’il a imaginée pour ex- pliquer les phénomènes de chaleur. Dans un ouvrage didactique publié plus tard: À manual of the steam engine and other prime movers, 2° édition, page 306, il pose comme second principe de la thermodynamique la proposition suivante, qui est vraisembla- blement l’équivalent ou la conséquence de cette hypothèse : If the total actual heat of a homogeneous and uniformly hot substance be conceived to be divided into any number of equal parts, the effects of those parts in causing work to be performed are equal. Puis dans l'énoncé analytique de cette proposition, il donne à entendre évi- 298 EXPOSÉ DU SECOND PRINCIPE DE LA communiquées à un corps pendant que sa température ne varie pas, et si l’on tient compte des relations Q—k7, a+i=7r on reconnaîtra sans peine que l’hypothèse que M. Zeuner a faite en supposant constant le facteur K, qui figure dans les équations (3) et (3 a), est au fond identique avec celle que nous venons d’énoncer. 7. M. Rankine‘ donne aux lignes thermiques le nom de lignes isothermes: AT (fig. 4) quand les variations Fig. 4. simultanées de volume et \p de force expansive qu’elles représentent ont lieu à tem- pérature constante; et ce- lui de lignes adiabaliques AN quand ces variations ont lieu sans addition ni ——_x Soustraction de chaleur. « “ Chaque point du plan des L ( . demment que, dU étant ïe travail accompagnant une dilatation dv et Q étant la chaleur actuelle de l'unité de poids d’un corps, il considère rs comme indépendant de Q, et par suite dU comme proportionnel à Q. Sila chaleur devenue latente est empruntée au dehors et non au corps lui-même, Q reste constant et la proportionnalité s'étend à un travail fini. Pour ces raisons, il m’a semblé qu’en vue des développements qui suivent, l'énoncé ci-dessus pouvait remplacer avec avantage celui de M. Rankine, d'autant plus que ce dernier contient des termes qui n'ont pas un sens parfaitement précis dans le langage mathématique. | Voyez dans les Philosophical transactions of the R. S. of Lon- don, 1854, le mémoire intitulé : On the geometrical representation of the expansive action of heat, etc. THÉORIE MÉCANIQUE DE LA CHALEUR. 9299 axes Op et ov représente un état possible d’un corps déterminé, et par chacun on peut tracer une ligne iso- therme et une ligne adiabatique. Les unes et les autres tournent leur convexité vers l’origine des coordonnées et ont les axes pour asymptotes communes. Mais, à mesure que l’abscisse croît, l’ordonnée d’une ligne adiabatique décroît plus rapidement que celle d’une ligne isotherme. Dans le diagramme (fig. 2), qui représente le cycle de Carnot, les courbes AB, CD sont isothermes et les courbes BC et DA sont adiabatiques. Ces lignes jouissent de propriétés remarquables. Soit ACB une courbe quelconque représentant les va- riations d’un corps passant de l’état représenté par les coordonnées de À à celui représenté par les coordonnées de B.Traçons par A et B les lignes adiabatiques AM et BN, et x une certaine distance de l’origine menons l’ordonnée D'Dd qui coupe AM en D et BN en D’. Enfin soit H la cha- D. Fi œ 2° P D N 0 g b MES leur totale correspondant au passage de l’état À à l’état B et À celle qui correspond au passage de l’état D à l’état D'. Imaginons que le corps partant du point À parcoure le cycle ACBD'DA qui comprend les périodes suivantes : 230 EXPOSÉ DU SECOND PRINCIPE DE LA PÉRIODES. CHALEUR. TRAVAIL. Courbe ACB H (appliq. au corps) aire aACBb (effectuée par le Corps) » BD’ 0 aire bBD'‘d ( id. ) Droite D'D h (cédée par le corps) 0 Courbe DA 0 aire dDAa (absorbé par le corps). Le cycle achevé, on aura en définitive : H — h — aire ACBD DA. Cela dit, supposons que l’abscisse correspondant à l’or- donnée D'd augmente indéfiniment, nous aurons: lim. (H— h) — lim. aire ACBD DA ou, puisque Ov est une asymptote commune à AM et à BN: A H = aire indéfinie ACBNMA. (9) Le résultat serait le même si le cycle était parcouru dans le sens NBCAM. Seulement la chaleur H serait cédée par le corps au lieu de lui être appliquée. Ainsi: quand un corps passe d'un état à un autre, d'après une loi re- présentée. par une courbe quelconque, la quantité de cha- leur totale qui, en vertu de cette variation, est appliquée à ce corps ou est cédée par lui, est égale à l'aire comprise entre cette courbe et les deux lignes adiabatiques tracées par les extrémités de cette courbe et indéfiniment pro- longées. Si la variation a lieu à température constante £,, les THÉORIE MÉCANIQUE DE LA CHALEUR. 231 Fig. 6. points À et B sont situés sur une même ligne isothermeT,T,, et la chaleur totale H, a pour valeur: aire MABN. De même si T,T, est une ligne isotherme corres - pondant à la tempé- rature {, et coupant AM et BN en D et C, la chaleur to- tale H, correspondant à la variation DC aura pour va- leur : aire MDCN. Mais puisque les variations sont censées se faire à la température constante, la chaleur totale correspondante se réduit à la chaleur latente. Alors si nous désignons par Q, et Q..les chaleurs actuelles totales correspondant aux températures t, et l,, NOUS aurons, en vertu de l'hypothèse de M. Rankine : H, aire MABN OQ, H; aire MDCN Q, (10) ou bien puisque : Q — kr: H, __ aire MABN PANET CH, aire MDON 7, (41) Il'est aisé de voir que ABCD représente précisément le diagramme du cycle de Carnot, la chaleur H, étant appli- quée au corps et H, étant cédée par lui. Alors on à: W qe H,—H, LT Le W His =H, TT TES —— ZT me —_——“ RE es H, H T4 H, fs ri?) Si nous remplaçons r par sa valeur a+-t dans les équa- 239 EXPOSÉ DU SECOND PRINCIPE DE LA tions (11) et (12), nous retrouverons précisément les équations (6). Fig. 7. En vertu de ce qui a été dit soit au présent K, RPC soit au $ 3, les mêmes à relations auront lieu SEX pour un cycle de Carnot NÈ À AbcD, dans lequel les ds températures r, — a + {, M etr,—a+ 1, restant les DOTE br VU rm" M) memes Îles variations ie volume à température constante seraient infiniment pe- tites, c’est-à-dire qui serait compris entre des lignes adiabatiques AM et bn infiniment voisines. 8. Par un point A représentant l’état d’un corps, tra- çons la courbe adiabatique AM ; traçons aussi la ligne adiabatique infiniment voisine NN. Soit sur cette der- nière un point b, tel que Ab, fasse avec AM et EN des angles finis. La chaleur totale à appliquer pour le pas- sage de l’état A à l’état infiniment voisin 6, a pour valeur : dH — aire MAb,N. Fig. 8 Traçons par À la courbe isother- i NN me TT. Elle coupe SRE NN en b. Les aires LE JUSTE MAB,N et MAN \\E sont desinfiniment L'OR : petits du premier K ordre et ne diffé- sets rent que d’un infi- BE 2dRt + . niment petit du deuxième ordre THÉORIE MÉCANIQUE DE LA CHALEUR. a bAb,. Par conséquent, on pourra écrire: dH = aire MAN. Il en serait de même si le corps passait de l’état b, à Pétat A. Seulement dH représenterait de la chaleur aban- donnée par le corps. En résumé, la chaleur totale appli- quée au corps dans son passage de À à b, ou cédée par lui dans son passage de D, à À, est la même que si la variation d'état était représentée par la ligne brisée Abb.. Cela étant, soient À et B deux états quelconques d’un corps et AB la courbe quelconque représentant la loi du passage de lun à l’autre. Traçons les lignes adiabati- ques extrêmes AM et BN, et par les points intermédiaires a,,b,,c,,etc., de la courbe AB, traçons des lignes adia- batiques infiniment voisines les unes des autres: enfin par les points 4, 4,,b,, c,, etc., traçons les éléments de Fig. 9. lignes isothermes Aa, ab, bic, cd, etc. La chaleur to- tate correspondant à la variation d’état AB est la même que celle qui correspon- drait à une variation représentée par la Re hgne brisée Aaa,bb,c....B, puisque l’aire MABN qui la représente est la limite vers laquelle tend la somme des aires in- finitésimales #a,0n, nb cp, elc., à mesure que les inter- valles Aa,, a,b,, ete., décroissent indéfiniment. Cette chaleur totale, appliquée au corps quand celui-ci passe ARCHIVES, T. XXII. — Mars 1865. 15 234 EXPOSÉ DU SECOND PRINCIPE DE LA de l’état À à l’état B, est cédée par lui quand il passe de l’état B à l’état A. R 9. Nous pouvons maintenant nous rendre compte du transport de chaleur qui a lieu dans un cycle quelconque, Soit ACBD la courbe fermée qui le représente. Parmi toutes les courbes adiabatiques qu’on peut tracer, il en est deux, AM et BN, dans lesquelles il est inscrit et qui lui sont tangentes respectivement en À et en B. Le sens dans lequel le cycle est parcouru étant indiqué par la flèche, nous savons que dans la partie ACB du cycle, le corps reçoit de la chaleur du dehors, tandis que dans la partie BDA, il en cède. Par conséquent, d’après les pro- positions établies, nous aurons: Chaleur absorbée par le corps en ACB .......... — aire MACBN Chaleur cédée par le corps ea BDC ou ch. transportée — aire MADBN Chaleur transformée en travail — W............ — aire ACBD aire ACBD coefficient économique ... = “aire MACEN (13) Traçons deux courbes adiabatiques infiniment rappro- THÉORIE MÉCANIQUE DE LA CHALEUR. 235 chées mm, nn, interceptant sur le diagramme les arcs infiniment petits «b en ACB et dc en BDA. Traçons par a et d les éléments ax et dÿ de courbes isothermes et soient 7. et ra les températures absolues correspondantes. Soit dH, la chaleur appliquée au corps pour larc «b du diagramme et dif, la chaleur cédée par lui pour Parc cd. D’après ce qui a été dit au commencement de ce pa- ragraphe, nous avons : aH, du Ta dH, ra (14) par conséquent : dH, = Ara ; di, == Ara : Pour d’autres paires d’arcs infinitésimaux corresnon- dants ‘, nous aurions de même: dH': — Br, d', — Br'a dH”, ZT: Cr”, dH”’; = Cr!’à et ainsi de suite. Appelons H, la chaleur totale appliquée au corps dans le cycle et correspondant à la portion ABC du diagramme, et H, la chaleur totale cédée par lui dans le cycle et cor- respondant à l’autre portion BDA, nous aurons : H = Z dH, = Ar, -- Br, +- Cr'à + elc. H:= 5 ds = Àrs + Br'à + Cr//à + etc. Mais si nous tenons compte de la relation Q == kr et si nous observons que les quantités de chaleur dH,, dH,, ! C'est-à-dire interceplés sur le diagramme par une même paire de courbes adiabatiques infiniment voisines. 2 236 EXPOSÉ DU SECOND PRINCIPE DE LA dH',, etc., pouvant être considérées comme appliquées au corps ou cédées par celui-ci à des températures cons- lantes ra. Ta, T'a, etC., ne se composent que de chaleur latente, nous verrons que l’hypothèse énoncée au $ 6 entraîne légalité des facteurs infiniment petits A, B, C, etc. Donc : — A (ratrair’at elc.) — AZ. H; — A (ra+-r'atr”abetc.) = A.Zra. Nous avons par conséquent : H, 2 Ta HE 2 ra D'où nous déduisons pour le coefficient économique : W H,—H, À 2 Ta— 27Ta H, FINE Sra Sr (15) On voit ici importance spécialé qui s'attache au cycle de Carnot; un cycle quelconque peut se décomposer en une infinité de cycles de Carnot analogues à celui de là Ho 7. Désignons par 7, la plus élevée des températures par lesquelles le corps passe, tandis qu'il reçoit de la chaleur du dehors ; par 7, la plus basse de celles par lesquelles il passe, tandis qu’il en cède. Si toute la chaleur appliquée du dehors létait à la température 7, et si toute la cha- leur cédée l'était à la température r,, le cycle proposé se trouverait remplacé par un €yéle de Carnot dont le dia- gramme RSUV serait circonscrit au diagramme proposé et auquel correspondrait le coefficient économique TaTule 1 pr 2 To T, T1 THÉORIE MÉCANIQUE DE LA CHALEUR. 9237 * Soit x le nombre des zones pareilles à ubcd dans les- quelles on suppose découpé le diagramme proposé. Nous avons par hynothèse : nr, > Era n TIY E ra Par conséquent: et comme ces deux fractions sont inférieures à l’unité : ii Ta UE ER Zra Ti Z Ta Ainsi: entre des limailes données de température le coefficient économique alleint son maximum quand toute la chaleur appliquée au corps l’est à la limite supérieure el quand toute la chaleur cédée l'est à la limite infe- rieure. En d’autres termes : c’est au cycle de Carnot que correspond le coefficient économique maximum. Le coefficient économique est le rapport entre le tra- vail praduit (ou la chaleur détruite) par une machine ca- lorique quelconque et la chaleur dépensée, pendant un nombre quelconque de coups de piston. Quels que soient le fluide moteur employé et la disposition de la machine, ce rapport ne pourra jamais excéder la limite TA RO En l MST ls PT SPORT UE et dans la pratique il ne l’atteindra jamais. 10. Reprenons l’équation (14). Elle peut s’écrire : d H, ds Ta Td s 238 EXPOSÉ DU SECOND PRINCIPE DE LA De plus, si nous désignons par dW Pélément abcd de l’aire ABCD qui représente le travail W obtenu dans le cycle, nous avons : dH — di, —=dW (15) Jusqu'ici .nous avons envisagé les quantités de chaleur par rapport à elles-mêmes; alors peu importe qu’elles passent d’une source de chaleur au corps moteur ou ‘ vice versä, leur signe est toujours le même. Mais il n’en sera plus de même si nous les envisageons par rapport au corps moteur qui les reçoit ou qui les cède, et si nous affectons du signe +“ celles qui sont appliquées à ce corps, nous sommes obligés d’affecier du signe — celles qu'il abandonne. Alors les équations ci-dessus deviendront, puisque dH, se trouve négatif: en M MG (143) LES Td a + dIs = dW (15 a) Et si nous ajoutons membre à membre les équations ainsi obtenues pour chacune des zones abcd, dans les- quelles on peut décomposer le diagramme, nous obtien- drons les équations : PAL —"0 6 = / dH désignant, suivant son signe, la chaleur totale appli- THÉORIE MÉCANIQUE DE LA CHALEUR. 239 quée au corps ou cédée par lui, pour une variation d'état représentée par un arc infiniment petit du diagramme, r étant la température absolue à laquelle cette quantité de chaleur a été communiquée ou cédée et le signe f's’é- tendant à tout le périmètre du diagramme. Nous avons ainsi retrouvé des relations que M. Clausius* avait décou- vertes par une voie toute différente. L’équation (17) est d’une généralité absolue pour tout cycle; c’est la conséquence immédiate du principe de l'équivalent mécanique. Mais la loi si simple établie au $ 3 étant basée sur la reversibilité du cycle, on peut soupconner que l’équation (16), qui en est l’expression, n’est pas applicable au cas d’un cycle irréversible. Or, un cycle peut être rendu irréversible par deux genres de phénomènes dont l’absence a été implicitement supposée dans les prémisses qui ont servi à établir cette équation : 4° Le corps moteur, pendant la période d’acquisition de chaleur, est en contact avec des réservoirs de chaleur plus chauds que lui ; pendant la période de cession de chaleur il est en contact avec des réservoirs de chaleur plus froids que lui. Ea première de ces circonstances laisse intacte la somme des quantités de chaleur positives, tandis que la seconde augmente la somme de celles qui sont négatives. 2e Le corps moteur surmonte en se dilatant une pres- sion extérieure inférieure à sa propre force expansive. Il en résulte que, pour une dilatation donnée, uné moindre quantité de chaleur latente est requise. La somme des quantités de chaleur positives est donc diminuée, sans que celle des quantités négatives soit altérée. * Voyez Poggend. Annalen, tome XCIII: Ueber eine verænderte Form des zweiten Hauptsatzes der mechanischen Wærmetheorie. 240 EXPOSÉ DU SECOND PRINCIPE DE LA De l’ensemble de ces deux phénomènes, ou d’un seul d’entre eux, il résulte que dans ah T la somme des termes négatifs dépasse celle des termes posilifs, en sorte que, lorsqu'ils ont lieu, au lieu de he cs d æ Eh Je EN (18) N'étant une quantité positive. Quant au coefficient économique, ces deux phénomènes l'abaissent. Par suite du premier On a: + devient WW H, H, par suite du second il devient: Que, Hi — 6, M. Clausius est arrivé au même résultat, dans le mémoire déjà cité. Seulement son équation est fes T parce que, au lieu de rapporter les quantités de chaleur au corps moteur, il les rapporte à l’ensemble des réservoirs de chaleur. É » LA THÉORIE MÉCANIQUE DE LA CHALEUR. 241 Or, du moment que si est. on.a:: La 4 ul 1 er Ne Re di ans Un cycle irréversible est donc nécessairement moins avan- tageux qu'un cycle reversible. Par malheur, ce dernier cas est purement idéal; en effet, une machine calorique ne pourrait jamais marcher si la force expansive du fluide n’excédait pas un peu la pression résistante; le second phénomène a donc lieu nécessairement. Au point de vue du premier phénomène, le cas du cycle de Carnot ex- cepté, on ne pourrait assurer la réversibilité que par l'emploi des régénérateurs, appareils sur lesquels l’ex- périence ne semble pas avoir prononcé un verdict bien favorable. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. A. KRüNIG. EINFACHES MITTEL UM... PROCÉDÉ SIMPLE POUR DÉTERMINER LE LIEU D'UNE IMAGE OPTIQUE. (Pogg. Ann. 1864, n° 12, p. 655). Quand deux points sont sur une même ligne visuelle ou du moirs sur deux lignes ne faisant entre elles qu’un très-petit an- gle, on peut savoir lequel des deux points est le plus éloigné en déplaçant l’œil latéralement. Celui des deux points qui se dé- place dans le même sens que l’æil est le plus éloigné. Supposons en premier lieu qu’il s’agisse de déterminer le lieu exact d’une image objective, on se met au-delà de l’image de manière à la voir nettement, et on fixe une aiguille à un support que l’on place de façon à placer la pointe de l'aiguille à peu près dans l’image. Par le procédé que l’on vient de rappeler, on cher- che si la pointe de l'aiguille est plus près ou plus loin de l'œil que le point correspondant de l'image, et on éloigne ou on rapproche le support jusqu’à ce que la coïncidence ait lieu. S'il s’agit en second lieu d’une image subjective, on se ser- vira comme point de repère de l’image subjective fournie par un miroir plan, image dont la position peut être considérée comme déterminée exactement par les lois de la réflexion. L’observateur se place de manière à voir l’image subjective, dont il veut éta- blir le lieu, au travers d’une plaque de verre à faces parallèles, et derrière lui se trouve un point lumineux dont il voit l'image dans cette même plaque de verre. On établit la coïncidence de PHYSIQUE. 9438 l'image du point lumineux avec un point de l’image subjective, comme on le fait pour la pointe de l'aiguille et l’image objective, el la position de l’image subjective se trouve ainsi déterminée. R. BuNSEN. THERMo-KETTEN VON. .... ÉLÉMENTS THERMO-ÉLEC- TRIQUES D'UNE GRANDE ÉNERGIE. (Pogg. Ann. 1864, n° 11, p. 505.) On sait que dans la série thermo-électrique, qui comprend toutes les substances dont la conductibilité «est assez grande pour former un élément thermo-électrique, le bismuth est l’un des termes extrêmes, et l’autre est un alliage formé de deux par- ties d’antimoine et d’une d'étein. M. Bunsen a trouvé que la py- rolusite doit être placée dans cette série avant le bismuth et que la pyrile cuivreuse occupe un rang encore plès élevé. Un élé- ment formé avec la pyrite et l’alliage mentionné ou mieux, pour pouvoir obtenir une élévation de température plus grande, avec la pyrite et du cuivre, donne un courant bien plus intense qu’au- eun courant thermo-électrique obtenu jusqu'ici. Une lame prismatique de pyrite de 70" de long, 40 de large et 7 d'épaisseur est prise à ses deux bouts dans deux pinces de cuivre plaliné aplanties avec soin. L’une de ces pinces se ter- mine par un prolongement en cuivre que l’on chauffe à la lampe, et l’on maintient l’autre pince à une température inférieure en la plongeant dans l’eau. Pour obtenir le courant, on place les deux pinces dans un circuit. M. Bunsen a mesuré la force électro-motrice de cet élément et l’a comparée à celle d’un élément de Daniell, ayant une surface cuivre de À décim. carré, et chargé avec un mélange de 6 par- ties d’eau pour une partie d’acide sulfurique. En désignant par eetE, par r et R les forces électro-motrices et les résistances des deux éléments, on a trouvé ainsi pour quatre températures différentes : 244 BULLETIN SCIENTIFIQUE. el Pendant l'expérience, la température de l’eau s’élève au-des- sus de 60°, avant de se maintenir constante. Bien que la tem- pérature de la pince qu'on chauffait ait dépassé celle de la fusion de l'étain, la pyrite n’a éprouvé aucune modification sensible. La pyrite se dilate plus que le cuivre, ce qui fait que la pince deve- nait lâche à une température élevée ; mais on pourra facilement remédier à cela au moyen d’une disposition où la pince fasse ressort et obtenir ainsi avec des températures plus élevées, une force électro-motrice encore plus considérable. On voit que dans la limite des températures employées, on a obtenu une force élec- tro-motrice égale à dix fois celle d’un élément antimoine-bis- muth, dont les températures sont 0 100 degrés. Une pile formée de dix de ces éléments donne tous les effets d’un couple de Da- niell de 44 cent. carrés de surface de cuivre immergée. La pyrite naturelle peut se fondre sans éprouver de décompo- sition, mais Ja fusion lui fait subir une modification qui la fait descendre bien au-dessous du bismuth dans la série thermo- électrique. Il faut donc se servir du minéral à l’état naturel, et on peut, du reste, le travailler facilement pour lui donner la forme voulue. La pyrolusite combinée avec le platine donne un élément dont la force électro-motrice peut aller jusqu’à !/,, ième de celle d'un élément de Daniell. On a enroulé autour des deux extrémités d'un cylindre de pyrolusite de 6" de diamètre et de 50 de long, des fils de platine, et l’une des extrémités chauffée à la lampe, tandis que l’autre était maintenue dans l’eau froide ; on a trouvé que le rapport e peut monter jusqu'à À , mais la résistance ÆE 9,8 est assez considérable et r est égal à environ 48 fois R. PHYSIQUE. 245 H. Burr. UEBER TON-ERREGUNGEN DURCH..... SUR LES SONS PRODUITS PAR LE COURANT ÉLECTRIQUE. (Pogg. Ann. 1863, D:1H710 Il s’agit des sons que produit ua cylindre métallique creux, fendu suivant sa longueur, lorsqu'on fait passer dans une hélice électro-magnétique qui entoure ce cylindre un courant inter- rompu. M. Poggendorff a fait voir que le son dépend du courant d'induction qui se développe dans le cylindre, mais on ne sait pas comment ce courant produit le son. Si dans certaines cir- constances, il se développe une étincelle au travers de la fente du cylindre, ce n’est pas un phénomène régulier et on ne peut pas admettre non plus que l’action mécanique, électro-magné- tique, détermine un écartement périodique des deux bords en contact. M. Bulf a expérimenté avec une feuille de zinc de 4,5 d’é- paisseur, et de 0 cent. de long sur 8 de large, roulée sur elle- même et dont les deux bords étaient serrés l’un conire l’autre par une presse. Du moment où les deux bords commencent à être en contact, il se produit un bruit sec et d’une certaine in- tensité, et synchrone avec l'interruption du courant inducteur. Lorsqu'on serre la presse et qu'on augmente, par conséquent, le nombre des points de contact, le bruit augmente d’abord, mais finit par diminuer si l’on continue à serrer. Dans cette disposition d'appareil il n’est pas possible de dé- terminer d'une manière précise le point où le son se produit. A moitié de la longueur du tube, on a soudé de part et d’autre de la fente deux fils de cuivre ; l’un communique avec une plaque de iaiton placée sur une caisse à renforcer le son, l'autre avec une aiguille dont la pointe repose sur la plaque. En faisant passer le courant inducteur, on obtient un son ren- forcé qui est produit au point de contact de l'aiguille et de la plaque. Il n'y a pas cependant en ce point production régulière d’élincelle ; ce n'est que si lon promène laiguille sur la plaque 246 BULLETIN SCIENTIFIQUE. qu'il est possible de constater des étincelles dans l’obscurité. Après avoir fait marcher l'appareil pendant longtemps, il arrive de temps à autre que la plaque est légèrement attaquée, mais ordinairement elle reste brillante. Dans cette nouvelle disposition l’action électro-magnétique ne peut jouer aucun rôle. Le passage du courant induit au travers d’un point de contact imparfait paraît donc être la condition es- sentielle du bruit. M. Buff a encore transformé l'appareil de la manière suivante. L’hélice se composait de deux fils parallèles disposés dans les expériences précédentes de manière à être par- courus tous deux dans le même sens par le courant inducteur. On les a séparés; on se sert de l’un comme inducteur et de l’autre comme induit ; les deux extrémités de ce dernier commu- niquent avec la plaque de laiton placée sur la caisse à renforcer le son. Le son se produit avec une grande intensité. Il cesse lorsqu'on amalgame la plaque et qu’on la recouvre d’une goutte de mercure dans laquelle plonge l'extrémité des fils également amalgamée. Tant que l’un des fils n’est pas amalgamé, le bruit continue quoique affaibli. Ainsi le contact imparfait est la con- dition du phénomène, et l’auteur s’est assuré, sans produire de courant induit, qu’on obtient un bruit analogue à un faible choc en ouvrant et fermant alternativement le circuit inducteur avec un conducteur trempant dans le mercure. Lorsque dans l'expérience de la plaque, on se sert pour faire passer le courant induit d’un fil très-mince de platine ou d’une aiguille à pointe fine légèrement oxydée ; on peut faire rougir la pointe et en observer alors des alternatives dans l’intensité de l’incandescence. Des alternatives semblables doivent se produire dans l'intensité de l'échauffement de la pointe lorsque cet échauf- fement n’est pas visible, et on peut expliquer la production du bruit par un effet calorifique. Dans un circuit quelconque, il y a un développement considérable de chaleur en un point où la ré- sistance devient elle-même beaucoup plus grande. D'autre part, lorsque le courant n’est pas continu, les portions échauffées doi- vent se refroidir rapidement ; il y a donc en ces points une alter- PHYSIQUE. 947 native de réchauffement et de refroidissement rapide qui est accompagnée d'une dilatation et d’une contraction. Ces oscilla- tions doivent donner lieu à un son plus ou moins intense. Lors même que ces oscillations déterminent une séparation des deux points en contact, il n’en résulte pas nécessairement une étin- celle, parce que la séparation n’a lieu que lorsque le courant ne passe plus. D'après cette explication, tout courant discontinu doit produire le bruit, et c'est, en effet, ce que M. Buff a constaté de la ma- nière suivante. La discontinuité du courant est produite par une roue dentée sur laquelle presse un ressort; on fait passer le même courant entre une plaque épaisse de cuivre et la pointe d’une aiguille, le son se produit au point de contact. Un élément Bunsen suffit ; avec deux on peut voir l’incandescence périodique de la pointe. Indépendamment du phénomène qu'on vient de décrire, lau- teur a observé qu'il se produit dans une hélice parcourue par un courant discontinu un bruit sourd provenant du fil même de l’hé- lice. L’inducteur déjà décrit se composant de deux fils parallèles, on les a disposés d’abord de manière à être parcourus par le courant dans le même sens ; puis, en second lieu, en sens con- traires. Dans le premier cas, le bruit devient plus fort que lors- qu'un seul des fils est dans le circuit; dans le second cas, au contraire, le bruit cesse. Or, dans ce dernier cas, il est évident que l’action électro-magnétique du système total sur une portion quelconque du fil est à peu près nulle ; l’auteur en conclut que le son en question provient d’un mouvement déterminé par l’action mécanique de l’hélice sur elle-même et non d'un mouvement moléculaire !. 1 Note de la Réd. Cette conclusion ne nous paraît pas suffisam- ment fondée. En effet, si le son que rend le fil est un résultat molé- culaire de l'établissement du courant dans un conducteur soumis à une action électro-magnétique, ce son doit cesser lorsque l’action électro-magnétique devient nulle, comme cela a lieu dans l’expé- rience de M. Buff lorsque les deux hélices de son appareil sont par- courues par le courant en sens contraires. / 248 BULLETIN SCIENTIFIQUE. P. VoLpicELLI. SUR L'INFLUENCE ÉLECTRIQUE. NOUVAUX FAITS SUR LA POLARITÉ ÉLECTROSTATIQUE |. (Compt. rend. de l’Acad. des Sc., t. LIX, p. 510). Mes études sur l'électricité statique m'ont de temps en temps conduit à de nouvelles expériences servant à confirmer ce point que l'électricité induite (influence de première espèce) ne pos- sède pas de tension. Dans [a présente communication j'indique- rai sommairement ces expériences, en poursuivant l’ordre nu- mérique de celles précédemment publiées. Douxième expérience. — Une petite sphère métallique, sus- pendue à un fil de soie, se renferme dans deux plus grands hé- misphères, concentriques avec elle et isolés. Qu'on électrise ceux-ci fortement, et puis qu’on les décharge, la petite sphère se trouvera chargée de l'électricité contraire. Ceci ne démontre pas seulement que l'électricité induite n’a pas de tension, mais encore que le pouvoir décomposant de l'influence électrique peut avoir plein effet, même quand son pouvoir attractif a une résultante nulle, comme dans l'expérience qui précède. La distinction très- utile de ces deux pouvoirs n’a pas encore été introduite dans la science. Treizième expérience. — Si la surface interne d’une bouteille de Leyde contient un tourniquet électrique, celui-ci ou tour- nera, ou restera immobile, selon que la surface elle-même sera chargée d'électricité inductrice ou induite. Quatorzième expérience. — Si la surface interne d’une bou- teille de Leyde renferme une pointe métallique, et si l'on appro- che de celle-ci une aile de lanémomètre très-sensible de Com- bes, l'instrument se met en rotation ou non, selon que la superficie interne sera chargée de l'électricité inductive ou in- duite Quinzième expérience. — Si l’on verse de l’eau daus une bou- { Nous reproduisons deux notes de M. Volpicelli sur l'influence électrique faisant suite à des travaux que nous avons précédemment x fait connaître à nos lecteurs. Voyez Archives 1859, t. V, p. 265, et 1662,:t7 XEV,:250. PHYSIQUE. 249 teille de Leyde, et qu'ensuite on y plonge un aréomètre, celui-ci subira un mouveinent ascendant, si la superficie interne est chargée d'électricité inductrice ; et il demeurera constarninent immobile si elle est chargée d'électricité induite. Seizième expérience —- Que l’on approche, autant qu’on vou- dra, un pistolet de Volta de l’armature externe d’une bouteille de Leyde, charsée par la surface interne et placée sur un pla- teau isolant, il n’y aura pas d'explosion; mais si l’on approche la main du bouton de la bouteille, l'explosion aura immédiatement lieu par l’étincelle électrique. Dix-septième expérience. — Si l’on approche de la surface ré- sineuse d'un électrophore, chargé depuis quelques jours, une pointe métallique non isolée, celle-ci subira lPinduction ; mais elle ne pourra, même en partie, neutraliser l'électricité indue- trice. Dix-huitième expérience. — L'électricité négative, induite au moyen du disque de verre de la machine électrique, dans les pointes de ses peignes, n’abandonne pas celles-ci pour se porter sur le disque. On s’en convainet si l’on compte le nombre des tours du disque nécessaires pour obtenir le maximum de ten- sion, déterminé soit par l’électromèêtre à cadran, soit par le spin- téromètre, soit par l’électromètre déchargeur de Cuthberton ou de Lane, opérant avec et sans les pointes. On arrive à la même dé- monstration en se servant du plan d’épreuve, De toutes ces expériences, rapidement indiquées, on doit con- elure que l'électricité induite n'a pas de tension. | Dix-neuvième expérience. — Mettez un plan d’épreuve quel- conque en contact avec un conducteur induit el isolé ; en sup- posant vraie la nouvelle théorie de l'influence électrique, repré- sentez par Ed, Er, Bi, les éleciricités dissimulée, libre et introduite dans le cohibant ‘du plan d’épreuve même; si vous indiquez par C la charge résultant sur ce plan, après qu'il aura été soustrait à l'influence électrique, on devra avoir : 4) C= +R E + Eu, ARCHIVES, T. NAIL. — Mars 1865. 16 250 BULLETIN SCIENTIFIQUE. où prévaudront soit les signes supérieurs, soit les inférieurs, selon que l'électricité inductrice était positive ou négative. Nous arrêlant à la première des deux hypothèses, on devra oblenir l'un ou l’autre des trois rapports numériques ci-après : (2) Er + Ei>,—, < E. Et comme l'expérience confirme ces trois rapports, la nouvelle théorie sur l'induction électrostatique se trouve aussi justifiée. Les formules (2) jointes à l'expérience nous font conclure . 4° Qu’une ligne réellement neutre ne peut exister sur linduit, mais bien une ligne que nous nommerons pseudo-neutre, dans laquelle les deux électricités contraires sontnumériquement égales, mais non pas neutralisées entre elles ; 2v Qu'en variant la forme et la construction du plan d'é- preuve, on doit obtenir, à conditions égales, diverses indications de lignes pseudo-neutres sur Le inême induit, dont une seule est absolue, celle indiquée par un plan d’épreuve privé des effeis du cohibant; toutes les autres sont relatives au plan employé. Les distincuons sur lesquelles nous avons appelé ici lattention, sont nécessaires pour bien reconnaître le phénomène qui nous occupe ; | 9° Qu'il existe des plans d’épreuve incapables de manifester aucune ligne pseudo-neutre sur l'induit ; 4° Que l’ancienne théorie est impuissante à expliquer les nou- veaux faits de l'influence électrique, alors que la nouvelle donne parfaitement raison de chaque phase de ce phénomène fonda- mental; )° Que la nouvelle théorie ne détruit pas entièrement l'an- cienne, comme quelques-uns l'ont cru avec tort; mais que, seulement, elle la modifie essentiellement dans quelques-unes de ses parties. Appendice. — Dans les Comptes rendus (t. LVIIH, p. 1185, ligne 2, ett. LIX, p. 184, ligne 8 en remontant), le R. P. Secchi me reproche à tort d’avoir publié dans ce journal que PHYSIQUE. 251 « son appareil (électro-atmosphérique) contient un fil couvert de « gutta-percha. » Je dois déclarer que je n’ai Jamais eu même l'idée d’une asserlion de ce genre. J'ai seulement, à propos de l'électricité des murs, désapprouvé T l'usage qu’a fait de fils re- couverls de gutta-percha le P. Secchi, pour ses expériences sur cette électricité ? ; mais je n'ai jamais dit que son appareil con- tint un fil couvert de gutta-percha, comme il me le fait dire par erreur. Du reste, il est certain que si l'extrémité métallique d’un fil de cuivre, couvert degutta-percha, se place isolée sur le conden- sateur à piles sèches, en le faisant pour cela seulement s’écarter de la verticale, il manifestera l'électricité positive; et si on l’a- gite auparavant, il manifestera l'électricité négative. J'ai aussi vérifié que la paraffine, touchée très-légèrement avec les deux doigts, manifeste l'électricité positive; mais, si on y met moins de délicatesse, elle est négative. Ces deux faits confirment ja polarité électrostatique dans les cohibants, par le seul toucher plus ou moins énergique. La paraifine, mélangée à l’amalgame de M. Steiner, augmente la tension électrique des machines. Dans les expériences délicates d'électricité statique, il faut ab- solument enlever le cohibant ordinaire de gomme laque entre les deux plateaux du condensateur, et le remplacer par deux fils parallèles de soie blanche, plus ou moins fins, selon les cas. P. VoLpICELLI. SUR L'INFLUENCE ÉLECTRIQUE. Neuvième note. (Comptes rend. &e l’Acad. des Se., 1. LIX, p. 962). La note de M. Gaugain sur lélectricité dissimulée * se réfère à mes précédents lravaux sur celle malière el m'oblige à quel- ! Comptes rendus, t. LVTIT, p. 632, ligne 12. 2 Comptes rendus, t. LVIII, p. 28, ligne 22. # Comptes rendus, t. LIX, p. 729. -- L'Institut. 0° 1609, p. 349. 959 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ques observations que je me permets de soumettre à l'Académie, en la priant de vouloir bien les publier. 4° M. Gaugain, nonobstant mes dernières preuves, dit qu’il est encore fortement contesté que l'électricité induite ne possède pas de tension. Cela est vrai, mais ne doit pas étonner, quand il s’agit, comme dans le cas présent, de modifier profondément d'anciennes doctrines. Il est probable qu'il se passera encore bien du temps avant que soit acceptée par tous, comme vraie, la pro- position émise par Lichtenberg, dès avant 1794, que l'électricité induite n’a pas de tension". Et pourtant il me semble que mes ex- périences précédemment publiées devraient en démontrer la vérité. 2 Je ne puis admettre que la divergence actuelle dans les opi- nions provienne d’une confusion de langage, autrement dit d’un malentendu sur le sens du mot tension. Tous ceux qui Jjus- qu’à aujourd’hui ont pris part à la discussion se sont accordés à regarder la tension comme une force répulsive entre les molécules de la mêne électricité, et à la mesurer avec la divergence accusée par l'électromètre, conformément à ce qu'enseigne tout bon cours de physique. Je crois, au contraire, que le désaccord provient de ce que jusqu’à aujourd’hui le plus grand nombre des physiciens n'a pas reconnu que l'électricité homologue de linduisante soit partout sur l'induit isolé, et que la divergence des paillettes sur son ex- lrémité la plus voisine de l'induisante soit produite par l'induction curviligne de cette dernière, el non par la tension de Pélectricité induite, car elle ne possède aucune espèce de tension, quelque sens que lou veuille donner à ce mol. Si l'on veut étudier la question posée par Melloni sur linduc- tion électrostatique, on doit donner à ce mot tension le sens que Melloni lui-même lui a donné, et sur lequel lout le monde est lombé d'accord. A soutenir le contraire, une Simple asserlion ne suffit pas, mais il faudrait des preuves. 1 Erxlehen, Anfangsgründe der Naturichre; Gottingen, 1734. p. 520. PHYSIQUE. 953 Quand on a démontré par les moyens électrostatiques que l’é- lectricité induite ne possède pas de tension, c’est-à-dire de force répulsive par elle-même, on a démontré ce corollaire, qu’elle n’a pas la faculté de produire des courants. Il n’est donc pas néces- saire, pour démontrer la vérité de la nouvelle théorie sur l’induc- tion électrostatique, de changer le sens, accepté par tout le monde, du mot tension. 9° Du reste, il me semble que la proposition de Melloni n’a ab- solument rien de vague, et par conséquent que l'électricité homo- logue de l’induisante, sur l’induit isolé, est la seule pourvue de tension et mobile, tandis que la contraire est toute dissimulée et immobile, ou privée de tension. Pour cela nous ne pouvons con. venir, ni que la partie dépourvue de tension change de signe, quand on se transporte d’un point à un autre sur lPinduit, ni qu’à son extrémité plus loin de linductrice il y ait une partie de son homologue privée de tension. Dans le fait, si le cylindre induit n’est pas isolé, il perd la seule homologue de l’induisante et non les deux contraires, supposées par M. Gaugain l'une et l’autre privées de tension sur le même induit. Mais si, agissant comme Wilke, le cylindre induit est composé de deux parties, celles-ci, soustraites à Pinduction, mamfestent chacune certainement la même électricité, c’est-à-dire celle contraire de l’induisante. Pour cela l'expérience ne peut admettre que sur l’induit se trouvent deux électrieités opposées, chacune dissimulée , mais eile veut au contraire qu’il y en ait une seule, la contraire de l’induisante. 4° Malgré cela, nous sommes d'accord avec M. Gaugain, pour admettre seulement que sur l'induit isolé, la partie douée de ten- sion est partout, qu’elle est homologue de linduisante et que la contraire de celle-ci sur le même induit est privée de tension ou dissimulée. Nous nous abstiendrons de prononcer sur la théorie au moyen de laquelle M. Gaugain déduit ses conséquenses.. 254 BULLETIN SCIENTIFIQUE. CHIMIE. NæÆGeLt. DIE REACTION VON Jop... REACTION DE L’IODE SUR LA FÉCULE ET LES MEMBRANES DES CELLULES. : é 2 Différence entre la granulose et la cellulose sous le rapport de leur action sur l'iode. Comme on n'a pas encore réussi à isoler la granulose, ses propriétés ne peuvent se déduire que de la comparaison entre un mélange de granulose et de cellulose tel que la fécule et la cellulose elle-même. Il est évident que les différences qui distinguent la cellulose de la fécule tiennent à la présence de la granulose qui accompa- gne cette dernière. J'ai déjà autrefois fondé la distinction entre ces deux substances sur le fait que la cellulose ne se colore pas en bleu lorsqu'on la traite par l’iode, et qu'à égalité d'épaisseur elle se gonfle et se dissout plus difficilement. Des recherches plus récentes permet- tent de préciser mieux ces différences. Sous le nom de fécule, j'entends les grains de fécule de pomme de terre. Les propriétés de ceux-ci sont assez celles de toutes les espèces de fécules. Il n’y a que la couche tout à fait superfi- cielle des grains de fécule de pomme de terre et les grains de fé- cule de certains phanérogames exceptionnels qui soient assez pauvres en granulose pour se comporter comme la cellulose. Quant au terme de cellulose, je emploie dans le même sens que Payen et Mohl, et je désigne sous ce nom la substance cons- titutive des parois des cellules (excepté de celles des lichens }. Il faut cependant remarquer que certains tissus cellulaires doivent être traités par l’alcali caustique et d’autres par l'a- cide sulfurique pour produire les mêmes réactions. Voici maintenant comment on peut formuler la différence qui existe entre la fécule et la cellulose. 1° La fécule se colore en bleu ndigo sous l'action de l'eau iodée. CHIMIE’ 255 La présence simultanée de l'acide iodhydrique ou de l'iode métal- lique change cette couleur et la fait passer au violet ou au rouge cou au jaune suivant la concentration de la liqueur. Au contraire, la cellulose ne se colore pas en bleu sous l’action de l'eau iodée, mais en faisant agir en même temps que l'eau iodée de l'acide iodhydri- que ou de l'iode métallique, on produit une coloration bleue que l’on peut même faire passer au violet ou au rouge ou au jaune en augmentant la dose de ces substances. J'avais d'abord admis que la cellulose se colorait en rouge päle, ou sale, ou même en rouge cuivre ou rouge brun; mais celte opinion est erronée en ce qui concerne l’action de l'eau iodée seule, ainsi que me l'ont prouvé mes nouvelles recherches. 20 L'iode a plus d'affinité pour la fécule que pour la cellulose, quelles que soient d’ailleurs les autres substances en présence dans l'eau. Ge n’est que dans les liqueurs qui contiennent de l'acide iod- hydrique ou de l’iodure de zinc ou de l'acide sulfurique très-con- centrés que la cellulose a plus d'affinité que la fécule pour l'iode. Ce renversement dans l’affinité de l’iode pour la fécule et pour la cellulose est caractéristique. On le démontre par les expé- riences suivantes. Quand on met de la fécule de pomme de terre et du coton dans de l’iodure de zinc contenant un peu d'iode en dissolution, on voit les grains de fécule se colorer en brun foncé et les fils de coton en rouge violet. Si on laisse la préparation séjourner quelque temps sur le porte-objet, les :rains de fécule du bord commencent à se gonfler ; suivant les circons- tances, ils se colorent en rouge cerise ou en vioïet, puis passent au rouge clair et redeviennent enfin incolores. Ces transforma- tions successives de la fécule se propagent successivement des bords vers le centre de la préparation. A la fin la fécule s’est entièrement convertie en une colle incolore. Dans les mêmes circonstances les fils de coton conservent en- core longtemps leur coloration (pendant plusieurs jours ou même plusieurs semaines ). Ils sont d’abord violets, puis rose clair et finissent aussi par redevenir incolores. 256 BULLETIN SOIENTIFIQUE. Ce résuliat peut s'expliquer de deux manières : ou bien la cel- lulose du coton à plus d’affinité pour l’iode que la fécule, ou bien la consistance plus dense du coton lui permet de retenir l’iode, même en dépit de l'évaporation, plus longtemps que ne le peut faire la fécule fortement gonflée. Les expériences suivantes sont en faveur de la première de ces explications. La première expérience consiste à colorer de nouveau par l'iode la préparation de fécule et de coton après qu’elle est re- devenue incolore. Dans ce cas on voit les fils du coton s’empa- rer les premiers de l’iode ; ils sont déjà rose clair que la colle de farine est encore incolore, puis ils passent au rouge-violet pendant que la colle commence à se colorer en Jaune, enfin ils gardent li même teinte pendant que la colle passe au violet sale. Une autre expérience montre l'influence de ja densité de la cellulose sur l'attraction qu’elle exerce sur l'iode et la force avec laquelle elle retient cette substance. Pour cela on chauffe du coton avec du chlorure de zinc jusqu’à ce qu'on ait obtenu une malière de consistance gélalineuse qu’on laisse refroidir. On ajoute ensuite un peu de coton intact et l'on traite le tout par l'iodure de zinc additionné d’iode. On observe alors que la por- tion gélalineuse du mélange se colore beaucoup plus vite que le coton intact, Ce dernier prend cependant la même couleur que le reste si on augmente la dose d'iode. En abandonnant la prépara- tion à elle-même pendant plusieurs jours sans la recouvrir, on peut constater que le coton intact perd sa coloration plus vite que la matière gélatineuse. On conclut de ces faits que la cellu- lose la plus dense se combine moins vite avec l’iode et la retient moirs longtemps que la cellulose moins dense. La fécule se comporte sous ce rapport de la même manière que la cellulose. Pour s’en assurer, il suffit de mêler ensemble de la fécule de pomme de terre et de la colle faite avec de la fé- cule de porume de terre et de traiter le mélange par l'iode. On voil alors que la colle s'empare la première de l'iode. Pour comparer la fécule avec la cellulose, on traite du coton CHIMIE. 297 par un mélange de chlorure de zine et d'iodure de zinc. On cuit ce mélange jusqu'à consistance gélalineuse et on le re- prend par l’eau. Puis on le fractionne en plusieurs portions qu'on place sur des verres de montre plats. On ajoute de la fé- eule de pomme de terre dans chaque portion, et on traite en- suile chacune d'elles par une solution iodée d’iodure de zine à divers degrés de concentration. Alors la fécule seule se colore en bleu avec l'iodure de zinc le moins concentré, en rouge quand la concentration est plus grande, et enfin en rouge-feu et orauge dans le verre où la liqueur est la plus concentrée. Quant à la colle de coton, elle reste incolore tant que l’iode n'est pas en excès. On abandonne alors le verre de montre sans le recouvrir et la fécule passe partout au rouge-feu, parce que l’évaporation concentre la liqueur dans chaque verre. Plus tard l’évaporation amène le gonflement des grains de fécule qui passent alors au violel, puis au rouge-clair et finissent par se décolorer. Mais si au moyen d’une quantité d’iode suffisante, on colore non-seulement la fécule, mais aussi la colle de coton, el si on laisse agir i'évaporation comme précédemment, on voit les fils de coton conserver une teinte rouge-cerise après que le reste de la ma- ère s'est entièrement décolorée. Différence entre la granulose et la cellulose sous le rapport de leur faculté de gonfler et de leur solubilité. Bien qu'on ne connaisse point la granulose à l’état libre, on peut jusqu’à un certain point l'identifier à la fécule sous le rap- port de sa réaction avec l’iode, puisque la ceilulose qui entre avec elle dans la constitution de la fécule ne se colore pas dans l’eau iodée. Mais la propriété de se gonfler et la solubilité ne fournissent point un moyen de distinction aussi clair, car la granulose et la cellulose possèdent toutes les deux ces propriétés, à des degrés divers, il est vrai. Quand on voit la fécule se dissoudre plus facilement que la cellulose dans un certain liquide, et moins facilement qu’elle dans un autre liquide, on ne peut douter que 9258 BULLETIN SCIENTIFIQUE. cela ne tienne à la plus où moins grande quantité de granulose contenue dans la fécule. On doit être porté à penser que si on pouvait observer la granulose libre, on la trouverait plus soluble que la cellulose dans les liquides dans lesquels la fécule est plus soluble que la cellulose, et vice versa. Cette prévision n’est cependant point une certitude. [l pour- rait, en effet, en être de lalliage de la cellulose avec la granu- lose comme de certains alliages métalliques dont la solubilité el les autres propriétés physiques ne sont pas la moyenne entre celles des métaux alliés et dépassent cette moyenne. Voici la règle sûre qu’on peut établir en ce qui concerne les deux pro- priétés en question : La fécule à égalité de densité se ganfle plus vite et se dissout plus vite que la cellulose dans l'eau, les acides et les aleulis, ainsi que sous l'influence d'une élévation de la température ; au contraire, à égalité de densité, la cellulose se dissout et se gonfle plus vite que la fécule dans l'oxyde de cuivre ammoniacal. Enfin le chlorure et l'io- dure de zinc ont une action en quelque sorte moyenne sur ces deux substances, en ce sens qu'ils font mieux gonfler la fécuie et dis- solvent mieux la cellulose. M. H. SaiNTE-CLaIRE DEvILLE. DE LA CONSTITUTION DU SEL AMMO- NIAC, ET DES DENSITÉS DE VAPEUR. (Comp. rend. Acad. des Sc., t. LIX, p.:1057.) M. Deville avait montré que l'acide chlorhydrique et l’am- moniaque gazeux mis en contact à la température de 3600 dé- gagent de la chaleur et que, par suite, ces gazse combinent à une température où la densité de vapeur du sel ammoniac assigne à ce corps 8 volumes pour léquivalent. Pour se mettre à l'abri de toute objection, l'auteur a répété ces expériences en les modi- fiant de manière à ce que les deux gaz fussent préalablement échaulfés chacun séparément, à 360°, avant d’être mis en pré- sence. Les résultats oblenus dans ces conditions ont été encore les CHIMIE. 959 mêmes qu'autrefois, mais ils sont en contradiction avec ceux de M. Than 1. En discutant l'appareil de ce chimiste, M. Deville n’a pas de peine à y montrer des imperfections qui rendent son em- ploi sujet à caulion. En terminant, l’auteur soumet aux partisans de l'hypothèse des densités anomales, les deux difficultés suivantes : 10 L’acide sulfhydrique et l’'ammouiaque forment entre autres les deux composés Az H#5, sulfure d'ammonium, el Az H£S, HS, sulfhydrate de sulfure d'ammonium. Le premier représente 4 volumes de vapeur, sa condensaiion est égale à1/,: l'acide sulfhydrique et l’ammoniaque se combinent donc et restent combinés à la température par exemple 100° où l’on détermine la densité de vapeur. Le sulfhydrate de sulfure d'ammonium représente 8 volumes de vapeur, sa condensation est nulle. Si on suppose que ses élé- ments se soient séparés à la température où l’on prend la densité de vapeur (par exemple 100°) on est obligé de supposer qu'il s’est parlagé en ammoniaque et acide sulfhydrique Az Het 2 ES, donnant chacun 4 volumes et ayant pour sounme 8 volumes. Or, à cette température, les éléments ne pourraient réellement se Sé- parer qu'en sulfure d’ammonium Az H£S et en acide sulfhy- drique HS, représentant l’un 4 volumes, l'autre 2 volumes, dont la somme est 6 voiumes. Si le sulfhydrate de sulfure d’ammonium était décomposé dans sa propre vapeur, il devrait donc fournir 6 volumes. Or l'expé- rience nous apprend qu'il en fournit 8 ; donc il n’est pas décom- posé, donc sa vapeur n’a rien d’anoma 2 Quand l'acide carbonique, l'acide sulfureux, l'acide acéti- que, le soufre, le sélénium, le tellure, et tant d’autres corps si connus nous présentent une densité de vapeur variable avec la température, c’est que leurs coeflicients de dilatation vont en di- minuant quand la température augmente, jusqu'à prendre une 1 Voyez Archives, t. XXII, p. 5. Janvier 1865. 260 BULLETIN SCIENTIFIQUE. valeur minimum de 0.00566, celle qui convient à l'hydrogène, par exemple : les travaux de MM. Regnault, Cahours, Troost el Deville l'ont prouvé surabondamment. On s’est appuyé sur celte variabilité des densités pour faire espérer que des densités de vapeur, gênantes au point de vue de certaines théories atomistiques, celles du phosphore et de l’arsenic, par exemple, pourraient diminuer de moitié si on les délerminail à des températures hors de notre por- tée. Si l'analogie sur laquelle on se fonde est légitime, elle devra s'étendre au phénomène do la varialion de leur coef- ficient de dilatation; or MM. Troost et Deville ont fait voir qu'entre des températures variant de 1000 degrés la densité de ces vapeurs devenant constante, leur coefficient de dilatation doit être aussi constant comme pour toules les vapeurs suffisamment chauffées et pour les gaz parfaits. Admellre que, par exception, ce coefficient est, ou peut être différent de 0.003566 pour que le phosphore et l’arsenic cessent de représenter un seul volume de vapeur, c’est faire une hypothèse contraire aux analogies et inadmissible dans l’état actuel de la science. M. D. mms, a ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. NOUVEAUX DOCUMENTS RELATIFS A L'ANTIQUITÉ DE L'HOMME !. La caverne de Bixe et les espèces animales dont les débris y sont associés à ceux de l'homme. Montpellier, 4864. — M. Paul Gervais a présenté le résumé suivant de ce travail, à la séance du à décembre 1864, de l'Académie des Sciences de Paris (Comptes rendus, t. LIX, p. 945). « Nos observalions se rapportent en grande partie au renne, dont les os, brisés par l’homme, sont enfouis à Bize avec les instruments faits avec les bois de cette espèce de cerf ou avec ? Voyez Archives, 1864, t. XX, p. 353. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 261 des os, et se trouvent en même temps associés à des silex tail- lés, ainsi qu’à des coquilles marines âyant servi d’ornements. «Nous avons en outre reconnu qu’il faut certainement rappor- ter au renne les espèces de Cervidés, prélendues différentes de celles décrites par les auteurs, que Marcel de Serres a nommées Cervus Tournai, Cervus Rebouli et Cervus Leufroyi. Le Cervus Destremii est aussi en partie dans le même cas, puisque plusieurs des pièces sur lesquelles il repose sont également des fragments de renne brisés de la même manière que ceux sur lesquelles reposent les espèces nominales dont je viens de rappeler les noms. « On sait main‘enant que la caverne de Bize est loin d'être la seule cavité soulerraineoù l’on rencontre des ossements de renne semblablement mutilés. [ résulte en effet des recherches récen- tes de MM. Lartet, Christy et Garrigou, ainsi que de celles de plusieurs autres savants distingués, qu’il existe de pareils débris à Bruniquel (Tarn-et-Garonne), à Aurignac (Haute-Guronne), à Lourdes (Hautes-Pyrénées), aux Espalugues (dans le même dé- partement), à Espalungue (Basses-Pyrénées), aux Eyzies, ele., prés Sarlat (Dordogne), à Savigné (Vienne), et dans d’autres lieux, soit en France, soil dans des pays appartenant égaiement à l’Europe centrale. «Bien avant ces curieuses découvertes, le renne avait déjà été signalé en Auvergne par Bravard, et cela sur lobservation de bois travaillés par l'homme, et que cet habile paléontologiste avait découverts aux environs d'Issoire. Avec ces bois étaient des silex cultriformes, ainsi que des coquilles marines apportées d'ail- leurs. M. Pomel a exposé ces faits dans une nolice présentée à la Société géologique, en 1840, mais en avouant qu'il lui était encore impossible d'expliquer la présence de ces coquilles dans de semblables conditions. «Nous rappelons aussi dans notre mémoire ce.que Cuvier a dit à propos de la présence du renne fossile dans la caverne de Brengues :Lot) : « Comment adineltre que le renne, aujour- 269 BULLETIN SCIENTIFIQUE. A d'hui confiné dans les climats glacés du nord, ait vécu en A identité spécifique dans les mêmes climats que le rhinocéros ? « Car il ne faut pas douter qu'il n'ait été enseveli avec lui à « Brengues ; ses os y étaient pêle-mêle avec ceux de ce grand # quadrupède, enveloppés dans la même terre rouge, et revêlus = en partie de la même stalactite. » «L'association du renne avec l’homme n’est ni moins curieuse, ni moins cerlaine que celle de cette espèce de ruminant avec Île rhinocéros ; mais quelle explication peut-on donner de ces faits qui, n'étant plus susceptibles d'être contredits, sembleraient conduire à faire admettre la contemporanéité de l'homme avec le rhinocéros et les autres grandes espèces éleintes que l’on dé- signe souvent par. l’épithète de diluviennes? Faut-il y voir, ainsi que l'ont voulu plusieurs naturalistes, la preuve que l’homme a existé en Europe dès les premiers temps de l’époque quaternaire, ou bien doit-on admettre que les rennes ont continué d’habiter nos contrées, alors que les grandes espèces dont il vient d’être question avaient depuis longtemps cessé d'y vivre? Dans cette dernière supposition, serait-on fondé à ajouter que les os frag- mentés du renne recueillis à Bize et dans tant d’autres lieux con- firment l'opinion de Buffon, que le renne vivait encore dans nos contrées au moyen àge, et que ce sont, comme il le croit, des animaux de cette espèce que Gaston Phœbus chassait dans les Pyrénées, sous le nom de rangiers, durant le quatorzième siè- cle ? Mais cent ans avant Phœbus, Albert-le-Grand avait déjà dit du renne quil ne vivait plus que dans les régions polaires : € 1n € partibus aquilonis, versus polum arcticum et eliam in partibus € Norwegiæ et Sueviæ. » De plus, Cuvier a vérifié, sur le ma- nuscrit offert par Phœbus à Philippe de France, duc de Bour- gogne, que les rennes dont parle cet infatigable chasseur, 1l les avait vus en Norwége et en Suède ; il ajoute même qu'il n'yena pas € en pays romain, » c’est-à-dire dans nos contrées. «On peut faire remarquer, d’autre part, que les ossements du renne enfouis à Brengues et dans d’autres lieux avec les rhino- - * ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE 263 céros n'ont, jusqu'à présent du moins, montré aucune trace évidente de l’action de l'homme. « Ni l’une ni l’autre de ces deux opinions extrêmes, l’ancien- neté des rennes de Bize égale à celle des rennes de Brengues, et la persistance de la même espèce d'animaux dans les régions tempérées de l’Europe jusqu’au XIV: siècle, ni l’une ni l’autre de ces deux opinions, disons-nous, ne saurait être acceptée. Le genre de ruminant dont nous parlons a été contemporain des grands carnivores et pachydermes propres aux premiers temps de la période quaternaire ; mais le renne a survécu à ces grands animaux, et ce n’est qu'après la disparition de ces derniers que nous le voyons être utilisé par l’homme. L’époque de cette pre- mière action de l’homme sur le renne n’en est pas moins fort éloignée de nous, puisque l'histoire n’en a conservé nul souvenir. « On est alors conduit à se demander de quelle race étaient ces hommes antérieurs aux Ligures et aux Celles, dont le renne cons- lituait la principele richesse, et qui ont disparu de nos régions dès une époque si reculée. Je n'ai, pour mon compte, relative- ment à cette difficile question, aucun document nouveau méri- tant d’être signalé à l’Académie. M. Brinckmann suppose, il est vrai, que les hommes dont il s’agit étaient des Lapons ou peut- être des Finnois ; mais, je n’ai pas besoin de le faire remarquer, ce n'est qu'à titre purement provisoire qu’il soulient cette opinion. « Le Mémoire dont je fais hommage à l’Académie, et qui com- plète des observations que je lui ai déjà présentées dans une pré- cédente communication ! au sujet de la caverne de Bize, est suivi d'une Note dans laquelle je parle du Felis servaloïdes. « C'est une espèce de lynx sur laquelle Marcel de Serres, Du- breuil et Jeanjean ont donné quelques renseignements dans leur ouvrage sur la caverne de Lunel-Viel, d’après des ossements re- eueillis daus cette caverne. De Serres la met également au nom- bre des mammifères fossiles à Bize, mais en la regardant à tort comme le véritable serval. J'en ai trouvé un fragment de maxil- 1 Comptes rendus, t. LVIIT, p. 230. 26% BULLETIN SCIENTIFIQUE. laire inférieur à la Valette, près Montpellier, dans une brèche renfermant aussi des ossements huniains et des morceaux de po- leries primitives. M. Delmas en a découvert, de son côté, un autre fragment au Colombier, près Castries, et c’est peut-être aussi le même animal que M. Pomel à indiqué à Coudes et à la tour de Boulade, aux environs d’Issoire, sous le nom de Felis lyncoiles. « Le Felis servaloïides méritait d’être signalé aux paléontologistes qui s'occupent de faire la liste des espèces nombreuses de mam- mifères disparues de nos contrées depuis les premiers temps de la période quaternaire ; car il est probable qu’on en rencontrera les ossements dans d’autres gisements que ceux dont il vient d’être question. » Le 2, a OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES À L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le Prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE FÉVRIER 4865. on ne voit plus de neige sur le Petit-Salève ; halo solaire partiel de 10 h. 45 m. à 11h. de très-forts coups de vent du SSO. pendant toute la nuit du 2 au 3, depuis 1 h. du matin ; il a neigé dans la matinée jusqu'au pied des montagnes, mais cette neige a disparu dans l'après-midi. au matin, faible gelée blanche ; depuis la tombée de la nuit, couronne lunaire et halo lunaire pendant toute la soirée. pendant presque toute la matinée, on voit les deux parhélies à l'Est et à l'Ouest sur le halo ordinaire , halo solaire partiel de midi 15 m. à 1 h. 30 m. couronne lunaire à plusieurs reprises dans la soirée. il neige pendant un quart-d’heure vers 3{/, h. ; la neige prend pied dans la plaine et ne disparaît que le lendemain. neige le matin de bonne heure, qui se transforme en pluie ; la neige ne prend pas pied ; de même pour celle tombée le 18. neige le matin et le soir ; hauteur de la couche de neige 30°, couronne solaire de 8 h. 45 m. à 10 h. 30 m. forte gelée blanche le matin ; halo solaire partiel de 1 h. 30 m. à 2 h.15 m. faible halo solaire vers 9 h. du matin. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm mm Le 1, à 11 h. 1}, matin 707,44 Le?, à 10 h. matin... 716,83 8, à 8 h. ‘/, matin 710,22 35-à 9h. 4, matin "A0: 3, à 8 h. ‘}, soir.. 709,52 13 à 10+h.-s01t:-2:2 72975 8, à 10 h. 1}, soir.. 721,84 10, à 8 h. soir..... 730,68 19.9 hic: soir-z55S 726,04 14, à 8 h. matin... 729,37 Eh :6:h: matin:e-72945 18; à 10 h. soir... 729,11 19, à 8 b. !} soir. 719,51 93, à 10 h, soir... 797,95 94, à 11 h. 1}, soir. 729,31 27, à 10 h. matin... 732,29 = ARCHIVES, t. XXII. — Mars 1865. MAT DE MORE à + «5 had TR 26 BE. l « | eH50190. 1040 € M ÉMOITATAEAO * ATEN #0 ÉUTO ratéao A PATHR ARE | LAN ESA NÉE 4 08} AMIUYÈR 0 ao ut TANT + , Re LE au + «d-06 sb loureg ousios.olsd : srtie%-tu9ft al que saisi 0b ailes toy ok oo £$ PURE ER LA + He © Hugeb € »5 E ob it sf ous Jeu”: 022 6 Hire ais agi erra-adtt 9h aise esrgétnote eab he iq vs apen) shaéo sl aueh dgien a li : 86e vb #. E Jotn-sérgs' Ezssb ue sb 8 agisn 999 iqful 202229 «isa sf 9b sèdraot sleiugeh : sdoneit “sblep ofdist SDS géuca sf soft toefaopetienutoltsde Jés00"T Î £ to T É estib die Xuohaat NOV un ,9 ri tte cl attol QurErL rushaod A: ES 061 FE 8 m1 bit ob té reg Srietos died asisaihrro 01e ele nes & Hbtio 8lateb esiique Srustsbiq é stienl sntotdod ER £l euéb boig baorg ogion of 510 te eos orvod'h-nup 15 taebios BE ra à si sup Hs:sqzib on do anislq Dassqen oyion s à iuig do egviager de up ,Sivod an0ad sb sis ofagion ,Tf Bel Sdenos also 40 am 8h 7 boiq ét. CR .emGfegisa 9h sifoser 8! 6h notes : 1108 91 Jo niténs eféstsg LS HOECNOE net 4 Fob'artistoé sntigos ee $ ét .d © 6 .m.0Ë .d 1 6b lsthisq ont eloe la : nero of srtonetst saisg 8PL0t pe ‘e | coter vh 4 À are snielue alat sldiet à | raspdaeonnin stores pl ob rte silo, HUNMIMIR AIHILAR | ge, che Ab: TOC aûüaon à} :d LL € 44.9 | , ES OT 5 aise © d o4 4 Eos ÉROUT nitoer à 4 #6 ,6 is | Te, LIT oians 5\° #0 ii ra -F0,00T , "Ga AL Hi & x Le 40 Ho | , CTBOT 4 2.108 HO EX + BOT rio eV A 01 # 8 DE We li BD; car 1108 A ( #0? à | TEST, mis 48 LEUR Nate oitenr ui 9. d FI TE d. 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OS D SC SA COR un. OR U- T C E, a | 'auoqy np ‘du],||* [BST no atn{4 “FURITUU (A GUNuE ap JOUA LE UE LTEUT ‘9 9anjeoduar, ‘1790184 Ca "G98L UAIUAHX — ‘HAANAIY MOYENNES DU MOIS DE FÉVRIER 1865. 6 h. m. 8h.m. 10h. m. Midi. z h.s. 4h.s. 6h.s. 8h.s. 10h.s. Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm mm 1re déeade, 719,35 ‘719,83 720,07 719,98 719,76 719,95 720,25 720,55 720,68 2e: 2% 725,37 725,70 725,66 725,54 "24,96 724,85 725,23 725,43 125,19 +). 730,69 731,00 731,10 731,02 730,41 730,30 730,44 730,46 ‘730,61 Moi 724,74 125,12. 795,22 .725,12- 724,66 - 724,66 - 724,94 -795:12- 125,34 Température. 0 0 0 0 o 0 0 0 9 1re détade E 1,56 + 1,38 + 2,12 Æ 3,35 + 3,85 + 3,59 + 2,80 + 2,30 + 2,01 2e ">" —"4,46 — 5,90 — 2,54 — 1,25-— 0,22 —-0,71.— 1,68-— 2,08,— 2,9% 3e » — 1,26 — 1,16 + 1,57 + 3,24 + 4,32 Æ 3,91 + 2,21 + 1,71 + 1,19 Mois — 1,40 — 1,23 + 0,30 + 1,68 + 2,53 + 2,15 + 1,03 + 0,57 + 0,01 Tension de la vapeur. £ mm mm mm min mm min Loreur) mm min qrodéale® 54,97 "481 = 499 ‘ 4,414 439: . 4,4) — 493 490 07 2e , 3,07 3.11 3,23 3,36 3,07 3,16 3,13 3,11 3,24 3e » 3,82 3,14 3,81 4,05 3,92 4,05 4,07 4,07 4,12 Mois 3,71 3,14 TT 3,94 d211 3,86 3,83 3,84 3,689 Fraction de saturation en millièmes. 1re décade, 815 847 788 750 716 149 761 790 807 2e » 896 863 814 769 670 722 738 177 857 3e » 904 870 741 695 634 667 761 781 821 Mois 869 861 784 741 676 AL 753 783 829 Therm. min. Therm. max. Pts nee ARR RRRIREE PR Re Limnimètre. 0 0 0 mm p. 1re déeade, — 0,12 + 5,19 0,82 4,69 38,2 38,0 2% » — 5,58 + 1,08 0,81 3,15 12,2 39,7 3° » — 9,31 + 4,77 0,85 4,33 2:83 39,5 Mois TD + 3,60 0,83 4,27 52,7 39,0 Dans ce mois, l’air a été calme 1 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du 50. a été celui de 1,02 à 1,00. La direction ue la résultante de tous les vents observés est N. 47°,2 O. et son intensité est égale à 11 sur 100. TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE MOIS DE FÉVRIER 1865. Valeurs extrêmes de la pression almosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm mm Le 1, à: 10 h. matin-. 547,10 97320 midie."s «22 002,715 3, à - 8-N. S0ir.:-- 1M8,98 Ha -10 SOI. +: 560,58 9, à 10 h. matin.. 55i,40 40,là°10 h. soir :-:.:55465 Ha 3 h. soir & 655532 D 0 N'SoNr 22/5997 17, midi. Sr 10s-4 LONR: SOLE … + 562,14 20 à: 6.h: Soir... 85493 24, à 10 h. soir .-.- 567,19 25, à 6 h. matin.. 556,61 27. à Midi » cos 564,11 RP Se 5 Hauteur | Ecart avec Moyenne |Ecart avec la Hauteur Eau Nonibk ; moy. du =] Moy. des | la hauteur | Minimum, | Maximum. des température | Minimum.! [Maximum .! de la tombée dans Ar Le dominant. Ciel. = 24 heures.| normale. | 4 heures. normale. neige. les 24 h. | millim. millim, millim. millim. Î 0 " 0 Le 0 TS mm de 1 || 548,21 —11,97 547,10 | 549,69 | — 6,19 1294-96, — 5,0 145 9,7 16 à.-+ 2 11-00 2 551 79 — 8,37 850 36 552,75 | — 9,25 | + 0,18 | —10,2 | — 7,9 60 0,8 5 NE. 1 0,91 3 || 548,89 | —11,25 |:548,58 | 549,39 | elle 2,29 |1—Æ268,5%|,- 4,3 190 15,8 13 | variable | 1,00 4 || 551,57 — 8,55 519,24 | 551,06 | — 9.07 | + 0,33 | — 11,3] — 7,2 180 12,9 1152 NE I 0,91 511 655,38 | — 4,72. L9554,59 556,15 || —10,03 | — 0,65 | —11,7.| — 7,4 do 5 RÉ HP a ee s.ehe NE. 1 0,61 6 || 557,46 | — 2,62 |.556,25 | 558,51 | —11,65 | — 2,29 | —13,2: | —10,0 | ...... | ...... | ...... | NE. 2 | 0,93 TAN Mb08,95 |— 1,11 657,101 560,88: —11,87 |. 2,43 LA tri 20,3 she one + INR cl 0,00 8211 558,66 | — 1,38 556,89! | 560717 || — 7,82 + ] ,49 10,9 218 05,3 DAOOION À Se CEiU NH: #1 0,50 MURÉEo 11 l— 792 ram esse | 17,59 | 2804 | —20,9 | 11,2) hu, F8. 0 + | M OINNR 8 eo 101M669.99-!.— 6.68 Més1.50! | 58465 || 91,41 | —j9 16 | —92,59| 188) &..$ |. .. |... INNE Path 11 || 551,94 | =: 8,09 | 551,32 | 553,01 | —25;07 — 16,44 | —26,8 | —22,2 CIDRE AOC css -IENE: 7188 0,49 1220259373 226,25 562,78. |'559,39 || —12;01 > 2,61 —16,0: | —29,1L cs... 0-10 0e ssh : NE: 1 0,68 1: 557,74 | 292,22 555,94 | -558:96 || — 11,37 | —:9,20 |—13,1.| — 8,3 || +... | se... … | SO. -1:| 0,59 141 559,50. |: : — 2 4 Races . à ré y æ ù < ee + Es #: Ê « - re » Ne v s - ù Cp m0 , a d + + P PRET | ‘7 = ee ES PE LT EL L:- * Cr ROTATION PE RENTE #4 " Ai RE er DRE ps Ar se Len pete © terre CE € C - dre dei DO PAT 1 k. + Le = a 6 A dns SN E OI RE GER ECS"? - à NP F N Ses k os y vo ee. =, «7 | 4 d dE S wi AI EE ’, - F EL # ae RATER äq 21ûM 5e CR VAE OU rs ni w. sk Lu = CCS LR « - : . à LR , NE" RE © pe ce 3 k = ; > a £ LS , a LS ADS 600 et1000 » a7 » » 4000 et 1600 » 9 » » 4600 et 2000 » 9 ) » 2000 et 2200 » 9 ) D 2900 et 2600 » Les plus basses de ces stations sont celles de Locarno (altitude 218 m.), Bellinzone, Lugano et Bâle; les plus élevées sont celles du Simplon, du Bernardin, du St-Got- thard, du Julier et du St-Bernard, cette dernière étant la plus haute de toutes (altitude 2478 m.). Ces grandes différences de niveau du réseau météoro- logique suisse constituent un de ses traits caractéristiques les plus intéressants sous le rapport scientifique. Les stations de ce réseau peuvent aussi être réparties en dix sections, suivant leur position relativement aux montagnes. La première, située à l’ouest du Jura, comprend Bâle et Porrentruy. La deuxième, celle des hautes vallées du Jura, va du Sentier (vallée de Joux), à Ste-Croix, à la Chaux-de-Fonds, à St-Imier et à Zurzach. 294 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES La troisième, celle des cimes du Jura, comprend le Marchairuz, Chaumont, le Weissenstein, Bœtzberg et Lohn. La quatrième section comprend les stations au pied et à l’est du Jura, de Dizy (canton de Vaud), Neuchâtel, So- leure, Olten, Arau, Kænigsfeld et Schaffhouse. La cinquième est la principale ligne de la basse Suisse, allant de Genève à Morges, Fribourg, Berne, Affoltern, Muri, Zurich, Winterthur, Frauenfeld et Kreuzlingen, près du lac de Constance. Les cinq autres sections, dont il serait trop long d’énu- mérer ici toutes les stations, comprennent : La ligne du pied nord des Alpes, avec 5 stations ; Les diverses vallées du nord des Alpes, avec 16 sta- Lions ; Les grandes vallées du Rhône, du Rhin et de l’Enga- dine, avec 15 stations ; Les hautes cimes alpines de la Suisse, avec 9 stations ; Enfin le pied sud des Alpes, avec 4 stations. Le rapport de M. Mousson est accompagné d’une petite carte de la Suisse, où toutes ces stations se trouvent mar- quées. Un des buts de l'entreprise est la détermination com- parative des circonstances météorologiques au nord et au sud des Alpes, en confirmation de ce que l’on sait déjà au sujet de la puissante influence de cette chaîne sur le climat des régions avoisinantes. Il se trouve dans le ré- seau une ligne qui la traverse par le St-Gothard, entre Altorf et Bellinzone, et une autre moins directe dans les Grisons, entre Coire et Brusio, en passant par le mont Julier. Nous verrons plus bas comment M. Plantamour a déjà étudié ce sujet au point de vue des températures. EN SUISSE. 295 M. Mousson indique encore un sujet spécial de recher- ches auquel pourra servir le réseau suisse d'observations: c’est celui qui se rapporte au vent du midi appelé /œhn, qui est parfois très-violent dans la Suisse allemande. Il y a des météorologistes qui le font venir de l’océan Atlan- tique et des Antilles, tandis que d’autres le croient ori- ginaire des déserts d'Afrique. Les observations hygro- métriques seront surtout utiles pour décider la question, car si ce vent est chaud et humide, il est probable qu’il vient de l’océan, tandis que s’il est sec on peut présumer qu’il vient d'Afrique. Les personnes qui se sont volontairement chargées de faire ou de faire faire les observations, pendant trois ans, dans la station qu’elles habitent, ont des vocations très- diverses. Quatre seulement sont attachées à des observa- toires astronomiques : ce sont MM. Wolf à Zurich, Plan- tamour à Genève, Hirsch à Neuchâtel et Wild à Berne; douze sont des ecclésiastiques protestants, neuf des curés ou des chanoines catholiques. On trouve ensuite parmi les observateurs 44 maîtres d'écoles cantonales, 11 ré- gents, 6 médecins, 5 pharmaciens, 3 horlogers, 3 télé- graphistes, 9 maîtres d'hôtel, etc. Les membres de la commission se sont répartis entre eux la direction et inspection des travaux dans les di- verses stations de leur voisinage. Ainsi M. Plantamour s’est chargé des 9 stations des cantons de Genève et du Valais; M. Dufour de celles de Vaud et de Kribourg, qui sont aussi au nombre de 9; M. Mousson de 19 stations situées dans plusieurs cantons, M. Wolf de 10 stations, et ainsi de suite. Les années 1862 et 1863 ont été consacrées par la commission à la construction et à l’établissement des ins- 296 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES truments, ainsi qu’à l’inspection des stalions, à la rédac- tion et à la publication d'instructions appropriées au but de l’entreprise. Chaque station nouvelle possède: 1° un baromètre à cuvette construit par MM. Hermann et Studer, mécaniciens à Berne, dont le tube a 9 millimètres de dia- mètre et la cuvette 120 millimètres. Sa division sur laiton va de 540 à 760 millimètres; elle est munie d’un vernier donnant le 10° de millimètre, et une pointe d’acier placée dans la cuvette sert à régler à chaque observation le point de départ de la division; un thermomètre à échelle cen- tigrade, faisant corps avec le tube de verre, y est joint. 2 Un psychromètre, composé de deux thermomètres, construits par Geissler à Bonn, et munis d’une division sur verre opaque en cinquièmes de degré centigrade, donnant à chaque degré une longueur de 3 !/, millimètres. Le vase d’eau du thermomètre à boule humide est placé de côté, et l'humidité se communique à la boule par un fil de coton ou une mèche d'aspiration capillaire. Les autres instruments sont une girouelle, ou anémo- mètre de construction simple, servant à la fois pour dé- terminer la direction et la force approximative du vent, et un ombromètre pour mesurer la pluie. On y a joint aussi, pour les stations où on a de la peine à avoir l'heure exacte, une espèce de cadran solaire, qui permet de la déterminer à une minute près quand le soleil luit. Les observateurs doivent noter aussi par des numéros le de- gré de sérénité du ciel. Comme il se trouvait déjà un certain nombre de sta- tions pourvues de bons instruments, il n’y a eu que 70 baromètres, 58 psychromètres, 63 girouettes, 71 ombro- mètres et 49 cadrans solaires à confectionner. On a subs- titué, dans 49 stations élevées, un thermomètre ordinaire s. EN SUISSE. 9297 aux deux du psychromètre, qui auraient été d’un emploi difficile dans ces localités. I] me paraîtrait utile, dans de tels cas, de recourir pour apprécier l'humidité de Pair, à lhygromètre à cheveu de De Saussure, dont M. Que- telet a encore récemment reconnu la valeur. D'après M: Mousson, tous les instruments répondent bien, par leur exécution, au degré de précision désiré ; MM. Hermann et Studer ont mis beaucoup de zèle dans la construction et l'établissement de ceux qui leur ont été confiés. Les membres de la commission ont fait des tournées d'inspection, chacun dans le cercle de stations de son ressort, pour s'assurer de linstallation convenable des instruments. M. Plantamour a rédigé pour eux une instruction à l’occasion de leur première tournée.M. Wild a publié, en 1863, des instructions plus étendues pour les observateurs. Les heures d'observation de 7 h. du matin, À h. et 9 h. du soir ont dû être choisies, non- seulement en vue du but scientifique à remplir, mais aussi pour la commodité des observateurs, qui se trou- vent, en général, chez eux et libres d’autres occupations en ces moments-là. M. Plantamour a constaté, d’après les observations de Genève, que la moyenne des observa- tions, en ces trois instants, ne s’écartait guère plus de la vraie moyenne diurne que celle des heures de même chiffre du matin et du soir. On sait que, depuis bien des années, il se fait à l’ob- servatoire de Genève et à l’hospice du Grand St-Bernard des observations météorologiques diurnes de deux en deux heures, au nombre de neuf, de 6 h. du matin à 10 h. du soir. M. Plantamour a obtenu des Pères de l’hospice du Simplon, desservi par des religieux du même ordre, le même système d'observations. Leur zèle mérite 298 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES la reconnaissance des amis de la science, comme leur charitable dévouement celle de tous les amis de l'huma- nité. La station de Berne présente un avantage spécial. Son observatoire, dirigé par M. Wild, possède une série d'instruments météorologiques, munis d'appareils ser- vant à enregistrer par eux-mêmes leurs indications, et il est question d'établir à l’hospice du St-Gothard une coi- lection d'instruments du même genre. Les observations régulières ont commencé dans le plus grand nombre des stations avec le mois de décembre 1863, premier mois de cet hiver-là. Les tableaux mensuels ma- nuscrits des observaiions sont envoyés au bureau central de la commission météorologique, établi à observatoire de Zurich, sous la direction de M. le prof. Wolf. Ce bu- reau se charge de leur publication, qui a lieu à Zurich mois par mois, par Cahiers in-4° de 6 à 7 feuilles d’im- pression. Vu les difficultés de tout genre qu’on éprouve au commencement d’une entreprise de cette espèce, le premier cabier, comprenant les observations de décem- bre 1863, n’a paru qu’en mai 1864. Les tableaux relatifs aux trois stations indiquées plus haut, où les observa- tions se font de deux en deux heures, y dongent les moyennes horaires observées ou interpolées. Les obser- vations de Berne présentent aussi plus de détails que les autres. Il y a, en revanche, un certain nombre de sia- tions où les tableaux imprimés ne donnent qu’une seule observation par jour pour le baromètre, l'humidité et le vent. À la fin de chaque cahier se trouve un relevé géné- ral des moyennes mensuelles pour toutes les stations, classées par cantons, avec les maxzima et minima men- suels et les amplitudes diurnes moyennes. Le dernier cahier qui ait paru est celui des observations d’août EN SUISSE. 299 1864 ; mais il paraît que les observations de 1865 com- menceront à être publiées en même temps que celles des derniers mois de 1864. La dernière section du Rapport de M. Mousson à la Société helvétique des sciences naturelles, en août 1864, est relative à la partie financière des opérations de la commission météorologique. Cette commission avait reçu, à la fin de 1863, environ 26,000 fr., dont 16,000 de la caisse fédérale, pour 1863 et 1864, 8000 des gouvernements cantonaux et 2000 de souscriptions diverses. Ses dépenses se sont élevées, pendant ces deux années, à peu près à la même somme. Le coût des instruments a été d’un peu plus de 15,000 fr., ce qui correspond à environ 210 fr. par station, à raison de 72 à fournir d’ins- truments neufs. Les dépenses du transport et de léta- blissement des dits instruments se sont élevées à 6200 francs : celles d'impression d'instructions et de tableaux, de frais de port, etc. à environ 4600 fr. La commission évalue ses dépenses, pour 1869, à 41,600 fr., dont 3000 fr. pour le bureau central et ses calculateurs, 7000 pour l'impression des tableaux d’ob- servations et 1600 pour frais divers. Ses ressources, dans cette même année, se composent de 10,000 fr. obtenus de la caisse fédérale, par Pinter- vention favorable de MM. les conseillers Pioda et Schenck, et de 1600 fr. qu’on espère se procurer par des sous- criptions au recueil imprimé des observations, à raison de 20 fr. par exemplaire, pour chaque année. Il est fort à désirer qu’un bon nombre de personnes et d’institu- tions encouragent par ce moyen cette entreprise ”. * Le rapport proprement dit de M. Mousson n’occupe que 54 300 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES \ MÉMOIRE DE M. LE PROFESSEUR PLANTAMOUR. Je passe, maintenant, à l’analyse du mémoire présenté aussi en août 4864, par M. Plantamour, à la Société helvétique des sciences naturelles : Sur la distribution de la température à la surface de la Suisse pendant l'hiver de 1863 à 1864; mémoire qui offre un premier échan- tillon des résultats scientifiques auxquels le réseau d’ob- servations météorologiques dont je viens de parler peut donner lieu. Le but spécial que l’auteur s’est proposé dans ce tra- vail, est la comparaison de la température moyenne en décembre 1863, janvier et février 1864, dans toutes les stations suisses (au nombre de 76 en activité à cette épo- que), ainsi que de l'amplitude de l’excursion diurne ther- mométrique ; afin de trouver, d’abord, la loi ou la formule générale par laquelle ces températures peuvent être liées entre elles ; et par suite les influences locales, manifestées par les écarts entre les résultats de la formule et ceux de l’observation, en chaque station particulière. Il a pris pour la température moyenne mensuelle en chaque station, celle résultant des moyennes des trois observations de chaque jour’; cette moyenne s’écarte fort peu de la vraie moyenne, comme nous l’avons vu plus haut, et la très-faible correction à y faire serait sensible- ment la même pour toutes les stations Il a adopté pour mesure de l'amplitude thermométrique diurne, la diffé- rence entre la température observée à 1 h. après-midi et à 7 h. du matin, différence plus faible, il est vrai, que pages; mais il est suivi de divers tableaux et pièces à l’appui, dans le détail desquelles je ne puis entrer ici. EN SUISSE. 301 lexcursion réelle dans les 24 heures, mais qui en diffère très-peu en hiver. Recherche d’une formule générale pour les températures. « La température moyenne d’une localité, dit M. Plan- tamour, pendant un laps de temps donné, dépend d’abord de circonstances générales, dont l'influence peut être ex- primée par une loi et traduite en chiffres par une formule, savoir de laltitude, de la longitude et de la latitude ; puis de circonstances locales, dont l'influence ne peut pas être représentée par une formule. Le chiffre exprimant la valeur de linfluence due aux circonstances locales ne peut pas, par conséquent, être calculé et déterminé a priori; il ressort a posteriori de la comparaison entre la température observée, et la température calculée par la formule qui tient compte des circonstances générales. D'un autre côté, la valeur numérique des coefficients, ou des constantes qui entrent dans la formule, ne peut pas être déterminée a priori; il faut la calculer dans chaque cas, à l’aide des températures observées dans les diffé- rentes stations. Or, comme les chiffres fournis par lob- servalion renferment l'influence des circonstances locales, qui peuvent agir tantôt dans un sens, tantôt dans le sens opposé, il importe de multiplier, autant que possible, le nombre des stations, et de les choisir dans des circons- ‘ tances aussi variées que possible, afin que leur effet soit compensé et éliminé dans le résultat. » Pour parvenir à sa formale, M. Plantamour a dû d’a- bord éliminer les données fournies par les stations situées au sud de la chaîne des Alpes. « Cette puissante barrière, dit-il, exerce une telle influence sur les deux versants 302 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES opposés, que l’on serait obligé d'exprimer par une fonc- tion discontinue l’action de la latitude dans le passage de l’un à l’autre. J’ai, par conséquent, laissé de côté, dans le calcul des formules, les sept stations des cantons du Tessin et des Grisons qui sont au sud des Alpes; puis, par la Comparaison avec la température qui leur serait assignée par les formules, j'ai essayé d'évaluer ensuite l’excédant de chaleur qu’elles doivent à leur po- sition. » ; Les 69 stations dont 1l à fait entrer les données dans ses premiers calculs sont réparties: 4° pour laltitude, entre Bâle (275) etle Grand St-Bernard (2478); 2 pour la longitude en temps à l’est de Paris, entre O h. 15 m. (Genève) et 0 h. 32 m. (Remüs, dans les Grisons); 3° en- fin, pour la laütude boréale, entre 45°52° (Grand Saint- Bernard) et 47°45° (Lohn, canton de Schaffhouse). M. Plantamour a adopté Oh 24 m. et 46°50° pour longitude et latitude moyennes, et il a introduit dans sa formule générale un terme dépendant du premier de ces éléments, affecté d’un coefficient w encore inconnu, puis un autre terme dépendant du deuxième élément et affecté d’un coefficient v. Quant à ‘lévaluation de l'effet de dé- croissement de la température avec la hauteur, il a adopté d’abord, comme point de départ, laltitude moyenne de 4400 mètres, et a introduit dans la formule trois autres termes, dépendants des trois premières puissances de l'altitude, et affectés de coefficients indéterminés x, y et2. En ajoutant à ces cing coefficients indéterminés la tem- pérature au point central à 4400 mêtres d'altitude, on a 6 inconnues et 69 équations de condition pour chaque mois, dont la résolution par la méthode des moindres carrés doit donner les valeurs les plus probables de ces EN SUISSE. 303 inconnues pour le dit mois. L'auteur, afin d’abréger le calcul, sans altérer l'exactitude du résultat, a formé des lieux normaux, en réunissant en un seul groupe un cer- tain nombre de stations peu distantes en longitude et en latitude, et dont l'altitude était aussi peu différente. Le nombre des groupes ainsi formés a été de 20, et la ré- solution des 20 équations de condition pour chaque mois, a conduit M. Plantamour à trois formules générales, re- présentant la température moyenne à la surface de la Suisse, suivant la longitude, la latitude et l'altitude de chaque station en décembre 1865, janvier et février 1864. En faisant la somme des carrés des écarts entre le ré- sultat du calcul de la formule pour chaque groupe, et celui de l’observation pour le dit groupe, on trouve en décembre un écart probable de + 0°,38 en janvier » +0,68 en février » + 0,51 ce qui montre que les formules représentent les tempé- ratures avec une approximation aussi grande qu’on était en droit de l’attendre. Le chiffre notablement plus élevé de l’écart en janvier, s’explique par l'influence que Îles circonstances locales exercent, à un plus haut degré, pour modifier la température, lorsque celle-ci est aussi excep- tionnellement basse qu’elle l’a été dans ce mois. M. Plantamour a calculé, à l’aide de ces formules, le décroissement de la température de cent en cent mètres d’élévation, à partir de 200 mètres d'altitude, au point central en longitude et en latitude ; il a vérifié ainsi que la loi de décroissement a été très-différente d’un mois à l'autre, comme le montre aussi la planche annexée à son mémoire, qui représente par des courbes le décroisse- ment de température avec la hauteur pendant chacun des 304 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES trois mois d’observations. En décembre, ce décroisse- ment a été en se ralentissant jusqu’à la hauteur d’en- viron 1800 mètres; il était d'environ ‘/; degré par cent mètres à de petites hauteurs, et ensuite à peine de !/, de degré : puis il s’est légèrement accru aux plus grandes hauteurs. En février, au contraire, le décroissement a suivi une progression croissante jusqu'à 1800 mètres, n'étant d’abord que de !/; de degré par cent mètres, et arrivant ensuite à un peu plus de !/ degré, puis tendant à décroître aux plus grandes hauteurs. Au mois de jan- vier, le décroissement déjà très-faible (d'environ un [{}, de degré par cent mètres) à de petites hauteurs, a encore diminué jusqu’à celle de 1200 mètres, où il était presque nul. Il est devenu ensuite plus rapide, et il était de près de!/, degré par cent mètres à 2500 mètres. M. Plantamour attribue cette anomalie en janvier au froid exceptionnel des régions inférieures, ce mois ayant été plus froid que de coutume de près de trois degrés à Genève, tandis qu'il a été plus chaud au St-Bernard de six dixièmes de degré. Ql faut donc admettre, ajoute l’auteur, que les parties plus basses de la Suisse, ainsi qu’une partie notable du centre de l’Europe, ont été envahies par une couche ou une nappe d'air froid, qui ne s’étendait pas à une hauteur considérable, du moins pas d'une manière aussi persis- tante. On trouve, en effet, sur toutes les sommités élevées de notre réseau, comme le St-Bernard, le Simplon, le St-Gothard, le Bernardin, le Julier, le Grimsel, le Righi et même le Weissenstein et le Chaumont, des froids ex- cessivement rigoureux dans les premiers jours de janvier ; mais dans ces localités le froid n’a pas duré, et il a été remplacé par une température comparativement douce, comme si, l’air froid descendant des régions supérieures, EN SUISSE. 305 la limite de cette couche s’était graduellement abaissée, de facon à ne recouvrir que les régions moins élevées. On trouve encore une trace de cette anomalie au mois de février, où de 200 à 600 mètres d'altitude l’abaissement de la température est moindre d’un degré. Il semble ainsi que la nappe d’air froid a graduellement diminué d'épaisseur, au point de ne plus recouvrir, à cette épo- que, que les points élevés de moins de 7 à 800 mètres.» Quant à la variation de température qui résulte d’un changement dans la position géographique, on voit par le signe du coefficient # que la température s’abaisse à mesure qu’on s’avance vers l’Orient, ce qui est conforme à la loi que présente, en général, cette partie de lEu- rope en hiver. Dans le sens des méridiens, on trouve un accroisse- ment dans la température de 0°,63 en décembre, et de 0°,43 en janvier, à mesure qu’on s’avance d'un degré en latitude vers le nord, et un décroissement de 0°,58 en février. «Cette anomalie, dit M. Plantamour, d’un accrois- sement de la température pour une latitude plus élevée dans les deux premiers mois, ainsi que l’abaissement très-rapide pour une lougitude plus orientale dans les deux mêmes mois, peut s'expliquer par la position et la direction du massif des Alpes. Comme ce massif occupe la partie méridionale, surtout dans la Suisse occidentale, les stations boréales en sont, en général, plus distantes, et l'effet réfrigérant de ce massif doit diminuer avec la distance; il sera moindre, par conséquent, au Nord et surtout au Nord-Ouest de la Suisse que dans les autres régions. Quant à la différence de résultat en février, il est probable qu’on en trouverait Pexplication par la dis- tribution de la température dans l’Europe moyenne et la Arcmives, T. XXIL. — Avril 1863. 19 306 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES position du pole relatif de froid à cette époque. Il est à peine nécessaire d'ajouter que ces formules empiriques ne sauraient être employées à calculer la température de lieux situés en dehors des limites du réseau suisse, soit dans le sens horizontal, soit dans le sens vertical, sur- tout si la distance était un peu considérable. » Influences locales sur les températures. M. Plantamour examine ensuite Pinfluence qu'ont exercée les circonstances locales pour modifier la tem- pérature. Cette influence ressort de la comparaison entre la température observée dans une station et celle qui lui est assignée par la formule générale obtenue précédem- ment. L'auteur a dressé un tableau, dans lequel il indique 4° laltitude, la longiiude et la latitude de chaque sta- tion; 2 la différence entre la température observée et la température calculée, pour chacun des trois mois et pour lhiver entier ; 4° pour chaque mois l’amplitude moyenne de l’excursion diurne de la température. Les 69 stations y sont rangées par ordre d'altitude croissante, depuis Bâle jusqu’au Grand -St-Bernard. Ce tableau, dit-il, ne permet de reconnaître aucune loi, ou marche régulière, dans les différences entre les ré- sultats de lPobservation et ceux de la formule, et il en serait de même si on les rangeait dans l’ordre des lon-. gitudes ou des latitudes. Ces différences présentent or- dinairement, en chaque station, une grande analogie pour les trois mois, et on ne peut hésiter à y reconnaître une cause locale. Cette cause doit tenir, soit à l’incertitude qu’on peut attribuer à la détermination de la température moyenne, par le fait de quelque erreur de lecture, d’im- EN SUISSE. 307 perfection de l'instrument, ou d'emplacement défectueux ; soit à l'influence réelle sur la température de la configu- ration et du relief de la contrée dans le voisinage de la station. M. Plantamour estime impossible de fixer d’avance el a priori, pour chaque station, le chiffre de l'incertitude sur sa température moyenne, quoique les soins apportés à la construction, à la comparaison et à l'établissement des instruments, et les garanties que présentent les ob- servateurs doivent faire espérer que les erreurs de ce genre sont pelites. Mais on peut, du moins, déterminer à combien s'élève, d’après la moyenne de toutes les sta- tions, le chiffre de l'incertitude probable, en prenant Ja somme des carrés des écarts, et en en déduisant lincer- titude probable avec laquelle la formule représente la température de l’ensemble du réseau suisse. Ce calcul a donné pour résultats : | en décembre 1863 une incertitude probable de + 0°,57 en Janvier 1864 > AO en février 1864 ) + 0,62 d’où résulte pour lhiver entier une valeur IDYENHE Dé ee Re de een Me a UOTE On est, par conséquent, fondé à admettre que, dans tous les cas où l'écart dépasse cette limite, le climat de la contrée adjacente est modifié par l'influence de eir- constances locales particulières. L'auteur fait l’énumé- ration des siations où les écarts ont dépassé la valeur probable, soit dans le sens posiuf, soit dans le négauf. Celles dont la température hivernale a été le plus élevée sont, dans l’ordre du décroissement des écarts : Churwalden, Beatenbere, Trogen, Montreux, Coire, le Righi, Græchen, Altorf, etc. 308 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Celles, au contraire, où il a fait le plus froid, sont : Bevers, le Sentier, Fanz, Andermatt, Reckingen, Splü- gen. la Chaux-de-Fonds, Vuadens, Einsiedeln, etc. Sur les 32 cas d’une anomalie prononcée de tempéra- ture, il ne s’en trouve que 10 qui se rapportent aux 34 stations dont l'altitude est au-dessous de 700 mètres ; 91 sont relatifs aux 98 stations comprises entre 700 et 1800 mètres d’altitude; et il ven a un seul (le Bernardin à écart positif), parmi les 7 stations dont l'altitude dé- passe 4800 mètres. M. Plantamour fait an sujet de ces anomalies locales les remarques suivantes : «En hiver, où le soleil ne reste que peu d'heures au- dessus de l’horizon et n’atieint qu’une faible hauteur, le refroidissement du sol par le rayonnement n’est pas com- pensé par la chaleur due à l'insolation; le sol est, par conséquent, habituellement plus froid que les couches d'air superficielles ; celles-ci sont plus froides que celles qui leur sont superposées, et ainsi de suite jusqu’à une certaine hauteur. Pendant la plus grande partie de lhi- ver, il se produit ainsi, dans le voisinage du sol, une interversion dans le décroissement de Ja température avec la hauteur : c’est alors le sol qui est le plus froid, ainsi que les couches en contact avec lui: la température s'élève rapidemment d’abord, puis plus lentement jusqu'à une certaine hauteur, à partir de laquelle elle décroit à mesure que la hauteur augmente (M. Plantamour cite en note à ce sujet les expériences intéressantes de MM. Marcet et Martins). Si la station est dans un pays plat, le refroidis- sement du sol et des couches d'air en contact avec lui ne donne lieu à aucun courant atmosphérique local, les mo- lécules d’air les plus froïdes et les plus denses occupant partout un niveau inférieur et formant une couche pa- EN SUISSE. 309 rallèle au sol. Un vent léger, qui aménerait un renou- vellement constant des molécules d’air situées au-dessus d’un point déterminé, ne produirait pas un changement daus la température, puisque les conditions sont les mêmes dans toute la région voisine. Il n’en est pas de même dans un pays montagneux, où le refroidissement des couches en contact avec le sol produit nécessaire- ment, en raison de la déclivité du terrain, un courant atmosphérique local: les molécules d'air amenées suc- cessivement en un point donné, peuvent alors provenir de régions plus chaudes, et élever ainsi la température de la station, ou de régions plus froides et l’abaisser. « Toutes les fois que le sol est plus froid que Pair placé au-dessus, les molécules d'air des couches super- ficielles se refroidissent par contact, et devenant ang plus denses, elles tendront à descendre si le terrain est incliné; ce mouvement se répétant de proche en proche, il se produira le long de la pente un courant descendant, phénomène bien connu de tous ceux qui habitent les montagnes ou qui les ont étudiées. La direction et l'in- tensité de ces courants descendants sont modifiées par les plis ou accidents du terrain ; et de la même manière que les: courants d’eau, ils tendent à converger et à se réunir dans des dépressions, telles que gorges, couloirs ou ravins, qui leur servent pour ainsi dire de lit. « Tout courant atmosphérique est nécessairement ac- compagné d’un contre-courant; il faut admettre, par conséquent, que les molécules d'air entrainées par le courant descendant soient remplacées par un contre- courant superposé à ce dernier. Si la station est située sur un pic isolé, comme la cime du Righi, ou sur la crête d’une chaîne de montagnes, comme le Chaumont ou 310 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES l’'Uetliberg, le contre-courant amène incessamment de Pair provenant de couches placées à une plus grande distance du sol, plus chaudes par conséquent; de là la température relativement plus élevée de ces localités. Le Weissenstein seul, parmi les stations placées dans une situation analogue, ne présente pas une anomalie marquée sous le rapport de l’élévation de la tempéra- ture ; on peut néanmoins remarquer que la température _y a été relativement plus douce qu'à Soleure, située au pied du Jura. Dans les stations placées sur les cols des Alpes, comme le Simplon, le Bernardin, le St-Gothard, le Julier et le St-Bernard, l'élévation de la température produite par le contre-courant peut, suivant la configu- ration de la localité, être neutralisée et compensée par le courant descendant des cimes qui dominent le col ; aussi ne trouve-t-on dans ces cinq stations que des ano- malies très-faibles, sauf pour le Bernardin où légart po- sitif est prononcé. € Dans les localités situées sur le flanc des montagnes, Pinfluence du contre-courant tendra encore à élever la température, quoique d’une manière moins prononcée, en général, que sur les sommités; les détails de la con- figuration topographique du terrain, dans le voisinage de la station, peuvent y produire alors des différences très-considérables. Ainsi, les dépressions sur le flanc de la montagne, les gorges et les ravins servant de lit au courant descendant, peuvent donner lieu à un abaisse- ment local très-notable de la température, tandis que les parties plus saillantes, les éminences (empläcement choisi généralement pour les villages) seront favorisées au contraire, le contre-courant amenant incessamment de V'air qui ne s’est pas refroidi par le contact avec le sol. EN SUISSE. 914 Deux stations de notre réseau qui se trouveat dans une exposition pareille, Beatenberg, au-dessus du lac de Thoune, et Græchen, sur les flancs de la chaîne qui borde à l’est la vallée de St-Nicolas en Valais, présen- tent, l’une et l’autre, une anomalie trés-prononcée (d’en- viron 2 en moyenne pour la première station et 4° ‘/, pour la seconde) dans le sens d’une élévation de tem- pérature ; l'écart est moins grand pour Græchen, qui est exposé aux vents du nord, tandis que Beatenberg, placé sur le versant sud, en est abrité. Une circonstance que Von doit signaler comme pouvant exercer une assez grande influence dans toutes les localités adossées à une pente de montagne, qu’elles soient au pied où à mi-côte, est l’existence ou l’absence de forêts sur les pentes qui deminent cette localité. Car, de même que le sol se ré- chauffe moins sous l’action des rayons du soleil dans une région couverte de forêts, de même aussi il se re- froidit beaucoup moins par le rayonnement; le courant descendant rencontre aussi dans ce cas des obstacles qui diminuent son intensité. On peut donc signaler, parmi les effets fâcheux que produit le déboisement des pentes et des montagnes, la détérioration qui en résulte dans le climat des localités situées au-dessous de ces pentes, en rendant les froids de lhiver plus rigoureux. « D’après ce qui précède, on doit s'attendre à trouver au fond des vallées, dans leur partie la plus profonde, une température notablement plus basse, leur Thalweg servant de lit à un courant d’air froid, tout comme au torrent ou à la rivière. Mais l’espace de ce courant, quoi- que plus considérable que celui du torrent, est cepen- dant limité à une zone étroite, en sorte que les parties de la vallée en dehors de ces limites pourront être dans une 312 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES situation analogue à celles qui se trouvent sur Île flanc des montagnes. On trouvera ainsi des localités qui, grâce à leur position et à la topographie du terrain, sont eu de- hors du courant d’air froid, et peuvent même devoir une température relativement élevée à certaines circonstances spéciales, telles que labri qu’offrent les montagnes contre les vents du nord, surtout siles pentes sont boi- sées, le voisinage d’un lac, etc. Ainsi Coire, Platta, Auen, Altorf, Closters, Stalla, Schwytz, Sargans sont dans ce cas ; et on peut ranger aussi Montreux dans la n'ême ca- tégorie, avec cetie différence que le lac, qui y occupe le fond de la vallée, est en hiver une cause de chaleur el uon de froid. « L'exemple le plus saillant de lPabaissement extraor- dinaire ée la température que l’on rencontre dans cer- taines parties des vallées, est Bevers, village qui à la ré- putation d’être le plus froid de toute la haute Engadine, dont le climat est cependant bien rigoureux. Les obser- vations de l'hiver dernier ont confirmé cette réputation. En effet, non-seulement Bevers à présenté lanomalie de froid la plus forte, de 2,89 : mais aussi de froid absolu le plusintense de toutes les stations. Sa température raoyenne a été de — 13°,49 en janvier, et pour l'hiver de -- 9,40: tandis que la température moyenne du Julier a été de — 10°,53 en janvier et de 8°,63 pour l'hiver, et celle du St-Bernard de — 8°,67 en janvier et de — 8°,02 pour l'hiver. Le Julier est, cependant, plus élevé de 500 mètres que Bevers, à une distance de quelques lieues seulement ; le St-Bernard est plus élevé de près de 800 mètres, mais sa position géographique est plus diffé- rente. On peut, peut-être, attribuer le froid si rigoureux de cette localité à ce qu’elle est placée au débouché du : EN SUISSE. 319 val Bevers dans la vallée de lPInn, et par conséquent au confluent de deux courants d’air froid. € Un irait dans la configuration topographique d’une vallée, dont l'influence sur la température est très-ap- préciable, est celui d’un étranglement ou d’un rétrécis- sement, qui, en opposant un obstacle au courant d'air froid, la transforme en un bassin presque fermé, au fond duquel la température tend sans cesse à s’abaisser, puisque les molécules d’air les plus denses et par con- séquent les plus froides, s’y précipitent de tous côtés, sans trouver en aval une issue suffisante comme dans les vallées ouvertes. C’est un trait qui se présente fréquem- ment dans les vallées longitudinales (dirigées du nord- est au sud-ouest) comprises entre les chaînes parallèles du Jura, et dont ia température rigoureuse en hiver est un fait bien connu. Parmi nos stations, le Sentier, dans la vallée de Joux, et la Chaux-de-Fonds en sont un exemple, et offrent, ta première surtout, une anomalie négative irès-prononcée (elle a été de —4°"/, en janvier). Le contraste est frappant par comparaison avec la tem- pérature de St-Imier, qui se trouve aussi dans une vallée longitudinale et un peu plus basse du Jura, mais qui ne présente pas le caractère d’une combe, ou avec celle de Ste- Croix, qui est dans une vallée perpendiculaire à la chaîne. Dans les vallées des Alpes, cet accident se présente fré- quemment et dans des circonstances différentes ; ainsi lorsque, dans sa partie supérieure, une vallée est paral- lèle à la direction de la chaîne principale, puis change de direction en faisant un angle à peu près droit, elle est ordinairement réduite, à l’endroit où se trouve le coude, à un défilé souvent très-étroit sur une étendue assez longue. (est ce que l’on trouve à Andermatt, où la val- 314 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES lée d’Urseren est presque entièrement bouchée par la chaîne septentrionale, qui ne laisse qu’une fente étroite au passage de la Reuss; l’anomalie négative d’Ander- matt est très-prononcée (elle a été de — 3°; en janvier), et le fait que tous les flancs des montagnes qui bor- dent la vallée d'Urseren sont entièrement déboisés, con- tribue sans doute à augmenter le froid dans cette loca- lité. Un autre exemple de ce cas se présente dans la vallée du Rheinwald, dans laquelle se trouve le village du Splügen, un peu au-dessous duquel le Rhin change de direction en traversant une suite de défilés. On peut du reste remarquer que les vallées parallèles à la chaîne principale sont généralement plus froides que celles dont la direction est perpendiculaire à cette chaîne. « Le rétrécissement d’une vallée peut avoir lieu sans qu'il y ait un changement de direction, par suite du rapprochement des’ flancs des montagnes placées de -chaque côté. C’est ce qui a lieu, par exemple, près d’Ilanz dans le canton des Grisons ; un peu au-dessous de ce bourg, la vallée est presque fermée, et le Rhin coule au fond d’une gorge très-étroite et profonde, en- caissée entre deux parois presque verticales. Aussi, l’a- nomalie négative dans la température de cette localité est-elle très-forte (elle à été de 3° ‘/, en janvier); le fait que les flancs de la montagne sur la rive gauche sont nus et déboisés peut contribuer à ce résultat. La vallée de Conches, dans le Haut-Valais, est également resser- rée au-dessous de Reckingen, et lanomalie négative de l’hiver dernier y a été d'environ 1°!/,. « Les anomalies de ‘température que l’on rencontre dans les stations situées sur des plateaux, sont plus difficiles à expliquer par des règles générales. En Suisse, | EN SUISSE. 315 les terrains de ce genre ne sont rien moins que plats, ils sont très-coupés et accidentés, et c’est de la configu- ration topographique de chaque localité que dépend lé- lévation ou l’abaissement de la température. Ainsi, la région élevée dans laquelle se trouve le village de Churwalden, au-dessus de Coire, ne peut étre désignée autrement que par le terme de plateau; c’est dans cette station qu’on troave l’anomalie positive la plus forte (elle a été de -- 4,47 en janvier etde +2,83 dans lestrois mois d'hiver). Trogen, dans le canton d’Appenzell, et St-Gall présentent également des anomalies positives ; tandis qu’Einsiedlen, dont la position est assez analogue à celle de Trogen, du moins dans ses traits généraux, accuse une assez forte anomalie négative. On trouve également une anomalie négative assez prononcée dans la région des plateaux de la partie sud-ouest de la Suisse, qui comprend les stations de Vuadens, Fribourg et Berne. Il faudrait, dans chacun de ces cas, une étude très-spé- ciale de la localité, des vents locaux, etc., etc., pour in- diquer les causes qui produisent une anomalie tantôt positive, tantôt négative... Cest seulement en l’absence d’un vent général un peu prononcé, que ces conrants at- mosphériques peuvent se produire: les anomalies seront, par conséquent, plus marquées quand équilibre de l'air aura été moins fréquemment troublé par une agitation générale, que lorsque des vents violents auront régné. Cest la première de ces alternatives qui s’est présentée en janvier 4864. À un fort vent du nord pendant les trois ou quatre premiers jours de ce mois, a succédé jusqu’à sa fin une période de calme et d’élévation du ba- romèêtre, qui peut rendre raison du chiffre élevé des anomalies locales de température, » 310 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES J’ai rapporté à peu près textuellement plusieurs pa- ragraphes du mémoire de M. Plantamour, parce qu’ils m'ont semblé dignes d'intérêt, par l’heureuse applica- tion qui y est faite des principes de la science à lappré- ciation du climat des diverses stations du réseau suisse, application qui mettra sur la voie d'examens ultérieurs comparatifs du même geure, fondés sur de plus longues séries d'observations. Tnfluence de la chaine des Alpes sur les lempératures. L'auteur compare ensuite avec les résultats précé- dents les températures observées dans Îles sept stations du réseau situées au sud des Alpes, dont cinq dans le canton du Tessin : Faido, Locarno, Bellinzone, Lugano et Mendrisio, et deux dans le canton des Grisons : Casta- Segna et Brusio. On ne peut pas, dans cette comparai- son, comme nous lavons annoncé plus haut, avoir égard aux termes dépendant de la différence de longi- tude et de latitude. M. Plantamour, en laissant ces ter- mes de côté, et n'ayant égard qu’à ceux relalifs au dé- croissement de la température avec la hauteur, a calculé, pour chaque mois, de combien la température observée en chacune des stations méridionales est supérieure à celle que, d’après l’ensemble des stations septentrio- naies, on trouverait à la même altitude au point moyen de ces dernières stations. [l en résulte, en prenant la moyenne des différences pour les trois mois d’observa- tions, qu’à hauteur égale, la température a été cet hiver- là, plus élevée en moyenne de 3°,06 pour un point situé au sud des Alpes, à 0 27,6 de longitude en temps à VPest de Paris et 46°11' de latitude boréale, qu’elle ne Va été, d’après 69 stations au nord des Alpes, pour un EN SUISSE. MU Fe point dont là longitude est de 0" 24" et la latitude de 46°50". Ce résultat ne peut être pris comme exprimant rigou- reusement l’influence du massif des Alpes sur la tempé- rature de ses deux versants opposés, vu la différence des coordonnées géographiques entre les deux points comparés entre eux. Mais la distance de ces points est peu considérable, et comme les lignes isothermes sui- vent habituellement en hiver la direction du nord-ouest au sud-est, on peut regarder le résultat obtenu comme représentant très-approximativement la quantité dont, toutes choses étant égales d’ailleurs, la température a été cet hiver-là plus élevée sur le versant sud des Alpes que sur le versant nord. Le mois de février a présenté une différence de température de 1°,73 seulement, etil sera intéressant de constater si cette différence tient à une anomalie spéciale en 1864, ou si elle se reproduira dans les années suivantes. La station de Brusio est la seule des 7 où l’on puisse signaler une élévation anomale de température d'environ un degré, tenant peut étre à des circonstances locales. s I est probable que la plupart des résultats précédents peuvent être assez differents d’une année à Pautre. Les recherches récentes de M. le professeur Dove de Berlin ont fait voir qu'il existe en Europe, à certaines époques, des pôles relatifs de chaleur ou de froid, autour des- quels on peut tracer des lignes qu’il a appelées 2somé- trales, réunissant tous les points pour lesquels le chiffre de l’anomalie est le même; les pôles pouvant se trouver tantôt dans une partie de l’Europe, tantôt dans une autre, il estévident que, d’après leur position, la varia- tion de la température suivant la longitude et la latitude pourra être très-différente. * 318 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Variabilité du décroissement de la température avec la hauteur. Quant au décroissement de la température avec la hauteur, les résultats si dissembhables trouvés dans les trois mois de l'hiver de 4563 à 1864, permettent égale- ment de supposer ‘qu'on obtiendrait une loi très-diffé- rente pour le décroissement, dans une autre année, pen- dant les mêmes mois. Celte supposition, ajoute M. Plantamour, est d’ailleurs pleinement confirmée par la comparaison de la différence de température entre Genève et le Grand St-Bernard pen- dant une série d'années. Ces deux stations ne sont éloi- gnées l’une de l’autre, en ligne directe, que de 85 kilo- mètres. D’après la valeur de la température moyenne de chaque mois, déduite pour Genève d’une série de 35 années et pour le St-Bernard de 20 années, la différence de température entre les deux stations est, en moyenne, de 8°,79 en décembre ; 9°,20 en janvier et 40°,30 en fé- vrier. Or, d’après le tableau détaillé que donne:M. Plan- tamour de ces différences, dans les mêmes mois, pen- dant les quatorze dernières années 1891 à 1864, on voit qu’elles ont varié : Entre 3°,49 et 12°,39 en décembre. »._ 4°,05 et 11°,59 en jauvier. » 8°,14 et 13°,85 en février. M. Plantamour examine les circonstances qui peuvent servir à rendre raison de ces grandes variations, et ajoute ensuite : € Jnsqu à présent nous ne pouvions constater que les variations de deux points: placés à 2070 mètres l’un au-dessus de l’autre, sans avoir les données néces- EN SUISSE. 319 saires pour trouver le décroissement en des points inter- médiaires ; l’établissement des stations météorologiques suisses comble cette lacune, et il mettra à notre disposi- tion tous les éléments propres à déterminer, pour un mois quelconque et avec une grande exactitude, la loi du décroissement de la température avec la FES jusqu’à une altitude de 2500 mètres !. » «Lors de l'invasion des grands froids, au commencement _de janvier 1864, et dans les recrudescences de froid qui ont eu lieu, à diverses reprises, à la fin de ce mois et en février, c’est dans les stations élevées que l’abaissement de température s’est manifesté un, deux ou trois jours plus tôt que dans la plaine. L’excédant négatif, après y avoir été fort considérable pendant un jour ou deux, a rapidement diminué et s’est transformé en un excédant positif: tandis que dans la plaine et dans les vallées, l’abaissement relatif de la température s’est prolongé pendant un beaucoup plus grand nombre de jours, sans atteindre une valeur aussi forte. » Il me’ paraît résulter évidemment (le l’analyse étendue que je viens de faire du mémoire de M. Plantamour, qu'il a su tirer un parti três-avantageux pour la physique ter- restre des trois mois d'observations thermométriques 1 M. Glaisher, l’uu des astronomes-adjoints de l'Observatoire royal de Greenwich, a cherché, dans ces dernières années, par de très-nombreuses ascensions en ballon, faites de jour en Angle- terre, en diverses saisons, et jusqu’à 25 à 50 mille pieds de hau- teur, à éludier entre autres, dans ce climat, la progression des températures à mesure qu'on s'élève, et il en a constaté la varia- bilité. Il se propose, pour continuer le même genre de recher- ches, d'effectuer aussi des äscensions nocturnes. 320 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES EN SUISSE. suisses dont il s’est occupé : et l’on peut conclure aisé- ment de cette première étude, tout ce qu’on doit espérer de résultats intéressants pour la météorologie alpestre, des précieux matériaux que le système actuel d’observa- tions va mettre à la disposition des savants. On doit ac- corder sous ce rapport de sincères éloges, soit aux pro- moteurs de cette belle entreprise fédérale, soit à tous ceux qui coopérent à son exécution, et faire des vœux pour qu’elle puisse être poursuivie pendant un certain nombre d'années, avec le dévouement consciencieux qu’elle réclame, surtout, de ceux qui ont accepté les fonc- tions d’observateurs. NOUVELLE MÉTHODE POUR LA MESURE DE LA CONDUCTIBILITÉ POUR LA CHALEUR PAR M. A.-J. ANGSTRŒM. (Pogg. Ann., 1861, n° 12, p. 513; 1864, n° 12, p. 628.1) Deux méthodes ont été exclusivement employées jus- qu'ici pour la détermination des coefficients de conduc- tibilité pour la chaleur. L’une de ces méthodes est fondée sur la formule : Q — k (u — Un) € où Q est la quantité de chaleur qui traverse une lame l La conductibilité des corps par la chaleur est un élément assez important pour qu’il soit utile de faire connaître une nou- velle méthode qui a pour objet de le déterminer. La méthode pro- posée par M. Angstrüm consiste, comme on le verra, à chauffer et à refroidir périodiquement l'extrémité d’une barre et à observer la propagation dans cette barre des variations de température qu'on y provoque. Pour qu’on puisse juger de la précision des ré- sultats que cette méthode est susceptible de fournir, il faudrait connaître un plus grand nombre d’observations que l’auteur n’en a encore publié. La principale objection que les physiciens feront à la méthode proposée est que l'inconnue s’y obtient d’une ma- nière très-indirecte. Il faut, en effet, calculer au moyen des don- ArcHives. T. XXII — Avril 1865. 20 322 NOUVELLE MÉTHODE POUR LA MESURE d'épaisseur e, dont les deux surfaces sont maintenues à des températures constantes w et #,. L'autre repose, comme on le sait, sur l'observation de la propagation de la chaleur dans une barre, c’est-à-dire sur l’observation des températures des divers points de la barre, lors- qu’elles sunt devenues stationnaires, et qu’elles satisfont par conséquent à l'équation différentielle où A est le pouvoir émissif de la surface, p le périmètre ets la section de la barre, w la température du point qui est à la distance x de l’origine, et enfin k, comme ci- dessus, le coeflicient de conductibilité. Si l’on discute ces deux méthodes, la première, au point de vue pratique, est sujette à objections. En effet, il y a une difficulté trés-grande à maintenir à des tempé- ratures fixes les deux faces d’une plaque métallique, à travers laquelle il passe une quantité considérable de chaleur. M. Péclet n’a réussi qu’en soumettant à un mou- vement très-rapide les couches d’eau qui baignent les deux surfaces, et on peut se demander si le frottement exercé dans ces conditions ne développe pas une quan- tité de chaleur qui doit entrer en ligne de compte. Les nées de l’observation des constantes numériques dont dépend par une série d'équations le coefficient de conductibilité. Toutefois, dans les travaux de Weber sur l'électricité, on trouve l’applica- tion de méthodes analogues, et elles peuvent conduire à des ré- sultats très-précis, si les procédés d’expérimentation permettent d'établir les calculs sur des bases suffisamment exactes. Quoi qu'il en soit, la méthode proposée par M. Angstrüm est intéres- sante à étudier, et nous publions un extrait des deux mémoires où l’auteur l’a exposée. DE LA CONDUCTIBILITÉ POUR LA CHALEUR. 9393 différences considérables que présentent les résultats ob- tenus par différents physiciens en employant cette mé- thode montrent bien qu’elle est d’une application diffi- cile. En prenant pour unité de chaleur Îla calorie, la quantité de chaleur qui traverse dans une seconde une lame de cuivre de 1" d'épaisseur, de 1" de surface, et dont les faces ont des températures différentes de 14», c'est-à-dire le coefficient de conductibilité du cuivre a été trouvé par divers expérimentateurs égal à 0,23, à 4,22, puis à 19,11 par M. Péclet en employant les agi- tateurs. Cette dernière valeur, bien que beaucoup plus grande que les précédentes, est encore beaucoup plus petite que celle que l’on obtient par une nouvelle mé- thode, comme on le verra plus loin. La seconde méthode est plus exacte, et la détermination des températures d’une barre peut se faire avec beaucoup de précision soit avec des thermomètres, soit au moyen d’un élémentthermo-électrique, comme l'ontpratiqué MM. Wiedemann et Franz. Mais cette méthode présente cet in- couvénient qu’elle ne fournit pas la valeur de k, mais celle du rapport de k à k, c’est-à-dire au pouvoir émissif de la surface de la barre. Or le pouvoir émissif dépend dans une certaine mesure de Ja température absolue. On ne peut donc obtenir que les valeurs relatives des coeffi- clients, et il faut pour cela que toutes les barres aient la même surface et aussi n’opérer qu'entre certaines limites de température. Il est donc désirable de trouver un autre procédé qui permette d'obtenir la valeur absolue de k, et qui ne présente pas les difficultés pratiques de la première des deux méthodes que lon vient de rappeler. 3924 NOUVELLE MÉTHODE POUR LA MESURE L’équation différentielle du mouvement de la chaleur dans une barre prismatique est : du — Kd?u — Hu dt dx? ou KE RANCE = hp cè cos u est la température d’un point de la barre à l'instant 4, x sa distance à l’origine; L et À sont le pouvoir émissif et le coefficient de conductibilité de la substance, c et d sa chaleur spécifique et sa densité: p et s sont le péri- mètre et la section de la barre. On considère une barre prismatique suffisamment longue par rapport à sou épaisseur pour qu’il ny ait pas lieu de tenir compte de ses faces terminales, et à l’une de ses extrémités on opère des réchauffements et des re- froidissements successifs à des intervalles de temps égaux. Ces changements périodiques de température se pro- pagent dans la barre; les oscillations de température sont retardées et leur ainplitude diminuée lorsqu’on les ob- serve sur des points de plus en plus éloignés de celui où on les détermine. On prolonge ces variations jJusqu’à-ce que la température moyenne d’un point de la barre de- vienne stationnaire, et c’est l'observation des oscillations thermométriques en deux points suffisamment distants qui permet, comme on va le voir, de déterminer le co- efficient de conductibilité. Dans les conditions que l’on suppose réalisées, cest- à-dire si la tempéralure moyenne d’un point est station- naire, et si le réchauffement et le refroidissement sont DE LA CONDUCTIBILITÉ POUR LA CHALEUR. 325 parfaitement périodiques, la solution de l’équation des températures peut être mise sous la forme: ! ei VE — JT K u— me + ae Sin (2rt — gr +8) T- En effet, cette équation satisfait à l'équation différen- tielle donnée plus haut, et la température d’une section de la barre peut être exprimée d’une manière suffisam- ment approchée par le sinus d’un arc croissant propor- tionnellement au temps et renfermant une constante ar-. bitraire. Dans cette équation, T est la durée de la période, | L’équation complète des températures, telle qu’elle est donnée dansle mémoire de M. Angsiræm, se compose de quatre termes au lieu de deux ; c’est la suivante : n—— re” ZT —gx K "mm ce + ae sin(2rt — gx +8) F —gy 2x + Ve sin (#rt — gl 2: +8) T + ce sin (ô7t — g, 3x +8) TT Les deux derniers termes disparaissent si la température d’un point de la barre est soumise à une variation périodique, dont la durée de période est T. Il en résulte que, comme l’on cherche autant que possible à réaliser cette condition, les coefficients de _ces termes sont loujours très-petits et qu’on peut les négliger dans les calculs. 326 NOUVELLE MÉTHODE POUR LA MESURE au bout de laquelle la température redevient la même : m, a et (8 sont des constantes arbitraires et les quantités g et g‘ sont données par les équations : y — Var + HE + H K2T2 4K? 2K È 2 Pa VRP DE K21? 4kK XK Ces équations sont celles au moyen desquelles on sa- tisfait à l’équation différentielle du problème. Voici maintenant comment l’observation des tempéra- tures conduit à la détermination de 4. On a une barre chauffée et refroidie périodiquement, et soit 24 la durée de la période, l’angle … est alors égal à 15°. On compte T en minutes et on désigne par x le nombre des minutes correspondant à un certain instant à partir de l’origine du temps. On observe au bout de chaque minute les températures de deux points séparés par une distance /; soit w, la température du point le plus voisin de la partie chauffée et refroidie ; soit #,, la température pour le se- cond point. On prend pour origine des x le premier point et la température «, a pour expression : u, = m + a sin (n 10° +8) pour w, on fait æ égal à L': CIRE VHL —ql ÿ | u — me —+ae sin (nid —gl+8) DE LA CONDUCTIBILITÉ POUR LA CHALEUR. 327 Ces deux équations se mettent sous la forme : Uo == Ào + B, sin (n19° EC) u,) —= À, + B, sin (n159 + C;) L'observation des températures donne une série de va- leurs, w, et ”,, pour les divers instants de la période, et permet de déterminer ainsi, en employant la méthode des moindres carrés, les constantes A,, B,, G,, et A,, BC: Or il résulte des équations ci-dessus que lon a: On trouve ainsi les valeurs de gl et de gl. Posons : QUE Va net ja" les équations qui déterminent 4 et g' donnent : xx — rl? “KT et en remplaçant K par sa valeur, on trouve finalement: k = cd rl? a&T. Ainsi le coefficient de conductibilité est donné par une expression où n'entre pas k, le pouvoir émissif. Les quan- tités qui entrent dans cette formule sont les unes déduites de lexpérience, savoir T, L et & et &', les autres des constantes de la substance c et d, c’est-à-dire la chaleur spécifique et la densité, éléments connus avec toute la précision désirable. 328 NOUVELLE MÉTHODE POUR LA MESURE On a fait l'application de cette méthode au fer et au cuivre, et les expériences suivantes serviront à montrer un exemple des conditions dans lesquelles on peut expé- rimenter. Pour la mesure des températures, on a employé des thermomètres de la plus petite dimension possible plon- geant dans la barre. On ne peut guère employer la me- sure des températures à la surface de la barre au moyen d’un élément thermo-électrique que si la barre elle-même est três-mince, condition qui est désavantageuse pour cette méthode. En outre, le passage de la chaleur de la barre à l'élément thermo-électrique donne lieu à des irrégularités qui sont tout à fait du même ordre que celles qui peuvent provenir des trous pratiqués dans la barre pour y placer les thermomètres. Les thermomètres avaient des réservoirs cylindriques de 1%",5 à 2m ,0 de diamètre et de 15" de long ; les échelles étaient arbi- traires et on les visait avec une lunette. Les barres pris- maliques avaient 23% de largeur et les trous, de 2,3 de diamètre, étaient disposés à 50% les uns des autres. La longueur totale de la barre de cuivre était de 570, Le réchauffement et le refroidissement alternatifs de la barre s’opérait au moyen de la vapeur d’eau et de l’eau froide. Un robinet que l’on tournait dans un sens ou dans l’autre ouvrait successivement la communication avec une cornue où se produisait la vapeur etavec l’eau d’un réser- : voir. Avant de se servir des thermomètres, on les avait comparés et on avait établi les valeurs relatives de leurs divisions. [l faut remarquer qu’on n’a besoin de con- naître la température absolue des points de la barre que pour établir à quelle température moyenne correspond la valeur que l’on trouve pour le coefficient de conducti- DE LA CONDUCTIBILITÉ POUR LA CHALEUR. 329 bilité. Et, de pius, on peut se passer de chercher les va- leurs relatives des divisions des deux thermomètres que l’on emploie dans une expérience, si l’on a soin de faire deux séries d'observations en échangeant dans la seconde la place des deux thermomètres. Le verre étant mauvais conducteur, on peut craindre que le thermomètre n’accuse pas immédiatement la tem- pérature du paint de la barre où il plonge. Toutefois ce retard dans les indications se produit à la fois sur les deux thermomètres que l’on observe, et s’il y a quelque différence entre les deux, on peut l’éliminer en les chan- geant respectivement de place. Dans le tableau suivant se trouve, comme exemple, une série d'observations faites sur une barre de cuivre. La longueur de la période totale des températures est de 24 minutes, c’est-à-dire qu’on chauffe pendant 12 mi- nutes et qu'on refroidit pendant les 42 autres. Les deux thermomèires À et B que lon observe sont distants de 100%, Les nombres de degrés inscrits dans chaque co- lonne verticale correspondent deux à deux aux deux ins- tants inscrits au haut de cette même colonne : | 1 ga 5" 7m | gu i+ die | 132 85, 17m 19m; 14.218 23m TE ES UE TXE KE SEE 107.50 | 93 55 | 72.97 | 56.83 |. 50.13 | 46.7 à 50.57 | 80 22 | 93.05 [100.09 [104.50 |107.5 | | ne EU 96 | 98.88 | 91.87 | 84.07 | 78.80 | 75.56 SL 73.51 | 81 31 | 88.67 | 93 53 | 96.86 | 99.26 | Ther m. À. | Î En calculant, au moyen de cette série d’observations, les constantes de la formule des températures, on trouve pour le thermomètre À : üo — 80,39 + 31.745. sin (159 n + 1340. 61,2) 330 NOUVELLE MÉTHODE POUR LA MESURE et pour le thermomètre B : " u — 88.86 + 13.818 sin (150 n —L 109. 2.7) Une seconde série d’observations faite en changeant de place les deux thermomètres donne pour les tempé- ratures des deux points deux formules semblables à celles-ci, et en prenant pour les valeurs de 4 etæ', quan- tités dont on a expliqué la signification dans les formules développées plus haut, les valeurs moyennes on trouve: k==1e d: 64,0: Plusieurs séries d'observations ont été faites de cette manière sur la barre de cuivre et sur une barre de fer. On a fait varier la durée de la période des températures, qui a été de 24, de 16 et de 12 minutes. Dans le tableau suivant, on trouve les résultats obtenus pour le quotient k ne : Ti dans ses diverses séries. La température moyenne du barreau est aussi indiquée, ainsi que la durée de la pé- riode. | « * dep de la! Températ. FURE k | période. | moyenne. LÉ | = DE 0 24% 6129 62.07 : 62.9 64.00 » 50 0 63 44 Aer - » 49.9 64.41 16 49.0 65.81 | 12 46.5 64.97 | 16 33.0 67.99 Moyenne 513 | 64 66 | HET PNR Bts 255. | 1x 16 54.1 | 10.92 | Moyenne DE LA CONDUCTIBILITÉ POUR LA CHALEUR. 3931 Ce produit cd est pour le cuivre égal à 0,844, et pour le fer à 0,886 ; on trouve ainsi que la valeur absolue de k est: pour le cuivre.....54.69 Dour:l6. fer. 4.2 9.77 Afin de vérifier ces résultats, on a cherché les valeurs relatives des conductibilités des deux barres par la mé- thode du décroissement des températures stationnaires, et on a trouvé pour le rapport des conductibilités 5,65 : le rapport des deux valeurs ci-dessus est 5,59. Dans les valeurs absolues de k, l’unité de temps est la minute, l’unité de chaleur est le millième de la calorie, l'unité de surface est le centimètre carré, et l’unité d’é- paisseur le centimètre. En réduisant à ces mêmes unités les valeurs trouvées par M. Péclet pour le cuivre et le fer, ces valeurs deviennent: pour le cuivre..... 41.4 pour:le fer. #00 4.85 La méthode de M. Angstrôm et les premiers résultats que l’auteur a obtenus en l’appliquant se trouvent dans un mémoire qui à été publié il y a quatre ans. Il à paru récemment une addition à ce mémoire, où l’on trouve une série d'expériences pour déterminer la con- ductibilité du mercure. Le mercure est contenu dans un tube de 37"" de dia- mètre, qui est maintenu dans une position verticale. Le haut de la colonne est en contact avec un cylindre métal- lique recourbé, et pour produire le réchauffement et le refroidissement périodiques, on chauffe pendant 12 mi- nutes à la lampe ce cylindre et on le laisse refroidir pen- dant 12 autres minutes. La distance des deux thermo- 332 DE LA CONDUCTIBILITÉ POUR LA CHALEUR. mètres que l’on observe est de 48m". Voici le tableau des expériences, d’après lequel on peut voir que l’on ob- tient des périodes très-régulières et dont l’amplitude est toujours la même : | Le LE | 61-90 | core | ec ec | cac | LL'1e | reg | 0e-6c |© eére | Le-og | Loue | 06:15 l--ouuotom D OGlL | 069 | €9-P | 0CE€ | S1'e | ëL D, |x 0e 006 NF 7 ete IOIDIEL eee Hoégil ef @t°9. | 207 | 068 Loc e | our |=ere.l 06e | 267 2! 10797 | om © 06: 6" | Le'ot | oLpe | Le-ec | ee | o8-1e | ces | Legs | oo ge | og-oc | cg 1e | oc-ec ‘ or ou FERA | RL NS ON NE CHE u98 up & ueG u0G | ua wuOI uPlI | mel | u0] uS u9 up | ‘4 AHLANONHANL 09'£€ | &L°6€ | TC FF | IP 8r |''onuaion 0G°8P | 6177 | GL'86 | 16 6€ | Le'8e ER LC | 69" 88 | | | pere 1 | tele EUR À 666 [Pots | on cor -lict | 09. 8-"| "OIL. 6 LLC AT 4e | OF'8 2 À CS'R 66 € 0E'8 OL'Y &9 PF 06 8 fre 0€°6 O9'F 05°8 LG°8 CG VY £G°8€ LT'E6 LT" 88 99'°7& 0G°P& OC" 88 OF'EE OG'8E LEE OC'SFr | mEt ul | ul ul | TT ( u£T ll wu6 | Y AULANKONYIHL 334 DE LA CONDUCTIBILITÉ POUR LA CHALEUR. Dans ces tableaux, chaque ligne horizontale renferme toutes les observations d'une période complète com- mençant et finissant par le maximum. En calculant, comme on l’a vu plus haut, les constantes de la formule des températures et en résolvant les équa- tions qui donnent k, on trouve que le coefficient de con- ductibilité pour le mercure à 50° est: 1,061 : Gette valeur comparée à celles qu’on a trouvées pour le cuivre et le fer, donne le même rapport que celui qui existe entre les valeurs des conductibilités électriques de ces métaux. L'auteur résume de la manière suivante les avantages que lui paraît offrir la méthode qu’il propose: 1° Les résultats sont indépendants de la température du milieu ambiant. 2° On applique le calcul non pas à une seule obser- vation, mais à toutes les observations des températures qui constituent une période, et toutes ces observations ont une valeur égale pour la détermination de Pin- connue. 9 On peut rendre les résultats indépendants de la va- leur des divisions des thermomètres que l’on emploie. 4° En faisant varier la longueur de la période, on peut obtenir des vérifications et aussi rendre la méthode ap- plicable à des barres courtes. 9° On peut appliquer la méthode à des liquides. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. H. Wizp. UNTERSUCHUNGEN UEBER DIE ÎDENTITAET, eic.... RE- CHERCHES SUR L’IDENTITÉ DE L'ETHER LUMINEUX ET DU FLUIDE ÉLECTRIQUE. L'hypothèse qui assimile l’éther dans lequel a lieu la propagation des ondes lumineuses au fluide électrique a pour conséquence que la densité de l’éther ne doit pas être la même dans un corps, sui- vant qu'il est électrisé positivement ou négativement. M. Wild décrit un certain nombre d'expériences destinées à faire voir s’il est possible de trouver quelque corrélation entre les propriétés optiques des corps et leur état électrique. Les résultats de ces expériences sont tous négalifs, bien que dans certaines d’entre elles les moyens d’expérimentation soient très-sensibles. 1° On fait adhérer une goutte d’acide sulfurique à un prisme en verre et on dispose l'expérience comme pour la détermination de l'indice de réfraction par la méthode de la réflexion totale. On fait donc coïncider le fil du réticule de la lunette avec la limite de la réflexion. On électrise la goutte d'acide au moyen d’un fil de platine qui communique avec une source et on examine si Ha limite se déplace. 2° Dans une capsule en verre dont les bords sont vernis à la gomme laque, on met de l'acide sulfurique. On dispose au des- sus, à une distance de 15% des bords de la capsule et à 30» de la surface du liquide, une plaque de cuivre percée d’une ouverture rectangulaire de 40" de large sur 60 de long. Deux lunettes 336 BULLETIN SCIENTIFIQUE. sont placées des deux côtés de la capsule, de telle manière qu’un rayon arrivant suivant l'axe de la première passe par l'ouverture de la plaque, tombe sur la surface liquide suivant l'angle de po- larisation et soit réfléchi suivant l'axe de la seconde. À cette se- conde lunette, on adopte un prisme de Nicol et an fait arriver par la première la lumière d’une lampe d’Argand. Avec le prisme de Nicol, on éteint le rayon réfléchi et il suffit d’un angle d’une mi- nute pour le faire reparaître ; on électrise le liquide, on fait communiquer la plaque avec le sol et, après avoir éteint le rayon réfléchi, on examine s’il reparait par le fait dgl’électrisation. — Le résultat négatif fait voir que l'indice de réfraction de l'acide n'est pas changé d’un millième. 3° Une auge rectangulaire en lames de verre à glace est par- tagée suivant sa longueur en deux compartiments par une paroi également en verre enduite de gomme laque. On la remplit jus- qu’à 30" environ de ses bords supérieurs avec de l'acide sulfu- rique ; à l’une des extrémités de l’auge, on place une lampe d’Ar- gand derrière un système de fentes de diffraction, et on rend pa- rallèles les rayons au moyen d’une lentille achromatique ; ces rayons parcourent l’auge de part et d’autre de la paroi médiane. La face de l’auge opposée à la lampe est recouverte intérieure- ment d’une lame métallique réfléchissante, ne laissant que deux ouvertures verlicales larges de 1/,"" des deux côtés de la paroi médiane. Les franges de diffraction sont observées au travers de ces deux fentes avec une lunette astronomique grossissant 60 fois. La disposition est ainsi tout à fait la même que dans la méthode d'Arago pour l'observation des petites différences d'indice de réfraction. — Le fil de la lunette est mis en coïncidence avec le premier minimum du second ordre d’un des côtés et on élec- trise positivement l’un des compartiments de l’auge, tandis que l’autre est mis en communication avec le sol. — Les franges ne sont nullement modifiées. La théorie montre qu’un changement de 0,000001 dans le rapport des indices des deux liquides serait suf- fisant pour produire un déplacement de la ligne obscure de 10”, déplacement qu’on aurait pu observer aisément. | PHYSIQUE. 337 4° Par une disposition analogue à celle qui précède, les rayons sutuférents cheminent le long des deux surfaces d’un tableau de Franklin. On pouvait supposer que les couches d’air avoisinant les armures seraient modifiées par le voisinage de l'électricité qui les recouvrait. Dans les essais qui suivent, c’est l’intensité de la lumière réflé- chie par des surfaces électrisées qu'on a mesurée au moyen du photomètre inventé par l’auteur. 9° Deux capsules disposées comme dans l'expérience 2 sont placées l’une à côté de l’autre devant le photomètre et réflé- chissent dans le photomètre un écran de papier modérément éclai- ré par transparence. Ces capsules sont remplies d'acide sulfurique et on mét l'une en communication avec le conducteur positif d’une machine ; la plaque isolée qui se trouve au-dessus de cette pre- mière capsule est mise en communication avec la plaque isolée de la seconde et cette dernière avec le sol. De celte manière la sur- face liquide de l’une des capsules est positive et l’autre négative. On commence par faire disparaître au moyen du polariscope du photomètre les franges colorées, puis on observe si elles repa- raissent en électrisant. G° Celle expérience a consislé à remplacer dans l'appareil qu'on vient de décrire, l'acide par du mercure. 1° Une lame de verre recouverte dans sa partie centrale d’une armure métallique est placée horizontalement avec la surface métallique en dessous. Une seconde lame semblable, mais dont l'armure est supprimée sur un espace central de 45%" de long sur 9 de large, est placée sur la première avec la surface métallique également en dessous. On obtient ainsi deux surfaces réfléchis- santes dont on peut observer linférieure au travers de l’ouverture pratiquée dans la supérieure. On les observe avec le photomètre en leur faisant réfléchir ur écran de papier et on électrise ensuite l'armure supérieure, l’inférieure communiquant avec le sol. On ne trouve aucune modification dans les pouvoirs réflecteurs, et un ARCHIVES, T. XXII. — Avril1865. 21 338 BULLETIN SCIENTIFIQUE. changement de !/,559 dans le rapport pourrait être estimé par ces procédés. PERROT. SUR LE POUVOIR DES POINTES. (Compt. rend. de l’Acad. des Sc., t. LX, p. 450.) Les expériences que je fais depuis plus de trois aus sur les ac- ions électriques des corps conducteurs immergés dans un liquide non conducteur ont constamment manifesté les phénomènes sui- vanls : Si au sein de ce liquide isolé on présente un cône communi- quant au sol, à une sphère en relation avec le conducteur d'une machine électrique, aussitôt qu’on électrise la machine on cons- tate ce qui suil : 1° Le cône attire vivement le liquide environnant ; 20 Le liquide attiré s’écoule le long du cône avec une vitesse accélérée jusqu’à la pointe ; 3° À partir de celte pointe, le courant liquide se dirige, en s’élargissant, vers la sphère, avec une vitesse décroissante, jus- qu'à la rencontre d'un courant liquide d'origine semblable, éma- nant en sens contraire de la sphère ; 4° A leur rencontre, les deux courants liquides inverses sem- blent se neutraliser ; ils s'arrêtent et s’écoulent latéralement. Pendant ces phénomènes, ce qu’on est convenu d'appeler le cou- rant électrique s'établit, et la machine électrique se décharge. Ces observations me semblent prouver que le cône et la sphère ne se déchargent l’un sur l’autre de leur électricité que par le transport des molécules conductrices du liquide, qui, à la ma- nière des balles de moëlle de sureau entre deux corps électrisés, sont attirées par le corps le plus voisin, el se chargent à ses dépens d’une électricité qu’elles transportent vers l'autre corps électrisé différemment. Je crois devoir ajouter que les gaz et les liquides non conduc- teurs me semblent devoir êlre composés de molécules conduc- PHYSIQUE. 339 trices nageant à distance au sein d’un milieu non conducteur, le vide ou l’éther. La mobilité des molécules électrisées différemment leur per- mettrait de transporter les unes vers les autres leurs électricités, comme dans l'expérience du cône immergé. Dans les solides non conducteurs, tels que le verre et la gomme laque, le milieu non conducteur étant solide, aucun transport d'électricité ne pourrait avoir lieu d’une molécule con- ductrice électrisée à l’autre, si ce n’est lors d’une surcharge, par une explosion qui briserait le milieu solide intermédiaire. Je reviens à expérience du cône immergé. Le courant électrique ne s’établissant que lorsque les courants liquides existent, il était naturel de penser qu’en arrêlant, par un disque non conducteur, le courant liquide restreint émanant du cône, on arrêterait le courant électrique. C'est ce qu'a con- firmé complétement l'expérience mentionnée dans ma dernière communication à l’Académie, expérience qui a fait voir qu’il suffit d’armer d’un disque la pomte d’un cône électrisé, pour arrêler le courant d'air qu'il a éiectrisé, et rendre à peu près nul le pouvoir émissif de ce cône. Quant au pouvoir émissif particulier de la pointe du cône, j'espère prouver plus loin qu’il doit être nul. Avant de discuter les phénomènes du cône immergé, je de- mande à l’Académie la permission de lui soumettre quelques considérations relatives aux illusions que peut faire naître la recherche des causes des attractions et des répulsions. Une sphère métallique étant en contact avec une balle de moëlle de sureau suspendue librement, aussilôt qu’on les élec- trise, on voit la balle de sureau fuir la sphère et s’en tenir à distance. De ce phénomène on a conclu que les corps chargés de la même électricité se repoussent. Il me semble que cette conclusion est trop absolue, et qu’un corps peut s'éloigner spontanément d’un aulre corps sans en être repoussé. 340 BULLETIN SCIENTIFIQUE. En effet, un aérostat s'éloigne du sol, et cependant il n’en est pas repoussé ; au contraire, il en est attiré. On sait que l’aérostat s'éloigne du sol, parce qu'il en est moins attiré qu'un égal volume d'air ambiant. Voilà donc une répulsion apparente qui n’a d'autre cause que la différence de deux attractions. On peut, par conséquent, expliquer de la même manière la répulsion de la sphère et de la balle de sureau. Il suffit d’ad- mettre qu'il n’y a pas plus de répulsion entre ces deux corps qu'entre le sol et l'aérostat, mais que la sphère électrisée exerce une attraction plus forte sur l'air ambiant que sur la balle de sureau. | Les phénomènes d'attraction el de répalsion électriques sont encore plus complexes que ceux que présente l'ascension de l’aérostat. En effet, on sait aujourd’hui que l'état électrique d’un corps n'es pas, ainsi que le supposaient Coulomb, Laplace et Poisson, un état absolu, mais seulement relatif; qu'un corps ne manifeste aucune électricité, si un autre corps en présence ne s’électrise d’une manière égale et contraire. La balle de sureau qui s'éloigne de la sphère qui la électrisée pourrait donc n’en être nullement repoussée, mais tout simple- ment obéir à l'attraction d’un autre corps électrisé différemment par induction. C’est ce que j'espère mettre en évidence. En effet, à quelle force obéit le courant liquide électrisé lors- qu'il se meut Je long de la surface du cône en allant vers la pointe? Dans son célèbre mémoire de 1811, admettant, suivant l'opi- nion reçue, une force répulsive électrique, et l’attribuant à l'ac- tion d’une couche de fluide électrique existant à la surface de tout corps électrisé, Poisson prouve que cette force répulsive agit suivant la normale, qu’elle est inversement proportionnelle au carré de cette normale, et que son action tangentielle est nulle. Mais l'expérience du cône montre que le courant liquide élec- trisé, au lieu de se mouvoir suivant la normale, où la force ré- PHYSIQUE. 341 pulsive théorique doit être au maximun, marche dans la direc- tion tangentielle au cône, là où cette force répulsive tangentielle théorique est nulle. Il me semble donc logique de tirer de là les conclusions qui suivent : 4° Contrairement à la théorie admise, un corps électrisé ne repousse pas les molécules qu’il a électrisées; les corps chargés de la même électricité n’exercent les uns sur les autres aucune aclion répulsive. | 2° Puisque le courant liquide électrisé par le cône se porte directement vers la sphère et vers le courant qui émane d’elle, 1l est évidemment attiré par la sphère et par son courant. 9° Les phénomènes d’altraction et de répulsion électriques peuvent s'expliquer par une seule force : l'attraction mutuelle des corps électrisés différemment. DELEUIL, MACHINE PNEUMATIQUE CONSTRUITE SUR UN NOUVEAU PRINCIPE. (Compt. rend. de la l'Acad. des Se., t. LX, p.571.) Ma machine est surtout industrielle, puisqu'elle n'a pour but que d'atteindre un vide qui puisse arriver, dans tous les cas, à 48 millimètres de mercure, dans un temps relativement court, par rapport aux capacités sur lesquelles on opère, et à 8 milli- mètres de vide dans les capacités ordinaires de laboratoire. Le principe qui m'a guidé a beaucoup de rapport avec celui qui à guidé M. Isoar, il y a dix 'ou douze ans, dans sa machine à va- peur surchauffée, qui consistait à employer de la vapeur à de fortes pressions, agissant sur des pistons à petite section allant à grande vitesse et ne frottant pas sur les parois du cylindre. J'ai donc pensé que si, pour faire le vide, je faisais mouvoir un piston métallique dans un cylindre, parfaitement rodé, ne lais- sant entre lui et le piston qu'une épaisseur d’une feuille de pa- pier à lettre, le fluide ne pourrait passer d’un-côté à l’autre du cylindre à la condition que le piston ait une longueur égale au 342 BULLETIN SCIENTIFIQUE. moins à deux fois son diamètre et qu’il soit garni de rainures distancées de 8 à 10 millimètres. L'expérience prouve en effet qu’un piston tel permet d'arriver, sans même lui donner de vi- tesse, à un vide variant de 8 à 18 millimètres selon les capacités. Le fluide sert lui-même de garniture au piston. Je détruis du même coup la résistance due au frottement des pistons dans les corps de pompe, l’engorgement des soupapes par la sup- pression des huiles que l’on emploie pour lubrifier les corps de pompe, ainsi que l'usure du cylindre. Cette machine est à double effet, et peut facilement servir de pompe de compression jusque dans la limite de 2 atmosphères, comme elle peut puiser un gaz dans un réservoir pour le com- primer dans un autre, sans qu'il y ait perte sensible de ce gaz. C’est donc, je crois, un appareil essentiellement pratique. R. Fézicr. CENNI DI ALCUNE.... RELATION DE QUELQUES EXPE- RIENCES ELECTRIQUES | Nuovo Cimento, t. XIX p. 545). L'auteur rapporte une expérience qu’il a faite à plusieurs re- prises à l’aide d’une petite balance de torsion dont il donne une description détaillée. Cet appareil ne portait qu'une seule aiguille suspendue au fil; une des glaces qui forment la cage de la balance avait été remplacée par une toile ci- rée, pour qu’il fût possible d'étudier l’action sur l'aiguille d’un corps électrisé placé à l'extérieur ; en effet, comme on le sait, les glaces sont hygroscopiques et peuvent être considérées comme revêtues d’un vernis conducteur non isolé qui forme un écran ar- rêtant l’action électrique. Devant cette Loile était disposé un bà- ton de gomme laque horizontal porté par un axe vertical et au- quel on pouvait donner un mouvement de rotation rapide. Les extrémités de ce bâton décrivaient donc une circonférence et l’on arrangeait l'appareil de manière que le centre de la circonfé- rence füt sur le prolongement de l'aiguille de la balance, dont le plan d’oscillalion coïncidait par conséquent avec le plan de rota- CHIMIE. 343 tion du bâton de gomme laque. De plus, on avait tendu un ruban de laine que les extrémités du bâlon venaient frotter dans leur mouvement ; le ruban était placé le plus loin possible de la ba- lance et il électrisait les extrémités du bâton. Dans ces conditions, en donnant un mouvement de rotation rapide, il semble que l’on devrait obtenir le même effet que si l'on avait un anneau uniformément électrisé, et que l'aiguille ne de- vrait pas être influencée parce que la résultante des forces doit passer par la ligne d'équilibre. On a reconnu au contraire que dans ces conditions l'aiguille déviait toujours dans le sens même du mouvement de l'extrémité du bâton qui se mouvait en face d'elle. M. Félici ne voit pas quelle explication on peut donner de ce mouvement, car il montre qu’il ne peut tenir ni à l'agitation de l'air, ni à un défaut de centrage des appareils, ni à une action qui ne se produirait qu’au commencement de l'expérience, n1 à une déperdition de l'électricité dont le bâton est chargé, ni à un transport d'électricité sur la toile cirée par le courant d'air. CHIMIE. PiSANI. SÉPARATION DE L’ACIDE TITANIQUE ET DE LA ZIRCONE. (Comp. rend. Acad. des sciences, t. 59, p. 298). La séparation de l'acide titanique et de la zircone est entourée de difficultés telles que tous les chimistes qui l'ont entreprise y ont échoué, ou du moins ont obtenu des résultats d’une exacti- tude problématique ; il y a cependant un grand intérêt à ce qu’on puisse l’effectuer d’une manière certaine à cause du nombre assez grand d'espèces minérales dans lesquelles ces deux corps existent ensemble. M. Pisani vient de faire connaître un procédé à la fois ingé- nieux et commode qui permettra désormais de déterminer avec sécurilé les quantités relalives d'acide titanique et de zircone dans un mélange. Ce procédé est fondé sur le pouvoir éminem- ” 344 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ment réducteur du sesqui-oxyde de titane et sur la facilité avec laquelle ce dernier repasse à l’état d'acide litanique sous lin- fluence des corps oxydants et, en particulier, du permanganate de potasse. Voici la manière d'opérer : on fait dissoudre un poids donné du mélange dans lacide chlorhydrique en excès, et Von réduit la liqueur, préalablement ramenée à un petit volume, : par le zinc métallique ; l'opération a lieu à chaud dans une fiole munie d’un bouchon avec un tube effilé de manière à em- pêcher l'accès de Pair. Lorsque la teinte de la liqueur n'aug- mente plus d'intensité, on laisse refroidir complétement pour étendre ensuite d’eau froide récemment bouillie. Après cela il faut décanter sans entraîner le zine, laver le flacon une ou deux fois, puis verser rapidement la solution tilrée de permanganate de potasse. La zircone est obtenue par différence. L'auteur indique en outre des moyens de dosage volumélri- que du fer et de l'acide Hitanique, du fer, de la zircone et de Pa- cide titanique ; comme ils ne constituent qu'une modification du procédé ci-dessus, nous renverrons au mémoire original les chi- mistes désireux de Les connaître. M. Pisani reconnaît directement la présence de la zircone lors- qu'elle renferme de l'acide titanique, de la manière suivante : le mélange est dissous et réduit comme on l’a vu plus haut {mais il ne faut pas l'étendre ni y maintenir un excès trop grand d'a- cide ehlorhydrique) pour être ensuite précipité par un excès de sulfate de potasse qui entraine la zircone avec une trace d’a- cide titanique. Le sulfate double est ensuite séparé par le filtre, lavé avec du sulfate de potasse et la terre en est ensuite retirée par l’un des moyens connus ; on la reconnaît aisément à la colo- ralion orangée qu'elle denme au papier de curcuma; toutefois on né peut pas arriver ainsi à un dosage quantitatif. Les expérimentaleurs qui ont eu l’occasion d'analyser des mo- lybdates, et en particulier ceux d’ammoniaque, savent la diffi- cullé qu'il y a à délerminer d’une manière exacte et rapide lPa- cide molybdique ; d’après M. Pisani, la méthode de réduction CHIMIE. 349 par le zinc et d'évaluation au moyen du permanganate de po- lasse conduirait facilement à ce résultat. M. D. H. Sante CLAIRE DeviL£e. DISSOCIATION DE L’OXYDE DE CARBONE, DES ACIDES CHLORHYDRIQUE, SULFUREUX ET CARBONIQUE; DÉCOM- POSITION DE L'AMMONIAQUE. (Compt. rend. Ac. des Sc., t. LX, p. 917). L'auteur avait déjà effectué la dissociation (décomposition par- tielle) de l’oxyde de carbone au moyen d’un appareil qui se com- pose d’un tube de porcelaine qu'on peut chauffer à la tempéra- ture la plus élevée et qui est traversé dans toute sa longueur par un tube métallique étroit, maintenu à la température ordinaire au moyen d’un courant d’eau. L’anneau cylindrique dans le- quel cireule le gaz mis en expérience se trouve ainsi composé de deux parois dont les températures peuvent différer de 15000. 4° Acide sulfureux. A 1200° l'acide sulfureux subit une dé- composition partielle en soufre et acide sulfurique anhydre; le premier se combine avec le métal du tube froid et ïe second se dépose à la surface de celui-ci. 2 L'acide chlorhydrique se dissout très-faiblement à 15000 en chlore que l'on peut obtenir en combinaison avec du mercure à la surface du tube froid recouvert d'argent amalgamé, et en hydrogène qui se retrouve parmi l'acide non décomposé. Les quantilés de chlore et d'hydrogène ainsi produites sont très-pe- tites, quoique bien appréciables . ; 5° L’oxyde de carbone. Les premières expériences de M. Deville ont fait voir que l’oxyde de carbone peut se dissocier en carbone et acide carbonique. H en résuite que Poxyde de carbone peut se trans{ormer partiellement en acide carbonique même en présence du charbon. En effet, si l'on fait traverser un tube de verre chauffé contenant du noir de fumée purifié, par un courant d'oxyde de carbone, on constate que le gaz sortant a acquis la propriété de précipiter l’eau de baryle et que le noir de fumée 340 BULLETIN SCIENTIFIQUE. a acquis une augmentation de poids équivalente à l'acide carbo- nique formé. 4° L’acide carbonique à une tension de dissociation assez forte. Les produits obtenus sont de l'oxygène et de l’oxyde de carbone. L'auteur a comparé l’action de l’étincelle électrique avec celle de ses tubes froid et chaud, el il a reconnu l’analogie la plus frap- pante dans les résullats et dans le mode d’action. M. D. D' SCHWARTZENBACH. UEBER DAS VERHÆLTNISS. ... SUR LES RELA- TIONS DE L'ALBUMINE AVEC LA CASÉINE.l (Ann. der Chemie und Pharmacie, février 1865, p. 183.) M. Schwartzenbach qui s'était déjà servi des composés que plusieurs substances organiques forment avec le platino-cyanure de potassium pour déterminer l’équivalent de celles-ci, vient d'étudier comparativement, à ce point de vue, l’albumine et la caséine. En combinant ces deux matières protéiques avec le eya- nure polassico-platinique, brûlant le produit lavé et dosant le platine résidu unique de la combustion, l'auteur a reconnu que lon doit attribuer à lalbumine un équivalent (1612), et par conséquent, une formule double de celui de la caséine (806), et il en conclut que lors de la sécrétion de la caséine, il se produit un simple dédoublement de la molécule d’albuimine. MM. Millon et Commaille viennent aussi de publier un travail sur la caséine ; nous y reviendrons dans un prochain numéro de ce journal et à cette occasion nous dirons encore quelques mots des recherches de M. Schwartzenbach. M. D. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. A.DE QUATREFAGES. NOTE SUR LA CLASSIFICATION DES ANNÉLIDES. (Compt. rend, de l'Acad. des Sc. de Paris, 2T mars 1865). Après une série de recherches anatomiques variées sur de nom- breux types de la classe des Annélides, M. de Quatrefages s’est 1 Ce travail a été communiqué à la Société helvétique des Sciences naturelles à Zurich. Voyez Archives, 1864, t. XXI, p. 144. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 347 trouvé mieux placé qu'aucun autre, peut-être, pour tenter un re- maniement de la classification de ces vers. Le dernier travail sys- tématique sur cette classe, celui de M. Grube, date de 1851 et des recherches nombreuses sont venues depuis lors enrichir nos connaissances relatives à ce groupe. L'ouvrage du savant fran- çais remplira donc une lacune sensible dans nos bibliothèques zoologiques. Pour le moment nous ne possédons qu’un aperçu insuffisant de cette œuvre improtante. Le livre est à l’impression et son auteur fait connaitre par avance le tableau des ordres, des familles et des genres adoptés par lui, afin de provoquer de la part de ses confrères, comme il le dit lui-même, quelques obser- vations qu’il puisse meltre à profil. Cette espèce d'appel au public nous aulorise à présenter, sans justification préalable, quelques remarques sur la classification de M. de Quatrefages, même avant la publication de l'ouvrage annoncé. Cette publication mettra sans doute à néant quelques- unes de nos critiques. D’autres subsisteront peut-être, ou même trouveront grâce devant l'illustre académicien. L'auteur continue, comme il l’a fait dès 1859, d'éliminer de la classe des Annélides, les Hirudinées, les Géphyriens et les Oli- sochètes (Erythrèmes Quatrefages). Cette élimination faite au moment où d’autres auteurs s'efforcent au contraire de faire rentrer parmi les Annélides les Géphyriens qui en avaient été si longtemps exclus, paraît justifiable pour une partie tout au moins de ces groupes d'animaux, mais saurait difficilement s’é- tendre jusqu'aux Oligochètes. Ces vers sont certainement des An- nélides pur sang, et s’éloignent bien moins de la plupart des familles laissées dans cette classe par M. Quatrefages que les Phoronis Wright (Crepina Ben.), par exemple, et pourtant l’au- teur assigne à cette forme singulière une place dans la famille des Serpulacés. La raison qui fait exclure les Oligochètes (Erythrèmes) de Ja classe des Annélides par M. de Quatrefages est d’ailleurs d'un poids léger dans la balance. Ce savant distingue dans l’embran- - \ 348 BULLETIN SCIENTIFIQUE. chement des vers deux séries de classes, l’une dioïque, l’autre monoïque. Les classes monoïques sont les Oligochètes, les Bdelles, les Turbellariées, les Cestoïdes ; les classes dioïques sont les An- nélides, les Rotateurs, les Géphvriens, les Malacobdelles, les Mio- cœlés, les Nématodes. Or, le caractère de landrogynie ou de la séparation des sexes est un caractère secondaire qui ne peut ser- vir à la distinction des classes. Plusicurs genres de Serpulacés renferment des espèces monoïques et M. de Quatrefages ne leur en assigne pas moins une place parmi ses Annélides dioïques. I n'exclut pas davantage les Nématodes hermaphrodites de sa classe dioïque des Nématodes, pas plus que la Planaire dioïque de sa classe monoïque des Turbellariés, ni que certains ces- toïdes dicïques de sa classe monoïque des Cestodes. À chaque pas dans les autres divisions du règne animal nous rencontrons la moncæcie et a diœcie côte à côte dans la mène classe, la même famille, quelquefois le même genre. Nous n’hésitons donc pas à penser que M. de Quatrefages accorde irop d'importance au carac- tère de la distribution des sexes dans sa répartition des vers en classes. Les Oligochètes sont, leur monœcie mise à part des Annélides sous tous les rapports et ils resteront dans cette classe malsré celte monœcie. D'autre part, Fès Branchiobdelles sont, à tait de points de vue, identiques avee les Oligochèles que la réintégnation de loute la série des Bdelles, c’est-à-dire des Hirudinées, dans la classe des Annélides semble devenir un dé- sidératum de la science. Après avoir restreint la classe des Annélides an groupe des Anaélides polychètes de M. Grube, M. de Quatrefages le subdi- vise conme M.Audouin et M. Milne Edwards en deux ordres : celui des Annélides errantes et celui des Annéliees sédentaires. Ces deux ordres sont dans leurs grands traits très-naturels, car, sous des noms différents, ils onlété admis par Lous les auteurs. Seulement la manière dont M. de Quatrefages les caractérise soulèvera des critiques parce qu’elle le conduit à quelques conséquencés évidem- ent forcées. C'est ainsi qu'il classe la famille des Nériniens ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 349 permi les Annélides errantes et la familledes Leucodoriens parmi les Annélides sédentaires. Or ces deux familles renferment des vers si proches parents les uns des autres qu'ils forment évidem- ment une seule famille naturelle. Cela est si vrai, que celte fa- mille a déjà été établie par M. Sars qui l’a caractérisée avec beau- coup de soins, sous le nom de famille des Spiodiens. Le célèbre Norwégien, dans l'établissement de cette famille, a certainement donné une nouvelle preuve de la justesse si souvent éprouvée de son coup d'œil zoologique. D'une manière générale, c’est à lui que nous devons les meilleurs travaux récents sur la classification des Annélides, travaux dont M. de Quatrefages tiendra plus de compte, nous lespérons, dans son ouvrage, qu'on ne pourrait le supposer par la nole que nous avons sous les yeux. La meilleure preuve que la distinction des deux familles des Nériniens et des Leucodoriens repose sur une base artificielle, c'est que l’auteur place le genre Nérine dans l’une et le genre Spio dans l’autre ou au moins dans un appendice de l’autre. Or ces deux genres, comme M. Sars l’a montré, sont identiques. Que M. de Quatre- fages eût de bonnes raisons pour opérer un triage dans la famille des Ariciens où M. Grube plaçait soit les Leucodores soit les Né- rines, c’est ce que peu de personnes contesteront d'une manière absolue. Mais ce triage a déjà été fait d’une manière très-judi- cieuse. La véritable distinction à faire est celle entre les Ariciens et les Leucodoriens ou Spiodiens, mais ajors il faut faire rentrer dans cette dernière famille les genres Spio, Pygospio, Nérineet les autres Nériniens de M. de Quatrefages, y compris le genre Aonis, qui, pour le dire en passant, paraît avec raison devoir être con- sidéré comme ne reposant que sur des Nérines à antennes ar- rachées!, La place assignée aux Tomoptéridiens parmi les Annélides sé- dentaires parait aussi propre à soulever quelques objections. Le nom s'applique dans tous les cas mal aux Tomopteris qui, avec { Quant au genre Polydore de Bose, admis par M. de Quatre- fages, il est synonyme du genre Leucodore. 0 -. BULLETIN SCIENTIFIQUE. les Amphinomiens, sont au point de vue du genre de vie les An- nélides errantes par excellence. Toutefois, les Tomoptéridiens forment un type dégradé si anormal, qu’ils cadrent mal avec cha- cun des ordres d’Annélides, tout en restant des Annélides incon- testables. Sauf les restrictions que nous venons d'indiquer, la répartition des Annélides en 26 familles, proposée par M. de Quatrefages, conduit à des groupes naturels; cependant il existe un grand nom- bre de genres, souvent assez bien connus, que l’auteur n’a su faire rentrer dans aucune des cases de sa classification. Il les énumère dans des appendices aux familles avec lesquelles ces genres lui semblent avoir le plus d’affinité, sous le noin de «genres inrertæ sedis. » Le nombre de ces genres à position incertaine est consi- dérable, car il s’en trouve 64 sur un nombre total de 245. Évi- demment M. de Quatrefages mérite des éloges pour la prudence avec laquelle il a procédé, préférant garder protocole ouvert dans tous les cas d'incertitude, plutôt que d’'assigner, comme on le fait en général, une position arbitraire à des genres anormaux. Îl est cependant des cas nombreux où l'incertitude de Fauteur semble résulter d’une connaissance insuffisante des animaux en question. Citons-en quelques exemples. Le genre Zygolobus de Grube, sur la position duquel l'auteur est incertain, est un Lombrinérien aussi Lypique que possible, dans le sens que M. de Quatrefages donne à cette famillel. Les Spio sont sans aucun doute des Leucodoriens, les Magelona (placés sans doute par erreur à la suite des Ariciens) sont également des Leucodoriens, les Polycirrus sont des Téré- belliens dégradés, probablement identiques avec le genre Apneu- mée de M. de Quatrefages, les Halimede Rathke sont de véri- tables Hésioniens, génériquement identiques avec les Psamathe Johnst. que l’auteur place sans hésiter dans cette famille, etc., etc. ‘ Pour le dire en passant, nous doutons que la séparation de la famille des Euniciens telle qu’elle a été comprise jusqu'ici en deux familles distinctes, d'après la présence ‘Euniciens) ou l'absence (Lom- brinériens) de branchies, soit toujours applicable dans la pratique. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 3514 Quelquelois on croit remarquer dans le tableau de M. de Quatrefages des erreurs de synonymie combinées avec des rap- prochemæents surprenants. C'est ainsi que l’auteur place les Spinther Johnst. comme un genre incertæ sedis à la suite des Chlorémiens et les Cryptonotus Stimps., également incertæ sedis à la suite des Amphinomiens. Or ces deux genres sont synonymes lun de Pautre et synonymes en outre du genre Oniscosoma Sars, que l’auteur a eu raison de laisser en dehors de sa nomenclature. En outre, les recherches de M. Stimpson et surtout celles très-cir- conslanciées de M. Sars nous ont enseigné que les Spinthers sont très-proches parents des Euphrosynes et rentrent par conséquent dans la famille des Amphinomiens. M. de Quatrefages placele genre Eumenia Œrst. à la suite {in- cerlæ sedis) des Phyllodociens. Il est cependant à peine permis de douter, surtout depuis les recherches de M. Sars, que ce genre ait sa place naturelle dans la famille des Arénicoliens. En re- vanche, M. de Quatrefages laisse le genre Dasybranche dans la famille des Arénicoliens, où M. Grube l'avait placé dans le prin- cipe, tandis.qu'il énumère les genres Capitella Blainv. et Noto- mastus Sars parmi les genres incertæ sedis à la suite des Clymé- niens. Or, la faveur avec laquelle la famille des Capitellacés, formée à une époque plus récente par M. Grube {pour les genres Capitelle, Notomaste et Dasybranche),a été généralement accueillie témoigne suffisament qu'on ne peut rejeter cette famille sans de fortes raisons. Nous croyons qu’il existe peu de familles parmi les An- nélides aussi naturelle que la famille des Capitellacés. Les carac- tères très-exceplionnels des soies subulées, qui sont très-diffé- rentes (pour toutes les rangées) dans la région antérieure et dans les segments suivants, joints à une disparilion aussi complète des vaisseaux que chez les Glycères et à l'apparition de globules san- guins colorésdans la cavité périviscérale, suffisent déjà pour rendre évidente la parenté de ces trois genres. Les affinités réciproques de ces trois genres se manifestent, du reste, sur une foule d’autres points. Lorsque M. de Quatrefages éloigne les Dasybranches aux 359 BULLETIN SCIENTIFIQUE. branchies ventrales des Capitelles et des Notomastes abranches pour les rapprocher des Arénicoles aux branchies dorsales, il accorde, semble-t-il, à l'existence des branchies une importance exagérée. On pourrait.lui rappeler qu'il a rencontré lui-même dans le genre Glycère des espèces abranches et des espèces munies de branchies. D'ailleurs des branchies dorsales, dans lesquelles circulent des vaisseaux (Arénicoles), ne sauraient être les homo- logues de branchies ventrales dépourvues de vaisseaux (Dasy- branches). L'une des familles, à l’étude desquelles M. de Quatrefages a certainement consacré le plus de soin, est la famille des Syllidi- ens. Qui n’a présentes à l'esprit ses belles recherches sur la re- produetion de ces animaux? Aussi le nombre des genres nouveaux établis dans celte famille est-il considérable. Nous remarquerons cependant que les caractères ulilisés par l’auteur ne sont pas tou- jours très-sûrs, comme le nombre des taches oculaires, souvent variable chez une même espèce. D’autres caractères sont, au contraire, excellents; ainsi M. de Quatrefages groupe avec raison les genres selon que leur gésier est armé ou inerme. Mais, chose curieuse, l'application ne semble pas toujours conforme au prin-: cipe. C’est ainsi que plusieurs genres {Syllis, Exogone, Autolytus, Sphærosyllis), énumérés à côté de genres à gésier réellement inerme (Tetraglènes), comme munis d'un gésier inerme, ont en réalité le gésier armé. L'un d’entre eux même (Autolytus) offre peut-être l'armure la plus formidable qu'on rencontre chez les Syllidiens. Le genre Heterosyllis est énuméré deux fois, d’abord parmi les Syllidiens à gésier armé, puis parmi les Syllidiens à sésier inerme. Sans doute il faut ici soupçonner un lapsus calami, qui a fait inscrire dans lun des cas le nom d’Heterosyllis à la place d’un autre. Mais le plus grand reproche qu'on puisse faire à la classification des Syllidiens par M. de Quatrefages, c'est d'admettre un certain nombre de genres qui, dans létat actuel de la science, doivent être indubitablement rayés. On sait, en effet, et M. de Quatre- ZOOLOGIE. ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 353 fages a été l’un des premiers à le montrer, que certains Syllidés ont une génération alternante, c’est-à-dire présentent une alter- nance régulière de générations sexuées et de générations asexuées. Les générations asexuées paraissent avoir toujours un gésier armé et les générations sexuées un gésier inerme ou plutôt, pour parler plus exactement, ces dernières n'ont pas de gésier. I en est résullé que pendant longtemps on a rapporté les générations sexuées à d'autres genres que les générations asexuées. Dans a liste des genres admis par M. de Quatre- fages nous remarquons les genres Tetraglene, lToida, Poly- bostrichus, Sacconereis et Diploceræa (peut-être aussi Macro- chœta et Polynice) qui sont formés par des générations sexuées ; les autres (ceux du moins qui nous sont connus) représen- tent des générations asexuées. L'admission de tous ces genres entraine pour conséquence qu'une même espèce pourra être citée sous trois noms différents. Ainsi la forme asexuée de telle espèce apparliendra au genre Autolytus, la forme sexuée mâle au genre Polybostrichus et sa forme sexuée femelle au genre Sac- conereis. Au besoin on pourrait assigner à celte espèce une qua- trième place, puisque le genre Diploceræa Grube paraît être sy= nonyme du genre Polybostrichus Œrst. Enfin, cet inconvénient est poussé à l'extrême lorsque M. de Quatrefages place dans la famille des Hésioniens les lseudosyllis Grube, vers asexués dont la forme sexuée, le genre Tetraglene Grube, est placée par lui dansla famille des Syllidiens. Si M. de Quatrefages à introduit dans son lableau un assez { Nous empruntons ici la terminologie de M. de Quatrefages. Chez beaucoup d'auteurs le nom de gésier a un sens tout différent. Il s’ap- plique alors non pas à la partie antérieure du tube digestif armée de dents, mais au ventricule glauduleux qui suit. Peut-être d’ailleurs les inconséquences dans l'application du principe que nous avons si- gnalé plus haut proviennent-elles de ce que M. de Quatrefages consi- dère comme inermes tousles gésiers qui n’ont pas une paire de mâchoi- res proprement dites. Il ne tiendrait aucun compte dans ce cas de la formidable armure de dents que présentent certains genres et qui fournit d'excellents caractères de classification. ARCHIVES, T. XXII. — Avril 4865. 22 304 BULLETIN SCIENTIFIQUE. grand nombre de genres riouveaux que nous ne connaitrons bien qu’à la publication de l'ouvrage même, il en a laissé de côté un grand nombre d’autres. Dans 1 plus grande partie des cas il à eu, sans doute, entièrement raison. [| nous a semblé avoir éliminé systématiquement presque tous les noms de M. Kinberg. Les gen- res Aphrogenia, Halosydna, Antinoe, Harmothoe, Hermadion, pas plus que les genres Eupompe, Panthalis, Leanira ne figurent dans la famille des Aphrodisiens. Les genres ajoutés par M. Kin- berg à la famille des Amphinomiens, tels que les Lirione, Her- modice, Eurythoe, sont également éliminés. Nous le répétons, M. de Quatrefages a sans doute eu raison dans le plus grand nombre des cas en réunissant ces genres à d’autres, et il aurait même pu, selon nous, dans quelques cas, simplifier encore da- vantage sa classification, réunir, par exemple, les Polynoés et les Lepidonotus qui passent insensiblement les uns aux autres. Ce- pendant la suppression de certains genres nous a surpris. Ainsi parmi les genres que nous venons d'énumérer, les Eurythoe sem- blent avoir plus de droits à l'existence que les autres. Les Dasy- chone Sars, parmi les Serpuliens, et les Ophiodromus Sars, parmi les Phyllodociens, paraissent aussi être de bons genres. Il en est peut-être de même des Phyllochælopterus Grube. Aucun genre de Syllidiens ne semble aussi clairement caractérisé que celui des Pterosyllis qui n’est pas même mentionné. Les Thysanoplea Schm. et les Drilidium Fr. Müll., ne sont nommés nulle part, mais il est vrai de dire que M. de Quatrefages ne les comprend peut-être pas dans la classe des Annélides dont il restreint les limites autant que possible. Toutes ces lacunes ne sont, sans doute, qu'apparentes el trouveront leur explication dans la pu- blication de l’ouvrage définitif. Il est possible, en effet, que cer- tains noms dont l’absence nous frappe aient été éliminés par des raisons suffisantes et soient remplacés par l’une ou l’autre des nombreuses dénominations nouvelles que nous voyons figurer dans le tableau. L'ouvrage de M. de Quatrefages ne sera pas restreint aux An- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 355 nélides dans le sens que l’auteur donne à ce mot. Il comprendra en outre une révision des Géphyriens. Une chose nous à particu- lièrement frappé dans la partie du tableau concernant ces vers. L'auteur ne distingue dans la famille des Siponculiens que deux genres, celui des Siponcles, à cirrés buccaux simples et celui des Dendrostomes, à cirrés ramifiés ou pinnés. [l semble donc que l’auteur, rejetant le nom générique de Phascolosoma Leuckart, le remplace par celui de Siponcle et qu'il réunit au genre Dendro- stomum Grube tous les Siponcles de la zoologie actuelle, Nous comprenons difficilement par quels arguments cette révolution peut se justifier. L'ouvrage définitif fournira, nous lespérons, des raisons suffisantes à l'appui. C’est le cas de dire que la critique est aisée, mais que l’art est difficile. Toutefois, nous nous .reprochons d'autant moins nos critiques que M. de Quatrefages a désiré en provoquer de côtés divers. La classification est un vrai rocher de Sisyphe. Toujours ses imperfections nous écrasent et nous ne réussissons à les écarter que pour les voir renaître sous une autre forme. Si la classification proposée par M. de Quatrefages prête le flanc à de nombreuses critiques, il faut reconnaître combien 1l serait diffi- cile de réussir mieux. Nul n’a consacré autant de loisir et de travail à l’étude des Annélides, nul n’en a vu passer un plus grand nombre sous ses veux ; nul, par conséquent, n’est en mesure de mieux dominer l’ensemble des matériaux accumulés de tous côtés pour la construction de l'édifice taxonomique dont M. de Quatrefages a entrepris l'exécution. Il faut quelque peu d’audace pour reviser dans son ensemble la classification des Annélides, de ces vers dont les affinités multiples conduisent forcé- ment des esprits divers à des conclusions diverses aussi. Mais M. de Quatrefages a certes bien conquis le droit d'oser. « Quand les rois construisent, les charretiers trouvent de l’ouvrage, » dit un proverbe étranger. Lorsqu'un prince de la science édifie, pourra dire M. de Quatrefages, c’est bien le cas pour les manœu- vres de mettre en mouvement le chariot de la critique. î 396 BULLETIN SCIENTIFIQUE. D' W.-H. MARCET. CHEMICAL EXAMINATION, etc. EXAMEN CHI- MIQUE DU LIQUIDE CONTENU DANS LA CAVITE PÉRIVISCÉRALE DES VERS NÉMATODES {Proceedings of the Royal Society. London, Febr. 9. 1865.) M. le D' Marcet à pris pour thème de ses recherches la plus grosse ascaride qu'on puisse se procurer avec facilité, l’ascaride du cheval. Il à trouvé le liquide périviscéral légèrement acide, fort riche en principes albuminoïdes, puisqu'il se transforme en un coaguluin solide à une température voisine de l’ébullition. Une quantité de ce liquide égale à dix centimètres cubes fut soumise à l’analyse par le dialyseur et se sépara en un liquide colloïde et un liquide cristalloïde. L'évaporation à siccité montra que la tota- lité des parties solides s'élevait à 82,7 pour °/,, dontenviron ?/, de substances colloïdes et !/, de substances cristalloïdes. Ces chiffres n’ont qu'une valeur approximative, la séparation des deux calégories de substances par le dialyseur n'étant jamais absolu- ment exacte. Cependant l’incinération des matières colloïdes des- séchées ne donna que 1,9 °/, de cendres, preuve que la presque totalité des substances inorganiques avait bien passé dans le dia- lyseur. Le résidu cristalloïde était formé presque entièrement d'acide phosphorique et de potasse. L'absence à peu près totale de sul- fates, de chlorures, et de chaux est digne d’être relevée. L'acide phosphorique et la potasse élaient combinés en majeure partie de manière à former un phosphate bibasique. Le phosphate triba- sique ordinaire était en revanche peu abondant. M. Marcet conclut que la composition chimique du liquide péri- viscéral des ascarides est lrès-voisine de celle du jus de viande et que les phénomènes intimes de l'assimilation doivent se ressem- bler beaucoup chez les vertébrés et les invertébrés. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le Prof. E, PLANTAMOUR PENDANT LE MOIS DE MARS 1865. Le 4, belle couronne lunaire de 11 h. à minuit. 5, faible halo solaire à plusieurs reprises dans la matinée. 6, de 11 h. à 3 h. 30 m. halo solaire, le plus souvent faible et partiel: dans la soirée, à plusieurs reprises, balo lunaire et couronne lunaire. 8 et le 9, giboulées de neige à plusieurs reprises dans la journée : le 9, dans la soirée, couronne lunaire. 11. Ia neigé de 8h. à 2 h., el de nouveau dans la soirée; à midi, la hauteur de la neige était de 35m, mais elle a fondu depuis ce moment et a disparu au bout de peu de temps. 14 halo lunaire dans la soirée. 17, gelée blanche. 19, Id. 20, il est tombé pendant presque toute la journée une neige très-peu abondante par une forte bise, d'où résulte qne la petite quantité recueillie-dans l’om- bromètre est peut-être un peu trop faible. Il a été impossible de mesurer la hauteur de la neige tombée, qui était balayée dans quelques endroits et accu- mulée dans d’autres. 23, halo solaire partiel de 8 h. 30 m. à 11 h. 15 m. 24 et le 25, giboulées de neige à plusieurs reprises dans la journée ; la quantité de ueige tombée était trop faible pour être mesurée. 30, giboulées de neige dans l'après-midi et dans la soirée ; quantité trop faible pour être mesurée. 31, neige pendant une grande partie de la journée : elle fond presque au fur et à mesure, en sorte que le sol est à peine blanchi. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm mm Le 1, à 6 h. matin... 721.81 Lea. 49h malin. 73995 D AR Là EC 2 à re en PS HART SIC ZARS - 270700 8, à 8h. matin... 711,78 20: A 0 ME Soir 73: 729530 DFA, COUR SGIÉ 246. 714.35 12, à 10 h. soir..... 722,51 14, à 2 h. soir..... 715,97 LU À INR me des 725,68 20, à 6h. matin.... 713,98 91, à 10 h. matin... 722,90 29, à 2h. soir...... 716,43 25, à 8 h, soir..... 725,38 26, à 10 h. soir. ..... 716,09 31, à 10 h. soir..... 730,42 ARCHIVES, t. XXII. — Avril 1865. 4 AH0IDO OO M EROITA VAE4O | 5 AASANDAG HAIATHAAAZGO À 2 AATIAT | 46 mofsaril sl +w#n2/ HS | _ HUOMATHAN ROLE | CET GAL LUE CUT ft rat SES 2500 2: LD FF & ot à | * id en a L } 2 PR | Sontrar & dd fo sniensk spas old 25} , ; dites æ 6! ue aeltyet avants 6 s15ml0% ge sddigi # Er el #51 2 far: fé Ju THEATRE aute" Ré NT TE ail fi JE 4 6 4.01 3 LE ; 1% | D 2 2 0e Ne BU fe ALT + pt PTE russie 6 nr | 3 dt 20h ,6 af: bonmuog àf 2neb air a sq #4 sgrax 9h +93 kutiy 4 El ÿ* # * PE jee AND nee ir 484 08, È db réotosd el iDiurté s0èioz t ausb HÉB MOD UE ‘LS: Hs { l'a sd À hot QAL 1 ? 4 Hé uieqaé pl Jon 99 2ivmah nbact 6 4ls ann NEC Sr lilà ani 8h, Per . | pet of ue 2h mod - dé HUEr C2 june sf seb Fiieool'otef kL Mo OS Gi dé "E -340asitl s5igg TL. 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Lre décade, — 0,03 + 6,22 0,80 4,79 21,3 39,70 20 » — 1,33 + 4,96 0,76 4,96 35 38,45 3e » 3,54 + 2,64 0,72 4,71 357 34,75 Mois}: + 1,69 + 4,54 0,76 4.8 28,5 37,54 Dans ce mois, Pair a élé calme 0 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du su. a été celui de 2,02 à 1,00. La direction ue la résultante de tous les vents observés est N.0°,2 E. er son intensité est égale à 50 sur 100. TABLEAU OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE MOIS DE MARS 1865. Valeurs extrèmes de la pression almospherique. MAXIMUM. MINIMUM. mm mm Le. à 2h: Soir: Be: 4 à midi 2 <>. 563.86 8, à 10 h, matin.. 546,01 10. a 8 h. soir 555,61 LE a M 2 548,59 14, à 8 h. maliu.. 551,36 16,5 "2 SON 16 °C Mnbdi::s. us. 958,4] 20, à 10 h. matin... 550.68 2Là510;h.;soir ...:.56:49 4-2 es. NU an. HE he: Soie: --- 550) 28, à. SR. malin: MHsasi0 h. S0E x + 599,4 RUBENS — MARS 1865, . # | Parano + Température, | Pluie ou neige. | y Clarté _ han. "ORE D RS … ScHEE — ep RS EU Il - nn ar ent S Hauteur Ecart avec r Moyenne Ecart avec la 1e Hauteur Eau Mel : moy. du = moy. des | la hauteur | Minimum. | Maximum. des température | Minimum. |Maximum.! de la tombée rs RU ominant. | Ciot. + 24 heures,[| normale. 24 heures. uormale. neige. les 24h. millim. millim, millin. millim. : ù 0 0 0 mn mn jl 99000 — 3,00 255 83 556,35 | — 9,29 = 0,83 —]1,0 — 5,9 80 6,3 12? NE. ] 1,00 2.155806 |—"0;81 91, 0718411009 47 — 8,14 + 0.25 —10,8 | —- 5,9 40 9, ë NE el F0 us | d) DOI, + 1,36 558,78 562,75 == 12,99 —— 4,07 245,2 10,0 Moi) Nha: A. NE. =#8 1,00 | 4 562,82 + 3,06 PU 65 563,86 — 13 61 — 5,35 15,9 — 7,2 A | 5 SET NE. il 0,44 DE 007424 — 92,02 0, 20 9,5 | — 8,58 — (0,38 cm0 0) rl BEC 07 à "EC MO Ut SO. il 0,76 6 551 0 10:20 550,79 992,58 | —]1,77 EN: 3,04 19,0 Es 054 #3 MORE HAE LES SÔ; L 0,82 | # HAg RE l0,21 b48,30 550,56 || —11,52 — 9 M6 —12 5 oi 60 7,9 10 NE. ] 1,00 (o] 547,05 mL; 516,01 548,36 | — ]2,79 —= 4 80 lil 00 20 10 4 NE. 1 1,00 | 9 Ho, 92 0.4) h49,70 | 552,81 — 14792 — 6,40 m5 —19;0 RES. Fr. No AU NE. I 0,86 10 || 554,22 0 00 PAT 55501 l4,29 — 097 AIO NU —]1,9 RCE SORT AE sfr NE. 1 0,41 | 11 549,63 LOUE 548,59 552,29 NE ER Ho LT 49,0 —+ 60,2 0 4,2 10 variable 0,98 | 12 553,93 «4 5,89 Il " 555,48 — 19,08 “= 1,39 —10,5 — 5,4 30 3,9 4 NE. 11005239 le | 553,89 Sc HD DT 054,85 os 5,09 1 08 — 19,7 —— 5,4 . : Ariel . 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MOYENNES DU MOIS DE MARS 1865. ü h. m, S h. m. 10 h. m. Midi. CAE) 1 ES 4h. s. 6bh.s GB PTE 10 h. Baromètre. nm mm rm mm mm muni mur mm mm Drédéeade, 554,62 554,56 554,82 556,05 554,98 555,10 555,21 555,21 555,29 er ‘à 553,94 553,79 553,89 554,09 553,89 554,03 554,23 554,46 554,49 Je + > 092,29 552,157" 992,81 1592,99.:092%947 553,03 553,24 553,630 553,68 Mois 553,55 553,46 553,81 554,01. 553,90 554,02 554,29 554,41 554,46 Température 0 0 9 o 0 [e] c lre décade, — 12,20 —L1,89, —10/94— 9,01 — 9,05 — 10,69 — 199221 66 10 PA 2e » —12,20 —10,90 — 8,96 — 8,10 — 7,13 — 8,04 —10,32 —10,94 —11,23 DRE =16,998 — 15,05 —13,64 —19,774 —19,97 —13,55 —15,29 —16, 1716.40 Mois i=13,74 —12,607 11,26. — 10,25 59541 10,85)=—19,70—193;:932 —13,54 Min. observé.! Max. observé.f Clarté moy. du Ciel. Eau de pluie Hauteur de la ou de neige. neige tombée. 0 0 mm mm re décade, —13,54 — 8,43 0,83 18,6 200 LME, 12,53. +6,88 0,65 15,7 180 Die 1,92 11,98 0,74 } 11,9 105 Mois — 14,55 1914 0,74 46,2 485 Dans ce mois, l'air a été calme 3 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 2,88 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 450E., et son intensité est égale à 63 sur 100. { Voir la note du tableau. % * CARE n. ( = Fe EMA CAL AA AIO NE PMAZ MY OM ré! A Rs bye à LA a 7 = # LÉ me J . 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Vi: dir PORT US M RICE 19 Matériaux pour servir à histoire des métaux de la cérite et de la gadolinite, par M. Marc Dela- QT FOIRE SE de 20e SOU ER à NF RE 30 Sur les radiations obscures et lumineuses, par M. Jon Dinde EAENMETERL US URSS A Précis d’une histoire du terrain houiller des Alpes, pat dinhonse, Favre. site as es 81 Sur l’évaporation à travers les membranes poreu- ses, en particulier de la cellule végétale, par M. WE: Schuhmachér. Sr uni Rite dl 91 Quelques considérations sur les courants électri- ques terrestres, par M. À. de la Rive... .... 99 306 TABLE DES MATIÈRES. Sur certaines propriétés physiques du tissu mus- culaire, par M. William Marcet .. .......... Observations géologiques et paléontologiques sur quelques parties des Alpes de la Savoie et du canton de Schwytz, par MM. Adolphe D'Espine ÉD el Node:, tul S e Exposé du second principe de la théorie mécani- que de la chaleur, par M. Arthur Achard .…. Sur l'origine des lacs alpins et des vallées. Lettre adressée à Sir Roderick I. Murchison, par M. A/- DORE Pabre. se... ARR TRE ER. Notice sur les observations météorologiques ac- tuelles en Suisse, par M. Alfred Gautier ..... Nouvelle méthode pour la mesure de la conducti- bilité pour la chaleur, par M. A.-J. Angstrom BULLETIN SCIENTIFIQUE. ASTRONOMIE. R.-C. Carrington. Observation des taches du soleil, faites SAC Ue TON AMBGL: en, ANR PHYSIQUE. J. Janssen. Des raies telluriques du spectre solaire. .... J.-C. Poggendorff. Sur une nouvelle classe de phénomènes inCUonAH EUR SOLE ÉNOLRRUEEE Prof. G. Hinrichs. Sur la distribution des raies obscures dans le spectre des éléments. .....:..:.44444. J. Tyndall. Sur les rayons invisibles de la lumière électri- que Sur. la calerescance, . à sat. mévgnar Page 119 155 214 62 TABLE DES MATIÈRES. © F. Lindig. Sur la variation des forces électromotrices avec températures tee en den peentre PA. Ve R. Clausius. Mémoires sur la théorie mécanique de la chaleur s'otdtedet en crpDiotor ets ais sel ep el ds eee \s.1 ls sg le, ste A. Krænig. Procédé simple pour déterminer le lieu d’une MAR OMG ASS 2e à Ua da ar Ie R. Bunsen. Eléments thermo-électriques d’une grande énergie. ... H. 2uff. Sur les sons produits par le courant électrique. . P. Volpicelli. Sur l'influence électrique. Nouveaux faits sur la polarité,électrestatiquens 2447 400 en 0 ee Leimême. Sur l'influence électrique... ......... 0. H. Wild. Recherches sur l'identité de l’éther lumineux et du fluide électrique Perrot. Sur le pouvoir des pointes.................. Deleuil. Machine pneumatique construite sur un nouveau principe téeitshlias ae ee (s'o ere ja late ls-s e:/7 {9e ste els jee) e jate. es sets R. Félici. Relation de quelques expériences électriques . CHIMIE. E. Maumené. Théorie générale de l'exercice de l’affinité.…. Fe Heich et, Th. Richter: Sur l'indium 0.60 re Prof. Graham. Sur les propriétés de l’acide silicique et d’autres substances colloïdes analogues. .......... F.-G. Stridsberg. Sur quelques combinaisons renfermant du'sesquicyanuré chromique:... 1... .1. é A. Milscherlich. Des spectres des corps: simples et des ÉORPEMAIOBESE LES ENTIER MARE, AMP Nægeli. Réaction de l’iode sur la fécule et les membranes des cellules . Ateer Slalar etc alta are, ee », elle Nolan) = é aleleïe niete es Sainte-Claire Deville. De la constitution du sel ammoniac et des densités de vapeur e''ate ose us. el eee: ee lofe 2 81e" erpie Pisani. Séparation de l’acide titanique et de la zircone .. 307 Page 191 154 254 258 043 368 TABLE DES MATIÈRES. H. Sainte-Claire Deville. Dissociation de l'oxyde de car- bone, des acides chlorhydrique, sulfureux et carboni- que ; décomposition de l’ammoniaque ........ .. D: Schwarzenbach. Sur les relations de l’albumine avec la Cabine SERRE UN PET TRE RSS ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE, nr ccHuiler. Pour Darwin." "." < " Dr Osear Schmidt. Supplément aux éponges de l’Adrialique . Prof. A. Kælliker. Atlas d'histiologie comparée. ....... A.-J. Malmgren. Sur la denlition du morse et son chan- sement de dents à l'état fœtal ................. Prof. Owen. Sur l'Archæopteryx de M. H. von Meyer. . Nouveaux documents relatifs à l'antiquité de l’homme... À. de Quatrefages. Note sur la classification des Annélides. D' W.-H. Marcet Examen chimique du liquide contenu dans la cavité périviscérale des vers némalodes . ... BOTANIQUE. D Dobenhorsi: Flora-europæas:....:.::... 12002 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES faites à Genève et au Grand St-Bernard. Observations faites pendant le mois de décembre 1864... Idem. pendant le mois de janvier 1865... Idem. pendant le mois de février .... Idem. pendant le mois de mars........... # Page 174 I Ï ||) Libra ica New || Botan [a\ om [ep CO « T | Ne es CN a ©O LO | CO À + LO | © :