| =||:! | EE = | IE) | \ [: ù (a Var EDR { A! CE OC TE pro SCIENT/g D AA. POPULIQUE ZT < 91 2 DUPLICATA DE LA BIBLIOT pu CONSERVATCIRE BOTANIQUE | VENDU EN 1922 ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES tJiRT AT, = a À : = à A à ! CLR be. + a © je LE EE “e AT À \e V + At Li 1 1 3 Le DUPLICATA DE LA ÉIBLIOTHÉQUE DU CONSERVATOIRE BOTANIQUE DE GENEVE VENDU EN 1922 CARETATT F7 Ë Le JUPEAT FÉRPCHANNT L L h - “. pr + - entr . BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE REVUE SUISSE ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLEN NOUVELLE PÉRIODE TOME VINGT-CINQUIÈME LISRATY REW YORK BOTANMNCA L. PA 4% Je UK . GARDEN GENÈVE BUREAU DES ARCHIVES, RUE DE L'HÔTEL-DE-VILLE , 6 LAUSANNE NEUCHATEL GEORGES BRIDEL DELACHAUX ET SANDOZ 1866 DUPLICATA DE LA BIBLIOTHÉQUE DU CONSERVATCIPRE ECTANIQUE DE GENEVE VENDU EN 1922 tt | . T9 £ IA "Ut À ' ; ñ f\ 4 4 IH 4 ie MANU DA f Î Lu PRIS if tj AE 4 7. | foi , MOULE MERE a È [DS “TUE CURIBOUTANAMTAY MOT: 1 tR à dd Ô bas Éronn ur - 1023 { AUG Lister) NEW YURX RECHERCHES BOTAMCAL GA [39 550 SUR LES COMBINAISONS DU NIOBIUM PAR M. C. MARIGNAC (Deuxième Mémoire.) 1. Non-existence de l Ilménium. Dans mon premier mémoire ‘ sur les combinaisons du niobium, j'ai signalé la constante association dans la na- ture des acides du niobium et du tantale, et montré que c'était là la cause des résultats erronés obtenus par H. Rose dans l'étude des acides du premier de ces corps. Je viens maintenant exposer la méthode que j'ai suivie pour leur séparation, et les résultats que j'ai obtenus dans l'analyse de plusieurs minéraux qui les renferment tous les deux. Mais je dois auparavant présenter quelques observa- tions sur deux mémoires qui ont paru à peu près en même temps que le mien sur le même sujet. J'ai déjà signalé dans ce journal? important travail . de M. Blomstrand. Je n'ai pas besoin d'exprimer de nouveau la satisfaction que j'ai éprouvée en voyant que ‘ Voyez Archives, tome XXIIE, p. 167 et 249. ? Voyez Archives, tome XXII, p. 326. ARCHIVES, t. XXV. — Janvier 1866. 1 6 COMBINAISONS DU NIOBIUM. ce savant était arrivé, sur toutes les questions étudiées par ses propres expériences, aux mêmes résultats que moi. Seulement il conservait pour l'acide niobique la formule de H. Rose dont le changement m'avait paru né- cessaire. En présentant un résumé de ses recherches à l'Académie des sciences de Paris‘, M. Blomstrand les avait fait suivre de quelques observations dans lesquelles il émettait des doutes sur la convenance de la formule proposée par moi, et sur la pureté des matières que j'avais dû employer. Mais il serait inutile de chercher ici à ré- futer ces objections, puisque ce savant, avec une loyauté dont je le remercie, vient de les retirer lui-même”. IL annonce en effet qu'il ne les avait présentées que parce qu'il ne connaissait encore mon travail que par la pre- mière note fort incomplète publiée par moi*, et d’après laquelle il avait dû croire que je maintenais l'existence de deux acides distincts du niobium, fait dont il avait constaté l’inexactitude. Mais dès que j’admets avec lui que le niobium ne forme qu'un seul acide, et que cet acide a la même constitution que l'acide tantalique, il n’a pas de raison à opposer aux nouvelles formules que je propose pour ces deux acides, vu que ses propres expé- riences n’ont pas eu pour but de vérifier la composition que leur avait attribuée H. Rose. Un autre mémoire très-étendu publié par M. R. Her- mann “, est la cause du long retard apporté à la rédaction de mes nouvelles recherches. J’ai dû en effet répéter de nombreuses expériences pour contrôler les affirmations ! Comptes rendus, séance du 21 août 1865. * Comptes rendus, séance du 13 novembre 1865. 5 Comptes rendus, séance du 30 janvier 1865. + Journal für praktische Chemie, t. XOV, p. 65. COMBINAISONS DU NIOBIUM. 7 de ce savant, car si elles étaient exactes, la plus grande partie des résultats que j'ai obtenus seraient entachés d'erreur. M. Hermann annonça, il y a vingt ans", la découverte d’un nouvel acide métallique, acide ilménique, dans un minéral de l'Oural auquel il donna le nom d’yttroilmé- nite. [l retrouva ce même acide accompagnant l'acide niobique dans l’æschynite, le pyrochlore, la samarskite et la plupart des columbites. Plus tard, ce savant aban- donna l'idée que cet acide renfermât un métal distinct du mobium, et le considéra comme un degré d'oxydation particulier de ce métal ?. Maintenant il est revenu à sa première opinion et sou- tient de nouveau l'existence distincte de l’ilménium et de l'acide ilménique et la présence de ce dernier acide en proportions considérables dans les columbites. Voici la méthode qu'il indique pour le séparer de l'acide niobique. Après avoir extrait les acides métalliques des columbites par l'attaque au bisulfate de potasse, il fait bouillir une quantité de ces acides correspondant à environ À gr. d'acides anhydres, avec 12 gr. d’une solution de soude caustique à 10 °/,, puis il ajoute 210 gr. d’eau et porte de nouveau à l’ébullition. Il obtient ainsi une dissolution claire (à moins qu'il n’y eut de l'acide tantalique qui ne se dissoudrait pas dans ces circonstances). La liqueur est précipitée par l'acide chlorhydrique et lammoniaque, et le précipité formé par les acides hydratés recueilli sur un filtre et égoutté. Il fait bouillir ce précipité, encore hu- mide, avec 150 gr. d'acide chlorhydrique concentré (D = 1,175), puis ajoute 390 gr. d’eau bouillante. Il ! Journal für praktische Chemie, t. XXXVIL, p. 9. * Journal für praktische Chemie, t. LXVIL, p. 65. 8 COMBINAISONS DU NIOBIUM. obtient ainsi une dissolution claire dans laquelle il dissout 30 gr. de sulfate de potasse, puis il la neutralise par une dissolution de soude caustique. Les acides métalliques sont ainsi précipités à l’état de sous-sulfates (B-sulfates). Ce précipité est recueilli sur un filtre, on le lave en ver- sant une seule fois de l’eau sur sa surface et on le laisse égoutter, Puis on le mêle encore humide avec 150 gr. d'acide chlorhydrique étendu (D = 1,09), on porte la liqueur trouble à l’ébullition et l’on ajoute 390 gr. d’eau bouillante, Dans ces circonstances le sulfate d'acide ilmé- nique est dissous, tandis que celui de l'acide niobique reste insoluble et peut être séparé par filtration. On pré- cipite l'acide ilménique de sa dissolution par l’ammo- niaque. M. Hermann à fait une étude comparative des combi- naisons du niobium et de l’ilménium. Je me bornerai à indiquer, d’après lui, les propriétés les plus essentielles qui établissent une différence entre ces deux corps. 1° La densité de l'acide niobique est de 5,00, celle de l'acide ilménique de 3,84. 2° L’hydrate ilménique se dissout à froid et rapide- ment dans l'acide chlorhydrique, tandis que l'acide nio- bique exige pour se dissoudre le concours de la chaleur. La dissolution de lacide ilménique est d’un jaune d’or, celle de l'acide nobique est incolore. 3° Lorsqu'on a précipité ces acides à l’état de B-sul- fates en ajoutant du sulfate de potasse à leur dissolution dans l'acide chlorhydrique, le sulfate ilménique est so- luble dans l'acide chlorhydrique étendu, tandis que le sulfate niobique y demeure insoluble ; c’est sur cette pro- priété qu'est fondée la séparation de ces deux acides. 4° Au chalumeau, avec le sel de phosphore, l'acide COMBINAISONS DU NIOBIUM. 9 niobique donne une perle incolore au feu d’oxydation. Dans la flamme intérieure, le verre devient brun après une longue réduction ; si l’on y ajoute alors une nouvelle quantité d’acide niobique, on obtient une coloration vio- lette, quelquefois bleue. L’acide ilménique donne, au feu d’oxydation, un verre jaune à chaud, mcolore à froid. Dans la flamme intérieure on obtient très-rapidement la coloration brune, mais ja- mais le violet ni le bleu. D'ailleurs les poids atomiques des deux métaux diffé- reraient très-peu l’un de l’autre. Ils seraient en effet 660 pour le niobium et 654,7 pour l'ilménium (105,6 et 104,75 si O — 16) en admettant pour leurs acides les formules Nb°0 et H?O*. Ces différences, surtout celles relatives à la densité de ces deux acides, sont assez tranchées pour qu'il soit diffi- cile de ne pas admettre qu’elles caractérisent des pro- duits différents. Mais ne peuvent-elles pas s'expliquer par la présence de matières étrangères à l’acide niobique. Cette supposition me paraissait d'autant plus admissible que la méthode par laquelle M. Hermann sépare d'abord l'acide tantalique est fort imparfaite, puisqu'elle ne lui à permis de trouver que 25°/, de cet acide dans la colum- bite de Bodenmais qui en renferme au moins 35, et qu’elle ne lui a pas permis de constater sa présence dans celle d'Amérique qui en contient de 10 à 15°/,. En outre, j'ai constaté dans les columbites de toutes les localités dont j'ai pu me procurer des échantillons la présence d’une petite quantité d'acide titanique. Enfin si l'on ré- fléchit à l'énorme proportion d'acide chlorhydrique qu’em- ploie M. Hermann dans sa méthode de séparation et à l'action que cet acide doit exercer sur les filtres et sur 10 COMBINAISONS DU NIOBIUM. les vases dans lesquels on le fait bouillir, on peut bien se demander si toutes ces causes ne peuvent pas expli- quer la différence de densité que l’on observe entre la- cide métallique qui demeure sans se dissoudre et celui qui entre en dissolution, et la coloration jaune que pré- sente cette dernière, En effet l'acide tantalique doit de- meurer dans la partie insoluble et en augmenter la den- sité tandis que tous les autres oxydes métalliques doivent demeurer en dissolution et accompagner l’acide ilmé- nique. On sait d’ailleurs qu'il suffit de filtrer de l'acide chlorhydrique, si le papier du filtre n’a pas été lavé préa- lablement avec cet acide, pour qu'il se colore en jaune par une trace de fer. Mon but principal étant moins de m'assurer de la non- existence de l’acide ilménique, que de constater son ab- sence dans l'acide niobique qui avait servi à l'étude que j'ai faite de ses propriétés, j'ai essayé d’abord le traite- ment indiqué par M. Hermann sur un acide retiré d’un fluoxyniobate de potasse purifié par de nombreuses cris- tallisations. La densité de cet acide était de 4,5; d’après M. Hermann un acide présentant cette densité devrait renfermer plus de la moitié de son poids d'acide ilmé- nique. J'ai suivi aussi exactement que possible les indications de M. Hermann, sauf une très-légère modification qui ne pouvait rien changer au résultat, mais qui en écartait une cause d'erreur. À la fin de l'opération, après avoir séparé de l'acide niobique par filtration l'acide ilménique dissous dans l’acide chlorhydrique, au lieu de le séparer par l’ammoniaque, je l'ai précipité par l’ébullition avec un excès de sulfate de potasse. On peut ainsi en perdre une trace, mais au moins on ne précipite pas avec lui les COMBINAISONS DU NIOBIUM. 41 oxydes métalliques qui peuvent provenir soit de la masse des réactifs employés, soit des filtres ou des vases. J'ai répété deux fois cette expérience et dans les deux cas l'acide insoluble (niobique) et l'acide demeuré en dis- solution (ilménique), ont présenté la même densité que l'acide primitif, les variations n'ayant été que de 4,47 à 4,52. Dans les deux cas la dissolution chlorhydrique a présenté une couleur jaune pâle, mais l'acide précipité de cette dissolution par le sulfate de potasse ayant été ra- mené à l’état d'hydrate, et redissous par l’ébullition avec une petite quantité d'acide chlorhydrique et addition d’eau, a produit une dissolution parfaitement incolore. Il n'a produit également aucune coloration jaune avec le sel de phosphore dans la flamme oxydante du chalu- meau. Bien que dans ces deux traitements j'aie également cherché à suivre les prescriptions de M. Hermann, il y a eu pourtant une légère différence dans les deux opéra- tions. Dans la première, après avoir précipité ensemble les sulfates de la dissolution des acides dans l'acide chlor- hydrique, j'avais laissé le précipité se rassembler com- plétement, en sorte qu'après avoir décanté la liqueur claire surnageante j'ai recueilli les sulfates sur un petit filtre et je n'ai versé que peu d’eau sur leur surface. Dans la seconde préparation, n'ayant pas attendu que la liqueur fût éclaircie pour jeter le tout sur le filtre, j'ai dû employer une plus grande quantité d’eau pour ras- sembler le dépôt au fond du filtre. De cette légère diffé- rence dans le traitement, 1l en est résulté une très-grande dans le résultat. Dans le premier cas en effet, la portion d'acide demeurée insoluble a été prépondérante, tandis que dans le second les */, au moins sont restés en disso- 19 COMBINAISONS DU NIOBIUM. lution. Il résulte de là, ce que du reste on pouvait pré- voir, c'est que le rapport entre l’acide insoluble et l'acide soluble dépend uniquement de la proportion de sulfate de potasse ou d'acide sulfurique que le lavage a laissé dans l'acide métallique. Je crois pouvoir conclure de là que l'acide niobique que j'ai employé dans mes recherches ne renfermait bien qu'un seul acide métallique, dont la densité normale est voisine de 4,5. Ces expériences ayant été faites sur un acide extrait d’un sel purifié par cristallisation, je désirais les répéter sur l'acide niobique brut extrait des columbites. Mais la méthode de M. Hermann devient à peu près impraticable lorsqu'on essaie de l’employer pour des quantités un peu considérables. Fai pensé qu’on devait arriver au même résultat par la précipitation successive, au moyen de l’a- cide sulfurique, de l'acide niobique dissous par l'acide chlorhydrique. On peut ainsi traiter de grandes quantités à la fois; en effet, en faisant bouillir l'hydrate niobique avec un petit excès d'acide chlorhydrique concentré, dé- cantant, après qu'il s’est éclairei, l'acide surnageant et le remplaçant par de l’eau, on peut obtenir une dissolution limpide très-concentrée. Mais j'ai rencontré un obstacle que je n’ai pu surmonter. Si l’on traite cette dissolution par une très-petite quantité d'acide sulfurique, elle se trouble, mais le précipité ne se dépose point et passe tout entier avec la liqueur au travers des filtres. Si la proportion d'acide sulfurique est plus grande, la liqueur prend une consistance gélatineuse et ne filtre plus en au- cune façon. Mais, si cette méthode des précipitations successives ne parait pas pouvoir s'appliquer à une dissolution chlor- COMBINAISONS DU NIOBIUM. 43 hydrique d'acide niobique, elle réussit au contraire par- fatement avec sa dissolution fluorhydrique, et comme elle me paraissait éminemment propre à établir si l'acide nio- bique était associé dans les minéraux avec un autre acide métallique, j'ai soumis à ce traitement environ 200 gr. de fluoxyniobate de potasse. C’était un mélange de tous les sels que j'avais obtenus en traitant des columbites de Bodenmais, de Limoges, de Haddam et du Groënland. Une petite partie provenait aussi de tantalite et d’euxé- nite. Tous ces sels avaient été séparés par une première cristallisation du fluotantalate de potasse, mais ils n’a- vaient pas été purifiés par d’autres cristallisations. Afin de pouvoir accélérer les lavages des précipités successifs, sans risquer pour cela d'y laisser de la potasse, J'ai adopté la marche suivante. Le fluoxyniobate de po- tasse a été décomposé par l'acide sulfurique, jusqu'à va- porisation de celui-ci, puis traité par l’eau bouillante et soumis à des lavages prolongés pour enlever toute la po- tasse. Puis je l’ai redissous par l'acide fluorhydrique; mais comme la présence d'acide sulfurique, que les la- vages n’enlèvent qu'en partie, fait que la dissolution com- plète exigerait un très-grand excès d'acide fluorhydrique, je me suis borné à en dissoudre ainsi la plus grande par- tie, le reste a été séparé par filtration comme premier produit insoluble. J'ai ajouté à la dissolution acide un peu de sulfate d’ammoniaque, puis j'ai concentré par l’ébullition jusqu'à consistance sirupeuse et repris par l’eau bouillante. Un second produit insoluble a été re- cueilli sur un filtre. A la liqueur filtrée et aux eaux de lavage j'ai ajouté de nouveau du sulfate d’ammoniaque et concentré encore jusqu'à consistance sirupeuse. En reprenant encore par l’eau bouillante, j'ai eu un troisième 44 COMBINAISONS DU NIOBIUM. produit insoluble. J'ai continué ces opérations jusqu'au moment où une forte concentration n’a plus dégagé de vapeurs d'acide fluorhydrique, mais des vapeurs sulfuri- ques et où la matière n'a plus laissé de résidu insoluble par l’ébullition avec de l'eau. J'avais obtenu ainsi sept produits partiels. La dissolution ne devait plus renfermer d'acide mobi- que, puisqu'elle ne contenait plus que du sulfate acide d’ammoniaque et qu'elle ne précipitait point par l’ébulli- tion. En la saturant par l’ammoniaque elle a fourni ce- pendant encore un précipité assez notable, à peine coloré d’une teinte jaunâtre. Comme il était à craindre qu'il ne renfermät quelques traces de fer ou peut-être d’autres oxydes, je lai recueilli sur un filtre et lavé, puis traité par l'acide sulfurique concentré et chauffé jusqu’à vapo- risation de celui-ci. Après refroidissement le résidu s’est complétement redissous dans l’eau froide; la dissolution portée à l’ébullition a produit un abondant précipité blanc qui a été recueilli sur un filtre. La liqueur filtrée n’a donné par l’addition d’ammoniaque que quelques flo- cons d'oxyde de fer. Voici les poids et les densités des huit portions d'acide ainsi obtenues : Densité. gr. 41° DA. TE 5,02 2° CE NP 4,75 Da PTT ne dé“ L,53 HRANUA es ste 2 4,42 “fade 6 05 | bar it 4,47 GousAT Bis HE 00 4,56 Love: 'y024 4,54 8° Lee ne 4,37 COMBINAISONS DU NIOBIUM. 45 Le n° 4 est le résidu qui n'avait pas été dissous par l'acide fluorhydrique, le n° 8 le précipité formé en der- nier lieu par l’'ammoniaque. Le premier produit ayant été fondu avec du fluorure de potassium, redissous dans l’eau acidulée par l'acide fluorhydrique, et soumis à la cristallisation, il m’a été fa- cile d'y constater la présence d’un peu d'acide tantalique. Toutefois la proportion en était trop faible pour expli- quer entièrement l'excès de densité de ce produit. Mais ayant observé qu'il n’était pas d’une blancheur parfaite, j'y ai soupçonné la présence d'acide tungstique. Et, en effet, en le fondant avec du soufre et’du carbonate de soude, et traitant par l’eau chaude, j'ai trouvé une petite quantité de cet acide, peut-être mélangé d’un peu d'acide stannique. La présence de ces acides n’est pas fort éton- nante. Il est vrai que dans toutes mes préparations d'acide niobique, après avoir traité les minéraux avec le bisulfate de potasse, lavé le produit et redissous les acides métal- liques par l'acide fluorhydrique, j'ai toujours fait passer dans la dissolution un courant d'hydrogène sulfuré, mais j'ai reconnu plus tard que la séparation de l’étain et du tungstène par ce procédé n’est pas toujours complète, un -trop grand excès d'acide fluorhydrique empêchant la pré- cipitation de ces métaux à l’état de sulfures. On voit d’ailleurs par là que ces acides à forte densité se concen- trent dans ce premier résidu insoluble dans l’acide fluo- rhydrique et expliquent sa trop forte densité. Le deuxième produit offre encore une densité trop éle- vée. Il était probable qu'elle résultait des mêmes causes. En effet, en le fondant avec du soufre et du carbonate de soude, j'en ai encore séparé un peu d'acide tungstique. L’acide ainsi purifié a présenté une densité de 4,58. 16 COMBINAISONS DU NIOBIUM. Fondu avec du fluorure de potassium, redissous et sou- mis à des cristallisations répétées, 11 a laissé séparer en- core une petite quantité de fluotantalate. Le fluoxyniobate ainsi purifié a été décomposé par l'acide sulfurique ; l'a- cide que j'en ai extrait a présenté une densité de 4,5%. L’acide précipité en dernier lieu par lammoniaque aurait dû ne plus contenir d'acide niobique, puisqu'il était resté entièrement dissous malgré une ébullition pro- longée en présence du sulfate d’ammoniaque en excès, et qu'après avoir été précipité par l'ammoniaque et traité par l'acide sulfurique concentré, il s'était dissous ensuite complétement dans l’eau froide. Cependant sa densité est bien supérieure à celle de l'acide titanique. L’ayant fondu avec du fluorure de potassium, redissous et soumis à la cristallisation en séparant autant que possible les sels de différents solubilités, j'ai constaté que ce produit était encore en grande partie formé d'acide niobique contenant au plus le quart de son poids d'acide titanique. J'avais déjà constaté dans d’autres occasions qu'il suf- fit d’une faible proportion d'acide titanique pour rendre l'acide niobique soluble après sa fusion avec les bisulfates alcalins. Je crois pouvoir conclure de tous ces essais que l'acide niobique extrait des columbites est bien un acide unique, dont la densité est environ 4,5, et que les deux produits obtenus par M. Hermann et dont les densités seraient de o et de 3,8 résultent du mélange de cet acide avec des corps de plus forte ou de plus faible densité, principale- ment l'acide tantalique et l’acide titanique. Cette conclusion est du reste parfaitement conforme à ce qu'a annoncé M. Blomstrand. COMBINAISONS DU NIOBIUM. 47 IT. Séparation de l'acide niobique et de l'acide tantalique. Deux méthodes différentes ont été proposées pour la séparation de l'acide niobique et de l'acide tantalique, lune par H. Rose, l’autre par M. Hermann. Il me paraît inutile de les décrire et d’en discuter la valeur ; l’une et . l’autre, en effet, peuvent être appréciées par linexacti- tude des résultats auxquels elles ont conduitleurs auteurs, L'une et l’autre ont surtout limmense inconvénient de fournir les corps qu’elles séparent à des états sous les- quels il est impossible de reconnaitre si l’on à bien réel- lement de l'acide niobique ou de l'acide tantalique où un mélange de ces deux acides. La nouvelle méthode que j'ai employée est fondée sur la différence de solubilité du fluotantalate et du fluoxy- mobate de potasse. En vertu du principe même sur le- quel elle repose, elle ne peut conduire à une séparation analytique rigoureuse, mais elle m'a paru donner cepen- dant des résultats assez approchés. Elle à surtout cet avantage que les composés ainsi séparés ont des carac- tères tellement tranchés qu'il est impossible de se mé- prendre sur leur nature et, jusqu’à un certain point, même sur leur pureté. Voici en effet les propriétés les plus saillantes de ces deux sels. Le fluotantalate de potasse exige, pour se dissoudre, de 4514 à 157 p. d’eau acidulée par l'acide fluorhydrique à la température ordinaire. L’eau pure le dissout, mais la dissolution se trouble au bout de peu de temps. Le fluoxyniobate se dissout dans 12,5 à 13 p. d’eau froide. L'un et lautre sont beaucoup plus solubles dans 18 COMBINAISONS DU NIOBIUM. l’eau bouillante et cristallisent facilement par le refroi- dissement de leurs dissolutions. Le fluotantalate forme de fines aiguilles, recueilli sur un filtre il se lave avec une grande facilité et laisse après expression et dessication une masse d’aiguilles incohéren- tes. Ne contenant point d’eau de cristallisation, il peut être séché à 400 degrés sans perdre de son poids. Il correspond à 55,35 p. 100 d'acide tantalique*. Le fluoxyniobate se dépose au contraire en lamelles minces et nacrées. Recueilli sur un filtre, lavé, exprimé et séché il se présente comme une masse nacrée, schis- teuse, onctueuse au toucher. Il n’y a aucune confusion possible entre ces deux pro- duits. La pureté du fluotantalate de potasse est d’ailleurs fa- cile à constater. Lorsqu'on l’a recueilli sur un filtre et qu’on le lave pour enlever l’eau mère contenant le fluo- xyniobate, on peut essayer de temps en temps l’eau de lavage en en mêlant une goutte avec une infusion de noix de galle. Le fluotantalate pur donne un précipité d’un jaune de soufre pàle, tandis que le fluoxyniobate donne lieu à un précipité d’un rouge de cinabre. Toutefois si l’on veut bien apprécier cette réaction, il ne faut juger de la couleur qu'après une heure ou deux; ce n’est en effet qu’au bout d’un temps assez long que la coloration rouge prend toute son intensité. Le fluoxyniobate de potasse lamellaire est le seul sel qui se forme en général dans cette méthode de séparation. ‘ Ce résultat est calculé d'après le poids atomique du tantale dé- terminé par H. Rose, et s'accorde assez bien avec mes analyses. Mais c’est un point sur lequel je me réserve de revenir c'ans un travail plus étendu snr les combinaisons de ce métal. COMBINAISONS DU NIOBIUM. 19 Il faut cependant se rappeler qu’en présence d’un excès d'acide fluorhydrique concentré, il pourrait se former du fluoniobate qui aurait la même forme cristalline et la même apparence aciculaire que le fluotantalate. Mais il n’est guère possible de se trouver accidentellement dans les conditions nécessaires pour sa formation. D'ailleurs ce sel se reconnaïtrait avec la plus grande facilité, car il se décompose en se dissolvant dans l’eau, et même par le simple lavage, et repasse à l’état de fluoxyniobate la- mellaire. Ayant appliqué cette méthode un grand nombre de fois, soit pour l'analyse des minéraux niobifères, soit pour la préparation des acides métalliques, je me suis arrêté au procédé suivant. Je procède d’abord à l'analyse en suivant la méthode de H. Rose, de manière à obtenir et peser ensemble l'acide tantalique et l'acide niobique. Je remarque seule- ment au sujet de ce traitement que s’il convient, pour les analyses, d'attaquer les minéraux niobifères avec cinq ou six fois leur poids de bisulfate de potasse, quand on exécute des préparations sur une quantité de matière un peu considérable, on peut très-bien se contenter de trois parties de bisulfate, quitte à séparer ensuite par léviga- tion et attaquer de nouveau la portion, en général très- faible, qui a résisté à la première fusion. Jai attaqué en une seule opération 350 gr. de niobite, avec 1 kilog. de bisulfate, dans une marmite en fonte, l'attaque a été presque totale et Le vase fort peu altéré. Lorsqu'on a obtenu le mélange d’acide niobique et d’acide tantalique, si l’on a dû le calciner pour en déter- miner le poids, il faut le refondre avec du bisulfate de potasse, puis faire bouillir à plusieurs reprises avec de 20 COMBINAISONS DU NIOBIUM. l’eau pour enlever autant que possible l'acide sulfurique et redissoudre le résidu par lacide fluorhydrique. On ajoute à cette dissolution bouillante du fluorhydrate de fluorure de potassium, mais il convient de n’en mettre d’abord qu'une petite quantité, par exemple 08,25 par sramme d'acide métallique traité. Si la dissolution ne donne pas de cristaux par refroidissement on devra la concentrer par l’ébullition jusqu'à ce qu’elle n’occupe plus qu'un volume de 7 centimètres cubes ‘environ par oramme d'acide", par refroidissement on obtiendra le fluo- tantalate de potasse, si le mélange renferme de Facide tantalique. Ce sel est recueilli sur un filtre taré, lavé jusqu’à ce que les eaux de lavage ne donnent plus avec l'infusion de noix de galle de précipité de couleur oran- gée, puis séché à 100 degrés. On continue à opérer de la même manière sur la H- queur filtrée réunie aux eaux de lavage, en y ajoutant une nouvelle quantité de fluorure de potassium. On s'a- perçoit facilement du moment où les cristaux aciculaires de fluotantalate se mélangent de cristaux lamellaires de fluoxyniobate et l’on redissout ceux-ci par l'addition d’un peu d’eau avant de recueillir le fluotantalate sur un filtre. Dans le cas où l’on opère sur un mélange pesé d’acide niobique et d'acide tantalique, on peut se borner à re- cueillir le fluotantalate de potasse pour en déduire le poids de l’acide tantalique; celui de l'acide niobique en résulte par différence. Lorsqu'on traite un mélange dont le poids n’a pas été préalablement déterminé, on peut faire passer tout l'acide 1 08,25 de fluorhydrate de fluorure de potassium ne peuvent pro- duire que 0,48 de fluoxyniobate de potasse, qui exigent seulement 68r,25 d’eau pour demeurer en dissolution à froid. COMBINAISONS DU NIOBIUM. 21 niobique à l’état de fluoxyniobate lamellaire et le recueil- lir à cet état. Mais il est bien difficile alors de n’en pas perdre une quantité notable, soit dans les eaux-mères chargées de fluorure de potassium en excès qui restent à la fin des cristallisations, soit dans celles qui imprègnent les filtres où l’on a recueilli ce sel lamellaire. Il vaut mieux dans ce cas, après avoir séparé aussi exactement que possible le fluotantalate, décomposer la dissolution en lévaporant avec de l'acide sulfurique et traiter par l’eau pour séparer l'acide niobique. La méthode que je viens de décrire est surtout con- venable quand on peut l'appliquer à une quantité de ma- tière un peu considérable. Cependant je l’ai essayée com- parativement, par l'analyse de la columbite de Limoges, en opérant successivement sur 60 gr. et sur 2 et j’ai ob- tenu dans le second cas un résultat qui s'éloigne moins que je ne l'aurais cru de celui, probablement bien plus exact, que m'avait donné la première analyse. J'avais eu, en effet, dans le premier essai 13,8 p. 100 d'acide tan- talique et dans le second 12,2. J'ai signalé dans mon premier mémoire l'association avec l’acide niobique d’une petite quantité d’un autre acide métallique dont la nature m'était demeurée incon- nue. Je l’ai retrouvé depuis dans tous les minéraux nio- bifères que j’ai pu me procurer, mais je l’ai reconnu main- tenant pour de l'acide titanique. L’isomorphisme de son fluosel de potasse avec le fluoxyniobate, et la difficulté que j'avais rencontrée à séparer cet acide à l’état inso- luble après sa fusion avec le bisulfate de potasse, m'a- vaient dès l’abord fait supposer que telle devait être sa nature. Mais une inadvertance singulière m'avait fait re- pousser cette hypothèse comme inadmissible. ARCHIVES, t. XXV. — Janvier 1866. 2 29 COMBINAISONS DU NIOBIUM. La présence de cet acide s'étant manifestée par la moindre solubilité dans l’eau de son fluosel, et ayant constaté que celui-ci exigeait au moins 60 fois son poids d’eau, j'ai aussitôt cherché si cette fable solubilité pou- vait s’accorder avec l'hypothèse d’un fluotitanate de po- tasse. Mais par une singulière confusion j'ai pris dans mes notes le chiffre de la solubilité du fluoxytungstate de potasse qui est soluble dans 17 p. d'eau. En présence d’une pareille différence je ne pouvais admettre l'identité de ces deux sels. Lorsque plus tard j'ai réuni toutes les fractions de ce sel peu soluble obtenues dans tous mes traitements de columbite, et que je lai soumis à divers essais, j'ai observé que ses caractères s’accordaient tou- jours plus avec ceux du fluotitanate de potasse. Jai voulu alors vérifier de nouveau ce seul point qui m'avait paru établir entre eux une différence absolue et j'ai alors reconnu mon erreur, le fluotitanate de potasse pur exige 78 parties d'eau pour se dissoudre à 20 degrés'; c’est aussi à ce chiffre que s’est arrêtée la solubilité du fluosel extrait des columbites lorsque j'en ai eu assez pour le purifier complétement du fluoxyniobate avec lequel il était mélangé. Son analyse a confirmé aussi cette identité. Ainsi dans toutes les columbites on trouve une quan- tité d'acide titanique suffisante pour que sa présence puisse être constatée par la moindre solubilité du fluoti- tanate de potasse. Mais il me serait impossible d’indi- 1 La solubilité de ce sel diminue rapidement avec la température, ainsi je l’ai trouvée de : = pelle be pen jee pube ee _ © + co- - Do- C2 So ee [= COMBINAISONS DU NIOBIUM. 23 quer approximativement dans quelle proportion il peut y entrer. Car je ne connais aucune méthode qui permette de séparer l'acide titanique de l'acide niobique même en se bornant à une approximation éloignée. Tout ce que je puis dire c'est que la proportion de fluotitanate que j'ai pu extraire ainsi du fluoxyniobate pouvait s'élever à un ou deux centièmes du poids de ce dernier. L'association constante de l'acide titanique et de l'acide stannique à l'acide niobique et à l'acide tantalique sera sans doute considérée comme un argument d’une certaine valeur pour attribuer à tous ces acides une même consti- tution atomique. Je ne crois pas cependant que ce fait ait une grande importance. Voici, en effet, une observa- tion qui me porte à croire que cette association est pure- ment accidentelle et que ces deux groupes d'acides ne se remplacent point réciproquement. Dans une opération où je traitais 170 gr. de columbite de Haddam provenant de fragments de gros cristaux fort irisés, mais qui paraissaient très-purs et n'étaient mélan- gés d'aucune gangue, j'ai obtenu, par lévigation, après trois attaques successives au bisulfate de potasse, un ré- sidu grisâtre, pesant 1187,13, principalement formé d’une matière grenue, très-dure, un peu vitreuse, dont la den- sité s'élevait à 6,75. L’ayant fondu avec du soufre et du carbonate de soude, j'en ai retiré 887,2 d'acide stannique, le reste était un mélange d'acide niobique, d'acide tanta- lique et d'acide titanique. Il me paraît résulter de là que, dans ce minéral, lacide stannique n’est probable- ment point réparti uniformément dans la masse et dans un état de combinaison, mais bien disséminé à l’état de mélange. S'il en est ainsi dans cette variété, on peut bien supposer aussi que dans toutes les columbites l'acide 24 COMBINAISONS DU NIOBIUM. stannique et l'acide titanique ne font point partie de la composition de ce minéral. Un fait à l'appui de cette hypothèse, c'est que la co- lumbite du Groënland, qui est bien certamement le type le mieux cristallisé et le plus pur de ce minéral, est la seule dans laquelle la proportion d'acide titanique soit assez faible pour que je n’aie pu réussir à en séparer à l’état de fluotitanate de potasse, bien que les variations observées dans l’analyse du fluoxyniobate préparé avec ce minéral rendent sa présence probable. IL. Analyse de quelques minéraux mobifères. Je passe maintenant à l'indication des résultats que j'ai obtenus par le traitement de quelques minéraux nio- bifères. Je dois bien faire observer que je n’ai point eu pour but de refaire l'analyse complète de ces minéraux dont la composition est suffisamment connue par des analyses antérieures très-nombreuses et suffisamment concordantes. Tous ces traitements ont eu pour objet principal la préparation de l'acide niobique et de l'acide tantalique pour les soumettre à des études ultérieures, et accessoirement j'ai cherché à déterminer aussi approxi- mativement que possible les proportions dans lesquelles ils se trouvent associés. Je me bornerai même à indiquer la proportion d'acide tantalique ; en effet, dans la plupart des cas je n’ai pas cherché à obtenir et à peser la totalité du fluoxyniobate de potasse, mais plutôt à le soumettre à des cristallisations répétées pour m'assurer si quelque autre sel ne s’y trouvait point mélangé. Je n'ai jamais pu y découvrir qu’un peu de fluotitanate, mais j'en ai trouvé dans toutes les variétés analysées : COMBINAISONS DU NIOBIUM. 25 Columbite et tantalite. Densité. Acide tantalique. 1. Columbite du Groënland . . . . .. 5.36 3,3 2. C. de Acworth (New-Hampshire). . 5,65 15,8 3. C. de La Vilate, près Limoges . .. 5,70 13,8 4, C. de Bodenmais (Dianite) . . . .. »,74 13,4 5. C. de Haddam (Connecticut) . . . . 5,85 10,0 ? 6. C. de Bodenmais. . . .... LA. FO0Z 271 æGitde Haddam ie | suuraeion: 6,05 30,4 8.. C. de Bodenmais. , .. . ... .. .. 6,06 39,4 de Haddam at 6,13 31,5 AIDE en ane à 2 me 7,03 65,6 Je dois à l'obligeance de M. de Kobell d’avoir pu ana- lyser une variété de columbite de Bodenmais (n° #4), en cristaux aplatis à poussière brunâtre, d’une densité infé- rieure à celle des cristaux ordinaires de cette localité. C’est à cette variété qu'il a donné le nom de dianite, parce que lacide métallique que lon en extrait présente la pro- priété, qu'il avait signalée comme caractéristique de l’acide dianique, de se dissoudre complétement en une liqueur bleue au contact de l’étain et de l’acide chlorhydrique concentré. On voit, par son analyse, que cette propriété est bien loin de caractériser un acide complétement privé d'acide tantalique; elle indique seulement que la propor- tion de cet acide ne dépasse pas une certaine limite. Je dois aussi à la générosité de ce même savant, ainsi qu’à celle de M. Woebler, d’avoir pu examiner des échan- tillons parfaitement authentiques (n*% 8 et 6) et d’un poids assez considérable de la columbite de Bodenmais à forte densité, qu’il est très-difficile maintenant de se pro- curer. Je dois remercier aussi M. Des Cloizeaux pour le don d’une quantité importante de columbite de Limoges. 26 COMBINAISONS DU NIOBIUM. Après avoir terminé mes analyses de columbites, je tenais essentiellement à constater l'identité de l'acide que j'avais séparé de l’acide niobique avec un acide tantalique d'uneorigine authentique. MM. Plantamour et Delafontaine ont bien voulu me céder dans ce but quelques échantil- lons de tantalite qu'ils avaient reçus de Suède. Fai pu m'assurer ainsi que je n'avais pas fait erreur sur la na- ture de l'acide qui accompagne l'acide niobique. Jai en même temps constaté le fait, déjà signalé du reste par M. Hermann et par M. Blomstrand, que l'acide niobique existe dans les tantalites comme l'acide tantalique dans les columbites. L'analyse complète de ce minéral m'a donné : Acide tantalique. . : . .... 65,60 Acide niobique (titanifére). . 10,88 Acide stannique. . . . . . . . 6,10 Protoxyde de fer .. ,: ...….. 8,95 Protoxyde de manganèse. . . : 6,61 98,14 L'examen du tableau comparatif de la densité des co- lumbites et de leur richesse en acide tantalique montre bien l'influence de ce dernier pour augmenter la densité de ces minéraux. Cependant cet accroissement ne parait point régulier. Ces irrégularités peuvent, je crois, s’ex- pliquer : 1° Par l’imperfection de la méthode employée pour la séparation de l'acide tantalique, d’où il résulte que la dé- termination de cet acide n’est qu'approximative. Je dois en particulier remarquer que la variété (n° 5) de Haddam, qui offre dans cette série la plus grande discordance, est la première dont le traitement m’ait fait reconnaitre la présence de l'acide tantalique que je n’y soupçonnais COMBINAISONS DU NIOBIUM. 27 nullement. Mes expériences n'ayant donc pomt été diri- gées dès l’abord dans le but de le séparer, il est fort pro- bable que j'ai été loin de l'obtenir en totalité. C’est pour la même raison que dans mes premiers traitements de la columbite du Groënland je ne m'étais pas aperçu de la présence de lacide tantalique qui était probablement resté à l’état de fluotantalate avec le fluosilicate provenant d’une petite quantité de gangue. 2° La présence d’une quantité variable d'acide stanni- que peut aussi apporter une notable perturbation dans la densité normale de ces minéraux. C’est peut-être pour cette raison‘que les columbites de Haddam, qui renfer- ment souvent une assez forte proportion de cet acide, présentent en général, à densité égale, une richesse moin- dre en acide tantalique que celles de Bavière. Enfin, ces résultats établissent d’une manière indubi- table l’isomorphisme et l'identité de constitution de l'acide niobique et de l'acide tantalique, et expliquent pour- quoi, dans toutes les analyses qui ont été faites de colum- bites, la proportion de l'acide métallique croit assez ré- gulièrement avec la densité. Si l’on admet la constitution que j'ai proposée pour l'acide niobique et pour l'acide tantalique, savoir Nb°0° et Ta*0°, les columbites et les tantalites seront tous éga- lement représentés par la formule générale : A Lines Mn0O Ta*O® et les limites extrêmes de leur composition seront : Tantulite. Niobite. Ta’05 424 85,5 Nb°05 268 78,8 Fe O 72 145 Fe 0 72 21,2 “496 100 340 100 28 COMBINAISONS DU NIOBIUM. Or ces nombres s'accordent parfaitement avec l’ob- servation. En effet, les analyses des tantalites ont tou- jours donné une proportion d'acide variant de 83 à 83,8 pour les variétés pures, et celles des niobites du Groën- land ont donné 76 à 78 d'acide métallique. Toutes les autres variétés présentent des nombres intermédiaires dépendant des proportions relatives d'acide tantalique et d'acide niobique, Wolfram. M. le professeur Woehler a eu la bonté de me remettre un résidu, pesant une douzaine de grammes, obtenu dans son laboratoire, par le traitement d’une quantité assez considérable de wolfram de Zinnwald et de Schlacken- wald, et qu'il avait reconnu comme principalement formé d'acide niobique ou d’un acide analogue. Un essai préliminaire par calcination, puis fusion avec du fluorure de potassium et traitement par l'acide sulfu- rique m'a appris qu'il renfermait : Perte au feu (eau et acide sulfurique). 18,2 APeS MÉRIIqUeS:. 2,2 62: 42,4 Silice, par différence . . . . . . . » .. 29,4 100 Il n’y avait point d'oxyde métallique précipitable par l'ammoniaque ou par la potasse dans la dissolution sul- furique. Je n'ai pas recherché la présence des alcalis, l'examen des acides métalliques ayant seul de l'intérêt. Pour déterminer leur nature, j'ai converti la totalité des acides métalliques extraits de ce produit en fluosels de potasse, et par des concentrations successives j'ai Cons- taté la présence du fluotantalate et du fluoxyniobate de potasse. COMBINAISONS DU NIOBIÜM. 29 D'après les proportions obtenues de ces trois sels, la composition de ce mélange d'acides était : Acide tantalique. . . . 17,5 Acide titanique . . . . 5,4 Acide niobique . ... 76,3 99 Mais il est probable que l'acide niobique était encore mélangé d'acide titanique. Euxénite. C’est encore à MM. Plantamour et Delafontane que je dois d’avoir pu examiner la nature des acides de l’euxénite de Norwége. Dans un premier essai, entrepris sur 25 gr. de matiere, en suivant d’ailleurs la même méthode que pour les co- lumbites, j'ai constaté la formation de fluoxyniobate et de fluotitanate de potasse, mais je n’ai pu séparer par cris- tallisation directe aucune trace de fluotantalate. On con- çoit du reste qu'en présence d’une grande quantité d’un sel aussi peu soluble que le fluotitanate, une faible pro- portion de fluotantalate ne peut être reconnue. Mais ce- pendant ce sel existe dans ce mélange; on en à la preuve, parce que chaque fois que l’on redissout ces sels pour de nouvelles cristallisations, leur dissolution se trouble si lon n’y ajoute pas d'acide fluorhydrique. Ayant répété plu- sieurs fois ces opérations et séparé chaque fois par filtra- tion le faible résidu insoluble, j'ai pu constater, en redis- solvant ces résidus par l'acide fluorhydrique et y ajoutant un peu de fluorure de potassium, la formation de eristaux aciculaires de fluotantalate. Mais il ne serait guère pos- sible d'estimer ainsi approximativement la proportion d’acide tantalique ; je la crois très-faible. 30 COMBINAISONS DU NIOBIUM. Des doutes ont été émis sur l'identité de l'acide de l’euxénite avec l'acide niobique. M. Blomstrand a déjà constaté qu'ils ne présentaient aucune différence. Je puis confirmer entièrement cette assertion. Le fluoxyniobate préparé avec ce minéral ne m'a offert aucune différence qui pût le faire distinguer du sel ordinaire, et l'acide que j'en ai extrait avait une densité de 4,44. Les doutes qui se sont élevés parfois sur la nature de cet acide me semblent uniquement dus à l’imperfection des méthodes connues pour la séparation de l'acide niobique et de l’a- cide titanique. Ce fait explique pourquoi M. Nordenskjold a trouvé une densité de 4,18 à 4,33 à l'acide extrait de ce minéral. Quatre analyses connues de leuxénite donnent des résultats assez constants pour la proportion totale des acides métalliques, mais très-variables pour leurs pro- portions relatives, en voici en effet les résultats : Scheerer. Strecker. Forbes et Da]. I Il I IV Acide niobique . . . 49,66 » 37,16 38,98 Acide titanique . . . 7,9% » 16,26 14,36 57,60 53,64 53.42 52.94 D’après M. Scheerer, dans la seconde variété, la pro- portion d'acide titanique serait prédominante. Les nombreux essais que j’ai faits sur la séparation de l’acide niobique et de l'acide titanique par les métho- des usitées me les font regarder comme tellement in- exactes que je crois que l’on ne peut conclure des résul- tats précédents, ni si les proportions relatives de ces deux acides dans l’euxénite sont réellement variables, ni COMBINAISONS DU NIOBIUM. 31 quelles sont ces proportions même d'une manière appro- ximative. J'ai voulu essayer, dans une nouvelle expérience, de déterminer approximativement par la séparation des fluosels de potasse les proportions des deux acides. Cette séparation exige des opérations excessivement longues et multiphées et ne peut approcher que de loin de la vérité; je la crois cependant encore plus sûre que tout autre méthode. J'ai d’abord trouvé dans le minéral 2,66°/, d'eau et 52,23°/, d'acides métalliques. J'avais obtenu 28r,238 d'acides métalliques que j'ai fondus avec du fluorure de potassium et soumis à des cristallisations répétées. Il me serait impossible de décrire toutes les opérations néces- saires pour arriver à grouper suivant leur solubilité tous les produits de ces cristallisations, mais voici les résultats définitifs de ces opérations : À) Eau mère chargée de fluorure de potassium en excès. Traitée par l'acide sulfurique, évaporée à sec, etc., elle a fourni 0,393 d’un acide qui devait être essentiel- lement formé d'acide niobique. B) Dissolution d’un fluosel à peu près pur, retenant à froid ‘/,, de sel en dissolution, ce qui est à peu près la solubilité du fluoxyniobate. Evaporée à siccité elle a laissé un résidu pesant, après dessication à 150 degrés, 0,989. Ce résidu décomposé par l'acide sulfurique à laissé 0,454 d'acide, soit 45,9°/,. Le fluoxyniobate aurait donné 47,35 °/, d'acide nio- bique, le fluotitanate 33,61 °/, d'acide titanique. On voit par là que ce résidu était principalement composé de fluoxyniobate. On pourrait, à la rigueur, calculer d’après 32 COMBINAISONS DU NIOBIUM. les résultats précédents les proportions relatives des deux sels, mais on s’exposerait à une erreur, en effet cette se- conde dissolution devait nécessairement renfermer encore une petite quantité de fluorure de potassium en excès qui a causé en grande partie linfériorité de la proportion d'acide obtenue sur celle qu'aurait dû donner du fluoxy- niobate pur. Je crois donc qu'il est plus exact de ne con- sidérer ce second produit que comme de l'acide niobique titanifère. Les cristaux séparés de la dissolution précédente, re- dissous dans une assez grande quantité d’eau bouillante ont fourni deux nouveaux produits par cristallisation : C) Eau mère, retenant à froid '},, de sel dissous. Eva- porée à siccité elle a fourni un résidu pesant, après des- sication à 150°, 187116 et qui a fourni 0,448 d'acide, soit 40,14°/,. Comme ce fluosel devait être un mélange de fluoxy- niobate et de fluotitanate de potasse parfaitement purs, il est facile de calculer d’après ce résultat sa composition. On trouve : Fluoxyniobate . . . 0,531 — Acide niobique. . . 0,251 Fluotitanate. . . . . 0,585 — Acide titanique. . . 0,197 1,116 0,448 D) Enfin le sel cristallisé dans cette dernière disso- lution. Sa solubilité étant assez exactement celle du fluo- titanate de potasse, on peut le considérer comme tel. Il pesait, après dessication à 150°, 28r,320 ce qui corres- pond à 0,780 d'acide titanique. Une portion de ce sel, analysée, m'a donné 33,20 °/, d'acide ce qui correspond bien à la proportion calculée. COMBINAISONS DU NIOBIUM. 39 Ainsi en résumé nous avons obtenu sur 28",238 d'a- cides : A) Acide niobique titanifère . . 0,393 | ue , » ... 0,454 } 1,098 = 49,1 % C) Acide niobique. . . . . . .. 0,251 — Acide titanique. . ...... 0,197 PRET EU 0,780 QT ne, 427 2,075 — 92,8 On voit par la perte considérable qui a eu lieu com- bien cette méthode est encore imparfaite. Ces résultats sembleraient indiquer que les deux acides de l’euxénite seraient dans le rapport de Nb°0° = 268 : 3 Ti0? = 243. REMARQUES A L'OCCASION D'UNE NOTE DE M. CLAUSIUS SUR LA DÉTERMINATION DE LA DISGRÉGATION D'UN CORPS ET LA VRAIE CAPACITÉ CALORIFIQUE PAR M, le Comte Paul de SAINT-ROBERT Dans une Note lue à la Société helvétique des Sciences naturelles à Genève, le 22 août 1865, et publiée dans le numéro d'octobre 1865 des Archives des Sciences phy- siques, L. XXIV, p. 117, M. Clausius m'a fait l'honneur de s'occuper de l'ouvrage que j'ai publié sous le titre de Principes de Thermodynamique*, et de me proposer des objections. M. W. J. Macquorn Rankine, à qui ces objections s’a- dressent presque autant qu'à moi, vient d'y répondre dans le numéro de décembre du Philosophical Magazine” ; mais comme je ne partage pas tout à fait la manière de voir de ce savant, je demande la permission de présenter quelques remarques sur ce sujet. M. Clausius nomme disgrégation d’un corps l'intégrale du quotient de la quantité de chaleur transformée en travail intérieur et en travail extérieur, pendant un chan- ! On trouvera dans le Fulletin scientifique de ce numéro une ana- lyse de l'ouvrage de M. le comte de Saint-Rohert. (Reéd.) ? Voyez plus bas, page 41. DISGRÉGATION D'UN CORPS, ETC. 35 gement infiniment petit, divisée par la température ab- solue. En désignant par Z cette disgrégation, par I le travail intérieur, par p la pression, par v le volume spé- cifique du corps, par £ la température absolue, par A l'équivalent calorifique du travail, il arrive à l'équation (4) de dt on 2e dr dont l'intégrale est (5) Z= af" G% IHA V0 D'autre part M. Rankine a désigné par F une quantité définie par l'équation (6) r-f Du, J'ai, en passant, avancé dans mon ouvrage, p. 89, que la quantité F de M. Rankine est identique avec la quantité Z ri de M. Clausius, ce que ce dernier savant n’admet point. Je ferai, tout d’abord, observer que F n’est pas iden- tique avec l'intégrale fe CT do qui figure dans le second membre de l'équation (5), par la raison que dans la valeur de F, il faut poser en même temps {= 1, et v —v, au commencement de l'intégrale, c'est-à-dire que, si l’on désigne par f (4, v) l'intégrale in- définie dp J TE dy, 36 DISGRÉGATION D'UN CORPS on a, pour la valeur de F, F—Fo—f (8 0) — f (> Vo) ; tandis qu'on a pour la fonction considérée par M. Clausius pes do = f{(t,v) —f(t, 0%); y dt ce qui constitue une différence entre les deux fonctions. Ainsi la différence entre la quantité F et la quantité Z ms ; à n. j ne se réduit pas uniquement à la quantité at / \f eo =: di dt , ARTE Re comme le dit M. Clausius. Toutefois, ayant examiné de plus près la question, j'admets avec M. Clausius que les deux quantités F et Z à diffèrent en général l’une de l’autre. Mais la cause qui me les à fait juger par mégarde identiques, n’est pas celle que M. Clausius indique. Nulle part je n'ai dit dans mon ouvrage, et je n'ai jamais pensé, que tous les corps puissent, à chaque tem- pérature, se réduire en gaz parfait, au moyen d’une aug- mentation de volume ; ce que j'ai supposé, c’est que tous les corps convergent, à mesure que la température aug- mente, vers l’état de gaz parfait. J'ai insisté sur cette idée à l’article 9 de l'introduction, et je l’ai répétée dans le cours de l’ouvrage. En combinant le principe de Mayer de l’équivalence avec le principe dit de Carnot, je suis tombé sur l'équation aux différentielles partielles Dean ri ET VRAIE CAPACITÉ CALORIFIQUE. 37 æ et p étant des fonctions des deux variables indépen: dantes v et L. En l’intégrant, on obtient ne Ci RC TES +=af. 2% do +F (6) où F (t) désigne une fonction arbitraire de la seule va- riable #, qui doit être déterminée d’une manière conforme aux conditions du problème dont elle découle. Pour la déterminer, j'ai supposé qu'elle était égale à la valeur extrême qu'elle acquiert à la limite où le corps est ré- duit, par la chaleur, à l’état de gaz parfait. J'ai trouvé de cette manière F (8) = c logt + const. G étant la chaleur spécifique à volume constant du corps réduit à l’état de gaz. Sans doute la valeur de F (4) doit converger vers cette limite à mesure que la température s'élève, et doit lui être égale pour des valeurs assez grandes de {; mais elle peut en différer pour des valeurs moindres de 4. Pour être exact, on doit poser F (8) = f(t) + c logt + const. f @) désignant une fonction de # qui convergé vers zéro, à mesure que { augmente. Cela posé, on obtient, pour l'expression de la chaleur spécifique à volume constant, N= A If _ do tp (D Le. Les deux premiers termes expriment la chaleur qui est consommée en travail mtérieur, pendant que le corps augmente de température, sans varier de volume, ou, en ARCHIVES, t. XXV. — Janvier 1866. 3 30 DISGRÉGATION D'UN CORPS d’autres termes, la différence entre la chaleur spécifique apparente à volume constant et la vraie chaleur spé- cifique. M. Rankine suppose implicitement dans ses ouvrages, de même que je l'avais supposé moi-même, qu'on à toujours 1) = 0. Dès lors il est obligé d'admettre qu'à chaque change- ment d'état d’un corps correspond un changement, quel- quefois considérable, dans la chaleur spécifique vraie. En effet, la chaleur spécifique vraie de M. Rankine est ex- primée, selon moi, par les deux termes : tp O+e, et il paraît que le terme {f" (4), à peu près constant pour un même état d’agrégation du corps, subit un change- ment considérable au moment où le corps passe d’un état à un autre. M. Clausius au contraire soutient que la chaleur spé- cifique vraie d’un corps doit être la même dans tous ses états d’agrégation. En cela je partage complétement l'avis de ce savant. Je reconnais la nécessité d'ajouter à l'expression que j'ai donnée de la fonction arbitraire, qui entre dans la fonc- tion thermodynamique, un terme f(£) qui doit s’évanouir pour des valeurs assez grandes de la température f. D’après cela la fonction thermodynamique sera ex- primée par e=c logt + f (t)+-A f = dv, et la chaleur à communiquer à un corps pour le faire ET VRAIE CAPACITÉ CALORIFIQUE. 39 passer de l'état (v,t) à l'état infinement proche (v + de, t—+ dt) sera exprimée par » dp dp dQ=cdt+tf(t)dt+ At —— dv ; Q=cdt+tf(t)dt At Tr dati Th dv. La quanité Q de chaleur transmise se décomposera dans ses diverses parties ainsi qu'il suit : accroissement de la chaleur interne H—H,=c (t— 6); accroissement du travail intérieur : il at v I—L= — +9 (f(Odt=]} | ep dv: A to “ accroissement du travail extérieur : aÙ re / pdr. vo Je dois faire remarquer que l’omission de la fonction f(t) dans mon ouvrage sur la Thermodynamique n’altère en rien les résultats auxquels je suis parvenu relativement aux gaz et aux vapeurs, parce que dans les premiers cette fonction est nulle, et dans les seconds la fonction f(t) est comprise implicitement dans la valeur de C qui est donnée expérimentalement. Qu'il me soit encore permis de faire une remarque au sujet d’une difficulté élevée par M. Clausius sur la ma- nière dont j'établis la constance de la capacité calorifique d'un corps dans mes Principes de Thermodynamique. Peut-être me suis-je mal exprimé, mais je ne me fonde pas seulement pour l'établir sur les mots cités par M. Clausius : « La température £ étant la manifestation , { 40 DISGRÉGATION D'UN CORPS extérieure de la chaleur H contenue dans un corps sous sa forme originaire de chaleur, il s'ensuit que toutes les fois qu'un corps à la même température, il doit avoir la même quantité de chaleur interne. » Ces mots sont là seulement pour établir que la quantité de chaleur absor- bée par un corps, pendant que son volume augmente de dv, est la même qu'il soit maintenu à une température constante où qu'il soit maintenu à une chaleur intérieure constante. La constance de la chaleur spécifique vraie est démontrée par moi, en égalant les deux valeurs qu'on obtient pour M en prenant pour variables indépendantes soit o et £, soit v et H. En résumé, je me range à l'opinion de M. Clausius sur la non-identité de sa disgrégation Z et de la fonction : dp_ fr dv. Ces deux quantités diffèrent entre elles d’une fonction de la seule variable #, fonction qui converge vers zéro à mesure que { augmente, et qui varie d’un état à un autre du même corps, tout en se conservant à peu près cons- tante, tant que le corps ne change point d'état. À mon avis, la divergence entre M. Clausius et M. Rankine, touchant la constance ou non de la capacité ca- lorifique vraie, dépend de ce que M. Rankine suppose, comme je lai fait dans mon ouvrage, que la fonction ar- bitraire F (4) soit la même pour tous les états d’un Corps. En finissant, je dois remercier M. Clausius des objec- tions qu'il a bien voulu me faire. Dans l'état actuel de la nouvelle théorie mécanique de la chaleur, on ne peut as- surément dire qu’il n’y reste aucune ombre. Une discus- ET VRAIE CAPACITÉ CALORIFIQUE. 41 sion, maintenue sur le terrain élevé de la science, ne peut qu'y faire pénétrer la lumière, car Du choc des sentiments et des opinions La vérité jaillit et s'échappe en rayons. Turin, 3 décembre 1865. Addinon du Rédacteur. Les remarques que l’on vient de lire font allusion à une publication de M. Macquorn Rankine', provoquée également par le mémoire de M. Clausius que nous avons inséré précédemment. Voici la traduction des passages qui nous ont paru les plus intéressants et qui terminent la note de M. Rankine: FANS Jadmets que M. le professeur Clausius à rai- son dans ces assertions et que, en donnant à F la valeur d déduite de l'équation (3) F — L _. dv, jen’ai pas sup- posé l'existence de substances qui à une température quelconque ne sont pas susceptibles de passer à l’état de gaz parfait. « Est-ce qu'il peut exister de telles substances ? c’est là une question que l'expérience seule peut trancher. Je ne puis cependant partager l'opinion de M. Clausius sur la difficulté de concevoir que des substances telles que le fer puissent passer à l’état gazeux parfait à de basses températures. Le fer, le cuivre, l’étain, le zinc et le plomb 1 On thermodynamic and metamorphic functions, disgregation and real specific heat. Philosophical Magazine, décembre 1865. 42 DISGRÉGATION D'UN CORPS à de basses températures ont une odeur qui permét de les reconnaître: par conséquent, ils existent à l’état gazeux à de basses températures; pourquoi cet état ga- zeux ne pourrait-il être parfait? EL si ces métaux peu- vent exister à l’état gazeux parfait à de basses tempéra- tures, pourquoi les autres corpssolides ne posséderaient-1ls pas la même propriété quoiqu'ils ne répandent pas d’odeur. «M. Clausius ne partage pas l'opinion que j’ai énoncée, qui consiste à admettre que la chaleur spécifique vraie d’une même substance peut être différente dans les trois états d’agrégation solide, liquide ou gazeux. Il attribue à un travail intérieur les différences de chaleur spécifique à volume constant que l’on observe pour une même sub- stance suivant qu'elle présente un de ces trois états. « Fadmets qu'il soit difficile de concevoir comment un changement d'état d’agrégation peut altérer la chaleur spécifique vraie. Mais il est aussi difficile de concevoir comment l'élévation de température de l’eau liquide, par exemple, peut être accompagnée d’un travail intérieur capable d'expliquer l'excès de la chaleur spécifique de l’eau à volume constant sur celle de la vapeur d’eau ou de la glace; ces trois quantités sont approximativement les suivantes : Chaleur spécifique à volume constant de la glace, environ 0,5 » » » » de l'eau liquide, » 1,0 Ù » » » dela vapeur d’eau, » 0,87 «Il me semble que la difficulté est diminuée, sinon écartée, par la supposition que dans certains cas la même substance à différents états d’agrégation, n’est pas iden- tique, mais #somérique, et peut ainsi avoir une chaleur ET VRAIE CAPACITÉ CALORIFIQUE. 43 spécifique vraie différente. Ainsi, l'on peut supposer qu’un atome de glace ou de vapeur est composé de deux atomes d’eau liquide; exactement comme l’on présume qu’un atome d'ozone consiste en deux atomes d'oxygène ordi- naire. Par suite un changement de chaleur spécifique deviendrait naturel. « Je ne prétends pas toutefois donner cette hypothèse autrement que comme une simple conjecture, et je me borne pour le moment à considérer comme certain le fait que le minimum de chaleur spécifique de la même sub- stance à différents états d’agrégation est différent dans un grand nombre de cas, en laissant à des recherches ultérieures de trouver la relation entre le minimum de chaleur spécifique et la chaleur spécifique vraie. » LA VIE ET LES ÉCRITS DE SIR WILLIAM HOOKER PAR M. ALPHONSE DE CANDOLLE Les botanistes anglais viennent de perdre leur vété- ran, le directeur habile et zélé du jardin royal de Kew, l’auteur d’une infinité de publications qui ont avancé la . Science, où qui l'ont repandue dans toutes les classes de la société en Angleterre, Nous resséntons cette perte sur le continent, aussi ai-je la conviction de répondre au désir de nombreux naturalistes si j'essaie de rendre hommage à la mémoire de Sir William Hooker. Pour y parvenir je n'aurai qu'à raconter sa vie, à rappeller ses princi- paux ouvrages, et à faire çà et là quelques comparaisons avec d’autres botanistes justement célèbres. William Jackson Hooker était né à Norwich, le 26 juillet 1785; il est mort à Kew, le 12 du mois d'août 1865, à l’âge, par conséquent, de 80 ans accomplis. Son père était un homme instruit, amateur de plantes rares et de curiosités littéraires ou scientifiques. Son parrain, William Jackson, dont il portait les deux noms, lui destinait une propriété de quelque importance, dont il hérita en 1806. Hooker se trouva donc très-jeune sous des influences favorables à l’étude des sciences naturelles, LA VIE ET LES ÉCRITS, ETC. 45 avec une indépendance de fortune qui lui permettait de s’y livrer sans inconvénient. On avait jugé bon de le placer quelque temps chez un fermier, pour y apprendre l'agri- culture, en vue de l'administration de ses biens, mais ce séjour à la campagne ne fit que développer davantage un goût inné chez lui d'observation et de recherches d’his- toire naturelle. Il se mit à faire des collections d'oiseaux, d'insectes, de plantes, et s’empressa de se mettre en rap- port avec divers naturalistes du pays. Dans le nombre se trouvait Sir Edouard Smith, possesseur à cette époque de l'herbier de Linné, et qui résidait à Norwich. Ce sa- vant, aussi aimable que zélé, exerça sur son esprit une très-grande mfluence ; on pourrait presque dire une trop grande influence, car elle eut peut-être pour effet de lui donner, dans sa jeunesse, des préventions contre la mé- thode naturelle, préventions dont il sut pourtant se déga- ger assez vite. Du reste, il ne faut pas demander à un jeune natura- liste de se passionner pour toutes les parties de la science également. Hooker était né collecteur et descripteur. A l'âge de vingt ans, il aimait trop herboriser pour penser beaucoup à des théories ou à des méthodes nouvelles de classification. Ce qu'il désirait par-dessus tout, c'était de voyager. [Il s’y exerça d’abord par des excursions en Ecosse, notamment, en 1806, avec le botaniste Dawson Turner, de Yarmouth, qui fut plus tard son beau-père. Ensuite, il fit un voyage en Islande, sur les conseils et avec les recommandations que lui donna le Mécène des botanistes anglais, Sir Joseph Banks. C'était en 1809, au moment où une révolution venait d’agiter cette île ordinairement si paisible. Hooker fit une grande récolte de plantes. Il avait aussi observé les volcans, le Geyser ; il avait dessiné 46 LA VIE ET LES ÉCRITS les objets les plus remarquables d’un pays sur lequel on ne possédait alors que des renseignements très-Incom- plets; enfin, il rapportait en Angleterre une riche moisson, lorsqu'un désastre, le plus terrible qui puisse arriver sur mer, lui enleva tout, excepté la vie, Des prisonniers qu’on ramenait en Danemark pour être jugés, mirent le feu au vaisseau. On était à vingt lieues des côtes les plus mhos- pitalières de l'Islande, et en outre le vent portait dans une direction opposée. Tout espoir semblait chimérique, lors- qu'on découvrit un autre bâtiment, qui avait dû prendre une voie différente, et qui, par bonheur, se trouvait à portée des signaux. Les marchandises et le bagage en- tier des voyageurs furent détruits ; les êtres vivants seuls furent sauvés. De retour en Angleterre, Hooker ne per- dit pas courage. Il se fit envoyer des plantes séches par ses nouveaux amis, les Islandais, ef recueillant ses souve- nirs, utilisant des notes qu'il avait conservées sur lui au moment de l'incendie, il put rédiger deux volumes en- tiers de réeits et de documents. On les estima assez nou- veaux et assez Curieux pour qu'une seconde édition en fut bientôt demandée. Le gouvernement anglais avait décidé d'envoyer à Cey- lan un nouveau gouverneur. Hooker se proposait de l’ac- compagner, à ses propres frais, et dans ce but il avait vendu sa propriété, C'était un beau projet, car Ceylan et la péninsule indienne étaient alors bien peu connus. Malheu- reusement des troubles empêchèrent le gouverneur de partir, et, d’ailleurs, à cette époque, la guerre désolait l'Europe et absorbait trop l'attention pour qu'on püt fa- cilement s'occuper de voyages scientifiques. Dès que la paix fut faite, Hooker fut un des premiers à en profiter pour sortir d'Angleterre. Il parcourut la DE SIR WILLIAM HOOKER. 47 France, la Suisse et le Nord de l'ftalie, recherchant partout les botanistes et herborisant avec passion dans les locali- tés dont les anciens auteurs avaient le plus parlé. Il passa quelques jours à Montpellier, où mon père résidait en- core. Ce fut l’origine d'une amitié sincère, dont moi- même j'ai ressenti les heureux effets chaque fois que j'ai pu rendre visite à Sir William Hooker, soit à Glasgow, soit à Kew. Et ici je me plais à répéter ce que beaucoup d’autres ont dit ou écrit : Hooker n’était pas de ces hommes qu’on oublie quand on les à vus une fois ou deux. Ses maniè- res étaient aisées, affables, sa complaisance était réelle, son hospitalité charmante. La gràce de Lady Hooker y ajoutait beaucoup, j'en conviens, de sorte qu'il restait de la plus courte visite une impression durable. Sir William m'a toujours paru un type de vrai gentleman anglais. Il en avait les bonnes qualités et il en acceptait les charges. Poli envers tout le monde, libéral, oubliant ses intérêts au profit de la science, répondant à toutes les lettres et à toutes les demandes, il avait obtenu dans l’opinion pu- blique une position exceptionnelle. Il était le protecteur des jeunes botanistes et des nombreux amateurs d’his- toire naturelle qui partaient pour les colonies. S'il fallait créer un établissement public, donner des subventions, les ministres le consultaient. Sous ce rapport son in- fluence directe ou indirecte s’est fait sentir dans le monde entier. Si l’on publie actuellement des Flores de presque toutes les colonies anglaises, on le doit principalement à ses conseils. Des dispositions aussi libérales avaient, dit-on, amené une diminution plus ou moins sensible dans sa fortune, ce qui le détermina à accepter une place de professeur 48 LA VIE ET LES ECRITS à l’université de Glasgow. Pour un Anglais, habitué au mouvement intellectuel de Londres, la grande cité ma- nufacturière de l'Écosse devait être un séjour peu at- trayant. Hooker s’y est pourtant bien trouvé. Les hommes naturellement actifs et sociables, comme lui, surtout lorsqu'ils sont heureux dans leur intérieur de famille. peuvent s’accommoder de bien des circonstances qui en décourageraient d’autres. Le zélé collecteur de plantes devint un excellent professeur et un écrivain qui ne cessa dès lors d'occuper le monde savant de ses écrits. Pendant son séjour de vingt années à Glasgow, le nom- bre des élèves qui souscrivaient au cours de botanique s’éleva de 24 à 100. Parmi eux se trouvaient des jeunes gens destinés à voir des pays lointains, et qui, plus tard, stimulés par leur maître, lui ont envoyé des plantes rares. C’est là une des causes de l'immense richesse de l'herbier Hooker, actuellement déposé, pour l'usage du publie, dans le jardin royal de Kew. Ceci nous conduit à parler de la création capitale de Hooker. L'établissement botanique de Kew est, en effet, un des principaux centres de la botanique moderne, peut- être le plus important de tous, si l’on en juge par la mul- tiplicité des ouvrages qu'on y a rédigés ou qui s’y pré- parent. Rappelons ici comment et par quelles influences cet établissement admirable est devenu ce qu'il est. Kew était naguère un jardin de la Couronne, où l’on produisait force fleurs et fruits pour les tables royales. L'ancien directeur, M. Aiïton, avait cependant des égards pour la science, et sur les conseils de illustre Robert Brown, il avait augmenté peu à peu les collections d’un intérêt strictement botanique. Bientôt la fondation du jar- din de la Société d’horticulture, à Chiswick, et les besoins DE SIR WILLIAM HOOKER. 4) croissants de la science, firent sentir la nécessité d’une rénovation du vieil établissement, et comme la liste civile des souverains anglais est fort modeste, on eut l’idée de faire de Kew un jardin botanique de FEtat. Sir William Hooker en avait parlé autrefois avec les ducs de Bedford, protecteurs de la botanique, de père en fils, et c’est le présent comte Russell, leur descendant immédiat, qui eut le mérite d'obtenir le changement de propriété du jardin et d'appeler pour sa direction le savant professeur de Glasgow. Les botanistes applaudirent à ce choix, et les hor- ticulteurs trouvèrent tout naturel qu’on eut pensé au sa- vant qui rédigeait, depuis longtemps, le principal journal d’horticulture, le Botanical magazine. C’est en 1841 que la Reine céda la propriété de Kew; en 1843, elle y ajouta 47 acres. D’autres terrains furent ensuite acquis par le gouvernement. Peu à peu d'immenses construc- üons s’élevèrent, en grande partie sur les indications du directeur, dont le goût et l’habileté méritaient assurément des éloges. Les serres attirent constamment à Kew un concours immense de visiteurs. On y remarque aussi un musée de produits végétaux, qui était une création favorite de Sir William. Ses riches herbiers et sa bibliothèque particu- lière, dont l'Etat vient de faire ou fera probablement l’ac- quisition, se trouvent annexés à l’herbier, très-riche aussi, donné par M. G. Bentham, et aux collections variées que la Compagnie des Indes et une foule de voyageurs ou ama- teurs ont ajoutées à ce prodigieux établissement. La plu- part des grands herbiers d'Europe acquièrent, par exem- ple, 4,5 ou 6 mille échantillons par année ; celui de Kew en a reçu l’année dernière 90,000 ! Plusieurs employés actifs suffisent à peine à l’arrangement, mais on est heu- 0 LA VIE ET LES ÉCRITS reux de penser que la direction de semblables richesses est confiée au fils même de Sir William, au docteur Joseph Dalton Hooker, dont l’activité n’est pas inférieure à celle de son père et que des publications importantes placent déjà très-haut dans l'opinion des botanistes". Sir William le pressentait. Il a dû en éprouver beaucoup de douceur dans les derniers moments de sa vie. J'ai parlé de la carrière du savant naturaliste. Il me faut apprécier maintenant ses ouvrages, sa tendance et jusqu'à un certain point sa position future dans l’histoire de la botanique. Je désire être impartial, être juste. Pour cela il me faut établir d'entrée une distinction qui rendra les appréciations moins difficiles. Les botanistes de toutes les époques peuvent aisément être répartis en deux séries, qui présentent chacune cer- taines qualités et certains défauts. Il y a les botanistes que j'appellerai profonds et les botanistes actifs. Les premiers, plus disposés à refléchir, éminemment consciencieux, quelquefois timides, s'efforcent avant tout d'être exacts. S'ils ont des idées nouvelles, ils les creu- sent; s'ils découvrent quelque fait, ils le tournent, le re- tournent et le considèrent plusieurs fois avant de se ha- sarder à le publier. Ils savent attendre. [ls font faire à la science des progrès lents, mais sûrs. Ne voulant rien ris- quer, ils sont forcés de se taire sur beaucoup de choses qui expliqueraient ou compléteraient leurs assertions, et il en résulte quelquefois de l'obscurité. Ils répugnent à gé- néraliser, à faire des systèmes, parce qu'une généralisation, un système renferment toujours des éléments inconnus, L ‘ Flora antarctica, 2 vol. in-4° ; Flora Novæ Zelandiæ, ? vol. in-4"; Flora Tasmanniæ, 2 vol. in-4°, tous avec planches. The Rhododendron of Sikkim Himalaya, À vol. in-folio, avec planches, etc. DE SIR WILLIAM HOOKER. ol et que les hypothèses y prennent place nécessairement parmi les faits. Leurs ouvrages n’encombrent pas les bi- bliothèques, mais on les consulte ligne par ligne. Cesalpin, Michel, les trois de Jussieu, St-Hilaire, surtout Robert Brown, en botanique proprement dite ; Théodore de Saus- sure, en chimie végétale, représentent clairement cette catégorie. Au contraire, les botanistes que j'appelle actifs, sont, par exemple, Bauhin, Tournefort, Ray, Linné, de Lamarck, de Candolle, Lindley, et parmi les hommes qui n’ont pas été exclusivement botanistes, de Humboldt. Ceux-ci sont enflammés d’une ardeur extraordinaire. [ls veulent avan- cer et faire avancer les autres. IIS disent et impriment tout ce qu'ils savent, et quelquefois plus. Ils cherchent à être clairs, parce que les idées claires font vite leur che- min. Îls généralisent, pour simplifier. [ls sont ou peuvent être d'excellents professeurs; le public les porte volontiers sur le pavois. Ils étonnent par l'abondance de leurs écrits, par la variété de leurs recherches ou de leurs idées. On les voit suivre plusieurs sciences avec le même courage. La crainte d'une hypothèse hasardée où d’une erreur de fait ne les tourmente pas outre mesure : ils disent volon- tiers errare humanum est. Lorsqu'ils ont une idée heu- reuse, ils l’appliquent immédiatement, et elle prévaut. Si la méthode de désigner les espèces par deux noms avait été proposée dans un opuscule, par quelque savant profond, commeune chose désirable, personne n’y eut fait la moindre attention; mais Linné se mit à publier rapidement un species en suivant ce procédé et l’on comprit. Il y a des botanistes tellement actifs qu’à certaines époques de leur vie leurs travaux débordent. Îls en passent à leurs élèves, comme le faisait Linné pour ses dissertations. Un des botanistes 52 LA VIE ET LES ÉCRITS actifs nommés ci-dessus avait rédigé, entièrement de sa main, tout un volume in-4°, assez estimé dans la science; il en avait donné le manuscrit à l’un de ses élèves favoris, pour en faire sa thèse. Ni l’un ni l’autre n’en ont soufflé mot. Le hasard seul me l’a fait découvrir vingt-quatre ans après la mort de l’auteur véritable et un an après celle de l’auteur supposé. Par où l’on voit que les botanistes sont quelquefois de bonnes gens. De Jussieu, Robert Brown aidaient aussi leurs amis; cependant avec la même disposition à obliger, les auteurs qui ont le portefeuille habituellement rempli doivent être les plus généreux. Les botanistes actifs tombent quelquefois dans de gra- ves erreurs. Linné en est un exemple frappant. Il au- rait été bien embarassé de fournir les preuves de l’une de ses idées de prédilection que l'écorce du rameau forme le calice de la fleur, le liber la corolle, le bois les étamines et la moëlle le pistil'. Ce n’est pourtant pas à titre d'hypothèse qu'il le disait, mais comme un fait. Sa théorie de la prolepsis, sur l’évolution des organes préparée et cachée, pendant cinq ou six ans, dans l’intérieur de la plante *, celle de l’origine de toutes les espèces végétales d’une seule région montueuse située sous l'équateur”, ses comparaisons bizarres entre les végétaux et les ani- maux *“ montrent plus de force d'imagination que d’obser- vation et de raisonnement. En général, plus les botanistes actifs sont doués d'imagination, plus ils font de ces er- reurs. Îl était réservé à Gœthe de prouver qu'on peut être # Phil. bot., 86; Metamorphosis plant. in Amæn. acad. 4, p.370, 374; Prolepsis, ib. 6, p. 336. > Amæn. acad. v. 6, p. 330 et sq. * Amæn. acad. 2, p. 145 * Ameæn. acad. 4, p. 370, 374; Phil. bot. 146. DE SIR WILLIAM HOOKER. 53 à la fois un grand poëte et un observateur serupuleux. . Mais Gœthe n’a pas beaucoup écrit en histoire naturelle, et s'il avait professé, s’il avait eu des centaines de jeunes sens pour applaudir à des théories hasardées, Dieu sait s’il n’aurait pas aussi quelquefois sacrifié l'exactitude à la gloire ? Maintenant, dans quelle classe devons-nous ranger Sir William Hooker ? Évidemment dans celle des botanistes actifs. Je pose la plume. Je parcours les rayons de ma bi- bliothèque, uniquement composée de livres de botanique et assez considérable, je consulte l'ouvrage précieux du Thesaurus literaturæ botanicæ, de Pritzel, et je m'adresse la question suivante : en laissant de côté les compilateurs, quels sont les botanistes qui ont le plus écrit ? La diver- sité des formats, la multiplicité des éditions, le mélange dans quelques ouvrages de morceaux de plusieurs auteurs, enfin la dispersion dans les journaux empêchent de ré- pondre à cette question avec toute la précision désirable. Il me semble cependant que Linné, Augustin-Pyramus de Candolle et Sir William Hooker sont les trois botanis- tes qui ont été le plus laborieux‘. Les ouvrages de Linné paraissent un peu moins étendus que ceux des deux botanistes de notre époque, mais il faut tenir compte de la difficulté relative qu'éprouvait un Suédois, dans le siècle dernier, pour faire paraître des ouvrages scien- tifiques. Quelques auteurs se rapprochent des trois que ! Les ouvrages de Sir W. Hooker, seul ou avec des collaborateurs, constituent 5 (et avec une partie de la Flora londinensis 6 ou T vo- lumes in-folio, 4 volumes in-4° et 87 volumes in-8°. De Candolle a publié, seul ou avec des collaborateurs, 9 volumes in-folio, 11 in-4° et 27 in-80. ARCHIVES. t. XXV. — Janvier 1866. % D4 LA VIE ET LES ÉCRITS j'ai cités, notamment parmi les vieux botanistes Ray, et parmi les modernes Lindley, dont la perte est récente, et M. de Martius, lequel heureusement n’a pas encore dit son dernier mot. Ces auteurs si féconds se sont presque tous occupés de plusieurs branches de la botanique et même d'autres sciences. Hooker a été pour ainsi dire uniquement botaniste descripteur. Sauf les deux volumes sur son voyage en Islande et quelques écrits de peu d’étendue sur la botani- que économique ou concernant des leçons, tous ses ou- vrages roulent sur des descriptions de cryptogames ou de phanérogames, envisagées tantôt au point de vue de la Flore d’un pays, tantôt en elles-mêmes. Le volume des british Jungermanniæ (4 vol. in-fol., 88 pl.), date de 1813, les Musci exotici (2 vol. in-8°, avec pl.) ont paru de 1818 à 1820. À cette époque, l'auteur s’occupait surtout de cryptogames et publiait, avec Taylor, la Muscologia bri- tannica (1 vol. in-8°, 1818, avec pl., éd. 2, 1827). Peu après son établissement à Glasgow il publia sa Flora sco- tica (1 vol. in-8°, 1821) où l’on voit en tête un portrait de lui. Les espèces y sont rangées d’abord selon la méthode de Linné ; ensuite, dans une seconde partie, d’après la mé- thode naturelle. Cet ouvrage et celui de S.-Fr. Gray (Na- tural arrangement of british plants, 2 vol. in-8°), daté de la même année, montrent les débuts de la méthode natu- relle appliquée aux flores britanniques. Pour un élève de Smith, on voit que Hooker se montrait assez novateur. mais Robert Brown avait déjà publié son Prodromus floræ Novæ Hollandiæ, en 1810, et Salisbury son Prodromus stirpium in horto ad Chapel Allerton, en 1796, sept ans après le Genera de Jussieu. Hooker à fait une flore britannique (British flora, 2 = DE SIR WiLLIAM HOOKER. 2%) vol. in-8°, 1830, 1831), et une flore plus importante de la partie boréale de l'Amérique septentrionale (Flora bo- reali americanæ, 2 vol. in-4°, 1833-40, avec planches). Ïl a continué jusqu'à la fin de sa vie à s'occuper des Fou- gères, d'abord avec Greville (4cones Filicum. 2 vol. in- fol., 1829-31), ensuite seul (Genera Filicum, in-8°, 1842, avec 420 pl.; Species Filicum, in-8°, 5 vol., 1846-64, avec 304 pl.). Mais ses principales publications ont été sur des plantes exotiques, contenues dans ses riches her- biers ou cultivées dans les jardins de la Grande-Bretagne. Son Exotic flora (3 vol. 1823-27) contient 232 plan- ches coloriées; ses /cones plantarum (5 vol. in-8°, 1827 à 1854) en renferment mille, dont une grande partie des- sinées par lui-même, car il dessinait facilement. La direc- tion du journal d'horticulture Botamical magazine lai à été confiée dès 1827, et depuis ce moment jusqu'à sa mort il a publié plus de 25 volumes de cette importante collection, c’est-à-dire plus de 2700 planches coloriées, avec des descriptions. Enfin une grande parte de son temps a été consacrée à la publication de journaux bota- niques (Botanical miscellanies, Companion to the botanical magazine, Journal of botany. London journal of botany). qui se sont succédés de 1830 à 1853 et qui forment en tout 25 volumes in-8°. Dans ces journaux une grande partie des articles sont de l'éditeur lui-même, les autres de ses amis et correspondants répandus dans le monde entier. C’est par là qu'on peut apprécier son influence sur une foule de voyageurs, collecteurs, autorités des colonies, missionnaires, médecins, etc, que son aimable caractère et son zèle avaient gagnés à la cause des sciences natu- relles. La carrière utile de Hooker a été longue. Il est mort, 56 LA VIE ET LES ECRITS ai-je dit, à 80 ans, et depuis 1811, date de sa première publication (Journal of a voyage in Iceland), jusqu’à 1865, date des derniers cahiers du Botanical magazine auxquels il ait concouru, on compte 55 ans. Linné a vécu 74 ans et a publié pendant 42 ans; de Candolle a vécu 63 ans et a publié pendant #4 ans. La plus longue car- rière d’un botaniste distingué a été peut-être celle de Link, mort à l’âge de 85 ans, après avoir publié pen- dant 59 ans au moins ‘. Ce sont les botanistes actifs qui fournissent d'aussi lon- gues carrières d'auteur. Antoine Laurent de Jussieu et Robert Brown ont vécu 87 et 85 ans, mais leurs écrits ont été publiés dans le laps de #4 et de 35 ans seule- ment. L’extrême activité de quelques hommes tient sans doute à des causes à la fois physiques et morales, qui ne suffisent pas toujours pour prolonger la vie jusqu’à une grande vieillesse, mais qui impriment de bonne heure un mouvement singulier d'idées et se combinent avec la passion de les répandre. Les savants animés de ce feu sacré peuvent, quand ils le veulent, s'appliquer à des travaux réfléchis et minutieux. Ils le font quelquefois, de même que les savants d’une autre nature sont par mo- ments très-actifs, néanmoins le tempérament domine, et comme dit le fabuliste: « Chassez le naturel il revient au galop. » Y a-t-il des motifs pour mettre l’une des deux caté- gories de botanistes au-dessus de l'autre ? en vérité je ne le pense pas. 1 Les indications de Pritzel et du catalogue de ma bibliothèque portent 1847 pour la date de la dernière publication de Link, mais il est possible qu’il ait présenté quelque mémoire à l Académie de Berlin ou publié quelque opuscule de 1848 à 1851, année de sa mort. De per DE SIR WILLIAM HOOKER. 0) S'il fallait apprécier les hommes d'une manière abs- traite, d’après la valeur intrinsèque de certaines qualités de l'esprit, assurément il n'y a rien de plus admirable que la perspicacité unie à la réflexion, que le génie con- tenu et dirigé par le bon sens, et la orandeur des vues combinée avec la faculté d'étudier scrupuleusement les détails. Appliquant ceci aux botanistes, je ne craindrai pas de dire que depuis Théophraste jusqu'à nos jours , l’homme qui a porté au plus haut degré toutes ces qua- lités dans l'étude du règne végétal, est Robert Brown. Il y a cependant une autre manière d'apprécier les sa- vants , c’est de voir le résultat de leurs travaux et la du- rée de leur influence. — Quels ont été les plus grands hommes ? demandait le prisonnier de S'-Hélène, dans une de ces mille causeries où les demandes n'avaient d'autre but que d'amener de lui des réponses. Les plus grands hommes, disait-il, ont été ceux dont les créa- tions ont duré le plus longtemps. Mahomet est bien plus grand que César ou Alexandre, parce qu'une religion dure plus qu'un empire. — Voilà le point de vue pratique, utilitaire. Appliquons-le à notre branche des connaissan- ces. Les botanistes d’un certain mérite qui ont beaucoup récolté, beaucoup décrit et publié, non-seulement exer- cent une grande influence sur leurs contemporains , Mais laissent aussi une longue trace après eux. Plus ils au- ront décrit de formes inconnues, plus surtout ils auront publié de planches, et plus on sera forcé pendant des siècles de recourir à leurs ouvrages. Il faut bien aujour- d'hui encore consulter les figures, très-mauvaises, pu- bliées autrefois par Rumpbhius, Hernandez ou Plumier. On a besoin de remonter à l'origine des noms de cha- que espèce, la priorité faisant règle en fait de nomen- 5% LA VIE ET LES ÉCRITS clature. À plus forte raison de belles planches, comme celles des 23 volumes in-folio publiés par Jacquin, assu- rent-elles à leur auteur une place durable dans la science. Les travaux descriptifs ont donc cet avantage de durer, ne füt-ce que pour les recherches de la synonymie. Par con- séquent les botanistes qui ont été les plus actifs dans cette partie de la science sont assurés que leur nom res- tera le plus longtemps. Disons encore qu'en fait de dé- couverte rien n'est plus certain que celle d’une forme si elle était réellement inconnue auparavant. On fait honneur à Cesalpin d’avoir parlé le premier des cotylédons comme d'un organe très-important, mais d’autres avaient vu cet organe avant Jui : on admire les observations de Brown et de Mirbel sur l’évolution des ovules, mais longtemps avant, Grew avait observé des ovules sous le microscope et avait constaté les points essentiels de leur structure ; on loue la sagacité de Jussieu pour certains rapprochements de genres et de familles, mais souvent on trouve les pre- mières Imdications de ces rapprochements dans les ou- vrages antérieurs d'Adanson ou de Magnol. En général il y a peu d'idées absolument nouvelles. Il y a encore moins d'observations anatomiques ou physiologiques dont on ne trouve cles traces dans les ouvrages qui ont précédé ce- lui auquel on les attribue. C'est bien différent pour une plante nouvelle. Un botaniste décrit et peut-être figure une plante de Californie que personne n'avait vue avant lui : ceci est un fait de peu d'importance si vous voulez, mais incontestable, c’est un fait vraiment de l’auteur. Si la forme décrite constitue un genre nouveau, indique une af- finité, résout une question d'organographie, le fait est plus important, et beaucoup de découvertes positives de cette nature finissent par avoir de la valeur. DE SIR WILLIAM HOOKER. D9 Enfin il y a des époques où l’activité de quelques bo- tanistes a été plus particulièrement un bonheur et un mé- rite essentiel. Qu'aurait-on fait de 1818 à 1840 s'il n'y avait pas eu des descripteurs et nomenclateurs infatiga- bles tels que Hooker, de Candolle, Kunth, Lindley, Blume, de Martius, pour s'occuper de ce nombre immense de plantes, inconnues jusqu'alors, que les collecteurs rappor- taient ou envoyaient de toutes les parties du monde ? A cette époque on a reçu au moins mille espèces nouvelles par année. Il fallait s'en occuper pour que la botanique ne tombât pas dans le chaos. Augustin-Pyramus de Can- dolle a décrit pendant sa vie 6,350 espèces nouvelles, c’est-à-dire à peu près autant que le nombre total des espèces découvertes depuis les Grecs jusqu'à Linné in- clusivement. Hooker en a peut-être décrit autant que lui. Il à surtout publié un nombre très-considérable de plan- ches. La nature de ses publications ne comportait pas des dessins riches en analyses, mais il y en a beaucoup d'espèces absolument nouvelles. En relevant le nombre total des planches publiées par Hooker, plus complétement que je ne l'ai fait ci-dessus, j'en trouve 4,094. C’est un chiffre énorme. Encore fau- drait-il ajouter des planches de la 2° édition de la Flora Londinensis par Curtis, à laquelle Sir William a pris part sans que j'aie pu préciser ce qu'il convient de lui att ri- buer spécialement. M. Reichenbach approche déjà du chiffre de 4,000 planches, mais il a représenté surtout des espèces d'Eu- rope, dont un grand nombre étaient déjà figurées et qui étaient ordinairement bien décrites dans les ouvrages. Nicolas Jacquin a publié beaucoup de planches, presque toutes d'un grand format et coloriées, la plupart concernant 650 LA VIE ET LES ÉCRITS des espèces rares où nouvelles et faites avec autant de soin qu'on pouvait en mettre à son époque, mais leur nombre est de 2,685. Le fameux ouvrage de Sibthorp (Flora græca) contient 966 planches. De Candolle en a publié dans tous ses ouvrages 943. M. de Martius, qui avait déjà publié en 1856 près de 1,100 planches, tou- tes d’une grande valeur scientifique, continue d'ajouter chaque année à ce nombre déjà si respectable, M. Robert Wight a donné sur les plantes de l'Inde 2,313 planches coloriées. Voilà des termes de comparaison tirés des au- teurs qui ont rendu le plus de services sous ce rapport. Ils montrent la supériorité de sir William Hooker. Dans ce qui précède j'ai fait, sans m'en douter, un travail de classification. J'ai rapporté le zélé botaniste an- glais à sa classe, botaniste actif ; à sa famille, botaniste des- cripleur. Il me reste à constater son geure et sa spécia- hté parmi les descripteurs. Sir William Hooker prenait les méthodes de classifica- tion comme elles étaient et cherchait à les appliquer ju- dicieusement aux formes nouvelles, plutôt qu'à les per- fectionner. Îl ne visait pas à créer des espèces, des genres ou des familles, mais à s’en servir pour classer, ne pro- posant un nom nouveau que si véritablement c'était une nécessité. Peu de botanistes ayant eu à nommer des es- pèces de tous les pays, surtout des espèces de jardins, ont fait aussi rarement que lui des erreurs. Il avait eu soin de s’entourer de riches herbiers et d’une grande bi- bliothèque ; il avait bonne mémoire ; son coup d'œil était rapide. Grâce à tout cela ses descriptions marchaient vite et bien. On est rarement appelé à transporter d’un genre dans un autre les espèces qu'il a classées. Celles qu'il dit être nouvelles, le sont véritablement, à de rares exceptions DE SIR WILLIAM HOOKER, 61 près, et c'est un degré d'exactitude assez difficile à attein- dre en ce qui concerne les plantes cultivées, et dans un * ouvrage paraissant à jour fixe, comme le Botanical ma- gazine. Tout directeur de jardin sait dans quel état sont les plantes qui fleurissent pour la première fois. Il sait qu'on vous presse de décrire pour les passer au dessina- teur, ou qu'elles reviennent de l'atelier plus ou moins dé- fraîchies. Il faut cependant les examiner aussitôt, sans avoir les fruits, Sans pouvoir comparer plusieurs échan- tillons , et avec l’idée que la culture peut avoir altéré les formes. [l s'agit quelquefois d’une espèce isolée, dou- teuse, dans un grand genre, qui n’a pas été récemment bien travaillé. N'importe il faut nommer et publier. Très- excusables sont done ceux qui font des fautes en pareil cas, et très-louables ceux qui en font rarement ! Sir William Hooker était un botaniste prudent et ju- dicieux. Il connaissait bien ses forces. C’est une chose cu- rieuse de voir qu'il a achevé tous ses ouvrages, comme Linné, mais non comme de Candolle, ni de Lamark, ni Brown, qui en ont laissé d’inachevés. Sa santé, excellente jusqu'à un àge avancé, ne suffit pas à expliquer ce fait complétement ; il y avait chez Hooker le mérite de savoir mesurer toujours ses entreprises à ses moyens, et de per- sévérer dans chaque travail avant de passer à un autre. Le même sentiment de ses forces l’éloignait des théories, auxquelles il se sentait peu propre, et des analyses très- détaillées, qui l’auraient retardé dans sa marche, Lorsqu'il décrivait il savait s'arrêter nettement à ce qu'il voyait. On peut lui reprocher des omissions, mais ce qu'il dit est gé- néralement exact. Les meilleurs descripteurs au com- mencement du siècle travaillaient ainsi. Je me suis permis de caractériser nettement le bota- 62 LA VIE ET LES ÉCRITS, ETC. niste en ce qui concerne ses travaux. Mais il y a, ne l’ou- blions pas, à côté des ouvrages de Hooker, l’action gé- néreuse, Incessante et éclarée qu'il a su exercer autour de Jui et à distance. Il à inspiré le goût de la botanique à une foule de personnes, en particulier à son fils, un des plus habiles naturalistes de notre époque. Il a organisé l'établissement scientifique et horticole de Kew, un de ceux où l’on travaille le plus et où les botanistes de tous les pays trouvent le plus de ressources. En arrangeant et en démontrant les belles collections de ce jardin, il a rendu la science populaire. Grâce à ses antécédants et à l'agrément de ses manières, il a obtenu beaucoup en fa- veur soit de la botanique soit de l'horticulture. Ses re- commandations étaient puissantes, même en Australie, dans l'Inde ou en Amérique, de telle sorte que bien des voyages, bien des découvertes et beaucoup de publica- tions importantes sur la flore de pays lomtains se ratta- chent déjà ou se rattacheront à lui, au moins par leur origine. L'ÉTAGE TITHONIQUE M. le Professeur A. OPPEL (Zeitschrift der deutschen Geologischen Gesellschaft, 1865.) Il y a un mois à peine un savant éminent, dont l’Alle- magne s’honorait, M. A. Oppel, professeur de géologie à Munich, a été enlevé dans la force de l’âge par une courte maladie. Sa perte sera vivement sentie par ses nombreux amis et par tous ceux qui s'occupent de géologie et de paléontologie ; il laisse une réputation qu'il n’est pas be- soin de justifier, il suffit de rappeler ses nombreux tra- vaux, et entre autres, die Juraformation et Paleontolo- gische Mittheilungen. Travailleur infatigable, voyageur in- trépide, observateur doué d’une grande sagacité, il eut fait faire de nouveaux pas et plus importants encore à la science à laquelle il se dévouait. Tout récemment 1l avait publié, sous le titre que nous mdiquons, un article fort intéressant dans le Journal de la Société géologique alle- mande, dans lequel il résumait ses dernières recherches sur le Jurassique supérieur des Alpes. Les conclusions auxquelles il à été conduit ont une grande importance, et bien que ce travail ne soit encore qu’une ébauche, un jalon planté que d’autres devaient suivre, nous avons pensé qu'il pouvait être utile d’en donner ici une traduc- tion abrégée. 66 L'ÉTAGE TITHONIQUE. Quenst., l'An. torhisulcatus, d'Orb., VA. silesiacus, Oppel, etla Terebratula diphya, s'étendent au loin à VE. et à l'O. ce qui permet de supposer que la mer tithonique occupait un grand espace dans les contrées alpines à la fin de la période jurassique, et cette opinion a été confirmée par une découverte récente de M. Stelzner qui a reconnu la Ter. diphya à Losenstein, sur la rive droite de FEnns, Les roches nommées par MM. Escher de la Linth et Gumbel Auerkalk, près d’Au, dans les environs de Bregenz, et celles que M. Escher à désignées sous le nom de Hochgebirys- kalk dans les Alpes du carton de Glaris, appartiennent probablement à l'étage tithonique. On peut présumer qu'il sera possible de le retrouver à l’est du lac de Genève, car M. Ooster a trouvé l’Am. hybonotus, Oppel, dans un calcaire noir au Mont Richard, près d'Argentine, non loin des Ormonts. Près du pont de Wimmis, à l'entrée du Simmenthal, on rencontre des calcaires noirs de 10 pieds d'épaisseur, qui, d'après leurs fossiles caractéristiques, ont été rangés par M. le professeur Studer dans le Kimméridien , dans la zone à Pteroceras Ocean. Au-dessus s'élève une masse énorme de calcaire blanc, dans lequel se rencontrent des fossiles regardés d’abord comme crétacés par M. Fischer- Ooster, puis ensuite comme se rapprochant extrêmement des espèces des couches de Stramberg. Ce serait là er- core un représentant de l'étage tithonique, l'étude atten- tive des fossiles viendra décider cette question. À Gigondas (Vaucluse), dans les Basses-Alpes, le Var et les Alpes maritimes, divers renseignements permettent de présumer l'existence de l'étage. En Algérie, M. Co- quand a reconnu, près de Batna, des calcaires rouges con- tenant l’Am. Accnthicus, Oppel, et plusieurs autres espèces L'ÉTAGE TITHONIQUE. 67 appartenant à diverses ZONES jurassiques. Au-dessus sont des calcaires gris avec la Tereb. diphia formant la partie supérieure de la formation jurassique el appartenant en- core à l'étage tithonique; ils sont surmontés par des grès schisteux reconnus Comme néocomiens. En Espagne, certains indices font présumer l'existence de l'étage tithonique : les travaux de M. Lory permettent de le reconnaître dans les Alpes du Dauphiné , il faut y rattacher, comme il a déjà été dit, Les dépôts nommés Ci- ment et calcaire de la Porte de France. Examinons maintenant le développement de l'étage Ui- thonique du côté de l'Est, et considérons les couches nommées Klippenkalk dans lesquelles M. Hohenegger à rassemblé de nombreux fossiles à Rogoznick (au N. des Monts Tatra, au S.-0. de Neumark en Galicie). Une étude attentive de ces restes organisés ; consistant surtout en Céphalopodes et en Brachiopodes , montre que dans le Klippenkalk 1 faut établir trois divisions se rattachant : 10 à l'étage tithonique; 2° au Kimméridien et 30 à l'Ox- fordien ; mais point à des étages inférieurs. Près de Ma- ruszina ces calcaires blanes renfermant la Lerebr. diphya. Ter. triquetra, et beaucoup d'Ammonites situés immédia- tement au-dessous du Néocomien peuvent représenter la partie supérieure du groupe tithonique. Passons maintenant à l'examen des couches de Shrain- berg, dans les Carpathes, qui ont été étudiées par plusieurs géologues , entre autres par MM. Beyrich, Hohenegger Suess, ete. Ces couches différent essentiellement du Aip- penkalk:, car nous avons VU que sous ce dernier nom on comprenait des dépôts appartenant à trois étages diffé- rents; les couches de Stramberg se rattachent à un seul horizon, à une seule Zone paléontologique , distinete et 6 L'ÉTAGE TITHONIQUE. bien définie, à en juger tout au moins d’après les recher- ches faites jusqu'ici. Parmi les nombreux fossiles qu’elles renferment on ne retrouve pas d'espèces caractéristiques oxfordiennes ou kimméridiennes, et une comparaison exacte des faunes permet de regarder ces couches de Stramberg comme parallèles des couches supérieures du Klippenkalk et comme appartenant à la partie Supérieure de l’étage tithonique. Les faunes de Stramberg, de Ro- soznik et de Roveredo, bien qu'ayant des rapports com- muns, présentent aussi des différences assez fortes : celles- ci sont facilement explicables par la diversité des facies locaux. À côté des couches à Céphalopodes du Klippen- kalk de Rogoznik et des calcaires à T. diphya du Tyrol méridional, les calcaires de Stramberg nous offrent une preuve excellente de l'existence d’un grand récif de co- rail alpm dont la faune abondante et variée permet de fournir des données fort utiles pour l'étude d’autres cou- ches coralliennes situées sur la limite entre les formations jurassiques et crétacées. [l sera entre autre d’un haut in- térêt de fixer d’une manière précise l’âge des couches d’Innwald dans les Carpathes, de Plassen près de Hall- stadt, de St-Wolfsang, de Voreppe et d’Echaillon près de Grenoble, et d'Oyonnax dans le département de l'Ain ; il est encore bien probable que loolithe corallienne du Mont Salève appartient au groupe tithonique. Considérant que l'étude des Céphalopodes est particu- lièrement précieuse pour établir les relations qui unis- sent les différents gisements qui viennent d’être cités, Oppel a donné l’énumération de toutes les espèces de Céphalopodes qui ont été observés dans les dépots di- L'ÉTAGE TITHONIQUE. 69 vers, soit dans les Alpes soit en dehors des Alpes, qu'il pense pouvoir rapporter à son étage tithonique:; il arrive au Chiffre de 117 espèces, parmi lesquelles 84 Ammoni- tes et 4 espèces d’Aptychus. Un grand nombre d'espèces nouvelles seront publiées prochainement. On peut remar- quer parmi les autres : Belemnites semisulcatus Munster, Am. tortisulcatus d'Orb., Am. Gravesianus d'Orb., Am. Zrius d'Orb., Am. Calisto d'Orb., Am. suprajurensis d'Orb., Am. Giganteus Sow. L'ensemble des Céphalopodes de l'étage tithonique présente de l’analogie soit avec les es- pèces jurassiques soit avec les espèces crétacées. Oppel l’attribuait au fait que les couches qui les renferment se trouvent sur ces limites entre deux grandes formations : toutefois, suivant toute probabilité, c’est à la formation jurassique qu’elles doivent être réunies. Ainsi que l’auteur l’a dit lui-même, bien des faits cités ont encore besoin de confirmation, bien des études sont encore à faire et bien des comparaisons minutieuses à éta- blir pour arriver à la vérité. Néanmoins de grandes pro- babilités sont déjà en faveur de plusieurs des conclusions du savant professeur de Munich, qui pourront expliquer le vrai parallélisme de plusieurs dépôts dont la place était indécise, et jetteront de la lumière sur bien des pro- blèmes qui ont exercé la sagacité des géologues. Citons en passant le Calcare rosso Ammonitico dont les relations avec la Majolica deviennent parfaitement claires, et les couches à Ter. diphya qui, souvent promenées dans di- vers étages, trouvent leur place définitive. L’analogie de la faune corallienne du Salève avec les couches de Stram- berg est frappante, nous en avons déjà fait mention dans une communication lue à la Société de physique et d’his- toire naturelle de Genève. Quant à la convenance de créer ARCHIVES, t. XXV. — Janvier 1866. 5) 70 L'ÉTAGE TITHONIQUE. pour ces dépôts un nouveau nom, c’est là une question que je n’entreprendrai pas de discuter ic. Sur un point particulier nous ne nous trouvons point d'accord avec Oppel. Bien qu'il ait omis däns la liste des Céphalopodes, de son nouvel étage, les espèces Valangien- nes, il n’en est pas moins évident, d’après les limites su- périeures qu’il Jui assigne, qu'il y comprend les couches du Valangien. Or, pour nous, les relations étroites qui re- lient le Valangien au Néocomien sont incontestables, il ne saurait en être séparé et par conséquent rangé dans la formation jurassique, à laquelle 1 est plus que probable qu’appartient le groupe tithonique tout entier. PE . Le BULLETIN SCIENTIFIQUE. ASTRONOMIE. Prof. SPORER. BEOBACHTUNGEN VON SONNENFLECKEN. OBSERVA- TIONS DE TACHES DU SOLEIL. (Monatsbericht der künigl. Aca- demie der Wissenschaften zu Berlin, Juli 1865.— Astrono- mische Nachrichten, N°° 1542, 1556, 1564). — WARREN DE LA RUE, BALFOUR STEWART et BENJ. LOEWY. RESEARCHES ON SOLAR PHYSICS. RECHERCHES SUR LA CONSTITUTION PHYSIQUE DU SOLEIL. First Series. On the nature of Sun-Spots. Une série de quatre années de ses propres observations à permis à M. le professeur Spôrer, à Anclam, de déterminer les périodes de rotation des points situés à la surface du So- leil, aux diverses latitudes où se rencontrent des taches. Il a dressé une table renfermant pour douze latitudes les valeurs moyennes de l’angle £, c’est-à-dire de l'angle de rotation diurne de points de cette surface entre les limites 0 et 30 de- grés de l'angle b ou latitude héliocentrique. Ces valeurs moyennes lui ont été fournies par des observations de taches au nombre de 193 en 1861, 145 en 1862, 121 en 1863, 75 en 186% La diminution du nombre des lieux observés pen- dant cette succession d'années ne dérive point d’un ralentis- sement dans l’activité de l’observateur, mais d’une moins grande fréquence dans l'apparition des taches, qui ont tendu en même temps à se restreindre dans des régions moins dis- tantes de l’équateur solaire. Un semblable rétrécissement des zones fournissant les taches, concordant avec l'approche de la phase d’un minimum dans l’abondance des taches, a déjà été signalé par M. Carrington en 1854 et 1855. 18 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Pour la plus grande valeur de Ë, la durée de la rotation correspondante ne s’élèverait qu’à 24 jours ; pour la plus pe- tite, elle dépasserait notablement 26 jours. M. Spôrer a cru devoir adopter pour valeur moyenne de la rotation du Soleil, celle d’un point intermédiaire, pour lequel £ — 14°,295, cor- respondant à une rotation de 25 j. 4 h. 24 m. Il trouve aussi que les valeurs de Ë aux diverses latitudes sont représentées d’une manière satisfaisante par la formule suivante, obtenue par la résolution de treize équations de condition de la forme E = x + y sin. b + z cos. b, auxquelles on a appliqué la méthode des moindres carrés : E — 16°,8475 — 25433 sin. b — 2,2980 cos. b ou E — 16°,8475 — 3,3819 sin.(b 44° ,13). Les observations uhérieures fourniront une approximation plus grande pour les constantes qui entrent dans cette for- mule, dont la forme générale reste d’ailleurs discutable. Les bases sur lesquelles elle repose sont comprises, en effet, entre des limites fort restreintes. Les taches observées sont très- rares au delà de 18 degrés de latitude, et il serait prématuré d’en vouloir induire d’une manière définitive la rotation moyenne de l’astre, ou autrement dit la valeur de £ pour la latitude b —90°. Par suite d'améliorations effectuées dans son matériel d’ob- servation, M. Spürer a pu, l’an dernier, vouer une attention spéciale aux modifications visibles dans les taches, pendant les diverses phases de leur formation, de leur durée et de leur disparition. Les conclusions actuelles, qu’il en déduit, ne: sont pas favorables à l’hypothèse de Wilson qui fait considé- rer les taches comme des cavités en forme d’entonnoirs. Ses travaux les plus récents n’ont fait que le confirmer dans son appréciation, qui place les taches au-dessus de la région des facules, ainsi que nous l’avons transcrite récemment dans les Archives (Sept. 1865). ASTRONOMIE. 73 Les astronomes anglais, au contraire, s’appliquent à trou- ver des arguments en faveur de l’hypothèse de Wilson, et c’est dans ce sens que MM. W. de la Rue, B. Stewart et B. Læœwy viennent de publier un opuscule, dont le but principal est de chercher la solution des trois questions suivantes : I Le noyau d’une tache est-il plus près du centre du Soleil que sa pénombre? ou, en d’autres termes, est-il à un niveau inférieur ? I. La photosphère doit-elle être considérée comme com- posée de corps solides, pesants, ou de matière liquide, pe- sante? ou tient-elle plutôt de la nature d’un nuage ? IL. Une tache, comprenant ombre et pénombre, est-elle un phénomène qui se produise au-dessous du niveau de la photosphère du Soleil, ou au-dessus d’elle ? Les matériaux dont disposent les auteurs du mémoire sont principalement Les dessins obtenus au moyen del’héliographe de l'Observatoire de Kew, de 4858 jusqu’en 186%, et compre- nant 631 observations de groupes de taches. En vue de résoudre la première question, ces taches sont réparties dans des tableaux spéciaux en deux catégories, sui- vant leur distribution à gauche ou à droite de la ligne centrale partageant le Soleil en deux hémisphères et perpendiculaire à son équateur. Dans chaque hémisphère, on les classifie en trois zones de 30° de largeur chacune et on compare dans cha- cune de ces zones la largeur de la pénombre de chaque tache, du côté du bord extérieur, avec la même largeur du côté de la ligne centrale. Si la première de ces largeurs est plus grande que la seconde, surtout dans les zones voisines des bords du disque, il en résulte une présomption en faveur de la profondeur du niveau du noyau, comparé à celui de la pénombre. Or c’est ce qui ressort de la comparaison des ma- tériaux de l'Observatoire de Kew; et pour ne donner qu’un exemple des résultats de ces comparaisons: Sur 530 taches observées, 456 ou 86 pour cent, sont favorables à cette hypo- thèse et 74 ou 44 pour cent lui sont contraires. 74 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Un travail semblable est appliqué à la comparaison de la largeur des pénombres au-dessus et au-dessous du noyau, en considérant les taches disposées au-dessus ou au-dessous de l’équateur solaire, et une conclusion analogue en est dé- duite, d’où les auteurs induisent la probabilité de l'hypothèse de Wilson, que le noyau des taches est à un niveau inférieur à celui de leur pénombre. Uneremarque relative à la fréquente permanence de facules apparaissant à nos regards, sous la même forme, pendant plusieurs jours de suite, comme si leur substance était ca- pable de rester en suspension pendant un certain temps, leur paraît fort importante pour la solution de la seconde ques- tion. Si en effet les facules sont la matière lumineuse du Soleil elle-même, il est difficile de supposer qu’elles soient simplement les portions les plus élevées d’un océan liquide, exhaussées ou projetées dans l’atmosphère solaire. Ils les croient composées de corps solides ou liquides de dimensions plus ou moins grandes, et suspendues en équilibre ou s’a- baissant lentement dans un milieu gazeux; elles tiendraient par conséquent plutôt de la nature des nuages. Quant à la position des facules relativement aux taches, dans le voisinage desquelles elles se trouvent toujours plus abon- dantes, il résulte d’un long tableau de comparaison que, sur 1137 cas, 584 taches ont leurs facules placées en grande ma- jorité à gauche, 508 à peu près également sur tout leur pour- tour et seulement 45 en majorité à droite. C'est-à-dire qu’en moyenne les facules sont placées plutôt à gauche des taches qu’elles accompagnent. De là l'hypothèse — passablement hasardée — que les facules ont été enlevées de dessus la surface occupée par la tache et sont tombées en arrière à gauche pour avoir été projetées dans une région douée d’une plus grande vitesse de rotation. Nos auteurs répondent enfin à la troisième question, en affirmant la première alternative énoncée. Ils se fondent pour cela sur l'observation de ce qui se passe, lorsque un ASTRONOMIE. 75 pont de matière luminense de même éclat que la photo- sphère environnante paraît traverser le noyau d’une tache sans étre accompagné d’aucune pénombre. « Il y a, disent- ils, lieu de croire que ce pont est réellement au-dessus de la tache. Car si le noyau était un nuage opaque et la pénombre un nuage semi-opaque, tous deux placés au- dessus de la photosphère, il n’est pas probable que la tache se romprait de telle sorte que l’observateur terrestre n’aper- cevrait aucun vestige de pénombre auprès de la trace lumi- neuse. En outre, on voit se mouvoir des portions détachées de matière lumineuse au travers d’une tache sans y produire aucune altération permanente. Nous sommes par conséquent disposés à croire qu’une tache comprenant ombre et pén- ombre est un phénomène se produisant au-dessous du ni- veau de la partie la plus brillante de la photosphère. » Une observation finale du mémoire dont nous rendons compte, tend à faire prévaloir l’idée que dans une tache il se trouve probablement quelque matière d’une température in- férieure à celle de la photosphère. Cette idée concorde tout à fait avec la base sur laquelle nous avons tenté naguère d'établir la théorie des taches solaires, savoir une absence d'équilibre physique et chimique entre les divers composants de la masse du Soleil. Les astronomes anglais, répugnant peut-être à supposer cette masse entière liquide et mobile, se bornent à supposer ces changements de température dans l'épaisseur de la photosphère, réputée jusqu'ici comprise dans des dimensions très-restreintes et dont la nature est en- core un mystère absolument insondé. [ls nous semblent par là diminuer sensiblement la probabilité de leur hypothèse. Nous avons remarqué avec satisfaction, toutefois, l'attention avec laquelle ils ont omis toute allusion dans leur mémoire au prétendu noyau solide du Soleil, et nous aimons à croire qu’eux aussi auront reconnu l’impossibilité de faire cadrer cette supposition avec la variation du mouvement rotatoire des points de la surface solaire suivant leur latitude. 76 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Cette conclusion nous paraît ressortir évidemment d’une affirmation contenue dans une récente note de M. Faye, qui, parlant de l’étonnante régularité du mouvement des taches durant des mois entiers, la déclare « incompatible avec toute hypothèse qui placerait la photosphère sous la dépendance absolue de courants engendrés ailleurs que dans la masse interne du Soleil. » Nous sommes entièrement de l'avis de M. Faye à cet égard, et c’est sur des considérations analogues que nous avons précédemment hasardé une explication de ce phénomène. Seulement, pour être logique, nous avons dû supposer avec M. Kirchhoff la masse du Soleil liquide dans son infégrité. Il nous semble que, pour qu’il y ait courants et pour que l’action de ces courants se transmette à une couche superficielle quelconque, qu’on l'appelle photosphère ou au- trement, cette hypothèse est indispensable. Quel serait l'effet de ces courants s’ils venaient se heurter contre une enve- loppe solide interposée? Y provoquer une déchirure, une éruption volcanique; peut-être. Mais comment cette déchirure se cicatriserait-elle ? et comment pourrait-elle avoir un mou- vement de rotation, différant avec la latitude ? La réponse à ces questions est évidemment simplifiée quand on adopte la théorie du Soleil liquide, avec laquelle il n’est point impossible de faire cadrer l’idée de la situation des ta- ches à un certain degré d’enfoncement au-dessous du niveau général de la surface photosphérique, ainsi que nous l’avons exposé dernièrement (v. Archives, Sept. 1865). Il reste toute- fois plusieurs points que l’une et l’autre théorie laissent en- core tout à fait inexpliqués. Ainsi les périodes d’apparition des taches, étudiées par MM. Schwabe, R. Wolf, etc.; les limi- tes des zones où elles se rencontrent de chaque côté de l’é- quateur solaire; l’éclaircissement de la teinte des pénombres en allant de la circonférence au centre, c’est-à-dire en s’ap- prochant du noyau, fait si généralement observé; et d’autres encore. Il n’est point téméraire d'espérer que les travaux si actifs PHYSIQUE. 77 auxquels se livrent aujourd’hui les astronomes sur ce sujet, ne les fassent aboutir à quelque résultat positif. Ainsi que l’a fait récemment observer un astronome anglais, il y a eu après les études de W. Herschel une phase de stagnation relative dans l’examen de la constitution du Soleil. Les procédés si délicats auxquels l’illustre observateur avait recours pour at- ténuer l'éclat des rayons solaires, lui ont permis de voir dans leurs détails plusieurs phénomènes, qui ont paru nouyeaux à nos contemporains. Ses successeurs, ayant abandonné ses précautions, ont généralement rétréci l'ouverture de leurs lunettes, pour inspecter cette source intense de lumière et de chaleur, et se sont fourvoyés dans une voie qui leur faisait perdre les principaux avantages de leurs instruments moder- nes. Ce n’est que dans les temps tout à fait récents et sur- tout par suite de l’invention d’oculaires spéciaux que l’étude directe du Soleil a repris un nouvel essor, el elle ne man- quera pas de porter ses fruits. Nous en attendons infiniment plus que de toutes tentatives photographiques, recomman- dées par certains théoriciens, mais qui, dans l'espèce, peu- vent induire la science dans une voie semée d’écueils et de nombreuses chances d'erreur. EMILE GAUTIER. PHYSIQUE. Pauz DE SAINT-ROBERT. PRINCIPES DE THERMODYNAMIQUE. Turin, 1865. Pendant longtemps ceux qui voulaient connaître les prin- cipes de la théorie mécanique de la chaleur ont été obligés de recourir aux travaux originaux épars dans divers recueils périodiques. Maintenant que cette théorie, forte de Passenti- ment universel, a conquis sa place légitime parmi les bran- ches de la physique, et même tend à les dominer et à en de- venir le lien, le besoin de pouvoir l’étudier d’une manière complète, mais sans recherches fastidieuses, s’en fait géné- ralement sentir et a donné naissance dans ces dernières an- 78 BULLETIN SCIENTIFIQUE. nées à plusieurs traités spéciaux où les travaux de MM. Joule, Clausius, Thomson, Rankine, etc., ont été coordonnés dans un but didactique. Celuidont nous allons présenter une courte analyse est le dernier venu et nous croyons pouvoir le re- commander à nos lecteurs. Après avoir rappelé les effets généraux de la chaleur et les propriétés des gaz et des vapeurs, l’auteur consacre le se- cond chapitre à l’exposition des deux principes fondamen- taux de la théorie mécanique. Le premier, celui de l’équiva- lent mécanique, est un résultat de l’expérience. Le second n’est pas un principe indépendant : M. Clausius l'avait déduit du premier combiné avec ce principe antérieur et considéré comme évident: {a chaleur ne peut pusser d'elle-même d’une source plus froide à une source plus chaude. Cet axiome est re- jeté par M. de St-Robert, qui lui substitue celui-ci: 2! est im- possible de tirer du travail mécanique d’une source de chaleur, si on ne fait passer de la chaleur de cette source à une autre plus froide. La vérité de cette proposition nous semble incontestable, mais nous ne pourrons nous empêcher de faire remarquer que celle sur laquelle M. Clausius avait basé son raisonne- ment est d’une évidence indépendante de toute considéra- tion tenant à la théorie mécanique et qu’on n’v a fait, à occasion de cette théorie, aucune objection qui n’ait été plei- nement réfutée. Le chapitre IIT contient le développement des équations différentielles par lesquelles s’expriment les deux principes lorsque le volume et la température sont pris pour variables indépendantes. L'auteur fait à M. Rankine un utile emprunt: celui de la notion de la fonction thermodynamique dont la différentielle totale d 4 est donnée par la relation EPS dQ étant la qualité de chaleur empruntée par le corps quand il passe de la température (absolue) T et duvolume V à PHYSIQUE. 79 la température T +4T et au volume V + dv. Les formes que prennent les équations différentielles, ainsi que la fonction thermodynamique, pour les deux autres systèmes de variables indépendantes sont ensuite indiquées. Les différentes espèces de chaleurs spécifiques sont définies avec la plus grande clarté. L'auteur est nécessairement conduit à envisager la chaleur spécifique vraie et il admet, à bon droit selon nous, que non- seulement elle est indépendante de la température, mais qu’elle demeure la même dans tous les états d’un corps. Seu- lement ces points très-importants, et qui peuvent n'être pas également clairs pour tout le monde, ne sont mentionnés qu’en passant et trop noyés dans les déductions algébriques. Ils méritaient cependant qu’on y insistât, ainsi que l’a fait M. Clausius dans un de ses mémoires. Quant à nous, nous pen- sons que cette proposition : {a chaleur spécifique vraie est pour chaque corps une quantité constante, ne contient pas l'énoncé d’une propriété des corps, mais renferme au fond la véritable définition de la température. Le chapitre IV contient l’application des équations géné- rales aux gaz et aux vapeurs. On y trouvera la démonstration de celte importante propriété de la vapeur d’eau, découverte il y a quinze ans par M. Clausius et M. Rankine. Si de la vapeur d’eau saturée sèche est enfermée dans une enveloppe imperméable à la chaleur, et qu’on l’a dilate en lui opposant une résistance à chaque instant égale à sa force élastique, une partie de la vapeur se condense. Au contraire si on comprime cette même vapeur saturée sèche, elle de- vient surchauffée. Au contraire, la vapeur d’éther devient surchauffée par la dilatation et se condense par la compression. On trouvera dans le même chapitre la théorie du déplace- ment du point de fusion dans l’influence de la compression. Le chapitre V contient la théorie de la dilatation d’un fluide élastique dans une enveloppe imperméable à la chaleur, lors- que cette dilatation est accompagnée d’une production de 50 BULLETIN SCIENTIFIQUE. travail extérieur, ou lorsqu'elle a lieu librement comme dans l'expérience des deux réservoirs, due à M. Joule. Lorsque la dilatation de la vapeur d’eau saturée et mouillée s’opère dans cette dernière condition, une partie de l’eau liquide mélangée à la vapeur se vaporise. On trouvera dans le chapitre VI l'étude de l'écoulement des fluides faite conformément aux principes de la théorie mécanique. En particulier l’auteur montre comment on doit déterminer l'écoulement de la vapeur et de l’eau contenues dans une chaudière, ce qui nous semble devoir être utile pour la théorie de l’injecteur Giffard. Dans le chapitre VIF, entièrement dû aux recherches de l’auteur, celui-ci montre comment la théorie mécanique de la chaleur s'applique au calcul des effets des bouches à feu. I vrectifie l’explication donnée de ce fait, découvert par Rum- ford, que le tir avec projectile échauffe moins une arme à feu que le tir sans projectile. Dire, comme précédemment, que la quantité de chaleur qui se transforme, dans le premier cas, dans la force vive du projectile, reste, dans le second , à l’état de chaleur, est une explication tout à fait superficielle. En réalité la chaleur due à la combustion se transforme in- tégralement dans la force vive des gaz. Dans le cas du Ur avec projectile une partie de cette force vive est prise par le projectile,le reste seulement s’anéantit en redevenant de la chaleur ; et, dans l’autre cas, la totalité de cette force vive redevient de la chaleur, quand même cette transformation s’accomplit en partie dans l'air, on comprend que l'arme y puisse gagner plus de chaleur que lorsqu'une fraction seule- ment de la chaleur est régénérée. Une circonstance qui doit favoriser la localisation dans l’arme de la chaleur reproduite est la présence d’un projectile vers la bouche de l’arme. Des expériences suggérées par M. de St-Robert ont montré que dans ce cas l’échauffement est encore plus grand que dans le tir sans projeclile. Ce phénomème est inconciliable avec l’ancienne explication. PHYSIQUE. Si Le chapitre VIII et dernier contient des considérations très-générales, mais parfaitement claires et exactes sur les machines caloriques. En résumé, nous ne pouvons que conseiller, aux person- nes curieuses de s'initier à la nouvelle théorie de la chaleur, la lecture de l’ouvrage de M. de St-Robert, ouvrage qui, par le travail très-sérieux dont il porte l'empreinte et par les exemples numériques dont il est enrichi, nous paraît fort su- périeur à une simple compilation. A. A. M. A. MORREN. CONDUCTIBILITÉ ÉLECTRIQUE DES GAZ SOUS DE FAIBLES PRESSIONS. (Ann. de Chimie et de Physique, 4° sé- rie, t. IV, p. 325.) M. Morren rappelle les essais que j'ai faits sur la détermi- nation de la conductibilité électrique de l’azote et de l’hydro- gène‘, sujet dont il s’était déjà occupé, et il fait connaître les résultats auxquels il est lui-même parvenu, soit sur ces deux gaz, soit sur d’autres. L'auteur entre dans des détails circonstanciés sur les pro- cédés qu’il a employés dans ses expériences ; je me bornerai à rappeler que celui dont il a surtout fait usage consiste à se servir pour raréfier les gaz d’un aspirateur à mercure muni de deux manomètres, l’un à mercure, l’autre à acide sulfuri- que, qui permettent d'estimer aisément à ‘/, de millimètre près de mercure, la pression supportée par le gaz. L’électricité est fournie par une bobine de Ruhmkortff mise en action par quatre couples de Bunsen, et l'intensité du courant est mesurée par un galvanomètre formé d’un fil de cuivre de 25 mètres de longueur et de ‘/,, de millimètre de diamètre. On raréfie lentement le gaz de manière à saisir le moment de la première déviation, et on note à chaque mo- ‘ Voyez les Comptes rendus de l'Acad. des Se. d'avril 1863, et les Mémoires de la Sucièté de Phys. et d'Hist. natur. de Genève, tome XVII (1re partie), p. 59. 52 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ment avec précision la force élastique du gaz et la dévia- tion galvanométrique. Pour comparer plus sûrement les ré- sultats obtenus dans les différents gaz, l’auteur a dû construire et vérifier souvent la table des rapports des forces aux dévia- tions galvanométriques. M. Morren est parvenu ainsi à dresser un tableau compara- tif de la conductibilité électrique de quelques gaz, qui pour chaque gaz renferme l'indication de la pression, celle de la déviation du galvanomètre et celle de la force du courant correspondant à cette déviation. Jusqu'à 36° de déviation, les forces sont représentées par les mêmes nombres que les déviations : mais à partir de 36°, elles croissent bien plus ra- pidement que les déviations. Ainsi pour 66°,2 de déviation, maximum de déviation ob- tenue par l'hydrogène à 2°" de pression. on a une force de 474 et ainsi de suite. On sait que l’un des caractères singuliers que présentent les gaz raréfiés, c’est la bande noire et privée de lumière qui se trouve à la suite de l’électrode négative. Cette longueur est souvent variable dans des circonstances en apparence les mêmes ; toutefois l’auteur a pu déterminer les longueurs sui- vantes dans différents gaz à une pression comprise entre 4 millimètre et 07,5: Hydrogène . . . . ... 407 Azoteé:1sameais Cor 3) Oxygène. . ui, cute 6% Acide carbonique. . . . 19 Oxyde de carbone . . . 42 La couleur du jet est très-variable, et la nature du verre dont est formé le tube dans lequel est renfermé le gaz exerce une grande influence sur la couleur que présentent les diffé- rents gaz. Toutefois l’auréole qui entoure l’électrode néga- tive est peu variable et permet par ses variations mêmes de reconnaitre la stabilité plus ou moins grande de quelques gaz, particulièrement des gaz composés. PHYSIQUE. Le] Un fait signalé par M. Morren et qui paraît assez curieux, c’est que l'oxygène, quand il est pur, et la vapeur de mer- cure ne donneraient pas de stratifications. Il résulte des chiffres renfermés dans le tableau donné par M. Morren que la conductibilité commence pour chaque gaz à des moments bien différents sous le rapport de la pression. Ainsi le courant commence à passer approximativement ‘ Dans l'hydrogène à 60" de pression. Dans l'acide carbonique à 39 » » Dans l’air à 29 » » Dans l'azote et l’oxygène à 23 » » On voil aussi d’après le même tableau qu'il existe pour cha- que gaz une force élastique à laquelle la conductibilité élec- trique est à son maximum. Ainsi ce maximum est : Pour l'hydrogène . _. . . 174 et a lieu sous la pression de 2mm 0° Pour l'oxygène . . . ... 174 » » Ù den) Pour l'air atmosphérique. . 172 ) D » de Onm 7 Pour l'acide carbonique . . 168 x » » de Onm & PORN AZOIÉ RS Li ee 162 » » de 1nm,( A partir de la pression à laquelle la conductibilité est à son maximum, celle-ci diminue avec cette pression, mais très- lentement. Ainsi à la pression de 0" la conductibilité est encore de 150 pour l’air atmosphérique. 120 pour l'hydrogène. 110 pour l’acide carbonique. 110 pour l’azote. 86 pour l'oxygène. ‘ Ces nombres doivent varier sensiblement avec la longueur et le diamètre de l'espace occupé par le gaz raréfié , ainsi qu'avec la na- ture et la forme des électrodes. (R.) ? De 2 à 1 millim. de pression l’intensité ne change presque pas, puisque à 1 millim. de pression elle est encore de 173. 52 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ment avec précision la force élastique du gaz et la dévia- tion galvanométrique. Pour comparer plus sûrement les ré- sultats obtenus dans les différents gaz, l’auteur a dû construire et vérifier souvent la table des rapports des forces aux dévia- tions galvanométriques. M. Morren est parvenu ainsi à dresser un tableau compara- tif de la conductibilité électrique de quelques gaz, qui pour chaque gaz renferme l'indication de la pression, celle de la déviation du galvanomètre et celle de la force du courant correspondant à cette déviation. Jusqu'à 36° de déviation, les forces sont représentées par les mêmes nombres que les déviations : mais à partir de 36°, elles croissent bien plus ra- pidement que les déviations. Ainsi pour 66°,2 de déviation, maximum de déviation ob- tenue par l'hydrogène à 2°" de pression. on a une force de 474 et ainsi de suite. On sait que l’un des caractères singuliers que présentent les gaz raréfiés, c’est la bande noire et privée de lumière qui se trouve à la suite de l’électrode négative. Cette longueur est souvent variable dans des circonstances en apparence les mêmes ; toutefois l’auteur a pu déterminer les longueurs sui- vantes dans différents gaz à une pression comprise entre À millimètre et 07,5: Hydrogène . . ..... 4O Azotes.iuacéeis :tRtriE 30 Oxygène. . au. suit 64 Acide carbonique. . . . 49 Oxyde de carbone . . . 42 La couleur du jet est très-variable, et la nature du verre dont est formé le tube dans lequel est renfermé le gaz exerce une grande influence sur la couleur que présentent les diffé- rents gaz. Toutefois l’auréole qui entoure l’électrode néga- tive est peu variable et permet par ses variations mêmes de reconnaître la stabilité plus ou moins grande de quelques gaz, particulièrement des gaz composés. PHYSIQUE. 83 Un fait signalé par M. Morren et qui paraît assez curieux, c’est que l'oxygène, quand il est pur, et la vapeur de mer- cure ne donneraient pas de stratifications. Il résulte des chiffres renfermés dans le tableau donné par M. Morren que la conductibilité commence pour chaque gaz à des moments bien différents sousle rapport de la pression. Ainsi le courant commence à passer approximativement ‘ Dans l’hydrogène à 60" de pression. Dans l'acide carbonique à 39 » » Dans l’air à 29 » Ù Dans l’azote et l'oxygène à 23 » ) On voit aussi d’après le même tableau qu'il existe pour cha- que gaz une force élastique à laquelle la conductibilité élec- trique est à son maximum. Ainsi cemaximum est : Pour l'hydrogène . _. . . 174 et a lieu sous la pression de 2mm 0* Ponploxyeène. ; : 174 » » » de Omm 7 Pour l'air atmosphérique. . 172 Ù » » de Onm,7 Pour l'acide carbonique . . 168 x » » de Onm à TON IE ATLAS" 162 ) » » de {mm () A partir de la pression à laquelle la conductibilité est à son maximum, celle-ci diminue avec cette pression, mais très- lentement. Ainsi à la pression de 0" la conductibilité est encore de 150 pour l’air atmosphérique. 120 pour l’hydrogène. 110 pour l’acide carbonique. 110 pour Pazote. 86 pour l'oxygène. ‘ Ces nombres doivent varier sensiblement avec la longueur et le diamètre de l'espace occupé par le gaz raréfié , ainsi qu’avec la na- ture et la forme des électrodes. (R.) ? De 2 à 1 millim. de pression l'intensité ne change presque pas, puisque à { millim. de pression elle est encore de 173. 84 BULLETIN SCIENTIGIQUE. M. Morren attache avec raison un intérêt tout particulier aux conductibilités électriques de l’azote, de l’oxygène et de l'air atmosphérique, vu qu'il est bien probable que c’est dans la couche de conductibilité maximum que se passent, avec tout leur éclat, les phénomènes de lumière électrique dont l'atmosphère est le théâtre. Or cette couche dont la force élastique serait de 1"" devrait d’après la loi de Mariotte être à une hauteur de 8000 mètres et avoir une épaisseur de 8000 mètres également : ce serait la zone du phéonomène de l'aurore boréale {. M. Morren termine son travail par quelques remarques, en particulier sur les précautions à prendre pour éviter l’in- fluence de l'humidité, et sur la nécessité, à cause de l’em- ploi des tubes de verre, d’opérer pendant un temps très-sec, ou du moins d’avoir, pour toutes les expériences , un état bhygrométrique de l'atmosphère identique. Ii donne aussi quelques détails sur les essais qu'il a faits pour déterminer la conductibilité des gaz composés que le courant décompose. Leur conductibilité est en général très- faible et commence tard. Ainsi l’oxyde de carbone ne com- mence à laisser passer le courant qu’à la pression de 11 mil- limètres, l'hydrogène carboné à la pression de 16, l’acide sul- fureux à celle de 5. Pour ce dernier gaz la déviation maximum est de 54° et a lieu à 2 millimètres de pression et descend ensuite rapidement. Le cyanogène ne commence non plus à. laisser passer le courant qu’à 5” de pression ; à 4”? la dé- viation est déjà de 7°, à 3°" de 21°, puis elle monte rapide- ment à 38 à 45 et même à 49°. Il s’opère alors une puissante réaction accompagnée d’une modification sensible dans la teinte ; à partir du moment où la teintese modifie, les stra- tifications apparaissent avec une délicatesse extrême, se pro- pageant de l’électrode négative à la positive avec un mouve- ! Je suis disposé à croire, par plusieurs motifs que j'ai exposés dans. divers mémoires sur lJ’Aurore boréale, que cette hauteur et cette épaisseur sont beaucoup plus considérables. (R.) PHYSIQUE. 85 ment ondulatoire magnifique. Les apparences lumineuses que présente la propagation de l'électricité dans le cyanogène ra- réfié sont très-brillantes et mériteraient d’être étudiées de très-près. Du reste toute la question de la propagation de l’électri- cité dans les fluides élastiques raréfiés exige encore, pour être éclaircie, de nombreuses et persévérantes recherches. Mais on doit savoir grand gré à M. Morren d’avoir apporté à cette étude un contingent important de travaux remarquables. À. D. L. R. L. FoucauLT. NOUVEL APPAREIL RÉGULATEUR DE LA LUMIÈRE ÉLEC- TRIQUE. (Comptes rendus de l'Académie des sciences du 26 décembre 1865.) On sait que M. Foucault est un des premiers physiciens qui ait eu l’idée de combiner la puissance électro-magnétique et le pouvoir éclairant du courant électrique, de façon à cons- truire des appareils automatiques, c’est-à-dire qui se réglent d'eux-mêmes et donnent ainsi une lumière d’une intensité constante. Dès lors plusieurs systèmes différents fcndés sur la même base ont été proposés; mais ils ont tous plus ou moins linconvénient de présenter quelque irrégularité dans leur marche. M. Foucault est un des rares savants chez qui se trouvent réunies les connaissances variées et solides du physicien et l'aptitude ou plutôt ce que j’appellerai le génie de la mécani- que. Il à déjà plus d’une fois mis à profit cette double qua- lité et il en donne une preuve de plus dans la construction d’un nouvel appareil régulateur de la lumière électrique. Nous nous bornons à reproduire textuellement la commu- _nication que M. Foucault a faite à l’Académie sur ce sujet : « J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l’Académie un nouvel appareil régulateur de la lumière électrique qui a été ARCHIVES, t. XXV. — Janvier 1866. 6 86 BULLETIN SCIENTIFIQUE. construit avec le plus grand soin par M. J. Duboscq et qui réalise en toute perfection les indications que je lui ai four- nies. « En janvier 1849, l’Académie a reçu communication d’un premier instrument que j'avais disposé pour opérer mécani- quement le rapprochement des charbons lumineux. « Le nouvel appareil que je présente aujourd’hui est ca- ractérisé par la propriété de maintenir les charbons polaires à la distance voulue en opérant automatiquement l’avance ou le recul suivant que cette distance devient accidentellement trop petite ou trop grande. « Le principe consiste à placer les charbons sous l'action de deux rouages respectivement affectés à les faire mouvoir dans un sens ou dans l’autre. Les derniers mobiles de ces deux rouages en regard l’un de l’autre sont mis en rapport avec une même détente d’électro-aimant, qui s’inclinant à droite et à gauche laisse défiler l’un ou l’autre rouage, et qui dans la position intermédiaire les tient tous Les deux enrayés. Mais pour faire en sorte que ces deux rouages mis en mou- vement par deux forces distinctes puissent agir sans confli sur les porte-charbons en se subordonnant l’un à l'autre, on est conduit à recourir au rouage planétairé si utile en pratique pour faire la somme ou la différence de deux mou- vements indépendants. Les deux rouages sont donc reliés par un système à roue satellite qui leur permet d’agir isolément dans leurs sens respectifs. « Cette combinaison, qui semble résoudre la principale difficulté, exige pourtant comme complément indispensable que l’on apporte une modification à la détente placée sous l’action del’électro-aimant. L’armature en fer doux, disposée comme elle l’est ordinairement, se trouve par rapport aux forces qui la sollicitent dans un état d'équilibre instable, obli- gée de se précipiter sur l’un ou sur l’autre des arrêts qui li- mitent sa course, sans pouvoir jamais séjourner entre eux. Un pareil état de choses aurait amené dans l’appareil une ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 87 perpétuelle oscillation du fonctionnement alternatif des deux rouages. « Pour éviter cet mconvénient, j'ai eu recours au réparti- teur de M. Robert-Houdin, par lequel on rend plus ou moins stable à volonté l'équilibre de l’armature. Au lieu d’agir di- rectement sur celle-ci, le ressort antagoniste de l’attraction magnétique s’applique à l'extrémité d’une pièce articulée en un point fixe, et dont le bord façonné suivant une courbe particulière presse en roulant sur un prolongement de Parmature qui représente ainsi un levier de longueur variable. « On voit alors l’armature rester flottante entre les deux arrêts, et sa position est à chaque instant l’expression de l’in- tensité du courant de la pile. Tant que cette intensité con- serve la valeur voulue et corrélative de la distance gardée entre les charbons polaires les rouages sont maintenus au re- pos tous les deux, et ils ne se mettent l’un ou l’autre en marche qu’au moment où le courant devient trop fort ou trop faible. « Comme on le voit, cette solution de la question posée diffère essentiellement de celle qui consistait à suspendre un des charbons sur armature elle-même, car ici la fonction du recul s’exerce avec la même amplitude que l’autre, et, loin de compromettre la fixité du point lumineux, elle assure la sta- bilité de la lumière produite en rendant presque insensibles les variations de la distance interpolaire. » À. DE LA R. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. Félix PLATEAU. SUR LA FORCE MUSCULAIRE DES INSECTES. (Bulletin de Académie royale de Belgique.) Après l'invention de son dynamomètre, Régnier fit un as- sez grand nombre d’expériences dans le but de mesurer la 88 BULLETIN SCIENTIFIQUE. force de l’homme et celle du cheval; M. Quetelet, à qui lon doit de si beaux travaux sur cette matière, prit l’homme seul comme sujet de ses recherches ; mais la mesure de la force chez les invertébrés parait n’avoir jamais attiré l’attention des physiologistes. M. Félix Plateau a essayé de combler en partie cette lacune par une suite d’expériences sur les insectes, en se restreignant à trois ordres de faits: la force de traction, la force de poussée chez les insectes fouis- seurs, et enfin la force employée pour soulever un poids en volant. Voici en résumé la manière dont il procède : pour obtenir la force de traction, il oblige l’insecte à tirer horizontalement un fil passant sur une poulie et portant à son extrémité libre des poids qu’on augmente graduellement jusqu’à faire équi- libre aux efforts de l’animal. L’auteur n’a soumis à la poussée que les insectes franchement fouisseurs: l'individu mis en expérience agit sur l’une des extrémités d’un levier hori- zontal mobile autour d’un axe vertical et dont l’autre extré- mité soulève des poids à l’aide d’un fil passant sur une pou- lie, comme dans le cas précédent. Enfin pour mesurer la force développée dans le vol, l’auteur, imitant ce qui à lieu dans la nature à l’égard des abeilles lorsqu'elles transpor- tent du pollen, attache aux deux pattes postérieures de lin- secte une petite masse de cire, d’abord trop lourde, qu'il diminue ensuite par degrés. Dans ces trois cas, la force mus- culaire d’une espèce est représentée par le rapport entre la moyenne des poids maxima déplacés individuellement par un certain nombre d'insectes de l'espèce en question, et Le poids moyen de ces insectes. M. Félix Plateau tire des résultats de ses expériences les conclusions suivantes : 1° À part le cas du vol, les insectes ont, par rapport à leur poids, une force énorme comparativement aux vertébrés. C’est là un fait vaguement entrevu déjà, comme le montre cette phrase de Pline: ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 89 In his tam parvis, atque tam nullis, que ratio, quanta vis, quam inextricabilis perfectio! Mais ce fait est mis complétement en lumière dans le mé- moire que nous résumons. En effet, tandis qu'il résulte des expériences entreprises sur le cheval de gros trait que ce dernier ne peut tirer, pendant quelques instants, qu'environ les deux tiers de son poids, M. Félix Plateau trouve que le hanneton commun, par exemple, exerce en moyenne un ef- fort de traction égale à 14 fois son poids, et que d’autres in- sectes ont une force bien plus grande encore : ainsi il a con- staté que l'effort maximum moyen exercé par la Donacia nympheæ atteint 42 fois le poids de l'animal. 2° Les poids des insectes et les rapports qui donnent la mesure de leur force, sont liés entre eux par une loi qui semble générale ; voici cette loi qui se manifeste aussi bien pour le vol que pour la traction et la poussée : Dans un méme groupe d'insectes, si l'on a soin de considérer deux espèces qui différent notablement en poids, la plus petite. la plus légère. présente lu force la plus grande. M. Félix Plateau trouve par l'examen comparatif des di- mensions des membres locomoteurs chez presque toutes les espèces soumises à ses essais, que les volumes des muscles de ces organes décroissent, pour la plupart des cas, dans une proportion plus rapide que celle des poids ; il pense, d’après cela, que la force plus grande des petites espèces doit être attribuée à une plus grande part d'activité ou d'énergie mus- culaire. Il cherche ensuite à montrer que la cause de cette différence en faveur des insectes de petite taille est en de- hors des considérations anatomiques ou physiologiques ; en effet, les résistances à vaincre pour les insectes sont à peu près les mêmes pour les grandes et pour les petites espèces ; telles sont la dureté du sol à l’égard des insectes fouisseurs, les objets qui génent le passage dans la simple locomotion, l’inertie de l'air dans le vol : or, à moins de donner aux pre- mières un excès de force inutile, ou de déshériter fatalement \ * 90 BULLETIN SCIENTIFIQUE. les secondes. la nature devait attribuer aux plus petites une énergie musculaire plus grande *. EN Elias MECZNIKOW. UEBER DIE ENTWICKLUNG, etc. SUR LE DÉVE- LOPPEMENT DE L'ASCARIS NIGROVENOSA. ( Archiv für Anat und Phys., 1865, p. 409.) —Rud. LEuCKkART. HELMINTHOLO- GISCHE MITHEILUNGEN. NOTES HELMINTHOLOGIQUES. (Archiv für Heilkunde. 1865, p. 195.) Le développement des vers nématodes a passé jusqu’à il v a peu d’années pour être fort simple. Les recherches si- multanées de MM. Leuckart et Virchow ont montré pour la première fois que les Trichines sont soumises à des migra- tions comparables à celles des vers Trématodes et Cestoïdes. Il était encore réservé à M. Leuckart, ce prince des helmin- thologistes et à l’un de ses élèves M. Mecznikow, dont la sagacité paraît digne de celle du maître, de montrer que bien des Nématodes présentent des phénomènes de développe- ment aussi remarquables que les Trichines. Les observations et les expériences que nous mention- nerons en premier lieu concernent l’Ascaris nigrovenosa, parasite bien connu des poumons de la grenouille brune. Les embryons éclos des œufs de ce vers ne tardent pas à perforer les parois de lestomac de la grenouille et vont s’accumuler par centaines dans le rectum. Ces jeunes in- dividus ne ressemblent point à leur mère, mais offrent ‘ Relativement à ce dernier point, nous ferons observer que le rap- port entre la force motrice d’un animal et la masse de son corps est d'autant plus défavorable que l'animal est plus gros. C’est ce qui a été démontré en particulier avec soin par M. Bergmann. Le poids du corps augmentant suivant le cube, la force motrice mesurée par la section des muscles ne croît que suivant le carré. Cette considération rend compte au moins en partie de la plus grande énergie des petites espèces. E. C, ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALEONTOLOGIE. M plutôt tous les caractères du genre connu sous le nom de Rhabditis ou Diplogaster. MM. Mecznikow et Leuckart ont imaginé de placer ces petits vers dans de la terre hu- mide. Is les ont vu alors croître rapidement et atteindre la maturité sexuelle dans un laps de temps variant d’une journée en été jusqu’à une semaine et davantage en hiver. Les individus femelles, après avoir été fécondés par les mâles, ne tardent pas à laisser voir un développement des œufs dans l’intérieur deleur matrice; le nombre de ces der- niers est du reste peu considérable, n’excédant pas quatre en été et deux en hiver. Les embryons éclosent dans la matrice même où ils s’agitent vivement, au point de déterminer la destruction de ses parois: ils se trouvent alors libres dans la cavité du corps de la mère. Cette destruction des tissus ma- ternels ne reste pas bornée à la matrice et à tout l’appareil générateur, mais gagne bientôt le système digestif et le sys- tème musculaire. La mère, privée de vie, ne représente plus qu'un sac vermiforme encore agité par le mouvement des embyrons inclus. Aussi longtemps que les embryons sont renfermés dans le corps de la mère, ils conservent comme elle les caractères du genre Rhabditis. Cette forme persiste même des semaines entières après que ces petits ont déchi- rés l'enveloppe maternelle. Ils habitent alors la vase ou l’eau et pénètrent occasionnellement dans des mollusques (Physes, Paludines). Enfin, une partie d’entre eux du moins pénèé- trent dans les grenouilles brunes, se fravent un chemin jusqu’au poumon, perdent les caractères de Rhabditis et les échangent contre ceux de l’Ascaris nigrovenosa. Chose re- marquable, ces jeunes individus, en se développant, produi- sent sans exception des individus femelles etilne paraît pas qu’on ait jamais observé de mâles de cette espèce. Le mode de reproduction de cette Ascaride est donc très-particulier : la forme adulte est celle d’une Ascaride femelle donnant, par parthénogénèse, naissance à une génération de Rhabditis sexuelle et de petite taille, qui donne à son tour naissance, 92 BULLETIN SCIENTIFIQUE. après fécondation, à une seconde génération de Rhabditis destinée à se transformer en Ascarides femelles de la forme primilive. Un autre mode de reproduction tout aussi intéressant a été étudié expérimentalement par les mêmes auteurs : c’est celui du Cucullanus elequns, parasite très-commun des ap- pendices pyloriques de la perche. Les femelles de ce né- matode engendrent des petits vivants qu’on trouve par mil- liers, débarrassés des enveloppes de l'œuf, dans l'appareil éducateur de la mère. Ces embryons poursuivent leur déve- loppement dans le corps des Cyclopes ou quelquefois des lar- ves de Libellulides. M. Leuckart en répandant ces embryons dans un aquarium, a vu déjà au bout de peu d’heures les Cyclopes infestés par eux. C’est par la bouche qu'ils sem- blent pénétrer dans le corps de ces petits crustacés. Aussi les trouve-t-on d’abord dans le canal digestif et plus tard seu- lement dans la cavité générale du corps, où ils s’agitent vi- vement entre les faisceaux musculaires et les viscères. Leur nombre est parfois d’une douzaine, et, dans un cas, M. Leuc- kart en a compté jusqu’à trente-quatre dans un seul et même Cyclope. Peu à peu le mouvement des jeunes Cucullans de- vient plus lent, et à mesure qu'ils grandissent leurs for- mes se modifient, en se rapprochant par degrés de celles de leurs parents, auxquelles elles ne ressemblaient que fort peu dans le principe. Cependant la dernière phase de leur méta- morphose ne s'opère que dans l’intérieur des perches. Il faut donc, pour que les jeunes Cucullans arrivent à leur dévelop- pement définitif, que les Cyclopes infestés soient avalés et di- gérés par les perches. Sans présenter d’alternance de géné - ration comme l’Ascaris nigrovenosa, les Cucullans n’en sont donc pas moins soumis à une migration nécessaire pour par- courir le cycle complet de leur développement. Telles sont les observations les plus complètes et partant les plus intéressantes faites par MM. Leuckart et Mecznikow. Mais, pour un grand nombre d’autres espèces, M. Leuckart ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALEONTOLOGIE. 93 | prouve l’existence de migrations positives ou bien de phéno- mèênes de métamorphose inattendus. Il décrit en particulier un Strongyle vivipare, parasite de la muqueuse stomacale du chat, auquel il donne le nom d’Ollulanus tricuspis. On trouve en foule les uns à côté des autres les adultes et les embryons. Ces derniers ne tardent pas à quitter l'estomac, les uns pour gagner immédiatement l'extérieur avec les excréments, les autres pour émigrer comme les embryons de Trichine dans le corps de leur hôte et s’y enkyster. Les plèvres, le diaphragme, le foie, les poumons du chat infesté sont souventremplis de ces kystes au point de simuler une tuberculisation miliaire. Les embryons enkystés ne sont point appelés comme ceux des Trichines àrevêtir une forme larvaire : ils ne tardent pas à pé- rir et à se décomposer. Leur migration et leur enkystement ne paraissent donc être que des accidents dans leur vie de parasites. Les embryons expulsés avec les malières fécales paraissent être seuls appelés à un développement ultérieur. M. Leuckart a essavé de faire manger à des souris des ali- ments mêlés à une grande quantité de jeunes Ollulans. Les souris mises ainsi en expérience ne tardèrent pas à montrer tout leur système musculaire infesté de petits vers enroulés et enkystés très-semblables à des larves de Trichines. Lors- que la chair de souris, infestée de petits embryons, vient à être mangée par un chat, les vers sortent de leurs kystes et continuent de vivre libres dans le canal digestif du chat. M. Leuckart n’a pas encore, il est vrai, poursuivi ces jeunes vers jusqu’à maturité sexuelle, mais il en a vu assez pour montrer que le cycle de développement des Ollulans est celui que nous venons d’esquisser. Un exemple de développement plus simple chez les né- matodes est fourni par un petil ver auquel M. Diesing donne le nom de Trichina cyprinorum, bien qu’il n’appartienne pas au genre trichine. Ce petit nématode habite des kystes du mésentère et du foie, très-fréquents chez l’ablette (Leuciscus alburnus). Le même ver non adulte se retrouve dans des 94 BULLETIN SCIENTIFIQUE. follicules modifiés de la muqueuse de l’estomac du brochet età l’état libre, mais de taille plus grande, dans le canal in- testinal du même poisson. Là M. Leuckart a pu s’assurer que ce ver se transforme en ascaride du brochet (Ascaris acus). Dans l’ablette ce nématode conserve indéfiniment sa forme larvaire, tandis qu'il atteint sa forme définitive dans l’intestin du brochet. Les vers connus sous le nom de trichines des taupes, et qu’on a confondus à tort avec les trichines du porc, puisque, selon M. Leuckart, ce seraient de Jeunes ascarides, ces vers, disons-nous, sont aussi soumis à une migration nécessaire dont le cycle est encore à découvrir. On sait seulement, d’après les observations de M. Herbst et de M. Leuckart, que lorsque des taupes infestées de ces petits vers sont avalées par des busards, des corbeaux, etc., etc., la chair musculaire de ces oiseaux ne tarde pas à étre infestée à son tour. Un exemple de simple métamorphose, avec migration et parasitisme chez une seule espèce d'animal, nous est fourni d’après M. Leuckart, par un petit strongylide voisin de l’an- chylostome duodénal de l’homme, savoir le Dochmius trigo- nocephalus de l'intestin du chien. Les œufs de ce nématode, après être arrivés à l'extérieur, se développent et éclosent dans la terre humide. Les jeunes individus appartiennent au genre Rhabditis. [Ils mangent, croissent, muent et restent enfin stationnaires dans leur développement. Mais si on les fait avaler par des chiens, ils continuent leur évolution dans l'intestin de ces animaux et ne tendent point à prendre la forme de Dochmius définitive. Nous renvoyons au mémoire de M. Leuckart pour des in- dications nombreuses relatives au développement plus ou moins complexe de nombreuses autres espèces. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PATÉONTOLOGIE. 95 Prof. LEUCKART. UEBER MUTHMASSLICHE, etc. SUR L’EXISTENCE PROBABLE D’YEUX ACCESSOIRES CHEZ UN POISSON. (Bericht über die Versamml. der deutsch. Naturf. und Aerzte, 1865, p. 155.) On sait depuis longtemps que le corps de certains Scopéli- nides est couvert de taches pigmentaires très-éclatantes, groupées avec plus ou moins de régularité. Jusqu'ici ces ta- ches n’avaient pas été étudiées avec soin; mais aujourd’hui M. Leuckart, après les avoir examinées anatomiquement chez une espèce (Chauliodus Sloani), cherche à leur donner la si- gnification d'organes visuels accessoires. Ce serait là certes une découverte bien inattendue chez un vertébré, d'autant plus que le nombre de ces yeux s'élève à plus d’un millier, dissé- minés soit sur l’hyoïde et ses dépendances, soit sur la tête et le ventre où ils forment deux rangées longitudinales parallèles. L'opinion de M. Leuckart se base sur la structure anatomique des organes en question. Îls ont en effet la forme de petits cylindres dont la moitié antérieure est occupée par un corps sphérique très-semblable à un cristallin. En arrière se trouve une espèce de corps vitré. La couche de pigment quienveloppe cette espèce de bulbe oculaire offre un éclat argentin et une structure identique à celle du tapis de l’œil des plagio- stomes. Il est vrai qu’il n’a pas été possible de reconnaître au nerf de l’organe d'expansion membraneuse jouant le rôle de rétine, mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d'observations faites sur un animal conservé dans l'alcool. Le genre Stomias présente des organes tous semblables. Ce genre a été classé jusqu'ici parmi les Esoces, mais à tort selon M. Leuckart: il doit être réuni aux Scopelinides. Quoi qu'il en soit de ces curieuses observations, elles sont bien dignes de diriger l’at- tention des naturalistes sur ce groupe de poissons remar- quable. 96 BULLETIN SCIENTIFIQUE. À.-Edouard PicrEr. SYNOPSIS DES NÉVROPTÈRES D'ESPAGNE. Paris et Genève, 1865. Cet ouvrage, qui nous à paru exécuté avec soin, est trop spécial pour que nous puissions en donner une analyse dé- taillée. Il contient les résultats d’un voyage entomologique fait en 1859, en Espagne, par MM. Pictet et Meyer. L'auteur a cherché en outre à réunir tous les matériaux connus, pro- pres à établir la faune névroptérologique de l'Espagne. Après une brève indiction des principales localités explorées, il donne la diagnose de toutes les espèces de névroptères actuellement connues comme habitant l'Espagne, et la des- cription plus détaillée et la figure de celles qui étaient in- connues jusqu'ici. La faune névroptérologique d’Espagne se compose maintenant de 142 espèces. Il est probable que cette estimation n’est à peu près suffisante que pour les Odonates et les Hemerobines; ces deux familles comprenant entre elles 97 espèces, et il est évident que les chiffres in- diqués pour les autres familles, surtout pour les Psocines et les Phryganides, sont loin d’approcher de la réalité. — Un exposé de la distribution géographique de ces mêmes espèces dans les autres pays termine cet ouvrage, qui est accompagné de 44 planches fort bien exécutées par M. Nicolet. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE DÉCEMBRE 1865. Du 20 au 29 de ce mois inclusivement, le brouillard a duré sans interruption, avec quelques variations dans l'intensité seulement ; le dépôt de givre a atteint à la fin de cette période une épaisseur de 10 à 15 millimètres, et lorsque, le 30 au matin, il est tombé des arbres, il formait une couche assez épaisse, comme s’il avait neigé. La pluie, qui est tombée le 30 sur la terre gelée, a formé un fort verglas. Le 30, couronne lunaire à plusieurs reprises dans la soirée. Le 31, brouillard le matin; faible halo solaire dans l'après-midi, couronne lunaire et halo lunaire dans la soirée. La comparaison de la température observée à Genève et au St.-Bernard présente à un très-hant degré l’anomalie, qui a lieu quelquefois dans cette saison, savoir une température plus élevée au St.-Bernard qu'à Genève; cette anomalie s’est présentée pendant cette période de 10 jours, pendant lesquels un brouillard épais régnait à Genève, tandis qu’au St.-Bernard le ciel était parfaitement serein. Dans les jours précédents le ciel était également clair au St.-Bernard, et le plus souvent couvert à Genève, la couche de nuages étant très-basse, sans cependant atteindre le sol. Il ne sera peut-être pas sans intérêt de donner pour ce mois, de jour en jour, la différence entre la température moyenne des 24 heures à Genève et au St.-Bernard. Différences entre la température moyenne à Genève et au St.-Bernard, en décembre 1865. Le 4er + 8,86 le 11 + 5,99 le 21 + 1,33 2 + 9,56 12 + 410,90 22 — 9,26 0 13 + 13,82 23 — 418 4 + 7,84 14 + 9,15 24 — 9,92 3 —<+ 8,98 15 + 13,54 25 — 1,34 6 + 12,3 16 + 9,03 26 + 0,24 7 + 10,83 17 + 6,16 27 — 0,10 gr TL 18 + 6,22 28 + 1,24 9 + 8,00 19 + 3,48 29 + 2,63 10 + 2,61 20 + 2,92 30 + 9,46 31 + 8,74 ARCHIVES, t. XXV. — Janvier 1866. Ainsi, pendant les 6 jours, du 22 au 27, la température a été en moyenne de 10,64 plus élevée au St -Bernard qu’à Genève ; du 22 au 25, le thermomètre s'élevait au-dessus de 0 au St.-Bernard, et même le 23, la température ne s’est pas abaissée au-desous de 0 et le maximum a atteint + 40, tandis que le thermomètre restait constamment au-dessous de 0 à Genève. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm mm Le 1er à 10 h. matin... 727,50 Le 4 à 4 h. après-m.. 717,03 10 à 10 h. matin... 742,20 13 à 2h. après-m.. 732,54 16 à 10 h. matin... 738,59 19 à 2h. après m.. 732,89 PPS ‘h° soir . ... 738,82 22 à 2 h. après-m.. 735,68 25 à 10 h. matin... 740,43 30 à 6 h. matin ... 723,32 34 à 10 h. matin... 734,54 FER SSS : 20 ee = Qù ee : Re is ones - 7 G - 20 + pur € AMQUIUUTT IR Un. donouag np duo D USA Lafon root! sauna vo noyeanyes op“1ovay Te - | : [ [ l | [ Ï 2 'S LLACUN ‘4 o[qurivA ll l l "AS “NN S a[quIICA [ 6 © € “ANN °N "ANN "ANN "ANN AN N N ‘OS0 c ‘N O[qUIICA [ Û I Ü I 'OSS ‘OSS NN "ANN “NN “queu lp 0007 0007 0007 0007 0007 0007 0007 00017 086 096 016 096 026 068 092 066 OTG 066 076 0ZG 086 096 078 0c6 098 066 0007 066 066 026 000! TT, 0€8 0c8 066 068 066 0Y6 088 Or8 (AS 002 079 00€ (1172 06£ 082 (LYA 029 089 078 082 078 0GL OL 008 078 068 0C8 196 “UE | UN 0007 000! 000! 809 9£'E “LUTTE "1 76 sop "ON Ti “da ej op uotsuay e e e - a MN = 20 M M OS © OS ee © = ON 9 CD ù 20 HE EEE EI - Go - e « e RS 20 ef me e e 20 © GI 9 on om HR LI EEE EEE EEE a e = e e a a e - Ci TODBDOSRO2L2OSE M G CG e e D GI © CO = 20 M D 20 29 e e e e - e É e « NN = © G D 29 Le D OO = 4 co CG G e e e M - ee D © e « Go SNONX OI Où ei = © Où © 9 © = TN M © GI M © © ei eu en © EN END = MD — — = OFr+ 09‘0+ OL‘E— LS T— 1S°T— GS'e— FT'o— 1S°e— 8L'T— FFo— LS T— OL'E— 9 c— L£'0+ LY'0+ 98‘0— 99‘0— 80°— 9£°T— SF0+ F0‘0+ G£'— 88‘ 0+ 1S'0+ 89°c—+ F'e+ 86° 1 £6 + 8£'e+ 6F'E+ L9'G LU A LATORTO “duoy [ 9048 1189 TT, 7) aaneiodua f, De RSA or Pan À CO CD == 20 GNU = 20 " e 2 a " a " "NS @2 20 CS GT Tr GT CI SO RDS D fn D S = CRE re L0‘0 “utpqeu opeurrou | . daomeg |, A Ù # pie anapnep I D “OIJQUIOIP DUREE GI'EEL 8S'98L S£'TEL A AUSA GI'8EL 09'8€L GG 6€L LY'S£L YC'LeL 67'9€L £6'LEL 68 962 OY'£EL GL'CEL YL'G£L 09'LEL SC SEL CO'EEL IS'eSL IS'FeL Sg'ogz SE'eeL 69'9L AULTTELL "S{our np sinof MOYENNES 6 h. m. min 1re décade 729,48 2e u 135,08 3 « 795,19 Mois 733,51 1'e décade + 9e « =. 3e « ah 0 2,97 1,76 3,01 8 h. m. pin 729,81 133,19 DU MOIS DE DÉCEMBRE 1865. 10 h. m. Midi. 2h25: Baromètre. in Inn 130,21 729,80 735,11 734,93 736,40 735,90 134,20 733,62 my 129,41 734,39 130,33 133,11 Température. 0 0 0 0 + 2,95 + 4,03 + 4,44 + 4,66 — 1,77 — 0,42 1,8 + 1,63 + 1,39 2e SAS 0 84 22 4069 — 0,94.--.1,94 hs. LELETU 129,62 134,53 735,46 133,28 [nl + 4,921 6h.,s. ti 730,10 134,80 735,65 133,59 8h.s. 16 hs. LL un 730,40 730,55 134,94 : 134,92 135,65 735,63 133,13 : 133,16 0 0 Ln) + 3,75-4 368 CENT + 0,80 + 0,37 — 0,25 1,74 — 2,11 — 2,31 Mois — 0,85 2 0,83 4 0,26 —E 1,24 + 1,70 + 1,33 Tension de Ia vapeur. + 0,83 L 0,34 + 0,20 Inn ani nn CHAR TU nm nn run min mm ire décade 5,27 5,23 »,47 5,48 5,33 5:33 5,34 Don 5,29 2e n 3,44 3,43 3,96 3,61 3,87 3,10 SIA 3,68 3,76 3e n 3,46 3,48 3,69 3,87 3,97 3,91 3,86 3:19 3,19 Mois 4,04 4,03 4,29 4,30 1,38 4,30 4,29 4,26 4,26 Fraction de saturation en millièmes. {re décade 919 915 883 864 832 857 887 896 900 2e « 856 854 804 726 754 734 768 791 838 3e « 980 976 969 945 995 941 956 963 975 Mois 920 917 888 848 840 847 873 886 907 Therm. min. Therm. max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre. du Ciel. du Rhône, ou de neige. 0 0 0 mm p. 1re décade + 2,39 + 5,45 0,93 8,94 20,7 39.00 de « — 92,47 + 2,36 0,68 7,39 0,0 37,45 3e u — 3,98 — 0,61 0,98 6,19 12,0 34,14 Mois — 1,44 + 2,30 0,87 7,50 32,7 36,71 Dans ce mois, l’air a été calme 2 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 2,50 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 36,4 E. et son intensité est égale à 36 sur 100. TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE MOIS DE DÉCEMBRE 1865. Le 2, brouillard depuis 2 heures de l'après-midi. brouillard tout le jour. 4, brouillard tout le jour. 143, brouillard jusqu’à 8 heures du matin. 15, brouillard depuis 2 heures de l’après-midi. 31, brouillard depuis 4 heures de l'après-midi. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. à mm mm Le {er à 10 h. matin... 562,56 be-4-à 8" her 55575 10 à 8h. matin... 573,51 13 à 2h. après-m. 562,75 16 à 8h soir .... 568,30 18 à 2 h. après-m. 566,02 25 à 10 h. matin... 573,49 au Mi. 54542 561,42 31 à 10 h. matin... 567,31 SAINT-BERNARD. — DÉCEMBRE 1865. is. ‘£ Baromètre. Température C. Pluie ou neige. S EL ————_——— ———_— | Vent = Hauteur | Écart avec | Moyenne Écart avec la! . F Hauteur Eau Nombre : fe de | Sdaeut | Minimum. | dximun | de | tenta Minimum *lastmum +) des | onbgdane| enr, | GOUIDANt er millim.. | millim. millim. millim. 0 0 0 0 millim. millim | 11 561,61 | — 0,05 | 560,95 | 562,56 | — 3,89 | + 3,14 | — 4,3 | — 2,8 190 14,1 11 NE. 1 | 1,00 | 2 | 560,37 | —,1,25 | 559,92 | 560,75 | — 4,20 | + 2,93 | — 4,9 | — 3,0 160 12,6 10 SO. 1 | 0,98 | 3 | 560,43 | — 1,16 | 559,91 | 561,25 | — 4,30 | + 292 | — 46 | — 3,0 70 10,4 7 SO... 2 #00 | 4 || 557,00 | — 4,55 | 555,75 | 558,21 | — 3,99 | + 3,32 | — 4,4 | — 12 40 7,2 4 SO. - 2:|-4,00 5 || 560,05 | — 1,46-| 558,33 | 561,19 | — 5,20 | 2,20 | — 71 |-— 392 40 72 4 NE. 1 | 0,82 6 || 565,06 | + 3,58 | 562,87 | 566,86 | — 7,03 | + 0,46 | — 7,6 | — 5,8 || .... à ; NE 147 021 7 || 568,87 | + 7,42 | 567,16 | 570,54 | — 6,58 | + 1,00 | — 8,2 | — 5,2 || . EE en NE. 1} 0:01 8 | 521,59 | +40:17-| 570,94 |. 571,90 | — 5,14 | & 953| —86|—92410 € Ne. NE... 41%1:0600 | 9 571,67 | +10,28 | 570,82 | 572,51 | — 6,37 | + 1,38 | — 8, | — 46 : lé... . variable | 0,00 | 10 572,92 | 11,56 | 572,39 | 573,51 | — 2,76 | + 5,07 | — 6,0 | + 0,1 | .... ..... || variable | 0,02 |" 41 | 56784 | —L-648-1 565,33" 570,66 | 4:81 | À 1069 4 om s-© NE. 41:09 | 12 | 565,32 | + 4:02 | 564,55 | 566,11 | — 9,41 | = 4,49 | —120 | — 70 | ..... | . | variable | 0,00 13 || 563,34 | + 2:07 | 562,75 | 563,66 | —14,24 | — 6,18 | —15,7 | —12,0 |} ..... | ..... EE + SO. 1 | 0,54 14 || 564,44 | + 320 | 563,28 | 564,92 | —10,38 | — 2,925 | —150 | — 8,3 | ..... MA NS | + : variable | 0,04 | 15 | 564,41 | + 319 | 563,63 | 565,42 | —13,44 | — 5,24 | —148 | —411,5 | . 4... | .—... Ne NE» Slt 16 || 567,49 | — 6:30 | 566,35 | 568,30 || — 9,22 | — 0,95 | —119 | — 75 Fm. PE, NE: 4210007 17 | 567,46 | + 6:30 | 567,23 | 568,07 | — 5,10 | + 3,24 | — 6,7 | — 3,5 || tr NE. 1 | 0,00 | 18 || 566,47 | + 5,34 | 566,02 | 567,02 || — 5,34 | + 3,07 | — 7,3 | — 29 || ..... L'SES. NE. 1 | 0,00 19 | 566,70 | + 5,59 | 566,24 | 567,34 | — 5,67 | + 280 | — 7,0 | — 3,0 : À .. || variable 0,00 20 || 568,58 | 27:50 | 567,92 | 569,39 | — 5,97 | EL 32%| 65 = 30e dd. . Î NE. 1 | 0,00 21 || 570,86 | +9,81 | 569,63 | 571,79 || — 2,99 | + 5 67 | — 4,9 | — 48 | . =. hede | NE 1.1 | 0,00 22 | 570,98 | +9,95 | 570,66 | 571,96 | + 0,03 | L 868 | — 4,5 |=+ 49 | . 4... | -... ... || variable | 0,00 23 || 572,19 | +414,19 | 571,79 | 572,59 || + 41,54 | 41024 | + 0,6 | + 40 | ..... te Us TRE calme 0,00 24 | 572,59 | 11,61 | 572,09 | 573,39 | — 0,01 | + 8°74 | — 0,9 | + 4,941 nm. Le CSP = .#t | 0:00 25 | 572,89 | +44:91 | 572,61 | 573,49 | — 0,78 | + 802 — 49 EDAP M ee . || NE. 1 | 0,00 26 || 572,57 | 14,63 | 572,37 | 572861 — 389 | LEON HORS Se NE. 1 | 0,00 27 || 570,65 | + 9,73 | 570,12 | 574,41 | — 4,49 | + 441 | — 5,8 | — 20 Te eue 7. PA UIINNE: 4 | 0,00 28 || 568,79 | -L 7,89 | 566,51 | 569.20 | — 5,90 | L304 | 700 re ET 1 | 0,00 29 | 565,89 | + 5,01 | 564,03 | 567,46 | — 6,50 | 249 | — 9,4 | — 4,9 | .... PRE ARR | ET 1 562,50 | + 1,65 | 561,42 | 564,62 || — 9,07 | — 0'04 | 11,1 | — 75 40 2,4 8 So. 2 366,75 | + 5,92 | 566,29 | 567,31 || — 7,83 | + 124 | — 8,4 | — 6,6 AE EAN SO] * Les chiffres renfermés dans ces colonnes donnent la plus basse et la plus élevée des températures observées de 6 heures du matin à 10 heures du soir, le thermométro- graphe étant hors de service. MOYENNES Gh.m. Sh.m. mm mm 1re décade 564,39 564,77 “ 266,22 566,08 269,62 569,67 Co tÿ Mois 566,84 566,93 0 DU MOIS DE DÉCEMBRE 1865. Qt Qù [-n © © 9 (@n] 367,33 0 0 iredécade— 5,98 — 5,16 — 4,67 De « — 8,16 — 8.56 — 8,11 — 6,86 3 « — 4,22 — 4,91 — 3,48 — 92,44 Mois — 6,925 — 5,92 — Min, observé.” 0 fre décade — 6,38 2e « —10,25 3e « — 5,05 Mois — 1715 Midi. 2h. s. Baromètre. ram mm 064,96 564,77 566,27 565,93 569,73 569,48 567,08 566,82 Température. 0 — 3,93 4h.s. Gh.s. mra 065,17 266,14 569,73 567,10 0 (0) 0 — 3,68 — 451 — 4,68 — 6,66 — 7,88 — 8,44 LLUAB6 — 304 374 Max. 5,36 — 4,34 observé.” 0 — 3,08 — 6,20 — 1,37 — 3,48 — 3,99 — 5,07 — 5,55 Clarté moyenne du Ciel. 0,49 0,14 0,16 0,26 Dans ce mois, l'air a été calme 22 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,16 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 450 E, et son intensité est égale à 6 sur 100. "Voir ls note du tableau Eau de pluie ou de neige. mm o1,5 0,0 2,4 53,9 8h.s. mm 565,22 566,32 569,89 367,23 10 h.s. mm 565,40 566,47 569,91 507,34 0 0 — 4,81 — 5,29 — 8,64 — 8,89r — 3,58 — 4,18 — 5,61 — 6,06 Hauteur de la neige tombée. mm 500 0 40 540 r — pe = pe .. ue ss pr — 7 … » “ei . nn — _ Pn= OO | NII _ PK. RE gr, LE RE URL RATE RON EU LA ‘LR UE, ol AE QE © 40 1, 0 ds k + vai tutooné tE y z F * 4e Lu 1 win deu dite ET ‘not PAS Lee" HU Fe ERA, AO REG Trade HO don CTide" DER LOT "TT IN OR DO ER ONE LRO | ADR VERRE PR QE, FEU LOGOS RENE HT UD: tdi Gi dd de Ts, GR QE :. 50 0 He 16.N08. KE TOUCHE COTA ER db AT AG LE O0 SA té tu M Lo at eu j WU Lu ; 4h QU ES 408) PR eu PURE bb i D eue à Es si RTE TN LE HRE LE Lo De LUS Om TES Ba | ha te LL ER + ave FA NT ul +18 que Laga rl LE ES Ad 5. | mp DIRES 06.8 ren en re MEME EE ER TE es y a. hs 1-46 RES +4 AT de LCR Pose DE 4e Co te à brie " Le Le Lie LES ul de — al MATÉRIAUX POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES MÉTAUX DE LA CÉRITE ET DE LA GADOLINITE PAR M. MARC DELAFONTAINE:. (Gommuniqué à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, le 1er février 1866.) V NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES TERRES DE LA GADOLINITE. En cherchant à obtenir les terres de la gadolinite dans un état de pureté qui permit de déterminer leur poids atomique exact, j'ai eu lieu de constater plusieurs faits qui jettent un jour nouveau sur l’histoire de l’yttria et de ses congénères, et qui, en même temps, conduisent à mo- difier quelques-unes de mes conclusions antérieures. De plus, il a paru tout récemment, en Allemagne, un mémoire sut, l’erbine et l’yttria, dans lequel MM. Babr et Bunsen arrivent, en ce qui concerne l’erbine tout au moins, à des résultats très-différents de ceux de Mosander et des miens. 1 Voyez Archives, 1864, t. XXI, p. 97, et 1865, 1. XXII, p. 30. ARCHIVES, t. XXV. — Février 1866. 8 106 DES MÉTAUX DE LA CÉRITE Dans cette occurence, il m'a paru opportun de faire connaître mes nouvelles recherches en y ajoutant l’ana- lyse et la discussion du travail des savants chimistes que je viens de nommer. J'espère établir ainsi : 1° Que l'yttria et l'erbine existent bien avec les pro- priétés que Mosander leur avait reconnues. 2° Que l’erbine de MM. Babr et Bunsen est une terre distincte qui doit changer de nom . Fitrra. C'est la terre sur laquelle il y a le moins de divergen- ces d'opinion. Elle est blanche même après une forte calcination au contact de l'air. Seule, au chalumeau, dans la partie la plus chaude du dard, elle émet une lumière d’un blanc pur éblouissant. Avec le borax elle donne une perle incolore à froid et à chaud. D’après Rose, lyttria ne serait précipitée ni à la température ordinaire mi à l’ébullition par le carbonate de baryte: j'ai constaté au contraire que, dans le dernier cas du moins, la précipita- tion a lieu, mais d’une manière incomplète cependant, car une forte proportion de la terre reste dissoute. Le sulfate d’yttria cristallisé à chaud forme de petits cristaux incolores transparents, dont les faces sont ordi- nairement très-striées ; ses angles se confondent avec ceux du sulfate de didyme; à l’état hydraté il se dissout avec une grande lenteur dans l’eau froide, mais, si on l’a préa- lablement desséché, la dissolution a lieu très-rapidement, pourvu toutefois que lon ne laisse pas le sel s’agglomérer au fond du vase. L’hydrate qui se forme même à l’ébul- ‘ A moins d'indication contraire, tous les faits qui vont être relatés ont été observés ou vérifiés par moi-même. ET DE LA GADOLINITE. 107 lition parait renfermer toujours ‘/, équivalents d'eau. MM. Bahr et Bunsen y ont trouvé 23,30 p. °/, d'eau: mes analyses donnent 23,68 p. °/.. Le sulfate yttrico-potassique est très-soluble dans l'eau pure et dans l’eau saturée de sulfate de potasse. Le nitrate d'yttria en dissolution est incolore même à l'état sirupeux ; étant fondu il forme un verre limpide, non coloré, qui se prend par le refroidissement en une masse composée de grands feuillets blancs, radiés. En com- mençant à se décomposer, il jaunit s'il contient une pro- portion même petite des autres nitrates: dans ce cas. étant repris par l’eau, il laisse un résidu jaune dans lequel se sont condensées les terres en mélange. L'oxalate yttrique s'obtient en précipitant le nitrate ou le sulfate en dissolution étendue, par lacide oxalique. fl constitue une poudre blanche, ténue, très-peu cristalline, légèrement soluble dans lacide nitrique pas trop étendu. Desséché longtemps à 100 il retient encore un atome d'eau qui ne s’en va que par la destruction du sel. Ce composé laisse après une bonne calcination un résidu d’yttria pure qui s'élève, d’après M. Berlin‘, de 45 à 46°, du poids du sel employé; j'ai trouvé dans une expérience 45,12 p.°/,, et MM. Babr et Bunsen 46 °/. Quand on précipite un sel d'yttria par Foxalate d’am- moniaque, on obtient un produit qui consiste en un oxa- late double. * Le poids atomique de l'yttria me paraît devoir être fixé entre 460 et 470 (0 — 100) au plus : du reste, je re- viendrai plus tard sur ce point. Il est très-difficile de préparer lyttria complétement * Communication particulière. 1038 DES MÉTAUX DE LA CÉRITE pure, et je ne puis citer aucun procédé qui conduise rapidement au but: l'emploi combiné du carbonate de baryte, des précipitations partielles par l’'ammoniaque et des décompositions incomplètes du nitrate par la chaleur m'ont seulement permis d'obtenir à la longue une ving- taine de grammes de sulfate presque pur. Erbine. Quand, d’après la méthode de Mosander, on précipite les terres de la gadolinite par le bi-oxalate de potasse, les premiers produits, mis à part, traités par l'acide sulfuri- que au 50° de manière à en dissoudre le tiers au la moi- tié environ, laissent un résidu rosé cristallin. Celui-ci, calciné, dissous dans l'acide nitrique et traité par le sul- fate de potasse en excès, abandonne un sel double très-peu soluble dans une solution saturée de sulfate de potasse. La terre que l’on peut retirer de ce sel double est une erbine jaune dont les sels montrent au spectroscope les bandes découvertes par M. Babr et que j'ai figurées pré- cédemment (Archives, XXIE, PL LE fig. 2). Si, pour purifier l’erbine, on soumet son sulfate double à plusieurs lavages au moyen d'une eau froide saturée de sulfate de potasse, on constate bientôt que le sel devient de moins en moins rosé en même temps que la terre perd sa faculté de produire un spectre d'absorption : faculté dont elle est dépourvue quand elle est pure et qu'elle doit par conséquent à son mélange avec une terre étrangère. Ainsi, c’est par erreur que M. Bahr et moi après lui, avons annoncé que les dissolutions d’erbine peuvent mon- rer un spectre d'absorphon. Au risque de quelques répétitions je vais rappeler ici ET DE LA GADOLINITE. 109 les propriétés de lerbine en y ajoutant quelques faits nouveaux. La couleur de l'erbine est jaune, mais avec des nuances très-variables : obtenue par la calcination de l’oxalate elle est assez pâle; Si on la jette alors dans l’eau, les portions qui demeurent en suspension et restent quelquefois plus de douze heures avant de se déposer sont encore plus claires. L'hydrate est blanc, semblable à l’alumine, ne change pas de couleur à l'air, mais en attire l'acide car- bonique, ce qui le rend pulvérulent à la longue: 1l perd toute son eau au rouge et laisse alors des fragments jaune orangé foncé lourds, durs et cohérents, dont l'apparence rappelle d’une manière frappante celle de la gomme gutte en morceaux. En chauffant l’erbine au rouge, dans un courant d'hydrogène, on la rend blanche avec la produc- tion d’une petite quantité d’eau; si elle contient de la terre à spectre d'absorption, il lui reste une nuance rose très-faible. Une fois réduite par l'hydrogène, elle n’absorbe pas l'oxygène de l'air à la température ordinaire et ne jaunit pas spontanément. Les acides sulfurique et nitrique éten- dus de cinquante fois leur volume d’eau dissolvent lente- ment, mais complétement l’erbine, même celle qui pro- vient de la calcination du nitrate, et les portions attaquées les dernières ne diffèrent pas des autres. Arrosée avec de l'acide sulfurique concentré elle ne donne pas une liqueur rouge comme le fait l’oxyde cé- roso-cérique. Ses dissolutions sont incolores ou quelque- fois faiblement rosées. Quand on veut transformer l’erbine divisée en nitrate, en la traitant par l'acide étendu, il faut avoir soin de re- muer la liqueur pour empêcher la terre de s'agglomérer 110 DES MÉTAUX DE LA CÉRITE au fond du vase, sinon elle y formerait bientôt un sous- sel difficilement soluble dans le reste de l'acide. Au chalumeau seule et dans le dard le plus chaud. l’erbine devient blanche en émettant une lumière intense de la même couleur: elle se dissout sans coloration dans le borax. Le carbonate de baryte la précipite à froid et à chaud, mais il en reste presque toujours de petites quan- tités dans la liqueur. Les cristaux du sulfate erbique sont un peu roses: s'ils se forment à l’ébullition ils renferment %/, équiva- lents d’eau, tout comme ceux qui se déposent vers 50 ou 60°. Le sulfate erbico-potassique est aisément soluble dans l’eau pure, cette propriété le distingue du sulfate céroso- potassique. Comme Mosander l'a reconnu, l'erbine est intégrale- ment dissoute par le chlore. Le carbonate d’erbine est un peu soluble dans celui d’ammoniaque, moins cependant que le carbonate d'yttria, c'est ce qui à permis à Berzélius d'obtenir, en 1815, une yttria blanche dont le poids atomique était de 180,8. M. Berlin m'a informé que l'oxalate d’erbine lui avait donné 54 p. °/, de terre; d’après cela le poids atomique de Ferbium serait 560 environ: mes anciennes expérien- ces m'avaient conduit au nombre 496, de nouvaux essais rendent très-probable que cette valeur doit être un peu abaissée, M. Berlin prépare l’erbine en faisant subir aux nitrates des terres de la gadolinite une série de décompo- sitions incomplètes au moyen de la chaleur: ce procédé tend à concentrer dans l’erbine une certaine quantité de la terre à spectre d'absorption dont le poids atomique est ET DE LA GADOLINITE. 111 tres-élevé ; c'est probablement là qu'il faut rechercher la cause de notre divergence. Toutes les tentatives que j'ai faites pour reconnaître dans mon erbine la présence du cérium ont été infruc- tueuses ; quant à du didyme elle n’en renfermait pas de traces. Elle avait été préparée suivant les préceptes de Mosander, puis soumise à une digestion de quelques heures, sous forme de nitrate, avec un excès de carbonate de baryte, avant qu'on la transformàt de nouveau en sul- fate double potassique. On peut obtenir très-vite une terre riche en erbine de la manière suivante : après avoir amené le nitrate ou le chlorure des terres mélangées (yttria. erbine, terbine, cérium, etc.) à l’état de dissolution tres-concentrée, on y ajoute un grand volume d’une solution saturée bouillante de sulfate de potasse et une croûte solide du même sel, puis le tout est abandonné à lui-même au refroidissement; il se forme un dépôt cristallin que lon sépare de la Hi- queur surnageante (après l'avoir agité quelquefois au milieu de celle-ci et laissé reposer de nouveau) pour le mettre digérer dans de nouvelles quantités de sulfate de potasse froid : ce dernier enlève un sel double formé principalement de sulfate erbico-potassique ; le cérium et ses congénères restent dans la portion insoluble. Terbine. Dans mon dernier mémoire, j'ai signalé l'existence d’une terre très-difficile à séparer, mais caractérisée par des bandes d'absorption correspondant à deux de celles du didyme. Contrairement à ma première opinion, ce corps paraît différent de la vraie terbine de Mosander. 112 DES MÉTAUX DE LA CÉRITE D'apres M. Bunsen, je n'aurais eu entre les mains qu'un mélange contenant du didyme ; ce savant base sa manière de voir sur ce seul fait que la bande Tr a, par exemple (Archives, XXIL PI. £, fig. 2), occupe la même position et offre les mêmes maxima et minima d'intensité que celle du didyme. Plusieurs expériences dans lesquelles ce soi- disant didyme aurait dû se déceler d’une manière incon- testable, m'ont donné des résultats négatifs ; peut-être serai-je plus heureux une autre fois: mais, en attendant, il me semble préférable de considérer encore la terre en question comme distincte en lui retirant cependant le nom de terbine sans lui en donner un autre, pour le moment du moins. La question demeurera done pendante jusqu’à plus ample informé. Ferre à spectre d'absorption. (Erbine de MM. Bahr et Bunsen..) C'est ici le lieu de dire ce que j'ai pu observer sur les propriétés de cette terre, soit avant, soit après la publi- cation du mémoire de MM. Bahr et Bunsen *. J'ai eu beaucoup de peine à l'obtenir dans une pureté assez rapprochée: souvent elle était blanche ou jaune ; dans le premier cas l’yttria s’y trouvait en abondance, dans le second, elle renfermait un peu d’erbine. M. Berlin ayant eu la bonté de m'envoyer une certaine quantité d'yttria très-pauvre en erbine, j'ai pu en retirer assez facilement un peu de terre à spectre : voiei les caractères que je lui ai reconnus : Elle est d’un blanc rosé ou mieux d’un rose pâle, se ! Une partie des faits ci-dessous étaient inscrits depuis longtemps dans mes notes au compte de la vraie erbine comme des anomalies dont l’explication m’échappait. ET DE LA GADOLINITE. 114: dissout facilement dans les acides en formant des combi- naisons colorées en rose tendre, même à l’état de liqueur. Son nitrate peut, par une calcination ménagée, donner un sel basique soluble et cristallisable ; une action plus forte de la chaleur en sépare un composé jaune plus basique, insoluble. Le carbonate de baryte se comporte à l'égard de ses sels de la même manière qu'avec ceux d’erbine. Son carbonate est moins soluble dans le carbonate d'am- moniaque que celui d'yttria. Seule, au chalumeau ou dans la partie la plus chaude d’une flamme à double courant, elle devient incandescente en émettant une lumière verte : ce caractère la distingue de l’erbine et de l'yttria. Ses dis- solutions acquièrent un pouvoir spectroscopique d'autant plus énergique que son poids atomique s'élève davantage. Son sulfate double potassique se dissout mieux dans le sulfate de potasse que le composé correspondant à base d’erbine. La distinction de cette terre de l'erbine m'a permis de me rendre compte d'un certain nombre de faits impos- sibles à comprendre sans cela. La coloration de ses com- posés, le mode suivant lequel son nitrate se décompose, les produits où elle se concentre dans le procédé de Mo- sander et d’autres considérations inutiles à énumérer en- core, me font penser que c’est la véritable terbine que ce chimiste avait en vue. Je reviendrai du reste sur ce point un peu plus bas. Voici maintenant une brève analyse du mémoire au- quel les pages précédentes ont fait plusieurs fois allusion”. 1 J, Babr und R. Bunsen. Ueber Erbinerde und Yttererde, (Anna- len der Chemie und Pharmacie, t. CXXXVIE, p. 1, janvier 1866.) 144 DES MÉTAUX DE LA CÉRITE Une solution d’acétates d'erbine et d'yttria, évaporée dans le vide, laisse déposer en premier lieu des cristaux plus riches en erbine ; cette propriété ne permet cepen- dant pas d'arriver à une séparation complète des deux terres. Le procédé suivant est bien préférable. Le mélange des nitrates ‘ est évaporé au moyen d’une petite flamme de gaz, dans une capsule de platine, jus- qu'à ce qu'il commence à se dégager des bulles de va- peurs nitreuses. Après un refroidissement rapide, la masse fondue forme un verre transparent, rouge sale, très-fragile, que l’on redissout à chaud dans la capsule au moyen d’une quantité d'eau juste suffisante pour que la liqueur bouillante ne paraisse plus trouble: en laissant refroidir celle-ci très-lentement, on y détermine la formation de nitrate bi-basique d’erbme en aiguilles qu'il faut séparer par décantation et laver promptement avec de l’eau ai- ouisée de 3 pour cent environ d'acide nitrique. L’eau- mère, traitée de la même manière, peut donner encore une seconde, une troisième, etc., cristallisation. En réu- nissant les premiers produits, les additionnant d'acide ni- trique et les évaporant comme il à été dit plus haut, on a un composé plus riche encore en erbine. La répétition du procédé finit par donner à la longue de lerbine et de lyttria pures. Erbine. On l’obtient en calcinant longtemps et d’une manière soutenue son nitrate ou son oxalate. L’hydrogène n’a aucune action sur elle. Sa couleur n'est pas jaune, mais rose fable: chauffée au blanc, elle émet une lumière ! [convient de le faire remarquer : ce mélange de nitrates est presque entièrement privé d'erbine jaune, par le fait que les auteurs l’ont soumis à des traitements répétés par le sulfate de potasse, en vue d'éliminer complétement le cérium et le didyme. ET DE LA GADOLINITE. 115 verte intense quand elle est employée sous forme spon- vieuse ; elle est lentement, mais complétement soluble à chaud dans les acides nitrique, chlorhydrique et sulfuri- que: ses composés sont colorés en rose plus où moins clair, surtout quand ils contiennent de l'eau de cristalli- sation. Ses sels ont une réaction acide ; leur saveur est sucrée et astrmgente. La terre ne se combine pas directe- ment avec l’eau. Son équivalent est 64,3 (H=1) et celui de son radical 56,3. Le sulfate d’erbine se dépose à 100° en cristaux nets, durs, transparents, inaltérables à l'air, rose clair : le sel hydraté est très-lentement soluble dans l’eau, tandis que le sel anhydre s’y dissout facilement et très-vite. La cha- leur lui fait perdre une partie de son acide; les cristaux ont pour formule (Er O, SO5)*-L8 aq. Le nitrate bi-basique d’erbine constitue de très-fines aiguilles roses qui, étant chauffées, perdent d’abord leur eau de cristallisation, puis laissent un résidu d’erbine qui conserve la forme du sel. Ce sous-nitrate se dissout assez difficilement dans lacide nitrique; l’eau le décompose avec production d’un sel plus basique. La formule est (Er O}°, Az O3 aq. L'oxalate précipité d’une dissolution bouillante d'er- bine constitue une poudre pesante, rose clair, qui se lave facilement et perd son eau au moment où elle se décom- pose. Cet oxalate se représente par Er O, C* O*+aq. Suit la discussion de ce que j'ai dit sur le spectre de la terbine:; on a vu plus haut ma manière de voir ac- tuelle sur le sujet, il est done inutile d’y revenir. Si des expériences ultérieures et décisives montrent que je me suis réellement trompé, je me hâterai de le recon- naître. 116 DES MÉTAUX DE LA CÉRITE J'ai déjà rendu compte dans ces Archives ‘ d'une note de M. Bahr sur la faculté que possède l’erbine d'émettre une lumière verte qui donne au spectroscope, en lumi- neux, les mêmes bandes que les dissolutions offrent en noir ; je me contenterai d'y renvoyer le lecteur, en ajou- tant seulement ici les détails nouveaux suivants. Le pou- voir émissif de lerbine est considérablement renforcé quand on arrose et calcine avec de l'acide phosphorique pas trop concentré une petite masse spongieuse de Ja terre, retenue dans la boucle d'un fil mince de platine : l’opération doit être répétée aussi souvent que le spectre y gagne en intensité et en netteté, mais pas au delà. Si l’on compare les maxima lumineux des bandes claires avec les minima lumineux des bandes obscures que montre le spectre d'absorption de lerbine, on trouve entre eux une coïncidence complète. Le didyme se com- porte d'une manière analogue *. Yttria. Malgré les traitements multipliés au sulfate de potasse qu'ils ont fait subir à leur mélange primitif des terres de la gadolinite, les auteurs reconnaissent que celui-ci a retenu des traces de cérium et de didyme, les- quelles se retrouvent, dans leur procédé de décomposi- ton, avec lyttria. De là la nécessité de recourir encore quelquefois à l'emploi du sulfate alcalin, après quoi le nitrate d'yttria est soumis à de nombreuses décomposi- tions partielles au moyen de la chaleur, jusqu’à ce que. en fin de compte, la base soit pure. Dans cet état, elle * Tome XXIV, p. 377, décembre 1865. ? Pour comprendre cela, il faut se rappeler que les bandes d’ab- sorption, les plus larges surtout, ne sont pas d’une obseurité uniforme. Une bande offrira, soit sur l'un, soit sur l’autre de ses bords, par exemple, une teinte d’un noir plus intense que le reste. ET DE LA GADOLINITE. 117 constitue une poudre ténue presque blanche, qui brille quand on la caleine fortement, en émettant une lumière blanche pure. Elle est difficilement, mais complétement soluble dans les acides sulfurique étendu, nitrique et chlor- hydrique. Elle ne s’hydrate pas dans l’eau. Ses sels sont incolores ; ils ont une réaction acide et une saveur sucrée et astringente. Le poids atomique de l'yttria est 38,85 (H=1) ou 485 (0—100). Le sulfate est à */. équivalents d’eau. Le sous-nitrate est blanc: il offre d’ailleurs les plus grandes analogies avec le sel correspondant d’erbine ; au- tant peut-on en cire de l’oxalate. Pour évaluer les proportions relatives d'erbine et d’yttria dans un mélange des deux terres, MM. Bahr et Bunsen conseillent de déterminer le poids atomique de ce dernier ; connaissant en outre celui des terres pures, il suffit d’une simple règle d’alliages pour arriver au ré- sultat voulu. Les auteurs terminent leur mémoire par une analyse de la gadolinite (d’Ytterby ? ) qui s’accorde très-peu avec celles qui ont été publiées jusqu’à ce jour. En effet, la plupart des chimistes ont trouvé dans la gadolinite d’Yt- terby une quantité d’yttria (avec Er O et Tr O) comprise entre #5 et 50 pour cent, tandis que les oxydes de la cérite ne s’y rencontrent pas dans une proportion supé- rieure à 7,6: en outre M. Berlin n'a pas obtenu plus de 4,8 de glucine. MM. Bahr et Bunsen donnent : glucine, 6,96 ; yttria et erbine, 37,57 (Ce O, La O, DiO) 14,45. Comme on peut le voir, leurs recherches conduisent les chimistes d'Heidelberg à admettre l’existence de deux des terres décrites par Mosander. 4° L'yttria, blanche, à équivalent très-bas. 118 DES MÉTAUX DE LA CÉRITE 20 L'erbine, rose, inaltérable dans l'hydrogène, for- mant un sulfate double potassique , tres-soluble dans le sulfate de potasse. 1 La couleur jaune des terres de l'yttria est due seule- ment, d'après eux, à la présence du cérium *. Aux yeux de Mosander, de Bérzélius et aux miens, l’erbine, exempte de cérium, est un corps jaune qu'une calcination dans l'hydrogène send blanc et dont le sulfate double est très-peu soluble dans celui de potasse. Comme on le voit, les différences sont fondamentales, et pour les expliquer 1} est impossible d'admettre une différence dans le degré de pureté : du moins, pour ma part, Je ne saurais comprendre une transformation aussi radicale opérée par une simple purification. Si mainte- nant on veut bien se reporter aux pages où sont exposées mes propres recherches, on verra que l’erbine, comme nous Ja connaissions d'après Mosander et ses contempo- rains, existe bien réellement, et que la terre de MM. Bahr et Bunsen est une espèce tout à fait distincte ; dès lors il y a lieu d'attribuer à celle-ci un nom particulier. L’en- semble de ses allures rend excessivement probable à mes yeux qu'elle constitue, à l'état de pureté, l'ancienne ter- bine, connue jusqu'ici seulement en mélange avec beau- coup d'yttria et un peu d’erbine *. En résumé, la gadolinite renferme, outre les oxydes de la cérite, au moins trois terres distinctes : ‘ C’est du moins ce que l'on peut conclure des nombreux traite- ments au suliate de potasse qu'ils ont fait subir à leurs matières pre- mières. Mais il n’échappera à personne que ces opérations avaient précisément pour effet d'éliminer en même temps l'erbine véritable. ? Toutefois cette identification ne sera définitive qu’à partir du jour où il aura été reconnu que le sulfate de terre en question, obtenu à une basse température, s'effleurit à +500, ET DE LA GADOLINITE. 141) 1° L’erbine jaune, admise par MM. Mosander, Berzé- lius, Svanberg, Berlin et moi, méconnue par MM. Popp. Babr et Bunsen. 90 La terbine rose, découverte par Mosander, bien connue seulement depuis le récent travail de ces deux derniers chimistes, qui la nomment erbine, dont j'admets pleinement l'existence, et à laquelle il faut attribuer le spectre d'absorption que j'ai figuré sous le nom de la précédente. 3° L'yttria blanche, sur laquelle les opinions varient très-peu. De plus, la bande d'absorption voisine de D (Fraun- hofer), si facile à observer dans les dissolutions qui n’ont pas été précipitées d’une manière exagérée par le sulfate de potasse, caractérise une base qui paraît distincte de l’oxyde de didyme. VI NOTE SUR LE POIDS ATOMIQUE DE L'YTTRIUM. Pour déterminer le poids atomique de l'yttria, et, par conséquent, de son radical, je suis parti de analyse du sulfate yttrique desséché. Ce sel était obtenu par la cris- tallisation à chaud en présence d'acide sulfurique libre : jes cristaux lavés deux ou trois fois à l’eau chaude, pi- lés, mis en presse pendant quarante-huit heures étaient ensuite desséchés à une température que je portais, vers la fin, jusqu'au rouge sombre. Le résidu anhydre dis- sous dans l’eau distillée et précipité par l’oxalate neutre d’ammoniaque donnait un oxalate d’yttria qu'une calci- nation prolongée au rouge blanc transformait en base exempte d'acide carbonique et de carbure d’yttrium. 120 DES MÉTAUX DE LA CÉRITE, ETC. Détermination de l'eau. I. 2gr,767 de sel ont perdu Ogr,6575 ou 23,76 pour cent d’eau, IL. 2gr,166 ont perdu Ogr,510 23,55 pour cent d’eau. IT. 4er,761 ont donné : eau 1,130 c’est-à-dire 23,73 pour cent. — Moyenne : 23,68 pour cent. Déterminahon de la base. 1. 29r,121 de sulfate sec ont donné 1,023 soit 48,93 p. cent de terre. IL De {gr,719 on a retiré 0,826 d'yttria, c’est-à-dire 48,09 p. cent. IE. 2gr,053 ont laissé 0,993 soit 48,37 p. cent de terre. l Il il Moyenne Poids atomiques : 466 462,5 168 165,5 ou 74,5 Comme contrôle on a fait une analyse de l’oxalate d'yttria : Ler,4775 ont laissé 0,6665 de terre soit 45,12 p. cent. L’équivalent 465 demande 45,27 p. cent. La composition du sulfate hydraté, calculée avec ce même équivalent, de- mande 23,71 p. cent d'eau; j'ai trouvé, en moyenne, 23,68. M. Berlin à trouvé pour le poids atomique de lyttria des nombres compris entre 462 et 464; les premiers doivent être les plus exacts, parce que plus lon débar- rasse l’yttria de ses congénères, plus son poids atomique s’abaisse *. ! Je présenterai ici mes vifs remerciements à MM. Edjund, Berlin et Hiortdahl qui ont bien voulu mettre à ma disposition d’assez fortes quantités de gadolinite et d’yttria pour ce travail et ceux qui suivront. DESCRIPTION ET THÉORIE | DE LA NOUVELLE MACHINE ÉLECTRIQUE DE M. HOLTZ == ——— Depuis plusieurs années un physicien de Berlin, M. Holtz, se préoccupait d'appliquer le principe de l’électro- phore à la construction d’une machine électrique. Après de laborieuses recherches et de nombreux essais, il est arrivé à réaliser cette idée ; il a construit un appareil qui surpasse dans ses effets les anciennes machines électri- ques, et tient jusqu'à un certain point le milieu entre celles-ci et les courants galvaniques. Donnons d’abord la description rapide des parties es- sentielles de cette machine, abstraction faite de tout dé- tail de construction. Deux plateaux circulaires en verre sont disposés sur un même axe et aussi près que possible l’un de l’autre sans qu'il y ait contact. L'un est plein et susceptible de tourner avec une grande rapidité autour de son axe. L'autre, représenté dans la figure ci-contre, est fixe et présente deux évidements tail- lés symétriquement aux deux extrémités d’un même diamètre Arcrives. t. XXV. — Février 1866. 9 122 NOUVELLE MACHINE ÉLECTRIQUE horizontal. Ces évidements portent, l’un à son bord supé- rieur, l'autre à son bord inférieur, une bande de papier munie d’une ou plusieurs languettes qui se prolongent dans l’évidement. Le plateau de verre mobile est placé devant le plateau fixe, et, plus en avant encore, deux peignes métalliques sont disposés parallèlement aux bandes de papier et reliés par un conducteur (Voyez PI. I, fig. 1). Telles sont les pièces essentielles de la machine dont le principe est très-facile à comprendre en se reportant à la théorie de l’électrophore. D'après cette théorie, lorsqu'on place le disque mé- tallique sur le gâteau de résine électrisé négativement, ses deux électricités se séparent : on décharge en pre- mier lieu la négative en faisant communiquer avec le sol le bord supérieur du disque avant de le soulever ; en second lieu on décharge la positive restée seule sur le disque. Cela étant, l'appareil décrit ci-dessus n’est qu'un élec- trophore dans lequel les décharges se répètent constam- ment et s'effectuent en sens contraire dans un même cir- cuit. En effet, pour faire fonctionner sa machine, M. Holtz commence par électriser négativement la bande de papier A (figure ci-contre), en même temps que le disque plein tourne avec rapidité dans le sens des aiguilles d’une montre. Les deux électricités de ce disque sont alors séparées par l'électricité négative de À : la positive attirée par elle, est retenue sur le disque, tandis que la négative s'écoule par le peigne P. DE M. HOLTZ. 123 C’est la première décharge de l'électrophore. L'électri- cité positive restée seule ‘ tourne avec le disque mobile, en continuant à être retenue par la négative répandue sur le disque fixe, jusqu’au moment où elle arrive devant l’'évidement <’. À ce moment-là attraction qui la retenait est supprimée ; elle devient donc libre et s'écoule par le peigne P’. C’est la seconde décharge de lélectrophore. Si tout se bornait là, la machine serait très-Imparfaite, car l'électricité négative de À se perdrait bien vite dans l'air, et l’action de la machine, après avoir rapidement di- minué, cesserait complétement. [1 faut donc fa rendre sus- ceptible de se recharger d'elle-même constamment, et voici comment celte condition se réalise. L’électricité po- sitive devenue libre en avant de l'évidement <” sur la face antérieure du disque tournant, décompose les deux électricités de la face postérieure : la positive se combine en partie avec la négative de la languette L’, dont la po- sitive est au contraire refoulée dans la bande de papier A’. Celle-ci se trouve donc chargée d'électricité positive qui décompose les deux électricités du plateau mobile. La positive s'écoule par le peigne P”, tandis que la néga- tive est retenue sur le disque mobile jusqu’à l’évidement e, là elle charge la bande A de la même manière que Fa été précédemment la bande A”. Tout recommence en- suite comme au premier tour du disque mobile, et l’action de la machine continue de la sorte tant que le disque tourne. Les décharges de ce nouvel électrophore se suc- cèdent avec une grande promptitude quand la rotation ‘ I n’y a de l'électricité positive que sur la face antérieure du dis- que ; sur la face postérieure elle est restée combinée avec la négative qui n’a pas pu s’écouler par le peigne comme celle de la face anté- rieure. 124 NOUVELLE MACHINE ÉLECTRIQUE du disque est suffisamment rapide ; il en résulte un cou- rant sensiblement continu dans le circuit qui relie les deux peignes P et P”. D’après ce qui précède, on conçoit que ce courant se compose de deux autres, que nous appellerons le primaire et le secondaire. Le primaire provient de l'écoulement de l'électricité repoussée par l’armature de papier A, main- tenant chargée; le secondaire provient de l'écoulement de l'électricité qui se trouvait sur le disque tournant. Ces deux courants sont de même sens, mais ils différent par leur intensité et leur tension. L’intensité du secondaire est inférieure à celle du primaire. En effet, les deux élec- tricités séparées en avant de À sous l’action de l’électri- cité de A’ et qui sont par conséquent égales en quantité, forment l’une le primaire, l’autre le secondaire ; seule- ment cette dernière, pour arriver dans le circuit où se propage le courant secondaire, doit parcourir un demi- cercle de P en P’; dans ce trajet, une partie de l’élec- tricité se perd dans l’air, l’autre est dépensée pour char- ger A'. Mais si le courant secondaire est inférieur au primaire pour la quantité d'électricité, en revanche il lui est supérieur en tension, Car la tension de l'électricité du primaire est moindre que la tension sur l’armature de papier et sur la face postérieure du disque tournant, et celle-ci est déjà moindre que la tension de l'électricité sur la face antérieure du disque tournant, qui donne lieu au courant secondaire. Donc la tension est moindre dans le primaire que dans le secondaire. Pour obtenir des étincelles, on sépare les deux conduc- teurs C et C’, qui forment le circuit. Or en éloignant ainsi ces deux conducteurs, on arrivera à un écartement tel que le courant secondaire puisse encore traverser la couche DE M. HOLTZ. 1925 d’air interposée, tandis que le primaire à cause de sa moin- dre tension ne le pourra plus. Alors la machine cesserait de fonctionner, car, le primaire n’existant plus, les électricités repoussées en À et A’, par l'influence des armatures ne pourraient plus s’écouler, et il n’y aurait plus séparation des électricités de nom contraire sur le disque tournant. Si l’on veut maintenir cet écartement des deux conduc- teurs, il faut donc ouvrir un autre chemin au courant pri- maire; c’est ce que l’on réalise de la manière suivante. On prolonge l’une des armatures, À par exemple, d’un quart de cercle jusqu’à A”, et cela simplement au moyen d’une feuille de papier, qui par l'attraction de l’é- lectricité s'applique d'elle-même sur la face postérieure du disque fixe. De plus on dispose en ayant de A ”un troisième pei- gne métallique qu’on relie au moyen d’un crochet B au conducteur C. Les deux électricités du dis- que tournant se séparent alors en avant de A", l’une s’é- coule dans le conducteur C’ et forme le courant primaire, l’autre va s’écouler dans le conducteur C où elle forme le courant secondaire et charge de plus l’armature A. Ainsi le courant primaire et le courant secondaire sont séparés. Si l'on continue à augmenter la distance des deux con- ducteurs C et C’ jusqu'à ce que le secondaire ne puisse plus la franchir, [es étincelles cesseront de se produire entre eux, et les deux courants se retrouveront réunis dans le troisième conducteur. Mais, dès que la distance 126 NOUVELLE MACHINE ELECTRIQUE de C et C’ sera redevenue assez petite, ils reprendront tous deux de préférence le premier chemin. Ainsi cette disposition permet d'écarter à volonté les deux moitiés du circuit primitif, sans risquer d'arrêter la marche de la machine. Telle est la théorie complète de cette machine telle que M. Holtz la conçoit lui-même, Il se propose du reste de faire encore des recherches pour éclaircir les points qui pourraient paraître douteux quant à la marche de l’élec- tricité dans cet appareil. Jusqu'ici 1l n'a été question que des éléments essen- tiels de cette nouvelle machine. Voici maintenant quelques détails sur sa construction et sur la forme que M. Holtz a adoptée après plusieurs essais. Cette disposition est re- présentée dans la figure 2 de la planche f. L’axe du disque mobile est en acier : il est porté à ses deux extrémités par deux traverses en caoutchouc durei fixées sur quatre supports en verre plantés eux-mêmes dans un cadre en bois. Le mouvement de rotation est im- primé, au moyen d’une manivelle, à un axe horizontal, également en acier, situé sur le côté de la machine; ce mouvement est transmis à l’axe du disque mobile par un système de deux roues et de deux pignons reliés par deux sordes, ce qui augmente la rapidité de ce mouvement dans le rapport de un à dix environ. Les deux axes en acier sont recouverts de caoutchouc durci pour les isoler. Le disque fixe est maintenu en quatre points de son contour dans des rainures en caoutchouc durei, fixées sur des tra- verses de verre horizontales. Ce disque doit en consé- quence être un peu plus grand que l’autre. Enfin les deux conducteurs sont portés par la traverse de caoutchouc an- DE M. HOLTZ. 127 térieure. et se terminent par deux tiges susceptibles de s'éloigner ou de se rapprocher à volonté pour ouvrir ou fermer le circuit. Afin dé rendre plus isolants les deux disques de verre, on les vernit à la gomme-laque; seulement celle-ci se dé- composant à la longue par l'électricité, 11 faut revernir de temps en temps les disques, et les essuyer souvent avec un linge humide pour enlever la poussière de charbon conductrice qui se forme dans cette décomposition. Li convient que les deux disques ne soient séparés que par une très-mince couche d'air, afin que la résistance opposée à la transmission d'électricité par influence des armatures de papier sur le disque mobile soit aussi pe- tite que possible, et que l’attraction réciproque des élec- tricités répandues sur les deux disques soit la plus grande possible. De plus, il faut que les disques eux-mêmes soient très-minces et taillés avec grande précision. Pour charger la machine, on peut se servir d’un mor- ceau de toile cirée qu'on électrise en la frottant sur une table avec une peau de chat, et qu’on amène ensuite en contact avec l’armature À, tandis qu’on fait tourner le dis- que mobile. On peut aussi employer avec avantage dans ce but une plaque de caoutchouc durci après en avoir préalablement gratté la surface qui est un peu conduc- trice de l'électricité. Pour obtenir une plus grande tension de l’électricité dans la machine, on se sert d’une petite bouteille de Leyde dont la forme permet de la poser commodément sur les deux conducteurs C et C’. Elle se compose d’un tube de verre fermé muni à ses deux extrémités de petits man- chons de bois entaillés s’adaptant sur les conducteurs. Les armatures sont très-petites : elles n’occupent qu’un 128 NOUVELLE MACHINE ÉLECTRIQUE tiers environ de la longueur du tube, et leurs extrémités traversant les manchons sont chacune en communication avec l’un des conducteurs. La quantité d'électricité fournie par la machine dans un temps donné est proportionnelle au nombre de tours du disque mobile pendant ce temps. On s’en assure par le fait que le nombre d’étincelles correspondant à un tour de manivelle est constant quelle que soit la vitesse de rota- tion. Mais cette vitesse de rotation ne peut pas être aug- mentée indéfiniment, car quand elle a atteint une certaine limite il se produit un grand ébranlement dans toute la machine. Pour augmenter la quantité d'électricité fournie par cette machine dans un temps donné, il n’y a done pas d'autre ressource que d'augmenter le nombre des points où, pendant un seul tour, le disque mobile se charge et se décharge; et pour cela, au lieu de deux armatures seulement, il faudra munir le disque fixe de 4, 6 ou 8 ar- matures de papier semblables à celles qui ont été décri- tes plus haut. D’un autre côté, si en les multipliant on rapproche trop ces armatures les unes des autres, leurs électricités de nom contraire se combinent et elles se dé- chargent ainsi les unes les autres ; il faut done employer. ce qui est évident du reste, des disques de verre d'autant plus grands que le nombre des armatures est plus consi- dérable. Les plus petites machines ne peuvent avoir moins de deux armatures; pour quatre armatures le disque de verre devra avoir au moins 35 à 40 centimètres de diamètre. La figure 3 (PL [) représente une machine à DE M. HOLTZ. 1429 quatre armatures, dans laquelle cependant il faut suppo- ser reliés ensemble par des tiges métalliques, d’une part les conducteurs À et 3 avec la tige C, d'autre part les conducteurs 2 et # avec la tige C”, disposition que l’on n’a pas représentée sur la figure pour ne pas la compli- quer davantage. En dernier lieu, nous avons maintenant à décrire les effets de la nouvelle machine électrique, qui, du reste, sont encore peu connus, car M. Holtz n’a pu faire jus- qu'ici qu'un très-petit nombre de recherches sur ce point. Voici cependant ce qu'il a trouvé : 4° Si l’on compare la nouvelle machine aux anciennes, on voit qu'elle s’en rapproche beaucoup, toutes propor- tions gardées, pour la tension, tandis qu’elle les surpasse très-sensiblement pour la quantité d'électricité dégagée dans le même temps. C’est par là qu'elle tient un peu le milieu entre les machines électriques ordinaires et les cou- rants : elle surpasse les premières en quantité, et les se- conds en tension tout en leur étant inférieure pour la quantité d'électricité. La longueur des étincelles doit donc être la même qu'avec les anciennes machines, et c’est ce qui a lieu à peu près. Ainsi, avec une petite machine dont les disques n’a- valent que 25 centimètres de diamètre, entre deux boules de 13% de diamètre, et avec l’aide de la petite bouteille de Leyde, on obtient une étincelle de 8 centimètres. La forme qu'affecte cette étincelle dans les différents cas est intéressante à observer. Avec une bouteille de Leyde on obtient naturellement une étincelle simple, d’un blanc intense, et formant de nombreux zigzags. Quand on em- ploie la machine sans la bouteille, on obtient une aigrette 130 NOUVELLE MACHINE ÉLECTRIQUE rouge-violette qui change de nature suivant les cas ; entre deux boules, les différents filets qui la composent se trouvent situés presque à la même place; 1 sont plus rapprochés les uns des autres vers le pôle positif que vers le pôle négatif, comme le montre la première des figu- res #. Entre deux pointes, ces filets, au lieu de rester à peu près parallèles, s’entrecroisent tous les uns les autres. Enfin entre deux boules éloignées l'une de l'autre on voit deux aigrettes bien tranchées : lune, la négative, est composée d’un grand nombre de filets très-courts: l’autre, beaucoup plus longue, est formée d’un seul filet vers la boule positive, qui va toujours en s’élargissant, comme le montre la troisième des figures 4. Cette machine dégageant une plus grande quantité d'électricité que les anciennes, elle charge plus vite une bouteille de Leyde ou une batterie. Mais le principal avan- tage qu'elle présente, c'est d'exiger très-peu de force pour la production de l'électricité, puisqu'il s’agit sim- plement de faire tourner un disque de verre très-mince, tandis que dans les anciennes machines on a un frotte- ment assez considérable à vaincre. 2° La machine de M. Holtz se rapproche à certains égards des appareils d'induction faibles. Pour obtenir des effets physiologiques, on introduit deux fils de cui- vre terminés par deux cylindres de laiton dans les pou- pées placées sur le devant de la machine et dont les extrémités supérieures sont mobiles et peuvent s'élever jusqu’à venir en contact avec les conducteurs de la ma- chine. On peut aussi produire dans les tubes de Geissler des effets lumineux qui sont tout aussi intenses qu'avec une forte machine d'induction. 3° Enfin les effets calorifiques, chimiques et magnéti- DE M. HOLTZ. 131 ques de la nouvelle machine sont très-faibles. [ls ort été fort peu étudiés jusqu'ici. M. Holtz a cependant entrevu des faits curieux, par exemple l’échauffement, par le passage du courant, de quelques corps mauvais conduc- teurs, tels que de petits morceaux de bois très-mince ou de papier, de 3 ou # centimètres de longueur, préalable- ment humectés pour augmenter un peu leur conductibi- lité. La décomposition de l’eau se fait difficilement, et une aiguille aimantée n’est presque pas déviée par le courant de cette machine. à On voit qu'il reste encore beaucoup à faire pour com- pléter l'étude de ces différents effets. La machine de M. Holtz ne tardera pas du reste à être mieux connue à ce point de vue, car elle se répand déjà, et elle aura bientôt sa place dans tous les cabinets de physique ‘. ‘ M. Holtz a donné spécialement à M. Schultz, constructeur à Ber- lin, et à M. Ruhmkorff, à Paris, toutes les indications nécessaires pour la construction de cette nouvelle machine. OBSERVATIONS LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE DANS DES GAZ TRÈS-RARÉFIÉS PAR M. A. DE WALTENHOFEN Dans son mémoire sur les spectres électriques des gaz?, M. Plucker fait remarquer «que ce serait d’un très- grand intérêt d'établir, par une observation rigoureuse du spectre de l'oxygène, la succession dans laquelle les dif- férentes couleurs du prisme disparaissent, quand le cou- rant électrique lumineux s'éteint peu à peu en raison de la disparition graduelle de l'oxygène et qu'il ne se trouve plus une quantité suffisante de matière pondérable pou- vant lui servir de conducteur.» Il y discute, en outre, certains phénomènes de la décharge électrique dans l’oxy- gène, qui conduisent à la conclusion que. les rayons les moins réfrangibles disparaissent les premiers. M. Plucker revient ailleurs Ÿ sur ce sujet et montre l'accord de cette conclusion avec la päleur croissante de la ligne H + dans une raréfaction extrême, puis son extinction complète, tandis que la ligne HB reste encore lumineuse: il indique enfin que, dans des degrés de raréfaction pour lesquels ! Pogg. Ann. CXXVI, 527. ? Pogg. Ann. CV, 79. 5 Pogg. Ann. CXVI, 51-54. LUMIÈRE ÉLECTRIQUE. ETC. 133 la lumière électrique disparaît dans l’air de plus en plus, on peut saisir des points de départ pour estimer la limite de la hauteur de l'aurore boréale. — Rappelons à cette occasion que, d’après une mesure préalable, la lumière commence à disparaître dans l'air à une pression baro- métrique de 0,3 millimètres et qu’elle disparait compléte- ment à 0,1 millimètre ; —cependant la hauteur (à peu près de 9 lieues) qui en résulterait pour la limite supérieure de l’aurore boréale serait très-inférieure à celle à laquelle conduisent les observations faites sur ce météore. J'ai eu l'honneur de faire quelques observations, soit sur la disparition successive des lignes spectrales, soit sur les degrés élevés de raréfaction auxquels les gaz peuvent encore exercer la fonction de conducteurs de la décharge électrique. Ce sont ces observations que je me propose d'exposer ici en raison de limportance qui s'attache à cette question. EL En vue d’autres recherches j'avais disposé la dé- charge d’un inducteur de telle façon que les spectres de l’azote, de l'hydrogène et du mercure apparussent simul- tanément. La pompe pneumatique à mercure de Kravogel que j’employais permettait d'opérer dans les raréfactions extraordinaires, et il me parut intéressant d'examiner à cette occasion l'influence de ces raréfactions sur les trois spectres que je viens de nommer. Lorsque l’éprouvette barométrique ! commençait à s’a- ! Les hauteurs de l'éprouvette barométrique sont indiquées ici parce qu’elles ont été lues et notées, mais elles n’indiquent point d’une ma- nière certaine les degrés de raréfaction. Je me suis assuré par des expériences directes, avec l'appareil que j'ai décrit dans le Journal de Dingler (1862), que les indications des éprouvettes ordinaires sont dé- fectueuses, quand il s’agit de très-grandes raréfactions, au point de ne pas pouvoir être prises en considération. 4 LUMIÈRE ELECTRIQUE ; baisser au-dessous de Ÿ millimètre, la partie du spectre de l'azote qui émergeait au-dessus de la ligne rouge de l’hydrogene (H2), était à peine appréciable et les raies qui se trouvent dans la ligne H4 disparaissaient aussi peu à peu, de telle facon qu'à une hauteur de l'éprouvette de 0,9 millim., les parties les moins réfrangibles du spectre de l'azote S’éteignaient jusque près de la limite du jaune. En continuant la raréfaction, la différence de niveau dans l’éprouvette (bien que cette dernière eût été soumise à l’ébullition avec beaucoup de soins) est passée du sens positif au sens négatif. Pendant ce passage, toutes les raies du spectre de l’azote, comprises entre les lignes Ho et Hg", ont disparu presque sans laisser de trace. Jusqu'ici le phénomène est parfaitement d'accord avec les prévisions, c’est-à-dire les raies spectrales s’éteignent d'autant plus tard qu'elles sont plus réfrangibles; mais la partie violette du spectre de l'azote a présenté une ex- ception à cette règle, en disparaissant (à peu près en même temps que le jaune) plus tôt que les parties vertes et bleues, qui continuaient longtemps à être lumineuses. sans Coloration reconnaissable, il est vrai, mais d’un gris de cendre fauve, qui ne s’éteignait complétement que lorsque la raréfaction arrivait à être beaucoup plus grande. Pendant cette opération, jusqu'au moment de de l'extinction, les raies étaient encore bien nettes dans le bleu, tandis qu'on n’en apercevait plus de traces dans le vert. Celte dernière partie du spectre offrait déjà depuis un certain temps l'aspect d'un espace vert vaguement li- mité, sans nuances d'ombre et paraissait enfin se dissou- dre en un brouillard gris de cendre faiblement lumineux, ‘ Ligne jaune du mercure. DANS DES GAZ TRÉÈS-RAREFIES. 1359 visible à partir de la ligne Hgg jusqu'au milieu de l’in- tervalle compris entre Hg6 et HB*. A mesure que la raréfaction augmentait, et tandis que la hauteur du mercure dans la branche négative de lé- prouvette pouvait être estimée entre 0.1 et 0,2 millimètres, on voyait le spectre de l'azote s’éteindre complélement. Des deux autres spectres, c'était celui de l'hydrogène qui était le premier entamé par une augmentation de la raréfaction ; la ligne rouge Hx s'éteignait la première et ensuite la ligne violette Hy. Pendant ce temps, la ligne jaune du mercure Hgx était réduite à une bande fauve faiblement lumineuse, qui ne tardait pas à disparaitre à son tour. Quant aux autres lignes H6, H96 et Hyy (ligne violette du mercure), on n'a pas pu les faire dis- paraître isolément ; elles se sont étemntes sensiblement tou- tes à la fois à une raréfaction qui, d'après un examen * minutieux, correspondait à 24,000 fois le volume primi- tif, et à laquelle le vide atteint ne permettait plus une décharge appréciable. Pendant le cours de ces opérations on à observé des changements remarquables dans la colonne de gaz qui servait de conducteur à la décharge. Je laisserai de côté les phénomènes connus, tels que les changements de cou- leurs dans la partie étroite et dans la partie large du tube“, ‘ Ligne verte du mercure. * Ligne bleue de l'hydrogène. 5 Par le procédé décrit dans mon mémoire sur l'effet obtenu par la pompe pneumatique à mercure de Kravogel (Dingler, p. [, 1862). 4 L'appareil qui a servi dans ces expériences a été décrit et repré- senté par un dessin, dans le mémoire cité dans la note précédente. I se compose d'un tube large et d’un tube étroit, réunis par du ciment dans une douille convenable en acier ; l'autre ouverture du tube large est munie d’une douille à robinet en acier qui se visse sur la pompe 136 LUMIÈRE ÉLECTRIQUE et ceux qui sont dus à une raréfaction croissante, en tant qu'ils peuvent être obtenus avec des pompes pneumati- ques ordinaires. Le courant lumineux dans le tube large avait déjà perdu tout vestige de lumière rouge et présentait l’aspect d’une colonne blanche stratifiée, quand le tube étroit émettait encore une lumière d’un violet rougeàtre. Cette colora- tion, due évidemment à l'hydrogène, persistait après l’ex- tinction complète du spectre de l'azote et ne disparaissait qu'avec la ligne rouge de l'hydrogène. A partir de ce moment, la lueur dans le tube étroit devenait aussi blan- châtre, à l'exception des points les plus voisins de l’élec- trode négative, fixée à l'extrémité du tube, où l’on aper- cevait une lumière verte jusqu’à la cessation complète de la décharge. Une lueur verte semblable, quoique beau- coup moins intense, apparaissait à l'endroit où le tube étroit communique au tube large. Après l'extinction du spectre de l'azote et lorsque, sous l'influence d’une raréfaction croissante, les deux autres spectres étaient déjà entamés, on pouvait observer une modification dans la marche du marteau de l’inducteur : en même temps, il se manifestait des phénomènes re- marquables dans le courant lumineux, qui dénotaient qu'on était tout près d’atteimdre wn vide qui ne permel- lait plus à la décharge de passer. — Les couches claires pneumatique, tandis que celle du tube étroit est fermée par un bou- chon d’acier fixé par du ciment et qui peut servir en même temps d’électrode. Comme cet appareil, en vertu de sa destination, avait été souvent rempli de mercure (ce qui explique les garnitures d’acier!), il y élait resté de petites gouttelettes de ce métal, qui sont la cause du spectre de mercure intense qui se produisait dans les expériences que nous venons de décrire. Je ferai observer d’ailleurs que toutes les ob- servations spectrales ont été faites avec le tube étroit. DANS DES GAZ TRÈS-RARÉFIES. 137 du courant lumineux, qui devenaient toujours plus blan- ches et s’espaçaient de plus en plus, tout en passant de la forme lenticulaire à la forme annulaire, se présentaient alors d’une manière #ntermittente, et enfin se résolvaient complétement en une faible colonne lumineuse continue et d'un gris d'acier; cette dernière finissait également par s’éleindre après avoir aussi présenté des intermittences. La faible lueur intermittente ne remplhissait toutefois plus complétement le tube. Arrivé près de ce degré de raré- faction, les couches qui apparaissaient parfois comme des éclairs dans la colonne lumineuse grise, lançaient souvent une vive lumière. J'ai observé d’autres irrégularités très-remarquables dans les stratifications quand on opérait à un degré élevé de raréfaction. — On sait que ces dernières s’écartent d'autant plus l’une de l’autre que la raréfaction devient plus grande, Ces intervalles présentent de grandes inéga- hités dans une raréfaction qui dépasse de beaucoup la limite qu’on peut atteindre au moyen des pompes pneumatiques ordinaires : quelques-unes des couches blanches de la co- lonne lumineuse se trouvent quelquefois à des distances doubles de celles qui existent entre les autres. Dans l’ex- périence que j'ai mentionnée, j'ai observé des intervalles obscurs de À centimètre et en même temps d’autres de 2 centimètres; du reste, sans qu'elles fussent distribuées régulièrement. Les couches claires ne paraissaient alors plus parallèles ; elles présentaient de petites inchnaisons irrégulières. Lorsque, comme nous l’avons mentionné plus baut, les couches claires du courant lumineux offraient parfois une vive lueur pendant leur intermittence, les spectres de l'hydrogène et du mercure répandaient une ARCHIVES. t XXV. — Février 1866. 10 138 LUMIÈRE ELECTRIQUE lumière plus intense correspondante, tandis que le spectre de l'azote déjà éteint ne reparaissait plus. Quand on faisait rentrer l'air graduellement, après l’ex- tinction de tous les spectres, les bandes lumineuses repa- raissaient dans l’ordre inverse de leur disparition, comme il était facile de le prévoir. Il ne serait d’ailleurs pas facile de déterminer avec cer- titude la succession dans laquelle, pour chaque spectre, les différentes sortes de lumière S’éteignent, parce que cela dépend de la clarté relative des lumières. — On ne peut donc pas conclure de lextinction apparente des lignes spectrales plus faibles, tandis que d’autres sont encore vi- siblement plus claires, que ces oscillations de lumière cor- respondent à une disparition prématurée réelle. De même, le fait cité plus haut de la disparition hâtive du violet dans le spectre de l'hydrogène ‘, ne peut en aucune façon être considéré comme contraire à la supposition que les rayons de lumière les moinsréfrangibles s’éteignent les pre- miers. D'autre part, cette supposition acquiert plutôt un haut degré de vraisemblance, si l’on considère que dans les trois spectres, dont nous avons parlé, les bandes les moins réfrangibles s’éteignaient réellement les premières, et que cela était le cas même pour la ligne Hz, malgré la grande el prépondérante intensité de lunière qu’elle présente en comparaison de la faible hgne Hy°. Quand plusieurs spectres sont en présence à la fois, les rapports de clarté doivent aussi indiquer lequel de ces spectres est le premier entamé ou même complétement { Il sera question plus tard du même phénomène dans le spectre de l'azote. * Comme on la vu plus haut, c'est Hz qui s'éteint en premier lieu, puis HY et enfin H$. DANS DES GAZ TRÉS-RARÉFIES. 139 éteint". Voici une expérience directe qui vient à l'appui de cette assertion. I. Un tube à thermomètre, muni à ses deux bouts d'une douille à robinet et dans lequel des fils de platine fins servaient d’électrodes, pouvait s'adapter à la pompe pneumatique et être rempli d'air sec, en y aspirant au moyen de la pompe un courant d'air passant sur du chlo- rure de calcium, jusqu'à ce qu'on pût admettre que le tube et les parties de la pompe en communication avec lui fussent pleins d'air sec. — Quand, après avoir fait le vide dans le tube, ainsi préparé, on y faisait passer la dé- charge, un fable spectre d'hydrogène se montrait à côté du spectre de l'azote, preuve que la dessiccation n'avait pas été complète; en outre, on apercevait un spectre du mercure faiblement lumineux, et qui était occasionné par la présence de mercure dans le corps de pompe commu- niquant avec ie tube. En continuant la raréfaction, les lignes Hz et H; s’é- teignaient* même avant les lignes violettes du spectre de ! La facilité avec laquelle un gaz est entrainé pendant la raréfac- tion exerce naturellement une influence notable sur les modifications des rapports de clarté des spectres en présence dans le cours de l’expé- rience. M. Plücker a observé (Pogg. Ann. t CXVI, p 51), en effet, qu’en opérant avec de l'air et de l'acide carbonique, s’il reste seulement des traces d'eau dans le tube, l'acide carbonique et l'air sont entrainés plus facilement pendant la raréfaction que l’hydrogène qui résulte de la décomposition, par le courant, de la vapeur d'eau qui se condense sur le verre et dont il est très-difficile de se débarasser. Il arrive ainsi un moment où l'analyse spectrale ne donne plus que les raies de hydrogène le plus pur. L'hydrogène est alors le seul conducteur de la décharge ; le gaz primitif ne fonctionne que jusqu’à un certain degré de raréfaction comme véhicule de la décharge. * Ce résultat n’est pas en opposition avec l’observatiou de M. Plüc- ker citée dans la note qui précède, savoir : qu’en général les traces 140 LUMIÈRE ÉLECTRIQUE l'azote et la ligne Hga, tandis que dans l'expérience pré- cédente c'était le spectre de l'hydrogène qui, en raison de sa plus grande intensité, résistait le plus longtemps. Dans cette expérience on n'a pas pu réussir à éteindre complé- tement tous les spectres: on en trouvera l'explication plus loin. IT. Dans une troisième expérience on a employé un tube large de 2 centimètres et d’une longueur de 420 centimètres, qui à été rempli une fois avec de l'air ordi- naire et une autre fois avec du gaz d'éclairage, La grande longueur de ce tube, comparée à celle de la première pexérience (7 1 centimètres), m'avait porté à croire que je réussirais plus facilement à atteindre le point auquel la décharge cesse de passer. Toutefois c’est le contraire qui a eu lieu : je n’ai réussi à éteindre la colonne lumineuse ni dans Pair, ni dans le gaz d'éclairage; elle n’était pas même devenue intermittente dans une raréfaction de plus de 20000 fois le volume primitif. Dans le gaz d'éclairage le phénomène lumineux à pré- senté une particularité remarquable. Les couches blan- ches de la colonne lumineuse qui au commencement af- fectaient la forme de petits disques plats lenticulaires superposés, ne se bornaient pas à s’écarter à mesure que la raréfaction augmentait, mais elles prenaient en même temps une plus grande épaisseur ; les disques devenaient d'hydrogène persistent plus longtemps que l'air (azote); il montre seulement que dans ce cas-ci l'air a été plus complétement desséché que d'habitude. Dans cette expérience on a eu soin en outre de ne pas laisser un seul instant la pompe communiquer avec l'air extérieur ; l'air évacué était conduit dans un grand ballon vide d'air et desséché au chlorure de calcium qui était annexé à la pompe dont on se ser- vait. DANS DES GAZ TRÈS-RARÉFIÉS. 141 toujours plus cylindriques et offraient, à une raréfaction extrême, une épaisseur de À centimètre, en étant séparés par des intervalles de même dimension. À mesure que là raréfaction augmente, les bords des disques deviennent moins nets et les couches claires finissent par se résou- dre peu à peu en un courant lumineux d’une intensité très-faible. La raison pour laquelle on n’a pas réussi dans IT et HI à éteindre les spectres par une raréfaction prolongée, tan- dis que dans { on a constamment réussi, tient à la forme des électrodes. Tandis que dans Il et HE les électrodes étaient des fils métalliques pointus, la décharge s’effec- tuait dans [ entre une goupille émoussée de À millimètre d'épaisseur située à la partie supérieure du tube et la douille à robinet à la partie inférieure. Les expériences que nous venons d'exposer condui- sent aux conclusions suivantes : 1° Dans chaque spectre, pris 1solément, ainsi que M. Plücker l'a établi, et à une raréfachon suffisante, les ban- des les moins réfrangibles s'éteignent avant celles qui sont le plus réfrangibles ; et al est probable que cet ordre se main- tient tant qu'une clarté relative trop faible des lignes spectra- les réfrangibles ne détermine pas des exceptions apparentes. 2° Quand plusieurs spectres se présentent simultané- ment, l'ordre dans lequel ils sont entamés, ou même s'étei- gnent, par une raréfachion toujours croissante, dépend de leurs intensités relatives el par conséquent des proportions du mélange des gaz incandescents. Ces deux propositions me paraissent n'être pas sans im- portance pour la chimie. Si elles étaient admises on pour- rait dans certains cas décider l’état simple ou composé d’un corps gazeux. Supposons, par exemple, qu’en examinant 142 LUMIÈRE ÉLECTRIQUE un spectre pendant une raréfaction prolongée, on remar- que qu’une ligne spectrale d’une plus grande réfrangibi- lité disparaisse plutôt qu'une autre ligne moins réfrangible mais d’une intensité lumineuse égale ou supérieure; cela indiquerait évidemment que le gaz soumis à Fexpérience est composé, puisque, selon ces propositions, il faudrait considérer le spectre observé comme formé de la super- position d'au moins deux spectres appartenant à deux véhicules matériels de la décharge cdfférents lun de Fautre”. 3° Les stralifications de la lumière électrique, qui s’é- cartent et grossissent par l'augmentation de la raréfac- tion, deviennent irréqulières et intermittentes dans un es- pace extrémement raréfié el disparaissent peu à peu en se résolvant en un courant lumineux continu. qui finalement s'éteint aussi. L'extension surprenante que prennent les intervalles des couches dans les raréfactions extrêmes fait désirer qu'on entreprenne de nouvelles recherches pour s’assu- rer si dans certains cas il ne se présente pas aussi des couches là où on n’en avait pas encore observé” ; car, sous l'influence de la décharge électrique, la décomposi- tion d’un gaz, considéré jusqu'ici comme un Corps Ssim- ‘ Bien que la richesse des couleurs du spectre de l'azote soit très- remarquable, n'est-il pas plus remarquable encore que les lignes vio- lettes s’éteignent plus tôt que d’autres moins réfrangibles et d'une clarté à peine supérieure ? Cette circonstance, rapprochée de ce qui a été dit plus haut, rend tres-douteux l'élat de ce corps considéré comme corps simple Pour l'hydrogène au contraire, dont la ligne HY s’éteint longtemps avant la ligne H3, qui est beaucoup plus lumineuse, on n’est point du tout porté à faire une hypothèse semblable. * Pour des gaz simples, par exemple, voyez : Sur les stratifications de la lumière électrique, par M. Reitlinger. (Comptes rendus de l'Acad. de Berlin, vol. 43, IL, p. 21.) DANS DES GAZ TRÉS-RARÉFIÉS. 143 ple, pourrait avoir lieu, et ses éléments — dans l'hypo- thèse de M. Reitlinger — pourraient selon leur conduc- tibilité donner naissance à des stries; ou bien encore dans certains cas, et à une raréfaction extrême , il pour- rait par place se représenter de ces discontinuités, aux- quelles M. Riess attribue la formation des stries. L'idée d’une décomposition de cette nature est corro- borée par la circonstance que le gaz qui sert de conduc- teur au courant doit acquérir une température toujours plus élevée à mesure que la raréfaction augmente ; c’est pour cette raison que plus les couches deviennent moins nombreuses, plus leur incandescence devient vive, jus- qu'à ce que nous ayons les phénomènes mentionnés plus haut, qui précèdent la cessation de la décharge dans un vide qui est arrivé à un degré où il ne peut plus la transporter. 4° Le degré de raréfaction auquel la décharge s'arrête, dépend aussi de la nature des électrodes ; si la décharge s'effectue entre des pointes, elle n'est pas interceptée par une raréfachon de plus de vingt mulle fois le volume pri- mitif".— On peut étendre ce résultat d’une manière gé- nérale à d’autres électrodes dont la contexture favorise à la façon des pointes la transmission de l'électricité, par exemple, des corps très-divisés d’une conduetibilité sem- blable. Il résulte de tous ces faits que l'extinction de la lu- mière électrique qu’on observe à un certain degré de ra- Quand M. Plücker fait observer que la lumière dans l'air com- mence à disparaître à une pression approximative de Omm 3, et qu’elle s'éteint complétement à Om®,1 (Pogg. Ann. t. CXVI, p. 53), on est fondé à admettre que dans cette expérience les électrodes n'étaient pas des pointes. 144 LUMIÈRE ÉLECTRIQUE réfaction, n'autorise point à conclure que le gaz employé n'est pas capable de transmettre la décharge à ce degré de raréfachon, puisque la nature des conducteurs qui terminent la colonne de gaz (sous forme d’électrodes) dé- termine tantôt plus, tantôt moins facilement le passage de la décharge dans le gaz”. Si l'on pouvait mettre en communication immédiate une colonne d'air raréfiée au vingt millième (dans laquelle la décharge ne passe plus quand les électrodes sont émoussées, mais où elle se trans- met encore entre des électrodes très-cflilées) et sans chan- ger son degré de raréfaction, avec une autre colonne d'air, dans laquelle la décharge a lieu, il n'y à pas de doute que cette dernière décharge ne passerait pas dans la première colonne. Appliquant à l'atmosphère ce qui vient d'être dit, on arrive à ce résultat que les décharges électriques qui ont lieu dans les régions inférieures, peuvent aussi se trans- mettre dans les couches supérieures où la raréfaction est au vingt millième, et même dans des régions bien plus élevées, d'après les expériences que nous avons men- tionnées. — En effet, la décharge entre des pointes s’effec- tue assez complétement dans de l'air raréfié au vingt millième, pour qu'on n'aperçoive aucune intermittence de la colonne, ni aucun autre signe précurseur d'un degré de raréfaction qui refuserait le passage à la décharge. On peut donc admettre que ce ne serait qu'à des degrés de raréfaction beaucoup plus élevés que se trouverait le point où l'air, à cause de sa trop grande raréfaction, ne pour- rait plus servir de conducteur à la décharge. ! Il ne serait pas sans intérêt de s'assurer par un examen direct si l'intensité de tension de l’inducteur n’exerce pas aussi une influence sur ce phénomène. DANS DES GAZ TRÈS-RARÉFIES. 145 Quand on considère les circonstances dans lesquelles les décharges électriques occasionnent Faurore boréale dans l'atmosphère, on est conduit à la supposition que la limite au delà de laquelle la raréfaction de Pair ne permet plus la transmission de semblables courants électriques lumineux ‘, doit se trouver à une élévation bien plus considérable que celle que lon attribue géne- ralement à l'atmosphère *. Cette supposition n’est d’ail- leurs point en opposition avec les observations de M. Plücker qui ont été mentionnées dans le mémoire cité plus haut. ‘ Cette limite serait à une hauteur de 9 lieues environ, conformé- ment aux évaluations de M. Plücker (Pogg. Ann.t. CXVI, p. 53), en > ; RES. B faisant les calculs d'après la formule 346,023 FT log. > dans laquelle À est la hauteur, R le rayon de la terre, et B et bles hauteurs relatives supérieure et inférieure du baromètre. * D’après les observations du crépuscule, cette hauteur atteindrait à peine 10 milles. SUR LE REGEL DE LA GLACE PAR M. HELMHOLTZ Er M. TYNDALL M. Helmholtz a entrepris la publication de lectures et de cours populaires sur divers sujets scientifiques". La première livraison de cet intéressant ouvrage contient entre autres une leçon sur la glace et les glaciers; l’é- minent professeur de Heidelberg a adopté à peu près complétement les théories de M. Tyndall qui sont bien connues des lecteurs des Archives ?. Cependant il ne par- tage pas sa manière de voir sur la cause du regel de la glace ; 1l adopte la théorie de M. Thomson, basée sur le fait de l’abaissement du point de fusion de la glace sou- mise à une pression. ‘ Populäre wissenschaftliche Vorträge, von H. Helmholtz, in-8°. Braunschweig, 1865. * M. Helmholtz, en s’occupant des causes du froid sur les hautes montagnes, insiste sur le fait signalé par M. Ch. Martins du refroidis- sement que l'air éprouve par sa dilatation. « Ainsi, dit-il, quand, par exemple, les vents du sud entraînent vers le nord l'air chaud de la : Méditerranée, et le forcent à passer par-dessus la grande muraille des Alpes, cet air, en raison de la moindre pression atmosphérique, se dilate de la moitié de son volume environ, et par suite il se re- froidit considérablement. Ce refroidissement, pour une hauteur moyenne de 11000 p., est de 16 à 20° R., suivant que l'air est hu- mide ou sec. En même temps il abandonne la plus grande partie de son humidité sous forme de pluie ou de neige. Quand cet air ar- rive ensuite dans les vallées et les plaines sur le versant nord des Alpes, il se condense et se réchauffe de nouveau. Le même air qui est chaud des deux côtés de la montagne, est très-froid sur les hau- teurs, où il peut précipiter de la neige, tandis que dans la plaine « nous trouvons sa chaleur insupportable. » ES À & = = = ES = = Li = ES SUR LE REGEL DE LA GLACE. 447 Nous allons donner la traduction d'un appendice à cette leçon, dans lequel M. Helmbholtz discute la ques- tion du regel. « La théorie du regel de la glace a été le sujet d’une controverse entre M. Faraday et M. Tyndall d'une part, et MM. J. et W. Thomson de l’autre. J'ai adopté la théorie de ces derniers, dans le texte de mon cours, et je dois justifier ici ma manière de voir. « Les expériences de M. Faraday montrent qu'une pres- sion extrêmement petite, même celle qui résulte de la ca- pillarité de la couche d’eau placée entre deux morceaux de glace, suflit pour produire le regel. M. James Thomson à déjà fait observer que dans les expériences de Faraday la pression, entre les morceaux de glace, n'était pas complétement éliminée. Mes propres expériences m'ont convaincu que la pression peut être très-faible. Seule- ment il est à remarquer que plus la pression est faible, plus il faut de temps pour que les deux morceaux de glace se soudent l’un à l’autre, et qu'alors le pont qui les unit est très-mince et très-facile à rompre. Ces deux faits ressortent facilement de la théorie de M. Thomson. Avec une pression faible, la différence de température entre la glace et l’eau est très-petite, et la chaleur latente des couches d’eau en contact avec les parties comprimées de la glace est absorbée extrêmement lentement, en sorte qu'elles emploient nécessairement beaucoup de temps pour se geler. Nous devons aussi remarquer qu'en général les deux surfaces de glace en contact ne peuvent pas être considérées comme exactement superposables. Sous une pression faible, quine peut pas changer sensiblement leur forme, les surfaces de contact se réduisent pour ainsi dire à trois points; concentré sur des surfaces de contact 148 SUR LE REGEL DE LA GLACE, aussi petites, un effort même faible pourra toujours déve- lopper une pression locale notable, sous l'influence de la- quelle une petite quantité de glace fond, et se regèle: mais dans ce cas la jonction sera toujours mince. «Sous une plus forte pression, qui peut modifier davan- tage et mouler l’une sur l’autre la forme des morceaux de glace comprimés, il se produira une fusion plus considé- rable des parties qui étaient d'abord en contact: l’on ob- üendra une plus grande différence de température entre la glace et l’eau, et par conséquent il se formera plus rapidement une jonction d'une plus grande largeur. « Pour montrer la lenteur de l’action des petites diffé- rences de température, j'ai disposé l'expérience suivante : On à rempli d’eau jusqu'à la moitié un ballon de verre dont le col avait été étiré. On à fait bouillir cette eau de manière à chasser l'air par la vapeur, et, enfin, on a fermé à la lampe le col du ballon pendant l'ébullition. Après le refroidissement, le ballon est vide d'air, et l'eau qu'il contient n’est plus soumise à la pression de latmosphère. Comme dans ces conditions de l’eau peut être refroidie notablement au-dessous de 0°, sans qu’elle congèle, tan- dis que, lorsque la congélation à commencé, elle continue à s'effectuer à O°, on a eu soin de placer d’abord le ballon dans un mélange réfrigérant jusqu’à ce que l’eau se fût changée en glace: puis on l’a laissée ensuite se fondre lentement jusqu'à la moitié dans une salle à la tempéra- ture de 2°. «Ensuite on a placé le ballon, dans lequel se trouvait encore un disque de glace, dans un mélange de glace et d’eau, dont il était complétement entouré, Au bout d’une heure environ le disque de glace était adhérent à la pa- roi de verre du bailon. On pouvait le détacher par une SUR LE REGEL DE LA GLACE. 149 secousse, mais il se regelait toujours de nouveau. On à laissé le ballon pendant huit jours dans le mélange à 0°. Il se forma pendant ce temps sur le fond, dans l’eau, des cristaux de glace, très-réguliers et aigus, qui se dévelop- paient très-lentement. C’est peut-être la meilleure mé- thode pour obtenir de beaux cristaux de glace. « Ainsi tandis que la glace extérieure, qui se trouvait sous la pression d’une atmosphère, se fondait lentement, l’eau intérieure dont le point de congélation plus élevé de 0°,0075 à cause du manque de pression, se cristallisait. La chaleur enlevée à l’eau devait traverser toute l'épais- seur des parois de verre du ballon, ce qui, joint à la très- petite différence de température, explique la lenteur de la congélation. « La pression d’une atmosphère sur un millimètre carré s'élève à 10 grammes environ; par conséquent un morceau de glace pesant 10 grammes, et reposant sur un autre en le touchant par trois petites pointes dont les surfaces de contact, prises ensemble, s'élèvent à un milli- mètre carré, produit déjà sur ces pointes une pression d’une atmosphère, et la formation de la glace dans l’eau avoisinante peut avoir lieu beaucoup plus vite que ce n’était le cas dans le ballon, où une paroi de verre séparait la glace de l’eau. Même avec des morceaux de glace d’un poids beaucoup plus petit, le regel pourrait se produire dans l’espace d’une heure. A la vérité, plus les ponts nouvellement formés deviennent larges, plus la pression exercée sur le morceau de glace supérieure doit se re- partir sur des surfaces plus grandes et devenir, par con- séquent, plus faible; en sorte que les ponts de jonction, sous une pression aussi fable, ne peuvent augmenter que peu et lentement, et sont par suite facilement brisés lors- qu'on cherche à séparer les morceaux de glace. 150 SUR LE REGEL DE LA GLACE, € Quant aux expériences de Faraday, dans lesquelles deux morceaux de glace percés étaient suspendus à une üge de verre horizontale, sans que la pesanteur püt exer- cer une pression entre eux, il n'est pas douteux que l'attraction capillaire ne soit suffisante pour produire entre les morceaux une pression de quelques grammes , et ce qui a été dit plus haut montre que c'est là une pres- sion capable de produire des ponts de jonction au bout d'un temps suffisant. € Si, au contraire, on, presse fortement l'un contre l'autre, avec les mains, deux des cylindres de glace déjà décrits, ils adhèrent si fortement l'un à l’autre au bout de quelques instants, qu'il faut un effort considérable pour parvenir à les briser de nouveau, et même quelque- fois la force des mains n’est pas suffisante pour cela. « Dans mes expériences j'ai trouvé généralement que la solidité et la rapidité de la soudure des morceaux de glace correspond si exactement à la pression employée, que je ne puis douter que la pression ne soit véritable- ment la cause sufisante de la soudure. « Dans l'explication proposée par M. Faraday, suivant laquelle le regel résulterait d’une action de contact de la glace sur l’eau, je trouve une difficulté théorique. Lors de la congélation de l’eau, une quantité très-notable de chaleur latente doit être mise en liberté, et l’on ne voit pas ce qu'elle devient. « Finalement, si la glace, avant de se liquéfier, passait par un état intermédiaire de viscosité, un mélange de glace et d’eau qu'on laisserait pendant plusieurs jours à la tem- pérature de 0° devrait en définitive prendre uniformément cet état dans toute sa masse, dès qu'elle aurait compléte- ment et uniformément acquis cette température; or, tel n'est jamais le cas. SUR LE REGEL DE LA GLACE. 151 « Quant à ce qu'on a appelé la plasticité de la glace, M. James Thomson en a donné une explication qui ne suppose point la formation de ruptures dans l'intérieur de la glace. Dans le fait, il est clair que, lorsqu'une masse de glace subit de fortes pressions mégalement ré- parties dans son intérieur, une partie de la glace la plus comprimée doit fondre, et la chaleur nécessaire à cette liquéfaction lui est fournie par la glace moins com- primée et par l’eau en contact avec elle ; ainsi, dans les parties comprimées, la glace fondrait, et dans les parties non comprimées , l'eau gélerait, de sorte que de cette manière la glace se déformerait successivement et céde- rait à la pression. Mais il est évident aussi que, par suite de la mauvaise conductibilité de la glace pour la chaleur, une pareille opération doit se produire avec une lenteur extraordinaire, si, comme c’est le cas dans les glaciers, les couches de glace comprimées et plus froides sont à une grande distance des couches moins comprimées et de l’eau qui doivent leur fournir de la chaleur pour la fusion. « Pour éprouver cette théorie, j'ai placé dans un vase en verre, un morceau de glace cylindrique d'environ un pouce de diamètre entre deux disques de glace de trois pouces de diamètre, et j'ai chargé le disque supérieur d’une pièce de bois, sur laquelle j'ai placé un poids de 20 livres. Ainsi la section du petit morceau de glace était soumise à une pression de plus d’une atmosphère. Tout le vase fut entouré de morceaux de glace et laissé pendant cinq jours dans une chambre dont la tempéra- ture était peu supérieure à 0°. Dans ces circonstances, la glace soumise à la pression dans le vase devait fondre, et l’on pouvait s'attendre à ce que le cylindre étroit, sur lequel la pression s’exerçait le plus fortement, se fon- 152 SUR LE REGEL DE LA GLACE. dit principalement. Il se formait aussi un peu d’eau dans le vase, mais principalement aux dépens des grands dis- ques de glace, qui, placés au-dessus et au-dessous, pou- valent recevoir, au travers des parois du vase, de la cha- leur provenant du mélange extérieur de glace et d’eau. I se produisit aussi un petit anneau de nouvelle glace au- tour des points de contact du petit morceau de glace avec le large disque placé au-dessous, ce qui montre que l'eau, qui s'était formée sous l'influence de la pression, s'était regelée là où la pression cessait d'agir. Néanmoins, dans ces conditions, il ne s'était manifesté aucun changement notable dans la forme de la pièce intermédiaire qui était le plus fortement comprimée. « Ainsi, bien qu'il doive se produire des changements de forme des morceaux de glace au bout d’un temps très- long, conformément à l'explication de M. Thomson, c’est- à-dire parce que les parties les plus fortement compri- mées se fondent et que la glace se reforme dans les places qui ne sont pas soumises à la pression ; l'expérience mon- tre toutefois que ces changements doivent se produire extraordinairement lentement, dans les parties où l’épais- seur du morceau de glace au travers duquel la chaleur est transmise est un peu considérable. Un changement de forme notable, par la fusion, dans une enceinte à une température uniforme de 0°, ne pourrait pas se produire sans une transmission de chaleur provenant du mélange extérieur de glace et d’eau non comprimée ; c'est ce qui ne peut s'effectuer qu'avec une extrême lenteur dans ce cas, où les différences de température sont très-petites et où la mauvaise conductibilité de la glace rend très- lente la propagation de la chaleur. « Au contraire, les expériences sur la pression, qui SUR LE REGEL DE LA GLACE. 153 ont été décrites’plus haut, montrent que la formation de fissures et le déplacement relatif des surfaces des fis- sures, rend possible un changement de forme, particuliè- rement dans la glace granuleuse : et la preuve que des changements se produisent de cette manière dans la glace des glaciers, se trouve clairement dans la structure vei- née, dans l'agrégation évidente des fragments granu- laires, dans la manière dont les couches changent de po- sition relative par le mouvement, etc. Je ne doute donc point que M. Tyndall n'ait indiqué la cause essentielle et principale du mouvement des glaciers, lorsqu'il l’attribue à la formation de crevasses et au regel. «Je dois encore rappeler 1c1 que le frottement, dans les grands glaciers, doit engendrer une quantité de cha- leur considérable: en effet, le calcul montre que, lors- qu’une masse de névé descend du col du Géant jusqu'à la source d’Arveyron, l'influence de la chaleur engendrée par le travail mécanique peut en fondre la quatorzième partie. Et comme le frottement doit être le plus grand dans les places où la glace est la plus comprimée, il doit sans doute aussi contribuer à faire disparaître les parties de la glace qui s'opposent le plus à la progression. « Finalement, je dois encore mentionner que la struc- ture granuleuse de la glace est facile à reconnaître à l’aide de la lumière polarisée. Quand on comprime dans un moule de fer, un morceau de glace limpide, de manière à le transformer en un disque de 5 millimètres d’épais- seur environ, sa transparence est encore assez grande pour qu’on puisse le soumettre à l'observation. On voit à son intérieur, à l’aide de l'appareil de polarisation, une grande quantité de places et d’anneaux différem- ment colorés, et l’on reconnait aisément par l’arrangement AucHives. & XXV. — Février 4866. 11 154 SUR LE REGEL DE LA GLACE. des couleurs, les limites des petits fragments de glace, composant la plaque et dont les axes optiques sont dis- posés dans une foule de directions. L'apparence est es- sentiellement la même, soit au commencement, c’est-à- dire lorsque la plaque, venant d’être sortie du moule, les fissures ne se manifestent que comme des lignes blan- châtres, soit plus tard lorsque les fentes se sont remplies d'eau par le commencement de la fusion. « Pour expliquer la permanence de la cohésion du mor- ceau de glace pendant cette déformation, il faut observer que les fentes, dans la glace granuleuse, forment seulement des crevasses dans le fragment et ne le traversent pas de part en part. C’est ce que l’on voit directement lorsqu'on comprime la glace. — Les fentes se forment et s'étendent de différents côtés, comme les fissures que produit un fil métallique chaud dans un tube de verre. La glace pré- sente en outre une certaine élasticité, comme on peut le reconnaitre à la flexibilité de lames minces; ainsi un bloc de glace fissuré pourra permettre Le déplacement des deux côtés qui limitent la fente, même lorsque ses deux parties sont réunies par la partie du bloc qui n’est pas fendue. Quand la partie de la fente qui s’est formée la première a été refermée par le regel, la fente peut s'étendre finale- ment de l’autre côté, sans que jamais la continuité du bloc ait été complétement détruite. Il me parait ainsi dou- teux que dans la glace comprimée, qui consiste évidem- ment en grains polyédriques entrelacés, ou dans la glace des glaciers, les fragments soient complétement isolés les uns des autres, avant qu'on cherche à les séparer, et qu’ils ne soient pas plutôt reliés par des ponts de glace, faciles à briser, qui produiraient la solidité comparative de l’amas de cet assemblage évident de granules. SUR LE REGEL DE LA GLACE. 155 « Ces propriétésde la glace présentent aussi de l'intérêt au point de vue physique, parce qu’elles permettent de reconnaitre mieux que par tout autre moyen connu, le passage d'un corps cristallin à Pétat granulaire, et les causes d'où dépend le changement de propriétés qui en résulte. La plupart des corps de la nature ne présen- tent pas de structure cristalline régulière, tandis que nos vues théoriques se rapportent seulement à des corps cris- tallisés et parfaitement élastiques. C’est justement sous ce rapport que le passage de la glace cristallisée élastique et fragile à l'état de glace granuleuse plastique me parait un exemple très-imstructif. » Cette publication de M. Helmholtza déterminé M. T yndall à faire connaître quelques expériences nouvelles sur le regel et quelques considérations à l'appui de son opinion". Nous extrayons les passages suivants de son travail. « J'ai placé un petit morceau de glace dans de l'eau chaude et au-dessous de lui j'ai glissé un second morceau de olace. Le fragment submergé était si petit que la pression verticale était presque nulle, néanmoins il se soudait à la surface inférieure du morceau de glace placé au-dessous de lui. Deux morceaux de glace ont été placés dans un vase rempli d'eau chaude; lorsqu'on les laissait se rapprocher lun de lautre, ils se regelaient dès qu'ils se touchaient. Les parties voisines du point de contact fondaient rapide- “ment, mais les deux pièces restaient unies pendant un certain temps par un étroit pont de glace. Finalement le pont fondait aussi et les deux pièces se séparaient mo- mentanément, Mais on sait que des corps que l’eau ‘ Philosophical Magazine, décembre 1865. 156 SUR LE REGEL DE LA GLACE. mouille et contre lesquels elle s’élève par attraction ca- pillare, se rapprochent les uns des autres lorsqu'ils flot- tent sur l’eau; c’est ce qui arrivait aux morceaux de glace qui se ressoudaient alors immédiatement. Il se for- mait un nouveau pont, qui se fondait à son tour, puis les pièces se réjoignaient comme précédemment. Il se pro- duisait ainsi une sorte de pulsation entre les deux mor- ceaux de glace: ils se touchaïent et se ressoudaient; il se formait un pont qui fondait et laissait des morceaux sé- parés par un intervalle; ils se rapprochaient, se soudaient de nouveau, et ainsi de suite. On a ainsi l'explication de ce fait curieux que, lorsqu'on place plusieurs grands mor- ceaux de glace dans de l’eau chaude, le regel se maintient entre eux aussi longtemps qu'ils ne sont pas fondus. Les fragments ont à la fin à peine la centième parte de leur dimension primitive, et se soudent constamment les uns aux autres de la manière décrite, jusqu’à leur disparition complète. Ce qui se produit pour des fragments de glace dans un vase d’eau, se produit aussi pour les blocs de olace qui flottent sur le lac Märgelin, et probablement on observerait le même jeu du regel sur les banquises de l'Océan. Il y aurait là un intéressant sujet d'étude. « Dans la théorie du professeur James Thomson, pour que le regel s'effectue, il faut que les morceaux de glace exercent une pression afin que la glace environnante puisse fournir la chaleur nécessaire à la liquéfaction de la partie comprimée ; alors l'eau doit s'échapper et elle se regèle. Tout cela demande du temps; dans les expé- riences précédentes cependant, l'eau liquéfiée par la pres- sion s’écoulait dans l’eau chaude environnante, et néan- moins les morceaux flottants se regelaient en un instant. Il n’est pas nécessaire que les surfaces qui se touchent SUR LE REGEL DE LA GLACE. 157 soient plates, cas où l’on pourrait supposer qu’une couche d’eau à la température de 0° se trouve comprise entre elles. Les surfaces en contact peuvent être convexes, elles ‘peuvent se toucher par des pointes seulement qui, en- tourées d’eau chaude, se dissolvent rapidement pendant qu'elles s’approchent les unes des autres; et pourtant elles se regèlent immédiatement dès qu'elles se touchent. « Nous avons quelques mots à dire relativement à deux points sur lesquels insiste M. Helmholtz : l’un est un ar- gument en faveur de la théorie qu'il a adoptée, et l'autre une objection à l'explication de M. Faraday. « J'ai trouvé, dit M. Helmholtz, que la solidité et la ra- « pidité de la soudure des morceaux de glace correspond « si exactement à la pression employée, que je ne puis « douter que la pression ne soit véritablement la cause « suffisante de la soudure.» Mais, suivant l'explication de M. Faraday, la force et la rapidité du regel doivent se produire aussi proportionnellement à la pression. M. Helm- holtz fait remarquer avec raison que les surfaces appliquées l’une contre l’autre ne se superposent pas exactement, et qu’en général, elles ne se touchent en réalité que par un petit nombre de points sur lesquels la pression est con- centrée. L'effet de la pression exercée sur deux morceaux de glace à la température de 0° ne consiste pas seulement à diminuer l’épaisseur de la couche liquide qui les sé- pare, mais aussi à aplatir les points comprimés, et à ré- pandre ainsi la couche liquide sur un plus grand espace. Dans les deux théories, par conséquent, la force et la ra- pidité du regel doit croître avec la grandeur de la pression. Quant à l’objection que nous avons mentionnée, M. Helmholtz l’expose en ces termes : « Dans l'explication « proposée par M. Faraday, suivant laquelle le regel ré- 158 SUR LE REGEL DE LA GLACE. « sulterait d'une action de contact de la glace sur l'eau, « je trouve une difficulté théorique. Lors de la congéla- « tion de l’eau, une quantité très-notable de chaleur « doit être mise en liberté, et l’on ne voit pas ce qu'elle” « devient. » Les partisans de l'explication de M. Fara- day répondront que la chaleur mise en liberté est dif- fusée au travers de la glace environnante. Mais on leur répliquera, sans doute, que la glace, étant déjà à la tem- pérature de 0°, ne peut pas recevoir plus de chaleur sans se fondre. Si cela était vrai dans toutes les circonstances, la théorie de M. Faraday devrait incontestablement être abandonnée; mais l'essence même de son explication réside dans l'hypothèse que les portions intérieures d’une masse de glace exigent, pour passer à l'état liquide, une tempé- rature plus élevée que celle qui suffit pour produire la fusion à la surface. Pour élucider le sujet, supposons qu'on fasse passer un rayon de chaleur solaire, ou un rayon de lumière électrique au travers d’une masse de glace. La substance se rompt, en formant de ces fleurs liquides à six pétales, que j'ai décrites ailleurs. Les fleurs se dila- tent aussi longtemps que le rayon continue à agir; l'éner- gie de la portion de chaleur absorbée est presque entière- ment employée à augmenter les dimensions des fleurs formées durant les premières secondes pendant lesquel- les elle à agi, et non pas à former de nouvelles fleurs. Maintenant, il résulte de la théorie de M. Faraday qu’a- vant que les fleurs aparussent à l’intérieur, la glace avait dû être élevée à une température supérieure à 0°, tandis qu’à la surface, la glace fond à cette température. Par conséquent, lorsque deux surfaces de glace à la tempéra- ture de 0° sont pressées l’une contre l’autre, et quand par suite de cette action de contact admise par M. Faraday. SUR LE REGEL DE LA GLACE. 159 la couche d'eau qui les séparait est congelée, la glace ad- jacente (qui est maintenant dans l'intérieur et non plus à la surface comme précédemment) se trouve dans une con- dition qui lui permet d'enlever, par conductibilité et sans se fondre, la petite quantité de chaleur mise en hberté. Si l’on accorde que cette action de contact admise par M. Faraday est réelle, alors on conçoit sans difficulté que la chaleur rendue sensible par la congélation puisse se dis- perser. « Lorsque l’année est avancée et lorsque la glace im- portée à Londres a été conservée pendant longtemps, on reconnaît, en l’examinant attentivement, qu'il ya des par- celles liquides dans l’intérieur de la masse. J'ai enve- loppé dans des feuilles d’étain de la glace contenant ainsi des parcelles d’eau, et je l'ai placée dans un mélange ré- frigérant jusqu’à ce que les portions liquides fussent par- faitement congelées: j'ai sorti ensuite la glace du mélange réfrigérant, et je l’ai placée, recouverte de son enveloppe, dans une salle obscure dont la température était légère- ment supérieure à 0°; au bout de quelques heures les parcelles gelées étaient de nouveau liquides. La chaleur, qui avait suffi à fondre cette glace intérieure, avait passé au travers de la glace environnante moins fusible, sans di- minuer en rien sa solidité. Or, si la température de fusion de ces parcelles de glace est 0°, il faut que la tempéra- ture de fusion de la masse qui les environne soit supé- rieure à O°, ce qui est conforme à l'explication de M. Faraday. » BULLETIN SCIENTIFIQUE. MÉTÉOROLOGIE. PHYSIQUE. BECQUEREL. MÉMOIRE SUR LES ZONES D’ORAGES A GRÊLE DANS LE DÉPARTEMENT DE SEINE-ET-MARNE. (Comptes rendus de l’Acad. des Sc., 12 février 1866.) Re J’ai suivi d’abord pas à pas la principale zone dans la- quelle se sont mus les orages à grêle qui ont causé des ravages dans le département de Seine-et-Marne pendant trente années, après avoir traversé les départements de Loir-et-Cher et du Loiret. Cette zone, dans Loir-et-Cher, occupe tout l’espace com- pris entre la Loire et une ligne à peu près parallèle à son cours, passant au-dessous de Vendôme; elle s'étend dans le Loiret jusqu’à la forêt d'Orléans, où elle se bifurque quel- quefois ; une branche descend vers le sud, suit le val de la Loire, et l’autre remonte vers le nord pour prendre la direc- ton sud-ouest en évitant la forêt: elle tourne ensuite vers l’est en s’élendant sur une partie de l’arrondissement de Pithiviers , laissant un espace entre sa limite inférieure et la forêt, d'environ 45 à 20 kilomètres de largeur. La carte in- dique que cet espace est préservé de la grêle. Cette zone, en quittant le département du Loiret, entre dans celui de Seine-et-Marne, où je la suivrai dans un instant. Je rappellerai, auparavant, que la partie du Loiret située à l’est de la forêt d'Orléans est très-peu atteinte par la grêle, à l’exception de quelques communes comprises principale- ment dans une zone d’orages venant de la Loire à la hauteur de Nevoy, Gien et Briare. Cette courte description indique la nature de l'influence qu’exercent les forêts d'Orléans et MÉTÉOROLOGIE. 161 de Lorris sur la position de la principale zone des orages à grêles dans le département du Loiret. La grande zone, dont il a été question avant celle-ci, s’é- tend vers l’est, dans l'arrondissement de Fontainebleau, d’un côté jusqu'à la forêt. qu’elle semble éviter, de l’autre, du côté opposé, jusqu’à Château-Landon; elle cesse de se montrer à la hauteur de Montereau : elle est le lieu d’orages qui rava- gent fréquemment l’espace qu’elle recouvre. Elle se montre de nouveau à la hauteur de Nangis, remonte vers le nord, -puis s’étend sur une grande partie de l’arrondissement de Provins, autour de la forêt de Jory, et sur une petite partie de celui de Coulommiers. Cette zone paraît être une suite de la première; entre l’une et l’autre se trouve un espace qui est très-rarement atteint par la grêle. On trouve encore une autre zone, mais très-petite, autour de Brie-Comte-Robert, entre la forêt de Sénart et celle d’Armainvilliers. Quant aux arrondissements de Melun et de Meaux. la forêt de Fontaine- bleau . ainsi que les forêts de Sénart et autres, semblent les préserver en grande partie. car ils sont faiblement atteints par le météore. Ces forêts agissent donc comme celle d’Or- léans et de Montargis, la première à l’égard de la partie Est du Loiret, la seconde relativement aux cantons de Ferrières et de Courtenay qui souffrent peu de la grêle. On peut objecter que les forêts ne se trouvent pas dans les mêmes conditions que les communes rurales, où les pro- priétés sont assurées; cela est vrai, mais on a des moyens de les interroger à l’aide des personnes qui s'occupent sé- rieusement de météorologie dans les localités où elles sont situées. On sait que les jeunes taillis éprouvent des dé- gâts par l'effet des gelées printanières, des hannetons et autres causes destructives, et d’où résultent des altéra- tions plus ou moins profondes qui nuisent à la végétation et dont on tient note. Cela posé, voyons les observations failes à cet égard dans les forêts dont il vient d’être ques- tion. 162 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Les orages à grêle sont très-rares dans la forêt d'Orléans; on ne cite comme ayant produit quelques dégâts que l’orage du 41 mai 1860 : de jeunes tiges ont été coupées par la grêle dans une plantation de pins; mais il faut ajouter que ce sinistre à eu lieu dans la portion de la forêt qui dépend de la commune de Neuvy-aux-Bois, située au nord et tout près de la zone des orages de la Beauce, commune qui n’a été grélée que deux années en trente ans. Ajoutons encore que bien que les forêts des trois départements en question parais- sent exercer une action préservatrice, néanmoins elles ne sont pas elles-mêmes à l'abri des orages extraordinaires qui ravagent tous les lieux par où ils passent; leurs lisières peu- vent être atteintes par les orages ordinaires quand elles sont placées sous le vent qui les amène. Il grêle assez souvent dans la forêt et sur la ville de Fon- tainebleau, mais toujours d’une manière inoffensive, comme le constatent les états des dégâts produits depuis 1664 sur les jeunes taillis par les gelées tardives et autres causes, et dans lesquels il n’est fait nullement mention de sinistres causés par la grêle. D'un autre côté, on ne signale de dégâts sérieux produits par la grêle dans les jardins du château depuis quarante- quatre ans, qu’en 1822 ou 1823. La carte de Seine-et-Marne ne fait mention au surplus que d’une seule année de grêle dans la commune de Fontainebleau depuis trente ans. La plupart du temps les orages qui passent sur la forêt sont des démembrements des orages qui parcourent la zone faisant suite à celle de la Beauce; ils arrivent par les gorges de Franchard, à l’extrémité desquelles se trouve un plateau couvert d’une futaie de chênes où ils se bifurquent; la plus forte branche s’infléchit au sud vers Moret, qui n’a été grêlé qu'une seule fois en trente ans, notamment en 4865 lors de orage du 19 juillet; l’autre branche se dirige sur Chailly, qui ne l’a été que deux années durant la même période. La forêt de Montargis n’est point atteinte par la grêle; les MEÉTÉOROLOGIE. 163 orages qui arrivent de la Loire se bifurquent à 1 kilomètre environ de la forêt; les deux branches qui en résultent sui- vent la vallée du Loing, l’une en aval, l’autre en amont. Le village de Paucourt, situé dans l’intérieur de la forêt, n’a été atteint qu’une seule fois en trente ans. Les exemples que l’on vient de citer montrent bien que les forêts des départements du Loiret et de Seine-et-Marne semblent faire dévier les nuages orageux de leurs directions habituelles, les diviser en deux ou plusieurs branches, ou arrêter la chute de la grêle. Il à été établi dans le premier Mémoire sur la carte des zones d’orages à grêle qu'il existait deux classes de ces ora- ges : les orages réguliers, dont le retour est soumis à une certaine régularité et qui semblent fortement influencés par des causes locales: et les orages irréguliers ou extraordi- naires, paraissant de loin en loin, et qui. en raison de la vitesse du vent, de la compacité des nuages et de la grosseur des grélons, ne paraissent pas être influencés autant que les premiers par les causes locales, et qui ravagent la plupart des lieux que les autres n’atteignent pas ordinairement. Je parlerai d’abord des orages réguliers. Si l’on classe pour chaque commune les années de grêle par ordre de date, on voit immédiatement que ces années ne se succèdent pas au hasard, et qu’elles forment des séries de deux, trois, quatre, jusqu’à sept années successives. Cet état de choses existe dans les départements dont les cartes à zones d’orages sont achevées. Je vais en fournir des exemples pris dans les trois départements. Département du Loiret. Années de grêle. Pile cor 24e de. OUR, 11836, 1837], 1839, [1843, 1844|, 11847, 1848], [1850, 1851, 1852, 1853], 1855, 1858. Villamblin : .:... 7. 1839, [1843, 1844, 18451, 1849. (1852, 1853, 1854]. 164 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Saint-Péravy-la-Colombe . Menthouy. it 45.208 à Départ. de Loir-et-Cher. ‘hâtillon-sur-Cher . . . La Chapelle-Saint-Martin . Liiii 0 DANS DS LEURS 3 TALTE DT! Poméanune L3 mer, VIRoBOUEE-10 UNMUT TIR Départ. de Seine-et-Marne. spi: mentales MOnGrEMe "0 ni sing band amd 1839, (AS, 1819, 1843, 1844, 1845], [1852, 1853], [1858, 1859, 1860, 1861], 1865. 11836, 1837, 1838, 1839], 1841, (1848, 1849, 1850], 1860. 1841, 1849, [1856, 1857, 1858, 1859]. 1845, [1850, 1851, 1859], [1855, 1856], [1858, 18591, 1861. 1852, 1855, [1858, 1859, 1860, 1861, 1862]. 1864. 1852, [1856, 1857. 1858, 1859, 1860, 18611. (1847, 1848, 1849, 1850, 1851, 1852]. [1855.1856]. [1858, 18591. (847, 1848, 1849], [1852, 1853], 1860, 1862. 1842, 4845, [1849, 1850, 4854, 18521, 1856, [1858, 1859, 1860. 1861]. (1841, 1842], 1844, 11851, 1859, 1853], 1855, [1858, 1859]. Ces exemples, pris dans plusieurs centaines d’autres, met- tent bien en évidence les séries composées de deux ou plu- sieurs années successives de grêle. Je signalerai deux communes offrant des séries remar- quables : Pouillé, qui n’a été grêlée qu’une seule fois de 1836 à 1852, puis six années de suite, et après rien; Ville- bout: aucun désastre n’a été signalé jusqu’en 1846; puis la commune a été grêlée pendant six années consécutives et a présenté ensuite deux séries de deux. Quelle est la cause ou plutôt quelles sont les causes de ces PHYSIQUE. 165 séries ? On l’ignore; on sait seulement que des communes voisines placées sous le vent des orages participent à ces séries, tandis que d’autres un peu plus éloignées en présen- tent à peine des traces. Cela tend à prouver que les causes de ces séries sont terrestres et atmosphériques. Quant aux orages irréguliers, j’ai indiqué dans le précé- dent Mémoire ceux qui ont causé le plus de ravages dans des communes du département du Loiret où il n’était pas tombé de grêle depuis plus de cinquante ans. Je me suis borné pour celui de Seine-et-Marne à rapporter sur la carte l'orage du 19 juillet 1865 qui a causé des dégâts pour 1200000 à 1500000 francs environ dans ces deux départe- ments. Cet orage, quoique ayant tous les caractères d’un orage irrégulier, n’est pas sorti de la zone dans laquelle se meuvent les orages réguliers, et il a même ravagé l’espace qui sépare les deux zones. Il est à remarquer que les nuages composant cet orage ont parcouru une grande étendue de pays sur une largeur de plus de 50 kilomètres, puisqu’en même temps qu'il ravageait une partie de l’arrondissement de Pithiviers il tombait dans le canton de Chätillon-sur- Loing, où je me trouvais alors, sans produire de dégâts, des grélons remarquables par leur grosseur : j’en ai été témoin, et j’en ai fait part à l’Académie à cette époque. Je me suis abstenu dans le Mémoire, pour expliquer les faits, de mettre en avant des idées théoriques; je me suis borné à exposer purement et simplement ces faits, pensant que leur importance suffisait pour attirer l'attention des per- sonnes qui s'occupent de physique terrestre et de météoro- logie. PERROT, EXPÉRIENCES ENTREPRISES DANS LE BUT DE VÉRIFIER PLUSIEURS POINTS DE LA THÉORIE DE L'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. (Comptes rendus de l’Acad. des Sc., 29 janvier 1866.) On sait qu’une pile voltaïque n’entre en action el ne pro- 166 BULLETIN SCIENTIFIQUE. duit d'électricité que lorsqu'un circuit électrique s'établit entre ses deux pôles. On dit, au contraire, que l'électricité statique peut être développée par un électromoteur sans qu'il existe aucune communication, aucun circuit interpo- laire. Ainsi, on admet: 1° qu’un corps chargé d'électricité statique électrise à distance sans courant électrique, par in- fluence ou induction en les polarisant. tous les corps con- ducteurs isolés qui lenvironnent; 2° qu’un des pôles ou conducteurs de la machine électrique en activité se charge délectricité statique quoique isolé de l’autre pôle. Électrisation, avec ou sans courant, des corps solés. voilà quels seraient, dans la théorie admise, les principaux carac- ières distinctifs de l'électricité statique. Les expériences qui suivent me paraissent démontrer que ces caractères n'ont pas d'existence réelle; qu'il est aussi impossible de charger un corps isolé d'électricité statique que d'électricité dynamique; qu'enfin l’une et l’autre de ces deux électricités ne se transmettent qu'à l’aide de courants. el seulement aux corps faisant partie du circuit interpolaire. Ces électrisations des corps seraient dues à leur défaut d’iso- lement. Elles seraient, dans mon opinion. le résultat de l’ex- cessive tension de l'électricité statique, qui à l'insu de l’ex- périmentateur établirait une communication électrique, au travers de l’air ambiant, entre les corps posés sur des sup- ports isolants. En effet, on peul conclure, je crois, des expériences de M. Gassiot que l’éleciricité d’un conducteur qui lance une étin- celle de 25 centimètres de longueur doit avoir une tension un million de fois environ supérieure à la tension de l’élec- tricité d’un élément voltaique: en d’autres termes, si je ne me trompe, que dans l'air, à une distance de ‘/,, de milli- mètre, l’action d’un élément voltaique est à peu près égale à celle qu’exerce à la distance de 10 mètres le conducteur électrisé qui lance l’étincelle à 25 centimètres. Pour obtenir un isolement suffisant des corps soumis aux PHYSIQUE. 167 expériences , et rendre manifestes les courants et Les actions qui s’établissent, j’ai procédé de la manière suivante: ayant isolé une grande capsule de verre remplie d'huile de colza tenant en suspension des parcelles de feuilles d’argent, j'ai plongé dans cette huile une sphère métallique. communi- quant avec le conducteur d’une machine électrique ordinaire; afin de rendre plus stable la tension électrique du conduc- teur, j'ai mis ce dernier en contact avec l’armure intérieure d’une bouteille de Leyde dont autre armure communiquait au sol. Première expérience. — Xe me suis assuré de la grande sensibilité électrique du liquide, en constatant qu’une charge de 4 degré environ, indiquée par un éleciroscope à cadran très-sensible , suffisait pour occasionner des courants rapides près de la pointe non isolée que je présentais dans huile, à distance de la sphère immergée. Deuxième expérience. — Après avoir enlevé la pointe d'essai, j’ai électrisé le conducteur à 72 degrés, tension cor- respondante à une charge environ cent cinquante fois plus considérable que celle de 4 degré, et cependant la sphère immergée, quoique communiquant au conducteur électrisé. ne m’a paru manifester ni attraction ni répulsion sur les par- celles d’argent environnantes. Elle ne s’est pas électrisée. Il me semble résulter de là: 1° que loin d’être électrisé à distance par influence, comme on l’admet, un corps bien isolé ne peut pas même recevoir d'électricité par contact; 2% qu’un des pôles de la machine électrique ne peut être électrisé s’il est isolé; 3° et enfin, que les pointes collectrices des conducteurs isolés des corps voisins par le plateau de verre éléctrisé positivement de la machine, se trouvant dans le cas de la sphère immergée, ne peuvent se charger de l'électricité positive du conducteur et par conséquent la dis- siper. Troisième expérience. — À l'aide d’un fil de soie isolant, ayant soulevé hors le bain d’huile la sphère immergée. 168 BULLETIN SCIENTIFIQUE. maintenue en contact avec le conducteur, je l’ai trouvée fortement électrisée; elle attirait vivement et foudroyait les corps non isolés qu’on lui présentait; mais plongée de nou- veau dans le liquide, elle n’exerçait aucune action sur les parcelles métalliques environnantes. I suffit donc d'isoler un corps électrisé pour lui faire per- dre ses propriétés électriques. Quatrième expérience. — Jai ensuite plongé dans l’huile, comme dans la première expérience, une pointe métallique non isolée. Tout aussitôt des courants opposés, et dirigés l’un vers l’autre, sont partis de la sphère et de la pointe. Cette expérience me semble démontrer : 4° que si les flui- des isolants ne transmettent pas l’électricité par conduction, ils la communiquent par convection, c’est-à-dire en trans- portant les unes vers les autres les molécules électrisées dif- féremment par les corps faisant partie du circuit; 2° que deux corps très-distants et électrisés différemment établissent entre eux, dans l’air toujours un peu humide et mille fois au moins plus mobile que l’huile visqueuse, des courants électrisés qui rendent leur isolement impossible; 3° que les courants liquides nous offrent un exemple de transformation d’élec- tricité en force motrice. Cinquième expérience. — À l’aide d’un fil isolant, j’ai sus- pendu et immergé dans l'huile, près de la première sphère, une seconde sphère métallique légère, afin de voir si elle serait électrisée par influence. Ayant de nouveau électrisé le conducteur jusqu’à 72 degrés, je n’ai remarqué aucune po- larisation ou action électrique. ni entre les deux sphères, ni entre elles et les parcelles d'argent; tout est encore resté en repos ; aucune électrisalion par influence ne s’est manifestée. Ici donc encore, l'électricité statique se comporte comme l'électricité de la pile. Sixième expérience. — J'ai immergé au delà de la sphère suspendue une sphère non isolée; immédiatement après la mise en action de la machine, la sphère immergée, la sphère PHYSIQUE. 169 suspendue et la sphère présentée ont manifesté leur état électrique par des courants liquides partant des pôles de chaque sphère vers la sphère voisine. Septième expérience. — Après avoir adapté un manche iso- lant au milieu d’un fil métallique pointu à chaque extrémité. j'ai présenté une de ces pointes à la sphère suspendue, lau- tre pointe étant dirigée dans l’air ; les phénomènes de lex- périence précédente se sont reproduits, mais avec moins d'intensité. Cette expérience me paraît offrir la preuve qu'entre les corps voisins chargés de l'électricité négative développée par la machine et la pointe dirigée dans l’air, il naît des courants semblables à ceux du liquide , courants à l’aide desquels s'é- tablit le circuit interpolaire indispensablé à l’électrisation. Il me reste encore quelques conclusions à soumettre à l’Académie , ainsi que d’autres expériences: j'en ferai l’objet d’une prochaine communication si elle daigne me le per- mettre. MM. Bazrour SrewartT ET Tarr. DU RÉCHAUFFEMENT QU'É- PROUVE UN DISQUE PAR LE FAIT DE SA ROTATION RAPIDE DANS LE VIDE. {Séance de la Société royale de Londres du {°° juin 1865.) Le disque employé avait 43 pouces anglais (environ 33 cen- timètres) de diamètre et était vertical. Un thermomultiplica- teur était disposé de façon à présenter l’ouverture du cône qui enveloppe l’une des faces de la pile thermo-électrique, vers la surface du disque. Le tout était placé dans une cloche en verre de 15 pouces de diamètre sur 16 de hauteur dans laquelle on faisait un vide aussi parfait que possible. Les fils du thermomultiplicateur arrivaient à un galvanomètre placé hors de la cloche. Nous n'insistons pas sur les autres dé- tails de lexpérience et en particulier sur les précautions prises pour que la pile thermo-électrique ne fût exposée ARCHIVES, {. XX V. -__ Février 1866, 12 170 BULLETIN SCIENTIFIQUE. à aucune autre source de chaleur que celle provenant du disque. On faisait tourner le disque très-rapidement pendant une demi-minute seulement et son réchauffement, conséquence de cette rotation, était indiqué par la déviation de l'aiguille du galvanomètre thermomultiplicateur. Le disque soumis à l'expérience était d'aluminium (ce métal ayant été préféré à toute autre substance parce que la chaleur se communique plus facilement et plus rapide- ment dans toute la masse): il avait 15 pouces de diamètre et! de pouce d'épaisseur. Dans quelques cas, on avait re- couvert sa surface d’une mince couche de noir de fumée. Après divers essais, on était arrivé à trouver que la vitesse la plus convenablé était celle de 2500 révolutions du disque dans 30 secondes, qu’on obtenait en faisant faire 20 révolu- tions à la manivelle. Après avoir donné une température bien déterminée au disque par une immersion dans un bain de mercure, on l’a mis en rotation et, dans trois séries d’expé- riences successives, on a obtenu une élévation de tempéra- ture de 0°,85 Farnh. avec une tension de l’air de 0,3 de pouce. Dans une quatrième série, l'élévation de la température n’a plus été que de 0°,75 K., toutes les autres circonstances res- tant les mêmes, sauf que la tension de l'air était de 0,65 de pouce. Dans d’autres expériences où le disque avait été cou- vert d’une couche de noir de famée, l'élévation de tempéra- ture fut de 0°,93 sous la pression de 0,60 pouce, c’est-à-dire de près d’un quart plus considérable que quand la surface du disque était métallique : preuve que l'effet produit pro- vient bien du rayonnement du disque et non du réchauffe- ment de l'air. Les auteurs cherchent ensuite à trouver la cause du ré- chauffement du disque; ils montrent qu’il n’est point dû à Ja chaleur développée par le frottement de l’axe de rotation contre les supports, en employant comme supports une sub- stance non conductrice ; ils excluent également la supposition PHYSIQUE. 171 qui attribuerait cette chaleur, soit à des courants électriques développés sur le disque par l’action du magnétisme terres- tre. soit à un dépôt de vapeurs sur sa surface. [I ne reste donc plus que deux causes auxquelles on puisse l’attribuer, Pac- tion du disque en mouvement sur l'air qui reste toujours, même quand on a fait un bon vide, ou sur le milieu éthéré dans lequel le disque se meul: peut-être aussi les deux causes peuvent-elles agir également. Ce qui ferait croire que l’action du disque sur l'air resté dans la cloche n’influe pas notablement sur le résultat, c’est que l'effet est aussi considérable dans de Pair raréfié à 0,3 de pouce que dans de l'air raréfié à 0.65; avec un disque de bois il n°v avait pas de différence sensible dans le ré- chauffement que l'air ne fût raréfié qu'à 4,0 ou à 2.0 pouces. ou à 0,5 pouce. Enfin, pour écarter l’idée que le réchauffement, tout en étant indépendant de la tension du gaz. proviendrait de ia fiiction fluide, c’est-à-dire de la friction opérée entre les particules en contact, on a opéré avec de l'hydrogène aussi bien qu'avec de l'air ordinaire, les deux gaz étant placés dans les mêmes conditions, et on n’a pas trouvé de différence sensible; or on aurait dû avoir un effet beaucoup moins con- sidérable avec de l'hydrogène. Les auteurs, en soumettant leurs expériences à la Société royale. ne se prononcent point encore d’une manière posi- tive sur l’origine du réchauffement qu’ils ont observé, mais désirent attirer l'attention sur leurs recherches qu'ils se proposent de continuer. DOLLFUS-AUSSET., MATÉRIAUX POUR L'ÉTUDE DES GLACIERS. — Paris, 1863 à 1865. Grand in-8°. Nous nous bornons aujourd’hui à signaler cet ouvrage que nous aurons sans doute à analyser avec plus de développe- ments quand sa publication sera terminée. Les cinq volumes 172 BULLETIN SCIENTIFIQUE. qui ont paru jusqu'ici ne contiennent guère de travaux ori- ginaux, mais une compilation méthodique des principales recherches qui ont été faites sur les glaciers. Le premier vo- lame (deux parties) donne des listes, par ordre alphabétique, des auteurs qui ont traité des-hautes régions des Alpes, des glaciers et de quelques questions qui s’y rattachent. Les au- tres volumes portent les titres suivants: Hautes régions des Alpes, géologie, météorologie, physique du globe; Phéno- mènes erratiques: Ascensions; Glaciers en activité. Cette collection considérable de matériaux sera précieuse pour tous ceux qui s'occupent de la question des glaciers, en leur facilitant beaucoup des recherches bibliographiques que le srand nombre de publications sur ce sujet rendait extrême- ment laborieuses. L'auteur a réservé les trois derniers volumes à ses propres recherches, à ses nombreuses observations et à l'exposé de ses idées théoriques. On peut déjà prévoir que ces travaux donneront lieu à une discussion intéressante: c’est ce que prouvent un certain nombre de notes intercalées dans les pre- miers volumes. M. Dollfus n’admet pas la théorie de la for- mation des glaciers par compression et regel de la neige. En outre, il insiste fréquemment sur le fait qu’au-dessus de 2700" d’altitude, les glaciers sont adhérents et gelés au sol, et que par suite ils ne polissent plus les roches; il en conclut que l'absence de traces des glaciers à une hauteur plus grande ne donne point la limite de l'extension qu'ils ont prise pen- dant l’époque glaciaire. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. Prof. LEUCKART, UEBER BIENENZWITTER, etc. SUR LES ABEILLES HERMAPHRODITES. (Bericht über die Versammlung der deut- schen Naturforscher und Aerzte, 1865, S. 173.) M. Leuckart a eu l’occasion d'étudier une cinquantaine ZOOLOGIE. ANATOMIE ET PALEONTOLOGIE. 173 d’abeilles hermaphrodites provenant de cette même ruche de M. Eugsier, à Constance, qui a fourni à M. de Siebold Le sujet d’un mémoire dont nous avons rendu compte". Tous ces indi- vidus doivent être considérés comme des ouvrières présentant certains caractères de mâles, mais Jamais de reines. D'ordinaire Félément féminin prédomine au point que la nature d’ou- vrière saute immédiatement aux yeux. Cependant on observe des cas inverses où l’on croit au premier abord avoir affaire à des faux-bourdons de petite taille avec certains attributs fémi- nins. Le mélange des caractères des deux sexes est du reste si variable que l’on trouverait difficilement deux hermaphro- dites semblables. Le plus souvent les attributs masculins et féminins sont mélangés à tort et à travers sans aucune règle appréciable. L'auteur n’a vu aucun exemple d'hermaphro- disme latéral ou transversal pur, c’est-à-dire aucun cas dans lequel l’une des moitiés du corps fût femelle et l’autre com- plétement mâle. En revanche, on rencontre des cas dans les- quels le caractère féminin prédomine dans l’une des moitiés du corps et le caractère masculin dans l’autre. Il n’est pas rare non plus de voir l’hermaphrodisme sauter alternative- ment de l’une des moitiés du corps à l’autre. Du reste, il n°v a aucun organe présentant des différences entre les mâles et les femelles qui ne puisse devenir le siége de l’hermaphro- disme, bien qu'ils ne le deviennent pas tous avec une fré- yuence égale. On se tromperait d’ailleurs fort si l’on pen- sait que les hermaphrodites présentent constamment des ca- ractêres ici masculins, là féminins. Il est fréquent, en effet, de rencontrer des formes intermédiaires qui n'existent ja- ais à l’état normal. Cela est vrai surtout pour les organes buccaux et pour les pieds postérieurs avec leurs corbeilles et leurs brosses, et cela se voit aussi dans bien d’autres organes. L'organe affecté sans comparaison le plus souvent par l’her- maphrodisme est celui de la vue. En effet, chez aucun des ! Voyez Archives, 1864, 1. XX, p. 64. 174 BULLETIN SCIENTIFIQUE. individus examinés par l’auteur, les yeux ne se sont trou- vés entièrement féminins. Dans la règle les deux veux com- posés offrent au même degré le facies masculin. Chez dix exemplaires un seul des veux était masculin et l’autre fé- minin, et dans ce cas celui-ci occupait constamment une po- Sition moins élevée que celui-là. Une asvmétrie analogue s’observe encore plus souvent dans la troisième paire de pattes. Il est impossible d'entrer ici dans le détail de toutes ces va- riations sans fin. Nous nous contenterons d'indiquer encore lopinion de M. Leuckart sur les causes de ce singulier her- maphrodisme. Ces causes ne peuvent évidemment provenir que de la reine abeille. De même que certaines reines ne pondent que des œufs non fécondés et partant n’engen- drent que des mâles, de même d’autres reines engendrent des œufs en majorité, ou peut-être en totalité, imparfaitement fécondés et donnent ainsi naissance à des androgvnes. Cette opinion était déjà celle de M. de Siebold, mais M. Leuckartre- fuse de souscrire à l’idée de ce dernier, d’après laquelle l’in- suffisance de la fécondation tiendrait au petit nombre des zoospermes. En effet, dans l’état actuel de la science, il sem- ble qu’un seul zoosperme doit suffire à féconder un œuf. La cause de l'insuffisance de la fécondation semble bien plu- tôt devoir être cherchée dans des particularités d'organisation de la femelle elle-même, particularités qui semblent d’ail- leurs être héréditaires : car, selon M. de Berlepsch, le rucher de M. Eugster possède maintenant une seconde reine andro- gynipare. M. Leuckart rappelle que l'intégrité des zoosper-: mes emmagasinés dans le réceptacle de la semence de la fe- melle dépend en partie de la composition des sécrétions qui se déversent dans le réceptacle. IE essaie d'attribuer l’andro- gyniparé à une composition anormale de ces sécrétions qui altérerait l’action fécondante de la semence sans la détruire. En outre de la semence modifiée, il peut exister dans le ré- ceptacle une certaine quantité de semence normale. Dès lors Z0OLOGIE, ANATOMIE ET PATÉONTOLOGIE. 75 le mélange en proportion variable de ces deux substances peut produire les degrés Îles plus variables d’hermaphro- disme. Japetus STEENSTRUP. SUR L'OBLIQUITÉ DES PLIES ET LA MIGRA- TION AU TRAVERS DE LA TÊTE DE L'OEIL SUPÉRIEUR DU CÔTÉ AVEUGLE AU côTÉ voyanT. (Um Skjævheden hos Flynderne og navnlig om Vandringen af det üvre Üie fra Blindsiden til Oiesiden tvers igjennem Hovedet. Kjübenhavn, 1864.) Tous les Pleuronectes ont, comme l’on sait, un Corps très- comprimé dont les deux côtés sont inégalement développés. Ce manque de symétrie est accompagné d’une autre parti- cularité, savoir: que les deux yeux sont placés du même côté de la tête, si bien qu’il existe un côté aveugle et un côté voyant. Le premier est incolore ou blanc et regarde vers le bas, soit à l’état de repos, soit pendant la natation ; Le second est coloré et constamment tourné vers la lumière. Un Pleu- ronecte repose, par conséquent, SUT l’un de ses côtés comme sur une surface ventrale et nage à l’aide des mouvements ondulatoires de ses nageoires impaires qui se trouvent être horizontales. IL résulte de ces singulières dispositions l’éta- blissement d’un équilibre nouveau pour le poisson. La forme du corps se modifie de telle sorte que la moitié ventrale et la moitié dorsale deviennent symétriques dans leurs con- tours, comme cela a lieu pour le côté droit et le côté gauche chez les autres vertébrés. Chez la plupart des Pleuronectes, ainsi chez les Plies, les Hippoglosses et les Soles, c’est le côté gauche qui est aveugle; en revanche, chez d’autres, comme chez les Turbots et les Plagusies (nom commun à tous les jeunes individus spécifiquement indéterminés du genre Rhombus), c’est le côté droit. Cependant, dans Pun comme dans l’autre groupe, on rencontre des individus renversés (Vrangflyndre). connus sous les noms de Plies 176 BULLETIN SCIENTIFIQUE. contournées, de Soles contournées, etc. En outre, on observe parfois dans chaque groupe des individus connus sous les noms de Plies doubles, Soles doubles, etc.. chez lesquels les deux côtés sont colorés de la même manière et à peu près également développés. Ces individus monstrueux ont l’un des veux placé du côté voyant, l’autre sur le sommet de la tête, et ils nagent dans une position verticale au lieu d'hori- zontale. Ces Pleuronectes doubles sont fout particulièrement recherchés pour la table. parce que leurs muscles ne sont pas atrophiés d’un côté du corps comme chez les Pleuro- nectes normaux. Jusqu'ici la structure si singulière des Pleuronectes à élé considérée comme un simple exemple d'obliquité, résultant de ce que l’une des moitiés du corps serait plus développée que l’autre, obliquité comparable. par conséquent, à celle des Peignes et des Tellines parmi les mollusques, ou à celle des Dauphins parmi les mammifères. Celte opinion est vrate dans une certaine mesure; mais M. Steenstrup montre que la déviation de la forme normale ne peut pas s'expliquer par cette seule inégalité de développement. Pour comprendre exactement les anomalies d'organisation des Pleuronectes, il faut déterminer les rapports de position des veux avec les parties voisines. Les deux yeux ne sont point placés directement l’un au-dessus de l’autre, Fœil su- périeur est tantôt en avant, tantôt en arrière de l’inférieur : en avant, par exemple, chez les Soles et les Plagusies, en ar- rière chez la plupart des autres. Les deux veux sont opposés lun à l’autre, c’est-à-dire que leurs bords supérieurs se re- gardent, et que le bord inférieur de l’œil supérieur , €’est-à- dire de celui qui appartiendrait normalement au côté aveugle, est tourné vers le bord dorsal du poisson. Les deux yeux sont séparés l’un de l’autre par une arête osseuse. Le crâne ne présente qu’un seul orbite entièrement entouré de pièces osseuses. Cet orbite ne loge que l'œil supérieur; l’œil infé- rieur est placé en dehors et se trouve séparé de l’autre par ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALEÉONTOLOGIE. 177 les pièces osseuses du bord inférieur de l'orbite. Ces pièces sont toujours le frontal et le préfrontal du côté voyant, el comme l'œil inférieur est placé au-dessous d'elles. il occupe bien sa position normale relativement aux os de ce côté. Quant à l'œil supérieur, qui appartiendrait normalement au côté aveugle et qui occupe réellement ce côté-là dans le jeune âge, il est renfermé dans un orbite dont le bord infé- rieur est formé par le frontal et le préfrontal du côté voyant et le bord supérieur par le frontal et le préfrontal du côté aveugle. Cet orbite n’est donc nullement comparable à un orbite normal. Îl est en réalité placé au milieu du front. Mais comment l'œil a-t-il pu venir se loger dans un semblable orbite? fl est évident que l'explication ordinaire de Fobli- quité des Pleuronectes par une simple torsion ne saurait nul- lement donner la clef de cette énigme. Qu'on torde la têle d’un poisson comme on voudra, jamais on n’amènera Fun des orbites entre les frontaux et les préfrontaux. I est constant cependant que dans le jeune âge les Pleuronectes sont par- faitement symétriques avec un œil droit et un œil gauche. Dés lors on ne peut concilier la forme jeune et la forme adulte sans admettre, avec M. Steenstrup, une étrange migra- tion de l'œil appartenant au côté qui devient aveugle. I faut admettre, en effet, que cet œil passe au travers de la tête sous le frontal et le préfrontal de son côté pour venir se loger entre ces deux os d’une part, et le frontal et le préfrontal du côté opposé d’autre part. Cette explication de la conformation st exceptionnelle des Pleuronectes par cette étrange migration de l'œil demandait à être confirmée par une étude suivie du phénomène de mi- gration lui-même. Dans ce but, M. Steenstrup a étudié avec soin de jeunes Pleuronectes. Le premier âge de ces poissons est en réalité resté Jus- qu'ici à peu près inconnu. Deux auteurs seulement, M. le professeur Van Beneden et M. Malm de Gœætheborg,s’en sont occupés. Toutefois, M. Steenstrup montre, par des raisons 173 BULLETIN SCIENFIFIQUE. assez concluantes, que le prétendu jeune turbot, transparent comme du verre et à peu près symétrique, qui tomba dans le filet de M. Van Beneden, n’était pas un Pleuronecte, mais vraisemblablement un jeune poisson de la famille des Blen- nioïdes. Quant au jeune Pleuronecte pêché par M. Malm, il présentait l’un des veux. dans sa position normale, du côté voyant, et l’autre au sommet de la tête. L'animal nageait obliquement, et ses deux cotés offraient une coloration d’in- tensité égale. M. Malm supposait avoir eu affaire à un Pleu- ronecte dont la torsion n’était encore effectuée qu’à moitié. M. Steenstrup croit, au contraire, que le savant Suédois a eu entre les mains une monstruosité de la forme des Pleuro- nectes dits doubles. Le fait que le seul individu tombé dans le filet de M. Malm se soit trouvé monstrueux, ne surprendra pas trop si l’on considère que les Pleuronectes normaux nagent horizontalement en rasant le fond de l’eau, tandis que les Pleuronectes doubles nagent verticalement vers la surface el arrivent ainsi à portée du filet. Grâce auxssoins diligents de deux capitaines de la marine danoise, auxquels la science a déjà de grandes obligations, MM. Hvgom et An- dréa, M. Steenstrup s’est trouvé en possession d’un nombre assez considérable de très-petites Plagusies, transparentes comme du verre, provenant de différentes parties de l’Atlan- tique. Les Plagusies présentent toutes les phases intermé- diaires, depuis celle de poissons parfaitement symétriques jusqu’à celle de turbot à complète asymétrie. Dans cette série de petits poissons déposés au Musée de Copenhague, on peut suivre le passage graduel de lœil du côté destiné à devenir aveugle, par-dessous la voûte formée par le frontal et le préfrontal de ce côté, jusqu’au côté opposé. Un stade très-curieux, figuré par l’illustre professeur de Copenhague, est celui dans lequel l’œil a opéré la moitié de sa migration et commence à apparaître comme par une petite boutonnière du côté voyant. Comme cet œil est encore visible sur le côté auquel il appartenait primitivement. tout en se laissant déjà ZO0OLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. : 179 apercevoir de l’autre, le poisson paraît alors avoir trois veux: deux du côté voyant et un du côté aveugle. Telle est la belle découverte par laquelle M. Steenstrup vient d'ajouter un nouveau fleuron à la couronne de ses con- quêtes scientifiques. Nous devons dire, en terminant, que M. Wyville Thompson a tenté récemment d'interpréter diffé- remment les faits observés par le savant danois. Il admet bien la migration de l’œil, mais cette migration aurait lieu sous les téguments entre la peau et le crâne’. Cette interprétation, du reste toute théorique, ne serait nullement propre à sim- plifier le tableau de cet étrange phénomène. S. JOURDAIN. SUR LES YEUX DE L’ASTERACANTHION RUBENS. (Comptes rendus, 16 janvier 1865, p. 103, et Ann. and Muy. of Nat. Hist.. XV, p. 238.) Dans une communication faite à l’Académie des Sciences de Paris, M. Jourdain distingue dans la série animale deux catégories d’veux, les veux #doscopiques et les veux photos- copiques. Les premiers sont les yeux munis d'appareil réfrin- gent et permettant, par conséquent, la vision d'images. Les autres sont les yeux dépourvus de tout cristallin et ne pou- vant servir, par conséquent, qu'à la distinction de la lumière et de l’obscurité. On le voit, si les noms sont nouveaux, les choses ne le sont guère, mais l’auteur s’imagine que la signi- ficalion des veux de la seconde catégorie à été méconnue jusqu'ici par les physiologistes. Nous aurions passé ici sous silence la note de M. Jourdain, si l’auteur ne s’y attribuait la découverte de l'appareil réfrin- gent dans les yeux des étoiles de mer. Cet appareil a été étudié avec soin dès 1859 par M. Ernest Hæckel, dans un mémoire très-circonstancié consacré aux yeux des Astérides. M. Jourdain ne nous a rien appris de neuf sur le sujet. ! Voyez Annals and Mag. of Nat. History, XV. p. 361. 180 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Prof. PETERS. SUR L’EXISTENCE NORMALE DE SEULEMENT SIX VERTÈBRES CERVICALES CHEZ LE CHOLOEPUS HOFFMANNI. (Mo- natsbericht d. Akad. d. Wiss. zu Berlin. décembre 1864, p. 678.) Les mammifères possèdent sept vertèbres cervicales. Les deux seules exceptions à cette règle sont fournies, d’une part, par les paresseux qui en ont neuf, et, d'autre part, par les lamantins qui n’en ont que six. Chez une nouvelle espèce de paresseux à deux doigts (Cholæpus Hoffmanni) de Costa- Rica, décrite. il y a quelques années, par M. Peters, ce savant vient de constater l'existence de seulement six vertèbres cer- vicales. Le groupe des paresseux se trouve donc présenter à cette règle, du reste si constante. de l'existence de sept ver- tébres cervicales chez les mammifères, des exceptions soit en plus, soil en moins. Ce cas remarquable nous semble devoir être rapproché de faits analogues cités chez d’autres animaux par M. Darwin. Ce savant a, comme on s’en sou- vient, fait la remarque que lorsqu'un organe présentant des caractères numériques très-constants dans une classe vient à présenter, par exception, une déviation du nombre typique dans un genre où une famille, cette déviation se trouve être très-variable suivant les espèces. . " : e ; Prof. PETERS. SUR LES POISSONS VIVIPARES DU GENRE HÉMI- RAMPHE. (Monatsbericht d. kün. Akad. d. Wiss. zu Berlin. mars 1865, p. 132.) Tandis que les Plagiostomes, avec l'exception des genres Scillia et Raja, engendrent des petits vivants, les autres pois- sons sont généralement ovipares. Les seules exceptions à cette règle sont jusqu'ici parmi les Cataphractes le Sebaste vivipare, parmi les Blennioïdes le Zoarces vivipare, parmi les Cyprinodontes les genres Anableps et Pœæcilie, et enfin la fa- mille des Embiotocides. M. Peters nous apprend que M. BOTANIQUE. 181 Jagor a fait en outre la découverte de la viviparité de certains Hemiramphes, Ces poissons appartiennent, comme on le sait, à la famille des Scomberesoces, chez laquelle M. Hæckel a découvert la production de fibres très-singulières entre le vitellus et la membrane vitelline. Les espèces observées par M. Jagor habitent les îles de la Sonde. BOTANIQUE. L. RABENHORST. FLORA EUROPÆA ALGARUM AQUÆ DULCIS ET SUBMARINÆ, SeCtio [l. ALGAS PHYCOCHROMACEAS COMPLECTENS. Lipzig, 4865 : in-8°. Les 68 genres de la classe des Chromophycées sont distri- bués dans deux ordres: 4° les Cystophorées, à plantes uni- cellulaires, solitaires ou agrégées en familles, et entourées d’une enveloppe générale (corps d’Algues non filiforme), et 2 les Nématogénées, à plantes multicellulaires, avec accrois- sement des cellules en séries filiformes. Le premier ordre contient, sous le litre de famille, les Chroococcacées, et le second, suivant qu'il y a vérilable ramification ou non, qu’il v a ou qu'il n’y pas un accroissement terminal, et encore que les filaments des Algues sont entourés d’une gaine con- tinue et pourvus d’un mouvement propre, ou qu'ils sont en forme de chapelet (moniliformes) et sans mouvement pro- pre, se distribue en cinq familles, savoir : les Oscillariacées, Nostochacées, Rivulariacées, Scytonémacées et Sirosiphonia- cées. Chacune des trois premières familles des Nématogénées est de nouveau divisée en deux ou trois sous-familles. De même que dans la section [, traitant des Diatomacées, et annoncée dans ce Bulletin, un Conspectus generum, expose, au moyen de figures sur bois, simples et claires, les caractères génériques distinctifs de tous les genres de cette classe, Chaque genre de ce conspectus est accompagné de * Archives, 1865, t. XXIE p. 174. 132 BULLETIN SCIENTIFIQUE. quelques mots de texte, qui font saisir à l'instant les diffé- rences génériques et permettent. en général, même aux per- sonnes novices, de s'orienter avec certitude dans un groupe de plantes aussi belles que difficiles pour l’étude.—Le texte proprement dit s'étend des pages 29 à 291. Quatre pages d’additions et deux Index, l’un pour les noms de genres et d'espèces admis, l’autre pour les synonymes, terminent la seconde section de cet ouvrage si éminemment pratique. Ce volume a surtout le mérite de remplir une véritable lacune dans les ouvrages de Phycologie, en donnant l’ensemble de celles de nos Algues inférieures, qui sont caractérisées par Ja présence dun Phycochrome, et ce mérite s’accroitra encore. lorsque nous aurons simultanément en mains la troisième section, qui nous donnera la classe des Chlorophycées, dont plusieurs familles présentent des formes absolument analo- gues à celles qui viennent de nous occuper: — La tendance heureuse de l’auteur, de rapporter cette multitude de sim- ples formes et variétés, décrites et figurées comme espèces distinctes, à leurs espèces véritables, augmente encore Ja valeur réelle de l’ouvrage. M. MEISSNER. SUR UNE ÜOROBANCHE PROBABLEMENT NOUVELLE. (Bo- tanische Zeitung. 19 janvier 1866.) Une lettre de M. Meissner et l’article qu’il vient de publier dans la gazette botanique de Halle, nous montrent quel sin- gulier problème soulève l'introduction de l'espèce que lPau- teur nomme Orobanche aralioctona, et qu’il décrit en détail comme nouvelle. Cette parasite, dit-il, a fait en automne son apparition, dans le jardin botanique de Bâle, sur l’Aralia papyrifera Hook.,et sur chaque pied que nous possédons de cette plante, mais sur aucune autre espèce d’Aralia du jar- din, ni sur le lierre, ni sur aucune autre plante quelcon- que. On se demande donc: est-ce une nouvelle espèce eu- BOTANIQUE. 183 ropéenne qui croit peut-être sur d’autres plantes de notre pays? ou bien est-ce une compatriote de l’Aralia papyri- fera, et alors comment est-elle venue chez nous ? Quant à la première de ces alternatives, elle est possible, mais n’est ap- puyée sur aucune observation. Il serait possible aussi, mais purement hypothétique jusqu'ici, que mon Orob. uralioctona provint de l’une ou de l’autre des espèces européennes et eût subi une altération considérable de ses caractères par l'influence de la plante étrangère, sur laquelle elle s’est dé- veloppée. Je Le crois peu probable, parce que ma plante est trop essentiellement différente de toutes nos Oroban- ches indigènes. Jincline beaucoup plus à croire qu'elle est originaire du même pays que l’Aralia, c’est-à-dire de l’ile de Formosa en Chine. et que les graines en sont venues avec lAralia (incognito, cela va sans dire), dont les premiers pieds (et jusqu'ici les seuls — autant que je sais) ont été envoyés, en 1852, de Hongkong à Kew, par sir John Bowring, d’où l'espèce s’est bientôt répandue dans les autres jardins, étant facile à multiplier, de manière que très-probablement les innombrables exemplaires que l’on rencontre maintenant dans les jardins proviennent de ces individus originaires de Kew. Mon idée paraîtra, je n’en doute pas, bien hardie et peu probable au premier apercu. Je crois cependant pouvoir l’appuyer de quelques faits positifs. 1° L’Aralia papyrifera n’a pas encore été tirée de graines et n’a pas encore donné de fruits en Europe. 2° On ne peut la multiplier chez nous que d'une seule manière, savoir: par les racines ou pousses sou- terraines, mais cela s’opère très-facilement (ce qui explique la grande quantité d'individus qui ont été obtenus et répandus dans les treize années depuis son introduction à Kew). Mon jardinier dit que tous les essais pour propager la plante par bouture ou par les feuilles ont complétement manqué. En effet, cette Aralia ne produit point de rameaux ou bour- geons végétatifs; elle a la tige simple, terminée par un bour- geon qui produit la panicule des fleurs. 3° Il existe des ob- 184 BULLETIN SCIENTIFIQUE. servations positives (faites déjà par Vaucher. et depuis par d’autres). qui prouvent que les graines des Orobanches et des Lathræa peuvent dormir en terre pendant plus de dix ans sans bouger. et puis germer et se développer parfaite- ment. Or, ne peut-on pas admettre, dans le cas en question, que des graines de mon Orobanche se seraient trouvées sur les racines et dans la terre des premiers individus de l’Aralia, venus directement de Hongkong à Kew: qu'il s’en serait communiqué quelques-unes aux jeunes individus obtenus par la division des racines, que cela se serait continué même pendant plusieurs générations, et que le développement de ces graines n'aurait eu lieu où n'aurait été observé que sur les Aralia papyrifera du jardin de Bâle ? Il est trés-possible qu’elles aient germé dans d’autres jardins, longtemps avant l’année dernière, mais qu'on ait de suite extirpé le parasite. ce que mon jardinier a aussi fait. [l en sera resté le seul in- dividu, sur lequel j'ai pu voir et examiner l’Orobanche en parfait développement. Je garde soigneusement (dans la même terre et le même pot) l'individu de l’Aralia pour voir s’il me produira encore des Orobanches. Mon idée, dit M. Meissner, est encore bien hypothétique, et il est né- cessaire d'observer et d’examiner la chose encore de plus près. C’est précisément dans le but de diriger l'attention des botanistes et des jardiniers sur ce fait curieux, et pour pro- voquer d’autres observations et opinions, que j’ai cru devoir publier mon article. 185 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE Le 2, couronne lunaire et halo lunaire dans la soirée. 3, id. id. gelée blanche le matin, couronne lunaire dans la soirée. Le sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE MOIS DE JANVIER 1866. 5 et le 6, brouillard pendant tout le jour. 13, halo solaire de 11 heures à 3 heures. 15, halo solaire partiel de 10 heures à 2 heures. 16, brouillard le matin. 18, gelée blanche; le soir jusqu'à 8 heures 15 minutes, belle lumière zodiacale. 19, forte gelée blanche. 20, couronne lunaire entre 7 heures et 8 heures ie soir. 21, faible gelée blanche (minimum + 1°,0) ; couronne lunaire le soir. ci 22, forte gelée blanche; couronne lunaire et halo lunaire dans la soirée; faible brouillard le matin et le soir. 24, couronne lunaire dans la soirée. 25, 26 et 27, gelée blanche le matin ; faible brouillard le 27, dans la matinée. 28, brouillard tout le jour jusque vers 10 heures du soir, où il se dissipe en partie, et laisse voir une belle couronne lunaire. 31, gelée blanche le matin. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. Le 2 à 10 bh. matin... (1,20 17 à 11'/s h. matin... 22 à 10 h. matin... 25 à 10 h. matin... 30 à 10 h. matin... mm 735,19 719,68 738,16 736,31 ‘740,91 731,92 ARCHIVES, t, XXV. — Février 1866. 2 2 2 4 (! 2 MINIMUM. mm h. après-m.. 725,36 ‘/a h. après-m.. 709,25 ‘/a h. après-m.. 708,18 h. après-m.. 728,38 ‘/x h. matin . b. après-m.. . 129,29 729,49 13 HONDOIOMOMTUM. BOUT AVASTEI EU AAIOTAVAARO NULA AATIAR 211 dl u dl fl ‘4 « « Un MAMA et 4 AUOT AIS “ à, sd M ! PTT dUUAUL. ai lou A ns L et oèeioit ame cérviauurtt old 1e nisiel ü init d , lbs T Hifi pr À al Pr due ul, on ne Chatte wine ol, As L EME “ He a mi ME At Ets 2 mir Hu gi bas A 0] era cat dif ef mr h LT De Ha amie D PS ES NT #4 usé 4 LA ONE VUS Ve TOR EE NT 4 *ah di + (2 1dape, ALLONS \ L ] H A a) : F \r Des # » w ir vai { L { n a ME ir ph LENS. + Li N 4 è 4 } Maitre" A4! L 0e [ST + 0'C£ SE +16 soc OT AIRE cce (le... VS g'eg FT + | s'ec gr + |6'S See rr + |8'< “eg lle r + | 9 Crr +16S Ge Sr + |0*9 0ce as 2 CPE deg or + | 719 OS Er +16 OSSI Sr + 10" O'SLISE + | r9 OCR SE + | T9 S'IL YT + | 0'9 L'IS UT at .. c'ic cr + |6S< ICT + | T9 OS IST +! 09 S'£eg Or + | 8 L'EST + | r9 G'eg 160 +|8s's eçe lle... nn S'Eg Or + |0'9 g'eg | 0‘r + |09 s'£g 1 6‘0 + | 0‘9 g'eg 07 + | 719 s'ce 180 + | 0'9 Eco SR UE. saonodl ni ee 2E | cote | VX = | qu BE | eue Lr2 |19'Q | 0£'0 | L6'0 1.680 | EV'0 || 900 ££"0 | 0£‘0 || LE. | )£‘0 || el 0 YG'0 | 880 || LO‘O | 690 | 96°0 | 96‘0 || ES (l | 69‘0 | 870 || O0'T 1 06'0 | 480 || £6‘0 | €G'0 | 00‘ | 00! } L£'0 49'0 |LS'0 O0 “fou — F- "OSS 2]qe1IBA G6 OSS r ‘OSS F ‘OS 2]qUIITA F ‘ANN £ ‘NN O[QUIIEA F ‘OSS aq JIVA Fu OSS } OSS } ‘©OSS 9, QuIIRA } OSS I °N A[QUIIBA F ‘OSS a[quravA 6 OSS "O$S ‘OSS ‘0SS ’ 'S PL ‘OSS } S 2[QUIIPA I °N 2[qUII1CA EF ‘OSS =1wu0p = ou. 096 026 0c8 0007 096 096 OT8 06 066 076 096 096 0001 016 086 086 096 | 006 06Z O£L 0c6 026 026 066 0001 el 1 0001 00017 006 OCOI 0€6 = 20 » e 29 Sa = = É ON OC . . . 16 | sal P “quu07 nes 0007 019 00L 0c9 06 OLL 069 019 09 0€9 | 099 069 Ce SG | 19 OIL 019 0£8 ie OC! | 00€ 0SY 067 OT 0GL OR OS 0L6 OL 0fS 00Z 089 “XI | UTTUEN I, 5 GA "m 20 « — “uHIou uOT CA} DIRAIT RTC | a ec 1 | L£'e 8g'r+ | EL'S IS + | SF'S gc'0+ | 9£'7 cro+ | er 6£‘0+ ISF A A Le mi EE LC 2 Lg‘ 0+ a Let . 0L‘0+ | 6° eo + “TH 66‘0-+ | 90° 9o1I+ | cc 18 C+ | 987 e9'r+ | 19°c 98‘ 1+ | 06° 60'G GI°9 cg‘r+ | LS'S | 07‘ 0— 2e CFO— | 9S'E L9‘0+ ÉD 11'0— | 06€ c£'0+ | CS'Y 26 1+ c6'e 9£‘1+ | SES 16‘0+ 067 Fr'0+ c'Y cL‘0+ | EL‘F Fc'o+ | cS'r | Cr‘0+ A SSH | IG “AE | UNE ei | torsuon. | 1LY8 B Al x La | AN, EE D. “AUQU NP dog PP) TUSA Léfieu noamngg} semer no uoneanyes ap'oray | dex ey op notsua (| Re eme | tn | Come ones et bone. | Rmnenhe Gien. | SRE. chan n. fete | = Fe MEANS © D © = = nt © e RTE EC e THOOS— _— HS SS si FPE - e 20 om Er 0 “UIXEN 6 —|erc+ Les + Fr + |6rr+ de + D't — | S99 PONS LG —| 86016600 se — | 99"0+ | 090 + Fe —|17Fr6e+ 00'& + CT — | 16 6+ 908 + re F Lu LCY + 60 + | sg'o+ GS + Fe — | 8e + 8c's + FO + | e+ Sy'e + 20 4 02e ere + c'e — | 96 7+ 097 + CO IELEELNET Fe + 89 |e10 y + | 199+ GF9 + ge + sat )rrs + OF + | 6sr+ | 807 + 0‘ — | 09 TE | FFE € 0e — | LL'e+ | 086 + re + get 109 + 9‘0 + | 80 8+| 89 + L'O + | 9rs+ ELY À 66 + |£ry+ | 009 + GI + | cet | 088 + £‘o — | 8c'r+ LS"0 + GE —|€60—| 190 — SE — | CSI+ | STE + L'O — | IS F+ | 9 + go — 88 + | 9 + 0‘0 cor | £6'E +| n | 0 0 | "erRunou samat un | jun, [en 18H auuoaion CU 7) aanpeigdua, €L‘0 + | SS'LEL IL‘e + | 06084 66€ + | 16 08L 94 + | IS'YEL GG‘Or+- | £G'8EL EG | TO 6EL L8‘Gr+ | OG'OFL 10‘6 + | 98982 LS'e + LT (YA g8'z + |6c SEL 06 + 19'TEL CFE + |S8€ ‘68L Sc'r +: | EL'TEL F8 + 00° JL c'e + | GFLEL IS'L + |6L EL gc'o + | F0‘FeL 861 + | SL'YEL gr + | 80'GEL LS'y — | Y9'TEL 80'LI— | SF'OIL G6'6 — | JS'LEL €8'cI— | SOYIL LE Y — | 1 CEL GET + | O6REL F9 +|SE GEL cle + | 69661 ee +|e0 ke IPG + | 06€ g0'L + VC OST — | 1962 “up RULLTT ELU r Ù re LS wooae Jp AU leo (LEO LS © Re "ANQUOIR CE EL ET EE EE ER EE ET Re ET EE nn | | | 6 8 L 9 { Y € a F *sIoux ap MOYENNES DU MOIS DE JANVIER 1866. 6 h. m. 8h.m. 40h. m. Midi. 2h. 8: # h.s. 6 h.s. 8 hs. 16h. Baromètre. Ton in muni nr roi in nn rm min jre décade 727,920 727,28 727,51 726,59 725,85 726,21 726,51 726,68 726,94 2e w 730,00 730,48 730,86 730,42 729,76 729,99 730,39 730,70 730,93 3e a 734,18 734,42 73479 734,39 733,71 733,16 734,06 734,48 734,52 Mois 130,58 730,85 731,17 730,59 729,90 730,11 73044 730, 73 730,91 Température. 0 {redécade+ 1,37 + 211 + 3 22 + 4,33 —- 313 —- 419 + 3 19 + 2 63 - 196 2 « + 2,03 + 2,04 + 4,18 + 7,29 + 8,15 + TA + 5,26 4,60 + 3,78 3e e + 0,59 + 0,76 + 3,46 + 6,20 + 6,78 + 6,40 + 5,12 + 3,30 + 2,35 Mois + 1,31 + 1,61 + 3,62 + 5,95 + 6,70 + 5,92 L 4,73 3,50 + 2,69 Tension de Ia vapeur. non mm ma mm nm min mm mm mm {re décade 4,48 4,50 4,67 4,88 »,18 9,14 4,95 4,13 4,59 de n 4,67 4,87 5,06 5,29 »,26 5;32 5,14 5,14 4,98 3e n 4,37 4,29 4,179 5,26 5,31 5,23 5,28 5,00 4,82 Mois 4,50 4,55 4,84 5,15 5,25 5,23 5,13 4,96 4,79 Fraction de saturation en millièmes. {re décade 887 854 824 800 798 836 821 359 874 2e u 874 909 812 687 646 700 770 803 816 3e « 911 882 818 740 7122 735 803 864 883 Mois 891 882 818 742 22 756 798 841 858 Therm. min. Therm,max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limn'mètre. du Ciel. du Rhône. ou de neige, 0 0 rm p. {re décade + 0,11 + 6,25 0,85 397 29,7 33.55 2e « —+ 0,53 + 9,30 0,62 6,02 10,3 34,70 3e “ — 0,97 + 8,26 0,46 5,83 6,5 35,41 Mois — 0,14 + 7,95 0,64 5,94 46,5 34,58 Dans ce mois, l’air a été calme 1 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,36 à 1,00, La d'rection de la résultante de tous les vents observés est S. 24,0 O. et som mtensité est égale à 51,6 sur 100. TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE MOIS DE JANVIER 1866. Le {er brouillard jusqu'à 10 heures du matin. 2, brouillard le bon matin. 10, brouillard jusqu’à 2 heures de l’après-midi. 11, brouillard le matin et le soir. 12, brouillard dans la journée. 14, brouillard jusqu’à 2 heures de l'après-midi. 17, brouillard jusqu’à 4 heures de l'après-midi. 30, brouillard à 6 heures du matin. Le 10, le 11 et le 23 la quantité de neige mesurée est probablement trop faible, parce qu’elle tombait par un fort vent qui l’emportait hors du réservoir. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. mm mm Le A1eà 2h. après-m. 561,40 Le 2 à 6 h. soir .... 567,82 mn [=] 72 6 h. matin... 547,40 10 à 10 h. soir.... 554,74 nn = 7 6 h. soir.... 550,82 14 à 10h soir .... 570,00 17 à 6 h. matin... 566,03 18 à 10 h. matin... 570,80 20 à 2h. après-m. 565,11 22 à 10 h. matin... 570,73 23 à 2h. après-m. 563,09 25 4-8 h.-s0ir ..:.:573,01 29 à 4h. après-m. 565,00 30 ‘a 6 D. '607.::. 200,16 * Lis chiffres renfr1més dans ces colonnes graphe étant hors de service. ‘É Baromètre. . i ige. = romèêtre Température C Pluie ou neige Vent = Ecart avec ie |Écart la Eau . £ Maximum. de j mens Minimum *| Maximum * tomb edans dominant. < | 24 heures. les 2% h. Se TE PS millim, 0 millim Î l 564,38 | — 8,69 | + ZE 17,6 | FT Pa 2 + 567,82 || — 9,38 | — — 4,2 variable 3 . 567,74 || — 3,70 | + AT | De © EL NE. 1 4 a 567,24 | —5,54 | + = S0.= 4 5 EH 564,70 | — 5,80 | + = # variable 6 | + 564,96 | — 5,19 | + 2 LS NE. 1! 7 25 564,03 | — 5,85 | + 4,9 3,2 NE, :4 —— 560,05 | — 4,23 | + — 1,4 18,9 NE. 1 — 555,69 | — 9,54 | — 21.0 3,4 variable — 554,74 | —192,65 | — 110 1,5 NE. 3 — 552,53 || —11,12 |. — — 8,0 8,3 SO. # 4 — 558,63 | —11,86 | — 2 = 2,6 NE. + + 2 565,64 || —10,81 | — 15,42 = 72 ; NE. 2 C2 570,00 | — 2,23 | + — 4,0%! — 0,3 ERA NE. 103 + 569,74 | — "2,24 | + ER ER ii NE. 1! + 569,50 | — 4,95 | + = 669 =23 LE NE, 2,4 sr 569,67 | — 7,32 | + 2 — 8,7 | — 5,6 4,2 NE: 2 + 370,80. | — 2,97 | + 0,681 ED AT TETE variable | 0,11 + 568,48 | — 2,84 | + — 5,4 | + 04 . NE, 4 | 0,03 + : 565,96 || — 3,72 | + — 4,684 2101 # SOA 1 | 0,01 =: 569,51 | — 3,18 | + — 4,3 | — 0,6 pe variable | 0,00 STE RO NES —"434 200,5 n . RNE; 4 | 0,00 se 566,98 || — 6,60 | Æ 2,90 | —10,7 | — 1,0 2,5 NE. 2 | 0,88 + 571,15 || — 7,42 | + 2,08 | —11,6 | — 4,0 ARE NE. 1 | 0,00 Si 573:64%|| — 1,40 | + 840 | — 374 LATINE NE. 4 | 0,27 | + 573,51 || — 1,79 | + 7,71 | — 4,34 + 2,0 | ..... |…..… OR 2 | +1: 572,90 | — 3,56 | + 5,93 | — 5,5 0,0 NE. 41 | 0,00 | 570,30 || — 4,00 | + — 6,0 0,011... 480 variable 0 | + 565,75 || — 4,49. | L — 692-146 RER NET 1 | + 566,16 || — 4,33 | L 5,14 | — 7,5! — 1,5 EE NU, 7.4 | + 565,42.) — 6,07. 3,38 704248 SET 50: 4 donnent la plus basse et la plus élevée des températures vbservées de 6 heures du matin à 40 heures du soir, le 1hermometro= 189 MOYENNES DU MOIS DE JANVIER 1866. 6h.m. Sh.m. AÂ0h.m. Midi. 2H:S- 1040: 0 16:15: 8h.s. 10b.s. Baromètre. u nn mm rm mm mm mm rar ram mm re décade 561,78 561,76 562,07 561,71 561,25 561,29 561,45 561,57 561,53 2 « 064,26 564,57 565,06 965,00 564,90 565,10 565,19 565,38 565,46 3 u 568,55 968,8 568,81 568,67 568,36 568,54 568,73 568,99 568,96 Mois 064,98 565,08 565,43 565,24 564,95 565,09 565,24 565,43 565,43 Température. 0 0 0 0 (u 0 (L 0 0 iredécade— 7,78 — 7,48 — 7,19 — 5,49 — 5,16 — 6,25 — 7,19 — 7,17 — 7,51 Do Ve 17,54 — 7,921 — 6,24 — 4,54 — 3,67 — 4,72 — 5,69 — 6,06 — 6,08 3e où — 541 — 4,79 — 4,13 — 1,87 — 178 — 2,70 — 4,65 — 4,76 — 4,86 Mois — 6,75 — 6,44 — 5,79 — 3,90 — 3,48 — 4,50 — 5,81 — 5,96 — 6,11 Min, observé.” Max. observé. Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela du Ciel. ou de neige. neige lumbée. 0 0 mm mn 1re décade — 8,90 — À,86 0,56 50,8 260 2% « — 8,18 — 2,97 0,45 15,1 220 3 .« — 6,46 — 0,85 0,22 2,5 20 Mois — 7,80 — 2,83 0,40 68,4 800 Dans ce mois, l’air a été calme 23 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 2,60 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 450 E. et son intensité est égale à 41 sur 100. * Voir la note du tableau { “Aa © 1 v” s “NEA sé #” + a on ' TU fi \ DE cute gt Ki 11 QE dr ie Fe PERTE ie PTE 2 nù Psp Ter die. Ms Er T4: Es + À, L 10%, NUE FAR + A A à ee =—. Ms : ra a Me LS LUS LE d he À Po e\aite + HALL. QU 0. Archives des Se. phys. et nat. 1866. (2 # (4 PL T “| ï ii ‘ f Lit. Nabli et Muverrak LS Eee TE RECHERCHES SUR LES COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES PAR M. L. DUFOUR Professeur de physique à l'Académie de Lansanne {. Dans sa réunion à Zurich, en août 186%, la Société helvétique des sciences naturelles entendit une proposi- tion de M. A. de la Rive, qui demandait que la Société fit « examiner la convenance qu'il y aurait à établir, dans « une ou plusieurs des stations météorologiques, des ob- « servations régulières sur les courants terrestres faites « au moyen des fils télégraphiques ?. » M. de la Rive développa sa proposition en montrant quel grand intérêt se rattache à cette question des cou- rants terrestres, et il exprima l'espoir que les autorités fédérales accorderaient leur concours à la Société des sciences naturelles. La Société des sciences naturelles adopta la propo- sition de M. de la Rive et elle nomma une Commission 1 Les recherches de M. Dufour doivent paraître en entier dans le Bulletin de la Société vaudoise des Sciences naturelles. La communica- tion que l’auteur a bien voulu nous en faire, nous permet d’en pu- blier aujourd'hui textuellement les parties les plus importantes, en nous bornant à un simple extrait pour les paragraphes qui ont trait à certains points spéciaux. (Réd.) * Verhandig. der Schweiz. nat. Gesellsch. in Zürich, 1864, p. 387. ARCHIVES, t. XXV. — Mars 1866. 14 194 RECHERCHES SUR LES spéciale’ chargée de s'occuper de ce sujet. Cette Com- mission examina et discuta, dans une première confé- rence, comment des obser vations pourraient être entrepri- ses, et elle décida de faire quelques études préliminaires en se servant des fils du réseau télégraphique. Il importait de savoir jusqu'à quel point on peut tirer parti des fils actuellement existants afin d'éviter, si possible, d'installer un fil nouveau et exclusivement affecté à l'étude des courants. Pour ces recherches préliminaires, la Commis- sion pensa qu’il suffisait d'installer des plaques de terre aux deux extrémités de la ligne employée et de relier ces plaques avec la ligne pendant que l’on ferait les obser- vations. Pour simplifier ces recherches préparatoires, on décida que ces plaques seraient en tôle et que l'ohserva- tion des courants aurait lieu au moyen d’un galvanomètre ordinaire intercalé dans le cireuit. La Commission ne mé- connut point les inconvénients qu'il y avait à employer des plaques de fer, mais elle pensa qu'il ne fallait peut-être pas compliquer une installation toute provisoire en ayant recours soit à de grandes plaques de charbon, soit à des plaques de zinc disposées comme celles des expériences de M. Matteucci. Quant aux lignes à choisir, la Commission décida de faire les premiers essais dans deux directions et, autant que possible, de choisir une direction parallèle au méri- dien magnétique et une autre perpendiculaire. Pour la première, la direction Bàle-Lucerne parut convenable, et pour la seconde, la ligne Lausanne-Berne. Cette der- nière présentait surtout l'avantage de fournir un fil té- ‘ Cette commission est composée de MM. A. de la Rive, président ; R. Wolf, professeur à Zurich; Dr Hirsch, à Neuchâtel; Ed. Hagen- bach, professeur à Bâle; L. Dufour. COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 495 légraphique direct, c'est-à-dire reliant Lausanne avec Berne sans toucher aucune station intermédiaire. — L'administration fédérale des télégraphes voulut bien pro- mettre son indispensable concours pour les études qu’on voulait entreprendre et elle a mis, dans la suite, une par- faite obligeance à faciliter ces études. C’est sur la ligne de Lausanne-Berne * que la Commis- sion me chargea de faire quelques essais prélimmaires, et c’est le résultat de ces recherches qui se trouve con- signé dans le présent travail. — Au premier abord, je crus qu'il suffirait de quelques observations pour voir si une ligne télégraphique peut être facilement mise à profit et pour savoir quel galvanométre 1l convient le mieux d'employer. Mais les questions ne tardérent pas à se multiplier et à se compliquer. Je fus amené à entre- prendre un certain nombre d'expériences pour résoudre divers points douteux et, en définitive, un nombre assez considérable d'observations diverses se trouvèrent réunies. Ces observations ont, en somme, un double but : tantôt elles se rapportent à la tâche proprement dite qui m'était proposée, c’est-à-dire l’étude des moyens d'observation et du parti qu'on peut tirer d’une ligne de la télégraplue or- dinaire ; tantôt elles ont trait au sujet scientifique même que lon a eu en vue. Cette double préoccupation nuit 1 Cette ligne est employée exclusivement pour les relations télégra- phiques entre Genève, Berne et la Suisse orientale; de là son nom de ligne directe dans la nomenciature de l'administration télégraphique. Elle ne passe dans aucune station entre Genève et Lausanne ; à Lau- sanne, elle entre dans le bureau, passe au parafoudre et au rhéostat, mais ne s’y relie habituellement à aucun appareil télégraphique et ne sert pas à la transmission des dépèches partant de celte ville ou y arrivant. C’est cette ligne enfin qui, pendant la nuit, fonctionne pour le service international entre Genève et Bâle ou Saint-Gall. 196 RECHERCHES SUR LES certainement à l'unité de ce mémoire; mais l'intérêt du sujet lui-même est si vif que je ne suis pas parvenu à m'y soustraire et que je n’ai pas su me borner à l'étude exclusive de la méthode d'observation et des avantages ou des inconvénients que présente l'emploi d’un fil appar- tenant à l'administration télégraphique. Malheureusement, les observations qu'il m'a été pos- sible de faire ont été, en somme, rares et clair-semées, et les pages qui suivent ne peuvent en aucune façon pré- tendre à une étude quelque peu complète des courants terrestres. Mais ce travail aura son utilité, tout défectueux qu'il est, s’il montre le très-vif intérêt qu'il y aurait à poursuivre en Suisse des études semblables, et s’il in- dique quelques-unes des précautions dont il faut s’en- tourer dans les recherches de ce genre. M. A. de la Rive, si compétent pour des études de ce genre, a bien voulu m'aider de ses précieux conseils et de ses savantes directions; je prends la liberté de lui témoigner ici ma bien vive reconnaissance. SL. Ligne et appareils. Mode d'observation. La communication de la ligne destinée aux expé- riences, avec le sol se faisait par l'intermédiaire de gran- des plaques de tôle de un mètre carré de surface. — A chacune de ces plaques avait été soudé, par une sou- dure au cuivre, un fil de fer ; la minceur de la tôle n’avait malheureusement pas permis de faire une simple soudure à chaud. Une épaisse couche de vernis à l’huile avait été appliquée sur le point de soudure et sur la portion voi- sine de la tôle. À Lausanne, la plaque de terre a été placée le # avril COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 197 1865 dans un trou pratiqué au pied de la façade N du grand Pont, dans un terrain marneux, très-humide, et éloigné de 10 mètres environ du lit du Flon, sur la rive gauche. Le trou avait 2 mètres de profondeur et la pla- que y à été couchée horizontalement. Le fil de fer, sortant du sol, s'élevait le long d’un des piliers du pont, puis il était relié, à l’aide d'une pince, avec un fil de cuivre entouré de gutta percha, tendu obliquement jusqu’à une fenêtre du bâtiment où se trouve le bureau télégraphique. Le fil pénétrait dans une chambre où passent les diverses lignes aboutissant à Lausanne, et c’est là, près du parafoudre, qu'il pouvait être mis en communication avec la ligne destinée aux expériences. A Berne, une plaque de tôle, parfaitement semblable à celle de Lausanne et coupée dans la même pièce, a été déposée dans le soi le 40 avril, à 1",90 de profondeur, dans un terrain un peu sablonneux, sous le pavé de la cour du bâtiment de la Poste. Le fil de fer montait le long du mur en molasse et pénétrait jusqu'au bureau télégraphique où lon pouvait le relier avec la ligne. Les deux plaques de terre de Berne et de Lausanne sont éloignées d'environ 79100" en distance rectiligne ; mais le fil qui les relie suit le chemin de fer d'Oron-Fri- bourg-Berne, il présente quelques sinuosités et sa lon- sueur est d'environ 97,000 mètres ‘. La ligne Lausanne- Berne fait un angle d'environ 68° avec le méridien ma- gnétique. ‘ Cette longueur est celle de la ligne ferrée Lausanne-Fribourg- Berne, le long de laquelle le fil est établi. — La longueur réelle du fil doit être un peu plus grarde parce que d’un poteau à l’autre il se produit une légère flexion. Mais la différence due à cette cause-là ne peut guère s’apprécier parce que la flexion n’est pas partout la même. 1938 RECHERCHES SUR LES Les observations ont été faites à l’aide d’un galvano- mètre‘ de Rubmkorf, dont les aiguilles ont 48m, L’ai- guille intérieure est enveloppée de # systèmes de fil d’é- gales longueurs dont les extrémités aboutissent, distinctes, à des boutons extérieurs. Il est facile, suivant l'intensité du courant que l’on veut observer, d'employer le plus court circuit où un cireuit plus long, en utilisant un seul des fils (60 tours) ou en les ajoutant les uns aux autres (120 ou 180 ou 240 tours). — Dans toutes les obser- vations dont il est question plus loin, le salvanomètre a toujours été employé avec les quatre fils ajoutés à la suite les uns des autres, de telle façon qu’il avait sa plus grande sensibilité. Cette disposition des 4 circuits qui pouvaient être dis- tincts ou ajoutés, à permis de construire facilement la table de graduation de l'instrument. On s’est assuré d’a- bord que chacun des quatre circuits agit d’une façon sen- siblement égale sur l'aiguille, c’est-à-dire que le même courant, lancé successivement dans chacun d’eux, pro- duit toujours la même déviation‘. Cela étant, un courant À était lancé dans le premier circuit et produisait une déviation D, ; le même courant À (contrôlé par un second galvanomètre) était ensuite lancé dans les deux premiers circuits, puis dans trois, et les déviations devenaient D,, D. Il est évident que D, correspond à une intensité double de celle qui produit D,, D, à une intensité tri- ple, etc. — En multipliant ces expériences avec diverses 1 Ce gaivanomètre appartient à M. A. de la Rive qui a eu la bonté de me le prêter. * Les quatre circuits agissent en effet sensiblement de la même façon sur l'aiguille; il y en a cependant trois qui sont plus compléte- ment semblables entre eux qu’ils ne le sont au quatrième. Ce sont ces trois-là qui ont servi pour la graduation. - COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 199 valeurs de À, on a pu former une table; puis tous les résuitats ayant été représentés graphiquement, On à pu tracer la courbe moyenne qui ne s’écartait que très-peu des observations distinctes. C’est à l’aide de cette courbe qu’a été construite la table qui suit. $S IL /nfluence perturbatrice des courants du télégraphe. Lors même que iles observations ont lieu au moyen d’un fil qui est en dehors du réseau télégraphique, les courants qui traversent les fils voisins pour opérer la transmission des télégrammes, peuvent se manifester par une action sur le galvanomètre. C'est ce que M. Du- four a constaté au moyen d'expériences directes. Cette influence pouvait tenir à trois Causes capables de pro- duire une dérivation de courant d’une ligne traversée par un courant télégraphique à la ligne destinée à percevoir les courants terrestres. La première était la communication possible par un rapprochement trop considérable des fils à leur entrée dans le bureau télégraphique ; cette cause d'erreur qui à été sensible au bureau de Berne, à pu être évitée en in- troduisant le fil destiné à percevoir les courants terrestres par une ouverture spéciale. La seconde était le voisinage à chaque station des deux plaques de terre destinées, l’une à la perception des cou- rants terrestres, l'autre à la transmission des courants télégraphiques. On pouvait craindre que le courant télé- graphique n’éprouvàt une dérivation partielle en traver- 1 Nous ne reproduisons pas cette table, non plus que celle qui donne les rapports entre les indications du galvanomètre et celles de la bous- sole ordinaire des télégraphes. (Red.) 200 RECHERCHES SUR LES sant dans une certaine proportion le circuit formé par les couches de terrain interposées entre les plaques de terre à chaque station et le fil reliant les deux plaques servant de sondes pour les courants terrestres. Or l’expé- rience à montré que cette influence était complétement nulle et que, comme on devait s’y attendre, il ne peut pas y avoir de dérivation dans des circonstances sembla- bles. En un mot, on s’est assuré que le sol ne sert en au- cune facon de conducteur intermédiaire, soit à Lausanne, soit à Berne, entre les conducteurs terrestres des bureaux télégraphiques et ceux qui ont été établis pour les recher- ches sur les courants terrestres: conclusion qui à quelque intérêt, puisque les deux plaques étaient, à Berne, sépa- rées seulement par une faible épaisseur d'environ deux mètres Ge terre. Enfin, la troisième cause perturbatrice pouvait tenir à des dérivations ayant lieu par les poteaux de bois qui supportent les fils télégraphiques, à cause d’un isolement insuffisant des cloches de verre. On a pu constater par un grand nombre d'observations que cette influence existe en effet, mais qu’elle est exceptionnelle, et que, avec le degré de sensibilité, du moins, du galvanomèêtre em- ployé, ce n’est que dans les jours de pluie et quand la ligne a été mouillée, qu'elle devient sensible. Toutefois, comme nous le verrons, on peut en tenir compte et par conséquent léliminer. Voici, du reste, comment on peut s’en rendre compte: On peut se représenter que, sur chaque poteau, un faible courant dérivé part du fil, se propage à travers la couche liquide qui mouille la face supérieure de la cloche de verre, continue sous la cloche grâce à l'humidité qui y est adhérente et aboutit au bois du poteau pour gagner, 74 COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 201 par un chemin semblable, le fil voisin. Ce circuit offrira une résistance très-grande pendant les temps secs ; mais si la pluie a duré longtemps, si elle a été violemment chassée de telle façon que la face inférieure des cloches a pu être mouillée, si peut-être le brouillard règne, cette résistance diminuera et la dérivation pourra se produire plus ou moins intense. — La face inférieure des cloches en verre n’est point aussi isolante qu'on peut se l’ima- giner. À la longue, il s’y forme souvent un léger dépôt de suie provenant de la fumée des locomotives. Cette faible couche devient facilement humide par les temps de brouillard ou de pluie et elle offre évidemment un passage trop facile aux dérivations. » D'autres causes accidentelles telles que le contact di- rect ou le contact opéré par un corps organique entre les fils quand ils sont trop rapprochés, peuvent exercer une influence perturbatrice ; mais il est facile de s’en mettre à l'abri. $ IL. Observations. Voici maintenant les résultats d’une partie des Jours d'observations, dans lesquels on se borne à indiquer d’une manière un peu brève la marche de laiguille gal- vanométrique. L’instrument était introduit dans la ligne de telle sorte que l'aiguille déviait à l'Est par un courant allant de Berne à Lausanne, par le fil, et par consé- quent à l'Ouest par un courant marchant de Lausanne à Berne. 25 avril 1865. Ciel d’apparence orageuse dans laprés-midi; temps clair et calme le soir. 202 RECHERCHES SUR LES 9 heures 35 minutes du soir. Déviation à 15° E., puis lents mouvements de 15 à 10°, puis 5°. L’aiguille est plusieurs se- condes calme sur 8 E., puis mouvement vers 20, 25° et 30°. — Plusieurs secondes de calme sur 12 à 43° E. 9 h. 46 m. Lente oscillation de 10 à 15°. 47 m. Retour assez brusque à 0°, puis progression à 10° E. 49 m. Mouvements de 10° E. à 5° O. 57 m. Presque calme absolu sur 5 à 6° E; faibles et lentes oscillations. 10 h, 1 m.: 4 à 5° O., puis lent mouvement vers 10° E. 2 m. Grande, mais lente oscillation de 15° E. à 25° O. 10 m. Calme sur 5° E. 11 m. Pendant plus de À minute, calme absolu sur 5° E ; puis accroissement lent jusqu’à 8. Ce mouvement de 5 à 8° dure au moins 5 minutes. 17 m. Le calme sur 8 se maintient, puis quelques mouve- ments brusques surviennent et l’aiguille revient sur 7 à 8° E. 20 m. Très-lent accroissement de 7 à 10°, puis progression plus rapide de 10 à 20°. 23 m. Aiguille très-calme sur 24° E. 25 m. Retour à 16°, puis 43°; puis nouvelle déviation à 26 m. vers 20°. 27 m. Lente progression jusqu’à 30° E., suivie d’un lent retour vers 20 puis 45°. 28 avril. Temps calme, beau et chaud. Midi et4# m. Déviation à l'E. 6 à 7°. 16 m. Calme sur 6°. 17 m. Calme sur 6°. 19 m. Lente oscillation entre 6 et 4°. 20 m. Lent mouvement vers 3° puis 2%. 214 m. Oscillation lente entre 4° et 6e. 25 m. 4 à 50. 26 m. Accroissement lent vers 6 à 7°. 29 m. Lent mouvement entre 5 et 7°, puis 30. 30 m. Sensiblement calme de 3 à 4e. 33 m. Calme sur 4e. COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 203 30 avril. Ciel couvert. Légère pluie commencante; sol encore sec. Midi et17 m. Déviation vers 12° E., lent mouvement vers 13 et 15°. 20 m. 2° E., puis lent mouvement vers 150, retour à 20. 2% m. Mouvement très-lent et régulier de 16 à 20°. 97 m. 20 à 22°, très-calme. 30 m. Lente oscillation entre 18 et 28°. 32 m. Calme presque absolu vers 24 à 25°. 1° mai. Ciel un peu nuageux; temps calme. {l a un peu plu hier dans la soirée. 6 h. 25 m. du matin. — Déviation de 4° E., puis lentretour à Ov. 26 m. 1° 0. 29 m. Oscillations lentes de 0° à 4° O. 34 m. 5 à 6° 0. 32 m. Trés-lente oscillation de 0° à 6° O. puis 8° 33 m. Mouvements hésitants et rapides de l’aiguille entre 3et40. 40 m. 5° O., puis progression vers 8 et 9° suivie de mouve- ments brusques et saccadés. 42 m. 5 à 6° O. kk m. Calme sur 5° 0. 45 m. Lents mouvements entre 0e et {° O. à ma. Temps calme; ciel nuageux. Midi et 5 m. Déviation de 18° E., puis lent retour à 12°. 8 m. Calme parfait pendant plus de une minute sur 14°. 10 m. 17°, puis lent mouvement vers 15°, 43 puis 44°. 12 m. Mouvement lentement progressif de 44 à 17°. 15 m. 16°. | 17 m. 46 à 17°. 20 m. Lente progression vers 20. 23 m. 18 puis lent retour à 12 et 8. 28 m. 15°. 204 4 RECHERCHES SUR LES 8 mai. Ciel couvert et un peu pluvieux. — Orage pendant la nuit. 6 h. 17 m. du matin. — Déviation vers 40° E. 18 m. Mouvements brusques autour de 40. 20. m. Oscillation de 12 à 15°. 22. m. Oscillation de 42 à 15°. 24. m. Mouvements rapides de 10 à 43%. 26. m. 6° E. 30. m. Un lent mouvement a amené laiguille vers 40° O. puis 120. 32 m. Presque calme vers 10 à 14°, puis lent retour à Oe. 33 m. ÿ° E. 34 m. Lente progression à 10°E., puis retour vers 0 et à PO. Lent mouvement vers 10° 0., puis 42, puis 15, puis 17° et arrêt absolu. 36 m. 10° 0. 37 M. 25 à 27° 0., puis 28. Parfaitement calme sur 270. 40 m. 12° O., puis 8, puis 7°, puis 4° et retour vers 0° après 3 minutes. &3 m. 0. &%4 m. 0° à 1°, puis 5° E. et brusquement 10 à 43° E,., puis 15, puis 17°. 45 m. Légères oscillations autour de 18° E. 9 mai. Orage pendant le jour. Temps calme, ciel clair le soir. 9h. 35 m. du soir. Déviation de 10 à 15° E., puis calme sur 4130. 37 m. Très-calme sur 130. 38 m. Très-calme sur 12 à 130. 39 m. L’aiguille se rapproche lentementet progressivement de 10°, puis 9 et &. 42 m. Absolument calme sur &°. 44. m. Absolument calme sur 8°. 45 m. 9, puis 10°. Mouvements très-lents et réguliers en plusieurs minutes. 54 m. 12 E., puis oscillations assez brusques et retour vers 2, puis progression vers 400. COURANTS ELECTRIQUES TERRESTRES. 205 55 m. 9°, puis retour à 6 et 5e. 8 m. Mouvements hésilants et saccadés de l’aiguille vers & et 5°, puis 8 et ÎJ°. 10 h. 2 m. Mouvements assez brusques vers 3, puis 2, puis 8. 9, puis 3, 20. 8 m. Presque calme vers 2 à 3e. 10 m. Presque calme vers 2 à 4°. 12 m. Calme sur 4°. 18 m. Calme sur 3 à 4°. 20 m. Calme sur 4e. 21 m. Lente progression à 6, puis 8 et 9e. 23 m. Oscillation de 10 à 15°, puis retour à 0°, et même pas- sage à l'O. Brusques mouvements et hésitation de l'aiguille entre Qet 250 E. 29 m. 18° E. 30 m. 10 à 120. 31 m. 20° E., puis 22, 23e. 10 mai. Quelques rares nuages élevés. — Soleil. 6 h. 12 m. du matin. Déviation de 2 à 3° E., puis.lente os- cillation de 3 à 4°. 16 m. 4°. 18 m. Très-lent mouvement de 2 à 3°, puis 0°, puis 4°. 24 m.1à1"/.. 28 m. 4° E. 29 m. 4° O., puis retour à 3° E. 32 m. 0 à 4°. 34 m. 2°, très-calme. 39 m. 4 à 5° E. 39 m. Lents mouvements autour de 2° ou presque caime. &A m. 2 à 3°. 43 m. Absolument calme sur 2°. 11 mai. Ciel partiellement couvert. Il a plu pendant le jour. 9 h. 37 m. du soir. Déviation de 4 à 45° E., puis retour vers 6°. 206 RECHERCHES SUR LES WA m. Oscillations autour de #°. 43 m. Aiguille tremblante vers 1 à 2 E. 45 m. 4 à 2 0. &7 m. 1 à 2° O. 53 m. 2 à 3° O., puis progression vers 5° avec des mouve- ments tremblotants. 55 m: 0 à 10.0. 10 h. 0 m. 3 à 4e O.: aiguille hésitante. km. Mouvements entre 4 et 5° O. 5 m. 9% O., puis 40°, puis lente et calme progression vers 41 et 12, puis 1%, 16, 17°. L’aiguille était un peu hésitante pen- dant le mouvement progressif. 9 m. 17° O., puis lent et calme retour vers 15, 10, 8, 5° et passage à l'E. 12 m. Petites oscillations de 2 à 2 E., puis 4 à 50, puis 8, 9e. 19 m. Passage de nouveau à l'O. 929 m. Calme absolu sur 6° 0., puis lent retour à 0. 12 mai. Ciel presque pur; un peu nuageux à l'horizon. Midi et 46 m. Déviation de 15° E. 17 m. Très-calme sur 15°. 18 m. 16 à 17°. 20 m. Très-calme sur 16°. 22 m. Très-calme sur 1% à 150. 24 m. Très-calme sur 16°. 25 m. Lent retour vers 12et 14°; absolument calme sur 44° 32 m. Absolument calme ou mouvements imperceplibles autour de 135. 34 m. Très-calme sur 14°. 35 m. Très-calme sur 14° 14 mai. Nuages noirs et d’aspectorageux chassés par levent duS.-0. — Petites averses. Midi et 42 m. — Déviation de 37° E., puis mouvement assez rapide vers 25 et 20°. 1% m. 31 à 32° E. : retour vers 22 et 24°. COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 207 15 m. Lente progression de 49 à 20, puis 25° ; arrêt sur 25°, puis nouvelle progression à 26, 27° et brusque retour vers 0° et à l'O. 16 m. 3° O., puis grande oscillation vers 20° E. et progres- sion vers 38° E. 17 m. Calme sur 42° E., puis 44, 45° el lent retour vers 25°. 20 m. Nouvel écart jusqu'à 40 et 43° E. — Absolument calme au moins une minute sur 42°, puis brusque retour à 5° et 0°. 24 m. 5 à 6° O. et assez fortes oscillations. 25 m. 12° O., puis passage à l'E. 27 m. Rigoureusement calme sur 20° E. 28 m. Oscillations étendues de l’aiguille de 19° E. à 48° O. et bientôt après arrêt sur 18° 0. 30 m. Relour à 0°, puis passage à l'E. Calme sur 25°. 34. m. Mouvement de 20 à 10° O., puis 25° et calme absolu pendant plus de 30 secondes. 35 m. Rigoureusement calme sur 32° O., puis progression à 34 et 37° O. 15 mui. Nuages épais. Pluie pendant la nuit. Aspect orageux. 4 h. 14 m. du matin. Déviation de 14° E., puis bientôt après 42,40, 9°. 1% m. Pelits mouvements de 8 à 6°. 15 m. Mouvements vers 5 puis 4°. 17 m. Mouvements continuels, quoique calmes, de 3 à 5°, puis 6, 7, 8°. — Quelques osciilations assez rapides. 21 m. Lente progression à 12, puis 17, 49, 20°. 23 m. Très-calme sur 21°. 25 m. Retour à 14 et 10°, puis de nouveau 45, 17, 18°, mou- vements parfois très-calmes, d’autres fois assez brasques. 28 m. Oscillation rapide de 9 à 3°, puis retour à 7 et &. 33 m. Aiguille très-agitée entre 7 et 12° pendant plusieurs minutes. 52 m. Tout à coup forte oscillation de 30° E, à 10 O., puis bientôt après calme sur 6 à 7°. 54 m. Très-calme sur 7 à 8°. 208 RECHERCHES SUR LES 59 m. Lente augmentation à 43°, puis oscillation subite et progression vers 18°. 5 h. 2m. Mouvements variés et hésitants de l’aiguille, sou- vent très-brusques. 6 m. Rapide retour à 0°, puis écart à l'Ouest. 10 m. Passages fréquents et brusques à l’E., puis à l’O. 45 m. Calme un moment sur 9° O., puis retour à l’E. 48 m. Lente progression de 10 à 1434° E. 2% m. Très-calme sur 10° E, 25 m. Mouvements rapides de 6 à 42°. 16 mai. Ciel en partie couvert. Pluie abondante pendant le jour Air calme. 9 h. 40 m. du soir. — Déviation à l’E., 15°, puis mouvements hésitants et saccadés. — Agitation continuelle de l'aiguille. &A m. Temps d’arrêt sur 12°. 45 m. Très-calmesur 10°, puis lent retour à 8° et tempsd’a rrêt 47 m. Légers mouvements autour de 10°. 51 m. Forte oscillation vers 0° etvive hésitation de l’aiguille. 52 m. Calme sur 9°. 53 m. Très-calme sur 9°. 55 m. Progression lente et régulière à 44°, puis 42 et 45°. 56 m. Très-calme sur 12°. 57 m. Très-calme sur 12 à 10°. 59 m. Très-calme sur 12 à 10°. 10 h.0 m. Tout à coup oscillation forte vers 0°, aiguille tremblante et grands mouvements de 40° E. à 20° 0. — L’ai- guille finit par se calmer sur 10 à 20° E. & m. Calme vers 44°, puis lente progression vers 18°. 17 mai. Ciel pur. Temps calme. & h.12 m. du matin. Déviation de 15° E., puis progression à 20 et 21°. 18 m. Mouvements continuels de 20 à 25”, puis 40°. 20 m. 5, puis 4, puis 4° et passage à l'O. Retour à l'E. ; pro- COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 209 gression à 15,20, 25°. — L’aiguille présente tantôt des mouve- ments lents et calmes quoique continus, tantôt des temps d’arrêt absolu de plusieurs secondes. 26 m. Oscillations de 30 à 25° E., puis retour à 0° et écart à 0. 27 m. 11° 0., puis retour à 0° et à l'E. 29 m. 30° E., puis 35 ; l'aiguille est calme plus de 30 secon- des sur 35°. 32 m. De 30 à 35° E. 36 m. Agitation assez prononcée entre 20 et 25°. Il y a ce- pendant des temps d’arrêt absolu. 40 m. Déviation 0. de 4 à 5. 5 h.3 m. Lente progression à 30° E., puis lent retour à 45 et 10°. 6 m. Très-calme sur 32 E. 9 m. Déviation de 10° O., puis lent retour à 0° et passage à l'E. 18 m. 5 à 6° E., puis progression à 20. 21 m. Arrêt prolongé de deux minutes sur 20°, puis lente oscillation de 20 à 25°: nouvel arrêt sur 25°. | 18 mai. Très-nuageux ; pluie. Pluie durant le jour. 9 h. 43 m. du soir. Déviation de 12° E. 45 m. Assez calme sur 13 et 14°. Très-calme par moments. 46 m. Tout à coup brusques oscillations de l'aiguille entre 0 et 30o. 47 m. Très-calme sur 12°, puis lent accroissement à 15, 20 et 25°. 49 m. Rapides oscillations de 5 à 20°. 50 m. Calme un moment sur 16°, puis mouvements rapides. 51 m. Très-calme sur 15°. 52 m. Très-calme sur 15°. 53 m. Très-calme sur 15°. 54 m. Après un lent retour à 13, surviennent de fortes oscillations entre 0 et 20°; aiguille tremblante et hésitante. ARCHIVES, t. XXV. — Mars 1866. 15 210 RECHERCHES SUR LES 57 m. Calme sur 13. 58 m. Clame sur 43°. 10 h. 1 m. Calme sur 12. km. Lents mouvements entre 12 et 44°. 5 m. Une forte oscillation est tout à coup survenue entre 10 et O. 7 m. Nouveau calme sur 13°. 9 m. Imperceptibles mouvements de ‘/,° au plus autour de 130. 43 m. Très-calme sur 15 et 16°. 45 mn. Lente progression à 47 puis 49° et arrêt absolu. 16 m. Repos sur 18°, puis lent accroissement à 49 et 22°. De violentes oscillations surviennent brusquement. Aiguille hésilante. 18 m. Calme sur 19 à 20° 49 m. Calme sur 19 à 20°: puis brusque et subite oscillation entre 22 et 10°. 22 m. Calme sur 20°, puis lent accroissement à 23 et 24°. 25 m. Calme sur 240. 22 mai. Un peu nuageux. Temps calmeet sec depuis plusieurs jours. 4 h. 10 m. du matin. — Déviation E. de 5°, puis oscillations vers 2 et 1°. 12 m. Lent mouvement vers 8 à SE. 45 m. Oscillation de 1 à 7° avec des temps d'arrêt. 16 m. Écart à l’O., 7 à 8, puis retour à 0° et passage à l'E. 21 m. Lente progression à 11° puis 43° E. Calme un mo- ment sur 12. 22 m. Retour à 6 et 5° E., puis 1° et déviation à l'O. 25 m. 1 à 2° E., puis 4 à 5° O. L’aiguille présente des mouvements lents et calmes, mais continuels. 27 m. 5 à 7° E., puis passage à l'O. 45 m. Mouvements entre 5 et 12° E. Calme complet un mo- ment sur 44°, puis mouvements lents entre 8 et 10° E. et 7 à 8° 0. — L’aiguille continue à présenter une agitation inces- COURANTS ELECTRIQUES TERRESTRES. 241 sante, quoique les mouvements ne soient ni brusques ni saccadés. 57 m. Très-calme un moment sur 6°, puis lente et régu- lière progression à 9, puis 14 et 15°. 59 m. Très-calme sur 14°. 5 h. 2 m. Calme sur 18 à 19° E. Faiïbles mouvements de 20:à 21°. 4 m. Très-calme sur 20°. 6 m. Très-calme sur 20°, 7 m. Très-calme sur 20°. 8 m. Calme entre 19 et 20°. 25 mai. Temps orageux. Beau pendant le jour : mais orage vers 10 b. du soir. 9 h. 45 m. du soir. L’aiguille vient osciller autour de 40°. 52 m. Assez calme sur 20°. 53 m. Violente impulsion vers l'O. correspondant à une secousse orageuse qui se fait sentir sur l’appareil télégraphi- que de la ligne de Vevey. 54 m. Calme sur 19°: puis nouvelle secousse comme celle de 53 m. 57 m. Très-calme sur 17°. 59 m. Calme entre 18 et 15°. Tout à coup violente impulsion vers 50° 0. en même temps que l'appareil de la ligne de Vevey accuse une décharge ora- geuse. 10 h. À m. Très-calme sur 12 à 13°. 4 h. Parfaitement calme sur 15°. Nouvelle impulsion vers 90° O., coïncidant encore avec une attraction vive de l’ancre à l’appareil de la ligne de Vevey. 5 m. Très-légers mouvements de 16 à 18°. — Cinquième secousse orageuse comme les précédentes. à 8 m. Très-calme sur 15°. 9 m. Très-calme sur 15°. 11 m. Remarquablement calme sur 16 à 17°. 212 RECHERCHES SUR LES 18 m. Calme sur 17 à 18°, puis très-lente progression à 20 et 22 puis 25°. 25 m. Très-calme sur 23° et lent retour à 20. Le mouve- ment se continue extrêmement lent à 18, 17, 16 jusqu’à 10° en plusieurs minutes. 24 mai. Temps très-couvert. Pluie, & h. 20 m. du matin. — Déviation de 20° E., puis mouve- ment entre 20 et 15°. 32 m. Calme un moment sur 18, puis retour vers 15°. 36 m. Très-lent déplacement vers 14 et 12°. — Un moment rigoureusement calme sur 15°. 38 m. Calme sur 16°, puis lent accroissement à 18 et 49e, puis calme complet. 44 m. Calme sur 18°. 48 m. Légers mouvements de 14 à 170. 50 m. Lente progression à 19e. Do m. Faible variation autour de 16°. 59 m. Lent déplacement de 16 à 10e. 5 h. 3 m. Aiguille calme sur 9e. d m. Encore calme sur 9°, puis mouvement vers 7 et 6o, 7 m. Accroissement régulier vers 12 et 14° et retour à 10e. Les mouvements de l'aiguille se continuent ainsi jusqu’à 5 h. 18 m. où la déviation diminue assez brusquement jus- qu’à 6 et 5°, puis se maintient de 6 à 4° pendant quelques minutes. | 26 m. Accroissement très-lent de la déviation de 8 à 19 et 20°. Ce mouvement tout à fait uniforme s'effectue en une demi-minute à peu près. 29 m. 22 puis 23° et lent au retour vers 20 et 19%. 25 mai. Temps beau, sec ; un peu de bise. 9 h. 45 m. du soir. Déviation de 23° E. 46 m. Sensiblement calme sur 23 E. 47 m. Sensiblement calme sur 23° E. COURANTS ELECTRIQUES TERRESTRES. 243 48 m. Très-légers mouvements autour de 230. 51 m. La déviation varie de 22 à 23e. 92 m. Lent mouvement progressif vers 26e. 54 m. Très-calme sur 25e. 59 m. Lentes variations entre 24 et 28e. 10 h. 2 m. Oscillations assez rapides entre 20 et 25e. m. Calme sur 22%, Le calme se maintient presque com- plet pendant plusieurs minutes entre 20 et 22e. 16 m. Variations lentes de 1 à 2° d’amphtude entre 21 et 230, 26 mai. Temps beau et sec: un peu de bise. Midi et 25 m. Déviation de 40° E., puis accroissement à 43°, 26 m. Légers mouvements entre 42 et 39e. 29 m. Retour régulier de l'aiguille vers 30 puis 25° ; nou- velle progression à 28 et 31°, puis nouveau retour à 20, 46 et 10°.— Ces mouvements sont très-lents et sans saccades. 31 m. Nouvelle progression à 33°, suivie d’un temps d’ar- rêt absolu. 28 mai. Temps très-beau ; faible bise. Les observations poursuivies entre midi et midi et demi donnent des déviations semblables à celles du 26 mai. Ces déviations sont à l’E., le plus ordinairement supérieures à 20° et les variations sont lentes et calmes. — Vers midi et 27 m. commence un accroissement de la déviation qui se continue très-régulièrement et très-lentement de 26 à 32°; ce mouvement dure à peu près deux minutes, puis l'aiguille se conserve jusqu’à 31 m. parfaitement calme sur 329. 29 mai. Ciel clair, un peu nuageux, seulement à l'horizon. Temps sec. & h. 42 m. du matin. Déviation de 7° E., accroissement jus- qu’à 40°, puis retour à 5°. 214 RECHERCHES SUR LES 13 m. Mouvements continuels, séparés par des temps dar- rêt absolu, entre 10 et 2. 16 m. Progression régulière jusqu’à 15°, puis retour à 9 et 5°, — Le mouvement se continue à l'E. jusqu’à 26 m. où la déviation se produit à l'O. et y atteint 5°. 27 in. Agitation dans le voisinage de 0°, puis déviation vers 8° 0. avec lent retour à l'E. 35 m. Les mouvements de l'aiguille se continuent sans in- terruption entre 5 à 6° O. et 15° E. : arrêt absolu de plus d’une demi-minute sur 45° E. 45 m. L’agitation de l'aiguille est continuelle; elle atteint dans ses excursions, toujours assez lentes et sans saccades, VE. 50 m. Les déviations atteignent 20° E. Il y a de grandes et continuelles oscillations de plusieurs secondes de durée et de plus de 40° d'amplitude. 5 h. 5 m. L’aiguille, {oujours agitée, se maintient de plus en plus écartée du zéro. Elle arrive à 25 et 28° E. 11 m. Rigoureusement calme sur 23°. 14 m. Retour à 20°, puis 18, puis 14 et 10°. A partir de maintenant jusqu’à 5 b. 30 m., la déviation se maintient toujours supérieure à 10° E. et l'aiguille est plus calme que durant la première heure de l'observation. 30 mai. Temps beau etsec. — Quelques nuages d'aspect crageux traversent le ciel. Entre 9 h. 35 m. et 10 h. 22 m. du soir, la déviation a tou- jours été à l’E., en général supérieure à 40° et parfois supé- rieure à 20°. L’aiguille a été beaucoup moins agitée et Les va- riations beaucoup moins fréquentes qu’hier. 31 mai. Ciel un peu nuageux. &h. 9m. du matin. Déviation de 22° E., puis oscillations at- teignant 25°. COURANTS ELECTRIQUES TERRESTRES. 245 15 m. L’aiguille semblait subir une impulsion calme et ré- gulière qui l’a amenée de 25 à 15°, puis de 45 à 11°. Temps d’arrêt absolu sur 11°, puis accroissement à 15° et nouvel arrêt. 20 m. L’aiguille se rapproche lentement du 0 et y arrive à 22 m. Oscillations assez brusques entre 0 et 20° E. 26 m. Mouvements continuels de plus de 20° d'amplitude avec des temps d'arrêt. 34 m. La déviation de l'aiguille continue à varier presque sans interruption: mais il y a des arrêts absolus entre 2 et 25° E. | 5 h. 6 m. Depuis plus de 8 minutes, la déviation se con- serve supérieure à 20° E.; elle varie avec quelques degrés d’amplitude. 12 m. L’aiguille s’est rapprochée de 0° et passe même à l’O. Variation entre 5° E. et 3° 0. 44. m. Déviation 0. persistante, de 4 à 5°. 16 m. Retour à l’E.; arrêt sur 5° E. 17 m. La déviation augmente et atteint 19 et 20° E. N y a des repos absolus de plus d’une minute. 23 m. Légers mouvements entre 16 et 19° E. 25 m. Calme absolu sur 22° E., puis l’aiguille se rapproche lentement du 0° et passe même à l’0. 29 m. Retour vers 9 à 10° E. Examinées d’un peu près, les observations qui pré- cèdent suggèrent des remarques diverses. En premier lieu, on voit que le fil était parcouru tantôt par un courant marchant de Berne à Lausanne, tantôt par un Courant inverse, et ce qui frappe au premier abord, c’est l'extrême variabilité du courant en intensité et en direction. Il est évident toutefois que le courant de Berne à Lausanne est le plus fréquent; et en tenant compte de tous les jours d'observation, je trouve que plusieurs fois le sens du courant s’est maintenu exclusi- 216 RECHERCHES SUR LES vement dans cette direction pendant une heure et plus, surtout vers le milieu de la journée. D’autres fois, le sens du Courant à changé à plusieurs reprises pendant les courts moments où le galvanomètre était intercalé dans le circuit; mais alors également, la déviation de l'aiguille était plus fréquemment à l’est qu’à l’ouest. Il y à un seul jour (le 24 avril, entre 6 heures et 6 heures 3/4 du matin), où l'aiguille a toujours déviée à l’ouest, et où, par conséquent, le courant à été constamment de Lau- sanne à Berne. Quant à l'intensité du courant, on voit qu'elle était fort variable d’un jour à un autre. Certains jours, laiguille était presque constamment très-éloignée du 0° (14 mai, 17 mai, etc.) d’autres fois, la déviation était plus faible (4 mai, 10 mai, 22 mai, etc.). Mais ce qui est surtout intéressant à considérer, c'est la variabilité du courant d’un instant à l’autre. Les pages qui précédent ne peuvent manifester ce caractère que d'une manière imparfaite ; il faudrait, pour tous les jours, les courbes des observations afin de bien le mettre en évidence. On peut dire que, dans la majorité des cas, l'aiguille variait de position d’une seconde à la seconde suivante. Tantôt ses mouvements étaient assez rapides pour que plusieurs degrés fussent parcourus en moins d'une minute, tantôt ils étaient extrêmement lents. Les exemples de repos absolus de l'aiguille sont, en somme, assez rares et, en tout Cas, ces repos ne se prolongeaient guère au delà de deux ou trois minutes (voir les 8 mai, 9 mai, 12 mai, etc., et spécialement les 25 mai, à 10 h. 4 m. du soir). — Les mouvements présentaient le plus souvent une régularité et une uniformité remarquables. Ce n'était pas ce déplacement brusque que manifeste une COURANTS ELECTRIQUES TERRESTRES. 247 aiguille au moment où un courant est lancé dans le fil d’un galvanomètre : c'était une progression lente, régu- lière, uniforme. pendant plusieurs minutes parfois. Evi- demment, le courant qui parcourait le fil éprouvait une variation lente et régulière d'intensité et les mouvements de l'aiguille ressemblaient un peu à ceux qu’on observe lorsqu'on observe ou diminue peu à peu la résistance d'un circuit à l'aide du rhéostat de Wheatstone (voir, entre autres, les 25 avril, 5 mai, 23 mai, 28 mai, etc.). — Après une de ces lentes variations, l'aiguille arrivait ordinairement à un calme absolu, puis, après s'être arrê- tée quelques instants, elle marchait de nouveau dans le même sens ou revenait en arrière. On ne peut se faire une idée un peu juste de ces mouvements qu'en les tra- duisant par des courbes. Elles ont été tracées, sur un papier préparé, à côté même du galvanomètre, en suivant d’une part l'aiguille des secondes d’une montre et d’une autre part le galvanomètre. La courbe du 31 mai montre des variations brusques et considérables du courant; tantôt il y a augmentation rapide (à 30% 105: 31%, etc.), tantôt variation plus lente (de 30% 12° à 30% 38°), ou même repos absolu pendant plusieurs secondes (de 30% à 30 5°; de 34% 2145 à 30°, etc.). Deux fois, en deux minutes, le courant a marché pendant quelques secondes (29% 485 à 225: 30% 505 à 30% 585) de Lausanne à Berne, c’est-à-dire que l’aiguille du galvanomètre a passé à l’ouest. Le 17 mai, à 4 h. 22 m. du matin, on voit que les périodes de constance du courant sont plus fréquentes et plus prolongées que dans l'exemple précédent; mais il y à aussi des variations brusqnes et bizarres succédant à des intervalles de calme pour l'aiguille. 948 RECHERCHES SUR LES La courbe du 46 mai, 9 h. 45 m. du soir, montre un état relativement fort calme du galvanomètre pendant 5 minutes. On voit, entre autres, que de 46" 455 à 48m 455, le courant a été très-sensiblement constant et donnait environ 10° 1/2 au galvanomètre; puis il a lentement diminué jusqu'à 8° pour s’accroitre de nouveau et dé- passer 400. S IV, V'et VE Influence de causes perturbatrices ou étrangères. Le $ IV est consacré à l'examen de la part que peuvent avoir les dérivations télégraphiques dans les résultats des observations. Nous avons déjà signalé cette influence ainsi que la manière dont elle s’annonce ; nous avons en même temps remarqué qu'elle est très-faible, On est ar- rivé à cette conclusion de plusieurs manières, d’abord en interrompant toute transmission télégraphique dans cer- tains moments et en constatant que néanmoins le galva- nomètre accusait la même déviation, laquelle ne pouvait, par conséquent, provenir que des courants terrestres. En consultant les observations citées plus haut, on voit que c'est de # à 5 heures du matin que le galvanomètre ac- cusait la plus grande variabilité des courants: or, pré- cisément à cette heure-là il n’y avait aucune transmission télégraphique et par conséquent il ne pouvait y avoir aucune dérivation. Enfin la nature des mouvements pro- duits sur l'aiguille du galvanomètre par les courants in- termittents de la télégraphie, n’a aucun rapport avec celle des mouvements qui résultent de l’action des cou- rants terrestres : les premiers étaient brusques, saccadés et oscillatoires, tandis que les seconds sont lents et gra- COURANTS ELECTRIQUES TERRESTRES. 219 duels, quoique l'aiguille puisse aussi changer rapidement de plusieurs degrés. Toutefois, quelque rare ou quelque faible que soit l'influence perturbatrice que nous venons d'étudier, elle n’en est pas moins, malheureusement, un obstacle pres- que absolu à l'usage des lignes ordinaires de la télégra- phie pour des observations prolongées et exactes sur les courants terrestres. L'incertitude inévitable où l'on est, quant à l'importance et à la grandeur des dérivations télégraphiques, compromet plus ou moms toutes les oh- servations et, quoique ces dérivations interviennent rare- . ment, le seul fait qu'on ne peut pas éliminer à coup sûr leur influence, doit faire rejeter la méthode où l’on est exposé à une semblable cause d'erreur. Îl est bien pro- bable que l'inconvénient dont il est ici question se ren- contrerait partout dans le réseau télégraphique suisse, puisque partout les fils et les poteaux sont installés sensiblement de la mème manière. 1! me parait donc évident que si l’on veut entreprendre, chez nous, des re- cherches sur les courants électriques terrestres présentant des garanties sérieuses d’exactitude, il faut employer des lignes spéciales et absolument indépendantes du réseau télégraphique. Dans le cas où l'on voudrait faire usage d'un des fils destinés aux relations télégraphiques, il fau- drait choisir une ligne qui se trouvät seule sur des poteaux et se borner alors à des observations intermittentes, dans les moments où la circulation est suspendue *. ‘ Cette conclusion assez décourageante lient surtout à la nature bien imparfaite des isolateurs qui supportent les fils télégraphiques dans les réseaux suisses. Ce qu’il y aurait de mieux, ce serait d’avoir sur les mêmes lignes des poteaux exclusivement destinés à porter le fil servant aux observations, On pourrait peut-être aussi, ainsi que l'a 2920 RECHERCHES SUR LES Le $ V contient l'examen de la question : Les courants observés sont-ils dus à une influence thermo-électrique ? 2ette influence exige la présence dans le courant de conducteurs hétérogènes en contact et des différences de température assez sensibles entre les points de contact de ces conducteurs. Or, le circuit dont il s'agit ici ne pré- sentait pas une grande variété de conducteurs et seule- ment un petit nombre d’alternances; il n’y avait sur toute la ligne que peu de passages d’un corps à un autre, deux fois du cuivre au fer et deux fois du fer au cuivre. On sait que les courants thermo-électriques ont une faible tension et qu'ils ne sont capables de franchir des résis- tances que si lon associe un grand nombre d'éléments en les disposant tous dans le même sens. Or, la ligne qui servait aux expériences possède une résistance considé- rable à cause de sa longueur, les éléments entre lesquels des courants dus à la chaleur pouvaient se développer ne présentent pas une très-grande activité thermo-électri- que et les différences de température ne pouvaient jamais devenir considérables. [ peut donc paraître très-probable, d'après ces considérations, que les courants observés ne pouvaient pas être des courants thermo-électriques. Toutefois, afin de ne laisser subsister aucun doute à cet égard, on à introduit, à Lausanne, dans le circuit, une pile thermo-électrique de 20 couples bismuth et an- timoine, et on à observé les mouvements de l'aiguille du galvanomètre en opérant le réchauffement de l'un des rangs de soudure par une immersion brusque dans l'eau suggéré le général Dufour, établir sur les mêmes poteaux, à une assez grande distance des points d’attaches des fils télégraphiques, des supports isolés avec beaucoup de soin, et qui seraient eux-mêmes d’une nature plus isolante que le verre ; ce serait probablement Le procédé le plus économique. (Réd.) R COURANTS ELECTRIQUES TERRESTRES. 2921 chauffée à 40 ou 60 degrés. On a pu s’assurer que ce courant thermo-électrique parcourait le long cireuit de Lausanne à Berne, mais à cause de la grande résistance, son intensité était considérablement réduite. On a réussi par des expériences directes à constater que cette réduc- tion était telle que le courant thermo-électrique était rendu mille fois plus faible par son passage dans le long circuit qu'il ne l'était quand on l’observait à Lausanne même, et on est arrivé à reconnaître que, pour produire une déviation de 40° au galvanomètre, il faudrait que la force électro-motrice développée dans le circuit thermo- électrique par une variation de température, fût plus de dix fois supérieure à celle que 30 à 35° de diffé- rence de température entre les deux rangs de soudure étaient capables de produire dans la pile de 20 éléments bismuth-antimoine, Si lon a égard au peu d'hétéro- généité du circuit qui a servi aux observations, si l’on remarque, en outre, que dans les points où il y avait transition d’un métal à l’autre, les températures ne pou- vaient nullement subir des variations rapides et considé- rables, on peut bien regarder comme démontré que les courants observés sur la ligne Lausanne-Berne ne peu- vent en aucune facon être altribués à des actions thermo- électriques ‘. Reste encore l'influence des circuits de polorisation dont l'étude forme l'objet du $ VI. ! Cette conclusion est d'autant plus certaine qu’on a obtenu un effet très-minime, il est vrai, mais suffisant pour montrer que rien ne s’opposait dans la ligne à la transmission d’un courant thermo-élec- trique. L'absence de tout effet aurait pu faire croire qu'il y avait quel- que défaut, tel qu'une solution de continuité dans la ligne conduc- trice, et par conséquent invalider la conséquence qu’on en aurait tirée sur l'impossibilité d'attribuer à des courants thermo-électriques les courants observés. (Réd.) 2 RECHERCHES SUR LES Ces courants qui se développent si facilement dans des circuits hétérogènes (métal et liquide) par l'effet des actions chimiques, doivent nécessairement se produire à un degré plus où moins grand d'activité dans le circuit formé de deux plaques de fer, plongeant dans un sol humide, l'une à Lausanne, l'autre à Berne, circuit qui a déjà par lui-même un pouvoir électro-moteur propre. Des expériences directes faites en introduisant dans le circuit une pile composée de six couples zmce et charbon, plongeant dans l’eau acidulée, qui lançait un courant direct d’une certaine durée, ont montré que les courants inverses développés par la polarisation des deux plaques servant d'électrodes, étaient trop faibles pour pouvoir être aperçus. On peut en conclure que les courants de polarisation ne jouent aucun rôle important dans les ré- sultats des observations rapportées plus haut, soi qu'il s'agisse des dérivations télégraphiques presque instanta- nées, soit qu'il s'agisse des courants naturels du circuit dont l'intensité était très-inférieure à celle des courants employés dans les essais précédents . ‘ Cette conclusion ne s'applique naturellement qu'au circuit qui a servi aux présentes observations. Dans d’autres circonstances, il peut certainement y avoir des courants de polarisation, même avec des plaques plongeant dans le sol. M Matteucci les a observés avec des plaques de cuivre plongeant dans deux puits. J'espère pouvoir publier prochainement une note sur ce point par- ticulier. Des essais nombreux, faits avec des plaques de fer et de cuivre plongées dans le sol à de faibles distances, m’ont fourni des courants de polarisation très-prononcés et souvent très-intenses. Les résultats négatifs, présentés par la ligne Lausanne-Berne, tiennent très-probablement à la trop grande résistance du circuit. (Note de l'auteur.) Nous espérons pouvoir insérer dans notre prochain numéro ce tra- vail de M. Dufour. (Red.) COURANTS ELECTRIQUES TERRESTRES. 223 $ VIE. Causes des courants observés dans le circuit Berne- Lausanne. Les développements qui précèdent n'ont contribué que d’une façon indirecte à éclaircir la question de la cause des courants observés dans le circuit Berne-Lau- sanne. Îl résulte de ces développements que ces courants sont, dans la grande majorité des cas, sans rapport avec les transmissions télégraphiques, qu'ils ne sont point dus à une influence thermo-électrique et enfin qu'ils ne peu- vent pas être considérés comme dus, partiellement, à des effets de polarisation. La cause d'un courant dans le fil Berne-Lausanne est, d’une façon toute générale, la différence de tension entre les deux points où le circuit se relie avec le sol. Mais d’où provient cette différence de tension ? On peut, ce me semble, indiquer trois causes possibles : a) En premier lieu, une action électro-chimique sur les plaques plongées dans le sol à Berne et à Lausanne. Ces plaques en tôle, placées dans un terrain plus ou moins humide, sont manifestement le siége d’une lente action chimique et il est assez probable que, dans un avenir prochain, ce fer mince sera entièrement oxydé, Or, il n’est guère admissible que l’action chimique soit identique aux deux extrémités de la ligne et par conséquent un courant doit se produire allant du fer le moins fortement attaqué à celui qui l’est davantage. b) Une seconde cause possible de différence de ten- sion tient à ce que l’on pourrait nommer l'influence atmos- phérique. — L'’électricité de l'atmosphère doit produire, dans le sol, une induction de nom contraire. Or, il est 294 RECHERCHES SUR LES extrêémement probable que cet état électrique de l’atmos- phère n’est pas le même, à chaque instant, aux deux extrémités de la ligne, Les différences doivent même être fort variables suivant l’état de l'air, l'absence ou la pré- sence de la vapeur d’eau, la hauteur et la nature des nuages, etc., etc. Il peut donc résulter, de cette circon- stance-là, une tension électrique inégale, dans le sol, à Berne et à Lausanne et par conséquent un courant dans le fil. c) On admet généralement, de nos jours, qu’il existe de grands courants électriques terrestres, circulant près de la surface du sol et embrassant une portion considé- rable de notre goble. L'action du soleil sur notre terre est considérée comme une des causes de cette circulation électrique ‘. Une autre cause est la recomposition de l’é- lectricité positive de l'air avec la négative du sol, recom- position qui, dans le voisinage des pôles, donne lieu au brillant phénomène de l'aurore polaire. — Lorsqu'on tient compte des observations faites plusieurs fois déjà lors des aurores boréales, si bien exposées et discutées par M. de la Rive, il est difficile de ne pas admettre l’exis- ‘ On sait que l'influence électrique ou magnétique du soleil sur notre terre est considérée comme fort probable par un grand nombre de physiciens. La relation qui existe entre les variations diurnes de la déclinaison magnétique et les taches solaires peut être invoquée comme preuve de cette influence. — On a remarqué d’ailleurs aussi que, par le fait de la rotation de notre globe, et sous l'influence du soleil ou de la lune agissant comme corps magnétiques, il peut se développer sur notre terre des courants induits. Voir, entre autres, sur ce point les opinions de M. Lamont qui attribue au soleil la propriété de déter- miner sur la terre une sorte d'onde électrique, marchant de l’est à l’ouest. Ces opinions sont formulées en quelques conclusions très- nettes dans le Wochenbericht der Münch. Sternwarte, n° 28, janvier | 1866. COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 29h tence de ces courants terrestres‘. Les nombreux faits, signalés souvent dans les circuits télégraphiques, ne sem- blent plus guère devoir laisser de doute à cet égard. On peut se demander quelle est, de ces trois causes, celle qui a produit les courants observés sur la ligne Berne-Lausanne. Il est probable que l’état électrique de ce circuit était, dans la plupart des cas si ce n’est toujours, un résultat complexe de ces trois influences réunies. — L'action électro-chimique aux deux extrémités produisait proba- ! Je dois avouer cependant que cette notion de courants électriques circulant dans le sol demeure pour moi enveloppée encore de quelque obscurité et cela pour les deux motifs suivants : L'opinion généralement admise aujourd’hui, c’est que le globe ter- restre ne peut en aucun cas être comparé à un conducteur ordinaire. Lorsque deux pôles opposés d’une pile sont mis en relation avec deux points différents de la terre, on admet que l'électricité s écoule en quelque sorte de part et d'autre dans le sol, et on ne croit pas que le circuit se ferme, se complète à travers la terre elle-même. Si cette manière de concevoir le rôle de la terre est exacte, n’y a-t-il pas quelque difficulté à se représenter ces courants électriques, circulant D'une autre part, il résulte d'expériences nombreuses, entre autres des beaux travaux de M. Matteucci, que lorsqu'on plonge les deux pôles d’une pile dans des points suffisamment éloignés l'un de l’autre, la résistance est nulle entre ces points-là. En d’autres termes, la partie de la terre interposée entre les deux électrodes se comporte eomme un conducteur absolument sans résistance. Dès qu’il en est ainsi, si même on admet l’existence d’un courant qui se propage dans le sol, peut-on concevoir qu’il soit possible d'obtenir une dérivation de ce courant dans un fil extérieur dont la résistance est en quelque sorte infinie, comparée à celle du terrain !..….. On sait que des considérations analogues à celles qui précèdent ont porté M. Lamont à penser que nos circuits extérieurs ne peuvent dé- celer que les variations du courant terrestre. (Voir Archives, décembre 1861.) ARCHIVES, t. XXV. — Mars 1866. 16 2926 RECHERCHES SUR LES blement un courant dirigé toujours dans le même sens et passablement constant. Les plaques étant, en effet, à environ deux mètres au-dessous de la surface du sol, ne peuvent guère subir des actions bien variables d’un mo- ment ou même d’un jour à l’autre, et, en tout cas, il me semble impossible d'attribuer à une variation dans l'action chimique ces changements presque continus et souvent fort rapides que le courant subissait. On peut remarquer d’ailleurs que des plaques métal- liques, installées dans le sol à une petite distance les unes des autres, donnent lieu à des courants, mais à des cou- rants très-constants. J'ai observé, pendant plusieurs se- maines, les effets produits par deux plaques de fer et une de cuivre placées seulement à quelques mètres les unes des autres. Ces trois conducteurs, reliés deux à deux. fournissent des courants très-prononcés ; mais ces courants n’éprouvent que des variations insignifiantes d'un jour à l’autre ou même d’une semaine à l’autre. Ainsi, entre les deux plaques de fer, il n'y a souvent pas eu ‘/,° de va- riation durant toute une semaine. Il est extrêmement pro- bable que si, dans ces conditions, l’action électro-chimique produit un courant aussi constant, 1l doit en être sensible- ment de même pour les deux plaques installées à Lau- sanne et à Berne. On peut donc, je pense, considérer l’action chimique que subissaient les deux extrémités du circuit Lau- sanne-Berne comme une cause constante de production de courant, cause à laquelle venaient s’ajouter l’action inductrice de l'atmosphère et celle des grands courants électriques terrestres. Ces deux dernières influences ont introduit l’élément variable dans le phénomène dont il s’agit. — La variabi- COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. Th lité des courants généraux a été constatée déjà bien des fois lors des aurores boréales; elle a souvent été assez grande pour que, en quelques minutes, il y eût un chan- sement considérable dans l'intensité ou même dans le sens des courants, ainsi que cela résulte des observations de MM. Walker, Hipp, Matteucci, ete. I est donc pro- bable que, du plus au moins, cette variabilité existe toujours et elle a sans doute une large part dans les mouvements incessants de l'aiguille du galvanomètre. L'action inductrice de l'atmosphère doit être aussi émi- nemment changeante et 1l se peut fort bien que son effet se fasse sentir, non-seulement aux deux extrémités de la ligne, mais aussi dans l’espace intermédiaire. Un nuage, électrique, par exemple, doit agir par mduction sur le fil lui-même et son mfluence doit donner lieu à des courants. En vertu de ce dernier fait, une ligne sera, en moyenne. d'autant plus influencée par l’action atmosphérique qu'elle sera plus longue; sous ce rapport, le fil tendu entre Lau- sanne et Berne, sur une étendue de 97000", était évi- demment fort exposé à être, tantôt ici, tantôt là, soumis à une action inductrice de l’atmosphère ou des nuages. Cela est d'autant plus probable que pendant une partie de son trajet (environ 32 kilomètres) le fil s’élève de plus en plus et atteint un point culminant de 295" au-dessus de Lausanne pour s’abaisser de nouveau lentement jusqu'à Berne. L'opinion que j'énonce ici, quant à l'influence de la plus grande longueur de la ligne, n’est pas conforme à celle du R. P. Secchi ", qui pense que les influences lo- cales diminueront lorsque la distance des stations extré- ! Lettre à M. A. de la Rive. (Archives des Sciences phys. et natur., février 1865.) 2238 RECHERCHES SUR LES mes augmentera, et qui mdique les longueurs de 40 à 60 kilomètres comme convenables. — L'influence des nuages orageux est cependant certaine sur les lignes télé- oraphiques, — on le sait assez dans tous les bureaux, — et il me paraît certain que, sous ce rapport-là, plus une ligne est développée et plus 1l y a de chances à ce que l’une ou l'autre de ces parties se trouve dans le cercle d'influence de nuages électriques. Sans parler des orages proprement dits et des décharges violentes, il est bien probable que le seul rapprochement ou le seul éloigne- ment des nuages électrisés suffit pour provoquer des courants accidentels dans une ligne télégraphique. Il est évident que ce genre de perturbation, qui ne s’observe que rarement avec les appareils télégraphiques ordinaires, doit être plus fréquent si l’on se sert d’un galvanomètre sensible *. Il serait naturellement d’un grand intérêt de pouvoir, dans les observations faites, éliminer l'élément constant dû à l’action électro-chimique des plaques, afin de recon- naître ce qui provient des deux autres causes. Cette sépa- ration n'est malheureusement pas possible et par consé- quent tout l'intérêt des observations faites ici réside dans les variations du courant et non point dans sa grandeur absolue, dans la fréquence et amplitude de ces varia- tions. Pour savoir ce qui est relatif à l'intensité absolue des courants électriques terrestres, il faut évidemment 1 On sait que les observations de l’électricité atmosphérique mon- trent. des variations souvent fort rapides et considérables dans des mo- ments successifs. (Voir, entre autres, Quételet, Climat de la Belgique, et Archives des Sc. phys. et natur., septembre 1854.) Ces variations, quoique beaucoup moins fréquentes, ne sont pas sans analogie avec celles des courants terrestres. COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 229 employer des électrodes choisis et disposés d’une façon telle que l’action chimique soit nulle ou identique aux deux extrémités de la ligne. Des plaques de charbon com- pacte peuvent peut-être convenablement remplir ce but, ou bien des plaques de zinc amalgamé plongées dans une dissolution de sulfate neutre de zinc, ainsi que les a em- ployées M. Matteucei. On à vu que le courant est beaucoup plus fréquem- ment dirigé de Berne à Lausanne que dans le sens in- verse. L'aiguille du galvanomètre est en effet le plus ordinairement déviée à l'E. Certains jours même, elle ne passe pas de l’autre côté du O et il est arrivé une seule fois que, pendant toute une heure, elle s’est maintenue à l'O. du 0°, c’est-à-dire que le courant a été dirigé de Lausanne à Berne. Cette prédominance très-pronon- cée de la direction Lausanne-Berne peut tenir à diverses causes. Berne est plus au nord que Lausanne d'environ 49 ki- lomètres. Comptée sur le méridien magnétique, cette dis- tance est d'environ 29 kilomètres. Lausanne est de 63 ki- lomètres à l'O de Berne. Les observations faites en d’autres lieux ne paraissent pas avoir montré que les courants terrestres soient toujours plus fréquents du N. au S. que dans le sens contraire. Les expériences de M. Matteucci lui ont au contraire montré la direction du S. au N. comme beaucoup plus fréquente *. * Je dois noter ici que M. de la Rive ne pense pas que les courants observés par M. Matteucci, dans le méridien magnétique, soient une dérivation du grand courant terrestre. Ces courants seraient plutôt dus à des circonstances atmosphériques et locales, le circuit employé par M. Matteucci ayant des électrodes trop peu éloignées et un galvano- mètre offrant une trop grande résistance, (Voir Archives des Sc. phys. el natur., février 4865.) 230 RECHERCHES SUR LES Dans celle de ses lignes dirigée perpendiculairement au méridien, M. Matteucci a observé des courants de sens variable, mais plus fréquents cependant de l'Ouest à l'Est, tandis que sur la direction Berne-Lausanne, la direction prédominante est de l'Est à l'Ouest. — Quant à l'altitude, les deux plaques de terre différent peu l’une de l'autre : celle de Berne est de 68 mètres plus élevée que celle de Lausanne. Je ne pense pas que cela puisse expliquer la plus grande fréquence du courant Berne-Lausanne. D’a- près M. Matteucci même, ce devrait être l'inverse; car ce savant a toujours vu le courant ascendant entre deux sta- üons, près de Turin, présentant une différence d'altitude de 150, Ce résultat a été confirmé entre [vrée et St- Vincent, sur une longueur de 36 kilomètres, avec une différence de niveau de 281", et ailleurs encore. Il est possible que ce soit à la différence d'action électro-chimique des plaques qu’il faille attribuer cette prédominance de la direction Berne-Lausanne, et ce qui appuierait cette supposition, c’est que la plaque de Lau- sanne est plongée dans un terrain marneux bien plus humide que le sol un peu sec et sablonneux où se trouve celle de Berne. Il y avait done probablement un courant sensiblement constant dirigé de Berne à Lausanne, déviant d'un certain nombre de degrés à l'Est l'aiguille du galva- nomètre. À ce courant constant venait s'ajouter, tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, les courants électri- ques terrestres variables d'intensité et c'est cette somme qui produisait les mouvements de l'aiguille galvanomé- trique". ! Tout en émettant cette opinion, je ne puis pas me dissimuler ce- pendant que des considérations assez fortes pourraient faire mettre en COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 231 Le fait même de la variabilité des courants terrestres, est assurément très-remarquable. Cette variabilité, dans mes observations, est d’ailleurs semblable à celle qui ré- sulte des observations faites en d’autres lieux. Les faits publiés par M. Walker, en Angleterre, mon- trent sur diverses lignes (Margate à Asford, Margate à Ramesgate, Asford-Hastings, etc.) les courants terrestres très-variables et d'une remarquable intensité dans les jour- nées voisines des aurores d'août et de septembre 1859. Le 7 septembre, par exemple, entre 7 h. 19 m. et 7 h. doute la possibilité d’un courant un peu intense, d’origine électro-chi- mique, dans le circuit Berne-Lausanne. Les deux plaques sont séparées , en effet, par une très-grande dis- tance, et on peut penser, avec quelque raison, que la force électro- motrice qui intervient dans leur contact avec la terre humide ne suffit pas pour y engendrer un courant sensible. Dans les essais que j'ai faits à laide de plaques en fer plongées dans le sol et placées à une petite distance, j'ai obtenu un courant caractérisé par une très-faible tension. Les deux plaques reliées par un gros conducteur de vingt mètres environ d’étendue donnaient un courant de 399,8 au galvanomètre. En introduisant dans le circuit le fil de cuivre d’un relais télégraphique dont la longueur équivaut à peu près à 14000 mètres du fil de fer des lignes, cette intensité était réduite à 32,5. On voit que si la ligne Berne-Lausanne avait été inter- calée entre ces deux plaques, le courant aurait à peine écarté l’aiguille du zéro. De ces faits on ne peut pas absolument conclure ce que doit être la tension du courant électro-chimique entre les deux plaques de terre de Berne et de Lausanne, parce que les circonstances ne sont pas iden- tiques; mais on peut cependant en inférer, avec quelque probabilité, que ce courant doit être bien affaibli à travers la longue résistance des 97000 mètres de fil télégraphique. On pourrait remarquer encore que les résullats négatifs obte nus dans la recherche des courants de polarisation viennent à l'appui des considérations précédentes. Ces courants, en effet, se manifestent très- bien avec des plaques de terre reliées par un fil court, tandis qu’ils n’ont pas été sensibles entre les deux plaques de Berne et de Lau- sanne. 292 RECHERCHES SUR LES 29 m., on à pu enregistrer quatre courants alternative- ment dirigés en sens contraire et donnant 64°, 44°, 34° et 38° à la boussole”. Dès 1859 que M. Lamont a voué une attention parti- culière aux courants terrestres, ce savant a toujours cons- taté les variations extrêmes de ces courants et il soutient, d’ailleurs?, que « le galvanomètre n’mdique pas le cou- « rant terrestre lui-même, mais seulement les ondulations « du courant terrestre, Soit les variations momentanées « qu'il éprouve. » Le savant Directeur de l'Observatoire de Munich pense que les galvanomètres ne peuvent si- gnaler autre chose que ces variations du Courant, parce que ces varations seules donnent des dérivations. Le cou- rant terrestre, s’il était absolument constant, se propa- serait exclusivement dans le sol et ne viendrait point em- prunter nos circuits télégraphiques. M. Lamont, d’ailleurs, en discutant les résultats obtenus sur les nombreuses lignes qu'il a installées dans le voisinage de son observatoire, admet l'existence d’un courant principal perpendiculaire au méridien. « En dehors de ce courant équatorial, il « n'existe que des mouvements ondulatoires irréguliers - « qui vont tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, et « qui suivent aussi souvent une autre direction que celle « du méridien. » Le R. P. Secchi à fait des observations de courants terrestres sur une ligne de 52 kilomètres, de Rome à Anzio, dirigée du Nord au Sud. Il a trouvé une variation diurne très-marquée dans l'intensité de ce courant dont le sens général, sauf quelques perturbations, est du Nord ! Philos. Transact., 1861. — Archives, décembre 1861. * Archives, décembre 1861. COURANTS ELECTRIQUES TERRESTRES. 233 au Sud. Sur la demande de ce savant, M. Jacobini, ins- pecteur des télégraphes romains, a observé sur la ligne de Rome à Ascoli de 58 kilomètres de longueur, dans une direction normale à celle du méridien magnétique. Les variations ont été ici très-nombreuses, soit quant à l'intensité, soit quant à la direction du courant. L'une des extrémités de la ligne, Ascoli, est une station située dans les montagnes, ce qui est probablement une circonstance favorable pour que les influences atmosphériques locales acquièrent beaucoup d'importance. A l'observatoire de Greenwich", les courants des deux lignes Greenwich-Croydon, recueillis à l’aide d'appareils enregistreurs, présentent une grande analogie avec ceux des observations faites à Lausanne. Il y a, ce me semble, une vrai importance à constater que, dans des contrées fort éloignées, le phénomène des courants terrestres pré- sente un même caractère et se rattache done probable- ment pour une grande part au moins, à des causes très-générales. En comparant les courbes de Greenwich avec celles des 17 et 31 mai, observées à Lausanne, on reconnaît bientôt une complète analogie et la différence d’aspect, qui frappe au premier abord, tient uniquement à la différence de l'échelle des temps, puisque la même longueur qui représente une heure, dans les courbes de Greenwich, représente cinq secondes dans celles de Lau- sanne. La ligne Greenwich - Dartford a une longueur de 25200 mètres; elle fait un angle de 57° (dans le cadran 1 Je dois ces renseignements, sur les observations qui se font à Greenwich, à une communication adressée par M. Airy à M. A. de la Rive et que M. de la Rive a bien voulu mettre à ma disposition. 234 | : RECHERCHES SUR LES S.-E.) avec le méridien magnétique de Greenwich. On voit que, dans la journée du 17 avril, les courants ter- restres y ont présenté des variations continues, mais d’une faible amplitude; ces variations se manifestent par des hachures qui. ne sont un peu confuses et entassées que parce que le papier enregistreur se déroulait lentement. Les courbes de mes observations présenteraient évidem- ment le même aspect si on les comprimait, en quelque sorte, sur un axe des temps beaucoup plus court. La ligne Greenwich-Croydon a 16890" de longueur; elle fait, avec le méridien magnétique, un angle de 50° (dans le cadran S.-0.) et avec la ligne précédente, par conséquent, un angle de 107°. On voit que, malgré la moindre longueur de cette ligne, le courant terrestre y a offert, le 17 avril, des variations d’une assez grande am- plitude et il se dirigeait tantôt dans un sens, tantôt dans un autre. — En comparant ces deux courbes avec celles de mes observations, on peut voir qu'elles manifestent des variations de courant absolument semblables. Parfois l’im- tensité change rapidement et considérablement de valeur et d’autres fois elle varie peu ou entre des limites beau- coup plus rapprochées. La grande variabilité est donc un des caractères les plus essentiels des courants qui s’observent sur une ligne de quelque étendue en relation avec le sol par ses deux extrémités, et, ainsi que je lai déjà remarqué, la forme de ces variations est digne de fixer l'attention. On voit, pendant plusieurs secondes successives, l'intensité du courant augmenter d’une façon fort régulière; il n’y a pas une impulsion brusque de l'aiguille du galvanomètre, mais une variation lente qui aboutit à des repos absolus. Le courant demeure tout à fait constant ‘pendant quel- COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 239 ques secondes, parfois plus d’une minute, puis son in- tensité varie de nouveau dans un sens ou dans l’autre. IL est à remarquer que ces manifestations habituelles du courant terrestre ont au fond le même caractère que celles qui ont été signalées à plusieurs reprises dans ces derniers temps lors des aurores boréales ; il n’y a d'autre différence que les limites plus étendues entre lesquelles les variations se produirent. Si l’on traduit en courbes les observations de MM. Walker, Matteucci, Hipp, Loomis, etc., pendant les aurores boréales, en choisissant une échelle des intensités convenable, on trouve des figures entière- ment semblables à celles que j'ai obtenues. Voici, comme exemple, quelques observations faites à Berne, par M. Hipp, le 2 septembre 1859, entre 8 et 9 heures du ma- tin, à un moment où, on le sait, une forte perturbation magnétique était constatée sur la plupart des lignes télé- graphiques de l'Europe coïncidant avec une aurore bo- réale des plus brillantes. Sh.5%m. Os + 37° 8 h. 41 m. 30 5. + 26° 155. +34 45 s. — 26° 36 m. Os “+ 4° 42 m. 0s — 31° 155. — 20° 15s. — 30° 30 s. .— 30° 30 s. — 24° 38 m. Os. — % 45s. — 12 40 m. 45 s. + 42° L3'm. 05. 0° k1 m. Os. + 38° J'ai représenté graphiquement les résultats compris entre 8 h. 40 m., 45 s. et 8 h. 43 m. M. Hipp observait avec une boussole télégraphique ordinaire et seulement de 15 en 15 secondes, c’est pour cela que la courbe présente peu de sinuosités de détail 236 RECHERCHES SUR LES mais 1l est extrêmement probable que si un appareil plus délicat avait été placé dans le circuit et si on leût suivi de seconde en seconde, on aurait eu une courbe accu- sant des variations d'intensité absolument analogues à celles du 17 et du 31 mai et ne présentant aucune diffé- rence essentielle avec ce qui s’observe tous les jours à l’aide d’un galvanomètre sensible. On arrive donc, par ce genre de considérations, à rattacher, avec beaucoup de probabilité, à une seule et même cause les courants terrestres qui s’observent habi- tuellement et ceux qui ont exceptionnellement attiré l’at- tention lors des aurores boréales : cette cause, en quelque sorte permanente, est plus ou moins intense à divers moments ou à diverses époques. — C’est bien ainsi, on le sait, que M. de la Rive conçoit la cause des aurores boréales dans la belle théorie qu'il a développée. Suivant ce savant physicien, cette cause, toujours agissante, c’est la recomposition, à travers l'atmosphère des régions po- laires, de l'électricité positive de l’air avec la négative du sol, recomposition dont l'activité doit dépendre de l'état constamment variable en température, humidité, etc., des couches d’air elles-mêmes. Dans les latitudes supérieures, on a la preuve de la fréquence ou de la permanence du phénomène électrique par la fréquence des aurores elles-mêmes. Dans nos lati- tudes plus méridionales, la manifestation lumineuse de la recomposition électrique ne s'aperçoit que dans les cas où elle est exceptionnellement intense; mais les courants terrestres que nous pouvons recueillir et dont nous pou- vons observer les variations sont pour nous un indice de la continuité et de la permanence du phénomène qui les provoque, COURANTS ELECTRIQUES TERRESTRES. 237 Lorsque l’on eut remarqué la coïncidence entre les au- rores boréales et les perturbations des aiguilles de décli- naison, on put quelquefois reconnaître l'existence d’une aurore sans la voir et seulement par l'observation des ins- truments magnétiques. — On peut dire que les courants terrestres, recueillis et signalés par le galvanomètre, sont un moyen semblable, mais beaucoup plus sensible. L’em- ploi du galvanomètre nous permet de suppléer, en quelque sorte, à ce qu'il y a de défavorable dans notre situation géographique; les indications de cet instrument nous in- forment de l'existence et de la marche des orages magné- tiques polaires d’une façon peut-être plus complète et plus sensible que ne le font les jets de feu des aurores pour les habitants des latitudes boréales. Cette analogie de caractère entre les courants qui s’observent habituellement dans un long circuit et ceux qui se manifestent avec une intensité exceptionnelle lors des aurores boréales devient, en outre, me paraît-il, la meilleure preuve que ces courants habituels sont bien dus à quelque phénomène général et qu'ils ne sont pas une simple manifestation de causes toutes locales. L'action de l'air plus ou moins électrisé, des nuagês, etc., peut très-vraisemblablement provoquer des manifestations élec- triques dans un long circuit communiquant avec le sol par ses deux extrémités; mais cette action seule ne peut en aucune facon expliquer les deux faits suivants : 1° En même temps que paraissent des aurores po- laires, les courants acquièrent une intensité très-grande tout en conservant les mêmes caractères, dans leur varia- bilité, que ceux qui s’observent habituellement. 20 Dans une foule de lieux, très-éloignés les uns des autres, en Europe et en Amérique parfois (ex.: 29 août 238 RECHERCHES SUR LES et 2 septembre 1859) on observe au même moment, dans les mêmes heures, une recrudescence dans l'intensité des courants. On peut évidemment se rendre compte de cette si- multanéité qu'en attribuant les courants observés à une cause générale, à quelque phénomène qui intéresse une grande partie de notre globe. Cette conclusion, imposée en quelque sorte pour les courants très-forts des épo- ques à aurores polaires, s'applique nécessairement aussi, ce me semble, aux courants plus faibles, mais absolu- ment semblables à tous égards, qui s’observent chaque Jour. Quant à l'intensité absolue des courants terrestres ou de leurs variations, elle est peu facile à comparer dans les observations faites en divers lieux. Cette inten- sité doit dépendre de la distance des plaques extrêmes : mais sa constatation dans les appareils dépend aussi de la résistance totale du circuit où on l’observe. Dans les observations rapportées plus haut, on voit que les variations étaient souvent de 10 à 20° en quel- ques secondes. Il y a plusieurs exemples (14 mai, 15 mai, 29 mai, etc.) d’une variation de 25 à 30° en peu de minutes; 25 à 30° au galvanomètre représentent à peu près À 1/2° à la boussole télégraphique ordinaire. Avec les appareils télégraphiques pourvus d’un relais, on peut télégraphier avec 3° à la boussole; mais c’est la limite extrême. Les nouveaux appareils Morse, à en- cre, fonctionnent avec 5°. On voit ainsi que, dans mes observations, les variations du courant représentaient souvent, en quelques minutes, une intensité égale à la moitié, à peu près, de celle qui est nécessaire (au mi- nimum) pour pouvoir télégraphier. Dans quelques cas COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 239 exceptionnels (les 3 et 7 novembre 1865) ces variations ont représenté une intensité au moins égale à celle qui permet de transmettre aisément des signes télégra- phiques *. Il est évident qu'on ne pourait point conclure de ces rapprochements à la possibilité d'obtenir des signes aux appareils télégraphiques avec les courants terrestres ha- bituels. Il y a, en effet, la résistance particulière de ces appareils qui viendrait réduire l'intensité du courant. Il résulte de ces considérations que les galvanomè- tres affectés à l’étude des courants terrestres ne doivent pas être trop sensibles: car alors l'aiguille serait tou- jours très-fortement déviée et n’accuserait pas aussi bien les variations faibles. Il faut d’ailleurs évidemment avoir égard à la lon- gueur de la ligne sur laquelle on fait les observations : car si l’on applique un galvanomètre à très-long fil à une ligne courte, l'instrument apportera une résistance con- sidérable comparée à celle du circuit. Les galvanomètres à système astatique ordinaire, de 2 à 300 tours, me semblent tout à fait convenables pour des longueurs de lignes analogues à la distance Lausanne-Berne. M. Matteucei a fait usage de galvanomètres à 100, 1500 et 24000 tours. Ces derniers auraient été, je crois, trop sensibles pour les courants de la ligne Berne- Lausanne. A Greenwich, l’appareil employé s’est trouvé trop sen- sible également lors des perturbations magnétiques de 1 Je parle ici des intensités à l’aide desquelles on pourrait télégra- phier avec les appareils ordinaires. En réalité, la télégraphie emploie, dans l’état habituel, des courants beaucoup plus forts, l’état normal est 30° à la boussole. 240 RECHERCHES SUR LES la fin de juillet dernier; perturbations qui ont coïncidé, on s’en souvient, avec la tentative de la pose du càble transatlantique. À ce moment, l'appareil a donné des in- dications en dehors des limites des instruments enregis- treurs et depuis cette époque M. Airy introduit parfois, dans le circuit, une résistance supplémentaire. Il est à peine nécessaire de faire remarquer, après les détails qui précèdent, que les caractères des courants terrestres sont teis que l’on ne peut guère hésiter quant à la méthode la plus favorable pour leur étude. IL est évident que les appareils enregistreurs sont ici plus Im- dispensables que dans aucune autre des branches d'étude de la physique du globe. —I1 est extrêmement à désirer que l'usage de ces instruments se généralise, et que, par leur moyen, les courants terrestres soient désormais étu- diés d’une façon suivie et régulière dans tous les obser- vatoires magnétiques. [Il y aura évidemment un grand intérêt à comparer entre elles les courbes obtenues simul- tanément en divers lieux et à comparer ces courbes avec celles que fournissent les appareils magnétiques ordi- naires. On sait quels résultats intéressants a déjà fourni la comparaison entre les observations magnétiques faites en des points différents ‘. Les études entreprises sous l’im- pulsion de Gauss par l'Association magnétique allemande et les observations simultanées faites en divers lieux, de cinq en cinq minutes, pendant six jours, chaque année, ont montré que les variations des éléments magnétiques se produisaient en même temps dans toute l'étendue du 1 Voir entre autres, sur ce point, une communication du général Sabine. (Ann. de Chimie et de Physique, t. LXIV, 1862), et le Traité d'électricité, t. I, de M. de la Rive, COURANTS ÉLECTRIQUES TERRESTRES. 241 territoire des observations. La correspondance se soute- nait de la manière la plus complète et la plus surpre- nante, non-seulement dans les grandes oscillations, mais dans presque toutes les plus petites, et MM. Gauss et Weber ont pu dire « qu'il n’était en réalité rien qu’on pût légitimement attribuer à des causes locales. » Les nombreuses observations recueillies dans les qua- tre stations si diversement situées de Torento, Sainte- Hélène, le cap de Bonne-Espérance et Hobart-Town, ont conduit à des résultats analogues, et ces observations ont montré qu'il s’agit là d’un phénomène qui intéresse le globe entier et qui se manifeste simultanément dans les stations les plus distantes. On ne peut guère douter que les coïncidences qui se sont ainsi manifestées à l’aide des appareils magnétiques ne se montrent d’une façon probablement bien plus sen- sible encore lorsque l’on pourra comparer les courbes des courants terrestres enregistrés simultanément dans divers lieux. [l me paraît vraisemblable que ces coïnci- dences se retrouveront même dans les courants habi- tuels, journaliers en quelque sorte et d’une faible inten- sité. Les variations plus ou moins énergiques de ces courants sont probablement d’ailleurs la cause principale des perturbations accusées depuis longtemps par les aiguilles aimantées, et il y a tout lieu de croire que par leur étude la science du magnétisme terrestre fera des progrès signalés ”. ‘ Mais il y a, ce me semble, une sorte de question préalable à vider si lon veut pouvoir comparer, dans la suite, les observations faites en divers lieux et dans des circonstances diverses; c’est celle de lin- fluence de la profondeur des électrodes qui terminent les circuits, M. ARCHIVES, t. XXV. — Mars 1866. 17 249 RECHERCHES SUR LES $ VIIL. /nfluences météorologiques et magnétiques. Outre la différence habituelle entre le matin et le soir qui sert aux indications du galvanomètre, qui consiste essentiellement en ce que le courant est plus constant le soir que le matin, on remarque des différences souvent frappantes entre un Jour et un autre, soit quant au sens de la déviation de l'aiguille, soit quant à la fréquence et à la rapidité des variations. En comparant les résultats de chaque jour avec les éléments météorologiques, on n’ar- rive à aucune indication bien précise, à part certains jours orageux, ce qui ne permet pas d'attribuer aux in- fluences météorologiques une action bien caractérisée sur les courants observés. Il semblerait que les causes géné- rales, c’est-à-dire les grands courants électriques terres- tres, sont celles qui ont la plus grande part dans les faits observés et que les différences locales de tension électri- que, dues surtout à l'influence de l'atmosphère, sont Lamont a pu conclure de ses belles recherches que « les ondulations « du courant se manifestent avec le plus d'intensité à la surface de la « terre et diminuent d’autant plus qu’on pénètre dans l'intérieur. A « douze pieds de profondeur elles perdent déjà de leur intensité. » (Archives, décembre 1861.) M. Matteucci a de même constaté que « les courants observés augmentent d'intensité lorsque l’on approfondit « les cavités où plongent les lames extrêmes de 0m,50 à 2m.» Ce sa- vant physicien attribue cette influence à la plus grande conductibilité de la couche qu’on atteint en approfondissant les cavités extrêmes. — Sans insister davantage , il me paraît évident que l’une des observa- tions les plus précieuses et les plus urgentes dans le sujet actuel con- sisterait à suivre simultanément les indications fournies par deux ou trois lignes semblablement placées et différant uniquement par la si- tuation plus ou moins profonde des plaques extrêmes. — Il y aurait un vif intérêt aussi à observer un circuit dont les électrodes plongeraïent dans des puits de mine. COURANTS ELECTRIQUES TERRESTRES. 243 beaucoup moins importantes. Toutefois, on a bien constaté l'influence des orages dans quelques cas. Quant à l'action des aurores boréales, elle a été très- prononcée le 3 et le 7 novembre 1865. Si l’on compare les déviations observées ces deux jours-là avec celles qui s'observaient en général sur la ligne et avec ce qu’on peut nommer l'état moyen du galvanomètre, 1l est évident que les orages magnétiques du 3 et du 7 novembre se manifestaient surtout par des courants dirigés dans la di- rection Berne-Lausanne, c'est-à-dire du Nord au Sud. Mais pour obtenir des résultats un peu certains quant aux rapports entre les courants terrestres et les circons- tances météorologiques, il faudrait avoir un plus grand nombre d'observations que celles rapportées dans ce travail. DES DIVERS MODES DE COLORATION DANS LES PLUMES PAR M. VICTOR FATIO ns DE (D) Les divers plumages des oiseaux ont été de tout temps étudiés, et leurs différentes colorations ont fait jusqu'à nos jours le sujet de bien des travaux intéressants. La question des changements de livrées s’est pré- sentée de plusieurs manières; une coloration nouvelle est-elle toujours le propre d’une nouvelle plume? ou bien, la coloration peut-elle quelquefois se modifier dans les mêmes tissus. Chacune de ces idées a eu ses défenseurs ; la seconde prenant de plus en plus de vraisemblance, il a fallu trou- ver comment et par quels moyens pouvaient se faire ces modifications internes. Schlegel *, en 1852, supposa une nouvelle vie dans la plume à l'approche du printemps, et la plupart des na- turalistes qui s’occupèrent après lui du sujet, cherchèrent ! L'auteur donne ici un extrait d’un Mémoire qu’il a lu le 1er fé- vrier 1866 à la Société de physique de Genève, et qu’il compte livrer très-prochainement in extenso à la publication. 2 Sendschreiben an die am 6 Julius 1852 zu Altenburg versammel- ten Naturforscher, von Hermann Schlegel. Naumania, vol. IF, 1. 2. COLORATION DANS LES PLUMES. 245 plutôt à renverser cette hypothèse première qu'à lui substituer une explication nouvelle et plausible du phé- nomène. Cependant, quelques théories émises dans ces der- nières années vinrent encore subdiviser la question. Weinland ‘ supposant une graisse pigmentée venant du corps colorer à nouveau la plume morte, ne croyait pas à la présence d’un principe colorant latent, pour ainsi dire, au-dessous de la couleur apparente. Severtzof * croyait à cette inhérence première de la matière colorante nouvelle, et proposait l'ozone de l'air comme agent modificateur de la coloration en général. Aucune de ces méthodes ne satisfaisant l'esprit, et surtout autune d'elles ne pouvant soutenir une observa- tion attentive, j'ai donc repris la question en commen- çant par l'étude de la croissance et de l'anatomie de la plume qui devait faciliter plus loin celle des développe- ments ultérieurs. Je n'entrerai pas ici dans le détail de ces recherches préliminaires, et je me bornerai à citer en passant les points les plus indispensables à la compréhension de mon sujet. Je dirai d’abord que chaque plume comporte tou- jours : 1° Une tige centrale ou axe primaire, 2° Plusieurs barbes disposées sur les côtés de ce pre- mier tronc et formant comme des rameaux ou axes se- condaires. ‘ Zur Verfärbung der Vogelfeder ohne Mauserung, von Dr D. F. Weinland Cabanis, IV, 1856. ? Mikroscopische Untersuchungen über die Verfärbung der Federn zum Hochzeitskleide bei einigen Vôgeln, nebst Betrachtungen über das Verhältniss derselben zur Mauser, von N. Severtzof, 246 COLORATION DANS LES PLUMES. 3° Des barbules nombreuses régulièrement implantées sur la barbe et constituant les axes tertiaires. 4° De petits crochets latéraux formant comme des ra- meaux de ces dernières, et, si Fon veut, des axes qua- ternaires. Je signalerai ensuite que chacune de ces parties se compose aussi: d’un épiderme à cellules plates et irré- oulières à l'extérieur, d’une matière corticale formée de cellules plus ou moins allongées en fibres en dessous, d'une substance médullaire colorée en cellules arrondies ou polygonales à l’intérieur, et de granules pigmentaires épars ou groupés dans le centre de chaque segment d’un axe quelconque. Je dirai, enfin, que la plume se forme dans l'intérieur du corium, au dépens de cellules plastiques qui s’orga- nisent dans une gaine protectrice, et qu'elle chasse devant elle en grandissant le duvet qui lui a préparé les voies chez le jeune oiseau. Cuvier ‘, Reclam *, Engel *, Holland “, et bien d’au- tres, ont assez écrit sur le développement des plumes pour que je puisse m'abstenir d'aborder aussi ce point. Une fois crue, la plume a reçu déjà tous les principes colorés qu’elle doit tirer jamais du corps ; les vaisseaux sanguins qui l'ont nourrie s’oblitèrent graduellement, et sa moelle intérieure se dessèche petit à petit. 1 Fréd. Cuvier. Observations sur la structure et le développement des plumes. Mém. du Musée d'hist. natur., t. XII. 2 Carolus Reclam. De plumarum pennarumque evolutione. Lipsiæ, 1846. 5 Engel, Joseph. Ueber Stellung und Entwickelung der Feder in Wiener Sitzungsber. Math. Nat. CI. Bd. 22, 1857 (1856), p. 376-393. 4 D' Theod. Holland. Pterologische Untersuchungen. Journal für Ornithologie, vol. XI, Heft 3, 1864. COLORATION DANS LES PLUMES. 247 Ceci établi, j'ai commencé par étudier les modifica- tions dues à des mues réelles, ou à des changements de plumes. Je n’entrerai non plus ici dans aucun détail pour en arriver plus vite au vrai but et au véritable résultat de mon travail, aux divers modes de coloration dans une même plume. Chaque oiseau se présente d’abord sous différents aspects suivant son àge, son sexe et la saison; mais il varie aussi suivant les localités qu’il habite et la nourri- ture qu'il y trouve. Le sang modifié par ces diverses influences internes ou externes, fournit aux plumes nouvelles des pigments di- versement élaborés. Un jeune oiseau ne recevra, par exemple, à sa pre- mière mue, ni la même dose, ni la même qualité de pigment qu'un individu plus âgé. Un mâle ne recevra pas la même matière colorante que sa femelle, ou bien il recevra une substance qui, d’abord analogue, sera capa- ble de se modifier d’une manière différente. Un vieil individu ne recevra plus, enfin, que toujours une même dose d’un même pigment pour présenter constamment un plumage semblable. Une plume crue en automne se modifie au printemps si elle n’est pas renouvelée; mais elle passe en même temps petit à petit d’une mort qui n’était qu'apparente à une mort de plus en plus réelle, et il viendra un mo- ment où elle devra être expulsée et remplacée par une autre munie de certaines formes, de certaines propor- tions et d’une coloration déterminée. A l'approche des froids, une plume nouvelle, plus lon- gue, et plus chaude par le fait qu'elle est moins usée, vient remplacer l’ancienne: au printemps un plumage 248 COLORATION DANS LES PLUMES. plus brillant vient décorer l'oiseau qui se pare pour ses noces. | Quand un oiseau ne peut au printemps se couvrir d'habits nouveaux, il rafraichit les siens en enlevant les bouts usés et reteignant ce qui reste bon encore. C’est précisément ce rafraichissement et cette teinte nouvelle que j'ai voulu étudier plus spécialement dans le mémoire que je ne fais qu'esquisser dans ces lignes. J'ai cherché, en abordant à mon tour la question, à reproduire toujours artificiellement ce que je supposais d’abord devoir se passer dans la nature. Une nouvelle coloration peut apparaître dans une plume, lentement et à partir de l’automne déjà, ou promp- tement au printemps seulement ; elle peut aussi consister en une simple augmentation dans l'intensité de la pre- mière, ou trancher complétement avec l’ancienne. Les conditions externes ou internes qui peuvent agir sur la plume sont; l'humidité de l'air, la température, la humière, le mouvement et la graisse de l'oiseau. Les mo- difications produites par ces agents sont, des développe- ments variés de certaines parties, la solution et la diffusion du pigment interne et la rupture des parues extrêmes. L'humidité fait gonfler la substance corticale d’une plume et facilite ainsi les voies de communications entre les cellules et Les fibres constituantes. Une graisse liquide incolore, arrivant tantôt par l’intérieur, tantôt par l’exté- rieur, vient dissoudre la matière grasse colorante latente dansles centres; l'intensité de la couleur augmente simple- ment alors dans certains cas, tandis que dans d’autres la couleur ancienne est remplacée et chassée au dehors par la nouvelle qui se répand et la force à s’extravaser par- tout sous forme de poussière extérieure. Une tempéra- COLORATION DANS LES PLUMES. 249 ture légèrement élevée facilite ces actions chimiques, l'hiver les ralentit, de grands froids les arrêtent presque complétement. La lumière semble diriger, pour ainsi dire, le dépôt coloré vers les faces qui hui sont le plus ex- posées. Une plume se colore ainsi plus ou moins vite, mais toujours de la périphérie au centre, puisque ce sont ces parties extrêmes de la nouvelle plume qui sont les pre- mières et les plus exposées aux influences de l'air am- biant. L'humidité qui délite à la longue la substance corticale qu'elle a d'abord gonflée, affaiblit et détériore les bouts de toutes les plumes; ceux-ci, arrachés par frottement à chaque mouvement de l’oiseau, font petit à petit place à la coloration qui se manifeste dans d’autres plumes en dessous d'eux. Pendant ce temps, les parties les plus basses de la plume se décolorent graduellement ; non pas, comme on pourrait le croire, par le fait d’un courant ascendant de la matière colorante ; mais simplement par la chute de la plus grande partie des barbules duveteuses colorées. Tout ceci se passe sans aucun apport de sang nou- veau, sans résurrection de l'âme de la plume, et unique- ment, comme je viens de le dire, sous l'influence de l’hu- midité à l'extérieur et de la graisse à l’intérieur. J'ai produit et étudié sous le microscope, soit le déve- loppement de la substance corticale, soit la solution in- terne des différents pigments dans les barbes et les bar- bules. Les conditions climatériques et l'alimentation produi- sent en nature des variétés, tout comme les différentes influences et les nourritures plus ou moins anormales aux- 250 COLORATION DANS LES PLUMES. quelles nous soumettons des oiseaux captifs font varier leur plumage. Nous pouvons, par exemple, obtenir l’albinisme, ou par un appauvrissement du sang qui ne fournit plus aux plumes croissantes assez de matière colorante, ou par une extravasion complète de tout le pigment interne. Cependant, quoique la solution se fasse partout de même, la coloration ne se développe pourtant pas de la même manière dans toutes les plumes. Bogdanow ‘, qui s’est ocecupé de dissoudre chimique- ment les pigments des plumes, a distingué en elles deux groupes d’après leurs différentes pigmentations. Il à nommé optiques celles qui lui fournissaient toujours un pigment brun et ne devaient leur variété de couleurs qu'à la lumière seulement, et ila appelé ordinaires celles qui contenaient des pigments diversement colorés. Jai conservé cette première division que le micros- cope m'a montrée naturelle; mais une étude plus ap- profondie m'a forcé à établir encore deux subdivisions nouvelles, les plumes mixtes dépendantes des ordinaires, et les plumes émaillées dépendantes des optiques. Ce sont les répartitions comparées de la substance corticale qui, jointes à la pigmentation différente, four- nissent à ces plumes leurs principaux caractères dis- tinctifs. Dans les plumes ordinaires qui contiennent des pig- ments variés, ce sont les barbes qui possèdent la couche la plus épaisse de substance corticale. Ces barbes, en se gonflant, expulsent leurs barbules inutiles et forment au printemps comme des massues dont la coloration est la : Étude sur les causes de la coloration des oiseaux, par A. Bog- danow. (Revue zoologique, vol. X, p. 180, 1858.) COLORATION DANS LES PLUMES. 251 même par-transparence et à la lumière incidente. Ces premières plumes présentent assez d'éclat et de brillant mais jamais de reflets. Chez les plumes mixtes, les barbules persistent, parce que la substance corticale est également répartie dans les deux ‘axes. La coloration latente est chez elles concen- trée dans les barbes surtout, et ces dernières possèdent des communications faciles avec les barbules. Ces se- condes plumes contiennent, comme les ordinaires, des pigmentations variées et présentent quelquefois beau- coup d'éclat; mais jamais elles n’ont de reflets et rare- ment autant de brillant que les précédentes. Pour les plumes optiques, c’est la barbule seule qui peut se développer. Elle se gonfle énormément en noyant très-souvent dans sa masse ses crochets latéraux pour prendre alors des formes cylindriques ou prismatiques. Elle arrive même à mesurer quelquefois au printemps un diamètre trois ou quatre fois plus grand que celui qu'elle possédait en automne. Ces plumes contiennent toujours des pigments bruns, et les cloisons séparatrices des seg- ments surperposés qui composent toute barbule, sont chez elles beaucoup plus fortes que dans aucune autre. Ces troisièmes plumes se présentent sous toutes les formes et revêtues de toutes les couleurs du spectre, mais conti- nuellement avec des reflets métalliques. Dans les plumes émaillées, enfin, c’est de nouveau la barbe qui se développe en chassant la barbule, quoi- qu’elles soient cependant des plumes optiques munies de pigments invariablement foncés. La substance corticale ne s’est pas chez elles développée en fibres, elle se montre, au contraire, en grandes cellules polygonales à noyaux fortement colorés en brun. A la face dorsale de la barbe, 252 COLORATION DANS LES PLUMES. les cellules, beaucoup moins colorées, sont allongées et verticales, forment comme un vernis transparent exté- rieur plus ou moins épais. Ces quatrièmes plumes com- portent quelques plumes vertes, et surtout toutes les plumes bleues sans reflets métalliques. L'observation de ces quatre divisions nous permet d’é- tablir Les lois générales suivantes : 1° De deux axes successifs lun se développe toujours aux dépens de l'autre. 2° Pour les plumes ordinaires proprement dites, l'axe secondaire prédomine sur le tertiaire. 3° Dans les plumes optiques proprement dites, c'est par contre l'axe tertiaire qui prédomine sur le secondaire. A. Les plumes mixtes présentent un état moyen. B. Les plumes émaillées sont optiques par leur pigmen- tation et ordinaires par leur développement. Le caractère mirte se rencontre très-souvent dans une plume en même temps qu’un développement d’une autre espèce; mais aucune plume ne peut être à la fois ordi- naire et optique, pas plus qu'ordinaire et émaillée ou émaillée et optique. L'influence de l'humidité et de la lumière sur le déve- loppement et la coloration des parties qui leur sont plus exposées, explique facilement pourquoi la face dorsale d’une plume est d'ordinaire plus colorée que sa face ventrale ou inférieure. Outre la coloration vue par transparence et produite par divers pigments qui jouent avec la lumière le même rôle que tout autre corps coloré, je m'explique le brillant des plumes ordinaires, la coloration des plumes émaillées et les reflets métalliques chatoyants des plumes optiques par les phénomènes d’interférence suivants. COLORATION DANS LES PLUMES. 253 Le développement de la substance corticale, augmente le brillant en multipliant les facettes miroitantes et les éloignant en même temps. La rencontre de ces rayons, réfléchis à des distances diverses, produit un effet assez semblable à celui qu'a décrit Dove ? pour quelques corps. Je serais tenté même d'attribuer la formation de la cou- leur bleue dans les plumes émaillées à un phénomène analogue à celui par lequel le savant physicien veut ex- pliquer le brillant et les reflets chez quelques corps; à la superposition d’une couche miroitante transparente, et dans mon cas un peu colorée, sur un fond couvert de dessins foncés. Si je gratte en effet sur un point ce vernis extérieur, la barbe bleue n'apparaît plus que noir ou brune en cet endroit. Dans les plumes optiques à reflets, une nouvelle com- plication vient encore s'ajouter à ces premiers effets. Elle rappelle, 1l est vrai, les dessins et les raies de Dove, mais semble cependant se rapprocher plutôt du phénomène des anneaux colorés. C’est une série de lignes transverses, tantôt brillantes, tantôt obscures, correspondant à la segmentation si accentuée des barbules, comme l’on peut s'en assurer en regardant une plume optique avec un faible grossissement à la lumière incidente. L'effet de chaque barbule s'ajoute à celui de la suivante, et nous voyons toujours un arrangement beaucoup plus régulier des barbules dans les plumes pourvues des reflets les plus forts. IL ne faut pas confondre la coloration extravasée en poussière, dont j'ai parlé plus haut, avec une autre colo- ration déposée de même, mais depuis l'extérieur, sur les ‘ Dove Verhandlungen der Academie zu Berlin, 1855. 254 COLORATION DANS LES PLUMES. plumes de quelques oiseaux. Dans ce dernier cas, c'est par frottement contre des corps étrangers, végétaux ou minéraux qu'elles affectionnent, que quelques espèces se couvrent dans certaines parties d’une coloration vraiment externe et plus ou moins solide. Il ne faut pas confondre non plus la décoloration qui s'opère sur un individu vivant avec celle qui se fait avec le temps et lentement dans nos musées. La décoloration en collection provient le plus souvent d’une saponification des graisses colorées produite à la longue par l'air et la lumière, ainsi que d’un délitement de l’épiderme et de la substance corticale produit également ou par trop de sé- cheresse ou surtout par trop d'humidité. Une étude de plus en plus approfondie des plumes expliquerait peut-être, soit la distribution géographique des couleurs modifiées par des influences climatériques, soit la formation des variétés locales, soit encore les effets parallèles et souvent si curieux de la captivité sur la co- loration. NOTE SUR QUELQUES NOUVEAUX FAITS DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE PAR M. EDMOND BOISSIER Généralisant des observations presque toujours incom- plètes, puisque nous ne connaissons encore qu'imparfai- tement la plupart des flores, les botanistes, en constatant dans telle ou telle région botanique, la prédominance de certaines familles ou de certains genres, se hâtent quel- quefois et prématurément de conclure que cette région est leur patrie exclusive. Cependant de nouveaux faits viennent de temps à autre nous montrer qu'il n'y a rien d’absolu dans les lois qui ont présidé à la distribution actuelle des végétaux à la surface de notre globe ; il y a quelque intérêt à enregis- trer ces faits et à réunir aimsi des matériaux qui aideront peut-être plus tard à expliquer la formation des diffé- rentes flores. On a récemment découvert, soit en Europe, soit dans Asie Mineure, quelques espèces particulièrement inté- ressantes en ce que toutes leurs congénères habitent des régions très-éloignées. La première est un Dioscorea. Les Dioscorea sont des plantes monocotylédones et dioïques à tige le plus souvent volubile et grimpante; leur racine est un tubercule utilisé comme aliment dans quelques 256 QUELQUES NOUVEAUX FAITS espèces sous le nom d’Igname. Le genre Dioscorea est très-nombreux dans toutes les régions tropicales de l’an- cien et du nouveau monde, un petit nombre d'espèces seulement habitent les régions tempérées de l’hémisphère boréal, et je citerai parmi elles le Dioscorea villosa aux Etats-Unis, et au Japon le Dioscorea batatas, nouvelle- ment introduit chez nous comme racine alimentaire sous le nom d’'Igname du Japon. On ne connaissait jusqu'ici aucune espèce européenne de Dioscorea, lorsque, il y a quelques années, le bruit se répandit que M. Bubani, botaniste italien, en avait trouvé une aux Pyrénées; comme les détails de cette découverte ne furent publiés nulle part, on crut à quelque erreur de détermination, on pensait que ce ne pouvait être qu'un Tamus, genre européen de la même famille, très-distinct des Dioscorea en ce que son fruit est une baie et non une capsule, mais dont le port tout semblable peut très-bien, lorsqu'il n’est qu'en fleur, le faire confondre avec ce dernier genre. Il n’en était rien cependant; je viens de recevoir de M. Bor- dère, instituteur à Gèdre, dans les Hautes-Pyrénées, des échantillons de la plante en question qui, par sa racine tuberculeuse, par ses capsules membraneuses et à trois loges, fait ndubitablement partie du genre Dioscorea. Le Dioscorea Pyrenaica, Bub., est une plante alpine qui croit dans des débris calcaires sur le versant méridional du col de Gavarnie, et ce qu'il y a de très-remarquable, c'est que par ses tiges point grimpantes, mais naines et flexueuses, elle rappelle tout à fait, quoique spécifique- ment très-distinete, d’autres Dioscoreas alpins, tel que D. nana et D. multinervis, qu’il faut aller chercher dans les Andes du Chili et du Pérou et sur les montagnes du Mexique. DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 257 Un second fait curieux est la découverte, datant de quelques années aussi, d’un Pelargonium dans les mon- tagnes de l'Orient. Le genre Pelargonium qui comprend les espèces de Géranium cultivées dans nos serres est ca- ractérisé dans la famille dont il fait partie par le tube nectarifère qui descend du calice et se soude dans toute sa longueur au pédoncule ; on le regardait jusqu'ici comme exclusivement mdigène de l'hémisphère austral, la plupart de ses nombreuses espèces habitant le Cap de Bonne-Es- pérance et quelques-unes la Nouvelle-Hollande, lorsque M. Kotschy rapporta du Taurus en Cilicie une très-belle plante appartenant indubitablement à ce genre; on l’a re- trouvée depuis tout le long de la même chaîne, depuis la Pamphylie jusqu'en Arménie. De même que quelques autres espèces du Cap, le Pelargonium Endhcherianum a les pétales inférieurs très-petits, presque avortés; les supérieurs, très-grand et d’un beau pourpre, en font une plante d'ornement d'autant plus précieuse qu’elle peut supporter nos hivers. Je passe à la troisième espèce que j'ai à mentionner ici. Il y a déjà bien des années que le botaniste Bertero recueillit au Chili une plante parasite croissant en grande abondance sur les rameaux d’un Adesmia, arbrisseau ap- partenant à la famille des Légumineuses. M. Guillemin trouva qu'elle constituait un nouveau genre qu'il décrivit sous le nom de Pilostyles. Elle n’a ni racine, ni tige, ni feuilles et ne consiste qu’en une fleur campanulée de deux lignes de longueur et sessile sur l'écorce de l’Adesmia dont elle rompt l’épiderme dans son développement; elle est dioïque et on ne connaît jusqu'ici que la plante mâle ; la fleur est entourée à sa base de quelques bractées, elle se compose d'un calice à quatre parties oblongues et imbri- ARCHIVES, t. XXV. — Mars 1866. 18 258 QUELQUES NOUVEAUX FAITS quées, d'une corolle à quatre pétales spathulés, imbriqués aussi et dépassant un peu le calice, enfin d’une colonne centrale, épaisse, courte, obtuse, atténuée dans sa moitié inférieure et entourée vers le milieu d’un anneau formé par trois rangs d’anthères uniloculaires au-dessus duquel s’en trouve un autre plus étroit, composé de papilles très-rapprochées, Cette colonne est pleine et formée de issu cellulaire, mais une coupe transversale, grossie au microscope, y montre l’orifice d'un très-petit nombre de trachées isolées. La floraison achevée, la fleur tombe lais- sant sur l'écorce de lAdesmia une dépression concave. Cette production bizarre de fleurs sans tige avait fait naître au premier abord l’idée assez étrange que le Pilo- styles n’est qu'une monstruosité de la fleur normale de l’arbuste sur lequel il eroît, mais cette opinion ne pouvait se soutenir un seul instant en présence des détails de struc- ture et de l'insertion non axillaire de cette plante singu- lière, qui se classe très-naturellement dans la famille des Rhizanthées comme une miniature de ces gigantesques Rafflesia, parasites dans les îles de la Sonde, sur des ra- cines d’autres arbustes. Le naturaliste Pohl avait apporté aussi du Brésil une seconde espèce du même genre, croissant sur les bran- ches d’une Bauhinia, mais depuis bien des années aucun fait nouveau n’était venu s'ajouter à l’histoire des Pilo- styles, lorsque cet hiver, en examinant une collection de plantes sèches recueillies dans la région alpine des mon- tagnes de l'Asie Mineure orientale par M. Haussknecht, je trouvai des rameaux d’un Astragale épineux, couverts à la base et autour des points d'insertion des feuilles, de petits corps globuleux et rougeàtres qui me rappelèrent de suite la plante du Chili. C'était en effet un Pilostyles DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 259 ressemblant par tous ses traits principaux au P. Berterti, mais spécifiquement différent par le manque de bractées, la fleur pius courte et les pièces du calice et de la co- rolle au nombre de cinq à six et non de quatre. Mon ami, M. le docteur J. Müller, a bien voulu faire une analyse mi- croscopique très-détaillée de cette curieuse production, et il a trouvé d’autres différences. Ainsi, dans la plante orientale, l'anneau d’anthères uniloculaires autour de Ja colonne centrale est formé de deux et non de trois rangs d'anthères: cette colonne elle-même est plus courte et non rétrécie dans sa partie inférieure. C’est un fait bien singulier que les individus mâles de Pilostyles, croissant en si grande abondance sur les rameaux d’Adesmia au Chili, sur ceux d’Astragale en Orient, la plante fe- melle restant encore inconnue ; 1l y à là une lacune à com- bler pour compléter la description de ce genre curieux. Peut-être, suivant M. Müller, la ceinture des papilles qui surmonte dans les deux espèces l'anneau des anthères représente-t-elle dans les fleurs femelles une rangée d’o- vules avortés ? c’est du moins ce qu'indiquerait une certaine analogie de position avec la fleur des Aroïdées. Voilà donc une espèce orientale et alpine, le Pilostyles Haussknechti qui vient compléter un genre qui n’était connu jusqu'à présent que dans l'Amérique australe, et dont toutes les espèces, chose remarquable, sont para- sites sur des arbrisseaux de la famille des Légumineuses. On ne connaissait jusqu'ici ni en Europe ni en Asie Mineure aucune Rhizanthée; le Cytinus, autre plante pa- rasite sur la racine des Cistes dans la région méditer- ranéenne, étant classé dans une famille voisine à cause de sa tige qui porte plusieurs fleurs monoïques, de ses an- thères biloculaires et d’autres caractères importants. 260 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. Il m'eut été facile de grossir cette liste d'espèces dis- jointes, c'est-à-dire croissant dans une région botanique très-éloignée de celle où vit le reste du genre ou de la famille; mais sans aller chercher d’autres exemples peu connus de ce fait si curieux de géographie botanique, nous en connaissons qui nous étonnent moins parce que nous les avons eus de tout temps sous les yeux. N’est-il pas singulier, par exemple, de ne trouver dans les Flores de l'Europe méridionale qu’un seul Myrte, qu'un seul Laurier, tandis que tout le reste des deux familles si nom- breuses auxquelles appartiennent ces arbustes, habite les contrées tropicales ou subtropicales des deux continents ? Si nous réfléchissons cependant qu'à l’époque tertiaire les Myrtes et les Lauriers étaient répandus dans l'Europe centrale, nous entrevoyons une explication, nous sommes amenés, comme l’a si bien démontré M. Alph. de Can- dolle dans sa Géographie botanique, à admettre des espèces d'ancienneté différente, et à espérer que la connaissance toujours plus complète des Flores d’époques géologiques antérieures, nous fera peu à peu mieux comprendre la distribution actuelle des végétaux. AFFINITÉ ET CHALEUR PAR M. H. SAINTE-CLAIRE DEVILLE ‘ Tous les travaux, toutes les tendances de la science moderne, conduisent à l'identification des forces qui inter- viennent dans les phénomènes physiques et chimiques de la nature : toutes les déterminations numériques qu'on à obtenues conduisent à établir leur équivalence d’une ma- { M. Louis Grandeau, qui a bien voulu nous promettre de concou- rir désormais à la rédaction de notre recueil, nous envoie cet article en l’accompagnant de la lettre suivante : Paris, le 8 mars 1866. J'ai la bonne fortune d'inaugurer ma collaboration aux Archives en vous envoyant un fragment important d’une leçon professée devant la Société chimique par M. H. Sainte-Claire Deville. C'est déjà dans le recueil si justement estimé que vous dirigez qu'a paru la première étude de l’éminent chimiste sur la dissociation. Vos lecteurs auront, cette fois encore, la primeur du mémoire considé- rable dans lequel M. Deville expose ses recherches sur les curieux phénomènes découverts et si bien étudiés par lui *. Dans cette œuvre, où tout est neuf et original, je choisis le chapitre premier, intitulé Affinité et chaleur, convaincu à l'avance qu'il sera lu par vos abonnés avec le plus vif intérêt. Je n’ai pas hésité un instant à substituer ce chapitre à la chronique que j'allais adresser aux Archives, et vos lecteurs, j'en suis certain, ne perdront pas au change. Je serais heureux de pouvoir vous envoyer souvent des pages aussi intéressantes que celles-ci. Veuillez agréer, etc. Dr L. GRANDEAU. # Cette leçon, qui n'a pas moins de huit feuilles d'impression, paraîtra pro- chainement à la librairie Hachette avec les leçons professées la même année devant la société chimique par MM. de Luynes, Berthelot et DesCloizeaux. 262 AFFINITÉ ET CHALEUR. nière rigoureuse. L’affinité et la cohésion ne peuvent échapper à cette identification, et déjà la théorie méca- nique les englobe dans un cercle de raisonnements qui doivent faire disparaître bientôt ce qu'elles présentent encore de vague et de mystérieux. Il ne faut pas se dissimuler que l'étude des causes premières, dans les phénomènes que nous observons et que nous mesurons, présente en elle un danger sérieux. En l'absence de toute définition précise et indépendante des faits particuliers, la considération de causes premières nous amène, bien plus souvent que nous ne le pensons, à commettre de véritables pétitions de principes, et à nous contenter d'explications spécieuses qui ne peuvent résister à une critique sévère, L'affinité principalement, définie comme la force qui préside aux combinaisons chimiques. a êté pendant longtemps et est encore une cause occulte, une sorte d’archée à laquelle on rapporte tous les faits incompris, qu'on considère dès lors comme expliqués, tandis qu'ils ne sont que classés, et souvent mal classés. De même on attribue à la force catalytique! une multi- tude de phénomènes fort obscurs, et qui, selon moi, le deviennent davantage, si on les rapporte en bloc à une cause entièrement inconnue. Certainement on a cru les ranger dans une même catégorie quand on leur a donné le même nom. Mais la légitimité de cette classification n'a même pas été démontrée. Qu'y a-t-il en effet de plus arbi- trare, que de placer les uns à côté des autres les phéno- ! Tout ceci est applicable aux forces inventées récemment, force de diffusion, force de dissolution, force cristallogénique, toutes les forces particulières attractives et répulsives qu'on fait intervenir pour expli- quer les phénomènes de caléfaction, de surfusion, les phénomènes électriques, etc. AFFINITÉ ET CHALEUR. 263 mènes catalytiques qui dépendent de l’action où de la présence de la mousse de platine ou de l'acide sulfurique concentré, quand le platine ou l'acide ne sont pas, pour ainsi dire, parties prenantes dans l'opération ? Ces phénomènes seront peut-être expliqués plus tard d’une manière essen- tiellement différente, suivant qu'ils auront été produits sous linfluence d’une matière éminemment poreuse, comme la mousse de platine, ou sous l'influence d’un agent chimique très-énergique, comme l'acide sulfurique concentré. Il faut donc laisser de côté dans nos études toutes ces forces inconnues auxquelles on n’a recours que parce qu'on n’en a pas mesuré les effets. Au contraire, toute notre attention doit être fixée sur lobservation et la dé- termmation numérique de ces effets, lesquels sont seuls à notre portée. On établit, par ce travail, leurs différences et leurs analogies, et une lumière nouvelle résulte de ces comparaisons et de ces mesures, Ainsi la chaleur et l’affinité sont constamment en pré- sence dans nos théories chimiques. L’affinité nous échappe entièrement; nous lui attribuons cependant la combinaison qui serait l'effet de cette cause inconnue. Etudions donc simplement les circonstances physiques qui accompagnent la combinaison, et nous verrons combien de rapproche- ments curieux, combien de phénomènes mesurables s’of- frent à nous à chaque instant! La chaleur détruit, dit-on, l’affinité : étudions avec persistance la décomposition des corps sous l'influence de la chaleur estimée en quantité ou travail, en température ou force vive; nous verrons tout de suite combien cette étude est fructueuse et indé- pendante de toute hypothèse, de toute force inconnue. inconnue même au point de vue de l'espèce d'unité à 261 AFFINITÉ ET CHALEUR, laquelle il faut rapporter sa mesure exacte ou approchée. C’est en ce sens surtout que l’affinité, considérée comme force, est une cause occulte, à moins qu'elle ne soit sim- plement l'expression d'une qualité de la matière : dans ce cas, elle doit servir uniquement à désigner le fait que telles ou telles substances peuvent ou ne peuvent pas se combiner dans telles ou telles circonstances bien dé- finies. I n’y a donc qu’une chose bien urgente : c'est de dé- finir la combinaison elle-même. Si je cherche avec atten- tion l’état de nos connaissances à cet égard, je trouve d’abord que la définition de la combinaison doit com- prendre la dissolution, et ne doit exclure que le mélange. En effet, les phénomènes de dissolution et de combinai- son sont liés par une chaîne continue qu'il est impossible de rompre en un seul point. Tout le monde sait que des discussions interminables se sont élevées sur cette ques- tion, par exemple à propos des alliages métalliques et de leur liquation ; à propos des sels, des acides, des bases énergiques et de leur action sur l'eau, l'alcool, ete. La conclusion la plus sûre qu’on en puisse tirer, c’est qu'il y a tous les intermédiaires possibles entre les phénomènes de combinaison et les phénomènes de dissolution les mieux caractérisés. En essayant de formuler le plus nettement possible les idées aujourd'hui en cours sur la combinaison, je trouve qu'on ne peut mieux la définir que par le fait du changement d'état. Quand deux corps mis en présence changent d'état, c’est qu'ils se combinent. Ce change- ment d'état défini à la manière ordinaire se manifeste par une propriété nouvelle quelconque, soit physique, soit chimique, qui décèle des qualités nouvelles de la matière AFFINITÉ ET CHALEUR. 265 combinée, qualités soit physiques soit chimiques distin- guant la combinaison du simple mélange. Je vais en don- ner un exemple. On s’est demandé si l'air est un mélange ou une com- binaison, Comment a-t-on résolu la question? On a étudié successivement toutes les propriétés physiques et chimi- ques des éléments de l'air, oxygène et azote, et de l'air lui-même. On les a trouvées en tout identiques, toujours égales, pour l'air, à la moyenne de ces propriétés déter- minées sur chaque élément en particulier. On en à conclu que l'azote et l'oxygène, en arrivant au contact dans les circonstances atmosphériques ordinaires, n’exercent‘entre eux aucune action sensible : que par suite l’état du gaz ne subit aucun changement: enfin, qu'on à dans l'air un mélange et non une combinaison d'azote et d'oxygène. Remarquez qu'on a eu recours successivement à toutes les propriétés physiques de l'air et de ses éléments pour résoudre une question aussi importante. On à été, ainsi que l'a fait Biot, jusqu’à invoquer l'égalité des indices de réfraction de l’air, et de la moyenne des indices de l’o- xygène et de l'azote, comme une preuve en faveur de l'opinion universellement admise aujourd'hui. Si, en effet. on avait trouvé d’une manière constante une propriété physique mesurable et différente dans l'air et dans un mélange d'oxygène et d'azote, on aurait conelu immédia- tement que l'air est une combinaison. Il y aurait eu chan- gement d'état à la suite du mélange des deux gaz, et la belle vérification de Lavoisier aurait été infirmée d’une manière irréfutable, L’argument tiré des proportions des deux gaz oxygène et azote, qui ne sont pas en rapports atomiques dans l'air, est sans valeur. L'un des deux élé- ments aurait pu se trouver simplement en excès par rap- 266 AFFINITÉ FT CHALFUR port à une combinaison des deux autres. On aurait eu en même temps mélange et combinaison, et par suite chan- sement d'état pour une portion de l'air seulement, ce qui n’est pas. La combinaison étant caractérisée par le changement d'état, se trouvant par conséquent bien définie, qu'est pour nous cette forme particulière de la combinaison, qui mérite plus spécialement le nom de dissolution ? Je dis spécialement, car il nous serait impossible de dire aujour- d'hui si l'eau et l’acide sulfurique, l'acide acétique, le chlorure de calcium et tant d’autres corps se combinent entre eux ou se dissolvent., Mais il y a une différence capi- tale entre les effets produits lorsqu'on verse de la potasse dans de l'acide sulfurique et les effets observés quand on met du sel marin au contact de l’eau. Dans les deux cas, le changement d'état est manifeste. Mais quand on a obtenu du sulfate de potasse après la combinaison de l'acide sulfurique et de la potasse, des propriétés chimiques nouvelles ont apparu avec une évi- dence frappante. C’est en effet par ces propriétés chimi- ques que le changement d'état est le plus clairement ma- nifesté lors de la combinaison énergique. En second lieu, quand on opère la dissolution du sel marin dans l'eaü, les propriétés chimiques des éléments mis en présence restant sensiblement invariables, on remarque d’abord une véritable fusion du sel qui prend l’état liquide : chan- sement d'état physique accompagné le plus souvent d’ab- sorption de chaleur latente ; ensuite variation de la densité ou phénomène de contraction”, altération du volume des éléments, qui est encore un changement de propriétés ‘ La contraction est ici un terme générique : si elle est négative, cest une dilatation. AFFINITÉ ET CHALEUR. 267 physiques qui caractérise essentiellement la véritable dis- solution. Il ne faudrait pas néanmoins donner à ces différences dans les propriétés chimiques pour une combimaison, dans les propriétés physiques pour une dissolution, une valeur exclusive. Nous savons tous, d'après les belles expé- riences d'Henri Rose, que des dissolutions très-étendues de carbonates alcalins, de borax, ont des réactions chi- miques essentiellement différentes de celles que possèdent leur dissolution concentrées. Cette remarque suffit dès maintenant pour faire voir une fois de plus que les phé- nomènes dus à des changements d'état ne peuvent être rangés en deux catégories distinctes : la combinaison et la dissolution. Fy reviendrai un peu plus loin, à propos de la diffusion ou de l'extension indéfinie de la matière dans les menstrues. Ce que je viens de dire me permet d'employer les deux mots combinaison et dissolution dans un sens parfaite- ment défini, sans risquer de les considérer comme expri- mant une cause inconnue, et en les caractérisant seule- ment par les effets qui se manifestent dans nos opérations chimiques journalières. Fespère donc être logique dans les raisonnements qui vont suivre. Quand on mélange deux gaz qui se répandent unifor- mément l’un dans l’autre, peut-on comparer le phénomène de ce qu'on appelle leur diffusion à la dissolution de deux liquides Fun dans l'autre? Je ne le crois pas. Je suppose qu'on mette en présence du sulfure de carbone et du phosphore blanc à une température con- venable pour que le phosphore soit fondu; de lhuile et de l’éther sulfurique ; du chlorure de calcium dissous, de l'acide acétique, ete, et de l’eau, on pourra obtenir des 258 AFFINITÉ ET CHALEUR. changements d'état physique très-notables, caractérisés principalement par une élévation ou un abaissement de température, et par un changement de densité; en un mot, les propriétés physiques de ces dissolutions pourront varier sensiblement sans que les propriétés chimiques soient sensiblement modifiées. En est-il de même dans les gaz? L'expérience nous apprend d'abord que les gaz se combinent souvent sans absorption ou dégagement apparents de chaleur (oxyde de carbone et chlore, chlore et hydrogène dans la lumière diffuse, etc.). Mais toutes les fois que ce dégagement de chaleur peut être constaté, les propriétés chimiques des deux gaz mélangés ont été profondément modifiées. En outre, la loi de Gay-Lussac nous prouve que les gaz qui se contractent en se combinant ne changent pas de vo- lame de la même manière que les liquides qui se dissol- vent. Le volume de la combinaison est toujours une fraction simple et souvent très-petite du volume des éléments de cette combinaison. Aussi la contraction, quand elle existe, non-seulement caractérise la combinaison des gaz, mais permet d'en déduire immédiatement la composition. Rien de pareil ne se remarque dans la dissolution des liquides, où les contractions ne suivent aucune loi simple et ne peuvent faire prévoir aucun changement dans les propriétés chimiques des éléments qui se pénètrent par dissolution, En outre, les phénomènes de chaleur qui peuvent se manifester au moment où les liquides se péné- trent n'impliquent pas d’une manière essentielle le chan- sement de leur propriétés chimiques. En remarquant que les propriétés chimiques et les propriétés physiques des corps ne peuvent pas être sépa- rées d’une manière plus absolue que les phénomènes de AFFINITÉ ET CHALEUR. 269 combinaison ou de dissolution, on conclut premièrement que la diffusion des gaz est essentiellement différente de la dissolution des liquides, et d'accord en cela avec le plus grand nombre, que toutes les fois que du mélange de deux gaz il résulte un phénomène calorifique, il y à changement d’état et par suite combinaison. Dans le contact des liquides et des solides, qui se dis- solvent mutuellement, les phénomènes sont bien plus compliqués et méritent une analyse spéciale. Pour aborder cette question par l’expérience, il faut connaître un grand nombre de propriétés physiques des corps, et par suite les déterminer toutes les fois qu’elles sont inconnues. Il faut donc écarter dès l’abord dans cette étude toutes les complications qui apporteraient du trouble dans le calcul des effets observés, par exemple, la chaleur latente de fusion des solides. C’est pour cela que mes recherches se sont bornées jusqu'ici à la détermination des phénomènes calorifiques qui se manifestent au con- tact des corps liquides qui se combinent ou se dissolvent en produisant un liquide. En général, deux corps qui se dissolvent se contrac- tent. Je commencerai d’abord par définir ce que j'appelle la chaleur de contraction, soit dans le cas particulier des liquides, soit dans le cas général. Je suppose que vous preniez un corps dont le poids est l’unité, vous pouvez, connaissant la loi de sa dilatation en fonction de la température, calculer la température à laquelle cette eau perdra une fraction quelconque de son volume, et si vous connaissez la chaleur spécifique de ce corps entre les limites de l'expérience, vous pouvez cal- culer la chaleur de contraction correspondant à cette diminution de volume. Par conséquent, vous pouvez dé- 270 AFFINITÉ ET CHALEUR. terminer la quantité de chaleur nécessaire pour obtenir une variation donnée de la densité, Ce sera la chaleur de contraction. Prenons de l'eau et de Facide sulfurique à O0 degré, superposés dans un ballon sphérique surmonté d’un col étroit parfaitement cylindrique, en supposant que les deux surfaces de contact soient séparées par un obstacie facile 4 briser, une toile d’araignée, par exemple, et que le vase athermane ne soit en outre susceptible ni de s’échauffer ni de se refroidir, en d’autres termes que sa chaleur spé- cifique soit nulle. Le niveau des deux liquides arrive en À, on les mélange en un temps infiniment court et d'une manière parfaite. Aussitôt de la chaleur se manifeste et prend, d'une manière imstantanée, une valeur maximum et don- née par un thermomètre de poids négligeable, placé dans l'intérieur du liquide : et cette température sera 4 degrés. A l'instant même, la température étant supposée égale et invariable, le liquide baissera dans le col étroit du ballon et descendra jusqu’au niveau B. Enfin, en refroi- dissant l'acide jusqu'à sa température primitive de 0 degré, son volume diminuera encore jusqu'à ce que la surface arrive à affleurer le point C. Le volume de les- pace cylindrique AC, divisé par le volume primitif des éléments, eau et acide que j'appellerai V, représentera la contraction. En appelant © le volume de l'acide après le mélange, on aura pour cette contraction la valeur *. A a Y: Ce que j'appelle la chaleur de contraction sera la !S étant la section du cylindre on a V—v=ACXS. ARFINITÉ ET CHALEUR. 171 quantité de chaleur nécessaire pour ramener le volume du mélange » au volume V. Si on connait le coefficient de dilatation % du liquide depuis O0 degré jusqu'à une température un peu supérieure à 0, la chaleur spécifi- que c du liquide supposée constante entre les mêmes températures, et m son poids, on aura pour la chaleur de contraction Q la valeur la température, à laquelle le mélange reprend son vo- Jaume primitif étant (ei) A: J'ai déterminé par des procédés que je né puis dé- crire ici, les chaleurs de contraction d’un grand nom- bre de liquides, résultant de la combinaison ou de la dissolution de deux éléments également liquides, tels que l'acide sulfurique et l'eau en proportions atomiques très-variables, l'acide sulfurique et la soude diversement étendue, l'eau et l'alcool, l’eau et l'acide acétique, l'eau et l'acide formique, en faisant varier les proportions, toujours atomiques, d’un grand nombre de manières. Voici le résultat de mes expériences : 1° Lorsque deux liquides se combinent ou se dissol- vent pour donner un produit également liquide, la tem- pérature maximum résultant du mélange est générale- ment plus petite que la température 0, que pourrait don- nér la contraction si le liquide dégageait toute la chaleur correspondant à cette contraction. 1 Voyez Comptes rendus, t, L, p. 354 et 584. — Archives, 1860, t. VII, p. 60, et t. IX, p. 267. AFFINITÉ ET CHALEUR. 1e 1 NC 2° Par suite, la quantité de chaleur dégagée dans ces sortes de combinaisons ou dissolutions est toujours plus petite que la chaleur de contraction. On en conclut que dans tous les cas que je viens de citer, le seul phénomène de la contraction suffit et au delà pour expliquer le développement de la chaleur dans ces combinaisons chimiques. Par conséquent, une partie de la chaleur que dégage la contraction devient latente dans le nouveau composé pour y jouer un rôle impor- tant que j'indiquerai plus tard *. Cette quantité de chaleur latente ou perdue pour le thermomètre peut s'exprimer par une fraction très- 1 La chaleur absorbée a servi à faire passer le liquide du volume primitif correspondant au niveau À et à la température 8 au volume correspondant au niveau B et à la température f : elle est accusée par la différence des températures 6—t. Le liquide primitif a donc été re- foulé en lui-même par suite de la combinaison. Si on connaissait son coefficient de compressibilité entre 8 et t, sa chaleur spécifique C entre ces températures, sa masse étant #, on pourrait calculer le poids P dont il faudrait charger le liquide en A pour le faire descendre, en le comprimant, jusqu’au niveau B. Le nombre de kilogrammètres, ob- tenus en multipliant ce poids par la distance AB, correspondrait au travail d’une quantité de chaleur égale à (6—-{) mC, et permettrait d'obtenir l'équivalent mécanique par un procédé chimique qui me pa- raît mériter quelque attention. Pour que ces déterminations fussent rigoureuses, il faudrait connaître non-seulement la variation de la cha- leur spécifique C entre 6 et {, ce qui se détermine par les procédés ordinaires, mais encore cette variation pour des pressions comprises entre 1k,033 (si on opère en vases ouverts) et s ? S étant la section du cylindre AB. On concevrait que cette seconde variation pût être dé- terminée en observant la vitesse de refroidissement de liquides placés dans des tubes thermométriques fermés successivement à la pression ordinaire et à la pression re Dans ces conditions on obtiendrait l'équivalent mécanique en rem- plaçant la compression des gaz par la compression des liquides : seu- lement l'agent mécanique serait remplacé par une action chimique. 8 q AFFINITÉ ET CHALEUR. 273 simple de la chaleur de contraction, si on veut bien ad- mettre que la chaleur spécifique du liquide est nvariable entre les températures 0 et 9, ce qui n’est jamais vrai, à moins que ÿ ne soit très-petit. Dans cette hypothèse elle devient : Quand on considère un même liquide, on peut, à cause des erreurs introduites par des déterminations dé- licates et nombreuses, supposer les températures comme sensiblement proportionnelles aux forces vives ou au carré des vitesses dans les molécules dont le mouvement produit la chaleur. Le nombre + représente alors la frac- tion de cette force vive qui n’a pas été dépensée au mo- ment de la combinaison ou de la dissolution. C’est, si l’on veut, la fraction de la chaleur de contraction restée la- tente dans le produit de la réaction, et + est positif. Je n’ai trouvé dans mes expériences terminées qu’une seule exception à cette règle, c’est lors de la formation du sulfate de soude, au moyen de deux dissolutions, l’une d’acide sulfurique, l’autre de soude caustique, toutes les : deux étendues. Le sulfate de soude se dilate au moment de sa formation, et £ est plus grand que 0, de sorte que r devient négatif, ce qui est assez délicat à interpréter. Mais l’étude des phénomènes de la saturation dans ces dissolutions me permettra, j'espère, d'expliquer ce phé- nomèêne anormal, comme la contraction de l’eau par la chaleur ou la dilatation du bismuth au moment de sa so- lidification, etc. ‘. ! Depuis que j'ai écrit ces lignes, M. J. Regnauld a fait sur ce sujet des observations qui amènent à un système d'explications bien su- périeur au mien. (Journal de Pharmacie, 4me série, t, I, p. 401.) ARCHIVES, t. XXV. — Mars 1866. 19 274 AFFINITÉ ET CHALEUR. Pour l'acide acétique monohydraté qu'on mélange avec l’eau aussi bien que pour les dissolutions salines, la contraction est considérable et le refroidissement de la combinaison ou dissolution très-notable, comme l'avait observé déjà Rudberg, si je ne me trompe. Alors t de- vient négatif et x plus grand que l'unité. Ainsi au mo- ment de la réaction, le produit rend latente d’abord toute la chaleur de contraction qui est très-forte, et de la cha- leur sensible empruntée à elle-même et aux corps voi- sins. Dans ces derniers temps, MM. Bussy et Buignet ont observé le même fait et d’autres du même genre, en particulier dans le mélange de l'acide cyanhydrique et de l’eau. Il est très-probable que les considérations qui précè- dent s’appliqueraient aux corps solides, si on connaissait leur chaleur latente de fusion, pour calculer les formules qui donnent la chaleur de contraction. Lorsqu'un corps solide se dissout dans l’eau, il ab- sorbe d’abord la quantité de chaleur nécessaire pour se fondre, puis une certaine quantité de chaleur qui va en croissant avec la proportion du dissolvant, et qui corres- pond à l’extension du corps dissous dans son menstrue. Ces faits d’une grande importance ont été déterminés de la manière la plus rigoureuse par M. Person, et déduits de ses observations faites en particulier sur le nitrate de potasse. Il faut ajouter à ces calories dépensées dans le travail de la dissolution la chaleur de contraction absor- bée et déterminée par les méthodes que je viens de dé- crire. Ainsi, plus une matière soluble est étendue dans son dissolvant, plus elle a absorbé de chaleur, qu’elle à em- pruntée soit à la contraction qui paraït indéfinie dans l'acte AFEINITÉ ET CHALEUR. 279 de la dissolution, soit aux corps voisins quand il y à refroidissement pendant la dissolution et lextension. Aussi, quoique j’emploie ici une expression paradoxale dans la forme, peut-on affirmer que tout corps qui se refroidit pendant qu'il se modifie moléculairement, s’é- chauffe réellement en empruntant de la chaleur aux corps qui l’avoisinent et à lui-même d’abord. La chaleur latente qu’il possède s’augmente de toute la quantité de chaleur disparue, soit par le fait du refroidisse- ment spontané, soit par la diminution de la chaleur de contraction. En réalité, c'est autant de chaleur disparue. et par conséquent transformée en mouvement des molé- cules, ou si l’on veut en affinité, si on appelle ainsi la force qui engendre ce mouvement. Toute cette chaleur anéantie en apparence, se retrou- vera tout entière lorsqu'on fera subir à la dissolution le phénomène inverse de l'extension, c’est-à-dire la concen- tration. Par conséquent, dans le cycle comprenant la dissolution d’un sel à la température ordinaire et sa cris- tallisation par évaporation spontanée (on suppose le sel anhydre comme le nitrate de potasse), toutes les quan- tités de chaleur empruntées à l'extérieur et à la contrac- tion pendant la période de la dissolution et de l'extension, reparaîtront et seront rendues à l'extérieur pendant la concentration et la cristallisation. On pourra donc dire que ces dissolutions contiennent (et ce ne sera vrai qu’en puissance) toute la chaleur que l’eau et le sel ont absor- bée pendant le développement du phénomène. Ainsi un corps qui se refroidit spontanément s'échauffe en réalité de toute la chaleur latente que fixent ses mo- lécules, et l’on peut concevoir qu'à l’état d'extension presque indéfimie, il puisse même être décomposé par la 276 AFFINITÉ ET CHALEUR. chaleur qu'il a absorbée à chaque addition du dissolvant. C’est ainsi qu'il faut expliquer les décompositions par diffusion produites par M. Graham, et qui servent de base à son admirable système de dialyse. Que vous mettiez du bisulfate de potasse dans le vase intérieur à diffusion (deux vases cylindriques et concen- triques, premier appareil de M. Graham), vous savez que l'illustre physicien vous montre l'acide sulfurique se sé- parant du sulfate neutre de potasse pour passer le pre- mier dans le vase extérieur. C’est là une véritable décomposition qui comporte nécessairement l'absorption d’une certaine quantité de chaleur, Voyons à quoi il faut l’attribuer. Si vous ajoutez de l'acide sulfurique à du sulfate de potasse, le tout en dissolution étendue, le mélange s’échauffera, mais la quantité de chaleur ainsi produite sera toujours plus fai- ble que la chaleur de contractiou calculée comme j'ai montré à le faire. En réalité, il y aura transformation de la chaleur qui aurait dû devenir sensible pendant la contraction, en chaleur latente, et quand celle-ci sera de- venue assez considérable, la décomposition par diffusion aura lieu. Pour que l'effet inverse de l'effet primitif se produise, il faudra que la combinaison qu'on défait reprenne la quantité de chaleur devenue sensible au moment où on l’a effectuée. C’est la chaleur latente emmagasinée pendant la dissolution qui la fournit: mais elle est msuf- fisante pour que cet effet se produise en entier, aussi le phénomène n'est-il que partiel, comme l’a vu très-nette- ment M. Graham. Les phénomènes de décomposition par diffusion se font done d’une manière continue comme la décompo- AFFINITÉ ET CHALEUR. A7 sition des gaz par la chaleur, et tout ce que je vais dire de la dissociation et de sa tension (qu'on remplacera ici par des rapports de poids) leur est absolument applicable. Que la diffusion se fasse dans deux vases concentri- ques, comme je le suppose, ou dans le nouvel appareil à membrane de M. Graham, les choses se passeront de la même manière. Je suppose un corps très-peu stable comme le chlo- rhydrate d’alumine, corps que la moindre chaleur réduit à ses éléments, et qu'on l’introduise dans le dialyseur au- dessus de la membrane ou du papier parchemin qui sert de filtre à mailles très-serrées. Au-dessous de ce filtre se trouve de l’eau que je supposerai constamment pure. Le chlorhydrate d’alumine absorbe d'autant plus de chaleur qu'on le dissout dans une plus grande quantité d’eau, de sorte qu’à un certain moment on peut supposer qu'il en contienne assez pour que si cette chaleur deve- nait sensible et était appliquée à ses éléments, ils se séparassent immédiatement. À ce moment, l'acide chlo- rhydrique devient libre et l’alumine hydratée s’en sépare en particules extrêmement déliées qui occupent tout le liquide dans lequel se fait la séparation. Aussi doit-elle avoir toutes les propriétés d’un corps dissous. On verra tout à l'heure que ces propriétés ne sont qu'apparentes. C’est là ce’‘qui se passe dans le dialyseur : aussi l’a- cide chloryhdrique passe-t-il à travers le filtre, et l’alu- mine reste à la surface à l'état de dissolution apparente ou à l’état colloïdal, pour me servir de l'expression que M. Graham a adoptée. Cette réaction ne se fait pas cependant tout à fait ainsi dans la pratique. | Nous pouvons supposer la membrane perméable di- 278 AFFINITÉ ET CHALEUR. visée en deux tranches horizontales, l’une, la tranche supérieure où pénètre le chlorhydrate d’alumine, celle-ci est peu épaisse, l’autre, la tranche inférieure où l’eau pé- nètre seule, Il est clair que dans un appareil de ce genre la solution de chlorhydrate d’alumine trouvera très-vite une tranche assez rapprochée de la surface où l’eau qui se renouvelle avec rapidité sera en proportion considé- rable par rapport au chlorhydrate. Alors dans cette tran- che s’effectuera la décomposition du sel, par diffusion indéfinie (conséquemment par l'effet de la chaleur) ; la- lumine hydratée restera à l’état de particules colloïdales à la surface supérieure et l'acide chlorhydrique sera en- traîné par l’eau. La couche colloïdale ainsi produite de- viendra elle-même un vrai filtre, et les phénomènes de décomposition pourront se continuer dans son intérieur. Cependant la décomposition par diffusion ne peut être complète, car elle varie suivant le rapport de la quantité d'eau mise en contact avec le chlorhydrate d’alumine à la quantité d'acide chlorhydrique que cette eau contient. En d’autres termes, la quantité d’alumine séparée par l’eau au moyen de la diffusion sera d'autant plus petite que cette eau sera chargée de plus d’acide chlorhydrique (cet acide devant provenir d’une portion de chlorhydrate déjà décomposé). Tout se passe comme si la chaleur né- cessaire pour décomposer entièrement le chlorhydrate d’alumine ne pouvait jamais être entièrement égale à celle que lextension fournit à ses molécules dans les limites de nos expériences. Aussi le phénomène de la dialyse ne se complète ja- mais : il passe toujours un peu de chlorhydrate d’alumine au travers de la membrane, et les colloïdes ne peuvent être séparées d’une manière absolue au moyen de la dif- fusion. AFFINITÉ ET CHALEUR. 279 Ce principe a des applications bien nombreuses, Si on admet que généralement toutes les dissolutions qu’on étend se refroidissent, comme cela est démontré par un très-grand nombre d'expériences, si l’on admet en outre, comme mes expériences sur la chaleur de contraction semblent le démontrer, que dans tout changement d'état concomitant avec la dissolution, il y a perte de force vive, et par conséquent concentration de la chaleur latente dans les matières dissoutes et dans leurs menstrues, on peut comprendre un grand nombre de phénomènes dont l'explication nous échappait, et les faire rentrer dans la classe des phénomènes connus. Ainsi la sève des arbres est pour ainsi dire de l’eau pure au moment où elle se meut et contribue à l’accrois- sement du végétal. C’est une dissolution tellement étendue d'acide carbonique et de matières organiques ou miné- rales puisées dans la graine ou dans le sol, qu'on peut y considérer toutes les molécules comme absolument libres ou séparées par la chaleur latente qui s’y est accumulée. Quand cette dissolution arrive dans le parenchyme des feuilles où s’effectuent en même temps sa concentration et ses modifications au contact des éléments de l'air, on peut dire que tous les équilibres moléculaires y sont suc- cessivement possibles ; et si la circulation les enlève à la concentration ou à la combinaison à un moment donné, tous les éléments de l'acide carbonique, de l’eau et des principes minéraux que la sève contient peuvent se grou- per suivant une formule déterminée à l’avance par la vitesse de la circulation, la nature des feuilles et les cir- constances physiques nécessaires à la vie du végétal. C’est très-probablement ainsi qu’on se rendra compte de la di- versité que l'acte de la végétation imprime à la nature 280 AFFINITÉ ET CHALEUR. \ des produits qu’elle forme avec les éléments de l'eau, de l'acide carbonique, de l’ammoniaque et de quelques ma- tières minérales. C’est aussi dans la chaleur emmagasinée par la disso- lution qu'il faut chercher l'élément principal de la décom- position dans les végétaux de l'acide carbonique en car- bone etoxygène, phénomène sur lequel il faut reconnaitre d’ailleurs notre ignorance complète. Une expérience des plus remarquables, celle que M. Berthelot a réalisée en mettant au contact de l’oxyde de carbone de l’eau et de la potasse, rentre dans des actions de ce genre. L'oxyde de carbone se dissout dans la potasse et ab- sorbe pendant son extension‘ dans le liquide un certain nombre de calories outre ce que la perte de force vive par contraction lui permet sans doute d'en conserver . au moment de sa liquéfaction. Cette dissolution effectuée en très-petite quantité à la fois, à cause de la faible solu- bilité du gaz, est en réalité une extension considérable qui donne, grâce à la dissociation par diffusion, aux mo- lécules de l’oxyde de carbone la chaleur nécessaire pour entrer en combinaison directe avec les éléments de la potasse. C’est dans cette réaction (elle s’opère, d’ailleurs, avec la lenteur qui caractérise toutes les opérations où la dissolution est nécessaire, quand la solubilité est faible) que se fixe la chaleur dont a besoin l'acide formiquepour exister. C’est l’origine de cette chaleur latente prise au milieu d’une dissolution par une combinaison effectuée ! Un poids donné d’oxyde de carbone a une densité bien moins grande dans sa solution aqueuse que dans l'atmosphère formée par le gaz lui-même à la surface du dissolvant. AFFINITÉ ET CHALEUR. 281 entre des corps à l’état naissant, et qui se dégagera sous forme de chaleur sensible lorsqu'on décomposera l'acide formique par la mousse de platine, comme l’a fait M. Ber- thelot, ou qu'on brülera l'acide formique comme l'ont fait depuis longtemps MM. Favre et Silbermann. La combinaison se produit presque toujours par la destruction d’un mouvement, quelquefois par la transfor- mation de la chaleur en mouvement. Dans le premier cas il y a dégagement de chaleur, dans le second cas il y a refroidissement ou absorption de chaleur. C’est dans le second cas que se rangent tous les corps que j'ai proposé d'appeler explosifs, c’est-à-dire, qui rendent en chaleur sensible le mouvement qu'ils ont acquis en absorbant de la chaleur latente. L’acide formique, un grand nombre de composés organiques, tout aussi bien que les composés explosifs de l'azote sont dans le dernier cas, et ceux-ci se produisent rarement par l'union directe des éléments, mais sont obtenus par échange de leurs éléments au sein de dissolutions plus ou moins étendues. C’est alors qu’on prétend que les molécules se trouvent en contact à l’état naissant. Qu'on y fasse bien attention, ce terme renferme encore l’idée d’une cause occulte. Il faut employer avec une extrême réserve et bien faire comprendre que par l'état naissant on entend un système de circonstances dans lesquelles les molécules peuvent changer leur état d'équilibre en trouvant tout autour d’eux la chaleur la- tente ou en général les causes de mouvement nécessaires pour produire et exciter ce changement d'état. L'origine de l’expression qui rend cette idée implique une hypo- thèse d’où l’on peut faire naître, avec la plus grande faci- lité, un cercle vicieux dans l'esprit des jeunes chimistes ou des personnes qui n’ont pas mürement réfléchi à ces 282 AFFINITÉ ET CHALEUR. définitions. On conçoit par les explications que je viens de donner qu'une dissolution plus ou moins étendue ren- ferme en réalité une certaine quantité de chaleur latente provenant soit des gains par contraction, soit du refroi- dissement par extension. Par conséquent, c’est dans les dissolutions que devront S’opérer la plupart des combi- naisons dues à l’état naissant, principalement celles qui s'opèrent avec refroidissement, celles qui donneront des corps explosifs ‘. On verra facilement, après tout ce qui à été développé dans ce chapitre, combien sont grandes par leur origine les différences entre les effets calorifiques produits au mo- ment de la combinaison des gaz entre eux, et les effets calorifiques développés par la combinaison ou la disso- lution des matières liquides entre elles. Ici la chaleur de contraction à presque toujours suffi et au delà pour rendre compte de tout. Quant aux gaz, cette chaleur de contraction, qu’on peut calculer par les formules données plus haut, est presque toujours très-petite par rapport à la chaleur dégagée pendant la combinaison : elle peut même être nulle comme dans le cas de l'hydrogène et du chlore, et en général toutes les fois que les gaz se combinent à volumes égaux, et par suite sans condensation. Aussi faut-il admettre que les gaz contiennent, en eux-mêmes et à l’état latent, le principe du mouvement ou de la cha- leur qui se manifeste au moment de la combinaison. La- voisier considérait l'oxygène comme composé d’un certain radical inconnu et de ce principe qu'il matérialisait sous ! J’appelle explosifs en général ceux qui, au moment de leur dé- composition, contiendront plus de chaleur que les principes dans les- quels ils se réduisent n’en exigent pour se constituer à l’état de corps simples. AFFINITÉ ET CHALEUR. 2833 le nom de calorique. C’est ce point de vue que je vais développer dans le chapitre suivant. Dans les combinaisons directes le mouvement se dé- truit et se transforme en chaleur : comme on ne peut communiquer à un Corps une vitesse finie que dans un temps fini, de même la combinaison exigera toujours pour se produire un temps plus ou moins grand, mais toujours fini. Les phénomènes de combinaison indirecte ou produite par l'état naissant exigeant : 1° une dissolution ; 2° une absorption de chaleur ou refroidissement, le temps né- cessaire à leur développement sera d'autant plus grand 1° que la solubilité des matières réagissantes dans leurs menstrues sera plus petite; 2° que l'absorption de cha- leur sera plus grande. L'action du temps ne doit en effet rien avoir de mys- térieux : il faut toujours qu'on l'explique simplement ou qu'on attende des faits pour permettre de s’en rendre compte. BULLETIN SCIENTIFIQUE. GÉOLOGIE. DES ÉRUPTIONS VOLCANIQUES DE L'ILE DE SANTORIN. Le volcan de l’île de Santorin, dont l’activité ne se mani- feste qu’à de longs intervalles, vient de montrer récemment qu’il n’était pas éteint. Voici un résumé de son histoire ‘. L’ile de Santorin, l’ancienne Théra, nommée aussi Kalliste (la Belle), ou Strongyle (Ronde) est, d’après Pline, sortie des eaux. Les îles de Thérasia et d’Aspronisi présentent avec elle la forme d’un cône tronqué, dont le centre ou cratère est occupé par la mer et forme une rade ayant un peu moins de trois lieues de longueur et un peu moins de deux lieues de largeur. Ces trois îles volcaniques ont la même constitution géologique. Thérasia a été séparée de Santorin, par de violents trem- blements de terre 235 ans avant l’ère chrétienne. L'histoire ne donne aucun renseignement sur Aspronisi ou l’île Blan- che, l’ancienne Automaté. Dans la rade dont nous avons parlé, on voit trois îles, les trois Kaïméni (brûülées). La plus ancienne est Hiéra ou Paléa- Kaïméni (Vieille Brülée), nommé aussi Hiéra-Nisi, île sacrée ! Voyez sur ce sujet : Hist. de l’Acad. des Sc. 1708, p. 18. — Ex- pédition de Morée, Géoi. et Min. 1833, p. 258. — Bull. de la Soc. géol. de France, 1832, 1I, p. 103, 201, 291; 1833, V, 369; 1836, VII, 260 ; 1838, IX, 168. — Histoire et phénomènes du volcan et des îles vol- caniques de Santorin, 1842, par l'abbé Pègues, renfermant beaucoup de détails dont quelques-uns sont fabuleux. Ces ouvrages en font con- vaître d’autres. — Apparition d’un nouvel îlot volcanique dans la rade de Santorin. Comptes rendus de l'Acad. des Sc. 1866, t. LXII, 392. GÉOLOGIE. 285 ou Mégalo-Kaïméni (Grande Brülée). Elle apparut au-dessus des eaux avec des flammes qui durèrent quatre jours, l’an 486 avant Jésus-Christ. Ce phénomène se renouvela l’an 46 de l’ère chrétienne, et l’île de Chrysé, située près de Lemnos, fut engloutie à cette époque. L'an 19 de notre ère, une ile nommée Thia se montra à une petite distance de Hiéra, et une autre ile apparut encore l’an 60. Ces deux îles n’existent plus maintenant, ou se sont jointes à Hiéra. L'an 726, il y eut des flammes, des pierres, de la fumée, etc. qui s’élevèrent des eaux à une très-grande hauteur; les ro- ches sorties de la mer s’unirent à Hiéra. En 1457, Hiéra s’accrut encore, et en 1508, il se fit une nouvelle éruption sous-marine. En 1573, l'ile de Mikra-Kaïméni ou Petite Brûlée apparut avec un cratère haut de 40 à 50 pieds. Son élévation diminua : lors de la formation de Néa-Kaïméni. En septembre 1650, on éprouva de nouveaux tremble- ments de terre, et il se fit une éruption sous-marine consi- dérable au nord de Santorin. D’après l’abhé Pègues, ce phé- nomène fut terrible ; des fantômes (?) même y jouèrent un rôle, et l’ile de Couloumbo se forma pour être bientôt dé- truite. : Néa-Kaïméni resta trois ou quatre ans à se former, de 170 à 1711: Le 23 mai, le mouvement commença, sans secousses et sans éruption, par l'apparition d’un écueil; bientôt les tremblements de terre se firent sentir, et ce rocher s’éleva chaque jour un peu plus jusqu’au 14 juillet. A partir de ce moment, les phénomènes devinrent très-violents par inter- valles jusqu’au 14 septembre 1711. En 1714, on entendait encore, lorsqu'il pleuvait dans le cratère, un bruit semblable à celui que fait l’eau en tombant sur un fer chaud. L’ouver- ture de ce cratère est de 30 à 40 pieds de diamètre, et a une élévation de 109 mètres au-dessus de la mer. Cette éruption a été la dernière. C’est à tort qu’on a parlé 286 BULLETIN SCIENTIFIQUE. d’une éruption qui aurait eu lieu en 1767. Cependant MM. Bo- blave et Virlet ont constaté un mouvement du sol qui se ma- nifeste d’une manière continue. En effet, entre Mikra-Kaï- méni et le port de Phira, un banc de roche sous-marine est en voie d’exhaussement. Dans les premières années de la République française, les pêcheurs assuraient que ce banc s'élevait; la sonde donnait alors 15 à 20 brasses de profon- deur. En juin 1829, le fond était à 4 ‘/, brasses: trois mois après, ce bas-fond s'était élevé d’une brasse, et, en 1835, il était à deux brasses au-dessous de la surface. « Si cet écueil continue à s’élever progressivement, écri- « vaient MM. Boblave et Virlet, il formera bientôt au milieu « du gclfe de Santorin une nouvelle île, » et M. L. de Buch disait « que cette ile pourrait s’entrouvrir et donner une issue « permanente aux vapeurs... dont l’action continuelle pro- ‘ « duit des tremblements de terre qui renversent les villes et « les montagnes de l’Achaïe et du reste de la Morée. Cette « événement sera donc de la plus haute importance pour « toute la Grèce. » Il est possible que nous assistions à l’accomplissement de cette espèce de prédiction, car, après 155 ans de tranquillité, le volcan de Santorin vient de sortir de sa léthargie. En effet, les 28 et 29 janvier de cette année (1866), on ressentit dans toute l’ile de légères secousses de tremblements de terre, d’après la lettre de M. Lenormant. dont nous extrayons les détails suivants : Le 30, nouvelles secousses, agitation de la mer entre Néa- Kaïméni et Paléa-Kaïméni, avec accompagnement de bruits souterrains. Dans la nuit, on voit des flammes s’élever dans cette région. Le 31, la mer, qui était blanchâtre la veille, devient rou- geâtre. Les secousses augmentent dans Néa-Kaïméni:; il se forme une fissure qui sépare le promontoire de Vulcano de ce dernier ilot. Il s’en échappe beaucoup de vapeurs. Le ter- rain de cette petite île s’affaisse de 60 centimètres en deux GÉOLOGIE. 287 heures; plus tard, l’affaissement a été de 10 centimètres par heure. Les quelques familles qui l’habitent fuyent épouvan- tées. Dans la nuit, on voit encore des flammes entre les deux Kaïméni. Le 1° février, l’affaissement continue à raison de 5 centi- mètres par heure: il s'arrête vers le soir. Dans la nuit, les flammes sont plus grandes que la veille. Le 2 février, il est constaté que dans cet emplacement, entre Néa et Paléa-Kaïméni, là où la carte de l’Amirauté anglaise indique 45 brasses, il s'élève un écueil qui est à une brasse au-dessous de la surface de l’eau. Cet écueil ap- paraît sous forme d’île. Du rivage de Néa-Kaïméni on voit cette ile monter silencieusement et s’élever d'heure en heure sans bruit ni fumée. Le soir elle atteint une longueur d’en- viron 50 mètres, 10 à 12 de largeur et 20 à 30 mètres de hau- teur au-dessus de la mer. Le 3 et le 4 février, cette île s’a- grandit encore. D’après M. Lenormant, cet ilot s’est montré là où, l’an 19 de notre ère, s'était formée l’île de Thia (la Divine). Cette nouvelle éruption du volcan de Santorin qui vient de créer une ile, ne l’a pas fait naître entre Mikra-Kaïméni et Phira, comme on le pensait, au point où le bas-fond mesuré il v à trente ans s’est élevé d’une demi-brasse pendant ce laps de temps. Mais peut-être que le moment de l’accomplissement de la prédiction de MM. Boblaye et Virlet n’est pas loin, et quel es phénomènes actuels hâteront sa réalisation. Quoi qu’il en soit, il est intéressant de voir des îles croître « comme des champignons, » suivant l’expression de l'abbé Pègues: mais l’existence de l’ile nouvelle sera-t-elle plus longue que celle de Thia, dont elle a pris la place ; durera- t-elle plus que celle de Sabrina, qui s’est élevée et abimée en 1811 près des Açores, ou se prolongera-t-elle plus que celle de l’île Julia, qui s’est montrée momentanément en 1831 sur les côtes de Sicile? C’est ce que des renseignements nouveaux nous apprendront. 288 BULLETIN SCIENTIFIQUE. P.S. A la date du 9 février, l’ilot continuait à s’accroitre en tous sens; ses dimensions étaient 140 mètres en lon- gueur, 65 mètres en largeur et 45 en hauteur; de nuit, il paraissait une masse de charbon en combustion. L'Académie des sciences a chargé M. Fouqué, dont les études sur lEtna sont connues, d’aller examiner ce phénomène. Ce savant es- pérait arriver le 3 mars à Santorin. EE —_——— 289 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE s sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE MOIS DE FÉVRIER 1866. Le 9, gelée blanche le matin; de 3 heures à 3 heures et demie halo solaire partiel ; on voit très-distinctement les deux parhélies. 10, forte gelée blanche le matin. 14, halo solaire de 3 heures à 4 heures. 17, gelée blanche. 18, faible halo solaire entre 3 heures et 4 heures. 19, couronne lunaire à plusieurs reprises dans la soirée. 23, couronne lunaire dans la soirée. 24, id. 26, forte gelée blanche; couronne lunaire et faible halo lunaire dans la soirée. 27, halo solaire de 3 heures et demie à 4 heures. 28, à 6 heures 45 minutes du matin, éclairs et tonnerres au NE. l'orage passe du NO. au SO., accompagné de pluie et de grêle, ’ Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm Le 4 à 8 MaOIr 1.1 190,19 soir. : * 79268 T1 à 4 hr s0im NT . soir ... 733,89 11 à 10 Dh. soir, ,... 718,19 15 à 6 h, matin ... 719,99 20 à 6 Dh. soir..... 722,30 . matin... 727,39 h h h 14 à 10 h. matin... 727,69 h h. soir,,... 730,68 28 à 6 h, matin... 706,01 ARCHIVES, t. XXV. — Mars 1866. 20 ox | | ste CAL AS AU OLDOLOAON FM. AVION AN FSI: LA “ L Lin, ny K. oil AA AHIOTA CE" ETES TIMES û MT 1 4 af autour He éu0e fl AUOMATHAIT .3 | Avid sk M 0, or HAMIVIET 40. atout A4 vaaanatt ñ b É | | 1 ; (pt Nacgrs olal siuuils 19 mayo & $ etugrt & ah ;abieer nf sdlorald sg situe tua aol jusastoniail. Car tio disant st val st “aitusil à & au ë ss "9987 ANA — "HAANAHO 4 0'er || Tr +190 |s8‘ole ‘oss|s | 7€ |018 |0L6 |OLT— |919 |Lr0+ |9 : $ & ; L'80/ c'er|léo + {10 |ésolr ‘oss| "|" |ooo1 logs | | S 5 | eooe | TIR F LE “quo [PER EU | Er ONE Sop WI DORE sono || pere | “un | SA 46 | anonneg RE E E | uv fon | -wop œ | avg mo | ‘AN AU -KON Ris sorte ser MONeH | œ . . . | ouoq np duo) PE! 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Baromètre. tan rom mn var ran 130,66 730,38 729,84 729,85 730,19 730,41 794151 793, 962123,35 071231472301 "72520 129107. 721,90" 721232724602 72115 72738 725,88 725,66 725,06 724,93 725,05 725,24 Température. 1Gh.s rm 730,19 123,38 (1 0 0 (n 0 0 4 7,81. 9,77. + 9,91 + 959 +7,00 LITE 7,05 + 5,71 + 7,30 + 8,14 + 7,45 + 6,92 +6,08 + 5,44 + AN + 6,28 + 7,48 + 7,06 + 5,68 + 4,46 + 3,36 + 612 + 7,89 + 8,58 + 8,10 6,92 + 6,03 + 5,42 Tension de la vapeur. an TT mm rm mm ire décade 5,53 d,81 6,30 5,96 >,75 2e « 5,24 5,16 9,41 5,40 5,60 3e “ 4,82 4,93 4,91 5,02 4,76 Mois 5,22 D,33 3,98 5,49 »,41 mn 5,66 5,48 4,90 2,38 Fraction de saturation en millièmes. dre décade 835 835 2e « 860 825 3e « 917 891 Mois 867 847 Therm. min. 0 1re décade + 4,00 9e « + 2,76 3e. lu + 1,16 Mois + 92,75 LHrtrri à,74 4,81 Tam 5,68 5,46 4,90 5,38 745 809 835 794 D 39,27 45,55 43,56 805 665 636 637 682 789 716 695 718 700 752 705 623 651 696 784 695 653 670 693 Therm.max. Clarté moy, Température Eau de pluie Limnimètre. du Ciel. du Rhône. ou de neige. 0 0 mm +-11,63 0,76 6,43 47,5 + 8,84 0,84 6,22 28,1 + 8,66 0,68 6,43 11,7 + 9,79 0,77 6,36 87,3 Dans ce mois, l’air a été calme 0 sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,25 à 1,00, La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 44,7 O. et son intensité est égale à 59,1 sur 100, 42,74 293 TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE MOIS DE FÉVRIER 1866. Le 3, brouillard jusqu'à 2 heures de l'après-midi. 4, brouillard jusqu’à 10 heures du matin. 8, brouillard de 4 heures du soir à 8 heures. 11, brouillard depuis 2 heures de l'après-midi. 17, brouillard depuis 8 heures du soir. 18, brouillard toute la journée, neige de 2 à 4 heures. 19, brouillard le matin. A, id. 23, brouillard depuis 2 heures de l’après-midi. 24, brouillard le matin. 25, brouillard le matin et le soir. 26, brouillard à peu près toule la journée. 7, brouillard tout le jour. 28, brouillard jusqu’à 8 heures du matin. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. mn un Le 3 à 8h. matin... 562,61 Le 4 à 10 h. soir .... 566,80 5 a h9Nhs0I1.-.: 100209 6 à 10 h. soir .... 568,69 8 à 6h. soir.... 564,18 952-1622 542 566,81 142 à 6h. matin... 555,49 Là -midi. 559,45 45 à 8 h. matin... 554,82 1RAMINEENE 563,99 20 à 8 h. matin .. 560,15 22 à 8 h. soir .... 564,86 28 à 8 h. matin... 547,07 oo Baromètre. Température C. Pluie ou neige. Q 2) — > 5 om, er RES = || Hauteur | Écart avec Moyenne |Écart avec la Hauteur Eau Nombre || dominant £ ° ini i mpérature|Mini * j x de la tombéedans| : ominant, EE 1 nn one PE oi nn millim. millim. millim. miflim. 0 0 0 0 millim. millim. SIS ER 0,99 1 | 563,47 | + 3,29 | 562,82 | 564,00 | — 4,07 | + 5,37 | — 5,6 | — 2,5 | 300 14,0 15 || variable | 0, 2 | 56490 | + 474 | 583,99 | 565,71 | — 235 | + 708 | = 4,7 | + 0,3 | 3920 | 25,0 1e qua | 3 | 563,76 | + 3,62 | 562,61 | 364,33 | — 8,91 | + 0,50 | —11,0 | — 6,6 | ..... | --..- “HSM NE *o lo 4 | 565,56 | + 5,44 | 563,55 | 566,80 | —10,47 | — 1,07 | —11,5 | — 9,2 .….. |... LA | 00 5 || 564,50 | + 4,40 | 562,33 | 565,96 || — 6,66 | + 2,72 | — 9,7 | — 2,3 70 6,2 : E. 1 | 091 6 | 567.26 | L 718 | 565,82 | 568,89 | — 3,23 | + 613 | — 82 | —13| 410 2,1 De EE nr 7 || 567,36 | 7,30 | 566,76 | 568,03 | + 0,32 | + 9,66 | — 3,3 | + 3,7 | ..... | -... RE 1/04 8 | 565,24 | + 5,17 | 564,18 | 566,13 | — 5,77 | — 3,54 | —10,2 | — 2,3 | ..... * RE RE SE 9 | 566,51 | 6,48 | 565,79 | 566,81 | — 0,14 | + 9,14 | — 4,1 | + 4,2 | ..... | .... Sa RE 1 Fou 10 | 563,88 | + 3,87 | 563,22 | 565,03 | — 6,35 | — 2,91 | — 8,0 | — 4,2 | ..... |... ss.) NE LE lo8o 11 || 559,09 | — 0,90 | 557,30 | 560,81 | — 6,22 | H 3,01 | — 7,9 | — 4,8 30 3,2 4 dE Pit 49 | 557,10 | — 2,88 | 555,49 | 557,81 | — 3,01 | + 6,19 | — 3,3 | — 1,1 | 200 20,8 20 | variab s 40 13 | 557,42 | — 2,84 | 555,70 | 538,48 | — 7,76 | + 1,41 | —11,5 | — 3,3 | 350 25,3 24 |NE. 110 14 || 558,75 | — 1,19 | 558,08 | 559,45 | —11,93 | — 9,79 | —14,0 | — 8,2 | ..... |..... |...... | NE. Li 15 || 555,64 | — 4,29 | 554,82 | 556,63 | —11,16 | — 2,06 | —13,5 | — 7,7 | 130 9,7 EG 16 || 561,54 | + 1,63 | 559,81 | 562,89 | — 4,86 | + 4,21 | — 9,9 | — 0,9 | 30 2,0 Peer 17 | 563,76 | + 3,86 | 563,34 | 563,99 | — 5,20 | + 3,83 | — 8,3 | — 1,9 | ..... |... 2 DE FRE 18 || 562,28 | 2,39 | 561,74 | 562,76 | — 8,45 | — 0,54 | — 9,5 | — 7,2 50 3,2 4 | so. ae 19 || 560,75 | 0,88 | 560,57 | 561,01 | — 3,98 | + 4,97 | — 7,2 | — 0,3 | ..... |... tee NU 20 || 560,50 | + 0,64 | 560,15 | 560,93 | — 4,30 | + 4,60 | — 5,0 | — 3,1 50 4,0 9 SO. 1 | 100 241 | 561,84 | 2,00 | 560,51 | 563,13 | — 3,79 | + 5,07 | — 4,6 | — 2,5 80 9,8 8 | SO. 1 | 0.08 29 || 564,32 | + 4,49 | 563,28 | 564,86 | — 3,05 | + 5,77 | — 4,9 00 | 2.8 Kectee SIN su 23 || 562,80 | + 2,98 | 562,14 | 563,59 || — 4,40 | + 4,37 | — 6,3 | — 2,4 os fee. = PSS SnNE. o | 011 94 || 558,86 | — 0,95 | 558,11 | 539,75 | — 7,13 | 1,59 | —40,7 | — 2,5 | =... | Æ.. AS /NNE. ér 25 | 557,56 | — 9,24 | 556,98 | 558,10 | —10,32 | — 1,65 | —13,6 | — 61 | ..... |... |... L RE | 5 26 || 554,05 | — 5,74 | 553,29 | 554,76 | — 9,61 | — 1,00 | —11,2 | — 7,6 | ..... |... |... [Se lo 27 || 553,80 | — 5,99 | 533,06 | 554,48 | — 9,98 | — 0,76 | —10,0 | — 8,1 | ..... |... |... oo 1 | 099 28 || 549,33 | —10,45 | 547,07 | 550,17 | — 7,86 | + 0,65 | — 8,9 | — 3,9 l'A: rl siS se. SO. S | | | a 1 ei) ( — , ne S ee : j ométro- * Les chiffres renfermés Qans ces colonnes donnent la plus basse et la plus élevée des températures observées de G heures du matin à 40 heures du soir, le therm graphe étant hors de service. MOYENNES DU MOIS DE FÉVRIER 1866. Gh.m. 8h,m. {l mm LETENT ire décade 565,01 365,12 2 « 559,31 559,42 3 «55774 557,60 Mois 560,90 560,94 40 h. m. um 565,32 559,73 557,96 561,22 Midi. Baromètre. im 565,39 299,87 558,19 mm 564,98 559,74 557,91 mm 565,02 559,67 557,97 6 h.s. rm 365,27 559,74 997,71 8h.s. ram 365,54 339,70 537,88 40 hs. min 565,64 559,78 597,89 561,35 561,09 Température. 560,98 561,13 561,27 561,33 0 0 0 0 10 0 (0 0 0 Aredécade— 5,27 — 4,67 — 3,24 — 2,54 — 3,11 — 4,03 — 5,48 — 6,05 — 6,02 De Ou — 17,91 — 7,63 — 5,97 — 4,44 — 4,42 — 5,43 — 6,94 — 7,32 — 7,66 Be à — 7,95 — 7,50 — 6,11 — 4,95 — 5,56 — 5,80 — 7,25 — 7,67 — 7,10 Re nn dE es ea, QE Mois — 6,98 — 6,54 — 5,04 — 3,90 — 4,28 — 5,04 — 651 — 6,97 — 6,91 Min. observé." 0 1re décade — 7,63 2e « — 9,01 BD. . « — 8,17 Mois — 8,45 Max. observé.” 0 — 2,02 — 3,85 — 4,39 — 3,30 Clarté moyenne du Cie 0,69 0,75 0,75 0,73 Dans ce mois, l'air a été calme 16 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du S0. a été celui de 2,75 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45° E. et son intensité est égale à 44,4 sur 100. * Voir la note du tableau, Eau de pluie b ou de neige. mm 48,0 68,4 9,8 126,2 Hauteur de la neige tombée. mm 772 840 80 1692 ntE, [PTE ‘dE (rer re DUT LU h ne th don LERREEC SU) GONE NI SOU TA UTIA , L UT ph: x MAL Mie :, > [A tv UPS } { PUuUbG l LT 68e Û OH DEN ui" au Ph j , du Lin à: | BALL T PCT 1 : Î } Peu EM, di; ‘ : a LIT EUR sidi id qi + ne DEUX PAL) NV = RTE AUD. D'OR SR TE C0 Me ? eng mn à LA CRU 2 POP CAT. 1 M MAAENET Li - 0 meme pre DÜ SPITZBERG AU SAHARA SUR LA FLORE DU SPITZBERG ET DES ALPES PAR M. Ch. MARTINS Les publications de M. Charles Martins renferment des renseignements et des comparaisons d’un très-grand in- térêt sur la végétation arctique, surtout de Scandinavie et du Spitzberg, comparée à celle des hautes montagnes du midi de l'Europe. Nous en avons parlé naguère dans ce journal, mais 1l est bon de signaler à nos lec- teurs le résumé complet des œuvres de M. Ch. Martins qui vient de paraître sous le titre : Du Spitzberg au Sa- hara, étapes d’un naturaliste au Spuüzberg, en Laponie, en Écosse, en Suisse, en France, en Italie, en Orient, en Égypte et en Algérie, À vol. in-8, Paris, 1866. C’est une édition complète et améliorée d'articles publiés dans diverses collections académiques ou publications pério- diques, avec l'addition d’un article qui nous a paru en- tièrement nouveau, sur la nature et l’origine de la plaine de cailloux des environs d'Arles, appelée la Crau. Les naturalistes, les physiciens et les géologues trouveront dans cet ouvrage une abondante source de documents, dont la recherche est facilitée par une disposition métho- dique des chapitres et une table alphabétique générale. ARCHIVES, t, XXV. — Avril 1866. 21 298 LA FLORE DU SPITZBERG Parmi les sujets que l’auteur à traités avec le plus de soin, il faut mentionner les rapports de la végétation po- laire avec celle des hautes montagnes de l'Europe. Ex- plorateur zélé de ces régions analogues et l’un des premiers apôtres de la théorie de l'extension des glaciers à une certaine époque, en Europe, il n’a cessé de compléter les listes de plantes recueillies dans les localités les plus in- téressantes à comparer. Il a profité, par exemple, du ré- sumé de M. Malmgren, publié en 186%, dans le Journal of botany, sur la végétation phanérogame du Spitzberg, et même, pendant la durée de l'impression de son volume du Spitzberg au Sahara, il a communiqué à la Société botanique de France son chapitre sur la flore du Spitz- berg et des sommités alpines et pyrénéennes, avec de légères modifications qui en augmentent encore l’exacti- tude‘. Nous citerons ce qui concerne les Alpes, comme ayant un intérêt plus particulier pour nos lecteurs. M. Martins a dressé la liste des espèces trouvées par lui-même ou par d’autres voyageurs, au sommet du Faul- horn (2683 mètres), sur le Jardin de la Mer de glace de Chamounix (2756 mètres), aux Grands-Mulets sur le côté nord du Mont-Blanc (3470 mètres), sur le versant méridional du Mont-Rose (3158 mètres) et au col de St-Théodule (3350 mètres). Il les compare à la végé- tation du Spitzherg, dont on connaît actuellement 93 es- pèces phanérogames, recueillies sur les côtes nord et est principalement, car la côte occidentale et surtout celle du midi ont été peu visitées par des naturalistes. Le Faul- horn est dans des conditions très-différentes du Spitzherg, à cause de sa faible élévation, de son exposition au soleil ! Voir Bulletin de la Société botanique, 1865, p. 144. ET DES ALPES. 299 et de la terre végétale facilement échauffée qui la recou- vre. On y trouve seulement 11 espèces communes avec le Spitzberg. La localité du Jardin est plus intéressante à mentionner. « Je ne connais pas de localité, dans les Alpes, dit M. Martins, qui rappelle mieux le Spitzhberg que le cirque de névé au milieu duquel se trouve cette pelouse. Si, par l'imagination, le voyageur placé au Jardin suppose que la mer baigne le pied de lamphithéâätre dont il occupe le centre, il peut se dire qu'il a une idée des aspects du Spitzberg. L’ilot dépourvu de neige, sur le- quel il se trouve, est une analogie de plus, et la compa- raison de la végétation de cet îlot avec celle du Spitzberg, une des plus légitimes et des plus mtéressantes qui puis- sent être faites... La longueur du Jardin est de 800 mètres, sa largeur de 300 environ; sa distance aux rochers les plus voisins où croissent quelques plantes, de 800 mètres au moins. Le Jardin est un groupe de rochers de protogine. Deux moraines flanquent ces rochers. Une source jaillit du milieu de la pelouse et forme un petit ruisseau. » L'auteur a comparé les récoltes de plantes faites au Jardin par lui-même et par MM. Alph. de Can- dolle, Percy, Me d’Angeville, MM. Metert et Payot. Ce dernier, établi à Chamounix, a visité plusieurs fois la localité et a publié déjà une liste de ses plantes. Végétaux phanérogames du Jardin de la Mer de glace de Chamounix*. RanunouLacezÆ. “Ranunculus glacialis L., “R. montanus Willd., R. Villarsi DC. ! Les espèces munies d’un astérisque se retrouvent en Laponie ; — celles imprimées en italique, sur le sommet du Faulhorn. 300 LA FLORE DU SPITZBERG CrucireRÆ. Draba frigida Gaud.; “Cardamine bellidifolia L., C. resedifolia L.; Sisymbrium pinnatifidum DC. CarYoPHYLLEÆ. Silene rupestris L. var. subacaulis, *S. acaulis L.; Sperqula saginoides L.; Arenaria rubra L., A. ser- pyllifolia L., À. nivalis Godr., “A. biflora L.; Cherleria sedoides L.; Stellaria cerastioides L. ; “Cerastium latifolium L., *C. al- pinum DC. var. lanatum; “Spe.qula saginoïdes L. PapiLioNAcEZ. Trifolium alpinum L. RosaceæÆ. *Sibbaldia procumbens L.: Geum montanum L.; Potentilla aurea L., P. glacialis Hall., P. grandiflora L. ; Alchimilla pentaphylla L. ONAGRARIEÆ. Epilobium alpinum L. CrassuLacEzÆ. Sedum atratum L., S. repens Schl., "S. an- nuum L.; Sempervivum montanum L., S. arachnoideum L. SAXIFRAGEÆ. ‘Saxifraga stellaris L., S. aspera L., S. bryoides L. UveezurerÆ. Meum Mutellina Gærin. ; Gaya simplex Gaud.; Bupleurum stellatum L. SYNANTHEREÆ. Cacalia alpina Jacq., C. leucophylla Willd.; Tussilago alpina L.; *Erigeron uniflorus L., *E. alpinus L.; Pyrethrum alpinum Wild. ; * Homalotheca supina Cass.; "Gna- phalium dioicum L., *G. alpinum Willd.; Arnica montana L.; Senecio incanus L.; Cirsium spinosissimum Scop.; Leonto- don squamosus Lam., L. aureus L.; Taraxacum lævigatum DC.; “Hieracium alpinum L., H. angustifolium Hoppe, H. glanduliferum Hoppe, H. Halleri Vill. CaAMPANULACEZ. Phyteuma hemisphæricum L.; Campanula barbata L. | PRimuLACEZÆ. Primula viscosa Vill. GENTIANEZ. Gentiana purpurea L., C. acaulis L., G. excisa Presl. SCROFULARIACEÆ. Linaria alpina DC.; Veronica alpina L., V. bellidioides L.; Euphrasia minima Jacq. PLANTAGINEÆ. Plantago alpina L. SALICINEÆ. “Salix herbacea L. ET DES ALPES. 301 Junceæ. Juncus Jacquini L., “J. trifidus L.; Luzula lutea DC., L. spadicea DC., *L. spicata DC. Cyperaceæ. Carex curoula AI, C. fœtida Nil, C. semper- oirens Vill., C. ferruginea Scop. CRamiNeæÆ. “Phleum alpinum L.: Anthoxanthum odoratum L.; “Agrostis rupestris AIL., À. alpina Scop. : Avena versicolor Vill.; Poa laxa Hænke, P. laxa var. flavescens Koch, “P. alpina L., P. alpina var. vivipara L.; Festuca Halleri AN. Il existe done 87 végétaux phanérogames au Jardin : il faut y ajouter 16 Mousses, 2 Hépatiques et 23 Lichens, ce qui porte à 128 le nombre total des plantes qui crois- sent dans cet îlot de terre végétale entouré de glaces éternelles. Sur les 87 Phanérogames, il y en a 50 imprimées en italique, c’est-à-dire plus de la moitié, qui croissent égale- ment sur le Faulhorn. Or, celui-ci étant un sommet isolé en face des Alpes bernoises, l’autre un ilot de végétation dans un cirque faisant partie du Mont-Blanc, et par con- séquent dans des conditions physiques bien différentes, nous pouvons en conclure que ces deux florules repré- sentent bien la végétation alpine à sa dernière limite, au- dessous de ce que l’on appelle communément la ligne des neiges éternelles. Parmi ces 87 espèces, je n’en trouve que 6 qui fassent partie de la flore du Spitzberg, ce sont : Ranunculus glacialis, Cardamine bellidifoha, Silene acau- lis, Cerastium alpinum, Arenaria biflora et Erigeron uni- florus, la même proportion relative qu’au Faulhorn ; mais il y en a 24 qui se trouvent én Laponie. En résumé, le sommet du Faulhorn et le Jardin ont 50 plantes com- munes. La proportion des plantes laponnes est de trente pour cent au Faulhorn, et au Jardin de vingt-huit, du tiers environ dans les deux localités. Mais sur le sommet 302 LA FLORE DU SPITZBERG du Faulhorn et au Jardin, celles du Spitzhberg ne forment que sept à huit pour cent du nombre total. Répétons encore qu'aucune de ces plantes n'appartient à la flore arctique ou circumpolaire. La flore subnivale des Alpes correspond donc à celle de la Laponie septentrionale, des environs de l’Altenfiord par exemple”, et, pour trouver une végétation analogue à celle du Spitzberg, il faut nous élever plus haut dans les Alpes, au-dessus de la limite des neiges éternelles. Au haut des glaciers du revers septentrional du Mont- Blanc se trouve une petite chaîne de rochers isolés, for- mant une île au milieu de la Mer de glace qui les en- vironne. Ils séparent l’un de l’autre, à leur partie supé- rieure , les glaciers des Bossons et de Taconnay, et sont éloignés de 800 mètres de la montagne de la Côte, et de deux kilomètres de la pierre de l'Échelle, les points les plus rapprochés où il y ait de la végétation. Leur direc- tion est du nord-nord-est au sud-sud-ouest. Le point le plus déclive se trouve à 3050 mètres au-dessus de la mer ; le plus élevé, appelé par Saussure Rocher de l'heu- reux retour, est à 3470 mètres d'altitude. Ces rochers sont formés de feuillets verticaux de protogine schisteuse entre lesquels les plantes trouvent un abri et un sol formé par la décomposition de la roche. Les ascensions au Mont-Blanc de MM. Marckam Shervill, le 27 août 1825; Auldjo, le 8 août 1827 ; et Martin-Barry, le 17 septembre 1834, avaient porté à huit le nombre total des Phanéro- games de cet ilot glaciaire. Je le visitai trois fois, le 31 juillet, le 2 septembre 1844 et le 28 juillet 1846, et 1! Voyez mon Voyage botanique le long des côtes septentrionales de la Norwége; et Anderson, Conspectus vegetationis lapponicæ, 1846. ET DES ALPES. 303 j'explorai principalement, non sans péril, l’escarpement tourné vers le sud-est, qui domine le chaos de séracs du glacier des Bossons. Fy récoltai 19 plantes phanéro- games. M. Vénance Payot, naturaliste à Chamounix, es- calada de nouveau ces rochers le 30 août 1861, et y trouva 5 espèces que je n'y avais pas remarquées. Je donne ici la liste de ces 24 plantes, dont cinq, imprimées en italique, appartiennent aussi à la flore du Spitzberg. Aux Grands-Mulets, la proportion des espèces du Spitz- berg est, comme on le voit, de vingt et un pour cent, et, sauf l’Agrostis rupestris, il n’y a point de plante laponne. Cette florule se compose donc exclusivement d'espèces très-alpines mêlées à un cinquième de plantes du Spitz- berg. Les Grands-Mulets sont aussi lune des stations les plus élevées d’un rongeur, le campagnol-des-neiges (Ar- vicola nivalis Mart.), qui se nourrit spécialement des plantes dont nous donnons la liste. M. Payot a, en outre, recueilli aux Grands-Mulets 26 Mousses, 2 Hépatiques et 28 Lichens, ce qui donne 80 espèces pour le nombre total des végétaux vasculaires et cellulaires de ces rochers dépourvus en apparence de toute végétation. Végétaux phanérogames des Grands-Mulets. Draba fladnizensis Wulf., D. frigida Gaud.; Cardamine bel- lidifolia L., C. resedifolia Saut.; Silene acaulis L.; Potentilla frigida Vill. ; Phyteuma hemisphæricum L.; Pyrethrum alpi- num Willd.; Erigeron uniflorus L.; Saxifraga bryoides L., S. grœnlandica L., S. muscoides auct., S. oppositifolia L.; Androsace helvetica Gaud., A. pubescens DC.; Gentiana verna L. Luzula spicata DC.; Festuca Halleri Vill.; Poa laxa Hænke, P. cæsia Sm., P. alpina var. vivipara L.; Trisetum subspicatum Pal. Beauv.; “Agrostis rupestris All; Carex nigra All. 304 LA FLORE DU SPITZBERG ET DES ALPES. Les listes du Mont-Rose et de St-Théodule indiquent à peu près la même proportion d'espèces du Spitzherg. celle du sommet du Pic du Midi, aux Pyrénées, à 2860 mètres d’élévation, contiennent une proportion un peu plus forte (11 ‘/, au lieu de 8) d'espèces communes avec le Spitzberg. Treize espèces sont communes au Faulhorn, au Jardin et au Pic du Midi, et de ces 13 espèces il n’y en a pas moins de sept qui existent aussi dans le nord. Si l'origine de toutes ces plantes est une ancienne végétation de l’époque glaciaire, comme on le croit géné- ralement aujourd’hui, il est naturel que les espèces autre- fois les plus répandues soient restées, de préférence, dans des localités très-éloignées. DESCRIPTION D'UN . NOUVEL ANÉMOMÈTRE' M. F. CRAVERI L'idée qui a présidé à l'invention de cet appareil a été d'obtenir un instrument d’un établissement peu coûteux et facile à construire dans les lieux éloignés des ateliers scientifiques. Dans ce but, on a cherché à mesurer la force du vent au moyen d'un travail qu’on lui fait exé- cuter. Pour résoudre ce problème, on s’est servi d’un moulinet auquel on a adapté un mécanisme, grâce auquel le travail du vent est employé à verser de la graine par quantités définies. Ce travail est ensuite facile à estimer avec exactitude, soit en volume, soit en poids. La figure ci-jointe* permettra de comprendre sans peine le mécanisme très-simple de l’instrument dont nous allons donner la description. Sur le belvédère qui couronne le toit de notre maison, nous avons établi un solide pilastre en briques auquel on a fixé, avec des bras de fer, la tige de la girouette. Celle- ci est formée d’une banderolle de fer blanc qui porte un ! Cet appareil fonctionne depuis plusieurs années à Bra, dans la maison des frères Craveri. Il a servi pour les observations météoro- logiques faites à Bra et publiées dans le Bulletin météorologique de Turin, 2? Voyez la planche II à la fin du nnméro. 306 DESCRIPTION moulinet à quatre ailes, également en fer blanc et du dia- mètre de 43 centimètres. L’axe de ce moulinet est muni d’une excentrique capable de produire un mouvement de haut en bas d’une longueur de #4 centimètres. La tige de la girouette est formée d’un tube de fer du diamètre de 20 millimètres, et elle s’étend verticalement, à travers le toit et le premier étage, jusqu'au rez-de- chaussée de la maison, étant partout fixée au mur, tout en conservant la faculté de pivoter librement. Sa longueur est d'environ 41 mètres, et elle est formée de trois tron- cons placés bout à bout et solidement liés les uns aux autres au moyen d’anneaux fixes et de chevilles à coins mobiles, afin que l'instrument puisse se démonter facile- ment. Toutefois, si ia disposition de la maison le permet- tait, il y aurait tout avantage à raccourcir la tige en pla- çcant l'appareil inférieur sous le toit ou dans le belvédère. La tige pourrait alors être formée d’une seule pièce de 2 ou 3 mètres de longueur. Inférieurement cette tige repose et pivote sur une pièce en laiton encastrée dans une console de marbre À, qui est fixée dans une niche de la muraille. Un fil de cuivre B, du calibre d’un milli- mètre, est aftaché par l’un de ses bouts à l'anneau de lexcentrique du moulinet, et, passant par le tube de la tige, il en sort dans sa partie inférieure, en C, par un trou latéral pratiqué dans la paroi du tube. Afin de sup- primer le frottement qui ne pourrait manquer de se pro- duire sur ce point, on fait glisser le coude du fil sur une petite poulie en laiton, et afin d'empêcher que le fil ne s'échappe de la poulie sous l'influence des fortes secous- ses que produisent les bourrasques, on le maintient au moyen de deux petites pattes, également fixées à la tige F. L’extrémité du fil s'attache au levier coudé D qui D'UN NOUVEL ANÉMOMÈTRE. 307 constitue une sorte d’ancre à échappement, et il peut se tendre plus ou moins au moyen de la vis et de l'écrou GH. Cette ancre pousse par son extrémité inférieure les dents d’une petite roue à auge I. Chaque tour de l’ex- centrique auquel est fixé l’autre extrémité du fil élève de 4 centimètres et laisse retomber le levier à ancre D dont l'extrémité N fait avancer d’un cran la roue à auge [. Le poids L placé à l'extrémité du levier sert à faire retomber l'ancre aussitôt que le fil B cesse de le soulever. Ainsi, le jeu du moulinet, à chaque tour d’excentrique, fait avancer d’un cran la roue [. Afin de régulariser les mou- vements de cette roue, on l’a fixée au moyen d’un ressort terminé par une petite poulie M dont le frottement dur empêche la roue de revenir en arrière et l'empêche éga- lement d'avancer de plus d’un cran à la fois. Cette pièce à ressort sert de frein et dirige les mouvements de la roue en la faisant avancer juste de la quantité voulue pour qu'à chaque oscillation l'ancre puisse saisir une dent. Dans l’origine, l'extrémité N de l’ancre était simple, mais on a été conduit à la rendre articulée, afin de pouvoir plus exactement régler sa longueur et la direction de son extrémité, de manière à ce qu'elle fonctionne régulière- ment. La roue à auge I est enfermée dans un tambour qui est fixé au support O et qui porte supérieurement un petit entonnoir P auquel aboutit un tube de fer blanc qui communique avec le réservoir R et qui sert à amener la graine dans les auges de la roue I. A la partie inférieure du tambour, au point Q, il existe une autre ouverture qui sert à décharger les auges. Le support O, auquel tient tout le mécanisme inférieur, est rivé à la tige et pivoté avec elle; mais la caisse de 308 DESCRIPTION fer-blanc R, qui contient la provision de graine nécessaire pour que l'instrument puisse fonctionner longtemps, est fixée au mur, et, comme son conducteur T est obligé de tourner avec l'appareil, on l’a interrompu dans sa lon- sueur au moyen de l’entonnoir S qui est soudé à la tige. Cet entonnoir s’alimente du réservoir fixe R, pour trans- mettre ensuite la graine au tube T, lequel est aussi soudé à la tige et tourne avec elle. La roue à auges I contient 18 petits godets qui se remplissent de graine à tour de rôle, à mesure qu'ils passent sous l’entonnoir P et qui restent pleins, jusqu’au moment où ils rencontrent le trou inférieur du tambour (Q), par lequel ils se déchargent, en sorte que les godets de la moitié descendante sont toujours pleins, tandis que ceux de la moitié ascendante sont toujours vides. Si l’on a compris le mécanisme qui vient d'être décrit, on concevra que la force du vent sera indiquée par la quantité de graine qui sera versée par la roue [ dans un temps donné. Il restait à déterminer la direction du vent. C’est ce qu’on obtient en permettant à la tige, qui sert d’axe à la girouette, de pivoter librement. Cette tige, en tournant avec la direction du vent, entraîne tout l'appareil inférieur, qui y est soudé. De ce mouvement, il résulte que la graine est versée sur tout le pourtour d’un cercle, sur le centre duquel repose le pivot de la tige de la gi- rouette. On a donc placé au-dessous de l'appareil une boîte circulaire en fer-blanc, divisée en 8 compartiments orientés exactement et qui représentent la rose des vents, de manière que, suivant les oscillations du vent, ce sera tantôt l’un, tantôt l’autre des compartiments qui recevra la graine. Ainsi, lorsque l'instrument fonctionne, l’appareil infé- D'UN NOUVEL ANÉMOMÈTRE. 309 rieur verse la valeur d’un godet plein de graine pour chaque tour de excentrique (ou du moulinet), en sortie que la quantité de graine versée dans la boîte à compar- timents est proportionnelle au nombre de tours de roue du moulinet, par conséquent à la force du vent, et la quantité de graine que l’on trouvera dans chacun des compartiments indiquera les oscillations de la direction du vent et la proportion dans laquelle il a soufflé suivant les diverses directions. Comme cet appareil travaille assez vite par un gros vent, il est bon de placer au-dessous de la console des sacoches, correspondant par des entonnoirs avec les compartiments de la boîte, afin que ceux-ci ne risquent pas de se remplir outre mesure et de laisser échapper de la graine. C’est à la graine de millet que nous avons donné la préférence, vu sa petitesse et le poli dé sa surface, grace auquel elle s'écoule presque aussi facilement qu’un liquide. Au repos de l'instrument, il n'en passe pas un orain. Lorsqu'il fonctionne, il passe environ 7 grains pour chaque tour de excentrique, cette quantité représentant la ca- pacité des auges de la roue I. Si le moulinet fait 100 ré- volutions, la roue à auges en fait ‘°°/,, = 5,55 et verse 700 graines, c’est-à-dire cinq centimètres cubes. La quantité la plus forte de millet que j'aie jamais trouvé dans un seul entonnoir pendant un vent constant, est de 600 centimètres cubes, ce qui représente 60,000 tours du moulinet. IL est clair qu’on pourra régler son instrument ad libi- tum quant au nombre proportionnel des tours de la roue à auge et du moulinet et à la capacité des godets de la roue à auge, en sorte qu'on pourrait facilement établir l'instrument de manière à n'avoir à faire qu'à des nom- 310 DESCRIPTION D'UN NOUVEL ANÉMOMÈTRE. bres décimaux. Lorsqu'on opère toujours avec la même provision de graine pour laquelle on connait le rapport du volume au poids, on pourra mdifféremment déterminer la quantité de vent enregistré par l'instrument par le moyen d'une pesée, ou par celui d’un mesurage. Cet appareil est d’un prix assez modique, et c’est là son principal avantage. Il ne revient qu’à 60 ou 70 francs, et sa construction est assez simple pour qu'un homme intelligent, aidé d’un simple ferblantier ou d’un serrurier, puisse au besoin en établir un semblable. Nous avons donc pensé que sa description pouvait offrir quelque im- térêt pour les personnes qui désirent faire des observa- tions météorologiques dans les contrées éloignées, ou qui ne peuvent consacrer de grosses sommes à l'acquisition de leurs instruments. L'anémomètre qui vient d'être décrit fonctionne avec une grande exactitude; 1l n’est, sans doute, ni aussi par- fait, ni aussi complet que les anémomètres les plus ré- cents dont on se sert dans les grands observatoires, mais il est très-suffisant pour permettre de faire de bonnes observations météorologiques ". ! Sur le conseil du P. Secchi, M. Fr. Craveri se propose de faire des expériences comparatives avec son anémomètre et d’autres appa- reils du même genre, en particulier avec le moulinet de Robinson qui est muni d’un compteur. Il espère pouvoir graduer son instrument de manière à formuler avec précision le travail qu'il fait par un vent faible, modéré ou violent. Mais jusqu’à présent il n’a pu faire les installations nécessaires pour ces expériences. HS. DES MOUVEMENTS VIBRATOIRES QUE DÉTERMINE DANS LES CORPS CONDUCTEURS L'ACTION COMBINÉE DU MAGNÉTISNE ET DES COURANTS DISCONTINUX PAR M. Le Proresseur À. DE LA RIVE. (Note communiquée à la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, dans sa séance du 5 avril 1866.) DE Da ————— Dans un mémoire publié en 1847 dans les Trans- actions Philosophiques de la Société Royale de Londres et dans les Archives des Sciences physiques", j'avais signalé le fait que des barreaux métalliques de toute dimension placés sur les pôles d'un fort électro-aïmant, rendaient un son prononcé dès qu'ils étaient traversés par un courant électrique discontinu. Ce son présentait une grande ana- logie avec celui que rend une tige de fer à travers laquelle on fait passer un courant discontinu ; seulement dans ce dernier cas il n’est pas nécessaire de soumettre le conduc- teur qui transmet le courant à l’action magnétique pour qu'il y ait production d’un son, tandis qu'avec les conduc- teurs non susceptibles de devenir magnétiques, cette con- dition est indispensable. En un mot, tous les corps con- ducteurs acquièrent, sous l'influence de l’aimant, la pro- ‘ Voyez Bibl. Univ. (Archives des Sc. phys., 4847, t. IV, p. 345.) n12 DES MOUVEMENTS VIBRATOIRES priété que possèdent naturellement le fer et les autres métaux susceptibles de magnétisme, celle de rendre un son quand ils sont traversés par des courants discontinus. Telle était la conclusion à laquelle j'étais arrivé dans le travail que je viens de rappeler. Ayant été dernière- ment appelé, à l’occasion de recherches d’un tout autre genre, à m'occuper de nouveau de cette question, je me suis demandé si l’on ne pourrait pas donner à mes an- ciennes expériences une interprétation différente de celle que j'avais admise. En d’autres termes, ne pourrait-on pas expliquer le son rendu dans les circonstances que j'ai in- diquées, en l’attribuant simplement à l’action attractive ou répulsive exercée par laimant sur le corps conducteur qui transmet le courant. Cette action intermittente, puis- que le courant est discontinu, doit déterminer dans ce corps des oscillations de nature à produire un son. Ces oscillations sont parfaitement visibles dans des fils métal- liques plus ou moins libres de se mouvoir, et même dans des fils recouverts de soie ou roulés de manière à former une hélice dont les tours ne soient pas très-serrés. Toutefois un examen plus approfondi de la question m'a prouvé que ce n’était pas dans ce genre d'action qu’il fallait chercher la cause du phénomène. Je vais indiquer brièvement les expériences qui m'ont amené à persister dans ma première opinion, savoir qu'il s’agit d’un effet purement moléculaire. | Je n’insisterai pas sur le fait que des tiges de divers métaux (cuivre, zinc, étain, plomb, bismuth et antimoine) produisent le son dans les conditions voulues, lors même qu’elles ont un, deux et même trois centimètres de dia- mètre ; il est difficile d'admettre que l'attraction ou la répulsion magnétique puisse opérer sur des tiges de cette DANS LES CORPS CONDUCTEURS. 313 dimension des déformations sensibles et par conséquent capables d'y déterminer des vibrations. Le son d’ailleurs ne change pas de caractère avec la dimension de la tige ; il est seulement un peu plus ou un peu moins intense. Les liquides conducteurs présentent le même phéno- mène que les tiges rigides ; c’est ce que j'avais déjà remar- qué en opérant avec différentes solutions acides ou salines placées dans des tubes de verre, et avec le mercure. Mais comme on aurait pu croire que le son provenait des fils métalliques servant de réophores destinés à transmettre le courant discontinu dans le liquide, j'ai disposé l’expé- rience avec le mercure de manière à me mettre tout à fait à l'abri de cette cause d'erreur. J'ai, dans ce but, rempli de mercure un tube de caoutchouc de dix mètres de longueur, en ayant soin de faire plonger chacune de ses deux extrémités dans un flacon plein lui-même de mer- cure. La transmission du courant à travers la colonne liquide s’effectuait au moyen du mercure des flacons dans lequel plongeait chacun des réophores, de sorte que ceux- ei étaient à une distance de plus de cinq mètres du pôle de l’électro-aimant sur lequel était placée la partie du tube de caoutchouc qui formait le milieu de la longueur totale de dix mètres. Or, le son rendu par cette partie de la colonne de mercure, soumise à l’action de l’aimant, était exactement le même que dans les expériences où le mercure était simplement placé dans une petite auge ou dans un tube de verre sur le pôle de l’électro-aimant ; c’est cette portion seule qui donnait un son, le reste du conducteur liquide, qui était hors de l'influence magné- tique, n’en rendait point. J'ai également tassé dans des tubes d’un centimètre de diamètre des poudres métalliques très-fines, cuivre, AnCHIvEs, t. XXV. — Avril 1866. 22 314 DES MOUVEMENTS VIBRATOIRES zinc, bismuth, antimoine. Placées dans le circuit des cou- rants intermittents, ces poudres métalliques ont rendu, sous l'influence magnétique, le même son que des tiges rigides. Des fils de platine assez fins pour devenir incandes- cents par le passage du courant intermittent, des feuilles d’or battu collées sur une lame de verre, ont encore rendu, quoique à un degré d'intensité moindre, le même son. Enfin j'ai suspendu à un fil de soie très-fin une tige de bismuth d’un centimètre de diamètre et de vingt centi- mètres de longueur, ayant la forme d’un anneau, et en l’'approchant du pôle d’un électro-aimant, j'en ai obtenu un son très-prononcé dès qu'elle était traversée par le courant discontinu ; elle éprouvait bien un mouvement d’oscillation, mais ce mouvement, qui ne pouvait produire un son, était complétement distinct du mouvement vibra- toire intérieur. Bien convaincu que le phénomène est dû à une action moléculaire intestine et non à une action mécanique exté- rieure, j'ai cherché à l’analyser un peu mieux. J'ai substitué au rhéotome, soit commutateur de mer- cure dont je faisais usage, et qui, par un mouvement d’horlogerie, me donnait le même nombre d’intermitten- ces dans un temps donné, un rhéotome à roue dentée au moyen duquel je pouvais avoir, dans le même temps, un nombre très-variable d’intermittences. Puis j’ai placé l’une à la suite de l’autre dans le même circuit, de manière qu'elles fussent en même temps parcourues par le même - courantintermittent, deux tiges de même diamètre (1 cen- timêtre) et de même longueur (30 centimètres), mais de nature différente ; elles étaient disposées de manière à pouvoir au besoin reposer chacune sur l’un des pôles de DANS LES CORPS CONDUCTEURS. 315 l'électro-aimant, ou bien de manière que l’une d’elles seulement fût soumise à l’action magnétique. Pour mieux percevoir le son rendu par chaque tige je me suis muni d’un de ces cornets acoustiques qui servent à l’ausculta- tion dans la pratique médicale, et j'appliquais son extrémité libre successivement sur chaque conducteur ou sur cha- cune de ses parties. J'ai d'abord soumis à l'expérience deux tiges dont l’une était de fer et l’autre de cuivre; la première rendait un son très-prononcé hors de toute influence magnétique ; cette influence ne faisait que renforcer le son sans en modifier la nature; preuve que ces deux sons sont bien dus à la même cause, laquelle ne peut être qu'une action moléculaire intérieure. Le son rendu par la tige de cuivre différait très-peu de celui rendu par la tige de fer; l’un et l’autre de ces sons étaient tout à fait semblables à celui que rendait la roue dentée qui servait de rhéotome; c'était égalementune série de petits chocs métalliques se succédant plus ou moins rapidement suivant quelarotation de la roue était plus ou moins rapide, et produisant, par conséquent, par leur succession un son plus ou moins aigu. Ce son de- venait, quand les intermittences se succédaient très-rapide- ment, tout à fait semblable à celui que rendent les anten- nes des insectes. L'identité des sons produits par la roue dentée et par les tiges était telle que j'avais d’abord cru que ce n'était pas le son de la tige, mais bien celui de la roue que j'entendais. Mais, outre que la distance à la- quelle la roue était placée (elle était dans une autre pièce et à un autre étage de la maison) ne permettait pas une semblable conclusion, le fait que le son cessait dès que l’aimantation était interrompue, lors même que la rotation de la roue dentée continuait à avoir lieu, est une preuve 316 DES MOUVEMENTS VIBRATOIRES sans réplique que le son avait bien son origine dans la tige métallique. En remplaçant la tige de fer par une tige de plomb, j'ai obtenu un son de même nature que celui que rendait la tige de cuivre placée dans les mêmes conditions élec- triques et magnétiques, mais qui m'a paru, sinon moins intense, du moins plus grave; j'ai obtenu le même résul- tat avec une tige de bismuth, tandis qu'une tige de zinc m'a donné un son plus semblable à celui que rendait la tige de cuivre. En général les sons rendus par des tiges métalliques de même diamètre et de même longueur semblent varier avec la nature du métal. Ce fait ne sem- blerait-1l pas imdiquer le rôle important que joue dans la production du phénomène qui nous occupe la constitution moléculaire du corps? Dans le but de pénétrer plus avant dans la manière dont se passe le phénomène, j'ai essayé de l’étudier sur des poudres conductrices très-fines, disposées sur des plaques de verre bien polies et bien sèches, et mises dans le circuit au moyen de deux lames de cuivre ou de pla- tine collées sur le verre à une distance de quinze centi- mètres, distance qui représentait, par conséquent, la lon- gueur de la couche pulvérulente soumise à l'expérience. Vu la grande résistance que présentent les corps très- divisés à la propagation de l'électricité, j'ai dû employer, pour produire le courant intermittent, un appareil de Ruhmkorff dont la décharge traversait une couche d’air raréfiée placée dans le circuit, afin d'éliminer l’un des deux courants induits et de n’en avoir qu’un dirigé con- stamment dans le même sens. Au premier instant où le courant est transmis, et avant que l’action magnétique ait lieu, on voit une agitation marquée dans la poudre con- DANS LES CORPS CONDUCTEURS. 917 ductrice, effet qui me paraît essentiellement dû à l'élec- tricité statique, mais qui persiste néanmoins lors même que la décharge est régulièrement transmise. Avec des poudres très-fines de cuivre, de zinc et d’autres métaux, on voit même la poudre se partager sur la plaque de verre entre les deux lames métalliques qui servent d’élec- trodes en petits groupes séparés par des intervalles où il ne reste aucune trace de métal, et présentant un aspect assez analogue à celui des stratifications de la lumière électrique dans les gaz raréfiés. Au moment où l’on aimante l’électro-aimant sur le pôle duquel est placé la plaque de verre où se trouve la pou- dre conductrice, l'aspect change tout à fait et un mouve- ment de trépidation très-prononcé se fait sentir dans toute la masse mobile. La substance qui permet le mieux d'observer ces mou- vements est de la poudre fine de charbon de coke. Il faut avoir soin d'en placer entre les deux électrodes métalli- ques fixées aux extrémités de la lame de verre une cou- che assez épaisse pour que, sous l'influence de l’électri- cité statique, elle ne présente pas les solutions de conti- nuité dont nous avons parlé. On en fait un petit tas ayant la forme d’un prisme triangulaire dont la base repose sur la lame de verre et dont l’arête est en haut. Au moment où l’on fait passer le courant Ruhmkorff à travers ce tas, en ayant eu soin de mettre dans le circuit, comme nous l'avons dit, une couche d'air raréfié, on voit dans la poudre de coke une petite agitation qui ne dure qu'un instant ; mais dès qu'on aimante l’électro-aimant sur le pôle duquel la lame de verre est placée, un mouvement oscillatoire très-prononcé se manifeste sur les bords du tas : ce sont comme de petites vagues formées de la partie 318 DES MOUVEMENTS VIBRATOIRES la plus fine de la poussière de coke qui vont et viennent des deux côtés du tas. En même temps toute la masse du coke rend un son prononcé qui cesse immédiatement avec l’aimantation. Si la couche de charbon n’est pas épaisse et suffisamment compacte, on aperçoit dans l'obscurité de petites étincelles qui jaillissent entre les particules. Dans ce cas on entend un bruit très-distinct, lors même qu'il n’y a pas d'action magnétique ; mais le bruit devient beaucoup plus intense dès que cette ac- tion a lieu. Il est très-probable que lorsqu'il n’y a pas d’étincelles visibles, parce que les particules du coke sont trop rapprochées, il y a toutefois de petites décharges entre elles du même genre, et qui donnent un son sous l'influence de laimantation. Il arrive même souvent que cette influence rend ces décharges lumineuses, et que dès qu'elle cesse, elles redeviennent obscures. Je suis donc conduit par ce qui précède à admettre que, d’une manière générale, dans tous les corps conducteurs, qu'ils soient compactes ou en poudre, solides, liquides ou gazeux, la propagation de l'électricité s’y fait par des décharges moléculaires analogues à de petits arcs voltai- ques tantôt lumineux, tantôt obscurs, suivant l'intensité de l'électricité, la masse du corps et son degré plus ou moins grand d’agrégation. L’incandescence d’un fil métallique, produite par la transmission d’un courant ou d’une dé- charge, ne serait qu’un cas particulier du phénomène gé- néral. Sous l'influence d’une forte action magnétique exté- rieure, les particules entre lesquelles les décharges s’opè- rent se déplacent en s’orientant d’une manière particu- lière. Mais si les décharges ou laction magnétique sont discontinues, ce déplacement, soit cette orientation, alterne DANS LES CORPS CONDUCTEURS. 319 avec le retour des particules à leur position naturelle. Il en résulte alors un mouvement oscillatoire qui donne naissance au son qu’on entend dans ce cas. Je dois encore remarquer que les décharges de la ma- chine de Ruhmkorff produisent, en traversant les tiges mé- talliques sous l’action de l’aimant, le même son que lors- qu’elles traversent les mêmes métaux en poudre ; pourvu toujours que, pour éliminer l’un des courants induits, on ait soin de faire traverser à ces décharges une couche d'air raréfié mise dans le circuit; mais il ne faut pas que cette couche soit trop raréfiée, parce que le son est alors beau- coup moins prononcé ; il suffit d’avoir un vide de cinq à six millimètres. Cela prouve que le son tient bien aux dé- charges qui ont lieu entre les particules. Ajoutons encore que, avec les courants de la machine de Ruhmkorff, on perçoit déjà un son avant l’aimantation, au moins dans bien des cas ; l’aimantation ne fait que le renforcer. Enfin dans ce cas, comme dans les précédents, l'intensité et la nature du son varient avec les métaux employés; il sem- blerait que ce sont ceux dont les molécules sont les plus distantes, ou qui ont une structure cristalline, comme le bismuth et l’antimoine, qui donnent les sons les plus prononcés. Les courants de l'appareil Ruhmkorff doivent être préférés dans ce genre d'expériences, non-seulement quand il s’agit des corps en poudre, mais aussi quand les corps conducteurs ont de très-petites dimensions, tels que des fils très-fins ou des lames très-minces comme celles d’or battu. DÉTERMINATION DES FORCES ÉLECTROMOTRICES PAR M. W. HANKEL Le premier mémoire que j'ai publié sur ce sujet dans les Mémoires de la Société de Saxe ”, était relatif à la détermination des différences électromotrices qui existent entre les divers métaux, et aux modifications que subis- sent à cet égard les surfaces métalliques décapées lors- qu’elles sont exposées à l'influence de l'air. Dans la se- conde partie de mes recherches que je publie aujour- d'hui, je m'occupe de la détermination des forces électromotrices engendrées par le contact des métaux avec l’eau distillée, ainsi que des modifications qu'elles éprouvent quand ce contact se prolonge. Je me bornerai ici à un extrait abrégé de mes observations des résultats généraux qui en découlent. Dans l’étude des forces électromotrices entre l’eau et les métaux j'ai eu souvent l’occasion de déterminer à nouveau les tensions des métaux. Ainsi j'ai trouvé qu'une plaque de cadmium, martelée de manière à en augmenter le diamètre, était plus facile à décaper par- ! Traduction d’un extrait inséré dans les Annales de Poggendorf, t. CXXVI, p. 286. ? Voyez Archives, 1862, t. XIIL, p. 333. DÉTERMINATION DES FORCES ÉLECTROMOTRICES. 321 faitement en raison de sa plus grande densité, et occu- pait par suite, dans l’ordre des tensions, une place un peu plus rapprochée du zinc qu'auparavant. Des plaques d'acier et de fonte de fer éprouvent une modification dans le même sens lorsqu'on les use de: manière à en- lever une couche superficielle de ’/, à L millimètre d’é- paisseur. On a reconnu aussi que la plaque d’étain, qui avait servi dans les précédentes expériences, contenait du plomb et du zinc ; une nouvelle plaque d’étain, d’une pureté aussi parfaite que possible, a présenté à l'égard du zinc une tension deux fois plus grande que celle imdi- quée précédemment, La position de l'or enfin a été dé- terminée d'une manière plus exacte à l’aide d’une nou- velle plaque. L'introduction du mémoire contient l'exposé de ces perfectionnements apportés à mes premières détermina- tions et la description d’un procédé qui permet d'éliminer complétement l'influence perturbatrice de l'électricité de la chambre où l’on opère. Le tableau suivant contient les valeurs rectifiées des différences électriques ‘ des divers métaux pour des sur- faces polies ainsi que pour des surfaces limées, cas qui présente de l'intérêt au point de vue de la réaction de l’eau et des métaux limés. 1 Voyez, Archives, 1862, tome XIIE, p. 338, le tableau que l’auteur avait primitivement donné. L’intervalle entre le cuivre et le zinc ou leur différence électrique est représentée par 100, et pour éviter les nombres négatifs, on a désigné le zinc par 200 et le cuivre par 100. (Réd.) DÉTERMINATION ES | RANG DANS L'ORDRE DE TENSION MÉTAUX. à surface polie. à surface limée. ATUTMINIUM . ee 290 209 Ame MUEUE SEE 200 192 Cdi. de 181 175 PR eee Plomb’. MAN 156 151 Hays - suéogtotod (a s 149 145 ANDHMOINE.:- -- Me < 131 131 DISTUL" PMEPTE 130 118 Aréenfanñieinte. 0. | 125 ÉAlON Lei Ce 122 Mercure : 2... | 119 Bert. SO abs 116 ATEN pe nl Fonte de fer. ..:.... 116—108 INTER ete 100 Orpi con A dre 90 PAR Ne. 0e 85 AFDONTUL SUN 82 DA AE dE Lane 78 ne ons re 11 Quant aux déterminations des forces électromotrices “entre l'eau et les métaux, j'ai principalement employé l'appareil qui avait servi aux mesures des différences électriques des métaux ; le plateau inférieur du conden- sateur avait seulement remplacé par un entonnoir rem- pli d’eau et dont le bord usé et aplani avait exacte- ment la même dimension périférique que le plateau su- périeur du condensateur. A l'extrémité inférieure de l’'entonnoir était adapté un tube recourbé et redressé verticalement dans lequel on plongeait le métal dont on voulait déterminer la tension au contact de l’eau. Voici 1 Le rang du thallium a été obtenu d’après sa manière d’être avec l'eau. DES FORCES ÉLECTROMOTRICES. 323 maintenant quelle était la marche de l'opération : on posait en premier lieu sur le bord de l’entonnoir une plaque de zinc fraichement polie, puis une plaque sem- blable de cuivre, ensuite après avoir enlevé cette der- nière et rempli l'entonnoir avec de l’eau distillée, par exemple, on plongeait dans le liquide du tube latéral un morceau de cuivre récemment poli. Or comme dans cha- cune de ces trois alternatives on avait mesuré la charge du plateau supérieur du condensateur, d’après le procédé suivi dans la détermination des différences électriques des métaux, on possédait toutes les données nécessaires pour calculer d’abord la tension entre le zinc et le cuivre (Zn Cu), prise pour unité, et ensuite pour exprimer à l’aide de cette unité la tension de l’eau en présence du cuivre. Le même procédé a été suivi à l'égard des autres métaux. Eau et cuivre. La tension de l’eau au contact du cuivre fraîchement poli est de 0,09 (Zn Cu) au moment de l'immersion ; elle passe ensuite, par une variation rapide au commencement et qui se ralentit peu à peu, à la valeur —0,08 (Zn Cu). Cette dernière valeur, qui est atteinte au bout de dix minutes, ne se modifie pas sensiblement pendant les premières heures suivantes ; mais après un contact d’un jour la tension de l’eau devient encore un peu plus négative, —0,10 à —O,11 (Zn Cu). Au contact du cuivre limé l’eau donne dès l'instant de l'immersion la tension —0,06 (Zn Cu), qui, dans les dix minutes suivantes s'élève à — 09,8 ou —0,09 (Zn Cu). L'eau au contact de cuivre poli, mais exposé ensuite à l'air, présente, au moment de l'immersion, suivant la du- rée de l’exposition à l'air, ou une faible tension positive ou même une tension négative qui peut s'élever à —0,07 324 DÉTERMINATION (Zn Cu) quand l'exposition préalable à l'air s’est prolon- gée pendant deux semaines: elle ne tarde pas à atteindre la valeur constante de —0,08 (Zn Cu). Si l’on sort de l’eau un morceau de cuivre qui y a plongé plus de dix minutes, et si on le replonge quelques minutes plus tard, on obtient de nouveau au moment de l'immersion —0,08 (Zn Cu). Mais si le morceau de cui- vre sorti de l’eau reste longtemps exposé à l'air, on trouve ensuite à l'immersion une tension de leau plus élevée de plusieurs centièmes [après six jours on a ob- tenu une fois —0,14 (Zn Cu) |; cette tension retombe peu à peu, dans l’espace de dix à vingt minutes, à la va- leur constante —0,08 (Zn Cu). Lorsque l’eau a acquis en présence du cuivre poli la tension constante de —0,08 (Zn Cu), un mouvement im- primé à ce dernier la fait tomber à —0,04 ou —0,02 (Zn Cu) ‘. Eau et platine. La tension de l’eau au contact du pla- tine récemment poli est à l’immersion de 40,14 (Zn Cu) ; elle est réduite à —O0,11 (Zn Cu) au bout de dix ou vingt minutes (selon la nature de l’eau distillée et de la surface du métal), et atteint, dans le laps de dix à vingt autres minutes la valeur-limite de —0,19 (Zn Cu). A l'égard du platine limé, l’eau dénote dès le moment de l'immersion une forte tension négative de —0,09 (Zn Cu). L'exposition à l’air d’une surface de platine polie ne paraît pas produire un changement appréciable dans la 1 Toutes les fois que dans la suite on ne mentionne pas d'expériences sur l'agitation des métaux, c’est une indication que le mouvement de ces métaux n'avait pas produit de changement appréciab dans leur tension à l'égard de l’eau. DES FORCES ÉLECTROMOTRICES. 395 tension de l’eau au contact de cette surface. Mais lors- que le platine a été plongé dans l'eau avant l’exposition à l'air, il en résulte un changement notable : la tension de l’eau en présence de ce morceau de platine est à peu près égale à zéro, au moment de l'immersion. La tension de l’eau à l'égard du platine poli et chauffé ensuite au rouge, est plus ou moins négative au moment de l'immersion (selon le degré de l’incandescence) ; cette tension négative augmente immédiatement après l’immer- sion, dépasse de quelques centièmes la valeur limite indi- quée plus haut et retombe ensuite peu à peu au bout d’un certain temps à cette limite. Eau et argent. La tension de l’eau au contact de l'ar- gent bien poli est de +0,08 (Zx Cu) [à une tempéra- ture inférieure elle est égale à zéro ou même à —-0,02 (Zn Cu) |, et elle arrive au bout de dix à vingt minutes à —0,07 (Zn Cu). Vis-à-vis de l'argent limé l’eau se montre au moment de l'immersion de quelques centièmes moins négative qu'après un contact de vingt minutes. Lorsque l'argent a été plongé un certain temps dans l’eau, et exposé ensuite pendant plusieurs jours à l'air, on observe à l'immersion une tension de l’eau un peu plus négative, de —0,08 à —0,09 (Zn Cu), qui toutefois ne tarde pas à tomber à —0,07 (Zn Cu). La tension de l'eau vis-à-vis de l'argent qui à été chauffé au rouge est fortement négative; elle s'élève à —0,14 et même à —0,20 (Zn Cu) et baisse ensuite peu à peu. Eau et or. Au contact d’or bien poli, l'eau présente à l'immersion une tension de 0,10 (Zn Cu) et même de 015 (Zn Cu); mais au bout de dix à vingt minutes 320 DÉTERMINATION elle est de —0,16 (Zn Cu). Une petite tige d’or polie qui a été exposée un certain temps à l'air, ou bien qui a été plongée dans l’eau quelques jours auparavant, ou qui à été préalablement chauffée au rouge, produit dès son immersion dans l'eau une tension de cette dernière qui est plus ou moins fortement négative. L'eau se comporte d’une manière particulière au con- tact de l'or limé. Au moment de l'immersion du métal, elle est presque aussi positive qu'à l'égard de l'or poli | 4-0,07 à +-0,09 (Zn Cu) |; cette tension positive s’abaisse gra- duellement jusqu’à zéro ou même jusqu’à être négative ; après cela elle oscille du côté positif pour retourner de nouveau dans le sens négatif dans lequel elle augmente lentement jusqu'à atteindre —0,02 (Zn Cu) au bout d’une heure. Eau et palladiwm. La tension de l’eau à l'égard de palladium fraîchement poli (mais qui n’acquérait qu'un médiocre degré de poli en raison de la finesse du fil em- ployé) s’est élevée au moment de l'immersion, en moyenne, à +0,04 (Zn Cu) ; après dix minutes elle était —0,15 (Zn Cu) et une demi-heure plus tard —0,23 (Zn Cu). L'eau est assez fortement négative [—0,09 (Zn Cu) | dès l'immersion quand le palladium, après avoir été poli, est préalablement exposé quelque temps à l'air ou plongé pendant quelques jours dans l’eau. Au contact de palladium chauffé dans la flamme de l'appareil à gaz à double courant de Bunsen, la tension de l’eau est à l'immersion de —0,09 (Zn Cu); au bout de dix minutes elle est —0,12 (Zn Cu). Si l’on approche le fil de palladium fraîchement poli de la partie supérieure de la flamme, de manière à ce qu'il arrive au rouge sombre seulement et qu'il paraisse d’un bleu intense après DES FORCES ÉLECTROMOTRICES. 327 le refroidissement, la tension de l’eau à l'immersion de ce fil est —0,23 (Zn Cu) et —0,26 (Zn Cu) après dix minutes. L'eau se comporte à l'égard du palladium limé à peu près comme l'or limé: au moment de l'immersion du métal l’eau est, il est vrai, déjà négative; mais cette ten- sion négative diminue d'abord jusqu’à devenir positive, et augmente ensuite de nouveau dans le sens négatif jusqu'à ce qu’au bout d’une heure elle atteigne la même valeur qu'à l'égard du palladium poli. Eau et argentan. La tension de l’eau au contact de l’ar- gentan poli est à l'immersion +0,08 (Zn Cu); dix mi- nutes après elle devient —0,21 (Zn Cu) et atteint plus tard —0,33 (Zn Cu). L'argentan limé se comporte à l'immersion à peu près comme l’argentan poli; mais à partir de ce moment la tension de l’eau, à l'égard de l’argentan limé, se modifie moins vite qu'avec le métal poli. L'eau est fortement négative à l'immersion en présence de l'argentan qui a été exposé à l'air ; cette tension né- gative devient encore plus forte lorsque l’argentan a été plongé un certain temps dans l’eau avant de l’exposer à l'air. Eau et laiton. La tension de l’eau à l'égard du laiton fraîchement poli est à l’immersion +0,08 (Zn Cu), et passe rapidement au sens négatif; au bout de dix minutes elle est —0,28 (Zn Cu) et au bout d’une heure —0,30 (Zn Cu). Une petite tige de laiton poli qui a été exposé à l'air un certain temps, communique à l’eau dès l'immersion une forte tension négative. Si la tige, avant l'exposition à l'air, a été longtemps au contact de l’eau, la tension 328 DÉTERMINATION de l’eau devient à l'immersion —0,40 (Zn Cu) et s'a- baisse au bout de dix minutes à —0,28 (Zn Cu). En présence du laiton limé l’eau prend une tension légèrement plus positive qu'en présence du laiton poli: mais elle se modifie beaucoup plus lentement qu'avec le métal poli. Eau et fer. Au moment de l’immersion une tige frai- chement polie communique à l’eau la tension 40,09 (Zn Cu) qui diminue un peu immédiatement après, puis augmente rapidement et devient au bout de une minute et demie +0,16 (Zn Cu), et au bout de dix minutes +0,27 (Zn Cu). Du reste, ces modifications dépendent beaucoup de la nature de l’eau et de la surface du fer. Le fer qui a été exposé longtemps à l’air communique à l’eau à l'immersion une tension négative [par exemple —0,16 (Zn Cu)] qui devient rapidement positive. Un morceau de fer qui a été plongé dans l’eau après l’expo- sition à l’air, se comporte de la même manière, seulement, au moment de l'immersion, la tension négative de l’eau est beaucoup plus forte [par exemple —0,29 (Zn Cu)|. L’agitation diminue la tension positive de l'eau à l'égard du fer immergé depuis dix à vingt minutes. Ce change- ment, qui est en sens inverse de celui qu'éprouve le cuivre, s'élève à —0,17 (Zn Cu); il disparaît lentement quand le mouvement cesse. La fonte de fer se comporte à l'immersion à peu près comme le fer forgé, mais la tension positive croît plus ra- pidement. Avec l'acier fondu trempé la diminution de la tension positive de l’eau à l'immersion se montre très- nettement. Cette tension arrive à zéro et même à — 0,02 (Zn Cu), et reste stationnaire à cette valeur jusqu’à ce que l'acier commence à se recouvrir d’une couche brune DES FORCES ÉLECTROMOTRICES. 329 d'oxyde hydraté ; dès lors la tension positive recommence à croître. Eau et bismuth. Au contact du bismuth poli l’eau ac- quiert à l'immersion une tension négative --0,03 (Zn Cu), qui s'élève au bout de dix minutes à —0,20 (Zn Cu) et reste à cette valeur pendant la première heure. Par l'exposition à l'air et surtout par l'immersion préalable dans l’eau, la tension négative est considérablement re- haussée. Le bismuth limé communique à l'eau dès l'immersion une tension négative de —0,10 à —0,12 (Zn Cu). Eau et antimoine. La tension de l’eau à l'égard de l’antimoine fraichement poli est à l’immersion +0,03 (Zn Cu); dix minutes après elle est —0,06 (Zn Cu) et reste stationnaire à ce point pendant l'heure qui suit. Quand le métal a été préalablement exposé à l'air, la tension de l’eau au moment de l'immersion apparaît, se- lon les circonstances, très-faiblement positive, ou même négative; peu de temps après elle commence à se modi- fier dans le sens positif; puis après quelques moments elle revient dans le sens négatif. Eau et étain. À Vimmersion l’eau accuse au contact de l’étain récemment poli la tension 4-0,04 (Zn Cu) qui se change au bout de dix minutes en —0,15 (Zn Cu). Avec l’étain limé la tension de l’eau à l'immersion est — 0,02 (Zn Cu); cette tension négative augmente dans la suite plus lentement qu'avec le métal poli. Lorsque l’étain a été exposé à l'air, et surtout s’il a été plongé dans l'eau, la tension de l’eau devient négative au moment de l'immersion, et cela, selon les circonstances, d’une manière très-prononcée [—0,27 (Zn Cu) |; avec le métal ainsi préparé la tension négative est encore plus ARCHIVES, t. XXV. — Avril 1866. 23 330 DÉTERMINATION considérable dix minutes après l'immersion ! elle peut aller à —0,50 (Zn Cu) |. Eau et plomb. Le plomb qui vient d’être limé commu- nique à l’eau dès l'immersion la tension —0,06 (Zn Cu), qui s'élève peu à peu à —0,07 et —0,08 (Zn Cu). Quand le plomb a été exposé à l'air, ou s’il a été en outre mis en contact avec l’eau, on obtient dès l’immer- sion pour l’eau une tension négative plus grande, —0,14 (Zn Cu), qui, au bout de quelques minutes, s’abaisse à —0,07 (Zn Cu). Eau et cadmium. Fraïchement poli le cadmium com- munique à l’eau au moment de l’immersion la tension —0,16 (Zn Cu), qui, au bout de dix minutes, s'élève à —0,24 (Zn Cu) et atteint après un jour —0,27 (Zn Cu). Avec le cadmium limé la tension de l’eau est à l’immer- sion —0,22 (Zn Cu). Quand il a été préalablement exposé à l’air l’eau ac- quiert au contact de ce cadmium une tension négative un peu plus élevée. Par l'agitation d'une tige de cadmium, après une im- mersion de dix minutes, la tension négative de l’eau à l'égard du métal est diminuée de 0,03 à 0,07 (Zn Cu). Eau et zinc. À l'immersion du zinc fraîchement poli la tension de l’eau est —0,16 (Zn Cu); elle s'élève en- suite à —0,26 (Zn Cu) et même au-dessus, puis retombe au bout de dix à vingt minutes à —0,16 et quelquefois, seulement, à —0,20 (Zn Cu). Au contact du zinc limé la tension de l’eau est —0,28 et-—0,30 (Zn Cu); elle S’'abaisse au bout de dix à vingt minutes à —-0,12 ou —0,10 (Zn Cu). Quand le zine a été exposé à Fair et surtout quand il a été plongé dans l’eau auparavant, la tension de l’eau DES FORCES ÉLECTROMOTRICES. 3931 devient très-fortement négative dès l'immersion | jusqu à —0,45 (Zn Cu)]|. Lorsqu'on emploie un morceau de zinc qui a été amal- gamé sans le secours d'aucun liquide, la tension de l’eau au moment de l'immersion est —0,06 (Zn Cu) et passe à 0,29 (Zn Cu) au bout de dix minutes. Par l'agitation d'un morceau de zine poli et amalgamé, qui plonge depuis plus de dix minutes, la tension néga- tive s'élève —0,16 (Zn Cu); l'effet est ici à peu près le même et dans le même sens qu'avec le fer. Eau et aluminium. La tension de l’eau à l'égard d’a- luminium aussi bien poli que possible, est à l'immersion _—0,12 (Zn Cu); après dix minutes elle devient —0,74 (Zn Cu) et après le premier jour elle s'est élevée à — 1,06 (Zn Cu). Préalablement exposé à l'air, et surtout à l’action de l'eau, l'aluminium communique à l’eau, dès l'immersion et selon les circonstances, une tension de —0,65 à —0,82 (Zn Cu). Eau et charbon. La tension de l'eau à l'égard du coke de gaz ou du graphite de Ceylan, est négative dès l’im- mersion [—0,16 à —0,24 (Zn Cu)|; elle diminue par un contact prolongé. Eau et thallium. Le thallium se rapproche du plomb dans son action chimique sur l'eau. Si l'on compare les tensions de l’eau au contact du plomb et du thallium, la place du thallium dans l'ordre de tension se trouve entre le cadmium et le plomb. Les résultats numériques contenus dans 1e mémoire fournissent les données nécessaires pour calculer, dans certaines circonstances, les tensions que fait naître l’im- mersion simultanée ou successive de deux morceaux du 3932 DÉTERMINA TION même métal ou de deux métaux différents, ainsi que les renversements qui peuvent se produire après l'immersion: en outre ils donnent la possibilité de résoudre les deux questions suivantes : Quelles sont les tensions que pré- sente l’eau au moment du contact avec les métaux bien décapés, et quelles sont les causes qui amènent les chan- gements dans les tensions du premier moment ? Je me bornerai à donner ici les résultats généraux, dont les preuves détaillées sont consignées dans le mémoire. Les expériences prouvent que tous les métaux récem- ment décapés communiquent à l’eau au moment du pre- mier contact la même tension que l'or et le platine, savoir environ -0,14 (Zn Cu). L'action de l'oxygène sur les surfaces métalliques di- minue cette tension positive et la change en tension né- gative. Ce passage s'effectue si rapidement avec les mé- taux situés le plus près de l'extrémité positive de l’ordre de tension, qu’en observant même pendant que l’immer- sion s'opère on trouve déjà une tension négative. L'oxygène n'entre pas en combinaison avec les métaux nobles, le platine, par exemple; quand on sort le métal de l’eau, l'oxygène s’en sépare, sinon en totalité, du moins en partie, tandis qu'avec les autres métaux la combmai- son est durable. L'eau présente à l'égard des oxydes de ces métaux la même tension qu'avec les métaux bien décapés. En effet, si l’on retranche des tensions observées dix à vingt minu- tes après l'immersion dans l’eau d’un métal oxydable, les modifications qu'éprouvent les métaux récemment décapés par l’oxydation à l'air, on obtient à peu de chose près les mêmes valeurs positives que pour la tension de l’eau à l'égard des oxydes; ces valeurs sont en outre très-rap- DES FORCES ÉLECTROMOTRICES. 399 prochées de celles qui représentent les tensions de l’eau au moment de l'immersion d'un métal noble. L'action de l'oxygène sur les surfaces limées produit des modifications bien plus rapides que sur des surfaces polies, parce qu'elles offrent beaucoup plus de points d'attaque au milieu ambiant liquide ou gazeux. Les mé- taux oxydables ont en outre éprouvé préalablement une oxydation plus ou moins considérable par l'élévation de température qui accompagne l'opération du limage, ainsi que le prouvent les propriétés des plateaux limés du con- densateur. Pour tous les métaux qui ont été nommés dans cette notice, à l'exception du zinc et du fer, la tension positive passe au sens négatif, ou bien, la tension négative du premier moment croit jusqu'à un certain maximum où elle reste stationnaire. Pour le fer et le zinc, au contraire, la tension négative qui se présente au moment de l’im- mersion ne tarde pas à se changer dans le sens opposé (positif). Ce changement est dû à un dégagement d'hy- drogène qui recouvre la couche d'oxyde. Ces deux mé- taux sont les seuls, parmi ceux qui ont été examinés, qui possèdent la propriété de décomposer l’eau par eux- mêmes (?) ou avec l’aide d'acides dilués. La diminution de la tension positive de l’eau, qu'on ob- serve lorsque dix minutes après l’immersion du fer on agite ce dernier, et qui atteint ainsi —0,17 (Zn Cu), et l'augmentation pareille de la tension négative de l’eau à l'égard du zinc dans les mêmes circonstances , sont dues à l'éloignement de l’hydrogène occasionné par le mouve- ment du métal. Quand on plonge dans l'eau des métaux dont la surface a été oxydée préalablement par l'exposition à l'air, c’est- 334 DÉTERMINATION DES FORCES ÉLECTROMOTRICES. à-dire qui ne sont pas fraichement décapés,"la tension de l’eau à l'immersion est modifiée dans le sens négatif d’une quantité égale à la différence de tension entre la couche d'oxyde et le métal fraichement poli. Des métaux oxydables qui après l'immersion dans l’eau sont exposés un certain temps à l'air, se recouvrent d’une couche mince d’un sel. Au moment de l'immersion la tension de l’eau parait ordinairement plus négative, qu'avec des métaux polis dix minutes après l'immersion. Si cette couche peut se dissoudre, la tension s’abaisse au bout de quelque temps et atteint la même valeur que celle pro- duite par des surfaces fraichement polies dix minutes après leur immersion. Quand l'immersion des métaux dans l’eau se prolonge plusieurs jours, les sels qui se pro- duisent occasionnent aussi des changements dans les tensions. Le mémoire se termine par une expérience qui prouve que la première méthode pour déterminer la tension de l’eau à l'égard d’un métal et qui consiste à laisser absor- ber l’eau par du papier, conduit à des résultats inexacts, parce que l’eau accuse aussi une tension à l’égard du pa- pier mouillé. Cette dernière s’est élevée à —0,13 (Zn Cu) avec du papier à filtre suédois mouillé. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. D' W. von BezoLn. Du créPuscuLe. (Philos. Magaz., dé- cembre 1865.) | Malgré tout ce qui a été déjà écrit sur le crépuscule, l’au- teur estime, d’après ses propres observations poursuivies pendant près d’une année dans des conditions favorables, qu'aucune des théories données sur ce phénomène n’est satisfaisante. Il existe dans le crépuscule deux périodes distinctes et suc- cessives présentant chacune un segment obscur et un seg- ment lumineux où l’on remarque la teinte brillante du cré- puscule et la lumière pourpre au-dessus. Les deux périodes empiétent l’une sur l’autre, de manière que le commence- ment de la seconde coïncide approximativement avec la fin de la première moitié de la première période, La même ap- parence qui se montre au coucher du soleil a lieu également à son lever, mais dans un ordre inverse. L’auteur a ob- servé avec beaucoup de soin ces deux périodes et leurs dif- férentes phases. La première lumière pourpre commence par une teinte délicate qui se montre à 25° au-dessus de l’horizon au mo- ment où la teinte crépusculaire commence ; elle atteint son maximum quand le soleil est à 4°,20’ au-dessous de l’horizon; elle forme un disque dont le rayon atteint une valeur de 30° et dont le centre est environ à 15° au-desssus de l’horizon. Au moment où cette lumière pourpre, qui, soit dit en pas- sant, ne présente aucune trace de polarisation, atteint son maximum d'intensité, les objets situés à l’ouest et qui, immé- 3930 BULLETIN SCIENTIFIQUE. diatement après le coucher du soleil, paraissaient tout à fait pâles et sans couleur, reparaissent éclairés d’une teinte rose assez brillante pour être sensible même dans des rues étroites où le ciel est à peine visible. C’est à cette cause qu'est due la seconde coloration des Alpes et en particulier du Mont-Blanc, comme dans la vallée de Chamounix où l’on observe trois ap- parences successives qui ont chacune leur nom, savoir : la coloration brillante, suivie de la teinte cadavéreuse, après la- quelle vient la seconde coloration, soit résurreclion, enfin l'extinction totale. Le moment où a lieu la disparition complète de la lu- mière pourpre est accompagné d’une diminution très-no- table de la lumière du jour: c’est probablement pourquoi ce moment est celui qui est regardé comme la fin du crépus- cule, c’est-à-dire réellement la fin de la portion du crépus- cule pendant laquelle les occupations ordinaires peuvent être continuées sans le secours de la lumière artificielle. Mais il existe en fait, comme nous l’avons dit, une seconde apparence semblable à la première à laquelle elle succède et qui suit les mêmes phases. Il résulte d’un grand nombre d'observations que le moment où a lieu le maximum d’in- tensité de la seconde lumière pourpre, correspond à une dé- pression du soleil au-dessous de l'horizon qui est à celle pour laquelle a lieu le maximum de la première lumière pourpre comme 2, 2 : 1. Cette seconde lumière pourpre est accompagnée d’un nouvel éclairement des objets situés dans des conditions favorables, et qui produit sur les Alpes une troisième coloration (second afterglow) qu’on observe quel- quefois. La seconde comme la première lumière pourpre éprou- vent des changements qui amènent aussi la formation d’un second segment brillant qui disparaît à son tour au-dessous de l'horizon, ce qui met complétement fin au crépuscule ; à ce moment la dépression du soleil au-dessous de l’horizon est d'environ 17°. PHYSIQUE. 397 L'auteur termine par quelques considérations sur la cause des effets lumineux qui accompagnent et constituent le phé- nomène du crépuscule. Il montre qu'ils sont difficiles à concilier avec la supposition qu’ils sont dus à une ou deux réflexions de la lumière solaire aux limites de l’atmosphère, réflexions dont les effets devraient dépendre de la position du soleil et de la hauteur de l’atmosphère ; or l'observation donne des résultats qui ne s'accordent point avec cette ex- plication, car elle conduit à des valeurs différentes pour la hauteur absolue de l’atmosphère et qui vont en croissant à mesure qu’on prend pour les calculer les apparences suc- cessives. L'auteur montre encore que les effets de seconde colora- tion des montagnes et des objets situés sur la terre ne sont point un effet de contraste, puisque cette coloration demeure la même, lors même qu’on n’aperçoit aucune partie du ciel. Il estime que tous ces phénomènes tiennent à un problème de photométrie, c’est-à-dire qu’ils dépendent de l’éclairement des particules de l’air combiné avec la faculté absorbante de l'atmosphère et avec la position de l’œil de l'observateur. Tout en admettant le point de vue de l’auteur, c’est-à-dire en estimant avec lui la grande influence que doit avoir, dans les phénomènes dont il s’agit, l’éciat lumineux que peuvent acquérir les particules de l’air quand la lumière solaire les atteint sous l’empire de certaines conditions, il nous est im- possible de ne pas croire que la réflexion spéculaire y joue un rôle, car sans cela on ne verrait pas ces successions de segments brillants et obscurs, de segments d’une lumière bleue-jaunâtre et d’une lumière pourpre, dont l’apparition alternative est liée avec les différentes positions du soleil au- dessous de l'horizon. J'avais moi-même montré la nécessité d’admettre cette ré- flexion régulière pour expliquer la seconde coloration du Mont-Blanc, réflexion qui s’opère dans l’atmosphère à une hauteur qui doit varier suivant la température et l’état d’hu- 330 BULLETIN SCIENTIFIQUE. midité de l'air, ce qui fait que la seconde coloration ne cor- respond pas toujours exactement à une même dépression du soleil au-dessous de l’horizon‘. On conçoit la possibilité d’une seconde réflexion qui explique la troisième coloration, laquelle est nécessairement beaucoup plus faible. Qu’à ces réflexions spéculaires se joigne une réflexion rayonnante due à l’illumination des particules aériennes, c’est fort pos- sible et même probable, mais il faut plus que cela pour ex- pliquer les périodes successives. Quoi qu’il en soit, il y a un point acquis, point que j’avais déjà cherché à établir par des observations directes, c’est que tous ces phénomènes lumineux, et en particulier celui des secondes colorations qui suivent le coucher du soleil, ne sont point des phénomènes de contraste, mais bien des phé- nomènes physiques réels et directs. Quant à la manière exacte dont ils ont lieu, il v a encore, je le reconnais, des points à éclaircir, points qui se lient à la question plus gé- nérale du jeu de la lumière dans l'atmosphère considérée sous le triple rapport de son pouvoir absorbant, de son pou- voir réfléchissant et de son pouvoir lumineux. À. D..L.0 J. TYNDALL. SUR LE THERMOMÈTRE A BOULE NOIRCIE. (P/uloso- phical Magazine, mars 1866.) Dans le numéro de février du Philosophical Magazine, M. Wilson discute une observation faite par M. Glaisher à l’oc- casion de ses ascensions en ballon, et dont il résulterait que la différence entre les indications d’un thermomètre à boule noircie exposé aux rayons directs du soleil, et celles d’un autre thermomètre dont la boule est mise à l’abri de l’action directe de ces rayons, au lieu d’augmenter lorsqu'on s’élève, ainsi que l’on devait s’y attendre, diminue, au contraire, à ! Voyez Bibliothèque Universelle, 1839, tome XXII, p. 383, et tome XXIV, p. 200. PHYSIQUE. 33) mesure qu'on s'éloigne de la surface de la terre, et cela sans limite constatée jusqu'ici. En supposant, ajoute M. Wilson, une figure dans laquelle les abscisses représenteraient les températures, et les ordonnées les hauteurs au-dessus de la mer, les indications de chacun des deux thermomètres se- raient représentées, celles du premier par une ligne inclinée presque droite, et celles du second par une courbe coupant la ligne des abscisses à quelque distance de la premiére, et s’en rapprochant constamment, comme une hyperbole de son asimptote, à mesure qu’on s'élève. M. Wilson tire du fait ci-dessus, qu’il regarde comme démontré par de nombreuses observations, les conséquences suivantes : 1° La chaleur provenant directement du rayonnement so- laire diminue à mesure qu’on s’éléve au-dessus de la terre, et s’il était possible de répéter l’observation en dehors de l’atmosphère terrestre, les deux thermomètres indiqueraient l’un et l’autre la même basse température. 2° Toutes les conjectures sur l’état de la surface de la lune, et qui représentent cette surface comme exposée tour à tour à une très-forte chaleur et à un froid non moins in- tense, tombent d’elles-mêmes. Si la lune n’a pas d’atmos- phère, la température des deux surfaces obscure et brillante de la demi-lune doit être identique. 3-M. Wilson conclut de ce qui précède, qu’au fait déjà connu, que l’atmosphère et la vapeur aqueuse qui y est ré- pandue conservent à la terre sa chaleur en interceptant le rayonnement, il faut ajouter ce fait nouveau et que personne ne soupçonnait, savoir que, sans la présence de l’atmosphère en plus ou moins grande quantité, la terre n’aurait pas de chaleur à perdre. Il en tire aussi la conséquence que les con- Jectures hasardées jusqu'ici sur les températures des autres planètes doivent être regardées comme très-incertaines, à cause de l'influence de leurs atmosphères respectives. M. Tyndall, dans une note insérée dans le numéro de mars du même journal, combat les conclusions de M. Wilson qu’il 340 BULLETIN SCIENTIFIQUE. regarde comme beaucoup trop hasardées. Il semblerait, en effet, résulter des conséquences tirées de lobservation de M. Glaisher que, comme le fait remarquer M. Tyndall, ce qui est calorique dans notre atmosphère ne l’est plus dans les espaces interplanétaires, qu'il y a quelque chose émis par le soleil capable de réchauffer un corps entouré d’une atmos- phère, mais qui ne peut plus le réchauffer si cette atmos- phère manque. En d’autres termes, suivant M. Wilson, une atmosphère planétaire aurait la faculté de convertir en cha- leur un agent qui, avant de l’avoir pénétré, n’est pas de la chaleur, et ce pouvoir de transmutation, s’il existait à un très-haut degré, pourrait élever à une haute température les planètes les plus éloignées. M. Tyndall déclare ne pas être suffisamment renseigné sur les détails de l'observation de M. Glaisher pour en proposer une explication, mais il profite de cette occasion pour présenter quelques réflexions extraites d’un mémoire qui doit paraître incessamment dans les Trans- actions Philosophiques, réflexions qui sont de nature à atti- rer l'attention des météorologistes sur une erreur possible dans leurs observations sur la radiation solaire, à laquelle ils n’avaient peut-être pas songé jusqu'ici. Les voici : 4° La chaleur solaire, telle qu’elle nous arrive, est com- posée en partie de rayons visibles et en partie de rayons in- visibles; une portion de ces derniers rayons étant douée d’une puissance calorifique très-intense. 2° Le thermomètre ordinaire à boule noircie absorbe les rayons visibles, mais il se peut que le verre noir se laisse très-facilement traverser par la radiation invisible. 3° Ce sont plus spécialement les rayons calorifiques invi- sibles dont l’intensité augmente à mesure qu’on s’élève au- dessus de la terre, puisque ce sont justement ces rayons qui perdent le plus de leur intensité en passant à travers la va- peur aqueuse contenue dans l’atmosphère. 4° Il en résulte que le thermomètre à boule noircie doit, en ce qui concerne la radiation incidente sur sa surface, de- PHYSIQUE. 941 venir de plus en plus diathermane à mesure qu’on s'élève dans l’atmosphère. Il n°y a même peut-être pas d’exagération à affirmer, qu'à la limite extrême de notre atmosphère 50 pour cent de la chaleur solaire traversera le verre noirci, sera réfléchi par le mercure qui s’y trouvera renfermé, et ne contribuera aucunement à réchauffer le liquide thermomé- trique. M. Tyndall conclut de ces considérations, en les supposant fondées, que les indications d’un thermomètre à boule noir- cie, tel que cet instrument est construit habituellement, doi- vent être regardées comme donnant des résultats illusoires. surtout à de grandes élévations. M. A. CasiN. SUR LA DÉTENTE DES VAPEURS SATURÉES. (Comptes rendus de FAcad. des Sc., 2 janvier 1866.) MM. Rankine, en Angleterre, et Clausius, en Allemagne, ont déduit des équations de la théorie mécanique de la chaleur (1850) cette proposition que la valeur d’eau sèche et saturée se condense partiellement par la détente, et que réciproque- ment elle se surchauffe par la compression, si les corps voi- sins ne peuvent ni lui prendre ni lui fournir de la chaleur. M. Hirn a observé ce phénomène vers 1862; il a de plus vérifié deux autres conséquences des mêmes équations, à savoir : que le sulfure de carbone, dans les circonstances or- dinaires, se comporte comme l’eau, et que l’éther se com- porte autrement, se surchauffant par la détente et se conden- sant partiellement par la compression. Enfin M. Dupré, professeur à la Faculté de Rennes, à dé- duit des équations de la théorie (Annales de Chimie et de Physique 1864) cette proposition plus générale que, pour chaque liquide, il y a une température à laquelle sa vapeur saturée peut subir une détente ou une compression infini- ment petite, avec saturation continuée ; qu’à une température inférieure la détente est accompagnée d’une condensation : 349 BULLETIN SCIENTIFIQUE. qu’à une température supérieure le contraire a lieu. Elle ré- sulte des relations établies par M. Regnault, entre les cha- leurs totales des vapeurs et les températures, dans ses re- marquables expériences. J'ai été chargé de vérifier cette inversion par la Commis- sion de physique de l’Association scientifique. L'appareil, construit par M. Golaz, a été installé dans une des salles de l'Observatoire. Je veux, dans mes remerciements, joindre à M. Le Verrier MM. Regnault et Hirn, qui ont bien voulu m’é- clairer de leurs précieux conseils. Les premières recherches sont simplement qualitatives: ce sont celles que j'ai l'honneur de commaniquer à l’Acadé- mie. Avant de déterminer la température d’inversion, j’ai dû en constater l’existence. La partie principale de l'appareil consiste en un cylindre de cuivre de 60 centimètres de longueur sur 12 centimètres de diamètre, portant à ses extrémités des glaces parallèles, et disposé dans un bain d’huile. Après avoir chauffé à une tem- pérature donnée, on fait le vide et on introduit graduelle- ment le liquide. On est averti du moment où la saturation est atteinte par un léger dépôt de rosée qui se fait sur les glaces. On établit alors la communication avec un réservoir froid, contenant de l’air à une pression connue, inférieure à celle de la vapeur, et on observe en même temps ce qui se passe dans le cylindre. L'eau et l’éther se sont comportés comme dans les expé- riences de M. Hirn, la vapeur du dernier liquide ne se con- densant jamais par la détente, tandis que celle du premier se condense toujours. Lorsque la différence de pression est supérieure à celle de 0,5 de mercure, le brouillard formé rend l’intérieur du cylindre complétement opaque ; lors- qu'elle est plus faible, on observe souvent une auréole au- tour d’une flamme vue à travers la vapeur. Avec le chloroforme, l’inversion a lieu lorsqu'on fait croître la pression du réservoir. A partir d’une certaine pression on PHYSIQUE. 343 n'obtient plus de condensation, lors même qu’on augmente considérablement l’excès de pression de la vapeur. On peut se faire une idée des expériences d’après le tableau suivant. où les pressions sont mesurées approximativement par des colonnes de mercure : Pression Excès ] Température dans le de pression de la Effet observé. réservoir à air. dela vapeur. vapeur. 0.75 0.90 85 Condensation. 0,75 1,09 89 Id. 0,75 1,62 99 Id. 1.47 0.92 99 Id. 1,47 2,18 117 Id. 1,84 2,01 119 Id. 2,25 2,52 129 Id. 3,27 1,43 125 Pas de condensation. 3,90 1,10 127 Id. 3,94 2,50 145 Id. 4,01 2,64 145 Id. On voit que la vapeur saturée à 125 degrés, se détendant avec un excès de pression de 41",43, ne se condense pas, mais que la vapeur à 129 degrés se condense avec un excès de pression de 2,52. On conçoit en effet que cette dernière, atleignant, pendant la détente la température d’inversion, au moment où elle a une pression égale à la tension maxima qui correspond à cette température, se comporte dès ce mo- ment comme une vapeur qui part d’une température infé- rieure à celle de l’inversion; aussi, dans ce cas, le brouillard n’est-il visible qu’à la fin de la détente. M. PERROT. EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS SUR L'ÉLECTRICITÉ. (Comptes rendus de l Acad. des Sciences, 26 février 1866.) D’après la théorie admise, les molécules de la matière électrique sont douées d’une force répulsive en vertu de la- 344 BULLETIN SCIENTIFIQUE. quelle elles tendent à se fuir et à se répandre dans l’espace. Elles se portent en totalité vers la surface des corps, et n’y sont retenues que par la pression de l'air, contre lequel, à leur tour, elles exercent une pression proportionnelle, en chaque point, au carré de leur nombre. Lorsque cette der- nière pression est devenue supérieure à la première, la ma- tière électrique s'échappe dans l’air en un torrent invisible, ou sous forme d’un trait lumineux que l’on désigne sous le nom d’étincelle électrique. (Extrait de l'instruction de 1823 sur les paratonnerres.) À la pointe d’un cône électrisé, la pression du fluide élec- trique deviendrait infinie si l'électricité pouvait s’y accumu- ler. (Poisson, Mémoire sur l Électricité, p. 6.) Il suit de là, ce me semble, que si la répulsion théorique existe, il doit être impossible, dans l’air atmosphérique, de s’opposer à l'émission de l'électricité à la pointe d’un cône électrisé, à moins d’expérimenter dans de l'air comprimé à une infinité d’atmosphères. Mais on connaît aujourd’hui plusieurs dispositions dans lesquelles une pointe électrisée ne perd pas son électricité, quoique communiquant librement avec l'atmosphère. La pression électrique y est donc très-faible au lieu d’être infi- nie. La répulsion électrique n’existe donc pas. La théorie ne considère que des cônes mathématiques que nous ne pouvons réaliser dans les arts. Il m’a semblé inté- ressant et facile d’évaluer, en pressions atmosphériques, la pression théorique à la pointe d’un cône tel que le donne l'industrie, chargé de plus ou moins d'électricité. Cette évaluation et ses conséquences mettront de nouveau en évidence, je le crois, l'impossibilité de la répulsion élec- trique admise. Au conducteur d’une machine électrique, munie d’un électroscope très-sensible, j'ai fixé une tige pointue dirigée dans l’air. Après avoir électrisé ce conducteur, J'ai attendu que l'aiguille de l’électroscope, devenue stationnaire, indi- PHYSIQUE. 349 quât que la pression électrique à la pointe était réduite à équilibrer la pression atmosphérique; présentant alors une sphère métallique au conducteur, j’en ai tiré une étincelle d’un demi-millimètre de longueur environ. J'ai conclu de ces faits, logiquement je le pense, que si, à l’aide d’un artifice non prévu par la théorie, j'empéchais cette électricité de fuir, je réaliserais la condition indiquée par Poisson, et forcerais l’électricité à s’accumuler à la pointe; alors la longueur de l’étincelle tirée du conducteur, expri- mée en demi-millimètres, me donnerait le nombre d’atmos- phères équivalant à la pression exercée sur l’air par le fluide électrique accumulé à cette pointe. Parmi ces artifices, j’ai dû choisir celui qui me paraît à l'abri des objections spécieuses. Il est connu depuis plus de trente ans, et consiste à placer la tige pointue au milieu d’un tube de verre sec qui dépasse un peu cette pointe. Ce tube ouvert, de 2 à 3 centimètres de diamètre inté- rieur, étant fixé sur la tige pointue, j'ai pu électriser une petite machine, jusqu’à tirer du conducteur les étincelles de 100 millimètres au moins de longueur, la pointe ne laissant pas échapper, d’une manière notable, l'électricité accumulée dont elle était chargée. La pression exercée sur l’air par l’é- lectricité accumulée à la pointe devait donc s’élever à 200 atmosphères environ. Mais ce n’est pas tout : chacune des pointes collectrices aiguës de mon conducteur avait à peu près la même charge, et cependant aucune n’émettait d'électricité sensible. Bien plus, lorsque du conducteur d’une puissante machine électrique on tire des étincelles de 500 millimètres de lon- gueur, le fluide électrique accumulé aux pointes collectrices exerce donc sur l'air ambiant à une atmosphère, et sans vaincre sa résistance, une pression de 1000 atmosphères | Ces résultats prouvent surabondamment, suivant moi, la non-existence de la répulsion électro-statique. En effet, l’ac- tion paralysante d’un tube dont l'ouverture offre une issue ARCHIVES, t. XXV. — Avril 1866. 24 346 BULLETIN SCIENTIFIQUE. libre au jet de fluide supposé si fortement pressé à la pointe par la force répulsive, ne suffit-elle pas pour démontrer que cette force n’existe pas ? Cependant, le tube dépasse un peu la pointe: on peut donc imaginer pour le besoin de la cause une nouvelle force répulsive non prévue par Poisson, dont seraient doués les bords du tube, et qui, agissant obliquement sur la pointe, contre-balancerait la force répulsive du fluide accumulé sur cette dernière. C’est à peu près ce qui a été proposé pour expliquer l’action paralysante connue depuis longtemps d’une cloche de verre sur une pointe électrisée qu’elle recouvre. Mais cette explication ingénieuse me semble en opposition avec la théorie. « Dans les endroits où la pression vient à « surpasser la résistance que l’air lui oppose, l’air cède, ou, « Si l’on veut, le vase crève et le fluide s’écoule comme par « une ouverture. » (Poisson, Mémoire cité, p. 6). Or, l'air qui entoure la pointe est à une atmosphère seulement et communique avec l'air extérieur; comment donc ce vase d’air n'est-il pas crevé par la pression de 200 atmosphères à la pointe ? C’est pour démontrer combien est inadmissible cette ex- plication basée sur l’admission d’une nouvelle force répul- sive des parois opposées à la pointe électrisée, que j’ai eu l'honneur de soumettre à l’Académie l’expérience qui montre qu’il suffit d’armer cette pointe d’un disque non conducteur qu’elle dépasse un peu, pour annuler presque entièrement sa puissance émissive. Ici, aucun objet n’est placé devant la pointe; le disque est derrière. Il faudrait donc douer ce disque, non plus d’une force répulsive, mais au contraire d’une puissance attractive équivalente à plusieurs centaines d’atmosphères, pour annuler la force émissive de la pointe! Cela n’est-il pas inadmissible ? En rappelant cette expérience, je me trouve à regret forcé de répondre à la critique erronée qu'a adressée à l’A- PHYSIQUE. 347 cadémie (Comptes rendus, 20 février de l’année dernière) un professeur de physique d'Anvers, M. Montigny. Suivant ce physicien, mon expérience n'infirmerait aucunement les con- séquences de la théorie de l’illustre mathématicien Poisson. D'après M. Montigny, mon disque non conducteur, qui enserre le cône près de la pointe, met un obstacle à la com- munication entre la couche élertrique répandue sur la sur- face du cône et celle accumulée à la pointe, communication que la théorie mathématique, dit ce savant, suppose absolu- ment libre. Une seule observation suffit pour faire tomber la critique du savant belge; c’est que, d’après la théorie qu'il invoque, la couche électrique n’existe pas au dehors de la surface du cône, comme il l’affirme, mais à son intérieur ; mon disque, étant extérieur au cône, ne peut donc interrompre la libre circulation des diverses parties de cette couche qui se meu- vent à l’intérieur du cône, et mon objection subsiste dans toute sa force. Par déférence pour M. Montigny, j'ai laissé écouler toute une année pour lui donner le temps de rectifier lui-même son erreur. Mais aujourd’hui je suis forcé de faire remarquer que : 1° Poisson a écrit précisément le contraire de ce que lui fait dire M. Montigny. « Cette couche est terminée exté- « rieurement par la surface même du corps, et à l’intérieur « par une surface très-peu différente de la première. » (Poisson, Mémoire cité, p. 3.) 2° On ne trouve l'erreur de M. Montigny dans aucun Traité de physique. 3° Il faudrait, dans l'hypothèse de M. Montigny, qu’au lieu de se mouvoir dans le cône métallique conducteur, l'électricité se transmit dans l'air non conducteur. 4° Et enfin, si le collet non con- ducteur en caoutchouc, de 2 millimètres de longueur, que forme mon disque, pris de la pointe du cône électrisé, suffit pour ermpécher la transmission de l’électricité dans ces cônes, comme le prétend M. Montigny, comment donc nos télégra- phes électriques, dont les fils sont recouverts de caoutchouc 348 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ou de gutta-percha, non pas sur 2 millimètres de longueur, mais sur un bon nombre de lieues. transmettent-ils les dé- pêches ? Comment encore nos électroscopes, dont les tiges sont enduites de gomme-laque, sont-ils si sensibles ? En terminant, je crois devoir rappeler que les phénomènes que j’ai signalés comme si opposés à l'hypothèse de la ré- pulsion me paraissent au contraire s’expliquer de la manière la plus simple, ainsi que les autres phénomènes électro-sta- tiques, en n’admettant qu’une seule force : l'attraction mu- tuelle des corps électrisés différemment. CHIMIE. MM. V. DE LuINES ET G. ESPÉRANDIEU. SUR LA PRÉPARATION ET QUELQUES PROPRIÉTÉS DE L’ACIDE PYROGALLIQUE. Brochure in-4°. Paris, 8 septembre 1865. L’acide pyrogallique, étudié d’abord par Berzélius, puis par MM. Pelouze, Regnault, Liebig, a reçu de nombreuses et utiles applications. Son emploi dans les laboratoires pour l'analyse de l’air, le rôle qu’il joue dans le développement des épreuves photographiques, enfin l’usage qu’on en fait dans la teinture des cheveux, justifient suffisamment la place importante qu'il occupe parmi les produits chimiques. D’après M. Pelouze, l'acide gallique, chauffé au bain d’huile vers 210 degrés dans une cornue, se dédouble complétement en acide carbonique et en acide pyrogallique : C4 HS 01° _ 9 CO? = C'2 H° 0e) il ne reste rien dans la cornue, ou du moins qu’un résidu à peine pondérable. D’après cette équation, 100 parties d’acide gallique sec doivent donner 74,1 d'acide pyrogallique. Or, les procédés actuellement en usage ne donnent guère en acide pyro- gallique que 25 pour 100 du poids de l’acide gallique em- MINÉRALOGIE, GÉOLOGIE. 349 ployé. On est donc bien loin du rendement théorique. C’est à la recherche d’un procédé de fabrication, qui donnât des résultats plus conformes à la théorie, que MM. de Luines et Espérandieu ont consacré leur temps, en mettant à profit les facilités que leur offrait le laboratoire de recherches et de perfectionnements de la faculté des sciences de Paris. Après de nombreux essais, ces jeunes chimistes se sont ar- rêtés au procédé suivant dont les résultats ont dépassé leurs espérances. On introduit dans une chaudière en bronze de l'acide gallique avec deux ou trois fois son poids d’eau. On élève la température de 200 à 210 degrés, on la maintient pendant une demi-heure environ, et on laisse refroidir. L'opération dure une heure et demie ou deux heures. On ouvre la chau- dière qui renferme une solution à peine colorée d’acide pyro- gallique, on fait bouillir avec un peu de noir animal, on filtre et on évapore à feu nu de manière à chasser l’eau. Par le refroidissement, l’äcide pyrogallique cristallise sous la forme d’une masse dure, légèrement ambrée et quelquefois rose. Pour l'avoir tout à fait blanc, il suffit de le distiller dans le vide. Le rendement est égal au rendement théorique, quel- quefois un peu plus fort à cause d’une petite quantité d’eau que retient l’acide pyrogallique. La chaudière dont on s’est servi a la forme d'une mar- mite de Papin, et on a employé comme joints des disques de carton pour maintenir l’adhérence du couvercle à la chau- dière. L’acide carbonique passe à travers ces joints, tandis que la vapeur d’eau est retenue. C. N. MINÉRALOGIE. GÉOLOGIE. M. Louis PiLLET. DESCRIPTION GÉOLOGIQUE DES ENVIRONS DE CHaMBÉRY ; broch. in-8°, 1865. M. Pillet vient d’ajouter une nouvelle étude à celles qu'il 390 BULLETIN SCIENTIFIQUE. avait déjà faites en Savoie’. Il s’occupe spécialement des en- virons de Chambéry, ville heureusement située au point de vue de la géologie à la jonction du Jura et des Alpes. Tout près d'elle le mont du Chat présente les formes régulières et le développement normal des terrains du Jura, tandis que de l’autre côté, et à la porte de la ville, les Alpes commencent avec des terrains dont la constitution n’est plus la même que celle qu’ils ont dans la chaîne précédente, et le sol est traversé par des dislocations énormes. Le terrain oxfordien est le seul terrain jurassique aux environs de Chambérv, il n’a pas moins de 600 mètres de puissance, et la dislocation du Nivolet est telle que, si cette chaîne ne $s’était pas affaissée, elle atteindrait 2965 mètres au lieu de 1546 mètres, qui est sa hauteur actuelle. Dans cette montagne, la succession des terrains est la sui- vante, en commençant par les couches inférieures : 1° Marnes et calcaires compactes à Ammonites oculatus. A la base de cet étage on voit un calcaire blanc alternant avec des marnes. Au-dessus les calcaires sont gris et terreux. Ces deux divisions ont environ 100 mètres de puissance. M. Pillet les nomme Argovien inférieur, el il les regarde comme étant l'équivalent du Jura blanc bêta de Quenstedt. Les fossiles sont les suivants: Belemnites hastatus BL. plusieurs variétés de VA. plicatilis d’Orb., A. oculatus d'Orb.. À. flexuosus, À. Jason. Terebratule lacunosa. 2 Calcaire à scyphia et cidaris glandiferus. Cette assise, qui a 5 mètres dans le Jura, présente 250 mètres de dévelop- pement vertical dans les Alpes voisines de Chambéry. Elle est formée d’un calcaire blanc presque lithographique alter- nant avec des marnes et renfermant les fossiles suivants : B. hastatus BL, B. Sauvanausus d'Orb., B. Didayanus d’Orb., Aptychus lamellosus, Terebratula diphya de Buch, Cidaris coronatus, C. glandiferus, Pentcrinites subteres, etc., etc. ! Archives, 1858, t. 1, p. 82; 1865, t. XXII, p. 227. MINÉRALOGIE, GÉOLOGIE. 391 Cette couche est l'horizon du Jura blanc gamma et delta de M. Quenstedt, le calcaire à scyphia de M. Mousson. M. Pillet la nomme Argovien supérieur. 3° Marnes à ciment. Marnes argileuses, friables terreuses, propres à la fabrication du ciment romain. Quelquefois à la jonction de l'étage précédente et de celui-ci on voit une couche de dolomie d’un blanc jaunâtre de 5 à 6 mètres d’é- paisseur. Ailleurs on reconnait des banes de lumachelle ; les fossiles de ces derniers appartiennent au calcaire à scyphia et les marnes renferment des natices, des Plewrotomaires, des Ammonites plicatilis & Orb..A. tortisulcatus, Ostrea dilatata, etc. Cette couche, associée à la suivante, présente dans le Jura, près de Chanaz, une épaisseur de 50 à 100 mètres, tandis que dans la chaîne du Nivolet elle a 600 mètres. &° Calcaires hydrauliques , argileux d’un gris cendré, SOu- vent friables, en couches minces coupées de marnes. Les fossiles sont les suivants : Ammonites plicatilis d'Orb., A. torti- suleatus d'Orb., Pecten subarmatus, Munst., Ostrea nana? Morris. Ces couches correspondent aux couches argoviennes c’_et b. de la description du Jura neuchâtelois par MM. Desor et Gressly. M. Pillet les nomme oxfordiennes, en faisant comprendre qu’elles sont supérieures à l'oxford-clay des Anglais. Sur les couches que nous venons d'indiquer reposent di- rectement les terrains quaternaires. M. Pillet ne les décrit pas, il se borne à donner une liste des insectes fossiles qui y ont.été recueillis et qui ont été déterminés par M. Heer. Quoique ces animaux aient vécu à une époque antérieure à celle de l’ancienne extension des glaciers, ils appartiennent à des espèces vivantes; rien n’indique dans le bassin de Chambéry qu’il y ait eu deux époques glaciaires. On lit avec intérêt les conclusions de M. Pillet dans les- quelles il cherche à expliquer la grande puissance des ter- rains oxfordiens alpins, en voulant démontrer qu'ils pro- viennent de terrains plus anciens profondément ravinés par 392 BULLETIN SCIENTIFIQUE. les eaux fournissant en abondance des détritus et des maté- riaux qui se sont déposés à la lisière des Alpes. Ant. MANGANOTTI. SUL TERRENO. SUR LE TERRAIN D'ALLUVION DE LA PROVINCE DE VÉRONE, SUR LES COLLINES ALLUVIALES QUI ENTOURENT LE LAC DE GARDE ET SUR LA FORMATION DE cE LAC. Vérone, 1865. La partie du territoire de Vérone qui, depuis le pied des montagnes placées au nord, s’étend entre le cours actuel de l’Adige et le lac de Garde, s'élève en une espèce de plateau formé par un terrain d’alluvion, composé de cailloux roulés et parfois de blocs. Ces derniers atteignent la grandeur d’un demi-mètre cube, et leurs arêtes et leurs angles sont arron- dis; ils ont donc été roulés par des eaux courantes. Ces grands cailloux et blocs appartiennent aux granits, aux porphyres, aux schistes micacés, etc. des Alpes du bassin hydrogra- phique de l’Adige. La formation de cette alluvion, par sa grandeur et par la différence du niveau actuel de l’Adige, ne peut pas être attri- buée aux causes actuelles, mais doit être regardée comme appartenant aux alluvions anciennes ; toutefois, l’identité des matériaux charriés même aujourd’hui par l’Adige, amène à conclure qu’elle doit son origine à des causes de même ordre que les causes actuelles, mais d’une puissance plus grande, c’est-à-dire à une énorme masse d’eau qui descen- dait autrefois par la vallée de l’Adige. Cette vallée, par un examen attentif des montagnes environnantes, doit être rap- portée aux vallées de soulèvement, et, en conséquence, être contemporaine du grand exhaussement des Alpes centrales. Tout le plateau alluvial dont nous parlons est parsemé de collines de même nature. La position de ces dernières, par rapport aux collines calcaires du voisinage, fait croire à l’au- teur qu’on doit les regarder comme des accumulations for- mées sous l’action des eaux. Il n’admet point l’opinion de MINÉRALOGIE. GÉOLOGIE. 399 M. de Mortillet, qui regarde ces collines comme des moraines d’un grand glacier qui serait descendu anciennement par la vallée de l’Adige jusqu’au-dessous de Roveredo, et qui, tour- nant tout à coup à l’ouest, aurait franchi le défilé placé entre Mori et Nago, et aurait creusé le bassin du lac de Garde. A la suite d’observations minutieuses et multipliées, lau- teur explique par l’action des eaux alluviales les phénomènes que M. de Mortillet regarde comme des phénomènes gla- claires, et résume ses idées de la manière suivante : 1° La vallée de l’Adige, par laquelle descendaient les eaux d'une partie du versant méridional des Alpes, est une vallée de soulèvement, contemporaine de l'exhaussement de la chaîne centrale. Les eaux ont charrié les cailloux et les blocs roulés qui couvrent le plateau entre l’Adige et le lac de Garde; elles ont formé un lac dont les eaux débordaient sur le plateau de Rivoli, entre les collines de sédiment calcaire qui y existent. 2° A une certaine époque, la digue de ce lac s’est affaissée du côté du sud, là où s’ouvre la gorge actuelle de la Chiusa, et alors les eaux ont formé le lit du fleuve actuel. 3° Les phénomènes glaciaires qui ont eu lieu dans cette région se sont bornés à transporter les vrais blocs erratiques. L’accumulation des grands blocs tout près du village de Mori, appelée gli Slavini di Marco, n’est pas le produit d’un trans- port glaciaire, comme le suppose M. de Mortillet, mais elle est due au glissement des couches de la montagne, comme le montre la nature minéralogique des blocs. &° La gorge qui s’ouvre entre les villages de Mori et de Nago ne présente aucune trace du passage d’un glacier ; d’ailleurs, il aurait été plus difficile pour un glacier de passer dans cet endroit que de cheminer directement de Mori à la gorge actuelle de la Chiusa. 5° Le creusement du bassin du lac de Garde ne peut être regardé comme provenant de l’affouillement d’un glacier. 6° Les collines composées par les matériaux stratifiés de 391 BULLETIN SCIENTIFIQUE. l’alluvion ancienne ne présentent pas les caractères de mo- raines. Elles doivent être considérées comme ayant été for- mées par les eaux qui ont déposé le plateau alluvial à l’extré- mité duquel la ville de Vérone est bâtie. MM. Briarr et CORNET. SUR LA DÉCOUVERTE FAITE DANS LE HAINAUT D'UN CALCAIRE GROSSIER AVEC FAUNE TERTIAIRE EN DESSOUS DES SABLES LANDÉNIENS. — (Académie Royale de Bel- gique. Classe des sciences, 4 novembre 1865.) On sait que la partie inférieure du terrain tertiaire de Bel- gique se compose de divers systèmes de couches. En com- mençant par le haut, ce sont les suivants: Système Laekénien; système Bruxellien qui est l’équivalent du calcaire grossier de Paris; système Panisélien; système Yprésien; système Landénien qui correspond à la glauconie inférieure et aux sables de Bracheux du bassin de la Seine. Le système Heersien qui vient au-dessous est assez mal connu, on a hésité à le classer dans le terrain tertiaire ou dans la formation crétacée et finalement il a été rangé dans cette dernière. Cet ensemble de couches repose sur les terrains crétacés de Mæstricht et de Ciply. MM. Briart et Cornet viennent d’étudier près de Mons une nouvelle couche qui jusqu'ici n’était pas connue et qui a été l’objet d’un rapport de M. Dewalque. Ce savant fait remar- quer qu'elle est située au-dessous du système Landénien et au-dessus de la craie. Elle est différente de celle qui constitue le système Heersien ; mais le fait curieux et très- digne d'attirer l'attention, se déduit de l’étude des nom- breux fossiles renfermés dans cette couche. Ceux-ci appar- tiennent non plus au système Landénien, mais au calcaire grossier ou système Bruxellien, quoiqu'ils soient séparés de cet étage par la série des systèmes Landénien, Yprésien et Panisélien. Les espèces fossiles sont au nombre de 160 et ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 399 une grande partieparaissent nouvelles. Les vingt-deux espèces qui ont été déterminées avec soin ont toutes pour gisement connu des couches supérieures aux sables de Bracheux: « Si « ce fait est exact, dit M. Dewalque, je crois pouvoir dire qu'il « fera sensation, non point parce que l'espoir de découvrir une assise de transition n’est pas réalisé, mais parce que « les idées courantes sur apparition et la disparition des es- « pèces ne s'accordent guère avec lui. Il me paraît aussi sur- « prenant que les colonies de précurseurs que M. Barrande « a signalées en Bohême depuis un certain nombre d’années « et que celle de retardataires sur laquelle M. Leymerie a « plus récemment appelé l'attention dans les Pyrénées.» A la suite de ce rapport, M. Omalius d’Halloy a présenté d’inté- ressantes considérations sur la succession des animaux à la surface du globe. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. Dr AÏb. Baur. BEITRÆGE, etc. CONTRIBUTIONS A L’HISTOIRE NATURELLE DE LA SYNAPTE DIGITÉE ; trois mémoires. (Nova Acta Acad. Cæsar. Leopold. Carolinæ Natur. Curios., XXXI, 1864.) Les trois importants mémoires de M. Baur concernent, le premier, l'anatomie de la Synapte digitée ; le second, le déve- loppement de cet échinoderme:; le troisième, l’étude des cé- lèbres boyaux molluscigères, découverts par Johannes Müller dans la cavité du corps des Synaptes. L'anatomie des Synaptes, étudiée déjà par tant d’habiles sayants, est une recherche délicate pour bien des raisons, et déjà par suite de la singulière habitude qu'ont ces animaux de se déchirer spontanément en fragments dès qu'ils se sen- tent saisis. Aussi régnait-il de l’incertitude même sur la forme de l'extrémité postérieure de ces holothuries. M. Baur a pêché dans l’Adriatique de très-jeunes Synaptes, et comme à cet 306 BULLETIN SCIENTIFIQUE. âge ces animaux sont dépourvus de la faculté de se briser, il a pu s'assurer exactement de leurs formes. Nous relèverons seulement les faits anatomiques les plus saillants. Le squelette proprement dit est réduit, comme on le sait, de même que chez les autres holothuries, à un anneau calcaire péribuccal. Dans cet anneau, l’auteur distingue des pièces radiaires et des pièces inter-radiaires ; il distingue, en outre, des pièces dorsales et des pièces ventrales. On peut, en effet, distinguer, chez les Synaptes comme chez les autres holothuries, un dos et un ventre. Le dos est tourné vers le haut pendant la vie: il est reconnaissable extérieurement à une pigmentation plus abondante et intérieurement à l’inser- tion du mésentère. Au dos appartiennent, comme chez les holothuries rampantes, deux radiums et trois inter-radiums ; au ventre trois radiums et deux inter-radiums. Les Synaptes, présentent donc, elles aussi, une combinaison de la symétrie bilatérale et de la symétrie radiaire. Relativement à la valeur morphologique de cet anneau cal- caire, deux opinions sont en présence : d’après les uns, sa- voir : Cuvier, Tiedemann et Meckel, il serait l’homologue de l'enveloppe dure des oursins; d’après les autres, comme Bohadsch et Joh. Müller, il serait comparable à la lanterne d’Aristote. M. Baur montre par des raisons concluantes, tirées surtout des rapports de l’anneau calcaire et du système ner- veux, que cette seconde opinion est mal fondée, et que la pre- mière, savoir : que l’anneau appartient au périsome, est seule juste. Il est strictement comparable à la partie du périsome des oursins qui entoure la bouche et qui porte les auricules. Le reste du périsome des Synaptes est mou, ou ne renferme du moins, en fait de pièces dures, que les ancres si caracté- ristiques de ces animaux. Celles-ci sont logées dans la couche la plus externe du corium et recouvertes par l’épiderme. M. de Quatrefages a décrit des orifices aquifères qui met- traient en communication la cavité du corps avec l'extérieur. M. Baur en nie l’existence. Quant aux organes ciliés en forme ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PATÉONTOLOGIE. 397 de pantoufles, il leur attribue la fonction d’entretenir le li- quide périviscéral en circulation constante et de favoriser par suite l’échange des gaz. Il existe tout le long de l’intestin deux vaisseaux sanguins connus depuis longtemps, l’un dorsal, suivant l'insertion du mésentère, l’autre ventral. D’après M. Baur, ces deux vais- seaux diminuent graduellement de calibre à chaque extrémité et finissent en cul-de-sac. Leur paroi est animée pendant la vie de contractions ondulatoires. Tout le système circulatoire se bornant à ces deux vaisseaux non ramifiés et indépendants Pun de l’autre, il n’existe pas, à proprement parler, de système vasculaire. Le système aquifère est restreint, suivant M. Baur, au ca- nal circulaire avec son canal pétreux et sa vésicule de Poli, et aux boyaux qui pénètrent dans les tentacules. [1 n’existe donc aucune partie du système aquifère dans le tronc. Les canaux aquifères longitudinaux, décrits par M. Quatrefages, parais- sent appartenir au système nerveux. En effet, ce dernier, dont l'existence avait été révoquée en doute par des autorités aussi compétentes que M. de Quatrefages et Joh. Müller, n’en paraît pas moins exister sous la forme d’un système de fila- ments longitudinaux, réunis les uns aux autres par un cor- don circulaire péribuccal. Ce système nerveux esf, ilest vrai, bien étrange au point de vue histiologique. Son ensemble représente en effet un simple tube ramifié, s’atténuant aux extrémités des branches, et dépourvu de cellules et de fibres nerveuses. 1 n’envoie aucun rameau dans les muscles, si bien que son action sur ceux-ci ne saurait avoir lieu qu'à distance. En face d’anomalies aussi singulières, on est en droit de se demander, si M. Baur a bien eu sous les yeux un appareil nerveux. Un fait cependant semble très-favorable à l'interprétation de ce savant, c’est la connexion immédiate de chacun des cinq nerfs radiaires avec une paire d’organes au- ditifs incontestables, mais restés inaperçus jusqu'ici. Le second mémoire de M. Baur, concernant le développe- 398 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ment des Synaptes, montre avec évidence que l’auriculaire à roues calcaires, supposée par Joh. Müller l’état larvaire d’une Chirodote, est le jeune âge de la Synapte digitée, Nous ne nous étendrons pas sur cette découverte importante dont nous avons déjà été dans le cas de faire mention !. Dans le troisième mémoire, consacré à l’étude des boyaux molluscigères, l’auteur examine longuement chacune des hypothèses faites par Müller sur ces corps singuliers, il rejette l’idée d’une génération alternante dans laquelle l’un des ter- mes du cycle serait un échinoderme et l’autre un mollusque. Il se prononce, au contraire, en faveur du parasitisme, opi- nion vers laquelle Müller inclinait du reste fortement à la fin de sa vie. Mais, le parasitisme admis, on peut encore discu- ter longuement sur la valeur morphologique du boyau ren- fermant les pelits mollusques à coquille hélicoïdale, auxquels Müller a donné le nom d’Entoconcha mirabilis. On se sou- vient que ce boyau cylindrique flotte librement dans la ca- vité du corps de la Synapte qui l’héberge, n'étant fixé que par lune de ses extrémités à une place à peu près constante de l’un des vaisseaux de l’échinoderme. Selon M. Baur, ce boyau qui ne renferme guère en fait d’organes qu’un ovaire, un testicule et une espèce de tube aveugle que Müller désignait sous le nom de « tube invaginé de couleur verte, » ce boyau, disons-nous, représenterait un mollusque tout entier, modi- fié, il est vrai, par les conditions de parasitisme au point de devenir méconnaissable. Ce mollusque tubulaire aurait ce- pendant conservé un canal intestinal, car telle est la sigmi- fication que M. Baur attribue au tube aveugle vert dont nous parlions tout à l'heure. Ce tube occupe la partie antérieure du boyau et s’ouvre à l'extérieur par l’extrémité du boyau adhérente au vaisseau sanguin. Dès lors la nourriture, €’est- à-dire le sang de la synapte, coule continuellement et d’elle- même dans l’orifice buccal et le tube digestif du parasite. Quant à la position de ce singulier animal dans le système, ‘ Voyez Archives, 1863, t. XVIL, p. 153. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 359 elle peut naturellement suggérer bien des hypothèses. Nous avons évidemment affaire à un être de la classe des mollus- ques et même un Gastéropode, mais un Gastéropode dépour- vu de pied, de coquille et de branchie, et dont la structure interne est extraordinairement simplifiée. Cependant l’her- maphrodisme de cet animal et la forme de sa larve conduisent M. Baur à le placer parmi les Apneustes, c’est-à-dire parmi les Nudibranches de Cuvier. Cet être singulier est dépourvu: ilest vrai, de glande hermaphrodite, car son ovaire et son testicule sont complétement séparés l’un de l’autre. Toutefois cette disposition exceptionnelle n’est peut-être pas unique en son genre, Car il paraît exister quelque chose d’analogue chez les Actéons. En revanche, l'absence complète de con- duits excréteurs à l’appareil de la génération, le remplace- ment physiologique de ces conduits par la cavité générale du corps devenue tubulaire, l'absence complète d’organes copulateurs, absence liée évidemment à la fécondation de l'animal par lui-même, enfin la position de l’orifice généra- teur à l’extrémité du corps opposée à la bouche, tout cela sont des caractères anormaux chez les Apneustes. La larve se différencie aussi à certains égards des larves d’Apneustes. D'abord elle est privée de velum proprement dit, cet organe n'étant représenté que par un bourrelet cutané sémilunaire, hérissé de soies roides. Puis elle est dépourvue de muscles rétracteurs. Les autres larves, dont la vie est libre, nafatoire, peuvent, à l’aide du muscle rétracteur, se retirer brusque- ment dans leur coquille et en fermer en même temps l’ou- verture à l’aide de l’opercule. Mais l'Entoconcha, privée de ce muscle, ne peut ouvrir et fermer sa coquille qu'avec une grande lenteur. L'absence du velum et du muscle rétracteur montre que la larve, après avoir quitté sa mère et la synapte, doit mener une vie rampante. C’est le premier exemple d’une larve rampante parmi les Gastéropodes marins. L’Entoconcha possède un organe larvaire unique en son genre, c’est un lobe vésiculeux susceptible de saillir au- 300 BULLETIN SCIENTIFIQUE. dessous de la bouche. L’auteur suppose que cet organe peut fonctionner comme un appareil de succion permettant à l'animal de se fixer à des corps étrangers. M. Baur propose de réserver le nom d’Entoconcha pour la larve à laquelle seule il est approprié et de créer pour l'adulte parasite de la synapte un nom nouveau, celui de Helicosyrinx parasita. Eugène HESSE. SUR UN MOYEN REMARQUABLE A L'AIDE DUQUEL CERTAINES ESPÈCES DE CRUSTACÉS PARASITES ASSURENT LEUR CONSERVATION. (Mém. des Savants étrangers de l’Acad. des Sc. de Paris. — Annals and Mag. of Nat. History, XIV, p. 271.) M. Hesse attire l'attention sur une disposition singulière propre à assurer la conservation de l'espèce chez certains crustacés parasites, tels que les Trébies, les Caliges, les Pan- dores et les Chondracanthes. Tous les Cacinologistes savent que ces singuliers animaux qui, au sortir de l’œuf, sont munis de puissants instruments de natation, en sortent, au contraire, à peu près ou même complétement dépourvus à l’état adulte. On sait aussi que, dans cette dernière phase, les yeux disparaissent, tantôt chez les mâles, tantôt chez les femelles, si bien que ces êtres dés- hérités deviennent obligatoirement immobiles et sont obligés de suivre en tout et partout la fortune des poissons auxquels ils adhèrent. M. Hesse a remarqué fréquemment que certains crustacés femelles, appartenant aux groupes que nous venons d’énu- mérer, sont unis à de jeunes crustacés de la même espèce par une espèce de cordon que l’auteur désigne sous le nom de cordon frontal. Ce cordon ne remplit point la fonction nutritive d’un cordon ombilical. C’est un simple lien fixé par une de ses extrémités au bord frontal du jeune crustacé et par l’autre au corps de la mère : il est assez long et flexible ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 361 pour permettre au jeune crustacé de se mouvoir, dans une certaine mesure, indépendamment de sa mère, sans troubler les mouvements de celle-ci et de s'appliquer lui-même au poisson sur lequel ils vivent en commun. M. Hesse suppose que cette singulière disposition doit jouer un rôle dans la conservation de l’espèce. Si l’on suppose que le jeune crustacé soit un mâle et que la femelle, saisissant une occasion favorable , passe, avec le jeune individu qui lui est amarré, sur le corps d’un autre poisson, on voit de suite les conséquences d’une telle migration, présentant tous les éléments nécessaires pour la fondation d’une nouvelle colo- nie. Cette hypothèse semble coroborée par la découverte faite par l’auteur, sur les branchies d’une merluche, d’une femelle de Chondracanthe à laquelle deux mâles, arrivés à maturité, étaient amarrés par un cordon frontal. Eugène Hesse. MÉMOIRE SUR LES PRANIZES ET LES ANCÉES. (Mémoires des Savants étrangers de l’Acad. des Sc. de Pa- ris. — Annals and Mag. of Nat. History, XIV, p. 405.) Nous avons déjà mentionné précédemment la découverte faite par M. Hesse de la métamorphose des Pranizes en An- cées !, découverte contestée, il est vrai, par M. Spence Bate. Aujourd’hui M. Hesse publie un mémoire étendu qui ne laisse guère de doute sur l'exactitude de ses conclusions. En 1852, cet observateur saisit sur une Trigle une Pranize qu’il conserva vivante dans de l’eau de mer. Après une absence de quelques jours , il retrouva au lieu de la Pranize une An- cée. Au premier abord, il crut avoir été victime d’une mé- prise, mais d’autres observations le conduisirent bientôt à une opinion différente. En effet, le 20 juillet 1853, il saisit sur une Plie franche (Platessa vulgaris) une Pranize qui devint une Ancée le 5 novembre. Le 19 août 1855, trois ! Voyez Archives, 1859, 1. IV, p. 374. ARCHIVES, L. XXV. — Avril 1866. 25 362 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Pranizes furent trouvées sur un Grondin (Trigle) et se mé- tamorphosèrent en Ancées le 1° septembre. Le 10 juin 1857, l’auteur trouva sur le rivage un grand nombre de Pranizes méêlées à des Ancées mâles et femelles. Au bout de peu de jours, toutes les Pranizes avaient subi leurs métamorphoses. si bien qu'il ne restait plus que des Ancées. Nous passons bien d’autres observations analogues. Enfin tous les œufs résultant de la fécondation réciproque des Ancées ont donné naissance à des Pranizes. Parmi tous les crustacés de nos côtes, les Pranizes, c’est-à- dire les Ancées à l’état larvaire, sont les plus remarquables par leur coloration et l'élégance de leurs formes. Ils offrent une ressemblance de facies incontestable avec certains co- léoptères, surtout avec certains carabiques, et cette analogie devient encore plus frappante, lorsqu'ils se sont métamor- phosés en Ancées. En effet, leur thorax, divisé en deux par- ties par une constriction, constitue, dans sa région antérieure, une sorte de corselet. D’immenses mandibules rappellent celles des Manticores ou des Scarites. Enfin, chose remar- quable, les femelles de ces crustacés sont complétement dépourvues de mandibules, rappelant, par conséquent, les femelles des insectes en question, chez lesquelles les mandi- bules sont extrêmement petites comparativement à celles des mâles. La fécondation des Ancées femelles a lieu, d’après les ob- servations de M. Hesse, tandis que ces crustacés sont encore dans la phase de Pranize. Immédiatement après ils se trans- forment en Ancées et la ponte a lieu. Les jeunes individus restent encore attachés pendant quelque temps au thorax de leur mère, puis ils se dispersent. Les femelles sont alors comme vides, presque réduites à leurs téguments et ne tar- dent pas à périr. L’existence des mâles, au contraire, peut être prolongée bien davantage: l’auteur a réussi à en conser- ver deux années en vie. Il a su également conserver pen- dant deux ans des Pranizes avant leur transformation en Ancées. Il est remarquable que les Pranizes parasites de la ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 303 bouche, des branchies ou de la surface du corps des poissons se transforment très-rapidement en Ancées, tandis que celles qu’on capture sur les rivages, mêlées avec des Ancées, ne subissent que rarement cette métamorphose entre les mains de l’observateur. M. Hesse pense que ces crustacés ont besoin d’une nourriture animale pour leur métamorphose et que, par cette raison , les Pranizes s’attachent à des poissons dans le temps qui précède leur passage à l’état d’Ancée. Pendant leur phase de Pranize, nos crustacés ne redou- tent ni la chaleur, ni la lumière, ni la privation d’eau; ils sont très-vifs dans leurs mouvements et nagent très-rapide- ment à l’aide de leurs pieds abdominaux, en décrivant des cercles, à la manière des Caliges en quête d’un poisson au- quel ils puissent se fixer. Les Ancées, à l’état parfait, redou- tent la lumière, ont des habitudes sédentaires et ne marchent qu'avec difficulté : ils ne quittent point le rivage où ils vivent dans des galeries souterraines. Dans l'opinion de l’auteur, les Ancées doivent occuper une place dans le système entre les Cymothoades et les Epi- carides. L Wilh. His. UEBER EIN PERIVASCULÆRES, etc. SUR UN SYSTÈME DE CANAUX PÉRIVASCULAIRES DANS LES ORGANES NERVEUX CEN- TRAUX ET SUR LEURS RAPPORTS AVEC LE SYSTÈME LYMPHATIQUE. (Zeitschs. f. wiss. Zoologie, 1865. Bd. XII.) L'examen de coupes transverses de la moelle épinière, durcies dans l’acide chromique ou dans l’alcool, révèle dans cet organe la présence d’un très-grand nombre de fentes, plus serrées dans la substance grise que dans la substance blanche. Ces fentes sont, comme le montre M. His, l’expression d’un système de canaux susceptible d’être injecté. L’examen des sections enseigne que chacune de ces fentes renferme un vaisseau sanguin libre dans l’intérieur ou accolé à la paroi. Ces canaux peuvent donc à bon droit être désignés sous le nom de canaux où d'espaces périvasculaires. Ts existent en 364 BULLETIN SCIENTIFIQUE. outre dans l’encéphale, ce qui explique comment il est si fa- cile d’arracher du cerveau, à l’aide de la pincette, des arbres vasculaires très-étendus. Les injections poussées par M. His dans les canaux périvasculaires ressortent à la surface de l’en- céphale pour remplir un vaste système de lacunes, placées entre la pie-mère d’une part et la moelle et le cerveau d’autre part. Puis, si l’injection est poussée plus loin, elle va remplir les vaisseaux lymphatiques de la pie-mère. M. His conclut que, soit les canaux périvasculaires, soit les lacunes épicéré- brales, appartiennent au système lymphatique. L'existence de vastes réservoirs lymphatiques, séparant presque entièrement la pie-mère du système nerveux sousjacant, ne doit pas pa- raître trop singulière, si l’on songe à ce fait que, chez les gre- nouilles, la peau est presque entièremeut séparée du corps par des réservoirs lymphatiques, au point que les communi- cations ne soient établies que çà et là, du corps à la peau, par les troncs nerveux et vasculaires. La disposition anato- mique que M. His nous révèle dans son mémoire parait, aux yeux de l’auteur, avoir une grande importance physiologique: elle réduirait à son minimum l'influence mécanique des vais- seaux sur la substance nerveuse. La Iymphe périvasculaire jouerait donc en détail pour chaque partie du système ner- veux central le même rôle que le liquide cérébro-spinal pour les centres nerveux dans leur totalité. Le fait que les vaisseaux des centres nerveux ne sont, pour ainsi dire, pas en continuité de tissu avec la substance ner- veuse, prend de l’importance si l’on se souvient avec M. His que les centres nerveux procèdent, chez l'embryon, du feuillet blastodermique externe. Les vaisseaux des centres nerveux, provenant sans aucun doute du feuillet médian, ces centres nerveux rentrent dans la catégorie des organes mixtes qui, comme les glandes ou les dents, recoivent leurs parties cons- titutives de deux feuillets différents. 309 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE MOIS DE MARS 1866. Le 1”, gelée blanche le matin; minimum + 10,0 ; halo solaire à plusieurs reprises entre 9 heures et 11 heures. 6, dans la soirée, belle lumière zodiacale à travers les éclaircies. 15, balo solaire partiel de 1 h. à 3 h.15 m.; de 4h. 45 m. à 5h. 30 m. on voit les deux parhélies. 16, gelée blanche. 19, de 5 h. 30 m. de l'après-midi jusque tard dans la nuit, le vend a soufflé du sud avec une très-grande violence; il s’est levé peu après que le minimum barométrique a été atteint. 20, faible halo solaire de 11 h. à 3 h. 30 m. ; couronne lunaire toute la soirée. 21, gelée blanche le matin, minimum + 1,0; halo solaire à plusieurs reprises dans la journée, de 6 h. 30 m. à 7 h. 45 m. on voit très-distinctement les deux parhélies. 27, forte gelée blanche. 28, couronne lunaire à plusieurs reprises dans la soirée. 29, forte rosée. Le 1”, 8, 9 et 10 de ce mois la pluie était accompagnée de neige, qui a pris pied, mais pour une couple d'heures seulement ; la hauteur de la couche de neige mesurée pour ces quatre jours était respectivement 12, 10, 13 et 20 millimètres. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. ram mm Le 2 à 8 h. matin... 717,08 Le 3 £2/ h. après-m.. 712,28 So nndi . : Pro 171868 2 8 à 4 bh. après-m.. 713,40 12 à 6 h. matin... 731,80 6 Khan." 1112 16 à 8 h. matin... 716,28 6 bb matin. . 11? S midi 5.4 à. GITE oh 19 à 41/9 h. après-m.. 701,72 23 à 10 h. matin... 727,79 24-à 6 h.soir,.,,.71414 97 à 8 h. matin... 734,29 ArcHives, t. XXV. — Avril 1866. 26 Le dobdr: ln fit AUOMATN AIS Ava ot. M sabre HAN ] î aus à Je anmaeiur nan: 2l ao ousid ôl soma: { À #5 2978 À 8 de (NL “ L * , , saitque stomianiq À pnrtoavotenl 40,21. + Nr 14: ivre ais) laloï auL arret 5 Ale Érms res ptrh sig tlov au, 16 Qc: sd k BE 8 h 90 mu OR É ER l'a Nénitr EC ë gr $ & | è k R SALE EUNENET-U IE à j * Abd EN b SPA + es pair CIE div ‘sl avi Gp nipant bloc fans hs. nt “ra a ? nue mi dat. tanlac Ki jo saploër pan ay Qu + aa LA] Hold " “angry np duo 141) + } pe More lozr ler —1, brouillard toute la journée. 6, brouillard de midi à 6 heures du soir. 8, brouillard depuis 8 heures du matin. 14, brouillard depuis 4 heures du soir. 16, brouillard depuis 4 heures du soir. 17, brouillard toute la journée. 18, brouillard jusqu’à 10 heures du matin. 19, brouillard depuis 2 heures du soir. 20, brouillard depuis 8 heures du soir. 22, brouillard à peu près toute la journée. 23, brouillard jusqu’à 10 heures du matin. 24, brouillard à peu près toute la journée. 25, brouillard de 6 heures du soir à 8 heures. 26, brouillard depuis 8 heures du soir. 27, brouillard depuis 6 heures du soir. 28, id. 29, brouillard jusqu’à 8 heures du matin. 30, brouillard jusqu’ à 10 heures du matin et le soir depuis 8 heures. 31, brouillard j jusqu’ à 6 heures du soir. Le 19 et le 25 la quantité de neige mesurée est probablement trop faible, parce qu’elle tombait par un fort vent qui l’emportait hors du réservoir. Le 4, brouillard depuis 2 heures du soir. J } Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. mr run Le 2 à 10 h. matin... 555,49 Le 3 à 2h. après-m. 551,17 4:10 h.-soir.:.., 558,23 6 à 6h. matin... 550,77 T à 2h. après-m. 553,61 9 à 8h. matin... 549,67 EN 19 e à 10 h, matin... 563,13 °144 à 10 h. matin... 545,98 D S 2 h. après-m. 555,58 19 à 2h. après-m. 545,89 20 à midi. ..: .:: 551,19 21 à 6h. matin... 547,81 23. à 10 h. soir .... 562,29 24 à 8h.soir.... 554,99 26 à 10 h. soir.... 566,76 29 à 4 h. après-m. 564,84 30 à #0 h. soir.... 565,92 SAINT-BERNARD. — MARS 1866. É Baromètre. Température C. Pluie ou neige. Vent | té æ A — - EEE > | Hauteur | Écart avec | Moyenne Écart avec la Hauteur Eau Nombre || dominant mgy. du RÉ O ET E RS RE PR RE Pt | PR nt Rues UN 0 MEL ne Je a Co millim. millim. millim. millim. 0 0 0 0 millim, millim, \ 1.552,83 | — 6,94 | 551,76 | 553,57 | — 8,77 | — 0,32 | —11,1 | — 6,9 20 257 5 SO. + 4 0,78 2 | 954,81 | — 4,96 | 554,47 | 555,49 | — 6,51 | + 1,88 | — 7,7 | — 4,5 60 5,5 9 variable | 0,97 3 ni T4 | — 8,03 | 551,17 | 552,89 | — 4,31 | + 4,01 | — 6,2 | — 1,7 20 4,4 2 SD. 1°" 600 4 | 557,21 | — 2,55 |. 556,21 | 558,23 | — 5,07 | + 3,19 | — 5,7 | — 2,7 | ..... |... Re NC CE ee. 5 | 555,36 | — 4,40 | 55449 | 55685 | — 5:97 | L 9:93 | — 60 | — 39 30 6,8 6 SO. 1 | 1,00 6 | 552,41 — 7,35 | 550,77 | 553,32 | — 8,12 | 0,01 | —11,2 | — 5,4 210 16,8 12 NE. 1° | 0,78 7 | 552,79 | — 6,97 | 552,11 | 553,61 | — 9,37 | — 1,34 | —19,7 | — 5,5 || ..... | ..... sue EU NE. 2 4260,80 8 550, 18 | — 9,58 | 549,88 | 550,98 || —10,39 | — 2,40 | —12,3 | — 8,0 30 2,1 4 NE. 1 | 0,79 9 |! 550,58 | — 9,19 549, 67 | 551,66 | —12,06 | — 4,14 | —13,5 | — 9,0 40 2,4 4 NE. 1 | 0,94 10 | 55540 | — 467 | 553,07 | 55872 | —10.61 | — 2,76 | —126 | — 61 | 100 3,2 1: SN œ PAU TE 11 | 561,87 | + 2,10 | 560,85 | 563,02 | —10,24 | — 9,47 | —125 | — 6,8 | ..... |... .Æ... AI NE-RUE60;08 12 || 561,53 | + 1,75 | 559,37) 563,13 || — 6,47 | — 1,59 | —11,7 | —° 0,8 | ....=|". . pe ee E 4 | 0,00 13 || 551,98 | — 7,81 | 549,26 | 555,06 | — 9,33 | — 1,72 | 10,1 | — 7,4 20 0,6 2 NE. © 1 | 0,93 14 | 546,64 | —13,16 | 545,98 | 547,68 || —19,90 | — 5,37 | —15,1 | —10,3 | 130 5,6 10 NE, 1 | 0,93 15 || 550,89 | — 8,92 | 548,08 | 553, 52 | —11,61 | — 4,16 | —18,0.| —8,3 | ..... |... ...... || variable | 0,06 16 || 555,05 | — 4,77 | 554,05 | 555,58 | — 9,87 | — 9,51 | —19,0 | — 7,9 20 1,4 2 SO, 2 | 0,99 17 552,69 — 7,44 | 552,08 | 553,53 | —.7,33 | — 006 | — 890 NE MR NO 18 || 552,42 | — 7,43 | 551,00 |. 553,65 | — 7,17 | + 0,04 | — 9,0! —541 | 2 Be IPNE e E | 10:88 19 | 548,04 | —11,82 | 545,85 | 552,38 | — 8,62 | — 1,53 | — 9,8 | — 7,0 3 6,4 41, SO. 2 | 1,00 20 || 550,19 | — 9,69 | 549,55 | 554,49 | — 6,56 | 0,44 | — 8,0 | —"39 |... |. MOSNNUNES 4" 00,68 21 || 549,26 | —10,64 | 547,81 | 550,66 | — 5,03 | 1,88 | — 8,0 RUN D QUAET 9.1. ONE dé) 22 || 553,91 | — 6,01 | 550,98 ue 67 | — 5,67 | + 1,14) — 9,0 | + 0,6 20 3,6 3 NE. 4 | 4,00 23 || 560,45 | + 0,50 | 558,04 | 562,29 || — 8,24 | — 4,51 | —12,3 | — 4,7 30 1,9 4 NE. 1 | 0,29 24 || 557,82 | — 2,15 | 554,99 | 559,88 | — 7,54 | — 0,93 | — 7,8. | — 6,2 60 7,2 10 S0.=> 2|:400 25 || 558,42 | — 1,58 | 556,61 | 560,65 | — 7,65 | — 1,14 | — 9,0 | — 3,2 140 13,1 12 NE. 2 | 1,00 26 | 565,72 | + 5,69 | 562,85 | 566,76 | — 7,99 | — 1,58 | — 9,0 | — 5,4 | .... | =... Det IÈNE. 22 4 4079 27 || 566,28 | + 6,22 | 566,05 | 566,63 | — 5,88 | + 0,43 | — 8,0 | — 3,0 | :.... | L.: SA UINE 2 TUE 28 5e 00 | + 5,91 | 565,69 | 566,32 | — 5,61 | + 0,59 | — 7,0 | — 1,3 AC e.aces MINES -# |A 29 | 565,19 | + 5,07 | 564,84 | 565,66 | — 5,42 | 0,67 | — 8,9 | —0,1 | ..... |... .. 4: IIPNE: 1 | 0,86 30 568 67 + 5,52 | 565,27 | 565,92 | — 5,29 | 0696837 225 NT ru 7 L FTIPNER Se IR Te 31 || 562,66 | + 2,47 | 561,03 | 564,05 || — 2,28 | L 3,59 | — 4,0 | + 4,7 | ..... |... rates NE eur IEEE * Les chiffres renfermés dans ces colonnes donnent la plus basse et la plus élevée des températures wbservées de 6 heures du matin à 10 heures du soir, le thermométro- graphe étant hors de service. MOYENNES DU MOIS DE MARS 1866. 6b.m. Sh.m. AÂ0h.m. Midi. 2h. s. 4 h.s. Baromètre. mm mm mm nm mm mm re décade 552,76 552,91 553,40 553,69 553,62 553,17 2 “ 553,27 553,30 553,49 553,52 553,06 552,91 3 « 560,28 560,61 561,07 561,35 561,15 561,95 Mois 999,390 000 110000 1000009000 112550 00 Température. Gh.s. 8h.s. 40 bh.s, mn 993,25 293,13 961,25 mm 553,78 593,13 961,59 rm 203,87 553,09 961,50 556,05 556,33 556,34 0 0 0 0 0 0 Ô 0 0 1redécade — 9,18 — 8,16 — 7,01 — 6,07 — 5,83 — 7,15 — 7,97 — 8,26 — 8,59 9e “ 3e « Mois Min. observé.” 0 4re décade — 9,90 2% « —11,44 3e « — 8,30 Mois — 9,83 Max. observé.* 0 5 91 — 6,25 a — 4,52 —10,88 — 9,34 — 8,04 — 6,80 —"6,90227,20 — 8,58 — 9/49 1948 — 8,04 — 6,80 — 5,37 — 3,55 — 2,69 — 3,94 — 6,04 — 6,77 — 7,06 — 9,32 — 8,06 — 6,75 — 5,41 — 5,06 — 6,03 — 748 — 8,11 — 8,34 Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela du Ciel. ou de neige. neige tombée. mm mm 0,84 43,9 530 0,66 14,0 200 0,79 25,8 250 0,76 83,7 980 Dans ce mois, l’air a été calme 7 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,92 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 450 E, et son intensité est égale à 34 sur 100. * Voir la note du tableau. L D tot TA LEE À 4,8 Mr ibil on rt Qt in GB ur 0 Fr : 3 " Ë ; tres run er {04 th, rer baices #88 cR | A - 1] { - MR EnÉ. APE AL ds ut on di: LLEN = #1 AM : 7) 2" LPS MRES UPS, LÉ us LCA AE LE an tC ne De RER GAS HLSGE ONE BRUN QUE GER LE DORE PER TRT LEE ALIM AE FAR TA JOR , 1.008 + R dt: 122 * 0 | 0 k |; née OUT. : dE EE Ut BE 7 E0N TRUE rod FUME | til Lu F Erete LA Eh | à - es æ en di. de 17 # = TE du tu T PET NEVERS NUE. | LTCREE EL HR 19 3 2 Sel ce « per + de mt Le # à 2 Dci Archives des St. Phys el nat. «Avril 1666, LA. PLTTE BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES DB —— TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME XXV (NOUVELLE PÉRIODE) 1866. — N°° 97 à 100. Recherches sur les combinaisons du Niobium, par MG Morqnaes ss de nes ee Remarques à l’occasion d’une note de M. Clausius sur la détermination de là disgrégation d’un corps et la vraie capacité calorifique, par M. le comte Paul:de Saint-Robert: ,: 20.