d'a jet) Êsx= Ê Ë É m DU CONSERVA CIRE BOTANIQUE DE GENEVE. DU EN 1922 .— is NE FN ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES CONSER EE #3 ds DAT ce Les Lu 2 A A4 WU T F Sen der: LR NE LE ? ki (f CR à 4 \ L” | = = J KEY Dir ®, GENÈVE. — IMPRIMERIE RAMBOZ ET SCHUCHARDT BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ET REVUE SUISSE ————_—_——— ARCHIVES DES SUIENCEN PHYSIQUES ET NATURELLES ————…—…—….….….…— NOUVELLE PÉRIODE TOME TRENTE-CINQUIÈME LIRRARY ET ———— | REW YORK # BUT A'MCAL GARDEN A PY 4 @e < hs 5 , = * RTE (M Éta ses x Li A \'r GENÈVE 4 BUREAU DES ARCHIVES, RUE DE LA PÉLISSERIE, 18 LAUSANNE NEUCHATEL GEORGES BRIDEL DELACHAUX ET SANDOZ 1869 à ns nent 2 if + | OUT. AA cer fi ea [fl É CHE J8 3" - A Fi pic + À vs, ” er: Qi * + ; LE: ' C0 a ÉUS be RO : Le à ee gt : tua ME MU QAAD-AT7 ET qé OT: 1 L x -: 04 4 AU 1 RUN nas "+, Mae Lt eur ae. exo em à 7 PALIN CR ÉPTETRE à HAE va. phases te cassiia esviona À E Fr EN dif, hé US: "3 NOÉ x TOP “ Ce ( e À "7 \ Re ER ot y. | PAS cn Lu : + Lu dd $ e 2 à 5 re DA ; PE. » + A0 Dee FAN A “UE  au Lit: Mentions: T di ne J PDA Ie *« ut ‘ LIRe 4 # y NEW YÜRK BOTANMC AL GARDEN SUR UNE THÉORIE COMÉTAIRE M. J. TYNDALL (Philosophical Magazine pour avril 1869.) M. Tyndall, à la suite de ses expériences récentes sur la décomposition des vapeurs par la lumière ‘, a émis, pour la première fois devant la Société philosophique de Cambridge, une nouvelle théorie sur l’origine et sur la manière de se comporter de la matière cométaire. Nous croyons devoir reproduire #n extenso les idées du célèbre physicien anglais. « Dans le cours, dit M. Tyndall, de mes expériences sur l’action actinique, j'ai été souvent frappé de la masse de lumière qu’une quantité de matière à peine appré- ciable, lorsqu'elle est diffusée sous la forme de nuage, peut émettre par réflexion. C’est au point que j'ai été souvent embarrassé ét induit en erreur par l’action de ré- sidus en quantité assez faible pour être à peine conceva- bles. Pour en débarrasser mes tubes à expérience, après qu'ils avaient servi à l'observation de quelque vapeur, je les plongeais d’abord dans de l'alcool, puis après les avoir épongés avec de l’eau chaude et du savon, je les lavais de nouveau avec de l’eau pure. Le tube que vous avez “ Voyez Archives des Sciences physiques, décembre 1868 et février 1869. 6 SUR UNE THÉORIE COMÉTAIRE. maintenant devant les yeux, long de trois pieds et de trois pouces de diamètre, a été rendu assez propre par ce pro” cédé, pour que, lorsque j'y ai introduit de l'air ou de l'acide hydrochlorique liquide, aucun degré de lumière, quelle que fût sa durée ou son intensité, n'y produisait la moindre nébulosité. Après m'être ainsi assuré de la parfaite propreté du tube, j'ai pris un fragment de papier buvard que j'ai roulé en une petite boule de la grosseur du quart d’un petit pois. Après lavoir mouillé avec un liquide ayant un point d’ébullition plus élevé que celui de l’eau, et laissé ensuite sécher entre mes doigts, je l'ai introduit dans un vase communiquant avec mon tube ex- périmental, de manière à pouvoir recueillir dans celui-ci un courant d'air parfaitement sec, mais qui se trouvait avoir passé sur la boulette du papier buvard. L’air, chargé de la quantité minime de vapeur qu’il devait avoir pris en passant, a été alors soumis à l’action de la lumière. Aussitôt un nuage actinique bleu a commencé à se for- mer, et au bout de cinq minutes la couleur bleue s'était étendue de façon à remplir la totalité du tube. Pendant quelques minutes ce nuage est resté bleu, et pouvait être complétement éteint par l'interposition d’un prisme de Nicol, aucune trace de lumière n’arrivant à l’œil lorsque le Nicol était convenablement disposé. Peu à peu, cepen- dant, les particules du nuage grossirent de façon à ce qu'au bout de quinze minutes un nuage blanc, épais, remplissait le tube. En se reportant à la quantité excessi- vement faible de vapeur que l'air pouvait avoir entrainé, la formation d’un nuage aussi dense et aussi lumineux semblait véritablement un monde tiré du néant ! «Mais ce n’est pas là tout. Après avoir enlevé la petite boule de papier buvard, j'ai de nouveau purifié mon tube SUR UNE THÉORIE COMÉTAIRE. 7 en y faisant passer un courant d'air sec. Je fis aussi tra- verser à ce courant le vase de communication dans le- quel avait été placée la boulette de papier. Après avoir interrompu le passage de l’air et fait le vide dans mon tube expérimental, j'ai introduit dans ce dernier, au tra- vers du vase de communication, quinze pouces environ d'acide hydrochlorique. Qu'il me soit maintenant permis de remarquer : 1° que la quantité totale du liquide ab- sorbé par la boulette de papier a dû être excessivement faible ; 20 que la presque totalité de ce liquide a dû s’é- vaporer pendant que je tenais le papier entre mes doigts avant de le placer dans le vase communiquant; 3° que le papier avait été retiré, et le tube, dans lequel il s'était trouvé, parcouru pendant plusieurs minutes par un fort courant d'air, Ce n’est donc que le résidu excessivement faible, resté dans le tube communiquant, à la suite de ces procédés divers, qui a pu être transporté dans le tube expérimental et soumis dans ce tube à l’action de la lu- mière. _«& Une minute après que la lampe électrique eut été al- lumée, on a vu apparaître un faible nuage; au bout de deux minutes, ce nuage avait rempli toute la partie antérieure du tube et s'étendait sur une portion notable de sa lon- gueur ; peu à peu il a continué à se développer sous la forme d’un beau nuage, et quinze minutes plus tard, la quantité de lumière projetée par ce nuage était vraiment merveilleuse, lorsqu'on songe à la quantité minime de matière qui en était la source. Mais quelque lumineux que put être ce nuage, il était beaucoup trop subtil pour obscurcir d'une manière sensible les objets placés der- rière lui. La flamme d’une bougie, par exemple, n’en pa- raissait pas plus affaiblie que vue à travers le vide, et une 8 SUR UNE THÉORIE COMÉTAIRE. page d'impression, éclairée par la lumière même du nuage, pouvait être lue à travers son tissu sans la moindre difficulté. Rien ne pouvait mieux que ces nuages actiniques donner une idée nette de cette contexture spi- rituelle (spiritual texture), que sir John Herschell attri- bue à une comète. Ils démontrent, en effet, que de la ma- tière d’une ténuité presque infinie, et qu'il faudrait multi- plier probablement par des millions pour qu’elle pesât autant que l'air qui la renferme, est apte à émettre une lumière bien plus intense que celle provenant de la queue des comètes.» | M. Tyndall passe ensuite à l'application de ces résul- tats à une nouvelle théorie cométaire. « Vous connaissez, poursuit-il, les difficultés énormes inhérentes à toute théorie sur la nature des comètes. La comète observée par Newton en 1680 a développé en deux jours une queue de 20 millions de lieues de longueur. Celle de 1843 projeta, si je ne me trompe, en un seul jour une queue qui occupait un espace de 100 degrés sur le ciel. On à supposé que cette quantité énorme de matière né- buleuse était engendrée par la tête de la comète, et pro- jetée en arrière par quelque force mystérieuse due à l’action du soleil. Bessel l’a attribuée à une espèce de po- larité et répulsion magnétiques. Il est évident, remarque sir John Herschell, « que si nous avons affaire ici à de la maire telle que nous la concevons, c’est-à-dire douée, à quelque degré que ce soit, d'inertie, cette matière doit être sous l'empire de forces incomparablement plus éner- giques que celle de la gravitation, et d’une nature toute différente. » Ailleurs, en parlant de la difficulté du sujet, Herschell se sert de ces paroles remarquables : SUR UNE THÉORIE COMÉTAIRE. 9 « Il règne incontestablement quelque profond mystère dans tout ce qui se rapporte à la question de la queue des comètes. Peut-être est-il à espérer que des observations à venir, appuyées sur une théorie rationnelle et sur les pro- -grès des sciences physiques en général, parviendront à pénétrer ce mystère, et à nous fournir les moyens de dé- cider si c’est réellement de la matière, dans l’acception ordinaire de ce mot, qui est projetée des têtes des co- mètes avec cette prodigieuse vitesse, et sinon lancée, au moins dirigée dans sa course de façon à éviter le soleil, comme un centre dont elle doit s’éloigner. Cette question -de la matérialité des queues des comètes ne s'impose ja- mais plus à notre attention que lorsque nous réfléchissons à la courbe énorme qu’elles décrivent autour du soleil dans leur périhélie, à la façon d’une verge droite et rigide, sans tenir compte des lois de la pesanteur ni même de celles du mouvement; courbe, que nous avons vu s'étendre en 1680 et 1843, sans se briser, depuis le voisinage de ‘la surface du soleil jusqu’à l'orbite de la terre, décrivant dans ce dernier cas un angle de 180 degrés en un peu plus de deux heures. Il semble incroyable que, dans ce cas, ce soit un seul et même objet matériel qui ait pu être soumis à un mouvement pareil. S’il était possible de con- cevoir quelque chose de semblable à une ombre négative, soit à une impression momentanée produite sur l’éther lumineux en arrière de la comète, cette impression re- présenterait jusqu'à un certain point l’idée que le phéno- mène rappelle d’une façon presque irrésistible. » « Qu'il me soit permis maintenant, continue M. Tyn- dall, de vous exposer une théorie qui me paraît répondre à toutes ces difficultés, et qui dans tous les cas, qu’elle représente où non une vérité physique, a du moins l'avan- 0 SUR UNE THÉORIE COMÉTAIRE. tage de lier entre eux d’une façon très-satisfaisante les phénomènes présentés par les comètes. 1° D’après cette théorie, une comète est composée de vapeur susceptible d’être décomposée par les rayons solaires ; la tête visible et la queue seraient un nuage ac- nique résultant de cette décomposition. Nous avons vu, en effet, que la constitution des nuages actiniques est évidemment la même que celle d’une comète. 2° La queue, dans cette théorie, ne consisterait pas en une matière projetée par la comète, mais bien en une matière précipitée sur le faisceau des rayons solaires qui traversent l'atmosphère cométaire. On prouve expérimen- talement que cette précipitation peut avoir lieu lentement le long du faisceau, ou instantanément sur toute sa lon- gueur. La rapidité prodigieuse avec laquelle Ja queue se développe pourrait ainsi s'expliquer sans être forcé de recourir au mouvement incroyable de translation admis jusqu'à présent. 3° Pendant que la comète tourne autour de son pé- rihélie, la queue ne reste pas composée de la même ma- tière, mais de nouvelle matière précipitée sur le faisceau des rayons solaires qui traversent l'atmosphère cométaire suivant de nouvelles directions. On peut ainsi expliquer l'énorme rotation de la queue sans qu’il soit nécessaire d’avoir recours à un mouvement de translation. 4° La queue de la comète est toujours dirigée du côté opposé au soleil par la raison suivante. Deux forces antagonistes agissent sur la vapeur cométaire : l’une est une force actinique tendant à produire un effet de préci- pitation, l’autre une force calorifique tendant à produire la vaporisation. Lorsque c'est la première de ces deux forces qui l'emporte, nous avons le nuage cométaire ; SUR UNE THÉORIE COMÉTAIRE. 11 lorsque c’est la seconde, on a la vapeur cométaire trans- parente. Il n'y a d’ailleurs rien d'hypothétique dans l'existence de ces deux agents; le soleil les émet l’un et l’autre. Pour qu'une précipitation doive se produire en arrière de la tête de la comète, ou dans l’espace occupé par l’ombre de la tête, il est seulement nécessaire d’ad- mettre que les rayons calorifiques du soleil sont absorbés plus copieusement par la tête et par le noyau que ne le sont les rayons actiniques. Îl en résulte une prépondé- rance relative des rayons actiniques en arrière de la tête et du noyau, ce qui permet à ceux-ci d’abaisser le nuage .qui constitue la queue de la comète. 9° La vieille queue, à mesure qu’elle cesse d’être abritée par le noyau, est dissipée par la chaleur solaire ; seulement cette disparition n’est pas instantanée. La queue s'incline vers la portion de l’espace que la comète vient d'abandonner. Un fait général d'observation se trouve ainsi expliqué. 6° Dans la lutte de prééminence entre les deux classes de rayons, un avantage momentané, provenant des variations de densité ou de quelque autre cause, peut être obtenu par les rayons actiniques, même dans des portions de l'atmosphère cométaire qui ne sont pas abri- tées par le noyau. On expliquerait ainsi les effluves laté- rales qu'on remarque de temps à autre, ainsi que l’é- mission de queues peu apparentes dirigées du côté du soleil. 7° Le rétrécissement de la tête dans le voisinage du soleil est dû à l’action des ondes calorifiques qui vien- nent heurter contre elle, dispersent ses bords atténués, et produisent sa contraction apparente. «a Dans tout l’ensemble de cette théorie, remarque en 12 SUR UNE THÉORIE COMÉTAIRE. “terminant le célèbre professeur du « Royal Institution, » je n'ai eu recours qu'à des causes reconnues vraies, et je n'ai fait appel à aucune action dont l’existence ne repose sur la base incontestable de l'observation ou de l’expé- rience. C’est à vous, Messieurs, de prononcer si en hasar- dant cette théorie, j'ai dépassé les limites d’une spécula- tion raisonnable ‘, » ! I] se peut qu'il y ait des comètes dont la vapeur ne soit pas dé- composable par le soleil, ou, si elle est décomposée, ne soit pas pré- cipitée. Cette manière de voir permettrait d'admettre la possibilité de comètes invisibles parcourant l’espace, balayant peut-être même la terre, et modifiant sa condition sanitaire sans donner d’autre signe de leur passage. En ce qui concerne la ténuité de la matière comé- taire, je suis très-porté à croire qu'avec quelques onces de vapeur d’iodure d'allyle (poids qu'Herschell ne craint pas d’assigner à cer- taines comêtes), on pourrait former un nuage actinique aussi grand et aussi lumineux que la comète de Donati. NOTE SUR L'AURORE BORÉALE DU 15 AVRIL 1869 IL y à assez longtemps qu’on n’a pas signalé d’appari- tion d’Aurores boréales, du moins dans nos latitudes peu élevées. Depuis les remarquables Aurores de 1859 et de 1860, il n’yen a eu qu’un petit nombre très-inférieures à celles que nous venons de citer. En voici une nouvelle qui paraît avoir été très-brillante et très-étendue ; elle a été vue le 15 avril au soir à Paris et dans une grande partie de la France, et les perturbations magnétiques qui l'ont accompagnée, ont été sensibles à Greenwich, à Paris et à Livourne. Le phénomène à commencé à être visible à Paris à huit heures du soir, puis après avoir paru cesser, il s’est montré de nouveau avec plus de vivacité vers les dix heures pour s’éteindre vers les onze heures, en ne laissant plus dans le ciel que quelques traces blanchâtres qui ont elles-mêmes bientôt disparu derrière les nuages, le ciel s'étant complétement couvert. Tous les observateurs très-nombreux qui ont pu ob- server ce beau phénomène ‘ s'accordent dans la descrip- tion qu'ils en donnent ; c’est d’abord une teinte blanchâtre 1 Ce sont, d’après les communications faites à l'Académie des Sciences dans sa séance du 19 avril, MM. E. Robert, Chapelas et Tremeschini. M. Leverrier cite d’autres observateurs qui ont été éga- lement témoins du phénomène, en particulier M. Wolf, Enfin M. Sil- bermann a fait une communication à l’Académie dans la séance du 4 mai, d’où il résulte que l'Aurore a duré jusqu'au jour et que le maxi- mum des effets magnétiques observés pendant l'apparition a eu lieu à 9h 40’ du soir. 14 AURORE BORÉALE et lumineuse du ciel dans la direction du nord, puis des rayons ou bandes lumineuses en grand nombre et d’une intensité remarquable, émanant toutes d’un petit are dont la circonférence brillante est parfaitement déterminée, et dont le centre apparent correspond d’une manière sen- sible au pôle magnétique. Les rayons qui forment comme un nombre infini de stries lumineuses presque parallèles entre elles, sont dirigés dans le sens du méridien ma- gnétique; ils paraissent de longueurs différentes, inces- samment variables, et dans un état de vibration remar- quable. Ajoutons que l’un des observateurs, M. Chapelas, a constaté que l'arc auroral avait un moment de transla- tion de l’est à l’ouest. Non-seulement on a observé dans la direction de l’ai- guille aimantée, des perturbations concordantes avec l’ap- parition de l’Aurore; mais on a signalé la transmission à travers les fils télégraphiques de courants électriques assez forts pour rendré tout travail télégraphique impos- sible de huit heures à onze heures du soir. Déjà depuis midi on s’était aperçu de l'existence de ces courants qui s'étaient graduellement renforcés. Tous les détails que nous venons de transerire, la forme de l’aurore, sa position, le sens de son mouvement de translation, les perturbations magnétiques et les mani- festations électriques qui l’accompagnent, sont d'accord avec la théorie que j'ai donnée de ce phénomène. Depuis la dernière publication que j'ai faite sur ce sujet, le beau travail de M. Airy sur la coïncidence des variations ma- gnétiques et des variations des courants électriques ter- restres, est venue donner une nouvelle confirmation à la théorie fondée sur l'existence de ces courants. M. Airy a en effet constaté, par une série de nombreuses observa- pu 45 avriz 1869. 15 tions. que les courants électriques terrestres existent d'une manière continue, mais que seulement ils augmentent beaucoup d'intensité comme les perturbations magnéti- ques, au moment de l’apparition d'une Aurore boréale; tandis que le reste du temps ils éprouvent des variations de sens et d'intensité correspondantes à celles des élé- ments magnétiques proprement dits. M. Leverrier, qui a communiqué à l’Académie des Sciences plusieurs observations sur l’Aurore boréale du 15 avril faites en diverses localités en France, remarque que les Aurores semblent être plus fréquentes cette an- née que les précédentes; en effet, ce phénomène a déjà été observé au nord de l’Europe dans les nuits du 2 au 3 et du 8 au 9 avril. M. Leverrier ajoute à cette remarque une observation importante, c’est que les trois Aurores (y compris celle du 45 avril) se sont produites dans des circonstances météorologiques identiques ; elles ont coïn- cidé avec un changement brusque du temps, avec l’ap- parition d'une dépression barométrique sur la mer du Nord ou sur les côtes de la Norwége, et par conséquent avec l’arrivée d’une bourrasque. C’est ce que prouvent les observations recueillies dans les différentes régions du Nord et celles faites en France où l’Aurore du 15 a été l’avant-coureur de bourrasques et de coups de vent, en même temps qu’elle a été précédée le 14 et le 15 de nombreux orages dans l’est et le nord-est. M. Leverrier remarque encore que la coïncidence des Aurores boréales avec les changements de temps est un fait qui a été souvent constaté. Je l’avais moi-même signalé dans mon premier mémoire sur ce sujet ‘, en faisant ob- ‘ Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire natur. de Genève, vol. XIIT, p. 391, année 1852. 16 AURORE BORÉALE server que l’apparition d’une Aurore boréale est presque toujours précédée de la formation d’un halo lunaire (ce qui indique la présence de particules glacées dans l’at- mosphère), et de la chute de la pluie ou de la neige. M. Leverrier ajoute qu’il a déjà signalé plusieurs fois la liaison qui existe entre l'apparition des Aurores bo- réales et le passage des bourrasques, et que la première mention de ce fait remonte à décembre 1865 et a été dés lors reproduite bien souvent. Dans une note lue à la Société météorologique de France, le 12 novembre 1867, il s'était efforcé de démontrer, par la comparaison des cartes du Bulletin international avec les observations magnétiques de Paris, que toutes les perturbations ma- gnétiques de quelque importance constatées à l'Observa- toire coïncidaient avec le passage d’une bourrasque au voisinage des côtes de France, Il en doit être de même des perturbations électriques indiquées par le passage des courants dans les fils télégraphiques, puisque d’après les recherches récentes de M. Airy il y a un accord par- fait entre les variations magnétiques et les variations d'intensité des courants électriques terrestres. Ainsi la rupture de l'équilibre électrique de notre atmosphère manifestée par l'apparition des Aurores boréales, par l'apparition simultanée des perturbations magnétiques et électriques qui accompagnent celle des Aurores, amène avec elle des changements de temps et des bourrasques, de sorte que tous ces divers phénomènes atmosphériques semblent être solidaires les uns des autres; ce qui con- firme toujours plus la théorie qui considère la production des Aurores polaires comme un phénomène purement atmosphérique dû essentiellement à l’action combinée de l'électricité de l'atmosphère et du magnétisme terrestre. pu 15 avriL 1869. 17 Il n’y a qu'un point, je le reconnais, où je ne dirai pas que cette théorie soit en défaut, mais où elle présente une lacune, c’est la périodicité à laquelle, suivant certains ob- servateurs, le phénomène est soumis. On a trouvé que les maxima et minima d’Aurores boréales manifestent deux espèces de périodes, l’une de dix à douze ans, l’autre de cinquante-huit à soixante ans. Sans contester l'existence de ces périodes, je crois qu'on en a beaucoup exagéré l'importance. Toutes les observations faites dans les ré- gions boréales constatent que l'apparition de l’Aurore boréale est un phénomène presque quotidien, mais qui échappe à la vue bien souvent par le fait d’un ciel cou- vert ou de nuits trop claires dans les longs jours de l’an- née. Il est effectivement un point auquel on n’a pas eu peut-être assez égard dans la statistique des Aurores bo- réales, c’est de tenir compte du nombre de nuits dans lesquelles un ciel couvert n'aurait pas permis d’en ob- server lors même qu'il y en aurait eu. C’est donc moins le nombre absolu d’apparitions d’Aurores dans l’année, que le rapport entre ce nombre et celui des nuits claires qu'il faudrait prendre pour base des calculs. Quoi qu'il en soit, il me paraît bien effectivement établi que dans nos basses latitudes l’apparition des Aurores boréales est soumise à une loi de périodicité. Mais comme ii faut qu'elles aient une certaine intensité pour être vi- sibles au delà des régions polaires, on peut dire que c’est seulement leur intensité qui est soumise à cette périodi- cité. Elles constitueraient donc un phénomène constant dû au rétablissement continu de l'équilibre électrique entre la terre et l'atmosphère s’opérant dans le voisinage - des pôles ; mais l'intensité du phénomène, ou ce qui re- vient au même, l'intensité de l'électricité atmosphérique ARCHIVES, t. XXXV. — Mai 1869. 2 18 AURORE BORÉALE DU 15 AVRIL 1869. qui le produit, serait soumise à des variations régulières et périodiques, ce qui prouverait que l’origine de cette électricité doit être cherchée en dehors de notre globe, dans le soleil probablement. Cette manière d'envisager le phénomène de la pério- dicité, qui est parfaitement d'accord avec les faits, montre que cette périodicité n’est nullement en opposition avec l'explication électro-magnétique du phénomène des Au- rores polaires; explication indépendante de la cause de l'électricité atmosphérique, mais qui repose uniquement sur l'existence incontestable de cette électricité. P.S. Je dois ajouter aux observations que j'ai déjà ci- tées celles de M. E. Quetelet faites à Bruxelles, consi- gnées dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences de Paris, du 26 avril 1869, et qui indiquent une diminu- tion de la déclinaison magnétique de près de 1° pendant l'apparition de l’Aurore boréale du 15. M. de Fonvielle a également communiqué à la même séance de l’Acadé- mie un fait important observé à Greenwich, c’est que l'électricité atmosphérique qui, le jeudi 15, s'était mon- trée positive comme la veille, n’avait donné le matin que des signes de tension très-faibles qui avaient disparu avec l’'Aurore. Par contre, les aimants avaient été violemment perturbés au moment de l'apparition de l’Aurore le 45 ; le 16 les perturbations magnétiques avaient continué, et une seconde Aurore s'était montrée dans la soirée. Ainsi l'électricité statique s'était changée en électricité dynami- que pendant la durée de l’Aurore. Ajoutons encore qu’une magnifique Aurore boréale a été vue aux États-Unis le 22 avril. À. D. LR, OBSERVATIONS ET EXPÉRIENCES SUR LES MOUVEMENTS DES ÉTAMINES DE L'ÉPINE-VINETTE PAR M. le Professeur J.-B. SCHNETZLER (Bull. Soc. vaudoise des Sc. nat., vol. X.) Il existe un certain nombre de phénomènes physiolo- giques, mentionnés dans tous les ouvrages élémentaires de botanique et qui néanmoins ne sont pas encore suff- samment expliqués. Parmi eux nous pouvons citer les mouvements des étamines de l'épine-vinette (Berberis vul- garis, L.). Il est en effet bien connu que, lorsqu'on pique légèrement à l’aide d'une aiguille, la partie inférieure et intérieure d’une étamine de Berberis vulgaris, celle-ci s’élance brusquement vers le pistil *. Nous n'avons pas l'intention de répéter ici les diverses opinions sur la cause de ce mouvement, qu'on a attribué à la contractilité, à l'irritabilité, ete., du tissu végétal, ou à une rupture d'équilibre dans la tension et la turges- cence de ce même tissu. Les mots de contractilité, d'irri- tabilité, etc., n’expliquent rien, aussi longtemps que les qualités qu'ils expriment ne se rattachent pas à une ma- tière connue que nous trouvons dans les organes dont nous étudions les mouvements. Avant d'émettre une opi- { On observe des mouvements semblables chez Berb. humilis et Berb. cunadensis (Mahonia). , 20 MOUVEMENTS DES ÉTAMINES nion sur la cause de ces mouvements, nous donnerons le résumé de quelques expériences et observations faites dans le courant du printemps de 1868. 1° Une goutte de nicotine pure, versée sur la base d’une étamine de Berberis vulgaris, produit un mouve- ment très-vif de cette étamine vers le pistil. Comme il suffit souvent d’une légère pression mécanique pour pro- voquer ce mouvement, on pourrait admettre que l’appli- cation de la goutte de nicotine et la pression exercée eussent suffi pour mettre l’étamine en mouvement; mais je me suis convaincu qu'une goutte d’eau froide appli- quée de la même manière ne produisait aucun mouve- ment. Lorsque le mouvement de l’étamine à été produit par une action mécanique, elle s'éloigne du pistil au bout de quelques minutes et elle retourne dans sa position primi- tive, de laquelle une nouvelle irritation mécanique la fait sortir rapidement. Après l'application de la goutte de ni- cotine, l’étamine ne réagit plus ni sous l'influence d’ac- tions mécaniques, ni sous celle de réactifs chimiques, du courant électrique, etc. 20 L'alcool, les acides minéraux, la potasse caustique agissent de la même manière que la nicotine, c’est-à-dire provoquent un mouvement brusque de l’étamine vers le pistil; mais ces réactifs tuent l’étamine tout en produi- “sant chez elle un mouvement convulsif, Après leur action l’étamine se détache facilement de la base qui la sup- porte. 3° Une solution aqueuse de curare est versée dans une fleur d’épine-vinette fraichement éclose; malgré le contact très-prolongé de cette matière toxique qui agit si énergiquement sur les nerfs moteurs des animaux, son DE L'ÉPINE-VINETTE. 21 action est complétement nulle sur le mouvement des éta- mines de Berberis ; l’excitabilité de ces dernières reste parfaitement intacte; car sous l'influence d'actions méca- niques, chimiques, physiques (courant électrique) , elles s’élancent vivement vers le pistil, d'où elles reviennent à leur position primitive au bout de cinq à dix minutes, pour se mouvoir de nouveau sous l'influence des mêmes causes. 4° Le courant d’induction d’une petite pile de Galiffe au bisulfate de mercure fut employé comme irritant. L'intérieur de la fleur fut humecté avec de l’eau; un des pôles communiquait avec le stigmate, l’autre avec une anthère. En touchant la partie inférieure d’une étamine avec le rhéophore de la pile, on aurait pu produire une irritation mécanique, capable de provoquer le mouvement de létamine; tandis qu'une simple action mécanique exercée sur l’anthère ne produit ordinairement pas le mouvement en question. Sous l'influence d’un courant modéré, appliqué tel que je viens de le dire, j'ai toujours vu l’étamine s’élancer vers le pistil. Lorsque le courant devient trop fort, l'irritabilité disparaît complétement. Ce même résultat avait été déjà obtenu par A. de Hum- boldt ‘, Cohn, Kabsch, etc. * 9° Nous avons déjà vu plus haut que l’eau froide n’exerce aucune action sur les mouvements des étamines de l’épine-vinette. J'ai entrepris une série d'expériences pour examiner l’action de l’eau à différentes températures. C’est à partir d’une température de 30 à 35° C. que l’eau provoque le mouvement des étamines; cependant dans ce cas, le mouvement est encore assez lent. Lors- Versuche üher die gereizte Muskelfaser, Il, 195. ? Julius Sachs, Lehrbuch der Botanik, 1868. 292 MOUVEMENTS DES ÉTAMINES qu'on place délicatement de l’eau de 40° à la base de l’étamine, celle-ci s’élance alors très-vivement vers le pistil. Quelques minutes (cinq à dix) après elle revient à son ancienne place, d’où elle s’élance de nouveau vers le pistil quand elle est irritée. Le mouvement est encore produit par de l’eau de 50° C.; mais après un mouve- ment convulsif de l’étamine, celle-ci a perdu toute irrita- bilité ; elle se détache de sa base de même qu’à des tem- pératures plus élevées. Les résultats obtenus en employant de l’eau à diffé- rentes températures nous semblent présenter un certain intérêt; ils rattachent les mouvements des étamines de Berberis vulgaris à une loi générale de la physiologie botanique, formulée ainsi par Jul. Sachs ' : « Les fonc- tions de la plante sont accélérées et leur intensité est augmentée à mesure que la température s’élève à partir d’un minimum. La fonction produit son effet maximum lorsque la température atteint une limite déterminée ; dès que cette limite est dépassée, la fonction diminue jusqu’à ce qu’elle s’annulle complétement à une limite de tem- pérature supérieure. D’après le même auteur, l'irritabi- lité des feuilles de Mimosa est faible de 16 à 18°, elle paraît atteindre son maximum à 30° C. Les folioles laté- raux de Hedysarum gyrans exécutent, suivant Kabsch, une oscillation pendant 85 à 90 secondes à une tempéra- ture de 35°, tandis que de 23 à 24° leur mouvement cesse presque complétement. Nous voyons ainsi le mouvement des étamines de Ber- beris vulgaris se rattacher à une question plus générale de physiologie végétale, question à laquelle appartient le mouvement des feuilles, des mimosa, des dionæa, des éta- 1 Julius Sachs, Lehrbuch, 1868. DE L'ÉPINE-VINETTE. 23 mines de parietaria, etc. Dans un précédent travail ?, nous avons attribué un rôle dans ces différents mouve- ments à la matière protéique, qui fait partie de toutes les cellules vivantes, qui ressemble au sarcode des Rhi- zopodes et que les physiologistes ont désigné sous le nom de protoplasma. Les expériences précédentes con- firment celles que nous avons faites sur les Mimosa, sur- tout pour ce qui concerne Flaction du curare. Cette substance, qui ne détruit point là contractilité et le mou- vement du sarcode animal, laisse intactes ces mêmes propriétés dans le protoplasma et n’a aucune influence sur les mouvements des feuilles de Mimosa et des éta- mines de l’épine-vinette. La nicotine, au contraire, de même que l'alcool, les acides minéraux, etc., détruisent la vie du sarcode et du protoplasma, de même que lirrita- bilité des feuilles de Mimosa et des étamines de Berberis. Les vapeurs d'alcool, d’éther et de chloroforme em- ployées avec précaution peuvent abolir momentanément les mouvements du sarcode et du protoplasma, ainsi que l'irritabilité des feuilles de Mimosa et des étamines de Berberis *. M. Paul Bert, dans ses Recherches sur les mouvements de la Sensitive, tâche de démontrer que les anesthétiques, tels que l’éther, arrêtent les mouvements qui résultent d’un choc, d'une lésion, etc., mais n’influent pas sur les directions de la feuille pendant la nuit. D’après lui, la cause de ces deux mouvements serait différente. L’éther, qui agit sur les mouvements accidentels, a pour effet de ! Archives des Sciences phys. et nat., 1865, t. XXIV, p, 318. ? Voyez Dr Clemens, Untersuchungen über die Wirkungen des Aethers und Chloroforms. Inauguraldissertation, 1850. — M. Marcet, Archives des Sciences phys. et nat., 1848, t. IX, p. 204. 94 MOUVEMENTS DES ÉTAMINES créer une immobilité absolue dans la position où se trouve la feuille, ce qui est bien différent de son action sur les animaux. Cette action particulière de l’éther qui paralyse momentanément les feuilles de mimosa et l2s étamines de Berberis s'explique en partie par son influence sur le pro- toplasma. Les cils et filaments vibratils des spores d'algues ne sont que des prolongements du protoplasma qui com- pose ces spores, les vapeurs d’éther arrêtent leurs mou- vements pendant un temps plus ou moins long. Les résultats de nos expériences nous fournissent en- core une autre raison pour attribuer au protoplasma un certain rôle dans les mouvements dont nous parlons. D’a- près Nægeli, le mouvement du protoplasma dans le Mitella syncarpa atteint son maximum à 37°. Jul. Sachs a trouvé que ce même mouvement, dans les poils de Cucurbita, Solanum, Lycopersicum, Tradescantia, dans les cellules du parenchyme de Vallisneria, est lent à une température de 11° à 16°, très-vif de 30° à 40°, tandis qu'il se ralentit entre 40° et 50° *. Max Schultze établit que la température qui tue d’une manière absolue le protoplasma commence de 47 à 48° C.? Les phénomènes physiologiques présentent toujours quelque chose de compliqué, et nous trouvons constam- ment plusieurs facteurs qui y concourent. Pour compren- dre le mouvement exécuté par un organe, il ne suffit pas d'y constater l’existence d’une matière contractile ; il faut encore étudier la structure anatomique de l'organe en question. Quand nous examinons sous ce point de vue les étamines d’épine-vinette, nous trouvons dans le filet un tissu épidermique garni de cellules arrondies en forme de 3 Julius Sachs, Lehrbuch. ? Max Schultze, das Protoplasma der Rhizopoden und Pflanzenzellen. DE L'ÉPINE-VINETTE. 25 papilles. Sous les papilles se trouve un tissu formé de cellules étroites, allongées, cylindriques, très-serrées. Ce tissu épidermique enveloppe un parenchyme traversé dans toute sa longueur par un faisceau fibrovasculaire. Lorsqu'on coupe l’étamine à sa base, le tissu fibreux de l’épiderme ne couvre plus le parenchyme jusqu'à la base, il semble s'être retiré, comme une enveloppe élastique fortement tendue, dont on aurait coupé le point d'attache. Le parenchyme qui se montre alors dénudé à la base de l’étamine, se compose de grosses cellules arrondies. Dans une-solution de carmin, ces cellules absorbent une grande quantité de la matière colorante, et l’on aperçoit alors leur protoplasma mort, coagulé en forme d’amas irrégu- liers d’un beau rouge. Ce fait s’observe du reste aussi sur d’autres étamines qui ne présentent point de mouve- ments particuliers. On observe également une belle colo- ration rouge sur le fil élastique des trachées qui traver- sent le parenchyme, tandis que le vaisseau lui-même se colore à peine. L’inégal développement des tissus d’un organe peut produire dans cet organe une tension plus ou moins grande ; c'est ainsi qu'il existe une tension très-forte entre le tissu épidermique des étamines d’épine-vinette et le parenchyme. Ce parenchyme, qui s’est développé plus fortement que l'enveloppe épidermique, a produit une traction longitudinale dans les cellules de l’épiderme, tandis que la résistance de ces mêmes cellules épidermi- ques produit une compression de haut en bas dans les cellules du parenchyme. Jul. Sachs (loc. cit.) distingue très-bien entre tension des tissus et turgescence ; cette dernière signifie pour lui la pression hydrostatique exer- cée par le liquide intracellulaire sur les parois de la 26 MOUVEMENTS DES ÉTAMINES cellule, ou ce qui revient au même, la pression de la paroi élastique de la cellule sur le contenu liquide. Ces deux qualités des tissus ont évidemment une influence réciproque. L'action endosmotique du contenu de la cellule doit avoir une grande influence sur sa turgescence. Les matières protéiques qui se trouvent dans les cellules du parenchyme de la base des étamines doivent ainsi augmenter la iurgescence de ces cellules, et cette tur- gescence du tissu érectile, c’est-à-dire d’un tissu com- primé, gêné dans sa dilatation, augmente naturellement à son tour la tension entre l’épiderme et le paren- chyme de l'étamine. On comprend alors facilement qu’il suffise d’une faible action perturbatrice pour détruire la position d'équilibre de l'organe et pour y produire un mouvement, d'autant plus que l’étamine, renflée à sa partie inférieure et arrondie, repose sur une petite surface sur laquelle elle se trouve comme articulée. Ajoutons encore comme fait important à noter que l’étamine, au commencement de la floraison, se trouve assez rapprochée du pistil, mais qu'à mesure que les pétales s’étalent, ils entraînent avec eux les étamines qui leur sont opposées; ce qui augmente nécessairement Ja tension dans la partie tournée du côté du pistil. Suppo- sons maintenant qu'à la partie intérieure et inférieure de l’étamine, il y ait contraction dans les cellules du tissu érectile du parenchyme, c’est-à-dire diminution de leur hauteur, l’étamine doit alors évidemment s’élancer vers le pistil. La contraction des cellules du tissu érectile peut provenir, ou d’un écoulement d’une partie du liquide qui produit leur turgescence, on d’un raccourcissement dû à la contractilité des cellules, ou à la réunion des deux causes indiquées. [Il nous semble difficile d’expli- DE L'ÉPINE-VINETTE. 27 quer le mouvement brusque des étamines par un simple déplacement du liquide intracellulaire qui doit être ra- pide, presque instantané et qui se produira par la plus légère action mécanique ou par le simple contact d’une goutte d’eau de 40°. Les expérences, faites avec l’eau à différentes tempé- ratures, avec le courant électrique, avec l'alcool, les acides minéraux, la nicotine, etc., nous ont fait voir que toutes les fois que ces réactifs détruisent la vitalité du protoplasma végétal, ils anéantissent aussi l'irritabilité des étamines de l’épine-vinette ; tandis qu’en employant dans les conditions voulues ceux d’entre eux qui rehaus- sent et activent la vitalité du protoplasma, l'irritabilité des étamines se manisfeste non seulement par des mou- vements vifs, mais encore par Sa persistance. La tension des tissus, la turgescence des cellules du tissu érectile, l’élasticité de l’épiderme, le mode d’inser- tion et l’écartement de l’étamine produisent certainement un état d'équilibre facile à troubler ; mais encore faut-il une action pour rompre cet équilibre. Si nous ne pou- vons pas trouver cette action dans un simple déplacement du liquide intracellulaire, il nous semble plus naturel de la chercher dans la contractilité du sarcode végétal ou protoplasma qui aurait pour effet uu déplacement du liquide de la cellule. Dans une cellule vivante ce proto- plasma ne se trouve pas seulemenl dans l’intérieur, mais il passe par différents degrés de densité jusque dans la partie de l’enveloppe désignée par H. v. Mohl sous le nom d’utricule primordiale et sur laquelle s’étend dans les cellules dont nous parlons une mince couche de cel- lulose élastique. Il est vrai que nous savons fort peu de chose sur la contractilité de l’utricule primordiale et sur 28 MOUVEMENTS DES ÉTAMINES, ETC. les changements de forme que ses contractions peuvent produire ; mais en voyant le protoplasma des globules de chlorophylle changer de forme sous l'influence de la lumière, en voyant les mouvements rapides des cils vi- bratiles des spores d'algues, le déplacement du proto- plasma des myxomycètes, les mouvements de cette même substance dans toutes les cellules vivantes, il nous semble difficile d'admettre que dans l'utricule primordiale elle soit devenue une substance morte, privée de con- tractilité. Lorsque nous considérons les différentes conditions déjà indiquées dans lesquelles se trouvent les étamines de Berberis vulgaris, une légère contraction des cellules du tissu érectile à la partie inférieure et intérieure de l'étamine suffit pour provoquer le mouvement vers le pisul. À mesure que ces mêmes cellules reviennent à leur forme primitive, l’étamine s'éloigne lentement du pistil vers la position où elle présentera de nouveau les mêmes conditions de tension et de turgescence qu’aupa- ravant. Si, à l'aide d’un obstacle mécanique, on retient l’étamine dans cette position pendant que l’on irrite sa partie inférieure, elle restera immobile quand on l’aban- donnera à elle-même. Ce qui en outre témoigne peu en faveur d’un simple déplacement de liquide, c’est que le mouvement des étamines se produit sous l'influence des réactifs indiqués, même dans les étamines des fleurs pres- que flétries. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES ET THÉORIQUES SUR LES FIGURES D'ÉQUILIBRE D’UNE MASSE LIQUIDE SANS PESANTEUR AMEN IE PP PAR EP ANU (Extrait par l’auteur) Huitième Série ‘. Pourquoi gonfle-t-on sans peine de très-grosses bulles avec de l’eau de savon, et ne parvient-on pas à en obte- nir, même de petites, avec de l’eau pure ? Cette question peut paraitre oiseuse au premier abord, car, d'après l'opinion généralement reçue, la différence que présentent ces deux liquides, au point de vue du développement en bulles, tient simplement à ce que le premier est plus visqueux que le second. Mais bien que la solution d'une partie de savon de Marseille dans 40 parties d’eau donne, à l'orifice d'une pipe de terre ordinaire, des bulles de plus de 25 centimètres de diamètre, des expériences di- rectes m'ont montré que la viscosité de ce liquide est à peine supérieure à celle de l’eau pure; de plus, avec la solution d'une partie de ce savon dans 500 parties d’eau, liquide dont l'excès de viscosité est certainement inappré- ciable, on forme encore des bulles d’un décimètre ; enfin des liquides beaucoup plus visqueux que l’eau, tels que les huiles grasses, la glycérine pure ou diluée, et des so- ! Pour la précédente série, voyez Archives, 1867, tome XXVIIT, page 20. 30 FIGURES D'ÉQUILIBRE lutions de gomme arabique, sont complétement impro- pres à la génération des bulles. La viscosité, du moins telle qu’on l’entend, ne joue donc qu’un rôle très-secon- daire dans le phénomène dont il s’agit, et c’est la re- cherche de la vraie cause de celui-ci qui fait l’objet de la série actuelle. Deux modes d'expérience essentiellement différents me permettent d’énoncer le principe que voici : La couche superficielle des liquides a une viscosité pro- pre, indépendante de la viscosité de l’intérieur de la masse ; dans certains liquides, cette viscosité superficielle est plus forte que la viscosité intérieure, et souvent de beaucoup ; dans d'autres liquides, elle est, au contraire, plus faible que la viscosité intérieure, et souvent aussi de beaucoup. D'autre part, il est bien établi aujourd’hui que la cou- che superficielle des liquides est dans un état de tension, et l'on a des procédés exacts pour mesurer cette tension; or l’ensemble de mes expériences me conduit à admettre que les éléments d’où dépend le plus ou moins de facilité du développement en lames, sont la viscosité superficielle et la tension , et j'arrive à la conclusion suivante : Pour qu’un liquide puisse s'étendre en lames à la fois grandes et persistantes, et conséquemment se laisse gon- fler en bulles, il faut d’abord que sa viscosité superficielle soit forte ; mais il faut, en outre, que sa tension soit rela- tivement faible, ou, en d’autres termes, que le rapport de sa viscosité superficielle à sa tension soit suffisamment grand. Telle est donc, selon moi, la théorie du facile dévelop- pement en bulles. Je ne pourrais, sans donner trop de longueur à cet extrait, exposer ici toutes les considéra- tions et tous les faits sur lesquels elle repose; mais on D'UNE MASSE LIQUIDE SANS PESANTEUR. 31 comprend, d’une manière générale, qu'une forte viscosité superficielle rend très-lente l’atténuation de la lame , et que si, en même temps, la tension qui fait sans cesse effort pour amener la rupture est relativement faible, la lame, dans cette double condition, aura peu de tendance à éclater, et par suite se développera aisément. J'ajoute que j'ai vérifié ma thèse sur quinze liquides différents. Neuvième Série. Dans la série précédente, j'ai tàäché de découvrir les causes du facile développement de certains liquides, de l'eau de savon, par exemple, en grandes lames qui se maintiennent assez longtemps ; or, quand on a produit des lames de cette espèce, leur persistance est influencée par des causes accessoires, telles que l’évaporation, le plus ou moins d’inclinaison des lames, leur combinaison en systèmes, etc. J’examine ces différentes causes, et je fais voir que, lorsqu'on élimine celles qui sont défavora- bles, on obtient des persistances énormes: c’est ainsi qu'une lame circulaire plane et horizontale de liquide glycérique, ayant 7 centimètres de diamètre, réalisée dans les conditions dont il s’agit, a persisté dixhui! jours. La beauté des figures laminaires de liquide glycérique inspire naturellement le désir d’avoir les mêmes figures indéfiniment permanentes; j'indique, comme le moyen qui m'a paru le meilleur pour approcher autant que pos- sible de ce résultat, l'emploi d’un mélange fondu de colo- phane et de gutta-percha, en proportions convenables ; le système ainsi réalisé dans une charpente cubique de 5 centimètres le côté, s’est conservé au delà de deux ans, je pense. 32 FIGURES D'ÉQUILIBRE Je termine, dans cette série, la partie de mon travail spécialement consacrée aux lames liquides, en résumant les recherches des autres physiciens sur ce sujet. Je passe ensuite à la description détaillée d’une expé- rience dont j'ai déjà parlé autrefois, à une époque où je n’avais pas encore trouvé les moyens d'en assurer la complète réussite; elle consiste à produire, par les seu- les forces capillaires, l'ascension d'u: liquide à une gran- de hauteur dans un tube d’un grand diamètre, et cela en soustrayant ce liquide à l’action de la pesanteur ; j’ai ob- tenu ainsi l'ascension de l'huile d'olive et celle de mon mélange alcoolique jusqu’au sommet de tubes ayant 14 à 15 millimètres de diamètre intérieur et 42 centimètres de hauteur. Enfin j'étudie la constitution d’un courant gazeux qui traverse un liquide. F’établis, par la théorie et par l’expé- rience, l’analogie de cette constitution avec celle d’une veine liquide lancée de haut en bas dans l'air, par un ori- fice circulaire; mais je conelus de la théorie, et Je vérifie, par l'expérience, que le courant gazeux n’a jamais de par- tie continue, c’est-à-dire que les bulles dans lesquelles 1l se transforme s’isolent déjà très-près de l’orifice. Dixième Série. Ici j'énumère les résultats que les géomètres ont obte- nus, soit en appliquant l'analyse à mes expériences mé- È . L à en 1 1 mes, soit en discutant l'équation générale RT rt C, considérée comme représentant les surfaces dont la cour- bure moyenne est constante, en prenant, parmi ces ré- sultats, ceux qui sont en rapport avec mon sujet. Je décris, en même temps, de nouvelles vérifications expé- D'UNE MASSE LIQUIDE SANS PESANTEUR. 33 rimentales d’un certain nombre des résultats dont il s’a- git, telles que la réalisation, à l’état laminaire, en con- séquence du principe qui termine ma septième série, de plusieurs surfaces à courbure moyenne nulle, dont on a les équations en coordonnées finies; par exemple, dans un contour en fil de fer, composé d’une hélice régulière, d’une portion de l’axe et de deux droites perpendiculaires à celui-ci, et le rattachant aux extrémités de l’hélice, on obtient, avec le liquide glycérique, une belle lame figu- rant exactement un héliçoïde gauche à plan directeur. Onzième et dernière Série. Ainsi qu’on à pu le voir dans la série précédente, la sphère est très-probablement la seule figure d'équilibre fermée, et toutes les autres présentent des dimensions in- finies dans certains sens. Or, quand on essaye de réaliser partiellement l’une de ces dernières, soit avec une masse d'huile dans le mélange alcoolique, soit avec une lame mince de liquide glycérique dans l'air, on reconnait en général que, lorsque les terminaisons solides auxquelles adhère la masse ou la lame doivent comprendre entre elles une portion trop étendue de la figure, celle-ci refuse de se former, d’où il faut conclure qu'avec cet écartement des terminaisons, elle serait instable. Dans la série actuel- le, je cherche d’abord, en m’aidant de l'expérience, du calcul et du raisonnement, les limites de stabilité de la plupart des figures d'équilibre dont je me suis occupé, et spécialement des figures de révolution comprises entre deux bases perpendiculaires à l’axe. Je commence par la sphère. Cette figure n’a pas de ARCHIVES, t. XXXV. — Mai 1869. 3 34 FIGURES D'ÉQUILIBRE limite de stabilité, c’est-à-dire qu’elle est stable dans son état complet; en effet, une masse d'huile librement sus- pendue dans le liquide alcoolique et une bulle de savon flottant dans l’air prennent toujours la forme sphérique, et y reviennent quand on la leur a fait perdre. Il suit de là que le plan, qui peut être considéré com- me faisant partie d’une sphère de rayon infini, possède également la stabilité, quelle que soit son étendue. Je passe ensuite au cylindre. Les expériences de ma deuxième série relatives à cette figure ont montré qu’un cylindre liquide est instable lorsque le rapport de sa lon- gueur à son diamètre excède une valeur comprise entre les nombres 3 et 3,6, valeur que j'ai nommée la Hmite de la stabilité du cylindre. Dans la série actuelle, je cher- che la valeur exacte de cette limite, et je trouve, par deux méthodes essentiellement différentes, qu'elle est égale à la quantité 7; d’où il suit qu'un cylindre liquide est rigou- reusement à sa limite de stabilité quand sa longueur est égale à sa circonférence. Pour ne pas donner trop d’étendue à ce résumé, j'o- mets ici les résultats qui concernent la stabilité des trois figures de révolution restantes, ainsi que de quelques autres qui n'appartiennent pas à cette classe. Dans la seconde moitié du Mémoire, j'envisage sous un point de vue général la question de la stabilité des figures d'équilibre. Les géomètres ont admis, comme résultats de l'analyse, que les surfaces à courbure moyenne cons- tante, surfaces qui sont celles de nos figures d'équilibre, ont toujours une étendue minima. Mais s’il fallait accepter ce principe sans restriction, il s’ensuivrait, contrairement à l'expérience, que toute figure d'équilibre liquide par- tielle terminée à un système solide serait nécessairement D'UNE MASSE LIQUIDE SANS PESANTEUR. 39 stable, quelque portion qu’elle représentàt de la figure indéfinie. En effet, la couche superficielle de la masse étant réellement, on le sait aujourd'hui, dans un état de tension, elle fait constamment effort pour se resserrer ; si donc, dans l’équilibre, son étendue était toujours un mi- nimum, une déformation très-petite quelconque augmen- terait cette étendue, et conséquemment la couche super- ficielle ferait effort pour reprendre ses dimensions pre- mières et rétablir la forme d'équilibre. Les géomètres ont été conduits au principe ci-dessus par le fait que la variation des surfaces dont il s’agit est toujours nulle, ce qui semble impliquer nécessairement ua minimum ou un maximum d’étendue; et comme il est évident qu'avec un volume donné on peut toujours aug- menter la surface par un changement de forme convena- ble, on en a conclu qu'il fallait choisir le minimum. Or il y avait une supposition intermédiaire également légitime qu'on n'a pas faite, et qui est celle de la réalité : c’est qu'au delà de limites déterminées, la surface est minima par rapport à certains modes de petite déformation, tandis qu'elle est maxima par rapport à d’autres modes. Je démontre l'exactitude de ce dernier principe par l'étude du cylindre. On sait, par les expériences de ma deuxième série, que la transformation spontanée d’un cylindre très-long relativement à son diamètre s’effectue par le partage de la figure en portions alternativement étranglées et renflées, lesquelles se dessinent de plus en plus jusqu'à la conversion de la masse en une suite de sphères isolées ; or, en prenant une sinusoïde pour ligne méridienne à la naissance de l’altération spontanée, je trouve, par le calcul, que si la somme d’un étranglement et d'un renflement excède en longueur la circonférence 36 FIGURES D'ÉQUILIBRE, ETC. du cylindre originaire, la surface a effectivement di- minué. Ainsi, même abstraction faite de toute expérience, l’in- stabilité d’un cylindre liquide dont la longueur surpasse la circonférence est un fait nécessaire, et, pour le dire en passant, de cette nécessité découle celle de la théorie de la constitution des veines liquides exposée à la fin de ma deuxième série. J'omets ici d’autres points, dont on trouvera l’examen dans mon Mémoire, tels que l'influence des résistances sur la longueur des étranglements et des renflements dans la transformation d’un long cylindre, etc. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. F. RüDoRFF. UEBER DIE DURCH AUFLÜSEN VON SALZEN, etc. DE L’ABAISSEMENT DE TEMPÉRATURE QU'IL EST POSSIBLE DE PRODUIRE DANS LA DISSOLUTION DES SELS. (Poggend. Ann., t. CXXXVI, p. 276.) C’est Blasius Villafranca qui, le premier, a observé labais- sement de température produit par la dissolution du salpètre dans l’eau. Cette question a été reprise souvent, et en parti- culier par Walker, Karsten ?, Hanamann * et bien d’autres physiciens, lesquels sont tous arrivés à des résultats assez différents dans la fixation des températures minima aux- quelles l’on peut atteindre par la dissolution des sels dans l’eau. L'auteur a recherché la cause de ces divergences, et il l’a trouvée dans la négligence de certaines précautions in- dispensables dans toute recherche de ce genre. Il a trouvé, ce qui était évident du reste, que les propor- tions de sel et d’eau employées exercent une très-grande in- fluence sur le résultat. Lorsque la quantité de sel dissous n’est pas suffisante pour produire la saturation, on n’obtient pas le maximum d'effet. Lorsqu'il y a, au contraire, plus de sel qu'il n’en faut pour la saturation, c’est autant de sub- stance inutile de plus à refroidir. Il existe donc des propor- tions parfaitement déterminées pour produire le maximum d'effet. L'auteur à trouvé qu’il fallait prendre une quan- tité de sel très-peu supérieure à celle qui produit la satura- tion; de la sorte on abaisse la température, par une rapide ! Green, Journal de Physique, tome I, p. 419, et tome III, p. 458. ? Abhandlungen der Kônigl. Akad. der Wissenschaften zu Berlin, 1840, p. 95. 5 Wittstein, Vierteljahrsschrift für practische Pharmacie. München, 1864, tome XIIT, p. 3. 38 BULLETIN SCIENTIFIQUE. dissolution, plus qu’on ne l’élève par suite de l’excès de sel non dissous. Enfin il importe d’éviter toute action extérieure et pour cela l’auteur a opéré ses dissolutions dans un vase en verre très-mince, entouré de coton, en prenant des quan- tités de sel et d’eau suffisamment grandes pour n'être pas sensiblement influencées par la température extérieure (250 à 500 grammes d’eau avec la quantité correspondante de sel). : Pour hâter la dissolution, il convient d'employer des sels ré- duits en poudre impalpable, et de remuer sans cesse avec le thermomètre; de la sorte on obtient le minimum de tem- pérature en moins d’une minute. Le tableau suivant donne les moyennes d’un grand nombre d'expériences, dont les ré- sultats différaient entre eux au plus de 0°,2 C. Soluble | Mêlé | = dans | avec TEMPERATURE EÙ 400 | 100 a 1 de Der initiale. finale. = Alun Cristalise ee 10 | 14 |+#10,8 C.\+ 9,70.) 1,4 Chlorure de sodium ..... 35,8| 36 | 12,6 |+10,1 2,5 Sulfate de potasse ....... 9,91 12 | 144,7 |+114,7 3,0 Phosphate de soude crist..| 9,0! 14 | 10,8 + 7,1 3,7 Sulfate d’ammoniaque ....| 72,3| 75 | 13,2 |+ 6,8 6,4 Sulfate de soude cristallisé.| 16,8! 20 | 12,5 + 5,7 6,8 Sulfate de magnésie crist..| 80 | 85 | 11,4 + 3,1 8,0 Carbonate de soude crist. .| 30 | 40 | 40,7 + 1,6 9,1 Azotate de potasse....... 15,5).16 |.418,2:,,41+- 18.001102 Chlorure de potassium... .| 28,6! 30 | 13,2 + 0,6 |12,6 Carbonate d’ammoniaque. .| 25 | 30 | 15,3 + 3,2 112,7 Acétate de soude cristallisé.| 80 | 85 | 10,7 - 4,7 115,4 Chlorhydrate d'ammoniaque| 28,21 30 | 13,3 - 5,1 |18,4 Azotate de soude....... «l 69 | 75: 13.9 = 58 Hyposulfite de soude cerist..| 98 1110 | 10,7 |- 8,0 |18,7 lodure de potassium ..... 120 1140 | 10,8 11,7 |22,5 Chlorure de calcium crist..|200 1250 | 10,8 |-12,4 123,2 Azotate d'ammoniaque....| 55 | 60 | 13,6 |-13,6 127,2 Sulfocyanure d'ammonium.|105 1133 | 13,2 |-18,0 131,2 Sulfocyanure de potassium.|130 1150 | 10,8 |-23,7 134,5 ‘ Les chiffres contenus dans cette colonne sont pris dans le travail PHYSIQUE. 39 L’abaissement de température étant intimement lié avec la quantité de sel dissous, devra être plus grand à une tem- pérature plus élevée chez les sels dont la solubilité augmente avec le degré de chaleur. Et, en effet, la température initiale étant 23°, la dissolution du salpêtre dans l’eau l’a ramenée à 10°,2, produisant ainsi un abaissement de 12°,8, au lieu de 10°,2 que nous trouvons dans le tableau. Il en a été de même du chlorhydrate d’ammoniaque et d’autres sels. On ne peut donc pas indiquer d’une manière absolue l’abaissement pro- duit par une dissolution sans y joindre la considération des températures initiales et finales entre lesquelles il s’est pro- duit. La température d’une dissolution peut s’abaisser jus- qu’à son point de congélation, mais elle ne le dépassera ja- mais, ce qui est évident du reste. L'auteur insiste en terminant sur le sulfocyanure de po- tassium, dont la dissolution possède à un si haut degré la propriété qui nous oceupe ici, et constitue par ce fait même un mélange réfrigérant extrêmement précieux dans la pra- tique. E. S. T.-H. Scauzcer. VERSUCHE, etc. RECHERCHES SUR LES CHA- LEURS SPÉCIFIQUES DES DISSOLUTIONS SALINES. (Pogq. Ann., tome CXXX VI, p. 70-88 et 235-260.) Dans un Mémoire ! publié déjà il v a une dixaine d'années, M. Person était arrivé à conclure : 1° Que la chaleur spéci- fique des dissolutions salines est toujours moindre que celle des composants, à condition cependant que l’on attribue au sel la chaleur spécifique qu’il possède à l’état liquide; si l’on prend celle qu’il possède à l’état solide, on ne constate au- de Mulder sur la solubilité des sels (Mulder, Bijdragen tot de yeschie- denis van het scheikundig gebonden water, Rotterdam, 1864). L'auteur n'a mesuré directement que la solubilité des sulfocyanures de potas- sium et d’ammonium. ! Annales de Chimie et de Physique, 3% série, t, XXXIIT, p. 437. 40 BULLETIN SCIENTIFIQUE. cune régularité dans le phénomène, et dans certains cas la chaleur spécifique d’une dissolution est même supérieure à la moyenne des chaleurs spécifiques de l’eau et du sel cris- tallisé. 2° Que la diminution de chaleur spécifique n’est point en rapport avec l’affinité ou avec la contraction qui accom- pagne souvent la dissolution. M. Person avait opéré sur les azotates de potasse et de soude, sur l’azotate double de po- tasse et de soude, le phosphate de soude, le chlorure de cal- cium et le chlorure de sodium, enfin sur des dissolutions d'acide sulfurique dans l’eau à différents degrés de concen- tration. L'auteur du présent Mémoire s’est proposé de compléter les recherches de M. Person, et de les étendre à un plus grand nombre de dissolutions. Il s’est attaché principalement aux chlorures de sodium, de potassium et d’ammonium, au sulfate de potasse, à l’iodure de sodium, aux azotates de soude et de potasse ‘. Dans chaque cas, il a étudié un grand nombre de dissolutions du même sel à différents degrés de concentration, et cherché à se rendre compte de la loi sui- vant laquelle varie le rapport de la chaleur spécifique de la dissolution à la moyenne des chaleurs spécifiques des élé- ments en prenant pour base celle du sel solide. IL a été amené de la sorte à établir pour chaque sel une formule d’interpolation donnant précisément la loi de cette variation. Mais il n’a trouvé aucune loi générale embrassant les diffé- rents cas qu'il avait étudiés, conformément à ce qu'avait établi M. Person au sujet de l’irrégularité que présente le phénomène en question lorsque l’on prend pour base la chaleur spécifique du sel à l'état solide. Les formules d’in- terpolation de M. Schuller, pour lesquelles nous renvoyons 1 La méthode employée par M. Schuller pour la mesure des cha- leurs spécifiques de ces différentes dissolutions est la méthode de M. Kopp modifiée par M. Waullner, telle que ce dernier l'a décrite à propos de ses recherches sur {a chaleur spécifique des modifications allotropiques (Poggend. Ann., tome CXXXIII). PHYSIQUE. Un | au Mémoire original, présentent de l'intérêt parce qu’elles permettent de calculer aŸec une exactitude très-suffisante les chaleurs spécifiques des dissolutions ci-dessus à un degré quelconque de concentration, au lieu d’avoir à les mesurer directement. Mais elles ne répondent pas à un fait positif, car, une fois dissous, le sel se comporte comme un liquide et non comme un solide. Laissant de côté ces considérations, voici quelles sont les conclusions du travail de M. Schuller: Le rapport entre la chaleur spécifique vraie d’une disso- lution et sa chaleur spécifique moyenne, calculée en prenant pour base la chaleur spécifique du sel à l’état solide, est con- stant, pour deux des sels étudiés, le chlorure et l’iodure de sodium, mais variable pour les autres. Parmi ces derniers, il en est (Na0. SO;, Na O.Az0;) pour lesquels ce rapport aug- mente avec le degré de concentration de la dissolution jus- qu’à dépasser l’unité ‘; d’autres (K.CI, AzH, CI, KO AZ0;) pour lesquels il diminue à mesure que la concentration aug- mente. De plus, pour KO AZ0O,; la loi de variation de ce rap- port se rend au moyen d’une expression linéaire ; pour les autres (Na O SO;, Na O AZO; K CL,AZH, CL) par une expression du second degré. L'auteur insiste particulièrement sur ce fait que les chlorurés de sodium et de potassium, si voisins l’une de l’autre par leur composition chimique et la plupart de leurs propriétés, se comportent tout différemment quant à la loi de variation de leurs chaleurs spécifiques. L'étude détaillée de cette question, en partant des bases 1 Pour l’azotate de soude, par exemple, que l'auteur indique au nombre des sels dont la dissolution présente une capacité calorifique plus grande que la moyenne, on oblient un résultat tout opposé en prenant pour calculer cette moyenne, non point la chaleur spécifique de ce sel à l’état solide 0,2732, mais sa chaleur spécifique à l’état liquide 0,413. En opérant de la sorte, on voit cette dissolution ren- trer dans la loi générale qui est d’avoir une capacité moindre que la moyenne. 42 BULLETIN SCIENTIFIQUE. établies par M. Person, présente. en effet un grand intérêt et mérite d’être reprise. Il s'agirait de vérifier, en l’étendant à un plus grand nombre de cas, le fait avancé par M. Person de la diminution de chaleur spécifique dans la dissolution, et de voir si le rapport de la chaleur spécifique vraie d’une dissolution, à la moyenne des chaleurs spécifiques de Peau et du sel à l’état liquide, varie suivant des lois déterminées. E. S. J.-C. POGGENDORFF. UEBER DAS GALVANISCHE VERHALTEN, etc... DES PROPRIÉTÉS GALVANIQUES DU PALLADIUM. (Monatsberichte der Kün. preuss. Akad. der Wiss. zu Berlin, février 1869.) Dans son beau travail sur l’hydrogenium, M. Graham mentionne entre autres ce fait que lorsque le palladium ab- sorbe de l'hydrogène il se dilate, pour se contracter ensuite lorsqu'il abandonne cet hydrogène et se contracter même plus qu'il ne s'était dilaté d’abord. C’est ainsi qu'avant opéré sur un fil de palladium mesurantau début 609,144 il avait vu s’'allonger de 9,77 par l'absorption de l'hydrogène et revenir enfin à 599,444 après avoir abandonné tout le gaz qu’il avait précédemment fixé. M. Poggendorif a imaginé une expérience extrêmement élégante à l’aide de laquelle l’on peut aisément et nettement reproduire ce double phénomène sans qu’il soit nécessaire pour cela d’opérer aucune mesure. Il prend à cet effet une plaque de palladium très-mince et très-flexible mesurant 118" de longueur, 28"* de largeur et 0"",1 d'épaisseur environ, et il la plonge dans de l’acide sulfurique étendu, à 8"”" en avant d’une plaque de platine formant électrode po- sitive. Cela étant il fait passer dans ce petit appareil le cou- rant de deux éléments de Grove. L’on ne tarde pas alors à voir au bout d’un petit instant la plaque de palladium se courber en présentant sa convexité du côté de l’électrode de platine. Au bout d’un quart d’heure PHYSIQUE. 43 environ cette courbure a atteint son maximum etalors la pla- que revient peu à peu à sa forme primitive puis se recourbe en sens inverse jusqu'à venir toucher l’électrode de platine, ce qui met fin à l'opération. Ilse passe ici, dans l'opinion de M. Poggendorff, un phéno- mène tout à fait analogue à celui que l’on observe dans le thermomètre de Bréguet; seulement ladilatation produite dans ce dernier cas par la chaleur, l’est ici alternativement sur l'une et l’autre face de la plaque de palladium par l'absorption d’hy- drogène qui a lieu d’abord sur la face tournée vers l’élec- trode de platine, ensuite sur la face opposée. L'auteur n’ex- plique pas cependant pourquoi la dilatation sur la face ex- térieure est plus forte que sur la face intérieure. Ne serait-ce pointque l’eau acidulée étant plus oxygénée entre les plaques de palladium et de platine qu’au delà de la plaque de palla- dium, une partie de l'hydrogène absorbé par la face inté- rieure de la plaque de palladium se recombine avec l’oxy- gène dissous dans l’eau ? Quoi qu’il en soit, M. Poggendorff met en évidence par un procédé tout aussi ingénieux la contraction que le palladium subit en abandonnant son hydrogène. Pour cela, après avoir sorti la plaque de palladium de l’eau acidulée et l'avoir lavée et séchée, il la plonge dans la flamme d’une lampe à alcool. Immédiatement alors elle se redresse puis se recourbe très- rapidement en sens inverse, jusqu’à paraitre comme enrou- lée sur elle-même. Quand on fait subir plusieurs fois de suite cette opération à une même plaque, on voit ses dimensions se modifier d’une manière notable. Elle devient plus étroile et plus courte, mais elle gagne en revanche en épaisseur. Après six opéra- tions analogues la plaque dont il est ici question avait perdu 8°" dans le sens de la longueur, 1"",5 dans celui de la largeur, tandis qu’elle avait gagné au moins 0"",1 en épais- seur. Les deux dimensions suivant lesquellesle métal s’était dilaté 44 BULLETIN SCIENTIFIQUE. dans la première opération ont été au contraire diminuées dans la seconde; la troisième en revanche a été augmentée. M. Poggendorff fait remarquer aussi qu’il semble que l’on puisse obtenir par ce procédé-là un véritable hydrure de pal- ladium, quoique M. Graham et M. Wurtz n’y soient pas parve- nus par de pures réactions chimiques. En effet dans le cou- rant de cette opération l’auteur vit l’eau acidulée se colorer en brun sans êtrele moins du monde troublée et sans former le moindre dépôt. Suivant une ancienne observation de M. Poggendorff, une plaque de tellure plongée comme électrode négative dans une dissolution de potasse ou d’ammoniaque y produit une belle et très-vive coloration rouge, en revan- che le palladium laisse cette dissolution parfaitement trans- parente. Dans le cas qui nous occupe il v aurait donc, suivant M. Poggendorff, une dissolution d’hydrure de palladium dans l’eau acidulée. E. S. E. WarBuRG. UBER DIE ERWARMUNG, ETC. DE L’ÉLÉVATION DE TEMPÉRATURE PRODUITE DANS LES CORPS SOLIDES EN VIBRATION". (Monatsberichte der Künigl. preuss. Akad. der Wissen- schaften zu Berlin, février 1869, p. 86.) La rapidité avec laquelle s'éteint le son d’une corde ou d’une tige vibrante varie beaucoup avec la substance qui la compose. C’est là un point qui avait déjà attiré l'attention de Guillaume Weber. Cet illustre physicien chercha à expliquer celte propriété des corps de vibrer plus ou moins longtemps par leur densité. Plus est grande en effet la masse du corps en vibration, moins il sera influencé dans son mouvement par la résistance de l’air, qui tend à le ramener au repos. Cette cause cependant n’est pas la seule, ni même la plus impor- tante, et Weber était arrivé à conclure que cette propriété est une conséquence directe de la constitution intime des corps ‘ Les expériences ont été faites dans le laboratoire de M. G. Magnus à Berlin. £ PHYSIQUE. 45 et de leur état moléculaire. C’est ainsi que le plomb cesse de vibrer beaucoup plus vite que l’acier, quoique la densité du premier soit très-supérieure à celle du second. Il suit de là évidemment qu’une grande portion de la force vive du mouvement vibratoire se transforme en travail in- térieur et probablement aussi en chaleur sensible. De plus il doit y avoir une plus grande proportion de la force vive ini- tiale dépensée en travail intérieur, partant une plus forte pro- duction de chaleur dans le cas d’un corps qui cesse très-vite de vibrer comme le plomb, que dans le cas d’un corps dont le mouvement vibratoire se prolonge comme l'acier. Ce n’est pas tout: les corps chez lesquels le son est promp- tement éteint ont aussi la propriété d’affaiblir dans de très- fortes proportions les mouvements vibratoires d’autres corps avec lesquels ils se trouvent reliés. C’est ainsi qu’en adaptant à un tube de verre un prolongement formé d’un tube de plomb, même à parois très-minces, on affaiblit considérable- ment le son rendu par le premier lorsqu'on le fait vibrer longitudinalement. Là encore il y a évidemment une perte considérable de force vive qui doit être transformée, en partie du moins, en chaleur. Vérifier cette importante hypothèse d’une élévation de température produite dans les corps solides en vibration, et mesurer celte élévation de température dans un certain nombre de cas de manière à voir comment elle varie avec la constitution moléculaire des différents corps, tel est le but que s’est proposé M. Warburg dans le travail qui nous occupe ici. Le procédé d’expérimentation dont s’est servi l’auteur est fort simple. Il faisait vibrer une tige pleine ou creuse de la substance à étudier, soit directement, soit en en faisant le prolongement d’un tube de verre mis lui-même en vibration. Après cela il étudiait les variations de température, produites le long de cette tige pendant le mouvement de vibration, à l’aide d’une pile thermo-électrique reliée à un galvanomètre à 46 BULLETIN SCIENTIFIQUE. miroir. Il s’assurait préalablement à chaque expérience qu’il n’obtenait point de courant en posant la pile thermo-électri- que sur la tige dans l’état de repos. Vibrations longitudinales. IL prit d’abord une tige de cire, matière qui étouffe très-vite le son et il La fixa dans le prolongement d’un tube de verre à parois épaisses. Ayant auparavant évalué la vitesse du son dans cette tige de cire, il la prit exactement d’une demi-longueur d'onde. Cela étant, après avoir fait vibrer le tube de verre longitudinalement, il rechercha s’il y avait élévation de température dans la tige de cire, et il obtint une déviation du barreau aimanté marquant 400 divisions à l'échelle du galvanomètre dans le cas où la pile thermo-élec- trique était appliquée sur un nœud de vibration, et 50 divi- sions seulement lorsqu'elle reposait sur un ventre. Ayant ensuite disposé un tube de plomb de 9"" de dia- mètre extérieur également d’une demi-longueur d’onde dans le prolongement du tube de verre il obtint aux nœuds de vibration des déviations de 300 à 400 divisions, aux ven- tres seulement de 40 divisions. Avec un tube de plomb plus étroit (4°® diamètre extérieur) il obtint des déviations de 600 divisions, ce qui tenait probablement à ce que dans le cas d’un tube plus étroit l’amplitude des mouvements vibra- toires est plus grande, et en effet l’on obtient dans ce dernier cas un son plus intense. Les deux tubes de plomb étant fixés à la fois dans le prolongement du tube de verre, pré- sentèrent des variations de température tout à fait identiques, et l’auteur conclut que la quantité de chaleur dégagée dans l’unité de section de chacun de ces deux tubes est la même lorsque l’amplitude des vibrations est la même aussi. Des tubes de plomb ayant des épaisseurs et des longueurs identiques, mais des diamètres différents, mis directement en vibration, donnèrent des résultats tout à fait analogues ; ainsi un tube de 16"" de diamètre extérieur ne donna aucune dévia- PHYSIQUE. 47 tion même aux nœuds de vibration; un tube de 9°" donna aux nœuds des déviations de 200 divisions, et un tube de 4" de 600 divisions. Ce qui tient évidemment à ce que, dans les tubes plus larges, la masse à mettre en mouvement est plus considérable et par conséquent, comme il a été dit plus haut l'amplitude du mouvement vibratoire plus petite. Pour se placer dans les conditions les plus favorables il faut donc prendre pour de semblables recherches des tigestrès- minces n'ayant pas plus de 1°",5 à 2" de diamètre, c’est ce que l’auteur à fait pour différentes substances que nous énu- mérons ici dans l’ordre où elles se suivent pour l'élévation de température qui s’y {manifeste pendant la durée du son. Ce sont, d’abord le laiton dans lequel s’est produit le plus fort échauffement, puis le cuivre, le fer, l'acier et le bois. De tous les corps étudiés celui qui a donné le résultat le plus remarquable est le caoutchouc, lequel en effet étouffe très-promptement les sons. Un petit tube de caoutchouc adapté au bout d’un tube de verre vibrant longitudinalement produisait une déviation de 1000 divisions, lorsque l’on posait une des faces de la pile thermo-électrique immédiatement à côté de son point d'attache sur le tube de verre. En pré- sentant en ce point la boule d'un thermomètre avant et pen- dant la production du son, l’auteur le vit monter de 2 ce qui indiquait une élévation de température sensiblement plus considérable. Dans la plupart des substances étudiées l’élé- vation de température était très-sensiblement la même aux dif- férents nœuds de vibration, avec le caoutchouc au contraire il n’y avait d’élévation de température que tout auprès du point d'attache sur le tube de verre, ce qui démontre com- bien cette substance transmet mal les mouvements vibratoires Qui lui sont imprimés. Entre tous les corps sur lesquels M. Warburg a opéré, le -verre est le seul avec lequel il n’a pu observer la moindre élévation de température, les tubes sur lesquels il opérait se sont tous cassés avant que les mouvements vibratoires eussent 48 | BULLETIN SCIENTIFIQUE. acquis l’intensité nécessaire pour produire une chaleur ap- préciable. Vibrations transversales. Une fois ce point bien établi que les dilatations et contrac- tions successives qui se produisent aux nœuds des vibrations longitudinales sont accompagnées en ces points-là d’un déve- loppement de chaleur assez considérable, l’on pouvait s’at- tendre à constater une élévation de température tout à fait comparable dans les ventres aussi bien qu’aux nœuds de vi- bration, dans le cas d’un ébranlement transversal qui produit les mêmes dilatations et contractions alternatives, et en effet c’est ce qui a eu lieu. Dans ce second cas l’auteur se bornait, pour faire vibrer trans- versalement une tige de la substance à étudier, à fixer celle-ci sur un diapason de manière à ce qu’elle formât le prolon- gement d’une des branches de ce diapason. Au lieu d’une tige - ilemployait souvent, le plus souvent même, un simple fil métallique ou un petit tube à parois très-minces. Dans ces conditions-là, il put constater pendant la production du son un échauffement très-notable pour les substances suivantes: caoutchouc, plomb, laiton, cuivre, fer et acier, échauffement tout à fait équivalent à celui qui avait été observé dans les expériences précédentes. Comme celà devait être, l’échauffe- ment fut le même aux ventres qu’aux nœuds de vibration ; même avec le caoutchouc la température a paru être plus élevée aux ventres, c’est en ces points-là en effet que l’ébran- lement moléculaire doit être le plus intense. En dernière analyse il demeure donc acquis par ces ex- périences : 4° Que tout corps solide rendant un son s’échauffe pendant toute la durée de ce son par le fait de la transformation de la force vive initiale qui lui a été communiquée en travail inté- rieur et en chaleur, à condition cependant que l'intensité du mouvement vibratoire de ce corps soit suffisamment grande, PHYSIQUE. 49 car il suit aussi de ce qui a été dit plus haut que la quantité de chaleur produite diminue très-rapidement avec l’ampli- tude du mouvement oscillatoire. 2 L’élévation de température produite de la sorte par un corps vibrant est d'autant plus forte que le son qu’il rend est plus vite éteint, ou qu'il étouffe plus vite le son rendu par d’autres corps avec lesquels à se trouve relié. L’échauffement le plus fort ne coincide pas en général avec une chaleur spé- cifique plus faible, c’est donc là en tous cas une cause qui ne joue qu’un rôle tout à fait secondaire dans le phénomène. 3° Cette élévation de température est aussi d'autant plus grande que la vitesse avec laquelle la substance considérée transmet le son est plus petite. Elle est la plus forte dans le caoutchouc dans lequel la vitesse du son ne dépasse pas 40". Cela tient évidemment à ce que la longueur d’onde diminue dans la même proportion que la vitesse du son et que les contractions et dilatations atteignent une plus grande intensité dans les ondes plus courtes que dans les ondes plus longues. E.S. G. QuiNcKkE. UEBER DIE CAPILLARITÆTSCONSTANTEN, etC. SUR LES CONSTANTES DE CAPILLARITÉ DES CORPS FONDUS. (P0ggq. Ann., tome CXXXV, p. 621.) Dans un précédent travail! dont il a déjà été rendu compte ici, M. Quincke considérant que la ténacité des fils métalli- ques dépend non-seulement de leur section, mais aussi de leur surface, avait cherché à établir que la tension qui existe à la surface desliquides seretrouve également à la surface des solides. Partant de là, il avait ensuite cherché quelle serait d’après les expériences de Karmarsch sur la ténacité des mé- ; Poggend. Ann., tome CXXXIV, p. 556 ; Monatsberichte der Kümgl. Akad. der Wissenschaften zu Berlin, février 1868, et Archives des Sciences physiques et naturelles, tome XXXII, p. 228. ARCHIVES, t. XXXV. — Mai 1869. n 50 BULLETIN SCIENTIFIQUE. taux la constante de capillarité de ces mêmes métaux, c’est- à-dire la tension existante sur 1°" de leur surface, qui est aussi la mesure de leur cohésion. Dans ce dernier mémoire l’auteur reprend la même ques- tion, seulement avec une méthode toute différente ; ilmesure cette fois la tension existante non plus à la surface des corps solides, mais à la surface de ces mêmes corps à l’état de fusion laquelle lui est donnée directement par le poids des gouttes tombant une à une pendant la fusion. Dans son pre- mier travail il avait déjà exécuté quelques mesures de cette nature. Pour déterminer les constantes de capillarité des corps fondus, M. Quincke prend des tiges minces ou de simples fils d’une substance donnée, l’introduit dans une petite flam- me de gaz d'éclairage ou dans la flamme d’un chalumeau à gaz oxygène et hydrogène de manière à ce qu’elle entre lentement en fusion, puis estime le poids des gouttes tombant de la sorte une à une, et ce poids divisé par le périmètre de la tige ou du fil lui donne la constante de capillarité «. Les métaux nonoxydables etle verre étaientintroduits direc- tement dans la flamme. Les métaux facilement oxydables, ainsi que le selenium et lephosphore, avaient été préalablement fon- dus et introduits dans un tube de verre se terminant à sa par- tie inférieure en un petit entonnoir ; et même pour toutes les substances constituant cette seconde catégorie, à l'exception du zinc et de l’étain, on avait soin de faire tomber les gouttes sortant une à une de ce tube de verre dans une atmosphère d'acide carbonique, à l’aide de laquelle on évitait que la goutte se couvrit pendant sa formation, d’une mince couche d’oxyde, comme cela aurait eu lieu dans l'air. La constante de capillarité du brôme fut déduite de la hauteur à laquelle il s'élève dans un tube de 0"",208 de dia- mètre, plongeant dans un mélange réfrigérant de neige et de sel marin; on verra tout à l'heure pourquoi l’auteur a PHYSIQUE. 51 préfèré la valeur ainsi obtenue à celle bien plus faible que lon trouve en opérant à la température ordinaire. Les sels étaient disposés sur un fil de platine d’un diamètre déterminé, puis introduits dans une flamme de gaz d'éclai- rage ou dans le dard d’un chalumeau à air. Il se formait ainsi à l’extremité du fil de platine une perle de sel fondu, à laquelle on ajoutait petit à petit de nouvelles qüantités de substance, jusqu’à ce que la perle vint à tomber et elle était reçue alors sur une petite feuille de platine pour être ensuite pesée. Un certain nombre de substances ainsi introduites dans la flamme destinée à les fondre, se décomposent avant d’entrer complétement en fusion, c’est le cas en particulier des chlorures métalliques. Nous donnons ici le tableau des différentes valeurs que l’auteur a trouvées pour les constantes de capillarité des corps fondus. Celle de l’eau a été déduite de la hauteur à laquelle elle s'élève dans des tubes de verre de 50" de diamètre, celle du mercure du poids des gouttes de mercure. Enfin pour le soufre, l’auteur a pris la valeur indiquée par Franken- heim, pour la cire la valeur donnée par Wertheim. Ce tableau contient outre les valeurs de +, celles de a? et de a, & étant la hauteur à laquelle un liquide ou un corps fondu s’élève contre une paroi qu’il mouille. Ces différentes valeurs de « ont été déduites de celles de « par la formule 2 & (e} s élant le poids spécifique de la substance considérée à son point de fusion. L'auteur a évalué lui-même les poids spéci- fiques à 0° des différentes substances sur lesquelles il a opéré, puis il en a déduit les valeurs de & et celles de a, lesquelles cependant ne sont exactes qu’approximativement par le fait de l'incertitude qui règne encore sur le coefficient de dilatation d’un certain nombre de ces substances, sur la température de leur fusion, et la dilatation qu’elles subissent pendant cette fusion. (on — Da BULLETIN SCIENTIFIQUE. Constantes de capillarité des corps fondus. * Point 2 SUBSTANCES. de Co a œ a a | fusion. en mgr. |mm.carrés| millim, BRUNE ie. due (2008) 20,033118,915| 169,04 117,86 14,927 PATAUIMIRE ee come (1950)/11,4 110,8 1(136,4) 125,26 15,026 OFMRIENSI TION 1200 |18,002,17,099! 100,22 111,71 |3,493 Zine (dans CO,)....1 360! 7,1191 6,900! 87,68 125,42 9,042 Zinc (dans l’air).....| 360! 7,119] 6,900! 82,79 124 4,899 Cadmium (dans CO,).| 320 | 8,627] 8,394! 70,65 116,84 |4,103 AR en TEMPS 230 | 7,267| 7,144] 59,85 116,75 |4,094 Merdireuseg ame —40 |13,596 58,79 | 8,646/9,941| Plomb (dans CO)...| 330 |11,266/10,952| 45,66 | 8,339/2,887 ACER eee 1000 |10,621110,002! 42,75 8,54912,993 Bismuth (dans CO:).| 265 | 9,819! 9,709] 38,93 8,019/2,831 Potassium (id.)....| 58 | 0,865 (37,09) 185,74 |8,768 Sodium (id.)....| 90! 0,972 25,75 |52,97 [7,278 Antimoine (id.)....| 432 | 6,620] 6,528] 24,92 | 7,635/2,764 Le rome de (1000)! 2,6 |2,5 | 21,60 |17,28 [4,254 Carbonate de soude. .[(100u)| 2,509! 2,45 | 20,96 117,11 |4,136 Acide phosphorique . 2,502! 2,45 | 20,57 |16,79 |4,098 Chlorure d'argent... 5,35 4145,5 19,01 | 6,91112,629 INETLO Se ae ect e (1100)! 2,452] 2,380] 18,09 115,21 13,899 Carbonate de potasse.| 1200 | 2,300! 2,2 16,33 |14,82 |3,846 Chlorure de calcium . 2,219! 2,15 | 15,31 |14,24 13,774 Chlorure de lithium... 1,998 12,07 112,10 13,478 Chlorure de sodium . 2,092! 2,04 | 11,68 |11,40 13,377] Acide borique. ..... Ce 1,83 |°1,75 | 10,69 112,220 13/495 Azotate de potasse...| 3391 2,059] 2,04 9,954 | 9,75913,124 Chlorure de potassium 1,932|-1,870) 9,516 110,18 13,19 TT RSA EP INR 0 1 1 8 16 4 Selenium ......... 217|14,3 |4,2 7,180 | 3,419/1,849 (Bromep ne guise —91 | 3,187| 3,25 6,328 | 3,895 1,973 Soufre ..... FR 111 | 2,033] 1,966| 4,207 | 4,280/,2,068 Phosphore SEE É 43 | 1,986| 1,833 4,194 | 4,575,2,140 ir ETATS 68 | 0,963 3,40 | 7,061,2,637 De ce tableau l’auteur croit pouvoir conclure que les dif- férents corps se partagent en un certain nombre de groupes dans lesquels la valeur de la constante a? est à très-peu de PHYSIQUE D3 chose près la même, et de plus que les valeurs de «4? dans ces différents groupes sont les multiples de 4,3. 1° groupe. d'—=4,3 SOIGHERE. -. 2... 3,42 TOME ARE. 3,90 MOMIRE ec 4,28 PhoSpNore. :.::... 4,58 27° groupe. a? =8,6 112 IL TON ERMNRERRR 8,65 PONS dis cd. 8,34 ARDODÉ NAE césicie core» 8,99 OM 25 a cou 8,02 Antimoine ......... 7,63 D 7,06 27° groupe. a°—12.9 doc e ee 11,71 Chlorure de lithium. 12,10 Chlorure de sodium . 11,40 Acide borique . ..... 12,22 4° groupe. a 17,2 PET DE nn dire e Cadmumezr 8 ain Étain Barax 4 me Tir Carbonate de soude... Acide phosphorique . . CPC Verre un TAPIE SE Carbonate de potasse.. Chlorure de calcium. . | DENT TONNES TARN MP O" groupe. HS Palladium 12°° groupe. Œ_—9410 20°° groupe. a? =86 Sodium Potassium œ a” è à £ Or — ou —— est la mesure de l'attraction exercée sur l’u- G 9 si nité de surface du liquide par une masse intérieure 1 de ce même liquide et que M. Quincke appelle la cohésion spéci- fique. Il énonce alors comme suit la loi qu'il croit pouvoir dé- duire du tableau ci-dessus. Les cohésions spécifiques des métaux et de beaucoup d’autres substances à l’état de fusion sont entre elles comme les nombres simples 1, 2, 3, etc. Ou encore puisque a est égal aussi au volume des gouttes qui tombent d’un tube de 2" de périmètre. 54 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Lorsque des métaux fondus ou d’autres substances s’écou- lent goutte à goutte de tubes qui ont le méme diamètre, les volumes de ces gouttes sont entre eux comme les nombres sim- ples 1, 2, 3, etc. E.S. J.-L. SORET. SUR LA POLARISATION DE LA LUMIÈRE BLEUE DE L'EAU. (Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, séance du 19 avril 1869.) J'ai été conduit, à propos d’autres recherches, à m’occu- per d’une question que l’on a souvent discutée, celle de sa- voir si la coloration bleue de l’eau est due au liquide lui- même, ou à des particules solides en suspension. Une récente publication de M. Tyndall sur la polarisation de la lumière du ciel, et ses belles expériences sur les propriétés optiques des substances à l’état de nuage?, m'ont suggéré l’idée que, si la teinte bleue de l’eau est produite, au moins partielle- ment, par des particules solides en suspension, cette colora- tion doit être accompagnée de phénomènes de polarisation comparables à ceux qui caractérisent la lumière du ciel. C’est, en effet, ce que j'ai observé sur l’eau du lac de Ge- nève, dont la belle couleur est bien connue, et, sans vouloir tirer de là une conclusion absolue, il me parait que cette analogie entre la lumière du ciel et celle de l’eau présente quelque intérêt. 1! Je me borne pour le moment à reproduire la présente note qui a paru dans les Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, en y ajoutant seulement quelques observations J’espère pouvoir prochainement in- sérer dans les Archives une publication plus étendue sur ce sujet. L.S. ? Archives, février 1869, tome XXXIV, p. 156. 5 Mon intention, dans cette note, a été surtout d'établir AE existant entre la lumière du ciel et celle de l’eau au point de vue de la polarisation, fait qui, à ma connaissance du moins, n'avait pas été précédemment observé. Quant aux considérations que l’on pour- rait en tirer sur la cause de la coloration de l’eau, elles seraient = PHYSIQUE. 55 ) L'appareil dont je me suis servi pour constater ce fait se compose simplement d’une sorte de lunette dont l'objectif est formé d’une lame de verre à faces parallèles, qui ferme hermétiquement le tube de la lunette de manière qu’on puisse en plonger l’extrémité dans l’eau, sans que celle-ci pénètre dans l’intérieur. L’oculaire est formé d’un prisme de Nicol. On comprend qu’en introduisant dans l’eau l'extrémité objective de la lunette, l’œil placé à l’autre extrémité recoit peut-être prématurées. Toutefois les phénomènes de polarisation que je décris ici me semblent favorables à l'hypothèse déjà ancienne que cette coloration est due, au moins en partie, à la présence de particules solides très-ténues en suspension dans l’eau. Le journal L'Institut (n° du 21 avril 1869) fait à ce propos l’objec- tion suivante : « Cette vue ne paraît pas concorder avec le fait que la « coloration bleue est d’autant plus intense que l’eau est plus calme « et plus limpide.» — On peut répondre en rappelant les belles obser- vations de M. Tyndall qui ont été le point de départ de mes recher- ches : elles ont fait connaître que, dans les gaz, c’est seulement lorsque les particules en suspension sont extrêmement ténues qu'il y à colo- ration bleue et polarisation complète ; si les particules sont plus gros- sières, la coloration passe au blanc, et les phénomènes de polarisa- tion disparaissent ou se modifient beaucoup. Ne peut-on pas présu- mer par analogie que plus l'eau est limpide, c’est-à-dire que plus les particules restant encore en suspension sont petites, plus la coloration bleue doit être prononcée ? — Maintenant, est-ce à cette cause seule que l’on doit attribuer la teinte bleue de l’eau? c’est ce que je ne pourrais prendre sur moi d'affirmer. D'après le même numéro de L'Institut, M. Dumas qui a eu lobli- geance de présenter ma communication à l’Académie, y a ajouté l’in- téressante observation « que dans les bassins de Ménilmontant, où « lon’reçoit les eaux de la Dhuys, on peut observer la coloration « bleue que présente l'eau des lacs de la Suisse. L'eau de ces bassins « est très-claire , très-transparente, et présente une teinte bleue très- « prononcée.» — Je crois, en effet, que la coloration bleue doit appar- tenir à toutes les eaux suffisamment limpides, si elles ne tiennent pas en dissolution des substances colorées. Si je ne me trompe, M. H. Sainte-Claire Deville a remarqué que les eaux, dont le résidu d’éva- poration est blanc, ont une teinte bleue, et que celles dont le résidu est Jaune ont une teinte verte. 26 BULLETIN SCIENTIFIQUE. la lumière bleue émise par l’eau, et qu’en faisant tourner le prisme de Nicol, on peut analyser cette lumière et recon- naître si elle est polarisée. Les rayons solaires tombant sur la surface de l’eau y pé- nètrent en restant parallèles les uns aux autres, si du moins la surface de séparation des deux milieux est parfaitement plane, c’est-à-dire si le temps est complétement calme. Donc, si, en se plaçant dans un bateau, on dirige l'axe de la lunette perpendiculairement à la direction de ces rayons réfractés, on se trouve dans des conditions analogues à celles où lon observe le maximum de polarisation de la lumière du ciel, c’est-à-dire quand on le regarde à angle droit du soleil. En opérant de cette manière, dans un endroit où la pro- fondeur du lac était suffisante pour que lon ne püt pas voir le fond, j’ai reconnu une polarisation bien marquée. Le plan de polarisation passe par l’axe de la lunette et le soleil *. En écartant de plus en plus la lunette de la direction per- pendiculaire aux rayons solaires, la polarisation devient de moins en moins prononcée, et ne tarde pas à disparaitre complétement. Toutefois, je n’ai pu déterminer jusqu'ici si c’est lorsque l’axe de la lunette et les rayons solaires font ensemble un angle de 90 degrés exactement, que le maxi- mum de polarisation se manifeste. Il est facile de comprendre que le phénomène est ici plus complexe que pour la lumière du ciel. En premier lieu, il est évident que, si la surface de l’eau est agitée, les ravons solaires, après leur réfraction, ne sont pas parallèles : par conséquent, le phénomène sera d’autant moins marqué que l’eau sera moins calme. C’est, en effet, ce que j'ai remarqué. La première fois que j’ai essayé mon ap- pareil, le vent étant assez fort, je n’ai pas vu de polarisation ‘ Depuis les premières observations relatées ici, j'ai trouvé qu’en interposant une lame de quartz sur le passage des rayons avant leur arrivée au prisme de Nicol, on peut constater la polarisation de la lu- mière par la coloration bien nette qui se manifeste. PHYSIQUE. 57 sensible, ce qui tenait peut-être aussi à ce que, dans les jours précédents, le vent du nord avait violemment soufflé et que, par suite, l’eau était un peu trouble. Dans deux autres jours d'observation, le lac étant très-peu agité, la polarisation était bien marquée. Enfin, un jour de calme presque parfait, elle était aussi franche que celle du ciel, qui, il est vrai, n’était pas très-bleu à ce moment. En second lieu, les rayons solaires qui ont pénétré dans l’eau sont partiellement polarisés par réfraction, et il est fa- cile de voir que, quand l'axe de la lunette est dans le plan _ vertical passant par le soleil, c’est-à-dire dans la position la plus commode pour l'observation, les rayons déjà polarisés par réfraction doivent être éteints au lieu d’être renvoyés par Peau. Enfin la lumière solaire directe n’est pas la seule qui ar- rive dans l’eau : il s’y joint de la lumiere diffuse, qui provient de toutes les directions, et qui doit donner lieu, lorsqu'elle est renvoyée par l’eau, à une infinité de rayons polarisés dans des plans différents. Par un temps couvert, je n'ai pas obtenu de traces de polarisation. J'espère pouvoir compléter ces observations, soit par l’em- ploi d’une lumière artificielle, soit en les étendant à d’autres eaux que celles du lac Léman *. 1 Comme dans l'expérience de M. Tyndall, où un nuage bleu est éclairé par un faisceau de lumière déjà polarisée. Archives, loc. cit., page 163. ? Dans quelques essais très-récents, j'ai reconnu qu'un faisceau de lumière dirigé au travers d’une masse d’eau (eau du lac amenée par les conduites de la ville de Genève, même lorsqu'elle est filtrée), y produit une trace lumineuse présentant une polarisation remarquable et tout à fait comparable à celle qui se manifeste dans les gaz tenant des corpuscules en suspension. Ce phénomène avait été observé avant moi, sur différents liquides, par M. Tyndall ; il m'en avait in- formé par une lettre particulière. 28 BULLETIN SCIENTIFIQUE. CHIMIE. H. TopsoE. RECHERCHES CRISTALLOGRAPHIQUES ET CHIMIQUES SUR LES SELS DOUBLES HALOÏDES DU PLATINE. (Oversigt over det kong. Danske Vidensk. Selskabet Forhandlingar, 1868, n° 3et4.) Ce mémoire renferme la description et l’analyse d’un grand nombre de sels doubles formés par le bichlorure et le bibromure de platine. Nous en donnerons un résumé très- sommaire. Chloroplatinate de plomb, PC, PRCE+H3H0. Cristaux cubiques, d’un jaune clair, assez durs, décomposés par l’eau chaude en excès, avec séparation de chlorure de plomb. Chloroplatinate de baryte, PLCI*, Ba CE +4 H°0. Prisme rhomboïdal oblique. a: bc —=0.948: 4 :41.18, ac=177° 40% Chloroplatinate de chaux, PtCI, Ca CE +9 H*0. Cristaux jaune clair, légèrement déliquescents, mamelonnés ou lamei- laires, non déterminés. Chloroplatinates des métaux magnésiens, PtCI*, Me CP+ GH?0. Quelques-uns de ces sels avaient été déjà obtenus par Bonnsdorff. Ils sont tous très-solubles, celui de cuivre est même déliquescent. Leur couleur est généralement jau- nâtre. L'auteur a préparé ceux de magnésie, de manganèse, de fer, de nickel, de cobalt, de zinc, de cadmium et de cuivre. Ils sont tous parfaitement isomorphes ; cristallisant en pris- mes hexagonaux réguliers terminés par un rhomboëdre dont l’angle est très- voisin de 127°, et qu’accompagne souvent le rhomboëdre inverse. Les chloroplatinates de magnésie et de manganèse peuvent aussi être obtenus, par l’évaporation à la température ordi- naire, avec 12 équivalents d’eau de cristallisation au heu de 6. Dans ce cas ils présentent encore la forme de prismes CHIMIE. D9 hexagonaux terminés par un rhomboëèdre combiné avec son inverse. Mais alors l'angle du rhomboëdre primitif est de 113° 40. Bibromure de platine, PtBr*, 2 HBr+ 9 H?0. Cristaux prismatiques obliques, d’un rouge cramoisi, très-déliques- cents. Ce sel ne peut, pas plus que le chlorure correspon- dant, être obtenu à l’état neutre. IL se décompose déjà à 100° en perdant de l’eau, de l’acide bromhydrique et du brôme et passe peu à peu à l’état de protobromure. Lorsqu'on dissout le platine dans un mélange d’acide bromhydrique et d’acide azotique en excès, on obtient un produit pulvérulent d’un brun foncé, à éclat métallique, for- mé de petits cristaux cubiques, et dont la composition, ex- primée par la formule Pt Br“, 2 Az OBr, correspond à celle du composé chloré analogue obtenu par M. Jorgensen. Bromoplatinate d’ammoniaque, PtBr*, 2 Az H*Br. Poudre cristalline orangée, ou, par dissolution dans 200 parties d’eau, cristaux éclatants d’un rouge cramoisi. Octaèdre régulier, avec facettes cubiques. Bromoplatinate de soude, Pt Br*, 2 NaBr+6 H0. Prisme oblique non symétrique, isomorphe avec le chloroplatinate correspondant. Bromoplatinates de baryte et de strontiane, sels à 10 équi- valents d’eau; cristaux cramoisis, très-tendres, un peu déli- quescents. Le bromoplatinate de chaux contient 12 équivalents d’eau, celui de plomb est anhydre, celui de cuivre renferme 8 équivalents d’eau. Ils ont été obtenus en cristaux, mais leurs formes n’ont pu être déterminées. Le bromoylatinate de nickel, Pi Br', Ni Br°—+ 6 H°0, est le seul qui ait été obtenu dans la série magnésienne avec la proportion d’eau et la forme (hexagonale avec rhomboëdre de 127° 34) qui caractérisent les chloroplatinates de ce groupe. Les bromoplatinates de magnésie, de manganèse, de zine 60 BULLETIN SCIENTIFIQUE. et de cobalt ‘cristallisent avec 12 équivalents d’eau en gros cristaux rouge cramoisi, fort solubles, isomorphes avec les chloroplatinates correspondants, prismes hexagonaux avec rhomboèdres de 114° environ. Ces recherches confirment l’analogie indiquée par M. Jor- gensen entre les chloroplatinates et les chlorostannates. Ce savant avait établi en effet que les chlorostannates de ma- gnésie, de manganèse, de nickel et de cobalt cristallisent, avec six équivalents d’eau, en prismes hexagonaux terminés par des rhomboëdres de 128° environ. S'appuyant sur l’isomorphisme parfait de ce groupe de composés rhomboédriques avec celui des fluosilicates, fluoti- tanates et fluostannates de la série magnésienne, ainsi que sur celui que l'on observe également entreles chloroplatinates et les bromoplatinates alcalins du système régulier et les fluosilicates correspondants, l’auteur conclut que ces faits prouvent d’une manière incontestable que le platine, et peut- être quelques autres métaux voisins, doivent être considérés comme appartenant à la série du silicium et de l’étain. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. D° W. MARCET. SUR LE FAUSSET OÙ LES SONS DE TÊTE DE LA VOIX HUMAINE. (Philosophical Magazine, avril 1869.) D’après la théorie de M. J. Müller, fondée sur de nom- breuses expériences, la voix humaine résulte du jeu d’un appareil assez semblable à un instrument à anche. La souf- flerie est représentée par toute la portion des organes respi- ratoires située au-dessous des cordes vocales, tandis que le larynx, la bouche, le nez même forment un tuyau ramitié, dont l’effet est de modifier et de renforcer les sons produits par les vibrations des cordes vocales. Ces dernières, formées par deux replis de la muqueuse du larynx et bordées par une bande étroite de tissu élastique, se tendent ou se déten- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 61 dent, se rapprochent ou s’éloignent l’une de l’autre sous l’action de divers muscles agissant, soit latéralement, soit dans le sens antéro-postérieur. M. Müller a démontré, en outre, que la hauteur des sons dépend du degré de tension des cordes vocales, ainsi que de la force du courant d’air qui les fait vibrer, comme cela a lieu pour les languettes d’un instrument à anche. Restait cependant un point obscur : on ne s’expliquait pas bien pourquoi certaines personnes ont la faculté de produire à volonté deux registres de sons, dont les uns, normaux, correspondent à ce qu’on appelle la voix de poitrine, tandis que les autres, harmoniques des premiers, constituent la voix de tête ou le fausset. Suivant M. Müller, les sons de la voix de poitrine se pro- duisent lorsque les cordes vocales vibrent dans toute leur largeur, tandis que les notes de tête résulteraient de la vibra- tion des bords seulement de ces cordes. M Helmholz sup- pose, en outre, l’existence d’une faculté d'adaptation, au moyen de laquelle celui qui veut produire des notes de tête réussirait à augmenter la rapidité des vibrations des bords des cordes, en les débarrassant de leurs mucosités. Des ob- servations toutes récentes, faites au moyen d’un laryngoscope perfectionné, ont conduit le Dr Marcet à chercher l’explica- tion de ces mêmes faits dans un tout autre ordre d'idées. Voici comment il rend compte lui-même du fait dont il s'agit : « Mon attention fut attirée sur ce sujet par la singularité de la voix d'un de mes malades de l'hôpital des phthisiques de Brompton. Chez cet homme la voix de poitrine était ab- solument nulle; il ne parlait qu'avec une voix de tête com- posée uniquement de sons harmoniques. Son larynx, exa- miné au laryngoscope pendant qu'il parlait, présentait une particularité remarquable. La corde vocale de gauche, cour- bée depuis son milieu, ne se trouvait en contact avec la corde de droite que par sa moitié antérieure, de sorte que cette moilié antérieure pouvait seule être mise en vibration par 62 BULLETIN SCIENTIFIQUE. l'effet du souffle expulsé des poumons. Par l'application, au moyen d’un pinceau, de certaines solutions toniques, je réussis à ramener les cordes à se toucher sur toute leur lon- gueur, et aussitôt le patient reprit la véritable voix de poi- trine, à tel point que des personnes qui se trouvaient dans la chambre voisine étaient convaincues que ce n’était plus le même homme qui parlait. L’effet produit ne fut pas perma- nent; le patient perdait de nouveau au bout de quelque temps la voix de poitrine, que je suis parvenu cependant à lui rendre chaque fois au moyen des mêmes applications. Je le perdis ensuite de vue pour plusieurs semaines, pendant lesquelles 1l m’assura que sa voix était restée bonne; mais au bout de ce temps le retour de la voix de tête me le ra- mena. L'inspection laryngoscopique me montra que cette fois Le relâchement des cordes vocales résidait, non plus dans leurs parties postérieures, mais bien dans leurs moitiés anté- rieures qui ne pouvaient plus se joindre pendant l'acte de la phonation. L'application d’une solution d'iode dans l'alcool ramena encore celte fois la voix de poitrine, en rétablissant de nouveau le contact sur toute la longueur des cordes. Suivant le D’ Marcet, ce cas curieux serait de nature à mo- difier notablement les idées reçues sur le mode de vibration des cordes vocales. Il se croit autorisé à considérer le bord extrême de chaque corde vocale comme une sorte de corde de violon, susceptible de vibrer transversalement sur le plan antéro-postérieur dans lequel elle serait tendue, tandis que la corde vocale, prise dans sa largeur tout entière, vibrerait comme une languette de anche tendue transversalement et dans le sens de sa largeur. On conçoit que dans cette hypo- thèse, les bords des cordes vibrant dans le plan antéro-pos- térieur, pourraient se diviser en portions entrant en vibra- tion séparément, et fournissant des sons harmoniques ou faussets. Ces sons harmoniques deviendraient dominants, lors- qu'un relâchement d'une portion des cordes vocales dimi- nuerait l'intensité des sons fondamentaux produits par celles- BOTANIQUE. | 63 ci vibrant dans le sens de leur largeur. C’est ce qui aurait eu lieu dans le cas pathologique mentionné plus haut. Par contre, dans les cas de production volontaire des notes de tête, ainsi que cela se voit chez certains chanteurs suisses et tyroliens, il faudrait supposer une faculté, naturelle ou ac- quise d'adaptation par laquelle le chanteur parviendrait à raccourcir la longueur de la partie vibrante de ses cordes vocales, ou a diminuer leur tension dans le sens de la lar- geur. La complaisance de l’un des chanteurs tyroliens établis dans ce moment à Londres, et qui a bien voulu se prêter à un examen laryngoscopique pendant qu’il chantait de la voix de tête, a permis à l’auteur de vérifier jusqu'à un certain point l'opinion émise ci-dessus. Malgré l'extrême irritabilité de la gorge de cet artiste, ce qui rendait difficile toute obser- vation un peu prolongée, le D' Marcet a pu cependant réussir à le faire chanter, le miroir laryngoscopique dans la bouche, et constater par l'observation directe, que ses cordes vocales se raccourcissaient dans le sens antéro-postérieur toutes les fois qu'il émettait ces notes de tête si remarquables chez les artistes de cette catégorie. ; BOTANIQUE. ANDERSON-HENRY. HYBRIDATION ENTRE ESPÈCES VÉGÉTALES. Les Transactions de la Société botanique d° Edimbourg (vol. IX, part. 2) publient le discours ou plutôt le mémoire lu par le président de cette Société, le 14 novembre 1867, sur les hybrides proprement dits, c’est-à-dire entre espèces et non entre variétés (métis). L’auteur a fait des expériences depuis vingt-cinq ans, et, comme il le dit lui-même, les ob- servalions si curieuses de M. Darwin sur la fécondation des orchidées et des plantes à étamines inégales ont donné à ses derniers travaux une direction plus scientifique, dont les ré- sultats ont plus d'intérêt. M. Anderson-Henry constate d’a- bord qu’il a vérifié les assertions de M. Darwin sur les fleurs 64 BULLETIN SCIENTIFIQUE. dimorphes de Primula et de Linum et qu'il les a trouvées parfaitement exactes. D’un autre côté il n’est pas toujours arrivé aux mêmes conclusions que M. Wichura, quand aux hybrides du genre Salix. Après quelques détails sur la manière d'opérer, M. Ander- son-Henry parle de la durée des facultés fécondantes du pollen. Celui des Rhododendron s’est trouvé bon après avoir été deux mois dans un portefeuille de poche. De même pour le pollen des Lilium du Japon. Du pollen de certains Clematis hybrides s’est trouvé bon après onze mois. L'auteur conseille de faire venir des pollens de l'Inde, du Cap cu d’autres pays éloignés, dans des lettres ordinaires, pour fé- conder les espèces analogues des jardins d'Europe. D’après Wichura, les hybrides des saules sont semblables entre deux espèces, lorsque l’une a servi de père et l’autre de mère ou inversement. M. Anderson-Henry ne l’a pas trouvé ainsi, du moins dans d’autres genres. Il a vu ordinai- rement la forme de la mère prédominer. Dans les Rhodo- dendron de l'Inde, il a vu souvent une espèce en féconder aisément une autre, mais celle-ci ne pouvoir absolument pas féconder la première, ce qui empêchait de vérifier la pré- tendue similitude des hybrides A sur B et B sur A. Les Rhododendron et les Azalea présentent des étamines d’iné- gale longueur. M. Anderson-Henry recommande de prendre le pollen sur les petites étamines quand on veut féconder une petite espèce par une grande, et vice-versa de prendre sur les grandes étamines quand on veut féconder une grande espèce par une petite, Il donne quelques exemples à l'appui, mais les expériences ne nous paraissent pas assez probantes, soit parce que les fécondations avec les petites et les grandes étamines n’ont pas été comparatives, soit parce que plusieurs des plantes employées étaient déjà des hybrides, de maniére que les produits rentraient dans la catégorie des métis ou des quarterons. 65 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois D'AVRIL 1869. Le 1°, gelée blanche le matin ; faible lumière zodiacale dans la soirée. 2 et le 3, gelée blanche le matin. 4, ioute la journée fort vent du SSO., les plus violents coups de vent ont eu lieu dans la nuit du 3 au 4; quelques flocons de neige à plusie.rs reprises; couronne solaire dans l’après-midi. 5, bise assez forte dans la journée de 10 h. à6h. 6, gelée blanche le matin; de 9 h. à 9 h. 15 m. on voit l'arc tangent supérieur et les deux parhélies sur le halo ordinaire ; faible halo solaire dans l’après- midi. 7, gelée blanche le matin ; halo solaire le matin à 6h. 8, rosée le matin; halo solaire depuis le lever du soleil jusqu'à midi. 9, halo solaire depuis 6 h. à midi et demi. 10, rosée le matin, halo solaire de 1 h. 30 m. à4h. 11 et 12, rosée le matin; le 12, tonnerres au SSE. de 2 h. 10 m. à 2h. 35 m. 13 et 14, rosée le matin ; le 14, depuis 8 h. 50 m. à #4 h. 5 m. on voit le parhélie à la gauche du soleil et une partie de l'arc tangent supérieur au halo ordinai- re ; dans l'après-midi couronne solaire à plusieurs reprises. 15, tonnerres au Sud de 2 h. 25 m. à 2 h. 35 m. 17, il a neigé la nuit précédente sur les montagnes des environs jusqu’à la hauteur du Grand Salève. 18, à 3h. faible halo solaire. 20, halo solaire partiel de 1 h. 45 m. à 2h. 15 m. 22, gelée blanche le matin, minimum + 2°. 23, rosée le matin; halo solaire depuis 4 h. 30 jusqu'au coucher du soleil; halo lunaire dans la soirée. 24, halo solaire de 6 h. 30 m. à midi 30 m.; éclairs et tonnerres dans l'après-midi de 2 h. 10 m. à 3h. 6m., l'orage passe du NO. au SE., les plus fortes dé- charges ont lieu vers 2 h. 30 m., elles sont suivies d’une forte averse ; dans la soirée éclairs continuels du côté du sud. 26, bise assez forte pendant toute la journée. 27, forte rosée le matin; faible halo solaire à plusieurs reprises dans la journée. 29, rosée le matin; on voit le soir la lumière zodiacale jusqu’à 10 h. 30, lumière zodiacale, comme la veille, jusqu'à 10 h. du soir. ARCHIVES, t. XXXV. — Mai 1869. 5 66 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm mm Le 3à 8b. matin.3-"-.". 723,49 Le 4à 6h. matin..... ..... 714,48 6 à 40 h. matin .......... 733,50 9 à 6h. soir........ HT 2 43 à 6h. matin ......: .… 136,14 17 à 2 h. 30 m. après-midi + 714,15 91 à 8h. matin.......:- 731,05 94 à 2 h.15 m. après-midi . 727,37 93 à 10 h. matin... -----: 730,00 96 à 6 h. soir...... a E 726,07 98 à 8 h. matin.......::: 730,94 30 à 6 h. soir........ J:109 124,26 errlre +lemlgoolr ‘Nl'"|""" logs [oor |1e1— | 169 | ag'‘o+ | erz | ra+ lez + | o06'e+ | 1171 | 877 — | ec'eez | 0€ grr|ge +10r|60"0|r Nlrecl-ee Docs [066 | rr1— | 109 gc'o+ 8024 |rre+ | FL + | 677! 80'Sr+ | ro'e + | e1‘LeL | 66 ert|ce +|8rr|erolr Noel. lozs |orr |c6 —| 069 | L9‘o+ | S£'z | r'og+ | 06 + | ge'r+ | cer + | L8'r + | 75681 | 83 aug + letrr | col eraeurea |--- |" 096 | 00% |2Lr —| 299 | Ge‘o+ | Lr'L |7‘08+ |6'S + cret | 8er 60'€ + | FL'LGL | Le arte +|8‘7r| 19016 ‘ANN ** los [o6s ler + | SSL |Y6‘o-+ | 672 | ro 196 +] 67 1+ 1°r+ || 87e + | c8'9cz | 9 OFF — — |ecolr "N°1 °"" 1066 | 067 |0 GiL |gotr+ | cz [az |c'8 + | 6c°c+ | 89'21+ || c8'r + | 77'GSL | çz orrler + lcorlzs'olr ‘Nils 9e [066 |o00g |8g +1 og |831+ | OL'L |e‘ér+ | so + | re | Lo‘er+ | c'e + | cr'8cL | rc orr so —|L'8 |9rolr Nil": loge loog grrr | L6S locto— 988 lo‘gr+ | ge + gr'e+ | L6‘r1+ | 997 + | 7c'68L | gx OF || FO — 106 |000!T Net" 1096 | 06€ | 28 —| 619 | 7'0— L8:S V9r+ 10" + | Lr0+|78"6 + | SCT + | FI 6GL | 5c ol —!6z log'olr “N°1 lo6s | ogg | 87 + | 092 |ec‘o— | 0L'S | rer | c'e + | sr'e— | 88 + | cs'e + | 9c‘ogz | 13 trlgo —|re Ucgolr ‘N°1 "": op |ocr | or — | 619 |63 1— | 218% | L'TI+ | vr +] 1r'e— | LGL + || cer + | L8‘8cL | 0 EE OT —|8Z 16L'OÏIT ‘“ANN° ** 098 | 00G | Ge —| 089 Gr‘ — S6°Y 8‘or+ | L'e + | 08 7— | FrL HI 9L'r + | 909801 | 61 80) — |— |160{1r “aNN|'""|""" 1006 | 069 |88 +! 008 | os‘o— | £8S |7'o7+ | 87 + | 70°e—| 902 + | #78 — | S0‘9rz | 87 L0O|IL‘o —|61 |%60!c ‘osslo |s8'7 |o78 |009 | 76 + | 992 | 83‘0— | 69 | Sort | ec + | 1er) S7'z | 626 — | 88'FIL | LI cor 6e + |rrrlécols ‘ossirr |z‘orllore | 0c9 | arr | 7e8 | 1074 | 16‘9 le‘er+ | az + | 9ç'o+ | 866 + || 19% — | 8L'67L | 97 gor or + | 9er | r8‘o | orqeuea ie! 0e |08 | OLr |0 GIL |lcre+ 1962 | r'ér+ | r'rr+ | 08H | 66‘€1+ || c0‘0 + | Sr'YGL | gr cor ler + loger logo lr ‘oss "|": logs |oge [ser | S86 | rrr+ | 069 | r'es+ | 0'L + | 93 9+ | 18%7+ | 19° + | #0*082 | Fr 86 [IL + |0‘erl9200|r NES 068 [08£ |L8 — | Le9 | 07‘ + YVL L'ie+ | 89 + | gs'o+ | Fo‘ r1+ || 91'0r+ | SS'FEL | SH 16 [re + |g'orl0c or N “+ [oce |0rr |g9 —) 679 |Ly‘r+ | 91L |S'ro+ | 89 + | LG S+ | #S'€r+ || FL'Or+ | 9T'SEL | Gr c6 _— — |90|r Nlr'elte: [logs |o0r |[g6 — | 669 | rc'r+ GI L c'ie+ 198 + |1r9+ | Fr | Se'L + | SO'TEL | Fr 36 [ir +|1é cor Nr l:e: [oo6 log | 16 —| 69 legs | cc 2 [ls‘er+ | 9e + | 7e r+ | gg | 087 + | 63'66L | 07 cé 1160 + ge For Ne!" 018 |06£ !cor—| Gt9 |'gs‘o+ | 079 |0‘617+ | 6‘9 + | So's+ | 06'c1+ || rer + | 9L'80L | 6 g6 |£‘o + |rs8 |FEOlTr Nlr°:l:-: or lorr [69 —!| 679 | ze‘o+ | Le‘e [r'zr+ | re + | c9'e+ | 8£'or+ | 967 + | L£'6eL | 8 6 (So —|gz |LEONr ‘N|'°°|""" 086 |OLF |0 812 |8co+|eLS |e'81+ | ST +|6L‘0+ |988 + | 97L + | LSTEL | L cé 0‘ — 129 |£TOTr Nr" logs lorr |gz —! vr9 [la9‘o— | 827 |o‘rr+ | So — | 70 0— | 0724 + | 0£'8 + | IL'GEL | 9 cé [gr — go l9çols ‘ann: l"": Îlo6s |ogr | 68 —! 189 | Go'r— | 06% [16 + | Sr +] £re— | LS + | 81e + 65981] $ c6 — — |180!c ‘OsSir [cr [081 |067 | 16 —| 019 |zo‘y—|rL'e |e'8 + | 06 +|ere— | rl'e +| 89 — | SSLIL | + 6 |£0 +|82 |9OÏT ‘OSS ‘:* Nog6 |086 |c8 —| 969 | ce‘o— | Fer | VYr4 | 0 —|8ç0— | gro + | LO'E —|ER'TL | € cé [ro —|gez Igor °N || ** o96 [07 | 09 —| 299 | ga‘ r— | 86€ |O‘Tr+ | Fe — 0€S— | 097 HIDE — | 6c'IcL | L6 ||ro —|6'o | ce'o || orqeraea ||" * + 008 |Oorr [gg —| 079 lari— | #07 [rer |L'o + | 8g‘r— sg + | eg — | 2LS8'8T2|}7 *w9 0 “UT “LUI | “UT 0 0 0 0 *uTjUu “UT FEU A cr ‘2IPWIIOU g = “WJIou ” *9[PUIOU . “aJeUTIOU “ o un “doi PIN s "queu Es sb “uen |UTuTN a PTE nor are “uen | “urux Su on po Sen En “3 en 5 2E Li eg fou || -!w0p = ne 11894 A0 AUOT AU 1120 auuaRon |9048 71894| 1n97N8H e Es D. EE TS a —_—_ © © Se E & AJonggy np ‘dm MEN USA béton nom sougrjqr n9 uoyeamyes op “o8a|| dea ej op notse] ‘") eanyegdua, "aJqauorrg | à MOYENNES DU MOIS D'AVRIL 1869. Gl.m. Sh.m. 10h.m. Midi. 2 h.s. 4h.s. 6h, s. 8 h.s. 16 h. s. Baromètre. mm mm mm mm mm nm mm mm mm 1re décade 725,56 726,10 726,24 725,82 725,47 125,29 725,49 725,92 726,16 De qi 126,68 726,82 726,66 72612 725,71 125,39 725,69 726,28 726,49 3e « 728,99 729,03 728,82 728,22 727,58 727,13 727,06 72753 727,92 Mois 727,08 727,32 727,24 726,72 726,95 725,94 726,08 726,58 726,86 Température. 0 ol] 0 0 0 0 ° 0 0 lredécade+ 2,46 + 5,97 + 9,74 11,44 419,07 11,81 +10,67 + 8,49 + 7,21 2e «+ 7,69 410,40 +12,13 +13,58 +14,32 +14,70 +13,29 +11,53 410,11 ge «€ + 7,27 +12,11 +13,36 +15,44 +16,63 +17,28 +15,84 +13,70 +11,53 Mois “+ 5,81 + 9,49 +11,74 +13,49 +14,34 14,60 413,27 +11,24 + 9,62 Tension de la vapeur. mm nm mm min mm mm mm mm mm {re décade 4,80 5,4. 5,24 4,87 5,11 4,95 5,05 5,26 5,32 2e u 6,69 7,07 6,91 6,41 6,43 6,41 6,31 6,33 6,41 3e « 6,88 7,57 7,37 7,01 6,84 6,45 6,45 6,99 7,32 Mois 6,12 6,61 6,37 6,10 6,13 5,94 5,94 6,19 6,35 Fraction de saturation en millièmes. re décade 865 732 d70 473 477 475 926 622 687 2e « 846 743 622 097 941 18 570 634 691 3e « 892 712 643 539 488 442 © 492 599 729 Mois 868 729 612 523 502 478 529 618 702 Therm. min. Therm. max. GIané moy. Température Eau de pluie Limnimètre. u Ciel. du Rhône. ou de neige. 0 0 mm cm 1'e décade + 1,77 14,18 0,36 739 1,7 94,6 2e « + 6,77 +-16,27 0,60 10,34 23,9 103,5 3e “ + 6,12 —+-18,08 0,32 10,60 8,6 111,2 Mois + 4,89 +16,18 0,43 9,48 33,8 103,1 Dans ce mois, l’air a été calme 4,4 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. à été celui de 1,45 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 210,6 O., et son in- tensité est égale à 29,1 sur 100, 69 TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE Mois D'AVRIL 1869. Le 1, brouillard jusqu'à 10 h. du matin. 2, id. depuis 10 h. du soir. 4, id. toute la journée. F3 id. jusqu’à 8 h. du matim. 11, id. jusqu'à 6 h. du matin. 15, id. à peu près tout le jour. 16, id, une partie de la journée. 17,18,19, id. tout le jour. 20, id. depuis 8 h. du soir. 21, id, depuis 10 h. du matin. 24, la quantité de la neige tombée est trop faible pour pouvoir être mesurée. 25, brouillard le matin et le soir. 26, id. toute la journée; la neige tombée n’est pas mesurable. 27, id. jusqu’à 10 h. du matin. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM ‘: MINIMUM. mm mm Le--ta--Grh:ematmessss-s 552,95 Pen a HO ASE NS Le 557,69 , AUTO FSC: 222207 550,60 AS 10.402 2. 574,22 A8 4 26 Mat. 590,41 Sn 0 h "SON... 43... 567,53 ZORARONN A TTIAUNEL MERE 964,14 PUR Midi . «502 où à$ 28 3 @3 568,25 SAINT-BERNARD. — AVRIL 1869. É Baromètre. Température C. Pluie ou neige. = ——————————apZpZpE ART do 7 Pt De 4 Sr FES LS Dunes Vent Clarté METIEST ET ee tt, gene dominant |" bn £ ini . * : “ J à , £ RAC ARE Minimum. | Maximum || ,, SR POATANES Minimum | Maximum n fé RTE S| d'heures. Ciel. millim. millim. millim. millim. 0 0 0 0 millim. millim 4 | 554,40 | — 5,95 | 552,95 | 555,67 | — 8,78 | — 3,30 | —13,3 | — 4,5 ET Line Rec n SO. 4 | 0,54 | 2 | 556,29 | — 4,11 | 555,23 | 557,57 | — 8,50 | — 3,14 | —12,2 | — 4,6 | ..... cs... ess NE, © TI | 3 || 556,73 | — 3,73 | 555,09 | 557,69 | — 6,46 | — 1,22 | —- 9,6 | — 1,5 met Sas AD NE. il 0,00 | 4 | 551,96 | — 8,56 | 550,60 | 553,79 | — 9,20 | — 4,08 | —12,4 | — 5,0 80 D} 72) 21/a NE. 1 0,88 5 || 560,38 | — 0,20 | 555,50 | 564,33 | — 8,76 | — 3,77 —12,8 | — 3,6 PE ot 8 NE. | 0,30 6 | "566,98 | L Gad 50575 |.86783 |— 278 À LE 908) = 66: + K€... En. R QINNE. # 11002 7 || 567,37 | + 6,66 | 567,93 | 567,53 | — 1,05 | + 3,69 | — 6,0 | + 4,6 5-0 ons lie A 1) NE. 1 0,30 856727 | 680 | 86700 | 8870 CL 947 BE 70e) + La + Tale ze"... EN. IINE 4%) 0,20 9 | 567,49 | + 6,64 | 567,192 | 567,69 | + 2,92 + 7,40 | — 0,6 | + 7,8 ie ae HR NE. 1 0,53 10 || 568,62 | + 7,70 | 568,12 | 569,27 | — 1,79 + 6,14 0,0 | + 5,0 Rte AUS ste SO. il 0,46 11 || 570,66 | + 9,67 | 569,49 | 571,92 | + 1,95 + 6,7 | + 1,0 | + 4,6 Pts A ee ME SO. 1 0,61 12 || 573,21 | 12,15 | 571,90 | 574,22 | + 3,11 + 7,20 | + 0,4 | + 6,2 à de de FOS AE se SO. | 0,31 13 573,00 11,86 | 572,55 | 573,65 | + 3,6: + 7,59 | + 0,2 | + 9,4 Fret nt Re r calme 0,24 | | 14 || 569,84 | + 8,62 | 568,85 | 571,33 | + 9,29 + 6,12 0,0 | + 4,0 Sete Ye ne 50. 1 0,30 45 || 564,56 | — 3,26 | 562,57 | 566,35 | — 1,44 + 2,95 | — 3,0 | + 2,3 DOCS Ssctle Rise SO, 2 | 0,96 16 || 558,87 | — 92,51 557,57 | 559,59 || — 41,99 | + 1,56 | — 3,8 | + 1,2 LS AA 6 SO. AN ROIS ares #8) 10/88), HS) bstes le 606.1. 2,08 (2 70 Leo 2 8 6. UE e AMEN Mon e002 | 18 || 551,74 | — 9,80 | 550,41 | 554,14 ! — 7,11 — 3,84 | — 7,8 | — 5,3 RE Mect de. INR 3 | 14,00 19 || 560,16 | — 1,46 | 557,48 | 561,79 | — 5,142 | — 1,99 | — 6,2 | — 2,5 ne Matetete RS NE. 2 | 1,00 20 || 562,99 | + 1,28 | 564,59 | 564,44 | — 4,49 ! — 1,43) — 7,6 | — 1,2 60 14,7 6 NE. 1 0,88 21 || 564,82 | + 3,02 | 564,34 | 565,33 | — 3,94 — 1,09 | — 5,8 | + 0,6 SO NO cn LT. NE. 110,87 22 | 565,59 | + 3,70 | 565,02 | 566,08 | — 0,26 | + 2,45 | — 4,7 | + 3,6 ee torse Es À NE. 1 0,00 23 566,72 + 4,74 | 566,35 | 567,19 | + 3,53 + 6,10 | — 1,2 | + 8,0 HO OE ras A à 5 NE. 1 0,03 2201 0667,10 | 2e 51081 86600 86788 ILE 360114 610 | FL 08080 ES. IN, A M ONNER 1/70,87 25 | 566,09 | 3,93 | 565,69 | 566,49 + 0,11 + 2,40 | — 1,6 | + 3,6 D LS Sas Jo oo NE: 2 |! 0,67 26 | 565,15 | + 2,90 | 564,14 | 566,05 || — 2,00 + 0,14! — 2,5 0,0 LR LAIT PRÉ SO. 2 | 0,91 27 || 507,14 | + 4,80 | 566,10 | 568,15 | — 1,80 + 019! — 2,4 | — 0,2 0 eo ss SO. sl 0,57 28 || 567,82 | + 5,39 | 567,57 | 568,25 || + 4,13 + 2,98 | — 2,7 | + 4,2 PS ne ie Re calme 0,32 29 || 566,67 | + 4,15 | 565,65 | 567,30 + 3,08 + 4,79 | — 0,9 | + 7,0 see Es at Aa À NE. 1 | 0,00 068,20 | + 0,58 | 562,77 | 563,74 | + 3,80 | — 5,37 | + 0,9 | + 7,8 els re LS. NE. | | 0,04 * Les chiffres renfermés dans ces colonnes donnent la plus basse et la plus élevée des températures observées depuis 6 heures du matin à 40 heures du soir, le thermomé- trographe étant hors de service. MOYENNES DU MOIS D’AVRIL 1869. Gh.m. Sh.m. A40h.m. Midi. hs SAN es C6hN.S. 8h.s. 1A0h.s. Baromètre. ‘ mm mm mm mm mm mm mm mm mm re décade 560,82 561,06 56152 561,84 561,88 562,06 562,47 562,41 562,28 DES 563,36 563,53 563,71 563,66 563,58 563,56 563,86 564.08 264,11 de 0 565,84 565,99 566,13 566,25 566,11 566,02 566,13 566,16 566,23 Mois 563,34 563,53 563,79 563,92 563,86 563,88 564,15 564,22 564,21 Température. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 tredécade— 7,07 — 3,54 — 1,82 + 0,12 + 0,07 — 0,97 — 3,93 — 5,37 — 5,40 2e On» — 2,98 — 0,93 + 0,08 + 0,90 + 1,05 + 0,58 — 0,76 — 2,926 — 274 8e » — 1,56 + 1,62 + 3,05 + 3,49 + 3,51 + 2,92 + 0,87 0,07 — 079 A Mois — 3,87 — 0,95 + 0,44 + 1,50 + 1,54 + 0,84 — 1,28 — 9,52 — 998 Min. observé.* Max. observé.* Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela u Ciel. Ou de neige. neige tombée. 0 0 mm min 4re décade — 17,49 + 1,00 0,40 39 80 2e » — 3,38 + 1,65 0,71 14,7 60 3% » — 2,01 + 4,26 0,41 0 — Mois — 4,29 + 2,30 0,51 18,0 140 Dans ce mois, l’air a été calme 30,4 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 2,86 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45° E , et son in- tensité est égale à 39,3 sur 100. * Voir la note du tableau. | € û L L LE ul , L # ï \'» NAS A | * A 17 M l mn) 2e 4 d É } - — puni or x a prenne mit 1: LOT nn ME = 1 DE quart à tr FAQ ao UE de. “+ ' ” Le A x PDar s ) Le À. x X N re Æ 1" ÊÈ LF =? à D s pa x: sal ; Age | | À ] \ 3 RE SV | 51 nb ETER PERLE À A AUNE D 4e AM 5 an db HE « LR x , 4 il LAN EUR -4 : b ge eu " 147 k TL AUTANT n* oc as 20, et TE à WI » art "2 mr) "1e à gr “RÉ SOR HONt. TRES. DO60E BK, tr EAP 26 Pr HRÉËS BTURE. RAR A 58 BG CUGDE: AT 408 Ge + todo QE. ERU LE NE HU EL966 0 énamemèdi dptge-pierems ee ne md dl Eee PA IGIIE Sd, CRIE, HUE Nr ET UNT Fée a à LUS RUE TOUTE order L'IAR le EX VEUE Ve | + ! “0 4 T4 ET a 6,0 — EH rm &4{; _— w À) sl, VU, û à. £t,0 + | ; tels nes : de De 96,0 2e 0 N°2 OÙ, 4e HO ep RE à peut NT GT IE MO Re AE & ER AE ist > l pee — LA MS ds HET TES il, Ô a QUE pa 00 H 510 + t Un à F « : "1 S : je ar 1 el MN 6h air pen ae =, VAT TE Q FL dti. lie ah too + MER bin ° Er, RCA EURE PT EN : 7 Li) bad: À + A6 F0 (M6 © Ge Le 0 Pr 2fi Gù 4 {re (pa 80, € D RARE Qi: à HD : : ü6, 8 -{ , : 1 DE sis LE 0 mn me NO Dm me D © | HE RER 9 LS CG RO © HE HR ET | Le Maximum* o CRU nn DIGG = © O9 D DE 100 Os _— er » Hauteur de la neige. millim. SRE ee DIDENE DOI 9 9 © 0 @ © 1 do © D to C Co © Lo àr © = Ro Ur do © RO 00 =1 D (9 & EE À CG L9 19 KO 19 D 19 Pluie ou neige. EE Eau tombée dans les 24 h. millim Nombre d'heures, Vent dominant NE. NE, NE. NE. NE. SO. SO, SO, NE. SO, NE. SO, SO, SO. SO, NE. NE. SO, SO, SO. SO. variable NE. SO. SO. SO. SO. SO. SO. SO. NE. OR 2 HR M Le mn me mie mb me me mn me RO NO > RO me mù = Din jm jen NO bem be jen jen jen Clarté moyenne du | Gel. 0,09 0,21 0,20 0,56 | 0,17 0,93 | 1,00 | 1,00 | 0,53 0,78 | 0,83 | 0:50 077 | 0:87 0.89 0:96 | 087 0,68 0,89 0,88 0,98 | 0,32 | 0,86 | 0,79 | | 0,92 0,92 0,83 | 1,00 | 0,99 0,87 : 1,00 s températures observées depuis 6 heures du matin à 10 heures du soir, le thermomé- MOYENNES DU MOIS DE MAI 1869. Gh.m. Sh.m. A0h.m. Midi. 2h SM ANS MOIS 8h.s, A0h.s. Baromètre. rm mm mm mm mm mm mm mm mm Are décade 562,54 562,44 56257 562,53 562,49 562,56 562,56 562,75 562,70 DE. 563,16 564,00 564,19 564,28 564,29 564,33 564,928 564,40 564,50 3e » 564,03 564,38 564,39 564,51 564,47 564,43 564,33 56429 564,46 Mois 563,46 563,63 563,74 563,80 563,77 563,79 563,74 563,83 563,91 Température. 0 (e) 0 (e) 0 0 0 Ô icdécade + 0,66 + 224 + 369 + 4,59 + 4,62 + 4,70 L 276 + 129 + 149 de = + 4,50 + 3,16 + 4,37 + 5,97 + 5,99 + 5,96 + 3,94 + 3,09 L 265 ge » 182 2,39 L 395 L ST + 3,83 D 3,7 + 3,05 L 2,66 L 231 Mois “+ 4,34 + 2,58 + 3,75 + 4,51 + 4,78 + 4,54 + 3,95 + 236 + 215 Min. observé.” Max. observé.* Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela u Ciel. Ou de neige. neige tombée. 0 0 mm mm 1re décade — 0,05 + 5,84 0,55 79,0 80 2e ph + 116 + 6,62 0,81 47,3 75 3% » + 1,99 + 4,74 0,86 140,1 2 Mois + 0,82 + 5,69 0,74 266,4 455 Dans ce mois, l'air a été calme 14 fois sur 100, Le rapport des vents du NE, à ceux du SO, a été celui de 0,58 à 1,00, La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 450 O0, et son in- tensité est égale à 26,2 sur 100, * Voir la note du tableau, ; x û + + ip sde DT: PTE pe # * 1 " ‘à SRE “rai tué “a IG. ud Le “+ AE LITE T À AT co 4:08 nur h À + ne \ 5 - + > n L Hd à 4 ù LVRT nn 3 ÉRESS 5 : Le co fai du if * Et PP PRE 17 Rs” eo MALE Rene feu ORNE 17 +50 RENÉ RYPEES G RS UE RÉÈRE HQE 88 FR “CL BE Le FAT FE FR FRE CRE in 4oi 8 j pd hér pm armé AN NE réglé hé OR PE TT OL‘ le Meta ER ENS NES OLGA te RENE ou 8 Li | | | | Sen , à Rens T | PRES BR ROUE . k car M OL + PRE NTE 4 TS k en: 4. at h Ye 1 a ni ME 2.006. MILC cl A: à 4 de Ce Es A UT, FAT dE DE T1 4 RUE hr 08 + ds (RE * EPA 86€ à HSE vs cpu tu + LE HAN ILET ETS Fer 7” " 4 és f als TL UNIL S 0 ax en id ao sit J . ir Èx pi me Er ou pr sant me #4 mu ur sg sépare Ré ; : PRE LE ‘08, 22% at e0,0 EU + DU UT og AU ÉRER MO CT SSSR 2 OEET 7 080 1 € es 24 Fab ve dre 2 à LAS Lord PACE DE L'INFLUENCE DE LA TEMPERATURE SUR LES ÉCARTS DE LA LOI DE MARIOTTE PAR M. E.-H. AMAGAT, Professeur à Fribourg. Depuis les recherches de M. Regnault sur la loi de Ma- riotte, on sait que tous les gaz, sauf l'hydrogène, sont plus compressibles que ne l’indique cette loi, et que cette com- pressibilité augmente avec la pression, c’est-à-dire quand on rapproche le gaz de son point d'ébullition. Or on peut opérer ce rapprochement par le refroidissement seul, et il est facile de prévoir que le sens des résultats sera le même et aussi qu’en élevant la température la compres- sibilité doit diminuer, atteindre celle qu'indique la loi de Mariotte et devenir plus faible comme cela a lieu pour l'hydrogène dès la température ordinaire ; mais il n’a ja- mais été fait d'expériences spéciales et suivies à ce point de vue et c’est cette lacune que j'ai cherché à combler. Les écarts de la loi de Mariotte ont été expliqués de plusieurs manières. On les a considérés comme résultants de l'attraction réciproque des molécules gazeuses; on peut aussi en rendre compte en admettant une théorie dont la première idée remonte à Daniel Bernoulli, mais qui doit toute la faveur dont elle jouit aujourd’hui dans la science aux travaux de MM. Joule et Krænig et surtout à ceux de M. Clausius qui l’a complétée en ajoutant ARCHIVES, t. XXXV. — Juillet 1869. 15 170 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE à la considération des mouvements de translation des mo- lécules, celle de leurs mouvements internes, de leurs mouvements de rotation et des mouvements possibles des fluides impondérables. Si on admet la première explication, l'attraction ne de- vant dépendre que de la distance moyenne des molécules, l'écart pour une même masse gazeuse devrait toujours être le même, quelle que soit la température, pourvu que le volume initial et le volume final soient les mêmes. Autrement dit soit V un volume donné de gaz à la température 4 et à la pression ». Réduisons ce volume à V'! par une pression p' la température restant constante. Maintenant chauffons le gaz jusqu'à 4", il se dilatera, et soit P la pression nécessaire pour ramener le volume à V et soit P’ la pression correspondante, Si lécart est seulement fonction du volume il est évident qu’on doit avoir : nos Es Pa NN EUIIUPINE C’est sous ce point de vue que j'ai d’abord envisagé la question et je ferai remarquer que le rapport + res- p’ de jauger le manomètre dans lequel on comprime le gaz et évite une cause d'erreur. Comme les différences portent ici sur des quantités très-petites, j'ai choisi les gaz dans lesquels l'écart est le plus grand ; l'acide sulfureux, l’'ammoniaque, le cyanogène, l'acide carbonique. Les volumes ont été réduits à peu près à moitié ; les températures auxquelles j'ai opéré sont : l’ébullition de l’eau, la fusion de la glace et la température de l'air ambiant. : à ) P 1414 tant constant il suffit de comparer ret-5r ce qui dispense SUR LES ÉCARTS DE LA LOI DE MARIOTTE. 171 Voici maintenant la description de l'appareil et la marche des expériences (PI. L, fig. 4). Le tube manométrique est figuré en EFG, il n’a que 45 centim. de hauteur, mais pour rendre le procédé plus sensible on y a soufflé deux boules, b et b' qui augmen- tent le volume de la masse gazeuse, sans changer la hau- teur, afin qu’on puisse facilement maintenir le tout à une température constante. Ce tube est divisé en deux parties à peu près égales, par deux traits m et n;il est entouré d’un prisme à quatre faces en glace scellé au minium dans une monture en fer. Le prisme repose sur une cuve HK en fer, dans laquelle on verse du mercure qui supporte la colonne d’eau dont on remplit le prisme. Comme on le voit, ce prisme joue ici le rôle du manchon dans l'appareil de Gay-Lussac pour les densités de vapeurs. On peut ainsi, au moyen d’un bec à gaz, porter l’eau du prisme jusqu’à l'ébullition ou à une température inférieure qu'un agi- tateur rend continuellement uniforme. Jai employé un prisme à glace au lieu d’un manchon pour éviter les er- reurs de réfraction. Le manomètre EFG d’une seule pièce en cristal est scellé dans une pièce à collier P au moyen de laquelle on le rejoint à une seconde pièce en fer ATJ munie d’un robinet en fer C, et d’une tubulure [ par la- quelle on fait arriver le mercure dans l'appareil; en A se visse un boulon dans lequel est mastiqué le grand tube qui mesure les pressions. Il suffit de jeter les yeux sur l'appareil pour com- prendre la marche des expériences. Quand l'appareil a été parfaitement desséché dans toutes ses parties (avec des précautions dans le détail desquelles il serait trop long d'entrer ici), on y fait arriver ie mercure très-sec jus- qu'à ce qu'il atteigne l’extrémité de la pointe R du ma- 179 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE nomètre. On met alors cette pointe en communication avec la source du gaz parfaitement desséché d’ailleurs, que l’on étudie, puis on fait écouler du mercure par le robinet C; quand le niveau du mercure dans le manomètre arrive en »” on ferme le robinet C, et au moyen d’un cha- lumeau on ferme l'extrémité de la pointe R. On place alors le prisme, on le remplit d’eau et l'expérience est préparée. Si on veut opérer sur une vapeur, on en introduit le liquide dans le manomètre préalablement rempli de mer- cure jusqu’en #”, on porte l’eau du prisme à la tempé- rature de l’ébullition et on ferme la pointe à la lampe quand cesse le jet de vapeur, comme cela se pratique quand 6n prend une densité de vapeur par le procédé de M. Dumas. Le manomètre est jaugé avant l'expérience comme ce- lui de M. Regnault dans ses recherches sur la loi de Ma- riotte, c’est le meilleur moyen d'éviter les causes d'erreurs dues à la forme du ménisque. Toutes les mesures de hauteur ont été faites avec un grand cathétomètre donnant le cinquantième de millimètre. Les températures ont été observées au viseur sur des thermomètres sensibles et divisés en dixièmes de degrés. Enfin, toutes les corrections relatives à la dilatation du mereure dans les différentes parties de l'appareil ainsi que celles relatives à la pression barométrique ont été faites avec SOIN. La pointe R du manomètre devant à chaque expé- rience être fermée au chalumeau et cassée pour l’expé- rience suivante, il en résulte à chaque fois une diminu- tion de volume dont il a été rigoureusement tenu compte. Du reste, chaque manomètre n’a servi que trois fois au SUR LES ÉCARTS DE LA LOI DE MARIOTTE. 173 plus, tant pour la raison citée plus haut que pour varier autant que possible les causes d'erreurs. Comme je l'ai dit plus haut, mes premières recherches ont eu pour but de comparer pour une même masse ga- p P } : zeuse les rapports re et p correspondants à deux tem- pératures différentes. Trois expériences bien concordantes m'ont donné pour l'acide sulfureux les résultats dont voici la moyenne : | à 140 = 0,50838 P différence = 0,00561 à 98° ns 0,50277 La différence correspond à plus d’un centimètre en hauteur de mercure dans la grande branche de l’appa- reil, le résultat n’est donc pas douteux. Pour lammoniaque, voici la moyenne de deux expé- riences très-concordantes : à 43° À — 0,50731 | . différence = 0,00329 a 97 = 0.50402 | Pour l'acide carbonique, moyenne de trois expériences: ARR = à 13 me 0,50981 5 différence = 0,00210 à 97° Noa 0,50402 Il résulte des nombres précédents que l’écart n’est pas fonction du volume seulement, mais aussi de la tempéra- ture à laquelle on opère. Ce résultat, peu en harmonie, ainsi que je l'ai dit plus haut, avec l'hypothèse de l'attraction, s'explique au con- 174 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE traire assez facilement au moyen de la seconde théorie. En effet, la force vive des molécules étant plus grande quand la température est plus élevée, on conçoit facile- ment que la perte due à leurs chocs soit relativement plus petite que l’augmentation de pression sur les parois due à l'augmentation de force vive, et ceci lors même que, par suite de l'accroissement de vitesse, les chocs entre molé- cules seraient plus fréquents. Ayant constaté ce premier fait, j'ai ensuite déterminé P ) pour plusieurs gaz la valeur du rapport à différentes températures et avec des pressions initiales et finales à peu près égales, de manière à mettre en évidence l’in- fluence de la température seule. Voici le tableau résumant mes expériences sur quatre gaz : l'acide sulfureux, l’ammoniaque, l'acide carbonique et l'air (quant au cyanogène, je me suis aperçu que vers 100: il est sensiblement absorbé par le mercure, et que l'absorption augmente avec la pression, j'ai donc dû abandonner l’étude de ce gaz). Je ferai remarquer que dans deux expériences, une sur l’ammoniaque et l’autre sur l'acide sulfureux, j'ai opéré à la température de 98°, en commençant sous des pressions différant d'à peu près vingt centimètres, et que j'ai pu apprécier la différence TA 0p de Le qui en résulte pour le rapport so quoique cette différence soit faible, mais toujours dans le sens des résultats de M. Regnault sur l'influence de la pression initiale. SUR LES ÉCARTS DE LA LOI DE MARIOTTE. 1 EN | [D] ( Pression iitiale. Tempé- ralure, 4e expér. sur l'acide sulfureux. 15°,3 69,255 98°,4169, 255 985 93,528 5°,5169,221 — 69,283 47° expér. 9meexpér: sur acide sulfureux. niaque. (98°,8!70,500 70,219 70,354 Dme expér. sur l’'ammo- miaque. a Li 4 pv p'v’ 1,0183 1,0057 1,0078 1,0182 10051 1,0029 1,0748 1,0129 1,0051 dre expér. sur l'acide carbonique. Qme expér. sur l'acide carbonique. Aïe expér. sur l'air. 2®° expér sur l'air. Ténipé) Pression ralure.| initiale. 8°,5|71,537 (98.1 11 053 90,0/72,055 98°,4/72,100 7°,2172,560 98°,4/72,512 ji, 972,5 71,458 pv p'v! Il 0061 | | 0026 | 1,0064 | 1,0021 | 1.0010 | 10001 0,9998 es = sur fans) 7 , 779,580 | 98 8,92,382 |1,0062 Îl résulte du tableau précédent : 1° Que vers 100° l'acide sulfureux et l’ammoniaque s’écartent peu de la loi de Mariotte, mais plus cependant que l'air à la température ordinaire. 20 Qu'à cette température, #00, l'acide carbonique s’en écarte fort peu, ce qui est conforme au travail de M. Regnault sur la densité de ce gaz. 3° Que vers 100, l'air peut être considéré comme suivant régulièrement la loi de Mariotte, car les deux ré- sultats trouvés, quoiqu'étant l’un en plus et l’autre en moins, sont presque identiques. Enfin, je dois ajouter que dans quelques expériences les volumes primitifs n’ont pas été réduits à leurs moi- tiés, notamment pour l'acide carbonique, c’est probable- ment pour cela que le nombre trouvé à la température ordinaire est un peu plus faible que celui donné par M. Regnault dans les mêmes circonstances. Des nombres déjà connus et de ceux qui précèdent, 176 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE résultent quelques observations qui me paraissent avoir une certaine importance. C’est que plus la température de liquéfaction d’un gaz. est élevée (sous même pression), moins il s’écarte de la loi de Mariotte à une même distance de son point de liqué- faction ; on peut s'en convaincre-en comparant la valeur de 1) rOE TE Fr Vour l'acide sulfureux vers 15°, et pour l'acide car- bonique à 98°, c’est-à-dire à des distances à peu près égales de leur point de liquéfaction, cependant la diffé- rence n’est pas considérable; du reste le point de liqué- faction de l'acide carbonique à la pression ordinaire n’est pas connu avec certitude, mais si on compare les résul- tats trouvés pour l'acide sulfureux et l’ammoniaque on verra que : Tandis que vers 10° l’ammoniaque a un écart beau- coup plus fort que celui de l'acide sulfureux, vers 100° ces écarts sont peu différents, c’est-à-dire que, pendant cette période de 90°, l'acide sulfureux dont le point d’ébullition est plus élevé, s’est plus rapproché de la loi de Mariotte que l’ammoniaque, quoique son écart reste encore un peu supérieur à celui de ce dernier gaz. Or ce résultat ne diffère que par la forme de l'énoncé, de celui qui fait l’objet de la remarque précédente. Pour compléter cette remarque, j'ai cherché à déter- miner l’écart de quelques vapeurs à la température de l’eau bouillante, j'ai opéré sur l’éther et la benzine; mais les expériences que j'ai faites sont trop peu nombreuses pour que je puisse donner des nombres certains; cepen- dant je pense pouvoir annoncer que vers 100° la vapeur d’éther s’écarte assez peu de la loi de Mariotte, et que la benzine à cette même température s’en écarte moins que SUR LES ÉCARTS DE LA LOI DE MARIOTTE, 177 l'acide sulfureux vers 20°, ce qui est conforme au sens des remarques précédentes. Enfin je dois dire que les nombres du tableau qui pré- cède ne sont pas les seuls que j'ai obtenus, l’'ammoniaque, l’acide carbonique et l’acide sulfureux ont été soumis chacun à six essais qui m'ont tous donné des résultats concordant avec ceux du tableau. J'ai employé dans mes expériences un baromètre d’une construction très-simple et que, cependant, je n'ai encore rencontré nulle part; cet instrument me parait pouvoir remplacer avantageusement (pour les baromètres fixes) le baromètre Fortin dans les laboratoires. La cuvette est munie d’une pointe d'ivoire B (fig. 2), indicatrice du zéro de la graduation, et on ramène le ni- veau du mercure à cette pointe, au moyen d'un petit plongeur P en bois, en ivoire ou en fer, que l’on fait monter ou descendre en tournant la tête À de sa tige qui est munie d’un pas de vis et est guidée par deux écrous qu’elle traverse et dont le supérieur seulement porte un pas de vis. Ce système est très-simple, très-économique, il ne peut ni se déranger ni se détériorer, et son usage est très-commode. LE . TERRAIN TRIASIQUE SUPÉRIEUR DANS LES ALPES ORIENTALES (Dr E. von Mossisovics. Ueber die Gliederung der oberen Triasbil- dungen der œæstlichen Alpen. Jahrb. d. k. k. geol. Reichsanstalt, 1869, XIX.) Le terrain triasique supérieur des Alpes orientales à une importance beaucoup plus grande que le keuper dont il est l'équivalent ; il la doit à la variété des roches qui le composent, à l'extrême richesse et à la diversité de ses faunes, ainsi qu'à la grande étendue géographique de quelques-unes d’entre elles. Une étude incomplète des fossiles, l'attribution fausse de certains noms locaux à des horizons très-différents, avaient singulièrement compliqué la classification de ce groupe de terrains. M.de Mojsisovies a examiné avec le plus grand soin la série de ces formations dans le Salzkammergut, les Alpes du Tyrol au nord de l’Inn, les Alpes lombardes, les Alpes du Tyrol au sud de la Rienz, les Alpes de Carinthie et les Alpes de la Basse-Autri- che; puis, comparant ensemble ces diverses séries, il en a tiré une classification générale. Ce travail est certainement un des plus importants qui ait été publié depuis plusieurs années sur le trias des Alpes. Je ne puis en faire ici une analyse complète: je me bornerai à décrire la série des terrains triasiques supérieurs dans le Salzkammergut en indiquant leurs équivalents dans le reste des Alpes orien- tales. Je donnerai donc les résultats obtenus par M. de TERRAIN TRIASIQUE SUPÉRIEUR, ETC. 179 Mojsisovies tout en renvoyant à son travail pour l’exa- men des motifs qui l'ont amené à cette classification. Le Salzkammergut que j'ai eu le plaisir de parcourir der- nièrement avec cet éminent géologue, est un des points où la série triasique offre le plus beau développement et la plus grande abondance de restes organiques. Les schistes à Naticella costata et à Myophoria costata qui terminent la série des schistes de Werfen (trias infé- rieur) sont surmontés de calcaires caractérisés par la Rhyn- chonella pedata Br., dans lesquels on a aussi recueilli l'As- pidocaris triasica Reuss et la Terebratula vulgaris Schl. Bien qu’on n’ait pas encore trouvé dans ces calcaires les céphalopodes caractéristiques du muschelkalk propre- ment dit, on peut sans aucun doute les rapporter à ce dernier terrain. A. ETAGE NORIQUE. (a) Groupe œnique. [L Les couches qui reposent sur le muschelkalk, sont formées de calcaires pyriteux caractérisés par l'Halobia Lommeli Wism. Ce fossile dont la présence signale le commencement de la période triasique supérieure, la tra- verse dans sa plus grande partie. Au-dessus se trouve une masse de dolomie puissante, surmontée du calcaire de Pœtschen. Ce calcaire contient des silex et alterne dans sa partie inférieure avec une roche dolomitique Jaunâtre en banes plus minces, qui renferme souvent de Ja glauconie. M. de Mojsisovics s’appuie sur les observations faites dans d'autres terrains par M. Suess, et par M. A. Favre, pour énoncer l'hypothèse que cette glauconie provient des érup- tions porphyriques qui avaient lieu à la même époque dans le Tyrol méridional. Plusieurs des ammonites trou- 180 TERRAIN TRIASIQUE SUPÉRIEUR vées dans ce terrain appartiennent au groupe des Trachy- ceras * (groupe de l'A. Aon) qui fait à ce moment son apparition. Le fossile le plus caractéristique de cet ho- rizon est l’A. doleriticus Mojs. Équivaents. Tyrol septentrional : marnes de Part- nach formées de calcaire avec bancs de silex, de marnes, de grès et de dolomies, renfermant des plantes et des bivalves analogues à ceux qui se trouvent beaucoup plus haut dans les couches à Cardila proprement dites. — Alpes lombardes : tufs porphyriques avec plantes (Bac- tryllium Schmidi, Meriani et canaliculatum Heer) et cé- phalopodes (4. doleriticus Mojs. etc.). — Tyrol méridio- nal : calcaires et tufs.— Alpes vénitiennes : grès dolériti- ques.— Carinthie : tufs porphyriques avec À. Carmithiacus Mojs., et grès avec plantes du keuper. — Basse-Au- triche : calcaires pyriteux. — Dans toutes ces régions, on trouve à la base du terrain triasique supérieur des calcaires pyriteux contenant l’Halobia Lommeli. IT. L’horizon supérieur est formé par la dolomie de Partnach, dolomie grise ou blanche, souvent bréchiforme, et calcaire dolomitique de 600 à 1000 pieds d’épais- seur, Dans la classification donnée par M. de Mojsosivies, cette formation est intermédiaire aux groupes œnique et halorique. EquivacenTs. Tyrol septentrional et Voralberg : do- lomie de Partnach et calcaire de lArlberg. — Alpes lombardes : calcaires et dolomies d’Ardese. — Tyrol mé- ridional : dolomies puissantes, recouvertes de calcaires et de conglomérats; porphyre. — Carinthie : calcaires et dolomies de Raïbl, avec minerais. ! Laube, Anzeiger d. Akad. d. Wissensch. Wien, 1869, n° 1. DANS LES ALPES ORIENTALES. 181 (b) Groupe halorique. IH. Le grand dépôt de sel du Salzkammergut sur- monte la dolomie de Partnach. IV. Il est recouvert lui-même d’un système de calcai- res marneux et de grès glauconieux nommé calcaire de Reichenhall. V. Viennent ensuite les couches de Zlambach, couches puissantes et fossilifères, dans lesquelles on peut recon- naître une partie inférieure formée de calcaires pyriteux séparés par des lits schisteux, une partie moyenne com- posée de calcaires et de marnes tachetées (fleckenmergel), et une partie supérieure constituée par des marnes fon- cées qui contiennent souvent du gypse et sont remplies de coraux. Les céphalopodes abondent dans les deux sub- divisions inférieures et plusieurs d’entre eux se retrouvent dans les calcaires inférieurs de Hallstatt. Ce sont les Amm. galeifornus Hau., À. cf. subumbilicatus Hau., À. cf. res- pondens Hau., qui appartiennent au groupe des Arcestes, À. tornatus Br., 4. ( Phylloceras) neojurensis Qu., des cé- phalopodes déroulés, Choristoceras * nov. sp., Cochloceras cf. canaliculatum Hau., le Nautilus goniatites Hau., etc. Au-dessus viennent les calcaires de Hallstatt qui se divisent d'une manière très-tranchée en deux groupes dans chacun desquels on peut reconnaître plusieurs horizons ; deux ou trois espèces d’ammonites seulement les traver- sent en entier. VI. Le groupe inférieur est caractérisé par l'A. Met- ‘ Le genre Choristoceras créé par M. de Hauer, comprend des cé- phalopodes déroulés semblables aux Crioceras, mais avec des cloisons de cératites.— Arrcestes et Phylloceras : voyez Suess, Ueber Ammo- niten. — Sitzunysber. Akad. Wissensch. Wien, 1865, LII. 182 TERRAIN TRIASIQUE SUPÉRIEUR ternichi. La faune en est riche et renferme des nautiles, des orthocères et une grande variété d’ammonites pres- que toutes spéciales à ce groupe : 4. Metternichi Hau.. galeiformis Hau., Ramsaueri Qu., subumbilicatus Br... res- pondens Qu., appartenant au groupe des Arcestes, À., multilobatus Br., tornatus Br., neojurensis Qu., Orthoce- ras salinarium Qu., Monotis salinaria Br., etc. Equivazexts des n° IIL IV, V et VI. Tyrol septen- trional : gisement de sel de Hall surmonté du calcaire de Reichenhall et de calcaires et dolomies sans fossiles. — Alpes lombardes : calcaires supérieurs d’Ardese avec A. Metternichi. — Tyrol méridional : calcaires et dolo- mies. — Carinthie : calcaires de Raibl avec minerais. — Ce groupe manque ainsi que le précédent dans les Alpes de la Basse-Autriche. B. ETAGE CARNIQUE. (a) Groupe badiotique. VIL La partie supérieure des calcaires de Hallstatt est nettement séparée de l'horizon précédent: elle abonde en fossiles dans les environs de Goisern et d’Aussee, et forme le système de couches de l'A. Aonoïdes. Elle renferme les Amm. (Trachyceras) Aonoïdes Mojs., triadicus Mojs., les Amm. (Arcestes) cymbiformis Waulf. Gaytani Klipst. floridus Walf,, les Amm. (Phylloceras) Wengensis Klipst., Jarbas Munst., les À. semiglobosus Haw., quadrangulus Hau., Haidingeri Hau., subbulatus Hau., le Nautilus Sauperi Hau., etc. La faune de ces couches les rapproche davantage de celles de Bleiberg, de Raibl et de S't-Cassian que de la partie inférieure des couches de Hallstatt; ce fait à déjà été constaté depuis longtemps par M. de Hauer. DANS LES ALPES ORIENTALES. 133 EqQuivaLents. Tyrol septentrional : calcaires et dolo- mies sans fossiles. — Alpes lombardes : calcaires avec A. semiglobosus, ete. — Tyrol méridional : couches de Wengen avec À. Wengensis ; plantes de la lettenkohle, — Carinthie : schistes à poissons de Raïbl avec À. Aonoïdes, A. triadicus et plantes du keuper, — Basse - Autriche : schistes à À. Aon avec À. Aonoïdes, ete., débris de pois- sons et plantes du keuper. IL existe ici une lacune dans la série triasique du Salzkammergut et il faut recourir à d’autres parties des Alpes pour la compléter : VIIL. Dans le Tyrol septentrional on trouve Îles couches à Cardita, groupe complexe qui se subdivise en deux parties contenant toutes deux en abondance la Cardüa crenata Goldf. La partie inférieure renferme les Amm. cymbiformis Waulf. sp, Haidingeri Hau., l'Halobia rugosa Gümb., etc. La partie supérieure renferme sur- tout des bivalves et des plantes : Hærnesia Johannis Aus- triæ Klipst. sp., Ostrea Montis Caprilis Klipst., Avicula aspera Pichl., etc. Equivazents. Alpes lombardes: couches de Gorno et de Dossena avec Hærnesia Johannis Ausirie. — Tyrol méridional : couches de S'-Cassian : on trouve dans leur partie inférieure les À. floridus, cymbifor mas et l'Ha- lobia rugosa; leur partie moyenne renferme la Cardia crenata ; des calcaires marneux fossilifères constituent la partie supérieure. — Raibl en Carinthie : Tauber Schie- fer, schistes sans fossiles surmontés de couches à Myo- phoria Kefersteini. — Carinthie orientale : couches de Bleiberg avec A. floridus, A. cymbiformis, Halobia ru- À 2 gosa. — Basse-Autriche : schistes de Reingraben carac- térisés par les mêmes fossiles ; 1ls sont recouverts du grès 184 TERRAIN TRIASIQUE SUPÉRIEUR de Lunz qui abonde en plantes de la lettenkohle et ren- ferme de la houille dans sa partie supérieure ; au-dessus de ce grès se trouve la dolomie d’Opponitz avec Cardita crenata, Corbis Mellingi, etc. (b) Groupe larique. IX. La série triasique recommence dans le Salzkam- mergut avec le calcaire du Wetterstein, calcaire dolomiti- que d’une grande puissance, pauvre en fossiles dans cette région. IL forme la base du massif du Dachstein du côté sud et la puissante masse des Donnerkogel dans la vallée de Gosau. Il renferme dans le Tyrol septentrional plusieurs espèces d’ammonites dont quelques-unes sont communes aux calcaires supérieurs de Hallstatt, et des gastéropodes, entre autres les Chemnitzia Rosthorni et eximia Hœrn., qui se retrouvent dans les dolomies de Raïbl. EquivaLents. Tyrol septentrional : calcaire du Wetter- stein. — Alpes lombardes : calcaire d’'Esino avec Chemnit- zia gradata et Escheri. — Tyrol méridional : dolomie du Seblern et Torer Schichten. — Carinthie : dolomie et Torer Schichten. — Basse-Autriche : dolomie d’Opponitz. X. Le calcaire du Dachstein recouvre le calcaire du Wetterstein. IL a une grande épaisseur et renferme le Megalodus triqueter, le Dicerocardium Wulfeni Hau. sp., le Turbo solitarius Ben., la Rhynchonella ancilla Suess. EquivaLents. Tyrol septentrional : dolomie bitumineuse de Seefeld avec restes de poissons. — Alpes lombardes, Tyrol méridional et Carinthie : Dolomia media avec Mega- lodus triqueter.—Basse-Autriche: calcaire du Dachstein. On trouve sur le calcaire du Dachstein, dans le Salz- kammergut et le Tyrol septentrional, le Plattenkalk sur- monté de l'étage rhétique. Cet étage qui a été le sujet DANS LES ALPES ORIENTALES. 155 d'un travail remarquable de MM. Suess et Mojsisovics ”, forme le dernier terme de la série triasique et il est recouvert du terrain liasique dont les premières couches sont caractérisées par |A. planorbis. Le nom de calcaire du Dachstein a été souvent mal interprété; ila été donné, dans le Tyrol septentrional, à des calcaires supérieurs aux couches de Kœæssen, et on les a regardés comme faisant partie des couches rhétiques. Ce- pendant le calcaire du Dachstein proprement dit tel qu'il est développé dans le massif du Dachstein et dans l’'E- chernthal est inférieur à ces couches et ne peut être con- sidéré que comme l'équivalent de la Hauptdolomit de Gümbel et de la dolomie moyenne proprement dite de Stoppani. L'étude même que nous venons de faire combat l’opi- nion de M. Beyrich et de M. Sandberger, qui ont cru re- connaître le muschelkalk proprement dit dans les cou- ches qui surmontent le muschelkalk alpin. L'apparition de l’Halobia Lommeli qu’on retrouve pres- que dans tout le trias supérieur , celle du genre Trachy- ceras, le commencement des éruptions porphyriques du Tyrol méridional, enfin la disparition presque subite de la faune du muschelkalk, suffisent pour caractériser netle- ment le commencement de la période triasique supérieure qui se termine avec l'étage rhétique. Le trias supérieur des Alpes orientales et le keuper des autres régions, sont deux formations de nature trop hétérogène pour qu’on puisse les comparer. Nous voyons 1 Die Gebirgsgruppe des Osterhornes, Jahrb. d. k. k. Geol. Reichs- anst., 1868, XVII, p. 167. ARCHIVES, t. XXXV. — Juillet 1869. 1% 186 TERRAIN TRIASIQUE SUPÉRIEUR dans les Alpes des formations pélagiques dont on a aussi reconnu la présence en Amérique, en Asieet en Australie; elles ont une énorme épaisseur, inais sont parfois in- terrompues par des sédiments littoraux ; les dépôts du keuper ont été formés au contraire dans une mer peu pro- fonde et ont été souvent mis à sec par les oscillations du sol. Les plantes et les mollusques inférieurs, seuls êtres communs aux deux ordres de dépôts, peuvent seuls aussi servir de termes de comparaison; or, la plupart d’entre eux se trouvent à des niveaux très-divers et donnent par conséquent des indications peu précises. Les terrains que je viens de décrire ne peuvent donc rentrer dans les subdivisions généralement admises pour le keu- per et demandent une classification spéciale. La plus grande difficulté que présente cette classifica- tion provient de l'apparition de coquilles du type de la faune de S'-Cassian à trois horizons différents, séparés les uns des autres par de grands dépôts de calcaires et de dolomies. La réapparition de ces fossiles est liée au re- tour des sédiments mécaniques qui ont formé les marnes de Partnach, celles de S'-Cassian, et celles des Torer Schichten. Ces marnes contiennent beauçoup de débris de plantes de la lettenkohle et sont des dépôts littoraux. Le retour de faunes semblables à des époques aussi diverses prouve que la faune des régions littorales n’a subi que des modifications peu sensibles pendant une grande partie de la période triasique supérieure. L'étude des formations pélagiques amène à des résul- tats différents et permet de distinguer quatre faunes bien tranchées : 1° La faune caractérisée par l'A. doleriticus (D); elle repose sur le muschelkalk. 2° La faune caractérisée par DANS LES ALPES ORIENTALES. 187 l'A. Metterniche (NL), dans laquelle on peut établir plu- sieurs subdivisions ; elle embrasse les couches de Zlambach et la partie inférieure des calcaires de Hallstatt. 3° La faune caractérisée par l'A. Aonoïdes (VID), séparée de la précédente par une limite très-marquée. 4° La faune de S'-Cassian proprement dite (VII), ayant quelques espè- ces communes avec la précédente. À cette faune succède celle d’Esino et du calcaire du Wetterstein, riche en gastéropodes, puis la faune peu dé- finie des céphalopodes des Torer Schichten et celle du cal- caire du Dachstein. La faune pélagique de cette mer a donc subi une série de modifications importantes pendant que les rivages ont conservé sans altération (jusqu'au calcaire de Dachstein) un grand nombre de leurs types. La séparation la plus marquée se trouve au milieu des calcares de Hallstatt; avec l’A. Aonoïdes, apparaît une faune entièrement nou- velle et c’est en ce point que M. de Mojsisovics établit une des deux grandes subdivisions déjà indiquées du terrain triasique supérieur. Résumé : Ce savant géologue divise donc ce terrain de la manière suivante : A. Étage rhétique. 1. Groupe larique. 2. Groupe badiotique. 1. Groupe halorique. 2. Groupe œnique. B. Étage carnique !. . C. Étage norique . . ! Voici l’étymologie de ces dénominations : les noms des étages sont tirés de ceux de la chaîne des Alpes : Alpes carniques et Alpes nori- ques; larique provient de Lacus Larius (lac de Côme); œnique de Œnus (Inn); badiotique et halorique sont tirés des noms de peuples anciens ; les Badiotes étaient les habitants romains des environs de Saint-Cassian ; les Halores étaient de race celtique, et furent les pre- miers à exploiter les gisements de sel du Salzkammergut. 188 TERRAIN TRIASIQUE SUPÉRIEUR, ETC. Dans les régions littorales de la mer triasique supé- rieure des Alpes orientales, ainsi que dans les régions occupées par la lettenkohle et le keuper, les mêmes types ont persisté sans grande modification jusqu’au com- mencement du groupe larique. Les intercalations à trois reprises différentes de sédiments mécaniques avec une faune littorale et des plantes terrestres en sont la preuve, Deux fois, à la base de l'étage norique et de l'étage car- nique, les sédiments mécaniques envahissent tout le do- maine du trias alpin et les faunes pélagiques subissent les modifications les plus importantes. Le même change- ment se renouvelle une troisième fois à la base de l'étage rhétique. M. de Mojsisovics a mis à la fin de son travail ane série de coupes géologiques destinées à appuyer ses conclu- sions et la description des ammonites suivantes : Amm. Archelaus Laube, doleriticus Mojs., judicarius Mojs., Re- goledanus Mojs., qui appartiennent au groupe des Tra- chyceras; Amm. Daonicus Mojs. et tridentinus Mojs. qui sont des Arcestes et Amm. Carinthiacus Mojs. A l’excep- tion du dernier, ces fossiles ont été trouvés dans les tufs doléritiques (groupe œnique) des Alpes lombardes ; VA. Carinthiacus provient des environs de Raibl, où elle a été recueillie dans le même horizon. E. FAVRE. NOTE SUR UN SPECTRE SOLAIRE ÉTALÉ SUR LE LAC DE GENÈVE PAR M. le professeur Élie WARTMANN. Le lundi 2 novembre 1868, à une heure cinquante- cinq minutes, temps moyen, nous avons observé, mon fils Auguste et moi, un magnifique spectre qui brillait à la surface du lac et paraissait éloigné de sept à huit cents mètres du bord oriental. Nous étions placés sur la rive gauche, nous dirigeant de la ville vers le bas de la côte de Cologny. A peine avions-nous dépassé l'extrémité de l’an- cienne jetée, près de la campagne de M. le professeur Merle d’Aubigné, que le phénomène s’offrit à nos yeux dans toute sa splendeur. L’atmosphère était parfaite- ment calme et d’une transparence complète. Le soleil était élevé de vingt-deux degrés au-dessus de l'horizon. La bande lumineuse rectiligne, ayant le rouge à notre gauche, c’est-à-dire du côté du soleil, occupait une lon- oueur que nous avons évaluée à cinq ou six mètres, sur une largeur apparente un peu supérieure au diamètre de l'astre. Les couleurs se dégradaient du rouge au violet avec une puissance de coloris que je n'ai vue dans aucun arc-en-ciel: le jaune et le vert possédaient un éclat inaccoutumé. Je n'avais malheureusement ni polariscope ni moyen de prendre des mesures angulaires ; mais j'ai constaté que l'ombre portée sur le sol par un bâton vertical faisait un angle d'environ quarante-deux degrés 190 SPECTRE SOLAIRE ÉTALÉ SUR LE LAC DE GENÈVE. avec une droite menée de ce bâton à la tête du spectre. C’est l'angle de déviation maximum des rayons rouges de l’'arc-en-ciel intérieur. Le lac était très-calme sur la partie qui s’étendait du spectre à nous; par delà il présentait la teinte caracté- ristique indigo-verdâtre que revêt sa surface quand elle est ridée par la brise du Nord-Est. Lorsque nous marchions du côté du Nord, le spectre diminuait d'éclat, tandis qu’un retour vers notre premier poste d'observation nous le faisait apercevoir dans toute sa splendeur. Notre œil était à environ quatre mêtres et demi au-dessus du niveau du lac. Au bout de six minutes, la hauteur solaire n’était plus que de vingt-un degrés et le phénomène avait disparu. D’après les observations météorologiques publiées par M. le professeur Plantamour, la température du lac et celle de l’air étaient, ce jour-là, à très-peu près égales entre elles et à quatorze degrés centigrades. L’atmosphère était très-voisine de son point de saturation. Jai cherché le lendemain et les jours suivants à revoir ce phénomène, bien rare, puisqu'il n’a été, à ma connais- sance, signalé par aucun observateur ; mes tentatives ont été vaines. Je n'ai pas eu plus de succès au mois de février de l’année actuelle, lorsque la hauteur du soleil a égalé celle du 2 novembre. Le lac était fortement agité et le soleil beaucoup moins radieux. 1 11 différait par la disposition en ligne droite de la bande lumineuse, et par ses dimensions, de l’arc-en-ciel horizontal observé en mer par M. Collingwood, qui l’a décrit et figuré dans le numéro de décembre 1867 du Philosophical Magazine. Voir les Archives, tome XXXI, p. 60; janvier 1868. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. A. WuLLNER. UEBER DIE SPECTRA, etC. SUR LES SPECTRES DE QUEL- QUES GAZ CONTENUS DANS DES TUBES DE GEISSLER. (Pogg.An- nalen, t. CXXXV, p. 497.) Les spectres que donne la lumière émise par les gaz et les vapeurs raréfiés lorsqu'ils sont traversés par la décharge d’une bobine d’induction ont été étudiés et décrits en détail par Plücker ’. Plustard, dans un travail fait en commun, MM. Plücker et Hittorff ? reconnurent que le phénomène était plus complexe qu’il n’avait semblé d’abord; ils constatèrent que certains corps tels que l'azote et le soufre présentaient, suivant les circonstances de température, de pression, etc., deux spectres différents, l’un continu avec des champs lumi- neux d’une certaine étendue (spectre de 1° classe); l’autre, composé de lignes brillantes en nombre plus ou moins grand séparées par des espaces obscurs (spectre de 2° classe). L'auteur du présent mémoire s’est surtout appliqué à étu- dier les formes diverses que le spectre d’un même gaz est susceptible de revêtir, et les causes qui produisent ces varia- üons. Il n’a opéré que sur trois gaz différents l'hydrogène, l'oxygène et l'azote. a. — Hydrogéne. Plücker avait tout d’abord décrit le spectre de l'hydrogène comme se composant de trois lignes brillantes H« (rouge x Plucker, Poggend.. Annalen, tome CVII, pp. 497 et 638, et Ann. de Chimie et de Phys., 3me série, tome LVII, p. 497. ? Plucker et Hittorf, Philosophical Transactions. London for 1865, page 1. 192 BULLETIN SCIENTIFIQUE. coincidant avec la ligne C de Kraunhofer), H8 (vert-bleue tombant sur F) et H (bleue violette immédiatement à côté de G), outre ces trois lignes il en avait observé une quatrième fort peu distincte, dans le violet, dont la position n'avait pas pu être exactement fixée. Dans les premières recherches de Plücker, ces lignes brillantes étaient parfois accompa- gnées d’une longue bande lumineuse s'étendant de part et d'autre de la raie D; dans la suite MM. Plücker et Hittorf reconnurent que c'était là un spectre à part de l'hydrogène, ne présentant du reste aucune analogie avec les spectres continus de 1" classe de l'azote, du soufre ou d’autres corps, par ce fait qu'avec un grossissement suffisant on peut le dé- composer en un grand nombre de raies brillantes. A ces deux spectres bien distinctes de l'hydrogène M. Waullner est venu en ajouter d’autres encore. Dans son tra- vail sur les rapports existants entre le pouvoir réfringeant des corps et leur densité‘, où il employait comme points de repères les raies brillantes du spectre de l’hydrogène tel que Plücker l'avait décrit, il vit subitement le spectre d’un tube de Geissler à hydrogène sur lequel il avait longtemps opéré se changer en un spectre continu ressemblant au spectre de 1° classe de l'azote et qu'il attribua d’abord à une rentrée d’air dans le tube. Cela ne tenait pas toutefois à cette cause, car dans une série d'observations subséquentes le spectre fourni par ce tube reprit sa forme première aussi subite- ment qu'il l’avait perdue. M. Wullner avait constaté par là l'existence d’un troisième spectre de l'hydrogène correspon- dant à des circonstances qui lui étaient alors mconnues. Cette observation fortuite est le point de départ du présent mémoire. L'auteur chercha à la reproduire, et il y réussit avec un autre tube spectral à hydrogène ayant des élec- trodes en platine et construit par M. Geissler de Bonn. Ce tube se comporta exactement comme le premier ; le jet élec- ! Poggend. Annalen, tome CXXXI, p. 1. : PHYSIQUE. 193 -trique de rouge qu'il était devint blanc, et le spectre qu'il pro- duisait de discontinu qu'il était d’abord devint continu avec une superbe dégradation de couleurs. Seulement pour ce tube-là, la transformation fut permanente et le spectre ne reprit point dans la suite sa forme première. Voici du reste la description exacte de ce nouveau spectre de l'hydrogène . telle que la donne M. Wüllner. Dans la partie la moins réfrangible du spectre se trouve d’abord la raie rouge H4 déjà mentionnée ailleurs ; à droite de cette raie un espace obscur qui s'étend jusqu'aux 0,15 de l'intervalle Hi—D à partir de H4. C’est là que commence le spectre continu, lequel ne s'étend pas tout à fait jusqu’à la raie H} du spectre ordinaire de hydrogène ou la raie G de: Fraunhofer. Dans les parties rouges et jaunes de ce spectre, on peut distinguer environ dix-huit champs lumi- neux de différentes largeurs, coupés eux-mêmes par des raies noires, et il est probable qu'avec un gfossissement suf- fisant et l'emploi d’un grand nombre de prismes, suivant la méthode de Plücker, on reconnaîtrait que ces parties-là ap- partiennent au spectre discontinu décrit par Plücker et Hit- torf. Il n’en est pas de même du reste du spectre qui est bien réellement un spectre de première classe. C’est d’abord au delà du jaune un champ vert très-pâle limité à droite par une raie verte plus brillante, et encore au delà un champ d’un brun vert diversement nuancé s'étendant jusqu’à la raie HB qui devient visible, et présentant dans cet intervalle un cer- tain nombre de raies plus brillantes dont quatre entre autres ressortent avec un éclat tout particulier. Le spectre continu s'étend encore dans le bleu jusqu’au milieu de l'intervalle H6—H}. Sur ce fond bleu pâle l’on discerne encore quatre raies brillantes dont la deuxième et la quatrième présentent le plus d'éclat. ! M. Wullner a aussi obtenu ce même spectre avec un grand nombre d’autres tubes, mais toujours, lorsqu’après les avoir soumis à une forte décharge de la bobine d’induction, il les fai- ' 194 BULLETIN SCIENTIFIQUE. sait ensuite traverser par un courant plus faible. La production d’un spectre de première classe devait donc, selon toute ap- parence, provenir encore ici d’un abaissement de tempéra- ture dans le tube, comme Plücker et Hittorf l'avaient con- staté pour d’autres gaz présentant des spectres continus. Il était probable que le passage de la décharge altérait la sur- face des électrodes et augmentait la résistance en ces points là, jusqu'à diminuer d’une manière notable l'intensité du courant, et par conséquent aussi l'élévation de température qu'il produit par son passage dans la masse gazeuse. En effet, lorsqu'on vainquait cette résistance au moyen d’une décharge électrique, présentant une plus forte tension, le spectre de seconde classe reparaissait immédiatement en même temps que la coloration rouge du jet. C’est ce qui arriva en faisant passer dans le tube la décharge d’une bouteille de Leyde. Avec une machine de Holtz sans condensateur, on obtenait le spectre continu, mais dès qu’on ajoutait à la machine les petites bouteilles de Leyde, on reproduisait d’une manière permanente les conditions normales de l'hydrogène, les- quelles subsistaient ensuite même avec une décharge induite faible. Toutefois lorsqu'on prolongeait le passage de cette décharge plus faible pendant un quart d'heure, le spectre continu reparaissait avec l'apparence blanchâtre du jet. Jusqu'ici l’auteur n’avait opéré que sur des tubes fermés, et par conséquent sur des gaz à pression constante. Une fois qu'il était bien constaté, dans ces conditions-là, que l’appa- rence du jet électrique dans l'hydrogène raréfié, ainsi que le spectre de ce gaz varient avec l'intensité du courant et l’élé- vation de température qu'il produit par son passage, on pou- vait s'attendre à constater une modification tout à fait analo- gue en faisant varier la pression du gaz. M. Wullner a effec- tivement vérifié cette hypothèse dans une série d'expériences exécutées avec M. Bettendorff. L'appareil employé par ces Messieurs consistait en un tube spectral, muni de deux robi- nets de verre, solidement fixé en avant de la fente du spec- PHYSIQUE. 195 troscope, et présentant à ses extrémités, au delà des robi- nets, deux prolongements tubulaires également en verre, aboutissant l’un à une pompe de Sprengel, l’autre à des tubes pleins d’acide sulfurique concentré et d’acide phosphorique communiquant eux-mêmes avec un appareil pour la décom- position de l’eau par la pile. Les gaz, dans cet appareil, n'étaient pas recueillis tous deux en même temps, de ma- nière à éviter que l'oxygène, dissous dans l’eau acidulée, ne vint se mélanger à l'hydrogène; la petite cloche qui sur- montait l’électrode négative de l'appareil de décomposition servait en même temps de gazomètre. Pour obtenir le gaz pur dans le tube spectral, on commençait par le dessécher en le faisant traverser par un courant d’air sec, tandis qu'on le chauffait avec précaution, puis on y faisait le vide après quoi on y introduisait l'hydrogène qu’on expulsait ensuite avec l’aspirateur Sprengel, pour en introduire une nouvelle dose, et cela jusqu’à ce que la pureté du gaz eût été consta- tée par l’absence de toute raie étrangère dans son spectre. Cela étant, on diminuait graduellement la pression en obser- vant à mesure les variations qui en résultaient pour le spectre de l'hydrogène. A 100", le jet était assez éclatant pour être observé, et donnait un spectre continu, mais pâle, avec les raies HG et H£. À mesure que la pression diminuait, il augmentait en intensité lumineuse, et se rapprochait peu à peu de l’appa- rence décrite en détail plus haut. A 30”, ce spectre continu avait acquis son maximum d'éclat, puis il pâlissait de plus en plus à mesure que la pression continuait à diminuer. Dans celte seconde période au contraire les lignes H4 HB et H, de- venaient de plus en plus brillantes, jusqu’à 21""; à partir de là elles conservaient à peu près le même éclat jusqu’à 2" où 3°" où elles demeuraient seules après la disparition com- plète du spectre continu. Au delà et quand la pression avait diminué jusqu’à devenir inférieure à 1", les lignes brillantes perdaient de leur éclat et une portion du spectre continu re- paraissait dans le vert. 196 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Lorsqu'on était arrivé au vide le plus parfait que pût pro- duire l'aspirateur Sprengel, l'apparence du jet changeait su- bitement et il affectait une belle couleur verte semblable à celle d’une flamme de thallium, en même temps le spectre prenait une toute nouvelle forme. La ligne rouge Hz, dans ce cas, s'éteint presque complétement, la partie rouge et jaune du spectre continu a entièrement disparu; en revanche l’on voit apparaître six groupes deraies vertes très-brillantes, ressortant sur un fond presque entièrement obscur et dont les positions sont les suivantes ! : 1% groupe, trois raies, raie du milieu (la plus brillante estimant etat 620,47",40" 2° groupe, trois raies, raie du milieu. . . . . 63, 10,15 37° groupe, deux raies, seconde raie (la plus brillante) astra raoc dos sui nat 08 20120 &® groupe, deux raies très-rapprochées, se- condenrale (iddbarcrssente < sn dér- art 63, 46, 25 De groupe, lrois raies, raie du milieu (très- lhrcesthmillante)ss"scun -eucipeses rimmtsoù 64, 22, 20 G"* groupe, au moins six raies, raie du milieu . 64, 38, 40 H6 qui n’est plus que très-faible. . . . . . .. 64, 51, 10 outre ces raies l’on en aperçoit encore d’autres également vertes, mais très-pâles pour la plupart indéterminables; et au delà de 65°,20° deux champs bleus également très-pâles. Ce dernier spectre à raies brillantes se produit toutes Les fois que l'on a atteint la pression la plus faible que puisse donner l'aspirateur Sprengel. La résistance dans l’intérieur du tube devient telle que l’électrode positive surgit, fond partiellement et s’agglomère en petites boules; le courant 1 Ces mesures ont été faites avec un prisme de flint-glass présen- tant un angle de 60°,2’ et donnant les indices de réfraction suivants : Ha—1,743355, H5—1,772210, Hy—1,790564 ; le spectroscope em- ployé était un spectroscope de Meverstein, tel que l’auteur l’a décrit dans le travail déjà cité plus haut (Pogg. Ann., tome CXXXIIL, p. 1). PHYSIQUE. 197 cesse alors de la traverser et l’étincelle s'échappe du point où le fil d'aluminium est soudé dans le verre. Souvent aussi après cela le jet redevient blanc et le spectre continu repa- raît; mais l’on peut toujours rétablir la lumière verte et le spectre aux six groupes de lignes vertes par le passage au tavers du tube à ces basses pressions de létincelle d’une bouteille de Leyde ou du courant de la machine de Holtz avec condensateur. On pourrait objecter que ce dernier spectre était produit par l'aluminium qui constituait les électrodes, ou par le mer- cure de l’aspirateur, ou par les acides sulfuriques ou phos- phoriques des appareils de dessication, ou enfin par la graisse des robinets et des hydrogènes carbonés qui auraient pu se produire par leur décomposition, l’auteur a reconnu cependant qu'il n’y avait aucun rapport entre ce spectre de l'hydrogène et ceux de ces différents corps. Il a fait en particulier une étude étendue des spectres de l’aluminium, dans le détail de laquelle nous n’entrerons pas ici. Il a re- connu que les vapeurs d'aluminium donnaient deux spectres différents, un spectre continu de 4”° classe, et un spectre à raies ou de 2° classe correspondant aux températures les plus élevées. De tous les faits qui précèdent il ressort clairement que les différents spectres de l'hydrogène sont bien réellement distincts; ce gaz ne présente pas un seul et même spectre augmentant en éclat et en étendue à mesure que l’éclat du jet augmente lui-même, lon voit au contraire que la qualité de la lumière émise par la décharge électrique dans l'hydrogène raréfié varie aussi bien que sa quantité ou son éclat avec la température produite dans ce gaz par le passage du courant. b. — Oxygône. Plücker et plus tard MM. Plücker et Hittorf n'avaient ob- servé et décrit qu’un seul spectre de l’oxygène consistant en une série non interrompue de lignes brillantes très- 198 BULLETIN SCIENTIFIQUE. rapprochées depuis le rouge orange jusqu’au violet. M. Wull- ner a recherché si le spectre de ce gaz ne variait pas comme celui de l’hydrogène avec la pression et la température et pour celà il a opéré avec lappareil décrit ci-dessus, sur le gaz provenant de la décomposition de l'eau qu'il obtenait parfaitement pur en avant soin de chauffer le tube spectral pendant qu’il le faisait traverser par un courant desséché sur l'acide phosphorique et l'acide sulfurique de manière à expulser de ce tube toute la vapeur d’eau qui pouvait être demeurée adhérante à ses parois. La pureté du gaz ayant été constatée, on faisait graduellement le vide dans le tube. A 28°" ou 30"" le jet commencait à être suffisamment Iumi- neux pour former un spectre distinct composé de six lignes brillantes, dans le rouge, le vert, le bleu et le violet, entre autres la ligne rouge-chair O+ que Plücker indique comme particuliérement caractéristique de l'oxygène. A mesure que la pression diminue, de nouvelles raies ap- paraissent dans les différentes parties du spectre. Cependant à partir de 6°" l’on aperçoit entre ces raies des bandes lumi- neuses continues, d’abord très-pâles, mais dont l'éclat aug- mente de plus en plus et enfin quand la pression est arrivée à être moindre d’un millimètre le spectre discontinu de l'oxygène s’est changé en un spectre continu de première classe composé de plusieurs longues bandes lumineuses s’é- tendant principalement dans le vert et dans le bleu, en même temps la teinte du jet est devenue légèrement verdâtre. En diminuant encore la pression jusqu’au vide le meilleur que püt donner l'aspirateur, M. Waullner vit s’opérer dans le spectre une transformation subite tout à fait analogue à celle qu'ilavait déjà constatée dans ces conditions avec l'hydrogène. Les champs lumineux continus disparurent instantanément, pour faire place à plusieurs groupes de raies brillantes d’un superbe éclat, principalement dans le vert et le bleu qui élaierit indiqués d'avance par la coloration vert-bleu du jet. Ce spectre n’a aucun rapport avec celui qui a été décrit par PHYSIQUE. 199 Plücker dans les Philosophical Transactions, 1865 ; il se com- pose comme suit de cinq groupes : TOUS et: 63°,11" à 63°,20” TONNES de cs de 63°,48° à 64°, 9 D MOIGUNA dde. 64°,42° ROPOU DE uen eric 65°, 4 D. JTOUPE.. . sw 65°,40 et outre cela de quatre raies . dans le violet. Ici encore le meilleur procédé pour produire successive- ment les deux spectres de l'oxygène consiste dans l'emploi de la machine de Holtz. Avec la machine sans condensateur, le jet a une teinte verdâtre, le spectre est continu et composé essentiellement de quatre champs lumineux vert-jaune, vert, vert-bleu., et violet sans aucune raie brillante. Au moment de l’addition du condensateur, le spectre devient subitement un spectre de seconde classe par Papparition de sept groupes de raies brillantes bien déterminées, sans aucun lien avec les bandes qui les avaient précédées. Ces deux spectres ont été reconnus parfaitement identiques aux spectres de pre- mière et de seconde classe obtenus avec le Ruhmkortf et dé- crits ci-dessus, seulement le nombre des raies visibles est plus grand avec la machine de Holtz qu'avec la petite bobine qu’emplovait l’auteur. Ainsi donc, ici encore, le spectre de première classe correspondait à la température la moins élevée. ©. — Azole. Conformément aux observations de Plücker pour étudier le spectre de l'azote, il n’y a qu’à opérer sur de l'air raréfié bien sec, lequel ne donne jamais Les raies de l'oxygène. Dans le tube spectral de M. Wullner, le jet commença à passer au travers de l'air raréfié, à 94°" de pression; mais ce ne fut qu'à 46°° qu'il eut un éclat suffisant pour donner un spectre distinct; ce spectre est continu. L’on n'apercevait guère 200 BULLETIN SCIENTIFIQUE. alors que la partie verte et surtout la partie violette si carac- téristique de l’azote. À mesure que la pression diminue le spectre se complète par l'apparition de nouvelles bandes colorées ; à 1°" environ il a atteint son maximum d'éclat, puis il diminue par la dis- parition des parties les moins brillantes. Dans ces conditions- là, on ne peut à aucune pression, avec une petite bobine de Ruhmkorff, produire un spectre discontinu ou de seconde classe; il en est de même avec la décharge de la machine de Holtz sans condensateur. Pour obtenir un spectre de se- conde classe, il faut ajuster à la machine un condensateur, ou faire passer la décharge d’une bouteille de Leyde. En cela l’azote se distingue nettement des deux gaz précédents. Les changements de température qui accompagnent les variations de pression du gaz ne suffisent pas dans le cas de l'azote pour modifier la qualité de la lumière qu'il émet lors du passage de cette décharge; pour modifier réellement la qualité de la lumière émise, il faut changer la nature même du courant et remplacer le courant induit par l'électricité statique. La différence existant sur ce point entre les diffé- rents gaz demeure jusqu'ici un point obscur qui demande à être repris et à faire l’objet d’une étude plus détaillée. À Nous nous sommes étendus plus longuement que nous ne le faisons à l’ordinaire sur cet intéressant travail, à cause de toutes les observations précises qu’il renferme et de l’abon- dance de faits de détail qui n’en sont pas moins fort impor- tants pour la théorie, et montrent toutes les précautions qu'il convient d'apporter dans l’analyse spectrale des gaz. II ressortait déjà des travaux de M. Plücker que l'analyse spec- trale d’un mélange ou d’une combinaison de différents gaz n'indique pas toujours la présence de tous les corps qui s’y trouvent renfermés. Et maintenant des nouvelles recherches de M. Wullner, il suit que le spectre d’un seul et même gaz n’est pas un fait absolument unique et constant. E.S. PHYSIQUE. 201 F. GUTRIE. ON THE THERMAL, RESISTANCE OF LIQUIDS. — SUR LA RÉSISTANCE DES LIQUIDES AU PASSAGE DE LA CHALEUR. (Pro- ceedings of the Royal Society, janvier 1869.) Pour déterminer la loi de conductibilité de la chaleur à travers les liquides, l’auteur se sert d’un appareil auquel il a donné le nom de déathermomètre, et qu’il décrit comme suit : Un cône creux en laiton à base de platine, renversé de manière que le sommet soit tourné en bas, est ajusté à un trépied qui repose sur un système de vis. Le sommet de ce cône a une forme tubulaire, et est muni d’un robinet au tra- vers duquel passe un tube de verre gradué, disposé vertica- lement et plongeant dans de l’eau. Le niveau de l’eau dans le tube est presque aussi élevé que le sommet du cône. Un second cône, semblable en tout au premier, mais ayant le sommet tourné en haut, est disposé de facon à pouvoir être rapproché à volonté du premier par le moyen d’une vis mi- crométrique. Les deux cônes en laiton, ainsi que leurs bases en platine, sont parfaitement polis, ces dernières au moyen de lavages successifs avec de acide nitrique chaud, de la soude caustique, de l’alcol et enfin de l’eau. Le cône infé- rieur ayant été disposé de manière à ce que sa base soit dans une position parfaitement horizontale, on abaisse le cône su- périeur jusqu’à ce que sa base se trouve à la distance voulue de celle de l’autre. Il s’établit ainsi entre les deux bases en pla- üne un intervalle cylindrique d’un diamètre et d’une épais- seur donnés. Cet intervalle, ou « chambre sans parois, » re- çoit le liquide dont on cherche à déterminer la résistance thermique. On l’introduit entre les bases des deux cônes par le moyen d'une pipette étranglée d’une capacité connue, el il yreste par suite de l'adhésion jointe à la cohésion de ses parti- cules entre elles. L’axteur décrit ensuite le mode employé pour faire passer à travers le cône supérieur un courant constant ARCHIVES, t. XXXV. — Juillet 1869. 15 202 BULLETIN SCIENTIFIQUE. d’eau chaude d’une température uniforme et déterminée. Ce courant réchauffe en passant la base du cône supérieur, la- quelle communique aussitôt sa chaleur au liquide en contact avec elle Ceite chaleur descend à travers le liquide, réchauffe la base du cône inférieur, dilate l'air qui y est renfermé, et déprime ainsi le niveau de l’eau dans le tube qui y est ajusté. M. Guthrie passe en revue différentes sources d'erreur te- nant à l’imperfection de l'appareil, et les movens employés pour les faire disparaître. Il conclut à la suite d'expériences directes relatives, 1° au temps requis pour la production du premier effet calorifique sur la base du cône inférieur, et 2° du changement à peine sensible produit par lintroduction de disques diathermanes, que l’effet qu’on pourrait attribuer à la radiation est sinon nul, au moins trop insensible pour qu’il puisse en être tenu compte. L'auteur fait remarquer, qu'en cherchant à mesurer la ré- sistance opposée par les liquides au passage de la chaleur plutôt que leur pouvoir conducteur proprement dit, il parvient à éviter plusieurs sources d'erreur que présentent ordinaire- ment les expériences de cettenature. En effet, en mettant d’a- bord les deux cônes en contact par leurs bases polies, el en fai- sant passer de l’eau à une température donnée à travers le cône supérieur, il se produit aussitôt un certain effet thermique sur la base du cône inférieur. Si ensuite, après avoir éloigné les bases des deux cônes l’une de l’autre, on introduit un li- quide dans l'intervalle qui les sépare,et qu’on continue à faire passer à travers le cône supérieur de l’eau à la même tempé- rature que précédemment, l'effet thermique produit sera moindre. La différence entre les deux effets donnera la mesure de la résistance du liquide. Dans le calcul des résultats ainsi obtenus, il est nécessaire de tenir compte des variations qui ont lieu daus la densité de Pair du cône supérieur à mesure que l’eau est déprimée dans le tube de verre. Pour détermi- ner les résultats absolus en unités thermiques, il est indis- pensable de tenir compte du diamètre de la surface du cône PHYSIQUE. 203 inférieur, de son volume, et de la chaleur spécifique de l'air qu'il renferme. Voici les résultats principaux auxquels arrive M. Guthrie : 1° Ila déterminé le rapport qui existe, dans le cas de l’eau, entre l’épaisseur de la couche liquide et le temps requis pour le premier commencement de l’effet calorifique. 2° Le rapport entre la température et le temps requis pour le commencement de l’effet calorifique. L’auteur montre que, sous ce rapport, l’eau Chaude conduit mieux la chaleur que l’eau froide, et que plus on réchauffe l’eau, plus son pouvoir conducteur devient considérable. 3° Le rapport entre la quantité totale de chaleur transmise dans un temps donné, et l'épaisseur de la couche liquide ainsi que sa température. 4° 1 a déterminé l'effet de différentes solutions salines pour modifier le pouvoir conducteur de l’eau. Tout sel dissous dans Peau augmente la conductibilité de ce liquide. L'auteur pense que l’effet du sel dissous est dû en grande partie, sinon en- tièrement, au déplacement d’une portion de l’eau par une substance offrant une plus grande résistance, et probable- ment aussi à une modification dans la chaleur spécifique du liquide. 9° Le tableau suivant donne la résistance thermique com- parative de divers liquides placés dans des circonstances par- faitement identiques. L’épaisseur de la couche liquide était pour chacun d'eux de un millimètre; la température initiale du liquide était de 20°,17 C. et la différence de température de 10°. En d’autres termes la base en platine du cône supé- rieur était maintenue à 30°,17. La durée de l'expérience était dans. chaque cas de une minute. Les nombres ci-dessous don- nent la résistance thermique de chaque liquide dans les cir- conslances qui viennent d’être indiquées, c’est-à-dire, le rap- port entre les quantités de chaleur interceptées par les diffé- rents liquides et celle interceptée par l’eau. 204 _ BULLETIN SCIENTIFIQUE. Résistance . Résistance Liquide. spécifique. Liquide. spécifique. MAR T d PER URe 1 Alcool butylique. . . . 10,00 Giycérine.. HAT 3,84 Acétate d’amyle . . . . 10,00 Acide acétique (glacial) 8,38 Amylamine. . . . . .. 10,14 Acétone!frt 2er. 07 8,51 Alcool amylique. . . . 10,23 Oxalate d’éthyle . . . . 8,85 Huile de térébentine. . 11,75 Huile de baleine. . . . 8,85 Nitrate de butyle. . . . 11,87 MEDOLUHONME TIENNE A. 9.08 Chloroforme. . . . .. 12,10 Acétate d’éthyle. . .. 9,08 Bichlorure de carbone 12,92 Nitrobenzole. . . . .. 9,86 Bromure d’éthyle. . . 13.16 Oxalate d’amyle . . . . 10,06 Iodure d’amyle. . . . . 13,27 L'auteur fait ressortir les points les plus saillants des résul- tats ci-dessus ; savoir, la résistance remarquablement faible de l’eau et des corps qui renferment une grande propor- tion des éléments de ce liquide, ainsi que la possibilité que ce fait se lie aux résultats obtenus par Magnus sur la conduc- tibilité de l'hydrogène. Il fait aussi remarquer l'accroissement de la résistance thermique qui accompagne une plus grande complexité moléculaire dans le cas des liquides isotypiques, tels que les alcools et leurs dérivés, ainsi que la grande résis- tance qu’offrent les liquides contenant des halogènes. M. Gu- thrie fait aussi ressortir l'accord qui règne entre les résultats ci-dessus et ceux obtenus par M. Tyndall sur la diatherman- sie, résulats d’après lesquels un liquide très-diathermane offre invariablement une grande résistance à la conduction de la chaleur. P. RiEss. SUR LES SOUPAPES ÉLECTRIQUES. (Pogg. Annalen, tome CXXXVE p. 51.) Le premier fait du genre de ceux qui nous occupent ici a été découvert, comme le rappelle M. Riess, en 1819, par Paul Erman, il concerne la lampe de Davy. Si l’on place sur un électromètre condensateur une lampe métallique à alcool PHYSIQUE. à 205 éteinte et surmontée d’une spirale en platine que la com- bustion de la vapeur d’alcool maintient à la chaleur rouge, l’on reconnait que cet appareil perd plus vite son électricité lorsqu'on le charge positivement que lorsqu'on le charge négativement. À condition cependant que la spirale ne soit rouge qu'à sa partie supérieure et que, par conséquent, la combustion de la vapeur d'alcool soit incomplète : dans le cas où la spirale tout entière est rouge, la colonne gazeuze con- duit également bien l’électricité dans les deux sens. Plus tard, Andrews ! reconnut que l’on peut séparer les deux cou- rants d’une machine magnélo-élecirique en introduisant dans le circuit un brasier ardent qui ne laisse passer que les courants allant de la flamme aux charbons. Dans le cas où il employait ce procédé, l’on eût obtenu tout aussi bien la sé- paration des deux courants avec une simple interruption dans le circuit, au moyen de laquelle on eül arrêté les courants de fermeture. En 18595, M. Gaugain inventa la soupape élec- trique et attribua à son appareil la propriété de ne laisser passer que les courants de rupture d’une direction déter- minée. M. Riess enfin modifia un peu la soupape électrique et en compléta la théorie en montrant qu’elle pouvait aussi laisser passer les courants de fermeture, pourvu qu'ils eussent la direction voulue. Dans le travail dont nous cherchons à rendre compte ici, le savant physicien de Berlin étudie les conditions principales du jeu des soupapes électriques en opérant exclusivement sur les courants induits par la dé- charge d’une batterie. Pou r arriver à des résultats précis, il importait en effet de s’en tenir à un cas unique, car il est bien connu que l’action des soupapes varie parfois avec la nature des courants. La soupape électrique, sous la forme que lui avait donnée M. Riess dans son premier travail ? et qu’il appelle soupape ! Plulos. Magazine, t. IX, p.176. — Pogg. Ann., t. XLHI, p. 118. ? Pogg. Annalen, tome XCVI, p. 179; voir aussi la planche VI du tome CXX des mêmes Annales. 206 _ BULLETIN SCIENTIFIQUE. normale, consiste en un tube en verre contenant de l’air très- raréfié (une à deux lignes de pression), et présentant deux électrodes de formes et de dimensions très-différentes. L’une de ces électrodes, qu’il appelle la pointe (die Spitze), consiste en un simple fil de platine de ? millimètre de diamètre, ne dépassant point la plaque de verre qui ferme le tube, de manière à ne laisser pénétrer la décharge dans la soupape que par sa seule section. L’autre électrode, qu’il appelle le plateau (die Flüche), est formée d’une rondelle de laiton de 11 lignes de diamètre, distante de la pointe environ d'une ligne et portée par une tige de laiton de 1 & ligne d’épais- seur, laquelle se meut dans un tube de même métal avant un diamètre extérieur de 2 + lignes et une longueur de deux pouces environ. La tige et sa gaine pénètrent de 3 + pouces dans l’intérieur de la soupape, mais peuvent être raccourcies à volonté. Lorsqu'on introduit la soupape normale ainsi dé- finie dans le circuit d’un courant induit par une batterie élec- trique, on voit toujours l'aiguille d’un galvanomètre disposé dans ce circuit tourner du même côté que si l’on eûl mis à la place de la soupape un couple plaline et zinc; la pointe de la soupape jouant le rôle du platine, le plan celui du zinc, et le gaz raréfié celui de l’eau acidulée. De telle sorte que la déviation galvanométrique dépend seulement de la position relative du galvanomètre et de la soupape ‘. Ce ré- ‘ Les Archives ayant donné dans leur numéro de juin une traduction complète du dernier mémoire de M. Edlund, nous devons attirer l'at- tention de nos lecteurs sur la note rectificative insérée par M Riess dans le tome CXXXVII des Annales de Poggendorff au sujet de l'inter- prétation que le savant suédois a donnée à la loi qui règle le jeu des soupapes électriques dont il est ici question. La phrase de M. Edlund (voir Archives, t. XXXV, p. 139, lig 10) ferait croire que le sens dans lequel tourne l'aiguille d’un galvano- mètre placé dans le circuit induit, dépend uniquement de la position de la soupape par rapport aux deux extrémités de la spirale induite. M. Riess, au contraire, avait établi nettement, dans le mémoire dent nous rendons comple ici, que le sens de cette déviation dépend exclu- sivement de la manière dont sont reliés le galvanomètre et la soupape PHYSIQUE. 207 sultat est invariable avec la soupape normale d'après les travaux antérieurs de M. Riess ; restaient à établir les condi- tions dont il dépend, et c’est là en effet le but que lPauteur s’est proposé en faisant de nouvelles expériences dans les- quelles il a varié de diverses manières la forme et les dimen- sions des électrodes de son appareil. Il opérait avec une batterie composée de trois bouteilles de Leyde, présentant une surface de 2 £ pieds carrés chacune. La charge de cette batterie n’était prise que juste assez forte pour que le sens du courant à travers la soupape fût bien déterminé. La spirale inductrice se composait d’un fil de cuivre de À ligne d’épaisseur et de 30 pieds de longueur, recouvert de gutlapercha, la spirale induite de trente-deux pieds du même fil: un fil de cuivre également de 1? ligne d'épaisseur servait à relier les extrémités de la spirale induite à la soupape ainsi qu’à un galvanomètre à miroir présen- tant un fil de trente pieds de long. Cela étant, voici les différentes modifications que l’auteur a fait subir successivement à la soupape normale et les ré- sultats qu’il a obtenus. Rien n'étant changé au plateau, la pointe fut remplacée par une feuille de papier d’étain de 16 lignes de diamètre, collée sur le couvercle de la soupape. Trente-sept observations don- nèrent le même résultat que dans le cas de la construction normale, seulement les déviations différaient beaucoup entre elles pour l'intensité, parfois même il n'v avait aucune dé- viation. Dans le cas où la rondelle de l’autre électrode était réduite à un diamètre de 7 lignes, la soupape ne jouait plus que le rôle d’une simple interruption donnant plus fa- cilement passage aux courants de rupture qu'aux courants de fermeture. Ces expériences montrent que le jeu de la sou- pape électrique dépend de la différence existant entre les di- électrique et point du tout de celle des deux électrodes de la soupape avec laquelle lune ou l'autre des deux extrémités de la spirale induite est rehée. 208 BULLETIN SCIENTIFIQUE. mensions des surfaces libres tout entières des deux électrodes et non pas seulement des formes et dimensions de leurs ex- trémités immédiatement en présence. C’est ainsi que, dans la première série, la soupape a encore joué le même rôle qu'une soupape normale, parce que la surface de la rondelle ajoutée - à celle de la tige qui la portait surpassait celle de la feuille d’élain recouvrant la pointe. En second lieu, la pointe fut remplacée par une tige de laiton d’une ligne d'épaisseur 5 lignes de longueur, ter- minée par une pointe à sa partie inférieure; au-dessous et avec un intervalle d’une ligne était la tige en laiton de 34 pouces de longueur, destinée à porter la rondelle de la sou- pape normale, laquelle avait été enlevée. [ci encore, rien ne fut changé au sens de la déviation produite par la soupape et le résultat fut encore plus marqué quand la rondelle était re- placée sur sa tige. Avant ensuite isolé la rondelle par une plaque de verre que le courant était obligé de contourner pour gagner la tige de laiton, l’auteur vit le rôle de la soupape se changer en celui d’une simple interruption, d'ou il conclut que, pour qu'il y ait soupape, il faut que la décharge passe librement d’une des électrodes sur l’autre, à condition aussi que ces deux électrodes soient de dimensions très-différentes. L’au- teur s’est assuré par un grand nombre d’autres expériences, que la différence de grandeur des deux électrodes agit seule pour produire l'effet d’une soupape, leur forme n’influant que sur l’intensité du courant transmis. C’est ainsi que des aiguilles disposées à l'extrémité de l’une quelconque des deux électrodes ne changent en aucune facon le sens du courant auquel la soupape donne passage; seulement, par leurs pointes effilées, elles facilitent le passage et donnent au phé- nomène une marche plus régulière. Une soupape électrique destinée à donner des résultats constants ne doit pas être hermétiquement fermée, elle doit, au contraire, comme celles dont il a été question ici pouvoir se décomposer dans ses différentes parties, de manière à ce PHYSIQUE. 209 que les conditions qui en règlent Le jeu demeurent toujours au pouvoir de l’expérimentateur. C'est ainsi que les parti- cules métalliques arrachées par le courant à l’une des élec- trodes peuvent aller se fixer tout à côté de l’autre, de facon à en augmenter considérablement la surface, ainsi que cela se passe parfois dans les tubes de Geissler qui, à l'usage, de - viennent dans certains cas, de véritables soupapes électriques, par le fait d’un dépôt métallique très-fin qui se forme tout autour de l’une des deux électrodes. M. Riess expose des expé- riences faites sur un tube de Geissler transformé de la sorte à la longue en soupape électrique, et qui, cependant, n’op- pose pas une plus grande résistance à un même courant électrique dans un sens que dans un autre. En revanche, il a reconnu des propriétés tout opposées aux tubes à enton- noirs, et en particulier au tube de Holtz qui, néanmoins. d’après les recherches de M. Poggendorff, laisse passer beaucoup plus facilement un courant simple, allant de la pointe à la tête d’un même entonnoir, qu'un courant de sens opposé. D’après l'expérience de M. Riess, le tube de Holtz n’agit pas comme une soupape électrique quand on le place dans le circuit des courants alternatifs induits par une batterie électrique. Dans ces expériences, le courant de rupture passait toujours en plus grande proportion que le courant de fermeture. De là, il suit-qu'il ne faut pas chercher la cause du jeu des soupapes électriques dans la propriété de laisser passer plus facilement un courant isolé dans un sens que dans un autre, mais plutôt dans la forme particulière qu’affecte la propagation de l’élec- tricité au travers d’un gaz raréfié. C'est en effet dans cette voie-là que l’auteur a cherché l'interprétation des pro- priétés de la soupape électrique. - M. Riess a démontré d’une manière incontestable pour les liquides, à peu près certaine pour air raréfié, qu’une décharge explosive au travers de ces milieux n’est jamais isolée, mais qu’elle est toujours accompagnée d’une autre décharge ve- nant à sa rencontre en sens inverse ‘. Avant la production ! Riess, Abhandlungen, 1867, p. 58, 61, 158, 209. 210 BULLETIN SCIENTIFIQUE. d'une étincelle, ilse produit toujours une lueur plus ou moins vive autour des électrodes, en même temps l'air qui entoure immédiatement ces électrodes est électrisé, partant repoussé par chacune d'elle ‘. Un courant isolé ne passera qu'après avoir traversé une couche d'air électrisée positivement à l'é- lectrode positive, et une couche négative devant électrode négative. Vienne un second courant en sens inverse, et son passage sera singulièrement favorisé par les circonstances qui s’opposent au passage du premier. Il est en outre bien connu que cette lueur ou aigrette qui accompagne l'électri- sation de Pair autour de l’électrode, se produit beaucoup plus vite etavec plus d'intensité au pôle négatif qu’au pôle positif. Or la soupape normale étant introduite dans un circuit in- duit par une batterie électrique, l'électrode qui présente la plus grande surface, c’est-à-dire le plateau ne tardera pas, d’a- près ce qui précède, à être entouré d’une couche d'air électrisée négativement; quant à la pointe, à cause de la très- petite surface qu’elle présente, elle n’électrise pas sensible- ment l'air qui l’avoisine:; en tout cas. l'influence de la plus grande surface l’emportant de beaucoup sur celle de la plus petite, les courants pour lesquels le plateau est électrode po- sitive passeraient beaucoup plus facilement que les courants de sens inverse. L'expérience a montré que, lorsque la sur- face de la pointe est plus grande, tout en restant fort au- dessous de celle du plateau, les cas d'exception à la règle géné- rile deviennent plus fréquents, ce qui est conforme à cette interprétation, car alors elle peut aussi électriser la couche d'air qui l'avoisine. La houppe négative ne se forme aussi facilement que dans les gaz raréfiés ; à la pression ordinaire, c’est plutôt à l’élec- trode positive que se produit la lueur qui précède la décharge. Aussi les appareils dont il est ici question, ne fonctionnent ils comme soupape que lorsque l’air y est considérablement raréfié, sans cettecondition. ils produisent l'effet d’une simple ! Faraday, Ecper. Researct , p. 1526, 1535 PHYSIQUE. 211 interruption dans le circuit, etne donnent passage qu'à celui des deux courants qui possède la plus forte tension. Lorsqu'on relie le plateau d’un condensateur avec lune des électrodes de la soupape normale, l’autre électrode étant reliée à l’une des extrémités de la spirale induite, le conden- sateur se charge comme sous l’action d’un courant simple qui irait de la pointe au plateau de la soupape. Ainsi donc, dans le cas d’un courant interrompu, et lorsque une partie de l’élec- tricité mise en mouvement va se reposer sur un conduc- teur, l’action de la soupape est inverse de ce qu'elle est dans un circuit fermé. Revenant ensuite à la propriété qu'ont les flammes de sépa- rer les deux courants induits, M. Riess a étudié le passage de la décharge induite par une batterie électrique au travers de diverses flammes. [1 à opéré en premier lieu sur le brüleur de Bunsen en mettant en communication les extrémités de la spirale induite d’une part avec la lampe, d'autre part avec un fil de platine pénétrant jusqu’au sommet du cône obscur de la flamme ; en second lien, avec le même brüleur, en empé- chant l’arrivée de l'air: en troisième lieu, avec une lampe métallique à alcool, après avoir relié les extrémités de la spirale induite, d’une part avec un fil de platine introduit dans la mèche de cette lampe, d'autre part avec un autre fil égale- ment en platine pénétrant dans le sommet de la flamme: il a opéré en quatrième lieu, enfin, avec la lampe de Davv. La spirale de platine élant surmontée comme dans les expé- riences précédentes dun fil de platine relié de même que le corps de la lampe avec l'extrémité de la spirale induite. Il a trouvé de la sorte que la flamme du gaz d'éclairage aussi bien que la flamme d’alcool et la colonne de vapeur d’alcool de la lampe de Davy, se comportent quoique imparfaitement comme une soupape électrique ; la flamme jouant le rôle du plateau et la lampe celui de la pointe. L'action de la lampe de Davy, d’après ce que nous avons dit plis haut, est exacte- ment inverse dans le cas où elle repose sur un condensateur 219 BULLETIN SCIENTIFIQUE. au lieu d’être introduite dans un circuit fermé. C’est le même fait que nous avons vu se produire quand la soupape élec- trique servait à charger un condensateur. Les expériences qui précèdent ont été grandement faci- litées par l'emploi d’une machine de Holtz qui permettait de charger la batterie très-rapidement etsans le moindre effort. E48: A. KunDr. UEBER EINE NOCH NICHT, e{C.— SUR UNE NOUVELLE ES- PÈCE DE FIGURES PRODUITES A L'AIDE DE POUSSIÈRES FINES SUR DES CONDUCTEURS ÉLECTRIQUES. (Pogg. Ann.,tome CXXXVE, page 612.) L’emploi de poussières fines, qui a rendu de si grands ser- vices en acoustique, en permettant de constater les mouve- ments réguliers, quoique de très-faible amplitude qui se produisent à la surface des corps vibrants, a parfois aussi trouvésa placedanslélectricité. Ce procédé a servi dans certains cas à constater la répartition de l'électricité ou du magné- tisme à la surface des corps, et M. Kundt en a fait une nou- velle application à l'étude des décharges électriques entre deux conducteurs métalliques. Il a trouvé que, lorsqu'une dé- charge électrique s’effectue entre une plaque métallique horizontale saupoudrée de lycopode, formant pôle positif et une boule ou une pointe placée immédiatement au-dessus, la poussière reste attachée à la plaque sur une surface circulaire bien déterminée; tandis que, partout ailleurs, on la chasse facilement en soufflant dessus, elle demeure sur cet espace circulaire, attirée évidemment par un résidu d'électricité. En prenant la plaque saupoudrée de lycopode comme électrode négative, l'expérience ne réussit que diffi- cilement. Les dimensions de la figure ainsi obtenue varient avec certaines conditions telles que la forme et la distance de l’électrode négalive. M. Kundt à vu son diamètre varier de 10°" à 200"*. En re- PHYSIQUE. 213 vanche les conditions de l'expérience demeurant les mêmes, le phénomène présente une grande constance et se prête à des mesures précises. Le pôle négatif étant une boule de 50%" de diamètre, l’auteur a obtenu une petite figure circulaire mal déter- minée ayant un diamètre de 10% à 20"*. Avec une boule négative de 20"" de diamètre, la figure dévient un cercle de contour très-régulier et très-net, d’un diamètre de 50”, En- fin, lorsque l’on décharge la plaque électrisée positivement à l’aide d’une pointe plus ou moins fine, et sans qu’ilse produise d’étincelle, il demeure, aprës qu’on a chassé la poussière non adhérente, une figure circulaire parfaitement régulière et d’un diamètre d'autant plus grand que la pointe est plus effilée. Sur un conducteur chargé négativement, l’on ne peut oh- tenir de figure circulaire, qu’en le déchargeant sans étincelle à l’aide d’une pointe très-fine. Sans cette condition-là, la poussière ne demeure pas attachée au conducteur négatif. On peut aussi produire la figure de Ivcopode en opérant la décharge en sens inverse, c’est-à-dire en approchant de la plaque saupoudrée de cette poussière un conducteur élec- trisé négativement et dont l'électricité S’écoule sur la plaque avec ou sans étincelle. On peut également faire l'expérience sur un carreau de Leyde ; mais le mieux est de faire communiquer les deux armatures d’une bouteille de Leyde d’une part, avec une simplé plaque métallique, d’autre part, avec une pointe ou une boule maintenue au-dessus d'elle par un support et susceptible d’en être rapprochée ou éloignée à volonté. On peut de la sorte varier facilement les conditions de l’expé- rience. Nous avons déjà vu que les dimensions de la figure de 1y- copode croissent à mesure que le diamètre du conducteur sphérique situé au-dessus diminue, et qu'il atteint son maxi- mum quand ce conducteur est une pointe effilée. En outre, os 214 BULLETIN SCIENTIFIQUE. le diamètre de la figure augmente à mesure que s'accroît la distance qui sépare la plaque et la pointe. La charge de la bouteille de Leyde n’exerce pas d'influence sur les dimen- sions de la figure. Le lycopode est la poussière la plus appropriée à cette ex- périence; on peut cependant employer d’autres poussières mauvaises conductrices, tels que du soufre ou de la résine: Avec des substances bonnes conductrices tels que du charbon ou cle la limaille de fer, l’on voit se produire un tourbillon de poussière pendant le passage du courant, les particules sont soulevées et vont s’amonceler sous la pointe négative, mais elles ne demeurent pas adhérentes après le passage de la décharge. M. Kundt explique comme suit, la production de cette figure circuiaire de Ivcopode sur un conducteur électrique : soit que l'électricité de la pointe s’écoule sur la plaque, soit que celle-ci soit déchargée par la pointe, soit enfin, que l’on fasse jaillir entre la plaque et la pointe la décharge d’une bouteille de Leyde, la poussière non conductrice reste char- gée l'électricité après que la plaque à été neutralisée par la décharge, et elle + demeure par ce fait adhérente. Quant à la forme circulaire de la figure de Iycopode, c’est un fait que l’on devait prévoir, et qu'il faut admettre en tous cas comme tel sans chercher à l'expliquer. Il prouve que la dé- charge s'effectue elle-même dans un cône parfaitement ré- gulier. M. Kundt ne tire pas pour le moment d’autres con- clusions de ces observations. E S. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. SYDNEY RINGER ET STEWART. SUR LA TEMPÉRATURE DU CORPS HUMAIN A L'ÉTAT DE SANTÉ. (Proceedings of the Royal So- ciety, février 1869.) Les observations en question ont porté sur des personnes d'âge différent, et dans plusieurs cas ont été continnées jour ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 215 et nuit. La température du corps a été habituellement notée heure par heure, et souvent à des intervalles plus rapprochés. Les questions suivantes ont été plus spécialement traitées : 40 La variation diurne de la température du corps humain. 2 Les effets de la nourriture sur celle température. 3e Les effets produits par les bains froids et les bains chauds. Les auteurs sont arrivés aux conclusions suivantes : 1° La température maximum de la journée chez les per- sonnes au-dessous de vingt-cinq ans est en moyenne de 37°,95 C. Chez les personnes au-dessus de vingt-cinq ans. elle est de 37°,1. 2 Le corps humain est sujet à une variation diurne dans sa température. Le maximum a lieu entre les heures de neuf heures du matin et six heures du soir. Depuis six heu- res du soir la température du corps baisse lentement, mais sans interruption, jusqu'à minuit, époque à laquelle elle at- teint son minimum. À dater de trois heures du matin, elle s'élève de nouveau jusqu’à neuf heures, heure à laquelle elle atteint de nouveau son maximum. Cette varialion diurne de température atteint chez les personnes, âgées de moins cle vingt-cinq ans, le chiffre moyen de 1°,22: chez les personnes entre quarante et cinquante ans, elle est beaucoup plus faible. ne dépassant guère en moyenne 0°,49: quelquefois même elle n’est pas sensible. Il est à remarquer que l’abaissement de température peut avoir lieu chez les personnes âgées à toute heure également, tandis que pour les jeunes gens, il a lieu constamment pendant la nuit. De nombreuses expériences faites après les divers repas ont montré que la nourriture prise n’exerce aucune influence sur les variations diurnes de la température du corps. 3° L'effet des bains froids a été d’abaisser la température, soit de la surface du corps soit des parties intérieures. La température de la surface du corps a été dans quelques cas réduite momentanément jusqu'à 31°, mais le bain terminé. 216 BULLETIN SCIENTIFIQUE. la chaleur est revenue assez promptement pour montrer le peu d'efficacité des bains froids comme réfrigératifs. L'usage du bain froid n’a produit aucun changement dans la période ou dans le chiffre de la variation diurne. | L'usage des bains chauds ou des bains à vapeur tend à augmenter notablement la température du corps. Dans quel- ques cas de ce genre, un thermomètre placé sous la langue s’est élevé momentanément jusqu’à 40°. Les auteurs font res- sorlir avec quelle rapidité cette température diminue par les seuls effets de la radiation et de l’évaporation. L’usage ha- bituel des bains chauds ne change d’ailleurs rien à la varia- tion diurne de la température du corps. D' C. Hasse. DE COCHLEA AVIUM. DE LA COCHLÉE DES OISEAUX. (Dissertation inaugurale, Kiliæ, 4866.) — Le MÊME. Die SCHNECKE, etc. LA COCHLÉE DES OISEAUX. (Zeëtschr. für wiss. Zoologie, XVI, p. 56-104, avec 3 planches.) — LE MÈME. BEITRÆGE, etc. CONTRIBUTIONS AU DÉVELOPPEMENT DES TISSUS DU LABYRINTHE MEMBRANEUX CHEZ LES OISEAUX. (1bëd., XNI, p. 381-306, avec 1 planche.) — Le MÊME. NACHTRÆGE, elc. SUPPLÉMENT À L’ANATOMIE DE LA COCHLÉE CHEZ LES OISEAUX. (bid., XNIH, p. 461 - 470, avec 1 planche.) — LE MÈME. DER BOGENAPPARAT, etc. L'APPAREIL DES CANAUX SEMI-CIRCU- LAIRES CHEZ LES OISEAUX. (Jbid., XVII, p. 598-645, avec 2 planches.) LE MÊME. NACHTRÆGE, etC. SUPPLÉMENT AU MÉ- MOIRE SUR LES CANAUX SEMI-CIRCULAIRES CHEZ LES OISEAUX. (lbid., XNIE, p. 646-654.) — Le MÈME. DIE HISTOLOGIE, etc. L’HISTOLOGIE DES CANAUX SEMI-CIRCULAIRES ET DU SAC A OTO- LITHES CHEZ LES GRENOUILLES. (1bid., XVII, p. 72-94, avec 2 planches.) — Le MÊME. Das GEHÜRORGAN, etc. L'ORGANE DE L'OUIE CHEZ LES GRENOUILLES. (1bid., XVIIE, p. 359-420, avec 3 planches.) L’anatomie de l'organe de l'audition a fait de rapides pro- erès dans le courant de ces dernières années chez les Ver- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 217 tébrés. Sans parler de Steifensand dont les travaux remontent à 1835, les noms de Corti, Külliker, Deiters, Leydig, Reissner, Hensen, Max Schultze, Odenius, Franz Eïlhardt Schulze, Middenddorp, resteront désormais attachés à ce sujet. Mais de tous ces noms, celui de Deiters est sans comparaison le plus grand. On ne saurait trop regretter qu’une mort prématurée ait mis si promptement fin aux magnifiques monographies * dont ce savant a enrichi la science. M. Hasse s'efforce au- jourd’hui, non sans succès, de réparer cette perte. IT vient d’entrer en lice avec une série remarquable de travaux rela- tifs au labyrinthe des oiseaux et des grenouilles auxquels succéderont probablement dans un avenir prochain des re- cherches analogues concernant les Sauriens, les Ophidiens, les Chéloniens et les Poissons. En somme, M. Hasse con- firme les résultats obtenus par M. Deiters jusque dans des détails fort minutieux. Il les complète et les rectifie cepen- dant sur une foule de points. Nous allons chercher à ana- lyser les résultats auxquels est arrivé ce savant observateur, autant que la chose peut se faire sans le secours de figures. Les premières recherches de M. Hasse sont relatives au limacon des oiseaux. Chez ces animaux le labyrinthe est mis en communication avec la caisse du tympan comme chez les mammifères par une fenêtre ovale à laquelle aboutit la co- lumelle et une fenêtre ronde. Cette dernière n’est nullement fermée par un tympan secondaire. Derrière la fenêtre ronde dans la paroi postérieure du vestibule apparaît une autre ou- verture, le trou vestibulaire qui établit la communication entre le vestibule et les ampoules des canaux semi-circulai- res. De cette paroi postérieure s’élève une lame osseuse qui, s’unissant au labyrinthe membraneux, divise le vestibule en deux cavités complétement distinctes l’une de l’autre : la cavité vestibulaire et la cavité tympanique, correspondant 1 Voyez, Archives des Sciences physiques et natur., 1863, tome XVI, p. 332, et 1861, tome X, p. 274. ARCHIVES, t. XXX V. — Juillet 1869. 16 218 BULLETIN SCIENTIFIQUE. aux rampes de même nom de la cochlée, soit limacon, dont elles sont en réalité le commencement. Le limaçon osseux est entièrement tapissé par le périoste. Ce dernier n’est d’ailleurs point entièrement indépendant du limacon membraneux ; il s’anit à lui par de nombreuses fibres de nature connective. Malgré l'opinion contraire sou- tenue par quelques auteurs, M. Hasse, comme l'avait déjà fait M. Hensen, dénie tout revêtement épithélial au périoste. Ce dernier présente chez les oiseaux la même structure que chez les mammifères. On peut distinguer dans le limacon membraneux des oi- seaux deux parties : La cochlée proprement dite et la lagéna. Les parties retirées du labyrinthe osseux peuvent être com- parées, comme l'avait fait Deiters, à une pantoufle. Les deux cartilages qui forment les parties latérales de l’appareil se réunissent en formant un arc à l’extrémité correspondant au talon; ils se réunissent de même à l’autre extrémité tout en formant une voûte comparable à celle de l’empeigne dans la pantoufle. Cette pantoufle est placée dans le labyrinthe os- seux, de telle sorte que l’un des cartilages (celui qui a une section triangulaire) se trouve supérieur, et l’autre (celui qui a une section quadrangulaire) se trouve inférieur. Le cadre cartilagineux est fermé par une membrane, la membrane ba- silaire, tendue dans l’intérieur, comme la semelle de la pan- toufle. La cavité de la cochlée se trouve donc bien divisée par le cadre cartilagineux et la membrane basilaire en deux parties répondant à la rampe du vestibule et à la rampe du tympan chez les mammifères. Ces deux rampes ne communi- quent l’une avec l’autre que par une ouverture située à l’ex- trémité de la cochlée. Dans la région vestibulaire les rampes présentent leur diamètre maximum ; tandis que dans la coch- lée osseuse proprement dite, où se trouve logée l’extrémité de la pantoufle, la rampe du vestibule disparait presque com- plétement, et celle du tympan se trouve considérablement réduite. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 219 Dans cette description nous avons laissé entièrement de côté le tegment vasculaire. Sous ce nom, Deiters désignait une membrane plissée transversalement, qui forme une voûte sur la partie du labyrinthe membraneux située en arrière de la lagéna (la lagéna est la région de la pantoufle recouverte par l’empeigne). Ce tegment ne s'étend pas jusqu’au point où les deux cartilages se réunissent en formant un arc (talon de la pantoufle). Il subsiste en ce point un trou que M. Hasse appelle l'ouverture du canal cochléaire. Le canal cochléaire, en effet, soit canal membraneux de la cochlée, correspon- dant à la rampe moyenne du limacon des mammifères, est l’espace limité en haut et en bas par les deux cartilages, en avant par le tegment, en arrière par la membrane basilaire et entouré de toute part dans la lagéna par du cartilage. L'ouverture du canal cochléaire est située dans le voisinage immédiat du trou vestibulaire au pourtour duquel s'appuie le commencement du limacon membraneux; elle est tournée vers le bas du côté de la rampe vestibulaire et, en partie, de la fenêtre ovale. Le tegment vasculaire qui forme la voûte du canal coch- léaire dans la cochlée proprement dite s’appuie, hors de la région vestibulaire, directement contre la cochlée osseuse. M. Deiters l’a décrit comme pénétrant dans la lagéna jusqu’au fond de celle-ci; cependant M. Hasse n’a jamais pu le pour- suivre aussi loin. Il présente comme, nous l’avons dit, des raies transversales dues à des plis ; son tissu est formé de trois élé- ments: de vaisseaux tortueux, riches en anastomoses; de tissu connectif délicat qui les enveloppe, et d’une couche de cel- lules épithéliales à la surface. À mesure qu’on s’approche de la lagéna les plis du tegment s’effacent. Le canal cochléaire est séparé, en dessous, de la rampe du tympan par la membrane basilaire. Celle-ci est assez étroite à l'extrémité correspondant au talon de la pantoufle, mais elle s’élargit graduellement jusqu’à la lagéna, dans l’intérieur de laquelle elle pénètre un peu pour s’insérer à une lègère saillie du cartilage de celle-ci. 290 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Considérons maintenant les parties du limaçon membra- neux les plus intéressantes au point de vue physiologique, c'est-à-dire celles qui sont logées dans le canal cochléaire. Et d’abord dans le limaçon proprement dit (hors de la la- géna) nous trouvons une couche épithéliale dont les élé- ments présentent des aspects divers. Ce sont d’abord sur le cartilage traversé par des fibres nerveuses (c’est-à-dire sur le cartilage quadrangulaire, inférieur), les cellules désignées par M. Deiters sous le nom de cellules des dents , parce qu’el- les reposent sur les dentelures du cartilage. Elles forment pour ainsi dire la suite de l’épithélium du tegment, dont elles se distinguent par leur apparence claire et hyaline. Puis, sur le cartilage opposé, ou triangulaire, ce sont de hautes cellules cylindriques dont la hauteur diminue pourtant à me- sure qu’on s'approche de la lagéna. Ces cellules ne sont pas entièrement restreintes à la surface du cartilage triangu- laire, mais s'étendent au delà de celui-ci sur la partie adja- cente de la membrane basilaire. Entre ces deux catégories de cellules se trouvent sur la région médiane de la mem- brane basilaire les éléments épithéliaux particuliers que M. Deiters désignait sous le nom de « cellules de Leydig » et que M. Hasse appelle « cellules bacillaires, » parce qu'il les com- pare aux bâtonnets de la rétine. Ces cellules qu’on doit con- sidérer comme un épithélium nerveux, sont surmontées cha- cune d’un prolongement en forme de poil ou d’épine. Toute la région occupée par ces cellules bacillaires est recouverte par une membrane décrite dans le principe par M. Deiters sous le nom de membrane en fenêtre. Cette membrane que M. Hasse préfère désigner sous le nom de lame tectrice, pa- rait se terminer par des bords parfaitement libres. Sa sur- face tournée contre l’épithélium nerveux présente une mul- titude d'ouvertures ou de cavités, correspondant aux cel- lules bacillaires. Le poil terminal de chacune de ces cellules 1 Nous conservons cette expression, bien qu’elle soit fort im-- propre. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALEONTOLOGIE. 291 se trouve donc logé dans une excavation correspondante de la membrane tectrice. Soit les cellules des dents, soit les cellules bacillaires s’é- tendent au delà des limites de la membrane basilaire, sur le plancher même de la lagéna. Mais les cellules bacillaires sont clair-semées, séparées les unes des autres par des « cellules des dents » qui forment une auréole autour de chacune d’elles. Sur ces cellules repose une membrane épaisse, géla- tineuse et homogène qui n’est que la continuation de la membrane tectrice dans l’intérieur de la lagéna. Dans lépais- seur de cette membrane sont disséminés une multitude d’o- tolithes. D'ailleurs la surface inférieure de cette membrane présente encore ici des excavations correspondant aux poils des cellules bacillaires. Des recherches minutieuses sur des embryons d'oiseaux ont montré à M. Hasse que cette couche gélatineuse est sécrétée par les « cellules des dents.» L’exis- tence des excavations au-dessus des cellules bacillaires se trouve expliquée par ce mode même de formation. La structure du limacon des oiseaux ainsi élucidée, jetons un coup d'œil sur les homologies de cet organe avec celui des mammifères. Cette comparaison n’avait guère réussi à Dei- ters et cela parce qu'il n’avait pas réussi à trouver chez les oiseaux un homologue de la membrane de Reissner et que, par suite, il était obligé de dénier à ces animaux un véri- table canal cochléaire sous la forme d’un tube revêtu d’épi- thélium. Cette difficulté n’existe plus, M. Hasse ayant re- connu un homologue de la membrane de Reissner dans le tegment vasculaire. IL est possible maintenant de poursuivre les homologies entre l’organe auditif des mammifères et ce- lui des oiseaux jusque dansles plus petits détails. La seule dif- férence importante et bien digne d’être relevée, c’est l’ab- sence chez les oiseaux des fibres de Corti et de toutes les autres cellules de l'organe de Corti, sauf les cellules bacil- laires. Le cartilage quadrangulaire, bien qu'il s'appuie direc- tement à la boîte osseuse sans l'intermédiaire d'aucune crête 299 BULLETIN SCIENTIFIQUE. comparable à la modiole, n’en est pas moins l’homologue évi- dent de la partie du labyrinthe membraneux qui, chez l’homme et les mammifères, repose directement sur la zone osseuse. Quant à la membrane basilaire que Deiters parallélisait à la zone pectinée, elle correspond évidemment à toute la lame spirale membraneuse. Sur elle, en effet, reposent les cellules bacillaires, homologues incontestables des cellules de même nom dans le limaçon humain. Toutetefois, tandis que chez les mammifères la membrane basilaire est recouverte, d’une part, par les fibres de Corti et d’autres éléments accessoires d'importance secondaire, et d’autre part, par une papille spirale résultant de la juxtaposition de cellules bacillaires et d'éléments cellulaires d’une autre forme, nous trouvons chez les oiseaux, il est vrai, une papille spirale, mais cette papille est formée à peu près exclusivement par les cellules bacil- laires. Aucune trace des fibres de Corti ni des autres élé- ments caractéristiques de l’organe de Corti. Les cellules qui, chez les oiseaux recouvrent le cartilage triangulaire et la partie adjacente de la membrane basilaire sont les homolo- gues de celles qui chez les mammifères recouvrent la mem- brane basilaire au vosinage immédiat du ligament spiral, et ce dernier répond lui-même au cartilage triangulaire des oiseaux. Cette dernière homologie est rendue encore plus frappante par l'existence sur les organes en question d’un vaisseau spiral externe et d’un épithélium identique. Le tegment vas- culaire est chez les oiseaux, nous l’avons déjà dit, l’homo- logue de la membrane de Reissner chez les mammifères. Tous deux forment le toit du canal cochléaire, et sa limite du côté de la rampe du vestibule. Le tissu est pourtant diffé- rent. Enfin, la membrane tectrice des oiseaux est l’homo- logue de la membrane de Corti des mammifères. Il est vrai que la lame réticulaire de ces derniers fait défaut aux oi- seaux. Mais l'organe de Corti leur manquant il est naturel que la lame réticulaire qui n’en est que l’appendice leur man- que aussi. La membrane tectrice est une formation cuticu- LA ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 298 laire aussi bien que la membrane de Corti. La masse à oto- lithe de la lagéna est un simple prolongement de la mem- brane tectrice, qui n’a, .il est vrai, pas de correspondant exact dans le labyrinthe des mammifères. Il existe aujourd’hui en physiologie deux théories relatives aux fonctions du limaçon. La première est due à M. Helm- holtz et parait acceptée par la majorité des savants; la se- conde est due à M. Hensen. Dans l’opinion de M. Helmholtz, les fibres de Corti seraient des éléments essentiels à la per- ception des sons. La décroissance régulière de leurs dimen- sions, leur disposition en clavier, leur nombre, sont autant de circonstances favorables à l'hypothèse ingénieuse de ce savant. On admet que les vibrations de ces fibres se trans- mettent aux fibres du nerf acoustique. M. Hensen pense au contraire que les ondes sonores pénètrent, non pas dans la rampe vestibulaire du limaçon, mais bien par le tympan se- condaire dans la rampe tympanique et qu’elles font entrer en vibrations la membrane basilaire. Les vibrations de la membrane se transmettent dans cette hypothèse à ses cel- lules, sous lesquelles se trouvent Les terminaisons nerveuses, et pressent les éléments bacillaires dans la membrane de Corti. M. Hasse rejette ces deux hypothèses. Celle de Hemholtz fait à ses veux jouer un rôle exagéré à l'organe de Corti, puisque cet organe disparaît chez les oiseaux. Celle de Hen- sen devrait entrainer comme conséquence nécessaire que les cellules bacillaires fussent restreintes à la membrane basi- laire même, tandis qu’elles s'étendent chez les oiseaux jusque sur le cartilage quadrangulaire. Or, il n’est guère possible d'admettre que le cartilage vibre de la même manière que la membrane. Les vues physiologiques de M. Hasse sont bien différentes des opinions le plus en faveur jusqu'ici. Nous avons vu que le canal membraneux du limaçon communique par une ou- verture avec le vestibule et que cette ouverture regarde en partie vers la fenêtre ovale. I est probable par suite que lors- 29/4 BULLETIN SCIENTIFIQUE. que des ondes sonores pénètrent dans le vestibule par la fe- nêtre ovale, une partie de ces ondes arrivent avec toute leur intensité à l'ouverture du canal membraneux de la cochlée et font entrer ce canal en vibration. Une partie de ces ondes sont forcément absorbées par le tegment vasculaire dont la structure ne doit guère favoriser des vibrations. Toutefois, une grande partie doit suivre son chemin dans le canal cochléaire avec l'intensité primitive. Dans ce canal, les vibrations doivent se transmettre en première ligne à la membrane tectrice qui s'étend sur toute la région du plancher où sont dis- tribuées les cellules bacillaires. La consistance semi-gélati- neuse de cette membrane paraît devoir être très-favorable à la transmission des vibrations jusqu’aux poils des cellules ba- cillaires, c’est-à-dire jusqu'aux terminaisons nerveuses. La perception de tons différents n’est point inexplicable dans cette hypothèse, le nombre des cellules dans la largeur de l'organe allant en croissant toujours jusqu’à la lagéna. Le rôle de cette dernière est, il est vrai, très-obscur; il en est de même du rôle de la masse pleine d’otolithes qui n’est que la continuation de la membrane tectrice dans cet organe. M. Hasse suppose que les otolithes, agissant par leur poids comme un lest, ne permettent à cette partie de la membrane tectrice de vibrer que sous l'influence des plus fortes vibrations. Mais ce n’est là qu’une hypothèse encore mal assise. Les canaux semi-circulaires ont sans doute tout autant d’im- portance pour l’audilion que le limaçon. Ils méritent donc d’être examinés aussi de près. Chez les oiseaux, des canaux semi-circulaires sont tapissés par un périoste à la surface duquel M. Hasse n’a jamais pu découvrir la moindre trace de l’épithélium décrit par Rüdin- ger dans le labyrinthe de l’homme. Dans la boîte osseuse de l'appareil, baignées dans le périlymphe, sont disposées les différentes parties du labyrinthe membraneux : les canaux semi-circulaires membraneux, les ampoules et l’utricule (si- nus, alveus communis). Jusqu'à une époque récente on a dé- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 299 crit les canaux membraneux comme placés concentrique- ment dans les canaux osseux. M. Rüdinger a été le premier à découvrir que chez l'homme les canaux semi-circulaires membraneux sont disposés excentriquement dans les canaux osseux auxquels ils sont unis par de nombreuses brides connectives. M. Hasse montre que celte excentricité se re- trouve chez les oiseaux et il l’étend en outre aux am- poules et à l’atricule. La paroi des canaux membraneux est formée par le mêéne tissu qui constitue les cartilages du limaçon. Leur sarface interne est tapissée d’un épithélium pavimenteux sans aucune villosité. En revanche leur sur- face externe ne présente aucune couche épithéliale. L’es- pace périlymphatique est donc entièrement dépourvu d’épi- thélium. La paroi des ampoules est constituée comme celle des canaux semi-circulaires ; elle est entourée comme elle d’un réseau vasculaire à larges mailles. Enlève-t-on le toit des ampoules de manière à mettre le plancher à découvert, on observe une image élégante déjà décrite par Steifensand. Dans Les deux canaux verticaux cette image est identique ; c’est une crête formant une croix régu- lière, d’où le nom de « septum cruciforme.» Dans l’ampoule du canal horizontal la crête est simple sans trace de croix. Ces crêtes ont une grande importance physiologique, puis- qu’on y trouve les terminaisons du rameau ampullaire du nerf acoustique. Les ampoules sont tapissées par une couche épitnéliale, dont les éléments sont de forme différente sui- vant les régions. Mais quatre formes seulement paraissent avoir une haute dignité physiologique parce qu’on les trouve à la surface des crêtes acoustiques : ce sont les cellules pavi- menteuses, les cellules pigmentaires, des cellules bacillaires et des « cellules des dents. » Ces deux dernières formes ont reçu les dénominations indiquées parce qu’elles sontidentiques aux éléments de même nom du limacon. Mais les plus impor- tantes de toutes ces cellules sont sans contredit les cellules bacillaires avec leurs poils. En effet, M. Hasse croit même 296 BULLETIN SCIENTIFIQUE. s’être assuré qu'à chaque cellule aboutit une fibre nerveuse dont elle est la continuation immédiate. Les éléments bacil- laires constilueraient donc bien un de ces épithéliums nerveux dont. on a beaucoup parlé dans ces dernières années, ce qui Jjustifierait leur comparaison avec les bâtonnets de la rétine. M. Hasse croit même avoir apercu quelquefois dans l’axe de ces cellules un filament comparable au filet de Ritter dans les bâtonnets rétiniens. La dernière partie du labyrinthe qui nous reste à considé- rer, c'est l'utricule avec sa tache acoustique pleine d’otolithes. Tandis que chez l'homme et les mammifères, nous trouvons deux vésicules distinctes, l’utricule et le sac, dont le dernier est uni au limacon par le canalis reuniens, nous ne trouvons plus chez les oiseaux qu’un seul sac, l’utricule, auquel s’appuie une partie du toit de la cochlée. I y a deux manières ici d’éta- blir les homologies : ou bien l’utricule chez les oiseaux est l’homologue de l’utricule chez les mammifères, et, dans ce cas, la bande de tegment de la cochlée qui s’appuie à lui serait le rudiment du sac à otolithes et du canal; ou bien l’utricule correspond à une fusion des deux sacs, et, dans ce cas, la bande de tegment représenterait le canal oblitéré. M. Hasse se prononce pour cette dernière opinion, en faveur de laquelle parle l’'embryogénie. Chez les embryons des mammi- fères, il n’existe dans le principe qu’un seul sac qui se divise plus tard en deux par un étranglement graduel. Chez les oi- seaux le sac unique représente donc d’une manière perma- nente un élat qui n’est que transitoire chez les mammifères. La structure de l’utricule rappelle à beaucoup d’égards celle des ampoules. La paroi est plus épaisse dans le lieu cor- respondant à la tache acoustique. Cette paroi est recouverte d’un épithélium pavimenteux qui se transforme en épithé- lium cylindrique à mesure qu’on se rapproche de la tache. Autour de celle-ci, on trouve en outre les cellules pigmen- taires. La tache acoustique elle-même est recouverte de cel- lules bacillaires avec poils et de « cellules des dents. » C’est ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 297 donc un épithélium nerveux tout à fait semblable à celui des crêtes acoustiques. Nous rencontrons cependant ici une com- plication qui n'existait pas dans les ampoules. Dans ces der- nières les longs poils des cellules bacillaires s’élevaient libre- ment dans le calibre de l’organe, baignés de toute part par l'endolymphe. Dans l’utricule, l’épithélium nerveux de la tache acoutisque est recouvert par la masse à otolithes. Ces otolithes sont emprisonnés comme dans la lagéna dans une masse gélatineuse qui paraît présenter des cavités correspon- dant à chaque cellule bacillaire. Ïl est bien frappant de voir qu’en définitive toutes les par- ties en apparence si dissemblables du labyrinthe (limacon, ca- naux semi-cireulaires, utricule), sont réductibles à un plan commun. Ce sont toujours des cavités recouvertes d’épithé- lium dont les éléments prennent dans une région la forme si caractéristique de cellules bacillaires surmontées d’un poil. Ces poils plongent tantôt simplement dans la lymphe qui remplit tout le labyrinthe, tantôt dans une masse gélatineuse, pleine de cristaux calcaires, tantôt enfin dans les excavations d’une simple membrane gélatineuse. Cette structure fonda- mentale identique des différentes parties de l’organe de l’ouie, oblige à admettre un mode identique dans le phéno- mène de l’excitation nerveuse dans toutes les régions. Les sensations auditives reconnaissent sans doute comme cause directe les vibrations des poils des cellules bacillaires et de ces cellules elles-mêmes. Ces vibrations peuvent être pro- duites de deux manières : tantôt, comme dans l’utricule et la cochlée, par les vibrations de la membrane tectrice et de la masse d’otolithes, tantôt, comme dans les ampoules, par les ondes de l’endolymphe. Les résultats remarquables fournis par l'étude détaillée de l'appareil auditif chez les oiseaux rendaient désirable l'étude d’autres vertébrés sous ce point de vue. M. Hasse s’est adressé d’abord aux batraciens. Encore ici il est arrivé à cette con- clusion importante que toutes les parties essentielles de l’ap- 298 BULLETIN SCIENTIFIQUE. pareil ont leurs homologues dans l'appareil auditif des mam- mifères et que le mode de terminaison des fibres du nerf acoustique est le même dans toutes les régions. Ces recher- ches confirment donc entièrement l'opinion que les parties destinées à la perception ne sont point exclusivement des fibres de Corti (elles font défaut aux batraciens), mais que les sensations auditives ont pour cause les vibrations des poils des cellules bacillaires, produites par les ondes de la lymphe, tantôt directement, tantôt par l'intermédiaire des vibrations d’une membrane tectrice. Mais suivons M. Hasse plus directement dans ses recher- ches. Chez les oiseaux et les mammifères, les parties mem- braneuses du labyrinthe sont logées dans des boîtes osseuses correspondantes, très-dures, noyées dans un tissu spongieux beaucoup moins résistant, de telle sorte qu’il est facile de les en isoler. Chez les batraciens il n’en est plus ainsi. L’os ne forme plus que la partie tout à fait superficielle de l’ap- pareil et il est suivi à l'intérieur par une couche plus ou moins épaisse d’un cartilage hyalin dans les cavités duquel se trouve logé le labyrinthe membraneux. Or il résulte de là une grande difficulté de préparation. Il est à peu près impos- sible de détacher la boîte cartilagineuse du tissu osseux am- biant ; on est donc réduit à étudier la cavité même de ce la- bvrinthe cartilagineux. Cette cavité est relativement simple : elle ne présente pas de différentiation apparente en vestibule et en limacçon. Rien non plus qui corresponde aux canaux semi-circulaires osseux et aux ampoules osseuses des ver- tébrés supérieurs. Cette cavité auditive est tapissée d’un pé- rioste entièrement dépourvu d’épithélium, comme chez les oiseaux et, sans doute, tous les mammifères. Dans cette cavité est logé le labyrinthe membraneux dans lequel il est facile de distinguer différentes parties : l’utricule, les canaux semi- circulaires et leurs ampoules, enfin le sac à otolithes. Long- temps on a cru que tout homologue du limaçon faisait défaut aux batraciens, toutefois M. Deiters a déjà montré l’inexac- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE, 2929 titude de cette opinion. Entre les ouvertures des canaux semi-Circulaires, dans la cavité de lutricule et du sac à oto- lithes, se trouve une sorte de bosselure noirâtre, de consis- tance cartilagineuse. C’est le limacon réduit à l’état d’une partie intégrante de la paroi du vestibule et s’ouvrant par toute sa largeur dans la cavité de cet organe. Considérons ces diverses parties les unes après les autres. Les canaux semi-circulaires présentent une structure iden- tique à celle que nous avons décrite chez les oiseaux. Dans les ampoules, lépithélium est formé par des éléments divers suivant les régions. On est frappé immédiatement de la pré- sence de deux grandes taches de pigment jaune (chez les grenouilles) placées de chaque côté de la crête acoustique. Ce sont les homologues des cellules pigmentaires qui, chez les oiseaux sont disséminées entre les cellules du plancher de l’ampoule jusqu’au voisinage immédiat de l’épithélium ner- veux. Le plancher de chaque ampoule présente une crête acoustique. Cette crête est semblable dans les ampoules des deux canaux semi-circulaires verticaux (frontal ou supérieur et sagittal ou postérieur), mais, comme chez les vertébrés su- périeurs, la crête de l’ampoule du canal semi-circulaire hori- zontal offre une apparence différente : elle est beaucoup moins saillante et ne présente pas comme les autres d’exca- vation à son sommet. Les côtés des crêtes sont encore oc- cupés par les cellules épithéliales ordinaires du plancher, mais ces éléments sont remplacés, surtout le sommet de la crête, par l’épithélium nerveux caractéristique. Cet épithélium nerveux est formé encore ici par des éléments d’unedélicatesse extrême, qui revêtent les deux formes de cellules bacillai- res surmontées d’un poil et de « cellules des dents. » En- core ici M. Hasse a cru voir une fibre axiale partant du noyau des cellules bacillaires et comparable au filet de Ritter dans les bâtonnets rétiniens. Les poils plongent librement dans l’endolymphe des ampoules comme chez les vertébrés supé- rieurs. Parfois M. Hasse a vu quelque chose de comparable à 230 BULLETIN SCIENTIFIQUE. la cupule terminale décrite par M. Lang comme reposant sur l’épithélium nerveux dans les ampoules des Cyprins. Mais il s'agissait toujours de mauvaises préparations et l’auteur pense que cette apparence est produite par les poils nerveux mo- difiés et collés ensemble. C’est du reste ainsi que M. Külliker a déjà interprété la cupule terminale de Lang. M. Hasse a re- connu que chaque cellule bacillaire est la terminaison d’une fibre nerveuse. Toutefois, contrairement à M. Max Schultze, Odenius et autres, il affirme que la fibre conserve partout sa tunique médullaire, il est vrai fortement amincie, et quele cylindre d’axe n’est jamais à nu. Le sac à otolithes présente chez les grenouilles, au point où pénètre le rameau nerveux, un épaississement de la paroi, comparable aux taches acoustiques des vertébrés supérieurs. Ce sac est rempli en entier par de petits otolithes cristallins. L’épithélium nerveux s’étale sur la partie épaissie de la paroi et y présente de nouveau les deux formes caractéristiques de cellules bacillaires et de « cellules des dents. » Toutefois, les poils nerveux ne plongent point ici librement dans l’endo- lympe comme cela a lieu dans les ampoules. Ils pénètrent dans une masse que M. Deiters a déjà considérée comme une membrane tectrice. M. Hasse trouve ces conditions parfaite- ment semblables à celles de la lagéna des oiseaux et à celles de l’utricule. Il s’agit d’une masse gélatineuse creusée de ca- vités dans lesquelles pénètrent les poils nerveux. Dans cette masse cristallisent en abondance les otolithes calcaires. Le limaçon existe, comme nous l'avons vu, chez les gre- nouilles sous une forme très-déguisée. M. Hasse, suivant en partie les traces de Deiters, y distingue quatre parties qu’il désigne sous les noms de tegment vasculaire, de partie basi- laire, soit cadre cartilagineux, de commencement de la coch- lée et de lagène. Il n’est guère possible de décrire sans l’aide de figures ces parties qui, bien que s’élevant à peine au-dessus du niveau de l’utricule sont pourtant fort com- plexes. Qu'il nous suffise de dire que dans les différentes par- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 231 ties de la cochlée, M. Hasse a retrouvé l’épithélium nerveux avec ses formes caractéristiques, soit dans le commencement de la cochlée, soit sur le cadre cartilagineux. Cet épithélium est recouvert par une membrane tectrice que M. Deiters a déjà décrite comme une membrane en fenêtre. Elle présente en effet une multitude d'ouvertures ou plutôt d’excavations qui servent, comme chez les oiseaux, à loger les poils ner- veux. Cette membrane ne renferme pas d’otolithes dans son intérieur. Une masse gélatineuse analogue repose sur l'épi- thélium nerveux de la lagéna. D’après ce qui précède. on voit que M. Hasse à réussi a dé- montrer dans toutes les régions de l’appareil auditif des ba- traciens une identité complète des éléments épithéliaux aux- quels aboutissent les fibres du nerf acoustique. Bien plus, cette identité s’étend à l’épithélium de toutes les parties de l'organe auditif des oiseaux et à celui des crêtes acoustiques dans les ampoules et de la tache acoustique dans l’utricule chez les mammifères. Partout les cellules bacillaires présen- tent la même structure ; partout elles sont surmontées d’un poil nerveux qui, tantôt plonge hbrement dans l’endolymphe, comme dans les ampoules ; tantôt pénètre dans une masse homogène remplie d’une bouillie de cristaux otolithaires, comme dans le sac à otolithes, l’utricule et la lagéna: tantôt enfin plonge dans les cavités d’une membrane tectrice homo- gène, comme, chez les grenouilles, dans le commencement de la cochlée et la partie basilaire. Chez les batraciens comme chez les oiseaux, la perception des sons est le résultat des ondes de l’endolvmphe et des vibrations de la masse à otolithes ou de la membrane tectrice qui engendrent des vi- brations consécutives dans les poils auditifs. Malheureuse- ment le rôle spécial de chacune de ces parties si complexes reste parfaitement obscur. L’extrémité de la cochlée est, nous l’avons vu, la dernière partie à se confondre chez les batraciens dans la paroi géné- rale le la vésicule auditive. Cette région est donc celle qui 239 BULLETIN SCIENTIFIQUE. doit jouir dela plus grande indépendance. Ce fait semble con- firmé, si, nous élevant dans la série, nous considérons l’or- gane auditif des chéloniens étudié occasionnellement par M. Deiters. Là, cette indépendance de l’extrémité de la cochlée est encore plus marquée et nous présente un passage à l’état ordinaire des oiseaux chez lesquels le limacon s’est entière- ment élevé au-dessus du niveau de la vésicule auditive. Chez ces derniers, la largeur de l’épithélium nerveux va en aug- mentant graduellement depuis l’origine de la cochlée jusque dans la lagéna. Cette circonstance a semblé à M. Hasse d’une grande importance, puisque les vibrations de la membrane tectrice se communiquent à un nombre toujours croissant de cellules bacillaires à mesure que les vibrations de cette membrane deviennent plus étendues. Cependant chez les batraciens il n’en est point ainsi : l’accroissement du nombre des éléments bacillaires ne suit aucune règle ; mais peut-être en résulte-t-il pour les grenouilles une moins grande per- fection de l’ouie. Dans tous les cas l'unité de composition or- ganique est ici extrêmement frappante. Il existe dans le nerf cochléaire des batraciens un ganglion semblable à celui que M. Hasse-a reconnu dans ce même nerf chez tous les verté- brés supérieurs. Comme chez ces derniers nous voyons la partie le plus amincie de la vésicule auditive tournée vers la fenêtre ovale. Les ondes sonores rencontrent donc la moin- dre résistance possible pour pénétrer dans la vésicule audi- tive, s’y propager dans l’endolymphe, la membrane tectrice et la masse des otolithes, et produire par là des vibrations des poils auditifs et subsidiairement l’irritation du nerf acous- tique. Dans tous leurs traits essentiels la structure et les fonc- tions de l’appareil auditif sont semblables chez les mammi- fères, les oiseaux et les batraciens. Les modifications ne con- cernent que des parties non essentielles ou bien le mode de distribution des différentes parties de l’appareil les unes re- lativement aux autres. Ce que nous savons jusqu'ici de l’o- reille des poissons, des reptiles écailleux, des chéloniens et ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 233 des crocodiles, peut nous faire présumer que les recherches annoncées par M. Hasse sur ces différents groupes ne feront que confirmer cette unité de composition organique de l’ap- pareil auditif dans toute la série des vertébrés. E. C. Prof. Th. Huxiey. ON THE ANIMALS, elc. SUR LES ANIMAUX INTERMÉDIAIRES ENTRE LES OISEAUX ET LES REPTILES. (Royal Institution, 7 février 1868.) Une des plus grandes difficultés que rencontre la théorie de l’évolution dans le sens Darwiniste, ce sont les gouffres qui semblent séparer les uns des autres certains groupes d’animaux. Un de ces gouffres profonds est celuiqui sépare les oiseaux des reptiles. M. Huxley s’efforce de montrer que la profondeur de la séparation est ici beaucoup moins grande qu’on nesel’imagine d'ordinaire, pourvu qu’on tienne compte des données de la paléontologie. Il examine dans ce but les deux questions suivantes: 1° Existe-t-il des oiseaux fossiles présentant des caractères de reptiles plus marqués que ceux de l’époque actuelle ? 2° Y a-t-il des reptiles fossiles présen- tant plus d’affinités avec Les oiseaux que les reptiles actuels ? Ces deux questions, l’auteur finit par les résoudre par l’affr- mative. Nous allons le suivre dans cette démonstration. Voyons d’abord quels sont les caractères différentiels les plus importants entre les oiseaux et les reptiles de l’époque actuelle. L’aile de l’oiseau, homologue du membre antérieur du reptile, ne compte jamais ni plus ni moins de trois doigts. Ces doigts correspondent au pouce, à l'index et au médian de l’homme et leurs métacarpiens sont ankylosés ensemble. Les ongles se développent au plus sur deux de ces trois doigts (pouce et index) et peuvent faire entièrement défaut. Au contraire le nombre des doigts est toujours supérieur à trois chez les reptiles à membres antérieurs bien développés ; ARCHIVES, t. XXXV. — Juillet 1869. 17 234 BULLETIN SCIENTIFIQUE. les métacarpiens ne sontjamais soudés ensemble et le mem- bre ne porte jamais moins de trois ongles. — Le sternum, chez les oiseaux, est un os membraneux dont l’ossification commence au moins par deux centres, tandis que chez les reptiles, il n’est jamais converti en un os membraneux et il ne présente qu'un seul centre d’ossification. — Chez les oiseaux un grand nombre de vertèbres caudales et lombaires, ‘ou même dorsales, s'unissent aux vertèbres sacrées proprement dites pour former le sacrum. Chez les reptiles, au contraire, la région sacrée du rachis ne compte jamais qu’une ou deux vertèbres. — Chez les oiseaux, l'os des iles s'étend notable- ment soit en avant soit en arrière de la cavité acétabulaire ; les ischions et les pubis sont dirigés en arrière, parallèle- ment entre eux el aux os des iles; Les ischions ne s’unis- sent point sur la ligne médiane ventrale. En revanche, chez les reptiles, l'os des iles ne s'étend point en avant de l’acéta- bulum ; les axes des ischions et des pubis divergent et sont plus ou moins à angle droit avec l’axe de l’os des iles correspondant. Les ischions s’unissent toujours sur la ligne médiane ventrale. — Chez tous les oiseaux l’axe du fémur est à peu près parallèle au plan médian du corps(comme chez la plupart des mammifères) dans la position naturelle de la jambe. Chez les reptiles, cet axe forme un angle plus ou moins ouvert avec ce plan médian.— Chez les oiseaux. l’une des moitiés du tarse est toujours inséparablement unie avec le tibia, l’autre avec le métatarse, ce qui n’est jamais le cas chez les reptiles. — Enfin les oiseaux n’ont jamais plus de quatre orteils, le cinquième faisant toujours défaut. Le mé- tatarsien du gros orteil est toujours court et incomplet dans sa parlie supérieure. Les autres métatarsiens sont anky- losés ensemble et s’unissent avec l’une des moiliés du tarse pour former un os unique : le tarso-métatarse. Les reptiles à membres postérieurs entièrement développés, ont au moins quatre orteils dont les métatarsiens sont tous complets et indépendants les uns des autres. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 299 Bien que tous les oiseaux actuels se différencient claire- ment des reptiles, ils comprennent pourtantune petite section qui présente beaucoup plus d’affinité que les autres avec les reptiles. Ge sont les Ratites ou Struthiacés, comprenant les Autruches, les Rhéa, les Emeus, les Casoars, les Apteryx et les géants subfossiles de la Nouvelle-Zélande, tels que les Di- nornis, etc. Tous ces oiseaux sont remarquables par la petite taille de leurs ailes, l’absence de carène sur le sternum, celle d’une fourchette complète et, dans beaucoup de cas, par la coalescence tardive des os de l'aile, de ceux du pied et de ceux du crâne. Ces caractères les rapprochent évidemment plus des reptiles que les autres oiseaux, mais cette approxi- mation est trop minime pour que le gouffre entre ces deux classes ne reste pas démesurément large. Le hasard fit découvrir il y a peu d’années un oiseau fos- sile présentant à certains égards plus d’affinité avec les rep- tiles qu'aucun oiseau de la nature actuelle. C’était le fameux Archæoptéryx des schistes lithographiques de Solenhofen. Certains paléontologistes sont peut-être disposés à considérer ce type comme ayant représenté seul la classe des oiseaux pendant le dépôt des schistes de Solenhofen, il faudrait alors admettre que la classe des oiseaux disparut pendant l’époque Wealdienne pour être recréée à l’époque du dépôt des grès verts, S’éteignant de nouveau pendant la période crétacée pour reparaitre une troisième fois à l'époque tertiaire. M. Huxley pense pour son compte que la classe des oiseaux fut représentée pendant toute cette série de temps par de nom- breux types, en outre de l’Archæoptéryx; mais ces types nous sont resiés inconnus jusqu'ici, parce que les dépôts qui en renferment les restes n’ont pas encore été fouillés. De quels oiseaux se rapprocherait le plus l’Archæoptéryx? c’est ce qu'il n’est malheureusement guère possible de dire. La tête, nous ne la possédons pas; quant à la jambe, au pied, au bassin, aux os de l’épaule, ils ne paraissent pas s’écarter notablement des formes les plus ordinaires chez les oiseaux. 236 BULLETIN SCIENTIFIQUE. D'autre part la queue est très-longue, rappelant à cet égard celle d’un lézard plus que celle d’un oiseau :-deux des doigts de la main étaient armés d’ongles recourbés beaucoup plus vigoureux que ceux d’aucun oiseau actuel, et, selon toute apparence, les métacarpiens n'étaient nullement soudés entre eux. Dans tous les cas la conclusion que le plus ancien oiseau connu présente une beaucoup plus grande affinité avec les reptiles qu'aucun oiseau moderne, cette conclusion disons- nous, est parfaitement légitime. | M. Huxley examine ensuite la seconde question: existe-t-il des reptiles fossiles plus voisins des oiseaux que les reptiles actuels? — On pourrait penser peut-être aux Ptérodactyles, mais ces reptiles n’ont en réalité qu’une ressemblance exté- rieure avecles oiseaux. Ils sont à cet égard, parmi les reptiles, ce que sont les chauves-souris parmi les mammifères. Ils s’é- loignent du type oiseau surtout par la structure de la main et du pied, c’est-à-dire des organes qui, dans la classe des oi- seaux sont précisément les plus ornithiques. Evidemment le passage des reptiles aux oiseaux n’a pas lieu du reptile volant à l'oiseau volant. En revanche il est peut-être possible de trouver des rep- tiles éteints qui se rapprochent des oiseaux marcheurs non- seulement par la faiblesse relative des membres antérieurs, mais encore par d’autres caractères plus importants. M. Hux- ley croit pouvoir désigner comme tels les Dinosauriens (Iguanodon, Megalosaurus, Scélidosaurus, etc.). Ces animaux gigantesques sont caractéristiques de la période secondaire. Chez aucun de ces Dinosauriens on ne connaît entière- ment ni le crâne, ni la région cervicale de la colonne verté- brale ; leur sternum et leur extrémité antérieure sont incon- nus ; chez aucun on n’a encore observéde clavicule. Les carac- tères positifs de ce groupe sont les suivants : les vertèbres qui entrent dans la composition du sacrum sont au nombre de 4 à 6 et leur mode de connexion avec les os des iles rappellent en partie Les oiseaux, en partie les reptiles. Les os ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 237 iliaques sont prolongés soit en avant, soit en arrière de l’a- cétabulum : la ressemblance avec les os des iles des oiseaux est encore augmentée par la forme très-arquée du bord acé- tabulaire de l'os et par la large perforation du fond de la ca- vité articulaire. Les deux autres pièces composantes de l'os innomminé du bassin n’ont pas été observées en place jus- qu'ici. On n’en connaît même qu’une seule, mais celle-là pré- sente des caractères fortement ornithiques. C’est l’os que Cu- vier etses successeurs ont considéré comme la clavicule, bien que Buckland en eût déjà reconnu avec sagacité la vraie na- ture. Cet os ne ressemble à la clavicule d’aucun animal, mais il est en revanche très-semblable à l’ischion des autrucheset autres oiseaux voisins. La tête du fémur est insérée à angle droit sur le corps de l’os, de telle sorte que l’axe de la cuisse doit avoir été parallèle au plan vertical médian du corps, comme chez les oiseaux. La surface postérieure du condyle externe du fémur pré- sente une forte crête qui passe entre la tête du péroné et le tibia comme chez les oiseaux. Ce relief n’est jamais que rudi- mentaire chez les autres reptiles. — Le tibia des Dinosau- riens présente une grande crête antérieure, soit procnémiale, qui est convexe en dedans et concave en dehors. Rien de comparable n’existe chez les autres reptiles, mais une crête semblable se rencontre chez la grande majorité des oiseaux surtout chez ceux qui sont habiles à la course ou à la nage. — L’extrémité inférieure du péroné est beaucoup plus petite que la supérieure et cet os est en somme beaucoup plus grêle que chez les autres reptiles. Chez les oiseaux l’extrémitéinfé- rieure du péroné se termine en pointe et l’os est encore plus grêle. — La manière dont les trois principaux métatarsiens s’articulent ensemble chez les Dinosauriens montre qu’ils étaient solidement unis et qu’une base suffisante pour le sup- port du corps devait être fournie par l’écartement des orteils dans la région phalangienne. — La différence de taille entre le membre antérieur et le membre postérieur a fait supposer 238 BULLETIN SCIENTIFIQUE. à M. Mantell et à M. Leydig que les Dinosauriens, au moins les Iguanodon et les Hadrosaurus, ont pu se soutenir pen- dant un temps plus ou moins long sur leurs jambes de der- rière. Mais il est permis d'aller plus loin. La découverte faite par M. Beckels dans le terrain wealdien, de larges impres- sions de pieds à trois orteils ne peut guère être rapportée qu'à l’Iguanodon; dans ce cas il est permis de supposer que ce reptile gigantesque et peut-être d’autres membres de sa famille, ont marché régulièrement sur leurs membres posté- rieurs seulement. Dans tous les cas le train postérieur des Dinosauriens rappelle étonnamment celui des oiseaux et l'on peut affirmer que ces reptiles éteints avaient plus d’affinité avec les oiseaux qu'aucun de ceux du monde actuel. Les schistes de Solenhofen ont fourni un seul exemplaire d’un reptile qui s’approchait encore bien plus des oiseaux par son organisation que les gros Dinosauriens précités. CeL animal a été décrit par Andréas Wagner, sous le nom de Comp- sognathus longipes et plusieurs de ses affinités ornithiques ont été développées avec sagacité par M. Gegenbaur. Malgré sa petite taille (2 pieds de long), ce reptile parait être un proche parent des Dinosauriens, tout en se rapprochant plus des oiseaux qu'aucun des animaux placés jusqu'ici dans ce groupe. Le Compsognathus avait une petite tête avec mâchoires dentées, supportée par un cou long et grêle. Les os des iles sont prolongés en avant et en arrière du l’acétabulum. Les pubis paraissent avoir été fort longs et grèles; le membre antérieur élait très-petit. Les os de la main sont malheureu- sement disséminés, et l’on n’areconnu que quatre ongles, de sorte que chaque membre antérieur pourrait n’avoir porté que deux doigts onguiculés. Le membre postérieur estgrand, fort et disposé comme chez les oiseaux. Comme chez ces derniers le fémur est plus court que le tibia. Sous ce point de vue, le Compsognathus est plus ornithique que les Disonauriens ordinaires. La moitié supérieure du tarse est ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 239 ankylosée avec le tibia: la moitié inférieure est distincte des trois métatarsiens longs et grêles, qui répondent au second, au troisième et au quatrième métatarsiens. Le cinquième orteil n’est représenté que par un métatarsien rudimen- taire. Le pouce est très-court, et l’extrémité supérieure de son métatarsien paraît avoir fait défaut. Il est impossible d’examiner la conformation de cet étrange reptile, sans en conclure qu'il a dû sauter ou marcher dans une position verticale ou semi-verticale à la manière d’un oi- seau avec lequel son long cou, sa tête légère et ses membres antérieurs très-réduits, ont dû lui donner une grande res- semblance. Telle est la manière dont M. Huxley croit pouvoir prouver qu'il a existé autrefois des reptiles avant plus d’affinité avec les oiseaux, et des oiseaux ayant plus d’affinité avec les rep- tiles que dans le monde actuel. Ces deux remarquables sque- lettes (Archæoptervx et Compsognathus ) sont uniques, chacun dans son espéce, et ils ont été conservés tous deux dans le dépôt relativement insignifiant des schistes de Solenhofen. Il serait fort invraisemblable d'admettre que ces deux types aient été réellement uniques et qu’il n’ait pas existé de nombreuses formes analogues. Ceite conclusion acquiert de l’importance lorsqu'on tient compte des nom- breuses impressions de pieds observées dans les grès triasi- ques du Connecticut. Ces traces montrent qu’il existait au commencement de la période secondaire, des animaux offrant les pieds des oiseaux et marchant comme eux dans une position verticale ou semi-verticale. Ces bipèdes étaient ou des oiseaux ou des reptiles, ou, ce qui est plus vraisem- blable encore, l’un et l’autre à la fois. Des schistes litho- graphiques triasiques nous fourniraient sans doute des oi- seaux plus voisins des reptiles que l’Archæopteryx et des reptiles encore plus voisins des oiseaux que les Compsogna- thus, au point de combler entièrement le gouffre qui existe entre les deux classes dans la nature actuelle. Il n°y a. dans 240 BULLETIN SCIENTIFIQUE. tous les cas, aujourd’hui, rien d'illégitime dans l'hypothèse que la classe des oiseaux a sa racine dans le groupe des Di- nosauriens. E. C. Chr. Lovén. BEITRÆGE, etc. CONTRIBUTIONS A LA STRUCTURE DES PAPILLES DU Goûr. (Archio für mikrosk. Anat., 1868, IV, p. 96.) — ScawaLge. UEBER DIE GESCHMACKSORGANE, etc. SUR LES ORGANES DU GOÛT CHEZ L'HOMME ET LES MAMMIFE- RES. (Jbèd. p. 154.) L'existence d’un appareil terminal particulier dans chaque organe d’un sens spécial est aujourd’hui chose indubitable. Cet appareil terminal a été étudié avec soin pour les organes du toucher, de l’olfaction, de l’ouïe, et surtout de la vue. En revanche nous étions restés jusqu'ici dans une igno- rance complète du mode de terminaison des fibres nerveuses gustatives dans la langue. C’est donc une bonne fortune que de trouver deux excellents observateurs M. Lovén et M. Schwalbe étudiant simultanément, à l'insu l’un de l’autre, la structure de l’appareil du goût et arrivant sur la grande ma- jorité des points à des résultats identiques. Essavons de résu- mer brièvement les résultats principaux de leurs belles re- cherches. On s’accorde généralement à placer dans les papillæ val- latæ de la langue les terminaisons des fibres nerveuses gus- tatives. Ces papilles sont très-variables quant au nombre et à la position dans la série des mammifères. Chez les uns (mou- ton, bœuf, chevreuil et sans doute tous les ruminants) elles sont restreintes à deux places allongées sur la base de la langue et leur nombre s'élève à dix ou à quinze dans chaque groupe. Chez d’autres (cheval, porc, rongeurs) on n’en trouve que deux, une de chaque côté de la ligne médiane. IL est vrai que dans ce cas, elles atteignent un diamètre consi- dérable (près de demi-pouce chez le cheval) et que leur sur- face est profondément crevassée. Parfois une papille acces- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 241 soire apparait à côté de chaque papille principale. Chez d’au- tres enfin (chien, chat, carnassiers en général et l’homme) on trouve toujours plus de deux papilles caliciformes (papil- læ vallatæ). Chez l’homme leur nombre total s’élève de 7 à 9. La structure des papilles caliciformes est assez complexe. Elles renferment même dans la règle des glandes acineuses, semblables à celles qui sont distribuées en cercle autour de chacune d'elles. L’épithélium qui les recouvre est beaucoup plus mince que sur le reste de la langue. Son épaisseur mi- nimum est sur les parois de la tranchée cireulaire qui sépare lé corps de la papille de sa circonvallation. Le côté externe de cette dernière est au contraire revêtu d’une couche épi- théliale fort épaisse. Les strates les plus profondes de l'épithé- lium présentent la particularité de renfermer des cellules pig- mentaires étoilées, particularité qui se retrouve d’ailleurs dans les papilles fongiformes. Les organes de la gustation découverts par MM. Lovén et Schwalbe peuvent porter le nom de bulbes qustatifs (Ge- schmackszrwiebeln où Geschmacksknospen de Lovén, Ge- schmacksbecher de Schwäalbe). On les rencontre seulement dans la région qu’on peut désigner comme le col de la papille, c’est-à-dire dans la paroi du corps de la papille qui limite la tranchée de circonvallation. Chaque bulbe, enfermé dans la couche épithéliale, repose par une extrémité atténuée direc- tement sur la muqueuse proprement dite, ou du moins n’en est-il séparé que par une mince couche de cellules basi- laires; il se renfle rapidement pour former la partie ventrue et se termine en pointe à la surface mème de l'épithélium. La forme est donc celle d’un épais fuseau. L’épithélium est semé d'ouvertures dont chacune correspond à la pointe d’un bulbe gustatif. Ces ouvertures circulaires sont tantôt ména- gées entre deux cellules voisines, tantôt pratiquées dans une seule cellule pavimenteuse, comme si cette dernière avait été percée à laide d'un emporte-pièce. La pointe des bulbes gustatifs est donc entièrement à découvert. 9249 BULLETIN SCIENTIFIQUE. La structure intime des bulbes gustatifs est assez com- plexe. Ils sont formés d’au moins deux catégories d'éléments. Les uns sont périphériques, les autres centraux ou plutôt axiaux. Les premiers paraissent être des organes protecteurs (cellules protectrices, Deckzellen), cellules épithéliales modi- fiées, imbriquées les unes sur les autres comme les squames d'un oignon. Elles protégent les seconds ou cellules qustatives comme les écailles protégent un bourgeon. M. Schwalbe dé- crit leur extrémité libre comme garnie de poils très-fins for- mant une couronne autour d’un pore placé au sommet du bulbe, pore qui donne accès aux cellules gustatives. Ces der- nières forment un faisceau dans l’axe du bulbe et paraissent être la continuation directe des nerfs dans la muqueuse sous- Jacente. On peut les comparer aux éléments bacillaires recon- nus déjà comme les dernières terminaisons d’autres nerfs spé- cifiques. Peut-être aussi faut-il réserver cette comparaison pour de petits bâtonnets qui, selon M. Schwalbe, reposent sur ces cellules et peuvent dans certaines circonstances saillir par le pore terminal du bulbe au centre de la couronne de poils protecteurs que nous venons de mentionner. Ces bâtonnets ne seraient d’ailleurs l’attribut que d’une partie des cellules gustatives, ce qui entrainerait l’existence de deux sortes de cellules nerveuses dans les organes de la gustation. Comme dans d’autres organes, les fibres nerveuses à double contour perdent leur tunique médullaire avant de s’unir aux é:éments terminaux et l’union paraît avoir lieu seulement en- tre les cylindres d’axe nus et les cellules gustatives. Le nombre des bulbes gustatifs logés dans les parois des papilles caliciformes est considérable. Malgré le petit nombre de ces dernières, M. Schwalbe évalue le nombre total des bulbes gustatifs chez le mouton à 9600, chez le bœuf à 35,200, et chez le porc à 9520. Le fait que les bulbes gustatifs paraissent restreints aux papilles caliciformes a lieu de surprendre. En effet, de nom- breuses expériences semblent prouver que le siége du goût ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 243 n’est point restreint aux places occupées par ces organes. Aussi sommes-nous disposés à ajouter une certaine impor- tance à une note de M. Lovén, postérieure à son travail prin- cipal, note dans laquelle il annonce avoir trouvé chez cer- tains mammifères des bulbes gustatifs dans une partie des papilles fongiformes (mouton, veau, homme) et même chez quelques espèces (lapin, rat) dans toutes ces papilles. Chez les oiseaux et les reptiles, les organes gustalifs sont encore totalement inconnus. En revanche, il est probable que chez les poissons il faut assimiler aux bulbes gustatifs des mammifères les appareils décrits par M. Leydig sous le nom d'organes en forme de coupe (becherfürmige Organe), pour lesquels M. Fr.-E. Schulze a déjà précédemment reven- diqué le rôle d'organes de la gustation. E. C. Fr. LEYDiG. UEBER DIE SCHLEICHENLURCHE. SUR LES COECILIES. (Zeitschr. für wiss. Zoologie, XNHI, page 575-296, avec deux planches. ) Le petit groupe des Cœæcilies offre tant de particularités remarquables au point de vue zoologique, que le travail es- sentiellement histologique de M. Leydig mérite bien d’attirer l'attention. Les recherches de ce savant ont porté sur deux espèces : la Cæcilia lumbricoidea Daud. et la Cecilia (Sipho- nops) annulata Mikan. La structure des téguments des Cæcilies, abstraction faite des écailles existant chez quelques espèces, concorde avec celle des Batraciens en général. La nature de l'épiderme fut, il est vrai, longtemps méconnue. À l'exemple de Mikan, plusieurs auteurs n’y virent qu’une mucosité sécrétée par les pores cutanés ou même par l’anus. Cette erreur se re- trouve jusque dans le beau travail de Joh. Müller sur l’ana- tomie des amphibies. Rathke fut le premier à reconnaître dans la prétendue mucosité, un véritable épiderme. M. Ley- 244 BULLETIN SCIENTIFIQUE. dig trouve même aujourd’hui cet épiderme recouvert d’une cuticule homogène distincte. Cette couche épidermique se réfléchit dans les nombreux canaux excréteurs des glandes cutanées. | Les écailles découvertes en premier lieu par Schneider, ont suscité de nombreuses discussions parmi les naturalistes, d’autant plus que ces organes font entièrement défaut à tous les autres Batraciens. Les divergences proviennent en partie de ce qu’une espèce, la €. annulata, d’après les obser- vations décisives de M. Bischoff, de Rathke et de M. Leydig, est en réalité complétement dépourvue d’écailles. L’examen histologique de la Cœæcilie lombricoïdale a enseigné à M. Levdig que la couche profonde de l’écaille est formée par un tissu connectif solide, stratilié, rempli de cellules étoilées. Sa surface supérieure est ornée de corpuscules brillants, disposés en rangées concentriques peu régulières. M. Mayer les appelle des globules, M. Mandl des cellules. Ce sont en réalité des concrétions calcaires. La peau des Cœci- lies présente une structure feuilletée, déjà mentionnée par plusieurs auteurs. Cette structure est due à de nombreux re- plis cutanés dans l'épaisseur desquels sont logées les glandes. Les écailles sant placées entre ces feuillets. Elles ne sont pourtant point libres, mais attachées au corium par un tissu conneclif délicat. Les veux des Cœcilies méritent une attention spéciale, à cause de leur état rudimentaire. La Cæcilia annulata, bien que vivant à plusieurs pieds de profondeur dans la vase des marais, n’en à pas moins de très-petits bulbes oculaires. Ces bulbes correspondent à une place transparente de la peau et présentent toutes les parties essentielles d’un œil normal. Seul le cristallin sphérique conserve un caractère embrvon- naire. En effet, il est formé, non de fibres proprement dites, mais de cellules, les unes arrondies, les autres allongées en tubes. Les muscles de l’œil, au nombre de quatre, s’attachent à la sclérotique. La glande de Harder est relativement très- grosse. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALEONTOLOGIE. 245 Si les zoologistes ont raison d'attribuer à la Cœcilia annu- laita le caractère oculi minuti, ils vont, en revanche, trop loin lorsqu'ils disent de La €. lumbricoidea « oculi nulli. » Hs devraient se contenter de dire oculi minutissimi. Les veux sont en effet toujours présents, bien qu’extrêmement réduits. M. Leydig a pu y distinguer une sclérotique et une choroïde, mais il est vrai pas de cristallin. La glande de Harder est re- lativement énorme, sans doute parce qu’elle n’a pas subi de réduction comme le bulbe oculaire. La même chose a lieu probablement pour les Typhlops. Chez ces serpents à yeux rudimentaires, M. Duvernoy indique, en effet, une glande lacrymale six fois plus grande que le bulbe. M. Leydig a consacré une attention toute spéciale au sin- gulier organe mentionné par les auteurs tantôt sous le nom de fausse narine, tantôt sous celui de cavité lacrymale. On entend par là un pore cutané conduisant dans un canal qui se dirige obliquement vers l'œil. Joh. Müller a déjà reconnu dans l’intérieur de ce canal, chez différentes espèces, un ten- tacule, soit papille en forme de languette. M. Leydig confirme l'existence de cet organe, il trouve en outre que de la paroi de la cavité partent chez la Cœcilia annulata, deux tubes accolés l’un à l’autre, tubes qu’on pourrait prendre au premier abord, mais à tort, pour des vaisseaux. Leur paroi ne renferme au- cune fibre musculaire, mais est formée d’un seul élément histologique, à savoir de fibres très-fines, de nature connec- tive. Ces deux tubes se réunissent à l’extrémité opposée, en formant une anse. Un organe analogue existe chez la Cœcilie lombricoïdale. Les fonctions de cet appareil sont complétement obscures. On pourrait songer à y voir un organe d’un sens spécial, comparable aux «canaux mu- queux » des poissons. Cependant, le caractère essentiel d’un organe sensible, l'existence d’un appareil nerveux périphé- rique, paraît lui faire défaut. Cequ’on sait jusqu'ici delastructure, tant interne qu’externe des Cæcilies, tend à les faire éloigner des Reptiles écailleux et à 246 BULLETIN SCIENTIFIQUE. les rapprocher des Amphibies. Il faut reconnaitre cependant, avec M. Levdig, que leur organisation présente un mélange bizarre de caractères dont l’un rappelle les Poissons, un autre les Amphibies, un troisième les Reptiles. M. Levdig pense que ce petit ordre si restreint n’est que le reste d’un groupe d’Amphibies , autrefois richement développé, qui se serait détaché des Poissonsavecles Amphibies de l’époque car- bonifère (Archegosaurus, etc.). L’affinité des Cœcilies avec les Poissons se révèle, comme l’on sait, dans la structure des corps des vertèbres, dans la nature des écailles et leur disposition dans des poches cutanées. On a comparé aussi les reins de ces animaux à ceux des Poissons. M. Levdig ne souscrit pas à cette assimilation. Les reins ont pour luila mêmestructure chez les Cœæcilies que chez les autres amphibies ; ils rappellent même pour lui l’organisation des reins des serpents. L’affinité avec les Ophidiens ne résulte d’ailleurs pas seulement de la forme générale du corps, mais encore de la dentition et de l’atrophie de l’un des poumons. Les affinités des Cœæcilies avec Les Amphibies l’emportent néanmoins d’une facon incontestable ; on peut citer la peau riche en glandes, la structure de l’os hvoïde, le double condyle occipital au crâne, les côtes rudimentaires, les branchies du jeune âge. On pourrait mentionner encore l'existence des glandes lacrymales qui manquent entière- ment aux poissons. Quant à «la fausse narine, » on peut y voir, ou un homologue de la fosse céphalique des ophidiens, ou un organe à part. E. C. R. Bucanorz. BEITRÆGE, etc. NOTE SUR LES CRUSTACÉS VIVANT EN PARASITES DANS LES ASCIDIES DE LA MÉDITERRANÉE. ( Zeütschr. für wiss. Zoologie, XIX, 1869, page 99—162, avec six planches.) Les crustacés parasites des Ascidies ont été étudiés avec ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 247 grand soin sur les côtes de Suède, par M. Thorell, et sur le littoral océanique français par M. Hesse. Dans la Méditerra- née, ces parasites n'avaient été jusqu'ici mentionnés qu’en passant. M. Buchholz vient d’en étudier avec soin une dizaine d’espèces à Naples. Sauf un Lichomolgus, toutes appartiennent à la famille des Notodelphyides dont M. Tho- rell a décrit dix espèces du Nord. Les genres de cette famille établis par le savant suédois ( Notodelphys, Doropy- gus, Botachus, Ascidicola ) paraissent appartenir tous à la faune de Naples, qui compte en outre les genres Notopterophorus, Gunentophorus, Goniodelphys. Les deux derniers sont jusqu'ici exclusivement Méditerranéens. La particularité la plus remarquable des Notodelphvides consiste dans la forme exceptionnelle du thorax des femelles qui donne à ces crustacés une apparence toute particulière. Cette région est modifiée par le développement extraordi- naire d’une cavité d’incubation qui recoit les œufs des- cendant des ovaires et les conserve jusqu’au développement complet de l’embryon. Cette cavité résulte d’une transfor- mation des derniers segments thoraciques (en général les deux derniers ) en une partie saillante du côté dorsal, partie que M. Thorell désigne sous le nom de région matricale. Les mouvements de ces petits crustacés n’ont point du tout la vivacité de ceux des Copépodes normaux. L'action de leurs pieds natatoires est fort lente, chez les adultes tout au moins, et produit une simple reptation le long des parois de la cavité respiratoire des Ascidies, plutôt qu’une vraie nata- tion. | Il n’est pas facile de reconnaitre le mode de communica- tion des ovaires et de la cavité d’incubation. M. Buchholz croit cependant s'être assuré, chez le genre Goniodelphys que les ovaires s'ouvrent directement dans celte cavité, et il pense, contrairement à M. Thorell, que la même chose a lieu pour les autres genres. Il est peu disposé à croire que les œufs quittent l'ovaire et passent par le réceptacle de la 248 BULLETIN SCIENTIFIQUE. semence avant d'entrer dans la cavité d’incubation, ce que M. Thorell admet pour les Notodelphys. L'ouverture sexuelle externe par laquelle les œufs quittent la cavité d’incubation est placée sur une petite papille , entre le dernier segment thoracique et l’abdomen du côté dorsal, comme M. Thorell l’a déjà fort bien vu. Cet observateur décrit en outre une seconde ouverture sexuelle du côté ventral. Les réceptacles de la semence sont décrits par lui comme mis en relation pär un étroit canal avec cette seconde ouverture auprès de laquelle il a trouvé des spermatophores fixés, chez un Doro- pygus. M. Buchholz n’a rien vu de semblable; mais lob- servation importante de M. Thorell paraît lui avoir été in- connue à l’époque de ses propres recherches. IL a vu les œufs quitter l’utérus par l’ouverture dorsale, et n’a point songé à chercher d'autre pore sexuel que celui-là. M. Buchho!z figure et décrit les larves des Notodelphyides. Ce sont des Nauplius très-semblables à ceux des autres Copépodes. C'est, du reste, ce qu’on savait déjà par les recherches de M. Allman et de M. Thorell. E. C. — ——— LE p—< 249 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE JUIN 1869. Le4et5, rosée le matin ; le 5, hàle toute la journée, 6, rosée ; des tonnerres à l'ONO. depuis 2 h. 42 m. à 4. h. 30 m. du soir ; l'orage reste à peu près stationnaire ; hâle le matin et le soir. 7, les dernières traces de la neige de l’hiver ont disparu du Môle. Des tonnerres à l'O. entre 3 h. 1/4 et 4 h. {/; du soir. Les nuages orageux se meuvent lentement vers le $S.; hâle toute la journée. 8, rosée le matin; hàle toutle jour; des éclairs et tonnerres depuis 7 h. 5/, du soir à l’'O., l'orage passe au $. ; un second orage éclate à 8 h. au NO. et passe au N.; vers 8 h. 45 m. les deux orages embrassent tout le ciel et il y a des éclairs et des tonnerres dans toutes les directions ; des fortes dé- charges électriques ont lieu entre 8 h. 45 m. et 10 h. 1/2 du soir, la plus forte pour l'observatoire à 9 h. 18 m. du côté du sud, Eclairs et ton- nerres de minuit du 8 à 1 h. 1,: du matin du 9 ; plus grande intensité à minuit 40 m. à l'O. 10, rosée le matin ; häle jusque vers 10 h, du matin. 12, hâle à peu près toute la journée. 14, on entend des tonnerres de 7 h. 20 m. à 9 h. {/, du soir; éclairs et tonnerres de 7 h. 48 m. à 8 h. 45 m. ; l’orage passe du S. au N. à l'O. de l’observa- toire ; intensité la plus forte entre 8h. et8 h. 1/2. 15, il a neigé sur le Jura et sur le Môle; dans la matinée la neige disparait du Jura. 17, rosée ; faible halo solaire de 3 h. à 4h. ‘/°. Dans la soirée couronne lunaire. 18, rosée ; la neige tombée sur le Môle dans la nuit du 44 au 15 a disparu dans la journée ; faible halo lunaire dans la soirée. 20, il a neigé sur le Môle ; la neige tombée disparait dans la journée du 28. 23, rosée le matin. 24,95, id. 27,98, id. 29, id. ARCHIVES, t. XXXV. — Juillet 1869. 18 250 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm mm Le2 A U6/h malin... . 131,25 Lea 4h. Soiree Mere en 14 HAS ROMANE ECE 735,03 1524 08h: SOIT: Creer 719,51 17/à 16 h:matin.. #50 4. 135,02 20 a: 6h. soir... 20 .. 723,04 25 A ON MAN 2162. -mt 732,38 203à:.0 -h: Soir. 16 -2000e 724,99 DEN ON RORTANNIN da 550 0e 728,15 | | | | | | 097 ||L‘Y + |0‘87|cL'0|S ‘INN| 0007 [018 [98 +] 72L |vL'e— | 991 | L'or+ | 'or+ | 679— | 66774 | LLY — _n 097 | 8° + | 06 | FO F “ANN| 098 [009 |£g —| 999 | 18 0— | 0g‘6 |9'ec+ | 9'Gr+ | 7c'0— | 0S'LEH | LL — | 85 YcL| 66 19r | 1e + |c'érlevolr ‘Nl°:|:"" lors |o07 |o8 —| 019 |6l'o— | çc'e |sfre+t | 877 | 66‘0+ | 96'87+ | 600 — | sc Lez) 88 EDF NEO 07 Nc ozs |ogr [og —| 199 |1eo— | 00‘o7 | 7're+ | 8‘71+ | 9‘o+ | gg'er+ | 100 — | 95'LeL| Le £9r Lo +|99r|7c0|TI Nr: lo98 | 097 |£ —1| 689 |gg‘o— | 66‘6 | 9'$+ | S'Or+ | 07'0—! 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"| x | 2 | F nu “ATEULIOU +19 & lu AR OU Rae |‘aeuou “I Yz aTeurIOU soin: 3 ATUIIOU = Le “un “PIN je "Jueu E HE “UHXEIN |'ULIUTN Us sop” ere a ‘UUXEN | “UUUIN ne +: F ne 5 2 es [ou —lUOp = ue 11895 A0N 11895 A0 VAUT QUUYAON |/20A6 7189) ANOINEH e Eœ ne 3 ef ee — on — TT, ne | — 8 auQuyy np due}, PME TO fun noamq|| sougrqu uo noreamyes op ‘Joray||"deae] ap uotsua], 7) aanqeagdue f, AE RLULTON LES | A ‘698F NIAf — ‘HAANAHN be cout MOYENNES DU MOIS DE JUIN 1869. 6l.m. Sh.m. 10h.m. Midi. 3,h.'s. 4#h.s. Gh.s. 8 h.s. 10h.s Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm nm 1re décade 730,60 730,76 730,58 730,16 729,70 729,32 729,30 729,60 730,21 De « 126,37 726,67 726,76 726,49 726,01 725,84 125,53 01925 10 72611 3 « 727,37 127,49 727,31 127,05 726,66 726,32 726,32 796,77 727,23 Mois 128,12 728,31 728,22 727,90 727,45 727,16 727,05 127,36 727,85 Température. 0 0 0 0 0 (0 0 0 lredécade+11,96 +15,46 416,79 18,64 +0,20 20,62 +-19,05 +16,74 +14,16 2 ou +11,37 413,76 +15,14 416,53 417,60 417,12 16,44 14,32 412,69 3% «11,36 +-14,78 +16,24 +17,92 419,31 419,83 417,73 15,57 L13,74 Mois +-11,56 +14,67 +-16,06 +-17,70 +19,03 +19,19 +17,74 +15,54 +13,53 Tension de la vapeur. mm mm mm min mm mm mm mm mm {er décade 8,54 9,22 8,83 8,93 8,80 8,17 9/48 8,93 9,00 2e « 7,84 8,01 7,66 TA 7,48 1,23 OA 7,86 8,12 3e « 8,66 8,89 8,71 8,12 8,68 8,66 9,01 9,46 9,16 Mois 8,39 8,71 8,40 8,25 8,92 8,02 8,02 8,75 8,76 Fraction de saturation en millièmes. re décade 800 687 298 D39 487 446 950 620 739 2e « 780 680 604 »01 495 498 41 636 732 3e « 861 713 632 578 532 509 611 724 784 Mois 814 693 611 239 505 48% 567 660 752 Therm. min. Therm. max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre. du Ciel, du Rhône. ou de neige. 0 0 0 mm cm 1re décade + 9,64 21,38 0,30 15,54 12,0 166,8 2e « + 8,87 18,88 0,61 12,39 48,5 172,8 3e « + 9,70 —+-20,81 0,42 15,79 11,6 165,8 Mois + 9,40 +-20,36 0,45 14,66 124 168,5 Dans ce mois, l’air a été calme 4,4 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 2,03 à 4,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 40,8 O., et son in- tensité est egale à 39,8 sur 100. 98: 0 TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD | pendant LE MOIS DE JUIN 1869. Le1, 2, brouillard tout le jour. id, depuis 4 h. du soir. id. jusqu'à 8 h. du matin. id. depuis 8 h. du soir id. le soir. id. la plus grande partie de la journée. id. le matin et de 6 à8 h. du soir. id, depuis 8 h. du soir. id. tout le jour. id. à peu près toute la journée. id. de 8 à 10 h. du matin. id. depuis 2 h. de l'après-midi. id. à 6 h. du matin. id, toute la journée. id. la plus grande partie de la journée. id. tout le jour. Dans la journée du 22, la glace sur le lac a disparu. id. jusqu'à 8 h. du matin. id. depuis 6 h. du soir. id. à 6 h. du matin et à 6 h. du soir. id. une partie de la journée. id. à peu près tout le jour. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. min mm Pen aROMh ematnPer-rre te 562,52 ADD ANAtIME ee. 074,46 AAPAMOPDAMALNIRCERSENEE 262,33 40h SoÏr4r 8er 566,13 dot SOPHEMATTRe EE --rre »61,33 TUNDeanatin. ec. 569,20 | 20Fam6"h-ematin 27" "7.1009:09 ARSOIE Re recto 1208.09 | 29 2 6 h:matin..... ..... 565,26 D SD... 2... 00828 30 à 10 h. matin .......... 560,51 SAINT-BERNARD. — JUIN 41869. 18. [ours du mo CO OP =I1 Où O7 & CC hO En pin jee Q re © 13 — re = ©z DO > en pe me SODIO 21 22 23 24 25 26 ee si 28 29 | 30 | Baromètre. A _ Hauteur | Écart avec moy. des | Ja hauteur | Minimum. | Maximum 24 heures.|' normale. millim. millim. millim. millim. 563,43 | — 2,95 | 569,52 564,33 565,6: — 0,14 | 564,40 | 566,49 066,08 | + 0,22 | 565,92 | 566,30 566,95 | + 4,01 565,93 | 568,21 570,63 | + 4,61 568,90 | 572,17 D73,62 | + 7,01 73,01 | 574,29 574,10 | +. 7,91 D73,98 | 574,46 LE 1 —- 5,84 | 571,00 | 573,10 967,90 | + 1,15 | 566,54 | 568,67 068,94 | — 9,49 | 563,56 | 564,59 563,06 | — 3,45 | 569,33 | 563,85 565,91 | — 1,38 | 563,92 | 566,13 565,53 | — 1,14 | 565,20 | 565,82 062,85 | — 3,90 | 562,95 | 563,41 064,29 | — 92,53 | 561,33 | 566,60 D66,92 | + 0,02 | 565,98 | 568,41 008,50 | + 1,53 | 567,91 | 569,20 064,78 | — 92,26 | 563,62 | 566,02 260,68 | — 6,43 | 560,39 | 561,17 560,67 — 6,01 59,99 | 561,53 561,92 | — 5,33 | 560,47 | 564,27 D65,19 | — 1,83 | 564,26 | 566,63 568,01 —+ 0,62 | 566,88 | 568,53 966,31 | — 1,14 | 565,99 | 566,80 565,60 | — 1,91 05,26 | 566,06 d66,62 | — 0,95 | 565,99 | 567,34 567,892 : —+ 0,19 | 567,47 | 568,928 567,78 + 0,09 | 567,61 | 568,21 564,54 | — 321 563,40 | 566,08 INDO0 62h 7,19 | 560,51 | 560,86 ea me | Température C. SN Moyenne des 24 heures. 0 4,29 3,36 0,97 1,84 511 6,86 7,45 7,02 5,18 9,17 1,83 6,17 4,18 4,50 9,15 1,04 0,38 1235 2,40 1,78 2,64 1,96 1,00 4,25 + 4,95 | + 6,10 FETE * Les chiffres renfermés d rographe étant hors de service. ans ces colonnes donnent la plus basse et la plus élevée de Écart avec la température! Minimum” |Maximum* normale. 0 0 0 — 6,96 | — 4,8 | — 1,8 — 6,145 | — 6,0 | — 1,3 VD CREER — 117! — 1,0 | + 46 + 1,99 | + 2,0 | + 8,0 + 3,63 | + 3,2 | +10,0 + 4,11 | + 4,6 | +110 + 3,57 | Æ 5,0 | 10,0 + 1,63 | + 3,8 | + 7,5 — 0,48 | + 1,8 | + 5,6 — 1,92 | +19 | +42 292 | Æ 40 | 11,4 + 0,23 | + 3,9 | + 6,6 + 0,46 | + 41 | + 5,6 — 17,88 | — 4,8 | — 9,0 — 5,26 | — 3,7 | + 4,1 — 4,69 | — 5,9 | + 2,9 — 9,75 | — 2,0 | + 1,0 — 6,89 | — 4,8 | + 0,8 — 6,36 — 5,4 | + 1,8 — 7,30 | — 4,2 | + 0,8 — 6,70 | — 5, + 0,5 — 3,82 | — 39 | + 4,1 — 0,65 | + 1,8 | + 8,7 — 0,73 | + 1,7 | + 7,0 + 1,05 | + 1,9 | +10,1 + 0,61 | + 3,4 | + 8,7 + 1,27) + 3,8 | +10,5 — 181| +4 | + 74 — A5T| — 1,0 | + 3,8 Pluie ou neige. CE Hauteur Eau Mit de la |tombéedans| more neige. les 24h. | d'heures. millim. millim Ar En | 31.4 19 60 | 26 | n 45 2,0 3 40 49 | F 30 2,3 n 180 | 18,8 | 12 .…... | ...… À Ps 75 9,4 n Vent Clarté 2 Lori dominant. ci, NE. 4 |" 0,93 | NE. 4 | 0,94 | NE. 4 | 0,52 NE. 1 0,64 NE, fl 0,26 NE. 4 | 0,34 NE. 1 0,12 NE. 4 | 0,33 NE. 1 | 0,89 NE. 1 | 0,59 NE. 4 | 0,41 SO. 1" "0,13 SO. 1 | 0,92 SO. 1 | 0,88 NE, 1 | 068 NE. 4 | 0.71 NE. 1 0,57 NE, 1 M0;91 NE. 4 | 0,88 NE. AD NO TON NE. AE DO NE. 1 0,89 | | NE. 19100231 NE. 4: | 0,43 NE. 1; 0,44 NF. INIROMT NE, 4 | 0,69 NE. 4 | 0,54 NE. 20773 NE. 199002 re s températures observées depuis 6 heures du matin à 40 heures du soir, le thermomé- MOYENNES DU MOIS DE JUIN 1869. Gb.m. Sh.m. 10h.m. Midi. £h.s. ASS SN UGIHS SNS AUS Baromètre. f mm mm mm mm mm mm mm mm nm {re décade 568,13 568,29 56846 568,53 568,48 568,54 568,53 568,63 568,68 2 >» 563,17 563,92 564,10 564,87 564,48 564,52 564,55 564,60 564,62 3e » 569,18 565,37 565,47 565,52 565,56 565,62 565,60 565,71 565,89 Mois 565,69 565,86 566,01 566,14 566,18 566,22 566,23 566,32 566,40 Température. 23 + 818 + 537 + 453 + 329 +952 + 2% 94 + 2,79 + 3,32 + 9,39 + 1,00 + 0,37 + 0,05 33 + 5,35 + 515 + 4,04 + 3,08 + 1,81 + 153 Mois “+ 0,04 + 2,65 3,90 + 4,42 + 4,61 + 3,65 + 2,46 + 1,57 + 1,26 Min. observé.” Max. observé” Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela du Ciel. ou de neige. neige tombée. 0 0 mm mm re décade + 0,74 + 5,93 0,59 0,0 0 2% » — 1,64 + 3,64 O2 9,200 180 te + 0,06 + 6,16 0,61 28,2 255 ZE —EEEZEE——Â_—_—_—_—_—_—_—_—_EaEaEEEEE Mois — (0,28 + 5,1 0,64 71,4 435 Dans ce mois, l’air a été calme 8 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 6,16 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45° E, et son in- tensité est égale à 70,7 sur 100. * Voir la note du tableau. .. 4 Le (EINUE 15% “ ñ L ) L - 1 À > ré L LA … e p ; k a | « L Fr fn à 4 » = _ , L L É A Lmbt Es = 4 nr a = pp ee = ”_ : . A RD ESS Le Nan #e à F EDR tee À À a RE à _ ù âd L ANNE) MENT CT ARR v ne À | ab | À > TRES & È L Re S L Bou AR AU erune U aTAAA TN : | | l ( [4 LEE à : Æ-, : . h [ET y #s LA à CEA \dsièmronscA Er À - 18 Hr ty “4 te = À HI! CAL PAT 2 à 4 ER RNA de "À LALRAUTt Le CNCNR SO RON € Ae.FUS œ ] ik 2% FARAIC TH a a TRE Le UF ARETU s) 6,405 184 , | AT Le: à ls )d 00, 614 LE 7 1 Y L4 t CAMES FFM 1144 4h40 - 142 at no ». da Do goût ROULEAU AVEUISLMEIE TS NN { 4 pa à pe dé à à A FC Û RL ORAN PAC ACC RE VOS PACE L'ERSR EUE , WP tt enr a A BU VE OO Qu: eh EG SE SET d : { sn , 3 1 : he É L. tu, F1 ÉTAe + LA 1 2h "7 tie te 1 CAT] ASRATMMAMT.. AUMLL Tu M aout MM. 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Ces progrès ne paraissent point devoir s'arrêter, bicn au contraire : les prévisions formulées à l’occasion de la dernière éclipse totale se sont brillamment réalisées en partie, et la co- opération d’éminents astronomes et physiciens promet la constatation de quelques bases sûres, à la théorie jus- qu'ici purement hypothétique &e « lAstre du jour. » Il - fallait une révolution dans la science pour lui permettre de faire quelques pas dans cette voie. [Il fallait éliminer une théorie universellement adoptée et lui en substituer une autre plus simple et mieux fondée en raison. Nous avons vu l’ébranlement causé dans ce sens par la publi- cation du mémoire de M. Kirchhoff en 1864. L’opposi- tion, l’étonnement furent grands parmi les savants au pre- mier moment. Aujourd'hui, l'idée d’un globe homogène , fluide, incandescent est admise par toutes les prinei- 1 Voyez Archives, tome XIX, p. 265, et tome XXIV, p. 21. ARCHIVES, t. XXXV. — Août 1869. 19 258 CONSTITUTION DU SOLEIL. pales autorités ; chaque nouvelle découverte vient confir- mer ce fait capital, sans lequel on ne peut guère se rendre compte de la persistance de cette source abondante de chaleur et de lumière. Nous nous sommes surtout occupé jusqu'ici de l’ex- posé des doctrines et des découvertes de l’illustre physi- cien de Heidelberg et des développements qu'y a donnés M. le D' Spœrer par ses travaux assidus sur les taches solaires. Il convient de compléter cet aperçu, et c’est ce que nous allons tenter de faire, en commençant par l’exa- men des travaux de M. Faye, pour en venir ensuite aux découvertes plus récentes. M. Faye a eu le mérite de rompre un des premiers avec l'opinion reçue. Il nous raconte avoir jadis attaqué le noyau solaire, solide et obscur, auprès de son maitre même, M. Arago. IL a donc été favorable à l'exposé des vues de M. Kirchhoff et à sa discussion tendant à renverser l'hypothèse Herschelienne. Seulement il diffère essentiel- lement d'avec l’illustre savant allemand, en assignant au Soleil un état gazeux et en donnant une tout autre expli- cation de ses taches. Ce n’est point chose aisée que de résumer les consi- dérations de tout genre qui amènent le savant astronome à ses conclusions, non plus que de formuler ces conclu- sions. Suivant lui le Soleil est une étoile de moyenne gran- deur, d’une lumière à peu près blanche, avec un carac- tère très peu marqué de variabilité périodique. La for- mation des étoiles résulterait « de la réunion successive de la matière en vastes amas, sous l’empire de l'attraction, de matériaux primitivement disséminés dans l’espace, D'où deux conséquences immédiates : 1° la destruction d’une énorme quantité de force vive remplacée par un énorme CONSTITUTION DU SOLEIL. 259 développement de chaleur; 2° un mouvement plus ou moins lent pour la masse entière. Cette chaleur interne, quand il s’agit de masses si considérables, dépasse de beaucoup la température où les actions chimiques com- mencent à s'exercer; mais le refroidissement va déter- miner, dans cette masse de gaz et de vapeurs mélangés, des phases successives. Bientôt il doit s'établir par des mouvements intérieurs un équilibre stable (?) entre les couches successives, analogue à celui de notre atmosphère où les déplacements d’une couche à l’autre ne sont dus qu'à l’action de causes extérieures, qui n’existent pas ici. Or quelle que soit la température d’une telle masse ga- zeuse homogène, son pouvoir émissif doit être très faible, ses radiations doivent être toutes superficielles, puisque chaque couche jouit d’un pouvoir absorbant spécial pour les rayons émis par les couches inférieures. Sa conducti- bilité étant d’ailleurs très faible, l'équilibre de la masse entière ne subira que de lentes modifications, et, à moins de circonstances nouvelles, on ne voit pas comment cette masse pourrait émettre cette énorme quantité de chaleur qui ne semble subir aucun affaiblissement dans le cours des siècles. » Pour s’en rendre compte, il faut, suivant l’auteur, ob- server que la température à la surface du Soleil est loin d’être aussi élevée que la température interne de dis- sociation universelle. Elle ne doit pas dépasser beaucoup celle que nous savons produire dans nos laboratoires, où un grand nombre de corps se décomposent, mais à la- quelle les plus stables résistent. Si l’action des forces moléculaires et atomiques de la cohésion et de l’affinité disparait de la masse interne, elle commence à renaitre à la surface. « Là, dans un mélange 260 CONSTITUTION DU SOLEIL. gazeux des éléments les plus variés, le jeu de ces forces donnera naissance à des précipitations, à des nuages de particules non gazeuses susceptibles d’incandescence dont nos flammes brillantes nous offrent tant d'exemples. Bien- tôt ces particules, sollicitées par la gravité, gagneront en tombant les couches inférieures, où elles finiront par re- trouver la température de dissociation, et seront rempla- cées dans les couches superficielles par des masses ga- zeuses ascendantes, qui viendront y subir le même sort. L'équilibre général sera donc ainsi troublé dans le sens vertical seulement, par un échange incessant de l’intérieur à la superficie qui eût été impossible dans la phase pré- cédente, et comme la masse interne ainsi mise en rapport avec l'extérieur est énorme, on conçoit que l'émission su- perficielle, puisant imcessamment dans le vaste réservoir de la chaleur centrale, constitue une phase de très longue durée et d’une grande constance. Ainsi la formation d’une photosphère, limite apparente du Soleil, est une simple conséquence du refroidissement, et comme ce point de départ s'applique à tous les astres analogues, le même phénomène doit exister ou avoir existé pour toutes les étoiles. » L’agitation incessante des couches de la masse solaire et les courants verticaux qui les traversent peuvent expliquer la formation des taches et leurs mouvements. « Là où ces courants ascendants prendront plus d’m- tensité, la matière lumineuse de la photosphère pourra être momentanément dissipée. À travers cette sorte d’é- claircie, ce n’est pas le noyau solide, froid et noir du So- leil que l’on apercevra, mais la masse gazeuse ambiante et interne, dont le pouvoir émissif, à la température de la plus vive incandescence, est tellement faible par rap- port à celui des nuages lumineux de particules non ga- CONSTITUTION DU SOLEIL. 261 zeuses, que la différence de ces pouvoirs suffit à expliquer le contraste si frappant des deux teintes observées avec nos verres obscurcissants ‘. » La suite du mémoire a pour but d'expliquer les diffé- rences de vitesse de rotation des taches aux diverses lati- tudes héliographiques, en se basant sur le principe, que les lois ordinaires de la rotation dans une masse fluide en équilibre doivent être singulièrement altérées, lorsque cet équilibre est constamment troublé dans le sens ver- tical. Nous y trouvons des considérations du même genre que celles analysées naguère par nous dans un travail de M. Spærer, résultant implicitement de la conception d’un soleil fluide, incandescent et indiquées dans une note an- térieure, insérée dans les Archives, en 1864. Mais arrêtons-nous un instant sur les citations qui pré- cèdent et qui sont la base de cette théorie. Que le Soleil et les étoiles soient le résultat de la condensation de la ma- tière cosmique, c’est ce que tout le monde est disposé à admettre, Mais pour en revenir au premier de ces astres, il nous semble quelque peu aventuré de lui assigner for- mellement un état gazeux, quand nous savons que sa den- sité a été calculée valoir environ 1,4, celle de l’eau étant prise pour unité. Or la densité de l’eau comparéeà celle de l'air atmosphérique est, sous la pression barométrique, de 0,76, 773 fois plus grande, Aucun gaz ou vapeur connu à la surface de la Terre n’a une densité supérieure à 16 fois celle de l'air, où plus forte que ‘/,, de celle de l'eau. La densité du Soleil est donc plus de 67 fois plus grande que celle de la vapeur la plus lourde à nous connue, et, cependant, tout fait présumer que les éléments consti- ! Comptes rendus de ? Acad. des Sciences, 1865, tome LX, p. 138 et suivantes. 262 CONSTITUTION DU SOLEIL. tutifs du Soleil sont les mêmes que ceux de notre planète. Il serait plus prudent, croyons-nous, de se contenter d’af- firmer la fluidité de la masse solaire, circonstance néces- saire pour expliquer l'indépendance et la perméabilité de ses couches successives et l'existence des courants qui les traversent. Qu'elle soit liquide ou gazeuse, ou peut-être dans un état intermédiaire dont nous n'avons pas la no- tion, cela n'importe point à la manifestation des phéno- mènes optiques qui se produisent à sa surface. En effet, le mélange des deux états physiques existe certainement à son pourtour extérieur, un liquide incandescent à une aussi énorme température ne pouvant pas ne pas être entouré de vapeurs lumineuses et devant satisfaire ainsi aux caractères particuliers aux gaz que signalent l’ana- lyse spectrale et l’usage du polariscope. Ces vapeurs lumineuses constituent-elles seules la pho- tosphère, ou de concert avec la surface brillante du fluide incandescent? Enveloppent-elles le noyau solaire d’une couche générale d’une certaine épaisseur, ou se confon- dent-elles avec la surface, évidemment fort agitée, de la grande fournaise en fusion ? Ce sont là des questions di- versement résolues, et auxquelles certains auteurs atta- chent une importance en rapport avec les exigences de leur système. Pour M. Faye, par exemple, l'enveloppe embrasée du noyau solaire gazeux et obscur à une épais- seur déterminée qu'il calcule en discutant les observa- tions des taches et en y cherchant pour elles des preuves d’une « parallaxe de profondeur. » On a compris, d’après ce que nous avons vu tout à l'heure, que c’est à des ou- vertures dans la matière lumineuse qu'il attribue les ap- parences de ces phénomènes. Nous nous retrouvons dans l'hypothèse Wilsonienne des entonnoirs, avec Ja différence CONSTITUTION DU SOLEIL. 263 que leur fond obscur est un gaz. En un sens, il est plus plausible de supposer des courants ascendants, des tour- billons, des éruptions émanant d’une masse gazeuse que d’un noyau solide, où des fissures devraient se produire pour leur livrer passage et conserver un caractère de fixité tout à fait en désaccord avec les faits récemment constatés dans la rotation du Soleil. Mais comment se rendre compte de la possibilité physique de ces immenses entonnoirs, produits par des tourbillons, subsistant pen- dant une, deux, trois périodes et même davantage, dans un milieu gazeux ? Comment présumer que ce milieu soit obscur à une certaine profondeur où la chaleur est sup- posée encore plus intense? Comment expliquer dans ce système les teintes des pénombres et aussi les ponts lu- mineux traversant quelquefois les taches dans toute leur étendue ? MM. Balfour Stewart et Norman Lockyer ne peuvent pas non plus admettre que la masse interne du Soleil, plus chaude que la photosphère, soit obscure et que les taches puissent être considérées comme le fond d'un entonnoir. Ils les expliquent par une sorte d'extinction locale de la photosphère résultant d’une cause externe de refroidis- sement, et ils placent cette cause dans les régions supé- rieures de l'atmosphère du Soleil. Nous ne les suivrons pas dans leurs tentatives pour trouver une corrélation entre la présence des taches ou entre le refroidissement en question, et la position des planètes du système, Vénus, Mercure et Jupiter en particulier. Pareille prétention sem- blerait ressortir au domaine de l'astrologie, si l’on ne se rappelait la remarquable coïncidence découverte en 1852 entre la période des taches et celle des variations du ma- gnétisme terrestre. [l y a là des mystères encore insondés 264 CONSTITUTION DU SOLEIL. et sur lesquels un doute absolu pourrait une fois se trou- ver imprudent. Une discussion s’est ouverte entre les auteurs que nous venons de citer et M. Faye, qui veut que les causes re- froidissantes produisant les taches soient toutes internes. « Si l'enveloppe brillante du Soleil, dit ce dernier, est due à la condensation de vapeurs très chaudes, transformées par refroidissement en nuages de particules incandes- centes, un afflux de gaz froid, venu des régions supé- rieures de l'atmosphère, ne supprimera pas cette conden- sation ; elle l’activerait plutôt en la reportant à un niveau moins élevé. D'ailleurs qu'on se rappelle ces taches ob- servées pendant quatre, cinq, six, huit rotations consécu- tives, dont on calcule les mouvements si réguliers; 1l pa- raîtra difficile d'admettre que les courants atmosphéri- ques qui auraient dû les produire par extinction se soient maintenus pendant si longtemps sous forme de colonne exactement verticale, pénétrant à une si grande profon- deur dans la photosphère ‘. » ; Nous ignorons s’il existe des chimistes qui soient d’ac- cord avec les prémisses de ce raisonnement, c’est-à-dire avec la théorie de ces vapeurs très chaudes, rendues lu- mineuses par leur refroidissement superficiel ; mais l’ob- jection faite à l'hypothèse de ces courants atmosphériques verticaux, persistant pendant de longues périodes et qui nous parait très fondée, s'applique avec une force égale aux courants internes, quant à leurs effets. Qu'il existe des courants dans la masse fluide du Soleil, c’est ce dont nous ne saurions douter, mais qu'ils produisent à eux seuls les apparences des taches, en creusant les prétendus enton- noirs et en les maintenant par la seule action des tourbil- 1 Comptes rendus, tome LXV, p. 236. CONSTITUTION DU SOLEIL. 265 lons, c’est ce que nous ne pouvons admettre. Nous ne savons donc trouver d'intérêt sérieux dans les savants dé- veloppements auxquels se livre M. Faye pour démontrer Pinfluence exclusive de ces courants internes sur ces phénomènes. Îl y aurait beaucoup à dire sur ces travaux et sur la prétention de l’auteur ! « de suivre une marche toute nouvelle » pour résoudre la question, en prenant pour point de départ « non plus la noireeur des taches, mais l’étude de leurs mouvements. » Nous ne pensons pas que nul astronome ait pris pour unique point de départ la noirceur des taches. La découverte de la loi de leurs mouvements. due principalement à MM. Carrimgton et Spærer, a déjà été le grand argument qui a banni de la science l'hypothèse du noyau solide et obscur, et qui a dès lors permis de rapporter à la masse entière du Soleil énorme radiation attribuée précédemment à la seule photosphère : personne n’est donc tenté d'en mé- connaître l'immense importance, Mais la noirceur des taches est un fait bien constaté, impossible à négliger dans une théorie. Il est malaisé à introduire dans celle de M. Faye, et on en a la preuve dans ses tentatives pour l'expliquer. « Les taches, nous dit-il, sont évidemment des cavités : les astronomes anglais en sont tous convaincus. J'ajoute que ce sont des ouvertures, des éclaircies dans la mince couche de matière éblouissante dont le Soleil estenveloppé. Mais pourquoi sont-elles noires (relativement, bien entendu) ? Ce n’est certes pas que la masse intérieure soit froide. D'autre part, si nous disions d’une manière générale que cette masse interne est aussi chaude ou plus chaude que la photosphère, le fond des taches serait aussi éblouissant ! Comptes rendus, tome LXVII, p. 188--203. 266 CONSTITUTION DU SOLEIL. que cette surface brillante. » Ceci ne se trouve pas tout à fait d'accord avec une précédente citation où l’on nous parlait d’un « pouvoir émissif très faible comparé à celui des nuages lumineux » formant la surface extérieure du globe solaire. On introduit maintenant la notion de « cou- ches moins chaudes que toutes les autres, placées entre la photosphère et la masse centrale. Les matériaux incan- descents qui doivent exister à l’état solide ou liquide dans la photosphère, flottant dans une couche gazeuse évidem- ment moins dense, doivent tomber. Par leur chute dans la masse interne, s’absorbe un travail positif, incessant, qui doit donner lieu à l'apparition d’une grande quantité de chaleur et qui fait naître quelque part, par compensa- tion, un travail négatif correspondant, un mouvement ascensionnel qui, lui, coûtera de la chaleur. Cette cha- leur disparaît surtout dans les couches voisines de la sur- face, là où le travail de disgrégation atteindra son maxi- mum. Ainsi la noirceur des taches nous montre qu’au- dessous de la photosphère il doit exister des couches moins chaudes que la matière incandescente de la photo- sphère et moins chaudes surtout que la région centrale de la masse solaire. » Ces considérations fournissent-elles une solution satis- faisante du problème ? c’est ce dont nous nous permet- tons de douter. Nous sommes rebelle même à la persua- sion que les taches sont nécessairement des cavités; nous ne croyons pas que les photographies stéréoscopiques de M. Warren De la Rue soient suffisantes pour le démontrer, non plus que les calculs de parallaxes de profondeur de M. Faye. Ces calculs, basés sur les observations de M. Car- rington, l’améènent à conclure à l'existence d'une inégalité dans le mouvement de rotation des taches, ayant pour CONSTITUTION DU SOLEIL. 267 argument l'angle au centre du Soleil des rayons de cet astre aboutissant, l’un à la tache, l'autre à la Terre. Après une discussion détaillée de divers exemples de périodes de taches, le coefficient auquel arrive l’auteur pour le facteur constant de cette inégalité vaudrait 0,0078 du rayon solaire. Ce qui ferait correspondre lenfoncement moyen du noyau des taches à une valeur de 1500 lieues environ au-dessous de la surface générale de la photo- sphère. Nous avons déjà dit notre répugnance à admettre les « taches-entonnoirs. » L'étude de leurs apparences avec des instruments à forts grossissements rend cette hypo- thèse invraisemblable, et les nouveaux travaux sur la pho- tosphère tendent de plus en plus à faire considérer sa sur- face comme très accidentée. Nous en parlerons tout à l'heure : mais pour satisfaire aux positions observées des taches, il n’est pas nécessaire de recourir à cette suppo- sition. En se fondant sur un tout autre ordre d'idées, pour expliquer l'inégalité de longitude en question, M. C.-H.-F. Peters s’est livré à une discussion qui le fait arriver à un coefficient d’une valeur fort analogue au précédent, mais dont il attribue la cause à la réfraction de l’atmo- sphère solaire. Il n’admet pas la possibilité d’un enfonce- ment du noyau de la tache jusqu'à une profondeur de 0,008 du demi-diamètre du Soleil, enfoncement qui, vu de la Terre, produirait un recul du noyau vers les bords de la pénombre, dont la valeur serait déjà de 5”, à 10”, du centre du disque du Soleil; à 412’ de distance de ce centre, cette valeur atteindrait 6”, et à 15’ elle serait de 7,5, ce qui ne concorde point avec l'observation. Le noyau cesserait d’être visible lorsque la tache s'approche du 1! Astronomische Nachrichten, n° 1696, tome LXXI, fp. 241. 268 CONSTITUTION DU SOLEIL. bord du Soleil beaucoup plus tôt que ce n’est le cas en réalité, et sa disparition, si l’on veut se représenter la pénombre comme les parois de l’enfoncement, résulterait d’un recouvrement par le bord'projeté de la photosphère, ce qui n’est également pas conforme à l'expérience. Dans toute tache bien formée, on peut ordinairement pour- suivre distinctement le noyau et la pénombre jusque tout près du bord du disque, où la largeur de l’ensemble ne dépasse pas quelques secondes. Le noyau disparaît alors le premier, parce qu'étant plus petit, il atteint plus vite par le fait de la rotation une ténuité si grande, qu'il dé- passe la limite de angle de visibilité. La réfraction en revanche produit un déplacement de même valeur, mais presque analogue pour le noyau et pour la pénombre. Si, comme l’infère M. Peters d’un cer- tain nombre d'observations de taches, le centre apparent du noyau précède celui de la pénombre dans la partie orientale du disque solaire et le suit dans la partie ocei- dentale, cela ne peut résulter d’un effet de réfraction. El faut, pour l'expliquer à ses yeux, ou 1° que le noyau soit à un niveau inférieur à celui de la surface générale envi- ronnante, ou 2° que les alentours immédiats de la tache soient exhaussés, ou 3° que ces deux circonstances se produisent à la fois. Plusieurs raisons le font pencher pour la seconde hypothèse, dans une mesure toutefois très in- férieure à la parallaxe de profondeur de M. Faye et qui donnerait à l’enfoncement du noyau une valeur moyenne d'à peu près 0,0007 du rayon solaire. La plus grande partie de l'effet de perspective observé proviendrait sur- tout d’un exhaussement, d’une accumulation de la matière photosphérique environnante, qui coïncide très probable- ment avec l'existence des facules, observées, suivant l’au- CONSTITUTION DU SOLEIL. 269 teur, autour des taches toutes les fois que la position ex- centrique du noyau est constatée, et absentes ou à peu près lorsqu'elle n'existe pas. Nous avons fait précédemment nos réserves sur les ob- servations relatives à cette position excentrique du noyau, et exposé combien ces observations perdent de leur va- leur et de leurs caractères lorsqu'on se sert d'instruments à pouvoir grossissant considérable. Les conclusions de M. Peters n’en ont pas moins une très grande valeur scien- tifique, elles méritaient ici une mention spéciale et sont les derniers documents que nous ayons à analyser jus- qu’à l’époque mémorable de la grande éclipse de 1568, dont l'observation a été suivie de si remarquables ré- sultats. Nous ne pouvons faire ici l'historique des diverses expéditions qui ont eu pour but d'aller contempler ce phénomène dans les pays lointains où il se produisait, phénomène dépassant en splendeur tous ceux du même genre relatés dans les temps historiques, mais dont l’ob- servation a été plus ou moins contrariée, suivant les loca- lités, par des circonstances atmosphériques peu propices. Le contingent de découvertes faites à son occasion, n’en est pas moins des plus importants, et les nouvelles voies d'investigation qu'il a ouvertes aux savants leur fournissent journellement encore de fructueuses études. L'origine de ces succès doit se chercher dans Fentrée en ligne, pour la première fois pendant une éclipse, des procédés de la spectroscopie. Nous allons chercher à résumer ce que leur emploi à produit dans les connaissances de la constitu- tion du Soleil. Les astronomes et physiciens partis pour ailer ob- server l’éclipse du 18 août 1868, étaient tous bien con- 270 CONSTITUTION DU SOLEIL. vaincus de la réalité de l’existence des protubérances. C'était là une certitude acquise à la science depuis les ex- périences de 1860 et confirmée par les éclipses moins importantes des années suivantes. Etudier la matière de ces bizarres excroissances et de l'enveloppe générale de même nature pressentie dès 1851 par M. de Littrow, tel était le but principal des observateurs de 1868. Aussi chacun d’eux nous raconte-t-il sur le champ les résultats de l'application de son spectroscope à ces phénomènes. Une protubérance de grande dimension s’y prêtait d’une manière très favorable et M. Rayet à Wah-Tonne, pres- qu'ile de Malacca, nous raconte, le premier, y avoir dis- cerné une série de neuf raies brillantes, assimilables aux lignes principales du spectre solaire, d’où il conclut im- médiatement que « les protubérances sont des jets d’une matière gazeuse incandescente, les flammes d’un phéno- mène chimique d’une puissance extrême. » La lumière de la couronne est très fable par rapport à celle des pro- tubérances. Tandis que ces dernières donnaient un spectre très vif, la première ne donnait aucun spectre coloré sensible. Voici donc le premier fait établi par l’observation de l’éclipse de 1868 : Les protubérances présentent un spectre à raies brillantes bien déterminé. A quelle sub- stance ce spectre correspond-il? À cette question vient sans délai répondre un homme dont le nom sera désor- mais constamment attaché au souvenir de cette éclipse, M. Janssen : c’est le spectre de l’hydrogène, et il ajoute à cette réponse une découverte fort remarquable, celle d’un procédé permettant l'observation des protu- bérances en tout temps et non plus seulement pendant la brève durée des éclipses totales. Quelques mots sur CONSTITUTION DU SOLEIL. 271 l'historique de cette découverte ne seront pas déplacés ici. | C’est à Guntoor dans l’Indoustan, que M. Janssen, en- voyé par l’Académie des Sciences de Paris, pour observer l'éclipse, reconnut que la lumière de la grande protubé- rance visible, dès que la phase de totalité se fut mani- festée, devait provenir d’une « immense colonne gazeuse incandescente, principalement composée de gaz hydro- gène. » Cette constatation lui fournit instantanément l'idée d’une méthode permettant l'étude des régions cir- cumsolaires, sans être obligé de recourir à l’interposition d’un corps opaque devant le disque du Soleil, et cette idée, il la pratiquait avec succès dès le lendemain 19 août. Un mois plus tard, M. Norman Lockyer à Londres, sans être informé de ce succès, mais ayant entrevu deux ans aupa- ravant le principe de cette méthode, reçoit de la communi- cation de M. Rayet, le trait de lumière qui lui manquait pour rendre applicables ses efforts précédents, demeurés jusqu'alors infructueux. Le 20 octobre, il discerne en plein jour, avec son spectroscope, la présence d’une pro- tubérance, « après avoir, dit-il, travaillé pendant deux ans et demi presque contre toute espérance. » L’inanité de ses tentatives antérieures provenait de son ignorance de l'espèce de raies lumineuses qu’il devait rencontrer dans les protubérances ; aussitôt qu'il est renseigné sur ce point, il réussit à appliquer son idée, et il partage ainsi l'honneur d’une découverte mémorable avec son heureux concurrent placé à trois mille lieues de distance. La méthode trouvée consiste en ceci : Les protubé- rances solaires produisant un spectre à raies lumineuses analogue à celui de l'hydrogène, partout où le spectroscope dirigé autour du disque du Soleil constatera la présence Dv2 CONSTITUTION DU SOLEIL. de ces raies, celles entre autres désignées par les lettres Cet F de Frauenhofer, on pourra en induire la: présence de la matière rose aperçue dans les éclipses et dont les pro- tubérances sont des émanations. Partout autour du disque cette observation est possible sur une certaine épaisseur et confirme la présomption née de l'observation des pré: cédentes éclipses, relativement à l'existence de l'enveloppe rosée, à laquelle aujourd’hui les savants appliquent le nom de Chromosphère. Si, en dirigeant le spectroscope vers les régions Gircumsolaires, on place la fente de l'in: strument tangentiellement au disque, les raies brillantes du spectre de la chromosphère apparaïtront sur toute l'étendue de la surface perceptible dans le champ de l'instrument. Si, au contraire, on oriente la fente normalement à la circonfé- rence du disque, kes raies brillantes se manifestent plus ou moins longues selon l'épaisseur de la chromosphère et se prolongent en raies obscures sur le disque de l’astre. Toujours on pourra apprécier par l'étendue des raies lumineuses, les dimensions et les formes de cette enve- loppe du Soleil, totalement ignorée des astronomes jus- qu'aux temps tout à fait récents des éclipses de 1842 etde 4851. À chaque instant on pourra donc tracer le dessin du contour de la chromosphère, dont la surface extérieure est fort accidentée, ainsi qu’on le savait déjà par les éclipses, son altitude variant entre 10 ou 45 secondes et deux ou trois minutes de degré, et dont la surface inté- rieure paraît ne pas adhérer à la photosphère sousjacente. Ce dernier phénomène est dû à l’observation du P. Sec- chi, qui, avec son activité ordinaire, s’est empressé d’user du nouveau procédé et en a tiré d'importantes déduc- tions. Dès le 4 novembre il vérifiait les expériences dont nous venons de faire le récit et y ajoutait une étude ap- CONSTITUTION DU SOLEIL. 273 profondie des diverses raies brillantes du spectre des protubérances ou autrement dit de la chromosphère, D'autres physiciens ont poursuivi les mêmes recher- ches et il nous reste à analyser les principaux résultats obtenus jusqu’à ce jour dans cette très délicate inves- tigation. Nous avons déjà dit que pendant l’éclipse du 18 août 1868, plusieurs observateurs avaient reconnu l'existence de raies brillantes dans le spectre des protubérances. M. Janssen assinilait ces raies à celles du spectre de l'hydrogène et il découvrait en même temps un procédé permettant d'étudier l'enveloppe générale du Soleil con- statée dans les récentes éclipses. En revanche, il ne trou- vait aucune trace de spectre dans la couronne lumineuse et il en induisait que l’atmosphère attribuée au Soleil par divers auteurs, ou n'existe pas, ou que sa hauteur est si faible, qu'elle échappe aux observations. Les phénomènes d'absorption élective reconnus à la surface du Soleil, « ont lieu, suivant M. Janssen, au sein même de la pho- tosphère, dans les vapeurs où nagent les particules so- lides et liquides des nuages photosphériques. » L'existence de l’atmosphère solaire peut ne pas pa- raître définitivement condamnée par ces considérations. Restera toujours, en effet, à expliquer, comment les ma- tières protubérantielles peuvent, quelque ténues qu’elles soient, rester en suspension autour du globe ; comment, pendant les éclipses, la lumière pâle, mais incontestable, de la couronne est toujours visible ? Ici, il est important de s’entendre sur la signification du terme de photosphère, em- ployé dans diverses acceptions et dont la valeur actuelle est bien celle que lui donne M. Janssen dans le passage ARCHIVES, | XXXV. — Août 1869. 20 274 CONSTITUTION DU SOLEIL. précité et celle que nous lui donnions naguère lorsque nous écrivions ‘ : « La photosphère est donc pour nous, non pas une couche de matière brillante séparée et indé- pendante du globe central, mais l'apparence du globe en fusion lui-même, avec les émanations gazeuses, lumi- neuses, qui en dérivent. » Nous ne pensons pas avoir rien à modifier à cette définition. Le Soleil fluide peut fort bien ne pas être à l’intérieur à l’état gazeux absolu : déjà nous avons présenté l’objection basée sur sa densité. D'autre part, l'éclat de sa surface peut s'expliquer sans recourir à la présence de particules solides et liquides de nuages photosphériques. Les expériences nouvelles des physiciens tendent à prouver, en effet, que la condition gazeuse de la photosphère est conciliable avec son spectre continu. Si l'existence de l'atmosphère solaire est suspectée, celle de son enveloppe de matière rosée est donc en re- vanche aujourd'hui parfaitement établie. Elle porte dé- sormais le nom de chromosphère. La méthode de MM. Janssen et Lockyer permet à chaque instant d'en prendre les formes et le contour, et dans certains observatoires, c’est une opération que l’on pratique régulièrement lorsque le tempsle permet. M. Tietjen * raconte que, dès la fin de janvier écoulé, il en est ainsi à Berlin. Le spectre des protubérances présente cinq raies qui, comparées à celles du spectre solaire, correspondent aux lignes C, D, F, b et G de l'échelle de Frauenhofer. Deux de ces lignes appartenant au spectre de l'hydrogène, on en a inféré que les protubérances étaient composées de ce gaz. La ligne D appartient au sodium; mais la raie 1 Archives, tome XXIV, p. 25, septembre 1865. 2 Astronomische Nachrichten, n° 1757. O CONSTITUTION DU SOLEIL, 275 jaune, brillante, observée, ne coïncide pas exactement avec cette ligne, qui est double dans le spectre solaire et elle occupe une place intermédiaire entre les deux compo- santes de celle-ci. On ne connaît pas encore le gaz auquel elle appartient et qui doit être un des éléments consti- tutifs de la chromosphère. La ligne C caractéristique de l'hydrogène est celle qui, dans les travaux d'examen de la chromosphère, est ordi- nairement la plus distincte et par conséquent la plus usuelle pour constater les formes de la couche envelop- pante. La ligne verte F présente des variations d'aspect remarquables. Elle n’a pas la même largeur dans toute son étendue, s’élargissant du côté du disque. MM. Frank- land et Lockyer attribuent cette expansion à laugmenta- tion de la pression. M. Janssen attribue à la température un grand rôle dans ces phénomènes. De nouvelles expé- riences seront nécessaires pour éclaircir ces faits, rendus d'autant plus délicats à analyser, que ces savants sont d'accord pour attribuer à la chromosphère une ténuité excessive. L'extrême mobilité de sa constitution peut rendre compte des apparences globuleuses, des bour- soufflures et des imégalités de divers genres de la ligne F, qui d’ailleurs ne parait pas appartenir exclusivement à l'hydrogène. Les circonstances que nous venons d'indiquer concer- nant la ligne F, se renouvellent pour d’autres sur les bords du disque solaire. On remarque parfois en outre une absence de coïncidence exacte entre les raies bril- lantes de l'extérieur et les raies obscures correspondantes du spectre solaire. On part de là pour faire de nouvelles recherches sur la position de ces raies, et pour acquérir en général de nouvelles notions sur ces matières, encore 276 CONSTITUTION DU SOLEIL. si peu explorées. Nous ne pouvons entrer ici dans le détail de ces travaux. L’exposé sommaire des résultats auxquels on est par- venu aujourd'hui, en étudiant le.spectre des taches du Soleil, pourra donner un aperçu de ce genre d'étude et nous ramènera à l’objet plus spécial de cette notice. Le spectre des taches et particulièrement de leur noyau, subit, d’après le P. Secchi ‘, de graves altérations. « Plusieurs de ses raies noires s’élargissent, d’autres per- dent leur netteté, quelques-unes, à peine visibles à lor- dinaire, deviennent très intenses. Quant aux lignes lumi- neuses qu'il est possible de percevoir encore, quelques- unes conservent tout leur éclat, d’autres diminuent nota- blement. Les raies qui s’élargissent le plus sont celles qui dérivent de la présence des vapeurs du calcium et du fer. Celles du chrome et du cobalt sont aussi influencées, mais moins. Celles du calcium se dilatent le plus de toutes. Celles du sodium deviennent nébuleuses sur les bords comme cela arrive à beaucoup d’autres, dérivant de substances inconnues. Le fait le plus important est que plusieurs séries de lignes très fines, équidistantes, à peine visibles dans les circonstances ordinaires, devien- nent très obscures et comparables aux raies noires des métaux, tout en restant nébuleuses sur les bords. Il est difficile de dire s’il y en a parmi elles de réellement nou- velles, mais leur augmentation extraordinaire est un fait qui montre un accroissement d'énergie dans l’intérieur des taches et dans la cause qui les produit. « Quelques raies lumineuses restent mtactes, de ma- 1 Bulletin Meteorologico dell’ osservatorio del Collegio Romano, vol. VII, n° 5, 31 mars 1869. CONSTITUTION DU SOLEIL. YA nière à paraître à la fin plus brillantes qu'auparavant, donnant ainsi une preuve directe que ce fait n’est pas dû à une absorption générale, comme il résulterait d'une di- mioution absolue de la lumière, mais bien à une absorp- tion élective et spéciale des substances et des vapeurs existant dans le Soleil. Pour produire de pareils effets, ces vapeurs doivent être plus denses et plus compactes au fond des taches et partant absorber davantage : des lors leursraies doivent s’élargir et devenir plus foncées. Le vague ou la nébulosité de certaines raies montre l'addition d’autres substances, dont la présence, insensible sur le reste du disque, se manifeste à cette profondeur plus con- sidérable. « A toutes ces modifications des raies, celles de Fhy- drogène offrent un contraste frappant. Au lieu de noircir, elles s’affaiblissent et disparaissent réellement, et finale- ment deviennent lumineuses après avoir été renversées,. Nous pouvons affirmer que ce gaz, qui forme l'enveloppe rosée, existe en très grande abondance dans les taches et dans leurs environs. Il est surtout élevé et abondant dans les langues plus lumineuses formant les ponts qui tra- versent les taches, et dans les facules qui les entourent. Le renversement des lignes noires de l'hydrogène en lignes lumineuses, bien constaté dans ces places, en est la preuve directe et irrécusable, » La complication, les métamorphoses, toutes les cir- constances nouvelles signalées dans ces phénomènes, qui font l'objet de la spectroscopie, résultent vraisemblable- ment de l'effet produit dans le spectre par la présence de vapeurs composées, non encore suffisamment étudié au- jourd'hui. Rapprochant leurs apparences des lignes nébu- leuses qui deviennent visibles lorsque le Soleil se rap- 278 CONSTITUTION DU SOLEIL. proche de l'horizon, et qui ont leur origine dans notre atmosphère, le P. Secchi reconnait leur analogie et en conclut, peut-être un peu précipitamment, que cette ori- gme commune doit se chercher dans la présence de va- peurs aqueuses. Les taches, leur noyau, leur pénombre, seraient donc, suivant lui, le résultat de la condensation d'immenses quantités de vapeurs d’eau, sans exclure tou- tefois l'existence d’autres émanations métalliques. Ces émanations plus denses peuvent subsister à un niveau in- férieur, comme dans certains cas le gaz acide carbonique reste stagnant à la surface de notre terre, et ne se ma- nifester qu’accidentellement. Ce prneipe expliquerait pour- quoi certains métaux assez denses n’ont pas -encore été constatés dans le Soleil. Avec ces conclusions, nous sommes bien loin, on le voit, de l'hypothèse qui faisait des taches des trous per- mettant d’apercevoir le noyau obscur, solide du Soleil. Celle qui les attribue à des tourbillons, troublant la su- perficie incandescente d’un Soleil gazeux, ne peut plus ouère subsister non plus. Nous rentrons donc dans la théorie qui nous a paru la vraie dès 1863, et qui admet comme cause des apparences des taches, la présence de matières obscurcissantes se formant dans la photosphère. Nous avons à retirer les termes de : « solidification, de croûte solide, » qui, dans le temps, ne nous satisfaisaient qu'à moitié, n’ayant jamais eu l'intention d’assimiler ces phénomènes à une espèce de congélation qu'ils avaient l'air de sous-entendre. Le reste de nos thèses subsiste avec les récents progrès de la science. Nous croyons en- core à une atmosphère solaire. L’enveloppe rosée est à jamais constatée, elle a pris le nom de chromosphère et elle peut aujourd’hui s’observer en tout temps. Entre elle CONSTITUTION DU SOLEIL. 279 et le globe fluide imcandescent, se trouve un intervalle de 9 à 3 secondes d'épaisseur reconnu par le P. Secchi, mais d'une observation difficile, La photosphère est la surface brillante de l’astre embrasé, toujours entouré de vapeurs éclatantes jaillissant de son intérieur. L’éclat de ces va- peurs varie, probablement avec leur composition; il at- teint son maximum dans les facules, qui coïincident avec des surélévations de la matière brillante, beaucoup moins marquées toutefois que celles de la chromosphère. Dans la photosphère se forment les taches par la con- densation de vapeurs obscures sur la composition des- quelles on a déjà quelques données. Ce qu’on ignore en- core, c’est le genre d'action interne, mécanique et chimique donnant lieu à ces phénomènes, dont les changements d'aspect, sans être aussi prompts que ceux des protubé- rances, sont cependant si accusés et si réels. La même obscurité enveloppe encore les circonstances bizarres ac- compagnant les lois de leur rotation et de leur apparition. Leur rotation varie, on le sait, avec la latitude hélio- graphique; leur apparition est soumise à une période dont la durée est diversement fixée, et qui a fait assi- miler notre Soleil à une étoile variable, Cette assimilation est peut-être un peu hardie, car comment appeler va- riable un astre dans lequel, à la distance où nous som- mes, aucun changement d'effet calorifique ou lumineux n'a pu être apprécié ? Un fait curieux et ressortissant encore au domaine de la spectroscopie, a toutefois engagé les savants à insister sur cette comparaison. Si on rapproche le spectre des taches de celui de certaines étoiles, on le trouve ressembler à celui de tout un groupe, comme x d'Orion, Antarès, Aldébaran, etc., toutes munies d’une teinte rougeàtre et d'éclat variable. La conclusion qu'on 280 CONSTITUTION DU SOLEIL. en tire est que la même cause produit leur variabilité et les taches de notre Soleil, Il serait donc aussi une étoile changeante, et la période de dix à onze ans constatée dans l'abondance de ses taches serait accompagnée d'une va- riation correspondante dans son éclat, dont l'évaluation quantitative sera peut-être possible un jour. - Sans développer davantage ces considérations, dont la tendance peut paraître à aucuns un peu aventurée, nous terminons ici notre rapide description de l’état actuel de la science relativement à la constitution du Soleil. La période que nous traversons est si féconde en nouvelles productions dans ce domaine, que nous aurons probable- ment à y revenir dans un délai assez rapproché. NOTE SUR PES AURORES BORÉALES DU 15 AU 16 AVRIL ET DU 13 AU 44 MAI 1869 Par M. H. WILD 1. .. Dans la communication que j'ai eu l'honneur de faire à l’Académie, le 20 avril dernier, sur la tempête magné- tique du 45 au 16 avril, et sur les perturbations électriques des lignes télégraphiques qui en sont résultées, j’ajoutais verbalement que toute perturbation magnétique de ce genre, et celle-ci en particulier, pouvait bien être occa- sionnée par une aurore boréale, invisible à Saint-Péters- bourg en raison du ciel nuageux, mais dont on pourrait ne pas tarder à recevoir des nouvelles. C’est te qui a eu lieu en effet, car nous avons reçu depuis lors des annonces d’aurores boréales provenant de contrées les plus variées. La Gazette de la Bourse contient la correspondance suivante de Kadom, du 19 avril : « Dans la nuit du 16 avril, à onze heures, on a observé à Kadom (gouvernement de Tambow) une aurore boréale des plus grandioses. De l’est à l’ouest on voyait une lueur rouge feu, qui ressemblait à celle d’un énorme incendie: on distinguait très-bien qu’elle était formée de très- pe- ttes étincelles. — L'horizon, au nord, était éclairé par des rayons blanchâtres semblables à des flammes, entre ! Mélanges physiques et chimiques, tirés du Bulletin de l'Académie des Sciences de Saint-Petersbourg, tome VIE, p. 53. 282 LES AURORES BORÉALES lesquelles se trouvaient des ombres foncées. Au centre, du côté du nord, s’élançait un rayon de feu du blanc le plus intense; il était droit comme un mât de vaisseau, et dépassait dans le ciel tous les autres rayons qui inclinaient de son côté. Ce phénomène a duré environ une demi- heure, puis à disparu. » Fai recu tout dernièrement d'Ekaterinenbourg, de M. Schulajew, inspecteur de l'Observatoire magnétique de cette ville, et de M. Ssavin, l’ancien observateur, le rapport suivant : «Le 15 avril, les barreaux aimantés ont commencé à s’agiter depuis midi, et à partir de huit heures du soir j'ai jugé nécessaire de faire faire les observations des magnétomètres de cinq en cinq minutes. À neuf heures trente minutes, on vit apparaître, dans le nord, un nuage blanc qui ne tarda pas à devenir rouge vif et à se par- tager en deux moitiés, dont l’une se dirigeait à l’est et l’autre à l’ouest; au centre on voyait apparaître des rayons en forme de colonnes, qui changeaient souvent de posi- tion, tantôt disparaissaient, tantôt brillaient avec une nouvelle intensité, lorsqu'à dix heures vingt-cinq minutes tout rentra dans l'ombre. Une demi-heure plus tard, l'horizon se colora de nouveau en rouge, avec plus d’in- tensité même que la première fois, particulièrement dans le nord-ouest; cette coloration Ss’étendit peu à peu sur tout l'horizon nord de l’est à l’ouest; les colonnes de feu étaient plus intenses qu'auparavant et présentaient diffé- rentes couleurs. » D’après les communications de M. Rayet, dans le n° 117 du Bulletin hebdomadaire de l'Association scien- tifique de France, et celles de M. Sourel, page 127 des Nouvelles météorologiques pour 1869, l'on voit que cette pu 15 au 16 avRIL ET pu 13 au 14 Mai. 283 aurore boréale a aussi été visible à l'étranger, entre autres dans différentes localités en France et à Bruxelles. À Paris, comme à Saint-Pétersbourg, on à remarqué, dès le 45 avril à midi, des courants électriques dans les lignes télégraphiques. Les perturbations magnétiques, observées aussi à Greenwich et à Livourne, montrent que cet orage magné- tique s’est étendu sur la plus grande partie de l'Europe. D'aprèsle Bulletin météorologique international de lob- servaloire de Paris, du 46 avril, le centre de dépression d’une bourrasque se trouvait ce jour-là à sept heures du matin, au-dessus de l'Angleterre; cette bourrasque avait déjà été signalée la veille sur la seule inspection de la forme des Jsobares". M. Rayet fait ressortir, à l'endroit imdiqué, la relation évidente qui existe selon les nouvelles théories et l'expérience entre lapparition des aurores boréales et les bourrasques. La coïncidence du courant atmosphé- rique équatorial avec la bourrasque parait faciliter la neutralisation de l'électricité des couches supérieures de l'atmosphère, qui donne naissance à l'aurore boréale, avec celle opposée de la terre; de telle façon que les aurores boréales peuvent être considérées comme accusées par les perturbations magnétiques qui en dépendent, de même que les &rri, par exemple, envisagés comme les avant- coureurs du courant équatorial descendant, annoncent l'approche du mauvais temps *. ! Nous présumons que l’auteur désigne sous le nom d’isobares les lignes d'égale pression atmosphérique. ? M. Buys-Ballot, le directeur de l’Institut météorologique d'Utrecht, a eu lobligeance de m'envoyer une copie du trait autographique de appareil de déclinaison de cet établissement. Il résulte de la mesure et de la comparaison de ce.dessin avec celui de notre magnétographe, qu'en tenant compte de la différence de longitude entre Utrecht et 284 LES AURORES BORÉALES L'aurore boréale du 43 mai fournit un exemple frap- pant de cette coïncidence. A neuf heures du soir, ce jour-là, l'observateur de service, M. Rudneff, m'appela à l'Obser- vatoire magnétique pour être témoin des oscillations extraordinaires de l'appareil magnétique. Je constatai en effet de si grandes perturbations, particulièrement dans le magnétomètre bifilaire, que je soupçonnai immédiate- ment la présence d’une aurore boréale. Malgré l’observa- tion la plus attentive du côté nord du ciel, on n’apercevait pas trace d’aurore boréale, soit à cause de l’état nuageux dû ciel, soit à cause de la trop grande clarté du jour qui persistait encore. Mais j'apprends de différents côtés que, dans des localités plus favorablement situées, on a observé une aurore boréale qui, d'après le journal de Saint-Pé- tersbourg, a aussi été visible à Moscou. Le même journal dit que, à parür de trois heures après midi du 3 mai jusqu'à trois heures du matin du jour suivant, des cou- rants électriques accidentels dans les lignes télégraphiques avaient rendu la correspondance presque impossible. Les tracés photographiques du magnétographe indiquent pour ce jour-là une coïncidence exacte des perturbations ma- gnétiques avec l'apparition de courants dans les lignes télégraphiques ; car à trois heures et demie du soir, du 13 mai, tous les appareils magnétiques recommencerent à avoir des mouvements irréguliers jusque vers quatre heures du matin du jour suivant, mouvements qui étaient particulièrement considérables dans l'instrument destiné Saint-Pétersbourg, la perturbation a commencé dix minutes plus tard à Saint-Pétersbourg qu'à Utrecht. De ce fait seul on ne peut pas con- clure avec certitude si ce résultat a été déterminé par la plus grande proximité d’Utrecht du centre de la tempête comparé à Saint-Péters- bourg. Du 15 au 16 AvRIL ET Du 13 au 14 Mai. 289 à la mesure de la composante horizontale de la force magnétique de la terre ‘. ; A cette tempête magnétique, accompagnée d’aurore boréale, succéda, le jour suivant, le 414 mai, un change- ment subit considérable dans Le temps. La température s’abaissa de plus de 15° C., l'air se satura d'humidité sous l'influence d’un fort vent d'ouest qui remplaça un faible vent S. à S.-E.; à une heure après midi la pluie tombait par torrents, et le baromètre qui, le 2% mai, avait lége- rement fléchi, atteignit, le 2 à deux heures quarante minutes de l'après-midi, son point le plus bas; l’anémo- mètre enregistreur avait indiqué à cette même heure le saut subit du vent du sud à l’ouest. L’aurore boréale et la tempête magnétique avaient donc été en effet les pré- curseurs de lorage du 14 mai. M. O. de Struve, directeur de l'Observatoire de Paul- kowa, qui, tout en étant occupé à lobservation astrono- mique, a eu l’occasion de suivre les phases de l'aurore boréale du 13 mai, a eu lobligeance de m'en donner, dans une lettre, des détails que je crois devoir reproduire ici nr extenso, en raison de l'originalité de ce phénomène. Je transcris textuellement la note de M. de Struve : « Le 45 mai, un peu après dix heures du soir, je m'apprêtais à observer la comète de Winneke avec la lunette. Tout le ciel était remarquablement clair et trans- Le Bulletin météorologique international de l'observatoire de Pa- ris du 14 mai renferme les données suivantes : Livourne : hier, perturbation magnétique. Rome : hier soir, grande et extraordinaire perturbation magnétique. Greenwich : hier, très-brillante aurore boréale. Trieste : la nuit, aurore boréale. Le même Bulletin mentionne deux plus petits centres de tempête en Espagne et au-dessus du golfe de Bottnie, 286 LES AURORES BORÉALES parent; cependant, vers le sud-ouest on apercevait un petit nuage isolé très-foncé. Après avoir dirigé la lunette du côté de la comète, je vis de légers brouillards se dé- tacher de ce nuage et traverser le ciel rapidement. En attendant que le nuage fût entièrement dissipé et que l'obscurité fût suffisante pour permettre de distinguer la comète, je restai tranquillement assis devant la lunette et je regardais de temps à autre le ciel à travers l'ouverture de la tour, qui était dirigée du côté de l’ouest. Les nuages errants, de couleur blanchâtre, paraissaient se fondre les uns dans les autres et tapisser le ciel d’un léger voile. Peu à peu la couleur passa au lilas, ce que j'attribuai à un phénomène de réflexion de la partie nord du ciel plus éclairée. Ensuite apparurent des nuages plus foncés, pré- cédés d’un seul qui était isolé, de sorte que j'avais encore quelque espoir de pouvoir observer la comète dans les intervalles. Ces nuages obscurs ne tardèrent pas à devenir rougetres, puis d'un rouge brun vif comme par le reflet d’un fort incendie, Ne pouvant plus attribuer ce phéno- mène à une réflexion de la clarté du nord, je montai sur la galerie de la tour pour me rendre compte de son origine. En regardant alors vers l’ouest, je vis qu'une grande partie du sud-ouest du ciel était occupée par ces nuages d’un rouge-brun foncé, entre lesquels des places plus claires émettaient des rayons d’un rouge clair très-brillant. Tout d’un coup il me sembla que toute la tour dans mon voisinage était éclairée par une vive lueur. Je me retournai brusquement, et je fus témoin d’un spectacle merveilleux. D'un point, situé à peu près dans la direction des ouver- tures de la tour et élevé d’un petit nombre de degrés, partaient en se succédant des rayons de toutes les couleurs, semblables à des fusées, qui s’étendaient parfois jusqu’à 90° en dépassant le zénith du côté du sud. Ces faisceaux pu 45 au 16 AvRIL ET pu 13 AU 14 MAI. 287 de rayons étaient très-étroits à leur point de départ, qui brillaient d’un vif éclat; ils s’élargissaient en s’approchant du zénith, sans occuper toutefois plus de 40° dans le ciel: du côté de l’ouest les rayons se fondaient peu à peu, de manière à disparaitre dans la coloration uniforme rouge- brun du ciel. « Bien que ce phénomène s’offrit dès l’abord comme appartenant à la catégorie des aurores boréales, il pré- sentait cependant des différences essentielles avec toutes celles que nous avons eu l’occasion d'observer ici. Outre que le foyer était situé à peu près exactement à l’est, avec une légère déviation vers le nord, la bande noire qui est considérée comme caractéristique du phénomène, fit com- plétement défaut pendant toute la durée de apparition. De plus, les rayons n’offraient pas trace des trainées ho- rizontales qu’on observe généralement, tandis qu'en in- tensité et diversité de couleurs ils surpassaient tout ce que nous avions vu ici dans ce genre. « Je crois pouvoir fixer assez exactement à dix heures trente-huit minutes, temps moyen de Pulkova, le moment auquel j'ai commencé à apercevoir le développement ra- pide de la lueur. Je me rendis promptement sur l’espla- nade de l’observatoire, où je rencontrai plusieurs autres astronomes attirés par le phénomène. Nous apportämes aussi vite que possible les spectroscopes; mais avant d’avoir pu les établir convenablement, l'éclat de laurore avait déjà sensiblement diminué, et offrait plutôt l’appa- rence d'une aurore boréale brillante ordinaire. La durée du maximum d’éclat peut donc être estimée à dix mi- nutes au plus. « Dans les spectroscopes on apercevait la raie connue de l'aurore boréale brillant d’un vif éclat, mais on ne voyait aucune autre raie fixe. Autour de cette raie principale, 288 LES AURORES BORÉALES on distinguait nettement des traces du spectre atmosphé- rique, qui était d'autant plus brillant qu'on s’approchait davantage du nord. Ce qui a surtout frappé M. Wagner, comme moi, est un certain caractère agité du spectre atmosphérique. Il paraissait éprouver un tremblement continu, et à différentes reprises nous avons cru aperce- voir comme des étincelles plus vives et isolées qui le tra-, versaient, mais trop rapidement pour permettre d’en dé- terminer la position dans le spectre. « Quand le développement de l'éclat extraordinaire se fut arrêté, tout le phénomène prit l'apparence d’une au- rore boréale tranquille ordinaire, mais d’une grande éten- due, qui, sans la clarté du crépuscule, aurait certaine- ment pu être comptée parmi les plus brillantes. Un peu au sud-est du zénith, on voyait les contours bien arrêtés de la couronne d’aurore boréale, de laquelle pendait un manteau, chatoyant par places de différentes couleurs, et qui s'étendait de chaque côté de la première verticale sur toute la partie nord du ciel, jusque près de l'horizon, où on voyait s'élever çà et là des colonnes isolées présen- tant les trainées latérales qu’on observe ordinairement. Pendant que cela se passait les nuages se dissipaient en grande partie. -« Peu de ‘temps après onze heures, on aperçut dans le sud-ouest des condensations semblables à des nuages, accompagnées à l’est de lapparition d’un rayon plus brillant, de sorte que nous nous attendions à une répéti- tion du premier phénomène. Cependant quelques minutes plus tard, tous ces signes disparurent en même temps que les masses nuageuses. À onze heures et demie le ciel avait repris à peu de chose près sa coloration ordinaire. « D’autres observateurs, selon la direction dans laquelle le phénomène principal se présentait à leurs regards, l'ont pu 15 au 16 AvRiz ET pu 13 au 14 Mal. 289 saisi d’une autre manière. M. Gylden, entre autres, ra- conte qu'après avoir observé comme moi la coloration rouge-brun du ciel occidental obseur, et les intervalles d’un rouge clair brillant, il aperçut près du zénith, en se tournant vers le sud-est, une ceinture brillante et tran- quille qui présentait toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, et dont le pôle correspondait à peu près à l'endroit où se trouvait le soleil au-dessous de l'horizon ; d'autre part, le rapide développement du centre brillant dans l’est Jui a échappé. Cette observation peut très-bien se concilier avec les miennes ‘, » 1 Le point le plus intéressant de cette notice est l'observation faite par M. de Struve au moyen du spectroscope Il dit avoir trouvé la raie caractéristique de l'aurore boréale. Cette raie est sans doute celle découverte par M. Angstrom, dont la longueur d’ondulation est de 5567. Il est à regretter que les observations, soit de M. de Struve, soit de M. Angstrom lui-même sur ce point particulier, ne soient pas plus nombreuses. M. Angstrom dit bien que la raie qu'il a signalée ne coïn- cide avec aucune des raies connues dans les spectres des gaz simples ou composés, pour aulant, ajoute-t-1l, qu'il les a étudiées jusqu’à pré- sent. Îl reconnaît, en effet, qu'une aurore boréale observée au spec- troscope, plus près du cercle polaire, donnerait probablement un spectre plus compliqué que celui qu’il a trouvé. Nous nous permet- trons de signaler de la manière la plus instante ce genre d’observa- tions aux physiciens placés pour observer des aurores boréales. Il est bien possible que les raies obtenues par le spectroscope avec la lu- mière des aurores boréales se retrouvent dans le spectre de lazote et de l’hydrogène très-raréfiés, quandils sont traversés par les décharges électriques. M. Angstrom dit avoir observé des traces de la même raie dans la faible lumière émise de toutes les régions du firmament pendant une nuit étoilée où tout le ciel était en quelque sorte phos- phorescent. Cette phosphorescence du ciel, qui se présente quelquefois dans les nuits claires, pourrait bien être due à l’apparition de faibles lueurs électriques dans les régions supérieures de notre atmosphère. (Réd.) ARCHIVES, {. XXXV. — Août 1869. 21 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ASTRONOMIE. William HuGGiNs. SUR QUELQUES OBSERVATIONS SPECTRALES DE comèTEs. (Philosophical Magazine, juin 1869.) Les observations qui suivent se rapportent plus spéciale- ment à l’analyse de la- lumière bleue des comètes, un peu plus brillantes que celles de 1866 et 1867, qui ont paru en 1868. L'une d'elles, dite la comète de Brorsen, a été décou- verte par cet astronome en 1846, et a reparu, conformément à ses calculs, en 1868; l’autre a été observée pour la pre- mière fois en 1868 par Winnecke. La comète de Winnecke, examinée à la lunette, a présenté à l'observateur une chevelure presque circulaire entourant un point nébuleux brillant dans lequel se trouvait probable- ment un véritable noyau. La faible nébulosité des bords de la chevelure était visible sur un espace de plus d’un degré, et formait une queue nettement définie sur l’un de ses bords mais qui sur l’autre bord s’évanouissait peu à peu d’une fa- çon presque insensible. Dans toutes les observations spec- trales qui suivent, la fente de la chambre obscure à été placée perpendiculairement à l’un des diamètres de la tête de la comète. Le spectre de la comète de Winnecke, de même que le spectre de la comète de Brorsen, consistait en trois bandes brillantes placées dans des positions analogues, mais non identiques, du spectre. Le fait que ces bandes, dans le spectre de la comète de Winnecke, paraissaient moins larges que dans le cas de la comète de Brorsen, peut dépendre d’une intensité plus faible de la lumière provenant de celle-ci. ASTRONOMIE. 291 Toutefois en admettant cette explication, il reste à rendre compte de la différence de réfrangibilité entre les commen- cements nettement définis des lignes centrales des deux co- mètes, différence assez marquée pour motiver la conclusion que les conditions lumineuses des deux comètes n'étaient pas identiques. La première bande lumineuse se trouve à peu près à moitié distance de D à E du spectre solaire; la seconde commence aux environs de b et s'étend jusqu’à EF ; la troisième se trouve entre F et G. Ces trois bandes comé- taires, d’une largeur notable, diffèrent beaucoup sous le point de vue de la réfrangibilité, ainsi que sous d’autres rap- ports, des lignes étroites et nettement définies que présentent les nébuleuses, et paraissent indiquer une constitution très- distincte de celle de ces dernières. L'auteur, en répétant son observation, a remarqué que le spectre de la comète de Winnecke paraissait identique avec celui de l’une des séries du spectre du carbone, tel qu’il a été obtenu par la décomposition au moyen de l’étincelle d’in- duction de quelques composés de carbone préparés il v a quelques années. Cette modification du spectre du carbone, en apparence identique avec le spectre cométaire, s’est pré- sentée lorsqu'on faisait passer l’étincelle au travers du gaz oléfiant et de quelques autres composés du carbone. Elle ne diffère du spectre, en apparence plus parfait qu’on obtient par la décomposition du cyanogène, de l'huile d'olive, etc., qu’en ce que les trois bandes situées dans la partie brillante du spectre ne se résolvent pas en lignes étroites distinctes les unes des autres, mais diminuent graduellement d’inten- sité lumineuse sans rupture de continuité. Une comparaison directe du spectre de la comète de Winnecke avec celui du gaz oléfiant, les deux spectres étant juxtaposés dans l’appa- reil, a démontré, à la satisfaction de l’auteur ainsi qu’à celle du D° Miller, témoin de l’expérience, que sous les différents rapports de réfrangibilité et d'intensité relative, le spectre de la comète était identique avec celui du carbone. La conclu- 292 BULLETIN SCIENTIFIQUE. sion évidente, et en apparence bien fondée, à tirer de ses observations, c’est que la matière cométaire qui émet la lu- mière n’est autre que la vapeur lumineuse du carbone. Tout en admettant la vraisemblance de cette conclusion, il ne faut pourtant pas perdre de vue une difficulté sérieuse qui paraît s’v opposer, difficulté tirée de ce que la chaleur solaire à la- quelle la comète en question a dû être soumise, n’était pas suffisante pour convertir le carbone en vapeur, et que d’ail- leurs plusieurs circonstances s’opvosent à ce que le supplé- ment de chaleur nécessaire ait pu être fourni par l’action chimique qui en était la conséquence. Remarquons cepen- dant qu’il n’est pas impossible que le carbone puisse exister dans un élat allotropique, dans lequel il serait capable de se vaporiser à une température comparativement peu élevée. Mais en admettant cette hypothèse, il n’en resterait pas moins une objection tirée de ce que. non-seulement la vapeur à l’état non lumineux est incapable d’émettre des rayons de lumière de même réfrangibilité que si elle était lumineuse, mais elle ne pourrait pas non plus transmettre ces mêmes ravons par réflexion. Passons maintenant en revue les principaux phénomènes qui se présentent habituellement lorsqu'une comète s’appro- che du Soleil : 1° Le noyau, sous l'influence de la chaleur solaire, émet des jets lumineux qui présentent souvent l’apparence d’enve- loppes lumineuses autour du noyau. 2 Ces enveloppes ou jets lumineux surgissent en premier lieu du côté du Soleil. 3° Les enveloppes sont souvent séparées les unes des au- tres. et de la tête de la comète, par des espaces invisibles. & Les enveloppes, à la limite de la tête, se comportent comme si elles étaient soumises à l’action d’une force intense de répulsion de la part da Soleil. 3° La malière des enveloppes parait êlre repoussée par le ASTRONOMIE. 29 Soleil sur tout le pourtour de la tête. de manière à former une queue creuse de forme conique. Quoique la faible lumière des comètes soumises jusqu’à ce jour à l’analyse spectrale n'ait pas permis des observa- tions rigoureusement exactes, on à pu cependant constater que la matière émise par le noyau, et qui est caractérisée par une teinte bleue, fournit une lumière que le prisme montre être identique avec celle émise par la vapeur du carbone. IL reste donc démontré que la lumière bleue n’est pas due à la réflexion d’un nuage dont les particules seraient trop subtiles pour réfléchir les ondes plus allongées des couleurs moins réfrangibles. Il n’est pas impossible que les espaces invisibles remarqués entre les enveloppes puis- sent correspondre à un état de la vapeur dans lequel celle-ci ne serait pas assez chaude pour émettre de la lumière, et ce- pendant pas assez condensée pour la réfléchir. Les portions extérieures de la chevelure et de la queue qu’on a remarqué être polarisées suivant un certain plan, in- diquant ainsi la présence de la lumière solaire, peuvent être regardées comme composées de la vapeur du noyau con- densées en de très-petites particules répandues sur un vaste espace. La rapidité extraordinaire avec laquelle la queue de la comète s'étend à une distance énorme dans une direction opposée au soleil, reste jusqu'ici sans explication. Serait-il permis de supposer que l'instant où la matière caudale de- vient soumise à une action de répulsion de la part du soleil, soit aussi celui où la vapeur se trouve être condensée en particules distinctes, et que les deux phénomènes dépendent ainsi sous certains rapports l’un de l’autre. 29% BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. Prof. ACRERMANN. — OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES DANS L'ÎLE D'Haïri. (Moniteur officiel de la République d'Haïti, 1868 et 1869.) Le Moniteur d'Haïti renferme, dans plusieurs de ses numé- ros de grand format, d’intéressants détails sur les résultats des observations météorologiques faites avec soin, depuis 1865, au Port au Prince, avec de bons instruments, par M. Ackermann, né à Vevey dans le canton de Vaud, et ac- tuellement professeur de sciences physiques au Lycée natio- nal d'Haïti. Nous allons en extraire quelques données sur la température de cette station, la pluie qui y tombe et les orages qui y ont lieu, sans pouvoir y joindre les nombreux tableaux qui accompagnent ces articles. Température. La ville de Port au Prince, située au bord de la mer des Antilles, à 18°33’ de latitude boréale, a un climat marin assez uniforme. La température la plus basse que M. Ackermann y ait observée est celle de 13°,6 du thermomètre centigrade, le 28 janvier 1868, à six heures du matin; et la plus élevée, à l’ombre et au Nord, a été de 38° le 30 juillet et le 13 août 1868. Les thermomètres sont établis en plein air, devant une fenêtre au Nord, à 1,6 au-dessus du sol et à environ 50 mètres au-dessus du niveau de la mer, dans une cage cou- verte, à volets brisés, de manière à laisser bien circuler Pair autour d'eux, tout en les abritant du soleil et du rayonne- ment diurne et nocturne. Ces thermomètres sont gradués sur leur tube de verre, et on vérifie de temps en temps leur point de zéro. On les observe en moyenne dix fois par 2% heures, à l’aide d’une lunette qui sert à viser. Le thermomètre minimum est celui de Rutherford, le maximum est celui de PHYSIQUE. 295 Negretti et Zambra. [ls ont été construits tous deux par la maison J. Salleron à Paris. Les observations antérieures à 1864, faites sans thermomé- trographe horaire et dans une station du bas de la ville, à 3 mètres au-dessus du niveau de la mer, donnaient 26°,7 centigrades pour température movenne. Dès lors, on a acquis un thermométrographe de Breguet, instrument décrit dans le tome V des œuvres d’Arago, page 628, et qui marque la température à chaque heure, au moyen d’une aiguille à encrier, mise en jeu par une spirale métallique, sur un cadran circulaire divisé en degrés. Ce thermométrographe est très- sensible, et M. Ackermann dit qu'il a toujours admirablement fonctionné, mais qu'il réclame des soins incessants, particu- lièrement pour le préserver des dérangements occasionnés par des toiles d’araignée et-des fourmis. Ayant ainsi les températures de chaque heure du jour, compté d’un minuit à l’autre, M. Ackermann en à pris la moyenne, et l’a comparée avec celle des températures maxi- mum el minimum de chaque jour. Il a trouvé cette dernière un peu plus élevée que la précédente, d’une quantité à peu près constante: etil a constaté qu’on obtenait cette vraie movenne diurne, en ajoutant à la température minimum le produit de la différence des températures extrêmes par le coefficient constant 0,4537. La température movenne des cinq années 1863 à 1867 à été de 25°,93; celle de 1868 a été de 26°. La température moyenne du mois de janvier, le plus froid de l’année, est de 24°,4; celle du plus chaud, juillet, est de 27°,8. Rome, Bordeaux, Paris, Boston ont par moment des cha- leurs plus fortes, mais leurs minima de température sont fort inférieurs à ceux de Port au Prince. Il est facile de com- prendre que cela tient, soit au voisinage de la mer, soit sur- tout à ce que le soleil est toujours trés-élevé à midi, et à ce qu'il y à dans la zone torride, bien moins de variabilité dans la durée des jours et des nuits que dans les zones tempérées. 296 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Ainsi, par exemple, en janvier 1868, le thermomètre s’est abaissé, comme nous l’avons vu plus haut, jusqu'à 13°.6; mais il s’est élevé dans le même mois jusqu’à 34°. Les tem- pératures extrêmes, en juillet de la même année, ont été 21°,3 et 38°; celles du mois de décembre 160.5 et 32°,7. La moyenne générale du premier et du dernier de ces mois a été d'environ 25°, et celle du second de 29° 5/,. L’amplitude d’excursion thermométrique, dans les 2% heures, varie entre 9 et 11 degrés centigrades dans les divers mois de l’année. Sa valeur moyenne est de 109,4. Elle est beaucoup plus faible dans les jours de pluie. La tempéra- ture baisse alors rapidement, quelquefois de 8 degrés en une demi-heure: puis elle remonte lentement, et si la pluie dure du matin au soir, le thermomètre ne varie guère que de 2 degrés de jour et de nuit, sa hauteur moyenne étant alors de 24 à 25 degrés. Les nuits chaudes de l'été sont tou- jours celles pendant lesquelles le ciel est couvert. On a quel- quefois alors, à 10 heures du soir, une chaleur de 29 à 30 degrés. L'hiver est peu sensible à Port au Prince, parce que c’est la saison de grande sécheresse, et celle où le vent du Nord-Est souffle souvent, jour et nuit, sans interruption. La fraicheur des nuits tient à la pureté du ciel et au rayonnement noc- turne: ce rayonnement semble être peu affecté par le vent alizé, car les minima de 14 à 15 degrés correspondent sou- vent aux nuits pendant lesquelles ce vent était intense. Avril el mai ont des moyennes comparativement faibles, parce que ce sont les mois pluvieux dominants de l’année. En été l’alizé tempère l'air, l'alternative presque journalière des brises de terre et de mer remplit les fonctions d’un ventila- teur. Généralement, la brise de mer abaisse la température et rend invariablement l’air plus humide. La température en plein soleil a été observée tous les jours plusieurs fois, avec un thermomètre étalon, divisé sur sa tige, à réservoir sphérique, sans être noirci ni recouvert PHYSIQUE. 297 d’aucune substance. La différence de cette température à celle de l’air ambiant dépend de la diaphanéité de l’atmos- phère, et elle peut aller, indépendamment de la saison, d’une fraction de degré jusqu’à 12 degrés centigrades. La plus grande différence observée a élé de 12°,4. Ce thermomètre indique quelquefois, en plein jour, une température inférieure à celle de l’air libre, parce que le soleil est alors caché, et que l’instrument se refroidit plus vite que celui qui est à l'abri du rayonnement. La température observée ainsi au soleil, entre 11 heures du matin et 4 heures de l’après-midi, de 1865 à 1868, n’a pas dépassé 38° centigrades en janvier et février, 40° de février à mai, 45° en juin, 45°,4 en juillet, de 46 à 46 '/, en août et septembre, 44 en octobre, 42 en novembre et 39 en décembre. Un thermomètre à mercure, à échelle sur ivoire, couché accidentellement sur une chaise au soleil, le 4° août 1866 à midi 4. a indiqué 48°,9 : tandis que celui à l’air libre, à l'ombre, marquait 54°,8, et le thermo- mètre élalon au soleil 46°,2. Le décroissement de la température avec la hauteur est assez irrégulier à l’île d'Haïti, comme il l’est en Suisse. En comparant des observations simultanées, faites à Port au Prince et à Fourcy, localité située à 17 kilomètres au Sud- Est, et à 1550 mètres d'altitude, on a trouvé qu’un abaisse- ment de 1° du thermomètre centigrade correspondait à une différence de hauteur variant entre 151 et 194 mètres. Pluie et orages. Les observations pluviométriques, dont les résultats sont rapportés dans le Moniteur Haïtien du 15 août 1868 et du 6 février 1869, ont été faites du 1°" août 1863 au 31 décembre 1868, au Bois-Chêne, à 52 mètres au-dessus du niveau moyen de la mer, sauf celles du 19 mai au 17 novembre 1867, qui ont été faites à Lalue, à 57 mètres d’altitude. L’instrument dont on a fait usage est un udomètre de Babi- net, dont la surface de réception, en forme d’entonnoir, est æ 298 BULLETIN SCIENTIFIQUE. de 4 décimètres carrés, et où un centilitre d’eau représente une hauteur d’un quart de millimètre. Le jeaugeage s’y effec- tue à 6 heures du matin, pour les pluies nocturnes, et à 6 heures du soir pour les diurnes. L’élévation de l’entonnoir au-dessus du sol est de 1,5. La quantité moyenne annuelle de pluie tombée, pendant les cinq années 1864 à 1868, a été de 1533 7/,, millimètres. Sa valeur maximum a été de 1716" en 1866. Sa valeur minimum a été de 1277,95 en 1867. Le nombre moyen des jours pluvieux dans l’année a été de 156. Il s’est élevé à 179 en 1866 et 1868, tandis qu’il n’a été que de 119 en 1867. Une circonstance qui paraît singulière, c’est qu'il tombe dans cette localité près de trois fois plus de pluie la nuit que le jour, la moyenne annuelle étant de 410°" de jour, et de 1123 de nuit. Sur 246 orages qui ont eu lieu en cinq ans dans la ville et ses environs, il y en a eu 102 pendant la nuit. Les mois les plus secs sont ceux de décembre à mars, les _plus pluvieux, avril et mai, puis août et septembre. Il pleut rarement dans la matinée. Les pluies diluviennes sont très- rares, et il n°v a que trois ou quatre journées, de 24 heures, par an où il pleuve presque sans cesse. La pluie du 25 mai 1865, de 142°° en 24 heures, l'emporte sur toutes les autres en quantité absolue, mais le grain du 3 août 1865, où il tombait un millimètre d’eau par minute, l'emporte en in- tensité. En 1868, le 17 septembre, il est tombé en deux heu- res 64 millimètres d’eau, et le 18 octobre 61 :/, millimètres. Ce sont, cependant, en général, les mois d'avril et de mai qui fournissent les pluies les plus fortes ; ceux d’août, sep- tembre et octobre viennent ensuite. La quantité moyenne d’eau, dans l’année, qui tombe en un jour de pluie n’est que d'environ 9° 1/,, mais dans le mois d’avril cette moyenne est de 14". et elle est de 167",4 en mai. Sur le versant Nord du morne de l'Hôpital, la pluie est PHYSIQUE. 299 plus fréquente et plus intense qu’en ville. Il v pleut quelque- fois des journées entières sans qu’une goutte atteigne la ville: les pluies diurnes doivent v égaler au moins les noc- turnes, et leur ensemble atteint probablement la quantité de pluie annuelle de 120 pouces, soit 3248 millimètres, attri- buée au Cap Haïtien par les météorologistes du siècle passé. Il y a eu, en cing ans, à Port au Prince : 43% jours de tonnerres et d’éclairs : 142 » de tonnerres seuls : 70 » d’éclairs seuls. Total: 646, soit 129 jours par an, où il y a eu des signes de décharges électriques atmosphériques. C'est en mai, juil- let, août et septembre qu'il y en à le plus. Il v a des jours où il tonne sans interruption quatre à cinq heures de suite, et il v a des soirées où l’on peut compter 30 à 40 éclairs par minute. D’autres fois, au milieu d’un beau ciel, présentant quelques cumulus, sans nuage orageux apparent, un éclair brille, un bruit sec, court et intense le suit à un intervalle de une à trois secondes, puis tout redevient calme pour le reste de la journée. On distingue des éclairs bleus, jaunes et vio- lets. Souvent le soir, après un orage, quand tout bruit de tonnerre a disparu, on voit à l’horizon beaucoup d’éclairs, ressemblant aux fusées des feux d'artifice, et formant par leurs divisions multiples des bouquets, des éventails d’une rare beauté. Ces divisions sont généralement observées sur des silions ascendants à leur début, qui, s’inclinant ensuite, deviennent presque horizontaux et décrivent quelquefois un arc de plus de 25 degrés. Souvent un éclair est double, c’est- à-dire présente simultanément un sillon descendant, et à quelque distance un sillon ascendant. L’éclair en forme de boule rouge ou jaune est plus rare : il ne laisse pas de sillon lumineux, et décrit une courbe beaucoup plus lentement que ne le font les éclairs à sillon. D’autres fois l'éclair est un simple point lumineux éblouissant, qui apparaît soudainement 300 ULLETIN SCIENTIFIQUE. el éclaire une grande partie du ciel ; mais sa durée est aussi courte que celle des éclairs à sillon. Il v a eu au Port au Prince, le soir du 8 septembre 1868. un orage remarquable par son intensité électrique. Les éclairs Y jaillissaient pendant trois quarts d'heure, à chaque demi-seconde, en se bifurquant à plusieurs reprises en diverses directions, de petits nuages envoyant parfois simul- tanément 6 à 8 éclairs: un même sillon enfilant quelquefois aussi 8 à 10 nuages, en donnant à chacun une branche laté- rale. On à pu compter plus de 400 éclairs en moins de 45 minutes, et il y avait au-dessous de l'horizon, du côté du Nord, des éclairs aussi nombreux, illuminant le fond du tableau. Le phénomène entier était entrainé par lalizé : arrivé à sa plus grande hauteur apparente, les décharges électriques diminuèrent, les bandes disparurent peu après, sans qu'il y ait eu, à ce qu'il parait, tonnerres et pluie. Finalement, l'orage se termina au Nord-Ouest, où l’un des éclairs descendants se trifurqua. Il n’est pas question de chute de neige au Port au Prince, et M. Ackermann n’v a pas vu non plus de chute de grêle, mais il a appris d’une manière positive qu’il était tombé de la grêle en octobre 1861. à Lalue, faubourg du Port au Prince, à 49 mètres au-dessus du niveau de la mer. En ville cette grêle était de la pluie, mais il paraît qu'il v a grêlé aussi à d’autres époques. Le brouillard est inconnu à Port au Prince, mais il Y en a souvent, en toute saison, sur le morne de l'Hôpital, à 500 mètres d’élévation. A. G. W. DE BEzoLp. EIN BEITRAG, etc. FAITS NOUVEAUX CONCERNANT LES ORAGES. (Pogg. Annalen, tome CXXXVE, p. 515.) L'auteur, en compulsant les actes de la Société bavaroise d'assurance contre l’incendie dans lesquels sont relatés très- exactement tous les dommages causés par la foudre aux maisons assurées, a cherché à se rendre compte de la répar- PHYSIQUE. 301 tition des orages dans les différentes parties du royaume de Bavière et aux différentes époques de l’année. Les rensei- enements qu’il a puisés à cette source s'étendent à toute la période de 1844 à 1865, pendant laquelle plus de onze cents cas de foudre ont été constatés. Ce sont là autant de faits précis dont on connaît le lieu et la date exacte, et que l’au- teur a eu l’idée d'utiliser pour la science. Voici, en deux mots, les principaux résultats d’un travail de statistique dans les détails duquel nous ne pouvons pas entrer ici. [Il est résulté de ces recherches que la fréquence des orages varie beaucoup d’une partie à l’autre du royaume, mais que dans un même district cette fréquence relative de- meure suffisamment constante d’une année à l’autre pour qu'il ait pu être établi une carte rendant compte de la répar- tion des orages dans les différentes parties de la Bavière. Les chiffres indiqués par les registres d’assurance ont été réduits, cela va sans dire, au cas d’un nombre égal de bâti- ments assurés sur une étendue de pays égale aussi. D’après cette carte, Les portions présentant une mème fré- quence des orages, forment des bandes dirigées du sud-ouest au nord-est, qui est la direction suivant laquelle les orages traversent ordinairement cette contrée. Il ressort également de ce travail que les districts traversés par les principaux cours d’eau sont, comme l’on devait s’y attendre, plus ména- gés que d’autres par les orages. Quant aux pays de monta- gnes, les données y sont insuffisantes, par le fait que le peu de bâtiments de valeur qui s’y trouvent ne sont point géné- ralement sur les cimes qui attirent le plus la foudre, mais au contraire dans les lieux bas et abrités. Les villes enfin sont beaucoup plus ménagées par la foudre que les contrées avoisinantes, encore la plupart des cas indi- qués sont-ils de faibles dégâts occasionnés aux paratonnerres; il y a là suivant l’auteur une preuve pratique incontestable de l'efficacité de ce moyen de préservation, Cette étude. nous lPavons dit, a également porté sur la ré- 302 BULLETIN SCIENTIFIQUE. partition annuelle des orages, et elle a montré que leur nombre présente deux maxima pendant l'été, l’un dans la première moitié de juin, et l’autre qui est le maximum absolu dans la seconde moitié de juillet. Mettant en parallèle ces observations avec celles qui ont été faites sur la température dans les stations avoisinantes de l’empire autrichien (les don- nées sur ce dernier point lui manquaient sur la Bavière), l'auteur a cru pouvoir établir que ces maxima du nombre des orages correspondent à des maxima de température aux mêmes époques de l’année. S'aidant encore d’autres documents. l’auteur a pu, en der- nier lieu, comparer entre elles les différentes années de 1833 à 1865 au point de vue du nombre annuel des orages, et il a constalé que ce nombre à continuellement augmenté en Ba- vière depuis trente ans, époque à laquelle il avait atteint un minimum. Ces recherches, quoique incomplètes par le fait qu’elles ne s'appliquent qu’à une étendue de pays assez restreinte, ont mis néanmoins en évidence des faits intéressants, et indi- quent en tous cas une source à laquelle la science pourra puiser encore des renseignements utiles. E.S. G. SEELHORST. UEBER FLUORESCIRENDE, etc... SUR LES LIQUIDES FLUORESCENTS CONTENUS DANS LES TUBES DE (GEISSLER. (P0gg. Ann., tome CXXX VII, page 167). On admet souvent sans autres renseignements que dans les tubes de Geissler la fluorescence verte est produite par de l’'azotate d’oxyde d’urane, la rose par du sulfate d'oxydule de cobalt, la jaune par de l’azotate d’oxyule de nickel, et la bleue par du sulfate de quinine acide. L'auteur a cherché ce qu’il pouvait y avoir de fondé dans ces assertions et a entrepris une étude générale d’un grand nombre de liquides au point de vue de la fluorescence qu'ils PHYSIQUE. 303 peuvent produire en étant éclairés par la lumière électrique. Ayant analysé tout d’abord le contenu d’un tube qui donnait une belle fluorescence verte, il n°y trouva point la dissolution d’un sel d’urane, mais simplement de la teinture de curcuma. En opérant directement sur de l’azotate d'oxyde d’urane il n’obtint aucune fluorescence. De même il ne reconnut point aux autres dissolutions susmentionnées la propriété qui leur avait été attribuée, sauf pour le sulfate de quinine qui donne en effet une belle fluorescence bleue. M. Seelhorst a étudié également à ce même point de vue un grand nombre de dissolutions alcooliques et aqueuses, soit en opérant sur des tubes à gaz raréfiés entourés d’un second tube plein de liquide fluorescent, soit plutôt en plon- geant un tube de Geissler ordinaire dans un vase contenant ce liquide. Le semen daturæ stramonii, en particulier, lui a donné une superbe fluorescence d’un vert très-intense, la- quelle est limitée, dans le cas d’une dissolution concentrée, à la couche de liquide immédiatement en contact avec le tube électrique ; dans le cas d’une dissolution plus étendue le li- quide entier devient fluorescent en prenant laspect d’un brouillard vert. On obtient le même effet avec une dissolution de quinine, seulement la fluorescence est d’un beau bleu. La teinture de gayak donne une belle fluorescence bleu foncé ; le bois de quassia et la coque du marron d’Inde une bleue ver- dâtre, l’aloës et la racine d’ellébore donnent une faible fluo- rescence bleue; l’on produit aussi le même phénomène à un haut degré d'intensité avec le pétrole, ainsi qu'avec la disso- lution brune qu’on obtient en traitant de la suie par l’alcool, ou encore avec une dissolution de houille ou de goudron dans de la benzine. En résumé voici les substances qui don- nent l'effet Le plus marqué. 304 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Tinct. rad. curcumæ, vert jaunâtre. «sem. datur®æ, | bleu intense. «__ quajaci, bleu foncé. «_ ligni quassiæ, bleu clair. «_ cortici aesculi, bleu verdâtre. Pétrole, bleu clair. Suie traitée par l'alcool, bleu verdâtre. Sulfate de quinine acide, bleu clair. Dans aucun cas la fluorescence n’est rouge, elle est tou- jours dans les teintes comprises entre le bleu et le vert. Les autres substances étudiées par l’auteur, et elles sont en très- grand nombre, n’ont pas donné le moindre effet. E. S. CHIMIE. P. SCHÜTZENBERGER. SUR UN NOUVEL ACIDE DU SOUFRE. (Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, Séance du 19 juillet 1869.) Le zinc se dissout dans une solution d’acide sulfureux, sans dégagement d'hydrogène, et donne naissance à l'hypo- sulfite de zinc. Mais la formation de ce sel n’est pas immé- diate. Au premier moment, il se forme une dissolution jaune qui décolore énergiquement l’indigo et la teinture de tour- nesol. Mais peu à peu la coloration disparaît, ainsi que le pouvoir décolorant, à mesure que l’hyposulfite prend naïis- sance. L'auteur à constaté que ce pouvoir décolorant ne résulte point d’une oxydation due à la formation d’ozone, comme Schænbein l'avait supposé, mais au contraire à une réduc- tion, car la couleur de l’indigo ou du tournesol reparaît sous l'influence de l'air. D'ailleurs la liqueur décolorante réduit les sels d'argent et de mercure avec précipitation de ces mé- taux ; avec le sulfate de cuivre il se précipite de l’hydrure, quelquefois mélangé de cuivre. Ces réactions sont dues à la formation d’un nouvel acide CHIMIE. 305 du soufre, dont la composition peut être représentée par la formule S? O5H?, et que l’on peut considérer comme de l'acide sulfureux dans lequel un équivalent d'oxygène est remplacé par un équivalent d'hydrogène. Sa formation s’ex- plique en admettant que l’eau est décomposée en présence du zinc et de l’acide sulfureux ; il se forme du sulfite de zinc et l'hydrogène naissant réagit sur une autre portion d’acide sulfureux pour donner naissance au nouvel acide, que l’au- teur propose d'appeler acide hydrosulfureux. Cette réaction est exprimée par la formule : 9 S2 04 Zn+ 2H°0 = S° 04,2Zn 0 +8? 0 H?, H° 0. Mais, dans cette réaction, l'acide nouveau restant libre n’a aucune stabilité; il ne peut se conserver, encore moins être isolé. Pour obtenir un produit plus stable, l’auteur remplace l’a- cide sulfureux par le bisulfite de soude. La réaction est la même, mais on obtient un hydrosulfite de soude que l’on peut isoler. Pour cela, on mélange la liqueur avec de l’alcool; il se forme de suite un premier dépôt cristallin, adhérent aux parois, principalement formé de sulfite double de zinc et de sodium; puis le liquide alcoolique clair se remplit de fines aiguilles incolores du nouveau sel qu’on peut recueillir à part et dessécher rapidement dans le vide. A l’état sec, il se conserve bien, mais au contact de l’eau, dans lequel il est très-soluble, il s’échauffe rapidement en absorbant l'oxygène de l'air, et se transforme en bisulfite de soude. | L'hydrosulfite de soude se forme également sous l’in- fluence des autres métaux qui décomposent l’eau en présence des acides (fer, manganèse, magnésium). Il prend également naissance au pôle négatif lorsqu'on électrolyse une dissolu- tion de bisulfite de soude. ARCHIVES, t. XXXV. — Août 1869. 22 306 BULLETIN SCIENTIFIQUE. [2 D. Foues. RECHERCHES CHIMIQUES SUR LE JARGON ORIENTAL. (Chemic News, XIX, p. 277.) M. Sorby avait annoncé, il v a quelques mois, l'existence de deux nouveaux éléments trouvés par lui dans le zircon incolore de Ceylan. Ces corps se reconnaissaient spectros- copiquement par des bandes d'absorption très-caractéris- tiques. M. Forbes vient de faire une étude chimique des zircons sur lesquels M. Sorby avait opéré. Le minéral attaqué par un mélange de carbonate de soude et de soude caustique a laissé une masse qui a été traitée par l’eau froide jusqu’à épuisement. Le résidu était entièrement soluble dans l'acide chlorhydrique, et la dissolution colorée en jaune contenait évidemment du fer. Cette dissolution concentrée par l’évaporation fat mise en digestion avec de l’acide chlorhydrique de 1.138 de densité, jusqu’à ce que l'acide cessàt de se colorer en jaune. Le chlo- rure de zirconium resta sous forme d’un sel blanc cristallin entièrement soluble dans l’eau. La zircone que l’on en retira formait les 46.12 pour cent du poids du minéral. La dissolu- tion chlorhydrique jaune renfermait une terre nouvelle qu’il s'agissait de séparer du fer. Pour cela, elle fut neutralisée par de l’ammoniaque qui y produisit un précipité floconneux jaunâtre. L’addition d'acide tartrique amena la redissolution partielle de ce précipité. La portion non dissoute, lavée et calcinée constituait une poudre blanche -qui ne ressemblait pas à la zircone, et dont les réactions spectroscopiques étaient celles du jargonium de M. Sorby. La liqueur tartrique resta claire par l'addition d’ammoniaque ; mais le sulfure d’ammo- nium en précipita du sulfure de fer qui fut séparé. La li- queur filtrée, évaporée et chauffée au blanc, laissa une terre légèrement grise, que M. Sorby considère comme formée essentiellement d’oxyde de jargonium avec une trace de zir- cone, et peut-être d’une troisième terre dont la perle avec ‘ CHIMIE. 307 le borax possède des caractères particuliers. L’oxyde de jar- gonium représenterait les 19.16 centièmes du poids du mi- néral. M. D. VOGELSANG. RECHERCHES SUR LA NATURE CHIMIQUE DES LIQUIDES RENFERMÉS DANS LES CRISTAUX DE QUARTZ. (Verhandl. der Natur. hist. Verein des pr. Rheinland. und Westphalens, XXV, p. 77, 1868.) MM. Vogelsang et Geissler ont entrepris quelques recher- ches pour arriver à connaître la nature chimique des liquides volatils emprisonnés dans les cristaux de quartz. Une petite cornue renfermant le quartz à étudier à été re- liée d’une manière hermétique à un tube de Geissler, lequel était mis en communication avec une pompe de Geissler. Le vide a été fait jusqu’à ce qu’il n°v ait plus transmission de courant, et alors on a chauffé la cornue, les morceaux de quartz ont décrépité et Le gaz dégagé a été examiné par les procédés spectroscopiques. Les échantillons étudiés étaient de deux provenances dif- férentes. Les uns, de Geylan probablement, contenaient un grand nombre de cavités à liquide qui atteignaient rarement le diamètre de 0.1 millim. Le liquide fortement réfringent disparaissait par l’applica- on de la chaleur et se condensait de nouveau par le refroi- dissement. L’analyse spectrale a montré qu’il consiste en acide carbonique occupant à l’état de gaz un volume suffi- sant pour que, remplissant un espace de 500 centim. cubes, il exercàt une pression de plusieurs millimètres. Ce gaz troublait manifestement l’eau de chaux. Des échantillons de Poreta, près Bologne, ont donné les mêmes résultats avec apparition sensible des lignes spectrales de l'hydrogène. M. D. 308 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. H. GRENACHER. ZUR ANATOMIE, etc. DE L’ANATOMIE DU GENRE Gorpius. ( Zeëtschr. für wiss. Zoologie, XNHE, page 322, avec deux planches.) Les singuliers résultats obtenus par M. Meissner, à la suite de ses recherches anatomiques sur les Gordiacés, ont en par- tie provoqué l’expression de doutes énergiques de la part de divers savants. Le travail consciencieux de M. Grenacher doit donc être le bienvenu pour tous. L'auteur a pris pour objet de ses dissections de grosses espèces tropicales, et il a vérifié l'exactitude des résultats obtenus sur le Gordèius sub- bifurcus d'Europe. On peut distinguer avec M. Schneider, dans la peau de tous les vrais Nématodes, deux couches, l’une interne et cellulaire, reposant directement sur les muscles , la couche sous-cutanée, et l’autre extérne, la cuticule, sécrétée par la première. Les deux couches se retrouvent exactement les mêmes chez les Gordiacés ; mais M. Meissner en avait entiè- rement méconnu la nature. Il considérait la couche sous- cutanée comme étant en relation directe avec la muscu- lature et lui donnait le nom de périmysium. Quant à la cuti- cule, elle est formée de deux lames dont la plus interne était considérée, par M. Meissner, comme un corium fibrillaire, et lexterne comme un épiderme de nature cellulaire. Une dépendance immédiate de la peau est l’organe que M. Meissner a décrit comme cordon nerveux ventral. M. Schneider fut plus tard mieux inspiré en cherchant dans ce cordon un homologue de la ligne ventrale des Nématodes. Toutefois dans sa monographie des Nématodes, il abandonne cette manière de voir et considère le cordon en question comme un œsophage dépourvu de toute communication avec l'intestin, c’est-à-dire comme un équivalent morpholo- gique d’un œsophage, ne remplissant point les fonctions ZOULOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 309 attachées d'ordinaire à cette expression dans l'esprit de cha- cun. Il ne présente, en effet, pas de bouche en avantet pas de communication avec l'intestin en arrière. Cette interpréta- tion est énergiquement combattue par M. Grenacher. Cet ob- servateur revient à l’idée première de M. Schneider et con- sidère le prétendu cordon nerveux comme un homologue de la ligne ventrale des Nématodes. Il montre en outre, par une série de coupes très-concluantes, que cet organe est une véritable excroissance de la couche sous-cutanée. Une mince fente du manchon musculaire, le long de la ligne ventrale, laisse passer une lame qui établit la continuité de lissu entre la couche sous-cutanée et le cordon ventral. La musculature du corps des Gordius forme à l’intérieur de la couche sous-cutanée un manchon cylindrique, inter- rompu seulement le long de la génératrice ventrale du ey- lindre par la fente à travers laquelle le cordon ventral com- munique avec la couche sous-cutanée. Ce manchon est composé de lames que M. Schneider assimile aux fibrilles des autres Nématodes. M. Grenacher considére au contraire chaque lame comme une cellule musculaire, homologue à celles des Polymyaires. Ces lames ne sont en effet point solides, mais constituent chacune un tube, à calibre, il est vrai, fort étroit. Le calibre est directement comparable à la masse médullaire des muscles chez les autres Nématodes. L'auteur n’a pourtant point réussi a trouver le nucléus de ces cellules musculaires. | Le boyau formé par les différentes couches de la paroi du corps que nous venons de considérer, est rempli par un tissu cellulaire dans lequel les autres organes sont plongés. Ce tissu est désigné par M. Grenacher, sous le nom de substance connective périentérique. C’est lui que M. Meissner. par une interprétation bizarre, faisait fonctionner comme canal intestinal. Il admettait en effet que la bouche conduit directement dans la cavité remplie par ce tissu, de sorte que les organes génitaux auraient été logés dans un canal intes- 310 BULLETIN SCIENTIFIQUE. tinal solide remplissant tout le corps. M. Schneider a déjà réjeté cette interprétation bizarre ; mais il considère le tissu périentérique comme une dépendance du tissu musculaire dont il représenterait la substance médullaire extraord- nairement développée. On admet généralement que les Gordiacés sont dépourvus d'organes reproducteurs internes, aussi longtemps qu'il mê- nent la vie de parasites. Cela peut être vrai des Mermis, mais quant à ce qui concerne les Gordius, M. Grenacher montre que leurs organes générateurs sont déjà entièrement déve- loppés pendant la phase de parasitisme. Il n’est pas vrai non plus que chez ces animaux l'intestin se termine en cul-de- sac, et qu'il n’existe aucune ouverture jouant le rôle d’anus. Chez les femelles l'intestin s'ouvre dans l'utérus immédiate- ment en avant du pore sexuel, de telle sorte que ce dernier est en réalité l’ouverture d’un cloaque. L’utérus ne tarde d’ailleurs pas à se diviser en trois canaux, dont deux laté- raux, qui sont les oviductes, et un médian, qui est la conti- nuation directe de l’utérus, mais qui joue le rôle de récep- tacle de la semence. Chez les mâles il existe également un cloaque sous la forme d’un sac, présentant trois ouvertures, l’une supérieure et médiane, conduisant dans l’inteslin , les deux autres inférieures et latérales, correspondant aux canaux déférents. Les données, si variables suivant les auteurs, relatives au système digestif des Gordiacés, trouvent leur explication dans les faits suivants constatés par l’auteur. Aussi long- temps qu'ils vivent en parasites, les Gordius présentent une bouche distincte, conduisant directement dans un canal in- testinal tapissé d’épithélium. Mais à l’époque de la migration, ou immédiatement auparavant, la bouche paraît s’oblitérer chez la plupart des espèces. Elle disparaît alors entière- ment ou ne subsiste plus que comme une trace à peine per- ceptible ; la partie antérieure du canal intestinal semble aussi s’atrophier, et la place qu’elle occupait auparavant est désor- Z00LOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. “311 mais remplie par le tissu périentérique. Ces modifications remarquables avaient élé déjà pressenties par M. Blanchard. En 1849 il s’exprimait de la manière suivante : « Nous remar- quons chez les Gordius, au moins dans les adultes, l’atrophie du canal intestinal. Ceci suffit jusqu’à un certain point pour séparer les Gordiacés;des Nématoïdes ; et cependant nous ne sommes pas en mesure de décrire nettement le tube digestif d’un seul Gordiacé, car il faudrait lavoir observé aux divers âges de la vie de l’animal. » La plupart des zoologistes ont rapproché, durant ces der- nières années, les Gordius des Nématodes. Diesing a formé sous le nom de Nematoda aprocta un groupe comprenant les Mermis, les Gordius et les Sphærulaires. Le nom pro- posé par le savant Viennois ne peut en aucun cas subsis- ter: d’une part, en effet, l’absence d’anus, vraie peut-être pour les Mermis et les Sphérulaires ne saurait plus être sou- tenue pour les Gordius:4 d’autre part nous connaissons aujourd’hui de vrais Nématodes paraissant dépourvus de toute ouverture anale ( Ichthyonema ). Les résultats obtenus par M. Grenacher semblent éloigner beaucoup plus qu'on ne l’admet en général le genre Gordius, soit des Nématodes proprement dits, soil des Mermis. M. Schneider a déja relevé un certain nombre de caractères différentiel. Il faut y ajou- ter aujourd’hui l’existence d’un cloaque chez les deux sexes pour les Gordius, chez le sexe mâle seulement pour les Né- matodes ; puis l'existence chez les Gordius de ce tissu con- nectif périentérique dans le parenchyme duquel les organes internes sont logés et fixés. M. Grenacher en conclut qu’il faut séparer, plus qu’on ne le fait,les Gordius soit des Mermis, soit des Nématodes proprement dits, et rapprocher au con- traire les Mermis de ces derniers. E. C. 312" BULLETIN SCIENTIFIQUE. Craus. BEITRÆGE, etc. CONTRIBUTIONS A LA CONNAISSANCE DES OSTRACODES : DÉVELOPPEMENT DES Cypris. (Schriften der Ges. z. Befürderung der ges. Naturwiss. in Marburg. IX, 1868, p. 151.) Les premières observations relatives au développement des Ostracodes sont dues à M. Zenker. Ce savant reconnut que les Cythérides sont déjà munis à leur naissance de leurs deux paires d'antennes et de leurs deux paires de mà- choires, mais que leur abdomen encore peu développé ne porte que trois petits appendices en place des extrémités fu- tures. En 1865, M. Claus publia quelques observations sur les larves des Ostracodes d’eau douce, les Cypris. Aujour- d'hui, il complète ce sujet par la description de toutes les phases de développement de deux autres espèces du genre Cypris. A l'opposé des Cythérides qui, à leur naissance, offrent un degré de développement très-avancé, les jeunes Ostracodes d’eau douce ne possèdent, au moment où ils quittent l'œuf, que les trois paires antérieures d’extrémités, comme les nau- plius des Copépodes et des Cirripèdes. Ils se distinguent, il est vrai, de ces derniers par l’existence d’une coquille bivalve qui les protége, et par la forme des extrémités dont les deux premières paires, tout au moins, offrent déjà les grands traits de la forme des extrémités correspondantes chez les adultes. Néanmoins on est en droit de considérer, au point de vue morphologique, les jeunes Cypris comme des Nau- plius, d'autant plus que la troisième paire d’extrémités revêt chez ces petits êtres, quant à la forme et à la fonction, les particularités propres à cette forme larvaire. Comme chez les autres nauplius, en effet, la troisième paire d’extrémités,. correspondant à ce qui sera plus tard la mandibule, ne rem- plit point les fonctions de mächoires, mais bien celle d’or- ganes locomoteurs. Ce sont des pieds reptateurs, triarticulés, dont la pointe se termine par une forte soie recourbée en ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 313 croc. De même que chez d’autres larves de Copépodes un péu plus âgées, la mandibule bourgeonne comme processus masticateur à la base de cette extrémité, de même aussi le pied reptateur des larves de Cypris offre à sa base une apo- physe crénelée qui, à la première mue, se transforme en mandibule. Les larves de Cypris passent par un grand nombre de phases avant d’arriver à leur forme définitive el à maturité sexuelle. M Claus énumère neuf de ces phases, séparées les unes des autres par une mue complète et le changement de coquille. Le caractère le plus saïllant de la seconde phase, c’est le bourgeonnement des mandibules dont nous venons de parler, accompagné de la métamorphose du pied locomoteur de la phase précédente en palpe mandibulaire. À cette même époque de la vie apparaissent les rudiments des maxilles et de la première paire de pieds locomoteurs définitifs. Les pieds-mâchoires (maxilles de la seconde paire) apparaissent à la quatrième phase, plus tard, par conséquent, que la pre- mière paire de pieds qui vient pourtant après eux dans l'ordre de succession des appendices. Durant la cinquième phase, les pieds-mâchoires jouent le rôle de pieds locome- teurs et se terminent par une forte soie crochue. Dans toutes les phases de développement, il existe une paire de fortes soies terminales postérieures. Chose singulière, la position et l’insertion de cette soie se modifie dans le cours du déve- loppement. Elle est portée dans le principe par le pied man- dibulaire, puis par le premier rudiment de pied, puis par le pied-mâchoire, puis enfin par Le pied locomoteur de la pre- mière paire. La paire de pieds locomoteurs postérieure ap- parait à la sixième phase. A la septième, toutes les extrémités ont acquis à peu près leur forme définitive. C’est l’époque où apparaissent les premiers rudiments des organes générateurs : cependant la différenciation sexuelle ne se manifeste que dans la huitième phase. L’abdomen soit post-abdomen appa- rait à la cinquième phase sous une forme parfaitement sem- 314 BULLETIN SCIENTIFIQUE. blable à celle des rudiments d’extrémités. C’est aussi l’époque où les canaux hépatiques croissent et descendent dans la co- quille. E. C. Th.-Wilh. ENGELMANN. UEBER DIE ENDIGUNGEN, elc. SUR LES TERMINAISONS DES NERFS DU GOÛT DANS LA LANGUE DES GRE- NOUILLES. (Zeëtschr. für wiss. Zoologie, X NUL, 1868, p. 142.) — Lionel BeaLe. NEW OBSERVATIONS, etc. NOUVELLES OB- SERVATIONS SUR LA STRUCTURE DES PAPILLES DE LA LANGUE CHEZ LES GRENOUILLES. (Quarterly Journ. of microsc.Science, January 1869, p. 1.) Nous avons signalé avec plaisir ‘ l'identité des résultats obtenus d’une manière entièrement indépendante par M. C. Lovén et M. Schwalbe relativement à la structure des termi- naisons nerveuses dans les papilles de la langue des mammi- fères. À peu près à la même époque où ces savants s’occu- paient de ces recherches, deux autres observateurs, M. Th.-W. Engelmann et M. Lionel Beale étudiaient les terminaisons des nerfs dans les papilles fongiformes de la langue des gre- nouilles. Cette fois nous n’avons malheureusement plus à constater de concordance importante dans les résultats ob- tenus. L'école histologique anglaise et l’école allemande che- minent côte à côte avec des traditions différentes, une no- menclature différente et des procédés également divers. C’est là sans doute une des sources de divergences: la tradition et l'interprétation, quelquefois un peu arbitraire, jouant encore un rôle trop important dans l'étude des détails les plus fins de structure. La langue des grenouilles à déjà été étudiée par différents observateurs au point de vue de la terminaison des nerfs. Le travail le plus important est celui de M. Axel Key qui établit l’existence dans l’épithélium des papilles d'éléments ! Voyez Archives des Sciences physiques et naturelles, juillet 1869. ZOOLOGIES ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 345 cellulaires particuliers auxquels il donne le nom de cellules sustatives, éléments dont chacun recevrait une fibre ner- veuse. Aujourd’hui M. Engelmann distingue dans l’épithé- lium des papilles trois sortes d'éléments : les cellules calici- formes (Kelchzellen), les cylindriques et les ramifiées (Gabel- zellen). Les premières qui avaient d’ailleurs déjà été entrevues par M. Key sont des modifications de l’épithélium auxquelles M. Engelmann ne reconnaît aucune liaison directe avec les nerfs. Ilen est de même des cellules cylindriques, mais ce sont pourtant précisément celles-là que M. Kev a représentées comme étant en continuité de tissu avec les fibres nerveuses. Les cellules ramifiées sont disséminées entre les précédentes et présentent à leur extrémité centrale plusieurs rameaux principaux qui se divisent dichotomiquement en ramuscules secondaires. Ces cellules sont pour M. Engelmann les ter- minaisons des nerfs du goût. La question difficile de l’union de ces cellules par leurs rameaux délicats avec les fibres ner- veuses est résolue par lui d’une manière affirmative. M. Beale reconnait, comme fous les autres observateurs, au sammet des papilles un épithélium qui se distingue de celui du reste de la langue par l'absence de cils vibratils. Mais nous ne trouvons rien dans sa description qui rappelle les différentes formes de cellules admises par M. Engelmann. Il représente d’ailleurs ces cellules comme formant une masse compacte-dont les différents éléments ne sont guères faciles à séparer les uns des autres. Il existe depuis quelques années chez les histologistes allemands une grande propen- sion à chercher et à trouver une connexion entre les fibres nerveuses et certains éléments épithéliaux dans des organes divers. Les histologisies anglais ont une propension tout aussi grande à nier cette connexion. Théoriquement, la dif- férence d'interprétation n’est peut-être pas aussi profonde qu’elle le semble au premier abord. Pour M. Beale, le som- met des papilles n’est pas recouvert par un véritable épithé- lium, mais bien par une couche su? generis dans laquelle sont 316 BULLETIN SCIENTIFIQUE. disséminés de gros nucléus. Les fibres nerveuses viennent former, selon lui, tout un réseau dans la substance inter-nu- cléaire. Mais il ne faut pas oublier que pour les histologistes allemands cette substance inter-nucléaire constitue en réa- lité le corps des cellules épithéliales. Les histologistes alle- mands et les anglais, bien que nous présentant des interpré- tations totalement différentes, arrivent cependant en défini- tive à ce résullat que les terminaisons nerveuses se perdent dans la substance qui entoure immédiatement certains nu- cléus périphériques. E. C. C. LOvÉN. OM EN MÆRKkLIG, etc. SUR UNE ESPÈCE REMARQUABLE D'ÉPONGES VIVANT DANS LA MER DU Norp. (Kongl. Vetensk.- Akademiens Fürhandlingar. Stockholm, 1868, p. 105, avec une pl.) — D CLaus. Sur l'EuPLECTELLA ASPERGILLUM. (Ueber Euplectellu Aspergillum, ein Beitrag zur Natur- geschichte der Kieselschwimme, in-4°. Marburg u. Leipzig, 1868.) Ces êtres d'apparence si élégante auxquels la science attri- bue le nom d’Hyalonema ont donné lieu depuis de longues années à des débats sans cesse renaissants. Dans cette vive controverse, nous voyons figurer des noms hautement esti- més dans la science, ainsi ceux de J.-E. Grav, Elrenberg, Valenciennes, Brandt, À. von Nordmann. Max Schulize, Bowerbank, Wyville Thomson, Barbosa du Bocage. Rappe- lons brièvement les éléments principaux de cette discussion, Les Hyalonema qu’on connaît aujourd’hui dans l’Océan Atlantique, près des côtes du Portugal et dans le golfe du Mexique, étaient tirés, jusqu’il v a peu d'années, du Japon seulement, comme des objets rares et d’un grand prix. On savait qu'ils vivent à de grandes profondeurs et qu'ils sont utilisés par des Japonais comme des ornements précieux. La plupart des exemplaires parvenus en Europe étaient formés d’une sorte de bulbe surmonté d’un panache siliceux. Ce pa- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 317 nache était le plus souvent recouvert en partie par un Z00- phyte du genre Palythoa Lamouroux. Cette circonstance à dès l’origine donné lieu à des méprises. M. Gray, qui a écrit un grand nombre de mémoires sur le sujet, voit dans l’'Hva- lonema un corps composé de deux organismes distincts. La forme principale est à ses veux le zoophyte, et le panache formé de longues aiguilles siliceuses constituerait en quelque sorte son axe qui serait alors comparable à celui des Gor- gones ou des Pennatules. En revanche le bulbe constituerait un organisme entièremént étranger au polype. Ce dernier vivrait planté dans une position verticale dans ce bulbe, à peu près comme un Pagure vit dans une coquille de gastéropode. Par suite de cette manière de voir, M. Gray exclut les Hyalo- nema de la classe des éponges pour les placer parmi les Zoanthaires, et il en forme deux genres d’après le nombre des tentacules des polypes, savoir les Hvalonema et les Hva- lothrix. M. Brandt considère aussi les Palvthoa comme l’ani- mal principal, avec un axe cylindrique formé de fibres sili- ceuses tordues en spirale; mais il tient le bulbe pour un pa- rasite qui, peu à peu, tue et détruit les polypes. Nordmann a accepté cette manière de voir à laquelle s’est aussi rangé M. Barbosa du Bocage après examen du Hyalonema lusitani- cum, rapporté par les pêcheurs de Sétubal. D’autre part, Valenciennes avait exprimé, il v a longtemps déjà, l'opinion que les Hyalonema sont des éponges. Bower- banx s’est prononcé dans le même sens, en ajoutant que le panache n’est que le squelette d’un système cloacal en forme de colonne; que les Palythoa constituent la peau de l’éponge, et enfin que les polypes ne sont que les ouvertures d’éges- tion (oscules dans la nomenclature de Bowerbank). La lu- mière a commencé à se faire par le magnifique travail de M. Max Schultze sur le sujet qui nous occupe. Il a distingué la masse principale de l’organisme, qui est une véritable éponge, d’une part, et les polypes du genre Palythoa, d'autre part, qui vivent en parasites à sa surface, et dans lesquels il dé- 318 BULLETIN SCIENTIFIQUE. montre l'existence d'organes urticants. Il montra que le bulbe appartient à l’éponge aussi bien que le panache, et que lors- que ce bulbe fait défaut, c’est qu'il a été arraché violemment ou que l'animal était mort. Les auteurs les plus récents, tels que Thomson, Leidy et E. de Martens se rangent à cetle ma- nière de voir, qui paraît établie d’une manière définitive *. Cependant les Hvalonema paraissent destinés et être com- pris perpétuellement à rebours, car même le mémoire de M. Max Schultz renferme une erreur capitale. I considère le bulbe comme la partie basale de léponge, le panache comme sa partie terminale. flvaurait pourtant une autre ma- nière d'envisager cet organisme. On pourrait penser que le bulbe forme le sommet de l’Hyalonema, tandis que le pana- che ne serait qu'un pédoncule arraché violemment du sol par les engins des pêcheurs. M. Lovén vient de montrer que cette manière de voir est seule exacte. Il à trouvé au musée de Stockholm un spongiaire pêché depuis longtemps sur les côtes de Finmarck. Ce spongiaire n’avait pas attiré jusqu'ici l'attention à cause de sa petitesse. Il est composé d’une tête, soit COS, long de 13 millimètres seulement, et d’un pédon- cule long de 39 millimètres. Cet être, sauf de légères diffé- rences spécifiques et son extrême petilesse, presente une structure parfaitement semblable à celle des Hvalonema du Japon et du Portugal, seulement le prétendu panache est un simple pédoncule de fixation, rôle qu’il remplit sans doute aussi chez ses congénères gigantesques. Le sommet du bulbe présente une large ouverture qui est l'ouverture d’égestion. La seule particularité différentielle qui puisse paraitre de quelque importance, c’est l’absence chez l’'Hvalonema du Nord des amphidisques si développés chez les autres espèces. Cette différence n’est sans doute pas aussi importante qu’elle en a l'air; le rôle des amphidisques chez les Hyalonema, * Rappelons-aussi pour mémoire la singulière opinion de M Ehren- berg, d'après laquelle les Hyalonema seraient avant tout une œuvre d'industrie japonaise. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE, 319 ainsi que chez les Halichondries, où on les retrouve moins développés, n’a pas, il est vrai, été étudié jusqu'ici; mais chez les Spongilles, aujourd’hui si bien connues, grâce aux re- cherches de MM. Lieberkühn et Bowerbank, nous savons que les amphidisques protègent les gemmules, et sont, par conséquent, intimément liés aux fonctions de reproduction. Chez le Hyalonemu boreale Lovèén, l'absence des amphidis- ques ne doit point surprendre puisque le seul individu de cette espèce, jusqu'ici connu, parait être un individu jeune, non encore en élat de se reproduire. | Les Hyalonema ne sont pas seuls à avoir été saisis à re- bours. La même chose paraît être arrivée à d’autres spon- giaires, les Euplectella, bien différents des Hyalonema, et les dépassant encore par l'extrême élégance de leur squelette siliceux. Les belles photographies qui accompagnent le livre de M. Claus nous fait connaître ces êtres comme lun des produits les plus élégants de la nature. Les Euplectella proviennent des mers de la Chine (Phi- lippines, Moluques) et de l'Océan indien (Séchelles). Jasqu’ici un petit nombre de musées seulement pouvaient se vanter de posséder cette rareté zoologique. Cependant M. Claus vient d’avoir la bonne fortune d’en étudier onze exemplaires, et d'un autre côté M. Semper parait en avoir rapporté une quinzaine de ses voyages. L’Æ. Aspergillum, étudiée par M. Claus, a la forme d'un cylindre plus ou moins fléchi, qui s’atténue à l’une des extrémités pour se terminer en un pa- nache de fibres siliceuses. Ce panache à été considéré par M. Owen et ses successeurs comme le sommet de l'organisme. Toutefois M. Claus montre qu’il en constitue réellement la base à l’aide de laquelle le spongiaire est fixé au fond de la mer. L’extrémité opposée du cylindre est fermée par une plaque en forme de verre de montre, percée à jour comme un crible par une multitude de petites ouvertures. La paroi du cylindre est formée par un treillage élégant de trabécules et de fibres transparentes comme du verre. La manière 320 BULLETIN SCIENTIFIQUE. d'envisager ce bel organisme est sujette à variation. M. Max Schultze considère les mailles du réseau de fibres siliceuses de la paroi comme correspondant aux ouvertures d’éges- tion qui communiquent avec l’intérieur de éponge. M. Bo- werbank attribue ce rôle seulement aux trous de la lame terminale en forme de crible. Le premier de ces auteurs considère évidemment l’Euplectella comme une éponge poly- zoïque, comparable aux Hyalonema; le second, au contraire, comme une éponge monozoïque, comparable au Sycon cilia- tum, dans laquelle, il est vrai, le cloaque unique serait rem- placé par un amas d’oscules. Cette seconde manière de voir semble préférable à M. Claus à cause de l’existence, au centre du cylindre, d’une large cavité tubulaire qui n’est traversée par aucune partie du squelette. Cette cavité forme certaine- ment un tout unique, puisqu'on y trouve dans la règle des crustacés appartenant aux genres Æga et Palémon. Il est difficile de dire si ces crustacés vivent en parasites des sucs de l’éponge ou si ce ne sont que des hôtes comparables aux Pinnotheres dans les Modioles. Dans tous les cas ces crustacés, munis d’organes des sens normaux et d’appen- dices locomoteurs et respiratoires, ne sauraient vivre que dans une large cavité où ils puissent librement se mouvoir. Or, si les Euplectella sont des éponges monozoïques, compa- rables aux éponges simples à squelette calcaire, les homolo- gies demandent, selon M. Claus, que les mailles de la paroi du cylindre correspondent aux ouvertures d’ingestion et celles du crible terminal aux ouvertures d’égestion. Nous sommes obligés de renvoyer au mémoire de M. Claus pour l’étude des formes si multiples des aiguilles siliceuses chez les Euplectella ; nous nous permettrons seulement une remarque à propos des réseaux siliceux qui forment la base du squelette. Les spicules sont ici réunis les uns aux autres par un dépôt stratifié de silice, de même que chez certaines Halichondries, les spicules sont noyés dans une enveloppe commune et stratifiée de substance cornée, soit spongine. Le ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 321 rôle joué par la spongine chez les Halichondries est donc rempli chez les Euplectella par la silice même. E. C. M. Sans. FORTSATTE BEMÆRKNINGER, efC. SUITE DES REMARQUES RELATIVES A L'EXTENSION DE LA VIE ANIMALE DANS LES PRO- FONDEURS DE LA MER. (Vèdensk. Selskabets Forhandlinger for 1868 à Christiania.) — Will. CARPENTER. PRELIMINARY Report, etc. RAPPORT PRÉLIMINAIRE SUR LES OPÉRATIONS DE DRAGAGE OPÉRÉES AU NORD DES ÎLES BRITANNIQUES PAR LE VAPEUR DE S. M. LE LiIGHTNING. (Proceed. of the royal So- ciety, n° 107, 1868.) — PouRTALES. CONTRIBUTIONS, etc. SUR LA FAUNE DU GULF-STREAM A DE GRANDES PROFONDEURS. (Bul- letin of the Museum of comparative Anatomy. Cambridge, 1868, p. 105.) Longtemps une opinion fort erronée a régné dans la science au sujet du développement de la vie animale dans les profondeurs de la mer. Cette opinion était basée sur les re- cherches d’Edward Forbes qui croyait s'être convaincu qu’à une profondeur de 300 brasses (548 mètres) la vie animale devait être réduite à 0. Cette doctrine ne tarda pas à être ébranlée. L'expédition de sir James Ross dans l’Océan ant- arctique rencontra des animaux nombreux et variés dans des sondages à 270 et à 400 brasses. En 1845, Harry Goodsir, le malheureux compagnon de sir John Franklin, retira dans le détroit de Davis, d’une profondeur de 300 brasses, des Mol- lusques, des Crustacés, des Astérides, des Spatangues, des Corallines, etc. En 1855, Bailey, de West-Point, poussa, à l’aide de sondes perfectionnées, ses recherches jusqu’à 1080 et 2000 brasses : il obtint des Foraminifères (Globigérines et Orbulines), des Polycystines et des spicules d’éponges. Il fut le premier à se convaincre que le sol de l'Océan atlantique est formé, entre les profondeurs de 60 à 2000 brasses, pres- que uniquement par des coquilles microscopiques. Il com- ARCHIVES, t. XXXV. — Août 1869. 23 329 BULLETIN SCIENTIFIQUE. para sans hésiter ce dépôt à la craie d'Angleterre et aux marnes calcaires du Missouri supérieur. Ses conclusions ont été confirmées par M. Huxley. Ce savant a trouvé le sol de l'Atlantique, entr® les profondeurs de 1700 et de 2400 brasses, composé de 85 pour cent de Globigérines, de 5 pour cent d’autres Foraminifères ; le 10 pour cent restant étant formé par des organismes siliceux (Diatomées et Polycystines), des fragments minéraux et de très-petits corps ovalaires connus aujourd’hui sous le nom de Coccolithes. Pendant ce temps, M. Sars organisait, sur les côtes de Norwége, un système de sondage et de pèche à grande profondeur, dont les résultats furent considérables. En 1860, le voyage du Bull-Dog offrait à M. Wallich l’occasion d'étudier la vie animale dans lAtlan- tique jusqu'à une profondeur de 2000 brasses, et ce savant en rapportait des types appartenant aux classes les plus di- verses. Un an plus tard, les réparations faites au câble télé- graphique entre la Sardaigne et Alger permettaient à M. Al- phonse Milne Edwards d'étudier des polypes et des mollusques vivant à une profondeur de 2000 à 2800 mètres. Quelques- unes de ces espèces étaient entièrement nouvelles, d’autres n'étaient connues qu'à l’état fossile dans les terrains tertiaires du bassin méditerranéen. La mythe de l'extinction de la vie animale dans la profon- deur des mers a donc cessé d’avoir droit de bourgeoisie dans la science. Toute recherche concernant ces faunes si difficiles à atteindre n’en conserve pas moins un haut intérêt. Il est intéressant de voir aujourd’hui trois pays : la Norwége, l’An- gleterre et les États-Unis, favoriser presque simultanément des travaux considérables relatifs à l’étude de la faune des grandes profondeurs. En Norwéce, les recherches nouvelles ont été faites comme les précédentes sous la direction de M. le professeur Sars. Elles se sont cette fois bornées à une profondeur de 200 à 300. rarement 450 brasses. L'appareil employé est une espèce ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 323 de petite drague de l'invention de M. G.-0. Sars. L'ensemble des recherches du savant norwégien a porté le nombre des espèces norwégiennes vivant entre 200 et 500 brasses à 427, se répartissant comme suit: 73 Protozoaires, 22 Cæœlentérés. 36 Echinodermes, 57 Vers, 153 Mollusques, 106 Arthropodes. Nous ne parlons pas des poissons dont les moyens de loco- motion sont puissants et dont les limites supérieures et infé- rieures sont difficiles à déterminer. L’amirauté anglaise a confié la direction des sondages à grande profondeur à M. William Carpenter, assisté de M. Wyille Thomson. Le Lightning, le bâtiment assigné à ces re- cherches, était muni de Lous les appareils nécessaires, en par- ticulier d’un donkey engine. Pour de très-grandes profon- deurs, on employait la sonde de Fitzgerald. Cet appareil en- traine un poids de 56 ou de 112 livres qui se détache de lui- même en atteignant le sol de manière à ce que’la sonde, légère par elle-même, puisse être ramenée sans difficulté, après avoir enfermé dans une boîte en forme de coin un spé- cimen du sol touché. Le Lightning, parti de Stornoway, est resté quatre semaines en mer dans les mois d’août et sep- tembre 1868. Durant cette période il n°y eut que neuf jours propres à draguer en plein océan. La région explorée s’étend de l'Écosse jusqu'aux îles Feroë. Le catalogue complet des nombreuses espèces observées sera bientôt publié. En Amérique, grâce aux soins de feu le professeur Bache. sur-intendant du Coast-Survey, la nature du sol de la mer est fort bien connue depuis le rivage jusqu’à la limite externe du Gulf-Stream. Mais, si nous laissons de côté les investiga- tions de M. Stimpson sur les côtes dela Nouvelle-Angleterre, ces recherches n'avaient pas été conduites de manière à faire connaître d’autres organismes que des Foraminifères et des Diatomées. Le successeur actuel de M. Bache dans la direc- tion du Coast-Survey, M. le professeur Peirce, a repris avec ardeur l'étude du Gulf-Stream. inaugurée avec tant de succès 324 BULLETIN SCIENTIFIQUE. par son prédécesseur, mais interrompue pendant plusieurs années par la guerre. Parmi les nombreux points de vue qui guident ces recherches, celui de la nature et de l'étendue de la faune à différentes profondeurs, n’est pas un des moins intéressants. Ce département a été confié à un observateur zélé, M. le comte de Pourtalès. Nous avons sous les veux le résultat de ses deux premières campagnes faites en 1867 et 1868. Le champ de zcherches comprenait la première fois une section entre Key- West et la Havane, suivant la ligne où a été placé depuis lors un câble sous-marin. L’invasion de la fièvre jaune à bord n’a pas permis de pousser l’opération du dragage aussi loin qu’on l’aurait voulu. La seconde expé- dition faite dans des conditions plus favorables a permis l’ex- ploration de diverses sections du Gulf-Stream entre la Flo- ride, Cuba et les Bahama. | Ces recherches ont prouvé une fois de plus à satiété que la vie animale existe à de grandes profondeurs et qu’elle y offre autant de diversité et d’abondance que dans les eaux peu profondes. Voyons maintenant quels sont les résultats généraux aux- quels ont conduit ces différentes recherches, en suivant d’a- bord de plus près M. Sars qui parait avoir obtenu le plus grand nombre d'espèces. Les 427 formes animales catalogues par M. Sars forment sans doute une partie importante de la faune ue ces grandes profondeurs,considérées 1l n°y a pas longtemps encore comme désertées par la vie animale ; maisil est certain que cette faune compte un plus grand nombre encore d’espèces à observer. L’embranchement le plus fortement représenté dans ces pro- fondeurs sur les côtes de Norwége, est celui des Mollusques (133 espèces): puis vient celui des Arthropodes avec 106 espèces qui, sauf une Arachnide, sont tous des Crustacés ; les Protozoaires qui suivent avec 73 espèces, apparaissent peut-être avec un chiffre trop fort, en ce sens qu’ils ne ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 325 comptent que de nombreuses variétés d’un petit nombre de formes typiques: puis viennent les Vers (57 espèces); les Echi- nodermes (36 espèces), et enfin les OElentérés (22 espèces). Pour ce qui concerne ces derniers, il est à remarquer que les Hydrozoaires n’entrent dans le chiffre 22 que pour une très- faible proportion (2 espèces). Ce groupe paraît être restreint aux zones les plus voisines de la surface, comme cela paraît être le cas pour la grande majorité ‘es animaux soumis à une génération alternante chez ?esquels l’une des géné- rations mène une vie plus ou moins pélagique. Getle ré- flexion de M. Sars que nous croyons très-neuve, est de haute importance. M. Pourtalès ne mentionne également que de rares Hydroïdes dans ses sondages. Divers auteurs, én particulier M. Keferstein, ont affirmé que les Acéphales conchifères sont plus répandus dans la profondeur que les Céphalophores en général, et les Gasté- ropodes en particulier. Or les recherches de M. Sars ne sont nullement favorables à cette manière de voir, puisque les Lamellibranches sont représentés dans le catalogue de ce savant par le chiffre de 37 seulement, etles Gastéropodes par celui de 53. M. Pourtalès ne donne pas de liste complète des espèces pêchées par lui, mais, si nous considérons l’ensemble des noms cités dans son rapport. nous trouvons aussi que le nombre des Céphalophores l'emporte notablement sur celui des Lamellibr.aches. L'auteur le remarque d'ailleurs expres- sément dans son second rapport. Quant au nombre des individus, ce sont les Brachiopodes qui l’emportent soit sur les Lamellibranches, soit sur les Gastéropodes, entre la Floride et Cuba. La drague a rapporté jusqu’à 1200 individus de la Terebratula cubensis Pourt, et un peu moins de la Waldheimia floridana Pourt. D’après M. Sars, un grand nombre d’espèces qui nous sont familières comme habitant les eaux peu profondes, loin d’être localisées près de la surface, présentent au contraire une ex- 326 BULLETIN SCIENTIFIQUE. tension très-considérable en profondeur. L'auteur énumère 46 espèces qui appartiennent aussi bien à la surface qu’à des profondeurs considérables : en revanche de nombreuses es- pèces paraissent bien être localisées dans la région profonde, c’est-à-dire au-dessous de 100 brasses. M. Keferstein a cru pouvoir tirer des sondages faits à une grande profondeur à une époque récente, la conclusion que les animaux sont représentés dans la région profonde par un très-orandnombre d'individus, mais par un petit nombre d’es- pèces, comme on admet que cela a lieu pour la zone arctique. Cette assertion est positivement contredite par M. Sars pour ce qui concerne les côtes de Norwége. D'un autre côté M. Lovén se basant sur les recherches de l'expédition suédoise au Spitzherg en 1861, admet que la faune présente le même caractère d’un pôle à l’autre, sous tous les degrés de latitude, au-dessous d’une profondeur de 60 à 80 brasses; cette uniformité de caractère se présenterait tout au moins partout où le sol de la mer est formé par une vase fine. Il semble toutefois difficile d'admettre que la faune des grandes profondeurs présente partout le même caractère. Le faitde l'identité générique d'animaux appartenant à la faune arctique et à la faune antarctique ne saurait guère être ex- ploité dans ce sens. M. Sars trouve, pour ce qui le concerne, à la faune des grandes profondeurs des côtes de Norwége un caractère décidément norwégien. L’assertion de M. Lovén est d’ailleurs contredite par des faits de découverte récente. M. Pourtalès a rencontré deux faunes très-différentes à une profondeur identique sur les côtes de Cuba d’une part et sur celles de la Floride d'autre part, côtes qui ne sont séparées que par un détroit peu large et qui sont baignées par le même courant marin. MM. Carpenter et Thomson ont de leur côté constaté, dans leur expédition, existence à peude milles l’une de l’autre de deux aires également profondes, l’une chaude, l’autre froide (différence d’au moins 15 degrés). Ces ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 327 deux aires ont un caractère minéralogique différent el une faune également différente. Ces différences sont dues, d’une part à la direction du courant qui fournit les matériaux, et d’autre part à la température de l’eau apportée par ce courant. La co-existence de ces deux aires entre l'Écosse et les Ferûe, conduit M. Carpenter à des réflexions d'importance géolo- gique considérable. Si l'aire froide et l’aire chaude venaient à être soulevées au-dessus du niveau de la mer, elles cause- raient un grand embarras aux géologues de l’avenir. Ils re- connaîtraient dans l'aire froide un grès dont la faune peu abondante présenterait un caractère boréal décidé; dans l'aire chaude ils verraient une formation crétacée renfermant, non- seulement une abondance extraordinaire d’éponges, mais encore une grande variété d’autres débris organiques appar- tenant généralement aux parties chaudes de la région tem- pérée. Ces deux terrains contigus indiqueraient doncdes cli- mats essentiellement différents et pourtant ils seraient en continuité stratigraphique l’un avec l’autre. Ces conditions si diverses résultent de ce que simultanément, à des profon- deurs correspondantes et sur de larges aires contigués, che- minent aujourd'hui, côte à côte, un courant équatorial et un courant polaire. Il est bien permis de se demander si des con«litions analogues ne peuvent pas rendre compte des dif- férences profondes qu’on observe parfois entre les faunes de différentes aires d’une même formation géologique. Bien plus un simple changement dans la direction d’un courant ne peut-elle pas avoir rapidement pour résultat l’extinction d’une faune dans une aire déterminée et son remplacement par une faune venant d’une aire voisine ? Ce serait là l’ex- plication des colonies de M. Barrande. Edward Forbes avait cru observer que les Mollusques péchés sur les côtes d'Angleterre à une profondeur plus grande que 100 brasses, sont tous blanchâtres ou incolores, même lorsqu'ils appartiennent à des espèces qui, dans des 328 BULLETIN SCIENTIFIQUE. zones plus superficielles, sont rayées de vives couleurs. Jeffreys s’est déjà élevé avec raison contre cette assertion et toutes les recherches récentes paraissent la contredire. M. Sars reconnaît bien que dans, certains cas l'intensité des couleurs parait diminuer avec la profondeur: mais dans une foule d’autres, les animaux vivant à des profondeurs consi- dérables présentent des couleurs fort vives. Ainsi, M. Sars cite un Ophioscolex chez lequel les individus pêchés à 300 brasses ont le dos d’un rouge aussi vif que les individus pêchés à 40; un Archaster d’un orangé aussi intense à 300 brasses qu’à 30 ; une Onuphis, à éclat opalin, ornée de deux raies d’un rouge de sang sur le dos, à 300 brasses aussi bien qu’à 50; une Natice d’un rouge-brun clair avec une raie blanche à la suture, à 250 brasses comme à 45, etc. M. Wal- lich avait déjà fait cette remarque pour les Ophiocomes pêchées à 1260 brasses. Nous lisons dans M. Carpenter que les Astro- pecten dragués à 500 brasses, frappaient immédiatement par leur brillante couleur orangée, tandis que de petites Annélides, venant d’une profondeur de 650 brasses, présentaient une coloration en rouge ou en vert intense. M. Pourtalés re- marque de son côté que les couleurs dominant chez les ani- maux vivant à une grande profondeur sont le blanc, le rouge, tirant souvent sur l’orangé, et le vert pâle. Le bleu est en revanche rare. C’en est fait dans tous les cas de la théorie par laquelle M. Oersted cherchait à établir une relation entre la profon- deur à laquelle vit l’animal et la couleur de celui-ci. Il pensait qu’en général les animaux marins offrent la couleur de la lumière agissant sur eux. Le pouvoir absorbant de l’eau étant différent pour les rayons de couleurs différentes, l’auteur se croyait autorisé à admettre six zones de couleurs se succé- dant dans l’ordre suivant : 1° La zone des animaux violets ou bleus comprenant les animaux pélagiques de la surface ; 2 celle des bariolés: 3° celle des verts ; 4° celle des jaunes ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 329 et des bruns ; 5° celle des rouges ; 6° celle des bleus. Mais aujourd'hui M. Sars trouve dans chacune des zones de M. Oersted des espèces blanches, des jaunes, des vertes, des brunes et des rouges. Il v a pourtant quelque chose de vrai dans les assertions de M. Oersted ; c’est que, comme Forbes l’a déjà vu et comme M. Sars le confirme, les couleurs les plus brillantes et les plus bariolées se trouvent dans la zone des Laminaires, c’est-à-dire à partir du niveau de la basse mer jusqu’à 10 où 20 brasses, ou même dans certaines localités jusqu’à 30 et 40 au-dessous. Au contraire chez les animaux vivant à de plus grandes profondeurs la coloration est en gé- néral plus uniforme et point bariolée. En outre. selon M. Sars. la majorité des animaux vivant à une grande profondeur (200 à 450 brasses) sont de couleur ou rouge ou blanche. On a généralement admis jusqu'ici que la lumière ne pé- nètre qu'à une profondeur relativement faible dans le sein de la mer. Les recherches récentes de MM. Bouger et Lam- bert sur labsorbtion de la lumière dans l’eau entrainent la conclusion que toute lumière doit cesser à environ 120 bras- ses au-dessous de la surface. La fréquence d'animaux colorés à des profondeurs bien plus considérables est peu favorable à cette manière de voir. Une autre observation semble de- voir faire rejeter totalement cette conclusion ; c’est l'existence constatée par M. Sars à des profondeurs de 300 et même de 450 brasses d’une série d'espèces munies d’organes visuels bien développés. Or, partout ailleurs dans la nature, les ani- maux destinés à vivre dans une obscurité totale, sont privés d’yeux. M. Pourtalès fait une remarque du même genre: il va même plus loin. Les animaux des grandes profondeurs auraient, selon lui, des yeu* non-seulement aussi bien déve- loppés, mais souvent même un peu plus grands que leurs congénères des zones superficielles. Les opérations de dragage de l’expédition anglaise ont été poussées jusqu’à 650 brasses: c’est la plus grande profon- 330 BULLETIN SCIENTIFIQUE. deur atteinte jusqu'ici par ce procédé de pêche. Même à cette grande profondeur les formes animales continuent à être abondantes et variées. Par une profondeur de 530 brasses (969 mètres) un seul coup de drague a fourni une considé- rable collection d’éponges vitreuses et de Rhizopodes gigan- tesques, en grande partie nouveaux, ainsi qu'un Rhizocrinus. Ce coup de filet est remarquable, non-seulement par la ri- chesse des formes, mais encore par la trouvaille du Rhizo- crinus. Cet animal remarquable a été en effet découvert par M. Sars dans ses sondages sur la côte de Norwége et ce sa- vant ya reconnu un Echinoderme constituant un type dé- gradé de l’ordre des Apiocrinides. Cet ordre n’était connu jusqu'ici qu’à l’état fossile ; ses représentants les plus connus, le genre Bourquetticrinus, appartenant à la craie. Ce même animal vient d’être découvert par M. Pourtalès dans ses son- dages sur la côte d'Amérique: il figure dans le catalogue des espèces nouvelles rapportées par l'expédition sous le nom de Bourguetticrinus Hotessieri d’Orbigny ‘. M. Louis Agassiz pense que cet Apiocrinide est une espèce du Gulf-Stream et que ce courant l’a transportée des côtes de Floride jusqu’à celles de Norwège. Nous devons d’ailleurs à M. Pourtalès une autre découverte inattendue, celle d’un coralliaire du genre Haplophyllia, voisin du type éteint des Cyathaxonides. Les observations de MM. Carpenter et Thomson ont établi l'existence d’un minimum de température d’au moins 32 dégrés F. (0° cent) sur une aire considérable, à une profon- deur de 500 brasses (91% mètres) et moins. C’est l’aire froide à laquelle nous avons fait allusion tout à l'heure. C’est le coup de grâce donné à la célèbre théorie de sir John Her- ! Cette espèce a été décrite par d’Orbigny sur des fragments dé- couverts dans une brèche de la Guadeloupe, ce qui n’est pas con- forme à l'opinion exprimée ci-dessus d’après MM. Thomson. et Car- penter, que les représentaïits fossiles les plus récents du groupe appartiendraient à la craie. Toutefois M. Sars conteste positivement l'exactitude dans la détermination générique de d'Orbigny. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 391 schel qui attribuait aux eaux de la région profonde sur toute la surface du globe une température de 39° F. (— 4° cent). Les observations contradictoires des lieutenants Lee, Maury, Dagman, de la marine américaine, comme celles de Sco- resbv, prouvent que l’eau de mer, en vertu de son contenu en sel à l’état dissous, se contracte d’une manière continue jusqu’à son point de congélation. La comparaison des faunes de diverses localités amène les savants anglais à conclure que la distribution de la vie ani- male dans la mer au delà de la zone littorale est plus in- fluencée par la température de l’eau que par la profondeur. La prédominence des types britanniques septentrionaux, non- seulement au sud, mais encore au nord de la profonde vallée qui sépare les Ferüe de l'Écosse, et dans l’aire chaude de cette vallée elle-même; le mélange insignifiant de formes exclusivement scandinaves ou boréales dans la faune de points aussi septentrionaux queles Ferûe; l'abondance de ces formes dans les parties peu profondes du courant froid : la proportion plus grande encore de ces formes boréales dans les parties plus profondes et plus froides de ce courant; en- fin, ce qui est plus frappant encore, la présence à quelques milles de là, à une profondeur identique, mais dans l’aire chaude, de formes qui n’étaient connues jusqu'ici que comme habitant des mers tempérées, — tout indique la relation in- time existant entre la distribution géographique et la tem- pérature. Les recherches de MM. Carpenter et Thomson ont con- firmé l'existence sur le sol d’une grande partie de l’Atlan- tique d’une boue calcaire composée essentiellement de Glo- bigérines, associées à des Coccolithes et des Coccosphères. M. Huxley à trouvé dans les spécimens rapportés une sub- stance protoplasmique très-abondante, donnant à cette craie molle le toucher onctueux qui lui est particulier. Selon ce savant, les Coccolithes et les Coccosphères seraient dissé- 332 BULLETIN SCIENTIFIQUE. minés dans ce protoplasma comme les spicules des Éponges et des Radiolaires dans les parties molles de ces animaux. M. Huxley donne à cette sorte de Rhizopodes encore un peu hypothétique le nom générique de Bathybius. I est d’ailleurs difficile de dire si cet être, qui doit avoir autant de ressem- blance avec la mycélium d’un Myxogastre qu'avec un Rhi- zopode proprement dit, est une plante ou un animal. La dé- couverte de ce psalmodium indéfini, couvrant de vastes aires sous-marines, est saluée avec joie par M. Carpenter. Il v trouve en effet un argument nouveau pour la nature organisée de l’'Eozoon Canadense. MM. Carpenter et Thomson pensent que la formation des dépôts de Globigérines dans une partie ou l’autre de l'Atlantique n’a jamais été interrompue jusqu’à l’époque actuelle. A ce point de vue on pourrait dire que nous vivons encore dans l’époque crétacée. IL y a longtemps déjà que M. Ehrenberg signalait l’identité spécifique de divers Foraminifères de l’époque actuelle et de la craie. E. C. 333 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE JUILLET 1869. Le 4, hâle très-prononcé toute la journée. 5, rosée le matin ; hâle très-mtense tout le jour. 6, le soir, le soleil est d’une rougeur extraordinaire ; le hâle est d’une intensité inusitée tout le jour ; eouronne solaire à plusieurs reprises dans la jour- née. 7, jusqu'à 6 h. ‘/, du matin, le soleil est d’un rouge foncé, ensuite il est jaunâtre tout le jour ; le hâle est fort toute la journée. 8, rosée le matin ; le hâle est très-intense tout le jour. rosée le matin ; le hâle un peu moins intense que la veille : le soleil passable- ment rouge lors de son coucher. 10, rosée le matin et hàle toute la journée. 11, hâle tout le jour; le Jura invisible toute la journée, et les autres montagnes environnantes très-faibles. 12, rosée; hàle comme hier. 13, rosée ; hâle tout le jour; depuis 9 h. 1/, du soir des éclairs à l'O. de l’observa- toire; on entend les tonnerres de 9 h. 5/4, à 10 h. 20 m.; la plus forte dé- charge électrique a lieu à 10 h, 14 m. au NE.; toute la soirée jusque vers minuit des éclairs continuels et dans toutes les directions. Direction de l'orage de l'O. au NE. ; temps calme, 14, hâle dans la matinée. 15, rosée le matin et hâle. 16, id. 17, rosée le matin ; hâle assez fort jusque vers 11 h. et ensuite le soir, 18, rosée le matin ; hâle tout le jour, le Jura à peine visible. 19, 20, 21, rosée le matin ; hâle peu intense tout le jour. 22, rosée, et hâle tout le jour. 23, hâle toute la journée; le Jura est à peine visible. ARCHIVES, t. XXXV. — Août 1869, 24 394 95, de2h.à2h. 25 m. de l’après-midi, on entend des tonnerres lointains au SE. l'orage passe du S. à l'E. de Tlobservatoire. Une forte averse a lieu de. 1 h: 45 m. à 2 h. 10 m., qui fournit Jun,5 d’eau, et une autre de 4 h. 30 m, à 5 h. 30 m. qui donne 8m,9, 28, rosée le matin. 30, id. halo solaire partiel de 2 h. !/s à 2h. 5/4. Le soir des éclairs à l'E, Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm mm Het3 a 41080. Marre 726,87 Fe” 4 a006 h.S0ireTPAe ER 724,76 HAS RPM AIN NME 732,54 8,4, 5,h:,80i2., EEE 730,53 MAMAN HN goss auoe 734,70 13:44 1h51S0In "MERE CEEES 726,35 OA MSN AMAUN ER EEE REE 732,13 18 "anré hinsoit. 10.171080 .. 724,76 D0PA AO MAN PREANE 127,89 21 à ‘6 h.-SOir.- Lee 725,66 DS S NTAMONATINE Eee ce0 728,99 25 äni4rh soir, .d4 Mine 723,08 SU MON MMAUNE EE ee 732,81 66r || ee +|sie|o'olr ‘oss|#: |c'o |ogs 1028 186 —, #79 loz‘e+ ) cr'er | 8re+ j02r+ | 617 ovec+ | e1'e + | 08061. 1€ |L6F LT + | FO) 9r0 Tr ANN |" """ loss |ovr los —| co9 |ére+ | var | L'oe+ | L'9r+ | re 18‘ec 1) ge'e + | 001 0€ CGT |G'e MEAdIE 0ÙT ‘OSS "er 67 |061 |o6e |67 —| ce9 |ec's+ | sc'er | s'éc+ | 0‘61—+ | 067 go'ec+ | oct + | gc'ouz 6x r6r||c'e + | 9°1% € OT “ANN |" "°°" |098 |007 |97 —| S69 cr I | L8‘rr 6 90—+ | cr | gg‘ | 1016 || 70: — | 01‘ 181 96 g6F 9e + | 8 08 | 06‘0 || oraeriea |6/5 | 3‘0 006 |oge |ze —| 8x9 |'ec'o+ | zr‘1r lo‘ 8e |0‘rr+ | 1e‘e—+ 8606 | 86‘0 — S0'LEL| LG | 61 | ST + | 0‘06| 9801 FE ANN |" "| """ loge ogg |-err+ | géz rate 6e‘er | o‘re+ | s'or+ | go‘ 1861 | 08e — | 12: SEL) 98 681) — | — |L8"0 | oem 9/3 067) 096 | 069 |81r+ | 88 rie | 6s‘er | L‘re+ | g'or+ | 0604 60‘61+ | ser — LO'EGL | SG S8F| GE T0 66) 190ÙF ‘NÂ/rIVT |OrS |O8r |2r —| @e9 LT | 1é‘rt| rés | Sri | cs'c+ colo | 11m — | 07‘ceL| ve |Y8T|Le LG) 900!r ‘NA |" oz |ore loc | 68.) c2‘o+ | 97nr | 0‘o8+ | og Log | etes er‘o + | s0'ez ec 87 | 0+ + D'eeNSrOlE LR El 10€L [068 SLI | YOS |eLO— | G0'01 | O6 | 0'rr+ | 1074 | coec+ | 880 — | GO'LIL| a LOST | Fe + 01e) er emmener "|" |oyz |oee |g61—| S8r |LL'o— ) 166 |s'eg+ | c'ar+ | 66%—+ | 61'ec+ | 611. — GL'9GL| VG | 6LT|0'e + |608|100!7 “ANN |" ""| °°" lors | 007 |ror— | ZLS | re‘o+ | +0‘r | rec | 071 | sue gé‘re+ | rg‘o — SE'LEL 0 8Lr| ee + 016000 |F 'N} * 1O8L | 06€ |69 —| 609 | 6804 | 1T'Er | L'LG+ | G'er+ | Pa | Ge 1e+ || LOT — | 08‘932 | 67 [LL — | — 600 [5 "ENN|""| """ |ogz |o8e log — | 649 |LL'o+ | srrr | roc+ 1 rai |ecta+ | sera | 96‘s — | 67‘scz 87 | STI Le + | #06 || L0‘0 | ‘ENN |'*| * OS |OLS | ge — | 769 |'arr+ | 6877 lose | gg + | 90'e+ | rs‘1a+ | 930 — | LS'LSL | LI |eLr||ge + 16‘05|800|r ‘N|' OT8 | 077 |8e —| 179 | 69'0+ | 8£‘7r || 0‘98+ | 07 | 68‘1+ | S9‘0G+ || SE + | QU'TEL 97 LOL GY + LG) €F0 |S ‘NN |") """ log |ooe |er—| 969 re o— | #r'or | g'os+ | s‘r1+ | ca‘o+ | 96'81+ || gc'e + | e‘rez| gr | LOT | 0% € | SIG) 70 | E. 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TUOA |ifrounoemy SOUL U9 HOMMES AP O8 |" ÉEA EI OP HOISU], 9 eamegdueg “ANQUOIRg | À ‘698 LATTINS — "HAANAD MOYENNES DU MOIS DE JUILLET 1869. 6b.m. 8Sh.m. 10h. m. Midi. 2 h.s. 4h.s. 6 h.s. 8 h.s. 16 h. s. Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm mm Are décade 728,80 729,01 728,99 728,67 728,41 728,29 728,46 728,93 729,56 2% 129,67 729,82 729,60 729,16 728,55 728,09 727,92 728,08 728,82 3 « 728,00 728,30 728,10 727,57 727,07 726,75 726,86 727,45 727,88 Mois 728,80 729,02 728,87 728,44 727,98 127,68 S 797,72 728,90 728,72 Température. . U 0 0 0 0 ( 0 0 {redécade+14,42 +17,64 +19,30 +21,36 +22,47 +21,74 +21,25 +19,41 +17,74 De ou 17,38 420,99 122,93 124,78 +26,52 +926,98 +925,63 +923,16 +20,84 3e « 417,30 422,02 +24,45 +5,69 +7,19 +27,10 25,45 +22,91 +20,81 Mois “<+16,40 +20,27 +22,30 +24,00 +25,45 +25,33 +24,15 +21,86 +19,83 Tension de la vapeur. mm mm mm min mm min min mm nn fer décade 11,31 12,09 11,55 11,68 11,86 11,85 11,95 12,59 12,82 2e « 4942 1279 12,49 12,62 11,68 11,64 11,84 12,71" 19:54 3e « 11,91 1294 1285 12,80 11,86 11,07 11,71 12,60 13,12 Mois 41,78 ©1262 12,31 12,38. 11,80. 11,50... 11,85 MA2/60 2882 Fraction de saturation en millièmes. {re décade 909 803 692 617 589 612 639 748 838 2e « 816 683 595 540 454 439 485 602 678 3° « 805 676 D79 239 459 430 495 609 707 Mois 842 719 619 063 499 492 538 652 740 Therm. min. Therm, max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre. u Ciel, du Rhône. ou de neige. 0 0 0 mm cm 1re décade 413,26 23,54 0,55 17,82 10,7 157,8 de 415,82 +-27,86 0,16 21,36 1,6 170,8 Je +14,32 28,93 0,45 21,25 99,7 190,1 PR Mois 14,46 +-26,84 0,39 20,14 39,0 173,5 Dans ce mois, l’air a été calme 10,0 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 2,83 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 60,6 E., et son in- tensité est egale à 40,2 sur 100. 337 TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE MOIS DE JUILLET 1869. Le 1, brouillard une grande partie de la journée. 2,7 10e à 6 b. du matin. 3, id. tout le jour. 4, id. jusqu'à 2 h. de l'après-midi et à 8 h. du soir. 5, id. depuis 4h. du soir. Grid; le matin et ie soir. 8, id. depuis 8 h. du soir. D, &'idi à 6 h. du matin. 14, id. toute la journée. 47, it depuis 8 h.'du soir. 24, tonnerres et pluie depuis 5 h. du soir à 8 h. /a. 25, brouillard à peu près tout le jour. 26, id. jusquà 8 h. du soir. 28, à 8 h. du soir, fréquents coups de tonnerres et éclairs du côté du nord. 29, brouillard la plus grande partie de la journée. 31, à 1 h. {/2 orage pendant 5 minutes et à 5 h. {/2 du soir, orage, pluie et grêle, tonnerres et éclairs du côté du nord. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. mm ‘Le 10 à 10 HE TSOIT Re 2 ele 576,62 TT Le 14 à 2h. après midi...... 569,66 Ta 10h. matin. .......° 572,45 RE Le Me 568,00 ARLON SOIT eo cn 571,70 25: à rh soirs... 265,80 30 à 10 h. soirs...» + 576,08 SAINT-BERNARD. — JUILLET 1869. É Baromètre. Température C. = EE RE T || Hauteur Écart avec Moyenne |Écart avec la = moy. des |-la hauteur | Minimum. | Maximum des température! Minimum* | Maximum* <= 24 heures.| normale. 94 heures. | normale. ñ millim. millim. millim. | millim. 0 0 0 1 | 563,05 | — 4,82 | 562,08 | 563,94 | — 0,29 | — 5,69 | — 0,3 | + 1,2 2 || 564,22 | —.3,71 | 563,47 | 564,87 | + 1,18 | — 4,28 | — 1,4 | + 4,6 3 || 565,00 | — 2,98 | 564,49 | 565,52 | —L 4,70 | — 3,82 0,0 | + 4,2 | 4 || 566,48 | — 1,55 | 565,44 | 567,49 | — 4,68 | — 0,90 | + 28 | + 7,9 5 || 568,43 | + 0,35 | 567,38 | 369,61 | 7,75 | + 2,41 | + 5,8 | +10,9 6 | 570,91 | + 2,78 | 569,80 | 572,14 | + 8,17 | + 2,47 | + 5,9 | +11,0 7 | 573.08 | + 4,90 | 572,34 | 573,59 || 40,91 | + 5,16 | + 7,7 | +15,7 8 | 574,19 | + 5,96 | 573,64 | 574,99 | +412,06 | + 6,26 | 10,0 | +164 | 9 | 575,19 | +6,92 | 574,74 | 575,47 | 41,49 | + 5,34 | + 9,4 | +146 10 | 575,95 | +: 7,64 | 575,40 | 576,62 | 412,96 | + 6,36 | 10,7 | +15,0 411 | 576,01 | + 7,66 | 575,53 | 576,48 || 413,99 | + 7,34 | +10,0 | +165 12 || 573,79 | 5,40 | 573,56 | 574,98 | 43,61 | + 7,62 | +10,2 | +17,2 413 || 572,24 | + 3,81 | 571,84 | 579,84 || 43,79 | — 7,76 | +11,3 | +17,2 | 14 | 370,37 | + 1,90 | 569,66 | 570,82 | + 6,98 | + 0,91 | + 6,2 | + 9,3 | 45 | 570,99 | + 2,48 | 570,50 | 571,43 | + 6,66 | + 0,55 | + 4,2 | + 98 16 || 572,95 | + 3,70 | 372,00 | 572,45 | + 9,74 | + 3,60 | + 6,7 | +13,2 17 || 569,68 | + 4,10 | 568,98 | 570,35 || + 9,96 | — 3,79 | + 7,2 | +14,7 18 || 568,20 | — 0,41 | 568,00 | 568,91 || L 9,89 | + 3,69 | + 8,6 | +13,4 | 19 || 569,80 | + 1,16 | 568,75 | 570,94 | 41,52 | — 5,29 | + 8,9 | +14,3 | 20 | 570,80 | + 2,13 | 570,40 | 571,45 || 441,50 | + 5,24) + 9,5 | +146 21 | 570,86 | + 2,16 | 570,42 | 571,70 | +41,37 | + 5,08] + 9,2 | +14,7 | 22 | 570.62 | + 1,89 | 570,30 | 571,40 || 11,96 | + 5,65 | + 8,9 | +15,3 23 || 571,47 | +9,72 | 571,35 | 571,69 | +192,42 | + 6,09 | + 9,8 | +16,0 24 || 569,26 | + 0,49 | 568,35 | 570,29 || 10,49 | + 4,14 | + 6,4 | +15,8 25 ||:566,27 | —-2,52 | 565,80 | 567,22 || + 8,62 | + 2,25 | + 6,2 | +11,7 26 || 567,18 | — 1,63 | 565,95 | 568,16 | L 6,11 | — 0,27 | + 5,8 | + 7,8 27 || 569,05 | + 0:22 | 564,00 | 570,48 | + 8,86 | + 2,47 | + 5,7 | 12,5 28 || 571,18 | + 2,34 | 570,33 | 571,93 | 10,87 | + 4,47 | + 7,8 | 15,2 29 || 572,82 | — 3,97 | 574,54 | 573,98 | 40,53 | 4,12 | + 8,2 | 13,7 30 || 575,51 | + 6,65 | 574,50 | 576,08 | 113,38 | -+ 6,97 | H 9,8 | +17,3 4 11 573,76 | + 4,89 | 572,34 | 575,48 || 144,48 | — 5,07! + 8,2 | +152 * Les chiffres renfermés dans ces colonnes donnent la plus basse et la plus élevée des températures observées depuis 6 heures du matin à 40 heures du soir, le thermomé- trographe étant hors de service. Pluie ou neige. a Hauteur Eau de la ltombéedans| Nombre neige. | les24h. | d'heures. millim. millim 295 28,2 14 95 11.7 8 ES CE 2,8 3 SOU co 20,0 4 eo .… 6,0 5 oct 3,5 1 Suds 23,3 4 Vent dominant. SO. SO. NE. NE. NE. NE. NE. SO. NE. NE. NE. NE. NE: NE, NE: NE. NE. NE. NE. NE. NE. NE. NE. SO. SO. NE. variable pin ie lie ie fete joie ee nie Die pie RO NO bin me ne mie mn mn M ee Re me me pu ee un F > > me Le Clarté moyenne du Ciel. = PSS Reese Us to Uo © SE Ur 00 I 1 CO ©1 0 » ù + s ne: 0 M (er » 222222222202 SS2 © & ® DOS OSOSE © RD ER © À 19 Où D O © © © © à 00 Co CO I © D © © © À © NI | MOYENNES DU MOIS DE JUILLET 1869. Gh.m. Sh.m, A0h.m. Midi. 2h84. GILS. 8h.s. A0h,s. Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm mm dre décade 568,88 569,25 569959 569,70 569,75 569,80 569,87 570,46 570,42 2% 571,37 571,41 571,55 571,55 571,41 571,43 571,46 571,50 571,60 SU» 570,41 570,78 570,90 570,79 570,67 570,64 570,83 571,00 571,08 Mois 570,22 570,49 570,69 570,68 570,61 570,62 570,72 570,89 571,04 Température. 0 9 0 0 0 0 0 0 1redécade + 5,06 + 7,41 + 8,45 + 9,03 + 9,58 + 9,19 + 7,56 + 6,79 + 6,66 de + + 8,62 411,44 +192,71 +13,49 +13,77 +192,90 +11,07 +140,04 + 9,29 3e » + 8,65 +11,10 +12,79 +13,45 +13,35 412,71 +10,84 +10,00 + 9,19 Mois + 7,48 410,02 +11,36 12,04 +12,27 11,64 + 9,85 + 8,98 L 8,41 Min, observé.* Max. observé.* Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela u Ciel. Ou de neige. neige tombée. 0 0 mm mm re décade + 5,06 +-10,15 0,68 492,7 320 %æ » + 8,28 +44,02 0,21 0,0 0 3 » + 7,82 +14,11 0,49: 22,8 0 Mois + 7,08 +-12,80 0,46 95,5 320 Dans ce mois, l’air a été calme 16 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 3,26 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45° E, et son in- tensité est égale à 46,3 sur 100. * Voir la note du tableau, El Lu De ALP) + Dur D.4 FUIT « pi] Ad Ce è at É, à 3 » + = l ) “ 1 k À dette sud € rbreiheg HA ie fe re ARTE diet 1 gré D À dl “ee vi es ge Louis ES “avé 4 LE : ki r D à ; ne 6. en t | 4 4 +. LA jh 3 ad è * Her COUT. AE: 8 1 Te | Foto 1 & sf c s u (* h L< = re saints : MIA] =. . à 7 } k + Là en LS ne CU UP LT TE 4 sait © PA LR à ur Le PAT Rs TE COR G8.000. ET 000. 00... RG 006. Ÿ. AATS DATE RASNTOET SRG RTE PRE LOT ANS 0 Li ÿ fie “DATE ÉBOTE ‘| de Em , F4 té note ETOTE, à » ne 4 ; ” ie 0 [ Eims:-sadet-88r + Of + at 4 AE NOEL TRY CRE . is,0vd « SAUTS LOT ANT IN) PER CA] € Es RASE va * re TENUE qe MIXrE, A È AE Es di “an ay ah eu ‘5 vibro vais Lie ah ya! AR ” ini = fût + san: AR En. 0. Ü,0 th io 8,84 FRERE (DE mr Bi: — 0,08 sr ONLS T ne MT Li 4 A AL] PH. À 2 ? ES + | j * ai 10e 0 Fi, fe. 4 | SPTT TA Te DU AA) MA NU A 43.0 ee TE 0 “hQTé ma : ta 5}. be UOTE | "ns ñ - wire eaLoTu rare ë à » à Ft) 4 che 20 + CIE NUS HOUR SEE ot a CEE LE (HRA ES és Fit . vita Pr : ARC PET MOEUTE ” LOFT +- UE [FA ee ; | obr Aid si 08 binlés pi % & ar WW, sir ñ£, ë al infos bn ne non CPE ir etiot entr 4 47 4 M res vo jus aa siroi 6h redire A 50, Ÿ W TL ‘ QUES ‘ue Me At L f Li ii ne PERTE Le ei éirraon mr ee — nn a pe mg DASREES Mu 70 h bat dd 2 60e der NL CE ir ÿ RUE sh | ‘HLIÉE co he ke 2 El y 8 “rvlo ; a hpt- Fi TS à ae t” (Ar BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES F PET a TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME XXXV (NOUVELLE PÉRIODE) 1869. — N° 137 à 140. Pages Sur une théorie cométaire, par M. J. Tyndall. . . 5 Note sur l’Aurore boréale du 15 avril 1869. . .. 13 Observations et expériences sur les mouvements des étamines de l’épine-vinette, par M. le professeur D Ter sort as din 21 Recherches expérimentales et théoriques sur les figures d'équilibre d’une masse liquide sans pe- Srnieur. par NL. Ji: Plateau... . : 2. 29 Notices sommaires sur divers travaux, rapports et établissements astronomiques, par M. le profes- RÉ Uaer EU te RE GRR EME QU ANS 13 Sur la construction des galvanomètres employés à mesurer les décharges électriques et sur le pas- sage des courants secondaires à travers l’étincelle, pros babdlundslisus sou ben 44e ve 130 De l'influence de la température sur les écarts de la loi de Mariotte, par M. le prof. E.-H. Amagat. . 169 Le terrain triasique supérieur dans les Alpes orien- tales, par M. le D' E. de Mojsisovics. . . . . . . 178 Note sur un spectre solaire étalé sur le lac de Ge- nève, par M. le prof. Élie Wartmann. . . ... 189 3492 TABLE DES MATIÈRES. Pages De la constitution du soleil, par M. Émile Gautier. 257 Note sur les aurores boréales du 45 au 16 avril et du 13 au 14 mai 1869, par M. H. Wild. . . . 281 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ASTRONOMIE. Wällium Huggins. Sur quelques observations spectrales (lé COmMEtES 20. ae eu reed eee e ORE 290 PHYSIQUE. F. Rüdorff. De labaissement de température qu'il est possible de produire dans la dissolution des sels... 37 T.-H. Schuller. Recherches sur les chaleurs spécifiques Mes HSSOIUONS SANIIES . 27: recee. CRE 39 J.-C. Poggendorff. Des propriétés galvaniques du palla-. MINE ee sde Qi im Lie Re 42 E. Warburg. De l'élévation de température produite dans les corps solides en vibration. .............. en G. Quincke. Sur les constantes de capillarité des corps LORS ess Et da RS ou den ro Re el CEE 9 J.-L. Soret. Sur la polarisation de la lumière bleue de Peau HI CRU ROUMONIQAN IT SRE 4 G. Planté. Pile secondaire à lames de plomb. ........ 146 L. Dufour. Sur un procédé propre à mettre en évi- . dence la constitution des flammes...........,..... 149 A. Wullner. Sur les spectres de quelques gaz contenus danstdes tubes dé Getssler PR RE MSN ENS 191 F. Gutrie. Sur la résistance des liquides au passage de la chaledratigo col ave usasdanet sal il 201 P. Riess Sur les soupapes électriques ............. - 204 A. Kundt. Sur une nouvelle espèce de figures pro duites à l’aide de poussières fines sur des conduc- teurs électriques .. ... PR rat .:"} 1 COM Prof. Ackermann. Observations oops) dans Pile d'Haïti .. horratrastt à MX hole RTE . 294 TABLE DES MATIÈRES. W. de Bezold. Faits nouveaux concernant les orages... G. Scelhorst. Sur les liquides fluorescents contenus dans les tubes de Geissler ............. Piste 44e ; CHIMIE. H. Topsoe. Recherches cristallographiques et chimiques sur les sels doubles haloïdes du platine............ Gore. Sur l'acide fluorhydrique. .............. Û P. Schützenberger. Sur un nouvel acide du soufrés. D. Forbes. Recherches chimiques sur le jargon SDHC Vogelsang. Recherches sur la nature chimique des li- quides renfermés dans les cristaux de quartz . ..... ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. W. Marcet. Sur le fausset ou les sons de tête de la voix humaine...... EEE AE RP GA SEE Re AE PT EE Victor Fatio. Faune des Vertébrés de la Suisse....... Félix Plateau. Recherches sur les crustacés d’eau-douce HeBelmique.......,...... SR ALAN OR PO Prof. Heller. Sur les crustacés marins habitant les eaux douces de l’Europe méridionale. ................ Sydney Ringer et Stewart. Sur la température du corps humain à l’état de santé OL MTAMOR.. CRT TRE D' C. Hasse. De la cochlée des oiseaux. — Le méme. La cochlée des oiseaux. — Le même. Contributions au développement des tissus du labyrinthe mem- braneux chez les oiseaux. — Le même. Supplément à l'anatomie de la cochlée chez les oiseaux. — Le môme. L'appareil des canaux semi-circulaires chez les oiseaux. — Le méme. Supplément au mémoire sur les canaux semi-circulaires chez les oiseaux. — Le méme. L'histologie des canaux semi - circulaires et du sac à otolithes chez les grenouilles, — Le méme. L’organe de l’ouie chez les grenouilles ........... Prof, Th. Huxley. Sur les animaux intermédiaires entre rÉPaus etes rentes 1.2 uns un Nu Chr. Lovén. Contributions à la structure des papilles 3 Pa 43 ges 300 302 D8 151 304 306 307 2 9 Li 16 33 344 TABLE DES MATIÈRES. Pages du goût. — Schoalbe. Sur les organes du goût chez l’homme et les mammifères..................... 240 PrLegdig. Sur les Cœtilies:.2s REUTERS 243 R. Buchholz. Note sur les crustacés vivant en parasites | dans les Ascidies de la Méditerranée ............. 246 H. Grenacher. De l'anatomie du £enre Gordius ...... 308 D° Claus. Contributions de la connaissance des Ostra- codes : développement des Cypris................ 312 Th.- Wilh. Engelmann. Sur les terminaisons des nerfs du goût dans la langue des grenouilles. — Lionel Beale. Nouvelles observations sur la structure des papilles de la langue chez les grenouilles . ,.......,..14.,... 314 C. Lovén. Sur une espèce remarquable d’éponzes vi- vant dans la mer du Nord. — D* Glaus. Sur l’Euplec- PU AS pero. ne... reset de NES 316 M. Sars. Suite des remarques relatives à l'extension de la vie animale dans les profondeurs de la mer. — : Wal. Carpenter. Rapport préliminaire sur les opéra- tions de dragage opérés au nord des [les britanni- ques par le vapeur de S. M. le Lightning. — Pourtales. Sur la faune du gulf-sitream à de grandes profon- . AO ER LD hotes use Ce RS RER ru PR BOTANIQUE. Anderson-Henry. Hybridation entre espèces végétales. 63 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES faites à Genève et au Grand Saint-Bernard Observations faites pendant le mois d'avril 1869...... 65 Idem. pendant le mois de mai........... 161 Idem. pendant le mois dejuin........... 249 Idem. pendant le mois de juillet......... 333 Don 5 00274 3217